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THE LIBRARY OF THE
UNIVERSITY OF
NORTH CAROLINA
ENDOWED BY THE
DIALECTIC AND PHILANTHROPIC
SOCIETIES
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This BOOK may be kept out TWO WEEKS
ONLY, and is subject to a fine of FIVE
CENTS a day thereafter. It is DUE on the
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in 2011 with funding from
University of North Carolina at Chape! Hill
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CHANTS
ET CHANSONS
!?(Dïï>iaùî]âas
tmA MF ]m.jmLjm "^ m
mmiim édition illustrée
d'après les
DESSINS DE MM. E. DE BEAUMONT, DAUBIGNY, DUBOULOZ, E. GIRAUD, MEISSONIER,
PASCAL, STAAL, STEINHEIL ET TRIMOLET
GRAVÉS PAR LES MEILLEURS ARTISTES
CHANTS GUERRIERS ET PATRIOTIQUES.
LIBRAIRIE GARNIER FRÈRES
PALAIS-ROYAL, GALERIE VITRÉE, PÉRISTYLE MONTPENSIER
ET RUE RICHELIEU, 10
1S49
Paris. — Imprimerie de Pii.let fii.s ainf, rue des Glrands-Augiistins, 7.
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LISTE DES CIIAXTS ET CH!\XSOKS
€©71ÏÊffll!3î; EîiîlS es »j!&î.l!!iae3
LA IIARSEIIIAISE. Paroles et Musique de Uouijft is
£hle.
TE SOmENS-TUÎ €. Btbuixit.
MAMW LA COrTlRlÈRE. VlùU.
MALGRÉ LA BATAILLE. iHiutçifnot.
FAXCnO\.
LE ROI D'ïVETOT. Orrniiçifv.
PLIS OS EST DE FOIS, éouffc. Musique de f luniiirl.
LE CDANT DU DÉPART. 3. €l)cnici-. Musique de
incl)ul.
LE DÉPART DL CONSCRIT.
LE RETOUR DU CONSCRIT.
LE DÉPART DU GRENADIER.
UNE NUIT DE LA GARDE NATIONALE, fnvibf et
^Joisson. Musique de tifspiuois.
RELANTAMPLAN. faoort.
FANFAN LA TULIPE. (Ê. Hcbrnuf.
PARIS A 5 HEURES DU WIN. Dcâiutjiicrii.
PARIS A 5 DFURES DU SOIR. Dcsmiciicra.
ÉLOGE DU VIN. Cantani. Musique de Dor l)c phc.
ÉLOGE DE L'EAU. annan& (ôouflV.
LE CABARET.
COMMENÇONS LA SEMAINE.
VERSEZ DONC, MES AMIS, -fubicn jJillrt.
AUSSITOT QUE LA LUMIÈRE, iîlrtttrc :ibam.
NOUS n'avons Ql'UN TEMPS A VIVRE. (Comte ie
iiom\cvi\[.
CHANSON DE ROLAND. 3lcr. IDiioal. Musique de
i«rl)itl.
VIVE HENRI IV. 3« et l' couplets. Col le.
CHARMANTE GABRIELLE. Attribuée à f)ciirt IV. Mu-
sique de Buraurroy.
VIENS AURORE. Altiibuce à fjenvi IV.
MANON.
DANS LES GARDES FRANÇAISES. Un&é.
LA BELLE BOURBONNAUE.
LA NOUVELLE BOURBONNAISE.
LE MATELOT DE BORDEAUX.
LA MACHINE INTERNALE. 0'**
LE RÉVEIL DU PEUPLE. Souïiijuèrc be Sûtut-
iîliu-f . Musique de (5iu)ciiur.
PÈRE DE l'univers. tletmrgueii.Musiqucde^osdff.
PROPHÉTIE TURGOTINE. CI)" île iCitUe.
LA GAMELLE PATRIOTIQUE.
GRACEALAflODE. IDrspvéïiur.
TONTAINE TONTON. i\]ax'mi Diiniersitn.
TD)E XA
ÎFmAMSl
INTRODUCTION
Il a chanté jadis, il veut chanter encor.
Il chantera toujours.
La collection des chansons publiées dans ce recueil, dont nous présen-
tons au public une nouvelle édition, offre la piquante variété d'un genre
cultivé en France par tant d'ingénieux esprits, genre dans lequel la fécon-
dité et le mérite des productions nous ont laissé sans rivaux ; dans ces trois
volumes sont venus se joindre aux chefs-d'œuvre lyriques de Pannard,
Béranger, Désaugiers, Moncrif, Favart, Marsollier, Emile Debraux, Hoff-
mann, ces touchantes romances de Chateaubriand, Fabre d'Églantine,
Florian, La Harpe, Favart, Gentil-Bernard, etc., et ces naïves complaintes
du bon vieux temps. Aux accents guerriers et patriotiques de Rouget de
Lisle [la Marseillaise), de Chénier [le Chant du Départ), ont succédé les
refrains joyeux de la tente et de la caserne dans Fanchon, dans Fanfan la
Tulipe, dans les couplets remplis de verve de Malgré la bataille, etc.
Aux amateurs de la chanson bachique et grivoise nous avons donné le
Cabaret, Plus on est de fous, plus on rit, et tant d'autres.
Les chansons épigrammatiques , les tableaux de mœurs, ceux qui pei-
gnent certaines époques , se retrouvent dans les Portraits à la mode , le
Relantamplan , la Prophétie turgotine, la Gamelle patriotique , la Nuit de la
garde nationale.
Le genre bouffon n'a pas été oublié : Vadé nous a fourni sa Manon la
couturière; l'abbé de Latteignant, J'ai du bon tabac dans ma tabatière.
La parodie et le genre burlesque ont apporté leur contingent dans la
romance d'Héloïseet d'Abailard et dans la Complainte de Fualdès , la Ves-
tale, etc.
Nous nous sommes élevés jusqu'à la hauteur de l'hymne, en donnant
cette belle composition qui , pour être née dans une circonstance politique
qui rappelle de tristes souvenirs, n'en est pas moins pleine d'élévation et
de poésie, et a mérité de survivre à son époqi>e. Nous voulons parler de
V Hymne à l'Etre suprême, dont les paroles ont surpassé en noblesse et en
énergie celles de Chénier, dont la musique, due à la \yre de Gossec, se
chante encore aujourd'hui dans nos temples catholiques, et dont la mélodie
embellit les cantiques religieux.
La musique, dans notre recueil, est aussi agréablement variée que les
paroles : si l'on y trouve de simples chansonnettes, des ponts-neufs, des airs
faciles et naïfs, on y rencontre encore les chants délicieux de Grétry, de
Dalayrac, de Délia Maria, de Gaveaux , Méhul, J.-J. Rousseau, Boieldieu,
Monsigny, Pergolèze , Âmédée de Beauplan , Gossec , Solié , Doclie père ,
Pradher, etc.
A ces esprits graves et positifs qui veulent trouver partout un but d'uti-
lité , qu'il nous soit permis de faire observer qu'il aura bien aussi son utilité,
ce recueil où la Chanson a pris sur le fait les mœurs, les usages, les opinions,
les travers de chaque époque, cette histoire chantée de la vie guerrière et
civile, publique et privée des Français. Le Comte Ory vous dira la licence
des temps féodaux ; le Juif-Errant et V Enfant prodigue la foi du peuple des
siècles de croyance; Vive Henri IV ei Charmante Gabrielle vous rappelle-
ront la popularité et les tendres faiblesses du bon roi. Ici le pacha Bonneval,
dans ses couplets [Nous n'avons qu'un Temps à vivre) ^ va résumer tout l'in-
souciant épicuréisme de la Régence ; là , deux Chansons satiriques de Lamotte
et de Pannard [Va-fen voir s'ils viennent, Jean, et Jadis et Aujourd'hui]
vous prouveront que déjà chez nos bons dieux on regrettait le Bon vieux
Temps. L'avènement de Louis XVI a-t-il l'amené un instant des mœurs plus
pur«s, on en retrouve le reflet dans les gracieuses pastorales du chantre
d'Estelle et dans la Bergère (\eYQ\iVQ menant ses blancs moutons. Plus tard,
Monsieiir et Madame Denis vous retraceront dans leurs souveiiirs nocturnes
les mœurs et les antiques amours de la vieille bourgeoisie. Enfin, notre
époque moderne vous offrira pour son tribut les malignes critiques du Boi
d'Yvetot , le tableau si ingénieux et si vrai du Ménage de Garçon, de Paris
à cinq heures du matin et cinq heures du soir.
Les Notices placées en tète de chaque Livraison complètent ce cours histo-
rique sans prétention. Ces Notices ont été confiées à la plume d'écrivains qui
n'ont point épargné les recherches pour semer l'instruction dans des ma-
tières en apparence si frivoles. Les noms de ]\I]\I. de Lamartine, Lacroix
(Bibliophile Jacob) , Leroux de Lincy, Du Mersan et Ourry, connus par des
travaux sérieux et par leurs succès dans divers genres de littérature, sont une
garantie des soins apportés à ces commentaires et de l'intérêt qu'ils offrent.
La collection de nos Gravures fournit aussi d'utiles et curieux renseigne-
ments. La physionomie morale de chaque époque n'est pas la seule que nous
ayons saisie : tout ce qui constitue les formes et l'extérieur, les costumes,
vêtements, atours, armes, etc., en usage aux diverses époques, passent tour à
tour sous k's yeux de nos lecteurs dans les nombreuses vignettes qui encadrent
les Chansons. Dans ce Mufice Pittoresque, vous retrouverez pr«^s des pesantes
armures du moyen-âge l'ample uniforme des soldats de Louis XIV, la tenue
raide et poudrée des gardes-françaises sous Louis XV, et le très-léger hal)ill('-
ment des volontaires de la République ; après la fraise gaufrée de Gabrielle ,
les prétentieuses modes Pompadour, les costumes un peu hasardés du Direc-
toire et les parures de nos élégantes contemporaines. MM. Trimolet, Steinheil,
Daubigny, Meissonier, Pascal, E. Giraud, Staal, E. de Beaumont, auxquels
nous devons ces dessins, ont non-seulement donné tous leurs soins à repro-
duire fidèlement les situations et les époques ; mais leur crayon spirituel et
fécond a su ajouter souvent aux textes des détails d'une piquante folie ou
d'ingénieuse malice.
Nous croyons avoir observé une juste mesure dans le choix des couplets qui
se rattachent au genre hasardé , tranchons le mot, au genre grivois si goûté de
nos bons aïeux. La Chanson ne doit point être cynique, mais elle ne doit pas
non plus affecter la pruderie. Et au surplus, quoique nous ayons exclu toute
pièce qui aurait dépassé les limites convenables, nous rappellerons que, pour
ménager toutes les susceptibilités, et malgré le soin que nous avons pris dans
cette nouvelle édition de former un volume de chansons choisies cjui donnât à
ia jeunesse, en lui rappelant ses jeux, les paroles et l'air noté de ces chansons
qui ont bercé son enfance, nous avons laissé au public liberté complète de
choix et d'exclusion, en rendant nos livraisons indépendantes l'une de l'autre
et en supprimant toute pagination.
Cette nouvelle édition a été l'objet de tous nos soins : nous avons rejeté
celles des chansons qui, par leur mauvaise exécution, nuisaient à l'harmonie
de ce recueil ; nous avons voulu qu'elle surpassât les éditions précédentes par
la perfection et l'achèvement des gravures. La Marseillaise, depuis si long-
temps demandée par les souscripteurs, reprend la place qu'elle devait avoir
dans cette collection : elle forme la l'*^ livraison. Cet immortel chant de gloire
est accompagné d'une notice de M. de Lamartine.
Le succès populaire obtenu par nos Chansons se continuera. Notre espoir
s'appuie sur la popularité même de ce recueil. Et c'est ce qui nous a encouragé
à faire avec autant de soin cette nouvelle édition, que nous offrons avec
confiance au public.
LA MARSEILLAISE
Xatolt'd eb IIUuiL^ue
GRAVURES PAR IVI. NARGEOT
iUuôiquf luraniflff avec lia-ompa^iumcwi ttc piann
PAR M. JILIEN IVARGEOT
CHEF I)'onCllESTIlE AU THEATRE DES VARIETES.
NOTICE
Sa ^Torsrillûiec coiiseiui un relcnlissemeiit de chant de gloire et de cri de uioit; glorieuse coninif
l'un, funèbre comme l'autre, elle rassure la patrie et fait pâlir les citoyens. Voici son origine.
Il y avait un jeune officier du génie en garnison à Strasbourg. Son nom était Rouget de Lisle. H était né à
Lons-le-Sauhiier, dans le Jura, pays de rêverie et d'énergie, comme le sont toujours les montagnes. Ce jeune
homme aimait la guerre comme soldat. la révolution comme penseur; il charmait par les vers et par la
musique la lente impatience de la garnison. Recherché pour sou double talent de musicien et de poëte, il
freMjuentail familièrement la maison du baron deDietrich, noble Alsacien du parti constitutionnel, ami de
Lafayette et maire de Strasbourg. La femme du baron de Dietrich, ses jeunes amies partageaient l'enthou-
siasme du patriotisme et de la révolution, qui palpitait surtout aux frontières, comme les crispations du corps
menacé sont plus sensibles aux extrémités. Elles aimaient le jeune officier, elles inspiraient son cœur, sa
poésie, sa musique; elles exécutaient ies premières ses pensées à peine écloses, confidentes des balbutiemenis
de son génie.
C'était dans l'hiver de 1792. La disette régnait à Strasbourg. La maison deDietrich, opulente au com-
mencement de la révolution, mais épuisée de sacrifices nécessités par les calamités du temps, s'était appau-
vrie. Sa table frugale était hospitalière pour Rouget de Lisle. Le jeune officier s'y asseyait le soir et le
matin comme un fils ou un frère de la famille. In jour qu'il n'y avait eu que du pain de munition et
quelques tranches de jambon fumé sur la table. Dietrich regarda de Lisle avec une sérénité triste et lui dit :
1' L'abondance manque à nos festins; mais qu'importe, si l'enthousiasme ne manque pas à nos fêtes
n civiques et le courage aux cœurs de nos soldats! J'ai encore une dernière bouteille de vin du Rhin dans
« mon cellier. Qu'on l'apporte , » dit-il , « et buvons à la liberté et à la patrie ! Strasbourg doit avoir
« bientôt une cérémonie patriotique; il faut que de Lisle puise dans ces dernières gouttes un de ces hymnes
■< qui portent dans l'àme du peuple l'ivresse d'où il a jailli. >< Les jeunes femmes applaudirent , appor-
tèrent le vin, remplirent les verres de Dietrich et du jeune officier jusqu'à ce que la liqueur fût épuisée.
Il était tard ; la nuit était froide. De Lisle était rêveur , son cœur était ému , sa tête échauffée. Le froid le
saisit. Il rentra chancelant dans sa chambre solitaire, chercha lentement l'inspirStion tantôt dans la
piilpifalion de son âme de citoyen, lanlôl sur le clavier de son instriinienl d'artiste, composant tantôt l'air
avant les paroles, tantôt les paroles avant l'air, et les associant tellement dans sa pensée, qu'il ne pouvait
savoir lui-même lequel de la note ou du vers était né le premier, et qu'il était impossible de séparer la
poésie de la musique et le sentiment de l'expression. Il chantait tout et n'écrivait rien.
Accable de cette inspiration sublime, il s'endormit, la léte sur son instrument, et ne se réveilla qu'au
jour, les chants de la nuit lui remontèrent avec peine dans la mémoire, comme les in^ressions d'un rè\e
Il les écrivit, les nota, et courut chez Dietrich. Il le trouva dans son jardin, bêchant de ses propres mains
des laitues d'hiver, la femme du maire patriote n'était pas encore levée. Dietrich l'éveilla. Il appela quel-
ques amis , tous passionnés comme lui pour la musique cl capables d'exécuter la composition de de lisle.
(ne des jeunes filles accompagnait. Rouget chanta, A la première strophe les visages pâlirent, à la seconde
les larmes coulèrent. Aux dernières le délire de l'enthousiasme éclata. Dietrich, sa femme, le jeune otTicier
se jetèrent en pleurant dans les bras les uns des autres; l'hymne de la patrie était trouvé f Hélas! il devait
être aussi l'hymne de la terreur, l'infortuné Dietrich marcha peu de mois après à l'échafaud, au son de
ces notes nées à son foyer du cœur de son ami et de la voix de sa femme.
le nouveau chant, exécuté quelques jours après à Strasbourg, vola de ville en ville sur tous les
orchestres populaires. Marseille l'adopta pour être chanté an commencement et à la fin des séances de ses
clubs, les Marseillais le répandirent en France en le chantant sur leur route. De là lui vint le nom de
ilTavscillatsf. k vieille mère de de lisle, royaliste et religieuse, épouvantée du retentissement de la
vnrx de son fils, lui écrivait : « Qu'est-ce donc que cet hymne révolutionnaire que chante une horde de
' brigands qui traverse la France et auquel on mêle notre nomî » De lisle lui-même, proscrit en qualiti-
de fédéraliste, l'enlendil, en frissonnant, retentir comme une menace de mort à ses oreilles en fuyant dans
les sentiers du Jura. « Comment appelle-t-on cet hymne? » denianda-t-il à son guide. — «Cu iHiuscil-
" laiec, » lui répondit le paysan. C'est ainsi qu'il apprit le nom de son propre ouvrage. Il était poursuivi
par l'enlliousiasme qu'il avait semé derrière lui. Il échappa à peine à la mort, l'arme se retourne contre
la main qui l'a forgée, la révolution en démence ne reconnaissait plus sa propre voix.
Cu iHarsritlaisf , c'était l'eau de feu de la Révolution qui distillait dans les sens et dans l'âme du
peuple l'ivresse du combat, les notes de cet air ruisselaient comme un drapeau trempé de sang encore
chaud, sur un champ de bataille. Elles faisaient frémir; mais le frémissement qui courait avec ses vibra
lions sur le cœnr était intrépide. Elles donnaient l'élan, elles doublaient les forces, elles voilaient la mort.
Tous les peuples entendent, ii de certains moments, jaillir ainsi lenr âme nationale dans des accents que
personne n'a écrits et que tont le monde chante. Tous les sens veulent porter leur tribut an patriotisme e>
s'encourager niuttiellement. le pied marche, le geste anime, la voix enivre l'oreille, l'oreille remue le cœur,
l'homme tont entier se monte comme nn instrument d'enthousiasme, l'art devient saint, la danse héroïque,
la musique martiale, la poésie populaire, l'hymne qui s'élance à ce moment de tontes les bouches ne péril
plus. On ne le profane pas dans les occasions vulgaires. Semldable à ces drapeaux sacrés sn.spendus aux
voûtes des temples et qu'on n'en sort qu'à certains jours, on garde le chast national comme une amn'
extrême ponr les grandes nécessités de la patrie, le nôtre reçut des circonstances où il jaillit un caractère
particulier qui le rend à la fois plus solennel et plus sinistre : la gloire et le crime, la victoire et la mort
semblent entrelacés dans .ses refrains. Il fut le chant du patriotisme, mais il fut aussi l'imprécation de la
fureur. Il conduisit nos soldats à la frontière, mais il accompagna nos victisKS à l'échafaud. le même fer
défend le cœur du pays dans la main du soldat el égorge les victimes dans la main du bourreau Ç).
A. DE lAlIARTi\E
. (*) Cette belle page sur Rouget de Lisle a été extraite de l'Histoire des Girondinr,
d'après l'autorisation spéciale de MM. Furne et. Coquebert , éditeurs de ce grand
ouvrage de M. de Lamartine.
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li:,l
<' S<,v.
l.\ MARSEILLAISE .
I.
Allons , eiiranls do la Patrie,
Leiour de çrloirc osl anrvé ;
Contre nous de la tyrannie
L' étendard sano-lanl est le.-vé . iiiis i
Entendez -vons dans ces campaones
Muo-ir ces féroces soldats '^.
o
Ils viennent jusque dans vos T)ras
Eg^"OTg"er vos ffls ,vos compagnes!...
Anx armes .citovens '.formez vos baltullons '
Al arclions, marchons I
Qu'un sanê inipm\ abreTive nos sillons .
' «^^
^ $1 '
•f^/^^J7'>'-^
1,'
Que veiil cetlc hoidc <I est lave
De traîtres. de Rois eomurés '.'
Pour qui ces is^nobles entraves,
(es fers dès lonôtemps prépares '' i\,v
J'raDcais .pour nous. ah ! quel outraa-e
Ouels transports il doit exeiter!
(est nous qu'on ose méditer
Do rendre a 1 antujtie esolavao'e 1...
Au s arni es . cj tovens ! î\' '' ^' "*
^yii (1u()i ' ( es (olioilis elianoeies
/ 1 (raient la loi diins nos fovers ?
\ t_hiiii ! des plialano^es mer
eenaires
\
Terrasseraient Jios liei's onierriers '.'(bi>i
,1 (jrand Dieu 'paj- des niàins enchainées
' ^ 5 ''' ^t>s trotils sous le |ouo" se ploieraient .'
\i^^ ~ ■ -
m *!> \^c vils despotes deviendraient
Les luaiti'es de nos destinées .'...
Aux ai-ines rilovens.'fi"' ('\'*
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lA.
Trenibl oz . tv ran ^i, et von s perfide s
§i\ l.lj^^yly'L' opprobre de tous les partis;
' Trcmticz ' vos projols paiTicides
\onl cnlin rocovoir leur prix I (tis) '
.% Toul osl soldai nonr vous coTDlialh e
S'ils lombcnliios jeunes liéros,
La lerre en prodnil de nouveaux
Contre vous loul prêts a se batti-o
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Aux armes, citovons I ft''^A'*
■V. ■ ^'"' .^
J I uiçais.en oiicrriers niaônaninios^ . n
Portez ou l'eleiM'Z vos oon])S ; • -
1 jtaronez ces Irisles vjclimes
\ 1 eorel s'arnuuit conli-e nous . (Ws) ,
Mais ces despotes sanouinaai-es . "V -^
M us les compilées de BouiDé, '^ ■
I ous ces tloTes qui saus pitié ^
nicliii-enile sein de leurs mères!..
Aux ai-ines.citovens!ft"^ft"''
.. t, l-
Nons entrerons dans la carrière
Qnand nos aines n > serontplns
^'oQS vtro avérons leur poussière
Ella trace de leiirs vertus ' ("bis)
Bieniuoins laloux do leur survivi e
Que de partag^-er leur cercaeil,
Nous aoroiis le sublrm o orgueil
De les venger on de les suivre '
\ttv amies , citoyens .^'*^& *
VU.
Amour sacré delà Patrie.
Conduis, soutiens nos bras ^enéeurs
Liberté .Liberté chérie.
(Combats avec tes défenseurs ' (lus)
Sous nos drapeaux que laTrctoire
Accoure à tes mâles accents ,
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et noire gloire '
Aux armes, citovenslformez vos bataillons
M^arcbons , marclions '
Qu'un siinp mipuf abreuve nos sdlons
FIN.
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SOUVK.^IRiS nl'tiX VIEUX SSaLSTAHUli:,
S£SSinS TA1R. fil. TmmOZiET,
GRAVURES : 1" et 4* plaiscues pab M. BOILLY. — 2' kt 3' PI.A^•caKS paii M. NARGEOT.
3u- î)c Kofljf pcrf, avec ai-fompogiifinfiit bc piano par lïl. l]. (Colef,
NOTICE.
Li'S Chansons qui naissent avec !a circoiis:nnce menreni souvent avec elle. Rien n'est en Fiance [ilus fugitif
que Teulhousiasme. La mode, l'esprit de parti, le besoin de critiquer, font éclore ch:îr|Ue jour des productions
que l'on porte aux iiiies; puis une mode nouvelle arrive, un unuveau pouvoir s'élève, de nou\eau\ succès
amènent de uouveilos critiques, et la Renommée, avec ses cent houdus et ses cent trompettes, n'a ni assez
de voix ni assez de fanfares pour sullirc à la consommation de vers et de cliansons qui la poursuivent dans
sou vol rapide.
L'opposition est le stimulant le plus fort pour tneiller l'esprit public : elle s'adresse à la malignité, au
raécoDlenlenienl, elle entoure les souvenirs d'une auréole brillante.
La plus belle ode, dans les temps de vicîoire et de prospérité, passe inaperçue : on trouve à son encens
un parfum de flatterie, à ses couleurs un veruis de servilité. £a £]tttx\aie eût été bonuie du vivant
d'Denri IV. On reprochait à Louis XIV les prologues d'opéra qui chantaient ses victoires. Lorsque ^'apoléou
était sur le trône, et maître de l'Europe, ou glissa entre les odes des poètes louangeurs et le itriompiie
ï)c «JLvûjnu, les refrains du Ilot JDagobftt et du Roi b'^Joctut.
La Restauration survint, et la France qui avait eu l'air d'être lasse de gloire, se prit à en avoir la
passion. Elle s'attendrit avec les iîlfesciiifiutfs, et elle alla gémir au pied be la Colonne, qu'elle
avait vue s'élever avec une aorte b'insourianee; puis après s'être enroué à chanter le retour des lys et
i3on, bon, bon, uioe mi ûourbon, l'on s'amusa de Uoule ta bosse, roi Cotillon; et de toules
sortes de gentillesses de même nature. Tant il est vrai qu'on n'apprécie les choses que quand on les a per-
dues, et qu'on ne les aime souvent que quand il faut les regretter. Qu'il nous vienne quelque jour un prince
gaerrier, nous entendrons bientôt l'éloge de la paix, dont il semble aujourd'hui que l'on ne jouisse qu'a\ec
résignation.
Quoi qu'il en soit, les sentiments généreux et ce qu'ils produisent, survivent aux époques qui les ont fait
naître. Emile Debraux ne fut pas un faux enthousiaste, ni un spéculateur d'opposition. Elève du Lycée im-
périal, il y puisa cet esprit de patriotisme qu'on y inculquait à la jeunesse. En 1815, lorsque la trahison
eut livré la France à l'étranger, il fut, comme tant d'autres, indigné des humiliatious dont ou accablait
notre vieille armée, et le sentiment profond de la gloire qui s'attachait aux exploits de nos soldats, lui insjiira
des chants dans lesquels il (it revivre tous les souvenirs propres à réveiller l'orgueil national.
Déjà une main amie a tracé dans une précédente Notice [sur ianfau la tulipe, 11'' Livraison),
quelques lignes sur Emile Debraux, et a rendu justice à son talent, avec quelques restrictions sur les négli-
gences de sa poésie ; mais il faut convenir que si, dans les sojels peu élevés, l'auleur a été simple et familier,
dans ceux qui demandaient de la noblesse et de l'iiispiraliou , il s'est moniré plein d'ame, de verve et de
poésie.
Sa cliaiisoii iiililiil('(' «le aouoifiis-tu esl une de celles qui a eu le plus de popolarilé; on y (roa\e
le seiilimeul et la uoblesse de l'expression, elle s'élève quelquefois jusqu'à la hauteur de l'oile. Elle fui chaulée
dans les carrefours, dans les mansardes, dans les villages, dans les guinguelles des faubourgs, dans les diner*
de corps, parloul enfin où l'on chaulait.
Aujourd'hui qu'au lieu de chauler ou fume, qu'au lieu de s'enthousiasmer on raille (pour ne pas
employer un mol trivial, qui du langage du peuple a passé dans celui du beau monde), aujourd'hui, dis-je ,
ou appelle les poésies militaires ou nationales du rljauoiuidmc, expression néologique employée par les
feuilletonistes pour Hélrir par le ridicule d-îs souvenirs qui ont cependant quelque chose d'honorable! il n'y a
plus assez de dérision pour les exilés de la Loire, ni assez de dédain pour les Sol6at9 Ubourfurs ; mais
en revanche, on apothéose Uobcrt-iHaraivf !
On esl prêl à dire, comme lléiiage à Chapelain, en sorlanl de la comédie des JjJrfriruara ribifulrs:
•' llouïi UDona eu la faiblesôe b'applaubir à fe« sottiêes-là. 31 faut brûler ce que nous
aoous oioré.
Revenons à Emile Debraux, dont la réputation fut populaire, et qui se contenta pendant sa vie d'une
célébrité qui ne dépassait point la région des aleliers et de la petite propriété. Il eiil pu s'élever plus haut, si
son caraclèrc indépendant ne l'avait entraîné jusqu'à l'insouciance, il quitta jeune encore un emploi qu'il avait
à la bibliothèque de l'École de Méilecine, pour n'èlre plus que libre et Chansonnier. Il se crut apôlre, et
oublia en chantant la misère présente et celle qui menaçait son avenir. Déranger a peint ainsi sa situation :
31 aoait boue bea rentes?
<Ê!)! non, fîleesieura, il logeait au grenier.
Ce temps, au bruit 5eô fèfea euiorantes,
Uàpait, ràpnit l'l]nbtt bu rljaneonnier.
Uiuait ri)iiu-v, le bois manquait n l'àtre,
Ca mtrc au novïi étineclait be fleurs,
* 31 çirelotiait; mois sa muse folâtre,
Uu paui're peuple allait séeljfr lis pleurs.
Cû Dotr îi'(Binile, cuoquaut notre l)istoire,
îlu eab.uet ennoblit les éil)os!...
Échos stériles dont renivremeiil dure peu I Debraux se contenta de ces succès, entonna refrains sur refrains,
devint i'ame des réunions lymiues et des goguettes chantantes. Nous n'élevons point notre esprit quand nous
ne choisissons pour admirateurs que ceux qui en ont moins que nous. La pauvreté cl ses habitudes énertenl
le goiit et détruisent l'énergie. Déranger l'a dil encore ;
JVl) ! le besoin, îiu toleut est l'ceucil.
Debraux n'avait que Irente-trois ans, lorsqu'en février 1831 une maladie chronique le conduisit au tombeau.
Il u'a laissé qu'un Recueil de Chansons, dont quelques unes seulenienl lui survivront.
Avec son caractère, s'il eiît vécut plus longtemps, qu'aurail-i! laissé? Il n'y avait, pour lui, plus rien à
chanter : les gloires sont oubliées, les regrets sont éteints. L'oubli eùl suivi sa misère, et quelque ami eiji
fait son épitaphe, comme Gilbert (il celle d'un autre poète malheureux :
£a faim mit au tombeau iïtalfiliître ignoré!
Quand nous mourons, nous autres, pauvres poètes, on dit un jour : c'est dommage! et le lendemain, on ne
dil plus rien.
Mais les chansons d'Emile Debraux seront toujours une page de notre histoire, et l'histoire en chansons
vaut mieux que l'histoire en romans, comme on la fail bien souvent.
due de scènes déguisées, passées sons silence, oubliées exprès, dont on pourrait dire à ceux qui en furent
ou les témoins ou même les acteurs, TE SOUVIENS-Tli ?.... DU MERSAS.
vS OUVKMRS
1) UN VIKUX
MILITA IKK.
/'rf/v/.:r J/:m,/r //t/'fv
Te soinyens -/i7. disait \in capiltime
Au vétéran qm nieniiAit son p^iit.
Te 'sourjens'tu qti'axiîTefois diins la pl.im
Txi détoiu'iias \vn sftbre démon sciti ^
SoiLS les dj'ApeaTir lixiie Tûèro diéme.
Tous deui jadis 1101J.S avons conibailru;
-JenVen soxivienR, car je te Aomlaxie:
Mois, loi, soldat, 3is-nioi, t-eii sourjonstu
To soTtrj^ns tu de ces ^otu-s trop rapides,
OvvlefVançais «ct^Tul tanl de rei^om**
Te souviens tu que stu* les Pvi'aTiiidejî,
Cliacrni de nous osa oTavcr soimom ?
Malft-ré les vents, mal o-ré laterre etlonAe
Ou ^it flotter, après l'avoir vai,nc\.v.
\o\re êteniUrd siir le l)erreau A\i monde ,
Dis-moi. soldat, dis-moi. t'en se
/îS^SS^-
yh sounens-^a de ces plAincs Q'iacces
(-Kl le (rauçais, abordiuit en Yainqueur,
\ it siu- sou front les nein-es amassées
Glacer son corps sans refroidir soncceui' ''
Souvent alors aumiUeuies «laTmes,
J'os plonrs cotdinait,mâis notre œil abatta
Brillait encor lorjqti'an Tolait «tnr armes;
l)is-nioi.aolclAt, àis-moi, / en souviens- i ni'
Te soui-iens-m qu'un lour noire pairie
Al raiite eiicor descendit au cercueil ,
Kt quel'on ati, dans Lutéce flétrie
,Iles éirang-crs marcher arecorrueil ?
a\ e en ton cœur cejour pour le maudire,
Kt quand Bellone enfrn aura paru,
Qu un clief jamais n'ait Tiesom de te dire
Bis moi, soldat, disiiioi, ten snunen.iln '
7rTy>f£k CAardari amc ct/Sf. Jo. r..ffau£cf'îi.
TE SOUVIENS-TU?
AIR DE DOCHE PERE
Avec accompagnement de piano, par M. H. COLET, professeur d'harmonie an Cnnservaloire.
Andaniino.
Chant.
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PIANO.
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Te souviens- tu, di-sailun ca -pi - tai - ne Au vé-té-
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ran quiinendi-ail son pain, Te souviens - tu quaulre -fois dans la
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plai - ne, Tu dé tour - nas un sa-bre démon sein? Sous les dra
peauxd'u-ne iiiè - re ché -ri - e, Tous deux ja - disnous a - vous combat-
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- tu, Jem'ensou- viens, car je le dois ia vi - e, Mais toi, soi -
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-dat.disnioi, l'en souviens- lu? Mais loi, sol-dat, dis-moi, l'en souviens-lu ? Te souviens-
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I l'roccdés de Tanlenslcin et Conlel, 90. nie de la Harpe.)
PariS; iii!pr;meiie de TiLLKT FILS AïKiî; rut des Graiids-Aujublins, S.
SM
MANON LA COUTURIÈRE,
CHAsrsonr far vadé.
SHusiqat arrungcc avec afrompa^urinciit bc piano par i\\. ;Q. (iïolct.
NOTICE.
Uabf pouï arljcocr ses rsquiaeca fibclca,
JS\an» to«9 Ifô rorrcfoure poursuiooif ers inobrlcô;
Be ce fostumf ngrcatr, tugrim poitisau,
3nterroçifait U pàtrr , aborbait l'artison.
âûloiir Df la saisir aane muer et eans porurf,
3itsqitC6 ûur U)orrl)frpna il rljcrrlja la nature.
(5tait-il ou oillagr, il m traçait ka inrenra,
iJLriiiquait , pour Ire miiur priiibrc, aucr bra roroUura,
(8t rljaiigrant rljaquc jour bc ton cl bc palette,
Craponnoit eur uu port 3crome et iFoueljointcttf,
r/osl ainsi que Dorât, dans son poème de la déclamation, a trace le genre de Vadé, qui fut à la mode
cl eut un moment de vogue, grâce à la gaité, à l'originalité des produclions burlesques de ce poète, qui
fut proclamé l'inventeur du genre poissard. *
Vadé dut en grande partie sa réputation à des circonstances qui n'existent plus, et doul la classe inférieure
de la société ne conserve heureusement qu'une faible tradition. Les femmes de la halle s'étaient arrogé
autrefois le singulier privilège d'injurier impunément les acheteurs et même les passants J'ai dit injurier ,
mais je risquerai le mot technique : engueuler. Je puis me permeltre celle licence, aujourd'hui qu'on
imprime jusqu'à l'argot des voleurs. On appelait poiaaarb leur idiome grossier, et la bonne compagnie
avait quelquefois la curiosité d'aller aux halles entendre ces femmes débiter, avec une amusante volubilité,
toutes les richesses de leur vocabulaire sottisier.
Vadé s'imagina le premier d'en faire usage dans des pièces de vers, dans dis chansons, et parliculièremenî
dans un poème burlesque inlitulé la pipe eaeeée. Il allai! éludier sur place l'esprit et le langage du
peuple, se plut à imiter les scènes dont il avait été le témoin et à les jouer lui-même dans les salons, on
il fut admis comme plaisant de profession. Les gens riches payaient ses facéties par de bons dîners , il se
livra malheureusement à des excès qui ne lui permirent pas de fournir une longue carrière; il mourut dès
l'âge de 37 ans, le 4 juillet 1757. Du reste, Vadé était doux, poli, jovial, obligeant, et ce n'était pas
seulemenl comme un homme facétieux, mais à cause de ses qualités et de son esprit, qu'il était recherché
dans le monde. Beaucoup de ses opéras-comiques eurent un grand succès, et on trouve dans ses poésies
beaucoup de morceaux qui prouvent qu'il avait du gnùt quand il le voulait.
L'historiette ou chanson de iîîanon la (ttouturière est un pelil chef-d'œuvre de naïveté et même
de scnlimenl. Ma vieille bonne, qui me la chantait dans mon enfance, ne pouvait s'empêcher de s'attendrir
à certains passages. Elle admirait surtout la bonté du Roi , qui sans s'offenser de la familiarité de illaiion qui
s'élail jelée au cou de M. Villeroy , qu'elle avait [ins pour lui , fail donner mille écus à la jeune fille e! lui
rend sou amant, en répondant aux offres de Manon :
©.u'il »c tioulûit rien pour ca.
Mais ce qui est à remarquer, comme un cnntrasie avec nos mœurs actuelles , c'est la facilité aveciaqueil
on abordait le monarque. Ne clianle-t-on pas dans la prière du déserteur :
Ce roi passait, et le tambour
battait aur rljampe. Itue fille bieu faite
JlJerre la file, elle eric, elle eourt,
®ombc 0 geuour, en pleurs, le roi s'arrête,
Ce roi l'éroute
Le peuple est heureux lorsqu'une méfiance, malheureusemenl devenue nécessaire, ne mel point de barrière
entre lui cl le souverain.
Vadé, parmi ses chansons grivoises, en a fait de fort jolies sur les évèneraeuts du temps, et le langage
poissard donnait beaucoup de sel à la louange , qui devenait bientôt populaire.
Voltaire a fait au nom de Vadé l'honneur de le prendre pour pseudonyme dans plusieurs de ses facéties.
Il publia en 1764 un volume intitulé : Contes îie Guillaume \)aié , c'était sept ans après la morl de
l'auteur de la Iptpe rossée. Voltaire ne changea que les prénoms, et mil Guillaume au lieu de Jean-ioseph.
Il fait dire à Catherine Vadé dans la préface : 3e pleure encore la mort bc mon rousin <6uiUûumc
Uaôé, qui béeéùa comme le sait tout l'Uniucrs, il }) a quelques années. — (Êuilloumf fut
inljumé sans que personne en sût rien. Cest ainsi qu'il aiuiit t)écu;.rar encore qu'il eût
enrirl)! la foire îie plusieurs opéras-comiques qui firent l'aimiration î)e tout JfJaris, on
jouissait bcs fruits lie sou génie, et on néjligeoit l'auteur.
Bans une lettre que Voltaire écrivait <\ madame du Deffant, le 7 de septembre 1774, il lui dit ; Savt}-
l'ous que ce fut ce polisson de Vadé, auteur be quelques opéras be la foire, qui, bans un cabaret,
à la €ourtille, bonna au feu roi le titre be Bien Aimé, et qui en parfumo tous les
aimanacljs et toutes les officljes? Voltaire se (rompait, ce fut ^annarb , qui mit daus les fêtes
sincères, en 1744, lors de la couvalesceuce de Louis XV :
Oicie Conis le Bien Aimé,
SLous les ranirs l'ont ainsi nommé,
El Voisenon dit , dans ses anecdotes littéraires :
Cest pannarb qui, bans un opéra comique, nomma le premier le roi le Bien Aimé. Ce
Irai! seul aurait dû lui valoir quelque grâce de la cour, pour secourir son indigence. Ce qu'il y a d'assez
singulier dans l'épilhèle dont Voltaire (lélril ce pauvre Vadé, c'est que Pannard fait dire, daus sa pièce,
au personnage qui annonce ks couplets du chanteur pnblic :
€a beauté hw sujet o fait sa confiance :
Doiijne; écouter sa cl)anson;
<gUe n'est point b'un style polisson !
Tout le' monde connaît la chanson épigrammatique ;
Ce flien 2limé be l'^lmanacl)
n'est point le iSten 3limé be iFvance.
Oous voyi) a présent, dit encore Voltaire, lo mémoire bu roi 6ten 3limé poursuiuie par
ce même peuple qui était prêt à lui bresser bes outels!
Que de choses on peut remarquer à propos d'une chanson !
01) IIIERSAN
lllS'rniUJ''. DE .Vl"<'ATA.\0.'V,
(Vv. vi'u1 s«v,n,-lhi.sto>v.. onucvf,
De Mansclle Manon la ooiitumèrp.
Kt lie ]\lonsu>i\x son cher /.amanL
Q\ii l'aimail zannoalilemcnt
Te jeune liomnie-cv, t'nn heau DnnAnolie
Qviil li-in-ail son .linistier à la eroi \ blanche,
]'\i1 acc\icilli par des i'aratiAs,
Oui rnccollent /.en maomer'do erocs.
(In n'eut pas pKUoI du la chose,
Onnn raceollenr \y dn fi h- propose,
y,n lui disant en ahrco-e,
Ouarec en.v lui est zeno^-a^'O,
Oli! e nest pas eoinni'ça qu on /. euo-,
l{é)iond le ]eunQ-arç on, faisant Inpai;
Vmro-uet:Yaii (^-uet', Yau ij-net ! Van
l.e i^-uet vient pour savoir le (ait.
l.iin deux Iv dit : V'owlcz-rous l>ou-e
A la santé du Koi eovirert de (i-lou-e'?
A sa santé ?ditul, zoiu-dà;
U mérite lien e't'honneur-la .
Pour afin d éclairer laffaire,
I.p ouiet les mèn' Iretons elio?, l'Coiui
t^lni condamne 1 jeune ,j-arçon ,
D'aller fane un lour t'en prison,
Ali 1 Tovez-t-un peix Iin)ustiee
De ces Messieurs les <j-en.s de la in.stirel
Ils vous ju(çeoiit sans jrio-en^enl.
Sans savoir l'rjrreul ipi'est l'innocent.
tiSSo /iL t' '
Sachant pela, ^ianon z'inabile.
S'en va to\it 3roit de clicxii .M i Aîai-nlle,
Pour IniT-aconti'r zen çlciwanl,
l.e niîlUieur t\c son accident.
Monsicuï VLie^itcnaiit de Police,
Soitpai' raison ï Etat ou. par malice:
Dit: Man' scH.qTxoiqtx' vous parlez tien.
Vo t' scrviteT-ir ; vo\xs n'aurez rien.
I.a-d'ssTis, atepaxirre cliere amante
Pleure eneor un p'tit lirin, pour qu'ça le tente.
Mais voyant ci\l ç a n'opérait pas.
Pour la Cour ail' part de ce pas.
A Fontamelileau zelle arrive,
Onasi presque tonte .111 s SI morte que vive.
S'jeltc au roii de M d'ViHeroi.
Ori'alle prit d'abord pour le lloi .
Monsicwx. vof sarvante .. .J'sT:\is|\-ôlrp :
Cu'est pas ii\oi otl est 1 Roi,dit-v, c'est un autre
Mon enfant. t"]iez, l'v'la toTvt là-bas ,.,
Ah'. Moiisietix, je l'vois. ii l)o\in-e7. pas.
Sire, eACt.xsez sijVotls (iéranQ,-e;
Mais c'est que ]e ne dors, iie bois, ni ne manc^-e,
Bn depius qxie 1 amant quej'ai.
Sur vol" respect, est xeiicno-e.
On y.v a force sa sio-natLire,
])c siQ-Tier ui"t papier pi eni ieciiltire;
11 ne serait pxiLiit z enroVé,
Si y ou ne lavait pas violé.
I.c Uoi . c^a est la justice m énie,
T)it. votisuiévilcE qu'vote amant vo
Vins lui fit donner iiiiU' /.éeiis,
Kt le eong-é par li-dessns.
Ab: (lit-elle. Roi trop propice,
S'ily avait t^uenciu'cliose pour vot'
Je pourrions nous cmplorcr. ilà ....
L'Roi ilit qu'il u'voxtlait rien pour
De Vans rcii-a>iMiant la ville,
Elle rêva Ae clieux M.d'MavvtUe, .
M' faut mon amant, rende7,-Ie moi;
T'nez, lise7..v'là l'ordre du Rot.
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MANON LA COUTURIERE,
Avec arroinpagnonient de piano par 51. II. COLET, prnfesspiir (riiarninnii' an Cnnsorvalnire.
Chant-
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Taris. Impr. d > F. l.ocgtiN. 16, r. N.-D. des Vifloiivs.
MALGRÉ LA BATAILLE,
PAROLES DE MA^GE^OT.
S}£SSI19S PAR nz. 7BII>I0I.£7.
CRAVCRES DK M. NARCiEOT,
iîliidiquc nvnutgrf nurr lUfomprtçincinrnt îif pimio par Jîl. i^. (Eolrt.
NOTICE.
Voici (lcu\ Chansons mililuircs et grivoises loulcs deux, el qui , toutefois, ont enlrc elles des dilTerenccî
assez marquées.
iïîolçirc la l3atnillf , œuMe pleine de verve, d'originalité el dont les troupiers du temps (règne de
Louis XV) auront pu dire aussi, comme ceux de 1792 au sujet de la production dt; Rouget de l'islc .
"Ed voilà uue qui a des moitstorljcsl "
Celle Chanson guerrière se rattache du reste à une campagne glorieuse, à celle de 1745, où Raucoux
el Fonlenoy illustrèrent à la fois nos armées, et le grand général qui les commandait. Le Maréchal de Sa\e,
qui faisait aiinoucer la victoire du lendemain par des couplets que Favarl traçait la veille, dul certainement
sourire à ceux-ci, qui peignaient si hien l'insouciant courage et la gaîté qumilr mrmc du soldat français.
La vogue de celte Chanson fut si grande qu'on lui fil l'honneur insigne de l'allribuer à Voltaire. Elle est,
ou du moiitf elle porte le nom de Mangenol, commissaire des guerres dans l'armée du Maréchal; mais la
chronique du temps prélendit que le véritable auteur étail son frère, l'abbé Mangenol, connu par de jolies
églogues et quelques autres poésies du genre sérieux , mais qui dut faire passer sous l'uniforme de son frère
ce qui eût paru un peu trop profane sous la soutane de l'abbé.
La foin 1)011, dont le mcritt et la gloire sont joyeusement célébrés dans la seconde Chanson, n'est
point celle héroïne du boulevarl, érigée en grande dame el transformée eu vertu par feu M. Bouilly. Notre
fanrl^on est uue de ces luroiincd qui ont vu le feu, qui, comme on dil vulgairement, n'ont pas les
mains dans leurs poches, et donnent au besoin un baiser el quatre soufflets.
La nuance principale entre ces deux pièces, c'est que la première semble née sous la tente, la seconde
dans la garnison. Il y a plus du soldat dans l'une, du loudtir dans l'autre, el f anrljou a bien les
franches allures d'une improvisation faite entre deux bouteilles. C'est depuis longtemps l'une des chansons les
^lus répandues dans nos régiments, mais son trop modeste auteur est resté inconnu.
Ol'RRY, membre du Caveau moderne.
MALiG-Hll LA BATiiILLi:
Allegretto. '^
Cham.
PlÂ^•o.
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Mal - gré la ba - lail - le Qu'on don - ne de
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Çà, fai-sons ri - pail - le, Cliar - nian - le €a -
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Al - icn-dant la gloi - re
Pre - nons le p!ai-
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sir, Sans lire au gri - moi - re Du sombre a - ve
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SCA — .)-
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LES ADIEUX DE LA TULIPE
THal^ré la "bataille
Qu'on IxTTe demain.,
Ça, faisons ripaille,
CL&ruiante fatin;
AttendantJa o'ioire,
Prenons le plaisir,
Sans lire an eTimon-e
Dn sombre avenir .
Si la LaIIel)arAe
Je penx mériter.
Près lu corçs-de o-ardc
Je te fais planter.
Ayant la ien telle,
Le soulier l)roAé,
La Llonqxi-e A l'oreille,
le «cLiQ'iion carde .
^:^^!^.
Jfaïo'uant tes compao'nes.
Méprisant leurs yœiix.
J'ai fait leux cainpao'iies.
Rôti de tes feux .
I)i<çne de la p.oiiinie.
Tu reçus ma foi; »
Et jamais roq^-omme
ÎJe fut hxi sans toi.
^t//ff^/àz /wwVi'/iT'i', .5».
\ ''i !
fWCIION
\iiiis il nous laiil lui< |>ausc
Japppicois 1 onibri diiii bouchon
Bu\oiii> a l aimable fanchoti
Pour elle faisons quelque <lio\<
ili'que son enlrclicii est doux
On ellt a de meiUe et de (j^loire
Hl( aiMU 1 ine (11( mni i 1)0U(
Hl( inn< 1 (licHitn (oniini nous
hanflion (luonnn boniu rhuluniK
hul baptni c n < i du \in
In allenxind l^it son paivain
1 m hietomu i.iinaiiamc
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\ii\ I f pas les plut (loliiat s
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changements de la 11* à la 15"= mesure, et le chœur qui finit à la 6-= mesure dans l'air à C/8. Le chant que nous
donnons est plus usité que l'autre.
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^ Fin.
Iniprimciic de Pilllt fils aîné, rue des Grands-Augiistins, 7.
LE ROI D'YVETOT
IMR P.-.I. DE BI<:RA:«€iEK.
E>£SSI1ÏS PAB M. TBIMOiET.
GUAVURES: I"el i' planche, par M. Torlkt,
2' cl 3' planche, par M. Nargkot,
Musique arrangée avec accorapagnemenl de piano par M H COLET, preftsseur d'harmonis au Conservaloire.
NOTICE.
Saluez, Icclcurs!.... ce n'est point ici une de ces royautés imaiçinaires de Gaibe, de Ta|irobane, des
Ilcs-Verlcs, Bleues, etc., créées par nos conteurs et nos romanciers. Oui, vingt témoignages de l'histoire
attestent ce fait; il a existé des Uois yPnctot, rois légitimes, s'il en fût jamais, puisque celte rovauié
en miniature était une émanalion, et, en quelque sorte, une tille de la grande monarchie française.
Il faut bien en convenir, son berceau est entouré de quehiue obscurité; c'est encore un rapport qu'elle
a avec sa mère. Voici , loulcfois , comment plusieurs de nos vieux chroniqueurs racontent l'origine de ce
royaume normand.
Gauthier, qui n'était encore que Seigneur d'Yvctcl, exerçait les fonctions de Camcrifr (de nos jours on
dirait Grand Chambellan), à la cour de Glolaire l; tombé dans sa disgrâce, il alla comballre les Iulidèles;
puis, de retour en Europe, muni de la bénédiction et de lettres du pape Agapet, il re\int à Soissons, se
présenter aux regards de Glolaire, dans l'église, le Vendredi-Saint, et au moment de la messe. Ces rois de
la première race étaient, comme on sait, d'humeur assez dévote, mais encore plus brutale. Dans son
premier mouvement de colère, le roi tirant son épée, en perça Gauthier sur les marches même de l'aulel.
Puis, vu toutes ces circonstances aggravantes, menacé par le Pape d'excommunication, pour appaiser son
courroux par une grande expiation , il érigea en royaume la terre d'Yvelot , pour les héritiers et la postérité
du malheureux Gauthier.
Si le pyrrhonisme historique de notre temps veut douter de cette tragique aventure, pourra-!-il également
contester des actes authentiques formant les litres du royaume d'Vvelol ; cet arrêt de 1392, conservé dans les
archives du Parlement de Rouen ; ces lettres-patentes de louis XI, roi fort peu disposé à laisser empiéter sur
ses droits; el celle lettre autographe de François 1, où il traite de Ucinc la d.;me de ce lieu; car il
paraît que le royaume li'Yu'lol pouiail tciiubrr m qurnouillf , en alteiidant iju'il lombàl en sous-
pnfeclure.
La décadence de cel empire de deux ou Irois lieues de lour commença sous le règne de Henri H, qui,
tout en confirmant les privilèges rovaiir de celle Seigneurie, s'en réserva toutefois la souveraineté en
dernier ressort. Aussi, lorsque quelques jours avant la bataille d'Ivry, Henri IV vint avec ses troupes
camper dans la plaine voisine de celte capitale: "Ventre saint-gris! s'écria-t-il , si je perds la couronne
de France, je veux au moins être roi d'Yvetol! " Hélas! de nos jours, les rois mis à la retraite n'en
trouvent pas toujours une pareille.
Plus lard, Isabeau Chenu apporta pour dot celle couronne amoindrie à la maison Du Bellay. Puis, dans
le dernier siècle, Françoise de Crevant, par son mariage, fil passer dans la famille d'Alhon, ce royaume
qui n'était plus qu'une principiiulé, tl qui redevint même une simple seigneurie, en allendaul celle révolution
qui allait balayer si rudement rois, princes et seigneurs.
liais à quoi bon rassembler ici ces témoignages constants de la réalité du petit royaume décédé? Oui ,
certes, il ctnit, ou plulôl,
31 criotr un Roi b'Vnctot
fjcu connu îiana l'ijiaioirf,
mais fort connu dans les annales de la chanson, bon petit roi, rourouuc par 3cauufton, sacré et
immortalisé par Béranger. Cette piquante et maligne biographie lyrique fut composée au commencement de
1813, et ne se chanta d'aboid qu'à demi-voix, car c'était une leçon indirecte au conquérant infatigable
que ces deux vers entre aulres :
31 n'iigrunîiit yciint sfs ftnta,
iut nu iioisin rommoîiï.
Eh bien, voyez comme la malice française sail, en toute occasion, trouver des aliments. Napoléon
tombe d'un tiône sur lequel on apporte louis XVllI, et voilà maintenant qu'on veut trouver en ce prince le
roi d'Yvelot,
Se Icuant tarî) , se rourljaut JÔt,
formant fort bien aouô gloire.
Il n'est pas jusqu'à 3cauuctou qu'on ne prétende avoir reconnue sous les falbalas d'une grande dame.
Le fait est que, toute allusion à part, le Uoi îi'Vuctot passera à la postérité comme un des chefs-
d'œuvre de Béranger, comme un monument de haute philosophie déguisée sous la plus spirituelle gaîlé. Voilà
un Uoi à l'épreuve des révolutions, et qu'aucune d'elles ne détrônera jamais!
Nous avons obtenu île l'obligeance de M. PKiinoTi?), éditeur des OEmres de Béranger, l'auto-
risation spéciale de publier celte pièce dans noire collecliou.
LE KOI D'iVETOT.
n était un roi tl'Vretot
l'en connu dans rinstoire.
Se Jevant tard, se couchant tôt
Doiniaul fort bien sans c-loirc ,
F,t coiiroiiiic par Jeanncton
D ini simple l)omiet de coton.
Dit ■ on .
Oh: oh ■ oh : oh : ah ; ah ' ah ;ah :
Oiiel hon petit roi c'était la ;
l.a, la.
Il faisait SCS «quatre repas
Dans sou palais de chaimic.
Et sar un âne, pas a pas,
Pai'eonraif soiirovaume.
Jovciix , simple et cro\'aiit le bien,
Poiu' toute ^-arde il n'avait rieii
Ou'iin eliicii .
OUI oh ! oli '■ oh ' al) ' ah .' ah ! ah '
Quel bon petit roi rc'lait là'
La, la .
Il n'avait (le ^i-oût oiiérriix
Ou'iiue soif un peu mvc;
Mais, en rendant son peuple heureux,
Jl faut bien qu'un roi vive.
I.ui-niénie, à table et sans suppôt.
Sur eliaqiie muid le\ait un pol
])'iuipol .
Oh ' oh ' oli ! oh 1 ah ! ah .' ah ' ahl
Ouel bon petit roi c'était la)
l.a, la.
Aux ûlles de l)oni^es maisons
Comme il avait su claire,
Ses sujets avaient cent raisons
1) e le nommer leur ]) ère ;
J) ailleurs il ne levait de ban
One poTii" tirer, quatre fois laii,
Au blaue.
Oh 1 oli'. oli ! oli ! ail ! ali .' ah I a
Quel bon petit roi c'était là !
La, la.
11 n'a<iTandit point ses étals,
lui un voisin eoiiimode.
Et, modèle des potentats.
Prit le plaisir pour code.
Ce n'est qnc lorsqii'il empira
Que le peuple qui l'enterra.
Pleura.
Oh ' oh ! oh ' oh .' ail I at I ali .' ah '.
Quel bon petit i-oi c'était lÀ '
La, la.
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/m/>'.' ^r l'/ni/iim mMi cf. /!ù. 3o. r: //,ui/<-/?)u:Uc. 71j'
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Paris. — Imprimerie de Pillet iils ai.m-., rue des Grands-Augustius, 7.
Plis ON m M FOIS. Plis 01 RIT.
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DESSINS PAB ÎH. BU BSBÏjOZ. - ©3ÎAVB®ES PAK M. NAïiSEOT,
illiidiiliic iuv(Ui9Cf ppui- le piiinci par iîl. 1^ (Eolrt.
NOTICE.
Les Vers sont enfants de la Lyre
11 faiil les chanteL non les lire.
LA MOTTE.
Beaucoup (le cliansniis qui pamissenl cliarniaules lorsqu'on les chaule, pcnliaieul beaucoup à la leclure.
D'aulros qui soûl très jolies le p.iraisseul moius lorsqu'elles soûl cliaulces par des profanes, j'eulends parce
uiol les gens qui ne soiil pas iuiliés à l'arl de faire valoir le couplet. Aussi quelqu'un à qui ou proposait li'cu-
teuilre une cliauson, deniaudait qu'on lui donnât le chansonnier avec. Ce n'est pas que tous les auteurs de
chansons aient leialeut de les bien chauler, talent que possédaient Désangiers el Brazicr, Désaugiers surtout.
De même certains autours de vers el de comédies lisent déplorableuieul leurs ou\ rages, témoin Corneille, à qui
Coilean disait : 3'ai trouuc oolrr ptcce bonne, quoique noua i'nyrj lue rouô-mciuf.
Tout ce préambule vient à propos de la chanson d'Armand GoulTé, qui ne chantait pas au.ssi gaiment el
aussi agréablement qu'il écrivait, cl qui ayant composé sa chanson sur l'air Stcnrj, moi. je guis un boa
l]iiminf, la chaula au Cimctiu inobcrnc, oîi elle produisit peu d'elTel.
Celte cliauson avait été faite au sujet de l'admission de plusieurs nouveaux convives aux j^iucra îic la
Sorifté cpiruricnnf.
Quelques mois après, à un diuer auquel avaient été in\ilcs divers arlisles, III. Fasquel, professeur de
harpe, demanda la permission de faire enlendre un air qu'il aiail compose sur la chanson d'Armand fioulTé.
Cet air élail enlraînaul, il produisit le plus grand ellVl, il fui chaulé, nrhanlé, la chanson parut délicieuse,
délirante; elle eul bieiil()t une grande vogue, el le refrain chaulé eu chœur, lui donna l'allure bacchique qui
con\ienl à une chanson de table.
La chanson n'était ni plus ni moins jolie que lorsque le poète l'avait composée : mais la musique donnait
aux paroles leur véritable expression, et voilà justemeul comme le meilleur opéra-comique réussit ou tombe,
selon qu'il sort des mains d'un bon ou d'un mau^a!s compo-sileur. Voilà ce qui explique les succès de Sedaine
el Grétry, de Mar.sollier aKC Dalayr.ic, d'Eiieniie a\ec INieoln, de Scribe avec Aubcr.
La musique est la coquetterie de la chanson. La plus jniie femme en n/'gligé, n'a pas autant de ressources
pi m pliiiro, (jut' lors(|ii'iiiie païuif éiégaiilo ol bidi assortit; aux qiuililés qii'i'llo possèilc, on fait vaioir tous
les avantages.
Nons avnns déjà parlé de H. Armand fionffé, à propos de sa chanson intitulée l'iÊloçic ôe ['(Ban, dans
notre il' livraison, et de celle de la iin &u 3oiir, ijui se trouve dans la 67*. M. Armand GoulTé a com-
posé sa chanson en 1807, elle est dans le Soiimnl bra 6ourmanii» rt ia êtiics du mois de décembre
de celle année, qui était la seconde de la résurrection du (Eaïu-ait, sous le titre de Sorictc cpintrifiiiie.
On a étrangement abusé de ce mot, €pirurifu. Beaucoup de gens croient qu'Epicure était un matérialiste,
un gourmand, un buveur, adonné aux plaisirs des sens, et cela peutètre à cause du passage d'Horace (Liv. 1,
ép. 4, V. lGj,où ce poète, qui professait la philosophie d'Epicure, plaisante en écrivant à Tibulc:
iïlc vinçiufin nr nitiîutm bciif furnio rutc oisfs,
Cliium TtÎKrc Dotra (Spiciiri it qrcqc pornim.
o Quand \nus voudrez rire, venez me voir gras, brillant de santé, le teint fleuri, vrai pourceau du troupeau
d'Epicure. »
Mais Epicure fut calomnié comme le sont tous lis hommes d'un grand mérile. Les stoïciens cherchèrenl à
donner de mauvaises interprétations à ses sentiments, et en tirèrent de pernicieuses conséquences. Il est si
facile de dénaturer et de souiller les choses les plus pures.
Epicure enseignait à ses disciples que le bonheur de l'homme est dans la volupté, non des sens et du vice,
mais de l'esprit et de la vertu. Il tâchait de leur inspirer l'enthousiasme de la sagesse, la tempérance, la
frugalité, l'éloignemeul des affaires publiques, la modération dans la dispute, la fermeté de l'ame, le gm'it d(s
plaisirs honnêtes et le mépris de la vie.
A toutes les calomnies forgées contre lui par l'imposture, il n'opposa que le silence et une vie exemplaire.
l'épicurisme négligé ou ignoré dans les siècles de barbarie qui suivirent la décadence de l'empire romain,
ne sortit de l'oubli que dans le dernier siècle, par les soins du célèbre Gassendi, qui, interprétant les sen-
timents d'Epicurt! d'une manière favorable, illustra la doctrine du philosophe grec par ses écrits el par sis
mœurs. Il eut pour disciples, Molière, Chapelle et Bernier, dont les exemples et les leçons soumirent à la
philosophie d'Epicure plusieurs hommes distingués, qui formèrent parmi nous différentes écoles d'épicnrisnie
moral ou littéraire. La plus ancienne tenait ses assemblées chez la fameuse Ninon de Lenclos : c'est là que
venait s'inspirer tout ce que la cour et la ville avaient d'hommes polis et voluptueux , et particulièrement
Saiitl-E^ remoud, qui lit pour le portrait de Ninon, ces vers :
Ciuîiulgf"»f ft sage noturc
3 forme l'amc bc lliiion,
JDc lu notuptc (l'Êpiritrc
(Et î)f la Pfrtu ic piaton.
Puis vint la Soriété bu Crinple, où brillèrent Chaulieu, La Fare, J.-B. Rousseau, Palaprat, le duc
de Nevers, le maréchal de Catinat et d'autres noms célèbres. L'(6rolc bc Sfruitr, chez la duchesse
du Maine, plus décente que celle du Temple, compta La Molle, Fonteuelle, Voltaire, etc. Enfin la petite Sorirté
rpiruricuiu bu (Haurou, réunit les plaisirs du Parnasse el de la table, elle était composée des deux
Crebillon, de Gresset, Piron, Gentil-Bernard, Sauriu, Collé el Gallet. Laujon, qui en était le plus jeune, se
trouva le doyen du (Cûocau mobrrur, et fit la transition entre les deux Sorictéô (gpicurirnnra, dont
Armand Goulîé fut nu des pins aimables soutiens, avec Désaugiers, Bcranger et mais la nomenclature
serait trop longue. Toutefois, si, d'après le proverbe qu'Armand Gouffé a pris pour refrain : plus on est it
foud, plue ou vit, on doit bien rire dans le monde, où, comme le dil un proverbe encore plus ancien,
celui de Salomou Stultorum uunurus fst infiniîus : le nombre de fous est infini!
DU MMW.
VUS OA' EST J)K FOUS, ^
Des Traons WavaiiL lapiqùrc,
Que j fljane avoir A.Ai\& ce séjour
Le jo^ew^ IroxipcaTi ïépiciire
cruU'T Ae
joxu- cnjov
Dans CCS retraites qu'il i-licrit .
-\vee ,1011s venez. Tjiiirc etrire...
Vlus on esl Ac foii», jiUis on nt ,
PLUS ON RIT
AU reg'le est y'Kis douce et çKis prompte
Qu.e"les ealeuls Je nos savans.
l estle verve en main que je eouipte
Mes vrais «mis,les lions vivans!
Vins je bois. plus leur nomlire auq-ment
ft quand ma eotipe se tant,
Axilieude (^uin/.e j eir vois trente!,.
Plus ouest le fou^.plus ou ni.
^-(^o.ux ,^,_
PLITS OIT EST DE POUS, PLUS OU RIT
Alleirio.
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Des frè - Ions bra - vaiilla pi - qù- le
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Qiicjaiiiieà voirdaiisce sc-jour Le joyeux iroii-peau dC - pi - cii-re Se re - cni ■
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LE CHANT DU DÉPART
mil de M. -J CHENIER, musioiie de
DESSINS PAB M. TBIMQIi£7,
GRAVURES; 1" cl f |ii;iii(lic, imr M. Garmku — -i' et W planclic, \yM- M. R(»imy.
NOTICE.
Après ri]v'miic bcs iH.n ;ii-illaia * au-dessus (lui|U('l il u'y a nru , en ce genre, soil clie/ les anciens,
vn' chez les ualions uinderncs, la seconde place apparlient incunlcslablenieiil au djant ôit Oi-pait. (lliénier
(Marie-Josepli), cet aulre T\r;ée des guerres de la Ik'\olulion, le com|iosa eu 1791, pour l'anniiersaire du
H Juillet. Eu faisant la pari de Tevaltalion républicaine du temps (|ui ne permellait d'cvprinier u'-dérémenl
ni ses alTcctions, ni ses haines; en n'e\amin:nl pas à la loupe d'un purisme \élilleu\ quelques expressions
p'U harmonieuses, introduites dans un pelit nombre de vers par le laneagc obligé de l'époque, on reconmiilra
li)UJours dans ce diant guerrier une brillante et poéliiiue iiispiiaîion. la magnifique strophe qui en forme le
début est à la hauteur des chefs-d'œuvre de nos deux grands lyriques fiançais.
Dans l'une des strophes de ce chint l'auteur rendit un jusle hommage à deux jeunes héros, on peut dire
il deux héros-enfants , dont l'his'.oire impartiale signalera aussi les noms et le dc\ ouemcnt.
Joseph Barra, entré, comme tnmbour, avant sa douzième année, dans les rangs de l'armée républicaine de
l'intérieur, était aussi bon fils que soldat intrépide. Envoyant chaque mois à sa mî're sa modique solde (ont
eiiiière, il s'était toujours fait remarquer par son ardeur diins le combat. Cerné un joar par un nombreux |)aiii
de Vendéens, \ingl baûmiieiles sont lc^ées sui lui. — "(Cric Vive I.onis Wll, lui î)it-on , ou tu a
mort. — " Vive la République! " s'écrie et ]nu\c o ::âssa3 De toujc au?, et il tombe perce de DMips!
La Convciilioii vo!a une f('lc à sa mémoire, une pension à sa mm; Chénitr et CoHi", (riliiiic\ille 1 i
oilrirait, dans leurs vers, le Iribul de l'admiralion iialionale.
Le second exemple de ce dévonemenL précoce n'est pas moins liéroïqnc. Les ir.surgés marscilhiis allaicnl
traverser la Dnrance, et écraser p r la supériorité du nombre une faible troupe de soldats républicains. In
seul moyen de salut restait à ces derniers, c'était d'aller couper, sous le feu de l'ennemi, les câbles du
p:)nIon iijli tombé en son pouvoir; mais une si périlleuse entreprise fait hésiter les plus braves Sond.ru
un enfant de treize ans s'élance : c'est Joseph-Agricole Vialla, qui saute sur une hache, vole aux bords du
fleure, et frappe sur le câble a coups redoublés. Plusieurs décharges de mousquelerie sont dirigées con'ie
lui : il continue à frapper avec ardeur Enfin, atteint d'une balle et mortellement blessé, "3c meurs,
mais c'est pour lu i^ibrric!" telles sont ses dernières paroles. La mère de ce jeune Spartiate se
montra dig'ie de lui avoir donné le jour. En apprenant celle perte cruelle, sa douleur fut profonde; mais
quand on lui eut raconé l'admirable dévouement de son lils. — "Oui, dit-elle, il est mort pour la piilrie! "
et SCS larmes cessèrent de couler.
En regrettant que ces deu\ traits n'aient pas eu lieu dans une lulte contre l'étranger, la France doit
s'enorgueillir de pareils enfants, et savoir gré à la lyre qui a célébré leur courage.
Le Musicien ne resta pas au-dessous du Poète. Exalté par cette belle composition, illéhuj en doubla le prix
par ses énergiques accords. Ajoulons, comme une circonstance mémorable, qu'ils furent tracés en quelques
instants, sur le coin d'une cheminée, et au milieu des causeries d'un salon.
Ainsi, trois des plus rem:irquables productions lyriques de nos jours sont nées d'improvisations du génie,
le (El)aiu ^u JDf'pnrt, comme on vient de le dire; l'air © patrie! du îaucreîit, nommé en iialif
r.?lria bei tlijfi, parce que Rossini le composa pendant qu'on apprêtait le riz de son repas; enrni.
la illarseillaise, qui, nouvelle Pallas, en quelques moments d'une nuit déjà très avancée sortit tout
armée du cerveau enflammé de Rouget de l'Isle.
Exécuté d'abord par l'orches're et les chœurs du Conservatoire de musique, dans la fêle nationale de
1794 qui célébrait le souvenir de la prise de la Bastille, le (£\]a\n in Départ devint promptemenl
populaire; il fut accneilli avec transport par nos armées, qui le baptisèrent du nom ho::o;abk de frère
be la fllarscillaise. Il est, en eU'et, aussi beau de majesté et d'énergie que l'autre de verve et
d'enthousiasme. Ces deux Chants belliqueux enlrainèrent des légions de vehuilaires à la défense de nos
frontières menacées, et décidèrent souvent la victoire. Leur souvenir reslera toujours inséparable dans les
;;lorieuses a:in:i!('S des irncrres de l'irdé.i'iid lire nationale. li. ...
4
U\ CIIAM DU DKl'Airr,
IIYMNK DE GUERRE.
l^ DÉPUTÉ DU PEUPLE.
La victoire on chantant nous ouatc la Larrièrc ;
La liberté o-uide nos pas.
Et dunordaumidila trompette oniciTi'ere
-i sonné ILcnrc des combats.
Ireinblez, ennemis de la France,
Hois iTi'cs de sang- et d'orçmcil '.
Le peuple sonreraiii s'arance ;
Trrans, descendez au cercueil.
La repiibliq^ue nous appelle,
Saclions vaincre on sachons périr;
In Français doit vivre pour elle,
l'oni' clic 1111 Français doit mourir .
CILLNT DES GUEUIUE.R5.
I a lopubliqiic etc
,^/;
mU/ >I,t/ w ^^5 ♦< ^'
L\\K MKKK I)K KV.MIIJ.K.
De nos yeii-V iiiatiTiiels ne eran^nez pas les (nrmes;
Loin de nous de làelies douleurs!
.Nous deron? triompher quand vous prenez Us armeii;
(est aux rois à verser des pleurs .
Xflus votLs avons donne' la vie,
Guerriers, elle n'est plus à vous;
Tous vos )ours sont à la pairie:
FUe est voire mère avant nous .
rilOEdi OF.S MKIÎKS DK KA.MIIJ.K.
\.a république , etc .
DKi'x viK.ri.r, Aiîns .
Oue le lerpalernel arme la main des l),-aves ;
Son^-ez à nous au ehauip de Mars;
( unsacrcz dans le saiio- des rois et des eselaves
Le fer l)eiii par vos vieillards;
Et, rapportant sous la chauiaière
Des blessures el des vertus.
Yeuez iVriuer notre paupière
Quand les Ivi-ans ne seront jjIus.
CHOKl I! IHvS \IKlLLAI<i).S.
La répuliLque, etc .
UN EXI'-ANT.
De Barra, de Vialale sort noius fait cmic ;
Ils sont motts.mais ils ont vaim-u .
Lelâclie accable d'ans n'a point connu la vie;
Qtu meurt pour le peuple a vécu,
^oiis êtes raillaiis.uous le souunes ;
GuiAcz-uoiis contre les brans,-
Les répiitlicams sont des lionunes,
Les esclaves sout des eiïfaiis.
CIIOKIK UKS KM'ANS .
La républic^ue, ctc .
rXK FJOUSK.
I'ai-tcz,vaiUaiis époux ; les. combats sont vos (êtes;
Partez, modèles des o-aerriers;
Xons cireillcrous des flenrs pour en eemdre vostète.s:
-Vos iiiaïus tresseront vos lauriers.
Et, SI le temple de mémoire
S ouvrait ii vos mânes vainqueurs,
Xos VOIX chanteront votre Q:loirc,
Nos flancs porteront vos vone."eurs .
f lIOKru UKS Kl"Ol'SK.S .
La république, etc.
UNT JEUTTE FILLE .
H noiiN scruis des héros, nous qui del'bviiicuée
l^iuoions les aimables nœuds ;
Si j)oiir s Tinir mu ]oui à noire destinée.
Les eitocns foi meut des vceux ,
Qu ils retiennent dans nos nuiTaiIles
Beaux d.e olone et de liberté,
rt qae lenx saiiQ dans les l)a tailles ,
4it conle poni 1 eg^-alitc .
raORR DIS JH'.NK.S riI.LKS .
La lepubhque ete .
TROIS tlTRRIKRS.
Sui le lei dc\ ant Dieu, nous jtu'oiis à nos pères ,
Anes epoases a nos sœnrs,
inos representans a nbs fils,ànos mères,
D anéantir Les oppres seiirs;
Entons lieux dans la mut profonde.
Plongeant 1 infanie rovauté,
les franc, ais donneront au monde
Pt la paiA et la liLérte.
CllOriR GïNKRAL.
la lepublique etc.
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LB GHAITT BIT D^TA^T
Arcoi!i|);ii(ii('iiînil de |i';!iio par M. COLFJ.
Allegro marziale. ^
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( Procédi's de Tantenstcin et Cordel , 90 , rue de la Hari.c. )
Inipriniciic de Pillet fils aink, rue des Grands-Aiigusti.is, 7.
LE DÉPART DU CONSCRIT «^ LE RETOUR DU CONSCRIT
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L3 DSPArlT ru C-rlSlTi-DIS^.
D£SSIISS Z>£ va. TASCAJi,
GRAVDRRS : 1" KT i' PI-ANCIIKS PAR M. ALÈS. —2' kt T PI.a>ciihs PAU M. TORLET.
ilhtdtflue arrniigcc luifc arrcimpn^nriiKUt ùc piano par iW. £]. €oUt,
NOTICE.
Los trois cliansons que nous avons réunies dans celle livraison , foni une snrie de Iriidgie qui comprend
les trois phases de la vie du militaire , el retrace la marcIie ascendante du jeune solda!.
On le voil consent, s'arraelianl avec regret du sein de sa famille é(dorée. il noient au pays quelques
années après, soldat îirgoisf pour faire la moisson et revoir sa promise. Enfin il devient troupirr fini,
le beau grcnaùirr pour lequel la cuisinière émérile réserve toujours le premier bouillon, et dont au
départ elle garnit le sac de chemises, paires de bas, mouchoirs, etc.
La Chanson du Brpart îiii Conâcrit qui date de plus d'un quart de siècle, est sans doute le texte
niigiiial de celle du (Consrrit ht Corlu'il, qui n'en est qu'une mutation. La rime du premier coupla
i;aut quitirr If Cungucfo,
2liirf tf sac sur le boa:
prouve é\idcmmenl que l'auieur était Languedocien. J'aurais du dire les auteurs: car le dernier couplet
annonce une association poétique de trois rimeuis, dans le genre de nos vaude\ illistes qui se metlenl en
trois, l'I souvent en quatre, pour composer un acte.
La Chanson du Retour ou (Eoiiôrrit est encore une composition qui n'eût point élé faite aiec autant
de simplicité et de grâces naturelles par des auteurs de vaude\ille; ceux du Solbat Cabourcur cunnt
le bon esprit de la demander textuellement à une petite Normande, de qui ODRY rap|inla\ec la mauièiedo
la chanter, ce qu'il fit avec grand succès dans son rôle de iPaucitlc, qu'il joua avec un comique parfait,
finaiit à la lîomance <6ufrnaîiifr, que tu m'atïtiçtca, elle eut une telle vogue, à l'époque où FLORE
la chanta dans la comédie des Cuidinirrca, qu'en peu de temps elle courut dans les quatre parties du
niondi'. In voyageur qui revenait du Bre>il , m'apprit qu'il l'avait entendu chanter sur les bords de la ri\ière
des 3majonr5, et au pied du (El)iinboraço. Je doute cependant qu'elle y fut chantée d'une façon aussi
criginale, qu'elle l'était au Théâtre des Variétés par cette excellente Flore, à qui, sans contredit, elle dut
son succès. Toutefois, la modesiie de l'auteur est forcée de convenir que la [iièce partagea la vogue de la
chanson, que dans plusieurs chàieaux, les duchesses et les m;irqnises s'amnsèrent beaucoup à se lra\es:ir
en cuisinières, el gne c'éiait ii qui joiieiait le rôle de Victoire, pour chanter (furmabirr, que tu m'atïtigra.
Celle romance fut longtemjis sur tous bs pianos. Elle n'était que l'unilation d'une chanson de village, copiée
sius la dictée d'une paysanne, et dans laquelle on trouvait ce couplet remarquable:
J3l)! bisî-moi, militaire î>e guerre,
2ls-lu ton saque bien garni?
(Lien DOilà quatre cljrmtâea
iCu'its sont t'aitfs bc ma main.
(Et une bourse bien gornisr,
Pour boire bans ton rljemin.
Les airs de nos trois Chansons ont été écris fidèlement sous la dictée de celles qui ont fourni les paroles,
excepté celui de la Chanson (f'urruaôier, que tu m'affligea, auquel un jeune musicien amateur, a fait
subir qu(li|ues modilications [lonr l'ajuster à la manière dont il a été chanté au théâtre.
Ou ne regrettera pas de trouver réunies ces ffuvres de qiielijues Tyrlees de village, dont la musette a
soupiré les Jlmours des conscrits, le Cijagrin du départ, etl'cgspoir, au retour, de >oir les mvrles de
Venus se joindre aux L.uriers de Mars , pour les couronner doublement.
Dll MERSAl
laB DÉPARÏ' DIT OOHS^HIT
^ y{ Allegro.
Chant.
PIANO.
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Je suis-l'iiii pyiivrctoii - scril De l'an iiiil-le liuilceiil -dit ;
Rlodeialo.
^q;^^P II 4i — ^ r : f — b-{^-^
3
^=^^f=|EË^SjL4_^^-^=t^^4:^^
Je siiis-ruii pauvre (,011-sci il De l'an mille liiiiicenl - ilil! Faiil(|nil-lL'r IcLani^iic
^ig^^^t^4^-M^
^3
-do, Le Langue-do, Le Langue - do, Oii! Faulquilter le Langue - do,
K
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Avec le sac sur le dos.
Je suis t'-iiiï pa'avre conscrit.
De l'an mille luiit cent dit, ///j
FftMt quitter le XanoaiecLo'
Le Lan^vvetlo.'le LanoTiedo'
OK!
Faut qtiitter le Lano-ueào'
Avec le sac sur le cLos .
î,o Maire, et a\iS8i le IVéfet,
?i en sont denxjolis caiets;/^/^*
Ils nous font lire z'au sort.
Tiré z-an »orl,tivc z-aTi sort,
Ort;
Us nous font lire z-ait sort.
?oxu- nous conduu-' zàla mort .
Adieu donc cliers parents,
iV'oxLblie» pas Totre enfant, Bis /
Crives 11 de temps en temps.
De tempa.en tenip s, de temps en temps
îln:
Crivés 11 de temps en temps
Pour Ku envover AeVar^ent .
Adini donc clièrr.» lirpiiips
Dont no» ((riira souzenrhantés; Bis
Xeplpnréa point net départ,
^'»t■ (\(^)flrt, nnt ■ déport
Vrt:
Xe pleures point not'départ,
IVous renemlions toz on tard .
Ad„-udo,i,-mo,ilendj
Voxis rousolerés ma sœur, : Jiis
Toxisrdu-és nuefanfau,
Qn-e &ut«ii,4ue l"«u£aii
Au;
\ona V dir^R c^iK' Iftiitan
U est mort z eu eiMulialtaut .
Qui tjua i'ftit cette clransoii,
Tf eu sont trou joli» o-arçous. i liis
Us etiont faiseux ie Tias,
Fâisexix de lia», faueux de bas.
Alv,
Ua élioMt fol» eux de bas,
Kt a et heure il« .sont .loldAts.
i.K, Kivnu'u nr (■o>scun'
Ah' i^nr y s lus donc cUag-iiiu'i-
Que mon amiuit s'est euoayr.
J<-plc\ir toute» li's sou-
(lue jei.ouxpa» savon-
Ouand )e vas le rovmv.
Va drax ans (^\i.'ile»t pai-li,
.Uev non V.e«u Pnsi\,
Pour t\ier li's i-nitemis.
.Ut'bah'la Ix-yi' uo pleui-ei pu.
Que volie nuianl est revenu
II'vo\t8 T eeonuais ,en partant ,
Voxia étiez paysan,
A présent, clianç;en\enl .
Coumr'tuest' Kabille !
Te voiU retapé,
Courme un Ti*ai Grenadier.
î'rançois,'ma uiio-iion' inoutendroi
Je reviens pour fXir'la moisson.
Je SUIS un Ai eau Guerrier.
Quiuapas desalte
Te viens pour t epouseï
LE nETOITH DU OOITSOBIT
AlU'siello
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PIANO.
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Delavoirengar - ni -son. Va direàtonca - pi - lai-ne Qu'il le laisse en nos cantonsQuej'cnse-
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- rais bien ai- se, Con len-le, ra-vi - e Del'avoiren gar - ni -son. Ma fan- -nié.
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(l'rocëdfs de TaDleiiblPin et r.orilel, 90, rue de la Hnrpe.)
n^rinicric ce Piu-et kii.s aîné, rue di'^ Cra!idi.-Augustins, 7.
LE RÉCIT DU CAPORAL
VAUDEVILLE DE Mil. SCRIBE ET POIRSON,
MUSIQUE DE FEU DESniSOIS.
GRAVURES : 1" Kl 4' planciiks par M. MONNIN. — 2* kt 3' planciiks pak Mlle GOUJON,
iïliidii^iir arvmi^cc avec acrompaotufiiimt de piiuio peu i\\, £\. Colct.
NOTICE.
Eu 1815, ou ne pouvait faire un pas sans eulendrc fredonner à snn oreille •
3c prtvs,
Bi\a \)( toutrd parte
C'étail un conpiel lie faclure fort |»iiiiiant, à l'époque où dans les vaudevilles on mellait encore des coiipiels
de faclure, el où les vaudevillisles savaient faire des couplets. H. Scrilie élail au Ilavre, dans la famille de
son ami Casimir Delavigne, il entendit jouer sur le piano un air de valse que venait de composer le maîlre
de musique des jeunes personnes, homme de talent, qui avait reçu des leçons de filnck, el il lit sou couplet sur
cet air qui lui dut l'honneur de devenir populaire. M. Scrihc débulait alors dans la carrière du vaudeville,
qu'il a suivie a\ec tant de bonheur el de talent. Un modeste incognito cachait encore son nom mainlenant cé-
lèbre, car l'un lie marche pas sans l'autre, et il ne livrait au public que sou prénom d'Eugène.
La pièce ^'ltnf Wuit ôc la çnu^c luitiomilc eut un grand succès, un succès de vogue, el ce ne fut
pas seulement le sujet, neuf alors, qui moli\a ce succès : mais la manière dont il élail traité; car on donna
à la même époque aux lliivictéd une pièce du même genre (|ui tomba tout à plat.
Il faut dire que la pièce était merveilleusement jouée, que Minette fut charmante dans le pelit tambour,
qu'llippolyle fut très original dans le personnage de M. Pigeon (]iii est devenu nu type, el que l'on voit encore
sur une enseigne de la rue de Seine, el qu'Isambert chaula délicieusement le ccuplet de faclure. Déjà da::s
ce petit tableau, H. Scribe avait joint au comique, une de ces inlr'gues légères el gracieuses, quelques uns
de ces agencements de goût, qui décelaient l'auteur de bonne compagnie, en (|ui aniionçaienl le coiilinualeur de
llarivaui.
Que l'on ne prenne pas pour une épigranime ce point de ressemblance , car ce qu'on esl convenu
il'iippi'lcr miimiiicniciil le illlu•ilunl^llj)f, froii\e qiio ceux qui paiieiil ainsi ne roniiaisscnl pas Haiivanx,
cl ne l'oiil pas éiudié : qn'iis ne i'oiil même peiil-êlie pas lu. Tout ce qu'a écrit Marivaux est semé de Irails
lins el déiicals, d'aperçus où les secrels du cœur sonl clierclics jusque dans les moindres replis, el de mois
heureux auxquels il ne manque pour êlrc enlendus que d'élre bien dils : comme les disait encore il y a peu
de lemps mademoiselle Mars. Une langue pour êlre bien comprise, doit êlre bien parlée.
liais, dira-l-on, le langage de Marivaux dans un corps de garde ! Pourquoi pas? H y a corps de ganle el
corps de garde ; el selon la légion el la compagnie qiii le compose, il ressemble lanlôl à un eslaminel, lanlôi à un
club, lanlôl à un saliiu de la Cluiussée-d'Anlin.
Qnanl à la localilé, le corps de garde esl ordinairement une salle basse, dont les mnrs seraient nus,
s'ils n'élaienl ornes d'arabesques el d'inscriptions de loules sorlcs de styles. Le désœuvrement guide la maiu de
celui qui y (race des seiilences burlesques on morales. Le charbon du poêle sert de crayon à l'artiste qui
iniproiise sur les murailles un hussard à cheval, un grenadier la pipe à la bonclic, un cœur enllammé, ou
qiieli|iies hiéroglyphes plus ou moins ri'joui.ssants.
Il y a dans un corps de garde, les dormeurs, les joueurs, l'orateur et le farceur. Chacun y joue son rôle
sans s'inquiéter s'il gêne les antres. Le lit de camp, quelques bancs, un bidon de ferblauc, un poêle dé-
gradé, complètent l'auieublemcnl, avec le ralelier pour les fusils, el la planche à mettre les schakos. C'est
dans ce lieu, souvent enfumé, éclairé par des lampes dont la liiniièie s'échappe à regret, que se réunissent
pour vingt-quatre heures les citoyens zélés qui passent par dessus les petites considérations de paresse ,
d'égoïsmc, de plaisirs , et ceux i|ui ne craignent pas le ridicule dont on stigmatise chez nous l'homme ([ni a la
bonhomie de faire son devoir.
Cette réunion iiiipro\isée a un caradère tout français. L'a\ocal, le bon bourgeois, le dandv, l'homme de
lettres, l'agent de change, l'i mployé, le notaire, l'artisan et le lils du pair de France, sont d'abnnl alignas par
rang de taille. Les premiers numéros sont pour les plus grands, les derniers soinent pour l'Iioaime de
niérile : c'est à peu près comme dans le monde.
L'homme de lellies commande le poste, le notaire est sergent, le banquier est caporal : Le marquis esl
simple soldat : mais il paye le punch, et il établit ain>i sa supériorité morale. L'n écarté commence, l'agent
de change el le banquier gagnent en considéraiion ce qu'ils perdent en pièces de vingt francs.
. La coniersation s'anime, et de parlicnlièie devient générale, surtout quand celle teinte d'aelualilé qui colore
tout anjourd'hui, la fait palpiter de son puissant inlérèl. On parle de modes, de commerce, de l'Opéra, des
feuilletons; mais aussi on parle politique et bieniôl on ne s'entend plus. De la polilique on tombe sur la
littérature : Je pourrais dire on tombe avec elle.
Le corps de garde est une lanterne magique, un panorama où passent tour à tour les trois quarts des
citoyens, les uns de gré, les antres de force. Mais tel qui se plaint de l'invention de la garde nationale, ne
la cidit pas d'origine aussi ancienne qu'elle l'est en France. Dès 1358, le Prévôt des marchands, M.ircel,
rassembla sur la place Saint- Eloi trois mille Parisiens armés qui lireiit trembler le dauphin. A l'époque de la
ligne la garde bourgeoise s'organisa par compagnies que commandaient des qmu-triiirrô. En 1789, par un
mouvoiiienl spontané, se forma la garde nationale parisienne, qn'une commotion électrique organisa presque
aussitôt dans toute la France. Licenciée sous la Reslanralion, elle reparut en juillet 18o0, et la chanson de
M. Scribe faite en ISlii est encore l'histoire de la garde nationale d'aujourd'hui.
Dli M ERS A \'.
TŒ LA
GARPÎ. T^ATIOISFAXE
/mf''./r a.ir./m .„>u- ^/ /,%■ . 3^ r.//«u/f/?ia/U /ii'
LE HBO^IT DU GAPOîlAL
Allegro
vous Li pa-lroiijlle SemouiHe.Âu balCoiuluri o - ri - gi-nal Qui, d'un faux pas fa -
lai Re-dou-uiMi! iu-Cor - lu-iie, Marche dunair con - iraiiit, S'ëciabousseet se
fe^r^M^^ife^^^^^lTi^^^
plaiiU D'un réverbère é -leiiil Qui compte sur la lu -ne; Leiurron quel'insiinci gou-
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- ver - ne A dé - faut de sa lai-son, Va frappant à chaque la - ver-iie, Lespte-
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- nantpour sa maison,- J e-xa-mi - ne Cet-ic mi - ne Qu'enlumine Un roii-ge
bord; Quandau pos - lo, Quilac-cos-ieJ! ri - pos -le :Verseen -cor. Je
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vois re-ve-nir un jjonrgeois Qui, cliarmé de sa voix, Sort i;ainienldu par-ler •- re ; Il
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chante, et, pliiscoiuentqu'undieu, 11 é-corche a-vec feu Un air de Bo -ïel-dieu. Piusç_^
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I l'rocédcs de Tantcnstein et Cordel, 90. nie de la Harpe.
Impiimcric de Puxet iii.s aim?, 7, rue des Grands-Augustins.
LE RELA^TAllPLAN TAIIBOIJH BATTANT,
VAUDEVILLE DE LA SOIRÉE DES BOULEVARTS, PAR FAVART.
SCSSINS VA.U va. 7iaiia3Xi£T,
GRAVURKS : 1 " el4' PLANCIIKSPAR M. ^ARGKOT. — 2' cl 3' PI.ANCmcS PAR M. BOSUFOON.
iJliit^iiiiic iivniiiijrc fjour le piniio \nxv î\\. ij. Œoli'f.
NOTICE.
Les Boiilcvaits ol siirloiil le Bniilevarl ilii Tcmiilc, olaieiil, il y a qiialrc-viii!;ls ans, la promenade à la
mode. C'él.iil là que la noblesse el la lionrgeoisie, que les [lelilsniaîlres de robe et d'epce, les leninics du
plus liant rang el les filles de speclacics, donnaienl leurs rendez-vous, élalaienl leur lu\e, el unimaienl re
lieu de plaisir par les couirasles les plus piquants.
Voltaire fait dire à son IJiiuurc Biabir, enrichi par un immense héritage •
3f fan^uisni3 ma £iui> tiiompi)iuitr,
t'es soirs &'rtf, îiiuia la Cifc crlatantc
JDf Cl- rempart, nsilc ^râ 5liiioui-s,
Çiir (Cutvcquiu rat'vairiji tous les jours.
Oulrequiu clail l'eiil repreneur de Parrosemenl. Le rempart ou houlevart élail bordé de cafés, de lioHii(|nes de
niarionuetles, de joueurs de gobelets, de danseurs de corde, el de loules sortes d'amnsemenis. Il y avait ausM
des traiteurs, dciil les salons servaient aux repas lins el aux parties de plaisir. liaiiceliu était le plus ceièliie
de ces traiteurs.
Viillaiie a écril sa satyre du piim»re JDiiiblc en 1758, la même année que Favart donna la Soirrc
^cs Coulfinn-ts. Les théâtres de \ieolel el d'Audinol n'élaienl pas encore établis, c* ne fui qu'en 1760 que
^ colel lit bâtir le sien, le plus ancien de Ions.
La pièce de Favart, à laquelle la Chanson dont le refrain est rflnntûinpliui sert de vaudeville, était une
peinture lidèle, piquante et spirilnelle du spectacle que présenlail alors celte prcnieuade , doiil la physionomie
a coniplèlemeiil cluuigé.
A>anl la Révolnlion de 1790, c'est à dire Irenle ans après la pièce de Favart, le Boulevarl élail encore
à peu près tel que cet auteur l'a représenté. Pendant nue vingtaine d'aii!iées, il a encore gardé un aspeci
original el amusant; mais ceux ipii le voient aujourd'hui, ne peuvent plus avoir une idée de ce qu'il élail
iilnrs. Les façades des tlieàlres, élevées, sévères, n'ont plus ce grand balcon sur le(|iiel ou faisait la parade,
qui élail quelquefois aussi amusante que les pièces de l'iiilérienr. Les cafés n'ont plus ces larges auvents,
sous lesipiels les consommateurs jouissaient de la vue des promeneurs, el leur servaient eux-mêmes de spec-
tacle. On ne voit plus à la porte de Bancelin ces uifUcuscs coquettes, coill'ees de la marmolle, el porl.inl
leur vielle suspendue à un large rub.in bien, (jui ont donné à Pain el Bonilly l'idée de leur pièce iiitiUilee :
i/unrl)oii lu Uicllcusr, qui ent en 1800 uu si prodigieux succès.
Mainlenanl, de hautes maisons d'un côté, de l'antre une longue rangée de marchandes d'oranges, de pommes,
de sucre d'orge, de tisane, de punch el de glaces à un sou le verre, telles smit les limites entre lesiinelles se pro-
nièiieul quel(|ues bourgeois du Marais, el au milieu desquelles fourmillent des gens du peuple, et une mulliludc
de gamins velus de la blouse inévitable, coilfés de la casquette obligée, el fumant le cigarre de rigueur.
Le bonnes d'enfanis, même, ne dépassent plus la frontière du bcnlcvart du Châleau-d'Eiu.
C'est ainsi que Paris perd Ions les jours une partie de sa physionomie pilloresque. .Assurément nous ne
regrellons pas, comme cerlaiiis amateurs, les zigzags, les rues tortueuses el boueuses, les lii's pointus et aulres
monsirnosités de l'ancien temps; nous ne craignons pas que ralignemeut des rues fasse de Paris un Jumicr.
Sous soinmcs heureux de voir embellir, assainir cl régulariser la Caiiilde, de voil- disparaître les labvrinllics
(^^ h Clip, iiballrc les nwsuics qui m\cn\ de repaires aux malfaileurs, el qui eiifaidisseiil ciirore la misî're
qui les habile ; mais nous |iniiv()iis iiniis plaimire de la nioiioloiiie à laquelle oii eoiidanine nos yeux.
Plus de sallMubatiques, do joueurs de gnbelels, de cliaiilcurs ni de musiciens anibulanls, de monlrcurs de
niarionnelles el de curiosilés, plus même la niarmolle en vie, non plus que de chiens dansanis cl d'ànes
savanis, sj ce n'esl dans des endroits que la polilesse nous défend de désigner. El ccpeudanl on laisse vaguer
de liisles enfants déguenillés, Iraînanl au boni d'une ficelle quelque quadrupède méconnaissable. On nous laisse
écorcher les oreilles par rinsupporlable orgue, dil oc âarbiuif. El pour compensation aux bouffonneries
amusantes, dont la civilisation progressive nous a pri\és, on nous accorde des myriades de cricurs d'allu-
uicltes chimiques !
Favart ne ferait pas aujourd'hui la Soirée ^l•â l3inilriiarts; il est temps de revenir à lui. Favarl a
pris tous ses personnages dans la classe bourgeoise el dans le peuple , qui sont beaucoup plus gais que les
gens à étiquetle. Molière a si bien connu celte vérilé, que sur ses trente pièces, il n'eu a fait que six avec des
sujets au-dessus de la bourgeoisie, el encore a-l-il eu le soin d'y mêler des personnages comiques.
Parmi ceux qui paraissaient dans la pièce de Favarl, il y eu eut un qui produisit le plus grand effet,
quoique son rôle ne fùl composé que de sept répliques. Celait celui de iîl. 6obfmourl)e, joué par l'ini-
inilable CARLli\ , cet ac:eur si spirituel, dont la panlomime était si expressive que le célèbre Garrick disait de
lui: que sou ^oâ jouait la roinéôic. 11 avait saisi la marche, lemainlieu, le ton, le geste des originaux
qu'il traduisait sur la scène. Il représentait un nouvelliste qui n'avait à dire que: £)c\ jnaia —
illeasirurâ.... — £\é, \]i — (Êuteubous-uouô , iîlcsâieura. — 21 biie la «éritc. —
Cela parle tout seul. — (Ênteuîicns-uous. Chaque phrase, chaque mot excilail le rire.
La pièce avait paru dans un moment où nos- troupes avaient remporté de grands avantages sur les Anglais,
avec lesquels la Fiance élail en guerre d"puis deux ans. La paix ne se fit cependant que cinq ans après, en 1763,
el l'on se rendit de part el d'autre ses conquêtes. Celait bien la peiue de se hallre pendant sept ans, pour en
revenir au point d'où l'on élail parti ! Tuulefois, il y avait dans la pièce des allusions très heureuses. Les
Anglais ayant fait une descente à Saiiil-Biieuc eu Brelagne, furent punis de leur audace par le duc d'Aiguillon,
qui leur prit sept cents iiommes, en fil tuer quatre mille, el les força de se rembarquer : ce qui fait chauler
à une monlreuse de curiosité, qui était jouée par Madame Favarl :
Db qu'on rut îi leur poursuite,
3I3 regagnent paoïHou.
JDour les faire aller plus nite,
31 leur faut un coup ù'aigutUon.
Les avantages qu'on avait remportés sur les Anglais motivaient le vaudeville final et sa couleur militaire.
Il était animé par la présence des soldais du régiment d'Orléans, qui s'était distingué dans cette affaire. Ce
vaudeville, aussi gai que piquant, donne une idée du talent de Favart pour la Chanson, car toutes ses pièces
conlieiiuent non-seulement des couplets el des ariettes, mais de charmantes Chansons qui ne perdent rien à être
détachées des scènes qu'elles embellissaient. Celle Comédie el la suile que Favart lui donna l'anuée d'après,
en coulienneut de charmantes, parmi lesquelles ou dislingue; JSinsi îioit être un petit-inaitrr, Ce
iren&emain, el CIjansous, rl)ausons, la jCecon b'nue illcre à sa ifille, donnée dans notre 50' li-
vraison, el Ce Uelantamplan, que nos lecteurs vont juger. Dans ce temps là ou faisait des Comédies où
il y avait des vaudevilles, maintenant on fait des Vaudevilles où il n'y a pas de couplcls.
DU MERSAl
«Booogacooo
Les Recueils de Chansons ne conliennenl que les couplets que nous
Ions pas priver nos lecleurs des trois suivants, qui sont dans la pièce
lin jOarbirr.
A la besogne je m'apprèle,
El mon rasoir aura le fil,
Aux ennemis j' lav'rai la Icle;
A savonner je suis subtil.
Tout aussi sûr qu'un Koi de fiarbe.
Eu arrivant au régiment,
Reli, relan,
Je veux à tous faire la barbe,
Ilelaulamplan, tambour ballant.
Un Soldat.
Lorsque la guerre diminue
l.e nombre des soldais d' Cvpris,
A l'Opéra faites reçue.
Jeunes co(|uetles de Paris :
Là vous enrôlerez sans peine
L'homiue de robe et le traitant :
lieli, relan,
Relaiilamplan, on vous les mène
Relautamplaii, tambour battant.
avons fait graver; mais nous ne vou-
de Favarl :
Hussards d'amour, voire milice
A, comme nous, l'esprit grivois;
A peine est-on dans le service,
Qu'on fail déjà nombre d'exploits.
Adroile el promple à l'exercice,
Fille s'inslruit eu un inslani,
Reli, relan,
Dès quatorze ans, la plus no^ice,
Mène un salant, tambour battai;!.
l.e Larnj^ucdo.lc I,,Mio-\if do
Oh;
Faut iiiullcrlo l.an<>iicilo'
Avec le sac sTir le dos.
I.c lUlrc.ct aussi le IVcfet.
N en son! deux jolis cadetj; Hu
Ils nous font tiré zaïi soit.
Tire ■AAV. son. tué z-aii son,
Ou
!U nouv fout tu, / ™ sut
l'jui notis ondiui / a la mort
v\i
Idjeu doue cliers p.irenls,
-V ouliUr» |ias -olie enfant, ISis
l»ele„ip..e„ten,l,s,d..|e,„l,., cute,,,,,..
Ku.
l'ouilm euvover ,\elaroent.
««•H/ /(f<,j
t V voir (_'ii (i-ai"iiisoii
-M.1 Kiu.l...n.s„is ■■» l.on ,s ,
Jrne t ..uUluT.u ,.i,„,-,is;
(■-.1 l..n.,u,,nt iV'-l-Vj,
Le <œu.-.ls.,o,. cipahlo,
liarbrtrc'.perfiiU',
J) oiiblicitoiis Us .lUrails.
■ Gxiemaàier, ^luscpe In qiuttes
Ta Iviiiclioii.ta lioiiixc amie;
Tiens, ToiU (Quatre rliciiiisea,
fniii m 0 ucho]rs_,iui'pfl n délia
Je ne tOTilil
Zm>- ,/r /J,n„/.;, .luuirtM' A,. ,-.a,„/,-fi-m&. //„,.,
LS KBLjAITTAMPLiAIJ TAMBOUTl BATTAWÏ»
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fl'rocédcs de Tanlenslein et Corclcl,90, rue de la Harpe.j
Fin.
Paris. — Imprimerie de Pillet fils aimî, rue des Grands-Augustins, 7.
fanfân là tulipe
a>ABO£.Ei> »*É1IIE.E: UEBBi%.U]&.
DESSINS PA!B SI. TBISIOZiET,
CRAVUKES : 1" et i' planche, par M. Fontai.ise ; 2" el y planche, par M. J. CollignON,
lîluaiquf anaiiçiff aucc nrfonnjnçiiKmcut &r picuio par i\\. £].(£.o[tt,
AIR : Iloira qui voudra, lariratle.
NOTICE.
Le pauvre Emile a passé comme uns omhe,
Omhre joyeuse el cïeie aux bons vivants;
Ses gais refrains vous éjalent en uornLre,
Fleurs d'acacia qu'éparpillent les vents
BÉRANGER.
Peu de chansons onl obtenu les honneurs d'une popularilé éï;ale à celle de f unfau lu ïiilipc. Lnrs
de son apparilion, en 1819, elle passa rapidement des goijufttcâ où elle avait pris naissance, dasis les
rangs de l'armée qui l'accueillit avec enthousiasme, el bienlôl elle pénétra, rayonnante, dans les salons, où
les souvenirs de notre gloire trouvaient encore des échos. On assure même qu'elle fut souvent chantée p;:r
le duc de Bcrry qui en aimail surtout la musique. Enfin, pour que rien ne manquât à son triomphe, le
tljfàtrc be In <êané en fil le sujet d'une charmante petite pièce qui eut une longue suite de représen-
lalions.
Ce n'est pas, cependant, que celte chanson fût regardée comme un chef-d'œuvre de purisme ou
de poésie; son esprit de bon aloi autant que d'à-propos, sa franchise nationale el son originalité sans
prétention, en avaient seuls délenniné le succès. Emile Debraux, qui en esl l'auteur, se souciait peu
d'observer les règles du langage et de la versilication , bien qu'il eût fait d'assez bonnes éludes pour être
correct. La naiure lui a\ait dminé le secret de parler au cœur cl de s'en faire comprendre, il n'aspirait pas
à iiiilre ciiose. Chansonnier ilii |)Ciijile, ce tilre semblait suflire à son ambition. Il est mort sans avoir smIjÔ
i\\\\\ aurait pu élre un poêle remarquable.
Fn jelanl sur h tombe d'Emile un adien qui ressemble beaucoup à un brevet d'immortalité, Béranger a
(lit :
^ tnnt îj'rsprit pnssrj la ncgligriuc;
31)! &u tiilrnt le besoin est l'reueil.
Mais il est fort douteux pour nous que Debraux, placé dans une condition de fortune moins équivoque, se
fût jamais plus sérieusement occupé de ses compositions. Une impérieuse habitude de produire était devenue
sa première Muse; il traitait vingt sujets pour ne pas prendre le lemps d'en choisir un; ses pensées étaient
souvent jetées sans ordre sur le papier, et, lorsqu'il en avait formé un tout, quelque imparfait qu'il fût pour
lui-même, il n'y retouchait plus.
Cependant, que de jolis refrains éclos sous la plume d'Emile Debraux, cl combien on regrette en les
parcourant , que leur auteur, plus convaincu de son mérite ou plus soigneux de sa répulalion d'écrivain , ne
se soit pas toujours conformé aux exigences de l'art en suivant l'exemple du grand maître donl il était le
contemporain et l'admirateur enthousiaste !
La circonstance est le meilleur aliment de la Chanson , telle que la comprenait Debraux , et il savait
l'exploiter avec autant de talent que de bonheur, iunfau laîlulipc, celle chaleureuse expression des
senlimenls guerriers qui agitaient la France à l'époque où la queue de l'invasion se tiainait encore à nos
portes, aurait probablement fait moins de bruit quelques années plus tard. L'inlérèl qui se rattache aux plus
grandes choses se prescrit vile; mais celles que célébrait la Chanson, deux cent mille braves, à peine
dépouillés de leur vieil uniforme, venaient d'en élre témoins. L'^ietoivc îic iFanfan la ®.ulipe était la
leur, rien n'y manquait , pas même l'épilogue :
iiloinlcnant je me repose
Scu9 le eljauine l)ospttalier
La chanson d'Emile Debraux est peut-être encore de notre temps. C'est la Victoire au repos, mais toujours
prêle à marcher au premier signal. Les soldats d'autrefois la chantent comme ils laconteraienl un épisode
de leur vie, el ceux d'aujourd'hui comme une liclion de leur é;al.
CHARLES LE l'AC.E,
vliu-ien umi et eollcibovntciiv ^^• Delinuiï.
^J
FA\KA.\ l.A Tn.U'K
Coiiiiiio rmai'j diioirc iiirrr
Don 1ou)in\i-s .s'a[)j) ler p.ipa,
,)i- \'<)ns (hvai <jiu- mon porc
1 11 roi-tam |oiii- me liappa;
l'tiLs.ine m'iiam jusqu'au bas île ]a rampe
M'dit CCS mots qm m'inu-iit loul saus (Issus ilssou
.1 te divai ma foi
Oui yina plus pour loj
Kien eluv. lums,
\ là om(j SOU.S
Kl décampe
Ku avant,
Faui'an la 'l'uUpe
Ovii miU'uoni d'un' pipe
Kn avant .
Puisqu'il esi dl'ail ([u'un leiino lioimue
Ouandila eniq sous vaillant.
Peut aller d'I'aris à Home,
Je partis on sautillant .
Ujimmer jour je tiottais connue nu ano'C
Mais rieuirmain
.le mourais quasi (Ifaim.
l u r'crut eui- passa
Oui lue proposa ....
l'as d'or(;^-ueil,
.l'm'eu liats l'œil ,
Kiul que j'inano-e !
Kn avant ,etc .
Oiiaud )'onlou(h.s la nulvaillc,
Coinm'je r'QTetlais mes loyers'
îlais qiiaiii j'vis à la l)ataille
Marclier nos vieux q;reiiaàiers;
In instant, nous somm'stonjours ensemlAe,
VenlveWen.me dis -je alors tout Isas .'
Allons, mon enfant ,
Mon petit Fanfan,
Vite axL pas ,
Qn'on n' dis 'pas
One tu trembles.
En avant, etc .
ï.n vrai soldai de la (i'arde.
Quand 1rs feii.v élaienl ecssés,
.'^ans r'o^ardei' A la cocarde
J tendais la main ai\x blesses.
1) insulter deslioniins vivant encore
Onandyvovais dcslàcli's se faire un jeu ,
Quoi miir veiitrel)leii '.
l)e\"ant moi, lUorLlea!
J'soniïiirais
(.)n'un Français
Sdeslioiiore:
En avant, ete
Vlu^t ans soldat vaiîl qxie vaiHc,
Onoicpi' a^ Atoit toujours so\nuis,
Fn' fois liors iu dianxu ibataillc
J'uai jamais coimTL lemi'iias .
Des \ranicTis la toitcliaiite prière
M.' fit toTXJOXlTS
Yoler à leur secours.
P't'rt c'qtic j'fais pour eux,
Les nialheiireiDc
L' front iiujour
A leur tour
Pour lua luère .'
Eu avant, ete
A plus ÏTUi'<i'entill iiipomic
Mainte fois j'ai fait la cour,
Mais toujours à la draii'oime.
C'est vrauuenl l'clieiuuil'pUis court,
l.tj' disais (j^uand un' fillo un peu fi ère
Surïlioiincur se mettait à dada:
^ treni\)lons pas pour ça
(es vertus là
rôt oirlari,
luuss'nt par
S laisser faire.'
En avant, etc .
^.|«l'ipili«i|fVih
'" é'<Y"- K,, P,
Mon pn-p, Hflix» l'inforliinp,
M'app'la jioiirle prolco'cr;
Si l'nai», (u «l'ia r/tnriiuo,
()u(l nioiiKiil pour me voiio-orl
MaisunOaiii pI lovai mililairp •
I) vs pan ut doil toujours pIip l'appiu;
'M ; n'avais e\\ qu' lui ,
J s lais aujoui'il'liiu
Mort dp faim.
Mus PllfllV,
( pst mou ppro :
l'.ii avant , pIp .
Mauiti liant jp nip rpposp
Sons 1p (liannip hospilalior
1 1 ) \ < iilln p la ro.si-,
!^allîl noiilio-Pi- 1p laiiriPi'.
D'inonaimm jpdptachpla rouille,
S] 1( Uoi m app'lail dans Ir» foiiil>.il.'< :
1)( lio.s _)'■"" •'* xoldal.s
(tUuI iiil Ips pas,
.1 m'pcrirais
J suis Ira m'ai s ,
Oui liuu-h' inouiUp !
1 II a\ aiit ,
laiiCaii la Tiilipp
Oui iniiriioni il'iiii pipe
Y n a va ni .
w
FANFAN' LA Tll.ll'E, avfc accon'|;,vnion;oi!l de [ian? par H, II. COI.ET, profossour d'harmonie au Conservatoire.
AUciilello. ^
CHA^T.
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Comnio lina-ri d"iio-ire niè - re Doil lou-
PIANO.
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(l'rocédi's de Tantenstein l't Corde! , 90 , lut (itiallarpej
iVii-is. — Innn-, nnNPF.Y-IlLTIiF-, it', nie SaiiU-I.'Hlis, au Mirais.
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DB
PARIS A CINQ HEURES DU MATIN
PAR DÉSAUCilERS.
Z>£SSI!SS PAU tu. 7BIBIOZi£T,
GRAVURES . I"el4' planclie, par M. Nargbot; 2= et 3' planche, par M. Tohlet,
iJliieiqitc orrangcr avec occompajucment be piano pav A\. ^.(Êolfi.
NOTICE.
Que de tablcaur on a faits de celte grande capitale de la France et de la civilisation! Suus combien
d'aspects, en eflet, on peut la peindre! Mercier, ce bizaire écrivain, ou plutôt fabricateur d'écrits en tout
genre, qui se donnait tant de peine pour singer l'originalilé, fut le premier qui entreprit ce portrait en
grand. Jusque-là, on s'était borné à en décrire les monuraenls et les édilices; il voulut en retracer aussi
les usages et les mœurs. Son habita» îir i3aviâ ne manquait point, dans quelques parties , d'observation
et de vérité; mais un pl;ilo9opl)i6mc frondeur et bavard, un manque presque total de vues saines K
élevées, condamnaient celte œuvre à la médiocrité. Son sljie , sans correcliou et sans couleur, acbeva de la
vouer à l'oubli. Aussi n'en reslc-t-il guère aujourd'liui dans nos souveuirs que cet arrêt porté sur elle p.ir
un ingénieuï critique: "Ciin-c pciiâc bana ta rue et écrit sur la borne!"
Mercier, toutefois, se crut, d'après cette ébauche, promu en quelque sorte ii l'emploi de peintre oITici-l
et permanent de noire capitale. En 1796, il en recommençait le tableau sous le titre du lUuneau pari.,-
mais celte fois ce fut pis encore. Outre ses divaiialions personnelles, il y entassa les doctrines et rêveries
politiques de l'époque : ce qui en rendit la lecture dès lors très fastidieuse, et auj'inr.l'uui à peu pi«
impossible.
Au temps où il a>ait entrepris son premier travail , c'était tenter une espèce de voyage de déc^uverles
dans cette cité-monde. Il en avait laissé beaucoup k faire à ses successeurs , et vingt an;;ccs de révolutions
ki avftitiit Biuhijtlirci pour eux. Aa&ù ua am graiiâ nouHitt (l'ob»rvat(tir$ se kiieertul ùhus celle carrlèrt ,
«v« plus ou moins de succès. Saignes , Gallois , SaiaUViclor, Dulaure , «le. , y consaerèreni leur à tour
kiirs pineoaui. Ajoulous que, pnur juslilior un adage do nos jours :
Coiit s'ciUrcprcuD pav rompugnir.
h. fitpilale a égalenicnl fourni le snjcl de deux ouvrages assez volumineux , éflos de l'associalion de divrr»
^rivaiiis, le fiore iea Cnit-Un, cl le Uoiiofciit €nblrau be {Jûriô.
Paris a aussi inspiré, comrac on sait, des compositions moins graves; ain.si le spirituel €tmtte &f la
(C!jau69i'f-î)'jantiii en crayonna, sous l'Empire, avec une légèreté railleuse les mœurs el les ridicules,
et Picard voulu! en transporter sur le ibéâire le panorama crilir|ue; mais il fui moins heureux avec la
©rûiiîle Uillf qu'avec la petite.
Depuis longtemps la Poésie avait aussi trouvé des couleurs sur sa patelle pour retracer au mon;»
quelques Irails de la physionomie de celte vaste cité, el la verve satyrique de Boileau en avait dépeint le»
embarraa, qui, de nos jours, auraient fourni un ample supplément à ses descriptions. Désaugiers ne
voulut pas que la Chanson fût dcshcriléc dans ce partage; il saisit, pour faire poser paria devant lui,
l'instant où le portrait devait être el rester le plus vrai, cinq Ijeurea bu mottn, moment où u'ayaiH
p«iDt encore fait sa toilette, Paris s'offrait à lui
bons le simple appareil
Q'uwf rite qui oient b'écljnpper au sommeil.
firac« à cet habile choix, c« tableau a conservé, après un demi-siècle, toute sa fraîcheur, tout «on coloria
Son exécution Guie l'a rendu il est vrai l'un dos chefs-d'œuvre de son auteur. Là ne brille pas seulement sa
vive el f;anche gailé; observation fii:e, critique maligne, morale enjouée, tout s'y trouve réuni et disposé
avec un art qui a tout le charme du naturel.
Hans cette production , Désaugiers s'imposa en oulre la tdche el mérita le prix de la difficulté vaincne
f;j !e choix de son ihylhmc. Sur la contredanse du ôaltet be la Roeièrr, de Gardel aJné, il fît courir
pnor ainsi dire une foule de vers rapides , cfluris et légers , de rimes redoublées , qui constituenl ce qu
IViD appelle chez nous le couplet be forturr. C'est un mérite de plus, quand il n'a rien coiilé au sens,
an goiit el à la mérité; el, à Ions m litres, eelte jolie miniature restera l'un des ornements de noir*
K'isée lyrique.
OffiR\. membre ^ll Ciuenu mobertie.
TABI.KAU DK PAIUS
J CINQ ItECRES J)l M VtlX
r.'oiïilire s'eViipoi'e
F.t dé) à l'aui-ofe
i)e ses ravons ilove
Les toits d'alentour;
Les laïupes pâlissent,
Les maisons blaiirlnssenl ,
Les marelles s'eunilissent :
On a TU le ]oiir.
!).■ la XilleUe,
Dans sa cliavrette,
Suzon l)roxiette
Ses flcnrs sur le quai ,
Et de Vineenne
Gros -Pierre amène
Ses Iruits qae Iraine
Un âne eiHanque .
Déjà l'épioière.
Déjà la -(ïniùcâ-c,
Déjà Vécaillère
Saute âbas du lit.
L'oxnrier travaille,
Lèeriram rimaille ,
Le fainéant Ijàille,
Ta le sarant lit.
J entends .Tavotte.
Portant sa hotte,
Crier: Carotie,
Panais et cliou-tleui-!
rcrçant et ^-réle,
Son cri se mêle
A la voix frêle
Du noir lanioneui
L'huissier cariltonne,
Au end ,jure , sonne,
Kessoniie,e1 la bonne.
Oui Iciilend trop bien ,
-Maudissant le tr.iîlre.
Du lil de sou maître
Pi'ompte a disparaître,
Rco-a(i-iie le sLen .
(jenliUc, accorle.
Devant uia porte
Permette apporte
Son lait eneor eliaiul;
Kl la poriièie.
Sons la o-onttière.
Fend la volièi'o
De (lan\c Maro-ot .
Le joueur avidc.
La mine livide
l.t la bonrsc vide.
Rentre eu iiilniiuant ;
Kt.sur son pnssae-e.
I.'ivro orne, pins sa^i-e.
Rêvant son beeuva^'e.
Ronde en i'rcdonnant .
lout, fiiez Hf:itcn.s(
Ksi en eadenee;
On ehante, danse,
JoTie, et cu'U'i-A ...
Et snr la pierre
l'n pauvre hère,
La niiil eiilirre,
SiiuHVit et pleuia .
Dans clia([iic rue
Phi s parcourue ,
lia fouie accriio
Grossit tout à coup '.
Grands, valetaille.
Vieillards .iiiaiiuaiUc,
rSouvQ'eois, canaille.
Abondent partout
Ail ' quelle cohue '■
Ma tête cslperdue
Moulue et lemlue;
Où donc 1111- cacher?
Jamais mou oTeille
Neut iVavevir pareille
Tout Pans s'éveille...
Allons nous coucher.
jip"^^Sra&ïam'r«'y£J' ^ .T.
PARIS A Cli\D HiililltS i)l SATIi\, <iv«€ accomp. de piano par M. 11. COLET, profes. J'harmoiiie ixt luasenaioirt.
Allegro .
Chant.
PUNO.
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PARIS A CINQ HEURES DU SOIR,
PAR DÉS^AUCSIERS»
DESSINS VAU M. TlilIflOitiET .
GRAVURES : 1" et i' planchks par M. DANOIS. -•2- et :J' planches par M. NARGF.OT.
iHuôiiiite lurauçifc avec ncfcimpogneinnif ^c pinno par iîl. fj. (Colct
NOTICE.
DÉS\1'G1ERS, après avoir Iracé la pcinlure de pari, à cinq Ijcurc. bu iîlaiin , voul... faiio ....
p.M,.ianl à son labieau. el esq..issa Çari. à ci.tq Ijcurca &« Soir. J. d.s esquissa, ca.- qw. pnc-a:.
our.aH renare con,plèlemenl la physionomie de l'immense capitale, à celle heure ou commence,, la,, de
Les dramaliques el bouffonnes, lanl d'org.es el de myslè.es lugubres, la„l de m,seres el de bnllanles fol.cs.
El surtout comment circonscrire ce qui fera.l le s..jel d'un vaste poème, d,..s le cadre elroit d ..ne Chanson.
S, l'anleur voula.t prendre le Ion de la satire, il lui fallait lutler avec Boileau et avec Voltaire. T.ml
le momie sa,l par cœur cette philippique qui commence par ces vers:
(Clui frappe l'air, bon Dieu, be rca lugubres criô ?
(gst-rc bouf pour tjfillcr qu'on sf rourl)C à paris''
Ce sont les embarras de la rue que Boileau a dépeints, les scènes d'iniéneur o,.l été retracées de la ma,.iè.e
1;, plus p..inaiile dans la pièce de Voltaue où .1 fait le tableau d'un salon de son époque:
3prc5 ïiîiur, l'inîiolcute ôlvccre
Sort pour sortir, sans oooir rien à faire.
Le Chansonuir dans une revue rapide el générale aiguise un trait, .noins acé.é peut èlic, niais d'une
|iliilosn|iliie plus gjiic ol plus liiuse; car ce qui tlisliuguc DésaUj'iers (ios faiseurs de chansons qui reniplisseut
leurs cduplels de biiualiles , el qui anièiienl laiil bien que mal un nfrain vulgaire, c'est qu'il pense souveul
m pliilosoplic el erril en poêle.
Le gai Désaugiers, avec son exlérienr joyeux, élail un homme niélancoliqne. Epanoui dans la sociélc, son
ame élail rè\euse dans la solilude. BoulTon en apparence, boule-eu-lrain à table, il élail au fond épicurien,
dans l'acception que l'on doit donner à ce mol. Epicurien ii la façon de Cliaulieu el de Sainl-Evremond.
Désaugiers avait fait d'cxcellenles éludes, il était nourri des meilleurs modèles, et quand il s'élevait, il
élail à leur hauteur, autant que le lui permeltait le genre auquel il avait voué sa muse. 11 chaule sou
refrain 31 ftuit rirr, ou il fnut bom-, comme Horace disait: Uunr rat bibrll^^llll.
La Chanson de r(Ê|jinirifu est le code philosophique d'un homme dont le cœur est sensible ; et
plusieurs Romances, où Désaugiers a laisse tomber ses pensées mélancoliques, respirent une grâce louchante.
Taiil il est vrai que malgré soi, l'homme se peint toujours dans un coin de ses écrits.
Marc-Antoiue Désaugiers, né à Fréjns eu 1772, recul bien jeune encore les leçons du malheur. C'est à
celle école que les âmes se trempent fortement; l.i sienne résislaaux plus rudes épren\es. Il raconte lui-même
dans la préface de son premier recueil de chansons, comment la gaité le soutint dans les circouslauces les
plus pénibles, au milieu des horreurs de l'iusurrection de Saint-Domingue, au monienl où, condamné par un
coiisiil de guerre, el les yeux déjà couverts d'un bandeau, il allait recevoir le coup fatal, lorsque par miracle
il fut soustrait à la mort. Il appelle gaité ce qui était le courage de la résignation !
Il rcvoil sa pairie, el le goût de la poésie el du th.'àlre qui est si rarement la roule de la foitune,
l'enlialne par ces jouissances qui ne soiil connues que de ceux qui ainienl les lettres pour elles-mêmes. Il
s'essaye dans ces peiils spectacles où l'on retirait de ses pièces un gain bien léger, à cette époque où les
Ihéàlres supérieurs offraient eux-mêmes aux auteurs d'assez faibles ressources, il voyage avec quelques amis,
el leur bourse légère étant épuisée, ils se foui acteurs de circonstance. Leur talent ne répondant pas à leur
bonne volonté, ils fuyeiit la scène ingrate qui ne les nourrissait pas, et laissent jusqu'à leurs vêlements
pour gages.
Jlais de retour à Paris, Désaugiers parvient euliu à faire connaître son esprit, et bieulèl son talent el
sou caractère lui assurent une position.
Dès lors, il marche de succès en succès. Sa verve s'anime, il chante, il esl partout reçu, accueilli, fêlé.
Ses jours s'écoulent dans la joie, on l'applaudit au théâtre, on l'applaudit dans les banquets, où ses Chansons,
chantées par lui, avaient un double altrait, car il les chaiilail aussi bien qu'il les faisait.
Le (tauciut iîloîictnc nomme son président, celui qui avait hérité de l'esprit de Collé, de la gaité de
Vadé el du sel de l'anard. Le <îll)cûtrf ou Uauîicoillc choisit pour directeur l'émule des Piis el des Barré.
Mais Désauîiers n'économisait ni ses forces ni son esprit, il abrégea sa carrière en la remplissant trop.
Il n'avait (luc cinquante-cinq ans, lorsque sa santé robuste chancela sous les rudes assauts qu'il lui faisait
soutenir. Un lit de douleurs fut le dernier asyle de sa gaité. L'esprit lutla en vain contre le curps épuisé.
Il (il CM riant son épilaphe, el ses amis la lurent eu pleurant.
Le 9 août 1827, Désaugiers iic chantait plus.
DU MERSAl
l'ius loiii.q^u'entends -je
Quel bmit étrAno^o
Kt quel mélaiig'P
])e tons et de toix !
Oiaiits dp tendi-esse,
fris aVOli-ij-vcsse.
-ChorTi-8 d'ivj-esse
Partent «la <'ois.
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Kl ilvalutvié,
1.0 UC7. aiir «A camie.
-i|»priinve on ciucAii
DcfpTid OU- condauûi
riiAf^iie coup joué.
I.« Tiag-éaio,
LACoiHéaic,
I/i Varoaic,
Le. e.camole>.rs:
Toul,]us<pi'.iu Ava
Et méloaraïuc.
Attend. l'éclAnie
L'or df 8 aauAteiîvs.
'1""^T
icts foïi
Lea hiïtrc» scinUUent;
Les tuAQ'AatiLS biulleiit;
Kt l'air ap'AçAiii
La jexirie iiiArcliaiidc
ProTO<jTie, Affiiaudc
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3; emplette aiiipa»sau«.
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D'xmlieti pltis. .«onibre
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Clieiea leiti» desseui».
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Kt l'aiiiAut Tole
id'Aiitves Urciii..c.
b*\ jON NE rU^E PAS
.l...nnot. (Uuap.maise,
Ton. .-in(pU-K-iUiise
Urreniiueul sovU.t,
KlpvAnt 1a Tare,
Kt eloxic's siii^Y^aco,
S ftiuns ent ovm tis .
La jeTinc fiUc,
Oxuttant l/uoniiEe,
llejomt son drille
iTLl)Al de J.uc^uet :
Kt sa o-rAiid.'n\ève
riiex la coniaière .
\a crtiidre et faive
Son cent de pioaet .
Ww kiHxi'i'S soimées,
Dos pièces données
Trois soîit condamnées
Et se lais sent olioir.
les spectateurs sortent.
Se poussent, se poi-teiit . ..
Heureux s'ils rapportent
Et niouTfp etinoacliou' .'
" Saint -Jean, la Flédie,
OiLou^se dépéclie...
-Notre ealêelie!
"Mon cabriolet '.
Et la Jovrée,
Ouoiq^u' enivrée.
Pins altérée
Sort ducal>aret.
les carrosses vieiuient,
S'ouvrent el reprennent
leurs maîtres qu'ils mènent
î'n se snccédant ;
Et d'tuie T03X Acre,
le ooclier A^ iîacre
Peste, jure et sacre
En l'étroQ-rad.inl .
=?T/
i ne fi^'iire
Jjp tn.Hic .lug'iti'p
M approche et jure
Rn me reQ-nriJAiii...
fie ïoin niArrive,
El je ni'esfjuive
De jienr tVa<cident -
Çiiel Untrtman-e.'
Quelle bao arre!
Aiii cri» de ^'ûJ'e
eiil fois répétés.
Vite on traverse,
0,1 se renverse.
On se disperse
De tous les côtes,
la sœur pei'd son ii-f-re
La fille son père,
J.e i^-arçon sa nier e
Qui perd son mari;
-Mais un o-alant passe,
S'avance arec o-ràce,
Kt s'ofû-e AU place
De l'époui cliéri.
Pins lom des telles
tort peu rebelles,
Pai- nbainbellcs
Krrant à l' écart ,
Ont doUi VI
Gentil cors,'
a^-e
haute ilc iii-,ilic|iu',
On ferme bouln^ne.
Ouel.onlraslc liiii(|.i
Bientôt m'est oirert :
(es places cotirties,
Ces liriivantes mes,
Muettes' et imes,
Sniil un uiiit-aései-t
Parla
ig-s
mteiTane
Qnelijiie» lampes pales
Faibles, iiié^-ales,
M'éelaneiil eiieoi- .
Leïiv feu ui'aliandoniie
Le veut seul résonne,
Sileneo ' totit doel .
PA^ÏS A ailTQ H3UHSS DTJ SOIH
Allesio.
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court, l'aiiire rou-Ie, Lejoinbaisseet fuit; Les af- fai-res cessent, Les (iiners se pressent, Les
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tables sedressenl;!! eslbienlôtnuit. Là, je de-vi-iie,Poiilar-c1e fi-ne,El bé- cassine.Et
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L'ÉLOGE DU VIN.
iîlusiqiic î)c Doc\]c prie.
PAK JlR1IAI%I» CiOUFFÉ.
®ESSSÎ?S S>AK m. S'S'EïîïHElla ,
GRAVURES: 1" et 4' planches par M. C. KOLB. — 2' et 3"^ planches par M. GIRARDET.
iltueiqite ovrouçire av(c nfrompaguriiifiu ^f piano por HT. ^. <Eoltt.
NOTICE.
Lanlara était né peintre, comme on naît poète. Il eut pour premier matlre, le meilleur de tous, la nature,
et dès son enfance, sans avoir pris d'autres leçons que celles de son inspiration, il retraçait sur les murailles
el les portes du village où il était né, les paysages qui frappaient ses yeux. Un peintre de Versailles, passant
dans ce village, voisin de Hloulargis, d'aulres disent de Fontainebleau, fut frappé de ses disposilions, lui
enseigna les principes de son arl, et fut bienlîil surpassé par son élève. L'éducalion niùril le laleiil et le dirige;
mais le génie senl le place au-dessus de la sphère commune. Lanlara ne voulut plus de maîlre que la nature,
il lui voua ses couleurs, et sut parliculièrement exprimer sur la toile les nuances des dilfeienles heures du
jour. Il fil admirer la perspective aérienne dans ses Icucva bu ôoleil, qui ont toute la fraicheurdc l'aurore,
dans ses rourljants où le ciel prend une teinte mélancolique, dans ses flairs &e lune dont les reflels
argentins colorent les objets d'un éclat suave el doux. Il sentait si vivement, qu'on l'a vu pleurer d'admi-
ration, en extase devant un coucher du soleil. Du talent el de la facilité devraient mettre un artiste sur la
roule de la foriune; mais le caractère est un lyran impérieux qui domine noire vie. La paresse el l'insou-
ciance laissaient reposer les crayons el les pinceaux de Lanlara, qui ne les prenait que quand le besoin l'y
forçail; aussi vécut-il dans celte indigence qui jusliûait le proverbe connu : <êneut tomme un printrr!
Madame de Staël dit quelque pari, en parlant de J.-J. Rousseau, qu'il avait Iraîné son génie dans des
rapports trop suballernes. Non seulemiul les relalinns sociales sont utiles au talent pour le produire, mais
encore elles l'élèvenl el le soutiennent, elles lui donnent de la dignilé. Lanlara Irouvail le bonheur dans
d'obscures amitiés, où sou indépendance élail à l'aise. Il se confondait avec une foule d'ailisaiis dont les
goûls et les habitudes entrelenaienl son laisôrr-allrr: el comme il élail généreux, il payait son ccol en
nature, c'est à dire qu'il leur faisait présent de dessins ou de tableaux, que ceux-ci savaient fort bien
vendre aux marchands qui l<>s appréciaient. Des amateurs distingués cherchèrent eu vain à le tirer de celle
position indigne de lui. Le luxe el les plaisirs élégants semblaient éteindre son génie ennemi de toute con-
Irainle; el il retournait à son obscurité. C'est à tort qu'on a représenté Lanlara comme adonné au vin. On
peut dire seulement que les plaisirs de la table étaient de ceux qu'il préférait; el comme à celle époque, le
cabaret n'élail pas même dédaigné par les grands seigneurs, comme les poêles, tels que Piron, Crébillon,
Vadé, Collé, Panard, allaient au cabaret, un peintre pouvait bien y tenir des séances.
Mais Lanlara n'était point ivrogne, il élail frianîi comme un enfant. Il faisait un dessin pour une tourle
on pour un galeau d'amandes, le propriétaire de la maison oii il occnpail une petite chambre, rue da
Clianire, le faisait travailler en lui promellanl un bon dincr. Par ce mojen il arracha du pauvre peintre,
une collection de tableaux dont il lira un prix considérable.
le limonadier Dalbot, placé près du Louvre , obtint une belle suite de dessins de lantara , avec les
bavaroises et le café au lait, qu'il lui donnait pour déjeuner.
On dit que le perruquier de Lantara , assez drôle d£ corps , ainsi que les perruquiers de ce temps-là , le
prêchait sur sa paresse, et que comme lantara élevait des huppes, oiseaux qu'il aimait beaufoaa, il le
menaçait, s'il ne travaillait pas, de tordre le cou à ses huppes.
Lanlara, de même que Claude-lorrain auquel on l'a comparé, ne savait pas peindre les figures. Il avait
fait pour un amateur, un payscige dans lequel se trouvait une église. Celui-ci n'y voyant pas de Cgnres,
crut qu'il les avait oubliées. (Êllca sont à Iû messe, dit Lantara. Eh bien, dit l'amateur, je prendrai
|e tableau quand elles en sortiront.
De l'indigence, lantara en vint à la misère. Sa santé s'altéra, il ne voulut pas être à charité à des
amis aussi peu fortunés que lui, et, pressé par le mal qui le consumait, il alla cherckr m vefugc à
l'hospice de la Charité, où il avait déjà élé une fois. C'était dans l'année 1778, remarquable par la mort de
plusieurs hommes célèbres. Voltaire, J.-J. Rousseau, Lckain, Linné, moururent cette même année, il en
augmenta le nécrologe. Le 22 décembre, il entrait à la Charité à midi, et à six heures du soir, il avait
cessé de \ivre.
La biographie Michaud le fait mourir à 33 ans: M. Alexandre Leuoir, qui l'a connu, dit qu'il pouvait
avoir 67 ou 68 ans.
la pièce intitulée Cautnrn, jouée en 1800, et dont nos conpit'is sont lires, fut le fruit de l'association
des trois auteurs qui exploitnienl habilucllemenl le théâtre du Vaudeville, Barré, Radet et Desfonlaines. Ils
admirent cette fois à leur collaboration, Picard, le joyeux comique, qui probablement avait composé la
pièce à laquelle leurs couplets donnèrent un passeport. Picard qui à celle époque était dans un interrègne de
direction, essaya momentanément la scène du vaudeville, et la pièce réussit beaucoup. Quant au personnage,
il n'était pas tracé d'après nalure: mais il était assez théâtral. Joly, qui jouait le rôle de lantara était ua
des acteurs qui ont le mieux rempli les rôles d'ivrognes avec toutes leurs nuances. Dans ce rôle , il avait une
ivresse d'artiste, presque noble, et sentant son enthousiasme. Il joua tout le rôle avec disliucliou ; sa tenue
y était si remarquable, que Carie Vernet n'a pas dédaigné d'employer son crayon à retracer le portrait et le
costume du comédien. Joly, qui avait une extrême adresse et beaucoup de facilité pour exécuter tout ce qu'il
entreprenait, s'était fail remarquer dans une scène de la pièce, où il dessinait sur son genou, un groupe
de deux amants (quoique Lanlara ne dessinât point la figure), il le dessinait réellement en scène, avec
beaucoup de promptitude, et souvent des amateurs se disputèrent ce croquis, comme une curiosité à la
possession de laquelle ils mettaient du prix.
Joly coniribua aussi à la vogue des couplets
5tl) ! que i)c cijagrius bons lo oif ,
l'air de Doche, sur ces couplets, est un de ceux qui ont été les pius popifiaiies, et presque tous ceux qu'il
a composés l'ont élé. Doche fut l'auteur le plus fécond et le plus gracieux de son genre ; on peut le surnommer
le Grétry du Vaudeville.
la Chanson bacchii]ue de l'Éloge î)c l'(6nu ne demande aucun commentaire: C'est une des nombreuses
et spirituelles productions de Jl. AR^1A^D COIFFE , l'un des chansonniers les plus distingués du Caocou
.fllobcrue, et de plus, auteur d'une grande quantité de jolis Vaudevilles. On doit regretter qu'il ait cessé'
d'écrire et de chanter lorsque loul le monde le chante encore. Nous reviendrons sur cet auteur lorsque nous
publierons sa Chanson qui a eu tant de vogue: JJlus ou est îie fous, plus ou rit.
Dl] MERSAN.
Al> '.luc. Ac ohaoriu» .Uns ii,A Vio,
Coua.ien .\e IriUul.iUou.s,
Dans m.n, avy en liiUlp a 1 envn-.
Trompe dAn.v nios nlli-.-tions, ///.f
lens jn'arrnclier .1 1a mus nnUoi.ie .
X. prec.v. h.ux.>.. a,v>n,
uooM partol.paru., .,eu\ ,•,,„■ ,„u\,l
s l.,i-ts ailVouv du o-.nr.- liunuuii. ///,
)cuii jr su.» ivop j,l,,\,.s>,j,l,.-
lus i^xiand y.n l.u u,ul .-hAuii-i- d,- 1
1 iiflRle lovileuv du vin
1 .!<■ son cliarme a lonl.- la nalnv.-
t -) aiTOi- tout le ^i-enri- hun\ain., /,.
-*si;^^ss
c^^^'^
r.slparleaii.jVn ro.nien:
(hic Dieu fit le a.-lug-e,
M,ii.sce souvei-iviiA juo-c
Mit losni,iu:i (m-ps des b.eils
Du i1éhi<j-,-,ni.»1(.ire.
Km iiaitro le v.iisin,
Cfjt l'eau ^l^ll nous rnillioi
l)u vin. du vni, dw vm.
V £J-..V -vSâwirftiïA.Vr
l'éloge du vin, Uusique de Doche père, avec accomp. par M. H. COLET, profess. d'harmonie au Conservatoire.
Andantino. y^
Chant.
PIANO.
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lion arlenbiitleà Ten- vi-e, Trom - - pé dans mesaf- (e(
pé dans mesaf- (ec-ii-
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- ons, Trom - pé^^,„_i|ans mesaf-fec-li - ons
Viens m'arra- cher à la mi-san-lro-
tr
- pi - i\
Juspréci - eux, baume di - vi/> ;
tr
Oui, c'est par toi, par toi seul que jou-
^^^^
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22:
- bli - e Les torts af - freux du gennihu- main
^
Oui, c'eslpar toi, par toi seul que j'Ou-
fe^EsS
- bii-e Les torts af- freux du ççenre hu-main, Les torts af-freux dugenre hu-main.
Fin.
l'éloge de l'eau, avec accompag. de piano par M. H. COLET, profes. d'harmonie au Conservatoire.
Allegro. «^
Chant.
PIANO.
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Il pleut, il pleul en - fin,
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vain ; C'est l'eau qui nous fait boi - re Du vin, du vin, du
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gaussa
(Procédés de Tantenstein elCordcl,90, rue de la Harpe.)
Paris. Imprimerie de Pillet fils aîné, rue des r,r.-Augustins 5.
^^ 4SI£^ ^^ ^6^ 44 9
COMMENÇONS LA SEMAINE.
GRAVURES: 1" KT k' PI.a>CHKS vah BRUNELLIÈRE. — 2« et 3" planciiis pai» M. DANOIS.
illueiqttr arrangea aiur arrompa^ufinrnt br pitino par â\. i\. €olrt.
NOTICE.
Il faut contenter tons les goûts, plaire à chaque classe de lecteurs et de chanteurs , c'est ce qui nous a
engagés à former une Livraison épicurienne, dont les refrains bacchiiiues animeront les desserts de quelques
joyeuses réunions. Des trois Chansons que nous a^ons réunies, deux sont d'auleurs inconnus, quoiqu'elles
soient restées dans la mémoire des amis de la gailé.
La Chanson : Uoiilcj-noue suicrf un bon Conseil, qui était surtout chantée par les militaires, est
de 11. Fabien Pillet, qui est aujourd'hui le vétéran, et penièlre le doyen de la Chanson. Elle date de l'époque
où l'auteur était à l'armée, et elle parut vers la lin de 1792, dans les petites- vltïirljcs deDnciav-Dnmesnil.
Plusieurs compositeurs s'en emparèrent, entre autres Chardiiii, et Laduriier, auteur de l'opéra de lllrnjrl,
dont 5!. Fabien Pillet avait fait les paroles; mais l'air a\ec lequel elle ot devenue populaire, est celui de la
Uouîif î)c pirvrc-lf-6ranîi, musique de firélry : c'est celui que nous a\ons fait graver.
La €l]anson bu fiupcur, dont le refrain est an rnbcirct, parut au commencenienl du siècle, elle eut
une vogue étonnante, quoique les paroles n'en soient pas de la plus giande élégance, et que le poêle v fasse
rimer pégosc avec pnmasgf ; mais elle est pleine de verve, el l'air eut le plus grand succès. Ou' Tera-
plova dans les Vaudevilles, dans les Sociétés chaulantes; Rougemoiit fit sur cet air sa Chau.son iulitulée :
Ct Uoi &u Caborct Cependant l'auteur de la Chanson et l'auteur de la Musique ont eu la modestie de
ne pas niellre leurs noms sur la feuille musicale que publia l'éditeur Lemoine.
Même ignorance de notre part pour la franche el bonne Chau.son : Commcnrous la Sfiuainr; elle a
une allure bourgeoise et sans façon, qui seul son bon vieux temps; mais si elle' rime mal, on ne peut pas
dire qu'elle n'a ni rime ni voiaon. Elle est une profession épicurienne d'un vrai sans-souci. Cette Chanson
est beaucoup plus ancienne que les deux autres, puisqu'on y parle du Receveur des Tailles. Ca SlaïUr était
l'imposiliou levée au nom du Roi sur le peuple et les roluners, elle ne fui abolie que ,sous le commencement
du règne de Louis X\l, avec la Corvée et les Jurandes, sons le ministère de Turgot.
Lorsque l'Assemblée des ^'olablcs fut convoquée pour la .seconde fois en 1788, elle donna lieu à plusieurs
Epigrammes et à plusieurs Chansons, parmi lesquelles on doit remarquer la suivante, oîi il s'agil de la Taille.
Elle est intitulée: Oc la fianquiioutc îics Uotablce, sur l'air îic» ixa'xèts,:
Un granb nonlut pioutirr qnr
Cil Xrnnrc rst Dans DcrsûtUr :
(Clu'il font faire la bonqui-
routr, rt que le SLiera n'est que
(Ennoille (ter)
Jlonsieur rit et répliqua,
6t le ®.iet8 est ranaille;
f)ar fiirté nous n'aoons qu'à
Paper tout, pour lui, jusqu'à
£a (taille, (ter)
Quant à notre Chanson, elle paraît avoir été faite sous Louis XV, et ne peut pas remonter plus haut que
la lin du règne de Louis \IV,'puisque l'on y parle de Barème, qui est mort en 1703.
Voilà donc encore deux Poètes et deux llusiciens sur les œuvres desquels nous devrons inscrire comme les
anciens Romaius : Oiis ignotis (.\ux Dieux inconnu.^)! DU MERS.O.
VERSEZ DO\C, MES A.I11S, VERSEZ, nvoc a(n»ii;|Kig. de piano par Jl. H. COLET, piofcsNcurd'Iianuoiiio au Coiiscualoin
Chant.
PIANO.
Amiante.
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Voulez voussiiivreniiltuiicon - scil ? Biivez a- vaiil qiio de coni-
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It.ircUus soi-nit mon i-aiii.lou,
,1 0 ne quiUiM-ais plus sii m'evc.
Cnr ili- la cnu- >ui )usl.- ari-i'l
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(lu. .1. Cvll.rrr un .■.>!. .ir .1 .
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lW>-u luu.T r.xl Ir lu-.un.'i- laliT.l
Uar.-Uus au Iru.i.l. ,!,■ inonuMvo
Ol.li.nl I.Hi],Mii-.s 11- pi-rnui-r r.ir
l „ l„nn,-a,.'v,.ll.'. .non l>r^;-n.s>>
M., Ivv nul.u-...,. ro\,Mir(,
Kl ,,. l,„u.,- 1.- Monl l'avn.i.s.s,. ^^
1,..'M„u( l'.nn.is.M- ..u ,-.,l.Ar,-l.
:S(^.
3*'' ji 4yiii#i/
Si la femme querelle
Dis lui pour Vappaiser
Que lu reu.T te (rvisey
1^0 iir la Irourer plus belle
Vaut bien mievix ele
I.ei-eceveur des (ailles
Dit au t1 vendra mon lil
Je me moque de lui
Je eoucbe sur la paille
Vaut bien mieux cte
C'
Au compte de Barème ?
Je n'aurai rien perdu
Je sius venu tout nu
Je men uai de même
Vaut bien mieux elc
Providence diviue
Qui veilles sur nos jours
Conserve nous loii)our»
La cave et la cuisine
Vaut bien mieux ete
Z//^",/!' '/i.rrif'ri .,/,i.' 1/ /,!■ -(.. ///-■ //,iM,^(-rM /l'ri'
Î.E (lAlîAliET, iHoc ;icnii:i|i:t<;ii('iiiciil dt' l'i.mo |:;ti ]\. Il COLET, pi()IVs>. nr (i'harii'.ar.ic ;iii (',(ias('i\al()iie.
Allegretto.
Chant
PIANO.
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Tou - joursdis - pos, lou-joiiis con - tent,
boiileillo esl ma boniica - mi - c,
El je suis lin a - manl con
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An ca - ba - ret, j'attends l'an - ro - re,
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vin, ô bien puissant of - fel! La nnil son-vcnl melrouveen
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co - re, Me trouve encore Au ca - ba rel, La iiuitsouvenlmetrouveen -
• ^ ■ ^ ^-
COMME^COi\S LA SEMAINE.
Chant.
IMANO.
^ Allegro. J^
^=J=5:
Coinmen-çons la se-niai-ne,Qu'eiiiliN lii,(l)ervoi sin ! Coin-
-^Fr^H~ ^
-iiien-çonsparle vin, Nous fi-nironsde même.Vaul bien mieux moins d'argent. Chanter
^^^^
danser, rire et boi-re,Vaulbienmieuxmoiiisd'aigent,Piiieet boi-re plus sou-vent.
^-f-
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Fm.
( rrut'cilcs (le Tantcnslein et Cordel, 90, rue de la Harpe. ]
PjrJs. Impr. ilo t l.ocoui-», lf>, nu: N.-l». des Virloirep.
AUSSITÔT O.TJE LA LTTMIÈnB
Par ADAM BILLAIT, menuisier de Nevers (MAITRE ADAM).
ITOUS IT'ATOITS aU'UlT TEMPS A TITRE
PAR LE COMTE DE GOÎJSEVAL.
GRAVURKS PAR M- PH LANGLOIS,
Musiqus arraDjés avec accompagnemenl de piano par M. H. COLET, professeur d'harmoDie au Conseivaloirs.
NOTICE.
Au commencemenl du dix-septième siècle, des poésies écloses dans un atelier étaienl encore une rareté,
et la singularité du fait ne contribua pas moins à leur succès que leur mérite réel.
Adam Billaul , ce patron des poètes-artisans , n'a pas seulement composé des Rondeaux , des Pièces légères ,
et celle Chanson-modèle qui eût suffi pour l'immorlaliser. Le Poète -Menuisier s'éleva avec bonheur jusqu'au
Poème et à l'Ode, et mérita le titre glorieux du Uirgile ou ttobot que lui décernèrent ses contemporains.
Presque tous les littérateurs de son temps voulurent tresser quelques fleurs pour sa couronne, et il eut
l'honneur d'être célébré par le grand Corneille lui-même. De nos jours encore le Vaudeville et les Variétés
ont consacré à sa mémoire deux de leurs plus jolis ouvrages.
Sa fameuse Chanson Bachique [^lussitôt que In fuinta-f) , empreinte de tant de verve et d'originalité,
csl resiée le type de ce genre. Quelques personnes ont prétendu que l'air, si bien adaplé aux paroles , était
également de sa composition, ce qui est demeuré incerlaio. Quoi qu'il en soit, la Chanson de Maître Adam
sera toujours regardée comme un des petits chefs-d'œuvre de notre langue poétique, et comme la production
d'un grauîi maître f» b o.nie ôririifc, suivant l'expression de nos bons aïeux.
Aucune Chanson à boire n'était plus digne de figurer à la suite de celle de Maître Adam , que cette joyeuse
boutade de philosophie épicurienne (Wous u'opous qu'un Scmpa à tiiuve), animée par une si franche
gaité. Rieu de plus populaire que cette Chanson; mais ce qu'on ignore généralement, c'est qu'elle est une
œuvre de la jeunesse de ce fameux Comte de Bonneval , tour à tour officier en France , général en Autriche
et pacha en Turquie. C'est dans la première partie de si arrière aventureuse que cet homme, dont la vie fut
un roman , composa , outre cette jolie Ronde , plusieurs autres Couplets et Vaudevilles agréables : talent qui le
lia avec J.-B. Rousseau, dont il resta constamment l'ami et dont longtemps il partagea l'exil. Plus d'une fois,
sans doute, le pacha Bonneval chanta aux beautés de son harem celte folle Chanson de son jeune dge, avec
l'accompagnement obligé des rasades ; car, malgré son apostasie, il est un culte , celui de la îiliDc iOoutrillc
(suivant l'expression de Rabelais) , qui , comme on le sait, ne le compta point au nombre de ses vcncgintg.
If, mrmbre ^u CTrturau mo^fn^f.
itSSlTOT QlJE LA LIMIÈRE. ma acconipagnemeDl de pian», par H. lî/^OLET, frofoseur d'harmoiife au Cousemloiii
Andante. , J^
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JOLIÏ.SONS Dr TEilPS PRESÏNT
/•.„■„/,:.■,/,, I :..■:,/,■ ,/,-/Mm,;m/
IVons n'aTOTis qu'un temps à vitïc,
Anus, passons le <i-aiincnl ,
J)ctout ce qui va le sunie
iV avons jamais aucun tourment •
A qnol sert dajipi-eiidre Vhisloire?
X'cst-ce pas la même partout?
Apprenons scTilemeiit à l)ierl l>oire:
Ouand ou sait bien l)ou'<- tni sait tout.
Nous n'avons etc.
Qn'nntel sort Q-encral d'année ;
One l'Anglais snccombc sons Ini:
Mol, qni SUIS sans renommée,
Je ne vcnx vaincre que l'enniii .
Nons n'avons etc.
Aeotirrr sur terre et sxirl'onle
On perd trop de temps en cLeinin;
Faisons plutôt toxirner le monde
|*ar l'effet de ce jw s divin .
Nous n'avons etc.
Qii'tui savant à cLerchci- les planètes
Oceuppe son plus Ijcan loisir;
Je n'ai pas tesom de lunettes
Pour appercevoir le plaisir.
Nous n'avons etc .
Qnnn avide clumiste eihale
Sa fortune en clierchant de l'or;
J ai ma pierre philosophale
Bans un coeur qui fait mon trésor.
Nous n'avons etc.
Aa QTcc, A l hébreu je renonce:
Ma niaili-essé riilcnd le français,
Sitôt q^u'à l)Oirc je prononce
ERe nie verse du vui frais^
Nous n'avons etc .
/,„/•", it //Mn/M ,.
■ rt ///.,■ J.>. /■ //„„
f.r pins Q,randroi de la Icrre,
Quajidjc SUIS dans nu repas.
S'il me déclarait la Q'xierre,
Ne m'épouvanterait pas-.
A tal)Ie rien ne m'étonne,
Kt je pense quand je boi,
Si la haut Jnpilor tonne,
Oue ecst qa'il a peur de moi.
Si quelque jour, étant ivre.
La mort arrêtait mespa.s,
.Je ne vou<lrais pas reim-e
Pour cliaugTree orand trépas'
Je m'en nais dans l'Arernc,
Faire enirrer lloelon ,
Et planter luie ta^ erne
Dans la ckainlire de Plnton .
JS N'AVOKS (|ll'L'i\JTEMPS A VIVRE, arec accompag. de piano, par M. II. tOLET, profes. d'haroionie au Cooservaleiré.
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^ j,.4llegro. Refrain. «<
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Nous n"a-vons qu'un temps à vi
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Nous n'avons qu'un temps à
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pas-sons-le gaî-ment; De tout ce qui va le sui - vre N'ayons
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VI - vre, A-mis, pas-sons-le gaî-ment; De tout ce qui va le
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A-mis, pas -sons-le gaîment; De tout ce qui va le su^.vreN'a-
vv^vv^^A«^M^A/^^AA^^^A(«vvv^AAw^'>~»vv>vv^vv.^AA,v«vv^vv^w^vv\'vv^«^
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ja-uiais au - cun lour - nieiil.
A quoi serl d'apprendre lliis
sui- vre N'ayons ja-uiais au-cuii tour-ment
A quoi sert d'apprendre riiis-
1^^^^^^
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t()i-re,lN'esi-ce pas la même partout?
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Ap-prenonsseu-lemenl à bien
w » I r~if:-
^^
- loi-re, N'est-ce pas la même par-toul?
Apprenons seu-lement à bien
loi-re, N'est ce pas la mé-me partout?
tr f
^
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Ap-prenons seulement à bitn
g^y^^^^^^^
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boi - re, Quand on sait bien boire on sait louj^
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boi - re, Quand on sait bien boire on sait tout.
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(Vrocédés de Tamenslein et Cordcl , 90, me de la Harpe- )
Pans. imprtmei-i>' ^sr. riLi.F.T m S AINB, ru" 'i"'- nnnds-A'i^nstins. ^.
CHANSON DE ROLAND.
PAROLES D'ALEXANDRE DLVAL, Ml'SlQLE DE MÉHLL.
D£âS2KS S9£ BI. S'I'XlIlTZŒISi ,
GRAVURES : 1" ET 4' PLANCUB PAR M. HCART. — 2« ET 3' PLANCUU PAR M. ALfeS.
NOTICE.
Roland esl uiie des plus ancienucs el des plus belles gloires militaires de la France! Compagnon d'aniics
de tel illuslre empereur d'Oa'idenl, Charlemagne, qui dans les dernières années du huitième siècle soumit à
ses lois une grande partie de l'Europe, sa renommée ne s'est jamais elTacée du souvenir des peuples, et depuis
le jour où il est mort à Roiicevau\ , ses exploits ont sans cesse été célébrés. Les doeumeiils authentiques
de riiisloirc qui se rapportent à Roland, ne soûl pas considérables; ils suffisent cependant pour attester
sou existence et pour empêcher qu'il soit relégué au nombre des héros fabuleux. Ainsi , une ordonnance
(pri-cffptum) de Charlemagne, de l'aiinée 776, le place au nombre des fidèles de ce monarque, et l'hislorien
Egiiihart le cite comme un des plus fameux capitaines morts à Ronccvaux. Si les chroniques ont été sèches
el décolorées au sujet de Roland, en récompense, les poésies et les chants populaires ont transmis jusqu'à nous
les hauts faits el la gloire de ce paladin. Dès le onzième siècle, le nom de Roland élail synonyme de la vaillance,
el les poêles, les hisloriens eux-mêmes, le nommaient avec celui d'Achille ou d'Alexandre. .Maints passages des plus
anciens troubadours se rapportent à lui, el prouvent que son nom était depuis longtemps populaire. Quant à la
France proprement dite, l'un de nos plus anciens monumenis en langue vulgaire esl consacré à Roland, ellout un
cycle de ces romans de chevalerie naguère encore si admirés, contient le récit de ses exploits. Il esl cerlain,
que nos soldais , en marchant au combat , chantaient Roland , ses victoires el sa mort. Aussi , Wace , poète
français du douzième siècle, dans son j^tatoire en ocra îic la Conquètt b'^ngleterre por lee
Uonnanîia, connue sous le nom de Homan îic Uou , a-l-il représenté l'armée de Guillaume s'avançanl
contre les Saxons, conduite par Taillefer le Jongleur:
®.aillcfcr qui luûult bien cantoit ,
Sur un cljcoûl qui tôt alloit,
Deoûiit ad (eux) s'en atoit rautaut
Bc Carlfinanc et bc ROLA\T,
(Et î)'©ltoicr et be» oassaus
(Cui moururent à UainsrcDaud.
Il ne faut donc pas être surpris si des écrivains du dernier siècle , el de nos jours l'illustre auteur du
(èniif bu (Êijriationiâmc, se sont préoccupés de savoir ce qu'était devenu ce chant national el guerrier.
Mais les langues, cl principalement la nôlie, ont leurs ré\olulioiis; les mots chaiigenl d'acception; ainsi, ce
qu'on entendait par rljansou dans les premières années du douzième siècle, u'étail rien moins qu'un long
poème, dnni l'élendue variai! depuis mille jusqu'à huit el dix mille \ers, et il esl évident que la CIjaneou
bf Uolanb était de celle nature. Voici les traits principaux de l'une des plus anciennes versions qui soient
par\cnii('S jusqu'à nous:
L'em[icrenr Cliaiies est depuis sept ans en Espagne el l'a presque entièrement conquise. Le roi sarrasin
ilarsik'S, iipiès un conseil tenu a\ec ses amtraur, en\oie à l'empereur un ambassadeur qui lui dil " Witv
POU» «ûUDc ! Uoict Î)t6 préenits que le roi mon mahre ooiie etiooie. 31 e'eujiage , et vom
ooiilei quitter l'(gspag«f , o douô ôuiore jusqu'à 3ir. " L'Empereur fait venir tous ses barons
pour prendre leur avis. Roland s'oppose à la paix, mais Ganelon et le duc Naimesfonl observer qu'on ne
doit pas refuser un ennemi vaincu. La discussion s'engage enlre les barons pnur savoir lequel d'entre eux
ira auprès du roi Marsiles. Ganeiou, irrité des mépris de Roland, lui dit : " prrn&e gar^e qu'il ne
t'orrioe mall)eur ! Roland répond : SLu parles comme un fou, e'est aur l)ommc9 seuséa à
remplir ies measojes, »i le Roi cent , j'irai a ta place. — %u u'ira« pas, s'écrie Gauelon,
€i)ûrlc8 communie ici, je remplirai sa oolonté. "
A ces paroles, Roland se prend à rire. Ganelon est choisi comme ambassadeur; il part, emportant au cœur
i'insulle que Roland lui a faite, il ne tarde pas à se venger en trahissant; il guide les Sarrasins dans les délilés
de Roncevaux , où se trouvent les douze pairs de France avec vingt mille hommes sous la conduite de Roland.
Bien qu'il se rende coupable de trahison , le baron français est fier et hardi devant Marsiles ; et quand ce
dernier lui dit : " Cljarles est tjieur maintenant, il a au moins îieur cents années; ne
pensc-t-il pas au repos? — Uon, non, reprend Ganelon, (!Il)arle» est toujours fort. S^ant
qu'il aura autour be lui les bouje pairs be France, ©lioier, Uolanb, (III]arles ne peut
crain&re l)omme qui soit oioant."
Dans le récit du combat où périrent les douze pairs de France, la (Hljansou îie Uolanb s'élève à des
beautés du premier ordre : Après une longue énumération de tous les rois sarrazins venus au secours de
Marsiles, voici les douze pairs de France et leurs vingt mille compagnous engagés dans les montagnes de Navarre.
L'ennemi les environne de toutes parts. Olivier, qui est monté sur un arbre, dit à Roland : "Ces J^Jatms sont
nombreur, et nous irançais, nous sommes peu. (Eompoijnoii, si tu âonnuia bu cor, l'em-
pereur €l)orles uienbrûtt a notre secours. Roland répond: ^ dieu ne plaise que mon lignaoïc
eoit bésljonorc par mon fait! 3e froppcrai be ma bo.ine épceDlR.WDAL, et les païens seront
uenus pour leur mall)eur; ils mourront tous. — Compagnon, sonne bu cor, répèle Olivier.
— Hou, dit Roland, les iFronçais sont bons, ils frapperont bien," Et il prépare ses troupes
pour le combat , les exhortant à faire leur devoir. Survient Turpin , l'archevêque , qui les fait mettre à genoux
et leur donne l'absolution de leurs fautes. Dn combat terrible s'engage , mais le nombre l'emporte enfin ; les
douze pairs et leurs compagnons succombent. Cependant ils restent trois encore , l'Archevêque , Olivier c
Roland. Ce dernier, las de combattre, dit à Olivier : "3c oais sonner bu cor, €!)arUs nous en-
teubra et nous pourrons rcooir la irancc. — i}outc et oergogne! s'écrie Olivier, quanb je
l'ai bit, tu ne l'as pas nonlu, les .français sont mocts par ta légèreté, tl fout périr oucc
CMS. " Mais Turpin leur commande d'appeler Charles, et Roland sonne du cor avec une telle force que le
sang lui vient à la bouche et que ses veines se brisent. Charles , qui était à trente lieues, l'entend et s'écrie:
" <3ataille font nos Ijommes. — 3e ne le crois pas , répond aussitôt le traître Ganelon. Roland,
resté seul, saisit son cor et en tire un son presque mourant. L'Empereur s'arrête , écoute : iilal nous va,
|Iil-il, mou ueoeu Holanb ne peut plus sonner. El il dirige sa marche vers Roncevaux. '
Tels sont quelques uns des traits les plus saillants de celle Cljansou br Hclanb, dont les différents
couplets ont été redits par nos armées pendant tout le Moyen-Age. Vers la fin du quatorzième siècle , au milieu
(jes désastres qui ont signalé le règne du roi Jean, l'ancienne €l)anson be Uolanb était encore eu usage.
Ce prince, aigri par ses malheurs, se plaignait qu'on ne trouvait plus de Roland dans les armées. Lu
vieillard lui répondit que les Rolands ne manqueraient pas s'il se trouuait bes Charlemagnes.
Différentes imitations modernes de la (!Il)ansou be Uolanb ont été essayées ; elles n'ont rien conservé
de la vigueur et du noble sentiment qui distinguent l'original. La chanson reproduite ici est l'œuvre
d'Alexandre Duval; elle ne manque pas d'élévation, et sous ce rapport mérite de succéder an chant séculaire
tombé dans le domaine de la science et que le peuple ne comprend plus aujourd'hui.
LE ROLIX DE LL\CÏ.
riîAXSO.X DE UOÏ.AXD.
Où vont lotis CCS preux cheralicrs,
LorQ,'Ucil et l'espoir de lit franc e .•"
C est pour (léCeiulrc nos iovers
Que leur maiu a repris la lance ;
Mais le plus "bravcle plus fort ,
C'est Roland, ce fondre Ae g-uerre,
S'il comliat.la faux ie la luort
Juit les coups de son cinreterre.
^ Soldats français, cliaiitons Kolaiid,
i: honneur delà chevalerie,
f.t repetons -en combattant
Ces mot» sacrés: gloire et patrie'.
Dei.T nulli-
st ,riiuil,-i- Rol.r
Coiivicut le pied dr rcs iiuiiit.ioiies: I.' lioiiiioiir est prt-s île sa bamiLere,
Je A'ois leurs nonitieux étomlarts SicuTcz s on paiinelie éclAtaiil;
Briller stir les vertes eanipaii'nes. Qivil votls o-niile ilaiisLi carrière.
Fraiii,- l'IIS, là sont yos ennemis; 3Iarolrez, pavtaoez son dest-iii'.
Oue pour enx seuls soient les alarniesiDes ennemis ijnefait lenomlire?
Ouils (roui lileut ' Ions seront pnnis .'... Roland coTnl)at ^ ce mur d'airain
llola ml a demandé ses armes. Aa disçarailie roinine nue oiulre
Soldats iraiiVAis J*».' . .Soldats français <V
romlncu sont-ils ' cfinilinii smil-ils '
(' est le n-i du suld.it sans o-lnii-C;
!,(> lii'i'O.s cli(-i'i-lie les dl'I'iIs;
S.ausles périls (|u'(st la virloin-''
Avons to\is, o Ui-iivcs anns.
Dellolaiid l'aïuc nulilc ot lu-i<' .
Une roniplail les ennemis
0 11 étendus morts sur la poussiéie.
Soldats iVaneais .1-
Mais j eut ends lebniit de sou cor
Qui v('S()i\ne an loin dans la plaine
Yh t\\v<i' Kolflud ( ouibat eneor V
Il eoml)al ' n terreur soiidaine '■
.r'ai m tomber ce i'ier rain(^uenr ;
Le sauji' .a b,ii<i'iié son armure ;
Mais toujours lîdéle à Ihonneur,
Ildil.i'ii m"iitr.uil .sa blessure:
Soldats iV.iueais ' ehaule/. Roland ,
Son destin est dig'ue d'envie;
Heui-eux qui peut. eu coiubaltaut ,
Vaincre et mourir pour sa patrie .
CIIA^'SON DE ROLAND, au'c amiiiiiiagiienicni de piano par Y\. II. f.OLET, professeur (riiamioiiie au Coiiscrvaloirc.
ICham.
.^allante.
PIANO.
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OÙ vont lousces|)ieiixclie-va-liers,
L'orgueil et l'espoir de la
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C'est pour dé- fen-dre nos fo-yers
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re, S'il combat, la faux de la mort Suit les coups de son ci -me-ler - re. SolMiaiâfan
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chantez Ro-land, L'honneur de la che va-le-ri - e, Etré-pé-lez,
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lez, en com -bal -lani,
Ces mois sa-crés,
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Ces mois sa- crés,
Cesmotssa crés,
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Et ré-pé-lez, en com-bat - tant, Ces mots sa-crés,
Ces mois sacres.
Ces mois sacrés; Gloirk ei P*-
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eI Gloire et Patrie! tl lé pé lez, ces mois sacré?: Gloire et I'a - tri
l'in.
{^Procèdes de raïuensleiD cl Corde!, 'jo, rue de la Harpe. \
PhiI,-. Impr. de F. I.ocçiin, (6,r. K.-O.dcsVicloiref.
VIVE HENBI QUATRE,
TISITÎS, ATJROîlE, J3 T'IMPLOnS.
DESSINS S£ va. S7£IK33£IL.
GRAVURES : 1" el 4' planche, par M. Boilly.— 2' et 3' planche, par M. Naugkot.
NOTICE.
Au premier rang des <EI)iuUâ pnpuluircs îic la francc seronl toujours placés cl celui qu'inspira
le souvenir du grand cl bon Henri, et ceux qui lurent composés par lui-même!
Quel est l'auteur du couplet primitif de Uiuc ijrnri CVuatvc? Il ne s'est pas nommé, parce qu'il ne
s'esl regardé, sans doute, que comme un cclio de toutes les voix françaises. Collé augmenta encore la
popularité de ce clianl, en le plaçant dans sa charmante comédie de la \iaxue ^c (Cliassc d'ilE\RI IV,
Grâce à l'heureux choix du héros el à la fidélilé du portrait, aucune pièce n'a eu des représentations plus
multipliées et de plus nombreuses éditions.
Les troisième el quatrième couplets furenl ajoutés par Collé, el de la bouche de son iîlidjau, pa-i^ènnl
bientôt dans toutes les autres. Le second, qui n'a pas moins de naïveté el de franchise, date de l'époque
des espérances que fil naître l'aurore du règne dcLiiuisXVI. L'u de ses premiers actes avait été l'aulonï^aliou
au Théâtre-Français de représenter la partie îic Cljassc, tolérée seulement dans les spectacles de
prounce, sous le règne précédent.
fiuanl à l'air de Uiuc fjciui (duatrc, c'est un fragment du morceau de musique intitulé les
QLrirotfts, sur lequel s'exécutait une danse eu vogue au seizième siècle, el que l'on a entendu au
V.;ude\ille, dans le iHaviagc &c Scarroii
(Cl)armantr 6abrtïUc est une délicieuse romance, remplie de grâce cl de sentiment. On a prétendu
(|ue les deux premiers couplets seulement avaient é:é Iracés pour la fameuse Gabrielle d'EsIrées par le rojal
guerrier troubadour. Les autres, au surplus, sont également dignes de sou esprit el de son cœur.
Hais une erreur généralement répandue, et que Gréiry, dans ses (Essaie sur la illiisiqite, a
coulrihué à propager, c'est celle qui a tail designer Henri IV pour auteur de l'air louchant, auquel il adapta
ces paroles. Comme il ne faut pas douner à César ce qui n'est point à César, il est juste de restituer ce
chant à son véritable père Du Caurroy, successivcmenl maître de chapelle de Charles IX, de Henri II!, et
de son successeur. Cet air fut composé par lui pour un XioH pieux du temps, que la profane mais
€l)armaine 6rtbricUc lit aisément oublier.
La fraîche et gracieuse UillancUa: Uicna, 2luvovf, je t'implore, a toujours été allribuée au
fjéarnaiâ, el l'on aime à se figurer
£e seul roi î)out le peuple oit chan'.c la mémoire
chantant aussi, dans ses jolis couplets, œuvre de sa jeunesse, ou cette Cdie Sarbinièrc b'-Snet, qui fui
raïculc de Dufrcsny, ou celle tendre et naïve fleurette, premières el trop courtes amours du Uert-<6af,<;:!t.
Ol'ilIlY, iTlembve ?» Caveau moberue.
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CHARMAX TK CAH KIKi.I.V. .
Percé de nulle (Iat<!s,
OiiAiid la <i-loiri" m'appelle
A la siule (le 31nrs :
fî'virilf (lép.ii'\ie '
Mailif-iuTiix jour!
Oxie lie siiis-)e sans Tic
On sfliis aiuom .
1. amour , sans nulle peine,
Jla.par vo.s doux i-eonids,
Coniine un o^-rand eapitnin<>.
Mis sous ses étendaris.
CrncUc départie ! e)e .
Si votre jioiii eéléljre
Siir mes (irapcanx briUaJA,
Justju'aiL de là de l'I'.bre
L'Ksu«Q;ne me eraindrait .
Cruelle AépAvtie 1 ete ,
.^"J^t'^yiîv: i^e 3t> rJ^ui^/cie^cJimj
Aiens, aurore ,
J 0 l'iiuplorc .'
Je SUIS u-ai qiijind jo le voi
Oui in'psl cIicit,
Kst venueiUo couiiiio loi .
D'ambroisie,
Pu PU rhoisie,
Hcbé 1a nourrit à pari ;
El SA boiichr ,
Quand j'v loiiclic,
^e parfuiiK
Elle rsl bloiiao,
.San» sfooiidc.
Elle a la taille à la luaiu.
^» prunelle
ïtiRcelle
foniine l'astre du iiiatiu
l'otiv entendre
Sa VOIX tendre.
On déserte le liameau ;
El 'rvtire
Qui .soupii-e,
Fait taire son cUahinieaTi .
^>y><^
Les trois Q-ràces
Sur .'îes li-aces,
Font naître nnessainxi'ainours'^y^^
La xag'esse,
î.a justesse
Acooiiipaç'nejit ses discours
\J^:>
OHAnMAlTTS G-ABniELLS
Arrdanle. ^^
CUA^T.
PIANO.
Char-i)i;in-te Ga
bri - el - le, Per - ce d(
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(Procédés de Tantenstein et Cordel, 00, rue du la HarpeT)
Paii<. — Imprimerie do Pii.i.ft fii.s aink, rue des Grands-Augustins, 7.
X^ .^^ XT CD 3.^-.
DESSINS D£ DI. £. Gl&Aim,
Gr.AVlJKES : I" Kl 1' i>la>ciik i'aii M. TORLKT. — 2' Ki T im.a>ciik pau M. ^APvGEOT.
^l.isiiiur aniiiiçicf lUirc lucoinpiioiiumfnt &c jmmo pur ^W. Ij. (tolrt.
NOTICE.
La Cli.iiisoii Je Manon |iara(l rcposor sur nu fait liisloriqiie. Si cela n'dail pas, à iiiuiiis que l'auleur ne
fùl braliaiinin , il u'auiail [minl choisi la Mlle de \i\elle, pnur e» faire la jialrii! de sou liéniïiie. (iuoique
celle \ilie soil célèbre par ses beguiiies, par le(Cl)ifn îif 3ciin Uuullc el par un aiilre Jean de ^nelle qui
perché sur la luur de l'Iioiloiie, v sonne les heures depuis plusieurs siècles, elle n'a pas un nom assez poétique,
pour qu'il ail é:é choisi comme digne de li^^nrer dans une romance.
Manon, n'est pas non plus un nom aussi gracieux i\\\t celui d'Aniiiile, de l'Iiilis, d'Eslelle ou de Galalée,
el, SI le poè;e a nommé son héroïne lianon, c'isl qu'elle élail h:iplisée ainsi. On sail que Manon esl une espèce
de diminulif de Marie, el qu'il a pour variante .Maiietlc. Je ne sais ce que ces noms avaient de plus flalleur
il l'iireille de nos pères que clui de Marie qui a repris fa\eur depuis quelques années, taudis que les deux
aulies sont lombes dans le discrédit.
Du reste, il y a un siècle que les Maiions élaient fort à la mode; on counail la iîliinou CfSiriuit, de
r.ibbé l'ré>osl, et loules hs Maiions de Vadé. iilaiio» (6iroiir, iHiuuui la €outimn-f. Il n'y a pas
quarante ans iiiie Désaugiers a fait iHanoii la Ualuut^cuâf , el qu'Aud" a donne iilaitoii nrpfiitaiitf.
ISevenoiis à la iilaïuiii ^f UinrUr , qui se lait soldat dans le régimint de rro\eiice, pour suiue son
infidèle. Dans la chanson cet amani esl nomme 5anâ-(0.uarticr ; mais il esl é\idenl que c'est un sobriquet
mililaire: son \érilable nom nous est inconnu.
Kous ne ferons pas la vieille plaisanterie de dire que si loules les belles délaissées s'engageaieni, on n'aurait
plus besoin de la conscriplion pour recruter l'.irmie. Kous dirons, au contraire, que peu de femmes do;iiient
i'evemple de cette héroïque lidelili'. Ce n'est pas que nos annales manquent d'héroïnes qui aient endossé le
harnuis militaire, ou comballu sous les drapeaux de la Fiance. Ouand nous ne citerions que 3ainnr b'^rc,
Scaïuu ijarljcttc, dcDeauvais; lors de la réMilulion de 89, l'ijcioïiir î)c iHittir; et sous l'Empire,
la f cuunt (Êrenaîitcr, qui a obleiiu la Croix- d'Honneur, et qui a liiii par tenir un cibarelsur les boulevarls
exti'rieurs de Paris.
Si nous remoulions aux siècles reculés, nous aurions les Clrlic, les draïiainaïuc, et tant d'aulres.
Mais je lrou\e dans la brave iHanou bc Uiiu-llf , une ressemblance frappante avec la Ollorinîif de la
3fiuôalcin bcliuicf; et je ne sais lequel du Tasse, ou du poêle brabançon, gagnerait à la comparaison,
SI ce dernier n'élail eudemnient rimilaleur. Qui de nous n'a pas lu et admiré ce louchaal épisode, où Tancrède
reconnaît la belle Clorinde frappée de son fer meurtrier! La slaiice LWII" du 12" chant de la ^éruôolfin
ntl're la même siluatioii ((ue la XIV de notre poème, car il e.st fa:l en stances coinme celui du Tasse, el il doit
élri' chaulé comme on chante encore en Italie les slances du Cvçinc bc ôovcnto:
Voici, pour ceux qui ue savent pas rilalien, la traduction de tiaoïiv Conniau ;
« (£n bfcouorûitt ce front, il sent trembler sa mai».
« £.out à coup, 0 biaijraec... o terreur imprémic!
o 31 l'ott, il reronnait... quel moment, quelle oue!
o Ollorinbe! juste fiel! Ce Déplorable amant
« lemcurc anéanti, sans ooir, sans mouuement. «
TancrJ'de ne leconnall son amante qu'eu >oyanl son visage, ce qui esl bien simple el bien nalurel ! L'amanI
de Manon la recunnait d'une manière bien plus originale !
(G-uant elle fut en rljernise,
31 tira son sein mignon.
;ai;! jiioifî ùe sa surprise, ^
jCini'qu'il vieonnut illanon
Si Taiidnli; inail en celle |;ors|ii(acilt'-, ii n aurait |o:iil piue le sein Je Cloriiidc II (ùl fail coniinc le
soldai du rei;imriil de l'iovence, qui ne demeure poinl sans voix et sans mouvenienl. El combien il y a de
U'iilé cl de iialurel dans l'iiicideiil qni siiil :
£c majnv nint fu pir?cinnr,
Il n'euvoyit pas un sons-oflicier, nu le chiruiijien du réijimciil, ce digne major vinl en personnel
ppitr snuoir exaclement,
Ipi fllnnon ftnit itn l)ommr,
Cf qu'il iippvit sur If rljiunp.
le major élail connaisseur : mais il n'ai ail veulu s'en rapporler (|irii lui-même; ce que di'\ra;ênl faire
hns les ;;ens en place, ions les ministres, iiiii s'en rapporlenl Irop son\enl a des suballeines el soni Intmpes
s:ii la \éiilé des choses.
Après les ieman|nes pliil()Sopliii|iies, on nous en permelira li'en quelques unes de phihdogiqnos. La première,
sera sur le mol iuçioit, emptoré dnix fois. D'abord, l'aniaiil,
Diuia un certain ^our nrijorr,
Soutenu pur (Cupiîion.
Celle épillièle de Sour, joiiile à nrçiciff, donne une cerlaine grâce à une expression qui, s:ns cela, aurait
pli paraiire Iriviale. Car, négoce enlraîne l'idée de commerce, de Irafic. Mais ici, c'esl ij;i ^ûUF ncciofc!
l/amanl n'elail pas un négociaiil: n;ais un ne;;ocialenr, adroil, iiilelli.i.'enl. On nénncie un mariage d'inlérêl :
ICI, l'amour a\ail négocie une aOaire délicate. Je remarquerai encore (|Be lorsque Manon élail \èlue en soldai :
(Elle portait sur sa misse
înon rpcc en l'rat t'arau&
Ce leme de faraml esl tombé en désuétude et ne s'emploie pas dans le beau langage; cepemianl, il manque
à la langue. En ellel, IWcatieroic a eu lorl de dédaigner ce mol ([ui se trouve dans des écrivains classiques,
comme Vadc; le peuple n'a pas voulu l'abandonner, el il a eu raison, car il n'a pas de synonyme. Ce mal
nVsl pourl.nl pas ancien; on ne le trouve pas dans les auteurs, a^ant le 18" siècle. Toutefois, son élymologie
piiiirrait venir de tarot ou pljarct, Cile dans le Dictionnaire ^f .ménaiK, el qui signifie, f.tlol ou fanal,
le faraud esl un Immine brillaiil. fnrtliom-aplie du mot faraud varie dans différents ouvrages. Dans notre
finance, il est terminé par un D. Dans l'.unrage intitule ŒlVIlES CHOISIES DE VADÉ ET DE SES MIITATEITIS,
il V a un dialogue intitulé Spiriiucur rcbus îic inabrmoiscllc iîlariiot, reine &c la ijulle , dont
l'uii des personnages s'appelie le Saxau. Il ne faut pas croire que le faraud d'autrefois fût ce qn"oiil été
ensuite les pelits-inailres, les fais, les muscadins, les mer^eilleux, el ce que sont aujourd'hui les dandys et
les lions. Le faraud était un lionimc qui senîaii son brave, el qni ne manquait pas d'une cerlaine élégance,
comme le pronie la manière dont Manon portail sou épée sur la suisse. Il y a eu plusieurs manières de
porter lépée. Les Grecs el les Hoinains la pmiaieiil à leur côté, perpendiculairement, comme l'ont ensuite
portée nos chevaliers. Sous Louis XIV, on la porta horizoïililiinenl, derrière les jambes. Sous Louis XV, on
se mil il la porter diagonalement, sur la cuisse, de sorte qu'elle pouvait aisémenl s'accrocher dans les jambes
des iiassaiils, ou déchirer les robes des (iaiiies, quand on se relonrnail brusquement, ce qui n'arrivait ip'aux
iiialailriiils, el aux gens i|iii n'avaient pas le bel usage: m:;is aussi, il était plus f..cile de la tirer, ce qui
armait soi.\ent aux'larauils, el ce qui pnunail qu'ils n'étaient pas des faquins.
Le neui du poêle ipii a ciiiii|iOse la Chanson de .V.anon, nous esl mallii'ureHsemeMl inconnu; le savant
Baibier l'a omis dans son Dictionnaire ^fs anonymes 11 nous a fallu également retrouver la musique
dans la mémoire li'lèle des cuisinières el des nourrices, sous la di'lee desi|nciles elle a é;é transcrite. Qnaul
il l'epoiiiie il laquelle a élé composé cet ouvrage, c'est évidemment celle où le régiment de Provence existait.
Ce reniment a été créé en 1G74 , il était composé de deux bataillons. L'auteur a commis ici une faute, à moins
qu'oie ne doi\e l'atlribner à son imprimeur. Xoiis lisons d;iiis la chanson:
iTa uoilîi ^onc militaire ,
JiJareiuents rouijes, l',abit blanc.
Il fallait dire: parements ucrts, liMiil blanc. Tel était l'uniforme du régiment de Provence; c'était le
••"Lniiieiit de Picardie, crée en 15G3, qni portait les paiemenis rouges. Tous deux étaient des régiments
(i'mfaiiterie. Au surplus, il éiait heureux pour Manon que son amaiil lui dans celte arme, car s'il eût élé
d„iis la raualerif, on n'aiiiail pas manque de dire que la coiidnile de notre l.éioïiie avait ele un peu
lai'aliere. , ,
1)1 MLKSA.V
'^-^^î^-
,<^-
^ -^-' ">^.
^
Oiantons I liouimu < t li oloii o
1) nue (ille diiu ^-raiid cœxtr,
F.t y,-i-ar(iiis tlaiis Li mémoire
Son conraQe et sa T<ile\ir,-
Dans les q^natre canis du monde
1 on jiailtiii <1< llniioii.
I)( vMis la Un e (.t Mil 1 onde.
\ on 1 ( ( it( 1 1 sou nom .
«AUX Ta xillr 1< \i
Jlanon .irait un aiii ml
Jenne, mai.s jilxis ikIh ipi < II
F.t quelle aiin.iit 1( iiilii iik ni
Paniii eert<iin don\ ii<^>o(<
Sonleun Jiav (upiilon
J.a l)elle .'ie lioiiva (> i"'"'
F.Ile aeeonrii.i dnii y ii < on
X "
ïijyl\
^r%>
Ipiés de tendres promesses
Son Aiuaiit.pcir intérêt,
I .i inéprisc et la délaisse,
II liât aiii champs sans dél.ii\
\ii ré(>'imeut de IVoveiiee,
Il lut soudain s eniolei-,
Kl^selltau1 miJle simdiaiKM s
^omi'eanl à sa liien année
■R.
V '-
if
S
Manon se iondait en laiines
Depius son einiaoenionl ,
Pleurant et reisant des larmes,
F.n serrant son rlier eulaul .
Al\ ' mon pauTre iils, ton père
ApOTii noTis pen damitie
Mais enpeii de temps tameie
Pimna sa «mante
1 ^ ^jl
le sarlmit \ ^ll^ li m i \ n ,
.Sans eli c liop i loui du
l.a lielle mit in noiiinii
.■^onpoiipoii sontiudii iils
Sans eu duiiuei (oiin.iissaUM
lai o ait, on ( 11 s lialnlla
Plus s m tut )olii(lie Pi oitine
Oula Lelh s <miaç><.d
^|1
Silc T>avl)ai'c ejit si traître
Dites-moi 1a venté,
■Pour poTïroirivnCTule comiaîti-e,
Tous potirez l'interroQ-er;
-Emî» a_raiit quitté la telle.
Le leiiiemaîu 1 iiui) o »t eux'
Prit Tui coiio'é (Le sa belle,
ït se «léclai'O ti'ouipeu'i'.
Manon A^t entrer le trailre,
Om revenait du (piarUer,
Sitôt elle sentit naitre
Le (lesn- de se veii<i;ev.
Poiu" enp'eulrei-la «jnerelle,
A sou auiaiit Sans- Ouartier
îïle monte eliez sa 1) elle
A de s s ein de le iiar oiier
Le luron tout en eolère.
Lux Ait : cvui t'amène ici?
Vaut décider cette altaire,
A cjufj^ ou six^a» diei.
Manon réçond yar luavade.
Ace traître, à ce lrn>oii;
i» loiiQ'-teiny»
clieiclie l'o
aniai'fldc,
asion .
Elle lui dit en colère.
Allons TÎte, riial)itl)as,
\ point de Ijotte première,
allons - nous ^us qTxarx tr-épa s
xiand elle fut en cliennse,
n fixa son sein mio-noiv
de sa surprise,
^connut Manon .
^j Sonepec toiuLa parterre,
H 8e jette a Aetix jj-eiiotxx.
!,<• iiia|()r vuil en pcrsoim
Poiii' savon- iiactfinriit
Ce
•V
I II a 11 111
il sui le rliaii.
£n Tersant de» plenrs anières, Si Maiidii (■(ail iiii Ikhiuik
Pour appaiseï- son courroux:
Avec transport il 1 eiulira s s o ,
Eu la sciraut tciHliciuciit ,
I.a prie (le Itii tkirc oi-acc
An nom Ae son cLei- enfaiil
Kt roiiii.'ii s .saii t Iciii- in'y-ofi'
l.i'ur fil pnlilii-r ilc» liaii.s,
l'uis li'nr lil Cure des iince
l.i- plus iiiay iiiii(|^U(iiieiil .
I. époiiv écrit à son père
l.aveiiluve (le Manon.
I.emicl appicnaiit latlaire,
p; S ei vient à la «iMi-msoii;
I liaiiiK' île eelle noiivoTle,
F.t Ic'Ui s iou<iés liieu sioMlés
s, 11 1rs .•miuenr a Nivelle
l'iiiir rivre en lia nij^mllit e.
MAITOIT
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yi-Mi^. — Inipiiuii.'iic de Pillut iils aimî, rue des Grancls-A:igM'<tins,
DANS LES GARDES FRANÇAISES,
l'LAl.NTES GRIVOISES.
(CUAl^SO.X ATTRIBUÉE A VADÉ* )
4ÎUitiii]iir imiuiçià- luu-i- uaciin).uuuuitunt pur fi\. l]. (Eolrt.
NOTICE.
lii Cliaiison grivoise cul peiidaiil un lonips une cerlaiiie vogue, qu'elle diil à la iiouveaulé du genre dont
Vadé lut le ciéaleur. \ous ne pensons pas que celle-ci soil de lui, quoiqu'elle lui ail élé géiiéralenienl alliibuce :
on ne la trouve dans aucune édilion de ses Œuvres. Vadc mourut en 1757, et nous voyons la Chanson
Bans Us Marbra françaises, imprimée pour la première fois dans le recueil iniiluié Cljansonnifr
français, en 1760 (vol. 6\ page 192). Elle est sans doute de quelque imitateur du poète que Voltaire
appelait et polisson ic Uaîif, et dont quelques gens nommaient le genre, la 6rossirrftc })oi3sar^r,
tandis que le sc\ère Fréron, sou contemporain, appelait tout simplement celle nouvelle poésie U (6cnrc
poissori). Celle espèce de chansons parut d'aulanl plus amusante, qu'elle conlraslait avec la plupart de
cilles qui remplissaient les recueils, et qui étaient des bcrçif ries assez semblab'es aux peintures des trumeauï,
ornées de houlelles et de paiinclièrcs euriilianées, de montuns bien peignés et de bergères coillées à la
l'ompadour. Les iJruneites, les Muselles, les Chansons anacréunliqnes, les Chansons de table et les \ande\illcs
satuiques se partageaieul le reste du domaine de la poésie chaulée, cl les Iris et les Chloris marchaient eu
compagnie de Bacchus cl de Jlonius.
La Huse enjouée de Vadé le prit sur un ton qu'il ne faut cependant pas confondre avec le burlesque. Elle
peignit une nature basse à la vérité, mais qui u'élait pas sans agréments. Vadé fut le (Lcnicrs de la poésie,
dont les autres Chansonniers étaient les lUattra». Les amours de corps de garde, dunt notre Chanson est
une peinlure, ont aussi leur originalité. Aous aïons dit que Vadc a\ait eu des imitateurs, parmi eux se
trouvent des noms célèbres, car à ceux de piron el de iCanjon on peut joindre celui de VOLT.VIllE.
les Poètes qui se permeltaient ces plaisanteries, n'y menaient pas assez d'importance [lour y allacber leur
nom : cependant la Chanson grivoise, Ilans les (&or&fs francoiscs, a eu beaucoup de vogue, puis-
qu'après aïoir élé composée sur l'air connu, L^our un .Smant friuoU-, un musicien ne dédaigna pas de
lui faire les houneurs d'un air nouveau, qui est resté comme type dans les Vaudevilles.
l'nc autre preuve de son succès, c'est qu'on la jugfa digne d'une réponse qui n'a pas moins de onze
couplets et qui est imprimée à sa suite dans le 10* volume du (Cljansonnicv français. Il s'en faut de
beaucoup que la réponse vaille la Chanson; mais ce genre était à la mode, et les libraires demandaient du
Vadé, comme ceux du siècle précédent disaient à leurs auteurs : iFaitcs-nous in Saint-(gDrfmon&. Ils
savaient toutefois qu'ils faisaient des pastirljcs et n'avaient pas la naïveté de ce Monsieur, que je trouvai
deriiièremeal écrivant sur un beau cahier. Je lui demandai ce qu'il faisaii, el il me répondit a\ec bonhomie
3c fais îles Jîcnsccs î)c £a Uocljcfoucault.
Les Chansons militaires sont de différentes sortes et ont du avoir la couleur de leur époque.
Le fa £.iilipc du siècle de Louis XV est un soldat cardé, poudré, ferme sur la hanche, singe coquet des
petits maîtres du temps. C'esl le Céladon des blanchisseuses, qu'il traite en Richelieu de bas étage. Les m-jeurs
de ses supérieurs déteignent sur lui. C'est le soldat poli de Fontenoy, qui (jte son chapeau aux Anglais, en
les priant de tirer les premiers; mais qui riposte ensuite avec cette valeur qui a toujours élé française, el
(jue les otliciers alliaient si bien avec leurs mancheltes el leur jabdt brodé. Ces soldats lires a quatre
rpinglf», n'étaidit pas moins bravos que ffiix de la Itépiibliquc avec leurs [uiiiliilons de !oile el leurs
souliers sans semelles, ni que ceux de l'Empire avec leur belle el sévère lenue.
Ils marcbaienl à l'ennemi en cbantaiil le
iianttiinplan tambour biUtiutt,
et
lîlûlgrc la batotUc
©.u'on liiirr ^cmntll,
ccmrne les Yolonlaires de 91 y couraient avec ÇA IRA cl la CARMAGAOIE, el comme les soldais de Napoléon
j allaient au PAS REDOl'BLÉ, qui élail leur musique, avec accompagnement de lifrc et de tambour, el la
basse continue du canon,
La Tulipe est le nom favori des Chansonniers d'alors. Celui de noire Chanson ,
Ii)c la foloncUe
(Est U pUt6 sfflcrat.
£a rolonellf était la première compagnie du régiment, ainsi nommée parce qu'elle apparlon.iit au colmnl
lui-même. £e fin bas b'rrarlatc rappelle les bas de celle couleur, d'où est venu le proverbe : avec iinr
pipe ft bfs bas Toiiûics.
Nous trouvons dans celle Chanson quelques mots d'argot, qu'il esl bon d'e\pli(|ner, car tniil le monde
ne conuait pas ce langage comme Vidocq et comme l'anleiir des ilU'stcrrs bc paris. La TOQLANTE es!
une monlre; la 1]RA^LA^TE esl la chaîne : quant au COlLAiVf, celait une espèce de boucle, à la mode
alors, el qui retenait le chignon.
Kolre Chanson est connue et ordinairement imprimée en si\ couplets ; mais dans le Recueil même où elle
av?il paru , les édileurs l'ont donnée plus lard eu la complélanl, avec colle note : " Ces sir rouplcia bc
tftt? Qlljanson, qui se trouoe au rinquinnr uolunir, nr suffisant pas pour rcur qui br-
sirciit anoir bcs (El)ûnsous roinpU'trs et rrjulirrrs, nous anons rvu bcooir la rétablir ici
buns son entier. "
Nous ferons comme eux , en donnant les cinq couplets sui\anls :
ÎDeurièmc €ouplet.
Se découvrant sans feinte,
A la Conrtille, un jour,
11 grelolait de crainte.
Quoiqu'il brulàt d'amour.
Je meurs, chère maîtresse.
Dit-il, prenant ma main.
J'en pleurai de tendresse
Il ne lui cachai rien.
troisième Couplet.
Il me jurait sans cesse ,
Qu'il m'aimerail toujours,
llelas! sur sa promesse.
J'approuvai ses amours.
De toute sa tendresse,
Je faisais mon bonheur,
El par ses tours d'adresse,
Il se rendit vainqueur.
(Cluatrième Couplet.
Quoi ! fallait-il me rendre.
Pour cet amant ingral?
j'avais le cœur trop tendre,
Pour un simple soldat.
Je veux êlre pins fière,
Puisqu'il me laisse là.
Je serai plus allière,
Et n'aimerai comm' ca.
©njicme Couplet.
Sans écouler ma plainte ,
Le drôle avec Câlin,
Sans aucune conlraiule.
Va boire un pot de vin.
J'étais pour lui trop bonne.
De souffrir ses amours :
El puisqu'il m'abandonne.
Je le fuirai toujours.
SûUjième et brrnier Couplet.
J'élais, ma foi, trop bêle,
D'aimer ce libertin.
Qui venait lélc à têle.
Manger mou saiul-frusquin.
S'il me trouvait gentille,
D'aulres aussi verront,
Que je suis brave fille
Qui ne veut pas d'allrout.
Ces couplets me paraissent évidemment d'une autre main que la Chanson. Ils auront élé faits par quelque
chanteur des rues, et pour satisfaire les amateurs qui aiment mieux la quanlilé que la qualité. Ils me rap-
pellent ce bon mol de Fonlenelle : 31 y a bes gens qui ne quittent pos une bonne plaisonterie,
qu'ils n'en aient fait une sottise. Dl' MERSA.\.
4.,
I lie pcUlo rpiilo
OxLuii mousu-ui- m'avait fait .
-Mon co\ilaiU,iiia braiilanfr
foiU est aTiLei-mq,iict ;
H iL-toTu-nait ines poclies,
.S;ais iiic laisser tui so\i;
Ce n est pas par i-eproclies
3ÎAJS il uiia iiiaiuré tovit
I.auiul cpiaiidje somuinUc
■II' pense à mon coq^tnu;
Mais le plaisir niéreiUe
icuantnioîi tTarersui:
la clianfe est tien ton i-i.e,
A présent c'est Catin
Oui suce la dTag-ée,.
Et 21)01 le chicotin.
-^^"^^rJn tme Ju r JiàtJr^,
;y|ii«')jaâ"<r'.
]'i i.'MFs iïvm: amante aba.\i)o.\.\i:i':
Bans les ^-ardes iranç,vises
'l^AlS Tin AmOTlT-eTlX.,
HQ^-ant, chflTid comme liraisc
me, beau, vio-oxireiix .
Maxs de la Colonelle
Ce^tlcpKis scélérat;
Ponr -nue p en-oTiiielle
le e^-\Tenx m'a planté la .
11 arait la semaine.
Deux fois <lu.luio-e blanc,
¥.t comme lui Capitaine
la. To(]^uanle d'aro-ciit,
T e fiiibas décarlate
V côtes de nvelon,
tt toujoiu-s de ma patte
fuse coumxe un Biclxoii .
DAITS LES^ 3A71DS3 PHAH^j^ISIiS^
Chant.
Andantino
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Dans les Garcles-Fran ç.ii - ses J'avais un a - mou
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(iVocedcs de rjiili-ii.slein vl Cordcl, 90, nie de l:i Hariie. )
fj: Fin.
Imprimerie de Pilli x riLS ai.m':, 7, nie de^ Grands-Augostins.
LA BELLE BOURBONNAISE.
GRAVURES: 1" et 4° planche par M. Couché. — i' et 3« planche par M. Torlet,
iîluôiquf onanjjcf aun- lUfompnijncmcnt bc piano pui- M. i). Colrt,
NOTICE.
Celait sons louis XV que l'on chanlail la fiouvbonnaise. Beaucoup de personnes oui cru que celle Chanson
avait été faile contre Madame Dubarri , et il est vrai que dans les Chansons et les Pamphlets du temps, on
désignait cette favorite sous le nom de la flourhonnaiâc. Cependant, ce nom ne pou\ait pas faire allusion
au lieu de sa naissance, puisqu'elle est née à Vaucouleurs, dans le Bassigny, en Champagne, et par un
singulier rapprochement, dans la patrie de Jeanne d'Arc. Elle portail aussi le prénom de Jeanne, ce qui rend
doublement piquante l'épigramme qui courut en Avril 1771.
iFraïuc, quel est ïiour ton ùcôtiii,
D'ftrc soumiôc à la femelle :
Ëoii ealut tiint &e la pueellc ,
®.u périraô par la ratiit.
Quelques étymologistes ont pensé que Madame Dubarri avait été surnommée la Courbonnaisc, parce
qu'elle était la maîtresse d'un Bourbon. Mais la première Chanson de la fiourboiuiaisc est antérieure à
la faveur de Madame Dubarri, elle avait été faile, dit-on, sur une courtisane en vogue, qui, comme
beaucoup de ses pareilles, était tombée dans la misère; peut-être même cette Chanson u'éliit-elle qu'une
fantaisie d'un chanteur des rues.
Quoi qu'il eu soil, on voulait en assimilant la "favorite à la Bourbonnaise du Pont-Neuf, la ridiculiser et
l'avilir. Outre les Chansons on employa les Caricatures, et on en connaît une qui a été répétée dans le Musée
î)e la Cavirature (tome 1, pi. 75). On y voit la Bourbonnaise quittant son village vêtue en paysanne et
avec des sabots, puis elle paraît richement velue, dans une guinguette où elle est entourée d'adorateurs de
tous étages. Le titre de celle Caricature, est : Ce orat portrait ùe la belle Courboiiuaise.
On jdignit les Pamphlets aux Chansons et aux Caricatures, et il en parut un entre autres, inlilulé : Uie
be la belle i3ourbounaide, rerite par elle-même à sa mère. Ce Pamphlet la fait mourir à
l'hôpital.
La Duchesse de Grammonl, qui avait brigué la succession de Madame de Pompadour, furieuse de se voir
préférer Madame Dubarri , lit partager sa rage à son frère, le Duc de Choiseul. Celui-ci résolu! d'ouvrir les
yeux du Roi sur l'infamie dont son choix allait le couvrir, non directcmeni, il en connaissait trop le danger,
mais par les voies les plus détournées. Il lit consigner les aventures de la Comtesse dans des Vaudevilles el
des Nouvelles manuscrites dont on amusait les cercles. La police, aux ordres du Minislie, loin de jeter
officieusement le voile sur les turpitudes du souverain, contribua la première à les divulguer par ces pont-
lîeiifa, dunl elle amusa la populace de la capitale : Pont-Neufs allégoriques, mais dont chacun eut bientôt
la clef (Voyez la Uie prince De Couia XV, par d'Angerville, tome 4, p. 1G3). Il n'y eut pas jusqu'à
Voltaire , qui , pour faire sa conr aux Choiseul , uc s'égayât dans cette occasion, il se permit un Coule intitulé ;
r-?lpotl)f03c hu Rot ^îftiutt, ce conlc en vers esl imprimé dans la Corrfspon&ance dcnrtc oc
iîlctrn, lonie 2, page 314.
On vil aussi paraître une (Êpîtic a iîTarjiot, par Dorât, salyre assez ingénieuse : mais l'auleur craignil
la Basiille, el eu ût une réfulalion qui uc valait pas la satyre. Ces deux pièces se trouvent dans les iaatcs
bfCouisXV (tome 2, p. 318).
Une diatribe moins fine mais non moins insultante , qui se trouve dans le même ouvrage (tome 2, p..239) ,
esl celle où l'on fail mention de toutes sortes de iSonla, même de ceux dont l'usage esl peu propre à
être désigné.
Voici ce qu'on lit dans le fiullftin bes VlouocUfs qui couraient dans Paris, el ne pouvaient guère
être inconnues à M. de Sarlines, qui en plaisantait lui-même { 15 Octobre 1768) :
" Hcpuiô quelque tempe, il court une Clianeou iutitulée : la Bourbonnaise, qui o été
réponîiuc avec une rapidité peu rommuue; quoique les paroles eu soieut fort plates et
que l'ûir eu soit ou ue peut pas plus uiaia. Ces igcus qui raft'iurut sur tout out prctcnbu
que r'ctoit \\n Uaubcuille satirique sur une rertaiue fille bc rieu, paroeuue à jouer un
rôle ft û faire fiçiure n ta Cour. "
CelteChansoii, la UouocUe fiourbouuoise, fut suivie de beaucoup d'autres ; l'approbation de M. de Sarlines
esl du 16 Juin 1768, le temps précisément oîi Mademoiselle L'Ange venait d'être produite à la Cour. Ce
nom de L'Ange était celui qu'avait adopté Jeanne Va-ubernier , selon l'usage des courtisanes, avant de
prendre celui de Dubarri. Les autres Chansons sur la favorite sont trop ordurières pour être rapportées,
(jauerbortes sur ilTobame la Comtesse Dubarri; Londres, 1775, p. 75 et suiv.)
On sait que rien ne put s'opposer à la passion du Roi , el que Madame Dubarri l'emporta sur M. de Cboiseul
qui tomba dans la disgrâce. Son triomphe avait été prédit dans un joli mot du Duc de Nivernais. Lors de
la faveur du chancelier lUaupeou, la Comtesse ayant rencontré le Duc, un des protestants au lit de justice
(en 1771 ) , lui dit : i\\. le Duc, il faut espérer que nous nous bcpartirej be tjotre oppositiou,
cor, nous t'aocj euieubu, le Koi o bit qu'IL !\E CHANGERAIT JAMAIS. — ®ui, iïlabame, répondit
le fin courti.san; mais il oous regarboit.
Ce qui prolongea jusqu'à noire époque la vogue de l'ancienne Chanson de la Bourbonnaise, ce fut la
manière dont elle était chantée par le fameux Grimacier. Cet homme, appelé Vaisuani, dit l'Italien, était
sur le boulevart du Temple, où, monté sur une chaise, il exprimait par les jeux de sa physionomie mobile
les diverses alTections des sens et de l'ame. Il fut bientôt si couru, la foule, pour le voir, devim si grande,
qu'il imagina de s'établir dans une barraque, el de faire payer à la porte. Bientôt il céda son entreprise
à un moutreur be mariouuettes, s'obligeant néanmoins à paraître dans les entr'acles. Les marionnettes
servirent ensuite de passeport à des comédiens en personne naturelle, el ce Théâtre devint, en 1774,
celui bss ^associés, qui prit à la Révolution le titre de Cljcàtre patriotique du sieur Salle, qui
fut ensuite le Uaubeoitle bu ôoulepart, puis le 3LI)éàtre sans prétention, le Spectacle be
iîlabame 5aqui, et qui a pris enfin, aujourd'hui, le litre de Délassements Comiques, emprunté
à un de ses anciens voisins.
h' grimacier Vaisuani avait quitté Salle, son associé, vers 1787 ou 1788, car à celte époque, il faisait
la parade devant la porte d'un sieur Noël, qui montrait les Scènes be la Çlassion avec des figures
automates, à peu près à l'endroit où est maintenant le SLI)éàtre bu petit jCajori. il était affublé d'une
perruque de crin ou de filasse, avait sur le nez d'énormes lunettes sans verrre, qu'il faisait danser par une
contraction de son nez, et il accompagnait sa Chanson avec un violon composé d'un long manche avec deux
cordes, auxquelles une vessie servait de chevalet. Il exprimait d'une manière très grotesque le rire et les
pleurs aux refrains Ija ! Ijo ! I]a ! Ijû ! de la Chanson de la Bourbonnaise.
Ce grimacier, après avoir disparu pendant la Révolution, reparut sous l'Empire; il pouvait alors avoir
une cinquantaine d'années, et il chantait encore la bourbonnaise dans les rues de Paris; mais il avait
changé de costume ; le premier qu'il avait porté était une espèce d'habit de Pierrot, couleur de rose, avec
des garnitures vertes et d'énormes boutons de la même couleur. C'est ainsi qu'il est représenté dans les
gravures du temps, reproduites dans le iilusée be la Caricature, T. 2, pi. 224. Sous l'Empire, il
était affublé en Marquis ridicule.
Le destin de la Courbonnaise était de ressusciter une troisième fois, et on l'a vue en 1839, sur le
2.licàtre bes iolies Dramatiques, dans une pièce où l'acteur Heuzey a chanté sa Chanson, el imilé
le grimacier qui l'avait rendiic fameuse D"
^^1^ -
l.A AOrVF.LI.E IJOIRHON.N.VISK
La Boiirboiiuaise,
Arrivant à Pans,
A ç-ao-nc des Louis,
La B()ui-l)Oimaise
A o-aq^ué des Lonis
CUcz Tii\ luart^uis.
Poui" apanao-e
Kllc avait la beaiite,
YA\o avait la bi-anté.
Pour apauao-o.
Mais ce petit trésor
Lm vaut de l'or.
Etaiit servante
fiiez un nclio spîo-iieur,
Klle lit sou bonlienr
Ouoique servante.
Elle lit son lionlieur
Par sonliumcuv.
Tonjouvs l'aeile
Aux; discours d'un amant,
f e seijjnieur la Tovaut
Toujours facile,
Prodi^-uail lespréseiis.
D e t emp s en t enip s .
De Loiiin's
l'oiiles
Eli of^iii^a^-e
Il lui fit un
■ouU'al ,
Kllc voule (i'iAinl Uwiii
11 lui ftt un
ooulral
}ille l'oxilc ^i^-raiiil ii-iuii
l)cl>.inn.-s 1
cnU-s ,
f.Ji ,:<n.n,a.i-,-.
y.llr <-s1 (1,1 n>
i.i •nai.s.ni
Kl j.iolèi.' Pans,
Sur l<- l...n
on .
A son 5, ay,.
De l'aysaiim-
Kl le rs( (1.1 me à yvrsciil
Kilo est (lame .i i>ro.sci»l ,
.Mais oTosse dame.
Porte des falliala»
\)\i liant (Il \>a» .
Klle ejt all.^o
Se laiiovoiv (^■ii eone.
Se laiie voii' en «oui-,
Kllc est all(^' .
On dit (]U elle .1.111.1 1(
l'iu même au Koi '
Ville <ieiitille
Ne desesnerez ii.i.s .
Oiiauil ou a de» a|>j>a.H
On (111 est (A'euliUe,
On troii\ <■ t()( ou laf(l
l'.ii'eil li.i /aril .
J^'Ft'iarJ-a -i^ .l r Jfm^xJ!,^,.
^, ^-
^a
LA 1501 HKONNAISE
«ans Pai-i»,lA<iiaiiA ville,
(iarion.H.femuiej. et filles, //<;j;
\)\^^ ton» le eœiix- défcile.
Kl p OMS» eut des liéla s. V<« /'/<>««■ ,
Ho, l»a. lia. lia,Ka :
Ta belle Bo\irl)oiiiiaise,
1,« niaitres»e de Biaise,
Est très mal à son aise.
Elle e-st siu- le <i-ral)at .
Ho, lia, ha, lio, lia, ha.
Ho, lia, lia, Ka, lia, La, lia, lia .
Est très mal à son aise,
KUe esl sur le o-i-al>at .
N'est-ce i>as T>ieii Aoiuniao-e
Oii'xiiie Iflle aMssi sa^-e. fc,
An pi-int eiup 8 de soiià^-e.
Soit réduite axi trépas .'
Ha, lia, lia, lia:
I.a veiUe J'tui duiiaiiclie
Eli toiiibaut dViiie hraiiehe .
KHe s'est démis la hauehe
y.t s'est cassé le liras.
H... Ua, lia. lia, ft"
l'oTir oni-érir cette fiHe,
On elierelia dans la ïiHe, I hij-J
ïïn médecin liahile ;
Kt Ton ri en troiiya pas.
Ha, lia, lia.lia;
L'on mit tout en nsao'e.
Médecine et lierliaQ-e,
Bon >)OTiillon et laitao-e.
Rien ne la sonla^en
Ho, ha. I.a. lia, R-
Et la pan-n-e malade
D'aro-ent n'ayant pas ^-arde, VS
On tomba sur sesliardes
E.t rien ne lui resta.
Ha. ha. ha. ha:
En fermant la paT.ipière,
Ell'linilsa carrière.
Et sans drap et sans hievre.
En terre on l'emporta.
Ho, ha, ha, ha, «_■ .
l'our laii sonne I les tloihcs
On donna ^cs Qaloch<s /'/i
Sou )iipoii cl se» potliP^
Son nioufhon ot ses Ijah
Ha ha lia lia,' on fih
\\ di "«a soMii .Ta^oU»
On Im donna la < otte
Son n»au((.iii plein d< «voile
\^ant c|U elle expiiat '
Ho ha lia lia ft
la
lljoi
uamit Bombounaise
\a doi niii a son aise liu I
San» laiït<mltt sansdiaisc
.Sans lit et sans sopLn
Ua ha ha ha ' nu pli
Voda qii elle Mieeomhe
File est dans 1 antre monde
l>ni
rlle est dans la lonili
( liant ons son libéra .
H», ha, ha, ho, ha, ha .
Ho, ha, ha, ha, ha, ha, ha , ha . //// 11/
l'ixisqti'elle est dan s la tombe ,
Chantoii.s «<iii libéra.
Jfe»'J'VS«AT liàè !l« rJîiKttfiKt^tJ
LA BELLE BOURBOAXAISE, avec accoiii|)agiipiiieiil de piano par M. H. COLET, professeur d'harmonie au Coiiservaloire
Allegro. J^
Chant.
^=^^=iXn=^^^^-=^=^M-
PIANO.
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m
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,. Dans Pa-ris, la grand' vil-le, Gar-çons, femmes et fil-Ies, Gar-
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( onpleure.)
333
-çons, femmes et (il les Ont loos le cœur dé-bi - le, El poussent des hé -las! Ah, ah,
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m-n m ^ — f f f \PQ P
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ah, ah, ah, ah, ah! La bel-ie Bourbori-nai-se, La main esse de Biaise Est très mai à son
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(on rit.)
'rf f f f ^
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ai - se, Elleeslsurun gra-bat.
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Ah, ah, ah, ah, ah, ah, ah, ah.
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/•eti. Z>o/ce.
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( Le piauoseul fait cette reprise pour la litourDellt!.)
è^r^^EPE^EB^^^^
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ah, ah, ah, ah, ah! Est très mal à son ai - se.ElleesisuruiiLMa-bai
y-gf-l^r-^Tr-T-t?^
LA NOUVELLE BOURBONNAISE
Chant.
PIANO.
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3^:
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TTL
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La Bourbon -naise Ar - ri-van l à Pa - ris,
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La Bour-bon-naise Ar - ri-vanl à Pa - ris, A ga-gné des lou -
fej^^M^^^g^ÉJ^g^^^^
is, La Bourbon- nai - se A ga-gné des lou - is. Chez un inar - quis.
ÎJ3
( Proccdfs de Taiilenstein ot CorJcl, 90, rue de la Harpe. )
l'jii.v. Iin|ir. ik V. I.ocn^^, 16, l. iN.-D. JcsVirtouc.»
>-î»*é.-^
LE MATELOT DE BORDEAUX
Dsssxiis PAU m. TUimoiam's,
GRAVURES : 1" ET 4" PLANCHE PAR M. BRUNELUÈRE — 2' ET 3' PLANCUE PAR M. BOILLY
Quelque arrangée aixc arcompagucinnit i)c piano par Û\. 1). €olct.
NOTICE.
Celle Chanson csl sans doulc forl ancienne, et l'une de celles que clianlcnl les malelols sur les poris el
dans les cabarets, lorsqu'ils sont à terre, et qu'ils y dépensent l'ar^enl qu'ils ont gagné dans leurs voy.iges;
mais sa vogue date de la fin du dernier siècle. Celait vers 1796 qu'un gros Paillasse de bonne mine,
nommé le père Houagcau, chantait la Chanson du iilatclot be Ûorbciuu sur les tréteaux de la
parade d'un petit Théâtre du boulevart du Temple, voisin de celui bea JDcloôecmcnta, à l'endroit où est
maintenant la salle du (Etrquc (Olympique. Ce petit Théâtre avait été avant la Révolution celui bcs
filuettcs , il avait été ensuite occupé par des Marionnet'cs qui avaient le nom de Êranbe pantagonicna,
et qui jouaient le répertoire de l'ancienne Coméïiic Italienne. Il fut ensuite le £.liéàtre î)e illabe-
moiaelle iilalaûia, célèbre danseuse de corde, qui précéda la fameuse iîlabame 5aqui.
Ce fut sur la parade de ce Théâtre que ôobcrl)e allira ensuite tout Paris; mais il n'avait été que le
successeur du pirre Roiisseau, dont la verve et la physionomie bouffonne rappelaient un peu l'excellenl
Bugnjcin. Rousseau, velu en vrai Paillasse, avec le serre-Iête, la collerette el le costume en toile à
carreaux, avait pour compère un nommé (germon.
Voilà deux noms, qui, sans celte notice, n'eussenl point passé à la postérité! Cependant ces Roscins de
bas étage ont en leur célébrité comme d'autres. Oui est-ce qui connaîlrail u:i Achille s'il n'avait pas eu nii
Homère 1
Ce qui faisait le charme de celle parade , c'était l'union des deux acteurs el la manière originale dont
ils l'exécutaient. Rousseau cachait ses bras derrière son dos, et Germon, qui avait retroussé ses manches,
passait les siens sous ceux de Paillasse, et faisait les gestes, auxquels le gros chanteur accommodait le jeu
de sa physionomie mobile. Germon lui prenait le menton, le mouchait, lui donnait une prise de tabac, et
quand, par un gesle dérangé, la prise arrivait à l'œil au lieu d'arriver au nez, les spectateurs éclalaienl
de rire.
Comme Bobèche a élé le successeur du Père Rousseau, celui-ci avait été le successeur de Sabnrin,
qui faisait ses parades sur le Pont-Neuf, il y a deux cents ans. Les noms des Ipumbistea (1) qui onl occupé
(1) Ce mol n'est pas clans le Diclionnaire de l'Académie, mais il ailnv-'l l^ieii paiodistc ! Kiiricliissoiis
la gueuse fière malgré elle.
ft'l iiiliT\alle nous soiil inconnus; mais il n'en osl pas moins vrai qu'ils se sont surcédé, quoique rdji
n'ait pas écril leurs annales.
Uongacou, fiobrrlje el 6alimiifvé ont clé les derniers qui aient eu tlt !a répatalion. le règne des
parades est passé. Il n'en reste plus qu'un vestige unique dans la personne d'un homme qui la fait encore
maintenant à la porte d'uu petit spectacle du boulevart, qui occupe la salle où était jadis le £.l)fàtrcbr9
JJélasefincute. Cet homme est le dernier des Romains!
Perché à une petite fenèlre, il fait le rôle d'un niais, en posant sa grosse têle sur un petit mannequin,
el débitant quelques vieux calembourgs et quelques bribes de chansons, liais le peuple seul s'arrête devant lui:
tandis qu'autrefois la haute société allait au Boule\art du Temple voir les parades qui se faisaient devant la
porte des Slljcàtrrs i)c ttirolrt et iJrs J^ssorica. C'est que les parades d'alors étaient de petites comédies
plus comiques que beaucoup de celles qu'on joue maintenant dans l'inlérieur.
les parades, avant la révolution , étaient exigées par l'autorité. C'était un tribut payé au despotisme des
grands théâtres , de même qu'on exigeait que les spectacles forains et ceux du Boulevart commençassent en
dedans par des marionnettes , pour rappeler leur origine.
Chez Fiicolel , à celle époque , les marionnettes étaient encore exigées : mais on éludait cette ordonnance
en se bornant à lever la toile à deux pieds du théâtre. Polichinelle paraissait, disait trois ou quatre phrases:
puis arrivait le petit chien Carabi, qui emportait Polichinelle. On baissait la toile, et on la relevait pour le
spectacle.
lue fois par semaine on jouait , devant le î-ljcàtrc ie UicoUt , la grande parade des Savetiers , qui
attirail la foule, les voitures s'arrêtaient sur la chaussée, et le beau inon&r ne dédaignait pas ce spectacle.
Cette parade unissait piir un jeu assez plaisant dans lequel les spectateurs devenaient acteurs. Les Savetiers se
battaient el se lançaient des seaux d'eau qui arrosaient tous ceux qui se trouvaient près de la balustrade. Ceux
qui connaissaient cette plaisanterie avaient soin d'amener, et de faire placer sur le devant, des curieux qui
étaient enchantés de ce qu'on leur laissait les premières places, sans se douter de l'aspersion qui les attendait
el qui excitait le rire général.
les trois derniers héros de la parade que nous avons nommés , ont disparu de la scène el ont eu un sort
ditlérenl.
Le père Rousseau qui chantait le iHatclot iie Oorôfuiir, est devenu, vers 1805, marchand de tisane
dans le faubourg du Temple, vis à vis la caserne. Bobèche, ayant eu la prétention de renfermer ses talents
dans un intérieur, s'est fait sifiler d'abord à Paris, et ensuite à Rouen : puis il a disparu sans avoir laissé
<le traces de ses anciens succès ; et Galimafré cessant d'être acteur, et ne voulant pas abandonner les planches,
est devenu garçon de théâtre sur celui de l'Cpérn Comique.
Ayant peu de chose à dire sur la chanson du iilntelot ïie fiorlicaur , je me suis rabattu sur celui qui
la thaiitiiit et sur ses collègues , comme Simonidc n'ayant rien à dire de Sou .athlète , s'était jeté sur Casle.r
el Pollux. Mais nos lecteurs n'auront peut-être pas été fâchés de connaître ce qui amusait nos aïeux el jeliiii
la gaité parmi le peuple. On paye aujourd'hui partout pour entendre d'assez mauvais couplets et voir des scènes
qui ne valent guère mieux. Dans ce temps là on s'amusait gratis, on riait en plein air. 11 est vrai que les
cigarres n'infectaient pas l'atmosphère. Il est heureux qu'ils restent encore à la porte des salles de spectacle.
Du reste, si les parades sont faites pour le peuple, il y a beaucoup d'esprits distingués qui se fout peuple
pour jouir de ces innocents plaisirs. Témoin l'anecdote suivante :
Français de Nantes, directeur général des droits réunis, administrateur habile, el que son goût pour les
lettres avait fait surnommer l'3uactéoii be la iiâcûlitc, avait peuplé ses bureaux de littérateurs et de
poètes. Se trouvant un jour forcé, par dos plaintes réitérées, de gourmander un commis très inexact aux
devoirs de sa place, ce jeune homme expliqua ses retards journaliers par la puissance d'un Çliuûîiiâtc du
IWilevart du Temple, devant lequel il était obligé de passer pour se rendre à son bureau. Ôal)! lui dit
jÎ. Fiançais, avec une surprise mêlée de satisfaction : (Comment se fûit-il ionc que je ne iious v
lue jiimûid lenrontrc?
Si. Français pouvait bien aimer les parades el s'y arrêter, puisque le fameux Bayle, ce philosophe si
profond, ne pouvait s'empêcher de quitter son travail et de descendre sur la place de Rotterdam, lorsqu'il y
paraissait des Marioiinelles
DU MERS.W.
■^1 - s^g,*-^
La collation a AuTe
Trois joTirs, trois nxiits sans dccessé
Mais, an tout des trois jours cassés,
Le Matelot s'est eunuvé .
Le Matelot s'est eiiTixivé ;
Par la fenêtre a r^q-ardé :
Madame, donnez moi mon eonç^é,
n fait bean tems,j 'veux m'en aller.
Beau Matelot, si In t'en vas
Mal de ^^.\o^ txi |)AiloTas;
Tiens, voilà cent écus comptés,
Sera pour \)ou-e à uia santé .
LE MATELOT DE BORDEAUX, avec accompjigncmenl do piano par 11. 11. COLET, professeur «l'Iuirnioiite au Coiiservaloirc.
Moderato. ^
Chaint.
PIANO.
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C'esidansla vil-le de Bor-deaux Qu'est ar - ri - vé trois
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Cesont, ma foi, de bons en-fants. Les mate - fanls. Y a un'
Chant.
Andnnte an tipcg albsero.
- -ff f" Toi*-
PIANO.
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C'est dans la vil - le de Bor
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Dolce.
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- dans, Ce sont, ma foi, de bons en - fanis.
fants.
=^ii ij. i i-^^^?=rTT^
Fin.
( l'rotédes de 'raiilcusleiu et Cordel, 90, rue de la Harpe. )
l'.iiif. Iinpr. iJcF. Lornul^, 16, r. ^.-ll. do^ Vicloir
DESSINS DE m. STEIïSaJEiï. ,
(iUAVURKS l'AR M- FKRDiiNAND UKLANNOV,
usique arfjEgee avec accompagnemeEl de piano par M. H. CÛLET, professeur d'harmonie au Conservaloiie.
NOTICE.
Boiiaparle élail revenu vaimiueur [el vainqueur en trente jours) de sa seconde cain|Uignc d'Ilaiie, celie
tju'ilhislrèrenl surtout le passage du mont Saint-l{ern;ird et la victoire de Hareiigo. Il élail facile de voir eue,
suivant l'expression de Charles Nodier, dans s;i llupolronc, le Général-Consul rfonii bqn ['(Êiupirt-;
el plusieurs conspirations, entre autres celle d'Aréna, n'annonçaient (|ue trop au nouveau César qu'il pouiail
aussi rriuT le poigniirîi bc Urutus. Mais un attentat plus làclie, puisque ses auteurs restaient caclus
tout en frappant, plus féroce puisqu'ils ne reculaient point devant l'idée de sacrifier eu même temps
d'inoll'ensives victimes, se préparait mystérieusement contre lui.
Ce fut le 3 nivôse au IX de la république [2i décembre 1800) que ie passage du Premier Consul par
la rue Sainl-Nicaise, pour se rendre à l'Opéra, où allait se donner la première représentation de l'iDratovin
d'Haydn (la (Crratiou in iJlouùc), fournit aux ténébreux conspirateurs une occasion favorable pour
exécuter leur dessein.
Nous reproduisons ici le récit (connu en langage populaire sous le nom de rnitorb) qui fut aiors cné
el vendu dans les rues, au sujet de cet événement. Ces narrations improvisées sonl précieuses à recueillir,
parce qu'elles retracent avec fidélité les impressions du moment , el semblent ainsi nous reporter en quelque
sorte à celui de la catastrophe : '
GRAND DÉTAIL EXACT ET CiRCOXSTAXClÉ DE L'EXPLOSION
Qui a eu lieu le 3 nivôse dernier, à huit heures un quart du soir, dans la rue Nicaise.
"£e 3 uinoâf, a l)uit ijcurcs Du soir, U prcmirr €oii5ul se rrnîiait a l'(i>pcia, avec eoii
piqiirt ii( gtubf; nvriuc n la rue Uiraiâc, une inauoaisc rljarrette, attelée b'u» petit
fijeDal, oc trouoait plarcc &c manière à embavraâser le paasoge. Ce eoeljcr, quoique allant
crtrèmement uite, a eu l'alireasc be l'éuiter. — }3eu îi'iuâtants apièa, une etploeion terrible
a raûsé les glaces îie la uoiture, bleesé le cljeoal bu bernier l)omme bc piquet, brise
toutes les uitres bu quartier, tue trois femmes, un moteljaub épicier et nn enfant. Une
quin)aine be maisons ont été consibérablement enbommogées. — 31 paraît que cette
ci)nvrettc contenait une espèce be madjine infernale. Ca bétonation a été entenbue be
tout paris; une banbe be roue bc la cl)arreltc a été jetée par-dessus les toits, bans la
cour bu consul (Cambacérès. Ce premier Consul a continué son djcmin et a assisté à
I'Oratorio. — 31 V a i)cuï mois, le ôouucrnemcnt fut préoenu qu'une trentaine be ces
!)ommcs qui se sont couocrts be crimes à toutes les époques be la Hcoolutiou, et
spécialement auï 3ournées be Septembre, anait conçu le mrmc projet, depuis fc temps,
bouH" sont bétcnus au Semple. — CCes bétails sont crtraits bu Jolr.\ai. OrFiciiiL. —
îT'erplosion a probuit un effet terrible sur les luiiisons cnuironnantes ; cciUs qui ctaieiu
If9 plus prorljes eoiit prcâque îiffniitfs. Un mitv 6e Dinçjt-i-iiu) piiôe, qui fnnnc U
îiriTtrrc bf9 fnirtrs bu ritoycix Crbvun, iroiairmc €onsul, o né rcnuciôf, et le* bclirio
île rc mur ont rtr jrfrs n oingt pir&a bans l'iutriicur. — €ft rDcnriucnt o coûté la nie à
plusieurs personne». 31 s'en trouuc aussi be çiiiciirmcnt blessées. Ces uitres îie tout le
quartier sont presque partout brisées, même eelles ic toute la facabe ôes huileries qui
îJonitf sur la cour, parmi les blessés se trcuue le citoyen £.repsa, orrljiteeie, âgé &e
soiroute ans. — £(i madjine infernale consiste en une espèce bc baril que l'on croit être
rempli î)c balles, be marrons et bc poubre. £l)epalier bit qu'il y a hï à sept liores be
cette bernière matière. 3 ce baril tient un canon be fusil solibemcnt firé, garni be sa
botterie, mois avant la crosse coupée."
Nous complèlcroiis ce rccil en y ajoulant quelques circoiislances assez curieuses , el le dénouement de ce
drame odieux.
la charrclle devait êlre phicée, à rapproche du Premier Consul, de manière à obstruer le passade, et sa
voiture en la heurtant devait, par le choc, produire elle-même l'explosion; heureusement, le cocher sut éviter
cel obstacle avec adresse, et s:iu\a ainsi sans le soupçonner une grande destine'e.
le bruit des roues de la voilure ne permit pas au Premier Consul , ni k ceux qui s'y trouvaient avec lui , de
reconnaître bien distinctement l'ellet de l'explosion; ce fut seulement après son arrivée à l'Opéra qu'il fut mis
au fait. Joséphine, allarméc, le supplia de retourner sur le champ aux Tuileries; il s'y refusa, et ne voulut
partir qu'après avoir entendu l'Cratorio jusqu'à la fin , et sans que sa figure révélât aucune émotion.
Ce sang-froid ne se maintint pas k l'aspect de son ministre de la police, Fouché, qui l'attendait au Palais.
— "Ce sont vos Jacobins, lui cria t-il furieux, qui ont fait ce coup-là!" — "Je les en crois très capables,
répondit tranquillement Fonclié, et je vais donner des ordres pour leur arrestation. Toutefois, j'en soupçonne
encore d'autres, et j'espère qu'ils ne m'échapperont pas non plus."
On commença en effet par faire une rafle des Jacobins les plus connus, au nombre de cent trente, el,
quoique suivant la prévision de Fouché la découverte des vrais coupables eût lieu quelque temps après, les
cent trente détenus n'en furent pas moins déportés par un bon arrêt bien juste, comme dit Figaro, de ce
Sénat qui préludait ainsi à ses serviles complaisances.
Avec une plus éiiuilahle sévérité, le Tribunal criminel de la Seine condamna à la peine de mort les
véritables auteurs du crime , qui appartenaient au parti royaliste , et dont les deux plus connus étaient
Carbon el Saint-Régent.
Un bruit, alors très répandu, attribua la découverte des coupables à un dîner de corps, à un louis par
tête, donné par les cochers de Paris au cocher du Consul, sauvé par lui, comme nous l'avons dit plus
haut. Dans ce repas, dit-on, la police, qui est partout, recueillit des détails qui la mirent sur la voie.
Ce ne serait pas la première fois qu'elle n'aurait du qu'au hasard d'importantes découvertes.
les ravages produits par l'explosion se trouvèrent plus grands qu'on ne l'avait cru dès les premiers moments.
Huit personnes furent tuées , entre autres le conducteur de la charretle ; il y en eut vingt-huit de blessées, dont
dix très grièvement. Quarante-six maisons furent fortement ébranlées cl endommagées : ce qui produisit la
suppression de l'étroite el incommode rue Saint-Nicaise, et le dégagement de la belle place du Carrousel.
la Complainte inspirée par l'attentat de la iîtacljiuc Infernale eut une grande popularité, due à la
fois au nom du héros de l'aventure et k l'importance de l'événement. Sa naïveté originale la rend encore fort
curieuse aujourd'hui : car on peut dire de celle pièce ce que Montaigne disait de son ouvrage : " Ceci est
une œuvre de bonne foi." le modeste auteur, qui s'était caché sous une simple initiale D'", chaulé
l'endanl plus de six mois par les ménestrels de nos rues, résista à l'ivresse du succès, cl ne livra point sjh
i;om à l'admiration populaire : bel exemple pour nos auteurs d'un jour !
COMPlAmTK. StR LA MifHÎSE INFERSAIE.
Chantons le récit fidèle
Du pins hofriWf attenlat ,
fjtcrce conlie Ihlat,
Rue ^icaise, au f arvoazcUe-^ .-:
De ce feil la venté
Fart (i-cnui; l' humanité.
liie maeliilic hifrrnale .
De nouvelle iiiveulioR,
Fit, par sou explosioa.
In dé<i."At qne nen n'éo'alc ,
Renversant aux emiTous,
les liomnies et les maisons .
Le Consul, dans sa voitTire,
Aliiislaut passait pai-là ;
Il allait à l'0])éra ;
C'était àlm.,eliose sûre,
Ou on vbnlait donner la mort .
Mais ee lut un \aiu effort.
tlyJllJl ,
j « ^ il ((( ()♦), ,
sr-;
De SCS ilifvaiix la vitesse
-tvait devance le coup;
Mais s'aj-rétaiit tout à coxip,
lie s'infoniirr il s'empresse;
Sans- craiiidiT ce noir dessein,
fl poursuivit son clienim.
Son épouse, toute en larmes,
Veut parla^/er son danq-cr ;
.Mais on vint la rassurer
Snr res hornltles xacarnies;
l.ui disant, il csl p.nsse.
Le Consul n'est point liie.ssé.
Bientôt, dans le voisinao;e ,
Les blesses et les mourans
Poussent des ^cnnsseniens ;
D'autres se font un passao-c
A travers mille débris ,
Pour se sauver dans Pans .
(cite iiiai'Iiiiir infernale
Ktait laite Aiin toiuieau ;
£t renferiiiail , au lieu d'eau ,
Beaucoup de poudre et des bal
Cette invention d enfer
Avait des cercles de fev.
Les éclats de la macliiiie
Lnloncéreiit les maisons,
ht la chiite des plafonds
Eiitassa sons leur ruine
l.cs meubles et le» trésors,
Kt des blessés et des morts .
J.e Tnbunal, plein de zèle.
Le Sénat -Conservateur,
Ministl'c et l.é<i;islateiir,
Le Conseil d étal fidèle,
■Au o'iaïul Consul en ce jour.
Vinrent prouver leur amour
Jt^TC^tÙK .avM rBaa^aaffc.7itn
a:?, de la wàckiiîs :iî?EP.mE
A\f(! acrj;i',pagi!Cir,fiil do [ii;;iio par M. II. COLET, ]>iofi'!8Ciir iriiarniaiiif au C(i;.s;'i'\al.,irc.
Soprano.
Ténor.
Basse.
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Lenlo.
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r,n.
Taris. "]iii|i. l'iiii(!rvl)u|MiS 4iî, r. Si-Lmii!s, an Si.nui^
LE RpETEIL m PEUPLE
PAROLES DE SOURIGIÉRE DE SAINT-MARC, JlllSIQUE DE GAVEAllX
GRAVURES : 1'' ET 4* PLANCUHS PAR M. WARGEOT. — 2* kt 3' planches par M. WOLFF
JHuôiquf arrungéf ponv le pinno par Hl. S\, CoUt.
NOTICE.
Le réveil du peuple fut le réveil du lion. On voulut bien lui faire mire qu'il avail dormi, quoiqu'à
celle époque personne ne dorniil bien tranquille, r.ir on n'élail pas sûr d'achever la nuil dans sgn lil. Toute-
fois, le 9 Tliermiilnr avait ou\ert les yeux de bien du monde sur le pouioir i-fTiayanl des Jacobins et des
Terroristes. La cliule de Robespierre n'avait pas enlièremiMit enlraîné son parti, et ceux qui lui survivaient
et qui voulaient continuer ses principes étaient appelés dérisoirement ta (Ctunie bc Robcepirrrc. liais
il fallait autre chose que du ridicule pour achever de terrasser l'hydre et de lui roitprr lo qufitf. Collo!-
d'Herbois, Billaut, Vadier, et leurs adhérents, qui avaient concouru à la chute du lyran populaire, n'avaient
voulu que se défaire d'un dominateur qui menaçait à chaque instant leur vie. leur désappointement fut irrand
quand ils virent se développer avec une rapidité irrésistible, la réaction née du 9 Thermidor. Ils relour-
nèrent aux Jacobins, et voulurent refaire de cette assemblée aniirchique leur centre d'action. .Hais le 23 Veu-
démiaire an IV (16 octobre 1794), un décret de la Cnn\eiitiiMi défendit loiile association, fédérations; et la
jeunesse de Paris commença dès lors à livrer auv Jacobins une guerre acharnée. Des collisions, quelquefois
ensanglantées, s'élevaient partout et à chaque inslani, entre les oppresseurs de la veille et les vainqueurs du
jour. Ce fut à cette époque que parut la Chanson du Ucunl îiu [Jntplf , composée par Souriffiière mise
en musique par Caveaux, et chantée sur le gll)ciîtrc be l'®prra. Rieiilôt elle courut les rues elles prome-
nades, et fut dans tontes les bouches. On la chantait à la face des Jacobins, qui riposlaient par la lilor-
ecilliiisf, il s'ensuivait des rixes; on demandait celte Chanson dans les Théâtres, et les batailles recom-
mençaient.
Le 13 Brumaire (3 novembre 1794), Hillaul-Varennes s'écria à la tribune des Jacobins; (duc Ira
rontre-rcoolutioniiairf» ne ô'imagiiirnt pa^ qu'ils pourront triompi)er. iTca patriotes ont
pu garùrr un ineiant le silcnrc; mais le lion n'est pas mort quant) il sommeille, et à 60»
réoeil, il ertermincra tous ses ennemis.
Le lendemain, ces paroles furent dénoncées à la Convenlion, et Tallien y répondit avec vigueur ; enfin, le
19 Brumaire, un décret proposé par Rewbell, ayant ordonné la suspension provisoire des séances des Jaco-
bins, et ceux-ci s'etani assemblés, au mépris du décret, les jeunes gens se chargèrent de le mettre à exécution.
Les portes furent assiégées, les vitres cassées à coups de pierres, et renceinte eii\aliie. En vain Duliem, armé
d'un énorme bâton, tenta une sortie contre les assaillants ; ceux-ci se rendirent maîtres de la .salle, d'où ils
cliassèrent les hommes à coups de pied, après avoir donné le fouet aux femmes. Le soir, les groupes se re-
formèrent plus menaçants; mais un arrêté des Comités du Gouvernemeut ordonna la clôture de la Salle, et les
clefs en furent portées au Comité de Sûreté générale.
Souriguère de Saint-Marc, auteur de la Chanson du tiéueil îiu peuple, était un poète peu connu,
quoiqu'il eût fait quelques ouvrages dramatiques. Il était né dans les environs de Bordeaux, vers 1770. Ses
ouvrages sont : ^rtémibore, tragédie, au illjéàtre i)u illarais, en 1792 ; ittvrrljo, tragédie en trois
actes, au ®.l)fûtre f tjiîieau, en 1776 : cette pièce, dont le sujet était révoltant, eut une chute complète;
(Eéliane, opéra, au même théâtre, et la même année, eut le même sort. Cécile ou la reconnaissance, petit»
comédie, au (2.l)càtre iTouimis, en 1797, fut mieux accueillie; mais ©fianie, tragédie, au î.l)éàtrc
iranrais, en 1806, fut traitée avec une extrême sévérité, que Ion a Inhua à la vengeance de ceux qu'il
;nait allaqués dans son UfOftl îiu IJntplc. On silila dès le premier vers, el la pièce ne fui pas aciievce.
Le poêle Lebrun, renouiuié par le nombre et le sel de ses épigranimes, avait fait la suivante contre le mal
heureux auteur ;
51 tf9 Iriatca ftvite, ^loi» ei tu leur aoiiria,
SLu souris, Sourijucre : ©u ui leur sourit gurrr.
En 1797, Souriguère coopéra avec De Beaunoir à la rédaction du journal £c iîliroir; mais comme il
était oppose -au gouvernement d'alors, les deux rédacteurs fuient condamnes à lu dépoitalion.
En 1809, Soungnèie donna encore une tragédie de Uitcttic , qui tomba comme les autres. Enlin, sa
dernière apparition sur la scène litléraire et politique, fut en 18li, par nu srronîi Unifil bu peuple,
qui n'eut pas la même vogue que le premier. Froissé par tant de chutes, Souri.ïuère se résigna au silence, et
tomba dans une telle obscnrilé que l'on ne sut s'il elait mort ou vi\aiil. L' .^liuanarl) î>cs Spertnelee
de 1825 ne le porte plus sur la liste des auteurs dramatiques existanis.
Son Ucoeil î)u Jpeuplc est son litre le plus important. Les Jacobins y firent une réponse que nous
croyons devoir donner ici pour satisfaire les curieux , celle pièce ne manque pas d'énergie, malgré les fautes
de poésie que l'on y rencontre ; mais il eilt été heureux que les Jacobins n'eussent fait que di's fautes de cette
espèce.
DU MERSA^^
LE VRAI RÉVEIL DU PEUPLE. — Air du Uéueil bu peuple.
1
Peuple Français, peuple iiilrcpide.
Toi le deslrucienr des tyrans,
Entends leur fureur homicide.
S'élever coiilre tes enfanls;
Entends les cris, vois l'insolence
Des muscaiiins, amis des rois;
Ils nienacent de leur vengeance
Tous les défenseurs de tes droits.
2
De ces mignons la horde infâme
T'insulte, peuple souverain :
Ils chassent tes enfimls, la femme.
De les palais, de les jardins :
Ils rompent, divisenl les groupes,
Ils oulragent les citoyens.
Et de leurs insolentes troupes.
Poursuivent les républicains.
3
Jlerveillenx, jouant les victimes
En cadeih'iles retroussées.
Gardez ces froides panlomimes
Pour les veu\es des trépassés.
Vos brunes à perruque blonde,
Vous estiment ratissants ; mais
Que fait pour le bonhiur du monde
La cadeuette d'un Franjais.
4
Vous lie ruminez qu'hécatombes,
Fer, vengeance, nobles elforls.
Et vous soulèveriez leurs tombes,
Pourcombatlre... ceux qui sont moris.
Jeunes fous, courez aux frontières,
Les cannibales sont Anglais.
Quoi! vous craignez les élrivières!
Et vous n'en voulez qu'aux Français,
5
A tes palrouilles ils résistent,
Ils braveiil le frein de la loi ;
Au sein des nuils leurs cris persistent
A souiller l'air autour de loi.
Ils se ccigiieni d'armes brillantes,
El ces jeunes eflémiiiés,
De noire jeunesse vaillante,
.lleiiacenl les bras mutilés.
6
De nos légions vieloiieuses
Pusillanimes déserteurs,
Quelles blessures glorieuses
Reçùles-vous au champ d'honneur?
Vous vous cachez loin des frontières,
Vous avez fui hors des combals.
Ah! du moins, respectez les mères
De DOS intrépides soldats.
7
ils se disent des palnoles,
C"s mIs esclaves des Ivrans;
De leurs égaux fougueux despotes,
bu trône ils sont les partisans.
Le iiieiisongc vit sur leur bouche,
Ils foiideiil sur lui leurs succès,
El leur haine impie el farouche,
Riùle de perdre les Français.
8
Vainqueur du Germain, de l'Ibère,
(lonquéranls du Wall et du Rhin,
Vavezvous bravé le tonnerre.
Enduré la glace el la faim,
Que pour voir au sein de la gloire,
Changer \os lauriers en cyprès?
Ou faudia-l-il que la victoire,
Vous livre encore des Français!
i\'insultez pas, par votre faste.
Aux maux que vous nous avez faits,
Et d'une méprisable caste,
Ke répélez pas les excès.
N'insiiliez pas à la pairie.
Aux héros morts pour son salut,
A ceux que la rage ennemie
A blessés, mais n'a pas vaincus.
10
0 des boudoirs bande insolente.
De déhanchés impur amas.
Troupe avilie et fainéante,
Tremblez de \oir armer nos bras.
l\e raïqielez pas de vos pères
Les trop criminels atlentals :
Le peuple arrête sa colère,
Ne l'appelez pas aux combats.
11
Législaleurs d'un peuple libre.
Renversez ces audacieux.
Ils veulent rimipre l'équilibre
Que la loi fait peser sur eux.
Votre serment est d'èlre justes,
De maintenir l'égalité,
El les noires, non moins augustes.
De mourir pour la liberlé.
La chanson impiimée, qui se vendait
el s8 chantait dans les rues, porte l'adresse
be l'Smpvimeiie tt <6ouriil,
rue Ctienne bca <&rcs, n" 9.
Y
\4kâM
l#l
«\^
AW I {^u'ils pcrisscnl ce» intames,
Et cps cœo^Q^ex\^9 Aevorajis.
Qui portent axt fonA <\c \e\irs àœes.
Le crirae et l'amoTw des tvv^ans!
Mancs plaiiilifs .\e Vinuoocnce,
^ppaistv.-voiis dans vos lonili(?:iux !
l.eTOUV Ini-AvC do la vcuo-eance,
l'ait cnrui pâlir vos liowrveavtx .
Ûa^ crtui c Je i ji
7i:> Veiiden22AJ7'e
lit pi escntans ixtp petxple juste
0 \ (Hislléo'islateurs liximaiTis'.
0 (|ui la contenance aucrt-i-Ste
lin ircmlilor nos tAs assassins,
*>un 1 /.le ooxn's ie TOtre irloirc.
\o'< noms cliers a l'hixmamté
\oUhI awtemple le mémoire,
\\\ SI m de l'immortalité.
La naluro a\ec ro^is conspire
Contre tous les eonspiratears;
Par-tont la Tvranie expire ,
IVr-toixt nos Drapeai.ix sont vamqn
Le StatJioiider a pris la foite
Nons aliandonnant ses Vaisseaux,
Et la Terreur marclie a sa suite
Dio'ne cora^aç-ne des Bonrrean-X.
iS t'ructidvr
LE REVEIL DU PEUPLE.
Avec accoiiipagiu'iiieiil de piuiio |iar M. II. COLET, [irofesseur d'Iianiioiiie au Gouservatoire.
Allegro.
PIANO.
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Peuple fran-çais, peu-pie de frè - res, Peux-iu
^ Fin.
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voir, sans fré-mir d'hor-reur, Lecrimear-bo-rer les ban - nié - lesDu carnage
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ce Et d'as-sa - siiis el de bri - gands,
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son souffle fé ro -ce Le terri- loi- re des vi -vants.
^Va'VWWWWWWWWXAAA/WWVWW IqCO ^^^^^ ^jC
(Procé4é> de Tajitewsieim et Cuksel, 90, rue de la Harpe.J
l'.irh. Im|ir. de F. I.ocoiin, 16, r. ,N.-1). do» Vicloircs.
PÈEB DE L'un I7BES
Paroles de DESOBGUES, niiisique de GOSSQG.
GRAVURES : 1" et 4' plancuks par M. MOMN. — 2' el3' planches PAR M. WOLFF.
NOTICE.
LE PEUPLE FRA^ÇilS RECOMAIT L'ÊTRE SlPRÊllE ET L'IIMIORTAIJTÉ DE L'AME.
Telle fui la plirase (|ui fui placée sur lous les leiiiples, piir un arrclé ilu conseil général de la ComnuMc,
lin 26 floréal an 2 (16 mai 1791), pour remplacer l'inscription : A LA RAISON, que l'on y voyait depuis
que Cliaumelle aiail fail célébrer une fêle de celle nouvelle diviuilé, doni Robespierre, par dérision, l'avait
surnommé le Grand-Prélre. Qnanl à lui, il brigua un plus beau lilre, celui de Ponlife de l'Êlre Suprême,
ponlifical qu'il exerça un jour. En allendanl qu'il fùl Roi, il s'élail fail Pape. En effcl, ce fui Robespierre,
qui, dans la séance de la Convention, du 18 floréal an 2 (7 mai 179i), a\ail fait un rapport sur les
fêtes nationales cl décadaires. Il y disait: Si l'immortûlité ôe l'oinc cet iiii soiiçif, elle rst la pliia
isublime i)c6 roiucptione ijumnincs. — £'\iée &e l'Être Suprrme et i5c l'immoitolitc îie
l'amc rappelle à la juatie e : elle est îionr rcpubliraine. — il proposa un décret qui commençait
par ces mots : £e peuple français reeonuatt l'iÊtre Suprême et l'immortalité î)e l'ame. Cel
article fui décrété d'enlbousiasme el au milieu des acclamalions. C'aesemblée, dit le journaliste Perlet ,
ô'est lenée tout entière eommc par reepeet pour la Diuinitc. Et lous ces Sycopbanles rendaient
immortelles soixante âmes par jour, au moyen de la guillotine! Il fut donc décrété que le 20 prairial, une
fêle serait célébrée en l'honneur de l'Être Suprême, et le plan de celle fêle fut coiilié au peintre cl représentant
du peuple, David, qui lit à ce sujet un rapport dont le style fleuri est un modèle d'emphase el de faux enthou-
siasme. Ce rapport est trop curieux pour que nous n'en donnions pas quelques morceaux, il commence ainsi :
fourore annonee à peine le jour, et béjà les aone b'unf musique guerrière retentissent
&e toutes parts, et font sueeéîier au eolme ou sommeil un réueil cnel)anteur. 51 l'aspect
be l'astre bienfaisant qui uioifie et rolore la nature, amis, frères, éponr, enfants, oteil-
larbs et mères s'embrassfut, et s'empressent à l'enoi b'orbonner et î)c célébrer la fête be
la Uioinitc.
David avait tout prévu : jusqu'à l'ardeur des jeunes républicains, jusqu'au sourire des femmes, jusqu'aux
larmes qui devaient mouiller les yeux des ueillards, jusqu'à l'enlhousiasme que devait produire le discours
de l'orateur. Il invile le peuple à honorer l'auteur de la nature : il dit : £t peuple fait retentir les
airs be ses cris b'allégrcsse. SLel se fait entenbre le bruit bes naines b'une mer agitée,
que les oents sonores bu .^ibi soulcoeut et prolongeut en écljos bans les collons et les
forets lointoines.
Les inscriptions placées dans les Tuileries étaient curieuses. En voici quelques unes :
Sa EcDolutiou est fille bu ciel.
£a Uiuinité a eonbomné les rois; le peuple français erécute ses arrêts.
£a Urrtu ne s'imite pas : rljacun est oertueur à sa manière. (Êtc , etc.
A dix heures du matin, la Conveuliou parut sur uu amphilliéàlre dressé pour elle au milieu des
Tuileries. Robespierre, comme président, fît un discours; el le journalisle dit qu'il renonoila ces pro-
bigcs be l'éloquence romaine que l'on coneeoaU a peine; que son geste était crprrssif,
sou action animée; qu'il rappeloit Ciréron bans la tribune onr Ijarangues.
Après son discours, Robespierre descendit vers un monument de sapin et de loilc peiiile, qui représentait
le monstre de l'Alhéisme; il y mit le feu avec le flambeau be lo Uêrité. Les flammes eureiil bientôt
consommé cel athéisme enduit d'essence de térébenthine , et un chaugemcut de décoration fît paraître à sa
place la Sagesse nu front calme et serein.
David avait dit dans son programme qu'à son aspect, bes larmes be joie et be reronuaissancc
rouleraient be tous les peuï : je ne sais si l'on s'y conforma.
Alors on chanta quelques morceaux d'un hymne de Chénier, qui n'avail pas moins de vingt strophes ;
puis le cortège se mit en marche pour le Champ de la Réunion (Champ de Mars), où on arriva à 4 heures,
escorlanl la ConveiUion et un char traîné par huit bœufs et portant les emblèmes de l'agriculture. Les
hommes marchaiciil d'un tôle, les femmes el les ciifaiils de l'aiilre. Au milieu du Champ de la Rcuniou on
a>ail conslruil , à la place de l'anlel de la Pairie, une vaste montagne hérissée de rochers et de plantes
sauvages. Là fut chanté l'hymne de Desorgues, père be l'unioers; on prêta le serment de tcrrûascr toua
[es cnufini» be la UrpubliquE; enfin tout le monde s'embrassa fratcrnellfinfiit, el le reste de la
soirée se passa à clianter et à danser patviotiqufmcnt. Il fit un fort beau temps dès la veille, ce qui Ot
dire aux journaux : Wn ricl ralme et eevnit ecinblc mmonrcr que l'Être Suprême eoiirit a
re miignifique Ijommage renbu à sa toute puiasonre par le premier peuple be l'uuioerâ.
Les mêmes hommes qui avaient proscrit le culte catholique et traité de momcrira ses cérémonies et ses
processions, ne craignaient cependant pas d'amuser par ces mascarades un peuple toujours ami des spectacles.
Toutefois, les représentanls avec leur habit bl^u, el le grand pontife Robespierre avec sa coiffure eu ailes
de pii^eon, eu frac ccourté, son gros bouquet de roses à la main, n'avaient pas la majesté d'un prêtre revêlu
des habits sacerdotaux, marchant sous un dais, et perlant le soleil d'or enrichi de diamants qui renferme
!a sainte hostie. Celte longue file de prêtres, de diacres, de chantres, en chasubles, en dalmaliques et en
chapes enrichies d'or el de broderies; les enfants de choeur en aubes blanches, les corbeilles de fleurs,
l'encens qui fume el s'élève au ciel, les chants religieux, et quelque chose de plus : la croyance, et l'an-
cienneté du culte, portent à l'ame une tout autre impression que les carmagnoles et les bonnets rouges des
sans-culottes, les caracots et les baigneuses des citoyennes.
Robespierre lui-même semblait honteux du rôle qu'il jouait dans celle grotesque cérémonie. Il marchait
seul en avant de la Convention, el ses collègues semblaient, en le laissant marcher ainsi el l'isolant d'eux, lui
prédire qu'il avait élé trop loin, et que le pontife seniit bientôt victime. Ou dit qu'il en eut le pressenlimen!.
Cinquante jours après, le pressentiment se réalisa, et le grand pontife de l'Éire Suprême passa par l'échafaud,
pour aller juger par lui-même de l'immortalité de l'ame !
Desorgues, auleur de l'hymne qui avait été chaulé à celle fête, était contrefait, comme on le dit d'Esope
et de Tyrtée; il était bossu par devant cl par derrière. Il y avait eu lui un mélange de la malignité du
fabuliste el du génie lyrique du poêle grec. Extrême en tout, il se iiassionna pour la République qu'il célébra
dans ses chants. Son ^jimue ù l'IÊtre Suprême est plein de noblesse et d'énergie poétique; il fut ensiiile
adopté par les théophilanthropes, chanté à leurs fêles, el imprimé dans leur recueil. Cet homme original
couchait dans un hamiic; sa chambre était remplie de magdis de la Chiue.
Malgré l'exagéralion de ses principes, il lança contre le poète Lebrun, qui avait fait des vers à la louange
d'un terroriste forcené, celle bonne épigramme, imitée de Saadi :
(Oui, le flcou le plua fuueate
D'une Ipre banale obtienbrait bca arrorba :
Si la peate avait bea tréaora,
Cebrnn serait aoubain le rl)antre be la peate.
Il avait chaulé Ronaparle général et consul ; il n'épargna point les sarcasmes contre Napoléon empereur.
In jour qu'il demandait une glace au café de la Rotonde, on lui en proposait une à l'orange et au citron :
— « Non, dit-il, je n'aime point l'ccorfc (les Corses). » Dénoncé pour ce propos el une chanson insultante
dont le refrain était : ©»i, U graub Xlapolcon
(Êat un jranb camrlcciu,
il fut arrêté et renfermé dans l'hospice des aliénés, oit sa tête acheva de se déranger. Il y mourut en 1808,
n'ayant que quarante-cinq ans.
GOSSEC, auteur de la musique de l'hymne de Desorgues, naquit en 1733. Il fui un des directeurs du
Concert-Spirituel , maîlie de musique de l'Opéra el de l'Ecole de chant, fit partie du comité de l'Opéra, fut
membre de la classe des beaux-arts à l'Inslilut. 11 a fait beaucoup de musique religieuse, et a donné plusieurs
ciimpo.silions dramatiques à l'Opéra el à l'Opéra-Coraique. Sa lyre fut aussi fort républicaine : on lui doit
le (Èamp be ©ranb-pré, ou le S.riompl)e be lo République, dont les paroles étaient de Chénier;
le Serment rrpubliroin, un grand nombre d'hymnes pour les fêles nationales, lu de ses chefs-d'œuvre
est le bel © aalutaria, trio sans accompagnements, qu'il improvisa eu 1780 pour une fêle patronale de
village , el qui fui chaulé par Cheron , Laïs el Rousseau. Gossec a élé un prodige de longévité, car il est
mort à cent un ans eu 1834.
Nous terminerons par une observation assez curieuse : c'est que l'inscription Ce peuple franraia
rcfonnatt l'(gtrc Suprême et l'immortalité be l'aine, qui avait élé mise au dessus de la porle
de toutes les églises, même de celles des villages, fut effacée lors du rétablissemenl du culte catholique.
Dans plusieurs endroits on se conteiila de la badigeonner. Le temps a fait tomber le badigeon, el l'inscription
a reparu. On la voit encore dans le petit village d'Ermont, situé dans la vallée de Montmorency, el je l'ai
lue dislinctemenl celte année à Nanterre, sur le fronton de l'église de la bonne sainte Geneviève, patronne
des Parisiens. Dl' MERS AN.
HYMNE AL'KTRF, SUPREME,
Père de 1 univers, sviprèine intelhQ;ence,
Bienfaiteur urnoré les avcuc^esraovtels,
TuréTclas ton être àla ppconnaissancc,
Qui seule éleva tes autel»,
Ton teni-ple est sur les monts, dans les airs.sur les ondes i
lun as point <Le pas se tunas point dai enu
Jt sans les occuper, turemplis tous les mondes
urne peuvent te contenu
^^ V^-
Tout émane ietoi.crrande et première ca-ase;
Tout s'épuxe auxrajDiis ieta âi-nnité;
Sur ton aulleimmortel lamorale repose.
Et surlesTnœurs.laliberté .
Pour Tcno-erlevir outrao-e et ta g-loire offensée
liauœusteliterté, ce fléaia ies penrers,
Sortit aTaméme instant letaraste pensée ,
Avec le plan àe 1 univers
UicvL pviissa.nt '. elle seule a Tetigé tou injure ;
De ton culte elle-même instruis éunt le s mortels,
Leva le voile épais ljvii couvrait la nature,
El vint absoudre tes autels.
Otoi' qui dunéant ainsi (qu'une étxnoelie,
Fisjailhr dans les airsl'aslre éelatai\t dujour;
Taisplns. verse en nos cœurs ta sa(j-esseuiim.ortelle .
Kmbràse -nous de ton amour.
DeJahame des rois .inniic la Patrie,
Chasse les vajiis nesirs, liuiuste oeq^ueil desrano's,
I,c luxe oorrviplem-, la Viasse ilatterae.
Plus fatale queles tvraiis.
Dissipe T105 erreurs, rends-noiAsbons.reiicLs-novis justes,
liéo'ne, rpQ'ne aa-cLela dixtout lYLuiiitc ;
l.'neliaine la nature à tes âéerets auo-vistes.
Laisse àlhomme salit erté.
PÈRE DE L'USIVERS , avec accompaguemeut de piaco par il. IL COLET, [irofesseur d'harmonie au Conservatoire.
Dessus.
Haute - Comre.
Taillé.
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Basse.
PIANO.
Laighetto
Trèi gracieux et religieux;
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Pè - re de l'u - ni - vers, su-prêmein ■ tel -H
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lé - vé-las ion êlre à la re- con-nais - san
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ce, Qui .seule
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é - le -va les au - lels, Qui seule é - le - va les au - lels.
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é - le - va les au - lels, Qui seule é - le - va les au - tels-.
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é - le -va les au -lels, Qui seule é - le - va tes au - tels.
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Gossec a composé sur ces paroles deux autres cliœurs en mi b, et dans la mesure a quatre
temps ; voici le commencement du premier.
, , , 3IouveTiient de marche animé.
J^^^^^^^^^^^^eidu 2- I^^SSE^t^^IIlLllI tic.
»^2 Pè . fe de Pu - Li • vers, Que boucharpro lec Uursu vant
10 D'abord une voix chante seule, puisquatrc voix entonnent lesquatre parties, et enfin vient tout le cbœur.
(procède» de Taistewsteiw et Cobdel,90, rue de la Harpe.
i'jris. Imi» r. de F. Locquim. !6, r. iS.-U. des Vicloires.
PROPHÉTIE TUR^OTIWB
PAR LE CHEVALIEK DE LISLE,
AIR r î'alme mieux ma Mie, ô gué! ou la Bonue Aventure.
DESSINS PAR la. KI'VOUII.OIÎ,
GRAVURES PAR M. LALLEMANP.
Quoique ovrangéc avec ûfrompnçiiumcnt be piano pnr iiT. ^ CoUt.
NOTICE.
Si nous ne croyons pas aux Prophètes, nous sommes cepeiidaiil obligés de croire aux Propliélies quand
elles s'accomulisseul 11 y en a d'ailleurs qui sont inspirées par des pressenlinienls dont la puissance prend
sa source dans la raison.'Toulc chose a une couséquencc que devinent les esprits prévoyants, et le Chevalier
De lisle n'était pas le seul qui eût prédit la Uccotutiou ùc 1781 Féiielon écrivait dès iJlO: fa £uuxce
rgt uneuic.Uc mafl)i.uqui lui encore be l'ancien branle qn'on lut n Donne, et qnt acl)a.cra
Î.C ee briser au premier cl)oc. Mais il est remarquable que le Chevalier De Lisle ait fait sa l'rediclion
avec des circonslanws si particulières , que ceux même qui la préparaient n'auraient pas osé les déduire avec
laul de précision. Sa Chanson intitulée propl)étte £urgotine, parut en 1//7, et fut regardée sans
doute comme une plaisanterie. Elle était dirigée contre les (Êncvclopéi.etea et les Cconomiatcâ Ou
sait quelle influence exercèrent par leurs écrits les premiers, au nombre desquels se dislinguaient Unierot,
D'Alibert Voltaire, Rousseau, et tous les apôtres de cette philosophie qu'on appela celle du dix-huitieme
siècle On aiipliqua particulièrement la dénomination d'économistes aux écrivains qui s occupèrent d économie
politique sous le ministère de Turgot, et dont les principaux étaient: Slalesherbes , Raynal, Mirabeau père,
Ouesnav, Condorcel , Dnpont de I\emours.
On "trouve dans les lettres du roi de Prusse ces mots : Selon les ENCmOPEDISTE^ , la fronce ôo.t
beoenir un état républicain. Et Luiguel écrivait : Ces E\C\CL0PED1STES nous ont mis a la i>e. le
be uoir renouoeler be nos jours les querelles, et pcutètre les combats bu setjiemc siècle.
Turgot qui voulait faire une révolution par les lois et les mœurs, la commença par des réformes, la
corvée fut' convertie en argent, les droits d'entrée sur les objets de première nécessité furent modères, il
simplifia l'impôt , perfectionna l'admiiiistratiou générale par la popularité des administrations particulières,
les Jurandes et les Corporations qui menaient des entraves à l'industrie furent abolies.
Mais les gens de cour ne pouvaient lui pardonner de s'êlre entouré de gens de lettres et de philosophes.
le ridicule est la monnaie dont on paye en France ceux qui veulent faire du bien. Ou l'accabla de sarcasmes,
on inventa de petites voitures qu'on appela des Surgotines, et de petites tabatières auxquelles ou donna
le nom de ^Jlatitubes.
Malesherbes, dont les bonnes intentions ne peuvent êire révoquées en doute, écrivait après leur disgrâce
commune : â\. turbot et moi, étions bc fort Ijonnètes gens.
Les édits que lit rendre Turgot excitèrent cependant l'enthousiasme parmi le peuple , et à la Chanson
epigrammalique du Chevalier De Lisle, nous en joindrons une d'un esprit tout différent, qui fait Feloge du
Ministre et celui du Monarque dont ou appréciait les vues bienfaisantes. Elle est sur le même air que 1.
Piopliélie Turgoliiie. On la douve dans le .3' volume de rÊepioii iHigliiis, et dans le 1" des (Eimciiniô
bc l'ùiUïc iîlonîif, 1784.
Ou dit que le ParlemeDl ,
D'uu avis coiilraire,
Aux vœux d'un Roi bienfaisant ,
Etait réfiaclaire.
Du pauvre peuple souffrant,
Il se dit père, pourtant.
Le l)i>au licliu père, ô gué!
Le beau fichu père!
Ënliu, j'eus vu les édits
Du roi Louis seize;
Eu les lisant à Paris,
J'ons cru mourir d'aise.
Nos malheurs sont h. leur fin ,
Ça chantons, le verre en aiain ,
Vive Louis seize, ôgué!
Vive Louis seize.
2
Je n'irons plus au chemin ,
Comme à la galère ,
Travailler soir et malin.
Sans aucun salaire ;
le Roi, je ue vous ments pas,
A mis la corve'e en bas.
Ah! la bonne affaire, ô gué!
Ah! la bonne affaire!
Il ne lient qu'à nous, demain,
Eu toute franchise.
D'aller vendre bière et vin ,
Tout à notre guise.
Chacun peut de son métier,
Viire aujourd'hui sans payer
Juré ui maîtrise, ô gué !
Juré ni mailrise.
6
Je suis tout émerveillé
De ceci, compère!
C'est un double jubilé
Que nous allons faire.
Hais celui que uotre Roi
Nous donne, vaut bien, ma foi,
Celui du Saint-l'ère, ô gué!
Celui du Sainl-l'ère.
Qu'à son âge, notre Roi
Paraît déjà brave !
Il veut que chacun chez soi.
Vive sans entrave.
El que j'ayons tous bientôt,
lard et poule à notre pot.
Et du vin eu cave, ô gué !
Et du vin eu cave.
Le Chevalier De Lisie était de la cabale de M. le duc de ChoisenI qui s'était réunie aux ennemis de Turgol.
Voltaire, qui était en correspondance avec le Chevalier, lui écrivait le 14 mars 1776 :
3e nous ûDourrai ouc je ne suie pus tout à fait ic voUc avis sur les pvéfuecs bee
Ol&ita. 3e {JCiir me tromper; moia elles m'ont paru si instruetiues , il m'a pnru si benu
qu'un lioi renîiit raison à son peuple !)c toutes ses résolutions, j'ai été si tourl]é be eettc
nouDeaufr, que je n'ai pu encore me livrer à la rritique. Ce petit roin be terre que j'ijabite
n'a rljanté que îles TE DEUM îiepuis qu'il est îréliuré bes Œorurcs, îles Suranbes, et bes
Commis i)eô fermes.
On verra dans la Chanson du Chevalier De LisIe qu'il prédit l'abolition des privilèges : non seulement
•■elle du culte catholique, mais même le calendrier républicain, où les noms des fruits et des légumes rempla-
cèrent ceux des Saints. Uous uerrons un (Dgnou
31 3c6U6 bamer le pion.
Il annonce la destruction des ordres monastiques et l'apostasie des prêtres. Enfin , dans le dernier couplet,
il dit expressément : iTe Hoi se erovant un abus , ne noubra plus l'être. 31) ! qu'il faut aimer
le bien, pour, iJe Uoi, n'être plus rien? Il est à remarquer que ce passage fait allusion au mot de
Louis XVI à M. de Malcsheibes qui lui demandait sa démis.vion : €lue tious êtes ijcureur ! que ne
puis-je m'en aller aussi. Celle idée est répétée dans Ca Constitution en llaubeuille deiîlarel^anî),
où l'on trouve le couplet suivant, sur l'air: 3ivcc les jcuï ûans le oillage:
Ce Hoi scro le Hoi &e ifranee,
(Et pourtant, IL KE SERA RIE\;
iilnis comme une ombre be puisaanre,
îlu moinbre prince sieî> très bien,
®n pourra lui laisser par grâce,
(Ou, pour micur Dire, PAR ABUS,
Ce liour plaisir ï)c uoir sa face,
(Empreinte sur tous les cens.
Si l'on croyait la prophétie faite après coup, il suffirait de renvoyer les lecteurs à plusieurs ouvrages où elle
fut imprimée lors de son apparition; le plus ancien est l'Cgspion anglais, où elle se trouve au tome 3 de
l'éililion de 1779. Elle fut mise depuis dans les actes bes apôtres et dans plusieurs recueils. 51. Castel,
d;ius son 3ntl)ologic, en confond maladroitement l'auteur avec Rouget de LisIe, auteur de la iiîarseillaise,
né en 1760, et qui aurait ainsi fait cette Chanson à 17 ans!
Le chevalier De LisIe, capitaine de dragons, était un litlérateur aimable, qui se fit un nom par de jolis
couplets et des noels de cour, ce qui l'avait fait surnommer De Cislc-ltocb. Beaucoup de facilité et nu
talent agréable l'appelèrent auprès du duc de Clioiseul , il fut un des familiers de la maison de Rolian, enfin
il fut attaché au comte d'Artois (depuis , Charles X) , qui lui avait fait une pension, et auquel il légua tons
ses manuscrits. Il mourut eu mars 1784, et ne vit pas la révolution qu'il avait prédite.
Dl .MERSAiX
PROPHÉTIES TURGOTINES,
Avec accorapagoemeiil de piauo, par M. H. COLET, professeur il'lianiiouie au Coiiservaloire.
Chant.
PIANO.
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( Protédés de Tantenstein et Cordei, 90, rue de la Harpe. )
Fin.
Varis. Imp do Pillct llk nini', rup (ir"^ Gr.-Aiigustins, 5.
CHANSON POPULAIRE SIR L'AIR : DANSONS LA CARMAGNOLE.
CHAKTSOlff PAR DESPRÉAUX,
AIR Ile la Nouvelle Bourbouuaisc (gravé dans la 30^ Livraison).
GRAVURES : 1% 2' cl 4' plancuhs par M. LALLEMAND. — 3' planche par M. BOSREDON.
iiluôiqitc luiiuigée pour U piano pai ill. Sj. (Eolct.
NOTICE.
la Teneur, arrivée comme une Iroiiibe i|ui dévasle loul sur sou passage, comnieiirail à èlre \ieille au bout
de (jiialorzc mois, elle s'élail usée vile par ses excès, eu vain ou cliercliail à lui reJouuer une vie faclice. La
République inveiila une parodie des ancieuues mœurs des cbréliens, pour faire suite aux parades des Grecs cl
des Romains. LA GAMELLE ou Ica ôunqucts fi-ntcnub devaient rappeler ces J^ainprâ qui avaient
pour but d'entretenir cbez les enfants de la primitive église la concorde et la fratrniijf.
Dans cet enibousiasme, dont la représentation devait avoir lieu en plein air, les babilantsdu quartier boueux
de la Cilé oublièrent que le ciel de la Grèce, son climat, ses maisons de marbre, ses jardins de lauriers cl
d'oliviers, ses portiques et ses temples, ne ressemblaient eu aucune façon au ciel brumeux, aux baraques
sales, aux ruelles infâmes des environs de la place ilaubert. et aux murs noircis de la paroisse Sainl-Severiii.
C'était au mois de juillet 1794 , l'élroite rue Saint-Jacques , longue d'une demi-lieue, occupée par deux
liles de tables, représentait une immense guinguelle où la joie populaire s'exlialait par de gros rires et des
cbanls joyeux, le bruit des verres et de LA CARMAGNOLE, le cliquetis des assiettes et de ÇA-IRA, les cris
2{ boire! et Uiuc la République! retentissaient d'un bout à l'autre.
Le 3ournal be ^iJaria, qui avait fait le premier la motion de cette réunion gastronomique, en lit l'éloge
d'une façon curieuse. Suv ces tables laccbémoiiiennes, disait-il, il n'est besoin ni îie nappes, ni
ic gciuiettcs, ni î)e rien qui tienne au luxe: Ira mets y sont ncrcssaivement siniptis :
uu morceau îic nianùe, îies légumes, &u fromage, &u nin, un peu îi'eau be nie, et beaucoup îie
gaité, noilà en quoi consiste tonte lu ^épense, Des lantpes et hes cl)auî»clleô éclairent
eiiffiôamiutut, dil-il , ft si l'on en manqiir, Ifô rfiifrbèifô y siipplfnit. ijiuis cet rint ^^
6impliritf, bigiif îie l'dgc b ov, rombieu Ua rccurô eont biapoBce cj la fioternitf, à la boiirc
r^aliif, et mrme à l'amitic! jCfs pères et mhcs attcubria, au milieu be leurs enfants,
toitiasent aocr bélires bcs premiers fruits be la Héoolutiou, Icure filles, malgré le béfaut
be lumières, y ooyent asse} pour lire leur bouljeur bans les ytua in leurs amants!
Ces fêles républicaiDes ne furent pourtant pas du goût de laConvenlioii, et Barrère s'écria en pleine tribune :
3e renba justire à la majorité bes ritopens; mais le modéranlisme pourrotl être soupeonué
b'nooir proDoqué ees banquets. £e rovaliste y étoit oasis près bu patriote et pourait le
corrompre. île peut-on paa croire que tel qui soupait les pieds dans la croltc, ooait le tocur
0 Uienne ou a Coblentj? JDans une section, les mœurs n'ont point gngué à cette réunion.
31 nienbra sans boute un temps oit ces repas alimenteront les affections républicaines; mais
la fraternité n'est pas le fruit b'un jour. 31 suffira que la Conoentiou aoertisse les bons
ritovens bu banger be ces banquets, et qu'elle renooie l'erécutiou be son décret moral ou
tribunal rénolutionnaire be l'opinion publique.
Barrère, qui avait de l'esprit, aima mieux tuer dès le principe celle institution qui n'était pas née viable,
que de la voir mourir d'une apoplexie foudroyante de ridicule.
La chanson de la 6amclle courut cependant, elle est sur l'air de la Carmagnole, que nous saisis-
sons cette occasion de donner, car notre Recueil ne peut pas admettre les horribles paroles de la chanson
originale, qui fut l'accompagnement obligé de tous les crimes et de toutes les orgies de l'époque.
-o^ e-^^®0®€^^-* €^
Après mille modes plus singulières les unes que les autres, la lin de la Révolution en vit éclorc encore une
dont l'école de David, et le retour des artistes à l'élnde de l'anlique, donnèrent la première idée. Les femmes
se mirent toutes k la Grecque et à la Romaine. Le nu se dessina sous des robes légères, collantes et irans-
parenies. On oublia encore que notre climat n'élait pas celui de la Grèce et de l'ilalie, et les modes d'Athènes
amenèrent à leur suite celle des fluxions de poitrine, qui fit passer les femmes d'nn excès à un aulre. Aux
robes de fais succédèrent les robes à la Uicrge, qui dérobèrent aux yeux toutes les formes qu'on leur
avait prodiguées.
C'était en l'An VI de la République, une et indivisible, 1796 vieux slyle, que Despréaux composa sa
chanson (6race à lo iilobe ou ta Sans-(&éne, qui dépeint à merveille le coslume du temps. Despréaux
(Jean-Etienne), était né en 1748; fils d'un musicien de l'©péra, il fut d'abord danseur, mais une blessure
au pied lui fit prendre sa retraite en 1781. 11 fut ensuite maître des ballets de la cour jusqu'en 1787,
époque où il épousa la célèbre Guimard , qui avait cinq ans de plus que lui , celte union dura trenic ans.
Despréaux, successivement directeur, puis inspecteur général de l'^pérn, était homme d'esprit, il composa
beaucoup de parodies piquantes, quelques pièces eu sociélé, au @.l)éàtre bu Uaubcnitle, beaucoup de jolies
chansons qu'il a publiées sous le titre de: ifles flassctcmps (2 vol. in-8', Paris, 1806', un poème sur
l'an de la danse. Il fut membre de la Société bes Uiners bu Uaubeoille. Il mourut en 1820. On pré-
tend que ce fut à la s^ile d'un dincr du (Eaoeau iHobcme, oit il éprouva une vive émotion, en enleiidant
au dessert, les jeunes chansonniers lui décerner une espèce d'apothéose, en chaulant ses plus jolies chansons.
Ce serait ce qu'on peut appeler mourir de plaisir.
Dl] MERSAI
•âS-<:-4:
Sfl-v e/. -^ 0 II. s p OUI f^vioi 1rs Kon\a
Anns, iVen Aoui<'7. y>as,
C'est qiip ro.s iiors »uld:Ais
?'lATi<i;caiciit à la (vaniollc.
Vi^o le s..a,(-Ti-
lli.-ulMl U-s lnM,j^-ands vovivonm
Mimi-nus de faim. -proscrits, berin
Viint envior létal
Duplus pauv.'.' solilat
()i\i iiu-ing.- à U .i-anidlc.
(iR tainlia (>nu(»is sj louons
\ ("apoiir ont lait Vs capftns
S'ils ont rie vftiuru.s
CcM i]ii'ils ne Aaio'uaiiMii ^il
Maniii-i' à la (i-aiurUf.
"Vn.- h- .-ronilr .
Ali 'sils avaient le aens oomi
Tous Icx jieiiplc(>.n'cn fwaient iju'
l.oiu de i!ï*o>ili''c<^'o'rQ;eiv
lu vieinU'MPnt tous lUMn;-
Alaii\éiuc QjajncUe.
-r-Sc <*ïe 3o rJSaitvfyi!/^ _
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Grai'p a la modo.
,,Ûn lia plus .iCrset h
Ui! i)U .-V-st ommode
Oii II' A plus tVi-oi-fot
("fsl pins toi l'nit .
(ii-iico a la in.uU-
L'n chenus suU'it lus
Ah ' <jii f ost coiiiinode
Un ■ cliemis siitrit.
(■ csl Unil (.rofit ,
"/'(turbin .a» .S. rMaSifaS^Hrj
LA GAMELLE,
Avec acconiiiagiiement de piano, par M. II. COLET, professeur iriiarmouie au Coiiservaloire.
Chant.
Allegro.
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PIANO.
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- geons à la ga - mel-Ie; Vi-ve le son du chau - dron.
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^ l'rocédés de Tantenstein et Cordel, 90, rue de la Harpe.)
Paris, linp. de PilliM lilsainé, me rieiCr. Auyiistin.-
cii%M!io:v de: cuasse,
AIR DE COR.
GRAVURES : 1" ET 4"= plancuks par M. MONIN. — 2* ht 3^ planches par M. KOLB.
ill«9ii]uc arrnugcf nuec ai-rompogiifinfiu îif pinno )jiu Sï\. Sf. dolet.
NOTICE.
Celle Ciian'^on de (liasse, faile ni 1/70, pour le diâleaii Je la Drosse, qui a|iparloiiail au duc de
SlonlDioreiify, csl de JI. îlan'on Du Jlcrsan, qui élail |ioète pour sou seul plaisir, il. Du llersaii a signé peu
de ses ouvrages, el cepeudaiil queli|ues unes de ses poésies fugitives cul eu dans le monde beaucoup de
succès. On en trouve plusieurs dans r.aiinaiuul) &r3 illuâfs el dans le incrnirc, depuis 1770
jusqu'en 1789. Lorsque le couile de Sainl-Gerniaui fut tiré de sa reiraile pour être mis à la lèlc du
département de la guerre, peu de temps après ra\ènemenl de Louis X\l, il courut une Cliauso» qui eut une
grande ^ogue, cl qui commence par ces vers, sur l'air du Menuet d'Evaudel:
Saiut-6cvinain ,
Des bcmain ,
3c m'cngngf ; kc.
Elle fut insérée dans tous les recueils du temps: on la trouve entre autres, dans les llémoires secrets de
BacliaumonI et dans la Correspondance de Metra , mais sans uom d'auteur. J'en ai le manuscrit autographe
ainsi que celui d'une autre Chanson qui fil beaucoup de sensation au commencement de la révolution , el
qui se trouve dans les Actes des Apôtres: elle csl sur le même air.
6uiUotiu,
[Jolitiquf,
3miiçiinc, un beau mutin,
(ûuc pcniirc tôt inljiuuijiii
(Et pat putriotiquf, &c.
M. Dn îlersau, né à IVilliac, près de Ploermel, en 1718, en pleine régence, était un de ces honimes
aussi modestes que spirituels, qui allachenl peu de valeur aux légères productions de l'esprit, el qui n'en
font que le délassement de leurs travaux el le charme de leur société. Ses longs voyages , ses missions
importantes dans l'Inde, où il avait été, eu 1750, commissaire général de l'armée française el agenl-géucral
de la France dans :e Deklian, lui faisaient mettre peu de prix à des bagatelles que sa plume jelait avec luie
glande facilité. [Voyez la iniiuc Cittcraivc , par Qnerard.) L'air de cor sur lequel cette Chanson a été
composée, avec le refrain 2.ontanic, tonton , est liés ancien, c'est une jolie fanfare sur laquelle il parait
que des [laroles avaient déjà été faites; el il faut croire ([ue ces paroles él ienl des préceptes à l'usage di'S
chasseurs, puisque le timbre de l'air porte: (Êcoiitcj Ica vcglra anrrinrtfa. Je ne connais à ce dernier
mol qu'une rime, celle de biatinrtcs, qui fait supposer encore plus que la Chanson etail une instruction
éleinenlaiie: nous n'avons pu la retrouver uulle part. A la Chanson si connue de ill. Du Mrrsan , que
nous donnons d.ms cette livraison, nous en joindrons une fort spinlnelle, moins ancienne, piiis|iiVlle date de
germinal an IX (mars et airil 180!) Elle est de Philipponla-Uadelaine, el insérée dans le joli recinil des
DnuTâ ou Uiuibruillf , dont l'auteur de celte Chanson était un des convives, comme il é:ail i.n des plus
spirituels soutiens de ce llieàlrc, que l'on appelait encore alors la ûoitr à l'câpvit. i\ous prolilons de cette
occasion pour réparer une omission , el apprendre à nos ledeurs que la Chanson de la Û\h( CJontrinpiî ,
que nous avons donnée d.ins noire 55" li\ raison, est de cet aimable chansonnier.
Philij)pon-la-.Uadelaine, alors âgé de C5 ans, av..it toute la viucitédela jeunesse, cl une grâce dont tous
sfs ouvrages poik'iil IVmpreiiile. (1 ne uifiuriil quoii Î8I8, âgé de 84 ans, el siiiis avoir jamais ou JViincraw,
parce qu'il ne s'élail jamais permis aucune épigramrae directe, aucune personnalité. Il avait conservé jusqu'à
ses derniers moments sa gailé, sa douceur, sa sensibilité, son Jiymeur égale, son caractère obligeant el
aifectueux, cl tout le charme de l'ancienne urbanité française. Cet éloge pmt convenir également à l'auicur
de la première Chanson, qui, par un rap|irocli<>menl assez singulier, est mort précisément au même âge.
Tous deux ont prouvé que l'esprit ne vieillit jamais, surtout quand c'est du bon esprit. L'auteur de celte
Notice est heureux de pouvoir consacrer quelques lignes à la mémoire de deux vieillards dont l'uu fut sou
père, el doDl l'autre l'honora de son amitié. Ce fui encore au même âge' que la muse chansonnière perdit
laujon , que j'ai entendu dans nos réunions épicuriennes chauler les jolies productions de sa jeunesse , avec
«ne grâce et une gaité que les années n'avaient pu éteindre. Tant il est vrai qu'une conscience pure, une
gailé douce qui pari du cœur, sont des brevets de longévité.
Qu'il me soit permis, à ce propos, de conter un fait qui frappa mon imagination si vivement, qu'il m'esl
encore présent au bout de trente-deux ans. Je passais le pont des Arts, el je vis venir devant moi deux
personnes qui sortaient de rinstilut. Dans l'éloiguemenl, je distinguai un vieillard qui s'appuyait sur le bras
d'un jeune homme. Ce!ui-cj avait une allure vi\e el fringante, il marchait légèrement: mais il semblait
ralentir son pas pour s'accommoder à la faiblesse de celui qu'il soutenait, et dont la démarche était tremblante
et maladive. Ces deux personnes s'avançaient, el quand je me trouvai près d'elles, je vis que le vieillard
était Chénier, âgé de 46 ans, et le jeune homme Laujon, qui en avait 84.
De ma vie je n'oublierai ce contraste.
La carrière agitée de l'homme politique avait usé le poêle, qui portait sur sa figure atlristée les traces de la
mélancolie profonde qu'y avait imprimée la rolomiiic, dont il avait cependant si noblement repoussé les
traits dans une belle et noble épîlre. L'indigence pesait aussi sur la tête de l'anleur de Cfjarlcs IX el de
irriiflon. Il était prêt à dire ces paroles qu'il envoya à Napoléon lorsqu'un officier du pabis lui apporta le
premier quartier de la pension que lui envoyait le tardif souvenir de l'empereur: 2lllff birc à notre maître
qu'il a le roup û'ivil juste, et que gcô funeure ne me seront poa longtrmpa uéeesanires.
Laujou aussi était peu fortuné, il n'y avait que quatre ans qu'on lui avail permis ^e passer par
l'3nstitut, comme l'avait dit Delille en lui donnant sa voix.
Tous deux s'éteignirent la même année, et Chénier devança de six mois Laujon qui avait 38 ans de plus que lui.
Après celle digression que m'a suggérée le souvenir de mes trois vieillards chansonniers, je reviens à celui
qui a survécu aux deux autres, el je terminerai ma Solice plus gaiment, par la jolie Chanson de Philippou-
Ij-Madelaine.
Chacun de nous a sa folie :
Sloi, la chasse est ma passion ,
Tonton, lonlon, tontaiue toutou.
C'est un plaisir (|ue je varie.
Suivant le lieu, l'occasion ,
Tonton, tontaiue, lonlon.
Tantôt, les perdrix dans la plaine,
Tombenl sous mes coups à foison ,
Tonton, &c.
Tantôt la trompe au bois m'entraîne:
Tout gibier me plait , s'il est bon ,
Toulon, ic.
Dans les vignes du vieux Silène ,
La chasse est de toute saison ,
Tiinlon, d'c.
El le plaisir passe la peine,
Car on...y laisse sa raison ,
fiuelqiicfois, je vais au Parnasse.
Mais hélas! depuis qu'Apollon,
Toulon, h.
N'a plus le goûl pour garde-chasse,
Son domaine est à l'abandon :
Toulon, &c.
Sur les terres de la fortune ,
Le chasser n'est plus aussi bon ,
Tiinlon, &c.
La chasse au vol est trop commune ,
Depuis dix ans, dans ce canton :
Toulon, &c.
J'aime à braconner à Cylhère:
Mais du cor j'adoucis le son ,
Toulon , &c.
Les Oracis ne se prennent guère,
Dan3 les filets du fanfaron ,
Toulon, loutaine, lonlon.
Tonton, &c.
Nous rappellerons ici une troisième Chanson sur le même air, que tout le monde connaît el a retenue,
celle de Déranger: ;aUons eljasscurs, utte en fompnçine. J'ai fait comme un chasseur qui s'égare en
poursuivant le gibier: miiis je crois avoir rencontré en route des épisodes qui ne sont pas sans inlérêt. C'est
quelquefois par hasard que l'on fait bonne chasse. DU MERSAIV
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_^!/!^J^Lkir-.ùt aJpiié Sa. r.Mat^Lx&^tsriî
TOiM'AlIVE, TOKÎON, avec accompagncmenl de piano, par M. D. COLET, |;rofcsseur d'iiaiinoiiie au Conservatoire.
AUesvo moderato.
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3=5:^1
Fin
rTrocedés de Taiitoiiblcin et Cordel , Ou, rue de la Harpe.)
Pa ris, impr. de Pili.et f:i f AlNr, ruo des Grands- Augustin^, 5.
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