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Full text of "Chants et chansons populaires de la France"

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THE  LIBRARY  OF  THE 

UNIVERSITY  OF 

NORTH  CAROLINA 


ENDOWED  BY  THE 

DIALECTIC  AND  PHILANTHROPIC 

SOCIETIES 


^ 


M784.8 
G459 

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mJSlQ  LJB 


This  BOOK  may  be  kept  out  TWO  WEEKS 
ONLY,  and  is  subject  to  a  fine  of  FIVE 
CENTS  a  day  thereafter.  It  is  DUE  on  the 
DAY  indicated  below: 


3QJuI'6S-^ 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2011  with  funding  from 

University  of  North  Carolina  at  Chape!  Hill 


http://www.archive.org/details/chantsetchansons01dume 


CHANTS 


ET  CHANSONS 


!?(Dïï>iaùî]âas 


tmA    MF  ]m.jmLjm  "^  m 


mmiim  édition  illustrée 

d'après  les 

DESSINS  DE  MM.  E.  DE  BEAUMONT,  DAUBIGNY,  DUBOULOZ,  E.  GIRAUD,  MEISSONIER, 

PASCAL,  STAAL,  STEINHEIL  ET  TRIMOLET 

GRAVÉS  PAR  LES  MEILLEURS  ARTISTES 


CHANTS  GUERRIERS  ET  PATRIOTIQUES. 


LIBRAIRIE  GARNIER  FRÈRES 

PALAIS-ROYAL,   GALERIE  VITRÉE,   PÉRISTYLE    MONTPENSIER 
ET    RUE    RICHELIEU,    10 

1S49 


Paris.  —  Imprimerie  de  Pii.let  fii.s  ainf,  rue  des  Glrands-Augiistins,  7. 


^ 


LISTE  DES  CIIAXTS  ET  CH!\XSOKS 


€©71ÏÊffll!3î;  EîiîlS  es   »j!&î.l!!iae3 


LA  IIARSEIIIAISE.  Paroles  et  Musique  de  Uouijft  is 

£hle. 
TE  SOmENS-TUÎ  €.  Btbuixit. 
MAMW  LA  COrTlRlÈRE.  VlùU. 
MALGRÉ  LA  BATAILLE.  iHiutçifnot. 
FAXCnO\. 

LE  ROI  D'ïVETOT.  Orrniiçifv. 
PLIS  OS  EST  DE  FOIS,  éouffc.  Musique  de  f  luniiirl. 
LE  CDANT  DU  DÉPART.  3.  €l)cnici-.  Musique  de 

incl)ul. 
LE  DÉPART  DL  CONSCRIT. 
LE  RETOUR  DU  CONSCRIT. 
LE  DÉPART  DU  GRENADIER. 
UNE   NUIT  DE    LA   GARDE    NATIONALE,    fnvibf    et 

^Joisson.  Musique  de  tifspiuois. 
RELANTAMPLAN.  faoort. 
FANFAN  LA  TULIPE.  (Ê.  Hcbrnuf. 
PARIS  A  5  HEURES  DU  WIN.  Dcâiutjiicrii. 
PARIS  A  5  DFURES  DU  SOIR.  Dcsmiciicra. 
ÉLOGE  DU  VIN.  Cantani.  Musique  de  Dor l)c  phc. 
ÉLOGE  DE  L'EAU.  annan&  (ôouflV. 
LE  CABARET. 
COMMENÇONS  LA  SEMAINE. 


VERSEZ  DONC,  MES  AMIS,  -fubicn  jJillrt. 

AUSSITOT  QUE  LA  LUMIÈRE,  iîlrtttrc  :ibam. 

NOUS  n'avons  Ql'UN  TEMPS  A  VIVRE.  (Comte  ie 
iiom\cvi\[. 

CHANSON  DE  ROLAND.  3lcr.  IDiioal.  Musique  de 
i«rl)itl. 

VIVE  HENRI  IV.  3«  et  l' couplets.  Col  le. 

CHARMANTE  GABRIELLE.  Attribuée  à  f)ciirt  IV.  Mu- 
sique de  Buraurroy. 

VIENS  AURORE.  Altiibuce  à  fjenvi  IV. 

MANON. 

DANS  LES  GARDES  FRANÇAISES.  Un&é. 

LA  BELLE  BOURBONNAUE. 

LA  NOUVELLE  BOURBONNAISE. 

LE  MATELOT  DE  BORDEAUX. 

LA  MACHINE  INTERNALE.  0'** 

LE  RÉVEIL  DU  PEUPLE.  Souïiijuèrc  be  Sûtut- 
iîliu-f .  Musique  de  (5iu)ciiur. 

PÈRE  DE  l'univers.  tletmrgueii.Musiqucde^osdff. 

PROPHÉTIE  TURGOTINE.  CI)"  île  iCitUe. 

LA  GAMELLE  PATRIOTIQUE. 

GRACEALAflODE.  IDrspvéïiur. 

TONTAINE  TONTON.  i\]ax'mi  Diiniersitn. 


TD)E   XA 


ÎFmAMSl 


INTRODUCTION 


Il  a  chanté  jadis,  il  veut  chanter  encor. 
Il  chantera  toujours. 


La  collection  des  chansons  publiées  dans  ce  recueil,  dont  nous  présen- 
tons au  public  une  nouvelle  édition,  offre  la  piquante  variété  d'un  genre 
cultivé  en  France  par  tant  d'ingénieux  esprits,  genre  dans  lequel  la  fécon- 
dité et  le  mérite  des  productions  nous  ont  laissé  sans  rivaux  ;  dans  ces  trois 
volumes  sont  venus  se  joindre  aux  chefs-d'œuvre  lyriques  de  Pannard, 
Béranger,  Désaugiers,  Moncrif,  Favart,  Marsollier,  Emile  Debraux,  Hoff- 
mann, ces  touchantes  romances  de  Chateaubriand,  Fabre  d'Églantine, 
Florian,  La  Harpe,  Favart,  Gentil-Bernard,  etc.,  et  ces  naïves  complaintes 
du  bon  vieux  temps.  Aux  accents  guerriers  et  patriotiques  de  Rouget  de 
Lisle  [la  Marseillaise),  de  Chénier  [le  Chant  du  Départ),  ont  succédé  les 
refrains  joyeux  de  la  tente  et  de  la  caserne  dans  Fanchon,  dans  Fanfan  la 
Tulipe,  dans  les  couplets  remplis  de  verve  de  Malgré  la  bataille,  etc. 

Aux  amateurs  de  la  chanson  bachique  et  grivoise  nous  avons  donné  le 
Cabaret,  Plus  on  est  de  fous,  plus  on  rit,  et  tant  d'autres. 

Les  chansons  épigrammatiques ,  les  tableaux  de  mœurs,  ceux  qui  pei- 
gnent certaines  époques ,  se  retrouvent  dans  les  Portraits  à  la  mode ,  le 
Relantamplan ,  la  Prophétie  turgotine,  la  Gamelle  patriotique ,  la  Nuit  de  la 
garde  nationale. 

Le  genre  bouffon  n'a  pas  été  oublié  :  Vadé  nous  a  fourni  sa  Manon  la 
couturière;  l'abbé  de  Latteignant,  J'ai  du  bon  tabac  dans  ma  tabatière. 

La  parodie  et  le  genre  burlesque  ont  apporté  leur  contingent  dans  la 
romance  d'Héloïseet  d'Abailard  et  dans  la  Complainte  de  Fualdès ,  la  Ves- 
tale, etc. 

Nous  nous  sommes  élevés  jusqu'à  la  hauteur  de  l'hymne,  en  donnant 
cette  belle  composition  qui ,  pour  être  née  dans  une  circonstance  politique 


qui  rappelle  de  tristes  souvenirs,  n'en  est  pas  moins  pleine  d'élévation  et 
de  poésie,  et  a  mérité  de  survivre  à  son  époqi>e.  Nous  voulons  parler  de 
V Hymne  à  l'Etre  suprême,  dont  les  paroles  ont  surpassé  en  noblesse  et  en 
énergie  celles  de  Chénier,  dont  la  musique,  due  à  la  \yre  de  Gossec,  se 
chante  encore  aujourd'hui  dans  nos  temples  catholiques,  et  dont  la  mélodie 
embellit  les  cantiques  religieux. 

La  musique,  dans  notre  recueil,  est  aussi  agréablement  variée  que  les 
paroles  :  si  l'on  y  trouve  de  simples  chansonnettes,  des  ponts-neufs,  des  airs 
faciles  et  naïfs,  on  y  rencontre  encore  les  chants  délicieux  de  Grétry,  de 
Dalayrac,  de  Délia  Maria,  de  Gaveaux ,  Méhul,  J.-J.  Rousseau,  Boieldieu, 
Monsigny,  Pergolèze ,  Âmédée  de  Beauplan  ,  Gossec ,  Solié ,  Doclie  père , 
Pradher,  etc. 

A  ces  esprits  graves  et  positifs  qui  veulent  trouver  partout  un  but  d'uti- 
lité ,  qu'il  nous  soit  permis  de  faire  observer  qu'il  aura  bien  aussi  son  utilité, 
ce  recueil  où  la  Chanson  a  pris  sur  le  fait  les  mœurs,  les  usages,  les  opinions, 
les  travers  de  chaque  époque,  cette  histoire  chantée  de  la  vie  guerrière  et 
civile,  publique  et  privée  des  Français.  Le  Comte  Ory  vous  dira  la  licence 
des  temps  féodaux  ;  le  Juif-Errant  et  V Enfant  prodigue  la  foi  du  peuple  des 
siècles  de  croyance;  Vive  Henri  IV  ei  Charmante  Gabrielle  vous  rappelle- 
ront la  popularité  et  les  tendres  faiblesses  du  bon  roi.  Ici  le  pacha  Bonneval, 
dans  ses  couplets  [Nous  n'avons  qu'un  Temps  à  vivre)  ^  va  résumer  tout  l'in- 
souciant épicuréisme  de  la  Régence  ;  là ,  deux  Chansons  satiriques  de  Lamotte 
et  de  Pannard  [Va-fen  voir  s'ils  viennent,  Jean,  et  Jadis  et  Aujourd'hui] 
vous  prouveront  que  déjà  chez  nos  bons  dieux  on  regrettait  le  Bon  vieux 
Temps.  L'avènement  de  Louis  XVI  a-t-il  l'amené  un  instant  des  mœurs  plus 
pur«s,  on  en  retrouve  le  reflet  dans  les  gracieuses  pastorales  du  chantre 
d'Estelle  et  dans  la  Bergère  (\eYQ\iVQ  menant  ses  blancs  moutons.  Plus  tard, 
Monsieiir  et  Madame  Denis  vous  retraceront  dans  leurs  souveiiirs  nocturnes 
les  mœurs  et  les  antiques  amours  de  la  vieille  bourgeoisie.  Enfin,  notre 
époque  moderne  vous  offrira  pour  son  tribut  les  malignes  critiques  du  Boi 
d'Yvetot ,  le  tableau  si  ingénieux  et  si  vrai  du  Ménage  de  Garçon,  de  Paris 
à  cinq  heures  du  matin  et  cinq  heures  du  soir. 

Les  Notices  placées  en  tète  de  chaque  Livraison  complètent  ce  cours  histo- 
rique sans  prétention.  Ces  Notices  ont  été  confiées  à  la  plume  d'écrivains  qui 
n'ont  point  épargné  les  recherches  pour  semer  l'instruction  dans  des  ma- 
tières en  apparence  si  frivoles.  Les  noms  de  ]\I]\I.  de  Lamartine,  Lacroix 
(Bibliophile  Jacob) ,  Leroux  de  Lincy,  Du  Mersan  et  Ourry,  connus  par  des 
travaux  sérieux  et  par  leurs  succès  dans  divers  genres  de  littérature,  sont  une 
garantie  des  soins  apportés  à  ces  commentaires  et  de  l'intérêt  qu'ils  offrent. 

La  collection  de  nos  Gravures  fournit  aussi  d'utiles  et  curieux  renseigne- 
ments. La  physionomie  morale  de  chaque  époque  n'est  pas  la  seule  que  nous 
ayons  saisie  :  tout  ce  qui  constitue  les  formes  et  l'extérieur,  les  costumes, 
vêtements,  atours,  armes,  etc.,  en  usage  aux  diverses  époques,  passent  tour  à 


tour  sous  k's  yeux  de  nos  lecteurs  dans  les  nombreuses  vignettes  qui  encadrent 
les  Chansons.  Dans  ce  Mufice  Pittoresque,  vous  retrouverez  pr«^s  des  pesantes 
armures  du  moyen-âge  l'ample  uniforme  des  soldats  de  Louis  XIV,  la  tenue 
raide  et  poudrée  des  gardes-françaises  sous  Louis  XV,  et  le  très-léger  hal)ill('- 
ment  des  volontaires  de  la  République  ;  après  la  fraise  gaufrée  de  Gabrielle , 
les  prétentieuses  modes  Pompadour,  les  costumes  un  peu  hasardés  du  Direc- 
toire et  les  parures  de  nos  élégantes  contemporaines.  MM.  Trimolet,  Steinheil, 
Daubigny,  Meissonier,  Pascal,  E.  Giraud,  Staal,  E.  de  Beaumont,  auxquels 
nous  devons  ces  dessins,  ont  non-seulement  donné  tous  leurs  soins  à  repro- 
duire fidèlement  les  situations  et  les  époques  ;  mais  leur  crayon  spirituel  et 
fécond  a  su  ajouter  souvent  aux  textes  des  détails  d'une  piquante  folie  ou 
d'ingénieuse  malice. 

Nous  croyons  avoir  observé  une  juste  mesure  dans  le  choix  des  couplets  qui 
se  rattachent  au  genre  hasardé ,  tranchons  le  mot,  au  genre  grivois  si  goûté  de 
nos  bons  aïeux.  La  Chanson  ne  doit  point  être  cynique,  mais  elle  ne  doit  pas 
non  plus  affecter  la  pruderie.  Et  au  surplus,  quoique  nous  ayons  exclu  toute 
pièce  qui  aurait  dépassé  les  limites  convenables,  nous  rappellerons  que,  pour 
ménager  toutes  les  susceptibilités,  et  malgré  le  soin  que  nous  avons  pris  dans 
cette  nouvelle  édition  de  former  un  volume  de  chansons  choisies  cjui  donnât  à 
ia  jeunesse,  en  lui  rappelant  ses  jeux,  les  paroles  et  l'air  noté  de  ces  chansons 
qui  ont  bercé  son  enfance,  nous  avons  laissé  au  public  liberté  complète  de 
choix  et  d'exclusion,  en  rendant  nos  livraisons  indépendantes  l'une  de  l'autre 
et  en  supprimant  toute  pagination. 

Cette  nouvelle  édition  a  été  l'objet  de  tous  nos  soins  :  nous  avons  rejeté 
celles  des  chansons  qui,  par  leur  mauvaise  exécution,  nuisaient  à  l'harmonie 
de  ce  recueil  ;  nous  avons  voulu  qu'elle  surpassât  les  éditions  précédentes  par 
la  perfection  et  l'achèvement  des  gravures.  La  Marseillaise,  depuis  si  long- 
temps demandée  par  les  souscripteurs,  reprend  la  place  qu'elle  devait  avoir 
dans  cette  collection  :  elle  forme  la  l'*^  livraison.  Cet  immortel  chant  de  gloire 
est  accompagné  d'une  notice  de  M.  de  Lamartine. 

Le  succès  populaire  obtenu  par  nos  Chansons  se  continuera.  Notre  espoir 
s'appuie  sur  la  popularité  même  de  ce  recueil.  Et  c'est  ce  qui  nous  a  encouragé 
à  faire  avec  autant  de  soin  cette  nouvelle  édition,  que  nous  offrons  avec 
confiance  au  public. 


LA  MARSEILLAISE 

Xatolt'd  eb    IIUuiL^ue 

GRAVURES  PAR  IVI.  NARGEOT 

iUuôiquf  luraniflff  avec  lia-ompa^iumcwi  ttc  piann 
PAR  M.  JILIEN  IVARGEOT 

CHEF     I)'onCllESTIlE     AU    THEATRE    DES     VARIETES. 


NOTICE 

Sa  ^Torsrillûiec  coiiseiui  un  relcnlissemeiit  de  chant  de  gloire  et  de  cri  de  uioit;  glorieuse  coninif 
l'un,  funèbre  comme  l'autre,  elle  rassure  la  patrie  et  fait  pâlir  les  citoyens.  Voici  son  origine. 

Il  y  avait  un  jeune  officier  du  génie  en  garnison  à  Strasbourg.  Son  nom  était  Rouget  de  Lisle.  H  était  né  à 
Lons-le-Sauhiier,  dans  le  Jura,  pays  de  rêverie  et  d'énergie,  comme  le  sont  toujours  les  montagnes.  Ce  jeune 
homme  aimait  la  guerre  comme  soldat.  la  révolution  comme  penseur;  il  charmait  par  les  vers  et  par  la 
musique  la  lente  impatience  de  la  garnison.  Recherché  pour  sou  double  talent  de  musicien  et  de  poëte,  il 
freMjuentail  familièrement  la  maison  du  baron  deDietrich,  noble  Alsacien  du  parti  constitutionnel,  ami  de 
Lafayette  et  maire  de  Strasbourg.  La  femme  du  baron  de  Dietrich,  ses  jeunes  amies  partageaient  l'enthou- 
siasme du  patriotisme  et  de  la  révolution,  qui  palpitait  surtout  aux  frontières,  comme  les  crispations  du  corps 
menacé  sont  plus  sensibles  aux  extrémités.  Elles  aimaient  le  jeune  officier,  elles  inspiraient  son  cœur,  sa 
poésie,  sa  musique;  elles  exécutaient ies  premières  ses  pensées  à  peine  écloses,  confidentes  des  balbutiemenis 
de  son  génie. 

C'était  dans  l'hiver  de  1792.  La  disette  régnait  à  Strasbourg.  La  maison  deDietrich,  opulente  au  com- 
mencement de  la  révolution,  mais  épuisée  de  sacrifices  nécessités  par  les  calamités  du  temps,  s'était  appau- 
vrie. Sa  table  frugale  était  hospitalière  pour  Rouget  de  Lisle.  Le  jeune  officier  s'y  asseyait  le  soir  et  le 
matin  comme  un  fils  ou  un  frère  de  la  famille.  In  jour  qu'il  n'y  avait  eu  que  du  pain  de  munition  et 
quelques  tranches  de  jambon  fumé  sur  la  table.  Dietrich  regarda  de  Lisle  avec  une  sérénité  triste  et  lui  dit  : 
1'  L'abondance  manque  à  nos  festins;  mais  qu'importe,  si  l'enthousiasme  ne  manque  pas  à  nos  fêtes 
n  civiques  et  le  courage  aux  cœurs  de  nos  soldats!  J'ai  encore  une  dernière  bouteille  de  vin  du  Rhin  dans 
«  mon  cellier.  Qu'on  l'apporte ,  »  dit-il ,  «  et  buvons  à  la  liberté  et  à  la  patrie  !  Strasbourg  doit  avoir 
«  bientôt  une  cérémonie  patriotique;  il  faut  que  de  Lisle  puise  dans  ces  dernières  gouttes  un  de  ces  hymnes 
■<  qui  portent  dans  l'àme  du  peuple  l'ivresse  d'où  il  a  jailli.  ><  Les  jeunes  femmes  applaudirent ,  appor- 
tèrent le  vin,  remplirent  les  verres  de  Dietrich  et  du  jeune  officier  jusqu'à  ce  que  la  liqueur  fût  épuisée. 
Il  était  tard  ;  la  nuit  était  froide.  De  Lisle  était  rêveur ,  son  cœur  était  ému ,  sa  tête  échauffée.  Le  froid  le 
saisit.  Il  rentra  chancelant  dans  sa  chambre  solitaire,  chercha  lentement  l'inspirStion  tantôt  dans  la 


piilpifalion  de  son  âme  de  citoyen,  lanlôl  sur  le  clavier  de  son  instriinienl  d'artiste,  composant  tantôt  l'air 
avant  les  paroles,  tantôt  les  paroles  avant  l'air,  et  les  associant  tellement  dans  sa  pensée,  qu'il  ne  pouvait 
savoir  lui-même  lequel  de  la  note  ou  du  vers  était  né  le  premier,  et  qu'il  était  impossible  de  séparer  la 
poésie  de  la  musique  et  le  sentiment  de  l'expression.  Il  chantait  tout  et  n'écrivait  rien. 

Accable  de  cette  inspiration  sublime,  il  s'endormit,  la  léte  sur  son  instrument,  et  ne  se  réveilla  qu'au 
jour,  les  chants  de  la  nuit  lui  remontèrent  avec  peine  dans  la  mémoire,  comme  les  in^ressions  d'un  rè\e 
Il  les  écrivit,  les  nota,  et  courut  chez  Dietrich.  Il  le  trouva  dans  son  jardin,  bêchant  de  ses  propres  mains 
des  laitues  d'hiver,  la  femme  du  maire  patriote  n'était  pas  encore  levée.  Dietrich  l'éveilla.  Il  appela  quel- 
ques amis ,  tous  passionnés  comme  lui  pour  la  musique  cl  capables  d'exécuter  la  composition  de  de  lisle. 
(ne  des  jeunes  filles  accompagnait.  Rouget  chanta,  A  la  première  strophe  les  visages  pâlirent,  à  la  seconde 
les  larmes  coulèrent.  Aux  dernières  le  délire  de  l'enthousiasme  éclata.  Dietrich,  sa  femme,  le  jeune  otTicier 
se  jetèrent  en  pleurant  dans  les  bras  les  uns  des  autres;  l'hymne  de  la  patrie  était  trouvé  f  Hélas!  il  devait 
être  aussi  l'hymne  de  la  terreur,  l'infortuné  Dietrich  marcha  peu  de  mois  après  à  l'échafaud,  au  son  de 
ces  notes  nées  à  son  foyer  du  cœur  de  son  ami  et  de  la  voix  de  sa  femme. 

le  nouveau  chant,  exécuté  quelques  jours  après  à  Strasbourg,  vola  de  ville  en  ville  sur  tous  les 
orchestres  populaires.  Marseille  l'adopta  pour  être  chanté  an  commencement  et  à  la  fin  des  séances  de  ses 
clubs,  les  Marseillais  le  répandirent  en  France  en  le  chantant  sur  leur  route.  De  là  lui  vint  le  nom  de 
ilTavscillatsf.  k  vieille  mère  de  de  lisle,  royaliste  et  religieuse,  épouvantée  du  retentissement  de  la 
vnrx  de  son  fils,  lui  écrivait  :  «  Qu'est-ce  donc  que  cet  hymne  révolutionnaire  que  chante  une  horde  de 
'  brigands  qui  traverse  la  France  et  auquel  on  mêle  notre  nomî  »  De  lisle  lui-même,  proscrit  en  qualiti- 
de  fédéraliste,  l'enlendil,  en  frissonnant,  retentir  comme  une  menace  de  mort  à  ses  oreilles  en  fuyant  dans 
les  sentiers  du  Jura.  «  Comment  appelle-t-on  cet  hymne?  »  denianda-t-il  à  son  guide.  —  «Cu  iHiuscil- 
"  laiec,  »  lui  répondit  le  paysan.  C'est  ainsi  qu'il  apprit  le  nom  de  son  propre  ouvrage.  Il  était  poursuivi 
par  l'enlliousiasme  qu'il  avait  semé  derrière  lui.  Il  échappa  à  peine  à  la  mort,  l'arme  se  retourne  contre 
la  main  qui  l'a  forgée,  la  révolution  en  démence  ne  reconnaissait  plus  sa  propre  voix. 

Cu  iHarsritlaisf ,  c'était  l'eau  de  feu  de  la  Révolution  qui  distillait  dans  les  sens  et  dans  l'âme  du 
peuple  l'ivresse  du  combat,  les  notes  de  cet  air  ruisselaient  comme  un  drapeau  trempé  de  sang  encore 
chaud,  sur  un  champ  de  bataille.  Elles  faisaient  frémir;  mais  le  frémissement  qui  courait  avec  ses  vibra 
lions  sur  le  cœnr  était  intrépide.  Elles  donnaient  l'élan,  elles  doublaient  les  forces,  elles  voilaient  la  mort. 

Tous  les  peuples  entendent,  ii  de  certains  moments,  jaillir  ainsi  lenr  âme  nationale  dans  des  accents  que 
personne  n'a  écrits  et  que  tont  le  monde  chante.  Tous  les  sens  veulent  porter  leur  tribut  an  patriotisme  e> 
s'encourager  niuttiellement.  le  pied  marche,  le  geste  anime,  la  voix  enivre  l'oreille,  l'oreille  remue  le  cœur, 
l'homme  tont  entier  se  monte  comme  nn  instrument  d'enthousiasme,  l'art  devient  saint,  la  danse  héroïque, 
la  musique  martiale,  la  poésie  populaire,  l'hymne  qui  s'élance  à  ce  moment  de  tontes  les  bouches  ne  péril 
plus.  On  ne  le  profane  pas  dans  les  occasions  vulgaires.  Semldable  à  ces  drapeaux  sacrés  sn.spendus  aux 
voûtes  des  temples  et  qu'on  n'en  sort  qu'à  certains  jours,  on  garde  le  chast  national  comme  une  amn' 
extrême  ponr  les  grandes  nécessités  de  la  patrie,  le  nôtre  reçut  des  circonstances  où  il  jaillit  un  caractère 
particulier  qui  le  rend  à  la  fois  plus  solennel  et  plus  sinistre  :  la  gloire  et  le  crime,  la  victoire  et  la  mort 
semblent  entrelacés  dans  .ses  refrains.  Il  fut  le  chant  du  patriotisme,  mais  il  fut  aussi  l'imprécation  de  la 
fureur.  Il  conduisit  nos  soldats  à  la  frontière,  mais  il  accompagna  nos  victisKS  à  l'échafaud.  le  même  fer 
défend  le  cœur  du  pays  dans  la  main  du  soldat  el  égorge  les  victimes  dans  la  main  du  bourreau  Ç). 

A.  DE  lAlIARTi\E 


.  (*)  Cette  belle  page  sur  Rouget  de  Lisle  a  été  extraite  de  l'Histoire  des  Girondinr, 
d'après  l'autorisation  spéciale  de  MM.  Furne  et. Coquebert ,  éditeurs  de  ce  grand 
ouvrage  de  M.  de  Lamartine. 


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li:,l 


<'  S<,v. 


l.\  MARSEILLAISE  . 
I. 

Allons  ,  eiiranls  do  la   Patrie, 
Leiour  de  çrloirc  osl  anrvé  ; 
Contre  nous  de  la  tyrannie 
L'  étendard  sano-lanl  est  le.-vé  .  iiiis  i 
Entendez -vons  dans  ces  campaones 

Muo-ir  ces  féroces  soldats  '^. 

o 

Ils  viennent  jusque  dans  vos  T)ras 
Eg^"OTg"er  vos  ffls  ,vos  compagnes!... 

Anx  armes  .citovens '.formez  vos  baltullons  ' 

Al arclions, marchons  I 

Qu'un  sanê  inipm\  abreTive  nos  sillons  . 


'  «^^ 


^  $1  ' 


•f^/^^J7'>'-^ 


1,' 

Que  veiil  cetlc  hoidc  <I  est  lave 
De  traîtres. de  Rois  eomurés  '.' 
Pour  qui  ces  is^nobles  entraves, 
(es  fers  dès  lonôtemps  prépares  ''  i\,v 
J'raDcais  .pour  nous. ah  !  quel  outraa-e 
Ouels  transports  il  doit  exeiter! 
(est  nous  qu'on  ose  méditer 
Do  rendre  a  1  antujtie   esolavao'e  1... 

Au  s  arni  es .  cj tovens  !  î\'  ''  ^' "* 


^yii    (1u()i  '  (  es   (olioilis   elianoeies 
/       1  (raient  la  loi  diins  nos  fovers  ? 


\       t_hiiii  !  des  plialano^es  mer 


eenaires 


\ 


Terrasseraient  Jios  liei's  onierriers  '.'(bi>i 
,1    (jrand  Dieu 'paj- des  niàins  enchainées 

'  ^ 5  '''    ^t>s  trotils  sous  le  |ouo"  se  ploieraient  .' 

\i^^  ~  ■       - 

m    *!>      \^c  vils  despotes  deviendraient 


Les  luaiti'es  de  nos  destinées  .'... 
Aux  ai-ines  rilovens.'fi"' ('\'* 


'U 


/ 


lA. 


Trenibl  oz .  tv  ran  ^i,  et  von  s  perfide  s 
§i\  l.lj^^yly'L' opprobre  de  tous  les  partis; 
'  Trcmticz  '  vos  projols  paiTicides 

\onl  cnlin  rocovoir  leur  prix  I  (tis)     ' 
.%  Toul  osl  soldai  nonr  vous  coTDlialh  e 

S'ils  lombcnliios  jeunes  liéros, 
La  lerre  en  prodnil  de  nouveaux 
Contre  vous  loul  prêts  a  se  batti-o 


# 


Aux  armes,  citovons  I  ft''^A'* 


■V.  ■  ^'"'    .^ 

J  I  uiçais.en  oiicrriers  niaônaninios^    .     n 
Portez  ou  l'eleiM'Z  vos  oon])S  ;  •     - 

1  jtaronez  ces  Irisles  vjclimes 
\  1  eorel  s'arnuuit  conli-e  nous  .  (Ws)  , 

Mais  ces   despotes  sanouinaai-es  .  "V -^ 

M  us  les  compilées  de  BouiDé,  '^       ■ 

I  ous  ces  tloTes  qui  saus  pitié  ^ 

nicliii-enile  sein  de  leurs  mères!.. 

Aux  ai-ines.citovens!ft"^ft"'' 


..  t,  l- 


Nons  entrerons  dans  la  carrière 
Qnand  nos   aines  n  >   serontplns 
^'oQS  vtro avérons  leur  poussière 
Ella  trace   de  leiirs  vertus  '    ("bis) 
Bieniuoins  laloux  do  leur  survivi  e 
Que  de  partag^-er  leur  cercaeil, 
Nous  aoroiis  le  sublrm  o  orgueil 
De  les  venger  on  de  les  suivre  ' 

\ttv  amies ,  citoyens .^'*^&  * 

VU. 

Amour  sacré  delà  Patrie. 

Conduis,  soutiens  nos  bras  ^enéeurs 

Liberté  .Liberté  chérie. 

(Combats  avec  tes  défenseurs  '  (lus) 

Sous  nos  drapeaux  que  laTrctoire 

Accoure  à  tes  mâles  accents  , 

Que  tes  ennemis  expirants 

Voient  ton  triomphe  et  noire  gloire  ' 

Aux  armes, citovenslformez  vos  bataillons 

M^arcbons ,  marclions  ' 

Qu'un  siinp  mipuf   abreuve  nos  sdlons 

FIN. 


^irSl  ^~' A 


isA  maussiliLaisb 


Ch4:nt, 


^I.\^'o. 


^4 — -— — - 


^     N     N     N 


3 


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Al-lons,en-fanls  de     la    pa    -    Iri    -    -  e,  Le  jour  de 


gloireest        ar-ri-vé.  Conlrenousdelatyran-ni  -  e    L'élendardsanglanleslle 


vé,  L'élendardsanglanleslle  -  vé; 


En  lendezvous ,     dans  lescam  - 


é—é      é~^-'-é 


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-  pa-gnes,Mii    -    -  gir   ces  fé-ro- ces  sol-dals?  Ils  vien-neni  jiisquesdansvos 


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Aux   ar    -  mes!ci-loy-ens, 


for-mez     vos  ba-tail -Ions, 


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Aux  ar    -  mes!oi-loy-ens, 


for-mez     vos  ba-tail- Ions,  Mai 

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for  -  mez      vos  ba-lail-lons, 


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Procédés  do  TàNTENSTF.iN  et  roRnBi,90.  rue  ilc  la  Harpe 


Harne  ' 


Imprimerie  de  Pili.lt  i  ils  aiaf,  rue  des  Grands-Augustins,  7. 


^11  ©(©liwane^-^jiif 

SOUVK.^IRiS   nl'tiX   VIEUX    SSaLSTAHUli:, 


S£SSinS     TA1R.     fil.     TmmOZiET, 

GRAVURES  :  1"  et  4*  plaiscues  pab  M.  BOILLY.  —  2'  kt  3'  PI.A^•caKS  paii  M.  NARGEOT. 

3u-  î)c  Kofljf  pcrf,  avec  ai-fompogiifinfiit  bc  piano  par  lïl.  l].  (Colef, 


NOTICE. 

Li'S  Chansons  qui  naissent  avec  !a  circoiis:nnce  menreni  souvent  avec  elle.  Rien  n'est  en  Fiance  [ilus  fugitif 
que  Teulhousiasme.  La  mode,  l'esprit  de  parti,  le  besoin  de  critiquer,  font  éclore  ch:îr|Ue  jour  des  productions 
que  l'on  porte  aux  iiiies;  puis  une  mode  nouvelle  arrive,  un  unuveau  pouvoir  s'élève,  de  nou\eau\  succès 
amènent  de  uouveilos  critiques,  et  la  Renommée,  avec  ses  cent  houdus  et  ses  cent  trompettes,  n'a  ni  assez 
de  voix  ni  assez  de  fanfares  pour  sullirc  à  la  consommation  de  vers  et  de  cliansons  qui  la  poursuivent  dans 
sou  vol  rapide. 

L'opposition  est  le  stimulant  le  plus  fort  pour  tneiller  l'esprit  public  :  elle  s'adresse  à  la  malignité,  au 
raécoDlenlenienl,  elle  entoure  les  souvenirs  d'une  auréole  brillante. 

La  plus  belle  ode,  dans  les  temps  de  vicîoire  et  de  prospérité,  passe  inaperçue  :  on  trouve  à  son  encens 
un  parfum  de  flatterie,  à  ses  couleurs  un  veruis  de  servilité.  £a  £]tttx\aie  eût  été  bonuie  du  vivant 
d'Denri  IV.  On  reprochait  à  Louis  XIV  les  prologues  d'opéra  qui  chantaient  ses  victoires.  Lorsque  ^'apoléou 
était  sur  le  trône,  et  maître  de  l'Europe,  ou  glissa  entre  les  odes  des  poètes  louangeurs  et  le  itriompiie 
ï)c  «JLvûjnu,  les  refrains  du  Ilot  JDagobftt  et  du  Roi  b'^Joctut. 

La  Restauration  survint,  et  la  France  qui  avait  eu  l'air  d'être  lasse  de  gloire,  se  prit  à  en  avoir  la 
passion.  Elle  s'attendrit  avec  les  iîlfesciiifiutfs,  et  elle  alla  gémir  au  pied  be  la  Colonne,  qu'elle 
avait  vue  s'élever  avec  une  aorte  b'insourianee;  puis  après  s'être  enroué  à  chanter  le  retour  des  lys  et 
i3on,  bon,  bon,  uioe  mi  ûourbon,  l'on  s'amusa  de  Uoule  ta  bosse,  roi  Cotillon;  et  de  toules 
sortes  de  gentillesses  de  même  nature.  Tant  il  est  vrai  qu'on  n'apprécie  les  choses  que  quand  on  les  a  per- 
dues, et  qu'on  ne  les  aime  souvent  que  quand  il  faut  les  regretter.  Qu'il  nous  vienne  quelque  jour  un  prince 
gaerrier,  nous  entendrons  bientôt  l'éloge  de  la  paix,  dont  il  semble  aujourd'hui  que  l'on  ne  jouisse  qu'a\ec 
résignation. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  sentiments  généreux  et  ce  qu'ils  produisent,  survivent  aux  époques  qui  les  ont  fait 
naître.  Emile  Debraux  ne  fut  pas  un  faux  enthousiaste,  ni  un  spéculateur  d'opposition.  Elève  du  Lycée  im- 
périal, il  y  puisa  cet  esprit  de  patriotisme  qu'on  y  inculquait  à  la  jeunesse.  En  1815,  lorsque  la  trahison 
eut  livré  la  France  à  l'étranger,  il  fut,  comme  tant  d'autres,  indigné  des  humiliatious  dont  ou  accablait 
notre  vieille  armée,  et  le  sentiment  profond  de  la  gloire  qui  s'attachait  aux  exploits  de  nos  soldats,  lui  insjiira 
des  chants  dans  lesquels  il  (it  revivre  tous  les  souvenirs  propres  à  réveiller  l'orgueil  national. 

Déjà  une  main  amie  a  tracé  dans  une  précédente  Notice  [sur  ianfau  la  tulipe,  11''  Livraison), 
quelques  lignes  sur  Emile  Debraux,  et  a  rendu  justice  à  son  talent,  avec  quelques  restrictions  sur  les  négli- 
gences de  sa  poésie  ;  mais  il  faut  convenir  que  si,  dans  les  sojels  peu  élevés,  l'auleur  a  été  simple  et  familier, 
dans  ceux  qui  demandaient  de  la  noblesse  et  de  l'iiispiraliou ,  il  s'est  moniré  plein  d'ame,  de  verve  et  de 
poésie. 


Sa  cliaiisoii  iiililiil('('  «le  aouoifiis-tu  esl  une  de  celles  qui  a  eu  le  plus  de  popolarilé;  on  y  (roa\e 
le  seiilimeul  et  la  uoblesse  de  l'expression,  elle  s'élève  quelquefois  jusqu'à  la  hauteur  de  l'oile.  Elle  fui  chaulée 
dans  les  carrefours,  dans  les  mansardes,  dans  les  villages,  dans  les  guinguelles  des  faubourgs,  dans  les  diner* 
de  corps,  parloul  enfin  où  l'on  chaulait. 

Aujourd'hui  qu'au  lieu  de  chauler  ou  fume,  qu'au  lieu  de  s'enthousiasmer  on  raille  (pour  ne  pas 
employer  un  mol  trivial,  qui  du  langage  du  peuple  a  passé  dans  celui  du  beau  monde),  aujourd'hui,  dis-je , 
ou  appelle  les  poésies  militaires  ou  nationales  du  rljauoiuidmc,  expression  néologique  employée  par  les 
feuilletonistes  pour  Hélrir  par  le  ridicule  d-îs  souvenirs  qui  ont  cependant  quelque  chose  d'honorable!  il  n'y  a 
plus  assez  de  dérision  pour  les  exilés  de  la  Loire,  ni  assez  de  dédain  pour  les  Sol6at9  Ubourfurs  ;  mais 
en  revanche,  on  apothéose  Uobcrt-iHaraivf  ! 

On  esl  prêl  à  dire,  comme  lléiiage  à  Chapelain,  en  sorlanl  de  la  comédie  des  JjJrfriruara  ribifulrs: 
•' llouïi  UDona  eu  la  faiblesôe  b'applaubir  à  fe«  sottiêes-là.  31  faut  brûler  ce  que  nous 
aoous  oioré. 

Revenons  à  Emile  Debraux,  dont  la  réputation  fut  populaire,  et  qui  se  contenta  pendant  sa  vie  d'une 
célébrité  qui  ne  dépassait  point  la  région  des  aleliers  et  de  la  petite  propriété.  Il  eiil  pu  s'élever  plus  haut,  si 
son  caraclèrc  indépendant  ne  l'avait  entraîné  jusqu'à  l'insouciance,  il  quitta  jeune  encore  un  emploi  qu'il  avait 
à  la  bibliothèque  de  l'École  de  Méilecine,  pour  n'èlre  plus  que  libre  et  Chansonnier.  Il  se  crut  apôlre,  et 
oublia  en  chantant  la  misère  présente  et  celle  qui  menaçait  son  avenir.  Déranger  a  peint  ainsi  sa  situation  : 

31  aoait  boue  bea  rentes? 
<Ê!)!  non,  fîleesieura,  il  logeait  au  grenier. 
Ce  temps,  au  bruit  5eô  fèfea  euiorantes, 
Uàpait,  ràpnit  l'l]nbtt  bu  rljaneonnier. 
Uiuait  ri)iiu-v,  le  bois  manquait  n  l'àtre, 
Ca  mtrc  au  novïi  étineclait  be  fleurs, 
*  31  çirelotiait;  mois  sa  muse  folâtre, 

Uu  paui're  peuple  allait  séeljfr  lis  pleurs. 
Cû  Dotr  îi'(Binile,  cuoquaut  notre  l)istoire, 
îlu  eab.uet  ennoblit  les  éil)os!... 

Échos  stériles  dont  renivremeiil  dure  peu  I  Debraux  se  contenta  de  ces  succès,  entonna  refrains  sur  refrains, 
devint  i'ame  des  réunions  lymiues  et  des  goguettes  chantantes.  Nous  n'élevons  point  notre  esprit  quand  nous 
ne  choisissons  pour  admirateurs  que  ceux  qui  en  ont  moins  que  nous.  La  pauvreté  cl  ses  habitudes  énertenl 
le  goiit  et  détruisent  l'énergie.  Déranger  l'a  dil  encore  ; 

JVl)  !  le  besoin,  îiu  toleut  est  l'ceucil. 
Debraux  n'avait  que  Irente-trois  ans,  lorsqu'en  février  1831  une  maladie  chronique  le  conduisit  au  tombeau. 
Il  u'a  laissé  qu'un  Recueil  de  Chansons,  dont  quelques  unes  seulenienl  lui  survivront. 

Avec  son  caractère,  s'il  eiît  vécut  plus  longtemps,  qu'aurail-i!  laissé?  Il  n'y  avait,  pour  lui,  plus  rien  à 
chanter  :  les  gloires  sont  oubliées,  les  regrets  sont  éteints.  L'oubli  eùl  suivi  sa  misère,  et  quelque  ami  eiji 
fait  son  épitaphe,  comme  Gilbert  (il  celle  d'un  autre  poète  malheureux  : 

£a  faim  mit  au  tombeau  iïtalfiliître  ignoré! 
Quand  nous  mourons,  nous  autres,  pauvres  poètes,  on  dit  un  jour  :  c'est  dommage!  et  le  lendemain,  on  ne 
dil  plus  rien. 

Mais  les  chansons  d'Emile  Debraux  seront  toujours  une  page  de  notre  histoire,  et  l'histoire  en  chansons 
vaut  mieux  que  l'histoire  en  romans,  comme  on  la  fail  bien  souvent. 

due  de  scènes  déguisées,  passées  sons  silence,  oubliées  exprès,  dont  on  pourrait  dire  à  ceux  qui  en  furent 
ou  les  témoins  ou  même  les  acteurs,  TE  SOUVIENS-Tli  ?....  DU  MERSAS. 


vS  OUVKMRS 


1)  UN    VIKUX 


MILITA  IKK. 


/'rf/v/.:r  J/:m,/r  //t/'fv 


Te  soinyens -/i7.   disait  \in  capiltime 
Au  vétéran  qm  nieniiAit  son  p^iit. 
Te  'sourjens'tu  qti'axiîTefois  diins  la  pl.im 
Txi  détoiu'iias  \vn  sftbre  démon  sciti  ^ 
SoiLS  les  dj'ApeaTir  lixiie  Tûèro  diéme. 
Tous  deui  jadis  1101J.S  avons  conibailru; 
-JenVen  soxivienR,  car  je  te  Aomlaxie: 
Mois,  loi, soldat, 3is-nioi,  t-eii  sourjonstu 


To  soTtrj^ns  tu  de  ces  ^otu-s  trop  rapides, 
OvvlefVançais  «ct^Tul  tanl  de  rei^om** 
Te  souviens  tu  que  stu*  les  Pvi'aTiiidejî, 
Cliacrni  de  nous  osa    oTavcr  soimom  ? 
Malft-ré  les  vents, mal o-ré  laterre  etlonAe 
Ou  ^it  flotter,  après  l'avoir  vai,nc\.v. 
\o\re  êteniUrd  siir le  l)erreau  A\i  monde  , 
Dis-moi.  soldat,  dis-moi.  t'en  se 


/îS^SS^- 


yh  sounens-^a  de  ces  plAincs  Q'iacces 

(-Kl  le  (rauçais,  abordiuit  en  Yainqueur, 

\  it  siu-  sou  front  les  nein-es  amassées 

Glacer  son  corps  sans  refroidir  soncceui'  '' 

Souvent  alors  aumiUeuies  «laTmes, 

J'os  plonrs  cotdinait,mâis  notre  œil  abatta 

Brillait  encor  lorjqti'an  Tolait  «tnr  armes; 

l)is-nioi.aolclAt,  àis-moi,  /  en  souviens- i ni' 

Te  soui-iens-m  qu'un  lour  noire  pairie 
Al  raiite  eiicor  descendit  au  cercueil , 
Kt  quel'on  ati,  dans  Lutéce  flétrie 
,Iles  éirang-crs  marcher  arecorrueil  ? 

a\  e  en  ton  cœur  cejour  pour  le  maudire, 
Kt  quand  Bellone  enfrn  aura  paru, 
Qu  un  clief  jamais  n'ait  Tiesom  de  te  dire 
Bis  moi,  soldat,  disiiioi,  ten  snunen.iln  ' 


7rTy>f£k  CAardari  amc  ct/Sf.  Jo.  r..ffau£cf'îi. 


TE    SOUVIENS-TU? 


AIR  DE  DOCHE  PERE 


Avec  accompagnement  de  piano,  par  M.  H.  COLET,  professeur  d'harmonie  an  Cnnservaloire. 


Andaniino. 


Chant. 


i 


PIANO. 


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i:    -     7 


f-f-r-'S 


izzizzizd 


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U 


7~T^~1^ 


-4    7  J  j~i 


Te  souviens- tu,        di-sailun  ca -pi  -  tai  -  ne       Au  vé-té- 


E 


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ran      quiinendi-ail  son     pain,  Te  souviens  -  tu       quaulre -fois  dans  la 


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plai  -  ne,  Tu  dé  tour  -  nas       un  sa-bre  démon     sein?  Sous  les  dra 


peauxd'u-ne    iiiè    -  re  ché  -ri  -  e,       Tous  deux  ja  -    disnous  a  -  vous    combat- 


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-  tu,  Jem'ensou-  viens,  car  je    le    dois  ia         vi  -  e,      Mais  toi,  soi  - 


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dal, dis-moi, l"ensouvieiis-lu?      Jemensoaviens,  car  je  ledoisla   vi  -  c,  Mais  toi,  sol- 


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-dat.disnioi, l'en  souviens-  lu?    Mais  loi,  sol-dat,  dis-moi,  l'en  souviens-lu  ?     Te  souviens- 


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I    l'roccdés  de  Tanlenslcin  et  Conlel,  90.  nie  de  la  Harpe.) 


PariS;  iii!pr;meiie  de  TiLLKT  FILS  AïKiî;  rut  des  Graiids-Aujublins,  S. 


SM 


MANON    LA    COUTURIÈRE, 

CHAsrsonr  far  vadé. 

SHusiqat  arrungcc  avec  afrompa^urinciit  bc  piano  par  i\\.  ;Q.  (iïolct. 


NOTICE. 

Uabf  pouï  arljcocr  ses  rsquiaeca  fibclca, 
JS\an»  to«9  Ifô  rorrcfoure  poursuiooif  ers  inobrlcô; 
Be  ce  fostumf  ngrcatr,  tugrim  poitisau, 
3nterroçifait  U  pàtrr ,  aborbait  l'artison. 
âûloiir  Df  la  saisir  aane  muer  et  eans  porurf, 
3itsqitC6  ûur  U)orrl)frpna  il  rljcrrlja  la  nature. 
(5tait-il  ou  oillagr,  il  m  traçait  ka  inrenra, 
iJLriiiquait ,  pour  Ire  miiur  priiibrc,  aucr  bra  roroUura, 
(8t  rljaiigrant  rljaquc  jour  bc  ton  cl  bc  palette, 
Craponnoit  eur  uu  port  3crome  et  iFoueljointcttf, 

r/osl  ainsi  que  Dorât,  dans  son  poème  de  la  déclamation,  a  trace  le  genre  de  Vadé,  qui  fut  à  la  mode 
cl  eut  un  moment  de  vogue,  grâce  à  la  gaité,  à  l'originalité  des  produclions  burlesques  de  ce  poète,  qui 
fut  proclamé  l'inventeur  du  genre  poissard.  * 

Vadé  dut  en  grande  partie  sa  réputation  à  des  circonstances  qui  n'existent  plus,  et  doul  la  classe  inférieure 
de  la  société  ne  conserve  heureusement  qu'une  faible  tradition.  Les  femmes  de  la  halle  s'étaient  arrogé 
autrefois  le  singulier  privilège  d'injurier  impunément  les  acheteurs  et  même  les  passants  J'ai  dit  injurier  , 
mais  je  risquerai  le  mot  technique  :  engueuler.  Je  puis  me  permeltre  celle  licence,  aujourd'hui  qu'on 
imprime  jusqu'à  l'argot  des  voleurs.  On  appelait  poiaaarb  leur  idiome  grossier,  et  la  bonne  compagnie 
avait  quelquefois  la  curiosité  d'aller  aux  halles  entendre  ces  femmes  débiter,  avec  une  amusante  volubilité, 
toutes  les  richesses  de  leur  vocabulaire  sottisier. 

Vadé  s'imagina  le  premier  d'en  faire  usage  dans  des  pièces  de  vers,  dans  dis  chansons,  et  parliculièremenî 
dans  un  poème  burlesque  inlitulé  la  pipe  eaeeée.  Il  allai!  éludier  sur  place  l'esprit  et  le  langage  du 
peuple,  se  plut  à  imiter  les  scènes  dont  il  avait  été  le  témoin  et  à  les  jouer  lui-même  dans  les  salons,  on 
il  fut  admis  comme  plaisant  de  profession.  Les  gens  riches  payaient  ses  facéties  par  de  bons  dîners ,  il  se 
livra  malheureusement  à  des  excès  qui  ne  lui  permirent  pas  de  fournir  une  longue  carrière;  il  mourut  dès 
l'âge  de  37  ans,  le  4  juillet  1757.  Du  reste,  Vadé  était  doux,  poli,  jovial,  obligeant,  et  ce  n'était  pas 
seulemenl  comme  un  homme  facétieux,  mais  à  cause  de  ses  qualités  et  de  son  esprit,  qu'il  était  recherché 
dans  le  monde.  Beaucoup  de  ses  opéras-comiques  eurent  un  grand  succès,  et  on  trouve  dans  ses  poésies 
beaucoup  de  morceaux  qui  prouvent  qu'il  avait  du  gnùt  quand  il  le  voulait. 

L'historiette  ou  chanson  de  iîîanon  la  (ttouturière  est  un  pelil  chef-d'œuvre  de  naïveté  et  même 
de  scnlimenl.  Ma  vieille  bonne,  qui  me  la  chantait  dans  mon  enfance,  ne  pouvait  s'empêcher  de  s'attendrir 
à  certains  passages.  Elle  admirait  surtout  la  bonté  du  Roi ,  qui  sans  s'offenser  de  la  familiarité  de  illaiion  qui 


s'élail  jelée  au  cou  de  M.  Villeroy ,  qu'elle  avait  [ins  pour  lui ,  fail  donner  mille  écus  à  la  jeune  fille  e!  lui 
rend  sou  amant,  en  répondant  aux  offres  de  Manon  : 

©.u'il  »c  tioulûit  rien  pour  ca. 
Mais  ce  qui  est  à  remarquer,  comme  un  cnntrasie  avec  nos  mœurs  actuelles ,  c'est  la  facilité aveciaqueil 
on  abordait  le  monarque.  Ne  clianle-t-on  pas  dans  la  prière  du  déserteur  : 
Ce  roi  passait,  et  le  tambour 
battait  aur  rljampe.  Itue  fille  bieu  faite 
JlJerre  la  file,  elle  eric,  elle  eourt, 
®ombc  0  geuour,  en  pleurs,  le  roi  s'arrête, 

Ce  roi  l'éroute 

Le  peuple  est  heureux  lorsqu'une  méfiance,  malheureusemenl  devenue  nécessaire,  ne  mel  point  de  barrière 
entre  lui  cl  le  souverain. 

Vadé,  parmi  ses  chansons  grivoises,  en  a  fait  de  fort  jolies  sur  les  évèneraeuts  du  temps,  et  le  langage 
poissard  donnait  beaucoup  de  sel  à  la  louange ,  qui  devenait  bientôt  populaire. 

Voltaire  a  fait  au  nom  de  Vadé  l'honneur  de  le  prendre  pour  pseudonyme  dans  plusieurs  de  ses  facéties. 
Il  publia  en  1764  un  volume  intitulé  :  Contes  îie  Guillaume  \)aié ,  c'était  sept  ans  après  la  morl  de 
l'auteur  de  la  Iptpe  rossée.  Voltaire  ne  changea  que  les  prénoms,  et  mil  Guillaume  au  lieu  de  Jean-ioseph. 
Il  fait  dire  à  Catherine  Vadé  dans  la  préface  :  3e  pleure  encore  la  mort  bc  mon  rousin  <6uiUûumc 
Uaôé,  qui  béeéùa  comme  le  sait  tout  l'Uniucrs,  il })  a  quelques  années.  —  (Êuilloumf  fut 
inljumé  sans  que  personne  en  sût  rien.  Cest  ainsi  qu'il  aiuiit  t)écu;.rar  encore  qu'il  eût 
enrirl)!  la  foire  îie  plusieurs  opéras-comiques  qui  firent  l'aimiration  î)e  tout  JfJaris,  on 
jouissait  bcs  fruits  lie  sou  génie,  et  on  néjligeoit  l'auteur. 

Bans  une  lettre  que  Voltaire  écrivait  <\  madame  du  Deffant,  le  7  de  septembre  1774,  il  lui  dit  ;  Savt}- 
l'ous  que  ce  fut  ce  polisson  de  Vadé,  auteur  be  quelques  opéras  be  la  foire,  qui,  bans  un  cabaret, 
à  la  €ourtille,  bonna  au  feu  roi  le  titre  be  Bien  Aimé,  et  qui  en  parfumo  tous  les 
aimanacljs  et  toutes  les  officljes?  Voltaire  se  (rompait,  ce  fut  ^annarb ,  qui  mit  daus  les  fêtes 
sincères,  en  1744,  lors  de  la  couvalesceuce  de  Louis  XV  : 
Oicie  Conis  le  Bien  Aimé, 
SLous  les  ranirs  l'ont  ainsi  nommé, 

El  Voisenon  dit ,  dans  ses  anecdotes  littéraires  : 

Cest  pannarb  qui,  bans  un  opéra  comique,  nomma  le  premier  le  roi  le  Bien  Aimé.  Ce 
Irai!  seul  aurait  dû  lui  valoir  quelque  grâce  de  la  cour,  pour  secourir  son  indigence.  Ce  qu'il  y  a  d'assez 
singulier  dans  l'épilhèle  dont  Voltaire  (lélril  ce  pauvre  Vadé,  c'est  que  Pannard  fait  dire,  daus  sa  pièce, 
au  personnage  qui  annonce  ks  couplets  du  chanteur  pnblic  : 

€a  beauté  hw  sujet  o  fait  sa  confiance  : 
Doiijne;  écouter  sa  cl)anson; 
<gUe  n'est  point  b'un  style  polisson  ! 
Tout  le'  monde  connaît  la  chanson  épigrammatique  ; 

Ce  flien  2limé  be  l'^lmanacl) 
n'est  point  le  iSten  3limé  be  iFvance. 
Oous  voyi)  a  présent,  dit  encore  Voltaire,  lo  mémoire  bu  roi  6ten  3limé  poursuiuie  par 
ce  même  peuple  qui  était  prêt  à  lui  bresser  bes  outels! 
Que  de  choses  on  peut  remarquer  à  propos  d'une  chanson  ! 

01)  IIIERSAN 


lllS'rniUJ''.    DE    .Vl"<'ATA.\0.'V, 


(Vv.   vi'u1    s«v,n,-lhi.sto>v..  onucvf, 
De    Mansclle  Manon  la  ooiitumèrp. 
Kt  lie   ]\lonsu>i\x   son   cher  /.amanL 
Q\ii   l'aimail    zannoalilemcnt 

Te  jeune  liomnie-cv,  t'nn  heau  DnnAnolie 
Qviil  li-in-ail  son  .linistier  à  la  eroi  \  blanche, 
]'\i1   acc\icilli  par  des  i'aratiAs, 
Oui  rnccollent  /.en  maomer'do  erocs. 


(In    n'eut  pas  pKUoI    du   la  chose, 
Onnn  raceollenr  \y  dn   fi  h-  propose, 
y,n  lui  disant  en  ahrco-e, 
Ouarec  en.v  lui  est    zeno^-a^'O, 

Oli!  e  nest  pas  eoinni'ça  qu  on  /.  euo-, 
l{é)iond  le  ]eunQ-arç  on,  faisant  Inpai; 
Vmro-uet:Yaii  (^-uet',  Yau  ij-net  !  Van 
l.e  i^-uet   vient  pour  savoir  le  (ait. 


l.iin  deux  Iv  dit   :  V'owlcz-rous  l>ou-e 
A  la  santé    du   Koi    eovirert  de  (i-lou-e'? 
A  sa  santé  ?ditul,  zoiu-dà; 
U  mérite  lien  e't'honneur-la  . 


Pour   afin   d  éclairer  laffaire, 
I.p  ouiet  les  mèn'   Iretons  elio?,  l'Coiui 
t^lni  condamne  1  jeune  ,j-arçon    , 
D'aller  fane  un  lour   t'en  prison, 

Ali  1  Tovez-t-un  peix  Iin)ustiee 
De  ces  Messieurs  les  <j-en.s  de  la  in.stirel 
Ils    vous  ju(çeoiit   sans   jrio-en^enl. 
Sans  savoir  l'rjrreul  ipi'est   l'innocent. 


tiSSo  /iL  t'  ' 


Sachant  pela,  ^ianon  z'inabile. 

S'en  va  to\it  3roit    de  clicxii  .M  i  Aîai-nlle, 

Pour  IniT-aconti'r    zen  çlciwanl, 

l.e  niîlUieur  t\c  son   accident. 

Monsicuï  VLie^itcnaiit  de  Police, 
Soitpai' raison  ï  Etat  ou. par  malice: 
Dit: Man' scH.qTxoiqtx' vous  parlez  tien. 
Vo  t' scrviteT-ir  ;  vo\xs  n'aurez   rien. 


I.a-d'ssTis,  atepaxirre  cliere  amante 

Pleure  eneor    un   p'tit  lirin, pour  qu'ça  le  tente. 

Mais  voyant  ci\l  ç  a    n'opérait  pas. 

Pour  la  Cour   ail' part  de  ce  pas. 

A  Fontamelileau   zelle  arrive, 

Onasi  presque  tonte  .111  s  SI  morte  que  vive. 

S'jeltc  au  roii  de  M  d'ViHeroi. 

Ori'alle  prit  d'abord  pour  le  lloi  . 


Monsicwx.  vof  sarvante  ..  .J'sT:\is|\-ôlrp  : 
Cu'est  pas  ii\oi  otl  est  1  Roi,dit-v,  c'est  un  autre 
Mon  enfant. t"]iez,  l'v'la  toTvt  là-bas  ,., 
Ah'.  Moiisietix,  je  l'vois.  ii  l)o\in-e7.  pas. 

Sire,  eACt.xsez  sijVotls  (iéranQ,-e; 

Mais  c'est  que  ]e  ne  dors,  iie  bois, ni  ne  manc^-e, 

Bn  depius  qxie  1  amant  quej'ai. 

Sur  vol"  respect,  est  xeiicno-e. 

On  y.v  a  force  sa  sio-natLire, 

])c  siQ-Tier  ui"t  papier  pi eni  ieciiltire; 

11  ne  serait  pxiLiit    z  enroVé, 

Si  y  ou  ne  lavait  pas  violé. 


I.c  Uoi  .  c^a  est  la  justice  m  énie, 
T)it. votisuiévilcE  qu'vote  amant  vo 
Vins  lui  fit  donner  iiiiU'  /.éeiis, 
Kt  le  eong-é  par  li-dessns. 

Ab:  (lit-elle.  Roi    trop  propice, 
S'ily  avait  t^uenciu'cliose  pour  vot' 
Je  pourrions  nous  cmplorcr.  ilà  .... 
L'Roi    ilit  qu'il  u'voxtlait  rien  pour 

De  Vans  rcii-a>iMiant  la  ville, 
Elle  rêva  Ae  clieux  M.d'MavvtUe,   . 
M' faut  mon  amant,  rende7,-Ie  moi; 
T'nez,  lise7..v'là  l'ordre  du  Rot. 


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MANON  LA  COUTURIERE, 


Avec  arroinpagnonient  de  piano  par  51.  II.  COLET,  prnfesspiir  (riiarninnii'  an  Cnnsorvalnire. 


Chant- 


piano. 


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voir  l'his-ioiie     en  -    lie  -   re,  De  mam'sel-le    Ma  -  non   la      cou -lu 


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El      de    mon    •    sieur  son    cher    a   -   mani,      Qui    l'ai  - 


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(l'rooédé.i  de  Tamtewsteiis  et  CoRDEl,  Ou,  rue  di;  la  HarpeTj 


Taris.  Impr.  d  >  F.  l.ocgtiN.  16,  r.  N.-D.  des  Vifloiivs. 


MALGRÉ     LA     BATAILLE, 


PAROLES  DE  MA^GE^OT. 


S}£SSI19S    PAR    nz.    7BII>I0I.£7. 
CRAVCRES  DK  M.   NARCiEOT, 

iîliidiquc  nvnutgrf  nurr  lUfomprtçincinrnt  îif  pimio  par  Jîl.  i^.  (Eolrt. 


NOTICE. 

Voici  (lcu\  Chansons  mililuircs  et  grivoises  loulcs  deux,  el  qui ,  toutefois,  ont  enlrc  elles  des  dilTerenccî 
assez  marquées. 

iïîolçirc  la  l3atnillf ,  œuMe  pleine  de  verve,  d'originalité  el  dont  les  troupiers  du  temps  (règne  de 
Louis  XV)  auront  pu  dire  aussi,  comme  ceux  de  1792  au  sujet  de  la  production  dt;  Rouget  de  l'islc . 
"Ed  voilà  uue  qui  a  des  moitstorljcsl  " 

Celle  Chanson  guerrière  se  rattache  du  reste  à  une  campagne  glorieuse,  à  celle  de  1745,  où  Raucoux 
el  Fonlenoy  illustrèrent  à  la  fois  nos  armées,  et  le  grand  général  qui  les  commandait.  Le  Maréchal  de  Sa\e, 
qui  faisait  aiinoucer  la  victoire  du  lendemain  par  des  couplets  que  Favarl  traçait  la  veille,  dul  certainement 
sourire  à  ceux-ci,  qui  peignaient  si  hien  l'insouciant  courage  et  la  gaîté  qumilr  mrmc  du  soldat  français. 

La  vogue  de  celte  Chanson  fut  si  grande  qu'on  lui  fil  l'honneur  insigne  de  l'allribuer  à  Voltaire.  Elle  est, 
ou  du  moiitf  elle  porte  le  nom  de  Mangenol,  commissaire  des  guerres  dans  l'armée  du  Maréchal;  mais  la 
chronique  du  temps  prélendit  que  le  véritable  auteur  étail  son  frère,  l'abbé  Mangenol,  connu  par  de  jolies 
églogues  et  quelques  autres  poésies  du  genre  sérieux ,  mais  qui  dut  faire  passer  sous  l'uniforme  de  son  frère 
ce  qui  eût  paru  un  peu  trop  profane  sous  la  soutane  de  l'abbé. 


La  foin  1)011,  dont  le  mcritt  et  la  gloire  sont  joyeusement  célébrés  dans  la  seconde  Chanson,  n'est 
point  celle  héroïne  du  boulevarl,  érigée  en  grande  dame  el  transformée  eu  vertu  par  feu  M.  Bouilly.  Notre 
fanrl^on  est  uue  de  ces  luroiincd  qui  ont  vu  le  feu,  qui,  comme  on  dil  vulgairement,  n'ont  pas  les 
mains  dans  leurs  poches,  et  donnent  au  besoin  un  baiser  el  quatre  soufflets. 

La  nuance  principale  entre  ces  deux  pièces,  c'est  que  la  première  semble  née  sous  la  tente,  la  seconde 
dans  la  garnison.  Il  y  a  plus  du  soldat  dans  l'une,  du  loudtir  dans  l'autre,  el  f  anrljou  a  bien  les 
franches  allures  d'une  improvisation  faite  entre  deux  bouteilles.  C'est  depuis  longtemps  l'une  des  chansons  les 
^lus  répandues  dans  nos  régiments,  mais  son  trop  modeste  auteur  est  resté  inconnu. 

Ol'RRY,  membre  du  Caveau  moderne. 


MALiG-Hll  LA  BATiiILLi: 


Allegretto.    '^ 


Cham. 


PlÂ^•o. 


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Al    -    icn-dant      la  gloi  -    re 


Pre  -  nons  le        p!ai- 


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sir,  Sans   lire   au      gri  -  moi  -  re    Du   sombre     a    -  ve 

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LES  ADIEUX  DE  LA  TULIPE 

THal^ré  la  "bataille 
Qu'on  IxTTe  demain., 
Ça,  faisons  ripaille, 
CL&ruiante  fatin; 
AttendantJa  o'ioire, 
Prenons  le  plaisir, 
Sans  lire  an  eTimon-e 
Dn  sombre  avenir  . 

Si  la  LaIIel)arAe 
Je  penx  mériter. 
Près  lu  corçs-de  o-ardc 
Je  te  fais  planter. 
Ayant  la  ien telle, 
Le  soulier  l)roAé, 
La  Llonqxi-e  A  l'oreille, 
le  «cLiQ'iion  carde  . 


^:^^!^. 


Jfaïo'uant  tes  compao'nes. 
Méprisant  leurs  yœiix. 
J'ai  fait  leux  cainpao'iies. 
Rôti  de  tes  feux  . 
I)i<çne  de  la  p.oiiinie. 
Tu  reçus  ma  foi;  » 

Et  jamais  roq^-omme 
ÎJe  fut  hxi  sans  toi. 


^t//ff^/àz  /wwVi'/iT'i',  .5». 


\    ''i        ! 


fWCIION 

\iiiis   il  nous  laiil  lui<   |>ausc 
Japppicois  1  onibri  diiii  bouchon 
Bu\oiii>  a  l  aimable  fanchoti 
Pour  elle  faisons  quelque  <lio\< 
ili'que  son  enlrclicii  est  doux 
On  ellt   a  de  meiUe  et  de  (j^loire 
Hl(   aiMU    1  ine  (11(    mni    i  1)0U( 
Hl(    inn<    1  (licHitn   (oniini   nous 

hanflion   (luonnn   boniu  rhuluniK 
hul  baptni  c  n  <  i  du  \in 
In  allenxind  l^it  son  paivain 
1  m    hietomu    i.iinaiiamc 
\h    qui   son  enti  elle  n     de 


-Tn/ 


4' 


Hit    {)iefpi<    uin   ç>,rillad( 
\ii\  I  f  pas  les  plut  (loliiat  s 
Son  t<>iiit  prend  \innonvpl  colat 
Quand  on  hu  ICI  sp  uu<  lasadc 
\h   (MiP  von  entrotim  etc 

il  qnelqueiois  Aie  <  \i  rnitllc 
(  est  quand  on  hu  pailo  daniour 
Wall  moi  jeiiflui  fais  la  coni 
Ont    pour  m  enivrer  a^e^  elle 
\li     (HU    son  entretien  etc 


I  n  )ovii  le  loiMula  Grenade 
lui  mit  Li  main  dans  son  eorset 
nie  riposte  d  un  soufflet 
Sni  11  ninseau  ducaniaïade 
\h   nne  sontntielien    et< 


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Jm,^  (Aorlm  tunr  <■/  Air  ii.r  JitaU/àa/iJhru 


PAITOHOIT 


Cham. 


PIANO. 


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Cet  air  s'écrit  aussi  dans  la  mesure  à  6/8.  Les  deux  chants  sont  à  peu  pros  les  miMncs,  sauf  quelques  très-petits 
changements  de  la  11*  à  la  15"=  mesure,  et  le  chœur  qui  finit  à  la  6-=  mesure  dans  l'air  à  C/8.  Le  chant  que  nous 
donnons  est  plus  usité  que  l'autre. 


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Elleaime  à    rire,  elle  aime  à    boi -re,  Elle  aime  à    chan-ier  com-ine 


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Elleaime  à     rire,  elle  aime  à    boi  -  re,  Elleaime  à   cban-ler  corn- me 


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nous,  Elleaime  à    rire, elle  aime  à  boire, Elleaime  à   cliaii-ler  com-me  nous! 


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nous,  Elle  aime  à   rire,  elle  aime  à  boire,  Elle  aime  à  chan-ier  com  -  me  nous  ! 


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Elle  aime  à  rire,  elle  aime  à    boi-re,  Elleaime  à  chanter  comme  nous!         Al--,. 


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Elle  aime  à  rire,  Elle  aime  à    buii  e,  Elle  aime  à  chanter  comme  nous  ' 


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ii-iocédés  (Je  Tantenstein  cl  Cordel,  90,  rue  de  la  Harpe.  I 


77" 


^     Fin. 


Iniprimciic  de  Pilllt  fils  aîné,  rue  des  Grands-Augiistins,  7. 


LE    ROI    D'YVETOT 


IMR     P.-.I.     DE    BI<:RA:«€iEK. 


E>£SSI1ÏS  PAB  M.  TBIMOiET. 

GUAVURES:  I"el  i'  planche,  par  M.  Torlkt, 
2'  cl  3'  planche,  par  M.  Nargkot, 

Musique  arrangée  avec  accorapagnemenl  de  piano  par  M  H  COLET,  preftsseur  d'harmonis  au  Conservaloire. 


NOTICE. 

Saluez,  Icclcurs!....  ce  n'est  point  ici  une  de  ces  royautés  imaiçinaires  de  Gaibe,  de  Ta|irobane,  des 
Ilcs-Verlcs,  Bleues,  etc.,  créées  par  nos  conteurs  et  nos  romanciers.  Oui,  vingt  témoignages  de  l'histoire 
attestent  ce  fait;  il  a  existé  des  Uois  yPnctot,  rois  légitimes,  s'il  en  fût  jamais,  puisque  celte  rovauié 
en  miniature  était  une  émanalion,  et,  en  quelque  sorte,  une  tille  de  la  grande  monarchie  française. 

Il  faut  bien  en  convenir,  son  berceau  est  entouré  de  quehiue  obscurité;  c'est  encore  un  rapport  qu'elle 
a  avec  sa  mère.  Voici ,  loulcfois ,  comment  plusieurs  de  nos  vieux  chroniqueurs  racontent  l'origine  de  ce 
royaume  normand. 

Gauthier,  qui  n'était  encore  que  Seigneur  d'Yvctcl,  exerçait  les  fonctions  de  Camcrifr  (de  nos  jours  on 
dirait  Grand  Chambellan),  à  la  cour  de  Glolaire  l;  tombé  dans  sa  disgrâce,  il  alla  comballre  les  Iulidèles; 
puis,  de  retour  en  Europe,  muni  de  la  bénédiction  et  de  lettres  du  pape  Agapet,  il  re\int  à  Soissons,  se 
présenter  aux  regards  de  Glolaire,  dans  l'église,  le  Vendredi-Saint,  et  au  moment  de  la  messe.  Ces  rois  de 
la  première  race  étaient,  comme  on  sait,  d'humeur  assez  dévote,  mais  encore  plus  brutale.  Dans  son 
premier  mouvement  de  colère,  le  roi  tirant  son  épée,  en  perça  Gauthier  sur  les  marches  même  de  l'aulel. 
Puis,  vu  toutes  ces  circonstances  aggravantes,  menacé  par  le  Pape  d'excommunication,  pour  appaiser  son 
courroux  par  une  grande  expiation ,  il  érigea  en  royaume  la  terre  d'Yvelot ,  pour  les  héritiers  et  la  postérité 
du  malheureux  Gauthier. 

Si  le  pyrrhonisme  historique  de  notre  temps  veut  douter  de  cette  tragique  aventure,  pourra-!-il  également 
contester  des  actes  authentiques  formant  les  litres  du  royaume  d'Vvelol  ;  cet  arrêt  de  1392,  conservé  dans  les 
archives  du  Parlement  de  Rouen  ;  ces  lettres-patentes  de  louis  XI,  roi  fort  peu  disposé  à  laisser  empiéter  sur 
ses  droits;  el  celle  lettre  autographe  de  François  1,  où  il  traite  de  Ucinc  la  d.;me  de  ce  lieu;  car  il 


paraît  que  le  royaume  li'Yu'lol  pouiail  tciiubrr  m  qurnouillf ,  en  alteiidant  iju'il  lombàl  en  sous- 
pnfeclure. 

La  décadence  de  cel  empire  de  deux  ou  Irois  lieues  de  lour  commença  sous  le  règne  de  Henri  H,  qui, 
tout  en  confirmant  les  privilèges  rovaiir  de  celle  Seigneurie,  s'en  réserva  toutefois  la  souveraineté  en 
dernier  ressort.  Aussi,  lorsque  quelques  jours  avant  la  bataille  d'Ivry,  Henri  IV  vint  avec  ses  troupes 
camper  dans  la  plaine  voisine  de  celte  capitale:  "Ventre  saint-gris!  s'écria-t-il ,  si  je  perds  la  couronne 
de  France,  je  veux  au  moins  être  roi  d'Yvetol!  "  Hélas!  de  nos  jours,  les  rois  mis  à  la  retraite  n'en 
trouvent  pas  toujours  une  pareille. 

Plus  lard,  Isabeau  Chenu  apporta  pour  dot  celle  couronne  amoindrie  à  la  maison  Du  Bellay.  Puis,  dans 
le  dernier  siècle,  Françoise  de  Crevant,  par  son  mariage,  fil  passer  dans  la  famille  d'Alhon,  ce  royaume 
qui  n'était  plus  qu'une  principiiulé,  tl  qui  redevint  même  une  simple  seigneurie,  en  allendaul  celle  révolution 
qui  allait  balayer  si  rudement  rois,  princes  et  seigneurs. 

liais  à  quoi  bon  rassembler  ici  ces  témoignages  constants  de  la  réalité  du  petit  royaume  décédé?  Oui , 
certes,  il  ctnit,  ou  plulôl, 

31  criotr  un  Roi  b'Vnctot 
fjcu  connu  îiana  l'ijiaioirf, 

mais  fort  connu  dans  les  annales  de  la  chanson,  bon  petit  roi,  rourouuc  par  3cauufton,  sacré  et 
immortalisé  par  Béranger.  Cette  piquante  et  maligne  biographie  lyrique  fut  composée  au  commencement  de 
1813,  et  ne  se  chanta  d'aboid  qu'à  demi-voix,  car  c'était  une  leçon  indirecte  au  conquérant  infatigable 
que  ces  deux  vers  entre  aulres  : 

31  n'iigrunîiit  yciint  sfs  ftnta, 
iut  nu  iioisin  rommoîiï. 

Eh  bien,  voyez  comme  la  malice  française  sail,  en  toute  occasion,  trouver  des  aliments.  Napoléon 
tombe  d'un  tiône  sur  lequel  on  apporte  louis  XVllI,  et  voilà  maintenant  qu'on  veut  trouver  en  ce  prince  le 
roi  d'Yvelot, 

Se  Icuant  tarî) ,  se  rourljaut  JÔt, 
formant  fort  bien  aouô  gloire. 

Il  n'est  pas  jusqu'à  3cauuctou  qu'on  ne  prétende  avoir  reconnue  sous  les  falbalas  d'une  grande  dame. 

Le  fait  est  que,  toute  allusion  à  part,  le  Uoi  îi'Vuctot  passera  à  la  postérité  comme  un  des  chefs- 
d'œuvre  de  Béranger,  comme  un  monument  de  haute  philosophie  déguisée  sous  la  plus  spirituelle  gaîlé.  Voilà 
un  Uoi  à  l'épreuve  des  révolutions,  et  qu'aucune  d'elles  ne  détrônera  jamais! 


Nous  avons  obtenu  île  l'obligeance  de  M.  PKiinoTi?),  éditeur  des  OEmres  de  Béranger,  l'auto- 
risation spéciale  de  publier  celte  pièce  dans  noire  collecliou. 


LE     KOI     D'iVETOT. 

n   était    un   roi  tl'Vretot 

l'en   connu  dans  rinstoire. 
Se   Jevant   tard,  se  couchant   tôt 
Doiniaul    fort  bien    sans  c-loirc  , 
F,t  coiiroiiiic  par  Jeanncton 
D  ini  simple  l)omiet    de  coton. 

Dit  ■  on  . 
Oh:  oh ■ oh  :  oh  :  ah  ;  ah '  ah  ;ah : 
Oiiel    hon  petit  roi  c'était  la  ; 
l.a,  la. 


Il  faisait  SCS  «quatre   repas 

Dans  sou  palais  de  chaimic. 

Et  sar  un   âne,  pas  a  pas, 

Pai'eonraif  soiirovaume. 

Jovciix ,  simple  et  cro\'aiit  le  bien, 

Poiu'  toute  ^-arde  il  n'avait  rieii 
Ou'iin  eliicii . 

OUI  oh  !  oli  '■  oh  '  al)  '  ah  .'  ah  !  ah  ' 

Quel  bon  petit  roi  rc'lait  là' 
La,  la  . 

Il  n'avait  (le  ^i-oût  oiiérriix 

Ou'iiue  soif  un  peu  mvc; 

Mais,  en  rendant   son  peuple  heureux, 
Jl  faut  bien   qu'un    roi  vive. 

I.ui-niénie,  à  table  et    sans  suppôt. 

Sur  eliaqiie  muid  le\ait  un  pol 
])'iuipol . 

Oh  '  oh  '  oli  !  oh  1  ah  !  ah  .'  ah  '  ahl 

Ouel  bon  petit  roi  c'était   la) 
l.a,  la. 


Aux  ûlles  de  l)oni^es   maisons 

Comme  il  avait  su  claire, 
Ses    sujets  avaient  cent  raisons 

1)  e  le  nommer  leur  ])  ère  ; 
J)  ailleurs  il  ne  levait  de  ban 
One  poTii"  tirer,  quatre  fois  laii, 

Au  blaue. 
Oh  1  oli'.  oli  !  oli  !  ail  !  ali .'  ah  I  a 
Quel  bon  petit  roi  c'était  là  ! 
La, la. 

11  n'a<iTandit  point  ses  étals, 
lui  un   voisin   eoiiimode. 

Et, modèle   des  potentats. 
Prit  le  plaisir  pour  code. 

Ce  n'est  qnc  lorsqii'il  empira 

Que  le  peuple  qui  l'enterra. 
Pleura. 

Oh  '  oh  !  oh  '  oh  .'  ail  I  at  I  ali .'  ah  '. 

Quel  bon  petit   i-oi  c'était  lÀ  ' 
La,  la. 


■M 


/m/>'.'  ^r  l'/ni/iim  mMi  cf.  /!ù.  3o.  r:  //,ui/<-/?)u:Uc.  71j' 


LE  HOI   D'^TETOT 


A   UNE, 

DEUX 

OU  TROIS  VOIX 

{ad  libitum). 


PIANO. 


yillesiretio. 

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11  c  -  tait   un    roi      d"Y-ve-tcl,Peii 


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Il  é  -  tail   un    roi      d'Y  -  ve- toi,  Peu 


»T'^  ^    r    —  7  II    J      M-=3^=JM-3] 
^  b     8    ■'     ■     '     *    il    *      *      *     *  +^      ^   ^     ^l 


11  ë-lail    un    roi      d'Y- ve -lot,  Peu 


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con -nu  dans  l'iiis-toi    -    re  ,  Se       le-vant  lard,  se     couchant  tôt,  Dor- 


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con- nu  dans  riiis- toi    -   re,Se      le- vanl  lard,  se    couchant  tôt,  Dor- 


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■con -nu  dans  Ihis- toi  -   re.  Se      le-vant  lard,  se    couchant  tôt,  Uor- 


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-     niant    l'oit  bien    sans       gloi  -  re  j    El    cou-ron  -  ne  par  Jean-nc 


^=EiE^^=f-Ï^EE^^^^^=^-^ 


-    niant    Tort  bien    sans      gloi-re;    Et    cou-roii  -  né  par   Joan-ne  - 


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-     mant    fuit  bien   sans       glui  -  le;    Et    coii-rmi  -  né  par    Jean-ne 


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ton        D'unsim-ple     bon-net      de      co  -    ton,  Dil-oii.  Oliîuli!  oli! 

-4.—^ = ^n-^ 4^ 1 ^  .  -^ 


ë^igste^ 


y- — f *-     - 

-    ton       D'unsini-ple     bon-net     de      co  -  ton,  Dit-on.  Oh!  oh  1   oh! 


^sE 


5 


E=t2=t 


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^^^^^^^Ê^^^S^ 


ton       Dunsini-ple     bon-net     de      co  -  ton,  Dit-on.  Oii  !  oh!  oh! 


r   •    r  • 


2<'  couplet  ^ 


^^^^^^^^^^^^S^EE^:?^ 


g^^feg^M^Ey^f^^N+^pB 


oh!  ah!ah!ah!    ah!    Quel  bon  pe  -  tit   roi  c"é- lait    là,  La    la!       Il 


oh  !  ah!ali!ah!    ah!    Quel  bon  pe  •■  lit    roieé-tait    la ,  La    la!        11 


^^^^^^^^^^^^ 


oh'  ah!ah!ah!    ah!    Quel  bon  pe  -  lit    roieé-tait    la,  La    la!       11 


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Paris.  —  Imprimerie  de  Pillet  iils  ai.m-.,  rue  des Grands-Augustius,  7. 


Plis  ON  m  M  FOIS.  Plis  01  RIT. 

Ml  SI(^)l  E  l)i:  M.  FASQIKL. 


DESSINS  PAB  ÎH.  BU  BSBÏjOZ.  -  ©3ÎAVB®ES  PAK  M.  NAïiSEOT, 
illiidiiliic  iuv(Ui9Cf  ppui-  le  piiinci  par  iîl.  1^   (Eolrt. 


NOTICE. 


Les  Vers  sont  enfants  de  la  Lyre 
11  faiil  les  chanteL  non  les  lire. 

LA  MOTTE. 

Beaucoup  (le  cliansniis  qui  pamissenl  cliarniaules  lorsqu'on  les  chaule,  pcnliaieul  beaucoup  à  la  leclure. 
D'aulros  qui  soûl  très  jolies  le  p.iraisseul  moius  lorsqu'elles  soûl  cliaulces  par  des  profanes,  j'eulends  parce 
uiol  les  gens  qui  ne  soiil  pas  iuiliés  à  l'arl  de  faire  valoir  le  couplet.  Aussi  quelqu'un  à  qui  ou  proposait  li'cu- 
teuilre  une  cliauson,  deniaudait  qu'on  lui  donnât  le  chansonnier  avec.  Ce  n'est  pas  que  tous  les  auteurs  de 
chansons  aient  leialeut  de  les  bien  chauler,  talent  que  possédaient  Désangiers  el  Brazicr,  Désaugiers  surtout. 
De  même  certains  autours  de  vers  el  de  comédies  lisent  déplorableuieul  leurs  ou\  rages,  témoin  Corneille,  à  qui 
Coilean  disait  :  3'ai  trouuc  oolrr  ptcce  bonne,  quoique  noua  i'nyrj  lue  rouô-mciuf. 

Tout  ce  préambule  vient  à  propos  de  la  chanson  d'Armand  GoulTé,  qui  ne  chantait  pas  au.ssi  gaiment  el 
aussi  agréablement  qu'il  écrivait,  cl  qui  ayant  composé  sa  chanson  sur  l'air  Stcnrj,  moi.  je  guis  un  boa 
l]iiminf,  la  chaula  au  Cimctiu  inobcrnc,  oîi  elle  produisit  peu  d'elTel. 

Celte  cliauson  avait  été  faite  au  sujet  de  l'admission  de  plusieurs  nouveaux  convives  aux  j^iucra  îic  la 
Sorifté  cpiruricnnf. 

Quelques  mois  après,  à  un  diuer  auquel  avaient  été  in\ilcs  divers  arlisles,  III.  Fasquel,  professeur  de 
harpe,  demanda  la  permission  de  faire  enlendre  un  air  qu'il  aiail  compose  sur  la  chanson  d'Armand  fioulTé. 
Cet  air  élail  enlraînaul,  il  produisit  le  plus  grand  ellVl,  il  fui  chaulé,  nrhanlé,  la  chanson  parut  délicieuse, 
délirante;  elle  eul  bieiil()t  une  grande  vogue,  el  le  refrain  chaulé  eu  chœur,  lui  donna  l'allure  bacchique  qui 
con\ienl  à  une  chanson  de  table. 

La  chanson  n'était  ni  plus  ni  moins  jolie  que  lorsque  le  poète  l'avait  composée  :  mais  la  musique  donnait 
aux  paroles  leur  véritable  expression,  et  voilà  justemeul  comme  le  meilleur  opéra-comique  réussit  ou  tombe, 
selon  qu'il  sort  des  mains  d'un  bon  ou  d'un  mau^a!s  compo-sileur.  Voilà  ce  qui  explique  les  succès  de  Sedaine 
el  Grétry,  de  Mar.sollier  aKC  Dalayr.ic,  d'Eiieniie  a\ec  INieoln,  de  Scribe  avec  Aubcr. 

La  musique  est  la  coquetterie  de  la  chanson.  La  plus  jniie  femme  en  n/'gligé,  n'a  pas  autant  de  ressources 


pi  m  pliiiro,  (jut'  lors(|ii'iiiie  païuif  éiégaiilo  ol  bidi  assortit;  aux  qiuililés  qii'i'llo  possèilc,  on  fait  vaioir  tous 
les  avantages. 

Nons  avnns  déjà  parlé  de  H.  Armand  fionffé,  à  propos  de  sa  chanson  intitulée  l'iÊloçic  ôe  ['(Ban,  dans 
notre  il'  livraison,  et  de  celle  de  la  iin  &u  3oiir,  ijui  se  trouve  dans  la  67*.  M.  Armand  GoulTé  a  com- 
posé sa  chanson  en  1807,  elle  est  dans  le  Soiimnl  bra  6ourmanii»  rt  ia  êtiics  du  mois  de  décembre 
de  celle  année,  qui  était  la  seconde  de  la  résurrection  du  (Eaïu-ait,  sous  le  titre  de  Sorictc  cpintrifiiiie. 

On  a  étrangement  abusé  de  ce  mot,  €pirurifu.  Beaucoup  de  gens  croient  qu'Epicure  était  un  matérialiste, 
un  gourmand,  un  buveur,  adonné  aux  plaisirs  des  sens,  et  cela  peutètre  à  cause  du  passage  d'Horace  (Liv.  1, 
ép.  4,  V.  lGj,où  ce  poète,  qui  professait  la  philosophie  d'Epicure,  plaisante  en  écrivant  à  Tibulc: 

iïlc  vinçiufin  nr  nitiîutm  bciif  furnio  rutc  oisfs, 
Cliium  TtÎKrc  Dotra  (Spiciiri  it  qrcqc  pornim. 

o  Quand  \nus  voudrez  rire,  venez  me  voir  gras,  brillant  de  santé,  le  teint  fleuri,  vrai  pourceau  du  troupeau 
d'Epicure.  » 

Mais  Epicure  fut  calomnié  comme  le  sont  tous  lis  hommes  d'un  grand  mérile.  Les  stoïciens  cherchèrenl  à 
donner  de  mauvaises  interprétations  à  ses  sentiments,  et  en  tirèrent  de  pernicieuses  conséquences.  Il  est  si 
facile  de  dénaturer  et  de  souiller  les  choses  les  plus  pures. 

Epicure  enseignait  à  ses  disciples  que  le  bonheur  de  l'homme  est  dans  la  volupté,  non  des  sens  et  du  vice, 
mais  de  l'esprit  et  de  la  vertu.  Il  tâchait  de  leur  inspirer  l'enthousiasme  de  la  sagesse,  la  tempérance,  la 
frugalité,  l'éloignemeul  des  affaires  publiques,  la  modération  dans  la  dispute,  la  fermeté  de  l'ame,  le  gm'it  d(s 
plaisirs  honnêtes  et  le  mépris  de  la  vie. 

A  toutes  les  calomnies  forgées  contre  lui  par  l'imposture,  il  n'opposa  que  le  silence  et  une  vie  exemplaire. 

l'épicurisme  négligé  ou  ignoré  dans  les  siècles  de  barbarie  qui  suivirent  la  décadence  de  l'empire  romain, 
ne  sortit  de  l'oubli  que  dans  le  dernier  siècle,  par  les  soins  du  célèbre  Gassendi,  qui,  interprétant  les  sen- 
timents d'Epicurt!  d'une  manière  favorable,  illustra  la  doctrine  du  philosophe  grec  par  ses  écrits  el  par  sis 
mœurs.  Il  eut  pour  disciples,  Molière,  Chapelle  et  Bernier,  dont  les  exemples  et  les  leçons  soumirent  à  la 
philosophie  d'Epicure  plusieurs  hommes  distingués,  qui  formèrent  parmi  nous  différentes  écoles  d'épicnrisnie 
moral  ou  littéraire.  La  plus  ancienne  tenait  ses  assemblées  chez  la  fameuse  Ninon  de  Lenclos  :  c'est  là  que 
venait  s'inspirer  tout  ce  que  la  cour  et  la  ville  avaient  d'hommes  polis  et  voluptueux ,  et  particulièrement 
Saiitl-E^ remoud,  qui  lit  pour  le  portrait  de  Ninon,  ces  vers  : 

Ciuîiulgf"»f  ft  sage  noturc 
3  forme  l'amc  bc  lliiion, 
JDc  lu  notuptc  (l'Êpiritrc 
(Et  î)f  la  Pfrtu  ic  piaton. 

Puis  vint  la  Soriété  bu  Crinple,  où  brillèrent  Chaulieu,  La  Fare,  J.-B.  Rousseau,  Palaprat,  le  duc 
de  Nevers,  le  maréchal  de  Catinat  et  d'autres  noms  célèbres.  L'(6rolc  bc  Sfruitr,  chez  la  duchesse 
du  Maine,  plus  décente  que  celle  du  Temple,  compta  La  Molle,  Fonteuelle,  Voltaire,  etc.  Enfin  la  petite  Sorirté 
rpiruricuiu  bu  (Haurou,  réunit  les  plaisirs  du  Parnasse  el  de  la  table,  elle  était  composée  des  deux 
Crebillon,  de  Gresset,  Piron,  Gentil-Bernard,  Sauriu,  Collé  el  Gallet.  Laujon,  qui  en  était  le  plus  jeune,  se 
trouva  le  doyen  du  (Cûocau  mobrrur,  et  fit  la  transition  entre  les  deux  Sorictéô  (gpicurirnnra,  dont 

Armand  Goulîé  fut  nu  des  pins  aimables  soutiens,  avec  Désaugiers,  Bcranger  et mais  la  nomenclature 

serait  trop  longue.  Toutefois,  si,  d'après  le  proverbe  qu'Armand  Gouffé  a  pris  pour  refrain  :  plus  on  est  it 
foud,  plue  ou  vit,  on  doit  bien  rire  dans  le  monde,  où,  comme  le  dil  un  proverbe  encore  plus  ancien, 
celui  de  Salomou    Stultorum  uunurus  fst  infiniîus  :  le  nombre  de  fous  est  infini! 

DU  MMW. 


VUS  OA' EST  J)K  FOUS,  ^ 


Des  Traons  WavaiiL  lapiqùrc, 
Que  j  fljane  avoir  A.Ai\&  ce  séjour 
Le  jo^ew^  IroxipcaTi  ïépiciire 


cruU'T  Ae 


joxu-  cnjov 


Dans  CCS  retraites  qu'il  i-licrit . 
-\vee  ,1011s  venez. Tjiiirc  etrire... 
Vlus  on  esl   Ac  foii»,  jiUis  on  nt  , 


PLUS     ON     RIT 


AU  reg'le  est  y'Kis  douce  et  çKis  prompte 
Qu.e"les  ealeuls    Je  nos  savans. 
l  estle  verve  en  main  que  je  eouipte 
Mes  vrais  «mis,les  lions  vivans! 

Vins  je  bois. plus  leur  nomlire  auq-ment 

ft  quand  ma  eotipe  se  tant, 

Axilieude  (^uin/.e  j  eir  vois  trente!,. 

Plus  ouest  le  fou^.plus  ou  ni. 


^-(^o.ux    ,^,_ 


PLITS  OIT  EST  DE  POUS,  PLUS  OU  RIT 


Alleirio. 


riANO. 


C".".    ^^f?^^=^=^E^^^^E^j^|;É^^^^^ 


Des      frè     -    Ions    bra  -  vaiilla  pi  -  qù-  le 


S^pil 


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Qiicjaiiiieà     voirdaiisce  sc-jour  Le  joyeux  iroii-peau      dC  -  pi  -  cii-re  Se  re  -  cni  ■ 


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-  1er  de  jour    en       jour!  Francs  bu -veurs,que  Bacchusat  -   li     -     re 


,  I  ,  do/ce. 


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Dansces    re  -    irai  -  les      quil        ché   -    ril,  A     -  vec    nous,  ve 

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-  iiezboiieet        li  -  re:     Plus     on  est  de    fous, Pinson    est    de     fous,  pins  (ii 


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Plus  on  est  de  fous,Pluson  esl  (le  fou«,pluso;i  rit  Plusonosl  de  fous,Piu^oii  est  de 


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fous.Pluson  est  de     fous,  plus  on      rit,  Pluson  est  de     fous  ,  [)lus  en       rit. 


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(  l'iocedës  lie   lanlenstcin  et  Cordel,  90,  rue  de  la  HarpeT) 


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Im;ii-;mor;o  do  Pii,i.i-;t  rii.s  aim-,  7,  rue  des  Giands-Augustins. 


LE  CHANT  DU  DÉPART 


mil  de  M. -J   CHENIER,  musioiie  de 


DESSINS  PAB   M.   TBIMQIi£7, 
GRAVURES;  1"  cl  f  |ii;iii(lic,  imr  M.  Garmku  — -i'  et  W  planclic,  \yM-  M.  R(»imy. 


NOTICE. 

Après  ri]v'miic  bcs  iH.n ;ii-illaia  *  au-dessus  (lui|U('l  il  u'y  a  nru ,  en  ce  genre,  soil  clie/  les  anciens, 
vn'  chez  les  ualions  uinderncs,  la  seconde  place  apparlient  incunlcslablenieiil  au  djant  ôit  Oi-pait.  (lliénier 
(Marie-Josepli),  cet  aulre  T\r;ée  des  guerres  de  la  Ik'\olulion,  le  com|iosa  eu  1791,  pour  l'anniiersaire  du 
H  Juillet.  Eu  faisant  la  pari  de  Tevaltalion  républicaine  du  temps  (|ui  ne  permellait  d'cvprinier  u'-dérémenl 
ni  ses  alTcctions,  ni  ses  haines;  en  n'e\amin:nl  pas  à  la  loupe  d'un  purisme  \élilleu\  quelques  expressions 
p'U  harmonieuses,  introduites  dans  un  pelit  nombre  de  vers  par  le  laneagc  obligé  de  l'époque,  on  reconmiilra 
li)UJours  dans  ce  diant  guerrier  une  brillante  et  poéliiiue  iiispiiaîion.  la  magnifique  strophe  qui  en  forme  le 
début  est  à  la  hauteur  des  chefs-d'œuvre  de  nos  deux  grands  lyriques  fiançais. 

Dans  l'une  des  strophes  de  ce  chint  l'auteur  rendit  un  jusle  hommage  à  deux  jeunes  héros,  on  peut  dire 
il  deux  héros-enfants ,  dont  l'his'.oire  impartiale  signalera  aussi  les  noms  et  le  dc\  ouemcnt. 

Joseph  Barra,  entré,  comme  tnmbour,  avant  sa  douzième  année,  dans  les  rangs  de  l'armée  républicaine  de 
l'intérieur,  était  aussi  bon  fils  que  soldat  intrépide.  Envoyant  chaque  mois  à  sa  mî're  sa  modique  solde  (ont 
eiiiière,  il  s'était  toujours  fait  remarquer  par  son  ardeur  diins  le  combat.  Cerné  un  joar  par  un  nombreux  |)aiii 
de  Vendéens,  \ingl  baûmiieiles  sont  lc^ées  sui  lui.  —  "(Cric  Vive  I.onis  Wll,  lui  î)it-on ,  ou  tu  a 
mort.  —  "  Vive  la  République!  "  s'écrie  et  ]nu\c  o  ::âssa3  De  toujc  au?,  et  il  tombe  perce  de  DMips! 


La  Convciilioii  vo!a  une  f('lc  à  sa  mémoire,  une  pension  à  sa  mm;  Chénitr  et  CoHi",  (riliiiic\ille  1  i 
oilrirait,  dans  leurs  vers,  le  Iribul  de  l'admiralion  iialionale. 

Le  second  exemple  de  ce  dévonemenL  précoce  n'est  pas  moins  liéroïqnc.  Les  ir.surgés  marscilhiis  allaicnl 
traverser  la  Dnrance,  et  écraser  p  r  la  supériorité  du  nombre  une  faible  troupe  de  soldats  républicains.  In 
seul  moyen  de  salut  restait  à  ces  derniers,  c'était  d'aller  couper,  sous  le  feu  de  l'ennemi,  les  câbles  du 

p:)nIon  iijli  tombé  en  son  pouvoir;  mais  une  si  périlleuse  entreprise  fait  hésiter  les  plus  braves Sond.ru 

un  enfant  de  treize  ans  s'élance  :  c'est  Joseph-Agricole  Vialla,  qui  saute  sur  une  hache,  vole  aux  bords  du 
fleure,  et  frappe  sur  le  câble  a  coups  redoublés.  Plusieurs  décharges  de  mousquelerie  sont  dirigées  con'ie 

lui  :  il  continue  à  frapper  avec  ardeur Enfin,  atteint  d'une  balle  et  mortellement  blessé,  "3c  meurs, 

mais  c'est  pour  lu  i^ibrric!"  telles  sont  ses  dernières  paroles.  La  mère  de  ce  jeune  Spartiate  se 
montra  dig'ie  de  lui  avoir  donné  le  jour.  En  apprenant  celle  perte  cruelle,  sa  douleur  fut  profonde;  mais 
quand  on  lui  eut  raconé  l'admirable  dévouement  de  son  lils.  —  "Oui,  dit-elle,  il  est  mort  pour  la  piilrie!  " 
et  SCS  larmes  cessèrent  de  couler. 

En  regrettant  que  ces  deu\  traits  n'aient  pas  eu  lieu  dans  une  lulte  contre  l'étranger,  la  France  doit 
s'enorgueillir  de  pareils  enfants,  et  savoir  gré  à  la  lyre  qui  a  célébré  leur  courage. 

Le  Musicien  ne  resta  pas  au-dessous  du  Poète.  Exalté  par  cette  belle  composition,  illéhuj  en  doubla  le  prix 
par  ses  énergiques  accords.  Ajoulons,  comme  une  circonstance  mémorable,  qu'ils  furent  tracés  en  quelques 
instants,  sur  le  coin  d'une  cheminée,  et  au  milieu  des  causeries  d'un  salon. 

Ainsi,  trois  des  plus  rem:irquables  productions  lyriques  de  nos  jours  sont  nées  d'improvisations  du  génie, 
le  (El)aiu  ^u  JDf'pnrt,  comme  on  vient  de  le  dire;  l'air  ©  patrie!  du  îaucreîit,  nommé  en  iialif 
r.?lria  bei  tlijfi,  parce  que  Rossini  le  composa  pendant  qu'on  apprêtait  le  riz  de  son  repas;  enrni. 
la  illarseillaise,  qui,  nouvelle  Pallas,  en  quelques  moments  d'une  nuit  déjà  très  avancée  sortit  tout 
armée  du  cerveau  enflammé  de  Rouget  de  l'Isle. 

Exécuté  d'abord  par  l'orches're  et  les  chœurs  du  Conservatoire  de  musique,  dans  la  fêle  nationale  de 
1794  qui  célébrait  le  souvenir  de  la  prise  de  la  Bastille,  le  (£\]a\n  in  Départ  devint  promptemenl 
populaire;  il  fut  accneilli  avec  transport  par  nos  armées,  qui  le  baptisèrent  du  nom  ho::o;abk  de  frère 
be  la  fllarscillaise.  Il  est,  en  eU'et,  aussi  beau  de  majesté  et  d'énergie  que  l'autre  de  verve  et 
d'enthousiasme.  Ces  deux  Chants  belliqueux  enlrainèrent  des  légions  de  vehuilaires  à  la  défense  de  nos 
frontières  menacées,  et  décidèrent  souvent  la  victoire.  Leur  souvenir  reslera  toujours  inséparable  dans  les 
;;lorieuses  a:in:i!('S  des  irncrres  de  l'irdé.i'iid  lire  nationale.  li.  ... 


4 


U\  CIIAM  DU   DKl'Airr, 

IIYMNK  DE  GUERRE. 
l^   DÉPUTÉ  DU  PEUPLE. 

La  victoire  on  chantant  nous  ouatc  la  Larrièrc  ; 

La  liberté  o-uide  nos  pas. 
Et  dunordaumidila  trompette  oniciTi'ere 

-i  sonné ILcnrc  des  combats. 

Ireinblez,  ennemis  de  la  France, 

Hois  iTi'cs  de  sang-  et  d'orçmcil '. 

Le  peuple  sonreraiii  s'arance  ; 

Trrans,  descendez  au  cercueil. 

La  repiibliq^ue  nous  appelle, 

Saclions  vaincre  on  sachons  périr; 

In  Français  doit  vivre  pour  elle, 

l'oni'  clic  1111  Français  doit  mourir . 

CILLNT     DES   GUEUIUE.R5. 
I  a  lopubliqiic  etc 


,^/; 


mU/      >I,t/ w  ^^5  ♦<    ^' 


L\\K     MKKK     I)K     KV.MIIJ.K. 

De  nos  yeii-V  iiiatiTiiels  ne  eran^nez  pas  les  (nrmes; 
Loin  de  nous  de  làelies  douleurs! 

.Nous  deron?  triompher  quand  vous  prenez  Us  armeii; 
(est  aux  rois  à  verser  des  pleurs  . 
Xflus  votLs  avons  donne'  la  vie, 
Guerriers,  elle  n'est  plus  à  vous; 
Tous  vos  )ours  sont  à  la  pairie: 
FUe  est  voire  mère  avant  nous  . 

rilOEdi  OF.S  MKIÎKS  DK  KA.MIIJ.K. 

\.a   république  ,  etc  . 


DKi'x    viK.ri.r, Aiîns . 

Oue  le  lerpalernel  arme  la  main  des  l),-aves  ; 

Son^-ez  à  nous  au  ehauip  de  Mars; 
(  unsacrcz  dans  le  saiio-  des  rois  et  des  eselaves 

Le  fer  l)eiii  par  vos  vieillards; 

Et,  rapportant  sous  la  chauiaière 

Des  blessures  el  des  vertus. 

Yeuez  iVriuer  notre  paupière 

Quand  les  Ivi-ans  ne  seront  jjIus. 

CHOKl  I!     IHvS     \IKlLLAI<i).S. 
La    répuliLque,  etc  . 


UN     EXI'-ANT. 

De  Barra, de  Vialale  sort  noius  fait  cmic  ; 
Ils  sont  motts.mais  ils  ont  vaim-u  . 

Lelâclie  accable  d'ans  n'a  point  connu  la  vie; 
Qtu  meurt  pour  le  peuple  a  vécu, 
^oiis  êtes  raillaiis.uous  le  souunes  ; 
GuiAcz-uoiis  contre  les  brans,- 
Les  répiitlicams  sont  des  lionunes, 
Les  esclaves  sout  des  eiïfaiis. 

CIIOKIK    UKS    KM'ANS  . 

La  républic^ue,  ctc . 


rXK    FJOUSK. 

I'ai-tcz,vaiUaiis  époux  ;  les.  combats  sont  vos  (êtes; 
Partez,  modèles  des  o-aerriers; 

Xons  cireillcrous  des  flenrs  pour  en  eemdre  vostète.s: 
-Vos  iiiaïus  tresseront  vos  lauriers. 
Et,  SI  le  temple  de  mémoire 
S  ouvrait  ii  vos  mânes  vainqueurs, 
Xos  VOIX  chanteront  votre  Q:loirc, 
Nos  flancs  porteront  vos  vone."eurs  . 

f  lIOKru    UKS  Kl"Ol'SK.S  . 

La  république,  etc. 


UNT  JEUTTE  FILLE  . 
H  noiiN  scruis  des  héros,  nous  qui  del'bviiicuée 

l^iuoions  les  aimables  nœuds  ; 
Si  j)oiir  s  Tinir  mu  ]oui  à  noire  destinée. 
Les  eitocns  foi  meut  des  vceux , 
Qu  ils  retiennent  dans  nos  nuiTaiIles 
Beaux  d.e  olone  et  de  liberté, 
rt  qae  lenx  saiiQ    dans  les  l)a tailles  , 
4it  conle  poni  1  eg^-alitc . 

raORR  DIS  JH'.NK.S  riI.LKS  . 
La  lepubhque    ete  . 

TROIS  tlTRRIKRS. 
Sui  le  lei   dc\  ant  Dieu,  nous  jtu'oiis  à  nos  pères , 

Anes  epoases  a  nos  sœnrs, 
inos  representans  a  nbs  fils,ànos  mères, 
D  anéantir  Les  oppres  seiirs; 
Entons  lieux  dans  la  mut  profonde. 
Plongeant  1  infanie  rovauté, 
les  franc,  ais  donneront  au  monde 
Pt  la  paiA  et  la  liLérte. 
CllOriR    GïNKRAL. 
la  lepublique    etc. 


t 


mml 


LB  GHAITT  BIT  D^TA^T 
Arcoi!i|);ii(ii('iiînil  de  |i';!iio  par  M.  COLFJ. 


Allegro  marziale.      ^ 


Chant. 


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s 


E 


tE^m^ 


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La  vie    loire  en   ciiaii  -  tant 


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nous   ou  -  vie  la    bar 


^• 


PIANO. 


\  »   9   0   fl   é- 


wwwwwwvaww 


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A è 


g 


10,  La   li-ber-le         ijiii-de  nos  pas 


El  (iii  iioitl  au   ini  -  di 


P^ 


-    pet      -        le      gu( 


;^=r=^ 


g^^^ 


-a 


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le      guer  -    liè     -      -     le    A  son-iié    Iheu  -  le    <lcs       coui  -  bais; 


Treni 


itdac 


fzZE 


^i^t-t-^ 


^=^=^^-f=^^^i 


3e:e: 


-4- 


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peu-pie  sou-ve- raiii     s'a    -    van    -    -    ce,  Ty-rans,      des  -  oen-dez  au       cer-cueil! 

fi-         -fi-  8"       _  ,  ^     ^  ^    ^ 


^^=t 


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^31^ 


4-Jt  . 


CIlOELIi.       (  Lu  2-  fuis  fil  cliœur. 


SoPI'.aM. 


Tknori. 


lUssi. 


PIAÎNO. 


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La  Re  pii-bli    -     que  ^^^^^^  ap     -     pel 


I  ^         sache/.        •    ^  sachez 

le,         ^  .      ^vaincre       on      , 
'       sachons  sachons' 


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La  Ré-pu-bli    -     que 

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•e,       «...i.nnc vaincre       ou^..,..  ^^,  ne 


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La  Ré-pu-  bli    -    que 


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sachons 


sachons' 


loco 


33 


(  La  2'  Tuis  PaccompagnemeDl  doit  être  plus  fort  que  la  1"  f^jj 
Doux. 


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Un  Fran-çais        doit    vi  -  vrepour    el    - 


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Pour  elle  un  Français  doit  mon 
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UnFrançais  doit  vi-vre pour    el     -      -     le,  Pour  elle  un  Français  doit  mon  - 


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UnFrançais    qui  vé  eut  pour  clic  Est  heureux  de  mou 


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Doux. 


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rir!  UnFrançais      doit  vi  -  vrepour  el 

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le,  PourelleunFrançaisdoitmourir. 


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UnFrançaisdoilvivrepour  el    -    -     le,  PourelleunFrançaisdoitmourir! 


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UnFrançais  qui  vécut  pour  elle  Est  heureux  de  mourir! 


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(  Procédi's  de  Tantenstcin  et  Cordel ,  90  ,  rue  de  la  Hari.c.  ) 


Inipriniciic  de  Pillet  fils  aink,  rue  des  Grands-Aiigusti.is,  7. 


LE  DÉPART  DU  CONSCRIT  «^  LE  RETOUR  DU  CONSCRIT 

é 

L3  DSPArlT  ru  C-rlSlTi-DIS^. 


D£SSIISS  Z>£    va.  TASCAJi, 

GRAVDRRS  :  1"  KT  i'  PI-ANCIIKS  PAR  M.  ALÈS.  —2'  kt  T  PI.a>ciihs  PAU  M.  TORLET. 
ilhtdtflue  arrniigcc  luifc  arrcimpn^nriiKUt  ùc  piano  par  iW.  £].  €oUt, 


NOTICE. 

Los  trois  cliansons  que  nous  avons  réunies  dans  celle  livraison ,  foni  une  snrie  de  Iriidgie  qui  comprend 
les  trois  phases  de  la  vie  du  militaire ,  el  retrace  la  marcIie  ascendante  du  jeune  solda!. 

On  le  voil  consent,  s'arraelianl  avec  regret  du  sein  de  sa  famille  é(dorée.  il  noient  au  pays  quelques 
années  après,  soldat  îirgoisf  pour  faire  la  moisson  et  revoir  sa  promise.  Enfin  il  devient  troupirr  fini, 
le  beau  grcnaùirr  pour  lequel  la  cuisinière  émérile  réserve  toujours  le  premier  bouillon,  et  dont  au 
départ  elle  garnit  le  sac  de  chemises,  paires  de  bas,  mouchoirs,  etc. 

La  Chanson  du  Brpart  îiii  Conâcrit  qui  date  de  plus  d'un  quart  de  siècle,  est  sans  doute  le  texte 
niigiiial  de  celle  du  (Consrrit  ht  Corlu'il,  qui  n'en  est  qu'une  mutation.  La  rime  du  premier  coupla 
i;aut  quitirr  If  Cungucfo, 
2liirf  tf  sac  sur  le  boa: 
prouve  é\idcmmenl  que  l'auieur  était  Languedocien.  J'aurais  du  dire  les  auteurs:  car  le  dernier  couplet 
annonce  une  association  poétique  de  trois  rimeuis,  dans  le  genre  de  nos  vaude\  illistes  qui  se  metlenl  en 
trois,  l'I  souvent  en  quatre,  pour  composer  un  acte. 

La  Chanson  du  Retour  ou  (Eoiiôrrit  est  encore  une  composition  qui  n'eût  point  élé  faite  aiec  autant 
de  simplicité  et  de  grâces  naturelles  par  des  auteurs  de  vaude\ille;  ceux  du  Solbat  Cabourcur  cunnt 
le  bon  esprit  de  la  demander  textuellement  à  une  petite  Normande,  de  qui  ODRY  rap|inla\ec  la  mauièiedo 
la  chanter,  ce  qu'il  fit  avec  grand  succès  dans  son  rôle  de  iPaucitlc,  qu'il  joua  avec  un  comique  parfait, 
finaiit  à  la  lîomance  <6ufrnaîiifr,  que  tu  m'atïtiçtca,  elle  eut  une  telle  vogue,  à  l'époque  où  FLORE 
la  chanta  dans  la  comédie  des  Cuidinirrca,  qu'en  peu  de  temps  elle  courut  dans  les  quatre  parties  du 
niondi'.  In  voyageur  qui  revenait  du  Bre>il ,  m'apprit  qu'il  l'avait  entendu  chanter  sur  les  bords  de  la  ri\ière 
des  3majonr5,  et  au  pied  du  (El)iinboraço.  Je  doute  cependant  qu'elle  y  fut  chantée  d'une  façon  aussi 
criginale,  qu'elle  l'était  au  Théâtre  des  Variétés  par  cette  excellente  Flore,  à  qui,  sans  contredit,  elle  dut 
son  succès.  Toutefois,  la  modesiie  de  l'auteur  est  forcée  de  convenir  que  la  [iièce  partagea  la  vogue  de  la 
chanson,  que  dans  plusieurs  chàieaux,  les  duchesses  et  les  m;irqnises  s'amnsèrent  beaucoup  à  se  lra\es:ir 
en  cuisinières,  el  gne  c'éiait  ii  qui  joiieiait  le  rôle  de  Victoire,  pour  chanter  (furmabirr,  que  tu  m'atïtigra. 
Celle  romance  fut  longtemjis  sur  tous  bs  pianos.  Elle  n'était  que  l'unilation  d'une  chanson  de  village,  copiée 
sius  la  dictée  d'une  paysanne,  et  dans  laquelle  on  trouvait  ce  couplet  remarquable: 
J3l)!  bisî-moi,  militaire  î>e  guerre, 
2ls-lu  ton  saque  bien  garni? 
(Lien  DOilà  quatre  cljrmtâea 
iCu'its  sont  t'aitfs  bc  ma  main. 
(Et  une  bourse  bien  gornisr, 
Pour  boire  bans  ton  rljemin. 
Les  airs  de  nos  trois  Chansons  ont  été  écris  fidèlement  sous  la  dictée  de  celles  qui  ont  fourni  les  paroles, 
excepté  celui  de  la  Chanson  (f'urruaôier,  que  tu  m'affligea,  auquel  un  jeune  musicien  amateur,  a  fait 
subir  qu(li|ues  modilications  [lonr  l'ajuster  à  la  manière  dont  il  a  été  chanté  au  théâtre. 

Ou  ne  regrettera  pas  de  trouver  réunies  ces  ffuvres  de  qiielijues  Tyrlees  de  village,  dont  la  musette  a 
soupiré  les  Jlmours  des  conscrits,  le  Cijagrin  du  départ,  etl'cgspoir,  au  retour,  de  >oir  les  mvrles  de 
Venus  se  joindre  aux  L.uriers  de  Mars ,  pour  les  couronner  doublement. 

Dll  MERSAl 


laB  DÉPARÏ'  DIT  OOHS^HIT 


^  y{   Allegro. 


Chant. 


PIANO. 


1^^- 


Je        suis-l'iiii  pyiivrctoii  -  scril  De  l'an  iiiil-le  liuilceiil -dit  ; 


Rlodeialo. 


^q;^^P  II  4i — ^    r  :  f — b-{^-^ 


3 


^=^^f=|EË^SjL4_^^-^=t^^4:^^ 


Je       siiis-ruii  pauvre  (,011-sci  il  De  l'an  mille  liiiiicenl  -  ilil!  Faiil(|nil-lL'r        IcLani^iic 


^ig^^^t^4^-M^ 


^3 


-do,      Le  Langue-do,       Le  Langue  -  do, Oii!  Faulquilter       le  Langue  -  do, 


K 


^^S 


^ 


û 


Avec  le  sac  sur  le     dos. 


Je  suis  t'-iiiï  pa'avre  conscrit. 
De  l'an  mille  luiit  cent  dit,     ///j 
FftMt  quitter  le XanoaiecLo' 

Le  Lan^vvetlo.'le  LanoTiedo' 
OK! 
Faut  qtiitter  le  Lano-ueào' 

Avec  le  sac  sur  le  cLos  . 

î,o  Maire, et  a\iS8i  le  IVéfet, 

?i  en  sont  denxjolis  caiets;/^/^* 

Ils  nous  font  lire  z'au  sort. 

Tiré  z-an  »orl,tivc  z-aTi  sort, 
Ort; 
Us  nous  font  lire  z-ait  sort. 

?oxu-  nous  conduu-'  zàla  mort  . 


Adieu  donc  cliers  parents, 
iV'oxLblie»  pas  Totre  enfant,   Bis / 
Crives  11   de  temps  en  temps. 

De  tempa.en  tenip  s,  de  temps  en  temps 
îln: 
Crivés    11    de  temps  en  temps 

Pour  Ku  envover  AeVar^ent  . 


Adini  donc  clièrr.»  lirpiiips 

Dont  no»  ((riira  souzenrhantés;  Bis 

Xeplpnréa  point  net  départ, 

^'»t■  (\(^)flrt,  nnt  ■  déport 

Vrt: 

Xe  pleures  point  not'départ, 

IVous  renemlions  toz  on  tard  . 


Ad„-udo,i,-mo,ilendj 

Voxis  rousolerés  ma  sœur,     :  Jiis 

Toxisrdu-és  nuefanfau, 

Qn-e  &ut«ii,4ue  l"«u£aii 
Au; 
\ona  V  dir^R  c^iK'  Iftiitan 

U  est  mort  z  eu  eiMulialtaut . 


Qui  tjua  i'ftit  cette  clransoii, 

Tf  eu  sont  trou  joli»  o-arçous.  i  liis 

Us  etiont  faiseux  ie  Tias, 

Fâisexix  de  lia»,  faueux  de  bas. 
Alv, 
Ua   élioMt  fol» eux  de  bas, 

Kt  a  et  heure  il«  .sont  .loldAts. 


i.K,  Kivnu'u  nr  (■o>scun' 


Ah'  i^nr  y  s  lus  donc  cUag-iiiu'i- 
Que  mon  amiuit  s'est  euoayr. 
J<-plc\ir  toute»  li's  sou- 
(lue  jei.ouxpa»  savon- 
Ouand  )e  vas  le  rovmv. 
Va  drax  ans  (^\i.'ile»t  pai-li, 
.Uev  non  V.e«u  Pnsi\, 
Pour  t\ier  li's  i-nitemis. 


.Ut'bah'la  Ix-yi' uo  pleui-ei  pu. 
Que  volie  nuianl  est  revenu 

II'vo\t8  T  eeonuais  ,en  partant  , 
Voxia  étiez  paysan, 
A  présent,  clianç;en\enl . 
Coumr'tuest'  Kabille  ! 

Te  voiU  retapé, 
Courme  un  Ti*ai  Grenadier. 


î'rançois,'ma  uiio-iion'  inoutendroi 
Je  reviens  pour  fXir'la  moisson. 
Je  SUIS  un  Ai  eau  Guerrier. 
Quiuapas  desalte 
Te  viens  pour  t  epouseï 


LE  nETOITH  DU  OOITSOBIT 


AlU'siello 


r^iA^T. 


PIANO. 


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,.  k\\\    quojesuisdoiiccliagii  -  né'    Qiiciiioii  a  -  iiuiiu  soil  en  -  ga -gé  !  Ali! 


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que  jesuistlonccliagii  -  né'  Qiicmona    -  muni  soil  en  -  ga-gé!       Je  plenr'  loiiles  les  soit.  Que  je 

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peuv'passavuirQiiaiidje  vasleie  vi 


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Va       sixansiiii  ilisl  par-li  Avecsonbeanfii-.silPonrluerksenn' 

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mis.      Ya  six  ansquil  esl  pai-li  Avecsonbeau  In -sil  PonrUi-eilesenn'mis.Tra  la  la    la  la  la  la  la  la 


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la,       Tra  la     la    lalala    la     la.         Tralala    la  la  la  la  la  la    la,    Tialala,     la  la  ia    la  la  la     la. 

g  va  'V^vv■wwvw\'V\'V\/v^v\'X'\v\/vww^  /,j,.^  C^ 


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Andante.  ^ 


Chant. 


PIANO. 


— 2=1 fc- rT^=j===Mra==K:^=M^-l T-^ 


Guerna  -  diei,     que  lu  m'af-fli-ges      Enm'ai»peur    -  riaiiltondc  -  part;   Guerna- 


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dior,   Quetumaf-fli  -  ges        Eniu'appeur     -     nanltondë  -  pail. 


Va  dire  a  ion  ca-pi- 


wt^4^^.^^^n^^^  ■  ^^' ^n^^^^^m 


-lai  -  ne  Qu'il  lelaisseen    nos    canlons,  Que  j'en  se -rais    bien  ai  -  se,  Con -len  -  le,  ra-vi-  e 


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Delavoirengar  -  ni  -son.  Va  direàtonca  -  pi  -  lai-ne  Qu'il  le  laisse  en  nos  cantonsQuej'cnse- 


m^^^=M=^m^ 


-  rais  bien  ai-  se,  Con     len-le,  ra-vi  -  e       Del'avoiren  gar  -  ni -son.  Ma  fan-  -nié. 


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(l'rocëdfs  de   TaDleiiblPin  et  r.orilel,  90,  rue  de  la  Hnrpe.) 


n^rinicric  ce  Piu-et  kii.s  aîné,  rue  di'^  Cra!idi.-Augustins,  7. 


LE  RÉCIT  DU  CAPORAL 

VAUDEVILLE  DE  Mil.   SCRIBE  ET  POIRSON, 

MUSIQUE  DE  FEU  DESniSOIS. 


GRAVURES  :  1"  Kl  4'  planciiks  par  M.  MONNIN.  —  2*  kt  3'  planciiks  pak  Mlle  GOUJON, 
iïliidii^iir  arvmi^cc  avec  acrompaotufiiimt  de  piiuio  peu  i\\,  £\.  Colct. 


NOTICE. 

Eu  1815,  ou  ne  pouvait  faire  un  pas  sans  eulendrc  fredonner  à  snn  oreille  • 

3c  prtvs, 
Bi\a  \)(  toutrd  parte 

C'étail  un  conpiel  lie  faclure  fort  |»iiiiiant,  à  l'époque  où  dans  les  vaudevilles  on  mellait  encore  des  coiipiels 
de  faclure,  el  où  les  vaudevillisles  savaient  faire  des  couplets.  H.  Scrilie  élail  au  Ilavre,  dans  la  famille  de 
son  ami  Casimir  Delavigne,  il  entendit  jouer  sur  le  piano  un  air  de  valse  que  venait  de  composer  le  maîlre 
de  musique  des  jeunes  personnes,  homme  de  talent,  qui  avait  reçu  des  leçons  de  filnck,  el  il  lit  sou  couplet  sur 
cet  air  qui  lui  dut  l'honneur  de  devenir  populaire.  M.  Scrihc  débulait  alors  dans  la  carrière  du  vaudeville, 
qu'il  a  suivie  a\ec  tant  de  bonheur  el  de  talent.  Un  modeste  incognito  cachait  encore  son  nom  mainlenant  cé- 
lèbre, car  l'un  lie  marche  pas  sans  l'autre,  et  il  ne  livrait  au  public  que  sou  prénom  d'Eugène. 

La  pièce  ^'ltnf  Wuit  ôc  la  çnu^c  luitiomilc  eut  un  grand  succès,  un  succès  de  vogue,  el  ce  ne  fut 
pas  seulement  le  sujet,  neuf  alors,  qui  moli\a  ce  succès  :  mais  la  manière  dont  il  élail  traité;  car  on  donna 
à  la  même  époque  aux  lliivictéd  une  pièce  du  même  genre  (|ui  tomba  tout  à  plat. 

Il  faut  dire  que  la  pièce  était  merveilleusement  jouée,  que  Minette  fut  charmante  dans  le  pelit  tambour, 
qu'llippolyle  fut  très  original  dans  le  personnage  de  M.  Pigeon  (]iii  est  devenu  nu  type,  el  que  l'on  voit  encore 
sur  une  enseigne  de  la  rue  de  Seine,  el  qu'Isambert  chaula  délicieusement  le  ccuplet  de  faclure.  Déjà  da::s 
ce  petit  tableau,  H.  Scribe  avait  joint  au  comique,  une  de  ces  inlr'gues  légères  el  gracieuses,  quelques  uns 
de  ces  agencements  de  goût,  qui  décelaient  l'auteur  de  bonne  compagnie,  en  (|ui  aniionçaienl  le  coiilinualeur  de 
llarivaui. 

Que  l'on  ne  prenne  pas  pour  une  épigranime  ce  point  de  ressemblance ,  car  ce  qu'on   esl  convenu 


il'iippi'lcr  miimiiicniciil  le  illlu•ilunl^llj)f,  froii\e  qiio  ceux  qui  paiieiil  ainsi  ne  roniiaisscnl  pas  Haiivanx, 
cl  ne  l'oiil  pas  éiudié  :  qn'iis  ne  i'oiil  même  peiil-êlie  pas  lu.  Tout  ce  qu'a  écrit  Marivaux  est  semé  de  Irails 
lins  el  déiicals,  d'aperçus  où  les  secrels  du  cœur  sonl  clierclics  jusque  dans  les  moindres  replis,  el  de  mois 
heureux  auxquels  il  ne  manque  pour  êlrc  enlendus  que  d'élre  bien  dils  :  comme  les  disait  encore  il  y  a  peu 
de  lemps  mademoiselle  Mars.  Une  langue  pour  êlre  bien  comprise,  doit  êlre  bien  parlée. 

liais,  dira-l-on,  le  langage  de  Marivaux  dans  un  corps  de  garde  !  Pourquoi  pas?  H  y  a  corps  de  ganle  el 
corps  de  garde  ;  el  selon  la  légion  el  la  compagnie  qiii  le  compose,  il  ressemble  lanlôl  à  un  eslaminel,  lanlôi  à  un 
club,  lanlôl  à  un  saliiu  de  la  Cluiussée-d'Anlin. 

Qnanl  à  la  localilé,  le  corps  de  garde  esl  ordinairement  une  salle  basse,  dont  les  mnrs  seraient  nus, 
s'ils  n'élaienl  ornes  d'arabesques  el  d'inscriptions  de  loules  sorlcs  de  styles.  Le  désœuvrement  guide  la  maiu  de 
celui  qui  y  (race  des  seiilences  burlesques  on  morales.  Le  charbon  du  poêle  sert  de  crayon  à  l'artiste  qui 
iniproiise  sur  les  murailles  un  hussard  à  cheval,  un  grenadier  la  pipe  à  la  bonclic,  un  cœur  enllammé,  ou 
qiieli|iies  hiéroglyphes  plus  ou  moins  ri'joui.ssants. 

Il  y  a  dans  un  corps  de  garde,  les  dormeurs,  les  joueurs,  l'orateur  et  le  farceur.  Chacun  y  joue  son  rôle 
sans  s'inquiéter  s'il  gêne  les  antres.  Le  lit  de  camp,  quelques  bancs,  un  bidon  de  ferblauc,  un  poêle  dé- 
gradé, complètent  l'auieublemcnl,  avec  le  ralelier  pour  les  fusils,  el  la  planche  à  mettre  les  schakos.  C'est 
dans  ce  lieu,  souvent  enfumé,  éclairé  par  des  lampes  dont  la  liiniièie  s'échappe  à  regret,  que  se  réunissent 
pour  vingt-quatre  heures  les  citoyens  zélés  qui  passent  par  dessus  les  petites  considérations  de  paresse , 
d'égoïsmc,  de  plaisirs ,  et  ceux  i|ui  ne  craignent  pas  le  ridicule  dont  on  stigmatise  chez  nous  l'homme  ([ni  a  la 
bonhomie  de  faire  son  devoir. 

Cette  réunion  iiiipro\isée  a  un  caradère  tout  français.  L'a\ocal,  le  bon  bourgeois,  le  dandv,  l'homme  de 
lettres,  l'agent  de  change,  l'i mployé,  le  notaire,  l'artisan  et  le  lils  du  pair  de  France,  sont  d'abnnl  alignas  par 
rang  de  taille.  Les  premiers  numéros  sont  pour  les  plus  grands,  les  derniers  soinent  pour  l'Iioaime  de 
niérile  :  c'est  à  peu  près  comme  dans  le  monde. 

L'homme  de  lellies  commande  le  poste,  le  notaire  est  sergent,  le  banquier  est  caporal  :  Le  marquis  esl 
simple  soldat  :  mais  il  paye  le  punch,  et  il  établit  ain>i  sa  supériorité  morale.  L'n  écarté  commence,  l'agent 
de  change  el  le  banquier  gagnent  en  considéraiion  ce  qu'ils  perdent  en  pièces  de  vingt  francs. 

.  La  coniersation  s'anime,  et  de  parlicnlièie  devient  générale,  surtout  quand  celle  teinte  d'aelualilé  qui  colore 
tout  anjourd'hui,  la  fait  palpiter  de  son  puissant  inlérèl.  On  parle  de  modes,  de  commerce,  de  l'Opéra,  des 
feuilletons;  mais  aussi  on  parle  politique  et  bieniôl  on  ne  s'entend  plus.  De  la  polilique  on  tombe  sur  la 
littérature  :  Je  pourrais  dire  on  tombe  avec  elle. 

Le  corps  de  garde  est  une  lanterne  magique,  un  panorama  où  passent  tour  à  tour  les  trois  quarts  des 
citoyens,  les  uns  de  gré,  les  antres  de  force.  Mais  tel  qui  se  plaint  de  l'invention  de  la  garde  nationale,  ne 
la  cidit  pas  d'origine  aussi  ancienne  qu'elle  l'est  en  France.  Dès  1358,  le  Prévôt  des  marchands,  M.ircel, 
rassembla  sur  la  place  Saint- Eloi  trois  mille  Parisiens  armés  qui  lireiit  trembler  le  dauphin.  A  l'époque  de  la 
ligne  la  garde  bourgeoise  s'organisa  par  compagnies  que  commandaient  des  qmu-triiirrô.  En  1789,  par  un 
mouvoiiienl  spontané,  se  forma  la  garde  nationale  parisienne,  qn'une  commotion  électrique  organisa  presque 
aussitôt  dans  toute  la  France.  Licenciée  sous  la  Reslanralion,  elle  reparut  en  juillet  18o0,  et  la  chanson  de 
M.  Scribe  faite  en  ISlii  est  encore  l'histoire  de  la  garde  nationale  d'aujourd'hui. 

Dli  M  ERS  A  \'. 


TΠ   LA 
GARPÎ.     T^ATIOISFAXE 


/mf''./r  a.ir./m  .„>u- ^/ /,%■ .  3^  r.//«u/f/?ia/U  /ii' 


LE  HBO^IT  DU  GAPOîlAL 


Allegro 


vous  Li  pa-lroiijlle    SemouiHe.Âu  balCoiuluri   o  -  ri  -  gi-nal  Qui,  d'un  faux  pas  fa - 


lai  Re-dou-uiMi!  iu-Cor  -  lu-iie, Marche  dunair  con  -  iraiiit,  S'ëciabousseet     se 


fe^r^M^^ife^^^^^lTi^^^ 


plaiiU  D'un  réverbère  é -leiiil  Qui  compte  sur     la  lu -ne;  Leiurron     quel'insiinci  gou- 


^^^^^ 


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awf  %  b  ^'T 


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-  ver  -  ne  A  dé  -  faut  de  sa  lai-son,         Va  frappant     à   chaque  la  -  ver-iie,  Lespte- 


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-  nantpour  sa  maison,-         J  e-xa-mi  -  ne    Cet-ic  mi  -  ne  Qu'enlumine  Un    roii-ge 


bord;     Quandau   pos  -  lo,   Quilac-cos-ieJ!  ri  -  pos -le  :Verseen  -cor.        Je 


fe^N^^^^p^^^jgj 


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vois  re-ve-nir  un  jjonrgeois  Qui,  cliarmé  de  sa  voix,  Sort  i;ainienldu  par-ler  •-  re  ;   Il 


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chante, et, pliiscoiuentqu'undieu, 11   é-corche  a-vec  feu   Un  air  de  Bo -ïel-dieu.  Piusç_^ 


^^^ 


I   l'rocédcs  de  Tantcnstein  et  Cordel,  90.  nie  de  la  Harpe. 


Impiimcric  de  Puxet  iii.s  aim?,  7,  rue  des  Grands-Augustins. 


LE  RELA^TAllPLAN  TAIIBOIJH  BATTANT, 

VAUDEVILLE   DE   LA  SOIRÉE   DES  BOULEVARTS,   PAR  FAVART. 


SCSSINS     VA.U    va.    7iaiia3Xi£T, 
GRAVURKS  :  1  "  el4'  PLANCIIKSPAR  M.  ^ARGKOT.  — 2' cl  3'  PI.ANCmcS  PAR  M.  BOSUFOON. 

iJliit^iiiiic   iivniiiijrc   fjour  le   piniio   \nxv  î\\.   ij.   Œoli'f. 


NOTICE. 

Les  Boiilcvaits  ol  siirloiil  le  Bniilevarl  ilii  Tcmiilc,  olaieiil,  il  y  a  qiialrc-viii!;ls  ans,  la  promenade  à  la 
mode.  C'él.iil  là  que  la  noblesse  el  la  lionrgeoisie,  que  les  [lelilsniaîlres  de  robe  et  d'epce,  les  leninics  du 
plus  liant  rang  el  les  filles  de  speclacics,  donnaienl  leurs  rendez-vous,  élalaienl  leur  lu\e,  el  unimaienl  re 
lieu  de  plaisir  par  les  couirasles  les  plus  piquants. 

Voltaire  fait  dire  à  son  IJiiuurc  Biabir,  enrichi  par  un  immense  héritage  • 

3f  fan^uisni3  ma  £iui>  tiiompi)iuitr, 
t'es  soirs  &'rtf,  îiiuia  la  Cifc  crlatantc 
JDf  Cl-  rempart,  nsilc  ^râ  5liiioui-s, 
Çiir  (Cutvcquiu  rat'vairiji  tous  les  jours. 

Oulrequiu  clail  l'eiil repreneur  de  Parrosemenl.  Le  rempart  ou  houlevart  élail  bordé  de  cafés,  de  lioHii(|nes  de 
niarionuetles,  de  joueurs  de  gobelets,  de  danseurs  de  corde,  el  de  loules  sortes  d'amnsemenis.  Il  y  avait  ausM 
des  traiteurs,  dciil  les  salons  servaient  aux  repas  lins  el  aux  parties  de  plaisir.  liaiiceliu  était  le  plus  ceièliie 
de  ces  traiteurs. 

Viillaiie  a  écril  sa  satyre  du  piim»re  JDiiiblc  en  1758,  la  même  année  que  Favart  donna  la  Soirrc 
^cs  Coulfinn-ts.  Les  théâtres  de  \ieolel  el  d'Audinol  n'élaienl  pas  encore  établis,  c*  ne  fui  qu'en  1760  que 
^  colel  lit  bâtir  le  sien,  le  plus  ancien  de  Ions. 

La  pièce  de  Favart,  à  laquelle  la  Chanson  dont  le  refrain  est  rflnntûinpliui  sert  de  vaudeville,  était  une 
peinture  lidèle,  piquante  et  spirilnelle  du  spectacle  que  présenlail  alors  celte  prcnieuade ,  doiil  la  physionomie 
a  coniplèlemeiil  cluuigé. 

A>anl  la  Révolnlion  de  1790,  c'est  à  dire  Irenle  ans  après  la  pièce  de  Favart,  le  Boulevarl  élail  encore 
à  peu  près  tel  que  cet  auteur  l'a  représenté.  Pendant  nue  vingtaine  d'aii!iées,  il  a  encore  gardé  un  aspeci 
original  el  amusant;  mais  ceux  ipii  le  voient  aujourd'hui,  ne  peuvent  plus  avoir  une  idée  de  ce  qu'il  élail 
iilnrs.  Les  façades  des  tlieàlres,  élevées,  sévères,  n'ont  plus  ce  grand  balcon  sur  le(|iiel  ou  faisait  la  parade, 
qui  élail  quelquefois  aussi  amusante  que  les  pièces  de  l'iiilérienr.  Les  cafés  n'ont  plus  ces  larges  auvents, 
sous  lesipiels  les  consommateurs  jouissaient  de  la  vue  des  promeneurs,  el  leur  servaient  eux-mêmes  de  spec- 
tacle. On  ne  voit  plus  à  la  porte  de  Bancelin  ces  uifUcuscs  coquettes,  coill'ees  de  la  marmolle,  el  porl.inl 
leur  vielle  suspendue  à  un  large  rub.in  bien,  (jui  ont  donné  à  Pain  el  Bonilly  l'idée  de  leur  pièce  iiitiUilee  : 
i/unrl)oii  lu  Uicllcusr,  qui  ent  en  1800  uu  si  prodigieux  succès. 

Mainlenanl,  de  hautes  maisons  d'un  côté,  de  l'antre  une  longue  rangée  de  marchandes  d'oranges,  de  pommes, 
de  sucre  d'orge,  de  tisane,  de  punch  el  de  glaces  à  un  sou  le  verre,  telles  smit  les  limites  entre  lesiinelles  se  pro- 
nièiieul  quel(|ues  bourgeois  du  Marais,  el  au  milieu  desquelles  fourmillent  des  gens  du  peuple,  et  une  mulliludc 
de  gamins  velus  de  la  blouse  inévitable,  coilfés  de  la  casquette  obligée,  el  fumant  le  cigarre  de  rigueur. 

Le  bonnes  d'enfanis,  même,  ne  dépassent  plus  la  frontière  du  bcnlcvart  du  Châleau-d'Eiu. 

C'est  ainsi  que  Paris  perd  Ions  les  jours  une  partie  de  sa  physionomie  pilloresque.  .Assurément  nous  ne 
regrellons  pas,  comme  cerlaiiis  amateurs,  les  zigzags, les  rues  tortueuses  el  boueuses,  les  lii's  pointus  et  aulres 
monsirnosités  de  l'ancien  temps;  nous  ne  craignons  pas  que  ralignemeut  des  rues  fasse  de  Paris  un  Jumicr. 
Sous  soinmcs  heureux  de  voir  embellir,  assainir  cl  régulariser  la  Caiiilde,  de  voil-  disparaître  les  labvrinllics 


(^^  h  Clip,  iiballrc  les  nwsuics  qui  m\cn\  de  repaires  aux  malfaileurs,  el  qui  eiifaidisseiil  ciirore  la  misî're 
qui  les  habile  ;  mais  nous  |iniiv()iis  iiniis  plaimire  de  la  nioiioloiiie  à  laquelle  oii  eoiidanine  nos  yeux. 

Plus  de  sallMubatiques,  do  joueurs  de  gnbelels,  de  cliaiilcurs  ni  de  musiciens  anibulanls,  de  monlrcurs  de 
niarionnelles  el  de  curiosilés,  plus  même  la  niarmolle  en  vie,  non  plus  que  de  chiens  dansanis  cl  d'ànes 
savanis,  sj  ce  n'esl  dans  des  endroits  que  la  polilesse  nous  défend  de  désigner.  El  ccpeudanl  on  laisse  vaguer 
de  liisles  enfants  déguenillés,  Iraînanl  au  boni  d'une  ficelle  quelque  quadrupède  méconnaissable.  On  nous  laisse 
écorcher  les  oreilles  par  rinsupporlable  orgue,  dil  oc  âarbiuif.  El  pour  compensation  aux  bouffonneries 
amusantes,  dont  la  civilisation  progressive  nous  a  pri\és,  on  nous  accorde  des  myriades  de  cricurs  d'allu- 
uicltes  chimiques  ! 

Favart  ne  ferait  pas  aujourd'hui  la  Soirée  ^l•â  l3inilriiarts;  il  est  temps  de  revenir  à  lui.  Favarl  a 
pris  tous  ses  personnages  dans  la  classe  bourgeoise  el  dans  le  peuple ,  qui  sont  beaucoup  plus  gais  que  les 
gens  à  étiquetle.  Molière  a  si  bien  connu  celte  vérilé,  que  sur  ses  trente  pièces,  il  n'eu  a  fait  que  six  avec  des 
sujets  au-dessus  de  la  bourgeoisie,  el  encore  a-l-il  eu  le  soin  d'y  mêler  des  personnages  comiques. 

Parmi  ceux  qui  paraissaient  dans  la  pièce  de  Favarl,  il  y  eu  eut  un  qui  produisit  le  plus  grand  effet, 
quoique  son  rôle  ne  fùl  composé  que  de  sept  répliques.  Celait  celui  de  iîl.  6obfmourl)e,  joué  par  l'ini- 
inilable  CARLli\ ,  cet  ac:eur  si  spirituel,  dont  la  panlomime  était  si  expressive  que  le  célèbre  Garrick  disait  de 
lui:  que  sou  ^oâ  jouait  la  roinéôic.  11  avait  saisi  la  marche,  lemainlieu,  le  ton,  le  geste  des  originaux 

qu'il  traduisait  sur  la  scène.  Il  représentait  un  nouvelliste  qui  n'avait  à  dire  que:  £)c\  jnaia — 

illeasirurâ....  —  £\é,  \]i — (Êuteubous-uouô ,  iîlcsâieura.  —  21  biie  la  «éritc.  — 

Cela  parle  tout  seul.  —  (Ênteuîicns-uous.  Chaque  phrase,  chaque  mot  excilail  le  rire. 

La  pièce  avait  paru  dans  un  moment  où  nos-  troupes  avaient  remporté  de  grands  avantages  sur  les  Anglais, 
avec  lesquels  la  Fiance  élail  en  guerre  d"puis  deux  ans.  La  paix  ne  se  fit  cependant  que  cinq  ans  après,  en  1763, 
el  l'on  se  rendit  de  part  el  d'autre  ses  conquêtes.  Celait  bien  la  peiue  de  se  hallre  pendant  sept  ans,  pour  en 
revenir  au  point  d'où  l'on  élail  parti  !  Tuulefois,  il  y  avait  dans  la  pièce  des  allusions  très  heureuses.  Les 
Anglais  ayant  fait  une  descente  à  Saiiil-Biieuc  eu  Brelagne,  furent  punis  de  leur  audace  par  le  duc  d'Aiguillon, 
qui  leur  prit  sept  cents  iiommes,  en  fil  tuer  quatre  mille,  el  les  força  de  se  rembarquer  :  ce  qui  fait  chauler 
à  une  monlreuse  de  curiosité,  qui  était  jouée  par  Madame  Favarl  : 
Db  qu'on  rut  îi  leur  poursuite, 
3I3  regagnent  paoïHou. 
JDour  les  faire  aller  plus  nite, 
31  leur  faut  un  coup  ù'aigutUon. 

Les  avantages  qu'on  avait  remportés  sur  les  Anglais  motivaient  le  vaudeville  final  et  sa  couleur  militaire. 
Il  était  animé  par  la  présence  des  soldais  du  régiment  d'Orléans,  qui  s'était  distingué  dans  cette  affaire.  Ce 
vaudeville,  aussi  gai  que  piquant,  donne  une  idée  du  talent  de  Favart  pour  la  Chanson,  car  toutes  ses  pièces 
conlieiiuent  non-seulement  des  couplets  el  des  ariettes,  mais  de  charmantes  Chansons  qui  ne  perdent  rien  à  être 
détachées  des  scènes  qu'elles  embellissaient.  Celle  Comédie  el  la  suile  que  Favart  lui  donna  l'anuée  d'après, 
en  coulienneut  de  charmantes,  parmi  lesquelles  ou  dislingue;  JSinsi  îioit  être  un  petit-inaitrr,  Ce 
iren&emain,  el  CIjansous,  rl)ausons,  la  jCecon  b'nue  illcre  à  sa  ifille,  donnée  dans  notre  50'  li- 
vraison, el  Ce  Uelantamplan,  que  nos  lecteurs  vont  juger.  Dans  ce  temps  là  ou  faisait  des  Comédies  où 
il  y  avait  des  vaudevilles,  maintenant  on  fait  des  Vaudevilles  où  il  n'y  a  pas  de  couplcls. 

DU  MERSAl 


«Booogacooo 


Les  Recueils  de  Chansons  ne  conliennenl  que  les  couplets  que  nous 
Ions  pas  priver  nos  lecleurs  des  trois  suivants,  qui  sont  dans  la  pièce 


lin  jOarbirr. 
A  la  besogne  je  m'apprèle, 
El  mon  rasoir  aura  le  fil, 
Aux  ennemis  j'  lav'rai  la  Icle; 
A  savonner  je  suis  subtil. 
Tout  aussi  sûr  qu'un  Koi  de  fiarbe. 
Eu  arrivant  au  régiment, 

Reli,  relan, 
Je  veux  à  tous  faire  la  barbe, 
Ilelaulamplan,  tambour  ballant. 


Un  Soldat. 
Lorsque  la  guerre  diminue 
l.e  nombre  des  soldais  d'  Cvpris, 
A  l'Opéra  faites  reçue. 
Jeunes  co(|uetles  de  Paris  : 
Là  vous  enrôlerez  sans  peine 
L'homiue  de  robe  et  le  traitant  : 

lieli,  relan, 
Relaiilamplan,  on  vous  les  mène 
Relautamplaii,  tambour  battant. 


avons  fait  graver;  mais  nous  ne  vou- 
de  Favarl  : 

Hussards  d'amour,  voire  milice 
A,  comme  nous,  l'esprit  grivois; 
A  peine  est-on  dans  le  service, 
Qu'on  fail  déjà  nombre  d'exploits. 
Adroile  el  promple  à  l'exercice, 
Fille  s'inslruit  eu  un  inslani, 

Reli,  relan, 
Dès  quatorze  ans,  la  plus  no^ice, 
Mène  un  salant,  tambour  battai;!. 


l.e  Larnj^ucdo.lc  I,,Mio-\if  do 

Oh; 

Faut  iiiullcrlo  l.an<>iicilo' 
Avec  le  sac  sTir  le  dos. 

I.c  lUlrc.ct  aussi  le  IVcfet. 

N  en  son!   deux  jolis  cadetj;    Hu 

Ils  nous  font  tiré   zaïi   soit. 

Tire  ■AAV.  son. tué  z-aii  son, 
Ou 
!U  nouv  fout  tu,    /  ™  sut 

l'jui  notis     ondiui     /  a  la  mort 


v\i 


Idjeu  doue  cliers  p.irenls, 
-V  ouliUr»  |ias  -olie  enfant,   ISis 

l»ele„ip..e„ten,l,s,d..|e,„l,.,  cute,,,,,.. 
Ku. 

l'ouilm  euvover  ,\elaroent. 


««•H/    /(f<,j 


t  V  voir  (_'ii  (i-ai"iiisoii 


-M.1   Kiu.l...n.s„is  ■■»  l.on  ,s , 

Jrne  t  ..uUluT.u  ,.i,„,-,is; 

(■-.1   l..n.,u,,nt   iV'-l-Vj, 

Le  <œu.-.ls.,o,.  cipahlo, 

liarbrtrc'.perfiiU', 
J)  oiiblicitoiis  Us  .lUrails. 


■  Gxiemaàier, ^luscpe  In  qiuttes 
Ta  Iviiiclioii.ta  lioiiixc  amie; 
Tiens, ToiU  (Quatre  rliciiiisea, 
fniii  m  0  ucho]rs_,iui'pfl  n   délia 


Je  ne  tOTilil 


Zm>- ,/r  /J,n„/.;,  .luuirtM'  A,.  ,-.a,„/,-fi-m&. //„,., 


LS  KBLjAITTAMPLiAIJ  TAMBOUTl  BATTAWÏ» 


Andante.  ^ 


Chant. 


S 


PIANO. 


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Tambour. 


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Je      veux,  au      bout      du    -    ne       cam  - 


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fe^E^^E^^iE^^ 


3 


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pa  -  gne,     Me      voir  dé    -  jà  jo   -    li        gnr     -     çon  : 


Des    lié-ros 


h-^-^ 


it=îî 


f==f==f=^'^^-^^~^-r-\~ -i^ ibjB3 


que     Ion    ac-  corn  -  pa  •  gne, On  sai  sit      l'air,  on  prend  le        ton;     Des  en-  ne 


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mis,     ait! -si  qiiMes  bcl-ios,  On  est  vain-qiieur  en    Ps'i-nii  -  lant,  Et      ili, 


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et       rian , 


On  prend  d'as     -  saut      les       ci     -  la 


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del  -  les,        Re  -  lan  -  tan     -  plan,     tam     -  bour  hat 

~Ê:  :Ê-  -^ 


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tant. 


5^ 


22 


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j._ 


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à 


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•ôL 


fl'rocédcs  de  Tanlenslein  et  Corclcl,90,  rue  de  la  Harpe.j 


Fin. 


Paris.  —  Imprimerie  de  Pillet  fils  aimî,  rue  des  Grands-Augustins,  7. 


fanfân    là    tulipe 


a>ABO£.Ei>    »*É1IIE.E:   UEBBi%.U]&. 


DESSINS    PA!B    SI.    TBISIOZiET, 

CRAVUKES  :  1"  et  i'  planche,  par  M.  Fontai.ise  ;  2"  el  y  planche,  par  M.  J.  CollignON, 
lîluaiquf  anaiiçiff  aucc  nrfonnjnçiiKmcut  &r  picuio  par  i\\.  £].(£.o[tt, 

AIR  :  Iloira  qui  voudra,  lariratle. 


NOTICE. 


Le  pauvre  Emile  a  passé  comme  uns  omhe, 
Omhre  joyeuse  el  cïeie  aux  bons  vivants; 
Ses  gais  refrains  vous  éjalent  en  uornLre, 
Fleurs  d'acacia  qu'éparpillent  les  vents 

BÉRANGER. 

Peu  de  chansons  onl  obtenu  les  honneurs  d'une  popularilé  éï;ale  à  celle  de  f  unfau  lu  ïiilipc.  Lnrs 
de  son  apparilion,  en  1819,  elle  passa  rapidement  des  goijufttcâ  où  elle  avait  pris  naissance,  dasis  les 
rangs  de  l'armée  qui  l'accueillit  avec  enthousiasme,  el  bienlôl  elle  pénétra,  rayonnante,  dans  les  salons,  où 
les  souvenirs  de  notre  gloire  trouvaient  encore  des  échos.  On  assure  même  qu'elle  fut  souvent  chantée  p;:r 
le  duc  de  Bcrry  qui  en  aimail  surtout  la  musique.  Enfin,  pour  que  rien  ne  manquât  à  son  triomphe,  le 
tljfàtrc  be  In  <êané  en  fil  le  sujet  d'une  charmante  petite  pièce  qui  eut  une  longue  suite  de  représen- 
lalions. 

Ce  n'est  pas,  cependant,  que  celte  chanson  fût  regardée  comme  un  chef-d'œuvre  de  purisme  ou 
de  poésie;  son  esprit  de  bon  aloi  autant  que  d'à-propos,  sa  franchise  nationale  el  son  originalité  sans 
prétention,  en  avaient  seuls  délenniné  le  succès.  Emile  Debraux,  qui  en  esl  l'auteur,  se  souciait  peu 
d'observer  les  règles  du  langage  et  de  la  versilication ,  bien  qu'il  eût  fait  d'assez  bonnes  éludes  pour  être 
correct.  La  naiure  lui  a\ait  dminé  le  secret  de  parler  au  cœur  cl  de  s'en  faire  comprendre,  il  n'aspirait  pas 


à  iiiilre  ciiose.  Chansonnier  ilii  |)Ciijile,  ce  tilre  semblait  suflire  à  son  ambition.  Il  est  mort  sans  avoir  smIjÔ 
i\\\\\  aurait  pu  élre  un  poêle  remarquable. 

Fn  jelanl  sur  h  tombe  d'Emile  un  adien  qui  ressemble  beaucoup  à  un  brevet  d'immortalité,  Béranger  a 
(lit  : 

^  tnnt  îj'rsprit  pnssrj  la  ncgligriuc; 
31)!  &u  tiilrnt  le  besoin  est  l'reueil. 

Mais  il  est  fort  douteux  pour  nous  que  Debraux,  placé  dans  une  condition  de  fortune  moins  équivoque,  se 
fût  jamais  plus  sérieusement  occupé  de  ses  compositions.  Une  impérieuse  habitude  de  produire  était  devenue 
sa  première  Muse;  il  traitait  vingt  sujets  pour  ne  pas  prendre  le  lemps  d'en  choisir  un;  ses  pensées  étaient 
souvent  jetées  sans  ordre  sur  le  papier,  et,  lorsqu'il  en  avait  formé  un  tout,  quelque  imparfait  qu'il  fût  pour 
lui-même,  il  n'y  retouchait  plus. 

Cependant,  que  de  jolis  refrains  éclos  sous  la  plume  d'Emile  Debraux,  cl  combien  on  regrette  en  les 
parcourant ,  que  leur  auteur,  plus  convaincu  de  son  mérite  ou  plus  soigneux  de  sa  répulalion  d'écrivain ,  ne 
se  soit  pas  toujours  conformé  aux  exigences  de  l'art  en  suivant  l'exemple  du  grand  maître  donl  il  était  le 
contemporain  et  l'admirateur  enthousiaste  ! 

La  circonstance  est  le  meilleur  aliment  de  la  Chanson ,  telle  que  la  comprenait  Debraux ,  et  il  savait 
l'exploiter  avec  autant  de  talent  que  de  bonheur,  iunfau  laîlulipc,  celle  chaleureuse  expression  des 
senlimenls  guerriers  qui  agitaient  la  France  à  l'époque  où  la  queue  de  l'invasion  se  tiainait  encore  à  nos 
portes,  aurait  probablement  fait  moins  de  bruit  quelques  années  plus  tard.  L'inlérèl  qui  se  rattache  aux  plus 
grandes  choses  se  prescrit  vile;  mais  celles  que  célébrait  la  Chanson,  deux  cent  mille  braves,  à  peine 
dépouillés  de  leur  vieil  uniforme,  venaient  d'en  élre  témoins.  L'^ietoivc  îic  iFanfan  la  ®.ulipe  était  la 
leur,  rien  n'y  manquait ,  pas  même  l'épilogue  : 


iiloinlcnant  je  me  repose 
Scu9  le  eljauine  l)ospttalier 

La  chanson  d'Emile  Debraux  est  peut-être  encore  de  notre  temps.  C'est  la  Victoire  au  repos,  mais  toujours 
prêle  à  marcher  au  premier  signal.  Les  soldats  d'autrefois  la  chantent  comme  ils  laconteraienl  un  épisode 
de  leur  vie,  el  ceux  d'aujourd'hui  comme  une  liclion  de  leur  é;al. 


CHARLES  LE  l'AC.E, 

vliu-ien  umi  et  eollcibovntciiv  ^^•  Delinuiï. 


^J 


FA\KA.\    l.A  Tn.U'K 

Coiiiiiio  rmai'j  diioirc  iiirrr 
Don  1ou)in\i-s  .s'a[)j)  ler  p.ipa, 
,)i-  \'<)ns  (hvai   <jiu-  mon  porc 
1  11  roi-tam  |oiii-    me  liappa; 
l'tiLs.ine  m'iiam  jusqu'au  bas  île  ]a  rampe 
M'dit  CCS  mots  qm  m'inu-iit  loul  saus  (Issus  ilssou 
.1  te  divai  ma   foi 
Oui  yina  plus  pour  loj 
Kien  eluv.  lums, 
\   là  om(j  SOU.S 
Kl  décampe 
Ku  avant, 
Faui'an  la  'l'uUpe 
Ovii  miU'uoni  d'un' pipe 
Kn  avant  . 

Puisqu'il  esi  dl'ail  ([u'un  leiino  lioimue 
Ouandila  eniq  sous  vaillant. 
Peut  aller  d'I'aris  à  Home, 
Je  partis  on   sautillant  . 
Ujimmer jour  je  tiottais  connue  nu  ano'C 
Mais  rieuirmain 
.le  mourais  quasi  (Ifaim. 
l  u  r'crut eui-  passa 
Oui  lue  proposa  .... 
l'as  d'or(;^-ueil, 
.l'm'eu  liats  l'œil , 
Kiul  que  j'inano-e  ! 
Kn  avant  ,etc  . 


Oiiaud   )'onlou(h.s  la  nulvaillc, 
Coinm'je  r'QTetlais  mes  loyers' 
îlais  qiiaiii  j'vis  à  la  l)ataille 
Marclier  nos  vieux  q;reiiaàiers; 
In  instant, nous  somm'stonjours  ensemlAe, 
VenlveWen.me  dis -je  alors  tout  Isas  .' 
Allons,  mon  enfant , 
Mon  petit  Fanfan, 
Vite  axL  pas , 
Qn'on  n' dis 'pas 
One  tu  trembles. 
En  avant,  etc  . 

ï.n  vrai  soldai   de  la   (i'arde. 
Quand  1rs  feii.v   élaienl  ecssés, 
.'^ans  r'o^ardei'  A  la  cocarde 
J  tendais  la  main  ai\x  blesses. 
1)  insulter  deslioniins  vivant  encore 
Onandyvovais  dcslàcli's  se  faire  un  jeu  , 
Quoi  miir  veiitrel)leii  '. 
l)e\"ant  moi,  lUorLlea! 
J'soniïiirais 
(.)n'un  Français 
Sdeslioiiore: 
En  avant,  ete 


Vlu^t  ans  soldat  vaiîl  qxie  vaiHc, 
Onoicpi' a^  Atoit  toujours  so\nuis, 
Fn'  fois  liors  iu  dianxu  ibataillc 
J'uai  jamais  coimTL  lemi'iias  . 
Des  \ranicTis  la  toitcliaiite  prière 

M.' fit   toTXJOXlTS 

Yoler  à  leur  secours. 
P't'rt  c'qtic  j'fais  pour  eux, 
Les  nialheiireiDc 
L' front  iiujour 
A  leur  tour 
Pour  lua  luère .' 
Eu  avant, ete 

A  plus  ÏTUi'<i'entill  iiipomic 
Mainte  fois  j'ai  fait  la  cour, 
Mais  toujours  à  la  draii'oime. 
C'est  vrauuenl  l'clieiuuil'pUis  court, 
l.tj' disais  (j^uand  un' fillo  un  peu  fi ère 
Surïlioiincur  se  mettait  à  dada: 
^  treni\)lons  pas  pour  ça 
(es  vertus  là 
rôt  oirlari, 
luuss'nt  par 
S  laisser  faire.' 
En  avant,  etc  . 


^.|«l'ipili«i|fVih 


'"  é'<Y"-  K,,  P, 


Mon  pn-p,  Hflix»  l'inforliinp, 
M'app'la  jioiirle  prolco'cr; 
Si  l'nai»,  (u  «l'ia  r/tnriiuo, 
()u(l  nioiiKiil  pour  me  voiio-orl 
MaisunOaiii   pI  lovai  mililairp     • 
I)  vs  pan  ut  doil  toujours  pIip  l'appiu; 
'M  ;  n'avais  e\\  qu'    lui , 
J  s  lais  aujoui'il'liiu 
Mort  dp  faim. 

Mus  PllfllV, 

(  pst  mou  ppro  : 
l'.ii   avant ,  pIp  . 

Mauiti  liant  jp  nip  rpposp 
Sons  1p  (liannip  hospilalior 
1 1  )  \   <  iilln  p  la  ro.si-, 
!^allîl  noiilio-Pi-  1p  laiiriPi'. 
D'inonaimm    jpdptachpla  rouille, 
S]  1(   Uoi  m  app'lail  dans  Ir»  foiiil>.il.'<  : 
1)(  lio.s  _)'■""  •'*  xoldal.s 
(tUuI  iiil  Ips  pas, 
.1  m'pcrirais 
J  suis  Ira  m'ai  s  , 
Oui  liuu-h'  inouiUp  ! 

1  II   a\  aiit , 
laiiCaii  la  Tiilipp 
Oui  iniiriioni  il'iiii  pipe 
Y  n  a  va  ni  . 

w 


FANFAN'  LA  Tll.ll'E,  avfc  accon'|;,vnion;oi!l  de  [ian?  par  H,  II.  COI.ET,  profossour  d'harmonie  au  Conservatoire. 
AUciilello.  ^ 


CHA^T. 


^^3^^ 


Comnio      lina-ri    d"iio-ire         niè     -      re    Doil  lou- 


PIANO. 


^^=^=^=^ 


^ 


î!c:K 


-   jours     s"ap  -  plt-'r      pa     —      pa , 


3È 


Je  VOUS    di   -  rai     que 


2Z 


^^^-J      J-^-t^ 


— ? 


pè       —        re        Un  cer  -  lain      jour      me       liap     -      pa  ;  Puis,    me 


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m'nantjusqu'aii  bas   de  la       ram-pe,   M'dit     ces    molsquiminireiil    tout  sans  (i'ssus 


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d'ssous:       J'te  (li  -  rai,   ma      foi ,  Qui  gnia  plus  pour       loi  Rien  chez  nous, Vlà  cinq 


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9-    Jt.  ^  .S 


(l'rocédi's  de  Tantenstein  l't  Corde! ,  90 ,  lut  (itiallarpej 

iVii-is.  —  Innn-,  nnNPF.Y-IlLTIiF-,   it',  nie  SaiiU-I.'Hlis,  au  Mirais. 


'o*  ^^  i:o  5.^  ^i:^  .êii.  "^^lËT 

DB 

PARIS  A  CINQ  HEURES  DU  MATIN 

PAR    DÉSAUCilERS. 


Z>£SSI!SS   PAU    tu.    7BIBIOZi£T, 

GRAVURES  .  I"el4'  planclie,  par  M.  Nargbot;  2=  et  3'  planche,  par  M.  Tohlet, 

iJliieiqitc  orrangcr  avec  occompajucment  be  piano  pav  A\.  ^.(Êolfi. 


NOTICE. 

Que  de  tablcaur  on  a  faits  de  celte  grande  capitale  de  la  France  et  de  la  civilisation!  Suus  combien 
d'aspects,  en  eflet,  on  peut  la  peindre!  Mercier,  ce  bizaire  écrivain,  ou  plutôt  fabricateur  d'écrits  en  tout 
genre,  qui  se  donnait  tant  de  peine  pour  singer  l'originalilé,  fut  le  premier  qui  entreprit  ce  portrait  en 
grand.  Jusque-là,  on  s'était  borné  à  en  décrire  les  monuraenls  et  les  édilices;  il  voulut  en  retracer  aussi 
les  usages  et  les  mœurs.  Son  habita»  îir  i3aviâ  ne  manquait  point,  dans  quelques  parties ,  d'observation 
et  de  vérité;  mais  un  pl;ilo9opl)i6mc  frondeur  et  bavard,  un  manque  presque  total  de  vues  saines  K 
élevées,  condamnaient  celte  œuvre  à  la  médiocrité.  Son  sljie ,  sans  correcliou  et  sans  couleur,  acbeva  de  la 
vouer  à  l'oubli.  Aussi  n'en  reslc-t-il  guère  aujourd'liui  dans  nos  souveuirs  que  cet  arrêt  porté  sur  elle  p.ir 
un  ingénieuï  critique:  "Ciin-c  pciiâc  bana  ta  rue  et  écrit  sur  la  borne!" 

Mercier,  toutefois,  se  crut,  d'après  cette  ébauche,  promu  en  quelque  sorte  ii  l'emploi  de  peintre  oITici-l 
et  permanent  de  noire  capitale.  En  1796,  il  en  recommençait  le  tableau  sous  le  titre  du  lUuneau  pari.,- 
mais  celte  fois  ce  fut  pis  encore.  Outre  ses  divaiialions  personnelles,  il  y  entassa  les  doctrines  et  rêveries 
politiques  de  l'époque  :  ce  qui  en  rendit  la  lecture  dès  lors  très  fastidieuse,  et  auj'inr.l'uui  à  peu  pi« 
impossible. 

Au  temps  où  il  a>ait  entrepris  son  premier  travail ,  c'était  tenter  une  espèce  de  voyage  de  déc^uverles 
dans  cette  cité-monde.  Il  en  avait  laissé  beaucoup  k  faire  à  ses  successeurs ,  et  vingt  an;;ccs  de  révolutions 


ki  avftitiit  Biuhijtlirci  pour  eux.  Aa&ù  ua  am  graiiâ  nouHitt  (l'ob»rvat(tir$  se  kiieertul  ùhus  celle  carrlèrt , 
«v«  plus  ou  moins  de  succès.  Saignes ,  Gallois ,  SaiaUViclor,  Dulaure ,  «le. ,  y  consaerèreni  leur  à  tour 
kiirs  pineoaui.  Ajoulous  que,  pnur  juslilior  un  adage  do  nos  jours  : 

Coiit  s'ciUrcprcuD  pav  rompugnir. 

h.  fitpilale  a  égalenicnl  fourni  le  snjcl  de  deux  ouvrages  assez  volumineux ,  éflos  de  l'associalion  de  divrr» 
^rivaiiis,  le  fiore  iea  Cnit-Un,  cl  le  Uoiiofciit  €nblrau  be  {Jûriô. 

Paris  a  aussi  inspiré,  comrac  on  sait,  des  compositions  moins  graves;  ain.si  le  spirituel  €tmtte  &f  la 
(C!jau69i'f-î)'jantiii  en  crayonna,  sous  l'Empire,  avec  une  légèreté  railleuse  les  mœurs  el  les  ridicules, 
et  Picard  voulu!  en  transporter  sur  le  ibéâire  le  panorama  crilir|ue;  mais  il  fui  moins  heureux  avec  la 
©rûiiîle  Uillf  qu'avec  la  petite. 

Depuis  longtemps  la  Poésie  avait  aussi  trouvé  des  couleurs  sur  sa  patelle  pour  retracer  au  mon;» 
quelques  Irails  de  la  physionomie  de  celte  vaste  cité,  el  la  verve  satyrique  de  Boileau  en  avait  dépeint  le» 
embarraa,  qui,  de  nos  jours,  auraient  fourni  un  ample  supplément  à  ses  descriptions.  Désaugiers  ne 
voulut  pas  que  la  Chanson  fût  dcshcriléc  dans  ce  partage;  il  saisit,  pour  faire  poser  paria  devant  lui, 
l'instant  où  le  portrait  devait  être  el  rester  le  plus  vrai,  cinq  Ijeurea  bu  mottn,  moment  où  u'ayaiH 
p«iDt  encore  fait  sa  toilette,  Paris  s'offrait  à  lui 

bons  le  simple  appareil 

Q'uwf  rite  qui  oient  b'écljnpper  au  sommeil. 

firac«  à  cet  habile  choix,  c«  tableau  a  conservé,  après  un  demi-siècle,  toute  sa  fraîcheur,  tout  «on  coloria 
Son  exécution  Guie  l'a  rendu  il  est  vrai  l'un  dos  chefs-d'œuvre  de  son  auteur.  Là  ne  brille  pas  seulement  sa 
vive  el  f;anche  gailé;  observation  fii:e,  critique  maligne,  morale  enjouée,  tout  s'y  trouve  réuni  et  disposé 
avec  un  art  qui  a  tout  le  charme  du  naturel. 

Hans  cette  production ,  Désaugiers  s'imposa  en  oulre  la  tdche  el  mérita  le  prix  de  la  difficulté  vaincne 
f;j  !e  choix  de  son  ihylhmc.  Sur  la  contredanse  du  ôaltet  be  la  Roeièrr,  de  Gardel  aJné,  il  fît  courir 
pnor  ainsi  dire  une  foule  de  vers  rapides ,  cfluris  et  légers ,  de  rimes  redoublées ,  qui  constituenl  ce  qu 
IViD  appelle  chez  nous  le  couplet  be  forturr.  C'est  un  mérite  de  plus,  quand  il  n'a  rien  coiilé  au  sens, 
an  goiit  el  à  la  mérité;  el,  à  Ions  m  litres,  eelte  jolie  miniature  restera  l'un  des  ornements  de  noir* 
K'isée  lyrique. 

OffiR\.  membre  ^ll  Ciuenu  mobertie. 


TABI.KAU     DK    PAIUS 

J    CINQ    ItECRES  J)l    M  VtlX 

r.'oiïilire    s'eViipoi'e 
F.t  dé) à  l'aui-ofe 
i)e   ses   ravons  ilove 
Les  toits  d'alentour; 
Les  laïupes  pâlissent, 
Les  maisons  blaiirlnssenl , 
Les  marelles   s'eunilissent  : 
On  a  TU  le  ]oiir. 

!).■  la  XilleUe, 
Dans  sa  cliavrette, 
Suzon  l)roxiette 
Ses  flcnrs  sur  le  quai  , 
Et  de  Vineenne 
Gros -Pierre  amène 
Ses  Iruits  qae  Iraine 
Un  âne   eiHanque . 

Déjà  l'épioière. 
Déjà  la  -(ïniùcâ-c, 
Déjà  Vécaillère 
Saute  âbas  du  lit. 
L'oxnrier  travaille, 
Lèeriram  rimaille  , 
Le  fainéant  Ijàille, 
Ta  le  sarant  lit. 

J  entends  .Tavotte. 
Portant  sa  hotte, 
Crier:  Carotie, 
Panais  et  cliou-tleui-! 
rcrçant  et  ^-réle, 
Son  cri  se  mêle 
A  la  voix  frêle 
Du  noir  lanioneui 


L'huissier  cariltonne, 
Au  end  ,jure ,  sonne, 
Kessoniie,e1  la  bonne. 
Oui  Iciilend  trop  bien  , 
-Maudissant   le  tr.iîlre. 
Du  lil  de  sou  maître 
Pi'ompte  a  disparaître, 
Rco-a(i-iie  le  sLen . 

(jenliUc,  accorle. 
Devant  uia  porte 
Permette  apporte 
Son  lait  eneor  eliaiul; 
Kl  la  poriièie. 
Sons  la  o-onttière. 
Fend  la   volièi'o 
De  (lan\c  Maro-ot . 

Le  joueur  avidc. 
La  mine  livide 
l.t  la  bonrsc  vide. 
Rentre  eu  iiilniiuant  ; 
Kt.sur  son  pnssae-e. 
I.'ivro orne,  pins  sa^i-e. 
Rêvant   son  beeuva^'e. 
Ronde  en  i'rcdonnant  . 


lout, fiiez  Hf:itcn.s( 
Ksi  en  eadenee; 
On  ehante,  danse, 
JoTie,  et  cu'U'i-A ... 
Et  snr  la  pierre 
l'n  pauvre  hère, 
La  niiil   eiilirre, 
SiiuHVit  et  pleuia  . 


Dans  clia([iic  rue 
Phi  s  parcourue  , 
lia  fouie   accriio 
Grossit  tout  à  coup  '. 
Grands,  valetaille. 
Vieillards  .iiiaiiuaiUc, 
rSouvQ'eois,  canaille. 
Abondent  partout 


Ail  '  quelle  cohue  '■ 
Ma  tête  cslperdue 
Moulue  et  lemlue; 
Où  donc  1111-  cacher? 
Jamais  mou  oTeille 
Neut  iVavevir  pareille 
Tout  Pans  s'éveille... 
Allons  nous  coucher. 


jip"^^Sra&ïam'r«'y£J'  ^  .T. 


PARIS  A  Cli\D  HiililltS  i)l  SATIi\,  <iv«€  accomp.  de  piano  par  M.  11.  COLET,  profes.  J'harmoiiie  ixt  luasenaioirt. 


Allegro . 


Chant. 


PUNO. 


i 


^ 


a 


-7 ^ 


^ 


tt=fcr:îi 


M^ 


^ 


L'om  -    bre     s'é  -  va  -  po  -   re ,    El 


^ 


g      *  *      <^ 


"7— — g 


n 


r=^ 


=f^ 


dé-jà    l'au-ro  -  re    De       ses    ra-yons  do  -  re    Les   toiis  d'à  -  leii-iour  ;     Les 


:ï 


^ 


S2 


F^ 


» 


^ 


^^ 


^-^ 


S 


k=b= 


g 


g— ^— y- 


i^ 


,'— 5^=^ 


=t^ 


1?=C^=R 


lampes  pà -lis  -  sent,  Les    mai-sonsblan-cliis -sent,  Les   marcliéssem-plis-sent.  On 


mm 


-^^ 


iSagg 


-é ^ 


^ aJ*- 


g 


:t?= 


Fin. 


fe^^=^:=^^iiË^p^^M^^EéEy^ 


=^^ 


a     vu    le  jour.         De  la         Vil  -  lel  -  le,  Dans     sa       char-rel-ie,  Su- 


i 


^ 


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brou-el-le    Ses      flcurssur    le    quai,      Et  de        Vin-cen-ne  Gros 


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Pierre     a  -  niè-iie    Ses       fruits     que  irai  -  ne  Un  àac  ef  -  flan  -  que.  De  - 


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On  choisira  à  volonté  racconipagnemeiU  qui  précède  ou  celui  qui  suit. 
Allegro.  ^. 


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Fin. 


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rroccd('s  dp  T.iutcii'tcin  ei  C"rdel. 


rar:<:,  iuifir.  de  Fillet  kuï  aîné,  ruf  îles  Grands-An^ustins, 


«52*  ,£:^  5:o  5:^»  5:^  «^^ '^23' 

DR 

PARIS  A  CINQ  HEURES  DU  SOIR, 

PAR    DÉS^AUCSIERS» 


DESSINS     VAU    M.    TlilIflOitiET . 

GRAVURES  :  1"  et  i'  planchks  par  M.  DANOIS.  -•2-  et  :J'  planches  par  M.  NARGF.OT. 

iHuôiiiite  lurauçifc  avec  ncfcimpogneinnif  ^c  pinno  par  iîl.  fj.  (Colct 


NOTICE. 

DÉS\1'G1ERS,  après  avoir  Iracé  la  pcinlure  de  pari,  à  cinq  Ijcurc.  bu  iîlaiin  ,  voul...  faiio  .... 
p.M,.ianl  à  son  labieau.  el  esq..issa  Çari.  à  ci.tq  Ijcurca  &«  Soir.  J.  d.s  esquissa,  ca.-  qw.  pnc-a:. 
our.aH  renare  con,plèlemenl  la  physionomie  de  l'immense  capitale,  à  celle  heure  ou  commence,,  la,,  de 
Les  dramaliques  el  bouffonnes,  lanl  d'org.es  el  de  myslè.es  lugubres,  la„l  de  m,seres  el  de  bnllanles  fol.cs. 
El  surtout  comment  circonscrire  ce  qui  fera.l  le  s..jel  d'un  vaste  poème,  d,..s  le  cadre  elroit  d  ..ne  Chanson. 
S,  l'anleur  voula.t  prendre  le  Ion  de  la  satire,  il  lui  fallait  lutler  avec  Boileau  et  avec  Voltaire.  T.ml 
le  momie  sa,l  par  cœur  cette  philippique  qui  commence  par  ces  vers: 

(Clui  frappe  l'air,  bon  Dieu,  be  rca  lugubres  criô  ? 
(gst-rc  bouf  pour  tjfillcr  qu'on  sf  rourl)C  à  paris'' 

Ce  sont  les  embarras  de  la  rue  que  Boileau  a  dépeints,  les  scènes  d'iniéneur  o,.l  été  retracées  de  la  ma,.iè.e 
1;,  plus  p..inaiile  dans  la  pièce  de  Voltaue  où  .1  fait  le  tableau  d'un  salon  de  son  époque: 

3prc5  ïiîiur,  l'inîiolcute  ôlvccre 

Sort  pour  sortir,  sans  oooir  rien  à  faire. 

Le  Chansonuir  dans  une  revue  rapide  el  générale  aiguise  un  trait,  .noins  acé.é  peut  èlic,  niais  d'une 


|iliilosn|iliie  plus  gjiic  ol  plus  liiuse;  car  ce  qui  tlisliuguc  DésaUj'iers  (ios  faiseurs  de  chansons  qui  reniplisseut 
leurs  cduplels  de  biiualiles ,  el  qui  anièiienl  laiil  bien  que  mal  un  nfrain  vulgaire,  c'est  qu'il  pense  souveul 
m  pliilosoplic  el  erril  en  poêle. 

Le  gai  Désaugiers,  avec  son  exlérienr  joyeux,  élail  un  homme  niélancoliqne.  Epanoui  dans  la  sociélc,  son 
ame  élail  rè\euse  dans  la  solilude.  BoulTon  en  apparence,  boule-eu-lrain  à  table,  il  élail  au  fond  épicurien, 
dans  l'acception  que  l'on  doit  donner  à  ce  mol.  Epicurien  ii  la  façon  de  Cliaulieu  el  de  Sainl-Evremond. 

Désaugiers  avait  fait  d'cxcellenles  éludes,  il  était  nourri  des  meilleurs  modèles,  et  quand  il  s'élevait,  il 
élail  à  leur  hauteur,  autant  que  le  lui  permeltait  le  genre  auquel  il  avait  voué  sa  muse.  11  chaule  sou 
refrain  31  ftuit  rirr,  ou  il  fnut  bom-,  comme  Horace  disait:  Uunr  rat  bibrll^^llll. 

La  Chanson  de  r(Ê|jinirifu  est  le  code  philosophique  d'un  homme  dont  le  cœur  est  sensible  ;  et 
plusieurs  Romances,  où  Désaugiers  a  laisse  tomber  ses  pensées  mélancoliques,  respirent  une  grâce  louchante. 
Taiil  il  est  vrai  que  malgré  soi,  l'homme  se  peint  toujours  dans  un  coin  de  ses  écrits. 

Marc-Antoiue  Désaugiers,  né  à  Fréjns  eu  1772,  recul  bien  jeune  encore  les  leçons  du  malheur.  C'est  à 
celle  école  que  les  âmes  se  trempent  fortement;  l.i  sienne  résislaaux  plus  rudes  épren\es.  Il  raconte  lui-même 
dans  la  préface  de  son  premier  recueil  de  chansons,  comment  la  gaité  le  soutint  dans  les  circouslauces  les 
plus  pénibles,  au  milieu  des  horreurs  de  l'iusurrection  de  Saint-Domingue,  au  monienl  où,  condamné  par  un 
coiisiil  de  guerre,  el  les  yeux  déjà  couverts  d'un  bandeau,  il  allait  recevoir  le  coup  fatal,  lorsque  par  miracle 
il  fut  soustrait  à  la  mort.  Il  appelle  gaité  ce  qui  était  le  courage  de  la  résignation  ! 

Il  rcvoil  sa  pairie,  el  le  goût  de  la  poésie  el  du  th.'àlre  qui  est  si  rarement  la  roule  de  la  foitune, 
l'enlialne  par  ces  jouissances  qui  ne  soiil  connues  que  de  ceux  qui  ainienl  les  lettres  pour  elles-mêmes.  Il 
s'essaye  dans  ces  peiils  spectacles  où  l'on  retirait  de  ses  pièces  un  gain  bien  léger,  à  cette  époque  où  les 
Ihéàlres  supérieurs  offraient  eux-mêmes  aux  auteurs  d'assez  faibles  ressources,  il  voyage  avec  quelques  amis, 
el  leur  bourse  légère  étant  épuisée,  ils  se  foui  acteurs  de  circonstance.  Leur  talent  ne  répondant  pas  à  leur 
bonne  volonté,  ils  fuyeiit  la  scène  ingrate  qui  ne  les  nourrissait  pas,  et  laissent  jusqu'à  leurs  vêlements 
pour  gages. 

Jlais  de  retour  à  Paris,  Désaugiers  parvient  euliu  à  faire  connaître  son  esprit,  et  bieulèl  son  talent  el 
sou  caractère  lui  assurent  une  position. 

Dès  lors,  il  marche  de  succès  en  succès.  Sa  verve  s'anime,  il  chante,  il  esl  partout  reçu,  accueilli,  fêlé. 
Ses  jours  s'écoulent  dans  la  joie,  on  l'applaudit  au  théâtre,  on  l'applaudit  dans  les  banquets,  où  ses  Chansons, 
chantées  par  lui,  avaient  un  double  altrait,  car  il  les  chaiilail  aussi  bien  qu'il  les  faisait. 

Le  (tauciut  iîloîictnc  nomme  son  président,  celui  qui  avait  hérité  de  l'esprit  de  Collé,  de  la  gaité  de 
Vadé    el  du  sel  de  l'anard.  Le  <îll)cûtrf  ou  Uauîicoillc  choisit  pour  directeur  l'émule  des  Piis  el  des  Barré. 

Mais  Désauîiers  n'économisait  ni  ses  forces  ni  son  esprit,  il  abrégea  sa  carrière  en  la  remplissant  trop. 
Il  n'avait  (luc  cinquante-cinq  ans,  lorsque  sa  santé  robuste  chancela  sous  les  rudes  assauts  qu'il  lui  faisait 
soutenir.  Un  lit  de  douleurs  fut  le  dernier  asyle  de  sa  gaité.  L'esprit  lutla  en  vain  contre  le  curps  épuisé. 
Il  (il  CM  riant  son  épilaphe,  el  ses  amis  la  lurent  eu  pleurant. 

Le  9  août  1827,  Désaugiers  iic  chantait  plus. 

DU  MERSAl 


l'ius  loiii.q^u'entends  -je 
Quel  bmit  étrAno^o 
Kt  quel  mélaiig'P 

])e  tons  et  de  toix  ! 
Oiaiits  dp  tendi-esse, 
fris  aVOli-ij-vcsse. 
-ChorTi-8  d'ivj-esse 

Partent  «la  <'ois. 


^*  i 


^. 


Kl  ilvalutvié, 
1.0  UC7.  aiir  «A  camie. 
-i|»priinve  on  ciucAii 
DcfpTid  OU-  condauûi 
riiAf^iie  coup  joué. 

I.«  Tiag-éaio, 

LACoiHéaic, 

I/i  Varoaic, 
Le.  e.camole>.rs: 

Toul,]us<pi'.iu  Ava 

Et  méloaraïuc. 

Attend.  l'éclAnie 
L'or  df  8  aauAteiîvs. 


'1""^T 


icts  foïi 


Lea  hiïtrc»  scinUUent; 
Les  tuAQ'AatiLS  biulleiit; 
Kt  l'air  ap'AçAiii 
La  jexirie  iiiArcliaiidc 
ProTO<jTie,  Affiiaudc 
Ei  de  lœil  commandf 
3;  emplette  aiiipa»sau«. 


De 


g-e 


lulvrc 


D'xmlieti  pltis.  .«onibre 

Vont   ■hei-diei-  VomWe 
Clieiea  leiti»  desseui». 

LépOTtx  eonrolo, 

Le  fnpoll  vole, 

Kt  l'aiiiAut  Tole 
id'Aiitves  Urciii..c. 


b*\    jON  NE    rU^E  PAS 


.l...nnot.  (Uuap.maise, 

Ton.  .-in(pU-K-iUiise 
Urreniiueul  sovU.t, 
KlpvAnt  1a  Tare, 
Kt  eloxic's  siii^Y^aco, 

S  ftiuns  ent  ovm  tis . 

La  jeTinc  fiUc, 
Oxuttant  l/uoniiEe, 
llejomt  son  drille 

iTLl)Al  de  J.uc^uet : 
Kt  sa  o-rAiid.'n\ève 
riiex  la  coniaière . 
\a  crtiidre  et  faive 

Son  cent  de  pioaet  . 

Ww  kiHxi'i'S  soimées, 
Dos  pièces  données 
Trois  soîit  condamnées 
Et  se  lais  sent  olioir. 
les  spectateurs  sortent. 
Se  poussent,  se  poi-teiit  . .. 
Heureux  s'ils  rapportent 
Et  niouTfp  etinoacliou' .' 

"  Saint -Jean,  la  Flédie, 
OiLou^se  dépéclie... 
-Notre  ealêelie! 
"Mon  cabriolet  '. 
Et  la  Jovrée, 
Ouoiq^u'  enivrée. 
Pins  altérée 
Sort  ducal>aret. 

les  carrosses  vieiuient, 
S'ouvrent  el  reprennent 
leurs  maîtres  qu'ils  mènent 
î'n  se  snccédant  ; 
Et  d'tuie  T03X  Acre, 
le  ooclier  A^  iîacre 
Peste, jure  et  sacre 
En  l'étroQ-rad.inl . 


=?T/ 


i  ne  fi^'iire 
Jjp  tn.Hic  .lug'iti'p 
M  approche  et  jure 
Rn  me  reQ-nriJAiii... 

fie  ïoin  niArrive, 
El  je  ni'esfjuive 
De  jienr  tVa<cident  - 


Çiiel  Untrtman-e.' 
Quelle  bao  arre! 
Aiii  cri»  de  ^'ûJ'e 
eiil  fois  répétés. 
Vite  on  traverse, 
0,1  se  renverse. 
On  se  disperse 
De  tous  les  côtes, 

la  sœur  pei'd  son  ii-f-re 
La  fille  son  père, 
J.e  i^-arçon  sa  nier e 
Qui  perd  son  mari; 
-Mais  un  o-alant  passe, 
S'avance  arec  o-ràce, 
Kt  s'ofû-e  AU  place 
De  l'époui  cliéri. 

Pins  lom  des  telles 
tort  peu  rebelles, 
Pai-  nbainbellcs 
Krrant  à  l' écart , 

Ont    doUi  VI 

Gentil  cors,' 


a^-e 


haute  ilc  iii-,ilic|iu', 
On  ferme  bouln^ne. 
Ouel.onlraslc  liiii(|.i 
Bientôt  m'est  oirert  : 
(es  places  cotirties, 


Ces  liriivantes  mes, 
Muettes'  et  imes, 
Sniil  un  uiiit-aései-t 


Parla 


ig-s 


mteiTane 


Qnelijiie»  lampes  pales 
Faibles,  iiié^-ales, 
M'éelaneiil  eiieoi-    . 
Leïiv  feu  ui'aliandoniie 

Le  veut  seul  résonne, 
Sileneo  '      totit  doel  . 


PA^ÏS  A  ailTQ  H3UHSS  DTJ  SOIH 


Allesio. 


.S 


Chant. 


PIANO. 


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q,j=iz: 


Eu    loiis  lieux  lafou-le  Par  lorreiilss'écou-le,  L'un 


e  /joco  rt  poro  cres        —  — 


^p^^=çtm^^E^^^^^^^^ 


court, l'aiiire  rou-Ie,  Lejoinbaisseet  fuit;  Les  af-  fai-res  cessent, Les  (iiners  se  pressent, Les 


e      ][>oco      (i     poca      ci  es  —  — 


^g^g^fefe^^^^^^^ 


tables sedressenl;!!     eslbienlôtnuit.  Là,  je  de-vi-iie,Poiilar-c1e  fi-ne,El    bé- cassine.Et 


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diri-iIonlruffé;PlusIoin  je  hiiineSa-lé,  lé-gume.CnitsdaiisrécnmeD'unbœufrécIianfTé.Le 


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L'un  court,  l'aiilre  roii  -  le,      Le  jourbaisseet     fuit;  Les  af-fai-res  ces  -  sent, 


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(  ri<M<<Jf!>  il«  TaiiUnslein  et  rorilol,  90.  iiie  iJs  l:i  H:ii|)e.j 


Impriiiifi'io  (lo  Pii.ixt  nt.s  ainr,  7,  rrp  dos  Grandç-Aiigii";tiiis. 


L'ÉLOGE   DU   VIN. 

iîlusiqiic  î)c  Doc\]c  prie. 


PAK    JlR1IAI%I»    CiOUFFÉ. 


®ESSSÎ?S  S>AK  m.  S'S'EïîïHElla , 

GRAVURES:  1"  et  4'  planches  par  M.  C.  KOLB.  —  2'  et  3"^  planches  par  M.  GIRARDET. 

iltueiqite  ovrouçire  av(c  nfrompaguriiifiu  ^f  piano  por  HT.  ^.  <Eoltt. 


NOTICE. 

Lanlara  était  né  peintre,  comme  on  naît  poète.  Il  eut  pour  premier  matlre,  le  meilleur  de  tous,  la  nature, 
et  dès  son  enfance,  sans  avoir  pris  d'autres  leçons  que  celles  de  son  inspiration,  il  retraçait  sur  les  murailles 
el  les  portes  du  village  où  il  était  né,  les  paysages  qui  frappaient  ses  yeux.  Un  peintre  de  Versailles,  passant 
dans  ce  village,  voisin  de  Hloulargis,  d'aulres  disent  de  Fontainebleau,  fut  frappé  de  ses  disposilions,  lui 
enseigna  les  principes  de  son  arl,  et  fut  bienlîil  surpassé  par  son  élève.  L'éducalion  niùril  le  laleiil  et  le  dirige; 
mais  le  génie  senl  le  place  au-dessus  de  la  sphère  commune.  Lanlara  ne  voulut  plus  de  maîlre  que  la  nature, 
il  lui  voua  ses  couleurs,  et  sut  parliculièrement  exprimer  sur  la  toile  les  nuances  des  dilfeienles  heures  du 
jour.  Il  fil  admirer  la  perspective  aérienne  dans  ses  Icucva  bu  ôoleil,  qui  ont  toute  la  fraicheurdc  l'aurore, 
dans  ses  rourljants  où  le  ciel  prend  une  teinte  mélancolique,  dans  ses  flairs  &e  lune  dont  les  reflels 
argentins  colorent  les  objets  d'un  éclat  suave  el  doux.  Il  sentait  si  vivement,  qu'on  l'a  vu  pleurer  d'admi- 
ration, en  extase  devant  un  coucher  du  soleil.  Du  talent  el  de  la  facilité  devraient  mettre  un  artiste  sur  la 
roule  de  la  foriune;  mais  le  caractère  est  un  lyran  impérieux  qui  domine  noire  vie.  La  paresse  el  l'insou- 
ciance laissaient  reposer  les  crayons  el  les  pinceaux  de  Lanlara,  qui  ne  les  prenait  que  quand  le  besoin  l'y 
forçail;  aussi  vécut-il  dans  celte  indigence  qui  jusliûait  le  proverbe  connu  :  <êneut  tomme  un  printrr! 

Madame  de  Staël  dit  quelque  pari,  en  parlant  de  J.-J.  Rousseau,  qu'il  avait  Iraîné  son  génie  dans  des 
rapports  trop  suballernes.  Non  seulemiul  les  relalinns  sociales  sont  utiles  au  talent  pour  le  produire,  mais 
encore  elles  l'élèvenl  el  le  soutiennent,  elles  lui  donnent  de  la  dignilé.  Lanlara  Irouvail  le  bonheur  dans 
d'obscures  amitiés,  où  sou  indépendance  élail  à  l'aise.  Il  se  confondait  avec  une  foule  d'ailisaiis  dont  les 
goûls  et  les  habitudes  entrelenaienl  son  laisôrr-allrr:  el  comme  il  élail  généreux,  il  payait  son  ccol  en 
nature,  c'est  à  dire  qu'il  leur  faisait  présent  de  dessins  ou  de  tableaux,  que  ceux-ci  savaient  fort  bien 
vendre  aux  marchands  qui  l<>s  appréciaient.  Des  amateurs  distingués  cherchèrent  eu  vain  à  le  tirer  de  celle 
position  indigne  de  lui.  Le  luxe  el  les  plaisirs  élégants  semblaient  éteindre  son  génie  ennemi  de  toute  con- 
Irainle;  el  il  retournait  à  son  obscurité.  C'est  à  tort  qu'on  a  représenté  Lanlara  comme  adonné  au  vin.  On 
peut  dire  seulement  que  les  plaisirs  de  la  table  étaient  de  ceux  qu'il  préférait;  el  comme  à  celle  époque,  le 
cabaret  n'élail  pas  même  dédaigné  par  les  grands  seigneurs,  comme  les  poêles,  tels  que  Piron,  Crébillon, 
Vadé,  Collé,  Panard,  allaient  au  cabaret,  un  peintre  pouvait  bien  y  tenir  des  séances. 

Mais  Lanlara  n'était  point  ivrogne,  il  élail  frianîi  comme  un  enfant.  Il  faisait  un  dessin  pour  une  tourle 


on  pour  un  galeau  d'amandes,  le  propriétaire  de  la  maison  oii  il  occnpail  une  petite  chambre,  rue  da 
Clianire,  le  faisait  travailler  en  lui  promellanl  un  bon  dincr.  Par  ce  mojen  il  arracha  du  pauvre  peintre, 
une  collection  de  tableaux  dont  il  lira  un  prix  considérable. 

le  limonadier  Dalbot,  placé  près  du  Louvre ,  obtint  une  belle  suite  de  dessins  de  lantara ,  avec  les 
bavaroises  et  le  café  au  lait,  qu'il  lui  donnait  pour  déjeuner. 

On  dit  que  le  perruquier  de  Lantara ,  assez  drôle  d£  corps ,  ainsi  que  les  perruquiers  de  ce  temps-là ,  le 
prêchait  sur  sa  paresse,  et  que  comme  lantara  élevait  des  huppes,  oiseaux  qu'il  aimait  beaufoaa,  il  le 
menaçait,  s'il  ne  travaillait  pas,  de  tordre  le  cou  à  ses  huppes. 

Lanlara,  de  même  que  Claude-lorrain  auquel  on  l'a  comparé,  ne  savait  pas  peindre  les  figures.  Il  avait 
fait  pour  un  amateur,  un  payscige  dans  lequel  se  trouvait  une  église.  Celui-ci  n'y  voyant  pas  de  Cgnres, 
crut  qu'il  les  avait  oubliées.  (Êllca  sont  à  Iû  messe,  dit  Lantara.  Eh  bien,  dit  l'amateur,  je  prendrai 
|e  tableau  quand  elles  en  sortiront. 

De  l'indigence,  lantara  en  vint  à  la  misère.  Sa  santé  s'altéra,  il  ne  voulut  pas  être  à  charité  à  des 
amis  aussi  peu  fortunés  que  lui,  et,  pressé  par  le  mal  qui  le  consumait,  il  alla  cherckr  m  vefugc  à 
l'hospice  de  la  Charité,  où  il  avait  déjà  élé  une  fois.  C'était  dans  l'année  1778,  remarquable  par  la  mort  de 
plusieurs  hommes  célèbres.  Voltaire,  J.-J.  Rousseau,  Lckain,  Linné,  moururent  cette  même  année,  il  en 
augmenta  le  nécrologe.  Le  22  décembre,  il  entrait  à  la  Charité  à  midi,  et  à  six  heures  du  soir,  il  avait 
cessé  de  \ivre. 

La  biographie  Michaud  le  fait  mourir  à  33  ans:  M.  Alexandre  Leuoir,  qui  l'a  connu,  dit  qu'il  pouvait 
avoir  67  ou  68  ans. 

la  pièce  intitulée  Cautnrn,  jouée  en  1800,  et  dont  nos  conpit'is  sont  lires,  fut  le  fruit  de  l'association 
des  trois  auteurs  qui  exploitnienl  habilucllemenl  le  théâtre  du  Vaudeville,  Barré,  Radet  et  Desfonlaines.  Ils 
admirent  cette  fois  à  leur  collaboration,  Picard,  le  joyeux  comique,  qui  probablement  avait  composé  la 
pièce  à  laquelle  leurs  couplets  donnèrent  un  passeport.  Picard  qui  à  celle  époque  était  dans  un  interrègne  de 
direction,  essaya  momentanément  la  scène  du  vaudeville,  et  la  pièce  réussit  beaucoup.  Quant  au  personnage, 
il  n'était  pas  tracé  d'après  nalure:  mais  il  était  assez  théâtral.  Joly,  qui  jouait  le  rôle  de  lantara  était  ua 
des  acteurs  qui  ont  le  mieux  rempli  les  rôles  d'ivrognes  avec  toutes  leurs  nuances.  Dans  ce  rôle ,  il  avait  une 
ivresse  d'artiste,  presque  noble,  et  sentant  son  enthousiasme.  Il  joua  tout  le  rôle  avec  disliucliou  ;  sa  tenue 
y  était  si  remarquable,  que  Carie  Vernet  n'a  pas  dédaigné  d'employer  son  crayon  à  retracer  le  portrait  et  le 
costume  du  comédien.  Joly,  qui  avait  une  extrême  adresse  et  beaucoup  de  facilité  pour  exécuter  tout  ce  qu'il 
entreprenait,  s'était  fail  remarquer  dans  une  scène  de  la  pièce,  où  il  dessinait  sur  son  genou,  un  groupe 
de  deux  amants  (quoique  Lanlara  ne  dessinât  point  la  figure),  il  le  dessinait  réellement  en  scène,  avec 
beaucoup  de  promptitude,  et  souvent  des  amateurs  se  disputèrent  ce  croquis,  comme  une  curiosité  à  la 
possession  de  laquelle  ils  mettaient  du  prix. 

Joly  coniribua  aussi  à  la  vogue  des  couplets 

5tl)  !  que  i)c  cijagrius  bons  lo  oif , 

l'air  de  Doche,  sur  ces  couplets,  est  un  de  ceux  qui  ont  été  les  pius  popifiaiies,  et  presque  tous  ceux  qu'il 
a  composés  l'ont  élé.  Doche  fut  l'auteur  le  plus  fécond  et  le  plus  gracieux  de  son  genre  ;  on  peut  le  surnommer 
le  Grétry  du  Vaudeville. 

la  Chanson  bacchii]ue  de  l'Éloge  î)c  l'(6nu  ne  demande  aucun  commentaire:  C'est  une  des  nombreuses 
et  spirituelles  productions  de  Jl.  AR^1A^D  COIFFE ,  l'un  des  chansonniers  les  plus  distingués  du  Caocou 
.fllobcrue,  et  de  plus,  auteur  d'une  grande  quantité  de  jolis  Vaudevilles.  On  doit  regretter  qu'il  ait  cessé' 
d'écrire  et  de  chanter  lorsque  loul  le  monde  le  chante  encore.  Nous  reviendrons  sur  cet  auteur  lorsque  nous 
publierons  sa  Chanson  qui  a  eu  tant  de  vogue:  JJlus  ou  est  îie  fous,  plus  ou  rit. 

Dl]  MERSAN. 


Al>  '.luc.  Ac  ohaoriu»   .Uns  ii,A  Vio, 
Coua.ien  .\e   IriUul.iUou.s, 
Dans    m.n,  avy   en  liiUlp  a  1  envn-. 
Trompe  dAn.v   nios   nlli-.-tions,      ///.f 
lens  jn'arrnclier  .1  1a  mus  nnUoi.ie  . 
X.  prec.v.    h.ux.>..   a,v>n, 
uooM    partol.paru.,  .,eu\  ,•,,„■   ,„u\,l 
s  l.,i-ts    ailVouv  du  o-.nr.-  liunuuii.      ///, 
)cuii  jr    su.»  ivop  j,l,,\,.s>,j,l,.- 

lus  i^xiand  y.n  l.u  u,ul  .-hAuii-i-  d,-  1 
1  iiflRle  lovileuv  du    vin 
1  .!<■  son  cliarme  a  lonl.-  la  nalnv.- 
t  -)  aiTOi-  tout   le  ^i-enri-  hun\ain.,   /,. 


-*si;^^ss 


c^^^'^ 


r.slparleaii.jVn   ro.nien: 
(hic  Dieu  fit  le  a.-lug-e, 
M,ii.sce  souvei-iviiA  juo-c 
Mit  losni,iu:i  (m-ps  des  b.eils 
Du  i1éhi<j-,-,ni.»1(.ire. 
Km  iiaitro  le  v.iisin, 
Cfjt  l'eau  ^l^ll  nous  rnillioi 
l)u  vin.  du  vni,  dw  vm. 


V  £J-..V  -vSâwirftiïA.Vr 


l'éloge  du  vin,  Uusique  de  Doche  père,  avec  accomp.  par  M.  H.  COLET,  profess.  d'harmonie  au  Conservatoire. 

Andantino.  y^ 


Chant. 


PIANO. 


m 


^ 


-  ons, 


lion  arlenbiitleà  Ten- vi-e,  Trom -     -  pé      dans  mesaf- (e( 


pé      dans  mesaf- (ec-ii- 


M- 


m 


^l=.4M^ 


^^A 


5^ 


^f=f^ 


W 


^ 


-  ons,  Trom  -  pé^^,„_i|ans  mesaf-fec-li  -  ons 


Viens  m'arra- cher      à    la   mi-san-lro- 

tr 


-  pi     -  i\ 


Juspréci  -  eux,  baume  di  -  vi/>  ; 

tr 


Oui, c'est  par  toi,     par  toi  seul  que  jou- 


^^^^ 


^^^^^^^ 


ËÈ 


f=K 


m 


22: 


-  bli  -  e        Les  torts  af  -  freux         du  gennihu- main 


^ 


Oui,  c'eslpar  toi,      par  toi  seul  que  j'Ou- 


fe^EsS 


-  bii-e         Les  torts  af- freux         du  ççenre  hu-main,         Les  torts  af-freux         dugenre  hu-main. 


Fin. 


l'éloge  de  l'eau,  avec  accompag.  de  piano  par  M.  H.  COLET,  profes.  d'harmonie  au  Conservatoire. 
Allegro.  «^ 


Chant. 


PIANO. 


kls^L^-W^^^^^^^ 


a 


it-tj 


Il      pleut,  il    pleul   en  -  fin, 

-kJ^I— ^ 


Et       la  vigne  al  -  té 


^     •  :f^    .        li     .     iT 


M 


^^s 


^ 


'     f   -\ 


s 


6       Va      se     voir  res  -  tau  -  ré     -      e      Par      ce     bien-fait      di  - 


"^m^f^ 


m 


W- 


m 


^^^ 


^ 


ti^ 


& 


î 


-Ji- 


&%r-— r— 5 


^£ 


De    l'eau       chantons  la      gloi    -     re,    Un       la      mé-pr  ise  en 


H^^ém 


i 


vain  ;  C'est    l'eau  qui  nous    fait        boi     -     re    Du        vin,    du     vin,       du 


i 


f=t^ 


i — -s^ 


^ 


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^y-rrf 


^ 


^^ — Cia^^ 


COCPl.ET.S^ 


^ 


f      N 


1V=1=^^ 


1 — --^ / ^ 


^^ 


S 


]z=i^ 


^^^^—f^-y 


^Pi 


C'est  l'eauqui  nousfait       boi  -     re  Du    vin,  du  vin,  du     vin.        C'est 


^@ 


^ 


^^^ 


f—f-y 


^-p^'^^jr^ 


I 


1^ 


gaussa 


(Procédés  de  Tantenstein  elCordcl,90,  rue  de  la  Harpe.) 


Paris.  Imprimerie  de  Pillet  fils  aîné,  rue  des  r,r.-Augustins  5. 


^^  4SI£^  ^^  ^6^   44  9 
COMMENÇONS  LA  SEMAINE. 


GRAVURES:   1"  KT  k'  PI.a>CHKS  vah  BRUNELLIÈRE.  —  2«  et  3"  planciiis  pai»  M.  DANOIS. 
illueiqttr  arrangea  aiur  arrompa^ufinrnt  br  pitino  par  â\.  i\.  €olrt. 


NOTICE. 

Il  faut  contenter  tons  les  goûts,  plaire  à  chaque  classe  de  lecteurs  et  de  chanteurs ,  c'est  ce  qui  nous  a 
engagés  à  former  une  Livraison  épicurienne,  dont  les  refrains  bacchiiiues  animeront  les  desserts  de  quelques 
joyeuses  réunions.  Des  trois  Chansons  que  nous  a^ons  réunies,  deux  sont  d'auleurs  inconnus,  quoiqu'elles 
soient  restées  dans  la  mémoire  des  amis  de  la  gailé. 

La  Chanson  :  Uoiilcj-noue  suicrf  un  bon  Conseil,  qui  était  surtout  chantée  par  les  militaires,  est 
de  11.  Fabien  Pillet,  qui  est  aujourd'hui  le  vétéran,  et  penièlre  le  doyen  de  la  Chanson.  Elle  date  de  l'époque 
où  l'auteur  était  à  l'armée,  et  elle  parut  vers  la  lin  de  1792,  dans  les  petites- vltïirljcs  deDnciav-Dnmesnil. 
Plusieurs  compositeurs  s'en  emparèrent,  entre  autres  Chardiiii,  et  Laduriier,  auteur  de  l'opéra  de  lllrnjrl, 
dont  5!.  Fabien  Pillet  avait  fait  les  paroles;  mais  l'air  a\ec  lequel  elle  ot  devenue  populaire,  est  celui  de  la 
Uouîif  î)c  pirvrc-lf-6ranîi,  musique  de  firélry  :  c'est  celui  que  nous  a\ons  fait  graver. 

La  €l]anson  bu  fiupcur,  dont  le  refrain  est  an  rnbcirct,  parut  au  commencenienl  du  siècle,  elle  eut 
une  vogue  étonnante,  quoique  les  paroles  n'en  soient  pas  de  la  plus  giande  élégance,  et  que  le  poêle  v  fasse 
rimer  pégosc  avec  pnmasgf  ;  mais  elle  est  pleine  de  verve,  el  l'air  eut  le  plus  grand  succès.  Ou'  Tera- 
plova  dans  les  Vaudevilles,  dans  les  Sociétés  chaulantes;  Rougemoiit  fit  sur  cet  air  sa  Chau.son  iulitulée  : 
Ct  Uoi  &u  Caborct  Cependant  l'auteur  de  la  Chanson  et  l'auteur  de  la  Musique  ont  eu  la  modestie  de 
ne  pas  niellre  leurs  noms  sur  la  feuille  musicale  que  publia  l'éditeur  Lemoine. 

Même  ignorance  de  notre  part  pour  la  franche  el  bonne  Chau.son  :  Commcnrous  la  Sfiuainr;  elle  a 
une  allure  bourgeoise  et  sans  façon,  qui  seul  son  bon  vieux  temps;  mais  si  elle' rime  mal,  on  ne  peut  pas 
dire  qu'elle  n'a  ni  rime  ni  voiaon.  Elle  est  une  profession  épicurienne  d'un  vrai  sans-souci.  Cette  Chanson 
est  beaucoup  plus  ancienne  que  les  deux  autres,  puisqu'on  y  parle  du  Receveur  des  Tailles.  Ca  SlaïUr  était 
l'imposiliou  levée  au  nom  du  Roi  sur  le  peuple  et  les  roluners,  elle  ne  fui  abolie  que  ,sous  le  commencement 
du  règne  de  Louis  X\l,  avec  la  Corvée  et  les  Jurandes,  sons  le  ministère  de  Turgot. 

Lorsque  l'Assemblée  des  ^'olablcs  fut  convoquée  pour  la  .seconde  fois  en  1788,  elle  donna  lieu  à  plusieurs 
Epigrammes  et  à  plusieurs  Chansons,  parmi  lesquelles  on  doit  remarquer  la  suivante,  oîi  il  s'agil  de  la  Taille. 
Elle  est  intitulée:  Oc  la  fianquiioutc  îics  Uotablce,  sur  l'air  îic»  ixa'xèts,: 


Un  granb  nonlut  pioutirr  qnr 
Cil  Xrnnrc  rst  Dans  DcrsûtUr  : 
(Clu'il  font  faire  la  bonqui- 
routr,  rt  que  le  SLiera  n'est  que 
(Ennoille      (ter) 


Jlonsieur  rit  et  répliqua, 
6t  le  ®.iet8  est  ranaille; 
f)ar  fiirté  nous  n'aoons  qu'à 
Paper  tout,  pour  lui,  jusqu'à 
£a  (taille,      (ter) 


Quant  à  notre  Chanson,  elle  paraît  avoir  été  faite  sous  Louis  XV,  et  ne  peut  pas  remonter  plus  haut  que 
la  lin  du  règne  de  Louis  \IV,'puisque  l'on  y  parle  de  Barème,  qui  est  mort  en  1703. 

Voilà  donc  encore  deux  Poètes  et  deux  llusiciens  sur  les  œuvres  desquels  nous  devrons  inscrire  comme  les 
anciens  Romaius  :  Oiis  ignotis  (.\ux  Dieux  inconnu.^)!  DU  MERS.O. 


VERSEZ  DO\C,  MES  A.I11S,  VERSEZ,  nvoc  a(n»ii;|Kig.  de  piano  par  Jl.  H.  COLET,  piofcsNcurd'Iianuoiiio  au  Coiiscualoin 


Chant. 


PIANO. 


Amiante. 


.S 


n^^m^^^m 


?^dEf 


1 


Voulez  voussiiivreniiltuiicon  -  scil  ?  Biivez  a- vaiil  qiio  de    coni- 


-g-lM*-^ 


-a- 


^S^ 


bal-lrc  ,  Desaiigffoitlje  vauxnion  pa  -  lei!,      Mais  qiiandj'ai  bien  bu  jeu  vaux(iu3  - 


B^^^ 


^iffc:!^ 


1t^     ~9    -9 
— 1 


■^ *~Ï 


^B^^^^^ 


r=3 


b^^ 


-^r — ^ 


^^Si^^^^ 


lie. 


Ver  sez donc, mes  aniis,ver-sez,  Jeii'enjtuisja  -  mais  as  -sez 


boi-ic;Elversezdonc,  mL'samis,versez,        Jenenpuisja-maisboiieas  -  sezCcmmece 


g^^msx/^ 


ToU)OVlVS    dispos.tr.ujnurs  CMlUnl 

I.a  luM.loiUcosI  ma  l.oinic  ^um.- 
V.l  |,-   s,ns  nuan>a„l  ,„nsl-n,l. 
Au'  r.ilNurI  ),in.-ua.s  l.ii.i-.,rc 
1)„  v,n    Ul   ,'-sl   rl„-nr,.u.    .-UVl. 
1.,,    n.nl    s,Mn  ,-nl    nvr  hnuvr   .•.»■.. 
M..U-..UV,.   ,.„.„,■,.  .n,M..u-,.l 

SrlVa).,,.-  ,l.-.in,l,i>.>-  .>l.n-nu-s 
M„„,.„.,u-qu„uv.-  ,\„  ,l,.u.-.u> 
S.,„,l.n„  „n  v„H.-..ul>TH„-.s  l.>. 
M.MS  ,T  s,.,U  .\..N  lA.-nws  ,1..  vu. 
.1,.  1,,,..  ,M„„s.>Un,,iUc.  1,„\>U, 
Du  v,u  1,\  rsl  lU.-ul-rux  .-UrK 
1.,.  .unllu-ur-ux  u  .,  ,.1"-  '^ ''  l"" 
\a    ,.lu^.\.   >■■■>-"■    •■■■    ■■•"■•"■•■' 


iT  '-'V'- 


Si  )  ol.iis  niaiuc  iIp  In  Icive 
T„"ul    luuuu.c-  s,-va,l  vinnoro 
Aull,f„.r.un..ui-lov..luûi-.^  sn 
It.ircUus   soi-nit  mon  i-aiii.lou, 
,1  0  ne  quiUiM-ais  plus  sii  m'evc. 
Cnr  ili-  la  cnu-  >ui  )usl.-  ari-i'l 
Wr^uaulMU,,!,.  ,1,-   CviUm-o       ^^^ 
(lu.  .1.    Cvll.rrr  un  .■.>!.  .ir  .1  . 

Aul.-uis  .jm  ,-,.vnr/.  v.Ts  l.<  .^l 
lW>-u  luu.T  r.xl  Ir  lu-.un.'i-  laliT.l 
Uar.-Uus  au  Iru.i.l.  ,!,■  inonuMvo 
Ol.li.nl  I.Hi],Mii-.s  11-  pi-rnui-r  r.ir 
l  „  l„nn,-a,.'v,.ll.'.  .non  l>r^;-n.s>> 
M.,  Ivv  nul.u-...,.  ro\,Mir(, 
Kl  ,,.  l,„u.,-  1.-  Monl  l'avn.i.s.s,.  ^^ 
1,..'M„u(  l'.nn.is.M-  ..u  ,-.,l.Ar,-l. 


:S(^. 


3*''  ji  4yiii#i/ 


Si  la  femme  querelle 
Dis  lui  pour  Vappaiser 
Que  lu  reu.T  te  (rvisey 
1^0 iir  la  Irourer  plus  belle 
Vaut  bien  mievix  ele 


I.ei-eceveur  des  (ailles 
Dit  au  t1  vendra  mon  lil 
Je  me  moque  de  lui 
Je  eoucbe  sur  la  paille 
Vaut  bien  mieux  cte 


C' 


Au  compte  de  Barème  ? 
Je  n'aurai  rien  perdu 
Je  sius  venu  tout  nu 
Je  men  uai  de  même 
Vaut  bien  mieux  elc 


Providence  diviue 
Qui  veilles  sur  nos  jours 
Conserve    nous  loii)our» 
La  cave  et  la  cuisine 
Vaut  bien  mieux  ete 


Z//^",/!'  '/i.rrif'ri  .,/,i.'  1/ /,!■    -(..  ///-■  //,iM,^(-rM  /l'ri' 


Î.E  (lAlîAliET,  iHoc  ;icnii:i|i:t<;ii('iiiciil  dt'  l'i.mo  |:;ti  ]\.  Il  COLET,  pi()IVs>. nr  (i'harii'.ar.ic  ;iii  (',(ias('i\al()iie. 


Allegretto. 


Chant 


PIANO. 


S^â3 


É 


* 


lâ^^^fe 


^^- 


f^"^^^^^ 


■^ 


Tou  -  joursdis  -  pos,  lou-joiiis  con  -    tent, 


boiileillo  esl  ma  boniica  -  mi  -  c, 


El        je     suis    lin      a  -  manl  con 


^=.=* 


g 


V — t 


^^^^^B 


An       ca  -  ba  -  ret,  j'attends  l'an  -    ro      -      re, 


Dn 


^pS 


P 


vin,  ô     bien  puissant  of  -    fel!  La        nnil  son-vcnl  melrouveen 


S^=fe 


F*     ^    ^  FF 


aj^^^=r=:^^^ t  zg; 


^^^S^^^i^^Si 


co    -     re,  Me  trouve  encore     Au     ca  -  ba      rel,  La  iiuitsouvenlmetrouveen - 

•  ^    ■ ^ ^- 


COMME^COi\S  LA  SEMAINE. 


Chant. 


IMANO. 


^  Allegro.  J^ 


^=J=5: 


Coinmen-çons  la  se-niai-ne,Qu'eiiiliN  lii,(l)ervoi  sin  !         Coin- 


-^Fr^H~     ^ 


-iiien-çonsparle  vin,    Nous  fi-nironsde  même.Vaul  bien  mieux  moins  d'argent.  Chanter 


^^^^ 


danser, rire  et  boi-re,Vaulbienmieuxmoiiisd'aigent,Piiieet  boi-re  plus  sou-vent. 


^-f- 


27^ 


^^^ff^' 


^ 


r  -r  ir    TT  -»■ 


-j g} ^:^ 

« ^ '-# — #■ 


^ip^ 


^ 


^^S^iS 


--r^ 


~{~K- 


Fm. 


(  rrut'cilcs  (le  Tantcnslein  et  Cordel,  90,  rue  de  la  Harpe.  ] 


PjrJs.  Impr.  ilo  t   l.ocoui-»,  lf>,  nu:  N.-l».  des  Virloirep. 


AUSSITÔT    O.TJE    LA    LTTMIÈnB 

Par  ADAM  BILLAIT,  menuisier  de  Nevers  (MAITRE  ADAM). 

ITOUS  IT'ATOITS  aU'UlT  TEMPS  A  TITRE 

PAR  LE  COMTE  DE  GOÎJSEVAL. 


GRAVURKS  PAR  M-   PH     LANGLOIS, 

Musiqus  arraDjés  avec  accompagnemenl  de  piano  par  M.  H.  COLET,  professeur  d'harmoDie  au  Conseivaloirs. 


NOTICE. 

Au  commencemenl  du  dix-septième  siècle,  des  poésies  écloses  dans  un  atelier  étaienl  encore  une  rareté, 
et  la  singularité  du  fait  ne  contribua  pas  moins  à  leur  succès  que  leur  mérite  réel. 

Adam  Billaul ,  ce  patron  des  poètes-artisans ,  n'a  pas  seulement  composé  des  Rondeaux ,  des  Pièces  légères , 
et  celle  Chanson-modèle  qui  eût  suffi  pour  l'immorlaliser.  Le  Poète -Menuisier  s'éleva  avec  bonheur  jusqu'au 
Poème  et  à  l'Ode,  et  mérita  le  titre  glorieux  du  Uirgile  ou  ttobot  que  lui  décernèrent  ses  contemporains. 
Presque  tous  les  littérateurs  de  son  temps  voulurent  tresser  quelques  fleurs  pour  sa  couronne,  et  il  eut 
l'honneur  d'être  célébré  par  le  grand  Corneille  lui-même.  De  nos  jours  encore  le  Vaudeville  et  les  Variétés 
ont  consacré  à  sa  mémoire  deux  de  leurs  plus  jolis  ouvrages. 

Sa  fameuse  Chanson  Bachique  [^lussitôt  que  In  fuinta-f) ,  empreinte  de  tant  de  verve  et  d'originalité, 
csl  resiée  le  type  de  ce  genre.  Quelques  personnes  ont  prétendu  que  l'air,  si  bien  adaplé  aux  paroles ,  était 
également  de  sa  composition,  ce  qui  est  demeuré  incerlaio.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  Chanson  de  Maître  Adam 
sera  toujours  regardée  comme  un  des  petits  chefs-d'œuvre  de  notre  langue  poétique,  et  comme  la  production 
d'un  grauîi  maître  f»  b  o.nie  ôririifc,  suivant  l'expression  de  nos  bons  aïeux. 


Aucune  Chanson  à  boire  n'était  plus  digne  de  figurer  à  la  suite  de  celle  de  Maître  Adam ,  que  cette  joyeuse 
boutade  de  philosophie  épicurienne  (Wous  u'opous  qu'un  Scmpa  à  tiiuve),  animée  par  une  si  franche 
gaité.  Rieu  de  plus  populaire  que  cette  Chanson;  mais  ce  qu'on  ignore  généralement,  c'est  qu'elle  est  une 
œuvre  de  la  jeunesse  de  ce  fameux  Comte  de  Bonneval ,  tour  à  tour  officier  en  France ,  général  en  Autriche 
et  pacha  en  Turquie.  C'est  dans  la  première  partie  de  si  arrière  aventureuse  que  cet  homme,  dont  la  vie  fut 
un  roman ,  composa ,  outre  cette  jolie  Ronde ,  plusieurs  autres  Couplets  et  Vaudevilles  agréables  :  talent  qui  le 
lia  avec  J.-B.  Rousseau,  dont  il  resta  constamment  l'ami  et  dont  longtemps  il  partagea  l'exil.  Plus  d'une  fois, 
sans  doute,  le  pacha  Bonneval  chanta  aux  beautés  de  son  harem  celte  folle  Chanson  de  son  jeune  dge,  avec 
l'accompagnement  obligé  des  rasades  ;  car,  malgré  son  apostasie,  il  est  un  culte ,  celui  de  la  îiliDc  iOoutrillc 
(suivant  l'expression  de  Rabelais) ,  qui ,  comme  on  le  sait,  ne  le  compta  point  au  nombre  de  ses  vcncgintg. 

If,  mrmbre  ^u  CTrturau  mo^fn^f. 


itSSlTOT  QlJE  LA  LIMIÈRE.  ma  acconipagnemeDl  de  pian»,  par  H.  lî/^OLET,  frofoseur  d'harmoiife  au  Cousemloiii 

Andante.  ,  J^ 


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CHANT. 


PIANO.. 


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re-voirlau-ro       -       re,  Le  verre  en  main,  je    lui       dis:    Vois-tu 

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Fin.'i''couplet 


sur         la     rive    nio    -     re  Plus  qu'à  mon  nez  de        ru-  bis  P  QuePhœ- 


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^««(•«k'S  àt  Taiitciislcin  et  Cordcl ,  90,  me  de  Ki  llnrpc?) 


Fin. 


ritardandu 


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M"    "  f I 


JOLIÏ.SONS  Dr  TEilPS  PRESÏNT 

/•.„■„/,:.■,/,,  I :..■:,/,■  ,/,-/Mm,;m/ 

IVons  n'aTOTis  qu'un  temps  à  vitïc, 
Anus, passons  le  <i-aiincnl , 
J)ctout  ce  qui  va  le  sunie 
iV  avons  jamais   aucun  tourment • 

A  qnol  sert  dajipi-eiidre  Vhisloire? 
X'cst-ce  pas  la  même  partout? 
Apprenons   scTilemeiit  à  l)ierl  l>oire: 
Ouand  ou  sait  bien  l)ou'<-  tni  sait  tout. 
Nous  n'avons   etc. 

Qn'nntel  sort  Q-encral  d'année  ; 
One  l'Anglais   snccombc  sons  Ini: 
Mol,  qni  SUIS  sans  renommée, 
Je  ne  vcnx  vaincre  que  l'enniii . 
Nons   n'avons   etc. 


Aeotirrr  sur  terre  et  sxirl'onle 
On  perd  trop  de  temps  en  cLeinin; 
Faisons  plutôt  toxirner  le  monde 
|*ar  l'effet  de  ce  jw  s  divin  . 
Nous   n'avons     etc. 

Qii'tui  savant  à  cLerchci-  les  planètes 
Oceuppe  son  plus  Ijcan loisir; 
Je  n'ai  pas  tesom  de  lunettes 
Pour  appercevoir  le  plaisir. 
Nous  n'avons   etc  . 

Qnnn  avide  clumiste  eihale 
Sa  fortune  en  clierchant  de  l'or; 
J  ai  ma  pierre  philosophale 
Bans  un  coeur  qui  fait  mon  trésor. 
Nous  n'avons    etc. 

Aa  QTcc,  A  l  hébreu  je  renonce: 
Ma  niaili-essé  riilcnd  le  français, 
Sitôt  q^u'à  l)Oirc  je  prononce 
ERe  nie  verse  du  vui  frais^ 
Nous  n'avons   etc . 


/,„/•", it  //Mn/M  ,. 


■  rt  ///.,■  J.>.  /■  //„„ 


f.r  pins  Q,randroi  de  la  Icrre, 
Quajidjc  SUIS  dans  nu  repas. 
S'il  me  déclarait  la  Q'xierre, 
Ne  m'épouvanterait  pas-. 
A  tal)Ie  rien  ne  m'étonne, 
Kt  je  pense  quand  je  boi, 
Si  la  haut  Jnpilor  tonne, 
Oue  ecst  qa'il  a  peur  de  moi. 

Si  quelque  jour,  étant  ivre. 
La  mort  arrêtait  mespa.s, 
.Je  ne  vou<lrais  pas  reim-e 
Pour  cliaugTree  orand  trépas' 
Je  m'en  nais  dans  l'Arernc, 
Faire  enirrer   lloelon  , 
Et  planter  luie  ta^  erne 
Dans  la  ckainlire  de  Plnton  . 


JS  N'AVOKS  (|ll'L'i\JTEMPS  A  VIVRE,  arec  accompag.  de  piano,  par  M.  II.  tOLET,  profes.  d'haroionie  au  Cooservaleiré. 


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^  j,.4llegro.  Refrain.  «< 


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Nous  n"a-vons  qu'un  temps    à      vi 


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Nous  n'avons  qu'un  temps  à      vi  -    vre, 

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pas-sons-le       gaî-ment;  De  tout  ce     qui  va         le     sui   -    vre  N'ayons 

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VI      -    vre,  A-mis,  pas-sons-le         gaî-ment;         De  tout   ce    qui  va        le 


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A-mis, pas  -sons-le    gaîment;  De  tout  ce       qui    va     le  su^.vreN'a- 

vv^vv^^A«^M^A/^^AA^^^A(«vvv^AAw^'>~»vv>vv^vv.^AA,v«vv^vv^w^vv\'vv^«^ 


li 


^^^m^ë^m 


ja-uiais  au  -  cun     lour  -  nieiil. 


A    quoi  serl  d'apprendre  lliis 


sui- vre  N'ayons  ja-uiais     au-cuii  tour-ment 


A    quoi  sert  d'apprendre  riiis- 


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t()i-re,lN'esi-ce  pas  la  même  partout? 


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Ap-prenonsseu-lemenl  à  bien 


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-  loi-re, N'est-ce  pas  la  même  par-toul? 


Apprenons seu-lement à  bien 


loi-re, N'est  ce  pas  la  mé-me  partout? 

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Ap-prenons  seulement  à  bitn 


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boi  -  re,  Quand  on      sait    bien  boire  on     sait       louj^ 
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Nous    n'a  -çy. 


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boi  -  re, Quand  on      sait    bien  boire   on     sait       tout. 

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boi   -   re.Quaudon      sait   bien  lioire  on     sait       loin. 


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(Vrocédés  de  Tamenslein  et  Cordcl ,  90,  me  de  la  Harpe-  ) 

Pans.  imprtmei-i>'  ^sr.  riLi.F.T  m  S  AINB,  ru"  'i"'-  nnnds-A'i^nstins.  ^. 


CHANSON   DE   ROLAND. 

PAROLES  D'ALEXANDRE  DLVAL,  Ml'SlQLE  DE  MÉHLL. 


D£âS2KS  S9£    BI.  S'I'XlIlTZŒISi , 
GRAVURES  :   1"   ET  4'  PLANCUB  PAR  M.   HCART.  —  2«  ET  3'  PLANCUU  PAR  M.  ALfeS. 


NOTICE. 

Roland  esl  uiie  des  plus  ancienucs  el  des  plus  belles  gloires  militaires  de  la  France!  Compagnon  d'aniics 
de  tel  illuslre  empereur  d'Oa'idenl,  Charlemagne,  qui  dans  les  dernières  années  du  huitième  siècle  soumit  à 
ses  lois  une  grande  partie  de  l'Europe,  sa  renommée  ne  s'est  jamais  elTacée  du  souvenir  des  peuples,  et  depuis 
le  jour  où  il  est  mort  à  Roiicevau\ ,  ses  exploits  ont  sans  cesse  été  célébrés.  Les  doeumeiils  authentiques 
de  riiisloirc  qui  se  rapportent  à  Roland,  ne  soûl  pas  considérables;  ils  suffisent  cependant  pour  attester 
sou  existence  et  pour  empêcher  qu'il  soit  relégué  au  nombre  des  héros  fabuleux.  Ainsi ,  une  ordonnance 
(pri-cffptum)  de  Charlemagne,  de  l'aiinée  776,  le  place  au  nombre  des  fidèles  de  ce  monarque,  et  l'hislorien 
Egiiihart  le  cite  comme  un  des  plus  fameux  capitaines  morts  à  Ronccvaux.  Si  les  chroniques  ont  été  sèches 
el  décolorées  au  sujet  de  Roland,  en  récompense,  les  poésies  et  les  chants  populaires  ont  transmis  jusqu'à  nous 
les  hauts  faits  el  la  gloire  de  ce  paladin.  Dès  le  onzième  siècle,  le  nom  de  Roland  élail  synonyme  de  la  vaillance, 
el  les  poêles,  les  hisloriens  eux-mêmes,  le  nommaient  avec  celui  d'Achille  ou  d'Alexandre.  .Maints  passages  des  plus 
anciens  troubadours  se  rapportent  à  lui,  el  prouvent  que  son  nom  était  depuis  longtemps  populaire.  Quant  à  la 
France  proprement  dite,  l'un  de  nos  plus  anciens  monumenis  en  langue  vulgaire  esl  consacré  à  Roland,  ellout  un 
cycle  de  ces  romans  de  chevalerie  naguère  encore  si  admirés,  contient  le  récit  de  ses  exploits.  Il  esl  cerlain, 
que  nos  soldais ,  en  marchant  au  combat ,  chantaient  Roland ,  ses  victoires  el  sa  mort.  Aussi ,  Wace ,  poète 
français  du  douzième  siècle,  dans  son  j^tatoire  en  ocra  îic  la  Conquètt  b'^ngleterre  por  lee 
Uonnanîia,  connue  sous  le  nom  de  Homan  îic  Uou  ,  a-l-il  représenté  l'armée  de  Guillaume  s'avançanl 
contre  les  Saxons,  conduite  par  Taillefer  le  Jongleur: 

®.aillcfcr  qui  luûult  bien  cantoit  , 

Sur  un  cljcoûl  qui  tôt  alloit, 

Deoûiit  ad  (eux)  s'en  atoit  rautaut 

Bc  Carlfinanc  et  bc  ROLA\T, 

(Et  î)'©ltoicr  et  be»  oassaus 

(Cui  moururent  à  UainsrcDaud. 

Il  ne  faut  donc  pas  être  surpris  si  des  écrivains  du  dernier  siècle ,  el  de  nos  jours  l'illustre  auteur  du 
(èniif  bu  (Êijriationiâmc,  se  sont  préoccupés  de  savoir  ce  qu'était  devenu  ce  chant  national  el  guerrier. 
Mais  les  langues,  cl  principalement  la  nôlie,  ont  leurs  ré\olulioiis;  les  mots  chaiigenl  d'acception;  ainsi,  ce 
qu'on  entendait  par  rljansou  dans  les  premières  années  du  douzième  siècle,  u'étail  rien  moins  qu'un  long 
poème,  dnni  l'élendue  variai!  depuis  mille  jusqu'à  huit  el  dix  mille  \ers,  et  il  esl  évident  que  la  CIjaneou 
bf  Uolanb  était  de  celle  nature.  Voici  les  traits  principaux  de  l'une  des  plus  anciennes  versions  qui  soient 
par\cnii('S  jusqu'à  nous: 

L'em[icrenr  Cliaiies  est  depuis  sept  ans  en  Espagne  el  l'a  presque  entièrement  conquise.  Le  roi  sarrasin 
ilarsik'S,  iipiès  un  conseil  tenu  a\ec  ses  amtraur,  en\oie  à  l'empereur  un  ambassadeur  qui  lui  dil   "  Witv 


POU»  «ûUDc  !  Uoict  Î)t6  préenits  que  le  roi  mon  mahre  ooiie  etiooie.  31  e'eujiage ,  et  vom 
ooiilei  quitter  l'(gspag«f ,  o  douô  ôuiore  jusqu'à  3ir.  "  L'Empereur  fait  venir  tous  ses  barons 
pour  prendre  leur  avis.  Roland  s'oppose  à  la  paix,  mais  Ganelon  et  le  duc  Naimesfonl  observer  qu'on  ne 
doit  pas  refuser  un  ennemi  vaincu.  La  discussion  s'engage  enlre  les  barons  pnur  savoir  lequel  d'entre  eux 
ira  auprès  du  roi  Marsiles.  Ganeiou,  irrité  des  mépris  de  Roland,  lui  dit  :  "  prrn&e  gar^e  qu'il  ne 
t'orrioe  mall)eur  !  Roland  répond  :  SLu  parles  comme  un  fou,  e'est  aur  l)ommc9  seuséa  à 
remplir  ies  measojes,  »i  le  Roi  cent ,  j'irai  a  ta  place.  —  %u  u'ira«  pas,  s'écrie  Gauelon, 
€i)ûrlc8  communie  ici,  je  remplirai  sa  oolonté.  " 

A  ces  paroles,  Roland  se  prend  à  rire.  Ganelon  est  choisi  comme  ambassadeur;  il  part,  emportant  au  cœur 
i'insulle  que  Roland  lui  a  faite,  il  ne  tarde  pas  à  se  venger  en  trahissant;  il  guide  les  Sarrasins  dans  les  délilés 
de  Roncevaux ,  où  se  trouvent  les  douze  pairs  de  France  avec  vingt  mille  hommes  sous  la  conduite  de  Roland. 
Bien  qu'il  se  rende  coupable  de  trahison ,  le  baron  français  est  fier  et  hardi  devant  Marsiles  ;  et  quand  ce 
dernier  lui  dit  :  "  Cljarles  est  tjieur  maintenant,  il  a  au  moins  îieur  cents  années;  ne 
pensc-t-il  pas  au  repos?  —  Uon,  non,  reprend  Ganelon,  (!Il)arle»  est  toujours  fort.  S^ant 
qu'il  aura  autour  be  lui  les  bouje  pairs  be  France,  ©lioier,  Uolanb,  (III]arles  ne  peut 
crain&re  l)omme  qui  soit  oioant." 

Dans  le  récit  du  combat  où  périrent  les  douze  pairs  de  France,  la  (Hljansou  îie  Uolanb  s'élève  à  des 
beautés  du  premier  ordre  :  Après  une  longue  énumération  de  tous  les  rois  sarrazins  venus  au  secours  de 
Marsiles,  voici  les  douze  pairs  de  France  et  leurs  vingt  mille  compagnous  engagés  dans  les  montagnes  de  Navarre. 
L'ennemi  les  environne  de  toutes  parts.  Olivier,  qui  est  monté  sur  un  arbre,  dit  à  Roland  :  "Ces  J^Jatms  sont 
nombreur,  et  nous  irançais,  nous  sommes  peu.  (Eompoijnoii,  si  tu  âonnuia  bu  cor,  l'em- 
pereur €l)orles  uienbrûtt  a  notre  secours.  Roland  répond:  ^  dieu  ne  plaise  que  mon  lignaoïc 
eoit  bésljonorc  par  mon  fait!  3e  froppcrai  be  ma  bo.ine  épceDlR.WDAL,  et  les  païens  seront 
uenus  pour  leur  mall)eur;  ils  mourront  tous.  —  Compagnon,  sonne  bu  cor,  répèle  Olivier. 
—  Hou,  dit  Roland,  les  iFronçais  sont  bons,  ils  frapperont  bien,"  Et  il  prépare  ses  troupes 
pour  le  combat ,  les  exhortant  à  faire  leur  devoir.  Survient  Turpin ,  l'archevêque ,  qui  les  fait  mettre  à  genoux 
et  leur  donne  l'absolution  de  leurs  fautes.  Dn  combat  terrible  s'engage ,  mais  le  nombre  l'emporte  enfin  ;  les 
douze  pairs  et  leurs  compagnons  succombent.  Cependant  ils  restent  trois  encore ,  l'Archevêque ,  Olivier  c 
Roland.  Ce  dernier,  las  de  combattre,  dit  à  Olivier  :  "3c  oais  sonner  bu  cor,  €!)arUs  nous  en- 
teubra  et  nous  pourrons  rcooir  la  irancc.  —  i}outc  et  oergogne!  s'écrie  Olivier,  quanb  je 
l'ai  bit,  tu  ne  l'as  pas  nonlu,  les  .français  sont  mocts  par  ta  légèreté,  tl  fout  périr  oucc 
CMS.  "  Mais  Turpin  leur  commande  d'appeler  Charles,  et  Roland  sonne  du  cor  avec  une  telle  force  que  le 
sang  lui  vient  à  la  bouche  et  que  ses  veines  se  brisent.  Charles ,  qui  était  à  trente  lieues,  l'entend  et  s'écrie: 
"  <3ataille  font  nos  Ijommes.  —  3e  ne  le  crois  pas  ,  répond  aussitôt  le  traître  Ganelon.  Roland, 
resté  seul,  saisit  son  cor  et  en  tire  un  son  presque  mourant.  L'Empereur  s'arrête ,  écoute  :  iilal  nous  va, 
|Iil-il,  mou  ueoeu  Holanb  ne  peut  plus  sonner.  El  il  dirige  sa  marche  vers  Roncevaux.  ' 

Tels  sont  quelques  uns  des  traits  les  plus  saillants  de  celle  Cljansou  br  Hclanb,  dont  les  différents 
couplets  ont  été  redits  par  nos  armées  pendant  tout  le  Moyen-Age.  Vers  la  fin  du  quatorzième  siècle ,  au  milieu 
(jes  désastres  qui  ont  signalé  le  règne  du  roi  Jean,  l'ancienne  €l)anson  be  Uolanb  était  encore  eu  usage. 
Ce  prince,  aigri  par  ses  malheurs,  se  plaignait  qu'on  ne  trouvait  plus  de  Roland  dans  les  armées.  Lu 
vieillard  lui  répondit  que  les  Rolands  ne  manqueraient  pas  s'il  se  trouuait  bes  Charlemagnes. 

Différentes  imitations  modernes  de  la  (!Il)ansou  be  Uolanb  ont  été  essayées  ;  elles  n'ont  rien  conservé 
de  la  vigueur  et  du  noble  sentiment  qui  distinguent  l'original.  La  chanson  reproduite  ici  est  l'œuvre 
d'Alexandre  Duval;  elle  ne  manque  pas  d'élévation,  et  sous  ce  rapport  mérite  de  succéder  an  chant  séculaire 
tombé  dans  le  domaine  de  la  science  et  que  le  peuple  ne  comprend  plus  aujourd'hui. 

LE  ROLIX  DE  LL\CÏ. 


riîAXSO.X  DE  UOÏ.AXD. 

Où  vont  lotis  CCS  preux  cheralicrs, 
LorQ,'Ucil  et  l'espoir  de  lit  franc e  .•" 
C  est  pour  (léCeiulrc  nos  iovers 
Que  leur  maiu  a  repris  la  lance  ; 
Mais  le  plus  "bravcle  plus  fort , 
C'est  Roland, ce  fondre  Ae  g-uerre, 
S'il  comliat.la  faux  ie  la  luort 
Juit  les  coups  de  son  cinreterre. 
^     Soldats  français, cliaiitons  Kolaiid, 
i: honneur  delà  chevalerie, 
f.t  repetons -en  combattant 
Ces  mot»  sacrés:  gloire  et  patrie'. 


Dei.T    nulli- 


st    ,riiuil,-i-   Rol.r 


Coiivicut    le  pied    dr    rcs  iiuiiit.ioiies:  I.' lioiiiioiir  est   prt-s   île  sa  bamiLere, 

Je  A'ois  leurs    nonitieux  étomlarts  SicuTcz    s  on  paiinelie    éclAtaiil; 

Briller   stir  les   vertes   eanipaii'nes.  Qivil  votls  o-niile  ilaiisLi  carrière. 

Fraiii,- l'IIS,  là    sont  yos  ennemis;  3Iarolrez,  pavtaoez    son  dest-iii'. 
Oue  pour  enx  seuls  soient  les  alarniesiDes   ennemis   ijnefait  lenomlire? 

Ouils  (roui lileut  '  Ions   seront  pnnis  .'...  Roland  coTnl)at  ^  ce  mur  d'airain 

llola ml  a  demandé   ses   armes.  Aa  disçarailie  roinine  nue  oiulre 

Soldats  iraiiVAis     J*».' .  .Soldats  français   <V 


romlncu    sont-ils   '  cfinilinii    smil-ils    ' 
(' est  le  n-i     du    suld.it    sans  o-lnii-C; 
!,(>  lii'i'O.s    cli(-i'i-lie  les  dl'I'iIs; 
S.ausles   périls   (|u'(st  la  virloin-'' 
Avons   to\is,  o  Ui-iivcs  anns. 
Dellolaiid  l'aïuc  nulilc  ot  lu-i<' . 
Une  roniplail   les   ennemis 
0 11  étendus   morts   sur  la  poussiéie. 
Soldats  iVaneais    .1- 


Mais  j  eut  ends  lebniit  de  sou  cor 
Qui  v('S()i\ne  an  loin  dans  la  plaine 
Yh  t\\v<i'  Kolflud  (  ouibat  eneor  V 
Il  eoml)al  '  n  terreur  soiidaine  '■ 
.r'ai  m  tomber  ce  i'ier  rain(^uenr  ; 
Le  sauji'  .a  b,ii<i'iié  son  armure  ; 
Mais  toujours  lîdéle  à  Ihonneur, 
Ildil.i'ii  m"iitr.uil  .sa  blessure: 
Soldats  iV.iueais  '  ehaule/.  Roland  , 
Son  destin  est  dig'ue  d'envie; 
Heui-eux  qui  peut. eu  coiubaltaut , 
Vaincre  et  mourir  pour  sa  patrie  . 


CIIA^'SON  DE  ROLAND,  au'c  amiiiiiiagiienicni  de  piano  par  Y\.  II.  f.OLET,  professeur  (riiamioiiie  au  Coiiscrvaloirc. 


ICham. 


.^allante. 


PIANO. 


^^^fe^^^^^^EE^B^ë 


OÙ  vont  lousces|)ieiixclie-va-liers, 


L'orgueil      et  l'espoir   de  la 


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C'est  pour  dé- fen-dre  nos    fo-yers 


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Queleur  main  a    re  prisia 


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lan      -     ce;  Mais  le  plus   bra    -     -      ve,   le     plus  fort, 


C'esi  Ro  -  land,        ce  fon-dre  .le 


Cnotun. 


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re,  S'il  combat,        la  faux  de   la  mort        Suit  les  coups  de  son  ci -me-ler  -  re.   SolMiaiâfan 


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-    çaisl  chan-lez     Bo    -  land, 

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L'hon     -    iieur  de    la  che-va  -  le  -  ri      -     -    e,  El   ré-pé- 

tebbrl ^SE3 


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•  çais,  chaQ  lez     Ro  -   lapd, 


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L'IioD     -    iieur 


de    la    che-va-  le  -  ri    -     -      e, 

-* . ^-ft 


jO. 


^SFF^  r.  ^  |T^LU_^-f^aE^g:P:^p1^#^ 


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Sol-dats  français. 


chantez  Ro-land, L'honneur  de       la   che  va-le-ri    -      e,  Etré-pé-lez, 


î=^ 


rr-ririË^^"^ 


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lez,  en         com -bal -lani, 


Ces  mois  sa-crés, 


Ces  mots  sa-crés: 


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-►j^-4:^. 


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Et  répé  lez,  en  combat    •  uni. 


Ces  mois  sa-  crés, 


Cesmotssa  crés, 


-^^^te^i^giifei^^^TS 


Et  ré-pé-lez,  en  com-bat  -  tant,  Ces  mots  sa-crés, 


Ces  mois  sacres. 


Ces  mois  sacrés; Gloirk  ei  P*- 


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Gloire  et      Pa  -  tri      -         e!  Dé 


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Ces  mois  sa  -  crés. Gloire  et    Pa     tri 


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Gloire  et    Pa    -  îri 

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eI   Gloire   et   Patrie!  tl    lé     pé  lez,  ces  mois  sacré?:  Gloire  et     I'a  -  tri 


l'in. 


{^Procèdes  de   raïuensleiD  cl  Corde!,  'jo,  rue  de  la  Harpe.  \ 


PhiI,-.  Impr.  de  F.  I.ocçiin,  (6,r.  K.-O.dcsVicloiref. 


VIVE    HENBI    QUATRE, 

TISITÎS,    ATJROîlE,    J3    T'IMPLOnS. 


DESSINS  S£  va.  S7£IK33£IL. 
GRAVURES  :  1"  el  4'  planche,  par  M.  Boilly.— 2'  et  3'  planche,  par  M.  Naugkot. 


NOTICE. 

Au  premier  rang  des  <EI)iuUâ  pnpuluircs  îic  la  francc  seronl  toujours  placés  cl  celui  qu'inspira 
le  souvenir  du  grand  cl  bon  Henri,  et  ceux  qui  lurent  composés  par  lui-même! 

Quel  est  l'auteur  du  couplet  primitif  de  Uiuc  ijrnri  CVuatvc?  Il  ne  s'est  pas  nommé,  parce  qu'il  ne 
s'esl  regardé,  sans  doute,  que  comme  un  cclio  de  toutes  les  voix  françaises.  Collé  augmenta  encore  la 
popularité  de  ce  clianl,  en  le  plaçant  dans  sa  charmante  comédie  de  la  \iaxue  ^c  (Cliassc  d'ilE\RI  IV, 
Grâce  à  l'heureux  choix  du  héros  el  à  la  fidélilé  du  portrait,  aucune  pièce  n'a  eu  des  représentations  plus 
multipliées  et  de  plus  nombreuses  éditions. 

Les  troisième  el  quatrième  couplets  furenl  ajoutés  par  Collé,  el  de  la  bouche  de  son  iîlidjau,  pa-i^ènnl 
bientôt  dans  toutes  les  autres.  Le  second,  qui  n'a  pas  moins  de  naïveté  el  de  franchise,  date  de  l'époque 
des  espérances  que  fil  naître  l'aurore  du  règne  dcLiiuisXVI.  L'u  de  ses  premiers  actes  avait  été  l'aulonï^aliou 
au  Théâtre-Français  de  représenter  la  partie  îic  Cljassc,  tolérée  seulement  dans  les  spectacles  de 
prounce,  sous  le  règne  précédent. 

fiuanl  à  l'air  de  Uiuc  fjciui  (duatrc,  c'est  un  fragment  du  morceau  de  musique  intitulé  les 
QLrirotfts,  sur  lequel  s'exécutait  une  danse  eu  vogue  au  seizième  siècle,  el  que  l'on  a  entendu  au 
V.;ude\ille,  dans  le  iHaviagc  &c  Scarroii 


(Cl)armantr  6abrtïUc  est  une  délicieuse  romance,  remplie  de  grâce  cl  de  sentiment.  On  a  prétendu 
(|ue  les  deux  premiers  couplets  seulement  avaient  é:é  Iracés  pour  la  fameuse  Gabrielle  d'EsIrées  par  le  rojal 
guerrier  troubadour.  Les  autres,  au  surplus,  sont  également  dignes  de  sou  esprit  el  de  son  cœur. 

Hais  une  erreur  généralement  répandue,  et  que  Gréiry,  dans  ses  (Essaie  sur  la  illiisiqite,  a 
coulrihué  à  propager,  c'est  celle  qui  a  tail  designer  Henri  IV  pour  auteur  de  l'air  louchant,  auquel  il  adapta 
ces  paroles.  Comme  il  ne  faut  pas  douner  à  César  ce  qui  n'est  point  à  César,  il  est  juste  de  restituer  ce 
chant  à  son  véritable  père  Du  Caurroy,  successivcmenl  maître  de  chapelle  de  Charles  IX,  de  Henri  II!,  et 
de  son  successeur.  Cet  air  fut  composé  par  lui  pour  un  XioH  pieux  du  temps,  que  la  profane  mais 
€l)armaine  6rtbricUc  lit  aisément  oublier. 


La  fraîche  et  gracieuse  UillancUa:  Uicna,  2luvovf,  je  t'implore,  a  toujours  été  allribuée  au 
fjéarnaiâ,  el  l'on  aime  à  se  figurer 

£e  seul  roi  î)out  le  peuple  oit  chan'.c  la  mémoire 

chantant  aussi,  dans  ses  jolis  couplets,  œuvre  de  sa  jeunesse,  ou  cette  Cdie  Sarbinièrc  b'-Snet,  qui  fui 
raïculc  de  Dufrcsny,  ou  celle  tendre  et  naïve  fleurette,  premières  el  trop  courtes  amours  du  Uert-<6af,<;:!t. 

Ol'ilIlY,  iTlembve  ?»  Caveau  moberue. 


TITE   KS3JÎ=II  IT 


Chant. 


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allegretto.        ^ 


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Vive         Heii-ri  qiia    -    lie,    Vi    -  ve    ce     roi   vail- 


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Ce         diable  à        qua    -     Ue    A        le     lii-ple    la 


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Icnl  De     boire   el     de         bat    -     ire,    Et    d'èlre    un   vert-  ga  -  lanl  ! 


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^i^J^^ac't^  ezcx  3û  r  MiZur:^-^i^Jîyzj . 


CHARMAX  TK    CAH  KIKi.I.V.  . 

Percé    de  nulle   (Iat<!s, 

OiiAiid  la    <i-loiri"  m'appelle 

A  la   siule  (le  31nrs  : 
fî'virilf   (lép.ii'\ie  ' 
Mailif-iuTiix  jour! 

Oxie   lie    siiis-)e   sans  Tic 
On   sfliis  aiuom  . 

1.  amour  ,  sans  nulle   peine, 
Jla.par  vo.s  doux  i-eonids, 
Coniine    un   o^-rand    eapitnin<>. 
Mis   sous  ses  étendaris. 

CrncUc   départie  !  e)e  . 

Si  votre  jioiii   eéléljre 
Siir  mes  (irapcanx  briUaJA, 
Justju'aiL  de  là   de  l'I'.bre 
L'Ksu«Q;ne  me    eraindrait  . 
Cruelle   AépAvtie  1  ete  , 


.^"J^t'^yiîv: i^e 3t>  rJ^ui^/cie^cJimj 


Aiens, aurore  , 
J  0  l'iiuplorc  .' 
Je  SUIS  u-ai  qiijind  jo  le  voi 

Oui  in'psl  cIicit, 
Kst  venueiUo  couiiiio  loi  . 

D'ambroisie, 

Pu  PU  rhoisie, 
Hcbé  1a  nourrit  à  pari  ; 

El  SA  boiichr , 

Quand  j'v  loiiclic, 
^e  parfuiiK 


Elle  rsl  bloiiao, 

.San»  sfooiidc. 
Elle  a  la  taille  à  la  luaiu. 

^»  prunelle 

ïtiRcelle 
foniine  l'astre  du  iiiatiu 


l'otiv  entendre 

Sa  VOIX  tendre. 
On  déserte  le  liameau  ; 

El  'rvtire 

Qui    .soupii-e, 
Fait  taire  son  cUahinieaTi . 


^>y><^ 


Les  trois  Q-ràces 

Sur  .'îes  li-aces, 
Font  naître  nnessainxi'ainours'^y^^ 

La  xag'esse, 

î.a  justesse 
Acooiiipaç'nejit  ses  discours 


\J^:> 


OHAnMAlTTS  G-ABniELLS 


Arrdanle.         ^^ 


CUA^T. 


PIANO. 


Char-i)i;in-te        Ga 


bri  -  el  -  le,  Per  -    ce  d( 


P^^^ 


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le      (le  3lars:  Cru-el  -  le         dé      -      pai  -  U    -    e!    Mal-lioii -reu) 


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Que  ne   suis   -   je  sans    vi  -    e,     Ou      sans     a 


mour! 


ffr'fï^^^^^?^ 


-^    'Fin, 


TIEITS  AUnOHS,  JE   T'IMPLOl^B 


Âllegrello. 


K 


Cham. 


PIANO. 


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^i—^-ir=3L 


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Viens,    au 


Je  l  ini   '- 


^^^^^^N^g^EN^^a^^-S 


S* 


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-  gè-re      Qui  m'est    cliè-re,       Est    ver  -  iiieil  -  le     coui-nie         toi. 


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/:"t/j. 


(Procédés  de  Tantenstein  et  Cordel,  00,  rue  du  la  HarpeT) 


Paii<.  —  Imprimerie  do  Pii.i.ft  fii.s  aink,  rue  des  Grands-Augustins,  7. 


X^  .^^  XT  CD  3.^-. 


DESSINS  D£  DI.  £.  Gl&Aim, 

Gr.AVlJKES  :  I"  Kl  1'  i>la>ciik  i'aii  M.  TORLKT.  —  2'  Ki  T  im.a>ciik  pau  M.  ^APvGEOT. 

^l.isiiiur  aniiiiçicf  lUirc  lucoinpiioiiumfnt  &c  jmmo  pur  ^W.  Ij.  (tolrt. 


NOTICE. 

La  Cli.iiisoii  Je  Manon  |iara(l  rcposor  sur  nu  fait  liisloriqiie.  Si  cela  n'dail  pas,  à  iiiuiiis  que  l'auleur  ne 
fùl  braliaiinin ,  il  u'auiail  [minl  choisi  la  Mlle  de  \i\elle,  pnur  e»  faire  la  jialrii!  de  sou  liéniïiie.  (iuoique 
celle  \ilie  soil  célèbre  par  ses  beguiiies,  par  le(Cl)ifn  îif  3ciin  Uuullc  el  par  un  aiilre  Jean  de  ^nelle  qui 
perché  sur  la  luur  de  l'Iioiloiie,  v  sonne  les  heures  depuis  plusieurs  siècles,  elle  n'a  pas  un  nom  assez  poétique, 
pour  qu'il  ail  é:é  choisi  comme  digne  de  li^^nrer  dans  une  romance. 

Manon,  n'est  pas  non  plus  un  nom  aussi  gracieux  i\\\t  celui  d'Aniiiile,  de  l'Iiilis,  d'Eslelle  ou  de  Galalée, 
el,  SI  le  poè;e  a  nommé  son  héroïne  lianon,  c'isl  qu'elle  élail  h:iplisée  ainsi.  On  sail  que  Manon  esl  une  espèce 
de  diminulif  de  Marie,  el  qu'il  a  pour  variante  .Maiietlc.  Je  ne  sais  ce  que  ces  noms  avaient  de  plus  flalleur 
il  l'iireille  de  nos  pères  que  clui  de  Marie  qui  a  repris  fa\eur  depuis  quelques  années,  taudis  que  les  deux 
aulies  sont  lombes  dans  le  discrédit. 

Du  reste,  il  y  a  un  siècle  que  les  Maiions  élaient  fort  à  la  mode;  on  counail  la  iîliinou  CfSiriuit,  de 
r.ibbé  l'ré>osl,  et  loules  hs  Maiions  de  Vadé.  iilaiio»  (6iroiir,  iHiuuui  la  €outimn-f.  Il  n'y  a  pas 
quarante  ans  iiiie  Désaugiers  a  fait  iHanoii  la  Ualuut^cuâf ,  el  qu'Aud"  a  donne  iilaitoii  nrpfiitaiitf. 

ISevenoiis  à  la  iilaïuiii  ^f  UinrUr ,  qui  se  lait  soldat  dans  le  régimint  de  rro\eiice,  pour  suiue  son 
infidèle.  Dans  la  chanson  cet  amani  esl  nomme  5anâ-(0.uarticr  ;  mais  il  esl  é\idenl  que  c'est  un  sobriquet 
mililaire:  son  \érilable  nom  nous  est  inconnu. 

Kous  ne  ferons  pas  la  vieille  plaisanterie  de  dire  que  si  loules  les  belles  délaissées  s'engageaieni,  on  n'aurait 
plus  besoin  de  la  conscriplion  pour  recruter  l'.irmie.  Kous  dirons,  au  contraire,  que  peu  de  femmes  do;iiient 
i'evemple  de  cette  héroïque  lidelili'.  Ce  n'est  pas  que  nos  annales  manquent  d'héroïnes  qui  aient  endossé  le 
harnuis  militaire,  ou  comballu  sous  les  drapeaux  de  la  Fiance.  Ouand  nous  ne  citerions  que  3ainnr  b'^rc, 
Scaïuu  ijarljcttc,  dcDeauvais;  lors  de  la  réMilulion  de  89,  l'ijcioïiir  î)c  iHittir;  et  sous  l'Empire, 
la  f  cuunt  (Êrenaîitcr,  qui  a  obleiiu  la  Croix- d'Honneur,  et  qui  a  liiii  par  tenir  un  cibarelsur  les  boulevarls 
exti'rieurs  de  Paris. 

Si  nous  remoulions  aux  siècles  reculés,  nous  aurions  les  Clrlic,  les  draïiainaïuc,  et  tant  d'aulres. 
Mais  je  lrou\e  dans  la  brave  iHanou  bc  Uiiu-llf ,  une  ressemblance  frappante  avec  la  Ollorinîif  de  la 
3fiuôalcin  bcliuicf;  et  je  ne  sais  lequel  du  Tasse,  ou  du  poêle  brabançon,  gagnerait  à  la  comparaison, 
SI  ce  dernier  n'élail  eudemnient  rimilaleur.  Qui  de  nous  n'a  pas  lu  et  admiré  ce  louchaal  épisode,  où  Tancrède 
reconnaît  la  belle  Clorinde  frappée  de  son  fer  meurtrier!  La  slaiice  LWII"  du  12"  chant  de  la  ^éruôolfin 
ntl're  la  même  siluatioii  ((ue  la  XIV  de  notre  poème,  car  il  e.st  fa:l  en  stances  coinme  celui  du  Tasse,  el  il  doit 
élri'  chaulé  comme  on  chante  encore  en  Italie  les  slances  du  Cvçinc  bc  ôovcnto: 

Voici,  pour  ceux  qui  ue  savent  pas  rilalien,  la  traduction  de  tiaoïiv  Conniau  ; 
«  (£n  bfcouorûitt  ce  front,  il  sent  trembler  sa  mai». 
«  £.out  à  coup,  0  biaijraec...  o  terreur  imprémic! 
o  31  l'ott,  il  reronnait...  quel  moment,  quelle  oue! 
o  Ollorinbe!  juste  fiel!  Ce  Déplorable  amant 
«  lemcurc  anéanti,  sans  ooir,  sans  mouuement.  « 

TancrJ'de  ne  leconnall  son  amante  qu'eu  >oyanl  son  visage,  ce  qui  esl  bien  simple  el  bien  nalurel  !  L'amanI 
de  Manon  la  recunnait  d'une  manière  bien  plus  originale  ! 

(G-uant  elle  fut  en  rljernise, 

31  tira  son  sein  mignon. 

;ai;!  jiioifî  ùe  sa  surprise,  ^ 

jCini'qu'il  vieonnut  illanon 


Si  Taiidnli;  inail  en  celle  |;ors|ii(acilt'-,  ii  n aurait  |o:iil  piue  le  sein  Je  Cloriiidc  II  (ùl  fail  coniinc  le 
soldai  du  rei;imriil  de  l'iovence,  qui  ne  demeure  poinl  sans  voix  et  sans  mouvenienl.  El  combien  il  y  a  de 
U'iilé  cl  de  iialurel  dans  l'iiicideiil  qni  siiil  : 

£c  majnv  nint  fu  pir?cinnr, 

Il  n'euvoyit  pas  un  sons-oflicier,  nu  le  chiruiijien  du  réijimciil,  ce  digne  major  vinl  en  personnel 

ppitr  snuoir  exaclement, 

Ipi  fllnnon  ftnit  itn  l)ommr, 

Cf  qu'il  iippvit  sur  If  rljiunp. 

le  major  élail  connaisseur  :  mais  il  n'ai  ail  veulu  s'en  rapporler  (|irii  lui-même;  ce  que  di'\ra;ênl  faire 
hns  les  ;;ens  en  place,  ions  les  ministres,  iiiii  s'en  rapporlenl  Irop  son\enl  a  des  suballeines  el  soni  Intmpes 
s:ii  la  \éiilé  des  choses. 

Après  les  ieman|nes  pliil()Sopliii|iies,  on  nous  en  permelira  li'en  quelques  unes  de  phihdogiqnos.  La  première, 
sera  sur  le  mol  iuçioit,  emptoré  dnix  fois.  D'abord,  l'aniaiil, 

Diuia  un  certain  ^our  nrijorr, 
Soutenu  pur  (Cupiîion. 

Celle  épillièle  de  Sour,  joiiile  à  nrçiciff,  donne  une  cerlaine  grâce  à  une  expression  qui,  s:ns  cela,  aurait 
pli  paraiire  Iriviale.  Car,  négoce  enlraîne  l'idée  de  commerce,  de  Irafic.  Mais  ici,  c'esl  ij;i  ^ûUF  ncciofc! 
l/amanl  n'elail  pas  un  négociaiil:  n;ais  un  ne;;ocialenr,  adroil,  iiilelli.i.'enl.  On  nénncie  un  mariage  d'inlérêl  : 
ICI,  l'amour  a\ail  négocie  une  aOaire  délicate.  Je  remarquerai  encore  (|Be  lorsque  Manon  élail  \èlue  en  soldai  : 

(Elle  portait  sur  sa  misse 
înon  rpcc  en  l'rat  t'arau& 

Ce  leme  de  faraml  esl  tombé  en  désuétude  et  ne  s'emploie  pas  dans  le  beau  langage;  cepemianl,  il  manque 
à  la  langue.  En  ellel,  IWcatieroic  a  eu  lorl  de  dédaigner  ce  mol  ([ui  se  trouve  dans  des  écrivains  classiques, 
comme  Vadc;  le  peuple  n'a  pas  voulu  l'abandonner,  el  il  a  eu  raison,  car  il  n'a  pas  de  synonyme.  Ce  mal 
nVsl  pourl.nl  pas  ancien;  on  ne  le  trouve  pas  dans  les  auteurs,  a^ant  le  18"  siècle.  Toutefois,  son  élymologie 
piiiirrait  venir  de  tarot  ou  pljarct,  Cile  dans  le  Dictionnaire  ^f  .ménaiK,  el  qui  signifie,  f.tlol  ou  fanal, 
le  faraud  esl  un  Immine  brillaiil.  fnrtliom-aplie  du  mot  faraud  varie  dans  différents  ouvrages.  Dans  notre 
finance,  il  est  terminé  par  un  D.  Dans  l'.unrage  intitule  ŒlVIlES  CHOISIES  DE  VADÉ  ET  DE  SES  MIITATEITIS, 
il  V  a  un  dialogue  intitulé  Spiriiucur  rcbus  îic  inabrmoiscllc  iîlariiot,  reine  &c  la  ijulle ,  dont 
l'uii  des  personnages  s'appelie  le  Saxau.  Il  ne  faut  pas  croire  que  le  faraud  d'autrefois  fût  ce  qn"oiil  été 
ensuite  les  pelits-inailres,  les  fais,  les  muscadins,  les  mer^eilleux,  el  ce  que  sont  aujourd'hui  les  dandys  et 
les  lions.  Le  faraud  était  un  lionimc  qui  senîaii  son  brave,  el  qni  ne  manquait  pas  d'une  cerlaine  élégance, 
comme  le  pronie  la  manière  dont  Manon  portail  sou  épée  sur  la  suisse.  Il  y  a  eu  plusieurs  manières  de 
porter  lépée.  Les  Grecs  el  les  Hoinains  la  pmiaieiil  à  leur  côté,  perpendiculairement,  comme  l'ont  ensuite 
portée  nos  chevaliers.  Sous  Louis  XIV,  on  la  porta  horizoïililiinenl,  derrière  les  jambes.  Sous  Louis  XV,  on 
se  mil  il  la  porter  diagonalement,  sur  la  cuisse,  de  sorte  qu'elle  pouvait  aisémenl  s'accrocher  dans  les  jambes 
des  iiassaiils,  ou  déchirer  les  robes  des  (iaiiies,  quand  on  se  relonrnail  brusquement,  ce  qui  n'arrivait  ip'aux 
iiialailriiils,  el  aux  gens  i|iii  n'avaient  pas  le  bel  usage:  m:;is  aussi,  il  était  plus  f..cile  de  la  tirer,  ce  qui 
armait  soi.\ent  aux'larauils,  el  ce  qui  pnunail  qu'ils  n'étaient  pas  des  faquins. 

Le  neui  du  poêle  ipii  a  ciiiii|iOse  la  Chanson  de  .V.anon,  nous  esl  mallii'ureHsemeMl  inconnu;  le  savant 
Baibier  l'a  omis  dans  son  Dictionnaire  ^fs  anonymes  11  nous  a  fallu  également  retrouver  la  musique 
dans  la  mémoire  li'lèle  des  cuisinières  el  des  nourrices,  sous  la  di'lee  desi|nciles  elle  a  é;é  transcrite.  Qnaul 
il  l'epoiiiie  il  laquelle  a  élé  composé  cet  ouvrage,  c'est  évidemment  celle  où  le  régiment  de  Provence  existait. 
Ce  reniment  a  été  créé  en  1G74  ,  il  était  composé  de  deux  bataillons.  L'auteur  a  commis  ici  une  faute,  à  moins 
qu'oie  ne  doi\e  l'atlribner  à  son  imprimeur.  Xoiis  lisons  d;iiis  la  chanson: 

iTa  uoilîi  ^onc  militaire , 
JiJareiuents  rouijes,  l',abit  blanc. 

Il  fallait  dire:  parements  ucrts,  liMiil  blanc.  Tel  était  l'uniforme  du  régiment  de  Provence;  c'était  le 
••"Lniiieiit  de  Picardie,  crée  en  15G3,  qni  portait  les  paiemenis  rouges.  Tous  deux  étaient  des  régiments 
(i'mfaiiterie.  Au  surplus,  il  éiait  heureux  pour  Manon  que  son  amaiil  lui  dans  celte  arme,  car  s'il  eût  élé 
d„iis  la  raualerif,  on  n'aiiiail  pas  manque  de  dire  que  la  coiidnile  de  notre  l.éioïiie  avait  ele  un  peu 

lai'aliere.  ,  , 

1)1  MLKSA.V 


'^-^^î^- 
,<^- 

^      -^-'     ">^. 
^ 


Oiantons  I  liouimu   <  t  li  oloii  o 
1)  nue  (ille  diiu  ^-raiid  cœxtr, 
F.t  y,-i-ar(iiis  tlaiis  Li  mémoire 
Son  conraQe  et  sa  T<ile\ir,- 
Dans  les  q^natre  canis  du  monde 
1  on  jiailtiii  <1<   llniioii. 
I)(  vMis  la  Un  e  (.t  Mil  1  onde. 
\  on  1  (  (  it(  1  1  sou  nom  . 


«AUX  Ta  xillr    1<    \i 
Jlanon  .irait  un  aiii  ml 
Jenne,  mai.s  jilxis  ikIh   ipi  <  II 
F.t  quelle  aiin.iit  1(  iiilii  iik  ni 
Paniii  eert<iin  don\  ii<^>o(< 
Sonleun  Jiav  (upiilon 
J.a  l)elle   .'ie  lioiiva   (>  i"'"' 
F.Ile  aeeonrii.i  dnii  y  ii  <  on 


X    " 


ïijyl\ 


^r%> 


Ipiés   de  tendres  promesses 
Son  Aiuaiit.pcir  intérêt, 

I  .i  inéprisc  et  la  délaisse, 

II  liât  aiii  champs   sans  dél.ii\ 
\ii  ré(>'imeut  de  IVoveiiee, 
Il  lut  soudain  s  eniolei-, 
Kl^selltau1  miJle  simdiaiKM  s 
^omi'eanl  à  sa  liien  année 


■R. 


V    '- 

if 


S 


Manon  se  iondait  en  laiines 
Depius  son  einiaoenionl , 
Pleurant  et  reisant  des  larmes, 
F.n  serrant  son  rlier  eulaul  . 
Al\  '  mon  pauTre  iils,  ton  père 
ApOTii  noTis  pen  damitie 
Mais  enpeii  de  temps  tameie 
Pimna   sa  «mante 


1  ^     ^jl 


le  sarlmit    \  ^ll^  li    m  i  \  n  , 
.Sans  eli  c   liop  i  loui  du 
l.a  lielle  mit  in  noiiinii 
.■^onpoiipoii   sontiudii    iils 
Sans  eu  duiiuei  (oiin.iissaUM 
lai  o  ait, on  (  11   s  lialnlla 
Plus  s  m  tut  )olii(lie  Pi  oitine 
Oula  Lelh    s  <miaç><.d 


^|1 


Silc  T>avl)ai'c  ejit  si  traître 
Dites-moi  1a  venté, 

■Pour  poTïroirivnCTule  comiaîti-e, 
Tous  potirez  l'interroQ-er; 

-Emî»  a_raiit  quitté  la  telle. 
Le  leiiiemaîu  1  iiui)  o  »t  eux' 
Prit  Tui  coiio'é  (Le  sa  belle, 
ït  se  «léclai'O  ti'ouipeu'i'. 

Manon  A^t  entrer  le  trailre, 
Om  revenait   du  (piarUer, 
Sitôt   elle  sentit  naitre 
Le  (lesn-  de  se  veii<i;ev. 
Poiu"  enp'eulrei-la  «jnerelle, 
A  sou  auiaiit  Sans- Ouartier 
îïle  monte    eliez  sa  1) elle 
A  de  s  s  ein  de  le  iiar  oiier 


Le  luron  tout   en  eolère. 
Lux  Ait  :  cvui  t'amène  ici? 
Vaut    décider  cette  altaire, 
A  cjufj^  ou  six^a»  diei. 
Manon  réçond  yar  luavade. 
Ace  traître,   à  ce  lrn>oii; 


i»  loiiQ'-teiny» 
clieiclie  l'o 


aniai'fldc, 
asion  . 


Elle    lui  dit    en  colère. 
Allons   TÎte,  riial)itl)as, 
\  point   de  Ijotte  première, 
allons  -  nous  ^us  qTxarx  tr-épa  s 
xiand  elle  fut  en  cliennse, 
n  fixa    son  sein  mio-noiv 
de  sa   surprise, 
^connut  Manon . 


^j    Sonepec  toiuLa  parterre, 
H  8e  jette  a  Aetix  jj-eiiotxx. 


!,<•  iiia|()r  vuil  en  pcrsoim 
Poiii'  savon-  iiactfinriit 


Ce 


•V 


I  II  a  11  111 


il    sui   le  rliaii. 


£n  Tersant  de»  plenrs  anières,       Si  Maiidii  (■(ail  iiii  Ikhiuik 

Pour  appaiseï- son  courroux: 

Avec  transport  il  1  eiulira  s  s  o , 

Eu  la   sciraut  tciHliciuciit , 

I.a  prie  (le  Itii  tkirc  oi-acc 

An  nom  Ae  son  cLei-  enfaiil 


Kt  roiiii.'ii  s  .saii  t  Iciii- in'y-ofi' 
l.i'ur  fil  pnlilii-r  ilc»  liaii.s, 
l'uis  li'nr  lil  Cure  des  iince 
l.i-  plus  iiiay  iiiii(|^U(iiieiil  . 


I.  époiiv  écrit  à  son  père 
l.aveiiluve   (le  Manon. 
I.emicl  appicnaiit  latlaire, 

p;  S  ei  vient  à  la  «iMi-msoii; 
I  liaiiiK'  île  eelle  noiivoTle, 
F.t  Ic'Ui  s  iou<iés  liieu  sioMlés 

s,         11  1rs  .•miuenr  a   Nivelle 

l'iiiir  rivre  en  lia  nij^mllit  e. 


MAITOIT 


Chant. 


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Moileralo. 


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Chan-lons  l'honneur    et    la     gloi  -  re    Du-ne    fil  -  le  d'un  granti 


riANO. 


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qua -ire  coins  du  mon  -  de,  L'on  par-le      ra     de  |Ma-non ,     Des-sus  la  terre  el  sur 

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77 

l'onde,  L'on  ré-ci-lera  son  nom,  L'on  ré-ci  -  le-ra  son  nom.  L'on  ré-ci  -  lera  son  nom. Dans  la 


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ClIAKT. 


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Chan-lons  l'hoM-nenrel     la     gloire  Du  -  ne        fil -ie  d  un  grand 


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ri'rocéilos  de  Tanlenslcin  cl  Cordel,  90,  me  Af.  la  Harp.  ) 


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yi-Mi^.  —  Inipiiuii.'iic  de  Pillut  iils  aimî,  rue  des  Grancls-A:igM'<tins, 


DANS  LES  GARDES  FRANÇAISES, 

l'LAl.NTES  GRIVOISES. 
(CUAl^SO.X   ATTRIBUÉE   A   VADÉ*  ) 


4ÎUitiii]iir  imiuiçià-  luu-i-  uaciin).uuuuitunt  pur  fi\.  l].  (Eolrt. 


NOTICE. 

lii  Cliaiison  grivoise  cul  peiidaiil  un  lonips  une  cerlaiiie  vogue,  qu'elle  diil  à  la  iiouveaulé  du  genre  dont 
Vadé  lut  le  ciéaleur.  \ous  ne  pensons  pas  que  celle-ci  soil  de  lui,  quoiqu'elle  lui  ail  élé  géiiéralenienl  alliibuce  : 
on  ne  la  trouve  dans  aucune  édilion  de  ses  Œuvres.  Vadc  mourut  en  1757,  et  nous  voyons  la  Chanson 
Bans  Us  Marbra  françaises,  imprimée  pour  la  première  fois  dans  le  recueil  iniiluié  Cljansonnifr 
français,  en  1760  (vol.  6\  page  192).  Elle  est  sans  doute  de  quelque  imitateur  du  poète  que  Voltaire 
appelait  et  polisson  ic  Uaîif,  et  dont  quelques  gens  nommaient  le  genre,  la  6rossirrftc  })oi3sar^r, 
tandis  que  le  sc\ère  Fréron,  sou  contemporain,  appelait  tout  simplement  celle  nouvelle  poésie  U  (6cnrc 
poissori).  Celle  espèce  de  chansons  parut  d'aulanl  plus  amusante,  qu'elle  conlraslait  avec  la  plupart  de 
cilles  qui  remplissaient  les  recueils,  et  qui  étaient  des  bcrçif  ries  assez  semblab'es  aux  peintures  des  trumeauï, 
ornées  de  houlelles  et  de  paiinclièrcs  euriilianées,  de  montuns  bien  peignés  et  de  bergères  coillées  à  la 
l'ompadour.  Les  iJruneites,  les  Muselles,  les  Chansons  anacréunliqnes,  les  Chansons  de  table  et  les  \ande\illcs 
satuiques  se  partageaieul  le  reste  du  domaine  de  la  poésie  chaulée,  cl  les  Iris  et  les  Chloris  marchaient  eu 
compagnie  de  Bacchus  cl  de  Jlonius. 

La  Huse  enjouée  de  Vadé  le  prit  sur  un  ton  qu'il  ne  faut  cependant  pas  confondre  avec  le  burlesque.  Elle 
peignit  une  nature  basse  à  la  vérité,  mais  qui  u'élait  pas  sans  agréments.  Vadé  fut  le  (Lcnicrs  de  la  poésie, 
dont  les  autres  Chansonniers  étaient  les  lUattra».  Les  amours  de  corps  de  garde,  dunt  notre  Chanson  est 
une  peinlure,  ont  aussi  leur  originalité.  Aous  aïons  dit  que  Vadc  a\ait  eu  des  imitateurs,  parmi  eux  se 
trouvent  des  noms  célèbres,  car  à  ceux  de  piron  el  de  iCanjon  on  peut  joindre  celui  de  VOLT.VIllE. 

les  Poètes  qui  se  permeltaient  ces  plaisanteries,  n'y  menaient  pas  assez  d'importance  [lour  y  allacber  leur 
nom  :  cependant  la  Chanson  grivoise,  Ilans  les  (&or&fs  francoiscs,  a  eu  beaucoup  de  vogue,  puis- 
qu'après  aïoir  élé  composée  sur  l'air  connu,  L^our  un  .Smant  friuoU-,  un  musicien  ne  dédaigna  pas  de 
lui  faire  les  houneurs  d'un  air  nouveau,  qui  est  resté  comme  type  dans  les  Vaudevilles. 

l'nc  autre  preuve  de  son  succès,  c'est  qu'on  la  jugfa  digne  d'une  réponse  qui  n'a  pas  moins  de  onze 
couplets  et  qui  est  imprimée  à  sa  suite  dans  le  10*  volume  du  (Cljansonnicv  français.  Il  s'en  faut  de 
beaucoup  que  la  réponse  vaille  la  Chanson;  mais  ce  genre  était  à  la  mode,  et  les  libraires  demandaient  du 
Vadé,  comme  ceux  du  siècle  précédent  disaient  à  leurs  auteurs  :  iFaitcs-nous  in  Saint-(gDrfmon&.  Ils 
savaient  toutefois  qu'ils  faisaient  des  pastirljcs  et  n'avaient  pas  la  naïveté  de  ce  Monsieur,  que  je  trouvai 
deriiièremeal  écrivant  sur  un  beau  cahier.  Je  lui  demandai  ce  qu'il  faisaii,  el  il  me  répondit  a\ec  bonhomie 
3c  fais  îles  Jîcnsccs  î)c  £a  Uocljcfoucault. 

Les  Chansons  militaires  sont  de  différentes  sortes  et  ont  du  avoir  la  couleur  de  leur  époque. 

Le  fa  £.iilipc  du  siècle  de  Louis  XV  est  un  soldat  cardé,  poudré,  ferme  sur  la  hanche,  singe  coquet  des 
petits  maîtres  du  temps.  C'esl  le  Céladon  des  blanchisseuses,  qu'il  traite  en  Richelieu  de  bas  étage.  Les  m-jeurs 
de  ses  supérieurs  déteignent  sur  lui.  C'est  le  soldat  poli  de  Fontenoy,  qui  (jte  son  chapeau  aux  Anglais,  en 
les  priant  de  tirer  les  premiers;  mais  qui  riposte  ensuite  avec  cette  valeur  qui  a  toujours  élé  française,  el 
(jue  les  otliciers  alliaient  si  bien  avec  leurs  mancheltes  el  leur  jabdt  brodé.  Ces  soldats  lires  a  quatre 


rpinglf»,  n'étaidit  pas  moins  bravos  que  ffiix  de  la  Itépiibliquc  avec  leurs  [uiiiliilons  de  !oile  el  leurs 
souliers  sans  semelles,  ni  que  ceux  de  l'Empire  avec  leur  belle  el  sévère  lenue. 
Ils  marcbaienl  à  l'ennemi  en  cbantaiil  le 

iianttiinplan  tambour  biUtiutt, 
et 

lîlûlgrc  la  batotUc 
©.u'on  liiirr  ^cmntll, 

ccmrne  les  Yolonlaires  de  91  y  couraient  avec  ÇA  IRA  cl  la  CARMAGAOIE,  el  comme  les  soldais  de  Napoléon 
j  allaient  au  PAS  REDOl'BLÉ,  qui  élail  leur  musique,  avec  accompagnement  de  lifrc  et  de  tambour,  el  la 
basse  continue  du  canon, 

La  Tulipe  est  le  nom  favori  des  Chansonniers  d'alors.  Celui  de  noire  Chanson , 

Ii)c  la  foloncUe 

(Est  U  pUt6  sfflcrat. 

£a  rolonellf  était  la  première  compagnie  du  régiment,  ainsi  nommée  parce  qu'elle  apparlon.iit  au  colmnl 
lui-même.  £e  fin  bas  b'rrarlatc  rappelle  les  bas  de  celle  couleur,  d'où  est  venu  le  proverbe  :  avec  iinr 
pipe  ft  bfs  bas  Toiiûics. 

Nous  trouvons  dans  celle  Chanson  quelques  mots  d'argot,  qu'il  esl  bon  d'e\pli(|ner,  car  tniil  le  monde 
ne  conuait  pas  ce  langage  comme  Vidocq  et  comme  l'anleiir  des  ilU'stcrrs  bc  paris.  La  TOQLANTE  es! 
une  monlre;  la  1]RA^LA^TE  esl  la  chaîne  :  quant  au  COlLAiVf,  celait  une  espèce  de  boucle,  à  la  mode 
alors,  el  qui  retenait  le  chignon. 

Kolre  Chanson  est  connue  et  ordinairement  imprimée  en  si\  couplets  ;  mais  dans  le  Recueil  même  où  elle 
av?il  paru ,  les  édileurs  l'ont  donnée  plus  lard  eu  la  complélanl,  avec  colle  note  :  "  Ces  sir  rouplcia  bc 
tftt?  Qlljanson,  qui  se  trouoe  au  rinquinnr  uolunir,  nr  suffisant  pas  pour  rcur  qui  br- 
sirciit  anoir  bcs  (El)ûnsous  roinpU'trs  et  rrjulirrrs,  nous  anons  rvu  bcooir  la  rétablir  ici 
buns  son  entier.  " 

Nous  ferons  comme  eux ,  en  donnant  les  cinq  couplets  sui\anls  : 


ÎDeurièmc  €ouplet. 

Se  découvrant  sans  feinte, 
A  la  Conrtille,  un  jour, 
11  grelolait  de  crainte. 
Quoiqu'il  brulàt  d'amour. 
Je  meurs,  chère  maîtresse. 
Dit-il,  prenant  ma  main. 
J'en  pleurai  de  tendresse 
Il  ne  lui  cachai  rien. 


troisième  Couplet. 

Il  me  jurait  sans  cesse , 
Qu'il  m'aimerail  toujours, 
llelas!  sur  sa  promesse. 
J'approuvai  ses  amours. 
De  toute  sa  tendresse, 
Je  faisais  mon  bonheur, 
El  par  ses  tours  d'adresse, 
Il  se  rendit  vainqueur. 


(Cluatrième  Couplet. 

Quoi  !  fallait-il  me  rendre. 
Pour  cet  amant  ingral? 
j'avais  le  cœur  trop  tendre, 
Pour  un  simple  soldat. 
Je  veux  êlre  pins  fière, 
Puisqu'il  me  laisse  là. 
Je  serai  plus  allière, 
Et  n'aimerai  comm'  ca. 


©njicme  Couplet. 

Sans  écouler  ma  plainte , 
Le  drôle  avec  Câlin, 
Sans  aucune  conlraiule. 
Va  boire  un  pot  de  vin. 
J'étais  pour  lui  trop  bonne. 
De  souffrir  ses  amours  : 
El  puisqu'il  m'abandonne. 
Je  le  fuirai  toujours. 


SûUjième  et  brrnier  Couplet. 

J'élais,  ma  foi,  trop  bêle, 
D'aimer  ce  libertin. 
Qui  venait  lélc  à  têle. 
Manger  mou  saiul-frusquin. 
S'il  me  trouvait  gentille, 
D'aulres  aussi  verront, 
Que  je  suis  brave  fille 
Qui  ne  veut  pas  d'allrout. 


Ces  couplets  me  paraissent  évidemment  d'une  autre  main  que  la  Chanson.  Ils  auront  élé  faits  par  quelque 
chanteur  des  rues,  et  pour  satisfaire  les  amateurs  qui  aiment  mieux  la  quanlilé  que  la  qualité.  Ils  me  rap- 
pellent ce  bon  mol  de  Fonlenelle  :  31  y  a  bes  gens  qui  ne  quittent  pos  une  bonne  plaisonterie, 
qu'ils  n'en  aient  fait  une  sottise.  Dl'  MERSA.\. 


4., 


I  lie  pcUlo  rpiilo 
OxLuii  mousu-ui-  m'avait  fait . 
-Mon  co\ilaiU,iiia  braiilanfr 
foiU  est  aTiLei-mq,iict  ; 
H  iL-toTu-nait ines  poclies, 
.S;ais  iiic  laisser  tui  so\i; 
Ce  n  est  pas  par  i-eproclies 
3ÎAJS  il  uiia  iiiaiuré  tovit 

I.auiul  cpiaiidje  somuinUc 
■II'  pense  à  mon  coq^tnu; 
Mais  le  plaisir  niéreiUe 
icuantnioîi  tTarersui: 
la  clianfe  est  tien  ton i-i.e, 
A  présent  c'est  Catin 
Oui  suce  la  dTag-ée,. 
Et  21)01  le  chicotin. 


-^^"^^rJn  tme  Ju  r  JiàtJr^, 


;y|ii«')jaâ"<r'. 


]'i  i.'MFs  iïvm:  amante  aba.\i)o.\.\i:i': 


Bans  les  ^-ardes  iranç,vises 

'l^AlS  Tin  AmOTlT-eTlX., 

HQ^-ant,  chflTid  comme  liraisc 
me,  beau,  vio-oxireiix  . 
Maxs  de  la  Colonelle 
Ce^tlcpKis   scélérat; 
Ponr  -nue  p  en-oTiiielle 
le  e^-\Tenx  m'a  planté  la  . 

11  arait  la  semaine. 
Deux  fois  <lu.luio-e  blanc, 
¥.t  comme  lui  Capitaine 
la.  To(]^uanle  d'aro-ciit, 
T  e  fiiibas  décarlate 
V  côtes  de  nvelon, 
tt  toujoiu-s  de  ma  patte 
fuse  coumxe  un  Biclxoii  . 


DAITS  LES^  3A71DS3  PHAH^j^ISIiS^ 


Chant. 


Andantino 


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f    •/   r    f- 


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Dans     les  Garcles-Fran  ç.ii    -   ses  J'avais  un   a  -  mou 


riANO. 


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tcd^ 


±=±1 


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-  reux,       Fringanl.chaudcommebrai  -  se,         Jeune, beau, . vi-gou  reux.       IMais 


^ 


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J^-n-tM-t 


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3^5 


S^Ép^^^^^ 


de     la    co  -  lo  -  nel     -    le     C'est  le  piusscé -lé    -rai;  Pour    u  -  ne  per-ron- 


r  '  r  ' 


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COUPLET.  J;^ 


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lie!     —    le 


Le  gueux  m'a  plan  ■  lé  là. 


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CUAM. 


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Dans     les  Gardes-Fran-çai    -    ses  J'avais  un   a  -  mou 


^^g^-g^^l^¥=F^^^TT=^-i 


-  leiix,       Fringanl,cliaiid  comme  brai  -  se,  Jeu-ne,beau,  vi-gonreux.        Mais 


^^^EjEE^U^^^J^jI^^^TrJ— J=fe^^^±^ 


de     la    co  -  lo  -  nel     -    le     C'est  le  plusscé-lé    -  rai;  Pour    u  -  neper-ioti- 


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Le  gueux  ru'a  plan  -   lé  là. 


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(iVocedcs  de    rjiili-ii.slein  vl  Cordcl,  90,  nie  de  l:i  Hariie.  ) 


fj:  Fin. 


Imprimerie  de  Pilli  x  riLS  ai.m':,  7,  nie  de^  Grands-Augostins. 


LA  BELLE   BOURBONNAISE. 


GRAVURES:  1"  et  4°  planche  par  M.  Couché.  —  i'  et  3«  planche  par  M.  Torlet, 

iîluôiquf  onanjjcf  aun-  lUfompnijncmcnt  bc  piano  pui-  M.  i).  Colrt, 


NOTICE. 

Celait  sons  louis XV  que  l'on  chanlail  la  fiouvbonnaise.  Beaucoup  de  personnes  oui  cru  que  celle  Chanson 
avait  été  faile  contre  Madame  Dubarri ,  et  il  est  vrai  que  dans  les  Chansons  et  les  Pamphlets  du  temps,  on 
désignait  cette  favorite  sous  le  nom  de  la  flourhonnaiâc.  Cependant,  ce  nom  ne  pou\ait  pas  faire  allusion 
au  lieu  de  sa  naissance,  puisqu'elle  est  née  à  Vaucouleurs,  dans  le  Bassigny,  en  Champagne,  et  par  un 
singulier  rapprochement,  dans  la  patrie  de  Jeanne  d'Arc.  Elle  portail  aussi  le  prénom  de  Jeanne,  ce  qui  rend 
doublement  piquante  l'épigramme  qui  courut  en  Avril  1771. 

iFraïuc,  quel  est  ïiour  ton  ùcôtiii, 
D'ftrc  soumiôc  à  la  femelle  : 
Ëoii  ealut  tiint  &e  la  pueellc  , 
®.u  périraô  par  la  ratiit. 

Quelques  étymologistes  ont  pensé  que  Madame  Dubarri  avait  été  surnommée  la  Courbonnaisc,  parce 
qu'elle  était  la  maîtresse  d'un  Bourbon.  Mais  la  première  Chanson  de  la  fiourboiuiaisc  est  antérieure  à 
la  faveur  de  Madame  Dubarri,  elle  avait  été  faile,  dit-on,  sur  une  courtisane  en  vogue,  qui,  comme 
beaucoup  de  ses  pareilles,  était  tombée  dans  la  misère;  peut-être  même  cette  Chanson  u'éliit-elle  qu'une 
fantaisie  d'un  chanteur  des  rues. 

Quoi  qu'il  eu  soil,  on  voulait  en  assimilant  la  "favorite  à  la  Bourbonnaise  du  Pont-Neuf,  la  ridiculiser  et 
l'avilir.  Outre  les  Chansons  on  employa  les  Caricatures,  et  on  en  connaît  une  qui  a  été  répétée  dans  le  Musée 
î)e  la  Cavirature  (tome  1,  pi.  75).  On  y  voit  la  Bourbonnaise  quittant  son  village  vêtue  en  paysanne  et 
avec  des  sabots,  puis  elle  paraît  richement  velue,  dans  une  guinguette  où  elle  est  entourée  d'adorateurs  de 
tous  étages.  Le  titre  de  celle  Caricature,  est  :  Ce  orat  portrait  ùe  la  belle  Courboiiuaise. 

On  jdignit  les  Pamphlets  aux  Chansons  et  aux  Caricatures,  et  il  en  parut  un  entre  autres,  inlilulé  :  Uie 
be  la  belle  i3ourbounaide,  rerite  par  elle-même  à  sa  mère.  Ce  Pamphlet  la  fait  mourir  à 
l'hôpital. 

La  Duchesse  de  Grammonl,  qui  avait  brigué  la  succession  de  Madame  de  Pompadour,  furieuse  de  se  voir 
préférer  Madame  Dubarri ,  lit  partager  sa  rage  à  son  frère,  le  Duc  de  Choiseul.  Celui-ci  résolu!  d'ouvrir  les 
yeux  du  Roi  sur  l'infamie  dont  son  choix  allait  le  couvrir,  non  directcmeni,  il  en  connaissait  trop  le  danger, 
mais  par  les  voies  les  plus  détournées.  Il  lit  consigner  les  aventures  de  la  Comtesse  dans  des  Vaudevilles  el 
des  Nouvelles  manuscrites  dont  on  amusait  les  cercles.  La  police,  aux  ordres  du  Minislie,  loin  de  jeter 
officieusement  le  voile  sur  les  turpitudes  du  souverain,  contribua  la  première  à  les  divulguer  par  ces  pont- 
lîeiifa,  dunl  elle  amusa  la  populace  de  la  capitale  :  Pont-Neufs  allégoriques,  mais  dont  chacun  eut  bientôt 
la  clef  (Voyez  la  Uie  prince  De  Couia  XV,  par  d'Angerville,  tome  4,  p.  1G3).  Il  n'y  eut  pas  jusqu'à 
Voltaire ,  qui ,  pour  faire  sa  conr  aux  Choiseul ,  uc  s'égayât  dans  cette  occasion,  il  se  permit  un  Coule  intitulé  ; 


r-?lpotl)f03c  hu  Rot  ^îftiutt,  ce  conlc  en  vers  esl  imprimé  dans  la  Corrfspon&ance  dcnrtc  oc 
iîlctrn,  lonie  2,  page  314. 

On  vil  aussi  paraître  une  (Êpîtic  a  iîTarjiot,  par  Dorât,  salyre  assez  ingénieuse  :  mais  l'auleur  craignil 
la  Basiille,  el  eu  ût  une  réfulalion  qui  uc  valait  pas  la  satyre.  Ces  deux  pièces  se  trouvent  dans  les  iaatcs 
bfCouisXV  (tome  2,  p.  318). 

Une  diatribe  moins  fine  mais  non  moins  insultante ,  qui  se  trouve  dans  le  même  ouvrage  (tome  2,  p..239) , 
esl  celle  où  l'on  fail  mention  de  toutes  sortes  de  iSonla,  même  de  ceux  dont  l'usage  esl  peu  propre  à 
être  désigné. 

Voici  ce  qu'on  lit  dans  le  fiullftin  bes  VlouocUfs  qui  couraient  dans  Paris,  el  ne  pouvaient  guère 
être  inconnues  à  M.  de  Sarlines,  qui  en  plaisantait  lui-même  { 15  Octobre  1768)  : 

"  Hcpuiô  quelque  tempe,  il  court  une  Clianeou  iutitulée  :  la  Bourbonnaise,  qui  o  été 
réponîiuc  avec  une  rapidité  peu  rommuue;  quoique  les  paroles  eu  soieut  fort  plates  et 
que  l'ûir  eu  soit  ou  ue  peut  pas  plus  uiaia.  Ces  igcus  qui  raft'iurut  sur  tout  out  prctcnbu 
que  r'ctoit  \\n  Uaubcuille  satirique  sur  une  rertaiue  fille  bc  rieu,  paroeuue  à  jouer  un 
rôle  ft  û  faire  fiçiure  n  ta  Cour.  " 

CelteChansoii,  la  UouocUe  fiourbouuoise,  fut  suivie  de  beaucoup  d'autres  ;  l'approbation  de  M.  de  Sarlines 
esl  du  16  Juin  1768,  le  temps  précisément  oîi  Mademoiselle  L'Ange  venait  d'être  produite  à  la  Cour.  Ce 
nom  de  L'Ange  était  celui  qu'avait  adopté  Jeanne  Va-ubernier ,  selon  l'usage  des  courtisanes,  avant  de 
prendre  celui  de  Dubarri.  Les  autres  Chansons  sur  la  favorite  sont  trop  ordurières  pour  être  rapportées, 
(jauerbortes  sur  ilTobame  la  Comtesse  Dubarri;  Londres,  1775,  p.  75  et  suiv.) 

On  sait  que  rien  ne  put  s'opposer  à  la  passion  du  Roi ,  el  que  Madame  Dubarri  l'emporta  sur  M.  de  Cboiseul 
qui  tomba  dans  la  disgrâce.  Son  triomphe  avait  été  prédit  dans  un  joli  mot  du  Duc  de  Nivernais.  Lors  de 
la  faveur  du  chancelier  lUaupeou,  la  Comtesse  ayant  rencontré  le  Duc,  un  des  protestants  au  lit  de  justice 
(en  1771  ) ,  lui  dit  :  i\\.  le  Duc,  il  faut  espérer  que  nous  nous  bcpartirej  be  tjotre  oppositiou, 
cor,  nous  t'aocj  euieubu,  le  Koi  o  bit  qu'IL  !\E  CHANGERAIT  JAMAIS.  — ®ui,  iïlabame,  répondit 
le  fin  courti.san;  mais  il  oous  regarboit. 

Ce  qui  prolongea  jusqu'à  noire  époque  la  vogue  de  l'ancienne  Chanson  de  la  Bourbonnaise,  ce  fut  la 
manière  dont  elle  était  chantée  par  le  fameux  Grimacier.  Cet  homme,  appelé  Vaisuani,  dit  l'Italien,  était 
sur  le  boulevart  du  Temple,  où,  monté  sur  une  chaise,  il  exprimait  par  les  jeux  de  sa  physionomie  mobile 
les  diverses  alTections  des  sens  et  de  l'ame.  Il  fut  bientôt  si  couru,  la  foule,  pour  le  voir,  devim  si  grande, 
qu'il  imagina  de  s'établir  dans  une  barraque,  el  de  faire  payer  à  la  porte.  Bientôt  il  céda  son  entreprise 
à  un  moutreur  be  mariouuettes,  s'obligeant  néanmoins  à  paraître  dans  les  entr'acles.  Les  marionnettes 
servirent  ensuite  de  passeport  à  des  comédiens  en  personne  naturelle,  el  ce  Théâtre  devint,  en  1774, 
celui  bss  ^associés,  qui  prit  à  la  Révolution  le  titre  de  Cljcàtre  patriotique  du  sieur  Salle,  qui 
fut  ensuite  le  Uaubeoitle  bu  ôoulepart,  puis  le  3LI)éàtre  sans  prétention,  le  Spectacle  be 
iîlabame  5aqui,  et  qui  a  pris  enfin,  aujourd'hui,  le  litre  de  Délassements  Comiques,  emprunté 
à  un  de  ses  anciens  voisins. 

h'  grimacier  Vaisuani  avait  quitté  Salle,  son  associé,  vers  1787  ou  1788,  car  à  celte  époque,  il  faisait 
la  parade  devant  la  porte  d'un  sieur  Noël,  qui  montrait  les  Scènes  be  la  Çlassion  avec  des  figures 
automates,  à  peu  près  à  l'endroit  où  est  maintenant  le  SLI)éàtre  bu  petit  jCajori.  il  était  affublé  d'une 
perruque  de  crin  ou  de  filasse,  avait  sur  le  nez  d'énormes  lunettes  sans  verrre,  qu'il  faisait  danser  par  une 
contraction  de  son  nez,  et  il  accompagnait  sa  Chanson  avec  un  violon  composé  d'un  long  manche  avec  deux 
cordes,  auxquelles  une  vessie  servait  de  chevalet.  Il  exprimait  d'une  manière  très  grotesque  le  rire  et  les 
pleurs  aux  refrains  Ija  !  Ijo  !  I]a  !  Ijû  !  de  la  Chanson  de  la  Bourbonnaise. 

Ce  grimacier,  après  avoir  disparu  pendant  la  Révolution,  reparut  sous  l'Empire;  il  pouvait  alors  avoir 
une  cinquantaine  d'années,  et  il  chantait  encore  la  bourbonnaise  dans  les  rues  de  Paris;  mais  il  avait 
changé  de  costume  ;  le  premier  qu'il  avait  porté  était  une  espèce  d'habit  de  Pierrot,  couleur  de  rose,  avec 
des  garnitures  vertes  et  d'énormes  boutons  de  la  même  couleur.  C'est  ainsi  qu'il  est  représenté  dans  les 
gravures  du  temps,  reproduites  dans  le  iilusée  be  la  Caricature,  T.  2,  pi.  224.  Sous  l'Empire,  il 
était  affublé  en  Marquis  ridicule. 

Le  destin  de  la  Courbonnaise  était  de  ressusciter  une  troisième  fois,  et  on  l'a  vue  en  1839,  sur  le 
2.licàtre  bes  iolies  Dramatiques,  dans  une  pièce  où  l'acteur  Heuzey  a  chanté  sa  Chanson,  el  imilé 
le  grimacier  qui  l'avait  rendiic  fameuse  D" 


^^1^  - 


l.A  AOrVF.LI.E     IJOIRHON.N.VISK 


La  Boiirboiiuaise, 
Arrivant    à    Pans, 
A  ç-ao-nc  des  Louis, 
La    B()ui-l)Oimaise 
A  o-aq^ué    des   Lonis 
CUcz  Tii\  luart^uis. 

Poui"  apanao-e 
Kllc  avait  la  beaiite, 
YA\o  avait  la  bi-anté. 
Pour    apauao-o. 
Mais   ce   petit   trésor 
Lm   vaut   de  l'or. 


Etaiit   servante 
fiiez   un  nclio   spîo-iieur, 
Klle  lit  sou  bonlienr 
Ouoique    servante. 
Elle  lit    son  lionlieur 
Par   sonliumcuv. 

Tonjouvs   l'aeile 
Aux;  discours  d'un  amant, 
f  e  seijjnieur  la  Tovaut 
Toujours   facile, 
Prodi^-uail  lespréseiis. 
D  e  t  emp  s  en  t  enip  s  . 


De   Loiiin's 

l'oiiles 

Eli  of^iii^a^-e 

Il  lui  fit  un 

■ouU'al  , 

Kllc  voule   (i'iAinl  Uwiii 

11  lui  ftt  un 

ooulral 

}ille  l'oxilc  ^i^-raiiil  ii-iuii 

l)cl>.inn.-s   1 

cnU-s  , 

f.Ji    ,:<n.n,a.i-,-. 

y.llr  <-s1  (1,1  n> 

i.i  •nai.s.ni 

Kl  j.iolèi.'   Pans, 

Sur  l<-   l...n 

on  . 

A  son  5, ay,. 

De  l'aysaiim- 

Kl  le    rs(  (1.1  me  à  yvrsciil 

Kilo  est  (lame  .i  i>ro.sci»l  , 

.Mais  oTosse    dame. 

Porte  des    falliala» 

\)\i  liant  (Il  \>a»  . 


Klle   ejt  all.^o 

Se  laiiovoiv  (^■ii  eone. 

Se  laiie  voii'  en  «oui-, 

Kllc    est  all(^'  . 

On   dit    (]U  elle   .1.111.1     1( 

l'iu    même    au    Koi     ' 


Ville    <ieiitille 
Ne    desesnerez  ii.i.s  . 
Oiiauil   ou  a  de»  a|>j>a.H 
On   (111  est   (A'euliUe, 
On  troii\  <■  t()(   ou  laf(l 
l'.ii'eil   li.i  /aril  . 


J^'Ft'iarJ-a  -i^  .l  r  Jfm^xJ!,^,. 


^,  ^- 


^a 


LA    1501  HKONNAISE 


«ans  Pai-i»,lA<iiaiiA  ville, 
(iarion.H.femuiej.  et  filles, //<;j; 
\)\^^   ton»  le  eœiix-   défcile. 
Kl    p OMS» eut  des  liéla s. V<« /'/<>««■ , 

Ho,  l»a.  lia.  lia,Ka  : 
Ta  belle  Bo\irl)oiiiiaise, 
1,«   niaitres»e  de  Biaise, 
Est   très  mal  à   son  aise. 
Elle   e-st    siu-  le     <i-ral)at  . 
Ho, lia, ha,  lio,  lia, ha. 
Ho,  lia, lia, Ka,  lia, La, lia, lia  . 
Est  très  mal  à  son  aise, 
KUe   esl   sur  le    o-i-al>at  . 

N'est-ce  i>as  T>ieii  Aoiuniao-e 
Oii'xiiie  Iflle  aMssi  sa^-e.  fc, 
An  pi-int eiup  8  de  soiià^-e. 
Soit  réduite  axi  trépas  .' 

Ha,   lia, lia,  lia: 
I.a   veiUe  J'tui  duiiaiiclie 
Eli  toiiibaut  dViiie  hraiiehe  . 
KHe   s'est   démis  la  hauehe 
y.t    s'est    cassé  le  liras. 
H...  Ua,  lia. lia,  ft" 


l'oTir  oni-érir  cette  fiHe, 

On  elierelia  dans  la  ïiHe,  I hij-J 

ïïn  médecin  liahile  ; 

Kt  Ton  ri  en  troiiya  pas. 

Ha,  lia,  lia.lia; 
L'on  mit  tout  en  nsao'e. 
Médecine   et  lierliaQ-e, 
Bon  >)OTiillon  et  laitao-e. 

Rien  ne  la   sonla^en 

Ho,  ha. I.a.  lia,  R- 


Et  la  pan-n-e    malade 
D'aro-ent  n'ayant  pas  ^-arde,  VS 
On  tomba   sur  sesliardes 
E.t  rien  ne  lui  resta. 

Ha.  ha.  ha. ha: 
En  fermant   la  paT.ipière, 
Ell'linilsa     carrière. 
Et    sans   drap   et    sans  hievre. 
En  terre   on  l'emporta. 
Ho,  ha,  ha,  ha,   «_■ . 


l'our  laii    sonne  I    les  tloihcs 
On  donna   ^cs  Qaloch<s     /'/i 
Sou  )iipoii   cl   se»  potliP^ 
Son  nioufhon  ot    ses  Ijah 

Ha    ha     lia    lia,'      on  fih 
\\  di    "«a    soMii    .Ta^oU» 
On  Im  donna  la  <  otte 
Son  n»au((.iii  plein  d<     «voile 
\^ant   c|U  elle    expiiat  ' 
Ho      ha      lia   lia    ft 


la 


lljoi 


uamit     Bombounaise 
\a    doi  niii  a   son   aise     liu  I 
San»   laiït<mltt   sansdiaisc 
.Sans   lit   et   sans   sopLn 

Ua    ha    ha    ha  '     nu  pli 
Voda    qii  elle   Mieeomhe 
File   est  dans   1  antre  monde 


l>ni 


rlle  est   dans  la  lonili 


(  liant  ons   son  libéra  . 

H»,   ha,  ha,   ho,   ha,  ha  . 

Ho,  ha,  ha,  ha,  ha, ha,  ha  ,  ha  .     ////   11/ 

l'ixisqti'elle    est  dan  s  la  tombe  , 

Chantoii.s    «<iii   libéra. 


Jfe»'J'VS«AT  liàè  !l«  rJîiKttfiKt^tJ 


LA  BELLE  BOURBOAXAISE,  avec  accoiii|)agiipiiieiil  de  piano  par  M.  H.  COLET,  professeur  d'harmonie  au  Coiiservaloire 


Allegro.   J^ 


Chant. 


^=^^=iXn=^^^^-=^=^M- 


PIANO. 


^^Ê 


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^ 


,.    Dans  Pa-ris,  la  grand' vil-le,  Gar-çons,  femmes  et     fil-Ies,  Gar- 


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(  onpleure.) 

333 


-çons,  femmes  et  (il   les  Ont  loos  le  cœur  dé-bi  -  le,  El  poussent  des  hé -las!  Ah, ah, 


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m-n     m  ^ — f     f      f  \PQ    P 


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ah,  ah,  ah,  ah,  ah!      La  bel-ie  Bourbori-nai-se,  La  main  esse  de  Biaise  Est  très  mai  à  son 


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(on  rit.) 


'rf    f      f    f     ^ 


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ai   -  se,  Elleeslsurun  gra-bat. 


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Ah,  ah,   ah,  ah,      ah, ah,  ah,  ah. 


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/•eti.  Z>o/ce. 


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(  Le  piauoseul  fait  cette  reprise  pour  la  litourDellt!.) 


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ah, ah, ah, ah,    ah!      Est  très  mal  à  son  ai    -   se.ElleesisuruiiLMa-bai 


y-gf-l^r-^Tr-T-t?^ 


LA   NOUVELLE   BOURBONNAISE 


Chant. 


PIANO. 


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La    Bourbon -naise    Ar    -     ri-van l   à    Pa       -      ris, 


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La       Bour-bon-naise     Ar      -      ri-vanl  à    Pa    -  ris,  A         ga-gné  des  lou  - 


fej^^M^^^g^ÉJ^g^^^^ 


is,    La  Bourbon- nai  -  se      A        ga-gné   des  lou  -   is.  Chez  un    inar    -  quis. 


ÎJ3 


(  Proccdfs  de  Taiilenstein  ot  CorJcl,  90,  rue  de  la  Harpe.  ) 


l'jii.v.  Iin|ir.  ik  V.  I.ocn^^,  16,  l.  iN.-D.  JcsVirtouc.» 


>-î»*é.-^ 


LE  MATELOT  DE  BORDEAUX 


Dsssxiis  PAU  m.  TUimoiam's, 


GRAVURES  :    1"  ET  4"  PLANCHE  PAR   M.   BRUNELUÈRE    —  2'  ET  3'  PLANCUE  PAR  M.   BOILLY 


Quelque  arrangée  aixc  arcompagucinnit  i)c  piano  par  Û\.  1).  €olct. 


NOTICE. 


Celle  Chanson  csl  sans  doulc  forl  ancienne,  et  l'une  de  celles  que  clianlcnl  les  malelols  sur  les  poris  el 
dans  les  cabarets,  lorsqu'ils  sont  à  terre,  et  qu'ils  y  dépensent  l'ar^enl  qu'ils  ont  gagné  dans  leurs  voy.iges; 
mais  sa  vogue  date  de  la  fin  du  dernier  siècle.  Celait  vers  1796  qu'un  gros  Paillasse  de  bonne  mine, 
nommé  le  père  Houagcau,  chantait  la  Chanson  du  iilatclot  be  Ûorbciuu  sur  les  tréteaux  de  la 
parade  d'un  petit  Théâtre  du  boulevart  du  Temple,  voisin  de  celui  bea  JDcloôecmcnta,  à  l'endroit  où  est 
maintenant  la  salle  du  (Etrquc  (Olympique.  Ce  petit  Théâtre  avait  été  avant  la  Révolution  celui  bcs 
filuettcs ,  il  avait  été  ensuite  occupé  par  des  Marionnet'cs  qui  avaient  le  nom  de  Êranbe  pantagonicna, 
et  qui  jouaient  le  répertoire  de  l'ancienne  Coméïiic  Italienne.  Il  fut  ensuite  le  £.liéàtre  î)e  illabe- 
moiaelle  iilalaûia,  célèbre  danseuse  de  corde,  qui  précéda  la  fameuse  iîlabame  5aqui. 

Ce  fut  sur  la  parade  de  ce  Théâtre  que  ôobcrl)e  allira  ensuite  tout  Paris;  mais  il  n'avait  été  que  le 
successeur  du  pirre  Roiisseau,  dont  la  verve  et  la  physionomie  bouffonne  rappelaient  un  peu  l'excellenl 
Bugnjcin.  Rousseau,  velu  en  vrai  Paillasse,  avec  le  serre-Iête,  la  collerette  el  le  costume  en  toile  à 
carreaux,  avait  pour  compère  un  nommé  (germon. 

Voilà  deux  noms,  qui,  sans  celte  notice,  n'eussenl  point  passé  à  la  postérité!  Cependant  ces  Roscins  de 
bas  étage  ont  en  leur  célébrité  comme  d'autres.  Oui  est-ce  qui  connaîlrail  u:i  Achille  s'il  n'avait  pas  eu  nii 
Homère  1 

Ce  qui  faisait  le  charme  de  celle  parade ,  c'était  l'union  des  deux  acteurs  el  la  manière  originale  dont 
ils  l'exécutaient.  Rousseau  cachait  ses  bras  derrière  son  dos,  et  Germon,  qui  avait  retroussé  ses  manches, 
passait  les  siens  sous  ceux  de  Paillasse,  et  faisait  les  gestes,  auxquels  le  gros  chanteur  accommodait  le  jeu 
de  sa  physionomie  mobile.  Germon  lui  prenait  le  menton,  le  mouchait,  lui  donnait  une  prise  de  tabac,  et 
quand,  par  un  gesle  dérangé,  la  prise  arrivait  à  l'œil  au  lieu  d'arriver  au  nez,  les  spectateurs  éclalaienl 
de  rire. 

Comme  Bobèche  a  élé  le  successeur  du  Père  Rousseau,  celui-ci  avait  été  le  successeur  de  Sabnrin, 
qui  faisait  ses  parades  sur  le  Pont-Neuf,  il  y  a  deux  cents  ans.  Les  noms  des  Ipumbistea  (1)  qui  onl  occupé 

(1)  Ce  mol  n'est  pas  clans  le  Diclionnaire  de  l'Académie,  mais  il  ailnv-'l  l^ieii  paiodistc !  Kiiricliissoiis 
la  gueuse  fière  malgré  elle. 


ft'l  iiiliT\alle  nous  soiil  inconnus;  mais  il  n'en  osl  pas  moins  vrai  qu'ils  se  sont  surcédé,  quoique  rdji 
n'ait  pas  écril  leurs  annales. 

Uongacou,  fiobrrlje  el  6alimiifvé  ont  clé  les  derniers  qui  aient  eu  tlt  !a  répatalion.  le  règne  des 
parades  est  passé.  Il  n'en  reste  plus  qu'un  vestige  unique  dans  la  personne  d'un  homme  qui  la  fait  encore 
maintenant  à  la  porte  d'uu  petit  spectacle  du  boulevart,  qui  occupe  la  salle  où  était  jadis  le  £.l)fàtrcbr9 
JJélasefincute.  Cet  homme  est  le  dernier  des  Romains! 

Perché  à  une  petite  fenèlre,  il  fait  le  rôle  d'un  niais,  en  posant  sa  grosse  têle  sur  un  petit  mannequin, 
el  débitant  quelques  vieux  calembourgs  et  quelques  bribes  de  chansons,  liais  le  peuple  seul  s'arrête  devant  lui: 
tandis  qu'autrefois  la  haute  société  allait  au  Boule\art  du  Temple  voir  les  parades  qui  se  faisaient  devant  la 
porte  des  Slljcàtrrs  i)c  ttirolrt  et  iJrs  J^ssorica.  C'est  que  les  parades  d'alors  étaient  de  petites  comédies 
plus  comiques  que  beaucoup  de  celles  qu'on  joue  maintenant  dans  l'inlérieur. 

les  parades,  avant  la  révolution ,  étaient  exigées  par  l'autorité.  C'était  un  tribut  payé  au  despotisme  des 
grands  théâtres ,  de  même  qu'on  exigeait  que  les  spectacles  forains  et  ceux  du  Boulevart  commençassent  en 
dedans  par  des  marionnettes ,  pour  rappeler  leur  origine. 

Chez  Fiicolel ,  à  celle  époque ,  les  marionnettes  étaient  encore  exigées  :  mais  on  éludait  cette  ordonnance 
en  se  bornant  à  lever  la  toile  à  deux  pieds  du  théâtre.  Polichinelle  paraissait,  disait  trois  ou  quatre  phrases: 
puis  arrivait  le  petit  chien  Carabi,  qui  emportait  Polichinelle.  On  baissait  la  toile,  et  on  la  relevait  pour  le 
spectacle. 

lue  fois  par  semaine  on  jouait ,  devant  le  î-ljcàtrc  ie  UicoUt ,  la  grande  parade  des  Savetiers ,  qui 
attirail  la  foule,  les  voitures  s'arrêtaient  sur  la  chaussée,  et  le  beau  inon&r  ne  dédaignait  pas  ce  spectacle. 
Cette  parade  unissait  piir  un  jeu  assez  plaisant  dans  lequel  les  spectateurs  devenaient  acteurs.  Les  Savetiers  se 
battaient  el  se  lançaient  des  seaux  d'eau  qui  arrosaient  tous  ceux  qui  se  trouvaient  près  de  la  balustrade.  Ceux 
qui  connaissaient  cette  plaisanterie  avaient  soin  d'amener,  et  de  faire  placer  sur  le  devant,  des  curieux  qui 
étaient  enchantés  de  ce  qu'on  leur  laissait  les  premières  places,  sans  se  douter  de  l'aspersion  qui  les  attendait 
el  qui  excitait  le  rire  général. 

les  trois  derniers  héros  de  la  parade  que  nous  avons  nommés ,  ont  disparu  de  la  scène  el  ont  eu  un  sort 
ditlérenl. 

Le  père  Rousseau  qui  chantait  le  iHatclot  iie  Oorôfuiir,  est  devenu,  vers  1805,  marchand  de  tisane 
dans  le  faubourg  du  Temple,  vis  à  vis  la  caserne.  Bobèche,  ayant  eu  la  prétention  de  renfermer  ses  talents 
dans  un  intérieur,  s'est  fait  sifiler  d'abord  à  Paris,  et  ensuite  à  Rouen  :  puis  il  a  disparu  sans  avoir  laissé 
<le  traces  de  ses  anciens  succès  ;  et  Galimafré  cessant  d'être  acteur,  et  ne  voulant  pas  abandonner  les  planches, 
est  devenu  garçon  de  théâtre  sur  celui  de  l'Cpérn  Comique. 

Ayant  peu  de  chose  à  dire  sur  la  chanson  du  iilntelot  ïie  fiorlicaur ,  je  me  suis  rabattu  sur  celui  qui 
la  thaiitiiit  et  sur  ses  collègues ,  comme  Simonidc  n'ayant  rien  à  dire  de  Sou  .athlète ,  s'était  jeté  sur  Casle.r 
el  Pollux.  Mais  nos  lecteurs  n'auront  peut-être  pas  été  fâchés  de  connaître  ce  qui  amusait  nos  aïeux  el  jeliiii 
la  gaité  parmi  le  peuple.  On  paye  aujourd'hui  partout  pour  entendre  d'assez  mauvais  couplets  et  voir  des  scènes 
qui  ne  valent  guère  mieux.  Dans  ce  temps  là  on  s'amusait  gratis,  on  riait  en  plein  air.  11  est  vrai  que  les 
cigarres  n'infectaient  pas  l'atmosphère.  Il  est  heureux  qu'ils  restent  encore  à  la  porte  des  salles  de  spectacle. 

Du  reste,  si  les  parades  sont  faites  pour  le  peuple,  il  y  a  beaucoup  d'esprits  distingués  qui  se  fout  peuple 
pour  jouir  de  ces  innocents  plaisirs.  Témoin  l'anecdote  suivante  : 

Français  de  Nantes,  directeur  général  des  droits  réunis,  administrateur  habile,  el  que  son  goût  pour  les 
lettres  avait  fait  surnommer  l'3uactéoii  be  la  iiâcûlitc,  avait  peuplé  ses  bureaux  de  littérateurs  et  de 
poètes.  Se  trouvant  un  jour  forcé,  par  dos  plaintes  réitérées,  de  gourmander  un  commis  très  inexact  aux 
devoirs  de  sa  place,  ce  jeune  homme  expliqua  ses  retards  journaliers  par  la  puissance  d'un  Çliuûîiiâtc  du 
IWilevart  du  Temple,  devant  lequel  il  était  obligé  de  passer  pour  se  rendre  à  son  bureau.  Ôal)!  lui  dit 
jÎ.  Fiançais,  avec  une  surprise  mêlée  de  satisfaction  :  (Comment  se  fûit-il  ionc  que  je  ne  iious  v 
lue  jiimûid  lenrontrc? 

Si.  Français  pouvait  bien  aimer  les  parades  el  s'y  arrêter,  puisque  le  fameux  Bayle,  ce  philosophe  si 
profond,  ne  pouvait  s'empêcher  de  quitter  son  travail  et  de  descendre  sur  la  place  de  Rotterdam,  lorsqu'il  y 
paraissait  des  Marioiinelles 

DU  MERS.W. 


■^1  -        s^g,*-^ 


La    collation  a   AuTe 
Trois  joTirs, trois  nxiits  sans  dccessé 
Mais,  an  tout  des  trois  jours  cassés, 
Le   Matelot    s'est  eunuvé . 

Le   Matelot    s'est   eiiTixivé  ; 
Par  la  fenêtre   a  r^q-ardé  : 
Madame,  donnez  moi  mon  eonç^é, 
n  fait  bean  tems,j 'veux  m'en  aller. 


Beau   Matelot,  si  In  t'en  vas 
Mal  de  ^^.\o^  txi  |)AiloTas; 
Tiens,  voilà   cent    écus    comptés, 
Sera  pour  \)ou-e  à  uia   santé  . 


LE  MATELOT  DE  BORDEAUX,  avec  accompjigncmenl  do  piano  par  11. 11.  COLET,  professeur  «l'Iuirnioiite  au  Coiiservaloirc. 

Moderato.  ^ 


Chaint. 


PIANO. 


iriuucr  uiu.  /^  IV  N  dl 


^(r-l-N-^ 


C'esidansla     vil-le  de  Bor-deaux Qu'est  ar  -  ri    -   vé        trois 


Pf 


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1 


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-m ë — é — m—*- 


r^J-!J^;jy^^ï^=r^ff^^F^ 


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beaux  vais  -  seaux...  C'estdans la  vil-le    de  Bor-deauxQu'est  ar- ri   -    vé    trois 


^'-i  ig^^ 


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Cesont,  ma        foi,    de     bons  en-fants.  Les  mate  -  fanls.     Y    a    un' 


Chant. 


Andnnte  an  tipcg  albsero. 

-  -ff  f"  Toi*- 


PIANO. 


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i  si  3 


4ti^ 


C'est  dans  la  vil     -     le        de  Bor 


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Dolce. 


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deaux      Qu'esi      ar     •     ri     «    vé 


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trois 


beaux    vais 


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Les  ma-le  -  lots      qui         sont       de 


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Ped.  dolce. 


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-    dans,  Ce     sont,        ma      foi,         de      bons        en  -   fanis. 


fants. 


=^ii  ij.  i  i-^^^?=rTT^ 


Fin. 


(  l'rotédes  de  'raiilcusleiu  et  Cordel,  90,  rue  de  la  Harpe.  ) 


l'.iiif.  Iinpr.  iJcF.  Lornul^,  16,  r.  ^.-ll.  do^  Vicloir 


DESSINS  DE  m.   STEIïSaJEiï. , 
(iUAVURKS  l'AR   M-    FKRDiiNAND   UKLANNOV, 

usique  arfjEgee  avec  accompagnemeEl  de  piano  par  M.  H.  CÛLET,  professeur  d'harmonie  au  Conservaloiie. 


NOTICE. 

Boiiaparle  élail  revenu  vaimiueur  [el  vainqueur  en  trente  jours)  de  sa  seconde  cain|Uignc  d'Ilaiie,  celie 
tju'ilhislrèrenl  surtout  le  passage  du  mont  Saint-l{ern;ird  et  la  victoire  de  Hareiigo.  Il  élail  facile  de  voir  eue, 
suivant  l'expression  de  Charles  Nodier,  dans  s;i  llupolronc,  le  Général-Consul  rfonii  bqn  ['(Êiupirt-; 
el  plusieurs  conspirations,  entre  autres  celle  d'Aréna,  n'annonçaient  (|ue  trop  au  nouveau  César  qu'il  pouiail 
aussi  rriuT  le  poigniirîi  bc  Urutus.  Mais  un  attentat  plus  làclie,  puisque  ses  auteurs  restaient  caclus 
tout  en  frappant,  plus  féroce  puisqu'ils  ne  reculaient  point  devant  l'idée  de  sacrifier  eu  même  temps 
d'inoll'ensives  victimes,  se  préparait  mystérieusement  contre  lui. 

Ce  fut  le  3  nivôse  au  IX  de  la  république  [2i  décembre  1800)  que  ie  passage  du  Premier  Consul  par 
la  rue  Sainl-Nicaise,  pour  se  rendre  à  l'Opéra,  où  allait  se  donner  la  première  représentation  de  l'iDratovin 
d'Haydn  (la  (Crratiou  in  iJlouùc),  fournit  aux  ténébreux  conspirateurs  une  occasion  favorable  pour 
exécuter  leur  dessein. 

Nous  reproduisons  ici  le  récit  (connu  en  langage  populaire  sous  le  nom  de  rnitorb)  qui  fut  aiors  cné 
el  vendu  dans  les  rues,  au  sujet  de  cet  événement.  Ces  narrations  improvisées  sonl  précieuses  à  recueillir, 
parce  qu'elles  retracent  avec  fidélité  les  impressions  du  moment ,  el  semblent  ainsi  nous  reporter  en  quelque 
sorte  à  celui  de  la  catastrophe  :         ' 

GRAND  DÉTAIL  EXACT  ET  CiRCOXSTAXClÉ  DE  L'EXPLOSION 

Qui  a  eu  lieu  le  3  nivôse  dernier,  à  huit  heures  un  quart  du  soir,  dans  la  rue  Nicaise. 

"£e  3  uinoâf,  a  l)uit  ijcurcs  Du  soir,  U  prcmirr  €oii5ul  se  rrnîiait  a  l'(i>pcia,  avec  eoii 
piqiirt  ii(  gtubf;  nvriuc  n  la  rue  Uiraiâc,  une  inauoaisc  rljarrette,  attelée  b'u»  petit 
fijeDal,  oc  trouoait  plarcc  &c  manière  à  embavraâser  le  paasoge.  Ce  eoeljcr,  quoique  allant 
crtrèmement  uite,  a  eu  l'alireasc  be  l'éuiter. —  }3eu  îi'iuâtants  apièa,  une  etploeion  terrible 
a  raûsé  les  glaces  îie  la  uoiture,  bleesé  le  cljeoal  bu  bernier  l)omme  bc  piquet,  brise 
toutes  les  uitres  bu  quartier,  tue  trois  femmes,  un  moteljaub  épicier  et  nn  enfant.  Une 
quin)aine  be  maisons  ont  été  consibérablement  enbommogées.  —  31  paraît  que  cette 
ci)nvrettc  contenait  une  espèce  be  madjine  infernale.  Ca  bétonation  a  été  entenbue  be 
tout  paris;  une  banbe  be  roue  bc  la  cl)arreltc  a  été  jetée  par-dessus  les  toits,  bans  la 
cour  bu  consul  (Cambacérès.  Ce  premier  Consul  a  continué  son  djcmin  et  a  assisté  à 
I'Oratorio.  —  31  V  a  i)cuï  mois,  le  ôouucrnemcnt  fut  préoenu  qu'une  trentaine  be  ces 
!)ommcs  qui  se  sont  couocrts  be  crimes  à  toutes  les  époques  be  la  Hcoolutiou,  et 
spécialement  auï  3ournées  be  Septembre,  anait  conçu  le  mrmc  projet,  depuis  fc  temps, 
bouH"  sont  bétcnus  au  Semple.  —  CCes  bétails  sont  crtraits  bu  Jolr.\ai.  OrFiciiiL.  — 
îT'erplosion  a  probuit  un  effet  terrible  sur  les  luiiisons  cnuironnantes  ;  cciUs  qui  ctaieiu 


If9  plus  prorljes  eoiit  prcâque  îiffniitfs.  Un  mitv  6e  Dinçjt-i-iiu)  piiôe,  qui  fnnnc  U 
îiriTtrrc  bf9  fnirtrs  bu  ritoycix  Crbvun,  iroiairmc  €onsul,  o  né  rcnuciôf,  et  le*  bclirio 
île  rc  mur  ont  rtr  jrfrs  n  oingt  pir&a  bans  l'iutriicur.  —  €ft  rDcnriucnt  o  coûté  la  nie  à 
plusieurs  personne».  31  s'en  trouuc  aussi  be  çiiiciirmcnt  blessées.  Ces  uitres  îie  tout  le 
quartier  sont  presque  partout  brisées,  même  eelles  ic  toute  la  facabe  ôes  huileries  qui 
îJonitf  sur  la  cour,  parmi  les  blessés  se  trcuue  le  citoyen  £.repsa,  orrljiteeie,  âgé  &e 
soiroute  ans.  — £(i  madjine  infernale  consiste  en  une  espèce  bc  baril  que  l'on  croit  être 
rempli  î)c  balles,  be  marrons  et  bc  poubre.  £l)epalier  bit  qu'il  y  a  hï  à  sept  liores  be 
cette  bernière  matière.  3  ce  baril  tient  un  canon  be  fusil  solibemcnt  firé,  garni  be  sa 
botterie,  mois  avant  la  crosse  coupée." 

Nous  complèlcroiis  ce  rccil  en  y  ajoulant  quelques  circoiislances  assez  curieuses ,  el  le  dénouement  de  ce 
drame  odieux. 

la  charrclle  devait  êlre  phicée,  à  rapproche  du  Premier  Consul,  de  manière  à  obstruer  le  passade,  et  sa 
voiture  en  la  heurtant  devait,  par  le  choc,  produire  elle-même  l'explosion;  heureusement,  le  cocher  sut  éviter 
cel  obstacle  avec  adresse,  et  s:iu\a  ainsi  sans  le  soupçonner  une  grande  destine'e. 

le  bruit  des  roues  de  la  voilure  ne  permit  pas  au  Premier  Consul ,  ni  k  ceux  qui  s'y  trouvaient  avec  lui ,  de 
reconnaître  bien  distinctement  l'ellet  de  l'explosion;  ce  fut  seulement  après  son  arrivée  à  l'Opéra  qu'il  fut  mis 
au  fait.  Joséphine,  allarméc,  le  supplia  de  retourner  sur  le  champ  aux  Tuileries;  il  s'y  refusa,  et  ne  voulut 
partir  qu'après  avoir  entendu  l'Cratorio  jusqu'à  la  fin ,  et  sans  que  sa  figure  révélât  aucune  émotion. 

Ce  sang-froid  ne  se  maintint  pas  k  l'aspect  de  son  ministre  de  la  police,  Fouché,  qui  l'attendait  au  Palais. 
—  "Ce  sont  vos  Jacobins,  lui  cria  t-il  furieux,  qui  ont  fait  ce  coup-là!"  —  "Je  les  en  crois  très  capables, 
répondit  tranquillement  Fonclié,  et  je  vais  donner  des  ordres  pour  leur  arrestation.  Toutefois,  j'en  soupçonne 
encore  d'autres,  et  j'espère  qu'ils  ne  m'échapperont  pas  non  plus." 

On  commença  en  effet  par  faire  une  rafle  des  Jacobins  les  plus  connus,  au  nombre  de  cent  trente,  el, 
quoique  suivant  la  prévision  de  Fouché  la  découverte  des  vrais  coupables  eût  lieu  quelque  temps  après,  les 
cent  trente  détenus  n'en  furent  pas  moins  déportés  par  un  bon  arrêt  bien  juste,  comme  dit  Figaro,  de  ce 
Sénat  qui  préludait  ainsi  à  ses  serviles  complaisances. 

Avec  une  plus  éiiuilahle  sévérité,  le  Tribunal  criminel  de  la  Seine  condamna  à  la  peine  de  mort  les 
véritables  auteurs  du  crime ,  qui  appartenaient  au  parti  royaliste ,  et  dont  les  deux  plus  connus  étaient 
Carbon  el  Saint-Régent. 

Un  bruit,  alors  très  répandu,  attribua  la  découverte  des  coupables  à  un  dîner  de  corps,  à  un  louis  par 
tête,  donné  par  les  cochers  de  Paris  au  cocher  du  Consul,  sauvé  par  lui,  comme  nous  l'avons  dit  plus 
haut.  Dans  ce  repas,  dit-on,  la  police,  qui  est  partout,  recueillit  des  détails  qui  la  mirent  sur  la  voie. 
Ce  ne  serait  pas  la  première  fois  qu'elle  n'aurait  du  qu'au  hasard  d'importantes  découvertes. 

les  ravages  produits  par  l'explosion  se  trouvèrent  plus  grands  qu'on  ne  l'avait  cru  dès  les  premiers  moments. 
Huit  personnes  furent  tuées ,  entre  autres  le  conducteur  de  la  charretle  ;  il  y  en  eut  vingt-huit  de  blessées,  dont 
dix  très  grièvement.  Quarante-six  maisons  furent  fortement  ébranlées  cl  endommagées  :  ce  qui  produisit  la 
suppression  de  l'étroite  el  incommode  rue  Saint-Nicaise,  et  le  dégagement  de  la  belle  place  du  Carrousel. 

la  Complainte  inspirée  par  l'attentat  de  la  iîtacljiuc  Infernale  eut  une  grande  popularité,  due  à  la 
fois  au  nom  du  héros  de  l'aventure  et  k  l'importance  de  l'événement.  Sa  naïveté  originale  la  rend  encore  fort 
curieuse  aujourd'hui  :  car  on  peut  dire  de  celle  pièce  ce  que  Montaigne  disait  de  son  ouvrage  :  "  Ceci  est 
une  œuvre  de  bonne  foi."  le  modeste  auteur,  qui  s'était  caché  sous  une  simple  initiale  D'",  chaulé 
l'endanl  plus  de  six  mois  par  les  ménestrels  de  nos  rues,  résista  à  l'ivresse  du  succès,  cl  ne  livra  point  sjh 
i;om  à  l'admiration  populaire  :  bel  exemple  pour  nos  auteurs  d'un  jour  ! 


COMPlAmTK.  StR  LA  MifHÎSE  INFERSAIE. 

Chantons  le  récit  fidèle 

Du  pins  hofriWf  attenlat , 

fjtcrce  conlie  Ihlat, 

Rue  ^icaise,  au  f  arvoazcUe-^  .-: 

De  ce  feil  la  venté 

Fart  (i-cnui;  l' humanité. 

liie  maeliilic  hifrrnale . 
De  nouvelle  iiiveulioR, 
Fit, par  sou  explosioa. 
In  dé<i."At  qne  nen  n'éo'alc  , 
Renversant  aux  emiTous, 
les  liomnies  et  les  maisons . 

Le  Consul, dans  sa  voitTire, 
Aliiislaut  passait  pai-là  ; 
Il  allait  à  l'0])éra  ; 
C'était  àlm.,eliose  sûre, 
Ou  on  vbnlait  donner  la  mort  . 
Mais  ee  lut  un  \aiu  effort. 


tlyJllJl       , 


j      «  ^  il  (((    ()♦), , 


sr-; 


De  SCS   ilifvaiix  la  vitesse 
-tvait  devance  le  coup; 
Mais  s'aj-rétaiit  tout  à  coxip, 
lie   s'infoniirr  il   s'empresse; 
Sans- craiiidiT  ce  noir  dessein, 
fl  poursuivit  son  clienim. 

Son  épouse,  toute  en  larmes, 
Veut  parla^/er  son  danq-cr  ; 
.Mais  on  vint  la  rassurer 
Snr  res  hornltles  xacarnies; 
l.ui  disant,  il  csl  p.nsse. 
Le  Consul  n'est  point  liie.ssé. 

Bientôt,  dans  le  voisinao;e  , 
Les  blesses  et  les  mourans 
Poussent  des  ^cnnsseniens  ; 
D'autres  se  font  un  passao-c 
A  travers  mille  débris , 
Pour  se  sauver  dans  Pans  . 


(cite  iiiai'Iiiiir  infernale 
Ktait  laite  Aiin  toiuieau  ; 
£t  renferiiiail ,  au  lieu  d'eau  , 
Beaucoup  de  poudre  et  des  bal 
Cette  invention  d  enfer 
Avait  des  cercles  de  fev. 

Les  éclats  de  la  macliiiie 
Lnloncéreiit  les  maisons, 
ht  la  chiite  des  plafonds 
Eiitassa  sons  leur  ruine 
l.cs  meubles  et  le»  trésors, 
Kt  des  blessés  et  des  morts . 

J.e  Tnbunal, plein  de  zèle. 
Le  Sénat -Conservateur, 
Ministl'c   et    l.é<i;islateiir, 
Le  Conseil  d  étal  fidèle, 
■Au  o'iaïul  Consul  en  ce  jour. 
Vinrent  prouver  leur  amour 


Jt^TC^tÙK  .avM  rBaa^aaffc.7itn 


a:?,  de  la  wàckiiîs  :iî?EP.mE 


A\f(!  acrj;i',pagi!Cir,fiil  do  [ii;;iio  par  M.  II.  COLET,  ]>iofi'!8Ciir  iriiarniaiiif  au  C(i;.s;'i'\al.,irc. 


Soprano. 


Ténor. 


Basse. 


riANO. 


Lenlo. 

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Taris.  "]iii|i.  l'iiii(!rvl)u|MiS  4iî,  r.  Si-Lmii!s,  an  Si.nui^ 


LE  RpETEIL  m  PEUPLE 

PAROLES  DE   SOURIGIÉRE   DE   SAINT-MARC,   JlllSIQUE   DE   GAVEAllX 


GRAVURES  :  1''  ET  4*  PLANCUHS  PAR  M.  WARGEOT.  —  2*  kt  3'  planches  par  M.  WOLFF 
JHuôiquf  arrungéf  ponv  le  pinno  par  Hl.  S\,  CoUt. 


NOTICE. 

Le  réveil  du  peuple  fut  le  réveil  du  lion.  On  voulut  bien  lui  faire  mire  qu'il  avail  dormi,  quoiqu'à 
celle  époque  personne  ne  dorniil  bien  tranquille,  r.ir  on  n'élail  pas  sûr  d'achever  la  nuil  dans  sgn  lil.  Toute- 
fois, le  9  Tliermiilnr  avait  ou\ert  les  yeux  de  bien  du  monde  sur  le  pouioir  i-fTiayanl  des  Jacobins  et  des 
Terroristes.  La  cliule  de  Robespierre  n'avait  pas  enlièremiMit  enlraîné  son  parti,  et  ceux  qui  lui  survivaient 
et  qui  voulaient  continuer  ses  principes  étaient  appelés  dérisoirement  ta  (Ctunie  bc  Robcepirrrc.  liais 
il  fallait  autre  chose  que  du  ridicule  pour  achever  de  terrasser  l'hydre  et  de  lui  roitprr  lo  qufitf.  Collo!- 
d'Herbois,  Billaut,  Vadier,  et  leurs  adhérents,  qui  avaient  concouru  à  la  chute  du  lyran  populaire,  n'avaient 
voulu  que  se  défaire  d'un  dominateur  qui  menaçait  à  chaque  instant  leur  vie.  leur  désappointement  fut  irrand 
quand  ils  virent  se  développer  avec  une  rapidité  irrésistible,  la  réaction  née  du  9  Thermidor.  Ils  relour- 
nèrent  aux  Jacobins,  et  voulurent  refaire  de  cette  assemblée  aniirchique  leur  centre  d'action.  .Hais  le  23  Veu- 
démiaire  an  IV  (16  octobre  1794),  un  décret  de  la  Cnn\eiitiiMi  défendit  loiile  association,  fédérations;  et  la 
jeunesse  de  Paris  commença  dès  lors  à  livrer  auv  Jacobins  une  guerre  acharnée.  Des  collisions,  quelquefois 
ensanglantées,  s'élevaient  partout  et  à  chaque  inslani,  entre  les  oppresseurs  de  la  veille  et  les  vainqueurs  du 
jour.  Ce  fut  à  cette  époque  que  parut  la  Chanson  du  Ucunl  îiu  [Jntplf ,  composée  par  Souriffiière  mise 
en  musique  par  Caveaux,  et  chantée  sur  le  gll)ciîtrc  be  l'®prra.  Rieiilôt  elle  courut  les  rues  elles  prome- 
nades, et  fut  dans  tontes  les  bouches.  On  la  chantait  à  la  face  des  Jacobins,  qui  riposlaient  par  la  lilor- 
ecilliiisf,  il  s'ensuivait  des  rixes;  on  demandait  celte  Chanson  dans  les  Théâtres,  et  les  batailles  recom- 
mençaient. 

Le  13  Brumaire  (3  novembre  1794),  Hillaul-Varennes  s'écria  à  la  tribune  des  Jacobins;  (duc  Ira 
rontre-rcoolutioniiairf»  ne  ô'imagiiirnt  pa^  qu'ils  pourront  triompi)er.  iTca  patriotes  ont 
pu  garùrr  un  ineiant  le  silcnrc;  mais  le  lion  n'est  pas  mort  quant)  il  sommeille,  et  à  60» 
réoeil,  il  ertermincra  tous  ses  ennemis. 

Le  lendemain,  ces  paroles  furent  dénoncées  à  la  Convenlion,  et  Tallien  y  répondit  avec  vigueur  ;  enfin,  le 
19  Brumaire,  un  décret  proposé  par  Rewbell,  ayant  ordonné  la  suspension  provisoire  des  séances  des  Jaco- 
bins, et  ceux-ci  s'etani  assemblés,  au  mépris  du  décret,  les  jeunes  gens  se  chargèrent  de  le  mettre  à  exécution. 
Les  portes  furent  assiégées,  les  vitres  cassées  à  coups  de  pierres,  et  renceinte  eii\aliie.  En  vain  Duliem,  armé 
d'un  énorme  bâton,  tenta  une  sortie  contre  les  assaillants  ;  ceux-ci  se  rendirent  maîtres  de  la  .salle,  d'où  ils 
cliassèrent  les  hommes  à  coups  de  pied,  après  avoir  donné  le  fouet  aux  femmes.  Le  soir,  les  groupes  se  re- 
formèrent plus  menaçants;  mais  un  arrêté  des  Comités  du  Gouvernemeut  ordonna  la  clôture  de  la  Salle,  et  les 
clefs  en  furent  portées  au  Comité  de  Sûreté  générale. 

Souriguère  de  Saint-Marc,  auteur  de  la  Chanson  du  tiéueil  îiu  peuple,  était  un  poète  peu  connu, 
quoiqu'il  eût  fait  quelques  ouvrages  dramatiques.  Il  était  né  dans  les  environs  de  Bordeaux,  vers  1770.  Ses 
ouvrages  sont  :  ^rtémibore,  tragédie,  au  illjéàtre  i)u  illarais,  en  1792  ;  ittvrrljo,  tragédie  en  trois 
actes,  au  ®.l)fûtre  f  tjiîieau,  en  1776  :  cette  pièce,  dont  le  sujet  était  révoltant,  eut  une  chute  complète; 
(Eéliane,  opéra,  au  même  théâtre,  et  la  même  année,  eut  le  même  sort.  Cécile  ou  la  reconnaissance,  petit» 
comédie,  au  (2.l)càtre  iTouimis,  en  1797,  fut  mieux  accueillie;  mais  ©fianie,  tragédie,  au  î.l)éàtrc 
iranrais,  en  1806,  fut  traitée  avec  une  extrême  sévérité,  que  Ion  a  Inhua  à  la  vengeance  de  ceux  qu'il 


;nait  allaqués  dans  son  UfOftl  îiu  IJntplc.  On  silila  dès  le  premier  vers,  el  la  pièce  ne  fui  pas  aciievce. 

Le  poêle  Lebrun,  renouiuié  par  le  nombre  et  le  sel  de  ses  épigranimes,  avait  fait  la  suivante  contre  le  mal 

heureux  auteur  ; 

51  tf9  Iriatca  ftvite,  ^loi»  ei  tu  leur  aoiiria, 

SLu  souris,  Sourijucre  :  ©u  ui  leur  sourit  gurrr. 

En  1797,  Souriguère  coopéra  avec  De  Beaunoir  à  la  rédaction  du  journal  £c  iîliroir;  mais  comme  il 
était  oppose -au  gouvernement  d'alors,  les  deux  rédacteurs  fuient  condamnes  à  lu  dépoitalion. 

En  1809,  Soungnèie  donna  encore  une  tragédie  de  Uitcttic ,  qui  tomba  comme  les  autres.  Enlin,  sa 
dernière  apparition  sur  la  scène  litléraire  et  politique,  fut  en  18li,  par  nu  srronîi  Unifil  bu  peuple, 
qui  n'eut  pas  la  même  vogue  que  le  premier.  Froissé  par  tant  de  chutes,  Souri.ïuère  se  résigna  au  silence,  et 
tomba  dans  une  telle  obscnrilé  que  l'on  ne  sut  s'il  elait  mort  ou  vi\aiil.  L' .^liuanarl)  î>cs  Spertnelee 
de  1825  ne  le  porte  plus  sur  la  liste  des  auteurs  dramatiques  existanis. 

Son  Ucoeil  î)u  Jpeuplc  est  son  litre  le  plus  important.  Les  Jacobins  y  firent  une  réponse  que  nous 
croyons  devoir  donner  ici  pour  satisfaire  les  curieux ,  celle  pièce  ne  manque  pas  d'énergie,  malgré  les  fautes 
de  poésie  que  l'on  y  rencontre  ;  mais  il  eilt  été  heureux  que  les  Jacobins  n'eussent  fait  que  di's  fautes  de  cette 


espèce. 


DU  MERSA^^ 


LE  VRAI  RÉVEIL  DU  PEUPLE.  —  Air  du  Uéueil  bu  peuple. 


1 


Peuple  Français,  peuple  iiilrcpide. 
Toi  le  deslrucienr  des  tyrans, 
Entends  leur  fureur  homicide. 
S'élever  coiilre  tes  enfanls; 
Entends  les  cris,  vois  l'insolence 
Des  muscaiiins,  amis  des  rois; 
Ils  nienacent  de  leur  vengeance 
Tous  les  défenseurs  de  tes  droits. 

2 
De  ces  mignons  la  horde  infâme 
T'insulte,  peuple  souverain  : 
Ils  chassent  tes  enfimls,  la  femme. 
De  les  palais,  de  les  jardins  : 
Ils  rompent,  divisenl  les  groupes, 
Ils  oulragent  les  citoyens. 
Et  de  leurs  insolentes  troupes. 
Poursuivent  les  républicains. 

3 
Jlerveillenx,  jouant  les  victimes 
En  cadeih'iles  retroussées. 
Gardez  ces  froides  panlomimes 
Pour  les  veu\es  des  trépassés. 
Vos  brunes  à  perruque  blonde, 
Vous  estiment  ratissants  ;  mais 
Que  fait  pour  le  bonhiur  du  monde 
La  cadeuette  d'un  Franjais. 

4 
Vous  lie  ruminez  qu'hécatombes, 
Fer,  vengeance,  nobles  elforls. 
Et  vous  soulèveriez  leurs  tombes, 
Pourcombatlre...  ceux  qui  sont  moris. 
Jeunes  fous,  courez  aux  frontières, 
Les  cannibales  sont  Anglais. 
Quoi!  vous  craignez  les  élrivières! 
Et  vous  n'en  voulez  qu'aux  Français, 


5 

A  tes  palrouilles  ils  résistent, 
Ils  braveiil  le  frein  de  la  loi  ; 
Au  sein  des  nuils  leurs  cris  persistent 
A  souiller  l'air  autour  de  loi. 
Ils  se  ccigiieni  d'armes  brillantes, 
El  ces  jeunes  eflémiiiés, 
De  noire  jeunesse  vaillante, 
.lleiiacenl  les  bras  mutilés. 

6 
De  nos  légions  vieloiieuses 
Pusillanimes  déserteurs, 
Quelles  blessures  glorieuses 
Reçùles-vous  au  champ  d'honneur? 
Vous  vous  cachez  loin  des  frontières, 
Vous  avez  fui  hors  des  combals. 
Ah!  du  moins,  respectez  les  mères 
De  DOS  intrépides  soldats. 

7 
ils  se  disent  des  palnoles, 
C"s  mIs  esclaves  des  Ivrans; 
De  leurs  égaux  fougueux  despotes, 
bu  trône  ils  sont  les  partisans. 
Le  iiieiisongc  vit  sur  leur  bouche, 
Ils  foiideiil  sur  lui  leurs  succès, 
El  leur  haine  impie  el  farouche, 
Riùle  de  perdre  les  Français. 

8 
Vainqueur  du  Germain,  de  l'Ibère, 
(lonquéranls  du  Wall  et  du  Rhin, 
Vavezvous  bravé  le  tonnerre. 
Enduré  la  glace  el  la  faim, 
Que  pour  voir  au  sein  de  la  gloire, 
Changer  \os  lauriers  en  cyprès? 
Ou  faudia-l-il  que  la  victoire, 
Vous  livre  encore  des  Français! 


i\'insultez  pas,  par  votre  faste. 
Aux  maux  que  vous  nous  avez  faits, 
Et  d'une  méprisable  caste, 
Ke  répélez  pas  les  excès. 
N'insiiliez  pas  à  la  pairie. 
Aux  héros  morts  pour  son  salut, 
A  ceux  que  la  rage  ennemie 
A  blessés,  mais  n'a  pas  vaincus. 

10 
0  des  boudoirs  bande  insolente. 
De  déhanchés  impur  amas. 
Troupe  avilie  et  fainéante, 
Tremblez  de  \oir  armer  nos  bras. 
l\e  raïqielez  pas  de  vos  pères 
Les  trop  criminels  atlentals  : 
Le  peuple  arrête  sa  colère, 
Ne  l'appelez  pas  aux  combats. 

11 
Législaleurs  d'un  peuple  libre. 
Renversez  ces  audacieux. 
Ils  veulent  rimipre  l'équilibre 
Que  la  loi  fait  peser  sur  eux. 
Votre  serment  est  d'èlre  justes, 
De  maintenir  l'égalité, 
El  les  noires,  non  moins  augustes. 
De  mourir  pour  la  liberlé. 


La  chanson  impiimée,  qui  se  vendait 
el  s8  chantait  dans  les  rues,  porte  l'adresse 
be  l'Smpvimeiie  tt  <6ouriil, 
rue  Ctienne  bca  <&rcs,  n"  9. 


Y 


\4kâM 


l#l 


«\^ 


AW  I  {^u'ils  pcrisscnl  ce»  intames, 
Et  cps  cœo^Q^ex\^9  Aevorajis. 
Qui  portent  axt  fonA  <\c  \e\irs  àœes. 
Le  crirae  et  l'amoTw  des  tvv^ans! 
Mancs  plaiiilifs  .\e  Vinuoocnce, 
^ppaistv.-voiis  dans  vos  lonili(?:iux  ! 
l.eTOUV  Ini-AvC  do  la  vcuo-eance, 
l'ait  cnrui  pâlir  vos  liowrveavtx  . 


Ûa^  crtui  c    Je  i  ji 


7i:>    Veiiden22AJ7'e 


lit  pi  escntans  ixtp  petxple  juste 
0  \  (Hislléo'islateurs  liximaiTis'. 
0     (|ui  la  contenance  aucrt-i-Ste 
lin  ircmlilor  nos  tAs  assassins, 
*>un  1  /.le   ooxn's  ie  TOtre  irloirc. 
\o'<  noms  cliers  a  l'hixmamté 
\oUhI   awtemple  le  mémoire, 
\\\  SI  m  de  l'immortalité. 


La  naluro  a\ec  ro^is  conspire 
Contre  tous  les  eonspiratears; 
Par-tont  la  Tvranie  expire  , 
IVr-toixt  nos  Drapeai.ix  sont  vamqn 
Le  StatJioiider  a  pris  la  foite 
Nons  aliandonnant  ses  Vaisseaux, 
Et  la  Terreur  marclie  a  sa  suite 
Dio'ne  cora^aç-ne  des  Bonrrean-X. 


iS  t'ructidvr 


LE  REVEIL  DU  PEUPLE. 


Avec  accoiiipagiu'iiieiil  de  piuiio  |iar  M.  II.  COLET,  [irofesseur  d'Iianiioiiie  au  Gouservatoire. 


Allegro. 


PIANO. 


I 


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Chant. 


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Peuple  fran-çais,  peu-pie    de      frè    -    res,  Peux-iu 


^  Fin. 


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àÉE^|^M4^^^^^^^^H--^^ 


voir, sans fré-mir     d'hor-reur,        Lecrimear-bo-rer  les    ban  -    nié  -    lesDu  carnage 


jp^'^^  ^  J^  h  ^ 


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-  tro 


ce    Et   d'as-sa    -  siiis  el    de    bri  -  gands, 


Souille  de 


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m.  m  f.f    M 


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son      souffle    fé       ro   -ce        Le  terri- loi- re    des       vi -vants. 

^Va'VWWWWWWWWXAAA/WWVWW    IqCO  ^^^^^    ^jC 


(Procé4é>  de  Tajitewsieim  et  Cuksel,  90,  rue  de  la  Harpe.J 


l'.irh.  Im|ir.  de  F.  I.ocoiin,  16,  r.  ,N.-1).  do»  Vicloircs. 


PÈEB  DE  L'un I7BES 

Paroles  de  DESOBGUES,  niiisique  de  GOSSQG. 


GRAVURES  :  1"  et  4' plancuks  par  M.  MOMN.  —  2' el3'  planches  PAR  M.  WOLFF. 

NOTICE. 

LE  PEUPLE  FRA^ÇilS  RECOMAIT  L'ÊTRE  SlPRÊllE  ET  L'IIMIORTAIJTÉ  DE  L'AME. 

Telle  fui  la  plirase  (|ui  fui  placée  sur  lous  les  leiiiples,  piir  un  arrclé  ilu  conseil  général  de  la  ComnuMc, 
lin  26  floréal  an  2  (16  mai  1791),  pour  remplacer  l'inscription  :  A  LA  RAISON,  que  l'on  y  voyait  depuis 
que  Cliaumelle  aiail  fail  célébrer  une  fêle  de  celle  nouvelle  diviuilé,  doni  Robespierre,  par  dérision,  l'avait 
surnommé  le  Grand-Prélre.  Qnanl  à  lui,  il  brigua  un  plus  beau  lilre,  celui  de  Ponlife  de  l'Êlre  Suprême, 
ponlifical  qu'il  exerça  un  jour.  En  allendanl  qu'il  fùl  Roi,  il  s'élail  fail  Pape.  En  effcl,  ce  fui  Robespierre, 
qui,  dans  la  séance  de  la  Convention,  du  18  floréal  an  2  (7  mai  179i),  a\ail  fait  un  rapport  sur  les 
fêtes  nationales  cl  décadaires.  Il  y  disait:  Si  l'immortûlité  ôe  l'oinc  cet  iiii  soiiçif,  elle  rst  la  pliia 
isublime  i)c6  roiucptione  ijumnincs.  —  £'\iée  &e  l'Être  Suprrme  et  i5c  l'immoitolitc  îie 
l'amc  rappelle  à  la  juatie e  :  elle  est  îionr  rcpubliraine.  —  il  proposa  un  décret  qui  commençait 
par  ces  mots  :  £e  peuple  français  reeonuatt  l'iÊtre  Suprême  et  l'immortalité  î)e  l'ame.  Cel 
article  fui  décrété  d'enlbousiasme  el  au  milieu  des  acclamalions.  C'aesemblée,  dit  le  journaliste  Perlet , 
ô'est  lenée  tout  entière  eommc  par  reepeet  pour  la  Diuinitc.  Et  lous  ces  Sycopbanles  rendaient 
immortelles  soixante  âmes  par  jour,  au  moyen  de  la  guillotine!  Il  fut  donc  décrété  que  le  20  prairial,  une 
fêle  serait  célébrée  en  l'honneur  de  l'Être  Suprême,  et  le  plan  de  celle  fêle  fut  coiilié  au  peintre  cl  représentant 
du  peuple,  David,  qui  lit  à  ce  sujet  un  rapport  dont  le  style  fleuri  est  un  modèle  d'emphase  el  de  faux  enthou- 
siasme. Ce  rapport  est  trop  curieux  pour  que  nous  n'en  donnions  pas  quelques  morceaux,  il  commence  ainsi  : 

fourore  annonee  à  peine  le  jour,  et  béjà  les  aone  b'unf  musique  guerrière  retentissent 
&e  toutes  parts,  et  font  sueeéîier  au  eolme  ou  sommeil  un  réueil  cnel)anteur.  51  l'aspect 
be  l'astre  bienfaisant  qui  uioifie  et  rolore  la  nature,  amis,  frères,  éponr,  enfants,  oteil- 
larbs  et  mères  s'embrassfut,  et  s'empressent  à  l'enoi  b'orbonner  et  î)c  célébrer  la  fête  be 
la  Uioinitc. 

David  avait  tout  prévu  :  jusqu'à  l'ardeur  des  jeunes  républicains,  jusqu'au  sourire  des  femmes,  jusqu'aux 
larmes  qui  devaient  mouiller  les  yeux  des  ueillards,  jusqu'à  l'enlhousiasme  que  devait  produire  le  discours 
de  l'orateur.  Il  invile  le  peuple  à  honorer  l'auteur  de  la  nature  :  il  dit  :  £t  peuple  fait  retentir  les 
airs  be  ses  cris  b'allégrcsse.  SLel  se  fait  entenbre  le  bruit  bes  naines  b'une  mer  agitée, 
que  les  oents  sonores  bu  .^ibi  soulcoeut  et  prolongeut  en  écljos  bans  les  collons  et  les 
forets  lointoines. 

Les  inscriptions  placées  dans  les  Tuileries  étaient  curieuses.  En  voici  quelques  unes  : 

Sa  EcDolutiou  est  fille  bu  ciel. 

£a  Uiuinité  a  eonbomné  les  rois;  le  peuple  français  erécute  ses  arrêts. 

£a  Urrtu  ne  s'imite  pas  :  rljacun  est  oertueur  à  sa  manière.  (Êtc  ,  etc. 

A  dix  heures  du  matin,  la  Conveuliou  parut  sur  uu  amphilliéàlre  dressé  pour  elle  au  milieu  des 
Tuileries.  Robespierre,  comme  président,  fît  un  discours;  el  le  journalisle  dit  qu'il  renonoila  ces  pro- 
bigcs  be  l'éloquence  romaine  que  l'on  coneeoaU  a  peine;  que  son  geste  était  crprrssif, 
sou  action  animée;  qu'il  rappeloit  Ciréron  bans  la  tribune  onr  Ijarangues. 

Après  son  discours,  Robespierre  descendit  vers  un  monument  de  sapin  et  de  loilc  peiiile,  qui  représentait 
le  monstre  de  l'Alhéisme;  il  y  mit  le  feu  avec  le  flambeau  be  lo  Uêrité.  Les  flammes  eureiil  bientôt 
consommé  cel  athéisme  enduit  d'essence  de  térébenthine ,  et  un  chaugemcut  de  décoration  fît  paraître  à  sa 
place  la  Sagesse  nu  front  calme  et  serein. 

David  avait  dit  dans  son  programme  qu'à  son  aspect,  bes  larmes  be  joie  et  be  reronuaissancc 
rouleraient  be  tous  les  peuï  :  je  ne  sais  si  l'on  s'y  conforma. 

Alors  on  chanta  quelques  morceaux  d'un  hymne  de  Chénier,  qui  n'avail  pas  moins  de  vingt  strophes  ; 
puis  le  cortège  se  mit  en  marche  pour  le  Champ  de  la  Réunion  (Champ  de  Mars),  où  on  arriva  à  4  heures, 
escorlanl  la  ConveiUion  et  un  char  traîné  par  huit  bœufs  et  portant  les  emblèmes  de  l'agriculture.  Les 


hommes  marchaiciil  d'un  tôle,  les  femmes  el  les  ciifaiils  de  l'aiilre.  Au  milieu  du  Champ  de  la  Rcuniou  on 
a>ail  conslruil ,  à  la  place  de  l'anlel  de  la  Pairie,  une  vaste  montagne  hérissée  de  rochers  et  de  plantes 
sauvages.  Là  fut  chanté  l'hymne  de  Desorgues,  père  be  l'unioers;  on  prêta  le  serment  de  tcrrûascr  toua 
[es  cnufini»  be  la  UrpubliquE;  enfin  tout  le  monde  s'embrassa  fratcrnellfinfiit,  el  le  reste  de  la 
soirée  se  passa  à  clianter  et  à  danser  patviotiqufmcnt.  Il  fit  un  fort  beau  temps  dès  la  veille,  ce  qui  Ot 
dire  aux  journaux  :  Wn  ricl  ralme  et  eevnit  ecinblc  mmonrcr  que  l'Être  Suprême  eoiirit  a 
re  miignifique  Ijommage  renbu  à  sa  toute  puiasonre  par  le  premier  peuple  be  l'uuioerâ. 

Les  mêmes  hommes  qui  avaient  proscrit  le  culte  catholique  et  traité  de  momcrira  ses  cérémonies  et  ses 
processions,  ne  craignaient  cependant  pas  d'amuser  par  ces  mascarades  un  peuple  toujours  ami  des  spectacles. 

Toutefois,  les  représentanls  avec  leur  habit  bl^u,  el  le  grand  pontife  Robespierre  avec  sa  coiffure  eu  ailes 
de  pii^eon,  eu  frac  ccourté,  son  gros  bouquet  de  roses  à  la  main,  n'avaient  pas  la  majesté  d'un  prêtre  revêlu 
des  habits  sacerdotaux,  marchant  sous  un  dais,  et  perlant  le  soleil  d'or  enrichi  de  diamants  qui  renferme 
!a  sainte  hostie.  Celte  longue  file  de  prêtres,  de  diacres,  de  chantres,  en  chasubles,  en  dalmaliques  et  en 
chapes  enrichies  d'or  el  de  broderies;  les  enfants  de  choeur  en  aubes  blanches,  les  corbeilles  de  fleurs, 
l'encens  qui  fume  el  s'élève  au  ciel,  les  chants  religieux,  et  quelque  chose  de  plus  :  la  croyance,  et  l'an- 
cienneté du  culte,  portent  à  l'ame  une  tout  autre  impression  que  les  carmagnoles  et  les  bonnets  rouges  des 
sans-culottes,  les  caracots  et  les  baigneuses  des  citoyennes. 

Robespierre  lui-même  semblait  honteux  du  rôle  qu'il  jouait  dans  celle  grotesque  cérémonie.  Il  marchait 
seul  en  avant  de  la  Convention,  el  ses  collègues  semblaient,  en  le  laissant  marcher  ainsi  el  l'isolant  d'eux,  lui 
prédire  qu'il  avait  élé  trop  loin,  et  que  le  pontife  seniit  bientôt  victime.  Ou  dit  qu'il  en  eut  le  pressenlimen!. 
Cinquante  jours  après,  le  pressentiment  se  réalisa,  et  le  grand  pontife  de  l'Éire  Suprême  passa  par  l'échafaud, 
pour  aller  juger  par  lui-même  de  l'immortalité  de  l'ame  ! 

Desorgues,  auleur  de  l'hymne  qui  avait  été  chaulé  à  celle  fête,  était  contrefait,  comme  on  le  dit  d'Esope 
et  de  Tyrtée;  il  était  bossu  par  devant  cl  par  derrière.  Il  y  avait  eu  lui  un  mélange  de  la  malignité  du 
fabuliste  el  du  génie  lyrique  du  poêle  grec.  Extrême  en  tout,  il  se  iiassionna  pour  la  République  qu'il  célébra 
dans  ses  chants.  Son  ^jimue  ù  l'IÊtre  Suprême  est  plein  de  noblesse  et  d'énergie  poétique;  il  fut  ensiiile 
adopté  par  les  théophilanthropes,  chanté  à  leurs  fêles,  el  imprimé  dans  leur  recueil.  Cet  homme  original 
couchait  dans  un  hamiic;  sa  chambre  était  remplie  de  magdis  de  la  Chiue. 

Malgré  l'exagéralion  de  ses  principes,  il  lança  contre  le  poète  Lebrun,  qui  avait  fait  des  vers  à  la  louange 
d'un  terroriste  forcené,  celle  bonne  épigramme,  imitée  de  Saadi  : 
(Oui,  le  flcou  le  plua  fuueate 
D'une  Ipre  banale  obtienbrait  bca  arrorba  : 

Si  la  peate  avait  bea  tréaora, 
Cebrnn  serait  aoubain  le  rl)antre  be  la  peate. 

Il  avait  chaulé  Ronaparle  général  et  consul  ;  il  n'épargna  point  les  sarcasmes  contre  Napoléon  empereur. 
In  jour  qu'il  demandait  une  glace  au  café  de  la  Rotonde,  on  lui  en  proposait  une  à  l'orange  et  au  citron  : 
—  «  Non,  dit-il,  je  n'aime  point  l'ccorfc  (les  Corses).  »  Dénoncé  pour  ce  propos  el  une  chanson  insultante 
dont  le  refrain  était  :  ©»i,  U  graub  Xlapolcon 

(Êat  un  jranb  camrlcciu, 
il  fut  arrêté  et  renfermé  dans  l'hospice  des  aliénés,  oit  sa  tête  acheva  de  se  déranger.  Il  y  mourut  en  1808, 
n'ayant  que  quarante-cinq  ans. 

GOSSEC,  auteur  de  la  musique  de  l'hymne  de  Desorgues,  naquit  en  1733.  Il  fui  un  des  directeurs  du 
Concert-Spirituel ,  maîlie  de  musique  de  l'Opéra  el  de  l'Ecole  de  chant,  fit  partie  du  comité  de  l'Opéra,  fut 
membre  de  la  classe  des  beaux-arts  à  l'Inslilut.  11  a  fait  beaucoup  de  musique  religieuse,  et  a  donné  plusieurs 
ciimpo.silions  dramatiques  à  l'Opéra  el  à  l'Opéra-Coraique.  Sa  lyre  fut  aussi  fort  républicaine  :  on  lui  doit 
le  (Èamp  be  ©ranb-pré,  ou  le  S.riompl)e  be  lo  République,  dont  les  paroles  étaient  de  Chénier; 
le  Serment  rrpubliroin,  un  grand  nombre  d'hymnes  pour  les  fêles  nationales,  lu  de  ses  chefs-d'œuvre 
est  le  bel  ©  aalutaria,  trio  sans  accompagnements,  qu'il  improvisa  eu  1780  pour  une  fêle  patronale  de 
village ,  el  qui  fui  chaulé  par  Cheron ,  Laïs  el  Rousseau.  Gossec  a  élé  un  prodige  de  longévité,  car  il  est 
mort  à  cent  un  ans  eu  1834. 

Nous  terminerons  par  une  observation  assez  curieuse  :  c'est  que  l'inscription  Ce  peuple  franraia 
rcfonnatt  l'(gtrc  Suprême  et  l'immortalité  be  l'aine,  qui  avait  élé  mise  au  dessus  de  la  porle 
de  toutes  les  églises,  même  de  celles  des  villages,  fut  effacée  lors  du  rétablissemenl  du  culte  catholique. 
Dans  plusieurs  endroits  on  se  conteiila  de  la  badigeonner.  Le  temps  a  fait  tomber  le  badigeon,  el  l'inscription 
a  reparu.  On  la  voit  encore  dans  le  petit  village  d'Ermont,  situé  dans  la  vallée  de  Montmorency,  el  je  l'ai 
lue  dislinctemenl  celte  année  à  Nanterre,  sur  le  fronton  de  l'église  de  la  bonne  sainte  Geneviève,  patronne 
des  Parisiens.  Dl'   MERS  AN. 


HYMNE    AL'KTRF,  SUPREME, 


Père  de  1  univers,  sviprèine  intelhQ;ence, 
Bienfaiteur  urnoré  les  avcuc^esraovtels, 
TuréTclas  ton  être  àla  ppconnaissancc, 
Qui  seule  éleva  tes  autel», 


Ton  teni-ple  est  sur  les  monts, dans  les  airs.sur  les  ondes  i 
lun  as  point  <Le pas  se  tunas point  dai  enu 
Jt  sans  les  occuper,  turemplis  tous  les  mondes 
urne  peuvent  te  contenu 


^^  V^- 


Tout  émane  ietoi.crrande  et  première  ca-ase; 
Tout  s'épuxe  auxrajDiis  ieta  âi-nnité; 
Sur  ton  aulleimmortel  lamorale  repose. 
Et  surlesTnœurs.laliberté . 

Pour  Tcno-erlevir    outrao-e  et  ta  g-loire  offensée 
liauœusteliterté,  ce  fléaia  ies  penrers, 
Sortit  aTaméme  instant  letaraste  pensée  , 
Avec  le  plan  àe  1  univers 


UicvL  pviissa.nt '.  elle  seule  a  Tetigé  tou injure  ; 
De  ton  culte  elle-même  instruis  éunt  le  s  mortels, 
Leva  le  voile  épais  ljvii  couvrait  la  nature, 
El  vint  absoudre  tes  autels. 


Otoi'  qui  dunéant  ainsi  (qu'une  étxnoelie, 
Fisjailhr  dans  les  airsl'aslre  éelatai\t  dujour; 
Taisplns.  verse  en  nos  cœurs  ta  sa(j-esseuiim.ortelle  . 
Kmbràse  -nous  de  ton  amour. 


DeJahame  des  rois  .inniic  la  Patrie, 
Chasse  les  vajiis  nesirs,    liuiuste  oeq^ueil  desrano's, 
I,c  luxe  oorrviplem-,  la  Viasse  ilatterae. 
Plus  fatale  queles  tvraiis. 


Dissipe  T105  erreurs,  rends-noiAsbons.reiicLs-novis  justes, 
liéo'ne,  rpQ'ne  aa-cLela  dixtout  lYLuiiitc  ; 
l.'neliaine  la  nature  à  tes  âéerets  auo-vistes. 
Laisse  àlhomme  salit  erté. 


PÈRE  DE  L'USIVERS ,  avec  accompaguemeut  de  piaco  par  il.  IL  COLET,  [irofesseur  d'harmonie  au  Conservatoire. 


Dessus. 


Haute  -  Comre. 


Taillé. 


^M=H 


Basse. 


PIANO. 


Laighetto 


Trèi  gracieux  et  religieux; 


^^^^^pi^ 


Pè  -  re  de   l'u  -  ni     -     vers,         su-prêmein  ■  tel -H 


-i — r 


tlZTE 


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^ 


Pè  -  re    de  l'u  -  ni    -     vers,  su-prêmein  -  tel  -  li  - 


&z 


^^^=^:^=,t^=^^^E^^^^ 


Pè  -  re    de  l'u  -  ni     -    vers,         su-  préme  in  -tel  -  li  - 


3E 


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Pè-re    de  l'u  -  ni    -     vers,         su  -  prêmein  -  tel  -  li 


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5 


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^f^g?=^ 


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^1 


ç 


-gen   -  ce.  Bien -fai- leur  i  -  gno-ré         des  a  -  veu  -  gles  mor  -  tels, 


Tu 


^ 


^^i^iî 


f — f     f      f-z^ 


^^ 


-y — r 


^ 


-  gen  -  ce,  Bien  -fai-teur  i  -  gno  -  ré        des  a  -  veu  -  gles  mor  -  lels, 


Tu 


Mz 


-^s^- 


g4=M^^^S?^^^ 


gen  -   ce,  Bien-faj-ieur  i  -  gno-ré        des  a  -veu  -  gles  mor  -  tels, 


^1^^^^^^^^ 


=^ 


ré  -  vë-las    ion     être     à    la     re-con-nais  -  saii 


ce,        Qui  seule 


^ 


S 


^^^=^u-mr-^-^=^^^^^^^^ 


'S±. 


3=3 


lé  -  vé-las    ion    êlre     à    la     re-  con-nais  -  san 


ce.        Qui  seule 


±ïTrn 


■à^ 


A    la     re -coii-iiais  -  san 


ce,       Qui  .seule 


e=i 


32: 


tti^ 


-■#     * 


A    la     re  -  con-nâis  -  san 


ce,      Qui  seule 


é  -  le  -  va     les     au  -    lels,     Qui  seule    é  -  le  -  va    les  au^  -   lels. 
<*      0 


^ 


: » » 1 9 f  f *  J      I— ^"'^ï^^^  — 


é  -  le  -va     les    au    -   lels,     Qui  seule   é  -  le  -  va    les  au    -    lels. 


=±^i?=iiz=i2 


é   -  le  -  va     les    au   -    lels,     Qui  seule   é  -  le  -  va    les    au   -    tels-. 


H~&~b^ 


3 


m 


é  -  le  -va    les     au    -lels,      Qui  seule    é  -  le  -  va    tes   au    -    tels. 


^P^^te=^M 


m 


-^^ϣ^^P^ 


-t^ 


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^ 


Gossec  a  composé  sur  ces  paroles  deux  autres  cliœurs  en  mi  b,  et  dans  la  mesure  a  quatre 
temps  ;  voici  le  commencement  du  premier. 

,        ,     ,  3IouveTiient  de  marche  animé. 

J^^^^^^^^^^^^eidu  2-  I^^SSE^t^^IIlLllI  tic. 

»^2 Pè  .  fe     de  Pu  -  Li    •   vers,  Que  boucharpro  lec  Uursu  vant 

10  D'abord  une  voix  chante  seule,  puisquatrc  voix  entonnent  lesquatre  parties,  et  enfin  vient  tout  le  cbœur. 


(procède»  de  Taistewsteiw  et  Cobdel,90,  rue  de  la  Harpe. 


i'jris.  Imi»  r.  de  F.  Locquim.  !6,  r.  iS.-U.  des  Vicloires. 


PROPHÉTIE  TUR^OTIWB 

PAR  LE  CHEVALIEK  DE  LISLE, 

AIR  r  î'alme  mieux  ma  Mie,  ô  gué!  ou  la  Bonue  Aventure. 


DESSINS     PAR     la.     KI'VOUII.OIÎ, 
GRAVURES  PAR  M.  LALLEMANP. 

Quoique  ovrangéc  avec  ûfrompnçiiumcnt  be  piano  pnr  iiT.  ^  CoUt. 


NOTICE. 

Si  nous  ne  croyons  pas  aux  Prophètes,  nous  sommes  cepeiidaiil  obligés  de  croire  aux  Propliélies  quand 
elles  s'accomulisseul  11  y  en  a  d'ailleurs  qui  sont  inspirées  par  des  pressenlinienls  dont  la  puissance  prend 
sa  source  dans  la  raison.'Toulc  chose  a  une  couséquencc  que  devinent  les  esprits  prévoyants,  et  le  Chevalier 
De  lisle  n'était  pas  le  seul  qui  eût  prédit  la  Uccotutiou  ùc  1781  Féiielon  écrivait  dès  iJlO:  fa  £uuxce 
rgt  uneuic.Uc  mafl)i.uqui  lui  encore  be  l'ancien  branle  qn'on  lut  n  Donne,  et  qnt  acl)a.cra 
Î.C  ee  briser  au  premier  cl)oc.  Mais  il  est  remarquable  que  le  Chevalier  De  Lisle  ait  fait  sa  l'rediclion 
avec  des  circonslanws  si  particulières ,  que  ceux  même  qui  la  préparaient  n'auraient  pas  osé  les  déduire  avec 
laul  de  précision.  Sa  Chanson  intitulée  propl)étte  £urgotine,  parut  en  1//7,  et  fut  regardée  sans 
doute  comme  une  plaisanterie.  Elle  était  dirigée  contre  les  (Êncvclopéi.etea  et  les  Cconomiatcâ  Ou 
sait  quelle  influence  exercèrent  par  leurs  écrits  les  premiers,  au  nombre  desquels  se  dislinguaient  Unierot, 
D'Alibert  Voltaire,  Rousseau,  et  tous  les  apôtres  de  cette  philosophie  qu'on  appela  celle  du  dix-huitieme 
siècle  On  aiipliqua  particulièrement  la  dénomination  d'économistes  aux  écrivains  qui  s  occupèrent  d  économie 
politique  sous  le  ministère  de  Turgot,  et  dont  les  principaux  étaient:  Slalesherbes ,  Raynal,  Mirabeau  père, 
Ouesnav,  Condorcel ,  Dnpont  de  I\emours. 

On  "trouve  dans  les  lettres  du  roi  de  Prusse  ces  mots  :  Selon  les  ENCmOPEDISTE^ ,  la  fronce  ôo.t 
beoenir  un  état  républicain.  Et  Luiguel  écrivait  :  Ces  E\C\CL0PED1STES  nous  ont  mis  a  la  i>e.  le 
be  uoir  renouoeler  be  nos  jours  les  querelles,  et  pcutètre  les  combats  bu  setjiemc  siècle. 
Turgot  qui  voulait  faire  une  révolution  par  les  lois  et  les  mœurs,  la  commença  par  des  réformes,  la 
corvée  fut'  convertie  en  argent,  les  droits  d'entrée  sur  les  objets  de  première  nécessité  furent  modères,  il 
simplifia  l'impôt ,  perfectionna  l'admiiiistratiou  générale  par  la  popularité  des  administrations  particulières, 
les  Jurandes  et  les  Corporations  qui  menaient  des  entraves  à  l'industrie  furent  abolies. 

Mais  les  gens  de  cour  ne  pouvaient  lui  pardonner  de  s'êlre  entouré  de  gens  de  lettres  et  de  philosophes. 
le  ridicule  est  la  monnaie  dont  on  paye  en  France  ceux  qui  veulent  faire  du  bien.  Ou  l'accabla  de  sarcasmes, 
on  inventa  de  petites  voitures  qu'on  appela  des  Surgotines,  et  de  petites  tabatières  auxquelles  ou  donna 

le  nom  de  ^Jlatitubes. 

Malesherbes,  dont  les  bonnes  intentions  ne  peuvent  êire  révoquées  en  doute,  écrivait  après  leur  disgrâce 

commune  :  â\.  turbot  et  moi,  étions  bc  fort  Ijonnètes  gens. 

Les  édits  que  lit  rendre  Turgot  excitèrent  cependant  l'enthousiasme  parmi  le  peuple ,  et  à  la  Chanson 

epigrammalique  du  Chevalier  De  Lisle,  nous  en  joindrons  une  d'un  esprit  tout  différent,  qui  fait  Feloge  du 

Ministre   et  celui  du  Monarque  dont  ou  appréciait  les  vues  bienfaisantes.  Elle  est  sur  le  même  air  que  1. 


Piopliélie  Turgoliiie.  On  la  douve  dans  le  .3'  volume  de  rÊepioii  iHigliiis,  et  dans  le  1"  des  (Eimciiniô 
bc  l'ùiUïc  iîlonîif,  1784. 

Ou  dit  que  le  ParlemeDl , 

D'uu  avis  coiilraire, 
Aux  vœux  d'un  Roi  bienfaisant , 

Etait  réfiaclaire. 
Du  pauvre  peuple  souffrant, 
Il  se  dit  père,  pourtant. 
Le  l)i>au  licliu  père,  ô  gué! 

Le  beau  fichu  père! 


Ënliu,  j'eus  vu  les  édits 

Du  roi  Louis  seize; 
Eu  les  lisant  à  Paris, 

J'ons  cru  mourir  d'aise. 
Nos  malheurs  sont  h.  leur  fin , 
Ça  chantons,  le  verre  en  aiain , 
Vive  Louis  seize,  ôgué! 

Vive  Louis  seize. 
2 
Je  n'irons  plus  au  chemin , 

Comme  à  la  galère , 
Travailler  soir  et  malin. 

Sans  aucun  salaire  ; 
le  Roi,  je  ue  vous  ments  pas, 
A  mis  la  corve'e  en  bas. 
Ah!  la  bonne  affaire,  ô  gué! 

Ah!  la  bonne  affaire! 


Il  ne  lient  qu'à  nous,  demain, 

Eu  toute  franchise. 
D'aller  vendre  bière  et  vin , 

Tout  à  notre  guise. 
Chacun  peut  de  son  métier, 
Viire  aujourd'hui  sans  payer 
Juré  ui  maîtrise,  ô  gué  ! 

Juré  ni  mailrise. 
6 
Je  suis  tout  émerveillé 

De  ceci,  compère! 
C'est  un  double  jubilé 

Que  nous  allons  faire. 
Hais  celui  que  uotre  Roi 
Nous  donne,  vaut  bien,  ma  foi, 
Celui  du  Saint-l'ère,  ô  gué! 

Celui  du  Sainl-l'ère. 


Qu'à  son  âge,  notre  Roi 
Paraît  déjà  brave  ! 
Il  veut  que  chacun  chez  soi. 

Vive  sans  entrave. 
El  que  j'ayons  tous  bientôt, 
lard  et  poule  à  notre  pot. 
Et  du  vin  eu  cave,  ô  gué  ! 
Et  du  vin  eu  cave. 

Le  Chevalier  De  Lisie  était  de  la  cabale  de  M.  le  duc  de  ChoisenI  qui  s'était  réunie  aux  ennemis  de  Turgol. 
Voltaire,  qui  était  en  correspondance  avec  le  Chevalier,  lui  écrivait  le  14  mars  1776  : 

3e  nous  ûDourrai  ouc  je  ne  suie  pus  tout  à  fait  ic  voUc  avis  sur  les  pvéfuecs  bee 
Ol&ita.  3e  {JCiir  me  tromper;  moia  elles  m'ont  paru  si  instruetiues  ,  il  m'a  pnru  si  benu 
qu'un  lioi  renîiit  raison  à  son  peuple  !)c  toutes  ses  résolutions,  j'ai  été  si  tourl]é  be  eettc 
nouDeaufr,  que  je  n'ai  pu  encore  me  livrer  à  la  rritique.  Ce  petit  roin  be  terre  que  j'ijabite 
n'a  rljanté  que  îles  TE  DEUM  îiepuis  qu'il  est  îréliuré  bes  Œorurcs,  îles  Suranbes,  et  bes 
Commis  i)eô  fermes. 

On  verra  dans  la  Chanson  du  Chevalier  De  LisIe  qu'il  prédit  l'abolition  des  privilèges  :  non  seulement 
•■elle  du  culte  catholique,  mais  même  le  calendrier  républicain,  où  les  noms  des  fruits  et  des  légumes  rempla- 
cèrent ceux  des  Saints.  Uous  uerrons  un  (Dgnou 
31  3c6U6  bamer  le  pion. 
Il  annonce  la  destruction  des  ordres  monastiques  et  l'apostasie  des  prêtres.  Enfin ,  dans  le  dernier  couplet, 
il  dit  expressément  :  iTe  Hoi  se  erovant  un  abus  ,  ne  noubra  plus  l'être.  31)  !  qu'il  faut  aimer 
le  bien,  pour,  iJe  Uoi,  n'être  plus  rien?  Il  est  à  remarquer  que  ce  passage  fait  allusion  au  mot  de 
Louis  XVI  à  M.  de  Malcsheibes  qui  lui  demandait  sa  démis.vion  :  €lue  tious  êtes  ijcureur  !  que  ne 
puis-je  m'en  aller  aussi.  Celle  idée  est  répétée  dans  Ca  Constitution  en  llaubeuille  deiîlarel^anî), 
où  l'on  trouve  le  couplet  suivant,  sur  l'air:  3ivcc  les  jcuï  ûans  le  oillage: 
Ce  Hoi  scro  le  Hoi  &e  ifranee, 
(Et  pourtant,  IL  KE  SERA  RIE\; 
iilnis  comme  une  ombre  be  puisaanre, 
îlu  moinbre  prince  sieî>  très  bien, 
®n  pourra  lui  laisser  par  grâce, 
(Ou,  pour  micur  Dire,  PAR  ABUS, 
Ce  liour  plaisir  ï)c  uoir  sa  face, 
(Empreinte  sur  tous  les  cens. 
Si  l'on  croyait  la  prophétie  faite  après  coup,  il  suffirait  de  renvoyer  les  lecteurs  à  plusieurs  ouvrages  où  elle 
fut  imprimée  lors  de  son  apparition;  le  plus  ancien  est  l'Cgspion  anglais,  où  elle  se  trouve  au  tome  3  de 
l'éililion  de  1779.  Elle  fut  mise  depuis  dans  les  actes  bes  apôtres  et  dans  plusieurs  recueils.  51.  Castel, 
d;ius  son  3ntl)ologic,  en  confond  maladroitement  l'auteur  avec  Rouget  de  LisIe,  auteur  de  la  iiîarseillaise, 
né  en  1760,  et  qui  aurait  ainsi  fait  cette  Chanson  à  17  ans! 

Le  chevalier  De  LisIe,  capitaine  de  dragons,  était  un  litlérateur  aimable,  qui  se  fit  un  nom  par  de  jolis 
couplets  et  des  noels  de  cour,  ce  qui  l'avait  fait  surnommer  De  Cislc-ltocb.  Beaucoup  de  facilité  et  nu 
talent  agréable  l'appelèrent  auprès  du  duc  de  Clioiseul ,  il  fut  un  des  familiers  de  la  maison  de  Rolian,  enfin 
il  fut  attaché  au  comte  d'Artois  (depuis ,  Charles  X) ,  qui  lui  avait  fait  une  pension,  et  auquel  il  légua  tons 
ses  manuscrits.  Il  mourut  eu  mars  1784,  et  ne  vit  pas  la  révolution  qu'il  avait  prédite. 

Dl  .MERSAiX 


PROPHÉTIES  TURGOTINES, 


Avec  accorapagoemeiil  de  piauo,  par  M.  H.  COLET,  professeur  il'lianiiouie  au  Coiiservaloire. 


Chant. 


PIANO. 


Allegro.  y{ 


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Vi-vent       lous    nos  beaux  es    -     prits       En  -  cy 


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clo-pé-dis       -      -  tes,         Du   bon  -  heur  fran-çais  é    -     pris,   Grandsé  - 


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fe^^-g^p^g^^^^ 


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-  co  -  no  -  mis    -    tes;    Parleurs     soins,  au    temps  d'A    •  dam,        Nous  re 


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-viendrons, c'est  leur     plan;  Mo-mus  les  assiste,  O     gué,  Mo -mus  les  as-sis 


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Jït'^?^ 


ll=~~i     *^     *l~~P~Z3Lll        é     â~ T? 


T^ 


(  Protédés  de  Tantenstein  et  Cordei,  90,  rue  de  la  Harpe.  ) 


Fin. 


Varis.  Imp  do  Pillct  llk  nini',  rup  (ir"^  Gr.-Aiigustins,  5. 


CHANSON  POPULAIRE  SIR  L'AIR  :  DANSONS  LA  CARMAGNOLE. 

CHAKTSOlff  PAR  DESPRÉAUX, 

AIR  Ile  la  Nouvelle  Bourbouuaisc  (gravé  dans  la  30^  Livraison). 


GRAVURES  :  1%  2'  cl  4'  plancuhs  par  M.  LALLEMAND.  —  3'  planche  par  M.  BOSREDON. 
iiluôiqitc  luiiuigée  pour  U  piano  pai  ill.  Sj.  (Eolct. 


NOTICE. 

la  Teneur,  arrivée  comme  une  Iroiiibe  i|ui  dévasle  loul  sur  sou  passage,  comnieiirail  à  èlre  \ieille  au  bout 
de  (jiialorzc  mois,  elle  s'élail  usée  vile  par  ses  excès,  eu  vain  ou  cliercliail  à  lui  reJouuer  une  vie  faclice.  La 
République  inveiila  une  parodie  des  ancieuues  mœurs  des  cbréliens,  pour  faire  suite  aux  parades  des  Grecs  cl 
des  Romains.  LA  GAMELLE  ou  Ica  ôunqucts  fi-ntcnub  devaient  rappeler  ces  J^ainprâ  qui  avaient 
pour  but  d'entretenir  cbez  les  enfants  de  la  primitive  église  la  concorde  et  la  fratrniijf. 

Dans  cet  enibousiasme,  dont  la  représentation  devait  avoir  lieu  en  plein  air,  les  babilantsdu  quartier  boueux 
de  la  Cilé  oublièrent  que  le  ciel  de  la  Grèce,  son  climat,  ses  maisons  de  marbre,  ses  jardins  de  lauriers  cl 
d'oliviers,  ses  portiques  et  ses  temples,  ne  ressemblaient  eu  aucune  façon  au  ciel  brumeux,  aux  baraques 
sales,  aux  ruelles  infâmes  des  environs  de  la  place  ilaubert.  et  aux  murs  noircis  de  la  paroisse  Sainl-Severiii. 

C'était  au  mois  de  juillet  1794  ,  l'élroite  rue  Saint-Jacques ,  longue  d'une  demi-lieue,  occupée  par  deux 
liles  de  tables,  représentait  une  immense  guinguelle  où  la  joie  populaire  s'exlialait  par  de  gros  rires  et  des 
cbanls  joyeux,  le  bruit  des  verres  et  de  LA  CARMAGNOLE,  le  cliquetis  des  assiettes  et  de  ÇA-IRA,  les  cris 
2{  boire!  et  Uiuc  la  République!  retentissaient  d'un  bout  à  l'autre. 

Le  3ournal  be  ^iJaria,  qui  avait  fait  le  premier  la  motion  de  cette  réunion  gastronomique,  en  lit  l'éloge 
d'une  façon  curieuse.  Suv  ces  tables  laccbémoiiiennes,  disait-il,  il  n'est  besoin  ni  îie  nappes,  ni 
ic  gciuiettcs,  ni  î)e  rien  qui  tienne  au  luxe:  Ira  mets  y  sont  ncrcssaivement  siniptis  : 
uu  morceau  îic  nianùe,  îies  légumes,  &u  fromage,  &u  nin,  un  peu  îi'eau  be  nie,  et  beaucoup  îie 
gaité,   noilà  en  quoi  consiste  tonte  lu  ^épense,  Des  lantpes  et  hes  cl)auî»clleô  éclairent 


eiiffiôamiutut,  dil-il ,  ft  si  l'on  en  manqiir,  Ifô  rfiifrbèifô  y  siipplfnit.  ijiuis  cet  rint  ^^ 
6impliritf,  bigiif  îie  l'dgc  b  ov,  rombieu  Ua  rccurô  eont  biapoBce  cj  la  fioternitf,  à  la  boiirc 
r^aliif,  et  mrme  à  l'amitic!  jCfs  pères  et  mhcs  attcubria,  au  milieu  be  leurs  enfants, 
toitiasent  aocr  bélires  bcs  premiers  fruits  be  la  Héoolutiou,  Icure  filles,  malgré  le  béfaut 
be  lumières,  y  ooyent  asse}  pour  lire  leur  bouljeur  bans  les  ytua  in  leurs  amants! 

Ces  fêles  républicaiDes  ne  furent  pourtant  pas  du  goût  de  laConvenlioii,  et  Barrère  s'écria  en  pleine  tribune  : 
3e  renba  justire  à  la  majorité  bes  ritopens;  mais  le  modéranlisme  pourrotl  être  soupeonué 
b'nooir  proDoqué  ees  banquets.  £e  rovaliste  y  étoit  oasis  près  bu  patriote  et  pourait  le 
corrompre.  île  peut-on  paa  croire  que  tel  qui  soupait  les  pieds  dans  la  croltc,  ooait  le  tocur 
0  Uienne  ou  a  Coblentj?  JDans  une  section,  les  mœurs  n'ont  point  gngué  à  cette  réunion. 
31  nienbra  sans  boute  un  temps  oit  ces  repas  alimenteront  les  affections  républicaines;  mais 
la  fraternité  n'est  pas  le  fruit  b'un  jour.  31  suffira  que  la  Conoentiou  aoertisse  les  bons 
ritovens  bu  banger  be  ces  banquets,  et  qu'elle  renooie  l'erécutiou  be  son  décret  moral  ou 
tribunal  rénolutionnaire  be  l'opinion  publique. 

Barrère,  qui  avait  de  l'esprit,  aima  mieux  tuer  dès  le  principe  celle  institution  qui  n'était  pas  née  viable, 
que  de  la  voir  mourir  d'une  apoplexie  foudroyante  de  ridicule. 

La  chanson  de  la  6amclle  courut  cependant,  elle  est  sur  l'air  de  la  Carmagnole,  que  nous  saisis- 
sons cette  occasion  de  donner,  car  notre  Recueil  ne  peut  pas  admettre  les  horribles  paroles  de  la  chanson 
originale,  qui  fut  l'accompagnement  obligé  de  tous  les  crimes  et  de  toutes  les  orgies  de  l'époque. 


-o^  e-^^®0®€^^-*  €^ 


Après  mille  modes  plus  singulières  les  unes  que  les  autres,  la  lin  de  la  Révolution  en  vit  éclorc  encore  une 
dont  l'école  de  David,  et  le  retour  des  artistes  à  l'élnde  de  l'anlique,  donnèrent  la  première  idée.  Les  femmes 
se  mirent  toutes  k  la  Grecque  et  à  la  Romaine.  Le  nu  se  dessina  sous  des  robes  légères,  collantes  et  irans- 
parenies.  On  oublia  encore  que  notre  climat  n'élait  pas  celui  de  la  Grèce  et  de  l'ilalie,  et  les  modes  d'Athènes 
amenèrent  à  leur  suite  celle  des  fluxions  de  poitrine,  qui  fit  passer  les  femmes  d'nn  excès  à  un  aulre.  Aux 
robes  de  fais  succédèrent  les  robes  à  la  Uicrge,  qui  dérobèrent  aux  yeux  toutes  les  formes  qu'on  leur 
avait  prodiguées. 

C'était  en  l'An  VI  de  la  République,  une  et  indivisible,  1796  vieux  slyle,  que  Despréaux  composa  sa 
chanson  (6race  à  lo  iilobe  ou  ta  Sans-(&éne,  qui  dépeint  à  merveille  le  coslume  du  temps.  Despréaux 
(Jean-Etienne),  était  né  en  1748;  fils  d'un  musicien  de  l'©péra,  il  fut  d'abord  danseur,  mais  une  blessure 
au  pied  lui  fit  prendre  sa  retraite  en  1781.  11  fut  ensuite  maître  des  ballets  de  la  cour  jusqu'en  1787, 
époque  où  il  épousa  la  célèbre  Guimard ,  qui  avait  cinq  ans  de  plus  que  lui ,  celte  union  dura  trenic  ans. 
Despréaux,  successivement  directeur,  puis  inspecteur  général  de  l'^pérn,  était  homme  d'esprit,  il  composa 
beaucoup  de  parodies  piquantes,  quelques  pièces  eu  sociélé,  au  @.l)éàtre  bu  Uaubcnitle,  beaucoup  de  jolies 
chansons  qu'il  a  publiées  sous  le  titre  de:  ifles  flassctcmps  (2  vol.  in-8',  Paris,  1806',  un  poème  sur 
l'an  de  la  danse.  Il  fut  membre  de  la  Société  bes  Uiners  bu  Uaubeoille.  Il  mourut  en  1820.  On  pré- 
tend que  ce  fut  à  la  s^ile  d'un  dincr  du  (Eaoeau  iHobcme,  oit  il  éprouva  une  vive  émotion,  en  enleiidant 
au  dessert,  les  jeunes  chansonniers  lui  décerner  une  espèce  d'apothéose,  en  chaulant  ses  plus  jolies  chansons. 
Ce  serait  ce  qu'on  peut  appeler  mourir  de  plaisir. 

Dl]  MERSAI 


•âS-<:-4: 


Sfl-v  e/. -^  0 II. s  p OUI  f^vioi  1rs  Kon\a 

Anns,  iVen  Aoui<'7.  y>as, 
C'est  qiip  ro.s  iiors  »uld:Ais 
?'lATi<i;caiciit  à  la  (vaniollc. 

Vi^o  le   s..a,(-Ti- 

lli.-ulMl   U-s  lnM,j^-ands  vovivonm 

Mimi-nus  de  faim. -proscrits, berin 

Viint  envior  létal 

Duplus  pauv.'.'  solilat 

()i\i  iiu-ing.-  à  U  .i-anidlc. 


(iR   tainlia (>nu(»is  sj  louons 
\  ("apoiir  ont  lait  Vs  capftns 
S'ils  ont  rie  vftiuru.s 
CcM  i]ii'ils  ne  Aaio'uaiiMii  ^il 
Maniii-i'  à  la  (i-aiurUf. 
"Vn.-   h-  .-ronilr  . 

Ali 'sils  avaient  le  aens  oomi 
Tous  Icx  jieiiplc(>.n'cn  fwaient  iju' 
l.oiu  de  i!ï*o>ili''c<^'o'rQ;eiv 
lu  vieinU'MPnt  tous  lUMn;- 
Alaii\éiuc  QjajncUe. 


-r-Sc  <*ïe  3o  rJSaitvfyi!/^  _ 


/ 


Grai'p  a  la   modo. 
,,Ûn   lia  plus  .iCrset        h 
Ui!  i)U   .-V-st  ommode 
Oii  II' A  plus  tVi-oi-fot 
("fsl  pins  toi  l'nit  . 

(ii-iico  a  la   in.uU- 
L'n      chenus    suU'it     lus 

Ah  '  <jii  f  ost  coiiiinode 
Un  ■   cliemis   siitrit. 

(■  csl  Unil  (.rofit , 


"/'(turbin  .a»  .S.  rMaSifaS^Hrj 


LA    GAMELLE, 


Avec  acconiiiagiiement  de  piano,  par  M.  II.  COLET,  professeur  iriiarmouie  au  Coiiservaloire. 


Chant. 


Allegro. 


y{ 


PIANO. 


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^  l'rocédés  de  Tantenstein  et  Cordel,  90,  rue  de  la  Harpe.) 


Paris,  linp.  de  PilliM  lilsainé,  me  rieiCr.  Auyiistin.- 


cii%M!io:v  de:  cuasse, 

AIR  DE  COR. 


GRAVURES  :  1"  ET  4"=  plancuks  par  M.  MONIN.  —  2*  ht  3^  planches  par  M.  KOLB. 
ill«9ii]uc  arrnugcf  nuec  ai-rompogiifinfiu  îif  pinno  )jiu  Sï\.  Sf.  dolet. 


NOTICE. 

Celle  Ciian'^on  de  (liasse,  faile  ni  1/70,  pour  le  diâleaii  Je  la  Drosse,  qui  a|iparloiiail  au  duc  de 
SlonlDioreiify,  csl  de  JI.  îlan'on  Du  Jlcrsan,  qui  élail  |ioète  pour  sou  seul  plaisir,  il.  Du  llersaii  a  signé  peu 
de  ses  ouvrages,  el  cepeudaiil  queli|ues  unes  de  ses  poésies  fugitives  cul  eu  dans  le  monde  beaucoup  de 
succès.  On  en  trouve  plusieurs  dans  r.aiinaiuul)  &r3  illuâfs  el  dans  le  incrnirc,  depuis  1770 
jusqu'en  1789.  Lorsque  le  couile  de  Sainl-Gerniaui  fut  tiré  de  sa  reiraile  pour  être  mis  à  la  lèlc  du 
département  de  la  guerre,  peu  de  temps  après  ra\ènemenl  de  Louis  X\l,  il  courut  une  Cliauso»  qui  eut  une 
grande  ^ogue,  cl  qui  commence  par  ces  vers,  sur  l'air  du  Menuet  d'Evaudel: 

Saiut-6cvinain , 

Des  bcmain , 

3c  m'cngngf  ;  kc. 
Elle  fut  insérée  dans  tous  les  recueils  du  temps:  on  la  trouve  entre  autres,  dans  les  llémoires  secrets  de 
BacliaumonI  et  dans  la  Correspondance  de  Metra ,  mais  sans  uom  d'auteur.  J'en  ai  le  manuscrit  autographe 
ainsi  que  celui  d'une  autre  Chanson  qui  fil  beaucoup  de  sensation  au  commencement  de  la  révolution ,  el 
qui  se  trouve  dans  les  Actes  des  Apôtres:  elle  csl  sur  le  même  air. 

6uiUotiu, 

[Jolitiquf, 
3miiçiinc,  un  beau  mutin, 
(ûuc  pcniirc  tôt  inljiuuijiii 
(Et  pat  putriotiquf,  &c. 

M.  Dn  îlersau,  né  à  IVilliac,  près  de  Ploermel,  en  1718,  en  pleine  régence,  était  un  de  ces  honimes 
aussi  modestes  que  spirituels,  qui  allachenl  peu  de  valeur  aux  légères  productions  de  l'esprit,  el  qui  n'en 
font  que  le  délassement  de  leurs  travaux  el  le  charme  de  leur  société.  Ses  longs  voyages ,  ses  missions 
importantes  dans  l'Inde,  où  il  avait  été,  eu  1750,  commissaire  général  de  l'armée  française  el  agenl-géucral 
de  la  France  dans  :e  Deklian,  lui  faisaient  mettre  peu  de  prix  à  des  bagatelles  que  sa  plume  jelait  avec  luie 
glande  facilité.  [Voyez  la  iniiuc  Cittcraivc ,  par  Qnerard.)  L'air  de  cor  sur  lequel  cette  Chanson  a  été 
composée,  avec  le  refrain  2.ontanic,  tonton ,  est  liés  ancien,  c'est  une  jolie  fanfare  sur  laquelle  il  parait 
que  des  [laroles  avaient  déjà  été  faites;  el  il  faut  croire  ([ue  ces  paroles  él  ienl  des  préceptes  à  l'usage  di'S 
chasseurs,  puisque  le  timbre  de  l'air  porte:  (Êcoiitcj  Ica  vcglra  anrrinrtfa.  Je  ne  connais  à  ce  dernier 
mol  qu'une  rime,  celle  de  biatinrtcs,  qui  fait  supposer  encore  plus  que  la  Chanson  etail  une  instruction 
éleinenlaiie:  nous  n'avons  pu  la  retrouver  uulle  part.  A  la  Chanson  si  connue  de  ill.  Du  Mrrsan ,  que 
nous  donnons  d.ms  cette  livraison,  nous  en  joindrons  une  fort  spinlnelle,  moins  ancienne,  piiis|iiVlle  date  de 
germinal  an  IX  (mars  et  airil  180!)  Elle  est  de  Philipponla-Uadelaine,  el  insérée  dans  le  joli  recinil  des 
DnuTâ  ou  Uiuibruillf ,  dont  l'auteur  de  celte  Chanson  était  un  des  convives,  comme  il  é:ail  i.n  des  plus 
spirituels  soutiens  de  ce  llieàlrc,  que  l'on  appelait  encore  alors  la  ûoitr  à  l'câpvit.  i\ous  prolilons  de  cette 
occasion  pour  réparer  une  omission ,  el  apprendre  à  nos  ledeurs  que  la  Chanson  de  la  Û\h(  CJontrinpiî , 
que  nous  avons  donnée  d.ins  noire  55"  li\ raison,  est  de  cet  aimable  chansonnier. 

Philij)pon-la-.Uadelaine,  alors  âgé  de  C5  ans,  av..it  toute  la  viucitédela  jeunesse,  cl  une  grâce  dont  tous 


sfs  ouvrages  poik'iil  IVmpreiiile.  (1  ne  uifiuriil  quoii  Î8I8,  âgé  de  84  ans,  el  siiiis  avoir  jamais  ou  JViincraw, 
parce  qu'il  ne  s'élail  jamais  permis  aucune  épigramrae  directe,  aucune  personnalité.  Il  avait  conservé  jusqu'à 
ses  derniers  moments  sa  gailé,  sa  douceur,  sa  sensibilité,  son  Jiymeur  égale,  son  caractère  obligeant  el 
aifectueux,  cl  tout  le  charme  de  l'ancienne  urbanité  française.  Cet  éloge  pmt  convenir  également  à  l'auicur 
de  la  première  Chanson,  qui,  par  un  rap|irocli<>menl  assez  singulier,  est  mort  précisément  au  même  âge. 
Tous  deux  ont  prouvé  que  l'esprit  ne  vieillit  jamais,  surtout  quand  c'est  du  bon  esprit.  L'auteur  de  celte 
Notice  est  heureux  de  pouvoir  consacrer  quelques  lignes  à  la  mémoire  de  deux  vieillards  dont  l'uu  fut  sou 
père,  el  doDl  l'autre  l'honora  de  son  amitié.  Ce  fui  encore  au  même  âge' que  la  muse  chansonnière  perdit 
laujon ,  que  j'ai  entendu  dans  nos  réunions  épicuriennes  chauler  les  jolies  productions  de  sa  jeunesse ,  avec 
«ne  grâce  et  une  gaité  que  les  années  n'avaient  pu  éteindre.  Tant  il  est  vrai  qu'une  conscience  pure,  une 
gailé  douce  qui  pari  du  cœur,  sont  des  brevets  de  longévité. 

Qu'il  me  soit  permis,  à  ce  propos,  de  conter  un  fait  qui  frappa  mon  imagination  si  vivement,  qu'il  m'esl 
encore  présent  au  bout  de  trente-deux  ans.  Je  passais  le  pont  des  Arts,  el  je  vis  venir  devant  moi  deux 
personnes  qui  sortaient  de  rinstilut.  Dans  l'éloiguemenl,  je  distinguai  un  vieillard  qui  s'appuyait  sur  le  bras 
d'un  jeune  homme.  Ce!ui-cj  avait  une  allure  vi\e  el  fringante,  il  marchait  légèrement:  mais  il  semblait 
ralentir  son  pas  pour  s'accommoder  à  la  faiblesse  de  celui  qu'il  soutenait,  et  dont  la  démarche  était  tremblante 
et  maladive.  Ces  deux  personnes  s'avançaient,  el  quand  je  me  trouvai  près  d'elles,  je  vis  que  le  vieillard 
était  Chénier,  âgé  de  46  ans,  et  le  jeune  homme  Laujon,  qui  en  avait  84. 

De  ma  vie  je  n'oublierai  ce  contraste. 

La  carrière  agitée  de  l'homme  politique  avait  usé  le  poêle,  qui  portait  sur  sa  figure  atlristée  les  traces  de  la 
mélancolie  profonde  qu'y  avait  imprimée  la  rolomiiic,  dont  il  avait  cependant  si  noblement  repoussé  les 
traits  dans  une  belle  et  noble  épîlre.  L'indigence  pesait  aussi  sur  la  tête  de  l'anleur  de  Cfjarlcs  IX  el  de 
irriiflon.  Il  était  prêt  à  dire  ces  paroles  qu'il  envoya  à  Napoléon  lorsqu'un  officier  du  pabis  lui  apporta  le 
premier  quartier  de  la  pension  que  lui  envoyait  le  tardif  souvenir  de  l'empereur:  2lllff  birc  à  notre  maître 
qu'il  a  le  roup  û'ivil  juste,  et  que  gcô  funeure  ne  me  seront  poa  longtrmpa  uéeesanires. 

Laujou  aussi  était  peu  fortuné,  il  n'y  avait  que  quatre  ans  qu'on  lui  avail  permis  ^e  passer  par 
l'3nstitut,  comme  l'avait  dit  Delille  en  lui  donnant  sa  voix. 

Tous  deux  s'éteignirent  la  même  année,  et  Chénier  devança  de  six  mois  Laujon  qui  avait  38  ans  de  plus  que  lui. 

Après  celle  digression  que  m'a  suggérée  le  souvenir  de  mes  trois  vieillards  chansonniers,  je  reviens  à  celui 
qui  a  survécu  aux  deux  autres,  el  je  terminerai  ma  Solice  plus  gaiment,  par  la  jolie  Chanson  de  Philippou- 
Ij-Madelaine. 


Chacun  de  nous  a  sa  folie  : 
Sloi,  la  chasse  est  ma  passion , 

Tonton,  lonlon,  tontaiue  toutou. 
C'est  un  plaisir  (|ue  je  varie. 
Suivant  le  lieu,  l'occasion , 

Tonton,  tontaiue,  lonlon. 

Tantôt,  les  perdrix  dans  la  plaine, 
Tombenl  sous  mes  coups  à  foison , 

Tonton,  &c. 
Tantôt  la  trompe  au  bois  m'entraîne: 
Tout  gibier  me  plait ,  s'il  est  bon , 

Toulon,  ic. 

Dans  les  vignes  du  vieux  Silène , 
La  chasse  est  de  toute  saison , 

Tiinlon,  d'c. 
El  le  plaisir  passe  la  peine, 
Car  on...y  laisse  sa  raison , 


fiuelqiicfois,  je  vais  au  Parnasse. 
Mais  hélas!  depuis  qu'Apollon, 

Toulon,  h. 
N'a  plus  le  goûl  pour  garde-chasse, 
Son  domaine  est  à  l'abandon  : 

Toulon,  &c. 

Sur  les  terres  de  la  fortune , 
Le  chasser  n'est  plus  aussi  bon , 

Tiinlon,  &c. 
La  chasse  au  vol  est  trop  commune , 
Depuis  dix  ans,  dans  ce  canton  : 

Toulon,  &c. 

J'aime  à  braconner  à  Cylhère: 
Mais  du  cor  j'adoucis  le  son , 

Toulon ,  &c. 
Les  Oracis  ne  se  prennent  guère, 
Dan3  les  filets  du  fanfaron , 

Toulon,  loutaine,  lonlon. 


Tonton,  &c. 

Nous  rappellerons  ici  une  troisième  Chanson  sur  le  même  air,  que  tout  le  monde  connaît  el  a  retenue, 
celle  de  Déranger:  ;aUons  eljasscurs,  utte  en  fompnçine.  J'ai  fait  comme  un  chasseur  qui  s'égare  en 
poursuivant  le  gibier:  miiis  je  crois  avoir  rencontré  en  route  des  épisodes  qui  ne  sont  pas  sans  inlérêt.  C'est 
quelquefois  par  hasard  que  l'on  fait  bonne  chasse.  DU  MERSAIV 


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_^!/!^J^Lkir-.ùt  aJpiié  Sa.  r.Mat^Lx&^tsriî 


TOiM'AlIVE,  TOKÎON,  avec  accompagncmenl  de  piano,  par  M.  D.  COLET,  |;rofcsseur  d'iiaiinoiiie  au  Conservatoire. 


AUesvo  moderato. 


jiuesro  moacraio.  f  „ 

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rTrocedés  de  Taiitoiiblcin  et  Cordel ,  Ou,  rue  de  la  Harpe.) 


Pa  ris,  impr.  de  Pili.et  f:i  f  AlNr,  ruo  des  Grands- Augustin^,  5. 


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