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THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY
REFERENCE DEPARTMRNT
Thîs book is uadcr no circiimstaiicea to be
taken from the BLiîJdinâ
M't
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X.'TVt^
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CHEFS-D'ŒUVRE
DS
JEAN RACINE.
PBSPABED
FOE THE USE OF COLLEGES AND SCHOOLS;
WITH EXPLANATORY NOTES AND RSFBRENOXS
TO THE "'SEW FB£HGH METHOB,**
BT
LOUIS FASQUELLE, LL.D.,
pBorassoB or xossbit lakouagkb aku LinBATcrBB, ur ihs irinrxBSiTT or nomoiv,
COBBBBPOKDINa KEKBBB OF TKBKATIOKAI. IMVTIÏUTB, AVTHOB Of "▲
XtM KBTHOD or LBABWIKO TBX FBXirCH LAXqaAGB/' "TBS
COLUWJUJé FBBKOH BXADXB," àC. .
NEW YORK:
IVISON & PHINNEY, 321 BROADWAY.
CHICAGO: S. 0. GRIGOS & CO., 111 LAKE ST.
BTJTFAL : PHINNIT A CO. CUtClNNATI : XOOBE, WHSTACH, XXTB * 00. '
FHXLADXLPHIA : 80WEB A BASNBS. DETROIT: HOBBB * SXLLBOK.
MEWBUBG : T. 8. QTTACEENBUBH. AX7B17BN : BEYMOXJB êê 0O«
1856.
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11EPAI««°- 5T 84 W
THE N. 'V YCR/
TAD&N FOUNL>ATION^
iWUd
Entered, aooordlng to Aet of Cougreas, in the year 1868, bj
IVISON A PHINNEY,
In the Clerk*s Office of fhe District Conrt of the United Statee for
the DlBtriet of Hiehigan.
STXRXOTTPXD BT
THOMAS B. SMITH,
82 & 84 Beekmui 9t N. T.
PRINTZD BT
J. D. TORREY,
16 Spnioe Street
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CONTENTS.
P4ai
NonoB BUA BACcn 6
i
Les Plaideubb -. 7
{ Androuaqus. 67
\ ^
j IpmGÉNiz. 130
(
f EsiHXB. 198
lA Athaux. 248
i ^
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' I
PREFACE.
An édition of the Chefs d'œuvre of Racine, with Explanatory
Notes and Grammatical Références, is hère offered to the American
. student The want of such a book has long been felt by the instructor
and pupil.
The références in this, as in the editor's other reading books, are
made to his "New French Method," a work which, in littie more
than fonryears, has already passed through thirty-three large éditions.
The dramatic compositions of Racine contained in this volume are;
Les Plaideurs^ And/romaque, Iphigéme, EstJier, Athalie. The first of
thèse, Les Plaideurs^ the .*ily comedy written by Racine, makes us
wish that the author had done more in this department This gem,
an imitation of the Wasps of Aristophanes, far surpassing the original,
has not hitherto been placed in the hands of the student on account
of the peculiar difficulties of its style and of the numerous proverb^if
expressions and allusions which it contains. The notes, therefore,
will be found much fuUer in this play than in the others which offer
less diffîculties.
L.R
UNIYXBBITT of MlOHiaAK,
Ann Arbor, April, 1860.
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NOTICE SUR RACINE.
Jkan RAaNB naquit à La Ferté Uiloni le 21 décembre 1639 ; il apprit
le latin au collège de Beanvais, et le grec sous Claude Lancelot* Après
un an d'études, il comprenait Euripide.
A peine Racine eut-il achevé sa philosophie, qu*il débuta par une
ode intitulée la Nymphe de la Seine. Cette pièce fut donnée^ en 1660,
à Toccasion du mariage du roL Chapelain, que Racine avait consulté
sur son ode, en parla si fayorablement à Colbert, que ce ministre en-
voya cent louis au poète de la part du roi, et le mit bientôt sur l'État*
pour une pension de six cents livres.^
L'étude épineuse de la jurisprudence et de la théologie contrariait
trop le goût dominant de Racine pour qu'il pût se résoudre à suivre
Tune ou Tautre carrière, comme ses parents le désiraient Cependant,
par déférence pour un oncl^ qui voulait lui résigner son bénéfice,^ il
s'appliqua à la théologie. "Je passe mon temps," écrivait-il à La Fon-
taine, "avec mon onde, saint Thomas, Virgile et l'Arioste." De retour
à Paris en 1664, Racine y connut Molière. La même année il se lia
avec Boileau, «t ce dernier commerce d'amitié dura sans interruption
jusqu'à la mort de Racine.
Alexandre fut joué en 1665. Corneille, à qui Racine l'avait lu, lui
dit "qu'il avait un grand talent pour la poésie, mais qu'il n'en avait
point pour la tragédie." Ce qu'il a dit avec quelque raison à'Alexan*
dre, Corneille ne l'eût certainement pas dit d^Andramaquef qui fut jouée
deux ans après. Andramaçite excita 1$ même enthousiasme que le Oid,^
et ne le méritait pas moins. Un fait assez singulier, c'est que dans le
privilège^ de VAndromaque on donne à Racine le titre de prieur^ de
ï'Épinay; mais il n'en jouit pas longtemps: le bénéfice lui fut disputé,
et il n'en tira pour tout fruit qu'un procès qui ni lui ni ses juges n'en-
tendirent jamais, comme il le dit dans la préface des Plaideurs, dont ce
procès fut l'occasion. En 16*73, il fut reçu à l'Académie française en
remplacement de La Mothe Le Yayer. Quelques années après, il fut
nommé avec Boileau historiographe du roi.
La religion finit par éteindre en lui la passion des vers et de la gloire,
mais sans affaiblir son talent. Douze années presque uniquement con-
sacrées aux devoirs de la piété ne lui avaient rien fait perdra de son
génie; on peut s'en convaincre par les deux dernières pièces qu'il fit»
à la sollicitation de madame de Maintenon, pour les demoiselles de
Saint-Cyr.' JBvther fut représentée par les jeunes pensionnaires de
cette maison, que l'auteur avait formées à la déclamation. Madame
de Sévigné mentionne les applaudissements que reçut cette tragédie,
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Tl rOTXOB.
qu'aile appelle un chef-d'œuvre de Rtuinê, ''Ce poète s'est surpassé» dii-
^e: tout est beau, tout est grand, tout est 6erit arec dignité." Deux
ans après, Racine traita dans les métnes ynes le snjet d^Athaliê, Mais
le long silence qn*il B*était imposé, et qui aurait dû loi faire pardonner
sa réputation, n'avait pu encore désarmer renrie: on parvint à jeter
dans l'esprit de madame de Maintenon des scrupules qui firent sup-
primer les spectacles de Saint-Cjr, et Athalù n'y fut point représentée.
Racine la fit imprimer en 1691, mais elle trouva peu de lecteurs. On
se persnada qu'une pièce faite pour des enfjsnts n'était bonne que pour
eux. Racine^ étonné que le public reçût ce chef-d'œuvre avec indiffé-
rence, s'imagina qu'il avait manqué*" son sujet, et il l'avouait sincère-
ment à Boileau, qui lui disait : '* Je m'y connais» et le public y revien-
dra." On sait si la prédiction de Boileau s'est accomplie. Cette in-
justice du public détermina enfin Racine à ne plus s'occuper de vers et
à renoncer pour jamais au théâtre. «
L'extrême sensibilité de Racine abrégea ses jours. Il avait fSût» dans^^
les vues de madame de Maintenon, et pour répondre à la' confiance
qu'elle lui témoignait» un projet de finances dont l'objet était de pro-
poser un plan de réforme et de législation qui pût soulager la misère
du peuple. Louis XIY surprit" ce projet entre les mains de madame
de Maintenon, et blâma hautement le zèle inconsidéré de Racine.
*' Parce qu'il sait faire parfaitement des vers, dit le roi, croit-il tout
savoir f et parce qu'il est grand poète, veut-il être ministre f " Madame
de Maintenon fit dire â l'autear à*Atkaiie de ne pas paraître â la cour
jusqu'à nouvel ordre.' ^ Dès ce moment Racine ne douta plus de sa dis-
grâce. Accablé de mélancolie, il retourna quelque temps après â Ver-
sailles ; mais tout était changé pour lui, ou du moins il le crut ainsi, et
Louis XIY un jour ayant passé dans la galerie sans le regarder. Racine,
qui n'était pas» dit Voltaire^ aussi philosophe que bon poète, en mourut
de chagrin le 21 avriM699, après avoir traîné pendant Un an une vie
languissante et pénible.
Voltaire (et-la France fait comme lui) regardait Racine comme le
plus parfait de tous nos poètes. Il en parlait même avec tant d'enthou-
siasme, que, quelques-uns lui demandant pourquoi il ne faisait pas sur
Racine le même travail qu'il avait fait sur Corneille :^^ "Il est tout
fait» répondit Voltaire; il n'y a qu'à^^ écrire au bas de chaque page:
Beau» TàxaknQvt, habmonixux, bublocx."
1 la tb« ibnnsr proyinoe àt la Brie, tbe présent départaient of UAIsae.'^) The
leemed aeorlstaa ùt Port-BojàL-^ Tlie pension ltst-4 Franck^-C Xivlng.-»6 11m
niaeUr^4ece df CoraoflI«.^T lioenie to priat--8 Prtor.*9 ▲ seheol ettsbHehad by
M"M de MeiateBon, Ibr the dangliten of peor i>eblenieB.««10 lfsQqiiA»>MML-41 A>
eoidin^ ta^lS Saw sceidentaUy.— 18 Until hebesrd Arom her asaln.— 14 Yottaire
bas imitten veiy coplou sod valaable oozomentarioe on Corneille.— 16 We bave only
towiitsb
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LE S PLAIDEURS,
COMÉDIE,
ACTEURS.
Damdin, jngeu
LsAiTDBB, filB de Dandin,
Ghxoahbau, bourgeois.
TnAiiET.Ti^ fille de ChicaneaiL
La. CoxmflB.
PniT JxAir, portier.
L'mnMx, secrétaire.
Lb SoiTlflXOB.
La ëdtn est dans vus villb dx Basbb-Nobmamsi&i
ACTE PREMIER.
SCÈNE I.
PETIT JEAN, traînant un gros sae de procès» 2
Ma foi ! sur l'avenir bien fou qui' se fiera.
Tel' qui rit vendredi, dimanche pleurera. 4
Un juge, Tan passé, me prit à son service ;
Il m'avait fait venir d'Amiens pour être suisse.*
Tous ces Normands voulaient se divertir de nous :
On apprend à hurler, dit l'autre,* avec les loups. 8
Tout Picard que j'étais,' j'étais un bon apôtre,^
Et je faisais claquer mon fouet tout comme uu autre. 10
Tous les plus gros messieurs me parlaient chapeau bas ;"
Monsieur de' Petit Jean, ah ! gros comme le bras. 12
Mais sans argent l'honneur n'est qu'une maladie.
Ma foi ! j'étais un franc portier de comédie :" 14
On avait beau^* heurter et m'ôter son chapeau,
On n'entrait point chez nous sans graisser le marteau.^' 16
Point d'argent, point de suisse ; et ma porte était close."
Il est vrai qu'à monsieur'* j'en rendais quelque diose : 18 '
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8 LX8 PLAIDEURS.
Nous comptions quelquefois. On me domuût le solo
De fournir la maison de chandelle et de foin : fl
Mais je n'j perdais rien. Enfin, yaille que vaille/*
J'aurais sur le marché*' fort bien fourni la paîUe. - 4
CTest dommage :*^ il avait le cœur trop au métier ;
Tous les jours le premier aux plaids,'* et le dernier ; 6
Et bien souvent tout seul, si l'on" l'eût voulu croire,
n s'j serait couché*' sans manger et sans boire. 8
Je lui disais parfois : Monsieur Perrin Dandin,
Tout franc,** vous vous levez tous ;lea jours trop matin. 10
Qui veut voyager loin ménïfge'sa monture :
Buvez, mangez, dormez, et faisons feu qui dure. 12
Il n'en a' tenu compte.*' Il a si bien veillé
Et si bien fait, qu'on dit" que son timbre est brouillé.'* 14
Il nous v^itt tous juger les uns après les autres.
Il marmotte toujours certaines patenôtres" 16
Où je ne comprends rien. Il veut, bon gré, mal gré,"
Ne se coucher qu'en robe et qu'en bonnet carré.'^ 18
Il fit couper la tète à son coq^ de colère,
Pour l'avoir éveillé plu^ taird^qu'à J'ordinaîre; 20
n disait qu'un ]plai'cfeur dont Tafifaîre allait mal
Avait graissé la patte" à ce pauvre animal. 22
Depuis ce bel arrêt,*' le pauvre homme a beau faire.
Son fils ne soufire plus qu'on lui parle d'affaire. 24
n nous le fait garder jour et nuit, et de près ; '
Autrement, serviteur, et mon homme est aux plaids. 2^
Pour s'échapper de nous, Dieu sait s'il est allègre.
Pour moi, je ne dors'* plus : aussi je deviens maigre, 28
C'est pitié. Jepa'étôuds, et ne fais que bâiller.
Mais, veille qui voudra, voici mon oreiller. 80
Ma foi ! pour cette nuit il feut que je m'en donne."
Pour dormir dans la rue on n'offense personne. 32
Dormons. Il se cottche pca^* terre,
Notes and BsrsBxvcaEB.— '' Baase-Normaadio» Lower Normandy,-^
' See FA8Q17XLLE8 FuENGB MxTHOD, Section 89, Baie (5).— ^ M. (M»<-
» thod), § (Section) 41, R. (Rule) (12).— < Suisse, poHer, On the conti-
nent of Europe many porter» were formerlj natives of Switzerland;
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&CTE I, 8CÈKX III. 9
henoe the above meaidiig of the word. In the iVth linc^ thé ftaniliaT
proverb Point d*argent, point de Suisse, (often équivalent to the trÎTial
English proverb No longer pipe, no longer danee) very bappily pnt by
Racine in the mouth of Petit Jean, allndes to the well known fÎMSt that"
the Swiss troope» formerly in the service of eeveral Eoropean sove-
reigns, considered themselvcB at liberty to leave, the moment they
ccased to be paid ponctaally. — ' Dit Tautre, U it taid^ oê ikê §aying ml
— > Tout Picard que j'étais, although Iwom a Picard. The natives of
Picardy are said to be simple and peaceable, those of Normandy astnte
and litigions. — ^ J'étais un bon apôtre, /tww no êimpleton. — 8 Chapeau
bas» trith their haU off, — > Monsieur de Petit Jean. The préposition
de prefized to a French name, like the German von, often indieates no-
bility. — »o Comédie, théâtre. — " M. L. (Lesson) 67, Rule 1. — »» Graisser
le marteau, giving a fee to the porter, — ^3 From ehre, M. page 862. —
^* Monsieur, my nuuter. — '^ Vaille que vaille, every thing canêidered.
— '• Sur le marché, into the bargain. — ^^ C'est dommage, the pity û. —
M Aux plaids, in court.—'' M. § 41, R. (6).—» M. L. 87, R. 6.—" Tout
franc, the truth iê. — ^* H n'en a tenu compte, he took no notice o/ii ;
UteraUy, he mode no account of it. — ^ M. L. 85, R. 1, 2. — m gon tim-
bre est brouHlé, his head is not right ; timbre is the bell or striking part
of a dock. — «s Patenôtres, indistinct ieords. — «• M. L. 88, R. 6. —
S7 Judges and advocates, in France, wear in court, gowns and caps
with square tope. — ^ Graissé la patte, bribed, feed. — » Arrêt, judg-
ment — ^ M. page 868. — '^ Il faut que je m'en donne^ / muet indulge
^y^dft ^àke eomfort. — >> Par terre^ o^ the ground.
SCENE II.
L'INTIMÉ, PETIT JEAN. 2
l'intimé. ^
Hé ! Petit Jean ! Petit Jean ! 4
PSTIT JEAH.
Vhtimé I 6
A part,
U a déjà bien peur de me voir enrhumé. 8
l'intimé.
Si matin que &is-tu dans la rue ? 10
petit jxjln.
Est^ qu'il &ut toujours fiûre le pied de grue,' 12
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10 LBB PLAIDEURS.
Garder toujours un homme, et Tentendre crier ?
Quelle gueule !* Pour moi, je crois qu'il est sorder.' 2
l'intimé.
Bon! .4
PETIT JEAN. 't
Je lui disais donc, en me grattant la* téie, 6
Que je voulais dormir. " Présente ta'requête " '^
Comme* tu veux dormir," m'a-t-il dit gravement. 8
Je dors en te contant la chose seulement
Bonsoir. 10
l'intima.
Comment, bonsoir î 12
Mais j'entends du bruit au-dessus de la porte.
Nom AHD RzRBSErooBk — 1 Faire le pied de grae, wait in thâ êomu
placé; (like the foot or post of the crâne ueed for raiaing bardens). —
* Gueule, lungt; literally, the mouth of an animal, — ' Sorcier, heufiteh-
ed; literally, a ioreertr. — * M. L. 68, B. 5. — > Comme, tlatin^, whereat.
SCENE III.
DAimiK, LTSrmSÉ, PETIT JEAN.
DANDiNy à lajmêtre.
16
Petit Jean! l'Intimé!
L'iNTiMit, à Petit Jean,
18
^ Paix.
. f DANDIN.
20
Je suis seul id.
Voilà mes guichetiers en défaut,^ Dieu merci,
32
Si je leur donne temps, ils pourront comparaître ;
Çà, pour nous élargir,' sautons par la fenêtre.
24
Hors de cour.*
l'inttmé.
26
Comme il saute !
PETIT JXAK.
28
monsieur, je vous tien.*
Digitized bv
Google
AOTB I, BCÈVB ZY.
11
DAKDIN.
Au Toleur ! au voleur !
PETIT JSAK.
Oh ! nous TOUS teuras bien.
l'uttimé.
Vous avez beau crier.
DÀHDIF.
Maîn-forte !* Ton me tue !
Nom AXD Rxinxiron. — ' YoilA mes gniehêtien «n dé&iit^ myj€tU&r9
are in defavU, do not appear. — ^ Élargir, liberate. — > Hors dé eoiu; dS»-
miêêecL--* Tien, for tiens, a poetioal license, to make the riiyme nniibnii
with Mm four Unes beloir. — > Main-forte 1 J9ê(p/ ,■
SCÈNE IV.
LÉANDB^ DANDIN, LUniMÉ; PETIT JEAIT.
LÉÀVDRS.
Vite un flambeau, j'entends mon père dans la rue. IS
Mon père, si matin qui tous fiût déloger î^
Où courez-TOUs la nuit ? 14
DAKDIF. (
Je yeux aller juger. 16
LÊANDRX.
Et qui juger ? tout dort. 18
PSTIT JEAN.
Ma foi ! je ne dors guères.* 20
LÉANORB.
Que de sacs !' il en a jusques aux jarretières.* • 22
DAKDIir.
Je ne yeux* de trois mois* rentrer dans la maison, 24
De sacs et de procès j'ai fidt provision.
ulAimax, 26
Et qui vous nourrira?
BAinttir. 28
Le buy«tier, je pense.
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12 LES PLAIDEURS.
LÉANDRX.
Mais où dormirez-vous, mon père î 2
DANDIN.
A l'audience/ 4
LÉANDRE.
Non, mon père, il vaut mieux* que vous ne sortiez* pas. 6
Dormez chez vous ; chez vous ûiites tous vos repas.
Souffrez que la raison enfin vous persuade : 8
Et pour votre santé. . .
DANDIN. • 10
Je veux être malade.
LÉANDRE. 12
Vous ne l'êtes que trop. Donnez-vous du repos ;
Vous n'avez tantôt plus que la peau sur les os. ^ 14
DANDm.
Du repos! Ah ! sur toi tu veux régler ton père 1 16
Crois-tu qu'un juge n'ait** qu'à faire bonne chère,
Qu'à battre le pavé" comme un tas de galaints," 18
Courir le bal la nuit, et le jour les brelans !"
L'argent ne nous vient pas si vite que l'on pense. 20
Chacun de tes rubans me coûte une sentence.*^
Ma robe vous fait honte. Un fils de juge ! Ah ! fi ! 22
Tu fais** le gentilbomm'e : hé ! Dandin, mon ami,
R^arde dans ma chambre et dans ma garde-robe** 24
Les portraits des Dandins : tous ont porté la robe ;
Et c'est le bon parti.- Compare prix pour prix" * 20
Les étrennes d'un jugé à celles d'un marquis :
Attends que nous soyons à la fin de décembre. 28
Qu'est-ce qu'un gentilhomme 1 Un pilier d'antichambre.
Combien en as-tu vu, je dis des plus huppés," 30
A souffler dans leurs doigts- dans ma cour occupés,
Le manteau sur le nez, ou la main dans la poche ; 32
Enfin, pour se chauffer, venir tourner ma broche î"
Voilà comme on les traite. Hé ! mon pauvre garçon, • 34
De ta défunte mère est-ce là la leçon î
La pauvre Babonnette ! Hélas ! lorsque j'y pense, 86
Elle ne manquait p^ une seule audience,
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ACTBI,BOàNKIV. 18
Jamais, au grand jamais,'* elle ne me quitta,
Et Dieu sait bien souvent ce qu'elle en rapporta : 2
Elle eût du buvetier emporté les serviettes.
Plutôt que de rentrer au; logis les mains nettes." 4
Et voilà comme on &it les bonnes" maisons. Va,
Tu ne seras qu'un sot. 6
LÊÀNDBB.
Vous vous morfondez là, 8
Mon père. Petit Jean, remenez votre maître ;
Couchez-le dans* son lit ; fermez porte, fenêtre ; 10
Qu'on barricade tout, afin qu'il ait plus chaud.
• PETIT JXAK. 12
Faites donc mettre au moins des gaxde-fous" là-haut.
DAKBIK. 14
Quoi ! l'on me mènera coucher sans autre forme ?
Obtenez un arrêt comme il &ut que je dorme." 16
LÉANDRE.
Jlé ! par provision," mon père, couchez-vous. 18
DANDIN.
J'irai ; mais je m'en vais vous faire enrager tous :** 20
Je ne dormirai point.
LÉAlïDRB. 22
Eh bien, à la bonne heure.*'
Qu'on ne le quitte pas.** Toi. l'Intimé, demeure 24
Nom Axo RxFXB3DrGi8. — 1 Dél<^er, go eut — > Chtèrê sometimea
t&kes an « in poetry. — ^ Judges and lawyers formerlj kept in separate
bags the papers relating to lawBoits. — ^ Il en a juBqnes auzjarretièrecÇ
they hang down to his knees. — ^ The omiesion oîpcu is a poetical license,
— ^ De trois mois, for the mxt three numthH. — t A Tandience, t» court,
—8 M. L. 49, R. 6.-J M. L. 78, R. 1.—^ M. L. 74, R. 2.—» Battre le
pavé, vxUk about, — '^ Un tas de galants, a crowâ of idUrs, dandies.^—
13 Brelans, gaming'lunfsei, — " Sentence, jtidgment, — '5 M. L. 66, R. 1.
— " Garde-robe, portrait-chamber ; this was one meaning of the word
in Racine's time. — ^^ Prix pour priât, vaXite for value. — *® Des plus
huppés, of the rieheat^proiidest, — " Broche, the apît on tohich méat is
roatted. — ^ Jamais, au grand jamais, never, no never, — ^^ Les mains
nettes, with empty hands, — ^ Bonnes, ricK — ^ Garde-fous, raUing,
** Comme il faut que je dorme, commanding me to «Zf«}».— ^ Par p!r9-
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14 LBSPLAIOEURS.
yision, in thê tnean titnê. — ^ Je m'en vais yons £ûre enrager tons, /
«m ffoinff ta torment you eUL — '^ A la bonne heure, so Ut it 6e.—-'* Qn*on
ne le quitte paa^ do not leave him ; lit Ut him not he UfU
SCENE V.
LÉÂNDRE, L'INTIMÉ.
LÉÂNBRE.
Je veux t'entretenir^ un moment sans, témoin. 4
l'intimé.
Quoi! vous faut-il garder î' . 6
LÉAKDRE.
J'en aurais bon besoin. 8
J'ai ma folie, hélas ! aussi bien que mon père.
l'intimé. 10
Oh ! vous voulez juger ?
LÉANDRX, lui montrant U logis cPIsabeUe. 12
Laissons là le mystère.
Tu oonnais oe logis.' 14
l'intimé.
Je vous entends enfin : 16
Diantre ! l'amour vous tient au <x£ur de bon matin.*
Vous me voulez parler sans doute d'Isabelle. 18
Je vous l'ai dit cent fois,^elle est sage, elle est belle ;
Mais vous devez songer que mohsùeur Chicaneau 20
De son bien* en procès consume le plus beau.
Qui ne plaîde-t-il point î Je crois qu'à l'audience 22
Il fera, s'il ne meurt, venir toute la France.*
Tout atiprès de son juge il s'est venu loger : 24
L'un vent plaider toujours, l'autre toujours juger.
Et c'est un grand hasard s'il conclut votre afiaire 26'
Sans plaider le curéj le gendre, et le notaire.
LÉANDRE. 28
Je le sais comme toi. Mais^ malgré tout cela,
J« meurs pour Isabelle. 80
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AOTI I, SCtNB y. . 15
L'mTDiâ.
Eh bien, épousez-la. 2
Vous n'avez qu'à parler, c'est une afl^re prête.
LÉANDRE. 4
Hé ! cela ne va pas si vite que ta tête.
Son père est un sauvage à qui je .ferais peur. 6
A moins que d'être huissier, jergcnt ou procureur/
On ne voit" pointas» fille ; et la pauvre Isabelle, 8
Invisible et oofenie, est en prison chez elle. .
Elle voit dissiper sa jeunesse en regrets, 10
Mon amour en fumée, et son bien en procès. .
Il la ruinera, si l'on le laisse faire. 12
Ne eonnaitrais-tu pas' quelque honnête faussaire
Qui servit ses amis, en le payant, s'entend |" \ / ' - 14
Quelque sergent zélé ?
l'intimé. _ • 16
Bon, l'on en trouve tant !
LÉANDBE. 18
Mais encore ?
l'intimé. 20
Ah ! monsieur, si feu" mon pauvre père
Était encor vivant ! c'était bien votre aSire !" 22
n gagnait en un jour plus qu'un autre en six mois :
Ses rides sur son front gravaient tous ses exploits. 24
n vous" eût arrêté le carrosse d'un prince ;
n vous l'eûtpris lui-même i et si dans la province 26
Il se domSè en lout vingt coups de nerf de bœuf,"
Mon père pour sa part en emboursait" dix-neuf. 28
Mais de quoi s'agit-ill" suis-je pas** fils de maître?
Je vous servirai. * 30
LÉANDRS.
Toi! 82
l'intimé.
Mieux qu'un sergent peut-être. 34
li&ANDRB. >
Ta porterais au père un faux exploit V^ 86
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16 les plaideurs.
l'intimé.
Hon, hon ! 2
léândr'e.
Tu rendrais à la fîUe un billet ? 4
l'intimé.
Pourquoi non 1 6
Je suis des deux métiers.^*
LÉÀNDRE. 8
Viens, je l'entends qui crie :
Allons à ce dessein rêver ailleurs. 10
Notes aivd Rxferengxs. — ^ T'entret«nlr, converse mth you. — * Vous
faut-il garder ? do you need a keeperf are you insanecdsof — * Log^fl»
house. — * De bon matin, very eariy. — ■ Bien, property, — ■ Il fera venir
tonte la France à T audience, he will bring (or tummon) ail France be-
fore a court of jtutiee. — ^ Huissier, sergent ou procureur, a haUiffy a
theriff*ê offieer, or an attorney, — 9 M. L. 86, R. 2. — • S'entend, of course;
lit. U U understood.-^^^ Feu,./afe; M. § 81, R. (1).—" C'était bien
votre affaire, he tootUdfuive heen tke very man you wanl, — ^* H vous eût»
he vfould hâve ; the vour is expletive hère, and in the nezt line. — ^3 Vingt
coups de nerfs de bœuf, twenty heatings, The officers of the lav were,
in Racine's time, not unfrequently beaten. To this castigation many
of them had no great objection, as those who infiicted it were glad to
atone for their angry acts and avoid the heavj fine^ by giving a hand-
some présent. — ^^ l^mhovLnoit, reeeived, pocketed. — ^ De quoi s'agit-il?
vhcU do you wish f — ^ The absence of the ne before êiuMJe is a poetical
license. — ^^ Exploit^ tummon», writ. — ^^ Je suis des deux métiers, Jean
do hotJu
SCÈNE VI-
CmCANEAU, PBTFT JEAN. ^
CHiCANSAu, allant et revenant
La Brie, 14
Qu'on garde la maison, je reviendrai bientôt.
Qu'on ne laisse monter aucune àme' là-haut. 16
Fais porter cette lettre à la poste du Maine.'
Prends-moi dans mon dapier trois lapins de gar^uie» 18
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AOTX I, ftOÈNS VI. 17
Et chez mon procureur porte-les ce mfttii!.
Si son dero vient céans,* fids-lui goûter mon vin. 2
Ah ! donne-lui ce sac qui pend à ma fenêtre.
Est-ce tout ? Il viendra me demander peut-être 4
Un grand homme sec/ Ik* qui me sert de témoin
Et qui jure pour moi lorsque j'en ai besoin : 6
Qu'il m'attende. Je crains que mon juge ne' sorte :
Quatre heures vont^ sonner. Mais frappons à sa porte. 8
jPETiT JSAK , entr^ouvrant la poi^e.
Qui va là 1* 10
OHICAÏfEAU.
Peut-on voir monsieur ? 12
PETIT jEATX,/er7nant la porte»
Non. 14
CBiOAKEJiV, frappant à la parte,
Pourraiton 16
Dire un mot à monsieur' son secrétaire î
TEirr jEMf, fermant la porte. 18
Non.
OBiCASEAv, frappant à la porte, 20
Et monsieur son portier ?
PETIT JEAN. 22
Cest moi-même."
OHIOANBAU. 24
De grâce,
Buvez à ma santé, monsieur. 26
PETTT JEAN, prenant Vargent
Grand bien vous fiisse !" 28
{Fermant la porte.)
Mais revenez demain. 30
CHICANEAtr.
Hé ! rendez donc l'argent. 92
Le monde est devenu, sans mentir,^' bien méchant
J'ai vu" que les procès ne donnaient point de peine ; 84
Six écus en gagnaient une demi-douzaine.
Mais aujourd'hui, je crois que tout mon bien «itier 36
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18 LSB PLAIDSUBB.
Ne me suffirait pas pour gagner'* un portier.
Mab j^aperçois venir madame la oomteaae
DePimbeaohe. Elle Tient pour affiûre qui presse.
KoiM ÀMD BnxuaK».^' Aneone êm% nopêrêom wk ativê r ; lit moi
a iOMil— * Urne, an old proTino* of Franee. — * Céaii% kerê; now ob-
■ol«te.— ^ Sec, ihin,-^ là, you know whom /iumus yoii undeniand,-'
• M. g 138, R. (5).— 7 M. L. 26, B. l.~« Qai Ta Uf who U thertf-^
* M. L. 29, B. 0. — ** C^est moi-même, I «m theperêon* — " Grand bien
TOUS faasel / om m^ek cbligêd to you; lit May it (my drinbinç ycw
hêoUh) di> you mveh ffood. — ^* Sans mentir, realiy, to UU thê truth.-^
'* J'ai TU (le tempsX / hâve 9een, or remmnber ike <tffi& — '* Gagner,
Mbe.
SCENE VII.
LA COMTESSE, CmCANEAU.
CHICANBAU.
Madame, on n'entre plus.'
LA COMTBSSI. 8
-Hé bien ! l'ai-je' pas diti
Sans mentir,' mes valets me font perdre l'esprit. 10
Pour les &ire lever c'est en vain que je gronde ;
Il &ut que tous les jours j'éveille tout mon monde.* 12
CHICANEAU.
n &ut absolument qu'il se &sse celer. 14
LA COMTESSE.
Pour moi, depuis deux jours je ne lui puis parler. 16
CHICANEAU.
Ma partie* est puissante» et j'ai lieu de tout craindre. 18
LA COMTESSE.
Après oe qu'on m'a fidt, il ne faut plus se plaindre. 520
CHICA5SAU.
Si pourtant j'ai bon droit 22
LA COMTESSE.
Âh I m^sieur ! quel arrêt ! 24
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AOTS .1, flOtVB VU. 10
OBICANBA0.
Je m'en rapporte* i Toua. Écoutez, s'il vous plidt 2
LA C0MTS88X.
U fiiut que TOUS sachiez,^ monsieur, la perfidie^. 4
OBIOANEAU.
Ce n'est rien dans le fond.* 6
LA C0MTXS8B«.
' Monsieur, que je vous die*.». 8
CHIGAHBAIT.
Voici le &it. Depuis quinze ou vingt ans en çà,'* 10
Au travers d'un mien pré" certain ânon passa,
S'y vautra, non sans faire un notable*' dommage, 12
Dont je formai ma plainte au juge du village.
Je fiûs saisir l'ànon. Un expert^' est nommé ; 14
A deux bottes de foin le dégât estimé.
Enfin, au bout d'un an, sentence par laquelle 10
Nous sommes renvoyés hors de cour.** J'en appelle.
Pendant qu'à l'audience" on poursuit un arrêt,** 18
Remarquez bien ceci, madame, s'il vous plait,
Notre ami Drolichon, qui n'est pas une béte," 20
Obtient pour quelque argent un arrêt sur requête,"
Et je gagne ma cause. A cela que fait-on 1 22
Mon chicaneur s'oppose à l'exécution.
Autre incident : tandis qu'au procès on travaille, . 24
Ma partie en mon pré laisse aller sa volaille.
Ordonné qu'il sera fait rapport à la cour 20
Du foin que peut manger une poule en un jour :
Le tout joint au procès. Enfin, et toute chose 28
Demeurant en état," on appointe la cause
Le cinquième ou sixième avril cinquante-six.'^ 30
J'écris sur nouveaux frais.** Je produis, je fournis
De dits," de Contredits,**, enquêtes, compulsoires,** 32
Rapports d'experts,** transports,** trois interlocutoires,**
Gricdb et fitits nouveaux,** baux et procès-verbaux.** 34
J'obtiens lettres royaux,** et je m'inscris en &ux«*^
Quatorze appointements, trente exploits,** six instances, 36
Six-TÎsgta produotions^** vingt anéts de défenses»**
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20 hZB PLlIDBUftt.
Arrêt enfin. Je perds ma cfluse avec dépens,
Estimés environ cinq à six mille francs. 2
Est-ce là &irè droit V* est-ce là comme on juge ?
Après quinze ou vingt ans ! Il me reste un refuge ; 4
Là requête civile" est ouverte pour moi,
Je ne suis pas rendu." Mais vous, comme je voi," 6
Vous plaidez!
LA COMTESSE. 8
Plût à Dieu !••
OmOAKEAU. 10
J'y brûlerai mes livres!*"
LA COMTESSE. 12
Je.«.
CHICANEAU. 14
Deux bottes de foin, cinq à six mille livres !"
LA COMTESSE^ 16
Monsieur, tous mes procès allaient être^ finis :
n ne m'en restait plus que quatre ou cinq petits, 18
L'un contre mon mari, l'autre contre mon père
Et contre mes enfants : ah monsieur ! la misère ! 20
Je ne sais quel biais ils ont imaginé.
Ni tout ce qu'ils ont Mi ; mais on leur a donné . 22
Un arrêt par lequel, moi vêtue et nourrie,*'
On me défend,** monsieur, de plaider de" ma vie. 24
CHICANEAU.
De plaider ? 26
LA COMTESSE.
De plaider. 28
CHICANEAU.
Certes, le trait est noir. 80
J'en suis surpris.
LA COMTESSE. 82
Monsieur, j'en suis au désespoir.
omcAVSAu. 84
Gomment ! lier les mains aux gens de votre sorte !
Mais cette pension^ madame, est-elle forte 1** 86
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ÀOTB I, BCiirB TXX. 21
LA C0MTBS8B.
Je n'en vivrais, monsieur, que trop honnêtement.*' 2
Mais vivre sans plaider, est-ce contentement ?
CHICANEAU. 4
Des chicaneurs viendront nous manger jusque l'âme.
Et nous ne dirons mot ! Mais, s'il vous plaît, madame, 6
Depuis quand plaidez-vous 1
LA C0MTXS8S. 8
n ne m'en souvient pas.**
Depuis trente ans au plus. 10
OHIOANEAU.
Ce n'est pas trop. 12
LA C0HTBS6I.
Hélas! 14
CHIOAKBAU.
Et quel âge avez-vous ? Vous avez bon visage.** 10
LA COMTXSSB.
Hé ! quelque soixante ans. 18
ohioaneait:
(>)mment ! c'est le héi âge 20
Pour plaider.
LA OOMTBSSB. 22
Lûssez faire, ils ne sont pas au bout.
CmOANEAU. 24
Madame, écoutez-moi. Voici ce qu'il ÙMt faire.
LA COMTESSE. 26
Oui, monsieur, je vous crois comme mon propre père.
CHICANEAU. 28
J'irais trouver mon juge.
LA COMTESSE. 80
Oh ! oui, monsieur, j'irai.
CHICANEAU. 32
Me jeter à ses pieds.
LA COMTESSE. 34
Oui, je m'y jetterai.
Je l'ai bien résolu, • 36
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2SS LBB PLAIDEUBS.
CHICÀNEAU.
Mais daignez donc m^entendre. 2
LA COMTESSE.
Oui, vous prenez^la chose ainsi qu'il la faut prendre. 4
CHICANEAU.
Avez-vous dit, madame ? 6
LA COMTESSE.
Oui. 8
CHICANEAU.
♦ J'irais sans façon 10
Trouver mon juge.
LA COMTESSE. 12
Hélas ! que ce monsieur est bon !
CHICANEAU. 14
Si vous parlez toujours, il &ut que je me taise.
LA COMTESSE. 16
Ak ! que tous m'obligez ! Je ne me sens pas d'aise.*'
CHICANEAU. 18
J'irais trouver mon juge, et lui dirais...
LA COMTESSE. 20
Oui.
CHICANEAU. 22
Voi!
Et lui dirais : Monsieur... 24
LA COMTESSE.
Oui, monsieur. 26
CHICANEAU.
Liez-moi. 28
LA COMTESSE.
Monsieur, je ne veux point être liée. 80
CHICANEAU.
A l'autre !" 32
LA COMTESSE.
Je ne le serai point. 84
CHICANEAU.
Quelle humeur est la vôtre ! 86
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AOTS I, BCÈNB YI I. 28
LA COMTfSSE.
Non. 2
OHICÀKEAU.
Vous ne savez pas, madame, où je viendrai/^ 4
LA COMTESSE.
Je plaiderai, monsieur, ou bien je ne pourrai. 6
CHIOANEAU.
Mais... 8
LA COMTESSE.
Mais je ne veux point, monsieur, que Ton me lie. 10
CHICANEAU.
Enfin, quand une femme en tête a sa folie... 12
LA COMTESSE.
Fou vous-même. 14
CHICANEAU.
Madame ! 16
LA COMTESSE.
Et pourquoi me lier? 18
CHICANEAU.
Madame... 20
* LA COMTESSE.
Voyez-vous ! il se rend'' fiimilier. 22
CmCANEAU.
Mais, madame... 24
LA COMTESSE.
Un crasseux, qui n'a que sa chicane, 26
Veut donner des avis !
CHICANEAU. 28
Madame! ^
LA COMTESSE. ' 30
Avec son âne !
CHICANEAU. 8^
Vous me poussez.
LA COMTESSE. 84
Bonhomme, allez garder vos foins.
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24 LES PLAIDBUR8.
CHICANBAU.
Vous m'excédez, , 2
LA COMTSSSS.
Le sot ! 4
CHICANEAU.
Que n'ai-je des témoins !" 6
NoTBB AND REiXBnroiB.— 1 On n'entre pins, no more admittanee. —
* L-ai-je pas dit t it shonld be: ne Tai-je pas dit? — 3 Sans mentir; see
note 12 of last scène.—- « Monde, people, servants. — > Partie, opponent.
— ' Je m'en rapporte à tous, / toUl submit the mcUter to you.^^'' M. p.
884. — " Ce n'est rien dans le fond, the foundation,iê really nothing. —
9 DU is hère for é^, the subjunctive of direy to make it rhyme witl^
perfidU.—^"^ En ça» ago,-^^ M. § 95, R. (8).— « Notable, eoneiderable.--
19 Expert, appraieer,'^^* Nous sommes renvoyés hors de conr, our
eautê iê diimined. — ^^ A l'audience, before the court. — i' Poursuit un
arrêt, êolieUs a deeinofi, — ^"^ Béte, fool. — ^ Arrêt sur requête, tpeeial
deemon. — *• En état, in the "Bame iituation.' — 8o Cinquante-six, Ji/ty-nx,
i e. 1666. — ^^ J'écris sur nouveaux frais, / begin again. — " Dits, <m-
iertUms,-»^ Contredits, rejoinders, — ** CompuUoires, orders. — «s Rap-
ports d'experts, reports of appraiserê, — ^ Transports, examifiatùms on
the epot, (by the eourC), — *7 Trois interlocutoires, three interloeutory
{ifUermediate) decmons.'-^ Griefii et faits nouveaux, new grievanees,
andfaetê, — ** Baux et procès-verbaux, agreementa and officiai etatemente,
— ^ Boyaux was formerly the plural of royeUe ; we now would say
UUree royaleê. — ■* Je m'inscris en faux, / engage^ to prove the eontrary,
-— Bs Exploits, toritB. — ^s Productions, exhibitions of documents. — ^ Ar-
rêts de défenses, prohibitory décisions. — ss Droit, justice. — ^ Requête
civile, final appeaL — ^^ Rendu, defeated^ overcome.—^ voi^ this îs for
vois,-^ Plût à Dieul Oh that I didï-^^ J'y brûlerai mes livres! 1
mU spend my Uut penny before I abandon this l — ** Livres, francs. —
<s Vêtue et nourrie, being provided withfood and raim^enL — *^ Défend,
forbid. — ^** De, during. — <* Forte, large. — *« Honnêtement, respectably.
— ^f n ne m'en souvient pas, Ido not remember; the il is unipersonal.
— ^48 Vous avez bon visage, you look weU. — ^ Je ne me sens pas d'aise,
^lamsoglad. — ^o x l'autre! nonsense ! — ** Où je viendrai, vnhai I am
going to say. — ^^ Il se rend, he is becoming. — '3 Que n'ai-je des témoins,
Oh that I had witnesses t
\
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▲ CTB X) BCftKS YIIX.
SCENE VIII.
PETIT JEAN, LA COMTESSE, CHICANEAU.
FBTIT JSAH.
Voyez le beau sabbat' qu'ils font à notre porte. 4
Messieiirs, allez plus loin tempêter de la sorte.*
CHIOAlTEAn. 6
Monsieur, soyez témoin...
LA COMTESSE. 8
Que monsieur est un sot
CHICANEAU. 10
Monsieur, vous l'entendez, retenez bien oe mot.
PETIT JEAN, à la comtesse. ' 12
Ah ! vous ne deviez pas lâcher cette parole.'
LA OOMTESSE. 14
Vraiment, c'est bien à lui* de me traiter de folle] mc
^ PBTrr JEAN, à Chicaneau. 16
Folle ! Vous avez tort. Pourquoi l'injurier V
OHICA)7EAX7. 18
On la conseilla.
PETrr JEAN. 20
Oh!
LA COMTESSE. 22
Oui, de me fidre lier.
PEnr JEAN. 24
Oh monsieur !
CHICANEAU. 26
Jusqu'au bout que ne' m'écoute-t-éllel
PETIT JEAN. 28
Oh madame!
LA COMTESSE. 80
Qui t jnoi, souffirîr qu'on me querelle ?
CHICANEAU. 82
Une curieuse !^
PETIT JEAN. 84
H4! paix
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96 LSf PLAXDSUBf.
UL OOMTBBSB.
Un chicaneiur! S
YVm JSAK.
Holà! 4 ,
CBuOAHXÀU*
Qui n'oM plus phdder ! ^
UL 001ITB88X.
Qae tHmporte cela V 8
Qa'est-ce qui t'en revient, faipsaire abomipable,
Brouili^ voleur t 1^
0HICANBA1T.
Et bon, et bon ; 12
Un sergent! un sergent!
LÀ 00MTE88S* 14
Un huissier! un huissier !
PETIT JSAK, 9€Ul, 16
Ma foi, jugent pLûdeur,^ &udrait tout lier^ ;
Hom ikNP BiRBBirGKB.— ' Sahhat, no^,—^ De la sorte, m ikoÀ
iMoniMT.— ' L&cher cette parole, wfftT tiuch a word to eteape ymu —
* Cest bien à lui, t< heeomn him; M. L. 91, R. 2, latter part-=^ L'in-
iurier, abuM her.-^ Que ne, vhy doe* she not—'' Une earienae! an
ingmiUim woman /-^ M. L. 94, B. 2.
ACTE DEUXIÈME.
SCÈNE I.
LÉANDRE, LlNTIMÉp
l'intimé.
Monsieur, enoor un coup,^ je ne puis pas tout fidrê ; 22
Puisque je &is l'huissier, faites^le commissaire^
En robe sur mes pas il ne faut" que venir, 24
Vous aurez tout moyen de vous entretenir/
Changez en cheveux noirs votre perruque blonde. 26
Ces plaidears songentpils que vo\ui soyea au mondel
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ACTE II, 8CÈKX I. 97
Hé ! lorsqu'à votre père ils vont faire leur cour,*
A peine seulement savez-vous s'il est jour.' S
Mais n'admirez-vous pas cette bonne comtesse
Qu'avec tant de bonheur la fortune m'adresse; 4
Qui, dès qu'elle me voit, donnant dans le panneau/
Me charge d'un exploit' pour monsieur Chicaneau, 6
Et le fait assi gn er' pour c^taîne parole,
Disant qu'il la voudrait faire passer pour folle, 8
^ Je dis folle à lier, et pour d'autres e;ccès.
Et blasphèmes, toujours l'omeigent des procès. 10
Mais vous ne dites rien de tout mon équipage :
Ai-je bien d'un sei^ent le port et le visage ? 12
LÉANDRE.
Ah! fort bien! 14
l'intima.
' Je ne sais, mais je me sens enfin 16
L'âme et le dos^' six fois plus durs que ce matin.
Quoi qu'il en soit, voici l'exploit et votre lettre ; 18
IsabéHe l'aura, j'ose vous le promettre.
Mais, pour faire signer le contrat que voici," 20
Il faut que sui^ mes pas vous vous rendiez^' ici.
Vous feindrez d'informer" sur toute cette affîiire, 22
Et vous ferez l'amour en présence du père.
LÉA^DRE. 24
Mais ne va pas donner l'exploit pour le billet.
l'intimé. 26
Le père aura l'exploit, la fille le poulet."
Rentrez. 28
LHniimé va frapper à la porte d^Isc^eUe,
Notes and Befebenobs. — ^ Encore nn coup, once more^ as Ihave told
you hefore. — '^ M. L. 65, R. 1. — * H ne faut que venir, ycu hâve ordy to
'come. — * De voua entretenir, to converse. — « Faire leur cour, pay their
respects, — s Jour, day-light. — "^ Donnant dans le panneau, /a//e'n^ inio
the snare. — s Exploit, writ, summans, — » Le fait assigner, summons him,
— ^^ See note 13, Scène V of Act 1. — " Que voici, whieh I hâve here.-^
ï2 H faut que sur mes pas vous vous rendiez ici, you must soon folio»
me here.w-'* Vous feindrez d'informer sur, you toiU prétend to inquire
^nia,^^ Poolei, love letter.
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M I>B8 PLAIDBUBS.
SCENE II.
IBABELLi; LUmMÉ.
I8ABSLLX.
Quifrappel 4
l'intimé.
Ami. A part C'est la voix d'Isabelle. 6
ISABELLE.
Demandez-vous quelqu'un,* monsieur ? 8
l'intimé.
Mademoiselle, 10
Cest un petit exploit que j'ose tous prier
De m'accorder l'honneur de vous signifier.' 12
ISABELLE.
Monsieur, excusez-moi, je n'y puis rien comprendre ; 14
Mon père va venir,* qui pourra vous entendre.
l'intimé. ^ 16
n n'est donc pas ici, mademoiselle ?
ISABELLE. 18
Non.
l'intimé. 20
L'exploit, mademoiselle, est mis sous votre nom.
ISABELLE. 22
Monsieur, vous me prenez pour une autre, sans doute.
Sans avoir de procès, je sais ce qu'il en coûte ;^ 24
Et, si l'on n'aimait pas à plaider plus que moi,
Vos pareils* pourraient bien chercher un autre emploi. 26
Adieu.
l'intimé. 28 ,
Mais permettez... .
ISABELLE. 30
Je ne veux rien permettre.
l'intimé. , 82
Oe n'est pas un exploit
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▲ OTS IX, «oÈirs II.
CSumsoii!'
2
l'xktimé.
Oest une lettre.
4
Enoor moins.
6
L^INTIlfÉ.
Mab lisez.
8
Vous ne m*j tenec pis.'
10
L'nrmcÉ.
Cest de monsieur...
12
TaA»ttT.^.».
Adieu.
14
L'nrmià.
Léandre.
16
Parlez bas.
18
Cest de monsieur...
• l'intimé.
20
On a bien de la peine
A se fidre écouter : je suis tout hors d'haleine.
22
ISABSLUB.
Ah ! rintîmé! pardonne à mes sens étonnés :
24
Donne.
l'intimé.
26
Vous me deviez fermer la porte aa nez,*
28
Et qui t'aurait connu, déguisé de la sortel
Mais donne.
80
l'intimé.
Aux gens de bien* ouvre-t-on votre porte î
82
Hé! donne dona
84
l'intimé.
La peste U
86
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SO LES PLAIDEtTBB.
ISABELLE.
Oh ! ne donnez donc pas :'* 2
Avec votre "billet retournez sur vos pas.
l'intimé. 4
Tenez." Une autre fois ne soyez pa3 si prompte.
Kom AND Refebsnobb. — » M. L. 60, R. 1. — ^ Signifier, to êerve. —
• Va venir, will soon be here,^—^ Ce qu'il en coûté, vfhat they cott—'
• VoB pareils, 9ueh clb you, your like. — « Chanson, novitenu. — "^ Vous
ne m*y tenez pas», you eannot deeeive tne. — ^ An nez, in myface, — > Gens
de bien, honeit, décent péaple. — ^^ A fewlinee above, as soon asisabella
disoovers that it is L'Intimé who is speaking to her, she addresses him
in the second person of the singnlar, a mark of friendly récognition,
often nsed by the French towards the dépendants of their intimate
Mends : in the présent Une, she shows a little anger, by addresaing
him again in the second person of the plural.— ^^ Tene^ hère it m.
SCÈNE III.
CmCANEAU, ISABELLE, LINTIMÉ.
CHICAKEAX7. 8
Oui, je suis donc un sot, un voleur à son compte !
Un sergent s'est chargé de la remercier ; 10
Et je lui vais servir un plat de mon métier.*
Je serais bien fEché que ce fût à refaire, 12
Ni' qu'elle m'envoyât assigner la première.
Mais un homme ici parle à ma fille. Comment I 14
Elle lit un billet ! Ah ! c'est de quelque amant.
Approchons. 16
ISABELLE.
Tout de bon,* ton maître est-il sincère ? 18
Le croîrai-je ?
l'intimé. 20
n ne dort non plus que votre père.
n se tourmente : il vous... Apercevant Ckicaneau, 22
fera voir aujourd'hui
Que l'on ne gagne rien à plaider contre lui. 24
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▲ OTX II, SOtKX lY. Si
ISABELLE, apercevant Chieaneau.
Cest mon père ! 2
A V Intimé, Vraiment vous leur pouvez apprendre*
Que si l'on nous poursuit nous saurons* nous défendre, 4
Déchirant le billet,
^ Tenez, voilà le cas qu'on fidt* de votre exploit 6
* CHICAHEAU.
Comment! c'est un exploit que ma fille lisait! 8
Ah ! tu seras un jour l'honneur de ta famille :
Tu défendras ton bien. Viens, mon sang ; viens, ma fille. 10
Va, je t'achèterai le Praticien françois/
Mais, diantre ! il ne &ut pas déchirer les exploits. 12
ISABELLE, à V Intimé,
Au moins, dites-leur bien que je ne les crains guère ; 14
Ils me feront plaisir: je les mets à pis fiiire.'
CHICAKEAU. 16
Eh ! ne te fâche point.
ISABELLE, à V Intimé. 18
Adieu, monsieur.
Nom AND RvFEBXVOES. — ^ Un plat de mon métier, a âùh cf my
makinff, eooking. — s Ni, or; a writer of the présent day wonld not nae
m hère. — ^ Tout de bon, reaUy^ in eametL — ^ Apprendre, teU,—-» Noos
saurons, we thall find tnearu. — ' Tene^ voilà le cas qu'on fait de^
hère, you eee how mueh toe earefor, — ^^ Le Praticien françois, at présent
'written ^anpaû, the Freneh Fraetitioner'i Onide ; in reading this, the
terminatîon of françois should be pronounced ouah, to make it rhyme
with exploité, — ' Je les mets à pis faire^ / defy thêm, they may do their
— ./
SCENE IV.
j^nnott, u mettant en iiaf d'écrire. 22
Orçà,
Verbalisons.' 24
CHICAKEAU.
Monsieur, de grâce, ezcuses-la ; 26
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n I>B8 PLAIDIURB.
Elle n'est pas instroite : et puis, si bon vous semble,
En voici les morceaux que je vais mettre ensemble. 2
l'iittîmé.
Non. 4
CHICANBAU.
Je le lirai bien. 6
l'intimé.
Je ne suis pas méchant. 8
J'en ai sur moi copie.
CHICANSAU. 10
Ah ! le trait est touchant !
Mais je ne sais pourquoi, plus je vous envisage,' 12
Et moins je me remets,* monsieur, votre visage.
Je connais force^ huissiers. 14
l'intimé.
Informez-vous de moi. 16
Je m'acquitte assez bien de mon petit emploi.
CHIOANSAU. 18
Soit.* Pour qui venez-vous 1
l'intimé. 20
Pour une brave' dame,
Monsieur, qui vous honore, et de toute son âme 22
Voudrait que vous vinssiez à ma sommation
Lui &îre un petit mot de réparation. 24
CBICANEAU.
De réparation ? Je n'ai blessé personne. 26
l'intimé.
Je le crois ; vous avez, monsieur, l'âme trop bonne. 528
chioaneau.
Que demandez-vous donc 1 80
l'intimé.
Elle voudrait, monsieur, 32
Que devant des témoins vous lui fissiez l'honneur
De l'avouer pour sage' et point extravagante. • 34
CHICANKAT7.
Parbleu! c'est ma comtesse. 86
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jlOVk ti, «ctira ty. M
L INTIMÉ.
!Enie est yptre scrraiito» S
CmCANBAU.
Je suis son serviteur. 4
l'intucâ.
Vous êtes obligeant, 6
Monsieur.
CHIOANEAU. 8
Oui, vous pouvez l'assurer qu'un sergent
Lui doit porter pour moi tout ce qu'elle demande. 10
Hé quoi donc ! les battus, ma hi ! paieront l'amende !
Voyons ce qu'elle chante.' Hon... " Sixième janvier, 12
*' Pour avoir faussement dit qu'il fallait lier,
'* Étant à ce porté*^ par esprit de chicane, 14
" Haute et puissante dame Yolande Cudasne,
" Comtesse de Pimbesche, Orbesche, et caetera» 16
*41 soit dit^^ que sur l'heure il se transportera
** Au logis de la dame ; et là, d'une voix daîre, 18
" Devant quatre témoins assistés d'un notaire,
'^ Zeste !^^ ledit Hiérôme avouera hautement 20
^ Qu'il la tient pour sensée et de bon jugement.
** Le Bo»." Cest le nom de votre seigneurie ? 22
l'intimé.
Pour vous servir. A part H feut payer d'effironterie.^* 24
OHICANEAU.
Le Bon ! Jamais exploit ne fut aigné Le Bon. 26
Monsieur le Bon...
l'intimé. 28
^ Monsieur.
OHIOANBAV. ' 80
Vous êtes un fripon.
l'intimé. 82
Monsieur, pardonnez-moi, je suis fort honnête homme.
CHICANBAV. 84
Mais fripon le plus franc*^ qui soit de Caen à Borne.
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M LSt PIAXBIVBf.
L^IKTIMÉ.
Monsieur, je ne suis pas pour vous désavouer.'* 2
Vous aurez la bonté de me le bien payer,
CHICANEAU. 4
Moi, payer? en soufflets.
l'intimé. 6
Vous êtes trop honnête.
Vous me le paierez bien. 8
CHICANEAX7.
Oh ! tu me romps la tête.'* 10
liens, voilà ton pûement.
l'intimé. 12
Un soufflet ! Écrivons.
" Lequel Hiérôme, après plusieurs rébellion», 14
" Aurait" atteint, frappé, moi sergent, à la joue,
/^Et fait tomber, du coup, mon chapeau dans la boue." 16
OHiCANBAU, lui donnant un coup de pied.
Ajoute cela. 18
l'intimé.
Bon, c'est de Targent comptant ; 20
J'en avais bien besoin.'* " Et, dé" ce non content,
" Aurait Uveo le pied réitéré." Courage !** 22
" Outi'e plus, le susdit*' serait venu, de rage,**
** Pour lacérer ledit présent procès- verbal."** 24
Allons, mon cher monsieur, cela ne va pas mal.
Ne vous relÂohez point. 26
OHICTANSAXr.
Coquin ! 28
l'intimé.
Ne vous déplaise,** 80
Quelques coups de bâton, et je suis à mon aise.**
omcANEAu, tenant un bâton, 82
Oui-dà. Je verrai bien s'il est sergent.
l'intimé, en posture d* écrire, 34
Tôt donc,**
Frappez. J'ai quatre «n&nts à nourrir. 86
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▲ OTX ZI| BOftVX ZY. S5
OBICAIÏBAU.
Ah! pardon! 8
Monsieur, pour un sergent je ne pouvais vous prendre ;
Mais le plus habile homme enfin peut se méprendre. 4
Je saurai réparer ce soupçon outrageant.*^
Oui, vous êtes sergent, monsieur, et très-sei^ent. 6
Touchez là:" vos pareils sont gens que je révère;
Et j'ai toujours été nourri*' par feu mon père 8
Dans la crainte de Dieu, monsieur, et des sergents.
l'intimé. 10
Non, à si bon marché Ton ne bat point les gens.
OHIOANSAU. 12
Monsieur, point de procès.
l'intimé. 14
Serviteur. Contumace,
Bâton levé, soufflet, coup de pied. Ah ! 16
CHICANSAX7.
De grâce,»* 18
Bendez-Ie9*moi plutôt
l'intimé. 20
Suffit qu'ils soient reçus;
Je ne les voudrais pas donner'^ pour mille écus. 22
Kom AVD Kkfzbxnces. — ' Se mettant en état d'écrire^ preparinç io
Write, — ^ Or çà, yerbalisons» now ihen, Ut us write tke faett dotsw.— >
' Je vons envisage, / look at you, — ^ Je me remets, / remember,^^
* Foree^ many, — « Soit» 64 it èo^let U he to. — ' Brave» worthy. — ■ D«
l'aToner pour sage, to déclare that the t# wiee, sane, — > Chante, Mtyt.-- >
^ Étant à ce porté, being indueed to the <teL — ^^ H soit dit» it he crdered
(by the court.) — ^* Zeste, promptly^ without haitation, — '* Payer d'ef-
fronterie, put on a bold face. — '^ Fripon le plus franc, the tnoet arraut
knave. — is Je ne suis pas ponr yous désavouer, it is not fortne to eon^
tradiet you, — ^' Tu me romps la tête, you weary me ; lit. make my head
aehe. — 17 Aurait, The condition al is often used, in officiai language»
for the past indefinite. — '^ See Note 18, Scène V of Act L — *» De ce,
with this, — » Courage! proeeed f^-"^ Le susdit» the aforesaid. — «De rage,
angrily, in anger. — '^ Procès-verbal, toriiten itatement, — «* Ne vous dé-
plaise, if you ple€ue, if you hâve no objection, — •• A mon aise, wU off,-^
» Tôt donc, now then, — " Outrageant» inndting.^^-» Touchez-là» ycur
hand.-^-» Nourri, brought vp, — » De grâee^ pray. — •> Donntr, pwt
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M X<1B PLAIDXUBf.
SCÈNE V.
LÉANDRE, XN bobi di ooxiiibsaibx; CHICAIŒAU, L1KTIM£l
L^INTIMÉ.
Voici fort à propos monsieur le commissaire. 4
Monsieur, votre présence est ici nécessaire.
Tel que vous me voyez, monsieur^ ici présent 6
M'a d'un fort grand soufflet fait un petit présent
LÉAITDRS. 8
K vous, monsieur 1
l'intimé. . 10
A moi, parlant à ma personne :*
Item,' un coup de pied ; plus, les noms qu'il me donne. 12
LÉANDBB.
Avez-vous des témoins ? 14
l'intimé.
Monsieur, tâtez plutôt.* 16
Le soufflet sur ma joue est encore tout chaud.
LÉANDBE. 18
Pris en flagrant délit,^ afiaire criminelle.
CHIOANEAU. 20
Foin de moi !'
l'intimé. 23
Plus, sa fille, au moins soi-disant teUe,^
A mis un mien papier' en morceaux ; protestant 24
Qu'on lui ferait plaisir, et que d'un œil content
Elle noui<t défiait. 26
léandre, à t Intimé,
Faites venir la fille. 28
L'eq>rit de contumace est dans cette &mîlle.
/ cmoANEAU, à part 80
n faut absolument qu'on m'ait ensorcelé.'
Si j'en connais pas^' un, je veux être étranglé* 82
LÉANDBX.
Cornaient ! battre un huissier ! Mais voici la rebelle. 84
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ACTS II, 80tKB YI. 87
Kons àXD RmnxirGB.— ' Monsieiir, thU gentUman."^ Parlmt A
ma penonne» in propriâ perapnà, to myêélf. — ^ Item, hemdeê^ o^.—
^ Tâtez plutôt, only feél. — s En flagrant délit, flagrante d^lieto^ in the
ad, — > Foin de moi I wœ is me ! — f Soi-disant telle, ealling herêelf ao,
—^ Un mien papier, a />ap«r of mine; obsolète. — * Il &at absolument
qti'on m'ait ensorcelé, I mutt eeriaifdy he bewiteked. — ^* Pas un, a mngU
cne; pat is bere obsolète. / j
M:
SCÈNE VI.
TflABET.TiE, LAANDRE, CHIOANEAIT, LlNTIMlL
l'ditim^ à Isabelle.
Vous le reconnaissez 1 • 4
LÉANDRE.
Eh bien, mademoiselle, 6
Cest donc vous qui tantôt braviez^ notre officier,
Et qui si hautement osez nous défier ? 8
Votre nom ?
ISABELLE. 10.
Isabelle.
LÉANDRE. 12
Écrivez. Et votre âge?
ISABELLE. 14
Dix-huit ans.
CHioAT^Axr 16
Elle en a quelque peu davantage ;
Mais n'importe.' 18
LÉANDRE.
Êtes-vous en pouvoir de mari V 20
ISABELLE.
Non, monsieur. 22
LÉANDRE.
Vous riez ? Écrivez qu'elle a ri. 24
0HICANEAT7.
Monsieur, ne parlons point de maris à des filles ; 26
Voyez-vous, ce sont là des secrets de familles.
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SB LXt rLAXDSUBt.
LÉAimSB.
Mettes qu'il interrompt* * 2
CHICAKSA1T.
Hé ! je n*7 pensais pas. 4
Prends bien garde, ma fiUe, à ce que tu diras.
LÉANDRB. 6
Là, ne vous troublez pas, répondez à votre aise.
On ne veut pas* rien faire ici qui vous déplùse. 8
N*avez-vous pas reçu de lliuissier que voilà
Certun papier tantôt ? 10
IfiABXLLX.
Oui, monsieur. 12
CHIOANXAU.
Bon cela. 14
LÉANDBK.
Aves-vous déchiré ce papier sans le lire ? 16
TftABKTJ.lt.
Monsieur, je Fai lu. 18
CHICAKEAU.
Bon. 20
LÉAvnRB, à l Intimé
Continuez d^écrire. 22
{A Isabelle.)
Et pourquoi l'avez-vous déchiré ? 24
ISABELLE.
J'avûs peur 26
Que mon père ne prit* Tafiaire trop à cœur,
Et qu'il ne s^échaufTât le sang à sa lecture.^ , 28
CHICANEAU.
Et tu fuis les procès ! C'est méchanceté pure. 80
LÉANDBE.
Vous ne Tavez donc pas déchiré par dépit, 32
Ou par mépris de ceux qui vous l'avaient écrit ?
ISABELLE. 34
Monsieur, je n'ai pour eux ni mépris ni colère.
lÉAKDBB, â rinHmê. 86
Écrivez.
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▲ OTX IX, fCÈNS TI. 89
CBIOÀNBAU.
Je VOUS dis qu'elle tient de' son père ; 2
Elle répond fort bien.
LÉANDRE. 4
Vous montrez cependant
Pour tous les gens de robe* un mépris évident. 6
ISABELLE.
I]ne robe toujours m'avait choqué la yue ; 8
Mais cette aversion à présent diminue.
CHICANEAU. 10
La pauvre enfant ! Va, va, je te marierai bien
Dès que je le pourrai, s'il ne m'en coûte rien. 12
LÉANDRB.
A la justice donc vous voulez satis&ire ? 14
ISABELLE.
Monsieur, je ferai tout pour ne vous pas déplaire. 16
l'intimé.
Monsieur, faites signer. 18
LÉANDBE.
Dans les occasions'* , 20
Soutiendrez-vous au moins vos dépositions ?
ISABELLE. 22
Monsieur, assurez-vous qu'Isabelle est constante.
LÉANDRE. 24
Signez. Cela va bien, la justice est contente.
Çà," ne signez-vous pas, monsieur? 26
CHICANEAU.
Oui-dà, gaiement. 28
A tout ce qu'elle a dit je signe aveuglément
LÉANDRE, bas à Isabelle, 80
Tout va bien. A mes vœux le succès est conforme :
n signe un bon contrat écrit en bonne forme, 32
Et sera condamné tantôt sur son écrît.^'
CHicANEAu, à part 34
Que lui dit-il ? Il est charmé de son esprit.
LÉANDRE. 86
Adieu. Soyez toujours aussi sage que beUey
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40 m FLAXDSUBl.
Tout ira bien. Huissier, remenez-la chez elle.
Et YOiiB, monsieur, marchez. 3
CHIOANEAU.
Où, monsieur î 4
LÉANDRE.
Suivez-moL 6
OmOANEAU.
Où donc? . 8
LÊAliTDBB.
Vous le saurez. Marchez, de par le roi.^* 10
CmOANBAU.
Comment? 12
KoTSB AKD BanEBENOBS. — > M. L. 81, R. 2.— s L. 94^ R. 1.— ' En
poQYoir de mari, (a légal way of speaking), married.^^ M. p. 874. —
• Obsolète.—' M. § 138, B. (5).— ^ £t qu'il ne B'éohanffftt le sang à b«
lecture, and that he might beeome angry in reading it.—^ Tient de,
reêembUê. — * Gens de robe, légal gentlemen. — 1° Dans les occaeioni^
whân ealled upan. — " Çà, now. — " Écrit, signature. — ^* De par le roi,
lu the nome of the king.
SCENE VII. .
LÉANDRE, CmCANEAU, PETIT JEAN.
PEUT JEAN.
Holà ! quelqu'un nVt-il point vu mon maître ? 16
Quel chemin at-il pris ? la porte, ou la fenêtre ?
LÉANDRE. 18
A l'autre !*
PETIT JEAN. 20
Je ne sais' qu'est devenu son fils ;
Et pour le père, il est où le diable l'a mis, 22
n me redemandait sans cesse ses épices;*
Et j'ai tout bonnement* couru dans les offices* 24
Œercher la boite au poivre : et lui, pendant cela,
Est disparu.* ^
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ACTB IZy 80ÈHX ¥111. 41
KoTBS ANB BBnBBNCDBS.— ' A l'antre, what fuxtf--^ M. g 188» R. (2).
— 9 Épices, feeê ; présents of spicea, preserred fruits, Ac, were often
made to jndges, hence the above xneaning of the word.— ^ Tout bonne-
ment, very nmply.—^ Dans les offices» into the patUry.'^^ M. § 46,
R. (3) 2.
/
SCÈNE VIII.
DANDIN, A TOE luoaknb; LÉANDRE, CHICANEAU, L'INTIMÉ,
PETIT JEAN.
DANDIN. 4
Paix ! paix ! que Ton se taise là.'
PETIT JEAN. . 6
Le voilà, ma foi, dans les gouttières.
DANDIN. 8
Quelles gens êtes-vous V Quelles sont vos affidres ?
' Qui sont ces gens en robe ? Êtes-vous avocats? 10
Çà,* parlez.
PETIT JEAN. ]2
Vous verrez qu'il va juger les chats.
DANDIN. 14
Avez-vous eu le soin de voir mon secrétaire %
ÂUez lui demander si je sais votre affaire. 16
LÉANDRE.
n &ut bien que je l'aille^ arracher de ces lieux. 18
Sur votre prisonnier, huissier, ayez les yeux.
PETIT JEAN. 20
Ho, ho, monsieur !
* LÉANDRE. 22
Tais-toi, sur les yeux de ta tête ;•
Et suis-moL* 24
Nom AND Refbbeno». — 1^ Que l'on se taise là, sUenee thereJ M. L.
96, R. 6. — '^ M. L. 96, R. 4.-3 Ça, now then. — * Il faut bien que je
Tulle arracher. The prose consl^ction of this sentence would be ;
il faut htm çue faille V arracher. — s Sur les yeux de ta tête, ae you valtte
your li/e; Ht. your eyeê.'»-^ From êuivre; M. p. 886.
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42 I.S8 FLAXOXVBl.
SCÈNE IX.
LA COMTESSE, DANDIN, CHICANE AU, L'INTDfÉ.
DANDIK.
Dépêchez^ donnez votre requête. 4
OHICAKEAU.
Monsieur sans votre aveu* l'on me &it prisonnier. 6
LA OOMTESSX.
J'aperçois monsieur dans son grenier. 8
Quefidt-Ulàî
l'iktimé. 10
Madame, il 7 donne audience.*
Le champ vous est ouvert 12
CHICANXAU.
On me &it violence, 14
Monsieur, on m'injurie, et je venais ici
Me plaindre à vous. 16
LA COMTESSE.
Monsieur, je viens me plaindre ausâ. 18
CHICANEAU ET LA COMTESSE.
Vous voyez devant vous mon adverse partie. 20
l'intimé.
Parbleu ! je me veux mettre aussi de la partie. 22
OHICANEAU, LA COMTESSE, l'iNTIMÉ.
Monsieur, je viens ici pour un petit exploit 24
CHICANEAU.
Hé ! messieurs, tour à tour* exposons notre droit 20
LA COMTESSE.
Son droit? Tout ce qu'il dit sont autant d'impostures. 29
DANDIK.
Qu'est-ce qu'on vous a fait 1 SO
CHICANEAU, LA COMTESSE, l'iNTIMÉ.
On m'a dit des injures.* Sd
L INTIMÉ, continuant
Outre un soufflet, monsieur, que j'ai reçu plus qu'eux. 84
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▲ OTS II, soÈirs IX. 4S
CHICANEAU.
Monsieur, je sais cousin de l'un de vos neveux. 2
LA COMTESSE.
Monsieur, père Cordon vous dira mon affaire. 4
* l'intimé.
Monsieur, je suis parent de votre apothicaire. 6
DANDIN.
Vos qualités î 8
LA COMTESSE.
Je suis' comtesse. 10
l'intimé.
Huissier. 12
OmCANEAU.
Bourgeois. 14
Messieurs...
DANDur, se retirant de la lucarne» 16
Parlez toujours, je. vous entends tous trois.
CHICANEAU. 18
Monsieur...
l'intimé. 20
Bon ! le voilà qui fausse compagnie.^
LA comtesse. 22
Hélas!
CHICANEAU. 24
Hé quoi ! déjà l'audience est finie?*
Je n'ai pas eu le temps de lui dire deux mots. .; 26
,/.
Nom AND BBFEBKiroBB.'*-^ Dépécbez, make htute; the suppression
of the wntê is a poetical licensed — s Aven, eonêent. — ^ H y donne an-
dienee, he nta {holda court) there^ — * Tour à tour, in ittm, one ai a time.
— ^ On m'a dit des injures, tkey hâve abtued m^.— ' M. L. 80» B. 4. —
7 Le Yoîlà qui fausse compagnie, iherây he U leavingus; the French
idiom, fauner eompagnief is équivalent to the English to give the êlip,
— ^ L'audience est finie, the seuwn U over, the court U closed.
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m LSI PLAXDBUBS,
SCÈNE X.
LÉANDBE, AA»B BOBx; GHICANEAIT, LA COMTESSE, L*INTIMÉ.
LÉANBRE. ^
Messieurs, voulez-YOus bien nous laisser en repos ? 4
GHICANEAU.
Monsieur, peut-on tentrer ? 6
LÉANDRE.
Non, monsieur, ou je meure.* 8
CHICANEAU.
Hé ! pourquoi ? j'aurai fait en une petite heure,' 10
En deux heures au plus. •
LÉANDRE. 12
On n'entre point, monsieur.
LA OOMTESSE. 14
(Test bien &it de fermer la porte à ce crieur.*
Mais moi... 16
LÊANDBB.
L'on n'entre point, madame, je vous jure. 16
LA COMTESSE.
flo, monsieur, j'entreraL 20
LÉANDRE.
Peut-être. 22
LA COMTESSE.
J'en suis sûre. 24
LÉANBRE.
Par la fenêtre donci 26
LA COMTESSE.
Par la porte. 28
LÉANDIUE.
n faut voir.* 80
CHICANEAU.
Quand je devrais ici demeurer jusqu'au soir... 82
KoTES AND BiFBBXNCXS. — ^ Non, lAoïiBieiir, au je meure, an my Hfe,
you eannot ; lit. in supplying the que before Je meure, may I die, if I
adtnU you, — ' Petite, «Âort — * Crieur, brawler, — * U faut voir, tœ
thall 9ee.
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▲ OTS XI, SCftVS XI, 41
SCÈNE XI.
LÉANDBIi CHIOANEAU, LA CX>MTESaE; T.Tw mH^
PETIT JEAN.
FBTiT JEAN, à Lê^mdre, , 4
On ne l'entendra pas, quelque chose qu'il fesse.'
Parbleu ! je l'ai fourré dans notre salle basse,'
Tout auprès de la cave.
LÉANDBX. 8
En un mot comme en cent,
On ne voit point mon père.* 10
CmOANSAU.
Eh bien donc ! si pourtant 13
Sur toute cette affaire il feut que je le voie...
Dandin parait par le saupiraiL 14
Mais que vois-je ! Ah ! c'est lui que le ciel nous renvoie !
I^ANDRB. 16
Quoi ! par le soupirail !
CmOAKEAU. 18
Monsieur...
DANDIK. 20
L'impertinent ! Sans lui j'étais dehors.
CmOANEAU. 22
Monsieur...
DANDIK. 24
Betirez-Yous, vous êtes une bète.*
omoANSAu. 26
Monsieur, voulez-vous bien...
DANDIN. 28
Vous me rompez la tète.
CHIOANEAU. 30
Monsieur, j'ai commandé...
DANDIN. 32
Taisez-vous, vous dit-on.*
omoAirsAu. 84
Qne l'on port&t obec vous...
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46 LSI PLAXDXVBl. .^^ -
DANDIN.
Qu'on le mèpte en prison* ' 2
OHICANBAU. • **
Certain qnartaut de vin/ *</ ^
DANDIN.
• Hé ! je n'en ai que fidre/ 6
OHICANXAU.
. C'est de très-bon muscat. %-
DANDIN.
#*
Redîtes* votre afl&ire. 10
LÉANDRE à V Intimé,
n &ut les entourer ici de tous côtés. 12
LA COMTESSE.
Monsieur, il vous va dire autant de &ussetés. 14
CHICANEAU.
Monsieur, je vous dis vrai. 16
DANDIN.
Laissez-la dire. 18
LA COMTESSE.
Monsieur, écoutez-moi. 20
DAKDIN.
Souffrez que je respire. 22
CHICANEAU.
Monsieur... 24
DANDIN.
Vous m'étranglez. 26
LA COMTESSE.
Tournez les yeux vers moL 28
DANDIN.
Elle m'étrangle. Ay ! ay ! 30
CHICANEAU.
Vous m'entraînez,* ma foi ! 32
Prenez garde, je tombe.
PETTr JEAN. 84
Us sont, sur ma parole,
L'un et l'autre encavés.^* 86
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▲ 0TB II, SOÈHX ZII. 47
LftANDKB.
Vite, que Ton y vole ; 3
Courez à leur secours. Mais au moins je prétends'^
Que Monsieur Chicaneau, puisqu'il est là-dedans, 4
N'en sorte d'aujourd'hui." L'Intimé, prends-j garde.'*
l'iutoié. 6
Grardez le soupiraîL
LÉANDBE. 8
Va vite, je le garde.
Nom AKD BKVKuvon.--^ M. § 127, B. (5). — * Salle basse, lower
parler.—^ On ne yoit point mon père, my/ather û not to heêeen; M.
L. 46, B. 8.—* Béte,/oo/.— 5 Vona dit-on, you are told; M. L. 46, B. 8.
— ' Qaartant de vin, quarter eask of toine, — f Je n'en ai qne £edre, Ida
noi want it, Iwill haioe nothing to do wUh it. — ' Bedites yotre affaire,
explain your affair again, — * Youa m'entraînez, you drag or drano îm
dowH, — ^ Encayés» tafe injhe etUar* — 1> Je prétends, / ûuisl vpon U,
— u 2^en sorte d'anjourd'hui, êhall mot Uave U Uhday. — *' Prends-y
garde^ êeeioiL
SCENE XII.
LA COMTESSE, LÉAIO)B£.
LA COMTESSE. 12
Misérable ! Il s'en va lui prévenir l'esprit*
{Par le soupirail) 14
Monsieur, ne croyez rien de tout ce qu'il vous dit ;
n n'a point de témoins, c'est un menteur. 16
LÉANDBB.
Madame, 18
Que leur contez-vous là ? Peut-être ils rendent l'àme.*
LA COMTBSSB. % 20
n lui fera, monsieur, croire ce qu'il voudra.
Sooffirez que j'entre. 22
LÉAKDRB.
Oh non! perstame n*entrenL 24
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4S LSft PLAXDBeRS.
LAOOMTKflSE.
Je le vois bien, monsieur, le vin muscat opère 2
Aussi bien sur le fils que sur l'esprit du père.
Patience, je vais protester comme il fiiut 4
Contre monsieur le juge et contre le quartaut
LÂAKDBB. 6
Allez donc, et cessez de nous rompre la tète.*
Que de fous ! Je ne fus jamais à telle fête. ^ 8
NoTBS AKD Bmaxircxs. — * Lui prévenir resprit, prejuâieé kU nwuL
•— ' Ba rendent Vàme, tkêjf are hreathing thnr UuU'-^ Nous rompre la
SCENE XIII.
*
DANDIN, LÉANDRE, L'INTIMÉ.
l'intimé.
Moncâeur, où courez-vous % Cest vous mettre en danger. 12
Et TOUS boitez tout bas.^
DANDIN. 14
Je yeux aller juger.
LÉANDKB. 16
Comment, mon père ! Allons, permettez qu'on vous panse.
Vite un chirurgien. 18
DANDIN.
Qu'il vienne à l'audience.* 20
liAANDBB.
Hé! mon père! arrêtez... 22
f DANDIN.
Oh ! je vois ce que c'est ; 24
Tu prétends faire ici de moi ce qui te plait ;
Tu ne gardes pour moi respect ni complaisance : 26
Je ne puis prononcer une seule sentence.
Achève,' prends ce sac, prends vite. 26
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AOX^ II, BCJH« ^XXI. 4$
UlAVBRX.
Hé, denoemeiit, 2
Mon père. Il fiuit trouYer quelque acoommodemeiit.
Si pour YOUB, Bans juger, la yîe est un sapplioe, 4
Si vous êtes pressé de rendre la justice,*
n ne &at point* sortir pour cela de chez tous : 6
Exercez le talent, et jugez parmi nous.
DANIHH. * S
Ne raUlons point ici de la magistrature.
Vois-tu ? je ne veux point être un juge en peinture.' 10
LÉANDBB.
Vous serez, au contraire, un juge sans appel 13
Et juge du civil comme du criminel.
Vous pourrez tous les jours tenir deux audiences :* M
Tout vous sera chez vous matière de sentences.
Un valet manque-t-il* de rendre un verre net, 16
Condamnez-le à Tamende, ou, s^il le casse, au Ibuet.
DANDIF. 18
Cest quelque chose. Encor passe quand on raisonne.
Et mes vacations,* qui les paiera ? personne? SO
LÉANDRS.
Leurs gages vous tiendront lieu de nantissement.^ 5KÎ
DAKBIN.
n parle, ce me semble, assez pertinemment 34
LÉANBHB.
Contre un de vos voisins... 26
Nom Aiii> BsnBaroB. — ^ Vous boites tout Imw» you are Vêry lonu^
fcu Ump very mueh. — ' Qu'il yienne à Tandienoe, Ut him eoms itUo <A#
e<nirt room, — ^ Aohèye» complète thy v)ork, yive ihe hut, the fatal 5/oi9.-—
4 PreBsé de rendre la jtutîce, anxhu» to ditpenee jwHee,-^ TL ne faut
point, you need fu><; M. L. 48. — ' £n peinture^ mer^y in appêmramce. —
7 Andieneei^ «efiiofu. — > Un valet manque-t-il de... àhoM a urvmUfail
tfi... — * Yaostîooi^ /mi— J<^ Ifantiaieinept, ÊêmiirUy,
3
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oO ISS riAiBieBi.
SCÈNE XIV.
DÀJXDIS, LÊANDBS; LlNTDdl^ PSIIT OAX^
TtTJT JSAIT.
^ Arrête! arrête! attrape!^ 4
iAaiidrs, à f Intimé.
Ah ! c'est mon prisonnier, sans doute, qui s'édiappeî 6
Non, non, ne eraignes rien. 8
TBTIT JXAK.
Toat est peidiL.. Gtron.«. 10
Votre chien... vient là-has* de manger un diapom
Sien n*est sur devant lui ; ce qu'il trouye, il l'erafK)rtow 12
JjtàJSUBM.
Son, ToUà pour mon père une cause. Main-feta.' 14
Qu'on se metle^ après lui. Gourez tons.
DANDnr. 16 .
Poîot d^ faruU,
Toutdou3L Un amené sans scandale suffit.* 18
LÉASnBS.
Çà, mon pèie^ il fiuit fidre un exemple authentique : 90
Jugez sévèrement ce voleur domestique.
DAlfDIK. 22
Mais je veux fiûre au moins la.chose avec éclat.
n &ut de part et d'autre avoir un avocat. 24
Nous n'en avons pas un.
lAakdbb. 26
Eh bien ! il en &ut ftire
Yoîlà votre portier et votre secrétaire ; 28
Vous en ferez, je crois, d'excellents avocats :
Ils sont Ibrt ignorants» 30
x'nmMÉ.
Non pas, Vnonsîeur, non pas 1* S2
J'endormirai monsieur tout aussi bien qu'un autre.
psrrr jsak. 84
Pour moi, je ne sais rien ; n'attendez rien du nôtre.'
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AOTB IXX aOÈVB I. §1
LtAmnoL
Cest ta première came, et l'on te la fefOL* 3
PBTXT JKAir.
Mais je ne sais pas lire. 4
LtÂNDRB.
Hé ! l'on te soufflera/ 6
DiANDIN.
Allons nous préparer. Çà, messieurs, point d'intrigue» 8
Fermons l'œil aux présents et l'oreiUe à la brigue.
Vous, maître^' Petit Jean, serez le demandeur :" 10
Vous, maître Fbitimé, sojez le défendeur.
Notes axd RïFEBENOEa. — ^ Arrête, attnpe 1 stop kim, mUk km ! —
* Là-bas» âmon tkere; for the meaoing of vient, see M. L. 26, B. 2. —
• Main-forte I Tielp I — * Qu'on se mette après lui, run a/ter Atm.— * Un
amené sans scandale suffit, an arrest mode quietly is tuffieient.—^ Non
pas, monsieur, ymr pardon, Hr. — ^ N'attendez rien du ndtr^ expeet
nothing from u», — 8 1,'on te la fera, it thall be preparedfor you. — » L'on
te soufflera, you shall hâve a prompter, — ^^ Maître ; barristers» attomeys
and notariés baye tbe word maître prefized to tbeir names in courte or
in légal documents.^" Demandeur, plaintif.
ACTE TROISIÈME.
SCÈNE I.
CmOANBAU, LÊANDEE, LE SOUFFLEUR.
CHICAinEACr.
Oui, monsieur, c'est ainsi qu'ils ont conduit l'afSiire ; 16
L'huissier m'est inconnu, comme le commissaire.
Je ne mens pas d'un mot.* 18
LÉANDR8.
Oui, je crois tout cela; 20
Mais, si vous m'en croyez, vous les laisserez là.
En vain tous prétendez les pousser l'un et l'autre ;' 22
Vous troublerez bien moins leur repos que le vôtre.
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M LMB PLAIOXUBI.
Les trois quarts de vos biens sont déjà dépensés
 &ire enfler des sacs* l'im sur Tautre entassés; 2
Et dans une poursuite à TOOft-méme contraire...
OHICAirSAU. 4
Vraiment vous me donnez un oonseil salutaire ;
Et deYsat qu'il soit peu* je yeux en profiter : 6
Mais je vous pne au moins de bien solliciter.
Puisque monsieur Dandin ya donner audienoe, 8
Je yais fidre yenir ma fille en diligence.
On peut l'interroger^ elle est de bonne foi ; 10
Et même elle saura mieux répondre que moi.*
I.ÉANDKB. 12
Allez et reyenez, l'on yous fera justice.
UE SOUnUEUB. 14
Quel homme !
Nom AND Rmaxircn. — > Je ne mens pas d'nn mot, every word Itay
U true."^* Les ponner l'un et Tantre, toproteeiOe them boih; M. § 41,
R. (11). — s A faire enfler des saos^ inJUling haçê; see Note 8, Scène IV,
Ist Act — * Devant qu'il soit pen, be/ore long; devant îs no longer ttsed
with respect to time; M. § 142» B. (1).-^ M. L. 17, B. 6.
SCENE II.
LÉANDBE, LE SOUFFLEXJB.
LÉAKDRS. 18
Je me sers^ d'un étrange artifice :
Mais mon père est un homme à se désespérer ; 20
Et d'une cause en l'air" il le &ut bien leurrer.
D'ailleurs j'ai mon dessein, et je veux qu'il condamne 22
Ce fou qui réduit tout au pied de la chicane.'
Mais yoid tous nos gens qui marchent sur nos pas.* 24
KoTBS AMD Befebsnoes. — ' M. L. 89, B. 2. — ^ En l'air, imaginary, —
> Qui réduit tout au pied de la chicane, vho jmahêt to Hiigatê <û>out
every thing ; Ht. wAo reduee» every ihing to thê ttamdard ùf litigatûm. —
* Marchent sur nos pas» whofolloto us eloHly.
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▲ 0TB XII, 8C*HB III. M
SCENE III.
DAia>IN, LÉANDBE; L'INTIMÉ r PETIT JEAN i
LE SOUFFLEUR.
DANDIK. 4
Çà, qu'étes-vous ici?'*
LÉANDRE. 6
Ce sont les avocats.
DAin>iN) au Souffleur. 8
Vous?
LB SOUFFLSUB. 10
Je viens secourir leur mémoire troublée.
DANDIN. 12
Je vous entends. Et vous ?
LÉANDRE. 14
Moi ? je suis l'assemblée.
DANDIN. 16
commencez donc.
LB SOUFFLBUR. 18
Messieurs...
PBTIT JBAN. 20
Ho ! prenez-le plus bas :'
Si vous soufflez si haut, Ton ne m'entendra pas. 22
Messieurs...
DANDIN. 24
Couvrez-vous."
PETIT JEAN. 26
Oh! Mes...
DANDnr. 28
Couvrez-vous, vous dis-je !
PBTIT JEAN. 80
Oh ! monsieur, je sais bien à quoi l'honneur* m'oblige.
DANDIN. 82
Ne te couvre donc pas.
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54 IXS PLAIDS0BB.
PETIT JXAN,
Se couvrant Au Souffleur. 2
Messieurs... Vous, doucement;
Ce que je mis le mieuz^ o'eet mon oommenoement. 4
Messieurs, quand je regarde avec exactitude
Uinconstance du monde et sa vicissitude ; 6
Lorsque je vois, parmi tant dliommes difierents,
Pas une étoOe fixe, et tant d'astres errants ; 8
Quand je vois les Césars, quand je vois leur fortune ;
Quand je vois le soleil, et quand je vois la lune ; 10
Babylcniene,
Quand je vois les États des Babiboniens 12
Perêans. Macédoniens.
Transférés des Serpents aux Nacédoniens ; 14
Bomains. despotique.
Quand je vois les Lorrains, de Pétat dépotique, 16
démocratique.
Passer au démocrite, et puis au monarchique ; 18
Qaand je vob le Japon...
l'iktimé. 80
Quand aura-t-il tout vu ?
petit jsak. 22
Oh ! pourquoi celui-là* m'a^il interrompu ?
Je ne dirai plus rien. 24
DAKDIH.
Avocat incommode,* 26
Que ne lui laissez-vous finir sa période ?
Je suais sang et eau,^ pour voir si du Japon 28
H viendrait à bon port au fait de* son chapon ;
Et vous l'interrompez par un discours frivole. 30
Parlez donc, avocat.
petit JEAN. 32
J'ai perdu la parole.*
LÉANDRE. 34
AAève, Petit Jean : c'est fort bien débuté.
Mais que font là tes bras pendants à ton côté ? 36
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▲ OTx XIX, scÈir« XXX. Si
Te Yoîlk sur tes pieds diohî oomme une statue.
Dégourdis-toL'* Courage ; allons, qu*on s'évertue,'* S
pim JEAN, rtmuant Us iras.
Quand... je vois... Quand... je vois... 4
LâAlfDRB.
Dis done oe que tu vois. 6
PETIT JEAK.
Oh dame ! on ne court** pas deux lièvres à la fois. 8
LE SOUITLEUB.
On lit... 10
PETIT JEAK.
On lit... la
LE S0UF7LEUB.
Dans la.. 14
PEUT JEAN.
Dans la... 16
LE 60UFIXBUS.
Métamorphose. 18
?BTXT JBAV.
CSommentI 20
UBSOUITLEUB.
Que la znétem... 22
PETIT JEAK.
Que la métem.^ 24
UB fM^DlVLBtJBk
Psjcose... 26
P8TIV JEAir*
Psycose... 28
URfloinm.«UB.
Hé! le cheval!" 30
PETIT JEAK.
Et le ohevul... 82
XA sovwwuKnu
EnoorP* ai
PETIT JBAH.
Enoor..* 36
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56 h%m FLAiDSVftt.
u Boovnamu
Ledûen! S
Fsnr JXAM'.
Le ofaien... 4
Le butor !'» 6
PKTIT JBA17.
Le butor... S
UE SOUFFLEUR.
Peste de l'ayocat ! 10
FXTIT JBAN.
Ah ! peste de toi-même ! 12
Voyez cet autre" avec sa &ce de carême !"
DANDIN. 14
Et TOUS, venez au fslt. Un mot
Du &it. 16
PETIT JEAN.
Hé ! feut-fl tant tourner autour du pot ?" 18
Ils me font dire aussi des mots longs d'une toise,
De grands mots qui tiendraient" d'ici jusqu'à Pontoise. 20
Pour moi, je ne sais point tant faire de feçon**
Pour dire qu'un mâtin'' vient de prendre un cbapon. 22
Tant y a" qu'il n'est rien que votre chien ne prenne,
Qu'il a mangé là-bas un bon bfaapon du Maine ; 24
Que la première fois que je l'y trouverai,
Son procès est tout &it, et je l'assommerai. 26
LÉANDBE.
Belle conclusion, et digne de l'exorde ! 28
PETIT JEAK.
On Fentend bien toujours." Qui vomdifry mordre y morde."* 30
DANDIN.
Appelez les témoins. 32
LÉAKDRE.
Cest bien dit, s'il le peut : 34
Les témoins sont fort ehers, et n^en a pas qui veut
PETIT JEAV. 36
Nous en avons pourtant, et qui sont sans reproche.
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ÀOTS IXX, 80tNS ZZI. 5Ï
DAKDDT. >
Paîtechles donc yeKir. 2
PETIT JSAir.
Je les ai dans ma poofae. 4
Tenez, voilà la tête et les pieds du chapon ;
Voyez-les, et jugez. 6
l'intimé.
Je les récuse."* 8
DAKDIH.
Bon! 10
Pourquoi les récuser ?
l'intimé. 12
Monsieur, ils sont du Maine.
DANDIN. 14
n est vrai que du Mans il en vient par douzaine.
l'intimé. 16
Messieurs...
DANDIN. 18
Serez-vous long, avocat ? dites-moi.
l'intimé. 20
Je ne réponds de rien.
DANDIN. 22
H est de bonne foi."
l'intimé, Xun tanjinismnt en Jhusset 24
Messieurs, tout ce qui peut étonner un coupable,
Tout ce que les mortels ont de plus redoutable, 26
Semble s'être assemblé contre nous par hasard.
Je veux dire la brigue et l'éloquence. Car, 28
D'un côté, le crédit du déAmt m'épouvante;
Et, de l'autre côté, l'éloquence éclatante 30
De midtre Petit Jean m'éblouit.
DANDIN. 32
Avocat,
De votre ton vous-même adoucissez l'édat. 34
l'intimé.
I/un tan ordinaire. Du beau ton, 36
Oni-dà,*' j'en ai plusieurs. Mais, quelque" défiance
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S8 LBt 9LAXDBVBB.
Que nous doive doiftier 1» wêê&M* éloquence
St le susdit crédit ; ce néanmoins,** messieurs, %
L'ancre de yos bontés nous rassure. D'ailleurs,
Devant le grand Dandin l'innocence est hardie ; 4
Oui, devant ce Caton de Basse-Normandie,
Ce soleil d'équité qui n'est jamais terni : 6
VZOTRIZ CAUSA DnS PLAOUIT, SID VICTA CaTOHL*^
DABmnr. 8
Vraiment, il plaide bien.
l'intimé. 10
Sans craindre aucune chose.
Je prends donc la parole, et je viens à ma cause. 12
Aristote, mmo psu Poutiook,**
Dit fort bien... li
DAKDnr.
Avocat, il s'agit** d'un chapon, 16
Et non point d' Aristote et de sa Politique.
l'intimé. 18
Oui, mab l'autorité du péripatétique**
Prouverait que le bien et le mal... 20
DANOIN.
Je prétends 22
Qu' Aristote n'a point d'autorité céans.**
Au&it. 24
l'intdié.
Pausaniasy en ces Corinthiaques... 26
PANINOr.
Au Ait.** 28
l'intimé.
Bebuffe... 90
DAKDnr.
Au &it, vous dis-je. 32
l'intimé.
Le grand Jacques... 34
DANDIN.
Au fait, au M% au f&it. • 96
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▲ OTX ZXJ, SOifcMK XIX. $i||
Hannenopul, iv Psokft... 3
PAITDIK.
Oh! je te vais juger. 4
Oh ! TOUS êtes A prompt ! <
Yoioi le ùAt, ( Vîie). Vn chien vient dans ime ouisiiiei
n y trouve un chapon, lequel a bonne mine." 8
Or celui pour lequel je parle est affirmé.
Celui contre lequel je parle autkx plumé ;** M
£t celui pour lequel je suis prend en cachette'*
Celui contre lequel je parle. L'on décrète ;^ IS
On le prend. Avocat pour et contre appelé ;
Jour pris." Je dois parler, je parle ; j'ai parlé.*" 14
DAKDZXr.
Ta, ta, ta, ta. Voilà bien instruire** tme affidre! 1$
n dit fort posément ce dont on n'a que fiiire,**
Et court le grand galop quand il est à son fidt 18
l'intimé.
Mais le premier, monsieur, c'est le beau. 20
DANDIir.
Cestlelaid. 22
A-t-on jamais plaidé d'u)i6 telle méthode t
Mais qu'en dit l'assemblée ? 24
LÂAHDRB.
n esft fort à la mode. 2^
L'iNTUÉ/f»» ton 9ékêmeAL
Qu'arrive-t-il, messieurs? On vient Comment vienton ? 28
On poursuit ma partie.** On force une maison.
Quelle maison! maison de notre propre juge. 30
On brise le cellier qui nous sert de refuge.
De vol, de brigandage on noua déclare auteurs ! 32
On nous traîne, on nous livre à nos accusateurs,
A maître Petit Jean, messieurs ! Je vous atteste : -34
Qui ne sait que la loi : Si quis OAins,** Pig^ate,
Dk VI,** paragraphe,** messieurs,,, pAiMMnBus,** » 36
Est manifestement cont|#^ à cet abus î
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00 LS0 PLAIOSVBS.
Et quand il serait vrai que Gtron, ma partie,
Aurait mangé, messieurs, le tout, ou bien partie 2
Dudit** chapon : qu'on mette en compensation
Ce que nous avons fait avant cette action. 4
Quand ma partie a-t-elle été réprimandée 1
Far qui votre maison a-t-elle été gardée? 6
Quand avons-nous manqué d'aboyer au larron t
Témoin" trois procureurs dont îcelui" Citron 8
A déchiré la robe. On en verra les pièces,**
Four nous justifier voulez-vous d'autres pièces î**. 10
PETIT JKAir.
Maitre Adam...
12
l'iktimA.
Laissez-nous.
14
pbtit jtbak.
L'Intimé...
16
l'ottuiA.
Laissez-nous.
18
PBTTr JKAN.
S'enroue.**
20
l'irtdié.
HéllaisseziMnia Euh! euh!
22
DANDIK.
Reposez-vous, 24
Et concluez.
\ ^jftsTDÊA^ <Fun ton pesant. 26
Puis donc qu'on nous permet de prendre
Haleine, et que l'on nous défend de nous étendre, 28
Je vais, sans r^ omettre, et sans prévarîquer,
Compendieusement énoncer, expliquer, 30
Exposer à vos yeux l'idée universelle
De ma cause, et des faits renfermés en icellè.** 32
DANDIK.
n aunût plus tôt &ît de dire tout vingt fois 34
Que de l'abréger une. Honame, ou qui que tu sois,
Condtts! 36
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▲ OTS XXI, BOtVB XII. 61
l'iktimé.
Je finis. 2
DANDIN.
Ah! 4
Avant la naissance du monde... 6
DANDiK, hdiUant
Ayocat, ah ! passons au déluge. 8
l'intimé.
Avant donc 10
La naissance du monde et sa création,
Le monde, l'univ^-s, tout, la nature entière 12
Était ensevelie'^ au fond de la matière.
Les éléments, le feu, l'air, et la terre, et l'eau, 14
Enfoncés, entassés, ne disaient qu'un monceau,
Une confosion, une masse sans forme, 16
Un désordre, un chaos, une cohue énorme.
Unus erat toto nature vultus in orbe, 18
QUBM DIXBRB ChAOS, RUDIS INHIGBSTAQUE MOLES.**
Dandin endormi se laisse tomber. 20
LÉANDRE.
Quelle diute ! Mon père ! 22
PETIT JEAN.
Aj, monsieur! comme il dort! 24
LÉANDRE.
Mon père, éveillez-vous. 26
PETIT JEAN.
Monsieur, ôtes-vous mort ? 28
LÉANDRE.
Mon père! 80
DANDIN.
Hé bien! hé bien! quoi? qu'est-ce? Ah! ah! quel homme! 32
Certes, je n'ai jamais dormi d'un si bon somme.
LÉANDRE. 34
M<m père, il &ut juger.
DANDST. 36
Aux galères.**
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M I*SB PX.AIDBVBS.
Unchieii 2
Aux galères t
DÂNDnr. 4
Ma foi ! je 11*7 conçois plus rien.
De monde, de chaos, j'ai la tète troublée. 6
Hé! concluez.
l'intimé, lui présentant de petits chiens, 8
Venez, fitmille désolée ;
Venez, pauvres en&nts qu'on veut rendre orphelins, 10
Venez &ire parler vos esprits en&ntins.
Oui, messieurs, vous voyez ici notre misère : 12
Nous sommes orphelins, rendez-nous notre père.
DÀNDIK. 14
Tirez, tirez, tirez.**
l'intdié. 16
Notre père, messieurs...
DAVDIir. 18
Tirez** donc. Quel vacarmes !
L'onmiÉ. • 20
Moncàeor, voyes nos lannes.
DAimnr. 22
Ouf! je me sens déjà pris de compassion.
Ce que c'est qu'à propos toucher la passion î 24
Je suis bien empédié.*^ La vérité me presse ;
Le crime est avéré, lui-même il le confesse. 26
Mais, s'il est condamné, l'embarras est égal ;
Voilà bien des enfants réduits à l'hè^Htal. 28
Mais je suis occupé, je ne veux voir personne.
Nom AiTD BsFBRENGBS. — ^ Ça, qu'étes-YOUB ioit JN^aio, ihen; what are
youf-'^ Prenez-le plus bas, tpeàk lower, — » CouTrez-yona, put ûh pm^r
hat. — * A qxioi Thonnear m'obUge, wkûi pcliUMêê requires of me, —
s Oelui-lâ, thai fellow,^-^ Incommode, irtnÀHeecme, — ? Je aaaia aang et
eau, Iwm in ihe greatest anxiety. — ^ Il viendrait à bon port au fait^,
he would eafely reaek. — > La parole, my êpeeeh. — ^ Dégoardis-toi, do not
be 90 stiff, brighten up ! — ^^ Qu'on s'évertne, a Utile animatûml — ^«Court^
hvnL — 1' Hé le cheval I the brute I — *^ Enoor, the e of encore ia oftea
left ont in poetrj.— i< Le butor I tke Uwpid fellow ! — '* Cet autre^ the
feiUn». — 17 Sa face de carême, hU wim f<me; carême meana Lent, —
Digitizect
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AOTS III, SOftKB IV. Û9
^ Tonrnor autour du pot^ béai chant ikt buêh, — ^ Tiendraient, wntld
rêocK"^ Façon, eerenumy,—^ Mâtin, masUff.-^ Tant y a, thefact i\
the truCh is. — » On l'entend bien toi^oun, peaple underriand it, however,
— 94 Qui voudra mordre y morde, find fault tpiih it who will. — ** Je les
récuse, lobjeet to them. — ^ De bonne foi, sincère, — *7 Oui-dà> yes indeed,
-r-« Quelque, whatever, — *» La susdite, ihe aforetaid,-^^ Ce néanmoins,
nwerthOess.'^" Thê mum tfike mdor plâ&êed the gùds, fmt that «/ thê
vanquiêhed (pîeased) Cato,—^ ArU/toUe^ M thejlrst part of the Polities.
—33 n s'agit d', the catme is ahoiU, — ^ Péripatétique, the PeripatetUian;
Aristotle was so called, from bis eustom of walking about, as be dis-
coursed with bis pupils. — ^ Céans, hère. — ^ Au fait, to the point. —
37 A bonne mine, looks well. — 38 autem, plimié, is plucked also. — 30 £a
cachette, slyly. — ^^ L*on décrète^ they issue a tearrant. — *' JovLt pris,
they appoint a day. — « Je dois parler, je parle, j*ai parlé, lamto speak,
éc ; this is a parody of Gsasar's «mh, vidi, vieL-^^ Instniire, éxplaininff.
—M Ce dont on n'a que £dre, tehat is noi needed^-^^ Partie^ ciûrU.— -
M Qui ne sait que la loi : Si Qun oanib 9 Who does tiot know thaï the law :
si qciB GAiOB (if any dog); this is a bappy bit on tbe quotations of ima-
ginary laws^ not unfrequent in the autbor's time. — ^^7 Dx y^ on violence,
— ^ Paragrapho, in the paragraph. — ^ Gafonibus, vpon eapons. — sod^j.
dit, of the aforesaid. — ** Témoin, toUness, for instance. — ** Icelui, the
tome. — 53 On en verra les pièces, the pièces are to be seen. — ^ PMces,
/oefe, documents. — ^ S'enroue, is beoomimg hoarse. — >* En icelle^ vnihin
the same,-^f M. § 114» B. (2).— '^ The face of nature teas uwifirm in the
universe, a rude cmd indigested mass, uMch is called Chaos. Ovid's meta-
morphosesJBook L — ^' Aux galères^ to the paUeys,-*-»^ lH^ez, take them
amay. — '^ Empêché, embarraued.
SCÈNE IV.
DAironr, LÉAUDRE, OHICANEAXT, ISABELLE, LIHTMI^
PETIT JBAN.
CHiCANEAtT. 4
Monsieur...
DANDIK. 6
Oui, pour vous seols l'audience se donne.'
Adieu... Mais, s'il vous plaît, quel est cet enfimt-là î 8
OHIOANXAIT.
CTest ma fille, monsieur. 10
DAirenf •
Hé ! tôt rappelee-la.'* 12
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64
IrBS PLAZDS0B8.
SBABSLLE.
YouB êtes occupé.
DANDIN.
Moi ! je n'ai point d'affidre.
A Chieaneau,
Que' ne me disiez- vous que vous étiez son père 1
OmOAIffXAF.
Mon8ieur..\
DAKDIK.
Elle sait mieux votre afiàire que vous.
Dites... Qu'elle est jolîe^ et qu'elle a les yeux doux!
Ce n'est pas tout, ma fille, il &ut de la sagesse.
Je suis tout réjoui de voir cette jeunesse.
Savez-vous que j'étais un compère' autrefois ?
On a parlé de nous.
ISABELLE.
Ah ! monsieur, je vous crois.
DAin)IN.
Dis-nous : à qui veux-tu &ire perdre la cause 1
A. personne.
DJNDIN.
Pour toi je ferai toute chose.
Parle donc.
Je vous ai trop d'obligation.'
DAKDIN.
N'avez-vous jamais vu donner la question V
Non ; et ne le verrai, que je crois, de ma vie.
DANDIN.
Venez, je vous en veux faire passer l'envie.'
ISABELLE.
Hé monsieur ! peuton voir souffirir des malheureux?
DANDIN.
Bon ! cela fiût toujours passer une heure ou deux.
OmCAHBAU.
Monsieur, je viens id pour vous dire...
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AOT'S III, SOÈVB IT« 6B
LÉAHDBB.
Mon père, 2
Je vous vais en deux mots conter toute l'afibire.
Cf est pour un mariage. Et vous saurez d'abord* 4
Qu'il ne tient plus qu'à vous,'® et que tout est d'aooorâ.'*
La fille le veut J[>ien ; son amant le respire :" 6
Ce que la fille veut, le père le désire.
<7est à" vous de juger. 8
DAKDiN, se rasseyant
Mariez au plus tôt : 10
Dès demain, si l'on veut ; aujourd'hui, s'il le &ut.
LÉAKDRE. 12
Mademoiselle, allons, voilà votre beau-père :^*
Saluez-le. , 14
CHIOAKBAU.
Comment? 16
DANDIN.
Quel est donc ce mystère 1 18
UÊAITDRE.
Ce que vous avez dit se &it de point en point. 20
DAKDIN.
Puisque je l'ai jugé, je n'en reviendrai point." 22
CHICANEAU.
Mus on ne donne pas une,fille sans elle." 24
LÉAKDRS.
Sans doute ; et j'en croirai la charmante Isabelle. 20
CHICANEAU.
Es-tu muette ? allons, c'est à toi de parler. 28
Parle.
ISABEILE. 90
Je n'ose pas, mon père, en appeler.
OHICANEAtr. 82
Mais j'en appelle, moi."
LÉAimRE, lui montrant un papier, 84
Voyez cette écriture.
Vous n'appellerez pas de votre signature. 86
OHIOANBAU;
Plaît-il r 88
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M Lia PLAXDBUBa.
DÀ99XH.
Cest un contrat en fort bonne &Qon/* 3
Je vois qu'on m'a surpris ;'® mais j'en aurai raison :'^ 4
De plus de vingt procès ceci sera la source.
On a la fille ; soit : on n'aura pas la bourse^ » 6
LàAN0BB.
Hé monsieur ! qui vous dit qu^on vous demande rim ? 8
Laissez-nous votre fille, et gardes votre bien.
cmoàJsnAv. 10
Ah!
LEANDRX. 12
Mon père, ètes-vous content de l'audience ?
DANDIN. 14
Oui-dà." Que les procès viennent en abondance.
Et je passe avec vous le reste de mes jours, 16
Mais que les avocats soient désormais plus courts.
Et notre criminel ? 18
LÊANDRB.
Ne parlons que de joie ; 20
Grâce ! grâce ! mon père!
. DANDIN. 22
Hé bien ! qu'on le renvoie.''
C'est en votre faveur,'* ma bru, ce que j'en fîiis. 24
Allons nous délasser à voir d'autres procès«
Kom AMD BsrxBBBreBB.— ^ L'audience se donn^ tkê court i» cpetu
— ' Tôt rappèlez-la» eall her baek quiekly, — > Que, why, — * Qu'elle est
jolie I how pretty she ia ! — ^ Un compère^ a gay young man. — ' Je youb
ai trop d'obligation, / am exeeedingly obligea tù ycu, — f Donner la
question, any one put to the torture, — ^ Passer Tenyie, aatUfy your msk,
— ■ D'abord, aijiret, — *» Qu'il ne tient plus qu*à vous, cUl dépends on
you alone. — ii Tout est d'aoeord, ail U arran^ed,^-^* Le respire, breathee
orUy/or it, — »» C'est à vous, now U Ufor you. — »< Voilà votre beau-père,
there ie yowr father-in-leno ; M. L. 84, B. 4w — 1< Je n'en reviendrai points
/ ehall not reverse my juàgment. — ** Sans elle, withomi her eonseni.—^
17 Moi, Ido,-^^ Plaît-il? What isitf^^9 En fort bonne façon, in the
properform. — »• Surpris, deceived. — ** J'en aurai raison, JshaU havemy
revenge, — >> Oui-dà, indeed I am. — ^ Qu'on le renvoie, IH Asm hé êiê-
eharged» — 94 En votre faveur, />r your sedke,
FIN DES PLAIDEUBS.
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ANDROMAQUE,
TRAGÉDIE.
ACTEURS.
AjxDwoMAXjsaE,^ Yeure d'Hector» oi^tive de Pyrrhu.
Ptbbhus, fils d'Aohille, roi d'Épire.'
Obxsti^ fils d'Agamemnon, amant d^Hermione.
HsRMioNE, fille d'Hélène, accordée^ avec P^hiui.
Pn^kBE, ami d'Oreste.*
GLÉon^ confidente d'Hermione.
CÈPBisEj confidente d'Andromaqne.
Phonec, gouyemeur d'Achille^ et engnite de PyrrhiUk
Suite d'Oreste
La bgènb xbt X Bvthbozi^s yxlle d'Éubjù, daits uns &au.k du palaib
Dx Ptrrhxts.
ACTE PREMIER.
SCÈNE I.
OEESTE, PYLADE.
ORXSTB. 4
Oui, puisque je retroure un ami si fidèle,
Ma fortune va prendre une ùtce nouvelle; 6
Et déjà son courroux semble s'être adoud
Depuis qu'elle a pris soin de nous rejoindre* ici. 8
Qui l'eût dit,^ qu'un rivage à mes vœux si funeste
Présenterait d'abord Pylade aux yeux d'Oreste; / /; 10
Qu'après plus de six mois que je t'avais perdu, «^
A la cour de Pyrrhus tu me serais rendu ! ' 12
J'en rends grâces au del, qui m'arrétant sans oesse . 14
Semblait m'avoir fermé le ohemin de la Grèce,
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68 AHDBOMAQVS.
Depuis le jour fatal que' la fureur des eaux
Presque aux yeux de l'Ëpîre écarta* nos vaisseaux. 2
Combien dans cet exil ai'je souffert d'alarmes,
Comlnen à vos malheurs ai-je donné de larmes, 4
Craignant toujours pour vous quelque nouveau danger
Que ma triste amitié ne pouvait'* partager ! 6
Surtout je redoutais cette mélancolie
Où j'ai vu si longtemps avec votre âme ensevelie :/ 8
Je craignais que le ciel, par un cruel secours,
Ne" vous ofifHt la mort que vous cherchiez toujours. 10
Mais je vous vois, seigneur ; et, si j'ose le dire.
Un destin plus l^eureux youp conduit en Épire : 12
Le pompeux appareO qui suit ici vos pas
N'est point*' d'un malheureux qui cherche le trépas. 14
ORSSTE.
Hélas ! qui peut savoir le destin qui m'amène ? 16
L'amour me &it ici chercher une inhumaine :
Mais qui sait ce qu'il doit ordonner de mon sort, 18
Et si je viens chercher ou la vie ou la mort 1
PYLADE. 20
Qvpi ! votre âme h. l'amour en esclave asservie
Se rèpdse sûr lui du soin de votre vie ? 22
Par quel charme, oubliant tant de tourments soufferts,
Pouvez-vous consentir à rentrer dans ses fers 1 24
Pensez-vous qu'Hermione, à Sparte inexorable.
Vous prépare en Épire un sort plus fiivorable ? 26
Honteux d'avoir poussé tant de vœux superflus,
Vous l'abhorriez : enfin, vous ne m'en parliez phis. 28
Vous me trompiez,*' seigneur.
OSESTB. 30
Je me trompais moi-même !
Ami, n'accable point uu malheureux qui t'fûme : 32
Pai-je jamais caché mon cœur et mes désirs ?
Tu vis naître*^ ma flamme et mes premiers soupirs : 34
Enfin, quand Ménélas disposa de sa fille
En fiiveur de Pyrrhus, vengeur de sa &mille, 86
Tujris mon désespoir; et tu m'a tu depuis
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▲ OTS Xy SCÈJIB I. M
Traîner de mers en mers ma chaîne et mes eonnis.
Je te TÎs à regret, en cet état funeste, 2
Prêt à suiyre partout le déplorable Oreste,
Toujours de ma fureur interrompre le cours, 4
Et de moi-même" enfin me sauver tous les jours.
Mais quand je me souvins que, parmi tant d'alarmes, 6
Hermione à Pyrrhus prodiguait tous ses charmes,
Tu sais de quel courroux mon cœur alors épris" 8
Voulut en l'oubliant punir tous ses mépris.
Je fis croire et je crus ma victoire certaine ; 10
Je pris tous mes tr{U)^rts pour des transports de liaine :
Détestant ses rigueu£S^' rabaissant ses attraits, ^. 12
Je défiais ses yeux de me troubler jamais. '^ '< •
Voilà comme je crus étoufièr ma tendresse. 14
En ce calme trompeur j'arrivai dans la Grèce ;
Et je trouvai d'abord ses princes rassemblés, 10
Qu'un péril assez grand semblait avoir troublés.
J'y courus. Je pensais que la guerre et la gloire 18
De soins plus importants rempliraient ma mémoire ;
Que, mes sen^ reprenant ^eur j[>remière vigueur»^ ^ 20
L'amour adiàverait de sortir de 'mon cœur.
Mais admire avec moi le sort, dont la poursuite 22
Me fiiit courir alors au piège'qùe j'évite.
J'entends de tous côtés qu'on menace Pyrrhus : 24
Toute la Grrèce éclate en murmures confiis :
On se plaint qu'oubliant son rang et sa promesse, 26
U élève" en sa cour l'ennemi de la Grèce,
Astyanaz, d'Hector jeune et malheureux fils, 28
Beste de tant de rois sous Troie ensevelis.
J'apprends que pour ravir" son enfance au supplice** 80
Ândromaque trompa l'ingénieux Ulysse,
Tandis qu'un autre enfant arraché de ses bras 82
Sous le nom de son fils fut conduit au trépas.
On dit que, peu sensible aux charmes d'Hermione, 84
Mon rival porte ailleurs son cœur et sa couronne.
Ménélas, sans le croire, en paraît affligé, M
Et se plaint d'un hymen si longtemps négligé."
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Parmi les dèplatein où son Âme se noie,**
n s'élèye en la mienne une secrète joie : 3
Je triomphe ; et pourtant je me'^tte d'abord
Que la seule vengeance** excite ce transport 4
Mais l'ingrate en mon cœur reprit bientôt sa place :
De mes feux mal éteints je reconnus la trace ; 6
Je sentis que ma haine allait finir son cours,
Ou plutôt je sentis que je l'aimais toujours. ^ 8 .
Ainsi de tous les Grecs je brigue le sufirage.** '
On m'envoie à Pyrrhus : j'entreprends ce voyage. ' 10
Je viens voir si l'on peut arracher de ses bras
Cet enfant dont la vie alarme tant d'États. 12
Heureux si je pouvais, dans l'ardeur qui me presse,
Au lieu d'Astyanax, lui ravir ma princesse ! 14
Car enfin n'attends pas que mes feux redoublés
Des périls les plus grands puissent être trdublés. , 16
Puisqu'après tant d'effort ma résistance est vaine, ' '
Je me livre en aveugle au transport qui rn'i&nlraine, '*' * ^18.
J'aiopte : je viens chercher Hermione en ces lieux, '^^
La fléchir, l'enlever, ou mourir à ses yeux. 20
Toi qui connais*^ Pyrrhus, que penses-tu qu'il fasse 1**
Dans sa cour, dans son cœur, dis-moi ce qui se passe. 22
Mon Hermione ei^cor/l^ tient-elLe ass^vl ?''.•■ -. - ^' /L
Me rendra-t-il, Pylade, un bien qu'il m'a" ravi î/; 24
Je vous abuserais** si j'osais vous ^opiettre' *' * ' 26
Qu'entre vos mains, seigneur, il voulût la reniettfe': tlfT^'^i
Non que de sa conquête il paraisse flatté*^ / -> '' ''-^6^L
Pour la veuve d'Hector ses feux ont éclaté ;'
n l'aime : mais enfin cette veuve inhumaine 80
N*a payé jusqu'ici son amour que de haii^; ^ ' -' ' /-
Et chaque jour encore on lui voit tout tenter / 32
Pour fléchir sa captive, ou pour l'épouvanter.
De son fils qu'il lui cache il menace la tête, 84
Et fait couler des pleurs qu'aussitôt il arrête.
Hermione elle-même-^ vu plus de cent fois 86
Cet amant irrité revenir soùs ses lois,
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A«TS I, SCftHÏ I. 71
* ' /
Et, de ses Tœux troublés lui rilpporlAiit l%ominage,
Soupirer à ses pieds moins <i'amoar que de rage. 2
Ainsi n'attendez pas que l'on puisse aujourd'hui
Vous répondre d'un eœur si peu maître de lui : 4
n peut, seigneur, il peut, dans œ désordre extrême,
Épouser ce qu'il hait, et perdre ce quil aime. 6
0RE8TB.
Mais dis-moi de quel œil Hermione peut voir 8
Son hymen difieré, ses charmes sans pouvoir.
PYLADB. 10
Hermione, seigneur, au moins en apparence,
Semble de son amant dédaigner l'inconstance, 12
Et croit que, trop heureux de fléchir sa rigueur,
n la viendra presser de reprendre son oorar. 14
Mais je l'ai vue enfin me confier ses alarmes :
Elle pleure en secret le mépris de ses charmes ; 16
Toujours prête à partir, et demeurant toujours,
Quelquefois elle appelle Oreste à son secours. 18
ORK8TB.
Ah! si je le croyais, j'irais bientôt, Pylade, 20
Me jeter...
PYLADE. 22
Adievez, seigneur, votre ambassade.
Vous attendez le roi. Pariez, et lui montrez"^ 24
Contre le fils d'Hector tous les Grecs conjurés.
Loin de leur accorder ce fils de sa maîtresse, * 26
Leur haine ne fera qu'iititèr sa t^idresse^
Plus on les veut bi*ouîBer, plus on va les unir. - * - ^
Pressez : demandez tout, pour ne rien obtenir,
n vient. 80
Eh bien, va donc disposer la cruelle 82
A revoir un amant qui ne vient que pour elle.
Kom aho BgwroiîNcam. — ^ Andromaque, AfUhromache. — ^ JËpire,
JSpiruê, — 3 Aecordée, promised^ betrothed. — * Oreste et Pylade, Oreatea
and Pylade^. — s Buthrote, Buthrotum,—^ Rejoindre, reunite. — 7 Qui
Feût dit, 10^ vould hâve (hougkt. The imperfect of ihe Babjonctiv'e is uàed
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n AVDBOMAaUS.
«mdilioiudlylMM; H. glST, B.(3>^ Qa^ wkm.-^iemtU, êtp^raM,-^
M M. § 188, B. (2).—" M. g 138, R. (6).— i* ir«st point d'un, Unol
that cfa,—^^ M. L. 88, B. 1. — ** Ta ris naître ma flamme, you wUneued
thê wmmtnemnmt nf my Icve,^—^ Et de moi-même, and fiwn my ovm
y^cf3f.— if Éprii» MtMdL— 17 Reprenant lenr première rignenr, rewwning
ikBvrformm «(rwi^— » Élèves f«oi%/oi«tra— •• Bavir, mrm; tiuKfeA.—
*• SappUe^ iiMtA.— Al Négligé, d«2a^— » 8e noie, m plwi^-'-ss La
Mole vengeanee^ «M^Mn^f oAmu^ in prose tibe a^jective wonld follow
the nouu— M M. p. 862.—» M. § 127, B. (2^ 1.— « Je youb abnaeraifl^
lêkoMdêeehêyou.-^ IL g 100, B. (6).
SCÈNE II.
PTBBHU3, OBESTE^ PHCBNIZ.
OBBSTS.
Avant que tous les Grecs vous parlent par ma Toiz, 4
Soufl&ez que j'ose ici me flatter de leur choix,
Et qu'à Yos yeux, seigneur, je montre quelque joie 6
De voir le fils d'Achille et le vainqueur de Troie*
Oui, comme ses exploits' nous admirons vos coups ; 8
Hector tomba sous lui, Troie expira sous vous ;
Et vous avez montré, par une heureuse audace, 10
Que le fils seul d'Achille a pu remplir sa place.
Mais, ce qu'il n^eùt point fait, la Grèce avec douleur • 12
Vous voit du sang troyen relever* le malheur, ,i -- *
Et, vous laissant toucher d'une pkié fime^te^; 714
D'une guerre si longue entretenir le reste. * ' ' '^*
Ne vous souvient-il plus,' seigneur, quel fiit Hector 1 16
.Nos peuples affitiblis s'en souviennent encor :
Son nom seul fikit frémir nos veuves et nos filles ; 18
Et dans toute la Grèce il n'est point de &milles
Qui ne demandent compte à ce malheureux fils 20
D'un père ou d'un époux qu'Hector leur a ravis.
Et qui sait ce qu'un jour ce fils peut entréprendre? 22
Peut-être dans nos ports nou^ le ye^rrons descendre,
Tel qu'on a vu son père embraser nos' vaisseaux, 24
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JiOXM .2, «OÈBf H\ n
Et là fiamme. à 1a main les suivre sur les eaauu
Oserai-je^ seigneur, ^re ce que je pense 1 2
Vous-même de vos soins craignez la récompense^
Et que dans votre sein ce serpent élevé 4
Ne^ vous punisse un jour de Tavoir conservé.
Enfin, de tous les Grecs satis&ites Tenvie, 6
Assurez leur vengeance, assurez votre vie :
Perdez un ennemi d'autant plus dangereux 8
Qu'il s^essaiera sur vous* à combattra contre eux.
FTRRHUS. 10
La Grèce en ma faveur' est trop inquiétée:
De soins plus importants je Tai crue agitée, 12
Seigneur ; e,t, sur le nom de son ambassadeur.
J'avais dans ses proje1|^.conçu plus de grandeur. 14
Qui croirait en €^et qu'une telle entrenriioe . / .
Du 61s d'Agamemnon méritât Teroréiilv^é; -' ^ * - ^^
Qu'un peuple tout œitier, tant de fois triomphant»
N'eût daigné conspirer que la mort d'un enfant ? 18
Mais à qui prétend-on^ que je le sacrifie î
La Grèce a-t-elle encor quelque droit sur sa vie ? 20
Et seul de tous les Grecs ne m'est-il pas ^m^is •
D'ordonner' des captif que le sort m'a sSuinis ? ' • * 22
Oui, seigneur, lorsqu'au pied d^s murs fumants de Troie
Les vainqueurs tout sanglants partagèrent leur proie, 24
Le sort, dont les arrêts furent alors suivis.
Fit tomber en mes mains Andromaque et son fils. 20
Hécube près d'Ulysse acheva sa misère ;
Cassandre dans Argos a suivi votre p^e : ^ ^ ^ . . SS
Sur eux, sur leurs captifs, ai-je étendu mes droits î
Ai-je enfin disposé du fruit de leurs exploits \ ^ ,\ ^^ ^ 30
On craint qu'avec Hector Troie un jour ne* réflàîsse î' '
Son fils peut me ravir le jour" que je lui laisse ! *^ " 82
Seigneur, tant de prudence entraine" trop de soin ;
Je ne sais pointprévoir les malheurs de si loin. 34
Je fknigé'qtieUé ètilt autrefois, ^tte ville
Si superbe en remparts, en berces si fer^lei 86
Maîtresse de l'Asie ; et je re^de enfin
4 ■
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T4 AVOBOXAQtTS.
Quel fut le sort de Troie et quel est son destin :
Je ne vois que des tours que la cendre a oouvertes,^ 2
Un fleuve teint de sang, des campagnes désertes.
Un en&nt dans les fers ; et je ne puis songer 4
Que Troie en cet état aspire à se renger.
Ah ! si du fils d'Hector la perte" étaîtjuré^ • 6
Pourquoi d'un an entier l'avons-nous éTOreê^'^^^
Dans le sein de Priam nVt-on pu l'immolera" 8
Souà tant de morts, sous Troie, il &llait Taccabler. -?4^
Tout était juste alors : la vieillesse et i*enfànce 10
En vain sur leur faiblesse appuyaient leur défense ;
La victoire et la nuit, plus cruelles que nous, 12
Nous excitaient au meurtre et confondaient nos coups.
Mon courroux aux vaincus ne fut que trop sévère. 14
Mais que'* ma cruauté survive à ma colère î
Que, malgré la pitié dont je me sens saisir, 16
Dans le sang d'un enfant je me baigne à loisir V*
Non, seigneur. Quelles Grecs cherchent quelque autre proie ; 18
Qu'ils nOTT^i^velot^illeurs ce qui reste de IVoie :
De mes îniniitiés i^cours est achevé ; 20
L'Épire sauvera ce que Troie a sauvé.
OBBSTB. 22
Seigneur, tous savez trop avec quel artifice
Un fiiux Astjanax fut ofiërt au supplice 24
Qù le seul fils d'Hector devait être conduit
Ce n'est pas les Troyens, c'est Hector qu'on poursuit.** 26
Oui, les Grecs sur le fils persécutent le père ;
n a par trop de sang acheter leu^^ colère : ; . ' y j 28
Ce n'est que dans le sien qu'elle peut expirer^" '^^ //' t ^
Et jusque dans l'Épire il les peut attirer. ' / , v ^^
Prévenez-les. ^ ^^ ' ' '"^'''
Non, non. J'y consens avec joîe.
Qu'ils cherchent dans l'Épire une seconde Troie ; 34
Qulls confondent leur haine, et ne distinguent plus
Le sang qui^es fit vaincre,** et celui des vaincus. S6
Auasi biiii'*oe n'est pis la première i^^oatifie
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AOTB' %f «OiSS XXX. 75
Dont là Grèce d' AchOle a {ttyé is service.
Hector en profita, seign^ir ; -et quelque jour
Son fils en pourrait bien profiter à son tour.
Ainsi la Orèce en vous trcove un en&nt rebellel
FTRBHI7B. y ^ / , 6
Et je n'ai donc vaincu que pour dépéfid^â^iï^ ^ > u-
Hermione, seigiieuf^ arrêtera vos coups : « '
Ses yeux s'oppé^i*t>iit'^efître son père et vous. 10
PYRRHUS.
Hermione, seigneur, peut m'étre toujours clière ; 12
Je puis l'aimer sans être esclave de son père :
Et je saurai peut-être accord er^ quelque jour 14
Les soins de ma grandeur et ceux de mon amour.
Vous pouvez cet>endant voir la fille d'Hélène : 16
Du sang qui vous unit je sais Tétroite*' chûne.
Après cela, seigneur, je ne vous retiens plus, 18
Et vous pourrez '* aux Grecs annoncer mon refus.
Nom Ain> Retebenges. — ' Oui, comme ses exploits, yes^ <u we ad-
mired hû exploit». — ' Relever, relieve. — ^The reflectÎTe Terb m «ovventr
is ofben used unipersonally. — * M. g 138, R. (7). — "* Qu'il s'essaiera sur
TOUS, th€U he toUl learn in contendin^ <iffain8t you. — > En ma faveur, on
my aceount,—f Prétend-on, do they tiMiat-^' D'ordonner, to dupow,^-^
• See note ^ — '<* Le jour, the life, — " Entraîne, demands^—y 11 L. 4^2,
E. 7.—»» La perte, the death.—^* M. § 138, R. (2.)-— '« Mais que ma
cruauté ; this is an ellipsis for mais croyez-vous que ma cruautéf 4?c.— -
M A loisir, interUionally^ with préméditation. — »? Qne, i«f.— '« M. p. 378. —
!• Qui les fit vaincre, through whieh they conqver«L'^» Auan bien»
heside, — *^ Accorder, reooneUe,-^'^^ Étroite, close.
SCÈNE III.
PYRRHUS, PHŒNIX.
PHŒinx. 22
Ainsi vous l'envoyez aux pieds de sa maîtresse ?
PTBBHVSi 24
On dit qu'il a loùgtempe Wûlèfoar Ji^pniiQMM^
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76 AVBftoiiA^irx.
PBcsirix. / , '^ ' .^.
Mais si ce feu, seigneur, rient à se rallumer, 2
S*il lui rendait son oœur, sMl s'en faisait aimer?
PTBRHUS. 4
Âli ! qu'ils s'aiment, Phœnix, j'y consens. Qu'elle^ parte ;
Que, charmés l'un de l'autre, ils retournent à Sparte. 6
Tous nos ports sont ouverts et pour elle et pour lui.
Qu'elle* m'épai^erait de contrainte et d'ennui !* 8
PHŒNIX.
Sdgneur....M 10
PYRRHUS.
" Une autre fois je t'ouvrirai mon âme : ^ 12
Ândromaque parait^
Kom Ain> BsRBSNon. — ^ Qu'elle, Ut her. — ' Qu'elle^ how mmdL^.
êhê, — ■ Ennui, êorrow, — * M. p. 878. *
SCÈNE IV.
ANDROMAQUE, PYRRHUS, GÉPHISE, PHCENDC
PYRRHUS. 16
Me cherchiez-vous, madame î
Un espoir si charmant me serait-il permis? 18
ANDROMAQUE.
Je passais jusqu'aux lieux où l'on garde mon fils. 20
Puisqu'une fois le jour vous souffrez que je voie
Le seul bien qui me reste et d'Hector et de Troie, 22
J'allais, seigneur, pleurer un moment avec lui :
Je ne l'ai point encore embrassé d'aujourd'hui ! 24
PTRRHUS.
Ah madame ! les Grecs, si j'en crois leurs alarmes, 26
Vous donneront bientôt d'autres sujets de larmes. ^
ANDROMAQUE. 28
Et quelle est cette peur dont leur cœur est frappé,
Sei^wur ) Quelque Ttoy^a vous eifc-il échappé;? 80
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PTRRHUB.
Leur haine pour Hector n'est pas encore éteinte :* 2
Us redoutent son fUs.
ANDROMAQUB. 4
Digne objet de leur crainte !
Un enfant malheureux, qui ne sait pas enoo^ 6
Que Pyrrhus est son maître, et qu'il est fils d'Hector !
PTRRHUS. 8
Tel qu'il est, tous les Grecs demandent qu'il périsse.*
Le ^ d'Agamemnon vient hâter son supplice.' 10
▲NmiOMAQUB.
Et vous prononcerez un ahref fc cftiW ? 13
Est-ce mon intérêt qui le rend criminel î
Hélas ! on ne craint point qu'il venge un jour son père ; 14
On cAint qu'il n'essuyât* les larmes de sa mère.
Il m^aurait tenu lieu* d'un père et d'uo époux : 16
Mais il me' &ut tout perdre, et toujours par vos coups.
PTRRHUS. 18
Madame, mes refus ont prévenu^ vos larmes.
Tous les Grecs m'ont déjà meuacé de leurs armes: 20
Mais, dussent-ils enco re, en repassant les eaux, ^ .
Demander votre fils avec mille vaisseaux ; 22
Coûtât-il tout le sang qu'Hélène a fait répandre ;
Dussé-je' après dix ans voir mon palais en cendre ; 24
Je ne balance point, je vole à son secours.
Je défendrais sa vie aux dépens de mes jours. 26
Mais, parmi ces périls où je cours pour vous plaire.
Me refuserez- vous un regard moins sévère 1 28
Haï de tous les Grecs, pressé de tous côtés,
Me faudra-t-il combattre encor vos cruautés ? 80
Je vous offre mon bras. Puis>-je espérer encore
Que vous accepterez un cœur qui vous adore ? 82
En combattant pour vous, me sera-t-il permis
De ne vous point compter parmi mes ennemis? 84
ANDROMAQUE.
Seigneur, que faites-vous, et que dira la Grèce 1 86
Faut-il qu'un si grand cœur montre tant de faiblesse?
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tf* AVDftOJfAQUI.
Voulez-vous qu'un dessein si beau, si généreux,
Fasse pour le transport d'un..fi8prit amour^uxi • //^ , ^^^ SI
Captive, toujours triste, irç^dftûfté^ moi*-ttiêm'e, '
Pouvez-vous souhaiter qu'Andromaque vous aime ? 4
Quels charmes ont pour vous des yeux infortunés
Qu'à des pleurs éterpels vous avez condamnés !' 6
Non, non : d'un ennemi respecter la misère.
Sauver des malheureux, rendre un fils à sa mère, 8
De cent peuples pour luj con^battre la rigueur
Sans me feîre payef son^salùt de** mon cœur 10
Malgré moi, s'il le l&ut, lui donner un asile,
Seigneur, voilà des soins dignes du fils d'Achille. /^ , 18
PYRRHUS. ^s^
Hé quoi ! votre courroux n'a-t-il pas eu son cours? 14
Peut-on haïr sans cesse ? et punit^n toujours ?
J'ai fait des malheureux, sans doute ; et la Phrjgie 16
Cent fois de votre sang a vu ma main rougie.:
Mms que vos yeux sur moi se sont bien exercés !" 18
Qu'ils m'ont vendu bien eher les pleurs qu'ils ont versés!
De combien de remords m'ont-ils rendu la proie ! " 5M)
Je souffre tous les maux que j'ai faits devant Troie.
Vaincu, chargé des fers, de regrets consumé, 22
Brûlé de plus de feux que je n'en" allumai.
Tant de soins, tant de pleurs, tant d'ardeurs inquiètes... 94
Hélas ! fus-je jamais si cruel que vous l'êtes ?
Mais enfin, tour à tour," c'est assez nous" punir ; 26
Nos ennemis communs devraient nous réunir :
Madame, dites-moi seulement que j'espère," 28
Je vous rends votre fils, et je lui sers de père ;"
Je l'instruirai moi-même à venger les Troyens ; 80
J'irai punir les Grecs de vos maux et des miens.
Animé d'un regard, je puis tout entreprendre : 32
Votre Ilion encor peut sortir" de sa cendre ;
Je puis, en moins d^ temps que les Greçs^ne" l'ont pris, 34
Dans ses murs rèrïèV^ couronner votre fils, ^
ANDROMAQUE. 86
Seigneur, tant de grandeurs ne nous touchent plus guère ;
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▲ C2B Zy «OftHX zv. 79
Je les lui promettais taot qu^a vécu*' son père»
Non, vous n'espérez plus de nous revoir encor, 2
Sacrés mars, que n'a pu conserrer mon Hector !
 de moindres &veurs des malheureux prétendent, 4
Seigneur ; c'est un exil que mes pleurs tous demandent :
Souffrez que, loin des Grecs, et même loin de tous, 6
J'aille cacher mon fils et pleurer mon époux.
Votre amour contre nous allume trop de haine : 8
Retournez, retournez à la fille d'Hélène.
PYSHHua. 1
Et le puis-je, madame ? Ah ! que vous me gênez !'*
Comment lui rendre un cœur que vous me retenez î 12
Je sais que de mes vœux on lui promit l'empire
Je sais que pour régner elle vint dans l'Épire : 14
Le sort vous j voulut l'une et l'autre amener,
Vous, pour porter des fers; elle, pour en donner. 16
Cependant ai-je pris quelque soin de lui plaire ?
Et ne dirait-on pas, en voyant au contraire 18
Vos charmes tout puissants, et les siens dédaignés.
Qu'elle est ici captive, et que vous y régnez 1 20
Ah ! qu'un seul des soupirs que mon cœur vous envoie,
S'il s'échappait vers elle, y porterait de joie ! 22
▲NDROMAQUE/^
Et pourquoi vos soupirs seraient-ils re^us^ T\^' ^* "^ "^ / 24
Aurait-elle oublié vos services passés ? •' i /- '-^ ^
Troie, Hector, contre vous révoltent-ils son âme 9 ' 25
Aux cendres d'un époux doilrelle enfin sa flamme V*
Et quel époux encore ! Ah ! souvenir cruel ! 28
Sa mort seule a rendu votre père immortel ;
Il doit au sang d'Hector tout l'éclat de ses armes : 80
Et vous n'êtes tous deux connus que par mes larmes.**
PYRRHUS. 82
Eh bien, madame, eh bien, il faut vous obéir :
11 &ut vous oublier, ou plutôt vous h^r. 84
Oui, mes vœux ont trop loin poussé'* leur violence,
Pour ne plus s'arrêter que dans l'indifierence : 26
Songez- j bien ; il &ut désormais que mon cœur,
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80 ' AVDROU AQ us.
SMl n^aiine avec transport, haïsse avec fureur.
Je n'épargnerai rien dans ma juste colère : 2
Le fils me répondra des mépris de la mère ;
httiGrèce le demande ; et je ne prétends pas 4
Metfrp toujours ma gloire à sauver des ingrats.
^ AKDROMAQtJB. * 6
Hélas ! il mourra donc ! il n*a pour sa défense
Que les pleurs de sa mère et que son innocence... 6
Et peut-être après tout, en Tétat où je suis,
Sa mort avancera'^ la fin de mes ennuis : 10
Je prolongeais pour lui ma vie et ma misère ;
Mais enfin sur ses pas j'irai revoir son père. 12
Ainsi, tous trois, seigneur, par vos soins réunis,
Nous vous... 14
PTRRHUS.
Allez, madame, allez voir votre fils. 16
Peut-être, en le voyant, votre amour plus timide
Ne prendra pas toujours sa colère pour guide. 18
Pour savoir nos destins j'irai vous retrouver :
Madame, en l'embrassant, songez à le sauver. 20
Nons AND Bevbbxncxs.— 1 M. L. 42, R. 6.— « M. § 127, B. (2\ 2.—
* Supplice, death, — * On craint qn'il n'essuyât, they fear (lest) he might
dry up: M. § 138, R. (5), and § 127, R. (2), 2.— ^ Il m'aurait tenu lieu
d'un, he would hâve heen to me a. — ^ M. L. 48, R. 2. — "^ Prévenu, antid'
pttêd. — s Dussé-je, àhovJdL even if lehould; the imperfect of the sub-
junctive is often used oonditionally. — ^ m. L. 42, R. 7. — 'o De, witK —
" Mais que vos yeux sur moi se sont bien exercés! But what pmoer
your eyea hâve hadupon me/—'» M. § 188, R. (6). — ^* Tour à tour, 6y
tumt, — >* Nous, each other, — " Que j'espère^ that I may hope ; M. § 127,
R. (2X 2. — 1< Je lui sers de père, / beeome a father to htm, — '7 Sortir,
m<î.— " M. § 138, R. (5).—*" Tant qu'a vécu son père, m long, as IiU
father lived. — '• Ah I que vous me gênez, how you grieve me ; literally,
dUturb me. — '^ Flamme^ love,-^^ Par mes larmes, through my mi*-
fortunes, — ^ M. L. 42, R. 8. — »* Ayancera, trill hasten.
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▲ OTS XX, softirs X. 81
ACTE DEUXIÈME.
SCÈNE I.
HEBMIONE, CLÉOIŒ.
HERMIOVK. 4
Je &i8 ce que^ tu veux. Je consens qu'il me voie.
Je lui veux bien encore accorder cette joie, 6
Pylade va bientôt conduire ici ses pas ;
Mab, si je m'en croyais, je ne le verrais pas. 8
CLÉONB.
£t qu'est-ce que sa vue a pour vous^de funeste ? 10
Madame, n'est-ce pas toujours le même Oreste
Dont vous avez cent fois souhaité le retour, 12
Et dont vous ^^grehiee ïa constance et l'amour f
BERiaOlVE. 14
Cest cet amour payé de trop d'ingratitude
Qui me rend en ces lieux sa présence si rude.* 16
Quelle honte pour moi, quel triomphe pour lui,
De voir mon infortune égaler son ennui ! 18
Est-ce là, dira-t-il, cette fière Hermioneî
Elle me dédaignait ; un autre l'abandonne : 20
L'ingrate, qui mettait son cœur à si haut prix,
Apprend donc, à son tour, à souffrir des mépris ! 22
Ah dieux !
CLÉONX. 24
Ah ! dissipez ces indignes alarmes ;
Il a trop bien senti le pouvoir de vos charmes. • 26
Vous croyez qu'un amant vienne* vous insulter î
Il vous rapporte un cœur qu'il n'a pu vous ôter. 28
Mais vous ne dites point ce que vous mande un père.^
DEKMIONE. 30
Dans ses retardements si Pyrrhus persévère,
A la mort du Troyen s'il ne veut consentir, 82
Mon père avec les Oreos m'ordonne de partir.
4*
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87 AVOBOffAQV».
OUfiONI.
Eh bien, madame, eh bien, écoutez donc Orecrte. 2
Pyrrhus a commencé ; faites a\i moins l&££8ste. / , /^
Pour bien faire il faudrait que vbiis^e prévinssiez: / ^ i^
Ne m'avez-vous pas dit que vous le haïssiez î '.v^*^**''*^^
HBRMIONB. 6
Si je le hais, Cléone ! il y va de ma gloire,*
Après tant de bontés dont il perd la mémoire ; 8
Lui qui me fut si cher, et qui m'a pu trahir !
Ah ! je l'ai trop aimé pour ne le point luù'r. 10
CLÉONE.
Fuyez-le donc, madame ; et puisqu'on vous adort.^ 12
HXRMIONK.
Ah ! laisse à ma foreur le temps de croître encore ; 14
Contre mon ennemi laisae^moi m'assitrer:*
Cléone,* avec horreur je m'en veux séparer. 16
Il n'y travaillera que trop bien, l'infidèle !
OLÉONB. 18
Quoi ! vous en attendez quelque injure nouvelle?
Aimer une captive, et l'aimer à vos yeux, 20
Tout cela n'a donc pu vous le rendre odieux ?
Après ce qu'il a fidt, que saurait-ir donc faire ? /y 22
Il vous aurait déplu s'il pouvait vous déplaire^l/^
BBBBUOKB. ^^ 24
Pourquoi veux-tu, cruelle, irriter mes ennuis 1
Je crains de me connaître en l'état où je suis. 20
De tout ce que tu vois tâche de ne rien croire :
Crois que je n'aime plus, vante-moi ma victoire ; 28
Crois que dans son dépit' mon cœur est endurci ;
Hélas ! et, s'il se peut,' fais-le-moi croire aussi ! ' 30
Tu veux que je le fuie. £h bien ! rien ne m'arrête*
Allons, n'envions plus son indigne conquête : 82
Que sur lui sa captive étende son pouvoir.
Fuyons... Mais si l'ingrat rentrait dans son devoir ; 34
Si la foi dans son cœur retrouvait quelque place ;
S'il venait à mes pieds me demander sa grâce } 86
Si sous mes lois, Amour, tu pouvais l'engager ;
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AOTB IX| «OÈBI X. Sft
•
S'il voulait... Mais Hograt ne reut que m*oiitrager.
Demeurons toutefois pour troubler leur fortanei %
Prenons quelque plaisir à leur être importune :
Ou, le forçant de rompre un nœud si solennel, 4
Aux yeux de tous les Grecs rendons-le crimineL
J'ai déjà sur le fils attiré leur colère : 6
Je veux qu'on vienne^® encor lui demander la mère.
Bendons-lui les tourments qu'elle me fkit souffrir ; 8
Qu'elle le perde, ou bien qu'il la fitsse périr.
oiiora. 10
Vous p^ses que de^ j'^u^ tfujoupif ou^^er^. aux larmes
Se plaisent" à tfwibler îVpouvdîi^ de vos charmes, 12
Et qu'un cœur accablé de t^nt ^.déplaisirs
De 8<Hi persécuteur ait bfîguélOT^OpMI , 14
Voyes si sa douleur en paraît soulagée
Pourquoi donc les chagrins où son âme est plongée î" 16
Contre un amant qui plait pourquoi tant de fierté 1
HSSMIOKXs 18
Hélas ! pour mon malheur, je l'ai trop écouté.
Je n'ai point du silence affecté le mystère : 20
Je croyais sans péril pouvoir être sincère ;
Et, sans armer mes yeux d'un moment de rigueur. 22
Je n'ai pour lui parler consulté que mon cœur.
Et qui ne se serait comme moi déclarée 24
Sur la foi d'une*' amour si saintement jurée 1
Me voyait-il de l'œil qu'il me voit aujourd'hui ? 26
Tu t'en souviens" encor, tout conspirait pour lui :
Ma fitmille vengée, et les Grecs dans la joie, 28
Nos vaisseaux tout chargés des dépouilles de Troie,
Les exploits de son père effacés par les siens, 80
Ses feux que je croyais plus ardents que les miens.
Mon cœur, toi-même enfin de sa gloire éblouie; ' " * ^^ 32
Avant qu'il me trahît, vous m'avez tous trahie. * *-"
Mais c'en est trop, Qéone : et quel que soit Pyrrhus, 34
Hermione est sensible, Oreste a des vertus :
n sait aimer du moins, et même sans qu'on l'aime ; 80
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84 AVDAOMAaVB.
Et peut-être fl faora'* ee fidre aimer luHinéme.
AlloDs. Qu'il vieilli^ enfin. 2
cxAcuix.
Madame, le TmcL^ 4
HSRMIOIIB.
Ah ! je ne crojus pas qu'il fût si près d'id.
Nom ÀMD BsnBBiOB. — > M.L. 81, R. 8. — ^ Rade» j>ain/W, irjfing. —
' M. § 127, B. 8. — * Ce que toub mande un père, your father*» meâ-
sage. — ^ Il y Ta de ma gloire, myfame U cU itake, — * M'aasurer, strengthen
mytelf. — 7 Que sanrait-il donc faire, wkat could hê do more. The future
and oonditional of fla«otr,are oiten lued witb the aame meaning 9B pou-
voir.— » Dépit, anger.—» S'il se peut^ if U be poatible.—^'^ M. L. 72,
B. 8.— 11 Se plaisent^ ddight; M. L. 40^ R. 6.— ^s M. L. 46, R. 2.—" The
Word amomr in the singolar, is generally masculine ; in poetrj, how«
•Ter, it frequently assumes the féminine gender.-— ** M. L. 36^ B. 2, 8. —
»• See Note 7.— '• Le Toici, hê i
SCENE II.
HEBHIONE, OBESTE; GLÉONE.
HSBMIONE.
Le croirai-jo, seigneur, qu'un reste de tendresse 10
Vous fiisse id cherdier une triste princesse 1
Ou ne dois-je imputer^qu'à votre seul devoir 12
L'heureux empressbm^ qui vous porte à me voir 1
ORSSTE. 14
Tel est de mon amour l'aveuglement funeste,
Vous le savez, madame ; et le destin d'Oreste 16
Est de venir sans cesse adorer vos attraits,
Et de jurer toujours qu'il n'y viendra jamais. 18
Je sais que vos regards vont rouvrir mes blessures ;
Que tous mes pas vers vous sont autant de parjures : 20
Je le sais, j'en rougis. Mais j'atteste les dieux.
Témoins de la fureur de mes derniers adieux, 22
Que j'ai couru partout où ma perte certaine
Dégageait mes serments et finissait ma peine. 24
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AOTt IX, 8CÂNX II. 85
J'ai mendié' la mort' chez des peuples cruels
Qui n'apaisaient leurs dieux que du sang des mortels : 2
Us m'ont fermé leun ten^le/èt ces peuples barbares
De mon sang prodigué sontN)evenus avares. 4
Enfin je viens à vous, et je me vois réduit
A chercher dans vos yeux une mort qui me fuît 6
Mon désespoir n'attend qUQ leur indiference: / '
Ils n'ont qu'à m'ineerdîî-é \iir l'esté d'cjspérance'; ' ^ ' '" ^' "^i
Ils n'ont, pour avancer cette mort où je cours,
Qu'à me dire une fois ce qu'ils m'ont dit toujours. 10
VoUà, depuis un an, le seul soin qui m'anime.
Madame, c'est à vous de prendre une victime 12
Que les Scythes auraient dé^fl^ ftVôs cou^sf --y ""• : - -
Si j'en avws trouvé* d'aussi cruels que vous. / . ^ , J4/*
HBRiaOKE.
Quittez, seigneur, quittez ce funeste langage : 16
A des soins plus pressants la Grèce vous engage.
Que parlez-vous du Scythe et de mes cruautés ? 18
Songez à tous ces rois que vous représentez.
Faut-il que d'un transport leur vengeance dépende V 20
Est-ce le sang d'Oreste enfin qu'on vous demande ?
Dégagez-vous* des soins dont vous êtes chargé. 522
ORESTS.
Les refus de Pyrrhus m'ont assez dégagé, • ' - « «' * 24
Madame : il me renvoie ; et quelque autre puissance
Lui &it du fils d'Hector embrasser la défense. 20
HERinOKE.
Uinfidèle! 28
ORESTS.
Ainsi donc, tout prêt à le quitter, 80
Sur mon propre destin je viens vous consulter.
Déjà même je crois entendre la réponse 82
Qu'en secret contre moi votre haine prononce.
HERMIONE. 34
'*Hé quoi î toujours injuste en vos tristes discours,
De mon inimitié vous plaindrez-vous toujours \ / ^ 36
Quelle est cette rigueur tant de fois alléguée t
.-.<.
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r
\j'
86- AVDBOMAaUB«
J'ai passé dîuis TÉpire, où j'étais reléguée ;*
Mon père Tordomiaît : mais qui sait si depuis 2
Je n'ai point en secret partagé vos ennuis V
Pensez-vous avoir seul éprouvé des alarmes, 4
Que l'Épire jamais n'ait vu couler mes larmes 1
Enfin, qui vous a dit que, malgré mon devoir, 6
Je n'ai pas quelquefois souhaité de vous voir l
OBSSTB. 8
Souhaité de me voir ! Ah ! divine princesse.^
Mais, de grâce, est-ce à moi que œ discours s'adresse 1 10
Ouvrez vos yeux ; songez qu'Oreste est devant^ vous,
Oreste, si longtemps l'objet de leur courroux. 12
HKRMIONX.
Oui, c'est vous dont l'amour, naissant avec leurs' oharmes, 14
Leur apprit le premier le pouvoir de leurs armes ;
Vous, que mille vertus me forçaient d'estimer ; 19
Vous, que j'ai plaint, enfin que je voudrab aimer.
oaBSTS. 18
Je vous entends. Tel est mon partage funeste :
Le cœur est pour Pyrrhus, et les vœux pour Oreste* 20
HEBMIOHE.
Ah ! ne souhaitez pas le destin de Pyrrhus, 22
Je vous haïrais trop..
OKBSTS. 24
Vous m'en aimeriez plus.
Ah ! que vous me verriez d'un regard bien contraire ! 26
Vous me voulez aimer, et je ne puis vous plaire ;
Et, l'amour seul alors se faisant obéir, 28
Vous m'aimeriez, madame, en me voulant haïr.
Oh dieux ! tant de respects, une amitié si tendre, 30
Que de raisons pour moi, si vous pouviez m'entendre !
Vous seule pour Pyrrhus disputez aujourd'hui, 32
Peut-être malgré vous, sans doute malgré lui :
Car enfin il vous hait ; son âme ailleurs éprise 34
N'a plus...
HSBMIOinB. 86
Qui vous l'a dit, seigneur, qu'il me miprise ?
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AOTS ir, sotira ix. 87
Ses regards, ses discours vous Tont-ils dono appris f
Jugez-YOtts que ma vue inspire des mépris ; 2
Qu'elle allume en un coeur des feux si peu durables t
Peut-^tre d'autres yeux me sont plus farorables. 4
QRESTE.
Poursuivez : il est beau de m'insulter ainsi. 6
Cruelle ! c'est donc moi qui vous méprise ici I
Vos yeux n'ont pas assez éprouvé ma constance! 8
Je suis donc un témoin de leur peu de puissance 1
Je les ai méprisés î Ah ! qu'ils voudraient bien voir 10
Mon rival comme moi mépriser leur pouvoir !
BERMIOKB. , . 12
Que m'importe,* seigneur, sa haine ou sa tendresse ?
Allez contre un rebelle armer toute la Grèce ; 14
Rapportez-lui le prix de sa rébellion :
Qu'on fasse de l'Épire un second Ilion : 16
Allez. Après cela direz-vous que je l'aime 1
0BB8TB. 18
Madame, &ites plus, et venez-y vous-même.
Voulez-vous demeurer pour otage en ces lieux. 20
Venez dans tous les cœurs faire parler vos yeux.
Faisons de notre haine une commune attaque. 22
BÉRMIONB.
Mus, sdgneur, cependant s'il épouse Andromaque ? 24
ORBSTB.
Hé madame! 26
HERMIONK.
Songez quelle honte pour nous 28
Si d'une Phrygienne il devenait^* l'époux !
OREBTE. 80
Et vous le haïssez ! avouez-le, madame,
L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme : 32
Tout nous trahit : la voix, le silence, les^y^x :
Et les feux mal couverts n'en éclatait q<fe «mieux. 34
HEBMIOKX.
Seigneur, je le vois bien, votre &me préveaue'^ ' 86
Répand sur mes discours le veni» qui la tue^^'
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68 ABrDBOUAOVX.
Toujours dans mes raisons cherche quelque détour,
Et croit qu'en moi la haine est un effort d'amour. 2
< ' 1. 1 ' n &ut donc m'expliquer : vous agirez ensuite.
Vous savez qu'en ces lieux mon devoir m'a conduite 4
Mon devoir m'y retient ; et je n'en puis partir
Que^* mon père ou Pyrrhus ne m'en fasse sortir. 6
De la part de mon père allez lui faire entendre
Que l'ennemi des Grecs ne peut être son gendre : B
Du" Troyen ou de moi faites-le décider ;
Qu'il songe qui des deux il veut rendre ou garder : 10
Enfin, qu'il me renvoie, ou bien qu'il vous le livre.
Adieu. S'il y consent, je suis prête à vous suivre. 12
Nom AND RsFERSKCBS. — ^ J'ai mendié la mort cbes, / ha»â 9augki
deaih among.-^ M. L. 42, R. 11 ; also § 135, R. (7).-— » M. L. 73, R. 1.--
< Dégagez-Yous, rdieve youraelf. — s Reléguée, exiUd — * Partagé vos
ennulB, shared your aorrows. — ^ M. § 142, R. (1). — ^ Leurs refers to
yeuxy three lines above.— ^ Que m'importe, wkcU mattera it to me ; M.
L. 94, R. 2.—»» n devenait, he shàuld become; M. L. 62, R. 6.—" Pré-
venue, prejudieed, — " La tae, paiêana iL — ^* M. L. 42, R. 7. — ^* Qfkt,
«ffOi/.— >* Do, betweên.
SCENE III.
ORESTK
Oui, oui, vous me suivrez, n'en doutez nullement;
Je vous réponds déjà de son consentement. 16
Je ne crains pas enfin que Pyrrhus la retienne :^
n n'a devant les yeux que sa chère Troyenne ; 18
Tout autre objet le .blesse,* et peut-être aujourd'hui
Il n'attend qu'un prétexte à l'éloigner de lui. 20
Nous n'avons qu'à parler : c'en est fait.* Quelle joie
D'enlever à l'Épire une si belle proie ! ' 22
Sauve tout ce qui reste et de Troie et d'Hector,
Garde* son fils, sa veuve, et mille autres encor, 24
Épire; c'est assez qu'Hermione rendue
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▲ OTX XI, flCÈRI iv. 89
Perde- à jamais* tes bords ipt ton prince de vue.
Mais un heureux destin \ii conduit en ces lieux. 2
Parlons. A tant d'atWfti^^AiifKyurj^ftrme ses yeux !
Notes and BEmtnraES. — ' M. L. 72, R. 8. — > Le blesse, offenda kim,
û tUsaffreeMe to him. — 3 G*en est fàit^ it U acecmpliêhed. — * Oarde^
keep. — 5 A jamais, /ortfDtfr.
SCÈNE IV.
PTRRHUSk OBESTE, PHŒKIX.
PTRRHUS. f t\
Je vous cherchais, seigneur. Un peu de violence '^
M'a &it de vos raisons combattre la puissance, 8
Je l'avoue; et, depuis que je vous ai quitté,
J'en td senti la force et connu l'équité. 10
J'ai songé^ comme vous qu'à* la Grèce, à mon père,
A moi-même, en ux^ mot;, .je devenais confire : 12
Que je relevais Troie, et rendais impar&it
Tout ce qu'a &it Achille et tout ce que j'ai fait. 14
Je ne condamne plus un courroux légitime
Et l'on vous va, seigneur, livrer votre victime. 16
ORBSTB.
Seigneur, par ce conseil prudent et rigoureux, 18
Cest acheter la paix du sang d'un malheureux.
PYRRHUS. 20
Oui ; mais je veux, seigneur, l'assurer davantage :'
D'une étemelle paix Hermione est le gage ; 22
Je l'épouse. Il semblait qu'un spectacle si doux
N'attendit en ces lieux qu'un témoin tel que vous: : 24
Vous y représentez tous les Grecs et son père,
Puisqu'eh vous Ménélas voit revivre- son frère. 26
Voyez-la donc. Allez. Dites-lui que demain
J'attends avec la paix son cœur de votre main. 28
ORXSTE, à part. /
Ah dieux! /(V; 80
Nom AXD BirxRSNOBS. — ' Songé, thought, — ' Qu'à la Orôoe, totoard*
Oreêet, — > Davantage Mlmorê; see Note, page 61 of K.
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90 ÀNPBOXAQUE.
SCENE V.
PYRRHUS, PHŒNIX.
PTURHUS.
Eh bien, Phœnix, Tamour est-il le midtrel' 4
Tes yeux refusent-ils encor de me connaitre ?
PROBNIZ. 6
Ah ! je vous reoonmds ; et ce juste courroux,
Ainsi qu'à tous les Grecs, seigneur, vous rend à vous. 8
Ce n'est plus le jouet d'une flamme servile :
C'est Pyrrhus, c'esj le fHs et le rival d'Achille, 10
Que la gloire à la fin ramène sous ses lois,
Qui triomphe dé Troie une seconde fois. 12
PYRRHUS.
Dis plutôt qu'aujourd'hui commence ma victoire : 14
D'aujourd'hui seulement je jouis de ma gloire ^ ^ ^
Et mon cœur, aussi fier que tu l'as vu sotiml^ > '16
Croit avoir en l'amour vaincu mille ennemis.
Considère, Phœnix, les troubles que j'évite ; 18
Quelle foule de maux Tamour traîne à sa suite ;
Que' d'amis, de devoirs, j'allais sacrifier ; 20
Quels périls... un regard m'eût tout iUt oublier:
Tous les Grecs conjurés' fondaient sur ^n rebelle. * 22
Je trouvais du plaisir à me perdre* pour elle !
PHŒNIX. . 24
Oui, je bénis, seigneur, l'heureuse cruauté
Qui vous rend... 26
PTRRHUS.
Tu l'as vu, comme elle m'a traité. 28
Je pensais, en voyant sa tendresse alarmée.
Que son fils me la dut* renvoyer désarmée : ' 30
J'allais voir le succès de ses embrassements ;
Je n'ai trouvé que pleurs mêlés d'emportements. 82
Sa misère l'aigrit ;* et, toujours plus farouche.
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▲ 0TB IZ, 8CÈRS y. 91
Cent fois le nom d'Hector est sorti de sa bouche.
Vainement à son fils j ^assurais mon secours, 3
" Cest Hector, disait-elle en Tembrassant toujours ;
" Voilà ses yeux, sa bouche, et déjà son audace ; 4
" Cest lui-même : c'est toi, cher époux, que j*embrasse."
Eh ! quelle est sa pensée 1 attend-elle en ce jour
Que je lui laisse un fils pour nourrir son amour ?
PHŒNIX. 8
Sans doute ; c'est le prix que vous gardait l'ingrate.
Mais laissez-la, seigneur. 10
Je vois ce qui la ilstte r 12
Sa beauté la rassure ; et, malgré mon courroux,
L'orgueilleuse m'attend encore à ses genoux. 14
Je la verrais aux miens, Phœnix, d'un œil tranquille.
Elle est veuve d'Hector, et je suis fils d'Achille : 16
Trop de haine sépare Andromaque et Pyrrhus.
PHŒNIX. 18
Commencez donc, seigneur, à ne m'en parler plus.*
Allez voir Hermione, et, content de lui plaire, 20
Oubliez à ses pieds jusqu'à votre colère.
Vous-même à cet hymen venez la disposer: 22
Est-ce sur un rival qu'il s'en faut reposer?
Il ne Taime que trop. 24
PTRRHUS.
Croîs-tu, si je l'épouse, 26
Qu' Andromaque en son cœur n'en sera pas jalouse ?
PHŒNIX. 28
Quoi ! toujours Andromaque occupe votre esprit ?
Que vous importe,' oh dieux ! sa joie ou son dépit ? 80
Quel charme, malgré vous, vers elle voua attire 1
PYRRHUS. 82
Non, je n'ai pas bien dit tout ce qu'il lui faut dire :
Ma colère à ses yeux n'a paru qu'à demi ; 84
Elle ignore à quel point je suis son ennemi.
Retournons-j : je veux la braver à sa vue, 86
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M AROftOMAQUl.
Et donner à ma naine une libre étendue.'
Viens voir tous ses attraits, Phœnix, humiliés. 2
Allons.
PBOENTX. 4
Allez, seigneur, vous jeter à ses pieds :
Allez, en lui jurant que votre âme l'adore, 6
A de nouveaux mépris l'encourager encore.
PYRRHUS. 8
Je le vois bien, ta crois que, prêt à l'excuser,
Mon cœur court après elle, et cherche à s'apaiser. 10
Vous aimez : c'est assez. 12
PTRRBUS.
Moi, l'aimer ? une ingrate 14
Qui me hait d'autant plus que mon amour la flatte î
^^s parents, sans amis, sans espoir que sur moi 1 16
Je puis perdre son fils, peut-être je le doi ;^^
Étrangère... que dis-je ! esclave dans l'Épire, \ > 18
Je lui donne son fils, mon âme, mon empire :
£tje ne puis gagner dans son perfide cœur 20
D'autre rang que celui de son persécuteur !
Non, non, je l'ai juré, ma vengeance est certaine ; 22
n faut bien une fois justifier 8% haine :
J'abandonne son fils... Que de pleurs vont couler ! 24
De quel nom sa douleur me va:t-elle appeler ?
Quel spectacle pour elle aujourd'hui se dispose ! 26
Elle en mourra," Phœnix ; et j'en serai la cause:
C'est lui mettre moi-même un poignard dans le sein. 28
PHŒNIX.
Et pourquoi donc en faire éclater le dessein 1 30
Que ne oonsultiez-vous tantôt votre faiblesse ?
PYRRHUS. 32
Je l'entends. Mais excuse un reste de tendresse.
Crains-tu pour ma colère un si faible combat ? 84
D'un amour qui s'éteint c'est le dernier éclat."
Allons. A tes conseils, Phœnix, je m'abandonne. 86
Faut-il livrer ton fils? fkut-il voir Hermicmeî
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FBCBMIXi
Oui, Tojez-la, sQÎgneixr, et par des tcoux soumis 2
Protestez-lui...
PTBBHUS. 4
Faisons tout ce que j'ai promis.
Nom Aia> RxmtBiroBB.— I L'amour est-il 1« msltref doe» lom cot^
ÇMT f — * Que d'amis^ how many frienda.^^ Conjurés» ieoffuêd.—* A m«
perdre, in êoerifieing fnyself. — '^ Dût» waul4» — ■ L'aigrit, angen ker,-^
7 A ne m'en parler plus» by eeaHng to speak to me of her, — ' M. L. 94,
B. 1.—^ Étendue, vent, range.-^** Boi is hère for dois, to make it rhyme
with moL^"^ M. p. 876.—*' Éelat, apark, giimmâr.
^ ■• »•'
^
ACTE TROISIEME.
SCÈNE I.
ORESTE. PYLADK
FTLADB.
Modérez donc, seigneur, cette fureur extrême : li
Je ne vous eonnais plus ; vous n'êtes plus vous-même.
Soufirez... 12
OKSSTB.
Non, tes conseils nes^t plus de saison, 14
Pylade; je suis laso^SGnîtSria raison.
CTest traîner trop longtemps ma vie ^ mon n^pHoe :* 16
n &ut que je T^ève' ou bien que je périsse.*
Le dessein en est pris ; je le veux achever : 18
Oui, je le veux.
PTLADB. d#
.1 Eh bien, il la &ut enlever;
J'y consenoBais songez cependant pu vous êtes. 22
Que croîra-t-on de vous, à voir ce que vous fiâtes ?
Dissimulez : calmez ce transport inquiet ; 24
Commandez à vos yeux de garder le secret.
CesgHdes, €»tlaeoar, l'àifqiii vtmsttvmoiinA, M
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Tout dépend da Pyriinis, M «mrtènt d'Hennione.
A 868 regards surtout OMhes rotre «oisrroiiz. 2
O dieux ! en cet état pourquoi la cherchiez-vous?
OBB8R. 4
Que aaiajef De moi^néme étû»-je alore le mutre? \
La fureur m'emportait,* et je vensia peut-être. ^ 6
Menacer à la fbis l'ingrate et son amant.
PTLADK. 8
Et quel était le fruit de cet emportement ?
Et queUe âme, dis^Mi, ne serait ép^^Ke^ ^ ^€4^^k^^<^
Du coup dont ma raison vient d^être confondue i 12
n épouse, dit-0, Hermione demain ;
n veut, pour m'honorer, la tenir* de ma main. 14
Ah !' plutôt cette main dans le sang du barbare...
PTLADK. 16
Vous l'accusez, seigneur, de ce destin bizarre :
Cependant, tourmenté de ses propres desseins, 18
Il est peut-être à plaindre' autant que je vous plûns.
oauTB. 20
Non non ; je le connais, mon désespoir le flatte ;
Sans moi, sans mon amour, il dédaignait Tingtate ; S2
Ses charmes jusque-là n'avaient pu le toudier :
Le cruel ne la prend que pour me l'arracher. 24
Ah dieux ! c'en était fiût :' Hermione WffS^ "^^ oj /L</jL )
Pour jamais de sa vue allait être éloigneef^^ ^-^^fi/U^^xio^
Son cœur, entre l'amour et le dépit eonfoa,
Pour se donner à moi n'attendait qu'un refus : 28
Ses jeux s'ouvraient, Pylade ; elle écoutait Oreste,
Lui parlait, le plaignait Un mot eût fiât le reste* 80
PTItAOB.
Vous le croyez î 32
Hé quoi ! oe oottrroux enflammé
S4
Contre un ingrat...
rtuam.
86
JMMi»il»BiatplaMbDi. . .
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▲ c^B tfi, ««riiri X.
Pensez-Tous, qniad Pyr^us tous Panait aewidé»,
Qu'un prétexte toul^ prêt Jie l'^èt pas vetuié^V*
M'en oroirez-vous 1" La«Bé de mb trompenn «tteait^
Au lieu de l'enlever, fayec-la pour jamabu
Quoi! Tolre amour se veut (^aigerd'iiDft^fiflM
Qui vous détestera, qui, toute votre vie
E^rettant un hymen tout pvét à s'a
Voudra... 8
GBMSTR.
ela^Q^^e^veux l'enlever. 10
Tout lui ruSitTPylgtfB; etonoi, pour mon partage,
Je n'emponerais donc qu'une inutile ragel 12
J'irais loin d'elle eneor tâcher de l'oublier?
Non, non : à mes tourments je veux l'aasooier ; 14
C'est tr^^émir touj^ seyl."' Je suis las qu'ob me plaiiaie :^
Je pm^as^u*8^mDnT^ m^ craigne^ 16
Et que seà yeu^ cruels, agleurer condamnés,
Me rendent tous les noHâ^iie^jé leur ai dondAe. 18
« PZUkDB.
Voilà donc le succès qu'aura votre ambassade ! flO
Oreste ravisseur ! ^
Et qu'importe, Pylade ?
. Quand nos États vengés joi|jyfon$ ^e mes foliui^ f 24
L'ingrate de mes pleurs jj^itft-t-dTè nïoîndi . ' ^
Et que me servira que la Grèce m'adoaire, c -' ^
Tandis que je serai la fiible** de l'Épive ?
Que veux-tu ? Mais, s'il &ut ne te rien déguiser, 28
Mon innocence enfin commence à me peser.^'
Je ne sab de tout temps quelle injuste puissance 30
Laisse le crime en paix et poursuit l'innoceiiM.
De quelque part sur moi que je tourne les yeux/^ €2
Je ne vois que malheurs qui condamnent les dieux.
Méritons leur courroux, justifions leur haine, 34
Et que le fruit du crime en précède la peine.
Mais toi, .par quelli» erreur veu«ptu. tqyjoura aor tm 86
DétetmiGr im owctuowc fai nv iJMiJwhu gain mm4 -
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96 AV^BOMA^VB*
Âflses 6t trop longtemps mon amitié t'aooaUe :"
Évite un malheureux, abandonne un coupable. 2
Cher Pylade, crois-moi, ta pitié te séduit ;**
Liûsse-moi des périls dont j'attends tout le fruit 4
j^y^ Porte aux Grecs cet enfiat que Pyrriius m'abandouie.
PTUU».
Allons, seigneur, enlevons Hermione 8
Au travers des périls un grand oœur se &it jour.**
Que ne peut l'amitié conduite par l'amour ! 10
Allons de tous vos Grecs encourager le zèle :
Nos vaisseaux sont tout prêts, et le vent nous affile. 12
Je sais de ce palais tous les détours obscurs :
Vous voyez que la mer en vient battre les mw •" 14
Et cette nuiti sans peine, une secrète yqO^^'^^^
Jusqu'en votre vaisseau conduira votre proie. 16
J'abuse, cher ami, de ton trop d'amitié : 18
Mais pardonne à des maux dont toi seul as pitié.*'
Excuse un malheureux qui perd tout ce qu41 mme, 20
Que tout le mondé^hait, et qui se hait lui-même.
Que ne puiaje à mon tour, dans un sort plus heurejix... 22
PTLÂDB.
Dissimulez, seigneur; c'est tout ce que je veux. 24
Gardez*' qu'avant le coup votre dessein n'éclate:**
Oubliez jusque-là qu'Hermione est ingrate ; ^ 26
Oubliez votre amour. Elle vient, je la voi.**
ORXSTS. 28
Va-t*en. Réponds-moi d'elle, et je réponds de moi.
JSform Aia> Esiburobl — > Supplioe, tuffe^ngti-^ L'enlève» tel» ker
«Miy.— > M. L. 79i R. 1.--A M'emportsit» tranâpt^rtêd «im.-^ La tsnir»
remoê ker.—» Que, let, is her« uaderstood.— 7 M. L. 46, R. S.— ^ C'en
était lail^ iêU «km pr^pared.-^ M. L. 42, R. 6.— ^o Retardée, ddayed;
H. L. 42, R. 7.— 11 M'en croirez- vonsf wiU you take my advieef — ^* M.
L. 4S, R. 8.— 1* C^est trop gémir tout Benl, / havâ grUvêd àhnê ioo
loi^.— >« Oa'iNi iM plvgas^ ù/Mf^pHM: H. L 46, R. 6.<-iWLa&Ue»
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▲ OTX XIX, SOAHX XI. 87
§ *!% R. (9).— f* TaecaUe^ m a burden to ffWL^^ Te Mmt, deeeivê»
you, — ^ Se fait jour, cuU ita way. — ^^ En vient battre les man» batket
iU walU. — ^ Dont toi seul as pitié» tohich ihou aîone piiiest. — ^ Gardes
que, beioare letL—^ M. § 188, R, (6).— » Vai is hère for voie.
SCENE II.
HEBMIONE, OBESTE, CLÉOinS.
ORESTE.
Eh bien, mes soins tous ont rendu votre conquête : 4
J'ai YU Pyrrhus, madame, et votre hymen s'apprête.
HERMIONS. 6
On le dit; et de plus on vient de m'assurer
Que vous ne me cherchiez que pour m'y préparer. 8
0RB8TS.
£t votre âme à ses vœux ne sera pas rebelle ? 10
HERMIONE.
Qui l'eût cru que Pyrrhus ne fut* pas infidèle ? 12
Que sa flamme attendrait si tard pour éclater 1 ~
Qu'il reviendrait à moi quand je l'alJfkis quitter 1 ~ 14
Je veux croire avec vous qu'il rebuté )a tjrèce ;
Qu'il suit son intérêt plutôt que sa tendresse ; 16
Que mes yeux sur votre âme étai^t plus absolus.
ORSSTE. 18
Non, madame : il vous aime, et je n'en doute plus.
Vos yeux ne font-ils pas tout ce qu'ils veulent ûdre 1 20
Et vous ne vouliez pas, sans doute, lui déplaira
HERMIONE. ^ 22
Mais que puis-je', seigneur ? on a promis ma foi :
Lui ravirai-je' un bien qu'il ne tient pas de moi 1 24
L'amour ne règle pas le sort d'une princesse :
La gloire d'obéir est tout ce qu'on nous laisse. 26
Cependant je parteiarj; et j^us ave^^u voir *ù
Combien je relââHra^ot^^ous de tnon dévogr. 28
ORESTE.
Âht que vtyas saviez bien, cruelle... Mats, madanbe^ 90
6
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M IVDftOMAQITS.
Chacun peut à son cboix disposer de soii âçae. .
La vôtre était à vous ; j'espérais : nm)e ^i^iry^^ 2
Vous lavez pu donner sans me faircncfjfjàrcin. ^' ^--^
Je vous accuse aussi bien moins que la fortune. 4
Et pourquoi vous lasser d'une plainte importune? ^
Toi est votre devoir ; je Tavoue : et le mien , 6
Est de vous épargner un si triste entretien.*
KoTM àxh R0BBS!rcBB. — > FÙJt 18 bere in the Imperfeet of ^ tbe Sub-
Jonctivo; M. H 74^ R. 2. — ^ Faim is ondentood hère.— -> Lui ravina-
J€^ 9kàU Ideprivé kim o/, — * £ntretieii, eoHV€r9ati&n, mUffect
SCÈNE III.
HERMIONE» CLÉONE.
HERMIONB. 10
Attendais-tu, Cléone, un courroux si modeste V
CLÉONE. 12
La douleur qui se tait* n'en est que plus funeste.
Je le plains : d'autant plus qu'auteur de Boa ennui, 14
Le coup qui l'a perdu n'est parti que de lui.*
Comptez depuis quel temps votre hymen se prépare : IG
n a parlé, nôadame ; et Pyrrhus se déclare.
HBBMIONB. 18
Tu croîs que Pyrrbus craint 1 Et que craint-il encore ?
Des peuples qui, dix ans, ont fui devant Hector ; 20
Qui cent fois, effirayés de l'absence d'Acbille,
Dans leurs vaisseaux brûlants ont cbercbé leur asile 22
Et qu'on verrait encor, sans l'appui de son fils.
Redemander* Hélène aux Troyens impunis 1 24
Non, Qéone, il n'est point ennemi de lui-même :
n veut tout ce qu'il fait ; et s'il m'époase, il m'aime. > 26
Mais qu'Oreste, à son gré, m'impiité ses douleurs ;
N'avons^nous d'entretien que oelui de ses pleurs t ^ 28
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▲ GTS Itl, SOÈVJt IV. 99
Pyrrhus reTlen1>à nous. Eh bien ! chère Cléone,
Conçois-tu les transports de Pheureuse Hermione? 2
Sais-tu quel est Pyrrhus î T'es-tu fait raconter
Le nombre des exploits... Mais qui les peut compter? 4
intrépide, et partout suivi de la victoire,
Charmant, fidèle; enfin rien ne manque à sa gloire. 6
Songe...
CLÉONE. 8
Dissimulez : votre rivale en pleurs
Vient à vos pieds, sans doute, apporter ses douleurs. 10
HERMIONE.
Dieux ! ne puis-je à ma joie abandonner mon âme ? 12
Sortons. Que lui diraîs-je ?
Nom AVD RxPEBXNGBB.*— ^ Modeste, iUght-^^ Qui se tait^ aiUnt; M.
p. 888.-3 N*e8t parti que de lui, ariffinalea wUh himaelf. — * Redeman-
der, ttill daiming.
SCÈNE IV.
AIîDROMAQTJE, HERMIONE, CLÉONE. CÉPHISE.
ANDROMAQUE. 16
Où fuyez-vous, madame î
N'est-ce point à vos yeux un spectacle assez doux 18
Que* la veuve d'Hector pleurant à vos genoux ?
Je ne viens point ici, par de jalouses larmes, 20
Vous envier un cœur qui se rend à vos charmes.
Par une main cruelle, hélas ! j'ai vu percer 22
Le seul pp. mes, records prétendjiient s'adresser.
Ma flamiïfë^our Hector' fut jddis allumée ; 24
Avec lui dans la tombe elle s'est enfermée.
Mais il me reste un fils.' Vous saurez quelque jour, 26
Madame, pour un fils jusqu'où va notre amour :
Mais vous ne saurez pas, du moins je le souhaite, 28
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100 AVDBOMAtVl.
En quel trouble mortel son intérêt nous jette,
Lorsque de tant de biens qui pouvûent nous flatter 3
Cest le seul qui no^ r^^,^ q<u^ veut nous Tôter.*
Hélas ! lorsque, lassés de dix' ans de misère, 4
Les Troyens en courroux menaçaient votre mère,
J'ai su de mon Hector lui procurer Tappui : - 6
Vous pouvez sur^ Pyrrhus ce que j'ai pu sur luL
Que cnûnt-on d'un en&nt qui survit à sa perte ? 8
Laisses-moi le cacher en quelque ile déserte :
Sur les soins de sa mère on peut s'en assurer ; 10
Et mon fils avec moi n'apprendra qu'à pleurer.
HBRMIONX. 12
Je conçois vos douleurs ; mais un devoir austère,
Quand mon père a parlé, m'ordonne de me taire. 14
Cest lui qui de Pyrrhus fait agir* le courroux.
S'il &ut fléchir Pyrrhus, qui le peut mieux que vous? 16
Vos yeux assez longtemps ont régné sur son àme.
Faites-le prononcer ; j'y souscrirai, madame. 18
Nom ÀXD Rdxbxvgbb. — ^ Que is nsed idiomatioally here ; M. L. 83,
R. 8. — * M. L. 86, R. 4. — * On vent nous Tdter, they vUh io deprive tu
o/him^^* YouB pouvez sur Pyrrhcu^ you may aeoompliah wUh Pyr-
r*i«.— « Fait agir, excites.
SCÈNE V.
AKDBOMAQUE, CÉPHIBE.
AKDROMAQUB.
Quel mépris la cruelle attache à ses refus ! 22
CÉPHISB.
Je croirais ses conseils, et je verrais Pyrrhus. 24
Un regard confondrait Hermione et la Grèce...
Mais lui-même il vous cherche. ^^o ^^
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/-
▲ CTX IIX, 80Ê9X TI. 101
SCÈNE VI.
PYRRHUS^ ANDROMAQUE» PHŒNIX, CÉPHBB.
PYRRHUS, à Pkœnix.
Où donc est la princesse ? 4
Ne m'avais-tu pas dit qu'elle était en ces lieux 1
PHŒNIX. 6
Je le crojais.
▲NDROUAQUE, à Céphisi, 8
Tu VOIS le pouvoir de mes jeux.
PVRRHUS. 10
Que dit^e, Phoenix ?
AKDROMAQUB. 12
Hélas ! tout m'abandoime.
PHGB!7IX. 14
Allons, seigneur, marchons sur les pas' d'Hermioue.
CÉPHISE. 10
Qu'attendez-vous ? Rompez ce silence obstiné.
ANDROMAQUX. 18
n^ promis mon fils.
CÉPHISX. 20
Il ne Ta pas donné.
ANDROMAQUX. 22
Non, non, j'ai beau pleurer*, sa mort est résolue.
PYRRHUS. 24
Daigne-t-elle sur nous tourner au moins la vuel
Quel orgueil ! 28
AKDROMAQUB.
Je ne &is que l'irriter encor. 28
Sortons.
PYRRHUS. 80
Allons aux Grecs livrer le fils d'Hector.
ANDROMAQUX, 86 jetant aux pieds de Pyrrhus. 32
Ah seigneur! arrêtez! que prétendez- vous faire?
Si vous livrez le fils, livrez-leur donc la mère ! 84
Vos serments m'ont tantôt juré tant d'amitié !
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102 ▲9DB0UAQUX.
Dieux ! ne pourrai-je au moins toucher votre pitié 1
Sans espoir de pardon m'avez-vous condamnée 1 2
PYRRHUS.
Phœnix vous le dira^ ma parole est donnée. 4
AMDROMAQUE.
Vous qui braviez pour moi tant de périls divers ! 6
PYRRHUS.
J'étais aveugle alors ; mes yeux se sont ouverts. 8
Sa gràoe* à vos désirs pouvait être accordée ;
Mais vous ne l'avez pas seulement demandée. 10
Cen est fiût.*
ANDROMAQUK. 12
Ah seigneur ! vous entendiez assez*
Des soupirs qui craignaient de se voir repoussés. 14
Pardonnez à l'éclat d'une illustre fortune
Ce reste de fierté qui craint d'être importune. 16
Vous ne l'ignorez pas ; Andromaque, sans vous/
N'aurait jamais d'un maître embrassé les genoux 18
PYRRHUS.
Non, vous me haïssez ; et dans le fond de l'âme 20
Vous craignez de devoir quelque chose à ma flamme.
Ce fils même, ce fils, l'objet de tant de soins, x2
Si je l'avais sauvé, vous l'en aimeriez moins.
La haine, le mépris, contre moi tout s'assemble ; 24
Vous me haïssez plus que tous les Grecs ensemble.
Jouissez à loisir d'un si noble courroux. 26
Allons, Phœnix.
ANDROMAQUE. 28
Allons rejoindre mon époux.
CÉPHISB. 80
Madame...
ANDROMAQUE, à Céphise, 82
Et que veux-tu que je lui dise encore 1
Auteur de tous mes maux, crois-tu qu'il les ignore ? 84
{à Pyrrhus.)
Seigneur, voyez l'état où vous me réduisez : 86
J'ai vu mon père mort et nos murs embrasés ;*
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▲ CT^ III, BCtVM VII. 108
J'id vu trancher les jours de ma fitmille entière.
Et mon époux sanglant trûné sur la poussière, 8
Son fils, seul avec moi, réservé pour les fers :
Mais que ne peut un fils! je respire, je sers.* 4
J'ai fait plus ; je me suis quelquefois consolée
QuMci plutôt qu'ailleurs le sort m'eût exilée, 6
Qu*heureux dans son malheur le fils de tant de roia,
Puisqu'il devait servir, fût tombé sous vos lois : 8
J^ai cru que sa prison deviendrait son asile.
Jadis Priam soumis fut respecté d'Achille : 10
J'attendais de son fils encor plus de bonté.
Pardonne, cher Hector l à ma crédulité : 12
Je n^ai pu soupçonner ton ennemi d'un crime ;
Malgré luirmème enfin je l'ai cru magnanime. 14
Ah ! s'il l'était assez pour nous laisser du moins
Au* tombeau qu'à ta cendre ont élevé mes soins ; 10
Et que, finissant là sa haine et nos misères,
Il ne séparât point des dépouilles si chères ! 18
PTRRHUS.
Va m'attendre^ Phœnix. 20
ILOTES AND RsFBiUEKCBB.^' Marchons sur lespaa^ lei Uê follûta.-^'* J*ai
beau pleurer, Iieeep in vain ; M. L. 67, B. L — ' Grâce, pardon, — ^ Cea
est fait^ it iê too laie. — "^ Vous entendiez asseï, you mutt hâve utuiet^
êtood. — ' Sans voua, had it not been/ar yotL — "^ Embrasés^ ûi/amet.— >
' Je sen% lama captive; M. p. 386.
SCÈNE VII.
PYBBHUS, INDROMAQIJE, CÉPHISE.
PYRRHUS.
Madame, demeurez. 24
On peut vous rendre encor ce fils que vous pleurez.
Oui, je sens à regret qu*en excitant vos larmes 26
Je ne fais contre moi que vous donner des armes :
Je croyais apporter plus de haine en ces lieux. 28
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104 AVDHOHAQtri.
Mais, madame, du moins tournez vers moi les* jeax ;
Voyez si mes regards sont* d'un juge sévère, 2
S'ils sont d'un ennemi qui cherche à vous dépliûre.
Pourquoi me forcez-vous vous-même à vous trahir 1 4
Au nom de votre fils, cessons de nous haïr.
A le sauver enfin c'est moi qui vous convie.' 6
Faut-il que mes soupirs vous demandent sa vie ?
Faut-il qu'en sa fitveur j'embrasse vos genoux ? 8
Pour la dernière ibis, sauvez-le, sauvez-vous.
Je sais de quel serments je romps* pour vous les chaînes ; 10
Combien je vais sur moi faire éclater* de haines.
Je renvoie Hermione, et je mets sur son front, 12
Au lieu de ma couronne^ un étemel afiront :
Je vous conduis au temple où son hymen s'apprête ; 14
Je vous ceins du bandeau préparé pour sa tête.
Mais ce n'est plus, madame, une ofire à dédaigner :* 16
Je vous le dis, il faut ou périr, ou régner.
Mon cœur, désespéré d'un an d'ingratitude, 18
Ne peut plus de son sort souffrir l'incertitude.
C'est craindre, menacer, et gémir trop longtemps. 20
Je meurs si je vous perds ; mais je meurs si j'attends.
Songez-y ; je vous laisse, et je viendrai vous prendre 22
Pour vous mener au temple où ce fils doit m'attendre ;
Et là vous me verrez, soumis ou furieux, 24
Vous couronner, madame, ou le perdre à vos yeux.
KoTB <àin> RETBBXirGn.^' M. § 1*1, R. (9).—' Ceux, those, is under-
stood hère. — ^ Convie, invUe,—\^, p. 884. — ^ Faire éclater, ' a//rac4
draw; lit eauu to burst, break, — ' M. L. 46, R. 8
SCENE VIII.
ANDROMAQUE, CÉPHISE.
CÉPHISS. 28
Je vous l'avais prédit, qu'en dépit de la Grèce,
De votre sort encor vous seriez la maîtresse. 30
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AOTB XXI, flOftirfe TIIX. 106
AKDROMAQnB.
Hélas! de quel effet tes discours sont suivis! 2
Il ne me restait plus qu'à condamner mon fils.
OÉPHISB. 4
Madame, à votre époux c^est être assez fidèle :
Trop de vertu pourrait vous rendre criminelle. 6
Lui-même il porterait' votre âme à la douceur.
ANDROMAQUE. 8
Quoi ! je lui donnerais Pyrrhus pour successeur?
CÉPHISB. 10
Ainsi le veut son fils, que les Grecs vous ravissent.
Pensez-vous qu'après tout ses mânes en rougissent ; 12
Qu'il méprisât, madame, un roi victorieux
Qui vous &it remonter au rang de vos aïeux, 14
Qui foule aux pieds pour vous vos vainqueurs en colère,
Qui ne se souvient plus qu'Achille était son père, 16
Qui dément ses exploits et les rend superflus 1
ANDROMAQUK. 18
Dois-je les oublier, s'il né s'en souvient plus?
Dois-je oublia Hector privé de funérailles, 20
fit traîné sans honneur autour de nos murailles?
Dois-je oublier son père-à mes pieds renyêrsé, 22
Ensanglantant Tautel qu'il tenait embrasa ?
Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle 24
Qui fut pour tout un peuple une nuit étemelle ;
Figure-toi Pyrrhus, les yçux étincelants, 26
Entrant à la lueur de nos palais#rûlant9,
Sur tous mes frères morts se faisant un passage, 28
Et, de'sang tout couvert, échaufiànt le carnage ;
Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants. 80
Dans la flamme étoufles, sous le fer expirants ;
Peins-toi' dans' ces horreurs Andromaque éperdue : 82
Voilà comme Pyrrhus vînt s'offrir à ma vue ;
Voilà par quels exploits il sut se couronner ; 84
Enfin, voilà l'époux que tu me veux donner.
Non, je ne serai point complice de ses orimes : . 86
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100 ANDROMAQUS.
Qu*il nous prenne,* s^il yeut, pour dernières victimes.
Tous mes ressentiments lui seraient asservis ! 2
OÉPHISK.
Eh bien ! allons donc voir expirer votre fils : 4
On n'attend plus que vous... Vous frémissez, madame 1
AHDBOMAQUS.
Ah ! de quel souvenir viens-tu frapper mon âme !
Quoi ! Céphise, j'irai voir expirer encor 8
Ce fils, ma seule joie, et Timage d'Hector ?
Ce fils que de sa flamme il me laissa pour gage 1 10
Hélas ! je m'en souviens : le jour que son courage
Lui fit chercher Achille, ou plutôt le trépas, 12
Il demanda son fils, et le prit dans ses bras :
" Chère épouse, dit-il en essuyant mes larmes, 14
"J'ignore quel succès le sort garde^ a mes armes;
" Je te laisse mon fils pour gage de nîa fi:)î : 10
*' S'il me perd, je prétends qu'il me retrouve en toi.
" Si d'un heureux hymen la mémoire t'est chère, 18
'^ Montre au fils à quel point tu chérissais le père."
Et je puis voir répandre un sang si précieux 1 20
Et je laisse avec lui périr tous ses aïeux 1
Hoi barbare, &ut-il que mon crime l'entrûne ? M
Si je te hais, est-il coupable de ma haine 1
T'a-t-il de tous les siens reproché le trépas 1 24
S*est-il plaint à tes yeux des maux qu'il ne sent pas 1
Mais cependant, mon fils, tu meurs si je n'arrête 26
Le fer que le cruel tient levé sur ta tète.
Je l'en puis détourner, et je t'y vais offrir ?.., 28
Non, tu ne mourras point, je ne le puis souffrir.
Allons trouver Pyrrhus. Mais non, chère Céphise, 30
Va le trouver pour moL
OÉPHISB. 32
Que faut-il que je dise V
AHDROMAQUX. 84
Dis-lui que de mon fils l'amour est assez fort...
Crois-tu que dans son cœur il ait juré sa mort ? 30
L'amour peut-il si loin pousser sa barbarie 1
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AOTK XVy 80ÈNX I. 107
OÉPHISX.
Madame, il ya bientôt revenir en furie. 2
ANOBOMAQUX.
Eh bien, va l'assurer^ 4
\ CÉPHISS.
De quoi 1 de votre foi ] 6
ANDROMAQUB.
Hélas ! pour la promettre est-oUe encore à moi V 8
O oendre§ d'un époux ! h Troyens ! 6 mon père !
O mon fils, queues joura coûtent c her à ta mère 1 10
Allons.
CâPBIBE. 12
Ou donc, madame 1 et que résolvez-vous t
ANDBOMAQUK. 14
Allons sur son tombeau consulter mon époux.
Nom AHD BxnERXHon. — i Porterait, would indine, — * M. p. S78.—
* Qa'il nous prenne, Ut him iake v«. — ^ Garde, préparée ; Ut. koê m
êtùre,-—* M. L. 73, R. 1.—* A moi, mint; M. L. 47, IL 6.
ACTE QUATRIÈME.
SCÈNE I.
ANDROMAQtJE, CÉPHISE.
CÉPHISB.
Ah ! je n'en doute point,' c'est votre époux, madame, 5^
C'est Hector qui produit ce miracle en votre âme :
Il veut que Troie encor se puisse relever 22
Avec cet heureux fils qu'il vous fait conserver.
Pyrrhus vous Ta promis. Vous venez de l'entendre, 24
Madame ; il n'attendait qu'un mot pour vous le rendre.
Crojez-en ses transports : père, sceptre, alliés, 2($
Content de votre cœur, il met tout à vos pieds ;
Sur lui, sur tout son peuple il vous rend souveraine, 29
Est-ce là ce vainqueur digne de tant de haine ?
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106 AirDBOMAQtrX.
Déjà contre les Grecs plein d'un noble courroux,
Le soin de votre fils le touche autant que vous : 2
Il prévient leur fureur; il lui laisse sa garde:
Pour ne pas Vexposer, lui-même il se hssarde. 4
Mais tout s'apprête au temple ; et vous avez promis.»
ANDROMAQUB. 6
Oui, je m'y trouverai." Mais allons voir mon fils.
CÉPHISB. 8
Madame, qui vous presse? Il suffit que sa vue
Désormais à vos yeux ne soit plus défendue.* 10
Vous lui pourrez bientôt prodiguer vos bontés,
Et vos embrassements ne seront plus comptés. 12
Qud plaisir d'élever un en&nt qu'on voit croître
Non plus* comme un esclave élevé pour son maître, 14
Mais pour voir avec lui reniutre* tant de rois !
AKnBOlIAQUB. 16
Céphise, allons le voir pour la dernière fois.
CÉPHISE. 18
Que dites-vous? Odieux!
AVDR0MAQU1E. 20
N O ma chère Céphise,
Ce n'est point avec toi que mon cœur se déguise. 23
Ta foi dans mon malheur s'est montrée à mes yeux ;
Mais j'ai cru qu'à mon tour tu me connaissais mieux. 24
Quoi donc ! as-tu pensé qu'Andromaque infidèle
Pût trahir un époux qui croit revivre en elle, 26
Et que, de tant de morts réveillant la douleur.
Le soin de mon repos me fit troubler le leur ? 28
Est-ce là cette ardeur tant promise à sa cendre ?
Mais mon fils périssait, il Ta fallu défendre. 80
Pyrrhus en m'épousant s'en déclare l'appui ;
Il suffit : je veux bien m'en reposer* sur lui. . 82
Je sais quel est Pyrrhus : violent, mais sincère,
Céphise, il fera plus qu'il n'a promis de faire. 31
Sur le courroux des Orecs je m'en repose encor,
Leur haine va donner un père au fils d'Hector. 80
Je vais donc, puisqu'il &ut que je me sacrifie,
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AOTX XV, SOiNS I. 109
Assurer à Pyrrhus le reste de ma vie ;
Je vais, en recevant sa foi sur les autels, 2
L'engager à mon fils par des nœuds immortels»
Mais aussitôt ma main, à moi seule funeste, 4
D'une infidèle vie abrégera le reste ;
Et, sauvant ma vertu, rendra oe que je doi^ 6
A Pyrrhus, à mon fils, à mon époux, à moi.
Voilà de mon amour l'innocent stratagème ; 8
Voilà ce qu'un époux m'a commandé lui-même.
J'irai seule rejoindre Hector et mes aïeux. 10
Céphise, c'est à toi* de me fermer les yeux.
OÉPHISX. 12
Ah ! ne prétendez que je puisse survivre...
ANDROMAQUX. 14
Non, non, je te défends, Céphise, de me suivre;
Je confie à tes soins mon unique trésor : 16
Si tu vivais pour moi, vis* pour le fils d'Hector.
De Tespoir des Troyens seule dépositaire, 18
Songe-à combien de rois tu deviens nécessaire.
Veille auprès de Pyrrhus ; &is-lui garder sa foi : 20
S'il le faut, je consens qu'on lui parle de moi.
Fais-lui valoir l'hymen où je me suis rangée ; 22
Dis-lui qu'avant ma mort je lui fiis engagée ;
Que ses ressentiments doivent être effacés ; ' 24
Qu'en lui laissant mon fils, c'est l'estimer assez.'*
Fais connaître à mon fils les héros de sa race ; 26
Autant que tu pourras, conduis-le sur leur trace :
Dis-lui par quels exploits leurs noms ont éclaté, 28
Plutôt ce qu'ils ont fait que ce qu'ils ont été :
Parle-lui tous les jours des vertus de son père, 30
Et quelquefois aussi parle-lui de sa mère.
Mais qu'il ne songe plus, Céphise, à nous venger ; 82
Nous lui laissons un maître, il le doit ménager.
Qu'il ait de ses aïeux un souvenir modeste : 84
Il est du sang d'Hector, mais il en est le reste ;
Et pour ce reste enfin j'ai moi-même, en un jour, M
Sacrifié mon sang, ma haine et mon amour.
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110 ▲NDROMAQUS.
^ C£PHISS.
Hélas! 2
AXDROMAQUS.
->^ Ne me suis" point, si ton cœur en alarmes 4
Prévoi^ qu'il ne pourra commander à tes larmes.
On vieiît. Cache tes pleurs, Cêphise ; et souviens-toi 6
Que ]à sort d'Andromaque est commis à ta foi. ~
Cest Hermione. Allons, fuyons sa violence. 8
Nom AND RxFERENOES. — < $66 M. § 188, R. (1) below th6 6xaxnple8. —
* Je m'y trouyerai, / thall be thsre, — ' Défendu6, forfAdâen. — ^ Non
plus, no longer, — ^ Renaître tant de rois, «o many kings revive.—^ M*en
reposer sur lui, confias him to hû care. — ^ Doi is hère for doU, — ' C'est
à toi, t^ M your duty, — > M. p. 390. — ^^ C'est l'estimer asseï; Iprwe tuf*
fieiently my eiteemfor Mm. — ^^ Suit, fjrom suivre; M. p. 386.
SCÈNE II.
hermione; oléone.
CLÉONB.
Non, je ne puis assez admirer' ce silence. 12
Vous vous taisez, madame ; et ce cruel mépris
N'a pas du moindre trouble agité vos esprits ! 14
Vous soutenez en paix une si rude attaque,
Vous qu'on voyait frémir' au seul nom d'Andromaque ! 16
Vous qui sans désespoir ne pouviez endurer
Que Pyrrhus d'un regard la voulût honorer ! 18
Il l'épouse ; il lui donne, avec son diadème,
La foi que vous venez de* recevoir vous même : 20
Et votre bouche encor, muette à tant d'ennui.
N'a pas daigné s'ouvrir pour se plaindre de lui ! 22
Ah ! que je crains, madame, un calme si funeste !
Et qu'il vaudrait bien mieux....^ 24
BERMIONB.
Fais-tu. venir Oreste ?* 29
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ACTE IV, 8CÈNB IIX. 111
CI^OITB.
Il vient, madame, il vient, et vous pouvez juger 2
Que bientôt à vos pieds il allait se ranger.
Prêt à servir toujours sans espoir de salaire v 4
Vos yeux ne sont que trop assurés de lui plaire.
Mais il entre. 6
Notes and Refkbxnosb.^i Admirer, wonder ai, — ^ Frémir an seul
nom, thudder at the mère name. — 3 M. Xj. 26, B. 2. — * Qa^il Tsndrait bien
mieus^ how muck better it vxyuld he ; M. L. 49, R. 6. — ' Fais-ta venir
Oreetel hâve you eerUfor OreeUêf
SCÈNE III.
OBESTE, HEBMIONE, CLÈOKE.
ORESTE.
Ah madame ! est-il vrai qu'une fois, 10
Oreste en vous cherchant obéisse à vos lois ?
Ne m'a-tron point flatté d'une fausse espérance ? 12
Avez-vous en effet souhaité ma présence ?
Croirai-je que vos yeux, à la fin désarmés, 14
Veulent...
HBRMIONE. 16
Je veux savoir, seigneur, si vous m'aimez.
ORESTE. 18
Si je vous aime 1 oh dieux ! mes serments, mes parjures,
Ma fuite, mon retour, mes respects, mes injures,* 20
Mon désespoir, mes yeux de pleurs toujours noyés.
Quels témoins croirez-vous, si vous ne les croyez 22
HERMIONB.
Vengez-moi, je crois tout. 24
ORESTE.
Eh bien, allons, madame : 26
Mettons encore un coup toute la Grèce en flamme.
Prenons, en signalant mon bras et votre nom, 28
Vous, la place d'Hélène, et moi, d'Agamemnon ;
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lift IVDftOMlfUt.
De Troie en ce pays réveillons' les misères ;
Et qu'on parle de nons ainsi que de nos pères. 2
Partons, je suis tout prêt.
HSRMIONE. 4
Non, seigneur ; demeurons :
Je ne veux pas si loin port^ de tels affironts. 6
Quoi ! de mes ennemis couronnant l'insolence,
J'irais attendre ailleurs une lente vengeance ; ^ 8
£t je m'en remettra»* au destin des combats,
Qui peut-être à la fin ne me vengerait pas? 10
Je veux qu'à mon départ toute l'Épire pleure.
Mais si vous me vengez, vengez-moi dans une heure. 12
Tous vos retardements sont pour moi des refus.
Courez au temple. Il faut immoler... 14
ORBSTX.
Quil 16
HXBMIONS.
Pyrrhus. 18
0BE8TB.
Pyrrhus, madame ! 20
HSRMIONB.
Hé quoi ! votre haine chancelle ? 22
Ah ! courez, et craignez que je ne^ vous rappelle.
N'alléguez point des droits que je veux oublier ; 24
Et ce n'est pas à vous à' le justifier.
OBBSTS. 26
Moi, je l'excuserab !' Ah ! vos bontés, madame.
Ont gravé trop avant* ses crimes dans mon âme. 28
Vengeons-nous, j'y consens, mais par d'autres chemins ;^
Soyons ses ennemis, et non ses assassins \^ 30
Faisons de sa ruine une juste conquête, fijf
Quoi ! pour réponse aux Grecs porterai-je sa tête ? 32
Et n'ai je pris sur moi le soin de tout l'État
Que pour m'en acquitter par un assassinat ? 34
Souffrez, au nom des dieux ! que la Qrèce s'explique !
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▲ OTX IT, SOÊVX XXI. 118
Et qu'il meure chargé de la haine publique...
Souvenez-vous qu'il règne, et qu'un front couronné... 2
HXRMIOKX.
Ne vous suffit-il pas que je l'ai condamné ! 4
Ne vous suffit-il pas que ma gloire ofensée
Demande une victime à moi seule adressée ; 6
Qu'Hermione est le prix d'un tyran opprimé ;
Que je le hais ; enfin, seigneur, que je l'aimai 1 8^
Je ne m'en cache point ; l'ingrat m'avait su plaire,*
Soit qu'ainsi l'ordonnât mon amour ou mon père, 10
N'importe : mais enfin réglez-vous la-dessus.
Malgré mes vœux, seigneur, honteusement déçus, 12
Malgré la juste horreur que son crime me donne;
Tant qu'il vivra, craignez que je ne lui pardonne.* 14
Doutez jusqu'à sa mort d*un courroux incertain ;
S'il ne meurt aujourd'hui, je puis Taimer demain. 16
ORESTX.
Eh bien ! il faut le perdre, et prévenir sa grâce :" 18
Il faut... Mais cependant que faut-il que je fasse 1
Comment puis-je sitôt servir votre courroux ? 20
Quel chemin jusqu'à lui peut conduire mes coups ?
A peine suisje encore arrivé dans TÊpire, 22
Vous voulez par mes mains renverser im empire ;
Vous voulez qu'un roi meure, et pour son châtiment 24
Vous ne donnez qu'un jour, qu'une heure, qu'un moment ;
Aux yeux de tout son peuple il faut que je l'opprime. 26
Laissez-moi vers l'autel conduire ma victime.
Je ne m'en défends plus," et je ne veux qu'aller , 28
Reconnaître la place où je dois l'immoler :
Cette nuit je vous sers, cette nuit je l'attaque. 30
HERMIONE.
Mais cependant, ce jour, il épouse Andromaque ; 32
Dans le temple déjà le trône est élevé ;
Ma honte est confirmée, et son crime achevé. 84
Enfin qu'attendez-vous ? il vous offre sa tète :
Sans gardes, sans défense, il marche à cette fête ; 36
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114 ANDROMAQUE.
Autour du fils d'Hector il les fait tous ranger ;
Il s'abandonne au bras qui me voudra venger. 2
Voulez-vous, malgré lui, prendre soin de sa vie ?
Armez, avec vos Grecs, tous ceux qui m'ont suivie V* 4
Soulevez vos amis ; tous les miens sont à vous :
11 me trahit, vous trompe, et nous méprise tous. 6
Mais quoi ! déjà leur haine est égale à la mienne ;
Elle épargne à regret l'époux d'une Troyenne. 8
Parlez ; mon ennemi ne peut vous échapper ;
Ou plutôt il ne &ut que les laisser frapper. 10
Conduisez ou suivez une fureur si belle ;
Kevenez tout couvert du sang de l'infidèle ; 12
Allez : en cet étaVsojez sûr de mon cœur.
ORESTE. 14
Mab, madame, songez...
HERMIONE. 16
Ah ! c'en est trop, seigneur,
Tant de raisonnements offensent ma colère. 18
J'ai voulu vous donner les moyens de me plaire,
Rend;re Oreste content ; mais enfin je vois bien 20
Qu'il veut toujours se plaindre, et ne mériter rien.
Partez : allez ailleurs vanter votre constance, 22
Et me laissez ici le soin de ma vengeance.
De mes lâches bontés mon courage est confus ; 24
Et c'est trop en un jour essuyer de refus.
Je m'en vais seule au temple où leur hymen s'apprête, 26
Où vous n'osez aller mériter ma conquête :
Là, de mon ennemi je saurai m'approcher ; 28
Je percerai le cœur que je n'ai pu toucher ;
Et mes sanglantes mains, sur moi-même tournées, SO
Aussitôt, malgré lui, joindront nos destinées :
Et, tout ingrat qu'il est, il me sera plus doux 32
De mourir avec lui que de vivre avec vous.
ORESTE. 34
Non, je vous priverai de ce plaisir funeste,
Madame ; il ne mourra que de la main d'Oreste. 36
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AOTB IV, BCÂNS lY. 115
Vos ennemis par moi vont vous être immolés,
Et vous reconnaîtrez" mes soins, si vous voulez. 2
DERMIONE.
Allez. De votre sort laissez-moi la conduite,** 4
Et que tous vos vaisseaux soient prêts pour notre fuite.
Notes and Références. — ^ Mes injures, my angry wfrds. — > Bé-
veillons, let us reneto, — ^ Je m'en remettrais, / tlundd commit my ven-
geanee. — < Que, lest ; M. § 138, R. (5). — "^ £t ce n'est pas à vous, U doea
not became you. — « Trop avant, <oo deeply, — t Chemins, means» — "M'avait
BU plaire, had stteeeeded inpleasing me, — » See Note 4. — " Sa grâce, hU
pardon. — *' Je ne m'en défends plus^ / no longer refuse.^* M. L. 42,
R. 7. — »3 Reconnaîtrez, toili reward-^^* Conduite, eare.
SCÈNE IV.
HERMIONE, CLÉONK
CLÉONE. 8
"Vous vous perdez,* madame; et vous devez songer..^
HERMIONE. 10
Que je me perde ou non, je songe à me venger.
Je ne sais même encor, quoi qu'il m'ait pu promettre, 12
Sur d'autres que sur moi si je dois m'en remettre :*
Pyrrhus n'est pas coupable à ses yeux comme aux miens 14
Et je tiendrais mes coups bien plus sûrs que les siens.
Quel plaisir de venger moi-même mbn injure, 16
De retirer mon bras teint du sang du parjure.
Et, pour rendre sa peine et mes plaisirs plus grands, 18
De cacher ma rivale à ses regards mourants !
Ah ! si du moins Oreste, en punissant son crime, S>0
Lui laissait le regret de mourir ma victime !
Va le trouver : dis-lui qu'il apprenne* à l'ingrat 22
Qu'on l'immole à ma haine, et non pas à l'État
Chère Clêone, cours : ma vengeance est perdue 24
S'il ignore en mourant que c'est moi qui le tue.
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116 AITDEOICAQUI.
CLÉONB.
Je TOUS obéirai. Mais qu'est-ce que je voi ! d
X)h dieux ! qui l'aurait cru, madame ? c'est le roi !
HBRMIOKB. 4
Ah ! cours après Oreste ; et dis-lui, ma Cléone,
Qu'il n'entreprenne rien sans reroir Hermione. 6
Nom AND RsRBivois. — 1 Voiu Yotis perdes pou ruin ptmndf,-^
• Si je dois m'en remettre, vhether lou^hi to dépend.--^ Qu'il ap]pr«ime^
thathewuMtinfwnn: VL 1^*12, 'Bi.^. Z^^
SCÈNE V.
PTRRHUB^ HERMIONE, PHOBNIX.
PYRRHUS.
Vous ne m'attendiez pas, madame ; et je vois bien 10
Que mon abord ici trouble votre entretien.
Je ne viens point, armé d'un indigne artifice, 12
D'un voile d'équité couvrir mon injustice :
li suffit que mon cœur me condamne tout bas ;* 14
Et je soutiendrais mal' ce que je ne crois pas.
J'épouse une Trojenne ; oui, madame : et j'avoue 16
Que je vous ai promis la foi que je lui' voue.
Un autre vous dirait que, dans les champs troyens, 18
Nos deux pères, sans nous, formèrent ces liens ;
Et que, sans consulter ni mon' choix ni le vôtre, . 20
Nous fùmçs, sans amour, engagés l'un à Tautre :
Mais c'est assez pour moi que je me sois soumis. 22
Par mes an^assadèurs mon cœur vous fut promis ;
Loin de les révoquer, je voulus y souscrire : 24
Je vous vis avec eux arriver en Épire :
Et, quoique d'un autre œil l'éclat victorieux 26
Eût déjà prévenu* le pouvoir de vos yeux.
Je ne m'arrêtai point à cette ardeur nouvelle, 28
Je voulus m'obstiner à vous être fidèle;
l C'^i^ »
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▲ OTS JT» BOtWM ▼• 117
Je vous reçus en reine ; et jusques à ce jour
J'ai cru que mes serments me tiendraient lieu* d'amour. 2
Mais cet amour l'emporte ;* et, par un coup funeste,
Andromaque m'arrache un cœur qu'elle déteste : 4
L'un par l'autre entrûnés, nous courons à l'autel
Nous jurer, malgsd pptts, un ampi^i^morteL 6
Après cela, madame, éclatez contre un traître,
Qui l'est avec douleur, et g^i4>ottrtantTeuf l'être. 8
Pour moi, loin de contraindre un si juste courroux,
Il me soulagera peut-être autant que vous. 10
Donnez-moi tous les noms destinés aux parjures :
Je crains votre sijer^ce, e^noni^^Y(^ injures ; 13
Et mon cœur, s^r^nt mille secrets témoins, ,
M'en dira d'autant plus que vous m'en direz moins. ^ 14
HBBMioira. • \
Rigueur, dans cet aveu, dépouillé d'artifice, 16
J'aime à voir que du moins vous vous rendiez justice,
Et que, voulant bien rompre un nœud si solennel, 18
Vous vous abandonniez au crime en' criminel.
Est-il juste, après tout, qu'un conquérant s'abaisse^ 20
Sous la servile loi de garder sa promesse ?
Non, non, la perfidie a de quoi" vous tenter ; , 22
Et vous ne me cherchez que pour vous en vanter. ' .
Quoi !, sans que ni serment ni devoir vous retienne, . 2i-'
Rechercher une Grecquè;Tttoant d'une Troyenne !
Me quitter, me reprendre, et retourner encx)r 26
De la fille d'Hélène à la veuve d'Hector !
Couronner tour à tour Fesolave et la princesse ! 28
Immoler Troie aux Grecs, au fils d'Hector la Grèce !
Tout cela part' d'un cœur toujours maître de soi, 80
D'un héros qui n'est point esclave de sa foi.
Pour plaire à votre épouse, il vous &udrait peut-être 82
Prodiguer les doux noms de parjure et de trcutre ;
Vous veniez de mon front observer la pâleur, 34
Pour aller dans ses bras rire de ma douleur :
Pleurante après son char vous voulez qu'on me voie. 86
Mais, seîgneor, m un jour o^seràit trop de joie;
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118 AVDBOlCAQirX.
Et| sans cherdier aillean des titres empruntés.
Ne TOUS suffit-il pas de ceux que vous pprtezt ft
Du vieux père d'Hector la valeur abattue "
Aux pieds de sa fiiinille expirailte à sa vue, ' . .4
Tandis que dans son sein votre liras ênfo'noê ^ .
Cherche un reste de sang que l'âge Kfsàt glacé ; 6
Dans des ruisseaux de sang TroîiB ardente plongée ;
De votre propre main Polyxène égorgée, ^S
Aux yeux de tous les Grecs indignés contre vous :
Que peut-on refuser à ces généreux coups 1 10
PYRRHUS.
Madame, je sais trop à quel excès de rage 12
La vengeance d^Hélène emporta mon courage :
Je puis me plaindre à vous du sang que j'ai versé ; 14
Mus enfin je consens d^oublier le passé.
Je rends grâces au ciel que votre indifférence * ' , , 1^
De mes heureux soupirs m'apprenne Knnocenoe. ' '^ * * ^ .
Mon cœur, je le vois bien, trop prompt à se gêner,"* * ' " jg
Devait mieux vous connaître et mieux s'examiner.
Mes remords vous faisaient une injure mortelle : 20
n &ut se croire aimé pour se croire infidèle.
Vous ne prétendiez point m'arréter dans vos ib^ : 22
tTai craint de vous trahir, peut-être je vous sers.'
Nos cœurs n'étaient point faits dépendants l'un de l'autre. 24
Je suivais mon devoir, et vous cédiez au vôtre.
Eien ne vous engageait à m'aimer en effet. 26
HERMIONB.
Je ne t'ai poîbt aimé, cruel ! Qu'ai-je donc fait? 28
J'ai dédaigné pour toi les vœux de tous nos princes
Je t'ai cherché moi-même au fond de tes provinces ; 30
J'y suis encor, malgré tes infidélités,
Et malgré tous mes Grecs, honteux de mes bontés. 32
Je leur ai commandé de cacher mon injure ;
J'attendais en secret le retour d'un parjure ; 34
J^ai cru que tôt ou tard, à ton devoir rendu.
Tu me rapporterais un cœur qui m'était dû, B6
Je t'aimais inconstant, qu'aurais^ fait", fidèle ?
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ACTE IV, SCftKS VI. 119
Et même, en ce moment, où ta bouche cruelle
Vient si tranquillement m'annoncer le trépas, 2
Ingrat, je doute encor si je ne t'aime pas.
Mais, seigneur, s'il le faut, si le ciel eUx colère 4
Réserve à d'autres yeux la gloire de vous plaire ;
Achevez votre hymen, j'y consens ; mais, du moins, 6
Ne forcez pas mes yeux d'en être les témoins.
Pour la dernière fois je vous parle peut-être ; 8
Diiïerez-le d'un jour, demain vous serez maître...
Vous ne répondez point î... Perfide ! je le voi, 10
Tu comptes les moments que tu perds avec moi.
Ton cœur, impatient de revoir ta Troyenne, 12
Ne souffre qu'à regret qu'une autre t'entretienne :**
Tu lui parles du cœur, tu la cherches des yeux. 14
Je ne te retiens plus, sauve-toi de ces lieux :
Va lui jurer la foi que tu m'avais jurée ; 16
Va profaner des dieux la majesté sacrée.
Ces dieux, ces justes dieux n'auront pas oublié , 18
Que les mêmes serments avec moi t'ont lié.
Porte au pied des autels ce cœur qui m'abandonne ; 20
Va, cours : mais crains encor d'y trouver Hermione.
KoTB AKD Bkfbbxncbs. — ^ Tout bas» nUntiyj iacUly,-^-^ Et je son-
tiendrais mal, and I eould vUh cUffieulty aasert. — 3 Eût d^à prévenue,
had already arUioipaied, — ^ Me tiendraient lieu, would take the plaef,-^
5 L'emporte, eonquers. — « En, as a, — "^ S'abaisse, sliould stoop ; M. L. TS,
R. 1. — 5 De quoi, wheremth, aufficient inducement, — * Part^ proeeeda, —
»* A se gêner, to coîtstrain ittelf. — »i Qu'auraU^'e fait fidèle f îa an
ellipsia. The complète sentence would be : Qifaura%»j6 faU H tu avais
M fidèle f — ^^ Tentreilerme, ûumld eonverèe vfith you.
SCÈNE VI.
PYRRHUS, PHŒNIX.
PH<BNIX. ^ 24
Seigneur, vous entendez. Gardez* de négliger
Uneamanteenforeiir quidiercheà seVenger.ï 26
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laO AJrD&OXAQXrM.
Elle n^est en ces lieux que trop bien appuyée ;*
La querelle des Grecs à la sienne est liée ; 2
Oreste l'aime encore; et peut-être à ce prix...*
PTBBHUS. 4
Ândromaque m'attend. Phœnix, garde* son fils.
Nom àXD RxrKSKNGEB. — > Gardez de négliger, hewarê UH }fcu
mffUeL-^ Appuyée, wpparted; M. L. 46, R. 2.—» A oe pria; e» thaï
mocomU-^ Garde, waUk ovâr. /^^
ACTE CINQUIEME.
SCÈNE I.
HERMIONE.
Où suis-je 1 qu'ai-je fait? que dois^je' faire encore?
Quel transport me saisit? quel chagrin me. dévore ? 10
Errante et sans dessein, je cours dans ce palais.
Ah ! ne puis-je savoir si j'aime ou si je hais ? 12
Le cruel ! de quel œil il m'a congédiée !'
Sans pitié, sans douleur au moins étudiée ! 14
L'ai-je vu se troubler, et me plaindre un moment ?
En ai-je pu tirer un seul gémissement ? 16
Muet à mes soupirs, tranquille à mes alarmes,
Semblait-il seulement qu'il eût part à mes larmes ? 18
Et je le plains encore ! et, pour comble d'ennui,'
Mon coeur, m<Hi lâche cœur s'intéresse pour lui ! 520
Je tremble au seul penser* du coup qui le menace !
Et, prête à me veiner, je lui fais déjà grâce !* 22
Non, ne révoquons point l'arrêt de mon courroux :
Qu'il périsse ! aussi bien* il ne vit plus pour nous. 24
Le perfide triomphe, et se rit de^ ma rage :
Il pense voir en' pleurs dissiper cet orage ; 26
Il croit que, toujours fidble et d'un cœur incertain,
Je parerai d'un bras les coups de l'autre main. 28
n juge encor de moi par mea bontés passèoi,
Mitophil6tIep«fideabted'ciiMepeiiiées: 80
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AOTS T, BOftlTB II. 121
Triomphant dans le temple, il ne s'in£>rme pasi*
Si Ton souhaite ailleurs sa vie ou son trépas. 2
Il me laisse, Tingrat, cet embarras funeste.
Non, non, encore un coup,'*^ laissons agir Oreste. 4
Qu'il meure, puisque enfin il a dû le prévoir,
Et puisqu^il m'a forcée enfin à le vouloir... 6
A le vouloir 1 Hé quoi ! c'est donc moi qui l'ordonne 1
Sa mort sera TefTet de l'amour d^Hermione? 8
Ce prince, dont mon cœur se faisait autrefois
Avec tant de plaisir redire les exploits ; 10
A qui même en secret je m'étais destinée.
Avant qu'on eût conclu ce fatal hjménée ; 12
Je n'ai dpQp t^sivers^ tgnt de mers, tant d'États,
Que pour venir si loin préparer son trépas, 14
L'assassiner, le perdre ? Ah ! devant" qu'il expire...
Nom An» BiFERENGss. — ^ M. L. 65, R. 5. — ^ De quel œil il m'a
congédiée, toUh whcU a look he left me,—^ Pour comble d'ennui, to bring
my iorrow to iU heighi. — * Penser, thought, — ^ Je lui fais déjà grâee, /
forgive htm aîready, — « Aussi bien, beaides, — 7 Se rit de, laughê at.'^
s En, tnto. — * Il ne s'informe pas, he does not inquire, — lo Encore un
coup, onee more. — " Devant is used bere for avant; see M. § 142»
a (1).
SCÈNE II.
HEBMIONE, GLÉOmS.
HERMIONE. 18
Ah ! qu'ai-je fait, Qéone, et que viens-tu me dire ?
Que fiût Pyrrhus ? 20
OLÉONB.
n est aii comble de ses vœux, 22
Le plus fier des mortels et le plus amoureux.
Je l'ai vu vers le temple, où son hymen s'apprête, 24
Mener en* conquérant sa nouvelle conquête ;
Et, d'un œil où brillaient sa joie et son espoir, S6
B'enivrer en marohaat dn plaisir de la voir.
e " -
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Andromaqne, m trvwwu de mille crie de jei%
Porte jusqu'aux autels le souvenir de Troie ; 9
Incapable toujours d'aimer et de haïr.
Sans joie et sans murmure elle semble obéir, 4
Et llngraty jusqu'au bout il a poussé* l'outrage t 6
Mais as-tu bien, Qéone, observé son visage 1
Ooùte-t-il des plaisirs tranquilles et par&its) 8
N'a-t-il point détourné ses yeux vers le palais t
Dis-moi, ne t'es-tu* point présentée à sa vuet 10
L'ingrat a-t-il rougi lorsqu'il t'a reconnue T
Son trouble avouait-il son infidélité ) 13
A-t-il jusqu'à la fin soutenu sa fierté ?
clAonk. 14
Madame, il ne voit rien. Son salut et sa gldxe
Semblent être avec vous sortis de sa mémoire. 16
Sans songer quLle suit,. ennemis ou sujets,
n poursuit seulement ses amoureux projeta^ 18
Autbur du fils d'Hector 41 a rangé sa garde.
Et croit que c'est lui seul q^e le péril regarde.* 80
Phœnîx mime en répondi qui l'a conduit exprès
Dans un fort éloigné du temple et du palais. 22
Voilà dttds ses transpcarts le seul soin qui lui reste.
. HERiaONX. 24
Le perfide ! il mourra... Mais que t'a dit Qreste? -
OLÉONK. > 26
Oreste avec ses Grecs dans le temple est entâré.
BXRMXOKI. 28
Eh bien ! à me venger n'est-il pas préparé 1
OLÉOHS. 30
Je ne sais.
hxhmxonb. 82
THine'saîs! Quoidonol Oreste enco^
Oreste me trahit 1 84
OUONS.
Oreste vous adore ; 86
Mais de milk ranmi^a sGf^ espi^ <mn})^
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AOTI ▼! ftOÂNfl IX.
Croit tantôt son amonr et tantôt sa yertn.
n respecte on Pyrrhus Thonneur du diadème, 3
Il respecte en Pyrrhus Achille et Pyrrhus même :
Il craint les Grecs, il craint l'unirers en courroux : 4
Mais il se craint, dit-il, soi-même plus que tous.
n voudrait en vainqueur vous apporter sa tête : Q
Le nom seul d'assassin l'épouvante et Vanrète.
Enfin il est ^itré, sans savoir dans son cœur 8
S'il en devfdt sortir coupable ou spectateur.
HB&MiONX. 10
Non, non, il les verra triompher sans obstacle y
Il se gardera bien' de troubler ce spectacle. IS
Je sais de quels remords son courage est atteint :
Le lâche craint la mort, et c'est tout ce qu'il craint. 14
Quoi ! sans qu'elle employât* une seule prière,
Ma mère en sa f^eur arma la Grèce entière ; 10
Ses yeux pour leur querelle, en dix ans de combats,
Virent périr vingt rois qu'ils ne connaissaient pas ; 18
Et moi je ne prétends' que la mort d'un parjure.
Et je charge un amant du soin de mon injure ; 20
Il peut me conquérir à ce prix sans danger ;
Je me livre moi-même, et ne puis me venger ! 32
Allons. C'est à moi seule à me rendre justice.
Que de cris de douleur le teis^ple retentisse ; 24
De leur hymen fatal troublons révénement ;
Et qu'ils ne soient unis, s'il se peut, qu'un moment 26
Je ne choisirai point dans ce désordre extrême :
Tout me sera Pyrrhus, fàf«e Oreste lui-même. 28
Je mourrai. Mais au moins ma mort me vengera ;
Je ne mourrai pas seule, et quelqu'un me suivra. 80
Notes and EsncRENon.— ^ En, at a.— *' Pousaé, oarried. — ' H. § 40»
R. (2), 2.—* M. L. 42, E. 8.—' Regarde, threateru.—'i Croit tantôt
Bon amour, listenê cU timé$ to kis low. — f U se gardera bien de, he wiU
he carefui not to.— ^ 2i § 148, B. (2).—» Prétends» retire.
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IM AVDmOMAQITB.
SCÈNE III.
oreste; hebmioki; qléone.
IG
Hadame, c'en est fidt,* et tous êtes serrie : 4
Pyrriuu fend à l'autel son infidèle vie.
HXBMIOKI. 6
n est mort !
0BS8TE. 8
n ezpirei et nos Grecs irrités
Ont layé dans son sang ses infidélités. 10
Je vous l'avais promis ; et, quoique mon eoorage
Se fit de ce complot une fimeste image, 12
J'ai couru vers le temple, où nos Grecs dûp^és
Se sont jusqu'à l'autel dans la foule gijfKses. 14
Pyrrhus m'a reconnu, mais sans changer de fi&oe :'
U semblait que ma YuejxdjÂt spA audace ;
Que tous les Grecs, braveset tear ambassadeur,
Dussent de son hymen relever la splendeur.* 18
Enfin, avec transport prenant son diadème,
Sur le front d'Ândromaque il l'a posé lui-même : 20
*' Je vous donne, a-t-il dit, ma couronne et ma foi ;
'' Ândromaque, régnez sur l'Épire et sur moi. 22
^ Je voue à votre fils une amitié de père;*
" J'en atteste les dieux, je le jure à sa mère : M
" Pour tous mes ennemid je déclare les siens,
" Et je le reconnab pour le roi des Troyens." 26
A ces mots, qui du peuple attiraient le suffirage,*
Nos Grecs n'ont répondu que par un cri de rage ; 28
L'infidèle s'est vu partout envelopper.
Et je n'ai pu trouver de place pour frapper : ^0
•Giacun se disputait la gloire de l'abattre. j/'/^I^' -^ -^^
Je l'ai vu dans leurs mains quelque temps se débattre^ 32
Tout sanglant à leurs coups vouloir se dérober ;
Mais enfin à l'autel il est allé tomber. 84
Da peuple épouvanté j'ai traversé la presse^
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▲ OTi y, Botvx III. 1S5
Pour venir de ces lieux enlever ma princesse,
Et regagner le4>ort, où bientôt nos amis 2
Viendront couverts du sang que je vous ai promis.
HERMIONB. 4
Qu'ont-ils fait ?
ORESTE. 6
Pardonnez à leur impatience :
Es ont, je le vois bien, trahi votre vengeance ; 8 .
Vous vouliez que ma main portât les premiers coups ;
Qu'il sentit en mourant qu'il expirait pour vous. 10
Mais c'est moi dont Tardeur leur a servi d'exemple :
Je les ai pour vous seule entraînés dans le temple, 18
Madame ; et vous pouvez justement vous flatter
D'une noort que leurs bras n'ont fidt qu'exécuter. 14
Vous seule avez poussé les coups...
HSRMIONE. 16
Tais-toî,' perfide,
Et n'impute qu'à toi ton lâche parricide. 18
Va faire chez tes Grecs admirer ta fureur ;
Va, je la désavoue, et tu me fais horreur ! 20
Barbare, qu'as-tu fait ! avec quelle furie
As-tu tranché le cours d'une si belle vie ! 22
Avez-vous pu, cruels, l'immoler,aujouîjd]^î.
Sans que tout votre sang se sonfevat pour lui ? 24
^^Ma|Uj^ ; de son sort qui t'a rendu l'arbitre ?
^^W^ioil'assassiner î qu'a-t-il &it 1 à quel titre ? 26
Qui te l'a dit?
OREST&. 28
Oh dieux ! quoi ! ne m^avez-vous pas
Vous-même, ici, tantôt, ordonné son trépas ? 30
HERMI017E.
Ah ! fallait-il en croire' une amante insensée ? 82
Ne devais-tu pas lire au fond de ma pensée 1
Et ne voyais-tu pas, dans mfe^-en^Qrtei^ênts,
Que mon cœur démentait^ao^c^ à tous moments )
Quand je l'aurais-voulu, fallàitril j souscrire ? 86
N'as-tu pas dû cent fois te le faire redire,
34
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186 ▲VDKOXAQUS.
Toi-même avant le coup me venir oonsaltery
T revenir encore, ou plutôt m'éviter ? ft
Que ne me laissais-tu le soin de ma vengeance f
Qui t'amène en des lieux où l'on fuit ta présence ? 4
Voilà de ton amour le détestable fruit :
Tu m'apportais, cruel, le malheur qui te suit. 6
C*est toi dont l'ambassade, à tous les deux fatale,
L'a fait pour son malheur pencher'* vers ma rivale. 8
Nous le verrions encor nous partag;^ «mmiis :
n m'aimerait peutrétre ; il le fey;iâraitaumoins. 10
Adieu. TVi peux partir. Je demeu^ en Épire ;
Je renonce à la Grèce, à Sparte, à son empire, 12
A toute ma &mille, et c'est assez pour moi,
IVaitre, qu'elle ait produit un monstre comme toi. 14
NOTBS AND RBFBRB2roE& — * G'ea est fait» ail û aver. — * M. § 135,
IL (1).—^ Sftns changer de face, hU eountenance did not thange, —
< DuBsent de son hymen relever la eplendenr, êhould enhance the tplen^
doro/kU marriage: M. L. 73, R. 1. — ^ Une amitié de père, a father^ê
love. — » Suffrage, appiUnue. — t Presse, erotod. — "^ Tais-toi, beHlent; IL
p. 388.—» Fallait-il en croire, àkould yoM hâve lUtened ta.-^^ Peacker,
indine.
SCENE IV.
OBESTE.
Que voi»-je î estn^e Hermione 1 et que viens-je d'entendre V
Pour qui coule le sang que je viens de répandre 1 18
Je suis, si je l'en crois, un traître, un assassin.
Est-ce Pyrrhus qui meurt 1 et suls-je Oreste enfin 1 20
Quoi ! j'étouffe en mon cœur la raison qui m'éclaire ;
J'assassine à regret un roi que je révère ; 22
Je viole en un jour les droits des souverains,
Ceux des ambassadeurs, et tous ceux des humains, 24
Ceux même' des autels où ma fureur l'assiège ;
Je deviens parricide, assassin, sacrilège ; 26
Pour qui ? pour une ingrate à qui je le promets ;
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▲ OTX ▼, soÈirx T. 197
Qui même, sMl ne meurt/ ne me yerra jamais,
Dont j'épouse la rage : et quand je Fai senrie, 2
Elle me redemandent son sang et sa vie !
Elle l'aime ! et je suih^un monstre furieux ! 4
Je la Tois pour jamais à^loigner de mes yeux f
Et l'ingrate en fuyant me laisse pour salaire 6
Tous les noms odieux que j'ai pris pour lui plaire 1
Kom AND RBriBENOSS.— > IL L. ^6, R. 2.-— s Ceux méiiM^ mtm
SCÈNE V.
ORESTE; PYLâDE, bolda» D'oB»m
PTLADB. 10
n &ut partir, seigneur. Sortons de ce palais.
Ou bien résolvons-nous de n'en sortir jamids. 12
Nos Grecs pour un moment en défendent la porte ;
Tout le peuple assemblé nous poursuit amaiaforte/^ 14
Aux ordres d'Andromaque ici tout est soumis ;
Ds la traitent en reine, et nous comme ennemis. 16
Andromaque elle-même, à Pyrrhus si rebelle,
mHIIIA- tous les devoirs d'une veuve fidèle, 18
Commande qu'on le venge, et peut-être sur nous
Veut venger Troie encore et son premier époux. 20
Allons, n'attendons pas que l'on nous environne :
Nos Grecs nous rejoindront ; et, tandis qu'Hermione 22
Tient' encore le peuple autour d'elle arrêté,
Voilà notre chemin, sortons en sûreté. 24
ORESTE.
Non, non, c'est Hermione, amis, que je veux suivre! 2G
A son dernier arrêt* je ne puis plus survivre ;
Partez : j'û fiût le crime, et je vais l'expier. 28
PTLADE.
Hermione, seigneur 1 il la £tnt oublier. 80
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138 ▲JTDBOMAQVS.
Quoi ! toujours rinstrument et l'objet de sa rage,
Cherchez-vous chez les morts quelque nouvel outrage t
Et parce qu'elle meurt, fitut-il que vous mourriez V
ORESTE.
Elle meurt ! dieux ! qu'entends-je ?
PTLADE.
Hé quoi ! vous l'ignoriez ?
£n rentrant dans ces lieux, nous l'avons renoontr^e
Qui courait vers le temple, inquiète, égiS^éef^^
Elle a trouvé Pyrrhus porté ««rir^^bs soldats 10
Que son sang excitait à venger son trépas.
Sans doute à cet objet sa rage s'est êm.ue.^ T -^^cr^r",^^
Mais du haut de la porte enfin nous l'avons vue.
Un poignard à la main, sur Pyrrhus se courber,* 14
Lever les yeux au ciel, se frapper et tomber.
ORESTE. 16
Grâce aux jiieux, mon malheur passe mon espérance !
Oui, j4 'te loue, ô cieVde ta perse vêhmce ! 18
Appliqué sans relâche au soin de me punir,
Au comble des douleurs tu m'as fait parvenir;' 20
Ta haine a pris plaisir à former ma misère ;
J'étais né pour servir d'exemple à ta colère, 22
Pour être du malheur un modèle accompli :
Eh bien ! je meurs content; et mon sort est rempli. fH
Où sont ces deux amants ? Pour couronner ma joie, ^^,.-*ix-~
Dans leur sang, dans le mien, il faut que je me noïéfftr^^Ûé
L'un et l'autre en mourant je les veux regarder : /
Réunissons trois cœurs qui n'ont pu s'accorder. 28
Mais quelle épaisse nuit tout à coup m'environne?
De quel côté sortir ? d'où vient que je frissonne ? 30
Quelle horreur me saisit ! Grâce au ciel, j'entrevoi...
Dieux ! quels ruisseaux de sang coulent autour de moi ! 32
PYLADE.
Ah seigneur ! 34
ORESTE.
Quoi ! Pyrrhus, je te rencontre encore ! 86
Trouveraî-je partout un rival que j'abhorre 1
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▲ OTX ▼, soÈirB ▼. 129
Percé de tant de coupa, comment t'eshta sauré V
liens, tiens,' voilà le cdup que je t'ai réservé. 2
Mais que vois-je 1 A mes yeux Hermione Pembrasse !
Elle vient Tarracher au coup qui le menace ! 4
Dieux! quels affreux regards elle jette sur moi !
Quels démons, quels serpents trûne-t-elle après soi ! 6
Eb bien ! filles d'enfer,' vos mains son^elles prêtes î
Pour qui sont ces serpents qui siffl^t^lûr vos tètes ? 8
A qui destinez-vous TapparelUqui vous suit ?
Venez-vous m'enlever*' dans l'étemelle nuit 1 10
Venez, à vos fureurs Oreste s'abandonne.
Mais non, retirez-vous, laissez faire Hermione : 12
L'ingrate mieux que vous saura me déchirer ;"
Et je lui porte enfin mon cœur à dévorer. 14
PYLADB.
Ménageons les moments que ce'trçp^poH; nouTTaîsse.
Sauvons-le. Nos efforts deviendraient impuissants. 18
S'il reprenait ici sa rage avec ses sens.
Notes akd Rxfebenoes. — ^ A main-forte, in large numhers, — ^ Tient^
keeps, detaifu.-^ Arrêt, ientenee, résolution.—^ M. L. 73, R. 1.—* Se
eourber, bend ooer. — > Paryenir, reaeh,-^'" Gomment t'ea-tn sauvé, how
hait tkoueteapedf-^ Tiens, tiens» herel^-* Filles d'enfer, Etmenideê,
furieê.'-i^ M'enlever, to earry «ha— i' Me déchirer, torture me.
Wa D'jLimBOUAQUS.
16
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I P H I G E N I E/
TRAGÉDIE.
AOTETTRS.
AoAinniifOH
AgHIIIiB.*
Cltbdinbbts^* femme d'Agamemnon.
jFmahaM, fille d'Agamemnon.
Ébvbil^* fille d'Hélène et de Thésée.
BraTBATi,» f domestiqnes d'AgamemnoB.
JEmxM,* femme de la suite de ofyteÎBiieBtrt.
DoBiB» confidente d'Ériphile.
Gabd».
La màaxm xbt nr AmJDs,^ dans la tbntk d'Aqamumov.
ACTE PREMIER.
SCÈNE I.
AGAMEMNON, ABGAa
AOAMEMKOir. 4
Oui, c'est Agamemnon, o^est ton roi qui t^éyeîlle.
Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille. 6
ARC AS.
Cest vous-même, seigneur ! Quel important besoin 8
Vous a fidt devancer Paurore de si loin ?• / ' '' '^. ■
A peine un faible jour* vous éclaire et me guîSe, ' «lO
Vos yeux seuls et les miens sont ouverte dans TAulide.
Avez-vous dans les airs entendu quelque bruit *? . > 12
Les vents nous auraient-ils exaucés ceHe nuit 1
Mais tout dort, et l'armée, et les vents, et Net>tune. 14
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M
AOTX I, BOÈVX I. 181
AOAmiaroir.
Heureux qui, satis&ît de son humble fortune, S
Libre du joug superbe où je suis attacbé,
Vit^* dans Tétai obscur où les dieux Tout caché ! 4
AXCAS.
Et depuis quand, seigneur, tenez-vous ce langage 1" 6
Comblé de tant d'honneurs, par quel secret outrage
Les dieax, à voa dési^toujours si complaisaïits, 8
Vous font-ils ixieconnaitre et haïr leurs présents 1
Roi, père, époux heureux, fils du puissant Atrée,^* 10
Vous |>ossédez des Grecs la plus riche contrée :
Du sang de Jupiter issu'* de tons côtés, IS
L'hymen vous lie encore aux ^ieux dont vous sortes ;**
Le jeune Âdiille enfin, f uifelpar tant d'oracles^ 14
Achille, à qui le^cieVj>romet tant de mjrades^
ïlfii$[éihM^^;î^'fSïë:'Bt dW hyinèn à teau f
Veut dans TVoîè embrasée' allumer le flambeau.
Quelle gloire, seigneur, quels triomphes égalent ' ' 18
Le spectade pompeux que ces bords vous étalent.
Tous ces mille vaisseaux qui, chargés de vingt rois, 20
N'attendent que les vents pour partir sous vos lois f
Ce long calme, il est vrai, retarde vos conquêtes ; 522
Ces vents, depuis trois mois enchtunàs sur nos tètes,
D'ilion'* trop longtemps vousTerment le chemin : 24
Mais, parmi tant d'honneurs, vous êtes homme enfin ;
Tandis que vous vivrez, le sort, qui toujours change, 26
Ne vous a point promis un bonheur sans mélange.
Bientôt... Mais quels malheurs dans ce billet tracés IBS
Vous arrachent seignepr, les pleurs que vous verses!
Votre Oresté^éerceàu rk-Ml finir sa vie 1 80
Pleurex-vous Gytemnestre, ou bien Iphigénie 1
Qu'est-ce qu'on vous écrit 1 daignes m'en avertir,'* 32
▲GAMXiaroir.
Non, tu ne mourras jMnnt, je n'y puis consentir. 84
Seîgneor^.
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182 ijPBXoAKts.
AGAMEMHOK.
Tu vois mon trouble; apprends oe qui le cause, 2
Et juge s'il est temps, ami, que je repose.
Tu te souviens du jour qu'en Aulide assemblés 4
Nos vaisseaux par les vents semblaient être appelés.
Nous partions ; et déjà, par mille cris de joie, 6
Nous menacions de loin les rivages de Troie.
Un prodige étonnant fit taire'^ ce transport : 8
Le vent qui nous flattait nous laissa ^dans le port
n f^lut ^arrêter ; et la^ame inutile' - ' ^^ ^"^ 10
Patîgua vainement une m^r immobile.
Ce mira^ (néu^tae nt ieucner les yeux 12
Vers la divinité qu'on adore en ces lieux :
Suivi de Ménélas," de Nestor et d'Ulysse, 14
J'offris sur ses autels un secret sacrifice.
Quelle fut sa réponse ! et quel" devins-je, Arcaa» // 16
Quand j'entendis ces mots prononcés par Calchas !
VoQB armez contre Troie nue piiisaanoe vaine, 18
Si, dana un sacrifice auguste et solenlîe^ *
Une fille du sang d'Hélèoe * ,. . ' , / ' 20
De Diane en ces lieux n^eiisanglante l'autel. &. ^ ; it,(L^
Pour obtenir les vents que le ciel voua dénie^ 22
Saorifiei Iphigénie.
ARCAS. 24
Votre fille!
▲OAMBMKOir. 26
Surpris, comme tu peux penser,
Je sentis dans mon corps tout mon kang se glacer ! 28
Je demeurai sans voix, et n'en repris'" l'usage
Que par mille sanglots qui se firent passage. 30
Je condamnai les dieux, et, sans plus rien ouïr,
Fis vœu, sur leurs autels, de leur désobéir. 82
Que n'en croyais-je'^ alors ma tendresse alarmée !
Je voulais sur-le-champ congédier" l'armée. 84
Ulysse, en apparence approuvant mes discours.
De ce premier torrent laissa passer le cours ; 86
M^ bientôt, rappelant ^ cruelle industrie,
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ACTS Ij soAvs X. ISS
D me représenta rhonneur et la patrie,
Tout ce peuple, ces rois, à mes ordres soumis, 2
Et Tempire d'Asie à la Grèce promis ;
Pe (jfuel front, im molant tcçit l'État è^mBk fille, -^. 4
Roi sans gloire, j'irais vieillir dans l6^a amille. '
Moi-même, je l'avoue avec quelque pudeur,"
Charmé de mon pouvoir, et plein de ma grandeur,
Ces noms de roi des rois et de chef de la Grèce 8
Chatouillaient'^ de mon cœur l'orgueilleuse faiblesse.
Pour comble de malheurs, les dieux, toutes les nuiti| 10
Dès qu'un léger sommeil suspendait mes ennuis,
Vengeant de leurs autels le saiigl^t^riviléçe, 12
Me veifaient' reprocher ma^i6é/«aorilege ; '
Et, présentant la foudre à mon esprit confus, 14
Le bras déjà levé, menaçaient mes refiis.
Je me rendis," Ârcas ; et vaincu par Ulysse, 16
De ma fille, en pleurant, j'ordonnai le supplice."
Mais des bras d'une mère il fallait l'arracher. 18
Quel funeste artifice il me*^ fallut chercher !
D'Achille, qui l'aimait, j'empruntai le langage : 20
J'écrivis en Argos, pour hâter ce voyage.
Que ce guerrier, pressé de partir avec nous, 22
Voulait revoir ma fille, et partir son épouic
ABOAS. 24
Et ne craignez-vous point l'impatient Achille 1
Avez-vous prétendu" que, muet et tranquille, 26
Ce héros, qu'armera l'amour et la raison.
Vous laisse pour ce meurtre abuser de son nom 1 '28
Verrurt-il à ses yeux son "amante immolée 1 •* • . i
AOAHEMKON. - i 30
Achille était absent, et son père Pelée,"
D'un voisin ennemi redoutant les efibrts, 32
L'avait, tu t'en souviens, rappelé de ces bords;
Et cette guerre, Arcas, selon toute apparence, 34
Aurait dû plus longtemps prolonger son absence.
Mais qui peut dans sa course arrêter ce torrent l 8^
Achille va combattre, et triomphe en courant ;
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184 IPHIOtVXB.
Et oe vaisquenr, suivant de près** sa renommée.
Hier by^Ïa nuit arriva ^ans Tarmée. %
Mais dés iiœu<& plus puissants me retiennent le 1;^iii8 :
Ma fille, qui s*approche, et court à son trèpâ^*^ ' " 4
Qui, loin de syup^nner un^rrét si sévère.
Peut-être s'^pIauSit 'dSs'lôntés d# s^n p^, \ '
Ma fille... 6e nom seul, dont les droits ^bt^si si^nfs.
Sa jeunesse, mon sang, n*est pas ce que je plaiils : 8
Je plains ^imlle vertus, une amour mutuelle,*'
Sa pieté pouf moi, ma tendresse pour elle, 10
Un respect qu'en son coeur rien ne peut balancer.
Et que j'avais promis de mieux récompenser. 12
Non, je ne croirai point, 6 ciel, que ta justice
Approuve la fureur de ce noir sacrifice: 14
Tes orades, sans doute, ont voulu m'éprouver ;
Et tu me punirais si j'osais l'achever. 16
Ârcas, je t'ai choisi pour cette confidence ;
Il fiiut montrer ici ton zèle et ta prudence. 18
La reine, qui dans Sparte** avait connu ta foi,
T'a placé dans le rang que tu tiens près de moL 20
Prends cette lettre, cours au-devant de la reine,
Et suis sans t'arréter le chemin de Mycène. 22
Dès que tu la verras, défends-lui** d'avancer,
Et rends-lui ce, billet que je viens de tracer. 24
Mais ne t'écarté point ; prends un fidèle guide.
Si ma fille une fois met le pied dans l'Aulide, 26
Eile est morte : Calchas, qui l'attend en ces lieux,
Fera taire nos pleurs, fera parler les dieux, 28
Et la religion, contre nous irritée.
Par les timides Grecs sera seule ^coûtée ;^ 80
Ceux même dont ma gloire aigrit l'aml)itlon
Réveilleront leur brigue et leur prétention, 32
M'arracheront peut-être un pouvoir qui les blesse...
Va, dis-je, sauve-la de ma propre fiùblesse. 34
Mais surtout ne va point, par un zèle indiscret^
l)éceuvrir à jbcs yeux mon Ibtieste secret. . ^ . - 36
Que,** s'il se peut, ma fille à jamais abusée*^
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▲ 0TB I, flOÈlTB XI. 186
Ignore à quel péril je Payais exposée :
D'une mère en fureur ê^^f^-ûoties cris; t
Et que ta voix s'aôoorde avec ce que j'écris.
Pour renvoyer la fille, et la mère offensée, 4
Je leur écris qu'Achille a changé de** pensée,
Et qu'il veut désormais jusques à son retour 6
Différer cet hymen que pressait^soiyAmpur.
Ajoute, tu le peux, que des frofdeufs'd Aâiille'" ^ 8
On accuse en secret cette jeune Ériphile
Que lui-même captive amena de Lesbos, 10
Et qu'auprès de nia fille on garde dans Argos.
Cest leur en dire assez : le reste, il le fiiut taire. 18
Déjà le jour plus gra^ nous frappe et nous édaire ;
Déjà même l'on entre, et j'entends quelque bruit. 14
Cest Achille. Va, pars. Dieux ! Ulysse le suit!
Nom AND BEFVBSfCBB. — ^ Iphiçenio. — > AchiUêi, Ulyue9, — * Cly"
temnestra. — * EriphyU,-^ JEurybaUB, — • JEgina, — ^ Auliê,—^ De si
loin, êo mwc*.— » Jour, %*<.—« M. p. 890.— " M. L. 90, E. 2.—
^3 Atreuê. — ^^ Issu, deseended. — ^^ Dont tous sortez, your ancegtorê.—-
^ Hion, IVoy. — w M*en avertir, to eommunieate ii to me, — *7 pit taire,
mUnced, dimpated. — ^ Menelaus. — i* Qud is no longer nsed absolntely ;
we shonld now say que. — » Et n*en repris l'usage que, and reeovered it
only ikrcugh, — ^ Que n'en oroyais-je alors, why did Hhen not lieten to.-^
^ Congédier, diàband. — ^ Pndenr, candor. — ^ Chatouillaient^ flot-
tered. — ^ Je me rendis, / yielded, — ^ Supplice, êoerifice, — ^ M. L. 48,
R. 2. — » Ayes-Yous prétendu, d^ you expect. — » Péleus. — ^ De près,
doeely, — 3i iq^ow generally masculine, in the singuiar. — ^ Sparta. —
*3 Défends-lui, prevent her,^^ Que, leL—^ Abusée, deeeived,—^ I>e, kiê.
SCÈNE II.
AGAMEMNON, ACHILLE; ULTSSK
18
AOAMEMKON.
Quoi ! seigneur, se peut-il que d'un cours si rapide
La victoire vous ait ramené dans l'Aulide ? 20
D'un courage naissant sont-cô là les essûs 1
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180 ijpHioÉyix.
QaelB triomphes satTront de u nobles raooès 1
La Tbessalie' entière, ou vaincue ou calmée, %
Lesbos même conquise en attendant Tarmée,
De toute autre valeur étemels monuments, 4
Ne sont d'Achille oisif que les amusements. ^
ACHILLX.
Seigneur, honorez moins une faible conquête,
Et que puisse* bientôt le ciel qui nous arrête 8
Ouvrir un champ plus noble à ce cœur excité
Par le prix glorieux dont vous Pavez flatté ! 10
Mais cependant, seigneur, que &u^il quer^je croie*
D'un bruit qui me surprend et me comble de joie ? 12
Daignez-vous avancer le succès de mes vœux ?
Et bientôt des mortels suis-je le plus heureux ? 14
On dit qulphigénie, en ces lieux amenée,
Doit* bientôt à son sort unir ma destinée. 16
AOAMEMNON
Ma fille 1 Qui vous dit qu'on la doit amener 1 18
ACHILL1E.
Seigneur, qu'a donc ce bruit qui vous doive étonner 1 20
AGAHXMNOir, à UlysM.
Juste dèl ! saurait-il mon funeste artifice ? 22
Seigneur, Agamemnon s 'étognë^ av^ justi oe. • ' 24
Songez-vous aujc malheurs qui nous menacent tous 1
Oh ciel ! pour un hymen quel temps choisissez-vous \^ 26
Tandis qu'à nos vaisseaux la mer toujours fermée
Trouble toute la Grèce et consume l'armée ; 28
Tandis que, pour fléchir l'indémence des dieux,
n fiiut du sang peut-être,* et du plus précieux, 80
Achille seul, Achille à son amour s'applique !*
Voudrait-il insulter à la crainte publique, 82
Et que le chef des Grecs, irritant les destins,
Préparât d'un hymen la pompe et les festins? 934
Ah! seigneur, est^e ainsi que votre âme attendrie
Plaint le malheur des Grecs, et chérit la patrie ? 36
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▲ OTS I, softvs zx. IST
ACH&LB.
Dans les champs phrygiens^ les effets feront foi* 2
Qui la chérit le plus ou d'Ulysse ou de moi :
Jusque-là je vous laisse étaler votre zèle ; 4
Vous powrez à loisir &îre des vœux pour elle.
Remplissez les autels d'ofiramles et d^ sang, 6
Des victimes vous-même mrefrogëz le' flanc/ - ' ' " - ' .' «
Du silence des vents demandez-leur la cause : ' '* ' r -■ g.
Mais moi, qui de ce soin sur Calchas me repose.
Souffrez, seigneur, souffrez que je coure h&ter 10
Un hynlen dont les dieux ne sauraient sMrriter,
Transporté d'une ardeur qui ne peut être oisive, 12
Je rejoindrai bientôt les Grecs sur cette rive:
J'aurais trop de regret si quelque autre guerrier 14
Au rivage troyen" descendait le premier.
AGAMEMNON. 16
O ciel, pourquoi faut-il que ta secrète envie
Ferme à de tels héros le chemin de l'Asie ? 18
N'aurai-je vu briller cette noble chaleur
Que pour m'en retourner avec plus de douleur % 20
ULYSSE.
Dieux ! qu'est-ce que j'entends % 22
ACHILLE.
Seigneur, qu'osez-vous dire] 24
AGAMEMNON.
Qu'il faut, princ€|£ qu'il &ut que chacun se retire ; 26
Que, d'un crédule espoir trop longtemps abusés,
Nous attendons les vents qui nous sont refusés. 28
Le ciel protège Troie ; et par trop de présages
Son courroyx nous défend d'en chercher les passages. 30
ACHILLE. *
Quel présages affreux nous marquent son courroux 1 82
AGAMEMNON.
Vous-même consultez ce qu'il prédit de vous. 34
Que sert de se flatter ? on sait qu'à votre tête
Les dieux ont d'Ilion attaché la conquête : 36
Mais on sait que, pour prix d'un triomphe si beau,
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188 xPBiaÉirix.
Ds ont aux champe troy«ns marqué votre tombeau ;
Que votre vie, âîlleûrs' et' longue et fortunée, 2
Devant Troie en sa fleur doit être moissonnée.
ACHILLE. 4
f Ainsi pour^ vous V60ger tant de rois as&embl^
D'un opprobre* éternel retourneront ^5mmêlT ^'^ "^ "^ 6
Et Paris, couronnant son insolente flamaçie, ^ r-
Retiendra sans péril la sœur de votre femme I 8
AOAMKMNON. ^ /; / *
Hé quoi ! votre valeur qui nous a devancés ^"^r/p;,^^ 1^
Na-trelle pas pris soin de nous venger assez 1 '
Les malbepra de Lesbos par vos mains ravagée 12
Ép<])liyantent encor toute la mer Egée :"
Troie en a vu la flamme, et jusque dans ses ports 14
Les flots en ont poussé les débris et les morts.
Que dis-je ! les Troyens pleurent une autre Hélène 16
Que vous avez captive envoyée à Mycène :
Car, je n'en doute point, cette jeune beauté 18
Garde en vain un secret que trahit sa fierté ;
Et son silence même, accusant sa noblesse, 20
Nous dit qu'elle nous cache une illustre princesse.
AOHILLB. 22
Non, non, tous ces aétours çont trop ingénieux:
Vous lisez de trop loin dans les secrets des dieux. 24
Moi, je m'arréte^is à de vaines menaces !
Et je fuirais l^onneur qui m'attend sur vos traces ! 26
Les Parques" à ma mère, il est vrai, l'ont prédit.
Lorsqu'un époux mortel fut reçu dans son lit : 28
Je puis choisir, dit-on, ou beaucoup d'ans sans gloire,
Ou peu de jours suivis d'une longue mémoire. 80
Mais, puisqu'il faut enfin que j'arrive au tombeau,
Voudrais-je, de la terre inutile fardeau, 82
Trop avare d'un sang reçu d'une déesse,
Att^dre chez" mon père^une obscure vieillesse; 84
Elf, toujours de la gloire évitant le sentier, • ^' ' 'H'
Ne laisser auçun.nom, et mourir tout entier ? 86
Ah ! ne nous formons point ces indignes obstacles.
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AOTB 1, BOftVB III. 180
L'honneur parle, il suffit ; ce sont là'^ nos oracles.
Les dieux sont de nos jours les maîtres souverains ; 8
Mais, seigneur, notre gloire est dans nos propres mains.
Pourquoi nous tourmenter de leurs ordres suprêmes? 4
Ne songeons qu^ànous rendre immortels comme eux-mêmes.
Et, lais sant faire au sort, courons où la valeur _/ 6
Nous prombt un dëstîEfâuirâî grand que îé leur. '
Cest à Troie, et j'y cours, et quoi qu'on me prédise, 8
Je ne demande aux dieux qu'un vent qui m'y conduise;
Et, quand moi seul enfin il faudrait l'assiéger, 10
Patrode^* et moi, seigneur, nous irons vous venger.
Mais non, c'est en vos mains que le destin la livre ; 12
Je n'aspire en efifet qu'à l'honneur de vous suivre^
Je ne vous presse plus d'approaver les transports 14
D'un amour qui m'allait éloigner de ces bords ;
Ce même amour, soigneux de votre renommée, 16
Veut qu'ici mon exemple encourage l'armée,
Et me défend surtout de vous abandonner 18
Aux timides cons^s qu'on ose vous donner.
NoTBB AND RsFSBKNGBS.— ' Thoêioly, — ^ Que puisse, moy.-^ M.* L. 73^
B. 1.— A M. L. 35, R. 5.^-^ H faut du sang peutr^tre, blood perkapi U
neoeumy. — ' A son amour s'applique, m oceupied wUh hii h9e.-^f Phry*
ffian.—» Feront foi, vfill prove, — • Flano, etUraili, — ^^ Trojan, — " La
mer Egée, the JEgeun Sea, — 1< Les Parques, the Fatea, — ** Chei^ wUJl^
14 Ce sont là» ihotê are.-^^^ JPairocU».
SCÈNE III.
AOAMEMNOK, ULYSSE.
ULTBBE. 22
Seigneur, vous entendez. Quelque prix' qu'il en coûte,
H veut voler à Troie et poursuivre sa route. 24
Nous craignions son amour, et lui-même aujourd'hui
Par une heureuse erreur nous arme contre lui. 26
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140 XFBIOÉVXS.
é
40AMXMK0N.
Hélas! 2
ULYSSE.
De ce soupû^^que ^t-J) que j'augure % « 4
Du sang qui se révolte est-ce quelque murmure 1
Croirai-je qu'une nuit a pu vous ébranler ? 6
Est-ce donc votre cœur qui vient de' nous parler %
Songez-y ; vous devez votre fille à la Grèce : 8
Vous nous l'avez promise ; et, sur cette promesse,
Galchas, par tous les Grecs consulté chaque jour, 10
Leur a prédit des vents l'in&illible retour.
A ses prédictions si l'effet est contraire, 12
Que ses plamtes, qu eu vam vous voudrez apaiser, 14
mentir* les dieux sans y^us, en accu^sé^
ifit qui sait ce qu'aux Grecsf^^^ti'és àe letiMjfetime,^^ -, 16
Peut permettre un courroux qtf'ils croiront legiSafeT^/-^-^/^
Cbrdez-vous^ de réduire un peuple furieux, 18
Seigneur, à prononcer entre vous et les di^ux. /^
N'est-ce pas vous enfin de qui la voix pres^hte' 20
Nous a tous appelés aux caisq^^agnes du ^anthe/
Et qui de ville en ville attestiez leà^^ilftnenra^'^^ 22
Que d'Hélène autrefois firent tous les amants, -v
Quand presque tous les Grecs, rivaux de votre ifrère, 24
La demandaient en foule à Tyndare,' son père 1
De quelque^ heureux époux que l'on dût &ire choix, 26
Nous jurâmes dès lors de défendre ses droits ;
Et, si quelque insolent lui volait sa conquête, 28
Nos mains du ravisseur lui promirent la tète.
Mais sans vous, ce serment que l'amour a dicté, 30
Libres de cet amour, l'aurions-nous respecté ?
Vous seul, nous arrachant à de nouvelles flammes, 32
Nous avez fait laisser nos enfants et nos femmes.
Et quand, de toutes parts assemblés en ces lieux, 34
L'honneur de vous venger brille seul^à nop y^eu^ \i r^
Quand la Grèce, déjà vous donnant son ixfSt^^"^ ' 36
Vous reconnut l'auteur de ce fameux ouvrSige;
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▲ CTS I, SOftirB IT. 141
Que ses rois, qui pouvaient vous disputer oe rang,
Sont prêts pour vous servir de verser tout leur sang, 2
Le seul Âgamemnon,* refusant la victoire,
N'ose d'un peu de sang acheter tant de gloire ; 4
Et, dès le premier pas, se j[ais9»it effraver, >^ ' •
Ne commande les Grecs qûb pi)\it 1esS4i(V6yte l"^^^'' "■ ' 6
^ A.aAMEMl<rON.
Ah seigneur ! qu'éloigné du malheur qui m'opprime, -/■ . 8
Votre cœur awémart se montrepaamanime I , . , ' *
Mais que, sîvous vèyfeSèfiAfau tatfdeau mortel ' 10
Votre fils Télémaque' approcher de l'autel.
Nous vous verrions, troublé de cette affreuse image, 12
Changer bientôt en pleurs ce superbe langage,
Éprouver la douleur que j'éprouve aujourd'hui, 14
Et courir vous jeter entre Galchas et lui !
Seigneur, vous le savez, j'ai donné ma parole ; .16
Et si ma fille vient, je consens qu'on l'immole :
Mais, malgré tous mes soins, si son heureux destin 18
La retient dans Argos, ou Tarrête en chemin.
Souffrez que, sans presser ce barbare spectacle, 20
En &veur de mon sang j'explique cet obstacle.
Que j'ose pour ma fille accepter le secours 22
De quelque dieu plus doux qui veille sur ses jours.
Vos conseils sur mon cœur n'ont eu que trop d'empire, 24
Et je rougis.^
KoT» Am> RxiBuoran. — ' Quelque prix, whatever.—^ M. L. 26, R. 2. —
* Mentir, màkê Oi/aUe prûdieUon, — * Gardez-Tons de, beware Uêt ycu, —
* XanUkua, — • TsndaruB,—^ Quelque» whaUoer, — ' Le seul Agamemnon,
JLgatn/smnon aUmé,-^^ Tslemoehus,
SCÈNE IV.
AGAMEMNON, ULYSSE, EURYBATK
BURTBATB. 28
Seigneur...
AOAMnarov. 80
Ah! quevIenMBme At«f
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149 iVBiaivix.
XUBJTBATS. x^
Ia rdne, doot m» coune^ a^âéi^nce les pat» 9
Va remettre bientôt sa fille entre vos bras ; « /
Elle approche. {lUe s'est quelque temps égfurée* 4
Dans ces bois qui du eamp semblent oadier Pentràe;
A peine nous avons, dans leur obscurité, 6
Betrouvé le chemin que nous avions quitté.
XQAMEMSQB, 8
SUSTBATB. 10
Elle amène aussi cette jeune Ériphile
Que Lésbos a livrée entre les mains d'Achille, 12
Et qui de son destin, qu'elle ne connaît pas,
Vient, dit-elle, en Aullde interrc^er Galchas. 14
Déjà de leur abord' la nouvelle est semée ;
Et déjà de soldats une foule charpiée, 19
Surtout d'Iphigénie admirant la beauté
Pousse au ciel mille vœux pour sa félicité. 18
Les uns avec respect environnaient la reine ;
D'autres me demandai^it le sujet qui l'amène : 20
Mais tous ils confessaient que si jamais les die^x
Ne mirent sur le trône un roi plus glorieux, 32
Également comblé de leurs &veur8 secrètes,.
Jamais père ne fut plus heureux que vott9 l'êtes^ 24
AOAMBMNON..
Eurjbate, il suffit ; vous pouvez nous laisser : 26
Le reste me r^;arde, et je vais j penser.
Nom ASD 'RMnxEtfoaAr—^ Coune, êpeed» hotte. — ' Elle s'est égarée
ékêlotiher way, mandend."^ Abord, arrivai.^
SCÈNE V.
AGAMEMNON, ULYSSE.
AGAMEMNON. 80
Juste ciel, c'est ainsi qu'assurant ta vengeance,
Tuxompe^ tpip](l#|eB9i(9|ts49m« 82
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▲ OTB X» aol»a T. 14t
Eneor â je pomrais, libre dans mon malhenri
Par des larmes au moins soulager ma douleur ! S
Triste destin des rois l Esdaves que nous sommes
Et des rigueurs du sort et des «^îscours^ des hommes» 4
Nous nous voyons sans eesse assiégés àe témoins,
Et les plus malheureux oçent pleurer le moins.
ULTSSB.
Je suis père,' seigneur, et fidble comme un autre : 8
Mon oœm se m^t sans peine à la place du vôtre ;
Et, frémissant du coup qui vous fidt soupirer, 10
Loin de blâmer vos pleurs, je suis près de pleurer.
Mais votre amour n'a plus* d'excuse légitime ; 1%
Les dieux ont à Galcfaas amené leur victime :
Il le sait, il l'att^d ; et, s'il la voit tarder, 14
Lui-même à haute voix^ viendra la demander.
Nous sommes seuls enoor : hâtez-vous de répandre 10
Des pleurs que vous arrache un intérêt si tendre ;
Pleurez ce sang, pleurez : ou plutôt, sans {âlir, 18
Considérez l'honneur qui doit en rèj^dllir/
Voyez tout l'Hellespont blanchissant* sous nos rames, 20
Et la perfide Troie abandonnée aux flammes,
Ses peuples dans vos fers, Friam à vos genoux, S3
Hélène par vos mains rendue > son époux :
Voyez de vos vaisseaux les poupes couronnées S4
Dans cette même Aulide avec vous retoanif»es ;
Et ce triomphe heureux, qui s'en va devenir 80
L'étemel entretien des siècles à venir,
AOAMEMNON. 28
Seigneur, de mes efforts je connais l'impuissance :
Je cède, et laisse aux dieux opprimer l'innoces(De. 80
La victime bientôt marchera sur vos pas.'
Allez. Mais cependant faites taire^ Caldias ; . . 82
Et, m'aidant à cacher ce fuç^te mystère.
Laissez-moi de l'autel écarter une mère. 34
Nom Ain> RvnoRiBB.— > M. p. S84.--S M. L. 80, R. 4.—» N'a plus, hat
n» |9^«r.— « ▲ hàuU voix, Umâly,-^ BUnehiflM&t» /oamûi^.— ' Bi«n-
tâimsiebera nr v«s p«^4^ ^fim Jf^Mf^frr^f^t^ tib% sUmil
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144 tPBi«Évii%
ACTE DEUXIÈME.
SCÈNE I.
ÉRIPHILE; DOSI&
^^'>^^ :^ '^ Abiphilk. 4
Ne les ootitraignons point, Doiia, retironMioufl;
Laissoiis-les dans les bras d'un père et d'un époox ; 6
Et, tandis qu'A Tenvi leur amour se déploie,*
Mettons en liberté ma tristesse et leur joie. 8
DORIS.
Quoi ! madame, toujours irritant yos douIeur% 10
Croyez-vous ne plus, voir que des sujets de pleurs?
Je sais que tout déplaît ati)^ yeux d'une captive : 12
Qu'il n'est point dans les fers' de plaisirs qui la suive :
Mais dans le temps fatal que, repassant les flots, 14
Nous suivions malgré nous le vainqueur de Lesbos ;
Lorsque dans son vaisseau, prisonnière timide, 16
Vous voyiez devant vous ce vainqueur hon^cide,
Le dirai-je 1 vos yeux, de larmes moins ttëmpés," • ^- ' ^ 18
A pleurer vos malheurs étaient moins occupés.
Maintenant tout vous rit :' l'aimable Iphigénie 20
D'une amitié sincère avec vous est unie ;
Elle vous plaint, vous voit avec des yeux de sœur ; 22
Et vous seriez* dans Troie avec moins de douceur.
Vous vouliez voir l'Aulide où son père l'appelle ; 24
Et l'Aulide vous voit arriver avec elle :
Cependant, par un sort que je ne conçois pas, 26
Votre douleur redouble et croit* à chaque pas.
ÉsipmLB. 28
Hé quoi ! te semble-t-il que la triste Ériphile
Doive être de leur joie un témoin si tranquille f 80
Crois-tu que mes chagrins doivent s'évanouir
A l'aspect d'un bonheur dont je ne puis jouir ^ 89
Je vois Ipldgtele entre kii bns dSm père ;
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▲ CTi II, sotirB I. 146
Elle ùàt tout Toi^eil d'unemiperbe* mère : "
Et moi, tp^urs «ilalui^Êûlit ae iÉJuveaux daoffera, y^-~" 3
Ketnise deé renfance en des bras étrangers,
Je reçus et je vois le jour que je respire, 4
Sans que mère ni père ait daigné me sourire.
Pîgnore qui je suis, et, pour comble à^i^^n/aar^ 6
Un oracle effrayant m'attache à mon tKréw^
Et, quand je veux chercher le sang qui m'a fait naître, 8
Me dit que sans périr je ne me puis connaître.. ^^
BORIS. r^^ 10
Non, non ; jusques au bout vous devez le cherdier.
Un orade toujours se plaît' à se cacher ; 13
Toujours avec im sens* il en présente un autre :
En perdant im faux nom vous reprendrez le vôtre. 14
(7est là tout le danger que vous pouvez courir ;
Et c'est peut-être ainsi que vous devez périr. 16
Songez que votre nom fut changé dès l'enfance.
ÉRIPHILB. 18
Je n'û de tout mon sort que cette connaissance ;
Et ton père, du reste infortuné témoin, 30
Ne me permit jamus de pénétrer ^ lus loin.
Hélas ! dans cette Troie où j'étais attendue, 33
Ma gloire, disait-il, m'allait être rendue :
J'allais, en reprenant et mon nom et m<Mi rang, 34
Des plus grands rois en moi recomiaitre le sang.
Déjà je découvrais cette &meuse ville. 36
Le ciel mène à Lesbos l'impitoyable Achille :
Toutcède,tQut ressent ses funestes efforts; 38
Ton père, ensévetî dansia foule des morts,
Me laisse dans les* fers à moi-même inconnue : 80
Et, de tant de grandeurs dont j'étais prévenue,*
Vile esclave des Grecs, je n'ai pu conserver 83
Que la fierté d'un sang que je ne puis prouver.
P0BI8. 84
Ah ! que, perdant, madame, un témoin si fidèle,
La main qui vous l'ôta vous doit sembler cruelle ! 86
Mib CUchas est ki, Gakha« si renommé,
7
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14A fCsmtBzi.
Qaî des secrets des dieux fat toujoara informé.
Le ciel souvent lui parle : instruit par un tel maître» 2
n sait tout ce qui fut et tout ce qui doit être.
Pourrait-il de yos jours ignorer les auteurs î 4
Ce camp même est pour vous tout plein de protecteurs :
Bientôt Iphîgénîe, en épousant Achille, 6
Vous va sous son appui présenter un asile ;
Elle voi^ l'a prfrmis et juré devint moiv ^ ^ 8
Cc/^g^^t le premier qu'elle attervidle sa foL
iBIPBILX. 10
Que dirais-tu, Doris, si, passant** tout le reste,
Cet hymen de mes maux était le plus funeste 1 12
DORIS.
Quoi, madame I .14
Tu vois avec étonnement 16
Que majSouleur ne souffre aucun soulagement
Écoute, et tu te vas étonner que je vive. 18
Cest peu d'être étrangère, inconnue et captive ;
Ce destructeur fatal des tristes Lesbiens, 20
Cet Achille, l'auteur de tes maux et des miensi
I>pnt la sanglante main m'enleva prisonnière, 22
Qui m'arracha d'un coup ma naissance et ton père.
De qui jusques aii nom tout doit m'étre odieux, 24
Est de tous les mortels le plus cher à mes yeux.
DOAIS. 20
Ah ! que me dites-vous !
Ariphilx. 28
Je me flattais sans cesse
Qu'un silence éternel ci^^erait ma faibless^ ij 80
Mab mon cœur trop pte$|i ta'arr^iche ce dTsçoiirs^
Et te parle une fois pour se taire foujaurs. 92
Ne me demande point sur quel eip<^ fondée
De ce fatal amour je me vis po^^ée. > j^ ^^^ 84
Je n'en accuse point quelques feintés 9ouléj|ts
Dont je crus" voir Achille honorer meji mîalheurs: 36
Le ^ ^1 a'eat friti *"^p » do ^t ^. une joie inlriTyï*\i'Tf^
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▲OTs ïïy fotirB I. 14T
A raisetxu)îer sur moi tôt» les traits de sa îiàizie.
Rappelleraî-je enoor le souvenir affreux 2
Du jour qui dans les fers nous jeta toutes deux ?
Dans les cruelles mains par qui je fus^ ràvlè "'* 4
Je demeurai longtemps sans lumière et s^ns vie :
Enfin, mes tristes yeux cherchèrent la clarté ; ''' * ' * 6
Et, me voyant presser d'un bras ensanglanté,
Je frémissais, Doris, et d'un vainqueur sauvage 8
Craignais de rencontrer l'effroyable visage.
J'entrai dans son vaisseau, détestant sa fureuTi 10
Et toujours détournant ma vue avec horreur.
Je le vis : son aspect n'avait rien de farouche ; 12
Je sentis le reproche expirer dans ma bouche ;
Je sentis contre moi mon cœur se déclarer; 14
J'oubliai ma colère, et ne sus que" pleurer :
Je me laissai conduire à cet aimable guide. 16
Je l'aimais à Lesbos, et je l'aime en Aulide. '
Iphigénie en vain s'offre à me protéger, 18
Et me tend une main prompte à me soulager :
Triste effet des fureurs dont je suis tourmentée, 20
Je n'accepte la main qu'elle m'a présentée ' ,^ -<i c^
Que cour m'armer contre elle, et, sans me découvrir^ 22
TrsVërsei*'son bonheur, que je ne puis souffrir.
D0RI8. 24
Et que pourrait contre elle une impuissante haine î
Ne valait-il pas mieux," renMmée à Mycène, 26
Éviter les tourments que vous^vene^ chercher,
Et combattre des feux contraiiit^ de se cacher ? 28
ÉRIPHILE.
Je le voulais, Doris. Mais, quelque triste image 30
Que sa gloire à mes yeux montrât sur ce rivage,
Au sort qui me traînait il fallut consentir : 82
Une secrète voix m'ordonna départir.
Me dit qu'offrant ici ma présence importune, 84
Peut-être j'y pourrais porter mon infortune ;
Que peut-être, approchant ces amants trop heureux, 36
Quelqu'un de mes malheurs se répandrait sur eux.
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148 sysx^âirn.
Voilà oe qui m'amène» et non Pimpatienoe
D'apprendre à qui je dois une triste naissance. 2
Ou plutôt leur hymen me servira de loi :
S'il s'achève/* il suffit ; tout est fini pour moi : 4
Je périrai, Doris ; et, par une mort prompte,
Dans la nuit du tombeau j'enfermerai ma honte, 6
Sans chercher des parents si longtemps ignorés^
Et que ma folle amour a trop déshonorés. 8
DOBIS.
Que je VOUS plains, madame ! et que pour yotre vie... 10
ÉRIPHILE. V
Tu Tois Âgamemnon avec Iphigénie. 12
Nom àsn> BinmiKCis. — ^ Et tandis qu'à Penvi leur amour se
déploie, and while they vie with ane anoiher in promng tkeir love, — * DaiM
les fers» in eapHvUy, — > Rit, emUeê ; M. p. 384.—* Vous seriez, you
wndd expérience. — * From croître; M. p. 304. — ^ Snperbe, haughty.-^
T M. L. 40, R. 6. — ' Sens, meaning. — • Dont j'étais prévenue, uthiehi*
had beenfttretold to me,—^^ Passant, eurpaaeing. — " Dont, with wAicA.—-
» Ne sus que, could only.-^'* M. L. 49, R. 6.—'^ S'U s'achève, if U
SCÈNE II.
AGAMElfNON, IPHIGÉNIE, ÉRIPHILE; DOBB.
IPHIGÉNIK.
Seigneur^ où^ oonrez-vo^s, ep que^s^ empressemràts' 16
Vous déï'obent sitôfa nosi ëliilSrassements ?
A qui dois-je imputer cette fuite soudaine? 18
Mon respect a ùit place aux transports de la reine ;
Un moment à mon tour ne vous puifrje arrêter 1 20
Et ma joie à vos jeux n*ose>t-eUe êdatèr ?
Ne puis-je... 82
AdAMXMVOV.
Eh bien, ma fille, embrassez votre père ; 24
n vous aime toi^^ours.
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AOTB XI, SCÊVl II. 14B
IPHIOKNIS.
Que cette amour m^est chère I 2
Quel plaisir de vçu» voîç et^de vous contempler .
Dans ce nouvel^'^tât'àonVje vous vois briller ! 4
Quels honneurs! quel pouvoir ! Déjà la renommée
Par d'étonnants récits m'en avait informée : 6
Mais (}ue, voyant de près ce spectacle charmant.
Je sens croître ma joie et mon étonnement ! 8
Dieux ! avec quel amour la Grèce vous révère !
Quel bonheur de me voir la fille d'un tel père ! 10
AOAMEMNON.
Vous méritiez, ma fille, un père plus heureux. 12
IPHIGÉNIE.
Quelle félicité peut manquer* à vos vœux ? 14
A de plus gi'ands honneurs un roi peut-il prétendre ?
J'ai cru n'avQir au ciel que des grâces à rendre. 16
AOAMEMNON, à part.
Grands dieux ! à son malheur dois-je la préparer 1 18
IPHIQÉNIE.
Vous vous cachez, seigneur, et semblez soupirer ; 20
Tous vos regards sur moi ne tombent qu avec peine :
Avons-nous sans votre ordre abandonné Mycène? 22
AOAMEMNON.
Ma fille, je vous vois toujours des mêmes yeux ; 24
Mais les temps sont changés, aussi bien que les lieux :
D'un soin cruel ma joie est ici combattue. * '\.v -.* . / 26
IPHIGÉNIE.
Hé ! mon père, oubliez votre rang à ma, vue. 28
Je prévois la rigueur d'un long éloîgnement :
N'osez-vous, sans rougir, être père un moment ? 80
Vous n'avez devant vous qu'une jeune princesse
A qui j'avais pour moi vanté votre tendresse ; S2
Cent fois, lui promettant mes soins, votre bonté,
J'ai fait gloire' à ses yeux de ma félicité : 34
Que va-t-elle penser de votre indiiïerence 1
Ai-je flatté ses vœux d'une fausse espérance ? 36
N'édaîrcirez-vous point ce front chargé d'ennuis V
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160 XFHxaÉvxi.
AOAHEMirOir.
Âhmamie! 2,
IFHIOÉNIS.
Seigneur, poursuivez. 4
AOAMEMNOK.
Je ne puis. 6
IPHIOÉKIE.
Périise le Trojen auteur de nos alarmes ! 8
AGAHEMNOir.
Sa perte à ses vainqueurs coûtera bien des larmes. 10
IPHIGÉNIS.
Les dieux daignent surtout prendre soin de vos jours ! 12
AOAMEMNOir.
Les .dieux depuis un temps me sont cruels et sourds. 14
IPHIGÉNIE.
Galchas, dit-on, prépare un pompeux sacrifice. * 16
/^AOAMXMNON.
Puissé-je auparavant fléchir leur injustice ! 18
IPHIGÉNIE.
L'offrirart-on bientôt î 20
AGAHEMNOK.
Plus tôt que je ne* veux. 22
IPHIGÉNIE.
Me sera-t-il permis de me joindre à vos vœux ? 24
Verra-t-on à l'autel votre auguste famille?
AGAMBMKON. 26
Hélas!
IPHIGÉNIE. 28
^ Vous VOUS taisez.
AGAHEMNOK. 80
Vous y serez, ma fille.
Adieu. 32
NoTBi AND REFSBEiroKS. — * Empressements, important affaire. ^^
« Manquer, U waniing, — " J'ai fait gloire^ / hâve praisecL-^* £nnui%
«ir«f.— » M. g 188, R. (7).
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AOTB II,' SOÈlfS XII. ISl
SCÈNE III.
IPHIGÉNIE, ÉRIPHH.fi DOBJB.
IPHIOÉNIE.
De cet aoeueiP que doi»-je soupçonner ? 4
D'une secrète horreur je me sens frissonner :
Je crains, malgré moi-même, un malheur que j'ignore. 6
Justes dieux, vous savez pour qui je vous implore !
ÉBIPHILE. 8
Quoi ! parmi tous les soins qui doivent Taocabler,
Quelque froideur suffit pour vous &ire trembler I 10
Hélas ! à quels soupirs suis-je donc condamnée,
Moi qui, de mes parents, toujours abandonnée, 12
Étrangère partout, n'ai pas, même en naissant,
Peut-être reçu d'eux un regard caressant ! 14
Du moins, si vos r^pçcts sont rejetés d'un père.
Vous en pouvez gémir dans le sein d^une mère ; 16
Et. de quelque disgrâce enfin que vous pleuriez,'
Quels pleurs par un amant ne sont point essuyés ! 18
IPHIOÉNIE.
Je ne m'en défends point :' mes pleurs, belle Ériphile, 20
Ne tiendront pas longtemps contre les soins d'Achille ;
Sa gloire, son amour, mon père, mon devoir, 22
Lui donnent sur mon âme un trop juste pouvoir.
Mais de lui-même ici que faut-il que je pense ? 24
Cet amant, pour me voir brûlant d'impatience,
Que les Grecs de ces bords ne pouvaient arracher 26
Qu'un père de si loin m'ordonne de chercher,
S'empresse-t-il assez pour jouir d'une vue 28
Qu'avec tant de transports je croyais attendue î
Pour moi, depuis deux jours qu'approchant de ces lieux 80
Leur aspect souhaité se découvre à nos yeux.
Je l'att^dais partout ; et, d'un regard timide, 32
Sans cesse parcourant les chemins de l'Aulide,
Mon cœur pour le chercher volait loin devant moi : 34
Et je demai^e Achille à tout ce que je voL
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m IVBIOÉirXB.
Je viens, f arrive enfin sans qu'U m'ait prévenue.*
Je n'ai percé qu'à peine un^ |bule inconnue ; ^ 2
Lui seul ne parait point : le triste Agamemnon
Semble craindre à mes yeux de prononcer son nom* 4
Que &it-il ? qui pourra m'expliquer ce mystère 1
Trouverai-je l'amant glaoé comme le père 1 ô
Et les soins de la guerre auraient-îls en un jour
Éteint dans tous les cœurs la tendresse et l'amour 9 S
Mais non, c'est l'offenser par d'injustes alarmes :
Cest à moi que l'on doit le secours de ses armes. 10
Il n'était point à Sparte entre tous ces amants
Dont le père d'Hélène a reçu les serments : 12
Lui seul de tous les Grecs midtre de sa parole,
S'il part contre I]ion, c'est pour moi qu'il y vole ; 14
Et, satis&it d'un prix* qui lui semble si doux,
n veut même y porter le nom de mon époux. 16
'Sam AHD BEnBxiroBB.— ' Accueil, reeeption.'--^ £t de quelque die-
grâce enfin qne tous pleuriez, and tohaUver mii/orturu y&u may bewaiL^^
a Je ne m^en défende point» Idonot deny it.—* Sans qu*U m>it prévenu^
withofiU hiê coming to tneet m«.— ^ Prix, reward, priza.
SCÈNE IV.
CLTTEHNBSTBE, IPHIGÉNIE, ÉRIPHILE, DOBia
CLTTEMNXSTRX.
Ma fille, il &ttt partir sans que rien nous retienne,' 20
Et sauver, en fuyant, votre gloire et 1%. mieni^ç.
Je ne m'étonne plus qu'interdit et dis^jaît^^' ; • ■ - 22
Votre père ait paru nous revoir à regret :
Aux affronts d'un refus craignant de vous commettre, 24
Il m'avait par Arcas envoyé cette lettre.-^
Arcas s'est vu tromper' par notre égarement, 26
Et vient de me la rendre en ce même moment.
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AOTS II, SOÈirX IV. ISS
Sauvons, encore un coup, notre gloire offensée :
Pour votre hymen Achille a changé de pensée ; 3
Et, refusant l'honneur qu'on lui veut accorder,
Jusques à son retour il veut le retarder. 4
ÉRIPHILB.
Qu'entends-je ? 6
CLTTEMNBSTRS.
Je VOUS vois rougir de cet outrage. 8
n faut d'un noble orgueil armer votre courage.
Moi-méme^de l'ingrat approuvant le dessein, 10
Je vous l'ai dans Aroôs présenté de ma maiv;
£t mon choix, que^ flattait le bruit de sa noblesse, 12
Vous donnait avec joie au fils d'une dresse. /
Maî&^uî|que désormais SQnJâche repentir * 14
Démènrle sang aes <fîéux dont oii Te fait sortir,*
Ma fille, c'est à nous* de montrer qui nous sommes, 16
Et de ne voir en lui que le dernier des homm/ssr
Lui ferons-nous penser par un plus long séjdur -' 18
Que vos vœux de son cœur attendent le retour ? ^
Rompons avec plaisir un hymen qu'il diffère. 20
J'ai fait de mon dessein avertir votre père ;
Je ne l'attends ici que pour m'en séparer, 22
Et pour ce prompt départ je vais tout préparer.
A Èriphile. 24
Je ne vous presse point, madame, de nous suivre,
En de plus chères mains ma retraite' vous livre. 26
De vos desseins secrets on est trop édairci ;'
Et ce n'est pas Galchas que vous cherchez ici. 28
Nom Ain> BiRBXircaBB. — ' Sans que rien nous retienne^ without
tuffering any thing to detain tM. — ^ S'est vu tromper, ha» been deeeived, —
3 Dont on le fait sortir, from vfhom tluy tay he iê deteended, — * C'est à
nous, U behooveê uê.^-^ Retraite, departure, — * Éclairci, aware, tn*
formed,
7«
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164 XF8x«tirzs.
SCÈNE V.
IPHI6ÉNIE, ÉRIPHILE, DORIS.
IPHIGÉNIB.
En quel funeste état ces mots m'ont-ils laissée ! 4
Pour mon hymen Achille a changé de pensée !^
n me faut sans honneur retourner sur mes pas ! 6
Et TOUS cherchez ici quelque autre que Calchas !
ÉBIPHILS. 8
Madame, à ce discours je ne puis rien comprendre.
IPHIGÉNIB. 10
Vous m'entendez* assez, si vous voulez m'entendre.
Le sort injurieux me ravit un époux ; 12
Madame, à mon malheur m'abaudonnerez-vous 1
Vous ne pouviez sans moi demeurer à Myoène; 14
Me verra-ton sans vous partir avec la reine ?
ÉRIPHILB. 16
Je voulais voir Calchas avant que de partir.
IPHIGÉNIB. ^L»^ '"V, i.--^^ 18
Que tardez-vous, madame, aie faire avertir 1 '
"ÉRIPHILE. 20
D'ÂrgoSy dans un moment, vous reprenez la route.
IPHIGÉNIB. 22
Un moment quelquefois édaircit plus d'un doute.
Mais, madame, je vois que c'est trop vous presser ; 24
Je vois ce que jamais je n'ai voulu penser:
Achille. Vous brûlez que je ne sois partie.' 26
ÉBIPHILB.
Moi ! vous me soupçonnez de cette perfidie ! 28
Moi ! j'aimerais, madame, un vainqueur furieux,
Qui toujours tout sanglant se présente à mes Jâux, ^ 30
Qui, la flamme à la main, et de meurtres atldé, '^ [
Mit en cendres LesbosM 32
IPEZOÉNIB.
Oui, vous UaimeZi perfide ! 34
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AOTB XX, SOftVS ▼• lU
Et ces mêmes farenrs que tous me dépeignez,
Ces bras que dans le sang vous avez tu baignés, S
Ces morts, cette Lesbos, ces cendres, cette flamme,
Sont les traits dont l'amour l'a gravé dans votre âme ; 4
Et, loin d'en détester le cruel souvenir,
Vous vous plaisez* encore à m'en entretenir. 6
Déjà plus d'une fois dans vps j^laîgtes forcées
J'ai dû voir et j'ai vu le ièhi de mes pensées : 8
Mais toujours sur mes yeux^i|ia/&cî}e bontié .^ . , '-
A remis le bandeau que j'a^aî4 écarte, ['^^^//(fv .- /. ■ 10
Vous l'aimez. Que fàisais-je? et quelle erreur fittale
M'a fait entre mes bras recevoir ma rivale î 12
Crédule, je l'^paais : mon cœur même aujourdhui
De son pilr)U9e amant lui promettait l'appuL 14
Voilà donc le triomphe où j'étais amenée !
Moi-même à votre char je me suis enchaînée. 16
Je vous pardonne, hélas! des vœux intéressés.
Et la perte d'un cœur que vous me raviœez :* 18
Mais que, sans m'avertir du piégé qvTon me dresse,*
Vous me laissiez chercher jusqu'au fond de la Grèce 20
L'ingrat que ne m'attend que pour m'abandonner,
Perfide, cet affront se peut-il pardonner? 28
Abiphilx.
Vous me donnez des noms qjoi doivent me surprendrei 84
Madame : on ne m'a pas instruite^ à les entendre ;
Et les dieux, contre moi dès longtemps indignés, 26
A mon oreille encor les avaient épai^és.
Mais il &ut des amants excuser l'injustice. 28
Et de quoi vouliez-vous que je vous avertisse ?
Avez-vous pu penser qu'au sang d'Agamemnon 80
Achille préférât une fille sans nom,
Qui de tout son destin ce qu'elle a pu comprendre, 82
Cest qu'elle sort d'un sang qu'il brûle de répandre?
XPHIQÉKIX. 84
Vous triomphez, cruelle, et braves ma douleur.
Je n'avais pas eooor senti tout mot malheof : 86
Et vous ne ooBaf«NB ^rvttt eddl «t mt 8Jl<^
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156 zraxoÉirii.
Que pour mieux relever' votre injuste victoire.
Toutefois vos transports sont trop précipités : 2
Ce même Agamemnon à qui vous insultez,
U commande à la Grèce, il est mon père, il m'aime, ^
n ressent mes douleurs beaucoup plus que moi-même,
v; Mes larmes par ^vance>vaient su le toucher ; 6
J'ai surpris ses soup)r^^u'il me voulait cacher.
Hélas ! de son accueil condamnant la tristesse, 8
J'osais me plaindre à lui de son peu de tendresse !
Kom AND RimxiroBB. — ^ Changé de pensée, changea hU intention,
mind. — * Yoiu m'entendez, yo» underHand tne,-^^ Vous brûlez que je ne
■ois partie, you bum for, you wiêh ardently my departure. — * M. L. 40^
B. <L— ' Qne tous me rayissez, o/whieh you depHve me. — ' Dresse, lay,
prepart. — f Instmite, taughL — ^ Relever, inereate.
SCÈNE VI.
ACHILLE;, IPHIGÉNIE, ÉRIPHILE; PORIS^
ACHILLB. 12
n est donc vrai, madame, et c'est vous que je vois !
Je soupçonnais d'erreur tout le camp à la fois, 14
Vous en Aulide ! vous ! Hé ! qu'y venez-vous faire 1
D'où vient qu' Agamemnon m'assurait le contraire ? 16
IPHIOÉNIB.
Seigneur, rassurez-vous : vos vœux seront contents ; 18
Iphigénie encor n'y sera pas longtemps. (
r
SCÈNE VII.
ACHILLE; ériphile; DORia
▲CHIIXS»
Elle me fuit ! V^é-je î' ou n'est œ point un songe 1
Pans quel trouble iiouv^^u cette fuite me plonge !
dbyGoOgI
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▲ OTS XI, s'otNS vxx. 157
Madame, je ne sais si sans vous irriter
Achille devant vous pourra se présenter : 3
Mais, si d'un ennemi vous souffrez la prière,
Si lui-même souvent a plaint sa prisonnière, 4
Vous savez quel sujet conduit ici leurs pas ;
Vous savez... 6
ÉBIPHILE.
Quoi ! seigneur, ne le savez-vous p^ , 8
Vous qui i^de^ms un mois^ brûlant sur oô'rivag'e, '^ '^ '"' ' -
Avez oôhcltt vous-même eè Eaté leur voyage 1 10
ACHILLE.
De ce même rivage absent depuis un mois, 12
Je le revis hier pour la première fois.
ÉBIPHILB. 14
Quoi ! lorsque Agamemnon écrivait à Myoène,
Votre amour, votre main n'a pas conduit' la sienne ? 16
Quoi ! vous, qui de sa fille adoriez les attraits...
ACHIIXIE^^ 18
Vous m'en voyez encore épris plus que jamais,
Madame ; et, si l'effet eût suivi ma pensée^ 20
Moi-même dans Ai^os je l'aurais devancée.
Cependant on me fuit. Quel crime ai-je commis? 22
Mais je ne vois partout que des yeux ennemis :
Que dis-je? en ce moment Calchas, Nestor, Ulysse, 24
De leur vain^ éloquence employant l'artifice.
Combattaient mon amour, et semblaient m'annoncer 26
Que, si j'en crois* ma gloire, il y faut renoncer.
Quelle entreprise ici pourrait être formée? 28
Suis-je, sans le savoir, la fable* de l'armée 1
Entrons : c'est un secret qu'il leur faut arracher. 30
Nom AiTD BEPXBnron. — ^ V«ill6-je? Am I awakef'--^ Conduit,
ffvided; M. L. 42» R. 8.—» Si j'en eroii^ I/IlkUn to.— « Fablo, sport.
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168 xrnxGANXs.
SCÈNE VIII.
ériphile; dobis. .
Abiphile.
Dieux, qui voyez ma honte, où me dois-je^ cacher t 4
Orgueilleuse rivale, on t'aime; et tu murmures !
Soùffrirai-je à la fois ta gloire et tes injures V 6
Ah ! plutôt... Mais, Doris, ou j'aime à me flatter,
Ou sur eux quelque orage est tout près d'éclater.* 8
J'ai des yeux. Leur bonheur n'est pas encor tranquille :
On trompe Iphigénie ; on se cache d'Achille ; 10
AgamemDon gémit. Ne désespérons point;
Et, si le sort contre elle à ma haine se joint, 12
Je saurai profiter de cette intelligence^
Pour ne pas pleurer seule et mourir sans vengeance. 14
Nom AND BimiDroB.— 1 M. L. 85, B. 6.—* Injure^ in«uA«.—
• Éolatar, to hurit, — ^ Intelligence^ connection.
ACTE TROISIÈME.
SCÈNE I.
AGAMEMNON, CLTTEMNESTBE.
CLTTSMKSSTBX. 18
Oui, seigneur, nous partions, et mon juste courroux
Laissait bientôt Achille et le camp loin de nous : 20
Ma fille dans Argos courait pleurer sa honte.
Mais lui-même, étonné d'une fuite si prompte, 22
Par combien de serments, dont je n*ai pu douter,
Vient-il de' me convaincre et de nous arrêter ! 24
D presse cet hymen qu'on prétend qu'il diflSre,
Et vous cherche, brûlant d'amour et de colore : 26
Prôt d'imposer ftilence à ce bruit imposteor/
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AOTS XXI, SCtVB X. 159
Achille en veut connaitre et confondre l'auteur.
Bannissez ces soupçons qui troublent notre joie. S
AaAHXMHON.
Madame, c'est assez : je consens qu'on le croie. 4
Je reconnais l'erreur qui nous avait sédlSÏÉ,*'''*^
Et ressens votre joie autant que je le puis. 6
Vous voulez que Calchas l'uuisse à ma famille ;
Vous pouvez à l'autel envoyer votre fille : 8
Je l'attends. Mais, avant que de passer plus loin,
J'ai voulu vous parler un moment sans témoin. 10
Vous voyez en quels lieux vous l'avez amenée :
Tout j ressent la guerre, et non point l'hymenée. ' ' 12
Le tumulte d^'un camp, soldats et matelots,
Un autel hérissé de dards, de javelots, 14
Tout ce spectacle enfin, pompe digne d'Achille,
Pour attirer vos yeux n'est point assez tranquille ; 16
Et les Grecs y verraient l'épouse de leur roi
Dans un état indigne et de vous et de moi. 18
M'en croirez-vous V laissez, de vos femmes suivie,
A cet hymen, sans vous, marcher Iphigénie. 20
OLTTBMinBSTRS.
Qui ? moi ! que, remettant^ ma fille en d'autres bras^ * 22
Ce que j'ai commencé, je ne l'achève pas !
Qu'après l'avoir d'Argos amenée en Aulide, 24
Je refiise à l'autel de lui servir de guide !
Dois-je donc de Calchas être moins près que vous 1 2Ô
Et qui présentera ma fille à son époux î
Quelle autre ordonnera cette pompe sacrée V 28
AOAMEMNOK.
Vous n'êtes point ici dans le palais d'Atrée : 80
Vous êtes dans un camp...
CLTTBMNSSTRX. 82
Où tout vous est soumis ;
Où le sort de l'Asie en vos mains est remis ;* 84
Où je vois sous vos Irâ marcher la Gfèoe «otièM;
Où le fila de Téthi» ta m^peler sa laèm 86
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IM I»HIO*«XI. ^
Dm quel pdab mperbe et plein de ma grandeur
Pobje jamaia panitre avec plua de splendeur ?
AQAiaiaroH.
Madame, an nom des dieux, auteurs de notre raoe,
Daignez à mon amour accorder cette grÂoe.^
J'ai]
Seigneur, an nom des mêmes dieux, 8
D'un spectacle si doux ne privez point mes jeux*
Daignez ne point ici rougir de ma présence. 10
AOAlOlfirOK.
J^avais plus espéré de votre complûsanoe. 12
Maia, puisque la raison ne vous peut émouvoir.
Puisque enfin ma prière a si peu de pouvoir, 14
Vous avez entendu ce que je vous demande.
Madame ; je le veux, et je vous le commande. 16
Obéissez.
NsTM An> RsfsuoKaBL — ^ Yient-il de me eonTaincre et de noiu ar-
rêter, ke ka$ eanmmiCêd mê, and prevented owr deparhirê. — * Brait im-
posteur, fàlêê report, — * M'en eroires-TonsI if you wiU beUeve me.— >
4 Bemettant^ eammitting. — > Pompe sacrée, êoered eeremony, — * Bemii^
ee amltf jrfL— ^ Grâee^/aiwr.
SCÈNE II.
CLTTEMNESTBK
D'où vient que d'im soin si cruel 20
L'injuste Agamemnon m'écarte^ de Tautel î
Fier de son nouveau-rang, m'ose-Hl méconnaître I* 22
Me croit-il à sa suite indigne de paraître î
Ou, de Tempire encor timide possesseur, 24
N'oserait-il d'Hétône ici montrer la sœur î
Et pourquoi me cadier, et par quelle injustice ,c - 26
Fsat4i que siir mon front sa honte rejaillisse.
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▲ GTX IXI, SCÈNX I I. 141
Maifl nMmporte ;* il le veut, et mon cœur s'y résout/ .
Ma fille, ton bonheur me console de tout : ^ '2
Le ciel te donne Achille ; et ma joie est extrême
De t'entendre nommer^. Mais le voici lui-même. 4
N^iB Ata> BspsBnrcB. — > M'écarte, kêepM nu oiMy.— ^ Méevnnaitra^
de9puê,^^ M. L. H B- 1-—^ From rémtdre, M. p. 384.
SCÈNE III.
ACHILLE^ CLYTEMNESTREb
AOHILLX.
Tout succède, madame, à mon empressement. 8
Le roi n'a point voulu d'autre éclaircissement :^
Il en croit mes transports ; et, sans presque m'entendre, 10
n vient en m'embrassant de' m'aocepter pour gendre.
Il ne m'a dit qu'un mot. Mais vous a-t-i] conté 12
Quel bonheur dans le camp vous avez apporté î
Les dieux vont s'apaiser : du moins Galchas publie 14
Qu'avec eux, dans une heure, il nous réconcilie;
Que Neptune et les vents, prêts à nous exaucer,* 16
N'attendent que le sang que sa main va yjdrsepr^
Déjà dans les vaisseaux la vt^e se dépfoie, ' ' 18
Déjà sur sa parole ils se tournent vers Trpie. » * ^
Pojirmor, quoique le ciel, au gré de mon aiAôui**- 20 -
Dût' ^core des vents retarder le retour.
Que je quitte à regret la rive fortunée 22
Où je vais allumer les iiambeaux d^Hjménée :
Puis-je ne point chérir l'heureuse occasion 24
D'aller du sang trojen sceller notre union.
Et de laisser bientôt, sous Troie ensevelie^ 26
Le déshonneur d'un nom à qui le mien s'allie 1
Koon AVD BxnuniaB. — i ÉclaireiMementi explanaUon, — t ]£ L. 26,
R. 2. — s A nous exaucer, to Kear vvr prayen.
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103 XPBXOÉKXB.
SCÈNE IV.
ACHILLE; GLYTEMKESTBE, IPHI6ÉNIE, ÉBIPHILE;
DORIS» uEGINE.
ACHILLE. 4
Princesse, mon bonheur ne dépend que de vous ;
Votre père à l'autel vous destine un époux : 6
Venez y recevoir un cœur qui vous adore.
IPHIGÉNIB. 8
Seigneur, il n'est pas temps que nous partions encore.^
La reine permettra que j'ose demander 10
Un gage à votre amour, qu'il me doit accorder.
Je viens vous présenter une jeune princesse : 12
Le ciel a sur son front imprimée sa noblesse./ ^ / / ^
De larmes tous les jours ses yeux sont arr<5séâ ; ' ' 14
Vous savez' ses malheurs, vous les avez causés.*
Moi-même (où m'emportait' une aveugle colère!) 16
J'ai tantôt, sans respect, affligé sa misère.
Que ne puisje aussi bien, par d'utiles secours, 18
Béparer promptement mes injustes discours !
Je lui prête ma voix, je ne puis davantage. - SO
Vous seul pouvez, seigneur, détruire votre ouvrage :
Elle est votre captive ; et ses fers que je plains, 23
Quand vous l'ordonnerez, tomberont de ses mains.
Commencez donc par là cette heureuse journée. 24
Qu'elle puisse à nous voir n'être plus condamnée.
Montrez que je vais suivre au pied de nos autels 26
Un roi qui, non content d'effrayer les mortels,
A des embrassements ne borne point sa gloire, ' 28
Laisse aux pleurs d'une épouse efttendrlr s^ victoire.
Et, par les malheureux quelquefois désarmé,' * 80
Sait imiter en tout les dieux qui l'ont formé.
ÉRIPHILE. 82
Oui, seigneur, des douleurs soulagez la plus vive.
La guerre dans Lesbos me fit votre captive : 84
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AOTB IlXy SOÈHX T. IM
Mais c'est pousser trop loin ses droits injimepL -- * ' ' '^
Qu'y joindre le tourment que je souffre en ces lieux. 2
ACHILLE.
Vous, madame 1 4
ÉRIPHILX.
Oui, seigneur ; et, sans compter le restOi 6
Pouvez-vous m'imposer une loi plus funeste
Que de rendre mes yeux les tristes spectateurs 8
De la félicité de mes persécuteurs ?
J'entends de toutes parts menacer ma patrie ; 10
Je vois marcher contre elle une armée en fvaïe ;
Je vois déjà l'hymen, pour mieux me déchirer, 12
Mettre en vos mains le feu qui la doit^ dévorer.
Souffrez que, loin du camp et loin de votre vue, 14
Toujours infortunée et toujours inconnue.
J'aille cacher un sort si digjie de pit^îé, • / , . . \ 1^
Et dont mes pleurs 'èncor vous taisent là moitié/ /
ACHILLE. 18
Cest trop, belle princesse : il ne faut* que nous suivre.
Venez, qu'aux yeux des Grecs Achille vous délivre ; 20
Et que le doux moment de ma félicité
Soit le moment heureux de votre liberté. ' 22
Narra and RinauENora. — ^ Il n'est pas temps que nous partions
encore; the prose construction of this sentence wonld be : Il n'eëtpoê
encore tempt que nous partione. — ^ M. L. 42, R. 7. — ' M'emportait^ mU'
led me, — * If. L. 35, R. 5. — ' Il ne faut que nous suivre^ ycu need cnly
foUowui.
SCÈNE V.
CLYTEMNESTRE, ACHILLE, IPHIGÉNIE, ÉRIPHIU;
ARGAS, JËGINE, DORia
ARCAS. 26
Madame, tout est prêt pour la cérémonie.
Le roi près de l'autel attend Iphigénie ; 28
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164 irBioÉirzx.
Je viens la demander : ou plutôt contre lui,
Seigneur, je viens pour elle implorer votre appui. 2
ACHILLE.
Ârcas, que dites-vous î 4
CLTTEMKESTRS.
Dieux ! que vient-il m*apprendre ? 6
ARCAS, à Achille.
Je ne vois plus que vous qui la puissiez défendre. 8
ACHILLE.
Contre qui î 10
ABCAS.
' Je le nomme et l'accuse à regret ; 12
Autant que je l'ai pu j'ai gardé son secret :
Mais le fer, le bandeau, la flamme est toute prête.* 14
Dût' tout cet appareil retomber sur ma tète,
n faut parler. 16
CLTTEMNBSTRX.
Je tremble. Expliquez-vous, Arcas. 18
ACHILLE.
Qui que ce soit, parlez, et ne le craignez pas. 20
ARCAS.
Vous êtes son amant ; et vous êtes sa mère : 22
Gardez-vous* d'envoyer la princesse à son père.
CLTTEMNESTRB. 24
Pourquoi le craindrons-nous ?
ACHILLE. 26
Pourquoi m'en défier 1
AROAS. 28
11 l'attend à l'autel pour la sacrifier.
ACHILLE. SO
Lui!
CLTTEMKESTRS. 32
Sa fille !
IPHIOÉKIE. 34
Mon père !
ÉRIPHILE. 86
Oh del ! quelle nouvelle !
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▲ 0TB XXXf BCtWW T. 165
AOBXIXS.
Quelle aveugle fureur pourrait Tarmer contre elle ? 2
Ce discours, sans horreur se peut-il écouter ?
AROAS. 4
Ah seigneur ! plût au ciel* que je pusse en douter !
Par la voix de Calchas l'oracle la demanda ; 6
De toute autre yictime il refuse l'offrande ;
Et les dieux, jusque-là protecteurs de Paris, 8
Ne nous promettent Troie et les vents qu'à ce prix. /^
CLYTSMNESTBX. '^^^ ^®
Les dieux ordonneraient un meurtre abominable !
iPHioÉiriB. 12
Gel ! pour tant de rigueur, de quoi suis-je coupable ?
CLTTBMNESTRX. 14
Je ne m'étonne plus de cet ordre cruel
Qui m'avait interdit l'approche de TauteL 16
ipmoÉNiB, à Achille.
Et voilà donc'l'hymen où j'étais destinée ! 18
ARCAS.
Le roi, pour vous tromper, feignait cette hjménée : 20
Tout le camp même encore est trompé comme vous.
OLTTEMNESTRX. 22
Seigneur, c'est donc à moi d'embrasser vos genoux.
ACHZLLs, la relevant 24
Ah madame !
OLTTXMESTBX. 26
Oubliez une gloire importune ;
Ce triste abaissement* convient' à ma fortune : 28
Heureuse si mes pleurs vous peuvent attendrir !
Une mère à vos pieds peut tomber sans rougir. 80
Cest votre épouse, hélas ! qui vous est enlevée !
Dans cet heureux espoir je Tavaîs élevée. 82
Cest TOUS que nous che|^ons sur ce funeste bord ;
Et votre nom, seigneur, la conduit à' la mort 8é
Ira-telle des dieux implorant la justice,
Embrasser leurs autels parés pour son supplice ? 86
Elle n'a que voua seul : voua êtes en oea lieux
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(
16B t»Hioiiris.
Son père, son époux, son asile, ses dieux.
Je lis dans vos regards la douleur qui vous presse. 3
Auprès de votre époux, ma fille, je vous laisse.
Seigneur, daignez m^attendre, et ne la poîpt quitter : 4
 mon perfide époux je cours me présenter ;
n ne soutiendra point la fureur qui m'anime. 6
Il &udra que Calchas cherche une autre victime :
Ou, si je ne vous puis dérober à leurs coups, S
Ma fille, ils pourront bien m'immoler avant vous.
NoncB AND RxFiBXNOBB. — > M. g 83, R. (8). — ^ Dût^ tthtndd «ven.-^
* Oardes-Youa^ heware lest you.-^^ Plût an ciel, grant heatieru — ' Abaiase-
ment, humUiiy, — * Conyient» smU; L. 49, B. 2.
SCÈNE VI.
Achille; iphigénie.
ACHILLE. 12
Madame, je me tais\ et demeure immobile.
Est-ce à moi que Ton parle ? et connait-op Achille 1 14
Une mère pour vous croit devoir me prier !
Une reine à mes pieds se vient humilier ! 16
Et, me déshonorant par d'injustes alarmes,
Pour attendrir mon cœur on a recours aux larmes ! 18
Qui doit prendre à vos jours plus d'intérêt que moi 1
Âh ! sans doute on s'en peut reposer sur ma foi, 20
L'outrage me regarde ;' et, quoi qu'on entreprenne,
Je réponds d'une vie où j'attache la mienne. 22
Mais ma juste douleur va plus loin m'engager :
C'est peu de vous défendre, et je cours voua vengeTj 24
Et punir à la fois le cruel stratagème
Qui s*ose de mon- nom armer contre vous-même. 26
IPHIOàNIK,
Âh l demeures» sa^neur, et daignes m'éamter. 28
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▲ 0TB XII, êOtUfB TU M7
AOBWLtU
Quoi I madame, un barbare osera m'insulter ! 8
n Toit que de sa sœur je cours ^ger l'outrage,
Il sait que, le premier lui donnant mon suffrage, 4
Je le fis nommer chef de vingt rois ses riraux.
Et, pour fruit de mes soins, pour fruit de mes traTaux 6
Pour tout le prix enfin d'une illustre victoire
Qui le doit enrichir, venger, combler de gloire, 8
Content et glorieux du nom de votre époux.
Je ne lui demandais que l'honneur d'être à vous : 10
Cependant aujourd'hui, sanguinaire parjure,
Cest peu de' violer l'amitié, la nature, 18
Cest peu que de vouloir, sous un couteau mortel,
Me montrer votre cœur fumant sur un autel ; 14
D'un appareil d'hymen couvrant ce sacrifice,
n veut que ce soit moi qui vous mène au supplice, 16
Que ma crédule main conduise le couteau,
Qu'au lieu de votre époux je sois votre bourreau ! 18
Et quel était pour vous ce sanglant fajménée
Si je fusse^ arrivé plus tard d'une journée î 20
Quoi donc ! à leur fureur livrée en ce moment^
Vous iriez à l'auto me chercher vainement ; 88
Et d'un fer imprévu vous tomberiez frappée,
I^ accusant mon nom qui vous aurait trompée 1 84
n &ut de ce péril, de cette trahison,
Aux jeux de tous les Grecs lui demander raison* 86
A l'honneur d'un époux vous-même intéressée,
Madame, vous devez approuver ma pensée. 88
n faut que le cruel qui m'a pu mépriser,
Apprenne de quel nom il osait abuser. SO
iPSiQAins.
HélasM vous m*aimez; si, pour grAoe dermèm, S8
V(5us daignes d'une amante éeoutér la priare,
Cest maintenant, seigneur, qu'il fiuit me le prouver : 34
Car enfin ce cruel que vous allez braver.
Cet ennemi barbare, injuste, sanguinaire, 36
SoDgas» quoi qu'A ait M^ aBBges^tt'il^ait :
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168 iTUimtmiM.
ACBJLUL
Lui, TOtre père ! Après son horrible dessrâi, « 2
Je ne le connais plus que pour votre asaaamn,
iFHiaiNix. 4
Cest mon père, seigneur, je vous le dis encorOi
Hais un père que j'aime, un père que j'adore, 6
Qui me cliérit lui-même, et dont, jusqu'à oe jour,
Je n'ai jamais reçu que des marques d'amour. 6
Mon cœur, dans oe respect élevé dès l'enfimce,
Ne peut que s'affliger de tout ce qui l'offense ; 10
Et loin d'oser ici, par un prompt diangement,
Approuver la fureur de votre emportement,* 12
Loin que par mes discours je l'attise' moi-même.
Croyez qu'il &ut aimer autant que je vous aime 14
Pour avoir pu souffrir tous les noms odieux
Dont votre amour le vient d'outrager à mes yeux. 16
Et pourquoi voulez-vous qu'inhumain et barbare,
n ne gémisse pas du coup qu'on me prépare 1 18
Quel père -de son sang se plait^ à se priver î
Pourquoi me perdrait-il, s'il pouvait me sauver 1 20
J'ai vu, n'en doutez point, ses larmes se répandre.
Faut-il le condamner avant que de l'entendre 1 28
Hélas ! de tant d'horreurs son cœur déjà troublé
Doit-il de votre haine être encore accablé I 24
ACHIIXB.
Quoi, madame ! parmi tant de sujets de crainte, 26
Ce sont là les frayeurs dont vous êtes atteinte ?
Un cruel (comment puis-je autrement l'appeler 1) 28
Par la mam de Calchas s'en va vous immoler ;
Et lorsqu'à sa fureur j'oppose ma tendresse, 80
Le soin de son repos est le seul qui vous presse!
On me ferme la bouche! on l'excuse, on le plaint! 83
Cest pour lui que l'on tremble; et c'est moi que Ton ctaint!
TOste effet de mes smns! eslrce donc là^ madame, 84
Tout le progrès qu*Acfaille avait ùit dans votre àmel
IPHZQÉNXI. M
Ah email O0t amour, dont voua vouli* douter,
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▲ OTX IIX, 8CÈNS TH. IM
Ai-je attendu û tard pour le fiûre 6oIater V
Vous voyez de quel œil, et comme indiffirente 2
J'ai reçu de ma mort la nouvelle a angly ^^
Je n'en lû point pâli. Que n'avez-Yous pu voir 4
A quel excès tantôt allait mon désespoir,
Quand, presque en arrivant, un récit peu fidèle 6
M'a de votre inconstance annoncé la nouvelle !
Quel trouble, quels torrents de mots injurieux S •
Accusait à la fois les hommes et les dieux !
Ah ! que vous auriez vu, sans que je vous le die,' 10
De combien votre amour m'est plus cher que ma vie I
Qui sait même, qui sait n le ciel irrité 12
A pu souffiîr Texcès de ma félicité !
Hélas ! il me semblait qu'une flamme â belle 14
Ifélevait au-dessus du sort d'une mortelle ! - - <•
▲OHILLB. 16
Ah ! si je vous suis cher, ma princesse, vivez!
Koras ÀSD BxmxNOE&'— 1 M. p. 388. — * Me regarde, foiie^ iim.—
sCest peade, noi e(mteni wâA.— « M. g 48, B. (2), 3.^" Emportement,
pastUm.'^ Attise^ êxeUe.^'' If. L. 40, B. 6.-9 Pour le fkire éelster, to
tkow tt— * J)ig k hflve for iiê$,
u
SCÈNE VII.
GLTTEllinBErrRE; IFHIGtKIS, AOHILLB; JBGiOSnL
Tout est perdu, seigneur, n vous ne nous sauvez.
Agamemnon m'évite, et, ondgmmt mon visage, 22
n me &it de l'autd reftiser le passage:-
Des gardes, que lui-même a pris soin de plaeer, 24
Nous ont de toutes parts défendu* de passer,
n me fliit. Ma douleur étonne son andade. 26
8
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170 iPBioiirxs.
AOHUXl.
Eh bien ! c'est donc à moi' de prendre votre plaoe. 2
Il me Teira, madame ; et je. yais lui parier.
IPHIGâlfIB. 4
Âh madame !... Âh seigneur ! où yonlez-vous aller 1
ACHILLX. 6
Et que prétend de moi' votre injuste prière 1
Vous &udra-t-il toujours combattre la première 1 8
OLTTEMKXSTBX.
Quel est votre dessein, ma fille î 10
IPHIOÉNIK.
AU nom des dieux, 12
Madame ! jgtgnez un amant furieux :
De ce triste entretien détournons les approches. 14
Seigneur, trop d'amertume aigrirait vos reproches»
Je sais jusqu'où s'emporte^ un amant irrité ; 16
Et mon père est jaloux de son autorité :
On ne connaît que trop la fierté des Atrides.* 18
Laissez parler, seigneur, des bouches plus timides.
Surpria, n'en doutez point, de mon retardement, 20
Lui-même il me viendra chercher dans un moment :
Il attendra gémir une mère oppressée : 22
Et que ne pourra point m'in^irer la pensée
De prévenu: les pleurs que vous verseriez tous, 24
D'arrêter vos transports, et de vivre pour vous !
AOHILLX. 26
Enfin, vous le voulez : il faut donc vous complaire.*
Donnez-lui l'une et l'autre un conseil salutaire : 28
Rappelez sa raison ; persuadez-le bien.
Pour voua, pour mon repos, et surtout pour le sieo. 80
Je perds trop de moments en des discours frivoles ;
U faut des actions, et non paa des paroles. 3ft
A CfyMuiestre,
Madame, à vous servir je vais tout disposer :' 84
Dans votre apartement allez vous reposer.
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AOTX XV, JIOÈKV X. 171
Votre fille ▼i▼^^ je puis vous le prédire.
Oojez du moins, croyez que, tant que' je respire, 2
Les dieux auront en vain ordonné son trépas :
Cet oracle est plus sûr que celui de Galchas. 4
Nom AND RsiXRBroB. — I Défendu, forbidden,-^* M. L. 47, R. 6. —
> Qae prétend de moi, what expecti from me. — * Jusqn'où s'emporte nn
amant irrité, how/ar ihe anger of an irritated laver will ço,^ Atrides»
Atridce, — • Vons complaire, eatiafy you,-^^ Disposer, prépare, — * Tant
qne, ob Umg 09,
■#< \ »«*»i
ACTE QUATRIÈME.
SCÈNE I.
ÉRIPHILE, DORia
DORIS. 8
Ah ! que xne dites-vous ! Quelle étrange manie
Vous peut fiûre envier le sort d'Iphigénie î 10
Dans une heure elle expire, et jamais, dites-vous.
Vos yeux de son bonheur ne furent plus jaloux. 12
Qui le croira, madame? et quel cœur si farouche...
ÉRIPHILE. 14
Jamais rien de plus vrai n'est sorti de ma boudie ;
Jamais de tant de soins mon esprit agité 10
Ne porta plus d'envie à sa félicité.*
Favorables périls! espérance inutile! 18
N'as-tu pas vu sa gloire et le trouble d'Achille ?
J'en ai vu, j'en ai ftii' les signes trop certains. 20
Ce héros, si terrible au reste des humains,
Qui ne connaît de pleurs que' ceux qu'il &it répandre, 22
Qui s'endurcit contre eux dès Page le plus tendre.
Et qui, si l'on nous fait un fidèle discours, 24
Suça même le sang des lions et des ours.
Pour elle de la crainte a fait l'apprentissage : 26
Elle l'a vu pleurer et changer de viaage/
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ITi ipaieÉvzs.
Et tu la plains, Dons ! Fur combien ée malbeu»
Ne lui voudrabje point disputer de tek pleure ! 2
Quand je devrais comme elle ei|>irer dans une heure..*
Mais que dis-je, expirer ! ne crois pas qu'elle meure» 4
^Dans un làdie sommeil oroijhtu qu'enserdi
Aobille lûira'pour dlè^impunément p4Li ^ 6
Adiille à son malfieur saura bien mettre obstade.
Tu verras que les dieux n'ont dicté cet oracle 8
Que pour croître à la fois sa gloire et mon tourment,
Et la rendre plus belle aux yeux de son amant 10
Hé quoi ! ne vois-tu pas tout ce qa'on &it pour elle 1
On supprime des dieux la sentence mortelle ; 12
Et, quoique le bùdier soit déjà préparé.
Le nom de la victime est encore ignoré : 14
Tout le camp n'en sait rien. Doris, à ee sUence,
Ne reoonnais^tu pas un père qui balance 1* 16
Et que fera-t-il donc? Quel courage endurd
Soutiendrait les assauts qu'on lui prépare ici : 18
. Une mère en fureur, les larmes d'une fille,
Les criSy le désespoir de toute une &mille, . 20
Le sang à ces objets facile à s'ébranler,
Achille menaçant, tout prêt à l'accabler? 22
Non, te disje, les dieux l'ont en vain condamnée : .
Je suis et je serai la seule in£>rtunée. 24
Ah ! si je m'en croyais !...
DOBIS. 26
Quoi ? que méditez-vous ?
ÉBIPHILB. 28
Je ne sais qui m'arrête et retient mon courroux,
Que, par un prompt avis de tout ce qui se passe, 90
Je ne coure des dieux divulguer la menace.
Et publier partout les complots criminels 82
Qu on &it ici contre eux et contre leurs antab.
DOIUB. 84
Ah ! qucd dessein, madame!
telFHlLI* 86
AhDortil^pMUejoiel
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▲ 0TB lYy aOftlTB II. 178
Que d'encens brûlerait dans les temples de Troie,
Si, troublant tous les Grecs et vengeant ma prison,' 2
Je pouvais contre Achille armer Agamemnon ;
Si leur haine, de Troie oubliant la querelle, 4
Tournait contre eux le fer qu'ils aiguisent contre elle,
Et si de tout le camp mes avis dangereux G
Faisaient à' mu patrie un sacrifice heureux !
^ . DORIS. 8
J'entends du bruit. On vient : Clytemnestre s'avance.
Remettez-vous,^ madame ; ou fuyez sa présence. 10
ÉBIPHILX.
Rentrons. Et, pour troubler un hymen odieux, 12 '
Consultons des fureurs qv^antorisent les dieux.
Notes ajo) Reitbrbncbs. — ^ Ne porta plus d'envie à aa fiUioit^ m-
vied her happinets more,-^^ Fui, avoitUd. — 3 Qui ne connaît de pleurs
que, who hnowê no ather tean than. — ^ Changer de visage^ grwtpaUr^
6 Balance, hentates, — • Prison, eapHvity. — ^ Bemettez-youe» ealm ycur
agitation.
SCENE II.
GLYTEMNESTBS; ^GINB.
CLTTEHNBSTRE. 16
.^Igine, tu le vois, il &ut que je la fuie.*
Loin que ma fille pleure, et tremble pour sa vie^ 18
Elle excuse son père, et veut que ma douleur
Respecte encor la main qui lui perce le cœur. SO
O constance ! ô respect ! Pour prix' de sa tendresse,
Le barbare à Tautel se plaint de sa paresse.' 22
Je l'attends : il viendra m'en demander raison,
Et croit pouvoir encor cacher sa trahison. 24
Il vient. Sans éclater contre son injustice,
Voyons s'il soutiendra son indigne artifice. 26
Notes axd Rbperbnobs.— » M. p. 372.—* Pour pria; «t armard
for, — s Se plaint de sa paresse, eomphiHM <ff her dday.
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174 XPBIGÉHIB.
SCENE III.
AGAMEMNON, GLTTEMNESTRE, JEGJNK
AQAMSlfNON.
Que fiûtes-votts, madame, et d'où vient' que ces lieux 4
N'offrent point avec vous votre fille à mes jeux ?
Mes ordres par Ârcas vous l'avaient demandée : 6
Qu'attend-elle? Est-ce vous qui l'avez retardée ?
A mes justes désirs ne vous rendez-vous pas V 8
Ne poutrelle à l'autel marcher que sur vos pas 1*
Parlez. 10
OLTTKMNXSTBB.
S'il &ut partir, ma fille est toute prête. 12
Mais vous, n'avez-vous rien, seigneur, qui vous arrête 1
AQAMEMNON. 14
Moi, madame ?
OLTTXMNBSTBE. 16
Vos soins ont-ils tout préparé 1
AGAMEMNON. 18
Calchas est prêt, madame, et l'autel est paré.
J'ai fiùt ce que m'ordonne un devoir légitime. 20^ .
CLTTXMNXSTRE.
Vous ne me parlez point, seigneur, de la victime. 22
AQAMEMNON.
Que me voulez-vous dire V et de quel soin jaloux... 24
Notes and BEfEBXNOBS. — ' D'où vient» whenee eamei U, how U U f —
* Ne TOUS rendes-vovB pas, do ycu not ytM, — s Sur vos pas, aJUr ycui —
4 L. 82, R. 5.
SCÈNE IV.
AGAHEMNON, CLTTEMNESTRE, IPHIGÉNIfl; JSGINE.
CLTTEMNESTRE.
Venez, venez, ma fille, on n'attend plus que vous ; 28
Venez remercier un père qui vous aime,
Et qui veut à l'autel vous conduire lui-même. 80
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▲ OTi iT, notititjiy. 175
AOAMEMHOH.
Que YOia-je ! quel discours ! Ma fille, vous pleurez, 2
Et baissez devant nïoi vos yeux mal assurés :^
Quel trouble ! Mais tout pleure, et la fille, et la mère. 4
Ah ! malheureux Arcas, tu m'as trahi !
iphig£nib. 6
MoD père,
Cessez de vous troubler, vous n'êtes point trahi : 8
Quand vous commanderez, vous serez obéi. / -^
Ma vie est votre bien ;* vous voulez le repr^dre : 10 \
Vos ordres sans détour* pouvaient se faire^entendre. "
D'un œil aussi content, d'un cœur aussi soumir ^< '" ^ :'' l?'
Que j'acceptais l'époux que vous m'aviez promis, ' ""
Jey^»ui|^s^l le faut, victime obéissante, 14
Tâmreau ier de Galdias une tête innocente ;
Et, respectant le coup par vous-même ordonné, 16
Vous rendre tout le sang que vous m'avez donné.
Si pourtant ce respect, si cette obéissance 18
Parait digne à vos yeux d'une autre récompenses ,
Si d une mère en pleurs vous plaignez les ennuis,^ ^ ' ^ 8Q .
J'ose vous dire ici qu'en Tétat où je suis
Peutrêtre assez d'honneurs environnaient ma vie 22
Pour ne pas souhaiter qu'elle me fut ravie.
Ni qu'en me l'arrachant un sévère destin 24
Si près de ma nûssance en eût marqué la fin.
Fille d'Agamemnon, c'est moi qui la première, 26
Seigneur, vous appelai de ce doux nom de père;
Cest moi qui, si longtemps le plaisir de vos yeux, 28
Vous ai &it de ce nom remercier les dieux,
Et pour qui, tant de fois prodiguant vos car^tes,^ , . • 30
Vous n'avez point du sang dédaigné les faiblesses! '
Hélas ! avec plaisir je me fiiîsais conter y . . .; . 82 ,
Touslesnomsdes pays que vous allez dompterl ' '^
Et déjà, d'Uion présageant la conquête, 84
D'un triomphe si beau je préparais la fête.
Je ne m'attendais pas* que, pour le commencer, 86
Mon sang fut le premier que vous dussiez* verser.
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176 iPHio£]ii8.
Non que la peur du coup dont je suis menacée
Me &sse rappeler votre bonté passée : 2
Ne craignez rien ; mon cœur, de votre honneur jakHUC
Ne fera point rougir un père tel que vous ; 4
Et, si je n'avaiç m qg? m|k ^^À^^^^^F^^^
J'aurais su re^i^i^iCiM^slimvenîr si tendre. 6
Mais à mon triste sort, vous le savez, seigneur,
Une mère, un amant, attachaient leur bonheur. 8
Un roi digne de vous a cru voir la journée
Qui devait éclairer notre illustr ^J|^gte ée ; Aj^7 ^{^yv^ ^^
Déjà, sur de mon cœur à sa ffipainfl promis.
U s'estimait heureux : vous me l'aviez permis. 12
n sait votre dessein ; jugez de ses alarmes.
Ma fille, il est trop vrai. J'ignore pour quel crime 18
La colère des dieux demande une victime.
Mais ils vous ont nommée : un orade cruel 20
Veut qu'ici votre sang coule sur un autel.
Pour défendre vos jours de leurs lois meurtrières» 22
Mon amour n'avait pas attendu vos prières.
Je ne vous dirai point combien j'ai résisté ; 24
Croyez-en cet amour par vous-même attesté.
Cette nuit même encore, on a pu vous le dira * ]) . 26
J'avais révoqué l'ordre où l'on me fit souscnÊ^Î^^^
Sur l'intérêt des Grecs vous l'aviez emporté ;* 28
Je vous sacrifiais mon rang, ma sûreté.
Arcas allait du camp vous défendre^ l'entrée : 30
Les dieux n'ont pas voulu qu'il vous ait rencontrée ;
Us ont trompé les soins d'un père infiHl;uné' 32
Qui protégeait en vain ce qu'ils ont condamné.
Ne vous a3siurez;poin|' sur malfaible puissance : 34
Quel frein pourrait 'a%n peuple arrêter la liœnee,
Quan4 les dieux, nous Iprant ^mn zèle indiscret,
L'affeîiÀîssehïjB'uà joug' 4'ifil j^oViaitl regret 1
V
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36
AOTi ir, loÈvs IV. * 177
Ma fille, il &ut céder:* votre heure est airirée.
Songez bien dans quel rang vous êtes élevée : 2
Je vous donne un conseil qu'à peine je reçoi ;^'
Du coup qui vous attend vous mourrez moins que moi : 4
Montrez, en expirant, de qui vous êtes née ;^^
Faites rougir ces dieux qui vous ont condamnée. 6
Allez ; et que les Grecs, qui vont vous immoler,
Reconnaissent mon sang en le vojant couler. 8
/ .. ^ CLTTBMN^TBB. . ' ^"^
Vous ne déihen^z jioiâHmé raée fîmeste ; ' 10
Oui, vous êtes le sang d'Âtrée et de Tliyeste :'*
Bourreau" de votre fille, il ne vous reste enfin 12
Que d'en fiûre à sa mère un horrible ftstîn.
Barbare ! c'est donc là cet heureux sacrifice 14
Que vos soins préparAient ayeo tant d'artâficpj [ ; y
Quoi ! l'horreur de Isouscrire à cet orcfre'inhumain 16
N'a pas, en k tjraçant, arrêté votre main !
Pourquoi femSti^^SP%s yeux une fitusse tristesse ? 18
Pensez-vous pai^des pleurs prouver votre tendresse 1
Où sonUlSjCes combats que vous avez rendus 1 20
Quels fim'^'s^ pour ^li^vçz-vqosrréfuaidusl
Qud débris parle id ïe^votre résistance T' 22
Quel champ couvert de morts me condamne au sikooel
Voilà par quels témoins il fidlait me prouver, 24
Cruel ! que votre amour a voulu la sauver.
Un oracle fiital ordonne qu'elle expire ! 26
Un oracle dit-il tout ce qu'il semble dire %
Le ciel, le juste del, par le meurtre iK^oré, / '^ 28
Du sang de l'innocence est-il donc alfèref ^^
Si du crime d'Hélène on punit sa fi&mille, 80
Faites chercher à S|»rt^^ Hermiône sa M^ : . ^
Laissez à Ménélas-radllêfèr à^iin tel prix"^ !^ * ' ' ^
Sa coupable moitié," dont il est trop épris.
Mais vous, quelles fureurs vpus r^ent sa vietime 1 84
Pourquoi vous imposer la peine 5e ion crime?
Pourquoi moi-même, enfin, me déchirant le fiano,^* 36
Payer sa folle amour du plus pur de mon sang!
8*
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178 IPHIOÉVIX.
Qae dis-je t Cet 6^%^»JaMàe jalonaîe»
Cette Hélène, qui tr6»leriâ^miiope et l'Ame, 2
Vous semble-t-elle un prix digne de vos eaq>loite t
Combien nos i^nts pam fOie ontgls rougi de fois ! , 4
Avant qu'un ncBuàfktpT l'unit à votre fi^re. . "^^^^
Thésée avait osé l'eâever à so^^rè t " - ^ ' 6
Vous savez, et Calcfaas mille fois vous ti dit^
Qu'un hymen clandestin mit ce prince en son lit, 8
Et qu'il en eut pour gage une jeune princesse
Que sa mère a cachée au reste de la Grèce. ^ 10
Mais non, l'amour d'un frère et son honneur blessé ' . > a*^
SoDt lesano^idzes des soins dont vous êtes preâé : 12
Cette smfderegner, que rien ne peut éteindre.
L'orgueil de voir vingt rois vous servir et vous craindre, 14
Tous les droits de l'empire en vos mains confiés.
Cruel ! c^est à ces dieux que vous sacrifiez ! 16
Et, loin de repousser le coup qu'on vous prépare.
Vous voulez vous en fidre un mérite barbare : 18
Trop jaloux d'un pouvoir qu'on peut vous envier.
De votre propre sang voi^ coojr^ le payer, 20
Et voulez par ce prix épouvanté t ^audace
De quiconque vous peut disputer votre place. 22
Est-ce donc être père ? Ah ! toute ma raison
Cède à la cruauté de cette trahison. 24
Un prêtre, environné d'une foule cruelle.
Portera sur ma fille une main criminelle, 26
Déchirera son sein, et, d'un œil curieux,
Dans son cœur palpitant consultera les dieux! 28
Et moi, qui l'amenai triomphante, adorée.
Je m'en retournerai seule et désespérée ! 30
Je verrai les chemins enoor tout parfiimés
Des fleurs dont, sous ses pas on les avait semés ! 32
Non, je ne l'aurai point amenée au supplice ; \ \
Ou vous ferez aux Grecs un double sacrifiç^^ .^ /^ '• ^
Ni crainte ni respect ne m'en peut détacfiSrt l_^^/^ \ t ' '
De mes bras tout sanglants il faudra l'arracher, v / ^q
Aussi barbare époux qu'impitoyable père.
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▲ OTI lY, BOÈHI TI. 179
Venez, si vous l'osez, la ravir à sa mère.
Et vous, rentrez,^' ma fille; et du moins à mes lois 2
Obéissez enorar pour la dernière fois.
Nom Ara» BsiBiBion.— ' MaI tMiirés, AMtta<tii^.«^Bi«ii,|mp«r<y. —
s Détour, diêffuûe. — * Je se m'attendais pas» / did nai expecL — * Qoe
vous dussiez; vhieh you were to. — < Vous Tayies emporté, jfou had «mi-
quered, — "^ Défendre, forbid. — ' Ne tous assarez point» place no d^
pendenee. — ' D faat céder, we mutt yieïd. — ^^ Reçoi la hère for rêçoiê.-^
i> De qui tous êtes née,yVoiii whom you are dêêeended. — i* Thyestes.—
>' Bourreau, thâ murderer.^^^* Faites ohereher à Sparte, hinç fiçm
Sparta. — ^ Moitié^ wi/e. — ^* Me déchirant le flano; Uaring my Amt!— >
^' Rentres^ ^ In.
SCÈNE V.
AGAMEMNON.
fî"
A de moindres fureurs je n'ai pas dû m'attendre ; '
Voilà, voilà les cris que je craignais d'enteàSrjè^ ' «^t^^
Heureux si, dans le troublç çà flottent mes esprits, 8
Je n'avâtâ toutèfbt^' à craindre que ces cris !
Hélas ! en m'imposant une loi si sévère, 10
Grands dieux ! me deviez-vous laisser un cœur de père !
SCÈNE VI.
AGAMEMNON» ACHILLE.
ACHILLB. 14
Un bruit assez étrange est venu jusqu'à m<n,^
Seigneur; je l'ai jugé trop peu digne de foi* 16
On dit, et sans horreur je ne puis le redire,*
Qu'aujourd'hui par vg|re ordre Iphîgénie «OEpira^ /
Que vous-même, étfetiffi&it tout sentimeiit ^iuûain,
Vous l'allez à Gslchas livrer de votre main : 20
On dit que, sous mon nom à l'autel appelée.
Je ne l'y oonduisaia que pour être immolée ; 251
Et que, d*tm fiuix h jmcn naos abusant* tous diux,
18
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190 ipaiaftvis.
Vous Touliez me ohaifir d*iiB emploi m konteùx.
Qu'en ditae-Toufl» edgaeurl Que £miM1 qve j'en pense 1 2
Ne feree-YOus pas taire^ un brait qui vous oftnael
AOAMSMKON. 4
Seigneur, je ne rends point compte de mes desseins^
Ma fille ignore encor mes ordres souverains ; 6
Et, quand il sera temps qu'elle en soit informée,
Vous apprendrez son sort : j'en instruirai l'armée. 8
▲CHUJEiB.
Ail ! je sais trop le sort que tous ]«! reserpesE» * 10
Pourquoi le demander, puisque tous le savez? 12
AOHILLB.
Pourquoi je le demande? Ok eid^ le puis-je croire, 14
Qu'on ose des fureurs avouer la plus noire 1
Vous pensez qu'approuvant vos desseins odieux, 16
Je vous laisse imm<der votre fille à bemc jeu?
Que ma foi, mon amour, m<m honneur j ccAsente 1 18
AOAXBlfNOH.
Mais VOUS, qui me parlez d'une voix menaçante, 20
Oubliez-vous ici qui vous interrogez 1
AOHILUB. 22
Oubliez-vous qui j'aime et qui vous outragez ?
AOAMEVKOK. 24
Et qui vous a chaîné du soin de ma &mille ?
Ne pourrai-je, sans vous, disposer de ma fille ? 26
Ne suis-je plus son père ? Ête»-vous son époux?
Zt ne peut-elle..* 28
AOEtntiS.
Non, die n'est plus i vous :* 80
Opoie^'abusepoint^lMr deSjpromempivaiiies, . .
>Tàhf*q1iW4^&tfe'^^'^g couferaàiSià im^eixÈm, , . V-^82
Vous deviez à mon sort, unir tous ses moments ; \7
Je défendrai mes droits fondés sur vos serm^ts^^ .X^^ 84
Et n'est-oe pas pour moi que vous l'avez mandée ?
. AOAKBinroir. 86
Plaignez-vous déoe i^uc diéàar qui me l'ont demandée :
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AOTi XT, •êiirs Yi. 181
Accusez et Galclias efc le cftmp tout cm^r,
Ulysse, Ménélas, et tous tout le premier. 2
AcmtiB.
Moi! 4
ASAMSHKON.
Vous qui, de l'Asie embrassant la conquête, 6
Querellez tous les jours le déL qui vous arrête ;
Vous qui, vous offensant de mes justes terreurs, 8
Avez dans tout le camp répandu vos fureurs.
Mon cœur pour la sauver vous ouvrait une voie ; 10
Mais vous ne demandez, vous ne cherohez que Troie.
Je vous fermais le dunnp où vous voulez courir : 12
Vous le voulez, partez ; sa mort va vous Couvrir.
ACHILLl^ > 14
Juste ciel ! puis-je entendre et souffirir ce kngage t
Bst-ce ainsi qu'au parjure on «oute Poçtrage ) ) » 16
Moi, je voulais partir aux dépe^S^^ ses jour? t ^
Et que m'a Mt à moi cette Troie où je coursl 18
Au pied de ses remfi&^&'^nél intérêt m'appdilef
Pour qui, sourd à la voix d'une mère immort^e 20
Et d'un père éperdu négligeant les avis,
Vais-je y chercher la mort tant prédite à leur fils 1 22
Jamais vaisseaux partis des rives du Scamaodre^
Aux champs thessali^is osèrent-ils deso^idre? 24
Et jamais dans Lsoisse' un lâche ravisseur
Me vint-il eidever ou ma femme ou ma sœur % 28
Qu'ai-je à me plaindre? où sont les pertes que j'ai flûtes 1
Je n'y vus que pour, vous, barbare que vous êtes ; 28
Pour vous, à qui des Grecs moi seul je ne dois rien ;
Vous, que 'fsà. ùÀt nommer et leur chef et le mien ; // 80
Vous, que mon bras vengeait dans Lesbos enflai£^e,'* ''
Avant que vous eussiez assemblé votre armée. 82
Et quel fut le dessein qui nous assembla tous ?
Ne courons-nous pas rendre Hélène à son épova ? 84
Depuis quand pens&i-on qu'inutile à .moi-même,
Je me laisse ravir une épouse que j'aime 1 86
Seul d'iBi honteux afflxmt votre frère blessé
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182 ZFHiaÉNix^ .
A-t-il droit de venger son amour (^Snpé )
Votre fille me plut; je prétendis lui plaÎM; ^i^./j^^ ^
Elle est de mes serments seule dop^tay^r '
Content de son hymen, vaisseaux, armes, soldats, 4
Ma foi lui promit tout, et rien à ^^^^^>y^iy,/^,,y^,ji^^
Qu'il poursuive, s'il veut, son épouse enlevée, f^ (uAt^<jU^
Qu'il cherche une victoire à mon saïïg réservée : ^^
Je ne connais Priam, Hélène, ni Paris : 8
Je voulais votre fille, et ne pars qu'à ce prix,
AOAMXMNON. 10
Fuyez donc, retournez dans votre Thessalie.
Moi-même je vous rends le serment qui vous lie. 12
Assez d'autres viendront, à mes ordres soumis,
Se couvrir des lauriers qui vous furent promis ; 14
Et, par d'heureux exploits forçant la destinée,
TVouveront d'Ilion fo fatale journée. / ^ /> ^*
J'efitfévois Vo3 lèêprià,' êt^fuge,! vo^s'd^oùrs,' '^^^--
Combien j'achèterais vos supisrbes secours. 18
De la Grèce déjà vous vous rendez l'arbitre ;
Ses rois, à vous ouïr, m'ont paré d'un vain titre. 20
Fier de votre valeur^^ii>. si^ vo^ A c^Qîgj
Doit marcher, doit ii^fr, ctdit tretnl)Ie^^us vos lois. 22
Un bienfiiit r^oclîê Jlifi^ttbujours lieu^* d'offense :
Je veux moins de valeur, et plus d'obéissance. 24
Fuyez. Je ne.orains pctî^t votre impuissant courroux,'
Et je romps tous les nœuds, qui m'attachent à vous. 26
AOHILLS.
Rendez grâce" au seul noeud qui retient ma colère : 28
Dlphigénie encor je respecte le père^
Peut-être, sans ce nom, le chef de tant de rois 80
M'aurait osé braver pour la dernière fois.
Je ne dis plus qu'un mot ; c'est à vous de m'entendre. 82
J'ai votre fille ensemble et ma gloire à défendre ;
Pour aller jusqu'au cœur que vous voulez percer, 84
Voilà par quels chemins vos coups doivent passer.
Kow Ain» Rnsanon.*-' Est vonn jnaqa'à moi ^«« t^ucHêA uni—
« Foi hdUf,-^ Bsdir% f^ pmU < Noos abusât tQos d«iu^ ûmMm§ «•
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AOTB !▼, BOftlTE VIII. 183
hoth. — B Ne ferez-TOYu pas tairez nnU you nui siience, — * Elle n'est plos à
vous» Miêfio Umger y€iwrè.-^f On ne m'aboM point par, lamnotto he
deceived hy,-^^ Soamander. — > Lari88a.^i° Tint toujoun lien d'offenae^
àlway* beeame an offense.— ^^ Rendez grâce, be thankfuL
SCÈNE VII.
AGAHEMNOK.
Et voilà ce qui rend sa perte inévitable.
Ma fille toute seule était plus redoutable. 4
Ton insolent amour, qui croit m'époùvanter,
Vient de hâter le coup que tu veux arrêter. 6
Ne délibérons plus. Bravons sa violence :
Ma gloire intéressée emporte la balance. 8
Achille menaçant détermine mon coeur :
Ma pitié semblerait un effet de ma peur. 10
Holà ! gardes, à moi !
SCENE VIII.
AGAMEMNON, EIJBYBATE;
EUBYBATE. * 14
Seigneur.
AGAMSMNON. 16
Que vais-je faire ?
Puis-je leur prononcer cet ordre sanguinaire ? 18
Cruel ! à quel combat faut-il te préparer !
Quel est cet ennemi que tu leur vas livrer ? 20
Une mère m'attend, une mère intrépide,
Qui défendra son sang contre im père homicide : 22
Je verrai mes soldats, moins barbares que moi,
Respecter dans ses bras la fille de leur roi. 24
Achille nous menace, Achille nous méprise :
Mais ma fille en estelie^ à mes lois moins soumise 1 26
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184 ZPHIOÉHIE.
Ma fille, de l'antel cherdbant à s'édiftpper,
Gémit-elle du oonp dont je la yeux frapper ? 2
Que dickje ? Que prétend mon sacrilège zèle?
Quels YŒUX, en l'immolant, formerai-je sur elle 1 4
Quelques prix glorieux qui me Bokxtt {proposés.
Quels lauriers/tpe plairont de son sang arrosés V 6
Je yeux ûéoh\à àes dteux la pmssanee suprême :
Ah ! quels dieux me seraient plus cruels que moi-même ? 8,
Non, je ne puis. Cédons au sang, à Pamîtié,
£t ne rougissons plus d'une juste pitié : 10
Qu'elle yiye-.' Mais quoi ! peu jaloux de ma giom,
Doifrje au superbe Achille acoorder la yîcfoire 1 '12
Son téméraire orgu^, que je yais redoubler.
Croira que je lui cède, et qu'il m'a fiiit t^mblw.^ aA^^
De quel frivole soin mon esprit s'embimÊ^r*^^-;',^^^^^
Ne puis-je pas d'ÂchiUe Immilier Faiidaoel' /" ^JÛ f ^
Que ma fille à ses yeux àéît'^iâi ôujet-d^eàfiui : • '^ ^yi/'^y^
n l'aime ; elle yiyra pour un autre que lui 18
Eurybate, appelez la princesse, la reine.
Qu'elles ne craignent point. 20
TScfim AND RsnEURQBi. — ^ Maû lia fille «n est-elle, but m my
dauffkter on that aeeownt.— > ArroeéB, tnoUtenêd, — > Qu'elle Tive, IH
kêrlive.
SCÈNE IX.
AGAMSMNOlSr, gabdu.
AOÀMSMIION.
Grands dieux! si yotare haine 24
Perséyère à youloir l'arracher de mes mains,
Que peuyent deyant yous tous les bibles humains ? 26
Loin de la secourir, mon amitié l'op|»rime ;
Je le sais : mais, grands dieux ! une telle yicttme 28
Vaut bien que, oonfirmant yos rigoureiues loi%
Vous me la demaodiei une eaeoaâe fois. 20
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▲ 0TB IY| SGiHl Z. 185
SCÈNE X.
AOAMEMNON» CLYTEMNESTRE, IPHIGÉmE; ÉRIFUIU;
SURTBATB, DOBIB»
▲OAMBMHOH. 4
Allez, madame, allez; prenez soin de sa yie :
Je vous rends votre fille, et je tous la eonfie. 6
Loin de ces lieux cruels précipitez ses pas :
Mes gardes tous suivront, commandés par Areas ; 8
Je yeux bien excuser son heureuse imprudence.
Tout dépend du secret et de la diligence : 10
Ulysse ni Calcbas.n'ont point oicor parlé ;
Gflurdez que^ ce départ ne leur soit révélé. 12
Cachez bien votre fille ; et que tout le camp croie
Que je la retiens seule, et que je vous renvoie. 14
Fuyez. Puissent les dieux, de mes larmes contents,
A mes tristes regards ne Tofirir de longtemps ! 16
Gardes, suivez la reine.
CLTTXMHBSTBE. 18
Ah seigneur !
IPHmÉNIB. 20 "
Ah mon père!
f . , ' A0AMEMK027, // 22
Pr^vignez de Galchas Fempressement' sévère :
Fuyez, vous diaje. Et moi, pour vous favoriser, 24
Par de feintes raisons je m'en vais Tabuser :'
Je vais faire suspendre une pompe funeste, 26
Et de ce jour, au moins, lui demander le reste.
No» AMD BnMNon. — ^ Qsrdai que^ h«w€we Utt.'^ Emprenement»
afUfUtjf. — s Je m'en yaift rabaser, IwUl deceive hm.
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186 tPHIOÉViB.
^
SCÈNE XI.
ÉRIPHILE^ DORIS.
ériphujl
SuiMiK» : oe n'est pas là, Doris, notre chemin. 4
DOBIS.
Vous ne les suives pas 1 6
ÉKIFUILB. Q^
Ah! jesaooombeenfin. j^^^^^^
Je reconnais l'efl^ des tendr^ses d'Achille. ;« ^'^ - y
Je n'emportem point une rage inutile x ^ \ 10
Plosdé'raisons; il fimt on la perdre ou périr.
Viensi te disje. A Galcfaas je vais tout découvrir. 12
■•»•«»
ACTE CINQUIEME.
SCÈNE I.
IPHIGÉNIE; iEGINfi.
IPHIOÉNIB. 16
Cesse de m'arrôter.' Va, retourne à ma mère, " ^
.^l^ne : il &ut des dieux apaiser la colère. . ^ • ^..^ , 18
Pour ce sang malheureux qu'on veut leur dgrober, , ' t "^
Regarde quel orage est tout prêt à tomber, 20
Considère l'état où la reine est réduite ;
Vois comme tout le camp s'oppose à notre fuite, 22
Avec quelle insolence ils ont, de toutes parts,'
Fait briller à nos yeux la pointe de leurs dards. 24
Nos gardes repoussés, la reine évanouie...
Ah ! c'est trop l'exposer: souffre que je la fuie; ^ 26
Et, sans attendre ici ses secours^ impuissante^ ^^ - *%
Laisse-moi profiter du trouble de ses sens. ' 28
Mon père même, hélas I puisqu'il faut te le dire.
Mon pore, en me, sauvant, ordonne que j'expire. 30
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AOTB ▼, BOÈVB II. 187
JBOIHB.
Lui, madame ! Quoi donc ? qu'est oe qui s'est passé 1 2
iphioénus.
AchUle, trop ardent, l'a peut-être offensé : 4
Mais le roi, qui le hait, veut que je le haïsse ;'
Il ordonne à mon cœur cet affreux sacrifice ; 6
n m'a fait par Ârcas expliquer ses souhaits ;
JE^ine, il me défend^ de lui parler jamais. 8
MQVSTE,
Âh madame! 10
IPHIOÂNIE.
Ah sentence ! ah rigueur inouïe ! 12
Dieux plus doux, vous n'avez demandé que ma vie!
Mourons, obéissons. Mais qu'est-ce que je voi ? 14
Dieux ! Achille !
Notes and BxrsBXSCMB, — ' M'arréter, to detain tnê.^* Do toutes
parta^ on ail êidei, — s M. p. 872. — * Il me défend, hê/orhidi nu.
SCÈNE II.
ACHILLE, IPHIGÉNIE.
ACHILLE. 18
Venez, madame, suivez-moi :
Ne craignez ni les cris ni la foule impuissante 20
D'un peuple qui se presse autour de cette tente.
Paraissez ; et bientôt, sans attendre mes coups, 22
Ces flots tumultueux s'ouvriront devant vous.
Patrocle, et quelques chefs qui marchent à ma /sniite, 24
De mes Thessaliens vous amènent l'élite :
Tout le reste, assemblé prèç de mon étendard, 26
Vous oflfre de ses rangs l'invincible rempart.
A vos persécuteurs opposons cet asile : 28
Qu'ils viennent vous chercher sous les tentes d'Achille;
Quoi ! madame, est-ce ainsi que vous me secondez? < 80
Ce n'est que par des pleurs que vous me répondez?
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M8 iFttioAvia.
Yçua fiez-Yous encore' à de ai ftiblee année 1
Hàtone^ioiie: votre père a déjà tu tos lirines. 2
IPRIGÉKIK.
Je le sais bien, seigneur : aussi tout mon espoir 4
N'est plus qu'au coup mortel que je vais recevoir.
ACHILLE. ' ' ', ^
)'.''' J. *
Vous, mourir ! Ah ! cessez de tenir ce langage/
Songez-vous quel serment vous et moi nous engage ? . '..-^.^
Songez-vous, pour trancher* d'inutiles discours,
Que le bonheur d'Achille est fondé sur vos jours 1 10
Le ciel n'a point aux jours de oette infortunée 12
Attaché le bonheur de votre des&ée*
Notre amour nous trompait ; et les arrêts du sort 14
Veulent que ce bonheur soit un fruit de ma mort.
Songez, seigneur, songez à ces moissons de glmre 16
Qu'à vos vaillantes mains présente la vîctoirç :, . , ^ / -
Ce champ si glorieux où vous ag^^ tous, '<*-'- ' '^'"^18
Si mon sang ne l'arrose,* est stérile pour vous.
Telle est la loi des dieux à mon père dictée : 20
En vain, sourd à Galchas, il l'avait rejetée ;
Par la bouche des Grecs contre moi conjurés, 22
Leurs ordres étemels se sont trop déclarés.
Partez ; à vos honn^irs j^i^porte trop d'obstacles. 24
^ ^ousfuiôme, â éjsas&z la fbl âe vos oracles :
^ SignaléaT ce héros à la Grèce promis ; 26
Tournez votre douleur contre ses ennemis.
Dé^à Pria^ P^^^L; ^^ Troie, ea alarmes, 28
Bedoutemoû^t^ucher,' et frémit de vos larmes.
Allez ; et dans ses murs vides de citoyens, 80
Faites pleurer ma mort aux veuves des Trojens :
Je meurs dans cet espoir satisfaite el^ tranquille. 82
Si je n'ai pas vécu^ la c ompay ie ^[Oléhille,
J'espère que du moins un heureux avenir 84
A vos &its immortels joindra mon sq^veni;:.
Et qu'un jour mon tr^^â^source de votre gloire, 86
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▲CTi y, soÈva ii. IMf
OuTrira le récit d^une m bdie lÙBtenro.
Adieu, prinoe; TiTWy digne race des dieux. S
Non, je ne reçois point tos funestes adieox* 4
En vain, par ces discours, Totre oraelle adretM
Veut servir votre père, et tromper ma tendreflie ; A
En vain vçus prétendez, o bs^tnée à mourir, ^ »
In^^^èr magloire à vousTffiierpérftr: ' "8
Ces moissons de lauriers, ees honneurs, ces coiiquétea,
Ma main, en vous servant, les trouve toutes prêtes. 10
Et qui de ma &veur se voudrait honorer,
Si mon hymen prochain ne peut vous assurer 1* 12
Ma gloire, moit amour, vous ordonnent de vivre :
Venez, madame ; il fiiut les en croire, et me sûvre. 14
IPBIOiRIB.
Qui ? moi, que, contre un père osant me révolter, lA
Je mérite la mort que j'irais évitai
Où serait le respect et ce devoir suprême... 18
AOHILLB.
Vous suivrez un époux avoué* par lui-même. 20
Cest un titre qu'en vain il prétmd me voler.
Ne &it-il des serments que. pour les, violer 1 ^ j 22
Vous-même, que relient un devoir si sévère, '
Quand il vous domie à moi n'est-il point votre perel 24
Suivez-vous seulement ses ordres ahsolus-
Quand il cesse de l'être et ne vous oonnait plus î 26
Enfin, c'est trop tarder, ma princesse ; et ma crainte...
mnoÉHii. 28
Quoi, sei^eur !^us.ix;i0a jusquee à la con^rainteî
D'uli^ coupable franq)ort&co\;tanfr la cl|a]^ '" ! ' ^
Vous pourriez ajouter ce c^ïûl>le^ à nm inalheur f
Magloire vous serait moins "çhère que ma vie 1 82
Ah seigneur ! épargnez la triste Iphigénîe.
Asservie^ à des lois que j'ai dû respecter, d4
(Test déjà trop pour moi que de voua écouter :
Neportezpasplusloin votre injoate victoire; M
Ou, par mes pr<q[Kres mains imm<^ée à ma gl<nre
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IM xFBiaiirxB.
Je maxtl m'afirànoh^i'^'âaïui ces extrimitéa»
Du secoim dangereux que vous me présentes. 2
AOHILLK.
Eh bien, n'en parlons plus. Obéissez, oruélle, 4
Et cherchez une mort qui vous semble si belle :
Portez à votre père un cœur où j'entrevoi" 6
Moins dp respe^ ppu^r lui (me ^e haii^e pour moL
ï^^ltnê^jiiite ftlreîit sWpare àB\^(xa^%Aè\'^''^^^^'^^ 8
Vous allez à Tautel ; et moi j'ycoim. m^me. " \^ ,
Si de sang et de morts le ci^ est àn»5ie, l^'^'^ '^ ^-^"^Jk^ 10
Jamais de plus de sang ses Autels n'ont fumé. ^^ ^ v^^^^
A mon aveugle amour tout sera légitime : r '^ ' U 12
Le prêtre deviendra la première victime ;
Le bûcher, par mes mains détruit et renversé, 14
Dans le sang des bourreaux nagera dispersé ;
Et si, dans les horreurs de ce désordre extrême, 16
Votre père fraDpé^tomb^ et périt lui-même^ '' • ' r
Alors, de vos r^'ecits voyant les tristes fruitîs, 18
Reconnaissez les (|dups que vous aurez conduits.
IPHIGÉHIB. * 20
Âh seigneur ! ah cruel !... Mais il fuit, il m'édbappe.
O toi qui veux ma mort, me voilà seule, frappe, 22
Termine, Ju§te ciel, ma vie et mon effroi,";
Et lartϔci des traits qui n'accablent que moi ! 24
Kom AND BimoroBB. — ^ Marchent à ma suite, folhuf me. — > Vous
fies-TOOfl encore à, do you tHU place confidence in, — > De tenir ce lan-
gage, to êpeak to ; M. L. 90, B. 2. — ^ Trancher, ahridge. — ' Si mon Bfltag
ne Tarrose, unlest my hhod moisienê «<.— ^ Bûcher, fanerai pile. — "^ From
vivre, 11 p. 890. — > Vous aesnrer, inwre your eafety. — » Avoués aekncwl*
vdgûd, — ^^ Aaservie, m/iô^eUdé — " J'entreyoi, Iperceive.
SCÈNE III.
GL7TEM5EBXBS, IPHiaÉNÏB; MGUSTB, EUBTBATE;
OLTmarxsTBB.
Oui, je la défendrai contre toute l'armée. 38
Lâches, vous trahissez votre reme opprimée!
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AOTB Yj lOtirB XXI. 191
XURTBATX.
Non, madame : il suffit que vous me commandiez ; 2
Vous nous verrez combattre, et mourir à vos pieds.
Mais de nos faibles mains que pouvez-vous attendre V 4
Contre tant d'ennemis qui vous pourra défendre î
Ce n'est plus* un vain peuple en désordre assemblé ; 6
Cest d'un zèle fatal tout le camp aveuglé.
Plus de pitié. Calçhas, sei4 règne, seul commande : 8
La piété sévère exige son df&ande.
Le roi de son pouvoir se voit déposséder, 10
Et lui-même au torrent nous contraint de céder.
ÂchiUe à qui tout cède, Achille à cet orage 12
Voudrait lui-même en vain opposer son courage :
Que fera-t-il, madame î et qui peut dissiper 14
Tous les flots d'ennemis prêts à l'envelopper ?
CLTTSMNBSTRE. 16
Qu'ils vieiment donc sur moi prouver leur zèle impie,
Et m'arrachent ce peu qui me reste de vie ! 18
La mort seule, la mort pourra rompre les nœuds
Dont mes bras nous vont joindre et lief toutes deux : 20
Mon corps sera plutôt séparé de mon âme,
Que je souf&e jamais... Ah ma fille ! 22
IPHIQÉKIE,
Ah madame ! 24
Sous quel astre cruel avez-vous mis au jour
Le malheureux objet d'une si tendre amour ! 26
Mais que pouvez-vous &ire en l'état où nous sommes ?
Vous avez à combattre et les dieux et les hommes. 28
Contre un peuple en fureur vous exposerez-vous 1
N'allez point dans un camp, rebelle à votre époux, 30
Seule à me retenir vainement obstinée» * ; h
Par âès'sddats^ut-étre indignement tn^ée, 82
Présenter, pour tout fruit d'un déplorable eflfort.
Un spectade à mes yeux plus cruel que la mort. 34
Allez ; laissez aux Grecs achever leur ouvrage.
Et quittez pcNir jamais un xnalheureux rivage; 86
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xrsitttviY.
Du bûcher qpi m'attend, trop yoiain de oes lieux,
La flamme de trop près viendrait frapper vos jenz. %
Surtout, ai voua m'aimea par cet amour de mère,
Ne reproebaa jamais mon trépaa à mon père, 4
Lui, par qui voira eœur à Galdaa prèaenté... 6
iPHioÉana. '>/.•'•*""
Pour me rendre* à vos pleurs que n*a-t-il point tebti 1 / 8
0L7TKMNX8TBB,
Par quelle trahison le cruel m'a déçue! ^ ^ \y 10
IPHIGÉHIB. ^.' ^
n me cédait aux die|ix,dont il mV^va^t reçue» f -.'" 12
Ma mort n'empoî^ pas -tout le frui^ de Vos fcux :
De l'amour qui vous joint vous avez d'autres noeuda ; 14
Vos jeux me reverront dans Oreste mon frère.
Puisse-t-0 être,* hélas ! moins funeste à sa mère ! 16
D'un peuple impatient vous entendez la voix.
Daignée m'ouvrir vos bras pour la dernière fois, 18
Madame; et, rappelant votre vertu sublime...
Eurybate, à l'autel conduisez la victime. 30
Noff» AVD Ramnoii.— > Attendre, expêet,—^ Ce n'est plus, itUno
Unffêr, — * Pour me rendre, to rutcre me, — * Paiise-t-il être, may ke be.
SCÈNE IV.
OITTXICVMTRX.
Ah ! voua n'irez paa saule; at je ne préteuda paa^ 24
Maia on se jette «a ibule aa^daifant de mes paSi
Parfidea I contentai votre aoif sanguinaire. 90
Oà courei-vous, madamef Et que ^rwAtm^fom &k% ? S8
dby Google
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▲ CTB ▼, totiri iv. MB
Hélas ! je me £p£umê^ëll^p^iy^ 2
Et reot:^ a\i'n^tiMe aâreuz dont à peine je sors/
Mourrai-je tant de fois sans sortir de la yie ? 4
JSGINS.
Ah ! savez-YOus le crime, et qui vous a trahie, 6
Madame î Savez- vous quel serpent inhumain *
Iphigénie avait retiré* dans son sein î 8
Ériphile, en ces lieux par vous-même conduite,
A seule à tous les Grecs révélé votre fuite. 10
CLTTEMNSSTRE.
O monstre, que Mégère en ses flancs a porté !' 12
Monstre que dans nos bras les enfers ont jeté !
Quoi ! tu ne mourras point ! quoi ! pour punir son crime... 14
Mais où va* ma douleur chercher une victime ?
Quoi ! pour noyer les Grecs et leurs mille vaisseaux, 16
Mer, tu n'ouvriras pas des abîmes nouveaux ! , ^
Quoi ! lorsque, les chassant du port qui les recèle, 18
L'Aulide aura vomi leur-flotte criminelle.
Les vents, les mêmes vents si longtemps accusés, 20
Ne te couvriront pas de ses vaisseaux brisés ! ^^' '
Et toi, soleil, et toi, qui dans cette contrée StU
Reconnais Phéritier et le vrai fils d'Atrée,
Toi,^quili'osa^du père éclairer le festin, 24
Beéuîèfffî iSkKïïtappris* ce funeste chemin !
Mais cependant, oh del ! 6 mère infortunée! 86
De festons odieux ma fille couronnée
Tend la gorge aux couteaux par son père apprêtés. 28
Calchas va dans son sang... Barbares, arrêtez ! . ... .. ' j J
Cest le pur sfmg du dieu qui lance le tonnerre... 80
J'entends gMfbèsr là foudre, et sens trembler^la terre;
Un dieu vengeur, un dieu &it retentir ces coups. ^ . 82
Nom AVD BiTEBXNGBB. — ^ M. p. 886.-2 Eetîré, ihdteréd.-^^ Que
Mégère en tes flanei s porté! the offtpring of Megma (one of the
Furies).—^ VettpOL— «Ikt^oiDtapprii^ tht^ k8i9e t^mgki ihm.
9
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IM IPBIOÉHIS.
SCÈNE V.
CLTTEBOrESTBi; JEGUŒ, ABCAS^
ABCA8.
N'en donîëz point, madame, un dieu combat pour vous. 4
^ Achille en ce moment exauce^ vos prières ;
n a brisé des Grecs les trop faibles barr^r^^ 6
Achille est à Fautel. Cîalchas est éperda*:^ ^ ' ' ^^CfO p
Le £ital sacrifice est encor suspend^. ^ a '. > ^ {.[S^^
On se menace, on court, l'air gémit, le fer briUe:^ '* ' '
Achille a fait ranger* autour de Votre fUle . : ^ 1^
Tous ses amis, pour lui prêts à se dévouer.
Le triste Agamemnon, qui n'ose l'avouer, ,12
Pour détourner ses jeux des meurtres qu'il pesage,
Ou pour cadier ses pleurs, s'est voilé le visage. 14
Venez, puisqu'il se tait,' venos^^ar yos dkcoui^ à^
De votre défenseur appuyer le socoil^C^^ *" '^>, ' •. ' r ly/P^U
Lui-même, de sa main de sang toute fumante, ^ . . * '
n veut entre vos bras remettre son amante ; 18
Lui-même il m'a chaîné de conduire vos pas.
Ne craignez rien. 20
CLTTEMNESTRE.
Moi, craindre ! Ah ! courons, cher Arcas ! 22
Le plus afireux péril n'a rien dont je pâlisse.
J'irai partout... Mais, dieux ! ne vois-je pas Ulysse î • 24
CTest !uL Ma fille est morte ! Arcas, il n'est plus temps!*
Nom AVD Bvxisiron.— ' Exauce, /uffilê.--^ A fait ranger autour,
hoêplaeed araund,'^ Puisqu'il se tait, 9inee ke m iilent^'^ Il n'est plus
tsmpi^ UiêtoQ laie.
SCÈNE VI.
ULTBSS; QLTIEMNESTBE, ABGAS» JSGINE» QàxuB,
ULTSSE^ 28
Non, votre ^^ vit,^ et les dieux sont contents,
Basaurei-vous: le dd a voulu vous la rendre. 80
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4
ACTS y, SCÈITB TX. 195
OLTTEMIIXSTBX.
Elle Tit ! et c'est vous qui yenez me l'apprendre ! 2
ULYSSE.
Oui, c'est moi, qui longtemps cpntre elle,efc contre yous
Aï cru devoir, madame, affemûrvoti^ epàit;
Moi qui, jaloux tantôt de Thonneur tie nos armes, 6
Par d'austères conseils ai fait couler vos larmes ;
Et qui viens, puisque enfin le ciel est apaisé, 8
Réparer tout l'ennui* que je vous ai causé.
CLTTEMNESTRE. 10
Ma fille ! Ah prince ! Oh ciel ! Je demeure éperdue.
Quel miracle, seigneur, quel dieu me Ta rendue ? 12
ULYSSE.
Vous m'en voyez moi-même, e^ cet^e^eux moment, ' J4
Saisi d'Borreur,'~dë7ôîe et de làv^jement. * . - -^ • •
Jamais jour n'a paru si mortel à la Gçèce^ 16
Déjà de tout le camp la dfëœrde'niaîltésrfe^ ' ^'
Availf sur tous les yeux mis son bandeau ûital, 18
Et donné du combat le funeste signal.
De ce spectade affreux votre fille alarmée 20
Voyait pour elle Achille, et contre elle l'armée :
Mais, quoique seul pour elle, Achille furieux 22
Épouvantait l'armée, et partageait' les dieux.
Déjà de traits* en l'air s'élevait uy nuagjS-; 24
Déjà coulait le sang, prémices (!« carnigè :
Entre les deux partis Cakhas s'est avancé, 26
L'œil &rouche, l'air sombre, et le poil hérissé,*
Terrible, et plein du dieu qui l'agitait sans doute : 28
** Vous, Adiille, a-t-il dit, et vous, Grecs, qu'on m'écoute.
" Le dieu qui maintenant vous parle par ma voix 80
'^ M'explique son oracle et m'instruit de son choix.
^' Un autre sang* d'Hélène, une autre Iphigénie 32
" Sur ce bord immolée y doit laisser sa vie.
" Thésée avec Hélène uni secrètement, 84
" Fit succéder l'hymen à son enlèvement :
" Une fille en sortit^' que aa mère a celée ; 88
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IM iFBtOÉirxs.
^ Da nom dlpbigénie elle fat appelée.
''Je vis moi^néme alors ce fruit* de leun amoimi 2
^ D^uQ sinistre avenir je menaçai ses jours.
^Sous un nom emprunté sa noire destinée 4
'* Et ses propres fureurs ici l'ont amenée.
^ Elle me voit, m'entend ; elle est devant vos jeux ; 6
*'Et c'est elle, en un mot, que demandent les dieux.'*
Ainsi parle Galchas. Tout le camp immobile 8
L'écoute avec frajeur, et regarde Ériphile.
Elle était à l'autel, et peut^tre en son cœur 10
Du &tal sacrifice accusait la lenteur.*
Elle-même tantôt, d*une course subite, 12
Était jenue au^j^ Grecs annoncer votre fuite.
On admire en secret sa naissance et son sort 14
Mais, puisque Troie enfin est le prix de sa mort,
L'arméa à haute voix se déclare contre elle, 16
Et prononce à Calchas sa sentence mortdle.
Déjà pour la saisir Calchas lève le bras. 18
** Arrête, a-t-elle dit, et ne m'approche pas. *
^ Le sang de ces héros dont tu me Êûs desoendre 20
*' Sans tes pro&nes mains saura bien se répandre."
Furieuse elle vole, et sur l'autel prochain 22
Prend le sacré couteau, le plonge dans son sein.
A peine son sang coule et fait rougir la terre, 24
Les dieux font sur l'autel entendre le ionnerré/ ^ . ^ . M^' * '
Les vents agitent l'air d'heureux frératsêéments,'^ ' ' /^ ^ t* 26
Et la mer leur répond par ses indgîîK^ùiétits y\^rÀ^\Ar^Jj
La rive au loin gémit, blanchissante d'écizme ; /28
La flamme du bûcher d'elle-même s'allume ; //
Le ciel brille d'édairs, s'entr'ouvre, et parmi nous ^ 80
Jette une sainte horreur qui nous rassure tous.
Le soldat étonné dit que dans une nue 32
Jusque sur le bûcher Diane edt descendre,
Et croit que, s'élevant au tfavers de ses fôux, 84
Elle postait ^\\ ciel notre jencêns et nds vœux.
Tout slltiipVessei^'lout part La seule Iphigénie 86
Dans ce ocuxunnn bonheur pleure soft eâaemie»
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ACTE T, SOtVI YI. 19T
Des mains d*Âgamemnon venez la recevoir :
Venez. Achille et lui, brûlant de vous revoir, 2
Madame, et désormais tous deux d'intelligence,'*
Sont prêts à confirmer leur auguste alliance. 4
CLTTEMNESTRE.
Par quel prix, quel encens, ô ciel ! puis-je jamais 6
Récompenser Achille, et payer tes bien&its !
NoTBB AMD BEvraonrcBi. — > M. p. 890. — ^ Ennui, «orroMi— ^ Partageante
êmded. — * Traita^ arrow$, — s Le poil hérissé^ and wUh ereet Aotr.—
* Sang, daughter, — f Sortit^ «mm bom,'-^ Fruit, ehild. — ' Aceutait la len-
tenr, hlamed tks dehy, — ^^ D'intelligence^ reconcUid, lit agrtêd.
WtS D^IPHiaÉNIEt
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E s T H E R ,
TRAGÉDIE.
ÀaBuàKU^^ roi de Perse.*
lEmoM, reine de Perse.
Haedochki;' oncle d'Esther.
.AxAH, fisTori d'Asenérus.
2lABài» femme d'Aman.
Htpasp^* officier dn palais in-
térieur d*Assnénia.
ACTEURS.
AsAFH, antre officier d'Asanérok
ÉusXfS confidente d'Ësther.
Tbamar, Israélite de la suite
d'Esther.
Gabdes du roi d'Assnéni&
Chous de jennes filles israélitea.
La Ètàxx anr a Susi^* dans le palais d'Assuéei».
ACTE PREMIER.
Le théâtre représente Vappartement cTJSèther,
SCÈNE I.
ESTHER, ÉLISE.
ESTHER.
Est-oe toi, chère Élise? O jour trois fois heureux ! 6
Que béni^ soit le ciel qui te rend à mes vœux !
Toi qui, de Benjamin comme moi descendue, 8
Fus de mes premiers ans la compagne assidue,
Et qui, d'un même joug souffrant Toppression, 10
M'aidais à soupirer les malheurs de Sion !
Combien ce temps encore est cher à ma mémoire ! 12
Mais toi, de ton Esther ignorais-tu la gloire 1
Depuis plus de six mois que je te &is cherdier, 14
Quel climat, quel désert a donc pu te cacher 1
ÉLISE. 16
Au bruit de votre mort justement éplorée,'
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▲ O.TE I, tOtVE I. 109
Du reste des humains' je vivais séparée,
Et de mes tristes jours n'attendais que la fin, ' 2
Quand tout à coup, madame, un prophète divin :
^' Cest pleurer trop longtemps une mort qui t'abuse ;** 4
*' Lève-toî, m'a-t-il dit, prends ton chemin vers Suse:
'^ Là tu verras d'Esther la pompe et les honnenrsi 6
^ Et sur le trône assis le sujet de tes pleurs.
^ Rassure, ajouta-t-il, tes tribus alarmées, 8
*' Sion ; le jour approche où le Dieu des armées
" Va de son bras puissant &ire éclater Pappui ; 10
'* Et le cri de son peuple est monté jusqu'à luL"
n dit ; et moi, de joie et d'horreur pénétrée, 12
Je cours. De ce palais j'ai su trouver l'entrée.
O spectacle ! ô triomphe admirable à mes jeux, 14
Digne en effet du bras qui sauva nos aïeux !
Le fier Assuérus couronne sa captive, 16
Et le Persan superbe est aux pieds d'une Juive !^*
Par quels secrets ressorts, par quel enchainement 18
Le ciel a-t-il conduit ce grand événement ?
XSTHER. 20
Peut-être on t'a conté la &meuse disgrâce
De l'altière Vashti, dont j'occupe la place, 22
Lorsque le roi, contre elle enflammé de dépit,
La diassa de son trône ainsi que de son lit. 24
Mais il ne put sitôt en bannir la pensée :
Vasthi régna longtemps dans son àme offensée. 26
Dans ses nombreux États il fiJlut donc chercher
Quelque nouvel** objet qui l'en pût détacha:. 28
De l'Inde à l'Hellespont ses esclaves coururent :
Les fijles de TÊgypte à Suse comparurent ;^*^ 30
Celles même du Parthe" et du Scythe" ind^pté
Y briguèrent le sceptre offert à la beauté. ^ * 32
On m^élevait alors, solitaire et cachée.
Sous les yeux vigilants du sage Mardochée : 34
Tu sais combien je dots à ses heureux secours.
La mort m'avait ravi les auteurs de mes jours ; 86
Mus lui, voyant en moi la fille de son firère,
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200 18THES.
Me tint lieu'*, chère Élise, et de père et de mère.
Du triste état des Juifs jour et nuit agité, 2
n me tira du sein de mon obscurité ;
Et, sur mes faibles mains fondant leur délivrance, 4
n me fit d'un empire accepter Tespéranoe.
A ses desseins secrets, tremblante, j'obéis; * 6
Je vins ; mais je cachû ma race et mon pays.
Qui pourrait cependant t'exprimer les cabales S
Que formait en ces lieux ce peuple de rivales,
Qui toutes, disputant un si grand intérêt, 10
Des yeux d'Assuérus attendaient leur arrêt ?**
Qiacune avait sa brigue et de puissants suârages : 12
L'une d'un sang fameux vantait les avantages ;
L'autre, pour se parer de superbes atours, 14
Des plus adroites mains empruntait le secours :
Et moi, pour toute brigue et pour tout artifice, 16
De mes larmes au ciel j'offrais le sacrifice.
Enfin on m'annonça l'ordre d'A'ssuérus," 18
Devant ce fier monarque, Élise, je parus.
Dieu tient le cœur des rois entre ses mains puissantes; 20
Il fait que tout prospère aux âmes innocentes.
Tandis qu'en ses projets l'orgueilleux est trompé. 22
De mes faibles attraits le roi parut frappé :
Il m'observa longtemps dans un sombre sUence ; 24
Et le ciel, qui pour moi fit pencher la balance.
Dans ce temps-là, sans doute, agissait sur sou coeur. 26
Enfin, avec des yeux où régnait la douceur :
** Soyez reine," dit-il ; et, dès ce moment même, 28
De sa main sur mon front posa lé diadème.
Pour mieux faire éclater^* sa joie et son amour, 80
Il combla de présents tous les grands de sa cour ;
Et même ses bienfaits, dans toutes ses provinces^ 82
Invitèrent le peuple aux noces de leurs princes.
Hélas ! durant ces jours de joie et de festins, 84
Quelle était en secret ma honte et mes chagrins !
Esther, disais-je, Esther dans la pourpre est assise ;** 86
La moitié de la terre à son sceptre est soumise ;
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▲ OTS I, 80Èirs X. 201
Et de Jérusalem l'herbe cache les murs !
Sion, repaire affreux de reptiles impurs, 2
Voit de son temple saint les pierres dispersées !
Et du Dieu d'Israël les fêtes sont ce'ssées ! 4
ÉLISE.
N'avez-vous point au roi confié vos ennuis 1 6
ESTHEB.
Le roi, jusqu'à ce jour, ignore qui je suis. 8
Celui par qui le ciel règle ma destinée
Sur ce secret encor tient ma langue enchaînée. 10
ÉLISE.
Mardocbée î Hé ! peut-il approcher de ces lieux 1 12
ESTHER.
Son amitié pour moi le rend ingénieux. 14
Absent, je le consulte ; et ses réponses sages
Pour venir jusqu'à moi trouvent mille passages : 16
Un, père a moins de soin du salut de son fils.
Déjà même, déjà, par ses secrets avis, 18
J'ai découvert au roi les sanglantes pratiques'*
Que formaient contre lui deux ingrats domestiques. 20
Cependant mon amour pour notre nation
A rempli ce palais de filles de Sion : 22
Jeunes et tendres fleurs, par le sort agitées,
Sous un ciel étranger comme moi transplantées. 24
Dans un lieu séparé de profanes témoins,
Je mets à les former mon étude et mes soins ; 26
Et c'est là que, ^yant l'orgueil du diadème.
Lasse de vains honneurs, et me cherchant moi-même, 28
Aux pieds de rÉternel je viens m'humilier,
Et goûter le plaisir de me faire oublier. 80
Mais à tous les Persans je cache leurs familles.
Il faut les appeler. Venez, venez, mes filles, 82
Compagnes autrefois de ma captivité,
De l'antique Jacob jeune postérité. 34
Notes and Rstebenoeb. — ^ AhaBuerus ; the • of the Frenoh is tounded,
as also tho r of Esther.— ^ Persia. — 3 Mordecai; the c^ in the French
n9m% bas the regtdar op th eound.— * Hydaspee.— » Eliaa.— • Shoahaa
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202^ B8THXB.
or Siua. — f Béni, hUued; ihe past participle of héMr is irregnUr (bénit)
onlj, when it mesne consecrated. — ^ Éplorée, grievecL-'^ Dea hamaina»
ofmankind. — *^Une mort qui t'abuse, afaUe death, — ^^ Juive, Jeteeaa,-^
u M. L. 13| R. 6. — *' Comparurent^ appeared; M. p. 862. — » Parthian. —
w Sojthian. — " Me tint lieu, toas to me. — ^f Arrêt, fate. — w Tbe s hère
ia silent, to make Auuéntê rhyme with parus, at ihe end of the next
line.— 1« Faire éclater, to exhibU,—^ M. L. 42, B. 6.— «i Pratiques^ projects.
SCÈNE II.
ESTHEB, ÉLISE, LE GHŒUB.
UNE iSRAâLiTB, chantatit derrière le théâtre.
Ma sœur, quelle voix nous appelle î 4
UNE AUTRE.
J'en reooniuds les agréables fsons : 6
Cest la reine.
TOUTES DEUX. 8
Courons, mes sœurs, obéissons.
La reine nous appelle : 10
Allons, rangeons-nous auprès d'elle.
TOUT LE CHŒUR, 12
entrant sur la ecène par plusieurs endroits différents.
La reine nous appelle : 14
Allons, rangeons-nous auprès d^elle.
ÉUSE, 16
CSel ! quel nombreux essaim dMnnoœntes beautés
S'ofire à mes jeux en foule, et sort' de tous côtés ! 18
Quelle aimable pudeur sur leur visage est peinte !*
Prospérez, cher espoir d'une nation sainte. 20
Puissent jusques au ciel vos soupirs innocents
Monter comme l'odeur d'un agréable encens ! 22
Que Dieu jette sur tous des regards pacifiques !
ESTHER. * 24
Mes filles, chantez-nous quelqu'un de ces cantiques
Où vos voix si souvent, se mêlant à mes pleurs, 26
De la triste Sion célèbrent les malheurs.
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UNS ISRAÉZJTB chante seule.
Déplorable Sion, qu'as-tu fait de ta gloire 1 S
Tout l'univers admirait ta splendeur,
Tu n'es plus que poussière, et de cette grandeur 4
Il ne nous reste plus que la triste mémoire.
Sion, jusques au ciel élevée autrefois, 5
Jusqu'aux enfers' maintenant abaissée,*
Puissé-je demeurer sans voix, 8
Si dans mes chants ta douleur retracée
Jusqu'au dernier soupir n'occupe ma pensée ! 10
TOUT LB CHOEUB.
O rives du Jourdain ! ô champs aimés des deux ! 12
Sacrés monts, fertiles vallées
Par cent mirades signalées ! 14
Du doux pays de nos aïeux
Serons-nous toujours exilées 1 15
uirx isBAÉLXTX, seuïe.
Quand verrai-je, ô Sion ! relever tes remparts,* 18
Et de tes tours les magnifiques &ites 1
" Quand verrai-je de toutes parts* 20
Tes peuples en chantant accourir à tes fêtes 1
TOUT LB OHOEUB. 22
o rives du Jourdain ! ô champs aimés des deux !
Sacrés monts, fertiles vallées 24
.Par cent mirades signalées !
Du doux pays de nos aïeux 26
Serons-nous toujours exilées?
KOTBS AND RBPBRBKCB& — » Sort, emerffât, eomes; M. p. 886.— • M. L. 4S^
R. e. — 3 Jusqu'aux enfers maintenant abaissée^ plunged now into tkê
hwest (%M.— « Relever tes remparts» thy ramparts riêe ttgain.-^ Parti»
SCÈNE III,
ESTHEB, MABDOCHÉE, ÉLIS^!, LE CHŒUR.
X8T9SB. W
Quel pro&ne en ce lieu s'ose^ avancer vers nouai
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904 xsTnzE.
Que vois-je ! Mardochée ! O mon père, est-ce vous 1
Un ange du Seigneur sous son aile sacrée 2
A donc conduit vos pas, et caché votre entrée 1
Mais d'où vient cet air sombre, et ce dlice affi*eux, 4
Et cette cendre enûn qui couvre vos cheveux î
Que nous annoncez-vous ? 6
MABDOCHÉS.
O reine infortunée ! 8
O d'un peuple innocent barbare destinée I
lisez, lisez l'arrêt* détestable, cruel... 10
Nous sommes tous perdus ! et c'est fSût d'Israôl I*
BSTHBB. 12
Juste ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace !
MARDOCHÉE. 14
On doit* de tous les Juifs exterminer la race.
Au sanguinaire Aman nous sommes tous livrés ; 16
Les glaives, les couteaux sont déjà préparés :
Toute la nation à la fois est proscrite. 18
Aman, l'impie Aman, race d'Amalécite,
A pour ce coup funeste armé tout son crédit ; 20
Et le roi trop crédule a signé cet édit.
Prévenu* contre nous par cette bouche impure, 22
n nous croit en horreur à toute la nature :
Ses ordres sont donnés, et, dans tous ses États, 24
Le jour fatal est pris pour tant d'assassinats.
Oieux, éclairerez-vous cet horrible carnage 1 26
Le fer ne connaîtra ni le sexe ni l'âge ;
Tout doit servir de proie aux tigres, aux vautours : 28
Et ce jouç el&oyable arrive dans dix jours.
ESTHXR. 20
O Dieu, qui vois former des desseins si funestes,
As-tu donc de Jacob abandonné les restes î 82
UNE DES PLUS JEUNES ISRAÂUTES.
Ciel, qui nous défendra, si tu ne nous défends 1 84
MARDOCRÂE.
Laissez les pleurs, Esther, à ces jeunes enfimts. 86
En vous est totttTeqpoir de vos i^alliraiwis frAres;
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AOTi X, soÈirs m. 905
n faut les secourir : mais les heures sont chères ;
Le temps vole, et bientôt amènera le jour ; 2
Où le nom des Hébreux doit périr sans retour.
Toute pleine' du feu de tant de saints prophètes, 4
Allez, osez au roi déclarer qui tous êtes.
E8THBA. 6
Hélas ! ignorez-vous quelles sévères lois
Aux timides mortels cachent ici les rois 1 8
Au fond de leur palais leur majesté terrible
Affecte à leurs sujets de se rendre invisible ; 10
Et la mort est le prix de tout audacieux
Qui sans être appelé se présente à leurs ^eux, 12
Si le roi dans l'instant, pour sauver le coupable,
Ne lui donne à baiser son sceptre redoutable. 14
Rien ne met à l'abrf de cet ordre fatal.
Ni le rang, ni le sexe ; et le crime est égal. 16
Moi-même, sur son trône à ses côtés assise,
Je suis à cette loi, comme une autre, soumise ; 18
Et, sans le prévenir, il, faut pour lui parler •
Qu'il me cherche, ou du moins qu'il me &sse appeler.* 20
MARDOCHÉS.
Quoi ! lorsque vous voyez périr votre patrie, • 22
Pour quelque chose, Esther, vous comptez votre vie !
Dieu parle ! et d'un mortel vous craignez le courroux ! 24
Que dis-je ? votre vie, Esther, est-elle à vous 1
N'est-elle pas* au sang dont vous êtes issue ? 26
N'est-elle pas à Dieu dont vous l'avez reçue 1
Et qui sait, lorsqu'au trône il conduisit vos pas, 28
Si pour sauver son peuple il ne vous gardait pas?
Songez-y bien ; ce Dieu ne vous a pas choisie 30
Pour être un vain spectacle aux peuples de l'Asie,
Ni pour charmer les yeux des profanes humains : 32
Pour un plus noble usage il réserve ses saints.
S'immoler pour son nom et pour son héritage, 34
D'un enfant d'Israël voilà le vrai partage :*•
Trop heureuse pour lui de hasarder vos jours ! 36
Et quel besoin son bras a-t*il de nos secours 1
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200 S8TBSB.
Qae peuvent contre lui tous les rois de la terre ?
En vain ris s'uniraient pour lui ûdre la guerre : 2
Pour dissiper leur ligue il n'a qu*à se montrer ;
n parle, et dans la poudre il les &it tous rentrer. 4
Au seul son de sa voix la mer fuit, le del tremble :
Il voit comme un néant tout l'univers ensemble ; 6
Et les ûdbles mortels, vains jouets du trépas,
Sont tous devant ses yeux comme s'ils n'étaient pas. 8
S'il a permis d'Aman l'audace criminelle,
Sans doute qu'il voulait éprouver votre zèle. 10
Cest lui qui, m'excitant à vous oser chercher,
Devant moi, chère Esther, a bien voulu marcher : 12
Et s'il faut que sa voix frappe en vain vos oreilles.
Nous n'en verrons pas moins éclater ses merveilles. 14
n peut confondre Aman, il peut briser nos fers
Par la plus fiûble main qui soit dans l'univers : 16
Et vous, qui n'aurez point accepté cette grâce,
Vous périrez peut-être, et toute votre race, 18
BSTHXB.
Allez : que" tous les Juifs dans Suse répandus, 20
A prier avec vous jour et nuit assidus.
Me prêtent de «leurs vœux le secours salutaire, 22
Et pendant ces trois jours gardent un jeûne austère.
Déjà la sombre nuit a commencé son tour : 24
Demain, quand le soleil rallumera le jour.
Contente de périr, s'il faut que je périsse, 26
J'irai pour mon pays m'offirir en sacrifice.
Qu'on s'éloigne" un moment. 28
Le chœur se retire vers lejbnd du thédfre.
Nom AND RsnBBirGn. — ' The prose eonstnietion voidd be: ote
if avancer, «it<?.— •« Arrêt, deeree,-^ C'est fait d'Israël! Jêrael û undoneP-^
* M. L. 86, R. 6. — « Prévenu, prefudieed, — • Toute pleine, ^^«c^ inspirêd
t0«/^— 7 M. L. 69, B. 1, 4th line.— ' Me fasse appeler, $end far fne^— >
• N'est-elle pas, doei U not helong,—^^ Partage, lot, êhare,^^^ Qae^ fcf —
it M. L. 89, B. 6.
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ACTB I, nOtJI% lY. 90î
SCÈNE IV.
ESTHEB, ÉLISE, LE CHŒUB.
B8THBR.
G mon Bonyeraîn roi, 4
Me Yoici donc tremblante et seule devant toi !
Mon père mille fois m'a dit dans mon en&noe 6
Qu'avec nous tu juras une sainte alliance,
Quand, pour te Êiire' un peuple agréable à tes yeux, 8
Il plut à ton amour de choisir nos aïeux :
Même ttt leur promis de ta bouche sacrée 10
Une postérité d'étemelle durée.
Hélas ! ce peuple ingrat a méprisé ta loi. 12
La nation chérie a violé sa foi ;
Elle a répudié son époux et son père, 14
Pour rendre à d'autres dieux mi honneur adultère :*
Maintenant elle sert sous un maître étranger. 16
Mais c'est peu d'être* esclave, on la veut égorger :
. Nos superbes vainqueurs, insultant à nos larmes, 18
Imputent à leurs dieux le bonheur de leurs armes,
Et veulent aujourd^ui qu'un même coup mortel 20
Abolisse ton nom, ton peuple, et ton autel.
Ainsi donc un perfide, après tant de miracles, 22
Pourrait anéantir la foi de tes oracles,
Ravirait aux* mortels le plus cher de tes dons, 24
Le saint que tu promets, et que nous attendons î
Non, non, ne souffre pas que ces peuples ùrouches, 26
Ivres de notre sang, ferment les seules bouches
Qui dans tout l'univers célèbrent tes bienfaits ; 28
Et confonds tous ces dieux qui ne furent* jamaiflu
Pour moi, que tu retiens parmi ces infidèles, 80
Tu sais combien je hais leurs fêtes criminelles, m
Et que je mets au rang des profanations 82
Leur table, leurs festins, et leurs libations ;
Que même cette pompe où je suis condamnée, 84
Ce bandeau dont il faut que je paraisse ornée
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Sn ittaiB*
Dans ces jours solennels à l'orgueil dédite,
Seule et dans le secret je le foule à mes pieds ; 2*
Qu'à ces vains ornements je préfère la cendre.
Et n^ai de goût qu*aux pleurs que tu me vois répandre. 4
J'attendais le moment marqué dans ton arrêt,
Pour oser de ton peuple embrasser lïntérét : 6
Ce moment est venu ; ma prompte obéissance
Va d'un roi redoutable affronter* la présence. 8
Cest pour toi que je marche: accompagne mes pas
Devant ce fier lion qui ne te connaît pas ; 10
Commande en me yoy&nt que son courroux s'apaise,
Et préte^ à mes discours un charme qui lui plaise. 12
Les orages, les vents, les cieux te sont soumis :
Tourne enfin sa fureur contre nos ennemis. 14
Nom AND Repsbxnois. — * Faire, /onn. — > Adultère, erinUnaL—^
s Cost pea d'être^ itùnot emm^k to be.^^* Ravirait aux mortela, woM
depme mankind of, — ^ Ne farent jaInai^ never êxitUtL-^ Affronter la
prétence, venturednto ikepretenee. — "^ Fréte^ letuL
SCÈNE V.
Toute cette scène est chantée.
LE GHŒIJB.
UKE iSBAÉLrrB, seule. 18
Pleurons et gémissons, mes fidèles compagnes ;
 nos sanglots donnons un libre cours : 20
Levons les yeux vers les saintes montagnes
D'où l'innocence attend tout son secours. 22
O mortelles alarmes !
Tout IsMël périt Pleurez, mes tristes yeux : 24
Il ne fut jamais^ sous les cieux
Un si juste sujet de larmes. 26
TOUT LE CHSUB.
Omortdlss alarmes! 28
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' AOTX I, tcàffB y. SO0
UNS AXJTRK IBRAAlITS.
N'était-oe pas assez qu'un vainqueur odieux 2
De Tauguste Sion eût détruit tous les charmes,
Et traîné ses en&nts captif en mille lieux ? 4
TOUT LB CHŒUR.
O mortelles alarmes ! .6
LA MÊME ISRAÉLrrE.
Faibles agneaux livrés à des loups furieux, 8
Nos soupirs sont nos seules armes.
TOUT LB CHOSUB. 10
o mortelles alarmes !
UNE ISRAÉLITE. 12
Arrachons, déchirons tous ces vains ornements
Qui parent notre tête.* 14
UNE AUTRE.
Sevétons-nous d'habillements 16
Conformes à l'horrible ^te
Que l'impie Aman nous apprête. .18
TOUT LE CHŒUR.
Arrachons, déchirons tous ces vains ornements 20
Qui parent notre tête.
UNE ISRAÉLITE. 22
Quel carnage de toutes parts !
On égorge à la fois les enfants, les vieillards, 24
Et la sœur et le frère,
Et la mie et la mère, 26
Le fils dans les bras de son père !
Que de corps entassés, que de membres épars, 28
Privés de sépulture !
Grand Dieu, tes saints sont la pâture* 30
Des tigres et des léopards !
UNE DES PLUS JEUNES ISRAÉLITES. 32
Hélas ! si jeune encore,
Par quel crime ai-je pu mériter mon malheur ? 34
Ma vie à peine a commencé d'éclore :
Je tomberai comme une fleur 86
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SIO SSTHXB.
Qui n^a vu qu'une aurore.
Hélas ! « jeune encore, 2
Par quel crime ai-je pu mériter mon malheur t
UNE AUTRE. 4
Des offenses d'autrui malheureuses yietîmes,
Que nous servent, hélas ! ces regrets superflus ? 6
Nos pères ont péché, nos pères ne sont plus.
Et nous portons la peine de leurs crimes. 8
TOUT LE CHŒUR.
Le Dieu que nous servons est le Dieu des combats ; 10
Non, non, il ne souffirira pas
Qu'on égoi^e ainsi l'innocence. 12
UNE iBRAÂLrrE, seuk.
Hé quoi ! dirait l'impiété, 14
Où donc est-il ce Dieu si redouté
Dont Israôl nous vantait la puissance î 16
UNE AUTRE.
Ce Dieu jaloux, ce Dieu victorieux, 18
Frémissez, peuples de la terre.
Ce Dieu jaloux, ce Dieu victorieux 20
Est le seul qui commande aux deux :
Ni les édairs ni le tonnerre 22
N'obéissent point* à vos dieux.
^^ UNE ^UTRE. 24
r II renverse l'audacieux.
UNE AUTRE. 26
n prend l'humble sous sa défense.
TOUT LE CHŒUR. 28
Le Dieu que nous servons est le Dieu des combats :
Non, non, il ne souffrira pas 80
Qu'on égorgé ainsi Tinnocence.
DEUX ISRAÉUTEa 32
O Dieu, que la gloire couronne.
Dieu, que la lumière environne, 34
Qui voles sur l'aile des vents.
Et dont le trône est porté par les anges ; 86
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ACTE 12, SCÂNE I. 211
DEUX AITTRES DES PLUS JEUXnBS.
Dieu, qui veut bien que de simples en&nts 2
Avec eux chantent tes louanges ;
TOUT LE OHCEUR. 4
Tu vois nos pressants dangers ;
Donne à ton nom la victoire ; 6
Ne souâre point que ta gloire
Passe à des dieux étrangers. 8
UNE IBRAÉLUE, seule.
Ârme-toi, viens nous défendre ; 10
Desc^ids, tel qu'autrefois la mer te vit descendre.
Que les méchants apprennent aujourd'hui 12
A craindre ta. colère.
Qu'ils soient comme la poudre et la paille* légère 14
Que le vent chasse devant lui.
TOUT LE CHŒUR. 16
Tu vois nos pressants dangers ;
Donne à ton nom la victoire; 18
Ne souffire point que ta gloire
Passe à des dieux étrangers. 20
Notes Aia> Refebbztoks. — ^ Il ne fut jamais, never tmu there. — * M. L. 66»
B. 6.-9 Pâture, food. — * Point is hère a poetical license, as the two ni
are sufficient to rendre the sentence négative.—^ Paille, ehaff.
^ »> » >» ^
ACTE DEUXIEME.
Le théâtre représente la chambre où est le trône cTAssuérui.
SCÈNE I.
AMAN, HYDASPK
AMAN.
Hé quoi ! lorsque le jour ne commence qu'à luire, 26
Dans ce lieu redoutable oses-tu m'introduire 1
BTDASPS. 28
Vous savez qu'on s'en peut reposer sur ma foi ;*
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219 BtTBBB.
Qae 068 portes, seîgnoor, n^obéissent qu% moL
Venez. Partout ailleon on pourrait nous entendre. 2
▲MAK.
Quel est donc le secret que tu me veux apprendre? 4
HTDASPE.
Seigneur, de vos bienfaits mille fois honoré, 6^
Je me souviens toujours que je vous ai juré
D^exposer^ & vos yeux, par des avis sincères, 8
Tout ce que ce palais renferme de mystères.
Le roi d'un noir diagrin parait enveloppé ; 10
Quelque songe effirayant cette nuit l'a frappé.
Pendant que tout gardait un silence paisible, 12
Sa voix s'est fait entendre avec un cri twrible.
J'ai couru. Le désordre étût dans ses discours : 14
n s'est plaint d'un péril qui menaçait ses jours;
n parliût d'ennemi, de ravisçeur farouche ; 16
Même le nom d'Esther est sorti de sa bouche.
n a dans ces horreurs passé toute la nuit. 18
Enfin, las d'appeler un sommeil qui le fuit,
Pour écarter de lui ces images funèbres, 20
n s'est fait apporter ces annales célèbres
Où les fidts de son règne avec soin amassés,* 22
Par de fidèles mains chaque jour sont tracés ;
On y conserve écrits le service et ToâTense, 24
]iîonmoent^»étemels d'amour et de vengeance.
Le roi, que j'ai laissé plus calme dans son lit, 26
D'une oreille attentive écoute ce récit.
AMAN. 28
De quel temps de sa vie a-t-il choisi l'histoire?
HTOASPX. 80
Il revoit tous ces temps si remplis de sa gloire,
Depuis le fameux jour qu'au trône de Cyrus 82
Le choix du sort plaça l'heureux Assuérus.
AMAN. 84
Ce songe, Hydaspe, est donc sorti de son idée ?
BTDASPB. 86
Entre tous les devins fiu&eux dans la Chaldée,*
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▲ 0TB IX»«OJfeHB X. 818
n a fait amembler oeux qui savent le mieux •
Lire- en un songe obscur les volontés des cieuz.^ 2
Mais quel trouble vous-même aujourd'hui vous agite ?
Votre âme en m'écoutant paraît tout* interdite : 4
L'heureux Aman a-t-il quelques secrets ennuis 1
▲MAK. 6
Peux-tu lé demander dans la place où je suis 1
Haï, craint, envié, souvent plus misérable 8
Que tous les malheureux que mon pouvoir accable !
HTDASPE. 10
Hé ! qui jamais du ciel eut des regards plus doux ?
Vous voyez l'univers prosterné devant vous. 12
▲MAK.
L'univers ! -Tous les jours un homme... un vil esdave, 14
D'un front audacieux me dédaigne et me brave.
HTDASPE. 16
Quel est cet ennemi de l'État et du roi î
AMAN. 18
Le nom de Mardochée est-il connu de toi 1
HVDASPE. 20
Qui 1 ce chef d'une race abominable, impie ?
AMAN. 22
Oui, lui-même.
BYDASPS. 24
Hé, seigneur ! d'une si belle vie
Un si fidblé ennemi peut-il troubler la paix ? ^ 26
AMAN.
L'insolent devant moi ne se courba jamais. 28
En vain de la &veur du plus grand des monarques
Tout révère à genoux les glorieuses marques ; 80
Lorsque d'un saint respect tous les Persans touchés
N'osent lever leurs fronts à la terre attachés,' 32
Lui, fièrement assis, et la tète immobile,
Traite^ tous ces honneurs d'impiété servile, 84
Présente à mes regards un front séditieux,
Et ne daignerait pas au moins baisser les yeux. 86
Du psisis oep^aiÊKA il asiate la ports
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214 S8TBBB.
A quelque' heure que j'entre, Hjdaspe, ou que je vofrid^
Son visage odieux m'afflige et me poursuit; 2
Et mon esprit troublé le voit enoor la nuit.
Ce matin j'ai voulu devancer la lumière : 4
Je l'ai trouvé couvert d'une affreuse poussière,
Revêtu de lambeaux, tout pâle ; mais son œil 6
Conservait sous la cendre encor le même orgueil.
D'où lui vient, cher ami, cette impudente audace? 8
Toi, qui dans ce palais vois tout ce qui se passe,
Crois-tu que quelque voix ose parler pour lui î 10
Sur quel roseau fragile a-t-îl mis son appui ?
HYDASPS. 12
Seigneur, vous le savez, son avis salutaire
Découvrit de Tharès le complot sanguinaire. 14
Le roi promit alors de le récompenser :
Le roi, depuis ce temps, parait n'y plus penser. 16
AMAN.
Non, il fiiut à tes yeux dépouiller l'artifice.' 18
J'ai su de mon destin corriger l'injustice :
Dans les mains des Persans jeune en&nt.apporté, 20
Je gouverne l'empire où je fus acheté ;
Mes richesses des rois égalent l'opulence ; 22
Environné d'enfants, soutiens de ma puissance.
Il ne manque à mon front que le bandeau royal. 24
Cependant (des mortels aveuglement fatal !)
De cet amas d'Ijpnneurs la douceur passagère 26
Fait sur mon cœur à peine une atteinte^' légère ;
Mais Mardochée, assis aux portes du palais, 28
Dans ce cœur malheureux enfonce mille traits ;
Et toute ma grandeur me devient insipide 30
Tandis que le soleil éclaire ce perfide.
HYUASPS. 32
Vous serez de sa vue affranchi dans dix jours :
La nation entière est promise aux vautours. 34
AMAK.
Ah ! que ce temps est long à mon impatience ! 86
Cest lui Qe te veux bien oonâer jd& vengeancPBî)
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ACTE IX, 0OÈVB X. 215
Cest lui qui, devant moi refusant de ployer.
Les a livrés au bras qui les va foudroyer. 2
(Tétait trop peu pour moi d'une telle victime :
La vengeanoe trop fiûble attire un second crime. 4
Un homme tel qu'Aman, lorsqu'on l'ose irriter
Dans sa juste fureur ne peut trop éclater. 6
Il faut des châtiments dont l'univers frémisse ;
Qu'on tremble en comparant l'offense et le supplice ; %
Que les peuples entiers dans le sang soient noyés.
Je veux qu'on dise un jour aux siècles efirayés: 10
n fut des Juifs ;" il fut une insolente race ;
Eépandus sur la terre, ils en couvraient la face : 12
Un seul osa d'Aman attirer le courroux ;
Aussitôt de la terre ils disparurent tous. 14
HTnASPE.
Ce n'est donc pas, seigneur, le sang amalécite 16
Dont la voix à les perdre en secret vous excite ?
AMAN. 18
Je sais que, descendu de ce sang malheureux.
Une étemelle haine a dû m'armer contre eux ; 20
Qu'ils firent d'Amalec un indigne carnage ;
Que, jusqu'aux vils troupeaux, tout éprouva leur rage ; 22
Qu'un déplorable reste à peine fut sauvé :
Mais, crois-moi, dans le rang où je suis élevé, 24
Mon &me, à ma grandeur tout entière attachée,
Des intérêts du sang est faiblement touchée. 26
Mardochée est coupable ; et que faut-il de plus 1
Je prévins" donc contre eux l'esprit d'Assuérjis ; 28
J'inventai des couleurs ; j'armai la calomnie ;
J'intéressai sa gloire ; il trembla pour sa vie : 30
Je les peignis puissants, riches, séditieux ;
Leur dieu même ennemi de tous les autres dieux. 32
Jusqu'à quand" souffire-t-on que ce peuple respire,
Et d'un culte pro&ne infecte votre empire ? 34
Étrangers dans la Perse, à nos lois opposés.
Du reste des humains ils semblent divisés, 36
N*aspirent qu'à troubler le repos où noua sommes,
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tl6 BtTBBE.
Et, déiestfo partout, détestent tous les hommes»
Prévenez, punissez leurs insolents ^orts ; 2
De leur dépouille enfin grossissez vos trésors.
Je dis ; et Ton me enit Le roi, dés l'heure même, 4
Mit dans ma main le sceau de son pouvoir suprême :
Assure, me dit-il, le repos de ton roi ; 6
Va, perds ces malheureux : leur dépouille est à toL
Toute la nation fut ainsi condamnée. 8
Du carnage avec lui je réglai^* la journée.
Mab de ce traître ei^n le trépas différé 10
Fait trop souffrir mon cœur de son sang altéré.
Un je ne sais quel trouble empoisonne ma joie. 12
Pourquoi dix jours encor faut-il que je le voie^
HTDA8PB. 14
Et ne pouvez-vous pas d'un mot l'exterminer ?
Dites au roi, seigneur, de vous l'abandonner. 16
Je viens pour épier le moment favorable. 18
Tu connus comme moi ce prince inexorable :
Tu sais combien terrible en ses soudains transports 20
De nos desseins souvent il rompt tous les ressorts.
Mab à me tourmenter ma crainte est trop subtile: 22
Mardochée à ses yeux est une âme trop vile.
HTDA8PS. 24
Que tardez-vous ?** Allez, et fidtes promptement
Élever de sa mort le honteux instrument. 26
J'entends du bruit ; je sors. Toi, si le roi m'appelle... 28
BTDASPX.
n suffit. 80
Nom ÀVJ> RxRREircBS.— 1 Qu'on s'en pent reposer snr ma foi, that
yvu may rdy en my fiddity,-^ D'exposer, to unveil-^ Amassés, eol-
UeM-^* Chaldfsa^-^ M. § 97, B. (6).-^ A la terre attachée» Iwwed to
tK$ MTth, — 7 Traite, eaU«.— ^ Quelque, yihaiever, — > Dépouiller Fartifice,
eaU off diêffuiae.-—^^ Atteinte légère, light tmpreMtofk— " H fut des Juifs,
ther€werejew9; the verb être is used unipersonally. — '^ Je prévins» /
pr0fisdieÊtL^^J» JfU(in*i quand? Aov longP^^^ Je i^glai, laiofÂni^^^
"M.L.5S,R.S.
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ACTE XI, 80ÂNX lit. 217
SCÈNE II.
-ASSUÊRUBi HYDASPE, ASAPH, scm d'
ASSUÉBUS.
Ainsi donc, sans cet avis^ fidèle, 4
Deux traîtres dans son lit assassinaient' leur roi ?
Qu'on me laisse ;• et qu' Asaph seul demeure avec moi. 6
Koi» ARi> RxFERXNOBS."^' Ayîb, fioamtfi^.—- * Aflaasnnaient, ucudd
hâve mwrderecL — 3 Qu'on me laisse, leavê me.
SCENE III.
ASSUÉBUS, ASAPH.
ASSUÉBUS, assis sfwr son trône.
Je veux bien l'avouer ; de ce couple perfide 10
J'avais presque oublié l'attentat parricide ;
Et j'ai pâli deux fois au terrible récit 12
Qui vient d'en retracer l'image à mon esprit.
Je vois de quel succès leur fureur fut suivie, 14
Et que dans les tourments ils laissèrent la vie.
Mais ce sujet zélé qui, d'un œil si subtil, 16
Sut' de leur noir complot développer le fil,
Qui me montra sur moi leur main déjà levée, 18
Enfin par qui la Perse avec moi fut sauvée.
Quel honneur pour sa foi, quel prix a-t-il reçu ? 20
ASAPH.
On lui promit beaucoup : c'est tout ce que j'ai su. 22
ASSUÉBUS.
O d'un si grand service oubli trop condamnable ! 24
Des embarras du trône effet inévitable !
De soins tumultueux un prince environné 20
Vers de nouveaux objets est sans cesse entrtûhé ;
L'avenir l'inquiète, et le présent le frappe : 28
Mais plus prompt que l'éclair le passé nous échappe ;
10
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SIS XSTBXB.
Et, de tant de mortels à toute heure empressés
A nous ^re valoir' leurs soins intéressés, 2
U ne s'en trouve point qui, touchés d'un vrai zèle,
Prennent à notre gloire un intérêt fidèle, 4
Du mérite oublié nous &ssent souvenir.
Trop prompts à nous parler de ce qu'il &ut punir. 6
' Ah ! que plutôt rinjure échappe à ma vengeance, *7
Qu'un si rare bien&ît à ma reconnaissance ! 8
Et qui voudrait jamais s'exposer pour son roi ?
Ce mortel qui montra tant de zèle pour moi 10
Vilril' encore?
ASAPH. 12
^ n voit l'astre qui vous édaire.
ASBUÉBU& 14
Et que* n'a-t-il plus tôt demandé son salaire?
Quel pajs reculé* le cache à mes bienfaits 1 16
ABAPB.
Assis le plus souvent aux portes du palais, 18
Sans se plaindre de vous ni de sa destinée,
Il 7 traîne, seigneur, sa vie infortunée. 20
ASSUÉRUS.
Et je dois d'autant moins oublier la vertu, 22
Qu'elle même s'oublie. Il se nomme, dis-tu 1
ASAFH. 24
Mardodiée est le nom que je viens de vous lire.
ASSUÉRUS. 26
Et son pays?
ASAPH. 28
Seigneur, puisqu'il faut vous le £re,
C'est un de ces captifs à périr destinés, 80
Des rives du Jourdain* sur l'Euphrate* amenés.
ASSUÉRUS. 82
n est donc Juif? Oh ciel ! sur le point que la vie
Par mes propres sujets m'allaît être ravie, 34
Un Juif rend par ses soins leurs efibrts impuissants I
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▲ 0TB Ily flOÈVB V. K9
Un Jnîf m'a présenré du glaive des Persans !
Mais, puisqu'il m'a sauvé, quel qu'il soit, il n^importe.' 2
Holà! qudqu'un.
Nom Aia> BxFEBZircaB. — * Sut, meeeeded in; from «omr, M. p. 884^-^
s A nous ffdre valoir, in extolling to us, — 3 From vivre, M. p. 890.— < Que^
«Ay.— s Reculé, remate, — * Jordan. — ^ Euphratea. — ' M. L. 94, B. 2.
SCÈ-NE IV.
AfiSUÉRUS, HYDASPE, ASAPH.
HTDASFB. 6
Seigneur ?
ASSUÉRUS. 8
Regarde à cette porte ;
Vois s'il s'ofire à tes yeux quelque grand de ma cour. 10
HYDASPB.
Aman à votre porte a devancé le jour. 12
ASSUÉRUS.
Qu'il entre. Ses avis m'édaireront peut-être. 14
SCÈNE V.
ASSUÉRUS, AMAN, HYDASPE, ASAPH.
ASSUÉRUS.
Approche, heureux appui du trône de ton mûtre, 18
Ame de mes conseils, et qui seul tant de fois
Du sceptre dans ma main as soulagé le poids. 20
Un reproche secret embarrasse mon âme.
Je sais combien est pur le zèle qui t'enflamme ; 22
Le mensonge jamais n'entra dans tes discours,
Et mon intérêt seul est le but où tu cours. 24
Dis-moi donc : que doit faire un prince magnanime
Qui veut combler d'honneurs un sujet qu'il estime ? 26
Par quel gage éclatant, et digne d'un grand roi,
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890 iSTHsm*
Pois-je récompenser le mérite et la foi ?
Ne domie point de bome^ à ma reconnaissance ; 2
Mesure tes conseils sur ma vaste puissance.
AMAN, aparté 4
CTest pour toi-même, Aman, que tu vas prononcer :
Et quel autre que toi peut-on récompenser ? 6
ASBUÉBUS.
Que penses-tn 1 8
AMAN.
Seigneur, je cherche, j^envisage 10
Des monarques persans la conduite et l'usage :
Mais à mes yeux en vain je les rappelle tous ; 12
Pour vous régler sur eux, que sont-ils près de tous 1
Votre règne aux neyeux' doit servir de modèle. 14
Vous voulez d'un rajet reconnidtre le zèle :
L'honneur seul peut flatter un esprit généreux : 16
Je voudrais donc, seigneur, que ce mortel heureux
De la pourpre aujourd'hui paré comme vous-même, 18
Et portant sur le front le sacré diadème,
Sur un de vos coursiers pompeusement orné, 20
Aux yeux de vos sujets dans Suse fut mené ;
Que, pour comble de gloire et de magnificence, 22
Un seigneur éminent en richesse, en puissance,
Enfin de votre empire après vous le premier, 24
Par la bride guidât son superbe coursier ;
Et lui-même, marchant en habits magnifiques, 26
Criât à haute voix dans les places publiques :
^* Mortels, prosternez-vous ! c'est ainsi que le roi 28
** Honore le mérite, et couronne la foL"*
ASSUÉRUS. 80
Je vois que la sagesse elle-même t'inspire :
Avec mes volontés ton sentiment conspire. 82
Va, ne perds point de temps ; ce que tu m'as dicté,
Je veux de poiift en point qu'il soit exécuté : 84
La vertu dans l'oubli ne sera plus 'cachée.
Aux portes du palais prends le Juif Mardochée, 86
Cert lui que je prétends honorer aujourd'hui :
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AOTB II, SOfiNB VII.
Ordonne son triomphe, et marche devant lui ;
Que Suse par ta voix de son nom retentisse, 2
£t &is- à son aspect que tout genou fléchisse.
Sortez tous. 4
. AMAN, à part
Dieux ! 6
Nom àXD REFERBNcns. — 1 Point de borne, no ^tmtï.— * A part» «uicfe.—
* Ans nevenz; to poiterity,-^* La foi, fiddUy, — s ^iâs, eauê$; M. L. 32,
R.8.
SCENE VI.
ASSUÉRUa
Le prix e^t sans doute inouï ;
Jamais d'un tel honneur tm sujet n'a joui : 10
Mais plus la récompense est grande et glorieuse,
Plus même de ce Juif, la race est odieuse, 12
Plus j'assure ma vie, et montre avec édat
Combien Âssuérus redoute d'être ingrat. 14
On Terra l'innocent discerné du coupable :
Je n'en perdrai pas moins ce peuple abominable; 16
Leur crime...
SCÈNE VII.
ASSUÉRUS, E3THER, ÉLISE, THAMAE, UNE PARTIE *
DU CHŒUR.
Esiher entre t^appuyanf sur Élise : quatre IsraéUiei
soutiennent sa robe. 22
ASSUÉRUS.
Sans mon ordre on porte ici ses pas ! 24
Quel mortel insolent vient chercher le trépas 1
Gardes... Cest vous, Estherî quoi ! sans être attendue? 26
XSTHBR.
Mes filles, soutenez votre reine éperdue, 28
Je me meurs,
BUe tombe évanouie.* 30
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I8TBEB.
AB8UÉRUS.
Dieux puissants! quelle étrange pâleur 2
De son teint tout à coup efface la couleur !
Esther, que craignez-vous ? sui»-je pas' votre frère ? 4
EstKse pour vous qu'est fiût un ordre si sévère ?
Vivez : le sceptre d'or que vous tend cette main 6
Pour voua de ma démence est un gage certain.
ESTHXB. 8
Quelle voix salutaire ordonne que je vive,
Et rappelle en mon sein mon âme fugitive 1 10
A88UÉBUS.
Ne connaissez-vous pas la voix de votre époux ? 12
Encore un coup,* vivez, et revenez à vous.
ESTHXR. 14
Seigneur, je n'ai jamais contemplé qu'avec crainte
L'auguste majesté sur votre front empreinte ; 16
Jugez combien ce front irrité contre moi
Dans mon âme troublée a du jeter d'efiroî ; 18
Sur ce trône sacré qu'environne la foudre
J'ai cru vous voir tout prêt à me réduire en poudre. 20
Hélas ! sans frissonner quel cœur audacieux
Soutiendrait les éclairs qui partaient de vos yeux 1 22
Ainsi du Dieu vivant la colère étincelle...
ASSUÉRUS. 24
O soleil ! 6 flambeaux de lumière immortelle !
Je me trouble moi-même ; et sans frémissement 26
Je ne pais voir sa peine et son saisissement.
Calmez, reine, calmez la frayeur qui vous presse. 28
Du cœur d'Âssuérus souveraine maîtresse,
Éprouvez seulement son ardente amitié. 80
Faut-il de mes États vous donner la moitié ?
BBTHBR. 82
Hé ! se peut-il qu'un roi craint de la terre entière,
Devant qui tout fléchit et baise la poussière, 84
Jette sur son esclave un regard si serein.
Et m'offire sur son cœur un pouvoir souverain î 86
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AOTX II, SOÈNX VU.
ASSUÉRUS.
CroyesE-moi, chère Esther, ce sceptre, cet empire, 2
Et ces profonds respects que la terreur inspire,
A leur pompeux éclat. mêlent peu de douceur, 4
Et fatiguent souvent leur triste possesseur.
Je ne trouve qu'en vous je ne sais quelle gràoe 6
Qui me charme toujours et jamais ne me lasse.
De l'aimable vertu doux et puissants attraits. Ô
Tout respire en Esther Tinnocence et la paix;
Du chagrin le plus noir elle écarte* les ombres, 10
Et fait des jours sereins de mes jours les plus sombres,
Que dis-je 1 sur ce trône assis auprès de vous, 12
Des astres ennemis j'en crains moins le courroux,
Et crois que votre front prête à mon diadème 14
Un éclat qui le rend respectable aux dieux même.'
Osez donc me répondre, et ne me cachez pas 10
Quel sujet important conduit ici vos pas.
Quel intérêt, quels soins vous agitent, vous pressent ? 18
Je vois qu'en m'écoutant vos yeux au ciel s'adressent.
Parlez : de vos désirs lé succès est certain, 20
Si ce succès dépend d'une mortelle main.
XSTHER. 22
O bonté qui m'assur^ autant qu'elle m'honore!
Un intérêt pressant veut que je vous implore : 24
J'attends ou mon malheur ou ma félicité ;
Et tout dépend, seigneur, de votre volonté. 26
Un mot de votre bouche, en terminant mes peines,
Peut rendre Esther heureuse entre toutes les reines. 28
ASBITÉRUS.
Âh ! que vous enflammez mon désir curieux ! 80
ESTHSR.
Seigneur, si j'ai trouvé grâce devant vos yeux, 82
Si jamais à mes vœux vous fiktes favorable.
Permettez, avant tout, qu'Esther puisse à sa table 84
Recevoir aujourd'hui son souverain seigneur.
Et qu'Aman soit admis^ à cet excès d'honneur. M
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X8TBEB.
J'oserai devant lui rompre ce grand silence ;
Et j'ai pour m'expliquer besoin de sa présence. 2
ASSUÉBUS.
Dans quelle inquiétude, Esther, vous me jetez ! 4
Toutefois, qu'il soit &it* comme vous souhaitez.
A ceux de sa suite, 6
Vous, que l'on cherche* Aman ; et qu'on lui &sse entendre
Qu'invité chez la reine il ait soin de s'y rendre. 8
NOTis AKD RiraiENOiBS. — ^ S'spptiysnt» Uaning, — ^ Elle tombe éya-
lumie, êhe/aintê, — * Snis-Je pas, for ne êuiê^pat; a poetical lieense.—
« Encore un oonp^ Irepeat.it; lit once mare.'^^ Éoute^ removeê. — * M.
§ 97, R. (8).— 7 M. p. 866.^> Qu'il soit fait, be it, let U U
SCENE VIII.
ASSUÉBUS^ ESTHER, ÉLISE, THAMAR, HYDAâPE,
UNE PARTIE DU CHŒUR.
HYDASPE. 12
Les savants cfaaldéens,' par votre ordre appelés,
Dans cet appartement, seigneur, sont assemblés.' 14
ASSUÉBUS,
Princesse, un songe étrange occupe ma pensée : 16
Vous-même en leur réponse êtes intéressée.
Venez, derrière un voile écoutant leurs discours, 18
De vos propres clartés me prêter le secours.
Je crains* pour vous, pour moi, quelque ennemi perfide. 20
EBTHER.
Suis-moi,* Thamar. Et vous, troupe jeune et timide, 22
Sans craindre ici les yeux d'une profiàne cour,
A l'abri de ce trône attendez mon retour. 24
NoT» AUB RBRRiNaBS.-—! Chaldœanfl.*» S M. L. 42, R. 6.— ' M.
pw 86i.— « From suivre; M. p. 386.
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AOTB XI, 80ÈNE IZ.
SCÈNE IX.
Cette scène est partie déclamée et partie chantée,
ÉLISE, UNE PARTIE DU CHŒUB.
ÉUSB. 4
Que vous semble, mes sœurs, de Pétat où nous sommes t
D'Esther, d'Aman, qui le doit emporter V 6
Est-ce Dieu, sont-ce les hommes,
Dont les œuvres vont éclater 1 8
Vous avez vu quelle ardente colère
Allumût de ce roi le visage sévère. 10
UNE ISRAÉLITE.
Des éclairs de ses yeux l'œil était éblouL 12
UNE AUTRE.
Et sa voix m'a paru comme un tonnerre horrible. 14
ÉLISE.
Comment ce courroux si terrible 16
En un moment s'est-il évanoui 1"
UNE ISRAÉLITE, chante, 18
Un moment a changé ce courage inflexible :
Le lion rugissant est un agneau paisible. 20
Dieu, notre Dieu sans doute a versé dans son cœur
Cet esprit de douceur. 22
LE CHŒUR chante.
Dieu, notre Dieu sans doute a versé dans son cœur 24
Cet esprit de douceur.
LA MÊME ISRAÉLTTE chonte. 20
Tel qu'un ruisseau dodle
Obéit à la main qui détourne son cours, 28
Et, laissant de ses eaux partager le secours,
Va rendre tout un champ fertile : 80
Dieu, de nos volontés arbitre souverain.
Le cœur des rois est ainsi dans ta main. 82
ÉLISE.
Ah! que je crains, mes soeurs, les Amostea nuages 84
10*
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BBTHEB.
Qui de oe prince obscurcissent les yeux !
Comme il est aveuglé du culte de ses dieux ! 2
UNE ISRAÉLITE.
n n'atteste* jamais que leurs noms odieux. 4
UNE AUTRE.
Aux feux inanimés dont se parent les cieux 6
U rend de profanes hommages.
UNE AUTRE. 8
Tout son palais est plein de leurs images.
LE CHŒUR chcmte, 10
Malheureux, vous quittez le maître des humains
Pour adorer l'ouvrage de vos mains ! 12
UNE ISRAÉLITE chatltê.
Dieu d'Israël, dissipe enfin cette ombre. 14
Des larmes de tes saints quand seras-tu toudié ?
Quand sera le voile arraché 16
Qui SUT tout l'univers jette une nuit si sombre 1
Dieu d'Israël, dissipe enfin cette ombre : 18
Jusqu'à quand seras-tu caché ?
UNE DES PLUS JEUNES ISRAÉLITES. 20
Parlons plus bas, mes sceurë. Ciel ! si quelque infidèle,
Écoutant nos discours, nous allait déceler ! 22
ÉLISE.
Quoi ! fille d'Abraham, une crainte mortelle 24
Semble déjà vous faire chanceler !
Hé ! si l'impie Aman, dans sa main homicide 26
Faisant luire à vos yeux. un glaive menaçant,
A blasphémer le nom du Tout-Puissant 28
Voulait forcer votre bouche timide l
UNE AUTRE ISRAÉLITE. 80
Peut-être Assuérus, frémissant de courroux,
Si nous ne courbons les genoux 32
Devant une muette idole.
Commandera qu'on nous immole. 84
Chère sœur, que choisirez-vous ?
LA JEUNE IftRAÉLITB. 86
Moi, je poumki tratâr le Dieu que j'aime !
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AOTB II, SCÈNE IX. 227
J'adorerais un dieu sans force et sans vertu,
Beste d'un tronc par les vents abattu, 2
Qui ne peut se sauver lui-même !
LE CHŒUR chante. ^ 4
Dieux impuissants, dieux sourds, tous ceux qui vous implorent
Ne seront jamais entendus : 6
Que* les démons, et ceux qui les adorent.
Soient à jamais détruits et confondus ! 8
UNE ISRAÉLITE chatlte.
Que ma bouche et mon cœur, et tout ce que jC; suis, 10
Rendent honneur au Dieu qui m'a donné la vie.
Dans les craintes, dans les ennuis, 12
En ses bontés mon âme se confie.
Veut-il par mon trépas que je le glorifie ? 14
Que ma bouche et mon cœur, et tout ce que je suis,
Rendent honneur au Dieu qui m'a donné la vie. 16
ÉLISE.
Je n'admirai jamais la gloire de l'impie. 18
UNE AUTRE ISRAÉLITE.
Au bonheur du méchant qu'une autre porte envie.' 20
ÉLISE.
Tous ses jours paraissent charmants ; 22
L'or éclate en ses vêtements :
Son orgueil est sans borne ainsi que sa richesse; 24
Jamais l'air n'est troublé de ses gémissements ;
n s'endort, il s'éveille au son des instruments ; 26
Son cœur nage dans la mollesse.
UNE AUTRE ISRAÉLITE. 28
Pour comble de prospérité
n espère revivre en sa postérité ; 80
Et d'en&nts à sa table une riante troupe ,
Semble boire avec lui la joie à pleine coupe. 32
Tout te reste eet chanté.
LE CHŒUR. S4
Heureux, dit-on, le peuple florissant
Sur qui ces biens coulent en abondance ! S6
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XBTHEa.
Plus heureux le peuple innooent
Qui dans le Dieu du ciel a mis sa coofianoe ! 2
UNE ISRAÉUTB Seuk.
Pour contenter ses frivoles désirs, 4
L'homme insen^ vainement se consume :
n trouve Tamertume 6
Au milieu des plaisirs.
UNS AUTEX, seule. 8
Le bonheur de l'impie est toujours agité :
Il erre à la merci de sa propre inconstance. 10
Ne cherchons la félicité
Que dans la paix de l'innocence. 12
LA MÊME, avec une autre.
O douce pûx ! ^ 14
O lumière étemelle !
Beauté toujours nouvelle ! 16
Heureux le coeur épris de tes attraits !
O douce paix ! 18
O lumière étemelle!
Heureux le cœur qui ne te perd jamais ! 20
LE CHŒUB.
O douce paix ! 22
O lumière étemelle !
Beauté toujours nouvelle ! 24
O douce paix !
Heureux le cœur qui ne te perd jamais ! 26
LA MÊME, seule.
Nulle paix pour l'impie. Il la cherche, eUe fuit ; 28
Et le calme en son cœur ne trouve point de place.
Le glaive au dehors' le poursuit ; 80
Le remords au dedans^ le glace.
UNE AUTRE. 32
La gloire des méchants en un moment s'éteint : -
L'affireux tombeau pour jamais les dévore. 34
n n'en est pas ainn de celui qui te craint :
n renaîtra,* mon Dieu, plus brillant que Taurore. 86
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AOTS III, SCÈNE I. 3S9
LB CHŒUR.
O douce paix ! 2
Heureux le cœur qui ne te perd jamais !
ÉLISE, sans chanter. 4
Mes sœurs, j'entends du bruit dans la chambre prochaine.
On nous appelle ; allons rejoindre notre reine. 6
NOTBS AND BBFEBEXOE& — ^ Qui le doit emporter? who U to eonguer f
M. L. 85| R. 5; the prose construction would be: qui doit V emporter f^^
t En un moment s^est-il évanoui ? hovo did it vaniêh in one moment f —
' n n'atteste jamais que» he takea to wO^eu ofdy, asêerts ofdy iy.-- •
< Que, may.-'^ Qu'une autre porte enyie, let another envy. — * Au dehors^
wHhouL-^f Au dedans, tuithin.-^ M. p. 382.
ACTE TROISIÈME.
Le théâtre représente les jardins cPBsther et un des eôtée
du salon où sefoit le festin,^
SCÈNE I.
AMAN, ZARÈS.
ZABÊS. 12
CTest donc id' d'Esther le superbe jardin,
Et ce salon pompeux est le lieu du festin 1 14
Mais, tandis que la porte en est encor fermée,
Écoutez les conseils d^une épouse alarmée. 16
Au nom du sacré nœud qui me lie ayec vous,
Dissimulez, seigneur, cet aveugle courroux ; 18
Édabrcissez c^ front où la tristesse est peinte :
Les rois craignent surtout le reproche et la plainte. 20
Seul entre tous les grands par la reine invité.
Ressentez' donc aussi cette félicité. 22
Si le mal vous aigrit, que le bienfait vous touche.
Je l'ai cent fois appris de votre propre bouche : 24
Quiconque* ne sait pas dévorer* un afiront.
Ni de fiiusses couleurs se déguiser le front, 26
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280 asTHXB.
Loin de Taspect des rois qu'il s'écarte, qu^il fuie!
n est des contretemps qu'il faut qu'un sage essuie : 2
Souvent avec prudence un outrage enduré
Aux honneurs les plus hauts a servi de degré.' 4
AMAK.
O douleur ! 6 supplice affreux à la pensée ! 6
O honte, qui jamais ne peut être effacée !
Un exécrable Juif, l'opprobre des humains, 8
S'est donc vu de la pourpre habillé par mes mains !
Cest peu qu'il ait' sur mpi remporté la victoire ; 10
Malheureux ! j'ai servi de héraut à sa gloire !
Le traître ! Il insultait à ma confusion ; 12
Et tout le peuple même, avec dérision
Observant la rougeur qui couvrait mon visage, 14
De ma chute certaine en tirait le présage.
Boi cruel, ce sont là les jeux où tu te plais !' 16
Tu ne m'as prodigué tes perfides bien&its
Que pour me &ire mieux sentir ta tyrannie, 18
Et m'accabler enfin de plus d'ignominie.
ZARÈS. 20
Pourquoi juger si mal de son intention ?
U croit récompenser une bonne action. 22
Ne &utril pas, seigneur, s'étonner au contraire
Qu'il en ait si longtemps différé le salaire ? 24
Du reste,* il n'a rien &it que par votre conseil ;
Vous-même avez dicté tout -ce triste appareil : 26
Vous êtes après lui le premier de l'empire.
Sait-il toute l'horreur que ce Juif vous inspire ? 28
AHAN.
n sut qu'il me doit tout, et que, pour sa grandeuf, 80
J'ai foulé sous les pieds remords, crainte, pudeur ;
Qu'avec un cœur d'airain exerçant sa puissance, S2
J'ai fait taire les lois et gémir l'innocence ;
Que pour lui, des Persans bravant l'aversion 84
J'ai chéri, j'ai cherché la malédiction :
Et, pour prix de ma vie à leur haine exposée, 86
Le barbare aujourd'hui m'expose à leur risée I
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ACTE III, SOÈNB I. 231
ZÀRÈ8.
Seigneor, nous sommes seuls. Que sert de se flatter 1 2
Ce zèle que pour lui vous fîtes éclater 1
Ce soin d'immoler tout à son pouvoir suprême, 4
Entre nous, avaient-ils d'autre objet que vous-même ?
Et, sans chercher plus loin, tous ces Juifs désolés,
N'est-ce pas à vous seul que vous les immolez î
Et ne craignez-vous point que quelque avis funeste^. 8
Enfin, la cour nous hait, le peuple nous déteste.
Ce Juif même, il le &ut confesser malgré moi, 10
Ce Juif, comblé d'honneurs, me cause quelque effroi.
Les malheurs «ont souvent enchmnés l'un à l'autre ; 12
Et sa race toujours fut &tale à la vôtre.
De ce léger af&ont songez à profiter. 14
Peut-être la fortune est prête à vous quitter.
Aux plus affireux excès son inconstance passe : 16
Prévenez son caprice avant qu'elle se lasse.
Où tendez-vous plus haut 1 Je frémis quand je vol 18
Les abîmes profonds qui s'ouvrent devant moi ;
La chute désormais ne peut être qu'horrible. 20
Osez chercher ailleurs un destin plus paisible :
Begagnez THellespont et ces bords écartés'* 22
Où vos aïeux errants jadis furent jetés.
Lorsque des Juifs contre eux la vengeance allumée 24
Chassa tout Âmalec de la triste Idumée."
Aux malices du sort enfin dérobez-vous. 2(5
Nos plus riches trésors marcheront dervant nous :
Vous pouvez du départ me laisser la conduite ;" 28
Surtout de vos enfants j'assurerai la fuite.
N'ayez soin cependant que de dissimuler. 30
Contente, sur vos pas vous me verrez voler :
La mer la plus terrible et la plus orageuse 32
Est plus sûre pour nous que cette cour trompeuse.
Mais à grands pas vers vous je vois quelqu'un marcher ; 34
Cest Hydaspe.
Notes aud Bkfebxnces.-— ' Le salon où se fait le festin, the ban^fuet
hàU.-^ Ceat donc îd, thU it theik-r^ Ressentez, re/otcê o^.— * M. § 47,
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B8TBXB.
B. (9).— < Dévorer, êwallow,—^ De degré, ai a ttepping «toM— 7 Cest
pea qa'il ait^ not only hoê he.—^ M. L. 40, B. 6. — ^ Da rester ftdtidlM.*-
1* Ces bords écartés» thoêe dUiatU «Aorec — ^^ Idumœa.— ^s La eondaite^
thé ehargé, eare.
SCENE II.
AMAN, ZARÈg^ HYDASPE.
HTDASPE.
Seigneur, je courais vous chercher. 4
Voti^ absence en ces lieux suspend toute la joie ;
Et pour vous y conduire Assuèrus m'envoie.^ 6
AMAN.
Et Mardochée est-il aussi de ce festin 1 8
HYDASPE.
A la table d'Esther portez-vous ce chagrin ? . 10
Quoi ! toujours de ce Juif l'image vous désole ?
Laissez-le s'applaudir d'un triomphe frivole. 12
Croit-il d' Assuèrus éviter la rigueur ?
Ne possédez-vous pas son oreille et son cœuri 14
On a payé le zèle, on punira le crime ;
Et l'on' vous a, seigneur, orné votre victime. 16
Je me trompe, ou vos vœux, par Esther secondés,
Obtiendront plus encor que vous ne demandez. 18
AMAN.
Croiraî-je le bonheur que ta bouche m'annonce ? 20
HTDASPE.
J'ai des savants devins entendu la réponse : 22
Ils disent que la main d'un perfide étranger
Dans le sang de la reine est prête à se plonger. 24
Et le roi, qui ne sait^ où trouver le coupable.
N'impute qu'aux seuls Jui& ce projet détestable. 26
AMAN.
Oui, ce sont, cher ami, des monstres furieux : 28
n &ttt craindre surtout leur chef audacieux.
. La ttrre avec horreur dès longtemps les endure ; 20
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ACTX III, BOiNS III. 288
Et l'on n'en peut* trop tôt délivrer la nature.
Ah ! je respire enfin. Chère Zarès, adieu. 2
HTDASPB.
Les compagnes d'Esther s^avancent vers ce lieu : 4
Sans doute leur coneert va commencer la fête.
Entrez, et recevez Fhonneur qu'on vous apprête. 6
Nom ARi> RxnBBXNCBB.— 1 M. § 49, R. (2). Many modem* writen
do not change the y into t, in verbs ending in yer, — * M. g 41, B. (6)—
• M. § 188, B. (6).-^ M. § 138, B. (2).-J See laet referenoe.
SCENE III.
ÉLISE, LE CHŒUR.
Ceci 80 récite sans chanL
UKE DES ISRAÂLTrES. 10
Cest Aman.
X7NB AUTRE. 12
Cest lui-même ; et j'en frémis,. ma sœur.
LA PBEMIÂRE. 14
Mon cœur de crainte et d'horreur se resserre.*
l'autre. 16
Cest d'Israôl le superbe oppresseur.
LA PREMIÈBE. 18
Cest celui qui trouble la terre.
ÉLISE. 20
Peut-on, en le voyant, ne le connaître pas V
L'orgueil et le dédain sont peints sur son visage. 22
Ulfte ISRAÉLITE.
On lit dans ses regards sa fureur et sa rage. 24
UNE AUTRE.
Je croyais voir marcher la mort devant ses pas. 20
UNE DES PLUS JEUNES.
Je ne sais si ce tigre a reconnu sa proie ; 28
Miûs, en nous r^;ardant, mes sœurs, il m'a semblé
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234
XBTHSB.
Qu^il avait dans les yeux une barbare joie
Dont tout mon sang est encore ti'oublé. 2
ÉLI61E.'
Que ce nouvel honneur va croître* son audace ! 4
Je le vois, mes sœurs, je le voi :
A la table d'Esther l'insolent près du roi .6
 déjà pris sa place.
UNE DES IBIUÂUTES. 8
Ministres du festin, de grâce,* dites-nous.
Quels mets à ce oruel^ quel vin préparez-vous ? 10
UKX AUTRE.
Le sang de l'orphelin, 12
UNE TROISIÈME.
Les pleurs des misérables, 14
LA SECONDE.
Sont ses mets les plus agréables. 16
LA TROISIÈME.
Cest son breuvage le plus doux. 18
ÉLISE.
Chères sœurs, suspendez la douleur qui vous presse. 20
Chantons, on nous l'ordonne ; et que puissent nos chants
Du cœur d'Assuérus adoucir la rudesse, 22
Comme autrefois David, par ses accords* touchants.
Calmait d'un roi jaloux la sauvage tristesse ! 24
{Tout le reste de cette scène est chanté,)
UNE ISRAÉLITE. 26
Que le peuple est heureux,
Lorsqu'un roi généreux, 28
Craint dans tout l'univers, veut encore qu'on l'aime !
Heureux le peuple ! heureux le roi lui-même ! 30
TOUT LE CHŒUR.
O repos ! 6 tranquillité ! 32
O d'un par&it bonheur assurance étemelle.
Quand la suprême autorité 34
Dans ses conseils a toujours auprès d'elle
La justice et la vérité. 36
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AOTB III, BCftNB III.
Lm qtiaire stances suivantes sont chantées^ aUemaUvement
par une voix seule et par le chœur. ^ ' 2
* UNE ISRAÉLITE.
Rois, chassez la calomnie : 4
Ses criminels attentats
Des plus paisibles États 6
Troublent l'heureuse harmonie.
Sa fureur, de sang avide, 8
Poursuit partout l'innocent.
Bois, prenez soin de Fabsent 10
Contre sa langue homicide.
De ce monstre si &rouche 12
Craignez la feinte douceur :
La vengeance est dans son cœur, 14
Et la pitié dans sa bouche.
La fraude adroite et subtile 16
Sème de fieurs son chemia ;
Mais sur ses pas vient enfin 18
Le repentir inutile.
UNE ISRAÉLITE, SCulc. 20
D'un souffle l'aquilon écarte les nuages.
Et chasse au loin la foudre et les orages : 22
Un roi sage, ennemi du langage menteur,
Écarte d'im regard le perfide imposteur. 24
UNE AUTRE.
J'admire un roi victorieux, 26
Que sa valeur conduit triomphant en tous lieux :
Mais un roi sage et qui hait l'injustice, 28
Qui sous la l^i du riche impérieux
Ne soufire point que le pauvre gémisse, 80
Est le plus beau présent des deux.
UNE AUTRE. 32
La veuve en sa défense espère ;
UNE AUTRE. S4
De l'orphelin il est le père ;
TOUTES ENSEMBLE. 86
Et les larmes du juste implorant son appui
Sont précieuses devant lui. 88
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286 X8THXB.
UNS ISBAtUTB, SeuU,
Détourne, roi'puissant, détourne tes oreilles 2
De tout conseil barbare et mensonger,
n est temps que tu t'éveilles : 4
Dans le sang innocent ta main va se plonger
Pendant que tu sommeilles. 6
Détourne, roi puissant, détourne tes oreilles
De tout conseil barbare et mensonger. 8
UKE AUTBE^
Ainsi puisse' sous toi trembler la terre entière ! 10
Ainsi puisse à jamais contre tes ennemis
Le bruit de ta valeur te servir de barrière ! 12
S'ils t'attaquent, qu'ils soient en un moment soumis;
Que de ton bras la force les renverse ; 14
Que de ton nom la terreur les disperse :
Que tout leur camp nombreux soit devant tes soldats 16
Comme d'enfants une troupe inutile ;*
Et si par un chemin iKentre en tes États, 18
Qu'il en sorte par plus de mille.
Notes and Bsfebekoes. — ^ Se resserre, shrink^, — ^ In prose the two
négatives précède the infinitive of s verb; the pas is placed after it
hère, to make it rhyme vith the third Une below. — ' Que ce nouvel
honneur va croître, how mueh that ne» honar toill in^rease, We vould
now say, aeeraître êon audace. Voltaire says : CroUre aujourd'hui n'est
plus aeti( (used aotively), on dit accroitre, — * De grâce, pray,^^ Ao-
oords^ tffOtfM.— ' M. L. 46, R. 2.-7 Fuisse, moy.— ' Inutile, dêfencdeu.
SCÈNE IV.
ASSUÉBUS, ESTHER, AMAN, ÉLISE, LE CHŒUR.
AssuÉRus, à Eaiher. 22
Oui, vos moindres discours ont des grâces secrètes :
Une noble pudeur à tout ce que vous &ited 24
Donne un prix que n'ont point^ ni la pourpre ni l'or.
Quel climat renfermait un si rare trésor ? 26
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▲ OTS III, BCÈKK IV. 28T
Dans quel sein vertueux avez-vous pris liaissanoe î
Et quelle main si sage éleva votre enfanoe î 2
Mais dites promptement ce que vous demandez :
Tous vos désirs, Esther, vous seront accordés ; 4
DussieZi-vous," je l'ai dit, et veux bien le redire,
Demander la moitié de ce puissant empire. 6
ESTHER.
Je ne m'égare point dans ces vastes désirs. 8
Mais puisqu'il &ut enfin expliquer mes soupirs,
Puisque mon roi lui-même à parler me convie, 10
{Mie se jette aux pieds du rot.)
J'ose vous implorer, et pour ma propre vie, 12
Et pour les tristes jours d'un peuple infortuné
Qu'à périr avec moi vous avez condamné. 14
AssiTÊBUS, la relevant,
A périr ! Vous ! Quel peuple ? Et quel est ce mystère î 16
AMAN, à pOiTt.
Je tremble. 18
ESTHER.
Esther, seigneur, eut un Juif pour son père : 20
De vos ordres sanglants vous savez la rigueur.
AMAN, à part. 22
Âh dieux !
ASSUÉRUS. 24
Âh ! de quel coup me peroez-vous le cœur !
Vous la fille d'un Juif! Hé quoi! tout ce que j'aime, ' 26
Cette Esther, l'innocence et la sagesse même.
Que je croyais du del les plus chères amours,' 28
Dans cette source impudb aurait puisé ses jours !*
Malheureux! 80
ESTHER.
Vous pourrez rejeter ma prière : 82
Mais je demande au moins qiie, pour gr&ce dernière.
Jusqu'à la fin, seigneur, vous m'entendiez parler, 84
Et que surtout Aman n'ose point me troubler.
AflSUÉRUS. 8^
Parles.
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MB xsTiis»»
O Dieu, oonfcmdft Taudaoe et l'impostare ! 2
Ces Juifs, dont vous voulez délivrer la nature,
Que vous croyez, seigneur, le rebut des humaina, 4
D'une riche contrée autrefois souverains.
Pendant qu'ils n'adoraient que le Dieu de leurs pèrefl, 6
Ont vu bénir le cours de leurs destins prospères.
Ce Dieu, maître absolii de la terre et des deux, 8
N'est point tel que l'erreur le figure à vos yeux
L'Étemel est son nom ; le monde est son ouvrage : 10
n entend les soupirs de l'humble qu'on outrage,
Juge tous les mortels avec d'égales lois, 12
Et du haut de son trône interroge les rois :
Des plus fermes États la chute épouvantable, 14
Quand il veut, n'est qu'un jeu de sa main redoutable.
Les Jui& à d'autres dieux osèrent s'adresser : 16
Roi, peuples, en un jour tout se vit disperser ;
Sous les Assyriens leur triste servitude 18
Devint le juste prix de leur ingratitude.
Mais, pour punir enfin nos maîtres à leur tour, 20
Dieu fit choix de Cyrus avant qu'il vit le jour,*
L'appela par son nom, le promit à la terre, 22
Le fit naitre,' et soudain l'arma de son tonnerre.
Brisa les fiers remparts et les portes d'airain, 24
Mit des superbes rois la dépouille en sa main,
De son temple détruit vengea sur eux l'injure : 26
Babylone paya nos pleurs avec usure.
Cyrus, par lui vaiaqueur, publia ses bienfaits, 28
Eegarda notre peuple avec des yeux de paix.
Nous rendit et nos lois et nos fêtes divines ; 30
Et le temple déjà sortait de ses ruines.
Mais, de ce roi si sage héritier insensé, 82
Son fils interrompit l'ouvrage commencé*
Fut sourd à nos douleurs. Dieu rejeta sa race, 84
Le retranchîft lui-même,' et vous mit en sa place.
Que n'espérions-nous point d'un roi si généreux ! 86
Dieu regarde en pitié son peuple malheureux.
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▲ OTi ixz» soJsiri IV. iM|9
Disiôiuhnoiui, un roi règne, ami de rinnooence.
Partout du nouveau prince on vantait' la démence. 2
Les Jui& partout de joie en poussèrent des cris.
Gel ! verra-t-on toujours par de cruels esprits 4
Des princes les plus doux Toreille environnée,
Et du bonheur public la source empoisonnée ! 6
Dans le fond de la Thrace un barbare en&nté*
Est venu dans ces lieux souffler la cruauté : 8
Un ministre ennemi de votre propre gloire.
AMAN. 10
De votre gloire ! moi ! Ciel ! le pourriez-vous croire ?
Moi qui n'ai d'autre objet ni d'autre dieu... 12
AssuÉaus.
Tais-toi 1 14
^ Os^tu donc parler sans l'ordre de ton roi 1
ESTHEB. 16
Notre ennemf cruel devant vous se déclare.
C'est lui,'* c'est ce ministre infidèle et barbare 18
Qui, d'un zèle trompeur à vos yeux revêtu,
Contre notre innocence arma votre vertu. 20
Et quel autre, grand Dieu ! qu'un Scythe impitoyable
Aurait de tant d'horreurs dicté l'ordre effroyable ? 22
Partout l'affireux signal en même temps donné
De meurtres remplira l'univers étonné : 24
On verra, sous le nom du plus juste des princes,
Un perfide étranger désoler vos provinces ; 26
Et dans ce palais même, en proie à son courroux.
Le sang de vos sujets regorger jusqu'à vous. 28 ^
Et que reproche aux Juifs sa haine envenimée 'S
Quelle guerre intestine avons-nous allumée 1" 30
Xes a-t-on vus mardier parmi vos ennemis 1
Eut-il jamais au joug esclaves plus soumis 1 82
Adorant dans leurs fers le Dieu qui les châtie,
Pendant que votre main sur eux appesantie 84
A leurs persécuteurs les livrait sans secours,
Us conjuraient" ce Dieu de veiller sur vos jours, 36
De rompre des méchants les trames criminelles,
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940 ISTHIB.
De mettre votre trAne à l'ombre de ses ailes.
N'en doutez point, seigneur, il fut votre soutien ; 3
Lui seul mit à vos pi^s le Parthe et l'Indien,
Dissipa devant vous les innombrables Scythes, 4
Et renferma les mers dans vos vastes limites :
Lui seul aux yeux d'un Juif découvrit le dessein 6
De deux traîtres tout prêts à vous percer le sein.
Hélas! ce Juif jadis m'adopta pour sa fille. 8
ASSUÉRUS.
Maidoohée? 10
n restait seul de notre fîunille. 12
Mon père était son frère. 11 descend comme moi
Du sang infortimé de notre premier roi. 14
Plein d'une juste horreur pour un Amalécîte,
Race que notre Dieu de sa bouche a maudite," 16
Il n'a devant Aman pu fléchir les genoux,
Ni lui rendre un honneur qu'il ne croit dû qu'à vous. 18
De là contre les Juifs et contre Mardochée
Cette haine, seigneur, sous d'autres noms cachée. 20
En vain de vos bienfaits Mardochée est paré :
A la porte d'Aman est déjà préparé 22
D'un infâme trépas l'instrument exécrable ;
Dans une heure au plus tard ce vieillard vénérable, 24
Des portes du palais par son ordre arraché.
Couvert de votre pourpre, y doit être attadié. 26
ASSUÉRUS.
.Quel jour mêlé d'horreur vient effittyer mon âme ! 28
Tout mon sang de colère et de honte s'enflamme.
J'étau donc le jouet... Gel ! daigne m'édairer ! 30
Un moment sans témoins^* cherchons à respirer.
Appelez Mardochée, il &ut aussi l'entendre. 32
Assuérui iéhiffne.
UNS ISRAÉLITB. 84
Vérité que j'implore, achève de descendre !
Nom Ain> BssBBNCBB.^-^ Point ▼onld nov he omitted— ^ Dmsies*
▼011% êhofuid you «véft. — s Amcurê in the plnrml is ftnerally fcimiii]ieb<^
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▲ OTE XIX, SdiKE T. Mi
4 Pnîaé 868 jours, derived hit heing,^^ Avant qu'il vit le jeur, hefw kù
Urth.-^ Le fit naître^ created kim,—^ Le retrancha lui-même, eut Mm
of.— • Yantait, praiëed.-^ Enfanté, 6<?m.— »» M. L. 81, R. 1.— »i M. L. 4^
R. 1.^^* Conjuraient^ betauffht,^^^ M. L. 42, R. 7.— '« Sans témoins»
SCÈNE V.
ESTHEB^ AMAN, £LII^ LE CSŒUR.
AHAN, d Ssiher,
D'un juste étonnement je demeure frappé. 4
Les ennemis des Jui& m'ont trahi, m'ont trompé :
J'en atteste du ciel la puissance suprême, 6
En les perdant, j'ai cru vous assurer vous-même.*
Princesse, en leur &veur employez mon crédit : 8
Le roi, vous le voyez, flotte encore interdit. .
Je sais par quels ressorts on le pousse, <xi Farréte; 10
Et fais, comme il me plait, le calme et la tempête.
Les intérêts des Juifs déjà me sont sacrés. 12
Parlez : vos ennemis aussitôt maasacarés,
Victimes de la foi que ma bouche vous jure, 14
De ma fittale errein: répareront l'injure.
Quel sang demandez-vous? 16
ESTHEB.
Va, traître, laisse-moi : 18
Les Juifs n'attendent' rien d'un méchant tel que toi.
Misérable ! le Dieu vengeur de l'inooeence, 20
Tout prêt à te juger, tient déjà sa balance :
Bientôt son juste arrêt te sera j^ononcé. 22
Tremble : son jour approche, et ton règne est passé.
AMAN. 24
Oui, ce Dieu, je l'avOue, est un Dieu redoutable.
Mais Yeut4I que 1'<hi garde' une baina implacable î 26
Cen est fait :Vmoil orgueil est fercé de j^ier.
LlDeKorabl(|AiMijMti|é4^tAB>^er. M
11
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94S ssfss».
Par le salut des Juif^p, par ces pieds que j'embrasse,
Par oe sage vieillard, Phonneur de votre race, 2
Daignez d'un roi terrible apaiser le courroux :
Sauves Aman, qui tremble à vos sacrés genoux. 4
Notes aho RmaoroBs.— ' Vous assurer Toos-méme, insure your
Êafety, — ^ N^attendent rien, expeet nothing.'-» Garde, nouriaK — ^ C'en
est ÎÊxUUtUU m.
SCÈNE VI.
ASSUÉRUS^ ESIHEB, AMAN, ÉUSEp LE CHCEUB»
▲88UÂRU8.
Quoi ! le traître sur vous porte ses mains hardies ! 8
Ah ! dans ses yeux confus je lis ses perfidies ;
Et son trouble, appuyant la foi de vos discours, 10
De tous ses attentats me rappelle le cours.
Qu^à ce monstre, à l'instant, Tâme soit arrachée ; 12
Et que devant sa porte, au lieu de Mardochée,
Apaisant par sa mort et la terre et les cieux, 14
De mes peuples vengés il repaisse les yeux.
Aman est emmené par les gardes. 16
SCÈNE VII.
ASSUÉRUS^ IBTHEB, MABDOGHÉE, ÉLISE; LE CHŒUB.
ASSUÉBUS, à Mardochée*
Mortel diéri du ciel, mon salut et ma joîe, 20
Aux conseils des méchants ton roi n'est i^us en proie ;
Mes yeux sont dessillés,' le crime est confondu : 522
Viens briller près de moi dans le rang qui t'est diu
Jetddocned'AttiitogMeitoetlapuiBsaaoet 84
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▲ OTS XIX, 80tVX TIIX. t48
Possède justement son injuste opulenoe.
Je romps' le joug funeste où les Juifs sont soumis, 2
Je leur livre le sang de tous leurs ennemis :
A régal des Persans je veux qu'on les honore, 4
Et que tout tremble au nom du Dieu qu'Esther adore.
Rebâtissez son temple, et peuplez vos cités ; 6
Que vos heureux enfants dans leurs solennités
Consacrent de ce jour le triomphe et la gloire, 8
Et qu'à jamais* mon nom vive dans leur mémoire.
Nom AND ExmtxMOKS. — * Dessillés, openeéL — > M. p. 384*-' A
jamais, for ever.
SCÈNE VIII.
ASSTJÉRU3, ESTHEB, MARDOCHÉE, ASAPH, ÉLISE,
LE CHŒUR.
ASSUÉRUS.
Quo veut Asaph ? 14
ASAPH.
Seigneur, le traître est expiré, 16
Par le peuple en fureur à moitié déchiré.
On traîne, on va donner en i^pectacle funeste 18
De son corps tout sanglant le misérable reste.
MARDOCHÉE. 20
Boi, qu'à janmis le ciel prenne soin de vos jours !
Le péril des Juifs presse, et veut un prompt secours. 22
ASSUÉRUS.
Oui, je t'entends. Allons par des ordres contraires 24
Révoquer d'un méchant les ordres sanguinaires.
ESTHER. 26
O Dieu, par quelle route inconnue aux mortels
Ta sagesse conduit ses desseins éternels ! 28
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M4 B9tBsm«
SCÈNE IX.
LE CHOEUB.
TOUT LB CHOEUR.
Dieu fait triompher l'InnooeDce, 4
ChantoEB, célébrons sa puissance.
UNS ISBAÊUTS. 6
n a TU contre nous les méchants s'assembler,
Et notre sang prêt à couler ; 8
Comme Peau sur la terre ils allaient le répandre :
Du haut du ciel sa voix s'est &it entendre ; 10
L'homme superbe est renversé.
Ses propres flèches l'ont percé. 12
UNE AUTRE.
J'ai vu l'impie adoré sur la terre ; 14
Pareil au cèdre, il cachait dans les deux
Son front audacieux ; 16
n semblait à son gré^ gouverner le tonnerre,
Foulait aux pieds ses ennemis vaincus : 18
Je n'ai fait que' passer, il n'était déjà plus.'
UNS AUTRE. 5M>
On peut des plus grands rois surprendre la justice :
Incapables de tromper, 22
Ils ont peine à s'échapper
Des pièges de l'artifice. 24
Un cœur noble ne peut soupçonner en antmi
La bassesse et la malice 5M
Qu'il ne sent point en luL
UNS AUTRB. 28
Comment s'est calmé l'orage î
UNS AUTRE. 80
Quelle main salutaire a chassé le nuage ?
TOUT X*E OBŒUS. 82
LUmaUe EsChar a fkit œ grand ouvrag».
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▲ OTS IIX, ftOÈlTE IZ«
UNE ISRAÉLITE, Siule.
De l'amour de son Dieu son cœur s'est embrasé ; 2
Au péril d'une mort funeste
Son zèle ardent s'est exposé ; 4
Elle a parlé : le ciel a &it le reste.
DEUX ISRAÉUTBS. 6
Esther a triomphé des filles des Persans :*
La nature et le ciel à l'envi l'ont ornée.* 6
l'une des deux.
Tout ressent de ses yeux les charmes inaoeente. 10
Jamais tant de beauté fut-elle couronnée ?
l'autre. 12
Les charmes de son cœur sont encor plus puissants.
Jamais tant de vertu fut-elle couronnée 1 14
TOUTES deux ensemble,
Esther a triomphé des filles des Persans : 16
La nature et le ciel à l'envi l'ont ornée.
UNE ISRAÉLITE, Seulc, 18
Ton Dieu n'est plus irrité ;
Réjouis-toi, Sion, et sors de ]a poussière ; 20
Quitte les vêtements de ta captivité,
Et reprends ta splendeur première. 22
Les chemins de Sion à la fin sont ouverts :
Rompez vos fers. 24
Tribus captives;
Troupes fugitives, 26
Repassez les monts et les mers ;
Rassemblez-vous des bouts de l'univers. 28
TOUT LE CHŒtnU
Rompez vos fers, 30
Tribus captives ;
Troupes fugitives, 82
Repassez les monts et les mers ;
Rassemblez-vous des bouts de l'univers. 84
UNE ISRAÉLITE, SeuU,
Je reverrai ces campagnes si chères. 86
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SMS SStBSB.
. UNE AUTRB.
J'inii pleurer au tombeau de mes pères. 2
TOUT LE CHOSUR.
Repassez les monts et les mers ; 4
Rassemblez-vous des bouts de l'univers.
UNE ISRAÉLITE, feulc. 6
Relevez, relevez les superbes portiques
Du temple où notre Pieu se plait** d'être adoré : 8
Que de l'or le plus pur son autel soit paré,
Et que du sein des monts le marbre soit tiré. 10
Liban, dépouille<toi de tes cèdres antiques :
Prêtres sacrés, préparez vos cantiques. 12
UNE AUTRE.
Dieu descend et revient habiter parmi nous : 14
Terre, frémis d'allégresse et de crainte :
Et vous, sous sa majesté sainte, 16
deux, abaissez-vous.
UNE AUTRE. 18
Que le Seigneur est bon ! que son joug est aimable !
Heureux qui dès l'enfance en connaît la douceur ! 20
Jeune peuple, courez à ce maître adorable :
Les biens les plus charmants n'ont rien de comparable 22
Aux torrents de plaisirs qu'il répand dans un cœur.
Que le Seigneur est bon ! que son joug est aimable ! 24
Heureux qui dès l'enfance en connaît la douûeur !
UNE AUTRE. 26
n s'apaise, il pardonne :
Du cœur ingrat qui l'abandonne 28
n attend le retour ;
Il excuse notre faiblesse ; 80
A nous chercher même il s'empresse :
Pour l'enfant qu'elle a mis au jour* 82
Une mère a moins de tendresse.
Ah ! qui peut avec lui partager notre amour? 84
TROIS ISRAÉLITES.
n nous fait remporter une illustre victoire. 86
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ÂOTS IlZy SCtVB xz« 847
l'une DBS TEOIB.
n nous a révélé sa gloire. 2
TOUTES TROIS ensemble.
Ah ! qui peut avec lui partager notre amour 1 4
TOUT LE CHŒUR.
Que son nom soit béni ;' que son nom soit chanté ; 6
Que l'on célèbre ses ouvrages
Au delà* des temps et des âges, . 8
Au delà de rétemité.
m
Notes and RmxESOEs. — > A son gré, ai his mil; M. L. 88, R. 5.-*-
* Je n'ai fait que passer, I merely passed, looked. — ^ n n^était déjà pins,
hewaê g<me, he no longer existed. — * Persians — ' M. L. 42, R. 7. — ' M.
L. 40, R. 6. — 7 Pour Tenfant qu'elle a mis au jour, for her own off*
êpring, — ^ Que son nom soit béni, bîessed be hiê name, may hU namê bê
bUued. — ' Au delà, beyond.
FIN DESTHSB,
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A T H A L I ES
TKAGÉDIE.
ACTEURS.
Joi%s roi de Jada, fiU d'Ochozîas.'
AxHÀUK, reuTe de Joram, ûenle de Joas.
JoAD^< autrement Joiada, grande prêtre.
JoftABBT,' tante de Joas, femme du grand prêtre.
Zagbabd^^ fils de Joad et de Josabet.
Saloxiih, sœur de Zaoharîe.
Abnxb, l'un des principaux officiers des rois de Juda.
AgJAMAa, JsiuML, et les TBOD AUTBX8 OBSTS dss prétres et
des lévites.
Maiban, prêtre apostat^ sacrificateur à BaaL
Nabai^ eonfident de Mathan.
AoAB, femme de la suite d'Athalie.
Tboi]7E de prêtres et de lévites.
Sons d'Athalie.
La kotjbbiob de Joas.
Ghous de Jeunes filles de la tribu de Lévi.
Là aoibn an dans lb tdiflb db Jébusalkh, dams vïï vis u bul b-i
l'afpabtemxmt du quand prAtbx.
ACTE PREMIER.
SCÈNE I.
JOAD, ABNER.
ABNER.
Oui, je viens dans son temple adorer rÉtemoI ;
Je viens, selon Fusage antique et solennel,
Célébrer avec vous la fameuse journée
Oà sur le mont Sina la loi nous fut donnée.
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▲ OTS I, 60ÈVS X. 240
Que les temps sont changés ! Sitôt que de ee jour
La trompette sacrée annonçait le retour, 8
Du temple, orné partout de festons magnifiques,
Le peuple saint en fbule inondait les portiques ; 4
Et tous, devant Tautel avec ordre introduits.
De leurs champs dans leurs mains portant les nouveaux fruits, 6
Au Dieu de l'univers consacraient ces prémices :
Les prêtres ne pouvaient suffire aux sacrifices. 8
L'audace d'une femme, arrêtant ce concours,
En des jours ténébreux a changé ces beaux jours. 10
D'adorateurs zélés à peine un petit nombre
Ose des premiers' temps nous retracer quelque ombre : 12
Le reste pour son Dieu montre un oubli fatal ;
Ou même, s'empressant aux autels de Baal, 14
Se fait initier à ses honteux mystères,
Et blasphème le nom qu'ont invoqué leurs pères. lÔ
Je tremble qu'Athalie, à ne vous rien cacher,
Vous-même de l'autel vous faisant arracher, 18
N'achève* enfin sur vous ses vengeances funestes.
Et d'un respect forcé ne dépouille les Testes. 20
JOAD.
D'où vous vient aujourd'hui ce noir pressentiment 1 22
ABNER.
Pensez-vous être saint et juste impunément? 24
Dès longtemps elle hait cette fermeté rare
Qui rehausse en Joad l'éclat de la tiare : 26
Dès longtemps votre amour pour la religion
Est traité de révolte et de sédition. 28
Du mérite éclatant cette reine jalouse
Hait** surtout Josabet, votre fidèle épouse ; . 80
Si du grand prêtre Aaron Joad est successeur,
De notre dernier roi Josabet est la sœur. 82
Mathan d'ailleurs, Mathan, ce prêtre sacrilège.
Plus méchant qu'Athalie, à toute heure l'assiège; . 34
Mathan, de nos autels infâme déserteur.
Et de toute vertu zélé persécuteur. 36
Cest peu que,*' le front ceint d'une mitre étrangère,
11*
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980
▲ TBALia.
Ce lévite à Baal prête son ministère ;
Ce temple l'importune, et son impiété
Voudrait anéantir le Dieu qu'il a quitté.
Pour vous perdre il n'est point de ressorts qu'il n'invente :
Quelquefois il vous plaint, souvent même il vous vante ;
11 affecte pour vous une fausse douceur ;
Et, par là de son fiel colorant la noirceur,
Tantôt à cette reine il^ vous peint redoutable,
Tantôt, voyant pour l'or sa soif insatiable,
n lui feint qu'en un lieu que vous seul connaissez
Vous cachez des trésors par David amassés.
Enfin, depuis deux jours la superbe Athalie
Dans un sombre chagrin par^dt ensevelie.
Je l'observais hier, et je voyais ses yeux
Lancer sur le lieu saint des regards furieux ;
Comme si, dans le fond de ce vaste édifice,
Dieu cachait un vengeur armé pour son supplice.
Croyez-moi, plus j'y pense, et moins je puis douter
Que sur vous son courroux ne'' soit près d'éclater.
Et que de Jézabel la fille sanguinaire
Ne vienne attaquer Dieu jusqu'en son sanctuaire.
JOAD.
Celui qui met un frein à la fureur des fiots
Sait aussi des méchants arrêter les complots.
Soumis avec respect à sa volonté sainte.
Je crains Dieu, cher Abner, et n'ai point d'autre crainte.
Cependant je rends grâce au zèle ofiîcieux
Qui sur tous mes périls vous fait ouvrir les yeux.
Je vois que l'injustice en secret vous irrite,
- Que vous avez encor le cœur Israélite.
Le ciel en soit béni ! Mais ce secret courroux,
Cette oisive vertu, vous en contentez-vous 1
La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère 1
Huit ans déjà passés, une impie étrangère
Du sceptre de David usurpe tous les droits,
Se baigne impunément dans le sang de nos rois,
Des en&nts de son fils dét^table homicide,
2
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SO
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▲ ofi X, soiNx X. 251
Et môme contre Dieu lève son bras perfide :
Et vous, l'un des soutiens de oe tremblant État, 2
Vous, nourri dans les camps du saint roi Josaphat,
Qui sous son fils Joram commandiez nos armées, 4
Qui rassurâtes seul nos villes alarmées,
Lorsque d'Ochozias le trépas imprévu** 6
Dispersa tout son camp à Taspect de Jéhu ;
Je crains Dieu, dites-vous, sa vérité me touche ! 8
Voici comme ce Dieu vous répond par ma bouche :
^ Du zèle de ma loi que sert de vous parer 1 10
^ Par de stériles vœux pensez-vous m'honorer 1
^ Quel fruit me revien^il** de tous vos sacrifices 1 12
** Ai-je besoin du sapg des boucs et des génisses 1
*^ Le sang de vos rois crie, et n'est point écouté. 14
** Rompez, rompez tout pacte avec l'impiété ;
** Du milieu de mon peuple exterminez les crimes : 16
^ Et vous viendrez alors m'immoler vos victimes."
ABNBB. 18
Hé ! que puis-je au milieu de ce peuple abattu t
Benjamin est sans force, et Juda sans vertu :** 20
Le jour qui de leurs rois vit éteindre la race
Éteignit tout le feu de leur antique audace. 22
Dieu même, disent-ils, s'est retiré de nous :
De l'honneur des Hébreux autrefois si jaloux, 24
Il voit sans intérêt leur grandeur terrassée ;
Et sa miséricorde à la fin s'est la^ée : 526
On ne voit plus pour nous ses redoutables mains
De merveilles sans nombre effrayer les humains : 28
L'arche sainte est muette, et ne rend plus d'oracles.
JOAD. 80
Et quel temps fut jamais si fertile en miracles ?
Quand Dieu par plus d'effets montra'^il son pouvoir ? 82
Auras-tu donc toujours des yeux pour ne point voir.
Peuple ingrat 1 Quoi ! toujours les plus grandes merveilles 34
Sans ébranler ton cœur frapperont tes oreilles î
Faut-il, Abner, fkut-il vous rappeler le oours 86
Des prodiges fiimenx aooomplis en nos Jours :
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25S ATSALIS.
Des tyrans d'Israôl les célèbres disgràees,
Et Dieu trouvé fidèle en toutes ses menaces ; 2
L^impie Aebab^' détruit, et de son sang trempé
Le champ que par le meurtre il aTÛt usurpé ; 4
Près de ce champ fatal Jézabel immolée ;"
Sous les pieds des chevaux cette reine foulée ; 6
Dans son sang inhumain les chiens désaltérés,
Et de son corps hideux les membres déchirés ; 8
Des prophètes menteurs la troupe confondue,
Et la flamme du ciel sur Tautd descendue ; 10
Élie" aux éléments parlant en souverain.
Les deux par lui fermés et devenus d'airain, 12
Et la terre trois ans sans pluie et sans rosée ;
Les morts se ranimant à la voix d'Elisée V* 14
Reconnaissez, Abner, à ces traits édatants.
Un Dieu tel aujourd'hui qu*il fut dans tons les tempsw 16
n sait, quand il lui plidt, fidre édater sa gloire ;
Et son peuple est toujours présent à sa mémoire. 18
ABNSR.
Mais où sont ces honneurs à David tant promis, 20
Et prédits même encore à Salomon son filsl
Hélas ! nous espérions que de leur race heureuse 22
Devait sortir de rois une suite nombreuse ;
Que sur toute tribu, sur toute nation 24
L'un d'eux établirait sa domination.
Ferait cesser partout la discorde et la guerre, 26
Et verrait à ses pieds tous les rois de la terre.
JOAD. 28
Aux promesses du ciel pourquoi renonces-vous ?
ABKBB. SO
Ce roi, fils de David, où le chercherons-nous f
Le ciel môme peut-il réparer les ruines 82
De cet arbre séché jusque dans ses racines ?
Athalie étouffa l'enfant même au berceau. 84
Les morts, après huit ans, sortentrils du tombeau ?
Ah t si dans sa fureur elle s'était trompée ; 86
SI du sang de nos rois quelque goutte échappée...
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AOTB I, softim X. 2SS
JOAD.
£h bien ! que feriez-vous ? 2
ABNSB.
O jour heureux pour moi ! 4
De quel ardeur j'irais reconnaître mon roi !
Doutez-vous qu'à ses pieds nos Iribus empressées../^ 6
Mais pourquoi me flatter de ces vûnes pensées 1
Déplorable héritier de ces rois triomphants, 8
Ochozias restait seul avec ses enfants:
Par les traits de Jéhu je vis percer le père ; 10
Vous avez vu les fils massacrés par la mare.
JOAD. 12
Je ne m'explique point ; mais quand Tastre du jour
Aura sur l'horizon &it le tiers de son tour, 14
Lorsque la troisième heure aux prières rappelle,
Retrouvez-vous'' au temple avec le même zèle. 16
Dieu pourra vous montrer par d'importants bienfiiits
Que sa parole est stable, et lie trompe jamais. 18
Allez : pour ce grand jour il faut que je m'apprête,
Et du temple déjà l'aube blanchit le fidte. 20
ABNER.
Quel sera ce bien&it que je ne comprends pas? 22
L'illustre Josabet porte vers vous ses pas :
Je sors, et vais me joindre à la troupe fidèle 24
Qu'attire de ce jour la pompe solennelle.
Nom AHD RsrKBKNOEB. — ' Athaliah ; II Eings, chspter XL — ^* Joash.-—
» Ahazish.— « Jehoiada. — s Grand, hiffh.-^ Jehosheba.— ^ Zechariah.—
» Premiers, earl^, former.^* M. § 138, R. (7).— »• M. p 872.—»» Cest
pen que le front ceint, not eonteni with placing upon his hraw, — ^»* M.
§ 138, R. (5).— »3 Imprévu, sudden. — »* Me revient-il, do I dérive,-^
»5 Sans vertu, discouraged; the French word vertu bas often tbe meaning
of tbe Latin virtus, Btrength, bravery, «fcc. — »• Abab. — »7 Immolée, Hain. —
" Elijab.— '» Elisba.— w Retronvez-yoïu, return.
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864 ÀTHALXB.
SCÈNE II.
JOAB, JOSABET.
JOAD.
Les temps sont accomplis, princesse ; il faut parler ; . 4
Et votre heureux larcin ne se peut plus celer.
Des ennemis de Dieu la coupable insolence 6
Abusant contre lui de ce profond silence,
Accuse trop longtemps ses promesses d'erreur : ' 8
Que dis-je ? le succès animant leur fareur,
Jusque sur notre autel votre injuste marâtre'. 10
Veut oôrir à Baal un encens idolâtre.
Montrons ce jeune roi que vos mains ont sauvé ;* 12
Sous l'aile du Seigneur dans le temple élevé.
De nos princes hébreux il aura le courage ; 14
Et déjà son esprit a devancé son âge.
Avant que son destin s'explique par ma voix, 18
Je vais Toffrir au Dieu par qui règitent les rois :
Aussitôt assemblant nos lévites, nos prêtres, 18
Je leur déclarerai l'héritier de leurs maîtres.
JOSABBT. 20
Sait-il déjà son nom et son noble destin î
JOAD. 22
Il ne répond encor qu'au nom d'Éliacin,
Et se croit quelque enfant rejeté par sa mère, 24
A qui j'ai par pitié daigné servir de' père,
JOSABET. 26
Hélas ! de quel péril je l'avais su tirer !
Dans quel péril encore il est près de rentrer ! 28
JOAD.
Quoi ! déjà votre foi s'affaiblit et s'étonne? 30
JOSABET.
A vos sages conseils, seigneur, je m'abandonne. 32
Du jour que j'arrachai cet enfant à la mort,
Je remis en vos mains tout le soin de son sort ; 34
Même, de mon amour craignant la violenoi^
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ACTl X, BCÈHB XX. 966
^xutant que je le puis j'évite sa présenoe.
De peur qu'en le voyant quelque trouble indiscret 2
Ne fasse avec mes pleurs échapper mon secret.
Surtout j'ai cru devoir aux larmes, aux prières, 4
Consacrer ces trois jours et ces trois nuits entières.
Cependant aujourd'hui puis-je vous demander 6
Quels amis vous avez prêts à vous seconder 1
Abner, le brave Abner viendra-t-il nous défendre ? 8
A-t-il près de son roi fait serment de se rendre V
JOAD. 10
Abner, quoiqu'on se pût assurer* sur sa foi,
Ne sait pas même encor si nous avons un roL 12
JOSABET.
Mais à qui de Joas confiez-vous la garde V 14
Est-ce Obed, est-ce Amnon que cet honneur regarde 1
De mon père sur eux les bienfaits répandus... 16
JOAD.
A l'injuste Athalie ils se sont tous vendus. 18
JOSABET.
Qui donc opposez-vous contre ses satellites 1 20
JOAD.
Ne vous l'ai-je pas dit 1 nos prêtres, nos lévites. 22
JOSABET.
Je sais que, près de vous en secret assemblé, 24
Par vos soins prévoyants leur nombre est redoublé ;
Que, pleins d'amour pour vous, d'horreur pour Athalie, 26
Un serment solennel par avance les lie
A ce fils de David qu'on leur doit révéler. 28
Mais, quelque noble ardeur dont ils puissent brûler,
Peuvent-ils de leur roi venger seuls la querelle? SO
Pour un si grand ouvrage est-ce assez de leur zèle 1
Doutez-vous qu' Athalie, au premier bruit semé ' 82
Qu'un fils d'Ochozias est ici renfermé,
De ses fiers étrangers assemblant les cohortes, 34
N'environne le temple et n'en brise les portes 1 '
Soffira-t-îl contre eux de vos ministres saints, 86
Qui, levant au Seigneur leurs innooentes maina^
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SM AYBÀtXl.
Ne savent que gémir et prier pour nos crimefl.
Et n'ont jamais versé que le sang des victimes t 2
Peut-être dans leurs bras Joas percé de coups...
JOAD. 4
Et comptez-vous pour rien Dieu qui combat pour nous ?
Dieu, qui de l'orphelin protège Tinnocence, 6
Et fait dans la faiblesse éclater sa puissance ;
. Dieu, qui hait les tyrans, et qui dans JezraëP 8
Jura d'exterminer Achab et Jézabel ;
Dieu, qui, frappant Joram le mari de leur fille, 10
A jusque sur son fils poursuivi leur famille ;
Dieu, dont le bras vengeur, pour un temps suspendu, 12
Sur cette race impie est toujours étendu î
JOSABET. 14
Et c'est sur tous ces rois sa justice sévère
Que je crains pour le fils de mon malheureux frère. 16
Qui sait si cet enfant, par leur crime entraîné.
Avec eux en naissant ne fut pas condamné ? 18
Si Dieu, le séparant d'une odieuse race.
En faveur de David voudra lui faire grâce V 20
Hélas ! l'état horrible où le ciel me l'offrit
Revient à tout moment effrayer mon esprit. 22
De princes égorgés la chambre était remplie :
Un poignard â'ia main, l'implacable Athalie 24
Au carnage animait ses barbares soldats.
Et poursuivait le cours de ses assassinats. 26
Joas, laissé pour mort, frappa soudain ma vue :
Je me figure encor sa nourrice éperdue, 28
Qui devant les bouijreaux s'était jetée en vain,
Et, fiiible, le tenait renversé sur son sein. 80
Je le pris tout sanglant. En baignant son visage,
Mes pleurs du sentiment lui rendirent l'usage, 32
Et, soit frayeur encore, ou pour me caresser,
De ses bras innocents je me sentis presser. 84
Grand Dieu, que mon amour ne lui soit point funeste ! ^
Du fidèle David c'est le précieux reste : 86
Nourri dans ta oMdsQD, «a l'amottr de ta loi,
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▲ OTS I, «ciiri IX. M7
Il ne connaît encor d'autre père que toi.
Sur le point d'attaquer une reine homicide, 2
A l'aspect du péril si ma foi s'intimide,
Si la chair et le sang, se troublant aujourd'hui, 4
Ont trop de part aux pleurs que je répands pour lui,
Conserve l'héritier de tes saintes promesses, 6
Et ne punis que moi de toutes mes fidblesses !
JOAD. 8
Vos larmes, Josabet, n'ont rien de criminel :
Mais Dieu veut qu'on espère en son sein paternel. 10
Il ne redierche point, aveugle en sa colère,
Sur le fils qui le craint l'impiété du père. 12
Tout ce qui reste encor de fidèles Hébreux
Lui viendront aujourd'hui renouveler leurs voeux. 14
Autant que de David la race est respectée,
Autant de Jézabel la fille est détestée. * 16
Joas les touchera par sa noble pudeur,*
Où semble de son sang reluire la splendeur : 18
Et Dieu, par sa voix même appuyant notre exemple,
De plus près à leur cœur parlera dans son temple. 20
Deux infidèles rois tour à tour l'ont bravé :
11 faut que sur leur trône un roi soit élevé, 22
Qui se souvienne un jour qu'au rang de ses ancêtres
Dieu l'a fait remonter par la main de ses prêtres, 24
L'a tiré par leurs mains de l'oybli du tombeau.
Et de David éteint rallumé le flambeau. 26
Grand Dieu, si tu prévois qu'indigne de sa race^
n doive de David abandonner la trace, 28
Qu'il soit^* comme le fruit en naissant arraché,
Ou qu'un souffle ennemi dans sa fleur a séché ! 30
Mais si ce même, enfimt, à tes ordres docile,
'Doit être à tes desseins un instrument utile, 82
Fais qu'au juste héritier le sceptre soit remis;
^vre en mes faibles mains ses puissants ennemis ; 34
Confonds dans ses conseils une reine cruelle !
Daigne, daigne, mon Dieu, sur Mathan et sur elle 30
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▲THALXB.
Répandre cet esprit d^mprudence et d^erreur.
De la chute des rois funeste avant-coureur ! 2
L'heure me presse : adieu. Des plus saintes familles
Votre fils et sa sœur vous amènent les filles. 4
Notes akd Refebenges. — ^ Msrfltre» ttepmother. — ^ M. L. 42, B. 6. —
• Servir de, been a. — * De se rendre, to repair,'^* S^assurer, depenêL^-^
• Garde, charge, de/ente. — f Jezreel.— > Lui faire grftce^ ^[wn Atm.—
• Padeiuv mode9ty, — ^^ Qu'il solt^ let kim be.
SCÈNE III.
JOSABET, ZACHARIE, SALOMITH, LE CHŒUR.
JOSABST.
Cher Zacharie, allez, ne vous arrêtez pas ; * 8
De votre auguste père accompagnez les pas.
O filles de Lévi ! troupe jeune et fidèle, 10
Que déjà le Seigneur embrase' de son zèle,
Qui venez si souvent partager mes soupirs, 12
Enfants, ma seule joie en mes longs déplaisirs,*
Ces festons dans vos mains, et ces fieurs sur vos têtes, 14
Autrefois convenaient à nos pompeuses fêtes :
Mais, hélas ! en ce temps d'opprobre et de douleurs, 16
Quelle offrande sied* mieux que celle de nos pleurs 1
J^entends aéjà, j'entends la trompette sacrée, 18
Et du temple bientôt on permettra l'entrée.
Tandis que je me vais préparer à marcher, 20
Chantez, louez le Dieu que vous venez chercher.
KoTB3 AND Refebskces. — ' Embrosc, inspîresj-^ Déplaisirs^ êor*
row».— 3M. L.4^ R. 8.
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xy. 259
SCÈNE IV.
LE CHŒUB.
TOUT LE CHŒUB chantê.
Tout l'uDÎvers est plein de sa magnificence ; 4
Qu'on l'adore, ce Dieu, qu'on l'invoque à jamais :
Son empire a des temps précédé la naissance ;
Chantons, publions ses bienûtits.
UNE VOIX seule, 8
En vain l'injuste violence
Au peuple qui le loue imposerait silence ; 10
Son nom ne périra jamais.
Le jour annonce au jour sa gloire et sa puissance, 12
Tout l'univers est plein de sa magnificence :
Chantons, publions ses bienfaits. 14
TOUT LE CHŒUR répète.
Tout l'univers est plein de sa magnificence : 16
Chantons, publions ses bienfaits.
UNE VOIX seule. 18
11 donne aux fleurs leur aimable peinture ;'
Il fait naître et mûrir les fruits ; 20
Il leur dispense avec mesure
Et la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits. 22
Le champ qui les reçut les rend avec usure.
UNE* AUTRE. 24
Il commande au soleil d'animer la nature.
Et la lumière est un don de ses mains : 26
Mais sa loi sainte, sa loi pure
Est le plus riche don qu'il ait fait aux humainsl 28
UNE AUTRE.
mont de Sinaï, conserve la mémoire 80
De ce jour à jamais auguste et renommé.
Quand, sur ton sommet enflammé, 82
Dans un nuage épais le Seigneur enfermé
Fit luire aux yeux mortels un rayon de sa gloire. 84'
Dis-nous pourquoi ces feux et ces éclairs,
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2M ATBALXS.
Ces torrents de fumée, et oe bruit dans les airs,
Ces trompettes et ce tonnerre 1 2
Venait-il renverser Tordre des éléments ?
Sur ses antiques fondements 4
Venait-il ébranler la terre?
UNS AUTRE. 6
Il venait révéler aux enfimts des Hébreux
De ses préceptes saints la lumière immortelle ; 8
n venait, à ce peuple heureux,
Ordonner de l'aimer d'une amour* éteraelle. 10
TOUT LB CaCBUB.
. G divine, ô charmante loi ! 12
G justice, ô bonté suprême !
Que de raisons, quelle douceur extrême 14
D'engager' à ce Dieu son amour et sa foi !
UNE VOIX seule, 16
D'un joug cruel il sauva nos aïeux,
Les nourrit au désert d'un pain délicieux ; 18
Il nous donne ses lois, il se donne lui-même :
Pour tant de biens il commande qu'on l'aime. 20
LE CHŒUR.
G justice, ô bonté suprême ! 22
LA MÊME VOIX.
Des mers pour eux il ent'rouvrit les eaux, 24
D'un aride rocher fit sortir des ruisseaux ;
Il nous donne ses lois, il se donne lui-même : 26
Pour tant de biens il commande qu'on l'aime.
LE CHŒUR. 28
O divine, 6 charmante loi !
Que de raisons, quelle douceur extrême 80
D'engager à ce Dieu son amour et sa foi !
UNE AUTRE VOIX SBUle. 82
Vous qui ne connaissez qu'une crainte servile.
Ingrats, un Dieu si bon ne peut-il* vous charmer ! 84
Est-il donc à vos cœurs, est-il si difficile
Et si pénible de l'aimer ? 86
L'esclave craint le tyran qui l'outrage;
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AOTB II» ma^vM X. Ml
Mais des enâmts l'amour est le partage :
Vous voulez que ce Dieu tous oomUe de bkiiitHfat, 2
Et ne l'aimer jamais !
T00T ha OHŒUB. 4
O divine, ô charmante loi !
O justice, ô bonté suprême ! 6
Que de raisons, quelle douceur extrême
D'engager à ce Dieu son amour et sa foi ! 8
Nom Ain> Rxmxiron. — ' Peinture, colon,—* Noir misevline In the
fiingnlar. — 3 D'engager, topkdffe.-^ M. § 138» B. (2).
^ I.» » >t »
ACTE DEUXIÈME.
SCÈNE I.
JOSABET, SALOMITH, LE CRQSUIBL
70SABBT. 12
Mes filles, c'est assez ; suspendez vos cantiques :
n est temps de nous joindre aux^ prières publiques. 14
Voici* notre heure: allons célébrer ce grand jour.
Et devant' le Seigneur paraître à notre tour. 16
No» àXD BnsBoron. — ^ Dénoua joindre aux; for u$ to umU in. —
* Yoioi, thU M.— 9 M. § 148, B. (1).
SCiSNE II.
JEACHABIB, JOSABET, SALOMITH, LE CHŒUB.
JOSABST.
Sfais que vois-je ! Mon fils, quel sujet vous ramène 1
Où courez-vous ainsi, tout p&le et hors d'halna» ?
O ma mère t
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▲TBAtlB,
J08ABBT.
Eh bien!
quoîl
EACHABIB.
2
Le temple est profimé !
4
J08ABET.
Comment 1
ZACHARIE.
6
Et du Seigneur l'autel abandonné.
8
J08ABET.
Je tremble. Hâtez-vous d'édaircir votre mère. 10
ZACHARIE.
Déjà, selon la loi, le grand prêtre mon père, 12
Après avoir au Dieu qui nourrit les humains
De la moisson nouvelle offert^ les premiers pains, 14
Lui présentait encore entre ses mains sanglantes
Des victimes de paix les entrailles fumantes ; ^ 16
Debout à ses côtés, le jeune Éliacin
CJomme mol le servait en long habit de lin ; 18
Et cependant du sang de la chair immolée
Les prêtres arrosaient Tautel et l'assemblée ; 20
Un bruit confus s* élève, et du peuple surpria
Détourne' tout à coup les yeux et les esprits. 22
Une femme... (peut-on la nommer sans blasphème !)
Une femme... C était Athalie elle-même. 24
JOSABST.
Qel! 26
ZACBARIB.
Dans un des parvis, aux hommes réservé, 28
Cette femme superbe entre, le front levé.
Et se préparait même à passer les limites * 30
De Tenceinte' sacrée ouverte aux seuls lévites.
Le peuple s'épouvante, et fuit de toutes parts. 32
Mon père... ah ! quel courroux animait ses regards !
Moïse* à Pharaon* parut moins formidable : 34
*' Reine, sors, art-il dit» do ce lieu redoutable,
"* D'où teTbaniiit ton sexe et ton impiétéi 36
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▲OTi XI, BOtva XX. SO
^ VieD8*ta du Dieu vivant braver 1a majesté V*
La reine alors, sur lui jetant un œil farouphe, 2
Pour blasphémer, sans doute, ouvrait déjà la bouohe :
J'ignore si de Dieu l'ange se dévojlant 4
Est Jrenu lui montrer un glaive étincdant ;
Mais sa langue en sa bouche à l'instant s'est glacée, 6
Et toute son audace a paru terrassée ;
Ses yeux, comme effrayés, n'osaient se détourner : 8
Surtout Éliacin paraissait l'étonner.
JOSABET. 10
Quoi donc ! Éliadn a paru devant elle 1
ZACHARIS. 12
Nous regardions tous deux cette reine cruelle,
Et d'une égale horreur nos cœurs étaient frappés ; 14
Mais les prêtres bientôt nous ont enveloppés ;'
On nous a &it sortir. J'ignore tout le reste, 16
Et venais vous conter ce désordre funeste.
JOSABET. 18
Ah ! de nos bras sans doute elle vient l'arracher ;
Et c'est lui qu'à l'autel sa fureur vient chercher. 20
Peut-être en ce moment l'objet de tant de larmes...
Souviens-toi de David; Dieu, qui vois mes alarmes ! 22
SALOMTTB.
Quel est-il, cet objet des pleurs que vous versez? 24
ZACHARIB.
Les jours d'Éliacin seraient-ils menacés 1 26
SALOMITH.
Aorait-il de la reine attiré la colère ? 28
ZACHARIE.
Que craint-on d'un enfant sans support et sans père 1 80
JOSABET.
Ah ! la void. Sortons : il la faut éviter. 82
TSfoTEB àXD BiTRSEiroBS. — < M. p. 376.— * Déboarne, éUsturhs, — > En-
ceinte, pr^einets. — * MoBes. — > Fharaob. — ' Noos ont enTeloppés, tur-
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SCÈNE III.
XTBÀÙB, ÀBÀR, ABNEB,
AOAR.
Madame, dans ces lieux pourquoi tous arrêtera 4
Ici tous les objets vous blessent,* vous irritent
Abandonnes ce temple aux prêtres qui lliabitent ; 6
Fuyez tout ce tumulte, et dans votre palais .
A vos sens agités venez rendre la paix. 8 |
ATHAUS. I
Non, je ne puis : tu vois mon trouble et ma faiblesse. 10 |
> Va, ûàa dire à Mathan qu'il vienne, qu'il se presse.
Heureuse si je puis trouver par son secours 12
Cette paix que je cherche et qui me fuit toujours !
Bile iouied.^ 14
Ko» ABi> BsmuBiroBB.— 1 Ponrqaoi vous arrêter, why do yim iv>
fliMtfi.— s Bleieent, <^end-^ M. p. 858.
SCÈNE IV.
ATHALIE; ABITER, sum d'atsaxo.
ABinuu
Madame, pardonnez si j'ose le défendre : 18
Le zèle de Joad n'a point dû vous surprendre.'
Du Dieu que nous servons tel est l'ordre éternel : 20
Lui-môme il nous traça son tem,ple et son autel,
Aux seuls en&nts d'Aaron commit ses sacrifices» 22
Aux lévites marqua leur place et leurs offices.
Et surtout défendit' à leur postérité 24
Avec tout autre dieu toute société.
Hé quoi ! vous, de nos loiset la femme oitla. xojkf^ 26
Êtes<»vou8 à ee point liaiimljious. étrangère?
Ignorez-vous nos lois 1 et &ut-il qu'aujèuidlMii*^ ^
Voioi volare Mathan ; je vous laisse av«o loi.
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▲ 0TB IX| 8CÈZrX T.
ATHÂLIB.
Votre présence, Abner, est ici nécessaire. 2
Laissons là de Joad l'audace tém^aire,
Et tout ce vain amas de superstition? 4
Qui ferme votre temple aux autres nations :
Un sujet plus pressant excite mes alarmes. 6
Je sais que^ dès Penfance élevé dans les armes,
Abner a le cœur noble, et qu'il rend à la fois S
Ce qu'il doit à son Dieu, ce qu'il doit à ses rois.
Demeurez. 10
Noira AND RxFEREirc&s. — 1 N^a point dû vous surprendre, should noi
hoM surprited yau. — ^ Défendit, didforbid.
SCÈNE V.
ATHAUE, MATHAN, ABNER, sotie d'athalxx.
MATHAN.
Grande reine, est-ce ici votre place ? 14
Quel trouble vous agite, et quel efiroi vous glace %
Parmi vos ennemis que venez-vous chercher % 16
De ce temple profane osez-vous approcher ?
Avez-vous dépouillé' cette haine si vive... 18
ATHALIB.
Prétez-moi Tun et l'autre une oreille attentive. 2Q
Je ne veux point ici rappeler le passé,
Ni vous rendre raison' du sang que j'ai versé t 22
Ce que j'ai &it, Abner, j'ai cru le devoir faire.
Je ne prends point pour juge un peuple téméraire : 24
Quoi que son insolence ait osé publier,
Le ciel même a pris soin de me justifier. 26
Sur d'éclatants succès ma puissance établie
A &it jusqu'aux deux mers respecter Athalie : 28
Par moi Jérusalem goûte' on calme profond ;
Le Jourdain ne voit plus l'Arabe v&g»boxul 80
Ni rsltier Philistin, par d'éternels ravagesi
12
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ÂTHAIXS.
Comme au tempe de tos rois, désoler ses rivages ;
Le Syrien me traite* et de reine et de sorar; 2
Enfin de ma maison le perfide oppresseur,
Qui devait jusqu'à moi pousser sa barbarie, 4
Jéhu, le fier Jéhu tremble dans Samarie ;
De toutes parts pressé par un puissant voisin, 6
Qae j'ai su soulever contre cet assassin,
il me laisse en ces lieux souveraine maîtresse. B
Je jouissais en paix du fruit de ma sagesse
Mais un trouble importun vient depuis quelques jours 10
Do mes prospérités interrompre le cours.
Un songe (me devrais-je inquiéter* d'un songe !) 12
Entretient dans mon cœur un chagrin qui le ronge :
Je l'évite partout, partout il me poursuit. 14
C'était pendant Thorreur d'une profonde nuit;
Ma mère Jézabel devant moi s'est montrée,* 16
Comme au jour de sa mort, pompeusement parée :
Ses malheurs n'avaient point abattu' sa fierté ; 18
Même elle avait enoor ce.t éclat emprunté
Dont elle eut soin de peindre et d'orner son yisage, 20
Pour réparer des ans Firréparable outrage :
^ Tremble, m'a-t-elle dit, fille digne de moi ; 22
*^ Le cruel Dieu des Juifs l'emporte aussi* sur toi.
*^Je te plains de tomber dans ses mains redoutables, 24
*' Ma fille." En achevant ces mots épouv|tntables.
Son ombre vers mon lit a paru se biûsser : 26
Et moi, je lui tendais les mains pour Tembrasser ;
Mais je n'ai plus trouvé qu'un horrible mélange 28 .
D'os et de chair meurtris et traînés dans la fange.
Des lambeaux pleins de sang, et des membres afireux 30
Que des chiens dévorants se disputaient entre eux.
ASVXIL 82
Grand Dieu !
^THAUB. 84
Dans ce désordre à mes jénz se présente
Un jeune eofiuit couvert d'une robe éclatante, 86
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AOTB xt, «etirs V. • 987
Tel qu'on voit des Hébreux les prêtreâ revêtus.
Sa vue a ranimé mes esprits abattus. 2
Mais lorsque, revenant de* mon trouble funeste,
J'admirais sa douceur, son air noble et modeste, 4
J'ai senti tout à coup un homicide acier
Que le trûtre en mon sejn a plopgé tout entier. 6
De tant d'objets divers le bizarre assemblage
Peut-être du hasard vous parait un ouvrage : 8
Moi-même quelque temps, honteuse de ma peur.
Je l'ai pris pour l'effet d'une sombre vapeur. 10
Mais de ce souvenir mon âme possédée
A deux fois en dormant revu la même idée ; 12
Deux fois mes tristes yeux se sont vu retracer
Ce même enfant toujours tout prêt à me percer. 14
"Lasse enfin des horreurs dont j'étais poursuivie,
J'allais prier Baal de veiller sur ma vie, 16
Et chercher du repos au pied de ses autels :
Que ne peut la frayeur" sur l'esprit des mortels ! 18
Dans le temple des Juifs un instinct m'a poussée,
Et d'apaiser leur Dieu j'ai conçu la pensée ; 20
J'ai cru que des présents calmeraient son courroux,
Que ce Dieu, quel qu'il soit, en deviendrait plus doux, 22
Pontife de Baal, excusez ma faiblesse.
J'entre. Le peuple fuit ; le sacrifice cesse; 24
Le grand prêtre sur moi s'élance avec fureur :
Pendant qu'il me parlait, ô surprise ! ô terreur ! 26
J'ai vu ce même enfant dont je suis menacée.
Tel qu'un songe effrayant l'a peint 4 ma pensée. 28
Je l'ai vu; son même air, son même habit de lin,
Sa démarche," ses yeux, et tous ses traits enfin : ' 80
Cest lui-même. 11 marchait à côté du grand prêtre :
Mais bientôt à ma vue on l'a fait disparaître. 32
Voilà quel trouble ici m'oblige à m'arrêter.
Et sur quoi j'ai voulu tous deux vous consulter. 34
Que présage, Mathan, ce prodige incroyable ?
MATHAN. 86
Ce songe et oe rapport» tout me semble efiroyaUe»^
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S68 • ÀtSALl*.
ATHAUX.
Mais cet enfimt &ta1, Abner, vous l'avez vu : 2
Quel est-il ? de quel sang et de quelle tribu I
ABNXB. 4
Deux enfants à Pautel prêtaient leur ministère :
L'un est fils de Joad, Josabet est sa mère ; 6
L'autre m'est inconnu.
MATHAN. 8
Pourquoi délibérer 1
De tous les deux, madame, il se &ut^' assurer. 10
Vous savez pour Joad mes égards, mes mesures ;
Que je ne cherche point à venger mes injures ; 12
Que la seule équité règle en tout mes avis :
Mais lui-même, après tout, fût-ce son propre filS| 14
Voudrait-il un moment laisser vivre un coupable ?
ABNSR. 16
De quel crime un en&nt peut-il être capable ?
MATH AN. 18
Le ciel nous le fait voir un poignard à la main :
Le del est juste et sage, et ne fait rien en vain. 20
Que cherchez-vous de plus 1
ABinsB. 22
Mais, sur la foi d'un songe,
Dans le sang d'un enfant voulez-vous qu'on se plonge 1 24
Vous ne savez encor de quel père*' il est né.
Quel il est 26
MATHAN.
On le craint ; tout est examiné. 28
A d^illustres parents s'il doit son origine,
La splendeur de son sort doit hâter sa ruine ; 30
Dans le vulgaire obscur si la sort l'a placé.
Qu'importe qu'au hasard un sang vil soit versé 1 32
Est-ce aux rois à garder cette lente justice 1
Leur sûreté souvent dépend d'un prompt supplice. 34
N'allons point les gêner d'un soin embarrassant :
Dès qu'on leur est suspect, on n'est plus innocent 36
ABNSIU
Hé quoi, Sfiiftiianl d\lsjirètre est«e là le langage t M
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AOTX II, SCÈ5B V.
Moi, nourri dans la guerre aux horreurs du carnage,
Des yengeances des rois ministre rigoureux, 2
C'est moi qui prête ici ma voix aux malheureux ! .
Et vous, qui lui devez des entrailles de père, 4
Vous, ministre de paix dans les temps de colère,
Couvrant d'un zèle faux votre ressentiment, 6
Le sang à votre gré coule trop lentement !
Vous m'avez commandé de vous parler sans feinte, 8
Madame: quel est donc ce grand sujet de crainte?
Un songe, un faible enfant, que votre œil prévenu" 10
Peut-être sans raison croit avoir reconnu.
ATHALIE. 12
Je le veux croire, Abner, je puis m'être trompée :
Peut-être un songe vain m'a trop préoccupée. 14
Eh bien, il faut revoir cet^ enfant de plus près ;
Il en faut à loisir examiner les traits. 16
Qu^on les fasse tous deux par^tre en ma présence.
ABNER. 18 .
Je crains...
ATHALIE. 20
Manquerait-on pour moi de complaisance ?
De ce refus bizarre où seraient les raisons 1 22
Il pourrait me jeter en d'étranges soupçons.
Que Josabet, vous dis-je, ou Joad les amène. 24
Je puis, quand je voudrai, parler en souveraine.
Vos prêtres, je veux bien, Abner, vous l'avouer, 26
Des bontés d'Athalie ont lieu de se louer.
Je sais, sur ma conduite et contre ma puissance, 28
Jusqu'où de leurs discours ils portent la licence :
Ils vivent cependant, et leur temple est debout." 80
Mais je sens que bientôt ma douceur est à bout.
Que Joad mette un frein à son zèle sauvage, 82
Et ne m'irrite point par un second outrage.
Allez. 34
Notes and Références. — ' Dépouillé, lost. — ^^ Ni voua rendre raison,
nar give an excuse to youfoV. — ^ Goûte, enjoys. — * Le Syrien me traite,
the Syrian ccUU me. — s Me devrais-je inquiéter d'un songe f ouffht Ito
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VtO ATBALIl.
bê «fiMwy àbonit a dreamf^^ S'est montrée, appeared. — ^^ Abattu, u^
nUniiked. — ' L'emporte aussi sar toi, ha* àUo eonquered thee, — * Reve-
nant de, recovering fram. — '^ Qae ne peut la frayeur, tohtU influence h-aa
{not)/ear, — '^ Sa démarche, his manner. — '^ Il se faut assurer, im miui
iecure, — »• De quel père il est né, who vku his father. — " Prévenu, pre-
/udieed. — *< Est debout» êiandê.
SCÈNE VI.
ATHALTH MATHAN, suite D*AfBAix&
MATHAN.
Eofio je puis parler en liberté ; 4
Je puis dans tout son jour^ mettre la vérité,
Quelque'monstre naissant dans ce temple s'élève, 6
Seine ; n'attendez pas que le nuage crève.
Abner obez le grand prêtre a devancé le jour :* 8
Pour le sang de ses rois vous savez son amour.
Et qui sait si Joad ne veut point en leur .place 10
Substituer l'enfant dont le ciel vous menace.
Soit son fils, soit quelque autre î ^ 12
ATHAUS.
Oui, vous m'ouvrez les yeux. 14
Je commence à voir dair dans cet avis des deux.
Majs je veux de mon doute être débarrassée : 16
Un enfant est peu propre à tra}iir sa pensée ;
Souvent d'un grand dessein un mot nous &it juger. 18
Laissez-moi, cher Mathan, le voir, l'interroger.
Vous cependant, allez ; et, sans jeter d'alarmes, 20
 tous mes Tyriens fiûtes prendre les armes.
NoTii AND Rbrkbvobs. — ' Daus tout son Jour, tu ii$ truêlighL —
' A devancé le Jour, eame hrfore day.
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AOTB iiy softirs yxx. 271
SCÈNE VII.
JOM JOSABET, ATHALIE. ZACHARIE, ABNER. SALOMITH,
DEUX LÉVITES, LE CHŒUR, sditi i>'i
JOSÀBBT, aux deux lévites. 4
O vous, sur ces enfants si chers, si précieux.
Ministres du Seigneur, ayez toujours les yeux« 6
ABNER, à Josahet
Princesse, assurez-vous, je les prends sous ma garde. 8
ÂTHALIE.
o ciel ! plus jVxamine, et plus je le regarde... 10
Cest lui ! D'horreur encor tous mes sens sont saisis.
Montrant Joas. 12
Épouse de Joad, est-ce là votre fils 1
JOSABET. 14
Qui 1 lui, madame 1
ATHALIE. 16
Lui.
JOSABEt. 18
Je ne suis point sa mère.
Montrant Zacharie, ^ 20
Voilà mon fils.
ATHALIE, à JoOi. 22
Et vous, quel est donc votre père 1
Jeune enfiint, répondez. 24
JOSABBT.
Le ciel jusqu'aujourdlmi... 26
ATHALIE, à Joiobet,
Pourquoi vous pressez-vous de répondre pour luit 28
Cest à lui de parler.
JOSABET. 30
Dans un âge si tendre
Quel éclairci£iiMment^ en pouvez-vous attendre 1 S2
ATHALIE.
Cet âge est innocent : son ingénuité* 84
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2T2 ATHALIÏ.
N'altère point enoor la simple vérité.
Laissez-le s'expliquer sur tout ce qui le touche. 2
josABET, à part
Daigne mettre, grand Dieu, ta sagesse en sa bouche ! 4
ATHAUE.
Comment vous nommez-vous? 6
JOAS.
J'ai nom Êliacin. 8
ATHAUB.
Votre père? 10
JOAS.
Je suis, ditK>n,' un orphelin 12
Entre les bras de Dieu jeté dès ma naissance,
Et qui de mes parents n'eus jamais connaissance. 14
ATHALIE.
Vous êtes sans parents % 16
JOAS.
Es m'ont abandonné. 18
ATBALIE.
Comment ? et depuis quand? "20
JOAS.
Depuis que je suis né.^ 22
ATHAUE.
Ne sait-on pas au moins quel pays est le vôtre ? 24
JOAS.
Ce temple est mon pays : je n'en connais point d'autre. 26
ATHALIE.
Où dit-on que le sort vous a fait rencontrer? 28
JOAS.
Parmi des loups cruels prêts à me dévorer. 80
ATHALIE.
Qui vous mit dans ce temple ? 82
JOAS.
Une femme inconnue, 34
Qui ne dit point son nom, et qu'on n'a point revue.
ATHALIE. 36
Mais de vos premiers ans quelles mains ont pris soin ?
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ACTB ZI, «OÈNS VZI. 99S
JOAS.
Dieu laîssft-t-il jamais ses enfknts au besoin 1 2
Aux petits des oiseaux il donne leur pâture/
Et sa bonté s'étend sar toute la nature. 4
Tous les jours je l'invoque ; et d'un soin paternel
Il me nourrit des dons offerts sur son autel. 6
ATHÀLIB.
Quel prodige nouveau me trouble et m'embarrasse ! 8
La douceur de sa voix, son enfance, sa grâce,
Font insensiblement à mon inimitié 10
Succéder... Je serais sensible à la pitié !
ABNER. 12
Madame, voilà donc cet ennemi terrible !
De vos. songes menteurs l'imposture est visible ; ^ 14
A moins* que la pitié, qui semble vous troubler,
Ne soit ce coup fatal qui vous faisait trembler. 16
ATHAUE, à Joaa et à JosaheL
Vous sortez ? 18
JOSABET.
Vous avez entendu sa fortune f 20
Sa présence à la fin pourrait être importune.
ATHALIB. 22
Non : revenez. Quel est tous les jours votre emploi 1
joAS. 24
J'adore le Seigneur ; on m'explique sa loi ;
Dans son livre divin on m'apprend à la lire, 26
Et déjà de ma main je commence à l'écrire.
ATHALIB. 28
Que vous dit cette loi ?
JOAS. 30
Que Dieu veut être aimé ;
Qu'il venge tôt ou tard son saint nom blasphémé ; 82
Qu'il est le défenseur de l'orphelîn timide ;
Qu'il résiste au supçrbe, et punit l'homicide. 34
ATHALIE.
J'entends. Mais tout ce peuple, enfermé dans ce lieu, 36
A quoi s'oeeupe-t-il?
12*
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9ff4' ATHÂLXS.
J0A8.
n loue, il bénit Dieu* S
ATHALIB.
Dieu veut-il qu'à toute heure on prie, on le contemple 1 4
J0Â8.
Tout profiine exercice est banni de son temple. 6
ATHAUB.
Quels sont donc Vos plaisirs 1 8
JOAS.
Quelquefois à l'autel 10
Je présente au grand prêtre ou Teupens ou le sel :
J'entends chanter de Dieu les grandeurs infinies. 12
Je vois Tordre pompeux de ses cérémonies.
ATHAUE. 14
Hé quoi ! vous n^avez point de passe-temps plus doux 1
Je plains le triste sort d'un en&nt tel que vous. 16
Venez dans mon palais, vous y verrez ma gloire.
JOAS. 18
Moi ! des bienfaits de Dieu je perdrais la mémoire !
ATHAUE. " 20
Non, je ne vous veux pas contraindre à l'oublier.
JOAS. 22
Vous ne le priez point.
ATHALIS. 24
Vous pourrez le prier.
JOAS. 26
Je verrab cependant en invoquer un autre.
ATHAUE. 28
J'ai mon dieu que je sers ; vous servirez le vôtre :
Ce sont deux puissants dieux. 30
JOAS.
Il faut craindre le mien : 82
Lui seul est Dieu, madame ; et le vôtre n'est rien.
ATHAUE. 34
Les plajsdrs près de moi vous chercheront en foule.
JOAS. 86
Le bonheur des méchants comme un torrent s'éooule.*
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AOTl XI, SOiNB YXZ. 375
ATBAUX.
Ces mèchantSy qui aont-ils I S
J08ABXT.
Hé madame ! excases 4
Un enfimt...
ATHAUB, à Jogabet 6
J^aime à voir comme vous Tinstniisez.
EnfÎD, Éliacin, vous avez su me plaire; 8
Vous n'êtes point sans doute un enfant ordinaire.
Vous voyez, je suis reine, et n'ai point d'héritier ; 10
Laissez là cet habit, quittez ce vil métier :
Je veux vous &ire part de toutes mes richesses. 12
Essayez dès ce jour l'effet de mes promesses :
A ma table, partout, à mes côtés assis, 14
Je prétends vous traiter comme mon propre fils.
lOAS. 16
Comme votre fils !
ATBALIE. 18
Oui... vous vous taisez t
J0A8. 20
Quel père
Je quitteras ! et pour... 22
ATHAXJX.
Eh bien ? 24
JOA&
Pour quelle mère ! 20*
ATHAUB, à Jo9abeL
Sa mémoire est fidèle ; et dans tout ce qu'il dit, 28
De vous et de Joad je reconnais l'esprit
Voilà comme, infectant' cette simple jeunesse, 80
Vous employez tous deux le calme où je vous laisse.
Vous cultivez déjà leur haine et leur fureur : 32
Vous ne leiur -pnmoDoez mon nom qu'avec horreur.
JOSABXT. 34
Peut-on de nos malheurs leur dérober" l'histoire f
Tout runiv«rs les sait: vous-méxqe ta fiâtet glolrsu^^ M
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976 A T 8 ▲ L X s .
ATBAUS.
Oui, ma juste fîxrenr, et j'en fais vanité/' 2
A vengé mes parents sur ma postérité.
J'aurais vu massacrer et mon père et mon frère. 4
Du haut de son palais précipiter ma mère,
Et dans un même jour égorger à la fois
(Quel spectacle d'horreur !) qiiatre-vingts fils de rois ;
£t pourquoi 1 pour venger je ne sais quels prophètes 8
Dont elle avait puni les fureurs indiscrètes :
Et moi, reine sans cœur, fille sans amitié, 10
Esclave d'une là^e et frivole pitié,
Je n'aurais pas du moins à cette aveugle rage 12
Rendu meurtre pour meurtre, outrage pour outrage.
Et de votre David traité tous les neveux" 14
Comme on traitait d'Achab les restes malheureux !
Où sérais-je aujourd'hui, si, domptant ma faiblesse, 16
Je n'eusse d'une mère étoufie fa tendresse;
Si de mon propre sang ma main versant des flots 18
N'eût pour ce coup hardi réprimé vos complots?
Enfin de votre Dieu l'implacable vengeance 20
Entre nos deux maisons rompit toute alliance :
David m'est en horreur ; et les fils de ce roi, 22
Quoique nés de mon sang, sont étrangers pour moi.
JOSABST. 24
Tout vous a réussi. Que Dieu voie, et nous juge.
ATHAUB. 26
Ce Dieu, depuis longtemps votre unique refuge,
Que deviendra l'effet de ses prédictions? 28
Qu'il vous donne ce roi promis aux nations,
Cet enfant de David, votre espoir, votre attente... 80
Mais nous nous reverrons. Adieu. Je sors contente.
J'ai voulu voir ; j'ai vu. 32
ABVXR, à Jo8abet
Je vous l'avais promis ; 34
Je vous rends le dépôt que vous m'avez commis.
KoTSB AJfD BiFEBSircSS.-^' Éclaîpcissôment^ în/or»ia/wn.— • Ingé-
imité^ inffenuwinen^ eandor.-^9 m. § 41, R.(4).— « L. 48, Note.—
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ACTB II, SOÈVC IX. tn
* Pâture» food. — * A moins que, im2m«.— ' Fertune, hittwry. — > S'écoule^
paueB away, — * Infectant^ poMontn^, eoniamifiaHng, — ^^ Dérober, eon-
eeaU. — ^^ En faites gloire, glwy in iL — '« J'en fais vanité, / «m pr<yud of
a, — ^^ Nevenz, deteendanii.
SCENE VIII.
JOAD, JOSABET, JOAS, ZACHARIE. ABNEB, SALOMITH,
LÉVITES, LE GHŒCTR.
J08ABET, à Joad. 4
Âvez-Yous entendu cette superbe reine.
Seigneur? 6
JOAD.
J'entendais tout, et plaignais votre peine. 8
Ces lévites et moi, prêts à vous secourir,
Nous étions avec vous résolus de périr. 10
{A Joas, en Vemhrassant)
Que Dieu veille sur vous, enfant dont le courage 12
Vient de rendre à son nom ce noble témoignage !
Je reconnais, Abner, ce service important : 14
Souvenez-vous de l'heure où Joad vous attend.
Et nous, dont cette femme impie et meurtrière 16
 souillé les regards et troublé la prière,
Rentrons ; et qu'un sang pur, par mes mains épanché, 18
Lave jusques au marbre où ses pas ont touché.
SCÈNE IX.
LE CHŒUR.
UNE DES FILLES DU CHCEUB. 22
Quel astre à nos yeux vient de luire 1
Quel sera quelque jour cet enfant merveilleux î 24
Il brave le faste orgueilleux.
Et ne se laisse point séduire 26
 tous ses attraits périlleux»
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37S ATHALIB.
UirX AUTBX»
Pendant que du dieu d'Âthalie 2
Cbacnn court enoenser Tautel,
Un enfant courageux publie 4
Que Dieu lui seul est étemel,
Et parle comme un autre Elle 6
Devant cette autre Jézabel.
UKB AUTRE. 8
Qui nous révélera ta naissance secrète,
Cher enfant? IJst-tu fils de quelque saint prophète 1 10
UNS AUTRS.
Ainsi l'on vit l'aimable Samuel 12
Crçitre à l'ombre du tabernacle :
n devint des Hébreux l'espérance et l'orade. 14
Puisses-tu, comme lui, consoler Israël !
UNS AUTRE chante. 16
O bienheureux^ mille fois
L'enfant que le Seigneur aime, 18
Qui de bonne heure entend sa voix,
Et que ce Dieu daigne instruire lui-même ! 20
Loin du monde élevé, de tous les dons des deux
Il est orné dès sa naissance : 22
Et du méchant l'abord' contagieux
N'altère point son innocence. 524
TOUT LR CHŒUR.
Heureuse, heureuse l'en&noe 26
Que le Seigneur instruit et prend sous sa défense !
LA MÊME VOIX, UUlâ. 28
Tel en un secret valjon,
Sur le bord d'une onde pure, 30
Croît, à l'abri de l'aquilon,
Un jeune Ijs, l'amour de la nature. 82
Loin du monde élevé, de tous les dons des deux
Il est orné dès sa naissance ; 84
Et du méchant l'abord contagieux
N'altère point son innooenoe^ 86
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AOTB II, SOÈHI IZ.
S79
TOUT LB CH(KUB«
Heureux, heureux mille fois 2
L^en&nt que le Seigneur rend docile à ses lois !
UNE VOIX seule, 4
Mon Dieu, qu'une' vertu naissante
Parmi tant de périls marche à pas incertains ! 6
Qu'une âme qui te cherche et veut être innocente
Trouve d'obstacle à ses desseins ! 8
Que d'ennemis lui font la guerre !
Ou se peuvent cacher tes saints ? 10
Les pécheurs couvrent la terre.
UNE AUTRE. 12
O palais de David, et sa chère cité.
Mont fameux, que Dieu même a longtemps habité, 14
Comment as-tu du ciel attiré la colère ?
Sion, chère Sion, que dis-tu quand tu vois 16
Une impie étrangère
Assise, hélas ! au trône de tes rois 1 18
TOUT LB CHŒUR.
âion, chère Sion, que dis-tu quand tu vois 20
Une impie étrangère
Assise, hélas ! au trône de tes rois 1 22
LA MÊME VOIX contifiue.
Au lieu des cantiques charmants 24
Où David t'exprimait ses saints ravissements,
Et bénissait son Dieu, son Seigneur, et son père ; 26
Sion, chère Sion, que dis-tu quand tu vois
Louer le dieu de l'impie étrangère, 28
Et blasphémer le nom qu'ont adoré tes rois?
UNE VOIX seule. 30
Combien de temps,* Seigneur, combien de temps encore
Verrons-nous contre toi les méchants s'élever 1 32
Jusque dans ton saint temple ils viennent te braver :
Ils traitent dinsensé le peuple qui t'adore. 84
Combien de temps. Seigneur, combien de temps encore
VexTon»-noufl contre toi les méchants s'élevor 1 86
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•M ATBALII.
xrm AUTBS*
Que Toufl sert, disent-ils, cette vertu sauvage ? 2
De tant de plaisirs si doux
Pourquoi fuyez-vous l'usage ? 4
Yotre Dieu ne fait rien pour vous.
UNB AUTRS. 6
Rions, chantons, dit cette troupe impie ;
De fleurs en fleurs, de plaisirs en plaisirs, 8
Promenons nos désirs.
Sur Tavenir insensé qui se fle ! 10
De nos ans passagers* le nombre est incertain :
Hàton»iious aujourd'hui de jouir de la vie ; 12
Qui sait si nous serons demain ?
TOUT LE CHŒUR. 14
Qu'ils pleurent, ô mon Dieu, qu'ils frémissent de crainte.
Ces malheureux, qui de ta cité sainte 16
Ne verront point l'étemelle splendeur !
Cest à nous de chanter, nous à qui tu révèles 18
Tes clartés immortelles,
Cest à nous de chanter tes dons et ta grandeur. 20
UNS VOIX seule.
De tous ces vains plaisirs où leur âme se plonge, 22
Que leur restera-t-il ? Ce qui reste d'un songe
Dont on a reconnu l'erreur. 24
A leur réveil (ô réveil plein d'horreur !),
Pendant que le pauvre à ta table 26
Groùtera de ta paix la douceur ineflable,
Os boiront dans la coupe affreuse, inépuisable, 28
Que tu présenteras, au jour de ta fureur,
A toute la race coupable. 30
TOUT LE CHŒUR.
O réveil plein d'horreur ! 32
O songe peu durable !'
O dangereuse erreur ! 34
HoTBS AKD RBrSRSNCE&— t Bîenbenrenx, bîested. — < Abord, op-
proaeh. — ' Qu'âne» how a.-^ Combien de temp% how long; M. L. 44^
B. 1.--S VoMÊiBtg&n^flêêlUkg.'-^ Peu durable^ trmmmt
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▲ 0TB HZ, BOÈVK Z. 981
ACTE TROISIÈME.
SCÈNE I.
^ HATHAN, NABAL, LE CHŒUB.
MATHAN. 4
Jeunes filles, allez. Qu^on dise à Josabet'
Que Mathan veut ici lui parler en secret.'
UNS DES FILLES DU CHOEUR*
Mathan ! O Dieu du ciel, puisses-tu le confondre I 8
NABAL.
Hé quoi ! tout se disperse, et fuit' sans vous répondre. 10
MATHAN.
Approchons. 13
Kom AND RxFBUNcn. — ^ Qu'on dise à Josabet» l^ Joêahet be toU.-^
t Secret^ privait, — * M. p. 372.
SCENE II.
zacharie; mathan, nabal.
ZACHARIE.
Téméraire, où voulez-vous passer î 16
Au delà de ce lieu gardez-vous' d'avancer :
CTest des ministres saints la demeure sacrée ; 18
Les lois a tout profane en défendent' l'entrée.
Qui cherchez-vous ? Mon père, en ce jour solennel, 20
De l'idolâtre impur fuit l'aspect criminel ;
Et devant le Seigneur maintenant prostepnée, 22
Ma mère en ce devoir craint d'être détournée.^
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289 AtBALXB.
MATBAN.
Mon fils, nous attendrons ; cessez de vous troubler. 2
CTest votre illustre mère à qui je veux parler :•
Je viens ici chargé d'un ordre de la reine. 4
NoTBi AND RicrEssNCES. — * Au delà de ce lieu gardez-vous d'avancer,
Beware Uêt you advance farther than thii, heyondthit plaee,^-^ Défendent^
prMbit — 3 Détournée, disturhed; M. L. 46, R- 2.
SCÈNE III.
MATHAir, NABAL.
NABAL.
Leurs enfants ont déjà leur audace hautaine. 8
Mais que veut Athalie en cette occasion 1
D'où ndt' dans ses conseils cette confusion 1 10
Par Tinsolent Joad ce matin offensée,
Et d'un en&nt fatal en songe menacée, 12,
Elle allait immoler Joad à son courroux,
Et dans ce temple enfin placer Baal et vous. 14
V.OUS m'en aviez déjà confié votre joie;
Et j'espérais ma part d'une si riche proie. 16
Qui fait changer ainsi ses vœux irrésolus ?
MATHAN. 18
Ami, depuis deux jours je ne la connais plus.
Ce n'est plus' cette reine éclairée, intrépide, 20
Élevée. au-dessus de son sexe timide.
Qui d'abord accablait ses ennemis surpris, 22
Et d'un instant perdu connaissait tout le prix :'
La peur d'un vain remords trouble cette grande àme ; 24
Elle flojtte ;* elle hésite ; en un mot, elle est femme.
J'avais tantôt rempli d'amertume et de fiçl 26
Son cœur déjà saisi des menaces du ciel ;
Elle-même, à mes soins confiant sa vengeance, 28
M'avait dit d'assembler sa garde en diligence :
Mais, soit* que cet enfant devant elle amené, 30
De ses parents, dit-on, rebut infortuné,
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AOTB IXI, BOtHK III.
Eàt d^un songe efii*ayant diminué Palarme,
Soit' qu'elle eût même en lui vu je ne sais quel charme, 2
J'ai trouvé son courroux chancelant, incertain,
Et déjà renxettant sa vengeance à demain. 4
Tous ses projets semblaient l'un Tautre se détruire.
" Du sort de cet eufant je me suis fait instruire/ 6
'^ Ai-je dit; on commence à vanter ses aïeux :
" Joad de temps en temps le montre aux &ctieux, 8
'' Le fait attendre aux J[uifs comme un autre Moïse,
" Et d'oracles menteurs s'appuie et s'autorise." 10
Ces mots o.nt fait monter la rougeur sur son front.
Jamais mensonge heureux n'eût un effet si prompt. 12
" Est-ce à moi de languir dans cette incertitude 1
" Sortons, a-t-elle dif, sortons d'inquiétude. 14
"Vous-même à Josabet prononcez cet arrêt :
" Les feux vont s'allumer, et le fer est tout prêt ; 16
*' Rien ne peut de leur temple empêcher le ravage,
" Si je n'ai de leur foi cet enfant pour otage." 18
NABAL.
Eh bien, pour un enfant qu'ils ne connaissent pas, 20
Que le hasard peut-être a jeté dans leurs bras,
Voudront-ils que leur temple enseveli sous Therbe... 22
MÂTHAN.
Ah ! de tous les mortels connais le plus superbe. 24
Plutôt que dans mes mains par Joad soit livré
Un enfant qu'à son Dieu Joad a consacré, 26
Tu lui verras subir la mort la plus terrible.
D'ailleurs pour cet enfant leur attache' est visible. 28
Si j'ai bien de la reine entendu le récit,
Joad sur sa naissance en sait plus qu'il ne dit. 80
Quel qu'il soit, je prévois qu'il leur sera funeste :
Ils le refuseront. Je prends sur moi le reste ; 32
Et j^espère qu'enfin de ce temple odieux
Et la flamme et lé fer vont délivrer mes yeux. 34
NABAL. ^
Qui peut vous inspîi:er une haine si forte 1 36
Est-ce que de Baal le zèle vous transporte 1
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2B4 ▲TBALIB.
Pour moi, vous le savez, descendu d'Ismaô],
Je ne sera ni Baal ni le Dieu d'Israël. 2
MATHAN.
Ami, peux-tu penser que d'un zèle frivole 4
Je me laisse aveugler pour une vaine idole,
Pour un fragile bois, que malgré mon secours 6 •
Les vers sur son autel consument tous les joura 1
Né ministre du Dieu qu'en ce temple on adore, 8
Peut-être que Mathan le servirait encore.
Si l'amour des grandeurs, la soif de commander, 10
Avec son joug étroit pouvaient s'accommoder.
Qu'est-il besoin, Nabal, qu'à tes yeux je rappelle 12
De Joad et de moi la &meuse querelle.
Quand j'osai contre lui disputer l'encensoir^ 14
Mes brigues, mes combats, mes pleurs, mon désespoir 1
Vaincu par lui, j'entrai dans une autre carrière, 16
Et mon âme à la cour s'attacha tout entière.
J'approchai par degrés de l'oreille des rois ; 18
Et bientôt en oracle on érigea ma voix.'
J'étudiai leur cœur, je flattai leurs caprices, 20
Je leur semai de fleurs le bord des précipices : *
Près de*' leure passions rien ne me fut sacré ; 22
De mesure et de poids je changeais à leur gré.
Autant que de Joad l'inflexible rudesse 24
De leur superbe oreille offensait la mollesse ;
Autant je les charmais par ma dextérité, 26
Dérobant' ' à leurs yeux la triste vérité.
Prêtant à leur fureur des couleurs favorables, 28
Et prodigue surtout du sang des misérables.
Enfln, au dieu nouveau qu'elle avait introduit 80
Par les mains d'Athalie un temple fut construit.
Jérusalem pleura de se voir profanée ; 82
Des enfants de Lévi la troupe consternée
En poussa vers le ciel des hurlements affreux : 84
Moi seul, donnant l'exemple aux timides Hébreux,
Déserteur de leur loi, j'approuvai l'entreprise, 36
Et par là de Baal méritai la prêtrise ;
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▲ OTI IIX, eCiVK IT. fM
P»r là je me rendis terrible à mon rival|
Je ceignis*' la tiare, et marchai son égal. 2
Toutefois, je l'avoue, en ce comble de gloire,
Du Dieu que j'ai quitté l'importune mémoire 4
Jette encore en mon âme un reste de terreur ;
Et c'est ce qui redouble et nourrit ma foreur. 6
Heureux si, sur son temple achevant ma vengeance,
Je puis convaincre enfin sa haine d'impuissance, 8
Et parmi le débris, le ravage et les morts,
A force d attentats perdre tous mes remords ! 10
Mais voici Josabet
Notes and REFEBENOsa — ^Naît, arise»; from natire, M. p. 876.--
« Ce n'est plus, she ia no longer, — 3 Prix, vaive. — * Flotter, toavers.-^
6 Soit^ fohether. — > Soit^ or. — "" Je me suis fait instmire, / hâve inquired
into, — ' Attache, attiuhment. — * En oracle on érigea ma Toiz, ihejf
liMUned io my wÀce oê io an oracle. — '® Près de, eompared to. — ^^ Déro-
bant, eoncôoling, — ^s From ceindre, M. p. 360.
SCENE IV.
JOSABET, MATHAN, ISJLBAL
VATHAN. 14
Envoyé par la reine
Pour rétablir le calme et dissiper la haine, ' 16
Princesse, en qui le ciel mit un esprit si doux,
Ne vous étonnez pas si je m'adresse à vous. 18
Un bruit, que j'ai pourtant soupçonné de mensonge,
Appuyant les avis qu'elle a reçus en songe, 20
Sur Joad, accusé de dangereux complots,
Allait de sa colère attirer tous les flots. 22
Je ne veux point ici vous vanter mes services :
De Joad contre moi je sais les injustices ; 24
Mais il &ut à Poffense opposer les bienfiiits.
Enfin je viens chargé de paroles de paix« 26
Vivez, sôlennisez vos fôtes âuis ombrage.^
De votre obéissaiiûe elle aa veut qu'on ||^«ft: 28
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1M5 ATHALIB.
CMt (pour Ten détourner j'ai fait oe que j'ai pu)
Cet en&nt sans parents, qu'elle dit qu'elle a vu. 2
JOSABBT.
ÉUadnl 4
MATHAir.
J'en ai pour elle quelque honte : 6
D'un Tain songe peut-être elle fait trop de compte.
Mais vous vous déclarez ses mortels ennemis, 8
Si cet enfiint sur l'heure' en mes mains n'est remis.
La reine impatiente attend votre réponse. 10
JOSABET.
Et voilà de sa part la paix qu'on nous annonce ! 12
MATHAN.
Pourriez-vous un moment douter* de l'accepter 1 14
D'un peu de oomplaisanee est-ce trop l'acheter.
JOSABET. 16
J'admirais* si Mathan, dépouillant l'artifice,^
Avait pu de son cœur surmonter l'injustice, 18
Et si de tant de maux le funeste inventeur
De quelque ombre de bien pouvait être l'auteur. 20
MATHAN.
De quoi vous plaignez-vous ? Vient-on avec furie 22
Arracher de vos bras votre fils Zacharie ?
Quel est cet autre enfant si cher à votre amour 1 24
Ce grand attachement me surprend à mon tour.
Est-ce un trésor pour vous si précieux, si rare 1 26
Est-ce un libérateur que le ciel vous prépare ?
Songez-y, vos refus pourraient me confirmer 28
Un bruit sourd que déjà l'on commence à semer.
JOSABET. 80
Quel bruit 1^
MATHAir. 82
Que cet enfimt vient d'illustre origine ;
Qu'à quelque grand projet votre époux le destine. 84
JOSABET.
St Mathan, par ce bruit, qui flatte sa fureur... 86
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AOTB III, SOiVfe T. S87
MATBAir.
Princesse, o^est à vous à me tirer d'erreur.* 2
Je sais que, du mensonge implacable ennemie,
Josabet livrerait même sa propre vie, 4
S'il &llait que sa vie à sa sincérité
Coûtât le moindre mot contre la vérité.
Du sort de cet enfant on n'a donc nulle trace!
Une profonde nuit enveloppe sa race ? 8
Et vous-même ignorez de quels parents issu,
De quelles mains Joad en ses bras l'a reçu ? 10
Parlez, je vous écoute, et suis prêt de vous croire.
Au Dieu que vOus servez, princesse, rendez gloire. 12
JOSABBT.
Méchant, c'est bien à vous d'oser ainsi nommer 14
Un Dieu que votre bouche enseigne à blasphémer !
Sa vérité par vous peut-elle être attestée, 16
Vous, malheureux, assis dans la chaire empestée
Oà le mensonge règne et répand son poison ; 18
Vous, nourri dans la fourbe et dans la trahison ?
Nom AND RmEBNOES. — ï Ombrage, obttacle. — • Sur Theure, tm-
mediaidff. — » Douter, hesUate, — ^ J'admirais, / v(U toondering.—^ A me
tirer d'erreur, to undeeeive me. ^
SCÈNE V.
JOAD, JOSABET, MATHAN NABAL.
JOAD. 22
Où suis-je? de Baal ne vois-je pas le prêtre ?
Quoi ! fille de David, vous parlez à ce traître*? 24
Vous souffrez qu'il vous parle ? et vous ne craignez pas
Que du fond de l'abîme entr'ouvert sous ses pas 26
n ne sorte à lïnstwit des feux qui vous embrasent,'
Ou qu'en tombant sur lui ces murs ne vous écrasent ? 28
Que veut-il % De quel front cet ennemi de Dieu
Vient-il infecter* l'air qu'on respire en. ce lieul 30
MATHAK.
On réooDnait ioiA à cette violeoce. * 82
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49VALIS.
Toutefois il devrait montrer plus de prudence,
- Respecter une reine, et ne pas outrager y 2
Celui qui de son ordre elle a daigné charger.
JOAD. 4
Eh bien ! que nous &it-elle annoncer de sinistre 1
Quel sera l'ordre affireux qu'apporte un tel mhustre.
MATHAK.
J^ai fidt à Josabet savoir* sa volonté. 8
JOAD.
Sors donc de devant moi,* montre d'impiété. 10
De toutes tes horreurs, va, comble la mesure.
Dieu s'apprête à te joindre à la race parjure, - 12
Abiron, et Dathan, Dodg, Architophel :
Les chiens à qui son bras a livré Jézabel, 14
Attendant que sur toi sa fureur se déploie, ^*
Déjà sont à ta porte, et demandent leur proie. 16
MATHAN, tirOUbU,
Avant la fin du jour... on verra qui de nous... 18
Doit.. Mais sortons, Nabal.
KABAL. 20
Où vous égarez-vous 1*
De vos sens étonnés quel désordre s'emp^ t 22
Voilà votre chemin.
KOTESAKD BsFBBBKOES.— 1 EmbrasQiit^ ewMwtM, — s Infecter, «onAuii-
inaié, — * Fsit saToir, eowmuniùaied,'^^ Son donc de devant moi, wUofmy
mghL — * Yoiu égares^YOUsf a/re you hoting your wayf
SCÈNE VI.
JOAD, JOSABET.
JOSABIT. •z^.^- 86
L'orage se déclare :
Athalie en fureur demande Éliacin. 28
Déjà de sa naissance et de votre dessein
On commence, seigneur, à peiner le mystère : 80
Jfm s*en &iiit que Matfaan ne m'sit nommé son pàro.'
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ACTE lîl, SCÈNE VI. 289
JOAD.
Au perfide Mathan qui Taurait révélé î 2
Votre trouble à Mathan n'a-t-il point trop parlé?
JOSABBT. 4
J*ai fait ce que j'ai pu pour m'en rendre maîtresse.
Cependant ^<^ez-moi, seigneur, le péril presse. 6
Réservons cet en&nt pour un tempe plus heureux.
Tandis que les méchants délibèrent entre eux, 8
Avant qu'on l'environne, avant qu'on nous l'arraohe,
Une seconde fois souffrez que je le cache ; 10
Les portes, les chemins lui sont encore ouverts.
Faut-il le transporter aux plus «flreux déserts ! 12
Je suis prête ; je sais une secrète issue ' '
Par où,' sans qu'on le voie, et sans être aperçue 14
De Cédron" avec lui traversant Je torrent, /
J'irai dans le désert où jadis en pléwipint, 16
Et cherchant comme nous soif àâléf dans la fuite,
David d'un fils rébelle éVità la poursuite. 18
Je craindrai moins pour lui les lions et les ours...
Mais pourquoLde Jéhu refuser le secours ? 20
Je vous ouvre peut-être Siti avis salutaire.
Faisons de ce trésor Jéhu dépositaire : ' ' 22
On peut dans ses États le conduire aujourd'hui,
Et le chemin est court qui mène jusqu'à lui. 24
Jéhu n'a point un cœur farouche, inexorable ;
De David à ses yeux le nom est favorable. 26
Hélas ! est-il^ un roi si dur et si cruel,
A moins qu'il n'eût pour mère une autre Jézabel, 28
Qui d'un tel suppliant ne plaigmt l'infortune î
Sa cause à tous les rois n'est-elle pas commune ? 30
JOAD.
Quels timides conseils m'osez-voue suggérer ! 82
En l'appui de Jéhu pourriez-vous espérer ! - ,^}^ *
JOSABST. 34
Dieu défend-il tout soin et toute prévoyance,
Ne l'offense-t-on point par trop de confiance 1 " S6 *
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900 ATBAIIS.
A 868 desseins saorés employant les humains,
nVt-il pas de Jéhu lui-même arm6 les mains t 2
Jéhu, qu'avait choisi sa saeesse profond^ , ^ / 4
Jehu, sur qui je yois>|ue yotjpsjtq^ir seiemoe»
D'un oubli trop îngi^at i p&yjr uk liienjaits : 6
Jéhu laisse d'Acbab Taffreuse fille en paix,
Suit des rois d'Israôl les profanes exemples, 8
Du TÎl dieu de TÉgypte a conservé les temples ;
Jéhu, sur l(s^ hauts lieux enfin osant ofirir 10
Un téittefâii'e encens que Dieu ne peut souffrir.
N'a pour senrir sa cause et venger ses injures 12
Ni le cœur assez droit» ni les mains assez pures.
Non, non ; c'est À Dieu seul qu^il nous faut attacher. 14
Montrons Éliacin ; et, loin de le cacher.
Que du bandeau royal sa tète soit ornée : 16
Je veux même avancer l'heure déterminée,
Avant que de Mathan le complot aoit formé. 18
Nom AND RxRsxNOis. — * Peu s'en faat qne MathaB ii« m'ait
nommé sao pore, Iféared that Mathan was acquainied trith hiêfather^ê
name ; lit U laeked but little that Mathan had named hUfather to me. —
> Par où, thromgh whieh.-^ Kedfbo.^-^ Est-il, û (hère.
SGÈNE YII.
JOAD, JOSABET, AZARIAS, suivis dq ch<evb xr dx
rLUsnuBS lévites.
JOAD.
I{h bien,' Azarias, le temple est-il fermé ?
J'en ai Sut devant moi fermer toutes les portes.
. 40ASK 26
N^j* re3te*t*il qœ tous et vos saintes cohortee t
AZARIAS. 28
De ses parvis sacrés j'ai deux fois feit le tour.
Tgut a fui ; tgua se sont séparés sans retour, 80
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▲ 0TB Ul» 0OÈ9X TIX. tu
Misérable troupeau qu'a dispersé la crainte ;
Et Dieu n'est plus servi que dans la tribu sainte. 2
Depuis qu'à Pharaon ce peuple est échappé,
Une égale terreur ne l'avait point frappé. 4
JOAD.
Peuple lâche en effet, et né pour l'esclavage, "6
Hardi contre Dieu seul ! Poursuivons notre ouvrage.
Mais''qui retient* encor ces enfants parmi nous? 8
UNE DES FILLES DU CHŒUR.
Hé ! pourrions-nous, seigneur, nous séparer de vous? 10
Dans le temple de Dieu sommes-nous étrangères ?
Vous avez près de vous nos pères et nos frères. 13
UNE AUTRE.
Hélas ! si, pour venger l'opprobre d'Israël, 14
Nos mains ne peuvent pas, comme autrefois Jahel,'
Des ennemis de Dieu percer la tète impie, 16
Nous lui pouvons du moins immoler notre vie.
Quand vos bras combattront pour son temple attaqué, 18
Par nos larmes du moins il peut être invoqué.
JOAD. 20
Voilà donc quels vengeurs s'arment pour ta querelle,
Des prêtres, dcfs enfîints, ô Sagesse éternelle ! 22
Mais, si tu les soutiens, qui peut les ébranler?
Du tonibeau^ quand tu veux, tu sais pous rappeler : 24
Tu frappes et guéris, tu perds et ressuscite^
Us ne s'assurent point* en leurs propres mérites,- 26
Mais en ton nom sur eux invoqué tant de fois.
En tes senments jurés au plus saint de leurs rois, 28
En ce temple où tu fais ta demeure sacrée,
Et qjui doit du. soleil égaler la durée. 30
Mais d'où vient que mon coeur fréjnît d'un saint effroi ?
Est-ce l'esprit divin qui s'efepare de moi? 32
C'est lui-môme : il m'échauffe ; il parle; niés yeux s'ouvrent
Et les siècles obs<}urs devant moi se découvrent. 34
Lévites, de vos sons prêtoz-ftjoi les accords,
Et de ses mouvements secondée l^ transports. 36
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u OBQiiTB ehanU a» «ot» cfe taui$ la symphonie des
instruments, • 2
Que du Seigneur la voix se fasse entendre,
Et qu^à nos cœurs son oracle divin 4
Soit ce qu'à Therbe tendre
Est, au printemps, la fraîcheur du matîtu 6
JOAD.
Geuz, écoutez ma voix. Terre, prête Toreille. 8
Ne dis plus, 6 Jacob, que ton Seigneur sommeille.
Pécheurs, dîspariiissez ; le Seigneur se réveille. 10
Ici recomânènee la symphonie^ et Joad aussitôt reprend
la parole. 12
Comment en un plomb vil l'or pur' s'est-il^ chapff^'?..
Quel est dans le lieu saint ce pontife* égorgé ?..\ *' ^ *^* 14
Pleure, Jérusalem, pleure, cité perfide,
Des prophètes divins malheureuse homicide ; / ,. 16
De son amour pour toi ton Dieu s^estAê^^tme Ç'
Ton encens à ses yeux est un encena^'aâléf.;.''y ' ^ .: i*^ 18
Où menez-vous ces enÊmts et ces femmes?^
Le Seigneur a détruit la reine des cités : 20
•Ses prêtres sont captifs, ses rois sont rejetés.
Dieu ne veut plus qu'on vieijne à sçs «olei^nitési 22
Temple, renverse-toi. Cèâve^, Jetez des ïmmme&' '^^ ^
Jérusalem, objet de ma douleur, ^ . v, ,\ 24
Quelle main en un jour t'a ravi tous tes charmes 1
Qui changera mes yeux en deux sources de larmes 26
Pour pleurer ton malheur ?
AZARIAS. 28
O aamt temple !
JOSABST. 30
O David !
LX CHŒUR. 32
Dieu de Sion, rappelle,
Rappelle en sa faveur tes antiques bontés ! 34
La symphonie recommence encore, et Joad un moment après
rintenxmpL 36
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ACTK lil, SCÈN£ VII. iSBB
JOAD.
Quelle Jérusalem nouvelle 2
Sort du fond du désert brillante de clartés, ^ ^^^ ,
Et porte sur le front une marque immortelle 1' " 4
^ Peuples, de la terra, chantez.
Jérusalem rénaît* plus charmante et' pli^lîellè : 6
D'où lui viennent de tous côtés
Ces epfants* qu'en son sein elle n'a point portes ? . 8
Lève,' 9%rusalem, lève ta tête altière ;
Begarde tous ces rois de ta gloire étonnés : 10
Les rois des nations, devant toi prostçrnés,
De tes pieds;baisent/lo' poussière : yt
Les peuples à l'envr ipafctiènt à ta lumière. * • * * " ■ ^ * ' ► t **.
Heureux qui pour Sion d'une sainte ferveur ^ 14
Sentira son âme embt*ftsée î " ^"^
Qeux, répandez votre rosée, '' '** 16
Et que la terre enfante*" son sauveur !
JOSABET*. ^ .18
Hélas ! d'où nous viendra cette insigne faveur,^'
Si les rois de qui doit descendre ce sauveur... 20
JOAD.
Préparez, Josabet, le riche diadème 22
Que sur son front sacré David porta lui-même.
Aux lévites. 24
Et vous, pour vous armer suivez-moi dans ces lieux
Où se garde caché, loin des profanes yeux, 26
Ce formidable amas de lances ,et d'épées
Qui du sang philistin ûiOis furent trempées, 28
Et que David vainqueur, d'ans et d'honneurs chargé,
Fit consacrer au Dieu qui l'avait protégé. 80
Peut-on les employer pour un plus noble usage ?
Venez, je veux moi-môme en faire le partage. ■ -32
Notes and Rxferences. — ' £b bieni ioeU. — 't Retient, c&^otn*. — ^ Jael;
JuDOES ch. iv, 21. — * Ils ne s'assurent point, th':y find no aafety. — ' An
allusion .to the subséquent conduxït of Joash ; II Chrûiticles, chap. xziiîi
17, 18. — « Zechariah. See verses 20, 21, 22 of tbe bock of Chronicles
mentioned in the lastnote. — ? The Babylonian captivity (Racine.) —
8Thechurch(i2a«»«?.)— *The Gentiles (/2ac»«*.)— »" Enfante, />nK<uee.
%
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€M ATBALIB.
SCÈNE VIII.
SALOMITH, LE CHŒUR.
8AL0MITH.
Qae de' craintes, mes sœurs, que de troubles mortel^ ! 4
Dieu tout-puissant, sont-ce là les. prémices*,- *- '- -
Les parfums et les sacrifices 6
Qu'on devait en ce jour offrir sur tes autels ?
UNE DES FILLES DU CHŒUR. 8
Quel spectacle à nos yeux timides !
fj^^h ^y^' Ç^^ !V^^^^/ ^^^ ^^^f jamais 10
Les glAîves'taeurtrîerSjies lancés iiomicides
Briller dans la maison de paix î 12
UNE AUTRE.
D^où vient qye, pour son Dieu pleine dUndifierence, 14
Jérusalem se tait' en ce pressant danger ?
D'où vient, mes sœurs, que^our nousrprdtèqçt^ 16
Le brave Abner au moins ne roiîi|)t^^as'lésueiigfe!
SALOMITH. 18
Hélas ! dans une cour où Ton n'a d'autres lois
Que la force et la violence, ' 20
Où les honneurs et les emplois
Sont le prix* d'une aveugle et basse obéissance, 22
Ma sœur, pour la triste innocence
Qui voudrait élever sa voix 1 ^ 24
UNE AUTRE.
Dans ce péril, dans ce désordre extrême, 20
Pour qui prépare-t on le sacré diadème 1
SALOMITH. 28
Le Seigneur a daigné parler;
Mais ce qu'à son prophète il vient de révêler, 80
Qui pourra nous le faire entendre?
S'arme-t-il pour nous défendre ? - 32
S'arme-t-il pour nous accabler 1 /
TOUT LE CHŒUR chanU, 34
O promesse! ô menace! 6 ténébreux mystère!
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AOTB III, SCÈNS yill.
y' /
Que de maux, que de biens sont {dédies tour à tour !
Comment peut-on avec tant de colère 2
Accorder tant d^amour ?
UNS voix^euZe. 4
Sien ne sera plus ; une âamme cruelle
Détruira tous ses ornements. 6
UNE AUTRE VOIX.
Dieu protège Sion ; e]le a pour fondements 8
Sa parole étemelle.
LA PREMIÈRE. 10
Je vois tout son éclat disparaître à mes yeux.
LA SECONDE. 12
Je vois de toutes parts sa clarté répandue.
LA PREMIÈRE. 11
Dans un gbufirê profond Sion est descendue.
LA SECONDE. 16
Sion a son front dans les cieux.
LA PREMIÈRE. 18
Quel tristç alùussement !
LA SECONDE. - 20
• Quelle immortelle gloire !
LA PREMIÈRE. 22
Que de cris de douleur !
LA SECONDS. 24
Que de chants de victoire !
UNE TROISIÈME. 26
CSessons de nous troubler ; notre Dieu, quelque jour,
Dévoilera ce grand mystère. 28
TOUTES TROIS.
Révérons sa colère ; 30
Espérons en son amour.
UNE AUTRE. ^2
D'un cœur qui t'aime,
Mon Dieu, qui peut troubler la paix ? 84
Il cherche en tout ta volonté suprême.
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296 ATHÀtlX.
Et ne se cherche jamais.
Sur la terre, dans le ciel même, 2
Est-il* d'autre bonheur que la tranquille paix
D'un cœur qui t'aime ? 4
Nom àM> RvxBBion. ^J Qae de, how many.-^ K p. S88.— ^ Prix,
reward.-^ £»t-il d'»atr«^ m ihêre any aiher.
^ i> » »■ ^
ACTE QUATRIÈME.
SCÈNE I.
JOAS^ JOSABET, ZACHARIE, SALOMTTH, UN LÉVITE;
LE CHŒUB.
« 8AL0MITH.
D*un' pas majestueux, à côté de ma mère, 10
Le jeune Éliacin s'avance avec mon frère.
Dans ces voiles, mes sœurs, que portent-ils tous>deux? 1$
Quel est ce glaive enfin qui marche devant eux ?'
JOSÂBST, à Zaeharie. 14
Mon fils, avec respect posez sur cette table •
De notre sainte loi le livre ^èdi)ùtable. 16
Et vous aussi, posez, aimable Éliacin,
Cet auguste bandeau près du livre divin. 18
Lévite, il i&ut placer (Joad ainsi l'ordonne)
Le glaive de David auprès de sa couronne. 20
JOAS.
Princesse, quel est donc ce spectacle nouveau 1 22
Pourquoi ce livre saint, ce glaive, ce bandeau ?
Depuis que le seigpeur m'a reçu dans son temple, ',. , 24
D'un semblable appareil je n'ai point vu d'exefeple.
JOSABET. 26
Tous vos doutes, mon fils, bientôt s'édairciront.
JOAS. 28
Vous voulez essayer ce bandeau sur mon front ?
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▲ 0TB ly, SCÈNE II. S97
Ah princesse ! gardez d'en' profaner la gloire !
Du roi qui l'a porté respectez la mémoire. 2
Un malheureux enfant aux ours abandonné...
josABET, lui essayant le diadème. 4
Laissez, mon fU^ i je fais ce qui m'est ordonné.
JOAS. 6
Mais j'entends des sanglots sortir dé votre bouche !
Princesse, vous pleurez I quelle pitié vous touche ? 8
Est-ce qu'en* holocauste aujourd'hui présenté
Je dois, comme autrefois la fille de Jephté* 10
Du Seigneur par ma mort apaiser la colère 1
Hélas ! un fils n'a ri^i qui ne soit" à son père. 12
JOSABET.
Voici qui' vous dira les volontés des cieux. 14
Ne craignez rien. Et nous, sortons tous de ces lieux.
Notes and Refeeknosi— > D'un, ynth a. — ^ Marche devant eux, j»r#-
eedes them, ia borne befare them.-^^ Gardez d\ befotnre, leU you,-^* En
holocauste, a$ a burni offering. — 5 Jephtah. — « M.. L. 47, R. 6.— ^ Voici
qni, hare cornes one who.
SCENE II.
JOAD, JOAS.
jOAS, courant dans les bras du ^and prêtre. 18
Mon père !
JOAD. 20
Eh bien, mon fils 1
JOAS. 22
Qu'est-ce donc qu'on prépare 1
JOAD. 24
n est juste, mon fils, que je vous le déclare.
U faut que vous soyez instruit, même avant tous, 26
Des grands desseins de Dieu sur son peuple et suBrvous.
Armez-vous d'un courage et d'une foi nouvelle ; 28
Il est temps de montrer cette ardeur et ce zèle
13»
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S88 ATBALIB.
Qu^au fond de votre oœur mes soins ont cultivés.
Et de payer à Dieu ce que vous lui devez. 2
Sentez-vous cette noble et généreuse envie î
JOAS. 4
Je me sens prêt, s'il veut, de lui donner ma vie.
JOAD. 6
On vous a lu souvent Tbistolre de nos rois :
Yuus souvient*!!, mon fils, quelles étroites lois ' 8
Doit s'imposer un roi digne du diadème 1
JOAS. 10
Un roi sage (ainsi Dieu Ta prononcé lui-même)*
Sur la richesse et Tor ne met point son appui ; 12
Craint le Seigneur son Dieu ; sans cesse a devant lui
Sds préceptes, ses lois, ses jugements sévères, 14
£t d'injustes &rdeauz ù'accable point seV frères.
JOAD. 16
Mais sur l'un de ces rois s'il fallait vous régler,
A qui choisiriez-vous, mon fils, de ressembler? 18
JOAS.
David, pour le Seigneur plein d'un amour fidèle, 20
Me parait des grands rois le plus parfait modèle.
JOAD. 22
Ainsi dans leurs excès vous n'imiteriez pas
L'infidèle Joram, l'impie Ochozias ? 24
JOAS.
O mon père l 26
JOAD.
Achevez, dites : que vous en semble V 28
JOAS.
Puisse périr comme eux quiconque leur ressemble ! SO
JocLd se prosterne à ses pieds.
Mon père ! en quel état vous vois-je devant moi ! S2
JOAD.
Je vous rends le respect que je dois à mon roi. d4
De votre aïeul .David, Joas, rendez-vous digne.
jOAa. 36
Joas I moi l
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AOTX XTy 80ÈKX XIX. 2M
JOÂD, se relevant
Vous saurez psr quelle grâce \nsigné^,^j. : ' 2
D'une mère en fureur Dieu trompant le dessein,
Quand déjà son poignard était dans votre sein, 4
Vous choisit, vous sauva du milieu du carnage.
Vous n^êtes pas encore échappé de sa ra^e : tt
Avec la même ardeur qu'elle voulut jadis
Perdre en vous le dernier des enfanté de son fils, 8
 vous faire périr sa cruauté s'attache.
Et vous poursuit* encor sous le nom qui vous eabhe. 10
Mais sous vos étendards j'ai déjà su ranger
Un peuple obéissant et prompt à vous venger. 12
Entrez, généreux chefs des familles sacrées
Du ministère saint tour à tour honorées. 14
Notes Aim SBrsBBNOES.— ^ Instruit, informed,-^* DcumovoiCT,
ehap. xWi, y. 15 and foUowing. — * Qae vous en MmblSp wkat m yaur
idea/^* M. p. 878.
SCENE III.
JOAS^ JOAD, AZARIASb ISMAGL, TROIS AUTBE8 CHEFS
DES LÉVITES.
JOAD. 18
Roi, voilà' vos vengeurs contre vos ennemis.
Prêtres, voilà le roi que je vous ai promis. 20
Quoi ! c'est Élîacin 1 2St
ISMÂBL.
Quoi ! cet enfant aimable... 24
JOAD.
Est des rois de Juda l'héritier véritable, 26
Dernier né des enfants du triste Ocbozias,
Nourri, vous le savez, sous le nom de Joas. 28
De cette fleur si tendre et sitôt mois8onn(<^ '^^
Tout Juda, oomme vou% plaignant la destinée^ 80
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âOO 1 T H A L Z E .
Avec ses frères morts le crut enveloppé.
Du perfide couteau comme eux il fut frappé : / ^.^ ^
'Mù.ls Dieu du coup mortel sut* détourner Patteitlté,
Conserva dans son cœifr la chaleur presque éteinte, 4
Permit que, des bourreaux trompant Tœil vigilant,
Josabet dans son sein l'emportât tout sanglant, 6
Et, n^ayant de son vol que moi seul pour complice,
Dans le temple cachât l'enfant et la nourrice. 8
JOAft.
Hélas ! de tant d'amour et d/» tant de bienfeits, 10
Mon père, quel moyen de m*l(ôquitter jamais f
JOAD. 12
Gardez' pour d'autres temps cette reconnaissance.
Voilà donc votre roi, votre unique espérance : 14
J'ai pris soin jusqu'ici de vous le conserver ;
Ministres du Seigneur, c'est à vous d'achever. 16
Bientôt de Jésabel la fille meurtrière,
Instruite* que Joas voit enoofr la krmière,* 18
Dans l'horreur du tombeau viendra le replonger
Déjà, sans le connaître, elle veut Tégorger. / ^ 20
Prêtres saints, c'est à vous de prévenir â'rage^: '
Il faut finir des Juifs le honteux esclavage, 22
Venger vos princes morts, relever votre loi,
Et faire aux deux tribus reconnaître leur roi. 24
L'entreprise, sans doute, est grande et périlleuse;
J'attaque sur son trône une reine orgueilleuse, 26
Qui voit sous ses drapeaux marcher |in camp nombreux
De hardis étrangers, d'infidèles Hébreux : . 28
Mais ma force est au' Dieu dont l'intérêt ipe guide,
Songez qu'en cet en&nt tout Israël résîd^,^* ' 30
Déjà ce Dieu vengeur commeuce à la troubler,
Déjà, trompant ses soins, j'ai su vous rassembler ; 32
Elle nous croit ici sans armes, sans défense.
Courcnnons, proclamons Jo^s en diligence : .^ 34
De^% du nouveau prhicé" intrépides soldats, .
Marchons, en invoquant J'arbitre des combats;.. .36-
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ACTE IV, SCÀHX III. S91
Et, réveillant la foi dans les coeurs endormie,
Jusque dans son palais cherchons notro, enjj^mit, 2
Et quels cœurs si plongés dans un lâche sommciil,
Nous voyant avancer dans ce saint app^eil^ ' ' "' , ' 4
Ne s'empresseront pas à suivre notre exemple !
Un roi, que Dieu lui-même a nourri dans son temple ; 6
Le successeur d'Aaron, de ses prêtres suivi, "
Conduisant au combat les enfimts de Lévi ; 8
Et, dans ces mêmes mains des peuples révérées,
Les armes au Seigneur par ^avid consacrées l, 10
Dieu sur ses ennemis rêpifidrsk sa terreur.
Dans l'infidèle sang baignez-vous sans horreur ; 12
Frappez et Tyriens et même Israélites.
Ne descendez-vous pas de ces fiimeux'iévites 14
Qui, lorsqu'au Dieu du Nil le v6lage l^hi6l
Bendit dans le désert un culte criminel, 16
De leurs plus chers parents saintement homicides.
Consacrèrent leurs mains dans le sang des^ perfides, ' 18
Et par ce noble exploit vous acquirent l'honneur
D'être seuls employés aux autels du Seigneur 1 20
Mais je vois que déjà vous brûlez de me suivre.
Jurez donc avant tout sur cet auguste livre, 22
A ce roi que le ciel vous redonne aujourd'hui.
De vivre, de combattra et de mourir pour lui. 24
AZARiAS, au bout de la table, ayant la main sur le
iivre saint, 26
Oui, nous jurons ici pour nous, pour tous nos frères,
De rétablir Joas au trône de ses pères, 28
De ne poser^ le fer entré nos mains remis^
Qu'après l'avoir vengé de toys ses .ennemis. 80
Si quelque transgresseur enfreint" cette promesse.
Qu'il éprouve, grand Dieu, ta furejir vengeresse ;* 32
Qu'avec lui ses enfants, de ton paVtage exclus.
Soient au rang de ces morts que tu ne connais plus ! 34
JOAD.
Et VOUS, à cette loi, votre règle éternelle, 36
Roi, ne jurez-voua j>as d'être toujo^urs fidèle?
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/
Loin d
Hélas
10
SM ATBALIS.
J0Â8.
Pourraîs-je à cette loi ne me pas conformer ?
JOAD.
O mou fils, de ce nom j^ose encor vous nommer,
Souffrez cette tendresse, et pardonnez ayx larmes
Que m'art-achent pour irfcûs de trop justes alarmes;
lu trône nourri, de ce fatal honneur,
! vous Ignorez le charme empoîSoihfêûr ;
De l'absolu pouvoir vous ignorez rjv^esse,^ /j /
Et des lâches flatteurs la voix endËantèresài^iT^. "
Bientôt ils vous diront que les plus saintes lois,
Maîtresses du vil peuple, obéissent aux rois ; 12
Qu\in roi n'a d'autre freîh'què'sa volonté même ;
Qu'il doit immoler tout à sa grandeur suprême ; 14
Qu'aux larmes, au travail, le peuple est condamné,
Et d'un sceptre de fer veut être gouverné ; 16
Que, s'il n'est; opprime, tôt ou taf d il opprime.
Ainsi de piégé ^^^fhége, etHl^éAim^ en abime, 18
Corrompant de vos mœurs l'aimable pureté,
Ils vous feront enfin haïr la vérité, 20
Vous peindront la vertu sous une affreuse image.
Hélas ! ils ont des rois égaré" le plus sage. 22
Promettez sur ce livre, et devant ces témbins.
Que Dieu fera toujours le premier de vos soins ; 24
Que, sévère aux méchants, et des bons le refuge.
Entre le pauvre et vous vous prendrez Dieu pour juge ;/ 26
Vous souvenant, mon fils, que, caché sous ce lin, ^^ - /•»-«' ^^ v
Comme eux vous fûtes pauvre, et comme eux orphelin. 28
JOAÔ, au milieu de la table, ayant la main mtr le
livre saint» 80
Je promets d'observer ce que la loi m'ordonne.
Mon Dieu, punissez-moi si je vous abandonne ! 32
JOAD.
Venez, de l'huile sainte il faut vous consacrer. 34
Paraissez, Josabet , vous pouvez vous montrer.'*
KoTt» AUX) RifBitKiron. — > Yoilâ» hehotâ.-^^ Snt^ vonchm/Êd <ol-
• Gard«^ prrtfTM.'— « Instroitt^ in/ormêsL-^ Voit mMfft la lamt^N^ diU
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ACTE IV, BOftHE IV. 303
exUtê. — « An, in the, — f Poser, lay down. — ^ M. p. 870. — • Vengeresse is
tbe féminine of venffeur.-^^^ M. § 16, B. (5), Ist, latter part—»» Égaré,
led €uiray, deeeived, — »3 Voua montrer, appean, ^
SCÈNE IV.
JOAS, JOAD, JOSABET, ZACHAEIE, SALOMTTH, AZABIAS.
ISMAEL. TBOIS AUTEES CHEFS DES LÉVITES*
LE CHŒUE.
JOSABET, embrassant Joas.
O roi, fils de David 6
JOAS.
mon unique mère ! 8
Venez, cher Zacharie, embrasser votre frère.
JOSABET, à Zacharie. 10
Aux pieds de votre roi prostemez-vous, mon fils.
Zacharie se jette aux pieds de Joas. 12
JOAD, pendant quHls s^emhrassent
Enfants, ainsi toujours puissiez-vous être unis ! 14
JOSABET, à Joas.
Vous savez donc quel sang vous a donné la vie ? 16
JOAS. ,
Et je sai«i quelle main sans vous me l'eût ravie. " 18
JOSABET.
De votro nom, Joas, je puis donc vous nommer. 20
JOAS.
Joas ne cessera jamais de vous aimer. 22
LE CHŒUR.
Quoi! c'est là... 24
JOSABET.
Cest Joas. 26
JOAD.
Écoutons ce lévite. 28
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804 ▲THALia.
SCÈNE V.
JOAfl^ JOAD, JOSABET, ZACHARIE, SALOMITH, AZÂRIAS^
JfiMAEL, TROIS AUTRES CHEFS DES LÉVITES^ *
UN LÉVITE» LE CHŒUR.
UN LÉVITB.
J*ignore contre Dieu quel projet on médite, 6
Mais l'airain menaçani (jrèmW de toutes parts ;
On voit luire des feux parmi des étendards, 8
Et sans doute Atbalie assemble son armée : .
Déjà même au secours toute voie est fermée ; 10
Déjà le sacré mont, où le temple est bâti,
DMnsolents Tyriens est partout investi | 12
L*un d'eux, en blasphémant, vient de nous ùire entendre
Qu'Âbner est dans les fers,* et ne peut nous défendre. 14
JOSABBT, â Jooi,
Cher enfimt, que le oiel en vain m'avait rendu, 16
Hélas ! pour vous sauver j'ai fidt ce que j'ai pu.
Dieu ne se souvient plus de David votre père. 18
JOAD, à Jotabei.
Quoi ! vous ne craignez pas d'attirer sa colère 20
Sur vous et sur ce roi si cher à votre amour î
Et quand Dieu, de vos bras l'arrachant sans retour, 22
Voudrait que de David la maison fiit éteinte,
N'étes-vous pas ici sur la montagne sainte 24
Où le père des Juife sur son fils innocent
Leva sans murmurer un bras obéissant, ^ 26
Et mit sur un bûcher ce fruit" de sa vieillesse,
Laissant à Dieu le soin d^'acèôinplir sa promesse, 28
Et lui sacrifiant, avec ce fils aimé,
Tout l'espoir de sa race en lui seul renfermé 1 "^ ► 80
Amis, partageons-nous/ Qu'IsRiaôl en sa garde
Prenne tout le côté que l'orient regarde ; . 32
Vous, le côté d^ l'ourse,' et vous, de l'occident ;
Vous, le midi. Qu'aucun, par un zèle imprudent, 84
Découvrant mes'desseins, soit prêtre, soit lévite,
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ACTE IV, SCÈKS VI. S05
Ne sorte avant le temps et ne se précise ; ;
Et que chacun enfin, d'un même esprit poussé, '' " 2
Garde en mourant le poste où je Taurai* placé.
L'ennemi nous rega^, ^ son aveugle rage, 4
Comme de vila tiîiwctpSus: ^é^(W*7és au carnage,
Et croit ne rencontrér^^uë cfésbrdre et qu'effroi. 6
Qu'Azarias partout accompagne le roi.
A J0€L8. / 8
Venez, cher rejetofi d'iare vaillante race,
Remplir vos défenseurs d'une nouvelle audace ; 10
Venez du diadème à leurs yeux vous couvrir ;
Et périssez du moins en roi, s'il &ut périr. 12
A un lévite.
Suivez-le, Josabet. Vous, donnez-moi ces armes. 14
Au chœur.
En&nts, offrez à Dieu vos innocentes larmes. 16
Notes and Refebxnoieb. — ^ L'airain menaçant frémit» the tkreatening
trwnpet wunds ; lit. the tkreatening brcut trembles. — > Dans les fers» a
captive. — 3 Fruit, ehild, — * Partageons-nous» let tu ditfide. — ^ L'ourse»
Ursa, l e. the North.-^ M. L. 61, R. 6.
SCÈNE VI.
BALOMITH, LE CHŒUR.
LE CHŒUR chante.
Partez, enfants d'Aaron, partez : 20
Jamais plus illustre querelle
/ De vos aïeux n'arma le zèle. 22
Partez, enfants d'Aaron, partez :
C'est votre roi, c'est Dieu pour qui vous combattez. 24
uiîB vpix seule.
Où sont les traits que tu lances., ^ 26
Grand Dieu, dans ton juste courroux T
N'es-tu plus le Dieu jaloux ? 28
N'es-tu plus le Dieu des vengeances ?
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S06 ATBALIB.
XTSE AUTRE.
Où sont. Dieu de Jacob, tes antiques bontés î ^
Dans l'horreur qui nous environne^ - ^"^^
N'entends-tu que la voix de nos iniquités 1 4
N'est-tu plus le Dieu qui pardonne 1
LE CHŒUR, 6
Ou sont, Dieu de Jacob, tes antiques bontés?
UNE VOIX êeule, ^ 8
Cest à toi que dans cette guerre V ^ ^ '^ ' ' • . . J
Les flèches des méchants prétéWreiii â'adrlsser.* ^ ' 10
Faisons, dîsent-ils, cesser ^
Les fètea de Dieu sur la ^erre,; 12
De son joug impbrtnn'délîvronsles mortels!
Massacrons tous ses saints ; renversons ses autels ; 14
Que de son nom, que de sa gloire
11 ne reste plus de mémoire ; 16
Que ni lui ni son Christ* ne régnent plus sur nous*
LE CHŒUR. 18
Ou senties traits* que tu lances.
Grand Dieu, dans ton juste courroux ? 20
N'es-tu plus le Dieu jaloux ?
N'es-tu plus le Dieu des vengeances î 22
UNE voix seule.
Triste reste' de nos rois, 24
Chère et dernière fleur d'une tige si belle, ,
Hélas! sous le couteau d'une mère cruelle 26
Te verrons-nous tomber une seconde fois! "^ /.-'
Prince aimable, dis-nous si quelque ange, au berceau, 28
Contre tes assassins prit soin de te défendre.
Ou si dans la nuit du tombeau 30
La voix du Dieu vivant a ranimé ta cendre.
UNE AUTRE. - * j 32
D'un père et d'un aïeyl contre toi révoltés^ ^^\<{ ^' \^
Grand Dieu ! les Kttehtats'Iui sont-ils imputés 1 . '^' *34
Est-ce que sans retour là pitié l'abandonne î
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▲ CTB y, 80ÈMX I. MT
LE CHŒUR.
Où sont, Dieu de Jffcob, tes antiques bontés ? 2
N'es-tu plus le Dieu qui pardonne î
UNE DES FILLES DU CHŒUR, suns chanteT» 4
Chères sœurs, n'entendez-vous pas
Des cruels T^riens la trompette qui sonne ? 6
SALOMITH.
J'entends même les cris des barbaji<&s soldats, 8
Et d'horreur j'en fri^ôWnef ^
Courons, fuyons, re0rons-nous 10
A l'ombre sâlutafrë ''^ '' '
Du redoutable sanctuaire. 12
Non» AND REFERENCES. — ' Chiût, AnoinUd. — ^ Traita^
* B«8te, scion,
^ .■ » <■ ^
ACTE CINQUIÈME,
SCÈNE I.
ZACHARIE, SALOMITH, LE CHŒUR.
SALOMITH. 16
Œer Zacharie, eh bien ! que nous apprenez-vous 1'
ZACHARIE. 18
Redoublez au Seigneur votre ardente prière :
Peut-être nous touchons à notre heure dernière ; 20
Pour l'horrible combat, ma sœur, Tordre est donné.
SALOMITH. 22
Que fait Joas 1
ZACHARIE. 24
Joas vient d'être^ couronné :
Le grand prêtre a sur lui répandu l'huile sainte. 26
Oh ciel ! dans tous les yeux quelle joie était peinte
A Taspect de ce roi racheté' du tombeau ! 28
Ma sœur, on voit encor la marque du couteau :
On voit par^tre aussi sa fidèle nourrice, 30
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.308 ATSALiS.
Qui, cachée en un coin d^ ce ytwte édifice,
Gardait ce cher dopôt^* ifet n*aval't iH ses soins 2
Que les yeux de ma mère et que Dieu pour témoins.
Nos lévites pleuraient de joie et de tendresse,, , 4
Et mêlaient leurs sanglots à leurs cris d ^allé^es je. T'
Lui, parmi ces transports,^fiGible et sans orgueil, 6
A l'un tendait la main, flsfttait Vautr e de rœi l, ^z
Jurait de se régler par leurs avis sincères, 8
Et les appelait tous ses pères ou ses frères.
Ç ^ ^ SALqMrrH. 10
Ce secret au dehors' es^-îî itûssî semé V
ZAOHAIUB. 12
Ce secret dans le temple est encon renfermé. ' , ^
Des en&nts de Lévi la troupe jftrtSgee'^"^'^'^*' 14
Dans un profond silence aux portes s'est rangée.
Tous doivent à la fois précipiter leurs pas, 16
Et crier pour signal : Vive le roi Joas ! -, \ ^ , '. .Vjj^
Mais mon père défend que le roi se hasarde^ ' ^^ ' ^ 18
Et veut qu'Azarias demeure pour sa garde.
Cependant Athalie, un poignard à la main, 20
Rit des faibles remparts de nos portes d'airain : '
Pour les rpmpre, elle attend les fatales liîââÔtfes; > ^ '' '""'22
Et ne /empiré é^fin que sang et que ruines.
Quelques prêtres, ma sœur, ont d'abord proposé ^ 24
Qu'en un lieu souterain par nos (pjj^res é^etit^
On renfermât du moins notre arche précîei^e. 26
O crainte, a dit mon père, indigne, injurieuse !
L'arche qui fit tomber tant €[^upérbôs touri^ 28
Et força le Jourdain de rel$^0Ùssér son cours,'
Des dieux des nations tant de fois triomphante, 80
Fuirait donc à l'aspect d'une femme insolente !
Ma mère, auprès du roî, dans un trouble mortel, 32
L'œil tantôt sur ^ prince et tantôt^vers J'^utel,
Muette, et sitccSmbant sous le poids dés alarmes, 34
Aux yeux des plus cruels arracherait des larmes.
Le roi de temps en temps la presse entre ses bras, 36
La flatte. .« Chères sœurs, suivez toutes mes pas ;
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ACTa r-,'* B-C^KIB II. ifff'
Et, sMl faut aujourd^hni que notre roi périsse,
Allons, qu'un même sort avec lui nous unisse. 2
SÂLOmTH.
Quelle insolente main frappe à coups redoublés ! 4
Qui fait courir ainsi ces lévites troublés ?
Quelle précaution lei^r fkit cacher leurs armes?
Le temple est-il forôêY^Y^ . ' '
ZACHARIB. 8
Dissipez vos alarmes^
Dieu nous envoie Abner. 10
iJToTBB ÀSD BxFBRBNCOBB. — ^ Quo novL9 apprenes-TouB, whal hâve yim
io announee to V9. — s M. L. 26, R. 2. — ^ Racheté, redeemêd,-^ Semé,.
known.
6
SCÈNE II.
A8IŒB, JOAD, JOfiABET, ZACHÂRIE, SALOMTTH, ISlfABI^
DEUX LÉVITES, LE CHŒUR.
JOAD. 14
En croirai-je mes yeux,
CSber Âbner î quel chemin a pu jusqu'en ces lieux 16
Vous conduire au travers d'un camp qui nous assiège 1
On disait que d'Achab la fille sacrilège 18
Avait, pour assurer ses projets inhumains,
Chargé d^indignes fers vos généreuses mains. 20
ABNER.
Oui, seigneur ; elle a craint mon zèle et moi^ courage : 22
Mais c'est le moindre prix que me gardait &à rage.
Dans l'horreur d'un cachot par son ordre enfermé, 24
J'attendais que, le teipple en cendre' consumé.
De tant de flots de^sàng non ençore/aSsôtyi'é^ "' 26
Elle ^nt m'affAhchir^ d'une infportune ^e,'' *^ '
iJt^ré^tr&ncWdM Jours qu'aurait dû mille fois . 28
Terminer la douleur de survivre à mes rois.
JOAD. ao
Par qud miracle a-tK>n obtemi votre grâce T
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SIA AtSALIS.
ABïïnu
Diea, dans oe cœur oraél, cAît seul ce q^à^^se jMuntt, 3
Elle m'a fait venir ; et, d'un air égtàQi r,??f^" ; -^^.J-.y'
*' Ta vois de mes soldats tout ce temple entouré, 4
*' Dit-elle ; un feu vengeur va' le réduire en cendre,
^ Et ton Dieu contre moi ne le saurait défendre. 6
" Ses prêtres toutefois (mais il faut sp hâter,). ,
" A deux conditions peuvent se'ASfiefïr?^ . ; . c -» ^ - . . ^ g
** Qu'avec Éliacin on mette en ma puissance ^ ' ^'^ ^'^
" Un trésor dont je sais qu'ils ont la connaissance, 10
'* Par votre roi David autrefois amassé,
^* Sous le scfe^il du secret au grand prêtre laissé. 12
** Va, dU-leur qu'à ce prix je leur permets de vivre."
JOAD. 14
Qud conaei], cher Âbner, croyez-vous qu'on doit suivre ?
ABNBR. 1§
Et tout l'or de David, s'il est vrai qu'en effet
Vous gardiez de David quelque trésor secret; 18
Et tout ce que des mains de cet^ reine avare
Vous avez pu sauver et de ncne' et àé^fUréf 2f
Donnez-le. Voulez-vous que d'imjfofe-'a^âÈittis
Viennent briser Tautel, brûler les chérubins, , / 28
Et, portant sur notre arche, uije main/l^éraïreç " *^
De votre propre sang souiller le saijctu^re ? - 24
JOAD.
Mais siérait-il,* Abner^ à des cœurs céné|Bux ' , 26
De livrer au sftppfîce uh enfant fnalheti^ur, * ^"
Un enfant que Dieu même à ma |^de confie, 28
Et dé nou^ racÉeter aux dép<^s de sa vie 1
' ABNER. 80
Hélas ! Dieu voit mon cœur. Plut à ce Dieu puissant
Qu'Âthalie oubliât un enfant innocent, 32
Et que du sang d'Abner sa cruauté contente
Crût calmer par ma mort le ciel qui la tourmente ! 34
Mais que peuvent pour lui vos inutiles soins ?
Quand* vous périrez tous, en périra-t-il moins ? 36
Dieu vous ordonne4-il de tenter rimposalble ?
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▲ OTS Tf SOtVS XX. tll
•
Pour obéir aux lois d'an tyran infleziblay
MuTse, par sa mère au Nll^ abandonné, 3
Su vit, presque en naissant, à périr condamné :
Mais Dieu, le conservant contre toute espérance, 4
Fit par le tyran même élever son enfance.
Qui sait ce qu'il réserve à votre Éliacin ; 6
Et si, lui préparant un semblable destin.
Il n'a point de pitié déjà rendu capable 8
De nos malheureux rois rhomicide implacable î
10
Su)rî6ux tomber la violence» ; • 12
A Josabet. >!'-
Princesse, en ce péril vous gardez le silence î 14
Hé quoi ! pour un enfant qui vous est étranger
Souffres- vous que sans fruit Joad laisse égorger 16
Vous, son fils, tout ce peuple, et que le feu dévore
Le seul lieu sur la terre où Dieu veut qu'on Tadore? 18
Que feriez-vous de plus si des rois vos aïeux
Ce jeune en&nt était un reste précieux ? 20
JOSABET, bofi à Joad.
Pour le sang de ses rois vous voyez sa tendresse : 22
Que ne lui parlez^vous 1
JOAD. 24
n n'est pas temps, princesse.
ABNBR. 26
Le temps est cher, seigneur, plus que vous ne*jpensez.
Tandis qu'à me répondre ici vous balancez, 28
Mathan près d'Athalie étii^celant de rage
Demande le signal, et presse le carnage. 30
Faut-il que je me mette à vos sacrés genoux %
Au nom du lieu si saint qui n'est ouvert qu'à vous, 82
Lieu terrible où de Dieu la majesté repose.
Quelque* dure que soit la loi qu'on vous impose, 34
De ce coup imprévu songeons à nous parer.
Donnez-moi seulement le temps de respirer : 86
Demain, dès cette nuit, je prendrai des mesures
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élé • irrafiLiî. ^ • - •
Pour assurer le temple et renger ses injures.
Mais je vois que mes pleurs et que mes vains discours 2
Pour vous persuiader sont nn faible secours ;
Votre austère vertu n'en peut être frappée : 4
Eh bien, trouvez-moi donc quelque arme, quelque épée,
Et qu'aux portes du temple, où Pennemi m'attend, 6
Abner puisse du moins mourir en combattant.
JOAD. 8
Je me rends. Vous m^ouvrez un avis que j'embrasse :
De tant de maux, Abner, détournons la menace. 10
U est vrai, de David un trésor est resté,
La garde en fut commise à ma fidélité ; 1^2
C'était des tristes Jui& l'espérance dernière,
Que mes soins vigilants cachaient à la lumière : 14
Mais puisqu'à votre reine il faut le découvrir,
Je vais la contenter ; nos portes vont s'ouvrir. 16
De ses plus braves che& qu'elle entre accompagnée ;
Mais de nos saint autels qu'elle tienne éloignée 18
D'un ramas d'étrangers l'indiscrète fureur :
Du pillage du temple épargnez-moi l'horreur. 20
Des prêtres, des en&nts lui feraient-ils quelque ombre ?
De sa suite avec voua qu'elle règle le nombre. 22
Et quant à cet en&nt si craint, si redouté,
De votre cœur, Abner, je connais Féquité, 24
Je vous veux devant elle expliquer sa naissance.
Vous verrez s'il le faut remettre en sa puissance ; 26
Et je vous ferai juge entre Athalie et lui.
ÀBTsnoL, 28
Ah l je le prends déjà, seâgneur, sous mon appui :
Ne craignez rien. Je cours vers celle qui m'envoie. 30
NoTBB AMD BouDorcm— -1 Va, toO/ 9oon; M. L. 20, R. 1.— » Siérjeiit-
il, would it he wtrikpi^.^^ Q«uid, (f.-^« Nil&--^M..§ 158, B. (ô).--
* Quelque^ hcwever.
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AOTS T, SetVB III. SIS
SCÈNE III.
JOAB, JOSABET. ZAGHABIE; SALOIOTH, ISICAm
DEUX LÉVrEES^ LE GHŒUB.
JOAD» 4
Grand Dieu, Toid ton hearei on t'amène ta proie!
kmaél, éooutei. S
(IlMparhkiM.)
Puinant maître des denz,
Bemet»-liii le bandeau dont ta couvris ses jeux 10
Laraque, loi dérobant toat le fruit de son crimes
Ta oaoiiaa dans mon sein cette tendre yictime! 12
JOAD.
Allez, sage bmaôl, ne perdez point de temps ; 14
Suivez de point en point ces ordres importants :
Surtout qu'à son entrée et que sur son passage 16
Tout d'un calme profimd lui présente l'image,
YouSy en&nts^ préparez un trône pour Joas; 18
Qu'il s'avance suiyi de nos sacrés soldats.
Faites Tenir aussi sa fidèle nourrice, 90
Princesse, et de tos pleurs que la source tarisse.
{A fm lMi9.) 23
Vous, dès que cette reine, ivre d\ai fol orgueO,
De la porte du temple «nra passé le seuil, 24
Qu'elle ne pourra plus retourner en arrière,
Prenez soin qu'à l'instant la trompette gueniàre 96
Dans le camp ennemi jette un subit effioi:
Appelez tout le peuple au secours de son roi; 28
Et fiâtes retentir jusques à son oreille
De Joas conservé l'étonnante merveille. 80
nvient
14
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S14 . ATJUUS^
SOÉNB IV.
'QAfti. J(MJ\ Jûa^^BFT, ZAm^SSB, aALÛMimr
AZARTAf\ TROUPES DE PRÊTRES ET DE "^'
LÉVITES^ LE GHŒmL
JOAD.
Lévites sûnts, prêtres de notre Dieu^ 6
Partout sans tous montrer environnez ce lieu ;
Et, laissant à mes soins gouverner votre zèle^ S
Pour paraître attendez que ma voix vous appelle.
Ili 96 cachent tout, 10
Boiy je crois qu'à vos jeux cet espoir est permis^ i
Tenez voir à vos pieds tomber vos ennemis. IS i
Celle dont la fureur poursuivit votre en&noe ^
Vers ces lieux à grands pas pour vous perdre s^avance.* 14
Hais ne la craignez point ; sojogez qu^'autour de^roui^ '
L'ange exterminateur est debout avec nous.* 16;.
Montez sur votre tr6ne» et««. Hais la porte s'outto:
Permettez un moment que ce voile vous poivre* 18.
n tire un rideau.
Vous changez de couleur/ princesse ! 90
JOSABXT.
Ah ! sans pâlir 22
Puis-je vofar d'assassins Je temple se jemplir 1
Quoi ! ne voyez-vous pas Quelle nombreuse escorta*. 24 i
JQAIV I
Je vois que du saint temple m^T^eiafi^MjeR^. Sf^ I
Tout est en sûreté. i
KanM JOD BiiBnroB.— ' Ponr vous pfr4x)9 f^9T»^fi%^mTWh^ to
«% yau^ Jkt debout Bje^rmfk^u^tdmmàmTL ^
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▲ 0TB t^ "BOÈVI T. 1815
6CÈNE V.
ATHALD^ JOAfi^ JOAD, JOSABET, ABNER» man
Joaê est caché derrière le rtéeâu. 4
AIBAUB, à JiHli.
Te Yoflà, sêdùcfeul^, 6
De ligues, de complots, pernicieux auteur.
Qui àans le trouble setd as mis tes isspiiiwS^ 8
Étemel ennemi dès suprêmes pùissàhcésl •
En l'appui de ton Dieu tu t'étais reposé :^ 10
De ton espoir friyôle est-tu désabusé ?
) n laisse à mcm pouvoir et son temple et ta yie. 12
Je devrais, sur l'autel où ta main sacrifie^
Te... Mais du prix qu'on m'offre il &ut me contenter. 14
Ce que tu m^as promis, songe à l'exécuter :
Cet enfant, ce trésor, qu'il fkut qu'on me remette, 16
Où sont-ils ?
jroA^. 18
Sur-le-champ tu seras satisfaite ;
Je te le vais montrer l'un 41 l'autre à la fois. itO
Le rideau u retire. On voit Joas sur son trône ; sa nour-
rice est à genoux à sa droite ; Azarias^ Vépée à la motn, 22
est debout à sa gauche; et près de lui Zàcharie et Salo- ^
miih sont à genoux sur les degrés* du trône ; plusieurs 24
lévites^ Vépée à la main, sont rangés sur les côtés.
Paraissez, cher enfant, digne sang de nos rois. 26
Connais-tu l'héritier du plus sainl des monarques,
Reine ? de ton poignard connais du moins ces marques, 28
Voilà ton roi, ton fils, lé fils d'Odiozias.
Peuples, et voua, Âbner, reconnaissez JôsA ' 80
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SIA ATSA-LII.
fiBÀLiSy àJoad.
Perfidel 4
JOAD.
VoUhtu oette Juive fidèle 6
Dont ta sais bien qu'alors il suçait la mamelle I'
n fut par Josabet à ta rage enlevé : ' 8
Ce temple le re^^t» et Dieu l'a conservé.
Des trésors de David voilà qui me reste. 10
▲THALIB.
Ta fourbe à cet en&nti traître, sera funeste. 12
D'un &nt6me odieux, soldats, délivrese-moi I
JOAD. 14
Soldats du Dieu vivant, défondez votre roi I
Id h fond du ASàire fwme. On voit le dêdamt . du 16
Étmple^ et Ut UvUea armés entrent de toue càtêe eur
la eeène. 18
ATHALO.
Où suis-je? O trahison! 6 rdne infortunée ! 20
D'armes et d'ennemis je suis environnée !
JOAD» 22
Tes jeux diercihent en vain, tu ne peux échapper,
Et Dieu de toutes parts a su t'envelopper. 24
Ce Dieu que tu bravais en nos mams t'a livrée :
Bendft-lui compte du sang dont tu t'es enivrée. 26
ATHALIX.
Quoi ! la peur a glacé mes indignes soldats ! 28
LAohe Abner, dans quel piège as4u conduit mes pas!
ABNXB. 80
Beine^ Dieu m'est témoin...
ATHAUX. 82
Laisse-là ton Dieu, traître,
Et venge-mc ! 84
ABMXB, ee jetant aux pieds de Joas^
Sur qui) Sur Joas! sur mon maître! 86
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▲ OTK Y, BOÈHK VI.
mi
ÀTSÀLIS.
lUi Joas ? lui ton roi ? Songisz, méchants, songez %
[Que mes armes encor vous tiennent assiégés.
J'entends à haute voix tout mon camp qui m'appelle. 4
On vient à mon secours. Tremblez, troupe Rebelle !
Notes and Bifebotobb. — ^Ttl t*étâ3i reposé, yauhad^put your trusta
> Degrés, «fdpt. — ' Dont tu sais bien qu'alors il snçait la mamelle, v^ho
waa aa you toeU hnow hia nurse then.
SÔÉNE Vi.
IBMAKT» JOAS, JO AD, ATHALTE, sr tous us aôihju
DB LA soÎne pBioÉnzimL
îSttAEL, â Joad.
Çeigneur, le telnple est libre et n'a plus d'ennemis.
L'étranger est en fîiite,^ et le Juif est soumis.
Comme le vent dans l'air dissipe la fumée,
La voix du Tout-Puissant a chassé cette armée.
Nos lévites, du haut de nos sacrés parvis,
D'Ochozias au peuple ont annoncé le fils,
Ont conté* son en&nce au glaive dérobée.
Et la fille d'Âchab dans le pîége tombée!
Partout en même temps la trompette a sonné :
Et ses sons et leurs cris dans' son camp étonnéi
Ont répandu le trouble et la terreur suHte
Dont Gédéon' frappa le fier Madianite,
Les Tyriens, jetant armeg et boucliers,
Ont, par divers chenî'**" 4isparu les premîera :
O I * I j ^ .îtMf^ éoi^^^^^UBsi pris k ^nte;
10
f
u
19
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S16 ▲THAI.IB.
Femmfli^ yieillatdii enft&ta» s'embnaaant avec joie»
BéniMentle Seigneur, et oéliii qu'il enToie : 2
Tou4 ohaatant de David le fila ressueoité. ^
Bâal est eu horreur dans la sainte cité : 4
De son temple pro&ne on a brisé les portes; I
MaOïaa est égo^é.* 6
▲TBAUB.
Dieu des Juift, tu l'emportes !* 8
Oui, o'est Joas : je oherohe en vain à me tromper,
Je reconnais Tendroit où je le fis frapper : 10
Je vois d'Ocliozias et le port^ et le geste;
Tout me retrace enfin un sang que je détesta 12
David, David triomphe ; Achab seul est détruit
Impitoyable Dieu, toi seul as tout conduit ! 14 i
Cest toi qui, me flattant d\me vengeance aisée, |
ITas vingt fois en un jour à moi-même opposée ; 16 j
Tantôt pour un enfant excitant mes remords,
Tantôt m'éblouissant de tes riches trésors * 18
Que j'ai craint àe livrer aux flammes, au pillage.
Qu'il règne donc, ce fils, ton soin et ton ouvrage! 20'
Et que, pour signaler son empire nouveau.
On lui fiuse en mon sein enfoncer le couteau ! 22
Yoid ce qu'en mourant lui souhaite sa mère :
Que disje, souhaiter ! je me.flatte, j'espère 24
Qu'indocile à ton joug, fiitigué de ta loi,
Hdèle au sang d'Achab qu'il a reçu de moi, 26
Conforme' à son aïeul, à son père semblable.
On verra de David l'héritier détestable 28
Abolir tes honneurs, profaner ton autel.
Et venger Athalie^ Achab, et J^zabeL 30
À^àUê Êort; la U»U$$ la «utvtnf.
joah» 82
Qu'à l'instant hors du temple elle soit emmenée.
Et que la sainteté n'en soit pohit profimée. 84
Ailes, sacrés vs^grars de vos priaoes meurtris^
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▲ OTK T, Botnm Yiix. S19
De leur sang par sa mort fiûre oeaser les cris.
81 quelque audacieux embrasse sa querelle^
Qu'à la fureur du glaive on le livre avec elle.
KoTBB JkHD BsiXBBron.— 1 Est em tvdte, fiee,^ Conté^ fnenfîoiMd»
rdatei, — 8 Gideon. — * flsprit» mytifMtU^ ffund*-s Égorgé^ dain, — • Ta
l'emportes» ycu eonqwr.-^'^ Port» maimer, earriage.'-^ Conforme, like.
SCÈNE VII.
JOAS^ JOAD, JOfiABET, ABNEB, si toi» ub lonms
SB LA flOàRX FméoÉDBm.
JOAS, deicendu de son trône.
Dieu, qui voyez mon trouble et mon affliction, 8
Détournez loin de moi sa malédiction,
Et ne souffirez jamais qu'elle soit accibmplie :' 10
Faîtes que Joas meure avant qu'il vous oublie.
JOAD, aux Uvitee. 12
Appelez tout le peuple, et montrons-lui son roi :
Qu'il lui viemie en ses mains renouveler sa foi. 14
Boi, prêtres, peuple, allons, pleins de reconnaissanoe^
De Jacob avec Dieu confirmer l'alliance, 16
Et, saintement confus de nos égarements,'
Nous rengager à lui par de nouveaux serments. 18
Abner, auprès du roi reprenez votre place.
KoTis Aim Berbxnoxb.— 1 M. L. 72, B. a—* Saintement conftu de
noi égarements, /M^tfi^ a hoily thaamfcr our errer».
SCÈNE VIII.
UN LÉVm; JOASb JOAD, n TOI» UB locnna vm la.
JOAD, au IMte,
Eh bien, de oette impie Srt-on puni l'audaeeT 24
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ilO AfllALIl.
!
ta LArnk i
Le fer a de sa 716 eïpi6 Ie6 hofrean. 2 I
Jérusalem, longtemps en pîDÎe à ses fiiîMra^
De son joug odieux à la fin soulagée, 4
ÂTec joie en son* sang la regarde plongée. I
JOAD. 6
Par eette fin terrible, et due à ses forfiiîts,
Apprenez, roi des Juift, et n'oubliez jamais 8
Que les rois dans le eiel ont un juge séyère,
L'innoeenoe un yengeur, et l'orphelin on père. 10
m j/àsaÀum
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PUBUSHED BT ITISOIT AKP FBSSNST, KBW TORK.
FEENCH.
^ it » >i »
jfKspHU's itnt\ S^txits.
L PASQUEIUE'S NEW FEENCH OOUESB.
$126.
n. A KEY TO THE EXERCISES IN FAS-
qndle'i French Conisa. 16 cents.
m. FASQUELLE'S COLLOQUIAL FBENOH
Course. 16 cents.
IV. FASQUELLE'S TELEMAQUE. 62 1-2 cents.
V. NAPOLÉON. BT ALEXANDEB DUMAS.
Wiih. Notes» ào, by Louis Fasquelle, LL.D. 75 cents.
TL HOWAKD'S AIDS TO FRENCH COMPOSI-
tien. A Gompanion to Fasquelle's French Course, f 1.
Vn. TALBOT'S FEENCH PEONUNCIATION.
oenta
68
L FASQUELLE'S NEW FEENCH COUESE.
1125.
Fasqmlle^ French Coarae la on the plan of ** Woodbury'a Mathod witb German."
It punoes the some graduai coorae, and comprehends ihe sama wlda aoope of Instruc-
tion. It la moat eminently practical ; wortu admirably In the claas-room. It wlU be
t»und ererywhere eqnal alike to the wants of the teacher and the pupil, Indicatlng in
the author a clear and profoond knowledge of hia native tongne, added to ocnsummale
■un in the art of imparUng It.
H0TI0E8.
R-^m the Jfew York EvangtlùL
, <( It la a yery copions and elaborate woric, vupplylng the pupU with the msterisl
ftv aU hia neoeatary dementary stndy, and going over the ground with great thoiongh-
Maa."
JVom the J^Tew York Commercial ^évertiser.
<«Thl8 grammar la deaigped to teach reading. apeaking, and writing the French
langoage, upon the aame ayatem which Mr. Woodbary haa ao aucceattally applled
to German. Oombining the analytic and avnthetlc prineiplea of inalractlon, U wlll
peiiuipa be more generally uaefùl than any other on the aame Babject.*>
JrVvm the Philadelphia Enquirer.
•»Faaqnelle*8 New French Ck>nrae la eridently a worli of mon than onlin«y
abitlty, and la the reanlt of much labor and reaeareh.>*
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FUBLISHSD BY IVISON ANB PHINNEY, NEW YORK.
PASQUELLE'S ÏTEW FRENCH COURSE.
^ «■ # ■»»
H0TI0S8.
Aval tkê JVk» ClKfv* Rqf0iitwrf.
«*TImm woïkt (Woodimry'f New Métb/oA wtth German, aal Faflqœlle^ Netr
Ftvneh Ooune) ara coutroeted on a plan adminibly satted to the porpoaea of a
mmoiar. The theoretical and the practical, the prinelple and the application, the
ooetrlne and the UloBinUlon, ara moat skilfùUj blended in the exeention of the work.
From onr own expwlenoe of their ntHItr, we can aafUy racommend them aa ccBoeed-
ingly Taluable manoali to the atodent of elther Unguage.**
Av» ZtMiV Herald.
«It praaenta the troe aalbod of atadr, condneting the leamer b7 loeh gndnal and
lateraaanffatepaoTertfaediflfcalUesof hispath,thal thexaeem to vanlah at hia ap-
pnaeh. In flwl, U aaama to ns aearaelj capable ofimprovement."
f»Mi JD. E. BëiMiu, Lowdi, Mti».
*I Write to eaqiraBa nqr admiration of Woodbory^ Oennu» and Faaqcaelle'k
TVaneh ^jralem. I vie them exeltiaf vely in mj aeliool. I do not mean to nw tbat
thew booka ara fhaltlem ; bai I do ragard fhera aa agrtaft ImproTeibent iqK>n OUen-
doif and the old grammara."
/Va» Oaar/e d^tacar, AJU^ Jhttkm- •/«» Englitk OtamuÊT,
« Faaqaelle^ F^ench Oome eannot but be aoeeptable to teadhen geaflMUy aa wéQ
aa the private atudent."
Awa E.E. E. Bragd»n, jtf . JT^ Prme^ûl of StaUoff Sèminarf.
*I hâve examinêd aomewhat IkithAïUj and ertticallj Prof. Faaqnelle'k F^eneb
Oonne, on the plan of Woodbary*a M ethod with German, and I am confident that it
ezcebL in many Important particolara, anj elementaiy French Oonrae with which I am
n, A KEY TO THE EXERCISES IN FAS-
qndle't Frenéh Conna, 7S cents.
m. FASQUELLE'S ÇOLLOQUIAL FRENCH
Beader; or, Interestin^ Narratiyea from the heet Freneh
writen^ for translation mto English, aooompanied by Goutst-
■ational Ezeroisei. With Grammatioal Références to Fa»-,
qnelle'a New Frejioh Method, the ezplanation of the moat diffî-
exàt paaeageB, and a oopious Vocabmary. By Lonia Fasqnelle^
IX.D. 260 pagea. Dnodeoimo. 16 cents.
IV FASQUELLE'S TELEMAQUÉ; LES A-
yenturea de Téléniaqne. Par M. Fénelon. A New Edition,
with Notes. By Louis Fasqnelle, LL.D., Pro£ of Modem
Langaages in the Univensity of Michigan. Thé Tezt earefUly
prepared from the most approred French Editions. 62 1-2 cents.
Faaquetle*8 ^^Telemaqne*' presenta thia splendid production of Fénelon in a bean-
tlAd mechanicaldrew,wlth eopioua referencea to Faaqnelto'a Grammar, fiiU note a es-
planatonr of dilBcvltiea In the text, and a fliU yocaonlary. It fbrma a fine acLool
édition.
■ ■■.. I ■■.■■■■■--■■.■ .-■.«»■.■■.■ .»... n->m-n-t-i-tx->^u-|-|-»umT-ti--n.i.LXXi- |
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■»%**%*%*>»»»*
■ FÀSQUELLE'S NEW FBENCH COURSE.
V. NAPOLEON. BY ALBXANDEB DUMAS.
Arranged for the ose of Collèges and Schools ; with Conver-
■atioiial Exercises on the plan of Fasquelle's CoUoqoiàl French
Reader, ezplanatory NoiM, and Idiomatical and Grammatical
Beferences to the ** New French Method" By Lonis Fas^nelle,
LL.D., Professor of Modem Languages in the Uniyersity of
Michi^an ; Gorresponding Member of the National Institute,
Washington, ifec, &e, 16 cents.
VL AIDS TO FRENCH COMPOSITION; being
a Opmpanion to Fasqnelle's French Course ; or, JProgressiye and
Instructive Exercises for the practical appUeation of Gram-
matical Bnles to writing French ; with a Guide to FamUiar
and Commercial Correspondençe, Business Forma» copions
Notes and Références,' and a Vocabulary of (jo&marcial Terms.
By W. W. Howard, late Prot of Ancient and Modem Languages
in the Western Military Institute, Kentucky. "Longum iter
est per pnecepta ; breye et effioax pei; exempla." |1.
This work !s intended to gapply what has been feU by many Intelligpent teachen
and stadents of the Frenoh language to be a desideratum, riz^— a course of instructiTe
and enterialning progressire exercises for the practical application of grammatical
raies to writing Frencli. Gommepcing wltli short sentences, ail conreying some moral i
truth, or interesting information, and exemplifyli^ sucoessively ail the peculiarities of
French construction, it gradually adrances to extended exercises in descripliTe and
hiatorical narration, translated, for the most part, trom the best French writers. Notes^
grammatical références, and translations of the most difflcult words and phrases, are
liberally supplied, till the student is rendered capable of dispensing witir sueb ald.
To make the book more extensively'useflil and acceptable, it includes instrujetions for,
and a choioe seieeUi» of ezamples of, familiar and commercial oorrospondence^ business
tormBf and a yoeabnlary of commercial tenus.
vu TALBOT'S FRENOH PEONTJNCIATION.
Philosophy of French Pronunciation ; or, Pronunciation in
Twenty-four Rnles» with Systematic Explanations and Practice
in Prose and Poetry, and Extracts for Translation. By
Ouilaume H« Talbot Duodecimo. 68 cents*
H0TI0X8*
JVw» tke CkristioM F^uman,
** TUboi's Fraoeh Pronunelation eonlains ail that is n e ce ssa iy (o petftet the itodent
in jHonounciDg the FreDch language— by fiur the beat System ever pnbliâhed.''
Prolk. Longféllow and (X G. Felton, of Harrard Collège, haying taken pains to
examine the system of Pronunciation, hâve expreMted their eonnicU^m •/ iu nyttrigr
wuriUf and kindly permltted iu to use tbeir namea as raferaace.
f^am Wm. F, PMslps^ Frofuêor m StaU M'armai St\ool^ JÎlhan^,
''Haying bad the pleasnre of attondlog a Ck^orse of Lessona, by M. Talbot, In
Fkench Pronunciation, I do not hesitate to say tbai more can be aooompllshed Iqr the
metbod of M. Talbot, in êix lesêont^ tkan in twentffour by tbe naual proceat of ln<
iUiietion.''
eo
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PUBLDHID BT IVI80K AND PHOnOEr, NBW TOBK.
OERKAI.
WBittttiHïl'i C0m](lttt 6trmsn Strits*
L WOODEURTS NEW METHOD WITH
GermaiL |1 sa
IL WOODEURTS SHOSTEB COURSE WITH
Oerman. 76 oentt.
m. KBY TO WOODBUEY'S SHOETER COURSE.
SOcentiL
IV. WOODBURY^ ELEMBNTAEY GEEMAN
B«ad«r. ItetnU.
V. WOODBTJBY'S EOLEOTIO GERMAN
BMd«r. 11.
YL •WOODBUBY^ GBRMAN-BNGLISH AND
Englîflh-Oemuui Reader. 25 cent^
Vn. WOODBTJRY*S NEW METHOD FOR GEB-
mans to Leam Engliah ; or, Neae Méthode cor Erlemnng der
Englisohen Spraehe. $1.
ym. BLWELL'S GERMAN DIOTIONART. A
New and Complète Amerioan Diotionary of the English and
German Languagei^ with the Pnennnciation and Aooentnation
aocording to the method of Webster and Heinfliii& By Wm.
OdeU ElwelL New Stereo. Edition. |I 6a
The attention of ttaose interested in the atady of Geniuui H fpedally inTited to tfae
; Mreral Works compoeing tbis «eries.
t Tbey hâve been snbjected to a rlgld examtnatlon on tbe ]>Brt of the mort cotop
{ pètent JudgM, and (tdly tested in tbe claas-room bj the mœt able teacbera. Such, in-
Ideed, ta the (kvor everywhere aooorded to them by thoae (tilly oonvenant wlth the
German tongue, and such unifbrmly their efBeienoy in the band of the student, m to
jQktiiy the utmort eonfldenoe in commending tbam aa fonntog deddedly the beel
Gennan Course eT«r yet oflbied to the publie.
************ »*****^***'*«>*^^**i**»*^%*»%*»%%»*%»»%*^%%%»%%»w»»fc*%i*.»*%> %».»>%»%
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IVISOy à THINNEY'S PUBLICATIONS,
f
îijtffrj.
GLABK'S HmOBT 07 EHGLAHD, By W. Clakk, Emi. Xdlted with additions
ami QaesUon», by Prof. J. C. lIonrAT, of Princeton Collège. M8 p.
TOBIM* E I8T0BY O F UIIVOIB. 12mo.
PABLST*8 UXlVKttSAL HIROSTf on tiie InisU of Oeography. Bliiatrated by Slape
and Eogra^IngB
WILL80N'8 HISTORIES.
** There la perhapa no historleal irriter In oor eonntry, whose facta and dktes Jiare
K*en collected with so mach care, and verified wIth ao mnch flddity and labor, as
thoae of Mr. Willsoh. We know of no other volume of American Ulatory which ia
ao accurate, and at the same Urne ao tfaHL^^—Amértean Journal o/JEdueaHon,
Wim OirS JUyKHl LE AWini TClAy HI SIOBY; for Primary Schoola
WILLflOH*S HBRORTOF THB UHUED 8TATE8- [^Tmo revUêdandeniarçêd
édition], from the earlleat diacoreriea to 1802 ; trith the OonatituUon of the tTnited
Statca and Explanatory Notea and Qaestiona. By Uàxcivb Willsoh, A.M. Thia ia
the beat and moat reliable Text-Book for the School-Room publiahed in thia conntxy
WnXSDirS AXIBICAH HIBTOBT. {School edfUon.) Large 12mo. - ■- -
WnXSOirS AMSBICAH HISTOBT, iUbrary edUion), comprislng HIstorical
Bketchea of the Indiana ; a Deacriptlon of American Antlquitiea, with an Inqairy
into their Origln, and that of the Indian Tribes ; HIstory of the Uniied Btatea, with
Appendices, ahowing itansonnectlon with Earopean Hiatory ; Hiatory of the présent
Britiah Provincea ; History of Mexico, and History of Texaa, bronght down to the
timeofitsadmiaaion into the American Union. ByMABCicrBWiLL80X,A.M. -
WILLBOirS OUTlilHJSB OF HI8I0BT: illuatrated by numerona Geographlcal and
Iliatorical Notea and Colored Mapa ; and embracing, Part 1, Ancient Hiatory; Part
8, Modem Hiatory. By Mjlboitb Willsoh, A.M., anthor of " American Hiatory,**
" Hiatory of th e Unit ed Statea," Ac. SchoolSdtUon
WIIX80H*8 OUniHES OF HI8T0BT, Parti, Ancient Hiatory; Part 2, Modem
Hiatory ; Part 8, OntUnea of the Philoaophy of History. By Marcius Willsok, A.M.,
author of " American History," " Hiatory of tne United Statea," àc. UntfOémUy
Edition
WILL80F8 C0XFBEHEH8IVS CHABT OF AXEBIGAH HI8T0BT. OnBoL
lera and Yamiahed .........---•
OLDHAM'S AMUSINQ AND INSTRUCTIVE SERIES.
OLSHAVS EU1I0BO1T8 8PXAKEB, being a cholce coUection of Amoslng Pièces,
in Proae and Yerae, original and aelected ; consisting of Dialogues, Soiniqnies, Par-
odies, ftc. Besigned for the use of Schools, Literary Socleties, Debating Clubs, Social
Circles and Domestlc Entertainment By Ouveb Oldbam
OliDEAX^S AXIJSINO AHB nrSTBVCTIVE BEADEB; a choice course of Read-
Ing, Original and Selected, in Verse and Prose ; wherein WU, Humer and Mlrth
are made the means of awakening interest, sustaining atter«tion and so imparting
iNSTRUCTiGsr. Besigncd to be nsed, elther alone or In alteraation with other read-
ing books, in the higher classes in Schools and Académies. By Ouvsr Oldbam,
author of the " Ilumorous Speaker," Ac.
Mxïïvn^ att)r inrining.
O'LOKlŒLIi'S FENUAHSIilP; Entirely new and Improve^ 1S56. In seven nnm-
bers. By Michael O^Donmbll, Principal of Ward School, No. 5, New York. Eadi
8CHU8TEB*8 DBAWIKO CABB8| with Instructions.
Part I., Nos. 1 to 24. In packets Each packet
PartII .,Nog.25to48. In packets - **
8GSUSTEB*8 FBACnCALBBAWINO>-BOOX; eontaining Heads and Fignres, Land-
scapes, Flowers, Animais and Oraamental Brawings, as also some very useftal In-
structions for their imitation -
75
125
100
75
150
200
123
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200 I
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75
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1 50
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MAY 251113
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byGoOgl
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