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Frofi\ the^Librâry of h la Father,
Samuel BteXtf? Lockhart, of Liverpooi.
1889. .
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C H Y M I E
EXPERIMENTALE
ET
RAISONNE E,
Avec des Vignettes & des Figures en taille-douce.
T O M E L
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F Ç H Y M I E
I EXPÉRf MENTALE
E T
RAI S O N N È E,
Par M.^fi A tJ M i , Maître Apothicaire de Paris,
Démonftrateur en Chymie," & de l'Académie
Royale des Sciences.
TOME PREMIER.
A PARIS,
Chez P. Fr A w ç. D i d o t le jeune , Libraire de la Faculté
de Médecine, quai des Auguftins.
■«—__===——=-------_»____,
M. DCC. L X X I IL
AVEC APPROBATION, ET PRIflLEGE DU ROI.
~
I»
0,
3 y.
AVERTISSEMENT
On me difpenfera Volontiers de reihonter au£
premiers âges des Sciences pour y découvrir l'o-
rigine de la Chymie. Ce travail a été entrepris
Jpar piufieurs célèbres Chymiftes , tels que Boer-*
'^haave, Junker , Senac, &c. 11 réfulte à peu
^ près de leurs recherches , que la Chymie , ainfi
^ que les autres fcienees phyfiques , eft née du
^ génie obfervateur* & quelle s'eft développée à
i^mefuré que les Chymiftes ont mis les principes
r de l'ignorance à l'écart* pour étudier k Nature par
la voie de l'expérience. La Chymie dans fon ori*
gine était la fcience occulte , la fcience réfervée
à un petit nombre d'Adeptes. Ses procédés étoient
en conféquence écrits dans un ftyle énigmatiqu*
& fous le voile des hiéroglyphes. Ce n'eftquâ
vers la fin du fiecle dernier , que les Chymiftes
fe mirent dans la voie de l'expérience , & qu'ils
donnèrent leurs procédés dans un ftyle clair ÔC
intelligible à tous les Phyficiens. Ge feroit donc
un travail aflez infructueux que de confulter les
ouvrages des anciens Chymiftes. Ce qu'ils ont
dit de bon. eft fi obfcur , qu'on a plutôt fait dé
mettre la main à l'œuvre & d'opérer &)i-même 4
que de chercher à deviner cç qu'ils ont voultf
dire. C'eft le parti que j'ai cru devoir prendre.
Tbme h «
îj AVERTIS S ÈM E NT.
Une hiftoire exa&e & raifonnée des décoda
vertes en Chymie , dans Tordre où elles ont été
publiées , préfenteroit un tableau farisfaifant de
nos connoiflances acquifes dans cette fcience , &
nous montreroit en même temps la marche de
Tefprit humain dans cette carrière. Cette hiftoire
indiqueroit ce que Ton a Fait , & ce qu'il con-
viendrait de faite pour contribuer au progrès de la
Chymie.! Un ouvrage de ce genre feroit donc du
plus grand fecouri à ceux dont le goût du travail
remporte fur celui deSa leékure , 6c leur épar-
gnerait fouvent la perte d'un temps précieux em-
ployé à des expériences déjà faites. Le zèle de
ces coopérateurs fe porteroit pour lors vers des
objets plus utiles i l'avancement de la fcience.
L'Ouvrage que je préfente, forme un corps d'o-
pérations fondamentales de Chymie. Il eft le
fruit de plus de vingt -cinq années de travail.
Dans cet efpace de temps , j'ai démontré la Chy-
mie avec M. Macquer , & nous avons fait en-
ftmble feize cours de Chymie : chaque cours com-
portoit plus de deux mille expériences. J'ai fait
en outre plus de dix mille expériences acceflbires
à ces cours , qui ont fait l'objet de beaucoup de
Mémoires, dont plufieurs ont été lus à l'Acadé-
mie. Les autres ont été publiés dans les Jour-
naux & dans divers écrits particuliers. Tous ce*
Mémoires ont fervi de matériaux à cet Ouvrage 9
ÀVÈftf ISS ÈMfeNT. I1J
le font la bafe de la nouvelle théorie que je me
fais formée fut les grands & principaux phéno-*
taenei de la Nature , de fur les opérations fonda*
mentales de la Chymie.
J'ai plus opéré que lu j & je m'en fais bôrt gré;
U m'a paru que cette méthode étoit la meilleure
pour faire quelques progtès dans une feience qui ,
comme la Chymie , eft entièrement fondée fut
l'expérience. Cependant je n'ai point négligé di
lire les découvertes dé nos ptédécefleiirs , & d'eri
profiter. J'en fais ufage avec reconnoilîancë ert
eiAnt les Auteurs à rhefure que les occafions s'eri
prefenterit» Si j*âi fait quelques omiffions relatif
Ves à cet objet, je les réparerai aufli- tôt que jô
ferai inftruir. Il eft bien jufte d'atfuret Phonneutf
d'une découverte à celui qui l'a faite , puifqud
cet honneur eft fouvent la feule récotnpenfe d*
ft$ travaux.
L'érudition eft certainement néceffaire dan*
les feiertees j maiselle n*eft pas fanj inconvénients,
for-tout quand la lecture n'eft pas précédée d'un'
travail un peu fotitenu* Lorfqu'on commence
par Ike beaucoup avàftt d'avoir opéré 5 on fe for-
me i farts 4 en appercevok , un fyftème d'aprè*
les connoiffances d'autrui* Le défaut d'expé-
rience eft caufe qu'on adopte toiy ce qui paroît
favorable au fyftème que Ton a époufé par pa-
rafe^ L'on rejette en ôonf&juence tout ce qui nd
i
\
k AVERTISSE*! E NT.
s'y rapporte point. Ceux qui trouvent qu'il eft
plus commode de lire que d'opérer , portent ra-
rement un jugement bien fain fur les nouvelles
découvertes. Leur imagination foiblement affec-
tée les empêche de pouvoir faifir avec précifion
les vrais rapports que peuvent avoir les nouvelles
'découvertes avec l'enfanblexle U Chymie»
J ai été obligé par état de répéter un grand
nombre de fois , prefque toutes les opérations
ordinaires delà Chymie; c'eft ce qui m'a mis 1
portée de Amplifier les appareils : & j'ofe croire
les avoir réduits à leur plus grand degré de fifti-
plicité. Tous ces appareils compliqués , décrits
£ longuement dans la plupart des livres de Chy-
mie , font abfolument inutiles , embarraflants >
& ne fervent le plus fouvent qua rebuter ceux
qui veulent s'initier dans la Chymie.
Je décris les manipulations avec clarté : jen'o-
'inets rien d'eflentiel pour opérer furement &
commodément : j'entre même quelquefois dans
des détails qu'on pourroit regarder comme minu-
tieux; mais je fuis perfuidé qu'ils font très né-,
ceflàiresà ceux qui ne font pas fuffifammeuc
habitués au manuel des opérations. On trouvera
des détails importants fur plufieurs opérations qui
ne fe rencontrent dans aucun livre de Chymie ,
& des manipulations (impies qui abrègent consi-
dérablement certains procédés, Ceftuu des pria-
AVERTISSEMENT. v
dpaux mérites de cet Ouvrage. Je ne contredis
perfonne fur le manuel des opérations , chacun
doit être libre d'opérer comme il le juge à pro-
pos. Je me permets encore moins de combattre
la théorie de ceux qui m'ont précédé. L'explica-
tion des phénomènes de la Chymie eft le plus
fouvent fondée fur des opinions qui peuvent
fctrç envifagées fous différents afpeéts. Chacun
ayant fa manière de voir , doit avoir la liberté
de régler en conféquence fes opinions. Je rend»
compte des miennes. Je tache feulement d'ap-
puyer plufieurs points de théorie que je crois m'è-
tre particuliers fur de nouvelles expériences , fan9
exiger qu'on trouve ma théorie meilleure que
celle que d'autres Auteurs ont pu donner avant
moi fur les mêmes objets. Je n'ai abfolument
point gêné ma façon de penfer * & fi l'on me
trouve fouvent d'un fentiment contraire à ceu*
de nos meilleurs Chymiftes , je protefte de bonne*
foi qu'il n'y a pas la moindre vanité de. ma part j
ç eft feulement que j'ai cru que de nouvelles ex-
périences & de nouvelles obfervations dévoient*
me faire penfer autrement qu'eux ; je n'en n'ai
pas moins d'eftirne pour leur théoâe.
On trouvera que j'indique beaucoup de point»
de théorie ou de pratique qui n'ont été qu'entre** <
vus , d'autres qui ne font énoncés qu'à demi ^
& çnfia qu'il y a nombre d'expériences capitale*
vj AVERTISSEMENT,
qui ne font pas même commencées* J'ai cru dé^
voir en faire mention , i°. afin de mieux fairo
fenrir à ceux qui cultivent la Chymie , combien
il refte encore de cbo fes à faire pour complétée
autant qu'il eft ei) notre foibie pouvoir 9 les con«
poiflances de certaines parties de cette feience ,
Au* Ufquelles on # a que peu ou point travaille*
$°. J ai indiqué dçs expériences i faire , afin de
mettre fqr la voie ceux qui ont la bonne volonté
de contribuer par leurs travaux aux progrès de la
Chymie. Je protefte que je n'ai aucune prétention
dans les découvertes qui peuvent réfulter des dift
férents travaux que je fuggere j ce feroit uno
petite vanité qui pourroit nuire aux progrès de la
feience ; d'ailleurs je cannois trop la différence
qu'il y a entre une idée qui peut être quelquefois
fcafardée > & un travail fuivi, foutenu, & accom*
pagné de réflexions bien combinées. La Chymio
préfente une carrière f) vafte qu'elle peut occuper
tous ceux qui voudront cultiver cette feience. Lq
travaille pins opiniâtre d'un feul homme, quç
dis -je ? de plufieqrs générations» n'eft pas ca*
pable d'épuifer feulement une matière , comme
il fera facile dç s*en convaincre par le tableaq
fuivant.
La Çhy mie a pour objet la connoiffance , IV
nalyfe Çç la combinaison des productions delà
AVERTISSEMENT, vij
celles de la Nature elle-même , c'efi>à-dire
'qu'elle n'en a point En effet, la Chymie offre
des travaux immenfes. Les découvertes que Ton
fait journellement (ont autant de flambeaux qui
nous font appetcevoir dans l eloignemem de nou-
velles cadres à parcourir. Que le Chymifto
jette un coup d'ceil fur les moindres produûioni
que la Nature répand devant lui % & il fera hu-t
milié de vpir cette fuite d'expériences qui s offren*
i fe$ recherches.
H faut , i°. examinée fc parement Se dans unr
ordre donné , les corps de la Naturd , pour bien,
reconnoître leurs propriétés , & conftarer en quoi
ceux de même efpece différent les uns des autres..
i°. Combiner ces différents corps deux à deux %
daus différentes proportions» & reconnoître pa-
reillement les propriétés de ces combinaifons.
3°. Quels feroient les compofés qui véfulte-*
roient de$ cotps de la Nature combinés trois «
trois, &; quelles feroient les propriétés de ces
nouvelles conabinaifon$, ainfi que celles qu'on
pourroit former en variant leurs proportions.
4°. Quelle carrière imraenfe k préfente â Foi*
fuit cet ordre de combinaisons » fi Von augmente
U qombee dçs corps dam une progreffion numé->
rique , & ft Ton varie leur dofe j quel fera >
dans cette confufion , le plan le meilleur & et*
mettre temps le plus lumineux » pour contenir Se
a <y
yiii AVERTISSEMENT,
faire reconnoître toutes les combinaifons qu oft
peut former avec les différents corps que la Nar~
cure nous offre.
Ceft vraifemblablement cette immenfité d'ob-?
jets qui eft caufe que jufqu'ici la Chymie n'a été
traitée que dans des plans circonfcrits , & dont
les limites empèchoient qu'on ny adaptât toutes
les nouvelles expériences qui furviennent ea
foule : les nouvelles découvertes ont toujours
fait connoître les bornes étroites de ces fortes de
pians précaires. Je ne me propofe point d'en faire
la critique?. La Chymie n'eft point encprç aflea
avancée pour appuyer cette critique. Il arrive mê-
me que les phénomènes de cette fcience les plus
confiâtes peuvent être envisagés fous différents
points de vue , & présentes fous les rapports qu'on
croit appercevoir entre les objets les plus connus.
Bailleurs , pour faire une bonne critique fpr une
pareille matière , il fimt être parfaitement con-
vaincu que le plan qu'on a adopté , eft bien vé-
ritablement celui de la Nature. Je fuis bien éloi-
gné de me flatter d'être parvenu à ce point de
perfection » & qu'il n'y ait rien à réformer fur le
plan que je me fuis fait , & fous lequel je préfente,
la Chymie dans cet Ouvrage. J'ofe feulement
croire que cçlui que j obferye , eft plus étende^
qu'aucun de ceux qu'on a fuivis jufqu'à préfent ,
£c qt}'il embraffe un plus grand npmbr? d'objets.
AVERTISSEMENT. U.
% eft aflez vafte , pour que beaucoup d'expérien-
ces & de découvertes à faire puiflent fe placer
naturellement dans les endroits qui leur con-
viennent , fans rien déranger de Tordre général*
On a* reproché à Lémeri d'avoir mêlé beaucoup
<Je corps inutiles avec l'antimoine qu'il a examiné
dans un très grand détail > il feroit bien intérêt*
ijuit que les fubftances principales de la Chymie
euffent été fournîtes à un examen auffi développé*
J-e plan que j'ai adopté indique beaucoup d'expo
xiences qui peuvent me mettre dans le cas d'un
pareil reproche , parceque ces expériences pa-r
toitiènt, au premier coup d'ceil , ne rien offrir d'u-
tile pour la fcience j mais on n'eft certain que ces
«expériences font infruâueufes , qu'après qu'elles
ont été faites. D'ailleurs elles ne paroiflent inu-
tiles que relativement à l'état aâuel de la Chy-
mie. Mais, il eft i fuppofer que , lorfque cette
fcience fera plus ayancée , il fera très intéreflant
de conpoître que tel corps , dans telle circonf*
tgnce f * ou n'a point d'adion fur un autre. Il
eft important même que les expériences inutiles
fpient çonftatées & con/ignées : elles font partie
des connoiilances acquifes )& de la fcience , en
ce que ces expériences étant, reconnues inutiles ,
elles ne laiflent aucune incertitude dans l'efprit.
En un mot, nous croyons qu'il n'y a aucune e^
j>iriçnçe inp%t
tf AVERTISSEMENT.
Le plan que j'ai adopté dans cet Ouvrage e(S
à peu près celui que j'ai indiqué dans FAvertifle-
ment des deux éditions de mon Manuel de Chy-
mie. Je ne l'ai cependant pas fuivi à U rigueur ;
parcequ'il feroic refté beaucoup de lacunes dans
plufieurs articles, qui n'auroienr pu être remplies*
La plupart des principales expériences n'ont point*
encore été faites , ou celles qui Font été , ne (ont
pas encore fuffifamment constatées. Voici les rai-'
fons qui ont déterminé mon plan.
Je confidere la Nature comme un vafte labora-^
toire de Chymie, dans lequel fe forment des
comportions & des décomposions de toutes et»
peces. Je me garde bien de croire avoir devine
les moyens fecrets qu elle emploie pour produire
tous les corps qu elle nous préfente > & que nous
connoilTons encore fi peu. Je me contente feule*
mentd'obferver que la végétation eft le premier
infiniment que le Créateur emploie pour mettre
toute la Nature en aâion. Les végétaux font des'
corps organifés qui croiflent à la partie feehe du
globe , & dans l'intérieur àes eaux. Leur fonc-
tion eft de combiner immédiatement les quatre
éléments , & de fervir de pâture aux animaux.
Les tins & les autres font employés par ta Nature
à former toute la matière combuftible qui exifte.
Des clafles immenfes d'animaux à coquilles , &
des polypes de toute efpece , répandus dans la
A V E R r I S S E M E N T. xj
mer , convertirent en terre calcaire la terre yi-
trifiable élémentaire que la végétation a déjà al-
térée : toute la terre calcaire qui exifte eft donc
l'ouvrage de ces animaux. La Nature , après s'être
procuré les produits dont nous parlons , en fait
ilfage de mille 8c mille manières différentes * elle
emploie tous les moyens dont elle a befoin pour
diftribaer à fon gré la matière combufïible & la
terre calcaire que les corps erganifés ont formées*
La Nature parojt tout confondre , & faire enfenv
Me & dans le même lieu des combinaifons dif*
garâtes : elles compofe dans le fein des eaux pla-
ceurs matières falines , du foufre » des métaux »
& prépare une infinité de combinaifons dans lef-
quelles entre le principe inflammable. D'un autre
côté , elle enfevelit dans les terres > à laide du
balancement des eaux, des amas immenfes de ma*
tiere combuftible , pour y répandre & entretenir
ce fonds de chaleur qu'on remarque dans Tinté-
rieur du globe , & pour y former des combiner-
ions à l'infini. Mais l'efpeee de confufion don*
nous parlons , n'eft qu'apparente ; & pour le peu
qu'on y faffe attention , on voir que les matières
de même efpece font afiez féparéee tes unes des.
autres % pour former des veines & des. filons d^
flânes de même matière.
Tai>dis que la Nature s'occupe ï former dam
Viwérkur de la terre desçomUuaifonsde tout*
xî| AVERTISSEMENT,
efpece , ou 1 répandre les matériaux propres £
les produire , elle s'établit un autre laboratoire*
dans l'air. Ce fluide que nous refpirons ne peue
ni fe charger de matières, ou trop grofSeres , ou
trop pelantes, ni fe combiner avec elles j mais
les matières combuftibles enfevelies dans les
terres , & celles qui font à la furface du globe „
en fe décompofant , fournirent dans l'air une
fubftance inflammable dans le plus grand état de
certification : cette matière eft diflbute par l'air
& par l'eau que le foleil réduit en vapeurs, &
forme toutes les combinaifons propres à produire
les météores ignés.
Tel eft à peu près le tableau fyftétnatique que
je me fuis formé des premières opérations de la
Nature , Oc telle eft auffi à peu près la férié qu'on
peut fuivre quant à préfent : la Chymie & la Phy-
fique ne font pas encore aflez avancées pour pé-
nétrer plus avant. C'eft d'après ces vues générales
i que j'ai rédigé mon Ouvrage fur le pian où je le
préfente. Je difcute , autant que mes connoif-
fances me le permettent , chacun des objets dans
les endroits qui m'ont paru leur mieux convenir;
J'appuie mes idées d obfervations , lorfqu il s'ea
préfente , & je tache de les confirmer par dfes
expériences. 11 m'a paru que la Chymie , étant;
une fcience imitatrice des opérations de la Na-
Mte , pouvoit être ptéfentée fous ce point de vue*
AVERTISSEMENT. iSf
& que ce plan bien rempli feroit capable de
mieux faire connoître 1 utilité & retendue de cette
fcience.
S après cet expofé , on me dira peut-être qu'il
étoit plus naturel de* commencer mon Ouvrage
par le règne végétal , puifque c'eft lui qui eft la
caufe primordiale de tout le fyftême des opéra-
tions de la Nature j mais je répondrai que j'ai
cru devoir en agir autrement. i°. De toutes le*
fubftances dont les végétaux font compofés , il
n'y a que le principe inflammable qui puifle réel-
lement entrer dans la compofition des minéraux ,
de en faire partie j les autres fubfhtnces fe détrui-
fent par l'effet de la putréfaction dans l'intérieur
des terres : enfin le végétal , dans fon état de
fraîcheur , ne peut jamais entrer en fubftance dans
la compofition des minéraux. i°. Le principe in*
flammable qui fe fépare pendant la deftruâion
des corps organifés , eft abfolument identique ;
te lorfqu'il eft réduit dans l'état propre à faire
partie des minéraux , il feroit abfolument impôt
fible de connoître la plante qui l'a produit : or,
comme ce principe inflammable eft univoque , je
l'examine aufli-tôt que l'occafon m'en fournit le
moyen. 30. Il m'a paru que les végétaux étoient
des corps trop compofés, & leurs principes pro-
chains trop difficiles à féparer te à faire connoître
jàxlet commençants $ d'ailleurs j'aurois été obligé
*fr IV.ÉRTlSSËMEfJt
4fe préfenter d'abord un grand nombre d'analyfêf
<£ de généralités , toujours difficiles à faifir pat
ceux qui commencent à cultiver cette fcience.
On doit donc préférer de préfenter le règne
minéral. Les fubftances de ce règne font moijps
corrtpofées > Si leurs principes plus faciles à ob-
tenir > pmfqu ils fouffrenc moins d'altération»
pendant leur féparation. Cette marche au refte
Qe me diftrait poititde l'ordre fyhthétique que j a*
dopce comme plus lumineux* Je pafle du fimple
au corapofé % & du compofé au plus compofé*
Voici l'ordre que j'ai cru devoir obfetver»
Je fais d'abord la description des fourneaux,
forges , vaiffèaux & uftenfiles qu'il convient d'a-
voir dans un laboratoire dont je donne auffi la
defcriptionj je rends compte de leurs ufages, &C
j'entre dans des détails concis , mais fuffifants, fur
la manière de s'en fervir. Je les divife en plu-
fieurs claies qui indiquent le fervice qu'ils doivent
rendre* Je n'ai point fait mention des vaifTeaux
compliqués , parcequ'on peut s'en pafler aved
avantage , en fe fervant des vaifTeaux fîmples
dont je parle. J'indique la manière de couper les
cols des vaifleaux , Jf de percer d'un petit trou
ceux qui ont befoirixle l'être. On trouvera des
dérails fuififanrs pour garnir de lot le corps des
vaifleaux de grès otf de verre > qu'on deftine à
filppotter l'avion d'un grand feu., & qui» fans..
AVERTISSEMENT. w
cette précaution , feraient en danger de fe cafltr
t)u de fe fondre. Je donne également la recette
des différents luts pour boucher les jointures des
vaifleaux qu'on affemble pour les diftillarions , 3c
»r raccommoder ceux qui font fêlés ou cafles s
lique auflî les moyens de faire le vernis de
fuccin .& l'huile de lin cuite qui fervent à faire
du lut gras , dont on fait ufage pour fermer les
jointures des vaiflfeaux qui fervent à la difiillation
d^s acides minéraux , & autres objets qu'on a be-
foin d'avoir continuellement fous la main fans
un laboratoire.
Je fais, comme je l'ai déjà dit plus haut, la
description d'un laboratoire, & je donne la lifte
des outils & uftenfiles qui doivent s'y trouver pour
pouvoir travailler commodément} &, pour ren-
dre la colle&ion de ces inftruments plus facile
à faire à ceux qui voudroient fe monter un labo-
ratoire , je diftribue cette colle&ion par ordre des
Marchands qui vendent ces inftruments. J'épas-
gne , par ce moyen , aux Amateurs de la Chymie
beaucoup de temps en recherches', fouvent inu-
tiles. Après .ces prolégomènes qui n'interrom-
pent point l'ordre des objets vraiment chymi-
ques 9 j'entre en matière.
Je fais une courte introduction i la Chymie.
Je donne une définition de cette feience, & je
fais connoître conibien elle répand de lumières
lv) AVERTISSEMENT,
dans la Phyfique expérimentale , dans les Aztà
& dan* 13iiftoire naturelle.
La Chymie ayant pour objet de reconnoîtré
les propriétés des dorps * j'examine les différente
corps de la Nature j je difcute la divifion en obêÉè
règnes , établie par les Naturalifte* ,' & je re^P-
tlois avec plufieurs Chymiftes Se Phyficiens que
cette diviûon n'eft pas parfaitement exade. Les
Végétaux & les animaux ont plufieurs propriétés
chymiques qui leur font communes , & par lef*
^oplles ils influent également dans le fyftême g&
néral des grandes opérations de la Nature. Il
tn'arrive fouvent , par rapport à leurs propriétés
communes , de les défigiier collectivement fous
les noms de corps organijes & de corps combufti-
hits y pareequ'ils font les feuls qui paiflent femr
d'aliment au feu } mais , cotnme ces corps diffe-*
xent entre eux par d'autres propriétés qui leur
font particulières , je me réferve aaffi à en parler
féparément , 6c fous Un autre point de vue.
Toutes les opérations de la Nature & celles
de la Chymiefe réduifent à compofer des corps,
& à les décompofer. La Nature fait la ptemiere
opération en unifiant les fubftances (impies que
nous examinons fous le nom ^éléments ou de
principes primitifs. Ç'aufoit été ici le lieu de par-
ler d'abord des éléments , & de la combinaifoii
qu'ils peuvent former , pour donner enfuite des
id&es
AVERTIS S»M EN T. ivij
idées générales de la déicompofition des corps ;
fce qui aurait été plus conforme au plan de la
Nature qui corripofe d'abord j & qui ne décom-
Jiofe qu'après : mai^ F Art éh cela ne peut fuivrë
là Nature. On n'eft point eritore parvenu à com-
biner les fubftances finales pour en former des
corps compofés. La Chymie île peut produite des
cbmbinàifons qu'avec deà corps déjà compofés*
La Nature elle-même ne peut combiner immé-
diatement les éléments : la végétation eft le pre-
mier infiniment de toutes fes opérations. Il m'a
- Jmutu , par cette raifoh , que je devois parler dé
fanalyfé en cet end toit, & donner des idées gé-
nérales fur ce que Ion doit entendre par analyfe
bu décompofition des corps. J'ai fait tonnoîtrë
la diftihâion qu'on doit admettre entre principe*
prochains 6t principes primitif s des corps, ainfi que
tes différents moyens qu'on peut employer pour
féparër fucceflivement les fubftances qui, fan*
être principes, en font néanmoins fon&on, ic
peuvent enfin être réduites à leur dernier degré
de fimplicité.
La combinaifott qui fuit cet article * a pdtir ob-
jet de réunir les fubftances qu'on a féparées par
l'analyfç j mais je préviens en niêmé temps que
tes décompofitions de ces recompositions ne peu-
Vent s'exécuter encore que fur un petit nombre
d0 corps du règne minéral feulement.
Terne h A
xviij . A V £ R »I S S E M £ N T.
Immédiatement après l'anaiyfe & la comporta
tion , je parle des affinités , en vertu defquelles
fe font toutes les comportions & décomposions
chymiqueç : ce que j'en dis fuffit pour avoir des
notions générâtes fur les. opérations fondamen-
tales de la Chymie , & difpofe à mieux conce-
voir les objets qui fuirent. Je reconnois avec les
meilleurs Chymiftes-Phyficiens une feule affinité ;
mais , comme elle fe préfente différemment; fui-
•vant les citeonftances , j'examine les affinités chi-
miques fous huit cas différents*
L'article qui fuit les affinités % a pour objet
les éléments. Je difeute quelles font les proprié*
tés que doivent avoir les fubftances pour mériter
le nom ÛéUments ou de principes primitifs des
corps j Se je reconnois > avec les meilleurs Chy-
miftes-Phyficiens , le feu, L'air , l'eau & la terre ,
comme les feuls & vrais principes primitifs , patf-
cequ'on ne peut occasionner aucune altération à
ces fubftances. Ces éléments avoient été recon-
nus pour tels par les plus anciens Philofophes j
ils ont été adoptés de nos jours par les Chymiftes
modernes ; les Chymiftes du moyen âge prenoient
pour principes les fubftances qu'on féparoit des
corps pendant leur analyfe, & ils en admettoient
de linqefpeces j mais ce qu'Us appelloient pria*
cipes ne i'étoient point , puifqu on peut , par des
opérations ultérieures 7 réduire fucceffiveraens
AVERTISSEMENT, ai*
leurs prétendus principes à différents degrés de
{implicite. Sraahl parôît être le premier qui ait
admis le feu , l'air , l'eau & la terre comme prin*
cipes primitifs ou éléments des corps de la Na~
fure.
J'examine les quatre éléments dans 1 état oà
la Nature nous les préfente , c'eft~à-dire , d'abord
dans leur état de pureté , .& lorfqu'ib ne font
partie d'aucun corps compofé. Je rends compte
de leurs propriétés générales, & importantes à
çonnoître dans la Chymie. Les éléments , dans
leur état de pureté , ont une grande difpofitiott
pour s'unir les uns avec les autres j cependant on
ne connoît aucune combinaifon particulière for-*
mée immédiatement de leur union.
Le végétal eft l'inftrument dont la Nature fe
£ert pour combiner en premier lieu immédiate-*
ment les éléments , Se pour former concurrent
ment avec les animaux toute la matière combuf-
tibie qui exifte dans la Nature. J'eiamine cette
combinaifon des quatre éléments dans un très
grand détail* La matière combuftiblequin'afubi
aucune altération eft dans l'état huileux : celle au
contraire qui éprouve de l'altération , paffe infen-
Cblément de cet état jufqu à celui de ficcité , &
enfin de décompofition complette. J'examine la-
matière cornbuftible dans ces différents états, &
pn forme deux articles * dans le premier , je
Hj
** AVERTISSEMENT.
confidere la matière combuftible dans l'état huï-J
leux y dans le fécond , j'examine la matière in-
flammable dans l'état de ficcité parfaite , que je
défigne fous le nom de phlogiftique. On trouvera
fur cet objet des détails neufs qui, j'efpere, répan-
dront beaucoup de lumières fur cette matière qui
joue un très grand rôle dans la Nature & dans
toutes les opérations de la Chymie. Cet article
étoit imprimé lorfque parut l'excellente DifTerta-
non de M.Guitfon de Morveau , Avocat Géné-
rai du Parlement de Dijon ; fans cette circons-
tance , j'aurois fait ufage avec reconnoiflance de
plufieurs grandes vues que cet habile Phyficien
propofe.
La matière combuftible eft bien véritablement
la première combinaifon immédiate des éléments
qui tombe fous nos fens. J'examine d'abord cette
combinaifon feule j je la foumets enfuite à l'ac-
tion des éléments, ci- devant examinés, & je
rends compte des altérations qu'elle éprouve de
leur part. Je fais voir que , par fon féjour djins
l'eau & dans la terre , elle fe convertit , comme
dans une cornue , en u« véritable charbon , au-
quel on doit attribuer toutes ces mines de char-
bons fofliles qu'on trouve dans une infinité d'en-
droits de la terre.
La féconde combinaifon du même ordre que
0014$ offre la Nature } eft la terre calcaire^ JTexa-
AVERTISSEMENT, xxf
tnine de même cette nouvelle fubftance d'abord
feule , j obferve enfuite les altérations & lescom-
binaifons qu'elle peut fubir & former avec les
éléments. La terre calcaire joue auflï un grand
rôle dans la Nature. Nous penfons que c'eft fou*
cette forme & dans différents états d'altération
que la terre entre dans les combinaifons pu fe
trouve le principe terreux; mais la Chymie n'eft
guère avancée fur la connoiffance des combinai-
fons qu'on peut produire avec cette terre dans
nos laboratoires, à l'imitation de la Nature* On
connoît à peine la matière faline qu'on peut for-»
mer par fon union avec le principe inflammable.
Je rends compte en cet endroit de quelques ex-
périences nouvelles fur cette matière » par lef-
quelles je fuis parvenu à former une fubftance fa*
Une alkaline. Ces expériences peuvent répandre
beaucoup de lumières fur le rôle que la terre caU
caire joue dans la Nature.
La terre calcaire , combinée avec le principe
inflammable , fournit la première matière faline»
J'examine cette matière faline , & je reconnois
qu'elle doit fes propriétés falines > telles que ia
faveur, la diflolubilité dans l'eau , &c. au feu qui
lui eft combiné. Je rire cette conféquence , que ♦
le feu eft le feul élément qui ait de la faveur, &
qu'il la communique à tous les corps de la Nar
l^re oui font capables d'çn avoir. Je profit det
ni) AVERTISSEMENT,
cette première obfervation pour parler des tria*
rie* es falines en général , & j'examine la queftkm
de favoir s'il y a un élément des fels , tomme
plufieurs célèbres Chymiftes 1 avoient penfé. Je
jeconnois qu'il y a trois acides minéraux , un
acide végétal , deuxalkalis fixes, 8C un alkali vo-
latil ; 6c que ces fels font abfolumenc confiants
dans la Nature, & jouent un très grand rôle dan$
les opérations de la Chymie. Je n'examine pas ,
qttanrà ptéfent, les autres matières falines que
forment journellement les végétaux 8c les ani-
maux , pârcequ'elles font trop compliquées. Je
jr éferve ce que j'ai à en dire , lorfque j'examinerai
les fubftances des règnes végétal & animal. Ces
objets formeront la féconde partie de cet Ou-
vrage,
Toutes les matières falines ont les mêmes fub*
fiances pour principes conftituants : elles ne dif-
férent entre elles que par les proportions & pat
fa manière dont leurs principes conftituants font
combinés entre eux •, mais j'établis pour principe
général que c'eft au feu , & à l'état fous lequel il
fe trouve dans les matières falines , que les fels
doivent leurs principales propriétés. Je rapporte
plulieurs expériences où je fais voir que les aci-
des minéraux qui ont le plus de faveur , ont quel-
tjuis propriétés communes avec le feu pur.
J'çsamine d'abord' l'acide vitriolicjue t parcov
AVERTISSEMENT. xaiij
qu'il eft le plus falé , & qu'il eft le plus puiflanc
des fels : je reconnois enfuite fes propriétés avec
les fubftances ci*devant examinées : j'en fais de
même à l'égard des autres matières falines. Je
rapporte > l mefure que i occaûon s'en préfente „
les différentes opérations qu'on fait avec ces mê-
mes matières falines , te qui font d'ufage dans U
Médecine , dans la Phyfique Se dans les Arts j
je ne néglige rien fur les détails de chacune des
opérations , 6c j'indique cous les procédés pour
opérer commodément*
L'article des matières falines fc des combinai*
fons qu'elles forment avec les différentes fub-
ftances , eft très étendu : j'efpere qu'on y trou-
vera des détails abfotument neufs & intéreffantsw
Je me fuis entièrement écarté de la doârine de
Staahl & de plufieurs habiles Chymiftes qui pen*
foient que les fels étoient formés par l'union de
l'eau & de la terre ; j'ai cru avoir de ferres raifona
pour penfer autrement , 8c admettre dans les felt
du feu dans un certain degré de pureté, & attri-
buer à ce même feu toutes les propriétés falines*
Les fels qui réunifient un plus grand nombre de
propriétés falines, (ont ceux qui contiennent une
plus grande quantité de ce feu dans un certain
degré qui avoifine de très près celui de feu pur
& libre. Au refte , j'ai penfé que je pourrois em-
poter librement mon fendaient fur cet objet K
b iv
ȕv AVERTISSEMENT.
jhns craindre qu'on m'accusât de vouloir dimi-
nuer l'eftime que l'on doit avoir pour les habile^
Ghymiftes dont je n'adopte pqint la théorie.
On trouvera peut-être que je me fuis répété t*
Ôc fpécialement lorfque je parle du feu & de fes
effets dans les matières falines $ mais j'41 penfé t
que cette théorie étant absolument neuve \ il
étoit néceflTaire d'en faire l'application toutes les
fois que loccafion s'en préfentoit , & cç fèra
peut-être ces applications fréquentes qu'on pren-
dra pour des répétitions. J'ai penfé qu'elles étoient
jiécetfaires pour faire mieux connaître les diffé-
rentes propriétés du feu fuivapt l'état où il fe
trouve dans les diyerfes combinaifons où il entre,
comme principe conftituant, J'évite , par cç
moyen, des obje&ions que les Leéteurs pour-
roieju pie faire à chaque pas, n'étant point en*
çore accoutumés à cette nouvelle do&rine dq
feu combiné d'une infinité de manières , & qui
joue dans ces différents états un fi grand rqle
dans les opérations de la Nature & dç la Chy-
inie. v
Les matières falines me donnent occafion de
parler du gypfe , des argilles & de l'alun. Je rap-*
porte un extrait de mQU Mémoire fur Us ArgïUcs ;
\\ fe trouve partagé en différents articles que j'a}
placés dans les endroits qui m'ont paru leur con-
j^çnir. J-orfque je pxlçfa i^içre, j'exanyrçe fc$
AVE RTI#>EME N T, wv.
. propriétés : je rapporte toutes les opérations con*r
nues faites fur ce fel , telles que fa décompofition
par les matières phlogiftiques où l'acide nitreux
fe trouve détruit : je fais auflî mention de tous
les procédés par lefquejs on décompofç ce fel par
iç fecours de l'acide vitriolique ou des matériaux
qui le contiennent , en recueillant à part l'acide
nitreu*. Je pafle eqfuite à la çompofition de la
poudre i canon. Je rends compte à cette oecafion
de beaucoup d'expériences que j'a \ faites fur cette
matière avec M. le Chevalier d'Arcy. Je rapportç
d$ns deux tables les réful t a ts des principales ex-
périences.
J'examine de même l'acide marin dans un
grand détail , d'abord feul , & enfuite avec toutes
les matières dont il avoir été parlé précédem-
ment. Je rends compte des combinaifons qu'il
forme , & je rapporte avec foin les détails de ma-
nipulation pour faire les opérations d'ufage fur
le fel marin. Je fuis la même marche à l'égard du
vinaigre diftillé , des alkaliç fixes végétal & mi-
néral, & de l'alkali yolatil.
Après les matières faillies les plus fimples ,
j'examine le borax avec toutes les matières précé-
demment examinées. Je rapporte le travail par*
ficulicr que j'ai fait fur ce fel : je rends compte
4f s procédés par lefquel? je fuis parvenu à erç
xxvj AVERT Ï*S^ E M E N T.
faire de femblable à celui du commerce. Je donne
un moyen facile pour fe procureren peu de temps
beaucoup de fel fédatif fublîmé , & je fais voir
que tout le fel fédatif n'eft pas fublimable , mais
que celui qui l'a été , peut fe fublimer de'nou-
veau en entier. Enfin je termine les matières fa-
lines par un article fort étendu fur la cryftallifa-
tion des fels , & fur les eaux-meres des fels &
dos matières falines que Ton connoiffoit fort peu >
j'ai taché de rendre cet article intéreflant par de
nouvelles vues que je propofe.
Après les matières falines, viennent les fub-
ftances métalliques. Je définis ces fubftances j j'en
énonce le nombre qui eft de quatorze efpeces ;
Je les diftingue en demi-métaux , en métaux im-
parfaits & en métaux parfaits. Je commence par
l'arfenic , parcequ'il a des propriétés communes
avec les fels & les matières métalliques. L'union
de l'arfenic avec le phlogiftique forme un demi-
métal que Ton nomme régule d'arfenic. J'examine
immédiatement après l'arfenic , les autres demi-
métaux % enfuite les métaux imparfaits , & enfin
les métaux parfaits. Chaque fubftance métallique
eft examinée d'abord à part pour reconnoître fe*
propriétés particulières , enfuite avec toutes les
fubftances dont on a parlé précédemment & dans
le même ordre , ceft-à-dire avec le feù, l'air*
AVERTISSEMENT, xxvif
f eau , là glace * la phlogiftique > avec les acides
minéraux, végétaux, les alkalis fixes & vola-
tils, &c. &c.
J'entre dans les détails des expériences qu'on
a faites fur ces corps Se fur les produits qu'on en
retire , qui font d'ufage dans la Médecine , dans
la Phyfique & dans les Arts. L'arfenic a été peu
examiné. M. Macquer eft un des Chymiftes qui
a le plus travaillé fur ce minéral. Je choifis dans
le grand nombre d'expériences qu'il a faites,
celles qui font le mieux connoltre les propriétés
de cette fubftatice finguliere.
Le cobalt eft un demi-métal important dan*
les Arts , à caufe du beau bleu qu'il fournit pouf
la peinture en émail. Je rapporte une fuite con-
sidérable d'expériences que j'ai faites fur cette
fubftance métallique , parmi lefquelles je place
un procédé pour faire l'encre de fympathie de
Hellot , procédé plus (impie & plus 'facile que
celui que cet Auteur a publié. Le cobalt, com->
biné avec les acides, fournit 4es fels neutres mé-
talliques. Je profite de cette première occafion
pour expofer mon fenriment fur la caufticité de
ces fels plus grande que celle des autres fels neu*
très.
Je rends compte du nickel , & de ce que l'oit
fait fur ce nouveau demi-métal , découvert pat
Hf Qrpnftedr, Je donne à penfer tjull peut être
txvii; AVERTISSEMENT;
du cobalt dans an certain état, & dépouillé dtf
la fubftance qui fournit du bleu par la vitrifica-
tion. Le cobalt ordinaire, traité avec du foie de
foufre , fournit une femblabie fubftance métalli-
que qui ne s'unit point au foie de foufre. Si le
nickel eft un demi-métal à part , il réfulte de mes
expériences que le cobalt contient ordinairement
de ce demi-métal , qu'on peut féparer par le foie
de foufre.
Après le nickel , j'examine le régule d'anti-
moine. Je donne un procédé facile pour réduire
ce demi-métal en fleurs que Ton nommejleurs an
gcnùncs de régule d'antimoine. Je n'omets aucun
procédé connu fur ce. demi-métal d'ufage , foit
dans la Phyfique , foit dans la Médecine , ou dans
les Arts. On prouvera fur la plupart des procédés
des détails de manipulation pour opérer plus
promptement &plus commodément , par exem-
ple , un moyen facile pour fe procurer beaucoup
de kermès minéral en fort peu de temps , foit par
la voie feche , foit par la voie humide.
Le zinc eft un autre demi métal que MM; Hei-
lot & Malouin ont le mieux examiné. Je profite
de leurs travaux , & je rends compte de leurs ex-
périences qui peuvent le mieux faire connoître
les propriétés de cette fubftance métallique.
M* Malouin a examiné le zinc comparativement
fcyeç 1 etain, U 3 fait v<?it çn quoi çe$v «wie^s
AVERTISSEMENT, xxï*
métalliques fe reflemblent , & en quoi elles dif-
férent. Je fais également mention , à mefure que
loccafion s'en préfente , des travaui des autres
Chymiftes en les citant.
Le bifmuth eft un autre demi-métal qui a été
•peu examiné. M. Pott a fait fur cette matière
métallique une Ditfertation pleine d'érudition &
d'expériences curieufes. Geoffroy le fils a com-
paré ce demi-métal au plomb , & a fait connoître
en quoi ces fubftances métalliques fe reflemblent,
*& en quoi elles différent. Nous avons fait ufàge
de ces différents travaux , afin de ne pas laitier
ignorer ce qu'il y a de bien conftaté fur l'es pro-
priétés de cette matière métallique.
Le mercure termine les fubftances fémi-métal»
liques : fa fluidité a quelque chofe de remarqua-
ble. Nous rendons compte des belles expériences
faites en Ruflie , par lefquelles on eft parvenu à
figer le mercure à l'aide d'un grand froid artificiel,
déjà aidé d'un grandjroid naturel , & à lui donner,
parce moyen , les propriétés d'un métal du&ile.
Je rends compte de toutes les opérations d'ufage
qu'on fait avec le mercure. A l'article du mercure
doux, je prouve par de nouvelles expériences que
Xaquila alba & la panacée contiennent plus ou
moins de fublimé corrofif , ce qui rend dangereux
f ufage de ces médicaments dans la pratique de la
Médecine. Je donne en même temps le moyen de
m AVERTISSEMENT.
débarraffer , par le lavage dans de l'eau , tout Î5
fublimé corrofif de ces deux préparations de mer-
cure \ ce que Ton ne peut absolument point faire
par des fublimations réitérées.
On trouvera des détails intéreflants far la cem-
binaifon du foufre avec le mercure par la voie
humide , & fur la formation du cinabre artificiel
par ce moyen. J'ai publié ces expériences f il y a
quelques années , dans VAvan£~Cour*ur.
L'étain eu: Le premier métal que j'examine. Je
tâche de reconnoître fes propriétés avec toutes les
matières ci-devant examinées ; fon meilleur dif-
folvant eft l'acide marin. J'examine cette combi-
naifoh : elle fournit un fel cryftallifable , connu
fous le nom as fel d^itain y d'ufage, depuis quelf
ques années, comme mordant pour imprimer
des couleurs fur les toiles de coton , à l'imitation
d&$ toiles peintes dçs Indes. L'étain & le zinc
fournirent un alliage affez du; pour recevoir un
polifuffifant, propre à faiije des pompes & des
robinets dont on peut faire ufage avec fuccètf
dans les cas où le cuivre ne peut être employé. Je
rends cotppte des expériences que j'ai faites a ce
fujet.
L'acide marin , féparé des combinaifons mé>
talliques , acquiert de nouvelles propriétés. Je
propofe 4p* vues pour examiner l'acide marin
dansçençuvel état, & fpcciaUment la ligueur
AVE RTI S S E M E N T. xxxj
fumante de Libavius , qui eft l'acide marin > fé-
paré du fqblimé corrofif par le moyen de i'ctain.
Le plomb n'eft pas traite avec moins de dé-
tails. On trouvera dts expériences qui étoient
peu connues , quoique publiées dans les volumes
de l'Àcadéraie$ ces expériences, qui conftatent
l'affinité de ce mural ? plus grande avec l'acide
vitriolique qu^vec les autres acides , font une
exception bien çomplette à la table des rapport?
de Geoffroy.
L'utilité du fer dans les Arts & dans la Méde-
cine m'a engagé de traiter ce métal dans un très
grand détail, pour bien faire connoUrefes pro-
priétés. On. trouve un extrait de l'Ouvrage de
Réaumur fur l'Art de convertit le fer forgé en
acier ; un réfumé des travaux qu'on a faits fur le
bleu de Pruffe , & un grand extrait de l'ex^llent
Mémoire de M, Macquer fur cette matière ; ctt
habile Chy mille a:> dans ce Mémoire, mis la
théorie du bleu de Profle dans ion plus grand
jour.
Le cuivre préiente des opérations plus utile*
pour la Phyfiqne & pour les Arts, que pour la
Médecine- Je rapporte tout ce qu'il y a d'eflen-
tiel à connoître fur ce métal. Je Retaille tous les
procédés des opérations avec la plus grande exac-
titude.
Après les métaux imparfaits % j'examine les
*t*ij ÀVÉRTISSEMÊUt
propriétés des métaux parfaits avec lesfubftarrce^
piécédemment examinées , & dans Tordre où 8.
en a été fait mention. Je fais voir que les mé-
taux parfaits foilt calcinables ; qu'ils ne différent
à cet égard des métaux imparfaits , que par le
moins de calcination qu'ils font fufceptibles d'é-
prouver de la part du feu & de* acides minéraux.
L'argent , l'or , la platine , perdent dans nombre
de circonftances là portion de phlogiftique né-
ceflàire à leur éclat métallique , & reprennent
le principe inflammable & leur éclat beaucoup'
plus facilement que les métaux imparfaits.
A l'article de la coupellation de l'argent , je
rapporte le Règlement qui eft intervenu à là fuite
des expériences faites par MM. Macquer , Tillet
& Hel lot fur les proportions de plomb qu'il con-
vientad'employer relativement au titre de l'argent
qu'on éprouve. Il eft réfulté des expériences de
ces habiles Chymiftes , que l'argent pur eft bieft
véritablement à douze deniets , & que l'or pur
eft également à vingt-quatre karats , quoique lefc
boutons de retour ne pefent pas douzç deniers
d'argent , ni vingt-quatre karats d'or : on retrouve
le prétendu déchet en petits globules diflféminés
à la furface de^coupelles.
L'or vient après l'argent. On trouvera fur ce
métal précieux des détails que j'ai raflemblés , de
qui fe trouvent épars dans beaucoup d'Ouvrages*
AVERTISSEMENT, xxxiif
Je profite des expériences de M. Lewis pour com-
pléter cet article. Je rapporte à l'article de l'or
fulminant de nouvelles expériences de M. Bergh-
man , lues à l'Académie , par lefquelles il eft
parvenu à faire de l'or fulminant fans acide ni-
treux. Ces expériences intéretfantes répandent
de nouvelles lumières fur la caufe de la fulmina-
lion de l'or que j'avois attribuée à du foufre ni-
ceux.
. La platine eft un métal parfait , nouvellement
découvert , & qui a excité iacuriofitéde plusieurs
iabiles Chymiftes. J'ai recueilli tout ce qu'on a
dit de bon fur ce métal , & j'en ai fait ufage dans
cet Ouvrage , mais dans Tordre que j'ai adopté.
M. Macquer & moi avons fait auflî plufieurs ex-
périences fur ce métal. J'ai eu l'attention de ci-
ter les Auteurs à qui appartiennent les expé-
riences que j'emprunte pour compléter mon ar-
ticle.
Après avoir reconnu les propriétés des matières
falines des terres & des fubftances métalliques ,
je parle des travaux en grand qu'on fait avec ces
différentes fubftances , & qui font l'objet de plu-
fieurs arts. Je n'entends point donner les arts
en entier \ je n'ai en vue que de rapporter ce
que tout bon Chymifte doit? favoir fur ces diffé-
rents objets , de faire connoître la théorie des
travaux, & d'indiquer leurs produits qui font
Tome L C
txxiv AVERTISSE MENTX
devenus d'une utilité indifpeniable dans la fo%
ciécé. L'argille cuite fournit les briques > les
Tuiles y les fourneaux portatifs , les creufecs /les
tnoufles , les vafes de terre non vernis & vernit
ïés , les poteries de grès communes , les poteries
de terre façon d'Angleterre , la porcelaine & la
faïance. On trouvera fur chacun de ces objets
des détails intérefiants.
Immédiatement après ce qui a rapport aux aces
fondés fur les terres cuites, je parle des émaux*
& je donne un grand article fur la verrerie , le
verre & le cryftal. Comme cet art eft important,
je me fuis un peu étendu fur la théorie du verre
Qc de la vitrification. Je propofe des vues pou*
perfectionner les verres qu'on deftine à faire des
lunettes fimples & achromatiques. Cet article eft
terminé par l'examen des verres défeâueux qui
font attaquables par les acides , & qu'on rencon-
tie fouvent dans le commerce. Avec ces verres
communs, on fait, par cémentation , une forte
de porcelaine dont de Réaumur a parlé le premier.
Je rapporte le procédé de cet habile Phyjïcien. A
la fin de cet article , je donne piufieurs formules
pour faire des verres colorés qui imitent certaines
pierres précieufes. Ces recettes ne font point
données au hafard ; je les ai foumifes à l'expé-
rience un grand nombre de fois > & elles m oac
séuHi conftamment.
ÂVERT î S S fe MÉNTï xxx*
tes travaux en grand fur les minéraux fon*
précédés d'art article , dans lequel je propofe de*
♦ues générales for Forganifâtioh intérieure du
globe. J*éxpofe mon fèhtimeiit fur la formanorv
*fés fels , du foufre , des bitumes , âés pyrites ±
des minéraux métalliques) &c. & :fûr te caufe
qui pioduit la difpofcrion de ces corps eft veine*
étt filons dans l'intérieur de la terre. Céft urt
coup d'oeil général que je jette fur les grande*
ôpératiorts de la Nature avant de parler des tra-
Vaut en grand. Cet article eft en quelque façorf
fine récapitulation de ce qui eft dit dans les troii
premiers volumes de ma Chymie.
" Les Cabiriets «FfliftoiteNaturelle contiennent
une multitude d'échantillons de mines , variés â
l'infini : mais quelque nombreux que puifTent
être ces échantillons , ils fe réduifenr à quatorze
fefpeces tfiftinctives , & ne produiferit pair cohf&
Client que quatorze efpeces de taatieres métalli-
ques } du moin* ofi n'en connoît point , quant
à préfent, un plus grand nombre. Je délîgrie le*
cara<3eres principaux par lefquels oïl peut re-
tonftdître ces différentes mines métalliques j mais^
comme îtion intention n'eft poirtt de donnet uri
Traité de Minéralogie > je me difpenfe de rap-
porter les jeuk de la Nature * ou les variétés fous
lefquelles elle nous préfente toutes les mines d'un
tnêpie genre , parcequ il faudrait , pour remplit
sxxvj AVERTISSEMENT,
cet objet , plufieurs volumes fort étendus. Après
avoir déiigné les mines par les cara&eres qui
leur font propres , j'indique les pratiques qu'on
pbferve pour les découvrir, & pour reconnoîtrc
la direction des filons y les moyens qu'on em-
ploie, pour arracher les minéraux des entrailles
de la terre , & les précautions que Ton prend
pour fe mettre à l'abri des inondations & des
éboulements. '
On ne pénètre pas fans danger dans le labo-
ratoire fouterrain de la Nature j fi Ton a réuflï à
fe garantit des inondations & des éboulements ,
on n'eft point encore parvenu à fe. défendre
contre les exhalaifons fouterraines, La plupart
des mines exhalent des vapeurs minérales phlo-
giftiques dans différents états , qui font périr jes
ouvriers. On trouvera un article fur cette ma-
tière , que j'ai tâché de rendre intéreffant par les
détails dans lefquels je fuis entré , & par le$ vues
nouvelles que je propofe pour acquérir plus de
connoiflfances fur cette matière.
. JLes travaux en grand fur les mines, devant tou-
jours être précédés des opérations en petit, pour
cpnnoître la nature de la mine , & le produit
qu'on efpere en retirer dans le travail en grand ,
je donne un article fur la manière d'eflayer les
différentes mines , & je rapporte les meilleurs
procédés par lefquels on peut parvenir à cette con-
AVER TI'SS^M E tf t. xxxrij
noiflànce. C'eft ce travail en petit qu'on nomme
DocimaJïèouVdn d€S>effah.
Immédiatement aptes , je parle des travaux en
grand qu'on fait fut les mines pour les fondre , à
l'effet d'en féparer le métftld*âvec les matières qui
lui font étrangères. On ne doit pas s'attendre à
trouver un Traité complet fut ta fonderie des
mines en général : cet objet eft trop étendu. Je
me contente d'expofer feulement les. principales
opérations que-ne doivent point ignorer ceux qui
cultivent la Chymie. L'exploitation proprement
dite des mines eft d'ailleurs un art particulier
qui exige un travail à part, pareeque cette ex-
ploitation , quoiqu'ayant des principes généraux,
devient continuellement particulière pour chaque
cfpece de mine qui demandé à être traitée diffé-
remment. La nature de cet Ouvrage ne comporte
pas tous ces détails.
Les pyrites font tin genre de minéraux métal-*
liques qui contiennent peu de métal , & qu'on
ne fe donne point la peine de retirer ; .mais les
pyrites fournirent différentes fubftances ou fui*
fureufes ou falines d'ufâge dans les arts. J'exa-
mine & j'établis les vrais car aâer es quidiftinguent
les pyrites d*àvec les mines métalliques. Je divife
,en quatre chattes les pyrites &les fubftances qui
leur appartiennent. Je rends compte de Tefflo-
ïefcçnce des pyrites i l'air hunjide , & [e pari*
Jrvxwij AVERTISSE MENT,
de la caufe qui produit cet effet, J'ejtpofe clair**
ment les procédés par lefqijeU on parvient à fik
parer du fçufre des pyrites » i leur faire produire
du vitriol , de l'alun , &£. Dans cet article , je
tends compte des procédés qu'on emploie pour
féparer 1 alun d'une matière argilleqfe qu'on
trouve abondamment dans les environs de Rome,
$c dans quelques endroits de la France, comme
l'a découvert M. Fougeroux.
Les pyrites qui fe décpmpôfent dans l'intérieur
de la terre , fournirent des matières falines dont
l'eau fe charge en partant. Ce fonj elles qiji
font la caufe première de toutes les eaux miné-
rales. Je donne un article fur les eaux minérales s
|'expofe mon fencimew fi*r la caufe de la chaleur
de celles qui font chaudes , & de celles qui font
froides : je donne les moyens de procéder à leur
. analyfb , pour féparer & reçonnoînre les fubftanci*
dont elles font chargée^ , & je proppfe 4e nou-
velles vues pour examiner celles que la Nature a
compliquées.
L'article qui traite des travaux en grand qu oa
fait fur les eaux qui contiennent le fel marin , eft
précédé d'un difeonrs dans lequel j'e;po£e mon
fentiraçnt fur la formation de ce fel dans la mer,
$c à la partie feche du globe. J'ai taché de rendre
f et article iméreflTant , en ne me permettant que
{les hypoche/e^ cjrçi m-qntpaçu ayoir le^usgra*\4
AVERTISSEMENT, xxxîr
âegré de vraisemblance. J'expofe ies travaux en
grand qu'on fait fur les eaux pour en extraire \6
fel marin & le féparer d'avec les fels étranger*
*jui l'accompagnent toujours. Je ne rapporte pas
toutes les méthodes qu'on emploie pour parvenir
i ce but \ cela aùrôit exigé des détails qui au*
toîeiK paffé les bornes de cet Ouvrage. Je me con*
tente de parler de 1 evaporation de f eau fur lo
feu , par ceque ce moyen fait mieux connoître
les fubftances étrangères unies au fel marin dans
les eaux falées , & f examine ces différentes fub-
ftances dans un détail fuffifant.
À la fuite des travaux en grand fur le feî marin,.
Je donne un article fur les moyens de deffàler
feau de mer, & de la rendre potable. Je rap-
porte lamachineque M.Poiffbnnier a propofée £
ce fujet , qui eft la meilleure de toutes celles qui
font connues jufqu'à préfent. Ce Phyficien y ami
de l'humanité , a bien voulu me communiquer
fa tnadime, & me permettre de la faire deffinec
& graver ; ce qui a été exécuté avec le plus grand
foin & la plus grande exa&itnde.
Immédiatement après le fel marin , Je parle des
travaux en grand fur le nitre on falpêtre. J'expofe
auparavant le fentiment des Phyficiens fur la géné-
ration de ce fel particulier, & je rends compte du
mien. S'il paroît vraifemblable, il ne doit pas pou»
cela rien diminuer du mérite des fragments de$
civ
xi .AVERTISSEMENT.
célèbres Phyficiens qui ont écrit avant moi fiif
cette matière. Le nitre eft un fel important pour
la défenfe des places „ puifqu il eft la bafe de la
poudre à canon : il n'eft pas aufli abondant dans la
Nature que le fel marin. Plusieurs perfonnes ont
propofé de changer ce dernier fel en nitre. Je
rapporte mon fentiment fur l'impoifibilité de
cette transformation.
Enfin a je termine ce qui concerne le règne
minéral qui fait la première partie de cet Ou-
vrage , par des réflexions fur la pierre philofo-*
phale. J'expofe avec franchife mon fentiment
fur cette matière , & me mets au-deflus des cla-
meurs des Adeptes. Je ne me flatte pasde les con-
vertir : le bandeau du préjugé & de l'ignorance
qu'iront devant le£ yeux , les empêchera toujours
de reconnoître la vanité de leurs recherches. Je
defire cependant bien fincérementquemes ré-
flexions puiffent lés engager à fe fouftraire aux
travaux pénibles dans lefquels ils s'engagent fans
utilité pour eux & pour la Chymie. Ceft pour
mieux remplir cet objet , que je fais connoître les
manœuvres 6ç les tours d'adrefle dont des Charla-
tans fe font fervis pour en impofer aux ignorants,
& abufer de leur crédulité*.
TABLE
D E S A R T I C L E S
Contenus dans cet Ouvrage.
m
TOME P R E M 1ER.
i/Es Fourneaux, • Page Iixy
Fourneau de lichogéognofie « lxxxj
"Fourneau de réverbère , Ixxxf
Journeau de coupelle , xcj
Fourneau des Pondeurs , & Forge, xcii}
Journeau de lampe , xcvj
Des Vaisseaux, xcix
Première Clajfe.
Ces. Vaifleaux évaporatoires divifés çn trois Seftions , cj
Première SeSion. '
Des Vaifleaux évaporatoires à l'air libre, ïkuL
Seconde SeSion.
Des Vaifleaux évaporatoires clos , ciij
Troijieme SeSion.
Des" Récipients , - ci
Seconde Claffc. x
Des Vaifleaux circulatoires , cix
Troijieme Clajfe. ^M
Des Vaifleaux propres à la fanon & à la vitrification , 8cc.
Quatrième Clajfe.
pes~ Vaifleaux polychreflés , exij
panière de couper & de peteer des ballons de verre.
{c autres vaifleaux , cxilj
xl$ TABLi
Dis Luts; cxvuf
Lut propre à luter les Cornues de vfcrrc *& Se grès qui
doivent fupporter un grand feu , i2û£.
Lut pour luter les jointures des vaiffeaux , cxx
Lut de chaux & 'de blanc d'ceufV, cxx|
Lut d'ànc , Md.
Lut gras, cxxiij
Huile de lia cuite ,' cxxiv
Vernis de fuccin qu'on peut employer en place d'huile
; de lin cuite pour former le lut gras, crxr
Cire molle , cxxvij
Teinture Je tourae&f , 3>id.
IaeoratjOïre de C?ymii, cxxviij
Vaiffeaux de verre & de cryftal «qu'on trouve chez
f relque tous les FaïancierS , cxxx
Vaiffeaux de grès & de terre qu'on trouve chez ptufîeurs
Marchands Potiers de terre , V cxxxi^J
fourneaux & creufets qu'on trouve cfaes les Fourna-
liftes, cxxxv
yjaUTeaux de cuivre que fabriquent Je$ Chaudcroft1-
niers , cxxxviij
Vaiffeaux que fabriquent les Potiers* d'étain, cxxxix
îhftruments-que vendent les Batefrckris ., &U.
Inftruments qu'on trouve chez les Marbriers , cxl
Outils & Inftruments qu'on trouve chez les Clin-
.* caillers , « ' * cxlf
Outils & Inftruments qu'oatrouyexbcz les Marchands
de fer, ibid*
Inftruments qu'on trouve chezlesToumeursenbois
& chez les Tabletjsrs., cxliv
faftruments qu'on trouve chez les Boiffelior«» #i«\
Inftruments qu'on trouve cheïies Fondeurs en cuivre , ibid.
Inftruments qu'on trouve chez les FaiJettA.dc ther-
momètres ,^^ extv
Vocabulaire , jP^lufieurs tezmes de Chymie , cxlvij
■— •■,.,. i ■ , , tt t fm
Introduction a la chxmie , page t
Objet de la Chymie., %
De l'Analyfe ou de la Décompoiition ,chymique des
corps,- g
JDc la Gofflbinairon ou Compbfition chymique des
DES >A RT1CLES- xl$
fSftr les Affinités chymîquzs^ tj
.Iv. Affinité d'adhérence ou de ccJ^uon , x$
t°. Affinité d'agrégation , 18
*jp. Affinité compèféede deux corps, d'od il râuke
; Une combinaison , 3*
4°. Affinité rompoïfede-ttots corps qm ^at-eôfcmble
' un égal degré d'affinité , 5*
5*-. Affinité d'intermède» ))
f. affinité de trois corps , de laquelle il réfufte une
décompofition & une nouvelle combinaifon quife
font en même temps , 94
V*« Jtffinité réciproque , ~ -' • 37
8°. Affinité de quatre corps , ou Affinité double , d'où
il réfulte deux décompositions & deux nouvelles
- <combinaifons , J*
fiur Us Eléments ou Principes priimtif s 4<scùrpt9 39
$MfUFeupur9 47
Sur les moyens de # aflenbler le feu , 0c fur cegx qui .
, déiamiûcntfbnaâion» 61
Effets du Feu far l'air , • 68
Effets de l'air fur le feu pur , 4p
Combinaifon de l'air avec le feu , ihid.
Sur tEau , 70
Des Propriétés de l'eau dans l'état de liqtri4ke* , 71
Exnérieoce qui prouve que fcau ne prend qu'un degré
de froid déterminé , 74
. Des Propriétés de l'eau dans l'état de glace , 7I
Des Propriétés de l'eau dans l'état de vapeurs , 7*
DelaDiftillarion, 8;
Diftillation de l'eau , 8|
De l'eau combinée avec le feu , 8£
De Feau combinée avec l'air , 8 7
* JDc l'eau combinée avec le feu 8c l'air , * 90
Sur la Terre , ibia\
Des pierres & terres vitrifiantes , 101
Propriétés de la terre élémentaire , 104
Sur les pierres précieufes , ipf
Sur les pierres colorées, 107
^mbja^feû 4ç la tçjrac flfoqifrte aye* 1* feufur* i\%
%\W T A BLE
Combinaifon de la tcrrç vitr}fiaWc avec Pair ,* r i f
Combinai fon de* la' terre Vitrifiante arec l'eau , ihidm
Sur U CowéiMfondfts quatre. Éléments 9 rt^
-Sur la matière combuftiblc dans l'état huileux , - .ne
Matière* con&uiWcsexpptëesaufeû avec le concours .
de l'air, v , Jî*
Matières combuftibles expofées au feu fans air , i $-9
Expérience qui prouve que la matière combuftiblc ne -
peut brûler fans le concours de l'air , ibia\
Autre expérience qui prouve la même proposition , 140
Autre expérience qui prouve la même proportion , # 144
Sur la matière combuftiblc dans l'état de fiçcité, ou
furlephloeiftique, . 147
Matières combuftibles avec de l'eau % 1 j *
Rccompofition de la matière huileufe x 1 ^4
Des propriétés du phlogiftique , ■ 1 ^ j
'Sur la Terre calcaire , 1 4i
Etats, fous lefquels la Nature nous préfente la terre
calcaire que l'on nomme aufli atkaline & abforbante9 \ £7
Propriétés des terres calcaires , " l*&
■ferres calcaires expofées au feu dans dçs vaifleaux,
> clos. Cfiau* vive, * ** 1-7©
Pierres calcaires avec l'air , ' ' -*7j
' Terre calcaire avec l'eau , 174
' Examen des propriétés de la chaax vive , 17^
Xhaux vive expoièc à l'air , 17^
Chaux vivc.combinéc avec de l'eau. Pâte de chaux, 177
jiait de chaux , 178
Eau de chaux , ihid.
• Pellicule ou crème de chaux , 1 79
. Chaux avec la terre vitrifiabie* Mortier de chaux &d* •
Jable pour labâtjfe , , • ■• 1 ^%
Chaux vive & glace , 1^4
• Chaux vive combinée avec du phlogiftique. Aèkali
fi e artificiel, . ibid%
Combinaifon de la terre calcaire avec la terre vitrifia-
blé par la voie feche. Fufihilité de ces terres Tune
par l'autre, 1^7
Sur les Subfiances falines 9 %9}
Diftindions des fubftanccs falines , 108
Surf Acide tiùiàliqût aujfi nommé *cièc univerfet, 1 r\
D E S A RT1 CLES. kir
propriétés de l'acide vitriolique» " rt^
Acide vitrioliquc avec le feu, x\6
Acide vitrioliquc expofé à Vaùf , 1 1 S
Acide vicriolique avec de l'eau. Efprit deVitriol , ibicL
Acide vitriolique , & glace , i 1 ?
Acide vicriolique avec de la terre vfcrifiabie , 110
Acide vitriolique rectifié , M acide vitrioliquc con-
centré , . 111*
Acide vitriolique volatilifé , Se rendu fulfureux fur-
.' le-champ par du phlogiftique dans le mouvement
-igné, 219
Acide vitriolique coloré par des matière* inflamma-
bles dans l'état huileux. Acide vitriolique julfu-
• reux9 « *;t
Acide vitriolique arec de l'huilt * • 2 j t
Soufre artificiel , Uid*
Sur le Soufre , 137
Soufre expofé au feu , 25!
Soufre mou, 139
Soufre cryftallifé , 240
Sur la Sublimation 9 ibid.
Sublimation du foufre. /frar* de fou/h , 14a.
Soufre avec l'air, 1 144
Soufre avec de l'eau. Soufre lavé, ibid.
Soufre avec de la glace , 245
Soufre avec de la terre vi tri fiable , ibid.
Soufre avec le phlogiftique , ibid.
Soufre difïbus dans de l'huile. Bourru de foufre de
Ru/and 9 246
Soufre avec la terre calcaire , 147
Soufre avec la chaux vive. Foie defoufre terreux , ibid.
Décompofition du foie de foufre terreux , 249
Décomposition du foie de foufre terreux par l'acide
vitriolique , ibid*
Soufre & acide, vitriolique. Soufre difibus dans cet
acide , • ' . 250
Acide vitriolique avec les terres calcaires , 252
Sur les Pierres & Terres gypfeufts 9 connues fous le
nom de pierres à plâtre, , 159
Gypfe expofé au feu , * 1*1
Gyj>fe à Tau f . 26 j
rfvj t A fi L Ê
Gypfe avec de l'eau , *Ï£
Gypfe avec de la glace , *7d
Gypfe avec la terre vitrifîabie 9 17 *
Gypfe avec le pfalogiftic-pe » . ifofc
Gypfc avec la terre calcaire, *7*
Gypfe avec l'eau de chltrx , i&ùL
Gypfe avec l'acide vitrioii<jae , U»id.
Gypfe avec le foufre « 174
Sort Acide nhreux , ibid.
Acide nitreux au feu , * 7 %
Acide nitreux cxmoCê à l'air f * 7 *-
Acide nitreux mile' avec de l'eau , £7?
Acide nitreux mêlé avec de la glace , 17 8
Acide nrfceux avec les terres* vitrifiabk* , ibid*
Acide nitreux avec le phlogiftiquc , *?«&
Acide nitreux avec les matières combuitiblcs dans
l'état naturel , *80
Acrde nitreux avec une huile. Inflammation de cette
huile , ibid,
Obfervati^is fur l'acide nitreux , 2 8 r
Ackie nitreux avec les terres calcaires , • %%i
Çryilàllifation des titres à bafe dç terre calcaire , 287
Nitre à bafe terreufe avec de la glace , 289
Aci<|e nitreux & acide vitriolkjae , ibid.
Acide nitreux & foufre , 290
toécompofition du foie de foufre terreux par l'acide
nitreux , ibid.
Acide nitreux & gypfe ». 291
^SurT Acide marin que ton nomme a&JJt Acide du fel
commun- r ibidi
Acide marin au feu, 29 %
Acide marin à l'air, ibid.
Acide marin avec de l'eau , ibidé
Acide marin roêtë avec de la glace, ibid.
Acide marin avec les terres vitrifiables , 294
Acide marin avec les matières combuftibles , ibid*
Acide marin avec le phlogiftique , ikid*
Acide marin avec là matière huileufe , x 19 f
Cfcfervations fur l'acide marin , 19 6
Acide marin avec les terres calcaires ; 297
CryftaiUfation des fels marins à bafe teneufe, jetf
DES ARTICLES, jrlvif
JtMebmpofition des Tels marins à bafe terreufe par i'ac-
• cion du feu, , 30*
Sel marin à bafe tenrenfe avec de la glace , 30c
Acide marin & acide vitriolique , Ai<L
Acide marin avec le foufre , ibid*
Acide marin avec le foie de foufre terreu*, JM&-
Acide marin avec le gypfe , 30*
Acide marin êc acide ftitrebx p 30^
àurVAcidevigkal, MiL
Vinaigre expofë au fca, 3 o*
Vinaigre expofé à i'ai* , fiât
Vinaigre concentré à la gelée , tfù£.
Vinaigre avec de l'eau , 3 1*
Vinaigre mêlé avec de la glace , ïbùL
Vinaigre avec de la terre vitrifiable , ibtd*
Vinaigre avec les matières combuftibles , 1 1 r
Vinaigre avec le phlogiftique , tbi<L
Vinaigre avec la matieie haileufe , ibid*
Vinaigre diftillé avec les terres calcaires , ibuL-
Cryfta^tëition des fels acéteux terreux calcaires , 314
Sel a<^Hx calcaire avec de. la glace , j 1 j
Sel aceWx calcaire avec du foufre , ibid.
Vinaigre & acide vttrioHqae diftoilés enfemble , ib'uL
Vinaigre & acide nitreux , 31*
Vinaigre & acide marin , .317
Vinaigre avec le foufre , iUd.
Vinaigre avec le foie de foufre terreux , ibuL
Vinaigre & gypfc f ibùL
Sur l'Aboli fixe végétal , ibid.'
Alkali fixe expofé au feu , 3 19
Alkali fixe expofé à l'air . 3 19
Alkali fixe mêlé avec de rean , 3 % t
Alkali fixe avec de la glace , 3 if
Alkali fixe avec de la terre vitrifiable ; ibûL
Lijuor filtcum , ou Liqueur des cailloux ,
Liquor filicum diflenjs dans de l'eau ,
Décompofition de la liqueur des caillou* par les
acides , 3 30
fBombinaifon de la terre féparée àuliquor filicum arec
l'acide vitriolique. Alun artificiel, 5 j t
«Mif 7* TABLE
Sur t Alun t ■ $\£;
Alun au feu. Alun calciné , jjj
Diftillation de l'alun pour en féparcr l'acide vitrio-
Alun à l'air, %\6
Alun avec de l'eau , ibid.
Alun 8c glace ,\ ibid.
Alun avec les matières cotnbuftibles Se phlogiftiques.
Décompofition de talun , ibid.
Pyrophore, ;; 8
Décompofition de l'alun par les terres calcaires , 3411
Décompofition de l'alun par de la chaux & par de
. l'eau de chaux, 34)
Alun Se acide vitriolique , » ' 547
Alun & foufre , *i*V.
Alun ôc gypfc , ibid.
Alan & acide nitreux , ibid.
Alun & acide marin , #u/.
Alun & vinaigre , tfii.
Alun & alkail fixe. Dêcompefition de talun. Terre
d'alun. Tartre vitriolé \ ^^ibid.
Propriétés de la terre de l'alun , |H| 347
Alun fàturé de fa terre , 90 94g
Terre d'alun diffoucc par de l'acide vitriolique, 5 t 1
Terre d'alun di (Toute par de l'acide nitreux , ibid.
Terre d'alun diûoute par de l'acide marin , ibid.
Terre d'alun diûoute par le vinaigre diftillé , 35$
Sur Us A railles ,
ibid.
Propriétés des argilles ,
354
Argiiles expofées au feu,
3f*
Argilles avec l'air,
?60
Argilles avec de l'eau,
3**
Argilles avec les terres vitrifiablcs*,
i*f
Argilles avec le phlogiftique ,
ibid.
Argilles & terres calcaires, tufibilitê de
ces terres Cane
par l'autre,
&
Argilles & acide vitriolique ,
m
Argilles & acide nitreux ,
377
Argilles & acide marin,
J79
Argilles & eau régale ,
380
Argilles & vinaigre diftillé ,
iii</.
Argilles & foufre f
3*3
Àrgille
DES ARTICLES. xli*
Àigîltcs&: alkali fixe, * 5*J
Atgilles * alkali fixe, & phlogiftique. Foie de foufre,
& Soufre art i fiât l , jgj
Alkali fixe avec les matières combttftibles È ïbid;
Alkali fixe avec le phloaiftique , 38*
Alkali fixe avec une huile grafie , 387
Alkali fixe avec les terres calcaires, ibid*
Alkali fixe avec de la chaux vive., 3 %%
Alkali fixe avec de l'acide vitriolique* Tartre vitriolé*
Sel de duobus. Arcarium duplicatum , • ) 89
Alkali fixe avec le foie de foufre terreux $ 3 9o
Alkali fixe avec le Ibufre * 3 9 &
Foie dé foufre par la voie humide* ibid9
Foie de foufre par la voie feche , ibid.
Foie de foufre au feu. Sel juif ureux. Tartre vitriolé 9 }?y
Foie de foufre à l'air *. i^.
Foie de foufre avec de l'eau, 3 jtf
Foie de foufre avec de la glace , '397
Foie de foufre avec de la terre vitrifiable , ibid.
Foie de foufre avec les matières combuftibles 9 ibidm
Foie de foufre avec le phlogiftique , ibid.
Foie de foufre avec la matière huileufe , . . 39g
Foie de foufre avec la terre calcaire , ïbid.
Foie de foufre avec l'acide vitriolique» Magiften de
foufre, ibi<û
Foie de foufre artificiel , 40 1
Foie de foufre artificiel diftbus dans de l'eâU , 401
Magiftere de foufre artificiel , 404
Combinaifon de l'acide fulfuxeux avec l'alkali fixe.
Sel Juif ureuxdfStaakly ibid.
DécompofitLon du fel fulfurcux de Staahl par l'acide
vitriolique , 40 r
Alkali fixe & gypfe. Déeompojitiondugypfi. Tartre vi-
triolé , 40$
Alkali fixe & acide nitreux. Nitre régénéré \ on Salpêtre, 40?
Alkali fixe & nitre à bafe terreafç, Mitre régénéré $ 409
Propriétés du nitre , ibid.
Nitre au feu. Ctyftal minéral ; 410
Nitre alkalifé fans addition, 411
Nitre à l'air, 413
Nitre avec de l'eau , 414
Nitre & glace , ibid.
Nitre & terres vitrifiables j 415
Tome I. fl
| TABLE
Nfcre avec les matières combuftiblcs, $.**
Poudre de fufioii f +t4
Nitre avec le phlogiftique. Nitre fixé parles chùrbêns
ht air libre,, 417
Nicre fixé par les charbons dans des vaifleaux clos.
diffus de nitre , 4x1
Nitre avec de l'huile d'olive, 41)
Nitre & terres calcaires , ihid.
Nîtrcft acide vicriolique. Efprk de nhre fumant a la
fa fort de dauber. Tartre vitriolé % 414
• Sel de duobus tir{ de la maflè faline reftée dans la cor*
nue après la diftillacion de l'acide nitreux (amant » 4)4
Oëeompofition du tartre vitriolé par l'acide nitreux
feul , ut
Déphloflifticarion de 4'acide vitrioliqu* par le nitre
en fubftance , 44s
Nitre & foufre. Acide vitriolique tiré da foufre par ta
combuftion de cette fubftance , {? par l intermède du
nitre9 44)
Décompofition du nitre par l'intermède du foufre.
CliJ/us denitrc&defoujrc. Sel polychrefte de Glafèr, 451
Pondre à canon , , 4 j j
• Analyfe de la poudre à canon , 474
Poudre tulmiDame , 475
DES ARTICLES. lj
TOMEIL
Nitre & Gypse , Page \
Nitre & alun. Décompojition du nitre par talon. Efprit
de nitre fumant. Sel de duobus , %
Nitre & argilles. Décompojition du nitre par les argilks.
Efprit de nitre. Tartre vitriolé , 4
Biftillation de l'eau forte dans des fourneaux qu'on
• nomme galères ^ p-
Manière de féparer le tartre vitriolé de la matière ter-»
reufe qui relie dans les cornues après la décompofi-
tion du nitre par de l'argille , Il
Nitre & foie de ioufre. Poudre fulminante , 11
Alkali fixe & acide marin. Sel fébrifuge de Stlvius , 1 5
Décqmpofition du fel marin à bafe terreufe par l'alkali
fixe. Sel fébrifuge de Silvius. Magnifie blanche, 14
Propriétés du fel Fébrifuge de Silvius , 1 %
Alkali fixe & vinaigre diftillé. Terre foliée de tartre, ibid.
Diftillation de la terre foliée , a t
Sur t Alkali minéral , . * a %
Alkali marin au feu , 24
Alkali marin à l'air , ibid.
Alkali marin avec de l'eau , 1 $
Alkali marin avec de la glace , ibidm
Alkali marin avec les terres vitiifiables , H>id.
Alkali marin avec les matières combuftibles, ibid.
Alkali marin avec le phlogiftique , x€
Alkali marin avec la matière kuileufe , ibid.
Alkali marin avec les terres calcair.es , ibid*
Alkali marin avec de la chaux. LeJJive des Savonniers, ij
Pierres à cautère , ibid<
Surlcfavon, * ;f
Savon blanc , 57*
Décompofition du favon par les acides , Ibid*
Alkali marin avec l'acide vitriolique, 3*
Propriétés du fel de Glauber , ibid.
Alkali marin avec le gypfe. 5e/ de Glauber , 39
Alkali marinavec l'acide nitreux. Mitre çuadrangulalre^^
Propriété du fiitre quairanguiairt , 4*
lij TABLE
Alkali marin avec l'acide marin. Sel marin ordinaire , 44
Sel marin au feu 5 Tel marin décrépité „ 45
Fufion du fel marin , 4*
Sel marin à l'air , , 47
Sel marin avec de l'eau , *M.
Sel marin avec de la glace , fo
Sel marin avec les terres vitrifiantes , ibid.
Sel marin avec les matières combuftibles ," $,1
Sel marin avec les terres calcaires» $6
Sel marin & acide vitriolique. . Efprit de fel fumant a
La façon de Glaubcr. Sel deGUuber9 ibid.
Manière de retirer le fel de Glaubcr de lamaflèfaline
qui refte dans la cornue après la diftillation de Ta- #
cide marin fumant , 6}
Décomposition du fel de Glaubcr par l'acide nitreuz '
feul, I4
Sel marin & gypfc , 1 65
Sel marin & acide nitreux. Décomposition de ce fel.
Eau régale , ibid.
Sel marin & acide marin, 67
Sel marin & vinaigre , ibid.
Sel marin & alkali marin. Purification du fel marin , ibid.
Sel marin & alun , 6 *
Sel marin & argilles. Décompofition de ce fel. Acide
matin. Sel de Glaubcr , ibid*
Manière de féparer le fel de Glauber que contient la
matière terreufe reftée dans la cornue après la dé-*
compofïtion du fel marin par de l'argillc , 79
Sel marin & foie de foufre , 71
Sel marin & nicre , ibid.
Sel marin & leflîvc des Savonniers , ibid.
Alkali marin avec le vinaigre diftillé. Terre foliée
cryfialiifla , ' 7z
Diftillation de la terre foliée cryftallifée , 74
Sur t* A Ikalr animal, ou Alkali volatil , 75
Alkali volatil au feu , 77
Alkali volatil expofe à l'air , ibid.
Alkali volatil avec de l'eau , 7 8
Alkal i volatil avec de la glace , ibid.
Alkali volatil avec les terres vitrifiablcs, 79'
Alkali volatil avec les matières combuftibles , ibid.
£lkali volatil a,yec les matières pMogiftiqucs , ibid.
DES ARTICLES. Kij
Alkali volatil avec la maticre huilenfe, . Sa
Alkali volatil avec les terres calcaires , ibid.
Alkali volatil avec de la chaux vive , ibid»
Alkali volatil avec de l'acide vitriolique-. Sel ammo-
niacal vitriolique , ou Sel ammoniacal ficret de
Glauber , 8x
Alkali volatil 6c acide nitreux. Sel ammoniacal nitreux ,
ou Nitre ammoniacal , 8 c
Alkali volatil & acide marin. Sel ammoniac ordinaire^ 87
Alkali volatil & vinaigre diftillé , 89
Décompofition des Tels à bafe terreufe par Falkali vo-
latil > $0
Sur le Sel ammoniac, & fit une Fabrique de ce Sel
établie en France , ^4
Sel ammoniac au feu. Fleurs de fel ammoniac , 97
Sel ammoniac 8c eau. Purification du Sel ammoniac ,
ScfaCryflallifdtion , 99
Sel ammoniac & terre calcaire. Sel volatil ammoniac.
Sel marin à bafe terreu/é , 100
Sel ammoniac & chaux éteinte à l'air. Efprit volatil
de fil ammoniac M è 107
Foie de fourre volatil , ou liqueur fumante de Boîle , m
Sel ammoniac & alkali fixe. Sel volatil ammoniac , &
Sel fébrifuge de Siivius% jl$.
Sel ammoniac & acide vitriolique. Acide marin tiré
du fil ammoniac. Sel ammoniac vitriolique , ou Sel
fier et de Glauber , il*
Sel ammoniac & foufre , 1 1 j
Sel ammoniac & gypfe , i&</.
Sel ammoniac & acide nitreux. Eau régale ± A 1 ç
Sel ammoniac 3c acide marin , j 17
Sel ammoniac & vinaigre diftillé" , ibid.
Sel ammoniac & alun , 1 1 8
Sel ammoniac & argillc , ibid:
Sel ammoniac & foie de foufre ; ibid.
Sel ammoniac & nitre , ibid.
Alkali volatil avec les alkalis fixes £ 119
Alkali volatil & foie de foufre , ibid.
Alkali volatil & nitre , ibid.
Sur le Borax , ib ïd.
Purification du borax brut , 1 $ j
d tij
Irr TABLE
Examen de la terre Cparée du borax brut , • M 5"
Sur le borax purifié , 14*
Borax au feu. Borax calciné , ibid.
Verre de borax , 14*
Bor.xàl'air, 144
Borax avec de l'eau , ibid.
Borax & glace, 14?
Borax Se phlogiflique , ibid.
Borax Se eau de chaux , ibid.
Borax & foufre , ibid.
Borax Se foie de foufre terreur, 1 46
Borax & foie de foufre alkalin , ibid.
Borax Se nitre , ibid.
Borax & fel marin , ibid.
Borax & fel ammoniac, ibid.
Borax & terres vitrifiabres , ito£
Borax & terre calcaire , 147
Borax &gypfe, ibid.
Borax & alun , ibid.
Borax & nitre à bafe terreufe , 1 48
Borax & fel marin à bafe terreufe , ibid.
Borax Se fel acéteux caloaire , ibid.
Borax Se alkali végétal , iW.
Borax & alkali volatil , ibid.
Borax & acide vitriolique. Sel fédatif cryJlaUifé. Sel
deGlauber9 ibid.
Borax & acide nitreux. Selfidatif. Nitre quadrangu-
laire t 14,
Borax & acide marin. Selfidatif. Sel marin régénéré, 1 j»
Borax Se vinaigre diftillé. Set fédatif. Terre foliée
cryfiallifée , ibid.
Propriétés du fel fédatif , 157
Sel fédatif au feu dans des vaifTeaux clos. Sel fédatif
fublimé , K 15S
Procédé pour faire beaucoup #de fel fédatif fublirné
enpeudetemps, r ' iti
Verre de fel fédatif, ' 1*4
Diflblution & cryftallifation du verre du fel fédatif, 1 6 f
Sel fédatif avec de l'eau , i6j
Sel fédatif avec de la glace , ibid.
Sel fédatif cryftallifé avec de l'alkali marin. Borax
régénéré , ibid.
Sel fédatif avec de l'alkali fixe végétal , ibid.
I
DESjkRT-ieLES. 4vr
Sel fédatif avec de l'alkali volatil, j6t
Sel fédatif avec les aeides minéraux & le vinaigre, ibid.
Sel ft datif 8c tartre vitriolé, ^ ibiat
Sel fédatif 8c nitre. Dicompofitlon du nitre , ^ \6$
Sel fédatif 8c fel marin. Décompo/itiom du {cl marin, ibi<£
ScJ (édatif & fel ammoniacal vitrioiique , 1 70
Sel fédatif 8c fel ammoniacal nitreux , ibid.
Sel fédatif 8c fel ammoniac , 170
Sel fédatif 6c fel ammoniacal acétcux , ibid]
Sel fédatif & terres vitrifiablcs , ibid.
\ Sel fédatif & terres calcaires » ibid.
Sel fédatif 8t eau de chaux, ibid.
1 Sel fédatif & argtllcs , 1 7 î
; Sel fédatif & alun, tbid,
j Sel fédatif 8c phlogiftique , ibid, *
Sel fédatif 8cfoufrc, . ibid.
Sel fédatif & foie de foufre , ibid.
Sur la Cryflallifatton des Sels , ibid.
Sur les eaux-mercs des fcls , ai 4
Sur les fubftances métalliques , ito
Sur t Arfenic, xxy
Arfenic au feu, »ig
Arfenicà l'air, xjp
Arfenic avec de l'eau , ibid.
Arfenic & glace , 1 j 1
Arfenic & huile , i?i
Arfenic avec le phlogiftique. X/^ir/e a* arfenic, ibid.
Des propriétés du régule d'arfenic , 135
Régule a arfenic avec de l'acide vitrioiique , %$6
Régule d'arfenic avec l'acide nitreux , 137
Régule d'arfenic avec l'acide marin , ibid:
Régule d'arfenic avec le vinaigre diftillé , 1 j g
Remarques fur les difTolutions du régule d'arfenic par
les acides , ibid%
Arfenic & alkali fixe végétal* Foie a* arfenic 9 ibid:
Arfenic 8c alkali marin , 140
Arfenic 8c alkali volatil , ibid:
Arfenic 8c foufre. Orpiment. Rêagd , 14 r
Arfenic 8c foie de foutre , ibid.
Arfenic 8c nitre traités dans des vaiueaux à l'air libre,, ibid.
Arfenic 8c aitre traités 4ao# des vaifleaux clos. Sel
d iv
Ivj TAB1Î
neutre arfenical , 143
Arfenic & Tel marin , 1^0
Arfcnic & nitre quadrangulaiffe , : ibèd.
Arfenic 8c fd ammoniac , 15 j
Arfcnic & fcl ammoniacal ni treuxi Sel neutre arfenico*
Ammoniacal , 174
Arfenic & borax, ajj
Arfcnic & fcl fédatif, ' \\6
Arfenic & gypfc , ... jy^
Arfenic 5c argiiles , jl<6
Arfcnic & alun, ibid.
Arfcnic avec les terres vicrifiablcs & calcaires , ibij.
Sur le Régule de cobalt , ibid.
Régule de cobalt expofé au feu , 1 , S
Réduction de la chaux de cobalt en régule , i«6
Régule de cobalt à l'air , 167
Régule de cobalt dans l'eau , 16g
Régule de cobalt avec le phlogiftique , ibid.
Régule de cobalt avec de l'acide vitriolique. Vitriol
de cobalt, ibid.
Régule de cobalt avec de l'acide nitreux. Nitre cobal-
tique, Z7i
Cobalt diflbus par de l'acide marin , 27 j
Cobalt difTous Par de l'eau régale. Encre de Jympatk'e, 17;
Régule de cobalt avec le vinaigre diftillé , 179
Sur la faveur des fels neutres métalliques , % 80
Cobalt précipité des diflblvants acides par l'alkali fixe, i8j
Cobalt précipité des diflblvants acides par de l'alkali
volatil, i8 +
Régule de cobalt avec le foufre , 187
Régule de cobalt combiné avec le foie de foufre. Ef-
pfee de Dicompofitton de ce demi -métal » 1 8 S
Sur lesfcories du régule de cobalt des opérations pré-
cédentes, 2pt
Sur le cobalt combiné avec le foie de foufre , i$t
Régule de cobalt pur , & nitre. Chaux de cobalt ; 197
Régule de cobalt & fcl ammoniac , 29 g
Régule de cobalt & borax , ibid.
Régule de cobalt & fcl fédatif, ibid.
Cobalt avec les terres vitrifiablcs ; ibid.
Verre bleu, . . *?J
DES ARTICLES. lvif
Série Nicke', %9*
Nickel au feu, *or
Nickel avec de l'acide vitriolique» - ^o»
Nickel avec de l'acide ni creux , iôid9
Nickel avec de l'acide marin , tbid.
Nickel avec de l'eau régale , # ibid.
Nickel & vinaigre diftfllé , tbd.
Nickel avec de l'alkali fixe , iKA
Nickel avec de l'ai kali volatil, yo\
Nickel avec le foufre , ii«f.
Nickel avec le foie de foufre , #*£
Nickel avec le nitre, *o4
Nickel avec le fel marin , tbid.
Nickel avec le fel ammoniac , *b*dm
Nickel avec le borax , i&tdL
Nickel avec de l'arfcnic, jof
Nickel & régule it cobalt , ibid*
Sur le 'Régule d antimoine f ibid.
Régule d'antimoine au feu , * ibid*
Fleurs argentines de régule d'antimoine 9 ' 5<>7
Chaux de recule d'antimoine , ' 909
Régule d'antimoine à l'air , ibid*
Régule d'antimoine avec de l'eau , $10
Régule d'antimoine avec le phlogiftique , 911
Régule d'antimoine avec de l'acide vitrioliquc , ; 1 *
Régule d'antimoine & acide nitreux , ibia\
Régule d'antimoine & acide marin , 4 ibid*
Régule d'antimoine bX eau régale , \ 1 \
Régule d'antimoine avec du vinaigre diftillé , * 1 f
Régule d'antimoine avec le Co\i£tc.Ant;moùureJfufihé,ibuL
Antimoine au feu. Fleurs d antimoine % 316
Chaux grife d'antimoine , ,4 . f$t
Régule d'antimoine fait avec la chaux grife % , . "ftf
Verre d'antimoine , *iB~fiM
ïoie d'antimoine fans addition , -o '•* j £f
Antimoine crud & acide vitriolique, ibid*
Antimoine crud & acide nitreux , ibU.
Antimoine crud & acide mai in , iML
Antimoine crud & eau régale , . 3 14
Antimoine crud & vinaigre diftillé, . 317
Aitimoinc crud avec de la chaux vive , ihd.
Aofcimoinc & alkali fixe. Kermès minéral far la voie
lviîj TABLE
Kermès minéral fait par la voie humide ; 330
Antimoine & leffivc des Savonniers , 93;
Antimoine Se alkali volatil , ^ 331
Antimoine & nitre. Régulé d'antimoine féparé par le
moyen du nitre & du+trtre, ibid»
Soufre doré d'antimoine , tiré de$ feories du régule
d'antimoine, 337
Manière de féparer des feories du régule d'antimoine
la quantité de ce demi-métal qui le trouve difloute
par le foie de fourre 9 340
Foie d'antimoine fait avec le nitre , 341
Magnefia opalin* , ou Rubine d'antimoine , 545
Antimoine Se nitre. Fondant de Rotrou , 344
Antimoine diaphonique , tbzd.
Nitre antimonié , 3 45
Matière perlée , 34*
A rftimoine diaphonique fait avec le régule , 3 jo
Poudre de la Chcvaleray , 351
Antimoine, fel marin Se tartre. Régule médicinal , jj»
Antimoine & fel ammoniac , tfj</.
Régule d'antimoine avec les matières eerreafes vitrt-
fiables & calcaires , 3 ; j
Régule d'antimoine & arfenic , . #;</.
Régule d'antimoine Se régule de cobalt , < /&</.
Antimoine crud Se arfenic , Uni.
Antimoine crud & régule de cobalt , ? £4
Régule (^antimoine ayee le nickel , UnL
Antimoine crud avec le nickel , ibiL
Sur le Zinc, ibid.
Zinc au feu. Grenailles divine , 33^
fk«rsde?inç, ' 35*
«iatOToedef'eau, */
Xise«vccdelagiace, <W,
Zinc avee le phlogiftigue , &A !
Zinc Se acide vitriolique. Vitriol de zinc , ou Vitriol I
"™, / jMd,
Zinc & acide nitreuz , 36c
Zinc Se acide marin , }6f
Zinc & eau régale , * U%
Zinc & vinaigre diftillé 9 t&A
DES ART IC LES. lit
.Zinc ftalkali fixe, 3«|
Zinc 8e alkali volatil , BkL
Zinc avec le fourre , 364
Zinc avec le foie de Confire , s wrf.
Zinc avec le nitre. Nitre f xi par h jiac , 8>ï4-
Zinc avec le fel marin , J fC
Zinc avec le fel ammoniac , »# •
Zinc6carfenic, 3*7
Zinc & régule de cobalt / #J 7©
Zinc & nickel, **«*•
Zinc & régale d'antimoine , * MA
Zinc & antimoine , '£-4.
Sur U Bifmuth, J7*
Bifmuth au feu, $7*
Verre de bifmuth , ' J7*
Bifmuth k l'air , J7f/
Bifmuth & eau , ibid.
Bifmuth 6c glace , » W.
Bjfmuth & phlogiftique* #'V.
Bîfmatb avec de l'huile , iW.
Réduction des chaux de bifmuth, p6
Bifmuth 6c acide vitriolique , iW.
Bifmuth 6c acide nitreux , ^ iWl
Cryftaux de bifmuth , ou nitre bifmuthiquc . yt%
Magiftere de bifmuth, ibid.
Bifmuth 6c acide marin, } S t
Bifmuth Se eau régale , ihid.
Bifmuth Se vinaigre diftillé , ftirf.
Bifmuth Se alkaïf fixe , j 8 *
Bifmuth 6c alkali volatil , i&V.
Bifmuth 6c fourre , H>î4.
Bifmuth 6c foie de foufre , 9*/.
Bifmutb 6c nicre , ih'ut.
Bifmuth 6c Kl marin , ift/î,
BUmuth 6c fel ammoniac* iWf.
Bifmuth Se borax , * 8.c
Bifmuth 6c fel fédatif > &i4.
Bifmuth 6c gy^fe» i&i4.
Bifmuth 6c argiHe , r ïbtâ.
Bifmuth 6c alun* tb'tf.
Bifmuth 6c terres vitrifiables ; ïBid.
fiûnuth avec les terres calcaires p i'i£
ïx * T A B L K
BiGnuth Se arfcnic , 1*S
Bifmuth Se régule de cobalt , ' ihid.
Bifmuth arec le nickel , 3 86
Bifmuth & régule d'antimoine ;* * 87
Bifmuth Se antimoine crud , ihid.
Bifmuth Se zinc , ihid. •
Sur le Mercure ou Vif- Argent %â ibid.
Mercure au feu, 388
Mercure précipité perfi , 3 8 j
Mercure a l'air, 394
Mercure avec de l'eau , ihid.
Mercure & glace , 3 9 f
Mercure avec le phlogiftique l 3 9 *
Mercure avec de l'huile, ^ &id.
Mercure & acide vitriolique. VUrUlde Mercure , 397
Lotion du vitriol de mercure pour faire le turbith
minéral, 398
Mercure Se acide nitreux , 40 3
Mercure précipité de l'acide nitreux par l'alkali fixe , 40*
Turbith minéral fait par le mélange des fcls vitrioli-
ques avec une di Ablution de mercure faite par de
l'acide nitreux , ihid.
Mercure précipité rouge f 407
Mercure Se acide marin , 410
' Mercure précipité blanc , . 41 1
Sublimé corrofif , 411
Propriétés du fublimé corrofif, 417
Mercure doux , nommé auffi aquila alba $ 4 10
Sur le mercure doux , 4 H
Mercure doux Se Tel ammoniac , 4x9
Panacée mercuridle , 430
Eau phagédénique , ' 431
Sublimé corrofif décompofé par de l'alkali fixe, &par
de l'alkali volatil, ihid.
Sublimé corrofif Se foie de foufre , ihid.
Sublimé corrofif & acide nitreux , 4 * 3
Sublimé corrofif Se acide marin , 434
Sublimé corrofif avec le fel de Glauber tetb tartre vi-
triolé , ihid.
Sublimé corrofif avec les Tels vitrioliques à bafe ter-
reu(e, ihid.
Sublime coriofif avec le nitre , ihid.
DES ART IC-L £S. I*J
Sublimé corrofif & Tel marin , 45 c
Sublimé corrofif & fcl ammoniac ? ibia.'
Selalembroth, . :. . \ #M.
Mercure précipité blanc , 43$
Sublimé corrofif 8c arfenic. ifctfrre d'arjenic , 43 S
Sublimé corrofif & régule d'antimoine. Beurre d'an*
timoine, 435
Sublimé corrofif avec l'antimoine crud. Beurre (tan-
timoine, Cinabre £ antimoine, 443
Pondre d'algaroth , ^ 44;
Beurre d'antimoine 8c acide njtreux. Dlfjoîutîon de la
partie réguline de ce dtmi-mcuU dans de teaa régale , 447
Bézoard minéral , 44S
Sublimé corrofif 8c zinc , 4 50
Sublimé corrofif & bifmuth > ##•
Mercure & eau régale , 45 1
Mercure 8c vinaigre diftillé , 45 &
DiiToiution de la chaux de mercure par le vinaigre
diftillé, 4J3
Mercure 8c alkali fixe 8C volatil. Dijfolution de mer»
cure par ces fils , 4jf
Mercure & fourre. Ethiops minéral fait fans feu} Jbid.
Etuiops minéral préparé par le feu x 457
Cinabre artificiel , 45!
Vermillon, 4*1
Mercure revivifié du cinabre ; 46 î
Mercure 8c foie de foufre, 4*5-
Mercure 8c foie de foufre volatil J . 466
Mercure 8c fel marin* 4*8
Mercure 8c fel ammoniac , 469'
Mercure & borax , ' 479
Mercure 8c fcl fédatif, \ ïbia\-
Mercure & arfenic , ïbidm
Mercure 8c régule de cobalt ; ibid*
Mercure & nickel , 47 1-
Mercure 8c régule d'antimoine] c ibid.
Mercure & antimoine crud , ** fkia\
Mercure 8c zinc , 473
Mercure 8c bifarath t ibid.
SurfEta'my ibid,
Feuille d'étain à 474
Jtainaufcu, ' . 47*
/
A
liif :r TAÈtt
Chaux d'étain , fjt*
Potée d'étaiii, . 47 j
Etain expofé à la plus grande violence du feu , ibid.
Erainàl'air, 4g*
Etain Sceau, 48*
Etain & glace , ibid.
làam & oh logiftique , #*/<£
Etain renufdté, * * 484
Etain avec de l'huile , « 48;
Etain & acide vitriolique , ibid.
Etain calciné par l'acide nitreux , ' 48*
Diffolatîond^étam par Tacidc marin,- - 488
Sel marin à bafe d'étain , 489
Étain & eau régale , 491
Etain 8c vinaigre diftillé , * • 494
Etain &alkali fixe, 49 j
Etaîn & alkali vplatil , 49*
Etain le Touffe. Mine d* Etain mûftUUê , ibid.
Etain & foie de foutre , 497
Ixùn&tihttJ CàtcinémondetBtàiaparUmtre p ibid.
Etain & fel ammoniac* 458
Etaiii&arfcflie, * ibid.
Etain & régule de cobalt , * < 00
Etain & nickel, jfit£
Ecahi & régule d'antimoine , ibid.
£taîn& antimoine, <. ' ibid.
Etain & zinc, r joi
Etain & bifmuth , î - jo*
Etafh & mercure. Amalgame de Mercure & a"Etaimf ibid.
Soûles de mercure, ibid.
Étamage des glaces , joj
Etain & fublimécorrofif. Liqueur fumante de Libavits, $06
Sur le Plomb, *.' ji*
Plomb au feu , rij
Chaux de plomb , , - ibid.
Mafi* cot , «. - £ftûfr
tfinium , ibid.
Lxrharee , ;'• 5 14
Verre :& plomb, .5';
Plomb al air, <ïr
Plomb & eau, < pg
Plomb 0c glace, * àidm
DES ARTICLES, ixiij
Plomb & nhlogiftique , ' ... " jrj
Plomb & tuile 9 1 10
Plomb & acide vitriolique , ihuL
Plomb Se acide nitreux. Difiblution du Plomb dans cet
acide, Jbid.
-Plomb & acide marin , c 1 j
Plomb & eau repaie » wV.
Vitriol de plomb, . i&id.
Plomb corné y \ 514
Magiftere de plomb , 52-é"
Plomb & vinaigre , 5 17
Blanc de plomb , » &ia\
Blanc de cérufe, . j%%
Vinaigre de Saturne. Sel de Saturne 9 ibkL
Efprit dé Saturne , 530
Dccompoficion du Tel de Glauber par le Tel de Saturne » $ 3 2.
Plomb avec les alkatis fixes & volatils » c 1 a
Plomb & alun, . #fc<£
Plomb & foufre , i^Ml
Plomb & foie, de ioufre, # 5H
Plomb & nitre. Calcinât ion du plomb par ce fil È r i<
Plomb & Tel ammoniac * wuL
Decompoiition du f<jl ammoniac par le minium, Efprit
i volatil de fil ammoniac* Plomb corné , 5 j£
Plomb & arfenic , exZ
Plomb & régule de cobalt , ioidm
Plomb & nickel ,
Plomb 6c régule d'antimoine.
Plomb & antimoine , eao
Plomb & zinc, ibtd.
Plomb Oc bifnuith , C41
Plomb $ mercure , Vnà\
Plomb, mcrcttre&bifmutk, ibia\
Plomb Se étata , &y#
Junail blanc Se coloré , ^42,
Sur le Fer, $nâ.
fer au feu, 544
Jtejà l'air, J4j
Safran de Mars préparé à la roféc ; 54*
,Fer avec de l'eau , 547
Et hiops martial, »ii.
fc&glata, jjo
i/v!
Ixiv ' * TABLE
Ter avec les matières combuftibles & phlogiftiques.
'Cara&erc de Tacicr , Se en quoi il diffère dix fer , 5*0
Trempe âcl'i'cier ; 5 6 %
Ter & huile, 5**
ïfcr diflbus par de l'acide vitrioliquc. Vitriol de Mars , 570
Examen des propriétés du vitriol de Mars , 571
Vitriol de Mars au feu. Vitriol de Mars calciné en
À blancheur, $7$
Colcothar , , 575
&1 de colcothar , $j6
'Terre douce de vitriol ,* 577
Acide vitriolique glacial , ibid.
Vitriol de Mars avec de la glace,' 579
'Vitriol de tyars avec les terres calcaires 6c la chaux
fcî vive;1' il *- ! 58»
$fer féparé du vitriol deMars par de l'alkali fixe. Tartre
vitriolé , ibid\
Fer reffufeiré fans fufïon , 58»
'Àtidc nhrcfk fumant fait par le côleothar, 584
Ai diiTouS pàf de l'acide nitreux , 581
•Fer' précipité de fan ditfblvant par d'autre fer ; 58*
Teinture de Mars alk^Iiné de Staahl , < 587
tfafran de Mars apéritif de Scaahl , • 5 9 •
fer. di flous pat de l'acide marin , < > $91
Fef di flous par de l'eau régale , $9%
ifer diffous par du vinaigre diftillé , ibid.
Bien de Prude, - ibid.
Bleu de Prude fait fans alun, & qui n'a pas befoin
d'être avivé , 601
péoompofition du bleu de Pruffe par l'action du fctt , ibid.
' Décomposition du bleu de Prude par l'alkali fixe , 60%
Examen des propriétés de l'alkali orutiten faturé , . 605
Séparation du bleu de Pruffe que l'alkali pruffien fa-
turé tient en di Ablution , 604
Fer & alkali végétal , 606
' Fer & foufre. Safran de Mari prépsré par lefoufre , 607
Fer fondu par le foufre , • • 6 1 y
Soufre mou , ibid.
, Fer & foie de foufre , 6x6
Fer calciné par le nitre , ibid*
Fer & fel ammoniac. Fleurs defel ammoniac martiales,
#u JEs Martis , • 618
Fer
DES ARTICLES. kv-
J?er arec les terres , *i t
Ftr & arfenic , ibia\
Fer & régule de cobalt , ïbid*
Fer & nickel , 6i&
Fer & régale d'antimoine , ibid.
Fer & antimoine crud* Régule a* antimoinemariial > ibid*
Safran de Mars antimonié apéritif de Staahl « £14
Fer & zinc, 6z$
Fer & bifmuth , ibid.
Fer & mercure , ibid*
Fer & fublimé corrofîf , ibid.
Fer&Etain. Etamage du Fer. Fer blanc É ti6
Fer & plomb, €i?
Sur le Cuivre % 6 10
Cuivre expofi au feu , ibid.
Fleurs de enivre » «> $ r.
Cuivre à l'air, <ji
Cuivre avec de l'eau , 6^\
Cuivre à la glace , ibid»
Cuivre avec le phlogiftique , rf j 4
Réduction des chaux de cuivre en véritable cuivre , ibid.
Cuivre avec & l'huile , * 3 £
Cuivre & acide vicriolique. Diffolution du Cuivre dans
de l'acide vitriolique , 6)7
Vitriol de cuivre , 63g
Examen des propriétés du vitriol de cuivre , 639
Cuivre & acide nitreux. Diffolution au cuivre dans de
l'acide ni treux , , 6^t
Cuivre & acide marin. Dijfolution du cuivre par de
C acide marin y 641,
Cuivre diûous par de l'eau régale , 64 3
Cuivre & vinaigre , . ibidê
Décompofition des di Ablutions de cuivre , faites dans
les différents acides , par différents intermèdes, 644
Réduction du cuivre qui a été précipité par de l'alkali
fixe, 646
Difioiutions de cuivre faites par les différents acides
mêlés avec de l'alkali volatil , £47
. Difioiutions de cuivre faites par les différents acides
mêlés avec le foie de foufre , ibid.
Cuivre précipité de fes difioiutions par le fer, 64g
Cuivre avec les alkalis fixes, 649
Tome Je t
I
i
i
frvj TABLE
Cuivre Se alkali volatil. Couleur bleue qui dijparott
par défaut (T air, ^ ' 64 f
Cuivre & foufre. JEsVeneris9 6$i
Cuivre. Se foie de foufre , 6$%
Cuivre calciné par le nitre , «y j
Cuivre & ici ammoniac. M s Veneris , ou Fleurs de fil
ammon tac cutvreufes , 6^4.
Eaucélefte, rfjj
Cuivre Se arfenic. Tombac blanc , 6\6
Cuivre & régule de cobalt , 657
Cuivre Se nickel , ibid.
Cuivre Se régule d'antimoine 9 ibid.
Cuivre Se antimoine crud , *; S
Cuivre & zinc. Cuivre jaune 3 ibid.
Tombac jaune , 660
Cuivre rouge & bifmuth , 661
Cuivre rouge Se mercure. Amalgame de Cuivre & de
Mercure , s 66\
Cuivre avec de la di Ablation de mercure , ibid.
Cuivre & étain. Bronze, Airain ou Métal de cloche , 664
Etamage du cuivre , éét
Cuivre Se plomb, *7o
Cuivre rouge & fer ; 671
®
D E $ ARTICLES, lxvij
TOME I I L
)U R
z'Arcx NT, Page r
Argent au feu , &
Argent à l'air, 4
Argent avec de l'eau , / iM.
Argent avec de la glace , 5
Argent avec le phlogiftique i ibid.
Argent fie acide vitriolique , . ihid.
Argent ôc acide nitreux , 7
'Cryftaux de lune, 9
Détonnation du nitre lunaire , 10
Pierre infernale , ihitU
Matières animales tachées pat la diflblution d'argent, 14
Diflblution d'argent avec de l'acide vitriolique. Vitriol
de lune , 1 j
Diflblution d'argent faite par de l'acide nitreux mêlé
avec de l'acide marin. Lune cornée , l S
Eau forte précipitée , 11
Argent reûufcité de la lune cornée , %%
Diffolution d'argent mêlée avec les alkalis fixes &
volatils , 16
Argent diflbus par de l'acide nitreux , 6c précipité par
du foie de foufre , 17
Argent précipité de l'acide nitreux par le Tel neutre
arfenical , ibid.
Argent précipité de fa diffolution par le cuivre, x8
Argent & acide marin , 30
Argent 8c eau régale , % 31
Argent & vinaigre diftillé , ibid.
Argent avec les alkalis fixes èc volatils , ibid.
Argent & foufre , $%
Argent & foie de foufre , 5 3
Argent 6c nitre , 3,5
Argent & arfenic , 3 6
Argent & régule de cobalt , ibid.
Argent 6c nickel , 37
Argent 6c régnle d'antimoine , Ibid.
Argent & antimoine , ibîd*
Argent 6c zinc, 38
Argent 6c bifmuh, ibid.
teviij -TABLE
Aigent Se mercure. Amalgame a9 Argent if Je Mercure, ;8
Arbre de Diane , ou arbre philofophique , 40
Argent Se fublimé corrofif , ^ 45
Argent Se étain , ibid.
Argent Se plomb , ibid.
Argent 8c fer , 44
Argent Se cuivre , ibid.
Eflai de l'argent à la coupelle par le plomb , pour
reconnoître fon titre , ibidi
SurlOr% 58
Or expofe au feu , 6 1
Or à l'air , 6%
Or avec de l'eau , 64
Or & glace , ibid.
Or avec les matières terreufes, 6;
Or & phlogiftique , ibid.
Or & acide vitriolique , ibid.
Or Se acide nitreux , 66
Or Se acide marin , ibid.
Or & vinaigre diftillé , ibid.
Diffolution de l'or par de l'eau régale, 67
Cryftaux d'or, 69
DifToIution d'or avec les matières combuftibles , 70
Or en chiffons , f 71
Diffolution d'or avec les terres calcaires , . ibid.
Diffolution d'or & alkali fixe. Précipité d'Or, ibid.
Diffolution d'or Se liqaorfiticum. Pourpre pour peindre
fur les émaux & fur la porcelaine , 74
Diffolution d'or & alkali volatil. Or fulminant, 75
Or diffous par de l'acide vitriolique, Se précipité par
de Talkali fixe , 8i
Or difTous par de l'acide nitreux , Se précipité par de
l'alkalinxe, ibid.
Or difTous par de l'acide marin , -& précipite par de l'ai-
kali fixe , ibid.
Or diffous par du vinaigre diftillé Se précipité par de
l'alkali fixe , ibid.
Diffolution d'or & foie de foufré , ibid.
Diffolution d'or mêlée avec de l'arfenic Se avec du fel
neutre arfenical , 84
Diffolution d'or avec du mercure , ibid.
Diffolution d'or Se étain. Précipité d'or de Cajftus, ibid.
DES ARTICLES. Ixix
Diffolution d or, & diiToIutîoo <îc pîomb, 9 r
Dirtblution d'or avec du fer , #,<£
Ditfolution d'or avec du cuivre , 9 1
Difïolution d'or avec de la diflblution d'argent > ibid.
Or avec les alkalis fixes & volatils , «À
Or & foufre, a*j
Or avec le foie de foufre , 9 f
Séparation de l'or d'avec le foie de foufre „ 97
Oraveclenitre, #;</
Or avec le fel marin , " ' g
Or avec le borax , ^id.
Or avec du fel ammoniac , ibid
Or avec les matières métalliques , * J
Or&arfenic, ibJj
Or & régule de cobalt , #;/
Or & nickel* 10J
Or & régule d'antimoine , ^id
Or & antimoine crud. Purification de for par Van\i-
'mah£f . ibûK
Or avec le zinc, fn,
Or&bifmuth, J°J
Or avec le mercure. Amalgame, ibirf.
Or & mercure calcinés l'un par l'autre , i0/
Dorure fur l'argent & fur le cuivre parle moyen de l'a-
malgame d'or & de mercure * , n'<
Or&fublimécorrofif; "*
Or&étain# £?*
Or & plomb, atf;
°r%fc*' roi
Or & cuivre, lW*
Or & argent, IIO
Effai de l'or pour reconnoître £bn tkrc , Tlt
Départ de l'or d'avec l'argent , # r x 4
Départ fec ou concentré ,
Sur la Platine ,
Platine expofée au feu ,
Platine à l'air ,
Platine avec de l'eau , £;]
Platine avec de la glace , ^id
Platine avec de la terre vitrîfiabfc r j^i
Platine avec le phlogiftiqué, ibid
Platine avec de l'huile , _ ihid\
tïtj
X09
bid.
no
Tlt
ri4
ut
iz6
nt
hx
TABLE
Platine avec de l'acide vitriolique, l j 1
Platine avec de l'acide nitreux , ibid.
Platine avec de l'acide marin , 135
Platine avec de l'eau régale , 134
Examen des propriétés de la di Ablution de platine , 13*
Diflblution de platine & alkali minéral , 14c
Di (Toi ut ion de platine avec de l'alkali pruflien faturé , ibid.
DilTolution de platine avec de l'alkali volatil , 441
Réduction du précipité de plan ne , 1 44
Précipité de platine avec de l'acide vitriolique * 1 4*
Précipité de platine avec de l'acide nitreux , ibid.
Précipité de platine , & acide marin , ibid.
Précipité de platine , & eau régale , ibidf
Précipité de platine avec du vinaigre diftillé , 1 49
Moyen de reconnoftre l'or allié de platine , 150
Diflolution de platine & foie de ioufre , 153
Diflblution de platine & arfenic , ibidf
Diflblution de platine avec le régule de cobalt , 154
DilTolution de platine avec le nickel , ibid.
DilTolution de platine avec le régule d'antimoine , ibid.
Diflblution de platine avec le zinc , 1 < 5
DilTolution de platine avec du bifmutb , ibidn
Diflblution de platine, & mercure, ibid.
Diflblution de platine , & étain , - if6
Diflblution de platine , & plomb , ' 1 57
Diflblution de platine , & fer , 1 ; g
Diflblution de platine , & cuivre , ibid,
Diflblution de platine , & argent , 1 f 9
Diflblution de platine , & or , ibid.
Platine & alkali Exe, 160
Platine avec le Courte , ibid»
Platine & foie de foufre , . 1*1
Platine & gypfe , m 164,
Platine & ici de Glirubcr f ibtd.
Platine & nitre , 16$
Platine & fcl marin , 1 67
Platine avec le borax , ibid*
Platine & Tel ammoniac , 170
Platine avec les terres vitrifiablcs , ibid.
Platine & arfenic , ibid.
Platine avec le régule de cobalt , I7>
Platine & nickel , 17*
Platine & régule d'antimoine , ##f
DES ARTICLES. I»J
(latine avec de l'antimoine crud, 177
Platine avec du zinc , 178
Piatinc avec du bifmuth , 179
Platine & mercure , 2 8 f
Piatinc avec du fublimé corrofîf , 1 Si
Platine avec du fel alembroth , ihid.
Platine avec de rétain , 2 8 \
Platine avec du plomb , 2 %é
Coupellation de la platine par le plomb , 289
Platine arec le fer, 194
Platine & cuivre , 197
Platioe avec le cuivre & le zinc , 298
Platine avec le cuivre & rétain , 2 99
Platine Serrant , *oo
Platine a^ple la lune cornée , *oi
Platine avec de l'or , tox
Remarques fur la combinaifon de la piatinc avec les
matières métalliques, 104
Sur la Terre cuite , 107
Sur le s briques & les tuiles , ibiJL
Sur la matière des fourneaux » des Ifcufets & des
moufles d* terre cuite , 1 1 1
Terre vernnlée , 1 1 y
Porerie des grès commune » xxj
Poterie de terre blanche , façpn d'Angleterre- , 119
Sur la Porcelaine , %$t
Préparation de la pâte de porcelaine , 14)
Sur la Faiance , 151
Sur /es Emaux , 154
Sur la' Verrerie , le Vent & le Cryfial 9 %$€
Des Verres léger* , .189
Des verres pefants dont on peut faire des objectifs
pour les lunettes achromatiques , 190
Verre attaquable par les acides , *9*
Porcelaine de Réaumur , 294
Sur les Verres coloris pour imiter les pierres pricitufes » 19 tf
Stras , 197
Paufles topazes , 198
c iy
kxij
TABLE
Faux rubis & faux grenats , 19!
Fauûes émeraudes , ibid*
faufTcs hyacinthes , rouge-brun 5c brun-marron , a 9$
Faux faphirs , ibid.
Fauttes améthyftcs , 300
Verre jaune , ibid.
Fauflcs opales , & girafole de Venifc , ihid.
Vues générales fur iOrganifat'wn intérieure du Globe ,
& fur la Formation des Mines & dts Métaux 9 501
*J)es Mines métalliques , 335
Mines d'or, 337
Mines de platine , 339
Mines d'argent , 340
Mines de plomb , **' 34*,
Mines de cuivrç , 343
Mines d'étain , • 344
Mines de fer, 34;
Mines de zinc , ibid.
"Mines de bifmuth ,' 3 4<»
Mines d'ançimoinft| ibid..
Mines de cobalt , ™ 3 47
Mines de nickel , 34g
Mines de mercure , 34^
Mines d'arfenic , ibidf
Obfervations générales fur la Métallurgie , 350
Recherches des mines , 354
Pc la fouille des mines » 3 y y
Pireôion des filons , . 3 j 7
Sur Us Exhalaifons fouterr aines, 379
Des moufettes ou mofettes > 3 to
Feu brifououterrou, 3^4
Pes exhalaifons métalliques , 3 67
Réflexions fur les exhalaifons fouterraines » 368
'Effet des Mines , ou de la D,ocimafie « 377
Filai des mines d'or , 3 80
Êflai des mines de platine , 381
ÏJflai des mines d'argent , ibid*
Effki des mines de cuivre , 384
fcffai des mines de plomb , j % %
DES ARTICLES. lxxiij
Effet des mines d'étain , 3 89
EfTai des mines de fer , 394
EiTai des mines de mercure , 397
Efl ai des mines d'antimoine , 398
Eflai des mines de bifmath , 400
EiTai des mines de zinc , 4° *
Eflai des mines de cobalt , * 401
Lavage du fafre , 4°f
E/fai des mines de nickel , 406
Jifiai des mines d'arfenic , 407
Des Travaux en grand fur les Mines , ïhid.
Travaux fur les mines d'or , 4c8
Travaux fur les mines de platine , 410
Travaux fur les mines d'argent , ibîd.
Travaux fur les mines de cuivre , 4 * 4
Travaux fur les mines de plomb , 4:9
Travaux fur les mines d'étain , 42. c
Travaux fur les mines de fer , 411
Convcrfîon du fer fondu en fer forgé , 414
Acier de fonte , 426
Travaux fur les mines de mercure , 417
Travaux fur les mines d'antimoine x 4 5 1
Travaux far les mines de bifmuth , ibid.
Travaux fur les mines de zinc , 433
Cuivre jaune , ou laiton , 4 3 j
Travaux fur les mines de cobalt , ibid.
Arfenic 3c réalgal tirés des mines de çobah , 43 S
Safre, 43 7
Bleu d'azur, 438
Bifmuth tiré du cobalt , 4)9
Sur les Pyrites , 44*
Diviiîon des pyrites & des matières pyriteufes, 446
Sur les pyrites ferrûgincufes ou martiales , 449
Soufre ieparé des pyrites , ibid.
Purification du foutre brut , 4 j *
Vitriol de Mars retiré des pyrites , ibid.
Ochre, 45*
Sur les pyrites cuivreufes , 4 $ 7
Vitriol de cuivre fait avec de la matte de cuivre , 460
Sur les pyrites arfenicales , 4*1
Sur les iubftanccs alumineufes* , 461
Procédé pour féparcr l'alun, de roche des pyrites , 4'f
lxxiv TABLE DES ARTICLES.
Procédé dont on fc fcrt pour tirer l'alun de Rome , 469
Vitriol blanc ou de Goflar , 473
Réflexions fur les pyrites , 477
Sur le < Eaux minérales , 48$
Sur l'analyfe des eaux minérales. , 493
Manière d'analyfer les eaux minérales , 496
Sur le Sel marin , fur V Eau de mer , &fur F Eau des
puits & fontaines falés 9 51»
Sur les Salines de Franche Comté , 517
Evaporation de l'eau de Montmorot fur des bâtiments
de graduation , f*9
Evaporation fur le feu de l'eau graduée de Mont-
morot pour en extraire le fel marin , 521
Sur la faline de Salins , 5 17
Sut les Salines de Lorraine , 518
Sur les eaux faléçs chargées de fel marin , 531
Sur la félénitc des eaux falées , 536
Surlefchlot, 537
Sur la vapeur qui s'élève pendant l'évaporation des
eaux falées, 54c
Sur l'écume qu'on enlevé des eaux falées , 541
Sur le Ccl marin , $1 3
Sur la cryftallifation du fel marin , S S0
Sur les muires ou eaux-meres des eaux falées , 551
Magnéfic du fel marin , ce 8
Sur les écailles , ibid.
Sur les fels d'Epfom & de Glauber , 560
Comparaifon du fel d'Epfom d'Angleterre avec le fel
d'Epfom préparé en France , 564
Sur les moyens de dejfalcrfeau de mer , & de conferver
lafxlubritè de Veau douce dans les embarquements 9 $6%
Sur le Nitre ou Salpêtre , j 8$
Sur les moyens qu'on pratique pour féparer le nitre
des terres nitreufes , 601
Nitre de deux cuites , 606
Nitre de trois cuites , 607
Magné fie blanche , 6 1 1
Réflexions fur la converti oft du fel marin en nitre , 614
Réflexions fur la Pierre pkilofophale , 616
"f in de la Table des Articles.
PROLEGOMENES.
DES FOURNEAUX.
«Les fourneaux font des uftenfiles deftinés à con-
tenir des matières combuftibles enflammées , &
(>ropres à appliquer , en moyen d'un courant d'air,
e feu fur les corps qu'on foumet à fbn a&ion.
L'air eft admis dans les fourneaux de deux ma-
nières , ou naturellement par des ouvertures li- • '
bres , pratiquées tu bas des fourneaux , ou forcé-
ment par le moyen des foufflets. Ce font deux ef-
peces de fourneaux dont; on fait beaucoup d'ufage
dans les opérations de la Chymie.
Nous ne nous propofons de donner ici que la
description des fourneaux (impies , avec lefquels
on peut faire généralement, aans les laboratoi-
res , toutes les expériences de la Chymie. Nous .
paierons fous filence la tlefcriptîon des 'grands
fourneaux dont on fait ufage pour la fonte des
mines %c des métaux dans le^pra vaux en grand.
On peut, fur cet objet, confutter la Tradu&ion
de Schlutterx>ar M. Hellot. Nous fupprimerons
auffi les détails des fourneaux myftcrieux & com-
pliqués que le caprice a fait imaginer aux Alchy-
miftes pour leurs vaines opérations. Les four-
neaux les plus (impies font toujours les meilleurs ,
&ils font d'un fervice plus général.
Les fourneaux dans lefquels l'air entre par des
ouvertures pratiquées au bas, opèrent leur effet
naturellement. Le courant d'air fort par lapartie
fupérieureou cheminée , après avoir traverlé l'in-
térieur du fourneau. La chaleur & la flamme des s
Ixxvj Protégomcncs.
matières combuftibles raréfient l'air de la partie
fupérieuredu fourneau , & y forment un vuide j
ce qui oblige l'air d entrer par les ouvertures pra-
tiquées au bas. Plus la cheminée du fourneau eft
large , plus il fe trouve d'air de raréfié. Ce fluide ,
qui tend à fe mettre en équilibre , remplit l'eï-
Face vuide que le feu a occafionné j & comme
air ne peut entrer que par la porte du cendrier,
il s'établit naturellement un courant d'air qui
produit l'effet d'un foufflet. Cette méchanique
dépend , comme on le voit , de la pefanteur Se de
la fluidité de l'air* Cet élément tend, comme les
autres fluides , à l'équilibre & au repos , Se rem-
plit les efpaces qui ne font pas occupés par une
matière plus pelante que lui.
On 'demandera peut-être pourquoi l'air ne
rentre pas aufli bien par la cheminée , que par la
partie inférieure du fourneau?
Il fera facile de répondre à cette objeâion, fi
l'on fait attention que le feu pur & libre eft plus
léger que l'air : on le voit par la flampie qui s e-
leve toujours , & ne tend point vers la terre com-
me les autres matkres^Le feu , en vertu de cette
légèreté , fort plutôt par la cheminée > que par la
porte du cendrier j& en s'élevant ainfi, i°. il
raréfie confidérablemenr l'air de la cheminée,
qu'il rencontre à fon paflTage. i°. Comme le feu
libre & pur eft continuellement dans un mouve-
ment exceffif , Timpétuofité avec laquelle il fe
diflipe dans les fourneaux bien conftruits , le mec
dans le cas , non feulement de faire équilibre
avec la colonne d'air qui eft au deflus du four-
neau , mais encqre de s'oppofer vivement à fon
introdu&ion par la cheminée du fourneau. Enfin
o.n pourroit encore ajouter à ce que nous venons
t Prolégomènes. Ixxvij
cte dire > que la colonne d'air qui repofe fur la
cheminée , eft plus courte que celle qui encre par
la porte du cendrier.
Il y a cependant des temps où , dans les four-
neaux les mieux conftruits , l'air entre par la che-
minée , plutôt que par la porte du cendrier :
c'eft principalement lorfquil fait de grands tour-
billons de vent , que l'air fe trouve agité violem- ,
ment par intermittence , & qu'il foufïïe d'une
manière fort irréguliere. Les fourneaux à Ion-
Îjues cheminées pouffent alojs très inégalement :
'air entre de temps e^temps par la cheminée
avec impétuosité, & faitfortir la flamme, par in-
tervalle, par toutes les portes du fourneau. Ces
mouvements convulfiis de l'air occafionnent
beaucoup de variétés dans les réfultats de cer-
taines opérations; mais ils ne changent rien à la
théorie que nous venons d'établir.
Les Chymiftes & les Physiciens ont reconnu
que le concours de l'air étoit abfolument nécef*
faire à l'entretien du feu ; & que plus le courant
d'air étoit rapide , plus il accéléroit l'inflamma-
tion des matières combuftibles renfermées dans
les fourneaux. Mais peu de perfonnes ont exa-
miné quelles pouvoient être les meilleures pro-
portions des ouvertures des fourneaux , relative-
ment à leur capacité , & quel rapport le diamètre
de la cheminée devoit avoir avec l'ouverture pra-
tiquée au bas des fourneaux par où fe détermine
le courant d'air. Les Phyficiens , au lieu d'entrer
dans cet examen , fe font contentés d'attribuer
aux différents états de l'air les effets que cet élé-
ment produit fur les matières combuftibles ren-
fermées dans les fourneaux.
Les uns ont prétendu que le temps chaud &
Ixxviij Prolégomènes.
fee de Fêté éroit celui où l'air prodnifoit de
meilleurs effets : ils penfoienc qu'un air chaud &
fec , en paffent au travers du feu , devoir moins
diminuée la chaleur qu'un air froid & humide y ils
fondoient leur fentimenc fur ce que l'eau éteint
le feu , & qu'un air humide doit produire des effets
proportionnellement à l'eau dont l'air eft chargé ,
fie retarder fenfiblement l'inflammation des ma-
tières combuftibles , Se l'a&ivité du feu. Nous fe- .
rons connoître dans un inftant toute l'abfurdité
de ce fentimenr.
D'autres Phyficiens jjjMifent que le temps des
grandes gelées , où l'air eft fec & fort denfe ,
eft le temps le plus favorable pour augmenter
l'aéfcivité du feu , pareeque , difent-ils , fi i'a&ion
du feu dépend d'une plus grande admiffion d'air
dans les fourneaux , a volumes égaux , dans les
temps de gelée, où l'air eft très denfe , il s'en in-
troduit une plus grande quantité , qui doit par
conféquent augmenter l'a&ivité du feu.
fiecker paroi t être le premier qui ait entrepris
d'attribuer la caufe de l'aâivité du feu dans les
fourneaux , non feulement à l'air , mais encore
à l'eau que cet élément tient en diffblution. Il
penfe même que le principe aqueux concourt
plus que l'air même à augmenter Pa&ivité du feu.
Ce fentiment paroît le plus vraifemblable. J'ai
obfervé conftamment , toutes chôfes égales d'ail-
leurs , que les fourneaux chauffent mieux dans
les temps humides 8c pluvieux que dans les temps
fecs de l'été ou des grandes gelées. On peut ajou-
ter à ces obfervations l'effet des éolipyles qu'on ? •
remplit d'eàu , 8c dont les vapeurs dilatées , &C
forcées de for tir par une ouverture fort étroite;
r&nt l'office d'un iotjffiet, & animent commode-
Prolcgomenc*. lxxir
tuent une lampe d'émailleur , au lieu de l'étein-
dre. Cette expérience prouve que l'eau réduite en
vapeurs , & pouflée avec violence , produit l'effet
de l'air fur les matières combuftibles emBrafées.
A l'égard des proportions qui doivent être ob-
fervées entre l'ouverture du bas du fourneau , la
largeur & la hauteur de la cheminée , on déter-
mine ordinairement ces proportions à-peu-prce
relativement à la grandeur des fourneaux. On n'a
point encore fixé par des principes sûrs quelles
feraient les meilleures proportions qu'il convien-
droit d'obferver fur ces pbjets. La routine qui
jufques ici tient lieu de principes , fuffit pour la
conftru&ion des fourneaux deftinés à faire la plu-
part dès opérations ordinaires de* la Chymie j
mais lorfqu'on a befoin d'appliquer à certains
corps de violents coups de feu, équivalents au
degré de chaleur qui règne dans les fours de ver-
içrie Se de porcelaine, les fourneaux ordinaires
font abfolument infuffifants. On eft fouvent
obligé de placer les expériences qu'on fe propofe
de foire , dans les fourneaux de verrerie ; mais
alors on ne peut voir que le réfultat des expé-
riences , & il eft difficile d'obferver les phéno-
mènes qu'elles préfentent pendant leur exposi-
tion au feu. On a plus d'une fois été obligé de
faire ufage de ces grands fourneaux , pareequ'on
ne préfumoit pas qu'il fût poflible de le procurer
dans un petit fourneau , en deux heures de temps ,
un degré de chaleur égal , & même plus fort que
celui qui règne dans les fours de verrerie Se de
^ porcelaine.
Le grand nombre d'expériences que M. Pote
a faites fur les fubftances terreufes en général , &
dont il a donné le détail dans fa Liihogéognofic *
hcrt ' Prolégomènes*
la obligé d'imaginer un fourneau qui pût pto-*
duire un degré de chaleur égal & même lupérieur
à ce que Ton connoifïbit. Il a donné le defleln de
fon Fourneau fur une planche gravée Se inférée
dans l'ouvrage que nous venons de citer, p. 421.
Cependant je ne puis m'empêcher d'obferver
qu'ayant fait fur la même matière peut-être au-
tant d'expériences que M. Pott, & ayant répété
la plupart des tiennes , que j'ai toujours trouvées
exa&es , j'ai de la peine à croire que le fourneau
dont cet habile Chymifte donne la defeription ,
puifle produire un degré de chaleur convenable
pour mettre en fufion certains mélanges très dif-
ficiles à fondre , & que M. Pott a fondus. Suivant
L'échelle qui accompagne cette gravure , la che-
minée ne doit avoir que quatre pouces & demi de
diamètre : la porte intérieure par laquelle entre le
courant d'air, n'a, à-peu-près, que quatre pouces
quarrés : l'une & l'autre ouverture font trop
étroites, relativement à la capacité du fourneau,
qui a environ un pied neuf à dix pouces de dia-
mètre dans fa plus grande largeur.
M. Macquer a donné , dans le volume de l'A-
cadémie pour l'année 1758, la defeription du
fourneau qui a feryi aux expériences que nous
avons faites enfemble fur la porcelaine : il eft
plus commode que celui de M. Pott , en ce qu'on
peut y placer une moufle , dans laquelle on con-
tient les matières des expériences. Les creufets
font placés proprement fous la moufle , & ne font
point expolés a tous les accidents auxquels font
iujets les creufets qu'on arrange au travers des
charbons,. comme d'être renverfés , mêlés dans
de la' cendre & dans du verre fondu , &c. Voici
la defeription de ce fourneau*
Fourneau
Prolégomènes! lxxjff
Fourneau de M% Manquer j propre aux expérlenui
de Lithogéognqfîi. .
. Ce fourneau, planche première, fig. i éc ij
feft repréferité fur deux faces. Il eft compofé d4
trois pièces , À , B , C , fig* i & i.
La pièce A eft percée par fon fond. Dans l'iri-*
teneur , en D , fig. i & 2 , on a pratiqué un re-*
bord , ou un repos d'un pouce dans fon pourtour *
Cur fupporter une grille de fer Ë , ng. 3. Led
rreaux qui composent cette grille doivent erre»
pôfés diagonalement fur leurs carnes, afin que la
cendre puifle couler plus facilement : ils doivent
erre cfpacés les uns des autres d'un demi- pouce*
Il faut que ces barreauitffoient fuffifarnment grosi
pour qu'il n'en entre que cinq dans le milieu d«f
cette grille : les deux autres qui dépendent du
chaflfc, pofent fur le rebord dont nous âvond
parlé. La' pièce À, flg. i , doit avoir une ouver-
ture F : elle doit être garnie de fa porte , avec une
feuillure d'un pouce de large , formée dans l'é*
paifleur du fourneau , & dans celle de la porte *
afin qu'il ne puirfe s'introduire d'air. Cette ou-
verture eft cintrée en anfe de panier , comme ellf
eft représentée, La porte doit être garnie d'un*
poignée* On pratique cette ouverture à qtiatta
pouces & demi au delTus de là grille. Au bas de l'o-
rifice de cette ouverture * on forme un mantonnef
Îui avance d'environ deux pouces , pour fouteftif
1 porte : on Ta repréfentée en F , fig. 1*
La pièce B, fig. 1 & i , eft le dôme du fodlV
Meau : elle eft un peu inclinée par-devant , comtn#
en le voit en B, fig* x* Cette pièce eft percés
dune ouverture cintrée, large &c commode pdti*
T*m4 h f
Jxxxij PfoUgomentsl
pouvoir introduire aifémenc le charbon : elle (è
bouche avec une porte de même capacité , armée
d'une poignée B , fig. ï. On pratique autour de
cette ouverture une feuillure d'un pouce de large ,
creufée dans la demi-épaifleur du fourneau } Se on
en fait autant à la porte , afin qu'elle puiffe bou-
cher le plus exadement qu'il eft poflîble. L'incli-
naifon qu'on donne à cette partie du fourneau ,
eft pour que la porte ne foit pas fujette à tomber.
Cette féconde pièce du fourneau eft quarrée en
deffas , Se percée dans fon milieu d'une ouver-
ture ronde de (ix pouces de diamètre , avec un
collet qui s'élève d'eilviron deux pouces. .
La pièce C , fig. ï & i , eft un tuyau de terre
cuite de (ix pouces de diamètre , & d'environ
deux pieds de hauteur. Ce tuyau s'emboîte en
dehors dans le collet dont nous venons de parler.
On pratique en H , un repos d'un demi-pouce ,
pris dans 1 epaifleur de ce tuyau , pour recevoir un
autre tuyau de tôle de douze pieds de longueur
& de fix pouces de diamètre.
Ce premier tuyau de terre cuite reçoit la pre-
mière chaleur qui s'échappe du fourneau , & mé-
nage le tuyau de tôle. On pourroit faire en terre
cuite la totalité de ce tuyau ou cheminée du
fourneau ; cela n'en feroit que mieux : mais
comme il feroit fort pefant, il conviendroit de le
foutenir d'efpace en efpace avec des croiffants de
fer fcellés dans la muraille. Tout ce fourneau eft
confirait en terre cuite: on peut également le
faire co.nftruire «n briques.^
Lorfqu'on veut faire ufage de ce fourneau 9
on le pofe fur un trépied de fer, comme il eft
marqué fur la grille , ng. 3 . Ce trépied doit avoir
au moins fix pouces, d'élévation. On pofe enfuît*. ,
'PtoUgôtnene*: îxxxîïj
furie milieu de la grille deux briques à coté l'une
de l'autre , & dans le fens de leur épaifleur : on
place une moufle fur ces deux briques : on em-
plie de charbon noir les trois quarts du fourneau i
on mec par-defiiis du charbon allumé t on ne fer-
me pas la porte B , jufquà ce que la moufle foie
rouge : fans cette précaution , le courant d'air fo
détermineroit avec trop de rapidité j le fourneaii
chaufferpit brufquement , & on courroit les rif-
ques de faire cafler la moufle : mais lorfque l'in-
térieur du fourneau eft rouge , on ferme la porte ;
le courant d'air fe détermine auflî-tôt t il n'entre
qui roule fur le pavé. Le tuyau rougit jufqu'à fîx
pieds de hauteur , & la flamme du charbon fore
par l'extrémité de la cheminée à plus de deux
pieds au deffus. On met une pellée de charbon
de vingt minutes en vingt minutes. Lorfque ce
fourneau eft bien fervi de charbon , & que l'on
continue le feupendant deux heures & demie ,
on peut être allure que le degré de chaleur eft
plus fort que celui qui règne dans les fours de ver-
rerie , de" porcelaine » & dans tous les grands
fourneaux où Ton fait le feu le plus adif qu'on ait
Su produire jufquà préfent. Si après une heure
e teu , on débouche la porte qui ferme la mou-
fle , l'intérieur eft d'un blanc fi éblouifTant , qu'il
eft impoffible de pouvoir diftinguer le dedans ,
3ue quelques minutes après que la moufle a été
ébouchée > & que l'air frais qui y entre l'a re-
froidie. Nous avons fait, M. Macquer & moi,
plus de deux mille expériences de fuite dans ce
fourneau. Il n'y a aucune fubftance, aucun ma*
fil
Ixxxir Prolégomènes.
lange que M. Pott ait fondus , qui ne l'aient été
également , ou vitrifiés dans l'efpace de deux
heures & demie. Le degré de chaleur qui règne
dans ce fourneau , eft fupérieur à tout ce qu'on a
£>u obtenir jufqu a préfent.
Le grand degré de chaleur qu on obtient dans
le fourneau de M. Macquer , eft du finguiiére-
menr aux bonnes proportions que cet habile
Chymifte a obfervées entre la capacité du four-
neau , le diamètre de la cheminée, & fa hauteur.
M. Macquer a conftaté qu'en diminuant le dia-
mètre de la cheminée, le fourneau produit auffi-
rôt moins de chaleur : il en eft de même fi , en
confervant à cette même cheminée fon diamètre
de fix pouces, on l'alonge de plufieurs pieds;
parceque , dans l'un Se dans l'autre cas , le cou-
rant d'air ne peut fe déterminer avec la même vî-
tefle , que lorfque le fourneau & la cheminée
font dans un rapport convenable.
Je penfai cependant qu'il étoit poflîble de faire
produire plus de chaleur à ce fourneau , fans aug-
menter fa capacité , & qu'il fuffifoit d'agrandir
feulement le diamètre de la cheminée , afin de
donner à l'air qui fe raréfié en partant au travers
du charbon embrafé , plus d'èfpace & plus de fa-
cilité à s évacuer. D'après cette théorie , j'ai fait
conftruire un fourneau en briques , repréfenté
planche i , fig. 4.
Ce fourneau a quinze pieds de hauteur , dix
pouces de largeur , & treize pouces de profon-
deur dans œuvre , par le haut comme par le bas :
il eft percé à* jour par le bas , & élevé environ à
dix- huit pouces au delïiis du plancher; il n'a
point de cendrier fermé. On place dans l'intérieur
en D'une grille de fer conftruite comme celle du
Prolégomènes. lxxxv
fourneau précédent. A fix pouces au detfus de
cène grille , on pratique une porte cintrée F , ï
laquelle répond l'ouverture d'une moufle amovi-
ble qu'on place fur des briques pofées de champ.
À huit pouces au deflus de cette porte, on prati-
que en B une féconde ouverture quarrée ou cin-
trée par le haut» qu'on ferme avec une porte de
terre cuite : c'eft par cette ouverture qu'on intro-
duit le charbon. Le defTus de cette porte , jufqu'à
fon extrémité fupérieure, eft la cheminée de ce
fourneau.
J'ai fait pluiieurs expériences dans ce fourneau,
& j'ai obfervé que lorfau il eft bien fervi de char-
bon,il produit plus de chaleur que le fourneau pré-
cédent j Ces effets font infiniment fupérieurs à ceux
des plus grands fourneaux d'ufage dans les tra-
vaux en grand > tels que ceux de verrerie > de
porcelaine , &c.
Fourneau de réverbère^
Le fourneau de réverbère eft le plus commode
& le plus utile qu'on ait , parcequ on peut, avec
les différentes pièces qui le compofent , faire gé-
néralement toutes les opérations de la Chymie %
& fe pafler de tous tes autres fourneaux.
11 eft ordinairement compofé de quatre pièces.
Celui dont nous allons parler en a cinq, pour le
rendre d'un fervice plus général.
La pièce À , fig. ï , fe nomme le cendrier; elle
fert à recevoir les cendres que rendent les ma-
tières combuftibles pendant qu'elles brûlent*
C'eft fur cette pièce qu'on pofe la grille , qut doit
être de fer.
La féconde pièce B fe nomme le foyer; elle
fert à contenir les matières combuftibles.
Ixxxvj Prolégomcneà.
La rroifieme pièce C eft. le laboratoire. C'eft
dans cette partie du fourneau qu'on place le vaif-
feau qui contient la matière fur laquelle on
opère,
La quatrième pièce D fe nomme le dôme ; elle
eft deîlinée à retenir pour un certain temps la
flamme des matières combuftibles , & à la faire
réverbérer fur le vaiffeau placé dans le labora-
toire.
Enfin la cinquième pièce E fe nomme la che-
minée ; elle fait partie du dôme qui eft partage
en deux , afin de tirer plus de fervice de ce
fourneau , comme nous le dirons en faifant le d«
rail de l'ufage de toutes ces pièces. Dans la conf-
truâion du fourneau de réverbère ordinaire , le
dôme & la cheminée ne font qu'une feule pièce.
En F eft un tuyau de tôle de trois ou quatre
pouces de diamètre , qu'on adapte a la cheminée,
& qu'on alonge à proportion que les opération»
Pexigent. Telles iont les pièces du fourneau de
réverbère t examinons maintenant l'ufage qu'on
çn peut faire.
1 °. Avec la première pièce A , on peut fe pro-
curer un bain de fable chauffé par une lampe, &
former par conféquent un fourneau de lampe»
On pofe fur cette pièce du fourneau une pocle de
fer , de laquelle on a coupé la plus grande partie
du manche. On met du fable dans cette poêle , &
on fait entrer une lampe par la porte du cendrier.
Ce fourneau eft très commode pour des digeftions
douces , & même pour des diftillations où une
chaleur modérée fume. Ce cendrier doit avoir en-
viron Tept à huit pouces de hauteur , & être
garni d'une porte proportionnée a la capacitç du
fçttwai}. Voyt\ ôg. * > planche *,
fer,
Tant .jr
Prolégomènes. j Ixxxvij
i°. En ôtant cet appareil, & plaçant la grille
fur ce cendrier , & enfuite la pièce B , qui doit
avoir environ fix ou huit pouces de hauteur , on
Corme un fourneau compofé des pièces A, B ^
fig. j. Ce fourneau fert pour les évapoiations
des liqueurs dans des badines , ou daos des chau-
, dieres de fer. On peut pofer un alambic de cuivre
fur ce fourneau, & s'en fervir pour des diftilla-
tions.
3°. En ôtant Palambic , & mettant à fa place
une pocle de fer remplie de fable , on a un four-
neau à bain de fable propre aux digeftions Se aux
diftillarions où la chaleur du feu de lampe ne fe-
roitpas fuffifante.
4P. En ôtant le bain.de fable feulement, &
plaçant fur lerrefte de Fappareil une chape Gf
fig. 4, on fe procure un fourneau de rufion.
Lorfqu on veut qu'il produife de plus grands
effets , on adapte à la cheminée de cette chape
un tuyau de pocle de cinq à fix pieds de long. La
porte de la chape eft l'ouverture par laquelle on
introduit le charbon dans le fourneau , & par la-
quelle on obferve le creufet qu'on a placé fur une
briaue pofée fur la grille du fourneau. On tient
la chape fermée de fa porte , pour ne l'ouvrir
que lorfqu il eft néceflaïre , afin de ne point parr
tager le courant d'air. La brique qu'on met foui
le creufet , fert à l'élever f, & a garantir fon fond
de la fraîcheur du courant d'air qui entre par le
cendrier.
5 °. En ôtant la chape du fourneau, & laiflant
le refte de l'appareil , on pofe deux barres de fer
fi^r le foyer Ô, & enfuite la pièce C, que nous
avons nommée le laboratoire 3 qu'on pofë par-
deflus. Les barres de fer fervent à fôutenïr une
fiv
Ixxxviij Prolégomènes.
cornue de grès, borfqu'on veut diftiller avec ee
yaifleau , on fait pafler fon col par l'échancrure
pratiquée à un des cotés de la pièce C : on pofe le
dôme & la cheminée fur cet appareil , afin de re*
tenir & de réverbérer la chaleur , lorfque cela eft
néçefTaire, Cet appareil eft repréfente en entier
parlafig. I, planche i,
6 °. Lorfqû'on veut diftiller dans une cornue
de yerrç , & cjue Ton craint que la violence du feu
fie la fafte plier ou fondre, on fe fert d'un bain
4e fable , difpofé de manière qu'on puifte enfer-
mer la cornue dans le bain; ôç quelle foit entiè-
rement recouverte de fable. On pofe ce bain de
fable, fig. 5 t fur les deux barres de fer dans la
Îiiççe Ç , fig. i , On obferve cjue le bain de fable
. bit d'environ un pouce plus écroit que le four-
neau , afin qu'il règne autour un efpace par où
puifle circuler librement la flamme des marierez
çqmbuftibles. Cette flamme doit s'élever facile-
ment au deflus de la cornue , & être révçrbérée
fur la voûte de ce v^ifte^u par le dôme qu'on
* placé fur le fourneau. Cet appareil eft le même
3ue le précédent y il n'en diffère que par le bain
§ fable, qui garantit très bien les cornues de
yçrre de la fiifion : mais c'eft lorfque le feu n'eft
pas poijflré trop violemment j car , malgré cet ap-
pareil , il arrive quelquefois que les cornues fe
plient, & même fe fondent, par la trop grande
violence du feu: au refte, le fable les gar?nçir
beaucoup de cet inconvénient.
Les bains de fable dont |e me fers poqr ces for-
iez de diftillations , & que l'expérience m'a fait
reçonnoîrre pour être les meilleurs pour la forme,
font des eijaeces de petits ffe*ux de tôle forte :ih
Ont une éçnançrure très profonde qui correfpon4
Prolégomènes; Ixxxix
i Téchancrure du fourneau , par où pafle le col de
la cornue : les bords qui s'élèvent au deflus de
réchjncrure , doivent être aflez hauts pour fur-
pafler d'environ un pouce le niveau de la voûte
de la cornue : ces bords fervent à retenir le fable,
afin qu il ne s'écoule pas pendant le cours de l'o-
pération ; ce qui immanquablement feroit fon-
dre ou cafler la cornue par la partie fupérieure.
On peut également faire faire ces bains de fable
en terre cuite ; mai? ils font ordinairement trop
épais , & ne tranfmerrent pas la chaleur aufli faci-
lement que ceux de tôle.
7°. En fe fervant de l'appareil fig. 4. , 6c fuppri-
mant la grille du fourneau , en pofànt a fa place
deux barres de fer , fur lefquelles on arrange une
moufle dont l'ouverture doit correfpondre a celle
de la féconde pièce B, on fe procure un fourneau
de coupelle , qui fert particulièrement pour affi-
ner l'or & l'argent. Cet appareil eft encore extrê-
mement commode pour faire proprement une
infinité de torréfactions, de calcinations & de fu-
fions. On augmente l'aâivité de ce fourneait par
le moven d'un tuyau de poêle , comme nous l'a-
vons dit précédemment. Ce fourneau , à caufe de
fa forme ronde, n'eft pas aufli commode pour
les opérations de la coupelle , que le fourneau de
coupelle ordinaire , qui eft quarré, ficdont nous
parlerons dans un inftant j mais il peut y fuppléer
en cas de befoin.
8°. Enfin, en formant l'appareil des pièces
À \ B , C , D , fig. i ,& fupprimant la cheminée E ,
& bouchant l'ouverture de la pièce C , on pofe fur
les deux barres de fer qui font au deflus du
foyer, une cucurbite de grès, dont l'orifice s\>
kve de deu* qu crois pouces au deflus de louve*»
xc Prolégomènes.
cure de la pièce D. On lute un chapiteau de verre
à la cucurbite, & on bouche avec de la terre à
four les ouvertures qui reftent entre les parois de-
la cucurbite & celles de l'ouverture du fourneau.
Avec cet appareil , on diftille très commodément
du vinaigre : le vaitfeau diftillatoire fe trouvant
prefque entièrement renfermé dans le fourneau ,
reçoit la chaleur par le plus grand nombre de fur-
faces pofîible j ce qui facilite confidérablement
la diftillation , & occafionne moins de dépenfe
de matières combuftibles , que fi ce vaifleau ne
recevoit la chaleur que par fon fond.
Avec cet appareil , on peut faire encore plu-
fieurs fublimations.
Le fourneau de réverbère dont nous venons
de Parler > fe conftruit en terre cuite. Il eft bon
de faire faire en même rerhps une grille de la
même terre , mais amovible , parceque ces fortes
de grilles , contenant plus de parties pleines qua
our y chauffent moins, modèrent la chaleur, &
a retiennent plus long-temps que les grilles de
fer. Les grilles de terre font percées de trous
ronds , faciles à s'engorger par la cendre du char*
bon : elles font , par ces raifons , plus en état de
fournir une chaleur plus douce , plus égale ,
lorsqu'elles font une fois échauffées 9 que les
grilles de fer ; ce qui eft un avantage pour les
digeftions où l'on n'a befoin que d'une chaleur
douce & égale : au lieu que les grilles de fer ,
pour le peu que les barres foient éloignées Tune
de l'autre de deux ou trois lignes , lai de ne tomber
les cendres a mefure aflez facilement , & laiflent le
courant d'air trop libre ; ce qui augmente l'aâi-
vité du feu fouvent plus qu'il ne faut.
Les FQurnaliftes pratiquent aux différentes
i:
Torrt .2?
Prolcgomeneà. xcj
pièces des fourneaux , des trous ronds qu'on,
nomme regifires. On les bouche Se débouche
avec des chevilles de terre cuire. Ces trous font
abfolument inutiles, fur-tout ceux que les Four- «
naliftes forment autour du foyer du laboratoke
& du dôme , pareeque ces trous partagent le cou-
rant d'air, La flamme fort de tous les côtés par la
partie Supérieure du fourneau , & n'eft plus ré-
verbérée fur le vaiiTeau placé dans le laboratoire y
auflî également que lorfque ces regiftres font
fermés.
Fourneau de Coupelle.
Le fourneau de coupelle eft aufli nommé/o«r±
neau d'effar ., pareequ'il eft deftiné à faire les opé-r
rations pour connoître le titre de l'or & dfe l'ar-
gent : on le nomme encore fourneau d'e'mailfour >
pareequ'il eft très commode pour faire prôpte*
ment des émaux. Ce fourneau eft quarré , oa
peu plus long que large , comme il eft repréfenté
fur la planche j , fig. 2. 11 eft ordinakéfoent corô»
pofé de deux pièces* A, B, avec une chemi-
née C , qui fait, corps avec la pièce B.
La pièce A peut être percée par fon fend > pottç
recevoir une grille de fer qu'on pofe fur un repbrd
d'environ un poncé , qu'on a pratiqué dans l'infé-
rieur, ou bien on fait ce fond en terre <hiite*
comme le fourneau, & il fait corps avec lui. On
fe contente feulement de percer ce fond » en fa*
briquai\t le fourneau , de plusieurs rangée» dé
trous ronds, d'environ huit lignes de diametrev '
Lorfque le fourneau eft conftruit pour recevoir
une grille de fer, il chauffe davantage, par les rai-
fons que nous avons dites en parlant dû la grille
4e terre placée au fourneau de réverbéra La pièce
Xcij Prolégomènes.
de ce fourneau fe pofe fui* un trépied triangulaire >
élevé d'environ quatre pouces , comme il eft repté-
fente fig. i.
La première pièce dont nous parlons , eft per- ,
eée de deux ouvertures en D & en £. Ce font
deux portes. L une D , eft deftinée à mettre du
charbon, & à faire couler fous la moufle celui du
haut, qui ne tomberoit pas , afin que le deflbus
de la moufle foit toujours bien garni de charbon.
L'ouverture £ eft la porte correspondante à la
bouche de la moufle. Ç'eft par cette ouverture
qu'on introduit les coupelles, les creufets, &c.
dans la moufle. On place dans ce fourneau deux
barres de fer un peu au deflbus de la naiflance
de cette, porte , pour fupporter la moufle dans le
fens de la longueur , afin qu'elle ne fc cafle pas
en deux pendant l'opération , par fon poids , par
celui des matières , & par celui du charbon
qu'on mer par-deffus.
La moufle eft une efpece decreufet, repréfenté
fous deux faces, fig. 3 & 3. Ce vaifleau eft plan
en deflbus , & convexe en detfus. Nous donnons
la meilleure manière de les fabriquer à l'article
Fourneaux & Creufets.
La pièce B * fig. % , eft le dôme du fourneau }
elle eft percée par-devant d'une ouverture un
peu large pour pouvoir introduire le charbon
commodément. La partie fupérieure de cette
pièce eft terminée par un tuyau de trois ou quatre
pouces, de hauteur, & fait corps avec le dôme*
Cette partie du fourneau fe nomme la cheminée.
On alonge cette cheminée > fuivant le befoin ,
avec un tuyau de poêle dç quatre pouces de dia-
mètre qu'on adapte par-defliis.
On peut faire construire deux augets de grotte
r
Ts/n.
!«?. S.
Prolégomènes* xcii
tàîe qui entrent dans le fourneau dé coupelle ,
qu'on place l'un à côté de l'autre, en obfervant
qu'on puiflTe pofer le dôme par-deflus : on fe pro-
cure alors un fourneau de réverbère , dans lequel
on peut diftiller en même temps avec quatre pu
fix cornues qu'on arrange dans ces augets avec du
fable. Voyc^ fig. 4.
Fourneau des Fondeurs , & Forge.
Le fourneau des Fondeurs eft une tour quar-
rée , creufe , enfermée dans une maçonnerie de
briques. Ce fourneau eft animé par un foufflet i
deux vents.
On foutient folidement un foufflet à deux
vents au-deffiis de la cheminée du laboratoire
par des tirants & des croiflan ts de fer fcellés dans
la muraille, & attachés au plancher, comme il
eft marqué fur la planche 4. A l'extrémité du
foufflet on pratique fuivant le local en A ou en B
une ouverture d'un pouce ou deux de diamètre ,
fuivant la groffèur du foufflet. On adapte à cette
ouverture un tuyau de fer blanc qui defeend juf-
qu en C. En C eft une boîte de fer blanc de fix
pouces de large d'à en a , de deux pouces de hau-
teur , & d'autant de profondeur. Au-deffus de
cette boîte, oa pratique trois robinets d9d,d9 pour
diftribuer le vent dans les différents fourneaux.
Ces robinets font de cuivre à l'ordinaire. On doit
obferver en les faifant faire , de tenir les ouver-
tures d'entrée & de forrie du vent , ainfi que celles
des clefs, plus larges que le bout ou l'extrémité
des tuyaux qu'on arrange en deflous , & par où
fort le vent pour entrer dans les fourneaux) fana
cette précaution , on ne profiterait pas de tout le
yçnt que le foufflet peut doftfter.
xciv ^Prolégomènes.
Au-defîbus de chaque robinet ôH ajoAe tut
tuyau de fer blanc , que l'on conduit aux endroits
convenables , pour former un fourneau des Fon-
deurs en F , un autre petit fourneau des Fondeurs
en G , & une forge en H.
Le fourneau de Fondeurs F eft une tour quar-
rée , creufe d'environ dix-huit pouces de profon-
deur , & de huit à nopf pouces de largeur, i eft
là porte du cendrier » quon bouche exactement
avec des briques & de la terre à four, Se on ne
l'ouvre que lorfqu'il eft héceflaire de nettoyer le
fourneau. Immédiatement au deffiis de dette
r>rte , on fait entrer en F la tuyère du foufflet :
un demi- pouce au deffiis de la tuyère, oh pofe
deux barres de fer qu'on ajufte au fourneau en
te conftruifant : fur ces deux barres , on place la
plaque de fer K j elle eft de fer forgé de (îx à huit
lignes d'épaifleur, & quarrée comme l'ouverture
du fourneau : les quatre angles font échancrés
en croitfant, afin de l'aider patfer le vent du
foufflet : il refte treize pouces de profondeur pour
le fourneau. C'eft fur la plaque de fer K, qu'on
pofe les creufets : afin de mieux concentrer la
chaleur , on pofe fur ce fourneau un couvercle
de terre cuite M , qui retient & réverbère fur le
creufet la flamme du charbon. •
Lorfqu on veut faire ufage de ce fourneau, on
pofe un creufet fur la plaque de fer : on l'entoure
de charbons noirs & de quelques charbons allu-
més: on couvre le creufet & le fourneau de leurs,
couvercles : on fait agir la branloire N. La cha-
leur en moins d'un quart d'heure eft très violence.
Lôrfque le foufflet eft bon , & qu'il peut fuppor-
ter une tuyère d'un pouce ou d'un poule & dertii
de diamètre , ce fourneau donne dans l'efpact
Prolégomènes; * rt%
*Fune heure , lorfqu il eft bien fervi de charbon ,
un coup de feu égal & même fupérieur aux fours
de verrerie. Il faut avoir attention de ne point
couder ces tuyaux , & de faire entrer le vent dans
le fourneau le plus directement qu'il eft poflîble,
autrement on perd considérablement de l'effet
que le vent du foufflet peut produire dans le four*
neau.
Il arrive prefque toujours que la violence du
feu fait couler en verre les parois du fourneau ,
& bouche les ouvertures ou les angles tronqués
de la plaque : il convient de les déboucher. On y
parvient par le moyen d'une barre de fer pointue
au'on pafle de temps en temps aux quatre angles
u fourneau : & pour ne pas fe brûler en faiiant
cette opération, on fe garnit les mains de petits
facs de toile en plufieurs doubles, qu'on a mouil-
lés & exprimés auparavant. Les Fondeurs nom-
ment moufles ces fortes de facs.
En G , eft une petite café ronde de huit pouces
de diamètre & de fix pouces de profondeur, ^vec
un tuyau qui part du loufflet , & qui s'adapte au
bas de la café. C'eft un fourneau dont la conftruc-
tion tient le milieu entre la forge (impie & le
fourneau des Fondeurs. Ce fourneau eft économi-
que en ce qu'il tient peu de charbon ; & il eft
très commode pour une infinité d'expériences où
il faut un feu très vif.
Lorfqu on difpofe un foufflet dans un labora-
toire, il eft avantageux d'en tirer le plus grand
parti poflible. On peut , au moyen des robinets-,
diftribuer le vent dans plufieurs endroits. U eft
bon de conferver un tuyau pour former une forge
ordinaire. On pratique à hauteur d'appui , une
aire en briques , «doflée contre If mur 4 la praxis
xcvj Prolégomènes.
mité du foufflet : on fait pafler la tuyère à fleur de
cette aire : on fe procure par ce moyen une
forge femblable à celle d'un Serrurier ; on en
forme un fourneau lorfqu'on en a befoin , en
arrangeant des briques autour de la tuyère. On
réferve une cavité au deflous de la forge : cette
cavité fert à retirer du charbon , des briques ou
d'autres chofes qu'il eft bon d'avoir fous la main»
On peut voir en H j planche 4, la difpofition
de la rorge. Il eft impomble d'indiquer les meil-
leurs moyens de la pratiquer dans un laboratoire;
cela dépend abfolument du local : mais il eft bon
d'obferver r autant qu'on le peut , de placer la
branloire à la main gauche , afin qu'en faifant
agir le foufflet, on puiflè en même temps tifon-
ner le feu avec la main droite.
Fourneau de Lampe*
Le fourneau de lampe , ainfî nommé parce*
qu'on le fait chauffer au moyen d'une lampe , eft
ordinairement conftruit en tôle noire. Comme
le feu de ce fourneau eft facile à conduire , Se
qu'il demande moins de foin que les fourneaux
3ui font chauffés avec du bois ou du charbon *
v a beaucoup de perfonnes qui font un grand
ulage du fourneau de lampe. On a par cette rai-
fon multiplié les pièces qu'on met en place
Tune de l'autre, fuivant les opérations qu'on veut
faire. En effet, le fourneau de lampe eft fort com-
mode y mais il ne peut fervir que pour des opéra-
tions en petit , & pour lesquelles il ne faut pas un
Î;rand degré de chaleur. C'eft ordinairement de
'huile d'olive qu'on emploie , ou toute autre huiUr
qui ne produit pas plus de fumée quelle en bcù-
lant %
loin.
Prôtégômtnik. kcvlj*
iftht : on fe fetc de mèche die coton. Quelque*
perfonnes fe fervent de ifcefche d'amiante bu de
fil d'or dont on réunit un certain iibmbré pou*
former un petit faifcéau: Oh met quatre ; ciitq
eu ûx meenés à la lampe , & on n'en allumé que
ce dont on croit avoir bé foin. On fe procure par ce
moyen différents degrés dé thaieur. On arrangé
Ces mèches avec des cifeaux & àVéc dé petite*
pinces à reflfort qu'on notfinje btujfelles.
La planche 5 repréfente les différentes pièce*
qui appartiehiient au fourneau de lampe.
La pièce A , fig; i , eft Un vafe de tôle noire ^
autour duquel on pratique plufieurs jours pout
entretenir Wlamp* allumée j Comme il eft tnar»
que ert Â. Oti forme uhe ouverture cihtrée eh B 4
pour faire entrer la lampe G; Là pièce G feft dé
verre , & n'a quufie ouverture bar le bas * à la-
quelle on arrange Une foupape de fer blaiîc , pour
empêcher l'huile dfe tomber lorfqu'on la met eri
place , ou qu'on l'enlevé, La pièce D eft de fe*
plane ; elle forme conjointement avec le vafe dé
verre C 1 le rélervoif qui cohtieht une provifioiï
d'huilé. Oïl a pratiqué à la pièce D , une rigolé
de fer blanc B , de cinq à file pouces de long , au
bout de laquelle on arrange les mèches : cette
rigole eft couverte j on l'introduit jufques vers lé
ihilieu du diamètre du fourneau A , afin que là
chaleur foit au centre du fourneau*
Au deiTus du fourneau , on place un vâfeE;
en tôle noire , qui fert de bain de fable : il entre
dans l'intérieur du fourneau d'environ deux ou
ttois pouces. On a pratiqué autour de cette piecer
un petit repos pour l'empêcher de defeendré plu*
qu'a rie Convient ; ce qui drriverôit fans delà j parf
Je poids du fable & du vaifleau qu'on met daai
Tvmt h i
Jfcviij Prolégomènes
cette pièce , & ne manquerait pas d'élargir 1*
fourneau. F eft une cornue de verre placée dans
ce bain de fable , au bec de laquelle on a adapté
un ballon ou-récipient G.
On peur, avec cet appareil, faire commode-
trient beaucoup de diftiilations de liqueurs fpiri-
fcitueufes & de rectifications d'huiles eftentielles.
La figure i repréfente les pièces pour diftiller
au bain - marie. La pièce À eft un vaifleau de
fer blanc qui s'adapte fur le fourneau ,de lampe ,
en place du bain de fable. On met de l'eau dans
cetcê pièce s on plonge dedans une cucurbite de
Verreoud'étain B. On adapte par deflus un couver-
cle de fer blanc C , qui ferme à feuillures, comme
tme boîte de fer blanc ordinaire. Ce couvercle eft
percé dans fon milieu d'une ouverture égale au
diamètre du col de la cucurbite. On a pratiqué à
ce couvercle en D, un petit tuyau pour introduire
de l'eau , afin de remplacer , à melure qu'il eft né-
ceffaire , celle qui s'évapore.
On pofe fur la cucurbite un chapiteau de verre
£. On te lute avec des bandes de papier enduites
de colle d'amidon ou de farine. On a imaginé
d'appliquer pat deflus ce chapiteau de verre un
réfrigérant F G : la cuvette eft de fer blanc , & ce
qui s'applique fur le chapiteau eft de plomb. Ce
métal mou eft plus facile à travailler : on lui fait
prendre volontiers la forme extérieure du chapi-
teau de Verre. On a pratiqué en F une petite
échancrure pour ne pôiriî gêner le chapiteau de
verre* Ou a foudé en G un petit robinet de cui-
vre à ce réfrigérant pour vuider l'éàu lorfqu'elle
s'eft échauffée.
. La figure ; repréfente cet appareil en entier ,
au moyen duquel on peut diftiller avec une curf
To/rv.Jfr
J?ti? . 2 .
Prolégotnenea kcit
, fcurbite de verre ou d'étain , fuivant la ftature des
fubftances que l'on traite.
DES VAISSEAUX.
Un homme en Chymie vafc où Ytiffcau, une
ftiachine creufe quelconque & de quelque ma-
tière qu'elle foit, pourvu qu'elle puifle contenir
& retenir ies corps fur lefquels on veut opérer.
Les vaifleaUx doftt on fe fèrt en Chymie , font
de différentes natures & de différentes formes;
Céft i l'Àrtifte à favoir aflortir la nature & la
forme du vaiftèau aux opérations qu'il fe pro^
jpofe de faire , & à éviter d'employer ceux <jui
leroient attaqués par les fubftances qu'on vou-
drait mettre dedahs. PlufieUrs perfonnes > fauté
d'avoir fait cette attention , font tombées dans
des erreurs : elles ont fait deflecher du fel de fondé
dans des marmites de fer : ce fel a pris fuccefïî-
vement des couleurs de mafficot & de minium t
elles ont attribué ce* couleurs à la nature du fel
de foude > tandis qu'elles viennent de la rouille du
fer que cet alkali diflbut pendant fon évapora-»
kion 8c fa defliccation.
D antres ont expofé au grand feu de la craie
dans des creufets aargille : il eft arrivé quelque-
fois à la craie d'entrer en fufioti. On a attribué
cet eftet à la violence du feu , tandis qu'on de-
Voit le rapporter à la propriété fingulieré qu'ont
tes deux matières terreufes de fe fondre & de fé
vitrifier réciproquement. La craie , comme nous
le dirons , ne peut entrer en ftilïon & fe réduire
ta verre lorfqu elle eft feule, que par un feu de là
gif •
c Prolégomènes»
plus grande violence & peut-êrre égal a celai qui
règne au foyer d'un miroir ardent.
Il eneft de même du Tel alkali fixe qu on tien-
droit en fufion pendant un certain temps dans un
creufet d'argille. Si Ton examine enfuite ce fel
alkali, on trouve qu'il contient du tartre vitriolé.
On feroit d'abord porté à croire qu'une partie de
l'alkali fixe fe feroit changée en acide vitriolique*
& combinée avec de l'alkali fixe à mefure, pour
former du tartre vitriolé ; mais pour peu qu'on
réfléchifle , il n'eft pas difficile de connoître la
véritable production de ce fel. Ce tartre vitriolé
eft formé par de l'acide vitriolique de l'argille du
creufet. Toutes ces obfervations font fumfantes
pour faire voir la néceffité de connoître les pro-
priétés des fubftances fur lefquelles on travaille»
afin de n'employer que des vaifleauxqui ne puif-
fent rien leur communiquer.
Plufieurs Chymiftes qui ont voulu faire con-
noître les propriétés des vaifleaux par des défi*
gnations générales, en ont établi 'de deux efpe-
ces, d'actifs Se depqffifs. Us nomment vaijfeaux
Actifs les fourneaux , & vaijfeaux pafpfs les vaif-
feaux ordinaires j mais cette diftribution ne fait
pas fuffifamment connoître les différents vafes
dont on fait ufage dans la Chymie. Si l'on vou-
loit donner une diviflon métnodique des diffé-
rents vaifleaux dont on fe fert en Chymie , elle
devroit être plutôt fondée fur les effets que doi-
vent produire ces mêmes vaifleaux, ou for le
fervice qu'ils doivent rendre : en les confidérant
fous ce point de vue , on pourroit les divifer en
Î)lufieuts clafles , comme nous allons eflayerde
e faire.
i9. Les vaifleaux quûfervent aux évapora-
tions.
Prolégomènes. c)
i°. Lès vâifleaux donc on fait ufage pour let
digeftions, les circulations , les infufions, &c.
Enfin tons ceux qu'on peut faire fervir dans les
opérations où R eft néceflaire que le véhicule
s'élève & retombe continuellement fur les fub-
fiances, fans qu'il fe fade d'évaporation.
3°. Les vâifleaux qui font deftinés à éprouver
la violence du feu , & qui fervent aux fufions &c
aux vitrifications.
4°* Enfin , on peut faire ufte claffe desvaiC-
féaux qui ont plusieurs ufages , & qu'on nom-
meroit la clafle desvaiffeaux pofychreRes.
Nous pafferonsici fous filence tous'les vai£-
féaux extraordinaires que les Alchyroiftes ont
imaginés pour leurs vaines opérations : ces détail*
feroient longs, faftidieux , & n'apprendroienc
rien : néanmoins il eft facile de placer ces vai£
féaux dans les clafles que nouspropofons-, parce-
que, quelque forme qu'ils puiflent avoir, ils n'ont
à remplir que les objets compris dans les quatre
claffes des vâifleaux que nous venons d'énoncer*
Nous nous contenterons donc de donner feule-
ment la defeription des vâifleaux les plus (impies»'
& <jui rfempliffentcomplettement toutes les indir
calions qu'on fé propofe«
PREMIERE CLASSE.
Des Vaifftaux, éyaporatoires divifés en trou
fictions.
Première Seqtiok»
Des Vâifleaux éyaporatoires à Vair libre*
La figure- 1 , planche (^repréfente une baffiaev
g ïlï
ci) Prolégomènes^
On en fait de cuivre rouge , de cuivre jaune t
çtamé & non écamé : on en fait aufli d'argent i
ça peut également en faire d'or. Ces vaifleaux
font très commodes pour les év^orations à l'air
libre : ceux d'argent méritent la préférence , en
ce qu'ils font d'un fervjce plus général.
La figure i repréfente une marmite de fer.
Ces fortes de vaiueaux fervent également à faire
évaporer des liqueurs : on les fait fervir aufli de
bain de fable.
La figure 3 repréfente une çapfule de verre : il
y en a de différentes grandeurs y cependant les,
plus grandes tiennent environ une pinte. Un cul
4e matras., coupé proprement, peut, de même
qu'une capfule , fervir aux évaporations > mais
lorfqu on a beaucoup de liqueur à faire évapo-
rer , on fe fert avec fuccès des cloches de verre
{Jonc les Jardiniers font ufage pour garantir les;
légumes de la gelée. Les vaifleaux de verre font
les meilleurs qu'on puifle employer pour les éva-
porations , parçequ ils ne fe laiflent point atta-
quer par les fubftances qu'on fait évaporer de-*
çans : ils ne fournirent rien par çonféquent.
La figure 4 repréfente une terrine de grès. Ces
fortes de vaifleaux font très bons pour fayre évapo-
rer des liqueurs falines acides , comme des diflo-
Jutions métalliques, &c. Les terrines de terre
verniffees fop t très ppreufes , & conviennent à
fon peu d'opérations. Qn fe fert encore avec
fuccès de vaiffeaux de porcelaipe pour évapora-
toires : ces fortes de vaifleaux, loriqu ils font de.
porcelaine très dure , font aufli bons que ceux
de verre.
La figure 5 repréfente une çucurbite. Oii en
fait de métal , de verre , de grès, de terre cuite >
Prolégomènes. eiij
de porcelaine , &c. On fe fert fouvenc de ces for-
ces de vaiffeaux pour faire évaporer des liqueurs*
On fait choix de ceux qui font de large ouver-
ture , parceque les évaporacions fe font plus facile*
ment.
Seconds Section.
Des Vaijfeaux évaporatoires clos.
Ce que nous entendons défigner par vaifleaux
évaporatoires clos , font ceux qui iervent pour
les diftillations & pour les fublimations. Ces for*
tes de vaifleaux font faits pour faire évaporer les
liqueurs , comme les précédents , avec cette dif-
férence cependant , que les fubftances qui peu-
vent fe difliper , font reçues dans un vaiueaa
adapté à celui qui contient la fubftance qui doit
s'évaporer.
La première figure de la féconde feâion des
vaifleaux évaporatoires repréfente une cornue : on
en fait de grès, de verre , de terre verniflee : on
en fait aufli de fer de fonte. Les cornues de verre
ou de grès font celles dont on fay: le plus d'ufage
dans les opérations de laChymie. On choifit cel-
les dont la panfe eft alongée en poire : elles font
plus commodes , & elles tiennent davantage de
matières fous le même volume. On a attention
auflï à la forme de la partie fupérieure qu'on
nomme la voûte delà cornue : elle doit être large *
peu élevée , Se former avec le col du vaiileau un
cône allez régulier. A Tégarddu bec de la cornue,
il peut être plus ou moins large ; cela dépend desr
matières qu'on veut foumertre à la diftillarion,
Lorfquon diftille des fubftances qui doivent
fournir quelques ftibliroés, on a attention de fe
g iy
piy Prolégomènes*
fervir d'une cornue qui aie le bec fort large , au-
trement il s'engorgeroit pendant le cours de l'o-
pération , & le vaifleau fçroit en danger de fe
*atfer.
Il arrive fouvent pendant le cours d'une diftik
Jation , qu'on a befoin d'introduire dans la cor-
pue quelques fuoftances \ dans ce cas, on fe ferf
d'une cornue qui a une quverture à la partie fupé-
rieure. On nomme cette ouverture tubulure , &
tarnue tubulée celle qui a ainii un tube. Cette
cornue eft repréfentée par la figure i. On ferme
cette ouverture avec un bouchon de cryftal ufé à
l'émeri l'un fur l'autre. La tubulure qu'on prati-
que aux cornues de verre , eft , pour l'ordinaire ,
malfaite \ elle eft trop mince , Se ne peut fuppor~
ter le bouchage : on ne peut tout au plus qu'y ap?
pliquQP un bouchon de liège. Lorique l'opéra-
tion exige qu'on fe ferve d'une cornue tubulée A
il faut avoir recours ï une cornue de cryftal ou de
grè^.On foigne davantage les cornues de cryftal ï
elles font plus épaifles que celles de verre : leur
tubulure eft plus fqrte , & peqt fupporter le bou-
chage. ' ;
La figure j repréffente un alambic de verre de
deux pièces. Le vailïcau fupérieur fe nomme
thapitca > y & celui qui eft au-deflbus fe nomme
la cuçurbitt* On fait des alambics de métal. J'ai
donné dans mes Eléments de Pharmacie la def-
çripçiqn d'un alambic de cuivre à bain marie d'éi
«air. : voyc$ cette defeription, On fait aufli des
^Jambics de fes de fonce avec le chapiteau de me-
pie matière, ou on fe ferc d'un chapiteau de verre*
On çn feit d'argent > de grès • de terre vernifTée ,
Çcc. * ' \ ^ •
11 en eft 4e la diftillation dans les alambics ?
Prolégomènes. çv
comme de celle qu'on fait dans des cornues s
en eft quelquefois obligé d'ajouter des fubftan-
ces pendant le cours des opérations $ 8c pour ne
point interrompre la diftillation , ou pour ne
point déluter les vaifleaux, on fe fert d'un chapi-
teau percé par la partie fupérieure qu'on nomme
pareillement chapiteau tubulé. On bouche de me-*
me cette tubulure avec un bouchon de cryftal
ûfé l'un fur l'autre avec de lémeri.
Il arrive fouvene que le lut qu'on emploie
pour former les joints du chapiteau & de la cu-
eurbite ne peut réfifter aux vapeurs qui s'é*-
lèvent pendant la diftillation ; dans ce cas , on
fait ufage d'un alambic d'une feule pièce , c'eft-
i-dire, dont le chapiteau & la cucurbiip tiennent
enfemble : on pratique feulement une ouverture
à la partie fuperieure du chapiteau , par laquelle
on introduit les fubftances à diftiller , & on
bouche cette ouverture avec un bouchon decryf*
rai ufé à l'émeri. Ce vaifleau eft représenté fig. 4,
T^Q I S 4 E M E SECTION,
J?es Récipients.
On nomme récipients des vaifleaux propres i
recevoir les fubftances qui s'élèvent des vaifleaux
diftillatoires. Les récipients ont différentes for-
mes qui font relatives aux vuçs qu'on a dans les
opérations.
La figure première représente un ballon de
verre percé d'un petit trou à la partie fuperieure.
Ce vaifleau eft fait pour être adapré au bec d'une
cornue de grès ou de verre : on lute les joints avec
du lut dont nous parlerons bientôt. Le petit trou
pratiqué au ballon , eft tr$s commode pour fairç
cvj Prolégomènes.
évacuer Tair trop raréfié qui fe dégage de la
Plupart des fubftances qu'on diftille ; il fert auflî
faciliter la fortie dune partie des vapeurs trop
dilatées qui pourraient faire crever le ballon. On
prévient cet accident en débouchant de temps en
temps le trou de ce vaiffeau : on le bouche
avec un petit brin de bois , ou avec un peu do
dke molle. Lorfqu on adapte le ballon 1 la cor-.
xme , on a l'attention de le tourner pour que la
petite ouverture fe trouve fur le côte , & non en
deftiis. Cette partie du ballon eft celle qui s'é-
chauffe le plus, & qui reçoit immédiatement le*
vapeurs qui fortent de la cornue j il fe difliperoit
beaucoup plus de vapeurs , fi l'on plaçoit ce petit
trou en defliis.
Dans beaucoup de diftiilations , il pafle en
même temps des fubftances liquides Se de$
fubftances concrètes , telles que des fels vola-
tils. Si Ton fe fervoit du ballon dont nous
venons de parler , ces fubftances fe confon-
draient , la partie liquide fe charger oit jufqu'au
point de faturation des fels concrets. Pour remé-
dier à cet inconvénient , on fe fert d'un ballon
tubulé qui eft repréfenté par la figure i. On place
la tubulure en en bas , & on y adapte une bou-
teille qu'on lute bien. Ce ballon eft également
percé au milieu de fa capacité d'un petit trou ,
comme le précédent, &qut fert au même ufage.
Au mçyen de ce vaifleau, la partie liquide coule
à mefure dans la bouteille inférieure y les fels
volatils concrets reftent fecs dans le ballon , Se
en tapiflent l'intérieur. La liqueur qui tombe dans
la bouteille eft néanmoins chargée de fel , & elle
Je laiflè cryftallifer par le refroidiffement.
On varie , fuivant les çirconftances^ l'appa^ty
Prolégomènes* evij
des vaUTeaux propres ï féparer pendant la diftii-
Jation les fubftances feches d'avec les liquides ;
on fe fert avec {accès d'un vaiflèau de verre de
figure conoide qu'on nomme alonge. Ce vaif-
feau eft repréfenté par la figure j j il eft percé
>ar les deux bouts : le côté A s adapte au bec de
a cornuç, & le coté B entre dans le col d'un bal-
on ordinaire , ou dans celui d'un ballon tubulé
: èmblable à la figure a. Les matières feches con-
crètes fe fixent & s'arrêtent dans le premier ballon
ponoïde , que nous avons nomme alonge ; la fub*
fiance liquide coule dans le fécond ballon. On
fait en verre des alonges de plufieurs grandeurs ,
depuis un demi-feptiej: jufqu'à vingt pintes. Il
convient de proportionner la capacité de ce vaif-
feau à la quantité de fubftances feches qu'on
efpere obtenir. Il faut encore avoir la plus grande
attenrion d'empêcher qu'il ne fe bouché par fon
extrémité B, pareequ'il ne refteroit plus aflez
d'efpace pour la circulation des vapeurs raréfiées
qui fortent de la cornue ; les vaifTeauxferoient en
danger de crever.
Quelques perfbnnes ont proposé d'ajufter, au
moyen des alonges , une file de vaiffeaux adap-
tés les uns aux autres , afin de donner plus d'ef-
pace aux vapeurs , & de faciliter par-là leur con-
denfation. On a donné à cet appareil de vaif-
feaux le nom de ballons enfilés* Cet appareil eft,
abfolument inutile , & il n'y a point d'opération
où l'on ne puitfè s en palier facilement : il a l'in-
convénient d'être embarraflant , à caufe de beaur.
coup de jointures à luter, & il arrive preique tou-
jours que les luts manquent par quelques en-
droits. Cet appareil n'a que de l'éclat, & fert
{ppYent de voile pqur cacher l'ignorance de celui
tvîîf Prolégomènes.
qui croie qu'on ne peut fe difpenfef d'en faire
ufage ; c'eft là le plus grand mérite de cet appa-
reil: les vaiffeaux & les appareils les plus (im-
pies font toujours les meilleurs. D'ailleurs il
arrive conftamment que lorfqu'on diftille desfub*
ftances très raréfiables , il ne feconden fe rien ,
tant que l'air renfermé dans les vaiffeaux n'eft
point faturé de ces mêmes fubftances : il eft donc
inutile de multiplier le volume de Pair en multi-
5 liant le nombre des vaiffeaux , fous le prétexte
e faciliter la condenfation des vapeurs.
La figure 4 repréfente un vaiffeau qu'on nom-
me mettras : il ne diffère du ballon que par la lon-
gueur de fon col. Ce vaiffeau fert quelquefois de
récipient j mais il eft incommode lorfquece qu'il
doit recevoir pafle en vapeurs chaudes. Le col fe
fendprefque toujours longitudinalement ; il vaut
mieux par cette raifon employer un ballon. Le
marras fert pour les digeftions , les diflblutions ,
lesfublimations, &c> Ce vaiffeau eft polychrefte.
On donne au matras différentes formes : on en
fait à culs plats qui fervent à la calcination du
mercure : les matras minces font moins fujets à
fe cafter par le contrafte du froid & du chaud %
que les matras épais. Ceux qui ont un ponris au
cul fe caffent avec la plus grande facilite. Les ma-
tras qui paflent le mieux du froid au chaud fubi-
tement , font ceux qui font d'une égale épaiffeur
par-tout : tels font les fioles à médecine & les pe-
tits matras dans lefquels vient le vin de Syra-
eufe.
La figure 5 eft un récipient qui fert pour la dif-
tillation des huiles eflentielles. J'en ai parlé dans,
fties Eléments de Pharmacie.
La figure 6 eft un ferpencin de verre * on U
2BT.
Tcm.t'.
\xtàrirôf à lâir librtf JÏ'Jecùbn .
\ponifowuf c&r, 2%Jccâûn<,
^ùns> 31" Jectwn>.
n
Prolegoments. rît
place dans une cuvette de verre ou de faïance
remplie d'eau froide : il fert à rafraîchir & à con-
denser les vapeurs qui font condenfables par et
moyen. On en fait de métal a comme de cuivre »
détain, &c. J'ai parlé dans mes Eléments de Phar-
macie des ferpentins, des avantages & des incon-
vénients de cesvaifleaux : voye% cet article* Ce que
j'en ai die eft applicable à ceux qu'on voudroic
faire en verre ou en grès pour la diftillation des
acides minéraux qui doivent être confervés dan*
le degré de concentration où ils fortent de la cor*
nue. Il ne faut pas , pour leur conferver ces qua-
lités, employer de l'eau trop froide» parcequ'ello
condenfe l'humidité de l'air contenu dans là ca-
pacité du ferpentin , & que cette humidité fo
mêle avec les acides minéraux qui en font fore
avides.
SECONDE CLASSE.
Des Faijfcaux circulatoires.
Les vaifleaux circulatoires font très nombreux
& très compliqués chez les Alchymiftes j mais
comme nous reftreignons tous les vaifleaux à leur
véritable ufage , nous ne parlerons que de deux
vaifleaux circulatoires, pareequ'ils font fulfifants*
& qu'ils sempliflent toutes les indications qu'on
fe propofe.
On nomm# y ai ff taux circulatoires ceux donc
l'effet eft de permettre aux liqueurs de s'élever eij
vapeurs , & de condenfer ces mêmes vapeurs qui
retombent en gouttes dans la capacité du même
vafe^ces fortes de vaifleaux fopt en mêmetempa
vaifleaux diftillatoires & récipients.
La fig. j, plaach. 7, reprtfeate d^u* matras quî|
tt Prolegoimeheii
entrent l'un dans l'autre. Le matras infétieutdoit
être le plus grand : le col du matrasf upérieur doit
entrer dans le col du premier vaifleau , afin que
les vapeurs quife consentent puiflenn couler dans
le matras inférieur : on nomme cet appareil vaif*
féaux de rencontre. On lute lès jointures des vaifc
féaux avec du papier enduit de colle , ou avec de
la vertîe de cochon mouillée & aflujettie avec du
gros fil: Comme il n y a aucune ouverture à ces
vaiflèaux par où l'air ou les vapeurs trop raréfiées
puiffênt s'évacuer , il eft important de ne leur ap-
pliquer qu'Un léger degré de chaleur , fans quoi
on court iesrifques de les faire crever. Il eft, par
cette raifon , plus prudent de ne faire ufagd
de ces vaifleaux , que lorsque cela eft indifpenia-
blement neceflaire : on emploie en place un ma-
tras dont on coëtfe l'ouverture avec de la veflïé
mouillée & affujettie avec du gros fil. On prati-
que au milieu de cette veflïe un petit trou avec
une épingle : cet appareil (knple remplit fans dan-
ger prefque toutes les indications qu'on fe pro-
pbfe. Les vaifleaux de rencontre ou le matras (im-
pie , comttie nous venons de le dire , fervent au*
digefUons , aux macérations , aux ihfufions , &c.
La figure i eft un vaifleau qu'on nomme pe7i*
can ; c'eft un alambic d'une feulé pièce : aux deux
eètés oppofés font deux tuyaux ou deux becs re-
courbés qui prennent naiffance dans la gouttière
du chapiteau., et qui viennent aDbutir dans bt
capacité de lacucurbite. Les vapeurs qui s'étevenc
fe condenfent dans le chapiteau , 8t retombent
dans là cucurbite. La partie fupéiieure du chapi-
teau eft garnie d'un tube ouvert , fort épais , te
ju'on bouche avec un bouchon de cryftal ufé l'art
ait l'autre avec de l'émeri ; c'eft pat cette ouves*
?'
Prolégomènes. dj
turé qu'on introduit l«s matière^ & qu on les ôte
lorfqu elles ont fuffifamment digéré. Les Aichy-
miftes ont imaginé de faire faire des pélicans qui
ont jufqu'à fix tuyaux , pour rapporter tes vapeurs
cpndenlées dans la capacité de la çucurbite. Ils re-
gardent ces yaiiTeaux comme meilleurs que les
autres, pareequ'ils font plus compliqués. On peut
très bien dans toutes les opérations de la Chymie
fepaflerdu pélican (impie : on peut avec les vaif-
féaux. circulatoires dont nous avons parlé, faire
tputes les opération de digeftions, dWuiioni
& de circulations.
TROISIEME CLASSE
Des Vaijftaux propres à la fufion j à la
vitrification j &c.
Comme ces vaiflçaujc font deftinés a éprouver
faâkm immédiate du feu, ils doivent être très
réfraâaires : ils font expofés à fondre par la cendre
des matières coftbuftibles} fouventles fubftances
Î qu'ils contiennent fervent encore de fondant à la
ubftance terreufe dont ils font fabriqués. Ces.
fortes de vaifleaux ont différentes formes , & ont
des noms diftinâs. Nous donnerons dans cet
Ouvrage un article fur la meilleure maniéré de
çonftmire ces fortes de vafes.
La figure i , planche 7 , repréfente un creufet
triangulaire , tel qu'on les fait à HefTe-Caflel. : ces
fortes decreufets font- les meilleurs qu'on con-
aoifle à Paris,
La figure i repréfente un creufet rond avec
rçn petit bec pour couler la matière quand elle
cft tondre. C eft la forme qu\>a donne »ip creur
cîîj ' Prolégomènes.
fets qu*<3ri fait à Paris i dans la rue Mazâriné.
Ces cr<3 ufets font faits avec une argille très fufible ,
& ne réfiftent point i da grands coups de feu : ils
fé foridenteux-mêtnes«
La figure j , représente! Un treiifet <ju on
nomme tute. Ces fortes de creufets fefont à Heffe-
Caflel : ils font très réfraâaites, & réfiftenc i la
plus grande violence du feu. Ils ont une forme
ronde qui finit en cône par le bas > avec une petite
ouverture à la tiartie fupérieure* Cette forme eft
très avantageuse pour raflembier le métal dans les
eflais qu'on fait des min 69.
La figuré 4 repréfente une petite aflïette de?
terre cuire qui fert à calciner des mines & dfes
ftiaf ieres métalliques. On nomme ce vaiffeau têt
à rôtir \ ou catin. Ces fortes devaiflèaux doivent
être larges & plats* , fort unis , afin de pouvoir
ramaffer commodément les chaux métalliques ou
lés poudres qu on met dedafts.
' La figure 5 repréfente uiïe coupelte : c'eft un
petit creufet large & évafé , creùfé à-peu-près eu
demi-fphere , & ayant la figure d'une coupe.
Cette efpece de creufet eft fait avec defs os de pieds
de mouton dalcïnés , pulvérifés, paflfés au tarins de
fdie , & bien lavés. On pétrit cette poudre avec
de l'eau, & on forme les coupelles dans un
moule.
QUATRIEME CLASSE
Des Faiffeaux poiychreftesé
Les vaifleaux polychreftes font ceux qui n'onf
I^ôint d'ùfage particulier pour lès opérations de
Cfiymie , niais qui ferveût à plufietfrschofes , tels .
que des verres, des bocaux , de» bouteilles, des
entonnoir»
m.
Tû/n. iT
Fai<sjauœ CircuZatotre^ .
.1.
v*w-^
ssautv vûiw la/ Jujwn è&
h. Pîém/fiaiàen .
Prolégomènes. exiij
entonnoirs de verre , des caraffes , des mortiers
de verre, &c. Il eft inutile de faire la description
de ces forres de vaifleaux , ainfi que de les faire
graver, pareequ'ils font connus de ceux même
qui ne s'occupent point de la Chymie.
Manière de couper & de percer des ballons de verre
-& autres vaiffeaux*
Les vaiiTeaux, fortantdèla verterie, ne font
point appropriés, &ne peuvent fervir aux opéra-
tions. Les ballons ont le col trop long , Bc ne
font point percés ; les becs des chapiteaux ne font
point ouverts , &c. Le Chymifte eft obligé d'ar-
ranger ces vaifleaux, & de les mettre en état de
fervir.
On parvient à couper le col des ballons de plu-
fleurs manières. i°. A deux ou trois pouces au
deflus de la naiffance du col de ce vaifTeau , on
trace avec une pierre à fufil une ligne circulaire
autour du col au ballon ; & pour ne point tracer
cette ligne au hafard , on colle avec de la colle
forte un cuir mouillé & fouple autour du coi du
ballon, à l'endroit où on veut le couper: ce cuir
fait un point d'appui, & empêche que la pierre à
fufil ne glifle, & ne fafle des traces de travers*
Lorfque la première pellicule du verre eft enta-
mée, on pafle dans la trace faite par la pierre à
fufil une bonne lime à trois quarts , Se on prend
de préférence une lime d'Angleterre , parce-
au elles font plus dures & meilleures. Il arrive
Kmvent qu'après avoir fait agir la lime une feule
fois autour de la trace , le col fe détache de lui-
même. S'il n'eft pas coupé par certe feule opéra-
tion , on continue de taire agir la lime jufqu'à ce
Tome L h
s
cxiv Prolégomènes.
ue le col foit coupé. Ce moyen de couper le coi .
es ballons eft un des meilleurs & des plus
sûrs.
i°. Après qu'on a tracé avec la pierre à fufii &
la lime une ligne circulaire aucour du col du bal-
lon , on enduit légèrement de térébenthine une
mèche de coton qu on applique fur la trace , &
avec une lumière on enflamme la térébenthine :
{rendant qu'elle brûle , on tourne le ballon pour
a faire brûler également: lorfque toute la téré-
benthine eft brûlée , on met avec le bout du doigt
une goutte d'eau ; elle fait détacher aufll-tôt Te
col du ballon à l'endroit tracé ; mais il arrive fou-
vent que le col fe cafle à côté : il faut un peu d'à-
drçfTe & d'habitude pour couper les cols de bal-
lons par ce procédé.
3°. Quelques perfonnes propofent d'appliquer
far le coi du ballon après l'avoir trace avec la
pierre à fufil & la lime, un cxoilTantde fer qu'on
a fait rougir auparavant : on met avec le bout du
doigt une goutte d'eau fur l'endroit chauffé , fi le
fer rouge n« fuffit pas pour faire tomber le col :
ce moyen réuflît encore aflèz bien } mais il a quel-
quefois l'inconvénient de faire fendre le col res-
tant au ballon.
4°. On coupe encore le col des ballons avec
une petite roue de cuivre garnie d'émeri &
d'huile j on la fait tourner par une grande roue
perpendiculairement dans le fens des meules de
Couteliers : on préfente le col du ballon à l'en-
droit où on veut le couper : on le coupe très pro-
prement par ce moyen , & le ballon eft moins ex-
pofé à être caifé. Il y a à Paris pliifieurs flacon-
niers qui coupent ainfi les cols des gros ballons
pour une fomme modique. Après qu'on a coupé
Pràïégomenei. - tktf
le col des ballons par les autres procèdes dont
ftous venons de parler , il confient de parler une
lime fur les bords , 6c de les frotter legérernênt
pour ôrer les vives arêtes , afin de ne poirît fé
couper les mains en Us palTant autour du toi dé
ces vaifTeaux*
On coupe dé là manière que nous Venons dé
dire , les matras pour en faire des ballons , lé
bout dés bées des chapiteau* , &c.
11 m'eft arrivé plufieurs fois de cdujter êii rnê-*
rne temps les cols de vingt-quatre gros matras 4
par le moyen d'une icie , avec de leau & du grès *
tomme bn feie de la pierre. J'arrangeais , par lé
taoyen d'une corde tendue , les ballons les uns à
côté des autres. Je faifois répondre perpendicu-*
lairément à la corde l'endroit où je voulois toi**
>et le col de chaque itiatras : je mettois les glcn
>es des matras alternativement * l'un à droite, &
'autre à gauche , afin d'occuper moins d'étendue \
orfque les matras étoient ainfi difpofés , je reftv*
pliflois lès efpaces vuides avec du plâtre gâché * afiri
S iue les marras fuderit bien aflajettis j alors je bé*
ois fur le plâtre , 8c à l'endroit défigné , une icié
légère , fëmblable à celles qui fervent à feier de ta
pierre avec de l'eau ic du grès égrugé : je feiai led
vingt-quatre matras à la fois. Ce moyen eft ejtpé-*
ditif pour couder beaucoup de vaiffeaUx à là fois 5
& il m'a très bien réuffi*
Lorfqu'on veut percer tifi ballori < & y ptàtU
quer un petit trou , on corhmence par choifir âli
milieu du ventte du ballon une petite bulle biefl
tonde. Le verre ^ dans ces bulles , eft feuilleté ^ Bt
forme au moins deux couches l'une fur l'autre f
rentre-deux eft vuide i lorfdu'on â choifî la bttllé
de la grandeur & de la rondedr coriverlable * ôfl
hij
cxvj Prolégomènes.
•frotte deffus avec la pointe d'un burin trempé
bien fecj le verre s'égrène, & on a bientôt en-
tamé & égrené la première pellicule du verre ;
elle forme une petite profondeur qui retient l'ou-
til , & l'empêche de gliiïer : on fait la même opé-
ration avec la pointe du burin fur la féconde pel-
licule du verre qui fe préfente. Avec un peu d'a-
dreflfe , on parvient à percer le ballon : alors , avec
la pointe a une petite lime ronde , on arrondit le
trou , & on l'élargit autant que l'on veut ; mais il
faut avoir la plus grande attention de ne jamais
forcer la lime à entrer : û on la ferroit dans le
trou, elle feroit éclater le ballon.
Les cornues de grès tubulées font ordinaire-
ment fi mal percées , qu'il eft impoflibie de bou-
cher exactement cette ouverture que les ouvriers
ont formée en fabriquant ces fortes de vaifleaux;
il vaut mieux prendre des cornues non tubulées,
& les percer foi-même. On y parvient facilement
par le procédé fuivant.
On s'affied fur une chaife , & on pofe fur fes ge-
noux unef cornue de grès: avec un poinçon d'acier .
trempé & un petit marteau , on frappe circulai-
rement à l'endroit où l'on veut percer la cornue :
on continue ainfi de même jufqu'à ce qu'il y ait
une petite ouverture à jour : on arrondit & on
agrandit le trou en y partant une lime ronde ;
alors on prend un bouchon de cryftal dont i'ex-.
trémité puifle entrer dans cette ouverture : on
tourne ce bouchon avec de l'eau & du fablon dans
l'ouverture qu'on a pratiquée à la cornue , afin de
les ufer l'un fur l'autre. On peut, fi l'on veut,
avec de l'huile & de i'émeri, polir le bouchon &
la tubulure de la cornue , en les frottant l'un dans
l'autre avec de ce mélange. Cette manière de tubu-
Prolégomènes. cxvïç .
1er lés cornues de grès eft préférable à toute autre-
qu'on voudroit employer.
Il y a dans Paris pluheurs boucheurs de flacons >
qui percent tes vaiffeaux de verre & les corni^p
de grès : ils fe fervent pour cela d'une broche
creufe qui tourne par le moyen d'une roue : la
{>iece coupée entre dans la broche qui produit
'effet d'un emporte-pièce. Ce moyen réuffit a
merveille, lorfqu'on a befoin d'une ouverture de
plufieurs lignes de diamètre; mais lorfque les
trous ne doivent être que de grandeur à rece-
voir Pintrodu&ion d'une épingle, les ouvriers
font fujets à faire éclater les vaiffeaux de verre.
Les vaifleaux de grès réfiftent mieux à Teffort de
cette efpece de foret , & ne font points fujets à
s'éclater.
hilf
pçvUj Prolégomènes^
t"MJILi>- ^
DES L U T S.
•
Un facilite le (accès de beaucoup d'opération?
de Chymie, i l'aide de différents mélanges qu'on
nomme luis, 11 y a des lues qu'on applique ait
corps des vairteaux qui reçoivent l'a&Lon immé-
diate du fep , afin de les garantir de la fufion ou
des fradures eue le feu pourrait leur occaûonner,
Ce$ fortes de lut? doivent être peu ou point fofi-
ble§ au grand feu. 11 y a d'autres lues qui font def-
t[nés à boucher les efpaces que laitfent entre leurs
cols des vaifteaux qu'on joint enfemble , afin
d'empêcher la fortie des vapeurs qui s'élèvent
pendant les diftiilations. Les luts propres à ce
dernier ufage font de différentes efpeces , & doi-
vent être de nature à réfifter à Pa&ion des va-
peurs , fans fe diflbudjre & fan,$ fe délayer par cçs
pépies vapeurs,
£14$ propre à luter les cornues de verre & de grès
qui doivent /apporter un grand feu^
On mêle enfemble deux livres de terre à four ,
autant de fablon blanc , une livre d'argiile bleue
lin peu fufible , & environ une once de bourre.
Qn délaie ces matières dans une fuffifante quan-
tité d'eau pour former une pâte molle qui s'atta-r
çhe facilement aux mains. Il eft eflentiel de pé-
trir ce mélange long-temps, jufqu'à ce que la
fourre foit parfaitement délayée & bien mêlée \
§ e qui eft long & difficile ; alors le lut eft fait.
kç>rf<ju, on Yeijt appliquer ce l«t fur \me çoç^
Prolégomènes. cxix
nue , on prend dans une main une certaine quan-
tité de ce mélange , & 4e l'autre on tient la cor-
nue par le col : on pofe ce lut fur la cornue , &
on Petend le plus également qu'il eft poiïible. On
obferve qu'il y en ait fur la cornue une épaifïeur
de cinq a fix lignes : alors on fait entrer dans le
col de cette cornue un bacon fiché dans une table >
& on laitfe le lut fe fécher à l'air. Lorfqu*il eft fec »
on ôte avec un couteau une partie du lut, pour
n'en laifler qu'une épaifleur de trois ou quatre
lignes par-tout : on .arrange de même le lut au-
tour des ballons % des n^atras» des. cornues de
grès , &c.
Le lut dont nous parlons eft un peu fufibJe au
grand feu , & il eft néceflake qu'il le fbit un peu i
fans cela il fe gerceroit en cuiiant , & fe détache»
roit par écailles. Lôrfqu'on préfume que le degré
de feu qu'il doit fupporter fera incapable de lui
occafionner quelques degrés de fufion , on aug-
mente fa fufibilite , en ajoutant dans^le-mêiange
«ne once ou deux de litharge , ou de minium j oa
bien on fe contente d'appliquer lune ou l'autre
fubftance à la furface du lut avec un pinceau ^
{>our cela, on broie: avec de l'eau ou avet de
liuile de lin , la litharge ou le minium , afin de
former une pâte liquide : on applique par-deflus
le lut de cette pâte liquide , par le moyen d'un
pinceau , & on laiiTe fécher à l'air cet enduit.
On applique encore le lut aux vaifleaux de la
manière iuivflhite. On délaie dans de l'eau le lut
terreux dont nous avons parlé , pour former une
bouillie un peu claire : on plonge une cornue dans!
cette bouillie ; il s'applique à fa furface un cou-
che de lut. On tourne en tous fens le vaiffeau au
deiTus d'une réchaud de feu , afin de faire diflipei:
h iit
cxr ' Prolégomènes.
l'humidité , & que le lue ne fe raflemble pas ï
une feule place. Lorfquil eft bien fec , on plonge
de même la cornue dans le lut réduit en bouillie ;
on fait pareillement fécher cette féconde couche :
on continue ainfi de fuite jufqu a ce qu'il y en ait
d'appliqué de répaifleur qu'on délire. Quand le
lut eft parfaitement fec > on ôte avec un couteau
les endroits trop épais : on raccommode les ger-
çures, s'il s'en trouve, avec un pinceau plongé
dans le même lut , qu'on pafle à plusieurs repris
ies , jufqu'à ce qu'elles foient bien fermées. L'une
Se l'autre manière de lutet les cornues font éga-
lement bonnes.
Lut pour luter les jointures des yaijfeaux.
Le lut le plus limple pour luter les jointures
Aes vaifleaux , eft d'appliquer deflfus , de la veffie
bien mouillée ^ 6c de 1 affujettir avec du (il. L'eau
délaie de la furface intérieure de la veille une
matière mucilagineufe qui fe colle très bien au
verre > & qui y adhère beaucoup en féchant. Ce
lut fuffit pour empêcher la diflîpation des li-
queurs aqueufes , Se même des vapeurs fpiri~
tueufes Se inflammables j mais il n'eft point en
état de réfifter aux vapeurs faiines , acides ou al*
kalines volatiles.
La colle d'amidon ou de farine cuite avec de
l'eau , étendue fur des bandes de papier , & ap-
pliquée fur les jointures des vaifleaux , forme en-
core un fort bon lut pour les ufages dont nous
venons de parler ; mais il eft de même incapable
de réfifter à l'aâdon des vapeurs des acides mi*
ncraux.
Prolégomènes. cxxj
Lut de chaux & de blanc d'œufs.
On met dans une écuelle de grès deux ou
trois blancs d'œufs , avec à-peu-près autant d'eau :
on fouette ce mélange avec la main pour délayer
les blancs d'œufs : on ajouté une fumfante quan-
tité de chaux éteinte à l'air , & paflee au tamis de
foie , pour former une pâte liquide : on met avec
les doigts de ce lut fur des bandes de linge éten-
dues fur une planche ou fur une table , &on qn
garnit les deux côtés du linge : on applique ces
bandes de toile fur les jointures des vameaux : on
met fucceflivement plufieurs bandes Tune fur
l'autre , & on les aflujettit avec de la ficelle.
Il faut employer ce lut auffi-tôt qu'il vient d'ê-
tre fait, parcequ'il fe grumele & fe durcit promp-
tement comme du plâtre qui vient d'être gâche :
lorfqu'ii s'eft ainfi grumelé, il ne peut ni coller
ïii s'appliquer exa&ement.
On fait avec du fromage blanc , qu'on nomme
à Vzrisfromagc à la pie y 6c de la chaux éteinte 1
l'air, un lut peu différent de celui dont nous ve-
nons de parler , & qui eft aufli bon. On prend la
quantité que l'on veut de ce fromage : on le dé-
laie dans une fuffifante quantité d'eau pour for-
mer une forte de bouillie que l'on exprime au
travers d'un linge : on ajoute à cette liqueur de la
chaux éteinte à l'air,- pour former une pâte fem-
blable à la précédente, & on l'emploie étendue
fur des bandes de linge , comme nous l'avons dit
pour le lut de chaux & de blanc d'œufs.
Lut d'âne.
Le lut qu'on nomme lut d'âne ne diffère du lut
cxxij Prolégomènes,
de chaux & de blanc d'œufs qu'en ce qu'on em-
ploie de la colle forte au lieu d'eau : ainfi , pour
compofer ce lut , on fait diflbudre dans de l'eau
bouillante un peu de colle forte , & on obferve
que cette diflolution foit liquide, & ne puifle
3ue s'épaiffir , fans fe figer en eelée par le refroi-
idement : on mêle cette colle avec autant de
blanc d'œufs en volume ou en poids : on bat avec
une main ces deux fubftances , & on ajoute une
fuffifante quantité de chaux éteinte a l'air & paf~
fée au tamis de foie : on forme du tout une pâte
liquide : on emploie ce lut étendu fur des bandes
de linge , comme nous l'avons dit pour les luts
précédents. Le lut d'âne fert à raccommoder les
vaiflèaux caflés, & à tenir unies enfemble les
pièces qui en auroient été féparées. Ce lut a une
très grande ténacité; néanmoins les vaiflèaux
qui en font raccommodés ne peuvent plus fervir
à contenir des chofes liquides : les liqueurs s'in~
finuent toujours entre les joints , coulent & dé-
tachent ce lut au bout d'un certain temps ; mais
comme ce lut eft fort tenace , les vaiflèaux qui en
font raccommodés peuvent très bien contenir
des fubftances feches.
Les différents luts dont nous venons de parler ,
font très bons & très tenaces $ mais ils font inca-
pables de réfifter à 1 aâion des vapeurs acides : ils
font détruits en peu d'inftants: ils font égale*
ment trop poreux pour retenir complettement les
vapeurs de l'alkali volatil } il faut employer du
lut gras lorfqu'on a affaire à de femblables va-
peurs , fur lequel les acides n'ont que peu ou
point d'aâion.
Prolégomènes. cxxiij
Lut gras.
On prend la quantité qu'on veut d'une bonne
argilie grife ou bleue , pourvu quelle ne con-
tienne point de terre calcaire : on la lave , comme
nous le difons à l'article de la faïance & de la
porcelaine ; on la fait fecher ; on la réduit en
poudre fine qu'on pafle au travers d'un tamis de
foie ; alors on met dans un mortier de fer ce que
l'on veut de cette argilie ; on ajoute une fuffi-
iante quantité d'huile de lin cuite : on pile for-
tement ce mélange, & long-temps, fufqu'à ce
qu'il foit exaû , Se qu'il forme une pâte un peu
folide qui n'adhère point aux mains : c'eft ce que
l'on nomme lue gras. Ce lut eft excellent pour
luter les joints des vai(Teaux dans lefquels on
diftille tes acides minéraux : les vapeurs de ces
acide? n'ont prefque point <fa£tion fur lui , & il
réfifte ordinairement plus de temps qu'il n'en faut
Iiour achever ces fortes de diftillations. Ce lut a
'avantage précieux de ne jamais fe fecher au
point de durcir affez pour mettre les v ai (Te aux
en danger d'être caflTés lofqu'on vient à les déluter.
0 eft également propre & même meilleur oue tout
autre lut, pour retenir les vapeurs de Palkàli vo-
latil. Le lut de vitrier qui eft fair avec de la craie
en poudre & de l'huile de lin , eft également bon
pour les diftillations d'alkali volatil ; mais il a l'in-
convénient de fe deflecher & de durcir pendant;
les opérations , au point qu'il «ft prefque impoC*
fible de déluter les vaitfeaux fans les ça (Ter,
On peut faire d'avance beaucoup de lutgras^
$£ en avoir en provifion : celui qui eft fait depuis
une année , eft plus liant Se vaut mieux $ mais il
cxxiv Prolégomènes.
faut le conferver à la cave dans un pot de grès
qu'on bouche avec un couvercle* Lorfqu il eft
devenu trop fec , on le ramollit en le pilant dans
un mortier de fer , & y ajoutant une dofe conveT
nable d'huile de lin cuite. Le lut qui a fervi à
une opération peut reffervir à une autre $ cepen-
dant c'eft lorfqu'il ne s'eft point brûlé pendant la
diftillationâl peut reflet vir ainii de fuite un grand
nombre de fois \ il n'en devient que plus liant 8c
plus tenace. On bonifie même le nouveau lut gras
en le mêlant avec du vieux lut fec, ou non fec»
pourvu qu'il n'ait point été brûlé. Voici le moyen
de faire de l'huile de lin cuite , qui fert à faire ce
lut.
Huile 4e Lin cuite*,
On met dans une baifine de cuivre ou dans
une marmite de fer propre quatre livres d'huile
de lin ordinaire avec fix onces de litharge réduite
en poudre fine & paflée au tamis de foie : on place
le vaifTeau fur un fourneau , & on le chauffe aflez
pour que l'huile de lin puifle diflbudre la litharge.
. On agite fans difcontinuer ce mélange avec une
fpatule de bois , jufqu'à ce que lalithurge foit en-
tièrement difloute : alors on ôte le vaiflèau du
feu : on le laide un peu refroidir, & on conferve
dans une cruche bien bouchée avec un bouchon
de liège ^ l'huile qull contient \ c'eft ce que l'on
nomme huile de Un cuite qui fert à faire ielut gras
dont nous venons de parler.
RE 'MARQUES.
L'huile de lin cuite eft connue des Peintres fous
le nçm d' huile Jîccative. Les Epiciers marchands
de couleurs vendent cette huile préparée comme
Prolégomènes. cxxv
nous venons de le dire ; toute la différence eft que
la leur eft blanche, au lieu que celle qui eft faite
comme il vient detre die , eft d'un brun foncé :
cela eftabfolument indifférent pour former le lut
gras; mais il nen eft pas de même pour l'ufage
qu'en font les Peintres, pour qui cette huile eft.
préparée : il faut qu'elle n'ait point de couleur :
on peut , en la préparant , l'obtenir de même
fans couleur $ il lumt pour cela d'ajouter de l'eau
dans le vaiffeau pendant la cuite de l'huile , de
même qu'on le fait pour la cuite de certains em-
plâtres. Voyez-en les raifons dans mes Eléments
de Phamacic, à l'article des emplâtres dans la
composition defquels on fait entrer des prépara-
tions de plomb.
Quelques Chymiftes rejettent l'huile de lin
cuite y &c lui préferentdu vernis commun de fuccin
pour former le lut gras. Ces raifons de préférence
paroiffent uniquement fondées fur ce que l'huile
de lin cuite eft trop fimple & trop facile à fe pro-
curer , au lieu que le vernis de fuccin eft plus dis-
pendieux 8c plus embarraffant à avoir. On eft fou-
vent obligé de le préparer foi-même , n'en trou-
vant point de fait dansle commerce, pareequ'il
n'eft d'aucun ufage dans les arts. Je vais rapporter
la recette de ce vernis commun de fuccin } mais je
[mis affiner d'avance qu'il n'eft pas meilleur que
'huile de lin cuite dont nous venons de parler.
J'ai fait fur cet objet toutes les expériences de
comparaifon néceflaires.
ternis de fuccin qu'on peut employer en place
d'huile de Un cuite pour former le lut gras.
Qn met dans une marmite de fer la quantité
txxvj ProUgomenèii
2u on veut de fuccin réduit en poudre groflïefc
)n place la marmite fur un reu capable de liqué-
fier le fucrin : on l'agite dans lés commencements
avec une fpatule de bois , afin d'échauffer Se de
fondre enfemble la totalité du fuccin, Lorfque le
fuccin eft parfaitement liquéfié , on ote la mar-
mite du feu , on la laide refroidir avec ce qu'elle
confient.
Alors on met dâris Utié autre marmite de fer
deux livres de fuccin préparé comme nous ve-
nons de le dire , avec trois livrés d'huile de lin
ordinaire i oh fait fondre le fuccin à une douce
chaleur ; aufli-tôt qu'il eft fondu , il fe diflbur
dans l'huile , & le vernis eft fait. On le tire du
feu, &lorfqu'il eft (uffifamment refroidi , & on le
conferve dans une bouteille. On en fait ufage en
place d'huile de lin cuite , comme nous l'avons
dit.
Le fuccin , ckrts Ion état naturel , rie peut fe
diflbudre dons l'huile de lin j mais lorfqu'il a été
liquéfié , il eft changé de nature , Se fe diflout très
bien. Cette liquéfaction fait difliper un peu de
phlegme , un peu d'hurlé fluide & du fel volatil*
On peut , fi l'on veut j faire cette opération dans
une cornue, & y adapter un ballon j alors on re-
cueille les produits dont nous parlons.
Le fuccin eft une fubftance inflammable , il
arrive fouvent qu'il s'enflamme pendant fa licjué-
faétion : cet inconvénient n'apporte aucun préju-
dice à la préparation du vernis , mais il eft impor-
tant d'arrêter promptement l'inflammation : il
convient d'avoir à fa main un couvercle de tôle ,
& de l'appliquer fur la marmite aufli-tôt que le
fuccin ou le vernis s'enflamme , afin d'étouffer U
jflamme.
ProUgoments* cxxvij
Cire molle.
On fait fondre ensemble une livre de cire jaune
& deux onces de térébenthine, Lorfque ce mé-
lange eft fondu , on le retire du feu j on le manie
entre les mains pour lui faire prendre un peu de
ténacité, & pour qu'il ne foit pas caffant.
La cire molle fert à boucher le petit trou des
ballons pendant la diftillation des liqueurs acides
ou alkalines volatiles : elle ne peut fervir aux dis-
tillations des liqueurs fpiritueufes , parcequ'elle
feroit difloute. On fait encore des bouchons avec
de la cire molle » pour boucher des bouteilles qui
contiennent des liqueurs acides ou alkalines.
TEINTURE DE TOURNESOL.
O n prend une once de tournefol en pain : on
le réduit en poudre groffiere : on le met dans un
poêlon d'argent avec environ dix ou douze onces
d'eau pure : on fait bouillir ce mélange feulement
un inttant : on filtre la liqueur au travers d'un pa-
pier jofeph , & on la corner ve dans une bouteille
qu'on a foin de tenir bouchée. C'eft ce que l'on
nomme teinture de tournefol.
La teinture de tournefol a la propriété de rougir
avec tous les acides, & de faire connoître leur pré-
fencé: lorfqu'on veut en faire ufage, on en met
3 uelques gouttes dans un verre avec plus ou moins
'eau , afin de lui donner l'inrenfité de couleur
convenable.
On doit ne préparer cette teinture qu'avec du
tournefol en pain, & non avec du tournefol en
'cxxviij Prolégomènes.
drapeau. Le tournefol en pain eft commun dans
le commerce , il eft en petits morceaux à-peu-près
quarrés & de couleur bleue violette.
LABORATOIRE DE CHYMIE.
J'a i penfé que quelques détails fur un labora-
toire de Chymie, &4fur les ihftrutpents dont il
doit être garni T pôurroient faire plaifir aux ama-
teurs qui voudroient , foit en province , foit à Pa-
ris , monter un laboratoire propre aux opérations
de cette fcience. Ces détails leur épargneront
l'embarras des recherches pour découvrir la clafle
d'ouvriers qui préparent ces différents inftru-
ments. J'ai penfé encore qu'il feroit plus com-
mode de réunir dans des articles féparés ce que
l'on trouve chez le même Àrtifte ou chez le même
Marchand. Je joindrai à ces détails une courte
notice fur l'ufage des outils ou des inftruments ,
afin que celui qui veut fe former un laboratoire »
puifle voir d'un coup d'œil fi l'iuttrument dont on
parle peut être utile au genre de travaux qu'il
veut entreprendre.
On proportionne la grandeur d'un laboratoire
aux opérations qu'on fe propofe de faire. Si on
le deftine à des expériences de recherches , com-
me nous le fuppoibns , il fuffit d'avoir un empla-
cement de douze ou quinze pieds de long fur à-
peu-près autant de large. Il eft plus avantageux
de le faire au-deflus du raiz-de-chauflée , parce-
que les raiz-de-chauffee .font ordinairement hu-
«pides , les çgtUs de le; s'y rouillent, les fels qu'on
veut
Prolégomènes' crabe
Veut confervet font plus fujets à tomber en deà*
Îwiurn y & les étiquettes font expofées à fe décel-
er & à s'effacer»
11 faut encore , autant qu on le peut , que l'em-
placement qu'on a choifi , foit bien éclairé. Cet
objet eft même important. Il y a un grand nom-
bre de phénomènes peu fenfibles qui fe patient
dans beaucoup d opérations , qui échapperaient
à la vue , ii l'on faiioit ces opérations dans un la-
boratoire mal éclairé. La lumière des bougies ,
même multipliées , ne remplace pas avec le même
avantage la lumière naturelle.
. Lorsqu'on s'eft arrêté à l'emplacement du la-
boratoire , on fait conftruire par un maçon un
manteau de cheminée en hotte de dix ou douze
pieds de long , 6c dû trois pieds & demi ou de.
quatre pieds de profondeur dans œuvre: on tient
le manteau élevé à une hauteur de cinq ou fix
pieds , afin de pouvoir palier librement deffbus :
cependant plus cette partie de la cheminée fera
baffe y moins la cheminée fera fujette à fumer j
mais pour ne pas être gêné , il eft difficile de lui
donner moins d'élévation , que celle de la hauteur
d'un homme de taille ordinaire.
On fait arranger fur cette cheminée un foufflet
à deux vents > en obfervant de mettre la branloire
i la main gauche. On peut voir la difpoiirion de
ce foufflet , ainfi que des tuyaux pour la conduite
de l'air , planche 4.
Sur le manteau de cette cheminée on fait pra-
tiquer par un menuifier plufieurs tablettes pour
retirer des ballons , des matras , & autres vaif-
feaux en état de fervir aux opérations. On garnit
de même le pourtour du laboratoire de tablette*
Tome /. i
txtx Prolégomènes.
pour retirer des bouteilles , des flacons > 8c les
produits des opérations.
Sous cette cheminée on fait conftruire une
forge eu briques , & quelques fourneaux auflî en
briques , à demeure h on le juge à propos. Dans
rérendue de la place reftante fous cette chemi-
née , on fait conftruire en briques une paillaflè
élevée d'environ un pied huit à neuf pouces du
plancher du laboratoire , & de dix-huit à vingt
pouces de largeur. Pour conftruire cette paillaflè ,
on élevé plufieurs jambages en briques de diftance
en diftance , fur lefquels on pofe plufieurs barres
de fer pour fupporter une rangée de briques fcel-
lées en plâtre : on forme une aire qu'on peut faire '
carreler, fi Ton veut, pour plus de propreté. On
garnit l'extérieur de cette paillaflè d'une bande
de fer plate, fcellée par les deux bouts dans la
muraille ; 8c pour l'empêcher de baguer dans le
milieu , on fyflujettit avec quelques petits tirants
de fer , fcellés d'efpace en efpace dans la mu-
raille , Se qui traversent dans l épaifleùr de cette
paillaflè. Le deffous de cette paillaflè fert à re-
tirer des briques , de la terre à four , un panier
de charbon , & aurres commodités qu'il convient
d'avoir à la main dans un laboratoire t le deflïiç
de cette paillaflè fert à pofer les fourneaux por-
tatifs, qui fe rrouvent , au moyen de cette difpo-
fition , a une hauteur commode pour le fervice.
Vaiffeauxie verre & de cryftal qu'on trouve chc%
prtfque tous les Faïanciers.
Il convient d'avoir dans un laboratoire de Chjr*
taie une provifion de bouteilles de verre bJanc j
tte'rfifftreîitefs grandeurs & à col reiïverfé; de*
flacons de cryftal aaffi de ditférehtes capaci^s ,
bouché* avec dés bouchons de cryftaf ;"& uïîk.à.
l'émeri , également à cài irenverfé. Ces vaiffeau*
fervent à contenir les acides minéraux , lés fëls ,
les j>roduits des opérations , &c.
Des matras de différentes grandeurs , à col
long y & d'autres à col lai^e : on fait des ballons
avec ces derniers en coupant leurs cols. Il eft bon
d'avoir des matras à duls plats pour la calcination
du mercure, & d'autres fubftances qu'on voudroit
faire calciner proprement.
Une provifion de bocau* de verre blanc pour
contenir des poudres & d'autres matières fcches $
<|u'on ne peut mettre dans des bouteilles ordi*
narres a caufe de leur ouverture étrôire.
Plusieurs gros ballons de verre vert ; à l'égard
cfe ceux de verre blanc , on les fait foi-même ,
comme nous venons de le dire * en coupant le col
des gros marrais.
-'Des ballons tabulés pour la diftiîlatiott des
fels' volatils , & d'autres ballons percés de plu-
fteurs ouvertures.
Plufieurscapfules 6c petits féaux de verre blanc
pour les évaporations 6c les cryftallifations des
fels.
• Plufieurs entonnoirs de verre de différentes
Grandeurs , pour fHtrerles lrqueurs,1&pour infro- '
uire ces mêmes liqueurs d'un vafe dans un au-
tre : on en trouve depuis la contenance de deux
pintes jufqu'à deux onces de liqueur. Il faut que
ces entonnoirs foient en cônes réguliers j lors-
qu'ils s,'élargi(Tent en cloches,, ils font très incpm-*
modes pour filtrer: il eft bien rare que 1er fil*
&œâj Prolégomènes:
très de papier qu on mec dedans ne crereftt pal
pendant la filtration.
Quelques fpatules de verre pour remuet les
fels métalliques , les fpatules de métal étant at-
taquées par. les acides.
Il eft bon d'avoir une provifion de verres blancs
unis & coniques , femblables à ceux des cabarets,
pour faire une infinité-d'expériences. La forme
conique eft néceflaire , afin que les précipités ,
lorfqu'il s'en forme , deviennent plus ienfibles en
fe ramatfant dans un petit efpace.
Plusieurs grands verres, femblables à ceux dont
fe fervent les Emailleurs : ils ont la forme des pré*
cédents j mais il y en a qui tiennent plufieurs pin-
tes. Ces vaiftèaux font très commodes pour taire
des précipitations & des lavages de précipités»
Ces verres ont une couleur verte ; les Faïanciers
ne fonr pas encore dans l'ufage d'en faire faire en
verre blanc , quoiqu'ils foient plus commodes.
Une proviuon de cornues dé verre blanc. On
en trouve de toutes grandeurs , qui tiennent de*
Suis douze pintes julquà deux onces de liqueur.
1 convient de choifir les cornues d'une belle for-
me y celles dont la panfe fait bien la poire, &
qui ont leur voûte en eône : on doit rejetter celles
qui ne font pas d'une égale épaifleur , qui ont des
Sontis ou des nœuds ; ces nœuds font des parties
e matière mal vitrifiées & recouvertes d'une
Eellicule de verre. La moindre dilatation occa~
onne dans ces endroits la fradure des vaiûeaux.
Il eft bon d'avoir auffi des cornues de cryftal tu-
bulées & bouchées avec des bouchons de cryftal
ufés à l'émeri.
Quelques récipients à hufle essentielle. IL faut
Prolégomènes* cxxxiîj
obferver que le tuyau en S ne s'élève qu'à deux
ou trois pouces au-deflbus de l'orifice du vaifleau;
s'il s'éievoit à la même hauteur , la liqueur ne
pourroit point couler par le tuyau , & ce vaiffeau
feroit inutile.
Plusieurs alambics de verre de deux pièces , fit
d'autres d'une feule pièce , avec la tubule bouchée
d'un bouchon de cryftal.
Quelques mortiers de verre ou de cryftal , avec
leurs pilons de même matière.
Un certain nombre d'affiettes de faïanceou de
porcelaine.
Quelques vafes à pefe-liqueurs , & quelques
pefe-liqueurs pour reconnoître les degrés de fa-
lare des acides & des alkalis.
Je palTe ici fous filence tous les vaifTeaux alchy-
miques , tels que les pélicans , les vaifTeaux gé-
niaux, les enfers , &c. Ces vaifTeaux font absolu-
ment inutiles. On peut avec ceux dont nous par-
lons , faire plus commodément & plus furement
toutes les opérations de la Chymie.
Vaiffeaux de grès & de terre qu'on trouve cke%
plujîeurs Marchands Potiers de terre.
On trouve chez plufieurs Marchands Potier?
de terre à Paris , mais <jui ne font point fabri-
3uants, les différents vaifTeaux de grès & de terre
ont on a befoin. Savoir ,
Des Cornues de grès de-différentes grandeur!.
Ces vaifTeaux font très commodes pour lesdiftil-
lations où Ton doit appliquer un grand degré
de chaleur, en ce qu'ils n'éprouvent que peu ou
point d'altération de la part du feu. 11 eft impor-
tant de ne point mouiller & laver les vaiffeaux
iiij
cxxxiy Prolcgometa.
de erès qui doivent être e*po(és au grand * fea *
lorsqu'ils ont été mouillés , ils décrépitent, fe ré*
duifent en poudre , Ce produifent des explorions
jtrès- bruyantes ; ce qui n'arrive pas . lorfqu'ils
font neufs, confervés dans un endroit. fec, &
3u'ils n?ont jamais été /n<*uillé&. On doit éviter
'employer par rapport à cela des cornues de grès
pour la diftitlation des fubftances liquides \ il taut
préférer des cornues de verre.
Des cucurbites de grès de différentes gran-
deurs, pour la diftitlation du vinaigre & d'autres
rnacieres falines : on adapte ordinairement fur
.ces cucurbites des chapiteaux de verre.
Des terrines degrés pqur la cryftallifatipn des
fels , & pour les évaporations des diffolutions mé-
.t*JUques, On fait aufii des capfules de gf es qui
fervent aux mêmes ufages pour des opérations
plus en petit. Il y a de ce? fortes de vaiffeaux en
- gr^s > I1?1 tiennent depuis vingt-quatre pintes juf*
. qu 4 un poifïbn. On doit choiiir ces vaiueaux bien
cuits : ils ont une couleur très bife. Ceux qui font
blancs ou jaunâtres font d'un grès mal cuit : ils
font poreux, & leur fervice n'eft pas également
bon.
Il convient d'avoir dans un laboratoire quel-
3 nés cruches de grès , pour contenir de l'huile
olive , de l'huile de lin cuite , & certains fels
en provifion.
Quoique les tempes de terre vernilfées foient
d'un mauvais fervice , il eft bon d'en avoir en
^rovifion : elles fervent à contenir du fable & &
former de< bains de fable s elles font bonnes pour
faire certaines calcinations qui n'ont pas befoin
d'un grand feu , & pour lefquelles le vernis de
plornb , <jui reçouvrç leur intérieur ? *ft iudiifé*
WIKi
Prolégomènes cxxxy
Quelques affiettes & plats de terre verniflés #
de diamètre à entrer dans les fourneaux. Cet
vaifleau* fe mettent fous les cornues de grès , afin
d'en préferver le fond de l'a&ion immédiate du
feu. On a feulemenr attention que ces afîiëttes
& plats ne remplirent pas tout le diamètre du
fourneau : il doit refter autour un efpace d'un
bon pouce pour la circulation libre de la chaleur
& de la flamme. , .
On £ut des vaifleaux de terre non verniflés ,
qui, ont la forme de pots de chambre fans anfe ,
qu'on nomme cornions. Ces vaifleaux ne réfiftent
pas à une grande adion du feu \ mais ils font très
commqdespour des calcinations moyennes qu'on
veut fair$ en certaine quantité a la fois : ils font
plus latges & moins poreux que les creufets ordi-
naires,^ on les préfère pour cette raifon dans
nombre d occasions.
Fourneaux. & Creufets qu.çn trouve che\ Us Four-
nalijles.
Plufleurs Potiers de terre à Paris fabriquent
des fourneaux , des creufets , des moufles & des
capfules de terre cuite ; oh, nomme ces dernières
catinsj ou têts à rôtir, & les Fournaliftes leur don*
nent improprement le nom de coupelles. On peut
fe procurer chez ces fortes d'ouvriers >
i°« Quelques fourneaux de réverbère de diffé-
rentes grandeurs, & compofés du nombre de
pièces que nous avons indiquées en donnant la
deferipuon de ce fourneau , planche z%
i°. Un fourneau de coupelle avec des troi^s
dans l'intérieur à la naiflance de la porte , & à l'a.
. * "V '
cxxfcVj Prolégomènes.
partie antérieure , pour recevoir deux barres dp
Fer qui fervent àfupporrer la moufle.
3°. Une tour quarrée creufe fans fond , de-
vant fervir de fourneau des Fondeurs : on enfonce
cette efpecede fourneau dans une maçonnerie de
briques , comme nous l'avons dit en faifant la
defcription de ce fourneau.
4°. Un ou plufieurs couvercles de terre cuite ,
pçur couvrir le fourneau des Fondeurs.
5 °. U|i demi-cercle de terre cuite, pour met-
tre devant la tuyère dç la forge : on le procure
par ce mpyen un fourneau à fondre devant la
tuyère du fbufflet , quoique cette manière de fon-
dre foit fujette à percer les creufets &"à les fon-
dre à l'endroit où darde le vent du foufflet. 11 y
a cependant des cas où cet appareil eft utile ;
c'eft principalement, lorfqu il faut appliquer un
fort coup de feu , mais de peu de durée.
6°. Le fourneau deM. Macquer, dont nous
avons donné la defcription , Planche i , figure i
é i. On le fait de plufieurs pièces, qu'on furmonte
les unes fur les autres , jufqu'à la hauteur de
quinze ou dix-huit pieds. Ou celui dont j'ai donné
là defcription , figure 4 , même Planchç.
70. Des creufets de différentes grandeurs. On
en fait de la contenance de vingt-quatre livres
jufqu'à un gros de fubftancè. Les grands creufets
de terre de Paris font à bon marche ; on peut pour
jeette raifon les employer : à l'égard des pirits creu-
fets , ceux de HefTe méritent la préférence. On en
trouve chez les Fournaliftes j mais plufieurs Quin-
cailliers, vis-à-vis le Palais marchand , eti font ve*
jur d'Allemagne , & font mieux aftorris.
J °. Des couvercles tonds ôç triangulaires pout
Prolégomènes* cxxxvij
Ut creuftts. On ne trouve point à Paris de cou-
vercles de la même terrfe que les <:reufets d'Aile»
magne. Les Marchands qui font Venir les cteufew
de Hefle , ne font point venir de couvercles.
9°. Des capfules de terre cuite pour les calci-
nations & autres torréfa&ions. 11 convient d'en
ayoir une bonne provision > & de différentes gran-
deurs. Les capfules de nos Fournaliftes font or-
dinairement très mal faites , & mal unies dans
leur intérieur. 11 vaut mieux faire foî-mème ces
fortes deyaifleaux dans des moulés de bois, avec
de bons mélanges de terre, dont nous parlons
dans cet Ouvtage à l'article des Fourneaux & Creu-
fets.
io°. Des aludels : ceux des Fournaliftes font
fort mal faits ; il vaut encore mieux les faire foi*
même avec des camions. On fait fcier le fond des
camions , & on les furmonte les uns fur les au-*
très. On obferve que le fond du dernier ne foit
percé que d'un petit trou dans fon milieu. Les
aludels ne fervent que dans les laboratoires des
Démonftrateurs , pour donner un exemple de la
Sublimation du foufre. Cet appareil n'eft point
néceffaire dans un autre laboratoire , fi ce n'eft
pour les fleurs d'antimoine , dont nous parlons à
ion article , page $ $6 , fécond volume.
1 1 Q. Des moufles t il vaut mieux les faire foi-
meme encore âvôc un bon mélange de terre, par
le procédé firripie que nous indiquons à l'article
des Fourneaux &'Creufets. *' >
ia°. Des petits tonds de terre cuite, qu'on
nomme fromages 3 à caufe de leur forme , pour
mettre fous les *r eu fers , afin de les garantir du
céurant d'ai* , à quoi ils feroient e*pofés s'ils
{toient placés immédiatement fur la grille du
cxxxvijj Prolégomènes*
fourneau ; mais un morceau de. bnqu^emplitla
même indication.
13°. Enfin une provision de bri<j4es de relais ,
de la terre à four, afin de pouvoir s: fuivant les
circonft^tnces , conftruire foi-même un fourneau
amovible, . .
/Taiffiaux-de cuivre que fabriquent tes Ckaude-
* ronnhers.
Quelques badines de cuivre rouge ou jaune.
Celles d'argent font préférables %:&t très Commo-
des pom les évaporationsde beaucoup de liqueurs
falines. Les baumes de cuivre ne peuvent abfor
lument point fervir à cet ufage : néanmoins il eft
difficile de s'en paffet dans un laboratoire , quand
ce ne fetoit que pour faire chauffer de l'eau.
Un grand alambic de cuivre étafnc > pour la
diftillation des plantes dont on veut tirer l'huile
eflentielle , avec un ferpentin d'étain , plongé
dans une c^ive de cuivre. Le ferpentin d'étain eft
de la compétence du Potier d'étain : c'eft auffi lui
qui le foude dans la cuve de cuivre.
Un petit alambic de cuivre % av^ç un bain-ma-
rie & la chapelle d'étain , & un petit ferpentin
d'étain , plongé dans une cuve de cuivre. Il faut,
pour la conftruâion de cet alambic , le concours
du Chaûdetfonnier pour les pièces de cuivre » &
celui du Potier d'étain pour les pièces d'étain.
C'eft lje Potier d'étain qui monte toutes les pie-
ces , & qui achevé l'alambic. Il eft bien impor-
tant de recommander à Ton &C à l'autre cmvrier
de faire, ces pièces très minces j car ils ont le ph*s
«and intérêt i les faire pelantes & maffives , $c
.3 eft même difficile d'éviter cette méprife de iew
part. On trouvera dans mes Eléments de Pfat-
Prolégomènes, cxtxijc
niacie tous les détails .convenable? ppur 1^ çonf-
tru&ion de cet alambic.
Vaijfeaux que fabriquent les Potiers d*étain.
Quelques petits baffins detain , des mefures,
telles que pinte vc:fr<3f ine , demiTfeptier , poiiTon
& demi-poiflbn. Il faut prendre garde à cette der-
nière.mçfure ; les Potiers d'étain en font de deux
grandeurs ; l'une eft le feizieme de la pinte , 8£
l'autre eft faite pour être environ le dk-kjiitieme.
Injlrumcntiqut yendent les Balanciers.
Balances de plufieuts grandeurs* dont une paire
propre pour pefer des quantités proportionnées
au travail qu on fe propofe de faire.
l)n bon trébuchetayee des poids de crains. On
fait des balances à fléaux fins & à fléaux corn*
muns, On doit préférer les premières , parce*
qu'elles font plus exaéfces pour les -expériences.
Une paire, de balances d'etfaipour pefer les
produits des mines & les boutons de retour des
matières d'qr.& d'argent. Il faut avec Ces balances
les différents poids oe femelle pour les eflais d'or»
:6c ceux pour les eflais d'argent. ^Voye^ pour ces
,pQids les articles ^ià ont rapport à la. coupellation
de ces métaux ^.On peut encore » jfi lpn vçut,fe
. procurer des poids fi&ifs qui repcéfeptenc un quin-
tal , avec tous les poids qui partagent te , quintal >
: Jufqu'au grain # demirgeain > quart de. g wn , &c.
Foyc^pour cet otyetl' article d*&£Jfai des Mines*
Les balances d'eflais doivent toujours êtje enfer-
mées dans une efpece de lanterne de verre , à l'a*
bri de la poufliere & de l'humidité*
cxl Prolégomènes.
Des ooids de fer aflbrtis , depuis cinquante li-
Yresjufqu'à deux onces.
Un poids de marc très exad.
Injlruments qu'on trouve che% tes Marbriers*
Un grand mortier de marbre pour piler des
Herbes , &c.
Quelques petits mortiers de marbre de diffé-
rentes grandeurs.
Les meilleurs mortiers de marbre nous vien-
nent d'Italie. Prefque tous les mortiers de mar-
bre qu'on fabrique a Paris font faits avec une qua-
lité de marbre qui a dans fa caffurc un grain lem-
blable à celui du grès : il s'étonne facilement
comme du grès , & le réduit en poudre comme lui.
Les mortiers faits avec cette efpece de marbre ne
durent pas long-temps \ c'eft à quoi il faut prendre
garde lorfqu'on en fait l'acquifition. Le marbre
propre à faire de bons mortiers doit préfen ter dans
la caffure un grain femblable à celui du quartz.
Une pierre de porphyre avec fa molette de mê-
me matière , pour broyer une infinité defubftan-
ces : mais lorsqu'on peut trouver une pierre con-
nue fous le nom d1 écaille de mer * on doit lui don-
ner la préférence , en ce qu'elle eft plus dure , &
qu'elle ne communique point de couleur aux
corps durs qu'on broie deflfus ; ce que fait le por-
phyre. Les écailles de mer font une efpece de grès
fin & très dur , qui eft à beaucoup meilleur mar-
ché que les pierres de porphyre : on prend pour
fervir de molette un grès dur , un caillou ou une
pierre à fufil qu'on taille en molette. -
Prolégomènes* tadj
Outils & Instruments quon 'trouve che[ les Qu'm~
cailliers.
Des fparulesde fer de différentes grandeur*,
donc une de deux ou crois pieds de long, pour
remuer les fels lorfqu on les faic deffëcher dans
des marmites de fer.
Un cas d'acier poli , avec un marteau auffi
poli , pour planer les mécaux lorfqu'on veuc con-
noîcre leur dureté ou leur duâilire.
Quelques lingocieres de fer pour couler les mé-
caux lorsqu'ils font en fufion.
On trouve ehez les mêmes Marchands une in-
finité d'outils qui font nécefTaires dans un labo-
ratoire , tels que des limes pour couper des vaif-
feaux de verre, & pour d'autres ufages ; des cou-
teaux , des cifeaux j des pinces places, rondes ;
briquées , cire-bouchons , clous , vrilles , mar-
teaux communs , tenailles i creufecs , de diffé-
rences formes & de différences forces; tenailles
qu'on nomme moujlaches ; petites pinces à r ef-
fort , que l'on nomme bruxelles ; étaux , poin-
çons, &c.
Outils & Injlruments quon trouve che\ les Mar-
chands de fer.
Quelques marmites de fer de différentes gran-
deurs. Ces vaifTeaux onc plufieurs ufages : ils fer-
vent à leffiver les fels, de bains de fable dans l'oc-
cafion , & quelquefois de creufets pour calciner
des matières végétales & animales.
Plufieurs cuiuers de fer battu. On fait fouder
à quelques-unes par un Serrurier une tringle pour
alonger le manche de quelques pieds. Ces cuil-
citij ProUgdtoèhèêè
lers fervent pour projette* dans les creufets Ast
matières qui font fujettes à produire des explo-
rions.
, Une ou plusieurs cornues de fer , pcjut* la dit*
tillation des matières végétales & animales , St
{>our féparer le mercure ou cinabre. Ces cornues
ont très commodes , en ce qu elles ne font, pas
fujettes à fe catfèr pendant les opérations , wm-
me celles de grès & de verre ; mais on eu trouva
rarement de toutes faites, il faut les commander 9
plufieurs Marchands de fer , fur le quai de la Fer-
raille, les font faire lorsqu'on les en charge.
Quelques pelles & pincettes à fourneau , des
petits fourgons ; des pincettes dont on fait cou-
per les bouts , & qu'on ajufte en pointes. On en
fait arranger une paire avec un point d'appui ,
pour aflajettir les tiges , afin qu'elles ne fe croi-»
lent pas lorfqu'on pince quelque chofe.
Quelques mornets de fer fondu 5 tournés &
polis, lorfque cela fe peut. Il y a des Tourneurs
en fer , qui entreprennent ces fortes d'ouvrages.
On choiht des pilons de fer aflortis à la grandeur
des mortiers , & on obferve que les deux bouts
foient garnis d'acier.
Un mortier de fer plus grand , avec fort pilon
auflî de fer , & garni d'acier par les deux bouts.
On pofe ce mortier- far un bloc de bois, qu'on
fait arranger par un Menuifier ou par un Char-
pentier.
Plufieurs poêles de fer à manche court pour
prendre du charbon , & pour fervir de bains de
fable dans l'occafion. Ces fortes de poêles font
très commodes pour cet appareil.
Les mêmes Marchands de fer vendent des poê-
les de faïance & de fer de fonte : il eft commode
Prolégomènes. cxBij
tfen faire placer un dans fon laboratoire. Il vaut
mieux le prendre en fer. On fait pratiquer en-
dettas un chaffis de tôle fans fond , avec un re-
bord de trois ou quatre pouces de hauteur. Ce
chaflîs eft retenu aux quatre angles par les vis&.
les écrous du pocle. Cet appàxeu forme un bain
de fable. .. ' . .,
On fait conftruire en tôle de Suéde une caifte*
un peu en forme de trémie , avec deux anfes de
fer battu pour pouvoir la porter. Cette caifle eft
plus commode qu'un panier pour mettre du char-
bon, en ce que le pouflier fe tamife ati travers
du panier , & fait de la mal-propreté dans le la-
boratoire; inconvénient qui n'arrive pas avec une
caifle de tôle.
Il eft commode d'avoir dans un laboratoire une
provision de barres de fer de différentes grofïeurs
& longueurs , pour placer des fourneaux & les
élever a la hauteur qu'on veut , pour tifonnei;, të
pour une inanité d'ufages dans le détail defquels
il ferok minutieux d'entrer.
Il convient d'avoir dans un laboratoire de Chy-
tnie une pierre d'aimant, ou dès barreaux cf acier
aimantés. On trouve che? les Faifeurs d'inftru-
ments de mathématiques des pierres d* aimant
toutes montées , de des barreaux d'acier de diffé-
rentes formes parfaitement bien aimantés , & qui
font le plus fouvent plus forts que les pierres d'ai-
mant naturelles. ' Il eft néceffaire d'avoir quatre
de ces barreaux d'acier , avec deux petits barreaux
de fer pour fervir de point de contait : au moyen
de ce nombre , on peut leur donner de la force
magnétique, lorfqii'ils en ont perdu ,. & les ra-
commoder foi-même fans avoir recours à d'autre
aimant. : •
I
atliy TroUgamenei.
Jnflruments qu'on trouve che^ les Tourneurs en bois;
I J & che\ Us TabUticrSé
Plu/ïear* piloris de bois dur , comme de frêne,
d'acacia où de buis J ceux de ga/ac font trop fu-
fets à le calTer.
Une prefle pour exprimer les huiles des fe-
mences Tiuileufes 9 & les fucs des plantes. On
Ceuc la faite en fer f alors on s'adrefle à un TaiU
mdier.
Des fpatule* de bois dur de différentes gran-
deurs.
On trouve des.fpatules d'ivoire chez les Table-
tiers.
Injirumcnts qu'on trouve che\ Us Boijfeliers.
Un gros foufflet i deux vents pour une forge :
un foufflet i lampe d'Emailleur : on le fait mon-
ter .fur une table par un Menuifier , & le Ferblan-
tier fait les tuyaux de conduite pour l'un & l'au-
tre foufflet
Pluiieurs tamis de foie couverts ., de différents
degrés de finetfe. Plufieurs tamis de crin couverts
& non couverts , pour paffer des poudres moins
fines. On trouve auffi chez les Boiueiiers des gou-
pillons gros Se petits , pour nettoyer les tubes >
& l'extrémité des entonnoirs.
Injirumcnts que vendent Us Fondeurs en cuivre.
Moules i coupelles , de différentes grandeurs ,
& des moules pour former foi-même des têts à
rôtir , & lingotieres à pierre infernale : mais on
we trouve pas ces inftruments tout faits j.il faut
les
Prolégomemsi cxlv
le* commander , Se donner des modèles en bois.
On peut , fi Ton veut , fe contenter de moules
en bois pour former les coupelles & les têts £
rôtir*
Infiruments qiïon trouve chc[ les Fa'feurs de Ther-
momètres.
m
Un bon baromètre (impie eft préférable à ceut
qui font compofés. Plufieurs thermomètres à mer-
cure Se à efprit de vin très exaâs , & fuivant une
graduation connue. A Paris , on ne fe fert que de
ceux faits fur 1 échelle de Réaumur. Les thermo-
mètres les plus commodes pour les expériences
font ceux qui font renfermés dans des tubes de
verre , & qui ont la boule en dehors. Ces ther-
momètres peuvent être plongés dans des liqueurs
acides , alkalines , Sec. fans craindre d'être gâtés.
On trouve chez les mêmes Àrtiftes des pefe-
liqueurs pour les fels j des pefe-liqueurs pour
connoître les degrés de rectification des liqueurs
fpiritueufes , & tous les petits inftruments en
verre dont on peut avoir befoin dans un labora-
toire , tels que des entonnoirs à longs tuyaux ,
pour introduire des liqueurs dans des cornues
fans falir leurs cols, &c. &c. On trouve ces inf-
truments chez les faifeurs de thermomètre*.
Acier Perica , qui demeure rue Saint Antoine *
eft un des meilleurs ouvriers dans cette partie.
Nous nous difpenferons d'entrer dans le détail
d'une infinité de petits objets que le befoin indi-
que fuffifamment , tels qu'un réfervcyr de plomb ,
ou une fontaine de grès \ vieux lingespour luter
& efluyer , linge de coutil pour la prefle $ ficelle»
bouchons , fable , Se grès égruge. Ce font les
Tome I. k
Chandeliers oui venderi t à, Paris ces dernières fub-
ft&nces. Ronds de nattes de différentes grandeurs,
pour pofer les vaifleaux de verre qui n ont point
le cul plat. Les Narciers font ces ronds de nattes,
que Ton nomme valets dans les laboratoires. Des
boîtes de différentes grandeurs j fourneaux de
lampe : ce font les Ferblantiers qui les fîjbri*
quent , &c. &c.
VOCABULAIRE
De plujîeurs termes de Chymie.
À,
Ane à est eft le nom que quelques Àlchymifte*
ont donné pour exprimer un diiîolvant univerfel*
Les Àlchymiftes a voient imaginé pouvoir produira
un femblable menftrue i & qui rue propre à dif-
foudre indiftinâement tous les corps de la Na-
ture j ils«pnt donné à ce prétendu menftrue le nom
jfaftueux d'alkacjl ou de dijjolvant univerfsl. Cô
diflblvant univerfeleft un problême qui peut être
mis dans la clafle de ceux au verre malléable , de
la tranfmutation des métaux , du mouvement
perpétuel > Sec. Les différents corps font pourvus
de propriétés qui font relatives à leur nature ; il
faut à ces corps des diffolvants différents* tyan-
helmont a donné au nitre fixé par les charbons,
le nom à'alkaejl > pareeque cet Àlchymifte croyoic
que ce fel étoit un diflblvant univerfel.
Alkalescent* On donne ce nom a des fub~
fiances légèrement alkalines , ou à celles qui 1*
deviennent en éprouvant le mouvement de pu-»
tréfaâion , 8c qui commencent i exhaler une
odeur d'alkati Volatil.
Alxalisé. Ceft donner des propriétés alkali-
nes à des fubftancefrqui n'en avoienr point , telles
que le nitre qu'on fait détonner avec une ma-
tière inflammable y l'acide nitreux fe détruit , H
refte la bafe alkaline de ce fel. Il en eft de même
du tartre qu'on fait brûler j 1 acide de cette- fub-
kij
cxlviij Vocahulaire.
tance fe détruit par la cômbuftiôn, & il refteun
fel alkalifixe : l'opération qui produit cet effet fe
nomme alkalifcr & alkalifatïon.
AtKooL. On donne ce nom à des poudres
réduites dans l'état de la plus grande ténuité.
On donne auffi ce nom a de l'efprit de vin rec-
tifié autant qu'il peut l'être. Boerhaave employoit
le terme d'alkool pour défigner le principe in-
, flammable le plus pur & réduit à fon plus grand
degré de (implicite. •
Alliage. C'eft l'union des différentes matières
métalliques les unes avec les autres.
La fufion des métaux eft une condition abfolu-,
ment néceffaire pour l'union des matières métal-
liques , mais elle ne fuffit pas pour toutes : par
exemple , le plomb & le zinc , ou le plomb & le
cobalt , ou le régule d'antimoine & le mercure ,
&c. ne s'uniffènt point par ce feul moyen.
Les fubftances métalliques qui peuvent s'unir
par la fufion , fournirent des alliages qui ont
des propriétés différentes des métaux pris féparé-
ment. Les alliages métalliques ont moins de duc-
tilité que les métaux en particulier ; ils font auflî
pour l ordinaire d'une pefanteur fpécifique plus
grande que les métaux. Cet effet provient de ce
que les métaux fe pénètrent mutuellement , &
que leurs patties fe logent réciproquement dans
les pores cL ces mêmes métaux.
Amalgame. C'eft l'union que peut former le
mercure avec les fubftances métalliques.
A*yr*. Les Chymiftes & les Naturaliftès dé-
signent par ce terme les fubftances infufiblés , &
qui n'éprouvent aucune altération de la part du
Vocabulaire. cxlix
plus grand feu que l'on puifTe produire dans nos
fourneaux. Voye^ Réfraâaires.
Athanor eft un fourneau ordinaire y à côté
duquel on pratique au-defïus du foyer une tour
dans laquelle on met une provifion de charbon
noir bien enfermé. Ce charbon tombe i mefure
que cela eftnéceflaire dans le foyer du fourneau,
à l'aide. d'un plan incliné qu'on a difpof£ au bas
de la tour & dans fon intérieur. On a imaginé
ce fourneau afin de n'être point aflujetti à mettre
du charbon à tout moment j l'origine de fon nom
vient de piger henricus y fourneau des parefleux.
Ce fourneau a toutes fortes d'inconvénients : le
charbon ne tombe pas , ou tombe en trop grande
quantité j & il eft difficile d'avoir un feu égal ,
quoiqu'il ait été imaginé pour produire cet effet,
B,
Bains. On nomme baïn% y différentes fuh-
ftances qui fervent de milieu pour recevoir la
chaleur immédiate , & pour la tranfmettre d'une
manière plus douce aux corps plongés ou placés
dans le centre de ces fubftances. Les matières
qu'on emploie le plus ordinairement font l'eau &
le fable.
• Lorfqu on plonge dans de l'eau le vafe qui
contient les fubftances fur lesquelles on opère ,
cet appareil fe nomme bain+maric. Comme l'eau
qui a fa liberté de s'évaporer , ne peut recevoir
qu'un degré de chaleur déterminé , on tranfmet
par fon moyen un degré de chaleur toujours égal.
Voye^ mes Eléments de Pharmacie 3 à l'article
Alambic àbain-marie; page il , croifieme édi-
tion.
k iij
cl Vocabulaire,
Si le vafe ne reçoit de la chaleur que par la
vapeur de l'eau , l'appareil porte le nom de bain
4e vapeurs.
On nomme bain de fable j Pappareil où le vaiA
feau eft renfermé dans du fable. Ce bain eft em*
ployé pour tempérer l'a&ivité du feu nud ; mais ,
comme le fable peut prendre tous les degrés de
chaleur qu'on veut lui appliquer > on peut regar->
der la chaleur du bain ae fable égale à celle du
/eu nud. Le fable a feulement l'avantage de re-
tenir les vaifleaux dans la fituation où on les a
placés , & d'empêcher un peu leur affaiffement ,
s'ils viennent à fe ramollir par la violence du
feu,
tes Akbymiftes ont imaginé beaucoup de bains
inutiles, tels que de cendres, de limaille de
fer , &ç. Toutes ces matières ne remplirent pas
mieux que le fable les indications qu'on fe pro-
pofe , & ne méritent abfolument aucune préfé*
jence.
Le bain de fumier qu*on nomme aaffi bain de
ventre de cheval j eft un bain imaginé par les AU
chymiftes , qui ne vaut pas le bain-mane : le bain
de fumier çonftfte i placer dans un (as de fumier
un matras qui contient les fubftances qu'op veut
faire digérer à une chaleur douce. Le fumier ne
fournit pas une chaleur égale \ elle eft force au
commencement de la fermentation des matières
végétales a & foible & même nulle fur la fin.
B.ase. On donne eommuHlm&nt le nom de
ffafc à l'une de deux fubftances unies Se combi-
nées , qui donne du corps & de la folidité i celle
qui n'en n'a point, comme cela fe rencontre dan$
U$ tels neuves compofés dalfcilis fixes , qu de ro4«
Vocabulaire. clj
tal , ou de terre : on dit alors bafe alkaline > bafe
métallique y bafe terr*ufey pareeque ces fubftances,
en fe combinant avec les acides , leur donnent
du corps & de la folidité.
Boc aud fe dit des machines propres à piler les
mines dans les travaux en grand : ce font des pi-
lons mus dans des mortiers à l'aide d'un courant
d eau.
C.
•
Candéfaction fe dit de l'aâion par laquelle
on fait rougir par l'aâion du feu , un corps qui
ne contient pas aftez de matières combuftibles
pour qu'il puiffe fubfifter dans cet état j il ne peut
refter rouge qu'à l'aide d'un feu étranger qu'on
lui applique.
Caput mortuum : voye\ Réfidu.
Circulation fe dit de l'attion par laquelle
une liqueur enfermée dans un vaiiïeau , s'élev-
dans la partie fupérieure , & retombe contiftuele
lemeftt dans le même vaiiïeau. Ces opérations fe
font dans des vaiffeaux de rencontre, dansdei
pélicans , &c, Elles fe pratiquent pour ouvrit
ou pour combiner plus intimement desfubftances
enfemble. Les Alchymiftes font beaucoup d'ufage
de ces opérations , & elles font peut-être trop
négligées dans la Chymie.
Coagulum. Efpece de gelée provenant d'nn*
ou de plafieurs liqueurs qu'on mêle enfemble. On
nomme coagulum le caillé du lait. Le mélange de
rhuile.de chaux & de l'alkali fixe en liqueur forme
un magma épais que Ton nomme coagulum.
On dit quelquefois qu'un fel fe coagule , pou£
k iv
clij Vocabulaire,
dire qu'il fe cryftallife; cette expreffion eft air
chymique.
Cohobation. Opération par laquelle on dis-
tille une liqueur fur le marc refté dans l'alambic.
Cette opération fe fait lorfque la fubftance fixe ,
foumife à l'a&ion de la liqueur diftillée, n'a pas
jeté fuffifamment pénétrée par une première; diftil-
lation. Cette opération produit à peu près le même
effet que la circulation , mais elle en diffère à cer-
tains égards. Voyt-^ ce mot.
Condensation. On entend par ce mot le
rapprochement des parties d'une fuoftance dilatée.
De l'eau réduite en vapeurs eft de l'eau dilatée*
JLorfque le froid oblige fes parties à fe rapprocher,
elles fe condenfent , occupent moins d'efpace $c
fe réduifent en eau : on dit alors que les vapeurs
4e l'eau fe font condenfies.
P.
Décantation. Opération par laquelle on fé-
pare une liqueur de deffus un dépôt ou un marc.
On décante une liqueur en la verfant doucement
Se par inclination*
Départ. On entend par ce mot la féparation
de l'or d'avec de l'argent par le rhoyen de l'eau
forte, à l'effet de connoîtrè le titre de l'or j il eft
preferit par lesOrdonnances d'allier l'or avec trois
parties d'argent. Voye-^ Inquart. Si l'or étoit moins
allié , il défendroit une partie de l'argent de l'ac-»
tion du diffolyant , S< le départ ne ferqiç point
*xa£t.
Digestion. Séjour d'une liqueur fur une fub-
ftance renfermée dans un yaiffeau clos > tel qu'un
Vocabulaire. diif
matras. La digeftion fe fait à froid , ou à la cha-
leur du foleil, ou à celle d'un bain de fable chauffé
modérément. Cette opération fefait pour extraire
ou pour diflbudre quelques fubftances à l'aide
d'une liqueur.
Dureté. Qualité qu'ont certains corps , 8c qui
confîfte dans la difficulté qu'ils ont à fe laiffer en-
tamer , ou dans la réfiftance qu'ils oppofent à la ré-
paration de leurs parties. Il y a une grande variété
entre les corps pour raifon de leur dureté : il n y i
point de corps qui ait une dureté abfolue. Cette
propriété n'appartient vraifemblablement qu'aux
molécules primitives des éléments. Il eft difficile
de connoître la caufe de la dureté des autres corps ;
cette propriété n'eft point en raifon compoféede là
compacité ni de la ténacité de leurs parties. L'or
eft le corps le plus pefant, & celui dont les par-
ties ont le plus de ténacité , & il n'eft point le
plus dur.
Les corps les plus aigres & les plus caflants pa-
roiflent être les plus durs , cependant les demi-
métaux qui ont ces propriétés ne font pas les
corps les plus durs. L acier trempé eft fort aigre
& fort catfant, il eft auffi le plus dur parmi les
matières métalliques ; mais if n'eft pas le plus
dur des corps de la Nature : une lime bien trempée
ne fait point de trace far le diamant.
Les corps les plus durs font dajis la clafTe des
pierres vicrifiables ; mais celles qui font les plus
pures ne fout pas les plus dures : le cryftal de roche
qui eft la terre vitrifiable la* plus pure -, parce-
qù'elle n'éprouve aucune altération de la part du
feu , n'eft pas (i dur que le diamant. Le caillou
ou pierrç à fufil , qui n'eft pas , à beaucoup près ,
cliir VocabuUàrt.
une pierre auflî pure que le cryftal de roche , eft
plus dur que lui ; il raie cette dernière fubftance ,
Se le cryftal de roche ne peut rayer la pierre à fufil
noire* On peut juger de la dureté d'un corps par
la facilité qu'il a à rayer les autres : la pierre à fufil
noire raie & entame tous les corps. 11 n'y a peur-
être dans la Nature que le diamant qui foit plus
dur que la pierre à fufil noire. Si le diamant eft le
corps le plus dur , comme on doit le préfumer, &
après lui , la pierre à fufil noire , la dureté des
corps n'eft point en raifon de leur pureté , puit
que le diamant & le caillou ne font pas les
pierres les plus pures : cette propriété n'eft pas
non plus en raifon de leur pelanteur fpécifique ,
puifque les métaux qui font les corps les plus pe-
lants, font moins durs : enfin la dureté des corps
n'eft point en raifon de la ténacité des parties ,
puifque l'or qui eft le corps le plus tenace , neft
Î>as le plus dur. Il y a , comme on voit , une belle
iiite d'expériences à faire pour connoîrre lacanfe
de la dureté des corps. Tout ce que l'on peur dire
de plus général quant à préfent , eft qu'il paraît que
la dureté dépend beaucoup de l'arrangement &
de la figure des molécules primitives 8c con Si-
tuantes des différents corps , fur lefquelles il eft
difficile , & peut-être impoftible, d'acquérir quel*
ques connoiflances.
E.
Edulcorer. C'eft adoucir une fubftance en fé-
{>arant ?> par le moyen d'un lavage avec de l'eau ,
es matières falines quelle contient , comme lorf-
qu'on lave un précipité terreux ou métallique pour
le débarraffer des îels avec lefquels il eft mêlé.
Effervescence. Mouvement qui fe produit
Vocabulaire. clv
dans une liqueur , & par lequel elle augmente ae
volume fans augmenter de poids, & dans laquelle
il fe produit une ébullîrion. L'efFervefcence eft
ordinairement occafionnée par de l'air, ou par
quelque liquide réduit en vapeurs qui s'échap-*
pent; l'un & l'autre, quoique dégages , confer-
vent un peu d'adhérence avec la mafle : en fe
diflîpant , ils foulevent cette mafle plus ou moins,
& produifent le gonflement ou on obferve. Du
lait fur le feu, qui augmente de volume , eft en
effervefcence.
Effervcfcencc fe dit aufli du mouvement & du
gonflement qui s'exciy entre deux liqueurs qui
le combinent , comme lorfqu on verfe un acide
fur un alkali , ou lorfqu on fait diflbudte une
fubftance feche par un acide. L'eftervefcence eft
ordinairement accompagnée de chaleur , mais pas
toujours : nous verrons dans le cours des opéra-r
rions qu'il y a des effervefcences qui produifent
du froid. Les effervefcences font fuivies de petits
jets de liqueur qui font occasionnés , comme
nous venons de le dire , par l'air ou par quelque*
fubftances réduites en vapeurs, & fouvent par
tous les deux en même temps.
F.
Fuliginosité. On nomme ainfi une fuie lé-
gère qui s'attache- aux corps froids (bus la forme
«'une fleur , pendant la corabuftion des matières
huileufes. On nomme fuligincfitd méialliqu* une
fuie légère qui fe forme également pendant ta
combuftion des fubftances métalliques.
G.
egere qu
jftion de
Grahoter. Ceft rwlnire en grenaille* ou mer
clvj Vocabulaire.
nues parties un métal fondu. On te coule pour cet
effet doucement dans de l'eau , & on s'épargne
par ce moyen la peine de le limer ou de le couper,
par petits morceaux.
I.
Incandescence eft la même chofe que candé-
fadfcion : voyt\ ce mot.
Inquart ou Quartation. Opération par la-
quelle on ajoute à de l'or déjà allié d'argent , une
nouvelle quantité de ce dernier métal , pour que
l'or fe trouve faire le quart du poids de l'argent :
l'acide nitreux , par ce mojfcn , attaque plus faci-
lement l'argent. On fait ce mélange pour connoî*
tre le titre de l'or par le moyen du dcpart : voye\
Départ.
L.
Lut hermétique. Opération par laquelle on
ferme à la lampe d'Emailleur le col d'un vâifleau
de verre :. ce lut n'en eft point un , c eft une con-
tinuité du même vâifleau. Cette manière de fer-
mer les vaifleaux vaut mieux que tous* les luts
quelconques. Le nom hermétique lui a vraifem*
blablement été donné à caufe du Phiiofophe Her-
mès qui en faifoit beaucoup d'ufage dans fes opé-
rations alchymiques.
On dit auffi fceller hermétiquement pour défi-
gnerl'aâion de fermer à la lampe d'Emailleur les
vaifleaux de verre.
M.
Macération. Cette opération confifte à faire
tremper des fubftances , foit à froid , foit à une
douce chaleur, dans une liqueur , pour les ramol-
Vocabulaire. dvlj
lit , les ouvrir , les pénétrer , ou pour extraire
quelque principe prochain.
Menstrub. C'elt le nom ordinaire que Ton
donne à une liqueur qui peut difToudre en eiftier,
ou aui peut extraite feulement, certaines fubftan-
ces d'un corps. Les menftrues fervent à analvfer
les corps, & on adonné à l'ahalyfe faite par leur
fnoyen le nom àLanalyft pat les menftrues. Com-
me les corps qu'on peut analyfer varient à l'in-
fini, les menftrues qu'on peut employer fonc
auffi de différente nature. Les menftrues font
l'eau, l'efprit devin, les huiles, les acides mi*
néraux & végétaux, les fels alkalis fixes & vo-
latils , les favons , &c. &c. Des corps folides
font fouvent employés comme menftrues \ mais
il eft quelquefois nécefïàire de les faire entrer
en fufion , & de les mettre dans l'état de flui-
dité, pour qu'ils puiiTent agir fur les corps qu'on
leur préfente , tels que le plomb qu'on emploie
pour féparer l'argent uni au cuivre , comme cela
le pratique dans l'opération qu'on nomme liqua-
tion. Les menftrues fecs & folides S'emploient
ordinairement par la voie feche , comme les al-
kalis fixes, auxquels on veut faire difToudre des
matières terreufes ; ces menftrues ne pourroient
difToudre ces fubftances autrement.
R.
Rectification. Procédé par lequel on faitfu-
bir à une fubftance une opération qu'elle a déjà
éprouvée , afin de la réduire dans un plus grand
degré de pureté : telle qu'une liqueur qui a déjà •
étediftillée, 8c qu'on diftil le une féconde fois $
ou une fubftance déjà fublimée qu'on fait iubli- .
etvit) rocakutàiti.
merde nouveau; un fiel cryftallifc qu'on diftocft
dans de Peau , & qu'on fait recryftallifer, &c. Ces
opérations fe font àdetfein de purifier les liqueurs
pour les obtenir plus fpiritueufes , ou pour dé-
barraffêr les fels fublimes ou cryftallifés des fub*
(tances étrangères qui pouvoient altérer leur pu-
reté,
Réfractairis Te dit des corps infufiWes ait
plus grand feu que l'on puifle produire dans des
Fourneaux, mais qui peuvent éprouver ou ne
point éprouver d'altération* La terre calcaire , par
exemple, eft réfraâaire , parcequ'elle eft infufi-
ble : mais elle n'eft point apyre , parcequ'elle
éprouve des altérations de ta partdu teu ; diftinc-
non très lumineufe que M. Macqver fait dans ion
EK&ojihairede Chymie.
Résiov. On donne ce nom aux matières oui
reftem aptes les opérations. Les anciens Chymiftes
donnaient i ces mêmes fubftances les noms de
captât mortaum & de ttrrts damnées ; ils enten-
doient défigner par ces dénominations des fub-
ftances qui ne pouvoient rien fournir davantage.
Mais les Chymiftes, par ce mot , défignent feu-
lement les matières qui reftent après les opéra-
tions. Les réfidus font fouvent chargés de fub-
ftances qui font plus eflentielles à connoître que
les produits des opérations mêmes.
Registre*. On nomme aiufi de petites ou*
vertutes qu'on pratique auront des fourneaux ,
ôc qu'on bouche avec des bouchons de terre cuite ,
dans le de(Tein de partager le courant de Pair , &
de diflxibuer la chaleur plus également : mais on
fupprime aujourd'hui lesregi&es des fourneaux,
Vocabulaire. clit
pârcequ ils ne produifent pas l'effet qu on en at-
tendent.
S.
Sang vë Salamandre. La falamandre eft
un animal fabuleux que Ton dit pouvoir vivre
dans le feu. Les Alchymiftss ont nomme fang
dcfalamandrc l'acide nitreux qui fe réduit en va-
peur rouge pendant les opérations ;. mais ces dé-
nominations allégoriques ne fervent qu'à voiler
leur ignorance.
Stràtifier. Ceft placer lit fur lit dés fub-
ftances de différente nature , dont Tune doif
porter fon adtionfur l'autre : lorfqu'on veut , par
exemple , convertir le fer en acier , on met alter-
nativement une couche de cément & une couche
de barreaux de fer j ce que Ton continue jufqu'i
ce que le vaiflèau foit rempli.
V.
Volatil. On nomme corps volatils ceux qui
ont la propriété de fe diflîper par l'aftion du feu*
11 y a une grande diverfité parmi les fubftances
qui ont cette propriété. Il y a des corps , comme
l'efprit volatil de fel ammoniac, i'éthèr, Pefprit
de vin , certaines huiles très re&ifiées , qui fe
diffipentfans le fecours d'aucune chaleur , même
à une température de froid très coniidérable. Il
paroît qu'il feroît difficile de déterminer à quelle
température de froid ces liqueurs cefleroient de
s'évaporer j elles s'évaporent même plus rapide*
ment lorsqu'elles font expofées à un air très froid ,
que lorfqu'elles font expofées à un air tempéré.
cbc Vocabulaire.
L'état fec de l'air contribue beaucoup à leur éva-
poration.
Il y a des corps au contraire qui ne peuvent fe
diffiper p^r la chaleur qui règne ordinairement
dans l'air ; il faut leur appliquer utie chaleur plus
forte. Les uns s'évaporent au degré de chaleur
de l'eau bouillante \ telles font les fleurs de ben-
join t d'autres ne peuvent fe diflioer qu'à un de-
gré de chaleur fupérieur. Enfin il y en a cjui ne
Eeuvent s'évaporer que lorsqu'ils font rougis i
lanc.
CHYMIE
' jBBSBsssssesàasxatsBsstssssssssssssssam
C H Y M I E
EXPÉRIMENTALE
S T
RAISONNÉ E>
Introduction a la Chymil
L A Chymie eft urte fcience fondée fur l'expo
rience ; elle a pour objet l'analyfe ou la décom-
poûcion de tous les corps de la Nature , & la com-
binaifon de tous ces corps, ou de leurs principes *
les uns avec les autres , pour former de nouveau*
corapofés.
Plufïeurs Chymiftes habiles font entrés dans
de très grands détails pour faire connoître toute
l'utilité de cène fciencê dans les arts : en effet >
elle en a fourni pluGeurs à la fociété , dont on
auroic beaucoup cfe peine à fe palier aujourd'hui j
tels que ceux de la verrerie , de la fonte des mi-
nes & des métaux. La Chymie porte tous les jour*
fon flambeau dans le& arts qui font de fon ref-
fort : elle en perfectionne , & elle en crée mémo
de nouveaux. Ses objets d'utilité font tour aulfî
étendus dans la iPhyfîque expérimentale & dans
l'Hiftoire Naturelle, Nous ne noui arrêterons paa
Tome /. À
2 ChYMIB EXPÉRIMENTAL!
davantage fur cette matière , afin de ne point
groflir cet ouvrage de chofes qui né font que de
pure curiofité.
Objet de ta Ckymie.
L'objet de la Chymie eft eflentieliement de
reconnoître la nature & les propriétés des corps
naturels. Mais avant de nous occuper de cet
objet, il convient de jetter un premier coup-d'œil
fénéral fur les différents corps que nous offre la
fanire.
Les Chymiftes & les Naturaliftes font conve-
nus de divifer d'abord tous les corps naturels en
trois grandes clartés qu'ils nomment règnes ; fa-*
voir, le règne minéral > le règne végétal * &le
règne animal.
Les objets qui font du règne minéral, font
tous les corps que la Nature produit & renferme
dans le fein dé la terre : ces corps n'ont aucun
i>rincipe de vie ni de végétation : ils font abfo-
ument privés de toute efpece de faculté repro-
ductive : la plupart ont feulement une forte d'ar-
rangement fymmétrique ou de cryftallifation.
Les corps de ce règne font les minéraux propre-
ment dits , qui fournirent les métaux , les mé-
taux eux-mêmes, les pierres, les fables, les
terres de toutes efpeces , &c.
Les corps du règne végétal font tous ceux qui
végètent a larfurface de la terre , & qui y font
attachés par des racines : c'eft par ces racines
qu'ils tirent la plus grande partie de la nourriture
propre à leur accroiflement , mais non pas toute ,
car les feuilles & les tiges en tirent auflï de l'air
par leurs pores. Les végétaux font pourvus de
parties propres à la génération , & fe reproduifent
par le moyen dts graines j ce en quoi ils différent
1T RAISONNÉ E. J
des corps du règne minéral» comme nous venons
de le faire obferver. Les corps qui appartiennent
au règne végétal , font les arbres , les plantes , les
moufles , les gommes , les réfines & toutes les
fubftances qui en dépendent. Les végétaux ont
une forte dévie , un principe de mouvement qui
eft fuffifaht pour élaborer & perfe&ionner les
fubftances dont ils fe nourriflent , & pour les
*ffimiler à la leur propre. Us ont même la faculté
de combiner plusieurs principes , & de produire
des compofés très compliques que l'art n'eft pas
encore parvenu à imiter.
Enfin , les êtres qui: compofent le règne animal ,
font ceux qui ont du fentiment , la faculté de fe
mouvoir , d'agir, de faire ufage des fens dont la
Nature les a doués, de fe reproduire & de veiller
continuellement à leur confervation : tous les
êtres qui ont une partie ou la totalité des facultés
dont je viens de parler , font du règne animal.
Si les végétaux , comme nous lavons fait re-
marquer > ont la propriété d'élaborer les fub-
ftances qui fervent a leur nourriture , les animaux
ont la faculté d'élaborer d'une manière bien plus
marquée , les fubftances qui fervent auffi à la leur.
Ils changent tellement la nature des ali&ents
dont ils fe nourrirent , que la plupart des fub-
ftances 9 en partant dans le corps animal \ éprou-
vent , pour l'ordinaire , àes changements & des al-
térations qui les dénaturent au poiflt de les tendre
méconnoiffables.
Toutes ces facultés des végétaux & des animaux,
ui produifent , dans les urls & dans les autres ;
es effets qui ont entre eux beaucoup de relfem-
blance , ont conduit plufieur s Phyficiens-à trou-
ver une fîmilitude parfaite entre ces deux règnes :
& ce n'eft pas tout-à-fait fans fondement -, car
Aij
!
4 Chymie expérimentais
nous verrons dans un moment , que lès corps de
ces deux règnes ont encore des propriétés chimi-
ques qui leur font communes. Quoi qu'il en foie,
les animaux font pourvus de fendaient : ils font,
par cette faculté > faciles à diftinguer d'avec cous
les autres êtres de la nature , qui en font abiblu-
menc privés. En vain voudroit-on accorder du
fentiment a la plante que Ton nomme Jenfitive,
pareequ elle laifle pencher les feuilles qu on tou-
che , & les feuilles voifines de celles qui font
touchées. Cet effet doit plutôt ctre attribué à la
difpofition des fibres nerveufes de la plante ,
miles en jeu par un mouvement communiqué,
& peut-être par quelque commotion éleârique
qu on n'a pas même tenté de rechercher dans cet
effet.
Quelques Naturalises» ayant remarqué dans la
plupart des minéraux un arrangement fymmétri-
que, une cry ftallifation , ont cru y reconnoître
une organifation à-peu-près femblable à, celle
des végétaux & des animaux. Le célèbre M. de
fiufibn (i) croit même qu'on peut fe difpenfer de
divifer ainfi en trois grandes clafTes les corps de
la Nature. Il penfe qu'oiz peut de/cendre par degrés
prefyue infcnfiblcs j de la créature la plus parfaite
juj/ju\à la matière la plus informe y de l'animal
le mieux organife jufqtfau minéral le plus brut*
M. Bonnet a développé cette idée dans les pre-
miers chapitrai de fa Contemplation de la Nature.
11 y met fous les veux des Leâeurs un tableau
très éloquent de la chaîne graduelle des êtres :
le néant eft à un bout de cette chaîne j l'exiftence
infinie occupe l'autre*
(i) Dans le premier volume de fan excellent Ouvrage
fur l'Hiftoirc Naturelle , page 11 de l'édition x^fî.
ET RAISONNAI, J
Avant ces deux célèbres Ecrivains , Hotaberg
àvoic cru devoir renoncer à la divifion commune .
des productions naturelles en trois clafles. On Ut
dans les Mémoires de F Académie ( année i yox ,
page 34 ) , que ce Chymifte les réduifoit à deux :
i9. les matières minérales : i°.les matières vé-
gétales , dans Ufquellcs , dit-il , nous compren-
drons auffi les animaux ; car les plantes & les ani-
fnaux produifant les mêmes principes dans les
analyfesy il ne paroît pas qu'on doive en faire deux
claffcs différentes* Auffi , il m'arrivera fouvent de
les défigner colledivemen t fous les noms de corps
organises j & de corps combujlibles.
L'idée de MM. de Buffon & Bonnet eft d'une
philofophie fublime qui faflTemble fous un point
de vue tous les êtres de la Nature , pour les con-
sidérer enfuite d'un même coup d'oeil.
Mais on ne peut difconvemr que cette diftri-
bution générale des corps en trois règnes ne pa-
reille toute (impie > & qu'elle ne fo*t d'ailleurs
trè&commode pour mettre dans nos connoiflances
un ordre qui foulage la mémoire duPhyficien,
6c l'œil du Naturalifte.
Celui-ci cependant , s*arrêtant à des caractères
extérieurs pour diftinguer les corps , peut être
fouvent féduit par de Mufles apparences. Le Chy-
mifte échappe à cette iliufion par Partalyfe à la-
quelle il foumet les fubftances qu'on lui préfente.
Quelque défigurées qu'elles puiffcnt être , il les
reconnoît & faifit fur -le -champ le fecret de Ta
Nature. Nous ferons donc, fur la divifion de^
trois règnes, plufieurs remarques qui viendront à*
1 appui du fentiment de MM. de-Buffon , Bonnet
Se Homberg.
Tous les corps organifés (ont effenriettement
combustibles , & font aliment du feu, parcequ'ils
Aiij
4 ChYMIH EXPERIMENTALE
font les feuls qui contiennent une fubftance
grafle & vraiment huileufe , qu'on fépare, pac
, Fanalyfe , des matières végétales & animales. Au
contraire* tous les corps qui appartiennent véri-
tablement au règne minéral , ne font point corn--
buftibles , tant qu'ils font feuls : ils ne peuvent
fervir d'aliment au feu : ils doivent bien , à la
vérité , aux corps organifés le peu de fubftance
inflammable qu'ils contiennent \ mais elle n'eft
plus dans l'état huileux. Les corps de ce règne
ne fournirent, dans toutes les opérations ordi-
naires de la Chymie , aucune fubftance huileufe.
Les matières végétales & animales , en féjournant
dans la terre , louffrent des altérations confidé-
rables. Cette efpece d'épuifement les fait rentrer
dans le caraâere des matières purement minera*
les , tel que le phlogiftique qui entre dans la
compofition des métaux, & dont l'origine eft
due aux matières combuftibles. Cette obfervation
Sue je jette en partant, fera difcutée : elle con-
rme l'idée des Physiciens que j'ai cités plus
haut.
A l'égard des matières huileufes & des bitumes
qui fe trouvent dans plusieurs endroits de la terre,
& même à des profondeurs confidérables , ils
doivent leur origine aux corps organifés qui fe
trouvent accidentellement au fein de la terre.
Ce font les débris des végétaux & des animaux
qui ont été engloutis par de grandes révolutions
qui arrivent cfe temps en temps à la furface de
. .^îorre globe.
• Il refulte de ce aue nous venons d'expofer ,
qu'on pourroit , 1 la rigueur , réduire à deux
grandes claffes tous les corps de la Nature j fa voir,
les corps organifés & les minéraux. Le but de la
Nature eft de compofcr Se de décompofer : elle
ET EAlSONviE. J
fait prefque toujours ces deux grandes opérations
en même temps , & dans le même fujet. Pour y
parvenir , elle a départi aux corps organifés la
Faculté de compofer toute la matière combustible
qui exifte fur notre globe , en combinant les élé-
ments d'une manière qui leur eft propre , Se y z
recelé , pour ainfi dire , la plus grande partie du
feu qui nous vient du foleil. .
La terre ouvre aufli-tôt fon fein pour engloutir
& détruire les corps organifés qu'elle a fait croître;
elle s'approprie les éléments qui fe font combinés .
a fa furrace , pour fe les diftribuer à fon gré : tel
eft , en deux mots , lefyftême général des grandes
opérations de la Nature ; mais toute fut prenante
que pourra paroître cette idée , j'efpere la dé-
montrer dans tout fon jour j Se faire voir en fog.
lieu , que c eft aux corps organifés qu on doit rap-
porter le fyftême général de i'organifation delà
croûte fuperficielle du globe , dans laquelle on a
pénétré.
Nous ferons voir, lorfque l'occafen fe pré-
fentera , les petites différences que l'analyfe
fait obferver entre les végétaux & les animaux :
il fuffit de dire , guant à préfent , que les mi-
néraux qui font bien véritablement dans l'état -
minéral , différent des corps organifés , en ce
que la matière combuftible qu'ils contiennent ,
eft dans l'état de ficcité parfaite , & non dans Té-
tât huileux , comme elle fe trouve dans les corps
organifés.
Telles font les propriétés les plus générales des
fubftances de la Nature, qu'il convenoit de faire
d'abord connoître , afin d'éviter un plus grand
n<ftnbre de généralités toujours difficiles à faifit
dans les commencements*
A iv
ff ChVMII lïPBRlMENTiLE
De V Analyfe ou de la Dccompqficion chymïqut
des corps*
On entend par analyfe on décompofïtion chy*
mique des corps , la réparation des principes qui
conftiruept les corps compofés.
Les fubftances qu'on fépare des corps par leurs
analyfes , font hétérogènes entre elles , & ont des
propriétés différentes des corps d'où on les a fé-
parées.
Sur quoi noos obfervons que la divifion mé-
ehanique qu'on peut faire des corps, à l'aide des
inftruments tranchants ou contondants , eft infuf*
fifaote pour opérer leur décompofition : on par-
vient bien à les réduire en molécules très déliées,
jUeur faire préfenter plus de furface } mais il eft
impoffible , par ces moyens, d'en féparer leurs par-
ties confirmantes. Les plus petites parties non
corps très divifé ont eflentieliement les mêmes
propriétés que le corps avoit avant fa divifion , ex-
cepté celles qui peuvent appartenir à fon volume.
Nous pouvons rendre cela fenfible par un exem-
ple , & faire voir en quoi 1 analyfe diffère de la
divifion méchanique. Suppofons un corps com-
pofé d'argent & de foufre. L'argent eft un métal
très fixe au feu ; le foufre eft une fubàance très
Volatile. Si l'on expofe ce compofé à l'aéfcion du
feu , dans des vaifleaux clos , te foufre s'élèvera
feul à la partie fupérieure des vaifleaux , & s'y
attachera ; l'argent, comme fixe , reftera au fond
du vaifleau, & fera abfolument pur. Ainfi cela
formera une véritable analyfe , ou une féparation
des principes prochains qui compofoient le corps
dont nous parlons, puifqu'on obtient féparément
les parties conftituantes % qui font le foufre &
l'argent, fans qu'ils aient fubi d'altération , &
ÏT EAISOKKÉH. 9
^[tu ont, chacun féparément , des propriétés diffé-
Rentes que lorfqu'ils étoient unis.
On nomme principes prochains ceux quon fé-
pare des corps pendant leur analyfe , tels que ces
principes exiftoienr , fans qu'ils aient foufFert d'al-
tération. Ces mêmes principes prochains peuvent
ibuvent être eux-mêmes décompofés en d'autres
fubftances ; & ces fubftances peuvent encore être
décompofées en d'autres fubftances plus (impies ,
& cela jufqu'à ce que les corps foient réduits aux
éléments primitifs dont ils font essentiellement
compofés. C'eft pour cette raifon que les Chy-
miftes font convenus de distinguer en principes
prochains i& en principes primitifs , les fubftances
qu'on fépare des corps pendant leur analyfe. Le*
' principes prochains peuvent être décompofés pat
des opératipns ultérieures ; mais les principes
primitifs ne font plus fufceptibles d'éprouver de
décomposition ni d'altération.
Il feroit abfolument impoflible de parvenir 3
par la fimple divifion ou pulvérifation , à une
femblable décomposition. Les plus petites mo-
lécules du compofé contiendraient toujours de
l'argent & du foufre dans les mêmes proportions
qu'on les auroit fait entrer dans la maffe.
Ce moyen d'analyfer les corps n'eft pas tou-
jours efficace pour obtenir leurs principes , foit
prochains , foit primitifs : cela vient de ce que
tous les corps ne font ni également Simples , ni
également compofés , ni auSfî faciles à décom-
pofer. H y a, fur cet objet» une variété considé-
rable. Il y a même plufieurs corps auxquels il eft
abfolument impoffible de caufer la moindre alté-
ration; ce font ceux que nous examinerons bien-
tôt fous le nom d'éléments ou de principes pri-
mitifs des corps.
IO ChYMIB EXPERIMENTALE
U y a d'autres fubftances , & ce font les corps
organifés > qui fpnc fi faciles à fe dénaturer > que >
par ce moyen d'analyfer, il eft impoflible de
recueillir leurs principes prochains, tels qu'ils
exiftent dans ces corps. Us fe trouvent tellement
dénaturés, après unefemblable analyfe, qu'il*
font absolument méconnoiflables. Ces difficultés
ont engagé les Chymiftes à chercher d'antres
movens aanalyfer les corps , fans leur caufer
d'altération fenfible : & c'eft i quoi l'on eft par-
venu i l'aide de différents menftrues : de là font
venues ces diftinâions d analyfe par le feu , &
d'analyfe par l^s menftrues.
V analyfe par le feu eft celle où Ton fe fert de
Fa&ion immédiate du feu , pour décompofer les
corps , comme nous venons de le dire.
V analyfe par les menftrues confifte £ faire palier
fur lesjcorps qu'on veut analyfer , des liqueurs de
différente nature , propres à diiToudre fucceffi-»
yement les fubftances qui entrent dans la compo*
fition des corps. Ce moyen s'emploie avec beau-
coup de fucces pour féparer des végétaux & des
animaux leurs différents principes prochains , fans
leur caufer d'altération ienfible , fi ce n'eft de fe
trouver mêlés avec un peu du menftrue qu'on *
employé. Un exemple va donner une idée claire
de l'analyfe par les menftrues. Suppofons une
plante qui contienne de la gomme , de la réfine ,
du fel eflentiel , &c. en paffant fuccefiivement
fur cette plante de l'eau , de l'efprit de vin , de
l'éthèr , &c. on l'épuifera de fes principes pro-
chains. L'eau diflbudra les parties gommeufes &
falines ; l'efprit de vin s'emparera de la partie
réfineufe , & l'éthèr diffoudra , d'une manière
plus exaâe , cette fubftance réfineufe, que n'a-
voit pu faire l'efprit de vin : il reftera enfin la
ET RAISONNÉ 1. ir
partie ligneufe du végétal , qu'on peut achever
d'analyfer par le feu. Il y a encore beaucoup d'au-
tres menftrues qu on peut employer pour cette
efpece d'analyfe j tek font les acides minéraux
& végétaux, les fels alkalis fixes & volatils, les
huiles grafTes & essentielles , &c. Le choix des
menftrues dépend de la nature du corps qu'on
veut analyfer , & de la fubftance qu'on veut ex-
traire de ce même corps. Nous aurons occafion
de nous étendre davantage fur cette matière,
lorfque nous ferons Fanalyfe des fubftances vé-
gétales & animales.
De la Combinai/on ou Compqfition ckymique des
corps.
La combinaifon ou compofition chymique eft
l'union de plufieurs corps hétérogènes entre eux ,
dont il réfulte un nouveau corps mixte qui a des
propriétés différentes & moyennes entre les fub-
ftances qui ont fervi à le former j c'eft ce que
Becker & Staahl ont nommé mixtiony6c que nous
nommerons combinaifon ou compofition chymi-
que*
Pour que la combinaifon ait lieu , il faut que
plufieurscirconftancesconcourent en même temps,
j °. Il eft évident que les fubftances qu'on ve\it
unir , doivent être hétérogènes entre elles \ fi elles
croient homogènes , il n'en réfulteroit pas une
combinaifon , mais une fimple addition de ma-
tière de même efpece. i°* Il faut que l'union fe
farte entre les molécules intégrantes , qu'elles fe
juxtapofent entre elles , & qu'elles reftent adhé-
rentes dans cette juxtapofition ; car les fubftances
pouvant fe féparer par le repos , comme de l'huile
qu'on auroit mêlée avec de l'eau par le moyen de
l'agitation , on n auroit fait qu'une fimple divi-
Tl ChYMIB EXPiltlllBKrTÂLB
fion d'un corps par un autre , & non une combi-
nai/on.
Expliquons maintenant ce que Ton entent!
par les termes hétérogène, homogène ^ 8C pat par*
ties intégrantes.
On entend par corps hétérogène * ou de diffé-
rente nature , des fubftances qui ont entre elles
des propriétés différentes , &,en quelaue force,
oppofées l'une à l'autre : lorfque ces fubftances
peuvent s'unir , adhérer enfemble , 8c former un
compofé , on leur donne le nom de principes ou
de parties continuantes , parcequ'elies fervent
effe&ivement de principes, ou de parties confir-
mantes, au nouveau compofé qui réfulte de leur
union. Par exemple , un acide & un alkali font
des corps de nature bien différente l'un de l'au-
tre; leurs propriétés font, en quelque forte,
oppofées. Ces deux corps s'unifient très bien , 8c
en s'uniflant , ils épuifent réciproquement leurs
propriétés particulières ; ce qui eft une condition
abfolument eftentielle à la combinaifon. Le corps
qui réfulte de cette union , a des propriétés
moyennes entre les deux corps qui l'ont formé ;
ainfi l'acide & l'alkali deviennent les principes,
ou les parties conftituantes, du nouveau com-
pofé.
On entend par corps ou parties homogènes^ des
fubftances qui font de même nature \ telles que
deux molécules détachées d'une même pierre ou
d'un même métal, deqx gouttes d'eau y deux
gouttes d'une même huile , &c.
Enfin on entend par parties intégrantes 3 les
plus petites molécules féparées d'un corps, mais
qui confervent les propriétés du corps a on elles
ont été féparées. On peut fuppofer cette divifion
portée à un tel exc& , qu'il n eft plus poffible de
ET RAISONNE E. 1}
divifer davantage ces corps , fans les décompofer.
Tel eft, par exemple, un corps diffbus dans un
.acide , qui eft tellement divife, qu'il eft réduic à
fes molécules intégrantes , & que 1 acide empêche
de fe réunir. Si l'on prend une petite portion de
la diffblution , on peut faire reparoître le corps
tel qu'il étoit i fans avoir fubid'altération jainfi ce
corps étoit feulement divifé , & non décompofé ,
cependant avec lès reftri&ions dont nous parle-
rons eft fon lieu.
Lorfque deux corps homogènes , ou de même
nature , s'unifient enfemble , cela ne forme point
une composition , mais une mafle qui a feulement
un plus grand volume : lorfqu'il y a union & ad-
hérence entre les parties de ce tour, cela produit
ce que fiecker & Staahl ont nommé agrégation *
Agrégat j & corps agrège.
On voit par conséquent, qu'il y a une très
grande différence entre la compofition ik l'aerég*-
.rion. U eft bien eflen tiel de ne point confondre ces
deux opérations, puifque l'agrégation ne produit
qu'une addition de mafle, ou qu'une addition de
•parties femblables , & que la composition , au
contraire , produit un nouveau corps qui diffère
eflentiellement des fubftances qui le compofent.
Il réfulte de tout ce que nous avons dit jufqu a
{>réfent fur l'analyfe & fur la compoûtion , que
'analyfe a pour objet la féparation des principes
qui conftituent les corps j & la composition , au
contraire, a pour objet de réunir tes principes
qui ont été féparés par l'analyfe , pour reformer
les compofés tels qu ils étoient auparavant. Nous
pouvons rendre cela encore plus fenfible par un
exemple , en nous fervant des produits que nous
avons féparés du corps que nous avons pris pour;
exemple d'analyfe.
14 Chymie expérimentale
Si Ton fait fondre dans un creufet, l'argent que
nous avons féparé par l'analyfe, & qu'on ajoute
le foufire qu'on a pareillement obtenu par la fu-
blimarion j ces deux fubftances s'uniront enfem-
ble y Se reformeront le même compofé d'argent
&: de foufre, tel qu'il ctoit auparavant. Il y a
dans laGhymie beaucoup d'exemples femblables,
dont nous parlerons à mefure que Toccafion nous
en fournira les moyens.
Ces décompofitions & recompofitions *fe font
avec exaditude Se rigoureufement j mais ce n'eft
•encore que fur un très petit nombre de corps du
règne minéral , pareequ ils font beaucoup plus
fimples & moins faciles à fe détruire , que les
corps orgaftifés. La Chymie & la Phyfique ne
font pas encore allez avancées pour opérer ces dé^-
comportions & ces recompolïtions fur une infi-
nité d'autres corps. Il y a même lieu de préfumer
3ue , quelques découvertes qu'on faffè à ce fujet \
refterà toujours un grand nombre de fubftan-
ces , fur lesquelles il fera toujours impofiible
d'appliquer ces opérations } tels font les vég&-
taux 6c les animaux , pareeque ces corps font
très cbmpofés ; plufieurs dé leurs principes pro-
chains font fi fugaces, qu'il le diffipe toujours
quelque chafe , même fans qu'on puifie s'en ap-
percevoir:: d'âittëuts , leur texture eft fi délicate
& fi bien organifée , quelle fe détruit com-
plètement dans routes les opérations de ce genre
du'onleur faitfubir : éc il èft impôflible , en unif-
iant leurs principes , de lès faire reparoître tels
qu'ils étoient auparavant.
La plupa* t de$ Chymîftes-Phyficiens ont fait
beaucoup de recherches pour expliquer les phé-
nomènes de k combinaifon : ils les attribuant à
l'attraétioû Se à la pefameur des corps : en effet ,
ÏT RAISONNE!. 15
il paroît difficile de les affigner à d'antres caufes.
Nous verrons dans un inftant , que ces deux effets
qui fe modifient différemment dans les opéra-
tions de la Chymie, font connus fous les noms
de rapports & $ affinités 3 & qu'ils font des pro-
priétés inhérentes de la matière , & la caufe de
prefque toutes les décompofitions & compofi-»
rions chymiques.
M. de Bufton dit , 1 3e. volume , édition frt-40.
page xij de la Nature , féconde vue : Si yjuf*
qu à ce jour j ton a regardé- ces.làix d'affinité
comme différentes de celles de la pefanteur j c'cfl
faute de Us àtoït bien connues y bien fumes; c'ejt
faute d'avoir emhajje cet objet dans toute fon éten*
due. Lafigutequi^ dans les corps céléjèes 9 ne fait
rien j ou prefque rien ^ à la loi de PaSton des iûtè
fur les autres y pdïccquela diftanct ejttrh grande 9
faitj au contraire s prefque tout ^ lorfqut iadiftanct
eft très petite ou nulle. * - ^ • '- '*
Afin de fixer les idées qu'on doit fé former de
la combinaifon des corps , examinons-comment
on peut concevoir cette grande & mérveilleufe
opération , & la difpofition que prennent feritrè
elles les fubftànces qui fe combinent. Je penfè
que l'attraâîen & la pefanteur font le nerf de
toutes les combinaifons ; mais fi ces deux pro-
priétés font les thèmes , il faut cependant les dit-
tiiigtier , à regard des combinaifons diymiques >
-en ce que Tune Se l'autre , dans nombre de cit-
confiances , paroiflènt agir comme fi eflles étoieift
indépendantes -forié de îaarte : noos pouvons
ïeridre cela tAitè fenfibte pair de* exemples. L*
pefanteur ett là propriété eu ont les corps dt
tomber en ligne pêspJéixdicufcirë i la fur face dfe
la terre , lomfiiè rieh ne s'oppofe à leur chute;
lorfque le ccftps eft arrivé à- fon point de rèpe* >
* 1
%6 CHY>CI& ÊXPERTifEHtALË
il pefe fui: le corps qu'il touche, avec tout foft
poids , comme corps pefant ; dans les cireonf-
tances, ordinaires, on peut enlever ce corps à
l'aide d'un effort égal à fon poids : tel eft ce que
Ton doit entendre par planteur feulement, Se
indépendamment de toute autre propriété de la
matière* m
Mais fi ce corps , indépendamment de fa pe-
fenteur , a de l'adhérence avec celui fur lequel il
tepofe , par exemple , un morceau de fer d'une
once , qu'on poferoit fur une pierre d'aimant 0
on fent tien qu'il faut d'abord un poids quipuiflè
agir avec une once de force > pour enlever ce
morceau de fer ; mais il faut encore ajouter à
cette force un poids fuffifant pour rompre l'attrac-
tion que ces deux corps ont entre eux : il eft dif-
ficile de déterminer ce poids, pareeque cela dé-
pend des points de contaâ , & de L'attraâion plus
pu moins forte entre ces corps. Ce que nous (li-
ions arriver entre une pierre d'aimant Se un mor-
ceau; de fet^fe parte entre les plqs petites mole*
cules des corps qui fe combinent; & leur adhé-
rence eft d'autant plus forte, que les corps fe
juchent par un plus grand nombre de points de
cpnt^â , & que ces mêmes molécules ont plus
iTattraâdon entre elles»
,'i 11 fuit de là que la combinaifon fe fait eiïentiel-
iemçnt entre les molécules intégrantes des corps
.hétérogènes qui font mis en jeu , & qu'elles s en-
tre-divifent relativement les unes les autres ,
pour fejux tapoter entre elles: c'eft dans cet inftapt
■d'union , que les.corps quifecpmbinent , font ou
ne font point d'etfervefcence , produisent ou ne
-produifent point de chaleur , ablorbent ou laiHènt
dégager de l'air , & tous les autres -phénomènes
qui accompagnent la combinaifon en général.
Comme
' 'If *.A< S 0K tf£ B« ' > fi
domthe ta matière eft absolument impÀiétrabîe*
il eft difficile de concevoir la combinaifon autre-
ment que comme une iuxtapofîtion de molécules
intégrantes à molécules intégrantes $ fi nous
avions desorganes aflez déliée, ou desinftruoients
d'optique arfesfc bons > on diftingueroit dàn* nn
compofé les différentes molécules qui forment les
corps , & on les verroit placées , en tout fens , fe»
unes à côté des autres. Un mélange » par exemple,
de poudre bleue & de poudre verte forme une cou-
leur jaune, étant regardé à la vue (impie ; mais , ft
on l'examine à l'aide cTuhe bonne loupe , on y dit
tingue les deux couleurs primitives; Pour faire
comprendre à ceux qui ne font pas fuffifamment
initiésdaris la oHyfique > et que 1 on entend par im-
pénétrabilité de la matière , nous pouvons cirer ici
urteexpérience^onnuedë tous les Phjrfîciens» LorA
Sa'on' énonce un ëlou dans une pièce 4e bois; ce
ou déplace feulement les fibres pour fe faire une
efttrée',' mais il ne peut nij>ercer ni pénétrer la
fubftance propre du obis. lire pafle dans 1er com-
binaifon* chimiques quelque chofe de coitipa^
rabte à cet eflfet , rêlacivetnentà Impénétrabilité »
avec cette différence cependant , que le clou tfeft
point combiné avec le rois: : il n'eft mdivif&Ynï
dans l'état propre à la combinaifon : il rfeftpas*
même adhérent à la fubftance propre du bei^ ; il
n^ftfWeiiu que par la preffion & TélafticitiS des
fibres du bois j au lieu que la combinaifon fe faicv
immédiatement entre les molécules intégrantes
des corps , qui fe placent les unes à côté des au-
tres1 y fiais fe pénétrer, Cçft de leur adhérence mu-
tuelle 9 que réfulte la combinaifon , en verra de
l'attra&ion quittes ont erittè elles.
Nous obfervercfns qrië tous les corps' de la na-
ture doivent ctrecofihdérés comme étaiit compo-;
Tome 1. B
tf Chtmis bxpIuïmehtài*
fés de molécules infiniment petites $ mais on doté
fuppofer en même temps , que les molécules de
cous les corps ne font pas toutes de la même té^
nuité. Il y a fur cet objet una diverfité confidé*
rable j & c'eft à cette diverfité qu'on doit rappor-
ter celle qu'on remarque dans les combinaisons,
foit par leur plus ou leur moins d'adhérence,
ou par le plus ou le moins de facilité qu'elles
frélentent à fe laifTer décompofer. Tout ce que
on peut dire de plus général fur cette matière,
c'eft qu'il paroît que les combinaifons les plus
parfaites font celles oui fe font entre des corps
dont les molécules intégrantes font les plus petites
ou les plus ténues , & qui ont en même temps la
plus forte attraction entre elles. Ce ne peut être
qu'à ces diverfités , qu'on doit rapporter certains
effets que plufieurs combinaifons falines préfen-
tent dans beaucoup d'expériences , effets qui font
différents de ceux auxquels on devoit s'attendre.
Il y a certains fels,, par exemple , que l'on croirait
ne devoir point changer les couleurs bleues des
Yégétaux* & <jui néanmoins les changent : tels
que la terre foliée de tartre , le nitre à bafe ter-
reufe , le fel marin i bafe cerreufe , qui rougtifent
d'abord la couleur du fyrop violât, & la rendent
verte un inftant après: tous ces effets ne peuvent
être attribués qu'a une combinaifon peu intime,
qui laifle les fubftances propres de la combinaifon
agir l'une après l'autre $ ce qui femble indiquer
que cette combinaifon s'eft faite entre des mo-
lécules intégrantes, moins déliées que celles
des combinaifons *de même efpece, qui nepro-
duifent pas de femblables effets. L'acide -des
combinaifons dont noiw parlons _, agit d'abord
fur la couleur bleue des végétaux, comme fi cet
acide étoit libre x & l'alkali pu la terre de ce?
B T R A î S O K K h! Xf
feli ne produit fon effet qu'en dernier Ken.
Confidérons maintenant les phénomènes "de
compoGtion & de décompofïtion , fous un point
de vue plus général , fous celui qu'on eft convenu
de nommer rapport ou affinité.
Sur les Affinités . chymiqucs.
Lorfque deu*. corps libres, éloignés l'un de .
l'autre , s'approchent mutuellement fans qu'au-
cune caufe extérieure les pouffe l'un yers l'autre,
les Phyficicns ont donné a ce phénomène le nom
$attra3iôn ; & celui de vertu attractive l la caufe
qui le produit , quand ces effets fe patient fur le*
corps en mafles, & non fur les molécules primi-
tives de ces corps*
* Cette propriété de la matière porte en parti-
culier le nom de gravitation j quand les coçps
qui agifTent l'un fqr l'autre , font fort éloignés *
par exemple , l'aftion que le foleil & la terre
exercent réciproquement l'un fur l'autre pour fe
rapprocher & s'unir, $iïc nommée gravitât ion.
Un a donné à cette même propriété de la ma-
tière le nom de cohéfion ou & adhérence* lorfque
les corps qui agifTent l'un fur l'autre , fe touchent
immédiatement, & qu'il* adhèrent entre eux.
Enfin on a nommé cette propriété rapport ou afi
faute* lorfque les phénomènes qu'elle préfehte
fe partent dans les opérations dé la chymie, foit
que ces effets aient lieu entre les molécules inté~
grantes des corps , ou entre les éléments de ce*
mêmes corps : mais , fous quelque dénomination
3ue Ton conndere les effets dont nous parlons , ils
ébendent abfolument de la même caufe.
< Nous définitions les affinités chymiques , une
tendance qu'ont les parties de la matière pour
s'unir & adhérer enfembie» foit que ces parties
Bij
1JX CHXMIE ^PiçLlMBNTALE
foiént- homogènes , foie qu'elles foient hétéro*
gènes.
L'adhérence de deux fprfaces très polies > ap-
pliquées l'une fût l'autre \ la tendance qu'ont l'une
vers Vautré deux gouttes d'eau , deux gouttes
d'huile, deux gouttes de mercure, ou de quel-
que fluide de même efpece , placées lune près de
l'autre j, qui fe réiinifleut &;fe confondent en une
feule maiïe; Vafcenfîon des liqueurs dans les
tuy aux capillaires î la diflblution des corps m% l'at-
traction du &t& dePannant* & celle des matiè-
res yèjs les corps éle&tîques , &c. i effets qui ont
également Heu à L'air comme dans le vuide j ) la
gravit^qon $ç le mçjUfiçirçent de tout le fyfteme
planétaire , font autant de phénomènes du tpeme
genre^ Ac qui paroiflènt dépendants de la même
. La Ghywie & la Phyfique ne font pas, encore
ajffez :avancfçs pour expliquer la eau le de l'attrac-
tion/ Pjufîeurs f\ab£le^ Phyficiens aqt ççupûié.
a vqc foin. les phénornq nés, jde l'attra$ion(; mais
ils n ont golnt êntœptis, d'eipliquçt ces phéno-
mènes,,; paççequ ils fonta^ffeflus dç t^pfconnoif-
iances a&uç[lles. En effet , pour pouvoir çxurçfidre
raifon > il faudrait cqnnoitre la çaufe du mouve-
ment qup font les corps pouf s'approcher ÎW vçrs
l'autre j s'afliirer fi ce mouvement dépend d'un
principe interne qui attire les corps > ou £un
principe externe qui les repoufïe. Cette propriété»
quelle qu'en foit La caufe , wroît aufli inhérente
à la matière , que fon étendue & fon impénétra-
Quelques Çhymiftes ont rangé les affinités chy-
miques dans la claflè de ces fyftcmes ingénieux ,
faits pour fubfifter jufquà ce que d'autres vien-
nent les détruire \ mais il s'en faut de beaucoup
ï T R A"I S O tf N i 1. ^ il
que les affinités foient dans cette clafle : on ofcU-
ierve qne certains corps s'uniflènt enfëmblë avec
une grande facilité, que d'autres ne fe combinent
Îiue difficilement s & qa'eftfin il y eh a qui re-
ufent de contraâer aucune union par tous les
moyens connus jufqu à préfent $ mais , parcéJ-
qu on n'eft pas encore parvenu à combiner ces
corps , on auroit tort de conclure qu'ils n'ont erf-
femble aucune affinité j il y a au contraire tout lieu
de pehfer qu'on y parviendrait par dés môyerife
Îtlus recherchés : c'eft effectivement ce à quoi je
uis parvenu fur un certain nombre de corps qif on
avoit toujours penfé ne pouvoir pas s'unir enfem-
ble , comtfie nous le ferons remarquer à mefurë
que les occafions s'en préfenteront.
Ainfi, déterminer, par un nombre fuffifaftt
d'expériences , Tordre dans lequel les différents
corps peuvent s'unir fucceffivement les uns aux
autres , & le même ordre dans lequel ils fe fépa-
rent les uns des autres , eft un fervice des plus
importants qu'on puifle rendre à la Chymie. Feti
Geoffroy , Médecin , eft le premier qui aitpënfé
à réunir en une table les rapports ou affinités
fondamentales de la Chymie (i). Cette tablé eft
fujette à plufieurs exceptions &1 plufieurs chan-
Îjemënts que nous ferons rémarquer à mefure que
es occafions s'en préfenteroxft ; néanmoins elle
forme un tableau ou un enchaînement de con-
noiftancés qui ont répandu beaucoup de lumière
dans la Chymie Se dans la Phyfïque.
M. Geller a augmenté confîdérablement cette
table , comme on le voit dans ton excellent Ou-
vrage qui a pour titre Chymie métallique.
L'Académie de Rouen propofa les affinités chy-
" (O Volume de l'Académie , année 171S.
Biij
lt Ch.TMIE E XPktMBN TA L B
iniques, pour lefujetdefon pradeTannée 175*.
Ce furent MM. Jean «Philippe de Limboorg,
Dodeur an Médecine , & Sage, fils, Maître de
Philofophie & de Mathématiques à Genève, qui
.remportèrent le prix. 11 fat partagé entre eux ,
comme ayant réfolu , chacun de leur côté», la
moitié de la queftion. Le premier traita les affi-
nités en Çhymifte > & le fécond les confidéxa
en Phyficien-Géometre. En effet , il paroît que,
pour pouvoir bien traiter cette matière, il faut
réunir & faire ufage des connoiflances chymiques
& mathématiques.
M. Macquer a donné , dans fon Dictionnaire
de Chymie , un très bon article fur les affinités
chymiques. 11 fait une divifion méthodique en
quatre claflès, des différents états où Ton ren-
contre les affinités dans les opérations de la Chy~
inie ; quoique d'ailleurs il n'admette , avec
tous les bons Chymiftes-Phyficiens , qu'une feule
efpece d'affinité qui eft abfolument la même , Se
qu'il reconnoît venir de la même caufe.
Les différentes tables des rapports , publiées
jufqu'4 préfent, n'indiauçnt point fi les affini-
tés qu'on y expofe, ont lieu par la voie feche on
1>ar la voie humide» Comme j'ai obfervé que
es réfultats ne font pas toujours les mêmes , je
fropofe deux tables des rapports : l'une indique
ordre de* affinités des corps par la voit humide ,
& la féconde indique le meme ordre des affinités
par la voie feche : ce font les feules manières d'o-
pérer dans la Chymie* Je penfe qu'au moyen de
ces deux tables , on peut établir \es affinités ave*
plus d'ordre , d'exactitude & de précifîon , qu'oa
n/a pu le faire jufqu'à préfent. Les affinités éta-
blies fous ces deux points de vue, font plus mé-
thodiques & plus conformes aux différences 19a*
1T HAlSONNil. If
nier es d'opérer. Je ferai remarquer, àmefureque
les occafions fe préfenteront , qu'il y a une in-
finité de circonftances , où des corps qui ont en-
femble la plus grande affinité par la voie humide >
ne l'ont que très foible par la voie feche , & vice
versa ; ceft ce qui me fait penfer que cette double
table feroit extrêmement utile.
Les affinités chymiques dépendent eflentielle-
ment d'une feule & même caufe qui eft l'attrac-
tion j mais cette propriété de la matière fe mo-
difie , & préfente dans les opérations différents
effet* qui font relatifs à l'état des fubftances
qu'on met en jeu. Nous penfons qu'on peuteon-
fidérer fous huit cas différents , les principaux-
phénomènes qui ont rapport aux affinités chymi-
ques. Nous nous contenterons d'expofer ici quel-
ques exemples de chacun des différents cas fous
lefquels fe manifeftent les affinités chymiques.
De plus grands détails feroient déplacés , & de-
manderaient la connoiflance de toute laChymie;
mais nous ne manquerons pas de faire remarquer,
dans le cours de cet Ouvrage, les autres expé-
riences qui ont rapport aux affinités.
i°. Affinité d'adhérence ou de cohéjion.
L'affinité d'adhérence ou de cohéfion eft la
tendance qu'ont les corps pour fe porter l'un vers
l'autre , & la force qu'ils emploient pour s'oppo-
fer à leur féparation.
Expérience.
On prend deux morceaux de glace bien polie ;
on les afTujettit, chacun féparement, avec du
maftic , fur deux morceaux de liège. N
On fixe fur une table l'une des deux pièces ,
en obfervant que la glace fe trouve en deffus : on
Biv
1+ Chymie expérimentale
pofe enfuite l'autre glace fur celle qu'on vient
cTafTujettir, en la frottant circalairement , Se en
appuyant un peu fort. Si Ton vient à lever la
glace fupérieure , on obferve quelle tient, comme
ii elle étoit collée fur la glace inférieure ; il faut,
pour l'en détacher 9 employer une force fupé-
rieure à fon poids. Si Ton met une goutte d'huile
entre ces deux glaces , elle augmente davantage
les points de contaâ, & l'adhérence devient beau-
coup plus forte. M. Muftchenbroek, célèbre Phy~
ficien , ( EJfais de Phyfiqut , tome i , page 272, )
a obfervé que deux boules de cryftal, qui fe
touchoient réciproquement par deux fegments
ronds, d'un dixième de pouce de diamètre, adhé-
rèrent enfemble avec une telle force , qu'il fallut
employer un poids de dix-neuf onces de plus que
le poids d'une des deux boules pour les détacher.
M. Defaguilliers a obfervé, dans une expérience
femblable , faite avec deux balles de plomb ,
qu'elles tinrent avec une force égale à quatre-
vingts livres , & quelquefois à cent livres. J'ai
vu une pierre d'aimant pefant une* once , qui
foulevoit un poids defept livres.
L'afcenfion des liqueurs dans les tuyaux ca-
pillaires , l'attraâion de l'aimant , celles des
corps éleâxiques , &c. font autant d'exemples
de cette efpece d'affinité à laquelle les Phyfr
ciens ont donné le nom & attraction j & que
nous nommons affinité $ adhérence ou de xohé-
fionj afin de la diftinguerde l'affinité d'agréga-
tion dont nous parlerons dans un inftant. Dans
l'affinité d'adhérence , il n*y a point une véri-
table union entre les corps : les parties de la
matière de l'un confervent la pofirion qu'elles
avoient à l'égard des parties de la matière de
l'autre. Ce genre d'affinité n a lieu que pour les
IT R A I 5 O N N i 1. %j.
corps qui ne peuvent fe mêler ni fe confondre »
mais feulement adhérer ensemble, foit qu'ils
foient homogènes , foit qu'ils foient hétérogènes :
mais , lorfque , par des moyens chymiques, on
les mêle par la fuhon ou autrement j il en réfulte
une composition , fî les corps qu on met en jeu
font de nature biffer en te j il n'en réfulte au con-
traire qu une agrégation , fi ces corps font de-
même efpece.
Nous obferverons que cette affinité a lieu dans
.une infinité d'opérations de chymie ; & fur*
tout à legard des précipités terreux & métalli-
ques , qu'on lai(Te fecher fans les remuer* Les
parties de la matière prennent entre elles / à la
Faveur de l'eau , un arrangement fymmétrique ,
èc une adhérence qureft telle , que plufieurs ne
fe biffent divifer qu'avec beaucoup de difficulté-
Si , au contraire , on les remue fouvent pendant
leur defiiccation , on détruit cet arrangement ,
avant que les parties aient acquis toute leut
adhérence. Ces précipités font alors prefque
fans confiftance \ 6c deviennent très faciles à di-
vifer. Cette affinité a encore lieu i l'égard des
cryftaux de fels qui fe font formés dans des li-
queurs acides ou alkalines. Ces fubftances adhè-
rent aux cryftaux de fels avec une certain* force *
fans être combinés : il faut» pour les féparer, une
force plus grande.
Cette affinité d'adhérence ou de cohésion ne
borne pas feulement fa puiiîance dans les labora-
toires de chymie, elle a également lieu à, l'égard
des terres très divifées quêtes rivières charrient &
dépofent > lorfque leurs molécules font de nature
à avoir beaucoup d'affinité entre elles. Elles pren-
nent , à la faveur de l'eau dans laquelle elles fe
meuvent librement, l'arrangement fymmétrique
i£ Chtmie expérimentale
qui leur eft propre : il en réfulte , par le laps de
temps j une pierre plus ou moins dure , fuivanc
l'arrangement & la nature des molécules consti-
tuantes.
Tous les corps de la nature n'ont pas , à beau-
coup près , la même dureté ni la même folidiré.
11 y en a, comme la craie , dont les parties inté-
Srantes font fi peu liées entre elles , qu'on peut
étrnire leur adhérence par un léger frottement
entre les doigts; tandis qu'au contraire, il y a
d'autres corps dont les molécules intégrantes ont
une adhérence fi forte , qu'il faut , pour la dé-
truire , employer une force très confidérable ;
tels font les pierres vitrifiables , les minéraux , &c.
On peut déduire de ces différentes propriétés,
quela force attra&ve qui s'exerce entre les mo-
lécules intégrantes des corps ou entre leurs élé-
ments , n'eft pas toujours précifément du même
nombre de degrés. Si , lorfque les parties de la
matière fe portent les unes vers les autres , pour
adhérer enlemble ; fi, dis-je, cette force attrac-
tive avoit lieu avec tout fon pouvoir abfolu , &
que rien ne diminuât ou ne s opposât à cette ac-
tion, il devroit néceflTairement en réfulter des
corps d'une fi grande denfité, qu'ils feroient peut-
être mille fois plus pefants que l'or. 11 en ieroit
de même, fi cette force d'attraéfcion , fans être
abfolue , agifloir conftamment avec un même de-
fré de force entre les molécules difpofées à ad-
érer eçfemble ; il en réfulteroit des corps1 qui
feroient entre eux d'une denfité égale. Or, comme
nous venons de le faire obferver , il y a , a cet
éprd , une très grande variété : on en peut con-
clure que l'attraction exerce fon aétion à des de-
grés de diftance différents , qui font relatifs à la
nature des corps,& à une infinité de circonftances»
ÏT RAISONNÉ E. 17
U fera peut-être toujours impoflîble de pouvoir
obferver & cpnftater les degrés de force de ces
effets dans les différents corps , & déterminer les
diftances où cette vertu attractive celle d'agir.
La caufe qui s'oppofe a l'attraltion ablolue y
a été reconnue par les Physiciens à l'égard de*
corps céleftes j ils lui ont donné le nom de répul-
Jion j c'eft-à-dire , une force tout auffi réelle que
1 attraction , qui repoufle les corps , après qu'ils
fe font approchés i un certain point , & qui les
empêche ae fe réunir. U paroît que c'eft de ces
deux forces, auraâion 6c répulfion* bien ordon-
nées , que refaite l'équilibre & la parfaite har-
monie qu'il a plu au Créateur d'établir dans l'uni-
vers. Cette répulfion , quoique caufe féconde , 8c
foumife aux loix de l'attraâion > eft une propriété
inhérente à la matière : cette propriété agit con-
jointement avec l'attraâion , jufques dans les élé-
ments des corps , Se dans toutes les opérations de
la Chymie. U paroît même que c'eft de ces deux
effets réunis , & de leurs différents degrés d'ac-
tion , que refaite la variété qu'on obferve dans
la dureté & dans la denfité des corps : cette ré*
pulfion n'influe pas moins dans les phénomènes
de leur compoiîtion & dans ceux de leur décom*
pofirion. %
Beaucoup de Phyficiens ont rejette la répnlfion
que Newton avoit reconnue dans les corps fublu-
naires. Us ont regardé cette propriété comme chi-
mérique , parcequ'ellé n'étoit pas appuyée fur un
nombre fumfant d'expériences & d oofervations ;
mais 9 fi 1 on jette un coup d'oeil fur beaucoup
d'opérations de chymie , on ne pourra s'empêcher
d'admettre une propriété répuluve dans les corps.
Lorfque. nous parlerons de la cryftallifation des
fels^ nous nous étendrons davantage fur cette ma*
X% ChYMIE IIPiltrJIEHTALB
tiere : nous ferons voir des expériences ttès fa-
vorables au fyftême de la répuHkm.
i°. Affinité d? agrégation*
I/àflïnité d'agrégation eft Tactradion 8c l'ad-
hérence des corps de même efpece dans l'état de
liquidité , pour former des mafles plus groflès ,
mais de même nature.
On place fur un papier huilé , deux gouttes
d'eau , diftantes l'une de l'autre d'etmron une
lime : un inftant après , on voit qu'elles font
effort pour fe rapprocher : elles fe rapprochent
en effet , & fe réunifient avec un motfvement
accéléré. Deux gouttes de mercure placées , dans
les mêmes circonftances , fur une feuille de pa-
pier , fe réunifient également avec tin mouve-
ment accéléré. Il 7 a beaucoup d'autres expé-
riences , dépendantes de la même caufe , où
deux gouttes de liqueurs homogènes fe réunifient
de la même manière ; tandis que deux gouttes de
liqueurs hétérogènes , comme une courte d'eau
& une goutte a huile, loin de fe reunir, fem-
blent i au contraire , fe repoufier.
U eft bon de prévenir , lorfqil'on fait ce* expé-
riences , de poier les gouttes de liqueurs fur des
corps auxquels elles n'aient point une difpofition
* à s'unir : par exemple, fi Ion mettoit les deux
gouttes d'eau fur du papier fans être huité , cène
affinité ne fe manifefteroit point , l'eau s'imbibe-
toit dans le papier, & cette imbibkion s'oppoferoit
aujphénomene de la tendance. La même chofe
arriverait fi on placoit des gouttes de ihercure
fur une plaque de plomb ou d'étain , 8cc.
Comme l'agrégation emporte nécefiàirement
avec elle l'union & le mélange intime dei9 corps
qu'on met en jeu , de manière qu on né puiflè
1T HAXSOMtiit. 19
pas distinguer les pâmes qui étoient à droite
d'avec celles oui croient à gauche ; il s'enfuie
3ue ce cas d'affinité ne peut avoir lieq .qu'avec
es corps qui font dans l'état de liquidité ,
comme, font les liquides dont nous venons de
parler , ou deux gouttes de métal de même ef-
{>ece , en fufion , qu'on placerait 1 une à côté de
'autre. Ce en quoi cette efpece d'affinité diffère
de l'affinité d'adhérence » eft que dans cettç der-
nière affinité 9 qui a lieu entre les corps folides
de même efpece , ou d'efpece différent* , ou entre
un corps fonde & un corps liquida > les <joips ne
peuvent le mêler ni fe confondre.
raf
petites [
comme fur les cpjpç'foUdes, aii reite oe* fgits
Seuventêtre également cités comme dessiemples;
'affinité d'attta<9»on & définit* d^agrécarion ;
mais fi l'on voyait te effets de cette wgnie**
affinité d'une manière plus fenfible ron peut
mêler un yeiw d'eau *vac un Yerre d'eau» ou un
verre d'huile avec un verre d'huile , ou une livre
de plomb fondu avec une livre de plomb fondu $
ces expériences font toute» autant d'exemples
d' affinités d'agiégâùcro. Mais fi , par Fagitarion ,
on mêle intimement un verre d'eau Su un verre
d'huilé , on que , ;{*ug la fufion ,• on mêle du fer
Se du cuivre , ces deux mêknges ne formeront
point, d'agrégation, nareeque l'huile & l'eau ne
ion t. pas des coeps de même efpece» non plua
2 ne le fer & le cuivre. Le fimple repos, occa-
onnera la fép^wtioa de l'huilé da*ec L'eiu } 8c
L'enobfecvera * dans b mélange de. fer £c de cui-
vre , que ces métaux ne font pas parfaitemeno
ttnis^ ikfeipnxctifpi^ésdanjiamafed^ema-
jo Chymie expIrimentaib
xiiere très diftin&e , & on pourra les féparer l'un
de l'autre avec un marteau & un cifeau.
Il en eft de même d'un us de briques ou de
fable : ce n'eft point une agrégation , mais un
amas de matière. Si l'on procure au fable , ou à
la brique, le degré de chaleur convenable pour
tes faire entrer en fufion , alors les parties fe réu-*
niflent ; elles forment une maffe uniforme j il
en réfulte une agrégation. Ainfi , pour que l'agré-
gation ait véritablement lieu 5 il faut, comme
nous l'avons 4éja dit , que les corps foient ho-
mogène? entre eux , & dans Un état de liquidité ,
afin que l'union des parties puifle fe faire*
j°. AfiiniU [cpmpoféc de deux corps , d'oà il réfulte
.'. une combinai/on.
Cette affinité a lieu à L'égard de deux corps hé-
térogène? qui agiffent mutuellement l'un fur l'au-
tre, en iptiifluit réciproquement leurs propriétés
particulière*. Il réfulte de leur union un nouveau
corps compofé qui a des propriétés moyennes
entre 4es -corps qui ont fervi à le former.
i " Ejk P É R I E N Ç.E.
. On met dans un verre un morceau de marbre
tlanc : on verfe par-deflus environ trois ou qua-
tre fois fon^oidsuTacide nitreux t auffi-tôt 1 acide
agit fur le marbre : il fe fait une effervescence
qui dure tant qu'il y a du; marbre Se de l'acide*
nirreux e a état d'aeir ; le marbue difporoîr en en-
tier , û Yon & employé fuffifammeRt d'acide.
- Après que la difiTolution eft faite, & quelle-
eft bien facurée , il réfulre une liqueur qui a des
propriétés moyennes entré celles de l'acide fie
celles du marbre.
* .. Le jpaEhrè na^ni odeur sa faveur j l'acidf ni-*
it haisommIi. f%
treux a une odeur forte , & une faveur violem-
ment aigre,qui agace les dents. Ce dernier partage
£es propriétés avec le marbre blanc : le compofc
2ui réiulte de leur union , a infiniment moins
'odeur , moins de faveur que n'en a l'acide ni*
treux pur : celle de ce compofé n'eft plus aigre ;
elle eft feulement falée , un peu amere & pi-
quante ; mais on n'y reconnoît plus les propriétés
de l'acide nitreux pur.
Il v a dans la Chymie beaucoup d'exemples
femblables d'afïiiîité de deux corps , d'où il ré-
fuite autant d'efpeces de compofés : nous en par-
lerons, à mefure que l'occafion nous en fournira
les moyens. Nous ferons ici quelques remarques
fur la manière d'opérer cette affinité avec plus de
facilité.
i°. Il y a des corps dont l'adhérence des parties
eft fi grande , que les acidps les plus puiffan ts font
abfolument hors d'état de les attaquer par la voie
humide, &tantquilfioutagréges:tetlesifontle9
pierres &les terres vitrifiables , &c. Mais fi Ton
détrqin l'agrégation des parties de la matière , en
pul vérifant les corps , fou par des moyens méca-
niques , foit par des moyens chymiques , fuivaht
la nature des corps que 1 on veut combiner , on
parvient à les unir enfemble j & c'eft en effet à
quoi je fuis parvenu dans beaucoup dtocafions. «
Le marbre même, quoiqu'il fou de- facile dif-
folution dans les acides, fe diflbut moijis rapide*
ment , lorfqu'il eft en gros morceaux , rque lorf-
qu'il eft en poudre fine:
i°. De ce que deux corps fe fbçt unis très
promptement , on n'en doit pas conclure qu'ils
ont enfemble la plus grande affinité, C'eftpar l'ad-
hérence qui fubulte après qu'ilsfont unis *, & par
les difficultés qu'on éprouve i les féparerr, quoi\
fi Cmniit sXpiRîkÊMTiLtf
doit niefurer leurs degrés d'affinité. Par exem*
pie , l'argent s'unif à l'acide nitreux avec beau-
coup de facilité ; mais il y tient bien légèrement;
une chaleur mcjne allez modérée fufÇt pour Ten
féparer ; tandis qu'au contraire , l'acide marin f
3ui ne s*unit à l'argent que difficilement , 8c par
es moyens non dire&s , contraâe cependant
avec ce métal une union très forte , & qui ne
peut être détruite avec la même facilité. De là
on peut conclure qu il ne faut pas décider qu'un
corps n'a aucune affinité avec un autre corps , par-
ceque l'on ne connoît aucun moyen de les unir j
H y a , au contraire , tout lieu de penfer qu'on y
parviendront par des moyens plus recherches.
La Chymie n'étant pas ericotè aflez avancée
Jour parvenir à unir certains corps qui refufent
e fe combiner , nous regarderons :, comme le dit
M. Macquef , les affinités <ju'pnpeut leur fuppo-
fcr., cpmoie de nul effet.; & nous dirons , avec
cet habile (phymifie , eh attendant qu'on tlécbu-
vre les moyen^de les unir, que ces corps-là n'ont
poiiit d*âffifhité enfemble , comme l'huile & l'eau,
le plomb & le fer , te mercure &f Ièfer , &c. pavce-
que jufqttU prêtent oïl hçcohnoît aucun moyen de
lés unit dite&ement. *
4°» 4$W*£, çcmpefét 4* trois corps qui ont cïh~
fmbfc un égal dtgréd'qfflnité*
Les affinités de cette clarté font celles âts corps
hétérogènes qui ont enfemble d^s degrésd'am-
nité égaux , ou à-peu-près égaux , & qui s'uhit-
fent, (ans, qu'il arrive de décbmpofition. '
E. X P B K 1 E N, C E.
On fait foudre enfemble dans une cuiller de
fer, quatre gros de plomb & autant d'étain : on
ajoute
r* * T H A 1 S O M MÏï; ,JJ
ajoute à ces métaux fendus deux gros de mer-
cure : on coule ce mélange fur une brique : le
tnercure s'unit en même temps au pîoibb & à
rétain , parceque fon affinité eft à-peu-près égale
avec l'un comme avec l'autie. La mate métal**
lique fe trouve avoir des propriétés communes
aux trois corps dont, elle eft compofée : elle eft
plus blanche , plus argentine , plus aigre & plus
caflante nue ne le font , chacun féparement 9
ou enfemble , le plomb & l'étain : le mercure a
perdu fa fluidité , en diminuant la folidité des
autres métaux.
On pourroit ainfi réunir un plus grand nom*'
bre de corps , fans qu'il arrivâr de décompofition }
ce feroit alors un exemple d'affinité compofée
d'autant de corps qu'on en auroit fait entrer dans
le mélange.
5°. Affinité d'intermède.
L'affinité d'intermède eft celle dans laquelle
deux corps ne peuvent s unir enfemble, qu'à l'aida
d'un rroifieme quia de l'affinité avec un de$ deux
premiers , ou avec tous les deux en même temps.
Expérience.
On met dans un verre un morceau de marbra
blanc : on verfe de l'eau par-detfus : ces deux
fubftances ne s'unirent point ; mais fi l'on ajoute
un acide , il diflbut le marbre } il facilite par don-
fèquent fon union avec l'eau : ainfi l'acide eft un
intermède propre & unir la terre avec l'eàu , par-
ceque l'acide a de l'affinité avec la terre , & qu'il
en a aufli avec l'eau.
* Il en eft de même du fpufre & de l'eau qui
n'oht point d'affinité , & qui ne peuvent s'unir
Tome L C
$4 ChYMII lSp£*TlCENTAt*
enfemble ; mais fi Ion ajoute de l'alkali 6të3
comme il a de l'affinité avec Teau 8c avec le fbufre,
il fert d'intermède pour unir le foufre à Peau } ce'
compofé porte le nom de foie de foufre.
Il y a dans la Chymie une infinité d'exemples
d'affinités de ce genre.
<°. Affinité de trois corps y de laquelle il reftdu
une décompofition & une nouvelle combinaifon
qui fe font en même temps.
Cette affinité a lieu , lorfqu on ajoute i deux
corps qui (ont déjà unis , un troifieme qui a avec
Tun des deux une affinité plus grande que les
deux premiers n'en ont enfemble.
Expérience,
On met dans un verre du marbre diflous par
de l'acide nitreux : on verfe deflus de l'alkalf
fixe en liqueur : cette matière faline occafionne
fur-Ie-champ un précipité blanc qui eft le marbre
que tenoit l'acide en diflblution. Cet effet arrive,
pareeque les affinités de l'acide & de l'alkali font
plus fortes entre elles , que celle de la terre avec
ce même acide : l'acide nitreux quitte la terre,
pour s'unir à l'alkali , & former enfemble une
nouvelle combinaifon qui eft du nitre. On peut
obtenir ce nitre , en filtrant le mélange , & fai-
faut évaporer une partie de la liqueur : elle four-
nit y par le refroidiflement, de vrais cryftaux de
nitre. Ce qui refte dans le filtre > eft le marbre
en poudre : on peut le laver , pour le deflàler : on
lui reconnoîtra toutes les propriétés qu'il avoic
auparavant.
Ce genre d'affinité eft d'un grand fecours dans
les opérations de la Chymie : c'eft par elle que
dopèrent toutes les précipitations des matière*
tnetalliques qui étoient diffoutes dans un acide
quelconque»
y6* Affinité réciproque.
. L'affinité réciproque eft celle où detiï coq*
déjà unis, l'un des deux eft féparé.par un troi-
sième qu'on lui préfente : le corps dégagé fépare
à fon tour celui qui l'avoit féparé d'abord. On
nomme cette affinité réciproque j à caufe de la
réciprocité des effets qui arrivent*
Expérience,
On met dans une cornue parties égales de nitre
& d'acide vitriolique : on foumet le mélange à la
diftillatîon : l'acide vitriolique décompofe le ni-
tre : l'acide nitreux pafle dans la diftillation. Il
xefte dans la cornue i acide vitriolique uni à l'al-
Jfcàli du nitre qui forme du fel de duobus ou'on
purifie par diflblution , filtration & cryttallifa-
tion.
Enfuite on fait diflbudre, à l*aide d'une douce
chaleut , du fel de duobus dans fort poids égal , ou
à-peu-près, d'acide nitreux. Lorfque là diflolutioU
eft faite , on la laiffe refroidir : elle fournit-une
très grande quantité de cryftaiix qui font du ni-*
tte , qu'on fait égoutter fur du papier gris , pour
abforper l'acide vitriolique qui le thouille* Dans
ce dernier cas » l'acide nitreux dégage l'acide vi-
triolique , pour s'unir ï lalkali du fel de duàbusx
avec lequel il forme du nitre.
11 réiulte de ces expériences » que., par la voie '
feche, l'acide vitriolique a plus d'affinité avec
l'alkali du nitre , que n'en a Vacide nitreux ; Se
au contraire, il paraît que, par la voie humide ,
c eft l'acide nitreux qui a fon affinité plus grande
Ci)
|ff CntUît BtPÉRIUlENTXtB
avec cette même matière faline. Le fel de Glaubeïf
fe décompofe de même par l'acide nirreux. Noui
rendrons compte en fon lieu de quelques obfer-
vatiotis relatives à ces affinités réciproques.
11 y a dans la Chymie beaucoup d'exemples
femblableSp telle que la décomposition du fel am-
moniac par la craie , qui s opère par la voie feche :
la craie dégage Talkali. volatil : cette dernière
fubftance décompofe à fon tour , par la voie hu-
mide, le fel marin à bafe terreufe, qui refte
dans la cornue après la décomposition du fel am-
moniac , &Ct &c. Ces obfervations font voir la
nécedisé d'établir les deux tables des rapports que
je propofe : ç'eft le feul moyen de mettre plus de
clarté dans l'ordre des affinités des corps , & de
connoître leur degré d'affinité avec plus d'exa&i-
tude qu on n'a pu le faire jufqu'à préfent.
8°. Jffinitc de quatre corps , ou affinité double',
4'oùUféfultt deux dccompojîtions & deux nou-
velles combinaifons*
Ces affinités font celles où l'on met en jeu
quatre fubfbnces , mais déjà combinées deux à
ceux : les deux compofées échangent récipro-
quement leurs parties conftituantes , Se forment
deux nouvelles combinaifons produites par deux
décomposons.
Expérience.
On prend , d'une part , du fel de Glaubér ,
qui eft compofé d'acide vitriolique & d'alkali
marin.
D'une autre part, on prend du mercure dit*
fbus par de l'acide nitreux : cela forme bien les
quatre fubftances , mais combinées deux à deux ,
, I T RAISONNÉ £♦ • • «
comme nous l'avons die dans notre définition."
Préfencemenc , en mêlant ces deux di(ïolutionsr
Ufefait, un inftanr aprèç, un précipité. Ce précis
pité eft produit par l'union du mercure avec Facutq
vitriolique qui ont quitté , l'un l'acide nitreux «
& l'aune l'alkali marin , pour former un vitriol
de mercure qui fait une nouvelle combinai!*^
d'acide vitriolique & de mercure, que l'on nomma
turbith mhxircd. En filtrant la liqueur , & la faU
fan t évaporer un peu , elle fournit des cry ftaux da %
nirre quadrangulaires j & c'eft la féconde cçin^i-
naifon : elle eft formée par l'alkali marin du î$\
de Glàubet & l'acide nitreux de la diffolution d$
mercure. ,,
Il y a dans la Chymie une infinité d*ocçaflan%
où ce genre d'affinité a lieu. Le rame vitriolé &;
la diiïblutionde mercure, faire par de l'acide «in
treux, fournifleut encore un exemple.de cesaffi*
nités* , ..:',. \-jt.
La décompofition du fel de Gfcauber $c di*
tartre vitriole par le fel de Saturne y l'opération
du bleu de Prufle ^ celle par laquelle on ikiç
en même temps le beurre & le cinnabre dfan^
timôine } la decooipofition du fel marin par le*
cjiflblutions de plomb , d'argent & de mercure ^
faites pav l'acide nitreux % font autant d'e*empies;
de cette affinité de quatre corps qui agi lient ej^
même temps , & qui produifent deux décompo^
fitrons & deux nouvelles combiflaifons.
Au moyen de cesaffini tés doubles, onexpliq^i^
plufieurs phénomènes, de décompofition & dot
composition dont on auroit peine a rendre caifon^
Elles fervent à prouver , par exemple ,, que cer-
tains corps, tant qu'ils (ont en mafle d'agrégés »
ne peuvent ni s'unir ni fe combiner ; mais que-,,
Wquç ç% mêtuçs. corps fgat fuffifaç>mçat àU
$t Chymiï BxriniMBKTAtit
vifés , foit par des moyens méchaniques ou clijp*'
iniques , ils s'unifient très bien j tel que le mer-
cure qui ne peur, fans feu, s'unir à l'acide vi-
molique même concentré, & qui fe combine
très bien avec cet acide même affoibli , lorfqu il
a étédivifé auparavant. L'acide nitreux fait cette
divifion ; d'où je conclus qu'en divifant fuffifam-
ment lestorps , on peut parvenir à en unir beau-
coup qui paroiflent les moins difpofés à fe com-
biner.
Ces affinités de quatre corps font très com-
modes pour découvrir certains mélanges qui fe*
roienc difficiles à connoîrre autrement. Néan-^
moins il y a nombre d'occafions où cela n'eft pas
abfolument néce(Taire , & où les décompositions
fe foqt avec trois corps , tels que , 1 °, la décom-
position du tartre vitriolé par 1 acide hirreux feul:
i°. le fel de Glauber décompofé par ce même
acide feul : j°. ces fels pareillement décompofé*
par du plomb pur , mais fuffifamment divifé i
4°. du bleu de Prufle fait fans acide par l'alkali
volatil &c le fer ditfbus dans de l'eau diftillée :
5 *\ le fublimé corrofif , décompofé par le régule
d'antimoine ? 6*. le fel marin , dçcompofé par
l'acide nitreux feul.
Il réfulte donc qu'à la rigueur, on peut fe pafTer
des affinités de quatre corps , pour opérer beau-
Coup de décompositions , puifqueHes ont lieu
avec trois $ ce qui me paroit plus fimple & plus
conforme aux loix de la Nature. D'ailleurs il eft
à prefumer que des quatre corps qu'on met en
jeu , il arrive fouvent qu'il n'y en a que trois qui
agirent direftement ; le quatrième joue fon rôle
par occafîon , & parcequ'il eft libre : il fe réunie
avec celui des trois , qui fe trouve néceffairemenç
libre. Cependant il faut convenir que ces déçoiR*
ÏT RAISONNÉ !♦ J9
portions & comportions réuffitfent mieux , lors-
qu'on mec les quatre corps en jeu : elles font infi-
niment plus promptes.
Sur les Eléments , ou Principes primitifs des corps*
Les Chymiftes donnent le nom ^éléments à
des fubftances (impies , inaltérables , auxquelles
on ne connoît point de parties conftituantes t
tels font lefeujYair^ Yeau&clz terre. On leur a
donné aum le nom de principes primitifs > par-
cequ ils font en effet les. premiers principes des
corps, & qu'ils entrent, comme principes confti-
tuants , dans là compofition des corps compofés j
du moins , ils fe manifeftent dans toutes les ana-
lyfes & décompoflRons chymiques , comme der-
niers réfultats qu'on ne peut plus déçompofer.
Ces quatre iubftancés ne fe trouvent pas tou-
jours réunies dans tous les corpMe là Nature in-
diftinâement : les végétaux & les animaux les
contiennent bien toutes j mais la plupart des ma-
tières du règne minéral , 8c fpécialement les ter-
res vitrifiabies , font abfolument dépourvues d'air
& d'eau.
La plupart des Philofophes ont fenti la né-
teffité d'admettre des principes primitifs , c'eft-à-
dire ; des corps très (impies, qui ferviffent à for-
mer tous les corps de la Nature , & dans un ordre
progreifif, comme nous le dirons dans un inftant :
mais ces Philofophes ne font point d\tccord fur
la nature de ces principes , ni fur leur nombre :
ils leur ont donné différents noms, comme élé-
ments > monades 3 matière première ^ &c. Les
uns , comme Thaïes de Milet, admettoierit l'eau
comme principe de toutes chofes 2 les autres,
comme Anaximene, penfoient que l'air étoic
Jk fçul principe ; d'autres la terré* & d'autres
C iv
jto Chymii expérimentale
le feu ; ils ont quelquefois attribué aux princïi
fous quelque dénomination que 1 on confiderer
les principes primitifs des corps , on doit con-
cevoir qu'ils font eflentiellement de la plus grande
fimplicité , qu'ils n'ont point de parties confti-
tuantes, & qu acaufe de la ténuité & de la finefle
de leurs parties , ils ne peuvent être fournis à
aucun de nos fens.
Empédocles y l'un des plus anciens Philofo^
Ïhes de la Grèce , paroît être le premier qui aie
tabli , comme éléments ou principes de toutes
çhofes , le feuj l'air > Veau fc la terre. Voyea
Hljloire de ta Philofophie par M. Deflande ,
Tome II, pige 9a. L'habile Traduâeur de la
nouvelle Editiqi de Pline fait la même reman
que dans unp Note , Livre 1 * page ij , & il
ajoute qu'Àtiftoce & Zenon diftinguoiçnt les;
élément*, établis pat Empédocles , d'avec les
principes : ils penioient que Dieu & la matierq
etoient le* principes de toutes chofes , 8ç que Iq
feu. y V air y Yçau & la ferre éfoiejit les éléments,
i» Un paffage de Plutarque , ditleTradu&eur.dç
tx Pline , jette une grande lumière fut cettç
v difficulté > & jurtifie pleinement la contr?dic^
v lion apparente où Pline femble tomber iorf-
« qu'il dit, malgré toutes les opinions qu'on
v vient de rapporter, que.perfonne ne doute que
>> les éléments ne foie rit quatre en nombre. . . M
» Voici ce paffage de Piurarque., Ariftote & Pla-
v ton penfent qu'il y a une différence entre prin-<
»> cipes & éléments \ mais Thaïes de ^filet le$
» prend pour une même chofe* Toutefois la diffé-
t> rçnçe çft grande x puii^ue (es élççnepts fçnj
r !T K A ! S O N N i E, -^ 41
jp compofés , & que les principes font incompofés
» & (impies comme tout ce qui eft d'une naturel
» complétée. C'eft pourquoi Pair, la terre , le feu
»» & l'eau font appelles cléments. Mais les prin-
» cipes font ainu nommés » pareequlls n'ont rieij.
v qui les précède, & d'où ils dérivent i car au-
*> trement , & s'ils n étoient les premiers , ils n^
» feroientpas principes , mais engendrés, n
Ce paflage de Plutatque fait voir a(Tez que
les fubftances reconnues aujourd'hui par le&mqiU
leurs Chymiftes Phy/iciens > pour erre les élé-t
ments primitifs des corps ; étaient déjà connue^
pour tels par beaucoup de Philofophes 9 il y après
de deux mille ans'; &. vraifemblablement ce*
Philofophes n'étoient pas Chymiftes. Les pre-f
roiers Chymiftes n'ont point profité de ces con-
Jioidancçs. Paracetye* qui vivoit dans le feiziem$;
iîecle , itnagina d'établir des principes des corps!
i fa manière ; mais il n étoit ni a(Tex bon Phylw
cien ni affez bon Chyraiftç , pour cônnôîcre Iei
qualités que doivent avoir des fubftances qui mé-;
ruent véritablement fe nom S élément^ ou, dd
principes primitifs. Il prend pour tels , les pro-
duits qu'il obteqoit par une première analyfe des
végétaux & des animaux : il en diftingua de cinq
efpece$ , qu'il divifa eu aUifs & cnpajijs. Ses^
{principes1 aftifs font Ve/hrUj V^uiU&cUfcl ; 8ç
e$ principes paflifs font Veau & la terré.
(Je qu'il entend par cfgrit , qu'il, nomni* aufll
juercure , eft du fel difïous dans de l'eau.
Par huile j qu il nomme également foufre; i\
entend toutes les liqueurs nuilçufes & Wiffam-t
(nables.
. Par le/elj il enteod toutes les matïeresfalines»
Par Yeauj qu'il nomme z\\& phlegrru x il çjfrr
£«4 çotiKS tes liqueur aqueuf^ ■ x
%l CHYMIE BXPiltIMEKTAlS
Et par la terre j il entend toutes les matière*
fixes.
Cette dodrine , établie par Paracelfe , a été
adoptée par les Chymiftes de fon temps , & fui-
vie par plufieurs Chymiftes modernes j mais Pa-
racelfe & fes fe&ateurs ont regardé comme prin-
cipes , des fubftances qui n'^n font pas ; elles
n'ont pas , à beaucoup près , la {implicite des
vrais principes : ce font au contraire , comme nous
le verrons , des fubftances compofées , très diffé-
rentes entre elles , & qu'on peut réduire , par des
opérations fucceffives , en des fubftances de plus
en plus fimples , jufqu à ce qu'elles foient rame-
nées aux vrais éléments primitifs dont nous par-
lons.
Becker ayant fenti l'obfcurité de cette doâxine,
a entrepris de la reâifier. Il n'a établi que deux
Erincipes ou éléments des corps , favoir , V*au &
l terre ; mais , pour pouvoir rendre raifon des
propriétés de tous les corps compofés , il a admis
crois efpeces de terres fimples & élémentaires.
Il nomme la première terre vitrifiable ; la fé-
conde , terre inflammable; & la troifieme , terre
mercurielle.
La terre vitrifiable eft, félon Becker , le prin-
cipe de Ta fixité , de la dureté des corps , & de la
vitrification.
Par terre inflammable y il entend celle qui con-
tient le principe de l'inflammabilité.
Et par terre mercurielle y il entend le principe
de la métallifation \ c'eft-à-dire , celui qui , com-
biné avec les deux autres terres, eft propre à for-
mer les métaux.
' Staahl , en refèfilht , à fon tour-, la théorie de
Becker, a prouvé , d'une manière fatisfaifante ,
i'exiftence des deux premières terres , la terre
mtrifiable & la terre inflammable ; mais il révoque
en douce l'exiftence de la troifieme , comme ne lui
paroiffant pas fuffifammcnt démontrée ; & il fait
voir en même temps que >z terre inflammable , à
laquelle il donne le nom de phlogifliquc j n'eft pas
un principe (impie ; que c'eft une fubftance corn*
pofee , qu'on peut analyfer , & qui n'a point par
conféquent la {implicite des fubftances qu on doit
regarder comme éléments. Ainfi des trois terres
de fiecker , il ne refte que la terre vitrifiable ,
qu'on puifle raifonnablement mettre au rang des
éléments.
Staahl a beaucoup raifonné fur la (implicite que
doivent avoir de viais principes j il a éclaira la
théorie de Becker , & a établi la (ienne. Parmi les
Chymiftes , il paroi t être le premier qui ait admis
pour éléments ou principes primitifs des corps,
le feu y Yaitj Veau & la terre 3 qui avoient été
reconnus pour tels par les Philofophes Grecs que
nous avons cités plus haut ; mais , quoique Staahl
s'explique clairement , & qu'il reconnoifle à ces
regarc
les quatre éléments , font eux-mêmes compofés
de fubftances encore beaucoup plus (impies. 11 ne
dit pas avec autant de précifion , s'ils font com-
pofés d'une ou de plulieurs fubftances hétérogè-
nes entre elles , & qui aient des propriétés diffé-
rentes., ou fi elles font homogènes. Et en effet ,
il eft impoffible de fe procurer cette connoiflance.
Staahl laiffe feulement appercevoir qu'il pen-
foit que les principes qu'il luppofe compofer nos
quatre éléments , font hétérogènes entre eux :
en effet , il paroît difficile de concevoir com-
faeqt un feul principe (impie & homogène peut
44 Chymib expérimental*
former , non feulement le fen , l'air , l'eau & la
terre , mais encore tous les différents corps qui
exiftenc dans la Nature. Les molécules d'un tel
Eincipe unique > en fe réunifiant , ne doivent
rmer que des agrégations qui feront toujours
de même efpece, & non des combinaisons. Si
Ton vouloir fuppofer , avec Scaahl & les Philo-
fophes Grecs, que le feu, l'air, l'eau & la terre
foient des fubftances compofées , il paroîtroir rai-
fénnable de croire qu'il entre dans leur compoiî-
tion plufieurs efpeces de principes également
{impies , mais différents entre eux par leur* pro-
priétés.
Nous petifoqs qu il eft difficile d'en détermi-
ner le nombre , & nous en fen tirons mieux les
raifons, torique nous examinerons les propriétés
de ces fubftances ( du feu, de l'air , de l'eau &de
la terre ) , Se nous les considérerons avec les meil-
leurs Ckymiftes-Phybciens , comme les feuls Se
vrais principes des corps , pareeque nous ne con*
noiflbns, quant à prélent, aucun moyen pour
les décompofer , ou pour leur caufer la moindre
altération.
Il paroît très naturel de croire que Staahl doit
aux Philofophes anciens l'idée qu'il s'eft formée
fur la poiEbilité que ces éléments pouvoient être
eux-mêmes compofés ; ce fentiment n'eft pas
rout-à -fait dénué de vraifemblance } du moins le
feu, ou plutôt la lumière qui nous vient du fo«
leil ,, eft décompofable en fept couleurs diffé-
rentes , comme l'a prouvé Newton par beaucoup
d'expériences des plus curieufes & des plus fatis-
faifantes. Peut-être parviendra-ton par la fuite
a opérer quelques femblables décomposons de*
antres éléments.
» La réunion des quatte éléments , leurs propoc?
• 17 K A t S O * M i I. 45
tiôns différentes & leur manière de s'arranger ,
forment tous les corps qui exiftent dans la Nature*
Nous démontrerons ces vérités dam un très grand
détail , en analvfant les corps des différents rè-
gnes. Nous observerons cependant que ce n'eft
pas par une première analyle , qu on réduit les
corps aux éléments dont ils font eflentiellemenc
compofés : il faut, pour y parvenir , analyfer ul-
térieurement ces premiers produits, un certain
nombre de fois de fuite , comme nous l'avons die
en parlant des fubftances que Paracelfe avoir re-
gardées comme principes : ces fubftances acquiè-
rent dans chaque opération quelques degrés de
(implicite , & fe réduifent à la qualité des élé-
ments primitifs. Ces obfervations importantes
ont vraifemblablement donné à BecKer &/ à
Staahl l'idée de croire que les corps fe compo-
foient daçs un ordre progreffif, à peu près fem-
blableàce qu'on obierve dans leur decompofi-
tion y mais ils ont donné à ces corps de différents
ordres de compoiîtion , des dénominations qui
font impropres. La ûgnification de ces termes eft
même contraire à l'idée qu on y affeâe ordinai*
mirement, & peut répandre de lobfcurité Se de
l'équivoque. Ils les ont déiignés par les termes de
mixtes ou mixtions * compofés à decompofes &C
furdecompofés*
Ils entendoient par mixtes , le feu , l'air, l'eau
& la terre , qu'ils penibient être compofés de
fubftances beaucoup plus fimples que ces élé-
ments ne le font eux-mêmes ; ils les ont nom*
mes y pour cette raifon , principes feconiaircs.
. Les corps qu'ils nomment compofés* font ceux
qui font formés immédiatement par l'union des
piixtes dont nous venons déparier.
Ceux qu'ils nomment decompofes > font le*
corps qui font formés immédiatement par dd
corps compofes*
Enfin ce qu'ils entendent par corps furdécom-
pofésj font ceux qui font formés par l'union des
corps qu'ils nomment décompofes. Voilà en peu
de mots toute la théorie que Becker & Staahl
ont établie à 1 égard des principes des corps , &
l'ordre des combmaifons qu'ils iuppofent former,
lorfqu ils s'unifient les uns aux autres » pour
former des corps fucceffivement plus cornpofés;
$ cela dans une progrèffion indéfinie. Les Chy*
miftes & les Phynciens les désignent par des nom-
bres qui indiquent leur ordre de composition (i).
Ainfi on les nomme compofes du premier ordre s
composes du fécond ordre 3 compofes du troificme
ordre , &c. ce qui ne donne lieu à aucune efpece
d'obfcuricé & d'équivoque.
On peut préfumer que les différents corps fe
composent dans un ordre quelconque , & que des
corps déjà compofes encrent comme principes ,
pour former des corps d'un autre ordre de conà-
pofincn. Mais la Chymie & la Phyfique ne font
pas affez avancées pour faifir la férié de cet or-
dre de compofitfon. Nous ne connoiflbns point,
par exemple , de fubftances qui foient formées im-
médiatement de l'union du Feu & de l'air , de l'u-
nion du feu & de l'eau > de celle de l'air & de l'eau ,
non plus que de celle de l'air & de la terre , aine
que de celle de l'eau & de la terre': il n'y a danl
ce genre de conibinaifon immédiate des principes
primitifs * que celle du feu & de la terre , que l'ofl
commence un peu à connoîrre. Cette union forme
la fubftance connue fous le nom de phiogifiique.
( i ) Muflcheflbroek , Eflâïs cte Phyfique , page 47 , pa-
ragraphe 4t. Diâkmnaire de Chymie, page jig , ▼oL IL
1T îLAISOWKtl. 4f
., H en eft de même des combinaifons de trois
ide ces principes primitifs. Nous -ne connoifïbns
point de corps qui foient immédiatement formés
du feu , de 1 air & de l'eau , ni de femblables fub->
ftances formées par l'union du feu , de la terre Se
de l'air. Nous commençons à connoître celle du
feu , de l'eau & de la terre : c eft celle qui forme
le principe falin , ou l'huile , fuivant les propor-
tions où fe trouvent ces corps. Néanmoins il y a
lieu de penfer que ces combinaifons exiftent dans
la Nature , & qu'elles fervent de principes à des
corps plus compofés j mais jufqu'a prêtent , il -a
été impoflibie de les obferver & de les fuivre.
La Nature nous offre les éléments dont nous
venons de parler , fous deux états différents :
x °. ifolés , ne faifant partie d'aucun corps com-
pose , Se dans un état de pureté fuffifant pour que
nous puiifions les reconnoître : i°. combinés en-
tre eux d'une infinité de manières, &dans toutes
fortes de proportions , formant tous > les. corps
compofés que nous connoiflbns.
Nous examinerons les propriétés de ces élé-
ments dans ces deux états , & d'abord celles qu'ils
ont , lorfqu'ils ne font partie d'aucun corps. Lorf*
que nous en ferons aux analvfes , nous recon-
noîtrons leurs autres propriétés dans les corps
compofés dont ils font partie.
Sur le Feu pur.
On doit entendre par feu pur, lelui qui eft
abfolument libre , qui ne fait partie d'aucun
corps 9 Se qui ne leur eft point adhérent, enfin,
qui n'a contraâé avec eux aucune efpece de
combinaifon. Ce feu entre librement dans les
corps , & en fort de même , fuivant les circons-
tances. Tel eft celui qui eft répandu dans l'air &
dans les corps environnas par l'air. Ce (en pttr
n*eft point v i fible , & ne devient fenfible que paf
les effets qu'il produit fur les corps.
Le feu pur eft un élément qu'on ne peut défi-
nir : on ne peut que reconnoitre fes propriétés*
Ceft une matière eflentieilement fluide , prin-*
cipe de la fluidité des autres corps , & toujours en
mouvement : c'eft le principal agent 6c la caufe
de prefque toutes les compositions & dccompofi-
tions qui fe font dans la Nature. Nous peinons
que le feu eft la feule fubftance a&ive dans la Na-
ture , & de laquelle toutes les autres tiennent leur
a&on. Le feu eft le feul corps qui ait de la faveur,
Se qui la donne aux fubfyances qui en ont. Les
fels & les fubftances falines doivent leurs pro-
priétés diflblvantes jSc leur faveur forte au feu
qu'ils contiennent. La différence qu'on remarque
entre ces corps n'eft due qu'à la dofe de feu qui
entre dans leur compétition , & à la manière
dont il y eft combiné : les autres éléments fem-
blent être créés pour int.erpofer fes parties , Se
pour modérer par-là l'aâdon trop a&ive de cet
élément.
Le feu eft, par rapport à nous , un élément
Ample , qui paroît n'avoir point de parties cons-
tituantes ; cependant , comme la lumière qui
nous vient du foleil , peut fe décompofer en fept
couleurs différentes par le moyen du prifme , Se
que d'ailleurs fes rayons, diverfemen t, colorés ,
ont chacun leur réftangibilité propre ; cela peut
faire foupçonner que le feu eftcompofé départies
très fimples , À la vérité , mais hétérogènes entre
elles. Cette réflexion ajoute de la vraifemblancé
au fentiment des Philofophes qui penfent que
les corps que nous fommes obligés de regarder
comme éléments , à caufe de leur (implicite appa-
rente,
ET RAISONNÉ!, 49
tente , four eux-mêmes compofés , mais de fub*
(lances encore plus /impies , comme nous l'avons
dit précédemment. Quoi qu'il en foit, nous con-
sidérerons lefeu pur, comme n ayantpoint de par*
ries conftituantes , jufqu'à ce ijue nos cojinoif»
fançes foient aflez avancées pour nous donner
une démonftration complette fur cet objet.
Le* parties qui compofent le feu , n'ont prefque
point de cohérence entre elles : elles font d'une
petjjefle inconcevable, & qui furpafTe celle des
autres corps.
Le feu a de Paékion fur toqs les corps qu'il tou-
che : il devient même un infiniment propre aux
analyfes Se aux recompositions.
Lorfqu'il eft combiné avec d'autres fubftances »
& qu'il fait un des principes confti tuants des corps
compofés , il eft dans l'inaâion & dans un repos
£arfait : il ne peut fe mettre en mouvement que
>rfqu'il eft excité. • .
Les (ignés auxquels on reconnoît la préfence
du feu ; font les effets qu'il produit : favoir , '
l°. la chaleur ; z°. la lumière \ j°. la cou^r ;
4°. la dilatation ou raréfadion , tant des Vali-
des que des folides j 5°. la combuftion, la fu-
fion, &c.
Quelques Philosophes penfent que la lumière
eft un (igné certain de la préfence du feu J mais
cela peut être révoqué en doute , puifque la cha-
leur & la lumière peuvent exifter l'une fans l'autre.
Un fer trèschaua ne répand pas de lumière dans
Pobfcurité j Se il eft cependant en état d'enflam-
mer les corps combuftibles. Le foyer d'un miroir
concave de réflexion n'eft point lumineux , quoi-
qu'il produife une chaleur exceflîve , capable de
fondre & de vitrifier les corps les plus durs en un
inftant. Il en eft de même du foyer d'une lentille j
Tome 2. D
50 Chymie expérimentale
il eft très chaud , fans être lumineux. Peut-être
aufli, & je ferois'même aflez porté à le croire,
que le feu eft eflbntiellement Froid. La chaleur
qu'il fait fentir par-tout où il eft , n'eft occafion-
née que par l'aâion qu'il exerce fur les corps qu'il
touche. Il eft difficile , & peut-être même im-
poflible , d'appuyer ce fentiment par des expé-
riences : aufli je ne prétends le donner que comme
ufie conje&ure fondée feulement fur quelques
probabilités.
La lumière peut de même exifter fans chaleur.
Les rayons de la lune , raflemblés par le moyen
d'un miroir concave de réflexion , ou d'une grande
lentille , forment un point très lumineux qui, reçu
fur la boule d'un thermomètre , n'indique aucun
degré de chaleur.
Les vers luifants, certains bois qui deviennent
blancs en fe pourriflant à l'air , & plusieurs nu-
tieres phofphoriques , qui ne 1 aident appercevoir
d'autre chaleur que celle de l'air environnant,
prouvent aflez que la lumière peut exifter fans
chakur ; ce qui pourroit ftiire croire qu'elle fe-
roimifférente du feu. Cependant il eft à pré-
fumer que , quoique lalumiere , dans certaines
circonftances , ne donne aucun indice de chaleur,
elle ne provient pas moins eirentiejlement du
feu , mais modifiée d'une manière qui nous eft
encore inconnue. Nous verrons , en examinant
les propriétés des corps combuftibles , que le feu
peut être dans une infinité d'états de combinai-
ions & de proportions , & préferiter , fous ces
différentes formes , des phénomènes finguliers
dans la Nature, & dans les opérations de la Chy-
mie. Ceft à ces différentes manières d'être du
feu , & à celles dont il agit fur les corps > qu'on
{loi t 'encore rapporter la plupart des effets qu'il
X
ET R A î S O S N ï E* jî
produit. Boerhaave (t)' obferve qu'un fer mé-
dipcrement rouge enflamme la poudre à canon ,
le foufre , & les autres corps combuftibles , tandis
Su'il eft incapable d'enflammer de l'efprit de vin.
eft vifible que la différente manière dont le feu
agit dans cette occafion , eft purement relative à
. la quantité qui s'en trouve dans la barre de fer ,
& a l'état des corps qu'on lui préfente. Le fou-
fre » la poudre ,.&c. peuvent s'enflammer par
- l'attouchement d'un certain nombre de parties de
feu \ mais il en faut une plus grande quantité de
réunies, pour enflammer de l'efprit de vin , quoi- ■
qu'il foie une liqueur très combuftible : il lui faut
le concours d'une flamme. Lé foyer d'un miroir
ardent ne peut même enflammer de l'efprit de
vin , pourvu cependant qu'on prenne les précau-
tions convenables pour que Padion du feu ne
fafle pas produire de flamme au fupport ; dansce
cas , l'efprit de vin s'enflamme. Ce n'eft pas ,
comme on pourroit le foupçonner, que l'efprit
de vin élude l'aâion du feu de la barre de fer ou
du foyer du miroir ardent : il entre en ébullirion j
il eft, par conféquent , dans l'état le plus favo-
rable à fon inflammation 5 & cependant il ne
peut s'enflammer ; il lui faut , dans le cas dont
nous parions , le contadfc de la flamme , (bit de
celle du fer rouge-à blanc , foit celle du fupport
qui éprouve l'aâiion du foyer du miroir ardent.
Une preuve non équivoque de la préfence du
feii eft la dilatation qu'il occaflonne aux corps :
il les pénètre tous avec une extrême facilité , en
fe diftribuant uniformément dans toutes les par-
ties de leurs mafles. 11 n'y a aucun corps qui foit
en état de réfifter à fon a&ion. Loffqu'ii s'intro-
. ^
(i)TomelI, pagc8i. ' -"' ^
Dij
5* Chtmii expérimentale
doit dans les corps , il les dilate , il les échauffe ;
& leur fait occuper an volume plus grand qu au-
Îaravant , fans augmenter leur pefànteur abfo-
ue $ mais il dilate plus promptement les liquides
& les corps rares , que ceux qui font folides 8c
très denfes.
Le froid qu'on penfe n'être que l'abfence d'une
partie de ce feu, produit le contraire, c'eft-à-
dire que moins les corps font pénétrés de feu >
5 lus ils diminuent de volume , fans rien perdre
e leur poids j ils augmentent , par conféquent ,
en pefànteur fpécifiqué. & en dureté , parceque
leurs parties deviennent plus étroitement liées
enfemble. Cependant nous avons remarqué que
les corps , après avoir ditoirtué de volume par un
certain degré- de froid , ceffoient non feulement
de fe contracter , mais même augmentoient de
volume : leurs parties fe défuni(Tent par la dila-
tation , à un tel point, quelles entrent dans une
forte de fufion : telle eft l'eau glacée , qui coule
comme une lave , lorfqu elle éprouve tin plus
frand froid que celui qui fuffit pour la tenir aâns
état de glace. Il arrive quelque chofe de fem-
blable aux métaux qui éprouvent un très grand
froid : ils dirqiiiuenc d'abord de volume jufqu'à
un certain point : après cela , ils cèdent de fe
contraâer davantage \ mais , çn éprouvant un
plus grand froid, ils fe dilatent, deviennent
caflants : en cet état, on dit qu'ils font gel es. H y
a lieu de préfumer que fi Ton pouvoir augmenter
davantage l'intenfité du froid , on liquéâeroit
les métaux ,&on les feroit couler comme l'eau
congelée qui éprouve un très grand froid ; mais
cette fufion eft d'une nature différente de celle
«ni eft procurée par l'intenfité de la chaleur -, com-
munément elle n'a point la mêiqe liquidité.
ET H A I S O K N î I. 5)
Nous avons déjà rapporté dans plufieurs Mé-
moires , des expériences qui pourraient indiquer
que le froid n'eft pas feulement occafionné par
l'abfence du feu. On peut confulter à ce fujet , le
Mémoire inféré dans le Journal de Médecine *
année 1770 , pages j 3 1 & 410. Si le froid n'eft
que l'abfence du feu ^bu fi , comme le difent les
Phyficiens , quand on produit un froid artificiel ,'
ce font les parties de feu , qui étoient contenues
dans les fubftances mifes en jeu , qui fe dégagent
du mélange , il doit senfuivre qu'en faifant
dans une chambre un grand taclange defel&
de*glace, on échauffera, par le moyen des parties
de feu qui fe dégagèrent de ce mélange, l'air de la
chambre; ce qui n'arrive pas. Il paroît donc plus
▼raifemblable de croire que les parties de feu
prennent , dans ces opérations , un tout autre
arrangement qu'elles a voient d'abord , qui eft tel
qu'il produit fur nous une fenfation de froid. <5h
nous demandera peut-être quel étoit l'arrange-
ment de ce feu avant l'expérience , & quel aft ce-
lui qu'il a pris , pour produire du froid. À cela
# nous répondrons-que la Chymie & la Phyfique ne
font point allez avancées pour donner une expli-
cation fatisfaifante fur cette matière. ,
Au refte , on s'eft fervi avanrageufement de
cette propriété qu'a le feu de pénétrer & de di-
«iaper facilement les corps, pour conftruire des
thermomètres. Cesinftruments, perfe&ionnés par
Réaumur, font, comme. on le fait, d'une très
grande commodité pour mèfurer des degrés* de
chaud ou de froid , qu'on ne pourrok apprécier
par aucun* autre moyen.
Il n*y a aucun corps qui ne foit continuelle-
ment pénétré d'une plus ou moins grande quan- ,
Diij
54 Chvmiê expérimentale
tité Je ce feu pur j & c'eft toujours proportion-
nellement à la quantité de celui qui fe trouve
dans l'air ambiant. Ce feu s'échappe $c rentre
perpétuellement dans les corps , comme par une
efpece de circulation , fuivant les circonftances »
parcegu il n'eft pas combiné , mais feulement in-
terpole entre les parties de la matière. Les corps
qui excitent en nous des fenfations de froid , font
encore pénétrés d'une grande quantité de feu. Ou
peut , à la vérité , les priver d'une partie de ce feg-
On peut , par exemple,faire éprouver à la glace un
froid artificiel , plus grand que celui de fa tempé-
rature \ mais jufqu'à préfent il a été abfolument
impoflible de priver les corps de tout le feu qu'ils
contiennent : ils en confervent toujours une cer-
taine quantité , même lorfqu'ik font expofés au
. plus grand froid que nous puiflïons exciter arti-
ficiellement. Le froid abfolu , ou l'abfence to-
4jtie du feu , que quelques Philofôphes ont ima-
giné ,* eft auflî chimérique que le chaud abfolu.
Noi^ ne pouvons pas avoir aidées nettes fur ces
deux états , & encore moins nous procurer ces
.deux extrêmes.
La dilatation que le feu occafionne aux corps , '
eft un commencement de défunion de leurs par-
ties > & une preuve de la propriété qu'a le feu de
déçouipofer les fubftances , Se de léparer leurs
parties constituantes j mais comme il y a une très
grande diverfité entre les corps , il s'enfuit delà
• que le feu ne décompofe pas toutes les fubftances
avec la même facilité. L'illuftre Boerhaave dit ,
à ce fujet , qu'il y a dans les corps une matière
qui n'eft point feu , & qui s'oppofe à la fépara- »
tion de leurs principes ; mais nous penforis qu'on
ne peut attriouer cet effet qu'à la combinajfon
ET RAISONNES. 5 J
plus ou moins incime des parties continuantes
des corps, & à leur plus ou moins grande adhé-
rence entre elles.
Plus les corps font* échauffés , plus ils fe di« •
Jatejat ; mais cette dilatation celTe dags les corps
fufceptibles de fufion , auffi-tôt qu'ils font fon-
dus , parcequ'alors leurs parties iont défunies :
ils ne peuvent plus retenir le feu» & ils .le laiifent
difliper , à mefure qu'ils en fout pénétrés. Les
corps les plus difficiles à fondre , & qui font fixes
au feu , font capables d'acquérir & de conferver
plus dé chaleur que ceux qui font dans des cir-
conftances contraires.
Il en eft de même des liqueurs : on peut les con-
fidérer comme étant continuellement en fufion ,
puifquon les fait paffer à l'état defolidité» en les
refroidiftântfuffiumment. L'ébullition eft le der-
nier degré de chaleur qu'elles peuvent prendre ^
Se celles qui font plus difficiles à faire bouillir y
acquièrent plus de chaleur. C'eft par £ette raifon
que L'huile ; par exemple , quoique plus légère
que l'eau , acquiert cependant plus de chaleur y
mais, le mercure , quoique quinze fois plus pefant
que l'huila, ne prend pas un plus grand degré de
chaleur en bouillant , pareeque ceree fubftance
métallique eft volatile : ainfi le plus grand degré
de chaleur que les liqueurs peuvent prendre »
n'eft poinr en raifon de leur peianteur fpécifique %
mais feulement en proportion de leur fixité.
Le feu pur & libre , répandu dans L'air y ne
fait qu'effleurer les parties intégrantes d^s corps,
qu'il échauffe : il ne fe diilipe pas.fubitement *
mais fucceflivement , à mefure quç ces. corps fe
refroidirent ; & il ne refte enfin de feu libre %
dans ces cops qu'une quantité égale à celle qui fe
ttouve dans, l'air environnant*
$( ChYMIB 1XP&HIKBNTALE
Les corps les plus pefatics , fous le* même vo-
lume, retiennent le reu pur plus long-temps que
les corps mous(i). 11 fe diilipe prompcement dam
• les premiers inftants j mais torfqne les fubftances
font parvenues à un certain degré de refroidifTe-
mem qui approche de la température de l'air am-
biant , le refte du feu qu'elles contiennent , eft
beaucoup plus long-temps à fe diffiper.
On n'eft pas certain fi le feu eft ou n'eft pas pe-
fan t. Il y a des expériences pour & contre ces deux
fentiments. Boerhaave a fait rougir une barre d« ,
fer qu'il avoir pefée auparavant, il n'a remarque
aucune augmentation de poids ; & dans un autre
endroit de fon excellent Traité du Feu _, il ob-
ferve que les métau* 'calcinés au miroir ardent,
augmentent de poids confidérablement j les uns
d'un feizieme , & d'autres d'un dixième. Il penfc
qu'on n'a pas pris les précautions convenables
pour s'afTurer de la caufe de cette augmentation.
ll,croit qu'elle vient des vaifleaux qui fe dé*
- truifent & fe mêlent avec la matière calcinée :il
dit même que les matières métalliques , calci-
nées dans des vaiiïeaux de verre , n'augmentent
prefque point de poids. J'ai répété cette expé-
rience avec foin , & f ai remarqué que le plomb
calciné dans des vaiffeaux de verre , fous le mou-
fle d'un fourneau de coupelle , augmente d'ua
' dixième de fon poids; fans, que la capfule ait
perdu abfolument rien du fien. Le mercure cal-
ciné dans des matras de verre , augmente pareil*
lement d'un dixième > fans que le vaifleau perde
rien de fon poids.
(i) A l'exception cependant des matières, métalliques,
qui s'échauffent 3c fc rcfrôidiffem plus promptemem <ja$
les autre? çprps.
BT RAISONNAI. 57
Je penfe que le feu pur dont nous parlons , eft
unematiereauflî eflentiellementpefante, que tout
autre corps j mais comme le feu pur eft toujours
en mouvement , il ne touche point les corps qu'il
pénètre; il n'eft inrerpofé qu'entre leurs parties.
On ]>eut le comparer , par rapport i la manière
dont il eft dans les corps qu'il pénètre , à un oifeatt
qui voltige dans fa cage , fans y toucher -y il n'aug-
mente point le poids de la cage. 11 en eft de même
du feu : comme il ne touche point les parties de
la barre de fer , il n'augmente point fa pefanteur ;
mais lorfqqe le feu fe fixe & <e combine dans les
corps , comme, cela arrive dans les matières mé-
talliques qu'on calcine par fon moyen , il de*
vient d'une pefanteur appréciable , parceqrâl a
perdu toutes fes propriétés de feu pur » il eft non
feulement adhérent aux corps ; mais il eft encore
dans un état de combinaifon.
On peut dire la même chofe du feu qui entre
dans la tompofition des corps organifés : comme
il devient un de leurs principes conftituants , il
a, dans cet état , néceflairement de la pefanteur »
& il augmente réellement le volume & le poids
des corps : on ne peut même le féparer de ces
combinaifons , fans obferver une diminution de
poids qu'on peut apprécier par des analyfes exac-
tes , & faites avec les précautions convenables»
Si le feu , en devenant principe des corps orga-
nifés , a de la pefanteur, pourquoi n'en admet-
troit-on pas au feu pur ?
Tous les corps ne contiennent pas la même
quantité de matière inflammable. Les minéraux
qui ne font pas combuftibles par eux mêmes *
n'en contiennent pas , à beaucoup près , une auffi
grande quantité que les corps organifés ; ce qui
nous prouve quç' la difpofiuon & l'arrangement
5$ CHYMIE BXPiaiMENTALI
des parties de la matière donnent aux corps la
propriété daffimiler avec eux différentes propor-
tions de feu élémentaire , de le fixer fous diffé-
rents états , & d'acquérir autant de propriétés
qui font relatives à la forme fous laquelle le feu
le trouve fixé dans ces mêmes corps. •
Il réfulte de tout ceci , que le feu eft réelle-
ment pefant , lorfqu il eft combiné dans les corps ;
qu'il eft encore pelant , lorfquil eft libre & pur j
mais que dans ce dernier état , on ne peut appré-
cier fon poids , pareequ' il ne touche point les
corps qu'il pénètre , & qu'il eft continuellement
/lans un mouvement exceffif : fon mouvement
eft même fi rapide , qu'il n'eft pa^poffiblé de dé-
ranger les rayons rauemblés par le moyen d'une
lentille, pu d'un miroir concave -de réflexion ,
qu'en interceptant ces mêmes rayons par un corps
étranger qu'on met entre le foyer & le miroir.
.Le vent le plus impétueux ne peut détourner
les rayons de la moindre choie, ni déranger le
Çoyer.
Un métal pourvu de toutes fes propriétés mé-
talliques , ne peut admettre dans fa fubftanc?
aucune matière étrangère , fans perdre de fes pro-
priétés. Or la barre de fer n'ayant point changé
de nature , en fe laiflanf pénétrer d'un feu qui lui
eft étranger , ce feu d'ailleurs ne lui étant point
adhérent , elle ne devoir point changer de poids»
Il n'en eft pas de même d'an métal qui fe calcine :
il chance de nature , de forme & de propriétés ,
puisqu'il fe réduit sn une poudre ou chaux mé-
tallique qui ne peut plus fe mêler avec une autre
portion du même métal pourvu de routes fes pro-
priétés métalliques. Les parties du métal , ainfi
réduit en chaux , font difpofées à admettre ce feu
pur , à le fixer & à lui faire perdre fes propriété*
BT &AISONNil... * 59
de feu pur. Le .métal, pendant la calciaation ,
ri en admet jamais qu'une dofe qui £ft toujours
.confiante dans la chaux du même métal , fans
qu'on puifle lui en faite prendre une plus grande
quantité que celle que fa nature lui permet d'ad-
metuct , parceque fon état de calcinatipn eft per •
marient.
Le feu pur , en s* uni (Tant aux métaux qui fit
calcinent , forme avec eux une combinaifon par-
ticulière dont la pefanteur eft moyenne entre
celle du feu & du métalavant fa calcinaçifln, , par-
cequ'il s'eft combiné avec la chaiixdu métal une
certaine quantité de feu qui augmente fa pefan -
teur abfolue. Cette fubftance eft du feu qui eft
Î>lus léger que le métal ; elle diminue , par con-
equeitf , fa pefanteur Spécifique : auih , à vo-
lumes égaux, cette chaux eft -die plus légère
3 u'une pareille quantité de matière, métallique
e même efpece. Mais on m'objeâera peut-être
que le métal , pendant la calcinatiôn ,• perd beau-
coup de fubftance inflammable qu'on voit même
fe diflïper en fumée : elle eft néceflairement pe-
fante. Comment fe peut-il faire que, malgré cette
perte , il y ait une. augmentation de .poids aufli
considérable que celle qu'on a coutume de re~ *
marquer , qui va même , à l'égard de certaines -
matières métalliques, jufqù'à douze livres par
chaque cent livres de métal ? Je répondrai à cela
que l'augmentation de pefanteur abfolue qu'on
obferve , provient de ce qu'il eft entré dans cette
chaux une plus grande quantité de feu que le
poids du phloeiftique qui s'eft diifipé pendant la
calcinatiôn. Au refte , il eft certain que chaque
efpece de métal augmente conftaftiment , pen-
dant fa calcinatiôn , de la même pefanteur, ab-
folue.
\
fo ChYMII llphlUENTAtl
Je fens bien qa'il reftera toufoars quelaae dflE»
eulté à édaircir. Il eft difficile , en ellet * ae Cxyoir
dans quel état ce feu eft ainfi combiné dans ks
chaux métalliques. 11 ne peut y être fous la forme
de phkmftique , parceque s'il y étoit fbas cette
ferme, UchaaxferéditiroitenniétalparlaAfioii,
aoliea de fe convertir en verre , comme elles
toutumede£aire;ce qui fait voir que le fen peoc
fe combiner , dans divers états , de différentes ma-
nières , & dans différentes proportions , foivant
la nature & ladifpofition des corps avec lefqaeb
il fe combine , & auxquels il donne de nouvelles
propriétés.
Il refaite de tout ce que nous venons cTexpoier
furies propriétés du feu , qu'il eft une matière ,
puifqu'il exerce fon aétion dans toutes fortes de
directions , en fe dégageant des corps. On peut
s'en affluer , en plaçant des thermomètres , à
égaie* diftances , autour d'un bouler ronge , fof-
pendu à un plancher : ils fuivront tous la même
marche , fi rien d'étranger ne s'y oppofe. Lorfque
le feu fe dégage <Jes corps , il tend à fe mettre en
équilibre , le répand dans l'air , & s'infinue dans
. toutes les fubftances qu'il rencontre , jufqu i ce
i qu'il y ait équilibre par-tout;
| Le feu eft impénétrable comme toutes les an-
tres parties de la matière , puifqu'il eft réfléchi
par les miroirs ardents. Il eft pefant , puifau il
augmente le poids des corps dans lefquels u fe
combine , foit végétaux , foit animaux , foit mi-
néraux.
Les molécules primitives du feu doivent être
d'une très gtande finefle , puifqu elles entrent
avec une extrême facilité dans les pores des corps,
même les plus folides. Ces molécules doivent
être très folides, très Amples, puifqu elles ne
1T KÂISOHlfif» €v
lotit pas fufcepribles de changer ni de varier dans
leurs effets.
Les parties du feu ont néceflairementune très
grande vîtefle, puifqu elles font mouvoir les par-
ties des corps qu'elles pénètrent , ayec une très
grande rapidité , & qu elles les tiennent dans un
mouvement continuel , en entrant & en fortant
alternativement. Il eft d'ailleurs impoflible de
déranger > par un vent des plus impétueux , les
rayons qui coïncident au foyer d'un miroir ar-
dent , ou d'une lentille , ainfi que nous l'ayons
déjà dit.
Sur les moyens Hé rajjembler le feu 3 &fur ceux
qui déterminent fort a8ion.
Après avoir expofé les principales propriétés
du fèu pur fur les corps , nous allons examiner
les caufes qui l'excitent , les moyens qu'on em-
ploie pour le raflèmbler, & les caufes qui déter-
minent fon action.
La première -de ces caufes eft le foleil. Cet
aftre, quoiqu éloigné de nous , paroît être le ré-
fervoir commun du feu qui entoure notre globe.
11 nous vient du foleil en ligne droite par des
rayons parallèles ; & peut-être le furplus du
feu qui n ou? eft néceflaire y retourne-t-il par une
efpece de circulation, comme quelques Philofo-
phes l'ont penfé , mais fans l'avoir démontré.
La chaleur qui nous vient du foleil eft douce ,
. modérée, incapable d'apporter dans les corps des
changements qui pourroient leur caufer une trop
grande altération. Elle n'eft que fuffifante pour
procurer la génération , le développement & l'aC-
croisement de tous les êtres qui vivent , végètent
ou fe combinent à la furface op dans le feia de
la terré.
£i Chymié cxpéri kcektAle
Les Phyficiens ont trdtové le moyen de réunir
Se de faire Converger en un feul point , par lefe*
cours des lentilles & des miroirs concaves de ré-
flexion , un certain nombre de rayons du foleil ,
& de produire par là un foyer d'une chaleur ex-
ceffive , de beaucoup fuperieure à tout ce que
nous connoiflbns , & capable de fondre & de vi-
trifier en un inftant les corps les plus durs : ce que
nous ne pouvons faire, à beaucoup près, dans
nos fourneaux les plus animés.
Un autre moyen que Ton emploie pour exciter
le feu , & qui produit des effets auifi violents que
ceux dont nous venons de parler , eft le choc de
plufieurs corps durs. Le choc d'un briquet contre
une pierre à fufii produit en un inftant un feu
auffi violent que celui qui règne dans le foyer d'un
bon miroir concave de réflexion. Les étincelles
que Je briquet produit étant raflemblées & exa-
minées au microfeope , fe trouvent être du fer
qui a été mis en fufîon , & enfuite vitrifié. Or ,
pour produire un pareil effet en un inftant fi
court, on conçoit facilement qu'il a fallu une
chaleur exceiïive , & pour le moins auflî forte
3ue celle qui règne au foyer d'un bon miroir ar-
ent.
Un.troiïîeme moyen par lequel on parvient â
exciter le feu , êft la combuftion des corps orga-
nifés , dans la compofition defquels le feu élé-
mentaire eft entré comme principe conftituant en
très grande quantité ; mais , comme ce feu eft
combiné avec les autres éléments , il convient
que nous les examinions d'abord. .
Sur l'Air.
L'air eft un fluide invifible , fans couleur , infi-
pide , inodore , pefant , élaftique , fufceptible de
ST RAISONNE E» fy
raréfa&ion & de condenfation , & qui n'affe&è
aucun de nos fens , fi ce n'eft le toucher.
L'air eft un élément indeftruûible , inaltéra-
ble par tous les moyens connus jûfqu a préfent
dans la Chymie. \
Ce fluide environne le globe terreftre , & fert
& entretenir la vie des animaux & des végétaux *
qui font à fa furface. Les expériences de la ma-
chine du vuide ont démontré que l'animal ou le
végétal qui ceffe de le tefpirer , périt aufli- tôt.
•L'air eft fous deux états différents, comme le
feu : i°.pur, ifolé & ne faifant partie d'aucun
corps compofé j i°. combiné avec d'autres fub-
ftarices, & faifant fonction de principe ou de
partie conftituante de beaucoup de corps compo-
fés , principalement des végétaux & des animaux.
Nous allons d abord reconnoître les propriétés
les plus générales de l'air pur & ifolé.
Il eft difficile de fe procurer de l'air abfolu-
ment pur : il eft toujours mêlé de parties de feu j
d'eau & des exhalaifons qui s'élèvent à la furfacè
du globe. Néanmoins , comme l'air eft diftinéfc
de toute autre fubftance , & qu'il eft un élément
d part , que l'on peut fuppoier dans un état de
pureté, nous le cnnfiidérerons comme s'il étoit
dans cet état j nous examinerons fes propriétés ,
& ce en quoi il diffère des autres corps de la Na-
ture.
L'air eft toujours fluide comme le feu ; du
moins jufqu'à préfent les Phyficiens ne font pas
encore parvenus d le rendre folide, même à l'aide
des plus grands refroidi déments qu'on a pu exci-
ter artificiellement.
La fluidité de l'air eft abfolument néceflairt
Eour l'entretien de la vie des animaux , & pour
i végétation. Cet élément n'eft pas fufceptibfè
fct ChYMIE EXPiRIMENTALI
de devenir folide , comme le devient l'eau,
même par une légère intenfïté de froid, Boer-
haave conje&ure que la fluidité de l'air peur ve-
nir des parties de feu qu'il retient toujours * &
dont il eft absolument inféparable; ce quiparoît
nés vraifemblable. La difficulté de nous procurer
un froid fuffifant eft peut-être la feule caufepour
laquelle on n'a jamais vu d air folide. C'en un
corps auquel il faut une chaleur bien médiocre
pour le tenir dans cet état de fluidité où nous
* lbmmes accoutumés à le fentir.
L'air , comme nous l'avons dit , ne peut être
apperçu par l'organe de la vue : il eft absolument
invifible, pareequ'it n'a pas de couleur : il eft
abfolument inflpide & fans odeur. Lorfqu'il eft
parfaitement pur , il fe charge avec une très grande
facilité des bonnes & des mau vaifes odeurs. Lorf-
3uil s'agite, il tranfporte à des diftances confi-
. érables les odeurs & les vapeurs dont il s'eft
imprégné : il femble même qu'il eft le réfervoir
des corps prodigieufement divifés, & qui font
réduits en molécules aufli déliées qu'il l'eft lui-
même : il eft enfin le diflolvant de ces fubftances :
c eft ce qui eft caufe qu'il eft difficile de trouver
de l'air parfaitement pur & dépouillé de toute
matière étrangère : il eft toujours chargé d'humi-
dité : il paroît même que c'eft une qualité eflen-
tielle pour les animaux oui le refpirent , & pour
FaccroifTement des végétaux , puifque les pre-
miers fouffrenr beaucoup en retirant un air trop
fec , & que les derniers languiffcnt & périflent
.même , lorfcjue l'air n'eft pas chargé d'une cer-
taine quantité d'eau , comme on Te remarque
dans les années où il pleut fort peu.
Le temps où Pair eft le plus pur, mais non le
flusfain, eft celui des grandes gelées, & brf-
• qu'il
fe t il A i s o n n h. g j
6ii*il ne fait point de vent : il contient moins de
feu élémentaire j il en contient cependant encore
beaucoup $ puifqu il ne cefle pas detre fluide :
il eft beaucoup moins aqueux 4 parceque l'eau
dont il eft charge dans tout autre temps , fe gelé
par le grand froid : il eft aufli beaucoup moins
chargé des exhalaifons de la terre , parceque fa
furface étant gelée ; les exhalaifons font moins
abondantes. Le froid eft même fouvent nécfeffaire
pour purger l'air de matières nuifibleS qui peu-
vent Tinfeder ; mais il a des inconvénients iorfr
qu'il dure trop long-temps, pareequ'il fe fait un
amas de matières dans l'intérieur de la terre , qui
s'élèvent en vapeurs tout-à-la-^fois au moment
du dégel. En été , le temps où l'air eft le plus pur
& le plus fain > eft celui qui fuccede aux pluies.
L'air a une réfiftance comme les autres corps ;
& lorfqu'ii s'agite , il renverfe fouvent les obfta-
cles qui s'oppofent à fon paifage.
Après le teu , l'air eft la matière ia plus jégeré
& la plus fluide que nous connoiflîons dans la
Naturel C'eftpour cette raifort, qu'il eft toujours
à la furface des corps avec lelquels il n eft pas
combiné. En général, il ne pénètre que dans les
endroits où il ne trouve pas de matiete plus pe*
fan te que lui.C'eft fur cette propriété de l'air qu eft
fondée la méphanique des fourneaux doilt nous
avons parlé au commencement de cet Ouvrage*
L'air, quoique plus fluide que les autres liqui-
des , Se même dont les parties intégrantes font
infiniment plus déliées, ne paflè pas , ou du moiiis
pafle très difficilement, au travers de certains
corps , tels que le papier » le parchemin , le car-
ton , &c. ou de tout autre corps de même efpece $
tandis que l'huile, fefprii de vin , l'eau , les fels
en diflblution dans l'eau , &c. y pajTent avec afle<
Tome L £
3
66 CHIMIE EXPÉkîttEttTÀtE
de facilité. C'eft une obfervation connue de*
Phyiiciens : quelques-uns en ont même conclu
ue cela venoitde ce que les parties intégrantes
e l'air étoient plus groflieres que celles des au-
tres fluides. Je penfe qu'on doit attribuer cet
effet purement Se Amplement au jeu des tuyau*
capillaires. L'air ne mouille point ces différents
corps : il n'y s. point d'attradhon entre eux & les
molécules de l'air : l'air ne peut fe filtrer au tra-
vers de leurs pores , à moins qu'il n'y foit con-
traint par une torce étrangère. Il en eft de même
de l'eau qu'on voudroit faire pafTer au travers d'un
f>apier huilé : comme elle ne peut plus mouiller
es parties propres du papier , fa filiation n'a
plus lieu.
Nous pourrions rapporter un grand nombre
d'expéfiences qui prouveraient non feulement
la pefanteiir de l'air , mais même fon rapport
avec la plupart des corps connus ; mais nous
croyorjp ces chftfes abfolument étrangères dans
un ouvrage de Chymie , & nous renvoyons aux
livres de Phyfique qui traitent ces matières dans
le détail convenable , pour nous en tenir aux
propriétés decer élément qui ont un rapport plus
diredb à la Chymie,
L'air eft élaftique, c'eft-à-dire quil eft com-
preflible , & qu'il fe rétablit dans fon premier
état, auffi-tôt qu'on fupprime le poids qui le com-
f>rimoit. Il ne perd rien de fon élafticité , comme
ont tous les autres corps à reflbrt , ou pour avoir
été trop comprimés, ou confervés pendant très
long temps dans un état de preffion.L élafticité de
l'air a une proportion confiante & déterminée ,
relative à la denfité de l'air : cet élément occupe
un efpace qui eft en raifon inverfe des poids qui
le compriment.
fe î il A ) S 0 V K i Ë* 67
Mulîeurs Phyficiens ont tenu de Paîr prodi-
gîeufement comprimé pendant quinze & vingt
années , fans au ils fe foient apperçus qu'il eut
perdu ta moindre chofe de fon clafticité. Il fuit
d'ailleurs la même loi que fes autres corps à re£»
fort, c*eft-a-dire qu'il fe laifie comprimer d'a-
bord aflfez facilement ; mais lorfqu'il eft parvenu
à un certain état de preflion , il refifte davantage»
Boile a rendu l'air treize fois plus denfe , en le
comprimant. M, Haller dit l'avoir réduit à uft
volume foixânte fois plus petit. M. Halès la
rendu trente-huit fois plus denfe , à l'aide d'une
preffe. L'air , ainfi comprimé , ne peut plus être
refpiré par les animaux ; il eft trop dente. Ceux
qui fe font mis fous la cloche du plongeur , en ont
fourni de cruelles expériences. Lorfque l'air eft
trop condenfé, il occafionne une dilatation con-
(iderable & des déchirements mortels dans les
poumons.
L'air , comme nous l'avons dit; , entre dans la
cotabinaifon de beaucoup de corps compofcs, & il
fait même un de leurs principes continuants. Lorf-
qu'il eft ainfi combiné , il perd toutes fes proprié-
tés élaftiques, : il devient > dans les corps , ce que
M. Halès nomme airfolidc> c*eft-à-dire , de 1 aie
qui s eft folidifié , & qui a perdu toutes fes pro-
priétés d'air pur , en s'aflimilant aux corps orga*»
nifés, comme le feu pur perd les fiennes , en de-
venant principe continuant de ces mêmes corps.
C'eft le propre des végétaux & des animaux de
faire perdre aux éléments purs leurs propriétés ,
en les combinant & les affimilant à leurs propres
fubftances.
Peut-être l'air n'eft-il dans la compofition des
corps , qu'après s'être combiné avec d'autres fub-
ftmecs ;.djns ce cas , il y feroit fous la forme d'un
Eii
68 Chy**ie expérimentai!
principe fecondaire^ comme le feu fous la formé
de phlogiftique -y c'eft ce que nous examineront
en ion heu. Quoi qu'il en foit , on doit bien dif-
tinguer l'air combiné d'arec celui qui n'eft qu'in-
terpofé enrre les parties des corps : nous avons
déjà fait cette même diltin&ion à l'égard du feu
pur. L'air qui n'eft qu'inrerpofé , peut être fé*
(taré des corps par des moyens méchaniques ; au
ieu que celui qui fait fondion de principe , ne
peut l'être qu'en décompofant les corps. Il en eft
de l'air à cet égard , comme du feu , dont on
peut féparer une bonne partie par des refroi-
diirements artificiels. On peut de même , par le
moyen de la machine pneumatique, féparer des
corps la plus grande partie de l'air qui y eft inter*
pofe , & qui n'eft pas dans l'état de combinaifon.
Nous n'entreprendrons pas de démontrer à
préfent l'exiftence de l'air , comme faifant fonc-
tion de principe confti tuant dans les corps orga-
nifés : cela nous obligeroit d'entrer dans des dé-
tails qui fuppoferoient la connoiflance de beau-
coup de choies dont il convient que nous parlions
auparavant.
Effets du Feu fur l'Ait.
Les effets du feu fur l'air font de le dilater ou
de le raréfier , c'eft-à-dire , de lui faire occuper
des efpaces plus grands qu'auparavant. La dila-
tation la plus confidérable qu'il eft fufceptible
d'éprouver do la part du feu le plus violent , eft
de treize à quatorze fois fon volume : il ne peut
jamais fe raréfier aflez pour qu'il s'enfuive un
vuide parfait : il refte toujours tfne partie de l'air,
même lorfqti'on fait chauffer au rouge blanc le
vafe qui le contient. Nous ne rapporterons point
les expériences qui prouvent cette propofitionj
B T RAISONNÉ!. $9
en peut en voir le détail dans la plupart des livres
* de phyfique. Lorfjque l'air cefTe d'être échauffe,
- <8e qu'il fe refroidir , il fe eondenfe , c*eft-à - dire
1 que fes parties fe rapprochent les unes près des
2 autres , pour n'occuper que Ici volumç qu'il avoi*
1 auparavant.
t
Effets de t Air fur le Feu pur.
f Nous venons de reconnoître les effets du feu
- fur l'air j examinons préfentement les effets ds
l'air fur le feu. \
; L'air n'a aucun* aétion fur le feu pur : il ne
paroît rien, changer à fon état ni à fa manière d'à-
Î;ir. L* fon&ion de l'air femble fe borner à être
e réfervoir d'une partie du feu qui nous vient du
foleil, ôç de celui qui fe dégagé des corps pen-
dant leur décompoution : il s'en taiffè pénètre*
uniformément : il n'augmente ni ne diminue Tac*
tivité du feu. Le feu pur agit indépendamment de
l'air, puifqu'il pénètre & a autant d'aétion darii
le vuide , que lorfqu'il agit à l'air libre. 11 fond &*
yitrifie les corps dans cette circonftance , avec au-
tant de facilité qu'à l'air libre, toutes chpfes éga«
les d'ailleurs.
Mais il n'en eft pas. de même de l'aétion dfe
Tair fur le feu , appliqué aux matières combuftU
blés» Son conçois eft abfolumçnt nécefTaire pour
entretenir leur çQmbuftipn.* çoranie nous le dU
çonsçafonJijeu,
Combinaifon £e PAlr avec h Feu.
Peut-être la. Nature cojpbine-t-elle L'air avec:
Je feu pur, ce qui forçieroit un véritable principe
(econaaire '% mais^ jufqu'à préfent. cette combi-*
liaifon, fi elle exift*, a échappé aux connoifs
fo&cç tes. Çh^iftej &. des Ehyficiens.
RU*
70 ChVMXE EXPERIMENTAI*
Sur CE au.
•
L'eau eft une fubftance liquide, tranfparente,
fans couleur, fans odeur & fans faveur , lorf-
qu elle eft parfaitement pure. Elle eft un élément
{primitif, indeftru&ible , inaltérable dans coûtes
es opérations de la Chymie.
Il en eft de l'eau comme des aunes éléments
dont nous avons parlé. Elle a une fi grande dif-
pofition pour s'unir avec les fubftances qu'eHe
rencontre à la furface ou dans l'intérieur de la
terre , qu'il eft abfolument impoffible de l'avoir
parfaitement pure , & privée de toutes fubftances
étrangères. Elle eft toujours mêlée de feu , d'air
& de terre. La plus pure que fournit la Nature ,
eft celle qui roule dans des fables ou dans des ro-
chers de grès ou d'autres pierres vitrifiables ;
mais elle n eft pas pour cela parfaitement pure*
Néanmoins cela ne nous empêchera pas de re*
connoître les propriétés de l'eau, comme fi elle
étoit dans fon plqs grand état de pureté , & de la
diftinguer des autres éléments , & de toutes les
autres fubftances de la Nature.
L'eau eft fous deux états , comme les autres
éléments: i°. pure, ifolée, & hefaifant partie
d'aucun corps compofé : i°. combinée avec diffé-
rentes fubftances , entrant dans la compofition
de beaucoup de corps compofés , & faifanr fonc-
tion de principe confti tuant de ces mêmes corps %
& principalement des corps organifés. Nous exa-
minerons à préfent l'eau pure & ifolée , afin de
jreconnoître fes propriétés dans cet état : nous re-
connoîtrons par la fuite les propriétés qu'elle a>
lorfqu'elle fait partie conftituan te des corps com-
pofés dans lefquels elle entre.
La Nature nous préfente leau pure ifolée fous
IT XAlSONKh, 71
trois différent* états : 1 Q. dans l'état de liquidité :
2°. dans l'état de folidité que l'on nomme glace:
30. dans 1 état de vapeurs. Sous quelque forme que
nous, considérions cette fubftance , elle eft tou-
jours de l'eau : elle ne change abfolument point
de nature ; mais, comme elle préfente des phé-
nomènes chymiques & phyfiques qui font rela-
tifs à ces différents états , nous croyons de-
voir examiner fes propriétés fous ces différentes .
formes.
Des propriétés de tEau dans tétat de liquidité.
L'eau dans l'état de liquidité eft la boitfbn na-
turelle des animaux , & peut-être la feule propre
à entretenir la fanté & la vie. Ellç eft également
néceflaire à la végétation > puifque , fans fon con-
cours , toutes les plantes perifTent. Il paroît même
u'elle entre immédiatement dans la compofition
es corps ofganifés. L'eau fert à la formation des
matières métalliques ; mais ce n'eft que comme
inftrumenc. Toutes les recherches qu'on a faites
jusqu'à préfent , prouvent qu'elle, ne fait pas par-
tie de ces corps.
L'eau eft incompreflible. L'Académie de Flo-
rence expofa à la prefle des boules d'or remplies
d'eau dans une température froide. Les. boules
s'applatijrem, & l'eau paiïa au travers dix, métal
plutôt que de fe laifler comprimer :ce qui fait voir
que les parties intégrantes de l'eau, font d'une
grande roideur & d'une grande imefle. Quel-
ques Phyfiçlens avoientmis en queftion de favoir
iî l'eau pafle ou. ne pafle pas au travers du verre*
M. de Çoffigny a décidé cette queftiortpar iss ei>-
E'riences bien faites : noua en rendrons compte
rfque nous parlerons des différents moyens qui
pnt été propofés pour deflàler l'eau de mer. ■
1
Imc JL Eiv .*■
74 Chymie expérimentale
haave que l'eau eft un élément abfolumem indoP
trudible & inaltérable : cet élément, à quelque
épreuve qu'on le foumette > redevient toujours
de l'eau , tel qu'il étoit auparavant. M. Lavqi-
fier, de l'Académie des Sciences , a répété quel-
ques-uns des procédés. dont nous parlons \ il s'eft
afluré par des expériences fort exaftes , que l'eau
ne fe change point en terre.
. Nous avons fait obfervec que l'eau qui bout i
l'air libre , à gros bouillons , ne prend jamais
2u un degré de chaleur déterminé. Lorfqu'on lui
ih éprouver un très grand froid artificiel , elle ne
prend pareillement qu'un très léger degré de froid
3ui eft d'un demi degré au-deffou* de fon terme
e congélation , tant qu'elle eft dans fon état de
liquidité , quelque grand que foit d'ailleurs le
froid qu'on lui fait éprouver. C'eft ce eue j'ai
démontré dans un Mémoire imprimé dans le
Journal de Médecine , année 1770 , mois d'Qo
tobre & de Novembre*
Expérience
Qui prouve que F Eau ne prend qu'un degré de
froid déterminé*
On fait un mélange de deux parties de glacé
& d une partie de fel marin \ ce qui produit un
froid de dix-huit à vingt degrés au-deflbus du
terme de la glace. On plonge dans le centre de ce
mélange un petit; gobelet de verre rempli d'eau
rare; d'une autre part , on plonge dans le mé-
lange de fel & déglace un thermomètre , & l'on
plonge auffi dans l'eau du gobelet un femblable
thermomètre. Celui qui eft plongé dans le mé-
lange de glace & de fel > fe tient constamment à la
œmpéwtnre de ce. mélange j. mais celui .qui. ejb
!T RAISONNh. 7J
plongé dans l'eau du gobelet , refte conftamment
a un demi-degré au-deiTous du terme de la con-
gélation, tant qu'il refte plongé dans leau non
gelée ; & il ne prend la température du bain, qu'a-
près que l'eau eft gelée complettement. Si, au lieu
d'eau , on plonge un bocal d'efprit de vin ou de
coûte autre liqueur non gelable , à une femblable
température, la liqueur prend , fans tarder , celle
du5 bain.
J'attribue cet effet au mouvement que le froid
excite entre les parties intégrantes de l'eau. Ce
mouvement produit de la chaleur qui eft toujours
proportionnelle au froid artificiel auquel on fou-
met l'eau , puifque , quelque grand que foit ce
froid , l'eau refte au-deflbus du terme de la con-
gélation.
Les liqueurs fpiritueufes , pour lefquelles il
faut un plus grand froid pour fe congeler , pren-
nent furie-champ ou peu après 4 la température
du bain mentionné ci-defTus , parceque , dans ce
cas , il ne s'excite entre leurs parties intégrantes >
aucun mouvement qui produife de la chaleur;
mais , fi on leur fait éprouver uq froid capable
de les congeler , il arrive a leur égard précifement
la même chofe qu'à l'eau : i°. tant qu'elles font
dans l'état de liquidité , elles reften t conftamment
à quelques degrés au-deflbus du terme de leur
congélation (1) : i°. elles ne prennent, comme
l'eau , la température du bain où on les a pion*
gées, qu'après quelles font entièrement gelées.
( 1 ) Le terme de la congélation n'eft pas le même pour
toutes les liqueurs : il faut une intcnfïté de froid d'autant
plus grande que la liqueur eft moins gelable. Ceft ce que
j'ai conftaté par une fuite d'expériences détaillées dans
mon Mémoire imprimé dans le Journal de Médecine pour
le mois 4'Qftobre 1770,
tjt Chvmib expérimentale
Des Propriétés de VEau ions Vétat déglace.
Lorfque Peau éprouve un certain degré de froid,
elle fe convertit en un corps folide que Ton nonw
me glace.
La glace eft un corps dur & élaftique qui pré-*
fente des phénomènes différents , fuivant qu'elle
fe forme plus ou moins lentement. Lorsqu'elle
fe forme lentement , elle prend un arrangement
fy mmétrique qu'on peut très bien obferver,&que
j ai comparé , dans mes cours , à la cryftallifation
des fels : elle forme toujours des aiguilles qui fe
çroifent en angles de foixante ou de cent vingt
degrés , comme la remarqué M. de Mairan , dans
fa Differtation fur la glace. Mais , lorfque la
glace fe forme par un froid fort âpre , cet arran-
gement ne fe fait pas avec la même régularité ; i
snefure que le froid augmente, la glace acquiert
plus de confiftance& de volume. On obferve que
de l'eau glacée , contenue dans un vafe plein ,
çovile & le répand jufques par-deflîis les bords,
comme une lave de volcan ; ce qui indique non
feulement une dilatation entre les parties de la
glace , mais même un commencement de fulion.
Cet effet eft d'autant plus fenfible , que 1e froid
devient plus gçaud. La glace fe dilate même fi
confidérablemem , qu elle fair des effort incroya-
bles pour rompre les obftacles qui lui réfiftent. Les
Académiciens de Florence ayant pris une bouta
de cuivre fort épaiffe , dont la cavité avoit un
pouce de diamètre, la tempHren* d'eau, & la
fermèrent : lorfque cette eau fin gelé* , elle creva
la bpule de métal. Ils calculèrent enfuite l'effort
qu'il fkllut pour produire cet effet ; ils trouverenc
qu il eft égal à vingt-fept mille fept ceuts vingt
ÏTRÀISONrtifi. yf
livres. [EJfai de Phyfique de MufTchehbroek *
page 434» §.?otf.) .
Lorfque la glace fe forme, l'air contenu dans
l'eau fe dégage , produit des bulles qui troublent
même la tranfparence de la glace* Les PhyficienS
avoient attribué à cet air tous les phénomènes
dont nous venons de parler \ mais il s'en faut de
beaucoup que cette explication foit fatisfaifante<
D'ailleurs cet air interpofé n'eft point dans un
état de preflîon , puifque, filon perce la glace
avec une aiguille pour en faire fortir les bulles
d'air, il n'en fort pas, ou, s'il en fort, c'eftfans
effort. Nous penlons que les efforts que fait la
glace, viennent du mouvement & de la dilatation
qui s'excitent entre fes parties, & qui la difpo*
lent à une forte de fufion. Dans ce fens , la fo-
lidiré de l'eau ne feroit pas plus fon état naturel ,
que fa liquidité.
Un morceau de métal expofé au froid , fuit né~
ceflfairement la même marche : il diminue d'abord
de volume ; mais, lorfqu'il eft frappé de froid fuffi-
fam nient , il doit de même commencer à augmen-
ter de volume, un peu avant d'être gelé. J'entends
{>ar métal gclc* celui qui eft tellement pénétré de
roid , qu'il eft caftant à un choc médiocre. Le
fer eft dans ce cas. 11 faut peut-être un plus grand
froid pour faire parvenir les autres métaux au
même point. Il doit y avoir entre eux, à cet çgard»
les mêmes différences qu'il y a entre les liqueurs
qui éprouvent une plus ou moins grande facilité
à fe geler, comme je l'ai dit dans le même Mé-
moire imprimé dans le Journal de Médecine pour
le mois d'O&obre 1770. Je fuis même porté à
croire que , s'il étoit poflîble d'obtenir un froid
fuififant.» les métaux éprouveraient, comme l'eau
.congelée , cette forte de fufion qui arrive à la
80 Cn'tÛït fefcrÉRlMEtfÏÀLÊ
Vant les circonftances du froid ou du chaud. Ced
une force de diftillation que la Nature fait de
l'eau , & que les vents tranfpbrtent dads cet état
de diftolution , pour produire les différents mé-
téores aqueux, tels que la pluie, la grêle, la
neige , &c. qui forment enfuite les rivières , les
fontaines , &c. La pluie nettoie l'air de diffé-
rentes vapeurs dont il pourrait être chargé : c eft
pour cette raifon que l'eau de pluie n'eft pas par-
faitement pure ; elle eft chargée d'exhalaifons de
la terre, & d'une petite quantité de félénite. J'ai
expofé , après pluîïeurs jours de pluie , une jatte
de porcelaine en plein air , éloignée de tout ban*
ment , Se élevée de plufieurs pieds au-deffus de la
forface de la terre , pour recevoir de l'eau déploie
le plus proprement qu'il fut poflible. Cette eau
s'eft trouve contenir de l'acide vitriolique dans
l'état félénitèux : elle précipitoic en jaune de
turbich la diflbiution de mercure , faite par l'acide
nitreux.
Lorfque l'eau $ réduite en vapeurs, eft forcée
de forrir par une petite ouverture, comme dans
un éolipyle, elle eft vifible, parcequ'elle n'eft
pas difloute dans l'air ; mais la chaleur qu'elle
éprouve , en partant au travers de la flamme
drune lampe , la combine àVbc l'air telle eft alors
in vifible $ fa diflolution eft complette. On fe fert
avec avantage de cette propriété de l'eau de le
difibudre dans l'air , pour augmenter l'élafticfré
de l'air , Se animer une lampe mieux que ne le
feroit on courant d'air pur. Elle anime le feu , au
lieu de l'éteindre , comme il arrive lorfqu'ello
agit en raaflfe. Elle fait l'office d'un fouiner de
forge. Les Emailleurs fe fervent de cette propriété
de Peau pour diriger la flamme d'une lampe fur
du verre qu'ils veulent chauffer ou fondre.
Lorfquê
%i KAtsoititît: 9i
Lôrfque l'eau eft réduite en vapeurs , Se que
ces vapeurs n'ont point la liberté de fe diffiper s
elles ont une force fi expanfible, qu'on l'emploie
à mouvoir de grofles machines pour foulever des
maffes coilfidérables , & faire agir des piftons
de pompes qui élèvent l'eau à de grandes hau-
teurs.
Lorfque l'eàu eft parfaitement réduite en va-
peurs , elle pecupe quatorze mille fois plus de
place qu'auparavant M l'on met uiie goutte d'eau
dans là boule d'un verre de thermomètre , qui
puifle Contenir quatorze mille gouttes d'eau ferrn
blables \ fi l'on fait chauffer enfuite cette goutte
d'eau pour la réduire parfaitement en vapeurs *
elle chalTe tout l'air de l'intérieur du verre , & elle
en occupe toute la capacité. Le tube étant fubi-
tement plongé dans Veau la boule s9en remplit
dans un inftant, parceqde cette nouvelle eau
prend la place de 1 air que l'eau réduite en va-
peurs a évacué. Pour produire cet effet , il a fallu
que la goutte d'eau occupât toute la capacité du
vaifTeau , & par conféquent quatorze mille fois
Elus de place , que lorsqu'elle étoit en liqueur*
[auksbée ayant voulu comparer la dilatation de
l'eau avec celle de la poudre , mit le feu , par le
moyen d'un verre ardent, à de la poudre qu'il
avoit enfermée dans la partie fupérieure d'un ba-
romètre rempli de mercure , il trouva que la di-
latation de la poudre occafionna un vuide deui
cents vingt-deux fois plus grand que le volume
de la poudre qu'il avoit employée} par confé-
quent l'eau fe raréfie environ foixan ce- trois foi*
plus que la poudre : d'où il réfulte que , fi Ton
trouvoit le moyen de réduire fubitement en va-
peurs une malle d'eau , on produirait des effet*
qui feroient foixante-trois rois plus grands que
T*mc 1. ï
81 ChyMîe ttviKitiHHTAtt
ceux d'un pareil volume de poudre. C'eft ce qui
arrive fort fouvencdans les volcans, où l'eau eft
quelquefois retenue & réduite fi fubitement en
vapeurs par la chaleur exceffive du feu que ren-
ferment ces volcans , quelle jette au loin des
xnafles énormes dont le recul , femblable à celui
des armes à feu , occafionne ces fecou lies de trem-
blements déterre , qui filrprennent toujours avec
frayeur.
La même chofe arrive en petit dans nos labo-
ratoires , lorfque, par imprudence , on jette quel-
ques gouttes a eau dans de l'huile très chaude ,
ou fur du cuivie ou du plomb , &c. en fufion,
& encore mieux , lorsqu'on coule dans un mortier
humide du fel alkali ou tout autre fel en fufion :
l'eau fe réduit fubitement en vapeurs , & jette
au loin les matières fondues avec un bruit ef-
frayant & avec danger pour ceux qui font préfents.
Il eft de la plus grande importance de bien con-
noître ces terribles effets , afin de fe garantir des
accidents qui peuvent en réfulter.
Les enfants font tous les jours une expérience
qui eft relative à ce que nous venons de dire fur
l'expanfibilité de l'eau. Ils mettent fur quelques
f outres d'eau > ou fur un peu de falive , un char-
on bien ardent , & ils frappent promptement
avec un marteau de bois ou de fer fur le charbon ;
le feu réduit fubitement en vapeurs l'eau qui
l'entoure, & il fe fait auiïî-tôt une explofion fort
bruyante.
On fe fert tous les jours avantageufement de
la propriété qu'a l'eau de fe réduire en vapeurs ,
pour la débarraffer des matières fixes avec les-
quelles elle peut être mêlée.
* tT RAISÔttNii» 8}
Delà Diftillation.
La diftillation eft une opération par le moyen
de laquelle on fépare , à Paide du feu , les fub-
ftances liquides & volatiles d'avec les fixes , ou
Une évaporation qui fe fait dans des vaifTeaux clos %
appropriés , afin de recueillir & conferver à part
les fuoftances que le feu fait élever.
Il y a deux elpeces de diftillation t favoir , Tune
que Ton nomme per afeenfum j & l'autre que
l'on nomme per dejcenfum.
La première eft celle qu'on emploie ordinaire-
ment. Elle fe fait en plaçant le feu fous le vai£*
feau qui contient la matière qu'on foumet à la
diftillation. La chaleur fait élever les vapeurs au
haut du vaitfèau , &c elles font conduites, foit en
vapeurs, foi t en liqueurs, dans un récipient qu'on
place, i cet effet > à côté du vaifteau diftilla*
toire.
La féconde eft lorfqu'on met le feu au-deflus
de la matière qu'on veut diftiller. Les vapeurs
qui fe dégagent des corps ne pouvant s'élever
comme dans la diftillation ordinaire , font forcées
à fe précipiter dans un vaifleau inférieur qu'on
place à ce deftein.
Par exemple, on pofe un linee fur un verre 1
boire : on met fur ce linge qui doit être lâche &
s'enfoncer un peu dans le verre y des clous de gé~
rofle concaiTés : on pofe par-deiTus cet appareil ,
un plateau de balance qui joint , le plus exacte-
ment qu'il eft poffible , les bords du verre : on
remplit de cendres chaudes la partie concave du
plateau de balance. La chaleur , agiftant fur le
eérofle , en dégage une partie du phlegme & de
l'huile eflencielle qui fe ra&mble au fond du
Fij
*4 ChYMII EXPERÏMEKTllf
verre ; c'eft ce que Ton nomme diftiller per défi
ccnfum : mais cette manière de diftiller n'eft pre£
3ue point ufitée , parcequ elle a Tinconvénienr
e dénaturer les fubftances qu'on veut retirer,
étant difficile d'adminiftrer précifément le degré
de chaleur qui convient.
LesChymiftesontétabliune troifieme manière
de diftiller , qu'ils nomment^ r lotus j ou parle
côté ; c'eft celle que Ton fait dans des cornues:
mais , comme elle ne diffère point de la diftilla-
tion/wi/ttA/oia., qui fe fait dans des alambics
de verre ou de cuivre étamé , nous croyons qu'il
eft inutile d'en faire ici une diftincHon. J'en ai
parlé dans mes Eléments de Pharmacie. Elle fe
fait toujours perafcenfum, puifque les vapeurs
s'élèvent perpendiculairement pour entrer dans
le col qui aboutit au récipient. La diftillation
qu'on fait dans des alambics de cuivre pourrait
être regardée à la rigueur comme une diftillation
perlatus. Les vapeurs s'élèvent perpendiculaire-
ment 'y elles enfilent le canal qu'on a pratiqué au
côté du chapiteau de l'alambic pour venir le raf-
fembler & le condenfer dans le récipient: ainfi
ces deux diftillations ne différent Tune de l'autre,
que par la forme des vaifTeaux.
Lofque les fubftances qu'on met diftiller con-
tiennent quelques principes faciles à s'altérer , on
fe fer t d'un alambic à bain marie, qui tempère
l'activité du feu. Au moyen de ce vaifTeau , on
peut graduer, àfongré, la chaleur, & ne faire
éprouver aux fubftances qu'on foumet à la diftil-
lation , que celle qui leur convient : dans cette
diftillation , les fubftances ne peuvent recevoir ,
tout au plus , que le degré de chaleur égal à celui
de l'eau bouillante. Voyez mes Eléments de Pkar*
znaçic j pour le détail d'un alambic à bain marie.
1 T R A I S O N H i *« ÏJ
Dijlillation de VEau* ^
On met dans une cornue de verre plufîeurs
pinces cTeau : on place le vaifleau dans le bain de
fable, d'un fourneau ; on y adapte un ballon ou
récipient. On lute les foin Cures avec des bandes
de papier, enduites de Colle de farine ou d'ami-
don : alors on procède à la diftillation par un feu
{;ra,dué que l'on augmente jufqu au degré de
'ébullitionou à-peu-près. On continue la diftil-
lation , jufqu*a ce que Fon ait fait diftilter cuivi-
ron les trois quarts de Peau que l'on a employée.
On délute le ballon : on verfé cç qu'il contient
dans un flacon de cryftal qu'on bouche bien: on
jette, comme inutile , ce qui refte dans la cornue.
R S M A R Ç U JR
L*eau;, comme nous fàvons dit , h'èft ja-mai*
parfaitement pure : elle eft plus ou moins chargée
de terre &; de félénite. On a befoin , pour nom*
bre d'opérations & d'expériences de Chymie ,
d'eau feparé? d$ ces, fubftançes, I,a diftillation
eft très, convenable pour opérer cette réparation,
L'eâu étant un corps volaui , s'élève feule en va-
i peurs qui fe condensent & fe raffemblent dans U
talion y & elle Uiffe, dans la cornue les, matières
fixes qui ne peuvent s'élever aaraênœ degré de
chaleur quelle. Il faut faire choytd^une eau, déjà
pure , & qui ne contienne point de* fujbftances
volatiles ; telles font les eaux des grands fleuves*
Si Ton veut, poi*r plu^d^xa^itude , 5ç être cer-
tain que 1 eau que l'on veut obtenir ne contienne*
rien d'étranger, il faut» f éjecter les première*
onces d'eau qui paient dans la diftillation.
On. pputtok faire diftiUet une plus grands
fi^
ft£ ChTMIE EXPÉRIMENTAL*
quantité d'eau que celle que nous avons dite , &
même continuer la diftillation jufqu'à ficcité j
mais il feroit à craindre que les matières falines
fur-tout ne vinflent à fe décompofer , ce qui al-
téreroit la pureté dç Teau.
Lorfqu'on veut fe procurer de l'eau diftillée
parfaitement pure , il convient de la diftiller dans
des yaiflfeaux de verre : ceux qui font faits avec
les afférents métaux qu'on nomme imparfaits ^
communiquent une odeur empyreumatique. Le$
alambics ae cuivre ou d'étain , dans lefquels oq
a diftillé des plantes, on tfpécialement cet incon-
vénient. Il eft impoffible de les nettoyer affea
pour les empêcher de communiquer à l'eau cette
odeur d'çmpyreuroe.
L eau diftillée doit être confervée dans des
flacons de cryftal , bouchés avec des bouchons
auffide cryftal, ufés à l'émeri. On a foin de le$
laver auparavant avec de l'eau diftillée. Les bou-;
chons de liège lui communiquent une odeur dé
croupi. L'eau diftillée eft inaltérable : elle peut
fe garder pendant très long-temps dans fon état
de pureté, Iprfque rien d'étranger ne fe mêle
avec elle.
On reconnoît que l'eau diftillée eft pure , lors-
qu'elle ne change point les couleurs bleues de la
teinture du tournefol & du fyrop de violettes , &
fur-tout lorfqu'elle n'occafionne aucun trouble
ni précipitation aux diflblutions de mercure Çç
d'argent , faites par de l'acide nitreux.
f)c l'Eau combinée avec le Feu.
On ne çonnoît point de combinaifon immé-
diate de l'eau avec le feu pur : peut-être la Na-
ître fpfme-t-çlle cette çotnbinaifon \, mais jjijfc
U R A I S O N M i t. 87
qu'à préfent elle a échappé aux recherches des
Chymiftes & des Phyficiens. On fait que l'eau eft
toujours mêlée d'une certaine quantité de feu ;
c'eft de lui qu'elle tient fa liquidité. On a tou-
jours cônfideré ce feu comme libre , & feulement
interpolé entre les parties de l'eau \ mais on ignore
fi quelques parties ne feroieht pas réellement dans
l'état de combinaifon , &c fous la forme d'un prin-
cipe fecondaire , qui feroit tenu en diflblution
dans la totalité d'une malle d'eau quelconque.
Ce qu'il y a de certain , c'eftquîi eft impoffible *
par des refroidiflements artificiels 5 de priver Veau
de tout le feu libre quelle contient*
De l'Eau combinée 4vtç Iàik
L'eau fe ditfbut dans l'air , comme les fets &
difïblvent dans .l'eau. Cette diflblution eft chiré
& rranfparente, C'eft une vérité que M. le Roi >
Do&eur en Médecine de la Faculté de MontpeU
lier , a démontrée d'une manière très luminéufe %
dan* un Mémoire imprimé dans le volume de*
l'Académie , année 1751 , page 481* Cet habite
Phyficien rapporte des expériences très ingénieur
fes, par lesquelles il fait voir que cette difïblu^
tion de l'eau par Tair eft affujettie à un point de
fatutation. pe l'air chaud diffout davantage d'eai*
3ue de l'air froid. Lorfque de Tair chaud , faturê
'eau , vient àfe refroidir , il laiiïe dépofer l'excèi
de celle qu'il ne peut plus tenir en diffolution*.
Pour constater cette vérité, M. le Roi a pris un*
bouteille vuide de fecbe ; il l'a expofée a un air
chaud de quinze degrés au-*deflus du terme de U
congélation , 8c l'a bouchée exaûeme&t. Lorfque
Vaû do Tatmofpheçe s'eft xeftoidide quelque* de^»
£ i»
4;
89 ChYMIE EXPERIMENTALE
grés , celui renfermé dans la bouteille s'eft refroidi
3e même j mais il s'eft déchargé de l'eau qu'il ne
pouvoir plus, dans cet état, tenir en diflblution, la*
quelle s'eft raflemblée au fond de la bouteille. Il
s'eft afluré encore que l'eau , ainli condenfce , s'eft
difïbute de nouveau dans l'air de la bouteille , $
fnefure qu il parvenoit au degré de chaleur où il
y avoic été enfermé. M- le Roi a varié cette expé-
rience de manière à ne laifTer aucun douce fur le
fait dont il eft queftion.
On auroit torç 4o regarder ces expériences &
ces observations comme de pure curiofité ; il eft ,
au contraire , très important de les cpnnoître dans
la Chymie. On renferme tous les jours dans des
bouteilles des fels & d'autres fubftancçs qui do**
vent être gardés féchement. Si l'air renfermé dans
la bouteille eft chargé d'huhiidité , il'humeâe
plus ou moins les fubftancçs qu'on y renferme.
peaU^çpqfée par l'air fur des acides concentrés ,
ou fur de l'ajkali , ne fe diflbut plus lpçfque Pat-
jnofphere fe réchauffe , pareeque l'eau eft plus
adhec-ente à ces fubftançesfalines qu'elle ne 1 eft,
foit au verte , foit à l'air.
Lorfqûe l'air chaud eft parfaitement, faturé
d'eau , $c qu'il vient i fe refroidir y l'excès fecon-
denfe comme nous l'avons dit, & retombe, en
pluie , en rofée, en nçige , ep grêle , &c, On voie
cet effet arriver d'une manière bien fenfible chez
)es artiftes qui font évaporer. une grande quan-
pté d'eau dans des endroit^ fermée , comme chea
)es tejntuifiers , chez les braiTeurs > &c. L'air ne
peut pa$ diffoudre toute Peau qui s'évapore. Une.
partie eft dans l'état de vapeurs, trouble la tranf>
carence de l'*ir , & y forme un véritable brouiU
feç<i. \Jyç auççe portion de P^u fe fépare. d$ Vais
1T RAISONNÉ!. 89
flans la partie la plus élevée de ces acceliers , & re-
tombe en pluie Se en rofée : c'eft ce que les ou-
vriers nomment buée.
Cette combinaifon d'air & d'eau joue dans la
Chymie, dans les Arts & dans la Nature , un très
grand rôle. C'eft elle , par exemple , qui eft la
caufe que beaucoup de métaux , expofes à l'air ,
fe rouillent & fe terniflent j effet qu'on avoit tou-
jours attribué à l'air feul. C'eft Peau qui occa-
sionne l'efflorefcence des pyrites j elle augmente
l'a&ivitédu feu renfermé dans les fourneaux. De
Tait pur & parfaitement fec ne produiroit pas la
plupart des effets dont nous parlons , ni d'une ma-
nière aufli efficace.
Cette combinaifon peut être confidérée comme
un principe fecondaire , formé immédiatement
de 1 eau & de l'air, dont la Nature fe fert pour
laccroiHement des végétaux , & pour l'entretien
«fe la vie des animaux. Il eft reconnu qu'un air
trop fec fait languir la végétation 9 &. eft moins
falubre aux animaux qui le refpirent. Il eft bon de
rappeller ici que ces deux éléments ne font ja-
mais fanç une certaine dofe de feu élémentaire 1
c'eft lui qui fert d'intermède pour unir l'eau à l'air ,
comme nous venons de le faire obferver. L'eau
contenue dan$ l'air, eft, de fon côcé , plus ou
moins chargée déterre , qu'elle tient en diflblu-
tion. Ain fi Tes quatre éléments fe trouvent en mê-
me temps réunis dans l'air , mais darjs l'état de
combinaifon, & formant un principe fecondaire ,
compofé immédiatement des quatre principes
primitifs. Les proportions des fubftances qui en-
trent dans cette combinaifon, font fujettes à va-
rier, & varient en effet continuellement, même
d'un jour 4 l'autre , & influent beaucoup fur la
, végétation 9 §c fiiç ^ççQnwûç «wwte- Nous as
ço Chymib expérimentale
négligerons pas de faire des applications de ces
oblervations , à mefure que 1 occafion s'en pré-
fencera.
De l'Eau combinée avec le Feu & FÀirm
On ne connoît aucunement cette combinaifon.
Nous venons de dire ce que nous en penforo.
Nous avons parlé des propriétés quelle peut avoir
relativement à TaccroifTement des végétaux , & à
l'entretien de la vie des animaux \ mais , jufqu'à
préfent , on n'a point fait de recherches pour fe
procurer cette combinaifon féparée de la mafle
d'air qui nous environne , & dans des proportions
commodes pour pouvoir l'examiner.
Sur la Terre.
La terre eft le quatrième & dernier clément
qui nous refte à examiner. Cette fubftance me-
nte , à jufte titre , le nom d'élément , puifqu'elie
entre , comme principe continuant , dans la corn-
pofuion de tous les corps , 8c qu'on la retrouve »
après les analyfes , comme dernier réfultat. H n'y
a dans la Nature que les éléments primitifs dont
nous venons de reconnaître les propriétés , qui
exiftent fans le principe terreux. C'eft ce principe
qui donne la confîftance , la folidité & la pefan*
teur aux corps dans la compofition defquels il en-
tre. C'eft le plus folide & le plus pefant des élé-
ments.
La terre élémentaire eft auffi difficile à définir
que le feu , l'air & l'eau. La meilleure définition
2u on en peut donner , eft de dire que c'eft ur*
lément , & qu'il joue fbn rôle dans la Nature
conjointement avec le* autres éléments ^ j>qu*
X T RAISONNÉ!, pr
former tous les corps compofés qui exiftent. La
Nature nous préfence une fi grande quantité de
matière terreufe de toute eipece , qu'il paroît
d'abord difficile de favoir à laquelle de ces fub-
fiances on doit affiener le nom de terre élémen~
taire 3 Se qui foit véritablement le principe ter-
reux des corps.
Les anciens Chymiftes , comme le remarque
Boerhaave dans fon Traité fur la Terre (i) , ont
bien fenti que , pour l'explication de leur fyftê-
me , il leur étoit important de connoître la fub-
ftance terreufe élémentaire. Ils ont fait les plus
grands efforts pour la découvrir, mais inutile-
ment. Ils l'ont nommée vierge pure ù à caufe de la
Eureté & de la (implicite qu'ils lui fuppofoient*
s l'ont cherchée dans les cendres des végétaux
& des animaux , dans la pluie , dans la rofée ,
dans l'air , dans les minérau* , &c. Ils ont néan-
moins reconnu que les terres qu'ils avoienr fépa~
rées des corps organifés , font identiques , lors-
qu'elles font fufhfamment purifiées, foit qu'on
les obtienne par la calcination , ou par la putrç*
faéfcion de ces corps. Cette obfervation devoit
naturellement les conduire à chercher fi , parmi
les fubftances terreufes que fournit la Nature , il
n'y a pas une terre à laquelle on puifle rapporter
celles qu'ils avoient féparées des corps organifés ,
Îtar le moyen de 1 aname : c'eft ce qu'ils ont ab-
blument négligé de raire. Aufli tous leurs tra-
vaux n'ont répandu que peu de lumière fur la
matière dont il eft queftion. Le grand nombre
d'expériences que j'ai faites fur les matières ter-
reufes en général , Se dont j'ai déjà publié une
( i) Traité far la Terre , page j & ftn'v^ntçsV tome Y,
WiÛon fntncoife, **-J%t
£1 ChYMIE EXPiRIMENTALE
partie dans mon Mémoire fur les Argilles , m'ont
pleinement convaincu que les terres fépaxées
ces corps organifés font eflentiellement de mê-
me efpece , & qu' elles ont les principaux carac-
tères de la fubftance terreufe que les Chymiftes
ont nommée terre v'urifiable : ainfî la terre vitri-
fiable fera donc la terre élémentaire des végé:aux
Se des animaux»
En examinant enfuite les autres corps dans la
composition dêfquels entre le principe terreux ,
on remarque que c'eft encore la même terre vitri-
fiable , mais plus ou moins altérée , & cette alté-
ration la rend fpuvent méconnoiflable. Nous ver-
rons qu'il en eft de la terre primitive comme des
autres éléments. Elle eft fufceptible de recevoir
toutes fortes de modifications ; & nous verrons
?u(fi , à mefure que loccafion nous en fournira les
moyens , que cette terre primitive , lorfqu elle n'a
reçu que de certains degrés d'altération , peut
être ramenée , par des opérations de l'art » au ca-
ractère fpécifique de fon origine , devenir enfin
terré vitrifiable. Il n'eft plus poflible alors de lui
çaufer la moindre altération.
JLes Naturaliftes , ayant examiné les corps ter-
reux qui font dans UNacure , ont remarque qu ii
!r en avoit plufieursqui différoient affez efïentiel-
ement les uns des autres : pour les distinguer en
différentes efpeces , ils en ont formé plufieurs
claflfes. Cette diverfité de fubftances terreufes
avoit fait penfer à quelques Naturaliftes qa il pou-
voir y avoir plusieurs efpeces de. terre élémentaire,
également Amples j mais comme il n'y a qu'une
feule efpece de feu , qu'une feule efpece d'air » &
qu'une feule efpece d'eau , il eft à préfumer qus
la Nature ne s'eft point écartée de la loi générale
i l'égard de l'élément terreux v Mais cç dernier
BT a A I S O N N É I* «>4
élément eft > comme les autres , fufceptible >de
changer de forme , d'être dénaturé , en entrant
dans les différentes combinaifons. Ce font vrai-
femblablement ces différents changements, fous
lefquels la terre élémentaire fe prélente , qui ont
donné lieu aux Naturaliftes de faire beaucoup de
divifions & de clafles des matières terreufes } mais
ces divifions & ces clafles s'évanouiflent toutes ,
pour l'ordinaire , entre les mains des Chymiftes.
Les Naturaliftes font encore aflez ordinaire^
ment une diftin&ion générale des pierres d'avec
les terres ; mais mal-à-propos , comme le remar-
que M. Pott, dans fa iÀthoséognqfie j page 5 >
tome 1. Les pierres ne font formées que de mo-
lécules terreufes, qui tiennent par l'affinité d'ad-
hérence qu'ont entre elles les parties de la ma-
tière. Les terres font des pierres réduites en pou-
dre , & dont l'adhérence des parties eft détruite »
ou n'a jamais eu lieu. Que Ton reduife en poudre
du grès , par exemple , il reflemblera a de la
terre : il en fera de même du marbre blanc broyé
fur un porphyre : on pourra le prendre pour de la
craie. Dans l'un & dans l'autre cas , les matières
terreufes n'ont point changé de nature. H y a peu
de Naturaliftes qui ne fe trompent , en exami-
nant ces fubftances par le (impie coup d'oeil j mais
le Chymifte ne peut s'en laitier impofer avec la
mchie facilité. Il reconnoîtra la nature de ces
terres , à l'aide de quelques opérations chyfni-
ques , qui font des guides sûrs dans de pareilles
recherches*
Les Chymiftes ont beaucoup diminué le nom-
bre des divifions des terres , données par les Na-
turaliftes j ils n'ont nullement égard a la forme
des matières terreufes. Ils ne reconnoiflent pour
terres & pour pierres de même efpece > que celles
94 ChYMÎE ÉX*£rI]*BNTÀL1
qui ont les mêmes propriétés chymiques , foui
telles formes qu'on les leur préfente, foit en malle,
foir en ppuffiere j mais ils ne font point d'accord
fur le nombre des matières cerreufes , primitives
ou élémentaires , qu'il convient d'admettre.
Becker admet trois terres , comme nous l'avons
dit à l'article des Eléments ou principes primitifs
des corps : mais les terres dont ce Chymifte en-
tend parler , font celles qu'il croit entrer dans la
composition des matières métalliques (i) j au lieu
que nous entendons parler ici des fubftances ter*
reufes en général. D'ailleurs des trois terres de
Becker , il n'y a que la terre vitrifiable qui mérite
véritablement le nom de terre fimple & élémen-
taire.
Staahl, dans fon SpccimenBeckerianum (i),
n'admet que deux efpeces de terre ; favoir , la
terre vitrifiable & la terre calcaire. 11 penfe que
toutes les autres ne font que des modifications ou
des mélanges de ces deux terres, mélanges faits par
la Nature dans différentes proportions & de diffé-
rentes manières. M. Pott , dans fa Lithogéogno-
fie , a démontré, par une multitude d'expérien-
ces , combien la Chymie peut éclairer cette par-
tie de l'Hiftoire Naturelle. D'après les propriétés
qu'il a reconnues aux différentes matières cerreu-
fes qu'il a examinées , il a cru devoir en admettre
quatre efpeces principales y favoir , la terre v'nri-
.fiable j la terre argilleufe j la terre alkaline ou cal-
caire j & la terre gypfcufe.
M. Pott fait piuheurs remarques fur ces quatre
efpeces de terre.
(0 Pàyfica fubterranea , pag, 44, n°. 15 , edit.de
Leipfick, 17 j$.
(1) Pag, 78,11*. 13.
fe T R A t S O K K i E, $J
x *. 11 dit que jufqu'à préfenc il n'a trouvé que
ces quatre efpeces de terre , qui différaient entre
elles par leurs propriétés caraâériftiques,& aux-
quelles on puifie rapporter toutes les autres terres
qu'il regarde comme dérivées des premières.
2°. fi ne les regarde cependant point comme
des terres pures & élémentaires ; il penfe au con-
traire qu'elles font compofées : & il ne défefpere
pas qu'avec le temps on ne parvienne à les réduire
à un plus grand degré de (implicite.
3 °. Aucune de ces terres , expofée feule au feu
de fon fourneau , n'entre en fufion.
4°. A la rigueur , toutes les terres font fufibles ;
il ne nous manque que le degré de feu néceflaire
pour y parvenir : mais il faut , pour fondre &
vitrifier la terre argilleufe , la terre'gypfeufe & la
terre calcaire , une plus grande quantité de fel ou
de matière fondante , que pour la terre vitrifiable.
5°. Enfin il trouve trop générale la divifion de
Staahl en terre calcaire & en terre vitrifiable ,
parceqùe, dit- il, les terres calcaires font fufcep*
cibles de fe vitrifier, mais plus difficilement.
Si l'on confidere en Naturalifte la divifion
des fubftances terreufes de M. Pott , elle préfente
quelque facilité pour clafter les matériaux d'un
cabinet d'Hiftoire Naturelle, parceqùe la Nature
fournit avec abondance ces quatre efpeces de *
terre y mais on trouve que cette divifion manque
d'exa&itude , fi Ton foumet ces terres à un exa-
men chymique. La divifion de Staahl en terre
vitrifiable & en terre calcaire approche davan-
tage de la vérité, & n'a pas non plus, comme
nous le verrons , l'exactitude defirée: J'ai conftaté
par une fuiifc d'expériences, que la terre gypfeufe
de M. Pote neft point une terre pure j c'eft ua
£d ChYMÏE E**£RIMBtfTÀtÉ
vrai fel vitriolique à bafe de terre calcaire , quô
je défigne fous le nom defc'le'niee calcaire. J'ai pa-
reillement conftaté que la terre argilleufe n'eft
f»as non plus une terre pure : c'eft un fel vitrio-
ique à bafe de terre vitrifiable , & que je nomme
félénitc vitrifiable. Ainfi , des quatre terres de
M. Pott , il ne refte plus que la terre vitrifiable
& la terre calcaire qui font celles que Staahl
regarde comme pures Se fervant d'éléments aux
autres matières terreufes qui font dans la Na-
ture ; mais nous verrons , a mefure que les oc-
cafîons fe préfenteront , que la terre calcaire eft
de la terre vitrifiable , mais eft combinée par le
travail des animaux , avec une portion double ,
ou environ , de fon poids d'eau & d'air. Lorfi»
qu'on fépare cette eau & cet air de la terre cal*
caire , elle redevient terre vitrifiable.
Il fuit de là que la terre vitrifiable eft celle
qu'on doit regarder comme la terre primitive &
élémentaire. Elle eft, ainfi que les autres élé-
ments y fufceptible de toutes fortes de modifica-
tions : elle entre de même qu'eux , fous différentes
formes , comme principe conftituant , dans tous
les corps compofés.
Néanmoins , comme la Nature nous préfente
cette fubftance terreufe dans une infinité de com-
binaifons & d'états différents , nous croyons qu'il
eft important d'examiner les divers corps terreux
avec la plus grande attention , afin de reconnoî-
tre la férié & l'ordre que la Nature obferve dan»
leur compofition. Il ne peut réfulter d'un fem-
blable travail que beaucoup de connoifTances
utiles à l'économie animale , & à l'agriculture,
aux arts & aux progrès de cette partie de l'Hiftoire
Naturelle qui nleft encore qu'au berceau.
Par
IT RAISONNÉ 1* 97
Par rapport à l'économie animale , on appren-
droit à mieux connoîrre les changements que la
terre vittifiable éprouve en paflant du végétal
dans le corps animal , & les différentes élabora-
cions quelle fubir» en saflirailant aux corps or-
ganisés»
Par rapport à l'agriculture , on s'inftf uiroit du
meilleur état où cette même terre doit être pour
produire une bonne végétation j on perfection -
neroit par conséquent un art de première nécef-
fité , qui a le plus befoin de l'être.
Par rapport aux arts , il réfulteroit de ces recher-
ches , des connoiiïances plus exaâes fur la por-
celaine , la faïance , les poteries , la verrerie , Sec*
Ces travaux peuvent même faire naître de nou-
veaux arts & de nouvelles branches de commerce»
On pourroit découvrir l'état où la terre fe trouve
lorfqu eilefe métallife par l'intermède du phlogif-
tique y Se parvenir même à produire de nouvelles
matières métalliques. Toutes ces recherches fe-
roient du moins plus f aifonnabies que celles que
font les Alchymiftes pour tranfmuer en or les
métaux imparfaits, Êk
Enfin , par rapport à l'Hutoire Naturelle , on
apprendrou à mieux connoître les corps terreux.
Je ne citerai que quelques exemples , pour faire
voir combien cette feience gagneroit à ces re-
cherches.
Les Naturaliftes rangent dans la même claile
un certain nombre de pierres cryftallifées qui for-
ment , fuivant eux , un genre particulier auquel
ils ont donné le nom Atjpath. Ces pierres fe ref-
femblent en ce quelles font cryftallifées} mais
ce caradere n'eft pas fuffifan t pour faire connoître
leur nature.
11 y a de ces pierres qui font cryftallifées à fa~
Tome L G
y$ ClIYMIE EXPERIMENTAL!
cectes brillantes , comme de petits miroirs , fans
cependant repréfenter les objets.
Il y en a qui font cryftallifées en aiguilles , en
rhomboïdes , en cubes , en feuillets , en grappes ,
en hexagones, en pyramides, en oâaèdres, en
rofes , en cylindres, en globules , &c.
Parmi ces pierres y les unes font tranfparentes,
les autres n'ont qu'une demi-tranfparence , & il
y en a d'opaques : il y en a des unes & des autres
fans couleurs : d'autres font plus ou moins colo-
rées , foit par des matières phlogiftiques , foi t par
des matières métalliques , & quelquefois par ces
deux efpeces de fubftances en même temps*
Les fpaths ont en général plus de pefanteur fpéci-
fique que les autres pierres de même efpece : il y en
a dont la pefanteur approche de celle des métaux.
Telles font les propriétés les plus générales qui
font communes aux fpaths j mais , fi on les exa-
mine plus particulièrement, on trouve qu'ils dif-
férent confidérahiement les uns des 'autres. Les
uns font de terre vitrifiable , d'autres de terre
calcaire , d'autres de gypfe , & d'autres font des
mélanges de terres 4fes toutes fortes de propor-
tions , & cryftalhfés enfemble. Il eft vifible qu'en
confidérant ces pierres fous la même dénomina-
tion de fpaths , il en doit réfulter beaucoup de
cpnfufion & nulle connoiflance.
Il y a de ces pierres parfaitement tranfparentes,
cryftallifées en pointes de diamant : les unes font
de nature vitrifiable , infufibles au plus grand feu
?|«e nous puiflions faire , tandis que d'autres font
ufibles , & d'autres font purement calcaires ,
quoiqu'également tranfparentes.
La Nature fait cryftallifer la combinaifon de
l'acide vitriolique avec la terre calcaire fous une
infinité de formes. On-^, donné à ces corps qui
tffcÀÎSOHtfé*. 5)9
êh font formés , différents noms; commejpath ,
lorfque la pierre eft cryftallifée fans figure déter-
minée; eypfi » lorfque cette combinaifon eft
cryftallifée en lames appliquées les unes fur les
autres. Les Naturaliftes ont donné le nom de
pierre à plâtre à ce même fel , lorfqu'il eft en
malles irrégulieres -, S albâtre 3 lorfque cette même
{ûerre eft plus blanche & plus pure ; defélenite3
orfque cette même fubftance eft en cryftaux ai-
guillés , comme le nitre , &c.
Les Naturaliftes placent encore , parmi les
matières gypfeufes , certains fpaths verdâtres ,
& qui deviennent phofphoriques par la calcina-
tion : cependant ce genre de pierre* étant calciné ,
ne fe convertit point en plâtre , & ne contient
point d'acide vitriolique. J'ai reconnu qu'ils
. étoient de la nature du talc & du mica ; mais ils
différent encore de ces fubftances par des nuances
qu'on n'a pas encore reconnues par l'expérience.
Il réfulte de tout ce que nous venons de dire
fur les fpaths , qu'il eft abufif d'en faire un genre
de pierres particulier. 11 vaut mieux conndérer
ces fubftances comme des pierres cryftallifées , &
les ranger chacune dans la claffe des pierres de
même efpece , fans avoir égard à leur cryftallifa-
rion , puifque cette forme ne change rien à leur
nature.
On trouve la même confufîon à l*égard d'un
autre genre de pierres que les Naturaliftes; nom-
ment granits. Plufieurs fe trouvent claffés aveô
des terres pures ou prefque pures. Les granits
font formés par des mélanges de terrés de toutes
efpeces & dans toutes fortes de proportions , ag-
glutinées entré elles par l'affinité d'adhérence. Ces
pierres fe préfentent fous toutes fortes de formes j
elles ont différentes couleurs & divers degrés de
Ci)
làà Chymie expérimentale
dureté. Plufieurs font feu étant frappées contre
l'acier , & prennent un beau poli. 11 ferait donc
naturel d'en faire une clafle à part fous le nom de
granits ou de pierres mélangées* L'analyfe en fe-
roit inutile , paccequ*eile n'apprendrait rien de
fatisfaifant, (mon à connoître feulement l'échan-
tillon de pierre qu'on examinerait , & non la
clafle entière des granits.
. Revenons présentement à la terre élémen-
taire. Nous regarderons donc la terre vitrifiable
comme étant la feule terre élémentaire , & le
principe primitif de toutes les fubftances ter-
reufes , parcequ'elle eft la plus pute , & quelle
poffede un plus grand nombre de propriétés d'un,
véritable élément.
La Nature nous préfente cette terre fous deux
états différents : i °. pure , ifolée & ne faifant
partie d'aucun corps compofé : i°. combinée d'une
infinité de manières , & entrant , comme prin-
cipe confti tuant, dans la composition des corps.
Nous confidérerons par confequent cet élément
fous ces deux afpe&s , comme nous avoris fait à
l'égard des autres élémenrs. Jettons d'abord un
coup d'osil général fur les différentes matières ter-
reules vitrifiables que préfente la Nature , pour
connoître fi , parmi ces terres , il n'y en a pas de
{dus pure l'une que l'autre : nous reconnoitrons
es propriétés de cette efpece de terre dans celle
qui nous paraîtra mieux pofléder Les qualités d'un
véritable élément : nous examinerons en fon lieu
les différents moyens que la Nature emploie pour
faire entrer cette terre dans la composition des
différents cotps : enfin , nous tâcherons de fuivre
Tordre que la Nature femble avoir établi pour
former des corps de plus en plus compofés , &
nous verrons que les corps organifésfont les feuls
ir *.aisohm£e. iot
inftramenrs qu'elle emploie pour opérer fes plus
Î grandes & fes plus univerfelles opérations. Ce
ont eux qui ont établi & qui entretiennent ior-
ganifation qui fubfifte dans l'intérieur & à la
lurface de la terre.
Des Pierres & Terres vitrifiables^
Les pierres vitrifiables font fous deux formel
différentes : i °. en naaffes m°; en pouffiere plus
ou moins grofirere.
Entre les pierres vitrifiables enmafFes , lesun^s
font cryftallifées & affe&ent des figures régulières;
les autres ne présentent aucune figuré fymmétri-
que. Parmi les pierres viwifiables cryftallifées , il
Îr en a de parfaitement tr^nfpacentes &• fans cou-
eur, telles que lecryftal de roche» certains quarts
cryftallifés en pointes de diamant, que l'on nom*
me cryfiaux de mines. Il y a d'autres pierres vitri-
fiables cryftallifées & en même temps colorées »
comme les hyacinthes, les grenats , les rubis ^ les
faphirs, &c.
Il y a des pierres vitrifiables cryftallifées qui
font opaques en partie ou en totalité.
Les pierres vitrifiables en maSes , qui ne font
point cryftallifées , fe préfentent fous différentes
formes ircégutieres 5 tels font les cailloux ou
Îierres à f uyfii , les grès, les ftataâites vitrifia*
les, &c.
Les pierres vitrifiables en pouffiere font les fe-
blés qui varient à l'infini, tant par leurs couleur*
que par leurs grofleurs. Les fables , vus au micro-»
kope, préfentent des figures fymméttiques.
Toutes les pierres qui préfentent des figures
légulieres §c cryftallines, ont été cryftallifées pair
l'eau , de la même manière que fe cryftaUifenu
les feis ; c'eft-à-dire que la ïubftance terreufifc
^ Gui
10* ChYMIE EXPERIMENTAL*
donc elles font formées, a été difToute dans dfc
Peau , où elle a été divifée en molécules fi déliées ,
quelle avoifine de bien près la parfaite difTolu-
tion- Si Ton fuppofe enluite cette eau parfaite-
ment tranquille , les parties de la terre fe mettent
en mouvement j à mefure que Peau s'évapore ,
elles s'attirent mutuellement , fe réunifient fie
prennent entre elles l'arrangement fymmétrique
qui leur eft propre , en vertu des loix de l'attrac-
tion , & celles du mouvement qui eft une des
propriétés de la matière. Quelques Naturaliftes
ont attribué cette cryftallifation des pierres à des
matières falines , qulls fuppofenr entrer dans
leur compofition j mais cett gratuitement. On
ne peut démontrer , par aucune expérience de
Chymie , le moindre atome de fel dans ces fortes
de pierres.
Lorfque Peau tient en même temps des matières
métalliques &-des pierres en diflblution, les
{crémières fournirent à.ces dernières de la cou-
eur en fe cryftallifant.
La matière phiogiftique donne auffi de la cou*
leur aux pierres, Lorfquelles ne font colorées que
par cette fpbftance , on peut leur enlever, la cou*
leur par la çalçination< , iana quelles perdent rien
de leurs: autre* propriétés/ Les pierres à fufil noi-
res font dans, ce cas : elles font afTez pures & fixes
au feu : elles deviennent d'un beau blanc mat
par la calcination* On fait quelquefois ufage de
ce moyen pour enlever la couleur à certaines pier-
res fines , Se pour leur donner plus de valeur dans
le commerce , -quelles n'en ont lorfqu'elles font
colorées. .On a attention. de les chauffer long*
temps avant de les fairerougir , parcequ'eilesfonç
fon fujettes is éclater par la chaleur.
. .Telles font, en général, les différentes forme*
S T R A I S O N N i B. 1ÔJ
fous lefquelles la Nature nous préfente les matiè-
res terreufes vitrifiables. La plupart ne font pas
{>ures ; elles ont été travaillées plus d une fois par
es mains de la Nature , & par les corps organisés.
Une feule réflexion fuffit pour le faire conce-
voir.
La terre , confidéiée comme élément , devoit
être , au fortir des mains du Créateur > pure , ho*
mogene , comme les autre* éléments , & telle
3u on la retrouve prefque encore dans l'intérieur
u globe , & à de grandes profondeurs , où les
corps organifés nont que peu ou point pénétré*
L'intérieur de la terre j comme le dit M, de Buf-
fon dans plusieurs endroits de fon Hifioire Na-
turelle y Se particulièrement dans le treizième
volume , page 1 1 , de la Nature , féconde vue,
cfi compoje de fable. Je fuis très porté à croire
que ce fable très pur eft la terre primitive j & que
toutes les différentes matières, cryftallifées ne pa-
roiflènt encore pi us. pures que par l'arrangement
que la terre vitrifiable a pris en fe cryftallifant \
mais le fable , dont le cryftal de roche , par exem-
ple y eft compofé , exiftoit nécessairement aupara-
vant : ce cryftal n eft donc que le produit aune
formation féconde j, 8c du concours des éléments
qui ont fervi d'inftrument à modifier la terre vi-
trifiable* Toutes les pierres colorées doivent leur
couleur à des matières phlogiftiques &. métal-
liques ; ainfi elles ne font pas pures. Nous en
parlerons en fon lieu.
Le fable eft l'efpéce de terre qui eft la plust
abondante & ta plus univerfellement répandue,.
On la retrouve par-tout où Ton fouille à de gran-
des profondeurs» mais plus ou moins adultérée %
pour les raifons que nous déduirons ailleurs*
Quoiqu'il nous paroiffe bien démontré que le fa-
Giv
*jo4> Chymib ixpImmbntài.*
ble foie la terre primitive & élémentaire, néan-
moins nous reconnoîtrons dans le cryftal de ro-
che , quoique de formation féconde , les proprié-
tés de rélément terreux , non pas que nous pen-
fions qu'il foit plus pur que du fable qui n'auroie
reçu aucune altération de la part des corps organi-
ses , mais feulement pareeque la terre vitrinable
fous cette forme paroî tplus pure. Il feroit d'ailleurs
difficile de pénétrer allez profondément dans lïn-
térieur du globe pour recueillir de la terre primi-
tive , & qui n'auroit éprouvé aucune altération. Il
paroît certain que fi l'on pouvoit fe procurer de
cette efpece de terre , & un degré de feu fuffifant
pour la faire entrer en fufion , on la réduiroit en
une mafTe auffi belle que le plus beau cryftal de
roche , & qu'on ne pourvoit plus diftinguer Pun de
l'autre.
J'avois penfé , avec plufïeurs Chymiftes, que
le diamant, à caufe de fa belle tranfparence& de
fa grande dureté , étoit la fubflance terreufe la
plus pure ; mais des expériences qu'on vient de
faire fur le diamant , dont nous rendrons compte
par la fuite , prouvent que fa nature eft très peu
connue , & que ce n'eft pas une terre pure. Cette
fubflance mérite un examen particulier : nous en
parlerons dans un inftant.
Propriétés de la Terre éUmemaire,
La terre élémentaire , ou la terre vitrifiable
pure , eft une fubflance feche , folide , abfolu-
uient fans couleur , fans odeur , fans faveur , qui
eft fixé & inaltérable au plus grand feu que nous
puiffions faire. Tel eft au fable très pur , ou un
morceau de cryftal de roche feieg net ôç bien traq^
patent,
ET RÀISONnIe: ,105
Les propriétés générales de L'élément terreur
font y comme on le voit , communes avec celles
des autres éléments ; mais la terre en diffère par fa
pefanteur fpécifique , qui eft plus grande. Les
corps compofés , qui font plus pefants qu'elle ,
ne doivent cette propriété au a la manière dont
les fubftances compofantes font arrangées entre
elles. Quoique les autres éléments foient plus lé-
gers que la terre , ils peuvent néanmoins , dans
nombre de circonftances , augmenter fa pefanteur
fpécifique : ce qui prouve , pour le dire en paf-
iant, que les corps compofés des mêmes fubftan-
ces y & dans les mêmes proportions , changent
fouvent de propriétés , qui dépendent de la ma-
nière dont les fubftances compofantes s'arrangent
entre elles.
La terre vitrifiable diffère encore des autres
éléments par la dureté; elle eft aufli la plus dure
de toutes les fubftances connues : c eft elle qui
donne la dureté Se la folidité aux autres corps.
Toutes les pierres vitrifiables ont aiTez de durecér
pour faire feu , étant frappées contre de l'acier*
& pour entamer tous les autres corps» - Les fables;
ont autant dé dureté que les pierres- vitrifiables
en martes. Si Ton ne peut, par leur moyen , tirer
des étincelles de l'acier , c'eft que leursmaffes font»
trop petites pour être tenues entre les doigts } mais
ilsdetruifent ., parle frottement , le poli des corps
durs , & l'on s'en fert pour dégroffir les corps
qu'on veut polir.
Toutes les pierres vitrifiables pures , ou à-péu-
près pures , $c qui font cryftalliféss , ne présen-
tent aucun grain dans leur cafTure. Cette cafture
çft lifte & polie comme celle du verre.
La terre vitrifiable pure eft de la plus grande
fijicé au feu le plus violent que nous puiffions
retf Chymib expérimentale
Îrcoduire j elle eft abfolument inaltérable, ne
buffre aucune diminution de poids: elle s'agglu-
tine un peu, mais fans entrer en £ufion. Il n'y a
peut-être que le foyer d'un grand miroir ardent
qui puifle la fondre > dans ce cas , elle redevient ,
par le refroiditfement , telle qu'elle étoit aupara-
vant.
Quoique cette terre foit infufible au plus grand
feu que nous puiflîons faire ,- cela n'empêche pas
que le nom de terre vitrifiable ne lui convienne
très bien , parcequ elle eft la plus propre à pro-
duire du verre , & qu'il lui taut une moindre
quantité de fondant pour la faire entrer en fu-
iton , que pour faire fondre certaines terres que
l'on avoir regardées comme également (impies \
telle eft la terre calcaire.
Toutes les pierres vitrifiables , étant frottées
l'une contre l'autre , répandent de la lumière &
de l'odeur* Cette lumière eft interne \ elle eft in-
capable de mettre le feu i de l'amadou. L'odeur
vient de ce que ces pierres contiennent une cer-
taine quantité de matière phlogiftique. Les plus
pures , par conséquent , ne font pas parfaitement
pures. Nous rencontrons dans l'élément terreux
un même défaut de pureté que dans les autres
éléments, qu'il eft, comme nous l'avons vu , abe»
folument impoflible d'avoir parfaitement purs*
. Sur les Pierres précieufes.
On a donné le nom de pierres précieufes à plu-
sieurs matières terreufes cnrftal lifées y qui font , ou
fans couleurs, ou qui ont de la couleur ; telles que
le diamant, le rubis, le faphir, Uémeraude,la
topaze , &c. L'épithete de précieufes qu'on leur a
donnée, eft vraisemblablement à caufe de leur
, 1 T RAISONNES. 'T07
jareté & de leur grand prix. 11 patoît que la Na-
ture eft avare de les produire. Les pierres pré-
cieufes n'ont encore été que très peu examinées
par les Chymiftes. Ce n eft que de cette année
1 77 z qu'on commence à connoître un peu le dia-
rpant.
On avoit penfé que le diamant , à caufe de fa
tranfparence & de fa dureté , étoit la fubftance
rerreufe. la plus pure y mais il eft bien démontré à
Eréfent qu'elle ne l'eft pas. H eft rapporté dans
l Pyritologic de Henckel , page 41 3 ., que l'Em-
Sereur François I fitexpofer au feu pour fix mille
orins de diamants & de rubis pendant vingt-
quatre heures. Les diamants difparurent entière-
ment y mais les rubis ne /ouvrirent pas la moin-r
dre altération. On expofa de nouveau à la plus
grande violence du feu , des rubis pendant trois
fois vingt-quatre heures , qui fe comportèrent
comme la première fois , fans qu'ils percjnfent
rien de leur poids , de leur couleur , & fans que
les angles le fuflent arrondis de la moindre
b chofe.
Le même Princç fit répéter ces expériences foc
plus de vingt pierres précieufes de différentes ef-
pecés. On s'apperçut que \& diamant étQÎt tou-
jours le premier altéré :il perdoit fon poli & .s'ex-
folioit, & enfin fe diffipoit cqnft^mrnçn^ L'énoe-
raude fe fondit & s'attacha au creufet. j4e rubis
n'éprouva aucune altération.
Le grand Duc de Tofcane fit expofer/des
pierres précieufes au foyer d'un verre ardent de
Tchirnhaufen , auquel on joignit une féconde
lentille : le diamant réfifta beaucoup moins à ce
foyer que toutes les autres pierres précieufes ; au
bout de trente fécondes an diamant d'environ
vingt grains perdit fo couleur , fon éclaç $c fa.
io8 Chyikie expIrimentàxs
tranfparence , devint blanchâtre comme unflr
chalcédoine ; au bput de cinq minutes il fe forma
des bulles à fa furface , & il le brifa en morceaux
qui n'avoient plus de dureté. On en a écrafë un
morceau avec ta lame d'un couteau , & on Ta ré-
duit en poudre très fine. D'autres diamants , for
lefquels on répéta cette expérience , s'évaporèrent
entièrement j mais on ne remarqua jamais qu'ils
entraffent en fufion. On efïaya d'en fondre par
l'addition du verre, du fel allcali, des cailloux,
des matières métalliques , de la cendre x rien ne
put déterminer la fubon du diamant.
Les rubis furent traités de la même manière;
mais ils réfifterent beaucoup plus au feu que les
diamants. Us devinrent luifants en peu <*e temps ,
comme s'ils euflTent été mouillés avec de la graiflè
fondue. Il fe forma des bulles. Un ru^is quiavoit
été expofé pendant quarante-cinq minutes à ce
foyer, perdit une grande partie de fa couleur;
fa furface & fes angles s'arrondirent , & la pierre
s'amollit au point de prendre l'empreinte d'un
cachet qu'on prefla defliis (dans l'inftan t fans doute
qu'il éfoit rouge ) : on y fit auffi des entailles avec
la ^pointe d'un couteau. Mais ces pierres ne per-
dirent rien de leur poids & de leur forme*
M. d'Àrcet , Doâeur en Médecine , a repris
cette matière. Il a répété plufieurs des expérien-
ces dont on vient de parler , mais dans un four de
porcelaine : il a obfervé de même que le diamant
etoit évaporabte \ hîjùs il a de plus découvert que
le diamant s'éVaporoit même par l'avion d'un
/feu affe* médiocre, puifqu'il fumt de le faire feu-
lement bien rougir. Sefc premières expériences
ont été faites dans des vaiffeaux qui avoient un
libre accès avec l'air extérieur. M. d'Àrcet , vou-
lant les varier > effàya d'expofer au grand feu dea
1 T RAISONNES* IO9
diamants dans des vaifleaux parfaitement clos* Il
mit des diamants dans des boules formées de pâte
de porcelaine , qu'il ferma aufli le plus exa&e-
ment qu'il lui fur poffible , avec de la même pâte
de porcelaine délayée dans un peu d'eau. Il ex-
pofa ces boules lous le four de porcelaine de M. le
Comte de Lauraguais, au feu le plus violent. Le»
diamants relièrent fains & entiers dans quelques
boules i ils s'évaporèrent à demi dans d'autres , 8c
ils fe volatiliferent entièrement dans d'autres
boules. Toutes ces boules étoient conftruites avec
de la même pâte de porcelaine. M. d'Arcet crut
devoir attribuer ces différents effets à la nature
des diamants , & penfa qu'il y a de la différence
entre ceux du Brefil & ceux d'Orient j mais les
Lapidaires n'en font abfolument aucune diftinc-
tion : ils prétendent même qu'il eft impoflible de
pouvoir diftinguer un diamant d'Orient d'avec un
diamant du çrefil. Ainfï l'évaporation du dia-
mant dans des vaifTeaux parfaitement clos étoit
une chofe indécife parmi les Chymiftes j mais elle
ne l'étoit pas parmi les Lapidaires : ils affuroient
au contraire que les diamants dans des vaifleaux
parfaitement clos font abfolument inaltérables,
& ne fou fixent aucune diminution de leur poids j
i|s ne partaient pas des circonftances qu'ils avoient
habitude d'obferver , pareequ ils les fuppofoient
connues.
. M. d'Arcet a expofé fes diamants dans des bou-
les de porcelaine non cuite , & qui ne peut cuire
qu'à un très grand coup de feu. Si l'on fait atten-
tion à la nature de la pâte d'une femblable porce-
laine non cuite» & des effets qu'elle peut pro-
duire pendant fa cuillbn , il fera facile de recon-
nokre pourquoi les diamants fe font évaporés
<Uns ces fortes de vaifleaux»
tîC? CHVMfÉ ÉÏPÉRIMEtfTÀtÉ
i°. La bafe de la porcelaine eft néceflàiremetif
de l'argille. i°. Elle contient de f eau. j°. Le?
argilles font dans l'état de cottibinaifon avec une
certaine quantité d'acide vitriolique qui leur eft
de la plus grande adhérence. Toutes ces fubftan-
ces fe réduifent en vapeurs , & font fon&ion d'ak
pendant la cuite de la porcelaine j elles font donc
caufe que les diamants , quoiqu enfermés dan?
ces fortes de vafes, fe font comportés à-peu-prcs
comme s'ils euflent été expofés au feu avec le
concours de Tait. Si dans quelques boules ils
n'ont point foufFert d'altération , cela vient de
quelques circonftances particulières , puifque te
diamant s évapore à proportion que les matière?
dans lefquelles on le cémente, contiennent de?
fiibftances propres à fe réduire en vapeurs & à
faire fonâion d'air. La Date de porcelaine dont
M. d'Arcet a compofé tes boules, étant de trè9
difficile cuiflon , refte long-temps poreufe ; elle
donne par conséquent tout le temps aux dia-
mants de s'évaporer avant qu'elle ait reçu le de-*
gré de feu convenable qui lui donne la compa-
cité néceflaire pour former un vaifleau parfaite-
ment clos , & pour empêcher l'évaporation du
diamant.
M. Macquer expofa au feu , à l'air libre , des
diamants. 11 obferva que le diamant produifoit
une véritable flamme , ou une auréole phofpho-
rique. Ses expériences ont fait le fujet d'un Mé-
moire que cet habile Chymifte a lu à l'Académie
en 1771.
Au mois d'Avril 1771 , MM. Lavoifier , Mac-
3uer & Cadet lurent un Mémoire à la même Aca-
émie , dans lequel ils rapportèrent des expc-
riehces nouvelles , faites en préfence de jplufieurs
Chymiftes. Les diamants , dans ces expériences , -
1 T H A I S O NN,i E. Ht
ont été expofés dans des vaifleaux parfaitement
clos : ils ne fouffrirent aucune altération.
On enferma deux carats de diamants dans le
godet d'une pipe , où Ton mit d abord du pouf*
er de charbon. Les diamants furent placés au
centre , & recouverts de ce même poûflïer de
charbon i on appliqua par-deffus un petit cou-
vercle de tôle du diamètre précis de la pipe , &
aiTmetti avec du fil d'archaL Cette efpece decreu*
fet fut mis dans un petit creufet de He(Te : on en
remplit les intervalles avec du pouifier de char-
bon i il fut recouvert d un autre creufet de Heflè :
on a également afTujetti cet appareil avec du fil
d'archal , & les joints ont été lûtes avec de la
terre à four détrempée avec de l'eau. On a fait
fécher complettement à une douce chaleur cet
appareil qui a été enfuite expofé dans un fourneau
à vent , chauffé par degrés s on a augmenté le feu
jufqu à la plus grande violence que ce fourneau
peut donner, & on la entretenu dans cet état
ptndant deux heures. Le feu du fourneau dont il
efticiqueftion , donne, en deux heures de temps ,
un plus grand degré de chaleur que M. d' Arcet n'a
eu pendant trois jours & trois nuits , fous le four
de porcelaine de M. le Comte de Lauraguais.
Lorfque le fourneau & les creufetsont été fuf-
fifan>ment refroidis , on a trouvé les creufets fains
& entiers, mais enduits d'une couche de verre
bien fondu , produit par la terre à four. On a caffé
les creufets , & on a trouvé les diamants fains ,
entiers , n'ayant rien perdu de leur poids , ni de
leur tranfparence. Le poufïier de charbon qui
encouroit les diamants, eft refté noir, & n'a
fouffert aucune combuftion. Il réfulte bien évi-
demment de cette expérience que le diamant n eft
ni combuftible ni volatil par l'adion du. feu le
ïi* Chymie expérimentale ,
plus violent > à moins que cette a&ion ne foit àî-»
dée du concours de l'air , ou de matières propres
à en faire fondion , comme nous le dirons dans
un inftant
Ces mêmes Chymiftes fourriirent à la diftilla-
tion , dans une cornue de grès , 1 o grains > poids
de marc, & un peu plus (1), de diamants. Ils les
pouffèrent à un feu violent pour favoir s'il s'en
difUUeroit ou fe fublimeroit quelque chofe. Les
diamants ont réfifté pleinement à cette épreuve }
il ne s'en eft rien féparé, & on les a trouvés de
même poids qu'auparavant : & dans le Journal
de M. l'Abbé Rxifier (i) , on ajoute que ces dia-
mants diminuèrent de poids. 11 y a néce flaire^
ment de Terreur dans l'un des deux rapports. Nous
allons voir que les diamants diminuent de poids,
{proportionnellement à la maffe d'air contenu dans
e vaifleau qui les renferme , ou à proportion que
le cément qui entoure ce vaiffeau , fournit , pen-
dant la calcination , des fubftances qui fe rédui-
fent en vapeurs , & qui font fon&ion d'air. •
M. Mitouard > Maître Apothicaire & Démons-
trateur en Chymie , a d'abord répété les expé-
riences de la combuftion du diamant dans des
vaifleaux à l'air libre , & il s'eft afluré de la pré-
fence de l'auréole ou flamme que produit le dia-
mant, que M. Macquer avoir oblervée. Ilapa-
(t) Voyt\ la Feuille de l'Avant-Coureur , page 198 ,
année 1772, du 1 1 Mai , & le Journal de M. VAbbé Ro-
ficr pour le mois de Mai 1771 , .page 97 , ou l'on rapporte
la même expérience. Il y eft dit que ces mêmes diamants
pefoient 1 9 grains {.
(0 Dans le Journal déjà cite , page 99 , on dit : » Les
» diamants avant été rapportés à la balance , ne fe font
» plus trouvé pefer $uc U grains £,
reillement
i t n a i s o k h i t. tr$
eîliement répété la cémentation du diamant dani
tes vaifleaux clos j mais il a varié les expériences
le ce genre , en cémentant des diamants dans
LifFérentes fubftances , comme dans du char-
>on en poudre, dans de la craie, dans de la
orne de cerf calcinée > dans du verre en foudre,
1 a auffi expofé au même feu des diamants enfer-*
nés feuls dans un creufet fans cément i tous ces
rreufets ont été arrangés dans des cônes de pipes*
k fermés très exactement de la même manière
}ue nous l'avons dit précédemment. Le petit
rreufet qui contenoit un diamant fans cément , à
ké fermé avec la même exactitude que ceux ci-
ieflus , & on a affujetti avec de la terte à four*
féchée & pulvérifée , le petit cône de pipe pour
l'empêcher dfe ballotter-
On a chauffé ces creufëts dans le même four-»
rieau , pendant deux heures , avec 1a plus grande
violence , en priéfence de plufieurs Chymiftes *
du nombre defquels j'étois. Voici quels ont été
les réfultats.
i °. Un diamatlt rôfe très pht , taillé auk tnde*
& nonlmé laboras par les Joailliers , d'un petit
ceilverdâtre (couleur occafionnée parla réfle-
xion du feuilletis , fuivant le fentiment des bijou-*
tiers préfents à ces expériences ) * égrifé fur un
des cotés, & pefant i grains ^fifS?* poids de
marc , a été enfermé dans du charbon en poudre*
On a retrouvé ce diamant tel qu'on Pavoit mis*
abfolument farts aucilne diminution de poids ,
fans avoir rien perdu de fon poli ni de fon eau j
en un mot , n'ayant foufFert aucune altération*
, i°. Une rofe jaune pefant un carat moins ~ *
enfermée dans de la craie de Champagne en pou-
dre , a perdu de fon poli : fes angles étoienc
^moufles , & on y diftinguou des caches de dif-
Tomc L H
It4 Cfi?**it ttvk&iittitiTALK
fcrenres couleurs. Ce diamant ne pefoir plus qu*
4 grains moins 73. Il acte repoli de nouveau par
un Lapidaire : fa furface , fuivant ion rapport ,
avait une croûte auffi épaiffe que celle d'un dia-
mant brut.
j °. Un diamant brut , croûte polie , très brun
N & mal net , pefant 5 grains fort , fans intermède,
& de même diminué de poids : il s'eft trouvé ne
{>lus pefer que 4 erains moins •£■ : il a confervé fa
orme , quoiqu'il ait perdu fon poli. Sa couleur
a été abfolument altérée & a patie au noir de
jayec,
40. Un diamant mis dans -de la corne de cerf
calcinée & pulvérifée , pefant 1 grains , poids de
marc , ne s'eft plus trouvé pefer qu'un grain y*. Il
étoit dépoli dans toute fa furface , & marqué de
taches noires dans plufieurs endroits.
M. Mitouard a pareillement fournis au grand
feu, dans une petite cornue de ^rès , deux dia-
mants , l'un blanc & l'autre brun , pefant enfem*
ble 1 grain & -fc foible. Après deux heures &
demie de grand feu , on a ôté la cornue du four-
neau , tandis qu'elle étoit encore très chaude :
il n'eft rien paflé dans le récipient qu'on y avoit
adapté. Le diamant blanc étoit brillant , tant
3u'il étoit chaud j il devint laiteux en fe refroi-
iffant : le tffun n'avoit prefque rien perdu de
fa couleur, mais fa tranfparence a un peu fouf*
fcrr.
M. d'Arcet avoic établi par fes expériences
quelques incertitudes fur la nature des diamants,
entre ceux d'Orient & ceux du Brefil. M, Mi-
touard voulant éclaircir les doutés de M. d'Arcet,
fit de nouvelles expériences pour connoitre (i les
effets quiavoient été produits précédemment, dé-
voient être attribués à la nature des diamants, ou
tf HAt t oif'itiki tij
4 celle des intermèdes qui avoient fetvi de cément.
11 a fournis à de nouvelles expériences auxquelles
l'ai aflifté , les diamants des expériences précé-
dentes , mais en changeant leurs céments t les
treufets ont été difpolcs cotiiitie les précédents >
& il leur a appliqué le même coup de feu , & dans
le même fourneau*
ï °. Un diamant pefant i graine , poids de triàrc*
tjui dVoit été ci-devant cémenté dans du charbon*
te qui pefoit i grains , poids de marc , fut enve-
loppé dans de la corne de cerf} il s'eft trouvé >
après l'opération ,*he plus oefer qu'un grain & j|*
Il s'eft dépoli dans toute fa furface , & a été mar-
qué de taches noireç dans plufieurs endroits .
a°. Un autre diamant précédemment cémentiê
-avec de la craie , repoli dans le milieu feulement,
Se cémenté dans la féconde expérience avec du
pouffier de charbon ., ne fouffrit abfolûment au-
cune altération ni diminution de poids.
$°. Un diamant cémenté avec au verte fondu, •
a été perdu. 11 n'a pas éré polïible de favoir s'il
*'eft diffipé au feu, ou s'il a été perdu en cafTant
le ereufer.
Il réfulte évidemment de ces expériences *
i% que le diamant eft' inflammable > & qu'il fè
truie au feu, comme toute autte matiete tonv-
1>uftible , lorfqu'il a communication avec Pair ex-
térieur ; & qu'il n'y a point de différence entre lés
' diamants , puifque ceux qui n'a voient point fouf-
fert d'altération dans le charbon , furent altérés
par le cément de la corne de cerf} & que ceux qui
furent altérés pat le cément de craie , ne le furent,
plus par le cément de charbon. Ces altérations
ne font donc point dues à la nature du diamant ,
mai* feulement à celle du cément*
a°. Le diamant ne fouifre aucune altération de
Hij
Il* CuVMife fetPÉkiitsriTÀtl
là parc du fett le plus Violent , lorfquil eft envi*
tonné de poudre de charbon» & qu'il n'a point
de contad avec l'air extérieur ; en cela , il fuir la
même loi que les autres matières combuftibles,
incapables de fe réduire en vapeurs , & de fe cou*
fumet dans des vàitTeaut parfaitement clos.
3°. Mais le diamant fouftre beaucoup d'altéra*
tion Se de diminution dans foc poids , lorfqu'il eft
cémenté avec des matières terreufes qui contien-
nent de l'air Se de Peau , comme la craie , la corne
de cerf calcinée. 11 paroît même qu'il fbuflreda* |
vantage d'altération , toutes choies égales d'ail-
leurs , de la part de ces fubftances , j que lorfquil
eft enfermé ieul dans un vafe de même capacité,
puifque le diamant renfermé dans de la craie a
diminué d'un grain de fon poids , Se que celui qui
étoit fans intermède , n'a diminué que d'un graiû
moins -&.
4Ô. Il eft évident que le diamant eft une fui»
ftance particulière, Se qui a befoin d'être examinée
pour être encore mieux connue qu elle ne i'eft J
préfent. Il paroît que le diamant a des propriétés
communes aux pierres, aux matières combuft*-
bies & à certaines matières métalliques, llfemble
tenir , en quelque forte , le milieu entre ces fob»
, (lances : il reflemble aux matières terreufes pair &
dureté : il paroît même qu'il eft la plus dure de
. toutes les pierres : il a une propriété femblable à
celle des matières inflammables ordinaires , en ce
qu'il produit de la flamme , 8c qu'il fe diflîpc
comme elles , à mefure qu'il fe brûle. La flamme
qu'il donne eft petite , brillante , femblable i celle
que produifent l'étain, lebifmuth, &c. Le dia-
mant n'eft peut-être qu'une matière phlogiftiqœ
dans un état particulier qu'on ne connoit pouzt
encore.
» Sur Us Pierres colorées*
M. Mirouard a fait encore des expériences fur
les pierres colorées. Il a mis dans fix coupelle^
fous la moufle d'un fourneau de coupelle ordi-
naire , & qui chàuffoit beaucoup moins quet
celui dans lequel il a fait les expériences précé-
dentes , différentes pierres précieufes dont nous
allons rendre compte. 11 les a (ait chauffer pen-
dant deux heures > à un feu capable dç les faire
rougir prefque à blanc :» favoi* %
i u. Un rubis terminé par- deux pyramides , 8&
un rubij brut. Il» n'ont rien perdu de leur forme »
de leur couleur , ni de leur polu.
iQ. Une améthyfte. Elle eft devenue glaceufe ^
$c elle avoit totalement perdu fa couleur.
3 °. Un faphir d'eau & un faphir oriental. Ua
des deux a été prefque entièrement décolora ^
Vautre eft devenu obfcpr.
4°. Une émeraude. Elit a fondu en pâme 8c
a perdu fa transparence : Ùl couleur a éte^>eu aU
tarée relie a feulement pris un autre ton » prove-^
nant de fon opacité;
5°. Une vermeille. Elleaconfervéfatranfoa-
xence j mais fa furface a perdu un peu de loi\
poli,
6°. Un grenat Syrien. Il eft devenu opaque.
D'une autre part , M. Mitouard a cémente^
dans de petits creufets, & arrangés comme ceux
pour la cémentât*** des diamants- , » ° . un iubifc
enveloppé dans de- la cendre tamifée , & expofé-
pendant deux heures & un quart à la plus grande?
violence du feu. tes cendres ont été" comporte-
ment vitrifiées, & Tonna recrouvéameuaft rtatftr
4u rubis dans le verre*
*°* M» MUoitftd a expofé dans «* appaceifc
Il S ChYMIB EXpiRIMINTALI
femblable au précédent , un rubis cémenté avec
du verre pulverifé : le verre a fondit a il eft devenu
noir ', le rubis s'eft précipité au fond du crèufer ,
& a reçu un commencement de fufion. U s'éroic
déformé \ mais fa couleur n a point été altérée.
Combinaifon de la Tern élémentaire avec le Fe*
pur*
. Nous ne connoiflbns point de combinaiibn for-
mée immédiatement de l'union delà terre vitri*
fiable avec le feu pur. Une pareille combinaifon
faite par U Nature, feroit un principe fecondaire,
compofé de deux éléments primitifs ; principe qui
pourroic, fous cette forme, entier dans la çompo-*
il non de certains corps,
: Combinai/on de là Terre vitrifiabU avec VAiu
; Cette combinaifon \ fi elle exifte , neft point
connue: Elle formeroit encore un principe fecon*
dgire qui pouiroit fervir a la formation de corps
plus compofés. La terre vitrifiable paroi t ne re-i
çevoir même aucune altération de la parr de l'air.
Combinaifon de la Terre vitrifiable avec F Eau.
• La terre vitrifiable ji'éprouve aucune altération
de la parc de l'eau dans nos opérations de Chyraie,
Il paroît ç^u il en feroit de même dans celles de U
Rature, il rien d'étranger ji'augmen toit l'a&ion
de l'eau* L'on rencontre fouvent de l'eau qui tienc
de la terre vitrifia,ble en ditfbiution j telle que
celle .qui patte au travées des bancs de grès ou de
fable. Il eft à préfumer que cette union n'eft pa$
fonflwdiaçemenc formée were çes,de«x éléipws *
1T R A I S O K N I E. tf£
elle eft due aux autres éléments qui y concourent
en même temps , 6c fpécialement au feu libre ré-
pandu dans le fein de la terre. Je penfe même
que , s*jl exiftoit dans la Nature quelques endroits
où l'air &-4'eau fulTent abfolument lans feu , ce
qu'il n eft guère poflible de concevoir , l'eau néan-
moins , dans ces circonflances , aidée feulement
du concours de l'air , n'auroit aucune aâion fut
la terre élémentaire > & ne la difTolveroit pas»
Skr la Combinai/on des quatre Eléments.
Peut-être la Nature combine-t-elle immédia-
tement les éléments deux ï deux & trois àtrois pat
des moyens qui nous font abfolument inconnus.
Si ces combinaifons fimples exiftent , elles feroient
autant de principes fecondaires , ou de principes
principiés , dont la Nature feroit ufage pour for-
mer des corps compofés. Les connoifîances noui
manquent abfolument fur cet objet. Nous ne
fommes pas plus inftruits fur la combinaifon im-
médiate des quatre éléments ; nQUS favons feule-
ment qu'ils ont une telle difpofition à fe mêler x
qu'il eft abfolument imnoflible de le» avoir par-
faitement purs & ifolés les uns des autres..
Si ta Nature , pour combiner les éléments les uns.
avec les autres , ne fe fût procuré cjue Içs moyens,
dont nous venons de parler, il n'en feroit jamais,
réfulré que des combmaifons fimples de L'efpece
de celles donr nous parlons:elles auroient été rares*
en petit p # n'auroient eu lieu que lorfque lescir-
confiances feroient devenues favorables. Le globes
terreftre feroit un défert affreux , femblable a cer-
tains continents de laterre où les quatre élément*
ieuls fonjt en a&ion les uns contre les autres , oi
il ne croît abfalumetit rien : il n y exift e % toux aa
Ait
|10 ChYMIB BXPÉRIMBNTAtI
plus , que des fubftances du genre des princtp&r
principiéç , parceque le fol eft de fable ou de terre-
çlémen taire, incapable de rien produire , & dé-
former des combinaifons qui puiUent tomber foBS
nos fens.
Les çombinaifons qui peuvent réfutrer de fa*
nion immédiate des éléments , ne deviennent
(enfiblçs pour nous, qu'autant qu'elles contien-
nent plus ou moins du principe terreux ; nos oc*
ganes ne font pas affez déliés pour nous faire ap-
percçyoir celle* dans lçfquelles ce principe n'entre
pour rien. Nous ne connoiflons qu'une combi-
naifon de cette efpecej c'eft celle de la terre te
<lu feu ,»a laquelle on a donné le nom de pila*
giftique ; encore n'eft-elle pas formée de Funiop
immédiate de ces éléments : elle eft un produis
de la deftru&ion des corps organifés. Il eft même
jl préfumer que , fans eux , ce principe principic
ji'exifteroit pas dans la Nature.
11 doit en être de même des autres principes
principes , formés immédiatement de l'union des
' autres éléments : la Nature ne les forme vraifem*
diablement point. Ceux de ce genre qui peuvent
exifter font encore dus aux corps organifés qui fe
dérruifent. Ces corps, comme nous le dirons t
ont la faculté de combiner & d'élaborer les élé-
ments » & de former des fubftances qui fervent
enfuité comme de principes à des corps qui font
plus comppfés qi^e des principes principiés.
La Nature qui avoit de plus grandes vues à rem-
)>lir que celles de foi mer de fimples mélanges d'é-
éments K ou de produire des principes fecondaires»
$'eft procuré les moyens de rake un plus grand &
un plus magnifique ufage»des cléments. Elle a
ç rée des corps organifés , & d'abord des végétaux %
« fc W *%wnt fe fVultç 4? (tfmbta i*w«*
*T HAISONN&S* III
diatement les éléments primitifs , de les combi- .
ner , de les élaborer , Se de former des combinai-
fpns délicates que l'art eft encore fort éloigné d'i-
miter : tel a .été le but de la Nature en créant les
corps organifés.
Le végétal a été le premier infiniment dont elle
s'eft fervi pour former fes plus grandes & fes plus
merveilleufes opérations. Ce font les végétaux
Su ont mis la Nature en aâion à la furface du
obe , dans l'intérieur de la terre & des mers. Ce
font eux qui font lacaufe immédiate des méytes
ignés qui fe forment dans Pair , &c. TouflEhr*
prenantes que peuvent d'abord paroître çesflKes ,
j efjpere les mettre dans tout leur jour , mais fuc-*
ceflivetnent.
Les végétaux contiennent les éléments dans .
des proportions plus égales qu'ils ne fe trouvenr
dans aucun corps. Le feu eft le principe dominant
des végétaux , qui forment , par cette raifon , U
première fubftance combuftible. Tous les autres
corps de la Nature , qui contiennent quelque ma-
tière inflammable, la doivent aux végétaux. Nous .
,ne piétendons pas dire pour cela que.les végétaux;
ibient composes de parties égal^f de chacun des
cléments , mais feulement qu'ils les contiennent
dans des proportions qui approchent davantage
de l'égalité. Le principe terreux eft celui qui y eft
pioins abondant. *
Les végétaux dévoient oéceffaireçient précéder
les animaux. Ceux-ci ont befoin de pâture , & nç
peuvent abfolument point fubfifter fans eux. Les
animaux combinent; de nouveau la fubftance vé-
gétale , ôç fe raflimilent ; chez eux , la matière
change de forme » de nature , & acquiert de nou-
velles propriétés chymicjues. La fubftance ani-
mée chffçrç bien feu 4s u végétale ; eUeconûe/i*
lit ChYMIE EXpéniMSNTÀLl
également les quatre cléments dans l'état de com-
bmaifon. On ne fair pas encore fi la fubftance
animale n'eft pas déjà toute formée dans les végé-
taux : peut-être que les animaux qui s'en nourn£-
fent , ne font que féparer cette fubftance déjà âni-
milifée par le végétal. Ceft ce que nous verrons
lorfqire nous examinerons les graines farineufes;
la matière glutineufe quelles fourniflent eft bien
décidément de nature animale. 11 paraîtrait donc
que la Nature aurait difpenfé l'animai de raflem-
bler lm-même les éléments pour le développe-
menWfe fon individu. Elle a départi à cette claffe
de corps organifés la fonction de concourir avec
les végétaux à entretenir la matière combuftible ,
& à la diftribuer concurremment à la furfaee de
la terre. Au refte , il paraît bien certain que ce
ibnt les végétaux , dans l'état de fan té, qui com-
pofent toute la matière animale qui exifte , 8c qui
ne pourroit abfolument fubtëfter fans la végéta-
tion.
* Je penfe donc que la végétation eft le ienl
moyen que la Nature emploie pour combiner la
plus grande partie du feu élémentaire qui nous
vient du foleil : le furplus de ce feu fert à entre-
tenir la vie des animaux , & à mettre en a&ior*
celui que la Nature a combiné dans les. corps or-
ganifés.
*Je confldere ici la Nature fortant des mains du
Créateur. Je n'examine point comment les corps
organifés ont été placés fur la terre. Ils y ont été
iftis par l'Auteur de la Nature , pour y jouer le
rôle qu'il leur a départi -y mais f oMerve la Nature
pied à pied , &c je tâche de dévoiler fes tnyfteres
&fes opérations, parcequ'ils influent fur toute
la Chymie & fur THiftoire Naturelle,
* Les corps organifés fout diftribués autour <fa
globe & dans tous les endroits où ils peuvent fui*
fifter ; mais la Nature, pour opérer fes merveilles»
a choiiî deux laboratoires différents. Elle travaille
fans relâche dans la partie feche du globe à faire
naître des végétaux & des animaux. La partie li-
quide ou la mer , qui eft fon fécond laboratoire,
eft également remplie de végétaux de tonte e£-
pece ; ils fervent de .pâture à des milliers d ani-
maux de tout genre > auxquels cet élément étoic
néceflaire. Les corps organifés croiffent , fe re~
Îroduifent & péiiiïent chacun dans leur élément*
,es générations fe fuccedent fans interruption :
ces corps entretiennent la matière combuftible
toujours A-peu-près au même degré d'abondance»
Les vues de la Nature n'auroient pas été fuffifanw
ment bien remplies, fi toute la matière combuf*
tible qui fe forme dans la partie feche du globe^
y reftoit : elle en a befoin. dans l'intérieur de la
terre , pour y produire une infinité de combinat-
fons d'un autre genre» Elle fe fert de temps en
temps du balancement des eaux , peur faire de»
incursions fur la partie feche du globe ; & pour
engloutir dans fon fein des amas immenfes de
matières combustibles qui s'y forment , afin de les
diftribueràfon gré dans l'intérieur de la terre pour
fes opérations lecretes.
La folidité & l'arrangement aâuel de la terre
font l'ouvrage des eaux , des corps organifés &
du laps de temps* Les végétaux & les animaux
ont fertilifé la croûte fuperficielle de la terre que
nous cultivons. Les eaux y font venues à plufieuts
reprifes. La terre, dans les commencements, n'a*
' voit point aflez de folidité pour retenir les eaux,
comme Je dit M. de BufFon : elles ont dû circuler
pendant long-temps , faire beaucoup de révolu-
tions autour du globe, &pon;et dans foniuté-
114 Cntuit tipiniiCBKTAti
rieur , jufques daAs. fes plusgrandes profondeurs >
le peu de fubftances combuftibles au 1 fe formaient
à fa furface. Les eaux n'ont pu fe fixer enfin qu'a-
près que les corps organisés eurent divifé la terre
élémentaire, de formé aflez d'acgille pour empê-
cher Tépanchement de l'élément aqueux*
Nous verrons que l'areille eft produite par du
gypfe roulé & décompoie par les eaux, te que le
gypfe lui même eft produit par la pulvérisation
des coquilles , & combiné avec de Tacide vitrioli*
que. Quelle fuite de fiecles n'a-r-il donc pas fallu
pour produire tous ces grands changements !
ta croûte de terre que nous cultivons , eft par-
tout compofée de débris de végétaux & d'animaux*
Elle a été altérée & remaniée tant de fois parles
eaux Se par les corps organifés, que la terre pri-
tgitive élémentaire > qui en fait le fond y eft à peina
reconnoiffable. Les animaux qui périftent à 1*
nartie feche du globe , s'y décomposent Se fervent
a des générations futures du même ordre. Si nous
confiderons les opérations qui fe patfent dans la
- mer, elles ne. font pas moins belles. Ce lac îm~
menfe eft peuplé d'une quantité étonnante de
poifïbns de toute efpece. Les uns comme les tef->
lacées, les polypiers, &c. changent la terre du vé-
gétal dont ils fe nourrirent, en terre calcaire. Qn
retrouve par-tout dans l'intérieur des terres les
coquilles de ces poiflbns ; elles atteftent que cet
endroits ont été autrefois des fonds de mers* Ce
n'eft pas ici le lieu de nous étendre davantage far
cette marier* , cela nous obligeront d'entrer dans
de grands détails qui nous éloignecoieiu de notre
objet ; mais on les trouvera aux articles qui leur
conviennent, de principalement au commence-
ment du travail des mines. Ce que nous allons
çzauuuer maintenant eft h matière cQiuhiyftihU
que tes corps organisés on formée, Cette fub*
fiance , quoiqu eflentiellement de même efpece
& de mêmemture, peut néanmoins être confU
dérce fous deux écacs différents : 1°. dans l'étac
huileux : %°. dans l'état de ficcité parfaite. Nous
xeconnoîtroqs les propriétés de cène même fub-
ftance inflammable dans les différents corps où
ellefe trouve, à mefure que les occafions fe pré*
fenteront*
Sur ta matière combujiible dans Vital huileux*
Ce que l'on nomme matière combujiible ou ali-
ment du feu j eft cette fubftance inflammable qui
fe «dégage des corps organisés lorfqu on les fait
brûler, & qui répand de la flamme & de la lu-
mière* Ce feu, mis en aétion, produit fur les fub*
fiances qu'il touche, les mêmes effets que les
rayons dufoleil raflembfés, ou les frottements
des corps durs : il les échauffe , les brûle , les dé*
compote & fépare leurs principes conftituants.
Les corps organifés ont tellement pénétré tous
les corps de la Nature , qu'il n'y en a aucun qui
ne contienne plus ou moins de principe inflam-
mable , mais dans des proportions & dans des états
bien différents. Les végétaux & les animaux le
contiennent en plus grande quantité qu'aucun
autre corps j & ce principe chez eux eft dans l'état
huileux. On les nomme pour cette raifon , corps
combufiibks ou aliment du feu , parcequ'iis fer-
vent i fon entretien, & qu'ils font les feuls qui
y foient propres. Les matières vraiment terreuies,
comme les cailloux , &c. ne contiennent pas une
aflèz grande quantité de feu combiné pour fervir
d'aliment au feu , & celui qu'elles ont vient des
: corps organifés dont elles onc été pénétrées peu-
MS Chymib ÈttiKtUtUrktÉ
dant leur féjour dans la ferre : lie principe indatii-
toiable que ces matières contiennent, a fubi une
fi grande altératioti par le laps de temps, qu*il
h'eft plus dans l'état nuileux. Ces corps ne font
point combuftibles par eux-mêmes , & ne peu-
vent s'embrafer qii' à l'aide des matières que nous
avons nommées combuftibles. Ils ne peuvent s'é-
diauffer aflez par un frottement rapide , pour ac-
quérir une chaleur capable de mettre le feu à des
corps combuftibles. Il n'en, eft pas de même des
métaux ; quoiqu'ils ne foient pas des corps com-
buftibles par eux-mêmes , ils contiennent atfez
de principe inflartimable ( non pas cependant dans
Tétat huileux) pour que ceux qui- ont aflèz de
dureté poùrxéfifter à un frottement rapide, puif-
fent s'échauffer , rougir même ,! & mettre le feu
*à des corps combuftibles. Mais , comme leuT prin-
cipe inflammable eft combiné avec une très grande
Juantiré de terre , il ne peut continuer de refter
ans cet état d'inflammation \ ils fe refroidiflerit
aufli-tôt qu'on cefle de les frotter. Lotfqu on fait
éprouver aux* corps combuftibles un fembiabie
frottement, ils s'enflamment de même, & con-
tinuent de brûler, lorfque rien d'étranger nes'op-
pofe à leur cojnbuftion , parcequ'ils font pourvus
de beaucoup de matière inflammable , & qu'ils
peuvent brûler fins des fetours étrangers* Voilà
don£ en quoi différent les corps vraiment com-
buftibles d'avec ceux qui ne le font pas , quoique
contenant beaucoup de matière inflammable. Lès
corps combuftibles renferment beaucoup de feu
combiné & peu de terre : les autres au contraire
contiennent oeaucoup de terre & peu de feu coià-
biné.
Il eft bien difficile de découvrir comment le fétt
élémentaire fe fixe dans les corps organifés, &
fet k Ai s o m n £ t. ivy
Comment , en devenant un de leurs principes, il
perd toutes les propriétés que nous lui avons re-
connues, au point de ne pouvoir fe manifefter que
par le contait d'un corps actuellement dans le
jnouvement igné. Boernaave demande fi ce feu
le combine d'abord avec la terre , ou s'il fe cont-
inue en même temps avec la terre & l'eau, pour
former la matière huileufe. Nous dirons notre
fentimentfur ces différentes queftions , après que
nous aurons fini d'expofer la théorie des meilleurs
Phyficiens fur le feu combiné.
Pendant la combuftion des fubftances combus-
tibles , le feu fe réduit en feu élémentaire , & fe
diffipe à mefure* fioerhaave n'eft cependant pas
de ce fentiment : il dit que fi ceja étoit , la quan-
tité de feu élémentaire devioit augmenter à l'in-
fini dans la Nature j c'eft ce que l'on ne remarque
pas. Les obfervations les plus exaâes indiquent
au contraire qu'il n'y a jamais que la même dofe
de ce feu élémentaire , quoique journell^nenf on
faffe brûler une grande quantité de matière com~
fcuftible. Mais il eft facile de répondre à cette
objeâion , en difant , comme on eft en droit de
le préfumer , que le feu élémentaire , dégagé de?
corps , fe combine à mefure avec d'autres fub-
ftances > & qu'il perd toutes fes propriétés de feu
libre , en devenant principe constituant des corps
dans la compofition defquels il entre ; ce fenti-
ment eft celui de Staahl \ mais il y a fur cet objet,
comme nous le verrons encore, beaucoup de
chofes à defirer , & peut-être même nous fera-t-
il toujours 'mpoffîble d'avoir de$ connoifiances
nettes fur cette matière.
Boerhaave a examiné les différentes fubftances
qu'on retire pendant l'analyfe des corps organifés9
& il a obfervé qu'il n'y a que la matière huileufe,
ki8 CHÏtfife i**Éki*titf*Àt*
dans quelque état qu elle foit , qui puiffe être Vé-
ritablement l'aliment du feu. Les autres élément*
comme l'eau, là terre & le fel, n'étant point corn*
feuftibles, font, dk-il , plus propres à éteindre
le feu qu'à lui fer vir d'aliment. Tout ceci fe trouve
démontré par une infinité d'expériences. Boe*-
haave remarque encore que ces iubftances , quoi-
qu'incombuftibles^ fervent néantndiiis à aug-
menter i'a&ivité de la combuftion des corps in-
flammables, lorfqu'elles s'y trouvent dans des
Muit peut brûler lans répa
il reconnoît aufli l'identité de ce principe dans
tous les végétaux & les animaux. Le principe dont
tiou? entendons parler ici , eft celui que Staahll
nommé phlogiftiquc > & dont nous parlerons dans
un inftant.
Voici une expérience que Boerhaave a faite 1
xe fujet : il a reçu dans une cloche de verre ce que
laifle difllper i'efprit de vin dnflartimé , & il n'i
remarqué ni fuie ni fumée. Les vapeurs qui fe
font condertfées étoiertt de l'eau i la matière in*
flammable s'eft détruite & diflipée : il n a pas j*
la retenir à part (i). Les autres corps , fuivant iofl
obfervation , ne font inflammables qu à raifoit
d'un principe de même efpece qu'ils contiennent;
<& y lorfqus , par la combuftion , Ton a féparé ce
principe d'un corps , ce qui refte de ce corps n eft
pas inflammable. Boerhaave fe fait une queftioa
a lui-même (aj , & demande fi , dans le cas oi
( i ) Traité du Feu , troifietûc vol. pages 77 & ?g dcll
^Tradaâîon françoife.
, (x)#i</.pagoiio*
cet»
1T R A I 3 O N N I I. . 110
Cfette matière feroit féparée de toute fubftance
étrangère , elle brûleroit tranquillement & fuc-
ceflîvement , comme cela lui arrive lorfqu elle eft
mêlée avec de l'eau , ainfi qu'elle l'eft dans l'efprit
de vin, ou fi elle feroit con fumée , comme la fou*
dre, en uninftant. Sans décider la queftion , il
conclut que cette matière > de quelques corps
qu'on la retire * feroit très pure , hmple , parfai-
tement combuftible , & donnetoit une flamme
très pure , fans répandre ni fuie ni fumée. De là
il conje&ure (i) que ce principe ejl un compofé de
feu & d'une matière très fubtile qui lui eft intime-
ment jointe; & que rien , dans la Phyfique * n*eft
peut-être fi difficile à connoître que cette partie
purement inflammable des corps combuftibles ,
qui fert d' aliment au feu \ d'autant plus que ,
lorfque cette matière brûle , elle fé détruit & de-
vient d'une fi erande fublimité , qu'elle ne tombe
plus fous nos iens (i). Il ajoute que , jufqu'à pré-
lent , on ne nous a rien fait connoître dç fatis-
faifant fur les changements que cette matière
éprouve pendant fa combuftion.
Tel eft le fentiment de BoerhaaVe fur le feu
combiné ; celui de Staahl n'en diffère point,
fioerhaave a confidéré le feu en grand Phyhcien ,
& Staahl en grand Chymifte : l'un & l'autre fonc
d'accord fur les propriétés générales & fonda-
mentales de la fubftance que Boerhaave ndmme
à Ikool 3 & Staahl phlogiftique. Staahl s'eft appli-
qué à reconnoître & a démontrer i'exiftence de
ce principe dans les corps des trois règnes j 6c il Ta
fait d'une manière fatisfaifante. 11 n'a rien négligé
jjon plus pour découvrir le plus grand nombre
p— — — ^ — i — ^— — ii ii i — ■— mmm tm
. ( i ) Page 84 & fuivantes , troifieme volume.
(i) Page 78 , hM4.
Tome L \
des propriétés de cette fubftance ; mais il paroît
que Boerhaave avoit des vues plus exactes & plus
générales , puifqu'après avoir reconnu l'exiftence
de ce principe dans les corps des trois règnes ,
comme Ta fait Staahl , il a porté fes vues & fes
recherches fur la nature & la compofition de ce
même principe dans les fubftances qui le for-
ment , a l'exclufion de toute autre , & qui en font
le plus abondamment pourvues.
J'ai déjà commencé à donner , en tête de cet
article , mon fentiment fur cette matière ; je
placerai ici ce qui refte à dire fur cet objet.
i°. Je regarde la végétation comme un des
grands moyens , & peut-être le feul , que la Na-
ture emploie pour combiner avec les autres élé-
ments la plus grande partie du feu qui nous vient
du foleil.
i°. Les végétaux & les animaux font les feuls
corps vraiment combuftibLes , comme nous l'a-
vons fait remarquer. Je penfe même que les-corps
organifés font les feuls inftruments dont fe fert
la Nature pour former tout le principe inflam-
mable qui exifte, tant dans l'intérieur qu'à la
furface de la terre. Ce font les corps organifés
qui fourniflent ce principe aux corps du règne
minéral } & c'eft d'eux que les matières minérales
& métalliques tiennent tout ce qu'elles ont de
combuftible.
3°. La végétation ne fe fait qu'à la faveur de
la chaleur , de l'humidité & du concours de l'air.
Les plantes mêmes qui viennent ïous la glace , ne
peuvent être citées pour combattre notre fenti-
ment. Il règne toujours de la chaleur fous ia
glace , quelque froide qu'on la fuppofe > & il y
a des végétaux auxquels il faut peu de chaleur
pour leur accroiflement. Il eftd'obfervation cou-
ET k A t S O tt N I I» ,1 J t
ftktite que la végétation eft comme fupprimée en
hiver , en comparaison de Ton abondance en été ,
ou lorfqu'il règne dans Pair une chaleur douce &c
modéré? Il en eft de même de Peau : fi Ton prive
les végétaux de cet élément, ils ne tardent pas à
pjérir. L'air joue le même rôle : les végétaux pé-
riflent en fort peu de temps , lôrfqu'Hs en font
entièrement privés , comme le démontre l'expé-
rience de la machine pneumatique. Le principe
terreux eft également nécetfairç , foit celui qui
eft en diflolution dans Peau , ou celui que les vé-
gétaux tirent immédiatement de la terre.
Si l'on réfléchît préfentement à ce que nous
venons d'expofer , & à ce que nous avons dit fur
les propriétés des éléments lorfquils font purs .,
on concevra fans difficulté , que la végétation fe
fait néceflTairement par le concours des quatre
éléments qui viennent fe réunir en même temps ,
& prennent entre eux les arrangements qui leur
font propres pour former le végétal. Il eft difficile
de concevoir les chofes autrement j car h les élé-
ments ne fe réuniffbient pas tous en même temps,
& dans les proportions convenables , on trou-
veroit des portions de végétal > dans lefquetles
quelques-uns des éléments ne feroient pas encore
entrés j c'eft ce que l'on n'a point encore obfervé.
Qu'on examine quelque portion de Végétal que
ce foit y dans quelque état de maturité qu'on le
prenne , on le trouve conftamment pourvu de
toutes fes propriétés de végétal , & contenant
toujours les quatre éléments.
Je fens bien'qu'on me demandera comment fe
fait cette combinaifon ; dans quelle proportion
les éléments entrent dans le végétal ; comment
le fèu , en fe combinant ainfi , perd fes_ propyié-
Iij
i^i ChVmib expérimentale
tés de feu pur j & comment l'aif perd fon élafti-
cité , &c.
Ces queftions ne font pas faciles à réfoudr e ;
j'en conviens : il eft difficile de les expliquer, fans
avoir recours au mouvement qui eft une àes pro-
priétés inhérentes à la matière : ce mouvement
eft d'autant plus a&if , que la matière eft elle-
même dans un plus grand état de divifion. Les
molécules intégrantes des éléments font, plus que
toutes celles des autres fubftances , dans cet état
favorable à la combinoifon. Les éléments ont
même une telle difpofition à s'unir les uns avec
les autres , qu'il eft impoffîble cte les avoir dans ce
degré de pureté où nous les avons fuppofés, lors-
que nous les avons examinés.
A l'égard des proportions dans lesquelles les
éléments fe trouvent réunis , il eft très facile de
les reconnoître par des anaiyfes exaâes : nous
parferons de ces moyens par la fuite-
Mais comment cette combinaifon fe fait-elle ?
Cette queftian n'eft pas facile à réfoudre : néan-
moins je vais tâcher a y répondre.
Nous avons dit que les combinaifons fe fai-
foient,en général, entre les molécules intégrantes
des corps , & non entre les corps considérés dans
leur état d'agrégation ; nous avons dit encore
que les combinaifons étoient d'autant plus fortes
& plus intimes , que les molécules compofantes
étoient elles-mêmeç plus (impies & plus déliées.
Il eft difficile de concevoir autrement les molé-
cules des éléments primitifs, puifqu'elles fur-
paffent en finelFe les molécules des corps com-
pofés.
Les molécules des éléments , lorfqu'elles font
ifolées & détachée? les unes des autres , ont ne»
B T RAISONNE** 1 J^t.
ceftatrement des propriétés différentes des élé-
ments eux-mêmes réunis en mafle d'agrégés,,
c'eft-à-dire qu'une molécule d'air ifolée n'eft poin t,
claftique ; une molécule de feu ifolée n'a plus:
d'a&ion fur les corps , & elle eft fans chaleur j,
«ne molécule d'eau ifolée eft de la plus, grande
iblidiré ; & enfin une molécule de terre ifolée
eft également très folide & impénétrable» Nous.
avons des exemples.fenfibles.de ces effets dans.
les grandes chaleurs de L'été.. Le feu qui nous;
vient du foleil, échauffe l'air , Se écarte les mo-
lécules intégrantes de cet élément les unes des au-
tre& : l'air perd alors fon reflort & fon élafticité y
on ne le refaire qu'avec difficulté. On doit , je
penfe , attribuer cet effet, autant à. L'ait dilate »
comme s'il étoit raréfié par la machine pneuma-
tique , qu'à ce que les molécules d!air font inter-
Î>oféei entre des parties d'eau & des. parties, de
eu. L'air, en été , eft communément plus.chargé
de feu & d'eau : ces deux éléments s'interpofent
entre les molécules de. l'air , & peuvent, en les
ifolant , diminuer fon élafticité. L'air , l'eau &
le feu , dans ces circonftances y font mêlés, en
quelque façon & difibus, L'un, par L'autre, Il eft i
préfumer que c eft dans cet état, que les éléments
font les plus, propres à la végétation.
Ce que nous diibns de l'air qui perd tout fon
•reflort par l'interpofition des autres éléments ,.
doit s'entendre également du feu - cet clément
adif produit fur nous desfenfations de chaleur,
tant que fes parties font -réunies dans une certaine
proportion^ mais lorfqu'elles font fufïjfamment
îfoléesles unes des.autres.» elles perdent la pro-
priété de produite cette fenfation.
Dans c.ette^ hypothefe, il eft facile de con—
çeyoir que lorfque les molécules, des éléments, fe
liii
134' Chymie expérimentai*
combinent entre elles , ces molécules font né-*
ceflairement ifoléés les unes à l'égard des autres ;
elles adhèrent entre elles en vertu des loix de
l'attraétion : fans ces circonftances , il n'y auroic
point de rombinaifon ; ce feroit un mélange
groflïer j Se les cléments conferveroient toutes
leurs propriétés. Si Ton conçoit bien cette inter-
pofition des molécules , on comprendra facile-
ment pourquoi le feu perd fes propriétés de feu %
l'air fes propriétés élaftiques , & de même pour-
quoi les autres éléments perdent leurs propriétés
particulières. Dans cette hypothefe , dis-je, il eft
facile de concevoir comment les éléments perdlnc
réciproquement leurs propriétés , en entrant dans
les corps organifés , pour en acquérir de nou-
velles , fuivant les loix de la combinaifon. Les
nouvelles propriétés du corps compofé font rela-
tives à l'arrangement que lés molécules inté*
grautes des éléments ont pris entre elles , arran-
gement qui varie à l'infini.
Quelque vraifçmblable que puifle paroître ce
fy ftême, il n'eft cependant pas à l'abri de toute ob*
e&ïon .11 n'explique point, par exemplejcomment
eséléments,en s'ifolant mutuellement, donnentà
eurs molécules un arrangement propre pour for-
mer un végétal, II eft à préfumer qu'on ne pourra
jamais réfoudre cette queftion , parcequ'eile eft
de la nature de celles où il s'agiroit de rendrer
compte de. la manière dont les végétaux combi-
nent & élaborent les éléments, pour former une
gomme ou une réfine. Toutes ces chofes tien-
nent à la nature & à la conftitution. des corps
organifés , au mouvement de végétation dont ils
font doués , & à bien d'autres caufes égalemçafr
difficiles à expliquer , & fur lefquelles la Nature '
& tirt HP voile impénétrable. Ai* ïefte > ces cjuç£
IT RAISONNÉ I. I35
rions font étrangères à celles que nous ayons agi-
tées ; il n'en paroît pas moins vrai xjue les élé-
ments , dans les corps organifés, font ifolés , fie ,
que c eft par cet arrangement qu'ils perdent réci-
proquement les propriétés qu'ils ont, lorfqu'iU
font en ma(Te d'agrégés j c'eft tout ce que je m'é-
tois propofé de prouver.
Lorfqu on décompofe les fubftances végétales» .
on en fépare une quantité étonnante d'air , quan-
tité qui varie fuivant l'efpece de végétal , comma
Ta remarqué M. Haies dans fa Statique des Vé*
gétaux. Cette quantité d'air, dans le bois d*
chêne bien fec , eft environ de huit cents fois le
volume du bois employé : fi les molécules d'air
ifolées étaient élaftiques , il feroit inconcevable
3ue cette quantité immenfe d'air eût pu entrée
ans le végétal , & en faire partie.
Il en eft de même du feu : fi les molécules ifo-
lées de cet élément a voient la même aâion qu'une
mafTe de feu , 6c qu'elles produifiEent de la cha-
leur , il n'y a point de doute qu* elles détruiroient:
le végétal , au lieu de devenir un de fes principe*
confirmants. On na point encore détermine le
Sids du feu dans les végétaux > comme l'a fait
. Haies à l'égard de l'air. Les expériences qu'ifc
.conviendrait de faire, (ont cependant très fa-
ciles : nous en parlerons, dans l'article du phlo-
giftique.
L'eau fait , pour l'ordinaire > environ moitié
du poids du végéial , même le plus fec. Je n'en-
tends point parler de l'eau de végétation qu'on,
remarque dans un végétal récent , & qu'onpeuc:
féparer par la feule expreflion, ou par la defficca-
tion \ cette eau ne fait point partie de la fubftances
du végétal , puifqu'elle peut e.n être féparée , fans,
qu'il perdfcie.iau.tres. propriétés : j'entends parle*
1 ûc
xjrf Chymib EXPERIMENTALE
de l'eau qui fait pâme du végétal , ou lui fert de
principe conftituant , & qu'on n'en peut féparer,
fans détruire le végétal. Si les molécules ifolées
de cette eau, principe du végétal , étoient liqui*
des, le végétal n'auroit ni la fermeté ni lacon*
fiftance qu'on lui connoît. On n'a pas encore dé-»
terminé la quantité d'eau qui entre dans la corn-*
pofition des végétaux. Il y a lieu de préfumer
qu'on y obferveroit la même différence que dans
les autres éléments. Il réfulteroit de pareilles re-
cherches, des cqnnoiflTances utiles fur la nature &
la folidité des bois pour la conftruâion des bâti-
ments. Il en eft de même de la terre qui fait par-
tie du végétal. Les expériences propres à deter*
miner la quantité de terre qui entre dans la corn?
pofition des végétaux , manquent abf&lument,
Le végétal , comme corps organifé , élabore
les éléments , pour former différentes combinai-
ions qui varient à l'infini , fuivanc la nature de
chaque efpece de végétal. Le$ végétaux combi-
nent les éléments par leurs racines , par leurs ti-
ges , par leurs feuilles , &c. La partie du végétal
qui eft hors de terre , refpire l'air qui eft pcçfque
toujours chargé des autres éléments , comme
jioqs l'avons dit précédemment- j ainfi les végé-
taux prennent de la nourriture de l'air comme de
la terre i tel eft le méchanifme général fous le-c
quel je conçois h végétation.
Les animaux combinent directement , par la
voie de la refpiration , une certaine quantité d'air
& une certaine quantité des éléments répandus
dans l'air ; mais ceci n'eft pas , à. beaucoup près ,
fuffifant pour leur fubfiftance i ils font obligés
d'avoir recours aux végétaux pour fe nourrir. Le
végétal , en pafTànt dans le corps animal , change
{Iç fenrie & dç flaçqrç eu s'aflùnilaat au corps ani->
ÏT RAISOKNiS/ IJ7
ttial. La matière y acquiert de nouvelles propriétés
chymiques , fuivant la manière dont elle fe com-
bine , & l'arrangement qu'elle prend : c'eft ce que
nous ferons remarquer lorfquenous examinerons
les différentes fubftances animales > telles que la
graifle, lefang, &c. La matière animale appar-
tient donc eflentiellement au règne végétal i elle
en conferve aufli beaucoup de propriétés chymi-
ques, & Gnguliérement la combuftibilité : aufli
elle fait partie des corps que nous avons nommés
combujlïblts * parcequ'il entre dans fa compofi-
tion, ainfiaue dans celle des végétaux, beaucoup
de feu combiné. Les os contiennent moins de
matière combuftible , & beaucoup plus de terre ;
aufli ne font-ils pas combuftibles par eux-mêmes*
Les teftacées font dans le même cas que les
matières ofleufes des autres animaux : ils contien-
nent beaucoup de matière terteufe , & peu de
fubftance combuftible dans l'état huileux. Cette
dernière fubftance eft tellement défendue de l'ao
% tion du feu par la terre , qu'on croiroit ne devoir
point la mettre au rang des matières combuftibles,
parceque, dans cet état , elle ne peut brûler par.
elle-même ; il lui faut le fecours d'autres matières
combuftibles dans l'état d'ignitio|i : mais ceci ne
contredit aucunement* ce que nous avons avancé*
fur la nature des corps organifés, En effet , fi l'on
fiépare , par le moyen d'un acide , la matière ter-
re ufe de ces coquilles , on retrouve la matière
animale qui étoit diftnbuée parmi la terre , & qui
colloit les molécules terreules entre elles. Cette
fubftance eft alors combuftible par elle-même ,
& peut fervir d'aliment au feu , comme, toutes les
autres matières végétales & animales.
Nous allons fuivre l'examen des propriétés de U
matière çoipbuftibte djim fes différents états 2 dç«
Ij» ChYMIB IXPijUJfEtfTALX
irais rinftant où elle commence à éprouver de
altération , jufqu'à celui où elle eft complétée-
ment détruite.
Matières combuftibles expofecs au feu avec le
concours de Voir.
Lorfqu on fait brûler à L'air libre des matières
combuftibles, elles produifent de la flamme & de
la fumée , & il refte la matière terreufe. La flamme
eft produite par la matière huileufe \ mais elle eft
agrandie confidérablement par l'air & par l'eau
qui fe dégagent des corps pendant leur combus-
tion. L'air fe dilate > l'eau le réduit en vapeurs \ Se
ces deux éléments font l'effet d'un foufflet. Néan-
moins toute la matière combuftible ne brûle pas;
une partie échappe à la combuftion , Se s'élève en
vapeurs : c'eft elle qui produit la fumée Se la fuie :
elle fe condenfe facilement fur les corps froids
qu'elle rencontre» & s'y attache % comme cela ar-
rive dans les cheminées. Cette matière > qui s eft
ainfi élevée pendant la combuftion , eft elle-mê-
me capable de brûler de nouveau , & de produire
tous les effets de la matière combuftible qui n'a
Es encore éprouvé l'aâion du feu ; & cela à plu-
urs reprifes , jufqu'à ce que tout ce qu'il y a de
combuftible foit totalement brûlé.
La combuftion des corps ne peut fe faire <pe
par le concours de l'air. Plufieurs habiles Physi-
ciens penfent que fa pefanteur & fon élafticité
font les feules caufes qui le rendent propre à en-»
tretenir la combuftion des corps. Au moyen de
ces propriétés , il réunit Se raflemble le feu en ac-
tion , & l'applique immédiatement fur les matiè-
res combuftibles qui reftent à brûler. Mais cette
théorie n'explique pas le phénomène qui fe pafe
dans l'expérience fuivance»
BT RAISONNAS. IJjc
Matières combujlibles expofees au feu fans air.
. L'air eft le véhicule de la combuftion , comme .
nous venons de le dire. Sans lui, aucun corps
combuftible ne peut brûler : il s'éteint même ,
quoique bien enflammé , lorfqu on lui ôte toute
communication avec lair extérieur. Le charbon.
bien allumé qu'on enferme dans un étoùffoir pour
réceindre , eft un exemple qui prouve cette pro-
position.
EXPÉRIENCE
Qui prouve que la mature combuftible ne peut
brûler fans le concours de l'air.
On met des charbons noirs dans .une boîte de
fer ou de terre , qu'on ferme exactement : on place
cette boîte dans un fourneau, & on la chauffe
jufqu à la'faire rougir à blanc. On trouve , après
que la boîte eft refroidie ,< que , maigre la violence
& la continuité du feu , le charbon n'a rien perdu
de fon poids , & qu'il n'a fouffert aucune coovi
buftion.
Remarques.
Pendant que le charbon étoit expôfé à. l'a&ion
du feu , il eft certain que la matière du feu , dans
le mouvement igné , lui a été continuellement
appliquée très immédiatement , & que la matière
inflammable de ce charbon a été elle-même dans
un embrafement confidérable.
Le charbon ne brûle point dans cette expé-
rience , pareeque c'eft un corps fec , privé abfo~
lument d'eau , d'air & de toutes matières qui peu-
vent en faire fon&ion. Il ne contient; rien de
*4° CHYMIS BXPiRlMENTALË
volatil qui puifle fe raréfier par l'a&ion du feu î
Se contribuer par ce moyen à fa combuftion,
comme il arrive aux corps organifés qui renfer-
ment de 1 air Se de l'eau abondamment. La ma-
tière inflammable dont eft pourvu le charbon »
non feulement n'eft fufceptible d'aucune dilata-
tion , mais même eft propre à abforber l'air pen-
dant fa combuftion , comme nous le ferons re-
marquer dans un inftant. Le charbon, dans cette
expérience , fe trouve pénétré de feu ; -mais c*éft
d'un feu étranger : fa propre matière inflammable
iiefe confume point, pareeqn elle n'eft point fuf-
ceptible de fe dilater.
' Mais , medira-t-on , les corps végétaux & ani-
maux , quoique contenant beaucoup d'air & de
matières huileufes , aqueufes , &c. ne fe brûlent
pas davantage pendant l'analyfe? Cela vient 'de
ce que l'on conduit le feu par degré, pour déga-
ger ces fubftances fucceffivement. L'expérience &
appris aue , lorfqu'on brufque le feu , on occa-*
nonne des exploitons qui pourroient venir auflï-
bien de l'inflammation de ces fubftances yoUÔ*
les 9 que de leur dilatation .
Autre 'ExréniENCi
Qui prouve la mime propqfîtioru
On met fous une cloche de verre , pofée fur des
cuirs mouillés , un bout de chandelle allumée ,
qui ait un lumignon un peu long. La lumière
brûle d'abord très bien j elle quute infenfible-
ment la mèche , chemine jufques vers fon extré-
mité , & finit par la quitter & s'éteindre. IL s'é-
chappe auflî-tot du lumignon , qui refte encore
embrafé , une fumée qui s'élève perpendiculaire
it ràisonnIe. ï-f\
tement » comme cela arrive dans le vuide ; la clo-
che adhère fenfiblement aux cuirs , à raifon d'une
partie d'air qui en eft forciez
Remarques.
La chandelle brûle d'a*bord % parcequ'elle eft
placée dans une malle d'air prife dans fon état
naturel j mais elle ne tarde pas i s'éteindre , par-
ceque la chaleur de la flamme raréfie l'air. Une
partie s'eft échappée par les bords de la cloche j
ce dont on peut s'aflurer en mettant autour de fes
bords du fable ou de la jxmffiere , qui eft repouf-
fée par l'air intérieur qui fe dilate. L'élafticité de
cet air eft tellement augmentée, qu'elle comprime
la flamme & l'oblige de s'éteindre. Cette théorie
eft de M. de Morveau , Avocat Général au Parle-
ment de Dijon , &c Membre de l'Académie de
cette ville , qui a donné , fur les phénomènes de
l'air , un Mémoire rempli de très belles expérien-
ces. Ce Mémoire eft imprimé dans le premier vo-
lume des Mémoires de l'Académie de Dijon.
Si l'extinâion de la lumière eft due à de l'air
abforbé par la flamme , comme on l'avoit toujours
penfé, il devroit s'enfuivre , dit M. de Morveau,
3u'en introduifant fous la cloche une quantité
'air égale à celle qu'on préfume avpir été abfor-
bée, la lumière ne devroit pas s'éteindre : cepen-
dant il arrive le contraire. M. de Morveau , dans
une femblable expérience, a fait entrer de l'air
fous la cloche , en remontant le pifton de la ma-
chine pneumatique , avec les précautions nécef-
faires , pour que cet air ne produisît aucune agi-
tation a la flamme :Ja. lumière s'eft éteinte plus
promptemént , comme l'avoit prévu cet habil$
Phyficien,parceqa'aldrsil fe trouve fous la do*
*4* CHYMfE EXPÉRIMENTALE
che une pins grande quantité d'air , dontl'élaiH-
cité augtriente à proportion , qui comprime la
flamme davantage , & l'oblige de s'éteindre.
M. de Morveau né s'eft pas contenté de ces ex-
périences y il en a fait d'autres qui font très ingé-
nieufes & très propres à confirmer fa théorie. Il a
pris un bocal de verre de dix pouces de hauteur ,
dont la moitié avoit cinq pouces de diamètre , &
l'autre deux pouces de diamètre : c'eft par ce der-
nier côté, qu'étoit l'ouverture. Il a fufpendu ce
bocal , l'ouverture en bas , à deux pouces au-def-
fus de fon fupport , de manière que l'intérieur
avoit une Jibre communication avec l'air exté-
rieur : il a introduit , au milieu de la hauteur de
ce bocal , une bougie allumée , qui s'eft éteinte
aufli promptement que fi l'ouverture eût été exac-
tement fermée : l'air raréfié dans la partie fupé-
rieure comprimoirla flamme comme dans l'expé-
rience précédente. Cet air ne pouvoit pas dimi-
nuer d'élafticité , parcequ'il ne pouvoit s'évacuer
par la partie fupéneure du bocal , comme cela au-
rait été nécefïaire pour l'entretien de la flamme.
D'un autre côté , la colonne d'air extérieur fai-
foit équilibre à celui renfermé dans le vafe , &
le retenoit dans cet état d'élafticité & de raréfac-
tion.
M. de Morveau à enfuite répété cette expé-
rience avec le mçmefcocal , mais en tenant l'ou-
verture en haut. Il s'eft allure qu'en quelque en-
droit qu'on plaçât la lumière , elle ne s'éteignoic
pas , même en mettant une glace à un pouce de
aiftance au-deflus de l'ouverture du vafe 5 parce-
qu'à mefure que l'air fe raréfioit par la chaleur , il
s'échappoit. Il en rentrait d'autre le long des pa-
rois du vafe , qui entretenoit la flamme. Pour s'en
apurer, M. de Morveau a jette des petits corps
feT kAtSOKKic; Î4J
légers au-deCTus de ce vaifleau } ils ont été empor-
tés par les courants d'air qui fe font établis : les
uns ont été repouflés au dehors par l'air raréfié
qui s'échappoit, & les autres ont été portés dans
l'intérieur du bocal par l'air qui y enctoit.
Le Mémoire de M. de Morveau eft rempli de
beaucoup d'autres expériences relatives à 1 objet
dont nous parlons : il fait voir que l'air ne con-
tribue point matérialement à la combuftion des
corps , & qu'il ne s'en abforbe point , ou, fi l'on
veut, qu'il ne s'en détruit point pendant qu'on
les fait brûler dans des vaifTeaux clos.
Les corps brûlants , & dansle mouvement igné,
s'éteignent , quoiqu'on les plonge dans des li-
queurs inflammables, foit queces liqueurs brûlent
elles-mêmes , ou qu'elles né brûlent point.
Expérience.
Si Ton plonge dans de l'efprit de viaenflammé ,
ou dans de l'huile , un charbon bien allumé , &
qu'on l'ôte enfuite de ces liqueurs , on remarque
3u il eft éteint , comme fi on t'eût plongé dans
e l'eau. Cet effet vientde ce que ces liqueurs
s'appliquent très immédiatement à la furface du
charbon , & qu'elles interceptent au feu , dotu
le charbon étoit pénétré , toute communication
avec l'air.
Il rcfulte bien évidemment de ce qui vient
d 'être dit, que le concours de l'air eft absolument
néceflaire pour la combuftion des corps f c'eft fur
cette propriété qu eft fondée toute la méchanique
des fourneaux , comme nous l'avons déjà dit à
l'article de l'air.
144 Crymiè expérimentale
Autre Expérience
Qui prouve la mime propqfîtion*
Lorfqu on diftille dans uhe cornue un végétal
quelconque , & qu'on adapte un récipient au bec
de ce vaifleau , on recueille les fubftances vola-
tiles que le feu a fait élever. Ces fubftances font
de l'eau falée (qu'on nomme efprit ) , de l'huile
& de l'air. Il refte dans la cornue une matière
charbonneufe. Nous ne confidéreroris > quant i
préfent , que l'huile & la matière charbonneufe.
L'huile qu'on fépare dans cette expérience , eft
-elle-même encore compofée des mêmes fubftances
3uç Iç végétal. Si on la foumet de nouveau à la .
iftillation , on en tire encore les mêmes produits,
mais dans des. proportions différentes. Comme
elle contient moins d'eau & moins de terre > elle
fournit moins de ces fubftances , que le végétal ; il
refte dans la cornue moins de matière charbon-
neufe. En continuant de diftiller ainfi fucceffive-
ment plufieuis fois de fuite , on parvient à dé-
compofer complètement l'huilé que fournit cha-
que diftillation , Se & la. téduire en air , en eau Se
fn charbon. Ce charbon- contient prefque tout
le feu .qui étoit combiné d$iis le végétal , puifque,
dans toutes ces opérations , il n'y a eu aucune in-
flammation , ces expériences ayant été faites dans
des vaiflèaux clos $ & * copime nous venons de le
dire , aucune matière combuftible ne peut brûler
fans le concours de l'air. C'eft ce charbon qui va
.nous occuper maintenant Jous le nom dephfogifi
tique y & qui joue un fi grand rôle dans la Nature
& dans foutes les opérations de la Chymie»
'ET R A I S G N N i I. I43
Sur le Phlogiftique.
D'après tout ce que nous avons dit fur les ma-
tières combuftiblès , nous croyons devoir donner
au phlogiftique la définition fuivante.
Le phlogiftique eft un principe fecondaire,
compofé de deux éléments primitifs qui font le
feu pur Se la terre vitrifiable. Cette combinaifon
eft abfolument privée d'air & d'eau j elle eft le
réfîdu charbonneux , provenant de la décompofï-
tion de la matière huileufe.
Il eft bien démontré que le réfîdu charbonneux
dont nous venons de parler, contient prefqiie
tout le feu qui étoit entré dans la compontion du
végétai : je dis prefque tout le feu , pareeque ,
pendant l'opération parlaquelle on réduit les ma-
tières combuftiblès dans cet état , ilfe diflîpe tou-
jours une petite quantité de feu , mais qui ne
mérite aucune confidération. Lorfque la totalité
de la matière combuftible eft dans l'état charbon-
neux , tout le feu qu'elle contenoit , fe Trouve
réduit fous le plus petit volume poffible. Nous
fuppofons que le charbon a été formé dans des
vaifleaux clos & fans inflammation. La totalité du
feu fe trouve extraite & fixée avec la terre propre
du végétai : ainfi la matière charbonneufe eft donc
le feu uni à la terre du corps organifé. Cette ma-
dère eft abfolumeiît privée d'air & d'eau , parce-
3ue ces deux éléments font volatils : ils fe font
iffipés par i'aftion du feu, & ont emporté avec
eux ta plus grande partie de la matière faline.
Nous avons dit dans notre définition du phlogif-
tique, que la terre oui entre dans fa compofition ,
eft une terre vitrifiaoie j c'eft ce que j'ai conftaté
par une longue fuite d'expériences , en examinant
Temc 1. K
\+6 CbVMIS IXPERIMENTAtI
la terre des végétaux , des animaux , & celle des
huiles de ces corps organifés. J'ai déjà publié une
partie de ce travail dans mon Mémoire fur les
Argilles. Nous rendrons compte des autres expé-
riences oui conftatent cette théorie , à mefure que
les occauons fe présenteront.
Ceft un phénomène bien digne de remarque ,
que le feu puiffe ainfi s'extraire & fe raffemoler
fous un peut volume , fans recouvrer fes pro-
priétés de feu pur. Cela prouve bien ce que nous
avons dit précédemment , que , lôrfque les molé-
cules des éléments font ifolées , elles n'ont plus
les propriétés des éléments en malle. Dans le
charbon , les molécules du feu font combinées
avec la terre du végétal , par conféquent ifolées
par les molécules de la terre , qui font interpo-
lées entre celles du feu , fuivant les loix de la
combinaifon. Les molécules du feu ifolées dans
le charbpn , font fans mouvement , fans flui-
dité , fans élafticité , fans aâdon & dans un repos
parfait $ mais elles font toutes prêtes à fe réunir ,
& à recouvrer toutes les propriétés de feu pur Se
en aétion : il fufit , pour cela , de préfenter au
charbon un corps a&uellement dans le mouve-
ment igné.
Nous avons fait remarquer précédemment les
tentatives que Boerhaave a faites pour obtenir le
phlogiftique à part , mais dans 1 état de corn-
buftion j ce qui eft abfolument impoffible. Ce
font ces recherches mal entendues qui ont fait
croire que l'état naturel du phlogiftique étoit
Tignition : cette doârine a été adoptée par la plu-
part des Chymiftes.
Le feu ne peut être que fous deux états , libre,
ou combiné : s'il eft libre , c'eft du feu élémen-
taire, $c non du phlogiftique. Dans cet état, il n'eft.
*T*.ÀtsbHtfii. k4?
pas poffible de le retenir , à caufe de la difpofi*
tion-qu'ilaà s'étendre uniformément entre tous
les objets qui l'environnent, jufqu'à ce qu'il fe
foit mis dans un parfait équilibre } tuais lorfque
le feu élémentaire eft combiné , il perd routes fe*
propriétés de feu pur. Lôtfqu*il n eft combiné
qu'avec peu de fubftance > & qu'il eft dans 1 etac
de ficcite , comme il fe trouve dans le charbon
d'une huile , & lorfqu'il peut brûler , fans ré-
pandre ni fuie ni fumée , je le nommerai alori
phlogiftique , afin de le diftinguer de là matière
combuftible dans l'état huileux. Nous Verron*
d'ailleurs que la fubftance inflammable joue »
dans ces deux états de combinaifon , différent*
rôles dans la Nature & dans prefque toutes le*
opérations de laChymie : fi enfuite on enflamme
ce phlogiftique par l'attouchement d'un corps
dans le mouvement igné * ce fera du phlogiftique
g ai brûlera Se qui fe décompofera* Dans l'un St
dans l'autre cas , il eft toujours du phlogiftique I
dans le premier , il eft du phlogiftique en repos ;
dans le fécond , du phlogiftique en a&ion , qui
fe brûle & qui fe décompofe : il n'eft pas néceiïaire
«ju'il foit dans l'état d'igrtition , pour êtte caraâé-
ttfé phlogiftique. Tout ceci prouve évidemment
que le phlogiftique eft une fubftance coftpofée $
qu'elle eft en repos lorfqu'elle ne brûle pas, &
qu'elle eft en a&ion lorfqu'on la fait brûler. Ceft
une abfurdité de chercher i obtenir à part fettô.
fubftance dans l'état d'ignition , mais qu'elle ne
brûle pas. Voilà cependant à quoi fe réduit l'ob-
jet des travaux de cent qui ont Voulu retenir à
>art le principe phlogiftique j ce qui eft impolie
>le. Une fubftance ne peut en même temps brû-
er & ne brûler pas : fi elle brûle , il faut , pou*
'. a retenir , employer des vaifleaux clos j mai* %
Kij
Ï4-3 Chymib bxpIrimentali
dans ce cas, elle cefle de brûler, & s'éteint , faute
du concours de l'air,
11 réfulte de ladiftin&ion que nous avons faite
du phlogiftique en a&ion Se du phlogiftique en
repos , qu'on peut obtenir à part ce principe ,
mais dans ce dernier état : on peut alors le manier
à fon gré , & le contenir enfin dans une bou-
teille , dans une boîte , &c. pour me fervir des
expreffions de ceux qui ont mis en queftion de
conferver le phlogiftique. Il fuffit, pour cela > de
diftiller une huile, comme nous venons de le
dire, ou toute autre matière végétale ou ani-
male , & de conferver féparément le charbon qui
refte au fond du vaiffeau : ce phlogiftique fera
d'autant plus pur , qu'on aura employé une fub-
ftance plus pure , & que fon charbon fera chargé
de la moindre quantité de terre poflible.
Je fens bien qu'on m'objeâera que ce réfidu
charbonneux , fur-tout s'il provient de fubftances
vég&ales , contiendra quelques matières falines
étrangères au phlogiftique , & oue , par confé-
2uent , il ne fera point du phlogiftique pur.
>> cela je répondrai qu'il faut faire choix d'une
huile animale dé j a très re&ifiée : elle laiflera , dans
toutes les combinaifons qu'on lui fera fubir , un
charbon très-pur & privé de toute matière faline.
D ailleurs la difficulté qu'il y a d'avoir du charbon
parfaitement pur , eft un inconvénient commun
d toutes les matières qui ont un certain degré de
(implicite. Le phlogiftique eft un principe fort
peu compofé j il participe plus ou moins clés pro-
priétés des éléments qui le forment , & il eft aufli
difficile de l'avoir dans le dernier degré de pu-
reté : mais' cela n'empêche pas qu'on ne puifle
très bien reconrçoître (es propriétés , & en quoi
ce principe fecondaire diffère du feu pur.
ST RArSOKNÉE. 149.
On pourroit peut-être encore me faire une ob-
jeékion , & dire que la fubftance que je regarde
comme du phlogiftique pur ou prefque pur , peut
& doit néceflairement ne jamais contenir conf-
tamment de la terre & du feu pur dans les mêmes
S reportions. Dans ce cas , quelles feront les fub-
ances intermédiaires ?
Je répondrai, i°. qu'il eft de l'effence du phlo-
giftique , même de celui qui eft dans l'état de va-
peurs , & qui produit des effets mortels, de con-
tenir de la terre. Cette terre , dans le charbon
qui n'eft point allumé , ifole les molécules de feu»
& s'oppofe à leur réunion j mais , lorfqu on ap-
plique au charbon du feu en aétion , ce teu déter-
mine le développement & la réunion de celui qui
entre dans la compofmon du charbon ; c'eft du
phlogiftique qui brûle : comme tout ce que ce char-
ton en contient, ne brûle pas en totalité, une
partie fe réduit en vapeurs, mais clans l'état de
phlogiftique , c'eft-à-dire toujours unie à de la
terre. Cette dernière portion feulement produit
les effets mortels dont nous avons parlé } tandis
que la portion de ce même phlogiftioue , qui eft
réduite en feu élémentaire , ne produit que les
effets du feu pur.
i°. Je réponds encore que le feu peut être fixé
par une plus ou moins grande quantité de terre.
Le phlogiftique fera d'autant plus pur ; que ces
deux éléments feront réunis dans de meilleures
proportions ; mais, dans tous les cas , ce fera du
phlogiftique. Il y a nécessairement beaucoup de
variété dans cette combinaifon du feu pur avec la
terre j' il eft certairi qo*il y a plus de feu fixé dans
le charbon d'une huile que dans la partie ligneufe
d'un végétal , ou dans le charbon offeux. Le char-
bon d'une huile eft par cette raifon* infiniment
K iij
15% CrtYMII EXPERIMENTALE
plus difficile à brûler complettement que les char-
bons de matières végétales lieneufes. Il y a fur
cette matière beaucoup de recherches & d'expé-
riences à faire pour déterminer la quantité ou le
poids du feu qui entre dans les différents corps
organifés. Ces expériences démontreroient d'une
manière complette , que le feu eft pefant , & qu'on
peut apprécier fon poids lorfqu il fait partie des
corps > & qu'il eft un de leurs principes confti-
tuants. On le trouve fans pefanteur lorfqu il eft
libre , parceque , comme je l'ai déjà dit , il ne
touche point les corps , & qu'il eft dans un exceiHf
mouvement.
J'ai fait fur les corps organifés beaucoup d'er-
périences qui auroient pu me faire connoître la
quantité de feu qui entre dans leur composition ;
mais » comme elles n'ont pas été faites dans cette
intention , je n'ai pas tenu des notes aflez exaâes
pour les rapporter ici : tout ce que je puis dire de
plus générai , d'après mes expériences , c'eft qu'il
en eft du feu, comme des autres éléments : il m'a
paru que les corps organifés ou leurs parties ne
contenoient pas tous précifément le même poids
de feu. Le feu, devenu principe des corps , eft dans
l'état de combinaifon ; Jans lui, les corps orgar
jiifés ne feroient pas ce qu'ils font ; il eft pefant ,
pareequ il eft un de leurs principes conftituants :
il eft dajis un état bien différent de celui de la
barre de fer rouge dont parle Boerhaave ; ce Chy~
mifte a trouvé ce feu fans pefanteur, parceqa'il
n'eft point combiné, 6ç qu'il ne touefte pas le
métal,
La manière de décompofer les corps organifés ,
Knx connoître le poids du feu qui eft entré d*is
ir composition , confifte à faire brûler le char-
bon de ces corps , & celui qu'on obtient de leurs
ET R A I S O N N h, I 5 1
huiles , dans des vaiffeaux élevés , & qui aient
communication avec l'air , en prenant garde que
quelque courant d'air n'emporte rien de la ma-
tière , linon que le feu pur qui doit fe diflîper. Il
refte la terre fixe. Si Ton a pefé la matière char-
bonneufe avant l'opération , & fi l'on pefe enfuite
la terre qui refte , on faura , par le poids qui
manque , celui du feu qui étoit combiné , & qui
«*eft diffipé pendant la combuftion , puifque la
matière phlogiftique ou charbonneufe ne contient
plus rien de volatil que le feu pur , incapable de
le diifiper autrement que par le concours de l'air.
Il y aura , à la vérité , une portion de phlogifti-
que qui fe diflipera en vapeurs fans brûler , comme
cela arrive toutes les fois qu'on fait brûler une
matière combuftible : c'eft un inconvénient* Il eft
impoffible dans la plupart de nos opérations d'ob-
tenir le dernier degré d'exaâitude. Ces recherches
continuées cependant répandroient plus de lu-
mière que nous n'en avons fur les proportions de
feu combiné dans les corps organisés.
Les anciens Chymiftes ont donné différents
noms à la matière inflammable > tels que ceux
d'huile , de graifTe , de fourre , &c. Ils n avoienc
{>oint adoptedes termes particuliers pour défigner
e principe inflammable réduit à fa plus grande
fimplicité. Cependant , fi Ton confondoit , fous
la même dénomination , la matière combuftible %
dans quelque état quelle fut , il en réfulteroit né-
cessairement de i'obfcurïté , parcequ'il y a une
différence bien grande entre une huile & du char-
bon. Il en feroit de même fi on vouloit diftinguer
la matière inflammable par des &oms différents ,
fiûvant l'état où elle fe préfente : on feroit obligé
de multiplier les noms à l'infini ; car, depuis l'état
huileux ou graifleux le plus groffiet , jufqu'à ce-
Kiv
151 Chymtb expérimentale
lui de phlogiftique ou de charbon très pur , il eft
facile de fuppoler bien des états intermédiaires
auxquels il taudroit par conféquent donner diffé-
rents noms , ce qui deviendrait de la plus grande
obfcurité. Quelques Chymiftes modernes ont déjà
eflayé d'introduire dans la Chymie les. noms de
caujliacum & Sacidum pingue^ pour défignerle
phlogiftique qui eft dans fa chaux vive. Outre
qu'il eft inutile d'introduire de nouveaux termes
fans néceflîré dans unefcience, nous observe-
rons que le nom d'acidumpingue eft très impropre,
& qu'il he préfente rien de vrai à Teforit, Lepnlo-
giftique dans la chaux n'a rien d'acide ni de gras;
c'eft du phlogiftique mêlé avec beaucoup de terre
calcaire : ainfi nous penfons qu'il fuffit de diftin-
guer , comme nous l'avons fait , la matière corn-
buftible dans deux états différents : 1 °. dans l'état
huileux : i°. dans l'état non huileux ou phlogifti-
3 ne. Toute autre dénomination qu'on pourrait
onner aux différents états dans lefquels peut fe
rencontrer cette fubftance , feroitabufive , & ne
feroit que répandre de l'obfcurité*
Madères combujiibles avec de Veau.
Jufqu'à préfent nous n'avons préfenté le phlo«
giftique que comme un corps charbonneux 3 privé
par l'art d'eau & d'air , par l'a&ion du feu fans le
concours de l'air. La Nature produit également
des matières charbonneufes par le moyen du feu ,
& fans le concours de l'air j mais elle le fait en-
core par le moyen de l'eau , avec ou fans le con-
cours de l'air. La putréfaâion des corps combuf-
tibles , ou le féjour de ces mêmes corps dans l'eau
& même dans des eaux courantes , réduifent les
corps combuftibles dans l'état charbonneux , çom-
ST RAISONNÉ I. 153
me s'ils eufïent éprouvé l'aétion du feu dans des
vaifTeaux clos. Il y a peu de perfonnes qui n'aient
eu occafion de remarquer que , lorfqu'on remue
le fond des petites rivières ou des étangs, dans
lefquels il le trouve des matières combuftibles,
il s'élève une boue noire à la furface de l'eau ; il
s'en exale en même temps une odeur de putréfac-
tion : cette boue noire eft la matière combuftible
qui tend à devenir charbon. J'ai eu occafion d'e-
xaminer du bois qui avoit féjourné long-temps
fous l'eau , & qui étoit converti tout en charbon.
Les matières purement huileufes qui féjournent
enfermées dans des terreins humides , deviennent
fureillement charbonneufes ; mais , lorsqu'elles
ont mêlées avec des fels , & que ces fels ne peu-
yentpas quitter la matière graïfTeufe , elles font
infiniment plus long-temps à fe réduire en char-
bon. Nous en verrons la raifon dans un inftant.
On trouve dans la Nature beaucoup de char-
bon qui n'eft mêlé ni avec du foufre , ni avec de
l'acide vitriolique. 11 a été formé de la même ma-
nière fans le concours du feu , puifqu'il s'en forme
fous nos yeux par ce moyen fort fîmple : une forêt
inondée , & qui refte long- temps fous l'eau, doit
fe réduire en un charbon femblable i celui que
nous pouvons former dans nos laboratoires par
l'aâiôn du feu , pourvu qu'il ne furvienne pas
de matières falines ; mais, fi au contraire il fur-
vient beaucoup de matières contenant de l'acide
vitriolique qui puifle fe mêler avec la matière com-
*buftible , il fe forme du foufre ; le charbon eft
minéralifé , &il produit alors ce que l'on nomme
charbon de terre. La fubftance huil'eufe fe con-
fcrve beaucoup plus long-temp$ : c'eft la raifon
pour laquelle on retire de l'huile &c du foufre de
tous les charbons foffiles , tandis qu'on ne retire
154 Chymii expérimentale
ni huilé ni foufre des charbons pareillement for-
més dans l'intérieur de la terre , mais qui n'ont
point été adultérés par des matières falines.
C'eft un fpe&acle bien digne d'un Philofophe
Naturalifte de voir l'eau produire fur les matières
combuftibles les mêmes effets que le feu. L'eau a
même la propriété de féparer l'eau & l'air , prin-
cipes conftituants des corps organifés, pour les
réduire en véritable charbon, comme cela arrive
par l'aétion du feu dans des vaiffèaux clos.
Je penfe au on doit attribuer tous ces effets â
l'air qui fe dégage des corps par le mouvement de
putréiadion qu'ils fubiffent dans l'eau. Dans tes
endroits où les matières combuftibles pourriflent
fous l'eau , on voit fotfVent s'élever jusqu'à fa fur-
face , des bulles d'air , par l'effet de fa plus grande
légèreté. Cet air eft celui qui entroit , comme
principe conftituant, dans la compofition de ces
corps organifcs. Aufli-tot qu'un corps perd un de
fes principes , il change de propriété. Le principe
aqueux fe fépare enfuite de ces corps , & la fub-
ftance reliante ne peut plus fe recombiner , ni avec
de l'eau > ni avec de l'air , pour former la matière
huileufe , parcequ'il lui faut un intermède falin
pour produire cette combinaifon. Il refte donc
enfin le feu combiné & fixé avec la terre propre
du végétal , ce qui forme une véritable fubftance
ebarbonneufe , Se qui a toutes les propriétés du
charbon ; lorfque fon féjour fous l'eau a été fuffi-
famment long pour opérer cette décomposition*
Recompqfition de la matière huileufe..
La définition que j'ai donnée du phlogiftique
n'eft point une affertion vague. Nous avon»
prouvé par plufieurs expériences que c eft effeâi*
ET RAISONNÉ I. 1 5 J
vement un corps fec , privé d'eau & d'air j enfin
il eft le charbon de la matière huileufe : il peut
redevenir dans l'état huileux & reformer une vé-
ritable huile , celle qu'elle écoic auparavant , en
lui rendant l'air & l'eau qu'il a perdus. Il çft vrai-
femblablement très poflible de parvenir à cette
recomposition par plufieurs moyens. Celui par
lequel j'y fuis parvenu , a été de diftiller à la
cornue du bleu de Prufle qui m'a donné de l'huile
en abondance , & plus que fuffifante pour dé-
montrer cette recompofi tion , & pour prouver que
tout ce que j'ai avancé fur cette matière eft de la
plus grande exactitude.
Mais , comme cette opération eft un peu com-
f>liquée, & quelle exige l'emploi de plufieuis
iibftances dont nous n'avons pas encore parlé ,
nous renvoyons cet objet à l'article du bleu de
Prufle.
Il réfulte bien évidemment que , fi nous pou-
vons , par des matières falines, reflufeiter la ma-
tière huileufe , la Nature doit le faire dans fon
immenfe laboratoire , & conferver long, temps
celle qui exifte dans les matières combuftibles
qu'elle enfevçiit fous tes eaux,
Des propriétés du Pklogiflique*
Le phlogiftique eft le principe des odeurs , des
éouleurs & de l'opacité des corps. Cette fubftance
eft fi univerfellement répandue dans la Nature ,
qu'il y a fort peu de corps qui n'en contiennent
une plus ou moins erande quantité : les pierres
vitrinables les plus dures en contiennent. Lorf-
qu'on les frotte l'une contre l'autre > elles exha-
lent une odeur phlogiftique , pareeque tout , dans
la Nature > a été remanié plus d'une fois pat les
. J$6 ChYMIB EXPÉRIMENTAL!
corps organifés , peut- être jufqu'au centre <îa
globe. .
Le phlogiftique n'eft ni chaud ni froid : il ne
peut fe mettre en aâion & produire du feu que
lorfqu'il y eft excité par le contaâ d'un corps ac-
tuellement dans le mouvement igné : lorfqu'il
brûle, le feu élémentaire fe diffipe, & la rertp
refte fixe ; mais , comme il eft prive d'air & d'eau,
fa flamme eft moins vive , moins lumineufe que
celle des corps combuftibles dans l'état naturel ,
pareeque l'eau & l'air qu'ils contiennent agran~
«liftent la flamme.
Le phlogiftique eft de la plus grande fixité au
feu , tant qu'il n'a point de contaft avec l'air ;
c'eft ce que nous avons vu par les charbons ren-
fermés dans une boîte de fer. Cette propriété le
rend très propre à pouvoir fe combiner par la fu-
fîon avec plufieurs corps. Lorfqu'il s'unit aux
verres par la fufion , il leur communique des cou-
leurs & de l'opacité.
Lorfqu'il fe combine avec les chaux métalli-
ques, illesreffufciteenmétal} il leur donne de
la couleur & une opacité abfolue , fans leur com-
muniquer ni chaleur ni lumière , mais il leur
procure plus de fufibilité & de volatilité j il aug-
mente même leur pefanteur fpécifique.
Le phlogiftique fert fouvent d'intermède pour
unir des corps qui ne s'uniroient pas fans lui;
telles font les chaux métalliques qui ne peuvent
s'unir avec le métal de même efpece. Ces mêmes
chaux ne peuvent , pour la plupart , fe diftoudre
dans les acides > parcequ'elles font dépouillées
dephlogiftique.
Le phlogiftique peut pafler d'une combinaifon
dans une autre» fans qu'il ait befoin de s'enflam-
mer*
ET R A I S O K N i E. I57
Le phlogiftique ne s'unit pas avec cous les corps
3u'on peut lui préfenter : il ne contraâe immé-
iatement aucune union avec le principe aqueux,
fuifque , comme nous lavons dit , il fe forme fous
eau.
Le phlogiftique eft identique , ou toujours le
même y de quelque corps qu'on le fépare : il eft
toujours du feu combiné avec de la terre vitrifia-
nte y il peut feulement être dans différents états
de pureté , & produire alors des effets qui font
relatifs à fon état. Il n'eft pas néceflaire qu'il foie
parfaitement pur pour produire la plupart des
effets dont nous venons de parler : il y a même des
cas où ces effets font nuls ou prefque nuls , lorfque
le phlogiftique eft dans un trop grand état de pu-
reté.
Jufqu'à préfent nous avons confidéré le phlo-
giftique comme un corps fec , privé d'air & d eau ,
fixe y incapable de s'évaporer au degré de chaleur
qai règne dans l'air. On me demandera comment
un pareil principe peut , dans nombre de circonf-
tances , fe réduire en vapeurs, produire des effets
mortels , des inflammations fubites , des explo-
itons très bruyantes,& autres effets du mêmegenre
qui arrivent tous les jours. Ces obje&ions ne dé-
truifen t rien de ce que j'ai avancé fur cette matière:
elles font au contraire très favorables A démon-
trer ce que j'ai dit. Cela prouve, i°. combien il y
a d'états intermédiaires entre le feu pur , la fub-
ftance inflammable la plus pure , & là matière
inflammable dans l'état nuileux le plus greffier :
i°. combien ce principe inflammable peut chan-
ger de propriétés , relativement à l'état où il fe
trouve , & à la proportion dans laquelle il eft com-
biné avec plus ou moins de principes terreux. La
4ofe du feu élémentaire peut rçftçr la même , &
Z5* ChYMIÉ BtPB&ÎNEBtfTÀll
celle de la terre diminuer de plus en plus* Une
très petite quantité de terre , a caufe de l'extrême
petitefle de fes molécules intégrantes , fixe une
plus ou moins grande quantité de feu élémentaire.
Comme la terre eft très fixe , elle fait participer
au feu qu'elle combine , une partie de fa fixité ,
lorfqu elle fe trouve en grande quantité , comme
dans les matières charbonneufes ; ce phlogiftique
eft alors très fixe : mais , lorfqu au contraire le
feu élémentaire fe trouve combiné en grande dofe
avec la plus petite quantité de terre * fuffifante
néanmoins pour faire perdre au feu élémentaire
fes propriétés de feu pur, le phlogiftique parti-
cipe alors davantage des propriétés du feu : dans
cet état, il fe réduit facilement en vapeurs: il
produit alors fes effets , non comme reu pur ,
parcequ'il ne ceffe point d'être combiné ; mais
comme phlogiftique , il détruit , en tout ou en
{>artie , le reflbrt de l'air : la mort fuit de près , fi
on ne fe retire promptement , auffi-tôt que Ydti
commence à reflêntir les effets de ces vapeurs
phlogiftiques.
Tout ceci prouve donc que le phlogiftique eft
fixe quand il entre beaucoup de terre dans fa
compofition, & qu'il eft au contraire très volatil
quand c'eft le feu élémentaire qui prédomine fur
le principe terreux.
Le phlogiftique, en fe réduifant en vapeurs ,
entraîne avec lui quelques fubftances des matiè-
res dans lefquelles il fe produit , fur»tout lorfque
ces matières font elles-mêmes volatiles j du moins
on eft en droit de le préfumer , parceque les va-
peurs phlogiftiques ne font pas toujours inflam-
mables , quoiqu'elles occasionnent conftamment
des effets morrels. Lorsqu'elles font accompa-
gnées de quelques fubftaoces huileufes éthérées*
ÏT RAISONNAS. IJ9
ou de foufre réduit en vapeurs, elles s'enflamment
avec explofion , comme il arrive dans certains
fouterrems de mines. Le même effet a lieu lors-
qu'elles font produites par des matières combus-
tibles en putréfaction. Les vapeurs phlogifHques
oui s'élèvent du charbon quon fait brûler , ne
font point inflammables, quoiqu'elles produifent
des effets mortels } du moins jufqu'à préfent on
n'a point remarqué qu'elles le fuflent.
Il refaite évidemment de toutes ces propriétés
du phlogiftique , qu'il diffère effentiellement du
feu pur. 11 n'y a perfonne qui ne fâche que lors-
qu'on fait brûler du charbon ou de la braife dans
une chambre bien fermée, l'organe de l'odorat fe
trouve affeâé d'une manière bien fenfible : mais
la vapeur invifible qui s'exhale du charbon ou de
la braife allumée, affe&e bien plus vivement en-
core le cerveau; & la mort fuit de près fi l'on ne
fe retire auffi-tôt que ces effets fe font fentir. Il
n'en eft pas de même de l'efprit de vin qu'on fait
brûler de la même manière : il n'en eft pas de
même non plus du charbon qu'on fait brûler dans
une cheminée , ou dans un poêle , dans lequel
l'air extérieur peut circuler librement. (
Les effets qui arrivent dans le premier cas ,
viennent de ce que le charbon ne contient ni air
ni eau. Une portion de phlogiftique fe réduit en
vapeurs par 1 aâe de la combuftion : ces vapeurs,
n'ayant pas eu le temps de fe brûler & de fe ré-
duire en feu élémentaire , circulent dans la cham-
bre , abforbent l'eau répandue dans l'air , détrui-
fent le reffbrt de l'air en tout ou en partie. Ges va*
peurs font invifibles , parcequ'elles ne font ac-
compagnées d'aucune rumée. Les effets que le
phlogiftique produit fur ceux qui y font expofés,
viennent vraifemblablement de la grande difpo»
l£0 CHYMIE EXPÉRIMENTAL!
fitioh que le phlogiftique, réduit dans cet écat,*
a pour fe combiner avec les corps qu'il rencontre.
Les vapeurs qui s'élèvent pendant la combus-
tion de l'efpritde vin , ne produifent pas le même
effet, parcequ'il entre dans la compofition de
cette liqueur beaucoup d'air & d'eau, qui fe dé-
gagent a mefure qu'elle brûle ; il fe fait par confé-
quent une compenfation : d'ailleurs l'eau conte-
nue dans l'efprit de vin retarde la combuftion ,
& donne à la matière inflammable le temps de fe
brûler en totalité. '
Les huiles qu'on brûle dans des lampes , pro-
duifent , dans des endroits fermés , à-peu-piès
les mêmes effets que la vapeur du charbon ; dans
un degré moins fort, à la vérité, parcequ elles
contiennent toujours une petite quantité d'air &
d'eau , dont le charbon eft entièrement privé.
La bougie de cire , en brûlant , exhale moins
de fumée que la chandelle de fuif de boeuf, &
elle répand moins d'odeur phlogiftique , parce-
que la cire eft plus difficile à fe liquéfier par la
chaleur : la quantité pompée par fa mèche fe brûle
prefque en totalité j au lieu que le fuif, étant
plus facile à fe liquéfier , eft pompé par la mè-
che en plus grande quantité qu'il ne peut s'en
brûler. La chaleur que ce fuif éprouve le réduit
en vapeurs fuligineufes , qui incommodent pref-
que autant que celles du charbon. Les huiles
qu'on brûle ta lieu de fuif font encore plus dan-
ger eufe s.. Comme elles font ordinairement liqui-
des , elles font pompées par la mèche en plus
grande quantité , & elles produifent beaucoup
plus de vapeurs phlogiftiques.
Tous les accidents qui peuvent arriver par ces
fortes de vapeurs phlogiftiques, renfermées dans
une chambre, n'ont point Ueulorfqu'on fait éva-
porer
ê f k A i s o ta tf i ti \6t
tJôrèren même temps une grande quantité d'eaiu
Je l'ai éprouvé fur moi-même.
Ces accidents n'ont plus lieu également lotf-
■qu'on fait brûler du charbon dans une cheminée ,
ou dan* un poêle , où l'air circule librement , par-
cequ* les vapeurs phlogiftiques font emportées
continuellement par le courant de l'air. Il n'y a
que le feu pur & élémentaire qui fe tamife att
travers des tuyaux des poêles. La portion* de
f>hlogi(tique en vapeurs , qui s'élève pendant là
Combuftion du charbon , n'eft ni auffi déliée ni
uuffi fubtîle que le feu pur 2 elle eft hors d'état d*
"ie tamifer de la même manière au travers des
•pores des tuyaux des poêles : elle a même fi peu
de difpofition pour fe tamifer au travers des corps,
•qu\*e feuille de papier fuffit pour intercepte*
ion paiîage*
Les autres propriétés du bhlôgiftiqtlé font trop
générales & trdp nombreufes apr que nous puit
lion* les rapportemoutes ici j nous les ferons re-
marquer à mefure que l'occafion s'en préfenterai
•mais ce que nous en avons dit eft bien fuffifartt
poutf qu'on ne le confonde pas avec le feu élé-
mentaire.
Sur là Tefte calcaire.
Diaprés tout ce que tioûs avons dit fur la tette *
il eft bien prouvé que c'eft la terre vittifiable qui
eft la terre primitive 6c élémentaire. Elle eft né*
te(Tairemeht la plus ancienne de toutes les matiè-
res terreufes : c'eft elle qui fait le fond de la terre
calcaire j mais cette dernière en diffère beaucoup
-par les altérations que lui ont occafionnées le*
corps organifés. Mais comment , me dira-t-on ,
cette terre a-t-elle reçu ces changements , & quel*
Tomt /. L
I#t ChYMÎÉ EXPÉRIMENTAI*
fondes moyens que la Nature emploie pou pro»
duire cette terre ? Ceft ce qoe nous aÛons exa~
miner.
La terre calcaire , comme nous le démontre*
rons, eft compofée de parties égales , ou à pea-
près , de terre élémentaire & d'eau , mêlées avec
une certaine quantité de matière phlogiftîque &
d'air.
Jufqu à préfent il a été impoflible aux Chymi£-
tes de faire cette combinaifon. J'ai fait beaucoup
de tentatives qui n'ont été fuivies d'aucun fuccès :
mais la Nature le fait en grand , d'une manière
très (impie & très marquée : elle emploie , pour y
parvenir, tous les infeékes de mer qui fe forment
des niches pierreufes > & tous les poiflbns ttftdcées
eu à coquilles. Tout ce qui exifte de terre chaire
a été fait par ces animaux , comme Ta démontré
M. de BufFon (i). Ceft un des plus beaux & des
plus grands mow , & le feul que la Nature em-
ploie pour changP l'élément terreux > & pour en
former une forte de principe terreux propre i en-
trer, fous cette forme, dans d'autres combinai-
fons , & fpécialement dans la composition des
matières falines en général. Lorfque cette terre
entre dans la combiuaifon des fels , elle redevient
terre vitrifiable, comme elle étoit auparavant;
cependant plus ou moins : c'eft ce que nous exa-
minerons à l'article des matières métalliques.
Je n'examine point ici la méchanique qu'em-
ploient ces animaux pour fe conftruire leur loge-
ment y ce feroit une digreffion qui m'éloigneroit
trop de mon fujet : je ferai remarquer feulement
que ces animaux , ne pouvant vivre , comme tous
— ■»
( i ) Hiftoire Naturelle M-40. premier roi. page 17 %
*T RAISONNÉ Ê. iffj
les autres , que de végétaux , changent par corn
féquent la nature de la terre vitrinable en terre
calcaire; On conçoit facilement que des animaux
qui ne peuvent vivre que fous l'eau , combinent
liéceflairfement la terre des végétaux dont ils fe
nourrirent, avec le principe aqueux. Ce ne peut
être, qu'avec une femblable combinaison qu'ils
conftruifent leurs logements) mais, pour leur
donner de. la folidité , ils diftribuent > entre les
molécules terreufes y une fubftance mucilage
neufe , parfaitement animalifée. Cette fubftance
fait fonûion de colle ; elle lie les molécules ter*
reufes entré elles , pour former un tout aflez fo-
lide pour la confervation de l'individu. Je ne fuis
pas en cela de l'avis de M. de Buftbn , lorfqu'il
die , page x] , Volume i j , «wf° : » Les ani-*
» maux à coquillps transforment l'eau dç la mec
» en pierre, produifeht le corail & tous les ma-
» drépores». Il eft difficile de concevoir que de
l'eau puifle fe changer en terre. L'eau eft un élé-
ment qui ne peut contracter que des combinai-*
fons ) mais elle n eft point fufceptiblede changée
de nature t elle entre bien dans la compofition de
la terre calcaire 5 mais c eft comme principe cons-
tituant. Si on la fépare , elle receuvre toutes fes
propriétés d'eaur Lorfque l'animal à coquille pé->
rit; , ta matière animale , qui fait partie de la co«*
quille > fe détruit > comme l'huile dés autres
corps qui féjournent fous l'eau j maris le réiîdu
charbonneux & le principe aqueux reftenc .coi***
binés avfc la terre, & en font partie pour cou-
jours » du moins tant que cette terre refte terre
calcaire. On .obferve.<;eâchangemdUs;.dela;ma*
tiere combuftible des teftacées, dans des tas deccH
quilles d'huîtres atnoncelces. Lorfque la fubftance
^nimale entre en putréfadkion p ce*-CotyiiUes
tij
i^4 Chymib expérimentale
exhalent nne odeur femblabie à toute autre ma-
tière qui fe putréfie : la terre calcaire prend des
couleurs noires, bleues, vertes, &c. Le laps de
temps , Se l'aâion de l'air & de 1 eau , détruifent
enfin la plus grande partie de ce qui a échappé à
la putréfaction. La terre calcaire paroît alors avec
toute la blancheur qui lui eft naturelle , & avec
toutes fes autres propriétés : néanmoins elle re-
tient opiniâtrement un refte de matière inflam-
mable , non dans l'état huileux, mais dans celui
de phlogiftiaue, dont la grande quantité de tero
empêche la deftru&ion complette.
Tous ces changements arrivent à k fubftance
animale des coquilles, de «la même manière que
nous l'avons dit , en parlant de ceux qu'éprouvent
les matières combumbies végétales qui féjeur-
nent fous les eaux. C'eftài9airJ quife dégage d'a-
bord par le mouvement de putréfaSion{i) , &c.Ott
auroir tort de rejetter en doute Pexiftence de l'air
dans la compofition des matières animales qui fe
font formées & qui exiftent dans Peau. Toutes
les expériences chymiques .démontrent que ces
matières animales contiennent autant d'air que
les animaux qui refpirent immédiatement cet
élément : en un mot, l'air eft un principe confti-
tùant de toute matière animale j &fans ce prin-
cipe il nyauroitpdintdanimalifation. En quel*
que endroit du globe que fe forment les ani-
maux , on les trouve toujours pourvus d'une
quantité d'air qu'ils ont affimilé à leur fubftance,
proportionnellement à leur nature j car tous les
animaux n'en contiennent pas la même quantité ,
somme Xzc démontré M. Haies dans ù. Statique
.01 Voyez page xji.
dts Végétaux & dans celle des animauf. 04 YPU-
<lra bien me difpetnfer ^efl^rer.dafts^J^s^cléeailç
de méchanique quemploienr ces aoûftaw BQUf
prendre 4ai*s l'e^ i'*i* ^Qefl^ir^ £ leur<<èwirue
tion , pour ne m'attachei: ;qu a mon objet , qui eft
la terre calcaire. . .\
La tpjjife caicwe f# répandue avec ii3Gigï«ide
abondance dans l^Nauiré j mais comme. dite eft
de formation fe&dfi^?-# qu'elle eft produits
par les animaux dont nous venons de parler , elle
Fait la plus petite pajtie de la coE^itawa- du
gloJ>e.. Qn la trouve., dans certains «n^KSj-i
des profondeurs considérables , à plus de «miUe Se
i\o\\zt cent* pieds. On peut juger pat cette pro-
fondeur , descelle qu'avoient eux-mêmes cea .eit-
droits» av^n; qu'Us iuffen t. fonds daroers.j percer
au'il n y a que dans la mer , & par le. concours
des anjmftu?, que puiffe (e former -cette teuc
An-defous de ces endroits quifervoient;ajj&refot$
rie 4oft4:4 la mer , on jne trouve [>lu$ de terre calr
caire.; ce neft que de la terre vitrifiable, fous dif-
£èr^ij>te$ formes >>a>ai$ communément foûS celle
d^febie, ; - . ••*-■...
, Toutes les piètres calcaires , comme le remar-
que «es bien M. defiuifcn » font formées de co-
quiUf s brifées y détruites; reduitesflrême'efi pouf-
l^ere^ jtefiant ;e»fei»We par l'aftni té -d'adhé-
rence^: aeiledagrégation. Il eftabfo\nmencim-
poffible de .trouai: dans4a Nature une terre cal-
cm$ qui ne foir formée de coquilles , & qui n'en
contienne encore gufetaues veftiges , fi ce neft
<gile$ qui fomrJcryftaUifees ; jious en dirons les
raifons dans uninftant : les pierres calcaires ont
4ûi^leu^§ les mêmes propriétés chymiques que la
teraeades coquiHes:{t$pu elles doivent leur ori-
gine;; Xfes déplacements de; la mer y qui ont eu
Liij
\X6 Cfl^write t* piRlMBUTAtï
lieu à «ïifl&êittes reprifes , ont laiffé par-tout dé
U terre calcaire. Il étoit néceff^ire qu'elle fît ia
révélation Wi'tpur du globç pouf laifler cette terre
fi utile pour la bitifle. Il feroit laborieux & di£«
pendieux fi Ton étoit pbiigé d'employer despier*
y es vitrifiables pour ces ufages.
? -On me demandera peut-être comment ont pu
fo former ces chaînés de mohtagnes de pierres
«ràicaîrè^, & celles de coquilles, dont plufieur*
pnt une épaifleur confidérable , 8c d'une grande
étendue. Je penfe que ce$ grolfes chaînes de
montagnes 'de pierres calcaires dont on fe ferc
ptim;b&tuV&tt été formée* dans làmercomme
toutes les autres montagnes , par dépôt de co-
quille* brifées & réduites en poudre. Le laps de
temps & i'attra&ion des particules d$ la matière
ont agréée cetffubftances entre elles, 8c ont for-
fnécfesrpiewesqui ont plus ou moins de dureté,
plus -ou -moins de fineflè, à proportion que ce$
fna*iëfi$Sétoi&nt elles-mêmes aans des états plus
favorables pour acquérir dé lifolidité.
-. À ¥ égara des montagnes qâi fie font compcn
fées que de coquilles , & fouyent de même eipe-
x^^ntx peurcroire que les teftacées fe comportent
comme le* animaux terreifees ^ qu'ils fe canton-
nent; àaœ&m&t : ils adoptent une place, croif-
fent, vivent^ périflent & reftent ou ils ont pris
•naiflance j d'autres cro^Tent-pàt-deRas les pre-
miers^ &*efient de même; 11 ne feuf, après cela,
que du tômps pourfcrmer une chaîne de monta*
gnescoqùilleresde toutç détendue du canton que
ces animaux ont adopté Wes montagnes conti-
nuent do s'élever ; jufqa^tÉrqtt'enlirf le« teftav
cées ne N trouvent plus ara-deftwd'eijs une épaif*
|eur d'eau fuffifancepoue continuer d'y feiie tearç
{k)m.içile. pans çetçe hypotfaçfe^'il eft facile 4a .
!T RAISONNÉ!. \Sf
Concevoir pourquoi il n'y a point de coquilles
dans les vallons au pied de ces, montagnes: c'eft
que ces vallons ne faifoient point partie du catv*
tonnement de ces. animaux*
Etats fous le/quels ta Nature nous préfente ta Terr*
calcaire que Von nomme aujji alkaUne & ajbfor-
bante.
Examinons préfentement les différents état*
fous lefquels ta Nature nous préfente la terre cal-
caire , ou plutôt tes changements que les coquilles,
ont éprouvés par te laps de temps.
La terre calcaire eft fous différentes formes ^
comme ta terre vitrifiable. Je ne parle que de
celle qui a un degré de pureté fuffifant & diftinft
de tontes les autres fubftances rerreufes.
Entre les pierres calcaires, les unes font en
grandes maffes irréguUeres , dont tes parties
adhèrent par l'affinité de cohéfion qu'ont entre
elles les parties de la matière \ tels font les moel-
lons, les pierres à bâtir, te marbre blaivç , &c*
La caffure de ces pierres eft plus on moins gre-
nue, comme celle du fucre*. Toutes ces pier*
res fe laiffent imbiber par Teau avec plus ou
moins de facilité. Qn fe fêrr >, avec une forte d&
f accès, des pierres les plus poreufes de cette ef-
pece pour filtrer de Peau, après les avoir çreufée*
en cône , en plaçant la pointe en bas*
On trouve des. pierres catcaires çryftallifées
fymmétriquement > & variées à l'infini > d'uns
pefanteqr fpécifique beaucoup plus grande qu$
celle àes précédentes , & qui approchent mems:
des terres vitrifiables en pefanteur,, On les appelle
fpatks catcaires: elles ont des facettes brillantes*
Ces pierres ne différent des précédentes que pa*
ltf8 Chymib expbriment.alb
l'arrangement de leurs parties. Il y a lieu de croire
qu- U matie re terreufe , en partie difïbute oar
l'eau , a été tellement divifée , que les molécules
terreufes , en s'attirant mutuellement pour fe
réunir, ont pris entre elles cet arraheement fym-
jnétrique & cryftailin qu'on leur ooferve. Ces
pierres font plus dures, plus compares que les
précédentes : elles ont une demi-tranfparence , &
ne fe laiflent point imbiber par de l'eau. Parmi
les pierres de cette e£pece , il y en a dont la terre
a été complètement difloute dans l'eau, & qui
$'eft cryftallifée enfuite très proprement. J'ai ru
de ces pierres qui avoient le coup d'oeil & l'ap-
parence du cryftal de roche : elles en avoient , à
très peu de chofe près , la tranfparence»
Il y a d'autre; pierres calcaires plus dures que
les précédentes , demi-rranfpareutes , & qui n'ont
d'autres figures que celles que leur procurent les
différentes circonftances qui contribuent à leur
formation. Ce font Usfialaclius qui fe forment
dans les caves gouttières &.dans les grottes, &
dans toutes les cavités qui font dans Hntérieuc
de la terre > où l'eau peut fuinter , s'évaporer &
laifler la.portion de terre qu'elle tenoït en diffb-
lurion. La terre refte attachée à la voûte de la
caverne , augmente à mefure qu'il en vient de
nouvelle , Se prend , par fuccefllon de temps ,
des figures fingulieres & variées ï l'infini, La
formation de ces maiTes jde terre eft femUable
aux glaçons qui pendent aux toits lorfqu il vient
un faux dégel après qu'il a neigé.
La terre calcaire fe préfente encore fous la fins»
pie d'une poudre blanche plus ou moins fine.
Quelquefois les parties de cette terre font légère*
nient agglutinées entre elles, & forment les craies,
dont la confiftaiiçe des malTes vwq à l'infini.
ET * À I S Otf N i *. . \6$
^ Toutes les coquilles des oeufs doifeau* font
encore de la terre calcaire , mais mêlée d'un pa*
renchyme animal > comme dans les coquilles des
poifIbn.fi , qui fert également à donner d.e la foli-
dite à ces coquilles.
Plusieurs habiles Chymiftes ont encore mis au
rang des terres calc^tos çejles <ju'on rire des vé-
gétaux & des os par la*xwnbuft*Qn/.i?ui$ ces fub-
(tances terreufes en différent essentiellement.
Celles qu'on iepare des végétaux eft de la terre
vitrifiable ; & celles des os tiennent le milieu
entre les terres vitrifiables & les terres calcaires :
mais ni les unes ni les autres ne font de la chaux
vive» par la cakinaçipn ; ce qui eft un cara&ere
fpëcihque des terups calcaires, Nw^pvUrons de
ces te^es pvk&vW-. vl : *
Propriétés d^T€n€*f4<$ixç6j . ?
'.To.ittes, les pierres calqaii^s font beaucoup
moins dures que, les pierres vitt^abAe£.: Aucune
ne fait feu ficappée contre de l'acier -y au contraire
elles fe iaif&nt toutes entamer âf rayçr par la
pointe d'un couteau. -: . „ .
^J^cuue pierre c^lc^ ^'a la pefaaDeur de la
terre vitrifiable, même les fpatas calcaires les
piiwpefaiirs.
Toutes les terres calcaires fe^iffol veut dans les
acides avec chaku^fc effervescence.; on fe fert
de ce moyen pour les diftingwer : m*& flows en
parlerons plus particulièrement lorsque nous exa-
minerons les propriétés des matiçcçs faillies.
Les pierres calcauçs ne font pas ronces égaler
ment pures j il y^aentre elles la «êe^ différence
que celle que nous avons fait remarquer eau»
les pierres vitrifiables- Tous 1^ narines coloré»
font de k terre calcaire fort impare : leurs ccm^
leurs font la plupart métalliques i ils contiennent
prefque tous une plus ou moins grande quantité
tfargille.
La terre calcaire la plus pure que. f aie reconnue
par des expériences faites fur cette matière , eft
le beau marbre blanc , ou les beau* fpaths cry£-
tallifés, bien tranfparents.
Terre* calcaires expofécs qufeii dans desvahffeausC
cfos.
Chaux yivc. .
On met dans une cornue de grès , capable de
réfifter à une violente a&ton du feu , des mor-
ceaux de marbre blanc : on place la cornue dans
un fourneau qui pouffe bien : on adapte à la cor-*
nue un b&ttenàu réèipiènr : on lu te les join-
tures : alors on échauffe la cornue par degrés, &
Ton augmente le feu jufqu'ï ce qu'elle fou ronge
i blanc :;on l'entretient dans cet état pendant
environ trois heures : on-laifle refroidir tes vaif-
feaiïx fuffifomment , & on déluré le ballon : on
verfe ce qu'il contient dans- un flacon : on en-
levé la ebrrièè du fourneau : dirvçrfe fur un pa-
pier ce qu'elle contient , 8é on Penfermé dans une
bouteille , afin que la matière ne prenne poinç
l'humidité de fait.
" La liqueur qui a paffë dans le ballon pendant
la calcinâtion , eft de l'eau pure j elle a feule-
ment une-légere odeur empyreumatique qui lui
vient- de» ;k matière phlogiftique contenue dans
la pierre calcàkë; La fubftance terreufe de la cor-
nue s'éft' cctarvtttie en chaux vive qui fe trouve
noire & enfumée, â raifon de la matière phlogifti*
que qui y eft contenue , & qui ne peut fe brâlec
" ' iT kAisoNKh: t7I
flans des vaifleaux clos où l'air n'a point d'accès.
Si , avant la calcinarion , on a pefé la pierre , &
il on la pefe de nouveau après l'opération, on
trouve qu'elle a diminué de la moitié de fou
"poids, ou à-peu-près ; elle a diminué auffi de vo-
lume , 6c a acquis beaucoup plus de dureté qu'elle
n'en avoit auparavant»
Cette expérience prouve donc que le marbre
blanc contient une grande quantité d'eau, puif-
quoh ta recueille par la diftillation. On ne peut
pas foupçonner que cette eau foit étrangère à la
terre calcaire $ car fi l'on a pris la précaution de
faire fécher cette terre pendant plusieurs jours ,
jufqu'à la faire bien chauffer, fans la faire rougir ,
«lie n'en fournit pas moins d'eau pour cela. La
couleur noire que prend là terre enfermée dans la
cornue , eft une preuve non équivoque de l'exif-
<zet\ce de la matière inflammable : c eft un refte de
matière animale qui vient originairement de fa
-formation. Tout ceci prouve complètement ce
-tjue nous avons avance -Ait t'origifte fr la nature
de cette terre. *
Ce n'eft ni avec du triârbrç blanc * m de là ma*
Jiiefe que nous vèhonsrde le dire , qu'on fait la
chaux dont on fait ufage dans les arts 8c pour la
tôtiïfe} fhais noué nous fervons de marbre blanc
'pour -cette expérience, dans nôsCouiff, pareeque
é'éft la terre calcaire la plus pure , & qui fournie
«ne chaux très blanche. Lesfpaths & les ftalac-
-mes cakaires put* fotutaiffent de même des chaux
^de la'phis grande blancheur. Nous faifons cette
-expérience dans une çorntte, pour faire voir la
grande quantité d'eau & d'air quife dégagent pen-
dant l'opération : fubftances qui étoient nécenài-
*«mç«tÇQmbw4w>YW ta matière teireafe^ paifc
17* Chymib expérimentale ,
qu'elle* n* fe fçparent qu'à la plus grande vio-
lence du feu*
La cfcmx ordinaire fe dit avec des pierres cal* '
caires communes. Ces fortes de pierres contien-
nent toutes une certaine quantité de fer dans 1 c#
rat dqchre j pç qui eft ^ilez indifférent pour les
tifages auxquels on emploie U chaux. PJufieurç
de ces pierres contiennent encore de la terre vi-
trifiable, Le nwbre noif Se tous les marbres co-
lotès (ont des pierres calcaires fort iippures : elles
fe Jevent p^riçju^les j $Ues forment de mauv^ife
chaux > Se il lepr arrive fouveni d'entrer jen fi*-
fion. \,fl iriûtneïQ de convertir en chaux vive
les pierres calcaires ordinaires , confifte £ les cai-
ciner^au travers de la ftfta&ne des marieras comT
buftibtes > <da*$ de* fouritau*. &t$ ?xprè$, qu'on
xtottixp#fews fakaUx. îfei&iltfy a aucune pierre
^ddéiQpw«lpîâr>^^::flt^tftw^ duts de*
VgiiTfa^K eto, çonnn^nws.ive^pM d* lé^ift»
n* &!Kittd§: te H&itts fyWfc*naœ par une fepi-
fcUM&op^t&Qn. JL^wieft.fi^i^^Àk^i^
turiefnde cette forte de terre. J'ai remarqué qtijl
y-en ajprôw ç&tt iquj ffahvu&i&wt spwJft 9©me
qu^irfité'ÀWH t fie. qui :nft tfeœirant pas , p*r l*
caki^f ejon ,. une jc^s^ve^fkmfWÎ)?»** :
eel^-ftsftfcîds i'fefpec^.dp^pmpftfrfKW #«$:&*-
biffim€<*s.pHfffë* par U^s-d^te^ <k*&*ourç
tend à.fpp^tfl: ^uq^i Uur eft unis, & iiêlfar
meneff m »i»&&ffe ^j^ifi^i^jAe. ieufc^HÎgitie,
celui de terre vurifiable : ic'^Qi ee que lo$ ypic ar-
river dans ceœiins b*ocs,<àe W^e- eùlto raouve
des quantités confidcrabW dfc caillou* d^ diffé-
rente^ couleurs, qui ne font autre chofe que l*
terre calcaire devenue yittifiiLbb- J'ai ônoore
rero*rqu&qu'ij faut un plus grand coup de feti
X T RAISONNAI. 17J
pour convertir en chaux les pierres calcaires du-*
res , que pour celles qui le font moins > & que les
terres calcaires très pures ne fournirent pas une
chaux aufli forte que les pierres calcaires com-
munes.
Pour fuivre l'ordre, que nous nous fommes
prefcric, examinons les eiietsde l'air fur les pierres
calcaires. #
Pictreè calcaires avec tain
On ne connoît point l'aâion Me l'aii} fur
lès terres calcaires $ mais d'après tout ce que
nous venons de dire , on ne peut méconnaître
les grands changements que le laps de temps
opère fur les tetres calcaires. On trouve dans
ks cabinets d'Hiftoire Naturelle > des coquilles
dans toutes fortes d'états d'altération , qui les
approchent de la terre virrifiable, & d'autres
coquilles qui le font devenues complètement :
on découvre tous les jours des bancs de coquilles
très confidérables; qui font changées en terres
vitrifiables. La Nature produit ces changements
par le feu dans les volcans , & elle le fait auiïî
wns feu , par le laps de temps > mais dans l'un
& dans l'autre cas , c'eft toujours en féparant l'eau
& l'air qui étoient unis à la terre : l'eau ne peut
faire partie des pierres vitrifiabfes , ni entrer dans
la funon vi trente de ces terres, &* par conséquent,
dans la vitrification* Les pierres calcaires doi-
vent contenir de l'air : c'eft lui <|ui fert d'inter*
mede pour unir le principe aqueux à la terre :•
lorfque tes piètre» calcaires éprouvent les chan-
gements dont nous parlons , l'air fe fépare d'a-
oord. J'ignore , au refte , fi cm a fait oes expé-
riences pour démontrer l'exiftence de l'air dans
cette efpece de terre qui doit nécessairement en.
174 ChVMIE EXPÉRIMENTA**
tenir , puifqu elle a fait autrefois partie dé» 1
animaux : c eft la matière d'un- très beau travail à
faire* Ces expériences apprendraient à connoître
la terre calcaire dans tous fes partages intermé-
diaires , Ptife de la coquille actuellement vi-
vante, jufqu'à fon état de converfion & de retour
en tetre vitrifiable : on remarquerait néceflaire-
ment quelle perdtoit de plus en plus fes pro-
Sriétés calcaires , à mefure qu elle feroit privée
e l'air & de l'eau qui conftituent fon état cal-»
caire s du moins routes les expériences que f ai
déjà faites fur cette matière , me conduifent i
, penfer ainfi.
Terré calcaire avec Peau*
Nous avons parlé des changements que la terré
calcaire éprouve en fortant immédiatement desr
animaux teftacées & des infe&es de mer : nous
avons expofé ceux que cette même terre éprouve
par le laps de temps qui fépare. l'eau & l'air qui
faifoient parties conftituantes de ces terres : nous
avons aulii confidéré les états intermédiaires par
où elles paffent , jufqu'à ce qu'elles foient entiè-
rement redevenues terre vitrifiable. En exami-
nant un grand nombre de terres calcaires , on en
rencontre dans tous ces états intermédiaires dont
nous parlons \ & quoiqu'elles aient les propriétés
générales des terres calcaires » elles en ont de par-
ticulières qui font abfolument relatives aux pro-
portions d air & d'eau qu elles confervent en-
core.
• La terre calcaire ordinaire contient toute la
quantité d'eau dont elle peut être chargée : on ne
peut lui en combiner une plus grande dofe \ néan-
moins cette efpece de terre eft diflbluble dans
l'eau. L'eau qui paiTe dans des cerreins calcaires*'
tT RAlSONNix. 17}
tfen charge considérablement : pour le peu qu'elle
s évapore , elle laide dépofer cette terre dans la
même proportion. On peut faire la même opé-
ration dans les laboratoires de chymie , & s'atiu-
rer de la diffolubifîté de cette terre. Si Ton fait
bouillir feulement un inftant de la craie dans de
l'eau diftillée > & fi Ton filtre la liqueur , il eft
facile de s'appercevoir , par la faveur fade que
l'eau acquiert , qu elle en eft faturée : elle aé-
pofe , par l'évaporation , la tetre qu'elle avait
dillbute. Les fpaths & les ftalaûites calcaires ont
été formés par des eaux qui tenoient de la terre
calcaire en diflblution j ces fpaths Se ces ftalac-*
tites fe font, cryftallifés par l'évaporation de l'eau.
. La terre calcaire eft très difpofée à perdre fou
eau principe & fon air , & a redevenir terre vitri-
fiable* Ceft principalement en réitérant les cal*
cinations & les extin&ions dans l'eau, qu'on y
parvient. La Nature fait cette belle opération par
le feu } mais elle la fait d'une manière plus gêné-*
xale , & bien plus en grand , fans le lecours de
ce puhlant agent , comme nous le dirons ail-
leurs*
La terre calcaire , par la calcinarion , acquiert,
des propriétés falines alkalines. Le feu combine
d'une manière plus intime & différente les fub-
ftances que la Nature a réunies dans cette efpecq
de terre; c'eft ce que nous allons examiner.
Examen des propriétés de la Chaux, yive*
On doit confidérer la rédudion des pierre* cal-
caires en chaux vive , comme un acheminement
i la formation, du principe falin ctlkàlin: aafli
Verrons-nous que la chaux a plufieurs propriétés
ajuiogues au ÙX aikali. La chaux a, comme lui.
X7& ChYMII IXPiUTïlEKTAtB
une faveur acre & brûlante ', elle attire de mcmé
paidamment l'humidité de l'air,
. Chaux viyecxpùfét à l'air.
On met dans une terrine de grès deux livres
de chaux vive en morceaux t on la couvre d'an
papier pour la même à Fabri de la pouflGere. Quel-
que temps après , elle fe pénètre de l'humidité
répandue dans l'air : Us parties de la chaux s'é-
cartent les unes des autres , ic occupent un vo-
lume considérable : elle fe réduit en une poudre
fine, légère ; c'eft ce que Ton nomme chaux éteinte
à l'air. Si on la pelé dans cet état, on trouve
qu'elle eft augmentée de poids , environ de qua-
torze onces : c'eft de l'eau répandue dam l'air,
dont elle s'eft chargée» Ces effets ont lieu plus
promptement * lorfqoe la chaux eft expofée dans
un endroit où l'air eft chargé de beaucoup d'hu-
midité, comme à la cave.
Nous remarquerons que la chaut âinfi expofée
à l'air > ne peut reprendre la même quantité d'eau
qu elle a perdue par la calcinarion , quel que foit
fe temps qu'on la iàiflè expofée à l'air : lorsqu'elle
s'en eft faturée , on ne lui retrouve plus le même
poids qu'avoit la terre calcaire avant fa calcina*
don.
Cet effet vient de ce que la pierre calcaire,
pendant la calcinarion , a perdu la plus grande
partie de l'eau & de l'air principes à cette efpece
de terre : beaucoup de molécules terreufes fe font
rapprochées de la nature de la terre vitrifiable ,
àc font devenues par-là hors d'érar de reprendre
dans. Pair la même quantité d'eaù quil y en a
dans la terre calcaire avant fa calcina tion : mais
IfL portion de terre cakaire qui a éprouvé tmfr
moindre
if & A t s ô K M i &, 17.7
Jhpindre a&ion du feu , & qui s'eft convertie en
chaux vive , paroîc plus divifée qu'elle ne reçoit
auparavant : ceft cette partie qui admet prefque
touce 1 eau dont la chaut s'eft chargée pendant
ion exposition à l'air. Quoi qu'il en toit , la malle
totale ne peut admettre la même quantité d'eau
que celle qui entrqit dans fa composition , ni con-
server le même état de ficcité qu'avoit la pierre
avarie fa calcination. J'ai tenu ï la cave , dans des
terrines de grès > pendant plufieurs années , de
Ja chaux vive exactement pelée i elle a tombé eu
efftorefeence , & a confidérablement augmenté
de poids) mais elle n'a jamais attiré alTez d'eau
pour pefer autant; que la terre calcaire qui avoic
cté originairement employée \ il s'en falloir tou-
jours de plus de deux onces par livre t elle étoic
toujours plus humide'que de la même terre cal-*
caire , réduite en poudre impalpable. Cette diffé-
rence ne petit être attribuée qu'à l'état de la terrd
eàlcaire qui a été changée pendant fa calcination »
& qui s'eft plus ou moins rapprochée de la nature
des terres vitriGables qui font hors d'état d'abfor-
ber de l'eau*
Chaux vive combinée avec it ftau.
Pitt de Chaux.
... On met dans une terrine de grès quelques
livres de chaux vive : on verfe de l'eau pat~deuus t
elle ne tarde pas à être abforbée avec une avidité
considérable. On remarque, quelque temps après»
£c quelquefois fur-le~champ , qu'elle s'échauffe
considérablement. Les parties de la chaux s e-
çartent avec un bruit qui eft afTez fort pouf
îe faire entendre à cinquante pieds de diftance s
«ne partie de l'eau qui la pénètre » le réduit eu
arapeors par la chaleur qu'elle Mcafionne : cette
tjS Ch*MÎB EXPÈlUliHUTÀIi
chaleur eft fi grande , que jufqu'à préferit on n'a
fm encore en connoître le degré , parcequ?eilë va
ufqu à incendier les matières combuftibles qu'elle
touche- On manque d'inftrument pour apprécie*
cette chaleur , même dans les expériences en pe-
tit , parcequ'elle eft fuffifante pour mettre tou-
tes les liqueurs en ébullition , & même le mer-
cure.
Lorfque les phénomènes de Pextiri&iori de la
*hau* font pàUés, & qu'on ii'a employé <jue la
quantité d'eau convenable pour la réduite en
pâte , on lui donne le nom de pâte de chaux :
c'eft dans cet état qu'on l'emploie pour formée
le mortier dont nous parlerons*
Lait de Chaux*
On délaie dans beaucoup d'eau la pâte de chaux ;
elle forme une liqueur trouble, blanche, fem-
blable à du lait : on lui a donné , à caufe de cela,
le nom de laïc de chaux.
Eau de Chaux.
Ce lait de chaux s'éclaircit par le repos : la terre
fe précipité. Si Ton filtre ce lait de chaux au tra-
vers du papier gris , l'eau qui pafle eft claire, fans
couleur; elle eft chargée d'une fubftance faline
alkaline qu'elle tient en diiïblution : cette fub-
ftance lui donne une faveur acre & amere : on
nomme cette liqueur eau de chaux. On donne lô
nom d'eau de chaux féconde à de nouvelle eau
-qu'on pafle fur le marc * catte féconde eau dd
chaux peut cire aufli chargée de matière falin*
3 ue la première $ cela dépend des proportions
'eau Se de chaux qu'on a employées la première
fois, Lorfqu W a befoin d'eau de chaux fécond*
fc T îlÀtSÔfcft£B.# ' ïf$
pour l'ufage de la Médecine , il vaut mieux cou-
per l'eau de chaux ordinaire, après quelle eft
firite 3 avec (on poids égal d'e&U pure.
Pellicule ou Crème de CAatiXi
Pour peu que l'eau de chaut s'évapbte, il fè
forme à fa furface une pellicule falino*terreuf*
que Ton nomme pellicule ou crime de chaux.
En conrinuanrde pafler beaucoup d'eau fur ld
marc refté fur le filtre > on parvient à enlever &
la chaux tout ce qu'elle peut fournir de certe fub«»
ftance falino-terreufe dans l'eau ; mais il faut une
prodigieufe quantité d'eau. 11 relie enfin une trè*
grande quantité de terre blanche qui n'a plus an-»
cane des propriétés de la chatte : ce n'eft plud
qu'une terre calcaire peu différente de ce qu'elle
eroit auparavant II feroit àfouhaiter qu'on fuivîc
les calcmatiofas 6c les lotions jufqu'à ce que U
terre calcaire fe refusât à préfenter les mètne*
Ehénomenes. M» Duhamel obferve que la chaux
ien imbibée d'eau , foumife à la calcination $
retient l'eau dont elle a été pénétrée , avec plus de
force que lorfqu'on calcine la pierre pour la pre*
miere fois , puifqu'alors il a fallu un plus grand
coup de feu pour faire diflîper entièrement l'hu*
micuté qui la pénétrait (i)«
Jufqu'à prefent il a été impoffible de convertir
en chaux vive , par une feule calcination , toute
la fubftance de la pierre : il en refte , après le la»
vage , la plus grande partie qui n'eft point de-
venue chaux vive pendant la calcination , & qui
ne peut plus rien communiquer à l'eau.
40 Hémoires de l'Académie , aoaéc 1747 * J*g* *7*
Mij
i3o Chymii expérimentale
. La matière falino-terreufe que fournit la chaux
pendant fon extin&ion , fe dilTout en trop petite
quantité dans l'eau , pour enlever à ta chaux tout
ce qu'elle peut fournir de cette matière : il faut
une quantité très confidérable d'eau.
J'ai mis dans douze livres d'eau chaude très
pure » un gros de chaux vive : la chaux s*eft
éteinte comme de coutume ; & dans l'efpace dé
deux heures , il s'eft formé une pellicule ou crème
de chaux aflez forte , quoiqu'il n'y ait point eu
d evaporation. L'eau n'avoit pas , à beaucoup
près > une faveur auffi forte qu'on auroit dû s'y
attendre » en voyant l'épaifTeur de cette pelli-
cule : ainfi la pellicule qui peut paraître à la fur-
face de l'eau de chaurf» n'eft pas toujours une
Eéuve qu'elle eft fatucée de cette fubftance fa-
le.
Les pellicules de chaux font une matière faline
qui a les propriétés générales des feis : ces pelli-
cules ont un peu de faveur : elles font diflolubles
dans l'eau » en petite quantité , A la vérité ; car
deux onces d'eau diftillce & bouillante en dirtol-
vent à peine trois grains : cependant, ldrfqu'on
préfente à l'eau beaucoup de ces pellicules à la
Fois , elle en diflout une Dien plus grande quan-
tité.
Remarques.
Examinons préfentement les phénomènes de
la chaux, dont nous venons de rendre compte.
Le premier phénomène eft que les pierres cal-
caires contiennent plus de la moitié de leur poids
d'eau qu'on fépare par la diftillation : elles ren-
ferment auffi un peu de matière inflammable,
puifque la pierre calcinée , reftée dan« la cornue,
eft noire & comme enfumée» *
IT k A I S O N K i !. l8f
Pendant la calcination , toute l'eau de la pierre
calcaire ne s'évapore pas : il en refte une quantité
très considérable. La preuve en eft qu'on peut lui
enlever encore , par une calcination plqs forte &
plus long-temps continuée , une partie de l'eau
qu'elle a recenue. Tant que la chaux eft blanche
& opaque , elle contient de l'eau qu'on peut lui
enlever, L'inftant où elle ce0e d'en contenir, eft
celui où elle devient diaphane, & qu'elle eft
convertie en un verre net & tranfparent : alors la
terre calcaire eft changéede nature : elle fe trouve
convertie en terre vitrifiable ; elle en a exacte-
ment les propriétés : elle eft abfolument privée
d'eau y parceque l'eau ne peut point faire partie
de la vitrification : c'eft cette eau très adhérente
aux terres calcaires , qui les rend fi réfraéfcaires :
c'eft elle auifî qui s oppofe à leur vitrification. La
chaux, telle qu'on a coutume de l'avoir, doit
contenir nécessairement une certaine quantité
d'eau : torfqu elle en eft trop privée par une trop
forte calcination , elle fe rapproche , en propor-
tion 4e cette calcination , de la nature àes pierres
vitrififrbles , & elle perd de plus en plus fe6 pro-
priétés de chaux vive. Ce phénomène arrive quel-
quefois aux Chaufourniers : ils nomment chaux
brûlée j la chaux qui a été ainfi trop calcinée : on
la mer à part pour n'ètçe point employée dans les
bâtiments»
L'a&ion du feu , pendant la calcination de la
pierre calcaire ,• combine la portion de phlogifti-
que 6c l'eau qui ne fe font pas diflipées , avec une
portion delà terre calcaire : cette combinaifon eft
plus intime que celle qui exiftoit dans la pierre
calcaire avant fi calcination , & elle 4e fait d'une
manière différente. 11 fe forme de la matière fa-
Une- alkaline proportionne Uesnent a ce qui refte
Miij
1
?8X ChYMIË EXPERIMENTAL *
d'eau, cKâir & de matière inflammable unis 1 h
terre calcaire pendant fa calcination. La portknf
d alkali&diftoutdans l'eau lotis deTextinâioiide
U chaux , Se lui communique uae faveur qui a
toutes les propriétés d un alkali fixe i nous prou-
verons cette dernière proportion dans un inftam.
Les coquilles d'huîtres & les coquilles d'oeufs
dans 1 état naturel , contiennent davantage de
matière inflammable que les pierres calcaires:
ces coquilles fournirent , par cette raifon , use
chaux beaucoup plus forte &c plus acre que les
terres calcaires les plus pures , pareeque leur ma-
tière inflammable donne lieu à ia formation d'une
Îlus grande quantité de cette fubftance faline d?
:alinè.
Quoiqu'on calcine ces pierres à travers la flaon
me, toute la matière pnlogiftique ne fe brûle
pas, comme on pourroit le loupçonner j il n'y a
que la portion qui eft à la furface : celle de l'in-
térieur fe trouve renfermée comme le charbon
dans la boîte de fer , qui ne brûle pas faute du
concours de l'air. Cette portion de phlogiftique
y eft de ia plus grande fixité : elle fe combine
avec la terre & Peau , & forme la matière &%
Une, .
he fécond phénomène que la terre calcaire pré-
fente après fa calcination , eft fa diminution de
volume & fon augmentation de dureté. Comme
çlle a perdu beaucoup d'eau , on conçoit facile-
ment la diminution de fon poids ; mais , pour
qu'elle perde fon volume , il faut fuppofer qu'il
y a eu entre les parties de ia pierre un mouvement
qui à occasionné leur rapprochement ; fans cela ,
h chaux ferait légerq & fpongieufe i elle eft, au
contraire, plus pefante qu'un pareil volume de
femhfoble piètre non calcinée: elle a aconis^
AU ITHA1SONN El. itf
Kta *utre cela, beaucoup plus de dureté telle a même
l; un fon timbré comme celui des pierres vitrifia-
m blés. La retraite de ces juerres , pendant leur cal-
m cination , eft quelquefois fi grande , qu'elle va
a jufqu à la moitié de leur volume : cette dimiiu*-
JE: (ion occafionne fouvent des éboulements dans
^ les fours , pendant la converfion de ces, pierjres eu
v chaux*
, fi Le troijîcmc phénomène qu'il eft important de
^ remarquer , eft la propriété qu'a la chaux de fe
ïï: charger de l'humidité de l'air , & de Réchauffée
^ confidérablement avec l'eau. Plusieurs Phyficiens
^ a voient attribué ces effets à des parties de feu qui
: fe fixent dans Ja. pierre pendant fa calcination*
Quoique çefentiment ne foit pas dénué de toute
: . vraifemblance , il a été abfolument rejette : ce-»
l pendant je le crois le plus probable > mais il faut
lavoir auparavant ce que Ion entead par çes.pac-
j! ries de feu ainfi fixées. Si Ton entend que ce font
des parties de feu libre & pur qui fe font feule*
ment nichées dans les cellules de la pierre , cç
fentimci\t pourra paroître abfurde , puifque la
chaux vive ^'indique pas plus de chaleur que le$
autres corps qui foiit dation, voifinaee. Il me pa-
roît certain que la chaleur aue produit la chaux
pendant fon exrin&ion daas l'eau , doit être attri-
buée au feu qu'elle contient j mais, pour cendre
cette propofitipn facile à concevoir, il faut faire,
voir que cette chaleur eft due à l'état fous lequel
le feu fe trouve dans la chau» : il n'eft pas feule*
xhe^t in terpofé entre les parties de la pierre ; il
$'y trouve cUnst Péjat de demi-combinaifon , qui
avoifine de bien près l'état falin parfait.
Il y a plufievrs fujbftaqces qui ont la propriété
de fixer fie de combiner ainfi plus ou moins du
fw > fit <¥*i ont , après la.calcuution», plyfenc*
1
I&4 ChWIB BXPi&TUtMTAl.B
propriétés communes avec la chaux : ce (ont le»
ma v, ères métalliques calcinables , qui augmeiw
ten de poids & de volume , au lieu de diminuer
comme font les pierres calcaires gue Ton con-
vertit en chaux. Ces différences viennent de ce
Sue les matières métalliques ne contiennent point
'eau , & au'eiles fouffrenr une moindre déper-
' dition de fubftances , pendant leur calcination ,
que les pierres calcaires. Les chaux métalliques
ne s'échauffent point non plus dans l'eau , parce*
qu'elles retiennent opiniâtrement plus de prin-
cipe inflammable , qui combine mieux que les
chaux pierreufes , le feu qu elles s'aflîmilent i
nous verrons > dans un inftant , que cette hypo*
thefe n'eft point jettée au hafard , & qu'elle eft
fondée far plufienrs expériences. Je fuis parveuB
à diminuer & même à faire perdre entièrement i
la chaux la propriété qu'elle a de s'échauffer avec
l'eau. Ceft par l'addition d'une quantité de ma-
tière inflammable , que j'ai réufli à produire cet
effet : cette addition facilite les moyens de mieux
fixer & de mieux combiner le feu , qu'on ne le
feroit fans cette circonftance. Le produit qui en
réfuice , a des propriétés différentes de la chaox
vive.
Il paroît comme certain , d'après ce que nom
avons dit en examinant les/ propriétés des corps
qui contiennent du feu combiné , que ces corps
«échauffent par le frottement , à proportion qu'ifc
contiennent davantage de cefeu combiné, & qu'ils
font en même temps de conftftance à pouvoir lé-
iifter à un grand frottement > fans fe réduire en
poudre : ôr > ni là chàùx , <jui eft une matière ter-
reufe non ihflammabte ; ni l'eau ne contiennent
$iïcz de fubftance cotttbâftible > pour produire
par Iwx union une inflammation 2 açffîonn'a
' 1T RAISOKKil. IÎ5
jamais vu paroître de flamme dans de la chaux qui
s^ teint par le moyen de l'eau , en quelque quan-
tité qae cette chaux fe trouve. Les parties de feu
qui le dégagent , font , comme celles qui font
réunies dans le foyer d'un miroir ardent, ou dans
celui d'une lentille , du feu pur & invifible, par*
ceque, dans ces différents cas, il n'y a point de
matière combuftible pour produire de la flamme.
Le feu» dans ces circonftances, ne fe manifefte quç
par les effets qu'il produit fur les corps qui l'envi-
ronnent, comme iorfqu'on place àes corps au
foyer de ces instruments : ces corps font alors en-
flammés ou calcinés en un inftant. Il en eft de
même d'une grande quandté de chaux qui s'éteint
dans de l'eau, La grande abondance de feu pur
qui fe dégage , fe réunit & met le feu aux matières
eombuftibles qui fe trouvent dans leur voifinage.
On voit fouvent de ces fortes d'incendies arriver
à. des voitures & à des bateaux chargés de chaux
vive. Voici comme je conçois que les choies fe
paflènt.
La pierre» pendant la calcinarion , laiflê dif-
fiper la plus grande partie de fon eau principe : fes
parties intérieures font remplies <Tune multitude
infinie de petits efpaces vuides d'air , que la rare-
Êuâion de l'eau a occafionnés en fe diflipant,
comme il arrive à un verre de thermomètre
qu'on vuide d'air à l'aide d'une goutte de-liqueur,
pour le remplie enfui te de liqueur plus facile-
ment. L'eau qu'on préfente à la chaux eft abfor~
bée par les bouches ou tuyaux capillaires qui corn-
pofent toute fa furface : cette eau pénètre jufque*
dans l'intérieur dé la chaux , comme l'eau entre
dans un verre de thermomètre purgé d'air. 11 fe
fait, entre les parties de la terre & celles de l'eau,
un frottement confldérable , & qui eft multiplié
lft£ ChTMIB EXPERIMENTAL*
à l'infini par les différents canaux oui font i la fin>
face des morceaux de chaux. Ce frottement pro-*
doit de la chaleur : cette chaleur pourrait être
médiocre, & femblable à celle qui réfulteroit
de l'eau qui pénétreroit une pierre ponce bien
feche , ou à celle qui feroic produite par le frot-
tement de deux morceaux de pierre vitrifiable ;
mais , comme la chaux contient une grande
quantité de parties de feu dans l'état de demi-
combinaifon , & qu'il n'y a pas aflez de matière
inflammable dans la pierre calcaire pour retenir
ce feu , l'eau qui pénètre la chaux > détruit cette
forte de comhuiaiion, & permet aux parties de
fende fe dégager : ces parties fe réunifient , pro*
duifem de la chaleur., dilatent l'eau, réchauffent
& la mettent en ébullition : l'eau qui pénètre
la pierre, eft rédrfite en vapeurs : l'effort qu'elle
fait pour s'échapper , écarte les parties de la pierre»
fufques dans fes plus petites molécules , &ia di-
vife & fubdivife à l'infini. Si le mélange ne con-t
tient que l'eau néceflaire pour réduire la chaux
en pâté , les parties de feu n'ont pas la liberté de
s'étendre : elles fe réunifient & mettent le feu aux
fuhftances corabuftibles qui fe trouvent dans leur
voilinage. Jufqu'ici , nous avons examiné les phc*
nomenes de la chaux , avec la fuppofition quelle»
contient beaucoup de parties de feu dans l'état de
deoii-combinaifon , & ifolées par k terre } nous»
prouverons cette fuppofition dans le. phénomène
îuivanr que nous allons examiner.
Le quatrième phénomène que préfente la
chaux pendant fon extinftion , eft la faveur qu elle
communique à l'eau. Par la faveur de cette eau ,
on ne peut méconnoître lexiftence d'une matière
faline alkaline : cette fubftance faline a été recoin
nue par pluûeurs Chymiftes , niée par d'auçrc* %
ET KAtSONNh. 187
& enfulte adoptée de nouveau. Staahl & toute
fon école penient que cette matière faline alka~
Une eft produite pendant l'extinéHon de la chaux
dans l'eau ; qu'elle eft due à l'extrême divifion des
parties de la terre , qui fe combinent avec l'eau s
& qu'elle n'eft nullement formée pendant la cal-
cination de la pierre. Malgré la déférence que
Ton doit avoir au fentiment de Staahl & de
quelques autres habiles Chymiftes qui ont penfc
comme lui fur cette matière , je crois devoir adop»
ter une opinion différente, avec d'autant plus ae
raifon ,que Staahl n admettoit pour toute fubftancë
dans la compofirion des fels , que l'union de l'eau
avec la terre : il n'a jamais penfé que le phlogiftî-
que ou le feu entrât dans la compofirion des fels.
Nous verrons cependant qu'il joue le principal
rôle dan? cette composition , & que c'eft à lui
qu'on doit rapporter tes principales propriétés de
ces fubftances.
L'extrême divifion fous laquelle fe prëfente la
chaux pendant fon extinâion, eft un état très
favorable à fa combinaifon avec l'eau j mais , fi
des parties de feu ne s'uniffoient pas en même
temps , il n'en réfulteroit qu'une diffblution de
terre dans l'eau , qui n'auroit qu'une faveur fade ,
femblable à celle dans laquelle on a fait bouillir
de la craie. L'eau de chaux au contraire a une fa-
veuf acre alkaline qui indique qu'il eft entré dans
fa compofirion d'autres fubftances que l'eau & la
terre : la faveur de cette eau annonce qu'il eft né-
ceffairément entré du feu dans la combinaifon
qu'elle tient en diflblution. Ce feu n'eft pas feu-
lement interpofé , mais bien dans l'état de com-
binaifon lui-même : il eft > comme nous l'avons
^itt le principe fas faveurs ^ & le feijl élément
l8S ChYMIX EXPERIMENTALE
favoureux : c'eft lui qui donne de la faveur à l'eau
de chaux , à coûtes les fubftances falines & à cous
les corps qui onc de la faveur. Ceft ce que nous
nous promettons de développer plus particulière-
ment.
Je penfe donc que la combinaifon faline qui
exifte dans l'eau de chaux , étoic auparavant dans
la chaux même , avant fon extin&ion dans l'eau.
La terre calcaire , comme nous l'avons die , con-
tient beaucoup d'eau & un refte de madère in*
flammable , provenant des corps organifés , donc
cette terre faifoit, ci-devant partie. L aâion du
feu 9 pendant la calcinacion , combine une partie
de la cerre avec l'eau & avec le principe inflam-
mable , d'une manière plus intime que ces fub-
ftances ne l'étoient dans la terre calcaire avant fa
calcinacion. Il refaite de cette union une matière
vraiment faline ; mais elle eft fufceptible d'être
détruite par une trop forte & trop longue calci-
nacion. Cela arrive dans les fours à chaux ordi-
naires , où des pierres plus expofées les unes que
les autres à la violence du feu , ne font plus de la
chaux. Ces pierres crop calcinées ciennenc ea
quelque forte le milieu encre les pierres vicrifiar-
bles &c la cerre calcaire. Les ouvriers les nomment
pierres brûlées , par œq-u elles ne font plus fufeep*
tibles de préiencer avec l'eau les phénomènes de
la chaux ordinaire, lime paroîc bien démontre,
d'après ce que nous venons de dire, que la ma-
tière faline eft bien véricabiemenc formée pen-
danc la calcinacion des pierres calcaires. L'eau ,
pendant i'excinâion de la chaux , eft purement
Un moyen de féparer cette combinaison , comme
elle Feft pour féparer le fel contenu dans lacendre
des végétaux. 11 n'y aurpit pas plus de raifon de
ET K A î S O N N i !, 189
croire que l'eau employée pour leflîver les cen-
dres , produit , avec ta terre du végétal , les diffé-
rents fels qu'on en retire.
J'ai reconnu , en examinant de la chatix qui
a voit été enfermée pendant quinze années dans
une bouteille de verre * bouchée de liège, que le
bouchon, ayant perdu fon élafticité , avoir permis
à l'air d'y entrer d'une manière infenfible. Cette
chaux a été ,. pour ainfi dire , tout ce temps à s'é-
teindre par l'humidité de l'air , & à fe réduire en
poudre. L'ayant traitée enfuite avec de l'eau , elle
né s'eft point échauffée , parceque les parties de
feu à demi combinées , dont elle étoir pénétrée >
fe font diilipces d'une manière infenfiole j mais
elle a fourni dans l'eau autant de matière laline 4
qu'une pareille quantité de chaux vive dont elle
provenoit. 11 faudrait donc fuppofer alors que
cette matière latine a été quinze années à fe tari-
mer , qui eft le temps que cette chaux a été à $&>
teindre.
Nonobftant totatceque je viens de dire, j'ai
encore de fortes raifons pour croire que la matière
faline fe forme pendant la calcination de la pierre,
& par le concours de la matière inflammable
qu'elle contient, i°. 11 eft de fait que les pierres
vitrifiables pures, calcinées, ne présentent aiir»
cun des phénomènes de la chaux , parteqtuil eft
de leur effence de ne contenir m eau ; ni ak, ni
matière inflammable dans le même é*a* qu'il s'en
trouve dans les pierres calcaires* &i°» A mefurc
qu'on prive les pierres calcaires-des fakfltnces qui
les constituent , on leur diminue doutant la pro-
priété qu'elles ont de former de la chaux , en les
éloignant davantage de la nature des pierres cal-
caires, Srfenles rapprochant beaucoup plus de
•celle des terres vitrifiables. $°* Enfin, les terres
t£9 CtiYrtlÊ iXp£*IMEtfTÀtÊ
calcaires , fort abondantes en principes infiammi*
blés, en eau 8c en air, comme font les coquilles
d'huîtres récentes , forment de la chaux vive in-
finiment plus forte que les terres calcaires ordi-
naires ; la chaux des coquilles fournit auffi da-
vantage de matière faline , fans produire plus de
chaleur pendant fon extinction > que de la chaux
vive ordinaire : ainfi on ne peut pas dire que c'éft le
mouvement Se la chaleur , produits pendant l'ei-
tin&ion , . qui combinent davantage de terre avec
l'eau , pour former une plus grande quantité do
matière faline t cette combinaison eft due aux
proportions d'eau ,.d air &; de principe inflamma-
ble qui fe trouvent dans les coquilles d'huîtres
récentes. .
Je me fuis bien convaincu par l'expérience»
qu'en ajoutant aux terres calcaires ordinaires de
la matière inflammable qu'elles ont perdue par
h laps detemps, on leur donne 1* propriété de for*
mer de la chaux vive auffi forte & auffi bonne qu*
celle qu'ont produit, par la calcination, des coquil*
les d'huîtres récentes : en les calcinant enfin avec
beaucoup de fubftance inflammable , je fuis par-
venu à produire un. véritable alkali fixe , & qui
en a toutes les propriétés , comme nous le dirons
dans un inftant. \ ,
La matière faline qu'on fépare en leflïvanc I*
chaux, n'a pas les propriétés alkafcnes auffi mar-
quées ou un alkali fixe pur , pareeque la matieie
ialine dans la chaux s'y trouve dans toutes fortes
d'états. Ca portion dalkali fixe, qui eft complet-
-tement formée #. eft fi bien tq^binée avec celle
qui l'avoifine^ & celle-ci avec la portion qui l'ap-
proche le plus., & ainfi de fuite juiqw^ux portions
qui font dans l'état le plus terreux* qu'il refaite
un tout falin très rejrçux qui oftfqft? Jçs proprit»
tè$ de. la petite portion d'alkali bien formé. Il eft
à préfumer que , fi l'on faifoit diflbudre dans de
l'eau , plu fieurs fois de fuite , une grande quan-
tité de pellicules de chaux , on fépaceroit chaque
fois beaucoup de terre y & qu'on obtiendrait en-
fin une liqueur alkaliné, ou un vjaà fel alkali
fixe dont les propriétés ne feraient pas équivo-
ques , comme elles paroiflent l'être en examinant
desjpetiicules de chaux. Je penfe qu'il feroit né*
ceflaire d'ajouter à l'eau quelques gouttes d'efprit
de vin , ou une autre fubftance inflammable pure;
afin de retenir les parties de feu qui fe diflïperoient
4ans cette addition.
Le cinquième phénomène fur la chaux, qui mé-
rite d'être examiné * eft celui de l'adhérence de
l*eaù à la terre calcaire : l'eau , quoique très vola-
tile , fiipporte, pendant la cakinariori de la pierre »
le degré d'incandefeence fans fe vdarèlifer , pui£
ouelle-fougit £ bknc pendant long- temps, fans
6 évaporer ; ce qui nous prouve deux chtofefr £ i9* fit
cottibinaifon & fon extrême adhérence avec la
terre : cette dernière fubftance eft un corps fixe
qui communiquée l'eau une partie de* fes pro-
priétés : i°. cela nous prouve encore* combien ,1a
matière en général peut acquérir de nouvelle»
propriétés , en entrant dans de nouve4le*«ombi*
naifons > & combien elle eft fufeeptibie de mo-
difications différentes. «; - ' - 3
Lorfque l'eau eft unie à la terre d'une fnâftiere
plus intime, Se quelle y eft dans l'état faliitt
comme dans la matière faline delà chau*VeHe y
adhère encore bien plus ferrement. G'eà ta caufe
pour laquelle , lorfqùfotf èslcitie de la, <çhwur ré-
duite en pâte par de Veau ;- cette eau ne, peut plus
quitter fa nouvdie létoMtfaifôn , qft'en .'la; éé>-
jxui&nt-.^lj&^ft alèrtfudbcieate» qpie:la*cbfadû*
tf% CrtYMlfi KXPERltf IHÎALE
naifon entière s'évapore plutôt que les pardM
conltituantes ne fe feparent.
Gbw* *f** la Terre yltrifiabh.
Monkr de chaos 8c de fable pour la bâriflc-
hejixccme Se dernier phénomène qui nous refte
à examine* fut la chaux , eft l'adhérence extrême
de La matière falino- terreufe fur les corps liiTes &
vitreux ic'eft fur cette propriété queft tonde Yo?
Age du mortier de chaux & de fable pour barir.
Comme c'eft à cette matière faline qu eft due la
jboncé du mortier , il convient » lorfqu on fait
l'excision de la ch*ux , de n'employer que la
quantité d'eau co*iyenable».&de prendre garde
que éell* qu'on pourroic mettre de trop , ne s*é-
<Q)llë,QB nft&tttabe dans les perre*, pareequ elle
empoterait avec elle tme partie dç qetee fubftance
pcécieufe au mortier.
' Pour fcipe le mortier, on meie enfemble à-pea*
prte finies égales de pâte de chaux & de fable ,
ou deux parties de fable fur nue de pâte de chaux.
Ce ihelange n'a d'abord que la confiftance d'une
'pâte V ot*i$ > avec le temps., il acquiert une foli-
difié prefque égale a celle dis terres calcaires les
Î>l»s diures. Cet effet iiogulier eft dû à la matière
alino-terreufe que produit la chaux» Lorfcju'ell?
s'applique fur «a corps vitrîfiable , elle s'intro-
duit dans fes, pores les plus imperceptibles , quel*
que dur que foit ce corps. On en a la preuve en
fat&nt éteindre dans un verre de la chaux vive
avec un peU d'eau* La matière falino-tçrreufe de
la chaux prend avec ce vetfç une telle adhérence,
2n au bout de quelques jours il n'eft plus poffible
e l'en détacher* Le yerre tefte terne 8c jmoxz
dépoli.
fer &At$ôi*N£B. i9?
àépoÏL Le bicme effet arrive à chacun des grains
de fable du mortier : ils fe trouvent liés les uns
aux autres par l'effet de la chaut : leur adhérence
augmente avec le temps , à mefure que le mortier
perd fon humidité. Les matières les plus ordi-
naires iju'on emploie avec la chaux , font le fable
de rivière , le fablon , certains fables très fins *
tncléi d'argille, & i'argille cuite pulvérifée qu'on
appelle communément ciment. On fe fert pouf
cela des débris de tuiles, de briques & de vàif-
(eaux de grès $ toutes ces matières font également
bonnes : on en fait néanmoins un choix , fuivaiiÊ
les circonftances. Par exemple , on doit eftiployeë
le fable fin pour le mortier deftiné k rethplir leS
petits joints qu'on laiffe entre les piètres taillées i
au contraire, on fe fett du mortier Fait aVec du gros
fable pu du ciment pour les murs de ftioèllons 1
pour ie pavement des cours, &c. parceguôh n'eft
pas gène par la pe titefle & la régularité des joitttf i
& par la difficulté d'y faire couler le mortier* EA
général , le mortier de fable fin eft préférable* J*âi
eu ôccafion de remarquer que celui dont ort fé
fert pour la bâtiffe eh plufieurS endroits de la Loir-
faine , eft fait avec une chaux noire argilleufe &
du fable très fin , mêlé aufli d'argille* Ce mortiè*
eft fi parfait qu'on l'emploie avec le plus grand
f uccèsdans les baffins des jardins. J'ai vu des foititS
faits depuis dix ans avec de ce mortier : ils âvoieni
encôfe du relief, quoiqu'on pafsât deflus très fou*
Vent le balai pour nettoyer les baffins. J'ai foridé
ce mortier avec la pointe d'un couteau * je l'âï
trouvé de la plus grande folidité*
font* U 8
|*24 £hYMIE EXPERIMENTALE
. Chaux vive & Glace.
Une partie de chaux vive Se deux dé glace pro-
'duifent un degré & demi de froid, la tempéra-
ture du lieu étant au terme de la glace.
Chaux vive combinée avec du Phlogi/Uquc*
Alkali fixe artificiel*
J'ai pulvérifé du marbre blanc i je Pai mêlé avec
(on poids égal de charbon d'huile de corne de
cerf : j'ai renfermé ce mélange dans un creufet:
j'ai luté le couvercle , afin qu'il ne s'introduisît
point de cendres du charbon : j'ai fait chauffer ce
creufet pendant deux heures julqu'au rouge blanc*
]Le creufet étant hors du feu & refroidi * j'en ai
féparé la matière : elle étoit très noii e > pareeque
J^fubftance phlogiftique n a pu brûler , faute du
concours de l'air : ce mélange ainfi calciné avoit
une faveur plus forte que de la chaux vive ordi-
naire.
J'aiexpofé cette matière à l'air humide pendant
trois jours j elle a peu augmenté de poids. : je l'ai
mêlée avec fon poids égalde charbon d'huile de
corne de cerf, & un peu d'eau : je l'ai fait calci-
ner de nouveau , comme la première fois , pen-
dant deux heures , ayant luté auparavant le cou-
vercle, pour éviter l'iijtrodu&ion de la. cendre.
J'ai examiné éjbfuite cette matière : je lui ai trouvé
une faveur décidément aikaline , quoique par-
ticipant encore de celle de la chaux : tiomme elle
ne me paroiflbit pas fufEfammênt aikaline , j'ai
réitéré cette opération pour la troifieme fois : j'ai
pxxèlé chaque fois la matière avec fon poids égal de
et RAnoNwh; 195
pareil charbon d'huile de corne de cerf & un peu
d'eau * en lutant toujours le couvercle au crép-
ie t , pour évicer l'introdudkion de la cendre.
J'ai fait didbudre dans de l'eau la matière àinfi
préparée : j'ai filtré la liqueur j elle étoir parfai-
tement claire : elle avoit une légère faveur d'eau
de chaux , mais accompagnée de celle de l'alkali
iixe bien décidée. J'ai fait concentrer cette li-
queur : il s'eft formé pendant l'évaporation quel-
ques pellicules de chaux} mais la liqueur reftante
fevoit toutes lôs propriétés d'un alkali fixe très ca-
faâérifé , verdilÇint les couleurs bleues des végé-
taux , pouvant fe déïTécher fur le feu , attirer l'hu-
midité de l'air > & fe réfoudre en liqueur , comme
le fait l'alkali fixe tiré de la cendre des végétaux :
cet alkali fait efFervefcence & forme des fels neu-
1res avec les acides*
Remarques*
- J'ai répété cette expérience plusieurs fois , &
toujours aVec le même fuccès. Quelquefois je
mettois moins de matière inflammable, &j'ob-
tenois pour lors moins d'alkali fixe. Dans toutes
ces expériences , il eft impoflible de convertir en
alkali fixe toute la quantité de terre calcaire qu'on
emploie j on ne peut également faire entrer dans
la combinaifon tout le phlogiftique qu'on a mis
en jeu. L'eau fe diffipe en grande partie avant
que l'a&ion du feu foit atfez violente pour fe com-
biner. 11 en eft de même du phlogiftique \ il fe
détruit en grande partie , avant que l'a&ion du
feu puifle le combiner avec la terre. Toutes ces
Qpép ations tendent à changer la nature d'une por-
tton de la terre calcaire , '& a la ramener à la na-
ture des terres yitriiiables ; dans cet état , elle ne
Nij
lp6 ChVMIE EXTÉRIMkNTALB
peut plus formel* de matière faline , & il refte enfin
une portion de phlogiftique dans l'état charbon-
neux , qui n'eft entré pour rien dans cette combi-
naison.
Comme le phlogiftique ne peut fe brûler qu'a-
vec le concours de l'air, & qu'il s'en brûle tou-
jours une portion dans le creufet , à la faveur de
l'humidité qui s'évapore , & qui fait fonction
d'air , j'ai tenté de calciner de pareils mélanges
dans des cornues de grès : mon objet étoit de
combiner une plus grande quantité ce phlogifti-
que avec la terre calcaire , afin d'obtenir davan-
tage d'alkali fixe. J'ai remarqué alors que la ma-
tière phlogiftique ne s'atténue pas affèz , faute ,
fans doute , d'un concours d'air fuffifant : cette
fubftance phlogiftique refte dans un état trop gref-
fier : elle ne fe combine pas auffi intimement qu'il
le faut pour produire de l'alkali fixe. Tous les
mélanges que j'ai fait calciner dans des vaifteaux
clos , rournifïbient des leflives moyennes entre
l'alkali fixe & l'eau de chjiux : elles précipitoient
en noir le fer de la diflblution de vitriol de Mars ,
& non en bleu de PruflTe. ^
Pavois foin d'ajouter à la matière , après cha-
que ealcinarion , un peu d'eau , afin de remplacer
celle qui s'étoit diflipée , m'étant appetçu que
cette addition favoriioit mieux lacombinaifon.
^ Il réfulte de ces expériences, i°. au on doit
bien Véritablement attribuer la faveur de l'eau de
chaux ordinaire à une portion d'alkali fixe qui
s'eft formé pendant la calcination de la pierre. La
dofe de l'alkali eft proportionnelle à celle du phlo-
giftique qui s'eft combiné en même temps avec
Pair , l'eau Se la terre , pendant la calcination de
la pierre calcaire.
*°. Les terres ritrifiables font absolument dé-
I T HAISOHUis. I97
pourvues du principe, aqueux : celles qui font
alliez divifées poux fixer Peau jufqu'à un certain
point, comme la terre de l'alun , ne peuvent ni
la combiner ni la retenir fuffifamment pour pro-
duire une fembiable combinaifon faline : ce font
là les raifons pour lefquelles on ne peut pas faite
de la chaux avec les terres vitrifiables.
3°. On peut préfumer, des réflexions & des ex*
périences dont nous venons de rendre compte ,
que la Nature, qui eft féconde en moyens, en em-
ploie plus d'un pour former tout lalkali dont elle
le fert pour produire les différentes combinaifons
dans lefquelles elle le fait entrer. Dans les vol-
cans , il doit néceflairement fe former de l'alkali
fixe par un procédé à- peu-près fembiable i celui
dont nous venons de parler* Les circonftances fa-
vorables s'y rencontrent prefque toujours pour
le produire directement, puilquil ne faut que
delà terre calcaire , de l'eau & du phlogiftique.
Mais on peut préfumer que la Nature forme
aufli cet alkali par la voie humide : c'eft même
le moyen le plus général quelle emploie pour
produire Timmenle quantité d'alkali fixe qui
exifte dans la Nature , &c finguliérement dans le
fel marin. Ces moyens nous font absolument
inconnus : néanmoins nous établirons , à ce fu-
jet , les conjectures qui nous paroiflent les plus
vraifemblables.
Combinai/on de ta Terre calcaire avec la Terre,
vitrifiablc par la voicfcchc.
F ttfibiltcé de ces terses l'une par l'autre*
Nous avons rendu compte des effets de la
chaux par la voie humide , fur les terres vitrifia-
bles : c eft ce qui a produit le mortier de chaux
Niij
f 5>S Chymib expérimentai,* x
& d* fable : examinons préfentement les pro*
priétés de la chaux fur cette même terre , par la
yoie fecbe. *
La rerre yitrifiable pure eft, comme nous l'a-»
yons dit; infufible au plus grand feu de nos four-
neaux ; mais la terre calcaire lui fert de fondant ,
a raifpn de la matière faline alkaline qu'elle pro-
duit pendant la calcinarion. Comme cette ma-
tière faline fe trouve toujours jnêlée avec une
grande quantité de terre qui n'eft pas dans l'état
Falin , elle ne forme pas avec la terre vitrifiable ,
un verre net & tranfparent, en fqppofant ce-
pendant que l'on ne donne pas à ce mélange un
coup de feu capable de faire foiidre la terre vitri-
fiable , fi elle ctoit feule j car , à la rigueur, tout
eft fnfible , même la terre calcaire , comme nous
favons déjà dit : ainfi nous entendons parler ici
d'un degré rfuffifant pour les vitrifications ordi-
naires dont il eft cependant difficile de déter-
miner l'intenfitç , faute d'inftruments convena-
bles. ; •
J'ai expofé au grand féu un mélange de parties
égales de fable broyé, & de craie : ce mélange n'a
point fondu ; mais la terre calcaire s'eft réduite en
chaux vive, j ai expofé ce mélange à l'air pendant
quelque' temps : la chaux s'eft chargée de l'humi-
dité de l'air , comme elle a coutume de faire, &
elle s'eft réduite en poudre. J'ai expofé de nou-
veau ce mélange à la même adfciop du feu : il eft
entré en fufion , & il a formé une matière tumé-
fiée, poreitfe , demi-tranlparente , & qui n'a plus
attiré i'humiditp de l'air. On ne peut attribuer
pet effet $ autre chofe , finon à une addition de
matière faline ; laquelle s'eft formée pendant la
féconde calcinarion : elle s'eft trouvée alors en
(lofe fiiffifante pour entraîner la fufion dafabU^
E T * A I S O N K £ *; *9J*
3e me crtfis d'autant mieux fonde à penfer ainfî *
que je fuis parvenu à mertreen fufion , & d'un ffcut
coup de feu , de pareil fable aue i a vois mêlé avec
ion poids égal de pelHctftes'de chaux. Ce verre %
à la vérité, étoit femblable au précédent : il n'a-*
voit ni la beauté ni la' tranfparence d'un verra
parfait j'rtiais. il étoit fonda faftfantmepirpoat
me faire penfer que la matière faline qui fe &»rne
pendant la calcination de la terre calcaire , pro-r
dnit cette fufion au on peut confidérer comme.ua
commencement) de vitrification. :
i w.' \ ';,.■ . .-v :;.o • • . - :?.. ">
- ' - ■? Sur tes Sui fiances foR/tes* ".- **
1 Tout ce qôer nout avons dit fur la terre ; Cal-
caire/& fui foi cofiverfton en alkali fixe ^ doit:
faite çréfiimér qseikt^evse élémentaire ^àloécée-
par le. travail des animauk , & devenue càloake
enfin v ifeit\ fou* cette fpr me j.joaer', disait lai
bocatcàrexiDamenfe de la Natufe , un très grand
«ôle «khs tai for m rtiorcder matières falmes. Je
peiifemème q«p c^eft feulemfen* dans cet é tardai»
téraiion, que Pélémentyterceux peikt véritable*
ment BCMtnuter : avec : ies autres 'principes i mm
4inion detcompofieîon ùibnw.'ti penfe encdta
que, lorfquè cette terrfe entre dans ces fbnesxb
corabinaidbns ±; ellje fe dépouillé plus ou moins de
fes propriétés, calckires; & c'jeftdecçs différents,
états.' -fous: Wfquels relie iaritouve y que -'.-refait*
l'efoecede fbtquife produit. Nous, verrons, dans
le défci±Jô-nm.eïpaœ^
partie deffefer .& qoionierv fepaté en ksidécbm*
pofafet, eftabfolumentfeiubhiblepux teqres vi*
mâabie&iratraues : maticon^nkla reçue ille^pQti5«
dansiL'toiLoù edle étoi,t ,'J©r£qu elle faifoit parti*
dka£da^;^ai^eve>delaa{^parpref pat lesdUSt*
S»
*oe Cht«U«p4mmimtaii ,
fçntes opérations au on lui fait fubir pour la &»
j>arer des fels : on la réduit çufin aux çara$e;es
des terres vitrifiables.
Les anciens Chymiftes penfoient que les fels
Croient compofés d'eau & ae terre ; mais comme
ils prévoyoient que ces deux fubftances ne pou-
voient pa* former un compofé qui eue de la fa-
veur > Us admirent un troifieme principe qu'ils
pomtpereqt cjprit univcfci: ils croyoient <^ue les
différentes proportions de ce troiheme principe
formoient, ou un fel acide , ou un fel.alkali. Les
Chymiftes qui y ont eu recours pour la formation
de$ feU , ne nous ont donné, aucune idée nettp
fur la nature de ce prétendu efprit univerfel,
- * Staahi, Ôc tous les Chymiftes qui ont adopté fa
doûrine „ admettent avec lui la terre & l'eau
pqUE.feuta principes constitutifs de conte mar
%me faliqe. Sans vouloir contredire Staahl , ni
^eiiiabiles Chymiftes qui fmvenè fa dodrine,
hou* croyons Revoit Mous écarter de fa théorie
fur cet objet; nbnsrcro^oiis être frindiés fur tou-
tes ies nouvelles obfetvations que nous: ayons
f apportées for U chaux ^ & fur ce>q\ie t'eea»
*laps la Nature * ;n'eft jamais pacÊiiremeur pores
elle tient toujours une plus ou moins grand*
quantité de terre en;*Uânh*tion ,* ibiticalcure \
fpit vitnfiable : elle» na pas y pouç -cela, une far
veur falée , quoique &$u 8l ta terre foient pa**
faiçement unies. J^ai lertiarqhc isolement qo#
l'eau avoxt plus dé faveur Içnqu'eHe tient 4e la
lerre calcaire en.difTalaiiou j.inais.cetttiaveur
eft fade , plate & jamais faiée j tandis qu'au con-
traire, une petite quantité de matière faline,
Routée à l'eau , lui communique an&-iàt unefa-r
VÇUç TOanifeftemçuÉfçIée ? qui diffère eâenciel-
fement de celle qu&|*o{fctt une ûmjàc union cfa
B? HAIS O^ÏH >I, *<U
J'éau avec la terre ; ainfi onnô peut attribuer ce*
différence* à des proportions qu'on pourroit dire
ji'être point femblables, puijqu on peut faire dxf-
foudre dans de l>au de la terre calcaire jufqu au
point de faruratîon, fans que cette eau acquière
de faveur faiine, quoiqu'elle en fçù beaucesip
Chargé*
Ces observations Qc beaucoup d'autres que Je
pourvois ajouter y prouvent qu il entre néceifaîr
rement dans la. compoûcion des. fek , quelque
çhofe de plus que la terre & l'eau. On ne peut
fe difpenfer d admettre dans cette combinaison
l'air & le feu ; mais ce dernier élément s'y trouve *
*n même temps fous différentes fermes» fous celle
<Je phlogiftique^ous celle de feu prévue pur. Jl *
été prouvé par les expérience jqtref Mlrrâottte
fur la formation tle l'al&ali. fixe amfi ciel > <mi
jnefure qu'on ajoute du principe inflammable *
la terre calcaire ,. on pr<^u« «lui ^k^Hfixcw
J'ai fait obferver oue cette produ&ion n avoit pa$
lieu dans un degré dalkalicité aufli marque* lorf-
<jue l'on faifok calciner ces mélangea dans de*
.yaideaux clos» paceeque la matière pWogifttou^
lie peut fe réduire dans l'état propre à la comte*
jiaubn faline, fautç du concows d$£atr< Ceci
iuppofç, par coxtféquew, que le phtogiftique
qui entre dans la çompofitior\ des fels^^y eft dan;
je plus grand état de pureté , état qui ayoifine de
bien près celui de feu libre. Panq l'eau de ciiaux:*
le feu y eft ttoplibre Sç trop voifin de l'état de feu
abfolument pur. J'ai remarqué que dte l'eau de
chaux, gardée pUifieurs années dans des bou-
teilles de verre ♦ perdoit § au bout de oe temps ,
toute fa faveur , pareeque le feu , n'étant poKjt
Vecenu par quelques matières phlogBtiques > fe
diifipoit d'une manière infeu(ib& keaudçchau*
laifle depoferde la terre dans la même propor-
tion , fantf qu'elle fubifle d evaporation j mais û
Ton ajoute à de l'eau de chanx quelque peu d'ef-
frk de vin , ou toute autre matière inflammable
qui- puifle fe rrtèl^r avec elle , elle fert de bafe
pour mieux liifcer les parties de feu : feau de chaux
acquiert alors plus de faveur , & n'eft plus fujette
à cette efpeoe de décompofiriôn. Si a toutes ce?
expériences & à toutes ces obfecvations on ajoute
celles de M.- Haies * qui prouvent d'une manière
bien complétée , que l'air fait partie des fels (i) ,
fcn ne pourra disconvenir alors que les fels & les
fttbftances fatines font effentieii&itënt' compofés
^des quatre éléments , & que ces .éléments font
leàrs principe^c^riftitoànts , de iri&me qu'ils le
font dans Us corps organifés. Les différentes pro-«
ftiâtis de ce&corps viennenrde l'état des propor-
tions & des Modifications qufc le. feu prend lor£*
«qu'il entredans leurs combifiaifons. Les élément
ne fe combinent pas immédiatement pour foiv
mer les matières- falines -, ils fe réunifient fou*
ik'fottàk d^principcs feconàcire&v & ces prin-
cipes font fournis par la dçfttû&otï des corp0<#&
gani&s. "i i ^ç-jicj : \. z.. -à
' Lescoit>9orgatiïfés9 comftie4aife l'avons ictëj*
ait , font -lqs ftirifcà qiii la Nature adonné i'em^
v - r • . : ' \ t;,v-;--- — - — —
- (1) Voyez S&tlqtte des régéthttx\ifaT M: Haies, tra*
dttltc 4e l'adgioit pat M. de Buffet '. ;. ; : \ •
# le fel de tartre contient 114 fois fon. volume d'air J
J*geij9. v < . ' ...
Le. tartre crud , Ië tiers de feri poids » même page.
Le nitre , if 6 fois, fon volume, ibid. ;;
• Uo dèmi-pdac«^obiqac &t &i mtfrija , '64 pouces cubE*
ques d'air i page i$i, -.'
Deux pautxs,cubiques d'eau régale y 74 pouces cubiques
'Jair,pageî87., j. .
ic fucre , la dixième partie de fyn poids , çag; x }6S '
IT R A I 8 O * N i tt %6f
tdoi de combiner immédiatement les éléments.
De leur deftru&ion il refaite différents principe^
qui fervent à former une autre claffe de corps corn*
pofés : ces corps font , ou plus {impies-, ou plus
compofés , fuivant les circonftances. C'eft dans
la mer aue la Nature a établi fon principal labo-
ratoire des fels. Les teftacées , les polypiers ,* Ôcc*
forment cette immenfê quantité de pierres* cal-
caires. Il paraît que, c'eft fous cette forme , que
le principe terreux entre dans la plupart des com-
binaifons des corps non oreanifés. Les teftacées
ont la plus grande part à la formation des fub~
ftanceis falines primitives * Se fpécialement à celle
du fel marin & du/gypfe. En effet ,*cô*- ani-
maux contiennent tous les matériaux des fels 4
après avoir rempli leur tôle, ilspéruTent ySc lait
fen t à la Nature le foin de faire ufage de leurs dé-
pouilles. On me demandera: peut-être quels font
les. moyens que la Nature emploie pour former, par
la voie humide,dcs matières falines avec ces fortes
de corps organifés. Ces queftions ne fonrpas fa-
ciles à réfoudre $ }'en conviens : pour y parvenir
-d'une manière farisfaifante , il fau'droir, pour
ainfidire, prendre liNarcure fur le fait. Je vais
néanmoins expofer moînfehtiment fittf cette ma-
tière, d'autant plus que les expériences fur la
chaux m'ont mis à portée de découvrir un moyen
de former une madère fa|ine par la voie feche. H
eft à préfiwnef que larNrôfuaic ces mêmes com-
binaifons plus généralement avec le concours de
leaa, -qu'avec celoïdu feu. i -•
Lorfquon examine les fels en général, &les
coquilles des teftacées-* o»i trouve: qu'ils font,
les uns & les autres, compofés. des mêmes* fia b-
ftances, fi ce neft cependant que les fels réputés
purs ne contiennent point le principe inHamr.
••or f
s»
fttSUr
104 Chthii irpiamisTAXE
mable dans l'état huileux : les coquilles , an a*
«tire, font pourvues de matière combuibie
Îmi lécac hmW. L* feli renferment beauccs?
moins de rerr* ^<? & coqnillcz ; mais d 3*
Minr di/fci7e i /a tfarure de changer la contra-
000 decûsfubfanccs, te de les anir dam ré»,
j.-c/todre&dans les proportions qui Lear c*
nfnxjeflfi pour former des matières faûm
I^s lêfticées croiflènt & périîïenc dans Us»
l* Nature , par le mouvement des eaux, bnkt
jtduif en poudre impalpable beaucoup de o
I^Jfejdeces animaux, ôc met la rerre cakicea
£r d erre diffoute par l'eau. L'eau de la m
4&mt de même la matière inflammable, au
Alternent des corps dont nous parlons > mus i
«ms les corps orçanifes qui croiflent & penifc*
jins (on fi?m : elfe élabore a ion gré lantfflfff
jilhiiimjbjc > & la réduit dans leur codraubk
tonner différentes matières falines, Dec&fc
il refaite différents fels , fuivanr/fttfda
AUhnoes À: les proportions dans lefmîeBes c«
j^fcnvos le (ont combinées. Je penfe que I»
£Jc<v)nccrunr de l'acide vitriolique , & ceuicc
gttot de l'acide marin > fory les fek que
110 tondre le plus abondamment dans
gtÂrrt Pan & l'autre des fels primitifs,
Je conviens que ce fenrimenr , tour
m\! paroi t être , n eft pa* À /abri des a£
Jet impodïble d'en «tonner^la démon
ms paihquc je iW*f*rveni1 à produire
t Viline fw U *«* ieche, il eft à p
la Ntwce p***? ?UA ">«« but par
><** A*rt*f*lJdoiCctrepenniadeh
^iu«** fardes matières de ce geni
peu connues, & fur lesquelles c
^ dit de fausfaifaat. Ces queft
WV\ N-^^ «-te nef
^e/p H prononce
i04 ChYMIH EXphlMINTALf
mable dans l'état huileux : les coquilles „ an doit*
«aire» font pourvues de matière combuftiWe
dans 1 état huileux. Les Tels renferment beaucoup
moins de terre que les coquilles } mais il n'eft
point difficile a la Nature de changer la conftira-
tion de ces fobftances , & de les unir dans l'état ,
dans Tordra & dans les proportions qui leur con-
viennent » pour former des matières falincs.
Les teftacées croiffenc & périment dans la mer.
La Nature , par le mouvement des eaux , brife Se
réduit en poudre impalpable beaucoup de co*
quilles de ces animaux , & met la terre calcaire en
crac d'être diffoute par l'eau. L'eau de la mer
diflbut de même la matière inflammable , non
feulement des corps dont nous parlons , mais de
toa$ les. corps oroanifés qui croiflent & pendent
dans fou foin : elle élabore à fon gré la matière
inflammable , & la réduit dans l'état codvenable
pour former différentes matières falines. De cette
union il réfolte différents fols , fuivant l'état des
ibbftances & les proportions dans lefouelies cts
iUbftances fo font combinées. Je penle que les
fels contenant de l'acide vitriolique , & ceux con-
tenait <te l'acide marin » foty les fols que la Na-
ture forme le plus abondamment dans la mer;
sis font l'un & l'autre des fols primitifs.
Je conviens que ce fentiment , tout probable
3u*il paroît être » n'eft pas à l'abri des objections;
eft impoffible d'en donner la dénxxnftraoon ;
mais puifque je fuis parvenu à produire une ma-
tière faline par la voie feche , il eft à préfumer
que la Nature parvient au même but par la voie
humide* Au refte , il doit être permis de hafarder
des çonjeâuces for des madères de ce genre » qui
font fl peu connues y & for lefquelies on n'a en-
core rien dit de fotisfatfant. Ces queftions font
I T HAISOKNEti lOf
voir au moins que nos connoiflances (ont très
peu avancées fur ces différents objets»
Quoi qu'il en foie» il réfulte que les fels & lei
fubftances falines font eflenriellement compotes
des quatre éléments i mais il refte encore à con-
noître dans quelles proportions ces éléments en»
trenr dans les différents fels , de quelle manière11
ils y font arrangés , & dans quel état ils y font
combinés. La connoiffance de ces objets répan-»
droit beaucoup de lumière fur là différence qu'il
y a entre les fels acides & les fels alkalis qui iont
eflenriellement compofés des mêmes fubftances j
mais, la Chymie & la Phyfique ne font pas encore
âflw avancées pour rien prononcer fur cène ma-
tière.
Tout ce que les expériences indiquent , eft ,
i°. qu'il entre dans la composition de lalkali une
5 lus grande quantité de terre que dans les act-
es 3 pujfqu'on peut réduire les alkalis fous une
forme feche , & que cela eft impoffible pour les
acides : il eft même de leur effence de ne pouvoir
jamais paroître fous une forme feche, parcequ'iU
ne contiennent pas aflez de terre. On parvient
bien * à la vérité , par des opérations laborieuiès %
à les réduire fous une forme concrète ; mais ces
acides n'ont pas la même folidité que les alka-
lis , ils fe laiflent liquéfier i un degré de cha-
leur inférieur à celui de l'eau bouillante j ce qui
n'arrive pas aux alkalis , puifqu'ils ne peuvent
entrer en fufion qu'après avoir rougi. Toutes ces
propriétés indiquent que le principe aqueux eft
dominant dans tous les acides.
2°. La matière phlogiftique dans les fels al-
kalis fe trouve dans un état propre à être tranf-
mis > foit par la voie feche » foit par la voie hu-
mide > à la plupart des corps qu'on lui préfeute.
lôÉ Chimie ttpluttf EtfTÀt*
La matière phlogiftique des acides, au contraire i
ne peur être tranfmife avec la même facilité : les
acides s emparent avec avidité du principe inflam-
mable des toips fournis à lotir aâtion.
j°. Le phlogiftique d'âhS Talkali paroît erre
moins pur que celui qui fe trouve dans les acides :
ces fels alkalis font , pour cette raifon, plus fixes
au-feu , èc ils ont , en général ^ une a#ion mdîns
vive'fur les corps qui contiennent le principe in-
flammable. Nous dérriôntreroiis toutes ces pro-
pofitions avec la plus grande évidence * lorfque
iiousexaminerons tes propriétés des acides fur le9
matières métalliques & fur les huiles.
Suivant cette théorie , nous croyorts devoif
définir les fels fimples , des corps compofés qui
affeftent le fens du goût , qui font diflblubles
dans l'eau , fans lui communiquer de ta couleur *
& qui ontbeaucoupde difpofitiôn à.s'unir avec le
principe inflammable.
Tous les corps qui ont ces propriétés , font né-«
ceffàirement falés , ou les doivent aux fels qu'ils
contiennent.
Au moyen des fubftariCes que nou« reconnoif-
fons devoir entrer dans la compofirion des fels ,
il eft facile de déduitela éaufe de leur faveur. J'at-
tribue cette caufe au feu , mais en même temps à
l'état forts lequel cet élément fe trouve*
Le feu eft la feule fubftance qui ait de la faveur.
Les impreilions vives , cauftiques & même brû-
lantes que le feu libre fait fur l'organe du goût ,
font une preuve non équivoque de fa faveur par
excellence. Lorfque le feu eft combiné avec la
terre , & qu'il eft réduit fous la forme de phlo-
giftique , comme il l'eft dans le charbon-, il cefle
d'avoir de la faveur, quoiqu'il foit produit par
une fubftance qui çn avoit beaucoup auparavant ,
6 * nAisoKKie? ±6%
4teîlè, par exemple , qu'une huile eflentielle : ceb
prouve que les différents états fous lefqueis lé feu
le trouve dans les corps , font caufe que ces corps
ont plus ou moins de faveur. .
Si Ton connoiflbit bien l'état du feu dans les
différents corps , on pourroit les ranger les uns à
côté des autres , & former une férié de leurs fa-
veurs : on placeroit d'abord le charbon qui con-
tient beaucoup de feu , & qui na que peu ou point
de fayeur \ le feu peut fui vre le dernier terme de
la férié : il conviendroit de placer dans cet ordre
les acides minéraux immédiatement avant le feii
Ï>ur. Les acides minéraux contiennent eiïentiel-*
ement moins de feu dans l'état de phlogiftique,
Su'une huile douce : il fuit de là que c'eft. moins
e la quantité dé feu contenu dans les corps , quç
céfulte leur faveur , que de l'état fous lequel cet;
élément fe trouve.
Le feu pur eft donc le corps favoureux par ex-
cellence : il cefle d'avoir de la faveur,lorfquil n eft
combiné qu'avec le principe terreux j mais lorfi
Îu il eft dans un certain état de combinaîfon dans
acjuelle entre le principe aqueux* comme dans les
acides minéraux , l'eau tempère fon ta&ion jufqu a
un certain point : cette eau cependant lui laide
encore la liberté d'agir avec presque autant de
force que s'il étôit dans l'état de pureté. Ceft aux
propriétés du feu contenu dans les acides, que Ton
doit rapporter Taétion diffôlvante propre à ces
matières fàlines acides. ".-- • •* '
Les acides & les alkalis ont beaucoup d'a&ion
fur les fubftances. combuftibles : cette aâioh. eft
même comparable à celle! du feu.pur. Ces acides
affe-denc vivement i'orgarie du goût v mais moins
forcement cependant que/M &u;,' pareeque tpvt
aâion eft tempérée par l'eaU qui entré danUeuC
cotnpofition. La grande aâivité qu'ont les acide*
pour s'unir aux matières inflammables * nous
prouva que le feu n'eft bridé que rrès légèrement*
& feulement qu'autant qu'il eft néceuaire pouf
qu'il puifle être contenu fous cette foithe : en un
Un mot ^ le feu dans les acides eft très voifin de
Fétat de feu pur » puifqu'ils agiflent comme cet
élément dans bien des circonftahees : ils brûlent »
détniifent les corps , comme fait le feu pur : auffi
remarque -t-on que les fels qui contiennent le
feu dans cet état de pureté , font ceux qui ont le
plus de faveur.
Il y a d'autres matières falines , au contraire #
où le feu eft tellement bridé par des fubftances
qui n'ont point de faveur , qu'on a même de la
peine à reconnoître leurs propriétés falines : ce
îbnt les fels dans lefquels la terte entre en rrès
grande quantité. Comme le principe terreux n'a
E>int de faveur , il diminue les propriétés de9 .
b, telles que leur faveur & leur diflblubilité
dans l'eau. Les fels de ce genre font les argilles ,
les félénites calcaires , beaucoup de fels huileu*
qu'on retire des végétaux , dans lefquels le feu eft
tellement combine , foit par des huiles douces ,
fbitpar de la terre , que ces fels manquent > pour
ainfi dire , de propriétés falines ; ce qui a même
fait douter de leur état falin,
Diftin&ions des S ubjlanccs falines*
Les matières falines qui ont le plus de falure j
font celles qui contiennent le feu combiné dans
le plus grand état de (implicite j elles devien-
nent , entre les mains des Chymiftes * des agents
6c des inftruments puiflants pour opérer une infi-
nité de compositions & de décompositions ic'eft
fil* 09% fels que roulent la plupart des grand*
phénomènes
t T ft A t S O K N li. i<*0
Mienomenes chymîques , parcequ'Us font capa->
blés de former avec les autres corps des combinai-'
fons falines à l'infini.
Encre les matières falines que nous allons exa->
miner , nous en diftinguerons de deux efpeces
principales ; favoir , Tune qui eft acide , & l'autre
qui eu alkaline. Cette diftin&ion eft fondée fui?
ce que ces deux efpeces de fubftances falines difFe*
rent l'une de l'autre par des propriétés générales
qui font même oppofées entre elles. C'eft pour-
Îuoiit eft bien erfentiel de ne point confondre ces
eux efpeces de fubftances falines.
Les corps, des trois règnes fourriifîent uhe fub-î
Itance faline acide j ce qui doit faire d'abord préJ
fumer qu'il y en a de plufîéurs efpeces. Il exiftef
en effet bien des fortes d'acides} mais, comme
ils ne font pas tous également fimples , & qu'ils
n'ont pas les propriétés falines au même degré *
nous nen examinerons d'abord qu'un fort petit
nombre i nous reconnoîtrons les propriétés des au-
tres acides à mefure que l'occafion s'enpréfentera*
Nous différerons fur-tout de parler des acides que
fournit le règne animal , parcequ ils ne font pas
aflez'pùrs pour être mis en jeu quant à préfent.
Les matières falines acides , dont il fêta ici
queftion > font Y acide vitrioîiquc> Y acide nitreux j
1 acide marin & le vinaigre*
On défigne ordinairement les trois premiers
fous le nom générique à! acides minéraux ^ paree-
que l'on pente qu'ils appartiennent tous au règne
minéral. Ce font les feuls de cette éfpece que Fou
connoifle quant à préfent : le quatrième appartient
AU règne végétaL
Tous ces acides fe reffemblerit par im certain!
nombre de propriétés qui leur font communes ,
. comme d'être le plus ordinairement fous une
Tome I. O
HO ChYMIE EXPÉRIMENTAL!
forme liquide j ce qui les a fait^ nommer acides
fluors oixjels fluors ; d'avoir la même faveur , qui
eft aigre.* piquante & même agréable , lorfqu'ils
font affoiblis par une fuffifante quantité d'eau ;
d'agacer les dents 5, de rougir les couleurs bleues
des végétaux j de diflbudreles pierres Se terres cal-
caire: avec effervefeence j de fe combiner avec
les alkalis j de diflbudre les matières métalli-
ques, &c.
Telles font les propriétés générales par lef-
quelies les acides fe reflêmbient ; mais ils diffé-
rent tous les uns des autres par des propriétés par-
ticulières à chaque efpece d'acide , comme le dé-
tail des expériences nous le fera voir.
La fubftance faline-alkaline eft pareillement
fournie par les corps des trois règnes j ce qui nous
oblige a en diftinguer de trois efpeces ; favoir ,
Yalkali minéral qu'on nomme aufli olkali marin
& olkali de la foude > Yalkali végétal , & YaïkaTi
animal.
Ces trois matières falines fe reflêmbient par
piufieurs propriétés qui leur font communes ,
telles que celles d'avoir une faveur acre , caufti-
que, brûlante, & de développer dans la bouche
une faveur urineufe ; de verdir les couleurs bleues
des végétaux j de ne pouvoir s'unir aux terres cal-
caires par la voie humide , mais de fe combiner
avec les acides jufqu'au point de faturation, avec
chaleur & effervefeence, &c.
Telles font les propriétés générales par lef-
quellesles alkalis différent des acides.
Et telles font aufli les propriétés générales par
lefquelles les alkalis fe reflêmbient.
Mais ces mêmes manières falines différent entre
elles , non feulement par un grand nombre de
propriétés chymiques , mais encore par l'état fous
1 T K A t S O t) X i S. 1U
lequel on a coutume de. les voir ordinairement»
L'alkali marin eft fous une forme concrète & cryf-
xalline : il n'attire point l'humidité de Tait ûl perd
au contraire fon eau de cryftallifation* L'alkali
végétal y quoique pouvant être auffi fous une
forme concrète , ne peut point fe cryftallifer': il
eft délicraefcent, fe charge de l'humidité de' l'air >
6c fefélout en liqueur : ces deux alkalis font fans
>©deur j ils réfiftent tous les deux Jufqu'à un certain
point , à l'a&on du feu > fans le diflipeî : on les
nomme, à caufè de cela , alkalis fixes. ...*;:
L'alkaii animal eft fufceptible defe cryftallifer j
mais il diffère des deux autres , en ce' qu'il a tm*
odeur vive, piquante, pénétrante : its'éviapore
&c fe diffipe lorfqu'il eft expofé à l'air , -fans qu'il
air befoin du fecours d'aucune chaleur étrangère*
G'eft cette dernière propriété qui lui a fait donner
, le nom d'aliali volatil.
Ces trois matières falinês-alkalines font les
feules connues Jufqu'à-préfent.
Telles font les propriétés les plus générales des.
matières falines , acides & alkalines que nous al-
lons examiner. Les acides ont une fi grande dif-
pofition pour s'unir avec tous les corps qu'ils ren-
contrent , qu'on ne les trouve jamais purs dans
la Nature : on ne peut les obtenir que par l'ana-
lyse des matériaux qui les contiennent. Nous fup-
poferons ces analyfes faites } & nous les examine-
rons dans leur plus grand état de pureté , comme
fi la Nature les fourniflbit ainfî. Il en eftf à-peu-
près de même des alkalis : on rencontre rarement
ces fels dans leur état de pureté , lorfqu'oft en
trouve , c'eft toujours en petite quantité. Nous in-«
diquerons , lorfqu'il en fera temps, les moyens de
les obtenir desfubftances qui les contiennent*
- -ou
tll CHYttîB EXPERIMENTAL!
Surf acide vitriolique aujfî nommé Acide univerfek
On a donné le nom d'acide univerfçl à l'acide
Vitriolique , parcequ on penfe qu'il eft le plus
univerfellepient répandu dans la Nature, & qu'il
eft.U plus fort & le plus a&if des acides & de
toute matière falinç : il poflede en effet les pro-
priétés falines dans le degré le plus émineiir.
Staahl. regardoit l'acide vitriolique comme une
forte d'élément falé., & duquel toutes les marie*
res falines tiennent ce qu'elles ont de falinril
totrie.tnème dans piufieurs endroits de &s ouvra-
ges d,e \fL tranfmutatiQri des autres acides en acide
vitriolique ; mais , comme il n'a rien dit fur les
moyens de produire ces chailgen^ents , & que,
depuis lui, perfonne.ny eft parvenu', «ous re-
farderons, cette idée fimplement comme pro-
able. _ . .
Je iPÊ crois fuffifammerit fondé a penfer autre-
ment que Staahl fur cette.matière. Je penfe qu'il
exifte dans la Najture un certain nombre de ma-
tières Salines primitives qui tiennent leur felure
d!elles-mêmes , fans que l'acide, vitriolique y ait
jamais concouru pour la moindre chofe* .Ces ûib-
ftances font l'acide yitrioliique , l'acidp marin,
Îçut-^tte l'acide nitreùx, laikali marin , &Tai-
:ali végétal. Je vais déduire les ràifons qui me
déterminent à penfer autrement que Staahl fui
cet oj>jçt,
* Les, matières falines , comme nous venons de
le dite * (ont beaucoup plus compofées qu'on ne
l'avoir pe'nfc' jufqu à prélent. 11 n'eft ni difficile ni
laborieux à la Nature $çn tompofer de plu/ïeurs
efpeces en môme temps. En vain m'allégueroit-
09 qu'on trouve dans l'intérieur de la terre, des
jpaues énormes d'acide vitriolique ; ççeune
* T RAISONNÉ E, %lf
<lens le foufre , dans les vitriols , dans les aluns»
dans les pyrites , dans les argilles , dans les gyp-
fes ou pierres à plâtre , &c. on me dira même
Îjue cet acide eft reconnu pour être le plus puif-
ant : enfin , me dirait-on encore , on a conti-
nuellement fous les yeux les changements qu'il
éprouve par les matières putréfiantes qui le con-
vertirent en acide nitreux. Nous examinerons
cette dernière propolition en parlant de l'origine
idu nitrè.
Cette obje&ion eft fpécïeufe , mais il eft facile
d'y répondre. Le fel marin exifte tout formé dans
la Nature , tant dans l'intérieur de la mer , que
dans l'intérieur de la partie feche du globe , en
jnafles très confidérables. Peut-être que s'il étoit
poffible de calculer les quantités de part & d'au-
tre , on trouverait que les différentes combinai-
fons qui contiennent l'acide marin r l'emporte-
raient de beaucoup fur celles de l'acide vitrioli-
que : c'eft ce qui me fait penfer que Pacide maria
ou le fel marin ne doit ni fa falure ni fa formation
à Pacide vkrioliqae j qu'il eft primitif, indépen-
dant & absolument formé fans le concours de cet
acide : s'il étoitrfbrmé par le concours de l'acide
vitriolique , on trouverait des produits fous dif-
férents états qui feraient intermédiaires entre
l'acide vitriolique & l'acide marin y ce que l'oa
n'a point encore obfervé j du moins les Chvmiftes
& les Naturaliftes ne font nulle mention ; d* Sem-
blables fubftances trouvées dans la- Nature. Je
penfe que Pacide vitriolique eft formé dans la.
mer > comme Pacide marin ? ils font l'un & l'autre
çompofôs de principes que la mer fépare des corps
organifés qui périflent dansfonieiiK
Je crois , avec lés meilleurs Chymiftes* que
ïaclde vitaolique peut eurrer dans beaucoup de
* Oii|
H4 Chymie expérimentale
combinàifons , & qu'en y entrant, il peut fubir
des changements & des altérations considérables.
Peut-être eft-il poflibie qu'avec des çirconftances
favorables il fe change en acide nitreux. 11 peut
très bien fe faire que l'acide vitriolique foit le
principe falin des matières falines des corps orga-
nifés. L'art peut enfuite analyfer ces fubftances
falines , les réduire à un plus grand degré de (im-
plicite , & les ramener au car a&ere de l'acide vi-
triolique , & reproduire même un véritable acide
ritriohque.
Tout cela ne détruit rien de mon fentiment.
Quand même on parviendtoit à tranfmuer tous
les acides en acide vitriolique , on ne démontre-
roit pas encore qu? ce dernier acide feroit leur
élément falin : on prouveroit feulement que tous
les acides font des corps très compofés , comme
je l'ai dit, Se que ceux qui le font davantage t
peuvent être réduits à un plus grand degré de hnv
plkité i il réfulteroit de tout ceci que l'acide vi-
triolique feroit le plus fimple des acides , mais
lion k feule matière faline primitive ou l'élément
falin. On doit même regarder comme un prin-
cipe général , que plus un corp&eft compofe , & -
que les principes font moins bien combinés , plus
ce corps eft fuiceptible de recevoir des altérations
de la part de l'art , & 4/e devenir fimple de plus
en plus. C eft là vraifemblablement ce qui adonne
lieu à Scaahlde penfer qu'il n'y avoit qu'une feule
efpece de matière faline , pareeque , dans certai-
nes opérations > il a cru avoir opéré ces change-»
mènes.
Mais* quand même ort parviendrait à tranf-
muer les acides les uns dans les autres , cela ne
prouveroit pas davantage que l'acide vitriolique
eft l'élément de toute matière faline j car il fan-
1T RAI S OKN.il. 115
droit enfuite faire la même démonftration à l'é-
v eard de i'alkali minéral & de l'alkali végétal , &
les tranfmuer en acide vitriolique. S'il étoic pof-
fible qu'on pût parvenir à opérer ces change-
ments, on ne prouveroit encore rien en faveur
de l'élément falin , pareeque prefque tout le fel
marin que produit la Nature eft à bafe d'alkali
minéral : il refteroit encore à démontrer que cette
matière faline a été produite par le concours dç
l'acide vitriolique.
Propriétés de l'dcide vitriolique.
L'acide vitriolique eft ainfi nommé pareequ'on
le retiroit autrefois d'un fel métallique qu'on
nomme vitriol de Mars*
L'acide vitriolique eft une fubftance faline,
prefque toujours liquide. On peut néanmoins fe
le procurer fous une forme concrète : nous en
parlerons par la fuite.
Lorfqu il eft pur & bien concentré , il porte les
noms d! * acide vitriolique concentré j ou d'acide vU
trioliqué'reciifié j & improprement celui d'huile
de vitriol concentré.
Il eft le pifs {aie & le plus puiflant de tous les
acides.
Lorfqu'il eft parfaitement pur , il eft fans cou-
leur 8c fans odeur.
Il a une faveur violemment aigre & acide , qui
agace fortement les dents. Si Ton en mettoit iur
la langue dans l'état de pureté où nous le fuppo-
fons , il occafionneroit une douleur comparable
à celle que produiroit un fer rouge : il corrode &
détruit les matières combuftibles , comme le feu ,
en les réduifant dans l'état d'un véritable char-
bon.
Oiv
%l6 ÇhVMIB ËXrl'HîMÉHTAl*
Il a une pefanteut moyenne entre celle de Teaif
fie celle de la terre. Une bouteille qui tient huir
gros d'eau , contient feize gros de cet acide > &
quelquefois dix-fept gros. *^
Il a moins de fluidité que l'eau : il file même
comme de l'huile , ou à-peu-près : il paroi t gras,
lorfqu'on le touche entre les doigts ; ce font ces
deux dernières propriétés qui lui ont fait donner
par les anciens Chymiftes le nom S huile de vitriol;
jnais ce nom eft fort impropre. Cet acide n'eft ni
jgras ni inflammable ; fa çonfïftance huileufe lui
vient de' fon degré de concentration \ & i'onéluo^
fité qu'il manifefte au toucher , eft produite par
l'a&ion diflolvante qu'il exerce fi^r les doigts Sç
fur toutes les matières animales qu'il touche.
11 rougit les couleurs bleues des végétaux ; nous
ferons connoître fes autres propriétés à ipefprç
que l'oçcafion s'en préfëntçra.
£ç\de yitriolïaue ayeç le feu.
Jufqu'à préfent on ne connoît point de combi*
jiaifon formée immédiatement de l'union de Fa-
çide vitrioliaue avec lç feu pur. Cet acidç en eft
tellement faturé , qu'on ignore les moyens de lui
pn introduire davantage. Nous verrons qu'il a la
plus grande difpofition pour s'unir au pnlogifti-r
que , 3c qu'il préfente avec cette fubftance de*
effets bien dignes dç remarque : nous allons d a-
tord examiner les effets du feu pur appliqué 4
cette fubftance faline , nous reconhoîtronç eniuitç
fçs propriétés avec le fçù combiné.
- L'acide vitrioliqiie aune fixité au feu beaucoup
pluç grande que l'eau; c'eft-à dire qu'il eft en étaç
*4e fupporter un degré de chaleur très confidéra-i
biç »y»»ç 4ç ie f&toen valeurs, ^ chabot
2
ÏT RAISONNÉ S.4 117
[u*îi peut fupporter dans les vaifleaux clos , avant
e s'élever , va prefque jufqu à l'incandefcence j
mais il eft dangereux de le chauffer à ce point,
pour les raifons que nous dirons dans un inftant.
Si néanmoins on lui applique ce degré de chaleur,
il diftiUe en fubftance , fans fournir d'altération
lenfible. Cependant, toutes les fois qu'on fournée
à la diftillatiori de l'acide vitriolîque très pur , il
prend une légère couleur ambrée dès les premiers
degrés de chaleur ; ce qui diftille a une odeur d'a-
cide fulfureux volatil : mais en continuant de le
chauffer ainfî dans des vaifTeaux clos , il redevient
blanc , &, dans cet état, il ne fournit plus d'acide
fulfureux , a moins qu'il n'ait £té tranfvafé d'un
vaifTeau dans un autre j ce qui le foumet pour un
inftant au contadt de l'air. On pourroit attribue]:
l'effet dont nous venons de parler , à quelque lé->
§ere pouffiere cjue l'acide vitriolique prendroit
ans l'air ; mais il eft trop fulfureux pour croire
que la poufliere qu'il peut prendre , k>it la feule
caufe Je cette odeur : d'ailleurs la même chofe
arrive lorfqu on le tranfyafe dans un lieu où l'air
eft très fec , trçs pur, & ou il ne jegne point de
pouffiere.
Je penf^qu indépendamment^ 4e la pouffiere
dont il peut s'emparer dans cette occafion , l'air
contribue lui-même à cette forte d'altération. L'a-
cide vitriolique en abforbç un pe,u .toute? les fpis
3u*il en eft touche , ce qui dérange quelque chofe
e fa combinaifon , & lui procure enfuite le'
moyen de fe décompofer en partie , .& de pto-r
duire la petite quantité d'acide fhlfireux cju'on.
obtient. Je penfe même que fi I on-faifbit digérer
au feu de fable a une doiice chaleur pendant
auelque temps, de l'acide l vitriolique très pur
dans un marras dont te col feroii urc à U lampe
11$ ChYMIE SXPiRIUBlITALB
d'Emailleur , pour ne lui conferver qu'une ou-
verture très capillaire, cet acide fe décompo-
feroit entièrement , & au il ne refteroit que de
l'eau & de la terre. La force , l'a&ivité & la fa-
lure de cet acide lui viennent de la grande quan-
tité de feu qu'il contient , & qui eft très voifin
de l'état de feu pur : une chaleur lente » mais long-
1 temps continuée , le décompoferoit & lui feroit
perdre ou tout ou feulement une partie de ce feu
doù dépendent toutes fes propriétés falines.
Acide vitriolique expofeà tairm
L'acide vitriolique a une fi grande difpofition
pour s'unir à l'eau , qu'il fe charge avec une forte
a avidité de celle qui eft répandue dans l'air*
Après avoir mis dans un vafe de verre plat &
évafe deux gros d'acide vitriolique bien concentré»
j'ai remarqué que , dans l'efpace de cinq jours ,
cette quantité s'eft trouvé pefer une once cin-
quante-quatre grains , ce qui fait fix gros cin-
quante-quatre grains d'augmentation : elle pro-
! *ient de J'humidité de l'air dont cet acide s'eft
i chargé , au lieu de s'évaporer comme l'eau.
Acide vitriolique avec de Fettu.
Efprit de vitriol.
L'acide vitriolique s'uni t à l'eau avec rapidité ,
chaleur & bouillonnement.
On choifit un matras de verre mince ou une
fiole a médecine : on met dedans quatre onces
d'acide vitriolique bien concentré : on verfepar-
deflus quatre onces d'eau pure ; il s'exite auffi-tôt
un bruit , un bouillonnement & une chaleur égale
i celle de leau bouillante y&c il s'élève des vapeurs
BT RAISeNNU XI J
qui ont une légère odeur particulière ;. mais cène
odeur n'eft point celle de l'acide fulfureux. Ces
phénomènes font voir la grande affinité qu'a cet
acide avec le principe aqueux. La chaleur qui fe
I>roduit , vient du frottement qui s'excite entre
es molécules primitives intégrantes des deux li-
queurs qui fe pénètrent mutuellement.
^ Lorfqu'on fait ce mélange , il convient de te-
nir le matras ou la fiole au- de (Tus d'une terrine de
grès , parcequ'il arrive quelquefois que le vaif-
ieau cafle , iur-rout lorique l'air eft froid. J'ai
remarqué que la chaleur eft plus confidérabie
lorfqu'on verfe l'acide fur l'eau , que lorfqu'on
fait le contraire. La liqueur qui réfulte de ce mé-
lange porte le nom d'efpru de vitriol & $ acide, vi-
triolique affoibli* Mais, comme il feroit encore
trop fort pour la plupart des uf&ges .où l'on a be-
soin d'acide vitriolique foible, on mêle ordinaire*
ment cet acide concentré avec trois parties d'eau ,
pour produire ce que l'on nomme communément
efprit de vitriol.
Acide vitriolique & Glace.
Deux gros d'acide vitriolique concentré , &
demi-once de glace pilée , ont fait monter fur-
ie-champ, de trente degrés, la liqueur d'un ther-
momètre de Réaumur , comme par fecoufle. La
liqueur eft defeendue , un inftant après, au terme
de la congélation , & s'eft élevée enfuite à fix
degrés au-defliis. La température du lieuétoità
fept degrés au-deflus du terme de la congélation *
ainfî que dans les expériences fuivantes.
Un gros du même acide vitriolique , & demi-
once de glace pilée , ont fait monter la liqueur
du thermomètre , par une fecoufle., à dix degrés
*ia Chymte ex^ériMektali
«î^deffus de fa- température. Après ce ptemier
effet) die a,defcendu à douze degrés au-defibus
du terme de la glace. .
Un gros du niême acide , te une once de glace
pilée , ont de même fait monter la liqueur du
thermomètre à dix degrés au-detfiis de fa tempéra-
ture \ &c elle eft defcendue, un inftant après ^ à dix
degrés au-deflbus du terme de la glace.
L'acide vitriolique occafionne fur-le-champ la
f ufion d'une partie de la glace : il s'échauffe da-
fcord avec l'eau qui en provient ; il s'afFoiblit par
conféquent j & ce n'eft que dans cet état , qu'il
Îrcoduit du froid avec la glace reftante. Je m'en
uis atfiuépar l'expérience fuivante*
Deux gros d'efprit de vitriol, verfés fur une
demi-once de glace piiée , ont fait bailler très
prômptement la liqueur du même thermomètre,
ce douze degrés au-defïbus de fa température >
lans qu'il fefoit auparavant produit de la cha-
leur.
Acide vitriolique avec de la terre i/itrifiablê.
L'acide vitriolique concentré, ou non con-
centré , n'a aucune aétion fur les terres vitrifiables
jpures , même lorfqu elles font réduites en pou*
•dre impalpable par des moyens méchaniques x
parcequ'ils font infuffifants pour divifer aflfea
cette terre , pour qu'elle paille être attaquée par
cet acide.
J'ai fait bouillir quatre onces d*açide vitrioli-
3ue très concentré , avec quatre gros de fable ré-
uit en poudra impalpable fur un porphyre. J'ai
fair digérer ce mélange pendant plus de quinze
jours lans plus de fuccès. J'ai répété cette expé-
rience avec du morne acide affaibli, qui ne m'a
$âs mieux réuflî. Au bout d'un long efpace de
temps de digeftion , j'ai féparé le fable » : &: j'en ai
retrouvé le même poids que javois employée J'ai
examiné enfuite les acides, de l'une. & de l'autre
expérience ; ils ne tenoifent point de fable en. dif*
fblurion.
Enfin , j'ai fournis à la diftillation quatre oncet
du même acide vitriolique concentre t,i avec une
once de fable broyé fur un jparpfyref :, l'acide a
paiïe dans la diftillation > le table tiflj tp&é dains 1*
cornue en poudre feche & friable , mais de la plus,
grande blancheur J'ai teveric fur tefabléde la
cornue , l'acide quiavokpaflé , & j'ai procédé de
nouveau à une féconde diftillation. j ai pouffé,
far la^m., le £ea allez :fbii pour ramc^Kr unt feu
le eut de la cornue : l'acide a difb^jcrôfraîrj*
première fois ; ld fable ^toiDtcci; log^rfimemaA-
glutiné , parfaiterqentlbkuic, ayàrit>rptenUiune trâs
©erim<.quântité d acidp x-û étoit augmenté de dixr
nuit grains de foaipaids. J'attribue çetjet aug^-
méntarionàun peu déterre fiaunnb» par oiruei pe-
tite portion de L'acide quLaura:éx£dçcoîhpof(É
pendant ces deux ditëiUaao*s« ;Ge!faW{, lavé
enfuite dans de l'eau, lui comm&tàquojtw*eil£-
igere faveur» dddule^:&^Gette'eaa\*CfittgUfoîï h
céintiire dutoutfnefol; ,.'-:•: ; .fi-oiiaiv o;i;::..'I
11 refaite de ces expériences que lai itecrwitrir»
"fiibteeft abfolument inattaquable pdri^t acide;
-& Pori en fen tira miôufc ries raiforte; dans :\màs*h>
-tant: elle ne contient ni *ifo .$ pi auront matière
•cotnbuftibie ; qui foqck&Tubftances p&lelqa<eg
facîdeviaiotiqueouxaqiiedesicprps. Geteœw
«ft trop pure pour être difloutfe immédiatfntyeitt
par œr acide : elle ne mitf/e:diffattdre?qu£<&rf-
*jo!elle.eïb . réduite i£ les nwlëculësrprimirtvw**
jw{égrao€es , ou à peu psès *, & cîeft kytfÀzil <$
1
riX ChYMII -EXPÉRIMENTALE
irapoflible de parvenir par des moyens purement
mechaniques : il faut avoir recours à des moyens
chymiquesy qui divifenr les corps bien plus effi- /
cacemient. Cependant on trouve dans la Nature
cette combinaison toute faite, & en très grande
quantité : c'eftdans les argilles. Mais la Nature
le fait-elle d'une manière idireâe? Ceft ce qu'il
eft difficile- de croire. Nous examinerons cette
queftion , lorfque nous parlerons des effets de
l'àir fdr le gypie.
Acidcvitrioliquc rectifié, & Acide vitrioliquc
; . . concentré. »
La rééducation de Paeide vitriolîqne a pour
objet dedebarrafler celui qui eft déjà concentré >
des marieres inflammables qui lui communiquent
de la couieuty c eft i quoi l'on parvient en faifant
paffer» un. pep de liqueur par* la diftillarioit t h
matière qut colore cet acidefe. détruit.
- La concentration confifte iféparer par la dit
tîllarion, Veau Surabondante à ce même acide , &
de rapprocher fes parties ialines fous le plus petit
volume poffible. • j ' ,
.- Par cette dernière opération , on redifie aufli
l'acide vitriolique ; mais il ne fe débarrafle des
matières inflammables 9 qu'après qu on a fait
pafler par la diftillatton une certaine quantité
•d'eau stantqu'îl eft font aqueux, il agit faiblement
fut cerfiibftances; auffi ces deux opérations fe font*
«Mes en mêrpe temps. Lorfique l'acide qu'on em-
ploie eft aqueux , il commence par fe concentrer»
*& il fe reâifie enfuite.
- On met dans une cornue de verre la quantité
«que l'on veut d'acide vitriolique qui a befoin d'être
concentré de reâifié /ayant foin de ne la remplir
BT RAISONNE t. il J
qu'environ aux trois quarts , ou jufqu'à deux pou-
ces au-deflous de Ta courbure. On place le vaif-
feau dans un bain de fable d'un fourneau , de
manière que la chaleur puifle circuler lib^ment
tout autour, à l'exception du côté par où patte le
col de la cornue , qu'on lute très exaâement
avec de la terre à four détrempée' avec de Peau,
afin d'empêcher la communication de la flamme
du charbon avec le col de la cornue. On adapte
i la cornue un ballon percé d'un petit trou qu'on
bouche avec un peu de cire ramollie entre les
doigts.' On lute les jointures des vaifteaux avec
des bandes de papier enduites de colle de farine
ou d'amidon. Alors on procède à la diftillation.
par un feu de quelques charbons ardents pour
échauffer la cornue doucement : on l'augmente
par degré , jufqu'à ce que la liqueur commence i
diftiller, & que la voûte de la cornue s'échauffe
au peint de n'y pouvoir tenir la main , qu'avec
peine , fans être incommodé pat h chaleur : ou
entretient le feu à ce degré pendant tout le ternes
de l'opération , en obfervant cependant qu'on
peut mener la diftillation , fur-tout dans le com-
mencement , de manière qu'on puifFe compter
dix à douze fécondes entre les gouttes qui dif-
tillent j mais iorfque l'acide a acquis beaucoup
de concentration , il feroit imprudent de cori-
* duire la diftillation aufli vîte : il faut qu'on puifte
compter trente ou quarante fécondes entrç lés
gouttes oui tombent dans le ballon, fans quoi on
courroit les rifques de mettre l'acide en ébulli-
tion ; ce qui ne manque pas de faire cafter la cor-
nue à la voûte s à caufe du contrafte de la cha-
leur de cet acide qui mouille les parois intérieures
du vaifleau, & de l'air frais qui repofe fur la voûte
& fur le col de la cornue.
£*4 ChYMIE ÎXPIrxAcEKTà£*
Si l'acide qu'on a employé eft fort aqueux , U
liqueur diftille facilement dafts. les commence-
ments^ mais elle eft plus difficile à paffer , à me-
fure que l'acide de la cornue fe concentre, il
prena de U copiçur qui augmente ppu à peu &
a proportion qu'il étoit chargé de matière inflam-
mable. Lorfque l'acide a acquis cette couleur , il
.'agit fur la iuBftance inflammable j ce qu'il ne
pou voit faire avant qu'il fût moins concentré. U
^ élevé alors des vapeurs blanches, un peuélaf-
tiques , qui ont une odeuf de foufte brûlant. Oii
débouche; ijje temps en temps ie petit trou du
ballon , pour faciliter la £brtie d'une partie de ces
Vapeurs & leur condensation , &' par4à prévenir
la rupture des vaiffeaux. A mefure que les va-
.peurs diminuent, l'acide 4e la cornue perd dp
•la couleur j & aulîî-tôt.que cet acide eft devenu
Ërfaitement bUiiq , il ne s'élève plus de vapeurs*
l cefTatiôn des vapeurs indique que l'acide ne
[contient plus de matière inflammable , & qu'il
*<eft autant, concentre qu'on en a befoin. On laitfe
Refroidir les yaiffeaux: on délute.le ballon : on
eu fubftitue un . aime à fa place, . qu'on lute de
.même : onceffe le feu: la chaleuç qui refte dans
jle fourneau eft fuftifante pour Uji faire perdre un
, jefte d'odeur d'acide fulfureux qu'il peut encore
.avoir. Si Toii-ne-changeoit pc^ntde ballon , il
. conierveroit uu peu de pet;tç ocfcur qui iuiferoit
#,çommpniqué^, par U liqueur qui a diftille.
r: Loijfque la xprnuc eft entièrement refroidie ,
jon délute le Tbal Ion : on l'enlevé, de JTon bain de
_ fable : on.verfç p^r inclination ce qureUe contient
. dans un flacon de cryftal , bouché auflj de cryft^i *
& ufé avec de Témeri. On. trouve quelquefois
. au fond de la cornue un peu de tertç blanche x
cela dépend d$ 1 efat où éçoit Tacidei ivani l'opé-
ration. Là
ET K A I 5 O N N h. lij
î-a liqueur féparée de la cornue fe nomme
étude vitriolique concentré ou reQiJiéj khi huile >d<
vitriol concentrée ou rc3\fiée*
La liqueur qui a diftillé dans le premier bal-»'
Ion j fe mer à parc : c'eft de V acide vitriolique-
fulfureux volatiL
S'il a paffé un peu d'acide dans le fécond bal-
lon , on le met de même à parc , comme moins
concentré que celui de la cornue : il peut fervir
cm même uiage que l'acide vitriolique affoiblL
Lorfque l'acide qu on emploie dans une fettt->
blable opération , eft fort aqueux , on peut > après
qu'on a échauffé les vaiffeaux fuffifammetkt , ang*
menter le feu affez pour Faire bouillir la liqueur %
mais doucement j ce qui accélère l'opération faiis
danger. Il arrive fôuvent qu'il fe forme un dépôt
terreux , dès qu'il y a une certaine quantité de
liqueur de diftillée : <te dépôt occafionne des fotu»
brefauts & des jets de liqueur. Lorfquè cet itt*
convénient arrive 9 il faut cefler la diftillâtiott »
laitier refroidir les vaiffeaux» vuider la cornue ,
& fép^rer,par décantation.» ce dépôt terreux >
fans quoi la cornue feroic en danger de caffet
pendant l'opération. Lorfque toutes ces opéra*,
tions font faites , on remet de nouveau l'acide
en diilillation > & on procède comme nous l'a-
vons dit.
On retiré d'autant plus de liqueur. pat cette
diftillation» que l'acide qu'on a employé éroit-
aqueux. Il palfe , avec l'eau , une certaine quan-
tité d'acide qui s'élève Avec elle : lorfque l'acide,
qu'on a employé étoif lui-même déjà très cOtt-.
cemré , il diftillé fort peu de UqUçut $ mais cette
Zens* 1. P
zi6 Chymib expérimentale
liqueur eft toujours acide , parceque le peu <Fea*
2 ai pafle entraîne avec elle un peu de cet acide.
)n remarque aufïi dans cette dernière opération
que l'acide de la cornue n'eft guère plus concen-
tré qu'il ne l'étoit auparavant : il ne fait que per-
dre fa couleur.
Lorfque l'acide eft parvenu à un certain point
de concentration , il agit d'une manière dire&e
fur la matière inflammable; 'ce qu'il ne pouvoir
faire lorfqu'il étoit fort aqueux : il s'unit avec
elle : il la réduit dans un état charbonneux. La
matière inflammable , de fon côté, en s'unifTant
à une portion de l'acide , le rend plus volatil :
c eft cette union qui s'annonce fous la forme de
vapeurs blanches , & qui produit l'acide fulfu-
reux volatil qui diftiile pendant l'opération , &
que je regarde comme un foufre ébauché.
Lorfque l'acide vitriolique eft chargé de beau-
coup de matière inflammable , j'ai remarqué qu'il
s'élève quelquefois , pendant la diftillatiôn , un
peu de matière fuligineufe légère , femblable à
du noir de fumée , qui s'attache au col de la cor-
nue : il pafle aufli de cette matière dans le ballon ;
mais elle ne communique point de couleur à cet
acide , on tout au plus une légère couleur lilas.
La plupart de l'acide vitriolique qui eft dans le
commerce, eft chargé de beaucoup de terre , qt^i
eft quelquefois argiUeufe Se quelquefois calcaire ; *
& le plus fouvent ces deux terres ie trouvent en-
fembte : l'acide vitriolique tient alors de l'alun &
de la félénite en ditfblution. J'ai vu de ces acides
qui, étant mêlés avec le tiers de leur poids d'eau,
rormoient , par le refroidiflement , une grande
2uantité de cryftaux femblables à ceux du fel fé~
atif fublimé: lorfque de pareil acide a été étendu
dans beaucoup d'eau , & lorfqu ou vient enfuite
i
À le Concentrer , la terre , ou, fi Ton veut, les fels
neutres fe précipitent pendant l'opération , s'ap-
pliquent au fond de la cornue fans y adhérer ,
empêchent le paflage des molécules xle feu > oc*
cafionnent des bouffées de vapeurs qui partent -
du fond de la cornue , foulevent par fecoufles
toute la colonne de liqueur , & produifent des
foubrefauts qui mettent la cornue en danger
d'être caffée. 11 faut , lorfque cet inconvénient
arrive, y remédier de la manière que nous Pavons
indiqué.
Toutes les fois que Ton fait concentrer de l'a*
cide vitriolique aqueux , il fe fépare une cer-
taine quantité de matières terreufes. L'acide vi-
triolique même y auprès qu'il a été concentré &
enfermé dans des flacons , dépofe aflefcfouvent,
au bout de quelques mois, une matière faline en
poudre, ou de petits cryftaux féléniteux , difpofé*
en petites écailles comme le fel fédatif fublimé*
• Outre ces matières étrangères à l'acide vitriola
3ue y il eft encore chargé aune certaine quantité
e fer , quoiqu'il paroiile d'ailleurs de la plus
grande pureté } c'eft ce que nous ferons voir, lorf-
que nous parlerons de la liqueur éthérée faite
par cet acide»
L'acide vitriolée, quoique très concentré •
contient encore beaucoup d'eau : elle lui eft u
adhérente qu'on ne peut la fépater completre-
menr par la diftillation : il s'élève de l'acide qui
diftille avec l'eau : il pafle auffi une partie des ma-
tières terreufes , mais en diflbltition : ainfi la dif-
tillation qu'on voudtoit employer pour (e procu-
rer de l'acide vitriolique très pur & exempt de
toutes matières falines étrangères , eft abfolu-
ment infuffifante : d'ailleurs il eft difficile de
faire pafler cet acide en fubftaace dans la diftii-
pu
iiù Chymib expérimentale
lation , fans courir le rifque de faire caffer la
cornue , à moins que d'opérer fur une petite
quantité d'acide à la fois , comme au poids de
huit onces : alors il convient de couvrir la partie
fupérieure de la cornue , pour la mettre à l'abri
de l'air frais, fur-tout lorfqtt'on opère en hiver,
ou dans une température au-deflbus de douze
degrés de chaleur au thermomètre de Réaumur.
Lorfqu'on a fait trop de feu , & que la cornue
vient à caiTer pendant la concentration de l'acide
vitriolique , c eft ordinairement par la voûte : le
-cul fe trouve prefque toujours entier. Voici ce
qu'il convient de taire .lorfque cet accident ar-
rive. Il faut ôtet le feu du fourneau , en fermer
toutes les ouvertures , ouvrir toutes les fenêtres
du laboratoire , & y refter le moins de temps qu'il
eft poflible, afin d'éviter de refpirer de l'air chargé
de cet acide: il fe réduit en vapeurs blanches,
épaifles , qui excitent à touflèr violemment : il
•s'en attache fur les mains , fur le vifage : elles oc-
cafionnent des rougeurs & des inflammations éré~
fipélateufes qui font douloureufes. Lorfque le
fourneau & les vaifteaux font fuffifamment re-
froidis , & qu'il ne règne plus de vapeurs dans le
laboratoire , on enlevé le cul de la cornue. Lorf-
qu'il n'y eft pas tombé de fable , l'acide eft tout
auffi bon & tout aufli pur que fi cet accident n'étoit
point arrivé , fur- tout lorsqu'on ne lui a pas donné
. le temps de le charger de l'humidité de l'air.
, Il faut éviter avec le plus grand foin de refroi-
dir l'intérieur du fourneau avec des briques
froides qu'on pourroit y introduire : cela feroit
cafler le cul de la cornue $ l'acide alors fe répan-
droit dans le fable, ce qui exigerait un travail
confidérable pour le mettre en nature. Il faudroit
laver ce fable dans beaucoup deau, filtrer la li-
1T IlAISONftit. 11$
queur , & la faire concentrer de nouveau.
De la propriété qua l'acide vitriolique de fe
charger de l'humidité de l'air , il fuit qu'on né
peut ni le concentrer, ni le re&fier, que dans
des vaiflfeaux clos ; je m'en fuis allure par l'expé-
rience fuivante.
J'ai mis dans une capfule de verre , à l'air libre ,
une livre d'acide vitriolique déjà concentré & un
Su coloré : j'ai placé cette capfule fur un bain de
>le : je Pai fait chauffer pendant dix à douze
heures ians le faire bouillir ( 1 air étoît fort hu-
mide) pendant tout ce temps : il a exhalé beau-
coup de vapeurs blanches & épaifles : il n'a dimi-
nué que de quelques onces die fon poids j mais
comme il fe chargeoit continuellement de l'hu-
midité de l'air , il a perdu confidérablement de
fa pefanteur fpécifique : il a acquis aufli plus de
couleur , à raiton des matières inflammables qui
voltigent dans l'air.
Acide vitriolique volatilifé * & rendu fulfureux
fur-le-champ par du phlogijlique dans le, mou-
vement igné'.
On met dans un verre de l'acide vitrioli-
que pur : on plonge dans cet acide un charbon
ardent. 11 s'élève fur-le-champ une fumée blan-
che fort éjpaifle & fort abondante , qui a une
odeur de foufre brûlant , & qui eft en état de
fuffoquer. L'acide prend fur-le-champ une cou-
leur ambrée : cette vapeur eft produite par la
combinaifon de cet acide avec le phlogiftique
dans le mouvement igné : elle forme fur-le-
champ de l'acide fulfureux volatil , femblable à
celui qui a diftillé dans l'opération précédente.
Si , au lieu de charbon ardent , on prefente à cet
Piij
*5* ChVMIE EXrifUMENTÀL*
acide du charbon éteinr , cet effet n'a point lieu ;
il faut absolument le fecours de la chaleur pour
produire les mêmes phénomènes. J'ai fait à ce fu-
Jet les expériences fuivantes.
J'ai mis dans une cornue de verre une livre
d'acide vitriolique concentré , & demi-once de
charbon en poudre fine : j'ai laiflTé digérer ce mé-
lange à froid pendant quinze jours : l'acide ne s'eft
point coloré du tout. Au bout de ce temps , j'ai
fournis ce mélange à la diftillation , & l'ai échauf-
fé par degrés , jufqu'au point de mettre l'acide en
ébullition : en moins d'une heure il eft devenu
d'une légère couleur verte d'aiguë marine. J'ai
laiflé refroidir le vaifTeau ! la couleur a difparu
complettement : ayant rechauffé de nouveau les
vaifieaux , l'acide a repris la même couleur. J'ai
réitéré le refroidiflèment à plufieurs reprifes : les
mêmes phénomènes ont eu lieu : la couleur pa-
roiiïbit torfque l'acide étoit chaud , & elle dif-
paroiflbit lorfqu'ii étoit froid. Ayant enfuite con-
tinué la diftillation , il a pafle en vapeurs blan-
ches de l'acide fulfureux , tant que celui de la
cornue avoit de la couleur ; il eft refté au fond
de la cornue une terre blanche, qui eft celle du
charbon. J'ai recueilli cette terre avec un peu du
même acide : j'ai étendu le tout dans une fuffi-
fante quantité d'eau ; & au bout de quelque
temps , j'ai obtenu des cryftaux de véritable alun :
j'ai conlervé à part , dans un flacon , l'acide con-
centré s dans l'efpace de quelques mois , il a laide
dépofer des cryftaux de tartre vitriolé, formé par
l'alkali fixe du charbon, & une portion de l'acide
vitriolique.
Ces expériences forment une analyfe bien com-
pte tte du charbon , qu'on avoit regardé comme in-
capable d'être attaqué par les agents de la Chymic.
1T RAISONNÉ 1. 1)1
J*ai parlé de ces expériences dans rAvertiffement
de la féconde édition de mon Manuel de Chymie:
mais il s'eft gliflé une erreur dans les propor-
tions de charbon & d'acide qui y font indiquées :
celles cjuil convient de fuivre , pour le fuccès de
l'expérience , (ont celles que nous venons de dé-
(ïgner. Les phénomènes (ont différents lorfqu on
met beaucoup de charbon.
J'ai fournis à la diftillation , dans une cornue
de verre , trois livres d'acide vitriolique concen-
tré, avec (ix onces de charbon en poudre fine.
L'acide a pafféfous une couleur ambrée : il avoit
une odeur d'acide fulfureux volatil , & il étoit
chargé de beaucoup de charbon en poudre : il
étoit fi léger , qu'il avoit de la peine à fe précipi-
ter : une partie eft reliée dans le col de la cornue ,
& obftruoit prefque entièrement l'ouverture.
J'interrompis la diftillation pour dégorger le col
dé la cornue , & je trouvai que le charbon qui
l'obftruoit , étoit tout rempli de foufte, quoi-
qu'il n'y eût pas plus du quart de l'acide de dif-
nllé. J'adaptai de nouveau le ballon à la cornue ,
& j'achevai la diftillation pour faire pafler tout
l'acide. 11 continua de pafffer , comme dans le
commencement , tout en vapeurs blanches $ &
l'acide qui réfulta de leur condenfation avoit
une couleur citrine foncée : il contenoit encore
jdu charbon léger , qui avoit beaucoup de peine à
.fe précipiter. Il eft refté dans la cornue la plus
grande partie du charbon : il étoit noir , réuni
en une maffe fort dure , difficile à fe brûler i
l'air libre , & exhalant une odeur de foufre.
J'ai diftillé de nouveau , dans une cornue de
verre , l'acide de l'opération précédente, avec la
portion de charbon qui s'étoit précipitée. La pre-
Piv
ijx Chymii ïïpïrimentalï
miere liqueur qui a paflé n'avoit point de cou-
leur j mais elle s'eft colorée (itcceifîvement, & fur
la fin elle s'eft trouvée citriue. Il eft encore refté
dans la cornue une matière charbonneufe, dure»
içmblable à la précédente.
J ai diftillé de nouveau cet acide pour la troi-
iieme fois , dans une cornue de verre j il a pafTé
fans couleur depuis le commencement jufqu'à la
fin de l'opération : il eft refté encore de la ma-
tière charbonneufe dans le même état que dans
les précédentes opérations.
Tout l'acide vitriolique qui a diftillé pendant
ces opérations, étoit volatil fulfureux. Il s'eft fu-
blimé du foufire dans le col de la cornue ; & cç
qu'il y a de remarquable , ç eft que ce foufre a
été formé & fublimé avant même que le quart
de l'acide fut pafle. Cette obfervation prouve
que le foufre fe forme tout auffi bien par ta voie
humide, que par la voie feche. Nous aurons occa-
sion de confirmer cette obfervation , en faifant
mention d'autres circonftances où le foufre eft
également formé par la voie humide.
Acide vitriolique coloré par des matières inflanp*
mables dans l'état huileux*
Acide vitriolique fulfurciu.
On met dans un verre de l'acide vitriolique pur :
on y plonge quelques brins de paille : un inftant
après y ils deviennent mous , noirs & charbon*
neux : l'acide prend lui-même une couleur brune
plus ou moins foncée.
Toutes les matières combuftibles , foit végé-
tales , foit animales , produifent le même effet;.
1T RAISONNAS. t)f
Acide vitriolique avec de l'huile.
J'ai fournis à la diftillation , dans une cornue
de verre , une livre d'acide vitriolique -concen-
tré, & .demi-once d'huile d'olive : ce mélange
eft devenu fur~le-chamt> prefque noir. Je n'ai re-
tiré que de l'acide fulfureux, proportionnelle-
ment à la matière inflammable , & point d'huile
pi de foufre; j'ai continué l'opération jufqu'à ce
que l'acide de la cornue devînt parfaitement
blanc, & qu'il ne contînt plus de matière in-
flammable. Il eft refté au fond de la cornue ,
avec l'acide vitriolique , une petite quantité de
terre blanche.
Soufre artificiel.
Mais fi au lieu de mettre une fi grande quan-
tité d'acide avec l'huile, on mêle ces deux fub*
fiances , à peu près à parties égales , à la dofe
d'une once de chaque , les phénomènes font un
peu différents. i°. Le mélange s'échauffe & fe
gonfle confidérablement un mftant après avec
effervefeence : il fe dégage des vapeurs d'acide
fulfureux volatil. Ce mélange devient fort noir*
& d'une confiftance réfineule femblabte à de la
térébenthine épaifle. i°. En foumettant enfuite
ce mélange i la diftillation , il pafle un peu d'a-
cide fulfureux , mais aqueux , un peu d'huile , &
fur la fin il fe fublime une matière qui eft de vrai
foufre. Il refte dans la cornue une matière char-
bonneufe beaucoup plus voiumineufe que ne le
feroit une pareille quantité d'huile qu'on diftil-
leroit toute feule*
*£4 CfiYMII EXPÉRlVlENTALB
Remarques.
Il refaite évidemment de ces expériences, que
F acide vitriolique a une a&ion bien marquée fur
les matières combuftibles en générai , dans quel*
que état quelles foîent : il détruit leur principe
inflammable auffi efficacement que le feu qu'on
leur appliqueroit immédiatement \ toute la diffé-
rence , c'eft qu'il produit ces effets fans inflam-
mation , foit avec , foit fans le concours de l'air;
au lieu que le feu ne peut les faire brûler avec
flamme» que lorfqu'il eft aidé du concours de 1 air.
L'acide vitriolique réduit d'abord en véritable
charbon les matières combuftibles qui fonr en-
fermées avec lui .dans des vaifTeaux clos : je m'en
fuis attitré en arrêtant ces diftillations au point
où je jugeois qu'elles n'avoient plus rien d'hui-
leux : Je leur trouvois toutes les propriétés d'un
charbon bien fait , fi ce n'eft qu'il eft imprégné
de cet acide. Lorfque l'acide a réduit les corps
combuftibles dans cet état , il continue de féparer
leur matière inflammable jufqu'à fon entière def-
tra&ion. L'acide vitriolique agit mieux fur les
matières combuftibles dans leur état naturel , par*
cequelles font pourvues d'eau principe : cette eau
principe ferc d'intermède pour donner prife à cet
acide fur la matière inflammable des corps com-
buftibles. -
Il eft bien difficile de croire qu'une combinai-
Ion purement d'eau & de terre , comme Staahl
l'admet pour feul principe des matières falines,
puiffe produire de pareils effets. L'eau & la
terre font des éléments fans a&ion deftruâive :
ils ont au contraire la propriété de modérer celle
du feu , comme ils le ront en effet dans les occa-
BT RAISONNÉ 1. 135
fions préfentes. L'acide vitriolique agit fur les
matières combuftibles d'une manière qui eft com-
mune au feu en a&ion , mais moins vivement ,
par ceque le feu , qui eft de fon elTence , eft modéré
par la combinaifon qu'ilaconrra&éeavec de l'eau
Se de la terre. 11 me paroît bien plus naturel d'at-
tribuer les effets de cet acide au feu prefque pur
qui entre en très grande quantité dans fa compo-
firion. Ceft lui qui produit tous les phénomènes
dont nous venons de parier , qui font d'ailleurs
abfolument femblables à ceux du feu pur. Nous
verrons dans toutes les occafions où nous em-
ploierons les matières falines acides , qu'elles
produifent, plus ou moins , fur les fubftances in-
flammables , les effets du feu dans le mouvement
igné* Ceft donc au feu contenu dans ces acides
qu'on doit attribuer leur faveur cauftique , leur
propriété de détruire le principe inflammable
dans les matières métalliques , l'a&ion qu'oiit
ces acides pour les diflfbudre , & les autres grands
phénomènes qu'ils préfentent dans toutes les
opérations de la Chymie. Cette doéfcrine, quel-
que neuve qu'elle paroifle , n'en eft pas moins
vraie j & ce ne feroit pas une raifon de la rejet-
ter , pareequ'il m'eft impoffible de rendre compte
de l'état fous lequel le feu , dans les acides > eft
contenu par les autres éléments : tout ce que je
Euis dire , c'eft que le feu y eft très légèrement
ridé : il ne Peft qu'autant qu'il le faut pour res-
ter fixé , & ne pouvoir fe difliper , comme il lui
arrive lorfqu'il eft abfolument pur & ifolé, &
qu'il ne fait partie d'aucun corps. 11 paroît encore
que ce feu exifte dans les acides en très grande
quantité , puifqu'ils peuvent , avant que de s'é-
puifer, exercer leur aâion fur beaucoup de fub-
ftances combuftibles. Je ne défefpere pas qu'a-
*;£ Chymii expérimentale
▼ec le temps on ne parvienne à apprécier la dote
contenue dans chacun d'eux , comme je l'ai i
peu près fait à i égard de celui contenu dans les
matières organises.
11 nous refte encore quelques remarques à faire
relativement à l'état des produits obtenus des dif-
férentes opérations dont nous venons de parler.
Lorfquil a été employé beaucoup d'acide & peu
de matière inflammable, nous n'avons tiré que
de L'acide vitriolique fulfureux & point de fou-
fie. En employant dos dofes contraires on te tire
moins d'acide fulfureux $ mais on obtient du
fbufre : ces deux produits font eflentieliement de
même efpece ; mais ils différent entre eux par l'é-
tat où fe trouvent les fubftances qui les compo-
lenr.
^ Dans le premier cas on n'obtient que de l'acide
vitriolique fulfureux , pareeque le phlogiftique
eft dans un état de detm-décompofition : la por-
tion de foufre qui s'eft formée > eft diflbute par
Fexçès de l'acide qui eft devenu plus aqueux qu'il
n etoit aupatavant : ce mélange monte dans la
diftiliarion avec plus de facilité que* de l'acide vi-
triolique pur, par la raifon que ce mélange eft
plus aqueux, & qu'il contient du phlogiftique en
diftblution, qui lui communique une partie de fa
volatilité*
Dans le fécond cas la matière inflammable
li eft pas délayée avec la même facilité : l'acide agit
pins immédiatement j cet acide qui s'eft concen-
tré , après avoir réduit la matière inflammable
dans l'état charbonneux > fe combine avec le phlo-
giftique & forme un véritable foufre : ce foufre
n*eft ni altéré ni ditfbus, faute d'une dofe fuffifante.
d'acide & d'eau. Le foufre qui s'eft formé fe con-
serve en fublimé , pareeque les fubftances qui le
!T H A I S O N K E !, 1 jy
compofent font plus volatiles , après leur union ,
qu'elles ne le font chacune féparement-
La dernière remarque que nous faifons fur
cette matière , & qui nous donne occasion de
faire une application des diftinâions que nous
avons établies entre le phlogiftique &jai matière
huileufe, a pour objet la couleur d'aiguë marine
que prend , par la chaleur , l'acide vimolique
mêlé avec le charbon; tandis qu'au contraire ce
même acide devient noir , même & froid , lorf-
qu'il eft mêlé avec de l'huile. On doitattribuer
ces différences à ce que l'acide vitriolique s'empare
de l'eau principe de l'huile , & qu'il diflout corn*
plettement la matière inflammable. Il n'en eft pas
de même du charbon : comme il nedantientpoiftr
d'eau , l'acide , tant qu'il eft chaud , ne peut ea
faire qu'une forte de demi-difloluoon z ç'efti
cet état duphlogiftique qu'eft due laxaulcor d'ai-
guë marine que prend l'acide vitriolique* Exami-
nons maintenant le feufre avec, tes. fubftance*
dont, nous avons déjà reconnu les propriétés.
Sur le Soufre, :.:.•...!
Le foufre eft un compofé d'acide vitriolique te
de phlogiftique , comme nous venons de le voir,.
La Nature fournit une grande quantité de cette*
fubftance fous différents états. Il y en a -de par-
faitemenc pur } mais il eft le plus ordinairement
combiné avec des minéraux métalliques : locfquo
nous eu ferons zài minéraux compofés, nous
parlerons des moyens que l'on emploie pour Yen
féparer. . ' "•- •■ .
Lorfque le foufre eft pur, il a une couleur
jaune citrine : il a une odeur qui lui eft particu-
lière : il eft un peu tranfparent : il eft fec, cora-
*)S ChYMIR IXPâRlMEMTAtB
pa&e, &fe caffe facilement. On nomme foufrt
en canon > celui qui a été coulé dans des moules
cylindriques, Se qui reflemble à de petits cylindres
pleins.
Lotfqu'on prefle un morceau de foufre entre
les mains , la chaleur qui le pénètre , occationne
dans l'intérieur une dilatation qui lui fait faire
un petit bruit , comme s'il fe caifoit en plufîeurs
morceaux , & il fe cafte en effet pour rordinaire $
cet effet vient de ce que cette (ubftànce èft très
éieârique.
Soufre txpofcau feu.
Le foufre eft d'une très grande combuftibilité.
Onpourroit le nommer -, à caufe de cette pro-
priété , pkofphorc vitriolique ; cependant il ne ré*
pand point de luftiiere dans lobfcuri té, même par
le frottement :ileft moins combuftible que le phok
phore. Locfqifon le met fur des charbons ardents ,
d s'enflamme^ produit *ne flamme bleue, &
exhale une odeur d'acide fulfureux volatil, qui
eft fuffoquante , Se feroit périr fi l'on reftoit en-
fermé dans un endroit ou l'on feroit brûler du
foufre : cette odeur eft vive, pénétrante , fort ex-
panfibie , & fe répand au loin très promptement.
Le foufre a deux fortes d'inflammation ; Punt
douce , lente Se incapable de mettre le feu aux
matières combuftibles; l'autre plus forte., & qui
eft en état de mettre le feu à tout ce qui eft infiam*
niable.: .
Dans cette expérience le phlogiftiquefe brûle,
Se l'acide fe diffipe. Nous indiquerons bientôt
un moyen de recueillir cet acide.
IT* RAIS e NX i *. 1)9
Soufre mou*
Le foufre eft d'une fufion très facile: il fond à
une chaleur fort modérée. .
On met du foufre dans un creufet : on le placé
entre quelques charbons ardents : il ne tarde pas
à entrer en fufion. Cette première fufion eft li-
quide ; mais , en tenant le foufre un inftant de
pi us fur le feu , il acquiert une confiftance beau-
coup plus épaiïfe. Lorfqu'il eft dans cet état , on
le coule dans une terrine pleine d'eau : on trouve
qu'il a acquis une couleur rouge , & qu'il eft mou
comme de la cire : il fe pétrit Facilement entre les
doigts , au lieu d'être fec & caflant , comme i'èft
le foufre ordinaire.
Ce ramolliflement du foufre vient de ce que *
dans cette opération, l'eau a diflous une certaine
quantité d'acide j en forte que le foufre qui refte ,
contient une plus grande quantité de phlogiftique.
Le foufre , dans les premiers ihftantsde fa fufion,
éft fluide y mais il s'ëpaiflït confidérablement un
moment après y & c'eft dans cet état qu'il faut le
couler dans de l'eau pour l'avoir mou : n on le cou-
loit avant cet épaiffiffement , il feroit fec ôç caf-
fant , comme il l'étoit auparavant.
Le foufre , dans cet état > eft employé avec fuc-
çès pour tirer des copies de cachets & de pierre?
gravées ; il en prend les empreintes d'une manière
fort nette, qu'il conferve toujours * parcequlï
devient , quelques jours après ce ramolliflement,,
fec & caflant. Les traits ne s'arrôndiffènt pas ,
comme cela arrive à la cire avec laquelle on a
hvè de fçmblables empreintes.
MO CkTMIB EXPÉKIMENTAir
Soufre crfftidlifé*
Si au lieu de prendre le foufxe dans cet état
d'épaifiiftement , on le retire du feu immédiate-
ment après qu'il eft fondu , Se qu'on le laide re-
froidir tranquillement, fes parties prennent entre
elles un arrangement fymmétrique difpofé en
aiguilles , qui forment une cryftallifacion du
foufre.
La foufre ne peut fe brûler qu'avec le con-
cours de l'air : fi on le fait chauffer dans des vaif-
féaux clos , il fe fublime en fubftance » fans fouf-
frir aucune décompofition. Avant de parler de
cette opération , il convient d'établir les. princi-
pes généraux fur la fublimation.
Sur la Sublimation*
La fublimation eft une opération , par le
moyen de laquelle on fépare , a laide du feu ,
les fubftances volatiles qui peuvent être mêlées
avec des corps fixes. Elle reffemble en cela à la
diftillation dont nous avons parlé : aufli la nom-
me-t- on aflezfouvent diftillation fechc , par-
ceque les fubftances qui en font le produit, font
toujours fous une forme feche & concrète j fans
cela , ce ne feroit plus une fublimation , mais
une diftillation.
La fublimation fe fait afiez ordinairement dans
des appareils femblables à ceux qui fervent à la
diftillation , quoique fouvent on fublime aufli
dans des matras , dans des bouteilles , dans des
cornues , &c. cela dépend de la matière qu'on
Veut faire fublimer.
La fublimation eft utile pour combiner certains
corps
1 t k A t S O K K i L i4t
corps qu'on nç pourroit unir qu'avec difficulté par
tout autre moyen.
Les produits de la fublimation font fous une
forme concrète cryftalline : c'eft une forte de
cryftallifation par la voie feche ; au lieu que la
cryftallifation ordinaire , comme nous le dirons ,
fe faic par la voie humide : c eft en quoi ces deux
opérarions différent ; mais elles fe reflemblent ,
en ce que les produits de l'une Se de l'autre opéra-
tion font fous des formes cryftallifées qui varient
fuivant la nature des matières qu'on fait fubli-
mer. -
Ces deux opérations différent aufli Tune de
1 autre , en ce que les cryftaux qu'on obtient pat
la fublimation , contiennent moins d'eau dans
leurs cryftaux : quelquefois ils n'en contiennent
point du tout. Les cryftaux qu'on obtient par la
cryftallifation ordinaire, contiennent au contraire
une certaine quantité d'eau à laquelle ils doivent
leur figure cryftalline.
"On peut ranger fous deux clafles générales
toutes les matières qui font du reflfort de la fubli-
mation. ; '
Dans la première , on peut comprendre toutes
les matieses aflex légères & aflez volatiles pour
fe fublimer feules , & fans quon Toit obligé
d'employer des intermèdes pour faciliter leQrfu-
blimgtipn ; tels font les fleurs de foufrè > les fleurs
de benjoin, les fels volatils, &«. . >
Dans, la féconde clafle , nous renfermerons
tous les corps qui , ne pouvant fe fublimer tant
qu'ils fonç ieuls , ont befojn de quelques inter-
mèdes volatils pour faciliter leur fublimation ,
ou pour leur communiquer une partie de leur
volatilité : teb fout l'or , l'argent & la platine ,
qui font enlevés par le fel ammoniac , ians être
Tome L Q
*4* ChYMIE EXPERIMENTALE
combines avec lui. D'autres matières métallique*
également fixes , comme le fer, le cuivre* &c. font
également enlevées pat le fel ammoniac j mais
celles-ci font combinées avec ce fel. On peut
mettre encore dans cette clafle les corps qui con*
tiennent des fubftances volatiles , mais qui ne
peuvent cependant point s'élever par l'aâion
d'une chaleur ordinaire , à caufe de l'union qu'ils
ont contractée avec des fubftances fixes j il raut,
pour les faire fublimer , employer des intermè-
des propres à détruire leurs combinaifons.
Ce que nous venons d'expofer fur la fublima-
tion en général , eft fuffifant pour faire entendra
ce que nous avons à dire fur celle du foufre.
Sublimation du foufre*
Fleurs ie Soufre.
: Ott met dans une'cucutbite de verre quelque!
onces de foufre concafé : on la place fur le bain
de fable d'un fourneau : on' adapte fur la cacur-
bite un'chapfteau : on lute les jointures avec des
bandes de.papier enduites de colle d'aihidon : on
ajoute au bec du chapiteau un técipient,ïeulemenc
pour intercepter la communication avec l'air exté-
rieur ; alors on procède à k fiibliihatitm par un
feu modéré : auilî-tôt que le foufre entre en fu-
iioift ; ihs'éleve fous la forme ti'une fumée blan-
che épaiffe qui fé condéhfe & s'attache àur pa-
rois du chajpiteàu fous la fprme d'une poudre.
Lorfqu'il èn'eft iuffifàmmerit garni, on ceffe le
feu : on laiffe refroidir les yâiflêaux : on délute
le chapiteau : on ramaffe àV'èc la barbe d'une
f>lume le foufre qui s'eft fiiblimé j c'eft ce qtte
'on nonime fleurs de foufre: On lute de nou-
veau le chapiteau à 1» cucurbite , Se on procédé i
fe T kÀtsottîiiè. Î4j
tirie nouvelle fublimation. On continue ainfi de
fuite , jufqu'à ce que Ton ait fait fublimer tout
le foutre. II refte au fond de la cucurbite und
très petite cjuantité de terre grife noirâtre.
Les fleurs de foufre reffembleht i une pou-
dre ; mais fi on les examine au microfcope , on
obferve qpe ce font de petites aiguilles.
Remarques.
Nous avons vu que lorfque l'acide vitrioliquè
fcft pur, il ne peut s'élever qu'à un degré de
chaleur fort confidérable : lorfquil eft uni au
phlogiftiquè pour former du foufre , il eft dans
le plus grand état de concentration. 11 femble-
roit que l'acide vitridlique, ainfi concentré *
devroit avoir acquis encore plus de fixité } ce-
pendant il devient infiniment plus volatil. Il
eft vifible que c'eft le principe inflammable , aVec
lequel il s'eft uni pour former du foufre, qui
lui donne cette volatilité. Le foufre; eft eu état
de fe fublimer Un grand nombre de fois , fans
fouffrir* aucune déconipofitioii , tant qu'il eft
dans des vaifleaux clos. Cependant j'ai remarqué
qu'il laifle chaque fois un peu de matière terreufe
au fond du vaiueatf. Je crois qu'elle provient .de
la terre propre de l'acide vitrioliquè, & de celle
du phlogiftiquè qui entre dans fa cbmpofition.
Dans toutes ces opérations , il y a un peu d'acide
& de phlogiftiquè de décompofé.
Lorfque le foufre fe fublime , il fe réduit ert
Vapeurs très ihflammables. Si j dans cet état , on
enievoit le chapiteau ,'& qu'on approchât impru-
demmerit une lumière, il fe feroit une explofiort
bruyante qui feroit cafler les vaiffeaux avec dan-
ger,
Qij
^44 Chymie expérimentais
La fublimation du foufre fe fait à defTein de-
voir du foufre plus divifé & plus pur. Comme on
le retire ordinairement des matières falines miné-
rales , on préfume que cette opération le débar-
rafle des matières étrangères avec lefquelles il
pourroit être mêlé.
Communément on ne fait pas > dans les labo-
ratoires , cette opération à defTein de fe fournir
de fleurs de foufre pour fes befoins , parcequ'on
en trouve dans le commerce qui font très bonnes ,
& qui peuvent fervir pour tous les ufaees. On
prépare les fleurs de loufre en grand dans des
f>ors percés par leurs fonds, furmontés les uns
ur les autres , à l'exception du premier & du der-
nier , qui ne le font pas. On nomme ces pots alu-
dels. Ils font fon&ion d'un très grand chapiteau.
Le foufre fe fublime Se s'attache dans ces diffé-
rents pots.
Soufre avec Voir.
Le foufre ne reçoit point d'altération de la part
de Pafr. Cef élément ne paroît même avoir au-
cune a&ion fur cette fubftance.
Soufre avec de Peau.
Soufre lavé.
L'eau n'a aucune aftion fur le foufre. Tai
broyé long-temps du foufre fur un porphyre avec
de l'eau. Cette eau , examinée enfuite , ne s'eft
trouvé contenir aucune portion de foufre en dif-
folution. Quelquefois j'en ai féparé, par évapo-
ration , dans des vaifleaux à l'abri de la pouflîere ,
une matière falino-terreufe feuilletée \ mais elle
cft étrangère au foufre.
J'ai fait bouillir plusieurs fois de l'eau avec du
ET K A I S O N N S 1. *4$
foufre, pour former ce que Ton nomme foufre
lavé. Cette eau , examinée enfuite, ne s'eft point
trouvé contenir de foufre en dilTolution : quelque-
fois elle étoit chargée d'un peu de matière féleni-
teufè j mais cette dernière fubftance , comme
nous venons de le dire , eft étrangère au foufre.
L acide vicriolique , comme nous Pavons dit %
a la plus grande affinité avec l'eau j mais en fe
combinant avec le phlogiftique dans l'état de
foufre , il perd entièrement cette propriété : c'eft
un phénomène bien fingulier, & dont il eft diffi-
cile de rendre raifon. Le foufre , comme nous le
dirons , ne contient qu'un feptieme de fon poids
de phlogiftique , & cette portion fuffit pour dé-
fendre l'acide vitrioliquede l'a&ion de l'eau.
Soufre avec de ta glace.
Le foufre mêlé avec de la glace , dans toutes
fortes de proportions , ne produit point de froid ,
parceque cette matière n'a aucune difpofition
pour s'unir à l'eau , & qu elle ne peut faciliter la
fufion de la glace.
Soufre avec de la terre vitrifiable.
Le foufre & la terre vitrifiable ne forment au-
cune combinaifon connue : cependant, dans la
fufion des terres vitrifiables , le foufre communi-
que une couleur noire au verre qui en réfulte \ ce
qui indique que le phlogiftique dans, le foufre n'y
eft pas dans un degré de pureté auffi grand qu'on
le croit communément»
Soufre avec te phlogiftique.
On ne connoît point de combinaifon de foufre
avec le phlogiftique pur , on dans l'état charbon-
Qiij
1+6 ChYMIE EXPERIMENTAL*
neux. Ces deux fubftances paroifïènt fe mêlef
fans fe combiner. Peut-être cependant senflam?
rneroient-elles , comme cela arrive aux métaux
qu'on mêle avec le foufre: ces effets ne font nul-
lement connus; mais les matières huileufeç dif-
folvent le foufre a comme l'eau diflout les fels ,
parceque ce font de part & d'autre des fubftances
inflammables qui ne demandent qu'à s'unir & %
fe cpmbiner enfemble,
Soufre diffbus dans de t huile*
Baume de Soufre de Ruland.
On met dans un matras quatre^onecs de fleurç
de foufre : on verfe par-deuiis une livre d'huile
de noix : on place le matras au bain de fable., &
pn le fait chauffer afTez pour faire fondre le fou-
fre : on l'entretient à ce degré de chaleur jufqu'à
ce que l'huile ait acquis une couleur rouge-brune
foncée : on ôte le matras du feu : on le laitfè re-
froidir : on décante l'huile furnageante : on h}
ç onferve dans une bouteille.
R E M A R Q U E : S.
Toutes les huiles difTolvent le foufre ; mais il
faut que cette dernière fubftance foit échauffée
aflez pour être mife en fufion; fans cela, l'huile
fl'en diflout aucune portion. Lorfque le foufre a
éoé en fufion feulement une demi-heure fous
Thuile y celle-ci en eftautant chargée qu'elle peut
1 être ; elle en tient même en diflblution plus
qu'elle n'en peut diffoudre lorfqu'elle eft froide :
elle laiffe dépofer , par le tefiroidifTement , l'ex-
cédent fous la forme de cryftaux aiguillés. Le
foufre ^ ^inf» uni aux huiles ^ s'y trouve en ful*ç
IT RAISONNÉ 1. I47
(lance fans fouffrir aucune décompofition. Les
cryftaux aiguillés quelle laiffe dépofer par le re-
froidiflement , fe trouvent être du foufre , tel qu'il
étoit auparavant,
Soufre avec la terre calcaire.
On ne connoît point l'aftion du foufre fur la
terre calcaire , foit par la voie humide , foit par
la voie feche; mais on connoît celle du fou-*
fre avec la chaux,
Soufre avec la chaux vive*.
foiç dç Soufre terreux.
On met dans une terrine de grès une livre de
chaux vive, & quatre onces de fleurs de foufre ?
on verfe peu-à-peu une fuffifante quantité d'eau
pour éteindre la chaux , & pour former une
bouillie un peu claire. On remue le mélange avec
une fpatule de fer , à mefure que la chaux s'é-
teint. Lorfqu'il eft fuffifamment refroidi , on le
filtre au travers d'un papier gris : il coule une li-
queur jaune qui a une odeur d'œuf couvi. On la
garde dans une bouteille qui bouche bien : c'effc
ce que l'on nomme/oi* de foufre terreux * pour le
diftinguer di* foie, dç foufre qu'on fait avec dot
J'alkalifixe/
Remarque s.
Comme la chaux cdntient une fubftarïce alka^
Une , el}e diflbut une certaine quantité de foufre*.
L'a chaleur qui naît pendant fon extindtion , eft
fuffifante pour faciliter cette difïolution de fou-
fre •, la liqueur s'en trouve chargée autant qu'elle
Iteutl'çtre. Si l'on çraignoit <ju elle ne le fut p**
14* Chymib expérimentale
eflez , on pourroit mettre le mélange dans un ma-
tras, après que la chaux eft éteinte , & le faire
digérer au bain de fable pendant dix ou douze
heures ,'& le filtrer enfuite \ mais cela m'a para
inutile , parceque j'ai trouvé la liqueur très char-
gée de foufre. On pourroit faire cette opération
dans un matras , en réduifant auparavant la chaux
en poudre groffiere \ mais il y auroit à craindre
oue , venant à gonfler , elle ne fit; cafTer le vaif-
feau.
La chaux contient , outre la matière faline al-
kaline, une certaine quantité de feu combiné
dans le même état, ou approchant , <jue celui qui
eft dans les acides. Ce feu, qui s'unit au foufre,
& en même temps à la matière faline alkaline, fa-
cilite la diflblution du foufre dans l'eau. La cha-
leur qui fe produit pendant i'extinâion de la
chaux, eft fuffifante pour opérer cette combinai-
fon. Ce foie de foufre contient, comme l'eau de
chaux ordinaire, une certaine quantité de terre en
diflolution. Il fe forme à fa furface des pellicules
comme defliis l'eau de chaux : c'eft pourquoi il
convient de l'enfermer dans une bouteille , afin
3iiïl ne fe fafle point d'évaporation > parcequ elle
écompoferoit le foie de foufre en grande partie.
JLe foie de foufre terreux fe détruit avec la plus
grande facilité , même dans des vaiffeaux parfai-
tement clos : le phlogiftique du foufre fe décom-
pofe , le feu de cette fubftance fe diflîpe au tra-
vers du verre \ il refte dans les bouteilles une li-
queur fans couleur , qui n*a prefque plus de fa-
veur , & fous laauelle il fe forme un précipité qui
contient de la faénite & du tartre vitriolé*
1T RAISONNÉ fi. 1+f
Décompqfition du foie dcfoufrc terreux.
Efpece de Tartre vitriolé.
On met dans une capfule de grès la quantité
que Ton veut de foie de foufre terreux : on place
le vaiileau au bain de fable : on fait évaporer la li-
queur jufqu'à ficcité \ enfuite on fait calciner la
matière à une chaleur modérée & incapable d'en-
flammer le foufre. Lorfque la matière ne fume
plus , on augmente le feu pour calciner davantage
la matière : on la fait diflbudre dans une fum-
fante quantité d'eau : on filtre la liqueur. J'ai ob-
tenu d'une femblable opération de la félénite , &,
fur la fin , des cryftaux de tartre vitriolé.
Cette expérience eft femblable à celle que
Sraahl a faite avec du foie de foufre alkalin , pour
démontrer la quantité de phlogiftique contenu
dans le foufre. Je me fers de la même manipula-
tion pour confirmer ce que j'ai avancé fur l'exif-
tence de la portion d'alkali fixe dans la chaux. Le
tartre vitriolé que j'ai obtenu dans cette expé-
rience , eft formé par l'alkali de la chaux & l'a-
cide vitriolique du foufre. La félénite eft produite
{>ar la terre qui s'eft diffoute dans l'eau , pendant
'extinéfcion de la chaux, & qui n'étoit point dans
l'état falin : elle s'eft pareillement combinée avec
de ce même acide du foufre.
•
Décompqfition du foie de foufre terreux par V acide
vitriolique.
On met dans un verre du foie de foufre terreux,
& on l'étend dans beaucoup d'eau. On verfe
goutte à goutte de l'acide vitriolique affoibli : il fe
taie un précipité : on continue de vexfer de l'acide
\
%}& ChYMIB EXPERIMENTALE
jufqu'à ce qu'il ne fe fafle plus de précipitation r
on lave ce précipité dans une fuffifante quantité
deau , & on le rait fécher, On trouve qu'il eft du
foufre tel qu'il étoit auparavant 5, ce qui prouve
qu'il étoit feulement diflbus par l'eau de chaux , &C
non dans l'état de dcçompoiuion*
Soufre & acide vitriolique*
Soufre diffous dans cet acide.
L'acide vitriolique a un peu d'aâion fur le fou*
fre : il en diffout une petite quantité ; mais c eft à
l'aide de la chaleur , fans laquelle il n'a aucune
4&ion fur lui.
On met dans une fiole de l'acide vitriolique
concentré & très pur, avec un peu de foufre con-
cafle. On fait chauffer ce mélange afTez pour faire
liquéfier le foufre. Il fe promené dans cet acide
en globules, comme de l'huile dans de l'eau. L'a*
eide prend une légère couleur ambrée , & il aune
odeur d'acide fulrureux volatil. Lorfque le fou-
fre eft refroidi , on remarque qu'il a acquis une
couleur verte d'olive \ il a d'ailleurs toutes les
propriétés qu'il avoit auparavant. La couleur que
(Vend l'acide vitriolique, nous prouve encore que
e phlogiftique dans le foufre n'eft pas dans le plus
grand état de pureté. Cet acide tient un peu de
foufre en difïolurion , que j'ai féparé par t'alkali
fixe. •
M. Ephraim Rhinhoid Sechl lut , en 1 744 , à
la Sociéré Royale de Londres, un Mémoire qui
le trouve inféré dans les Tranfactions Philoso-
phiques j n°. 471 j il propofe dans ce Mémoire
deux moyens pour décompofet le foufre par l'a-
cide vitriolique.
Le premier conûfteà mêler une livre de fleur*
ET RAISONNÉ E. 45 f
(de foufre avec cinq livres d'alkali fixe bien fec. On
fait bouillir ce mélange dans une fuffifante quan-
tité d'eau y jufau a ce que le foufre foie diflbus :
alors on filtre la ligueur , & on la fait évaporer
jufqu'à ficciré , & jufqu'à fondre la matière» Lors-
qu'elle eft refroidie , on la mec dans une cornue
tubulée , que l'on place dans un fourneau de ré-
verbère au bain de fable , & on y ajoute deux li-
vres d'acide vitriolique concentré. On procède i
la diftillation. On retire , fuivant lui > douze on-
ces d'acide volatil de foufre.
Le fécond procédé eft le même quant à la ma-
nipulation j il n'en diffère que par la chaux qu'il
fait entrer conjointement avec de l'alkali, pour
former un femblable foie de foufre. Les ctofes
font une livre de fleurs de foufre , quatre livres Se
demie d'alkali fixe , & trois livres de chaux vive.
Lorfque la liqueur eft filtrée & defTéchée comme
ci-defTus , il la diftille dans une cornue avec une
Jivre 8ç demie d'acide vitriolique concentré. On
retire , fuivant lui, huit onces d'efprit volatil de
foufre plus fort & plus acide que le précédent.
Nous remarquerons que l'acide qu'on obtient
dans ces opérations , eft celui qui eft excédent à la
faturation de la chaux & de l'alkali. L'Auteur a,
beaucoup de confiance à cet acide , pareequ il eft
très volatil & très fulfureux ; mais , comme
jious l'avons dit , le phlogiftique eft le même * de
quelque fubftance qu'on le retire. On peut fe dit»
}>enfer de faire ces opérations embarraflantespouç
e procurer de l'acide fulfureux volatil. Il fuffitde
diftiUer l'acide vitriolique avec une matière in-r
flammable quelconque : le produit qu'on obtieiir
dra fera abfolument le même, & aura les mêmes;
propriétés que celui des deux procédés de l'Att*
/ leur doçt qous yeptons de parler,
25* CHYMIE EXPÉRIMENTAL!
Acide vitriolique avec les terres calcaires.
Nous avons démontré précédemment que les
terres calcaires contiennent de l'eau , de l'air , Se
un peu de matière inflammable. Ces fubftances
ifolent les unes des autres les molécules terreufes,
& les tiennent dans un grand état de divifion,
& comme réduites à leurs molécules primitives
intégrantes. Ces fubftances ont , comme nous l'a-
vons dit , beaucoup d'affinité avec l'acide vitrioli-
que : elles fervent d'intermèdes par lefquels cet
acide diflbut ces terres : aufli toutes les terres cal-
caires fe diflolvent dans cet acide avec chaleur &
efFervefcence,jufqu'au point de faturation.
Expérience
On met dans un matras la quantité que Ion
veut de marbre blanc en poudre : on verfe par-
deflus de l'acide vitriolique trèsaffoibli. On place
le marras fur un bain de fable échauffé modéré-
ment. Lorfque l'effervefcence a ceffé , & que l'a-
cide eft bien faturé, on filtre la liqueur , & on la
fait évaporer lentement fur le feu , ou , encore
mieux , a l'air libre , dans un vafe de verre couvert
de papier , pour la garantir de la poufliere. On
obtient , au bout de quelque temps , de petits
cryftaux blancs prefque opaques , dilpofés en pe-
tites aiguilles , & quelquefois pas plus gros que
des grains de fable , fans figure déterminée. Ce
fel eft connu fous le nom àsfélénite. Je le nomme
félcnite calcaire , afin de le diftinguer d$s féléni-
tes à bafe de terres vitrifiables , dont nous parle-
rons en fon lieu.
R E M A R Q V E S.
L'efpece de fel qui réfulte de cette combinai-
1 T RAISONNÉ I. 253
fcxn , cft fort peu di(Toluble dans l'eau. Il fe cryf-
tallife à mefure qu'il fe forme : il s'applique très
immédiatement fur les molécules de terres qui
rie font point difïbutes , & les empêche de fe dif-
fbixdre j mais on prévient cet inconvénient en
étendant l'acide virriolique dans beaucoup d'eau :
fans cette précaution , il eft prefque impoffible de
fa curer cet acide de terre. Quelle que foit la terre
calcaire qu'on ait employée , Tefpece de fel qui
en réfulte eft eflentiellement le même. Cepen-
dant j'ai remarqué quelque différence dans le fel
provenant de certaines terres calcaires, fur-tour
de celles que le laps de temps a commencé à pri-
ver d'une certaine quantité de leur eau , & à ra-
mener plus ou moins au cara&ere de terre élé-
mentaire. Les félénites qu'on forme avec de ces
fortes de terres, tiennent le milieu entre les félé-
nites calcaires proprement dites , & l'alun.
Par cette combinaifon , l'acide vitriolique perd
prefque toutes fes propriétés falines , & il les
communique à la terre calcaire y & , réciproque-
ment, la terre calcaire communique une partie des
fïennes à l'acide viuiolique. Le fel neutre qui en
réfulte , participe des propriétés de l'acide & de la 1
terre : il n'a prefque pas plus de faveur que la
terre calcaire : il fe difïbut difficilement dans
Peau, & en très petite quantité. L'eau bouillante
n'en rient pas plus en diflolurion que l'eau froide,
La Nature fournit beaucoup de matière faliae
de même efpece que celle dont nous parlons a
mais qui a différentes formes > & à laquelle les
Naturalistes ont donné différents noms , comme
gypfe ou miroir d'âne , pierre à plâtre j albâtre ^
fpath gypfeuxj&ci Ce genre de fubftances fait
une des quatre efpeces de terre que M. Pott a éta-
blies dans fa Lithogéognqfie ; mais toutes ces ma-
y*i<
ï$4 Chymïe expIrîmbntàlé
tieres font un feul & même fel , & nous les coft*
iîdérerons comme telles. Toute la différence eft
dans la forme. La Nature ; dans fon travail en
grand , produit des cryftautf d'une grofleur monf-
trueufe ', tandis que nous ne pouvons faire que
de petits tryftaux, gros à-peu près comme des
grains de fable. ■
Pour parvenir à faturer de Facide vitrioliqaé
avec de la terre calcaire , il faut employer plus de
cette terre que l'acide n'en peur difToudre, quel-
que divifée qu'elle foit. Cela vient de ce que ces
pierres ne font pas parfaitement homogènes. Elles
contiennent toutes des parties plus tendres &plos
faciles à fe laiffe diflbudre les unes que les autres.
L'acide fe faifit d'abord des parties les plus tendres;
lorfqu il approche du point de faturation , il ne
peut plus entamer les parties dures. Je me fuisaf-
furé de ce fait, en mettant dans les acides miné-
raux des morceaux de différentes pierres calcaires,
même dû marbre blanc: ce qui echappoit de ces
pierres, à' la première a&iondés acides, étoic
creufé , dans certains endroirs , comme fi le burin
y eût jpalîé, & éroit de là plus grande difficulté à
le difloudre dans la* portion d'acide qui feftoit à
faturer* Ces ïedes préfentoient auffi plus de diffi-
culté i'fô diflôudre dans de npuvël acide due je
leur préfentois. On peut tirer de cette ôbrerva-
tion une conséquence en faveur de ce que nous:
avons dit précédemment : là tetré calcaire n'étant
point une terre pure, mais, au contraire, une terré
compofée , fouffre des altérations par le laps de
temps , qui tendent i la ramener à un plu*
grand degré de fîmplicité. Les altérations qu ellfr
éprouve ne font point uniformes dans toutes leurs
parties , puifqu elle a des endroits plus durs le*
uns que les autres } ce que je n'ai point obfeivrl
1T R A Î.S O N N É I. 1$J
tlalis îa terre des coquilles récentes , qui n'ont
pas encore éprouvé, delà part du temps, les mê-
mes altérations.
. Lorfque. l'acide n'a pas été étendu dans une
fuffifante quantité d'eau , le fel fe cryftaiiife en
petites aiguilles à me Aire qu'il fe forme. La por-
tion qui refte fufpendue donne à la liqueur une
apparence moirée. Il faut alors étendre la liqueur
dans beaucoup d'eau , & faire chauffer ce mélange
jufqu'à le faire bouillir , & ne le filtrer qu'après
que l'acide eft parfaitement faturé , ce que l'on re*
connoît lorfqu'il n'a plus dé faveur acide.
J'ai -examiné avec l'acide vitriolique un grand
nombre de pierres & de terres calcaires, donc
voici les réfultats.
i°; Toutes les pierres calcaires pures & pefan~
tes , telles que le beau marbre blanc, Iesfpaths
calcaires, font très dures, Se plus difficiles à fe
diffoudre dans cet acide , que les pierres calcaires
moins dures & moins pures , comme le moellon,
tes premières ne peuvent faturer cet acide fan?
le fecours de la chaleur; le moellon i, au con-
traire , le fature complètement , même fans le
fecours de la chaleur.
2°. Toutes les pierres & terres calcaires que
j'ai éprouvées , contiennent une certaine quan-
tité de fer dans l'état d'ochre : il fe précipite de
tes diffolutions paifieféjtfut > lorfqu\llei<ontété
.bien faturées.
;°. Les coquilles d'tirufs lavées Se cb-barraffeea
de leur membrane iftt&ieure , fe diflbiVeat dans
l'acide vitriolique plus difficilement que toutes
les terres calcaires qUe j'ai éprouvées : elles de*
viennent, pendant la digèftion au bain de fable f
rouffes , jaunâtres , comme fi elles étaient expo-
fées immédiatement fur des cendres chaudes.
1$S ChYMIE BXPiRIMENTALl
Tous ces effets fout dus à l'aftion de l'acide qui
agit comme le feu pur fur la matière animale
difTéminée dans la fubftance rerreufe des coquil-
les. Ce n'a été qu'après plufieurs jours de digef-
tion, que je fuis parvenu à faturer cet acide avec
de cette matière terreufe. Cette diffblution avoir
une légère couleur orangée > & une foible faveur
alumineufe. Dans l'efpace de deux mois , cette
liqueur s'eft troublée : elle contenoit quelques
lambeaux mucilagineux , & quelques taches de
moififlure à fa furrace , fans odeur de putréfac-
tion : elle a laide dépofer un peu de terre blan-
che » & elle a perdu la légère faveur alumineufe
qu'elle avoit.
4°. Les coquilles des poifïbns de mer & de ri-
vières , les coraux y les madrépores , préfenrent
à-peu-près les mêmes phénomènes pendant leur
diiïblution j & on en lépare un parenchyme mu-
cilagineux , qui conferve la forme de la coquille,
comme nous le dirons lorfque nous examine-
rons ces terres avec l'acide nitreux. Je n'ai re-
marqué , dans aucune de ces terres animales , des
{tardes plus tendres ou plus dures les unes <jue
es autres : elles m'ont paru d'une conftitution
plus uniforme que les pierres calcaires ordinaires.
50. La chaux vive , l'eau de chaux & tes pel-
licules de chaux, préfentent , avec l'acide virrio-
lique > des phénomènes un peu différents : les
félénites qu'on en obtient , font tranfparentes ,'
au lieu d'être opaques , comme font celles des
terres calcaires pures : les cryftaux font infini*
ment plus gros : ils font beaucoup plus diflolu-
bles dans Peau : en un mot , ces fels pofledent
davantage les propriétés falines.
6°. Toutes ces ai Solutions font fans couleurs,
lorfqu elles ont dépofé le fer que contenoient les
pierres
ïf R A l S O N N i k. lj^
?" terres calcaires , ou celui qui étoit contenu dans
acide vitriolique > donc le plus pur n'eft. jamais
exempt.
70. Toutes ces diflolutions 3 quoique parfai-
tement claires & fans couleur , prennent avec
l'infufioh de noix de galle une légère couleur
violette $ ce qui prouve qu'elles contiennent en*
core un peu de rer.
8°. Elles n'ont toutes qu'une faveur fade * fetà-
blable à celle des eaux des puits de Paris;
9*. Aucune de ces diflolutions ne change là
couleur bleue du fyrop violât ^ ni celle de là
teinture dé tournefol;
i'o". L'eau dé chaut ne précipite riep des dif-
folutions de pierres calcaires pures : mais, comme
la plupart des autres pierres calcaires font. mé-
langées de terre yirrifiable,ou dé porriotis dd
terre calcaite qui tendent à le devenir , l'eau dé
chaux précipite ces fubftances de ces diflolutions.
Les terres calcaires que j'ai obfervé être dans le
cas dont nous parlons , font la craie de Cham-
pagne qui en fournit un peu , & lès coquilles
d'oeufs qui en fournirent beaucoup. J'ai recueilli
lô précipité formé de la diflbiution des coquilles
d'oeufs par l'eau de chaux : il étoit eh petits cryf-
taux écailleux) comme le fel fédatif iubliméi Je
l'ai fait diflbudre de nouveau dans die l'acide
vitriolique : il a formé des cryftaux de véritable
alun y mais mêlé de félénite ,jparceque h. répa-
ration de ces terres n'eft pas abfolûment parfaite;
Néanmoins ce moyen fournit uri proche pouç
féparer & reconnoître une terre vitrifiable qui
feroit mêlée avec une terre calcaire*.
n?t Aucune pierre calcaire * diflbutè dans Fis
cide vitriolique j n'eft précipitée par une autre
pierre ou terre calcaire ; je me fuis afliiré de ce
Tome L R
158 CmYMÎB ÉXpilUMEHTÀtB
fait par un grand nombre d'expériences : "j'ai
même confervé de femblables mélanges pendant
plufieurs années. Jemettois un morceau de pierre
calcaire rendre dans des diflblutions de pierres
calcaires dures. J'ai fait digérer ce mélange au
feu de fable j il n'y à jamais eu de précipité.
ii°. j'ai mis de toutes ces diflolutions , cha-
cune féparément , dans des féaux de verre , cou-
verts d'un papier pour les garantir de la pouflîere :
je les ai expoféesdans un endroit convenable à la
cryftallifation par une évaporarion fpontanée j
elles ont toutes fourni des cryftaux dans l'efpace
de deux mois ; favoir les diflblutions de ftaiaâites
d'Arcuêil, celle de chaux de marbre blanc, l'eau
de chaux ordinaire faturée d'acide vitriolique ,
l'eau de chaux de marbre blanc , auflî faturée de
ce même acide : les pellicules provenant de ces
deux eaux de chaux faturées d'acide vitriolique ,
ont formé de petits cryftaux en aiguilles, grottp-
pées plufieurs enfemble , & quelquefois elles
ctoient folitaires.
Les diflolutions de moellons , de fpaths , de
marbre blanc & de coquilles d'œufs , ont toutes
formé de petits cryftaux , femblables à-peu-près
à des grains de fable.
1 j *. La chaux ordinaire dont on fe fer t à Paris
pour bâtir , traitée de même avec l'acide vitrio-
lique , m'a fourni des cryftaux de véritable alun,
bien féparés &diftin6tsdes cryftaux de félénite
qu'elle fournifloit en même temps. La produâion
de cet alun eft due à quelque portion de terre vi tri-
fiable qui fe trouvoit mêlée dans la pierre calcaire ,
ou à une portion de pierre calcaire- convertie elle*
même en cette efpece déferre vitrifiable, pat la
violence du feu pendant la calcinationde la pierre
calcaire.
*T iAÎSOKNit. ljj
*4*. Toutes ces félénires expoféesâ un feu ca-
pable de les faire rougir , fe convertirent en
fdâtre. <•
15°* Èxpofées à un très grand feu & long-
temps continué, elles fefont changées en ce que
Ton nomme plâtre brute.
' 1 6 °. Toutes ces félénites, foumifes k la diftilla-»
tion dans des cornues , n'ont fourni qu'une pe^
rite quantité de liqueur infipide , qui ne donné
aucun indicé d'acidité;
' Examinons présentement les propriétés des fé-
lénites naturelles dans les fubftancesr que Toit
nomme gypfèSç pierre à plâtre. *..'... i
Sûr its Pierres & Terres gypfeufes 3 cqnnuesxfoui
le nom de Pierres â ptâ#lè'« .".-...
Les fubftances que nous examinons pt^fetatc
tuent font des feb virrioliques à^twieîtfe terres
calcaires , formés par la Nature > abf<ftiumèhfr#fcm>;
blables aux félénites dont nous venons dé parier.'
Plufieurs Naturaliftes ont confoifdtf Jes'pîér* es à
plâtre parmi les pierres & terres calcaires , comme
le remarque M. Pott/i). Quelques Chymiftes*
ont rejette en doute l'exiftence de l'acide* vifrio-
liqiie dans les* pierres à .plâtre uils fo fondent fbtf
ce quelles ne décompofent pas le nitrè'& le fel
marin , comme le font les argi lies ïjMi" ton tien-
nent de Tacide -vimolique •& qui décpmpofentt
ces fels,
' Le gypfe de Montmartre 5 près de Paris , eft
tf une jranfparetice jauriâtre j il eft cryftattifé en
lames minces appliquées les untsiur les autres ,
- (0 Lithogéognbfic , page ji , premier volume*
Rrij
^
l6<* CHTMIE BXPiRTJ^EKTALE
que Ton peut lever par feuillets avec la lame d'un
couteau. Les malles de gypfe font compofées de
deux triangles alongés > léparés en deux par une
ligne defuture , formant un triangle alongé , donc
le côté oppofé à la bafe eft en angle rentrant d'en-
viron quarante-cinq à cinquante degrés.
On trouve dans les Pyrénées du gypfe fem-
blable à celui de Montmartre % mais qui eft uè»
pur & abfolument fans couleur.
Les pierres avec lefquelies on fait le plâtre &
Montmartre , n'ont aucune figure déterminée :
elles reflpmblent à des pierres ordinaires ; mais
elles font plus pefantes : on les voit parfemées de
petits points brillants qui font des portions dt
petits cryftan* de gypfe > parmi. lefquels on efc
diftîheue d'entiers qui font très réguliers.
L'albâtre eft fous différentes couleurs. Celui
qui eft blanc fie fans couleur > a un grain plus fin
6c plus -ferré que celui de la pierre à plâtre ordi-
naire. Il s'en trouve qui a de petits cryftaux»
confie la pierre à plâtre de Montmartre. L'al-
bâtre eft doux au toucher , comme certaines pierres
favonneufes; il eft fujet à être coloré fie veiné pat
des matières métalliques > comme le marbre.
On trouvé encore dans la Nature des cryftaux
de félénites qui reftemblent à de gros cryftaux de
*ûtr$, ficc. ,
Toutes, ces fubftances ne font qu'une feule 8c
même efpece de fel : elles différent feulement
entre elles par la figure Se par le plus ou le moins
de pureté. La pierre à plâtre, dé Montmartre eft
pn véritable albâtre greffier & impur. Il eft éton-
nant qu'on n'ait pas encore trouyéi Montmartre
de cette pierre dans le même état de pureté qu eft
celle qui porte fpécialement le nom $ albâtre.
D'après ce que nous venons d? dire > il eft fa-
1 T K A I S O H N i 1. l£l
cile d'appercevoir déjà la différence qu'on doit
faire entre l'albâtre & le marbre que quelques
Naturaliftes on t rangés dans la même clafle. Quel-
ques perfonnes , pour accorder les différents fen-
timents des Naturaliftes & des Sculpteurs > ont .
imaginé d'admettre de l'albâtre gypfeux & de
l'albâtre calcaire : cette diftinâion ne peut avoir
lieu» lorfque l'on confidere les propriétés chymi-
ques de ces fubftances. L'albâtre eft , comme nous
le verrons , diflbluble en entier dans l'eau , Se la
pierre calcaire ne l'eft pas ; il eft un Vf ai fel , & U
terre calcaire ne l'eft pas,
Gypfe expofe au feu*
Le gypfe , l'albâtre & la pierre a plâtre expofë*
au feu pour les faire rougir feulement , perdent
l'eau de leur cryftalliiation , enfaifant un petit
bruit ou pétillement que 1W nomme décrepita-
tion* Le gypfe décrépite plus que les autres pierres
de même efpece» Tontes ces pierres deviennent
friables & d'un très beau blanc opaque. Le gypfe
fe divife pendant cette opération en feuillets ex-
trêmement minces. Ce produit fe nomme gypfo
cuit on plâtre > lorfqu il eft fuffifarntneat calciné.
Le gypfe. , pendant ta calcinadon , perd fort peu
de ion acide , & la terre calcaire fe réduit en
chaux qui y & caufe de fon union avec L'acide vi-
triolique , a des effets différents de la chaux
vive.
Ces pierres ainfi calcinées , pulvérifées & do-
iayées dans de l'eau , s'échauffent us peu 9 mais
infiniment moins que ta chaux vive : elles exha-
lent une légère odeur de foie de fouire , & elles
abforbent une très grande quantité d'eau ; elles
ferment une pare qui'prend beaucoup de corps, &
Riij
%6% ChYMIE EXpiKlMEHTAfE
qui durcie considérablement en fe féchant. La ■
chaleur qui s'excite lorfqu'on gâche le plâtre,
quoique (bible , eft néanmoins luffifante pour le
tenir dans une efpece de diflolution. L'endtirciflè-
ment qu'il éprouve , quelques inftants après qu'il
eft gâché , vient d'une cryftallifation confufe qui
)ui arrive par le refroidiflement. Dans cet état ,
il retient toute l'eau qui a fervi â le gâcher. L'eau
qui refte dans le plâtre après qu'il eft pris , agit
de nouveau ,.& le fait gonfler pendant plus ou
jnoins de temps , & avec plus ou moins de force ,
félon les circonftances : cet effet eft même fi fort,
que fi le plâtre fe trouve gêné, il brife & ren-
verfe les opftacles qu'on lui oppofe, avec la même
force que de l'eau qui fe congelé. Une portion
de cette eau n eft, pour ainfi dire, qu'interpofée
entre les molécules du plâtre : elle s'évapore avec
facilité par le concours de l'air & de la chaleur
•qui fubufte pendant un certain temps , après que
}e plâtre a pris de la confiftance ; mais l'autre por-
tion eft combinée , & elle n'eft évaporable que
par un degré de chaleur Supérieur à celui qui rè-
gne 4*ns les fouterrains :. l'eau dans le plârrç
qu'on emploie dans les fouterrains a n'ayant pas
la liberté de s'évaporer promptement , continue
iTagir , comme lorfqu'il vient d'être gâché : cette
ft£hon fe continue à la faveur de l'humidité , jus-
qu'aux plus petites molécules qui n'ont pas étç
fnouillées d'abord. Il fe fait dans l'intérieur de la
piaffe des cryftallifations fucceflives jufqu'à ce
qu'enfin lés molécules intégrantes du plâtre aient
|ubi le même fort. C'eft là ce qui occasionne le
gonflement perpétuel qui arrive aux plâtres em-
ployés dans des lieux humides, & les raifons
pour lefqùelles il fe détruitplus ou moins prompt
«ÇffiÇMt. §i l'on ç**mine Je j>iatrç dçs «Yçs h*}'
: IT RAIS ON Ni S. *<?}
ttiides , on le trouve fouvent parfemé de petits
cryftaux qui fe font formés depuis qu'il a été em-
ployé. Ce font ces mouvements & ces cryttallifa-
tions réitérés qui font caufe qu'il fe détache des
murailles dans les fouterrains humides. 11 n'en
eft pas de même du plâtre employé dans l'inté-
rieur des maifons & dans les endroits fort fecs :
il eft exempt de tous cet inconvénients , parce-
que l'eau qui les occafionne eft évaporée promp-
tement. La propriété qu'a le plâtre de fe gonfler
ainfi , fait qu'il eft très précieux pour les fcelle-
ments : c'eft en vertu de cette propriété qu'ils
font fi folides , parceque le plâtre fait l'effet a une
compreffion continuelle.
Lorfqu'on fait calciner les pierres gypfeufes à
un trop grand feu , elles acquièrent un caraâere
moyen entre la chaux & le plâtre : il ne prend que
peu ou point de corps lorfqu on le gâche : dans cet
ctat, les ouvriers le nomment plâtre brûlé. Lorf-
que le coup de feu a été moins fort qu'il île faut
pour convertir ces pierres en bon plâtre , les ou-
vriers le nomment plâtre court : il eft long-temps
à prendre corps avec de l'eau. J'ai examiné le
plâtre cuit dans ces différents états , & j'ai re-
connu que lorfqu'il eft trop cuit, il a perdu d'iyie
part, une portion d'acide vitriolique ; & d'un au-
tre côté , la tetre calcaire a acquis les propriétés
de la chaux , au-delà de ce qu'il convient pour for*
mer du bon plâtré.
M. Pott a remarqué que les pierres gypfeufes %
expofées au plus grand feu qu'il air pu< produire»
n'entrent point en fufion (i). Il eft bon d'obfer-
ver , lorfqu'on fait cette expérience , de né pas
employer un creufec d'argille , parceque cette
(i) Lithogéognofic , page 6%,
Riy
}<?4 ChYMIB SXPiAIMlNTAt*
\2Xxe &'le gypfe , tomme nous le dirons en ïbqf
)ieu > fe fervent réciproquement de fondant. 11
faut pofet le gypfe fur du fable an fur de la craie,
j,e gypfe n'eft cependant pas infufible : ayant ex-
po fe, M. Macquer & moi (x)9 du gypfe de Mont-
martre- au foyer d'un bon miroir ardent , il s*y eft
promptement calciné , & na pbint fondu, tant
que nous n'avons préfenté cette pierre que par
la furface large des. lames ou feuillets dont elle
çft compofée y mais elle s'y eft fondue en un inf*
{ant avec bruit & fifflement, auffi-tôt que nous
en avons préfenté la trançhç ou le côté. Les par-
ties fondues ont pris une retraite très confidera-
ble : elles n'étoient pas néanmoins changées en
yn verre tranfparent, mais en une matière opa-
que & d'un jaune fauve.
L'acide vitnolique eft fort adhérent dans le
gypfe. J'ai fournis, à la diftillation dans une cornue
de verre deux onces de gypfe en poudre. J'ai
pouffé le feu pendant quatre heures , jufqu'au
point prefque de fondre la cornue : il a diftiliç
trois gros de liqiienr infipide : il eft refté dans le
vai(feau une once cinq gros de gypfe calciné très
felanc & en poudre légère.
La liqueur qui a diftillé n'étoit que l'eau de
la cryftallifation du gypfe ; elle n avoit ni odeur
ni faveur ; elle ne changeoit point la couleur de
la teinture de toarnefol , ni celle du fyrop violât ;
in^is elfe donnoit un petit œil louche à la dilTa-
jution du mercure faite par l'acide nitreux : ce
qui fait voir qu'il n'a piaffé dans cette diftiila-
fion qu'une quantité imperceptible d'acide vir
{riolique.
^i) Mémoires de rAc^d^ie, année 1758 , page rt*t'
I T H A ! S © N N 1 i; %i%
Le gypfe refté dans la cornue ne prenoit plus
<ie corps avec l'eau, comme le plâtre ordinaire ;
il étoit ce que les ouvriers nomment du plâtr*
brûlé: il fe réduifoit en poufliere en léchant ; ce
oui prouve qu'il ne fuffit pas que l'acide refte
dans le gypfe , pour former de bon plâtre j mais
qu'il faut encore prendre garde de trop calciner
la terre calcaire , h Ton veut avoir du plâtre <ta
bonne qualité.
Gypfe à Voir.
Il paroît qu'on n'a point obfervé les altéra*
tions que le gypfe peut recevoir de la part de
l'air. Il y a lieu de croire qu'il ne lui çauferoit au-
cun changement , s'il était toujours parfaitement
pur , & non mêlé avec lesautres éléments \ mais
comme cela n'eft pas, le gypfe reçoit de leur ac-
tion réunie , & du laps de temps , les plus grands
changements , & Revient enfin argille. Il me fera
difficile de donner une démonftration bien com-
plexe de ce fen ciment , pareequ'il Vaudrait pou-»
voir changer du gypfe en argille ; ce que je n'ai
{>u faire : mais je vais tâcher de développer mon
entiment , & de le rendre au moins probable.
Le gypfe a pour bafe de la terre calcaire. Cette
terre , comme nous l'avons dit , eft due au travail
des teftacées, &c. Les eaux de la mer tiennent en,
difïblution , ôc dans l'état le plus favorable , les
matériaux propres à former les matières faliaes«r
Le gypfe , <jui eft un fcl vitriolique à bafe ter-
reuses calcaire , a été néceflajrement formé dans
la mer. Tout l'anponce. Les riches carrières à
plâtre font difpofées par couches parallèles & ho-
rizontales , parmi lefquelles on trouve , comme
par-tout ailleurs , des débris marins. Cette dif-
Çofuion des couches des carrières à plâtre a&«;
%C6 ChyIme MXviUlirBHTAtl
nonce aflez qu elles fe trouvent telles qu'elles ont
été fermées dans la mer , & par dépôts. La terre
du gypfe né diffère 'absolument point de la terre
calcaire ordinaire : l'acide vitriolique, qui lui eft
uni, n'a point changé fa nature ; il femble même
qu'elle eft par lui garantie de l'aâion des élé-
ments : j'en juge par les différentes expériences
que j'ai faites wr le gypfe , à l'effet de ramener fa
tçrre à de plus grands degrés de (implicite , mais
fans l'avoir auparavant débarraffé de fon acide vi-
triolique. Les expériences que j'ai faites à ce fujet
ont été infru&ueufes. Si j'y fuffe parvenu , j'au-
rois formé de l'alun ou de l'argille , fuivant les
proportions d'acide qui feroit refté uni à la terre.
Ceft pour la même caufe que le gypfe , par une
forte calcination, ne fe convertit pas en bonne
chaux vive. L'acide vitriolique qu'il contient s'op-
pofe à ce changement.
Mais il n'en a pas été de mêpre de la terre do
gypfe , féparégde tout acide vitriolique : elle s'eft
mieux prêtée aux changements dont nous parlons;
elle s'eft comportée à cet égard de même que de
la terre calcaire pure : elle s'eft d'abord convertie
en bonne chaux vive , par la combinaifon. J'ai
fait calciner cette terre plufieurs fois de fuite, en
la lavant chaque fois dans beaucoup d'eau , com-
me j'ai obfervé à l'égard de la terre calcaire ordi-
naire. Je fuis parvenu , par ces moyens fimples , à
iii opérer une forte de décompofition , & à la
rendre prefque indifloluble dans les acides, par-
ceque, par toutes ces opérations , je lui faifois
perdre 1 eau &: l'air qui la conftituoient terre cal-
caire. La féparation de ces fubftances la rappro-
che de la nature des terres vitrifiables. J'ai traité
enfuite cette même terre avec de l'acide vitrioli-
que ; elle a fourni quelques cryftaux de vcrkfr-
BT RAISONNÉ Ë, Xty
b\è alun, & de la félénite calcaire ; ce qu'elle no
pouvoir produire auparavant. Nous verrons bien-
tôt que la terre de l'alun eft femblable à cellç des
argilles.
Si 9 dans nos laboratoires , nous pouvons , par
la voie feche , occasionner de pareils change*
ments à la terre calcaire , la Nature doit les pro-
duire , par la voie humide , d'une manière bien
plus générale. Quoique je n'aie pu changer la
terre du gypfe , tant qu elle étoit encore unie i
de l'acide vitriolique, ce n'eft pats une raifoit
pour croire que la Nature ne le peut faire ; au
contraire , je fais perfuadé qu'elle ne manque pas
de moyens, & qu'elle change les propriétés de
cette même terre , fans qu'elle ait befom d'en fé-
parer d'abord l'acide vitriolique. Le gypfe , pa*
les altérations qu'il éprouve , eft changé en ar-
gille & en alun > avec la plus grande facilité ; il ne
faut que du temps. Cet agent , aufli puifTant que
les éléments , ne coûte rien à la Nature.
La terre calcaire du gypfe , quoiqu'unie à de
l'acide vitriolique , reçoit donc , de la part des
éléments , tous les changements dont nous par-
lons : elle eft ramenée , par le laps de temps ,
au caraâere de la terre vitrifîable j mais il réfulte
de Pargille lorfque la terre refte trèsdivifée, &
qu'elle conferve une dofe fuffifante d'acide vi-
triolique. C'eft dans la mer que la .Nature pro-
duit ces belles métamorphofes. La partie feche
du globe s'oppofe , par fa folidité , aux mouve-
ments néceflaires pour produire de pareils chan«-
Î;ements } mais les eaux de la mer promènent à
eur gré des mafles de gypfe , qui fe font accumu-
lées. Le frottement amenuife les molécules , Ôt
dpflne aux argilles cette douceur & ce liant qu'on
168 Chymië EXPÉRIMENTALE
lear connaît. Tout porte à croire que les argiileé
font le produit des altérations que le gypfe a
éprouvées par le laps de temps , & par le mouve-
ment des eaux de la mer. H cft difficile de croire
que les argilles aient été formées immédiatement
par l'union de la terre primitive & élémentaire
avec de l'acide vitriolique , parceque > comme
nous l'avons dit, cette terre ne contient ni eau»
ni air , ni principe inflammable , qui font les fub-
ftances par iefquelles l'acide Vitriolique attaque
les corps. La Nature doit éprouver les mêmes dif-
ficultés , 8$ nous n'aurions que fort peu d'argilles
£ nous n'avions que celles qui peuvent fe former
immédiatement par l'union de la terre vitrifiable
avec l'acide vitriolique»
L'efpece de décomposition qu'éprouve Iegypfe
pour fe changer en argille, ne fe fait pas tout-à-
coup : c'eft l'affaire du temps > des circonftances,
& des révolutions qui arrivent au mouvement des
eaux de la mer» Ces changements , que nous di-
fons arriver dans le fein des eaux , fe paflent fous
nos yeux , mais en petit , dans les carrières à plâ-
tre. Tout le terrein des embouchures des carriè-
res à plâtre de Montmartre eft compofé de pierre
à plâtre , brifée , réduite en poudre par les voi-
tures , & délayée par les eaux de pluie. Ce ter-
rein eft argilleux; c'eft, à la vérité, .une mau-
vaife argille ; elle eft plutôt de ta marne : mais
c'eft un commencement & un acheminement à de
plus grands changements 3 dont le gypfe eft fuf-
ceptiole : il ne faut à cette fubftance que du temps
pour devenir argille parfaite. 11 y a bien peu d'ar-
gilles qui ne contiennent encore quelque refte de
Terre calcaire. Il eft à préfumer que celles qui n'eu
pur poiqt du tout, font formées très anciennement:
fi T RAISONNE E. %6$
torpàr la deftrudion des premiers corps organifés*
La terre calcaire a eu le temps de fe détruire de de
changer de nature complètement»
Tel eft le fehtiment que je me fuis propofé de
développer fur la formation du gypfe , & fur les
altérations qu'il éprouve dahs le fein des eaux
pour fé changer en argille. Si cette idée n'em-
porte pas une convi&ion parfaite > on peut lui ac-
corder du moins quelques degrés de probabilité :
c eft tout ce que Ton peut denrer , julqu'à ce que
nos connoiflances fur cette matière foient plus
avancées. Le gypfe qui fe trouve en mafle dans la
partie feche du globe , h'apas toujours les mêmes
occafions pour éprouver les changements dont
bous parlons, & pour fe convertir en argille j il
reçoit également des altérations par le laps du
temps : mais il paroît que, faute die mouvement
& du concours des eaux, elles font d'un autre
genre. C'eft le gypfe vraifemblablement qui , à
i faveur des changements qu'il éprouve , forme
les amiantes, les micas, les talcs, les craies de
firiançon , les asbeftes, &c. Toutes ces matières
ne contiennent plus un atotpe d'acide vitrioli-
que : elles ont , au refte, un certain nombre de
propriétés chymiques oui leur font communes
avec les terres des argilles féparées de Leurs aci-
des y mais elles différent aufli entre elles par des
propriétés particulières à chacune d'elles. Ces
terres demanderaient autant de traités différents
pour les mieux faire connaître , qu elles ne le font
encore à pççfent,
Gypfe c&tc de tcau.
Le gypfe parfaitement pur, c'eft-i^diçe^elui
dont toute la terre calcaire eft combinée, avec de
%J6 ChVMIÈ ÉXfÉRfMBNTAtH
l'acide vitriolique > eft diftbluble en entier âitA
l'eau , fans laitier aucune réfidence. Huit onces
d'eau bouillante difîblvent huit grains de gypfe
ou d'albâtre. La diflolution eft claire & parfaite-
ment tranfparenre.
Mais lorfqu on fait bouillir beaucoup degypfe
du d'albâtre dans de l'eau , cette liqueur s'en
charge d'une plus grande quantité. Cet effet vient
de ce qu'il y à dans le gypie des parties plusdiffb-»
lubles les unes que les autres i quoiqu effentiel-
lement de même nature. 11 arrive la mêtae chofe
aux félénites artificielles*
La pierre â plâtre de Montmartre contient un
peu de terre calcaire libre ; auffi ne fe diffbut elle
pas complètement dans l'eau. Les eaUxfbuterrai*
hés de Paris roulent fur un bain gypfeux: elles
font faturées de fembkbles féléijites : elles for-
ment ce que l'on nomme eaux crues ou eaux dures.
Ces eaux ont les mêmes propriétés que les ditfblu-
tîôris de gypfe t mifes1 à évaporer , elles "forment
pareillement de petit* cr-yftau* de félcnite.
Toutes les diflblutions de gypfe ont fa même
faveur que les eaux des puits de Paris jolies ntf
changent point la couleur de la teinture de tota-
nefol, ni ëelie du fyrop violan - "
L'eau de diaux rie précipite rien de ces diflb*
luiîiohs; Il eft vifible , par toutes ces expériences ,
quele* gy pfes , & toute* les fubftances gy pfeufes ,
font un vrai fel virrîdliqùe â bafe terredfe \ &
nous démontrerons; dàfts-uhê autre occafion,
que cette tafe eft décidément calcaire. •
Oypje avéextèia glace.
©h lié fait paa fi le gypfe avec de la glace pr<*
dttiroit du froid # comme le font la plupart de)
ET RAISONNÉ*. 17t
féls. tl eft à préfumer qu'il n'en produiroit pas ,
parceque ce fel eft très peu difToluble , & qu'il ne
j>ourroit occafionner la fufion de la glace.
Gypfe avec la terre vïtrifiable.
Le gypfe n'a , par la voie humide , aucune a&i
tion fur la terre vitrifiable \ mais il en a un peq
par1 la voie feche. J'ai expofé plufieurs fois au
grand feu un mélange de parties égales de gypfe
& de fable , l'un & Fautre en poudre fine: le mé-
lange eft quelquefois refté en poudre friable après
la calcination : d'autres fois il s'èft agglutiné, 9c a
pris un peu de corps , mais fans entrer en fufion;
tela dépend du coup de feu qu'il a éprouvé , & il
eft difficile d'en déterminer l'inteafité* À la ri-
gueur, rien n'eft inftifible dans la Nature a il eft
certain que ce mélange entrerait dans une fufion
compiette , à l'aide . oun feu fuffifamment fort :
. alors ce feroit autant à l'intenfiré du feu qu'on 4$r
vroit attribuer la fufion de ces fubftances , qu à
l'aâion au'elles peuvent avoir réciproquement
\ Tune fur l'autre,
Gypfe avec Uphlagijtiqueé
J'ai fait calciner, dans uç creufet 9 pendant deu*
heures, àui\e chaleur modérée <»#i} mélange 4*
huit gros de gypfe & de deux gros d< shaîbqn ,
l'un & l'autre réduire en poudre très fine:: pendant
la calcination:^ le mélange, eXhfci«M; #ne odeur
de fôufre & d'acide fulfiireux volatil. La matière
eft reftée feche &1 friable ; elle a acquis une cou-
leur gris.de Un. Cette mâ*iftrQft£té\dçUyce dans
de l'eau chaude , puis filtrée. La liqueur qui a
piffé étoit clake , mais' d'uae baulènr Vêrtê ; Se
aune odeur de ibie de foufice ^dleétok aufli ufc
ft?ï ChVUÏÊ feXPÉRIMEKTALI
véritable foie de foufre terreux , & qui en avoir
les propriétés : il fe laiflbit décompofer par urt
acide, & laifloit précipiter le foufre qui s'étoit
formé pendaiit la calcination , par l'union du
phlogiftiqile du charbon avec l'acide Vitriolique
du gy pfe. La terre calcaire s'eft convertie en chaux
vive en partie , 6c a fervi d'intermède pour tenk
le foufre en difToiution dans de l'eau ; ce qui a
formé par conféquent du foie de foufre terreux*
Gypfe avec la terre calcaire*
- On ne connôit point lés effets de ce mélangé
Kr la voie feche ; on ne fait par conféquent fi
ride vitriolique fe partageroit entre la terre
calcaire qu'on àjouteroit , ou s'il refteroic dans
fon état dé facturation parfaite.
- Je me fuis affuré qu'aucune terre calcaire ne
décompofe , par là Voie humide , ni le gypfe > ni
aucune félénite calcaire*
Gypfèçvtc l'eau de <kauXi
L'eau de chaux , verfée fur des diffblutions de
gypfe, noccaftortné point de précipité. Le mé-
lange fe trouble légèrement , mais dans l'efpace
4e quinze jours -feulement»- L'tau de chaux toute
feule produit un femblable précipité 2 ainfi on né
peut l'attribuer à une décomposition du gypfe qui
auroit été opérée par l'eau de chaux, mais à la
terre tenue en diQolution dans cette eau , qui eft
précipitée par ta féiénite*
Gypfe Wtc de faùde vitriolique.
L'acide vitriolique n'a aucune aâion fur les
(ubftances gypfeojfes j mais par fon moyen on
parvient
* * HÀtSONKÉfi. 17|
parvient à diiïbudre dans l'eau une plus grande
Quantité de ces matières.
• J'ai fait bouillir quelques lataefc de gypfe clans
ée l'acide vitriolique affoibli j elles ont perdu leur
tranfparence eii un inftant î elles fôttf devenues'
blanches & opaques, commie lorfq'u'bn les ex-
pofe fur des charbons ardents > Tans cependant
quijl parût tien de diflbus. Cet effet doit être at-
tribue à Tatide vitriolique qui leur a enlevé leuf
eau de cryftalliCation*
J'ai dit que huit ortces d'eau bouillante diflbl-
irenc huit grains dô^gypfe; mais lorfaua cette
quantité d'eau eft chargée d'un gvoi cfacidevkriG-*'
lique concentré {1) , eite diflbat trentegifcins dô
gypfè ou d'albâtre , avec effervefbeticei knrfque là
liqueur eft chaude * & farts effervefcôftèe lorf-
quaile eft froide, Co mouvement d'fcffervefceriee
vient de la rapidi«£a*éc laquelle éettt^ubftaiîcéj
fe difTout dans cet acide , fans cependant fe com*
biner. ..• -. v ^ .-^
J'ai répété cette expérience un peu plus eft
%itt\d\dc j'ai employé beaucoup feluiHtf albâtre
qu!il ne pouvoit s'én-difloudre. Ealiqûeût'a cbn-^
fervé toute fon acidité» J'ai filrr élsii^qetfc , & l'aï
feit ctyftallifef^iUi obtenu desxryftârade fêlé-'
rtite beaucoup plus g*cte qfcg tfîtix tfunè i>tireille
difTolutiondans de l'eàu puret'ilsÔtétefet4icides V
pareequ ils fe font formés dans une liqueur acide $
mais ils fe font trouvée pâr&U&ftent neutres ,
après qu'ils eurent été égouttés fur des papiers
g^s^fuf4u-a^e qu'ils ne lés mouttlatfentplus , &
qu'ils devin flènt éarfârtettient fets- pâi futeion o*
iftebibition daitsr les papiers. * -î
■ 4 \ù 1 1 * »tî' 1 ■<■! ■ 1 1 é i"i ■ 1 î' ■; ■ ■ • «j J
'" ( 0 C<;t acide pcfe une once fix* gros cinquante -, deux
g*aio%_, dans nue bouteille qui contient une owcé d'eau. ' . ^
Tome i» S
2*74 Chymie expérimentale
La diflolution de ce fel dans l'eau ne change
point la teinture du tournefol ni celle du fyrop
violât. J'ai répété ces expériences fur beaucoup
de félénites artificielles qui ont préfenté les mê-
mes phénomènes. En augmentant la dofe de
l'aide vkriolique , je procurais à l'eau la pro-
priété d'en difloudre davantage , mais toujours
dans la même proportion. Les cryftaux qui en
{>rovenoient ,.éroient parfaitement neutres, après
'imbibition de l'acide dans du papier gris.
Il réfute bien évidemment dfijees expériences,
que les félénites. calcaires ne peuvent le combi*
nex avec, une furabondancç,d acide vitriolique }
ce qui nous -conduit à établir cette loi générale,
epauçw.fà-VJ&rioliqiie à bafe de terre calcaire
ne peut admettre dans/es cryftaux aucune furabon-
da^ce d'acide ^ ni de terre .calcaire. Cesfels np
peiweofc cû» que.parfaitem&nt neutres*
Gypfe avec le foufre.
On ne çonnoît point 0e que produirait le mé-
lange du gyp(è-& du foufre ; il y a lieu de préfu-
mer que , par la caicination, ce^açjiange fourni-
roit un foie de foufre tefreux.J&iremarqué que
le foufre faciUtç.im peu la fufioiixiu gypfe. Il en
réfulte unemaffe noire &.fpctogieg&. .
. . Sur t 'Acide nitreux.
Lacide nitreux eft toujours fluor; du moins
iufqu'à préf^nt on .n'eft pas encore parvenu £
l'avoir fous une forme concrète, comme cela eft
poffible pour, tacide yitriplique. . Lorfqu'il çft
pur & bien concentré, il eft d'une couleur rouge
de. feu ; il exhale continuellement des vapeurs
fc T ftAlSONNÉBi ijf
touges qui font vifibles dans la partie Vuid* des.
flacons , même fans le concours de l'air*
Sa pefanteur fpécifique ,. comparée à l'eau, eft
comme douze à huit j c'eft-à-dire qu une bou-
teille qui dent huit gros d eau , contient douze
gros de cet acide. Par des moyens dont nous par*
Ierons bientôt, je fuis parvenu à me procurer de:
cet acide qui pefoit douze gros cinquante-quatre
grains dans la même bouteille»
L'acide nitreux a une faveur aigre , violette
ment acide , rongeante & corrodante : il fait fur
la peau des tâches jaunes ■> qui fubfiftent quelque
temps , & que l'eau de chaux ou les matières caU:
caires développent , & affluent davantage. Il fe*
toit dangereux de goûter cet acide dans l'état dé
pureté où nous le fuppofons ; mais lôrfdu'il
eft affoiblipar beaucoup d'eau, on peut le goûter
fans danger. Dans cet état , il laide dans la bou*
che une faveur froide fade, femblable aux rap*
ports qu'on a après avoir mangé des raves.
Lorlque cet acide eft affaibli par une certaine
3uantite d'eau , il porte vulgairement le nom
'eau forte;
: Il rougît les couleurs bleues des végétaux»
11 diftout tous les corps qu'il peut attaquer
avec plus d'adion & de rapidité que ne le font le*
autres acides.
Acide nxtrtux au feu.
L'acide nitreux eft infiniment phis Volatil que
l'acide vitriolique. Lorfqu'il eft expofé au feu dans
des vaifteaux diftillatoires , il fe réduit en vapeurs
rouges, très expanfiblesjtrès élaftique*,& très difE*
ciles à fe condenfer. . 11 s'élève tout entier dans là
diftillation fans fe r édifier ou fe concentrer, eotrï-»
me cela arrive à l'acide vitriolique, a moins qu'il
• Sij
$7<> Chymie expérimentale.
n'ait été affoibli par beaucoup d'eau j mais il en
pa(Te toujours beaucoup avec l'eau qui diftille.
Dans ces diftillations, il né fouHre aucune alté-
ration , ni aucune décompofition. Il y a des cir-
confiances où l'on a befoin de foumettre l'acide
nitrçux à la diftiilation , pour le débarrafler des
matières étrangères avec lefquelles il peut être
uni. L'appareil eft le même que celui que nous
avons décrit pour la. rectification & concentra-
timi de l'acide vitriolique ; mais.il eft bon de pré-
venir que cette opération eft infiniment plus k-
boriéule 8c plus difficile > parcequ'il doit pafler
tout entier dans la diftillanon j au lieu qu on fe
difpénfe de faire paffer tout l'acide vitriolique.
L'acide nkreux pafle tout en vapeurs rouges ,
très élaftiques, qui mettent les vaffleaux en dan-:
gecde crever ,* fi l'o» n'apporte pas les plus gran-
des précautions». Dans la rectification, de l'acide
vitriolique, oelqui diilille , eft chargé de peu-
d'acide, llji'en eft pas de metae de l'acide hitreux:,
ce qui s'élève dans cette . diftiilation , eft. tout
auffi concentré que' ce qui refte dans la cornue*.
Plus l'acide riitreux eft concentré , plus il eft vo-«
latil & difpofé à fe réduire ainfi en vapeurs > qui
font en même temps très élaftiques* .
Acide hitreux expojé à Voir*
L'acide ni trêux concentré , expofé à l'air , $*é?
levé & fê diflipe en grande partie en vapeurs rou-
ges \ mais elles deviennent blanchâtres prefqué!
auflî-tôt, lorfque l'air eft chargé de .beaucoup
d'humidité : ce qui refte, prend l'humidité de l'air,
mais moins vite , & dans une moindre quanticç.
que l'acide vitriolique»
. • >: 3ET RAISONNÉ*. 1,7^
. rAci de nitreux mile avec de Veau.
On metdans une fiole à médecine deux once*
d*acide nicreux bien concentre : on verfe pajr
<iefTas autant* d'eau. Le mélange bouillonne fur
le champ d'une force corifïdérable , & il fe pro-
duit quarante degrés de chaleur. Geçte chaleur
eft moitié moindre que celle de l'union de l'a-
cide vitriolique avec l'eau } mais l'ébullition eft
, beaucoup plus forte. Aufli-tôr que l'eau s'unit à
l'acide nitreux, il s'élève beaucoup de vapeurs
rouges : le mélange prend fur-le-champ une belle
couleur bleue de faphir. Cette couleur fubfîfte
pendant plufieurs années , lorfqu'on a employé un
{>eu moins d'eau que nou? ne l'avons dit ,' Se que
e mélange eft confervé dans un .flacon exactement
bouché avec un Bouchon de cryftak Cette couleur
difparoît au bout de quelques heures , lorfqu'oa
a mis dans le mélange plus d'eau que nous n'eo
avons indiqué. L'acide conferve alors une cou-
leur verte ou une couleur citrine , fuivant les pro-
portions d'eaù que Ton a employées : enfin il perd
toute couleur, lorfqu'on a employé une plus
grande quantité d'eau , comme deux ou trois par-
ties fur une d*acide.
L'acide nitreux, ainfi afïbiblî, ne peut plus fe
concentrer par la (impie diftUlation , comme l'a-
cide vitriolique. Estant plus volatil,. il s'élève
avec l'eau avec laquelle on. Ta mêlé. H faut d'au-
tres opérations pour le remettre dans l'état où il
étoit : nous aurons occafion d'en parler plusd'unA
Cois-
îij
^7* CHYMI3 EXPÉRIMENTAI!,
Acide nitreux mêlé avec de la glace*
Dix onces de glace pilée & fix onces d'efprird
jiirre fumant ont produit un froid de xx oegrâ
la température du lieu à 5 degrés au-de/ta*
terme de la congélation,
Acide nitreux avec les terres vitrifiables.
L'acide nitreux n*a aucune adfcion far les tares
vitrifiables pures , quelque divifées qu'elles fotent
par des moyens méchaniques. Il ne peut, fiffl
par la voie feche , foit par la voie humide, cou-
trader aucune union de compofition avec ces
fortes de terres. On ne çonnoît non plus aucune
combinaifon de cette efpece formée par la Nature.
Ce défaut d aftion de l'acide nitieux fur ces tep»
vient , comme nous, l'avons dit en parlant de
l'acide yitrioiique,de ce que le&terres vitrifiables
ne contiennent ni eau ni air , & que la matière
inflammable qui leur eft combinée» eft en trop
petite quantité & trop biçn unie x pour quelle
puifle être attaquée par les acides , & fervir d'in-
termède à la difTolution de ces fortes de terres,
Acide nitreux avec le phlogijlique^
L'acide nitreux paroît n'avoir que très peu (fac-
tion fur le phlogiftique qui eft dans l'état char-
bonneux fans ignition. Si Ton plonge dans de l'a-
cide nitreux fumant un charbon noir» il ne fe pro-
duit aucun effet.
Je ne fais fi cet acide, diftillé fur du charbon en
poudre , le décompoferoit , tomme je Tai faitavec
de, l'acide vitriolique. Si l'on faifoit cette expé-
rience , ilferoit à propos de fe mettre en garde,
I T KAISONHif. I7}*
parcequ il pourroit arriver inflammation & explo-
lion j on ignore du moins ce qui pourroit en ré-
fulrer.
Mais en revanche l'acide nitreux à une grande
aâion fur le phlogiftique dans le mouvement
igné, fur certaines matières huileufes , & fur le
phlogiftique des matières métalliques. Il s'unir à
ces fub (tances avec une impétuofité confidétable.
Si l'on plonge dans de l'acide nitreux fumant &
bien concentte un charbon ardent , il s'excite auflt-
tôt une inflammation des plus vives avec déton-
nation. La furface du charbon eft lumineufe ,
comme fi elle étoit foufflée continuellement avec
un foutflet. Le charbon brûle avec l'acide nitreux
qui s'applique à fa furface , au lieu de s'éteindre ,
comme cela arrive avec l'acide vitriolique. Il fe
produit un foufre nitreux compofé de cet acide &
du phlogiftique qui eft de la plus grande combus-
tibilité.
La plupart des Chymiftes attribuent cette in-
flammation à du nitre qui fe forme de l'alkali de
la cendre du charbon avec l'acide nitreux ; mais
cette inflammation eft trop vive, rrop rapide, pour
l'attribuer à cette caufe toute feule : d'ailleurs ,
comme le charbon ne brûle qu'à fa furface , &
qu'il cefle de détonner aufli-tôtqu'on l'enlevé à cet
acide , Se comme on ne retrouve point de nitre
dans l'acide nitreux reftant , on eft en droit de
conclure que tout le fracas que l'acide nitreux
Ïiroduit dans cette expérience , vient , comme je
'ai dit , du foufre nitreux. Ce foufre fe forme >
s'enflamme & continue de fe former Se de s'en-
flammer > tant que le charbon eft dans l'ignition ,
Se qu'il re$e plongé dans cet acide.
Siv
ï8o ChYMIB EXPERIMENTAL*
.
jfçide nitreux avec les matières combujlibles dans
l'état naturel.
- L'acide nitreux a une a&ion iingulieire far Ui
matières végétales & animales : il les détruit d'une
manière très prompte & plus efficacement que ne
lefaiti'açide vitriolique. 11 s'empare, pourainfi
dire , de la totalité de leur fubftance inflamma-
ble, fans les faire pafTer fucceflivement de 1 ecaji
où elles font , à celui de charbon , comme le fait
l'acide vitriolique , parcequ il les attaque & les
diflout dans leur entier. L'acide virriolique au
contraire s'empare d'abord de leur eau principe 9
& dégage leur air» La matière inflammable paroîe
îilors fous la forme d^une fubftance charbonneufe.
L'acide niçrqux porte fon a&ion en même temps
fur tous les principes constituants des matières
CQmb.uftibles. j ce qui prouve que fon affinité avec
la terre du corps organifé eft prefque égale £
celle qu'il a avec la madère inflammable dans
l'état huileux,
Nous allons voir dans l'expérience fuivame,
que l'adion de i'açide nitreux eft encore plu$
marquée lorfqu'il agit immédiatement fuç la ma*
çieçe huileufe dansfétat de pureté,
Acide nitreux avec une huilcx
Inflammation dç cette huile.
* On met dans une.capfule de verre environ
mettre gros d'acide nitreux fumant : on verfe pat
oeflus, à l'*ide .'d'un0 cuiller à long manche,
environ autant , & , même un peu moins d'huile
de lin. Il fe ffût jauffirtot une efifervefcence trè$
vive%, & le mélange s'enflamme : l'huile brûle*
^îtiçççment : il refte une matfoe çlwbQimçufe
1 T RAISONNÉ!; l8t
^Toutes les huiles ne s'enflamment pas de même
avec l'acide nitreux : nous en dirons les raifons
dans une autre occafion , ainfi que desphéno-
menes que préfente cet acide avec les différentes
huiles : nous ferons feulement , quant à prê-
tent, quelques réflexions fur cette inflamma-
tion.
Le phénomène dont nous venons de faire
mention eft connu depuis long-temps des Chy~
. miftes & des Phy ficiens , & on l'a expliqué de
différentes manières. On doit l'attribuer au frotj-
tement qui s'excite entre les parties de l'acide ni-
treux ? & de celles de l'huile qui s'uniffent & fe
combinent. De cette union , il réfulte une forte
de foufre que l'on nomme foufre nitreux , & qui
eft de la puis grande combuftibilité. La chaleur'
qui fe produit dans le mélange eft fuiHfante pour
l'enflammer & pour mettre le feu à l'huile.
Qfferyfltions Jkr l'Acide nitreux.
Nous avons vu que le mélange de l'acide vï-
triolique & de l'huile de lin ne s'eft point enr
flammé : ce n'eft pas parceque la chaleur eft
moins fojrte que dans le mélange de l'acide ni-
treux & de cette même huile ; c'eft que l'acide
yitriolique n'eft pas inflammable , & que i'ef-
pece de foufre qui réfulte de l'union de l'acide
vitriolique & du phlogiftique , eft moins corn-
buftible que le foufre nitreux : la chaleur qui fe
produit eft incapable de l'enflammer. Si l'on
Îdoqgeoit un thermomètre dans le mélange de
acide vitriolique & de l'huile , on obferveroit
u il fe produit plus de chaleur qu'il ne s7en pro-
duit pendant l'effervefcence qui précède l'inflanv»
uwîipo du mélange de l'acide nitreux & do
1
ai
X$l ChVMIE EX?iRlMENTALH
l'huile ; mais cette chaleur , quoique plus foiblè
dans ce dernier mélange , eft fuffilante pour en-
flammer le foufre nitreux qui fe forme : ainiî,
c'eft moins à la chaleur qui fe produit, qu eft due
l'inflammation , qu'à la combuftibilité de ce fou-
fre nitreux , qui peut s'enflammer à une chaleur
aflez modérée*
L'odeur , la couleur rouge ardente de 1 acide
nitreux , & la couleur bleue qu'il prend lorf*
cp'on le mêle avec de l'eau , font autant d'indi-
fces que cet acide contient une très grande quan-
tité de phlogiftiqtie , & qu'il en eft même fattrré.
Nous verrons dans quelques expériences qu'il
peut s'en fuperfaturer , & fe manifefter fous la
forme d'une liqueur qui nage à fa furface comme
une huile nage à la furface de l'eau. Ceft à cette
quantité de phlogiftique, contenu dans l'acide ni-
treux, qu'on doit attribuer tous les effets <jue nous
venons de lui reconnoître fur les matières in-
flammables y ce qui eft caufe qu'il eft lui-même
inflammable dans toute fa fubftance.
Lorfqu on mêle l'acide vitriolique aux huiles f
il fouflre une forte de décompolition. L'acide qui
fe fépare immédiatement après FefFervefcence,
eft beaucoup moins concentré qu'il ne l'étoit. La
matière faline acide s'unit à l'huile , & fe fépare
de fon eau furabondante. Il n'en eft pas de même
de l'acide nitreux : il s'unit dans toute fa fubftance
fans fubir la même efpece de fépararion : lorf-
qu'il refte même de l'acide nitreux après l'inflam-
mation de l'huile , il eft tout aufli concentré
que lorfqu'on l'a employé j du moins il n'y a pas
là même différence que celle qu'on remarque à
l'acide vitriolique qui fe fépare de l'huile après
que l'effervefcence eft paflee.
Jufqu'ici on comprend facilement la cauiê dfc
ïf Ràisônn**. ifcj
l'inflammation de l'huile à la faveur du foufre ni-
treux qui fe produit pendant l'effervefcence 5 mais
il eft difficile de concevoir cette effervefcencè
^Ile-même , qui eft le (igné de lacombinaifon &
la caufe de l'inflammation. Comme tous les effets
de cet acide fur les matières combuftibles font
absolument femblables à ceux du feu, je penfe
qu'on doit les attribuer au feu pur ou prefqu*
pur , qui fait le fond de cet acide. L'acide ni-
treux , félon moi , contient plus de feu légère-
ment bridé par les autres éléments , que l'acide
vitriolique j & c'eft à fa dofe & à l'état fous le-
quel il le trouve retenu , qu'on doit attribuer fa
grande a&ion fur les matières qui contiennent
quelque fubftance inflammable. Tout ce que
nous avons dit à ce fujet, en parlant de l'acide
vitriolique, eft applicable à l'acide nitreux : ainfï
nous n'en dirons rien de jHus.
Dans les opérations ordinaires de la Chymie ,
on ne fe fert point d'acide nitreux fumant ,
comme celui dont nous venons de parler : on em-
ploie communément de l'acide nitreux plus foi-
ble. C'eft de ce dernier dont nous ferons ufage „
à moins que dans le cours des opérations nous
n'ayons befoin du premier } dans ce cas, nous en
préviendrons.
Acide nitreux avec les terres calcaires*
L'acide nitreux difïbut toutes les pierres &
•terres calcaires avec beaucoup de facilité , & in-
finiment mieux que ne le fait l'acide vitriolique.
Ces dévolutions fe font avec beaucoup de cha-
leur & d'effervefçence. L'acide fe fatuité de ce*
terres fans le fecours d'aucune chaleur t il forme
avec elles des fels neutres qui fecryftallifent diffi-
**4 Ch.YHIIE EXlfklMEWTAlB
cilemenf, & qui attirent puiflamment L'huoiï-»
dite de l'air. On nomme ces feis nicre à kafi
ttrrcufe*
On met dans un matras , ou dans une cucur-
bite de verre, des morceaux de marbre blanc.
On verfe par-deflus environ le double de fon
poids d'acide nitreux ordinaire. La diffblurion fe
fait avec beaucoup d'effervefcence. Lorfque l'a*
cide eft parfaitement faturé, on filtre la liqueur
au travers d'un papier gris , & on la garde dans
une bouteille.
Remarques.
J'ai fait dilïbudre ckjns de l'acide nitreux beau*
coup de différentes efpeces de terres calcaires*
chacune féparément^ telles que des ftalaûites
d'Àrcueii , du moellon , de la craie de Champa-
gne, différentes efpeces de fpaths calcaires , des
coquilles d'œufs , des coquilles d'huîtres , de la
chaux » des pellicules de chaux , &c. Toutes ces
fubftances préfentent les mêmes phénomènes
pendant leur diffolution.
L'acide nitreux diflbut mieux toutes ces fub-
ftances , que l'acide vitriolique. Il les diflbut
même à froid fans laifler aucune réfidence , lorf-
que ces pierres font pures. Lorfque cet acide ap-
proche ae fa faturation , il dépole , fous la forme
d'ochre , la/ portion de fer contenue dans ces
terres , dont les plus pures ne font pas exemptes*
Ce précipité ferrugineux s'applique fur la terre
qui eft furabondante à la faturation de cet acide.
Si ce font des morceaux de marbre blanc que Ton
a employés , on remarque qu'ils font creufés par
endroits j les parties les plus tendres font atta-
quées les premières. On obferve mieux ces inu-
niformités des pierres , lorfque l'aci<fc çft pk%
£T R Ai SON* £*. 18 J
fretre faturé : it> celle d'entamer les parties du-
res. J'ai fait la même obfervation fur la plupart
dés autres pierres calcaires.
Les pierres calcaires qui contiennent du fer ,
comme le moellon d'Arcueil, forment une dîf-
fblution de couleur ambrée ^ mais en employant
Ï>lus de rerre : calcaire qu'il n'en faut pour faturer
^acide, le fer fe précipite, Scia-diitolutiott 4e*
vient claire & fans couleur* *' T ■■ »'
'Les coquilles d'oeufs contiennent, comme
TiôusTavofcs déjà dit, un parenchyme mucilage
rtêuX'qui donne de la folidité à lacoqiiille. Cette:
fabftarice obcafionne un gonflement prodigieux*
pendancque la terre calcaire fediiTou t. Le mè*>
tarage fe-rédûit en écume remplie de beaucoup)
do Nulles d'ak^Uifaifoientpartie de la coquittttr
Pour faire cette diiTolution jGommadémentfy il
faut employer un grand yaiffê^u/ôc ne mettre le*,
maquilles qu'i mefure quilles ibnr diffcmtés^
Cette dîfloluqon bien iaturée eft d'une légère
couleur d'aiguë marine. • :. ' •. r- l < : *
^ Douze onces d'eau de chaux anc&turé aconit
pletteroenoon gréa d'acide nitreux'(i). Ilnesfeft
fait imciuie-^ttervefcencei fenfible. .La- liquétit.
écoit clakey £iwb .couleur ,'ipcefqufcfans faveurs
^lle^voir feurlèfbe&t celle dtiirçe? eau foibldmânt
nitrée. Dans l'elpace dfekpiinie, jours , eUena*
forme ni îàépôt léger fembiableiaû.diivec 4U*
rfamafle fçus- Wirneubles dan$ Les appartements*
r Toutes:; ces idtfblutioiisjdè ifeibres cafcakefrf
faites pan tdcide.nitfeux^ ont unefftveur amete*
Kèsptqriaittfii&Àiaeiife» .. » . ., .
- Aucunërlecestiidblutkms rte change Us.cttfet
■ I ■ ' ' P » i"l ■■ ■■' \ m 1 ■ ■ 1 . ■ \ 1 i\m\
(1) Cet acide ptft dix gros dans ont bouteille quittent
\m gros dlta^ ~"- •*
*S£ ChYMIE EXPERIMENTALE
leurs bleues du fyrop violât , & cjê la teinture iê
tpurnefol. ..
Aucune des terres calcaires 5 diiïbute dâftsl*a~
çide nicreux , n'eft précipitée par une autre terre
calcaire s cependant j'ai remarqué que le moellon
d'Àrcueil , dans l'efpaoe de quinze purs , a voit
fait précipiter un peu de marbre blanc ; ce qui
n'eft point arrivé aux autres difiblutions, même
dans l'efpace de deux années.
-JL'eau de chau^he précipite rien de la plupart
de ces diflolurions : cependant elle les trouble un
peu, mais bien légèrement, La ditfblimon de
moellon d'Arcueil produit , avec de 1 eau de
chaux, un précipité plus fenfible* Ce précipité
eft; une petite quantité de terre vkrifiable trèsdi-
vifite, qui e(V.mclce>dans cette efpece de pierre.
'. Mais l'eau de chaux occaftorine , par le féjour 9
deiix fortes de précipités à la difloiutton de (path
cakiire:ils font peùaibondants ; l'un eft jaunâtre
& ferrugineux > l'autre eft en petits cryftaux
plats , comme ceux du fel tâdaof Xublirac , aufli.
Uams tBc auffi argentin**
• L'eau >de chaux précipite fac le champ de la
difloliuion des. caq^ les d'ûoufk, beaucoup de
cryftaux femblabfes aux précédents : ces cryftaux*
examinés enûiite ^ £efont trouvés être une terre
femblable i ^eiieide l'alun.
L'acide vitrioliqùe concentré ^verfc dans ton*
wsw^diflohmons b s'empare de la terre, & forme
avec elle une félénite -calcaire qui £e précipire ,
parceqadle ne-peut fe tenir en. diflolution dans
la même quantité d'eau , commeienitreà bafe ter*
reafe. La même choie arrive avec l'acide ■ vitrio-
liqùe affaibli ; mais l'effet n eft pas auffi- fenfible,
pareeque le précipité fe ditfbiu i mefure en grande
partie»
IT RÀIfrONNit. Z87
Oyjial/ifiuion des niucs à bafe de terres calcaires.
On prend la quantité que Ton veut de diflb-
lation de terre calcaire , faite par l'acide nitreux :
on la met dans une capfule de verre : on la place
fur un bain de fable : on fait évaporer la liqueur,
jufqu'à ce qu'elle foit réduite en conûftance de
fyrop , ou bien jufqu'à ce qu'elle fe fige par le
froid , en en prenant une. goutte au bout d'une
(patrie d'ivoire : alors on ceflè le feu : on laide
le vaiiTeau fur le fable. La liqueur , en refroidif-
fant , fe convertit en une feule maflè tranfpa-
rente cryftalline : c'eft le nitre à bafe terreufe.
Remarques. . ,
Toutes les diflolutionsde terres calcaires rou-
tes par l'acide nitreux > fourniiTent un femblable
fei , qui fe congelé en marte , dans laquelle on
diftingue des figures régulières ; ce n'eft^pas un
iîmple fixement , comme une graifle qui fe re-
froidir. Si l'on fait cette expérience un peu^en
grand > qu'on fade moins évaporer la liqueur , &
qu'on la mette refroidir dans, une bouteille J(pn
obtient des. cryfbux n^iei^- jçf|Bé$ : il$ (em^r
couvert; par de U liqueur qui n'eft poitit cryftak
lïfée i mais ces cryftaux fo^t toujours en çaaifeà &
çnuffes ctytfufément lç&i|û$ fur le* autres. m ,
. L'acide turreux , quoique diiTolvant facile-,
taient les termes catçair^,;tj£te cependant moins
fort à ce? terres , que l'acide xritçtoliquç : il a auft
moins d'affinité avecelles^qu^i'a^ide vitriolique ;
c'eft ce qpe i>ous avons vu, parla propriété .qu'a ce
derniet acide de décompoler le nitre à baie tïïr
reufe. Ng^&gyons dit qtje \$f féiéunes , egpp&es à
lS8 CHYktE BXPÉaiMfeKtAlif
la&ion du feu , he perdoient rien de leur acide i
il n'en eft pas de même desnitres à bafe terreufe.
Si Ton expofe ces fels à l'aâion du feu dans des
vaiffeaux clos , on en fëpare une partie de l'acide
qui s'élève en vapeurs rouges : il en refte néan-
moins une bonne partie qui ne quitte point la
terre calcaire , quelque violent que (bit le feu :
fï , au contraire , on le fait chauffer dans un creu-
fet, comme ce fclfe trouve avoir une communi-
cation libre avec l'air , l'acide nitreux fe diflipe
en entier , & il refte la terre calcaire qui s'eft con-
vertie en chaux vive , fuivant le degré dé feu
qUori â adminiftré.
Le nitre à hafe terreufe (e liquéfie à une cha-
leur modérée, & fe fige par le refroidiflement.
Cette propriété lui vitfnt de ce qu'il entre dans fa
composition beaucoup d'eau & de feu combinés
dans on certain état : lorfque ce fel eft liquéfié ,
fi on* le coule dans de l'eau froide , il durcit fur-
lek:hamp , comme fait le "fudre cuit à la plttme ,
auquel on fait fubir la même opération. .
Ce 'fit .eft très déliquefcent , c*eft-à-dire qu'il
fe charge promptement de l'humidité de lair, Se
fe réfout même êtt'Jiqueur : de là vient qu'il ne
peut fe cryftallS^qîfepar le refroidiflement , &
néh ' par révapotâttlon -, comme les* (Hs vitrioli-
qîies ?bàfe terrôtife;\îTftttribue cet effet à ce qu'il
entre dan* la compétition de l'acide tthfcëtix une
très gràddeqùantiéé^phlogiftique qui empêché
cet acide de fe combiner avec cefc tëf¥ès'*uffi inti-
ftiement que le faifl'acide vitrioliquë , 'Se encore
à ce que:le feu pftfque'pur dont il abondé v ne
quitte point cette coipbinaifon. C'eftâ cette fé-
conde propriété'qa'*ft*hier la faveuf'forte & pi-
quante de ces fels. î " -'■ ....
- Le nprê à bafe terreufe jie peut admettre dana
i
BT KATSONHi». ~ *Sf
{£ combinaifon , ni une furabondance d'acide ,
ni une furabondance de terre* Pour le peu qu'on
le fafle chauffer , il fe diilipe quelque portion de
fbn acide : on fépare auffi-tôt , par difiblution &
filcration , une quantité de terre dans la même
proportion. Il en eft de même par rapport à l'a*
cide. J'ai examiné des cryîbux de nitre à baf*
terreufe , provenant d'une diflblution non faturée
de terre calcaire > les cryftaux égouttés fur du par
pier gris , dans des vaiffeaux clos , fe font trouvés
parfaitement neutres.
Le nitre à bafe terreufe bouillonne fur les char-
bons ardents , fe liquéfie, éteint le feu , & laifle
dilïïper une partie de fon acide : ce qui refte *
lorfqu il eft bien fec , tranfporté fur un charbon
ardent, détonne comme le nitre ordinaire, .mais
plus foiblement, pareeque fa bafe calcaire n'eft
point fufible : elle empêche que l'acide nitreux
n'ait un conta& avec le phlogiftique , comme
nous le dirons à l'article du nitre fixé par les char*
bons.
Nitre à bafe terreufe avec de la glace.
On ne connoît point les effets du nitre A bafe
terreufe avec de là glace. Il eft à préfumer qu'il
produirôit beaucoup de froid.
Acide nitreux & Acide vitrioïtque.
Si l'on met dans de l'acide nitreux bien fumant;
un peu d'acide vitriolique concentré , l'acide ni-
treux perd aufli-tôt beaucoup de fa couleur ; SC
les vapeurs qu'il exhale , font prefque blanches ,
de rouges qu'elles étoient. Cet acide mixte en-
flamme mieux les huiles , que l'acide nitreux pur :
on ne connoît point les autres propriétés de et
j&èlange.
Tome L ^
490 ChYMIB ÉXPiltlMïKTAt»
L'acide nitreux a la propriété d'enlever 8c Sb
détruire promptement les matières inflammables
qui colorent l'acide vitrioliqud- f . * .
On met dans un matras une livre d'acide vi-
criolique noirci par des matières inflammables:
on verfe par-deuiis un gros d'acide nitreux , on
davantage, fuivant que l'acide vitriolique eft co-
loré : on place le vaifleàu fur un bain de fable:
on le fait digérer jufqu à ce que l'acide n'air plus
de couleur, & qu'il devienne parfaitement blanc.
L'acide nitreux agit de même à froid fur les ma-
tières inflammables qui font mêlées avec l'acide
vitriolique , mais plus lentement. Pendant iadi-
Seftion , l'acide nitreux s'évapore en partie; mail
. en refte toujours de mfcié avec l'acide vitrioli-
que : oh ne peut plus le féparer complètement,
même par la diftillation , a caufe de l'adhérence I
mutuelle de ces deux acides. Au refte, cet acide
vitriolique peut fervir dans nombre d'occafioos
i où un peu d'acide nitreux ne peut pas nuire aux
opérations.
Acide nitreux & Soufré.
: On ne connoît point le mélange que ces deux
fubftànces peuvent faire, ou plutôt la comhî-
naifon qui réfulteroit d'un femblable mcknge.
Décompojîtion du Foie de Soufre terreux par
l'acide nitreux.
• I/acide nitreux décompofe le foie de ibufte
•terreux : il s'unit aux matériaux de la chaux , &
fait précipiter le foufre.
On met dans un verre du foie de foufre ter-
reux : on vejrfe par-deflus de l'acide nitreux : ilfc
fait un précipité : on filtre la liqueur : le fouftt
1 T ràmohnIi, %}j
refte far le filtre : on pafle beaucoup d'eau bouil-
lante pour le bien laver , & on le fait fécher : on
trouve que Ce foufre eft celui que tenoit l'eau dt
chaux en diflblution.
Acide nitreux & Gypfef
L'acide nitreux diflout très bien le gypfe & les.
félénites calcaires > mais fans contrarier d'union
avec ces fubftances.
Huit onces d'eau chargée d'un gros d'acide ni-
treux , diflbl vent, à l'aide de la chaleur, vingt-qua-
tre grains de gypfe avec effervefeence , fans trou-
bler la tranfparence de l'eau : leau en eft parfai-
tement faturée.
Huit onces d'eau chargée de deux gros du
même acide , dilïblvent quarante-huit grains de
gypfe. . .
L'albâtre s'eft comporté de même , & il s'eft
diiïous dans les mêmes proportions.
J'ai mis ces lioueurs dans des vafes convena-
bles à la cryftallilation : elles ont fourni , par le
refroidiflement, beaucoup de cryftaux nets , bril-
lants , tranfparents , difçofés en aiguilles aflez
grofles , qui avoient trois lignes de longueur :
ces cryftaux fe font trouvé erre de la leiénite
parfaitement neutre. Après l'avoir égouttée fur
du papier gris , elle n'altéroit aucunement la
teinture de tournefol, & ne contenoit point
d'acide nitreux.
Sur P Acide marin aue Von nomme aujji Acide
du lel commun.
Il en eft dé l'acide marin comme des deux au-
tres dont nous avons commencé à reconnoître
les propriétés : il eft également difpofé à fe com?
Tij
2#>l' ChYMIB XX?£r1MÈHTAL»
biner avec les corps qu'il rencontre ; ce qui e(T
caufe qu'on ne le rencontre jamais pur dans la
Nature. Nous dirons , par la fuite , la manière de
le féparer des différentes combinaifons dans lef-
<juelles il fe trouve : nous allons reconnoître les
propriétés de l'acide marin pur & dégagé de tou-
tes oafcs.
L'acide marin eft toujours fluor : il paroît même
avoir plus d'affinité avec le principe aqueux , que
les précédents. Il feroit , par cette raifbn , plus
difficile de l'obtenir fous une forme concrète.
Il a ordinairement une couleur jaune citrine :
on ne fait pas encore fi cette couleur lui eft inhé-
rente , comme la couleur rouge l'eft i l'acide ni-
L'acide marin a une odeur qui lui eft particu-
lière : elle tire un peu fur celle dufafran.
Il exhala des vapeurs blanches , mais qui ne
font vifibles qu'avec le concours de l'air : elles
excitent une ienfacion de chaleur j elles ne font
cependant point chaudes. La chaleur qu'elles
produisent , vient de l'action qu'elles ont fur la
peau , & de la CQrrofion qu'elles y occasionnent.
Ces vapeurs font plus corrofives que celles de
l'acide nicreux. L'acide marin a une faveur vio-
lemment aigre , acide, fans arriere-goût.
La pefanteur fpécifique de cet acide le plus
concentré qu'il fou poffibie d'avoir , eft comme
dix-neuf à feize, c'eft-à-ctire qu'une bouteille qui
contient feize gros d'eau, contient dix-neuf gros
de cet acide : il eft , par conféquent, moins pe-
fant & moins concentré que les deux autres acides
minéraux.
11 rougit fur-le champ les couleurs bleues des
IT RAISONNÉ 1. tff
végétaux , fans détruire les couleurs comme le
font l'acide vitriolique fulfureux 8c l'acide air
creux.
Acide marin au feu*
L'acide marin eft le plus volatil des acides mi»
néraux , lorfqu il eft bien concentré & bien fu-
mant. Si on le foumet à la diftillation , il fe ré»
duit en vapeurs très expanfibles & très difficiles à
fe condenfer : il pafle en entier, fans fouffrir au-
cune altération ni décomposition > 8c ne fe con-
centre point, tant qu'il eft feul.
Acide marin à Pair.
Cet acide fe charge de l'humidité de Fair, maïs
moins que les autres acides minéraux, jparcequ'il
eft infiniment plus aqueux : on ne peur le concen-
trer plus que nous ne l'avons dit ; d'où l'on peut
conclure qu'il a avec l'eau plus df affinité que les
acidçs vitriolique 8c nitreux.
Acide marin avec de Veau.
11 eft à préfumer que fi Ton mêle de l'acide ma-
rin bien concentré & bien fumant avec de l'eau t
on produira de la chaleur : cette expérience n'a
point été faite. Lorfqu il eft affoibli par fon poids
égal d'eau, il conlerve encore beaucoup de fa
couleur cirrine.
Acide marin mile avec de la glace.
Un gros d'efprit de fel fumant 8c demi-once de
glace pilée ont produit feize degrés de froid , la
température du lieu i fept degrés au-deffus du
terme de la congélation.
La même quantité de glace avec deux gros de
Tiij
194 ChYMIE BX?klMENTALE
cet acide ont produit vingt-trois degrés de fioîd,
& vingt-cinq , en employant trois gros du même
acide,
Acide marin avec les terres vitrifiables.
L'acide marin na aucune action fur les terres
vitrifiables qui font en maffes d'agrégés > ou lorf-
qu elles font divifées par des moyens* méchani-
ques : mais il en a beaucoup fur ces terres , lors-
qu'elles font divifées par des moyens chymiques,
comme nous le verrons en fon lieu.
Acide marin avec les matières combujlibles.
L'acide marin fumant , ou feulement fes va-
{>eurs , a une action très forte & très marquée fur
es matières végétales & animales dans l'état na-
turel : il lés détruit plus promptement que les au-
tres acides minéraux , & d'une manière fourde ,
fans Jes noircir comme l'acide vitriolique : il leur
donne une couleur jaune , comme le fait l'acide
nitreux ; il les attaque dans toutes leurs fubftan-
ces , comme l'acide nitreux ; mais il n'a pas la
même action fur les matières inflammables dans
l'état huileux.
Acide marin avec le phlogijlique*
^ L'acide marin n'a point de difpofition pour s'u-
nir, fpit par la voie feche, foit par la voie hu-
mide , au, phjogiftique dans l'état charbonneux.
On ne connoît point de combinaifon de cet acide
avec la fubftance inflammable, comme on connoît
celle de l'acide vitriolique & celle de l'acide ni-
treux avec cette même fubftance. On ne fait ce
qui réfulteroit d'un mélange d'acide marin & de
iJwbon en poudre , diftilie jufqu'à fîccité , & fi
IT RAISONNÉ E. %}}
le charbon feroit décompofé comme il Feft par
l'acide vitriolique.
L'acide marin n'a pas plus de difpofition jpour
s'unir au phlogiftique dans le mouvement igné*
Sx l'on plonge un charbon ardent dans de l'acide
marin fumant, ce charbon s'éteint auffi-tôt.,
comme s'il étoit plongé dans toute autre liqueur
non inflammable. Il ne faut pas croire cependant
que cet acide n'a aucune affinité avec le phlogifti-
que : au contraire , je penfe qu'il en a une très
forte j mais il refte à trouver les moyens de com-
biner ces deux fubftances : elles doivent aéceflài-
rement produire une forte de foufre, comme le
font les auttês acides : je penfe même que la Na-
ture le fait , quoique cette fubftance ne foit pas
encore connue.
Acide marin avec la matière huileufe.
L'acide marin paroît n'avoir que peu ou point
d'aâion fur les fubftances huileufes : il agit foi-
blement. On ne connoît pas ,' au refte , les chan-
5 céments & les altérations qu'il poiirroit occa-
îonner à ces fubftances , s'il étoit dans un plus
grand degré de concentration , que celui où Von
a coutume de l'avoir. Nous verrons dans plufieurs
expériences, que , lorfqu'on préfente à l'acide ma-
rin certaines fubftances métalliques, il peut fe
concentrer confîdérablement , & que dans cet
état il produit fur les matières inflammables des
effets peu différents de ceux de l'acide nitreux. Je
ne ferois point furpris qu'avec lui on parvînt à
enflamme; les matières huileufes , comme on le
fait avec de l'acide nitreux pur.
TiT
t}6 ChYMIB EXPÉRIMENTALE
Obfcrvaùons fur V Acide marin.
On a donné auffi à l'acide marin le nom 8 acide
du f cl commun j pareequ on le retire du fel marin
donc on fait ufage dans les aliments , & que ce
fel eft fort commun dans la Nature.
Nous avons dit , en parlant fur 1 origine des
terres calcaires , ce que nous penfions fur celle
du fel marin. Nous croyons que les propriétés que
nous venons de reconnoître i l'acide de ce fel ,
font analogues à fon origine : nous le fuppofons
formé dans l'eau par la reunion des principes ré-
parés des corps organifés qui fe détruifent : cet
acide participe beaucoup des propriétés de l'eau ,
puifqu'il a ivec cette fubftance plus d'affinité que
les deux autres acides minéraux , & qu'on ne peut
l'avoir au même degré de concentration qu'eux
par les moyens ordinaires.- Il paroi t que les prin-
cipes qui compofent l'acide marin > font les mêmes
que ceux des autres acides , puifqu'il en a les pro-
priétés générales ; mais il paroit » en même temps ,
que fon phlogiftique eft dans un état moins pur
3ue dans les autres acides minéraux ; c'eft ce qui
iminue beaucoup fon aéfcion fur les matières hui-
leufes pures. Néanmoins , lorfqu'il eft dans le
plus grand degré de concentration où il puiffe par-
venir , il agit puiflamment fur les matières végé-
tales & animales , mais fourdement & fans faire
autant de fracas que l'acide nitreux. Il eft , à cet
égard , comparable au vinaigre qui agit foible-
ment fur beaucoup de fubftances , lorfqu'il eft
fort aqueux , & qui agit puiflàmment & lourde-
ment fur ces mêmes fubftances , lortyie , par la
congélation , on l'a débarrafTé de la plus grande
i>artie de fon eau furabondante , ou encore mieux
orfqu'oa l'a féparé des combinaifons terreufes ,
BT RAISONNÉ 1. Ijf
ou métalliques , dans lesquelles on Ta fait d'abord
entrer. 11 en eft de même de l'acide marin : il ac-
quiert encore plus de force & daâion , lorfqu on
l*a pareillement féparé des combinaisons métal»
liques : il fe débarralfe de fon eau forabondante
& de fa matière inflammable plus groifiere qu'elle
ne l'eft apparemment dans les autres acides , pour
acquérir les propriétés d'un acide plus a&f & ,
par conséquent , plus pur.
Indépendamment de tout ce que nous venons
de dire , j'admets encore dans l'acide marin ,
comme dans les autres acides minéraux , une cer-
taine quantité de feu pur ou prefque pur. C'eft
à ce feu , à fa dofe & a la manière dont il eft ar-
rangé , qu'on doit rapporter les différences qu on
remarque entre lui & les autres acides : c'eft encore
à l'état de ce feu dans l'acide marin > qu'on doit
attribuer toutes fes propriétés cauftiques 8c difTol-
vantes , & toute i'aéfcion qu'il peut avoir fur les
matières qu'on lui préfente. Mais la Chymie &
la Phyfique ne font pas aflez avancées pour don-
ner une démonftration fatisfaifante fur la quan-
tité de feu , & fur l'état où il fe trouve dans ces
différentes fubftances falines.
Acide marin avec les terres calcaires.
L'acide marin diflout toutes les terres calcaires
avec chaleur & effervefeence , &auffi facilement
que le fait l'acide nitreux : il s'en farure de mema
Lins le fecours d'aucune chaleur : il réfulte de
cette combinaifon un fei neutre déliqueicent ,
mais fufceptible de fe cryftalliferpar le refroidif-
fement. On le nomme fel marin dbafe terreufe.
Expérience.
On met dans une cucurbke de verre la qaan-
ipS Chymib expérimentale
tité que Ton veut de marbre blanc caffé par petits
morceaux , ou réduit en poudre eroffiere : on verfe
par-deflus de l'acide marin -y il fe fait aufli-tôt
une efFervefcence confidérable. Le marbre fe dif-
fout même à froid : on facilite , fi l'on veut , la
ditfblution , en plaçant le vaiflèau fur un bain de
fable un peu chaud : lorfqu'il n'y a plus d'effer-
vefcence , & que l'acide eft parfaitement faturé ,
on filtre la liqueur au travers d'un papier gris : on
la conferve dans une bouteille*
Remarques.
J'ai traité l'acide marin, comme les deux autres
acides minéraux , avec toutes les terres calcaires
dont nous avons parlé précédemment. Leur ma-
nière de fe difloudre dans cet acide a été abso-
lument femblable à celle qu'elles ont préfen-
tée avec l'acide nitreux. Ces fubftances font des
ftala&ites , du moellon d'Arcueil , de la craie de
Champagne , du fpath calcaire , des coquilles
d'œufs , de la chaux éteinte a l'air, des crèmes ou
pellicules de chaux.
U faut,. pour difloudre les coquilles d'œufs
dans cet acide , apporter les mêmes précautions
que nous avons indiquées en parlant de leur dif-
tolution dans l'acide nitreux , à caufe du gonfle-
ment.
La chaux s'échauffe davantage avec l'acide ma-
rin , qu'avec l'acide nitreux.
Trente gouttes d'acide marin ordinaire ont été
faturées par huit onces d'eau de chaux ; ce quis'eft
fait fans effervefcence. Quelques jours après , le
mélange a dépofé un peu de matière terreufe de
couleur ambrée , qui enfuite eft devenue blanche.
La liqueur étoit fans couleur : elle avoir une lé-
gère faveur d'eau crue , mais qui a changé;. elle
T. T RAISONNÉ E. 199
eft devenue un peu amere & mordicante.
L'acide marin , en fe combinant avec les terres
calcaires , perd fa couleur & fon odeur* Toutes
ces diflblutions font fans couleur & fans odeur :
elles ont toutes, une faveur falée , amere & pi-
quante. La diflblution de moellon avoit une lé-
gère faveur métallique , à caufe du fer que cette
pierre contient.
Toutes ces diflblutions , lorsqu'elles font nou-
velles , changent en verd la couleur du fyrop vio-
lât j mais environ trois mois après qu'elles font
faites , elles n'en changent plus la couleur , ni
celle de la teinture de rournefol.
Aucune terre calcaire , diflbute par l'acide ma-
rin , n'eft précipitée par une autre terre calcaire.
L'eau de chaux occafionne fur le champ un
léger précipité aux diflolutions de marbre blanc
& de ftala&ites. Ces précipités font en petits
cryftaux , comme ceux ae fel fédatif fublimé.
L'eau de chaux n'a rien fait précipiter d'abord
des diflblutions de moellon , de fpath > de coquil-
les d'œufs; mais quelques jours après, elle a oc-
cafionne des précipites femblables aux précé-
dents, qui étoient auflî peu abondants.
Enfin , le$ diflblutions de chaux , de craie , de
crème de chaux , & la combinaifon d'eau de
chaux & d'acide marin , n'ont formé avec l'eau
de chaux aucun précipité , même par le fcjour.
L'acide vjtriohque concentré ou affoibli par
trois fois fon poids d'eau , mêlé avec toutes les
.diflblutions de terres calcaires , faites par l'acide
marin , a occafionne aufli-tot un précipité féléni-
teux > comme cela arrive avec la diflolution de
ces terres par l'acide nitreux. L'acide vitriolique
dégage l'acide marin , & s'unit à la terre calcaire :
il forme avec elle de la félénite > qui fe manifefte
jod Chymib ixpérimentàli
fous la forme d'un précipité , parcequ'elle ne pcmt
fe tenir en diflolution dans aofli peu d'eau que
le kl marin i bafe terreufe.
Cryjlaltifation des fels marins à bafe terreufe.
On prend la quantité que Ton veut de Tune
ou de l'autre diflblution de terre , faite par l'a-
cide marin. On la met dans une capfule de verre :
on la place fur un bain de fable : on fait évapo-
rer la liqueur, jufqu'à ce qu'en en prenant une
goutte au bout aune fpatule d'ivoire , elle fe fige
Î>ar le refroidifTement. On laifle le vaiffeau fur le
àble , mais fans feu , afin que la liqueur refroi-
difle lentement : elle fe réduit en une maffe jau-
nâtre , compofée de cryftaux enlacés les uns
dans les autres , fans figure déterminée : c'eft ce
que*l'on nomme ftl marin à bafc terreufe calcaire*
Remarques.
Les fels marins à, bafe de terres calcaires for-
ment des cryftaux folitaires , plus facilement que
les nitres à bafe terreufe , lorfque les liqueurs
des fels marins à bafe terreufe font évaporées
à quarante-cinq degrés , à mon aréomètre des
fels (i). Si on les enferme dans des bouteilles,
elles forment , par le refroidiflement , de gros
cryftaux folitaires nets , purs & bien transpa-
rents ; les uns font en grottes aiguilles comme
les cryftaux de fel de glauber ) les autres font en
grottes mafles fans figures déterminées. On dé-
cante la liqueur, & on fait égoutter le fel , en
appliquant le goulot de la bouteille fur un paquet
de papier gris , pareeque fi on l'expofoit à l'air , il
(O Voyez la defeription de cet infiniment dans mes
Elénunts de Pharmacie.
t t nAisoNnii: jfwr
& chargerait de l'humidité , & fe réfoudroit en
liqueur.
Le fel marin à bafe terreufe , expofé à une
douce chaleur , fe liquéfie & fe fige par le refroi-
diflement, comme de la graifle. Si o» le chauffe
un peu fore , il perd un peu de fon acide.
Ce fel attire puifiamment l'humidité de Pairt
& fe réfouc en liqueur. C'eft en vertu de cette
propriété qu'il ne peut cryftallifer que par le re-
rroidiffèment , & point par l'évaporation. Ces
propriétés font communes au nitre a bafe terreufe,
& viennent de la même caufe que nous avons
expliquée précédemment.
Xes différents fels marins i bafe terreufe , ex-
pofés fur les charbons arderfts , bouillonnent tt
le bourfouflent, fans décrépiter. Une partie <H
i acide fe diffipe.
Aucun de ces fiels ne peut admettre ni une
furabondance d'acide , ni une fuxabondance de
terre dans leur combinaison. On peut bien tes
mêler avec une furabondance de Tune ou defaor
tre fubftance } mais ces fels s'en féparent en fe
cryftallifant, & deviennent parfaitement neutres.
La Nature fournit une très grande' quantité de
fel marin à bafe terreufe calcaire. Noos en par-
lerons , lorsque nous examinerons Peau de fa-
mer & celle des puits & fontaines falés.
Décompofition des fels marins à bafe terreufe j
par l'action du fiu*
Les différents fels marins i bafe terreufe fe
comportent à l'aâion de feu , un peu différem-
ment que les différents nitres 1 Dafe terreufe.
L'acide marin tient davantage à la terre calcaire.
Quatre onces de fel marin à bafe terreufe ,
fait avec le marbre blanc , mis en diftitlarion daàs
f*% ChYUII EXPBRÏMINTALl
une cornue de verre , & pouffe pendant crois heu-
res au plus grand feu , ont fourni une once d'a-
cide marin fort bon* fans couleur, ayant une
forte odeur d'eau régale : il a perdu cette odeur ,
en le faifant chauffer légèrement dans un petit
matras. Il eft refté dans la cornue trois onces de
matière faline blanche en deffus , raréfiée , Se
noirâtre en deiïbus.
J'ai mêlé à la réfidence de la cornue , environ
trois onces d'eau. Le mélange s'eft échauffé à-peu-.
?rès au degré de l'eau bouillante : enfuite j'ai
tendu le tout dans une plus grande quantité
d'eau. La liqueur étoit trouble & noirâtre : je l'ai
filtrée : elle a paffé claire & fans couleur : il eft
refté fur le filtre la portion de terre que l'acide t
pafle dans la diftillation , avoir abandonnée.
J'ai defléché de nouveau cette liqueur , Se j'ai
mis en diftillation le fel marin à bafe terreufe qui
en eft réfulté : je l'ai pouffé à la plus grande vio-
lence du feu , que la cornue qui étoit de verre
.pouvoir fupporter fans fe fondre : je n ai obtenu
qu'un peu de liqueur acidulé. La plus grande par-
#tie de l'acide marin eft reftée opiniâtrement fixée
.avec la terre.
La plupart des Chymiftes peiifènt que le fel
marin à bafe terreufe fe décompofe complette-
ment Se facilement par l'aâion du feu. On peut
croire que c'eft par analogie qu'ils ont raifonné
<ain(î. On a vu que le nitre à bafe terreufe avoit
beaucoup de faveur , & qu'il étoit déiiquefcent,
cOn a reçopnu aufel marin à bafe terreufe la même
.propriété ; on en a conclu qu'il devoit fe décom-
.«pofer , comme lui ,. par l'aâion du feu ; mais
.ayant exaraipé cette matière plus attentivement ,
j'ai reconnu qu'il n'en eft pas de même de l'acide
-marin : ces différences font fondées fur les pro-
» T RAîSÔKlfiï: ^
jprîétés de cet acide , qui ne font pas les mêmes
que celles de l'acide nitraix , & iur les change-
ments que la terre calcaire éprouve pendant les
diftillarions des fels marins à bafe terreufe.
Lorfqu on fournée à la dillation du fel marin £
bafe terreufe , fait- avec de la terre calcaire dan*
fon état naturel , la terre calcaire , quoiqu'unie à
l'acide marin , fe convertit en chaux vive. La por-
tion d'acide qu'on retire , eft celle qui précède ce
changement d'état. Lorsqu'elle eft une fois con-
vertie en chaux , elle ne permet plus à l'acide de
la quitter : l'acide eft fixé prefque autant que s'il
ctoit uni à de Palkali fixe, C'eft la raifon pour la-
quelle on tire des fels marins à bafe terreufe une
partie de leur acide, au commencement de la
diftillation. Pour m'en aflurer plus particulière-
ment, j'ai fournis à une fembiable diftillation
quatre onces de fel marin à bafe terreufe , fait
avec de la chaux éteinte à l'air : j'ai poufle le feu
auffi fort que dans l'expérience précédente : j'ai
•obtenu treize gros de liqueur claire, fans couleur,
•fans faveur, d'une légère odeur empyreumatique >
• ne changeant point la couleur du lyrop violât , ni
celle de la teinture de tournefol ; de l'alkali fixe
verfé dans une petite portion de cette liaueur , a
occafionné un léger précipité terreux. Il réfulte
de cette expérience, que le peu de fubftajice qui
- a paffé avec l'eau qui a diftillé , n'étoit point de
l'acide marin pur , mais du fel marin à bafe ter-
reufe en nature , qui a été enlevé à la faveur de
l'eau par la violence du feu. Il eft refté dans la
- cornue une maiïe à demi- fondue , d'une couleur
citrine à fa furface , grife , blanchâtre à l'intérieur,
. qui pefoit deux onces deux gros dix-huit grains ;
ce qui fait cinquante-quatre grains de perce. En
difloivant cette matière dans de l'eau , j'ai temar-
)04 CH^H lïPiRIMfENTALE
3uc quelle sert échauffée àvpett-pcès a forante &
îx degrés ; elle exhalqfrt une odeur empyteuma*
tique. J'ai varié cette expérience de la manière
fuivance»
J'ai mêlé deux onces de Tel marin à bafe ter-
reufe , fait avec de la chaux , & deux onces de
ici marin très pur àbafed'aikali minéral. J'ai fou*
mis ce mélange à la diftillation : il a pafle neuf gros
de liqueur qui avoit une légère odeur d'acide ma-
rin , laquelle rougifloit foiblemenc les couleurs
bleues de la teinture du tournefol & dufyrop vio-
lât. Cette liqueur ne faifoit rien avec l'alkali fixe;
mais elle précipitoit en blanc un peu de mercure
diflous dans de l'acide nitreux. Il eft refté dans la
cornue une malle grife blanchâtre % qui s'eft
échauffée beaucoupen la diflblvant dans l'eau.
J'ai répété ces expériences avec de l'huile de
chaux, évaporée au même point (i), qui sert
comportée abfolumeat de la même manière.
J'ai expofé à l'aâion du feu , dans des creufets
avec le concours de l'air , de tous les fels marins
à bafe terreufe dont je viens de parler : tous ont
perdu beaucoup pl*s de leur acide , que lorfqu'ils
ctoienr dans des vaifleaux clos j mais aucun n'a
été. décompofé complètement. Quelque degré
de force que l'on ait donné au feu , & quoiqu'il
ait été continué pendant plusieurs heures , les
tièdm comeaoient toujours une portion de fel
marin à bafe terreufe non d&oa&pofé , que je fé-
parois des téfidus par folution & filtration.
Je peirfe néanmoins que^fi l'on expofoit ces fels
à un feu beaucoup plus fort que je ne l'ai fait , tel
-
(t) Voyex fftdjedë chaux: c'cft le fel marin à bafe ter-
reufe , qu'on flpare du caput mortuum de la décompofîrion
4» fel ammoniac par la chaux.
qu'un
i
fef R À i S Ô fc K E E. $ôj
Çu*un feu de verrerie , on feroic diflïper eftticte*
ment L acide marin , fur- roue fi l'on etendoit ce*
Tels fore mince ; mais il réfuite toujours de ce
que nous venons de dire , que l acide marin fy
fixe davantage dans les terres calcaires, que l'acida
ôitreux.
Seltharin à bafe terreufe avec àe la glacé*
On ne conhoît bôiht les effets dé ce fei âVéti
la glace , ni les degrés de froid qu'ils produis
foient ; mais il eft à préfumer qu'ils occalionnÊ*
foient beaucoup de froid»
Acide marin & Acide yhrioliquià
Lorfqu'on mêle de l'acide marin avec de Pâ*
cide vitriolique coheentrc , il fe produit de la
chaleur , pareeque l'acide marin bien concentré
eft toujours fort aqueux , relativement à l'acidd
Vitriolique concentré. On ne ponnoît point lei
propriétés de ce mélange.
Acide marin avec le foufre.
On ne connoît point Padtion de ces fubf
l'une fur l'autre , ni ce que te tnêlange prodi
Acide marin avec le foie dt foufre terreux*
L'acide marin 5 comme acide , décompofe le
foie de foufre tefrreux : il s'unit à la terre & A la
matière falihe de la chaux , & fait précipiter le
foufre. Ce foufre , lavé & léché , Te trouve fem*
blable à ce qu'il étoit auparavant. L'acide marin
fe comporte , à cet égard, comme les antrèi
acides.
Tomel Y
fubftahéé»
uirôit»
306 Chymie expérimentale
Acide marin avec le gypfe.
L'acide marin froid n'a aucune aâion fur les
îubftances gypfeufes : lorfqu'il eft chaud , il pro-
cure à l'eau la propriété d'en diftbudre une plus
grande quantité, fans que cet acide fe combine
.avec ces fubftances. On obtient par fon moyen
des cryftaux de félénite , feulement plus gros qu'a-
vec de l'eau pure.
J'ai mis dans un matras huit onces d'eau , &
un gros & demi d'acide marin (i) : ce mélange
bouillant a diflbus avec effervefeenec, vingt-quatre
grains de gypfe réduit en poudre fine : l'eau en
c toi t faturée ; mais ayant ajouté une pareille quan-
tité d'acide marin , la même eau a diflbus encore
autant de gypfe. L'albâtre a préfenté les mêmes
phénomènes avec l'acide marin.
J'ai mis ces diflblutions dans de petits fceaux
de verre , & couverts de papier , pour garantir
les liqueurs de la poufliere j elles ont formé des
cryftaux aiguillés de la longueur de trois ou quatre
lignes , & d'une belle couleur jaune dorée. Ces
•cryftaux, mis égou tter fur du papier gris, font deve-
nus très blancs Se parfai tement neutres , & n'ayant
rien retenu de l'acide marin. L'acide vitùolique,
verfé fur ces cryftaux, ne dégageoit aucunes va-
peurs d'efprit de fel.
La diffblution de ces cryftaux n'altéroit point
les couleurs bleues du fyrop violât, &de la tein-
ture de tournefol : ils étoient de la félénite aufli
pure qu'avant toutes ces opérations.
(0 "Cet acide pcfc une once 60 grains dans une boa*
«cille qui contient une once d'eau.
ET RÀtSONHÉE. 30^
Acide matin à Acide nier eux.
U*acide marin & l'acide nitreux fe mêlent 8c
squns onta-peu-
Ïfvès le même degré de volatilité. Ce mélange
orme un acide mixte que Ton nomme eau régale 3
«jui a des propriétés parriculieres & différentes des
deux acides pris féparément. Nous aurons occa-
fion de faire connoître les propriétés de. l'eau ré^
gale : ainfi nous ne dirons rien de plus, quant k
préfent, fur ces propriétés,ni fur les dbfés des deux
acides , qu'on fait varier fuivant Yuùve qu'on eh
veut faire. Le nom d'eau régale a étc donné à ce
mélange , à caufe de la propriété qu'il a de diC-
"foudre 1 or que les Aknymiftes ont nommé lo
Roi des métaux.
Sur t Acide végétal.
Entre les différents acides que fournit le règne
végétal, nous ne nous propofons d'exajniner,
quant à préfent , que celui que Ton nomme vi-
naigre : il eftproduitpar la fermentation acéteufe.
Nous fuppofons cet acide pur , comme fi la Na-
ture le rourniflbit ainfi, de même que nous l'a-
yons fait à l'égard des acides minéraux. On dif-
tille cet acide pour le débarrafter des matières co-
lorantes & extra&ives. Nous dirons , en fon lieu ,
comment cet acide eft produit , de comment on
le diftille : nous le fuppofons ici tout diftillé.
Le vinaigre diftillé eft blanc , fans couleur.
Il a une odeur & une faveur acide agréable.
; 11 eft prefque auffi pefant que de l'eau.
Il eft conftammenr fous une forme liquide 1
Vij
?o8 ChYMIE EXrklMENTALE
du moins jofqu a préfent , a-t-il été impoffible de
lavoir fous une forme concrette.
Il rougit les couleurs bleues des végétaux*
comme les acides minéraux.
Vinaigre expofé au feu*
Le vinaigre déjà diftilié , fournis de nouveau 2
la diftillation , foie dans une cornue , foie dans
un alambic de verre, fouffre une forte de con-
centration, bien légère à la vérité : ce qui paiïe au
commencement eft plus aqueux que ce qui dif-
tillé fur la fin. Il refte toujours au fond du vaif-
feau un peu de matière extradive , ou qui a
monté dans la première diftillation , ou qui pro-
vient d'une portion de vinaigre qui a été décom-
pose pendant cette dernière opération. Cet acide
eft infiniment plus volatil que les acides miné*
raux.
Vinaigre expofé à Pair.
Ce
:et acide eft tellement aqueux» qu'au lieu
d'attirer l'humidité de l'air , comme le font les
acides minéraux , il s'évapore en entier , & ne
laifle qu'une tache de matière extra&ive , comme
lorfqu on le foumet à la diftillation.
Vinaigre concentré à la gelée.
Mais lorfqu'on expofe le vinaigre à un froid
de plufieurs degrés au-deflbus du terme de la
congélation , l'eau fe gelé, mais non la partie aci-
de : on fépare la glace qui s'eft formée : on la met
égoutter lur un tamis toujours au même degré de
froid : on la jette comme inutile. Cette première
glace ne fe trouve être que de l'eau ; du moins
elle contient une fi petite quantité d acide, quelle
ET & A I S O H N É B. 309
|ie mérite aucune attention. On expofe de nou-
veau le même vinaigre à un plus grand froid : la
partie aqueufe fe gelé encore : on fépare de
même la glace j mais on la met à part , parce-
qu'elle retient dans fes interftices une certaine
quantité de vinaigre qu'il eft bon de ne pas per-
dre. On continue d'expofer ainfi de fuite le même
vinaigre à de plus grands froids, jufqu'àce qu'il
refufe de fe geler davantage : il refte enfin un vi-
naigre très acide & très tort : c'eft ce que 1 on
nomme vinaigre concentré à la gelée»
Remarques.
Cent pintes de vinaigre diftillé qu'on expofe.
< ainfi au froid , rendent environ quatre ou cinq
pintes d'acide végétal très fort , après avoir éprou*
vé un froid naturel de dix degrés au-deflbus du
terme de la congélation. Néanmoins cette quan-
tité peut varier ; cela dépend du degré d'acidité
où étoit le vinaigre avant qu'on le fournît au
froid , & du degré de froid qu'il a fait pendant
la congélation.
Lorfqu'on expofe une première fois le vinaigre
à un grand froid , il s'en gelé une trop grande
vinaigre dans des cruches bouchées d*ûn papier,
afin qu'il fe faiTe moins de perte. Lorfque le vi-
naigre eft expofe à l'aéfcion du froid dans des ter-
rines de grès , & qu'il préfente beaucoup de fur-
face à l'air f il fe gelé un peu mieux à la vérité,
mais il s'en évapore beaucoup par l'âpreté du
froid : c'eft ordinairement le plus fubtil & le plus
fpiritueux qui fe dilfipe.
Viîj
JIO ChYMII ZXPiniMlKTÀLE
Le vinaigre fe concentre très bien par ce pro-
cédé. La partie acide fe trouve raffemblée fous
un plus petit volume. Le vinaigre', parvenu à ce
point de concentration , a plus a aâion que le vi-
naigre feulement diftillé : il agit, dans plufîeurs
occasions , d'une manière fourde , comme l'acide
marin. On connoît fort peu les propriétés de ce
vinaigre ainfi concentré. On peut 1 obtenir en-
core plus concentré, en expofantce même vinai-
gre à un froid artificiel , plus grand que le naturel
qu'il a éprouvé.
Vinaigre avec de tcau.
Cet acide fe mêle très bien avec l'eau fans pro-
duire ni froid , ni chaleur , ni effervefeence : ce
qui n'a rien de furprenant, puifque cet acide eft
fort aqueux. On peut enfuite lui enlever , par le
moyen de la congélation , l'eau qu'on lui a ajou-
tée , comme nous venons de le aire.
Vinaigre mêlé avec de Ja glace.
Deux gros de vinaigre diftillé , avec demi-
once de glace pilée , ont produit un degré de
froid , la température étant à fept degrés au-def-
fous de la glace.
Le vinaigre concentré à la gelée , employé à
la même dole , & avec la même quantité de glace»
a fait baitfer la liqueur du thermomètre dey qua-
tre degrés. N
Vinaigre avec de la terre vitrijuzblc.
Le vinaigre n a aucune aâion fur les terres vi-
trifiables , quelque divifées qu'elles foient par
les moyens wéenaniques. Nous verrons , par la
Viv
ET RAISONNÉ E. 3 I f
fuite , que , iorfque cette terre eft même divifée
chymiquement , le vinaigre n'a encore que très
peu d'a&ion fur elle.
Vinaigre avec les matières combufiibles.
Le vinaigre n'a pas fur les matières combufti-
blés l'aâion des acides minéraux. Il agit d'une
manière plus douce , à-peu-près comme le fait
Veau y jparcequ'ii eft fort aqueux. On s'en fert
dans plufieurs occafions , comme menftrue, pour
extraire ou pour diflbudre certaines fubftances
qu'il peut attaquer. Nous aurons occasion d'en
parler dans le cours de nos expériences.
Vinaigre avec le phlogijlique.
Le vinaigre n'a aucune difpofition pour s'unir
avec le phlogiftique : cela vient de ce que cet
acide eft fort aqueux. Peut-être que fi l'on par-
venoit à le concentrer au même degré où font or-
dinairement les acides minéraux 3 on parviendrait
à produire une forte de foufre , comme on le fait
avec les autres acides.
Vinaigre avec la matière kuileufe.
Le vinaigre paraît ji'avoir pas plus d'a&ioh fur
les matières huileufes, qtie de l'eau pure \ mais on.
ne fait quelle ferait fon a&ion fur ces fabûances>
s'il étoit bien concentré»
Vinaigre dijlitléavec les terres calcaires.
Le vinaigre diflbut toutes les terres calcaires
avec efFervefcence : il s'en charge jufqù'au point
de faturation , & il forme avec elles des fets qui
fe cryftallifent y Se qui n'attirent point l'humidité
Jtl ChYMII EXPÉRIMENTAL!
de l'air. Ces fels portent le nom général de fit
çLcéttux terreuse , & en particulier celui de l'efpece
de terre que Ton a employée ; comme fel de craiç^
4* marbre blanc > <Tyeux <FécrevijJesy de corail* &c.
On met dans, un matras du marbre blanc en
poudre ; on verfe par-defTus du vinaigre diftillé :
il fe fait aufli-tôt une effervefeence : lorfqu*elle eft
un peu appaifée , on place le vaifleau fur un bain
de fable chaud , pour accélérer la difïbiution,
Lorfque le vinaigre ceffè d'agir, & qu'il eft fu-
ture , on filtre la liqueur , & on la garde dans
une bouteille. Cette difïbiution eft a une légère
couleur ambrée. J'ai fait diflbudre plufieurç
Îierres & terres calcaires dans le vinaigre diftillé.
e vais rendre compte des phénomènes quelles
ont préfentés.
De la craie de Champagne, diflbute dans cet
ftçide , a formé une diflblution femblable à la pré*
çç dente , & qui avoit la même couleur.
Du moellon d'Arcueil a formé une difïbiution
plus ambrée que les précédentes , pafçeqçe cette
pierre contient un peu plus de fer.
Du fpath calcaire s'eft diflous plus prompte*
Itient dans cet acide, que les matières précédentes,
La diflolution , ayant d'être faturée, étoit citrine,
à raifon du fer que cette pierre contient j mais
lorfqu elle a été faturée complètement , elle a,
dépofé un peu d'pchre. La liqueur n'avoit qu'une
légère couleur ambrée.
Des ftala&ites calcaires d'Arcueil fe (ont dif-
foutes avec les mêmes phénomènes. Cette dit*
folutlon , bien faturée , étoit prefque fans cou-
leur, ;
Des coquilles d oeufs fç font très bien diffbutes,
ï^a dilTolution n'avoit aucune couleur.
I* çtow* éteinte à l'air, s'çft difloutç wgq
ÏT RAISONNÉ I. Jlf
4 ve effervefcence. Le vinaigre s'en eft faturé fans
e fecours de la chaleur. Cette diflolution écoit
l'une légère couleur ambrée.
. ^ Les pellicules ou crème de chaux fe font très
bien diflbutes dans cet acide. Cette diflolution
n'avoit prefque point de couleur.
^ Six gros de vinaigre diftillé ont été faturés par
vingt onces d'eau de chaux. Le mélange s'eft taie
fans efFervefcence fenfible. La liqueur étoit fans
couleur.
Toutes ces diflblutions , bien faturées , ont la
même faveur : elle eft amere , acerbe & un peu
mordicante. La faveur de la diflolution de chaux
étoit moins forte , & la liqueur de la faturation
de l'eau de chaux étoit encore plus foible. Sa fa-
veur approchoit beaucoup de celle d<? l'eau crue
des puits de Paris.
Au bout de quatre mois, il s'eft formé à la fur-t
face de ces diflblutions une moififlure fans odeur
de putréfaction , à l'exception cependant de la
diflolution de pellicules de chaux , qui ne s'eft
point moifie. Elles ont toutes perdu confidéra-
olement de leur faveur piquante.
Lorfque ces diflblutions font nouvellement
faites , elles font prendre au fyrop violât & à la
ceinture de tournefol une couleur purpurine qui
pafle à la couleur de feuille morte y mais lors-
qu'elles ont été expofées à l'air , feulement trois
ou quatre jours , elles n'altèrent plus les couleurs
de ces végétaux.
J'amibuç cet effet à ce que j'ai remarqué pen-*
dant la faturation du vinaigre avec les terres cal-
caires. Il fe dégage une vapeur acide très vola-
tile , comparable pour la force à l'acide fulf ureux
volatil , & qu'on pourroit nommer acide fulfureux
végétai Cette vapeu* eft un peu adhérente à la
JI4 ChYMIÏ SZPiRtMEKTAIB
liqueur , fans être combinée. Lorfque les di/Tcn
Jutions font nouvelles , elles font imprégnées de
cet acide fubtil : il agit fur les couleurs bleues
des végétaux , comme l'acide vitriolique fulfii-
teux : il les rougit d'abord > & les fait paffer à la
couleur de feuilles mortes. Lorfqu on expofe ces
diflblutions à l'air libre , cet acide volatil fe dit-
fipe entièrement.
Aucune terre calcaire ne décompofe ces diflb-
lutions, & n'en fait point précipiter la terre.
L'eau de chaux ne précipite que des atomes de
matière terreufe de toutes ces diflblutions.
L'acide vitriolique pourroit bien décompofer
. tous ces fels acéteux terreux.
Je n'ai point eflàyé ce que feroient les acides
nitieux & marins fur ces diflblutions.
Cryftallifation des fels acéteux , terreux-calcaires.
J'ai diftribué féparément dans des féaux de
verre , des portions de toutes ces diflblutions de
terres calcaires , faites par le vinaisre diftillé. Je
les ai recouvertes d'un papier pour Tes garantir de
la poulfiere : elles ont toutes fourni des cryftaux
par une évaporation fpôntanée : ces cryftaux , qui
font de la plus grande beauté , font fort fujets à
-grimper le long des parois des vaifleaux. Lorf-
que la liqueur dans laquelle ils fe forment , eft
peu évaporée , ils reflemblent en quelque forte à
des épis de feigle. Lorfqu'au contraire on laifle
évaporer la liqueur i l'air libre , la furface du fel
eft hériflee de grumeaux femblables à des choux-
fleurs , fofcs lefquels on trouve des cryftaux eiî
épis , qui font toujours foyeux & moirés. "
J'ai mis en diftillation dans une cornue de
verre huit onces de fel ac^teux-calcaire , fait avec
1T RAlSOMKil, 315
ides coquilles d'oeufs. Il a paffé , en vapeurs blan-
ches , deux onces fept gros de liqueur rouflè rrès
fpiritueufe, très inflammable, & ayant l'odeur
de l'éthèr végétal , mais empyreumatique.
Il eft refté dans la cornue une matière terreufe
noire, légère & charbonneufe , pefant quatre
onces trois gros. 11 s'eft fait fix gros de perte pen-
dant la diftillation.
J'ai mis la liqueur en rectification dans une
petite cornue au feu de lampe avec un feul lumi-
gnon : il a pa(Té d'abord une once de liqueur très
ipiritueufe , inflammable , d'une légère couleur
ambrée^, & que j'ai féparée : il a paflc enfuite une
liqueur blanchâtre laiteufe , fur laquelle on re- .
maxquoit quelques gouttes d'huile aflez blanche.
Il eft refté dans la cornue une once deux gros de
liqueur roufle , fur laquelle nageoit environ ,un
gros d'huile noire , épaiffè comme de la térében-
thine.
Toutes ces liqueurs roueiflbient la teinture de
tournefol. La première blanchiflbit avec l'eau.
Nous verrons, en fon lieu, que Talkali fixe,
traité de même avec du vinaigre diftillé , donne
des produits abfolument contraires.
Sel ace'teux-calcaire avec de la glace.
On ne connoît point les effets que produirait
se fel avec de la glace.
Sel acéteux-calcaire avec dufoufre.
On ignore également le» effets de ce £el fur U
foufre.
Vïnaigre & acide yitrlolique difiillcs enfemble.
J'ai mêlé enfemble > dans une cornue de verre,
$16 ChyMII IXPiRIMENTALl
deux livres d'acide vitriolique concentré , & au-
tant de vinaigre rouge ordinaire. Ces liqueurs fe
font échauffées à-peu près autant que de l'eau
qu on mêle avec de l'acide vitriolique dans les
mêmes proportions. Pendant ce mélange, il s'eft
élevé des vapeurs blanches qui avoient une odeur
fuave de vinaigre. J'ai fournis ce mélange à la
diftillation au bain de fable que j'avois chauffé
auparavant. Lorfqu'il v a eu une certaine quan-
tité de liqueur de diftillée , le mélange de la cor-
nue s'eft raréfié : il a paflTé beaucoup de vapeurs
blanches , mais point étaftiques. J'ai déluté le
ballon : j'ai obtenu quinze onces fix gros de li-
queur acide , ayant une odeur très agréable ,
étant légèrement fulfiireufe & non emppreumaà~
que j ce à quoi le vinaigre'eft ordinairement fujet
lorfqu'on le diftille feul.
J'ai adapté un autre ballon à la cornue , & j'ai
continué la distillation pour tirer encore feize
onces de liqueur. La matière fe gonfloit avec la
plus grande facilité; ce qui obligeoit de ménager
le feu avec beaucoup de loin. La liqueur a enfin
ceûTé de fe raréfier : il s'eft dégagé beaucoup de
vapeurs blanches qui fe condenfoient difficile-
ment. La liqueur qui a diftille étoitfans couleur;
binais elle avoit une forte odeur d'acide fulfureux
volatil : elle avoit auflî une faveur infiniment
plus acide que la première liqueur : on remar-
quoit à fa furface une pellicule grafle y qui a dif-
paru dans l'efpace de quelques jours, Il eftreftc
dans la cornue une livre treize onces d'acide vi-
triolique noir, femblable au réfidu de l'éthèr vi-
triolique.
Vinaigre & acide nitreux*
On peut préfumer que L'acide nitreux , qui a
ET MAISONNÉE. \lj
beaucoup d'aâion fur les matières inflammables,
procureroit au vinaigre des changements d'une
nature différente de ceux de l'acide vitriolique ,
Se relatifs à fa manière d'agir fur ces fubftances.
Mais il n'y a aucune obfervation de faite fur cette
combinaifon.
Vinaigra & acide marin*
Il en eft de même de l'acide marin. On necon-
noît nullement fes effets fur le vinaigrée
Vinaigre avec le foufre.
Les effets & l'aftion du vinaigre , pris dans dif^
férencs états , fur le foufre , font pareillement
ignorés.
Vinaigre avec le foie de foufre terreux.
Le vinaigre décompofe le foie de foufre ter-
reux , comme le font les acides minéraux : il s'u-
nit à la terre & à la matière faiine de la chaux ,
en faifant précipiter le foufre.
Vinaigre &gypfe.
Le vinaigre diftillé & bouillant ne diflbutpas
mieux ni en plus grande quantité le gypfe & les
fubftances gypfeules, que ne le fait l'eau pure &
bouillante.
Sur Valkali fixe végétal.
L'alkali fixe eft une fubftance faiine qu'on fé-
pare des cendres des végétaux. Nous le luppofe-
rons ici tout purifié , comme fi la Nature le pro-
duisit ainfi. Nous parlerons par la fuite des
moyens qu'on emploie pour fe le procurer.
Les Chymifteç ont fouvent agité cette quef-
3 1 8 CHYMfE BXîilUMENTÀll
tion:La Nature produit-elle cette fubftance fa-
Une , ou cette fubftance eft-elle un produit du
feu ? Nous avons déjà dit notre fentiment fur cet
objet , en examinant les matières falines en gé-
néral ; & nous répétons ici que la Nature forme
l'alkali fixe dire&ement par la voie humide & par
la voie feche , fuivant les circonftances : mais il
paroît que la plus grande quantité de ce quiexifte
dans la Nature , fe produit journellement par la
voie humide.
Il eft à préfumer que l'alkali fixe eft compofé
des mêmes fubftances que les acides , mais diffé-
remment arrangées , & dans des proportions di-
verfes. Les propriétés que nous reconnoîtrons
à ce fel nous font préfumer que le principe du
feu , qui eft de l'eflence de cette fuoftance fa-
line , n'eft pas auflî pur que dans les acides mi-
néraux : c'elt vraifemolablement la caufe pour la-
quelle l'alkali a moins d'adtion far les matières
inflammables. Le principe terreux réfide en plus
grande quantité dans ce fel , que dans les acides.
C'eft encore pour cette raifon qu'il eft moins pro-
pre à fe combiner avec les corps inflammables. Il
a avec l'eau une moindre affinité que n'en ont les
* acides ; mats il en a beaucoup avec la terre par la
voie feche : il contra&e avec elle des combinai-
fons très fortes & très incimes. Nous reconnoî-.
trons mieux toutes ces propriétés de l'alkali dans
le détail des opérations.
L'alkali fi*e eft fous une forme feche } ce qui
indique d'abord qu'il entre dans fa compofîtion
une plus grande quantité de terre, que dans celle
des acides.
Il eft d'un blanc mat, de ri atfe&e aucune figure
particulière.
Il eft fans odeur lorfqu'il eft parfaitement pur,
IT RAISONNÉ E. 319
11 a une faveur acre , cauftique & brûlante , &
développe dans la bouche une odeur urineufe.
Cette propriété cauftique , qui eft femblable i
celle du feu , nous indique que l'alkali contient
une certaine quantité de feu pur ou prefque pur >
qui lui eft uni , comme il l'eft dans les acides ,
puifque l'alkali agit comme eux fur les matières
animales. L'odeur urineufe qu'il dé veloppe, vient
encore de fa grande a&ion fur la fubftance de la
langue : il agit en la détruifant , & en dégage une
fubftance qui eft de l'alkali volatil , comme nous
le dirons en fon lieu.
L'alkali fixe verdit les couleurs bleues desvé ~
gétaux , tels que le fyrop violât, &x.
Alkalifixc expofé au feu.
L'alkali fixe a beaucoup plus de fixité au feu, oue
tous les acides : il eft en état de fupporter la plus
etande violence du feu dans des vaifTeaux clos ,
uns s'élever : mais lorfqu il a communication
avec l'air , & qu'il éprouve l'aâion immédiate du
feu, £pn phlogiftiaue entre véritablement en
combuftion : alors l'alkali fe diftipe en vapeurs
blanches nés épaiiTes, qui affedent finguliére-
ment le cerveau : il fe réduit encore plus prompte*
ment en vapeurs lorfqu'il a en même temps uç
contaû immédiat avec le phlogiftique embraie :
il n'entre en fufion qu'après avoir rougi.
On met dans un eveufet la quantité que l'on
veut d'alkali fixe : on le place dans un fourneau
entre des charbons ardents : on couvre le creufet
avec un couvercle de terre , pour empêcher les
charbons d'y entrer. Lorfque le fel eft fondu , on
le verfe dans un mortier de fer un peu échauffé :
il coule comme une liqueur : il forme, après qu'il
2
£*• CHYMIE IXpklMENTÀLÉ
eft refroidi, une mafle blanche verdâtre très dure s
on lepulvérife & on l'enfenhe pendant qu'il eft
chaud, dans une bouteille qu'on bouche bien.
La couleur verdâtre que l'alkali prend dans
cette occafion , vient d'une portion de phlogifti*
que qui s'eft développée pendant lafufion. Lotf-
ju il eft fondu , il exhale une fumée blanche : il
e diflïperoit entièrement fi on le laifToit trop
long-temps au feu. 11 eft de la plus grande im-
portance de prendre garde que le mortier foit
bien fec lorfqu'on coule ce fel : s'il contenoit la
moindre humidité , elle feroitfubitement réduite
en vapeurs très dilatées , & occasionnerait une
explofion des plus bruyantes , en jettant au loin
le fel fondu. Cette remarque eft géhérakqroc
toutes les matières en fufion. On doit avoir la plus
grande attention de ne jamais les couler dans des
vaifleaux humides.
En examinant les propriétés du principe ter-
reux, nou4 avons vu qu'il étoit abfolument fixe*
Comme cette matière faline a beaucoup plus de
fixité que les acides , nous pouvons conclure en
toute fureté , qu'elle contient beaucoup plus de
principe terreux que les acides»
Alkalifixe expofé à Pair.
L'alkali fixe fe charge puiffamment de l'humi-
dité de l'air, & fe refout en liqueur* Comme
l'alkali fixe le plus pur fe tire du tartre , on le
nomme , lorfqu'il eft ainfi réfous en liqueur ,
huile de tartre par défaillance , & alkali tombé
en deliquium. Ce nom d'huile eft impropre. L'al-
kali fixe n'a rien d'huileux. On ne lui a donné
ce nom, qu'à caufede fa confiftance qui approche
un peu de celle de l'huile fluide. Pour le prépa-
rer ainfi :
On
*t îlàî s ô* .ni ti . jit
-On met du fel alkali dans des vafes de grès
43u de verre , larges & plats i on les expofe a la
cave , ou dans tout autre endroit humide : lorf-
que ce fel eft réfous en liqueur, on le filtre , ÔC
on le conferve dans des bouteilles qu'on bouche
avec des bouchons de liège , ou encore mieux
avec des bouchons de verre.
Ce ilrtoyen de préparer l'huile de tartre a des
inconvénients, à caufe delapoufliere qu'elle ra-
mafle : elle fe charge auffi des fubftances réduites
en vapeurs dans l'air, qui altèrent fa pureté. Il
Vaut mieux la préparer de la manière fuivante.
Alkali fixe mile avec de Veau.
On met dans Une terrine de grès de l'alkali
fixe defleché s on verfe par-defTus environ fon
poids égal d'eau : on agite le mélange avec une
fpatuie : il fe produit une chaleur de foixante de-
£és lorfque l'alkali eft bien fec : elle eft moindre
rfqu'il n'a pas été bien defleché. Lorfque l'ai*
kali eft entièrement difTous, on filtre la liqueur,
& on la conferve dans une bouteille. Dans cet
état, il eft fans couleur & fans odeur , lorfqu'on
a fait choix d'un alkali bien pur \ mais il a tou<»
jours une faveur acre , cauftique & brûlante* ,
Remarques.
L'alkali fixe Contient de la terre pat fiirabort-
dance : celle qui conftituô fon efTence ne lui eft
pas unie aiiffi intimement qu'elle l'eft daris le$
acides ; du moins On en féparc , facilement Se
ptomptement, une certaine quantité : il fuffit de
taire diflbudte dans de l'eau & de faire delîé-
cher plufieurs fois de fuite le même alkali fixe :
on en fépare chaque fois une quantité fort confï-
Tome 1. X
dérable de terre blanche , fans que Palkali perde
les propriétés. J'ai gardé nombre de fois , dans des
flacons bouchés de cryftal , de l'alkali fixe très
pur en liqueur : il a toujours dépofé une plus ou
tiioins grande quantité de terre blanche. Jepenfe
3ue cet effet vient , dans l'un& dans l'autre cas,
'une véritable décornpofirion de l'alkali , Se de
ce que fes principes ïpnt bien moins unis entre
eux que dans les acides. Je penfe auffi que ces
phénomènes viennent de ce que la portion de feu
prefque pur , auquel il doit fes propriétés falines,
fe dilfipe , & qu'il fe fépare de la terre dans la
même proportion, : il peut fe décompofer, en
grande partie , par ces moyens fimples , & acqué-
rir même plus de caufticité , fur «tout en ne le
faifant point calciner à chaque deflîccaâon , afin
de ne point détruire la matière phloeiftique donc
il abonde , Se qui ferc à mieux fixer les parties de
feu. Si au contraire on le calcine chaque fois
qu'on Je fait deffécher, on brûle la matière phlo-
giftique qui s'étoit concentrée dans les defilcca-
tions précédentes, Se on occafionne la fépara^
tion d'une plus grande quantité de terre : la por-
tion de terre qui fe fépare , eft proportionnée à la
2uanxité de feu principe de l'alkali qu'on a fait
iffîper , pareequ'il y a réellement une partie de
ce fel qui eft décompofée complettement : il eft
facile de s'en appercevoir par le poids de l'alkali
reftant , qui eft moindre qu'auparavant : ce fel fe
trouve dans le même état qu'il étoit avant ces
opérations : on peut le décompofer fucceflive-
ment ', Se même afTez promptement, en faifant
diffiper le feu & l'air qui lui fervoient de princi-
pes conftituants : à la fin dé ces opérations, on re-
cueille à part l'eau & la terre qui font les autres
principes de ce fel*
ti * a t s' b *tk $ i. %%)
: îl en eft de même de l'eau de chaux :. elle perd
'par le féjour toute fà faveur ! les pellicules de
chaux n'ont plus de faveur. Tous ces effets vien-
nent de la même caufe. 11 n'y a ni dans Peau de
chaux , ni dans les pellicules , aflez de matière
phlogiftique pour fixer les parties de feu : mais fi
l'on ajoute à l'eau de chaux , comme je l'ai fait ,
une matière phlogiftique , dans un état convena-
ble , tel que de l'efprit de vin , pour qu'elle puiflfe
s'unir aux principe* de l'eau de chaux ; alors, au
lieu de perdre de fa caufticité par le féjour, elle
en acquiert confidérablement. Ces phénomènes
nous prouvent , de plus en plus , que les parties
de feu qui font la caufticité des matières falines*
ont befoin d'être unies par une dofe fuffifante de
phlogiftique, & dans un état convenable j car
une plus grande dofe de fubftance de cette na-
ture fait perdre au fel alkali toutes (es proprié-
tés cauftiques, comme nous le verrons en parlant
de Palkali phlogiftique pour le bleu de Pruffe.
Quant i la terre qu'on fépare de Talkali fixe
dans ces différentes opérations, je rtie fuis bien
convaincu qu'elle eft de nature yitrïfiablè, 8C
qu'elle en a toutes les propriétés: mais fl he faut
pas croire, comme je l'ai déjà .dît, qu'elle foit
dans les fels fous ' l'état calcaire j je: penfe ,. au
contraire , que lorfqu'elle en' fait partie, elle y
eft dans un état moyen entre l'es teïf es 'calcaires
& les terres vitrifiables : je penfe encore quelle
ne peut fe féparer des combinaifôns faïinè's , que
lorsqu'elle eft parvenue à l'état, de terre' vitrina-
ble pure ,& lorfqu'elle s'eft dépouillée de l'air,
du phlogiftique & du principe aqueux , qui la
coqltituoient plus ou moins terré calcaire.
D'après tout ce que je viens de dire ,• je crois
Àu'on pourroit décompofer comportement une
Xij
jl4 CHYMll lX*iRtM*KTÀL«
Îiuantité donnée d'alkali fixe, d'une manière felf
impie. 11 fuffiroit , pour cela , de faire digérer
dans un matias au bain de fable , de l'alkali fixe
en liqueur , & qui ne (eroit pas trop concentré,
llferoit inutile doter la terre à mefure qu'elfe
fe fépareroit du fel : elle ne peut nuire à l'opé-
ration.
L'alkali fixe très pur n'eft point fufceptible de
fe cryftalhfer : il fe defleche & fe réduit en pon-
dre. Quelques Chymiftes ont cependant avancé
qu'on pouvoir le faire cryftallifer : fi cela eft arri-
vé , on doit l'attribuer à quelques fels étrangers
qui fe l'ont affbcié pour cryftallifer enfemble.
Mais le fel de tartre très pur , & qui a été calciné i
Vair libre, n eft point fufceptible de fe cryftallifer:
cependant , lorfqu on fait calciner le tartre dans
des vaifleaux clos , comme dans une cornue , il
Ir a une bonne partie du fel alkali qui fe cryftai-
ife : cet effet vient du phlogiftique qui conver-
tit une partie de ce fel en cryftaux de foude , oa
en alkali marin. Le phlogiftique , dans ce cas ,
eft plus abondant : fon état eft différent de celai
qu'il a dans le fel qu'on nomme alkali végétal:
1 alkali qui réfulte de cetre combinaifon n'eft
. plus déliquefcent ; il eft moins acre & moins
cauftique que l'alkali végétal.
Lorfque l'alkali eft en liqueur > ou pour avoir
été expofé à l'air ; ou pour avoir été dilïous dans
Feau , on peut le remettre dans fon premier état
de liccité. Il fuffit de faire évaporer l'humidité,
jufqu'à ce qu'il foit réduit à ficcité , & de l'en-
fermer dans une bouteille , tandis qu'il eft chaud :
mais comme cette matière faline a de l'aâion fur
certains métaux, il s'enfuit que tous les vaifleaux
ne font pas également propres à la deffécher. Les
jneilleurs font ceux de veire ou de grès ; maisilt
!T KÀISOKïlil. j 1 J
«fit Tinconvénienc de caffer : ils font petits : oa
ne peut faire deffécher qu'une petite quantité de
fel à la fois : ceux de fer altèrent la pureté de l'ai-
kali ySc encore plus cçux de cuivre : les vaifteaux
les plus commodes font les baflînes d'argent y iU
ne communiquent rien à ce fel.
Alkali fixe avec de la glace..
L'alkali fixe , comme nous l'avons dit , produit
de la chaleur en fe diflblvant dans l'eau. Il en eft
autrement , iorfquon le mêle avec de la glace i
une partie de ce fel , & deux de glace pilée , pro-
duifent un froid de dix degrés , la température au
terme de la congélation.
Alkali fixe avec de la terre vitr\fiable*
L'alkali fixe ne peut , par la voie humide , con-
tracter aucune union avec la terre vitrifiable j
mais par la fufion , il diflbut parfaitement les ter-
res vitrifiables , même avec efïervefcence. Il for-
me avec elles des matières vitreufes ou des ma-
tières vitriformes , fuivant les porportions que
/Von a employées.
Lorfqu on fait entrer dans le mélange fix ou
fept parties de fable , & même davantage, fur une
d'alkali fixe , ces matières , pouflees long-temps à
la violence du feu , entrent en fufion , & fe com-
binent très bieni Le produit qui .en réfultefe
nomme verre. Nous parlerons plus amplement
de ce produit en fon lieu , & nous donnerons
un article fur le verre , la verrerie & la vitrifi-
cation.
Mais lorfqu*on a employé, au contraire, trois
ou quatre parties de fel alkali fur une de fable , il
n'y a pas allez de matière terreufe pour fatuce*
Xiij
jl£ ChYMII EXPÉRIMENTAL!
l'alkali. Le mélange participe davantage des proi
priétés de la matière faline : il eft acre, caufti-
que , déliquefcent : la terre vitrifiable fe trouve.
«Monte par ialkali fixe : elle eft en état de pafler
au travers. des filtres : c'eft ce que Ton nomme
liquor Jiîicum.
Liquor filiçum ,, au liqueur, des cailloux."
' On prend une once de caillou noir calciné
éc réduit en poudre fur le porphyre : on le mêle
avec quatre onces de fel alkali bien fec : on mec
•ce mélange- dans un creufet , qu'on ne remplie
qu'à tnoiçié : on place le creufet dans un four-
neau qui pouffe bien : àufii-tôt que la matière
entre entre fufion , elle fe gonfle considérable**
men* : elle continue de fe bourfoufler jufqu'à ce
que l'allpljLait diflous toute la terre vitrifiable.
.On tient le creufçt ouvert, tant que certe effer-
yefeence a lieu , afin de la modérer , fans quoi la
jmatiere paflêroit par-defTus les bords du creu-
fet. Lorfqpe l'effervefcence eft païTée, on couvre
le creufet., pu augmente un peu le feu pendant
trois ou quatre' minutes , pour faire prendre à 1*
matière une ,bfelj,e , fufion , & pour être sûr que
. toute la terre .vitrifiable eft'diljoute par Palkajta
alors on ypjle.cejque contient Je creufet dans uiî
mortier de fer bien fec, ou fiiV une : plaque de fer
ou de cuivre. La matière., eti fere/roidiflant^fe
fige & prend J apparence d'un verre : elle fe càfle
-d'elle-même en plufieurs piorceaux , dès quelle
. celle v d'être rp.uge.
Remarquas*
Pendant la fufion de ces deux fubftances , Pal*
-kali , «ûcU de h chaleur , difiout h terre vitriiia*
, S T RAISO N^ i 1. 3.X7
Jble , comme un acide diflbut la terre calcaire
L'inftaju où fe. fait cerre ,diflolution , s'annonga
par i'eftervefcence qui s*excite entre ces iuÊftair--
ces , & qui eft même très considérable : c'eft vaux
cette raifon que nous avons recommande ,dé
n'emplir le creufet qu'A moitié, afin qu'il y ait
un eipace fufïîfapt , pour que. Ja matière ne fp
répande gas.fyoïs du crejifet. On eft aiTuré qup
la combinaison eft faite , lôrfqùe l'effervescence
eft paiTée». Néanmoins j'ai remarqué qu'il étoit
néceflaife de, chauffer le mélange encore* quel-
que .temps après , afin d;être afîuré que la tota-
lité de îa terre vitrifiable eft cqmplettemen: 4i4-
ibutee
s Cette combinaifon eft eûTentiellement moins
fuûblf que 1-alkali pur , parceque la fufibilite 4?
Talkali & l'infufibiiité de la terre fe partagent
réciproquement leurs propriétés, C'eft pourquoi
îl faut un, bon coup de reu, pour produire la
diflblution complette de la terre vitrifiable. Si
Ton a. ôté dji feu la matière , immédiatement
après qu'elle eft fondue , elle eft d'un blanc lai-
teux -, lorfqt&lie eft refroidie, pareeque les cail-
loux contiennent encore quelque portion de
terre moyenne entre la terre calcaire & la. terre
vitrifiablpyune terre enfin qui n'eft pas encore
complètement changée en une terre vitrifiable
pure. Il faut, pour dirfbudre cette portion de terre*
un plus grand & plus long coup de feu x que pour
diffbudre par le même moyen de la terre vitrifia-
ble pure, La matière eft bien tranfparente, lorf-
quelle a reçu le feu convenable*
Si , au lieu de cailloux , on emploie du fable
blanc ordinaire & également broyé , ou toute au^
tre pierre vitrifiable pure , la mafle vitritbrme
qui réfulte immédiatement après fa fufion , n e&
Xiv '
*yi8 ChYMTE EXPERIMENTALE
•point laiteufe : elle eft tranfparente comme ddr
verre. Ceci nous donne un exemple de la fufibi-
lité des terres viçrifiables plus grande que celle
dés terrés calcaires , puifque la terre vitrifiable
du caillou çft fondue la première, & qu'on eft
obligé de continuer le feu encore quelques ins-
tants de plus , pour vitrifier la portion de terre
qui a confervé quelques-uns des cara&eres de la
terre calcaire.
Si le feu n'a pas été fuffifamment fort ni aflèz
long-temps continué pour fondre la terre demi-
calcaire au caillou, on k retrouve fur les filtres,
lorfqu'on vient à faire diflbudre dans de l'eau
cette matière vitriforme. Elle nefe préfente pas
avec touce$ fes propriétés calcaires bien décidées,
parceque , comme nous l'avons déjà dit , elle
éprouve des altérations de la part du feu , qui la
'ramènent de plus en plus au caraéfcere de terre
vitrifiable , qui eft celui de fon origine»
On peut , fi l'on veut ,- s'éviter la peine de
broyer fqr le porphyre ces fortes de pierres : il
fumt de les employer en poudre fine : la diflblu-
tion eft feulement quelques in fiants de plus 1 fe
faire : le gonflement & Teffervefcence durent un
peu plus de temps. C'eft un principe général :
plus les corps font divifés , mieux ils fe combi-
nent, de la combinaifpn fe fait plus prompte-
ment.
Lorfquil tombe quelques charbons dans le
creufet , tandis que la matière eft en fufion , l'al-
kali agit fur le phlogiftique , diflfout même le
charbon : la matière prend une couleur depuis le
jaune jufau au rouge d'hyacinthe , à proportion
que l'alkali a diflous de cette fubftance ; au lie*
que quand cet accident n'arrive pas , la matierç
n'a qu unç légère couleur ambrée,
- * t * à r s o h k4 i. -, si$
ï/alkaK fixe, quoiqu uni avec le quart de fon
poids de terre vitrifiable , conferve encore de fes
propriétés alkaiines : elles font même augmen-
tées. Cette matière faline eft infiniment plus acre
& plus cauftique que l'alkati pur : elle attire puif-
famment l'humidité de l'air, & fe réfout en li-
queur. Je penfe que cette augmentation de cauf»
ticité vient des parties de feu prefque pur qui fe
font combinées avec cette matière : quoiqu'il foit
difficile de démontrer cette afTertion , elle ne
m'en paroi t pas moins certaine, pareequ'il n'y a
<lan$ la nature , félon moi , que le feu qui ait de la
faveur & qui foit cauftique.
Liquor ûlicutto diffbus dans de Veau.
: On pulvérife groffiétement: la matière vitri-
forme dont nous venons de parler : on la met
dans un matras avec une fuffifante quantité
«L'eau : on fait digérer ce melaiige.au bain defa<*
ble , jufqu i ce que la matière foit parfaitement
difToute : on filtre la liqueur , & on la conferve
dans une bouteille qu on bouche bien : il refté
toujours fur le. filtre une certaine quantité de
terre vitrifiable, qui a échappé iTadion de M*
kalif
Remarques.
. - Lorfque la madère faline na pas reçu un coup
-de feu fuffifamment fort & affez long-temps con-
tinué, la terre vitrifiable n eft que dans un état de
demi-diflblution : la liqueur pafTe trouble & dif-
ficilement au travers du filtre. Lorfqu'au contraire
le coup de feu a été fuffifamment fort, la terre vi-
trifiable eft parfaitement difToute. La diflblurion
pafle très claire & facilement : elle eft d'une covfr
55» Chyxcii HtpkiMEW'rAti
leur ambrée. Dans le premier cas > prefqoe cote
la terre fe icpare jde la liqueur dans l'eipace d'une
année. Dans le fecand ; il nesrcn précipice qu'une
bien petite quantité , même -dans refpace de cinq
a fix années. La plus grande jjteuKÎ té refte par-
faitement ditfbute 4ans TalkaU fixe*
Décompofition de la liqueur des cailloux par la
acides.
On met dans un grand verre de la liqueur de*
cailloux : on verfe par deflus de l'acide* vittioli»
que : il s'unit à l'alkali avec effejrvefçence , & hit
précipiter la terre , qui eft dans un fi grand état
de divifion, qu'elle reffemble. plutôt à un muci-
lage , qu'à une terre. On filtre la licjueur : on lave
lai terre dans-beaucaup d'eattbpuiïtanre, oour la
detfaler complectement ^ & .on la fût lécher il
l'on veut relie eft de même nature qu'elle croit
auparavant r6c n'a point changé dans ces ope-
rations. .-.-.-'
v M. Port , dans {a Lithogéognofie , Edition
Fcançoife , page i 74 ^ premier ' volume , dit que J
cette terre' précipitée y de vitrifiablc & infdsbU
^LtlU ttaituaparavam par les acides 3 eft devenue
alkaline; car elle fe dijfout dans les acides : & il
ajoute qu'il ny a quel* acide vitriotique qui ait la
propriété de la précipiter*
La didolubilité d'une terre dans lés acides ne
«conftitue peint feule fa nature : la terre qu'on le»
pare du tiquer Jiitçum _, n'èft diftbluble que par
rapport à l'état ibus lequel elle £e trouve réduite.
* On peut voir dans mon Mémoire fur Us At*
giiles j de quelle importance eft cette expérience
pour la connaiflànce des matières terreufes : c'eft
ce qui m'a engagé à la répéter un grand nombre
1T RAISONNÉ!, J3I
,e fois , & à en examiner toutes les circonftan-
es. J'ai reconnu, comme M. Pott,que cette
erre étoit précipitée par l'acide vitrioiique ; mais
e me fuis afliiré , de plus , qu'elle l'étoit égale-
ront par les autres acides y même par le jvinai-
rre diftillé-^ & que cette terre étoit enfuite snôji
eulement difToluble dans l'acide vitrioiique ,
:omme le dit M. Pott ,n#is qu'elle «l'étoit égai-
llent dans l'acide nitreux & dans l'acide marin, :
'acide du vinaigre ne l'attaque pas fenfiblemeut.
fe mè fuis encore bie/v convainc^ qu'elle a'çft
point changée de naïur e> & qu'elle a toutes les
propriétés d'une terrç vjttifiable, comme je l'ai
démontré dans mon Mémoire fur les Argille$ j gc
comme on le verra pax le détail des expériences
que je Vais rapporter.;
Combinai/on delà terre, fjpare'e du liquor filicmji
• avec l'acide vitriolique.
Alua artificiel.
Oh me; dans un mauas une certaine quantité
de tecre féparée du liquor jfc[tçw% j oopi&qç jioQs
venons.de [ô dire: Qi>;verfc: par defluç de Vacide
vitriolîqijfe affoibli : qi) fait digérer ce giêjgiîgg &i
bain dejatlp : la tçrre.fèjljtfpçt : bn a foin qu'il
fe trouve dans le mcïange une furab9fltfA0.ce' #3-
cide : on filtre la liqueutv& pn la fait évaporer &
l'air libre : elle fournit des cryftaux de véritable
alun. J'ai répété ces expériences avec différentes
terres vïtrifiables , telles que du quartz, du fable ,
du caillou de différente efpece , du cryftal de ro-
ctie : j'ai eu constamment les mêmes refnltats ; ce
qui prouva d'abord l'identitéde la terre vitrifia-
ble avec la terre de l'alun v & nous verrons Cette
même identité avecU tewtfes argillea,
'4JX ChYMIE ÎXPHRIMIHTAIB
Ladiflblution de cette même terre d'alun ititt
l'acide nitreux étoit fort acide ; ellerougitlbit les
couleurs bleues des végétaux : l'eau de chaux la
décompofe & en fait précipiter la terre vitrifia-
ble. La terre calcaire opère la même décomposi-
tion. La combinaifon de l'acide nitreux avec la
terre du hquor fiitcum y évaporée à l'air libre , a
donné un mucilage net & tranfparent, & n'a
point formé de cryftaux : cette combinaifon, faite
avec de l'acide marin , a formé quelques petites
aiguilles d'une ftypricité confidérable.
Il eft bon de faire obfecver que lorfquon pré-
fente cette terre aux acides , dans le detfein de la
diffoudre , il faut la prendre , tandis qu'elle eft
en bouillie , & avant qu'elle ait été féchée \ car ,
lorfquon l'a fait fécher , les parties fe font réu-
nies & agglutinées entre elles par l'attraâion :
cette terré alors ne peut plus fe ditfbudre.
Lorfque le liquor filicum a été mal fondu , la
terre qu'on en précipite eft. beaucoup plus difficile
à fe dillbudre dans les acides.
Tous ces aluns artificiels font fufceptibles de
fe faturer de leur terre , & de former , comme
l'alun ordinaire faturé de fa terre , des efpeces de
fels qui fe cryftallifent en petites écailles comme
du mica ; & dans cet état , ils font peu diflblu*
blés dans l'eau.
Sur VAlun+
L'alun eft un fel vitriolique , ou une félénite
à bafe de terre vitrifiable , compofé de parties
égales de terre argilleufe & d'acide vitriolique.
Ce fel eft avec excès d'acide : il fe diflbut facile-
ment dans l'eau , Se en très grande quantité. Nous
verrons dans le détail des expériences , qu'il eft
de même nature que les afgulçs , quoique cette
" 1T HAIS O* M il, Ï14
E dernière fubftance foie très peu difloluble dans
2 l'eau. On trouve dans le commerce trois efpeces
h d'alun : favoir j Y alun ce Rome j qui eft te plus
a pur j Y alun de Smyrne , & Y alun de roche : ce dec-
i nier contient fouvent du fer. Ces aluns font eflen-
c tiellement de même nature : ils différent feule-
! ment les uns des autres par des degrés de pureté ,
r & quelquefois par l'état de leur terre, quoiqu'elle
t foit toujours de narure vitrifiable.
i Lorfque nogus examinerons les pyrites , nous
dirons de quelle manière on tire l'alun des ma-
tières qui le contiennent , ou qui font propres à le
fournir : nous ne parlerons, quant à préfent, que
de l'alun de roche.
L'alun de roche eft cryftallifé en grofles mafles
irrégulieres.
lia une faveur acide , ftyptique & fort aftrin-
gente.
Il rougit les couleurs bleues des végétaux.
L'alun eft une matière faline incombuftible :
on le fait entrer dans des vernis de colle forte
qu'on applique fur des menuiferies, afin qu'elles
{oient moins fujettes aux incendies.
Alun au feu. Alun calciné.
On met de l'alun dans un creufet : on le place
dans un fourneau entre des charbons ardents : il
fe liquéfie aufii tôt qu'il commence à fentir la
chaleur, & bouillonne : il fe bourfoufie confidé-
rablement , & fe réduit en une matière très blan-
che , friable , très légère , rare, fpongieufe & très
volumineufe \ c'eft ce que Ton nomme alun cal-
ciné: on le détache du creufet , & on le conferve
dans une boîte.
$|4 CrtrtfîE EfcPÉRirfEtfTÀt*
. Remarques.
L'alun contient un peu plus de la moitié de fbn
poids d'eau de cryftallifation : c'eft à là faveur do
cette eau qu'il fe liquéfie : elle fe diflîpe en va-
peurs. Lorfque l'alun eft près de perdre les der-
nières portions de cette eau , il fe gonfle pro-
digieulement , & refte dans cet état de bouc-
fouflement , parceque la cha'eur n'eft pas, à beau-
coup près , allez forte pour le faire entrer en fu-
fion. L'alun , par cette opération , ne change
point de nature : il ne fait que perdre l'eau de fa
cryftallifation , & peu ou point de fon acide, Ce-
Sendant j'ai remarqué qu'en faifant difloudre dan?
el'eau ae l'alun calèiné,on en fépare roujours une
certaine quantité de terre. Je l'attribue à ce que,
pendant la calcination , les parties de la terre fe
font réunies : elles font infinimenrmoinsdivifées
u elles ne Tctoient auparavant, quoique tou-
ottrs diffbutes dans Facide vitriolique.
On veut dans le commerce, que l'alun calciné
foit ainfi rare , léger & volumineux. On trouve cer-
taines efpeces d'alun qui ne fe gonflent pas comme
celui dont nous venons de parler , quoiqu'il foie
abfolument de même nature , & qu'il ait efTen-
tiellemçnt les mêmes propriétés. On peut croire
3[Ue de font d,es aluns tirés de matériaux qui ont
prouvé Ta&ion du feu , & dans lefquels la terre
eft moinS divifée , puifque , comme je l'ai remar-
3ué , l'alun qui a été cakiné , peut fe difloudre
ans de l'eau , fe cryftallifer de nouveau , & re-
former de l'alun , tel qu'il étoit auparavant j mais
cet alun ne fe gonfle prefque plus par une féconde
Calcination : nous ferons remarquer , au refte , en
décompofant l'alun par l'alkali fixe , que la terre
de celui qui a été calciné , eft moins fine.
i
1fous le* aluft* fle diminuent pas également
pendant la calcination : ceux qui font raies avec
dés matériaux que l'on a calcinés auparavant ,
comme l'alun de Rome , diminuent beaucoup
moins pour les raifons que nous venons d'expo-
fer. Deux livres d'alun de Rome fournirent dix-
huit onces d alun calciné.
L'alun calciné fert dans quelques arts. Lors-
qu'on en veut préparer une grande quantité à la
fois , on le mec dans les vaifleaux propres à dis-
tiller l'eau forte en grand , & on les place dans
le fourneau qui fert à cette diftillation. Par ce
moyen , on calcine une grande quantité d'alun k
la fois , & très proprement.
Diftillation de l'Alun pour tnféparer V acide .
vitriolique.
J'ai mis en diftillation " dans une cornue de
Verre , deux livres d'alun de Rome très net & dé-
fcarrafle de toute terre rouge qu'il contient tou-
jours. Il a j>a(Té dans le récipient dou£e onces de?
liqueur innpide que l'on nomme phlegme d'alun .•.
elle ne changeoit point là couleur du fyrop violât*
ni celle de la teinture de tournefoL J'ai continué
le feu pour rougir feulement la cornue : j'ai ob-
tenu de nouveau deux onces de liqueur légère-
ment acide & volatile fuifureufe. Il s'eftélëvé ait
col de la cornue une petite quantité de njatierè
faline cryftalline qui avoir la laveur dufel marin :
il eft refté dans la cornue dïx-him onces d'alutr
calciné. La petite quantité d'acide qui a pafTé
dans cette diftillation , eft due à l'eau de la cryftal-
iifation ; £ar, lorfque l'alun eft parfaitefmeht deflfér
ché , l'acide adhère à la terre avec une force étonr
nante, . i-
JTJ* ChYUH BXF&RIM1NTAL*
M. Geoffroy a fournis de 1 alun calciné à la diftifc
lation dans une cornue de terre » & l'a pouflé à 1a
violence du feu pendant trois jours & trois nuits :
il n'a retiré qu'une très petite quantité d'acide que.
je crois être une partie de la dofe excédente a la
iaturation de la terre. Nous verrons que les ar-
eilles retiennent l'acide vitriolique avec autant d&
forcée
Alun à Voir*
L'alun expofé ï l'air fe feche & perd un peu de
fon eau de cryftallifation, mais fans foufftir d'au-
tres altérations.
Alun avec de l'eau*
Deux livres d'eau froide , la température à dix
degrés au deflus de la congélation , ne peuvent
diuoudre que quatorze gros d'alun de roche. Ce
fel, en fe diflolvant, produit deux degrés de
froid \ mais huit onces d eau bouillante diffbl vent
cinq onces du même alun. L'alun diflbusdans l'eau
chaude fe cryftallife par le refroidiflement. Les
cryftaux forment des pyramides triangulaires dont
les fommets font coupés.
Alun & Glace.
L'alun 8e la glace mêlés enfemble produifent
du froid j mais j,e ne fais fi l'on en a déterminé les
degrés.
Alun avec U$ matières combuflibles ùphlogifliques*
Décompofition de l'Alan.
On met dans une terrine verniffée une livre
d'alun de Rome avec huit onces de miel jaune :
on place le vaifTeau dans un fourneau chauffé par
un
ton Feu capable de liquéfier l'alun : on remue ce
mélange avec une fpatule de bois : on le fait
chauffer jufqu'à ce qu'il devienne fec & charbon-
heux : on pulvérife enfuite cette matière , & on
la fait calciner à l'air libre , dans un creufer large
& plat, pendant environ une heure , ou jufqu a
ce que la matière devienne parfaitement blan-
che, & qu elle n'exhale plus de vapeur de foufrô
ni d'acide fulfureux volatil. J'ai obtenu , par ce
procédé , la terre de l'alun de la plus grande blan-
cheur : je l'ai lavée dans beaucoup d'eau bouil-
lante, & l'ai fait fécher.
L'eau du premier lavage étoit fans couleur : elle
avoit une faveur de fel marin & de tartre vitricflé t
elle exhaloit une odeur de foie de foufre , préci-
pitent en jaune le mercure difïbus par l'acide
nitreux , & verdiffbit légèrement la couleur du
fyrop violât.
La terre de l'alun > féparée par ce moyen , eft
parfaitement blanche t étant oroyée fur le por*
phyre , elle acejuiert une forte de liant femblabld
à celui des argilles : elle décrépite &N pétille au
feu comme les argilles t elle réfifte à la plu*
grande violence du feu , fans entrer en fulion , &
fans rien perdre de £bn blanc : elle y devient
même plus blanche : elle ne perd rien dp fou
blanc , étant broyée à l'huile , comme font la plu*
S art des blancs métalliques : elle pourrait fervir
ans la peinture à l'huile » préférablement à tous
les blancs métalliques que l'on emploie ordinai-
rement.
Il réfulte bien évidemment de ces expériences,
que l'alun a été décompofé par la matière phlo-
giftique. Cette matière s'eft unie à l'acide vitrio-»
uque , avec lequel elle a formé du foufre qui s'eft
% brûlé & diffipe à mefure qu'il s'eft formé : on le
Tome /i X
£3* Chimie expérimentale
roit même brûler pendant tout le temps de 1$
calcination.
J'ai répété cette expérience avec différente*
matières combuftibles : le réfultat a toujours été
le même, à quelque différence près, qui prqr
venoit de la matière combuftible employée.
Pyrophore.
L'opération du pyrophore eft la même que celle
dont nous venons de parler , avec cette diffé-
rence , qu'on exige que le foufre qui fe forme %
refte mêlé avec la terre de l'alun : l'opération
fe fait , pour cette raifon , dans des vaiffeaux clos.
On prend trois parties d'alun de roche concaffé
& une partie de miel ou de fucre : on fait deffé-
cher ces deux matières dans une terrine verniffée »
ou dans une pocle de fer , Se on a foin de les re-
muer avec une fpatule de fer. Les matières fe li-
quéfient d'abord ; elles fe bourfouflent enfuite »
& fe réduifent en grumeaux. Lorfque là matière
eft dans cet état , on la pulvérife grofiiérement : on
achevé de la deffécher , afin d'être sûr qu'elle ne
fe ramollira plus : elle forme alors une poudre
noire charbonneufe. On la met , tandis qu'elle
encore chaude, dans un matras dont le col aie
environ fix pouces de long : on obferve de na
remplir ce vaifTeau qu'aux trois quarts. On place
ce matras dans un creufet avec du fable , & on
en recouvre la boule d'environ un doigt d'épaif-
feur : on met dans un fourneau le creufet qui con-
tient le matras , qu'il faut chauffer par degrés : oa
augmente le feu jufqu'à faire rougir le matras : on ,
entretient le feu en cet état pendant environ un
quart d'heure , ou jufqu'à ce qu'il ne paroifle plus
iortir de fumée par l'ouverture du matras , &
qu'il s'exhale à la place une vapeur de foufre qui
^enflamme ordinairement. Lorfque ces vapeurs
enflammées ont paru pendant environ un quart
d'heure , on ôte le feu du fourneau ; on boucha
le matras avec un bouchon de papier ; & , lorf*
qu'il eft un peu refroidi , on le bouche avec ua
bouchon de liège. Lorfque les vaifleaux font
fuffifamment refroidis , on enlevé le matras : on
verfe promptement ce qu'il contient dans un fla-
con bien fec & chaud, qu'on bouche avec un bou-
chon de cryftal.
Lorsqu'on verfe de cette poudre fur du papieC
à l'air libre * elle prend feu : elle produit une lé-
gère flamme bleue , & elle exhale une odeur de
foie de foufre & de foufre brûlant* Lorfque la
Î>yrophore eft un peu f ent à s'enflammer, on accé*
ère ion inflammation , en répandant deflus la lé*
£ere vapeur humide qui fort de la bouche*
JÛans le commencement de la' defliccation des
matières , la vapeur qui s'élève eft aqueufe j mais >
fur la fin , elle eft touffe , piquante , excite à tou£
fer , & fait aflez d'impreflkm fur les yeux » pottt
faire couler des larmes : elle vient du foufre & du
miel qui fe brûle. Quelquefois la matière s'en-
flamme : il faut l'éteindre en tirant le vaifleau du
feu , & étouffant la flamme $ mais elle s'éteinfi
ftroniptement , en agitant la matière hors du feu*
1 eft bien eflentiel que la matière foit parfaite-»
ment defféchée , avant dé la mettre dans le ma»
iras , fans quoi , elle fe réuniroit en une feulai
mafle c il feroit difficile de 1 oter fans perte 8ù
fans beaucoup d'embarras, parceque, lorfque
cette poudre s'enflamme * elle ne beuf plus s*efl-
ilammer davantage , qu'en la faifant calciner dé
ttouveau,
Vif
J4Ô CltYMÎE EtfrâfcîXtEfcTALS
Lorfque la matière eft deflechée , il faut Feirt-»
ployer tandis quelle eft chaude , fînon l'enferme*
dans une bouteille qu'on bouche bien, parceque
j'ai obfervé que dix onces & demie de cette ma-
tière fe chargent de plus de deux onces d'humidité
de l'air dans l'espace de quelques jours : on feroit
obligé de la deffecher de nouveau. Si Ton a em-
ployé quinze onces de mélange au total , on ne
trouve plus , après la défliccation , que dix onces
& demie de matière charbonneufe : cependant
cette quantité peut varier d'un gros en plus ou en
moins , & la matière être également bien defle-
chée. Cette même matière charbonneufe , cal-
cinée enfuite dans un matras , comme nous ve-
nons de le dire , fournit trois onces & demie de
pyrophore.
Malgré que la matière foit bien deflechée , elle
contient encore un peu d'huile empyreumatique :
c'eft elle qui fe diflipe e,n vapeurs rouflès aflez
épaifles., par l'ouverture du matras. Auffi-tôt que
ces vapeurs ceflent, il s'élève du vrai foufre qui
fe fublime en partie cfens le col du matras ; il s'en-
flamme & fe diflipe. Il eft inutile de boucher le
vaifleau pendant cette calcination, comme la plu-
part des Phyficiens le prefcrivent. La chaleur
qu'on eft obligé de donner , eft affez forte pour ra-
mollir le verre : le poids du col du matras qui pefe
fur la boule , y occafionne des plis dans lefquels
le renferme au pyrophore qu'on ne peut oter.
Pour éviter cet inconvénient, il convient d'atta-
cher un fil d'archal au col du matras : on l'afliijettit
à un clou pofé fur une muraille , ou fur quelque
chofe de iolide.
11 convient encore de faire choix d'un flacon
d'ouverture affez large pour que le col du matras:
puifle y entrer librement, afin que, lorfquon
1T RAISONNÉ E. 34Y
vient à levuider, on puifle le faite commodé-
ment , fans perte & fans fe brûler.
On remarque ordinairement , après l'opéra-
tion , que le cul du matras a perdu fa tranfpa^
rence : il eft blanc-laiteux , un peu enfumé , lors-
que la matière a été calcinée proprement dans une
terrine verniffée : il eft jaune, rouge ou brun*
lorfque la matière a été calcinée dans une pocle
de fer. Cet effet vient d'une combinaifon de l'a-
cide de l'alun & des matières du pyrophore,qui fe
font combinées avec le verte dans le temps que
le matras s'eft ramolli.
Le pyrophore peut fe conferver plufîeurs années
de fuite , lorfqu on le tient dans des bouteilles
bien bouchées , & qu'on ne les débouche pas fou-
vent. Lorfqu'il a perdu la propriété de s'enflam-
mer , on peut la lui rendre en le faifant calciner
de nouveau dans un matras, comme nous venons
de le Sire , pourvu cependant qu'il n'ait pas été
trop calciné précédemment.
Ce fut Homberg qui découvrit le pyrophore ,.
en travaillant fur la matière fécale qu'il avoic
mêlée avec de l'alun & du vitriol. Lémery le ca-
det a fait fur cet objet beaucoup d'expériences
inférées dans les Volumes de l'Académie pour
les années 1714&1715. Il s'eft alTuré qu'on poi*-
voit faire ce pyrophore indiftin&ement avec tou-
tes les matières végétales & animales qui abon-
dent en phlogiftique , & de l'alun ou du vitriol*
Depuis les travaux de ces Chymiftes , on trouve %
dans le troilîeme Volume des Savants étrangers*
un excellent Mémoire de M. de Suvigny , .Doc-
teur en Médecine , où l'Auteur fait voir qu'il eft
parvenu à faire du pyrophore avec toutes les ma-
tières qui contiennent ae l'acide vitriolique uni*
Yiij
j4* Chymie expérimentali
foità une terre, foie à un fel alkali, foit à un*
matière métallique.
Homberg & Lémery avoient attribué Un fl ani-
mation du pyrophore à la terre de l'alun qu'ils
fuppofoient s'être convertie en chaux vive : ils
'penfoient que cette terre , en attirant l'humidité
de l'air, produifoir aflez de chaleur pour mettre le
feu au foufre qui s'eft formé par la calcination :
mais la terre de l'alun eft une terre vitrifîable qui
ne forme point de chaux par la calcination.
L'explication qu'en donne M. de Suvigni , me
paroît plus conforme à la faine Phyfique : il attri-
bue l'inflammation du pyrophore à une portion
d'acide vitriolique à demi dégagé de fa baie , qui
n'eft pas tout-à-fait foufre , & qui fe trouve dans
un degré de concentration conudérable ( & peut-
être fous une forme glaciale. ) Lorfqu'on expofe
le pyrophore à l'air , cet acide attire l'numidité de
l'air , & s'échauffe afTez pour enflammer le foufre
qui l'environne de toutes parts,
Décompofition de F Alun par les terres calcaires*
Nous avons vu que les felénites calcaires, ainfi
que les autres fels à bafe de terres calcaires , ne
font point décompofées par une autre terre cal-
caire. 11 n'en eft pas de même des fels à bafe ter-
reufe vitrifîable. L'alun, qui eftunefélénitede
cette dernière efpçce , eft décompofé par les ter-
res calcaires , par la chaux bc par l'eau de chaux.
On met dans un matras delà didolution d'a-
lun étendue dans beaucoup d'eau : on ajoute de
petits morceaux de pierre calcaire : on met le ma-
tras , à une chaleur douce , fur un bain de fable :
l'acide vitriolique de l'alun diflbut la terre cal-
, caire , & fait précipiter la terre de l'alun. On re*
ÏT ftAXSOtftfit. j4)
tonnoît que l'alun eft décompofé , parceque la H-
queur n'a plus la faveur de l'alun. On décante la
liqueur tandis qu elle eft trouble : on fépare les
petits morceaux de terre calcaire qui ne fe font
point difïbus : on filtre la liqueur : on pafle fur le
filtre beaucoup d'eau bouillante , pour emporter
la félénite qui pourroit être mêlée avec la terre
que Ton fait fécher.
J'ai décompofé l'alun avec toutes les terres cal-
caires que je lui ai préfentées. Je n'ai remarque
aucune différence , fi ce n'eft que les pierres cal-
caires tendres le décompofent mieux ; mais ,
comme elles font fujettes à s'égrener, il ^en mêle
un peu avec la terre de l'alun : il vaut mieux em-
ployer des morceaux de terres calcaires propres &
arrangés de manière qu'ils ne puiflent pas s'é- .
grener : néanmoins il s'en mêle toujours un peu
parmi la terre de l'alun.
Décompofition de VAlun par de la chaux & par de
feau de chaux.
Si l'on mêle de la chaux vive , ou éteinte à l'air 9
avec une diflblution d'alun , il arrive la même dé-
compofition ; la terre de l'alun eft complètement
précipitée ; la liqueur fe trouve chargée de félé-
nite calcaire : cependant on ne peut, par ce .
moyen, obtenir la terre de l'alun dansfon état de
pureté : il fe mêle avec elle une certaine quantité
de chaux , à caufe de la facilité qu'a cette terra
pour fe délayer dans l'eau : la terre de l'alun fe
trouve encore altérée par de la félénite calcaire
qui fe précipite avec la terre de l'alun. Quoi qu'il
en foit , cela ne dérange rien de la théorie que
nous établirons , qui eft que les terres calcaires
ont plus d'affinité avec les acides y que n'en ont
Us tgtees vitçifiables^
Yiv
|44 ChYMIE EXPERIMENTAL*
11 en eft de même de l'eau de^ chaux : elle dé*
compofe très bien l'alun ; mais elle a pareille*
jnent l'inconvénient de fournir de la terre czU
caire, & de fe précipiter en bartie avec la terre
de l'alun qu'elle fépare de fon acide. Comme
l'eau de chaux contient peu de fubftance ter-
reufe , il en faut beaucoup pour décompofer l'a-
lun. La terre d'alun que l'eau de chaux préci-
pite , eft quelquefois jaunâtre , mucilagineufe ,
& femblable à de la mie de pain tendre dont elle
a l'élafticité. La couleur de cette terre lui vient
du phiogiftique contenu dans l'eau de chaux. J'ai
remarqué que cette terre en étoit fort avide.
J'ai examiné les liqueurs provenant de l'alun
décompofé par les terres calcaires , & pareille-
ment les liqueurs provenant de la décompofirion
de l'alun par de l'eau de chaux : elles ctoient
toutes feulement chargées de félénite calcaire ,
Çc parfaitement faturées : elles n'occa/ïonnoient
aucun changement au fyrop violât ni à la teinture ,
de touinefol. J'ai partagé toutes ces liqueurs en
deux portions : dans l'une , j'ai ajouté une légère
furabondance d'acide vitriolique qui n'a commu-r
piqué qu'une faveur acide & nullement aftrin*
J'ente : je n'ai rien ajouté à l'autre portion de ces
iqueurs : je les ai diftribuées dans des féaux de
verre, chacune feparément : elles ont toutes four*
ni de la félénite calcaire , 8c pas un feul atomç
d'alun.
J'ai enfuîte combiné avec de l'acide vitriolique
la terre d'alun qui a été féparée par ces différents
intermèdes calcaiiesj : chacune m'a fourni des
çryftaux d'alun & de la'félénite calcaire ; mais.
ce dernier fel fe jrouvoit dans des proportions re-
latives à la quantité de terre calcaire qui s'étoiç
précipitée avec la terre de Valuji. Nous parlerons
* ET RAISONNÉ!. )4J
a bientôt des moyens d'obtenir la terre de l'alun
*. dans un grand état de pureté , & nous examine-
- rons plus amplement les propriétés de cette terre*
lit
Alun & acide vitriolique.
2 On ne fait pas fi l'alun admettrait dans là
= cryftallifatiorî une plus grande quantité d'acide
•i vitriolique qu'il n'en contient ordinairement.
51 Alun &foufre.
z On ne connoît point ce mélange ni les effets
; de ces fubftances l'une fur l'autre.
r Alun & gypfc.
On ne fait ce que formeraient ces deux fub~
, fiances , foit par la voie feche 9 foit par la voie
humide. On peut préfumer que parla voie fe-
che elles fe fondraient mutuellement, & qu'il
en réfulteroit un verre.
Alun & acide nitreux.
On ne connoît point l'a&ion de ces fubftances
Tune fur l'autre.
Alun & acide marin.
On ignore ce que produirait ce mélange.
Alun & vinaigre.
On ignore de même ce que produirait ce mé-
lange.
Alun & alkalifixe.
Pécoinpofition de l'Alan. Terre d'Alan, Tartre vitriolé^
L'alkali fixe décompofe tous les fels à baf*
tetrçufe quelconque ; il s'unit aux acides & fait
)4* ChTMIE IXPiRIMBNTALB
précipiter la terre. Nous ne parlerons préfente-
ment que de la décompoiition de l'alun.
On Fait diifoudre deux livres d'alun de roche
dans une fuffifante quantité d eau : on verfe par-
deffus peu à pe<u environ autant d'alkali fixe ré-
fous en liqueur, ou jufqu'à ce qu'il ne fe farte
plus de précipité, & que l'acide vitriolique foit
' parfaitement faturé. La terre qui fe précipite eft
blanche : elle eft d'autant plus légère y qu'elle a
été précipitée dans une plus grande quantité d'eau :
on la lave /à plusieurs reprifes , dans beaucoup
d'eau bouillante : il eft même néceflfaire de la faim
bouillir dans de l'eau pour la deflaler complerte-
ment , parcequ'elle retient les fels très opiniâtre-
ment : lorfqu'eile eft bien lavée, on l'a fait égout-
ter fur un filtre , & on la fait fécher.
Si l'on fait évaporer les premières liqueur?
jufquà pellicule , elles fournirent , par le reftoi*
diflement , des cryftaux de tartre vitriolé.
Remarques.
Dans cette expérience l'alkali fixe s'unit £ Pa*A
cide vitriolique , & ils forment enfemble un vrai
tartre vitriolé. La terre de l'alun fe précipite en
même temps. Cette décompoiition fe fait avec
beaucoup d'effervefcence lorfque les liqueurs
font chaudes & peu étendues dans de l'eau. Cette
terre retient l'eau avec une force confidérable :
elle eft très long-temps à fe fécher à l'air libre,
J'ai reconnu qu'il lui faut plus de trois mois,
même en été. Deux livres d'alun de roche four-
nirent ordinairement fix onces & demie de terre
d'un blanc fale , parcequ'elle a une difpofition
finguliere pour s'emparer des matières colorant
tes. Lorfqu on la laifle fécher fans la remuer, ell?
ÏT KAISÛNNÉR J4^
ieviçnt brune & femblable à de la corne > ayant
même un peu de tranfparence.
Lorfque la terre de l'alun eft deflechée à un
certain point, elle a un liant femblable à celui
des argilles : il eft beaucoup plus conlldérable ,
mais il eft pâteux ; & comme cette terre prend
beaucoup de retraite en fe féchant > elle fe fend
& fe réduit en menues parties. Mais la terre qui
a été féparée de l'alun calciné , ne préfente pas
ces phénomènes : elle eft moins fine , moins di-
vifce : elle fe feche plus promptement : elle prend
beaucoup moins de retraite en fe féchant : l'une de
l'autre font âpres & dures au toucher.
Propriétés de la terre de Valun.
Nous avons déjà expofé une partie des pro-
{>riétés de la terre de l'alun , qui a été féparée par
es matières phloeiftiques. Celle quia été féparée
par l'alkali fixe a les mêmes propriétés : ainfi nous
allons continuer à examiner les propriétés de
cette terre. L'air , l'eau , la glace , les rerres vi-
trifiables , les terres calcaires , la chaux vive ,
n'ont aucune aéfcion fur cette terre \> mais elle a
une grande difpofition à fe combiner aVec les ma-
tières phlogiftiques : elle s'empare avec avidité de
celui qui ejl contenu dans l'alkali qui fert à la
précipiter : elle retient auffi ce principe avec beau-
coup d'opiniâtreté. L'eau lui eft de même fort
adhérente.
J'ai placé fous la moufle d'un fort fourneau 1
yent, deux gros de terre d'alun qui avoit été fé-
chée au foleil pendant long-temps. Après deux
heures d'un feu de la plus grande violence , j'ai
trouvé qu'elle étoit diminuée de 48 grains de ion
• poids : il a fallu ce temps pour lui enlever cette
quantité d'humidité : elle eft devenue duplusgraa^
54$ ChYMIE EXPERIMENTALE
blanc : elle eft reftée feche & friable. Expofée de
nouveau à un femblable coup de feu , mais beau-
coup plus long temps continué , elle a diminué
encore de 1 1 grains : elle a acquis un degré de
dureté confîderable ; mais elle étoit bien éloi-
5 née de la fufion : il n'y a peut-être que le foyer
'un bon miroir ardent qui foit en état de la fon-
dre lorsqu'elle eft feule & parfaitement pure,
tant cette terre eft réfra&aire.
La terre de l'alun fe combine très bien avec
Facide vitriolique > & reproduit de l'alun, comme
nous le dirons plus particulièrement dans un inf*
tant.
Alun J attiré de fa terre.
Jufqu'ici nous avons confidéré l'alun comme
unefélénite à bafe de terre vitrifiable, mais qui dif-
fère des félénites calcaires , i°. en ce que ce fel a
pour bafe une terre vitrifiable} i°.en ce qu'il entre
une très grande quantité d'eau dans la compofi-
tion de fes cryftaux j j°. en ce qu'il a une faveur
acide très aftringente j 40; en ce qu'il fe diffouc
en plus grande quantité dans l'eau, & que l'eau
bouillante en diflbut beaucoup plus que l'eau
froide ; 50. en ce que ce fel eft en état de dif-t
foudre une nouvelle quantité de fa propre terre »
de s'en faturer complettcment > & d'acauérir alors
des propriétés communes avec les argilles ; toutes
propriétés que n'ont point les félénites calcaires.
Le grand nombre d'expériences que j'ai faites,
fur les matières terreufes en général > m'a mis
à portée de reconnoître ces deux efpeces de iélé-
nites ; l'une à bafe de terre calcaire , & l'autre à
bafe de terre vitrifiable. J'ai établi cette diftin&ion
pour la première fois dans un Mémoire fur V Alun ±
inféré dans la gazette de Médecine du 4 Déçwh
* T ft A î S O tf tt £ Ë* £4£
btei7^i, page $53. Depuis j'ai fait la même
tîiftincfcion dans les deux éditions de mon Manuel
de Chymie; dans celle publiée en iy6 j , page 86}
& dans la féconde imprimée en 1765 , page 89.
J'en ai encore parlé au mot Alun dans le Diction-
naire des Arts & Métiers ,, en 1 vol. în-8°. impri-
mé en 1 766. Voici comme je fuis parvenu à latu*
rer l'alun de fa propre terre.
J'ai mis dans une bafline d'argent de la diffb-
lution d'alun étendue dans beaucoup d'eau. J'ai
ajouté de la terre d'alun bien préparée & non fé-
chée. J'ai fait bouillir ce mélange pendant envi*
ron une heure. L'alun a diflbus une cerraine quan-
tité de terre avec effervefeence. J'ai filtré la li-
queur : elle n'avoit plus la faveur de l'alun j elle
avoir celle d'une eau dure : elle ne changeoit
point la couleur de la reinture de touoiefol , mais
elle verdiffbit le fyrop violât. L'alkali fixe faifoit
précipiter beaucoup de terre de cette liqueur. Il
eft refté fur le filtre la matière terreuie , mais
mêlée de beaucoup de matière faline prefque in*;
diflbluble dans l'eau. Je l'ai broyée fur un por-
phyre, & je l'ai fait fécher : elle «voit les carac-
tères principaux de Pargille. Cette terre n'en di&
ferait qu'en ce qu'elle avoit mdihs de liant 5
qu'elle fe kiflbit décompofer plus facilement par
l'alkali fixe , que les argilles naturelles. L'Art ne
peut jamais imiter parfaitement la Nature , ni
combiner auffi intimement qu'elle le fait, une pe-
tite quantité d'acide vitriolique avec une très
grande dofe de terre. Par une évaporation fpon-
tanée, la liqueur filtrée a fourni peu de cryuaux
qui étoient difpofés en petites écailles comme du
mica , très doux au toucher. Ce nouveau fel n'a
point de faveur : il n'a prefque plus de diffblubi-
tité dan; l'eau : il refTemble beaucoup , par ces
yjo Chyuib ixperiment alë
dernières propriétés , aux félénices calcaires. Lors-
que la terre de l'alun n'a pas été fuffifamment la-
vée , il fe forme un peu de tartre vitriolé qui
grimpe le long des parois du vafe.
Lorfqu'on tait cette expérience avec de la terre
d'alun qu'on a fait fécher + cette terre a beau-
coup de peine à fe diffbudre, parcequ'elle ne fe
délaie point, ou du moins fort mal : il faut alors
réduire cette terre en poudre fine , & la faire
bouillir long-temps avec la diflolution d alun qui
s'en fature de même : ceci n'eft qu'un peu plus
long.
Ces diflolutions d'alun fature font décompofa-
bles par les terres calcaires, par l'eau de chaux &
par l'alkali fixe.
J'ai ajouté à une portion de ces liqueurs, fatu-
rées de terre d'alun, une certaine quantité d'a-
cide vitriolique , dans le deffein de reproduire de
l'alun. La liqueur eft reftée acidulé , fans acqué-
rir la faveur de l'alun j néanmoins elle a formé ,
dans l'efpace de trois mois , par une évaporation
fpontanee , des cryftaux de véritable alun , parmi
lefquels il y avoit des cryftaux micacés, fembia-
fcles à ceux produits par l'alun fature de fa terre.
Lorfque la rivière eft trouble à Paris , les blan-
chifleufes de linge fin font dans l'ufage d'éclaircir
l'eau dans des baquets avec un peu d'alun : c'eft
un effet qui eft très connu ; mais la caufe ne
rétoit pas : il eft aifé de la connoître d'après ce
que nous venons de dire ; l'alun fe fature de la
terre la plus fine qui trouble l'eau : elle forme
un fel prefque infoluble qui fe précipite & en-
traîne avec lui la terre grofliere qui n'a plus d'ad-
hérence avec l'eau.
I T KAlSOKNh. )5j:
Terre d'alun diffoutepçr de t acide vitriolique.
La terre de l'alun fe diflbut complettement pa*
de l'acide vitriolique j irais lorfqu'elle a été fé-
chée 5 elle fe diflout difficilement. 11 faut l'em-
ployer immédiatement après qu'elle a été préci-
pitée & bien lavée , & lorfqu'elle eft encore en
bouillie. Dans cet état , les molécules de terre ne
font pas encore agglutinées j elle préfente plus de
furface & fe diflbut mieux. Cette diflblution re-
forme de l'alun tel qu'il étoit auparavant. On
obtient aufli , conjointement avec les cryftaux
d'alun, une certaine quantité de cryftaux difpo-
fés en petites écailles comme le mica : ils font
talqueux & doux au toucher. Lorfqu'on fait cette
expérience , il faut la faire fur plusieurs onces de
terre ; car lorfqu'on la fait en petit , elle rendit
mal : on n'obtient , pour ainfi dire , que des cryf-
taux de mica , ou des cryftaux d'alun plus ou
moins chargés de terre , qui ont des propriétés
moyennes entre ceux d'alun & ceux qui font
jpomme du mica.
Terre d'alun dijfoutepar de l'acide nicreux.
L'acide nitreux diflbut complettement la terre
d'alun. Cette diflblution , bien faturée , eft fans
couleur; mais elle a une faveur beaucoup plus
aftringente que celle de l'alun. Cette liqueur,
par une évapoifttion fpontanée , a formé de pe-
tits cryftaux à pointes de diamants , & d une ftyp-
ticité confidérable.
Terre d'alun diffbute par de l'acide marin.
L'acide marin diflbut complettement la terre
,15* Chymib E*i*£a.tî4EriTÀi &
de l'alun. J'ai faturé de cet; acide avec de la testé
d'alun féchée & réduite en poudre fine j il s'eft
excité une vive effervefcence & une chaleur con-
sidérable , quoique cet acide fut affoibli : la dit-
folution étoit mucilagineufe. J'ai été obligé de
Tétendre dans beaucoup d'eau pour pouvoir la
filtrer. La liqueur filtrée étoit fans couleur : elle
avoit une faveur ftyptique aftringente & de fel
marin : elle rougiflbit d'abord la couleur de la
teinture de tournefol , mais cette couleur fe réca-
bliflbit eafuite : elle rougiflbit de même la cou-
leur du fyrop violât , qui devenoit verte un inf*
tant après. Cette liqueur , par une évaooration
fpontanée , a formé des cryftaux d'une ftypticité
confidérable.
L'acide marin diflbut de même le fable féparé
du liquorjîlicum. Les phénomènes qu'il préfente
font femblables à ceux qu'il produit avec la terre
d'alun , lorfqu'on préfente à cet acide de la terre
d'alun feche , ou du fable du liquor JUicum égale-
ment féché. Il fe produit , furie champ, une cha-
leur confidérable avec effervefcence , quoique
dans cet état l'acide marin diflblve peu de ces
terres. Ce phénomène n'arrive pas avec l'acide
nitreux j ce qui eft une preuve qu'il a fur cej
terres moins d'adtion que l'acide marin. Lorf-
qu'on laifle refroidir cette diflblution faturée
avant de la délayer dans de l'eau , elle forme an
beau mucilage net , tranfparent & fans couleur,
Ce mucilage eft d'une couleur jJhne lorfque l'a-
cide n'eft pas entièrement faturé de terre.
En général, l'acide marin diflbut mieux ces
terres , & en plus grande quantité > que l'acide
nitreux : il forme avec elles des diflblutions qui
ont la même faveur,quellequefoitlaterre vitrina-
Me qu'on aie employée* Toutes ces ditfolutioiu
foà»
iofit décompofées par Peau de chaux & pat le*
terres calcaires*
Terre d'alun diffoute pat le vinaigre diJlilU\
La terte d'alun fe difïbut fort mal dans le vihaif
£rè diftillé. Cet acide n'en diiïbut qu'une fort pe-
tire auàntité. L'efpece dô fel que produit cette
diflolution , eft fort terreufe. Les cryftauic font
petits te difpofés en aiguilles. On croiroit,ert
Voyant leur figure , qu'ils feroieiit produits pal!
Quelque légère portion de terre calcaire que la
Vinaigre diftillé auroit féparée de la terre d'alun*
Sur les Argilles*
Nous Venons de dire que l'alun étoit fufeep-
tible de fe faturer de fa propre terre , & de for-
mer dans cet état une matière qui n'a ftefque
plus les propriétés falines. La Nature nous offre
dans les argilles une quantité immenfe de futv»
ftance faline de cette efpece t elle en diffère
feulement, en ce qu'elle eft mélangée avec beau-*
coup de terre vitrifiabie de même nature, mais
2ui n eft pas combinée avec de l'acide vitriolique*
l'eft un fable très fin , qu'il eft même impoflible
de féparer par le lavage. C'eft à ce mélange , for-
mé par la Nature, que l'on a donné les noms à'ar*
gïllc & As terre glaife. La plupart des Naturalis-
tes diftinguent les argilles d'avec les glaifes j mais
ces diftin&ions font fondées fur des caraâeret
trop équivoques. Les Chymiftes n'en , font au-
cune , & nous regarderons ces dénominations
comme étant absolument fynonymes. •
En parlant des altérations que le gypfe éprouve
4e la part des éléments & du laps de temps , j'ai
f xpofé le fentiment qui m'a paru le plus probable
Tome L %
354 Chymte expérimentale
fur l'origine des argilles. Tout me porte à croire
ou elles font formées par du gypfe réduit en pou-
dre roulée par les eaux de la mer. La terre cal-
caire qui fait la bafe du gypfe , eft une terre corn-
pofée , qui ne peut que tendre à de plus grands
degrés de (implicite , & à redevenir terre vitrifia-
ble , telle quelle écoit avant d'avoir fubi tous ces
changements. Si pendant que tous ces change»
ments s'opèrent , il refte de l'acide vitriolique uni
à la terre , il en réfulte une argille ou de l'alun ,
fuivant les proportions de l'acide reftanr.
Propriétés des argilles»
Je regarde donc les argilles comme étant de
la terre vitrifiable , qui a fubi précédemment
beaucoup d'altération , & que le laps de temps
a plus ou moins ramenée au caraâere de fon ori-
gine. Une partie feulement de cette terre eft com-
binée avec de l'acide vitriolique , l'autre ne Peft
5 oint : c'eft la portion dans l'état falin , qu'on
evroit nommer argille : celle qui n'y eft point ,
eft de la terre vitrifiable , femblable à la premiè-
re > & dans un grand état de divifion : on devroit
la nommer terre à argille 3 ou terre argilleufe : elle
eft un fable très fin, ou une portion de terre de
même nature que celle de Pareille, mais qui n'é- -
tant point combinée avec de l'acide vitrioliaue y
refufe de fe diflbudre , foit dans l'eau , foit «dans
les acides. Néanmoins , pour ne rien changer
dans les dénominations, nous nommerons ar-
gille ce mélange que donne la Nature , de matière
laline & de «tore vitrifiable divifée , qui font la
compofition de toutes les terres connues fous le
nom d'argU/es.
Les argilles font des terres grades , pâteufes*
SX KÀÎSONNÉÉ, ) 5 ;
douces au toucher : elles s'attachent à la langue »
fe pétrifient avec de l'eau, fe réduifent en pâte y
& ont aflfex de liant pour fe laifler travailler fur l
le tour t elles pétillent & fautent en éclats, avec
explofion , lorfqu'elles ne font pas parfaitement
feches , Se qu'on les expofe brufquemen t au grand
feu : elles le réduifent pour lors en poudre avec
un mouvement de décrepitatiom
Les argilles font fujettes à être colorées. Il y
en a de noire j cette couleur lui vient des ma-
tières phlogiftiques : il v en a de verte , couleur
qui lui eft communiquée par du cuivre dans Té«
tat de rouille : il v en a de jaune , de rouge , de
bleue , de grife , de blanche , &c. d'autres font
veinées de différentes couleurs, femblables , par
leur arrangement & pour leur variété , à celle*
des plus beaux marbres colorés. Les terres que
1 on nomme boh> tel que le bol d'Arménie , fonc
des argilles colorées par du fer. Toutes ces cou-
leurs font abfolument étrangères à la nature des
argilles : elles y font produites par des matières
végétales , animales & métalliques. Quelquefois
les fubftances des trois règnes colorent 1 argille
en même temps , & quelquefois elle n eft colo-
rée que par des fubftances d'un feul règne.
Il y a des argilles qui contiennent de l'or : celle
avec laquelle on fait les creufets de la verrerie de
Sève , près de Paris , eft dans ce cas : on la tire
de Gifors. Les argilles colorées contiennent pref-
que toutes des pyrites. Dans les unes, les pyrites
font dans un état d'efflorefeence , & quelquefois
en poufliere : dans d'autres , les pyrites font en-'
tieres. Ces matières altèrent la pureté dçs argile
les ; on eft obligé de les féparer , lorfqu on eiv
veut faire de bonne poterie , pareequ elles fonc
des fondants des argules.
Zij
35* Chymie EXPERIMEKTAL!
J'ai obfervé pareillement beaucoup de variété
dans les argilles > relativement à l'acide vitrioli-
que qu'elles contiennent : toutes celles qui font
colorées , en font plus pourvues que celles qui
font blanches & fans couleur. On trouve des ter-
res blanches qui fe diflolvent peu ou point dans
les acides : elles ont du liant , mais beaucoup
moins que les argilles , & elles ne contiennent
E>int d acide vitriolique. Ces efpeces de terres
ne de même nature que celles qui fervent de
bafe aux argilles : elles ont vraifemblablement la
même origine. Il eft à préfumer que ce font des
argilles qui ont été remaniées plus d'une fois par
les eaux , & qui ont , dans ces différentes révolu-
tions , perdu tout leur acide vitriolique : mais el-
les ne font pas de vraies argilles : ces terres font
aux argilles , ce que les terres calcaires très divi-
fées font au plâtre. La terre calcaire eft bien la
bafe du jjypfe ; mais elle n eft pas du gypfe. Ce
qui conftitue eflentiellement largille , c'eft la
combinaifbn de l'acide vitriolique avec une terre
vkrihabfe.
J'ai remarqué que les argilles blanches ont
moins de liant que les bleues , les noires & les
grifes , qui fervent à faire des poteries commu-
nes. Ce défaut leur vient de ce que leurs molécu-
les font moins fines , & qu'elles font moins dans
l'état falin : elles font d'ailleurs prefque toujours
mêlées avec une très grande quantité de mica :
plufieurs même en font tellement altérées y
qu'on peut préfumer que ce font des argilles qui
commencent à fe dénaturer , à perdre de leur aci-
de , à s'éloigner de l'état falin , & à former de
npuveaux corps qui cefTent d'avoir les caraâeres
diftin&ifs des argilles.
On doit attribuer le liant des argilles à Pex-.
I T RAISONNil. J57
trème divifion de leurs parties, qui les rend pro-
pres à retenir l'eau , & à leur écat falin , qui leur
donne la propriété d'être prefque diflblubles dans
l'eau. Leurs molécules font beaucoup plus dans
l'état de divifion , que celui qu'on pourroit pro-
curer à une pierre quelconque par des moyen*
.méchaniques. On peut bien donner au fable &
à toutes les matières vitrifiables beaucoup de
liant, en les réduifant en poudre impalpable fur
le porphyre ; mais quelque divifées que foient
ces fubftances , elles ne peuvent jamais acquérir
le liant des argilles , parcequ'elles n'ont rien de
falin qui les rende mifcibles à l'eau. Les argil-
les elles-mêmes n'ont prefque plus de liant , lor£
qu'on leur a enlevé leur acide , quoique la fub-
ftance terreufe refte dans le plus grand éta* de
divifion. C'eft pour cette raifon que les argilles
blanches qui font toujours remplies de mica>
& qui font , par conféquent , moins dans l'état fa-
lin , ne font pas , à beaucoup près , auffi liantes ,
& fe fechent plus promptement que les argilles
fortes : elles font auflî plus fujettes à fe fendre
en féchant , & plus faciles à être pénétrées & dé-
layées par l*eau.
J'attribue le doux au toucher qu'on remarque
aux argilles , à ce que ces terres ont été roulées
par les eaux : leurs molécules font arrondies , &r
ne font point anguleufes. La terre qu'on fépare
des argilles &, celle de l'alun font après & rudes
au toucher, parcequ'elles n'ont point efluyé un
femblable frottement : leurs molécules , eu fe
précipitant , prennent la figure qui leur e(l pro-
pre : elles font néceflairemenr anguleufes -y 8c
c'eft là ce qui eft caufe que ces terres font âpres
& rudes au toucher, même la terre des argillc&
Zii*
j 5 S ChYMIE EXPi-RIMENTALB
les plus douces qu'on fait précipiter par un fe!
alkali.
Argilles expofécs au fou
Les argilles* parfaitement pures , expofées au
grand feu > n'entrent point en fufion ; mais elles
ont la propriété de s'agglutiner, de prendre aflez
de corps , &c d'acquérir aflez de dureté pour jet-
ter des étincelles comme une pierre à fufiï, lors-
qu'on les frappe contre de l'acier.
Toutes les argilles colorées par des matières
végétales & animales, blanchiflent à un coup de
feu médiocre. Leur matière colorante fe détruit;
mais lorfqu'on les pouffe à un coup de feu capa-
ble de les durcir aflez pour faire reu étant frap-
pées contre de l'acier, elles reprennent beaucoup
de couleur. Ces fortes d'argilles ne font pas pro-
Îtres â faire des poteries blanches. Celles qui
ont colorées par des matières métalliques , font
encore moins Donnes pour cet objet. L'a&ion du
feu développe même des couleurs nouvelles qui
n'étoient point apparentes ayant leur calcina-
tion : elles ont , d'ailleurs , l'inconvénient d'en-
trer en fufion & de fe réduire en verre par la
violence du feu , pareeque les matières métalli-
ques leur fervent de fondant.
Lorfqu'on expofe les argilles à la violence du
feu, elles durciflent toutes , les unes plutôt, les
autres plus tard : elles prennent beaucoup de re-
traite , c'eft-à-dire qu elles occupent , après la
calcination , un volume moins grand qu'aupara-
vant. Les argilles blanches & parfaitement pu-
res ont befoin d'un plus grand coup de feu pour
durcir complettemenr , parcequ'elles contiennent
efleatieUement moins d'acide vitriolique/qui eft
ET k A I S O N N É E. $59
an principe de fufibilité, comme je le démontre-
rai. Les argilles bleues contiennent toutes plus
d'acide vitriolique : elles font d'ailleurs mêlées
pour l'ordinaire avec une certaine quantité de fer
qui facilite beaucoup leur endurcifTement. On
doit confidérer cet effet, comme produit par une
difpofition à la fufîon : auffi les argilles entrent
réellement en fufîon , & fe convertirent en ver-
re , lorsqu'elles contiennent une certaine quan-
tité de quelques chaux métalliques , quoiqu'elles
n'éprouvent qu'un feu égal à celui qui ne fait
que durcir les argilles pures.
La diminution de volume que les argilles
éprouvent par la calcinatiôn, vient de deux cau-
fes : i°. de l'humidité qui s'évapore , laquelle eft
fi tenace , que les argilles en contiennent encore,
même lorsqu'elles font rougies à blanc. Je m'en
fuis afTuré , en pefant un morceau d'argille tout
rouge , que j'ai repefé après l'avoir tenu encore
deux heures à un très grand feu , fous la moufle
d'un fourneau de coupelle: j'ai trouvé que cette
argille étoit diminuée confidérablement de poids
& de volume. 2°. Lorfque Pargille eft rouge à
blanc , elle eft dans un état de mollefTe , comme
un corps qui fe difpofe à la fufîon , quoiqu'elle
foit pour cela fort éloignée de fe fondre. Néan-
moins , lorsqu'elle eft parvenue à cet état , les
parties de la terre fe rapprochent les unes des
autrçs, & la marte totale acquiert plus de denfité
en diminuant de volume.
L'acide vitriolique , comme principe de fufi-
bilité des argilles , facilite encore leur endurcit*
fement : auffi , j'ai remarqué que les terres argil-
leufes , desquelles j'avois Séparé l'acide vitrioli-
que, av oient befoin d'un coup de feu infiniment
Ziv
jtfO ChYMII EXPERIMENTAL*
plus fort , pour acquérir tout le degré de cuiflbn
& de dureté dont elles font fufceptibles. J'ai ob*
fervé que les argilles les plus liantes , & qui re-
tiennent en même temps la plus grande quantité
d'eau , font celles qui prennent le plus de retraite
gu feu.
L'acide vitriolique eft de la plus grande adhé-
rence dans les argilles. L'a&ion du feu le plus
violent & le plus long-temps continué eft inca-
pable de le faire difliper entièrement. Les pote-
ries , les fpurneaux , les creufets , les porcelaines
terreufes,ont néceflairemcnt de Pargille pour bafe.
Lorfqu'on fait cuire ces vafes , Pa6bion du feu fait
difliper une partie de l'acide vitriolique : il fe ré-
pand dans le voifinage une odeur d'acide fulfureuz
volatil qui eft confidérabie. On s'apperçoit encore
inieux de cette odeur , lorfqu on eft à la proxi-
jnité de$ fours où l'on fait cuire des briques &
des tuiles ; mais ce n'eft que la plus grande partie
de l'acide nui s'évapore 1 çlle n'eft même que pro-
portionnelle à la quantité de matière phlogifti-
que qui fe trouve dans Pargille. Les tuiles &
les briques de Bourgogne font faites avec une
argille paflablerfient réfraâaire : elles font les
plus cuites de toutes celles dont on [fait ufage à
Paris : le plus grand nombre eft même vitrine à
fa furface $ ce qui fuppofe qu'elles ont reçu un
très grand coup de feu : cependant elles con-
tiennent encore une fi grande quantité d'acide
vitriolique , qu'on croiroit qu'elles n'en ont point
perdty du fout pendant leur cuiflbn,
Arçillc* avec Pair*
On ne connoît point de cpmbinaifon de Par*
gUiç ayçç pair j maj$ ççmmç Vargillç faiç fo fçftd
1T R A ï S O N N I E.\ 3^f
<àe la végétation , ainfi que je Pai démontré dans
mon Mémoire fur les Argilles > on peut préfumer
que Pair , Peau & le feu fe combinent avec Par-
gille , pour entrer dans la compofition des véçé-
raux 9 & pour en faire partie. Quoi qu'il en foit ,
les argilles fe décompofent par Pa&ion des élé-
ments & le laps de temps : leur acide fe fépare &
fe combine avec des matières phlogiftiques : il
fe produit du foufre. Lorfqu'il fe rencontre des
matières métalliques dans les argilles , ce qui eft
aflez ordinaire , le foufre s'y unit , & forme des
pyrites : les pyrites tombent enfuite en effloref-
cence , & produifent de l'alun , de la félénite &
des vitriols, fuivant Pelpece de matière métalli-
que qui s'eft trouvée dans les argilles. 11 peut
aufli très bien fe faire que la Nature combine di-
rectement le principe inflammable avec la terçe
atgilleufe , & en forme des métaux. Toutes les
expériences de la Chymie tendent* au moins à
prouver que la terre vitrifiable & le phlogiftique
entrent dans la composition des matières métal-
liques. Il paroît que la Nature fe réferve le fecret
des moyens qu'elle emploie pour opérer ces mer*
veilles j du moins ,jufqu'à préfent, on n'eft pas
encore parvenu à former un métal , en combi-
nant une terre quelconque avec du phlogiftique.
L'argiile qui éprouve les altérations dont
nous parlons, perd fa couleur, pareeque fon
phloeiftique fe combine avec d'autres corps, &
fe détruit même en partie : il ne lui faut que
du temps pour devenir parfaitement blanche :
elle ne conferve enfin que les couleurs formées
par les matières métalliques, & qui font infini-
ment plus long-temps a fe détruire cômplette-
pient.
Toi» cm changements peuvent être confîdcrét
jtfl ChYMIE EXPÉRIMENTAL!
comme les avant-coureurs des plus grandes alté-
rations dont les argilles foient lufceptibles. Lors-
qu'elles commencent i blanchir par le lajxL.de
temps , elles perdent de leur finette & de Teur
liant : elles deviennent moins douces au tou-
cher : leurs molécules s'agglutinent : elles forment
des matières terreufes ou fableufes, des micas co-
lorés ou fans couleur , fuivant les circonstances »
& à proportion des matières phlogiftiques & me-
talliques qui fe rencontrent dans le temps que
ces altérations ont lieu. On trouve dans tes Ca-
binets d'Hiftoire Naturelle , des échantillons de
toutes ces matières qui conftatent ces différents
états par où paflent les argilles.
11 y a peu d' argilles blanches fans mica : elles
font moins liantes que les autres , & contiennent
coûtes moins d'acide vitriolique. Je penfe même
Sue les argilles blanches qui ne contiennent point
e mica > font blanchies de nouvelle date : il ne
leur faut que du temps pour arriver dans le même
état , c'eft- à-dire devenir plus blanches , en per-
dant de leur finette & de leur liant , & produire
du mica : enfin les talcs , les amiantes , les craies
de Briançon font autant de corps naturels qui
doivent leur origine aux argilles qui ont encore
fubi de plus grandes altérations. On ne découvre
plus aucun veftige d'acide vitriolique dans la plu-
part de ces corps : je m'en fuis afluré par une ina-
nité d'expériences.
Argilles avec de l'eau»
L'argille eft une vraie matière faline : elle a les
principales propriétés des fels, mais à des degrés
peu fenfibles , pareequ il entre dans fa compofi*
cion beaucoup plus de terre que n'en contiennent
ET RAISONNÉ E. 363
tous les fels à bafe terreufe connus. Ce fel argil-
leux eft le moins diflbluble des fels que j ai exami-
nés. L'argille a cela de particulier j c'eft qu'elle eft
le feul fel à bafe terreufe connu, qui ait laproprié?
té d'admettre dans fa compofirion toutes foi tes de
dofes de fa terre , fans que celle de l'acide varie ;
c'eft ce que nous démontrerons fucceflivement.
J'ai fait bouillir un grand nombre de fois dans
de l'eau diftillée , des argilles blanches & colo-
rées , chacune féparément : j'ai filtré les liqueurs :
je les ai quelquefois fait évaporer fur le feu.} & »
dans d'autres circonftances , je les laiftbis s'éva-
porer d'elles-mêmes à l'air , mais enfermées dans
des vaifleaux de verre , couverts d'un papier pour
les garantir de la pouffiere. Par l'évaporation fur
le teu , je n'obtenois qu'une efpece de poudre
qui n'avoit aucune apparence de ngure régulière j
mais, par l'évaporation fpontanée, j'obtenois une
matière pulvérulente dans laquelle on diftinguoit
de petits cryftaux difpofés en petites écailles
comme le mica. L'eau dans laquelle j'avois fait
bouillir l'argille blanche, étoit fans couleur : elle
avoit une faveur fade & dure, femblable à celle
des eaux des puits de Paris : elle verdiflbit le fy-
rop violât , i raifon de l'excès de terre que con-
tient la madère faline dont elle eft chargée.
La décoûion de l'argille colorée avoit une lé-
gère couleur ambrée : elle a même laiflé dépofer
un peu d'ochre : évaporée des deux manières ,
comme la décodion de l'argille blanche , elle a
donné les mêmes réfultats , mais dans un degré
plus marqué. Les cryftaux qui fe font formés par
une évaporation fpontanée , étoient plus larges
& plus lemblables au micaj parceque cette ar-
gille tient davantage d'acide vitriolique>& qu'elle
eft plus dans l'état falin que les argilles blanches.
)£4 ChYMTE SXPklMBNTAll
La faveur que Fargille procure à l'eau , la diflb-
lubiliré de cetre matière & fa cryftallifation , font,
comme on le fait, des propriétés falines & corn-
tnunes à tous les fels & à l'état falin de l'argille.
Toutes les eaux des grandes rivières qui font
bordées de bancs argilieux , contient! ent une fem-
blable félénite vitrifiable , dont la dofe eft depuis
cinq jufqu'à dix grains par pinte de Paris, On
peut l'obtenir en laitfant évaporer à Pair libre une
certaine quantité de ces eaux dans des vafes pro-
pres : l'eau peut s'en charger d'une plus grande
quantité , & elle s'en charge en effet , lorlqu on
fait bouillir de l'argille dans de l'eau. J*ai tenté »
mais inutilement , de diflbudre entièrement une
certaine quantité d'argille dans de l'eau : il eft
toujours refté une matière terreufe, fableufe»
très âne, & abfolument inditfbluble, parcequ elle
n'eft pas combinée avec Pacide vitriolique , &
Îju'eile n'eft point, par conféquent, .dans 1 erae
alin. J'ai filtré les liqueurs ; je les ai mêlées j j'y
ai ajouté de l'alkali fixe : il s'eft fait un précipité
terreux fort blanc. J'ai lavé & féché cette terre :
elle s'eft trouvée abfolument femblable à celle de
l'alun : elle en avoit toute la rudefle & l'âpreté
entre les doigts. Les liqueurs, féparées de ces ter-
res après leur précipitation , m'ont toutes fourni
du tartre vitriolé.
J'ai dit plus haut que l'acide vitriolique étoit
très adhérent aux argilles : je m'en fuis afluré par
les expériences dont je vais rendre compte.
J'ai réduit féparément en poudre affez grof-
fiere des tuiles & des briques de Bourgogne : j'ai
verfé par-deffiis l'une & l'autre de l'eau diftiilée &
froide : l'infufion d'un quart d'heure a fuffi pour
charger cette eau d'un (el vitriolique qui a com-»
muniqué à l'eau diftiilée une faveur d'eau crue ,
1T RAISONNÉ li fêf
^ïemblable à celle des eaux des puits de Paris. Ce»
liqueurs filtrées précipitent en jaune de turbith
minéral , le mercure dïflbus dans l'acide nitreux :
l'alkali fixe en fait précipiter une terte jaunâtre»
Je fens bien qu'on jpeut m obje&er que l'argille
avec laquelle on fait des tuiles & des briques r
contient des pyrites qu'on ne fe donne pas la peine
de féparer , & qui font calcinées pendant la cuite
«le la brique : elles fe trouvent alors dans l'état le
plus favorable pour tomber en effiorefcence , Se
pour produire dans l'eau tous les phénomènes dont
nous venons de parler. Ainfi 1 acide vitriolique
<jue Ion retrouve dans les tuiles & dans les bri-
ques , ne feront plus fourni par l'argille , mais pat
les pyrites.
Cette obje&ion eft fpécieufe ; mais on en trou-]
vera la réponfe à l'article de la décomposition du
xiitre par les argiiles , où nous ferons voir que ce
iel eft décompofépar la porcelaine des Indes*
Argiiles avec les terres vitrïfiables.
Les argiiles & les terres vitrifiables n'ont point
«Taétion Tune fur l'autre par la voie humide ; mai*
elles en ont fenfiblement par la voie feche , pro-
portionnellement à la quantité d'acide vitriolique
qui fe trouve dans les argiiles : c'eft fur ces pro-
priétés qu'eft fondée la fabrication des fourneaux;
& des creufets de terre cuite, ainfi que celle des
poteries fines , telles que la porcelaine , & des
poteries communes, comme la faïance , la terre
verniflee > &c. dont nous parieront par la fuite,
Argiiles avec le phlogijlique*
L'argille fe décompofe par l'intermède du phlo
giftique, de même que l'alun, La matière in-
J<?£ ChYMIB EXfrifclMElfTÀtÊ
flammable s'unit à l'acide vitriolique , & forme
du foufre qui fe brûle à mefiire qu'il le forme :
la terre refte libre. Mais cette décomposition fe
fait plus difficilement que Celle de l'alun* L'excès
de terre dans Pargille défend l'acide du contaâ du
[rfilogiftique. On parvient mieux à décompofer
'argille par l'intermède de l'alkali > comme nous
le dirons dans un inftant.
Argïtles & Terres calcaires.
Fuiibiliçé de ce* terres l'une par l'autre.
On fait un mélange exaét de quatre gros d'ar>
gille blanche & d'autant de craie , Turie & l'autre
en poudre : on met ce mélange dans un creufet .
on le place fous Ta moufle d'un bon fourneau i
vent : on le fait chauffer pendant une demi-heure
ou trois quarts d'heure. Ces deux fubftances fë
fondent mutufcHëment , & fé convertirent en un
verre net & tranfparent qui a , pour l'ordinaire,
une couleur verte d'aiguë marine,
r rC'eft un des beaux phénomènes chymiques ,
qui a été découvert par M. Pott > & que nous
avons eu occafion de voir bien de fois, M. Mac-
quer & moi , dans le cours de plus de deux mille
expériences que nous avons faites enfemble fur la
porcelaine : mais M. Pott n'en donne aucune ex-
plication, le vais expofer la théorie que je me fuis
formée fur cette matière i elle fera voir au moins
k néceflité de diûinguer dans. Pargille la portion
de fubftance cerreufe qui eft combinée & réduite
dans l'état falin par l'acide vitriolique , d'avec
celle qui n eft .pas dans l'état falin. Nous verrons
que cette même terre, prife dans ces deux états >
a des propriétés différentes.
Nous avons dit précédemment que M.. Pott
BT RAISONNE Ë. $6j ,
âVoit diftingué quatre efpeces de terres : favoir j
la terre arguleuie, la terre gypfeufe , la terre vi-
trifiable , 8c la terre calcaire. Nous avons fait
connoître notre fen ciment fur cette diftin&ion
de M. Pott. Quoi qu'il en (bit , aucunes de ces
terres > expofées au grand feu , n'entrent en
fufion , tant au'elles font feules. Il en eft de
même des mélanges d'argille & de fable , & de
ceux de gypfe & de craie , qui n'entrent pas non
plus en tu (ion. Ceux de craie & de fable , & ceux
de gypfe & de fable , s'agglutinent un peu , &
Srennent un peu de corps ; mais ceux d'argille &
e craie , ou ceux d'argille & de gypfe, entrent en
véritable fufion , & ie convertirent en un verre
net & tranfparent qui fe trouve avoir afiez de fo~
lidité 8c de dureté pour faire feu , lorfqu on le
frappe contre de l'acier. J'attribue cette friabilité
à trois caufes : i°. à l'acide vitriolique contenu
dans les matières qui font mifes en jeu : i°. à la
matière faline alkaline qui fe forme pendant la
calcination de la pierre calcaire : 30. à un principe
de fufibilité , contenu dans toutes les pierres &
terres vitrifiables , mais qu'elles peuvent perdre
par une trop grande violence du feu. C'eft ce que
je vais tacher de démontrer.
J'ai expofé plufieurs fois à un même degré de
chaleur » des mélanges de craie 8c de terre fépa-
rée des difTolutions d'argilles très pures par 1 al-
kali'fixe > & pareillement des mélanges fembla~
blés de terre d'alun 8c de terre calcaire : aucun de
ces mélanges n'eft entré en fufion , & n'a pas même
pris un peu de corps : ils font tous reftés poreux 8ç
friables. Tous ces mélanges étoient faits à parties
égales de ces deux terres , & au poids de deux
gros de chaque.
%- J'ai répété ces expériences, &j'ai ajouté à cha-
3 6 8 ChVmte ÎXrlRIMENTAtf
cun des mélanges faits au même poids , deux gro*
d'alun calciné : je les ai enfuite expofés à la même
violence du feu : ils font tous encrés en fufion ,
& ont formé des mafles vitreufes , tranfparentes ,
blanches Se laiteufes) mais aucun n'a formé du
verre parfait t néanmoins il réfulte évidemment
que c'eft i l'acide vitriolique qu'on doit attribuer
le commencement de fufion qui eft arrivé à tous
ces mélanges. J'ai remarqué que celui de gypfe
& d'argille entre en fufion beaucoup plus facile-
ment que celui de craie & d'argille ; il produit
auffi une effetvefcence qui eft fi confidérable , que
la matière pa(Te toujours par-deflus les bords du
creufet : ainû l'acide vitriolique entre donc pouc
quelque chofe dans la fufion de ces terres l'une
par l'autre. La terre argilieufe , privée d'acide vi-
triolique , a donc des propriétés différentes de
l'argille, puifqu'elle eft infiniment moins fufible
avec de la terre calcaire.
La féconde caufe à laquelle j'attribue cette fu-
fibilité des terres l'une par l'autre , vient de la
portion d'alkali fixe qui fe forme pendant la cal-
cination de la terre calcaire, en le réduifanten
chaux vive.: elle devient un fondant de la terre
vitrifiable , l'oblige d'entrer en fufion , & entraîne
la vitrification de la portion de terre calcaire qui
ji'eft point devenue faline. J'ai obfervé qu'il faut ,
en général , une très petite quantité de matière
faline pour faire entrer la terre vitrifiable en fu-
fion , tomme on le va voir par l'expérience fuir
vante.
J'ai expofé au grand feu un mélange de parties
égales de fable broyé & de craie : ce mélange n'a
point fondu ; mais la terre f alcaire s'eft réduite
en chaux vive. La portion de matière faline , for-
mée par la pierre calcaire, n'étoit pas en dofe
fuffifan»
i t JLÂisoNNii. j£$
fuffifante pour entraîner en fufion de latente vi-
srifïable. j'ai expofé ce mélange à l'air pendant
quelque temps : la chaux s'eft chargée dcji'humi-
dïté de l'air -, comme elle a coutume défaire > fié
die sert réduite en poudre. Alors j'ai expofé dé
nouveau ce mélange à là même aétioji du feu : il
eft encré en fufion , fie il a formé une matière tu-
méfiée, poreufe, demi-tr&hfpareôte * Arquinà
talus attiré l'humidité de l'air. On ne peut attris
buer cet effet à autre chofe > qu'à une additioii
de matière faline > laquelle s eft formée pen-
dant la fecohde calcination : elle s'eft alors trou-
vée en dote fuffifahtfe pour entraîner la fufion dû
fable. Je me crois d'autant mieux fondé à pénfer
ainfi> que je fuis parvenu à mettre en femblablë
fufiort * & d'un feul coup de feu , de pareil fable
2ue i'a vois mêlé avec fon poids égal de pellicules
e chaux $ ce verre , à la vérité , étoit iemblable
au précédent: il n'avoit ni la beauté ni la tiranf-
parence d'un verre parfait y niais il étoit fuffifàib-
nient bien fondu , pour me faire penfer que la
ipatiere falirie qui le forme pendant la calcina-
tion de la terre calcaire, entre pour beaucoup dans
cette fufibilité des terres : cette matière falînê
alkalinè9& l'acide vitriolique contenu dans les ar~
gilles , font donc les deux eaufes auxquelles ofi
doit attribuer la fufibilité des terres l'une pair
l'autre j fie il faut le concours dé ces deux fub«
fiances en même temps, pour obtenir dé ces ter-
res des verres parfaits , puifque l'une fansf l'autre
JUe produit que des demi-vitrifications-. ,
Pour revenir à la troifieuie caufe de fufibilité
dont j'ai parlé, je vais. rapporter une expérience
que j ai faite plufieurs fois , fie qu'on pourrait
©ppofer à mon fèntiment. j'ai tenté* mais inti*
iueroent j de fondte un mélange de parties égà~
tfd CriVliîÊ BXpiftïJiEKtXt à
les de terre d'alun & de gypfe : ce mélange eft
toujours refté fee & friable. On pourroit m'olv
jeâer qu'il y a dans ce mélange de l'acide vitrio-
lique , & qu'il auroic du au moins former une
matière vitriforme i or fcela n'eft point arrivé i
donc , pourroirori conclure , il y a une différence
entre la terre de l'alun & les autres terres vitrifia-
bles y comme le pehfe M. Margraff , page j de fes
Opufcules j %ti volume , où fl dit : La terre de
lalun eft une terre particulière féparée de la terre
argilUuftê Mais le fable féparé du liquorfilïcum
par le moyen des acides , traité de même à parties
égales avec le gypfe , ne forme plus une matière
vitriforme , comme le fait le fable qui n'a point
fubi toutes ces opérations. Doit-on en conclure
que le fable tiré au liquorftiuum eft une terre par-
ticulière féparée du fable ? D'oui viennent donc
ces différences ? De deux caufes : i °< de Textrêiner
divifion des parties i i°. d'un principe de fu(ibi~
lité , contenu dans les terres vitrifiâmes ^ principe
fufceptible de fe détruire & de fe diffipet par la
violence du feu : j'en ai parlé plus haut. J'ai re-
marqué un grand nombre de fois que du fable cal-
ciné exigeoit un peu plus de fondant pour fe ré-
duire en verre, que celui qui ne la point été : ainfi
' la terre tirée du liquorfilieutn , & la terre tirée de
l'alun y font deux terres dans le plus grand érat de
divilton poffible : elles préfentent beaucoup de
furface à radio n du feu : leur principe fufible s'é-
vapore avant que le feu les ait pénétrées fuflïfam-
ment pour les faire entrer en fufion. Nous avons *
M. Macqtfer & moi , expofé fouvent au grand
feu des mélanges de craie , d'argille de de fable y
pétris avec de l'eau , pour former une forte de
porcelaine. Ces mélanges, après leur cuite, étoien t
induits à leur furface a une croûte de verre net ôç
Èràîifparent : les pièces dé porcelaine fe caflôient
d'elles-mêmes en fe refroidilTant ; & les morceaux
fautoient avec éclat, parceque la retraite hefe fai^
foit pas uniformément : le verre fe détachoit de lai-
même, & ne faifoit pas corps avec la pâte. LorfqutJ
nous exportons de hou veau au feu cet morceaux de
porcelaine * le verre qui étoit à leur furface, fe def-
iéchoit & s'évaporoit déplus en plus, au lieu d'en-
trer en fufion : ldrfquelefeu n étoit pas aflez fort
J>out le faire diffiper , il formoit à la furface de la
pâte de cette forte de porcelaine une iiicruftàtiori
terne » femblable à celle qui fe forme à fa furface
du diamant qu'on a expoié au feu à l'air libre, il
feft difficile d'attribuer ces effets à autre chdfè qu'à
ime fuhfiarice que le feu fait diffiper, & qui fa-
cilite la fufion des matières terreufes. C'eft cette
fubftance 5 fans connoître fa nature j que je
nomme principe dcfùfibiliié > parceque les ma-
tières terreufes , fufceptibles de fufion , devien-
nent d'autant moins fufibleS , qu'elles ont été da-
vantage deflTéchées & privées de cette riiatiete par
l'a&iori du feu. À la rigueur , tout eft fufible dans
la Nature : il fuffit dé fe procurer ie-degréde feié
çonvenable,& de l'appliquer au* corps les plus ré*
{raftaires ; il eft certain qu'ils entreront tous eri
fufion i fans qu'on foit obligé de led mêler en-
semble : nfais les expériences dont nous vettoni*
4e parkr , ont toutes été faites à un coup de fêté
à-peu-près femblable $ qui, quoique très fort, né
l'etoit pas fiiffifammerit pour fondre les fubftancea
dont nous parlons * lorfqu'élieà étoierit feules i
amfi les phénomènes qui fe préfentent dartS cesî
expériences , font bien véritablement dus à l'ac-
tion de ces fubftances lei unes fur les autres.
Indépendamment de ia difpofition qu'ont
îpui les corps à entrer en fufion par ia violence
A ai;
37* Chymie expérimentale
du feu, & nonobftant que ce moyen foie re-*
connu fuffifant pour les réduire tous en verre »
je fçrois porté à croire que tous les corps de la Na-
ture contiennent plus ou moins de ce principe de
fuiîbiiitc : il paroit, en beaucoup d'occalions, agir
dans la Nature , aufli bien par la voie humide,
que par la voie feche. Il paroît que ce principe
excite dans les corps qui en font pourvus , une
forte de mouvement comparable à celui de la
fufion , par rapport aux effets qui en réfuitent.
Je conviens qu il eft difficile de donner des no-
tions exa&es fur une fubftance qui n'eft qu'à
peine foupçonnée , laquelle n'eft peut-être même
que l'effet de l'attraâion des parties de la ma-
nere l'une vers l'autre } mais quelle qu en foit la
caufe, les phénomènes qui fe préfentent relati-
vement à cet objet , méritent bien la peine que
nous nous y arrêtions un moment, foi r que Ton
attribue ces phénomènes à un principe de fufibi-
lité y ou à la force de l'attraâion.
Toutes les pierres vitrifiables préfentent , £
leur furface , une apparence unie , & quelque
chofe de lifle > comme fi elles étoient mouillées.
On voit tous les jours de ces fortes de pierres
eaffëespar des affairements locaux , & qui ont
été refloudées enfuite. Il arrive fouvent que l'en-
droit de la jonâion forme un bourlet ou une
éminence. Les Naturaliftes attribuent cet effet à
des Aies lapidifiques qui font venus remplir les
intervalles, effet femblable à celui d'un vaie rem-
{>Ii d'eau , & que l'effort de la gelée a fait cafler:
'augmentation du froid fait couler la glace par
la fente du vafe : elle foude tout ce qu elle ren-
contre à fon paflage. Ce fuc lapidifique auroit-îl
la même confiftance que celle, de la glace qui >
coule par l'augmentation du froid? 11 faut que
B T RAISONNÉ S.' 57J
cela foit : ce fuc lapidifique neft pas toujours de
la terre tenue en diiïblution qui vient fe juxta-
nofer , tandis que l'eau s'évapore : fi les interval-
les étoient remplis par cette dernière caufe , on
verroit les alentours remplis de la même fub-
fbtnce par l'eau qui fe feroit épanchée j c'eft ce
que l'on ne remarque pas toujours*
Argillts & acide vitriotiquc.
J'ai mis dans un matras quatre onces d'argille
blanche bien féchée, & réduite en poudre fine :
je l'ai délayée avec douze onces d'eau diftillée :
j'ai ajouté à ce mélange fi; gros d'acide vitrioli-
que très pur & bien concentré : il ne s'eft excité
aucune eftervefcence. J'ai fait digérer ce mélange
pendant deux jours au bain de labié , ayant foin
de l'agiter fouvent : enfuite j'ai filtré la liqueur
au travers d'un papier gris : ta liqueur a pafle très
claire > & fans couleur : elle avoit une faveur ab-
solument fecnblahle à celle d'une difTolution d'a-
lun. Je l'ai mife dans un vafe couvert d'un pa-
pier , pour la garantir de la pouflîere. Par une
evaporation fpontanée , j'ai obtenu cinq gros de
matière faline. La plus grande partie de ce fel
était difpofée en petites écailles > comme du mica
blanc *& en avait le brillant : une autre portion
étoit en petits cryftaux régulièrement cryîtallifés
comme l alun. Tout ce fel avoir la faveur de l'a-
lun ;il fe boutfouâoit au feu, & feréduifoit en
alun calciné comme lui. Cette expérience prouve
bien l'identité de la terre d'alun avec la terre ar-
gilleufe. Nous avons vu d'une autre part l'iden-
tité de la terre vitrifiable avec la terre de l'ahin t
c'eft ce que nous avons démontré par la forma-
uçude l'alun avec L'acide vitriolique , combiné
Aaiij
2^4 ChY*UB IXBÉRIMBNTAtI
gvec la terre vitrifiable féjparée du Izquor JiFicamt
Toutes ces terres font efTenrjellement de même
efpece & de même nature : leur plus grande di&
iférence ne vient que de la forme & de l'état fou^
lefquels la nature nous les préfente. Quelques
Chymiftes avoient dit ayant moi, qu'on faifoitde
l'alun avec des argilles , & que ces deux terres
Croient de même efpece ; mais ni les uns ni les
autres ne nous ont fait çonnoître la namre d§
ç es terres. On étoit en droit de leur demander
de quelle nature eft la terre de l'alun , ou .de
quelle nature eft la terre de l'argille. Quelque^
Chymiftes ont même avancé que la terre de l'a-
lun eft une véritable argille : no\is croyons que
cette aflertion manque a exa&itude. Ce qui conÉ
titue eflfentiellemferit une argille, cejl la combir
naïfon de la terre argilleufe avec l'acide vitrïoli-
que: mais la terre féparée de cette combinaifoi^
p'eft plus de l'argille \ c'eft la terre propre à for-
' jner une argille : je l'ai pommée a caufe de cel%
(erre argilleufe. Il en eft de même de la terre de
1 alun : elle n'eft pas de l'alun j c'eft la terre de c$
ici , & que Ton nopijne y à càufe de cela , terri
galun.
M. Margraff , dans un Mémoire inféré dan^
fes Opufcules ckymiques 3 page 98 , deuxième vol,
édition françoiie, dit avoir fait de l'alun avec
de Targille & de l'acide yitriolique , & n'avoir jv
tfiais eu d'alun , qu'en ajoutant à ces mélanges
pne petite quantité d aikali fixe : cependant jç
n'ai point fait cette addition , Çç pion expérience
? très bien réuflï, .—
J'ai layé dans une très grande quantité d'earç
{îiftillée , le marc qui eft refté fur le filtre : j'ai fil-
frç U liqueur , & j'y ai verfé'un'e fuffifante quanr
fiçe d'alkali fixe, povu: décompofer le fel cçtr^çç
Qu'elle tenoit en diffolution , & pour avoir la,
terre à parc. L'alkali fixé a occafionné un préci-
pité blanc très léger , difficile à fe raflembler , Sç
qui retenoic fortement l'eau : il ayoit un liane
muciiaginejix , comme celui de la terre de l'alun
précipité de la même manière. J'ai lavé , à plu-
îîeurs reprifes , dans beaucoup d'eau , cette terre
reftée fur le filtre, & l'ai fait fécher;il s'en eft
trouvé un gros & demi.
J'ai fait féçher la terre argilleufe reftée fur le
filtre : il *'en eft trouvé trois onces & demie. Ceft
donc une demi-once qui s'étoit diflbute , tant par
l'acide vitriolique , que par l'eau qui a fervi a la
laver. Cette argille , après toutes ces opérations,
avoit moins de liant, pareeque l'acide vitriolique
Çc l'eau ont diftbns pendant le lavage la partie la
plus fine , & que la partie fableufe qui n'a poinç
de liant fe trouve raifemblée Se privée dç la par*
rie la plu$ fine.
Ces expériences prouvent que fi l'argille n'eft
pas entièrement diflbute par l'acide vitriolique x
il y en a du moins une partie ; mais voici une ex *
Eérience qui fait yoir qu'elle eft diflblublç ej\
ien plus grande quantité dans cet acide.
J ai mis dans une fiole deux onces d'acide
vitriolique concentré & très pur , avec vingt-
quatre grains de la même argille. J'ai fait bopiU
lir ce mélange pendant un quart d'heure i il
ne paroiffoit pas que cet acide eut attaqué l'ar-r.
cille j mais je prétumojs qu'elle devoit fe dïflbu-
dre au bout d'un long efpace de temps. J'ai ga*dd
ce mélange pendant plufieurs années , en le re-*
muant de temps à autre : toute l argille s|eft dif-
foute dans l'efpaçe d'une année , à l'exception
dune très petite quantité de fable très fia. An
WïK &• WVWS *$£&** j'4 Réparé le dépôt x fa
|7^f Chtmii expérimentais
l'ai lave & fait fécher : il s'en eft trouvé quatrf
grains : en l'examinant à la loupe , j'ai reconnu
que c'étoit un fable très fin : il avoir le brillant
Se la tranfparence du fable blanc ordinaire : tf
çroquoit comme lui fous les dents.
J ai répété ces expérience* fur de l'argille bleue
des environs de Paris, qui eft celle dont fe fer-
vent les potiers de terre* Je l'ai employée à la
même dofe de quatre onces far une once d'acide
yitriolique , & douze onces d'eau : il ne s eft ex-
cité aucune effervefeence dans le mélange. Après
deux jours de digeftion, j'ai filtré la liqueur ;
elle a pafle très claire & fans couleur ; mais elle
?voit une très forte faveur alumineufe : par une
éyaporation fpontanée , elle a formé , comme la
précédente , beaucoup de petits cryftaux d'alun ,
parmi lefquels il s'eff trouvé , au fond du vafe *
yn gros cryftal très régulièrement formé, Se qui
était de véritable alun, (.a totalité de ce fe| pe*
foit une once.
J'ai lavé la terre , reftéefurle filtre, dans une
grande quantité d'eau , pour emporter toute la
matière faline dont elle étoit imprégnée : j'ai filtré
la liqueur , Se j'ai ajouté de l'aikali fixe pour faire
précipiter la terre : il s*eft formé un précipité
plane comme dans l'expérience précédente , mais
qui a jauni par le contact de l'air , & qui a jauni
çncore davantage après le lavage , & pendant la
deflieçation j if s'en eft trouvé crois gros. Cette
couleur lui vient du fer que cette argille con-
tient;, Se qui s'eft rouillé & réduit en fafran de
Mars>.
L'argille, qui ne s'eft point diifbute , pefoit
deux onces trois gros & demi, après avoir été
bien fçchée : c'eft par conféquent une once qua-
tre gros & demi d'argille qui s'eft diiïbure dans
et haisokk4e. J77
l'aride vitriolique &dans l'eau :cetteargille avoir
perdu fenfiblement de fon liane.
Il refaite bien évidemment de ces expériences^
que l'alun eft une argille qui contient une allez
grande quantité d acide vitriolique , pour être ré-
duite dans un état falin bien caraûérifé , & que
l'argille eft pareillement de l'alun , mais dont la
dofe de terre furpaffe tellement celle dfe l'acide
vitriolique , qu'elle fait difparoître prefque en-
tièrement les propriétés falines : enfin,en ajoutant
à l'argille la dofe d'acide vitrioliquç qui lui piap-.
que, on forme de l'alun.
Argilles & acide nitreux*
J'ai pareillement traité les deux argilles blan-
che Se bleue avec de l'acide nitreux. J'ai eflayé
d'en difloudre une quantité donnée dans cet
acide j mais ce n'a été qu'au bout de plufieur*
années que cette diflolution a été complette j en-
core eft-il refté une petite quantité de matière
fableufe indiflotuble : j'ai enfuite procédé aux
expériences fuivantes.
J'ai mis féparément dans des matras quatre
onces de chacune de ces argilles , bien féchées »
réduites en poudre fine , avec une once de bon
acide nitreux, & douze onces d'eau diftillée. J'ai
fait digérer ces mélanges au bain de fable pen-
dant deux jours : il ne s'eft excité aucun mouve-
ment d'effervefeence , ni pendant le mélange y
ni pendant le temps de la digeftion. J'ai filtré
les liqueurs chacune féparément : celle de l'argille
blanche a paffé très claire Se fans couleur; celle
de l'argille bleue avoit une forte couleur orangée
très foncée : l'une\& l'autre avoient une faveur
alumineufe : celle de l'argille bleue tiroit un pe&
fjt Chymii bxp£rimektali
fur la faveur du vitriol de Mars : elle a auflï dé-
pofé y dans l'efpace de vingt-quatre heures , une
matière rerreuïe d'un blanc jaunâtre. Cène li-
queur a fourni , par une évaporation fpontanée M
une gelée jaune y couverte' d'une pellicule de
la même couleur , qui s'eft defléchée complet-
tement , de réduite en une matière jaune > de fa-
veur vitriolique & alumineufe , pefant deux gros ,
dans laquelle il s'eft trouvé quelques petits cryf-
faux de véritable alun , & qui en avoient toutes
les propriétés. La liqueur de l'argille blanche s'eft
réduire à trois gros : elle eft devenue d'une cou-
leur femblable à une diflolution de vitriol dç
Mars : elle avoit une confiftance fyrupeufe , &
p'a point fourni de cryftaux ; fa faveur etoit ftyp-
tique & fort aftringente.
J'ai lavé la terre reftée fur le filtre de l'une &
de l'autre expérience , dans une grande quantité
d'eau diftillée. Celle provenant de l'argille blan-
che, a filtré très claire, fans couleur : j'ai verfé
deflus une fuffifante quantité d'alkali fixe : il a
fait précipiter une terre blanche qui , lavée & fé*-
chée, pefoit un gros & demi : l'argille qui eft reftée
après toutes ces opérations, pefoit, après avoir
été bien féchée, trois onces quatre gros &deroi.
J'ai pareillement lavé la terre de l'argille bleue
dans beaucoup d'eau diftillée, & j'aitUtré la 1U
3ueur : elle a paffé claire , & fans couleur ; mai$
ans l'efpace de deux heures, elle eft devenue
d'une couleur jaune orangée : elle s'eft troublée %
.& elle a dépofé une terre de la même couleur , qui
étoit de l'ochre : je ne l'ai point féparée : j'ai pré-
cipité , par de Falkaii fixe , la terre tenue en diflo-
lution dans cette liqueur. J'ai lavé la terre précis
pitée dans une fuffifante quantité d'eau : je l'ai fait
îecfjer : il $*en eft trouvé un gros : elle eft $W&
IT H A 1 S O K N i !. Jfp
{tcmleûr de canelle, à caufe du fer qu'elle con-
tient , qui s'eft réduit en ochre. L'argille bleue de
ICbutes ces opérations, ratfemblée & léchée, pefoit
trois onces demi-gros : elle ayoit çonfidéntblq*
fxieq^efdu de fa couleur.
ArgilUs & açidc marin*
L'acide marin agit mieux fur les argilles quq
l'acide nitreux : il a plus de difpofition pour s'u-
nir aux terres vitrifiable$.
J'ai mis daijs de$ marras quatre onces d'argilles
blanche & bleue , chaîne iéparément, avec dix-
huit gros d'acide marin ordinaire , & douze onces
d'eau diftillée. J?ai fait digérer ce mélange comme
dans les expériences précédentes, & j'ai filtré le$
liqueurs au bout de deux jours. Les liqueurs
avoient une faveur alumineufe très forte ; elle*
é toient fans couleur } mais dans l'efpace de quatre
mois , c'eft-à-dire après qu'elles fe turent réduite^
à un petit volume par l'évaporation > elles avoient
acquis l'une & l'autre une belle couleur de diflbhi?
tion d'or. La liqueur de l'argille blanche n'a formé
aucun cryftal : elle s'eft épaiflie considérablement
& faifoit de Pencre avec de la noix de galle, i
caufe de la petite quantité de fer qu'elle conter
foit*
La liqueur de Fargille bleue a formé douze .
grains de félénite vitnfiable , fans couleur & fanq
laveur : la liqueur s'eft épaiflie de plus en plus,
& a laifTé dépofer beaucoup d'oçhre de couleur
jaune orangée,
J'ai lavé les «erres reftées fur les filtres , & j'ai
pareillement filtré les liqueurs, & précipité paç
0e l'alkali fixe la terre qu'elles tenoient en difloT
jution : yen ai tiré un gros 6ç demi des lotion^ 4ç
}8o ChYMIE IXriJLIMENTALB
l'argille blanche, & un gros dix-huit grains de*
lotions de l'argille bleue.
11 eft refté enfin dlndiflbluble , fa voir, trois
onces cinq gros vingt-quatre grains d'argille blan-
che, & trois onces deux gros & demi drille.
Heue.
jtrgilles ô eau régal**
L'eau régalé a plus d'aâion fur les argilles, que
n'en ont feparément les acides nitreux & marin.
Quelques Chymiftes ont propofé ce menftrue
four purifier & débarraflèr les argilles des matières
métalliques , lorfqu elles en contiennent , afin dé
les employer.enfuite avec plus de fhecès dans les
poteries blanches , telles que la porcelaine , &c.
Mais outre que ce moyen eft difpendieux , il ne
fépare oas oomplettement les matières métalli-
ques. (Jet acide mixte diffout à la vérité la por-
tion qui peut être pourvue de phlogiftique ; mais
celle qui eft dans 1 état de chaux n eft point atta-
quée par l'eau régale : elle refte dans l'argille x Se
altère toujours fa pureté.
Jtrgilles & vinaigre iifiillê.
Le vinaigre diftillé a fort peu d'aâion fur les
argilles : il ne les diflout guère mieux que de l'eau
pure \ mais il a l'avantage de féparer toute la terre
calcaire qu'elles peuvent contenir.
J'ai mis dans un matras quatre onces d'areille
blanche & huit onces de vinaigre diftillé : il nt
sfeft excité aucune effervefeence. J'ai fait digérer
ce mélange pendant huit jours. J'ai filtré la 1k
queur : eflé a pafle claire , f*ns couleur , n'ayant
point d'autre faveur que celle du vinaigre diftiUc
t î RAISOMKiB, j8t
pur. J'ai lâi(Té la liqueur s'évaporer à l'air dans
\in vafe de verre couvert d'un papier pour la ga-
rantir de la pouffiere : elle a formé- vingt-quatre
grains de fel terreux , femblable à celui de craie
Se de vinaigre diftillé j il avoir feulement moins
de faveur amere : il étoit d'une légère couleur
rouflè, à caufe d'un peu de fer ou'il conrenoir.
J'ai lavé le ma*c*êfté*fur le nltre comme dans
les expériences précédentes : j'ai filtré la liqueur;
& par lé moyen de l'alkali fixe , j'en ai précipité
la terre : j'ai obtenu quarante-quatre grains de
Terre blanche : cette terre eft toute calcaife i elle
fe difïbut avec vive effervefeence, &fe convertit
en chaux vive par la calcination : il eft refté enfin
crois onces cinq gros cinquante -quatre grains
d'argille , qui ne parut point différer de ce qu'elle
&oit auparavant.
J'ai traité de mêmel'argille bleue des potiers
avec du vinaigre diftillé > & aux mêmes dotes. La
liqueur filtrée m'a fourni > par une évaporarion
fpontanée , vingt-quatre grains de fel calcaire
acéteux , cryftalhfé en petites aiguilles foyeufes ,
mais fali par beaucoup d'ochre jaune qui s'eft dé-
Î>ofée. Ce fel a une faveur chaude, auffi acre que
e fel de craie & de vinaigre : il a rongé les pa-
piers dans lefquels je Pavois enveloppé.
J'ai pareillement lavé la terre : j ai filtré la li-
queur, & l'ai précipitée par de l'alkali fixe : j'ai
obtenu cinquante grains de terre calcaire jaune ,
àxaufe de l'ochre qui s'eft dépofée avec elle. Il eft
refté enfin deux onces fix gros & demi d'argille
après toutes ces opérations.
Jt S M A Jt <> V M S.
Mon objet étant de comparer les argifles avec
la terre de l'alun , afin de m'aflîirer fi la tefW dé
l'une (te die l'autre eft etfentiellement de même
éfpece, j'ai répété avec de la terre de l'alun toutes
les expériences de ditfoiutioris dans lès acides
dont je viens de parler aux articles précédents :
j'ai obfervc exactement les mêmes phénomè-
nes. Je fupprime ici les détails» parceqùe cela
ne fetok qu'une répétition de ce qui vient d'ê-
tre dit. J'ai pareillement comparé la terre de
l'alun avec les précipitée d'4rgilfes y obtenus des?
difïblurions faites, dans Les aodes précipités par
î'alkali fixe : j'ai remarqua qpe ceux provenant
des diiTqlutions faites par les acides vitriolique&
marin, écoient abfolumem fefnblables à la terre
de l'alun * & qu'ils formaient de l'alun en combt»
fcant de nouveau ces précipités avec de l'acide vi-
triolique. M. Margraff , dans fes Opufculcs chy~
mïqucss édition françoife , deuxième volume ,
|>age 94 y dit avoir obtenu quelque choie qui avoir
du rapport avec de véjriçable alun y 6c quelques
pagetf:pluslcftnyil dit n'avoir jamais pu former
de l'alun en combinant enfemble de ta terre de
l'alun avec de .l'acide, vkriolique : il a toujours
été obligé d'ajouter de i'alkaii fixe. Mais à ta
page 18 1 , deuxième volume , il dk cependant :
*> Je ne voudrais {K>unaQ|'|ya$ tfiei que la chofé
» fut absolument impoîfltble à la faveur de quel-
r> ques circoiftftai^es uké&ures «*. Je penfe que
fi M. M^graff n'aipoimzeu dans ces expériences
des cryftaux de véfiuble alun ^ cela vient des pro-
portions de. igrre & d'acide qui fe font trouvées
dans fes mélanges. J'ai fait voir que Talus ordi-
naire peut fe charger d'une nouvelle quantité dé
fa terre, & même s^en fa tarer : il peut auffi en pren>
dre une moindre quantité que celle qui eft nécef-
£ke & fx parfois fww^ioû. Les efpeces defslj
ET RAiSONNÉE. j3j
t|ùi téfultent de ces différentes dofes de terre &
d'acide , ont d'autant moins les propriétés de
l'alun, qu'il eft entré davantage de terre dans
leur composition : en un mot , j'ai obfervé que
l'alun admet toutes fortes de* dofes de terre > fans
<re celle de l'acide vitriolicme varie. Il paroît
qro les matières falines qu'a obtenu M. Margraff,
& qu'il dit avoir eu du rapport avec de véritable
alun , fe trouvoient combinées dans des propor-
tions différentes de celles qui fe trouvent dans
l'alun ordinaire*
Argitle & foufre.
L'àrgille & le foufre n'ont point dation Tua
fur l'autre par la voie humide. On ne connok
point leurs effet* par la voie feche. Jaimclé plu*-
fieurs fois de l'areille blanche très pure avec du
foufre: j'ai expofé ces mélanges à la plus grande
ââion du feu fous la moufle : le £bufre fe diffis-
poit ; mais il cominuniquoit ordinairement A l'ai*
gille une couleur noire phloeiftiquée, qu'elle ne
prenoit jamais fans cette addition. Cette expé-
rience fors fimple prouve deux chofes , i°. la
grande affinité des argilles avec le principe ihi»
amraable , i°. que le phWiftique dans le foufre
Weft pas dans le plus grand état d» puretés c'eft
ce que nous avons déjà dit ailleurs* >
Affilie & alkalifixCé.
Si dans une décoâiôn d'argile faite avec de
F eau pure, on verfe de l'alkah Bxe en liqueur f
il fe fait aufli-tôt un précipité blanc.terteux : l'air
kati s*uriit à l'acide vitriolique de l'areille , &
fait précipiter la terre : en filtrant cette liqueur*
4t Ufaifant évaporer, on obtient de? cryftaux.de
5S4 Chtmie expérimentale
tartre vitriolé. On lave la terre qui refte fizrk
filtre , & on la fait fécher. Cette terre eft£ea*-l
blable à la terre de l'alun , 6c elle en a toutes \a
propriétés. 11 eft vifible que par ce moyeu I *•
gille oui s'eft diflbute dans l'eau , eft dccompoÉce;
mais l'argille en mafte d'agrégé ne fe laiffypf
décompofer de même par l'alkali fixe. ^
J'ai tait bouillir pendant douze heures dcm
livres d'argille blanche avec autant d'alkali fixe,
clans une luffifante quantité d'eau : je remplaçais
l'eau à mefure qu'elles'évaporoit. L'argille deve-
noit comme foyeufe : les molécules , en le mou-
vant dans l'eau , fàifoient dés reflets femblaUes
d ceux que jette la moire. J'ai filtré la liqueur
tandis qu'elle étoit bouillante : elle s'eft troublée
par le refixûdifleinent , & elle étoit auflî alkalint
qu'avant cette opération : je n'en ai iamais pu
tirer du tartre vitriolé. La liqueur a depofc, par
le féjour , une portion d'argille que 1 alkaJi me
-avoit diflbute. J'ai lavé dans beaucoup d'eau.
bouillante l'argille reftée fur le filtre , afin de la
<leflaler entièrement. Tant que la matière conte*
noit de l'alkali , la liqueur le filtroit facilement!
elle paflbit claire j mais elle avoit une couleur
roufle : aufli-tôt qu'elle a été débarraflée de l'ai*
kali , elle s'eft divifée dans l'eau bouillante à un
tel degré, qu'il n'étoit plus poffible de filtrer la li*
queur : la terre étoit dans une forte de demi-dif-
folution. J'ai fait fccher cette terre : je m en fuis
fervi pour décompofer du nitre 6c du fel marin:
elle & décompofé ces fels avec la même facilité
que de pareille argille qui n'a point fubi ces opé-
rations. Quelques Chymiftespenfent le contraire,
& croient que ce moyen eft fuffifaht pour enlever
à l'argille ton acide vitriolique*
U refaite dç ces expériences que l'acide vitrio-
lique
* T RAISONNÉ Ei JrS 5
U<jùe eft très adhérent aux argilles* Nous ver->
rons dans une autre occasion , en décompofant le
nitre par lés argilles cimes , que la violence du
feu même ne peut point priver cette fubftance de
tout 1 acide vitriolique qu'elle contient*
; Argille j.alkalifixe9& phlogijïiquc*
Foie de Soufte f & Soufre artifidd.
J'ai fait fondre dans un ereufet une once d'ar-
mile , huit onces d alkali fixe , & une demi-once
ae charbon en poudre. J'ai leflivé cette, matière
dans de l'eau. J ai filtré la ligueur : elle avoit tous»
les caraéteres du foie de foufre ordinaire. J'ai
verfé du vinaigre diftillé dans cette liqueur, qui a
fait précipiter de vrai foijfre. Dans cette expé-
rience, le phlogiftique du charbon s'eft uni &
l'acide vitriolique, & ils ontfbrmé du foûfre. L'al-
kali fixe a empêché que ce foufre ne fe. brûlât a
mefiirë qu'il fe formoit. Ce foufre n'eft pas pur %
parcequ u y a une certaine quantité détente ar-
gilleufequi eft diflbute par l'alkali , &.quel'a~
Cidç fait précipiter conjointement avec le foufre*
Néanmoins il réfultë de cette, expérience , que
quoique l'acide vitriolique ait une très grande
adhérence avec la terre argilleufe > le phlogifti-
qiie: le fépare d'avec cette terre par la voie feche.
Alkali fixe avec les matières combufiibles^
L'alkali fyce a une a&ion confidérable fur le*
m^ti^res. végétales & animales : ilproduij diffé-
rents effets, fuivant l'état où elle* fe trouvent i il
racornit & durcit beaucoup les chairs : il diflbuc
& réduit çn gelée la laine., la foie , la corne, &c
L'alkali fixe froid n'a pas uçe a#ion auffi prompte
Tome L - Bb
3$0 Chymie expérimentale
que les acides minéraux fur les madères animales,
mais il agitauffi efficacement* U s'empare de leur
matière huileufe , leur ôte toute leur folidité , &
tes pénètre tellement qu'il les rend prefque in-
combuftibles. Cette dernière propriété lui eft
commune avec prefque tous les fels neutres qui
ne font point inflammables* Cet effet vient de ce
que les fels s'appliquent très intimement à la fur-
face des matières combuftibles, qu'ils intercep-
tent au feu la communication avfec l'air , & que
ces mêmes fels retiennent le principe aaueux qui
s'oppofe à l'inflammation des corps combuftibles.
Alkolifixe avec le phlogiftique.
L'alkali fixe en liqneur à froid , ou à l'aide
d'une chaleur égale à celle de l'eau bouillante , a
fort peu d'aâion fur les charbons bien faits : mais
il n'en eft pas de même par la fufion. Si Ion fait
fondre dans un creufet huit onces de fel a&ait Se
une demi-once de charbon en poudre, on peut
préfumer que ce charbon fera complectement dif-
ious y du moins j'ai remarqué que , brfqu'il
tombe des charbons dans de l'alkali qu'on fait en-
trer en fufion , il s'en diflbut beaucoup j l'alkali
prend une couleur rouge , Se devient plus déli-
quefeent. J'ai encore remarqué que le phlogifti-
que du charbon occàfionne la volatilisation de
l'alkali fixe : il le réduit en fumée blanche &
épaifTe , qui agit prodigieufëment fur le cerveau
Se fur le genre nefveûi. Cette fumés rend la tète
fbible & étonnée , comme lorfqu on eft conva-
lefcent à la fuite d'une grande maladie : cette
fumée phlogiftique eft faline , irrite le genre ner-
veux, & occafiônne des inquiétudes Se des im-
patiences dans tous les membres.
HT HAISÔtfHS fi. J$7
Lorfqu'on fait diiïbudre cet alkali dans de .
Veau , il produit une liqueur acre très cauftique
& d'une couleur rouge très foncée. 11 y a lieu de
pen£er qu'en féparant par précipitation cette ma-
tière colorante , & en la îoumettant à iadàftilla*
tion, ellefburniroic une matière huileufe , commo
nous avons dit que cela arrivoic en diftHiant du
bleu de Pruffe» La matière phlogiftique ^précipi^
tée par. le fer , redevient dans l'état huileux > pat'*
cequ elle fe combine avec le principe aqueux. >
Alkali fixe avec une huile grafic*
L'alkâli fixe a beaucoup d'a&ioa fur les huilet
grades : il forme avec elles des compofés que Von
nomme /avons : mais corrime l'alkâli axe eft déli-j
quefeerit, les favons qu'il forme font mous & uft
peu tléliquefcents. On eft dans l'u&ge d'y em-
ployer l'alkâli marin, dont on augmente la îcaufti*
cite pat de la chaux. Nous ne dirons rieri quant £
prêtent fur cette efpece de favon ,'2fc nous ren-
voyons tout ce que nous avons à dire fur cette
matière , à l'examen que nous ferons des pfoptié-
ces de lalkali marin. ' ; 4 . . .
L'alkâli fixe eft vplatilifé par la matière htti*
ieufe. Starkey> dans fa Pyrotechnie, recommande»
pour y parvenir f de diniller une huile fur du fel
alkali ,i & de diftiiler un grand nombre de fpi$ d*
fuite * fur l'alkâli qui refte dans les VaifTeâtut »
Vhuile qui a païïe à chaque diftillarion. Nous par-
lerons ailleurs de ces procédés.
Alkali fixe avec les terres calcair&i*
L'alkâli fi<e ne peùfc éontra&er âucuilé union
de compétition par la voie humide avec les terre*
' calcaires : elles (l'augmentent point fa caufticité )
fi b i)
\
j88 Chymïi expérimentale
mais par la voie feche , cette matière faline pré-
fente avec ces rerres des phénomènes femblaoles
à ceux de la terre vitrihable , c*eft-à-dire que ,
Aùvant les proportions de ces deux fubftances,
on obtient des matières vitreufes , ou des matières
vitriforraes , comme nous l'avons dit à l'article
du HçAÔrJilicum. Dans cette expérience , la terre
calcatre&eft alpfolumenr changée de nature : elle
«ft convertie- en terre vitrifiaole , & fe trouve ra-
dicalement privée d'eau r d'air & de matière in-
flammable j du moins elle ne contient pas plus
de cette dèrnie%tefiibffaficd , que les terres vitnfia-
bles ordinaires. J'ai diffous dans les différents aci-
des , la terçe féparée dç-cette efpece à^liquGtrJîli-
cum ; elle m'a fourni de l'alun avec l'acide vitrio-
lique; "ce qui prouve-.complettement la conver-
fion de. cette^ terré en terre vitrifiable. Je ne ré-
pète point ici lés procédés de ces opérations , par-
ceqirils font les mêmes que ceux dont nous avons
parlé précédemment.
Alkatifixe aytcde la chaux vive. '
• L'a! kali fixe', traité avec de la chaux vive, aug-
mente confidérablementdecaufticité. La liqueur,
filtrée & évaporée jufcfu'à un certain point , pro-
duit une leffive très alkaline à laquelle on peut
donner le nom de leffive des favonniers faite avec
tf<? Valkali végétal ', afin de la cliftinguer de' celle
qu'on fait avec de Palfcali marin , qui eft celle
qu'on emploie ordinairement pour la compofition
dufavon. Les propriétés de la leffive de Talkali
végétal cauftique ne font pas connues. On ignore
quelles feroient les propriétés des favons qu'on
feroit avec cette leffive i on fait feulement qu'ils
font mous*.& ne prennent pas beaucoup de conj
iiftiuice.
I T RAISONNÉ E. j&j
Atkali fixe avec de F acide vitriclique*
Tartre vitriolé , Sel deduobus , Arcanum dapUcatum.
L'alkalifixe & l'acide vitriol ique fe combinent
très bien jufqu'au point de faturation avec cha-
leur & effervefcence. Ces fubftances perdent ré-
ciproquement leurs propriétés particulières en fe
combinant*
On met dans une terrine de grès quatre onces '
d'alkali fixe étendu dans douze ou quinze fois
fon volume d'eau chaude. On verfe peu à peu de
l'acide vitriolique affoibli : il fe fait une vive effer-
vefcence :on continue d'en verfer jufqu'à ce qu'il
ne fe faffe plus d'effervefcence & que la liqueur
n'ait point de faveur alkaline ni acide : c'eft ce
que l'on nomme point de faturation : alors on fil-
tre la liqueur, & on la fait évaporer jufou'à lé*
§ere pellicule : elle forme , par le refroidilîemenr,
e petits cryftaux taillés en pointas de diamant t
c'eft ce que l'on nomme tartre vitriolé \ ftl de duo-* ,
JruSj ou arcanum duplicatum. On détache le fer de
la terrine avec la pointe d'un couteau , & on le
fait égoutter fur du papier gris* On fait évaporer
la liqueur de nouveau jufqu'à pellicule : on ob-
tient des cryftaux comme la première fois i on
continue ainfi de fuite les évaporations & les
cryftallifations jufqu'à ce que la liqueur ait fourni
tout ce qu'elle peut donner de fél : il refte enfin
une liqueur qui n'en fournit plus : on lui adonné
le nom d'eau-mere : on la jette comme inutile t
tous lesfels neutres, qui ont pour bafe un acidfc
Se un alkali, laiftent une femblabfe eau-mere*
î^ous ferons un article fur les eaux-m ères des ferfe
çn général , lorfque nous parlerons de- la cryltoU
Ufeùcm des fels»
Bbii|
f$0 ClfYMlB EXPERIMENTALE
.Remarques.
Ni l'acide ni Talkali ne peuvenr fe cryftallifer
tant qu'ils font feub. La faveur de chacun d'eux
èft très forte , très différence & très diftinfte. Ces
matières falines ont beaucoup d'affinité avec l'eau :
cependant Pefpece de fel qui réfulce de cette com-
binaifon , fe çryftallife facilement, a peu de fa-
veur & peu de diifolubilité dans l'eau : il eft par-
faitement neutre ; il ne change point les cou-
leurs blçues des végétaux : il a moins d'affinité
avec l'eau que les deux fubftances falines qui en-
trent dans fa combinaifon : il n'attire point l'hu-
midité de l'air : il fe diiïbut en plus grande quan-
tité dans l'eau bouillante que dans l'eau froide.
Quatre onces d'eau bouillante diflblvent fept gros
quarante-huit grains de tartre vitriolé. Toutes
ces propriétés font dues , fuivant notre nouvelle
théorie , à ce que ces deux fubftances falines , en
fe combinant , perdent la plus grande partie de
leur feu* .auquel elles dévoient leur caufticité.
Ce fél ne peut admettre dans fa combinaifon
ai une furabondance d'acide , ni une furabon-
dance d'alkali. M. Rouelle rapporte dans un Mé-
ritoire imprimé dans le volume- de l'Académie
pour l'année 1754, page 586, une expérience
par laquelle, il avoir cru combiner une portion
d'acide vitriolique furabondant à ce fel. C'eft ce
que nous examinerons à l'article de la cryftallifa*
Uondesfels.
Alkali fixe avec le foie de foufre terreux.
L'alkali fixe décompofe le foie de foufre ter*
reux : il lait précipiter la terre de l'eau de chaux ,
te s'empare du foufre qu'il diiïbut ; mais aucun
des produits de ces opérations n'a été examiné»
ET * À I S O N N £ ï. 3«)I
Alkali fixe avec le foufre.
L/alkali fixe s unit au foufre par la voie hu-
^mide & par la voie feche , fans que le fo&fre fu-
bifle aucune décomposition. Ce campofé porte
le nom de foie de foufre*
Foi* de foufre par la y oie humide.
On prend fix onces de foufre en poudre ou de
fleurs de foufre , & douze onces d'atkali fixe fec :
on met ces matières dans un marras avec une
livre d'eau : on place le vaiffeau fur un bain de
fable : on le fait chauffer par degrés , jufqu a faire
bouillir doucement la liqueur pendant quatre ou
cina heures, ou jufqu a ce qu'elle devienne d'une
couleur jaune orangée : on agite le vaifleau de
f emps en temps : alors on filtre la liqueur au
travers d'un papier gris, & on la conferve dans
une bouteille qu'on tient toujours bouchée ; c'eft
le foie de foufre fait par la voie humide.
Foie de foufre par la voie feche»
On prend quatre onces de foufre en poudre :
on le mêle dans un mortier de marbre , avec au-
tant d'alkali fixe bien fec : on met ce mélange
dans un creufet : on le place dans un fourneau
au milieu des charbons ardents : on couvre le
creufet de fbn couvercle. Aufli-tôt que la ma-
tière commence à rougir , elle entre en fufion :
lorfqu'elle eft bien fondue , on la coule fur un
marbre poli & légèrement graifle & efluyé. La
matière fe fige en refroidiflant : on la détache
tandis qu'elle eft encore chaude : on la caffe par
petits morceaux, & on la ferre dans une bouteille
2u'on bouche bien , pareequ elle attire l'humi-
ité de l'air : c'eft Xefoiedefoufrçparla voie feche.
Bbiv
35>z Chimie expérimental*
Remarques.
11 eft vifible , par ces deux expériences , que le
foufre eft uni à l'alkali par deux procédés diffé*-
rencs. L'alkali fixe par la voie numide diftlout
moins de foufre, 11 eft plus expédicif de faire
chauffer le mélange aflez pour faire entrer le
foufre en fufion , comme nous l'avons dir à Té-
fard du foufre qu'on fait diflbudre par de l'huile.
>ans cet état , Lalkali le diffbut mieux que lorf-
qu'on agite le mélange dans le deflein d'empe-
cher le foufre de fe rafTembler au fond du ma-
dras : mais fi par cette voie on unit moins de
foufre à l'alkali , celui qu'il tient en diflblution
lui refte plus long- temps combiné fans fe décom-
pofer. Nous verrons, dans un inftant, que le
Foie de foufre qui a été fait par la voie feche, eft
de très facile décompofition > même dans de£
bouteilles bien bouchées.
Nous avons dit précédemment que l'alkali
rougit au feu long-temps avant d'entrer en fu-
fion , & que le foufre , au contraire , entre en
fufion à une chaleur fort modérée. Ces deux fub*
fiances partagent entre elles leurs degrés de fii-
iîbilité : c'eft ce qui fait que ce mélange entre en
fufion en même temps qu il rougit. Une partie
du foufre s'enflamme avant qu'il ait le temps de
fe combiner avec l'alkali. La plus grande partie
de l'acide vitriolique qui devient libre , fe com-«
bine avec l'alkali, & ils forment enfemble du
tartre vitriolé, qui fait partie de la mafle qu'on
obtient ; mais la plus grande partie du foufre fe
combine avec l'alkali, & forme la fubftance qu 01^
jiomme foie de foufre. Ce eopipofé eft d'une coun
leur ftQk&cce , <jui jauni* un pçu i fa fuefaçe quel*
ST RAISONNÉ B. 393
que temps après» où il eft d'une couleur rouge,
iuivam les degrés de feu qu'il a reçus. Ce foie
de foufre attire l'humidité de l'air , mais moins
que lalkali fixe : néanmoins il s'en charge aflez
pour faire voir que lalkali conferve encore de
les propriétés. Ce foie de foufre a beaucoup plus
d odeur que le/foufre pur : celle qu'il a, tire fuc
celle des ceufs couvis.
Si l'on n'avoit pas foin de grailler un peu la
pierre fur laquelle on coule le foie de foufre, il
s'y appHqueroit fortement : on auroit beaucoup
de peine à l'en détacher , fans arracher un peu de
la iurface de la pierre.
Le foie de foufre fe diflbut très bien dans
l'eau : on en pulvérife la quantité que l'on veut :
on la met dans un matras : on verfe par deffus
trois ou quatre fois fon poids d'eau chaude : on
agite le mélange , & au bout d'une demi-heure ,
ou lorfque la matière eft bien diflbute , on filtre
la liqueur au travers d'un papier gris. Il refte fur
le filtre un peu de terre & de tartre vitriolé qui
s'eft formé pendant la frifion , pourvu cepen-
dant qu'on n'ait pas employé trop d'eau. Dans
ce cas , le tartre vitriolé fe di(Tout & patte au
travers du filtre avec le foie de foufre. La li-
queur filtrée eft claire & tranfparente ; mais elle
a une couleur jaune orangée , qui eft d'autant
plus foncée , que la matière a moins refté de
temps fur le feu pendant la fufion : elle a une
odeur de foufre ôç d'œufs couvis ; on nomme
cette liqueur foie de foufre dïffou* : elle a les mê-
mes propriétés ^ue le foie de foufre qui a été pré-*
paré par la voie humide , i quelques propriétés
près,qui viennent de l'altération qu'a fubile fou-»
fre pendant la fufion.
LprfcjuQa a laiflç le foie de foufre trop long-
)94 CfTYMIE BX?£r.IMENTALB
temps au feu , la diflblution qu'on en fait en»
fuite 9 a beaucoup moins de couleur : le foîe de
foufre qu elle tient en diffolution fe décompofé
nés promptement , même fans le concours de
Pair : il fe forme dans les bouteilles qui le con-
tiennent y un tartre vitriolé , auquel on a donné
le nom de fil fulfurtux de Staahl, patcequ il con-
tient un peu de matière phlogiftique, & que ce
fel a des propriétés un peu différentes du tartre
vitriolé ordinaire. Cette propriété qu'a le foie
de foufre de fe décompofer ainfi , vient de ce
oue le phlogiftique du foufre, pendant la fufion, a
été plus atténué qu'il ne rétoit dans le foufre
pur : le principe du feu qui le constitue phlogifti-
que, s'eft rapproché davantage du feu pur : fous
cette forme, il eft plus facile i fe décompofer
compte ttement , à fe réduire en feu élémentaire ,
& à fe diffiper. Ceci nous donne un exemple des
différents états fous lefquels peut fe trouver fe
phlogiftioue, avant d'être décompofé complette-
ment : celui qui eft dans le foufre , eft fafceptible
d'altérations par nuances infenfibles : il peut ac-
quérir différentes propriétés , fuivant l'état où il
le trouve , & même s'enflammer tout feul à l'air ,
comme cela arrive dans le pyrophore , où le fou-
fre eft en partie dans un grand état d'altération.
Lorfque le foie de foufre fe décompofé dans des
bouteilles bouchées , il lui arrive fouvent de ta-
pifler l'intérieur d'un enduit phlogiftique d'une
couleur prefoue neire, -8c qui forme dts iris :
d'autres fois il nelaiffe aucune couleur : cela dé-
pend du degré de feu que le foie de foufre a reçu
pendant fa formation.
ÏT RAMONHil. 5^5
Foie de foufrc au feu.
Sel fulfureux. Tartre vitriole.
On met dans ifn vaifleau de terre large ic plat,
la quantité que Ton veut de foie dç foufre fait
(>ar la voie lèche & réduit en poudre* On place
e vaifleau fur un feu très doux ; on remue la ma-
tière de temps en temps , pour renouveller les
furfaces. Le foufre fe décompofe , le phlogifti-
que fe diffipe fans comboftion, & l'acide vitrio
lique fe combine avec l'alkali du foie de foufre ,
& forme du tartre vitriolé. Lorfque la matière a
fumé pendant un certain temps, on augmente
le feu 9 jufqu'à la faire rougir obfçurément pen-
dant environ un quart d'heure , afin de faire dit
fiper tout le phlogiftique : alors on fait diflbudre
dans de l'eau la matière faline : on filtre la li-
queur , & on la laide refroidir ; elle fournit des
cryftaux de vrai tartre vitriolé*
Staahl avoit imaginé cette expérience , qui eft
très exa&e , pour démontrer que le foufre étoit
compofé de fept parties d'acide vitriolique , &
d'une de phlogiftique. La vapeur qui fe dégage
du foie de foufre dans cette opération , n eft point
du feu pur j c'eft du phlogiftique oui eft excédent
a la compofition du tartre vitriolé. Cette vapeur
eft auffi pernicieufe que celle qui s'élève du char-
bon ou de la braife qu'on fait brûler. Si Ton fai-
foit cette expérience fur plusieurs livres de foie
de foufre , & dans un endroit bien clos , on fe-
roit fuffpqué comme par toute autre matière
phlogiftique dans l'état de vapeurs*
Foie de foufre à Voir*
Le phlogiftique a plus d'affinité avec l'acide
$96 ChYMIE EXPlRIMENrALH
vicriolique , que cet acide n'en a avec l'alkaK i
c'eft un fait qui eft conftaté par une fuite d'ex-
Sériences , & nous verrons même dans le cours
e nos opérations , que ce principe inflammable
•'empare de cet acide , à quelque bafe qu'il foit
uni ,/foit par la voie feche , foit par la voie hu-
mide : cependant , fi Ton expofe du foie de fou-
fre fec à l'air , il attire d'abord l'humidité de l'air %
Îtarceque l'alkali, quoiqu'uni à du foufre, con-
serve encore quelques-unes de fes propriétés , &:
finguliérement celle de fe charger de l'humidité
de l'air. Mais ce qu'il y a de remarquable , c'eft
que ce même foie de foufre fe décompofe par la
feule expofition i l'air , comme par l'action du
feu. Le phlogiftique fe diflipe , & ce qui refte eft
du tartre vitriole , mais qui cependant diffère
du tartre vitriolé ordinaire , en ce qu'il retient
un peu de phlogiftique : on le nomme , à caufe
de cela , felfulfureux : mais au moins eft-il cer-
tain que prefque tout le phlogiftique s'eft diffîpé»
On éft en droit de conclure , d'après cette obser-
vation , que les affinités qu'on a établies fur ces
fubftances > ne font pas juftes ; &c en effet, elles
manquent d'exa&itude, puifque cette affinité
n'eft ni générale ni confiante. Le foie de foufre
qui fe décompofe à l'air , & qui laifle diffiper forç
phlogiftique, prouve, dans cette circonftance,
que l'acide vitrioliqué a plus d'affinité avec l'alkali
qu'avec le phlogiftique. Nous examinerons cette
queftion , lorfque nous parlerons du foufre arti-
ficiel.
Foie de Soufre avec de F eau.
D'après les propriétés du foie de foufre que
nous avons fait connoître , on fait déjà que cette
fubft?noe fe diflbut dans l'eau } $c en effet , etto
s*y Jiflout facilement. Lorfque le foie de foufr*
eft diflbus , un filtre la liqueur $ ceft ce que Ton
tiommefvie.de foufre en liqueur* Ceft. dans ceï
état de diflbiurion , qu'on l'emploie le plus ordi-
nairement dans les expériences : fi Ton expofe à
l'air le foie xle foufre , il fe décompofe ;commi
. je viens de le dire.
Foie de Soufre avec de la glace*
On ignore les t&ets de ce mélange.
Foie de Soufre avec de la terre yitrifiabïe.
On ne connoît point le? effets du foie de foufre
fur la terre vitrifiable ,- fbii par la vôieféche , fotf
par la voie humide. On peut préfumerque^pkr là
voie feche il n'agit point comme foie de foufre,
parceqù'il feroit decompofé parla chaleur, avant
qu'il pût porter ion a&W fus la terre vitrifiable.
On peut de même penfer qu'il n'aurqit guère plus
"cTaâion par la voie humide, pareequë la terre v|?
trîfiable ne contient aucun des prînci'pè^par TèCr
quels tes matières fâlinesattaquérit \ëh cotiSil ' *
•- Foie de Soufre avec le* matières côM^fiiWes. '•*;
:- Le! foie de foflfçe a beaucoup d'aditt^fur ks
matipjes. végétales .Sclaôûxiales ; rtimahcHitt fait
peu d'expériences pour ç'6nnoîifc$,lçd.pr^riété$
.«de- cutis fubftanqe fur les matief^couxt>tffti&e's.
Foie de Spl^rêa^ec U fhlog^i^ué^
LeFoie de foùfire a beaucoup îd'âftibh fur les
matières charbonnerfe? végétales ^il les diffbut ,
(bit par la voie Tecne , Toit par la voie humide.
Oa j&et'uac f^Wid^chJitbQji enpotutr^dans
$98 ChYMIB EXPÉRIMENTALE
une fiole : on verfe par-deflus une demi-once, ou
i-peu-pfès, de foie de foufre liquide t on fait
chauffer légèrement ce mélange : 1* charbon fe
difibut complètement , & communique à la li-
Îueuc une couleur verre. Ce phénomène nous
onne un exemple de la grande aâion du foie de
fourre fur les matières charbonneufes.
Foie de Soufre avec la matière huiUufc.
On ignore les effets du foie de foufre fur les
huiles.
Foie de Soufre avec la terre calcaire*
On ignore de même les effets de cette fubftançe
for les terres calcaires.
Foie de Soufre avec T acide yitriolique.
MagiAefEcUSpv&e.
On met dans un vafe de verre la quantité que
l'on veut de foie de foufre liquide fait par la voie
fechè ou par la voie humide : on rétend dans une
grande quantité d eau. Dans ce mélange, on verfe
goutte ^ôut^ de racidevitâQUqueaffoibli : il fe
fait aum-tôt une vive effervefeence , un précipité
blanc «i trouble la liqueur, & il s'exhale une
odeur d'ceufo côuvis ou de matière fécale. Oh
continue de verfer de l'acide Jofqu'à ce qu'il ne fe
iaflè plus de précipité : alors on filtre la liqueur :
on pa(Te de Veau chaude fur le précipité refté fur
le hltre , afin de le'deflàler « on le fait fécher :
ceft ce que Ton nomme magiflerc de foufre.
' JR s m a i q v £ s.
Le foie de ibufre , cocaïne nous t'avons dit ,
IT * A I S O N M É *. $$f
eft l'union du foufre avec l'alkali : le foufre , pat
cette union , n'a point changé de nature. Lors-
qu'on verfe de l'acide fur du foie de foufre , il
s'unit à l'alkali , & fait précipiter le foufre fous la
forme d une poudre qui eft blanche , à caufe de
ion extrême divifion : elle trouble la liqueur , &
hti donne .une apparence laiteufe» Dans cet état*
on donne 1 cette liqueur le nom de laie de foufre*
La liqueur qu'on fépare par filtration , contient
«i tartre vitriolé formé par l'alkali du foie de fou-
fre & l'acide vitriolique que Ton emploie pour
Élire précipiter le foune. On reconnaît que tout
le foufre eft précipité , lorfqu'en verfant quel-
ques gouttes d'acide dans le mélange , il ne fe fait
plus ae précipité , & que la liqueui: eft parfaite-
meut neutre.
i Si l'on emploie une trop grande quantité d'à?
cide , il y à une portion ae foufre oui fe trouve
dans un état de detnUiifiolutkm : la liqueur palis
difficilement au travers du filtre > & elle eft trou-
ble ; dans ce cas * il faut apurer au mélange ud
peu d'alkali pour faturer cet excès d'acide.
L'acide nitreux , .l'acide marin , le vinaigre *
& même tous les acides végétaux 9 décompofënt
pareillement le foie de foufre, 4Je. foufre qu'on
obtient par ces digèrent* acides , èft ibfolument
le même , & ne diffère point , pareeque ces acides
ne font que ,dW intermèdes propres à féparer le
foufre , & qu'ils n'ajoutent rien afameflènee»
" L'odeur qui s'exhàte lorfqu'àn verfe un acide
dans du foie de foufre, eft très infe&e ôçdange-
reufe à refpiter >. elle eft produite far une vapeur
phlogiftique qui agit finguliéremetot fa* les pour
mons : elle rend la respiration, tarés labocieufe :
elle agit auffi for le cerveau , & ©ccafioone des
itourdiflômetits. Ces effets font les mêmes que
4^0 ChYMIE EXPÉRIMENTAL*
ceux qui font produits par des liqueurs en ferme**
tation fpiritueufe. Ces vapeurs abforbent & de*
truifent le reflort de l'air. J'ai eu occafion d obn>
ferver & de reflêntir tous ces effets en précipitant
cent livres de foie de foufre à la fois. 11 étoïc im-<
poflïble de tenir une bougie allumée dans le voi-
finage où je faifois cette précipitation , quoique
le lieu où je la faifois , fût fort grand & très aéré*
Le phlogiftique qui s'élevoit ainfï en vapeurs *
s'attachoit fur tout ce qui étoit métallique : il ter-*
niflbit la furfaoe des vaifTeau'x d'argent , de cui-
vre > d'étain y de plomb i ces vapeurs ternifloient
aufli toute' la peinture en huile qui étoit appli-
quée dans les différents endroits du laboratoire *
{iarcequ'il étoit entré dans la tompdfition des cou-
eurs , des préparations de plomb : cette peinture
devint d'unecouleur ardoifeebrillante. Lorfqu on
frortoit les doigts deflus , ils fe garni Soient d'une
tnarijerë M là thème couleur. Cet effet vient du
phldfriftique qui reffufcite la chaux métallique de
îa-cfiein titre \ tomme je le démontrerai plus parti-
- culiérement', lorfque nous examinerons les' pro-
priétés des coçps métalliques. ^ . . !
- L'ddeur que laiffe exhaler- le foie de fouftfl
qu ofi prëcipitfe~par un acidte , à quelque chofe de
Remarquable. Quelques Ghvmiftes ont dit qji'eUe
étôit plus fétide lorfquon le .précipitait avec du
vinaigre, que ^lorfquon fair cette précipitation
avec un autre acide; mais je n'ai ;^bint remarqué
Ae différence ie»fîble dans' les précipitations en
Srand que £ai faites du foie d4 foufre avec les
ifférents acides. ; . J'attribue cette odeur à une
portion du phlogiftiquç du foufre qui s'eft féparée
pendant la préparation du. foie de foufre qui n'é-
toit que dans un" état de deini-oombinailon 5 SC
jfeujemenf ^dWreuw Lorfqu'on xwffi un acide fuc
' )e
HT HAÎSOHtais? 49*
le foie de foufre , il fait cefler cette adhérence. Le
phlogiftique devient libre : il fe diffipe & fe réduit
en vapeurs : il entraine avec lui un peu de mariera
faline alkaline qu'il vôlarilife : de là vient que
l'organe de l'odorat fe trouve en même temps
affeâé, comme s'il l'étoit par du foie de foufre
oui s'évapore, & du phlogiftique libre qui fe
<uiEpe.
Foie dt Soufre artificiel
On fait un mélange de trois onces de fel alkalt
fixe bien fec , & de deux onces de tartre vitriolé t
on fait fondre ce mélange dans un creufet capable
d'en contenir cinq i fix fois autant» Ldrfque les
fels font fondus , on projette par cuillerée* un ai}~
tre mélange que l'on a difpofé tout prêç* com-
pofé d'une once de charbon en poudre , &: d'au-
tant de tartre vitriolé : on couvre le creufet a cha-
que cuillerée de madère qu'on y introduit : ilfe
fait chaque fois une effervefeence & on gonfle*
ment confidérable : on attend qu41-fpit paffé ,
avant de remettre de nouvelle matière : on con-
tinue ainfî jufqua ce que tout le fécond mélange
foit entré aans le creufet : alors on augmente un
peu le feu pour faire entrer la matière dans une
oelle fufion : on s'afTure qu'elle eft bien fondue,
en la remuant avec une baguette de bois. ; alors
1 par i
dans une bouteille, au on bouche bien » parce- .
ou elle fe charge de l'humidité de l'air , & fe re-
loue en liqueur.
Remarqué $.
Le procédé pour faire du foie de foufre arti-
Tome L Ce
ficiel , & celui par lequel on fépare le foufre qui
s eft forme , font de Staahl & de Geoffroy , Mé-
decins , qui les ont publics , chacun de leur coté ,
è-peu près dans le même temps : c'eft une belle &
importante découverte.
L'acide vitriolique du tartre vitriolé quitte fa
bafe alk$line pour s'unir au phlogiftique du char-
bon , &c former enfemble du vrai foufre. C'eft
dans cet inftint dedécompofition & de nouvelle
combinaifon , que fe fait Peffervefcence & le gon-
Âemenr j ce qui oblige d'employer un grand creu-
fet^-ffths-quoi la matière pafleroir par-deflus les
bords : lorsqu'on remue la matière avec une ba-
guett^dé bpis , l'extrémité fcintille & pouffe des
aigrettes d'étincelles femblables à celles d'un fer
chtuffé rufqu'au rouge blanc. Le fel alkali qu'on
fait tentter dans le mélange , n'eft employé que
pour envelopper le foufre à mefure qu'il fe forme ,
& ioù* f fcrtipecher de fe brûler : le loufre fe com-
bine avet lui , & forme un vrai foie de foufre. Si
l'dAftifcir cette opération fins alkali , le foufre
fe formeroit de même ; mais il fe brûleroit & fe
dtflipéfoit & mefure.
Oè-'foie'de foufre artificiel eft d'une couleur
fottgefoiticéèi femblable à celle du foie d'un ani-
mal': Itàplùs de couleur que le foie de foufre or-
dinaire. Si' l'on tenoit ht matière trop long-temps
en fafîon , une partie du foufre fe conmmeroit
en pure perte : on s'en apperçoit par des étincelle* '
vives & brillantes qui forrent du creufet, fembla-
bles à celles dont nous venons de parler.
• ■" ». * ■
Foie de Soufre artificiel dijfous dans de Veau.
^ On pulvérife groffiérement le foie de foufre ar-
tificiel : on le mec dans un matras : on verfe par-;
•* 1? & A t S O H M 1 1. 403
cleiïus cinq à fix fois fon poids d'eau chaude : on
fait digérer ce mélange pendant une demi-heure,
à une douce chaleur, ou jufqu'à ce qu'il fon en-
tièrement diflbus : on filtre la liqueur : elle pafle
difficilement : elle eft d'une couleur bleue verdâ-
tre , au lieu d'être jaune comme celle du foie de
foufre ordinaire : on la garde dans une bouteille
3u'on bouche bien. Il refte fur le filtre la portion
e charbon excédents à celle de l'acide vitrioli-
que , & qui n'a point formé de foufre. ..
Le charbon , comme nous l'avons dit précé-
demment , eft diflbus par le.foie de foufre. Dans
cette expérience , il s'en trouvé un excès dont il
fe dilTbut une partie : c'eft cet excès qui donne une
couleur verdâtre àladiflblutiondufoiëdefoufre
artificiel.
Le foie de foufre artificiel en liqueur fe dé-
compofe à lair , ou enfermé dans des bouteilles ,
.comme le foie de fottfre ordinaire : le phlogifti-
que fe diflîpe , l'acide vîtriolique fe combine avec
l'alkali , & forme du tartre vitriolé qui fe cryftai-
life datis les bouteilles : il ne faut que l'efpace de
rcinq à fix mois pour opérer cette clécompoGtion,
.11 eft évident que par la voie feche le phlogiftique
a plus d'affinité avec l'acide vîtriolique, que ce
même acide n'en a avec l'alkali. Mais il en eft
autrement par la voie humide : c eft l'acide & l'al-
kali qui ont enfemble la plus grande affinité.
Cette obfervatiôn fait bien voir la néceffité d'éta-
blir les deux tables des rapports dont j'ai parlé au
commencement de cet ouvrage. Je doute très
/fort que par aucune expérience on décompofe
le tartre vitriolé par l'intermède du phlogiftique
par la voie humide.
' Gcij
1(04 ChYMIE EXPÉRIMENTAL*
Magifiert de Soufre artificiel.
On met dans un grand vafe de verre la diflo-
lution du foie de foufre artificiel : on l'étend dans
«ne grande quantité d'eau : on ajoute peu à peu
de l'acide vitriolique , ou tout autre acide. Ù fe
pafle dans cette opération tous les phénomènes
3ue nous avons expofés en parlant du magiftere
u foufre ordinaire : le précipité eft feulement
moins blanc , a caufe du charbon que ce foie de
ïbufre tient en diflblution , & qui fe précipite
avec le foufre. On lave ce précipité , en paflant
dèffus de l'eau 'bouillante à plufieurs reprîtes , &
on le fait fécher. Si on l'examine enfuite , on
trouve qull eft de véritable foufre , & qu'il en a
toutes les propriétés : il eft feulement mêlé d'un
peu de charbon.
Combinai/on de Facïdefutfureux avec Valkalifixel
Sel fulpbureux de StaahL
On arrangé Tur un entonnoir d'ofier à claires
voies, un linge taillé en chauffe d'Hijppocrate ,
qu'on a auparavant imbibée d'alkali hxe en li-
queur : on fufpend <et appareil au-deflus d'une
petite capfuife de terre cuite , dans laquelle on a
mis des morceaux de foufre brut : on allume le
foufre , & on le fait brûler le plus lentement
qu'il eft poffible. La vapeur du foufre fe combine
avec lalkalifixe : àmefure que cette combinaifon
fefait, le linge devient fec & roide: il fe forme
un fe! neutre qui quelquefois paroît encryftaux
aiguillés à lafurface du linge : alors on plonge ce
liage dans une petite quantité -d'eau tiède afin de
«lifloudre le fel. On filtre la liqueur , & on la fait
évaporer à une douce chaleur jufqu à légère pelli-
ET *ÀI10Nn£b.\ 40 J
#ule : elle forme, par le refroidifTement , des cryf-
taux difpofés en petites aiguilles : c'eft ce que Ton
nomme fel fulfureux de Staahl : on fait évaporée
une féconde mis la liqueur pour obtenir de nou-
veaux cryftaux.
Le fuccès de cette opération dépend principa-
lement de la lenteur avec laquelle on doit faire
brûler le foufire : lorfqu'il brute rapidement , le
phlogiftique fe confume & fe diflïpe y & 1 on
cherche au contraire à retenir le plus qu'il eft
poffible de phlogifticjue combiné avec l'acide vi-
triolique qui fe réduit en vapeurs. Sans cette pré*
caution on ne retire du linge que dit tartre vi-
triolé. Il en eft de même lorfqu on lave le linge.
Si Ton employoit de l'eau bouillante , & en trop
grande quantité , la chaleur de l'eau feroit difÏL-
per le phlogiftique du fel } ou fi l'on faifbit éva-
porer la liqueur à une trop forte chaleur > le phlo-
giftique fe difliperoit également. Toutes ces ob-
servations prouvent bien ce c^ue nous venons df
dire fur la différence des affinités de ces fubftances
par la voie feche & par la voie humide.
Décompofuion du fel fulfureux de Staahl par
l* acide vitriolique*
Le fel fulfureux de Staahl eft une forte de tar-
tre vitriolé : il en diffère feulement en ce qu'il
entre dans fa compofition une plus grande quan-
tité de phlogiftique qui rend Vacide vitriotique
moins adhérent al'atkati > qaelorfque cet acide
eft pur.
Le fel fujfureux ou fa vapeur ne tache point y,
ni ne ternit l'argent , comme le fait le fôufre r il
n'a point d'odeur : il fe diftbut dans Ueau en .plus»
£tande quantité que le tartre vitriolé : il fe de-
Ce iifc
'jùi ChTMIÏ IXPiRIMENTAlf
compofe d l'air , c'eft-à-dire que le phlogiftique
fe diflipe ; ce qui refte eft du tartre vitriolé.
L'acide vitriolique le décompofe & en fait exha-
ler des vapeurs pénétrantes qui ont l'odeur de
l'acide ftiltiireux volatil.
On met dans un verre du fel fulfureux : on
verfe par defliis de l'acide vitriolique affoibli : il
fe dégage aufli tôt des vapeurs d'acide fulfureux
volatil, fembïablesà celles du fourre brûlant j &
f acide vitriolique s'unit à l'alkali avec lequel il
forme du tartre vitriolé.
Le phlogiftique eft fi peu adhérent à ce fel ,
qu'il fe diiiipe lorfqu'on Pexpofe à l'air , ou lors-
qu'on le fait un peu chauffer. J'ai mis en d\ftilla-
tion , dans une cornue de verre, du fel fulfureux :
il a pafle un phlegme infipide qui éroit l'eau de
facryftallifation : le phlogiftique s'eft décompofe
& détruit : le feu qui le conftituoit s'eft diflipé.
Le fel refté dans la cornue , diiïbus dans de l'eàu
Ultrée , & cryftallifé3 s'eft trouvé être du tartre vi-
triolé très pur.
Il réfulte évidemment de tout ce que nous ve*
nons de dire , que l'acide vitriolique & l'alkali
fixe ont chacun féparémént beaucoup d'affinité
avec le phlogiftique; mais* que par k voie hu-
mide , les affinités de ces deux matières falines
font plus grandes entre elles, que celle du tartre
vitriolé avec le phlogiftique , puifque cette der-
nière fubftance le fépare toujours du fel neutre qui
réfulte de la combinaifon de ces deux fubftance*
falines.
Alkalïfixt & Gypfc.
Décomposition du Gypfc. Tartre vitriolé.
Le gy.pfe étant un fel vitriolique à bafe ter^
reufe , talk*Ji fixe le décompofe comme tous tes
1
I T A A I S O NU i I. 40^
-fels à bafe terreufe : mais j'ai déterminé par des
expériences , les proportions de terre & d'acide vi-
triolique contenues dans plufieurs de ces fubftan-
ces , dont je vais rendre compte.
J'ai fait diiïbudre quatre gros de gypfe de
Montmartre , réduit en poudre , dans dix-huit
livres d'eau bouillante : j'ai verfé dans cette li-
que^r une fuffifante quantité d'alkali fixe très
Îur pour faire précipiter la terre & faturer l'acide,
ai recueilli le précipité terreux , & l'ai lavé dans
beaucoup d'eau bouillante : je l'ai fait fécher , &
j'ai obtenu deux gros dix-huit grains de terre cal-
caire : c'eft par conféquent un gros cinquante-*
quatre grains d'acide vitriolique que cette matière
contenoit.
J'ai fait évaporer la liqueur jufqu'i légère pel-
licule : elle eft devenue roufle Se phlogiftiquée :
elle m'a fourni des cryftaux de tartre vitriolé.
J'ai fait la même expérience fur de la pierre 1
plâtre ordinaire de Montmartre. Les phénomènes
ont été les mêmes. J'ai obtenu deux gros vingt*
quatre grains de terre calcaire femblable à la pré-
cédente.
J'ai traité de même de l'albâtre & à la même
dofe de demi-once : j'ai obtenu deux gros vingt-
huit grains de terre calcaire très blanche. La li-
queur mife à évaporer eft devenue rôufle & phlo*
giftiquée : elle a pareillement fourni du tartre
vitriolé.
Alkali fixe & acide nitreux.
Nitrc régénéré , ou Salpêtre.
L'alkali fixe fe combine très bien avec Facide
nitreux jufqu'au point de faruration : cette corn-
binaifon fe fait avec chaleur & effervefeence.
On met dans un vafe de verre de l'alkali fixe»
Cciv
4*8 Chymib expérimentale
étendu dans de Peau : on verfe peu à peu de l'a-
cide nitreux : il fe fait une vive effervefeence : on
continue d'en verfer jufqu'à ce que l'effervef-
cence n'ait plus lieu , & que les liqueurs foient au
point de faturation : on filtre la liqueur & on la
tait évaporer : elle fournit, par le rerroidiflfement,
des cryftaux difpofésen grofles aiguilles; c'eftce
que Ton nomme nitre oufalpctre. On contenue
les évaporations & les cryftallifations jufqu'àce
que la liqueur ait fourni tout le nitre qu'elle can-
tie -t.
Lx>rfque l'acide nitreux s'unit i l'alkali, il fe
dégage pendant l'effervefcence une grande quan*
rite d'air qui chaffe devant lui un peu de la li-
queur en forme de petits jets qui s'elevent quel-
quefois jufqu'à trois pouces de haut. On s'apper-
Î;oit que les liqueurs font au point de faturation
orfqu'il ne fe fait plus d'effervefcence , en ver-
fant dans le mélange, foit de l'acide nitreux, foit
de l'alkaii fixe , & lorfque la liqueur ne change
plus les couleurs bleues aes végétaux. Cependant
îi le mélange cohtenoit une furabondance de
l'une des deux matières falines , les cryftaux de
nitre qu'on obtieqdroit feroieut également neu-
tres , après qu'on les auroit fait égoutter fur du
Î>apier gris > par ceque ce fel ne peut admettre dans
acomoinailonni une furabondance d'acide, ni
VQ excès d'alkali. Si le mélange contenoit plus
d'acide qu'il n'en faut, on feroit obligé de faire
évaporer la liqueur dans un vaiffeau de grès ou
de verre , parceque cet excédent d'acide agiroic
fur ceux de métal , à l'exception de ceux d'or. Si
au contraire la liqueur pèche par un excès d'aï-
Jcali, comme cette matière faline n'a pas la même
action fur les matières métalliques > rinçouv^
ST RAISONNA ï. 404J
nient dont nous venons cte parler n'eft pas à crain-
dre.
Le nitre qui eft dans le commerce n'eft point
fait de la manière que nous venons de le dire : on
le tire des vieux plâtras 6c des terres nitreufes.
Nous dirons par la fuite de quelle manière on le
prépare.
Alkalifixc & Nitre à bafe tcrreufe.
Nitrc régénéré.
On met dans un grand vafe de verre du nfcre
à bafe terreufe , étendu dans une fuffifante quln-
tité d'eau : on verfe par-deflus de l'alkalifixeRii
fe fait auili-côt une effervefcence & un précipité
blanc. On continue de mettre de l'alkah jufqu'à
ce qu'il ne fe faffe plus de précipité. On lave la
terre à plufieurs reprifes dans de l'eau bouillante
pour la deflaler completrement j & on la fait fé-
cher : c'eft ce que Ton nomme magnifie blanche ^
panacée nitreufe , & poudre de SantinellL On fait
évaporer les liqueurs : elles fournirent des cryf-
taux de nitre femblables aux précédents , & qui
n'en différent point.
Dans cette expérience l'alkali s'unit à l'acide
nitreux & fait précipiter la terre. Quelle que foit
l'efpece de terre calcaire qui eft unie à l'acide ni-
treux, les phénomènes de décompofitions font
absolument les mêmes, Se les réfultats femblables.
Propriétés du Nitre.
Le nirre eft un fel parfaitement neutre : l'acide
Se l'alkali qui le condiment ont tellement épuifé
réciproquement leurs propriétés , que ce fel n'a
plus de faveur , ni acide, ni alkahne : fa faveur
*ft faiçe , un peu amete* fcde $c fraîche ; ce fel
4ïè CHrMIB SXpi*IMEtfTAL£
* n'attire point l'humidité de l'air : il s'y deffecht
même plutôt : il ne change point les couleur!
bleues des végétaux, &c.
Nitre au feu.
Cryftal minéral.
Le nitre eft très fufible : il entre en fufior*
avant de rougir , & même a une chaleur aftez
modérée.
On met dans un creufet une certaine quantité
de nitre que l'on place dans un fourneau au mi*
lieu des charbons ardents : le nitre ne tarde pas à
entrer en fufion : lorfquil eft fondu, on le coule
de l'épaiflTeur d'environ fix lignes y dans des poêles
de fer battu, larges Se plates, que l'on a aupara-
vant bien récurées & bien féchées. Le fel fe fige
en fe refroidiflant , & prend la forme du varf-
feau : il eft blanc & demi-tranfparent : c'eft ce
que l'on nomme cryftal minéral ouf cl de prunelle.
R E M A R Q U E S.
Quelques perfonnes recommandent de projet-
ter un peu de foufre en poudre fur le nitre, lorf-
cju'il eft en fufion, àdeflein de confumer par fon
inflammation quelques matières grafles qu'on
croit exifter dans le nitre ; c'eft ce qui me paroît
fort inutile lorfqu'on a fait choix d'un nitre très
pur : d'ailleurs le foufre enflamme du nitre pro-
portionnellement à ce que Ton en met , & l'al-
Kalife : une partie de l'acide vitridlique du foufre
fe combine avec l'alkali , & produit un peu de
tartre vitriolé , qui refte mêlé avec le cryftal mi-
néral.
Lorfqu'on ne tient le nitre au feu que pei**
cTant le temps qui eft néceflaire pour le faire en-
trer en fufion , il ne fouffre aucune altération , Se
fort peu de diminution de Ton poids : elle n'eft
que de deux onces par livre. La facilité avec la-
quelle le nitre entre en fufion , vient de ce qu'il
entre dans fa composition une nés grande quan-
tité d'eau & de feu, qui font abfolument eflen-
tiels à fon eflence faline , & qu'on ne peut fé+
parer du nitre fans le changer de nature. L'eau
dont j'entends parler n'eftjpoint celle de la cryf-
tallifation : celle-ci fe diflSpe pendant la fufion
du nitre: c'eft elle qui fait la diminution dupoids
du nitre , dont nous venons de parler. Le phlo-
giftique, fous la forme de feu prefque pur , en-
tre également en grande quantité dans la compo-
sition du nitre ; il communique , conjointement
avec le principe aqueux , le degré de fufibilité
que l'on connoît au nitre. Les lels , comme l'a-
lun , qui contiennent plus de la moitié de leur
poids d'eau de cryftallifation , fe liquéfient à la
faveur de cette eau , & font après cela de très
difficile fufion. 11 n'en n'eft pas de même du ni-
tre : comme il contient fort peu cFeau de cryftal-
lifation , il n'eft pas fufceptibte d'une femblable
liquéfa&ion. Il entre en fufion réellement j Se &
la faveur de l'eau & du feu principe , il acquiert
une fluidité fi confidérable, qu'il patte, lorsqu'il
eft en fufion , au travers de tous les creufetsavec
la plus grande facilité : il n'y a point de creufet en
état de réfifter à fon aéhon plus d'un quare
d'heure fans en être pénétré & même fendu : cela
produit un déchet fur le nitre qu'on veut former
en cryftal minéral. Quelques perfonnes, pour re-
médier à cet inconvénient , fe fervent d'une mar-
mite de fer pour faire fondre le nitre. }*ti re-
marqué qu'il y a des marmites de fer d'une fonte
41* Crtmib ixtIhîmintal^
fi douce , qu elles font attaquées pat le nitre, Se
lui communiquent beaucoup de couleur j ce qui
eft un autre inconvénient. Ces confidéracions
m'ont fait prendre le parti de me fervi|d'un creu~
fet d'argent de coupelle , qui n eft fujet à aucun
des inconvénients dont nous venons de parler.
Le nitre ne pafle point au travers , & ne prend
aucune couleur j fa fufion eft d'ailleurs infiniment
plus facile que celle de l'argent.
Nitre alkalifc fans addition.
On met dans une capfule de grès quatre once*
de nitre , que l'on place fous la moufle d'un fout*
neau de coupelle , & que l'on chauffe par de-
grés. Le nitre entre en fufion : il bouillonne un
peu : lorfqu'il eft rouge, il s'en échappe un peu
hors de la capfule par la violence de la chaleur.
Lorfque le nitre eft bien rouge ', il s eleve des va-
peurs d'acide nitreux qui font rouges : il eft diffi-
cile de diftinguer fi ce font des vapeurs ou de la
flamme : on l'entretient en cet état pendant en-
viron un quart d'heure : alors on tire la capfule
du feu : on verfe ce qu'elle contient dans un
mortier de fer bien fec & un peu chauffé : la ma-
tière fe fige par le refroidifiement : elle attire
l'humidité de l'air : elle a une faveur alkaline.
On la fait dUÏbudre dans de l'eauf on filtre la li-
queur : fi on l'examine, on trouve quelle verdit
le fyrop violât y qu elle fait effervefcence avec les
acides , & qu'elle a toutes les. propriétés cPune li-
queur alkaline ; mais elle, contient encore beau-
coup de nitre > parceque le feu n'a pas été affez
long-temps continué pour en déçompofer la to-
talité.
ET R AT S O N HÉ t; %1$
Remarques.
Cette expérience prouve que le nitre , quoi-
que fel neutre parfait, eft néanmoins décompofé
J>ar Faction du feu : mais cette décompoiition n'a
ieu que lorfque le nitre a communication avec
l'air extérieur. J'ai répété cette expérience dans
une cornue de grès : en pouffant le feu très fore
pendant deux heures , il a diftillé un peu de li-
queur qui étoit fi peu acide, qtt'elle rougifToit 2
Seine la teinture de tournefol : le nitre , refte
ans la cornue , étoit parfaitement neutre de n'a-
voit fouffert aucune altération.
Lorfque le nitre éprouve une forte a&ion du
feu dans des vaifleaux à l'air libre , on voit l'a-
cide fe diflîper fous la forme d'une vapeur rouge^
& qui a l'odeur de l'acide nitreux : il faut bien
difhnguer cette vapeur d'avec les portions de ni-
tre en fubftance , qui faùtillent par la violence
du feu : on les apperçoit par la détonnation , en
approchant un charbon- ardent près du vaifleau»
Dans une fçmblable expérience , j'ai continué le
feu oendant deux heitfes. Tout le nitre s'eft vola-
tîliié : il n'eft abfolument rien refté , pas même
un veftige de l'alkali du nitre : mais lorfqu'on ne
continue le feu qu'autant de temps que nous l'a-
vons dit , tout le nitre n'eft ni volatilifé , ni en-
tièrement décompofé. En faifant évaporer la li-
queur alkaline au point convenable , on obtient ,
par le refroidiffèmeht , la portion de nitre qui a
échappé à l'aâion du feu, Se la ligueur reftanje
«ft riche en alkali du nitre.
x Nitre à Pair.
Ce fel ne fouffre aucune altération 4e h pan;
414 CHtftfîE tXPÎMlâtKTALt
de l'air : il n'eft point déliquefcentj au contraire
il fe deffeche en perdant l'eau de fa cryftallifarion,
fans cependant tomber en effervefcence. Il de-
vient a un blanc mat , & perd de fa tranfpareftce.
Lorfqu'il a été bien féché à l'air , il ne diminue
prefque point de fon poids à la fufion. Si le nitre
peut former quelques combinaifons avec l'air,
elles font abfolument inconnues.
Nitre avec de Veau.
te nur.é jfe . diiïbut très bien dans l'eau fans
fouffrif aucune altération :il reforme des cryftaux
tels qu'ils ptpient auparavant. Il eft un des fels
?ui*fe cryftatlifçnt par le refroidiffement', & dont
eau chaude en diffbut davantage que Teau
Troide.^Quâtre onces d'eau bouillante diflblvent
dix onces* de nitre : lor{qu*on fait cette diflblu-
tion dans un matras, ta pellicule qui fe forme à
}a furfgçg de la liqueur , eft à peine fenfible , par-
Ve^û'etlé eft.di(Toute continuellement par les va-
peurs qui retombent defliis : mais il n en eft pas
de rrçeme lorfiju'on fait cette diflblution dans un
/vaiflêau qui aune libre communication avec l'air:
,il fe -forme une pellicule à la furface de la li-
jqueur , . même lorfque le nitre eft difTous par fon
jpoicls égal d'eau.
Le hirre produit du fçoid en fe diiTblyant dans
l'eau.*
. .. .. Nitre è glace*
On avoit penfé, avant M. de Réaumur , que le
nitre produifoit beaucoup de froid.* Les Physi-
ciens s'en fervoient rhetne poor expliquer la catife
du froid, mais vraifemblablement fans avoir fait
: aucune expérience, car ils ie feroienc- convain-
ÎT RAISONN&1. 4l|
eus , comme M. de Réaumur , que le nitre ne
donne que peu de fioid. Ce^Phyhcien a mêlé du
nitre & de la glace dans toutes fortes de propor-
tions : le plus grand froid qu'il ait pu produire, a
été de trois degrés Se demi au-deflous du rerme
de la glace, la température étant au terme de la
congélation : il s eft encore afluré que lorfque le
nitre produit un plus grand froid , c'eft à raifon
du fel marin qu'il contient : ce froid eft propor-
tionnel à la dofe du fel marin qui lui eft mêlée.
Voye^ les Mémoires de V Académie , année 1734,
page 167. m •
Nitre & terres vitrifiables.
Le nitre , par la voie humide & par la voie fe-
che , n'a point da&ion fur les terres vitrifiables ,
tant qu'il eft dans l'état de nitre ; mfais j domine
nous lavons fait remarquer, il fe îdécômpofe par
l'action du feu 8C le concours de l'air : fon acide
fe diflipe , Palkali alors porte fon a&ion fur les
ferres vitrifiables , les fait entrer en fiifiôri , & fe
convertit avec elles en verre net & tranfparent ,
éomme le fait l'alkaK fixe ordinaire/ Jç réferve
ce que j'ai à dire fur cette matière pour l'article
cfe la rtrreru &.de la Vitrification. "
Nitre avec tés matières cembufiihhs. • *
'■• <Lenicre, àTaide du feu , auttea&ton fingu-
Hère fur les matières éombuftibles : il s'empare
de-leur phlogiftique : fon acide fe brûle &fe<lé-
fcruit avec elles -.cette i^amma^on produit une
chàteur capable de faire entrer en fufion des corp9
aflèz difficiles à fondre.
+ \4 ChYMII EXPÉRIMENTALE
Poudre de fufion.
On fait un mélange exaû de crois onces de ni-
tre en poudre , d'une once de foufre en poudre ,
& d'une once de fciure de bois* On conferve
cette poudre 4ans une bouteille.
On met dans une coquille de noix un peu de
cette poudre , & par-deuiis une pièce de fix liards
un peu pliée pour quelle ne touche point les pa-
rois de la coquille : on recouvre cette pièce de la
même poudre ; alors on y met le feu avec une
allumette , ou un petit charbon embrafé: la pou*
dre s'enflamme avec rapidité, & produit aflez de
chaleur pour faire entrer la pièce de métal dans
une véritable fufion : on la trouve au fond de la
coquille réduite en un petit lingot bien fondu»
. On fait ordinairement cette expérience dans
une coquille de noix , afin d'y ajouter du mer-
veilleux : fi on plonge cette coquille dans un
verre d'eau auffi-tôt que la poudre a celle de brû-
ler , on obferve qu'elle n'eu que noircie dans fott
intérieur, qu'elle n'eft point. brûlée, & qu'elle
eft en état de fbrvir de nouveau à une femblabla
opération, -
Cette expérience très (impie préfente des phé-
nomènes vraiment chymiques : le premier eft la
cequiUç<{e noix qui ne brûle pas j le fécond eft
la fufion du métal. Le premier s'explique tout
natur^Uert^nt : la coquille eft ihfofible ; elle ne
Îteut que fç brûler , mais .c'eft de furface en fur-
ace : le feu eft trop rapide & point affez dura-
ble pour brûler beaucoup de fon épaitfeur; il n'y
a que la furface touchée p$ï le feu qui fouffre un
peu de fon adfcion , qui brûle réellement , & qui
continueroit à brûler fi on ne la plongeoit pas
dans de l'eau.
Le
% r KAtsoNKh» 417
Le fécond phénomène vient de ce que le mé-
tal eft fufible lorfqu'il eft échauffé à un certain
point : fa furface fe fond & communique fa fu-
sibilité "aux parties voifines j ce -qui entraîne la
fuiîon totale.
Nitre avec le phloglflique.
Nicre fixé par les charbons à l'air libre*
On met une certaine quantité de nitre dans un
Creufet que 1 on place dans un fourneau entre le*
charbons ardents : lorfque le nitre eft fondu > &
qu'il commence à rougir , on projette une cuil-
lerée de charbon en poudre , paflee au tamis de
crin : il fe fait une grande détonnation : iorf-* .
qu elle eft paflee , on remet une nouvelle cuil-
lerée de charbon : on attend de même que la dé-
flagration foit paflée ; on continue ainn de fuite
jufqu a ce qu'en remettant du charbon , il ne fe
fafle plus de détonnation. 11 refte dans le creufet
une matière faline : on la fait calciner pendant
environ une demi-heure , à un feu capable de la
faire prefque entrer en fufion : alors on ôte le
creufet du feu; on détache le fel qu'il contient :
on le fait diflbudre dans trois ou quatre fois fbn
poids d'eau : on filtre la liqueur , & on la fait
évaporer jufqu a ficcité. On obtient un fel alkali
qui eft plus ou moins blanc : on le purifie de nou-
veau fi l'on veut, en le faifant calciner , fans le
faire fondre » dans une capfule de terre fous la
moufle d'un fourneau de-coupelle : on le fait dif-
foudre enfuite dans del^eau ton filtre la liqueur ,
& on la fait évaporer jufqu'à ficcité : c'eft ce que
Ton nomme nitre fixe par les charbons* Si on lô
coitferve en liqueur un peu concentrée , on la,
nomme liqueur de nitre fixé y & alkaeft dcWan-
hclmont.
Terne L Dd
41* chvmib expérimental!
Remarques.
Lorfque le nitre cefle de détonner , l'opéra-
cion eft finie : cependant la matière faline con-
tient encore un peu de nitre que l'alkali défend
de Pa&ion du phlogiftique : c'eft pour le détruire
que Ton fait calciner la matière après la défla-
gration, & pour confumer le charbon qu'on au-
roit pu employer par furabondance. Quelques
précautions qu'on prenne , il refte toujours ua
peu de nitre de non décompofé , ainfi que du
charbon non brûlé : l'alkali défend ces fubftan-
m ces & les empêche de fe détruire mutuellement.
On peut , pour accélérer la purification de ce fel,
le retirer du creufet dès qu'il ne détonne plus ,
& le calciner pendant deux heures , fans le faire
fondre , dans une capfule de terre placée fous la
moufle d'un fourneau de coupelle : comme ce
vafe préfente beaucoup de furface, la matière
phlogiftique peut s'y confumer plus facilement
que dans le creufet.
A mefure que le nitre fe détruit par la défla-
gration , la matière faline , qui devient alkaline,
eft de plus difficile fufion, parcequ'il entre dans
fa compofition moins d'eau que dans celle du ni-
tre.
Ce fel a moins d'aâion fur les creufets : il ne
les détruit pas aufli promptement que le nitre :
c'eft pourquoi , lorfque le creufet a échappé à la
première a&ion du nitre , on eft sûr qu'il fera en
état d'achever l'opération. J'avois imaginé, pour
remédier à cet inconvénient, de projetter dans le
creufet, rougi auparavant, un mélange groffierde
ftitre,& de charbon : dans ce cas le nitre s'alkalife
fur-le-champ : il n'a pas le temps de porter fon
fe t RAiSÔNNEE, 4ïrc>
a&fcwr fur le crenfet , ni de pafler au travers ; mais
il arrive , à la féconde on àJa troifieme projeâion*
xjue ia matière froide j qui vient toucher le fel
très chaud , occasionne clés explofions lorfqu'elle
vient à détonner : elle produit une chaleur qui
liquéfie ia totalité de la matière falirie. La hou-
Velk cuillerée de matière qu'on ajoute > Te préci-
pite en partie fous la matière fondue , achevé de
détonner , becafionne un gonflement confidérà-
' ble , fait monter & fauter par jets la matière hors
du creufet-.
Quelques përforines recommandent d'emplôyéfc
tles marmites de fer ; mais le nitre & le fel alkali
ont beaucoup d aâion fur ce métal. Le fel qu oit
^obtient il'eft jamais blanc ni pur , pàrcequ il eft
■chargé de fer : Palkali ne l'abandonne que diffi-
cilement': ce fel alkali ne peut fervir dans une
infinité d'expériences de recherches où il faut
de 1 alkali de la plus gfrande pureté.
Dans cette opération l'acide nitreux s'enflamme
& fe détruit : il quitte Palkali pour s'unir au phlo^
feiftique dû charbon , avec lequel il forme nqè
forte de foufre ou de phofphore qui eft de la pluS
grande cbmbuftibilite j &qui, comme nous lé
Verrons, s'enflamme même dans les vaifleaux clos.
Cet effet vient de ce que l'acide i lorfqu'il eft bien
toheentré , devient réellement inflammable avec
le phlogiftique dans le mouvement igné. Pour
que cette inflammation ait lieu , il faut ou que
cet acide , s'il eft libre* foit bieh concentré , ou j
s'il eft combiné avec une bafe , que cette bafe foit
fufibie. Nous avons dit "que l'acide riitreiix fu-
mant * dans lequel on piongfe un charbon ar-
dent , fait urie déflagration très forte. Dans lé ri if
tre ordinaire , l'acide rtitreùjc eft uni à Palkali
qui eft une bafe fufibie 1 dans l'un & dans l'aune
Ddij
410 ChyMIË EXfâïUMEtfTÀLE
cas , l'acide nitreux déflagre avec le phlogiftiqua
dans le mouvement igné > parcequ'il peut tou-
jours être en contad avec le phlogiftique en-
flammé. 11 n'en eft pas de même lorfque cet acide
eft aqueux , ou lorfquil eft uni a une terre cal-
caire. Dans le premier cas , il éteint le charbon
, ardent qu'on lui préfente , au lieu de s'enflammer
.avec lui : dans le fécond cas, la terre calcaire n'e-
stant point fufible , le nitre à bafe terreufe dé-
tonne peu, & feulement aux endroits touchés
par le phlogiftique. Ainfi , ce n'eft pas , comme
on l'avoir penfé , à l'adhérence de l'acide nitreux
dans une bafe, qu eft due la déflagration de l'acide
nitreux avec le phlogiftique , mais feulement au
contaâ des deux fubftances ; puifque , comme
nous l'avons fait obferver , l'acide nitreux eft très
adhérent aux terres calcaires , & qu'il eft prefque
aufli difficile de l'en féparer par la feule aâion du
feu, que lorfquil eft uni à ralkali fixe. Voyez ce
que nous avons dit à ce fujet à l'article du Nitre à
bafe terreufe.
Nous remarquerons encore que, pour que le
nitre ou l'acide nitreux s'enflamme avec le phlo-
giftique , il faut que l'un des deux , le nitre ou
le phlogiftique , foit dans le mouvement igné}
fans cela , il n'y a point d'inflammation.
Si Ton plonge un charbon noir dans du nitre en
fufion , avant qu'il foit rouge, il ne s'enflamme
point ; ce n'eft pas , comme on pourrbit le croire,
parceque le nitre n'eft liquéfié qu'à la faveur de
Ion eau de cryftallifation , comme cela arrive i
terrains fels qui fe liquéfient d'abord par cet in-
termède, & qui entrent, après cela, réellement
en fufion , après qu'ils en font privés. Le nitre.
n'eft point dans le cas d'une femblable liquéfac-
tion , parcequ'il contient fort peu d'eaudec ryf-
1T RAISONNÉ I. 411
callifation : il encre tout de fuite en fufion ; maU
s'il reftoit quelque doute à cefujet, on peut le
faire même rougit fortement ; on eft certain alors
qu'il ne peut contenir d'eau de cryftallifation : fi
enfuite on le tire du feu , Se qu'on le laifle fe dé*
rougir , il n'enflammera pas mieux le charbon
•qu'on lui préfentera, quoiqu'il puifle refter encore
quelque temps dans cet état de fufion \ mais fi au
contraire le nitre eft rouge , il enflamme auffi-tôc
«un charbon éteint. Si on jecte du nitre en poudre
fur du charbon ardent , il y a également inflam-
mation. Nous avons dit que l'acide nitreux fe dé-
compofoit & fe dé truifoit pendant Tinflamma ti on ^
c'eft ce que nous allons démontrer par l'expé-
rience fuivante.
Nitre fixé par Us charbons dans des vaiffeaux c/os^
Cliflîiç de Nitre,
On place dans un fourneau une cornue de terre
tubulée y c'eft-à-dire qui ait une petite ouverture
ronde dans fa partie fupérieure , qu'on puifle
boucher Se déboucher à volonté. On adapte à la
cornue un grand ballon de verre , percé d'un petit
trou à un des cotés. On lute le ballon au col de
la cornue » avec des bandes de papier enduites de
colle de farine ou d'amidon. On fait fous la
cornue un feu de charbon, pour faire rougir foii
fond : lorfqu'il eft rouge , on introduit dans la
cornue par l'ouverture pratiquée à fa partie fupé-
rieure, environ deux ou trois gros d'un mélange
fait à parties égales de nitre & de charbotwen pou-
dre ; on bouche auffi-tot l'ouverture de la cornue x
& on laiflTe ouvert le trou du ballon. Le mélange
s'enflamme & détonne , comme à l'air libre ; il
palTe dans le ballon une grande quantité de y*-
Ddiii
41* Chymie expérimentai!
peurs blanches , épaifles , & cjui s'y condenfene
peu à peu s iorfque la déflagration eft pafTée , on
çemet dans la cornue une pareille quantité de
matière : on attend de même que l'effet foirpaffé
f vant que d'en remettre d'autre : on continue ainft
de fuite y jufqu'à ce que l'on ait employé environ
huit onces de mélange : on laifle refroidir les «
vaiffeaux : on délute le ballon : on verfe dans une
bouteille ce qu'il contient j c'eft ce ptoduit que
l'on nomme diffus de nitre. On donne ce nom à
toutes les fubftances qu'on obtient- par une fem-.
fclable opération.
Cette liqueur n'eft point acide : elle a au con-
traire , pour l'ordinaire , une faveur alkaline j
maisceft accidentellement: elle verdit même le
iyrop violât.
Remarque?.
Il eft effentiei d'employer dans cette opcratfrm
Une cornue de terre quppuiiïe réfifter à la chaleur
fubite qui s'excite lors de l'inflammation du mé-
lange : une cornue de grès ou de verre çafferoit
indubitablement. On remarque qu'il pafle dans
Je ballon des étincelles qui y font apportées par
Jes vapeurs qui y entrent avec rapidité. Lorfqu'on
lient l'ouverture du ballon ouverte , il n'y a point
£ craindre pour la rupture du vaiiTeau. Ces va*-,
peurs n'ont pas une grande élafticité :> elles ont
une odeur pnlogiftique femblable à celle que ré-,
parid Talkali jette iur des charbons ardents, &
qui fe réduit en vapeurs par la violence du feu :•
ces, vapeurs font long-temps à fe condenfer , &
fournirent bien peu de liqueur : huit onces de
mélange en fournirent à peine deux gros. Cette
liqueur eft alkalwe ; mais ç'çft acçi^en tellement :
ST R A 1 S O K N i t 41 j
elle provient de la bafe alkaline du nitré dont
11 eft évident que, dans cette expérience,
nitreux a été complettement détruit , puifqu'on
n'en retrouve aucun veftige. Mais un autre phé-
nomène qui n'eft pas moins furprenant , c'eft la
1>etite quantité de liqueur qu'on retrouve après
'opération. Cependant il eft certain que le nitre
contient une très grande quantité d'eau principe
à ce fel : il y a lieu de penfer que cette eau fait
partie de quelque autre combinaifon qu'on ne re-
trouve plus , ou qu'elle s'eft détruite & diflipée
f>endant la déflagration du nitre. On trouve, après
opération , au Fond de la cornue , l'alkali du ni-
tre : on ne peut pas foupçonner qu'il contient
toute l'eau du nitre , parcequ'il entre moins d'eau
dans fa compofition , qu'il n'en entre dans le ni-
tre : on peut purifier ce fel , comme nous l'a*
vons dit précédemment pour le nitre fixé dans
un creufet,
Nitre avec de Vhuilc dyotive+
Le nitre n'a point d'aéHon fur tes matières hui-
leufes y mais ff l'on chauffe ce mélange au point
d'enflammer une des deux fubftances , alors il fe
fait une déflagration , comme avec les autres ma-
tières combuftibles& le charbon.
Nitre & terres calcaire**
Le nitre n'a point d'aâion fur les terres calcai-
res par la voie humide y mais il en a beaucoup
par la voie feche , & le concours de l'air. L'acide
nitreux fe diflipe , & l'alkali vitrifie ces terres :ii
Us réduit en des verres nets & ttanfparents*
Ddiv
414 CHYtflI IXPhlMENTALl
Nitrc & acide vitriotique.
Jfprit de nitrç fumant à la façon de Glauber. Tartre
vitriolé, •
On eboifit une bonne cornue de grès , de la,
contenance cTeovircm dix ou douze livres d'eau \
on garnit l'intérieur de fon col avec, un rouleau der
papier : il faut qu'il defeende un peu au deflbus
de fa courbure. On met dans cette cornue , par le
canal de papier , quatre livres de nitre très pur ,
bien fec & pulvérifé ; on verfe par-defliis deux
livres d'acide vitriolique concentré : on fe fere
pour cela d'un col de matras, ou d'un entonnoir
de verre , qui ait un tuyau aflez long pour entrer
jufques dans la capacité de la cornue. On are l'en-*
tonnoir & le rouleau de papier : on pofe fur les»
deux barres de fer d'un fourneau de réverbère
une afliette de terre verniflée* dans laquelle on a
mis un peu de fable. On pofe le cul de U cornue
fur cette afliette , 8c on tait pafler le coi par M*
çhancrure du fourneau : on adapte au col de U
cornue un grand ballon de verre, percé d'un pe-r
tit trou , qu'on laiflè ouvert : on lure les jointu-
les des vaifleaux avec du lut gras ; on applique
par-defliis des bandes de toile enduites de lut do
chaux éteinte à l'air, délayée avec un peu d'eau
& des blancs d'oeufs 2 on afliijetrit ces luts avec de
la ficelle , dorçt on fait piufieurs tours ; alors on
bouche le petit trou du ballon avec de la cire
molle : on ajufte le dôme fur le fourneau : on
bouche les joints, ainfî que l'ouverture par où
pafle le col de la cornue , avec de la terre à four »
pétrie avec dç l'eau. Lorfque tout cet appareil eft
lùnfl difpofé , on commence la diftillation par ut\
Kès petit feu * afia d '&Mfec dpHWifcent foeg*»
IT HAISOKNil. 41$
nue , & par degrés. Pendant la première heure *
il paffe environ une once & demie d'acide ni-
treux jaunâtre & peu fumant ; il eft fuivi par des
vapeurs rouges très élaftiques, qui, en moins
d'un inftant, remplirent toute la capacité du bal-
lon , & lobfcurciflTent considérablement : elles
échauffent auflî toute la partie fupérieure de ce
vaiflèau. Ceft dans cet inftant de la diftillation
qu'il faut déboucher de temps en temps le petit
trou du ballon , bien ménager le feu , & ne Vau-
gmenter que lotfquela diftillation fe ralentit;
ce que Ton reconnoît en comptant , par le batte-
ment*du pouls , le nombre de fécondes qu'il y a
d'intervalle entre chaque goutte : on reconnoîc
encore que la diftillation le ralentit lorfque le
et de vapeur , qui fort par le petit trou du bal-
on , eft moins long. On continue le feu , & 01k
'augmente par degrés , jufqu'à faire rougir la,
cornue , qu'il ne diftille plus rien , qu'il ne forte
plus de vapeurs de la cornue , Se que le ballon fe
cefroidiflç , malgré la violence du feu.
Lorfque la plus grande chaleur du fourneau
eft tombée , on délute le ballon 1 on verfe ce qu'il
contient dans un flacon de cryftal , bouché auflî
de cryftal , & ufé à l'émeri : on obferve , en vui-
dant cet acide, de fe ménager un courant d'air
pour emporter les vapeurs , afin de n'en pas être
incommodé , pareequ elles font fort dangereufes
à refpirer.
On obtient ordinairement deux livres & une
once d'acide nitreux , bien concentré & bien fu-r
mant : il eft d'une couleur jaune ardente : il pefe
douze gros dans une bouteille qui contient une
once d'eau.
Il refte dans la cornue , après l'opération , une
m*tfe fiUiae très bUnche , pareil 9 dçnû-fonduç ?
4**% CkYMIE EXPÉRIMEKTAll
& qui s'eft moulée dans le fond de la cornne:
c eft un compofé de l'alkali fixe du nicre & de
l'acide vitriolique j elle pefe ordinairement trois
livres fept onces. Cette matière , diflbute dans
l'eau , filtrée & mife à cryftallifer , forme un fel
que l'on nomme tarif e vitriolé > fel de duobu* &
arcanum dublicatum*
Remarques.
Le rouleau de papier dont on garnit l'intérieur
du col de la cornue , & le tuyau de verre qui fert
à introduire l'acide dans ce vaifTeau, font pour
empêcher qu'il ne refte , ou du nitre , ou de l'acide
vitriolique dans les rugofités du col de la cornue.
Si, lorfqu'on retire le tuyau , il s'échappe quelques
rimes d'acide, elles tombent fur le papier: on
retire prompte ment , afin de ne poinr lui don-
ner le temps a être pénétré , ni celui de mouiller
les parois du col de la cornue.
L'affiette de terre garnie de fable qu on mer
fous ce vaifleau , fert a l'afTujetrir Se à le garantir
de la flamme de quelques fumereauxquife trou-
vent toujours dans le charbon : ils feroient caffer
la cornue dans les commencements de Topera-*
tion. Il faut., lorfqu'on s'apperçoit qu'il y en a ,
les retirer auflitot.
On laide le petit trou du ballon ouvert pen-
dant qu'on lute ce vaifleau à la cornue , afin de
donner iflue à la fortie des vapeurs ; fans cette
précaution , elles reflueroient fur les jointures des
vaiflfeaux, les hume&eroient , & empêcheraient
qu'on y pût faire adhérer le lue auflî exactement
que cela eft néceflaire.
Les vapeurs de l'acide nirreux font très aétivess
If çs corrofives ; ç'eft pour cette raifon qu'il faut
1 T RAISONNÉ*. 4*7
faire choix d'un lut fur lequel elles n'aient point
dTaâion , finon il feroic détruit en un inftant ;
l'acide fe diiîiperoit , fans qu'il fut poiïible de
l'empêcher de s'échapper. Le lut gras réfifte très
bien à ces vapeurs. On commence par en mettre
fur les joints un rouleau de huit a neuf ligne*
d'épaifleur : on appuie deflus avec les doigts pour
le faire adhérer & pour l'étendre un peu , en ot>
fervant de tenir le milieu plus épais que vers les
bords , afin de former un hourlet : on l'unit &
on le lifle avec un peu de fuif au on fe met au
bout des doigts , & l'on fait difparoître toutes
les fentes. Ce lut tout feul eft en état de réfifter i
l'aâion des vapeurs de l'acide nitreux ; mais il n'a
pas affez de ténacité : il fe déraneeroit au moin-
dre ébranlement. On eft à l'abri de cet inconvé-
nient en appliquant par-deflus des bandes de
toile enduites de lut de chaux & de blancs
d'œufs : ce fécond lut ne réfifteroit pas aux vapeurs
de cet acide ; il n'y eft pas expoié non plus , 8c
prend de la retraite ; il durcit en féchant , main-
tient le premier lut, & le met à l'abri des ébranr
lements. La ficelle qu'on met pour atfujettir
ces luts , leur donne encore de la folidité : 09
peut y pour plus grande fureté , ajouter par-def-
lus la ficelle des bandes de linge enduites du
même lut de chaux & de blancs d'œufs* Malgré
toutes les précautions que nous recommandons
de prendre pour appliquer ces luts , fi l'on n'eft
pas un peu accoutumé à opérer , on les, verra
manquer pendant le cours de l'opération.
Le lut gras a l'avantage précieux de ne jamais
fécher à fond , 8c de pouvoir s'enlever facilement,
même après des diftillations de plufieurs jours : il
jpe fe defleche jamais affez pour mettre les vaif-
(eaux en danger d'être cafles , lorfqu'il eft nécejG-
4*S ChVMIE UphlMEKTAIB
faire de les délacer j ce i quoi 1 on eft expoR
avec du lut de vitrier : ce dernier eft fait avec de
la craie j il eft d'ailleurs diflbluble par les vapeurs
acides»
On peut , fi Ton veut, au lieu d'un feul ballon,
employer, conjointement avec lui, un vaifleau
défigure conique, que l'on nomme olongc;û
l'introduit par un bout dans le ballon , & dans
l'autre ouverture on fait entrer le bec de la cornue.
Cet appareil a l'avantage d'éloiener le ballon de
la chaleur du fourneau, laquelle chaleur retarde
la condenfation des vapeurs de l'acide nitreux:
alors on a deux jointures à luter, &qui exigent
toutes deux les précautions dont nous avons parlé.
Je préfère , à caufe de cela , un feul ballon : on le
garantit de la chaleur , en l'interceptant par Je
moyen d'une planche qu'on place entre lui & le
fourneau: on applique encore des linges mouillés
fur la partie fupérieure du ballon, Se on Jesre-
nouvelle de temps en temps , afin de mieux facï*
liter la condenfation des vapeurs de l'acide ni-
treux. Lorfqu'on rafraîchit ce vaiffeau , il faut
obferver qu'il ne foit pas trop chaud ; s'il l'étoit %
on courroit les rifques de le faire cafter.
Quelques perfonnes recommandent de fe fer-
vir d'une cornue tubulée pour faire l'efprir déni-
rre fumant : on introduit par cette ouverture l'a*
cide vitriolique, après que les vaiffèaux font lu-
tés. Cette manipulation eft fondée fur ce que l'on
croit que l'acide vitriolique agit auffi-toc qu'il
touche le nitre , & que les vapeurs qui s'en élè-
vent empêchent d'agir & de luter commodément
les vaiffeaux $ mais cela n'eft point. Celles qui fe
dégagent font peu abondantes , & ne font aucun
embarras , pourvu qu'on laifle ouvert le trou du
ballon pendant qu'on lute les vaiflèaux*
fit R A I S O N K i I. 41£
Lorfqu'on verfe fur le nitre l'acide vitriolique
bien concentré > comme il faut qu'il le foie pour
cette opération , le mélange s'échauffe un jpem
Cet acide agit foiblement a froid fur le nitre;
cependant il agit aflez pour faire élever quelques
vapeurs blanchâtres : elles ont une odeur bien
marquée d'acide nitreux , & fe condenfent faci-
lement; mais , à l'aide de la chaleur , l'acide vi-
iolique
biné avec aucune bafe , & qu'il eft libre , il dé-
compofe le nitre tout à la fois \ celui-ci encre dans
une forte de fufion dès le premier degré de cha-
leur : c eft dans cet inftant qu'il faut bien ména-
ger le feu , finon il s'élève tout-à-coup une quan-
tité prodigieufe de vapeurs très élaftiques , qui
f eroient crever le ballon. Le mélange fe gonfle
confidérablement j il s'élève hors de la cornue ,
Se patte en fubftance dans le ballon. Lorfque cet
accident arrive , il faut ôter le feu du fourneau 9
tenir ouvert le trou du ballon , laifler refroidir les
vaitfeaux , & remettre dans la cornue ce qui a
pafle dans le récipient , pour le diftiller de nou*
veau.
Pendant le cours de cette dtftiilation , il fe dit-
iipe , par le petit trou du ballon > environ le fixie-
me du poids de l'acide nitreux. 11 eft difficile d'é-
viter cette perte , pafcequ on ne peut fe difpenfer
de déboucher cette ouverture de temps en temps,
pour faciiir-er la condenfation , & la fortie d'une
partie des vapeurs trop raréfiées ; fans cette pré-
caution , le vaifleau feroit en danger de crever.
On juge de l'état de la diftillation par la longueur
du jet de vapeurs qui fort par le petit trou du,
ballon : il faut avoir attention qu'il n'ait jamais
4;b Chimie expérimentale
J>lus de huit ou dix pouces de longueur j s'il étoit
plus long , & qu'il fortît avec fifflement, il faudroit
ralentir le feu : il pafTe beaucoup de cet acide en
vapeurs ; mais il s en diftille auflï goutte à goutte.
On juge encore de Té tac de la diftillation par le
nombre dé fécondes qu'on peut compter pendant
l'intervalle de la chute d'une goutte à l'autre t
cette méthode eft très fure ; elle eft générale pour
toutes les diftillationsquife font goutte à goutte ,
& dont il eft important de connoître l'accéléra-*
tion ou le raientiflement : fans dés précaution*
de ce genre , on travaille au hafard , & l'on court
les niques de fe blefler par des exploitons qui ne
manquent pas d'arriver»
• Lorfque la température n'a que dix degrés dé
chaleur au-deflus du terme de la glace , on peut
conduire la diftillation de manière qu'il foit fa-
cile de compter dix fécondes entre la chute d'une
goutte à l'autre , Se cela depuis le commencement
jufqu'à la fin de la diftillation. Mais fi l'on fait
cette opération dans les chaleurs de l'été * & lorf*
que la température eft à vingt degrés au-deffus dé
la glace , il eft bien eflentiel de conduire le feu
de façon qu'on puifle compter au moins quarante
fécondes entre la chiite des gouttes : s'il fe trouve
moins d'intervalle entre elles , on met les vaif-
féaux en dangçr de crever : d'ailleurs la plus grande
partie de l'acide fort en vapeurs très élaftiques
par le petit trou du ballon , qu'on eft obligé de
déboucher plus fouvent. Lorfqu on veut oblerver
la chute des gouttes , on place une lumière de
façon que le col de la cornue foie entre l'œil de
1 obfervateur& la lumière : on la met dans la po-
fition la plus favorable , pour qu'on puifle voit
tomber la goutte du bec de la cotnue ; ce qui n eft
t T R À 1 S Û N N i E, 4)1
£&s toujours facile , parceaue l'abondance des va-
{>eurs rouges de cet acide obfcurcit tellement
e ballon , qu'on ne peut voir que difficilement au
travers.
Les vapeurs de l'acide nitreux chafTent tout l'air
de l'intérieur du ballon , & elles en prennent la
place. Lorfque la chaleur vient à diminuer , ou
que les vapeurs cefTent de venir avec la même
abondance > on apperçoit , en débouchant le trou
du ballon , qu'il ne forj plus de vapeurs ; il s'in-
troduit au contraire un courant d'air avec fiffle-
ment, qui forme dans l'intérieur un cône de va*
peurs blanchâtres. Cet effet vient de l'humidité
que l'air porte avec lui : il affoiblit l'acide nitreux
réduit en vapeurs , & change leur couleur. Lorf-
que cela arrive , on bouche fur-le-champ le petit
trou du ballon , parcequ'il fe rempliroit d'air , &
qu'il faudroit l'évacuer enfuite ; ce qui ne fe fait
{>as fans perte : d'ailleurs l'air porte avec lui de
'humidité , dont cet acide eft fort avide j ce qui
m diminue fa concentration.
Si l'on avoit des ferpentins de grès ou de verre
d'un large diamètre, plongés dans des cuves d'eau
fraîche , comme on en a d'éçain pour les diftilla-
tions ordinaires , on diminueroit considérable-
ment les difficultés & les dangers de cette opéra-
tion.
A mefure que la décompofition du nitre fe
fait par l'intermède de l'acide vitriolique, ilfe
forme dans la cornue une nouvelle combinai-*
fon faline , qui eft du tartre vitriolé ; ce fei
eft de plus difficile fufion que le nitre j il conferve
dans fon centre une>portion de nitre non décom-
pofé , ou de l'acide nitreux qui ne peut s'élever
qu'à la dernière violence du feu > i caufe de fou
4*i Clttftflt tlpikî^EMTAtl
adhérence au tartre vitriolé : on le retrouve fur U
fin des cryftallifations de ce fei , comme nous le
dirons dans un inftant.
Lorfque le feu a été adminiftré modérément *
8t qu'on veut l'augmenter trop précipitamment
fur la fin , il s 'élevé tout-à-coup une quantité con-
fidérable de vapeurs de l'acide nitreux le plus
concentré t le ballon feroiten danger d'être cafTé,
fi l'on n avoir pas foin de déboucher le petit trou
très fouvent , pour éviter^laffluence de ces der-
nières vapeurs : il faut n'augmenter le feu que
par degrés, de manière que la cornue ne de-
vienne rouge que dans l'efpace des trois dernières
heures. Cette opération dure environ vingt à
vingt-quatre heures , lorfqu'on la fait dans une
température de dix degrés au-defliis de la congé-
lation , & au deflbus : mais elle eft plus labo*
rieufe & plus longue pendant les chaleurs de
l'été : elle dure quarante à cinquante heures , Se
quelquefois davantage , lorfqu'on la fait aux do-
tes que j'ai indiquées.
' Les vapeurs de l'acide nitreux font tçès dange- *
reufes : il faut éviter avec grand foin de les reti-
rer : elles font fuffoquantes , & font une impref*
lion vive fur les poumons j mais ce n'eft que quel-
ques moments après qu'on les a refpirées. Comme
elles ne font pas d'impreflions douloureufes fur-
ie-champ , on ne s'en méfie pas d'abord ; mais
un inftant après , elles excitent à toufler violenv
ment, jufqu'à faire cracher le fang. Lorfqu'on
ruide le ballon , il faut fe mettre vis-à-vis d'une
porte ou d'une fenêtre , afin d'avoir un courant
a air qui puifle emporter les vapeurs qui s'échap«
pent.
On peut, fi l'on veut, rendre cet acide en-
tore plus fumant qu'il ne left , par le procédé que
nous
*t k À i s o n N h» m
Hous avons indiqué : il fuffit pour cela d'ajouté*
au mélange quatre onces de limaille de fer non
rouillé : l'acide nitreux fe charge de tout le phlo*
giftique de ce métal , & auffi d'un peu de fer qu'il
enlevé avec lui : le phlogiftique augmente fa cou*
leur rouée ardente : il le rend plus volatil & plus
difficile a fe condenfer , mais fans augmenter fa
pefanteur fpécifique* J'ai remarqué, au contraire*
que fouveiit elle eft diminuée par le concours d*
te principe inflamrtiable t il pourroit très bien fe
faire qu il fût néanmoins plus concentré , & quô
le phlogiftique donc il eft faturé , fois feulement
la caufe de fa plus grande légèreté.
L'acide nitreux Fumant contient toujours un
peu d'acide vitriolique qu'il a enlevé avec lui i
on le fépare , en rectifiant l'acide nitreux fur du
nitre. Cette féconde opération eft prefque aultt
laborieuse que la première.
Plusieurs Chymiftes ont fait quelques recher-
ches fur la caufe de la couleur rouge des vapeur^
de l'acide nitreux. M. Hellot l'attribue au fer &
au phlogiftique : il fe fonde Air ce que ce métal
6ft contenu dans l'acide vitriolique dont on fa
fert pour décompofer le nitre. L'acide nitreux s'en
empare & l'enlevé avec lui. Cette idée paroît
vraifemblable i nous verrons même , à mefuré
que les occafions nous en fourniront les moyens *
que ces deux acides minéraux contiennent pref-
que toujours du fer. Néanmoins j'attribue la cou*
leut de cet acide , ainii que celle de fes vapeurs 9
au phlogiftique purement & Amplement : c'eft
même un principe qui lui eft inhérent , & fan*
lequel il çefleroit d'être acide hitreux. Si le fe*
augmente fa couleur, c'eft qu'il fournit beau-*
coup de phlogiftique. J'ai fait de l'acide nitrett*
très concentre avec des Jxlaftetes qui fte com#-
Tomt h ' £e
434 CHYMIE EXPiRlMEHTALE
noient point de fer, & qui ne oouvoient point
fournir de phlogiftique furabondant : j'ai obtenu
un acide plus concentré que ceux dont nous ve-
nons de parier : il n'avbit qu'une légère couleur
citrine ; il exhaloit de même des vapeurs rouges.
Nous en parlerons à l'article du nitre décompofé
par l'alun.
Lorfqu'on veut conferver l'acide nitreux fu-
mant en bon état , il faut le contenir dans des fla-
cons de cryftal, bouchés aufli de cryftal ufé à
Témeri , vifiter de temps en temps les flacons :
chaque fois qu'on en retire du vaifleau , il faut
avoir attention d'efluyer parfaitement le bouchon
Se l'intérieur du col du flacon : fans cette précau-
tion , ce qui refte dans les joints remonte autour
du bouchon , attire l'humidité de lair , Se forme
une liqueur acide aqueufe autour du bouchon :
lorfque l'air de Tatmofphere vient à s'échauffer ,
les vapeurs de l'acide , renfermées dans le fla-
con , le dilatent Se foulevent le bouchon : l'acide
aqueux qui eft autour du bouchon , retombe dans
l'intérieur du flacon : ce jeu fe renouvelle conti-
nuellement , Se diminue , au bout d'un certain
temps , la concentration de cet acide.
Sel de duobus tiré de la maffe faline reftee dans
la cornue après la diftillation de V acide nitreux
fumant*
La mafle faline qui refte dans la cornue après
la diftillation de l'eiprit de nitre fumant , eft tou-
jours acide , foit par les vapeurs de l'acide ni-
treux dont elle eft imprégnée , foit par quelques
portions d'acide vitriolique libre : l'un & l'autre
n'ont pu pafler dans la diftillation , à caufe de leur
adhérence & du défaut de concours de l'air. Lor£>
qu*on veut en tirer le fel par la cryftallifation > on
concafle cette maffe faline : on la met dans une
terrine de grès : on vesfe par-defïus de l'eau bouil-
lante pour la difloudre : on ajoute de i'alkali fixe
aflèz pour faturer l'excès d'acide qu'elle contient t
alors on fait chauffer la liqueur dans une marmite
-«de fer : on la fait même évaporer jufqu'à légère
pellicule : on filtre la liqueur au travers d'un pa-
pier gris : on la reçoit dans une terrine de grès :
elle fournit , par le refroidiflement , beaucoup de
cryftaux qui font du tartre vitriolé : on décante la
liqueur : on la fait évaporer de nouveau : on la
filtre 4e même , & elle donne de nouveaux cryf-
taux, en fe refroidiflant. On continue ainfi de
fuite les évaporations & les cry ftallifacions jufqu'2
ce que la liqueur ne fourniffe plus de cryftaux : on ,
détache le fel des terrines avec la pointe d'un
couteau : on le met égoutter fur des papiers gris :
lorfqu il eft bien fec , on l'enferme dans des
boites.
Sur4 la fin des cryftallifations > on obtient tOtt-
Îours des cryftaux de vrai nitre qu'on met à parti
a quantité va depuis deux gros jufqu'à demi-
once.
Remarquas.
f
Nous avons recommandé de faire difloudte là
jrnafle faline dans une terrine de grès , & de la fa-
turer avec de I'alkali fixe avant de la mettre dans
une marmite de fejr , afin que les acides libres ne
puiflent point agir fur ce métal ; ce qui arrî-
veroit, non faifoit le contraire : la liqueur fetôit
verdâtre , & le fel le feroit aufli* Si cet accident
arrivoit , il faudrait remettre le fel & lesliqueurS
dans la même marmite , & ajouter allez dalkali
pour faire précipiter le fer : oà achevé enfuit* /
Eeij
/
4}5 Chymie EXPf rimektalh
l'opétation , comme nous venons de Je dire,
Lorfque la liqueur contient une légère fura<*
bondance d'alkali , elle pafïe plus facilement au
travers des filtres , & fournit davantage decryf-
taux qui font plus gros & plus faciles à détacher
des terrines : il arrive le contraire , lorfque la li-
queur eft parfaitement neutre : lorfqu elle eft un
peu acide, elle parte encore plus difficilement
au travers des filtres ; &c le fel eft encore plus dif-
ficile i fe détacher des terrines ; il eft même fi fort
adhérent , qu'on ne peut le détacher , qu'en fai-
iànt chauffer légèrement, mais brufquement, le
cul des terrines. Cette opération doit fe faire im-
médiatement après avoir décanté la liqueur : les
terrines fe dilatent par la chaleur , dans des pro-
portions différentes de celles du fel : l'humidité
appliquée fur les terrines fe dilate de même , &
permet au fel de fe détacher : on peut l'enlever
facilement en larges plaquettes. Si, au contraire,
on faifoit chauffer les terrines après qu'elles fonc
égouttéeSjOm augmenterait tellement l'adhérence
du fel qu on ne pourrait plus le détacher, qu'en le
réduifant en poudre.
De quatre livres de nitre & de deux livres d'a-
cide vicriolique que Ton a employées , on retire
ordinairement quatre livres onze onces de fel de
duoius j & environ une demi-once de nitre,
Décompqfuion du Tartre vitriolé par t acide
nitreux feuL
Nous venons de voir aue l'acide vitriolique
décompofe le nitre & dégage l'acide nitreux ;
mais c'eft par la voie feche. L'acide nitreux, par
.la voie humide , décompofe le tartre vitriolé :
ceci eft un exemple d'affinité réciproque , & fait
1T RAISONNÉ 1. 437
voir de plus en plus la néceflité d'établir les deux
râbles des rapports dont j'ai déjà parlé.
On mer dans un marras deux onces de tartre
vitriolé en poudre : on verfe par-deflus aurant
d'acide nitreux ordinaire : on fair chauffer ce mé-
lange jufqu a ce que le fei foit diffous \ ce qui fe
fait facilement : on verfe la liqueur dans une cap*
fuie de verre : elle fournit , par le refroidiile-
ment, devrais cryftaux de nitre : on décante la
liqueur : on fait égoutter les cryftaux fur du pa-
pier gris ; on les rechange de papier jufqu à ce
qu'ils ne les mouillent plus : le nitre eft alors très
pur , & a toutes les propriétés d'un nitre parfait :
*iinfi il eft certain que, dans cette opération , l'a*
cide nitreux a dégagé l'acide vitriplique , & $&
emparé de fa bafe alkaline.
Staahl avoit propofé en problème de décom-
pofer le tartre vitriolé dans la paume de la main j
il s'étoit fervi de cette expreflion fans doute pour
faire entendre que cette décomposition étoit fa-
cile- MM. Pott & Geoffroy le Médecin , tous
deux fort habiles Chymiftes , ont réfolu le pro-
blême de Staahl , mais en employant des diflol li-
rions de mercure, d'argenr & de plomb, faites,
par l'acide nitreux. 11 paroît que Staahl a été fa-
tisfait de cette folution j du moins il n'a rien dit
qui y fût contraire : elle a donné lieu à expliquer
ce phénomène par les affinités de quatre corps qui
agirent enjçmole , d'où réfùltent deux décompo^
fi rions & deux nouvelles combinaifons. L'acide
nitreux quitte fa fubftance métallique à laquelle
il étoit uni , pour s'unir à l'alkali du tartre vi-
triolé. L'a,çidQ vitriclique, devenu libre, s'unit 4
Eeuj
4:3 Chymib expérimental!
la fubftance métallique qui devient libre aulE , Se
forme un vitriol de mercure , d'argent ou de .
plomb , fuivant le métal que l'acide nitreux te-
noit en diflblution. On croyoit que cette décom-
pofition fe faifoit en raifon des affinités réunies
de l'acide nitreux avec la matière métallique , &
que, ni le métal , ni l'acide nitreux % chacun fc-
parément , ne pouvoit opérer la décomposition
(le ce fel. Les différentes recherches que j'ai faites
fur les affinités des matières falines , m'ont mis 1
portée de réfoudre ce problème par l'acide ni*
treux feul , & par cônféquent d'une manière plus
(impie que ne l'avoient fait les habiles Chynuftes
que je viens de citer.
Le 23 IJécejnbre 1760 , je donnai à l'Acadé-
mie ce moyen de décompofer le tartre vitriolé par
l'acide nitreux feul : je me contentai alors d'en
conclure que l'acide vitriolique décompofoit le
nitre par la voie feche , à raifon de fa fixité plus
grande que celle de l'acide nitreux , & non en
raifon de fa plusr grande affinité avec Vaikali ,
comme on l'avoit toujours penfé. Je réfervai d'en
donner la théorie dans une autre occafion.
Ce ne fut que trois années après que j'entrepris
de l'expliquer : j'en rendis compte à l'Académie
le 1 2 Janvier 1763 , dans un Mémoire que je lus
à cet effet. Voici comme j'explique cette décora~
position.
Le phlogiftique eft un des principes conftituants
del'alkalinxe. Lorfque l'on combine ce fel avec
de l'acide virriolique , le phlogiftique fe partage
entre l'alkali & l'acide : il refte combiné & fait
partie du fel neutre qui réfulte de leur union. On
* beau calciner ce nouveau fel , on ne fait que
difliper le phlogiftique qui lui eft étranger ; mais
la portion principe , effencielle à la nature de t'ai-
ET RAlSOKNÉi; 439
kali , ne peut fe diffiper qu à mefur^me ce fel fe
décompofe. Tout ceci eft prouve pat ms obferva-
tions fuivantes.
1 °. En diflblvant dans de l'eau le tartre vitriolé ,
ainfi calciné , on voit précipiter une portion de
terre, qui ne peut provenir que de la portion de
ce fel qui a été décompofée.
i°. En verfant de l'acide vitriolique très pur Se
très concentré fur du tartre vitriolé calciné , Se
fortant immédiatement du creufet, on en tire
par la diftillation de l'acide vitriolique fuifu-
reux , pareeque la matière phlogiftique, principe
de l'aLkali , eft encore unie à ce fel neutre : 1 a«
cide vitriolique qu'il contient , eft dans un état
de phlogiftication : lorfqu'on lui préfente un
nouvel acide vitriolique plus pur , c'eft-à-dire ,
moins phlogiftique que celui qu'il contient, il le
dégage , Se le fubftitue à fa place : l'acide vitrio-
lique qui faifoic partie du tartre vitriolé , pafle
dans la diftillation , chargé de phlogiftique : il eft
fulfureux comme celui qu'on tire, par le même
moyen,du fel fulfureux de Sraahl.
L'acide nitreux , comme nous l'avons dit , con-
tient beaucoup de phlogiftique : néanmoins il
eft fort avide de celui qu'on lui préfente : il s'u-
nit par ce principe à l'alkali du tartre vitriolé , &
en dégage l'acide vitriolique , qui a moins d'affi-
nité avec le principe inflammable , que n'en a
l'acide nitreux.
Les félénites , foit à bafe de terres vitrifiables ,
foit à bafe de terres calcaires , ne font point dé-
compofées par l'acide nitreux , parcequ'elles ne
contiennent point autant de phlogiftique <jue
l'alkali fixe : c'eft ce principe inflammable qui eft
l'intermède par lequel , fuivantmoi, l'acide ni-
treux décompofe le tartre vitriolé : cet acide ,
Ee iv
44* ChYMIB EXPktMEKTAtl
comme je lki dit précédemment 9 facilite feule*
ment la dflolution de ces fels 4 baie terreofe,
dans une moindre quantité d'eau*
, A* refte , j'ai remarqué que les degrés d'affini-
tés de ces deux acides , par la voie humide, for
l'alkali , différent bien peu l'un de l'autre , puif-
que l'acide vitriolique qui a été dégagé par l'a-
cide nitreux», dégage à ion tour cet acidç,& re-
forme de nouveau du tartre vitriolé , tel qu'il
çtoit, fans rien ajouter dans le mélange.
J'ai fait cryftallifer à l'air libre plusieurs mé-
langes de tartre vitriolé & d'acide nitreux. LenU
tre qui s'étoit d'abord formé par la décomposition
du tartre vitriolé , s'eft cryftallifé en belles aiguil-
les \ mais au bout d'un certain temps , ce nitre a
été décompofé par l'acide vitriolique, que l'a-
cide nitreux avoir dégagé , & qui etoit refté en
liqueur dans les vafes. Dans l'inftant où le nitre
ço mmence à être décompofé , il végète en forme
d arbriffeaux très bien ramifiés , 8c de la p/us
grande beauté ; ces végétations ont peu de con-
Ji ftance : une partie de l'acide vitriolique libre
s'élève dans les tuyaux capillaires du nitre qui a
y égété : il dégage l'acide nitreux à fon tour ; &
celui-ci, devenu libre, fe diflipe peu à peu, à
raifon de fa volatilité. Le nitre qui avoit végété
je tombe en poudre dans l'acide vitriolique, avec
lequel il reforihe du tartre vitriolé. Cette nou-r
y elle décomposition fe fait fpontanément , juf-
qu'à ce que tout l'acide nitreux foit prefque en*,
tiçrement évaporé.
J'attribue ces décompositions fucceflîves à l'a-
Çide vitriolique , qui fe déphlogiftique par fon
exposition à Pair libre , te à fa fixité plus grande
que celle de l'acide nitreux. Lorfque l'acide vi-
ffidU^m Çft ainfi déphlogiftic^uç ^ il jecoi^rç
i;
ÏT RAISONNÉ!. 44f
tous fes droits : il dégage 1 acide nitreux de fa
bafe alkaline, & ce dernier fe diflïpe à mefure , 1
raifon de fa grande volatilité.
Je me fuis allure du fait , en répétant ces ex-
périences dans des flacons bouchés exactement
avec des bouchons de cryftal. L'acide vitriola
que qui a été dégagé du tartre vitriolé , ne pou-
vant fe déphlogiftiquer , faute du concours de
l'air extérieur, n'a pu décompofer le nitre.
J'ai pareillement reconnu par l'expérience,
que le tartre vitriolé qui refte après ces décom-
polirions réciproques êc fucceflives , fe laifle dé-
compofer de nouveau par de l'acide nitreux : il
préfente les mêmes phénomènes que la première
ibis : on peut conjecturer qu'il feroit également-
décompofé , quand même il auroit reçu un grand
jiombre de ces décompofitions fucceflives : cela
arriveroit , parceque , comme je l'ai dit plus haut,
le phlogiftique , principe de l'alkali , le partage
toujours entre l'acide vitriQlique & ce même ai-
kali , lorfque ces fubftances falines fe combinent
çnfemble.
Nous avons dit précédemment que l'acide ni-
treux détruifoit promptement les couleurs don-
nées à l'acide vitriolique par des matières inflam-
mables ; ce qui prouve que l'acide nitreux a plus
d'affinité avec ces fubftances, que n'en a l'acide
vitriolique. Je vais rapporter de fuite quelques
expériences qui conftatent la fnême choie j telles
que la décoloration de l'acide vitriolique pat 1q
liitre en fubftaqce , la décojnpofition du ioufrç
parlenitte,§çç,
44* Chymie BX?ÉR!MÏNTALI
Dépklogifiication de Vacïde vitrioRque par le
nitre en fubjtance*
On mec dans un matras huit onces d acide vi-
triolique concentré , & qui a été coloré acciden-
tellement par quelque matière combuftible : on
y ajoute deux ou trois gros de nitre en poudre :
on place le matras fur un bain de fable chaud ;
& on le fait digérer à une douce chaleur , jufqu a
ce que l'acide foit entièrement décoloré.
L'acide vitriolique décompofe le nitre , & dé-
gage l'acide nitreux : celui-ci détruit les matières
pluogiftiques , pour les raifons que nous avons
dites précédemment. Si Ton fait cette opération
dans une cornue , ce qui pa(Te eft de l'acide ni-
treux en plus grande partie : cependant il en
refte un peu de combiné avec l'acide vitriolique,
& qu'on ne peut plus féparer par ce moyen. Il
refte enoutre l'alkali fixe du nitre, qui forme du
tartre vitriolé , qui ne fe fépare jamais en entier
de cet acide , même dans L'efpace de plufîeurs an-
nées : une partie feulement le cryftailife au fond
des flacons : néanmoins cet acide peut fervir dans
beaucoup d'opérations , où une b grande pureté
n'eft pas néceflaire. Javois rapporté cette expé-
rience dans maDiJfertationfurl'Ethèr, page 54.
L'Auteur qui a fourni au Journalifte l'analyfe de
ce Livre , dit : « 11 nous femble qu'il ne devroit
» point y avoir de précipité , & qu'il fuffiroit ,
>» pour reétifier cette huile de vitriol , de la di£
» tiller , pareeque le tartre vitriolé qui fe forme »
» ne peut pas monter par la diftiliation ». Voyez
le Journal de Médecine , Avril 1758.
L'Auteur de cette remarque n'eft vraifembla-
blement pas Chymifte : il ignore les difficultés
ÏT KÀlSONNil. 44)
qu'on éprouve à faire diftiller cet acide en fub-
ftance : il n'a pas fenri que ce moyen eft emntoyé
ftrécifément pour s'éviter la peine de cette oiftii-
ation , qui eft , comme je l'ai dit , très iaborieufe.
Nitre & Soufre.
Acide vierioliqne tiré du foufre par la combuftion de cette
fubftance , & par l'intermède du niue.
Depuis que Staahl a démontré , par plufieurs
belles expériences , que le foufre eft compofé de
fept parties d'acide vitriolique , &• d'une de phlo-
giftique , les Chymiftes ont cherché les moyens
de tirer avec profit l'acide vitriolique du foufre.
On s'eft apperçu qu'il n'y avoit que le phlogifti-
que qui fe détruifoit pendant la combuftion du
foufre , & qu'il n'en étoit pas de même de l'acide
vitriolique j qu'on pouvoir le recueillir en entier.
Mais d'un autre coté, le foufre ne peut brûler
qu'avec le concours de l'air : alors l'acide vitrioli-
que fe diflipe en entier. On a imaginé , pour le
recueillir, des appareils de vaifleaux difpofés
d'une infinité de manières différentes, & de
Srande capacité , afin qu'ils continrent beaucoup
air , & qu'ils fuffent par-là en état d'entretenir
la combuftion du foufre : mais tous ces appareils
ont été infru&ueux , puifqu'on ne retiroit pas la
dixième partie de l'acide vitriolique du foufre.
Nous ne parlerons point de ces appareils , parce-
quils font trop nombreux, & la plupart trop
compliqués, pour opérer avec économie.
Ce n'eft que depuis une dizaine d'années qu'on
eft parvenu à tirer du foufre tout l'acide qu'il
contient, par le moyen du nitre. Ce fei facilite
la combuftion du phlogiftique du foufre dans les
vaifleaux clos. Il paroit que cette découverte a
444 ChYMIE EXPÉRIMENTAL!
été faite à-peu-près en même temps , en Hollande
& en Angleterre, Le procédé que 1 on croyoic
fuffifant à la réparation de cet acide du foufre , a
été publié dans un Livre qui a pour titre : les Se-
crets & les Fraudes de la Chymie & de la Pharma-
cie modernes dévoilés. J'ai inféré ce procédé dans»
le Diàionnaire portatif des Arts & Métiers j tome
fremier, page 340. Mais , in étant apperçu que
humidité de l'eau du ballon faifoit un obftacle
a la combuftion du foufre , j'ai recommandé dans
rAvertiffement qu'on a mis à la tète du premier
volume de cet ouvrage , page 1 a , première édi-
tion , de faire cette decompefition du foufre par
l'intermède du nitre , dans un appareil femblable
à celui dont nous avons parlé à l'article du dif-
fus de nitre. Voici ce procédé qui réuflLt très
bien.
On difpofe dans un fourneau une cornue de
fer de fonte , d'environ trois ou quatre pintes, Sç
qui ait à fa partie fupérieure une ouverture
ronde, d'environ deux pouces de diamètre, qu'on
bouche & débouche à volonté , avec un bouchon
aufli de fer fondu , ou de terre cuite : on adapte
à cette cornue un grand ballon de verre ou de
grès , percé d'un petit trou : on met quelques on-
ces d'eau dans le ballon : on lute, avec du lut gras»
les jointures des vaifleaux. Lorfque l'appareil eft
ainfi difpofé , on fait du feu fous la cornue pour
en faire rougir obscurément le fond : alors on
Srojette par cuillerées, par l'ouverture fupérieure
e la cornue , un mélange de feize onces de fou-
fre , d'une once de nitre , & d'une once de char-
bon en poudre : quand la déflagration de la pre-
mière cuillerée eft pafTée , on remet une nouvelle
Suantité du même mélange , & on continue ainfi
ç fuite, jufqu'à ce que l'on ait employé 3AWU
ït HAisoKilii. 44 J
cle matière qu'on juge à propos : alors on tire la
liqueur du ballon ., & on la redfcifie dans une cor-
nue de verre: on conferve l'acide dans des fla-
cons*
Remarques.
Dans FAvertiflement du Dictionnaire des
Arts y j'avois recommandé d'ajouter au mélange
de nitre & de foufre , une once de charbon en
poudre , pareeque dans le procédé publié dans le
livre des Secrets & Fraudes de la Chymie, &c. l'Au-
teur recommande d'employé* de la filaflè pour
faciliter la combuftion du foufre. Je penfai que,
matière combuftible pour matière combuftible ,
le charbon en poudre doit être préféré, en ce
qu'il ne peut pas fournir de fubftance inflamma-
ble dans l'état huileux , comme le fait la filafle;
ce qui altère la pureté de l'acide vitriolique.
J'ai fait cette opération dans des cornues de
grès & dans des cornues de Hefle : les premières
(ont fort finettes à fe cafler , 6c les dernières font
trop poreuies : elles taillent tranfpirer beaucoup
d'acide. Je recommande d'employer des cornues
de fer, pareeque j'ai éprouvé que les acides les
1>lus concentrés agitent difficilement fur le fer
bndu. Je préfume qu'elles doivent réuffir ; mais
|e ne les ai point éprouvées* Au moyen de ce que
a chaleur du fond de la cornue eft permanente,
h foufre s'enflamme en totalité , ou à-peu^près,
11 y a toujours une portion de foufre qui fe fu~
blime , avant que de pouvoir fe brûler avec le
nitre ; mais au moins eft-il certain que la plus
grande partie fe décompofe compiettement , 6c
fournit tout fon acide vitriolique. Les vapeurs
qui s'élèvent par cette déflagration , paflent dans
le ballon , 6c ne fe çoodenfent que leneepieiu: :
44<? Chymie expérimentale
c'eft pour faciliter leur condenfation , qu'on met
un peu d'eau dans le ballon. Afin de ne pas per-
dre de temps pendant que les vapeurs fe conden-
fent, on peut difpofer iiir un fourneau long, une
file de plusieurs appareils femblables : on pafle
d'un vaifleau à un autre : parce moyen, les vapeurs
du premier ont le temps de fe ccyidenfer , avant
qu'on y revienne pour y introduire une nouvelle
cuillerée de mélange.
Pour que l'inflammation du foufre fe faffe d'une
manière avantageufe Se durable , il faut que ,
d'une part , le foufre foit mêlé avec une fubftance
quipuifle, fans le concours de l'air , exciter fon
inflammation dans des vailleaux clos. Le nitre eft
très propre à produire cet effet , & le charbon à
foutenir cette inflammation : il faut , d'une autre
part , que le mélange foit appliqué à une chaleur
{permanente qui puifle entretenu: la combuftion :
ans cette dernière condition , le foufre, quoique
mêlé avec du nitre , peut être enflammé pendant
quelques moments , mais ils ne tarde pas à s'é-
teindre : c'eft pour cette raifon que j'ajoute un peu
de charbon au mélange : au moyen de ce que le
cul de la cornue eft rouge, l'inflammation du
foufre fubfifte , & fa décompofition a lieu.
C'eft fur des obfervatioiîs femblables , qu'on a
établi, en Angleterre & en Hollande, des atteliers
confidérables , dans lefquels on tire avec profit
l'acide vitriolique du foufre : voici le moyen
dont on a fait ufage en Angleterre jufqu'à ces
derniers temps : on m'a allure en même temps
3u'on avoit abandonné ce procédé , ayant trouvé
epuis quelques années une méthode encore plus
fimple & plus économique.
On emploie des ballons de verre de quatre 1
cinq pieds de diamètre, qui tiennent quatre i
JB T R.AISONN&E. 447.
cinq cents pintes , mefure de Paris. On fait un
lit de fable : on pofe les ballons deflus , en in-
clinant le col horizontalement : on en établit
deux files fembiables , placées l'une vis-à-vis de
l'autre : on obferve de conferver entre ces deux
files un efpace fuffifant , pour que plufieursper-
fonnes puiflerit pa(Ter de front , & qu'elles puif*
fent agir , fans craindre de cafler les vaifTeaux :
on met dans chaque ballon une ou deux pintes
d'eau , & on introduit , par l'ouverture , un pot
de grès d'environ fix pouces de hauteur , fur le*
quel on place enfuite une cuiller de fer de fonte
un peu épaiffe , à long manche , & qu'on a fait
rougir auparavant. On y met , par le moyen d'une
autre cuiller de fer blanc , auflî à long manche ,
une cuillerée de mélange de nitre & de foufre ,
fait dans les proportions de huit parties de fou-
fre & d'une de nitre. Le mélange s'enflamme i
la faveur de la chaleur de la cuiller : on ferme
l'ouverture du ballon avec une petite trape de
bois , qu'on a difpofée, à cet effet > à l'ouverture
de chaque ballon. Le foufre produit, par fa corn*
buftion y une flamme très grande , qui remplit
de vapeurs blanches toute la capacité du ballon.
Lorfque ces vapeurs font un peu condenfées , on
retire la cuiller , & on les laifle fe condenfer com-
plètement : pendant qu'elles fe condenfent, on
fait la même opération dans le fécond ballon ,
dans le troifieme, & ainfi de fuite , jufqu'à ce
que l'on foit parvenu au bout de la première fi-
le : on fait , en revenant , la même opération fur
l'autre file de ballons j & lorfqu'on eft arrivé au
dernier de cette féconde file , l'Artifte fe trouve
ramené vis-à-vis du premier ballon , par où il a
commencé. Les vapeurs fe trouvent alors con-
denfcçs : t'eft au Manufacturier d'avoir l'atten-
44* ChY^I* ÉXPiltlXfEtf TÀt*
tion d'employer un nombre fuffifant de ferobb-
blés ballons , pour que celui qui les charge , (t
trouve continuellement occupe , fans être obligé
d'attendre la condenfarion des vapeurs.
On continue ainfi de faire brûler da Jbdre
dans les mêmes ballons , iufqu'à ce que l'eau
Îu'ils contiennent foit luflîfamment chargée
'acide : alors on retire la liqueur avec une cuil-
ler de fer blanc : on la verfe dans des cornues de
verre qqe Ton place fur un bain de fable, dans
des fourneaux alongés que Ton nomme galats r
on adapte des récipients aux cornues : on procède
à la diftilktion pour féparer la partie aqueufe,
jufqu'à ce que l'acide <jui refte dans la cornue,
foit concentré au point de pefer une once fepr
gros & demi dans une bouteille qui contient une
once d eau î cela forme l'acide vitriolique connu
dans le commerce fous le nom à* huile de vitriol
propre aux opérations de Chymie , Ôcdes Manu-
facture* qui emploient cet acide.
En Angleterre Se en Hollande , on emploie de*
ballons de verre d'une grandeur considérable;
mais, comme ces vailTeaux font très fragiles Se
fort coûteux , je confeille de fubftiruer à leu*
Îlace des ballons de grès dé femblable volume.
,es acides n'ont point d'a&ion fur cette efpecc
de poterie , quand elle eft bien cuite.
Pour faire rougir les cuillers commodément,
on conftrûit une petite brouette qui contient un
«chaud de tôle , dans lequel on fait un feu de
charbon aflez fort pour les faire rougir. Ces cuil-
lers doivent être en fer fondu, d'un demi-pouce
de profondeur, auflî larges par le bas que par
le haut, ayant la forme d'une tabatière ronde,
(ans couvercle, Se de fix lignes ou environ d'é-
• jpaiffear,
tiai&ur, afin quelles puiflent conferv'er affez dé
chaleur pour confumer tout le mélange qu oïl
mec chaque fois.
Il faut avoir Foin , lorfqu on introduit de
nouvelle matière , de n'en pas répandte dans le
ballon : ce feroit mêler des fubftances noh décôiii-
fofées, avec l'acide cjui feroit déjà fait* Tout
acide vitriolique qui eft a&uellement dans lé
commerce, eft tiré du foufre par des procédés
femblables , ou peu différents de ceux dont nous
venons de parler. Plusieurs fabriquants penfeht
qu'il n'eft bas néceflaire de Faire entrer du char-
bon dans le mélange : cependant j'ai ébfervé
qu'il produifoit uti meilleur effet , & qu'il procu-
roit l'inflammation d'une plus grande quantité
de Foufre. Les ouvriers apportent apparemment
S>eud'exa£bitude dans leurs opérations : oh tr&uvé
buvent au fond des bouteilles, des dépôts Cohfï-
dérablesdeFélénite & de tartre vitriolé , dont Une
partie refte en diflblûtion dans cet acide. J'ai trou-
vé dans une bouteille pleine d'huile de vitriol i
une petite meFure de fer blanc, de la conteftarïcé
d'environ deux onces d'eau. Cette mefure étoiÉ
depuis plus d'un an dans cet acide , fans qu'elle
fut endommagée de la moindre chofe , & Fans
que l'étamage fut détruit j ce qui eft un indicé
que les ouvriers emploient des outils de fer
blanc, pour puiibr l'acide vitriolique dans les
ballons , & qu'on peut s'en fervir avec fécurité.
Le nitre eft abfolùtnent néceflaire pour faire
brûler le Foufre Fans le concours de l'air : j'ai mis
dans un tèt à rôtir, que j'avois Fait rougir aupa-
ravant, un gros de loutre en poudra j je l'ai re-
couvert d'une cloche de verre* garnie de Fàblé
tout au tour i le Foufre s'eft enflammé Fuf-lë-
ehamp j il à raréfié l'air , & l'a fait refluer par lei
Tome h Ff
45e Chymii ixrkiuïNTALt
bords de la cloche , enrepouflant le fable : f ai re-
garni de fable les bords de la cloche } le foufre
a ce(lé de brûler, & il s'emflammoit auffi tôt
que je levois la cloche» 11 n'en a pas été de mê-
me du mélange de foufre & de nicre : il s'eft
enflammé avec beaucoup de facilité ; mais il j
a une portion de foufre qui s'eft fublimée. Ce
dernier mélange étoit compofé de cinq parties
de foufre & d'une de nitre. On peut conclure de
ces expériences, que l'inflammation totale du
foufre , d'où réfulte fa décompofition , eft due à
des dofes prccifes de nitre. Je n'ai point fait d'ex-
périences pour en connoître les meilleures pro-
portions. Un femblable mélange , auquel j'ai
ajouté du charbon , s'eft encore mieux enflammé.
J'ai mêlé enfemble un gros de foufre en pou-
dre , huit grains de nitre & huit grains de char-
bon. J'ai enflammé ce mélange avec un petit char*
bon ardent, & l'ai recouvert d'une cloche de
verre : il a très bien brûlé fans le concours de 1 air,
& fans le fecours d'une cha'eur étrangère ; il of-
froit , pendant fon inflammation , un fpeâacle
fort agréable : la portion de foufre qui fe reduifoit
en vapeurs , s'enflammoit par intervalle par la
communication de la flamme du mélange j ce
qui formoit une lumière phofphorique , lembla-
ble à celle qui fubfifte dans le ballon , après la
diftillation du phofphore d'urine.
Dans toutes ces inflammations , il y a toujours
une portion de foufre qui échappe à la combuf-
tion : une partie eft dans un état de demi-décom-
pofition : elle eft diflbute par l'acide vitriolique.
J'ai reconnu dans une infinité d'expériences de
recherches que tout l'acide virriolique qui eft
dans le commerce , contient réellement une pe-
tite quantité de foufre en diflblution j c eft 14
t f kAîsôtofeic. 4$*
Vraisemblablement ce qui eft caufe en partie qu'il
fournie de l'acide fulfureux , toutes les fois qu'on
foumet à la rectification cet acide vitriolique y
même celui qui eft le plus blanc & qui paroît
le plus pur : de parfaitement blanc qu'il eft, il
acquiert toujours dans les cornues une légère
Couleur ambrée qu'il perd très difficilement, fans
l'addition d'un peu d acide nitreux : on eft obligé.
de le faire chauffer plufieurs jouis de fuite , pour
pouvoir complètement détruire cette couleur.
Dccompofition du nitrepar C intermède du foufre*
diffus de nitte & de foufre. Sel polychrefte de Glàser.
Nous avons vu que le phloeiftique des char-,
bons décompofoit le nitte , & detruiloit fon acide.
Le foufre decompofe de même le nitre $ mais ,
comme il ne contient pas affez de phlogiftique ,
il ne peut détruire tout l'acide nitreux : on peut
le recueillir en grande partie.
On difpofe un appareil femblable à celui que'
nous avons décrit pour le diffus de nitre : on tait
de même rougir le fond de la cornue : par la tu-»
bulure, on projette par cuillerées un mélange de
parties égaies de nitre & de foufre. 11 fefait cha-
que fois une grande déflagration , & fort peu de
détonnation : il pafTedans le ballon beaucoup de
vapeurs blanches qui fe coridenfent difficilement.
Lorfque la déflagration eft pafTée > on remet une
nouvelle quantité de matière : on continue ainfi
de fuite , jufqu'à ce quon ait employé la quan-
tité du mélange qu'on a difpofée. Lorfque les va-
peurs font condenféeS , on délute le ballon : on <
verfe ce qu'il contient dans un flacon. La liqueur
3u'on obtient , eft un mélange d'acide 'nitreux Se
acide vitriolique fulfureux volatil.
Ffij
45* CHYtflE EXPERIMENTALE
Il refte dans la cornue une combinaifon de
l'alkali du nicre & de l'acide vitrioiique du fou-
fre. On fait diflbudre cette maffe faline dans une
fufiifante quantité d'eau : on la fait évaporer juf-
qu'à légère pellicule : on filtre la liqueur : elle
fournit , par le refroidiflement > de vrais cryftaux
de tartre vitriolé , auquel on a donné le nom de
fclpolychreftc de Glafer.
Remarques.
Lorfqu'on n'a intention que de faire le fel poly-
çhreftç de Glafer > fans recueillir les vapeurs aci-
des qui fe dégagent de ce mélange , on projette
la matière par cuillerées , dans un creufet que
l'on a fait rougir auparavant , & on attend de
même que la déflagration foit paflee , avant que
de remettre une nouvelle dofe de mélange. Lorf-
que toute la matière que l'on a difpofée eft em-
ployée , on fait calciner la matière du creufet , &
on la fait. entrer en fufion : on coule ce fel dans
un mortier de fer > bien fec & un peu chauffé : on
le fait ditfbudre dans de l'eau , & on procède pour
le refte , comme nous venons de le dire* On ob-
tient pareillement des cryftaux de tartre vitriolé :
on continue ieçévaporations & les cryftaltifations
jufqu'à ce que la liqueur refufe de fournir du
fel.
Le cliflus de nitre Se de foufre eft une opéra-
tion par laquelle on démontre que lacide nitreiuc
n'eft pas détruit pendant fa déflagration avec le
phlogiftique du foufre , comme il Feft par celui
du charbon: on attribue communément ce défaut
à ce qu'il n y a pas dans le foufre aflez de phlogif-
tique pour proouire la deftruétion de l'acide ni-
treux ; mais ne pourroit-on pas plutôt l'attribuer
i l'état fous lequel ce principe inflammable fe
ET RAISONNÉ S, * 453
trouve dans le foufre ? Pendant la déflagration d*
ce mélange dans le creufet , on voit de même cet
acide fortir en vapeurs rouges-orangées , & fort»
mer un cercle qui entoure la flamme du foufre.
On a donné à ce fel le nom de fel polychrefte
de Glafcr yàvi nom de P Auteur. Quelques per*
fonnes ont voulu mettre une différence entre ce
fel & le tartre vitriolé ; mais c'eft une de ces dif-
tinâions mal fondées. Toutes les fois que L'ai?
kali fixe fe trouve uni à l'acide vitriolique , il ré*
fuite toujours du tartre vitriolé, quelle que foit la
fubftance qui fournUTe cet acide.
Poudre à canon.
La poudre à canon eft un mélange intime A
très exa&, de nitre* dé foufre & de charbon.
On prend fis onces de nitre très pur, une once
de charbon broyé fur le porphyre , & deux onces
de foufre : on fait piler & triturer en&mble
ces matières dans un mortier demacbreavec un
pilon:: de bow, pendant fept à huit heures fans
relâche , par deux hommes placés vissb»visv Pua
de l'autre autour du mortier , qui fe relaient de
quart d'heure en quart d'heure. H faut que le
mélange reçoive environ fept mille caups.de <
pilon par heure. On l'arrofe avec quatre onces
d'eau , qu'on ne met que peu-a-peu ,& en aàînze
ou vingr fois. Cette quantité d'eau doit sfarapo-
ter pat lefeul mouvement du pilon; On tire la
matière hors du mortier. Lorfqu'eite eft féchéé
au point de ne pouvoir plus fe latfier triturer ,
fans fortir hors du mortier comme une matière
fluide , alors on la' fait fécher au foleil : c'eft de
cette manière qu'on doit préparer les poudres
dont on veut faire des eflais , & on ne doit pas
les grener , pareeque l'humidité qu on eft obligé
• FfiiJ
454 ChYMTE EXPiftXMEHTALf
de conferver au mélange , pour pouvoir le gré*
ner , facilite la cryftalliiation du nitre , & dimi-
nue la force de la poudre.
• Si cependant on veut grener cette poudre,
il faut la, prendre dans un degré de ficcité tel
qu'elle forme une pâte feche , qui ne puiffe lait
1er aucune . trace d'humidité, lorsqu'on la pofe
fur une afliette de faïance. On la met dans une
boîte de fer blanc : on la fecoue rapidement en
tous fens P en la frappant de temps en temps con-
tre la paume de la main.: on continue cette ma-*
nœuvre jufqu'à ce que la plus grande partie de la
poudre foit réduite en grains : on fépare le pouf*
lier par le moyen d'un tamis de foie. La portion
de poudre qui s'eftgrenée refte fur le tamis. On
remet ces grains de poudre dans la même boîte
de fer blanc , après lavoir nettoyée : on l'agite de
même pendant environ une heure , jufqu'à ce
que les grains deviennent fuffifararaenc luifants :
cette dernière agitation fe nomme lijftr la pou*
drt'z on; fépare le pouflier par le moyen d'ua ta-r
nais y &on fait fécher au foleil la poudre grenée.
Remarques**
En 1.751 , M. le Chevalier d'Arcy, de l'Aca*
demie Royale des Sciences 4 me pria de faire l'a«
nalyfe de plufieurs poudres , dont les forces
étoient différentes , afin de connoître fi on de*
voit les attribuer auxdofes des fubftançes qui
les compofoient , & qu'on pouvoir foupçonner
n'être pas lesrtiêmes,ou être toute autre chofe.
Il me pria aufli de compofer de nouvelles pou-
dres , a l'effet de déterminer les meilleures pro-
portions des fubftançes qui cômpofent la poudre*
Je fis Air cet objet beaucoup d'expériences > dont
1$ vais rendre compte.
ET HA!SOKKit. 45 f
La bonté de la poudre dépend de trois objets
principaux: i°. du choix des matières: i°. des
dofes de ces matières : }*• enfin , de la manipu-
lation.
A l'égard du premier objet , on doit faire choir
de nitre très pur , bien cryftallifé , exempt de fel
marin, & parfaitement égoutté de toute eau-me-
re. Ces matières retardent l'inflammation du ni-,
tre : elles diminuent , par conféquent, les effets
de la poudre. Nous avons fait des eflais des
poudres dans lefquelles nous avions fait en-
entrer différentes dofes de fel marin qui en di-
minuoitconfidérablementla force. Lorfque nous
examinerons les matériaux d'où Ton tire le nitre,
jiou.s ferons quelques obfervations fur celui qu'on
emploie dans les poudres.
Le charbon doit être bien fait : on doit rejet-
ter avec foin les fumerons. On avoit toujours
penfé que le charbon des bois légers devoir être
préféré à celui des bois pefants j mais ils font tous
également bons. J'ai fait de la poudre avec du
charbon de bois de gayac & de buis, qui font de*
bois pefants } & dans d'autres eflais, j'ai employé
du charbon de bois léger , & de matières végéta-
les légères , tels que le charbon de bois de til-
leul , le charbon de moelle de fureau , celui de
liège , & le charbon ordinaire. Tous ces char-
bons (toutes chofes égales d'ailleurs ) n'ont ab-
folument apporté aucune différence , & ont pro •
duit exactement les mêmes effets. A Efsône , ou
l'on fabrique de la poudre, on fe fert de char-
bon de bois de bourdaine , quoiqu'il ne foit pas
meilleur que le charbon ordinaire qu'on brûle
dans les laboratoires de Chymie. Le charbon des
jnatiere$ animale» eft décidément mauvais, &
FflY
4$6 CHYMIE EXPERIMENTALE
feroit , ainfi que le noir de fumée , défeâueux
pour la compofition de la poudre.
Le foufre n'exige aucune préparation , if fuffit
2u' il foie pur : on emploie ordinairement le fou-
e en canon : on peut indiftinûemenr faire ufage
de la fleur de fourre qui eft auffi bonne pour la fa-
brication de la poudre.
Quant aux dofes des matières , celles du fou-
fre & du charbon peuvent varier un peu , faiïs
que les effets d* la poudre changent d'une manière
marquée. Pour connoître les meilleures propor-
tions des ingrédients , noua avons fait plusieurs
expériences , dans lesquelles , x °. nous avons fait
yarier les quantités de foufre > celles de nitre &
de charbon reftant les mêmes } x°. les quantités
de nitre & de foufre étant confiantes, nous avons
varié les dofes de charbon. Il aurait fallu faire
enfin la troiiiemeçlatfe d'expériences , en laifïant-
confiantes les quantités de charbon Se de ibufre ,
Çc variant les dofes de nitre j mais M. le Che-
valier d' Arcy obferve que les. fecours ayant trtan-
3ué, cette partie eftreftée à faire. Voye? Ejfai
'une Théorie d'Artillerie ^ page f 4.
La manipulation étoit ce qu'il y avoit de plus
difficile à trouver , pour remplir avec exaâitude
le plan d'expériences que nous nous étions pro-
pofé, Il falloir que cette manipulation fût telle
3ue l'on pût être certain qu'avec des quantités :
onnées des trois ingrédients , on feroit de ta
poudre dont les effets feraient confiants. Ce n eft
qu'après beaucoup d'expériences que j'y fuis par-
venu. J'ai reconnu qu'il falloit abfolument re-
noncer à grener les eflais que nous voulions com-
parer. Il eft plus exad de les triturer dans le mor-
tier , lufqu a ce qu'ils deviennent fi fecs , qu'il ne
fort plus poffible de les remuer, fans qu'ils vol-
\
■ JT RAISONNER 457
eigent hors du mortier , comme de la farine très
feche qu'on y voudrait remuer : fans cette condi-
tion, lèse (Tais doivent être regardés comme ab«
folmnent manques > aufli les réfufotts qu'ils don-
noient aux épreuves n'épient jamais femblables»
Lorfquon veutgrenev la poudre, on eft, obligé
de conserver au mclangeun peu d'humidité $ fans
cela, il feroit impoOibie de le former en grains t
c'eft du plus grand degré de (iccité > où lemclange
fe rrouve avant de le grener ? que dépend la
bonté de la poudre, Lorfqu il eft trop Humide ,
la poudre fe eraifle avec beaucoup de facilité;
mais le nitre le réunit & fe cryftallife dans l'in-
térieur des grains ; il ne fe trouve plus dsftôbué
numériquement avec les molécules du foufre &
cfu charbon. Si l'on coupe en deux de femblables
grains de poudre, on difttngua, à l'aide d'une
bonne loupe, le nitre aryftàllifé dans l'intérieur,
La poudre a d'autant moins de force , qu'elle étoit
plus humide avant que de la grener. C'èft ce
qui active à toutes les poudres qu'on grene , par-*
cequelles contiennent davantage de nitre de raf-
femblé} elles perdent fenfiblement de leur force
au grenage : ce n'eft que du plus au. moins ^ cet
accident eft inévitable : les poudres feraient d'un
fervice très incommode fi elles n etoient pas ré-
duites en grains. Tout l'art du poudrier , pour
confervQ* à la poudre la force qu'elle a reçue dar
les opérations qui précèdent le grenage , coniifte
donc à ne la tirer des mortiers , pour la. grener ,
que iorfquclle a le moins ^humidité poflible. Or
il eft faille de fentir combien ces observations
font. difficiles i faite , lorfquon fait des effais qui
doivent être comparés encre eux : c'eft pour cette
raifon que nous avons été obligés de renoncer à
grener nos différents eflais» Nous ayons re$Qftnu,
?
4$9 ChYMTÎ tXPÉHIMENTÀt*
toutes chofes égales d'ailleurs , que la poudre quî
avoir été parfaitement deflféchée dans le mortier,
par le feul mouvement de la trituration , avoit
I)lus de force que celle qui avoit été grenée , dans
es circonftances même les plus avantageuses.
En vain obje&eroit-on que la poudre grenée
préfente moins de furface , qu'elle s'enflamme en
moindre quantité, & que c'eft par cette raifon
qu'elle paroît avoir moins de force. Nous avons
pulvérifé & pa(Té au tamis de la poudre , après
qu'elle avoit été grenée. Nous avons comparé fa
force avec de la même poudre , faite dans les
mêmes proportions , mais qui n'avoit point été
grenée ; l'une & l'autre ont été féchées au- bain-
marie , & leur, degré de force a été éprouvé ,
tandis quelles étoient encore chaudes ; ainfi , de
ce coté là , il n'y a aucune incertitude : la pou-*
dre qui avoit été grenée , avoit toujours moins de
force.
Ceft au nitre feul , qui a la propriété de s'en-
flammer par le contaâ du phlogiftique embrafé ,
qu'on doit rapporter les effets de la poudre } mais
pour qu'ils aient lieu , il faut que le mélange foit
très intime % & que le nitre le trouve diftribué
numériquement avec les molécules du foudre &
du charbon \ fans cela le mélange fufe fans explo-
sion ; le nitre fe décompofe fuccefliv ement au lieu
de s'enflammer tout à coup. La plus petite quantité
d'humidité dérange cette diftribution numérique
& diminue la force de la poudre. Cependant
l'eau eft néceffaire pour faciliter le mélange des
ingrédients & pour l'empêcher de fortir hors du
mortier \ mais il faut en mettre peu à la fois , &
éviter fur-tout d'en mettre affez pour former une
bouillie ; elle difloudroit le nitre & détruiroit le
mélange qui a été fait ci-devant. Tout mouve-
bt nAisoNNit 459
ment du pilon devient même inutile jufqu'à ce
que l'eau foit évaporée en grande partie, & que
le mélange foie redevenu en confiftance de pâte,
au point de laifler à peine quelque trace d'humi-
dité lorfqu on en met fur une affiette de faïance.
C'eft dans cet état qu'il convient d'entretenir le
mélange pendant tout le temps de la trituration.
Lorfqu on a employé toute la quantité d'eau pref*
crite, on continue de triturer la matière jufqu i ce
qu'elle devienne feche comme nous l'avons dit.
Avant que j'eufle trouvé cette méthode, & que
j'eufle reconnu les inconvénients degrenerles
eflais de poudre , je broyois ces eflais fur un por-
phyre avec une molette, 11 çtoit itnpoffible de
Faire un mélange exaâ , pareeque , lorfque la
matière étoit parvenue au degré de ficcdté conve-
nable , & où le mélange fe fait réellement , la
matière fe plaquoit fur le porphyre , la molette
ne faifoit que glifTer deffus , la liflbit & ne me-
loit rien» On a reconnu à Eflône ce même incon-
vénient à peu près dans le temps que je. m'oc-
cupois de cet objet : on avoit établi de gros cy-
lindres de fer roulants dans des auges de bois;
on a été obligé d'abandonner cette méthode pour
les raifons que nous venons d'expofer.
11 eft etfentiel de ne point mêler dans desmor*»
tiers de fer , avec dçs pilons de fer , les matières
3ui compofent la poudre , pareeque le frottçment
u pilon contre le mortier occafionneroit ailes
de chaleur pour enflammer la poudre. II y a mille
exemples d'accidents arrivés pour avoir employé
de femblables inftruments. Cependant je mefuU
fervi long-temps d'un mortier de cuivre & d'uxj.
pilon de fer : il rfeft point arrivé d'accidents ;
néanmoins il eft plus prudent de n'employer que
<fcs ipftruqieqcs de pierre ou de bois, j'ai enço(f
4<fo ChYMII EXPikîMBllTALE
obfervé qu'il vaut mieux triturer enfemble le*
trois matières qui entrent dans la poudre , que
de les triturer deux à deux. Lorfqu on commence
5>v triturer d'abord le nitre & le foufre , il m'a
emblé que cette dernière fubftance fàifoit l'effet
d'un vernis fur le nitre > 8c en^choit que le
charbon eût après cela avec le nitre un contaé*
auffi exadt que cela eft néceffaire.
• Après avoir déterminé par des expc ie*. e$
tous les objets dont je viens de rendre compte „
nous avons procède à la folution de d; - des
crois queftions que nous nous étions prc pofées.
Le 20 Décembre 1 7 5 4 , & jours fuivants , j'ai fait
cinq efTais de poudre , dans lefquels le nitre & le
charbon font constamment employés aux mêmes
dofes , mais en variant celle du loufire , ( voyez, ci-
après , Table première) afin de connoître les meil-
leures proportions de cette fubftance. On n'en a
point Tait entrer dans le premier effai ; par ce
moyen , on peut juger de fon utilité dans la com-
pohtion de la poudre. On a gardé ces poudres
dans un endroit très fec , jufqu'au 20 Avril 1755,
qui eft le jour où on les a éprouvées au poids d une
once chacune. (Voyez le refuttat dans la troifieme
colonne de la première Table. } On a confervé le
reftant de cçs efTais dans un endroit très fec , jus-
qu'au r5 de Juin fui van t. On les a fait fécheîr
dans un alambic au bain marie , couvert de fon
chapiteau , &oh les a éprouvés de nouveau dans
la même machine , & pareillement au poids d'unis
once. (Voyez tesréfultats dans la quatrième co-»
lonne dé la première Table. ) Il eft réfulté de ces
expériences
1 #. Les "poudres , toutes chofes égales d*ailleurs*
Ont plus de fbrte , lorfqu'elles font bien fèches s
que lorfqu*elfe$ font dans un état contraire. L'àiH
ET RAISONNÉ*. 46^
midi té quelles peuvent prendre de l'atmofphere,
cjuoiqu incapable de les décomposer, retarde leur
inflammation : elle empêche qu'il ne s'enflamme
une auflî grande quantité de la charge employée.
Ceft àcette circonftance qu'on doit attribuer le
u^DÎns de recui.qp'occafionnent les poudres lorf-
^ju'elles, ne font pas parfaitement deflechées,
20 T n mélange de fix onces de nitre & d'une
on,Ln c^charbon produit une poudre qui a moi-
tié moins de force que toutes celles dans lef-
quell/0#/i fait entrer du foufre : cette fubftance
eft ck^abfolument eiTentielle à la compofition
de la poudre. Dans le temps que je travaillois
fur cette matière, quelques particuliers propofe*
rent de ffire de la poudre fans foufre : ils promet-
toient qu'elle feroit plus forte & qu'elle faliroit
moins les armes à feu. On fe perfuadoit que la
poudre feroit plus forte, fans foufre , d'après une
expérience de M. Haies , où il fait voir que cette
fubftance, pendant fon inflammation, abforbe de
l'air, au lieu d'en fournir comme la plupart des
autres corps qu'il a fournis à fes expériences.
Comme on rapportoit à l'air les effets de la pou*
dre , il étoît tout naturel de penfer que le foufre
3ui en abforbe devoit en diminuer les effets > mais
en eft tout autrement. La poudre dans laquelle
on fait entrer une petite quantité de foufre, aug-
mente de force du double ; ce quifuffit pour faire
penfer que l'air tout feul , en fuppofant qu'il con-
coure pour quelque chofe , n'eft pas la feule caufe
des terribles effets de la poudre. Ceft une ques-
tion que nous examinerons bientôt.
Le foufre ne falit pas plus les armes, que les
autres fubftances, lorfquon le fait entrer en dofe
convenable , & qu'il eft bien mêlé avec les au-
tres ingrédients de la poudre. Lorfque la poudre
4^2. ChVMIB IXPâRÎ^ENTÀLÉ
Sraiflè les armes plus que de coutume , cela vieht
e ce que le mélange n'eft pas {uffifammenf
exaâ : il ne s'enflamme pas afTez rapidement. La
poudre lai(Te une vapeur de foie de foufre qui
s'attache aux armes & les détruit. Ces inconvé-
nients font moindres lorfque la poudre a le plus
Srand degré de force quelle puifle acquérir,
ilors elle s'enflamme bien rapidement, & elle fa-
lit moins les armes.
Au refte , il eft vifible que le foufre eft fi né-
ceffaire dans la poudre , qu'à mefure qu'on en
augmente la dofe , on augmente fa force s cepen-
dant cela doit avoir des limites ; mais on peut ci-
rer de ces expériences une conféquence impor-
tante. Comme le foufre n'eft point expofé aux
viciffitudes de l'air humide ou de l'air fec , la pou-
dre dans laquelle on fait entrer beaucoup de fou-
fre, donne moins de différence dans le recul,
eflayée dans fon état de deflechement à l'air, &
dans celui où elle a été féchée an bain-marie. Les
poudres chargées de beaucoup de foufre peuvent ,
dans certaines circonftances, avoir des avantages
fur celles qui en contiennent moins, & finguliére-
ment pour la marine. Comme elles font moins
fujettes à fe charger de l'humidité de l'air , on
peut mieux les contenir dans les fonds de cale des
vaiflèaux, où on les conferve ordinairement. Le
foufre les défendra de l'humidité. Il y auroit feule-
ment à craindre que , comme elles répandent
beaucoup de fumée , elles ne falifTent trop les ar-
mes, & qu'elles ne les détruifitfent plus prompte-
ment. Il faut encore obferver que le foufre aug-
mente la pefanteur fpécifique de la poudre.
Les expériences que nous avons faites pour ré-
foudre la féconde queftion , avoient pour objet
de déterminer la meilleure dofede charbon qu'on
it lAtsonifii; 4j£ j*
cent faire enrrer dans la compofition de la pou-
dre. Ces expériences font rapportées dans la fé-
conde Table. Il en réfulte ,
i °. Qu'il n'eft pas poflîble de faire de la pou-
dre fans charbon , ou fans toute autre matière
combuftible qui en falTe fonûion. Un mélange
de nitre & de foufre , fait dans toutes fortes de
proportions , ne peut s'enflammer dans aucune
arme à feu. ( Voyez N°. premier , deuxième Ta-
ble. ) Il faut pour l'inflammation d'un pareil mé-
lange le fecours d'une chaleur permanente ,
comme nous l'avons dit au fel polychrefte de
Glafer.
20. Le charbon employé en trop petite dofe ,
ne forme qu'une poudre foible qui ne produit
que 8 degrés -~ de recul , comme on le voit au
N°. 1 de la deuxième Table. Lorfque cette fub-
ftance entre en trop grande quantité , la poudre
ne fait plus d'exploflon ; elle fufe feulement
comme une fufée d'artifice. (Voyez le NJ. 5.)
Mais lorfqu'au contraire le charbon eft employé
dans des dofes convenables , la poudre a toute
la force qu'elle elle eft fufceptmle d'acquérir.
( Voyez le N°. 3. ) Cette poudre eft femblable à
celle du NQ. 5 de la première Table. L'a petite
différence de recul qu'on remarque à ces deux
poudres eflayées après avoir été deflechées au
bain-marie , vient de quelques petites cicconftaa*
ces difficiles à découvrir.
4*4
TABLÉ P ït EMÎÊRË
Pour connourc la meilleure iofe de foafre qu'il convient Je faire
entrer dans la poùdtt à Canon 3 tn variant Iç. do/e de cette fub-
fiance } & en conferyânt toujours les mimes poids denitre & de
charbon; & dans laquelle on fend compte du recul que ces pou-
dres ont occqfionni à une arme à feu 3 ejfayées au poids d'une
once dans deux états différents ; fichées au tain-marie, & non
fichées*
Degrés de recutj Degrés de recul
des corps moyens de U poudee fr
a y ce la poudre ebée au BM , &
OBSERVATIONS.
Ce mélange a été cri
rare pendant fept heures
pour le pouvoir réciter.
Le temps très humide,
Compoûuon de chaque eûai en
particulier.
non fâchée*
Temps chaud»
N°. premier.
#Nitre. • . . |vj
Charbon de faille* |jj
Eau* . ♦ |ij
encore chaude.
Temps chaai.
n deg. JL.
7 i»#
rd«l.
IcUm,
^Nitre. . . ♦ f vj
Charbon de Taule* %)
Soufre. . . Jîj
Eau. . . |iij
ijde8l
Idem*
VNitrc. . . .
Charbon de faulc.
Soufre. .
Eau»
Idem,
L'inflammation d* cette
poudre répand beau-
coup de fumée.
Idem,
L'inflammation de cette
poudre répand encore
plus de fumée que la
précédente.
ïiv
xjd*Â.
yNicre. . . .
Charbon defaule.
Soufre. .
Eau.
V-
y.
Iydeg..
N°. 5.
VNitte. . . .
Charbon de faille.
Soufre. .
Eau.
I5a<s-Â-
f
I***f
!7degA-
I7*H
l*1^.
Plus il y a de fourre dans ces eflais , moins ils occupent de place dans le
canon 5 ils font par conféquent fpécifiquement plus pelants*
TABLE
TA B LE S Et 0 tï DE
4*J
1
Pour concoure ta meilleure dofe de charhon qu'il convient
de faite entrer dans hr poudre à canàn ï en variant là
dôfe de cette fuhftànct , & en confeWûrU Wujours les
mêmes poids de nith'& defoufre ; & dans laquelle on tend
tompte du recul que ces poudres ont ocçafiqnnç à une armé
<àfea3 effayées an poids d fune once y .dans ,deux états
différents; féchées'au bàiH-tnarie± &. nonfévhéesi
OBSERVATIONS
Ce mélange a été trituré
fepe heures pour, pouvoir
le lécher. ' '
. Le temps th*ud\
Ce méUogtf * ité rticuré
pendant fenc heures ce de-
mie. ' ' 3m
Ze temps chaud.
Ce,rtïê|apge^ çrè trituré
pendant huit heures.
Le temps chaud.
Cet ,-«€«• eft le même
que le N°. f delà Table
première. K*
Ce mélange a été trituré
le même temps que le pté-
cédenc.
Idei/u
Compoucioë de chacun de tes
• eflaû.
Degré dç recul de h
potidreiecbéeauBM
8c encore chaude.
■ Temps chaua\
» N*« premier.
Eaui ; 4
Cette ppudre n'oc
cartonne aucun recul
U n'/ a que le ibufre
qui bnile fans que le
oUre s'enflamme. v ,
^CNkrc. .' V i
Soufre. . ;• .
Eau . : . .
Charbon de £auie.
^Nitre» . . .
Soufre. .
Eau. » : ' .
Charbon de faille.
yNitrç, ,
Soùfrél .
tau.
Charbon de fatale.
y Nitre. . . . .
Soufré. .
Eau.'
Charbon de faute;
.«**£«
«S***
10
deg.
7ï'
Fufe fans ciplofion.
La quantité* d'eau oui entre dans ces poudres n'a été mile que
fetic à petit , & à mefurc^ru «Hejè diffipoie.
Tome /. G g
466 Chymii expérimentale
A Ëflôtie -, prèrf de Corbeil , on fait entrer dons
cent livres de poudre foirante & quinze livres de
nitre , neuf livres & demie de foufre , 8c quinze
livres de charbon. Ces matières font pilées pen-
dant douze heures dans plufieurs mortiers de
bois avec des pilons de bois , mus par un courant
d'eau comme ceux des moulins à tan ou à papier.
La matière de chaque mortier reçoit trois mille
fix cents- coups de pilon par heure , & on l'arrofe
avec une pinte d'eau qa on met en cinq ou fix
fois de deux heures en deux heures. On pourroit
fe contenter, pendant cette opération , de remuer
la matière avec une fparule ; mais les manufac-
turiers fe méfiant de 1 inexactitude des ouvriers,
font dans l'ufage de faire changer fucceflivemenc
la matière d'un mortier dans un aune, pour s'af-
furer de la perfe&io.n du mélange. On vuide le
premier mortier : on entrepofe la matière dans
une fébile de bois : on met dans le mortier qu'on
vient de vuider , la matière du fécond mortier :
on continue ainfi de fuite à vuider les autres : la
matière du premier mortier que Ton a entrepofée,
fe met dans le dernier qui le trouve vuide à la
fin de la tournée.
Lorfque la poudre a été pilée le temps que
nous venons de dire > la quantité d'eau qu'on y a
mife s'eft prefque évaporée : le mélangé- le trouve
fec au point qu'en en mettant fur une affiette de
faïance, il n'y laifle aucune trace d'humidité t
alors on porte la poudre au grenoir, qui elt l'at~
relier où elle doit être grenée.
Pour grener la poudre , on en met une certaine
quantité fur un crible de peau , dont les trous
ont à-peu-près fix lignes de diamètre : on met
fur ce crible avec la poudre une petite meule de
bois d'environ huit pouces de diamètre > & de
2feâ*^Mcefr d'épaifienr : on fait agir le crible ho-*
ttfcontaiement en ligne droite fur une traverfô
de bois, pour- faire pafTer la poudre. La ihfcule
fèrti plaquer la matière , afin de coller cftfemblô
les molécules de la poudre en même temps qu'elle
paiïe au travers des trous \ ce qui comfnericfc £
former les grains. Cette poudre eft reprife au for-*
tir de ce premier crible dans un autre dont les
trou* font plus petit* y où on la remue de la mêrtte
Jttanief e , en faiGuit toujours ufàge de la meule
pour continuer à former les crains , & pour gré^
fier la portion de poudré qui a échappé à (a pre+
Aiiefe opération s ort continue cette -nûncruVtje
en faifant paffer aiîiii la poudre dans différents
Cribles dont les trous vont toujours en diminnàht
de groflèur , jirfqu'A ce que Ton foit enfin pat-
Venu à 4a faite paffer au travers dit criblé qui
forme les grains de la gfofleur dé la* poudre à
canon ordinaire. Alors oh pafle cette poudre au
ttavers d «n tamis dé foie, afin de féparer ta por-
tion grenée de celle qui rie Teft point ^ & qui èft
jfeftée en poullîere. On -paffe enfiiite la poudre
grenée ati travers d'un tamis plus gros que le pré-
cédent , afin de féparer les petits grains d'aveè
tes gros qui forment la poudre à canoh. Lé$- pe-
tits qui fubiflent encore les opérations dont nous
allons parler, foriherit la poudre <te:cfcâ{Fei;
Ce triage de la poudre a canon étant fait > on
fe porte zaféchoïr. C'eft un grand hàngatd vitré
du coté du midi , dans la longueur duquel eft
Une table garnie d'une toile furïaquelle oïl étenà
là poudre. On a foin de la retirer du féchoit à ik
fin du joûf> afin d'éviter l'hUmidité & la frai*
çheur de la huit, & les autres accidents qui pour*
/oient arriver* 11 v à des ftiahiifà&tttes où 1 oft
&it fécher la pou<ue dans iyxe étuve chauffée pair
Ggi)
4^$ CHY^lE ÎXPÉRtWENTALE
un poêle ; mais on doit , autant qu'on le pcar,
éviter de fe fervir de ce moyen , a caufe dada»
gerdufeu*
On eftdans l'ufag? de lifler la poudre de clulê,
mais avant de l'avoir fait fécher. Pour cetdfa,
on en remplit à demi un tonneau percé dans Jb
deux fonds , & enfilé par un axe quatre, po£
fur deux pivots ,• & aflujetti à une roue qo'ua
courant d'eau fait mouvoir. La poudre refie pen-
dant fix heures dans ce tonneau qui tourne œcu-
lairement , & alors elle eft fuf&faminent liflee.
Après cette opération , on repaflè la poudre
au travers d'un tamis de foie > pour fcparer U
portion grenée d'avec celle qui. n'eft pas reftce
en grains ; & on repafle encore cetre poudre an
travers d'un tamis de crin * pour féparer les pe-
tits grains d'avec les gros-; ce qui donne deui
poudres, dont les grains font de difFcrenteffïof-
ieur , & également employées pour Ja chaile.
Il réfulte de ce que nous venons de dire , que
la poudre à canon Se la poudre de chaffe font
elfentiellement de même qualité j néanmoins la-
poudre de chaile eft moins forte que la poudre i
canon 9 pârceque la poudre de chatte eft liflee,
& que cette opération la rend moins fufcepdbb
de s'enflammer. A quantité égale de poudre mifo
dans un canon-, il s'enflamme beaucoup plus de
poudre à canon que de poudre de chatte, pâr-
ceque les grains de la poudre à canon, n'étant pas
û entatfcs , font pénétrés plus facilement & plus
promptjÇfnetUr par le feu. On aime , pour la
chaffe , cjue la poudre foit liHee , pareequ elle
lalit moins les mains , les grains étant plus diffi-
ciles à fe déformer. . . . .
.- La portion de poudre qui ne s*eft point grenc*
dans toutes les opérations qu* nous avqn$ dépit
B T RAISONNÉ Ç. 4^9
£es , . eft remife dans les mortiers pour y être
>ilce pendant deux heures , & humectée avec un
peu a eau j au bout duquel temps on la greno
ainfi qu'il a été dit ci-deflus.
. Quand on a commencé à faire ufage de la pou-
dre , on ne lagrenoic pas ; on fe contentoit de la,
pulvérifer dans le mortier jufqu'à ce qu'elle fût
prefque feche. Cette poudre fe trouvoit plus forte
que celle qui eft grenée , parççqu'eUe nréfentoit
plus de furface, & qu'à quantité égale x il s'en
enflammoit davantage j mais elle étoit plus ft**
Jette aux viciffitudeç de l'humidité de l'air > & il
croit difficile de l'introduire dans le canon , par-
cequ'elle ne couloit pas aifément , tç qu'il et\
^eftoit une partie aux parois \ c'eft ce qui la ren-
doit d'un fervice incommode , & qui a fait ima-*
giner de la grener.
On connoît allez les terribles effet* de la pou-
dre. Plusieurs Phyficiens on wttribué ces effets à
l'air contenu dans le nitre ; ijs ont fait > à ce fu~
jet, beaucoup d'expériences durieufes , pour ap*
-précier la quantité d'air qui fe dégage lors de l'in-
flammation de la poudre : elles ont fervi à dé*
montrer qu'il s'en dégage fort peu. X> 'autres ont
attribué ces effets à un fluide elaftique for la na-
ture duquel il ne nous ont donné aucune con-
noiffance. D'autres enfin ont attribué ces effets à
l'eau principe des matières qui compofem la pou-
dre> & qui fe réduit fubitement en vapeurs lors.
. de fon inflammation. Ce fentimenc eu celui d$
Ssaahl, auquel j'ajouterai quelque* réflexions.
On connoît les effets de l'air dilaté chauffé-
juflju'au rouge blanc : ils font incomparablement:
xrçoins forts que ceux de l'eau dilatée fubitement
au même degré de chaleur. Cette i;cftexvpn eft
fftJKfantç pojw f»fc croire que Fait enncç poitt
(%iii
47* ChYMIE EXPBRIMENtAlB
peu de chofe dans les effets de la poudre , fut*
tout fi nous pouvons prouver que les matière*
3ui compofent la poudre , contiennent beaucoup
eau , & que cette eau eft chauffée fubitemenc
jufqu'au rouge blanc qui eft le degré de chaleur
où elle reçoit la plus grande dilatation. Les Phy*
ficiens partifans de l'air foutiennent qua mefure
qu'on nume&e la poudre par la vapeur de l'eau >
on diminue conudérahlement fa force ; donc,
difenr-ils , les effets de la poudre ne viennent
point de l'eau : on ne doit point non plus les
attribuer au foufre, puifqu'il abforbe de 1 air pen-
dant fon inflammation.
Les auteurs de ces a (Terrions ne font point
attention que la vapeur de l'eau détruit l'arran*
gement des parties numériques des ingrédients
qui compofent la poudre , en faifant cryftallifer
le nitre : cela eft fi vrai , que fi Ton fait fécher
enfuite cette poudre, fans la triturer, on rrou-
vera qn elle aura perdu prefque toute fa force :
elle ne fera pas même d'cxplofion : elle fufer*
comme une fqfée d'artifice , fi elle a été beau-
coup hume&ée : d'une autre part, fi l'on coupe
un des grains en deux , on diftinguera , à l'aide
d'une loupe , le nitre qui s'eft cryftallifé. Ces
mêmes Physiciens ne font pas encore attention
que cette eau eft étrangère & abfolument fura-
bondante à la nature des matériaux de la poudre :
c eft l'eau principe de ces fubftances qu'il faut con-
fidérer , lans laquelle le nitre ne ferait point ni-
tre , & le foufre ne feroit point foufre : eau prin-
cipe Qu'on ne peut féparer , fans détruire la n*r
ture de ces fubftances.
Il en eft de même du foufre : quoiqu'il abforbe
de l'air pendant fa combuftîon , cela n'empêche
pas qu'il nef todoife de violentes explofions, lorf*
ET KAlSOHKil. 47I
qu'il eft réduit en vapeurs , & qu'on vient à les •
enflammer ; c'eft ce que j'ai fait obferver à l'ar-
ticle de la fublimation du foufre. Cette fubftance
3ui fe trouve très divifée dans la poudre , s'en-
atnme tout-à-coup , Se fournit fou contingent
dans i'explofion.
Pour mieux faire entendre ce que nous avons
à dire fur la théorie des effets de la poudre , rap-
pelions ici en peu de mots quelques principes que
nous avons prouvés ailleurs.
Nous avons dit que le foufre contenoit fept
huitièmes d'acide vitriolique très concentré » &:
un huitième de phlogiftique.
Le nitre , de fon côté , contient environ la
moitié de fon poids d'eau principe de cette fub-
ftance faline.
Nous devons auffi nous rappeller que les corps
capables de fe réduire en vapeurs par la chaleur,
font d'autant plus expansibles , qu'ils contiennent
plus de malle fous le même volume.
Or nous avons dans la poudre le foufre & la
nitre qui font des corps rrès inflammables , &c
qui , à caufe de leur pefanteur fpécifique , font
très dilatables : ils font entièrement réduits en
vapeurs par la chaleur qui fe produit pendant l'in-
flammation de la poudre. Lors donc qu'on met
le feu & de la poudre, l'acide nitreux s'unit au
phlogiftique du charbon fie du foufre ; il en réfulte
un foufre nitreux qui eft très explofible ; la cha-
leur qu'il produit lors de l'inflammation , eft allez
forte pour réduire fubitement en vapeurs tout
Falkah du nitre , &, par conféquent, Veau prin-
cipe dé ces fubftances. Mais fi les vapeurs de l'eau
!>ure font aufli expanfîbles que nous l'avons 4k»
es matières falines da foufre & du nitre le font
bien davantage ; s'il étoit poifible d'apprécier leur
Ggiv
4?1 CHYMtB UPiUMEKTALÏ
f xpanfibilité , on trouverait que la différence eft
infiniment plus grande que celle qu'il y a encre
j air oui fe dilate treize fois fon volume , & l'eau
Sui le dilate quatorze mille fois fon volume,
|u on juge à préfenr à qui Ton doit attribuer les
effets de la poudre \ fi c'eft à la petite quantité
d'air contenu dans lés matières qui la çompofept ,
ou à L'élafticicé de l'eau & des iubftançes falines
qui font réduites fubitement en vapeurs.
Le foufre augmente l'inflammation de la pou-
dre ; le charbon la foutient. Lorfque la poudre a
été niai mêlée , on trouve , après fon inflamma-
tion , de petites boules ou grenailles de fel fondu ,
qui font du foie de foufre dans lequel Palkali do-'
mine. 11 paroît qu'il ^ entre pas dans la poudre
une aflez grande quantité de matière phlogiftique
Îiour détruire tout l'acide nitfëux. M. le Cheya-
ier Saluce (i ) a fait fur cet objet de fort belles ex-
périences : il a, par un appareil convenable > en-
flammé de la poudre » & en a fait paffer la vapeur
dans le vuide , mais au travers de papiers imbibéq
d'alkali fixe i il trouva les papiers chargés de nitre
& de tartre vitriolé : d'où u réfulte que fi l'on pou-
voitfe procurer quelque matière inflammable qui
put tenir lieu de charbon » & qui , fous le même
volume* contînt affez de phlogiftique pour com-
biner tout l'acide nitreux dunure qu'on emplois
dans la poudre , on auroit lieu d'efpérer d aug-
menter les effets : ainfi il y a encore , comme on
voit , beaucoup dç recherches à faire fur cette ma-
tière.
Les Phyficiens qui penfeneque les effets de 1^
poudre viennent de l'air » recommandent de faire
§çs çflaiç avec les matières qui en conçienneju
>■ . . . ■■ ■ ■ ■ ■ .■ . ■
{ «^fwmfd franger , Avril i?*p y igt m^
? T «LAlSONKil, 47}
beaucoup , Se qui peuvent être de nature à pou-
voir entrer dans la poudre $ telles que le fel marin»
le fel ammoniac , &c. Mais ces matières font plus
propres à en diminuer les effets , qu'à les augmen-
ter, comme nqus l'avons appris par l'expérience.
La plus petite quantité de fel marin , ajoutée à
des effais de poudre , en a diminué la force de
S lus d'un quart , pareeque ce fel n'eft point in-
ammable. Si la poudre étoit fufceptible d'ac-
Î périr quelque perfection du côté de la force, ce
erolt plutôt par le moyen des matières inflam-
mables foit falines ou autres. Parmi les matières
falines, celles qui contiennent l'acide nitreux déjà
combiné avec des matières phlogiftiques , telles
que l'or fulminant , le nitre îaturnin , le nitre am-
moniacal, le foufre nitreux , Sec. feroient les plus
propres à produire cette force ; mais il faudrait
auparavant trouver les moyens de fe procurer
abondamment cette efpece de foufre nitreux.
Parmi les matières végétales , il feroit bon d'ef-
ïayer le licopode.connu auflî fous le nom de foufre
végétal.
On fe fert de différents inftruments pour re-
connoître le degré de force de la poudre ; mai*
tous fe réduifent à apprécier le recul qu'elle occa-
sionne aux armes à feu. Ces inftruments portent
le nom d'éprouvettes : celle dont nous nous fom-
mes fer vis, a été imaginée par M. le Chevalier
d'Ârcy relie eft plus exaâe que toutes les autres^
Cette machine AB y construite en charpente ^
repréfente iln pied de table quarré , plus étroit
par le haut que par le bas. À la partie fupérieurç
CCeftun chaûîs de fer avec un demi-cercle de
çuivrç dd> fur lequel eft une aiguille D > qu*
tourne lorfque le canon fait quelque recul. Le
fanon E eft fufpendq par une tige de fer F ^ frçft
474 Chymie expérimentale
pendue elle-même fur des couteaux quipofentfuf
des pivots d acier , comme un Beau de balance.
Lorlqu on metlefeu , l'effet de la poudre eft d oc-
caiïonner un recul au canon : un petit levier qu'on
a pratiqué à la verge de fer G y pouffe l'aiguille
qui fe fixe à l'endroit où le canon la fait aller , &
qui marque le nombre des degrés de recul : on
juge par là de la force de la poudre. Geuxqui vou-
dront avoir plus de détail fur cette machine , peu*
vent confulter l'Ouvrage de M.d'Arcy que nous
ayons déjà cité»
Analyfc de ta Poudre à canon.
Nous avons dit précédemment que , pour faire
de bonne poudre, il ne fuffifoit pas toujoursd'env
ployer de bonnes matières , te dans les meilleures
proportions : la manipulation apporte de très
grands changements dans le mélange; c'eft ce que
l'ai obfervé en faifant i'analyfe de plusieurs pou*
dres de différente torce > qui contenaient cepen-
dant les mêmes fubftances. , i peu de chofe près:»
dans les mêmes proportions. Les poudres au*
j'ai analyfées , font défignées dans la Table lui-
vante. J'y fais mention des dofes des matières
qui les compofoient % & du recul qu'elles ont oç*
cafionné au canon de l'éprouvette : ces reculs font
défignés par des nombres 1x9, 198, &c. qui'
pourraient faire croire que ces poudres font infi-
niment plus fortes que celles des eflais dont nôu$
avons parlé précédemment ; ce qui n eft pas. Ces
différences viennent feulement de l'efpece de câç*
dran de l 'éprouvette qui a fervi à ces expériences.»
& qui étoit divifé en 4es degrés plus nombreux.
Voici de quelle manière j'ai analyfc ces pour
dres.
J'ai pulvérifé une livre de po udre à canon faut»
J&. 4y4.
ET RAISOKNil. '47$
foife que j'ai fait bouillir , pendant un quart
d'heure , dans quatre livres d'eau : j'ai filtré
la liqueur, & j'ai paflé beaucoup d'eau bouil-
lante fur le marc refté fur le filtre , afin de le'
deflaler : après avoir réuni les liqueurs , & les
avoir fait évaporer jufqu'à ficcité , j'ai obtenu
douze onces de nitre parfaitement fec.
Le marc refté fur le filtre contenoit le foufre &
le charbon : je l'ai fait fécher pour le pefer : il s'en
eft trouvé quatre onces. J'ai enfuite humedé cette
matière avec une fuffifante quantité d'eau , pou*
former une pâte très ferme : je l'ai mife dans une
petite capfuie de terre fous la moufle d'un four-
neau de coupelle : je l'ai fait chauffer par degrés
jufqu'à ce que la chaleur fut aflez forte pour en-
flammer leloufre , & non le charbon : j'avois foin
de remuer la matière avec un crochet de fil de fer,
afin de renouveller les furfaces : le foufre s'eft
diflipé & brûlé ; enfin lé charbon eft refté feul fans
fe confumer , mais mêlé encore d'une vingt-qua-
trième partie de foufre qu'on ne peut abfolument
point feparer, fans brûler le char bon: cette répa-
ration exa&e de venoit même inutile : il mefuffi-
foit deconnoîtrece quireftoit. En dcfalquantcette
quantité de foufre fur le poids du charbon , on
cpnnoît le poids réel de ces deux fubftances. J'ai
analyfé de même les autres efpeces de poudre ;
on en trouvera les réfultats dans la Table fuir
vante,
47* ChYMIB BXf i&IMBKTAlt
TABLE
Qui contient les réfultats de Vandtyfc de quatre ef-
peces de poudre faite aupçids d'une livre * & h
recul qu'elles ont vccqfionneà l'eprouvette.
Efpecesdes poudres
qui ont été analyses.
Poids des fubftances
trouvés par l'analyse.
Degrésderecuià
Péprouvette
Poudre à canou
angloife.
Poudre I canon
rnnçotte.
f Nitrc .
< Soufre
L Charbon
!
Nitrc
! Soufre
i Charbon
Perte
ont gros gr. I
Poudre de charte
ordinaire.
Poucfee de ckaûe
nouvelle.
Nitre
I Soufre
| Charbon
perte
•Nitre
fc Soufre
> Charbon
* Perte
n * 4 3
, . II é 6o M
• — 1±?
. . ii 71*/
x>n x 4 i .
II I
. . 12. }
e % 4 1 f
11 1
16
R E M A R Q U E S.
Par les réfultats rapportés dans la Table , il eft
vifible que les différentes forces de ces poudres
lie viennent pas des dofes des matières qui le*
çompofent ^ mais feulement de l'état de> mclang^
* T RAISONNÉ!. 4?*f
fous lequel elles fe trouvent réciproquement le*
unes à l'égard des autres.
Rien neftfi facile que de féparer le nitre de*
poudres. Ce fel fe diflbut dans l'eau , & quitte
facilement les autres ingrédients ; mais la fépa*
ration du foufre & du charbon n eftpas aufli facile
à obtenir : j'ofe même dire qu'elle ne peut fe faire
exaâement par un autre procédé que par celui
que i'ai indiqué. Ce moyen eft fondé fur U grande
comouftibilité du foufre , qui peut brûler , faù$
enflammer lecharbon , Se même les corps les plus
combuftibles. M. Robins, dans (on Traite d Ar*
tilleric s écrit en anglais , a remarqué que le fou-*
fre delà poudre peut fe œnfumer , fans allume*
les grains : c eft un fait que m'a appris M. le Gtat
Vaiier dlArcy , lorfque jg lui rendis compte de
mes expériences (i). Quoi qu'il en foit, je.nai
été conduit au moyea que je vien» d'indiquer *
qu'après plusieurs tentatives qui. ne m'ont pas
réuJfi. -.;.•..
J'avois eflayé de faire bouillir dans de l'huila
de tartre par défaillance , un mélangé connu de
foufre & de charbon broyéd enfemble furie por-
phyre \ mais je reconnus que l'alkaU n? dittoU
voit pas tout le. foufre. Lprfque jefaifois précis
pitetpar un acide celui qu'il avoit dtâbjis., il/*
mêloit parmi une certaine quantité de: terre des.
fcls* qui augmentoitletpoids duloufre. . 4
J'ai tenté la fuWimation d'un pareil, mélange
connu de foufre Se de charbon , fans plu», de fuor
ces. Le foufre contracte une fotte* d'adhér 4icè
avec le charbon : il ne fe fublime qu'à mèftire.
qu'on remue la matière pour renouvelle* ksfur-
(i) Voyez EJfai imu Thiorit <f Artillerie ^ page 41,
47$ Ch?i*îè Ê*p£*îrtJEitTAL*
faces : on eft , par conféquenc , obligé de
cette fublimacion â plufieœ* reprifes : il refte du
foufre opiniâtrement adhérent au charbon qui re-
fufe de le fublimer : d'ailleurs il eft difficile de le
détacher exaâement des chapiteaux : ce moyen
eft long & peu e*a& Ce fut reliai que je fis de
brûler un peu de la matière qui reftoit au fond du
vaifleau , pour reconnoître fi elle contenait en-
core du foufre , qui me conduifit i faire brafer le
foufre , fans faire brûler le charbon»
Je mêlai enfemble fur un porphyre , avec un
Eeu d'eâtt , deux gros de foufre & autant de char-
on : je-fis brûler le foufre de ce mélange, comme
Je l'ai indiqué : je vis avec plaifir , qu'en ne don-
nant que le degré de chaleur convenable , je fai-
fois brûler le foufre , 8c point le charbon ; mais
ion poids fe trouva augmenté de fix grains , qui
eft la vingt-quatrieme-parcie du foufre employé.
J'ai répète cette expérience avec du charbon de
liège , de fureau , du charbon ordinaire > du chair*
bon de papier , 8c des parties légères des ani-
maux ,&c. J'ai également répété ces expériences
avec du charbon de linge , d'amadou , de noir
de fumée : f ai employé rouies ces fubftances à la
dofe de deux gros, avec autant de foufre, &.j'ai
recommencé enfuite ces expériences avec deux
onces de chacun de ces charbons, 8c autant défont
fre : l'augmentation du poids du charbon par le
fbufrè^qcu lui refte uni , a toujours été la vingt-
quatrième partie du foufre employé.
Il y a une remarque à faire fur le noir de fu-
mée ; c'eft que cette matière devient très pefante
par la trituration : elle n'eft prefque pas inflam-
mable : elle rougit, fans brûler & fans .perdre
prefque rien de ion poids..
Je n'ai point fait d'expériences pour recon-
r t K a ï s ô n ^ i ë. 47$
Aoîtrc l'état fous lequel Te trouve le foufre qui
iefte uni au charbon après cette combuftion : j'ai
fait brûler quelques-uns de ces charbons jnfqu'à
ce qu'ils fultent réduits en cendres : ils ont laiffé
exhaler l'odeur de foufre j ufqu'au dernier iftftant j
ce qui me feroit croire qu'ils ne contiennent point
de foufre , mais une certaine quantité d'aciae vi-
trioliqae devenu libre par la combuftion du fou-
fre , & qui forme de 1 acide fulfureux pendant
la combuftion du charbon avec lequel il étoit
mû.
Poudre fulminante.
On met dans un mortier de marbre qu'on a
échauffé avec de l'eau bouillante , & qu on a en-
fuit* bien efluyé , trois onces de nitre bien fec ,
deux onces de fel alkali bien fec > & une once de
fleurs de foufre , ou de foufre réduit en poudre
fine : on mêlé toutes ces matières en les triturant
avec un pilon de verre auffi chauffé & féché , jus-
qu'à ce que le mélange foit bien èxa& : on ren-
ferme la poudre dans une bouteille qu'on bouche
bien.
La propriété de cette pondre eft de produire ,
étant expofée fut le feu , une explofion de$ plus
fortes & des plus bruyantes. On met dans une
cuiller de fer > fur un feu très doux , un demi-gros
Ou cm gros de cette poudre : la poudre fe liquéfie:
lorfqu elle eft parvenue à une certain degré de
chaleur, elle le réduit fubitement en vapeurs t*
Se elle produit une explofion très bruyante*
Remarques.
Le fel alkali attire l'humidité <le l'air : il con-
vient , pour cette raifon , de faire te mélange
4*6 CitY*U* ÏXPERIMENTiit
dans un mortier chaud ^afih que la poudre Jfe
trouve feche lorfqu'elleJR faite : fes effets fone
d'autant plus forts , que le mélange eft plus in-
time.
La théorie âos terribles effets de cette poudre
eft à-peu-près ta même que celle des effets de U
poudre à. canon : ces effets font dijs à Finflamma-
tion du foufre nitreux qui produit aflez de chalenç
pour réduire l'eau principe des fubftarices falines
& les fels eux-mêmes en vapeurs très dilatées.
Pendant que la poudre fe liquéfie , il fe fait deux
décompositions & deux nouvelles combinaifons :
une partie du foufre fe brûle ; mais la plus grande
parue du pttlogiftique fe combine avec l'acide ni-
treux , & forme du foufre nitreqx. L acide vitriol
lique fe porte fur l'alkali fixe & fur l'alkali di^igi-;
tre,& ils forment enfemble un tartre vitriolé* Ces
combinerons fe font fimultanément : lorfque le
foufre nitreux eft formé > & qu'il éprouve un de-
gré de chaleur fuffifant , il s'enflamme &c pcpdsnc.
1 exploûon dont nous venons de parler. La com->
tgétion dans i'air eft fi terrible & fi prompte^cm'ik
eft impoflîble de remarquer aucune flamme ffcng
le temps de re*plofion ; elle eft^étôuffée auflî-tôc
quelle * Ueiujpor la réfiftance, qu'elle trouve dd
U part de l'air. Si l'on Jajtfoif cette expérience
dans un endroit fermé , il ferait dangereux d eta-
ployer plus dnn demi-gros de poudre à la fois i
Feyplouôn, pourtoit être allez forte pour ren-
verser les aiaftamv brifaries portes & lescçoK
lees, &c, ^ ; : . .;- ;i:
U arrive quelquefois , fur-tout lorfque la cha-
leur eft tropibgtexj que U ppudçe produit foiv
explohon avant d'être entrée en liquéfa&ion :
alors elle eft mojiis bruyante due torique la ma-
tière eft «ntrée ço pleine UquéU##£ > parcequ'it