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Full text of "Chymie expérimentale et raisonnée"

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atjhttp  :  //books  .  qooqle  .  corn/ 


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LQCKHART    GIFT.      ! 

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Frofi\  the^Librâry  of  h  la  Father, 
Samuel   BteXtf?  Lockhart,  of  Liverpooi. 

1889.                                        . 

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C  H  Y  M  I  E 
EXPERIMENTALE 

ET 

RAISONNE  E, 

Avec  des  Vignettes  &  des  Figures  en  taille-douce. 

T  O  M  E    L 


V 


V 


F     Ç  H  Y  M  I  E 

I  EXPÉRf MENTALE 


E  T 


RAI  S  O  N  N  È  E, 


Par  M.^fi  A  tJ  M  i ,  Maître  Apothicaire  de  Paris, 

Démonftrateur  en  Chymie,"  &  de  l'Académie 

Royale  des  Sciences. 

TOME     PREMIER. 


A     PARIS, 

Chez  P.  Fr  A  w  ç.  D  i  d  o  t  le  jeune ,  Libraire  de  la  Faculté 

de  Médecine,  quai  des  Auguftins. 

■«—__===——=-------_»____, 

M.    DCC.    L  X  X  I  IL 
AVEC  APPROBATION,  ET  PRIflLEGE  DU  ROI. 


~ 


I» 


0, 


3  y. 


AVERTISSEMENT 

On  me  difpenfera  Volontiers  de  reihonter  au£ 
premiers  âges  des  Sciences  pour  y  découvrir  l'o- 
rigine de  la  Chymie.  Ce  travail  a  été  entrepris 
Jpar  piufieurs  célèbres  Chymiftes ,  tels  que  Boer-* 
'^haave,   Junker ,  Senac,  &c.  11  réfulte  à  peu 
^  près  de  leurs  recherches ,  que  la  Chymie ,  ainfi 
^  que  les  autres  fcienees  phyfiques  ,  eft  née  du 
^ génie  obfervateur*  &  quelle  s'eft  développée  à 
i^mefuré  que  les  Chymiftes  ont  mis  les  principes 
r  de  l'ignorance  à  l'écart*  pour  étudier  k  Nature  par 
la  voie  de  l'expérience.  La  Chymie  dans  fon  ori* 
gine  était  la  fcience  occulte ,  la  fcience  réfervée 
à  un  petit  nombre  d'Adeptes.  Ses  procédés  étoient 
en  conféquence  écrits  dans  un  ftyle  énigmatiqu* 
&  fous  le  voile  des  hiéroglyphes.  Ce  n'eftquâ 
vers  la  fin  du  fiecle  dernier ,  que  les  Chymiftes 
fe  mirent  dans  la  voie  de  l'expérience ,  &  qu'ils 
donnèrent  leurs  procédés  dans  un  ftyle  clair  ÔC 
intelligible  à  tous  les  Phyficiens.  Ge  feroit  donc 
un  travail  aflez  infructueux  que  de  confulter  les 
ouvrages  des  anciens  Chymiftes.  Ce  qu'ils  ont 
dit  de  bon.  eft  fi  obfcur ,  qu'on  a  plutôt  fait  dé 
mettre  la  main  à  l'œuvre  &  d'opérer  &)i-même  4 
que  de  chercher  à  deviner  cç  qu'ils  ont  voultf 
dire.  C'eft  le  parti  que  j'ai  cru  devoir  prendre. 
Tbme  h  « 


îj      AVERTIS  S  ÈM  E  NT. 

Une  hiftoire  exa&e  &  raifonnée  des  décoda 
vertes  en  Chymie  ,  dans  Tordre  où  elles  ont  été 
publiées ,  préfenteroit  un  tableau  farisfaifant  de 
nos  connoiflances  acquifes  dans  cette  fcience ,  & 
nous  montreroit  en  même  temps  la  marche  de 
Tefprit  humain  dans  cette  carrière.  Cette  hiftoire 
indiqueroit  ce  que  Ton  a  Fait ,  &  ce  qu'il  con- 
viendrait de  faite  pour  contribuer  au  progrès  de  la 
Chymie.!  Un  ouvrage  de  ce  genre  feroit  donc  du 
plus  grand  fecouri  à  ceux  dont  le  goût  du  travail 
remporte  fur  celui  deSa  leékure ,  6c  leur  épar- 
gnerait fouvent  la  perte  d'un  temps  précieux  em- 
ployé à  des  expériences  déjà  faites.  Le  zèle  de 
ces  coopérateurs  fe  porteroit  pour  lors  vers  des 
objets  plus  utiles  i  l'avancement  de  la  fcience. 

L'Ouvrage  que  je  préfente,  forme  un  corps  d'o- 
pérations fondamentales  de  Chymie.  Il  eft  le 
fruit  de  plus  de  vingt -cinq  années  de  travail. 
Dans  cet  efpace  de  temps ,  j'ai  démontré  la  Chy- 
mie avec  M.  Macquer ,  &  nous  avons  fait  en- 
ftmble  feize  cours  de  Chymie  :  chaque  cours  com- 
portoit  plus  de  deux  mille  expériences.  J'ai  fait 
en  outre  plus  de  dix  mille  expériences  acceflbires 
à  ces  cours  ,  qui  ont  fait  l'objet  de  beaucoup  de 
Mémoires,  dont  plufieurs  ont  été  lus  à  l'Acadé- 
mie. Les  autres  ont  été  publiés  dans  les  Jour- 
naux &  dans  divers  écrits  particuliers.  Tous  ce* 
Mémoires  ont  fervi  de  matériaux  à  cet  Ouvrage  9 


ÀVÈftf  ISS  ÈMfeNT.     I1J 

le  font  la  bafe  de  la  nouvelle  théorie  que  je  me 
fais  formée  fut  les  grands  &  principaux  phéno-* 
taenei  de  la  Nature ,  de  fur  les  opérations  fonda* 
mentales  de  la  Chymie. 

J'ai  plus  opéré  que  lu  j  &  je  m'en  fais  bôrt  gré; 
U  m'a  paru  que  cette  méthode  étoit  la  meilleure 
pour  faire  quelques  progtès  dans  une  feience  qui  , 
comme  la  Chymie ,  eft  entièrement  fondée  fut 
l'expérience.  Cependant  je  n'ai  point  négligé  di 
lire  les  découvertes  dé  nos  ptédécefleiirs ,  &  d'eri 
profiter.  J'en  fais  ufage  avec  reconnoilîancë  ert 
eiAnt  les  Auteurs  à  rhefure  que  les  occafions  s'eri 
prefenterit»  Si  j*âi  fait  quelques  omiffions  relatif 
Ves  à  cet  objet,  je  les  réparerai  aufli-  tôt  que  jô 
ferai  inftruir.  Il  eft  bien  jufte  d'atfuret  Phonneutf 
d'une  découverte  à  celui  qui  l'a  faite ,  puifqud 
cet  honneur  eft  fouvent  la  feule  récotnpenfe  d* 
ft$  travaux. 

L'érudition  eft  certainement  néceffaire  dan* 
les  feiertees  j  maiselle  n*eft  pas  fanj  inconvénients, 
for-tout  quand  la  lecture  n'eft  pas  précédée  d'un' 
travail  un  peu  fotitenu*  Lorfqu'on  commence 
par  Ike  beaucoup  avàftt  d'avoir  opéré  5  on  fe  for- 
me i  farts  4 en  appercevok  ,  un  fyftème  d'aprè* 
les  connoiffances  d'autrui*  Le  défaut  d'expé- 
rience eft  caufe  qu'on  adopte  toiy  ce  qui  paroît 
favorable  au  fyftème  que  Ton  a  époufé  par  pa- 
rafe^ L'on  rejette  en  ôonf&juence  tout  ce  qui  nd 


i 


\ 


k  AVERTISSE*!  E  NT. 
s'y  rapporte  point.  Ceux  qui  trouvent  qu'il  eft 
plus  commode  de  lire  que  d'opérer ,  portent  ra- 
rement un  jugement  bien  fain  fur  les  nouvelles 
découvertes.  Leur  imagination  foiblement  affec- 
tée les  empêche  de  pouvoir  faifir  avec  précifion 
les  vrais  rapports  que  peuvent  avoir  les  nouvelles 
'découvertes  avec  l'enfanblexle  U  Chymie» 

J  ai  été  obligé  par  état  de  répéter  un  grand 
nombre  de  fois ,  prefque  toutes  les  opérations 
ordinaires  delà Chymie;  c'eft  ce  qui  m'a  mis  1 
portée  de  Amplifier  les  appareils  :  &  j'ofe  croire 
les  avoir  réduits  à  leur  plus  grand  degré  de  fifti- 
plicité.  Tous  ces  appareils  compliqués ,  décrits 
£  longuement  dans  la  plupart  des  livres  de  Chy- 
mie ,  font  abfolument  inutiles ,  embarraflants  > 
&  ne  fervent  le  plus  fouvent  qua  rebuter  ceux 
qui  veulent  s'initier  dans  la  Chymie. 

Je  décris  les  manipulations  avec  clarté  :  jen'o- 
'inets  rien  d'eflentiel  pour  opérer  furement  & 
commodément  :  j'entre  même  quelquefois  dans 
des  détails  qu'on  pourroit  regarder  comme  minu- 
tieux; mais  je  fuis  perfuidé  qu'ils  font  très  né-, 
ceflàiresà  ceux  qui  ne  font  pas  fuffifammeuc 
habitués  au  manuel  des  opérations.  On  trouvera 
des  détails  importants  fur  plufieurs  opérations  qui 
ne  fe  rencontrent  dans  aucun  livre  de  Chymie , 
&  des  manipulations  (impies  qui  abrègent  consi- 
dérablement certains  procédés,  Ceftuu  des  pria- 


AVERTISSEMENT.  v 
dpaux  mérites  de  cet  Ouvrage.  Je  ne  contredis 
perfonne  fur  le  manuel  des  opérations ,  chacun 
doit  être  libre  d'opérer  comme  il  le  juge  à  pro- 
pos. Je  me  permets  encore  moins  de  combattre 
la  théorie  de  ceux  qui  m'ont  précédé.  L'explica- 
tion des  phénomènes  de  la  Chymie  eft  le  plus 
fouvent  fondée  fur  des  opinions  qui  peuvent 
fctrç  envifagées  fous  différents  afpeéts.  Chacun 
ayant  fa  manière  de  voir  ,  doit  avoir  la  liberté 
de  régler  en  conféquence  fes  opinions.  Je  rend» 
compte  des  miennes.  Je  tache  feulement  d'ap- 
puyer plufieurs  points  de  théorie  que  je  crois  m'è- 
tre  particuliers  fur  de  nouvelles  expériences ,  fan9 
exiger  qu'on  trouve  ma  théorie  meilleure  que 
celle  que  d'autres  Auteurs  ont  pu  donner  avant 
moi  fur  les  mêmes  objets.  Je  n'ai  abfolument 
point  gêné  ma  façon  de  penfer  *  &  fi  l'on  me 
trouve  fouvent  d'un  fentiment  contraire  à  ceu* 
de  nos  meilleurs  Chymiftes ,  je  protefte  de  bonne* 
foi  qu'il  n'y  a  pas  la  moindre  vanité  de.  ma  part  j 
ç  eft  feulement  que  j'ai  cru  que  de  nouvelles  ex- 
périences &  de  nouvelles  obfervations  dévoient* 
me  faire  penfer  autrement  qu'eux  ;  je  n'en  n'ai 
pas  moins  d'eftirne  pour  leur  théoâe. 

On  trouvera  que  j'indique  beaucoup  de  point» 
de  théorie  ou  de  pratique  qui  n'ont  été  qu'entre**  < 
vus ,  d'autres  qui  ne  font  énoncés  qu'à  demi  ^ 
&  çnfia  qu'il  y  a  nombre  d'expériences  capitale* 


vj  AVERTISSEMENT, 
qui  ne  font  pas  même  commencées*  J'ai  cru  dé^ 
voir  en  faire  mention  ,  i°.  afin  de  mieux  fairo 
fenrir  à  ceux  qui  cultivent  la  Chymie  ,  combien 
il  refte  encore  de  cbo fes  à  faire  pour  complétée 
autant  qu'il  eft  ei)  notre  foibie  pouvoir  9  les  con« 
poiflances  de  certaines  parties  de  cette  feience  , 
Au*  Ufquelles  on  #  a  que  peu  ou  point  travaille* 
$°.  J  ai  indiqué  dçs  expériences  i  faire ,  afin  de 
mettre  fqr  la  voie  ceux  qui  ont  la  bonne  volonté 
de  contribuer  par  leurs  travaux  aux  progrès  de  la 
Chymie.  Je  protefte  que  je  n'ai  aucune  prétention 
dans  les  découvertes  qui  peuvent  réfulter  des  dift 
férents  travaux  que  je  fuggere  j  ce  feroit  uno 
petite  vanité  qui  pourroit  nuire  aux  progrès  de  la 
feience  ;  d'ailleurs  je  cannois  trop  la  différence 
qu'il  y  a  entre  une  idée  qui  peut  être  quelquefois 
fcafardée  >  &  un  travail  fuivi,  foutenu,  &  accom* 
pagné  de  réflexions  bien  combinées.  La  Chymio 
préfente  une  carrière  f)  vafte  qu'elle  peut  occuper 
tous  ceux  qui  voudront  cultiver  cette  feience.  Lq 
travaille  pins  opiniâtre  d'un feul homme,  quç 
dis -je  ?  de  plufieqrs  générations»  n'eft  pas  ca* 
pable  d'épuifer  feulement  une  matière  ,  comme 
il  fera  facile  dç  s*en  convaincre  par  le  tableaq 
fuivant. 

La  Çhy mie  a  pour  objet  la  connoiffance ,  IV 
nalyfe  Çç  la  combinaison  des  productions  delà 


AVERTISSEMENT,  vij 
celles  de  la  Nature  elle-même  ,  c'efi>à-dire 
'qu'elle  n'en  a  point  En  effet,  la  Chymie  offre 
des  travaux  immenfes.  Les  découvertes  que  Ton 
fait  journellement  (ont  autant  de  flambeaux  qui 
nous  font  appetcevoir  dans  l  eloignemem  de  nou- 
velles cadres  à  parcourir.  Que  le  Chymifto 
jette  un  coup  d'ceil  fur  les  moindres  produûioni 
que  la  Nature  répand  devant  lui  %  &  il  fera  hu-t 
milié  de  vpir  cette  fuite  d'expériences  qui  s  offren* 
i  fe$  recherches. 

H  faut ,  i°.  examinée  fc parement  Se  dans  unr 
ordre  donné ,  les  corps  de  la  Naturd ,  pour  bien, 
reconnoître  leurs  propriétés ,  &  conftarer  en  quoi 
ceux  de  même  efpece  différent  les  uns  des  autres.. 

i°.  Combiner  ces  différents  corps  deux  à  deux  % 
daus différentes  proportions»  &  reconnoître  pa- 
reillement les  propriétés  de  ces  combinaifons. 

3°.  Quels  feroient  les  compofés  qui  véfulte-* 
roient  de$  cotps  de  la  Nature  combinés  trois  « 
trois,  &;  quelles  feroient  les  propriétés  de  ces 
nouvelles  conabinaifon$,  ainfi  que  celles  qu'on 
pourroit  former  en  variant  leurs  proportions. 

4°.  Quelle  carrière  imraenfe  k  préfente  â  Foi* 
fuit  cet  ordre  de  combinaisons  »  fi  Von  augmente 
U  qombee  dçs  corps  dam  une  progreffion  numé-> 
rique  ,  &  ft  Ton  varie  leur  dofe  j  quel  fera  > 
dans  cette  confufion  ,  le  plan  le  meilleur  &  et* 
mettre  temps  le  plus  lumineux  »  pour  contenir  Se 

a  <y 


yiii    AVERTISSEMENT, 
faire  reconnoître  toutes  les  combinaifons  qu  oft 
peut  former  avec  les  différents  corps  que  la  Nar~ 
cure  nous  offre. 

Ceft  vraifemblablement  cette  immenfité  d'ob-? 
jets  qui  eft  caufe  que  jufqu'ici  la  Chymie  n'a  été 
traitée  que  dans  des  plans  circonfcrits ,  &  dont 
les  limites  empèchoient  qu'on  ny  adaptât  toutes 
les  nouvelles  expériences  qui  furviennent  ea 
foule  :  les  nouvelles  découvertes  ont  toujours 
fait  connoître  les  bornes  étroites  de  ces  fortes  de 
pians  précaires.  Je  ne  me  propofe  point  d'en  faire 
la  critique?.  La  Chymie  n'eft  point  encprç  aflea 
avancée  pour  appuyer  cette  critique.  Il  arrive  mê- 
me que  les  phénomènes  de  cette  fcience  les  plus 
confiâtes  peuvent  être  envisagés  fous  différents 
points  de  vue ,  &  présentes  fous  les  rapports  qu'on 
croit  appercevoir  entre  les  objets  les  plus  connus. 
Bailleurs ,  pour  faire  une  bonne  critique  fpr  une 
pareille  matière ,  il  fimt  être  parfaitement  con- 
vaincu que  le  plan  qu'on  a  adopté ,  eft  bien  vé- 
ritablement celui  de  la  Nature.  Je  fuis  bien  éloi- 
gné de  me  flatter  d'être  parvenu  à  ce  point  de 
perfection  »  &  qu'il  n'y  ait  rien  à  réformer  fur  le 
plan  que  je  me  fuis  fait ,  &  fous  lequel  je  préfente, 
la  Chymie  dans  cet  Ouvrage.  J'ofe  feulement 
croire  que  cçlui  que  j  obferye ,  eft  plus  étende^ 
qu'aucun  de  ceux  qu'on  a  fuivis  jufqu'à  préfent , 
£c  qt}'il  embraffe  un  plus  grand  npmbr?  d'objets. 


AVERTISSEMENT.      U. 

%  eft  aflez  vafte ,  pour  que  beaucoup  d'expérien- 
ces &  de  découvertes  à  faire  puiflent  fe  placer 
naturellement  dans  les  endroits  qui  leur  con- 
viennent ,  fans  rien  déranger  de  Tordre  général* 
On  a*  reproché  à  Lémeri  d'avoir  mêlé  beaucoup 
<Je  corps  inutiles  avec  l'antimoine  qu'il  a  examiné 
dans  un  très  grand  détail  >  il  feroit  bien  intérêt* 
ijuit  que  les  fubftances  principales  de  la  Chymie 
euffent  été  fournîtes  à  un  examen  auffi  développé* 
J-e  plan  que  j'ai  adopté  indique  beaucoup  d'expo 
xiences  qui  peuvent  me  mettre  dans  le  cas  d'un 
pareil  reproche ,  parceque  ces  expériences  pa-r 
toitiènt,  au  premier  coup  d'ceil ,  ne  rien  offrir  d'u- 
tile pour  la  fcience  j  mais  on  n'eft  certain  que  ces 
«expériences  font  infruâueufes ,  qu'après  qu'elles 
ont  été  faites.  D'ailleurs  elles  ne  paroiflent  inu- 
tiles que  relativement  à  l'état  aâuel  de  la  Chy- 
mie. Mais,  il  eft  i  fuppofer  que  ,  lorfque  cette 
fcience  fera  plus  ayancée ,  il  fera  très  intéreflant 
de  conpoître  que  tel  corps ,  dans  telle  circonf* 
tgnce f  *  ou  n'a  point  d'adion  fur  un  autre.  Il 
eft  important  même  que  les  expériences  inutiles 
fpient  çonftatées  &  con/ignées  :  elles  font  partie 
des  connoiilances  acquifes  )&  de  la  fcience  ,  en 
ce  que  ces  expériences  étant,  reconnues  inutiles  , 
elles  ne  laiflent  aucune  incertitude  dans  l'efprit. 
En  un  mot,  nous  croyons  qu'il  n'y  a  aucune  e^ 
j>iriçnçe  inp%t 


tf     AVERTISSEMENT. 

Le  plan  que  j'ai  adopté  dans  cet  Ouvrage  e(S 
à  peu  près  celui  que  j'ai  indiqué  dans  FAvertifle- 
ment  des  deux  éditions  de  mon  Manuel  de  Chy- 
mie.  Je  ne  l'ai  cependant  pas  fuivi  à  U  rigueur  ; 
parcequ'il  feroic  refté  beaucoup  de  lacunes  dans 
plufieurs  articles,  qui  n'auroienr  pu  être  remplies* 
La  plupart  des  principales  expériences  n'ont  point* 
encore  été  faites ,  ou  celles  qui  Font  été ,  ne  (ont 
pas  encore  fuffifamment  constatées.  Voici  les  rai-' 
fons  qui  ont  déterminé  mon  plan. 

Je  confidere  la  Nature  comme  un  vafte  labora-^ 
toire  de  Chymie,  dans  lequel  fe  forment  des 
comportions  &  des  décomposions  de  toutes  et» 
peces.  Je  me  garde  bien  de  croire  avoir  devine 
les  moyens  fecrets  qu  elle  emploie  pour  produire 
tous  les  corps  qu  elle  nous  préfente  >  &  que  nous 
connoilTons  encore  fi  peu.  Je  me  contente  feule* 
mentd'obferver  que  la  végétation  eft  le  premier 
infiniment  que  le  Créateur  emploie  pour  mettre 
toute  la  Nature  en  aâion.  Les  végétaux  font  des' 
corps  organifés  qui  croiflent  à  la  partie  feehe  du 
globe  ,  &  dans  l'intérieur  àes  eaux.  Leur  fonc- 
tion eft  de  combiner  immédiatement  les  quatre 
éléments  ,  &  de  fervir  de  pâture  aux  animaux. 
Les  tins  &  les  autres  font  employés  par  ta  Nature 
à  former  toute  la  matière  combuftible  qui  exifte. 
Des  clafles  immenfes  d'animaux  à  coquilles ,  & 
des  polypes  de  toute  efpece ,  répandus  dans  la 


A  V  E  R r  I  S  S  E  M  E  N  T.  xj 
mer ,  convertirent  en  terre  calcaire  la  terre  yi- 
trifiable  élémentaire  que  la  végétation  a  déjà  al- 
térée :  toute  la  terre  calcaire  qui  exifte  eft  donc 
l'ouvrage  de  ces  animaux.  La  Nature ,  après  s'être 
procuré  les  produits  dont  nous  parlons ,  en  fait 
ilfage  de  mille  8c  mille  manières  différentes  *  elle 
emploie  tous  les  moyens  dont  elle  a  befoin  pour 
diftribaer  à  fon  gré  la  matière  combufïible  &  la 
terre  calcaire  que  les  corps  erganifés  ont  formées* 
La  Nature  parojt  tout  confondre ,  &  faire  enfenv 
Me  &  dans  le  même  lieu  des  combinaifons  dif* 
garâtes  :  elles  compofe  dans  le  fein  des  eaux  pla- 
ceurs matières  falines ,  du  foufre  »  des  métaux  » 
&  prépare  une  infinité  de  combinaifons  dans  lef- 
quelles  entre  le  principe  inflammable.  D'un  autre 
côté ,  elle  enfevelit  dans  les  terres >  à  laide  du 
balancement  des  eaux,  des  amas  immenfes  de  ma* 
tiere  combuftible ,  pour  y  répandre  &  entretenir 
ce  fonds  de  chaleur  qu'on  remarque  dans  Tinté- 
rieur  du  globe ,  &  pour  y  former  des  combiner- 
ions à  l'infini.  Mais  l'efpeee  de  confufion  don* 
nous  parlons ,  n'eft  qu'apparente  ;  &  pour  le  peu 
qu'on  y  faffe  attention ,  on  voir  que  les  matières 
de  même  efpece  font  afiez  féparéee  tes  unes  des. 
autres  %  pour  former  des  veines  &  des.  filons  d^ 
flânes  de  même  matière. 

Tai>dis  que  la  Nature  s'occupe  ï  former  dam 
Viwérkur  de  la  terre  desçomUuaifonsde  tout* 


xî|  AVERTISSEMENT, 
efpece ,  ou  1  répandre  les  matériaux  propres  £ 
les  produire ,  elle  s'établit  un  autre  laboratoire* 
dans  l'air.  Ce  fluide  que  nous  refpirons  ne  peue 
ni fe  charger  de  matières,  ou  trop grofSeres ,  ou 
trop  pelantes,  ni  fe  combiner  avec  elles  j  mais 
les  matières  combuftibles  enfevelies  dans  les 
terres ,  &  celles  qui  font  à  la  furface  du  globe  „ 
en  fe  décompofant ,  fournirent  dans  l'air  une 
fubftance  inflammable  dans  le  plus  grand  état  de 
certification  :  cette  matière  eft  diflbute  par  l'air 
&  par  l'eau  que  le  foleil  réduit  en  vapeurs,  & 
forme  toutes  les  combinaifons  propres  à  produire 
les  météores  ignés. 

Tel  eft  à  peu  près  le  tableau  fyftétnatique  que 
je  me  fuis  formé  des  premières  opérations  de  la 
Nature ,  Oc  telle  eft  auffi  à  peu  près  la  férié  qu'on 
peut  fuivre  quant  à  préfent  :  la  Chymie  &  la  Phy- 
fique  ne  font  pas  encore  aflez  avancées  pour  pé- 
nétrer plus  avant.  C'eft  d'après  ces  vues  générales 
i  que  j'ai  rédigé  mon  Ouvrage  fur  le  pian  où  je  le 
préfente.  Je  difcute ,  autant  que  mes  connoif- 
fances  me  le  permettent ,  chacun  des  objets  dans 
les  endroits  qui  m'ont  paru  leur  mieux  convenir; 
J'appuie  mes  idées  d  obfervations ,  lorfqu  il  s'ea 
préfente  ,  &  je  tache  de  les  confirmer  par  dfes 
expériences.  11  m'a  paru  que  la  Chymie ,  étant; 
une  fcience  imitatrice  des  opérations  de  la  Na- 
Mte ,  pouvoit  être  ptéfentée  fous  ce  point  de  vue* 


AVERTISSEMENT.  iSf 
&  que  ce  plan  bien  rempli  feroit  capable  de 
mieux  faire  connoître  1  utilité  &  retendue  de  cette 
fcience. 

S  après  cet  expofé ,  on  me  dira  peut-être  qu'il 
étoit  plus  naturel  de*  commencer  mon  Ouvrage 
par  le  règne  végétal  ,  puifque  c'eft  lui  qui  eft  la 
caufe  primordiale  de  tout  le  fyftême  des  opéra- 
tions de  la  Nature  j  mais  je  répondrai  que  j'ai 
cru  devoir  en  agir  autrement.  i°.  De  toutes  le* 
fubftances  dont  les  végétaux  font  compofés ,  il 
n'y  a  que  le  principe  inflammable  qui  puifle  réel- 
lement entrer  dans  la  compofition  des  minéraux  , 
de  en  faire  partie  j  les  autres  fubfhtnces  fe  détrui- 
fent  par  l'effet  de  la  putréfaction  dans  l'intérieur 
des  terres  :  enfin  le  végétal  ,  dans  fon  état  de 
fraîcheur ,  ne  peut  jamais  entrer  en  fubftance  dans 
la  compofition  des  minéraux.  i°.  Le  principe  in* 
flammable  qui  fe  fépare  pendant  la  deftruâion 
des  corps  organifés ,  eft  abfolument  identique  ; 
te  lorfqu'il  eft  réduit  dans  l'état  propre  à  faire 
partie  des  minéraux ,  il  feroit  abfolument  impôt 
fible  de  connoître  la  plante  qui  l'a  produit  :  or, 
comme  ce  principe  inflammable  eft  univoque ,  je 
l'examine  aufli-tôt  que  l'occafon  m'en  fournit  le 
moyen.  30.  Il  m'a  paru  que  les  végétaux  étoient 
des  corps  trop  compofés,  &  leurs  principes  pro- 
chains trop  difficiles  à  féparer  te  à  faire  connoître 
jàxlet commençants  $  d'ailleurs  j'aurois  été  obligé 


*fr    IV.ÉRTlSSËMEfJt 
4fe  préfenter  d'abord  un  grand  nombre  d'analyfêf 
<£  de  généralités ,  toujours  difficiles  à  faifir  pat 
ceux  qui  commencent  à  cultiver  cette  fcience. 

On  doit  donc  préférer  de  préfenter  le  règne 
minéral.  Les  fubftances  de  ce  règne  font  moijps 
corrtpofées  >  Si  leurs  principes  plus  faciles  à  ob- 
tenir >  pmfqu  ils  fouffrenc  moins  d'altération» 
pendant  leur  féparation.  Cette  marche  au  refte 
Qe  me  diftrait  poititde  l'ordre  fyhthétique  que  j  a* 
dopce  comme  plus  lumineux*  Je  pafle  du  fimple 
au  corapofé  %  &  du  compofé  au  plus  compofé* 
Voici  l'ordre  que  j'ai  cru  devoir  obfetver» 

Je  fais  d'abord  la  description  des  fourneaux, 
forges ,  vaiffèaux  &  uftenfiles  qu'il  convient  d'a- 
voir dans  un  laboratoire  dont  je  donne  auffi  la 
defcriptionj  je  rends  compte  de  leurs  ufages,  &C 
j'entre  dans  des  détails  concis ,  mais  fuffifants,  fur 
la  manière  de  s'en  fervir.  Je  les  divife  en  plu- 
fieurs  claies  qui  indiquent  le  fervice  qu'ils  doivent 
rendre*  Je  n'ai  point  fait  mention  des  vaifTeaux 
compliqués  ,  parcequ'on  peut  s'en  pafler  aved 
avantage  ,  en  fe  fervant  des  vaifTeaux  fîmples 
dont  je  parle.  J'indique  la  manière  de  couper  les 
cols  des  vaifleaux ,  Jf  de  percer  d'un  petit  trou 
ceux  qui  ont  befoirixle  l'être.  On  trouvera  des 
dérails  fuififanrs  pour  garnir  de  lot  le  corps  des 
vaifleaux  de  grès  otf  de  verre  >  qu'on  deftine  à 
filppotter  l'avion  d'un  grand  feu.,  &  qui»  fans.. 


AVERTISSEMENT.  w 
cette  précaution ,  feraient  en  danger  de  fe  cafltr 
t)u  de  fe  fondre.  Je  donne  également  la  recette 
des  différents  luts  pour  boucher  les  jointures  des 
vaifleaux  qu'on  affemble  pour  les  diftillarions ,  3c 

»r  raccommoder  ceux  qui  font  fêlés  ou  cafles  s 
lique  auflî  les  moyens  de  faire  le  vernis  de 
fuccin  .&  l'huile  de  lin  cuite  qui  fervent  à  faire 
du  lut  gras ,  dont  on  fait  ufage  pour  fermer  les 
jointures  des  vaiflfeaux  qui  fervent  à  la  difiillation 
d^s  acides  minéraux ,  &  autres  objets  qu'on  a  be- 
foin  d'avoir  continuellement  fous  la  main  fans 
un  laboratoire. 

Je  fais,  comme  je  l'ai  déjà  dit  plus  haut,  la 
description  d'un  laboratoire,  &  je  donne  la  lifte 
des  outils  &  uftenfiles  qui  doivent  s'y  trouver  pour 
pouvoir  travailler  commodément}  &,  pour  ren- 
dre la  colle&ion  de  ces  inftruments  plus  facile 
à  faire  à  ceux  qui  voudroient  fe  monter  un  labo- 
ratoire ,  je  diftribue  cette  colle&ion  par  ordre  des 
Marchands  qui  vendent  ces  inftruments.  J'épas- 
gne ,  par  ce  moyen ,  aux  Amateurs  de  la  Chymie 
beaucoup  de  temps  en  recherches',  fouvent  inu- 
tiles. Après  .ces  prolégomènes  qui  n'interrom- 
pent point  l'ordre  des  objets  vraiment  chymi- 
ques  9  j'entre  en  matière. 

Je  fais  une  courte  introduction  i  la  Chymie. 
Je  donne  une  définition  de  cette  feience,  &  je 
fais  connoître  conibien  elle  répand  de  lumières 


lv)    AVERTISSEMENT, 
dans  la  Phyfique  expérimentale  ,  dans  les  Aztà 
&  dan*  13iiftoire  naturelle. 

La  Chymie  ayant  pour  objet  de  reconnoîtré 
les  propriétés  des  dorps  *  j'examine  les  différente 
corps  de  la  Nature  j  je  difcute  la  divifion  en  obêÉè 
règnes ,  établie  par  les  Naturalifte* ,'  &  je  re^P- 
tlois  avec  plufieurs  Chymiftes  Se  Phyficiens  que 
cette  diviûon  n'eft  pas  parfaitement  exade.  Les 
Végétaux  &  les  animaux  ont  plufieurs  propriétés 
chymiques  qui  leur  font  communes ,  &  par  lef* 
^oplles  ils  influent  également  dans  le  fyftême  g& 
néral  des  grandes  opérations  de  la  Nature.  Il 
tn'arrive  fouvent ,  par  rapport  à  leurs  propriétés 
communes ,  de  les  défigiier  collectivement  fous 
les  noms  de  corps  organijes  &  de  corps  combufti- 
hits y  pareequ'ils  font  les  feuls  qui  paiflent  femr 
d'aliment  au  feu }  mais ,  cotnme  ces  corps  diffe-* 
xent  entre  eux  par  d'autres  propriétés  qui  leur 
font  particulières ,  je  me  réferve  aaffi  à  en  parler 
féparément ,  6c  fous  Un  autre  point  de  vue. 

Toutes  les  opérations  de  la  Nature  &  celles 
de  la  Chymiefe  réduifent  à  compofer  des  corps, 
&  à  les  décompofer.  La  Nature  fait  la  ptemiere 
opération  en  unifiant  les  fubftances  (impies  que 
nous  examinons  fous  le  nom  ^éléments  ou  de 
principes  primitifs.  Ç'aufoit  été  ici  le  lieu  de  par- 
ler d'abord  des  éléments ,  &  de  la  combinaifoii 
qu'ils  peuvent  former ,  pour  donner  enfuite  des 

id&es 


AVERTIS  S»M  EN  T.    ivij 

idées  générales  de  la  déicompofition  des  corps  ; 
fce  qui  aurait  été  plus  conforme  au  plan  de  la 
Nature  qui  corripofe  d'abord  j  &  qui  ne  décom- 
Jiofe  qu'après  :  mai^  F  Art  éh  cela  ne  peut  fuivrë 
là  Nature.  On  n'eft  point  eritore  parvenu  à  com- 
biner les  fubftances  finales  pour  en  former  des 
corps  compofés.  La  Chymie  île  peut  produite  des 
cbmbinàifons  qu'avec  deà  corps  déjà  compofés* 
La  Nature  elle-même  ne  peut  combiner  immé- 
diatement les  éléments  :  la  végétation  eft  le  pre- 
mier infiniment  de  toutes  fes  opérations.  Il  m'a 
-  Jmutu ,  par  cette  raifoh  ,  que  je  devois  parler  dé 
fanalyfé  en  cet  end  toit,  &  donner  des  idées  gé- 
nérales fur  ce  que  Ion  doit  entendre  par  analyfe 
bu  décompofition  des  corps.  J'ai  fait  tonnoîtrë 
la  diftihâion  qu'on  doit  admettre  entre  principe* 
prochains  6t  principes  primitif  s  des  corps,  ainfi  que 
tes  différents  moyens  qu'on  peut  employer  pour 
féparër  fucceflivement  les  fubftances  qui,  fan* 
être  principes,  en  font  néanmoins  fon&on,  ic 
peuvent  enfin  être  réduites  à  leur  dernier  degré 
de  fimplicité. 

La  combinaifott  qui  fuit  cet  article  *  a  pdtir  ob- 
jet de  réunir  les  fubftances  qu'on  a  féparées  par 
l'analyfç  j  mais  je  préviens  en  niêmé  temps  que 
tes  décompofitions  de  ces  recompositions  ne  peu- 
Vent  s'exécuter  encore  que  fur  un  petit  nombre 
d0  corps  du  règne  minéral  feulement. 
Terne  h  A 


xviij  .  A  V  £  R  »I  S  S  E  M  £  N  T. 

Immédiatement  après  l'anaiyfe  &  la  comporta 
tion  ,  je  parle  des  affinités ,  en  vertu  defquelles 
fe  font  toutes  les  comportions  &  décomposions 
chymiqueç  :  ce  que  j'en  dis  fuffit  pour  avoir  des 
notions  générâtes  fur  les.  opérations  fondamen- 
tales de  la  Chymie  ,  &  difpofe  à  mieux  conce- 
voir les  objets  qui  fuirent.  Je  reconnois  avec  les 
meilleurs  Chymiftes-Phyficiens  une  feule  affinité  ; 
mais ,  comme  elle  fe  préfente  différemment;  fui- 
•vant  les  citeonftances ,  j'examine  les  affinités  chi- 
miques fous  huit  cas  différents* 

L'article  qui  fuit  les  affinités  %  a  pour  objet 
les  éléments.  Je  difeute  quelles  font  les  proprié* 
tés  que  doivent  avoir  les  fubftances  pour  mériter 
le  nom  ÛéUments  ou  de  principes  primitifs  des 
corps  j  Se  je  reconnois  >  avec  les  meilleurs  Chy- 
miftes-Phyficiens ,  le  feu,  L'air ,  l'eau  &  la  terre , 
comme  les  feuls  &  vrais  principes  primitifs ,  patf- 
cequ'on  ne  peut  occasionner  aucune  altération  à 
ces  fubftances.  Ces  éléments  avoient  été  recon- 
nus pour  tels  par  les  plus  anciens  Philofophes  j 
ils  ont  été  adoptés  de  nos  jours  par  les  Chymiftes 
modernes  ;  les  Chymiftes  du  moyen  âge  prenoient 
pour  principes  les  fubftances  qu'on  féparoit  des 
corps  pendant  leur  analyfe,  &  ils  en  admettoient 
de linqefpeces  j  mais  ce  qu'Us appelloient pria* 
cipes  ne  i'étoient  point ,  puifqu  on  peut ,  par  des 
opérations  ultérieures  7  réduire  fucceffiveraens 


AVERTISSEMENT,    ai* 

leurs  prétendus  principes  à  différents  degrés  de 
{implicite.  Sraahl  parôît  être  le  premier  qui  ait 
admis  le  feu ,  l'air ,  l'eau  &  la  terre  comme  prin* 
cipes  primitifs  ou  éléments  des  corps  de  la  Na~ 
fure. 

J'examine  les  quatre  éléments  dans  1  état  oà 
la  Nature  nous  les  préfente ,  c'eft~à-dire ,  d'abord 
dans  leur  état  de  pureté ,  .&  lorfqu'ib  ne  font 
partie  d'aucun  corps  compofé.  Je  rends  compte 
de  leurs  propriétés  générales,  &  importantes  à 
çonnoître  dans  la  Chymie.  Les  éléments ,  dans 
leur  état  de  pureté ,  ont  une  grande  difpofitiott 
pour  s'unir  les  uns  avec  les  autres  j  cependant  on 
ne  connoît  aucune  combinaifon  particulière  for-* 
mée  immédiatement  de  leur  union. 

Le  végétal  eft  l'inftrument  dont  la  Nature  fe 
£ert  pour  combiner  en  premier  lieu  immédiate-* 
ment  les  éléments ,  Se  pour  former  concurrent 
ment  avec  les  animaux  toute  la  matière  combuf- 
tibie  qui  exifte  dans  la  Nature.  J'eiamine  cette 
combinaifon  des  quatre  éléments  dans  un  très 
grand  détail*  La  matière  combuftiblequin'afubi 
aucune  altération  eft  dans  l'état  huileux  :  celle  au 
contraire  qui  éprouve  de  l'altération ,  paffe  infen- 
Cblément  de  cet  état  jufqu  à  celui  de  ficcité ,  & 
enfin  de  décompofition  complette.  J'examine  la- 
matière  cornbuftible dans  ces  différents  états,  & 
pn  forme  deux  articles  *  dans  le  premier ,  je 

Hj 


**     AVERTISSEMENT. 

confidere  la  matière  combuftible  dans  l'état  huï-J 
leux  y  dans  le  fécond ,  j'examine  la  matière  in- 
flammable dans  l'état  de  ficcité  parfaite ,  que  je 
défigne  fous  le  nom  de  phlogiftique.  On  trouvera 
fur  cet  objet  des  détails  neufs  qui,  j'efpere,  répan- 
dront beaucoup  de  lumières  fur  cette  matière  qui 
joue  un  très  grand  rôle  dans  la  Nature  &  dans 
toutes  les  opérations  de  la  Chymie.  Cet  article 
étoit  imprimé  lorfque  parut  l'excellente  DifTerta- 
non  de  M.Guitfon  de  Morveau  ,  Avocat  Géné- 
rai du  Parlement  de  Dijon  ;  fans  cette  circons- 
tance ,  j'aurois  fait  ufage  avec  reconnoiflance  de 
plufieurs  grandes  vues  que  cet  habile  Phyficien 
propofe. 

La  matière  combuftible  eft  bien  véritablement 
la  première  combinaifon  immédiate  des  éléments 
qui  tombe  fous  nos  fens.  J'examine  d'abord  cette 
combinaifon  feule  j  je  la  foumets  enfuite  à  l'ac- 
tion des  éléments,  ci- devant  examinés,  &  je 
rends  compte  des  altérations  qu'elle  éprouve  de 
leur  part.  Je  fais  voir  que ,  par  fon  féjour  djins 
l'eau  &  dans  la  terre ,  elle  fe  convertit ,  comme 
dans  une  cornue ,  en  u«  véritable  charbon  ,  au- 
quel on  doit  attribuer  toutes  ces  mines  de  char- 
bons fofliles  qu'on  trouve  dans  une  infinité  d'en- 
droits de  la  terre. 

La  féconde  combinaifon  du  même  ordre  que 
0014$  offre  la  Nature }  eft  la  terre  calcaire^  JTexa- 


AVERTISSEMENT,  xxf 
tnine  de  même  cette  nouvelle  fubftance  d'abord 
feule ,  j  obferve  enfuite  les  altérations  &  lescom- 
binaifons  qu'elle  peut  fubir  &  former  avec  les 
éléments.  La  terre  calcaire  joue  auflï  un  grand 
rôle  dans  la  Nature.  Nous  penfons  que  c'eft  fou* 
cette  forme  &  dans  différents  états  d'altération 
que  la  terre  entre  dans  les  combinaifons  pu  fe 
trouve  le  principe  terreux;  mais  la  Chymie  n'eft 
guère  avancée  fur  la  connoiffance  des  combinai- 
fons qu'on  peut  produire  avec  cette  terre  dans 
nos  laboratoires,  à  l'imitation  de  la  Nature*  On 
connoît  à  peine  la  matière  faline  qu'on  peut  for-» 
mer  par  fon  union  avec  le  principe  inflammable. 
Je  rends  compte  en  cet  endroit  de  quelques  ex- 
périences nouvelles  fur  cette  matière  »  par  lef- 
quelles  je  fuis  parvenu  à  former  une  fubftance  fa* 
Une  alkaline.  Ces  expériences  peuvent  répandre 
beaucoup  de  lumières  fur  le  rôle  que  la  terre  caU 
caire  joue  dans  la  Nature. 

La  terre  calcaire ,  combinée  avec  le  principe 
inflammable ,  fournit  la  première  matière  faline» 
J'examine  cette  matière  faline ,  &  je  reconnois 
qu'elle  doit  fes  propriétés  falines  >  telles  que  ia 
faveur,  la  diflolubilité  dans  l'eau ,  &c.  au  feu  qui 
lui  eft  combiné.  Je  rire  cette  conféquence ,  que  ♦ 
le  feu  eft  le  feul  élément  qui  ait  de  la  faveur,  & 
qu'il  la  communique  à  tous  les  corps  de  la  Nar 
l^re  oui  font  capables  d'çn  avoir.  Je  profit  det 


ni)  AVERTISSEMENT, 
cette  première  obfervation  pour  parler  des  tria* 
rie* es  falines  en  général ,  &  j'examine  la  queftkm 
de  favoir  s'il  y  a  un  élément  des  fels ,  tomme 
plufieurs  célèbres  Chymiftes  1  avoient  penfé.  Je 
jeconnois  qu'il  y  a  trois  acides  minéraux ,  un 
acide  végétal  ,  deuxalkalis  fixes,  8C  un  alkali  vo- 
latil  ;  6c  que  ces  fels  font  abfolumenc  confiants 
dans  la  Nature,  &  jouent  un  très  grand  rôle  dan$ 
les  opérations  de  la  Chymie.  Je  n'examine  pas  , 
qttanrà  ptéfent,  les  autres  matières  falines  que 
forment  journellement  les  végétaux  8c  les  ani- 
maux ,  pârcequ'elles  font  trop  compliquées.  Je 
jr éferve  ce  que  j'ai  à  en  dire ,  lorfque  j'examinerai 
les  fubftances  des  règnes  végétal  &  animal.  Ces 
objets  formeront  la  féconde  partie  de  cet  Ou- 
vrage, 

Toutes  les  matières  falines  ont  les  mêmes  fub* 
fiances  pour  principes  conftituants  :  elles  ne  dif- 
férent entre  elles  que  par  les  proportions  &  pat 
fa  manière  dont  leurs  principes  conftituants  font 
combinés  entre  eux  •,  mais  j'établis  pour  principe 
général  que  c'eft  au  feu ,  &  à  l'état  fous  lequel  il 
fe  trouve  dans  les  matières  falines ,  que  les  fels 
doivent  leurs  principales  propriétés.  Je  rapporte 
plulieurs  expériences  où  je  fais  voir  que  les  aci- 
des minéraux  qui  ont  le  plus  de  faveur ,  ont  quel- 
tjuis  propriétés  communes  avec  le  feu  pur. 

J'çsamine  d'abord'  l'acide  vitriolicjue  t  parcov 


AVERTISSEMENT.    xaiij 

qu'il  eft  le  plus  falé  ,  &  qu'il  eft  le  plus  puiflanc 
des  fels  :  je  reconnois  enfuite  fes  propriétés  avec 
les  fubftances  ci*devant  examinées  :  j'en  fais  de 
même  à  l'égard  des  autres  matières  falines.  Je 
rapporte  >  l  mefure  que  i  occaûon  s'en  préfente  „ 
les  différentes  opérations  qu'on  fait  avec  ces  mê- 
mes matières  falines ,  te  qui  font  d'ufage  dans  U 
Médecine ,  dans  la  Phyfique  Se  dans  les  Arts  j 
je  ne  néglige  rien  fur  les  détails  de  chacune  des 
opérations ,  6c  j'indique  cous  les  procédés  pour 
opérer  commodément* 

L'article  des  matières  falines  fc  des  combinai* 
fons  qu'elles  forment  avec  les  différentes  fub- 
ftances  ,  eft  très  étendu  :  j'efpere  qu'on  y  trou- 
vera des  détails  abfotument  neufs  &  intéreffantsw 
Je  me  fuis  entièrement  écarté  de  la  doârine  de 
Staahl  &  de  plufieurs  habiles  Chymiftes  qui  pen* 
foient  que  les  fels  étoient  formés  par  l'union  de 
l'eau  &  de  la  terre  ;  j'ai  cru  avoir  de  ferres  raifona 
pour  penfer  autrement ,  8c  admettre  dans  les  felt 
du  feu  dans  un  certain  degré  de  pureté,  &  attri- 
buer à  ce  même  feu  toutes  les  propriétés  falines* 
Les  fels  qui  réunifient  un  plus  grand  nombre  de 
propriétés  falines,  (ont  ceux  qui  contiennent  une 
plus  grande  quantité  de  ce  feu  dans  un  certain 
degré  qui  avoifine  de  très  près  celui  de  feu  pur 
&  libre.  Au  refte ,  j'ai  penfé  que  je  pourrois  em- 
poter librement  mon  fendaient  fur  cet  objet  K 

b  iv 


ȕv    AVERTISSEMENT. 

jhns  craindre  qu'on  m'accusât  de  vouloir  dimi- 
nuer l'eftime  que  l'on  doit  avoir  pour  les  habile^ 
Ghymiftes  dont  je  n'adopte  pqint  la  théorie. 

On  trouvera  peut-être  que  je  me  fuis  répété  t* 
Ôc  fpécialement  lorfque  je  parle  du  feu  &  de  fes 
effets  dans  les  matières  falines  $  mais  j'41  penfé  t 
que  cette  théorie  étant  absolument  neuve  \  il 
étoit  néceflTaire  d'en  faire  l'application  toutes  les 
fois  que  loccafion  s'en  préfentoit  ,  &  cç  fèra 
peut-être  ces  applications  fréquentes  qu'on  pren- 
dra pour  des  répétitions.  J'ai  penfé  qu'elles  étoient 
jiécetfaires  pour  faire  mieux  connaître  les  diffé- 
rentes propriétés  du  feu  fuivapt  l'état  où  il  fe 
trouve  dans  les  diyerfes  combinaifons  où  il  entre, 
comme  principe  conftituant,  J'évite  ,  par  cç 
moyen,  des  obje&ions  que  les  Leéteurs  pour- 
roieju  pie  faire  à  chaque  pas,  n'étant  point  en* 
çore  accoutumés  à  cette  nouvelle  do&rine  dq 
feu  combiné  d'une  infinité  de  manières ,  &  qui 
joue  dans  ces  différents  états  un  fi  grand  rqle 
dans  les  opérations  de  la  Nature  &  dç  la  Chy- 
inie.  v 

Les  matières  falines  me  donnent  occafion  de 
parler  du  gypfe ,  des  argilles  &  de  l'alun.  Je  rap-* 
porte  un  extrait  de  mQU  Mémoire  fur  Us  ArgïUcs  ; 
\\  fe  trouve  partagé  en  différents  articles  que  j'a} 
placés  dans  les  endroits  qui  m'ont  paru  leur  con- 
j^çnir.  J-orfque  je  pxlçfa  i^içre,  j'exanyrçe  fc$ 


AVE  RTI#>EME  N  T,  wv. 
.  propriétés  :  je  rapporte  toutes  les  opérations  con*r 
nues  faites  fur  ce  fel ,  telles  que  fa  décompofition 
par  les  matières  phlogiftiques  où  l'acide  nitreux 
fe  trouve  détruit  :  je  fais  auflî  mention  de  tous 
les  procédés  par  lefquejs  on  décompofç  ce  fel  par 
iç  fecours  de  l'acide  vitriolique  ou  des  matériaux 
qui  le  contiennent ,  en  recueillant  à  part  l'acide 
nitreu*.  Je  pafle  eqfuite  à  la  çompofition  de  la 
poudre  i  canon.  Je  rends  compte  à  cette  oecafion 
de  beaucoup  d'expériences  que  j'a \  faites  fur  cette 
matière  avec  M.  le  Chevalier  d'Arcy.  Je  rapportç 
d$ns  deux  tables  les  réful  t  a  ts  des  principales  ex- 
périences. 

J'examine  de  même  l'acide  marin  dans  un 
grand  détail ,  d'abord  feul ,  &  enfuite  avec  toutes 
les  matières  dont  il  avoir  été  parlé  précédem- 
ment. Je  rends  compte  des  combinaifons  qu'il 
forme ,  &  je  rapporte  avec  foin  les  détails  de  ma- 
nipulation pour  faire  les  opérations  d'ufage  fur 
le  fel  marin.  Je  fuis  la  même  marche  à  l'égard  du 
vinaigre  diftillé  ,  des  alkaliç  fixes  végétal  &  mi- 
néral, &  de  l'alkali  yolatil. 

Après  les  matières  faillies  les  plus  fimples , 
j'examine  le  borax  avec  toutes  les  matières  précé- 
demment examinées.  Je  rapporte  le  travail  par* 
ficulicr  que  j'ai  fait  fur  ce  fel  :  je  rends  compte 
4f  s  procédés  par  lefquel?  je  fuis  parvenu  à  erç 


xxvj  AVERT  Ï*S^  E  M  E  N  T. 
faire  de  femblable  à  celui  du  commerce.  Je  donne 
un  moyen  facile  pour  fe  procureren  peu  de  temps 
beaucoup  de  fel  fédatif  fublîmé  ,  &  je  fais  voir 
que  tout  le  fel  fédatif  n'eft  pas  fublimable ,  mais 
que  celui  qui  l'a  été ,  peut  fe  fublimer  de'nou- 
veau  en  entier.  Enfin  je  termine  les  matières  fa- 
lines  par  un  article  fort  étendu  fur  la  cryftallifa- 
tion  des  fels  ,  &  fur  les  eaux-meres  des  fels  & 
dos  matières  falines  que  Ton  connoiffoit  fort  peu  > 
j'ai  taché  de  rendre  cet  article  intéreflant  par  de 
nouvelles  vues  que  je  propofe. 

Après  les  matières  falines,  viennent  les  fub- 
ftances métalliques.  Je  définis  ces  fubftances  j  j'en 
énonce  le  nombre  qui  eft  de  quatorze  efpeces  ; 
Je  les  diftingue  en  demi-métaux ,  en  métaux  im- 
parfaits &  en  métaux  parfaits.  Je  commence  par 
l'arfenic ,  parcequ'il  a  des  propriétés  communes 
avec  les  fels  &  les  matières  métalliques.  L'union 
de  l'arfenic  avec  le  phlogiftique  forme  un  demi- 
métal  que  Ton  nomme  régule  d'arfenic.  J'examine 
immédiatement  après  l'arfenic ,  les  autres  demi- 
métaux  %  enfuite  les  métaux  imparfaits ,  &  enfin 
les  métaux  parfaits.  Chaque  fubftance  métallique 
eft  examinée  d'abord  à  part  pour  reconnoître  fe* 
propriétés  particulières ,  enfuite  avec  toutes  les 
fubftances  dont  on  a  parlé  précédemment  &  dans 
le  même  ordre  ,  ceft-à-dire  avec  le  feù,  l'air* 


AVERTISSEMENT,  xxvif 
f  eau ,  là  glace  *  la  phlogiftique  >  avec  les  acides 
minéraux,  végétaux,  les  alkalis  fixes  &  vola- 
tils,  &c.  &c. 

J'entre  dans  les  détails  des  expériences  qu'on 
a  faites  fur  ces  corps  Se  fur  les  produits  qu'on  en 
retire ,  qui  font  d'ufage  dans  la  Médecine ,  dans 
la  Phyfique  &  dans  les  Arts.  L'arfenic  a  été  peu 
examiné.  M.  Macquer  eft  un  des  Chymiftes  qui 
a  le  plus  travaillé  fur  ce  minéral.  Je  choifis  dans 
le  grand  nombre  d'expériences  qu'il  a  faites, 
celles  qui  font  le  mieux  connoltre  les  propriétés 
de  cette  fubftatice  finguliere. 

Le  cobalt  eft  un  demi-métal  important  dan* 
les  Arts ,  à  caufe  du  beau  bleu  qu'il  fournit  pouf 
la  peinture  en  émail.  Je  rapporte  une  fuite  con- 
sidérable d'expériences  que  j'ai  faites  fur  cette 
fubftance  métallique ,  parmi  lefquelles  je  place 
un  procédé  pour  faire  l'encre  de  fympathie  de 
Hellot ,  procédé  plus  (impie  &  plus 'facile  que 
celui  que  cet  Auteur  a  publié.  Le  cobalt,  com-> 
biné  avec  les  acides,  fournit 4es  fels  neutres  mé- 
talliques. Je  profite  de  cette  première  occafion 
pour  expofer  mon  fenriment  fur  la  caufticité  de 
ces  fels  plus  grande  que  celle  des  autres  fels  neu* 
très. 

Je  rends  compte  du  nickel ,  &  de  ce  que  l'oit 
fait  fur  ce  nouveau  demi-métal ,  découvert  pat 
Hf  Qrpnftedr,  Je  donne  à  penfer  tjull  peut  être 


txvii;  AVERTISSEMENT; 
du  cobalt  dans  an  certain  état,  &  dépouillé  dtf 
la  fubftance  qui  fournit  du  bleu  par  la  vitrifica- 
tion. Le  cobalt  ordinaire,  traité  avec  du  foie  de 
foufre ,  fournit  une  femblabie  fubftance  métalli- 
que qui  ne  s'unit  point  au  foie  de  foufre.  Si  le 
nickel  eft  un  demi-métal  à  part ,  il  réfulte  de  mes 
expériences  que  le  cobalt  contient  ordinairement 
de  ce  demi-métal ,  qu'on  peut  féparer  par  le  foie 
de  foufre. 

Après  le  nickel ,  j'examine  le  régule  d'anti- 
moine. Je  donne  un  procédé  facile  pour  réduire 
ce  demi-métal  en  fleurs  que  Ton  nommejleurs  an 
gcnùncs  de  régule  d'antimoine.  Je  n'omets  aucun 
procédé  connu  fur  ce.  demi-métal  d'ufage ,  foit 
dans  la  Phyfique ,  foit  dans  la  Médecine ,  ou  dans 
les  Arts.  On  prouvera  fur  la  plupart  des  procédés 
des  détails  de  manipulation  pour  opérer  plus 
promptement  &plus  commodément ,  par  exem- 
ple ,  un  moyen  facile  pour  fe  procurer  beaucoup 
de  kermès  minéral  en  fort  peu  de  temps ,  foit  par 
la  voie  feche ,  foit  par  la  voie  humide. 

Le  zinc  eft  un  autre  demi  métal  que  MM;  Hei- 
lot  &  Malouin  ont  le  mieux  examiné.  Je  profite 
de  leurs  travaux ,  &  je  rends  compte  de  leurs  ex- 
périences qui  peuvent  le  mieux  faire  connoître 
les  propriétés  de  cette  fubftance  métallique. 
M*  Malouin  a  examiné  le  zinc  comparativement 
fcyeç  1  etain,  U  3  fait  v<?it  çn  quoi  çe$v  «wie^s 


AVERTISSEMENT,    xxï* 

métalliques  fe  reflemblent ,  &  en  quoi  elles  dif- 
férent. Je  fais  également  mention ,  à  mefure  que 
loccafion  s'en  préfente ,  des  travaui  des  autres 
Chymiftes  en  les  citant. 

Le  bifmuth  eft  un  autre  demi-métal  qui  a  été 
•peu  examiné.  M.  Pott  a  fait  fur  cette  matière 
métallique  une  Ditfertation  pleine  d'érudition  & 
d'expériences  curieufes.  Geoffroy  le  fils  a  com- 
paré ce  demi-métal  au  plomb ,  &  a  fait  connoître 
en  quoi  ces  fubftances  métalliques  fe  reflemblent, 
*&  en  quoi  elles  différent.  Nous  avons  fait  ufàge 
de  ces  différents  travaux ,  afin  de  ne  pas  laitier 
ignorer  ce  qu'il  y  a  de  bien  conftaté  fur  l'es  pro- 
priétés de  cette  matière  métallique. 

Le  mercure  termine  les  fubftances  fémi-métal» 
liques  :  fa  fluidité  a  quelque  chofe  de  remarqua- 
ble. Nous  rendons  compte  des  belles  expériences 
faites  en  Ruflie ,  par  lefquelles  on  eft  parvenu  à 
figer  le  mercure  à  l'aide  d'un  grand  froid  artificiel, 
déjà  aidé  d'un  grandjroid  naturel ,  &  à  lui  donner, 
parce  moyen ,  les  propriétés  d'un  métal  du&ile. 
Je  rends  compte  de  toutes  les  opérations  d'ufage 
qu'on  fait  avec  le  mercure.  A  l'article  du  mercure 
doux,  je  prouve  par  de  nouvelles  expériences  que 
Xaquila  alba  &  la  panacée  contiennent  plus  ou 
moins  de  fublimé  corrofif ,  ce  qui  rend  dangereux 
f  ufage  de  ces  médicaments  dans  la  pratique  de  la 
Médecine.  Je  donne  en  même  temps  le  moyen  de 


m   AVERTISSEMENT. 

débarraffer ,  par  le  lavage  dans  de  l'eau ,  tout  Î5 
fublimé  corrofif  de  ces  deux  préparations  de  mer- 
cure \  ce  que  Ton  ne  peut  absolument  point  faire 
par  des  fublimations  réitérées. 

On  trouvera  des  détails  intéreflants  far  la  cem- 
binaifon  du  foufre  avec  le  mercure  par  la  voie 
humide ,  &  fur  la  formation  du  cinabre  artificiel 
par  ce  moyen.  J'ai  publié  ces  expériences  f  il  y  a 
quelques  années  ,  dans  VAvan£~Cour*ur. 

L'étain  eu:  Le  premier  métal  que  j'examine.  Je 
tâche  de  reconnoître  fes  propriétés  avec  toutes  les 
matières  ci-devant  examinées  ;  fon  meilleur  dif- 
folvant  eft  l'acide  marin.  J'examine  cette  combi- 
naifoh  :  elle  fournit  un  fel  cryftallifable  ,  connu 
fous  le  nom  as  fel  d^itain  y  d'ufage,  depuis  quelf 
ques  années,  comme  mordant  pour  imprimer 
des  couleurs  fur  les  toiles  de  coton ,  à  l'imitation 
d&$  toiles  peintes  dçs  Indes.  L'étain  &  le  zinc 
fournirent  un  alliage  affez  du;  pour  recevoir  un 
polifuffifant,  propre  à  faiije  des  pompes  &  des 
robinets  dont  on  peut  faire  ufage  avec  fuccètf 
dans  les  cas  où  le  cuivre  ne  peut  être  employé.  Je 
rends  cotppte  des  expériences  que  j'ai  faites  a  ce 
fujet. 

L'acide  marin ,  féparé  des  combinaifons  mé> 
talliques ,  acquiert  de  nouvelles  propriétés.  Je 
propofe  4p*  vues  pour  examiner  l'acide  marin 
dansçençuvel  état,  &  fpcciaUment  la  ligueur 


AVE  RTI  S  S  E  M  E  N  T.    xxxj 

fumante  de  Libavius ,  qui  eft  l'acide  marin >  fé- 
paré  du  fqblimé  corrofif  par  le  moyen  de  i'ctain. 

Le  plomb  n'eft  pas  traite  avec  moins  de  dé- 
tails. On  trouvera  dts  expériences  qui  étoient 
peu  connues ,  quoique  publiées  dans  les  volumes 
de  l'Àcadéraie$  ces  expériences,  qui  conftatent 
l'affinité  de  ce  mural  ?  plus  grande  avec  l'acide 
vitriolique  qu^vec  les  autres  acides ,  font  une 
exception  bien  çomplette  à  la  table  des  rapport? 
de  Geoffroy. 

L'utilité  du  fer  dans  les  Arts  &  dans  la  Méde- 
cine m'a  engagé  de  traiter  ce  métal  dans  un  très 
grand  détail,  pour  bien  faire  connoUrefes  pro- 
priétés. On.  trouve  un  extrait  de  l'Ouvrage  de 
Réaumur  fur  l'Art  de  convertit  le  fer  forgé  en 
acier  ;  un  réfumé  des  travaux  qu'on  a  faits  fur  le 
bleu  de  Pruffe ,  &  un  grand  extrait  de  l'ex^llent 
Mémoire  de  M,  Macquer  fur  cette  matière  ;  ctt 
habile  Chy mille  a:>  dans  ce  Mémoire,  mis  la 
théorie  du  bleu  de  Profle  dans  ion  plus  grand 
jour. 

Le  cuivre  préiente  des  opérations  plus  utile* 
pour  la  Phyfiqne  &  pour  les  Arts,  que  pour  la 
Médecine-  Je  rapporte  tout  ce  qu'il  y  a  d'eflen- 
tiel  à  connoître  fur  ce  métal.  Je  Retaille  tous  les 
procédés  des  opérations  avec  la  plus  grande  exac- 
titude. 

Après  les  métaux  imparfaits  %  j'examine  les 


*t*ij  ÀVÉRTISSEMÊUt 
propriétés  des  métaux  parfaits  avec  lesfubftarrce^ 
piécédemment  examinées ,  &  dans  Tordre  où  8. 
en  a  été  fait  mention.  Je  fais  voir  que  les  mé- 
taux parfaits  foilt  calcinables  ;  qu'ils  ne  différent 
à  cet  égard  des  métaux  imparfaits ,  que  par  le 
moins  de  calcination  qu'ils  font  fufceptibles  d'é- 
prouver de  la  part  du  feu  &  de*  acides  minéraux. 
L'argent ,  l'or  ,  la  platine ,  perdent  dans  nombre 
de  circonftances  là  portion  de  phlogiftique  né- 
ceflàire  à  leur  éclat  métallique ,  &  reprennent 
le  principe  inflammable  &  leur  éclat  beaucoup' 
plus  facilement  que  les  métaux  imparfaits. 

A  l'article  de  la  coupellation  de  l'argent ,  je 
rapporte  le  Règlement  qui  eft  intervenu  à  là  fuite 
des  expériences  faites  par  MM.  Macquer ,  Tillet 
&  Hel lot  fur  les  proportions  de  plomb  qu'il  con- 
vientad'employer  relativement  au  titre  de  l'argent 
qu'on  éprouve.  Il  eft  réfulté  des  expériences  de 
ces  habiles  Chymiftes ,  que  l'argent  pur  eft  bieft 
véritablement  à  douze  deniets ,  &  que  l'or  pur 
eft  également  à  vingt-quatre  karats ,  quoique  lefc 
boutons  de  retour  ne  pefent  pas  douzç  deniers 
d'argent ,  ni  vingt-quatre  karats  d'or  :  on  retrouve 
le  prétendu  déchet  en  petits  globules  diflféminés 
à  la  furface  de^coupelles. 

L'or  vient  après  l'argent.  On  trouvera  fur  ce 
métal  précieux  des  détails  que  j'ai  raflemblés ,  de 
qui  fe  trouvent  épars  dans  beaucoup  d'Ouvrages* 


AVERTISSEMENT,  xxxiif 
Je  profite  des  expériences  de  M.  Lewis  pour  com- 
pléter cet  article.  Je  rapporte  à  l'article  de  l'or 
fulminant  de  nouvelles  expériences  de  M.  Bergh- 
man ,  lues  à  l'Académie ,  par  lefquelles  il  eft 
parvenu  à  faire  de  l'or  fulminant  fans  acide  ni- 
treux.  Ces  expériences  intéretfantes  répandent 
de  nouvelles  lumières  fur  la  caufe  de  la  fulmina- 
lion  de  l'or  que  j'avois  attribuée  à  du  foufre  ni- 
ceux. 

.  La  platine  eft  un  métal  parfait ,  nouvellement 
découvert ,  &  qui  a  excité  iacuriofitéde  plusieurs 
iabiles  Chymiftes.  J'ai  recueilli  tout  ce  qu'on  a 
dit  de  bon  fur  ce  métal ,  &  j'en  ai  fait  ufage  dans 
cet  Ouvrage ,  mais  dans  Tordre  que  j'ai  adopté. 
M.  Macquer  &  moi  avons  fait  auflî  plufieurs  ex- 
périences fur  ce  métal.  J'ai  eu  l'attention  de  ci- 
ter les  Auteurs  à  qui  appartiennent  les  expé- 
riences que  j'emprunte  pour  compléter  mon  ar- 
ticle. 

Après  avoir  reconnu  les  propriétés  des  matières 
falines  des  terres  &  des  fubftances  métalliques , 
je  parle  des  travaux  en  grand  qu'on  fait  avec  ces 
différentes  fubftances ,  &  qui  font  l'objet  de  plu- 
fieurs arts.  Je  n'entends  point  donner  les  arts 
en  entier  \  je  n'ai  en  vue  que  de  rapporter  ce 
que  tout  bon  Chymifte  doit?  favoir  fur  ces  diffé- 
rents objets ,  de  faire  connoître  la  théorie  des 
travaux,  &  d'indiquer  leurs  produits  qui  font 

Tome  L  C 


txxiv  AVERTISSE  MENTX 
devenus  d'une  utilité  indifpeniable  dans  la  fo% 
ciécé.  L'argille  cuite  fournit  les  briques  >  les 
Tuiles  y  les  fourneaux  portatifs ,  les  creufecs  /les 
tnoufles  ,  les  vafes  de  terre  non  vernis  &  vernit 
ïés  ,  les  poteries  de  grès  communes  ,  les  poteries 
de  terre  façon  d'Angleterre ,  la  porcelaine  &  la 
faïance.  On  trouvera  fur  chacun  de  ces  objets 
des  détails  intérefiants. 

Immédiatement  après  ce  qui  a  rapport  aux  aces 
fondés  fur  les  terres  cuites,  je  parle  des  émaux* 
&  je  donne  un  grand  article  fur  la  verrerie  ,  le 
verre  &  le  cryftal.  Comme  cet  art  eft  important, 
je  me  fuis  un  peu  étendu  fur  la  théorie  du  verre 
Qc  de  la  vitrification.  Je  propofe  des  vues  pou* 
perfectionner  les  verres  qu'on  deftine  à  faire  des 
lunettes  fimples  &  achromatiques.  Cet  article  eft 
terminé  par  l'examen  des  verres  défeâueux  qui 
font  attaquables  par  les  acides ,  &  qu'on  rencon- 
tie  fouvent  dans  le  commerce.  Avec  ces  verres 
communs,  on  fait,  par  cémentation ,  une  forte 
de  porcelaine  dont  de  Réaumur  a  parlé  le  premier. 
Je  rapporte  le  procédé  de  cet  habile  Phyjïcien.  A 
la  fin  de  cet  article  ,  je  donne  piufieurs  formules 
pour  faire  des  verres  colorés  qui  imitent  certaines 
pierres  précieufes.  Ces  recettes  ne  font  point 
données  au  hafard  ;  je  les  ai  foumifes  à  l'expé- 
rience un  grand  nombre  de  fois  >  &  elles  m  oac 
séuHi  conftamment. 


ÂVERT  î  S  S  fe  MÉNTï  xxx* 
tes  travaux  en  grand  fur  les  minéraux  fon* 
précédés  d'art  article ,  dans  lequel  je  propofe  de* 
♦ues  générales  for  Forganifâtioh  intérieure  du 
globe.  J*éxpofe  mon  fèhtimeiit  fur  la  formanorv 
*fés  fels ,  du  foufre  ,  des  bitumes  ,  âés  pyrites  ± 
des  minéraux  métalliques)  &c.  & :fûr  te  caufe 
qui  pioduit  la  difpofcrion  de  ces  corps  eft  veine* 
étt  filons  dans  l'intérieur  de  la  terre.  Céft  urt 
coup  d'oeil  général  que  je  jette  fur  les  grande* 
ôpératiorts  de  la  Nature  avant  de  parler  des  tra- 
Vaut  en  grand.  Cet  article  eft  en  quelque  façorf 
fine  récapitulation  de  ce  qui  eft  dit  dans  les  troii 
premiers  volumes  de  ma  Chymie. 
"  Les  Cabiriets «FfliftoiteNaturelle contiennent 
une  multitude  d'échantillons  de  mines ,  variés  â 
l'infini  :  mais  quelque  nombreux  que  puifTent 
être  ces  échantillons ,  ils  fe  réduifenr  à  quatorze 
fefpeces  tfiftinctives ,  &  ne  produiferit  pair  cohf& 
Client  que  quatorze  efpeces  de  taatieres  métalli- 
ques }  du  moin*  ofi  n'en  connoît  point ,  quant 
à  préfent,  un  plus  grand  nombre.  Je  délîgrie  le* 
cara<3eres  principaux  par  lefquels  oïl  peut  re- 
tonftdître  ces  différentes  mines  métalliques  j  mais^ 
comme  îtion  intention  n'eft  poirtt  de  donnet  uri 
Traité  de  Minéralogie  >  je  me  difpenfe  de  rap- 
porter les  jeuk  de  la  Nature  *  ou  les  variétés  fous 
lefquelles  elle  nous  préfente  toutes  les  mines  d'un 
tnêpie  genre ,  parcequ  il  faudrait ,  pour  remplit 


sxxvj   AVERTISSEMENT, 

cet  objet ,  plufieurs  volumes  fort  étendus.  Après 
avoir  déiigné  les  mines  par  les  cara&eres  qui 
leur  font  propres  ,  j'indique  les  pratiques  qu'on 
pbferve  pour  les  découvrir,  &  pour  reconnoîtrc 
la  direction  des  filons  y  les  moyens  qu'on  em- 
ploie, pour  arracher  les  minéraux  des  entrailles 
de  la  terre ,  &  les  précautions  que  Ton  prend 
pour  fe  mettre  à  l'abri  des  inondations  &  des 
éboulements.    ' 

On  ne  pénètre  pas  fans  danger  dans  le  labo- 
ratoire fouterrain  de  la  Nature  j  fi  Ton  a  réuflï  à 
fe  garantit  des  inondations  &  des  éboulements  , 
on  n'eft  point  encore  parvenu  à  fe. défendre 
contre  les  exhalaifons  fouterraines,  La  plupart 
des  mines  exhalent  des  vapeurs  minérales  phlo- 
giftiques  dans  différents  états ,  qui  font  périr  jes 
ouvriers.  On  trouvera  un  article  fur  cette  ma- 
tière ,  que  j'ai  tâché  de  rendre  intéreffant  par  les 
détails  dans  lefquels  je  fuis  entré ,  &  par  le$  vues 
nouvelles  que  je  propofe  pour  acquérir  plus  de 
connoiflfances  fur  cette  matière. 
.  JLes  travaux  en  grand  fur  les  mines,  devant  tou- 
jours être  précédés  des  opérations  en  petit,  pour 
cpnnoître  la  nature  de  la  mine ,  &  le  produit 
qu'on  efpere  en  retirer  dans  le  travail  en  grand , 
je  donne  un  article  fur  la  manière  d'eflayer  les 
différentes  mines ,  &  je  rapporte  les  meilleurs 
procédés  par  lefquels  on  peut  parvenir  à  cette  con- 


AVER  TI'SS^M  E  tf  t.   xxxrij 

noiflànce.  C'eft  ce  travail  en  petit  qu'on  nomme 
DocimaJïèouVdn  d€S>effah. 

Immédiatement  aptes ,  je  parle  des  travaux  en 
grand  qu'on  fait  fut  les  mines  pour  les  fondre ,  à 
l'effet  d'en  féparer  le  métftld*âvec  les  matières  qui 
lui  font  étrangères.  On  ne  doit  pas  s'attendre  à 
trouver  un  Traité  complet  fut  ta  fonderie  des 
mines  en  général  :  cet  objet  eft  trop  étendu.  Je 
me  contente  d'expofer  feulement  les.  principales 
opérations  que-ne  doivent  point  ignorer  ceux  qui 
cultivent  la  Chymie.  L'exploitation  proprement 
dite  des  mines  eft  d'ailleurs  un  art  particulier 
qui  exige  un  travail  à  part,  pareeque  cette  ex- 
ploitation ,  quoiqu'ayant  des  principes  généraux, 
devient  continuellement  particulière  pour  chaque 
cfpece  de  mine  qui  demandé  à  être  traitée  diffé- 
remment. La  nature  de  cet  Ouvrage  ne  comporte 
pas  tous  ces  détails. 

Les  pyrites  font  tin  genre  de  minéraux  métal-* 
liques  qui  contiennent  peu  de  métal ,  &  qu'on 
ne  fe  donne  point  la  peine  de  retirer  ;  .mais  les 
pyrites  fournirent  différentes  fubftances  ou  fui* 
fureufes  ou  falines  d'ufâge  dans  les  arts.  J'exa- 
mine &  j'établis  les  vrais  car aâer es  quidiftinguent 
les  pyrites  d*àvec  les  mines  métalliques.  Je  divife 
,en  quatre  chattes  les  pyrites  &les  fubftances  qui 
leur  appartiennent.  Je  rends  compte  de  Tefflo- 
ïefcçnce  des  pyrites  i  l'air  hunjide ,  &  [e  pari* 


Jrvxwij  AVERTISSE  MENT, 

de  la  caufe  qui  produit  cet  effet,  J'ejtpofe  clair** 
ment  les  procédés  par  lefqijeU  on  parvient  à  fik 
parer  du  fçufre  des  pyrites  »  i  leur  faire  produire 
du  vitriol ,  de  l'alun ,  &£.  Dans  cet  article ,  je 
tends  compte  des  procédés  qu'on  emploie  pour 
féparer  1  alun  d'une  matière  argilleqfe  qu'on 
trouve  abondamment  dans  les  environs  de  Rome, 
$c  dans  quelques  endroits  de  la  France,  comme 
l'a  découvert  M.  Fougeroux. 

Les  pyrites  qui  fe  décpmpôfent  dans  l'intérieur 
de  la  terre  ,  fournirent  des  matières  falines  dont 
l'eau  fe  charge  en  partant.  Ce  fonj  elles  qiji 
font  la  caufe  première  de  toutes  les  eaux  miné- 
rales. Je  donne  un  article  fur  les  eaux  minérales  s 
|'expofe  mon  fencimew  fi*r  la  caufe  de  la  chaleur 
de  celles  qui  font  chaudes  ,  &  de  celles  qui  font 
froides  :  je  donne  les  moyens  de  procéder  à  leur 
.  analyfb ,  pour  féparer  &  reçonnoînre  les  fubftanci* 
dont  elles  font  chargée^ ,  &  je  proppfe  4e  nou- 
velles vues  pour  examiner  celles  que  la  Nature  a 
compliquées. 

L'article  qui  traite  des  travaux  en  grand  qu  oa 
fait  fur  les  eaux  qui  contiennent  le  fel  marin ,  eft 
précédé  d'un  difeonrs  dans  lequel  j'e;po£e  mon 
fentiraçnt  fur  la  formation  de  ce  fel  dans  la  mer, 
$c  à  la  partie  feche  du  globe.  J'ai  taché  de  rendre 
f  et  article  iméreflTant ,  en  ne  me  permettant  que 
{les  hypoche/e^  cjrçi  m-qntpaçu  ayoir  le^usgra*\4 


AVERTISSEMENT,  xxxîr 
âegré  de  vraisemblance.  J'expofe  ies  travaux  en 
grand  qu'on  fait  fur  les  eaux  pour  en  extraire  \6 
fel  marin  &  le  féparer  d'avec  les  fels  étranger* 
*jui  l'accompagnent  toujours.  Je  ne  rapporte  pas 
toutes  les  méthodes  qu'on  emploie  pour  parvenir 
i  ce  but  \  cela  aùrôit  exigé  des  détails  qui  au* 
toîeiK  paffé  les  bornes  de  cet  Ouvrage.  Je  me  con* 
tente  de  parler  de  1  evaporation  de  f  eau  fur  lo 
feu ,  par ceque  ce  moyen  fait  mieux  connoître 
les  fubftances  étrangères  unies  au  fel  marin  dans 
les  eaux  falées ,  &  f  examine  ces  différentes  fub- 
ftances dans  un  détail  fuffifant. 

À  la  fuite  des  travaux  en  grand  fur  le  feî  marin,. 
Je  donne  un  article  fur  les  moyens  de  deffàler 
feau  de  mer,  &  de  la  rendre  potable.  Je  rap- 
porte lamachineque  M.Poiffbnnier  a  propofée  £ 
ce  fujet ,  qui  eft  la  meilleure  de  toutes  celles  qui 
font  connues  jufqu'à  préfent.  Ce  Phyficien  y  ami 
de  l'humanité ,  a  bien  voulu  me  communiquer 
fa  tnadime,  &  me  permettre  de  la  faire  deffinec 
&  graver  ;  ce  qui  a  été  exécuté  avec  le  plus  grand 
foin  &  la  plus  grande  exa&itnde. 

Immédiatement  après  le  fel  marin ,  Je  parle  des 
travaux  en  grand  fur  le  nitre  on  falpêtre.  J'expofe 
auparavant  le  fentiment  des  Phyficiens  fur  la  géné- 
ration de  ce  fel  particulier,  &  je  rends  compte  du 
mien.  S'il  paroît  vraifemblable,  il  ne  doit  pas  pou» 
cela  rien  diminuer  du  mérite  des  fragments  de$ 

civ 


xi    .AVERTISSEMENT. 

célèbres  Phyficiens  qui  ont  écrit  avant  moi  fiif 
cette  matière.  Le  nitre  eft  un  fel  important  pour 
la  défenfe  des  places  „  puifqu  il  eft  la  bafe  de  la 
poudre  à  canon  :  il  n'eft  pas  aufli  abondant  dans  la 
Nature  que  le  fel  marin.  Plusieurs  perfonnes  ont 
propofé  de  changer  ce  dernier  fel  en  nitre.  Je 
rapporte  mon  fentiment  fur  l'impoifibilité  de 
cette  transformation. 

Enfin  a  je  termine  ce  qui  concerne  le  règne 
minéral  qui  fait  la  première  partie  de  cet  Ou- 
vrage ,  par  des  réflexions  fur  la  pierre  philofo-* 
phale.   J'expofe  avec  franchife  mon  fentiment 
fur  cette  matière ,  &  me  mets  au-deflus  des  cla- 
meurs des  Adeptes.  Je  ne  me  flatte  pasde  les  con- 
vertir :  le  bandeau  du  préjugé  &  de  l'ignorance 
qu'iront  devant  le£  yeux ,  les  empêchera  toujours 
de  reconnoître  la  vanité  de  leurs  recherches.  Je 
defire  cependant  bien  fincérementquemes  ré- 
flexions puiffent  lés  engager  à  fe  fouftraire  aux 
travaux  pénibles  dans  lefquels  ils  s'engagent  fans 
utilité  pour  eux  &  pour  la  Chymie.  Ceft  pour 
mieux  remplir  cet  objet ,  que  je  fais  connoître  les 
manœuvres  6ç  les  tours  d'adrefle  dont  des  Charla- 
tans fe  font  fervis  pour  en impofer  aux  ignorants, 
&  abufer  de  leur  crédulité*. 


TABLE 

D  E  S    A  R  T  I  C  L  E  S 

Contenus  dans  cet  Ouvrage. 


m 


TOME    P  R  E  M  1ER. 

i/Es  Fourneaux,                •  Page  Iixy 

Fourneau  de  lichogéognofie  «  lxxxj 

"Fourneau  de  réverbère ,  Ixxxf 

Journeau  de  coupelle ,  xcj 

Fourneau  des  Pondeurs  ,  &  Forge,  xcii} 

Journeau  de  lampe ,  xcvj 

Des  Vaisseaux,  xcix 

Première  Clajfe. 
Ces.  Vaifleaux  évaporatoires  divifés  çn  trois  Seftions ,     cj 

Première  SeSion.  ' 

Des  Vaifleaux  évaporatoires  à  l'air  libre,  ïkuL 

Seconde  SeSion. 
Des  Vaifleaux  évaporatoires  clos  ,  ciij 

Troijieme  SeSion. 
Des"  Récipients ,  -  ci 

Seconde  Claffc.      x 

Des  Vaifleaux  circulatoires ,  cix 

Troijieme  Clajfe.     ^M 

Des  Vaifleaux  propres  à  la  fanon  &  à  la  vitrification ,  8cc. 

Quatrième  Clajfe. 

pes~  Vaifleaux  polychreflés  ,  exij 

panière  de  couper  &  de  peteer  des  ballons  de  verre. 
{c  autres  vaifleaux  ,  cxilj 


xl$  TABLi 

Dis  Luts;  cxvuf 

Lut  propre  à  luter  les  Cornues  de  vfcrrc  *&  Se  grès  qui 

doivent  fupporter  un  grand  feu  ,  i2û£. 

Lut  pour  luter  les  jointures  des  vaiffeaux ,  cxx 

Lut  de  chaux  &  'de  blanc  d'ceufV,  cxx| 

Lut  d'ànc ,  Md. 

Lut  gras,  cxxiij 

Huile  de  lia  cuite ,'  cxxiv 

Vernis  de  fuccin  qu'on  peut  employer  en  place  d'huile 
;  de  lin  cuite  pour  former  le  lut  gras,  crxr 

Cire  molle ,  cxxvij 

Teinture  Je  tourae&f  ,  3>id. 

IaeoratjOïre  de  C?ymii,  cxxviij 

Vaiffeaux  de  verre  &  de  cryftal  «qu'on  trouve  chez 

f  relque  tous  les  FaïancierS ,  cxxx 

Vaiffeaux  de  grès  &  de  terre  qu'on  trouve  chez  ptufîeurs 

Marchands  Potiers  de  terre  , V  cxxxi^J 

fourneaux  &  creufets  qu'on  trouve  cfaes  les  Fourna- 

liftes,  cxxxv 

yjaUTeaux  de  cuivre  que  fabriquent  Je$  Chaudcroft1- 

niers ,  cxxxviij 

Vaiffeaux  que  fabriquent  les  Potiers*  d'étain,  cxxxix 

îhftruments-que  vendent  les  Batefrckris .,  &U. 

Inftruments  qu'on  trouve  chez  les  Marbriers ,  cxl 

Outils  &  Inftruments  qu'on  trouve  chez  les  Clin- 
.*   caillers ,         «  '  *  cxlf 

Outils  &  Inftruments  qu'oatrouyexbcz  les  Marchands 

de  fer,  ibid* 

Inftruments  qu'on  trouve  chezlesToumeursenbois 

&  chez  les  Tabletjsrs.,  cxliv 

faftruments  qu'on  trouve  chez  les  Boiffelior«»  #i«\ 

Inftruments  qu'on  trouve  cheïies  Fondeurs  en  cuivre ,  ibid. 
Inftruments  qu'on  trouve  chez  les  FaiJettA.dc  ther- 
momètres ,^^  extv 
Vocabulaire  ,  jP^lufieurs  tezmes  de  Chymie ,            cxlvij 
■—                 •■,.,.    i       ■                  ,      ,                          tt  t      fm 

Introduction  a  la  chxmie  ,  page  t 

Objet  de  la  Chymie.,  % 

De  l'Analyfe  ou  de  la  Décompoiition  ,chymique  des 

corps,-  g 

JDc  la  Gofflbinairon  ou  Compbfition  chymique  des 


DES  >A  RT1CLES-       xl$ 

fSftr  les  Affinités  chymîquzs^  tj 

.Iv.  Affinité  d'adhérence  ou  de  ccJ^uon  ,  x$ 

t°.  Affinité  d'agrégation ,  18 

*jp.  Affinité  compèféede  deux  corps,  d'od  il  râuke 

;  Une  combinaison ,  3* 

4°.  Affinité  rompoïfede-ttots  corps  qm  ^at-eôfcmble 
'     un  égal  degré  d'affinité ,  5* 

5*-.  Affinité  d'intermède»  )) 

f.  affinité  de  trois  corps ,  de  laquelle  il  réfufte  une 
décompofition  &  une  nouvelle  combinaifon  quife 
font  en  même  temps ,  94 

V*«  Jtffinité  réciproque ,  ~ -'     •  37 

8°.  Affinité  de  quatre  corps ,  ou  Affinité  double ,  d'où 
il  réfulte  deux  décompositions  &  deux  nouvelles 
-    <combinaifons ,  J* 

fiur  Us  Eléments  ou  Principes  priimtif s  4<scùrpt9        39 

$MfUFeupur9  47 

Sur  les  moyens  de  # aflenbler  le  feu ,  0c  fur  cegx  qui    . 

,    déiamiûcntfbnaâion»  61 

Effets  du  Feu  far  l'air ,  •  68 

Effets  de  l'air  fur  le  feu  pur ,  4p 

Combinaifon  de  l'air  avec  le  feu  ,  ihid. 

Sur  tEau ,  70 

Des  Propriétés  de  l'eau  dans  l'état  de  liqtri4ke* ,  71 
Exnérieoce  qui  prouve  que  fcau  ne  prend  qu'un  degré 

de  froid  déterminé ,  74 

.  Des  Propriétés  de  l'eau  dans  l'état  de  glace  ,  7I 

Des  Propriétés  de  l'eau  dans  l'état  de  vapeurs  ,  7* 

DelaDiftillarion,  8; 

Diftillation  de  l'eau  ,  8| 

De  l'eau  combinée  avec  le  feu  ,  8£ 

De  Feau  combinée  avec  l'air ,  8  7 
*   JDc  l'eau  combinée  avec  le  feu  8c  l'air  ,                      *   90 

Sur  la  Terre  ,  ibia\ 

Des  pierres  &  terres  vitrifiantes  ,  101 

Propriétés  de  la  terre  élémentaire  ,  104 

Sur  les  pierres  précieufes ,  ipf 

Sur  les  pierres  colorées,  107 

^mbja^feû  4ç  la  tçjrac  flfoqifrte  aye*  1*  feufur*  i\% 


%\W  T  A  BLE 

Combinaifon  de  la  tcrrç  vitr}fiaWc  avec  Pair  ,*  r  i  f 

Combinai  fon  de*  la'  terre  Vitrifiante  arec  l'eau ,  ihidm 

Sur  U  CowéiMfondfts  quatre.  Éléments  9  rt^ 

-Sur  la  matière  combuftiblc  dans  l'état  huileux ,  -  .ne 
Matière*  con&uiWcsexpptëesaufeû  avec  le  concours  . 

de  l'air,  v  ,  Jî* 

Matières  combuftibles  expofées  au  feu  fans  air  ,  i  $-9 

Expérience  qui  prouve  que  la  matière  combuftiblc  ne    - 

peut  brûler  fans  le  concours  de  l'air ,  ibia\ 

Autre  expérience  qui  prouve  la  même  proposition  ,  140 
Autre  expérience  qui  prouve  la  même  proportion ,  #  144 
Sur  la  matière  combuftiblc  dans  l'état  de  fiçcité,  ou 

furlephloeiftique,  .  147 

Matières  combuftibles  avec  de  l'eau  %  1  j  * 

Rccompofition  de  la  matière  huileufe  x  1  ^4 

Des  propriétés  du  phlogiftique ,      ■  1  ^  j 

'Sur  la  Terre  calcaire ,  1 4i 

Etats,  fous  lefquels  la  Nature  nous  préfente  la  terre 

calcaire  que  l'on  nomme  aufli  atkaline  &  abforbante9  \  £7 

Propriétés  des  terres  calcaires  ,  "  l*& 

■ferres  calcaires  expofées  au  feu  dans  dçs  vaifleaux, 

>    clos.  Cfiau*  vive,  *   **  1-7© 

Pierres  calcaires  avec  l'air ,  '        '  -*7j 

'  Terre  calcaire  avec  l'eau ,  174 

'  Examen  des  propriétés  de  la  chaax  vive ,  17^ 

Xhaux  vive  expoièc  à  l'air  ,  17^ 

Chaux  vivc.combinéc  avec  de  l'eau.  Pâte  de  chaux,  177 

jiait  de  chaux  ,  178 

Eau  de  chaux  ,  ihid. 

•  Pellicule  ou  crème  de  chaux ,  1 79 
.  Chaux  avec  la  terre  vitrifiabie*  Mortier  de  chaux  &d*  • 

Jable pour labâtjfe  ,  ,  •  ■•  1  ^% 

Chaux  vive  &  glace  ,  1^4 

•  Chaux  vive  combinée  avec  du  phlogiftique.  Aèkali 

fi  e  artificiel,    .  ibid% 

Combinaifon  de  la  terre  calcaire  avec  la  terre  vitrifia- 
blé  par  la  voie  feche.  Fufihilité  de  ces  terres  Tune 
par  l'autre,  1^7 

Sur  les  Subfiances  falines  9  %9} 

Diftindions  des  fubftanccs  falines ,  108 

Surf  Acide  tiùiàliqût  aujfi  nommé  *cièc  univerfet,     1  r\ 


D  E  S   A  RT1  CLES.       kir 

propriétés  de  l'acide  vitriolique»  "  rt^ 

Acide  vitrioliquc  avec  le  feu,  x\6 

Acide  vitrioliquc  expofé  à  Vaùf ,  1 1 S 

Acide  vicriolique  avec  de  l'eau.   Efprit  deVitriol ,      ibicL 
Acide  vitriolique ,  &  glace ,  i 1  ? 

Acide  vicriolique  avec  de  la  terre  vfcrifiabie ,  110 

Acide  vitriolique  rectifié  ,  M  acide  vitrioliquc  con- 
centré ,  .     111* 
Acide  vitriolique  volatilifé ,  Se  rendu  fulfureux  fur- 
.'  le-champ  par  du  phlogiftique  dans  le  mouvement 

-igné,  219 

Acide  vitriolique  coloré  par  des  matière*  inflamma- 
bles dans  l'état  huileux.    Acide  vitriolique  julfu- 
•    reux9  «  *;t 

Acide  vitriolique  arec  de  l'huilt  *  •       2  j  t 

Soufre  artificiel ,  Uid* 

Sur  le  Soufre ,  137 

Soufre  expofé  au  feu ,  25! 

Soufre  mou,  139 

Soufre  cryftallifé ,  240 

Sur  la  Sublimation  9  ibid. 

Sublimation  du  foufre.  /frar*  de  fou/h ,  14a. 

Soufre  avec  l'air,     1  144 

Soufre  avec  de  l'eau.  Soufre  lavé,  ibid. 

Soufre  avec  de  la  glace  ,  245 

Soufre  avec  de  la  terre  vi  tri  fiable ,  ibid. 

Soufre  avec  le  phlogiftique  ,  ibid. 

Soufre  difïbus  dans  de  l'huile.  Bourru  de  foufre  de 

Ru/and  9  246 

Soufre  avec  la  terre  calcaire ,  147 

Soufre  avec  la  chaux  vive.  Foie  defoufre  terreux  ,  ibid. 
Décompofition  du  foie  de  foufre  terreux  ,  249 

Décomposition  du  foie  de  foufre  terreux  par  l'acide 

vitriolique ,  ibid* 

Soufre  &  acide,  vitriolique.  Soufre  difibus  dans  cet 

acide  ,  •    '         .  250 

Acide  vitriolique  avec  les  terres  calcaires ,  252 

Sur  les  Pierres  &  Terres  gypfeufts  9  connues  fous  le 

nom  de  pierres  à  plâtre,  ,        159 

Gypfe  expofé  au  feu ,  *     1*1 

Gyj>fe  à  Tau  f     .  26 j 


rfvj  t  A  fi  L  Ê 

Gypfe  avec  de  l'eau ,  *Ï£ 

Gypfe  avec  de  la  glace ,  *7d 

Gypfe  avec  la  terre  vitrifîabie  9  17 * 

Gypfe  avec  le  pfalogiftic-pe  »    .  ifofc 

Gypfc  avec  la  terre  calcaire,  *7* 

Gypfe  avec  l'eau  de  chltrx ,  i&ùL 

Gypfe  avec  l'acide  vitrioii<jae  ,  U»id. 

Gypfe  avec  le  foufre  «  174 

Sort  Acide  nhreux  ,  ibid. 

Acide  nitreux  au  feu ,  *  7  % 

Acide  nitreux  cxmoCê  à  l'air  f  *  7  *- 

Acide  nitreux  mile'  avec  de  l'eau  ,  £7? 

Acide  nitreux  mêlé  avec  de  la  glace ,  17  8 

Acide  nrfceux  avec  les  terres*  vitrifiabk* ,  ibid* 

Acide  nitreux  avec  le  phlogiftiquc ,  *?«& 
Acide  nitreux  avec  les  matières  combuitiblcs  dans 

l'état  naturel ,  *80 
Acrde  nitreux  avec  une  huile.  Inflammation  de  cette 

huile ,  ibid, 

Obfervati^is  fur  l'acide  nitreux ,  2  8  r 

Ackie  nitreux  avec  les  terres  calcaires  , •  %%i 

Çryilàllifation  des  titres  à  bafe  dç  terre  calcaire  ,  287 

Nitre  à  bafe  terreufe  avec  de  la  glace  ,  289 

Aci<|e  nitreux  &  acide  vitriolkjae ,  ibid. 

Acide  nitreux  &  foufre ,  290 
toécompofition  du  foie  de  foufre  terreux  par  l'acide 

nitreux ,  ibid. 

Acide  nitreux  &  gypfe  ».  291 

^SurT  Acide  marin  que  ton  nomme  a&JJt  Acide  du  fel 

commun-  r  ibidi 

Acide  marin  au  feu,  29 % 

Acide  marin  à  l'air,  ibid. 

Acide  marin  avec  de  l'eau  ,  ibidé 

Acide  marin  roêtë  avec  de  la  glace,  ibid. 

Acide  marin  avec  les  terres  vitrifiables ,  294 

Acide  marin  avec  les  matières  combuftibles  ,  ibid* 

Acide  marin  avec  le  phlogiftique  ,  ikid* 

Acide  marin  avec  là  matière  huileufe ,  x  19  f 

Cfcfervations  fur  l'acide  marin ,  19  6 

Acide  marin  avec  les  terres  calcaires  ;  297 

CryftaiUfation  des  fels  marins  à  bafe  teneufe,  jetf 


DES    ARTICLES,      jrlvif 

JtMebmpofition  des  Tels  marins  à  bafe  terreufe  par  i'ac- 

•  cion  du  feu,  ,  30* 

Sel  marin  à  bafe  tenrenfe  avec  de  la  glace  ,  30c 

Acide  marin  &  acide  vitriolique ,  Ai<L 

Acide  marin  avec  le  foufre  ,  ibid* 

Acide  marin  avec  le  foie  de  foufre  terreu*,  JM&- 

Acide  marin  avec  le  gypfe  ,  30* 

Acide  marin  êc  acide  ftitrebx  p  30^ 

àurVAcidevigkal,  MiL 

Vinaigre  expofë  au  fca,  3  o* 

Vinaigre  expofé  à  i'ai* ,  fiât 

Vinaigre  concentré  à  la  gelée  ,  tfù£. 

Vinaigre  avec  de  l'eau ,  3  1* 

Vinaigre  mêlé  avec  de  la  glace  ,  ïbùL 

Vinaigre  avec  de  la  terre  vitrifiable  ,  ibtd* 

Vinaigre  avec  les  matières  combuftibles  ,  1 1  r 

Vinaigre  avec  le  phlogiftique ,  tbi<L 

Vinaigre avec  la  matieie  haileufe ,  ibid* 

Vinaigre  diftillé  avec  les  terres  calcaires ,  ibuL- 

Cryfta^tëition  des  fels  acéteux  terreux  calcaires  ,  314 

Sel  a<^Hx  calcaire  avec  de.  la  glace ,  j  1  j 

Sel  aceWx  calcaire  avec  du  foufre ,  ibid. 
Vinaigre  & acide  vttrioHqae diftoilés enfemble  ,         ib'uL 

Vinaigre  &  acide  nitreux  ,  31* 
Vinaigre  &  acide  marin ,                                       .317 

Vinaigre  avec  le  foufre  ,  iUd. 

Vinaigre  avec  le  foie  de  foufre  terreux  ,  ibuL 

Vinaigre  &  gypfc  f  ibùL 

Sur  l'Aboli  fixe  végétal ,  ibid.' 

Alkali  fixe  expofé  au  feu  ,  3 19 

Alkali  fixe  expofé  à  l'air .  3 19 

Alkali  fixe  mêlé  avec  de  rean ,  3  % t 

Alkali  fixe  avec  de  la  glace ,  3  if 

Alkali  fixe  avec  de  la  terre  vitrifiable  ;  ibûL 
Lijuor  filtcum  ,  ou  Liqueur  des  cailloux , 
Liquor  filicum  diflenjs  dans  de  l'eau , 
Décompofition  de  la  liqueur  des  caillou*  par  les 

acides ,  3  30 
fBombinaifon  de  la  terre  féparée  àuliquor  filicum  arec 

l'acide  vitriolique.  Alun  artificiel,  5  j  t 


«Mif     7*         TABLE 

Sur  t  Alun  t  ■    $\£; 

Alun  au  feu.    Alun  calciné ,  jjj 

Diftillation  de  l'alun  pour  en  féparcr  l'acide  vitrio- 

Alun  à  l'air,  %\6 

Alun  avec  de  l'eau  ,  ibid. 

Alun  8c  glace  ,\  ibid. 

Alun  avec  les  matières  cotnbuftibles  Se  phlogiftiques. 

Décompofition  de  talun ,  ibid. 

Pyrophore,  ;;  8 

Décompofition  de  l'alun  par  les  terres  calcaires ,  3411 

Décompofition  de  l'alun  par  de  la  chaux  &  par  de 
.  l'eau  de  chaux,  34) 

Alun  Se  acide  vitriolique  ,  »  '  547 

Alun  &  foufre  ,  *i*V. 

Alun  ôc  gypfc ,  ibid. 

Alan  &  acide  nitreux ,  ibid. 

Alun  &  acide  marin  ,  #u/. 

Alun  &  vinaigre ,  tfii. 

Alun  &  alkail  fixe.  Dêcompefition  de  talun.  Terre 

d'alun.  Tartre  vitriolé \  ^^ibid. 

Propriétés  de  la  terre  de  l'alun ,  |H|  347 

Alun  fàturé  de  fa  terre ,  90  94g 

Terre  d'alun  diffoucc  par  de  l'acide  vitriolique,  5  t  1 

Terre  d'alun  di (Toute  par  de  l'acide  nitreux ,  ibid. 

Terre  d'alun  diûoute  par  de  l'acide  marin  ,  ibid. 

Terre  d'alun  diûoute  par  le  vinaigre  diftillé  ,  35$ 


Sur  Us  A  railles , 

ibid. 

Propriétés  des  argilles , 

354 

Argiiles  expofées  au  feu, 

3f* 

Argilles  avec  l'air, 

?60 

Argilles  avec  de  l'eau, 

3** 

Argilles  avec  les  terres  vitrifiablcs*, 

i*f 

Argilles  avec  le  phlogiftique  , 

ibid. 

Argilles  &  terres  calcaires,  tufibilitê de 

ces  terres  Cane 

par  l'autre, 

& 

Argilles  &  acide  vitriolique  , 

m 

Argilles  &  acide  nitreux , 

377 

Argilles  &  acide  marin, 

J79 

Argilles  &  eau  régale , 

380 

Argilles  &  vinaigre  diftillé  , 

iii</. 

Argilles  &  foufre  f 

3*3 

Àrgille 

DES    ARTICLES.       xli* 

Àigîltcs&:  alkali  fixe,  *  5*J 

Atgilles  *  alkali  fixe,  &  phlogiftique.  Foie  de  foufre, 

&  Soufre  art i fiât l ,  jgj 

Alkali  fixe  avec  les  matières  combttftibles  È  ïbid; 

Alkali  fixe  avec  le  phloaiftique  ,  38* 

Alkali  fixe  avec  une  huile  grafie ,  387 

Alkali  fixe  avec  les  terres  calcaires,  ibid* 

Alkali  fixe  avec  de  la  chaux  vive.,  3  %% 

Alkali  fixe  avec  de  l'acide  vitriolique*  Tartre  vitriolé* 

Sel  de  duobus.  Arcarium  duplicatum ,  •  )  89 

Alkali  fixe  avec  le  foie  de  foufre  terreux  $  3  9o 

Alkali  fixe  avec  le  Ibufre  *  3  9  & 

Foie  dé  foufre  par  la  voie  humide*  ibid9 

Foie  de  foufre  par  la  voie  feche ,  ibid. 

Foie  de  foufre  au  feu.  Sel  juif  ureux.  Tartre  vitriolé  9  }?y 
Foie  de  foufre  à  l'air  *.  i^. 

Foie  de  foufre  avec  de  l'eau,  3  jtf 

Foie  de  foufre  avec  de  la  glace ,  '397 

Foie  de  foufre  avec  de  la  terre  vitrifiable ,  ibid. 

Foie  de  foufre  avec  les  matières  combuftibles  9  ibidm 

Foie  de  foufre  avec  le  phlogiftique ,  ibid. 

Foie  de  foufre  avec  la  matière  huileufe , .  .  39g 

Foie  de  foufre  avec  la  terre  calcaire ,  ïbid. 

Foie  de  foufre  avec  l'acide  vitriolique»  Magiften  de 

foufre,  ibi<û 

Foie  de  foufre  artificiel ,  40 1 

Foie  de  foufre  artificiel  diftbus  dans  de  l'eâU  ,  401 

Magiftere  de  foufre  artificiel ,  404 

Combinaifon  de  l'acide  fulfuxeux  avec  l'alkali  fixe. 

Sel  Juif  ureuxdfStaakly  ibid. 

DécompofitLon  du  fel  fulfurcux  de  Staahl  par  l'acide 

vitriolique ,  40  r 

Alkali  fixe  &  gypfe.  Déeompojitiondugypfi.  Tartre  vi- 
triolé ,  40$ 
Alkali  fixe  &  acide  nitreux.  Nitre régénéré \  on  Salpêtre,  40? 
Alkali  fixe  &  nitre  à  bafe  terreafç,  Mitre  régénéré  $  409 
Propriétés  du  nitre ,  ibid. 
Nitre  au  feu.  Ctyftal  minéral  ;  410 
Nitre  alkalifé  fans  addition,  411 
Nitre  à  l'air,  413 
Nitre  avec  de  l'eau ,  414 
Nitre  &  glace ,  ibid. 
Nitre  &  terres  vitrifiables  j  415 
Tome  I.                                              fl 


|  TABLE 

Nfcre  avec  les  matières  combuftiblcs,  $.** 

Poudre  de  fufioii  f  +t4 

Nitre  avec  le  phlogiftique.  Nitre  fixé  parles  chùrbêns 

ht  air  libre,,  417 

Nicre  fixé  par  les  charbons  dans  des  vaifleaux  clos. 

diffus  de  nitre  ,  4x1 

Nitre  avec  de  l'huile  d'olive,  41) 

Nitre  &  terres  calcaires  ,  ihid. 

Nîtrcft  acide  vicriolique.  Efprk  de  nhre  fumant  a  la 

fa  fort  de  dauber.  Tartre  vitriolé  %  414 

•  Sel  de  duobus  tir{  de  la  maflè  faline  reftée  dans  la  cor* 

nue  après  la  diftillacion  de  l'acide  nitreux  (amant  »  4)4 
Oëeompofition  du  tartre  vitriolé  par  l'acide  nitreux 

feul ,  ut 

Déphloflifticarion  de  4'acide  vitrioliqu*  par  le  nitre 

en  fubftance ,  44s 

Nitre  &  foufre.   Acide  vitriolique  tiré  da foufre  par  ta 

combuftion  de  cette  fubftance ,  {?  par  l intermède  du 

nitre9  44) 

Décompofition  du  nitre  par  l'intermède  du  foufre. 

CliJ/us  denitrc&defoujrc.  Sel  polychrefte  de  Glafèr,  451 
Pondre  à  canon  , ,  4  j  j 

•  Analyfe  de  la  poudre  à  canon ,  474 
Poudre  tulmiDame ,                                                 475 


DES    ARTICLES.  lj 


TOMEIL 

Nitre  &  Gypse  ,  Page  \ 

Nitre  &  alun.  Décompojition  du  nitre  par  talon.  Efprit 

de  nitre  fumant.  Sel  de  duobus ,  % 
Nitre  &  argilles.  Décompojition  du  nitre  par  les  argilks. 

Efprit  de  nitre.  Tartre  vitriolé  ,  4 
Biftillation  de  l'eau  forte  dans  des  fourneaux  qu'on 

•  nomme  galères  ^  p- 
Manière  de  féparer  le  tartre  vitriolé  de  la  matière  ter-» 

reufe  qui  relie  dans  les  cornues  après  la  décompofi- 

tion  du  nitre  par  de  l'argille ,  Il 

Nitre  &  foie  de  ioufre.  Poudre  fulminante  ,  11 

Alkali  fixe  &  acide  marin.   Sel  fébrifuge  de  Stlvius ,  1 5 
Décqmpofition  du  fel  marin  à  bafe  terreufe  par  l'alkali 

fixe.  Sel  fébrifuge  de  Silvius.  Magnifie  blanche,  14 

Propriétés  du  fel  Fébrifuge  de  Silvius ,  1  % 
Alkali  fixe  &  vinaigre  diftillé.  Terre  foliée  de  tartre,  ibid. 

Diftillation  de  la  terre  foliée  ,  a  t 

Sur  t  Alkali  minéral ,  .  *       a  % 

Alkali  marin  au  feu  ,  24 

Alkali  marin  à  l'air ,  ibid. 

Alkali  marin  avec  de  l'eau ,  1  $ 

Alkali  marin  avec  de  la  glace  ,  ibidm 

Alkali  marin  avec  les  terres  vitiifiables ,  H>id. 

Alkali  marin  avec  les  matières  combuftibles,  ibid. 

Alkali  marin  avec  le  phlogiftique ,  x€ 

Alkali  marin  avec  la  matière  kuileufe ,  ibid. 

Alkali  marin  avec  les  terres  calcair.es ,  ibid* 
Alkali  marin  avec  de  la  chaux.   LeJJive  des  Savonniers,  ij 

Pierres  à  cautère  ,  ibid< 

Surlcfavon,          *  ;f 

Savon  blanc ,  57* 

Décompofition  du  favon  par  les  acides  ,  Ibid* 

Alkali  marin  avec  l'acide  vitriolique,  3* 

Propriétés  du  fel  de  Glauber ,  ibid. 

Alkali  marin  avec  le  gypfe.  5e/  de  Glauber ,  39 
Alkali  marinavec  l'acide  nitreux.  Mitre  çuadrangulalre^^ 

Propriété  du  fiitre  quairanguiairt ,  4* 


lij  TABLE 

Alkali  marin  avec  l'acide  marin.  Sel  marin  ordinaire ,  44 
Sel  marin  au  feu  5  Tel  marin  décrépité  „  45 

Fufion  du  fel  marin  ,  4* 

Sel  marin  à  l'air  ,    ,  47 

Sel  marin  avec  de  l'eau  ,  *M. 

Sel  marin  avec  de  la  glace ,  fo 

Sel  marin  avec  les  terres  vitrifiantes ,  ibid. 

Sel  marin  avec  les  matières  combuftibles ,"  $,1 

Sel  marin  avec  les  terres  calcaires»  $6 

Sel  marin  &  acide  vitriolique. .  Efprit  de  fel  fumant  a 

La  façon  de  Glaubcr.  Sel  deGUuber9  ibid. 

Manière  de  retirer  le  fel  de  Glaubcr  de  lamaflèfaline 

qui  refte  dans  la  cornue  après  la  diftillation  de  Ta-        # 

cide  marin  fumant ,  6} 

Décomposition  du  fel  de  Glaubcr  par  l'acide  nitreuz  ' 

feul,  I4 

Sel  marin  &  gypfc ,  1  65 

Sel  marin  &  acide  nitreux.  Décomposition  de  ce  fel. 

Eau  régale ,  ibid. 

Sel  marin  &  acide  marin,  67 

Sel  marin  &  vinaigre ,  ibid. 

Sel  marin  &  alkali  marin.  Purification  du  fel  marin ,  ibid. 
Sel  marin  &  alun  ,  6  * 

Sel  marin  &  argilles.  Décompofition  de  ce  fel.  Acide 

matin.  Sel  de  Glaubcr ,  ibid* 

Manière  de  féparer  le  fel  de  Glauber  que  contient  la 

matière  terreufe  reftée  dans  la  cornue  après  la  dé-* 

compofïtion  du  fel  marin  par  de  l'argillc  ,  79 

Sel  marin  &  foie  de  foufre ,  71 

Sel  marin  &  nicre ,  ibid. 

Sel  marin  &  leflîvc  des  Savonniers ,  ibid. 

Alkali  marin  avec  le  vinaigre  diftillé.   Terre  foliée 

cryfialiifla ,  '  7z 

Diftillation  de  la  terre  foliée  cryftallifée ,  74 

Sur  t*  A Ikalr  animal,  ou  Alkali  volatil ,  75 

Alkali  volatil  au  feu  ,  77 

Alkali  volatil  expofe  à  l'air  ,  ibid. 

Alkali  volatil  avec  de  l'eau ,  7  8 

Alkal  i  volatil  avec  de  la  glace ,  ibid. 

Alkali  volatil  avec  les  terres  vitrifiablcs,  79' 

Alkali  volatil  avec  les  matières  combuftibles ,  ibid. 

£lkali  volatil  a,yec  les  matières  pMogiftiqucs ,  ibid. 


DES    ARTICLES.        Kij 

Alkali  volatil  avec  la  maticre  huilenfe,  .   Sa 

Alkali  volatil  avec  les  terres  calcaires ,  ibid. 

Alkali  volatil  avec  de  la  chaux  vive ,  ibid» 

Alkali  volatil  avec  de  l'acide  vitriolique-.  Sel  ammo- 
niacal vitriolique  ,  ou  Sel  ammoniacal  ficret  de 
Glauber ,  8x 

Alkali  volatil  6c  acide  nitreux.  Sel  ammoniacal  nitreux , 

ou  Nitre  ammoniacal ,  8  c 

Alkali  volatil  &  acide  marin.  Sel  ammoniac  ordinaire^    87 
Alkali  volatil  &  vinaigre  diftillé  ,  89 

Décompofition  des  Tels  à  bafe  terreufe  par  Falkali  vo- 
latil >  $0 

Sur  le  Sel  ammoniac,    &  fit  une  Fabrique  de  ce  Sel 

établie  en  France  ,  ^4 

Sel  ammoniac  au  feu.  Fleurs  de  fel  ammoniac ,  97 

Sel  ammoniac  8c  eau.  Purification  du  Sel  ammoniac  , 

ScfaCryflallifdtion ,  99 

Sel  ammoniac  &  terre  calcaire.  Sel  volatil  ammoniac. 

Sel  marin  à  bafe  terreu/é ,  100 

Sel  ammoniac  &  chaux  éteinte  à  l'air.  Efprit  volatil 

de  fil  ammoniac  M  è  107 

Foie  de  fourre  volatil ,  ou  liqueur  fumante  de  Boîle ,   m 
Sel  ammoniac  &  alkali  fixe.  Sel  volatil  ammoniac ,  & 

Sel  fébrifuge  de  Siivius%  jl$. 

Sel  ammoniac  &  acide  vitriolique.  Acide  marin  tiré 

du  fil  ammoniac.  Sel  ammoniac  vitriolique  ,  ou  Sel 

fier  et  de  Glauber ,  il* 

Sel  ammoniac  &  foufre  ,  1 1  j 

Sel  ammoniac  &  gypfe ,  i&</. 

Sel  ammoniac  &  acide  nitreux.  Eau  régale  ±  A 1  ç 

Sel  ammoniac  3c  acide  marin  ,  j  17 

Sel  ammoniac  &  vinaigre  diftillé"  ,  ibid. 

Sel  ammoniac  &  alun ,  1 1 8 

Sel  ammoniac  &  argillc ,  ibid: 

Sel  ammoniac  &  foie  de  foufre  ;  ibid. 

Sel  ammoniac  &  nitre ,  ibid. 

Alkali  volatil  avec  les  alkalis  fixes  £  119 

Alkali  volatil  &  foie  de  foufre  ,  ibid. 

Alkali  volatil  &  nitre ,  ibid. 

Sur  le  Borax ,  ib  ïd. 

Purification  du  borax  brut ,  1  $  j 

d  tij 


Irr  TABLE 

Examen  de  la  terre  Cparée  du  borax  brut ,  •      M  5" 

Sur  le  borax  purifié  ,  14* 

Borax  au  feu.  Borax  calciné  ,  ibid. 

Verre  de  borax  ,  14* 

Bor.xàl'air,  144 

Borax  avec  de  l'eau ,  ibid. 

Borax  &  glace,  14? 

Borax  Se  phlogiflique  ,  ibid. 

Borax  Se  eau  de  chaux  ,  ibid. 

Borax  &  foufre ,  ibid. 

Borax  Se  foie  de  foufre  terreur,  1 46 

Borax  &  foie  de  foufre  alkalin  ,  ibid. 

Borax  Se  nitre ,  ibid. 

Borax  &  fel  marin ,  ibid. 

Borax  &  fel  ammoniac,  ibid. 

Borax  &  terres  vitrifiabres  ,  ito£ 

Borax  &  terre  calcaire  ,  147 

Borax  &gypfe,  ibid. 

Borax  &  alun ,  ibid. 

Borax  &  nitre  à  bafe  terreufe ,  1 48 

Borax  &  fel  marin  à  bafe  terreufe  ,  ibid. 

Borax  Se  fel  acéteux  caloaire  ,  ibid. 

Borax  Se  alkali  végétal  ,  iW. 

Borax  &  alkali  volatil ,  ibid. 

Borax  &  acide  vitriolique.  Sel  fédatif  cryJlaUifé.  Sel 

deGlauber9  ibid. 

Borax  &  acide  nitreux.  Selfidatif.  Nitre  quadrangu- 

laire  t  14, 

Borax  &  acide  marin.  Selfidatif.  Sel  marin  régénéré,  1  j» 
Borax  Se  vinaigre  diftillé.    Set  fédatif.  Terre  foliée 

cryfiallifée ,  ibid. 

Propriétés  du  fel  fédatif ,  157 

Sel  fédatif  au  feu  dans  des  vaifTeaux  clos.  Sel  fédatif 

fublimé ,  K  15S 

Procédé  pour  faire  beaucoup  #de  fel  fédatif  fublirné 

enpeudetemps,        r         '  iti 

Verre  de  fel  fédatif,        '  1*4 

Diflblution  &  cryftallifation  du  verre  du  fel  fédatif,     1 6  f 
Sel  fédatif  avec  de  l'eau  ,  i6j 

Sel  fédatif  avec  de  la  glace  ,  ibid. 

Sel  fédatif  cryftallifé  avec  de  l'alkali  marin.  Borax 

régénéré ,  ibid. 

Sel  fédatif  avec  de  l'alkali  fixe  végétal ,  ibid. 


I 


DESjkRT-ieLES.  4vr 

Sel  fédatif  avec  de  l'alkali  volatil,  j6t 

Sel  fédatif  avec  les  aeides  minéraux  &  le  vinaigre,  ibid. 

Sel ft datif  8c  tartre  vitriolé,                  ^  ibiat 

Sel  fédatif  8c  nitre.  Dicompofitlon  du  nitre ,         ^  \6$ 

Sel  fédatif  8c  fel  marin.  Décompo/itiom  du  {cl  marin,  ibi<£ 

ScJ  (édatif  &  fel  ammoniacal  vitrioiique ,  1 70 

Sel  fédatif  8c  fel  ammoniacal  nitreux ,  ibid. 

Sel  fédatif  8c  fel  ammoniac ,  170 

Sel  fédatif  6c  fel  ammoniacal  acétcux ,  ibid] 

Sel  fédatif  &  terres  vitrifiablcs ,  ibid. 

\               Sel  fédatif  &  terres  calcaires  »  ibid. 

Sel  fédatif  8t eau  de  chaux,  ibid. 

1                Sel  fédatif  &  argtllcs ,  1 7  î 

;               Sel  fédatif  &  alun,  tbid, 

j                Sel  fédatif  8c  phlogiftique ,  ibid,  * 

Sel  fédatif  8cfoufrc,  .    ibid. 

Sel  fédatif  &  foie  de  foufre  ,  ibid. 

Sur  la  Cryflallifatton  des  Sels  ,  ibid. 

Sur  les  eaux-mercs  des  fcls  ,  ai 4 

Sur  les  fubftances  métalliques ,  ito 

Sur  t  Arfenic,  xxy 

Arfenic  au  feu,  »ig 

Arfenicà  l'air,  xjp 

Arfenic  avec  de  l'eau  ,  ibid. 

Arfenic  &  glace  ,  1  j  1 

Arfenic  &  huile  ,  i?i 

Arfenic  avec  le  phlogiftique.  X/^ir/e  a* arfenic,  ibid. 

Des  propriétés  du  régule  d'arfenic  ,  135 

Régule  a  arfenic  avec  de  l'acide  vitrioiique ,  %$6 

Régule  d'arfenic  avec  l'acide  nitreux  ,  137 

Régule  d'arfenic  avec  l'acide  marin  ,  ibid: 

Régule  d'arfenic  avec  le  vinaigre  diftillé  ,  1  j  g 
Remarques  fur  les  difTolutions  du  régule  d'arfenic  par 

les  acides ,  ibid% 

Arfenic  &  alkali  fixe  végétal*  Foie  a* arfenic  9  ibid: 

Arfenic  8c  alkali  marin  ,  140 

Arfenic  8c  alkali  volatil ,  ibid: 

Arfenic  8c  foufre.  Orpiment.  Rêagd  ,  14  r 

Arfenic  8c  foie  de  foutre ,  ibid. 
Arfenic  8c  nitre  traités  dans  des  vaiueaux  à  l'air  libre,,  ibid. 
Arfenic  8c  aitre  traités  4ao#  des  vaifleaux  clos.  Sel 

d  iv 


Ivj  TAB1Î 

neutre  arfenical ,  143 

Arfenic  &  Tel  marin ,  1^0 

Arfcnic  &  nitre  quadrangulaiffe ,  :         ibèd. 

Arfenic  8c  fd  ammoniac  ,  15  j 
Arfcnic  &  fcl  ammoniacal  ni treuxi  Sel  neutre  arfenico* 

Ammoniacal ,  174 

Arfenic  &  borax,  ajj 

Arfcnic  &  fcl  fédatif,                      '  \\6 

Arfenic  &  gypfc ,                            ...  jy^ 

Arfenic  5c  argiiles ,  jl<6 

Arfcnic  &  alun,  ibid. 

Arfcnic  avec  les  terres  vicrifiablcs  &  calcaires ,  ibij. 

Sur  le  Régule  de  cobalt ,  ibid. 

Régule  de  cobalt  expofé  au  feu ,  1 ,  S 

Réduction  de  la  chaux  de  cobalt  en  régule ,  i«6 

Régule  de  cobalt  à  l'air ,  167 

Régule  de  cobalt  dans  l'eau ,  16g 

Régule  de  cobalt  avec  le  phlogiftique ,  ibid. 

Régule  de  cobalt  avec  de  l'acide  vitriolique.  Vitriol 

de  cobalt,  ibid. 

Régule  de  cobalt  avec  de  l'acide  nitreux.  Nitre  cobal- 

tique,  Z7i 

Cobalt  diflbus  par  de  l'acide  marin  ,  27  j 

Cobalt  difTous  Par  de  l'eau  régale.  Encre  de  Jympatk'e,  17; 
Régule  de  cobalt  avec  le  vinaigre  diftillé ,  179 

Sur  la  faveur  des  fels  neutres  métalliques ,  %  80 

Cobalt  précipité  des  diflblvants  acides  par  l'alkali  fixe,  i8j 
Cobalt  précipité  des  diflblvants  acides  par  de  l'alkali 

volatil,  i8  + 

Régule  de  cobalt  avec  le  foufre ,  187 

Régule  de  cobalt  combiné  avec  le  foie  de  foufre.  Ef- 

pfee  de  Dicompofitton  de  ce  demi -métal  »  1 8  S 

Sur  lesfcories  du  régule  de  cobalt  des  opérations  pré- 
cédentes, 2pt 
Sur  le  cobalt  combiné  avec  le  foie  de  foufre ,  i$t 
Régule  de  cobalt  pur  ,  &  nitre.  Chaux  de  cobalt  ;  197 
Régule  de  cobalt  &  fcl  ammoniac  ,  29  g 
Régule  de  cobalt  &  borax ,  ibid. 
Régule  de  cobalt  &  fcl  fédatif,  ibid. 
Cobalt  avec  les  terres  vitrifiablcs ;  ibid. 
Verre  bleu,                                 .                             .  *?J 


DES    ARTICLES.  lvif 

Série  Nicke',  %9* 

Nickel  au  feu,  *or 

Nickel  avec  de  l'acide  vitriolique»  -  ^o» 

Nickel  avec  de  l'acide  ni  creux ,  iôid9 

Nickel  avec  de  l'acide  marin ,  tbid. 

Nickel  avec  de  l'eau  régale ,          #  ibid. 

Nickel  &  vinaigre  diftfllé ,  tbd. 

Nickel  avec  de  l'alkali  fixe  ,  iKA 

Nickel  avec  de  l'ai kali  volatil,  yo\ 

Nickel  avec  le  foufre ,  ii«f. 

Nickel  avec  le  foie  de  foufre  ,  #*£ 

Nickel  avec  le  nitre,  *o4 

Nickel  avec  le  fel  marin ,  tbid. 

Nickel  avec  le  fel  ammoniac  ,  *b*dm 

Nickel  avec  le  borax ,  i&tdL 

Nickel  avec  de  l'arfcnic,  jof 

Nickel  &  régule  it  cobalt ,  ibid* 

Sur  le  'Régule  d antimoine  f  ibid. 

Régule  d'antimoine  au  feu ,  *          ibid* 

Fleurs  argentines  de  régule  d'antimoine  9  '        5<>7 

Chaux  de  recule  d'antimoine ,  '            909 

Régule  d'antimoine  à  l'air ,  ibid* 

Régule  d'antimoine  avec  de  l'eau ,  $10 

Régule  d'antimoine  avec  le  phlogiftique ,  911 

Régule  d'antimoine  avec  de  l'acide  vitrioliquc  ,  ;  1  * 

Régule  d'antimoine  &  acide  nitreux  ,  ibia\ 

Régule  d'antimoine  &  acide  marin  ,  4        ibid* 

Régule  d'antimoine  bX  eau  régale ,  \  1  \ 

Régule  d'antimoine  avec  du  vinaigre  diftillé ,  *  1  f 
Régule  d'antimoine  avec  le  Co\i£tc.Ant;moùureJfufihé,ibuL 

Antimoine  au  feu.  Fleurs  d  antimoine  %  316 

Chaux  grife  d'antimoine ,  ,4   .            f$t 

Régule  d'antimoine  fait  avec  la  chaux  grife  %  ,  .  "ftf 

Verre  d'antimoine  ,  *iB~fiM 

ïoie  d'antimoine  fans  addition  ,  -o  '•*  j  £f 

Antimoine  crud  &  acide  vitriolique,  ibid* 

Antimoine  crud  &  acide  nitreux  ,  ibU. 

Antimoine  crud  &  acide  mai  in  ,  iML 

Antimoine  crud  &  eau  régale  ,     .  3 14 

Antimoine  crud  &  vinaigre  diftillé,  .  317 

Aitimoinc  crud  avec  de  la  chaux  vive ,  ihd. 
Aofcimoinc  &  alkali  fixe.  Kermès  minéral  far  la  voie 


lviîj  TABLE 

Kermès  minéral  fait  par  la  voie  humide  ;  330 

Antimoine  &  leffivc  des  Savonniers  ,  93; 

Antimoine  Se  alkali  volatil ,  ^  331 

Antimoine  &  nitre.  Régulé  d'antimoine  féparé  par  le 

moyen  du  nitre  &  du+trtre,  ibid» 

Soufre  doré  d'antimoine ,  tiré  de$  feories  du  régule 

d'antimoine,  337 

Manière  de  féparer  des  feories  du  régule  d'antimoine 

la  quantité  de  ce  demi-métal  qui  le  trouve  difloute 

par  le  foie  de  fourre  9  340 

Foie  d'antimoine  fait  avec  le  nitre ,  341 

Magnefia  opalin* ,  ou  Rubine  d'antimoine  ,  545 

Antimoine  Se  nitre.  Fondant  de  Rotrou ,  344 

Antimoine  diaphonique  ,  tbzd. 

Nitre  antimonié  ,  3  45 

Matière  perlée ,  34* 

A  rftimoine  diaphonique  fait  avec  le  régule  ,  3  jo 

Poudre  de  la  Chcvaleray ,  351 

Antimoine,  fel  marin  Se  tartre.  Régule  médicinal ,       jj» 
Antimoine  &  fel  ammoniac ,  tfj</. 

Régule  d'antimoine  avec  les  matières  eerreafes  vitrt- 

fiables  &  calcaires ,  3  ;  j 

Régule  d'antimoine  &  arfenic ,  .  #;</. 

Régule  d'antimoine  Se  régule  de  cobalt ,  <      /&</. 

Antimoine  crud  Se  arfenic ,  Uni. 

Antimoine  crud  &  régule  de  cobalt ,  ?  £4 

Régule  (^antimoine  ayee  le  nickel ,  UnL 

Antimoine  crud  avec  le  nickel ,  ibiL 

Sur  le  Zinc,  ibid. 

Zinc  au  feu.  Grenailles  divine  ,  33^ 

fk«rsde?inç,  '     35* 

«iatOToedef'eau,  */ 

Xise«vccdelagiace,  <W, 

Zinc  avee  le  phlogiftigue ,  &A     ! 

Zinc  Se  acide  vitriolique.  Vitriol  de  zinc  ,  ou  Vitriol            I 

"™,                   /  jMd, 

Zinc  &  acide  nitreuz ,  36c 

Zinc  Se  acide  marin  ,  }6f 

Zinc  &  eau  régale ,  *                                  U% 

Zinc  &  vinaigre  diftillé  9  t&A 


DES    ART  IC  LES.  lit 

.Zinc  ftalkali  fixe,  3«| 

Zinc  8e  alkali  volatil ,  BkL 

Zinc  avec  le  fourre ,  364 

Zinc  avec  le  foie  de  Confire ,              s  wrf. 

Zinc  avec  le  nitre.  Nitre  f  xi  par  h  jiac ,  8>ï4- 

Zinc  avec  le  fel  marin ,  J  fC 

Zinc  avec  le  fel  ammoniac ,  »#  • 

Zinc6carfenic,  3*7 

Zinc  &  régule  de  cobalt  /  #J  7© 

Zinc  &  nickel,  **«*• 

Zinc  &  régale  d'antimoine ,  *  MA 

Zinc  &  antimoine ,  '£-4. 

Sur  U  Bifmuth,  J7* 

Bifmuth  au  feu,  $7* 

Verre  de  bifmuth ,  '  J7* 

Bifmuth  k  l'air ,  J7f/ 

Bifmuth  &  eau  ,  ibid. 

Bifmuth  6c  glace ,  »  W. 

Bjfmuth  &  phlogiftique*  #'V. 

Bîfmatb  avec  de  l'huile ,  iW. 

Réduction  des  chaux  de  bifmuth,  p6 

Bifmuth  6c  acide  vitriolique ,  iW. 

Bifmuth  6c  acide  nitreux  ,                       ^  iWl 

Cryftaux  de  bifmuth  ,  ou  nitre  bifmuthiquc .  yt% 

Magiftere  de  bifmuth,  ibid. 

Bifmuth  6c  acide  marin,  }  S  t 

Bifmuth  Se  eau  régale ,  ihid. 

Bifmuth  Se  vinaigre  diftillé  ,  ftirf. 

Bifmuth  Se  alkaïf fixe ,  j  8  * 

Bifmuth  6c  alkali  volatil ,  i&V. 

Bifmuth  6c  fourre ,  H>î4. 

Bifmuth  6c  foie  de  foufre  ,  9*/. 

Bifmutb  6c  nicre ,  ih'ut. 

Bifmuth  6c  Kl  marin ,  ift/î, 

BUmuth  6c  fel  ammoniac*  iWf. 

Bifmuth  Se  borax ,  *  8.c 

Bifmuth  6c  fel  fédatif  >  &i4. 

Bifmuth  6c  gy^fe»  i&i4. 

Bifmuth  6c  argiHe  ,                               r  ïbtâ. 

Bifmuth  6c  alun*  tb'tf. 

Bifmuth  6c  terres  vitrifiables  ;  ïBid. 

fiûnuth  avec  les  terres  calcaires  p  i'i£ 


ïx  *        T  A  B  L  K 

BiGnuth  Se  arfcnic ,  1*S 

Bifmuth  Se  régule  de  cobalt  ,  '                            ihid. 

Bifmuth  arec  le  nickel ,  3  86 

Bifmuth  &  régule  d'antimoine  ;*  *  87 

Bifmuth  Se  antimoine  crud  ,  ihid. 

Bifmuth  Se  zinc  ,  ihid.  • 

Sur  le  Mercure  ou  Vif-  Argent  %â  ibid. 

Mercure  au  feu,  388 

Mercure  précipité  perfi  ,  3  8  j 

Mercure  a  l'air,  394 

Mercure  avec  de  l'eau ,  ihid. 

Mercure  &  glace ,  3  9  f 

Mercure  avec  le  phlogiftique  l  3  9  * 

Mercure  avec  de  l'huile,  ^  &id. 

Mercure  &  acide  vitriolique.  VUrUlde  Mercure ,  397 

Lotion  du  vitriol  de  mercure  pour  faire  le  turbith 

minéral,  398 

Mercure  Se  acide  nitreux  ,  40  3 

Mercure  précipité  de  l'acide  nitreux  par  l'alkali  fixe ,  40* 
Turbith  minéral  fait  par  le  mélange  des  fcls  vitrioli- 
ques  avec  une  di Ablution  de  mercure  faite  par  de 
l'acide  nitreux ,  ihid. 

Mercure  précipité  rouge  f  407 

Mercure  Se  acide  marin ,  410 

'  Mercure  précipité  blanc  , .  41 1 

Sublimé  corrofif  ,  411 

Propriétés  du  fublimé  corrofif,  417 

Mercure  doux ,  nommé  auffi  aquila  alba  $  4 10 

Sur  le  mercure  doux ,  4  H 

Mercure  doux  Se  Tel  ammoniac  ,  4x9 

Panacée  mercuridle ,  430 

Eau  phagédénique  ,  '  431 

Sublimé  corrofif  décompofé  par  de  l'alkali  fixe,  &par 

de  l'alkali  volatil,  ihid. 

Sublimé  corrofif  Se  foie  de  foufre ,  ihid. 

Sublimé  corrofif  &  acide  nitreux ,  4  *  3 

Sublimé  corrofif  Se  acide  marin  ,  434 

Sublimé  corrofif  avec  le  fel  de  Glauber  tetb  tartre  vi- 
triolé ,  ihid. 
Sublimé  corrofif  avec  les  Tels  vitrioliques  à  bafe  ter- 

reu(e,  ihid. 

Sublime  coriofif  avec  le  nitre  ,  ihid. 


DES    ART  IC-L  £S.        I*J 

Sublimé  corrofif  &  Tel  marin  ,  45  c 

Sublimé  corrofif  &  fcl  ammoniac  ?  ibia.' 

Selalembroth,    .  :.     .    \  #M. 

Mercure  précipité  blanc ,  43$ 

Sublimé  corrofif  8c  arfenic.  ifctfrre  d'arjenic ,  43  S 
Sublimé  corrofif  &  régule  d'antimoine.  Beurre  d'an* 

timoine,  435 
Sublimé  corrofif  avec  l'antimoine  crud.  Beurre  (tan- 

timoine,  Cinabre  £ antimoine,  443 

Pondre  d'algaroth ,  ^  44; 

Beurre  d'antimoine  8c  acide  njtreux.  Dlfjoîutîon  de  la 

partie  réguline  de  ce  dtmi-mcuU  dans  de  teaa  régale  ,  447 

Bézoard  minéral ,  44S 

Sublimé  corrofif  8c  zinc ,  4  50 

Sublimé  corrofif  &  bifmuth  >  ##• 

Mercure  &  eau  régale ,  45 1 

Mercure  8c  vinaigre  diftillé  ,  45  & 
DiiToiution  de  la  chaux  de  mercure  par  le  vinaigre 

diftillé,  4J3 
Mercure  8c  alkali  fixe  8C  volatil.  Dijfolution  de  mer» 

cure  par  ces  fils ,  4jf 

Mercure  &  fourre.  Ethiops minéral  fait  fans  feu}  Jbid. 

Etuiops  minéral  préparé  par  le  feu  x  457 

Cinabre  artificiel ,  45! 

Vermillon,  4*1 

Mercure  revivifié  du  cinabre  ;  46  î 

Mercure  8c  foie  de  foufre,  4*5- 

Mercure  8c  foie  de  foufre  volatil  J  .  466 

Mercure  8c  fel  marin*  4*8 

Mercure  8c  fel  ammoniac  ,  469' 

Mercure  &  borax ,  '  479 

Mercure  8c  fcl  fédatif,    \  ïbia\- 

Mercure  &  arfenic ,  ïbidm 

Mercure  8c  régule  de  cobalt  ;  ibid* 

Mercure  &  nickel ,  47 1- 

Mercure  8c  régule  d'antimoine]  c  ibid. 

Mercure  &  antimoine  crud  ,  **  fkia\ 

Mercure  8c  zinc  ,  473 

Mercure  8c  bifarath  t  ibid. 

SurfEta'my  ibid, 

Feuille  d'étain  à  474 

Jtainaufcu,  '  .    47* 


/ 

A 


liif         :r    TAÈtt 

Chaux  d'étain ,  fjt* 

Potée  d'étaiii,   .  47  j 

Etain  expofé  à  la  plus  grande  violence  du  feu  ,  ibid. 

Erainàl'air,  4g* 

Etain  Sceau,  48* 

Etain  &  glace ,  ibid. 

làam  &  oh  logiftique ,  #*/<£ 

Etain  renufdté,  *   *  484 

Etain  avec  de  l'huile  ,       «  48; 

Etain  &  acide  vitriolique ,  ibid. 

Etain  calciné  par  l'acide  nitreux ,  '  48* 

Diffolatîond^étam par Tacidc marin,-  -                     488 

Sel  marin  à  bafe  d'étain  ,  489 

Étain  &  eau  régale  ,  491 

Etain  8c  vinaigre  diftillé ,         *  •  494 

Etain &alkali  fixe,  49 j 

Etaîn  &  alkali  vplatil ,  49* 

Etain  le  Touffe.  Mine  d*  Etain  mûftUUê  ,  ibid. 

Etain  &  foie  de  foutre ,  497 
Ixùn&tihttJ  CàtcinémondetBtàiaparUmtre  p      ibid. 

Etain  &  fel  ammoniac* 458 

Etaiii&arfcflie,     *  ibid. 

Etain  &  régule  de  cobalt ,  *  < 00 

Etain  &  nickel,  jfit£ 

Ecahi  &  régule  d'antimoine  ,  ibid. 

£taîn&  antimoine,               <.  '  ibid. 

Etain  &  zinc,                   r  joi 

Etain  &  bifmuth ,           î  -     jo* 
Etafh  &  mercure.  Amalgame  de  Mercure  &  a"Etaimf  ibid. 

Soûles  de  mercure,  ibid. 

Étamage  des  glaces ,  joj 
Etain  &  fublimécorrofif.  Liqueur  fumante  de  Libavits,  $06 

Sur  le  Plomb,                         *.'  ji* 

Plomb  au  feu ,  rij 

Chaux  de  plomb ,              ,  -  ibid. 

Mafi*  cot ,                               «.    -  £ftûfr 

tfinium ,  ibid. 

Lxrharee ,                                           ;'•  5 14 

Verre :&  plomb,  .5'; 

Plomb  al  air,  <ïr 

Plomb  &  eau,  <                 pg 

Plomb  0c  glace,  *            àidm 


DES    ARTICLES,      ixiij 

Plomb  &  nhlogiftique ,  '    ...     "  jrj 

Plomb  &  tuile  9  1 10 

Plomb  &  acide  vitriolique ,  ihuL 
Plomb  Se  acide  nitreux.  Difiblution  du  Plomb  dans  cet 

acide,  Jbid. 

-Plomb  &  acide  marin  ,  c  1  j 

Plomb  &  eau  repaie  »  wV. 

Vitriol  de  plomb,     .  i&id. 

Plomb  corné  y                                      \  514 

Magiftere  de  plomb ,  52-é" 

Plomb  &  vinaigre  ,  5 17 

Blanc  de  plomb  ,                              »  &ia\ 

Blanc  de  cérufe,  .    j%% 

Vinaigre  de  Saturne.  Sel  de  Saturne  9  ibkL 

Efprit  dé  Saturne ,  530 
Dccompoficion  du  Tel  de  Glauber  par  le  Tel  de  Saturne  »  $  3  2. 

Plomb  avec  les  alkatis  fixes  &  volatils  »  c  1  a 

Plomb  &  alun,  .  #fc<£ 

Plomb  &  foufre  ,  i^Ml 

Plomb  &  foie, de  ioufre,  #           5H 

Plomb  &  nitre.  Calcinât  ion  du  plomb  par  ce  fil  È  r  i< 

Plomb  &  Tel  ammoniac  *  wuL 
Decompoiition  du  f<jl  ammoniac  par  le  minium,  Efprit 

i    volatil  de  fil  ammoniac*  Plomb  corné ,  5  j£ 

Plomb  &  arfenic  ,  exZ 

Plomb  &  régule  de  cobalt ,  ioidm 
Plomb  &  nickel , 
Plomb  6c  régule  d'antimoine. 

Plomb  &  antimoine  ,  eao 

Plomb  &  zinc,  ibtd. 

Plomb  Oc  bifnuith ,  C41 

Plomb  $  mercure ,  Vnà\ 

Plomb,  mcrcttre&bifmutk,  ibia\ 

Plomb  Se  étata ,  &y# 

Junail  blanc  Se  coloré ,  ^42, 

Sur  le  Fer,  $nâ. 

fer  au  feu,  544 

Jtejà  l'air,  J4j 

Safran  de  Mars  préparé  à  la  roféc  ;  54* 

,Fer  avec  de  l'eau ,  547 

Et  hiops  martial,  »ii. 

fc&glata,  jjo 


i/v! 


Ixiv  '    *    TABLE 

Ter  avec  les  matières  combuftibles  &  phlogiftiques. 

'Cara&erc  de  Tacicr ,  Se  en  quoi  il  diffère  dix  fer  ,        5*0 

Trempe  âcl'i'cier  ;  5  6 % 

Ter  &  huile,  5** 

ïfcr  diflbus  par  de  l'acide  vitrioliquc.  Vitriol  de  Mars  ,  570 

Examen  des  propriétés  du  vitriol  de  Mars ,  571 

Vitriol  de  Mars  au  feu.  Vitriol  de  Mars  calciné  en 

À  blancheur,  $7$ 

Colcothar ,  ,  575 

&1  de  colcothar ,  $j6 

'Terre  douce  de  vitriol  ,*  577 

Acide  vitriolique  glacial ,  ibid. 

Vitriol  de  Mars  avec  de  la  glace,'  579 

'Vitriol  de  tyars  avec  les  terres  calcaires  6c  la  chaux 

fcî  vive;1'  il  *-  !  58» 

$fer  féparé  du  vitriol  deMars  par  de  l'alkali  fixe.  Tartre 

vitriolé ,  ibid\ 

Fer  reffufeiré  fans  fufïon ,  58» 

'Àtidc  nhrcfk  fumant  fait  par  le  côleothar,  584 

Ai  diiTouS  pàf  de  l'acide  nitreux ,  581 

•Fer'  précipité  de  fan  ditfblvant  par  d'autre  fer  ;  58* 

Teinture  de  Mars  alk^Iiné  de  Staahl ,  <  587 

tfafran  de  Mars  apéritif  de  Scaahl ,  •  5  9  • 

fer. di  flous  pat  de  l'acide  marin  ,  <     >  $91 

Fef  di flous  par  de  l'eau  régale ,  $9% 

ifer  diffous  par  du  vinaigre  diftillé ,  ibid. 

Bien  de  Prude,  -  ibid. 

Bleu  de  Prude  fait  fans  alun,  &  qui  n'a  pas  befoin 

d'être  avivé ,  601 

péoompofition  du  bleu  de  Pruffe  par  l'action  du  fctt  ,  ibid. 
' Décomposition  du  bleu  de  Prude  par  l'alkali  fixe  ,        60% 
Examen  des  propriétés  de  l'alkali  orutiten  faturé , .       605 
Séparation  du  bleu  de  Pruffe  que  l'alkali  pruffien  fa- 
turé tient  en  di  Ablution  ,  604 
Fer  &  alkali  végétal ,                                                   606 
' Fer  &  foufre.  Safran  de  Mari  prépsré  par  lefoufre ,     607 
Fer  fondu  par  le  foufre ,                                    •     •      6 1  y 
Soufre  mou ,                                                                 ibid. 
,  Fer  &  foie  de  foufre ,                                                    6x6 
Fer  calciné  par  le  nitre ,                                                ibid* 
Fer  &  fel  ammoniac.  Fleurs  defel  ammoniac  martiales, 
#u  JEs  Martis  ,                                         •              618 

Fer 


DES    ARTICLES.        kv- 

J?er  arec  les  terres ,  *i  t 

Ftr  &  arfenic  ,  ibia\ 

Fer  &  régule  de  cobalt ,  ïbid* 

Fer  &  nickel ,  6i& 

Fer  &  régale  d'antimoine ,  ibid. 
Fer  &  antimoine  crud*  Régule  a* antimoinemariial  >  ibid* 

Safran  de  Mars  antimonié  apéritif  de  Staahl  «  £14 

Fer  &  zinc,  6z$ 

Fer  &  bifmuth  ,  ibid. 

Fer  &  mercure ,  ibid* 

Fer  &  fublimé  corrofîf ,  ibid. 

Fer&Etain.  Etamage  du  Fer.  Fer  blanc  É  ti6 

Fer  &  plomb,  €i? 

Sur  le  Cuivre  %  6 10 

Cuivre  expofi  au  feu  ,  ibid. 

Fleurs  de  enivre  »  «>  $  r. 

Cuivre  à  l'air,  <ji 

Cuivre  avec  de  l'eau ,  6^\ 

Cuivre  à  la  glace ,  ibid» 

Cuivre  avec  le  phlogiftique  ,  rf  j  4 

Réduction  des  chaux  de  cuivre  en  véritable  cuivre ,    ibid. 
Cuivre  avec  &  l'huile  ,  *  3  £ 

Cuivre  &  acide  vicriolique.  Diffolution  du  Cuivre  dans 

de  l'acide  vitriolique ,  6)7 

Vitriol  de  cuivre ,  63g 

Examen  des  propriétés  du  vitriol  de  cuivre  ,  639 

Cuivre  &  acide  nitreux.  Diffolution  au  cuivre  dans  de 

l'acide  ni treux ,  ,  6^t 

Cuivre  &  acide  marin.  Dijfolution  du  cuivre  par  de 

C acide  marin  y  641, 

Cuivre  diûous  par  de  l'eau  régale ,  64  3 

Cuivre  &  vinaigre ,        .  ibidê 

Décompofition  des  di Ablutions  de  cuivre ,  faites  dans 

les  différents  acides ,  par  différents  intermèdes,       644 
Réduction  du  cuivre  qui  a  été  précipité  par  de  l'alkali 

fixe,  646 

Difioiutions  de  cuivre  faites  par  les  différents  acides 
mêlés  avec  de  l'alkali  volatil ,  £47 

.     Difioiutions  de  cuivre  faites  par  les  différents  acides 

mêlés  avec  le  foie  de  foufre ,  ibid. 

Cuivre  précipité  de  fes  difioiutions  par  le  fer,  64g 

Cuivre  avec  les  alkalis  fixes,  649 

Tome  Je  t 


I 

i 

i 


frvj  TABLE 

Cuivre  Se  alkali  volatil.  Couleur  bleue  qui  dijparott 

par  défaut  (T air,  ^                        '  64 f 

Cuivre  &  foufre.  JEsVeneris9  6$i 

Cuivre. Se  foie  de  foufre ,  6$% 

Cuivre  calciné  par  le  nitre  ,  «y  j 
Cuivre  &  ici  ammoniac.  M  s  Veneris ,  ou  Fleurs  de  fil 

ammon  tac  cutvreufes  ,  6^4. 

Eaucélefte,  rfjj 

Cuivre  Se  arfenic.  Tombac  blanc ,  6\6 

Cuivre  &  régule  de  cobalt ,  657 

Cuivre  Se  nickel ,  ibid. 

Cuivre  Se  régule  d'antimoine  9  ibid. 

Cuivre  Se  antimoine  crud ,  *;  S 

Cuivre  &  zinc.  Cuivre  jaune  3  ibid. 

Tombac  jaune ,  660 

Cuivre  rouge  &  bifmuth ,  661 
Cuivre  rouge  Se  mercure.  Amalgame  de  Cuivre  &  de 

Mercure ,  s          66\ 

Cuivre  avec  de  la  di Ablation  de  mercure  ,  ibid. 
Cuivre  &  étain.   Bronze,  Airain  ou  Métal  de  cloche ,  664 

Etamage  du  cuivre ,  éét 

Cuivre  Se  plomb,  *7o 

Cuivre  rouge  &  fer  ;  671 


® 


D  E  $    ARTICLES,      lxvij 


TOME    I  I L 


)U  R 


z'Arcx  NT,  Page  r 

Argent  au  feu ,  & 

Argent  à  l'air,  4 

Argent  avec  de  l'eau ,  /         iM. 

Argent  avec  de  la  glace ,  5 

Argent  avec  le  phlogiftique  i  ibid. 

Argent  fie  acide  vitriolique ,  .  ihid. 

Argent  ôc  acide  nitreux ,  7 

'Cryftaux  de  lune,  9 

Détonnation  du  nitre  lunaire ,  10 

Pierre  infernale ,  ihitU 
Matières  animales  tachées  pat  la  diflblution  d'argent,  14 
Diflblution  d'argent  avec  de  l'acide  vitriolique.  Vitriol 

de  lune ,  1  j 
Diflblution  d'argent  faite  par  de  l'acide  nitreux  mêlé 

avec  de  l'acide  marin.  Lune  cornée ,  l  S 

Eau  forte  précipitée ,  11 

Argent  reûufcité  de  la  lune  cornée ,  %% 
Diffolution  d'argent  mêlée  avec  les  alkalis  fixes  & 

volatils ,  16 
Argent  diflbus  par  de  l'acide  nitreux ,  6c  précipité  par 

du  foie  de  foufre  ,  17 
Argent  précipité  de  l'acide  nitreux  par  le  Tel  neutre 

arfenical ,  ibid. 

Argent  précipité  de  fa  diffolution  par  le  cuivre,  x8 

Argent  &  acide  marin ,  30 

Argent  8c  eau  régale ,  %  31 

Argent  &  vinaigre  diftillé  ,  ibid. 

Argent  avec  les  alkalis  fixes  èc  volatils ,  ibid. 

Argent  &  foufre ,  $% 

Argent  &  foie  de  foufre ,  5  3 

Argent  6c  nitre  ,  3,5 

Argent  &  arfenic  ,  3  6 

Argent  &  régule  de  cobalt ,  ibid. 

Argent  6c  nickel ,  37 

Argent  6c  régnle  d'antimoine  ,  Ibid. 

Argent  &  antimoine  ,  ibîd* 

Argent  6c  zinc,  38 

Argent 6c  bifmuh,  ibid. 


teviij  -TABLE 

Aigent  Se  mercure.  Amalgame  a9  Argent  if  Je  Mercure,      ;8 

Arbre  de  Diane  ,  ou  arbre  philofophique ,  40 

Argent  Se  fublimé  corrofif ,  ^  45 

Argent  Se  étain  ,  ibid. 

Argent  Se  plomb ,  ibid. 

Argent  8c  fer ,  44 

Argent  Se  cuivre ,  ibid. 

Eflai  de  l'argent  à  la  coupelle  par  le  plomb  ,  pour 

reconnoître  fon  titre  ,  ibidi 

SurlOr%  58 

Or  expofe  au  feu ,  6 1 

Or  à  l'air  ,  6% 

Or  avec  de  l'eau  ,  64 

Or  &  glace ,  ibid. 

Or  avec  les  matières  terreufes,  6; 

Or  &  phlogiftique  ,  ibid. 

Or  &  acide  vitriolique  ,  ibid. 

Or  Se  acide  nitreux ,  66 

Or  Se  acide  marin ,  ibid. 

Or  &  vinaigre  diftillé  ,  ibid. 

Diffolution  de  l'or  par  de  l'eau  régale,  67 

Cryftaux  d'or,  69 

DifToIution  d'or  avec  les  matières  combuftibles ,  70 

Or  en  chiffons ,       f  71 

Diffolution  d'or  avec  les  terres  calcaires ,    .  ibid. 

Diffolution  d'or  &  alkali  fixe.  Précipité  d'Or,  ibid. 

Diffolution  d'or  Se  liqaorfiticum.  Pourpre  pour  peindre 

fur  les  émaux  &  fur  la  porcelaine ,  74 

Diffolution  d'or  &  alkali  volatil.  Or  fulminant,  75 

Or  diffous  par  de  l'acide  vitriolique,  Se  précipité  par 

de  Talkali  fixe ,  8i 

Or  difTous  par  de  l'acide  nitreux ,  Se  précipité  par  de 

l'alkalinxe,  ibid. 

Or  difTous  par  de  l'acide  marin ,  -&  précipite  par  de  l'ai- 

kali  fixe  ,  ibid. 

Or  diffous  par  du  vinaigre  diftillé  Se  précipité  par  de 

l'alkali  fixe ,  ibid. 

Diffolution  d'or  &  foie  de  foufré ,  ibid. 

Diffolution  d'or  mêlée  avec  de  l'arfenic  Se  avec  du  fel 

neutre  arfenical ,  84 

Diffolution  d'or  avec  du  mercure ,  ibid. 

Diffolution  d'or  Se  étain.  Précipité  d'or  de  Cajftus,    ibid. 


DES    ARTICLES.  Ixix 

Diffolution  d  or,  &  diiToIutîoo  <îc  pîomb,  9  r 

Dirtblution  d'or  avec  du  fer ,  #,<£ 

Ditfolution  d'or  avec  du  cuivre ,  9 1 
Difïolution  d'or  avec  de  la  diflblution  d'argent  >         ibid. 

Or  avec  les  alkalis  fixes  &  volatils ,  «À 

Or  &  foufre,  a*j 

Or  avec  le  foie  de  foufre ,  9  f 

Séparation  de  l'or  d'avec  le  foie  de  foufre  „  97 

Oraveclenitre,  #;</ 

Or  avec  le  fel  marin ,                                           "  '  g 

Or  avec  le  borax ,  ^id. 

Or  avec  du  fel  ammoniac ,  ibid 

Or  avec  les  matières  métalliques  ,  *  J 

Or&arfenic,  ibJj 

Or  &  régule  de  cobalt  ,  #;/ 

Or  &  nickel*  10J 

Or  &  régule  d'antimoine ,  ^id 
Or  &  antimoine  crud.   Purification  de  for  par  Van\i- 

'mah£f     .  ibûK 

Or  avec  le  zinc,  fn, 

Or&bifmuth,  J°J 
Or  avec  le  mercure.  Amalgame,  ibirf. 
Or  &  mercure  calcinés  l'un  par  l'autre ,  i0/ 
Dorure  fur  l'argent  &  fur  le  cuivre  parle  moyen  de  l'a- 
malgame d'or  &  de  mercure  *  ,  n'< 
Or&fublimécorrofif;  "* 
Or&étain#  £?* 
Or  &  plomb,  atf; 

°r%fc*'  roi 

Or  &  cuivre,  lW* 

Or  &  argent,  IIO 

Effai  de  l'or  pour  reconnoître £bn  tkrc ,  Tlt 

Départ  de  l'or  d'avec  l'argent ,             #  r  x  4 

Départ  fec  ou  concentré  , 

Sur  la  Platine , 
Platine  expofée  au  feu  , 
Platine  à  l'air , 

Platine  avec  de  l'eau ,  £;] 

Platine  avec  de  la  glace  ,  ^id 

Platine  avec  de  la  terre  vitrîfiabfc  r  j^i 

Platine  avec  le  phlogiftiqué,  ibid 

Platine  avec  de  l'huile ,                                 _  ihid\ 

tïtj 


X09 

bid. 
no 

Tlt 

ri4 

ut 
iz6 

nt 


hx 


TABLE 


Platine  avec  de  l'acide  vitriolique,  l  j  1 

Platine  avec  de  l'acide  nitreux ,  ibid. 

Platine  avec  de  l'acide  marin ,  135 

Platine  avec  de  l'eau  régale ,  134 
Examen  des  propriétés  de  la  di Ablution  de  platine ,      13* 

Diflblution  de  platine  &  alkali  minéral ,  14c 
Di  (Toi  ut  ion  de  platine  avec  de  l'alkali  pruflien  faturé ,  ibid. 

DilTolution  de  platine  avec  de  l'alkali  volatil ,  441 

Réduction  du  précipité  de  plan  ne ,  1 44 

Précipité  de  platine  avec  de  l'acide  vitriolique  *  1 4* 

Précipité  de  platine  avec  de  l'acide  nitreux ,  ibid. 

Précipité  de  platine ,  &  acide  marin ,  ibid. 

Précipité  de  platine ,  &  eau  régale ,  ibidf 

Précipité  de  platine  avec  du  vinaigre  diftillé ,  1 49 

Moyen  de  reconnoftre  l'or  allié  de  platine ,  150 

Diflolution  de  platine  &  foie  de  ioufre ,  153 

Diflblution  de  platine  &  arfenic ,  ibidf 

Diflblution  de  platine  avec  le  régule  de  cobalt ,  154 

DilTolution  de  platine  avec  le  nickel ,  ibid. 
DilTolution  de  platine  avec  le  régule  d'antimoine ,       ibid. 

Diflblution  de  platine  avec  le  zinc ,  1  <  5 

DilTolution  de  platine  avec  du  bifmutb ,  ibidn 

Diflblution  de  platine,  &  mercure,  ibid. 

Diflblution  de  platine ,  &  étain  ,                 -  if6 

Diflblution  de  platine  ,  &  plomb  ,     '  1 57 

Diflblution  de  platine ,  &  fer ,  1  ;  g 

Diflblution  de  platine ,  &  cuivre ,  ibid, 

Diflblution  de  platine  ,  &  argent ,  1  f  9 

Diflblution  de  platine ,  &  or ,  ibid. 

Platine  &  alkali  Exe,  160 

Platine  avec  le  Courte ,  ibid» 

Platine  &  foie  de  foufre ,           .  1*1 

Platine  &  gypfe ,    m  164, 

Platine  &  ici  de  Glirubcr  f  ibtd. 

Platine  &  nitre  ,  16$ 

Platine  &  fcl  marin ,  1 67 

Platine  avec  le  borax  ,  ibid* 

Platine  &  Tel  ammoniac  ,  170 

Platine  avec  les  terres  vitrifiablcs ,  ibid. 

Platine  &  arfenic  ,  ibid. 

Platine  avec  le  régule  de  cobalt  ,  I7> 

Platine  &  nickel ,  17* 

Platine  &  régule  d'antimoine ,  ##f 


DES    ARTICLES.  I»J 

(latine  avec  de  l'antimoine  crud,  177 

Platine  avec  du  zinc ,  178 

Piatinc  avec  du  bifmuth  ,  179 

Platine  &  mercure ,  2 8 f 

Piatinc  avec  du  fublimé  corrofîf ,  1  Si 

Platine  avec  du  fel  alembroth ,  ihid. 

Platine  avec  de  rétain  ,  2 8  \ 

Platine  avec  du  plomb ,  2  %é 

Coupellation  de  la  platine  par  le  plomb ,  289 

Platine  arec  le  fer,  194 

Platine  &  cuivre  ,  197 

Platioe  avec  le  cuivre  &  le  zinc  ,  298 

Platine  avec  le  cuivre  &  rétain ,  2  99 

Platine  Serrant ,  *oo 

Platine  a^ple  la  lune  cornée  ,  *oi 

Platine  avec  de  l'or ,  tox 
Remarques  fur  la  combinaifon  de  la  piatinc  avec  les 

matières  métalliques,  104 

Sur  la  Terre  cuite ,  107 

Sur  le  s  briques  &  les  tuiles ,  ibiJL 
Sur  la  matière  des  fourneaux  »  des  Ifcufets  &  des 

moufles  d*  terre  cuite ,  1 1 1 

Terre  vernnlée ,  1 1  y 

Porerie  des  grès  commune  »  xxj 

Poterie  de  terre  blanche ,  façpn  d'Angleterre- ,  119 

Sur  la  Porcelaine ,  %$t 

Préparation  de  la  pâte  de  porcelaine ,  14) 

Sur  la  Faiance ,  151 

Sur  /es  Emaux  ,  154 

Sur  la' Verrerie ,  le  Vent  &  le  Cryfial  9  %$€ 

Des  Verres  léger*  ,  .189 

Des  verres  pefants  dont  on  peut  faire  des  objectifs 

pour  les  lunettes  achromatiques ,  190 

Verre  attaquable  par  les  acides ,  *9* 

Porcelaine  de  Réaumur ,  294 

Sur  les  Verres  coloris  pour  imiter  les  pierres  pricitufes  »  19  tf 

Stras ,  197 

Paufles  topazes ,  198 

c  iy 


kxij 


TABLE 


Faux  rubis  &  faux  grenats ,  19! 

Fauûes  émeraudes ,  ibid* 

faufTcs  hyacinthes  ,  rouge-brun  5c  brun-marron  ,  a  9$ 

Faux  faphirs ,  ibid. 

Fauttes  améthyftcs ,  300 

Verre  jaune ,  ibid. 

Fauflcs  opales ,  &  girafole  de  Venifc ,  ihid. 

Vues  générales  fur  iOrganifat'wn  intérieure  du  Globe , 

&  fur  la  Formation  des  Mines  &  dts  Métaux  9  501 

*J)es  Mines  métalliques  ,  335 

Mines  d'or,  337 

Mines  de  platine ,  339 

Mines  d'argent ,  340 

Mines  de  plomb  ,                                             **'  34*, 

Mines  de  cuivrç  ,  343 

Mines  d'étain ,            •  344 

Mines  de  fer,  34; 

Mines  de  zinc  ,  ibid. 

"Mines  de  bifmuth  ,'  3  4<» 

Mines  d'ançimoinft|  ibid.. 

Mines  de  cobalt ,  ™  3  47 

Mines  de  nickel ,  34g 

Mines  de  mercure  ,  34^ 

Mines  d'arfenic ,  ibidf 

Obfervations  générales  fur  la  Métallurgie ,  350 

Recherches  des  mines  ,  354 

Pc  la  fouille  des  mines  »  3  y  y 

Pireôion  des  filons ,               .  3  j  7 

Sur  Us  Exhalaifons  fouterr aines,  379 

Des  moufettes  ou  mofettes  >  3  to 

Feu  brifououterrou,  3^4 

Pes  exhalaifons  métalliques ,  3  67 

Réflexions  fur  les  exhalaifons  fouterraines  »  368 

'Effet  des  Mines ,  ou  de  la  D,ocimafie  «  377 

Filai  des  mines  d'or ,  3  80 

Êflai  des  mines  de  platine  ,  381 

ÏJflai  des  mines  d'argent ,  ibid* 

Effki  des  mines  de  cuivre  ,  384 

fcffai  des  mines  de  plomb ,  j  %  % 


DES    ARTICLES.  lxxiij 

Effet  des  mines  d'étain  ,  3  89 

EfTai  des  mines  de  fer ,  394 

EiTai  des  mines  de  mercure ,  397 

Efl ai  des  mines  d'antimoine  ,  398 

Eflai  des  mines  de  bifmath  ,  400 

EiTai  des  mines  de  zinc ,  4°  * 

Eflai  des  mines  de  cobalt ,                    *  401 

Lavage  du  fafre  ,  4°f 

E/fai  des  mines  de  nickel ,  406 

Jifiai  des  mines  d'arfenic  ,  407 

Des  Travaux  en  grand  fur  les  Mines  ,  ïhid. 

Travaux  fur  les  mines  d'or ,  4c8 

Travaux  fur  les  mines  de  platine  ,  410 

Travaux  fur  les  mines  d'argent ,  ibîd. 

Travaux  fur  les  mines  de  cuivre ,  4  *  4 

Travaux  fur  les  mines  de  plomb  ,  4:9 

Travaux  fur  les  mines  d'étain ,  42.  c 

Travaux  fur  les  mines  de  fer ,  411 

Convcrfîon  du  fer  fondu  en  fer  forgé  ,  414 

Acier  de  fonte ,  426 

Travaux  fur  les  mines  de  mercure ,  417 

Travaux  fur  les  mines  d'antimoine  x  4  5 1 

Travaux  far  les  mines  de  bifmuth ,  ibid. 

Travaux  fur  les  mines  de  zinc ,  433 

Cuivre  jaune ,  ou  laiton  ,  4  3  j 

Travaux  fur  les  mines  de  cobalt ,  ibid. 

Arfenic  3c  réalgal  tirés  des  mines  de  çobah  ,  43  S 

Safre,  43  7 

Bleu  d'azur,  438 

Bifmuth  tiré  du  cobalt ,  4)9 

Sur  les  Pyrites  ,  44* 

Diviiîon  des  pyrites  &  des  matières  pyriteufes,  446 

Sur  les  pyrites  ferrûgincufes  ou  martiales ,  449 

Soufre  ieparé  des  pyrites ,  ibid. 

Purification  du  foutre  brut ,  4  j  * 

Vitriol  de  Mars  retiré  des  pyrites  ,  ibid. 

Ochre,  45* 

Sur  les  pyrites  cuivreufes ,  4  $  7 
Vitriol  de  cuivre  fait  avec  de  la  matte  de  cuivre ,         460 

Sur  les  pyrites  arfenicales  ,  4*1 

Sur  les  iubftanccs  alumineufes* ,  461 
Procédé  pour  féparcr  l'alun,  de  roche  des  pyrites  ,       4'f 


lxxiv  TABLE  DES  ARTICLES. 

Procédé  dont  on  fc  fcrt  pour  tirer  l'alun  de  Rome ,  469 
Vitriol  blanc  ou  de  Goflar  ,  473 

Réflexions  fur  les  pyrites  ,  477 

Sur  le  <  Eaux  minérales  ,  48$ 

Sur  l'analyfe  des  eaux  minérales. ,  493 

Manière  d'analyfer  les  eaux  minérales ,  496 

Sur  le  Sel  marin  ,  fur  V  Eau  de  mer ,  &fur  F  Eau  des 
puits  &  fontaines  falés  9  51» 

Sur  les  Salines  de  Franche  Comté ,  517 

Evaporation  de  l'eau  de  Montmorot  fur  des  bâtiments 

de  graduation ,  f*9 

Evaporation  fur  le  feu  de  l'eau  graduée  de  Mont- 
morot pour  en  extraire  le  fel  marin  ,  521 

Sur  la  faline  de  Salins ,  5 17 

Sut  les  Salines  de  Lorraine  ,  518 

Sur  les  eaux  faléçs  chargées  de  fel  marin  ,  531 

Sur  la  félénitc  des  eaux  falées ,  536 

Surlefchlot,  537 
Sur  la  vapeur  qui  s'élève  pendant  l'évaporation  des 

eaux  falées,  54c 

Sur  l'écume  qu'on  enlevé  des  eaux  falées  ,  541 

Sur  le  Ccl  marin  ,  $1 3 

Sur  la  cryftallifation  du  fel  marin  ,  S  S0 

Sur  les  muires  ou  eaux-meres  des  eaux  falées ,  551 

Magnéfic  du  fel  marin  ,  ce  8 

Sur  les  écailles  ,  ibid. 

Sur  les  fels  d'Epfom  &  de  Glauber  ,  560 
Comparaifon  du  fel  d'Epfom  d'Angleterre  avec  le  fel 

d'Epfom  préparé  en  France  ,  564 

Sur  les  moyens  de  dejfalcrfeau  de  mer ,  &  de  conferver 
lafxlubritè  de  Veau  douce  dans  les  embarquements  9    $6% 

Sur  le  Nitre  ou  Salpêtre  ,  j  8$ 
Sur  les  moyens  qu'on  pratique  pour  féparer  le  nitre 

des  terres  nitreufes  ,  601 

Nitre  de  deux  cuites  ,  606 

Nitre  de  trois  cuites ,  607 

Magné  fie  blanche  ,  6 1 1 

Réflexions  fur  la  converti oft  du  fel  marin  en  nitre ,  614 

Réflexions  fur  la  Pierre  pkilofophale ,  616 

"f  in  de  la  Table  des  Articles. 


PROLEGOMENES. 

DES     FOURNEAUX. 

«Les  fourneaux  font  des  uftenfiles  deftinés  à  con- 
tenir des  matières  combuftibles  enflammées  ,  & 
(>ropres  à  appliquer ,  en  moyen  d'un  courant  d'air, 
e  feu  fur  les  corps  qu'on  foumet  à  fbn  a&ion. 

L'air  eft  admis  dans  les  fourneaux  de  deux  ma- 
nières ,  ou  naturellement  par  des  ouvertures  li-  •  ' 
bres ,  pratiquées  tu  bas  des  fourneaux ,  ou  forcé- 
ment par  le  moyen  des  foufflets.  Ce  font  deux  ef- 
peces  de  fourneaux  dont;  on  fait  beaucoup  d'ufage 
dans  les  opérations  de  la  Chymie. 

Nous  ne  nous  propofons  de  donner  ici  que  la 
description  des  fourneaux  (impies ,  avec  lefquels 
on  peut  faire  généralement,  aans  les  laboratoi- 
res ,  toutes  les  expériences  de  la  Chymie.  Nous  . 
paierons  fous  filence  la  tlefcriptîon  des  'grands 
fourneaux  dont  on  fait  ufage  pour  la  fonte  des 
mines  %c  des  métaux  dans  le^pra vaux  en  grand. 
On  peut,  fur  cet  objet,  confutter  la  Tradu&ion 
de  Schlutterx>ar  M.  Hellot.  Nous  fupprimerons 
auffi  les  détails  des  fourneaux  myftcrieux  &  com- 
pliqués que  le  caprice  a  fait  imaginer  aux  Alchy- 
miftes  pour  leurs  vaines  opérations.  Les  four- 
neaux les  plus  (impies  font  toujours  les  meilleurs , 
&ils  font  d'un  fervice  plus  général. 

Les  fourneaux  dans  lefquels  l'air  entre  par  des 
ouvertures  pratiquées  au  bas,  opèrent  leur  effet 
naturellement.  Le  courant  d'air  fort  par  lapartie 
fupérieureou  cheminée ,  après  avoir  traverlé  l'in- 
térieur du  fourneau.  La  chaleur  &  la  flamme  des  s 


Ixxvj  Protégomcncs. 

matières  combuftibles  raréfient  l'air  de  la  partie 
fupérieuredu  fourneau ,  &  y  forment  un  vuide  j 
ce  qui  oblige  l'air  d  entrer  par  les  ouvertures  pra- 
tiquées au  bas.  Plus  la  cheminée  du  fourneau  eft 
large ,  plus  il  fe  trouve  d'air  de  raréfié.  Ce  fluide , 
qui  tend  à  fe  mettre  en  équilibre ,  remplit  l'eï- 

Face  vuide  que  le  feu  a  occafionné  j  &  comme 
air  ne  peut  entrer  que  par  la  porte  du  cendrier, 
il  s'établit  naturellement  un  courant  d'air  qui 
produit  l'effet  d'un  foufflet.  Cette  méchanique 
dépend ,  comme  on  le  voit ,  de  la  pefanteur  Se  de 
la  fluidité  de  l'air*  Cet  élément  tend,  comme  les 
autres  fluides ,  à  l'équilibre  &  au  repos  ,  Se  rem- 
plit les  efpaces  qui  ne  font  pas  occupés  par  une 
matière  plus  pelante  que  lui. 

On  'demandera  peut-être  pourquoi  l'air  ne 
rentre  pas  aufli  bien  par  la  cheminée ,  que  par  la 
partie  inférieure  du  fourneau? 

Il  fera  facile  de  répondre  à  cette  objeâion,  fi 
l'on  fait  attention  que  le  feu  pur  &  libre  eft  plus 
léger  que  l'air  :  on  le  voit  par  la  flampie  qui  s  e- 
leve  toujours ,  &  ne  tend  point  vers  la  terre  com- 
me les  autres  matkres^Le  feu ,  en  vertu  de  cette 
légèreté ,  fort  plutôt  par  la  cheminée  >  que  par  la 
porte  du  cendrier  j&  en  s'élevant  ainfi,  i°.  il 
raréfie  confidérablemenr  l'air  de  la  cheminée, 
qu'il  rencontre  à  fon  paflTage.  i°.  Comme  le  feu 
libre  &  pur  eft  continuellement  dans  un  mouve- 
ment exceffif ,  Timpétuofité  avec  laquelle  il  fe 
diflipe  dans  les  fourneaux  bien  conftruits ,  le  mec 
dans  le  cas ,  non  feulement  de  faire  équilibre 
avec  la  colonne  d'air  qui  eft  au  deflus  du  four- 
neau ,  mais  encqre  de  s'oppofer  vivement  à  fon 
introdu&ion  par  la  cheminée  du  fourneau.  Enfin 
o.n  pourroit  encore  ajouter  à  ce  que  nous  venons 


t  Prolégomènes.  Ixxvij 

cte  dire  >  que  la  colonne  d'air  qui  repofe  fur  la 
cheminée ,  eft  plus  courte  que  celle  qui  encre  par 
la  porte  du  cendrier. 

Il  y  a  cependant  des  temps  où ,  dans  les  four- 
neaux les  mieux  conftruits ,  l'air  entre  par  la  che- 
minée ,  plutôt  que  par  la  porte  du  cendrier  : 
c'eft  principalement  lorfquil  fait  de  grands  tour- 
billons de  vent ,  que  l'air  fe  trouve  agité  violem-  , 
ment  par  intermittence  ,  &  qu'il  foufïïe  d'une 
manière  fort  irréguliere.  Les  fourneaux  à  Ion- 

Îjues  cheminées  pouffent  alojs  très  inégalement  : 
'air  entre  de  temps  e^temps  par  la  cheminée 
avec  impétuosité,  &  faitfortir  la  flamme, par  in- 
tervalle, par  toutes  les  portes  du  fourneau.  Ces 
mouvements  convulfiis  de  l'air  occafionnent 
beaucoup  de  variétés  dans  les  réfultats  de  cer- 
taines opérations;  mais  ils  ne  changent  rien  à  la 
théorie  que  nous  venons  d'établir. 

Les  Chymiftes  &  les  Physiciens  ont  reconnu 
que  le  concours  de  l'air  étoit  abfolument  nécef* 
faire  à  l'entretien  du  feu  ;  &  que  plus  le  courant 
d'air  étoit  rapide ,  plus  il  accéléroit  l'inflamma- 
tion des  matières  combuftibles  renfermées  dans 
les  fourneaux.  Mais  peu  de  perfonnes  ont  exa- 
miné quelles  pouvoient  être  les  meilleures  pro- 
portions des  ouvertures  des  fourneaux ,  relative- 
ment à  leur  capacité ,  &  quel  rapport  le  diamètre 
de  la  cheminée  devoit  avoir  avec  l'ouverture  pra- 
tiquée au  bas  des  fourneaux  par  où  fe  détermine 
le  courant  d'air.  Les  Phyficiens ,  au  lieu  d'entrer 
dans  cet  examen ,  fe  font  contentés  d'attribuer 
aux  différents  états  de  l'air  les  effets  que  cet  élé- 
ment produit  fur  les  matières  combuftibles  ren- 
fermées dans  les  fourneaux. 

Les  uns  ont  prétendu  que  le  temps  chaud  & 


Ixxviij  Prolégomènes. 

fee  de  Fêté  éroit  celui  où  l'air  prodnifoit  de 
meilleurs  effets  :  ils  penfoienc  qu'un  air  chaud  & 
fec ,  en  paffent  au  travers  du  feu  ,  devoir  moins 
diminuée  la  chaleur  qu'un  air  froid  &  humide  y  ils 
fondoient  leur  fentimenc  fur  ce  que  l'eau  éteint 
le  feu ,  &  qu'un  air  humide  doit  produire  des  effets 
proportionnellement  à  l'eau  dont  l'air  eft  chargé , 
fie  retarder  fenfiblement  l'inflammation  des  ma- 
tières combuftibles ,  Se  l'a&ivité  du  feu.  Nous  fe-  . 
rons  connoître  dans  un  inftant  toute  l'abfurdité 
de  ce  fentimenr. 

D'autres  Phyficiens  jjjMifent  que  le  temps  des 
grandes  gelées ,  où  l'air  eft  fec  &  fort  denfe , 
eft  le  temps  le  plus  favorable  pour  augmenter 
l'aéfcivité  du  feu  ,  pareeque ,  difent-ils ,  fi  i'a&ion 
du  feu  dépend  d'une  plus  grande  admiffion  d'air 
dans  les  fourneaux ,  a  volumes  égaux ,  dans  les 
temps  de  gelée,  où  l'air  eft  très  denfe ,  il  s'en  in- 
troduit une  plus  grande  quantité ,  qui  doit  par 
conféquent  augmenter  l'a&ivité  du  feu. 

fiecker  paroi t  être  le  premier  qui  ait  entrepris 
d'attribuer  la  caufe  de  l'aâivité  du  feu  dans  les 
fourneaux ,  non  feulement  à  l'air ,  mais  encore 
à  l'eau  que  cet  élément  tient  en  diffblution.  Il 
penfe  même  que  le  principe  aqueux  concourt 
plus  que  l'air  même  à  augmenter  Pa&ivité  du  feu. 
Ce  fentiment  paroît  le  plus  vraifemblable.  J'ai 
obfervé  conftamment ,  toutes  chôfes  égales  d'ail- 
leurs ,  que  les  fourneaux  chauffent  mieux  dans 
les  temps  humides  8c  pluvieux  que  dans  les  temps 
fecs  de  l'été  ou  des  grandes  gelées.  On  peut  ajou- 
ter à  ces  obfervations  l'effet  des  éolipyles  qu'on  ?  • 
remplit  d'eàu ,  8c  dont  les  vapeurs  dilatées ,  &C 
forcées  de  for  tir  par  une  ouverture  fort  étroite; 
r&nt  l'office  d'un  iotjffiet,  &  animent  commode- 


Prolcgomenc*.  lxxir 

tuent  une  lampe  d'émailleur ,  au  lieu  de  l'étein- 
dre. Cette  expérience  prouve  que  l'eau  réduite  en 
vapeurs ,  &  pouflée  avec  violence ,  produit  l'effet 
de  l'air  fur  les  matières  combuftibles  emBrafées. 
A  l'égard  des  proportions  qui  doivent  être  ob- 
fervées  entre  l'ouverture  du  bas  du  fourneau ,  la 
largeur  &  la  hauteur  de  la  cheminée ,  on  déter- 
mine ordinairement  ces  proportions  à-peu-prce 
relativement  à  la  grandeur  des  fourneaux.  On  n'a 
point  encore  fixé  par  des  principes  sûrs  quelles 
feraient  les  meilleures  proportions  qu'il  convien- 
droit  d'obferver  fur  ces  pbjets.  La  routine  qui 
jufques  ici  tient  lieu  de  principes ,  fuffit  pour  la 
conftru&ion  des  fourneaux  deftinés  à  faire  la  plu- 
part dès  opérations  ordinaires  de*  la  Chymie  j 
mais  lorfqu'on  a  befoin  d'appliquer  à  certains 
corps  de  violents  coups  de  feu,  équivalents  au 
degré  de  chaleur  qui  règne  dans  les  fours  de  ver- 
içrie  Se  de  porcelaine,  les  fourneaux  ordinaires 
font  abfolument  infuffifants.  On  eft  fouvent 
obligé  de  placer  les  expériences  qu'on  fe  propofe 
de  foire ,  dans  les  fourneaux  de  verrerie  ;  mais 
alors  on  ne  peut  voir  que  le  réfultat  des  expé- 
riences ,  &  il  eft  difficile  d'obferver  les  phéno- 
mènes qu'elles  préfentent  pendant  leur  exposi- 
tion au  feu.  On  a  plus  d'une  fois  été  obligé  de 
faire  ufage  de  ces  grands  fourneaux ,  pareequ'on 
ne  préfumoit  pas  qu'il  fût  poflible  de  le  procurer 
dans  un  petit  fourneau ,  en  deux  heures  de  temps , 
un  degré  de  chaleur  égal ,  &  même  plus  fort  que 
celui  qui  règne  dans  les  fours  de  verrerie  Se  de 
^  porcelaine. 

Le  grand  nombre  d'expériences  que  M.  Pote 
a  faites  fur  les  fubftances  terreufes  en  général ,  & 
dont  il  a  donné  le  détail  dans  fa  Liihogéognofic  * 


hcrt       '  Prolégomènes* 

la  obligé  d'imaginer  un  fourneau  qui  pût  pto-* 
duire  un  degré  de  chaleur  égal  &  même  lupérieur 
à  ce  que  Ton  connoifïbit.  Il  a  donné  le  defleln  de 
fon  Fourneau  fur  une  planche  gravée  Se  inférée 
dans  l'ouvrage  que  nous  venons  de  citer,  p.  421. 
Cependant  je  ne  puis  m'empêcher  d'obferver 
qu'ayant  fait  fur  la  même  matière  peut-être  au- 
tant d'expériences  que  M.  Pott,  &  ayant  répété 
la  plupart  des  tiennes ,  que  j'ai  toujours  trouvées 
exa&es ,  j'ai  de  la  peine  à  croire  que  le  fourneau 
dont  cet  habile  Chymifte  donne  la  defeription , 
puifle  produire  un  degré  de  chaleur  convenable 
pour  mettre  en  fufion  certains  mélanges  très  dif- 
ficiles à  fondre ,  &  que  M.  Pott  a  fondus.  Suivant 
L'échelle  qui  accompagne  cette  gravure ,  la  che- 
minée ne  doit  avoir  que  quatre  pouces  &  demi  de 
diamètre  :  la  porte  intérieure  par  laquelle  entre  le 
courant  d'air,  n'a,  à-peu-près,  que  quatre  pouces 
quarrés  :  l'une  &  l'autre  ouverture  font  trop 
étroites,  relativement  à  la  capacité  du  fourneau, 
qui  a  environ  un  pied  neuf  à  dix  pouces  de  dia- 
mètre dans  fa  plus  grande  largeur. 

M.  Macquer  a  donné ,  dans  le  volume  de  l'A- 
cadémie pour  l'année  1758,  la  defeription  du 
fourneau  qui  a  feryi  aux  expériences  que  nous 
avons  faites  enfemble  fur  la  porcelaine  :  il  eft 
plus  commode  que  celui  de  M.  Pott ,  en  ce  qu'on 
peut  y  placer  une  moufle ,  dans  laquelle  on  con- 
tient les  matières  des  expériences.  Les  creufets 
font  placés  proprement  fous  la  moufle ,  &  ne  font 
point  expolés  a  tous  les  accidents  auxquels  font 
iujets  les  creufets  qu'on  arrange  au  travers  des 
charbons,. comme  d'être  renverfés  ,  mêlés  dans 
de  la'  cendre  &  dans  du  verre  fondu ,  &c.  Voici 
la  defeription  de  ce  fourneau* 

Fourneau 


Prolégomènes!  lxxjff 

Fourneau  de  M%  Manquer  j  propre  aux  expérlenui 
de  Lithogéognqfîi.   . 

.  Ce  fourneau,  planche  première,  fig.  i  éc  ij 
feft  repréferité  fur  deux  faces.  Il  eft  compofé  d4 
trois  pièces ,  À ,  B ,  C ,  fig*  i  &  i. 

La  pièce  A  eft  percée  par  fon  fond.  Dans  l'iri-* 
teneur ,  en  D ,  fig.  i  &  2  ,  on  a  pratiqué  un  re-* 
bord ,  ou  un  repos  d'un  pouce  dans  fon  pourtour  * 

Cur  fupporter  une  grille  de  fer  Ë ,  ng.  3.  Led 
rreaux  qui  composent  cette  grille  doivent  erre» 
pôfés  diagonalement  fur  leurs  carnes,  afin  que  la 
cendre  puifle  couler  plus  facilement  :  ils  doivent 
erre  cfpacés  les  uns  des  autres  d'un  demi- pouce* 
Il  faut  que  ces  barreauitffoient  fuffifarnment  grosi 
pour  qu'il  n'en  entre  que  cinq  dans  le  milieu  d«f 
cette  grille  :  les  deux  autres  qui  dépendent  du 
chaflfc,  pofent  fur  le  rebord  dont  nous  âvond 
parlé.  La' pièce  À,  flg.  i ,  doit  avoir  une  ouver- 
ture F  :  elle  doit  être  garnie  de  fa  porte ,  avec  une 
feuillure  d'un  pouce  de  large ,  formée  dans  l'é* 
paifleur  du  fourneau ,  &  dans  celle  de  la  porte  * 
afin  qu'il  ne  puirfe  s'introduire  d'air.  Cette  ou- 
verture eft  cintrée  en  anfe  de  panier ,  comme  ellf 
eft  représentée,  La  porte  doit  être  garnie  d'un* 
poignée*  On  pratique  cette  ouverture  à  qtiatta 
pouces  &  demi  au  delTus  de  là  grille.  Au  bas  de  l'o- 
rifice de  cette  ouverture  *  on  forme  un  mantonnef 
Îui  avance  d'environ  deux  pouces ,  pour  fouteftif 
1  porte  :  on  Ta  repréfentée  en  F ,  fig.  1* 
La  pièce  B,  fig.  1  &  i  ,  eft  le  dôme  du  fodlV 
Meau  :  elle  eft  un  peu  inclinée  par-devant ,  comtn# 
en  le  voit  en  B,  fig*  x*  Cette  pièce  eft  percés 
dune  ouverture  cintrée,  large  &c  commode  pdti* 
T*m4  h  f 


Jxxxij  PfoUgomentsl 

pouvoir  introduire  aifémenc  le  charbon  :  elle  (è 
bouche  avec  une  porte  de  même  capacité ,  armée 
d'une  poignée  B ,  fig.  ï.  On  pratique  autour  de 
cette  ouverture  une  feuillure  d'un  pouce  de  large , 
creufée  dans  la  demi-épaifleur  du  fourneau  }  Se  on 
en  fait  autant  à  la  porte ,  afin  qu'elle  puiffe  bou- 
cher le  plus  exadement  qu'il  eft  poflîble.  L'incli- 
naifon  qu'on  donne  à  cette  partie  du  fourneau , 
eft  pour  que  la  porte  ne  foit  pas  fujette  à  tomber. 
Cette  féconde  pièce  du  fourneau  eft  quarrée  en 
deffas ,  Se  percée  dans  fon  milieu  d'une  ouver- 
ture ronde  de  (ix  pouces  de  diamètre ,  avec  un 
collet  qui  s'élève  d'eilviron  deux  pouces.     . 

La  pièce  C ,  fig.  ï  &  i ,  eft  un  tuyau  de  terre 
cuite  de  (ix  pouces  de  diamètre ,  &  d'environ 
deux  pieds  de  hauteur.  Ce  tuyau  s'emboîte  en 
dehors  dans  le  collet  dont  nous  venons  de  parler. 
On  pratique  en  H ,  un  repos  d'un  demi-pouce , 
pris  dans  1  epaifleur  de  ce  tuyau ,  pour  recevoir  un 
autre  tuyau  de  tôle  de  douze  pieds  de  longueur 
&  de  fix  pouces  de  diamètre. 

Ce  premier  tuyau  de  terre  cuite  reçoit  la  pre- 
mière chaleur  qui  s'échappe  du  fourneau ,  &  mé- 
nage le  tuyau  de  tôle.  On  pourroit  faire  en  terre 
cuite  la  totalité  de  ce  tuyau  ou  cheminée  du 
fourneau  ;  cela  n'en  feroit  que  mieux  :  mais 
comme  il  feroit  fort  pefant,  il  conviendroit  de  le 
foutenir  d'efpace  en  efpace  avec  des  croiffants  de 
fer  fcellés  dans  la  muraille.  Tout  ce  fourneau  eft 
confirait  en  terre  cuite: on  peut  également  le 
faire  co.nftruire  «n  briques.^ 

Lorfqu'on  veut  faire  ufage  de  ce  fourneau  9 
on  le  pofe  fur  un  trépied  de  fer,  comme  il  eft 
marqué  fur  la  grille ,  ng.  3 .  Ce  trépied  doit  avoir 
au  moins  fix  pouces,  d'élévation.  On  pofe  enfuît*.  , 


'PtoUgôtnene*:  îxxxîïj 

furie  milieu  de  la  grille  deux  briques  à  coté  l'une 
de  l'autre ,  &  dans  le  fens  de  leur  épaifleur  :  on 
place  une  moufle  fur  ces  deux  briques  :  on  em- 
plie de  charbon  noir  les  trois  quarts  du  fourneau  i 
on  mec  par-defiiis  du  charbon  allumé  t  on  ne  fer- 
me pas  la  porte  B  ,  jufquà  ce  que  la  moufle  foie 
rouge  :  fans  cette  précaution  ,  le  courant  d'air  fo 
détermineroit  avec  trop  de  rapidité  j  le  fourneaii 
chaufferpit  brufquement ,  &  on  courroit  les  rif- 
ques  de  faire  cafler  la  moufle  :  mais  lorfque  l'in- 
térieur du  fourneau  eft  rouge ,  on  ferme  la  porte  ; 
le  courant  d'air  fe  détermine  auflî-tôt  t  il  n'entre 


qui  roule  fur  le  pavé.  Le  tuyau  rougit  jufqu'à  fîx 
pieds  de  hauteur ,  &  la  flamme  du  charbon  fore 
par  l'extrémité  de  la  cheminée  à  plus  de  deux 
pieds  au  deffus.  On  met  une  pellée  de  charbon 
de  vingt  minutes  en  vingt  minutes.  Lorfque  ce 
fourneau  eft  bien  fervi  de  charbon ,  &  que  l'on 
continue  le  feupendant  deux  heures  &  demie  , 
on  peut  être  allure  que  le  degré  de  chaleur  eft 
plus  fort  que  celui  qui  règne  dans  les  fours  de  ver- 
rerie ,  de"  porcelaine  »  &  dans  tous  les  grands 
fourneaux  où  Ton  fait  le  feu  le  plus  adif  qu'on  ait 

Su  produire  jufquà  préfent.  Si  après  une  heure 
e  teu ,  on  débouche  la  porte  qui  ferme  la  mou- 
fle ,  l'intérieur  eft  d'un  blanc  fi  éblouifTant ,  qu'il 
eft  impoffible  de  pouvoir  diftinguer  le  dedans , 

3ue  quelques  minutes  après  que  la  moufle  a  été 
ébouchée  >  &  que  l'air  frais  qui  y  entre  l'a  re- 
froidie. Nous  avons  fait,  M.  Macquer  &  moi, 
plus  de  deux  mille  expériences  de  fuite  dans  ce 
fourneau.  Il  n'y  a  aucune  fubftance,  aucun  ma* 

fil 


Ixxxir  Prolégomènes. 

lange  que  M.  Pott  ait  fondus ,  qui  ne  l'aient  été 
également ,  ou  vitrifiés  dans  l'efpace  de  deux 
heures  &  demie.  Le  degré  de  chaleur  qui  règne 
dans  ce  fourneau ,  eft  fupérieur  à  tout  ce  qu'on  a 
£>u  obtenir  jufqu  a  préfent. 

Le  grand  degré  de  chaleur  qu  on  obtient  dans 
le  fourneau  de  M.  Macquer ,  eft  du  finguiiére- 
menr  aux  bonnes  proportions  que  cet  habile 
Chymifte  a  obfervées  entre  la  capacité  du  four- 
neau ,  le  diamètre  de  la  cheminée,  &  fa  hauteur. 
M.  Macquer  a  conftaté  qu'en  diminuant  le  dia- 
mètre de  la  cheminée,  le  fourneau  produit  auffi- 
rôt  moins  de  chaleur  :  il  en  eft  de  même  fi ,  en 
confervant  à  cette  même  cheminée  fon  diamètre 
de  fix  pouces,  on  l'alonge  de  plufieurs  pieds; 
parceque ,  dans  l'un  Se  dans  l'autre  cas ,  le  cou- 
rant d'air  ne  peut  fe  déterminer  avec  la  même  vî- 
tefle ,  que  lorfque  le  fourneau  &  la  cheminée 
font  dans  un  rapport  convenable. 

Je  penfai  cependant  qu'il  étoit  poflîble  de  faire 
produire  plus  de  chaleur  à  ce  fourneau ,  fans  aug- 
menter fa  capacité ,  &  qu'il  fuffifoit  d'agrandir 
feulement  le  diamètre  de  la  cheminée ,  afin  de 
donner  à  l'air  qui  fe  raréfié  en  partant  au  travers 
du  charbon  embrafé ,  plus  d'èfpace  &  plus  de  fa- 
cilité à  s  évacuer.  D'après  cette  théorie ,  j'ai  fait 
conftruire  un  fourneau  en  briques  ,  repréfenté 
planche  i ,  fig.  4. 

Ce  fourneau  a  quinze  pieds  de  hauteur ,  dix 
pouces  de  largeur ,  &  treize  pouces  de  profon- 
deur dans  œuvre ,  par  le  haut  comme  par  le  bas  : 
il  eft  percé  à*  jour  par  le  bas ,  &  élevé  environ  à 
dix- huit  pouces  au  delïiis  du  plancher;  il  n'a 
point  de  cendrier  fermé.  On  place  dans  l'intérieur 
en  D'une  grille  de  fer  conftruite  comme  celle  du 


Prolégomènes.  lxxxv 

fourneau  précédent.  A  fix  pouces  au  detfus  de 
cène  grille ,  on  pratique  une  porte  cintrée  F ,  ï 
laquelle  répond  l'ouverture  d'une  moufle  amovi- 
ble qu'on  place  fur  des  briques  pofées  de  champ. 
À  huit  pouces  au  deflus  de  cette  porte,  on  prati- 
que en  B  une  féconde  ouverture  quarrée  ou  cin- 
trée par  le  haut»  qu'on  ferme  avec  une  porte  de 
terre  cuite  :  c'eft  par  cette  ouverture  qu'on  intro- 
duit le  charbon.  Le  defTus  de  cette  porte  ,  jufqu'à 
fon  extrémité  fupérieure,  eft  la  cheminée  de  ce 
fourneau. 

J'ai  fait  pluiieurs  expériences  dans  ce  fourneau, 
&  j'ai  obfervé  que  lorfau  il  eft  bien  fervi  de  char- 
bon,il  produit  plus  de  chaleur  que  le  fourneau  pré- 
cédent j  Ces  effets  font  infiniment  fupérieurs  à  ceux 
des  plus  grands  fourneaux  d'ufage  dans  les  tra- 
vaux en  grand  >  tels  que  ceux  de  verrerie  >  de 
porcelaine ,  &c. 

Fourneau  de  réverbère^ 

Le  fourneau  de  réverbère  eft  le  plus  commode 
&  le  plus  utile  qu'on  ait ,  parcequ  on  peut,  avec 
les  différentes  pièces  qui  le  compofent ,  faire  gé- 
néralement toutes  les  opérations  de  la  Chymie  % 
&  fe  pafler  de  tous  tes  autres  fourneaux. 

11  eft  ordinairement  compofé  de  quatre  pièces. 
Celui  dont  nous  allons  parler  en  a  cinq,  pour  le 
rendre  d'un  fervice  plus  général. 

La  pièce  À ,  fig.  ï ,  fe  nomme  le  cendrier;  elle 
fert  à  recevoir  les  cendres  que  rendent  les  ma- 
tières combuftibles  pendant  qu'elles  brûlent* 
C'eft  fur  cette  pièce  qu'on  pofe  la  grille ,  qut  doit 
être  de  fer. 

La  féconde  pièce  B  fe  nomme  le  foyer;  elle 
fert  à  contenir  les  matières  combuftibles. 


Ixxxvj  Prolégomcneà. 

La  rroifieme  pièce  C  eft. le  laboratoire.  C'eft 
dans  cette  partie  du  fourneau  qu'on  place  le  vaif- 
feau  qui  contient  la  matière  fur  laquelle  on 
opère, 

La  quatrième  pièce  D  fe  nomme  le  dôme  ;  elle 
eft  deîlinée  à  retenir  pour  un  certain  temps  la 
flamme  des  matières  combuftibles ,  &  à  la  faire 
réverbérer  fur  le  vaiffeau  placé  dans  le  labora- 
toire. 

Enfin  la  cinquième  pièce  E  fe  nomme  la  che- 
minée ;  elle  fait  partie  du  dôme  qui  eft  partage 
en  deux ,  afin  de  tirer  plus  de  fervice  de  ce 
fourneau ,  comme  nous  le  dirons  en  faifant  le  d« 
rail  de  l'ufage  de  toutes  ces  pièces.  Dans  la  conf- 
truâion  du  fourneau  de  réverbère  ordinaire ,  le 
dôme  &  la  cheminée  ne  font  qu'une  feule  pièce. 

En  F  eft  un  tuyau  de  tôle  de  trois  ou  quatre 
pouces  de  diamètre ,  qu'on  adapte  a  la  cheminée, 
&  qu'on  alonge  à  proportion  que  les  opération» 
Pexigent.  Telles  iont  les  pièces  du  fourneau  de 
réverbère  t  examinons  maintenant  l'ufage  qu'on 
çn  peut  faire. 

1  °.  Avec  la  première  pièce  A ,  on  peut  fe  pro- 
curer un  bain  de  fable  chauffé  par  une  lampe,  & 
former  par  conféquent  un  fourneau  de  lampe» 
On  pofe  fur  cette  pièce  du  fourneau  une  pocle  de 
fer ,  de  laquelle  on  a  coupé  la  plus  grande  partie 
du  manche.  On  met  du  fable  dans  cette  poêle ,  & 
on  fait  entrer  une  lampe  par  la  porte  du  cendrier. 
Ce  fourneau  eft  très  commode  pour  des  digeftions 
douces ,  &  même  pour  des  diftillations  où  une 
chaleur  modérée  fume.  Ce  cendrier  doit  avoir  en- 
viron Tept  à  huit  pouces  de  hauteur  ,  &  être 
garni  d'une  porte  proportionnée  a  la  capacitç  du 
fçttwai}.  Voyt\  ôg.  *  >  planche  *, 


fer, 


Tant  .jr 


Prolégomènes.       j         Ixxxvij 

i°.  En  ôtant  cet  appareil,  &  plaçant  la  grille 
fur  ce  cendrier ,  &  enfuite  la  pièce  B  ,  qui  doit 
avoir  environ  fix  ou  huit  pouces  de  hauteur  ,  on 
Corme  un  fourneau  compofé  des  pièces  A,  B  ^ 
fig.  j.  Ce  fourneau  fert  pour  les  évapoiations 
des  liqueurs  dans  des  badines ,  ou  daos  des  chau- 
,  dieres  de  fer.  On  peut  pofer  un  alambic  de  cuivre 
fur  ce  fourneau,  &  s'en  fervir  pour  des  diftilla- 
tions. 

3°.  En  ôtant  Palambic  ,  &  mettant  à  fa  place 
une  pocle  de  fer  remplie  de  fable ,  on  a  un  four- 
neau à  bain  de  fable  propre  aux  digeftions  Se  aux 
diftillarions  où  la  chaleur  du  feu  de  lampe  ne  fe- 
roitpas  fuffifante. 

4P.  En  ôtant  le  bain.de  fable  feulement,  & 
plaçant  fur  lerrefte  de  Fappareil  une  chape  Gf 
fig.  4,  on  fe  procure  un  fourneau  de  rufion. 
Lorfqu  on  veut  qu'il  produife  de  plus  grands 
effets  ,  on  adapte  à  la  cheminée  de  cette  chape 
un  tuyau  de  pocle  de  cinq  à  fix  pieds  de  long.  La 
porte  de  la  chape  eft  l'ouverture  par  laquelle  on 
introduit  le  charbon  dans  le  fourneau  ,  &  par  la- 
quelle on  obferve  le  creufet  qu'on  a  placé  fur  une 
briaue  pofée  fur  la  grille  du  fourneau.  On  tient 
la  chape  fermée  de  fa  porte ,  pour  ne  l'ouvrir 
que  lorfqu  il  eft  néceflaïre  ,  afin  de  ne  point  parr 
tager  le  courant  d'air.  La  brique  qu'on  met  foui 
le  creufet ,  fert  à  l'élever  f,  &  a  garantir  fon  fond 
de  la  fraîcheur  du  courant  d'air  qui  entre  par  le 
cendrier. 

5  °.  En  ôtant  la  chape  du  fourneau,  &  laiflant 
le  refte  de  l'appareil ,  on  pofe  deux  barres  de  fer 
fi^r  le  foyer  Ô,  &  enfuite  la  pièce  C,  que  nous 
avons  nommée  le  laboratoire  3  qu'on  pofë  par- 
deflus.  Les  barres  de  fer  fervent  à  fôutenïr  une 

fiv 


Ixxxviij  Prolégomènes. 

cornue  de  grès,  borfqu'on  veut  diftiller  avec  ee 
yaifleau ,  on  fait  pafler  fon  col  par  l'échancrure 
pratiquée  à  un  des  cotés  de  la  pièce  C  :  on  pofe  le 
dôme  &  la  cheminée  fur  cet  appareil ,  afin  de  re* 
tenir  &  de  réverbérer  la  chaleur ,  lorfque  cela  eft 
néçefTaire,  Cet  appareil  eft  repréfente  en  entier 
parlafig.  I,  planche  i, 

6 °.  Lorfqû'on  veut  diftiller  dans  une  cornue 
de  yerrç ,  &  cjue  Ton  craint  que  la  violence  du  feu 
fie  la  fafte  plier  ou  fondre,  on  fe  fert  d'un  bain 
4e  fable ,  difpofé  de  manière  qu'on  puifte  enfer- 
mer la  cornue  dans  le  bain;  ôç  quelle  foit  entiè- 
rement recouverte  de  fable.  On  pofe  ce  bain  de 
fable,  fig.  5  t  fur  les  deux  barres  de  fer  dans  la 

Îiiççe  Ç ,  fig.  i ,  On  obferve  cjue  le  bain  de  fable 
.  bit  d'environ  un  pouce  plus  écroit  que  le  four- 
neau ,  afin  qu'il  règne  autour  un  efpace  par  où 
puifle  circuler  librement  la  flamme  des  marierez 
çqmbuftibles.  Cette  flamme  doit  s'élever  facile- 
ment au  deflus  de  la  cornue ,  &  être  révçrbérée 
fur  la  voûte  de  ce  v^ifte^u  par  le  dôme  qu'on 
*  placé  fur  le  fourneau.  Cet  appareil  eft  le  même 

3ue  le  précédent  y  il  n'en  diffère  que  par  le  bain 
§  fable,  qui  garantit  très  bien  les  cornues  de 
yçrre  de  la  fiifion  :  mais  c'eft  lorfque  le  feu  n'eft 
pas  poijflré  trop  violemment  j  car ,  malgré  cet  ap- 
pareil ,  il  arrive  quelquefois  que  les  cornues  fe 
plient,  &  même  fe  fondent,  par  la  trop  grande 
violence  du  feu:  au  refte,  le  fable  les  gar?nçir 
beaucoup  de  cet  inconvénient. 

Les  bains  de  fable  dont  |e  me  fers  poqr  ces  for- 
iez de  diftillations ,  &  que  l'expérience  m'a  fait 
reçonnoîrre  pour  être  les  meilleurs  pour  la  forme, 
font  des  eijaeces  de  petits  ffe*ux  de  tôle  forte  :ih 
Ont  une  éçnançrure  très  profonde  qui  correfpon4 


Prolégomènes;  Ixxxix 

i  Téchancrure  du  fourneau ,  par  où  pafle  le  col  de 
la  cornue  :  les  bords  qui  s'élèvent  au  deflus  de 
réchjncrure ,  doivent  être  aflez  hauts  pour  fur- 
pafler  d'environ  un  pouce  le  niveau  de  la  voûte 
de  la  cornue  :  ces  bords  fervent  à  retenir  le  fable, 
afin  qu  il  ne  s'écoule  pas  pendant  le  cours  de  l'o- 
pération ;  ce  qui  immanquablement  feroit  fon- 
dre ou  cafler  la  cornue  par  la  partie  fupérieure. 
On  peut  également  faire  faire  ces  bains  de  fable 
en  terre  cuite  ;  mai?  ils  font  ordinairement  trop 
épais ,  &  ne  tranfmerrent  pas  la  chaleur  aufli  faci- 
lement que  ceux  de  tôle. 

7°.  En  fe  fervant  de  l'appareil  fig.  4. ,  6c  fuppri- 
mant  la  grille  du  fourneau ,  en  pofànt  a  fa  place 
deux  barres  de  fer ,  fur  lefquelles  on  arrange  une 
moufle  dont  l'ouverture  doit  correfpondre  a  celle 
de  la  féconde  pièce  B,  on  fe  procure  un  fourneau 
de  coupelle  ,  qui  fert  particulièrement  pour  affi- 
ner l'or  &  l'argent.  Cet  appareil  eft  encore  extrê- 
mement commode  pour  faire  proprement  une 
infinité  de  torréfactions,  de  calcinations  &  de  fu- 
fions.  On  augmente  l'aâivité  de  ce  fourneait  par 
le  moven  d'un  tuyau  de  poêle ,  comme  nous  l'a- 
vons dit  précédemment.  Ce  fourneau ,  à  caufe  de 
fa  forme  ronde,  n'eft  pas  aufli  commode  pour 
les  opérations  de  la  coupelle ,  que  le  fourneau  de 
coupelle  ordinaire ,  qui  eft  quarré,  ficdont  nous 
parlerons  dans  un  inftant  j  mais  il  peut  y  fuppléer 
en  cas  de  befoin. 

8°.  Enfin,  en  formant  l'appareil  des  pièces 
À  \  B ,  C ,  D ,  fig.  i  ,&  fupprimant  la  cheminée  E , 
&  bouchant  l'ouverture  de  la  pièce  C ,  on  pofe  fur 
les  deux  barres  de  fer  qui  font  au  deflus  du 
foyer,  une  cucurbite  de  grès,  dont  l'orifice  s\> 
kve de  deu* qu  crois  pouces  au  deflus  de  louve*» 


xc  Prolégomènes. 

cure  de  la  pièce  D.  On  lute  un  chapiteau  de  verre 
à  la  cucurbite,  &  on  bouche  avec  de  la  terre  à 
four  les  ouvertures  qui  reftent  entre  les  parois  de- 
la  cucurbite  &  celles  de  l'ouverture  du  fourneau. 
Avec  cet  appareil ,  on  diftille  très  commodément 
du  vinaigre  :  le  vaitfeau  diftillatoire  fe  trouvant 
prefque  entièrement  renfermé  dans  le  fourneau , 
reçoit  la  chaleur  par  le  plus  grand  nombre  de  fur- 
faces  pofîible  j  ce  qui  facilite  confidérablement 
la  diftillation ,  &  occafionne  moins  de  dépenfe 
de  matières  combuftibles ,  que  fi  ce  vaifleau  ne 
recevoit  la  chaleur  que  par  fon  fond. 

Avec  cet  appareil ,  on  peut  faire  encore  plu- 
fieurs  fublimations. 

Le  fourneau  de  réverbère  dont  nous  venons 
de  Parler  >  fe  conftruit  en  terre  cuite.  Il  eft  bon 
de  faire  faire  en  même  rerhps  une  grille  de  la 
même  terre ,  mais  amovible ,  parceque  ces  fortes 
de  grilles ,  contenant  plus  de  parties  pleines  qua 
our  y  chauffent  moins,  modèrent  la  chaleur,  & 
a  retiennent  plus  long-temps  que  les  grilles  de 
fer.  Les  grilles  de  terre  font  percées  de  trous 
ronds ,  faciles  à  s'engorger  par  la  cendre  du  char* 
bon  :  elles  font ,  par  ces  raifons ,  plus  en  état  de 
fournir  une  chaleur  plus  douce  ,  plus  égale , 
lorsqu'elles  font  une  fois  échauffées  9  que  les 
grilles  de  fer  ;  ce  qui  eft  un  avantage  pour  les 
digeftions  où  l'on  n'a  befoin  que  d'une  chaleur 
douce  &  égale  :  au  lieu  que  les  grilles  de  fer , 
pour  le  peu  que  les  barres  foient  éloignées  Tune 
de  l'autre  de  deux  ou  trois  lignes ,  lai  de  ne  tomber 
les  cendres  a  mefure  aflez  facilement ,  &  laiflent  le 
courant  d'air  trop  libre  ;  ce  qui  augmente  l'aâi- 
vité  du  feu  fouvent  plus  qu'il  ne  faut. 

Les  FQurnaliftes  pratiquent  aux  différentes 


i: 


Torrt  .2? 


Prolcgomeneà.  xcj 

pièces  des  fourneaux  ,  des  trous  ronds  qu'on, 
nomme  regifires.  On  les  bouche  Se  débouche 
avec  des  chevilles  de  terre  cuire.  Ces  trous  font 
abfolument  inutiles,  fur-tout  ceux  que  les  Four-  « 
naliftes  forment  autour  du  foyer  du  laboratoke 
&  du  dôme ,  pareeque  ces  trous  partagent  le  cou- 
rant d'air,  La  flamme  fort  de  tous  les  côtés  par  la 
partie  Supérieure  du  fourneau ,  &  n'eft  plus  ré- 
verbérée fur  le  vaiiTeau  placé  dans  le  laboratoire  y 
auflî  également  que  lorfque  ces  regiftres  font 
fermés. 

Fourneau  de  Coupelle. 

Le  fourneau  de  coupelle  eft  aufli  nommé/o«r± 
neau  d'effar .,  pareequ'il  eft  deftiné  à  faire  les  opé-r 
rations  pour  connoître  le  titre  de  l'or  &  dfe  l'ar- 
gent :  on  le  nomme  encore  fourneau  d'e'mailfour  > 
pareequ'il  eft  très  commode  pour  faire  prôpte* 
ment  des  émaux.  Ce  fourneau  eft  quarré  ,  oa 
peu  plus  long  que  large ,  comme  il  eft  repréfenté 
fur  la  planche  j ,  fig.  2. 11  eft  ordinakéfoent  corô» 
pofé  de  deux  pièces*  A,  B,  avec  une  chemi- 
née C  ,  qui  fait,  corps  avec  la  pièce  B. 

La  pièce  A  peut  être  percée  par  fon  fend  >  pottç 
recevoir  une  grille  de  fer  qu'on  pofe  fur  un  repbrd 
d'environ  un  poncé ,  qu'on  a  pratiqué  dans  l'infé- 
rieur,  ou  bien  on  fait  ce  fond  en  terre  <hiite* 
comme  le  fourneau,  &  il  fait  corps  avec  lui.  On 
fe  contente  feulement  de  percer  ce  fond  »  en  fa* 
briquai\t  le  fourneau ,  de  plusieurs  rangée»  dé 
trous  ronds,  d'environ  huit  lignes  de  diametrev  ' 
Lorfque  le  fourneau  eft  conftruit  pour  recevoir 
une  grille  de  fer,  il  chauffe  davantage,  par  les  rai- 
fons  que  nous  avons  dites  en  parlant  dû  la  grille 
4e  terre  placée  au  fourneau  de  réverbéra  La  pièce 


Xcij  Prolégomènes. 

de  ce  fourneau  fe  pofe  fui*  un  trépied  triangulaire  > 
élevé  d'environ  quatre  pouces ,  comme  il  eft  repté- 
fente  fig.  i. 

La  première  pièce  dont  nous  parlons ,  eft  per- , 
eée  de  deux  ouvertures  en  D  &  en  £.  Ce  font 
deux  portes.  L  une  D ,  eft  deftinée  à  mettre  du 
charbon,  &  à  faire  couler  fous  la  moufle  celui  du 
haut,  qui  ne  tomberoit  pas ,  afin  que  le  deflbus 
de  la  moufle  foit  toujours  bien  garni  de  charbon. 
L'ouverture  £  eft  la  porte  correspondante  à  la 
bouche  de  la  moufle.  Ç'eft  par  cette  ouverture 
qu'on  introduit  les  coupelles,  les  creufets,  &c. 
dans  la  moufle.  On  place  dans  ce  fourneau  deux 
barres  de  fer  un  peu  au  deflbus  de  la  naiflance 
de  cette,  porte ,  pour  fupporter  la  moufle  dans  le 
fens  de  la  longueur ,  afin  qu'elle  ne  fc  cafle  pas 
en  deux  pendant  l'opération ,  par  fon  poids ,  par 
celui  des  matières  ,  &  par  celui  du  charbon 
qu'on  mer par-deffus. 

La  moufle  eft  une  efpece  decreufet,  repréfenté 
fous  deux  faces,  fig.  3  &  3.  Ce  vaifleau  eft  plan 
en  deflbus ,  &  convexe  en  detfus.  Nous  donnons 
la  meilleure  manière  de  les  fabriquer  à  l'article 
Fourneaux  &  Creufets. 

La  pièce  B  *  fig.  % ,  eft  le  dôme  du  fourneau  } 
elle  eft  percée  par-devant  d'une  ouverture  un 
peu  large  pour  pouvoir  introduire  le  charbon 
commodément.  La  partie  fupérieure  de  cette 
pièce  eft  terminée  par  un  tuyau  de  trois  ou  quatre 
pouces,  de  hauteur,  &  fait  corps  avec  le  dôme* 
Cette  partie  du  fourneau  fe  nomme  la  cheminée. 
On  alonge  cette  cheminée  >  fuivant  le  befoin , 
avec  un  tuyau  de  poêle  dç  quatre  pouces  de  dia- 
mètre qu'on  adapte  par-defliis. 

On  peut  faire  construire  deux  augets  de  grotte 


r 


Ts/n. 


!«?.  S. 


Prolégomènes*  xcii 

tàîe  qui  entrent  dans  le  fourneau  dé  coupelle , 
qu'on  place  l'un  à  côté  de  l'autre,  en  obfervant 
qu'on  puiflTe  pofer  le  dôme  par-deflus  :  on  fe  pro- 
cure alors  un  fourneau  de  réverbère ,  dans  lequel 
on  peut  diftiller  en  même  temps  avec  quatre  pu 
fix  cornues  qu'on  arrange  dans  ces  augets  avec  du 
fable.  Voyc^  fig.  4. 

Fourneau  des  Fondeurs ,  &  Forge. 

Le  fourneau  des  Fondeurs  eft  une  tour  quar- 
rée ,  creufe ,  enfermée  dans  une  maçonnerie  de 
briques.  Ce  fourneau  eft  animé  par  un  foufflet  i 
deux  vents. 

On  foutient  folidement  un  foufflet  à  deux 
vents  au-deffiis  de  la  cheminée  du  laboratoire 
par  des  tirants  &  des  croiflan  ts  de  fer  fcellés  dans 
la  muraille,  &  attachés  au  plancher,  comme  il 
eft  marqué  fur  la  planche  4.  A  l'extrémité  du 
foufflet  on  pratique  fuivant  le  local  en  A  ou  en  B 
une  ouverture  d'un  pouce  ou  deux  de  diamètre , 
fuivant  la  groffèur  du  foufflet.  On  adapte  à  cette 
ouverture  un  tuyau  de  fer  blanc  qui  defeend  juf- 
qu  en  C.  En  C  eft  une  boîte  de  fer  blanc  de  fix 
pouces  de  large  d'à  en  a ,  de  deux  pouces  de  hau- 
teur ,  &  d'autant  de  profondeur.  Au-deffus  de 
cette  boîte,  oa  pratique  trois  robinets  d9d,d9  pour 
diftribuer  le  vent  dans  les  différents  fourneaux. 
Ces  robinets  font  de  cuivre  à  l'ordinaire.  On  doit 
obferver  en  les  faifant  faire ,  de  tenir  les  ouver- 
tures d'entrée  &  de  forrie  du  vent ,  ainfi  que  celles 
des  clefs,  plus  larges  que  le  bout  ou  l'extrémité 
des  tuyaux  qu'on  arrange  en  deflous ,  &  par  où 
fort  le  vent  pour  entrer  dans  les  fourneaux)  fana 
cette  précaution ,  on  ne  profiterait  pas  de  tout  le 
yçnt  que  le  foufflet  peut  doftfter. 


xciv  ^Prolégomènes. 

Au-defîbus  de  chaque  robinet  ôH  ajoAe  tut 
tuyau  de  fer  blanc ,  que  l'on  conduit  aux  endroits 
convenables ,  pour  former  un  fourneau  des  Fon- 
deurs en  F ,  un  autre  petit  fourneau  des  Fondeurs 
en  G ,  &  une  forge  en  H. 

Le  fourneau  de  Fondeurs  F  eft  une  tour  quar- 
rée ,  creufe  d'environ  dix-huit  pouces  de  profon- 
deur ,  &  de  huit  à  nopf  pouces  de  largeur,  i  eft 
là  porte  du  cendrier  »  quon  bouche  exactement 
avec  des  briques  &  de  la  terre  à  four,  Se  on  ne 
l'ouvre  que  lorfqu'il  eft  héceflaire  de  nettoyer  le 
fourneau.    Immédiatement  au  deffiis  de  dette 

r>rte ,  on  fait  entrer  en  F  la  tuyère  du  foufflet  : 
un  demi- pouce  au  deffiis  de  la  tuyère,  oh  pofe 
deux  barres  de  fer  qu'on  ajufte  au  fourneau  en 
te  conftruifant  :  fur  ces  deux  barres ,  on  place  la 
plaque  de  fer  K  j  elle  eft  de  fer  forgé  de  (îx  à  huit 
lignes  d'épaifleur,  &  quarrée  comme  l'ouverture 
du  fourneau  :  les  quatre  angles  font  échancrés 
en  croitfant,  afin  de  l'aider  patfer  le  vent  du 
foufflet  :  il  refte  treize  pouces  de  profondeur  pour 
le  fourneau.  C'eft  fur  la  plaque  de  fer  K,  qu'on 
pofe  les  creufets  :  afin  de  mieux  concentrer  la 
chaleur  ,  on  pofe  fur  ce  fourneau  un  couvercle 
de  terre  cuite  M ,  qui  retient  &  réverbère  fur  le 
creufet  la  flamme  du  charbon.        • 

Lorfqu  on  veut  faire  ufage  de  ce  fourneau,  on 
pofe  un  creufet  fur  la  plaque  de  fer  :  on  l'entoure 
de  charbons  noirs  &  de  quelques  charbons  allu- 
més: on  couvre  le  creufet  &  le  fourneau  de  leurs, 
couvercles  :  on  fait  agir  la  branloire  N.  La  cha- 
leur en  moins  d'un  quart  d'heure  eft  très  violence. 
Lôrfque  le  foufflet  eft  bon ,  &  qu'il  peut  fuppor- 
ter  une  tuyère  d'un  pouce  ou  d'un  poule  &  dertii 
de  diamètre ,  ce  fourneau  donne  dans  l'efpact 


Prolégomènes;  *  rt% 

*Fune  heure ,  lorfqu  il  eft  bien  fervi  de  charbon , 
un  coup  de  feu  égal  &  même  fupérieur  aux  fours 
de  verrerie.  Il  faut  avoir  attention  de  ne  point 
couder  ces  tuyaux ,  &  de  faire  entrer  le  vent  dans 
le  fourneau  le  plus  directement  qu'il  eft  poflîble, 
autrement  on  perd  considérablement  de  l'effet 
que  le  vent  du  foufflet  peut  produire  dans  le  four* 
neau. 

Il  arrive  prefque  toujours  que  la  violence  du 
feu  fait  couler  en  verre  les  parois  du  fourneau , 
&  bouche  les  ouvertures  ou  les  angles  tronqués 
de  la  plaque  :  il  convient  de  les  déboucher.  On  y 
parvient  par  le  moyen  d'une  barre  de  fer  pointue 

au'on  pafle  de  temps  en  temps  aux  quatre  angles 
u  fourneau  :  &  pour  ne  pas  fe  brûler  en  faiiant 
cette  opération,  on  fe  garnit  les  mains  de  petits 
facs  de  toile  en  plufieurs  doubles,  qu'on  a  mouil- 
lés &  exprimés  auparavant.  Les  Fondeurs  nom- 
ment moufles  ces  fortes  de  facs. 

En  G ,  eft  une  petite  café  ronde  de  huit  pouces 
de  diamètre  &  de  fix  pouces  de  profondeur, ^vec 
un  tuyau  qui  part  du  loufflet ,  &  qui  s'adapte  au 
bas  de  la  café.  C'eft  un  fourneau  dont  la  conftruc- 
tion  tient  le  milieu  entre  la  forge  (impie  &  le 
fourneau  des  Fondeurs.  Ce  fourneau  eft  économi- 
que en  ce  qu'il  tient  peu  de  charbon  ;  &  il  eft 
très  commode  pour  une  infinité  d'expériences  où 
il  faut  un  feu  très  vif. 

Lorfqu  on  difpofe  un  foufflet  dans  un  labora- 
toire, il  eft  avantageux  d'en  tirer  le  plus  grand 
parti  poflible.  On  peut ,  au  moyen  des  robinets-, 
diftribuer  le  vent  dans  plufieurs  endroits.  U  eft 
bon  de  conferver  un  tuyau  pour  former  une  forge 
ordinaire.  On  pratique  à  hauteur  d'appui ,  une 
aire  en  briques ,  «doflée  contre  If  mur  4  la  praxis 


xcvj  Prolégomènes. 

mité  du  foufflet  :  on  fait  pafler  la  tuyère  à  fleur  de 
cette  aire  :  on  fe  procure  par  ce  moyen  une 
forge  femblable  à  celle  d'un  Serrurier  ;  on  en 
forme  un  fourneau  lorfqu'on  en  a  befoin  ,  en 
arrangeant  des  briques  autour  de  la  tuyère.  On 
réferve  une  cavité  au  deflous  de  la  forge  :  cette 
cavité  fert  à  retirer  du  charbon ,  des  briques  ou 
d'autres  chofes  qu'il  eft  bon  d'avoir  fous  la  main» 
On  peut  voir  en  H  j  planche  4,  la  difpofition 
de  la  rorge.  Il  eft  impomble  d'indiquer  les  meil- 
leurs moyens  de  la  pratiquer  dans  un  laboratoire; 
cela  dépend  abfolument  du  local  :  mais  il  eft  bon 
d'obferver  r  autant  qu'on  le  peut ,  de  placer  la 
branloire  à  la  main  gauche ,  afin  qu'en  faifant 
agir  le  foufflet,  on  puiflè  en  même  temps  tifon- 
ner  le  feu  avec  la  main  droite. 

Fourneau  de  Lampe* 

Le  fourneau  de  lampe ,  ainfî  nommé  parce* 
qu'on  le  fait  chauffer  au  moyen  d'une  lampe ,  eft 
ordinairement  conftruit  en  tôle  noire.  Comme 
le  feu  de  ce  fourneau  eft  facile  à  conduire ,  Se 
qu'il  demande  moins  de  foin  que  les  fourneaux 

3ui  font  chauffés  avec  du  bois  ou  du  charbon  * 
v  a  beaucoup  de  perfonnes  qui  font  un  grand 
ulage  du  fourneau  de  lampe.  On  a  par  cette  rai- 
fon  multiplié  les  pièces  qu'on  met  en  place 
Tune  de  l'autre,  fuivant  les  opérations  qu'on  veut 
faire.  En  effet,  le  fourneau  de  lampe  eft  fort  com- 
mode y  mais  il  ne  peut  fervir  que  pour  des  opéra- 
tions en  petit ,  &  pour  lesquelles  il  ne  faut  pas  un 
Î;rand  degré  de  chaleur.  C'eft  ordinairement  de 
'huile  d'olive  qu'on  emploie ,  ou  toute  autre  huiUr 
qui  ne  produit  pas  plus  de  fumée  quelle  en  bcù- 

lant  % 


loin. 


Prôtégômtnik.  kcvlj* 

iftht  :  on  fe  fetc  de  mèche  die  coton.  Quelque* 
perfonnes  fe  fervent  de  ifcefche  d'amiante  bu  de 
fil  d'or  dont  on  réunit  un  certain  iibmbré  pou* 
former  un  petit  faifcéau:  Oh  met  quatre  ;  ciitq 
eu  ûx  meenés  à  la  lampe ,  &  on  n'en  allumé  que 
ce  dont  on  croit  avoir  bé foin. On  fe  procure  par  ce 
moyen  différents  degrés  dé  thaieur.  On  arrangé 
Ces  mèches  avec  des  cifeaux  &  àVéc  dé  petite* 
pinces  à  reflfort  qu'on  notfinje  btujfelles. 

La  planche  5  repréfente  les  différentes  pièce* 
qui  appartiehiient  au  fourneau  de  lampe. 

La  pièce  A ,  fig;  i ,  eft  Un  vafe  de  tôle  noire  ^ 
autour  duquel  on  pratique  plufieurs  jours  pout 
entretenir  Wlamp*  allumée j  Comme  il  eft  tnar» 
que  ert  Â.  Oti  forme  uhe  ouverture  cihtrée  eh  B  4 
pour  faire  entrer  la  lampe  G;  Là  pièce  G  feft  dé 
verre ,  &  n'a quufie  ouverture  bar  le  bas *  à  la- 
quelle on  arrange  Une  foupape  de  fer  blaiîc ,  pour 
empêcher  l'huile  dfe  tomber  lorfqu'on  la  met  eri 
place ,  ou  qu'on  l'enlevé,  La  pièce  D  eft  de  fe* 
plane  ;  elle  forme  conjointement  avec  le  vafe  dé 
verre  C 1  le  rélervoif  qui  cohtieht  une  provifioiï 
d'huilé.  Oïl  a  pratiqué  à  la  pièce  D ,  une  rigolé 
de  fer  blanc  B ,  de  cinq  à  file  pouces  de  long ,  au 
bout  de  laquelle  on  arrange  les  mèches  :  cette 
rigole  eft  couverte  j  on  l'introduit  jufques  vers  lé 
ihilieu  du  diamètre  du  fourneau  A ,  afin  que  là 
chaleur  foit  au  centre  du  fourneau* 

Au  deiTus  du  fourneau ,  on  place  un  vâfeE; 
en  tôle  noire ,  qui  fert  de  bain  de  fable  :  il  entre 
dans  l'intérieur  du  fourneau  d'environ  deux  ou 
ttois  pouces.  On  a  pratiqué  autour  de  cette  piecer 
un  petit  repos  pour  l'empêcher  de  defeendré  plu* 
qu'a  rie  Convient  ;  ce  qui  drriverôit  fans  delà  j  parf 
Je  poids  du  fable  &  du  vaifleau  qu'on  met  daai 
Tvmt  h  i 


Jfcviij  Prolégomènes 

cette  pièce ,  &  ne  manquerait  pas  d'élargir  1* 
fourneau.  F  eft  une  cornue  de  verre  placée  dans 
ce  bain  de  fable ,  au  bec  de  laquelle  on  a  adapté 
un  ballon  ou-récipient  G. 

On  peur,  avec  cet  appareil,  faire  commode- 
trient  beaucoup  de  diftiilations  de  liqueurs  fpiri- 
fcitueufes  &  de  rectifications  d'huiles  eftentielles. 

La  figure  i  repréfente  les  pièces  pour  diftiller 
au  bain  -  marie.  La  pièce  À  eft  un  vaifleau  de 
fer  blanc  qui  s'adapte  fur  le  fourneau  ,de  lampe , 
en  place  du  bain  de  fable.  On  met  de  l'eau  dans 
cetcê  pièce  s  on  plonge  dedans  une  cucurbite  de 
Verreoud'étain  B.  On  adapte  par  deflus  un  couver- 
cle de  fer  blanc  C ,  qui  ferme  à  feuillures,  comme 
tme  boîte  de  fer  blanc  ordinaire.  Ce  couvercle  eft 
percé  dans  fon  milieu  d'une  ouverture  égale  au 
diamètre  du  col  de  la  cucurbite.  On  a  pratiqué  à 
ce  couvercle  en  D,  un  petit  tuyau  pour  introduire 
de  l'eau ,  afin  de  remplacer ,  à  melure  qu'il  eft  né- 
ceffaire ,  celle  qui  s'évapore. 

On  pofe  fur  la  cucurbite  un  chapiteau  de  verre 
£.  On  te  lute  avec  des  bandes  de  papier  enduites 
de  colle  d'amidon  ou  de  farine.  On  a  imaginé 
d'appliquer  pat  deflus  ce  chapiteau  de  verre  un 
réfrigérant  F  G  :  la  cuvette  eft  de  fer  blanc ,  &  ce 
qui  s'applique  fur  le  chapiteau  eft  de  plomb.  Ce 
métal  mou  eft  plus  facile  à  travailler  :  on  lui  fait 
prendre  volontiers  la  forme  extérieure  du  chapi- 
teau de  Verre.  On  a  pratiqué  en  F  une  petite 
échancrure  pour  ne  pôiriî  gêner  le  chapiteau  de 
verre*  Ou  a  foudé  en  G  un  petit  robinet  de  cui- 
vre à  ce  réfrigérant  pour  vuider  l'éàu  lorfqu'elle 
s'eft  échauffée. 

.    La  figure  ;  repréfente  cet  appareil  en  entier , 
au  moyen  duquel  on  peut  diftiller  avec  une  curf 


To/rv.Jfr 


J?ti? .  2  . 


Prolégotnenea  kcit 

,  fcurbite  de  verre  ou  d'étain ,  fuivant  la  ftature  des 
fubftances  que  l'on  traite. 


DES    VAISSEAUX. 

Un  homme  en  Chymie  vafc  où  Ytiffcau,  une 
ftiachine  creufe  quelconque  &  de  quelque  ma- 
tière qu'elle  foit,  pourvu  qu'elle  puifle  contenir 
&  retenir  ies  corps  fur  lefquels  on  veut  opérer. 
Les  vaifleaUx  doftt  on  fe  fèrt  en  Chymie ,  font 
de  différentes  natures  &  de  différentes  formes; 
Céft  i  l'Àrtifte  à  favoir  aflortir  la  nature  &  la 
forme  du  vaiftèau  aux  opérations  qu'il  fe  pro^ 
jpofe  de  faire ,  &  à  éviter  d'employer  ceux  <jui 
leroient  attaqués  par  les  fubftances  qu'on  vou- 
drait mettre  dedahs.  PlufieUrs  perfonnes  >  fauté 
d'avoir  fait  cette  attention ,  font  tombées  dans 
des  erreurs  :  elles  ont  fait  deflecher  du  fel  de  fondé 
dans  des  marmites  de  fer  :  ce  fel  a  pris  fuccefïî- 
vement  des  couleurs  de  mafficot  &  de  minium  t 
elles  ont  attribué  ce*  couleurs  à  la  nature  du  fel 
de  foude  >  tandis  qu'elles  viennent  de  la  rouille  du 
fer  que  cet  alkali  diflbut  pendant  fon  évapora-» 
kion  8c  fa  defliccation. 

D  antres  ont  expofé  au  grand  feu  de  la  craie 
dans  des  creufets  aargille  :  il  eft  arrivé  quelque- 
fois à  la  craie  d'entrer  en  fufioti.  On  a  attribué 
cet  eftet  à  la  violence  du  feu ,  tandis  qu'on  de- 
Voit  le  rapporter  à  la  propriété  fingulieré  qu'ont 
tes  deux  matières  terreufes  de  fe  fondre  &  de  fé 
vitrifier  réciproquement.  La  craie ,  comme  nous 
le  dirons  ,  ne  peut  entrer  en  ftilïon  &  fe  réduire 
ta  verre  lorfqu  elle  eft  feule,  que  par  un  feu  de  là 

gif     • 


c  Prolégomènes» 

plus  grande  violence  &  peut-êrre  égal  a  celai  qui 
règne  au  foyer  d'un  miroir  ardent. 

Il  eneft  de  même  du  Tel  alkali  fixe  qu  on  tien- 
droit  en  fufion  pendant  un  certain  temps  dans  un 
creufet  d'argille.  Si  Ton  examine  enfuite  ce  fel 
alkali,  on  trouve  qu'il  contient  du  tartre  vitriolé. 
On  feroit  d'abord  porté  à  croire  qu'une  partie  de 
l'alkali  fixe  fe  feroit  changée  en  acide  vitriolique* 
&  combinée  avec  de  l'alkali  fixe  à  mefure,  pour 
former  du  tartre  vitriolé  ;  mais  pour  peu  qu'on 
réfléchifle ,  il  n'eft  pas  difficile  de  connoître  la 
véritable  production  de  ce  fel.  Ce  tartre  vitriolé 
eft  formé  par  de  l'acide  vitriolique  de  l'argille  du 
creufet.  Toutes  ces  obfervations  font  fumfantes 
pour  faire  voir  la  néceffité  de  connoître  les  pro- 
priétés des  fubftances  fur  lefquelles  on  travaille» 
afin  de  n'employer  que  des  vaifleauxqui  ne  puif- 
fent  rien  leur  communiquer. 

Plufieurs  Chymiftes  qui  ont  voulu  faire  con- 
noître les  propriétés  des  vaifleaux  par  des  défi* 
gnations  générales,  en  ont  établi 'de  deux  efpe- 
ces,  d'actifs  Se  depqffifs.  Us  nomment  vaijfeaux 
Actifs  les  fourneaux ,  &  vaijfeaux  pafpfs  les  vaif- 
feaux  ordinaires  j  mais  cette  diftribution  ne  fait 
pas  fuffifamment  connoître  les  différents  vafes 
dont  on  fait  ufage  dans  la  Chymie.  Si  l'on  vou- 
loit  donner  une  diviflon  métnodique  des  diffé- 
rents vaifleaux  dont  on  fe  fert  en  Chymie ,  elle 
devroit  être  plutôt  fondée  fur  les  effets  que  doi- 
vent produire  ces  mêmes  vaifleaux,  ou  for  le 
fervice  qu'ils  doivent  rendre  :  en  les  confidérant 
fous  ce  point  de  vue ,  on  pourroit  les  divifer  en 

Î)lufieuts  clafles ,  comme  nous  allons  eflayerde 
e  faire. 

i9.  Les  vaifleaux  quûfervent  aux  évapora- 
tions. 


Prolégomènes.  c) 

i°.  Lès  vâifleaux  donc  on  fait  ufage  pour  let 
digeftions,  les  circulations ,  les  infufions,  &c. 
Enfin  tons  ceux  qu'on  peut  faire  fervir  dans  les 
opérations  où  R  eft  néceflaire  que  le  véhicule 
s'élève  &  retombe  continuellement  fur  les  fub- 
fiances,  fans  qu'il  fe  fade  d'évaporation. 

3°.  Les  vâifleaux  qui  font  deftinés  à  éprouver 
la  violence  du  feu ,  &  qui  fervent  aux  fufions  &c 
aux  vitrifications. 

4°*  Enfin ,  on  peut  faire  ufte  claffe  desvaiC- 
féaux  qui  ont  plusieurs  ufages ,  &  qu'on  nom- 
meroit  la  clafle  desvaiffeaux pofychreRes. 

Nous  pafferonsici  fous  filence  tous'les  vai£- 
féaux  extraordinaires  que  les  Alchyroiftes  ont 
imaginés  pour  leurs  vaines  opérations  :  ces  détail* 
feroient  longs,  faftidieux  ,  &  n'apprendroienc 
rien  :  néanmoins  il  eft  facile  de  placer  ces  vai£ 
féaux  dans  les  clafles  que  nouspropofons-, parce- 
que,  quelque  forme  qu'ils  puiflent  avoir,  ils  n'ont 
à  remplir  que  les  objets  compris  dans  les  quatre 
claffes  des  vâifleaux  que  nous  venons  d'énoncer* 
Nous  nous  contenterons  donc  de  donner  feule- 
ment la  defeription  des  vâifleaux  les  plus  (impies»' 
&  <jui  rfempliffentcomplettement  toutes  les  indir 
calions  qu'on  fé  propofe« 

PREMIERE     CLASSE. 

Des  Vaifftaux,  éyaporatoires  divifés  en  trou 
fictions. 

Première    Seqtiok» 

Des  Vâifleaux  éyaporatoires  à  Vair  libre* 

La  figure- 1 ,  planche  (^repréfente  une  baffiaev 

g  ïlï 


ci)  Prolégomènes^ 

On  en  fait  de  cuivre  rouge  ,  de  cuivre  jaune  t 
çtamé  &  non  écamé  :  on  en  fait  aufli  d'argent  i 
ça  peut  également  en  faire  d'or.  Ces  vaifleaux 
font  très  commodes  pour  les  év^orations  à  l'air 
libre  :  ceux  d'argent  méritent  la  préférence ,  en 
ce  qu'ils  font  d'un  fervjce  plus  général. 

La  figure  i  repréfente  une  marmite  de  fer. 
Ces  fortes  de  vaiueaux  fervent  également  à  faire 
évaporer  des  liqueurs  :  on  les  fait  fervir  aufli  de 
bain  de  fable. 

La  figure  3  repréfente  une  çapfule  de  verre  :  il 
y  en  a  de  différentes  grandeurs  y  cependant  les, 
plus  grandes  tiennent  environ  une  pinte.  Un  cul 
4e  matras.,  coupé  proprement,  peut,  de  même 
qu'une  capfule  ,  fervir  aux  évaporations  >  mais 
lorfqu  on  a  beaucoup  de  liqueur  à  faire  évapo- 
rer ,  on  fe  fert  avec  fuccès  des  cloches  de  verre 
{Jonc  les  Jardiniers  font  ufage  pour  garantir  les; 
légumes  de  la  gelée.  Les  vaifleaux  de  verre  font 
les  meilleurs  qu'on  puifle  employer  pour  les  éva- 
porations ,  parçequ  ils  ne  fe  laiflent  point  atta- 
quer par  les  fubftances  qu'on  fait  évaporer  de-* 
çans  :  ils  ne  fournirent  rien  par  çonféquent. 

La  figure  4  repréfente  une  terrine  de  grès.  Ces 
fortes  de  vaifleaux  font  très  bons  pour  fayre  évapo- 
rer des  liqueurs  falines  acides ,  comme  des  diflo- 
Jutions  métalliques,  &c.  Les  terrines  de  terre 
verniffees  fop  t  très  ppreufes ,  &  conviennent  à 
fon  peu  d'opérations.  Qn  fe  fert  encore  avec 
fuccès  de  vaiffeaux  de  porcelaipe  pour  évapora- 
toires  :  ces  fortes  de  vaifleaux,  loriqu  ils  font  de. 
porcelaine  très  dure ,  font  aufli  bons  que  ceux 
de  verre. 

La  figure  5  repréfente  une  çucurbite.  Oii  en 
fait  de  métal ,  de  verre ,  de  grès,  de  terre  cuite > 


Prolégomènes.  eiij 

de  porcelaine ,  &c.  On  fe  fert  fouvenc  de  ces  for- 
ces de  vaiffeaux  pour  faire  évaporer  des  liqueurs* 
On  fait  choix  de  ceux  qui  font  de  large  ouver- 
ture ,  parceque  les  évaporacions  fe  font  plus  facile* 
ment. 

Seconds     Section. 
Des  Vaijfeaux  évaporatoires  clos. 

Ce  que  nous  entendons  défigner  par  vaifleaux 
évaporatoires  clos  ,  font  ceux  qui  iervent  pour 
les  diftillations  &  pour  les  fublimations.  Ces  for* 
tes  de  vaifleaux  font  faits  pour  faire  évaporer  les 
liqueurs ,  comme  les  précédents ,  avec  cette  dif- 
férence cependant ,  que  les  fubftances  qui  peu- 
vent  fe  difliper  ,  font  reçues  dans  un  vaiueaa 
adapté  à  celui  qui  contient  la  fubftance  qui  doit 
s'évaporer. 

La  première  figure  de  la  féconde  feâion  des 
vaifleaux évaporatoires  repréfente  une  cornue  :  on 
en  fait  de  grès,  de  verre ,  de  terre  verniflee  :  on 
en  fait  aufli  de  fer  de  fonte.  Les  cornues  de  verre 
ou  de  grès  font  celles  dont  on  fay:  le  plus  d'ufage 
dans  les  opérations  de  laChymie.  On  choifit  cel- 
les dont  la  panfe  eft  alongée  en  poire  :  elles  font 
plus  commodes ,  &  elles  tiennent  davantage  de 
matières  fous  le  même  volume.  On  a  attention 
auflï  à  la  forme  de  la  partie  fupérieure  qu'on 
nomme  la  voûte  delà  cornue  :  elle  doit  être  large  * 
peu  élevée ,  Se  former  avec  le  col  du  vaiileau  un 
cône  allez  régulier.  A  Tégarddu  bec  de  la  cornue, 
il  peut  être  plus  ou  moins  large  ;  cela  dépend  desr 
matières  qu'on  veut  foumertre  à  la  diftillarion, 
Lorfquon  diftille  des  fubftances  qui  doivent 
fournir  quelques  ftibliroés,  on  a  attention  de  fe 

g  iy 


piy  Prolégomènes* 

fervir  d'une  cornue  qui  aie  le  bec  fort  large ,  au- 
trement il  s'engorgeroit  pendant  le  cours  de  l'o- 
pération ,  &  le  vaifleau  fçroit  en  danger  de  fe 
*atfer. 

Il  arrive  fouvent  pendant  le  cours  d'une  diftik 
Jation ,  qu'on  a  befoin  d'introduire  dans  la  cor- 
pue  quelques fuoftances  \  dans  ce  cas,  on  fe  ferf 
d'une  cornue  qui  a  une  quverture  à  la  partie  fupé- 
rieure.  On  nomme  cette  ouverture  tubulure  ,  & 
tarnue  tubulée  celle  qui  a  ainii  un  tube.  Cette 
cornue  eft  repréfentée  par  la  figure  i.  On  ferme 
cette  ouverture  avec  un  bouchon  de  cryftal  ufé  à 
l'émeri  l'un  fur  l'autre.  La  tubulure  qu'on  prati- 
que aux  cornues  de  verre ,  eft ,  pour  l'ordinaire , 
malfaite  \  elle  eft  trop  mince ,  Se  ne  peut  fuppor~ 
ter  le  bouchage  :  on  ne  peut  tout  au  plus  qu'y  ap? 
pliquQP  un  bouchon  de  liège.  Lorique  l'opéra- 
tion exige  qu'on  fe  ferve  d'une  cornue  tubulée  A 
il  faut  avoir  recours  ï  une  cornue  de  cryftal  ou  de 
grè^.On  foigne  davantage  les  cornues  de  cryftal  ï 
elles  font  plus  épaifles  que  celles  de  verre  :  leur 
tubulure  eft  plus  fqrte ,  &  peqt  fupporter  le  bou- 
chage. '         ; 

La  figure  j  repréffente  un  alambic  de  verre  de 
deux  pièces.  Le  vailïcau  fupérieur  fe  nomme 
thapitca  >  y  &  celui  qui  eft  au-deflbus  fe  nomme 
la  cuçurbitt*  On  fait  des  alambics  de  métal.  J'ai 
donné  dans  mes  Eléments  de  Pharmacie  la  def- 
çripçiqn  d'un  alambic  de  cuivre  à  bain  marie  d'éi 
«air.  :  voyc$  cette  defeription,  On  fait  aufli  des 
^Jambics  de  fes  de  fonce  avec  le  chapiteau  de  me- 
pie  matière,  ou  on  fe  ferc  d'un  chapiteau  de  verre* 
On  çn  feit  d'argent  >  de  grès •  de  terre  vernifTée , 
Çcc. *      '      \         ^     • 

11  en  eft  4e  la  diftillation  dans  les  alambics  ? 


Prolégomènes.  çv 

comme  de  celle  qu'on  fait  dans  des  cornues  s 
en  eft  quelquefois  obligé  d'ajouter  des  fubftan- 
ces pendant  le  cours  des  opérations  $  8c  pour  ne 
point  interrompre  la  diftillation  ,  ou  pour  ne 
point  déluter  les  vaifleaux,  on  fe  fert  d'un  chapi- 
teau percé  par  la  partie  fupérieure  qu'on  nomme 
pareillement  chapiteau  tubulé.  On  bouche  de  me-* 
me  cette  tubulure  avec  un  bouchon  de  cryftal 
ûfé  l'un  fur  l'autre  avec  de  lémeri. 

Il  arrive  fouvene  que  le  lut  qu'on  emploie 
pour  former  les  joints  du  chapiteau  &  de  la  cu- 
eurbite  ne  peut  réfifter  aux  vapeurs  qui  s'é*- 
lèvent  pendant  la  diftillation  ;  dans  ce  cas ,  on 
fait  ufage  d'un  alambic  d'une  feule  pièce ,  c'eft- 
i-dire,  dont  le  chapiteau  &  la  cucurbiip  tiennent 
enfemble  :  on  pratique  feulement  une  ouverture 
à  la  partie  fuperieure  du  chapiteau ,  par  laquelle 
on  introduit  les  fubftances  à  diftiller  ,  &  on 
bouche  cette  ouverture  avec  un  bouchon  decryf* 
rai  ufé  à  l'émeri.  Ce  vaifleau  eft  représenté  fig.  4, 

T^Q  I  S  4  E  M  E      SECTION, 

J?es  Récipients. 

On  nomme  récipients  des  vaifleaux  propres  i 
recevoir  les  fubftances  qui  s'élèvent  des  vaifleaux 
diftillatoires.  Les  récipients  ont  différentes  for- 
mes qui  font  relatives  aux  vuçs  qu'on  a  dans  les 
opérations. 

La  figure  première  représente  un  ballon  de 
verre  percé  d'un  petit  trou  à  la  partie  fuperieure. 
Ce  vaifleau  eft  fait  pour  être  adapré  au  bec  d'une 
cornue  de  grès  ou  de  verre  :  on  lute  les  joints  avec 
du  lut  dont  nous  parlerons  bientôt.  Le  petit  trou 
pratiqué  au  ballon ,  eft  tr$s  commode  pour  fairç 


cvj  Prolégomènes. 

évacuer  Tair  trop  raréfié  qui  fe  dégage  de  la 

Plupart  des  fubftances  qu'on  diftille  ;  il  fert  auflî 
faciliter  la  fortie  dune  partie  des  vapeurs  trop 
dilatées  qui  pourraient  faire  crever  le  ballon.  On 
prévient  cet  accident  en  débouchant  de  temps  en 
temps  le  trou  de  ce  vaiffeau  :  on  le  bouche 
avec  un  petit  brin  de  bois ,  ou  avec  un  peu  do 
dke  molle.  Lorfqu  on  adapte  le  ballon  1  la  cor-. 
xme ,  on  a  l'attention  de  le  tourner  pour  que  la 
petite  ouverture  fe  trouve  fur  le  côte ,  &  non  en 
deftiis.  Cette  partie  du  ballon  eft  celle  qui  s'é- 
chauffe le  plus,  &  qui  reçoit  immédiatement  le* 
vapeurs  qui  fortent  de  la  cornue j  il  fe  difliperoit 
beaucoup  plus  de  vapeurs ,  fi  l'on  plaçoit  ce  petit 
trou  en  defliis. 

Dans  beaucoup  de  diftiilations ,  il  pafle  en 
même  temps  des  fubftances  liquides  Se  de$ 
fubftances  concrètes  ,  telles  que  des  fels  vola- 
tils. Si  Ton  fe  fervoit  du  ballon  dont  nous 
venons  de  parler ,  ces  fubftances  fe  confon- 
draient ,  la  partie  liquide  fe  charger  oit  jufqu'au 
point  de  faturation  des  fels  concrets.  Pour  remé- 
dier à  cet  inconvénient ,  on  fe  fert  d'un  ballon 
tubulé  qui  eft  repréfenté  par  la  figure  i.  On  place 
la  tubulure  en  en  bas  ,  &  on  y  adapte  une  bou- 
teille qu'on  lute  bien.  Ce  ballon  eft  également 
percé  au  milieu  de  fa  capacité  d'un  petit  trou  , 
comme  le  précédent,  &qut  fert  au  même  ufage. 
Au  mçyen  de  ce  vaifleau,  la  partie  liquide  coule 
à  mefure  dans  la  bouteille  inférieure  y  les  fels 
volatils  concrets  reftent  fecs  dans  le  ballon ,  Se 
en  tapiflent  l'intérieur.  La  liqueur  qui  tombe  dans 
la  bouteille  eft  néanmoins  chargée  de  fel ,  &  elle 
Je  laiflè  cryftallifer  par  le  refroidiffement. 

On  varie ,  fuivant  les  çirconftances^  l'appa^ty 


Prolégomènes*  evij 

des  vaUTeaux  propres  ï  féparer  pendant  la  diftii- 
Jation  les  fubftances  feches  d'avec  les  liquides  ; 
on  fe  fert  avec  {accès  d'un  vaiflèau  de  verre  de 
figure  conoide  qu'on  nomme  alonge.  Ce  vaif- 
feau  eft  repréfenté  par  la  figure  j  j  il  eft  percé 
>ar  les  deux  bouts  :  le  côté  A  s  adapte  au  bec  de 
a  cornuç,  &  le  coté  B  entre  dans  le  col  d'un  bal- 
on  ordinaire ,  ou  dans  celui  d'un  ballon  tubulé 
:  èmblable  à  la  figure  a.  Les  matières  feches  con- 
crètes fe  fixent  &  s'arrêtent  dans  le  premier  ballon 
ponoïde ,  que  nous  avons  nomme  alonge  ;  la  fub* 
fiance  liquide  coule  dans  le  fécond  ballon.  On 
fait  en  verre  des  alonges  de  plufieurs  grandeurs , 
depuis  un  demi-feptiej:  jufqu'à  vingt  pintes.  Il 
convient  de  proportionner  la  capacité  de  ce  vaif- 
feau  à  la  quantité  de  fubftances  feches  qu'on 
efpere  obtenir.  Il  faut  encore  avoir  la  plus  grande 
attenrion  d'empêcher  qu'il  ne  fe  bouché  par  fon 
extrémité  B,  pareequ'il  ne  refteroit  plus  aflez 
d'efpace  pour  la  circulation  des  vapeurs  raréfiées 
qui  fortent  de  la  cornue  ;  les  vaifTeauxferoient  en 
danger  de  crever. 

Quelques  perfbnnes  ont  proposé  d'ajufter,  au 
moyen  des  alonges  ,  une  file  de  vaiffeaux  adap- 
tés les  uns  aux  autres ,  afin  de  donner  plus  d'ef- 
pace aux  vapeurs ,  &  de  faciliter  par-là  leur  con- 
denfation.  On  a  donné  à  cet  appareil  de  vaif- 
feaux  le  nom  de  ballons  enfilés*  Cet  appareil  eft, 
abfolument  inutile ,  &  il  n'y  a  point  d'opération 
où  l'on  ne  puitfè  s  en  palier  facilement  :  il  a  l'in- 
convénient d'être  embarraflant ,  à  caufe  de  beaur. 
coup  de  jointures  à  luter,  &  il  arrive  preique  tou- 
jours que  les  luts  manquent  par  quelques  en- 
droits. Cet  appareil  n'a  que  de  l'éclat,  &  fert 
{ppYent  de  voile  pqur  cacher  l'ignorance  de  celui 


tvîîf  Prolégomènes. 

qui  croie  qu'on  ne  peut  fe  difpenfef  d'en  faire 
ufage  ;  c'eft  là  le  plus  grand  mérite  de  cet  appa- 
reil: les  vaiffeaux  &  les  appareils  les  plus  (im- 
pies font  toujours  les  meilleurs.  D'ailleurs  il 
arrive  conftamment  que  lorfqu'on  diftille  desfub* 
ftances  très  raréfiables ,  il  ne  feconden  fe  rien , 
tant  que  l'air  renfermé  dans  les  vaiffeaux  n'eft 
point  faturé  de  ces  mêmes  fubftances  :  il  eft  donc 
inutile  de  multiplier  le  volume  de  Pair  en  multi- 

5 liant  le  nombre  des  vaiffeaux ,  fous  le  prétexte 
e  faciliter  la  condenfation  des  vapeurs. 

La  figure  4  repréfente  un  vaiffeau  qu'on  nom- 
me mettras  :  il  ne  diffère  du  ballon  que  par  la  lon- 
gueur de  fon  col.  Ce  vaiffeau  fert  quelquefois  de 
récipient  j  mais  il  eft  incommode  lorfquece  qu'il 
doit  recevoir  pafle  en  vapeurs  chaudes.  Le  col  fe 
fendprefque  toujours  longitudinalement  ;  il  vaut 
mieux  par  cette  raifon  employer  un  ballon.  Le 
marras  fert  pour  les  digeftions ,  les  diflblutions , 
lesfublimations,  &c>  Ce  vaiffeau  eft  polychrefte. 
On  donne  au  matras  différentes  formes  :  on  en 
fait  à  culs  plats  qui  fervent  à  la  calcination  du 
mercure  :  les  matras  minces  font  moins  fujets  à 
fe  cafter  par  le  contrafte  du  froid  &  du  chaud % 
que  les  matras  épais.  Ceux  qui  ont  un  ponris  au 
cul  fe  caffent  avec  la  plus  grande  facilite.  Les  ma- 
tras qui  paflent  le  mieux  du  froid  au  chaud  fubi- 
tement ,  font  ceux  qui  font  d'une  égale  épaiffeur 
par-tout  :  tels  font  les  fioles  à  médecine  &  les  pe- 
tits matras  dans  lefquels  vient  le  vin  de  Syra- 
eufe. 

La  figure  5  eft  un  récipient  qui  fert  pour  la  dif- 
tillation  des  huiles  eflentielles.  J'en  ai  parlé  dans, 
fties  Eléments  de  Pharmacie. 

La  figure  6  eft  un  ferpencin  de  verre  *  on  U 


2BT. 


Tcm.t'. 


\xtàrirôf  à  lâir  librtf  JÏ'Jecùbn . 


\ponifowuf  c&r,  2%Jccâûn<, 


^ùns>  31"  Jectwn>. 


n 


Prolegoments.  rît 

place  dans  une  cuvette  de  verre  ou  de  faïance 
remplie  d'eau  froide  :  il  fert  à  rafraîchir  &  à  con- 
denser les  vapeurs  qui  font  condenfables  par  et 
moyen.  On  en  fait  de  métal  a  comme  de  cuivre  » 
détain,  &c.  J'ai  parlé  dans  mes  Eléments  de  Phar- 
macie des  ferpentins,  des  avantages  &  des  incon- 
vénients de  cesvaifleaux  :  voye%  cet  article*  Ce  que 
j'en  ai  die  eft  applicable  à  ceux  qu'on  voudroic 
faire  en  verre  ou  en  grès  pour  la  diftillation  des 
acides  minéraux  qui  doivent  être  confervés  dan* 
le  degré  de  concentration  où  ils  fortent  de  la  cor* 
nue.  Il  ne  faut  pas  ,  pour  leur  conferver  ces  qua- 
lités,  employer  de  l'eau  trop  froide»  parcequ'ello 
condenfe  l'humidité  de  l'air  contenu  dans  là  ca- 
pacité du  ferpentin ,  &  que  cette  humidité  fo 
mêle  avec  les  acides  minéraux  qui  en  font  fore 
avides. 

SECONDE    CLASSE. 
Des  Faijfcaux  circulatoires. 

Les  vaifleaux  circulatoires  font  très  nombreux 
&  très  compliqués  chez  les  Alchymiftes  j  mais 
comme  nous  reftreignons  tous  les  vaifleaux  à  leur 
véritable  ufage ,  nous  ne  parlerons  que  de  deux 
vaifleaux  circulatoires,  pareequ'ils  font  fulfifants* 
&  qu'ils  sempliflent  toutes  les  indications  qu'on 
fe  propofe. 

On  nomm#  y  ai ff taux  circulatoires  ceux  donc 
l'effet  eft  de  permettre  aux  liqueurs  de  s'élever  eij 
vapeurs ,  &  de  condenfer  ces  mêmes  vapeurs  qui 
retombent  en  gouttes  dans  la  capacité  du  même 
vafe^ces  fortes  de  vaifleaux  fopt  en  mêmetempa 
vaifleaux  diftillatoires  &  récipients. 

La  fig.  j,  plaach.  7,  reprtfeate  d^u*  matras  quî| 


tt  Prolegoimeheii 

entrent  l'un  dans  l'autre.  Le  matras  infétieutdoit 
être  le  plus  grand  :  le  col  du  matrasf upérieur  doit 
entrer  dans  le  col  du  premier  vaifleau  ,  afin  que 
les  vapeurs  quife  consentent  puiflenn  couler  dans 
le  matras  inférieur  :  on  nomme  cet  appareil  vaif* 
féaux  de  rencontre.  On  lute  lès  jointures  des  vaifc 
féaux  avec  du  papier  enduit  de  colle ,  ou  avec  de 
la  vertîe  de  cochon  mouillée  &  aflujettie  avec  du 
gros  fil:  Comme  il  n  y  a  aucune  ouverture  à  ces 
vaiflèaux  par  où  l'air  ou  les  vapeurs  trop  raréfiées 
puiffênt  s'évacuer ,  il  eft  important  de  ne  leur  ap- 
pliquer qu'Un  léger  degré  de  chaleur ,  fans  quoi 
on  court  iesrifques  de  les  faire  crever.  Il  eft,  par 
cette  raifon  ,    plus  prudent  de  ne  faire  ufagd 
de  ces  vaifleaux ,  que  lorsque  cela  eft  indifpenia- 
blement  neceflaire  :  on  emploie  en  place  un  ma- 
tras dont  on  coëtfe  l'ouverture  avec  de  la  veflïé 
mouillée  &  affujettie  avec  du  gros  fil.  On  prati- 
que au  milieu  de  cette  veflïe  un  petit  trou  avec 
une  épingle  :  cet  appareil  (knple  remplit  fans  dan- 
ger prefque  toutes  les  indications  qu'on  fe  pro- 
pbfe.  Les  vaifleaux  de  rencontre  ou  le  matras  (im- 
pie ,  comttie  nous  venons  de  le  dire ,  fervent  au* 
digefUons ,  aux  macérations  ,  aux  ihfufions ,  &c. 
La  figure  i  eft  un  vaifleau  qu'on  nomme pe7i* 
can  ;  c'eft  un  alambic  d'une  feulé  pièce  :  aux  deux 
eètés  oppofés  font  deux  tuyaux  ou  deux  becs  re- 
courbés qui  prennent  naiffance  dans  la  gouttière 
du  chapiteau.,  et  qui  viennent  aDbutir  dans  bt 
capacité  de  lacucurbite.  Les  vapeurs  qui  s'étevenc 
fe  condenfent  dans  le  chapiteau ,  8t  retombent 
dans  là  cucurbite.  La  partie  fupéiieure  du  chapi- 
teau eft  garnie  d'un  tube  ouvert ,  fort  épais ,  te 
ju'on  bouche  avec  un  bouchon  de  cryftal  ufé  l'art 
ait  l'autre  avec  de  l'émeri  ;  c'eft  pat  cette  ouves* 


?' 


Prolégomènes.  dj 

turé  qu'on  introduit  l«s  matière^  &  qu  on  les  ôte 
lorfqu  elles  ont  fuffifamment  digéré.  Les  Aichy- 
miftes  ont  imaginé  de  faire  faire  des  pélicans  qui 
ont  jufqu'à  fix  tuyaux ,  pour  rapporter  tes  vapeurs 
cpndenlées  dans  la  capacité  de  la  çucurbite.  Ils  re- 
gardent ces  yaiiTeaux  comme  meilleurs  que  les 
autres,  pareequ'ils  font  plus  compliqués.  On  peut 
très  bien  dans  toutes  les  opérations  de  la  Chymie 
fepaflerdu  pélican  (impie  :  on  peut  avec  les  vaif- 
féaux. circulatoires  dont  nous  avons  parlé,  faire 
tputes  les  opération  de  digeftions,  dWuiioni 
&  de  circulations. 

TROISIEME    CLASSE 

Des  Vaijftaux  propres  à  la  fufion  j  à  la 
vitrification  j  &c. 

Comme  ces  vaiflçaujc  font  deftinés  a  éprouver 
faâkm  immédiate  du  feu,  ils  doivent  être  très 
réfraâaires  :  ils  font  expofés  à  fondre  par  la  cendre 
des  matières  coftbuftibles}  fouventles  fubftances 

Î qu'ils  contiennent  fervent  encore  de  fondant  à  la 
ubftance  terreufe  dont  ils  font  fabriqués.  Ces. 
fortes  de  vaifleaux  ont  différentes  formes ,  &  ont 
des  noms  diftinâs.  Nous  donnerons  dans  cet 
Ouvrage  un  article  fur  la  meilleure  maniéré  de 
çonftmire  ces  fortes  de  vafes. 

La  figure  i ,  planche  7 ,  repréfente  un  creufet 
triangulaire ,  tel  qu'on  les  fait  à  HefTe-Caflel.  :  ces 
fortes  decreufets  font- les  meilleurs  qu'on  con- 
aoifle  à  Paris, 

La  figure  i  repréfente  un  creufet  rond  avec 
rçn  petit  bec  pour  couler  la  matière  quand  elle 
cft  tondre.  C  eft  la  forme  qu\>a  donne  »ip  creur 


cîîj  '  Prolégomènes. 

fets  qu*<3ri  fait  à  Paris  i  dans  la  rue  Mazâriné. 
Ces  cr<3  ufets  font  faits  avec  une  argille  très  fufible , 
&  ne  réfiftent  point  i  da  grands  coups  de  feu  :  ils 
fé  foridenteux-mêtnes« 

La  figure  j  ,  représente!  Un  treiifet  <ju  on 
nomme  tute.  Ces  fortes  de  creufets  fefont  à  Heffe- 
Caflel  :  ils  font  très  réfraâaites,  &  réfiftenc  i  la 
plus  grande  violence  du  feu.  Ils  ont  une  forme 
ronde  qui  finit  en  cône  par  le  bas  >  avec  une  petite 
ouverture  à  la  tiartie  fupérieure*  Cette  forme  eft 
très  avantageuse  pour  raflembier  le  métal  dans  les 
eflais  qu'on  fait  des  min 69. 

La  figuré  4  repréfente  une  petite  aflïette  de? 
terre  cuire  qui  fert  à  calciner  des  mines  &  dfes 
ftiaf  ieres  métalliques.  On  nomme  ce  vaiffeau  têt 
à  rôtir \  ou  catin.  Ces  fortes  devaiflèaux  doivent 
être  larges  &  plats* ,  fort  unis  ,  afin  de  pouvoir 
ramaffer  commodément  les  chaux  métalliques  ou 
lés  poudres  qu  on  met  dedafts. 
'  La  figure  5  repréfente  uiïe  coupelte  :  c'eft  un 
petit  creufet  large  &  évafé ,  creùfé  à-peu-près  eu 
demi-fphere  ,  &  ayant  la  figure  d'une  coupe. 
Cette  efpece  de  creufet  eft  fait  avec  defs  os  de  pieds 
de  mouton  dalcïnés ,  pulvérifés,  paflfés  au  tarins  de 
fdie ,  &  bien  lavés.  On  pétrit  cette  poudre  avec 
de  l'eau,  &  on  forme  les  coupelles  dans  un 
moule. 

QUATRIEME    CLASSE 

Des  Faiffeaux  poiychreftesé 

Les  vaifleaux  polychreftes  font  ceux  qui  n'onf 
I^ôint  d'ùfage  particulier  pour  lès  opérations  de 
Cfiymie ,  niais  qui  ferveût  à  plufietfrschofes ,  tels  . 
que  des  verres,  des  bocaux ,  de» bouteilles,  des 

entonnoir» 


m. 


Tû/n.  iT 


Fai<sjauœ  CircuZatotre^ . 


.1. 


v*w-^ 


ssautv  vûiw  la/  Jujwn    è& 
h.  Pîém/fiaiàen  . 


Prolégomènes.  exiij 

entonnoirs  de  verre ,  des  caraffes ,  des  mortiers 
de  verre,  &c.  Il  eft  inutile  de  faire  la  description 
de  ces  forres  de  vaifleaux ,  ainfi  que  de  les  faire 
graver,  pareequ'ils  font  connus  de  ceux  même 
qui  ne  s'occupent  point  de  la  Chymie. 

Manière  de  couper  &  de  percer  des  ballons  de  verre 
-&  autres  vaiffeaux* 

Les  vaiiTeaux,  fortantdèla  verterie,  ne  font 
point  appropriés,  &ne  peuvent  fervir  aux  opéra- 
tions. Les  ballons  ont  le  col  trop  long  ,  Bc  ne 
font  point  percés  ;  les  becs  des  chapiteaux  ne  font 
point  ouverts ,  &c.  Le  Chymifte  eft  obligé  d'ar- 
ranger ces  vaifleaux,  &  de  les  mettre  en  état  de 
fervir. 

On  parvient  à  couper  le  col  des  ballons  de  plu- 
fleurs  manières.  i°.  A  deux  ou  trois  pouces  au 
deflus  de  la  naiffance  du  col  de  ce  vaifTeau  ,  on 
trace  avec  une  pierre  à  fufil  une  ligne  circulaire 
autour  du  col  au  ballon  ;  &  pour  ne  point  tracer 
cette  ligne  au  hafard ,  on  colle  avec  de  la  colle 
forte  un  cuir  mouillé  &  fouple  autour  du  coi  du 
ballon,  à  l'endroit  où  on  veut  le  couper:  ce  cuir 
fait  un  point  d'appui,  &  empêche  que  la  pierre  à 
fufil  ne  glifle,  &  ne  fafle  des  traces  de  travers* 
Lorfque  la  première  pellicule  du  verre  eft  enta- 
mée, on  pafle  dans  la  trace  faite  par  la  pierre  à 
fufil  une  bonne  lime  à  trois  quarts ,  Se  on  prend 
de  préférence  une  lime  d'Angleterre  ,  parce- 
au  elles  font  plus  dures  &  meilleures.  Il  arrive 
Kmvent  qu'après  avoir  fait  agir  la  lime  une  feule 
fois  autour  de  la  trace ,  le  col  fe  détache  de  lui- 
même.  S'il  n'eft  pas  coupé  par  certe  feule  opéra- 
tion ,  on  continue  de  taire  agir  la  lime  jufqu'à  ce 
Tome  L  h 


s 


cxiv  Prolégomènes. 

ue  le  col  foit  coupé.  Ce  moyen  de  couper  le  coi . 

es  ballons   eft  un  des  meilleurs  &    des  plus 
sûrs. 

i°.  Après  qu'on  a  tracé  avec  la  pierre  à  fufii  & 
la  lime  une  ligne  circulaire  aucour  du  col  du  bal- 
lon ,  on  enduit  légèrement  de  térébenthine  une 
mèche  de  coton  qu  on  applique  fur  la  trace  ,  & 
avec  une  lumière  on  enflamme  la  térébenthine  : 

{rendant  qu'elle  brûle ,  on  tourne  le  ballon  pour 
a  faire  brûler  également:  lorfque  toute  la  téré- 
benthine eft  brûlée ,  on  met  avec  le  bout  du  doigt 
une  goutte  d'eau  ;  elle  fait  détacher  aufll-tôt  Te 
col  du  ballon  à  l'endroit  tracé  ;  mais  il  arrive  fou- 
vent  que  le  col  fe  cafle  à  côté  :  il  faut  un  peu  d'à- 
drçfTe  &  d'habitude  pour  couper  les  cols  de  bal- 
lons par  ce  procédé. 

3°.  Quelques  perfonnes  propofent  d'appliquer 
far  le  coi  du  ballon  après  l'avoir  trace  avec  la 
pierre  à  fufil  &  la  lime,  un  cxoilTantde  fer  qu'on 
a  fait  rougir  auparavant  :  on  met  avec  le  bout  du 
doigt  une  goutte  d'eau  fur  l'endroit  chauffé ,  fi  le 
fer  rouge  n«  fuffit  pas  pour  faire  tomber  le  col  : 
ce  moyen  réuflît  encore  aflèz  bien  }  mais  il  a  quel- 
quefois l'inconvénient  de  faire  fendre  le  col  res- 
tant au  ballon. 

4°.  On  coupe  encore  le  col  des  ballons  avec 
une  petite  roue  de  cuivre  garnie  d'émeri  & 
d'huile  j  on  la  fait  tourner  par  une  grande  roue 
perpendiculairement  dans  le  fens  des  meules  de 
Couteliers  :  on  préfente  le  col  du  ballon  à  l'en- 
droit où  on  veut  le  couper  :  on  le  coupe  très  pro- 
prement par  ce  moyen  ,  &  le  ballon  eft  moins  ex- 
pofé  à  être  caifé.  Il  y  a  à  Paris  pliifieurs  flacon- 
niers  qui  coupent  ainfi  les  cols  des  gros  ballons 
pour  une  fomme  modique.  Après  qu'on  a  coupé 


Pràïégomenei.  -  tktf 

le  col  des  ballons  par  les  autres  procèdes  dont 
ftous  venons  de  parler ,  il  confient  de  parler  une 
lime  fur  les  bords  ,  6c  de  les  frotter  legérernênt 
pour  ôrer  les  vives  arêtes ,  afin  de  ne  poirît  fé 
couper  les  mains  en  Us  palTant  autour  du  toi  dé 
ces  vaifTeaux* 

On  coupe  dé  là  manière  que  nous  Venons  dé 
dire ,  les  matras  pour  en  faire  des  ballons ,  lé 
bout  dés  bées  des  chapiteau* ,  &c. 

11  m'eft  arrivé  plufieurs  fois  de  cdujter  êii  rnê-* 

rne  temps  les  cols  de  vingt-quatre  gros  matras  4 

par  le  moyen  d'une  icie ,  avec  de  leau  &  du  grès  * 

tomme  bn  feie  de  la  pierre.  J'arrangeais ,  par  lé 

taoyen  d'une  corde  tendue ,  les  ballons  les  uns  à 

côté  des  autres.  Je  faifois  répondre  perpendicu-* 

lairément  à  la  corde  l'endroit  où  je  voulois  toi** 

>et  le  col  de  chaque  itiatras  :  je  mettois  les  glcn 

>es  des  matras  alternativement  *  l'un  à  droite,  & 

'autre  à  gauche ,  afin  d'occuper  moins  d'étendue  \ 

orfque  les  matras  étoient  ainfi  difpofés ,  je  reftv* 

pliflois  lès  efpaces  vuides  avec  du  plâtre  gâché  *  afiri 

S iue  les  marras  fuderit  bien  aflajettis  j  alors  je  bé* 
ois  fur  le  plâtre ,  8c  à  l'endroit  défigné ,  une  icié 
légère ,  fëmblable  à  celles  qui  fervent  à  feier  de  ta 
pierre  avec  de  l'eau  ic  du  grès  égrugé  :  je  feiai  led 
vingt-quatre  matras  à  la  fois.  Ce  moyen  eft  ejtpé-* 
ditif  pour  couder  beaucoup  de  vaiffeaUx  à  là  fois  5 
&  il  m'a  très  bien  réuffi* 

Lorfqu'on  veut  percer  tifi  ballori  <  &  y  ptàtU 
quer  un  petit  trou ,  on  corhmence  par  choifir  âli 
milieu  du  ventte  du  ballon  une  petite  bulle  biefl 
tonde.  Le  verre  ^  dans  ces  bulles ,  eft  feuilleté  ^  Bt 
forme  au  moins  deux  couches  l'une  fur  l'autre  f 
rentre-deux  eft  vuide  i  lorfdu'on  â  choifî  la  bttllé 
de  la  grandeur  &  de  la  rondedr  coriverlable  *  ôfl 

hij 


cxvj  Prolégomènes. 

•frotte  deffus  avec  la  pointe  d'un  burin  trempé 
bien  fecj  le  verre  s'égrène,  &  on  a  bientôt  en- 
tamé &  égrené  la  première  pellicule  du  verre  ; 
elle  forme  une  petite  profondeur  qui  retient  l'ou- 
til ,  &  l'empêche  de  gliiïer  :  on  fait  la  même  opé- 
ration avec  la  pointe  du  burin  fur  la  féconde  pel- 
licule du  verre  qui  fe  préfente.  Avec  un  peu  d'a- 
dreflfe ,  on  parvient  à  percer  le  ballon  :  alors ,  avec 
la  pointe  a  une  petite  lime  ronde ,  on  arrondit  le 
trou ,  &  on  l'élargit  autant  que  l'on  veut  ;  mais  il 
faut  avoir  la  plus  grande  attention  de  ne  jamais 
forcer  la  lime  à  entrer  :  û  on  la  ferroit  dans  le 
trou,  elle  feroit  éclater  le  ballon. 

Les  cornues  de  grès  tubulées  font  ordinaire- 
ment fi  mal  percées ,  qu'il  eft  impoflibie  de  bou- 
cher exactement  cette  ouverture  que  les  ouvriers 
ont  formée  en  fabriquant  ces  fortes  de  vaifleaux; 
il  vaut  mieux  prendre  des  cornues  non  tubulées, 
&  les  percer  foi-même.  On  y  parvient  facilement 
par  le  procédé  fuivant. 

On  s'affied  fur  une  chaife ,  &  on  pofe  fur  fes  ge- 
noux unef  cornue  de  grès:  avec  un  poinçon  d'acier . 
trempé  &  un  petit  marteau ,  on  frappe  circulai- 
rement  à  l'endroit  où  l'on  veut  percer  la  cornue  : 
on  continue  ainfi  de  même  jufqu'à  ce  qu'il  y  ait 
une  petite  ouverture  à  jour  :  on  arrondit  &  on 
agrandit  le  trou  en  y  partant  une  lime  ronde  ; 
alors  on  prend  un  bouchon  de  cryftal  dont  i'ex-. 
trémité  puifle  entrer  dans  cette  ouverture  :  on 
tourne  ce  bouchon  avec  de  l'eau  &  du  fablon  dans 
l'ouverture  qu'on  a  pratiquée  à  la  cornue ,  afin  de 
les  ufer  l'un  fur  l'autre.  On  peut,  fi  l'on  veut, 
avec  de  l'huile  &  de  i'émeri,  polir  le  bouchon  & 
la  tubulure  de  la  cornue ,  en  les  frottant  l'un  dans 
l'autre  avec  de  ce  mélange.  Cette  manière  de  tubu- 


Prolégomènes.  cxvïç . 

1er  lés  cornues  de  grès  eft  préférable  à  toute  autre- 
qu'on  voudroit  employer. 

Il  y  a  dans  Paris  pluheurs  boucheurs  de  flacons  > 
qui  percent  tes  vaiffeaux  de  verre  &  les  corni^p 
de  grès  :  ils  fe  fervent  pour  cela  d'une  broche 
creufe  qui  tourne  par  le  moyen  d'une  roue  :  la 

{>iece  coupée  entre  dans  la  broche  qui  produit 
'effet  d'un  emporte-pièce.  Ce  moyen  réuffit  a 
merveille,  lorfqu'on  a  befoin  d'une  ouverture  de 
plufieurs  lignes  de  diamètre;  mais  lorfque  les 
trous  ne  doivent  être  que  de  grandeur  à  rece- 
voir Pintrodu&ion  d'une  épingle,  les  ouvriers 
font  fujets  à  faire  éclater  les  vaiffeaux  de  verre. 
Les  vaifleaux  de  grès  réfiftent  mieux  à  Teffort  de 
cette  efpece  de  foret ,  &  ne  font  points  fujets  à 
s'éclater. 


hilf 


pçvUj  Prolégomènes^ 


t"MJILi>-  ^ 


DES    L  U  T  S. 

• 

Un  facilite  le  (accès  de  beaucoup  d'opération? 
de  Chymie,  i  l'aide  de  différents  mélanges  qu'on 
nomme  luis,  11  y  a  des  lues  qu'on  applique  ait 
corps  des  vairteaux  qui  reçoivent  l'a&Lon  immé- 
diate du  fep ,  afin  de  les  garantir  de  la  fufion  ou 
des  fradures  eue  le  feu  pourrait  leur  occaûonner, 
Ce$  fortes  de  lut?  doivent  être  peu  ou  point  fofi- 
ble§  au  grand  feu.  11  y  a  d'autres  lues  qui  font  def- 
t[nés  à  boucher  les  efpaces  que  laitfent  entre  leurs 
cols  des  vaifteaux  qu'on  joint  enfemble ,  afin 
d'empêcher  la  fortie  des  vapeurs  qui  s'élèvent 
pendant  les  diftiilations.  Les  luts  propres  à  ce 
dernier  ufage  font  de  différentes  efpeces ,  &  doi- 
vent être  de  nature  à  réfifter  à  Pa&ion  des  va- 
peurs ,  fans  fe  diflbudjre  &  fan,$  fe  délayer  par  cçs 
pépies  vapeurs, 

£14$  propre  à  luter  les  cornues  de  verre  &  de  grès 
qui  doivent  /apporter  un  grand  feu^ 

On  mêle  enfemble  deux  livres  de  terre  à  four , 
autant  de  fablon  blanc ,  une  livre  d'argiile  bleue 
lin  peu  fufible ,  &  environ  une  once  de  bourre. 
Qn  délaie  ces  matières  dans  une  fuffifante  quan- 
tité d'eau  pour  former  une  pâte  molle  qui  s'atta-r 
çhe  facilement  aux  mains.  Il  eft  eflentiel  de  pé- 
trir ce  mélange  long-temps,  jufqu'à  ce  que  la 
fourre  foit  parfaitement  délayée  &  bien  mêlée  \ 
§ e  qui  eft  long  &  difficile  ;  alors  le  lut  eft  fait. 

kç>rf<ju,  on  Yeijt  appliquer  ce  l«t  fur  \me  çoç^ 


Prolégomènes.  cxix 

nue ,  on  prend  dans  une  main  une  certaine  quan- 
tité de  ce  mélange ,  &  4e  l'autre  on  tient  la  cor- 
nue par  le  col  :  on  pofe  ce  lut  fur  la  cornue ,  & 
on  Petend  le  plus  également  qu'il  eft  poiïible.  On 
obferve  qu'il  y  en  ait  fur  la  cornue  une  épaifïeur 
de  cinq  a  fix  lignes  :  alors  on  fait  entrer  dans  le 
col  de  cette  cornue  un  bacon  fiché  dans  une  table  > 
&  on laitfe  le  lut  fe fécher  à l'air.  Lorfqu*il  eft  fec  » 
on  ôte  avec  un  couteau  une  partie  du  lut,  pour 
n'en  laifler  qu'une  épaifleur  de  trois  ou  quatre 
lignes  par-tout  :  on  .arrange  de  même  le  lut  au- 
tour des  ballons  %  des  n^atras»  des.  cornues  de 
grès ,  &c. 

Le  lut  dont  nous  parlons  eft  un  peu  fufibJe  au 
grand  feu ,  &  il  eft  néceflake  qu'il  le  fbit  un  peu  i 
fans  cela  il  fe  gerceroit  en  cuiiant ,  &  fe  détache» 
roit  par  écailles.  Lôrfqu'on  préfume  que  le  degré 
de  feu  qu'il  doit  fupporter  fera  incapable  de  lui 
occafionner  quelques  degrés  de  fufion  ,  on  aug- 
mente fa  fufibilite  ,  en  ajoutant  dans^le-mêiange 
«ne  once  ou  deux  de  litharge ,  ou  de  minium  j  oa 
bien  on  fe  contente  d'appliquer  lune  ou  l'autre 
fubftance  à  la  furface  du  lut  avec  un  pinceau  ^ 

{>our  cela,  on  broie:  avec  de  l'eau  ou  avet  de 
liuile  de  lin ,  la  litharge  ou  le  minium ,  afin  de 
former  une  pâte  liquide  :  on  applique  par-deflus 
le  lut  de  cette  pâte  liquide ,  par  le  moyen  d'un 
pinceau ,  &  on  laiiTe  fécher  à  l'air  cet  enduit. 

On  applique  encore  le  lut  aux  vaifleaux  de  la 
manière  iuivflhite.  On  délaie  dans  de  l'eau  le  lut 
terreux  dont  nous  avons  parlé ,  pour  former  une 
bouillie  un  peu  claire  :  on  plonge  une  cornue  dans! 
cette  bouillie  ;  il  s'applique  à  fa  furface  un  cou- 
che de  lut.  On  tourne  en  tous  fens  le  vaiffeau  au 
deiTus  d'une  réchaud  de  feu ,  afin  de  faire  diflipei: 

h  iit 


cxr   '  Prolégomènes. 

l'humidité ,  &  que  le  lue  ne  fe  raflemble  pas  ï 
une  feule  place. Lorfquil  eft  bien  fec , on  plonge 
de  même  la  cornue  dans  le  lut  réduit  en  bouillie  ; 
on  fait  pareillement  fécher  cette  féconde  couche  : 
on  continue  ainfi  de  fuite  jufqu  a  ce  qu'il  y  en  ait 
d'appliqué  de  répaifleur  qu'on  délire.  Quand  le 
lut  eft  parfaitement  fec  >  on  ôte  avec  un  couteau 
les  endroits  trop  épais  :  on  raccommode  les  ger- 
çures, s'il  s'en  trouve,  avec  un  pinceau  plongé 
dans  le  même  lut ,  qu'on  pafle  à  plusieurs  repris 
ies ,  jufqu'à  ce  qu'elles  foient  bien  fermées.  L'une 
Se  l'autre  manière  de  lutet  les  cornues  font  éga- 
lement bonnes. 

Lut  pour  luter  les  jointures  des  yaijfeaux. 

Le  lut  le  plus  limple  pour  luter  les  jointures 
Aes  vaifleaux  ,  eft  d'appliquer  deflfus ,  de  la  veffie 
bien  mouillée  ^  6c  de  1  affujettir  avec  du  (il.  L'eau 
délaie  de  la  furface  intérieure  de  la  veille  une 
matière  mucilagineufe  qui  fe  colle  très  bien  au 
verre  >  &  qui  y  adhère  beaucoup  en  féchant.  Ce 
lut  fuffit  pour  empêcher  la  diflîpation  des  li- 
queurs aqueufes  ,  Se  même  des  vapeurs  fpiri~ 
tueufes  Se  inflammables  j  mais  il  n'eft  point  en 
état  de  réfifter  aux  vapeurs  faiines ,  acides  ou  al* 
kalines  volatiles. 

La  colle  d'amidon  ou  de  farine  cuite  avec  de 
l'eau ,  étendue  fur  des  bandes  de  papier  ,  &  ap- 
pliquée fur  les  jointures  des  vaifleaux ,  forme  en- 
core un  fort  bon  lut  pour  les  ufages  dont  nous 
venons  de  parler  ;  mais  il  eft  de  même  incapable 
de  réfifter  à  l'aâdon  des  vapeurs  des  acides  mi* 
ncraux. 


Prolégomènes.  cxxj 

Lut  de  chaux  &  de  blanc  d'œufs. 

On  met  dans  une  écuelle  de  grès  deux  ou 
trois  blancs  d'œufs ,  avec  à-peu-près  autant  d'eau  : 
on  fouette  ce  mélange  avec  la  main  pour  délayer 
les  blancs  d'œufs  :  on  ajouté  une  fumfante  quan- 
tité de  chaux  éteinte  à  l'air ,  &  paflee  au  tamis  de 
foie ,  pour  former  une  pâte  liquide  :  on  met  avec 
les  doigts  de  ce  lut  fur  des  bandes  de  linge  éten- 
dues fur  une  planche  ou  fur  une  table  ,  &on  qn 
garnit  les  deux  côtés  du  linge  :  on  applique  ces 
bandes  de  toile  fur  les  jointures  des  vameaux  :  on 
met  fucceflivement  plufieurs  bandes  Tune  fur 
l'autre ,  &  on  les  aflujettit  avec  de  la  ficelle. 

Il  faut  employer  ce  lut  auffi-tôt  qu'il  vient  d'ê- 
tre fait,  parcequ'il  fe  grumele  &  fe  durcit promp- 
tement  comme  du  plâtre  qui  vient  d'être  gâche  : 
lorfqu'ii  s'eft  ainfi  grumelé,  il  ne  peut  ni  coller 
ïii  s'appliquer  exa&ement. 

On  fait  avec  du  fromage  blanc ,  qu'on  nomme 
à  Vzrisfromagc  à  la  pie  y  6c  de  la  chaux  éteinte  1 
l'air,  un  lut  peu  différent  de  celui  dont  nous  ve- 
nons de  parler ,  &  qui  eft  aufli  bon.  On  prend  la 
quantité  que  l'on  veut  de  ce  fromage  :  on  le  dé- 
laie dans  une  fuffifante  quantité  d'eau  pour  for- 
mer une  forte  de  bouillie  que  l'on  exprime  au 
travers  d'un  linge  :  on  ajoute  à  cette  liqueur  de  la 
chaux  éteinte  à  l'air,-  pour  former  une  pâte  fem- 
blable  à  la  précédente,  &  on  l'emploie  étendue 
fur  des  bandes  de  linge ,  comme  nous  l'avons  dit 
pour  le  lut  de  chaux  &  de  blanc  d'œufs. 

Lut  d'âne. 

Le  lut  qu'on  nomme  lut  d'âne  ne  diffère  du  lut 


cxxij  Prolégomènes, 

de  chaux  &  de  blanc  d'œufs  qu'en  ce  qu'on  em- 
ploie de  la  colle  forte  au  lieu  d'eau  :  ainfi ,  pour 
compofer  ce  lut ,  on  fait  diflbudre  dans  de  l'eau 
bouillante  un  peu  de  colle  forte ,  &  on  obferve 
que  cette  diflolution  foit  liquide,  &  ne  puifle 

3ue  s'épaiffir ,  fans  fe  figer  en  eelée  par  le  refroi- 
idement  :  on  mêle  cette  colle  avec  autant  de 
blanc  d'œufs  en  volume  ou  en  poids  :  on  bat  avec 
une  main  ces  deux  fubftances ,  &  on  ajoute  une 
fuffifante  quantité  de  chaux  éteinte  a  l'air  &  paf~ 
fée  au  tamis  de  foie  :  on  forme  du  tout  une  pâte 
liquide  :  on  emploie  ce  lut  étendu  fur  des  bandes 
de  linge ,  comme  nous  l'avons  dit  pour  les  luts 
précédents.  Le  lut  d'âne  fert  à  raccommoder  les 
vaiflèaux  caflés,  &  à  tenir  unies  enfemble  les 
pièces  qui  en  auroient  été  féparées.  Ce  lut  a  une 
très  grande  ténacité;  néanmoins  les  vaiflèaux 
qui  en  font  raccommodés  ne  peuvent  plus  fervir 
à  contenir  des  chofes  liquides  :  les  liqueurs  s'in~ 
finuent  toujours  entre  les  joints  ,  coulent  &  dé- 
tachent ce  lut  au  bout  d'un  certain  temps  ;  mais 
comme  ce  lut  eft  fort  tenace ,  les  vaiflèaux  qui  en 
font  raccommodés  peuvent  très  bien  contenir 
des  fubftances  feches. 

Les  différents  luts  dont  nous  venons  de  parler , 
font  très  bons  &  très  tenaces  $  mais  ils  font  inca- 
pables de  réfifter  à  1  aâion  des  vapeurs  acides  :  ils 
font  détruits  en  peu  d'inftants:  ils  font  égale* 
ment  trop  poreux  pour  retenir  complettement  les 
vapeurs  de  l'alkali  volatil  }  il  faut  employer  du 
lut  gras  lorfqu'on  a  affaire  à  de  femblables  va- 
peurs ,  fur  lequel  les  acides  n'ont  que  peu  ou 
point  d'aâion. 


Prolégomènes.  cxxiij 

Lut  gras. 

On  prend  la  quantité  qu'on  veut  d'une  bonne 
argilie  grife  ou  bleue ,  pourvu  quelle  ne  con- 
tienne point  de  terre  calcaire  :  on  la  lave ,  comme 
nous  le  difons  à  l'article  de  la  faïance  &  de  la 
porcelaine  ;  on  la  fait  fecher  ;  on  la  réduit  en 
poudre  fine  qu'on  pafle  au  travers  d'un  tamis  de 
foie  ;  alors  on  met  dans  un  mortier  de  fer  ce  que 
l'on  veut  de  cette  argilie  ;  on  ajoute  une  fuffi- 
iante  quantité  d'huile  de  lin  cuite  :  on  pile  for- 
tement ce  mélange,  &  long-temps,  fufqu'à  ce 
qu'il  foit  exaû ,  Se  qu'il  forme  une  pâte  un  peu 
folide qui  n'adhère  point  aux  mains  :  c'eft  ce  que 
l'on  nomme  lue  gras.  Ce  lut  eft  excellent  pour 
luter  les  joints  des  vai(Teaux  dans  lefquels  on 
diftille  tes  acides  minéraux  :  les  vapeurs  de  ces 
acide?  n'ont  prefque  point  <fa£tion  fur  lui ,  &  il 
réfifte  ordinairement  plus  de  temps  qu'il  n'en  faut 

Iiour  achever  ces  fortes  de  diftillations.  Ce  lut  a 
'avantage  précieux  de  ne  jamais  fe  fecher  au 
point  de  durcir  affez  pour  mettre  les  v  ai  (Te  aux 
en  danger  d'être  caflTés  lofqu'on  vient  à  les  déluter. 
0  eft  également  propre  &  même  meilleur  oue  tout 
autre  lut,  pour  retenir  les  vapeurs  de  Palkàli  vo- 
latil. Le  lut  de  vitrier  qui  eft  fair  avec  de  la  craie 
en  poudre  &  de  l'huile  de  lin ,  eft  également  bon 
pour  les  diftillations  d'alkali  volatil  ;  mais  il  a  l'in- 
convénient de  fe  deflecher  &  de  durcir  pendant; 
les  opérations ,  au  point  qu'il  «ft  prefque  impoC* 
fible  de  déluter  les  vaitfeaux  fans  les  ça  (Ter, 

On  peut  faire  d'avance  beaucoup  de  lutgras^ 
$£  en  avoir  en  provifion  :  celui  qui  eft  fait  depuis 
une  année ,  eft  plus  liant  Se  vaut  mieux $  mais  il 


cxxiv  Prolégomènes. 

faut  le  conferver  à  la  cave  dans  un  pot  de  grès 
qu'on  bouche  avec  un  couvercle*  Lorfqu  il  eft 
devenu  trop  fec ,  on  le  ramollit  en  le  pilant  dans 
un  mortier  de  fer ,  &  y  ajoutant  une  dofe  conveT 
nable  d'huile  de  lin  cuite.  Le  lut  qui  a  fervi  à 
une  opération  peut  reffervir  à  une  autre  $  cepen- 
dant c'eft  lorfqu'il  ne  s'eft  point  brûlé  pendant  la 
diftillationâl  peut  reflet vir  ainii  de  fuite  un  grand 
nombre  de  fois  \  il  n'en  devient  que  plus  liant  8c 
plus  tenace.  On  bonifie  même  le  nouveau  lut  gras 
en  le  mêlant  avec  du  vieux  lut  fec,  ou  non  fec» 
pourvu  qu'il  n'ait  point  été  brûlé.  Voici  le  moyen 
de  faire  de  l'huile  de  lin  cuite ,  qui  fert  à  faire  ce 
lut. 

Huile  4e  Lin  cuite*, 

On  met  dans  une  baifine  de  cuivre  ou  dans 
une  marmite  de  fer  propre  quatre  livres  d'huile 
de  lin  ordinaire  avec  fix  onces  de  litharge  réduite 
en  poudre  fine  &  paflée  au  tamis  de  foie  :  on  place 
le  vaifTeau  fur  un  fourneau ,  &  on  le  chauffe  aflez 
pour  que  l'huile  de  lin  puifle  diflbudre  la  litharge. 
.  On  agite  fans  difcontinuer  ce  mélange  avec  une 
fpatule  de  bois ,  jufqu'à  ce  que  lalithurge  foit  en- 
tièrement difloute  :  alors  on  ôte  le  vaiflèau  du 
feu  :  on  le  laide  un  peu  refroidir,  &  on  conferve 
dans  une  cruche  bien  bouchée  avec  un  bouchon 
de  liège  ^  l'huile  qull  contient  \  c'eft  ce  que  l'on 
nomme  huile  de  Un  cuite  qui  fert  à  faire  ielut  gras 
dont  nous  venons  de  parler. 

RE 'MARQUES. 

L'huile  de  lin  cuite  eft  connue  des  Peintres  fous 
le  nçm  d' huile  Jîccative.  Les  Epiciers  marchands 
de  couleurs  vendent  cette  huile  préparée  comme 


Prolégomènes.  cxxv 

nous  venons  de  le  dire  ;  toute  la  différence  eft  que 
la  leur  eft  blanche,  au  lieu  que  celle  qui  eft  faite 
comme  il  vient  detre  die ,  eft  d'un  brun  foncé  : 
cela  eftabfolument  indifférent  pour  former  le  lut 
gras;  mais  il  nen  eft  pas  de  même  pour  l'ufage 
qu'en  font  les  Peintres,  pour  qui  cette  huile  eft. 
préparée  :  il  faut  qu'elle  n'ait  point  de  couleur  : 
on  peut ,  en  la  préparant  ,  l'obtenir  de  même 
fans  couleur  $  il  lumt  pour  cela  d'ajouter  de  l'eau 
dans  le  vaiffeau  pendant  la  cuite  de  l'huile ,  de 
même  qu'on  le  fait  pour  la  cuite  de  certains  em- 
plâtres. Voyez-en  les  raifons  dans  mes  Eléments 
de  Phamacic,  à  l'article  des  emplâtres  dans  la 
composition  defquels  on  fait  entrer  des  prépara- 
tions de  plomb. 

Quelques  Chymiftes  rejettent  l'huile  de  lin 
cuite  y  &c  lui  préferentdu  vernis  commun  de  fuccin 
pour  former  le  lut  gras.  Ces  raifons  de  préférence 
paroiffent  uniquement  fondées  fur  ce  que  l'huile 
de  lin  cuite  eft  trop  fimple  &  trop  facile  à  fe  pro- 
curer ,  au  lieu  que  le  vernis  de  fuccin  eft  plus  dis- 
pendieux 8c  plus  embarraffant  à  avoir.  On  eft  fou- 
vent  obligé  de  le  préparer  foi-même ,  n'en  trou- 
vant point  de  fait  dansle  commerce,  pareequ'il 
n'eft  d'aucun  ufage  dans  les  arts.  Je  vais  rapporter 
la  recette  de  ce  vernis  commun  de  fuccin }  mais  je 

[mis  affiner  d'avance  qu'il  n'eft  pas  meilleur  que 
'huile  de  lin  cuite  dont  nous  venons  de  parler. 
J'ai  fait  fur  cet  objet  toutes  les  expériences  de 
comparaifon  néceflaires. 

ternis  de  fuccin  qu'on  peut  employer  en  place 
d'huile  de  Un  cuite  pour  former  le  lut  gras. 

Qn  met  dans  une  marmite  de  fer  la  quantité 


txxvj  ProUgomenèii 

2u  on  veut  de  fuccin  réduit  en  poudre  groflïefc 
)n  place  la  marmite  fur  un  reu  capable  de  liqué- 
fier le  fucrin  :  on  l'agite  dans  lés  commencements 
avec  une  fpatule  de  bois ,  afin  d'échauffer  Se  de 
fondre  enfemble  la  totalité  du  fuccin,  Lorfque  le 
fuccin  eft  parfaitement  liquéfié ,  on  ote  la  mar- 
mite du  feu ,  on  la  laide  refroidir  avec  ce  qu'elle 
confient. 

Alors  on  met  dâris  Utié  autre  marmite  de  fer 
deux  livres  de  fuccin  préparé  comme  nous  ve- 
nons de  le  dire ,  avec  trois  livrés  d'huile  de  lin 
ordinaire  i  oh  fait  fondre  le  fuccin  à  une  douce 
chaleur  ;  aufli-tôt  qu'il  eft  fondu ,  il  fe  diflbur 
dans  l'huile ,  &  le  vernis  eft  fait.  On  le  tire  du 
feu,  &lorfqu'il  eft  (uffifamment  refroidi ,  &  on  le 
conferve  dans  une  bouteille.  On  en  fait  ufage  en 
place  d'huile  de  lin  cuite  ,  comme  nous  l'avons 
dit. 

Le  fuccin  ,  ckrts  Ion  état  naturel ,  rie  peut  fe 
diflbudre  dons  l'huile  de  lin  j  mais  lorfqu'il  a  été 
liquéfié ,  il  eft  changé  de  nature ,  Se  fe  diflout  très 
bien.  Cette  liquéfaction  fait  difliper  un  peu  de 
phlegme ,  un  peu  d'hurlé  fluide  &  du  fel  volatil* 
On  peut ,  fi  l'on  veut  j  faire  cette  opération  dans 
une  cornue,  &  y  adapter  un  ballon  j  alors  on  re- 
cueille les  produits  dont  nous  parlons. 

Le  fuccin  eft  une  fubftance  inflammable  ,  il 
arrive  fouvent  qu'il  s'enflamme  pendant  fa  licjué- 
faétion  :  cet  inconvénient  n'apporte  aucun  préju- 
dice à  la  préparation  du  vernis ,  mais  il  eft  impor- 
tant d'arrêter  promptement  l'inflammation  :  il 
convient  d'avoir  à  fa  main  un  couvercle  de  tôle , 
&  de  l'appliquer  fur  la  marmite  aufli-tôt  que  le 
fuccin  ou  le  vernis  s'enflamme ,  afin  d'étouffer  U 
jflamme. 


ProUgoments*  cxxvij 

Cire  molle. 

On  fait  fondre  ensemble  une  livre  de  cire  jaune 
&  deux  onces  de  térébenthine,  Lorfque  ce  mé- 
lange eft  fondu ,  on  le  retire  du  feu  j  on  le  manie 
entre  les  mains  pour  lui  faire  prendre  un  peu  de 
ténacité,  &  pour  qu'il  ne  foit  pas  caffant. 

La  cire  molle  fert  à  boucher  le  petit  trou  des 
ballons  pendant  la  diftillation  des  liqueurs  acides 
ou  alkalines  volatiles  :  elle  ne  peut  fervir  aux  dis- 
tillations des  liqueurs  fpiritueufes ,  parcequ'elle 
feroit  difloute.  On  fait  encore  des  bouchons  avec 
de  la  cire  molle  »  pour  boucher  des  bouteilles  qui 
contiennent  des  liqueurs  acides  ou  alkalines. 


TEINTURE   DE   TOURNESOL. 

O  n  prend  une  once  de  tournefol  en  pain  :  on 
le  réduit  en  poudre  groffiere  :  on  le  met  dans  un 
poêlon  d'argent  avec  environ  dix  ou  douze  onces 
d'eau  pure  :  on  fait  bouillir  ce  mélange  feulement 
un  inttant  :  on  filtre  la  liqueur  au  travers  d'un  pa- 
pier jofeph ,  &  on  la  corner ve  dans  une  bouteille 
qu'on  a  foin  de  tenir  bouchée.  C'eft  ce  que  l'on 
nomme  teinture  de  tournefol. 

La  teinture  de  tournefol  a  la  propriété  de  rougir 
avec  tous  les  acides,  &  de  faire  connoître  leur  pré- 
fencé:  lorfqu'on  veut  en  faire  ufage,  on  en  met 

3  uelques  gouttes  dans  un  verre  avec  plus  ou  moins 
'eau ,  afin  de  lui  donner  l'inrenfité  de  couleur 
convenable. 

On  doit  ne  préparer  cette  teinture  qu'avec  du 
tournefol  en  pain,  &  non  avec  du  tournefol  en 


'cxxviij  Prolégomènes. 

drapeau.  Le  tournefol  en  pain  eft  commun  dans 
le  commerce ,  il  eft  en  petits  morceaux  à-peu-près 
quarrés  &  de  couleur  bleue  violette. 


LABORATOIRE  DE  CHYMIE. 

J'a  i  penfé  que  quelques  détails  fur  un  labora- 
toire de  Chymie,  &4fur  les  ihftrutpents  dont  il 
doit  être  garni  T  pôurroient  faire  plaifir  aux  ama- 
teurs qui  voudroient ,  foit  en  province ,  foit  à  Pa- 
ris ,  monter  un  laboratoire  propre  aux  opérations 
de  cette  fcience.  Ces  détails  leur  épargneront 
l'embarras  des  recherches  pour  découvrir  la  clafle 
d'ouvriers  qui  préparent  ces  différents  inftru- 
ments.  J'ai  penfé  encore  qu'il  feroit  plus  com- 
mode de  réunir  dans  des  articles  féparés  ce  que 
l'on  trouve  chez  le  même  Àrtifte  ou  chez  le  même 
Marchand.  Je  joindrai  à  ces  détails  une  courte 
notice  fur  l'ufage  des  outils  ou  des  inftruments  , 
afin  que  celui  qui  veut  fe  former  un  laboratoire  » 
puifle  voir  d'un  coup  d'œil  fi  l'iuttrument  dont  on 
parle  peut  être  utile  au  genre  de  travaux  qu'il 
veut  entreprendre. 

On  proportionne  la  grandeur  d'un  laboratoire 
aux  opérations  qu'on  fe  propofe  de  faire.  Si  on 
le  deftine  à  des  expériences  de  recherches ,  com- 
me nous  le  fuppoibns ,  il  fuffit  d'avoir  un  empla- 
cement de  douze  ou  quinze  pieds  de  long  fur  à- 
peu-près  autant  de  large.  Il  eft  plus  avantageux 
de  le  faire  au-deflus  du  raiz-de-chauflée ,  parce- 
que  les  raiz-de-chauffee  .font  ordinairement  hu- 
«pides ,  les  çgtUs  de  le;  s'y  rouillent,  les  fels  qu'on 

veut 


Prolégomènes'  crabe 

Veut  confervet  font  plus  fujets  à  tomber  en  deà* 

Îwiurn  y  &  les  étiquettes  font  expofées  à  fe  décel- 
er &  à  s'effacer» 

11  faut  encore ,  autant  qu  on  le  peut ,  que  l'em- 
placement qu'on  a  choifi ,  foit  bien  éclairé.  Cet 
objet  eft  même  important.  Il  y  a  un  grand  nom- 
bre de  phénomènes  peu  fenfibles  qui  fe  patient 
dans  beaucoup  d  opérations ,  qui  échapperaient 
à  la  vue ,  ii  l'on  faiioit  ces  opérations  dans  un  la- 
boratoire mal  éclairé.  La  lumière  des  bougies , 
même  multipliées ,  ne  remplace  pas  avec  le  même 
avantage  la  lumière  naturelle. 
.  Lorsqu'on  s'eft  arrêté  à  l'emplacement  du  la- 
boratoire ,  on  fait  conftruire  par  un  maçon  un 
manteau  de  cheminée  en  hotte  de  dix  ou  douze 
pieds  de  long ,  6c  dû  trois  pieds  &  demi  ou  de. 
quatre  pieds  de  profondeur  dans  œuvre:  on  tient 
le  manteau  élevé  à  une  hauteur  de  cinq  ou  fix 
pieds ,  afin  de  pouvoir  palier  librement  deffbus  : 
cependant  plus  cette  partie  de  la  cheminée  fera 
baffe  y  moins  la  cheminée  fera  fujette  à  fumer  j 
mais  pour  ne  pas  être  gêné ,  il  eft  difficile  de  lui 
donner  moins  d'élévation ,  que  celle  de  la  hauteur 
d'un  homme  de  taille  ordinaire. 

On  fait  arranger  fur  cette  cheminée  un  foufflet 
à  deux  vents  >  en  obfervant  de  mettre  la  branloire 
i  la  main  gauche.  On  peut  voir  la  difpoiirion  de 
ce  foufflet ,  ainfi  que  des  tuyaux  pour  la  conduite 
de  l'air ,  planche  4. 

Sur  le  manteau  de  cette  cheminée  on  fait  pra- 
tiquer par  un  menuifier  plufieurs  tablettes  pour 
retirer  des  ballons ,  des  matras ,  &  autres  vaif- 
feaux  en  état  de  fervir  aux  opérations.  On  garnit 
de  même  le  pourtour  du  laboratoire  de  tablette* 
Tome  /.  i 


txtx  Prolégomènes. 

pour  retirer  des  bouteilles ,  des  flacons  >  8c  les 
produits  des  opérations. 

Sous  cette  cheminée  on  fait  conftruire  une 
forge  eu  briques ,  &  quelques  fourneaux  auflî  en 
briques  ,  à  demeure  h  on  le  juge  à  propos.  Dans 
rérendue  de  la  place  reftante  fous  cette  chemi- 
née ,  on  fait  conftruire  en  briques  une  paillaflè 
élevée  d'environ  un  pied  huit  à  neuf  pouces  du 
plancher  du  laboratoire ,  &  de  dix-huit  à  vingt 
pouces  de  largeur.  Pour  conftruire  cette  paillaflè  , 
on  élevé  plufieurs  jambages  en  briques  de  diftance 
en  diftance  ,  fur  lefquels  on  pofe  plufieurs  barres 
de  fer  pour  fupporter  une  rangée  de  briques  fcel- 
lées  en  plâtre  :  on  forme  une  aire  qu'on  peut  faire  ' 
carreler,  fi  Ton  veut,  pour  plus  de  propreté.  On 
garnit  l'extérieur  de  cette  paillaflè  d'une  bande 
de  fer  plate,  fcellée  par  les  deux  bouts  dans  la 
muraille  ;  8c  pour  l'empêcher  de  baguer  dans  le 
milieu ,  on  fyflujettit  avec  quelques  petits  tirants 
de  fer  ,  fcellés  d'efpace  en  efpace  dans  la  mu- 
raille ,  Se  qui  traversent  dans  l  épaifleùr  de  cette 
paillaflè.  Le  deffous  de  cette  paillaflè  fert  à  re- 
tirer des  briques ,  de  la  terre  à  four ,  un  panier 
de  charbon ,  &  aurres  commodités  qu'il  convient 
d'avoir  à  la  main  dans  un  laboratoire  t  le  deflïiç 
de  cette  paillaflè  fert  à  pofer  les  fourneaux  por- 
tatifs, qui  fe  rrouvent ,  au  moyen  de  cette  difpo- 
fition ,  a  une  hauteur  commode  pour  le  fervice. 

Vaiffeauxie  verre  &  de  cryftal  qu'on  trouve  chc% 
prtfque  tous  les  Faïanciers. 

Il  convient  d'avoir  dans  un  laboratoire  de  Chjr* 
taie  une  provifion  de  bouteilles  de  verre  bJanc  j 


tte'rfifftreîitefs  grandeurs  &  à  col  reiïverfé;  de* 
flacons  de  cryftal  aaffi  de  ditférehtes  capaci^s  , 
bouché*  avec  dés  bouchons  de  cryftaf  ;"&  uïîk.à. 
l'émeri ,  également  à  cài  irenverfé.  Ces  vaiffeau* 
fervent  à  contenir  les  acides  minéraux ,  lés  fëls , 
les j>roduits  des  opérations  ,  &c. 

Des  matras  de  différentes  grandeurs  ,  à  col 
long  y  &  d'autres  à  col  lai^e  :  on  fait  des  ballons 
avec  ces  derniers  en  coupant  leurs  cols.  Il  eft  bon 
d'avoir  des  matras  à  duls  plats  pour  la  calcination 
du  mercure,  &  d'autres fubftances qu'on  voudroit 
faire  calciner  proprement. 

Une  provifion  de  bocau*  de  verre  blanc  pour 
contenir  des  poudres  &  d'autres  matières  fcches  $ 
<|u'on  ne  peut  mettre  dans  des  bouteilles  ordi* 
narres  a  caufe  de  leur  ouverture  étrôire. 

Plusieurs  gros  ballons  de  verre  vert  ;  à  l'égard 
cfe  ceux  de  verre  blanc ,  on  les  fait  foi-même , 
comme  nous  venons  de  le  dire  *  en  coupant  le  col 
des  gros  marrais. 

-'Des  ballons  tabulés  pour  la  diftiîlatiott  des 
fels'  volatils ,  &  d'autres  ballons  percés  de  plu- 
fteurs  ouvertures. 

Plufieurscapfules  6c  petits  féaux  de  verre  blanc 
pour  les  évaporations  6c  les  cryftallifations  des 
fels. 
•  Plufieurs  entonnoirs  de  verre  de  différentes 

Grandeurs ,  pour  fHtrerles  lrqueurs,1&pour  infro-  ' 
uire  ces  mêmes  liqueurs  d'un  vafe  dans  un  au- 
tre :  on  en  trouve  depuis  la  contenance  de  deux 
pintes  jufqu'à  deux  onces  de  liqueur.  Il  faut  que 
ces  entonnoirs  foient  en  cônes  réguliers  j  lors- 
qu'ils s,'élargi(Tent  en  cloches,,  ils  font  très  incpm-* 
modes  pour  filtrer:  il  eft  bien  rare  que  1er  fil* 


&œâj  Prolégomènes: 

très  de  papier  qu  on  mec  dedans  ne  crereftt  pal 
pendant  la  filtration. 

Quelques  fpatules  de  verre  pour  remuet  les 
fels  métalliques  ,  les  fpatules  de  métal  étant  at- 
taquées par.  les  acides. 

Il  eft  bon  d'avoir  une  provifion  de  verres  blancs 
unis  &  coniques ,  femblables  à  ceux  des  cabarets, 
pour  faire  une  infinité-d'expériences.  La  forme 
conique  eft  néceflaire ,  afin  que  les  précipités , 
lorfqu'il  s'en  forme ,  deviennent  plus  ienfibles  en 
fe  ramatfant  dans  un  petit  efpace. 

Plusieurs  grands  verres,  femblables  à  ceux  dont 
fe  fervent  les  Emailleurs  :  ils  ont  la  forme  des  pré* 
cédents  j  mais  il  y  en  a  qui  tiennent  plufieurs  pin- 
tes. Ces  vaiftèaux  font  très  commodes  pour  taire 
des  précipitations  &  des  lavages  de  précipités» 
Ces  verres  ont  une  couleur  verte  ;  les  Faïanciers 
ne  fonr  pas  encore  dans  l'ufage  d'en  faire  faire  en 
verre  blanc ,  quoiqu'ils  foient  plus  commodes. 

Une  proviuon  de  cornues  dé  verre  blanc.  On 
en  trouve  de  toutes  grandeurs ,  qui  tiennent  de* 

Suis  douze  pintes  julquà  deux  onces  de  liqueur. 
1  convient  de  choifir  les  cornues  d'une  belle  for- 
me y  celles  dont  la  panfe  fait  bien  la  poire,  & 
qui  ont  leur  voûte  en  eône  :  on  doit  rejetter  celles 
qui  ne  font  pas  d'une  égale  épaifleur ,  qui  ont  des 

Sontis  ou  des  nœuds  ;  ces  nœuds  font  des  parties 
e  matière  mal  vitrifiées  &  recouvertes  d'une 
Eellicule  de  verre.  La  moindre  dilatation  occa~ 
onne  dans  ces  endroits  la  fradure  des  vaiûeaux. 
Il  eft  bon  d'avoir  auffi  des  cornues  de  cryftal  tu- 
bulées  &  bouchées  avec  des  bouchons  de  cryftal 
ufés  à  l'émeri. 
Quelques  récipients  à  hufle  essentielle.  IL  faut 


Prolégomènes*  cxxxiîj 

obferver  que  le  tuyau  en  S  ne  s'élève  qu'à  deux 
ou  trois  pouces  au-deflbus  de  l'orifice  du  vaifleau; 
s'il  s'éievoit  à  la  même  hauteur ,  la  liqueur  ne 
pourroit  point  couler  par  le  tuyau ,  &  ce  vaiffeau 
feroit  inutile. 

Plusieurs  alambics  de  verre  de  deux  pièces ,  fit 
d'autres  d'une  feule  pièce ,  avec  la  tubule  bouchée 
d'un  bouchon  de  cryftal. 

Quelques  mortiers  de  verre  ou  de  cryftal ,  avec 
leurs  pilons  de  même  matière. 

Un  certain  nombre  d'affiettes  de  faïanceou  de 
porcelaine. 

Quelques  vafes  à  pefe-liqueurs  ,  &  quelques 
pefe-liqueurs  pour  reconnoître  les  degrés  de  fa- 
lare  des  acides  &  des  alkalis. 

Je  palTe  ici  fous  filence  tous  les  vaifTeaux  alchy- 
miques  ,  tels  que  les  pélicans  ,  les  vaifTeaux  gé- 
niaux, les  enfers ,  &c.  Ces  vaifTeaux  font  absolu- 
ment inutiles.  On  peut  avec  ceux  dont  nous  par- 
lons ,  faire  plus  commodément  &  plus  furement 
toutes  les  opérations  de  la  Chymie. 

Vaiffeaux  de  grès  &  de  terre  qu'on  trouve  cke% 
plujîeurs  Marchands  Potiers  de  terre. 

On  trouve  chez  plufieurs  Marchands  Potier? 
de  terre  à  Paris ,  mais  <jui  ne  font  point  fabri- 

3uants,  les  différents  vaifTeaux  de  grès  &  de  terre 
ont  on  a  befoin.  Savoir , 
Des  Cornues  de  grès  de-différentes  grandeur!. 
Ces  vaifTeaux  font  très  commodes  pour  lesdiftil- 
lations  où  Ton  doit  appliquer  un  grand  degré 
de  chaleur,  en  ce  qu'ils  n'éprouvent  que  peu  ou 
point  d'altération  de  la  part  du  feu.  11  eft  impor- 
tant de  ne  point  mouiller  &  laver  les  vaiffeaux 

iiij 


cxxxiy  Prolcgometa. 

de  erès  qui  doivent  être  e*po(és  au  grand  *  fea  * 
lorsqu'ils  ont  été  mouillés ,  ils  décrépitent,  fe  ré* 
duifent  en  poudre ,  Ce  produifent  des  explorions 
jtrès-  bruyantes  ;  ce  qui  n'arrive  pas .  lorfqu'ils 
font  neufs,  confervés  dans  un  endroit. fec,  & 

3u'ils  n?ont  jamais  été  /n<*uillé&.  On  doit  éviter 
'employer  par  rapport  à  cela  des  cornues  de  grès 
pour  la  diftitlation  des  fubftances  liquides  \  il  taut 
préférer  des  cornues  de  verre. 

Des  cucurbites  de  grès  de  différentes  gran- 
deurs, pour  la  diftitlation  du  vinaigre  &  d'autres 
rnacieres  falines  :  on  adapte  ordinairement  fur 
.ces  cucurbites  des  chapiteaux  de  verre. 

Des  terrines  degrés  pqur  la cryftallifatipn  des 

fels ,  &  pour  les  évaporations  des  diffolutions  mé- 

.t*JUques,  On  fait  aufii  des  capfules  de  gf es  qui 

fervent  aux  mêmes  ufages  pour  des  opérations 

plus  en  petit.  Il  y  a  de  ce?  fortes  de  vaiffeaux  en 

-  gr^s  >  I1?1  tiennent  depuis  vingt-quatre  pintes  juf* 

.  qu  4  un  poifïbn.  On  doit  choiiir  ces  vaiueaux  bien 

cuits  :  ils  ont  une  couleur  très  bife.  Ceux  qui  font 

blancs  ou  jaunâtres  font  d'un  grès  mal  cuit  :  ils 

font  poreux,  &  leur  fervice  n'eft  pas  également 

bon. 

Il  convient  d'avoir  dans  un  laboratoire  quel- 

3 nés  cruches  de  grès  ,  pour  contenir  de  l'huile 
olive ,  de  l'huile  de  lin  cuite  ,  &  certains  fels 
en  provifion. 

Quoique  les  tempes  de  terre  vernilfées  foient 
d'un  mauvais  fervice  ,  il  eft  bon  d'en  avoir  en 
^rovifion  :  elles  fervent  à  contenir  du  fable  &  & 
former  de<  bains  de  fable  s  elles  font  bonnes  pour 
faire  certaines  calcinations  qui  n'ont  pas  befoin 
d'un  grand  feu ,  &  pour  lefquelles  le  vernis  de 
plornb ,  <jui  reçouvrç  leur  intérieur  ?  *ft  iudiifé* 

WIKi 


Prolégomènes  cxxxy 

Quelques  affiettes  &  plats  de  terre  verniflés  # 
de  diamètre  à  entrer  dans  les  fourneaux.  Cet 
vaifleau*  fe  mettent  fous  les  cornues  de  grès  ,  afin 
d'en  préferver  le  fond  de  l'a&ion  immédiate  du 
feu.  On  a  feulemenr  attention  que  ces  afîiëttes 
&  plats  ne  remplirent  pas  tout  le  diamètre  du 
fourneau  :  il  doit  refter  autour  un  efpace  d'un 
bon  pouce  pour  la  circulation  libre  de  la  chaleur 
&  de  la  flamme.  ,  . 

On  £ut  des  vaifleaux  de  terre  non  verniflés  , 
qui, ont  la  forme  de  pots  de  chambre  fans  anfe , 
qu'on  nomme  cornions.  Ces  vaifleaux  ne  réfiftent 
pas  à  une  grande  adion  du  feu  \  mais  ils  font  très 
commqdespour  des  calcinations  moyennes  qu'on 
veut  fair$  en  certaine  quantité  a  la  fois  :  ils  font 
plus  latges  &  moins  poreux  que  les  creufets  ordi- 
naires,^ on  les  préfère  pour  cette  raifon  dans 
nombre  d  occasions. 

Fourneaux.  &  Creufets  qu.çn  trouve  che\  Us  Four- 
nalijles. 

Plufleurs  Potiers  de  terre  à  Paris  fabriquent 
des  fourneaux  ,  des  creufets ,  des  moufles  &  des 
capfules  de  terre  cuite  ;  oh, nomme  ces  dernières 
catinsj  ou  têts  à  rôtir,  &  les  Fournaliftes  leur  don* 
nent  improprement  le  nom  de  coupelles.  On  peut 
fe  procurer  chez  ces  fortes  d'ouvriers  > 

i°«  Quelques  fourneaux  de  réverbère  de  diffé- 
rentes grandeurs,  &  compofés  du  nombre  de 
pièces  que  nous  avons  indiquées  en  donnant  la 
deferipuon  de  ce  fourneau ,  planche  z% 

i°.  Un  fourneau  de  coupelle  avec  des  troi^s 
dans  l'intérieur  à  la  naiflance  de  la  porte ,  &  à  l'a. 
.     *  "V    ' 


cxxfcVj  Prolégomènes. 

partie  antérieure  ,  pour  recevoir  deux  barres  dp 
Fer  qui  fervent  àfupporrer  la  moufle. 

3°.  Une  tour  quarrée  creufe  fans  fond  ,  de- 
vant fervir  de  fourneau  des  Fondeurs  :  on  enfonce 
cette  efpecede  fourneau  dans  une  maçonnerie  de 
briques ,  comme  nous  l'avons  dit  en  faifant  la 
defcription  de  ce  fourneau. 

4°.  Un  ou  plufieurs  couvercles  de  terre  cuite , 
pçur  couvrir  le  fourneau  des  Fondeurs. 

5  °.  U|i  demi-cercle  de  terre  cuite,  pour  met- 
tre devant  la  tuyère  dç  la  forge  :  on  le  procure 
par  ce  mpyen  un  fourneau  à  fondre  devant  la 
tuyère  du  fbufflet ,  quoique  cette  manière  de  fon- 
dre foit  fujette  à  percer  les  creufets  &"à  les  fon- 
dre à  l'endroit  où  darde  le  vent  du  foufflet.  11  y 
a  cependant  des  cas  où  cet  appareil  eft  utile  ; 
c'eft  principalement,  lorfqu  il  faut  appliquer  un 
fort  coup  de  feu ,  mais  de  peu  de  durée. 

6°.  Le  fourneau  deM.  Macquer,  dont  nous 
avons  donné  la  defcription ,  Planche  i  ,  figure  i 
é  i.  On  le  fait  de  plufieurs  pièces,  qu'on  furmonte 
les  unes  fur  les  autres ,  jufqu'à  la  hauteur  de 
quinze  ou  dix-huit  pieds.  Ou  celui  dont  j'ai  donné 
là  defcription ,  figure  4  ,  même  Planchç. 

70.  Des  creufets  de  différentes  grandeurs.  On 
en  fait  de  la  contenance  de  vingt-quatre  livres 
jufqu'à  un  gros  de  fubftancè.  Les  grands  creufets 
de  terre  de  Paris  font  à  bon  marche  ;  on  peut  pour 
jeette  raifon  les  employer  :  à  l'égard  des  pirits  creu- 
fets ,  ceux  de  HefTe  méritent  la  préférence.  On  en 
trouve  chez  les  Fournaliftes  j  mais  plufieurs  Quin- 
cailliers, vis-à-vis  le  Palais  marchand ,  eti  font  ve* 
jur  d'Allemagne ,  &  font  mieux  aftorris. 

J  °.  Des  couvercles  tonds  ôç  triangulaires  pout 


Prolégomènes*  cxxxvij 

Ut  creuftts.  On  ne  trouve  point  à  Paris  de  cou- 
vercles de  la  même  terrfe  que  les  <:reufets  d'Aile» 
magne.  Les  Marchands  qui  font  Venir  les  cteufew 
de  Hefle ,  ne  font  point  venir  de  couvercles. 

9°.  Des  capfules  de  terre  cuite  pour  les  calci- 
nations  &  autres  torréfa&ions.  11  convient  d'en 
ayoir  une  bonne  provision  >  &  de  différentes  gran- 
deurs. Les  capfules  de  nos  Fournaliftes  font  or- 
dinairement très  mal  faites ,  &  mal  unies  dans 
leur  intérieur.  11  vaut  mieux  faire  foî-mème  ces 
fortes  deyaifleaux  dans  des  moulés  de  bois,  avec 
de  bons  mélanges  de  terre,  dont  nous  parlons 
dans  cet  Ouvtage  à  l'article  des  Fourneaux  &  Creu- 
fets. 

io°.  Des  aludels  :  ceux  des  Fournaliftes  font 
fort  mal  faits  ;  il  vaut  encore  mieux  les  faire  foi* 
même  avec  des  camions.  On  fait  fcier  le  fond  des 
camions ,  &  on  les  furmonte  les  uns  fur  les  au-* 
très.  On  obferve  que  le  fond  du  dernier  ne  foit 
percé  que  d'un  petit  trou  dans  fon  milieu.  Les 
aludels  ne  fervent  que  dans  les  laboratoires  des 
Démonftrateurs ,  pour  donner  un  exemple  de  la 
Sublimation  du  foufre.  Cet  appareil  n'eft  point 
néceffaire  dans  un  autre  laboratoire ,  fi  ce  n'eft 
pour  les  fleurs  d'antimoine ,  dont  nous  parlons  à 
ion  article ,  page  $  $6  ,  fécond  volume. 

1 1 Q.  Des  moufles  t  il  vaut  mieux  les  faire  foi- 
meme  encore  âvôc  un  bon  mélange  de  terre,  par 
le  procédé  firripie  que  nous  indiquons  à  l'article 
des  Fourneaux  &'Creufets.   *'      > 

ia°.  Des  petits  tonds  de  terre  cuite,  qu'on 
nomme  fromages  3  à  caufe  de  leur  forme ,  pour 
mettre  fous  les  *r  eu  fers ,  afin  de  les  garantir  du 
céurant  d'ai*  ,  à  quoi  ils  feroient  e*pofés  s'ils 
{toient  placés  immédiatement  fur  la  grille  du 


cxxxvijj  Prolégomènes* 

fourneau  ;  mais  un  morceau  de.  bnqu^emplitla 
même  indication. 

13°.  Enfin  une  provision  de  bri<j4es  de  relais , 
de  la  terre  à  four,  afin  de  pouvoir  s:  fuivant  les 
circonft^tnces ,  conftruire  foi-même  un  fourneau 
amovible,  .         . 

/Taiffiaux-de  cuivre  que  fabriquent  tes  Ckaude- 
*      ronnhers. 

Quelques  badines  de  cuivre  rouge  ou  jaune. 
Celles  d'argent  font  préférables  %:&t  très  Commo- 
des pom  les  évaporationsde  beaucoup  de  liqueurs 
falines.  Les  baumes  de  cuivre  ne  peuvent  abfor 
lument  point  fervir  à  cet  ufage  :  néanmoins  il  eft 
difficile  de  s'en  paffet  dans  un  laboratoire ,  quand 
ce  ne  fetoit  que  pour  faire  chauffer  de  l'eau. 

Un  grand  alambic  de  cuivre  étafnc  >  pour  la 
diftillation  des  plantes  dont  on  veut  tirer  l'huile 
eflentielle ,  avec  un  ferpentin  d'étain  ,  plongé 
dans  une  c^ive  de  cuivre.  Le  ferpentin  d'étain  eft 
de  la  compétence  du  Potier  d'étain  :  c'eft  auffi  lui 
qui  le  foude  dans  la  cuve  de  cuivre. 

Un  petit  alambic  de  cuivre  %  av^ç  un  bain-ma- 
rie  &  la  chapelle  d'étain  ,  &  un  petit  ferpentin 
d'étain ,  plongé  dans  une  cuve  de  cuivre.  Il  faut, 
pour  la  conftruâion  de  cet  alambic ,  le  concours 
du  Chaûdetfonnier  pour  les  pièces  de  cuivre  »  & 
celui  du  Potier  d'étain  pour  les  pièces  d'étain. 
C'eft  lje  Potier  d'étain  qui  monte  toutes  les  pie- 
ces  ,  &  qui  achevé  l'alambic.  Il  eft  bien  impor- 
tant de  recommander  à  Ton  &C  à  l'autre  cmvrier 
de  faire,  ces  pièces  très  minces  j  car  ils  ont  le  ph*s 
«and  intérêt  i  les  faire  pelantes  &  maffives  ,  $c 
.3  eft  même  difficile  d'éviter  cette  méprife  de  iew 
part.  On  trouvera  dans  mes  Eléments  de  Pfat- 


Prolégomènes,  cxtxijc 

niacie  tous  les  détails  .convenable?  ppur  1^  çonf- 
tru&ion  de  cet  alambic. 

Vaijfeaux  que  fabriquent  les  Potiers  d*étain. 

Quelques  petits  baffins  detain ,  des  mefures, 
telles  que  pinte  vc:fr<3f  ine ,  demiTfeptier ,  poiiTon 
&  demi-poiflbn.  Il  faut  prendre  garde  à  cette  der- 
nière.mçfure  ;  les  Potiers  d'étain  en  font  de  deux 
grandeurs  ;  l'une  eft  le  feizieme  de  la  pinte  ,  8£ 
l'autre  eft  faite  pour  être  environ  le  dk-kjiitieme. 

Injlrumcntiqut  yendent  les  Balanciers. 

Balances  de  plufieuts  grandeurs*  dont  une  paire 
propre  pour  pefer  des  quantités  proportionnées 
au  travail  qu  on  fe  propofe  de  faire. 

l)n  bon  trébuchetayee  des  poids  de  crains.  On 
fait  des  balances  à  fléaux  fins  &  à  fléaux  corn* 
muns,  On  doit  préférer  les  premières  ,  parce* 
qu'elles  font  plus  exaéfces  pour  les -expériences. 

Une  paire,  de  balances  d'etfaipour  pefer  les 
produits  des  mines  &  les  boutons  de  retour  des 
matières  d'qr.&  d'argent.  Il  faut  avec  Ces  balances 
les  différents  poids  oe  femelle  pour  les  eflais  d'or» 

:6c  ceux  pour  les  eflais  d'argent.  ^Voye^  pour  ces 

,pQids  les  articles  ^ià  ont  rapport  à  la.  coupellation 
de  ces  métaux ^.On  peut  encore »  jfi  lpn  vçut,fe 

.  procurer  des  poids  fi&ifs  qui  repcéfeptenc  un  quin- 
tal ,  avec  tous  les  poids  qui  partagent  te ,  quintal  > 

:  Jufqu'au  grain  #  demirgeain  >  quart  de.  g  wn  ,  &c. 
Foyc^pour  cet  otyetl' article  d*&£Jfai  des  Mines* 
Les  balances  d'eflais  doivent  toujours  êtje  enfer- 
mées dans  une  efpece  de  lanterne  de  verre ,  à  l'a* 
bri  de  la  poufliere  &  de  l'humidité* 


cxl  Prolégomènes. 

Des  ooids  de  fer  aflbrtis ,  depuis  cinquante  li- 
Yresjufqu'à  deux  onces. 

Un  poids  de  marc  très  exad. 

Injlruments  qu'on  trouve  che%  tes  Marbriers* 

Un  grand  mortier  de  marbre  pour  piler  des 
Herbes ,  &c. 

Quelques  petits  mortiers  de  marbre  de  diffé- 
rentes grandeurs. 

Les  meilleurs  mortiers  de  marbre  nous  vien- 
nent d'Italie.  Prefque  tous  les  mortiers  de  mar- 
bre qu'on  fabrique  a  Paris  font  faits  avec  une  qua- 
lité de  marbre  qui  a  dans  fa  caffurc  un  grain  lem- 
blable  à  celui  du  grès  :  il  s'étonne  facilement 
comme  du  grès ,  &  le  réduit  en  poudre  comme  lui. 
Les  mortiers  faits  avec  cette  efpece  de  marbre  ne 
durent  pas  long-temps  \  c'eft  à  quoi  il  faut  prendre 
garde  lorfqu'on  en  fait  l'acquifition.  Le  marbre 
propre  à  faire  de  bons  mortiers  doit  préfen ter  dans 
la  caffure  un  grain  femblable  à  celui  du  quartz. 

Une  pierre  de  porphyre  avec  fa  molette  de  mê- 
me matière ,  pour  broyer  une  infinité  defubftan- 
ces  :  mais  lorsqu'on  peut  trouver  une  pierre  con- 
nue fous  le  nom  d1 écaille  de  mer  *  on  doit  lui  don- 
ner la  préférence ,  en  ce  qu'elle  eft  plus  dure ,  & 
qu'elle  ne  communique  point  de  couleur  aux 
corps  durs  qu'on  broie  deflfus  ;  ce  que  fait  le  por- 
phyre. Les  écailles  de  mer  font  une  efpece  de  grès 
fin  &  très  dur ,  qui  eft  à  beaucoup  meilleur  mar- 
ché que  les  pierres  de  porphyre  :  on  prend  pour 
fervir  de  molette  un  grès  dur ,  un  caillou  ou  une 
pierre  à  fufil  qu'on  taille  en  molette.    - 


Prolégomènes*  tadj 

Outils  &  Instruments  quon  'trouve  che[  les  Qu'm~ 
cailliers. 

Des  fparulesde  fer  de  différentes  grandeur*, 
donc  une  de  deux  ou  crois  pieds  de  long,  pour 
remuer  les  fels  lorfqu  on  les  faic  deffëcher  dans 
des  marmites  de  fer. 

Un  cas  d'acier  poli  ,  avec  un  marteau  auffi 
poli ,  pour  planer  les  mécaux  lorfqu'on  veuc  con- 
noîcre  leur  dureté  ou  leur  duâilire. 

Quelques  lingocieres  de  fer  pour  couler  les  mé- 
caux lorsqu'ils  font  en  fufion. 

On  trouve  ehez  les  mêmes  Marchands  une  in- 
finité d'outils  qui  font  nécefTaires  dans  un  labo- 
ratoire ,  tels  que  des  limes  pour  couper  des  vaif- 
feaux  de  verre,  &  pour  d'autres  ufages  ;  des  cou- 
teaux ,  des  cifeaux  j  des  pinces  places,  rondes  ; 
briquées ,  cire-bouchons ,  clous  ,  vrilles ,  mar- 
teaux communs ,  tenailles  i  creufecs ,  de  diffé- 
rences formes  &  de  différences  forces;  tenailles 
qu'on  nomme  moujlaches  ;  petites  pinces  à  r ef- 
fort ,  que  l'on  nomme  bruxelles  ;  étaux ,  poin- 
çons, &c. 

Outils  &  Injlruments  quon  trouve  che\  les  Mar- 
chands de  fer. 

Quelques  marmites  de  fer  de  différentes  gran- 
deurs. Ces  vaifTeaux  onc  plufieurs  ufages  :  ils  fer- 
vent à  leffiver  les  fels,  de  bains  de  fable  dans  l'oc- 
cafion ,  &  quelquefois  de  creufets  pour  calciner 
des  matières  végétales  &  animales. 

Plufieurs  cuiuers  de  fer  battu.  On  fait  fouder 
à  quelques-unes  par  un  Serrurier  une  tringle  pour 
alonger  le  manche  de  quelques  pieds.  Ces  cuil- 


citij  ProUgdtoèhèêè 

lers  fervent  pour  projette*  dans  les  creufets  Ast 
matières  qui  font  fujettes  à  produire  des  explo- 
rions. 

,  Une  ou  plusieurs  cornues  de  fer ,  pcjut*  la  dit* 
tillation  des  matières  végétales  &  animales  ,  St 

{>our  féparer  le  mercure  ou  cinabre.  Ces  cornues 
ont  très  commodes ,  en  ce  qu  elles  ne  font,  pas 
fujettes  à  fe  catfèr  pendant  les  opérations ,  wm- 
me  celles  de  grès  &  de  verre  ;  mais  on  eu  trouva 
rarement  de  toutes  faites,  il  faut  les  commander  9 
plufieurs  Marchands  de  fer ,  fur  le  quai  de  la  Fer- 
raille,  les  font  faire  lorsqu'on  les  en  charge. 

Quelques  pelles  &  pincettes  à  fourneau ,  des 
petits  fourgons  ;  des  pincettes  dont  on  fait  cou- 
per les  bouts  ,  &  qu'on  ajufte  en  pointes.  On  en 
fait  arranger  une  paire  avec  un  point  d'appui , 
pour  aflajettir  les  tiges ,  afin  qu'elles  ne  fe  croi-» 
lent  pas  lorfqu'on  pince  quelque  chofe. 

Quelques  mornets  de  fer  fondu  5  tournés  & 
polis,  lorfque  cela  fe  peut.  Il  y  a  des  Tourneurs 
en  fer  ,  qui  entreprennent  ces  fortes  d'ouvrages. 
On  choiht  des  pilons  de  fer  aflortis  à  la  grandeur 
des  mortiers ,  &  on  obferve  que  les  deux  bouts 
foient  garnis  d'acier. 

Un  mortier  de  fer  plus  grand ,  avec  fort  pilon 
auflî  de  fer  ,  &  garni  d'acier  par  les  deux  bouts. 
On  pofe  ce  mortier-  far  un  bloc  de  bois,  qu'on 
fait  arranger  par  un  Menuifier  ou  par  un  Char- 
pentier. 

Plufieurs  poêles  de  fer  à  manche  court  pour 
prendre  du  charbon ,  &  pour  fervir  de  bains  de 
fable  dans  l'occafion.  Ces  fortes  de  poêles  font 
très  commodes  pour  cet  appareil. 

Les  mêmes  Marchands  de  fer  vendent  des  poê- 
les de  faïance  &  de  fer  de  fonte  :  il  eft  commode 


Prolégomènes.  cxBij 

tfen  faire  placer  un  dans  fon  laboratoire.  Il  vaut 
mieux  le  prendre  en  fer.  On  fait  pratiquer  en- 
dettas un  chaffis  de  tôle  fans  fond ,  avec  un  re- 
bord de  trois  ou  quatre  pouces  de  hauteur.  Ce 
chaflîs  eft  retenu  aux  quatre  angles  par  les  vis&. 
les  écrous  du  pocle.  Cet  appàxeu  forme  un  bain 
de  fable.  ..       '     .  ., 

On  fait  conftruire  en  tôle  de  Suéde  une  caifte* 
un  peu  en  forme  de  trémie ,  avec  deux  anfes  de 
fer  battu  pour  pouvoir  la  porter.  Cette  caifle  eft 
plus  commode  qu'un  panier  pour  mettre  du  char- 
bon, en  ce  que  le  pouflier  fe  tamife  ati  travers 
du  panier ,  &  fait  de  la  mal-propreté  dans  le  la- 
boratoire; inconvénient  qui  n'arrive  pas  avec  une 
caifle  de  tôle. 

Il  eft  commode  d'avoir  dans  un  laboratoire  une 
provision  de  barres  de  fer  de  différentes  grofïeurs 
&  longueurs ,  pour  placer  des  fourneaux  &  les 
élever  a  la  hauteur  qu'on  veut ,  pour  tifonnei;,  të 
pour  une  inanité  d'ufages  dans  le  détail  defquels 
il  ferok  minutieux  d'entrer. 

Il  convient  d'avoir  dans  un  laboratoire  de  Chy- 
tnie  une  pierre  d'aimant,  ou  dès  barreaux  cf  acier 
aimantés.  On  trouve  che?  les  Faifeurs  d'inftru- 
ments  de  mathématiques  des  pierres  d* aimant 
toutes  montées ,  de  des  barreaux  d'acier  de  diffé- 
rentes formes  parfaitement  bien  aimantés ,  &  qui 
font  le  plus  fouvent  plus  forts  que  les  pierres  d'ai- 
mant naturelles.  '  Il  eft  néceffaire  d'avoir  quatre 
de  ces  barreaux  d'acier ,  avec  deux  petits  barreaux 
de  fer  pour  fervir  de  point  de  contait  :  au  moyen 
de  ce  nombre ,  on  peut  leur  donner  de  la  force 
magnétique,  lorfqii'ils  en  ont  perdu  ,.  &  les  ra- 
commoder  foi-même  fans  avoir  recours  à  d'autre 
aimant.  :  • 


I 


atliy  TroUgamenei. 

Jnflruments  qu'on  trouve  che^  les  Tourneurs  en  bois; 


I  J  &  che\  Us  TabUticrSé 


Plu/ïear*  piloris  de  bois  dur ,  comme  de  frêne, 
d'acacia  où  de  buis  J  ceux  de  ga/ac  font  trop  fu- 
fets  à  le  calTer. 

Une  prefle  pour  exprimer  les  huiles  des  fe- 
mences  Tiuileufes  9  &  les  fucs  des  plantes.  On 

Ceuc  la  faite  en  fer  f  alors  on  s'adrefle  à  un  TaiU 
mdier. 
Des  fpatule*  de  bois  dur  de  différentes  gran- 
deurs. 

On  trouve  des.fpatules  d'ivoire  chez  les  Table- 
tiers. 

Injirumcnts  qu'on  trouve  che\  Us  Boijfeliers. 

Un  gros  foufflet  i  deux  vents  pour  une  forge  : 
un  foufflet  i  lampe  d'Emailleur  :  on  le  fait  mon- 
ter .fur  une  table  par  un  Menuifier ,  &  le  Ferblan- 
tier fait  les  tuyaux  de  conduite  pour  l'un  &  l'au- 
tre foufflet 

Pluiieurs  tamis  de  foie  couverts .,  de  différents 
degrés  de  finetfe.  Plufieurs  tamis  de  crin  couverts 
&  non  couverts ,  pour  paffer  des  poudres  moins 
fines.  On  trouve  auffi  chez  les  Boiueiiers  des  gou- 
pillons gros  Se  petits ,  pour  nettoyer  les  tubes  > 
&  l'extrémité  des  entonnoirs. 

Injirumcnts  que  vendent  Us  Fondeurs  en  cuivre. 

Moules  i  coupelles ,  de  différentes  grandeurs , 
&  des  moules  pour  former  foi-même  des  têts  à 
rôtir ,  &  lingotieres  à  pierre  infernale  :  mais  on 
we  trouve  pas  ces  inftruments  tout  faits  j.il  faut 

les 


Prolégomemsi  cxlv 

le*  commander ,  Se  donner  des  modèles  en  bois. 
On  peut ,  fi  Ton  veut ,  fe  contenter  de  moules 
en  bois  pour  former  les  coupelles  &  les  têts  £ 
rôtir* 

Infiruments  qiïon  trouve  chc[  les  Fa'feurs  de  Ther- 
momètres. 

m 

Un  bon  baromètre  (impie  eft  préférable  à  ceut 
qui  font  compofés.  Plufieurs  thermomètres  à  mer- 
cure Se  à  efprit  de  vin  très  exaâs ,  &  fuivant  une 
graduation  connue.  A  Paris ,  on  ne  fe  fert  que  de 
ceux  faits  fur  1  échelle  de  Réaumur.  Les  thermo- 
mètres les  plus  commodes  pour  les  expériences 
font  ceux  qui  font  renfermés  dans  des  tubes  de 
verre ,  &  qui  ont  la  boule  en  dehors.  Ces  ther- 
momètres peuvent  être  plongés  dans  des  liqueurs 
acides ,  alkalines ,  Sec.  fans  craindre  d'être  gâtés. 

On  trouve  chez  les  mêmes  Àrtiftes  des  pefe- 
liqueurs  pour  les  fels  j  des  pefe-liqueurs  pour 
connoître  les  degrés  de  rectification  des  liqueurs 
fpiritueufes ,  &  tous  les  petits  inftruments  en 
verre  dont  on  peut  avoir  befoin  dans  un  labora- 
toire ,  tels  que  des  entonnoirs  à  longs  tuyaux , 
pour  introduire  des  liqueurs  dans  des  cornues 
fans  falir  leurs  cols,  &c.  &c.  On  trouve  ces  inf- 
truments chez  les  faifeurs  de  thermomètre*. 
Acier  Perica ,  qui  demeure  rue  Saint  Antoine  * 
eft  un  des  meilleurs  ouvriers  dans  cette  partie. 

Nous  nous  difpenferons  d'entrer  dans  le  détail 
d'une  infinité  de  petits  objets  que  le  befoin  indi- 
que fuffifamment ,  tels  qu'un  réfervcyr  de  plomb , 
ou  une  fontaine  de  grès  \  vieux  lingespour  luter 
&  efluyer ,  linge  de  coutil  pour  la  prefle  $  ficelle» 
bouchons ,  fable  ,  Se  grès  égruge.  Ce  font  les 
Tome  I.  k 


Chandeliers  oui  venderi  t  à,  Paris  ces  dernières  fub- 
ft&nces.  Ronds  de  nattes  de  différentes  grandeurs, 
pour  pofer  les  vaifleaux  de  verre  qui  n  ont  point 
le  cul  plat.  Les  Narciers  font  ces  ronds  de  nattes, 
que  Ton  nomme  valets  dans  les  laboratoires.  Des 
boîtes  de  différentes  grandeurs  j  fourneaux  de 
lampe  :  ce  font  les  Ferblantiers  qui  les  fîjbri* 
quent ,  &c.  &c. 


VOCABULAIRE 

De  plujîeurs   termes  de  Chymie. 

À, 

Ane  à  est  eft  le  nom  que  quelques  Àlchymifte* 
ont  donné  pour  exprimer  un  diiîolvant  univerfel* 
Les  Àlchymiftes  a  voient  imaginé  pouvoir  produira 
un  femblable  menftrue  i  &  qui  rue  propre  à  dif- 
foudre  indiftinâement  tous  les  corps  de  la  Na- 
ture j  ils«pnt  donné  à  ce  prétendu  menftrue  le  nom 
jfaftueux  d'alkacjl  ou  de  dijjolvant  univerfsl.  Cô 
diflblvant  univerfeleft  un  problême  qui  peut  être 
mis  dans  la  clafle  de  ceux  au  verre  malléable ,  de 
la  tranfmutation  des  métaux  ,  du  mouvement 
perpétuel  >  Sec.  Les  différents  corps  font  pourvus 
de  propriétés  qui  font  relatives  à  leur  nature  ;  il 
faut  à  ces  corps  des  diffolvants  différents*  tyan- 
helmont  a  donné  au  nitre  fixé  par  les  charbons, 
le  nom  à'alkaejl  >  pareeque  cet  Àlchymifte  croyoic 
que  ce  fel  étoit  un  diflblvant  univerfel. 

Alkalescent*  On  donne  ce  nom  a  des  fub~ 
fiances  légèrement  alkalines  ,  ou  à  celles  qui  1* 
deviennent  en  éprouvant  le  mouvement  de  pu-» 
tréfaâion  ,  8c  qui  commencent  i  exhaler  une 
odeur  d'alkati  Volatil. 

Alxalisé.  Ceft  donner  des  propriétés  alkali- 
nes à  des  fubftancefrqui  n'en  avoienr  point ,  telles 
que  le  nitre  qu'on  fait  détonner  avec  une  ma- 
tière inflammable  y  l'acide  nitreux  fe  détruit ,  H 
refte  la  bafe  alkaline  de  ce  fel.  Il  en  eft  de  même 
du  tartre  qu'on  fait  brûler  j  1 acide  de  cette- fub- 

kij 


cxlviij  Vocahulaire. 

tance  fe  détruit  par  la  cômbuftiôn,  &  il  refteun 
fel  alkalifixe  :  l'opération  qui  produit  cet  effet  fe 
nomme  alkalifcr  &  alkalifatïon. 

AtKooL.  On  donne  ce  nom  à  des  poudres 
réduites  dans  l'état  de  la  plus  grande  ténuité. 

On  donne  auffi  ce  nom  a  de  l'efprit  de  vin  rec- 
tifié autant  qu'il  peut  l'être.  Boerhaave  employoit 
le  terme  d'alkool  pour  défigner  le  principe  in- 
,  flammable  le  plus  pur  &  réduit  à  fon  plus  grand 
degré  de  (implicite.  • 

Alliage.  C'eft  l'union  des  différentes  matières 
métalliques  les  unes  avec  les  autres. 

La  fufion  des  métaux  eft  une  condition  abfolu-, 
ment  néceffaire  pour  l'union  des  matières  métal- 
liques ,  mais  elle  ne  fuffit  pas  pour  toutes  :  par 
exemple ,  le  plomb  &  le  zinc ,  ou  le  plomb  &  le 
cobalt ,  ou  le  régule  d'antimoine  &  le  mercure  , 
&c.  ne  s'uniffènt  point  par  ce  feul  moyen. 

Les  fubftances  métalliques  qui  peuvent  s'unir 
par  la  fufion ,  fournirent  des  alliages  qui  ont 
des  propriétés  différentes  des  métaux  pris  féparé- 
ment.  Les  alliages  métalliques  ont  moins  de  duc- 
tilité que  les  métaux  en  particulier  ;  ils  font  auflî 
pour  l  ordinaire  d'une  pefanteur  fpécifique  plus 
grande  que  les  métaux.  Cet  effet  provient  de  ce 
que  les  métaux  fe  pénètrent  mutuellement ,  & 
que  leurs  patties  fe  logent  réciproquement  dans 
les  pores  cL  ces  mêmes  métaux. 

Amalgame.  C'eft  l'union  que  peut  former  le 
mercure  avec  les  fubftances  métalliques. 

A*yr*.  Les  Chymiftes  &  les  Naturaliftès  dé- 
signent par  ce  terme  les  fubftances  infufiblés ,  & 
qui  n'éprouvent  aucune  altération  de  la  part  du 


Vocabulaire.  cxlix 

plus  grand  feu  que  l'on  puifTe  produire  dans  nos 
fourneaux.  Voye^  Réfraâaires. 

Athanor  eft  un  fourneau  ordinaire  y  à  côté 
duquel  on  pratique  au-defïus  du  foyer  une  tour 
dans  laquelle  on  met  une  provifion  de  charbon 
noir  bien  enfermé.  Ce  charbon  tombe  i  mefure 
que  cela  eftnéceflaire  dans  le  foyer  du  fourneau, 
à  l'aide. d'un  plan  incliné  qu'on  a  difpof£  au  bas 
de  la  tour  &  dans  fon  intérieur.  On  a  imaginé 
ce  fourneau  afin  de  n'être  point  aflujetti  à  mettre 
du  charbon  à  tout  moment  j  l'origine  de  fon  nom 
vient  de  piger  henricus  y  fourneau  des  parefleux. 
Ce  fourneau  a  toutes  fortes  d'inconvénients  :  le 
charbon  ne  tombe  pas  ,  ou  tombe  en  trop  grande 
quantité  j  &  il  eft  difficile  d'avoir  un  feu  égal , 
quoiqu'il  ait  été  imaginé  pour  produire  cet  effet, 

B, 

Bains.  On  nomme  baïn%  y  différentes  fuh- 
ftances  qui  fervent  de  milieu  pour  recevoir  la 
chaleur  immédiate ,  &  pour  la  tranfmettre  d'une 
manière  plus  douce  aux  corps  plongés  ou  placés 
dans  le  centre  de  ces  fubftances.  Les  matières 
qu'on  emploie  le  plus  ordinairement  font  l'eau  & 
le  fable. 

•  Lorfqu  on  plonge  dans  de  l'eau  le  vafe  qui 
contient  les  fubftances  fur  lesquelles  on  opère  , 
cet  appareil  fe  nomme  bain+maric.  Comme  l'eau 
qui  a  fa  liberté  de  s'évaporer ,  ne  peut  recevoir 
qu'un  degré  de  chaleur  déterminé ,  on  tranfmet 
par  fon  moyen  un  degré  de  chaleur  toujours  égal. 
Voye^  mes  Eléments  de  Pharmacie  3  à  l'article 
Alambic  àbain-marie;  page  il  ,  croifieme  édi- 
tion. 

k  iij 


cl  Vocabulaire, 

Si  le  vafe  ne  reçoit  de  la  chaleur  que  par  la 
vapeur  de  l'eau ,  l'appareil  porte  le  nom  de  bain 

4e  vapeurs. 

On  nomme  bain  de  fable  j  Pappareil  où  le  vaiA 
feau  eft  renfermé  dans  du  fable.  Ce  bain  eft  em* 
ployé  pour  tempérer  l'a&ivité  du  feu  nud  ;  mais  , 
comme  le  fable  peut  prendre  tous  les  degrés  de 
chaleur  qu'on  veut  lui  appliquer  >  on  peut  regar-> 
der  la  chaleur  du  bain  ae  fable  égale  à  celle  du 
/eu  nud.  Le  fable  a  feulement  l'avantage  de  re- 
tenir les  vaifleaux  dans  la  fituation  où  on  les  a 
placés ,  &  d'empêcher  un  peu  leur  affaiffement , 
s'ils  viennent  à  fe  ramollir  par  la  violence  du 
feu, 

tes  Akbymiftes  ont  imaginé  beaucoup  de  bains 
inutiles,  tels  que  de  cendres,  de  limaille  de 
fer ,  &ç.  Toutes  ces  matières  ne  remplirent  pas 
mieux  que  le  fable  les  indications  qu'on  fe  pro- 
pofe ,  &  ne  méritent  abfolument  aucune  préfé* 
jence. 

Le  bain  de  fumier  qu*on  nomme  aaffi  bain  de 
ventre  de  cheval  j  eft  un  bain  imaginé  par  les  AU 
chymiftes  ,  qui  ne  vaut  pas  le  bain-mane  :  le  bain 
de  fumier  çonftfte  i  placer  dans  un  (as  de  fumier 
un  matras  qui  contient  les  fubftances  qu'op  veut 
faire  digérer  à  une  chaleur  douce.  Le  fumier  ne 
fournit  pas  une  chaleur  égale  \  elle  eft  force  au 
commencement  de  la  fermentation  des  matières 
végétales  a  &  foible  &  même  nulle  fur  la  fin. 

B.ase.  On  donne  eommuHlm&nt  le  nom  de 
ffafc  à  l'une  de  deux  fubftances  unies  Se  combi- 
nées ,  qui  donne  du  corps  &  de  la  folidité  i  celle 
qui  n'en  n'a  point,  comme  cela  fe  rencontre  dan$ 
U$  tels  neuves  compofés  dalfcilis  fixes  ,  qu  de  ro4« 


Vocabulaire.  clj 

tal  ,  ou  de  terre  :  on  dit  alors  bafe  alkaline  >  bafe 
métallique  y  bafe  terr*ufey  pareeque  ces  fubftances, 
en  fe  combinant  avec  les  acides ,  leur  donnent 
du  corps  &  de  la  folidité. 

Boc  aud  fe  dit  des  machines  propres  à  piler  les 
mines  dans  les  travaux  en  grand  :  ce  font  des  pi- 
lons mus  dans  des  mortiers  à  l'aide  d'un  courant 
d  eau. 

C. 

• 

Candéfaction  fe  dit  de  l'aâion  par  laquelle 
on  fait  rougir  par  l'aâion  du  feu  ,  un  corps  qui 
ne  contient  pas  aftez  de  matières  combuftibles 
pour  qu'il  puiffe  fubfifter  dans  cet  état  j  il  ne  peut 
refter  rouge  qu'à  l'aide  d'un  feu  étranger  qu'on 
lui  applique. 

Caput  mortuum  :  voye\  Réfidu. 

Circulation  fe  dit  de  l'attion  par  laquelle 
une  liqueur  enfermée  dans  un  vaiiïeau ,  s'élev- 
dans  la  partie  fupérieure ,  &  retombe  contiftuele 
lemeftt  dans  le  même  vaiiïeau.  Ces  opérations  fe 
font  dans  des  vaiffeaux  de  rencontre,  dansdei 
pélicans  ,  &c,  Elles  fe  pratiquent  pour  ouvrit 
ou  pour  combiner  plus  intimement  desfubftances 
enfemble.  Les  Alchymiftes  font  beaucoup  d'ufage 
de  ces  opérations ,  &  elles  font  peut-être  trop 
négligées  dans  la  Chymie. 

Coagulum.  Efpece  de  gelée  provenant  d'nn* 
ou  de  plafieurs  liqueurs  qu'on  mêle  enfemble.  On 
nomme  coagulum  le  caillé  du  lait.  Le  mélange  de 
rhuile.de  chaux  &  de  l'alkali  fixe  en  liqueur  forme 
un  magma  épais  que  Ton  nomme  coagulum. 

On  dit  quelquefois  qu'un  fel  fe  coagule ,  pou£ 

k  iv 


clij  Vocabulaire, 

dire  qu'il  fe  cryftallife;  cette  expreffion  eft  air 

chymique. 

Cohobation.  Opération  par  laquelle  on  dis- 
tille une  liqueur  fur  le  marc  refté  dans  l'alambic. 
Cette  opération  fe  fait  lorfque  la  fubftance  fixe  , 
foumife  à  l'a&ion  de  la  liqueur  diftillée,  n'a  pas 
jeté  fuffifamment  pénétrée  par  une  première; diftil- 
lation.  Cette  opération  produit  à  peu  près  le  même 
effet  que  la  circulation ,  mais  elle  en  diffère  à  cer- 
tains égards.  Voyt-^  ce  mot. 

Condensation.  On  entend  par  ce  mot  le 
rapprochement  des  parties  d'une  fuoftance  dilatée. 
De  l'eau  réduite  en  vapeurs  eft  de  l'eau  dilatée* 
JLorfque  le  froid  oblige  fes  parties  à  fe  rapprocher, 
elles  fe  condenfent ,  occupent  moins  d'efpace  $c 
fe  réduifent  en  eau  :  on  dit  alors  que  les  vapeurs 
4e  l'eau  fe  font  condenfies. 

P. 

Décantation.  Opération  par  laquelle  on  fé- 
pare  une  liqueur  de  deffus  un  dépôt  ou  un  marc. 
On  décante  une  liqueur  en  la  verfant  doucement 
Se  par  inclination* 

Départ.  On  entend  par  ce  mot  la  féparation 
de  l'or  d'avec  de  l'argent  par  le  rhoyen  de  l'eau 
forte,  à  l'effet  de  connoîtrè  le  titre  de  l'or  j  il  eft 
preferit  par  lesOrdonnances  d'allier  l'or  avec  trois 
parties  d'argent.  Voye-^  Inquart.  Si  l'or  étoit  moins 
allié ,  il  défendroit  une  partie  de  l'argent  de  l'ac-» 
tion  du  diffolyant ,  S<  le  départ  ne  ferqiç  point 
*xa£t. 

Digestion.  Séjour  d'une  liqueur  fur  une  fub- 
ftance renfermée  dans  un  yaiffeau  clos >  tel  qu'un 


Vocabulaire.  diif 

matras.  La  digeftion  fe  fait  à  froid ,  ou  à  la  cha- 
leur du  foleil,  ou  à  celle  d'un  bain  de  fable  chauffé 
modérément.  Cette  opération  fefait  pour  extraire 
ou  pour  diflbudre  quelques  fubftances  à  l'aide 
d'une  liqueur. 

Dureté.  Qualité  qu'ont  certains  corps ,  8c  qui 
confîfte  dans  la  difficulté  qu'ils  ont  à  fe  laiffer en- 
tamer ,  ou  dans  la  réfiftance  qu'ils  oppofent  à  la  ré- 
paration de  leurs  parties.  Il  y  a  une  grande  variété 
entre  les  corps  pour  raifon  de  leur  dureté  :  il  n  y  i 
point  de  corps  qui  ait  une  dureté  abfolue.  Cette 
propriété  n'appartient  vraifemblablement  qu'aux 
molécules  primitives  des  éléments.  Il  eft  difficile 
de  connoître  la  caufe  de  la  dureté  des  autres  corps  ; 
cette  propriété  n'eft  point  en  raifon  compoféede  là 
compacité  ni  de  la  ténacité  de  leurs  parties.  L'or 
eft  le  corps  le  plus  pefant,  &  celui  dont  les  par- 
ties ont  le  plus  de  ténacité ,  &  il  n'eft  point  le 
plus  dur. 

Les  corps  les  plus  aigres  &  les  plus  caflants  pa- 
roiflent  être  les  plus  durs ,  cependant  les  demi- 
métaux  qui  ont  ces  propriétés  ne  font  pas  les 
corps  les  plus  durs.  L  acier  trempé  eft  fort  aigre 
&  fort  catfant,  il  eft  auffi  le  plus  dur  parmi  les 
matières  métalliques  ;  mais  if  n'eft  pas  le  plus 
dur  des  corps  de  la  Nature  :  une  lime  bien  trempée 
ne  fait  point  de  trace  far  le  diamant. 

Les  corps  les  plus  durs  font  dajis  la  clafTe  des 
pierres  vicrifiables  ;  mais  celles  qui  font  les  plus 
pures  ne  fout  pas  les  plus  dures  :  le  cryftal  de  roche 
qui  eft  la  terre  vitrifiable  la*  plus  pure  -,  parce- 
qù'elle  n'éprouve  aucune  altération  de  la  part  du 
feu  ,  n'eft  pas  (i  dur  que  le  diamant.  Le  caillou 
ou  pierrç  à  fufil ,  qui  n'eft  pas ,  à  beaucoup  près , 


cliir  VocabuUàrt. 

une  pierre  auflî  pure  que  le  cryftal  de  roche  ,  eft 
plus  dur  que  lui  ;  il  raie  cette  dernière  fubftance , 
Se  le  cryftal  de  roche  ne  peut  rayer  la  pierre  à  fufil 
noire*  On  peut  juger  de  la  dureté  d'un  corps  par 
la  facilité  qu'il  a  à  rayer  les  autres  :  la  pierre  à  fufil 
noire  raie  &  entame  tous  les  corps.  11  n'y  a  peur- 
être  dans  la  Nature  que  le  diamant  qui  foit  plus 
dur  que  la  pierre  à  fufil  noire.  Si  le  diamant  eft  le 
corps  le  plus  dur ,  comme  on  doit  le  préfumer,  & 
après  lui ,  la  pierre  à  fufil  noire ,  la  dureté  des 
corps  n'eft  point  en  raifon  de  leur  pureté  ,  puit 
que  le  diamant  &  le  caillou  ne  font  pas  les 
pierres  les  plus  pures  :  cette  propriété  n'eft  pas 
non  plus  en  raifon  de  leur  pelanteur  fpécifique  , 
puifque  les  métaux  qui  font  les  corps  les  plus  pe- 
lants, font  moins  durs  :  enfin  la  dureté  des  corps 
n'eft  point  en  raifon  de  la  ténacité  des  parties  , 
puifque  l'or  qui  eft  le  corps  le  plus  tenace  ,  neft 

Î>as  le  plus  dur.  Il  y  a ,  comme  on  voit ,  une  belle 
iiite  d'expériences  à  faire  pour  connoîrre  lacanfe 
de  la  dureté  des  corps.  Tout  ce  que  l'on  peur  dire 
de  plus  général  quant  à  préfent ,  eft  qu'il  paraît  que 
la  dureté  dépend  beaucoup  de  l'arrangement  & 
de  la  figure  des  molécules  primitives  8c  con Si- 
tuantes des  différents  corps ,  fur  lefquelles  il  eft 
difficile ,  &  peut-être  impoftible,  d'acquérir  quel* 
ques  connoiflances. 

E. 

Edulcorer.  C'eft  adoucir  une  fubftance  en  fé- 

{>arant  ?>  par  le  moyen  d'un  lavage  avec  de  l'eau  , 
es  matières  falines  quelle  contient ,  comme  lorf- 
qu'on  lave  un  précipité  terreux  ou  métallique  pour 
le  débarraffer  des  îels  avec  lefquels  il  eft  mêlé. 

Effervescence.  Mouvement  qui  fe  produit 


Vocabulaire.  clv 

dans  une  liqueur ,  &  par  lequel  elle  augmente  ae 
volume  fans  augmenter  de  poids,  &  dans  laquelle 
il  fe  produit  une  ébullîrion.  L'efFervefcence  eft 
ordinairement  occafionnée  par  de  l'air,  ou  par 
quelque  liquide  réduit  en  vapeurs  qui  s'échap-* 
pent;  l'un  &  l'autre,  quoique  dégages ,  confer- 
vent  un  peu  d'adhérence  avec  la  mafle  :  en  fe 
diflîpant ,  ils  foulevent  cette  mafle  plus  ou  moins, 
&  produifent  le  gonflement  ou  on  obferve.  Du 
lait  fur  le  feu,  qui  augmente  de  volume  ,  eft  en 
effervefcence. 

Effervcfcencc  fe  dit  aufli  du  mouvement  &  du 
gonflement  qui  s'exciy  entre  deux  liqueurs  qui 
le  combinent ,  comme  lorfqu  on  verfe  un  acide 
fur  un  alkali ,  ou  lorfqu  on  fait  diflbudte  une 
fubftance  feche  par  un  acide.  L'eftervefcence  eft 
ordinairement  accompagnée  de  chaleur ,  mais  pas 
toujours  :  nous  verrons  dans  le  cours  des  opéra-r 
rions  qu'il  y  a  des  effervefcences  qui  produifent 
du  froid.  Les  effervefcences  font  fuivies  de  petits 
jets  de  liqueur  qui  font  occasionnés ,  comme 
nous  venons  de  le  dire ,  par  l'air  ou  par  quelque* 
fubftances  réduites  en  vapeurs,  &  fouvent  par 
tous  les  deux  en  même  temps. 

F. 

Fuliginosité.  On  nomme  ainfi  une  fuie  lé- 
gère qui  s'attache- aux  corps  froids  (bus  la  forme 
«'une  fleur ,  pendant  la  corabuftion  des  matières 
huileufes.  On  nomme  fuligincfitd méialliqu*  une 
fuie  légère  qui  fe  forme  également  pendant  ta 
combuftion  des  fubftances  métalliques. 

G. 


egere  qu 
jftion  de 

Grahoter.  Ceft  rwlnire  en  grenaille*  ou  mer 


clvj  Vocabulaire. 

nues  parties  un  métal  fondu.  On  te  coule  pour  cet 
effet  doucement  dans  de  l'eau  ,  &  on  s'épargne 
par  ce  moyen  la  peine  de  le  limer  ou  de  le  couper, 
par  petits  morceaux. 

I. 

Incandescence  eft  la  même  chofe  que  candé- 
fadfcion  :  voyt\  ce  mot. 

Inquart  ou  Quartation.  Opération  par  la- 
quelle on  ajoute  à  de  l'or  déjà  allié  d'argent  ,  une 
nouvelle  quantité  de  ce  dernier  métal ,  pour  que 
l'or  fe  trouve  faire  le  quart  du  poids  de  l'argent  : 
l'acide  nitreux ,  par  ce  mojfcn ,  attaque  plus  faci- 
lement l'argent.  On  fait  ce  mélange  pour  connoî* 
tre  le  titre  de  l'or  par  le  moyen  du  dcpart  :  voye\ 
Départ. 

L. 

Lut  hermétique.  Opération  par  laquelle  on 
ferme  à  la  lampe  d'Emailleur  le  col  d'un  vâifleau 
de  verre  :.  ce  lut  n'en  eft  point  un ,  c  eft  une  con- 
tinuité du  même  vâifleau.  Cette  manière  de  fer- 
mer les  vaifleaux  vaut  mieux  que  tous* les  luts 
quelconques.  Le  nom  hermétique  lui  a  vraifem* 
blablement  été  donné  à  caufe  du  Phiiofophe  Her- 
mès qui  en  faifoit  beaucoup  d'ufage  dans  fes  opé- 
rations alchymiques. 

On  dit  auffi  fceller  hermétiquement  pour  défi- 
gnerl'aâion  de  fermer  à  la  lampe  d'Emailleur  les 
vaifleaux  de  verre. 

M. 

Macération.  Cette  opération  confifte  à  faire 
tremper  des  fubftances  ,  foit  à  froid ,  foit  à  une 
douce  chaleur,  dans  une  liqueur ,  pour  les  ramol- 


Vocabulaire.  dvlj 

lit ,  les  ouvrir ,  les  pénétrer  ,  ou  pour  extraire 
quelque  principe  prochain. 

Menstrub.  C'elt  le  nom  ordinaire  que  Ton 
donne  à  une  liqueur  qui  peut  difToudre  en  eiftier, 
ou  aui  peut  extraite  feulement,  certaines  fubftan- 
ces  d'un  corps.  Les  menftrues  fervent  à  analvfer 
les  corps,  &  on  adonné  à  l'ahalyfe  faite  par  leur 
fnoyen  le  nom  àLanalyft  pat  les  menftrues.  Com- 
me les  corps  qu'on  peut  analyfer  varient  à  l'in- 
fini, les  menftrues  qu'on  peut  employer  fonc 
auffi  de  différente  nature.  Les  menftrues  font 
l'eau,  l'efprit  devin,  les  huiles,  les  acides  mi* 
néraux  &  végétaux,  les  fels  alkalis  fixes  &  vo- 
latils ,  les  favons ,  &c.  &c.  Des  corps  folides 
font  fouvent  employés  comme  menftrues  \  mais 
il  eft  quelquefois  nécefïàire  de  les  faire  entrer 
en  fufion ,  &  de  les  mettre  dans  l'état  de  flui- 
dité, pour  qu'ils  puiiTent  agir  fur  les  corps  qu'on 
leur  préfente ,  tels  que  le  plomb  qu'on  emploie 
pour  féparer  l'argent  uni  au  cuivre ,  comme  cela 
le  pratique  dans  l'opération  qu'on  nomme  liqua- 
tion.  Les  menftrues  fecs  &  folides  S'emploient 
ordinairement  par  la  voie  feche ,  comme  les  al- 
kalis fixes,  auxquels  on  veut  faire  difToudre  des 
matières  terreufes  ;  ces  menftrues  ne  pourroient 
difToudre  ces  fubftances  autrement. 

R. 

Rectification.  Procédé  par  lequel  on  faitfu- 
bir  à  une  fubftance  une  opération  qu'elle  a  déjà 
éprouvée ,  afin  de  la  réduire  dans  un  plus  grand 
degré  de  pureté  :  telle  qu'une  liqueur  qui  a  déjà  • 
étediftillée,  8c  qu'on  diftil le  une  féconde  fois $ 
ou  une  fubftance  déjà  fublimée  qu'on  fait  iubli- . 


etvit)  rocakutàiti. 

merde  nouveau;  un  fiel  cryftallifc  qu'on  diftocft 
dans  de  Peau ,  &  qu'on  fait  recryftallifer,  &c.  Ces 
opérations  fe  font  àdetfein  de  purifier  les  liqueurs 
pour  les  obtenir  plus  fpiritueufes ,  ou  pour  dé- 
barraffêr  les  fels  fublimes  ou  cryftallifés  des  fub* 
(tances  étrangères  qui  pouvoient  altérer  leur  pu- 
reté, 

Réfractairis  Te  dit  des  corps  infufiWes  ait 
plus  grand  feu  que  l'on  puifle  produire  dans  des 
Fourneaux,  mais  qui  peuvent  éprouver  ou  ne 
point  éprouver  d'altération*  La  terre  calcaire ,  par 
exemple,  eft  réfraâaire ,  parcequ'elle  eft  infufi- 
ble  :  mais  elle  n'eft  point  apyre ,  parcequ'elle 
éprouve  des  altérations  de  ta  partdu  teu  ;  diftinc- 
non  très  lumineufe  que  M.  Macqver  fait  dans  ion 
EK&ojihairede  Chymie. 

Résiov.  On  donne  ce  nom  aux  matières  oui 
reftem  aptes  les  opérations.  Les  anciens  Chymiftes 
donnaient  i  ces  mêmes  fubftances  les  noms  de 
captât  mortaum  &  de  ttrrts  damnées  ;  ils  enten- 
doient  défigner  par  ces  dénominations  des  fub- 
ftances  qui  ne  pouvoient  rien  fournir  davantage. 
Mais  les  Chymiftes,  par  ce  mot ,  défignent  feu- 
lement les  matières  qui  reftent  après  les  opéra- 
tions. Les  réfidus  font  fouvent  chargés  de  fub- 
ftances  qui  font  plus  eflentielles  à  connoître  que 
les  produits  des  opérations  mêmes. 

Registre*.  On  nomme  aiufi  de  petites  ou* 
vertutes  qu'on  pratique  auront  des  fourneaux , 
ôc  qu'on  bouche  avec  des  bouchons  de  terre  cuite , 
dans  le  de(Tein  de  partager  le  courant  de  Pair ,  & 
de  diflxibuer  la  chaleur  plus  également  :  mais  on 
fupprime  aujourd'hui  lesregi&es  des  fourneaux, 


Vocabulaire.  clit 

pârcequ  ils  ne  produifent  pas  l'effet  qu  on  en  at- 
tendent. 

S. 

Sang  vë  Salamandre.  La  falamandre  eft 
un  animal  fabuleux  que  Ton  dit  pouvoir  vivre 
dans  le  feu.  Les  Alchymiftss  ont  nomme  fang 
dcfalamandrc  l'acide  nitreux  qui  fe  réduit  en  va- 
peur rouge  pendant  les  opérations  ;.  mais  ces  dé- 
nominations allégoriques  ne  fervent  qu'à  voiler 
leur  ignorance. 

Stràtifier.  Ceft  placer  lit  fur  lit  dés  fub- 
ftances  de  différente  nature ,  dont  Tune  doif 
porter  fon  adtionfur  l'autre  :  lorfqu'on  veut ,  par 
exemple ,  convertir  le  fer  en  acier ,  on  met  alter- 
nativement une  couche  de  cément  &  une  couche 
de  barreaux  de  fer  j  ce  que  Ton  continue  jufqu'i 
ce  que  le  vaiflèau  foit  rempli. 

V. 

Volatil.  On  nomme  corps  volatils  ceux  qui 
ont  la  propriété  de  fe  diflîper  par  l'aftion  du  feu* 
11  y  a  une  grande  diverfité  parmi  les  fubftances 
qui  ont  cette  propriété.  Il  y  a  des  corps ,  comme 
l'efprit  volatil  de fel  ammoniac,  i'éthèr,  Pefprit 
de  vin ,  certaines  huiles  très  re&ifiées ,  qui  fe 
diffipentfans  le  fecours  d'aucune  chaleur ,  même 
à  une  température  de  froid  très  coniidérable.  Il 
paroît  qu'il  feroît  difficile  de  déterminer  à  quelle 
température  de  froid  ces  liqueurs  cefleroient  de 
s'évaporer  j  elles  s'évaporent  même  plus  rapide* 
ment  lorsqu'elles  font  expofées  à  un  air  très  froid  , 
que  lorfqu'elles  font  expofées  à  un  air  tempéré. 


cbc  Vocabulaire. 

L'état  fec  de  l'air  contribue  beaucoup  à  leur  éva- 

poration. 

Il  y  a  des  corps  au  contraire  qui  ne  peuvent  fe 
diffiper  p^r  la  chaleur  qui  règne  ordinairement 
dans  l'air  ;  il  faut  leur  appliquer  utie  chaleur  plus 
forte.  Les  uns  s'évaporent  au  degré  de  chaleur 
de  l'eau  bouillante  \  telles  font  les  fleurs  de  ben- 
join t  d'autres  ne  peuvent  fe  diflioer  qu'à  un  de- 
gré de  chaleur  fupérieur.  Enfin  il  y  en  a  cjui  ne 
Eeuvent  s'évaporer  que  lorsqu'ils  font  rougis  i 
lanc. 


CHYMIE 


'         jBBSBsssssesàasxatsBsstssssssssssssssam 


C  H  Y  M  I  E 

EXPÉRIMENTALE 

S  T 

RAISONNÉ  E> 


Introduction  a   la  Chymil 

L  A  Chymie  eft  urte  fcience  fondée  fur  l'expo 
rience  ;  elle  a  pour  objet  l'analyfe  ou  la  décom- 
poûcion  de  tous  les  corps  de  la  Nature ,  &  la  com- 
binaifon  de  tous  ces  corps,  ou  de  leurs  principes  * 
les  uns  avec  les  autres ,  pour  former  de  nouveau* 
corapofés. 

Plufïeurs  Chymiftes  habiles  font  entrés  dans 
de  très  grands  détails  pour  faire  connoître  toute 
l'utilité  de  cène  fciencê  dans  les  arts  :  en  effet  > 
elle  en  a  fourni  pluGeurs  à  la  fociété ,  dont  on 
auroic  beaucoup  cfe  peine  à  fe  palier  aujourd'hui j 
tels  que  ceux  de  la  verrerie ,  de  la  fonte  des  mi- 
nes &  des  métaux.  La  Chymie  porte  tous  les  jour* 
fon  flambeau  dans  le&  arts  qui  font  de  fon  ref- 
fort  :  elle  en  perfectionne ,  &  elle  en  crée  mémo 
de  nouveaux.  Ses  objets  d'utilité  font  tour  aulfî 
étendus  dans  la  iPhyfîque  expérimentale  &  dans 
l'Hiftoire  Naturelle,  Nous  ne  noui  arrêterons  paa 
Tome  /.  À 


2  ChYMIB   EXPÉRIMENTAL! 

davantage  fur  cette  matière  ,  afin  de  ne  point 
groflir  cet  ouvrage  de  chofes  qui  né  font  que  de 
pure  curiofité. 

Objet  de  ta  Ckymie. 

L'objet  de  la  Chymie  eft  eflentieliement  de 
reconnoître  la  nature  &  les  propriétés  des  corps 
naturels.  Mais  avant  de  nous  occuper  de  cet 
objet,  il  convient  de  jetter  un  premier  coup-d'œil 

fénéral  fur  les  différents  corps  que  nous  offre  la 
fanire. 
Les  Chymiftes  &  les  Naturaliftes  font  conve- 
nus de  divifer  d'abord  tous  les  corps  naturels  en 
trois  grandes  clartés  qu'ils  nomment  règnes  ;  fa-* 
voir,  le  règne  minéral >  le  règne  végétal  *  &le 
règne  animal. 

Les  objets  qui  font  du  règne  minéral,  font 
tous  les  corps  que  la  Nature  produit  &  renferme 
dans  le  fein  dé  la  terre  :  ces  corps  n'ont  aucun 

i>rincipe  de  vie  ni  de  végétation  :  ils  font  abfo- 
ument  privés  de  toute  efpece  de  faculté  repro- 
ductive :  la  plupart  ont  feulement  une  forte  d'ar- 
rangement fymmétrique  ou  de  cryftallifation. 
Les  corps  de  ce  règne  font  les  minéraux  propre- 
ment dits ,  qui  fournirent  les  métaux ,  les  mé- 
taux eux-mêmes,  les  pierres,  les  fables,  les 
terres  de  toutes  efpeces ,  &c. 

Les  corps  du  règne  végétal  font  tous  ceux  qui 
végètent  a  larfurface  de  la  terre ,  &  qui  y  font 
attachés  par  des  racines  :  c'eft  par  ces  racines 
qu'ils  tirent  la  plus  grande  partie  de  la  nourriture 
propre  à  leur  accroiflement ,  mais  non  pas  toute , 
car  les  feuilles  &  les  tiges  en  tirent  auflï  de  l'air 
par  leurs  pores.  Les  végétaux  font  pourvus  de 
parties  propres  à  la  génération ,  &  fe  reproduifent 
par  le  moyen  dts  graines  j  ce  en  quoi  ils  différent 


1T     RAISONNÉ  E.  J 

des  corps  du  règne  minéral»  comme  nous  venons 
de  le  faire  obferver.  Les  corps  qui  appartiennent 
au  règne  végétal ,  font  les  arbres ,  les  plantes ,  les 
moufles ,  les  gommes ,  les  réfines  &  toutes  les 
fubftances  qui  en  dépendent.  Les  végétaux  ont 
une  forte  dévie ,  un  principe  de  mouvement  qui 
eft  fuffifaht  pour  élaborer  &  perfe&ionner  les 
fubftances  dont  ils  fe  nourriflent ,  &  pour  les 
*ffimiler  à  la  leur  propre.  Us  ont  même  la  faculté 
de  combiner  plusieurs  principes  ,  &  de  produire 
des  compofés  très  compliques  que  l'art  n'eft  pas 
encore  parvenu  à  imiter. 

Enfin ,  les  êtres  qui:  compofent  le  règne  animal , 
font  ceux  qui  ont  du  fentiment ,  la  faculté  de  fe 
mouvoir ,  d'agir,  de  faire  ufage  des  fens  dont  la 
Nature  les  a  doués,  de  fe  reproduire  &  de  veiller 
continuellement  à  leur  confervation  :  tous  les 
êtres  qui  ont  une  partie  ou  la  totalité  des  facultés 
dont  je  viens  de  parler ,  font  du  règne  animal. 

Si  les  végétaux ,  comme  nous  lavons  fait  re- 
marquer >  ont  la  propriété  d'élaborer  les  fub- 
ftances qui  fervent  a  leur  nourriture ,  les  animaux 
ont  la  faculté  d'élaborer  d'une  manière  bien  plus 
marquée ,  les  fubftances  qui  fervent  auffi  à  la  leur. 
Ils  changent  tellement  la  nature  des  ali&ents 
dont  ils  fe  nourrirent ,  que  la  plupart  des  fub- 
ftances 9  en  partant  dans  le  corps  animal  \  éprou- 
vent ,  pour  l'ordinaire ,  àes  changements  &  des  al- 
térations qui  les  dénaturent  au  poiflt  de  les  tendre 
méconnoiffables. 
Toutes  ces  facultés  des  végétaux  &  des  animaux, 
ui  produifent ,  dans  les  urls  &  dans  les  autres  ; 
es  effets  qui  ont  entre  eux  beaucoup  de  relfem- 
blance ,  ont  conduit  plufieur s  Phyficiens-à  trou- 
ver une  fîmilitude  parfaite  entre  ces  deux  règnes  : 
&  ce  n'eft  pas  tout-à-fait  fans  fondement  -,  car 

Aij 


! 


4  Chymie  expérimentais 

nous  verrons  dans  un  moment ,  que  lès  corps  de 
ces  deux  règnes  ont  encore  des  propriétés  chimi- 
ques qui  leur  font  communes.  Quoi  qu'il  en  foie, 
les  animaux  font  pourvus  de  fendaient  :  ils  font, 
par  cette  faculté  >  faciles  à  diftinguer  d'avec  cous 
les  autres  êtres  de  la  nature ,  qui  en  font  abiblu- 
menc  privés.  En  vain  voudroit-on  accorder  du 
fentiment  a  la  plante  que  Ton  nomme  Jenfitive, 
pareequ elle  laifle  pencher  les  feuilles  qu  on  tou- 
che ,  &  les  feuilles  voifines  de  celles  qui  font 
touchées.  Cet  effet  doit  plutôt  ctre  attribué  à  la 
difpofition  des  fibres  nerveufes  de  la  plante  , 
miles  en  jeu  par  un  mouvement  communiqué, 
&  peut-être  par  quelque  commotion  éleârique 
qu  on  n'a  pas  même  tenté  de  rechercher  dans  cet 
effet. 

Quelques  Naturalises»  ayant  remarqué  dans  la 
plupart  des  minéraux  un  arrangement  fymmétri- 
que,  une  cry  ftallifation ,  ont  cru  y  reconnoître 
une  organifation  à-peu-près  femblable  à,  celle 
des  végétaux  &  des  animaux.  Le  célèbre  M.  de 
fiufibn  (i)  croit  même  qu'on  peut  fe  difpenfer  de 
divifer  ainfi  en  trois  grandes  clafTes  les  corps  de 
la  Nature.  Il  penfe  qu'oiz  peut  de/cendre  par  degrés 
prefyue  infcnfiblcs  j  de  la  créature  la  plus  parfaite 
juj/ju\à  la  matière  la  plus  informe  y  de  l'animal 
le  mieux  organife  jufqtfau  minéral  le  plus  brut* 
M.  Bonnet  a  développé  cette  idée  dans  les  pre- 
miers chapitrai  de  fa  Contemplation  de  la  Nature. 
11  y  met  fous  les  veux  des  Leâeurs  un  tableau 
très  éloquent  de  la  chaîne  graduelle  des  êtres  : 
le  néant  eft  à  un  bout  de  cette  chaîne  j  l'exiftence 
infinie  occupe  l'autre* 

(i)  Dans  le  premier  volume  de  fan  excellent  Ouvrage 
fur  l'Hiftoirc  Naturelle ,  page  11  de  l'édition  x^fî. 


ET      RAISONNAI,  J 

Avant  ces  deux  célèbres  Ecrivains  ,  Hotaberg 
àvoic  cru  devoir  renoncer  à  la  divifion  commune  . 
des  productions  naturelles  en  trois  clafles.  On  Ut 
dans  les  Mémoires  de  F  Académie  (  année  i  yox , 
page  34  ) ,  que ce  Chymifte  les  réduifoit  à  deux  : 
i9.  les  matières  minérales  :  i°.les  matières  vé- 
gétales ,  dans  Ufquellcs ,  dit-il ,  nous  compren- 
drons auffi  les  animaux  ;  car  les  plantes  &  les  ani- 
fnaux  produifant  les  mêmes  principes  dans  les 
analyfesy  il ne  paroît  pas  qu'on  doive  en  faire  deux 
claffcs  différentes*  Auffi ,  il  m'arrivera  fouvent  de 
les  défigner  colledivemen t  fous  les  noms  de  corps 
organises  j  &  de  corps  combujlibles. 

L'idée  de  MM.  de  Buffon  &  Bonnet  eft  d'une 
philofophie  fublime  qui  faflTemble  fous  un  point 
de  vue  tous  les  êtres  de  la  Nature ,  pour  les  con- 
sidérer enfuite  d'un  même  coup  d'oeil. 

Mais  on  ne  peut  difconvemr  que  cette  diftri- 
bution  générale  des  corps  en  trois  règnes  ne  pa- 
reille toute  (impie  >  &  qu'elle  ne  fo*t  d'ailleurs 
trè&commode  pour  mettre  dans  nos  connoiflances 
un  ordre  qui  foulage  la  mémoire  duPhyficien, 
6c  l'œil  du  Naturalifte. 

Celui-ci  cependant ,  s*arrêtant  à  des  caractères 
extérieurs  pour  diftinguer  les  corps ,  peut  être 
fouvent  féduit  par  de  Mufles  apparences.  Le  Chy- 
mifte échappe  à  cette  iliufion  par  Partalyfe  à  la- 
quelle il  foumet  les  fubftances  qu'on  lui  préfente. 
Quelque  défigurées  qu'elles  puiffcnt  être  ,  il  les 
reconnoît  &  faifit  fur  -le  -champ le  fecret  de  Ta 
Nature.  Nous  ferons  donc,  fur  la  divifion  de^ 
trois  règnes,  plufieurs  remarques  qui  viendront  à* 
1  appui  du  fentiment  de  MM.  de-Buffon ,  Bonnet 
Se  Homberg. 

Tous  les  corps  organifés  (ont  effenriettement 
combustibles ,  &  font  aliment  du  feu,  parcequ'ils 

Aiij 


4  ChYMIH    EXPERIMENTALE 

font  les  feuls  qui  contiennent  une  fubftance 
grafle  &  vraiment  huileufe ,  qu'on  fépare,  pac 
,  Fanalyfe ,  des  matières  végétales  &  animales.  Au 
contraire*  tous  les  corps  qui  appartiennent  véri- 
tablement au  règne  minéral ,  ne  font  point  corn-- 
buftibles ,  tant  qu'ils  font  feuls  :  ils  ne  peuvent 
fervir  d'aliment  au  feu  :  ils  doivent  bien ,  à  la 
vérité ,  aux  corps  organifés  le  peu  de  fubftance 
inflammable  qu'ils  contiennent  \  mais  elle  n'eft 
plus  dans  l'état  huileux.  Les  corps  de  ce  règne 
ne  fournirent,  dans  toutes  les  opérations  ordi- 
naires de  la  Chymie ,  aucune  fubftance  huileufe. 
Les  matières  végétales  &  animales ,  en  féjournant 
dans  la  terre ,  louffrent  des  altérations  confidé- 
rables.  Cette  efpece  d'épuifement  les  fait  rentrer 
dans  le  caraâere  des  matières  purement  minera* 
les ,  tel  que  le  phlogiftique  qui  entre  dans  la 
compofition  des  métaux,  &  dont  l'origine  eft 
due  aux  matières  combuftibles.  Cette  obfervation 

Sue  je  jette  en  partant,  fera  difcutée  :  elle  con- 
rme  l'idée  des  Physiciens  que  j'ai  cités  plus 
haut. 

A  l'égard  des  matières  huileufes  &  des  bitumes 
qui  fe  trouvent  dans  plusieurs  endroits  de  la  terre, 
&  même  à  des  profondeurs  confidérables ,  ils 
doivent  leur  origine  aux  corps  organifés  qui  fe 
trouvent  accidentellement  au  fein  de  la  terre. 
Ce  font  les  débris  des  végétaux  &  des  animaux 
qui  ont  été  engloutis  par  de  grandes  révolutions 
qui  arrivent  cfe  temps  en  temps  à  la  furface  de 
.  .^îorre  globe. 

•  Il  refulte  de  ce  aue  nous  venons  d'expofer , 
qu'on  pourroit ,  1  la  rigueur ,  réduire  à  deux 
grandes  claffes  tous  les  corps  de  la  Nature  j  fa  voir, 
les  corps  organifés  &  les  minéraux.  Le  but  de  la 
Nature  eft  de  compofcr  Se  de  décompofer  :  elle 


ET     EAlSONviE.  J 

fait  prefque  toujours  ces  deux  grandes  opérations 
en  même  temps ,  &  dans  le  même  fujet.  Pour  y 
parvenir ,  elle  a  départi  aux  corps  organifés  la 
Faculté  de  compofer  toute  la  matière  combustible 
qui  exifte  fur  notre  globe ,  en  combinant  les  élé- 
ments d'une  manière  qui  leur  eft  propre ,  Se  y  z 
recelé ,  pour  ainfi  dire ,  la  plus  grande  partie  du 
feu  qui  nous  vient  du  foleil.    . 

La  terre  ouvre  aufli-tôt  fon  fein  pour  engloutir 
&  détruire  les  corps  organifés  qu'elle  a  fait  croître; 
elle  s'approprie  les  éléments  qui  fe  font  combinés . 
a  fa  furrace ,  pour  fe  les  diftribuer  à  fon  gré  :  tel 
eft ,  en  deux  mots ,  lefyftême  général  des  grandes 
opérations  de  la  Nature  ;  mais  toute  fut  prenante 
que  pourra  paroître  cette  idée ,  j'efpere  la  dé- 
montrer dans  tout  fon  jour  j  Se  faire  voir  en  fog. 
lieu  ,  que  c  eft  aux  corps  organifés  qu  on  doit  rap- 
porter le  fyftême  général  de  i'organifation  delà 
croûte  fuperficielle  du  globe ,  dans  laquelle  on  a 
pénétré. 

Nous  ferons  voir,  lorfque l'occafen  fe  pré- 
fentera  ,  les  petites  différences  que  l'analyfe 
fait  obferver  entre  les  végétaux  &  les  animaux  : 
il  fuffit  de  dire ,  guant  à  préfent  ,  que  les  mi- 
néraux qui  font  bien  véritablement  dans  l'état  - 
minéral ,  différent  des  corps  organifés ,  en  ce 
que  la  matière  combuftible  qu'ils  contiennent , 
eft  dans  l'état  de  ficcité  parfaite ,  &  non  dans  Té- 
tât huileux ,  comme  elle  fe  trouve  dans  les  corps 
organifés. 

Telles  font  les  propriétés  les  plus  générales  des 
fubftances  de  la  Nature,  qu'il  convenoit  de  faire 
d'abord  connoître ,  afin  d'éviter  un  plus  grand 
n<ftnbre  de  généralités  toujours  difficiles  à  faifit 
dans  les  commencements* 

A  iv 


ff  ChVMII   lïPBRlMENTiLE 

De  V Analyfe  ou  de  la  Dccompqficion  chymïqut 
des  corps* 

On  entend  par  analyfe  on  décompofïtion  chy* 
mique  des  corps ,  la  réparation  des  principes  qui 
conftiruept  les  corps  compofés. 

Les  fubftances  qu'on  fépare  des  corps  par  leurs 
analyfes ,  font  hétérogènes  entre  elles ,  &  ont  des 
propriétés  différentes  des  corps  d'où  on  les  a  fé- 
parées. 

Sur  quoi  noos  obfervons  que  la  divifion  mé- 
ehanique  qu'on  peut  faire  des  corps,  à  l'aide  des 
inftruments  tranchants  ou  contondants ,  eft  infuf* 
fifaote  pour  opérer  leur  décompofition  :  on  par- 
vient bien  à  les  réduire  en  molécules  très  déliées, 
jUeur  faire  préfenter  plus  de  furface  }  mais  il  eft 
impoffible ,  par  ces  moyens,  d'en  féparer  leurs  par- 
ties confirmantes.  Les  plus  petites  parties  non 
corps  très  divifé  ont  eflentieliement  les  mêmes 
propriétés  que  le  corps  avoit  avant  fa  divifion ,  ex- 
cepté celles  qui  peuvent  appartenir  à  fon  volume. 

Nous  pouvons  rendre  cela  fenfible  par  un  exem- 
ple ,  &  faire  voir  en  quoi  1  analyfe  diffère  de  la 
divifion  méchanique.  Suppofons  un  corps  com- 
pofé  d'argent  &  de  foufre.  L'argent  eft  un  métal 
très  fixe  au  feu  ;  le  foufre  eft  une  fubàance  très 
Volatile.  Si  l'on  expofe  ce  compofé  à  l'aéfcion  du 
feu ,  dans  des  vaifleaux  clos ,  te  foufre  s'élèvera 
feul  à  la  partie  fupérieure  des  vaifleaux ,  &  s'y 
attachera  ;  l'argent,  comme  fixe ,  reftera  au  fond 
du  vaifleau,  &  fera  abfolument  pur.  Ainfi  cela 
formera  une  véritable  analyfe  ,  ou  une  féparation 
des  principes  prochains  qui  compofoient  le  corps 
dont  nous  parlons,  puifqu'on  obtient  féparément 
les  parties  conftituantes  %  qui  font  le  foufre  & 
l'argent,  fans  qu'ils  aient  fubi  d'altération ,  & 


ÏT     EAISOKKÉH.  9 

^[tu  ont,  chacun  féparément ,  des  propriétés  diffé- 
Rentes  que  lorfqu'ils  étoient  unis. 

On  nomme  principes prochains  ceux  quon  fé- 
pare  des  corps  pendant  leur  analyfe ,  tels  que  ces 
principes  exiftoienr ,  fans  qu'ils  aient  foufFert  d'al- 
tération. Ces  mêmes  principes  prochains  peuvent 
ibuvent  être  eux-mêmes  décompofés  en  d'autres 
fubftances  ;  &  ces  fubftances  peuvent  encore  être 
décompofées  en  d'autres  fubftances  plus  (impies , 
&  cela  jufqu'à  ce  que  les  corps  foient  réduits  aux 
éléments  primitifs  dont  ils  font  essentiellement 
compofés.  C'eft  pour  cette  raifon  que  les  Chy- 
miftes  font  convenus  de  distinguer  en  principes 
prochains  i&  en  principes  primitifs ,  les  fubftances 
qu'on  fépare  des  corps  pendant  leur  analyfe.  Le* 
'  principes  prochains  peuvent  être  décompofés  pat 
des  opératipns  ultérieures  ;  mais  les  principes 
primitifs  ne  font  plus  fufceptibles  d'éprouver  de 
décomposition  ni  d'altération. 

Il  feroit  abfolument  impoflible  de  parvenir  3 
par  la  fimple  divifion  ou  pulvérifation ,  à  une 
femblable  décomposition.  Les  plus  petites  mo- 
lécules du  compofé  contiendraient  toujours  de 
l'argent  &  du  foufre  dans  les  mêmes  proportions 
qu'on  les  auroit  fait  entrer  dans  la  maffe. 

Ce  moyen  d'analyfer  les  corps  n'eft  pas  tou- 
jours efficace  pour  obtenir  leurs  principes ,  foit 
prochains ,  foit  primitifs  :  cela  vient  de  ce  que 
tous  les  corps  ne  font  ni  également  Simples ,  ni 
également  compofés ,  ni  auSfî  faciles  à  décom- 
pofer.  H  y  a,  fur  cet  objet»  une  variété  considé- 
rable. Il  y  a  même  plufieurs  corps  auxquels  il  eft 
abfolument  impoffible  de  caufer  la  moindre  alté- 
ration; ce  font  ceux  que  nous  examinerons  bien- 
tôt fous  le  nom  d'éléments  ou  de  principes  pri- 
mitifs des  corps. 


IO  ChYMIB    EXPERIMENTALE 

U  y  a  d'autres  fubftances ,  &  ce  font  les  corps 
organifés  >  qui  fpnc  fi  faciles  à  fe  dénaturer  >  que  > 
par  ce  moyen  d'analyfer,  il  eft  impoflible  de 
recueillir  leurs  principes  prochains,  tels  qu'ils 
exiftent  dans  ces  corps.  Us  fe  trouvent  tellement 
dénaturés,  après  unefemblable  analyfe,  qu'il* 
font  absolument  méconnoiflables.  Ces  difficultés 
ont  engagé  les  Chymiftes  à  chercher  d'antres 
movens  aanalyfer  les  corps ,  fans  leur  caufer 
d'altération  fenfible  :  &  c'eft  i  quoi  l'on  eft  par- 
venu i  l'aide  de  différents  menftrues  :  de  là  font 
venues  ces  diftinâions  d  analyfe  par  le  feu ,  & 
d'analyfe  par  l^s  menftrues. 

V analyfe  par  le  feu  eft  celle  où  Ton  fe  fert  de 
Fa&ion  immédiate  du  feu ,  pour  décompofer  les 
corps ,  comme  nous  venons  de  le  dire. 

V analyfe  par  les  menftrues  confifte  £  faire  palier 
fur  lesjcorps  qu'on  veut  analyfer ,  des  liqueurs  de 
différente  nature ,  propres  à  diiToudre  fucceffi-» 
yement  les  fubftances  qui  entrent  dans  la  compo* 
fition  des  corps.  Ce  moyen  s'emploie  avec  beau- 
coup de  fucces  pour  féparer  des  végétaux  &  des 
animaux  leurs  différents  principes  prochains ,  fans 
leur  caufer  d'altération  ienfible ,  fi  ce  n'eft  de  fe 
trouver  mêlés  avec  un  peu  du  menftrue  qu'on  * 
employé.  Un  exemple  va  donner  une  idée  claire 
de  l'analyfe  par  les  menftrues.  Suppofons  une 
plante  qui  contienne  de  la  gomme ,  de  la  réfine , 
du  fel  eflentiel ,  &c.  en  paffant  fuccefiivement 
fur  cette  plante  de  l'eau ,  de  l'efprit  de  vin  ,  de 
l'éthèr ,  &c.  on  l'épuifera  de  fes  principes  pro- 
chains. L'eau  diflbudra  les  parties  gommeufes  & 
falines  ;  l'efprit  de  vin  s'emparera  de  la  partie 
réfineufe ,  &  l'éthèr  diffoudra ,  d'une  manière 
plus  exaâe ,  cette  fubftance  réfineufe,  que  n'a- 
voit  pu  faire  l'efprit  de  vin  :  il  reftera  enfin  la 


ET      RAISONNÉ  1.  ir 

partie  ligneufe  du  végétal ,  qu'on  peut  achever 
d'analyfer  par  le  feu.  Il  y  a  encore  beaucoup  d'au- 
tres menftrues  qu  on  peut  employer  pour  cette 
efpece  d'analyfe  j  tek  font  les  acides  minéraux 
&  végétaux,  les  fels  alkalis  fixes  &  volatils,  les 
huiles  grafTes  &  essentielles ,  &c.  Le  choix  des 
menftrues  dépend  de  la  nature  du  corps  qu'on 
veut  analyfer ,  &  de  la  fubftance  qu'on  veut  ex- 
traire de  ce  même  corps.  Nous  aurons  occafion 
de  nous  étendre  davantage  fur  cette  matière, 
lorfque  nous  ferons  Fanalyfe  des  fubftances  vé- 
gétales &  animales. 

De  la  Combinai/on  ou  Compqfition  ckymique  des 
corps. 

La  combinaifon  ou  compofition  chymique  eft 
l'union  de  plufieurs  corps  hétérogènes  entre  eux , 
dont  il  réfulte  un  nouveau  corps  mixte  qui  a  des 
propriétés  différentes  &  moyennes  entre  les  fub- 
ftances qui  ont  fervi  à  le  former  j  c'eft  ce  que 
Becker  &  Staahl  ont  nommé  mixtiony6c  que  nous 
nommerons  combinaifon  ou  compofition  chymi- 
que* 

Pour  que  la  combinaifon  ait  lieu  ,  il  faut  que 
plufieurscirconftancesconcourent  en  même  temps, 
j  °.  Il  eft  évident  que  les  fubftances  qu'on  ve\it 
unir ,  doivent  être  hétérogènes  entre  elles  \  fi  elles 
croient  homogènes ,  il  n'en  réfulteroit  pas  une 
combinaifon ,  mais  une  fimple  addition  de  ma- 
tière de  même  efpece.  i°*  Il  faut  que  l'union  fe 
farte  entre  les  molécules  intégrantes ,  qu'elles  fe 
juxtapofent  entre  elles ,  &  qu'elles  reftent  adhé- 
rentes dans  cette  juxtapofition  ;  car  les  fubftances 
pouvant  fe  féparer  par  le  repos ,  comme  de  l'huile 
qu'on  auroit  mêlée  avec  de  l'eau  par  le  moyen  de 
l'agitation ,  on  n  auroit  fait  qu'une  fimple  divi- 


Tl  ChYMIB   EXPiltlllBKrTÂLB 

fion  d'un  corps  par  un  autre ,  &  non  une  combi- 
nai/on. 

Expliquons  maintenant  ce  que  Ton  entent! 
par  les  termes  hétérogène,  homogène  ^  8C  pat  par* 
ties  intégrantes. 

On  entend  par  corps  hétérogène  *  ou  de  diffé- 
rente nature  ,  des  fubftances  qui  ont  entre  elles 
des  propriétés  différentes ,  &,en  quelaue  force, 
oppofées  l'une  à  l'autre  :  lorfque  ces  fubftances 
peuvent  s'unir ,  adhérer  enfemble ,  8c  former  un 
compofé ,  on  leur  donne  le  nom  de  principes  ou 
de  parties  continuantes ,  parcequ'elies  fervent 
effe&ivement  de  principes,  ou  de  parties  confir- 
mantes, au  nouveau  compofé  qui  réfulte  de  leur 
union.  Par  exemple ,  un  acide  &  un  alkali  font 
des  corps  de  nature  bien  différente  l'un  de  l'au- 
tre; leurs  propriétés  font,  en  quelque  forte, 
oppofées.  Ces  deux  corps  s'unifient  très  bien ,  8c 
en  s'uniflant ,  ils  épuifent  réciproquement  leurs 
propriétés  particulières  ;  ce  qui  eft  une  condition 
abfolument  eftentielle  à  la  combinaifon.  Le  corps 
qui  réfulte  de  cette  union ,  a  des  propriétés 
moyennes  entre  les  deux  corps  qui  l'ont  formé  ; 
ainfi  l'acide  &  l'alkali  deviennent  les  principes, 
ou  les  parties  conftituantes,  du  nouveau  com- 
pofé. 

On  entend  par  corps  ou  parties  homogènes^  des 
fubftances  qui  font  de  même  nature  \  telles  que 
deux  molécules  détachées  d'une  même  pierre  ou 
d'un  même  métal,  deqx  gouttes  d'eau y  deux 
gouttes  d'une  même  huile ,  &c. 

Enfin  on  entend  par  parties  intégrantes 3  les 
plus  petites  molécules  féparées  d'un  corps,  mais 
qui  confervent  les  propriétés  du  corps  a  on  elles 
ont  été  féparées.  On  peut  fuppofer  cette  divifion 
portée  à  un  tel  exc& ,  qu'il  n  eft  plus  poffible  de 


ET      RAISONNE  E.  1} 

divifer  davantage  ces  corps ,  fans  les  décompofer. 
Tel  eft,  par  exemple,  un  corps diffbus  dans  un 
.acide ,  qui  eft  tellement  divife,  qu'il  eft  réduic  à 
fes  molécules  intégrantes  ,  &  que  1  acide  empêche 
de  fe  réunir.  Si  l'on  prend  une  petite  portion  de 
la  diffblution ,  on  peut  faire  reparoître  le  corps 
tel  qu'il  étoit  i  fans  avoir  fubid'altération  jainfi  ce 
corps  étoit  feulement  divifé ,  &  non  décompofé  , 
cependant  avec  lès  reftri&ions  dont  nous  parle- 
rons eft  fon  lieu. 

Lorfque  deux  corps  homogènes ,  ou  de  même 
nature ,  s'unifient  enfemble ,  cela  ne  forme  point 
une  composition  ,  mais  une  mafle  qui  a  feulement 
un  plus  grand  volume  :  lorfqu'il  y  a  union  &  ad- 
hérence entre  les  parties  de  ce  tour,  cela  produit 
ce  que  fiecker  &  Staahl  ont  nommé  agrégation  * 
Agrégat  j  &  corps  agrège. 

On  voit  par  conséquent,  qu'il  y  a  une  très 
grande  différence  entre  la  compofition  ik  l'aerég*- 
.rion.  U  eft  bien  eflen  tiel  de  ne  point  confondre  ces 
deux  opérations,  puifque  l'agrégation  ne  produit 
qu'une  addition  de  mafle,  ou  qu'une  addition  de 
•parties  femblables  ,  &  que  la  composition  ,  au 
contraire ,  produit  un  nouveau  corps  qui  diffère 
eflentiellement  des  fubftances  qui  le  compofent. 

Il  réfulte  de  tout  ce  que  nous  avons  dit  jufqu  a 

{>réfent  fur  l'analyfe  &  fur  la  compoûtion ,  que 
'analyfe  a  pour  objet  la  féparation  des  principes 
qui  conftituent  les  corps  j  &  la  composition ,  au 
contraire,  a  pour  objet  de  réunir  tes  principes 
qui  ont  été  féparés  par  l'analyfe ,  pour  reformer 
les  compofés  tels  qu  ils  étoient  auparavant.  Nous 
pouvons  rendre  cela  encore  plus  fenfible  par  un 
exemple ,  en  nous  fervant  des  produits  que  nous 
avons  féparés  du  corps  que  nous  avons  pris  pour; 
exemple  d'analyfe. 


14  Chymie  expérimentale 

Si  Ton  fait  fondre  dans  un  creufet,  l'argent  que 
nous  avons  féparé  par  l'analyfe,  &  qu'on  ajoute 
le  foufire  qu'on  a  pareillement  obtenu  par  la  fu- 
blimarion  j  ces  deux  fubftances  s'uniront  enfem- 
ble  y  Se  reformeront  le  même  compofé  d'argent 
&:  de  foufre,  tel  qu'il  ctoit  auparavant.  Il  y  a 
dans  laGhymie  beaucoup  d'exemples  femblables, 
dont  nous  parlerons  à  mefure  que  Toccafion  nous 
en  fournira  les  moyens. 

Ces  décompofitions  &  recompofitions  *fe  font 
avec  exaditude  Se  rigoureufement  j  mais  ce  n'eft 
•encore  que  fur  un  très  petit  nombre  de  corps  du 
règne  minéral ,  pareequ  ils  font  beaucoup  plus 
fimples  &  moins  faciles  à  fe  détruire ,  que  les 
corps  orgaftifés.  La  Chymie  &  la  Phyfique  ne 
font  pas  encore  allez  avancées  pour  opérer  ces  dé^- 
comportions  &  ces  recompolïtions  fur  une  infi- 
nité d'autres  corps.  Il  y  a  même  lieu  de  préfumer 
3ue ,  quelques  découvertes  qu'on  faffè  à  ce  fujet \ 
refterà  toujours  un  grand  nombre  de  fubftan- 
ces  ,  fur  lesquelles  il  fera  toujours  impofiible 
d'appliquer  ces  opérations }  tels  font  les  vég&- 
taux  6c  les  animaux  ,  pareeque  ces  corps  font 
très  cbmpofés  ;  plufieurs  dé  leurs  principes  pro- 
chains font  fi  fugaces,  qu'il  le  diffipe  toujours 
quelque  chafe ,  même  fans  qu'on  puifie  s'en  ap- 
percevoir::  d'âittëuts ,  leur  texture  eft  fi  délicate 
&  fi  bien  organifée  ,  quelle  fe  détruit  com- 
plètement dans  routes  les  opérations  de  ce  genre 
du'onleur  faitfubir  :  éc  il  èft  impôflible  ,  en  unif- 
iant leurs  principes ,  de  lès  faire  reparoître  tels 
qu'ils  étoient  auparavant. 

La  plupa* t  de$  Chymîftes-Phyficiens  ont  fait 
beaucoup  de  recherches  pour  expliquer  les  phé- 
nomènes de  k  combinaifon  :  ils  les  attribuant  à 
l'attraétioû  Se  à  la  pefameur  des  corps  :  en  effet , 


ÏT     RAISONNE!.  15 

il  paroît  difficile  de  les  affigner  à  d'antres  caufes. 
Nous  verrons  dans  un  inftant ,  que  ces  deux  effets 
qui  fe  modifient  différemment  dans  les  opéra- 
tions de  la  Chymie,  font  connus  fous  les  noms 
de  rapports  &  $  affinités  3  &  qu'ils  font  des  pro- 
priétés inhérentes  de  la  matière  ,  &  la  caufe  de 
prefque  toutes  les  décompofitions  &  compofi-» 
rions  chymiques. 

M.  de  Bufton  dit ,  1 3e.  volume ,  édition  frt-40. 
page  xij  de  la  Nature ,  féconde  vue  :  Si  yjuf* 
qu  à  ce  jour  j  ton  a  regardé-  ces.làix  d'affinité 
comme  différentes  de  celles  de  la  pefanteur  j  c'cfl 
faute  de  Us  àtoït  bien  connues  y  bien  fumes;  c'ejt 
faute  d'avoir  emhajje  cet  objet  dans  toute  fon  éten* 
due.  Lafigutequi^  dans  les  corps  céléjèes  9  ne  fait 
rien  j  ou  prefque  rien  ^  à  la  loi  de  PaSton  des  iûtè 
fur  les  autres  y  pdïccquela  diftanct  ejttrh  grande  9 
faitj  au  contraire s prefque  tout  ^  lorfqut  iadiftanct 
eft  très  petite  ou  nulle.  *  -  ^  •  '-  '* 

Afin  de  fixer  les  idées  qu'on  doit  fé  former  de 
la  combinaifon  des  corps ,  examinons-comment 
on  peut  concevoir  cette  grande  &  mérveilleufe 
opération ,  &  la  difpofition  que  prennent  feritrè 
elles  les  fubftànces  qui  fe  combinent.  Je  penfè 
que  l'attraâîen  &  la  pefanteur  font  le  nerf  de 
toutes  les  combinaifons  ;  mais  fi  ces  deux  pro- 
priétés font  les  thèmes ,  il  faut  cependant  les  dit- 
tiiigtier ,  à  regard  des  combinaifons  diymiques  > 
-en  ce  que  Tune  Se  l'autre ,  dans  nombre  de  cit- 
confiances ,  paroiflènt  agir  comme  fi  eflles  étoieift 
indépendantes  -forié  de  îaarte  :  noos  pouvons 
ïeridre  cela  tAitè  fenfibte  pair  de*  exemples.  L* 
pefanteur  ett  là  propriété  eu  ont  les  corps  dt 
tomber  en  ligne  pêspJéixdicufcirë  i  la  fur  face  dfe 
la  terre ,  lomfiiè  rieh  ne  s'oppofe  à  leur  chute; 
lorfque  le  ccftps  eft  arrivé  à-  fon  point  de  rèpe*  > 


*  1 


%6  CHY>CI&    ÊXPERTifEHtALË 

il  pefe  fui:  le  corps  qu'il  touche,  avec  tout  foft 
poids ,  comme  corps  pefant  ;  dans  les  cireonf- 
tances,  ordinaires,  on  peut  enlever  ce  corps  à 
l'aide  d'un  effort  égal  à  fon  poids  :  tel  eft  ce  que 
Ton  doit  entendre  par  planteur  feulement,  Se 
indépendamment  de  toute  autre  propriété  de  la 
matière*    m 

Mais  fi  ce  corps ,  indépendamment  de  fa  pe- 
fenteur ,  a  de  l'adhérence  avec  celui  fur  lequel  il 
tepofe ,  par  exemple ,  un  morceau  de  fer  d'une 
once ,  qu'on  poferoit  fur  une  pierre  d'aimant  0 
on  fent  tien  qu'il  faut  d'abord  un  poids  quipuiflè 
agir  avec  une  once  de  force  >  pour  enlever  ce 
morceau  de  fer  ;  mais  il  faut  encore  ajouter  à 
cette  force  un  poids  fuffifant  pour  rompre  l'attrac- 
tion que  ces  deux  corps  ont  entre  eux  :  il  eft  dif- 
ficile de  déterminer  ce  poids,  pareeque  cela  dé- 
pend des  points  de  contaâ ,  &  de  L'attraâion  plus 
pu  moins  forte  entre  ces  corps.  Ce  que  nous  (li- 
ions arriver  entre  une  pierre  d'aimant  Se  un  mor- 
ceau; de  fet^fe  parte  entre  les  plqs  petites  mole* 
cules  des  corps  qui  fe  combinent;  &  leur  adhé- 
rence eft  d'autant  plus  forte,  que  les  corps  fe 
juchent  par  un  plus  grand  nombre  de  points  de 
cpnt^â ,  &  que  ces  mêmes  molécules  ont  plus 
iTattraâdon  entre  elles» 

,'i  11  fuit  de  là  que  la  combinaifon  fe  fait  eiïentiel- 
iemçnt  entre  les  molécules  intégrantes  des  corps 
.hétérogènes  qui  font  mis  en  jeu ,  &  qu'elles  s  en- 
tre-divifent  relativement  les  unes  les  autres  , 
pour  fejux  tapoter  entre  elles:  c'eft  dans  cet  inftapt 
■d'union ,  que  les.corps  quifecpmbinent ,  font  ou 
ne  font  point  d'etfervefcence ,  produisent  ou  ne 
-produifent  point  de  chaleur ,  ablorbent  ou  laiHènt 
dégager  de  l'air ,  &  tous  les  autres  -phénomènes 
qui  accompagnent  la  combinaifon  en  général. 

Comme 


'   'If     *.A<  S  0K  tf£  B«    '    >  fi 

domthe  ta  matière  eft  absolument  impÀiétrabîe* 
il  eft  difficile  de  concevoir  la  combinaifon  autre- 
ment que  comme  une  iuxtapofîtion  de  molécules 
intégrantes  à  molécules  intégrantes  $  fi  nous 
avions  desorganes  aflez  déliée,  ou  desinftruoients 
d'optique  arfesfc  bons  >  on  diftingueroit  dàn*  nn 
compofé  les  différentes  molécules  qui  forment  les 
corps ,  &  on  les  verroit  placées ,  en  tout  fens ,  fe» 
unes  à  côté  des  autres.  Un  mélange  »  par  exemple, 
de  poudre  bleue  &  de  poudre  verte  forme  une  cou- 
leur jaune,  étant  regardé  à  la  vue  (impie  ;  mais ,  ft 
on  l'examine  à  l'aide  cTuhe  bonne  loupe ,  on  y  dit 
tingue  les  deux  couleurs  primitives;  Pour  faire 
comprendre  à  ceux  qui  ne  font  pas  fuffifamment 
initiésdaris  la  oHyfique  >  et  que  1  on  entend  par  im- 
pénétrabilité de  la  matière ,  nous  pouvons  cirer  ici 
urteexpérience^onnuedë  tous  les  Phjrfîciens»  LorA 

Sa'on' énonce  un  ëlou  dans  une  pièce  4e  bois;  ce 
ou  déplace  feulement  les  fibres  pour  fe  faire  une 
efttrée','  mais  il  ne  peut  nij>ercer  ni  pénétrer  la 
fubftance  propre  du  obis.  lire  pafle  dans  1er  com- 
binaifon* chimiques  quelque  chofe  de  coitipa^ 
rabte  à  cet  eflfet ,  rêlacivetnentà  Impénétrabilité  » 
avec  cette  différence  cependant ,  que  le  clou  tfeft 
point  combiné  avec  le  rois:  :  il  n'eft  mdivif&Ynï 
dans  l'état  propre  à  la  combinaifon  :  il  rfeftpas* 
même  adhérent  à  la  fubftance  propre  du  bei^  ;  il 
n^ftfWeiiu  que  par  la  preffion  &  TélafticitiS  des 
fibres  du  bois  j  au  lieu  que  la  combinaifon  fe  faicv 
immédiatement  entre  les  molécules  intégrantes 
des  corps ,  qui  fe  placent  les  unes  à  côté  des  au- 
tres1 y  fiais  fe  pénétrer,  Cçft  de  leur  adhérence  mu- 
tuelle 9  que  réfulte  la  combinaifon ,  en  verra  de 
l'attra&ion  quittes  ont  erittè  elles. 

Nous  obfervercfns  qrië  tous  les  corps' de  la  na- 
ture doivent  ctrecofihdérés  comme  étaiit  compo-; 
Tome  1.  B 


tf        Chtmis  bxpIuïmehtài* 

fés  de  molécules  infiniment  petites  $  mais  on  doté 
fuppofer  en  même  temps ,  que  les  molécules  de 
cous  les  corps  ne  font  pas  toutes  de  la  même  té^ 
nuité.  Il  y  a  fur  cet  objet  una  diverfité  confidé* 
rable  j  &  c'eft  à  cette  diverfité  qu'on  doit  rappor- 
ter celle  qu'on  remarque  dans  les  combinaisons, 
foit  par  leur  plus  ou  leur  moins  d'adhérence, 
ou  par  le  plus  ou  le  moins  de  facilité  qu'elles 

frélentent  à  fe  laifTer  décompofer.  Tout  ce  que 
on  peut  dire  de  plus  général  fur  cette  matière, 
c'eft  qu'il  paroît  que  les  combinaifons  les  plus 
parfaites  font  celles  oui  fe  font  entre  des  corps 
dont  les  molécules  intégrantes  font  les  plus  petites 
ou  les  plus  ténues ,  &  qui  ont  en  même  temps  la 
plus  forte  attraction  entre  elles.  Ce  ne  peut  être 
qu'à  ces  diverfités ,  qu'on  doit  rapporter  certains 
effets  que  plufieurs  combinaifons  falines  préfen- 
tent  dans  beaucoup  d'expériences ,  effets  qui  font 
différents  de  ceux  auxquels  on  devoit  s'attendre. 
Il  y  a  certains  fels,,  par  exemple ,  que  l'on  croirait 
ne  devoir  point  changer  les  couleurs  bleues  des 
Yégétaux*  &  <jui  néanmoins  les  changent  :  tels 
que  la  terre  foliée  de  tartre ,  le  nitre  à  bafe  ter- 
reufe ,  le  fel  marin  i  bafe  cerreufe ,  qui  rougtifent 
d'abord  la  couleur  du  fyrop  violât,  &  la  rendent 
verte  un  inftant  après:  tous  ces  effets  ne  peuvent 
être  attribués  qu'a  une  combinaifon  peu  intime, 
qui  laifle  les  fubftances  propres  de  la  combinaifon 
agir  l'une  après  l'autre  $  ce  qui  femble  indiquer 
que  cette  combinaifon  s'eft  faite  entre  des  mo- 
lécules intégrantes,  moins  déliées  que  celles 
des  combinaifons  *de  même  efpece,  qui  nepro- 
duifent  pas  de  femblables  effets.  L'acide  -des 
combinaifons  dont  noiw  parlons  _,  agit  d'abord 
fur  la  couleur  bleue  des  végétaux,  comme  fi  cet 
acide  étoit  libre  x  &  l'alkali  pu  la  terre  de  ce? 


B  T     R  A  î  S  O  K  K  h!  Xf 

feli  ne  produit  fon  effet  qu'en  dernier  Ken. 
Confidérons  maintenant  les  phénomènes  "de 
compoGtion  &  de  décompofïtion ,  fous  un  point 
de  vue  plus  général ,  fous  celui  qu'on  eft  convenu 
de  nommer  rapport  ou  affinité. 

Sur  les  Affinités .  chymiqucs. 

Lorfque  deu*. corps  libres,  éloignés  l'un  de  . 
l'autre ,  s'approchent  mutuellement  fans  qu'au- 
cune caufe  extérieure  les  pouffe  l'un  yers  l'autre, 
les  Phyficicns  ont  donné  a  ce  phénomène  le  nom 
$attra3iôn  ;  &  celui  de  vertu  attractive  l  la  caufe 
qui  le  produit ,  quand  ces  effets  fe  patient  fur  le* 
corps  en  mafles,  &  non  fur  les  molécules  primi- 
tives de  ces  corps* 

*  Cette  propriété  de  la  matière  porte  en  parti- 
culier le  nom  de  gravitation  j  quand  les  coçps 
qui  agifTent  l'un  fqr  l'autre ,  font  fort  éloignés  * 
par  exemple ,  l'aftion  que  le  foleil  &  la  terre 
exercent  réciproquement  l'un  fur  l'autre  pour  fe 
rapprocher  &  s'unir,  $iïc  nommée  gravitât  ion. 

Un  a  donné  à  cette  même  propriété  de  la  ma- 
tière le  nom  de  cohéfion  ou  &  adhérence*  lorfque 
les  corps  qui  agifTent  l'un  fur  l'autre ,  fe  touchent 
immédiatement,  &  qu'il*  adhèrent  entre  eux. 

Enfin  on  a  nommé  cette  propriété  rapport  ou  afi 
faute*  lorfque  les  phénomènes  qu'elle  préfehte 
fe  partent  dans  les  opérations  dé  la  chymie,  foit 
que  ces  effets  aient  lieu  entre  les  molécules  inté~ 
grantes  des  corps ,  ou  entre  les  éléments  de  ce* 
mêmes  corps  :  mais ,  fous  quelque  dénomination 

3ue  Ton  conndere  les  effets  dont  nous  parlons ,  ils 
ébendent  abfolument  de  la  même  caufe. 
<  Nous  définitions  les  affinités  chymiques ,  une 
tendance  qu'ont  les  parties  de  la  matière  pour 
s'unir  &  adhérer  enfembie»  foit  que  ces  parties 

Bij 


1JX  CHXMIE    ^PiçLlMBNTALE 

foiént-  homogènes ,  foie  qu'elles  foient  hétéro* 
gènes. 

L'adhérence  de  deux  fprfaces  très  polies  >  ap- 
pliquées l'une  fût  l'autre  \  la  tendance  qu'ont  l'une 
vers  Vautré  deux  gouttes  d'eau ,  deux  gouttes 
d'huile,  deux  gouttes  de  mercure,  ou  de  quel- 
que fluide  de  même  efpece ,  placées  lune  près  de 
l'autre  j,  qui  fe  réiinifleut  &;fe  confondent  en  une 
feule  maiïe;  Vafcenfîon  des  liqueurs  dans  les 
tuy  aux  capillaires  î  la  diflblution  des  corps  m%  l'at- 
traction du  &t&  dePannant*  &  celle  des  matiè- 
res yèjs  les  corps  éle&tîques ,  &c.  i  effets  qui  ont 
également  Heu  à  L'air  comme  dans  le  vuide  j  )  la 
gravit^qon  $ç  le  mçjUfiçirçent  de  tout  le  fyfteme 
planétaire ,  font  autant  de  phénomènes  du  tpeme 
genre^  Ac  qui  paroiflènt  dépendants  de  la  même 

.  La  Ghywie  &  la  Phyfique  ne  font  pas,  encore 
ajffez  :avancfçs  pour  expliquer  la  eau  le  de  l'attrac- 
tion/ Pjufîeurs  f\ab£le^  Phyficiens  aqt  ççupûié. 
a vqc  foin. les phénornq nés,  jde  l'attra$ion(;  mais 
ils  n  ont  golnt  êntœptis, d'eipliquçt  ces  phéno- 
mènes,,; paççequ  ils  fonta^ffeflus  dç  t^pfconnoif- 
iances  a&uç[lles.  En  effet ,  pour  pouvoir  çxurçfidre 
raifon  >  il  faudrait  cqnnoitre  la  çaufe  du  mouve- 
ment qup  font  les  corps  pouf  s'approcher  ÎW  vçrs 
l'autre  j  s'afliirer  fi  ce  mouvement  dépend  d'un 
principe  interne  qui  attire  les  corps  >  ou  £un 
principe  externe  qui  les  repoufïe.  Cette  propriété» 
quelle  qu'en  foit  La  caufe  ,  wroît  aufli  inhérente 
à  la  matière ,  que  fon  étendue  &  fon  impénétra- 


Quelques  Çhymiftes  ont  rangé  les  affinités  chy- 
miques  dans  la  claflè  de  ces  fyftcmes  ingénieux , 
faits  pour  fubfifter  jufquà  ce  que  d'autres  vien- 
nent les  détruire  \  mais  il  s'en  faut  de  beaucoup 


ï  T     R  A"I  S  O  tf  N  i  1.    ^  il 

que  les  affinités  foient  dans  cette  clafle  :  on  ofcU- 
ierve  qne  certains  corps  s'uniflènt  enfëmblë  avec 
une  grande  facilité,  que  d'autres  ne  fe  combinent 

Îiue  difficilement s  &  qa'eftfin  il  y  eh  a  qui  re- 
ufent  de  contraâer  aucune  union  par  tous  les 
moyens  connus  jufqu  à  préfent  $  mais ,  parcéJ- 
qu  on  n'eft  pas  encore  parvenu  à  combiner  ces 
corps ,  on  auroit  tort  de  conclure  qu'ils  n'ont  erf- 
femble  aucune  affinité  j  il  y  a  au  contraire  tout  lieu 
de  pehfer  qu'on  y  parviendrait  par  dés  môyerife 

Îtlus  recherchés  :  c'eft  effectivement  ce  à  quoi  je 
uis  parvenu  fur  un  certain  nombre  de  corps  qif  on 
avoit  toujours  penfé  ne  pouvoir  pas  s'unir  enfem- 
ble ,  comtfie  nous  le  ferons  remarquer  à  mefurë 
que  les  occafions  s'en  préfenteront. 

Ainfi,  déterminer,  par  un  nombre  fuffifaftt 
d'expériences ,  Tordre  dans  lequel  les  différents 
corps  peuvent  s'unir  fucceffivement  les  uns  aux 
autres ,  &  le  même  ordre  dans  lequel  ils  fe  fépa- 
rent  les  uns  des  autres  ,  eft  un  fervice  des  plus 
importants  qu'on  puifle  rendre  à  la  Chymie.  Feti 
Geoffroy ,  Médecin  ,  eft  le  premier  qui  aitpënfé 
à  réunir  en  une  table  les  rapports  ou  affinités 
fondamentales  de  la  Chymie  (i).  Cette  tablé  eft 
fujette  à  plufieurs  exceptions  &1  plufieurs  chan- 

Îjemënts  que  nous  ferons  rémarquer  à  mefure  que 
es  occafions  s'en  préfenteroxft  ;  néanmoins  elle 
forme  un  tableau  ou  un  enchaînement  de  con- 
noiftancés  qui  ont  répandu  beaucoup  de  lumière 
dans  la  Chymie  Se  dans  la  Phyfïque. 

M.  Geller  a  augmenté  confîdérablement  cette 
table ,  comme  on  le  voit  dans  ton  excellent  Ou- 
vrage qui  a  pour  titre  Chymie  métallique. 

L'Académie  de  Rouen  propofa  les  affinités  chy- 

"  (O  Volume  de  l'Académie ,  année  171S. 

Biij 


lt  Ch.TMIE   E  XPktMBN  TA  L  B 

iniques,  pour  lefujetdefon  pradeTannée  175*. 
Ce  furent  MM.  Jean  «Philippe  de  Limboorg, 
Dodeur  an  Médecine ,  &  Sage,  fils,  Maître  de 
Philofophie  &  de  Mathématiques  à  Genève,  qui 
.remportèrent  le  prix.  11  fat  partagé  entre  eux , 
comme  ayant  réfolu ,  chacun  de  leur  côté»,  la 
moitié  de  la  queftion.  Le  premier  traita  les  affi- 
nités en  Çhymifte  >  &  le  fécond  les  confidéxa 
en  Phyficien-Géometre.  En  effet ,  il  paroît  que, 
pour  pouvoir  bien  traiter  cette  matière,  il  faut 
réunir  &  faire  ufage  des  connoiflances  chymiques 
&  mathématiques. 

M.  Macquer  a  donné  ,  dans  fon  Dictionnaire 
de  Chymie ,  un  très  bon  article  fur  les  affinités 
chymiques.  11  fait  une  divifion  méthodique  en 
quatre  claflès,  des  différents  états  où  Ton  ren- 
contre les  affinités  dans  les  opérations  de  la  Chy~ 
inie  ;  quoique  d'ailleurs  il  n'admette  ,  avec 
tous  les  bons  Chymiftes-Phyficiens  ,  qu'une  feule 
efpece  d'affinité  qui  eft  abfolument  la  même ,  Se 
qu'il  reconnoît  venir  de  la  même  caufe. 

Les  différentes  tables  des  rapports ,  publiées 
jufqu'4  préfent,  n'indiauçnt  point  fi  les  affini- 
tés qu'on  y  expofe,  ont  lieu  par  la  voie  feche  on 
1>ar  la  voie  humide»  Comme  j'ai  obfervé  que 
es  réfultats  ne  font  pas  toujours  les  mêmes ,  je 
fropofe  deux  tables  des  rapports  :  l'une  indique 
ordre  de*  affinités  des  corps  par  la  voit  humide , 
&  la  féconde  indique  le  meme  ordre  des  affinités 
par  la  voie  feche  :  ce  font  les  feules  manières  d'o- 
pérer dans  la  Chymie*  Je  penfe  qu'au  moyen  de 
ces  deux  tables  ,  on  peut  établir  \es  affinités  ave* 
plus  d'ordre ,  d'exactitude  &  de  précifîon ,  qu'oa 
n/a  pu  le  faire  jufqu'à  préfent.  Les  affinités  éta- 
blies fous  ces  deux  points  de  vue,  font  plus  mé- 
thodiques &  plus  conformes  aux  différences  19a* 


1T     HAlSONNil.  If 

nier  es  d'opérer.  Je  ferai  remarquer,  àmefureque 
les  occafions  fe  préfenteront ,  qu'il  y  a  une  in- 
finité de  circonftances ,  où  des  corps  qui  ont  en- 
femble  la  plus  grande  affinité  par  la  voie  humide  > 
ne  l'ont  que  très  foible  par  la  voie  feche ,  &  vice 
versa  ;  ceft  ce  qui  me  fait  penfer  que  cette  double 
table  feroit  extrêmement  utile. 

Les  affinités  chymiques  dépendent  eflentielle- 
ment  d'une  feule  &  même  caufe  qui  eft  l'attrac- 
tion j  mais  cette  propriété  de  la  matière  fe  mo- 
difie ,  &  préfente  dans  les  opérations  différents 
effet*  qui  font  relatifs  à  l'état  des  fubftances 
qu'on  met  en  jeu.  Nous  penfons  qu'on  peuteon- 
fidérer  fous  huit  cas  différents ,  les  principaux- 
phénomènes  qui  ont  rapport  aux  affinités  chymi- 
ques. Nous  nous  contenterons  d'expofer  ici  quel- 
ques exemples  de  chacun  des  différents  cas  fous 
lefquels  fe  manifeftent  les  affinités  chymiques. 
De  plus  grands  détails  feroient  déplacés ,  &  de- 
manderaient la  connoiflance  de  toute  laChymie; 
mais  nous  ne  manquerons  pas  de  faire  remarquer, 
dans  le  cours  de  cet  Ouvrage,  les  autres  expé- 
riences qui  ont  rapport  aux  affinités. 

i°.  Affinité  d'adhérence  ou  de  cohéjion. 

L'affinité  d'adhérence  ou  de  cohéfion  eft  la 
tendance  qu'ont  les  corps  pour  fe  porter  l'un  vers 
l'autre  ,  &  la  force  qu'ils  emploient  pour  s'oppo- 
fer  à  leur  féparation. 

Expérience. 

On  prend  deux  morceaux  de  glace  bien  polie  ; 
on  les  afTujettit,  chacun  féparement,  avec  du 
maftic ,  fur  deux  morceaux  de  liège.  N 

On  fixe  fur  une  table  l'une  des  deux  pièces , 
en  obfervant  que  la  glace  fe  trouve  en  deffus  :  on 

Biv 


1+         Chymie  expérimentale 

pofe  enfuite  l'autre  glace  fur  celle  qu'on  vient 
cTafTujettir,  en  la  frottant  circalairement ,  Se  en 
appuyant  un  peu  fort.  Si  Ton  vient  à  lever  la 
glace  fupérieure ,  on  obferve  quelle  tient,  comme 
ii  elle  étoit  collée  fur  la  glace  inférieure  ;  il  faut, 
pour  l'en  détacher  9  employer  une  force  fupé- 
rieure à  fon  poids.  Si  Ton  met  une  goutte  d'huile 
entre  ces  deux  glaces ,  elle  augmente  davantage 
les  points  de  contaâ,  &  l'adhérence  devient  beau- 
coup plus  forte.  M.  Muftchenbroek,  célèbre  Phy~ 
ficien ,  (  EJfais  de  Phyfiqut ,  tome  i ,  page  272,  ) 
a  obfervé  que  deux  boules  de  cryftal,  qui  fe 
touchoient  réciproquement  par  deux  fegments 
ronds,  d'un  dixième  de  pouce  de  diamètre,  adhé- 
rèrent enfemble  avec  une  telle  force ,  qu'il  fallut 
employer  un  poids  de  dix-neuf  onces  de  plus  que 
le  poids  d'une  des  deux  boules  pour  les  détacher. 
M.  Defaguilliers  a  obfervé,  dans  une  expérience 
femblable  ,  faite  avec  deux  balles  de  plomb  , 
qu'elles  tinrent  avec  une  force  égale  à  quatre- 
vingts  livres ,  &  quelquefois  à  cent  livres.  J'ai 
vu  une  pierre  d'aimant  pefant  une*  once  ,  qui 
foulevoit  un  poids  defept  livres. 

L'afcenfion  des  liqueurs  dans  les  tuyaux  ca- 
pillaires ,  l'attraâion  de  l'aimant ,  celles  des 
corps  éleâxiques ,  &c.  font  autant  d'exemples 
de  cette  efpece  d'affinité  à  laquelle  les  Phyfr 
ciens  ont  donné  le  nom  &  attraction  j  &  que 
nous  nommons  affinité  $  adhérence  ou  de  xohé- 
fionj  afin  de  la  diftinguerde  l'affinité  d'agréga- 
tion dont  nous  parlerons  dans  un  inftant.  Dans 
l'affinité  d'adhérence ,  il  n*y  a  point  une  véri- 
table union  entre  les  corps  :  les  parties  de  la 
matière  de  l'un  confervent  la  pofirion  qu'elles 
avoient  à  l'égard  des  parties  de  la  matière  de 
l'autre.  Ce  genre  d'affinité  n  a  lieu  que  pour  les 


IT      R  A  I  5  O  N  N  i  1.  %j. 

corps  qui  ne  peuvent  fe  mêler  ni  fe  confondre  » 
mais  feulement  adhérer  ensemble,  foit  qu'ils 
foient  homogènes ,  foit  qu'ils  foient  hétérogènes  : 
mais ,  lorfque ,  par  des  moyens  chymiques,  on 
les  mêle  par  la  fuhon  ou  autrement  j  il  en  réfulte 
une  composition  ,  fî  les  corps  qu  on  met  en  jeu 
font  de  nature  biffer  en  te  j  il  n'en  réfulte  au  con- 
traire qu  une  agrégation  ,  fi  ces  corps  font  de- 
même  efpece. 

Nous  obferverons  que  cette  affinité  a  lieu  dans 
.une  infinité  d'opérations  de  chymie  ;  &  fur* 
tout  à  legard  des  précipités  terreux  &  métalli- 
ques ,  qu'on  lai(Te  fecher  fans  les  remuer*  Les 
parties  de  la  matière  prennent  entre  elles  /  à  la 
Faveur  de  l'eau ,  un  arrangement  fymmétrique  , 
èc  une  adhérence  qureft  telle ,  que  plufieurs  ne 
fe  biffent  divifer  qu'avec  beaucoup  de  difficulté- 
Si ,  au  contraire ,  on  les  remue  fouvent  pendant 
leur  defiiccation ,  on  détruit  cet  arrangement , 
avant  que  les  parties  aient  acquis  toute  leut 
adhérence.  Ces  précipités  font  alors  prefque 
fans  confiftance  \  6c  deviennent  très  faciles  à  di- 
vifer. Cette  affinité  a  encore  lieu  i  l'égard  des 
cryftaux  de  fels  qui  fe  font  formés  dans  des  li- 
queurs acides  ou  alkalines.  Ces  fubftances  adhè- 
rent aux  cryftaux  de  fels  avec  une  certain*  force  * 
fans  être  combinés  :  il  faut»  pour  les  féparer,  une 
force  plus  grande. 

Cette  affinité  d'adhérence  ou  de  cohésion  ne 
borne  pas  feulement  fa  puiiîance  dans  les  labora- 
toires de  chymie,  elle  a  également  lieu  à,  l'égard 
des  terres  très  divifées  quêtes  rivières  charrient  & 
dépofent  >  lorfque  leurs  molécules  font  de  nature 
à  avoir  beaucoup  d'affinité  entre  elles.  Elles  pren- 
nent ,  à  la  faveur  de  l'eau  dans  laquelle  elles  fe 
meuvent  librement,  l'arrangement  fymmétrique 


i£        Chtmie  expérimentale 

qui  leur  eft  propre  :  il  en  réfulte ,  par  le  laps  de 
temps  j  une  pierre  plus  ou  moins  dure ,  fuivanc 
l'arrangement  &  la  nature  des  molécules  consti- 
tuantes. 

Tous  les  corps  de  la  nature  n'ont  pas ,  à  beau- 
coup près ,  la  même  dureté  ni  la  même  folidiré. 
11  y  en  a,  comme  la  craie ,  dont  les  parties  inté- 

Srantes  font  fi  peu  liées  entre  elles ,  qu'on  peut 
étrnire  leur  adhérence  par  un  léger  frottement 
entre  les  doigts;  tandis  qu'au  contraire,  il  y  a 
d'autres  corps  dont  les  molécules  intégrantes  ont 
une  adhérence  fi  forte ,  qu'il  faut ,  pour  la  dé- 
truire ,  employer  une  force  très  confidérable  ; 
tels  font  les  pierres  vitrifiables ,  les  minéraux ,  &c. 
On  peut  déduire  de  ces  différentes  propriétés, 
quela  force  attra&ve  qui  s'exerce  entre  les  mo- 
lécules intégrantes  des  corps  ou  entre  leurs  élé- 
ments ,  n'eft  pas  toujours  précifément  du  même 
nombre  de  degrés.  Si ,  lorfque  les  parties  de  la 
matière  fe  portent  les  unes  vers  les  autres ,  pour 
adhérer  enlemble  ;  fi,  dis-je,  cette  force  attrac- 
tive avoit  lieu  avec  tout  fon  pouvoir  abfolu ,  & 
que  rien  ne  diminuât  ou  ne  s  opposât  à  cette  ac- 
tion, il  devroit  néceflTairement  en  réfulter  des 
corps  d'une  fi  grande  denfité,  qu'ils  feroient  peut- 
être  mille  fois  plus  pefants  que  l'or.  11  en  ieroit 
de  même,  fi  cette  force  d'attraéfcion ,  fans  être 
abfolue ,  agifloir  conftamment  avec  un  même  de- 

fré  de  force  entre  les  molécules  difpofées  à  ad- 
érer  eçfemble  ;  il  en  réfulteroit  des  corps1  qui 
feroient  entre  eux  d'une  denfité  égale.  Or,  comme 
nous  venons  de  le  faire  obferver ,  il  y  a ,  a  cet 
éprd ,  une  très  grande  variété  :  on  en  peut  con- 
clure que  l'attraction  exerce  fon  aétion  à  des  de- 
grés de  diftance  différents  ,  qui  font  relatifs  à  la 
nature  des  corps,&  à  une  infinité  de  circonftances» 


ÏT      RAISONNÉ  E.  17 

U  fera  peut-être  toujours  impoflîble  de  pouvoir 
obferver  &  cpnftater  les  degrés  de  force  de  ces 
effets  dans  les  différents  corps ,  &  déterminer  les 
diftances  où  cette  vertu  attractive  celle  d'agir. 

La  caufe  qui  s'oppofe  a  l'attraltion  ablolue  y 
a  été  reconnue  par  les  Physiciens  à  l'égard  de* 
corps  céleftes  j  ils  lui  ont  donné  le  nom  de  répul- 
Jion  j  c'eft-à-dire ,  une  force  tout  auffi  réelle  que 
1  attraction ,  qui  repoufle  les  corps ,  après  qu'ils 
fe  font  approchés  i  un  certain  point ,  &  qui  les 
empêche  ae  fe  réunir.  U  paroît  que  c'eft  de  ces 
deux  forces,  auraâion  6c  répulfion*  bien  ordon- 
nées ,  que  refaite  l'équilibre  &  la  parfaite  har- 
monie qu'il  a  plu  au  Créateur  d'établir  dans  l'uni- 
vers. Cette  répulfion  ,  quoique  caufe  féconde ,  8c 
foumife  aux  loix  de  l'attraâion  >  eft  une  propriété 
inhérente  à  la  matière  :  cette  propriété  agit  con- 
jointement avec  l'attraâion ,  jufques  dans  les  élé- 
ments des  corps ,  Se  dans  toutes  les  opérations  de 
la  Chymie.  U  paroît  même  que  c'eft  de  ces  deux 
effets  réunis ,  &  de  leurs  différents  degrés  d'ac- 
tion ,  que  refaite  la  variété  qu'on  obferve  dans 
la  dureté  &  dans  la  denfité  des  corps  :  cette  ré* 
pulfion  n'influe  pas  moins  dans  les  phénomènes 
de  leur  compoiîtion  &  dans  ceux  de  leur  décom* 
pofirion.  % 

Beaucoup  de  Phyficiens  ont  rejette  la  répnlfion 
que  Newton  avoit  reconnue  dans  les  corps  fublu- 
naires.  Us  ont  regardé  cette  propriété  comme  chi- 
mérique ,  parcequ'ellé  n'étoit  pas  appuyée  fur  un 
nombre  fumfant  d'expériences  &  d  oofervations  ; 
mais  9  fi  1  on  jette  un  coup  d'oeil  fur  beaucoup 
d'opérations  de  chymie ,  on  ne  pourra  s'empêcher 
d'admettre  une  propriété  répuluve  dans  les  corps. 
Lorfque. nous  parlerons  de  la  cryftallifation  des 
fels^  nous  nous  étendrons  davantage  fur  cette  ma* 


X%  ChYMIE   IIPiltrJIEHTALB 

tiere  :  nous  ferons  voir  des  expériences  ttès  fa- 
vorables au  fyftême  de  la  répuHkm. 

i°.  Affinité  d? agrégation* 

I/àflïnité  d'agrégation  eft  Tactradion  8c  l'ad- 
hérence des  corps  de  même  efpece  dans  l'état  de 
liquidité ,  pour  former  des  mafles  plus  groflès , 
mais  de  même  nature. 

On  place  fur  un  papier  huilé ,  deux  gouttes 
d'eau  ,  diftantes  l'une  de  l'autre  d'etmron  une 
lime  :  un  inftant  après ,  on  voit  qu'elles  font 
effort  pour  fe  rapprocher  :  elles  fe  rapprochent 
en  effet ,  &  fe  réunifient  avec  un  motfvement 
accéléré.  Deux  gouttes  de  mercure  placées ,  dans 
les  mêmes  circonftances ,  fur  une  feuille  de  pa- 
pier ,  fe  réunifient  également  avec  tin  mouve- 
ment accéléré.  Il  7  a  beaucoup  d'autres  expé- 
riences ,  dépendantes  de  la  même  caufe  ,  où 
deux  gouttes  de  liqueurs  homogènes  fe  réunifient 
de  la  même  manière  ;  tandis  que  deux  gouttes  de 
liqueurs  hétérogènes ,  comme  une  courte  d'eau 
&  une  goutte  a  huile,  loin  de  fe  reunir,  fem- 
blent  i  au  contraire ,  fe  repoufier. 

U  eft  bon  de  prévenir ,  lorfqil'on  fait  ce*  expé- 
riences ,  de  poier  les  gouttes  de  liqueurs  fur  des 
corps  auxquels  elles  n'aient  point  une  difpofition 
*  à  s'unir  :  par  exemple,  fi  Ion  mettoit  les  deux 
gouttes  d'eau  fur  du  papier  fans  être  huité ,  cène 
affinité  ne  fe  manifefteroit  point ,  l'eau  s'imbibe- 
toit  dans  le  papier,  &  cette  imbibkion  s'oppoferoit 
aujphénomene  de  la  tendance.  La  même  chofe 
arriverait  fi  on  placoit  des  gouttes  de  ihercure 
fur  une  plaque  de  plomb  ou  d'étain ,  8cc. 

Comme  l'agrégation  emporte  nécefiàirement 
avec  elle  l'union  &  le  mélange  intime  dei9  corps 
qu'on  met  en  jeu ,  de  manière  qu  on  né  puiflè 


1T      HAXSOMtiit.  19 

pas  distinguer  les  pâmes  qui  étoient  à  droite 
d'avec  celles  oui  croient  à  gauche  ;  il  s'enfuie 

3ue  ce  cas  d'affinité  ne  peut  avoir  lieq  .qu'avec 
es  corps  qui  font  dans  l'état  de  liquidité  , 
comme,  font  les  liquides  dont  nous  venons  de 
parler ,  ou  deux  gouttes  de  métal  de  même  ef- 

{>ece ,  en  fufion ,  qu'on  placerait  1  une  à  côté  de 
'autre.  Ce  en  quoi  cette  efpece  d'affinité  diffère 
de  l'affinité  d'adhérence  »  eft  que  dans  cettç  der- 
nière affinité  9  qui  a  lieu  entre  les  corps  folides 
de  même  efpece ,  ou  d'efpece  différent* ,  ou  entre 
un  corps  fonde  &  un  corps  liquida  >  les  <joips  ne 
peuvent  le  mêler  ni  fe  confondre. 


raf 

petites  [ 

comme  fur  les  cpjpç'foUdes,  aii  reite  oe*  fgits 

Seuventêtre  également  cités  comme  dessiemples; 
'affinité  d'attta<9»on  &  définit*  d^agrécarion  ; 
mais  fi  l'on  voyait  te  effets  de  cette  wgnie** 
affinité  d'une  manière  plus  fenfible ron  peut 
mêler  un  yeiw d'eau  *vac  un  Yerre  d'eau»  ou  un 
verre  d'huile  avec  un  verre  d'huile ,  ou  une  livre 
de  plomb  fondu  avec  une  livre  de  plomb  fondu  $ 
ces  expériences  font  toute»  autant  d'exemples 
d' affinités  d'agiégâùcro.  Mais  fi ,  par  Fagitarion , 
on  mêle  intimement  un  verre  d'eau Su  un  verre 
d'huilé ,  on  que  ,  ;{*ug  la  fufion  ,•  on  mêle  du  fer 
Se  du  cuivre ,  ces  deux  mêknges  ne  formeront 
point, d'agrégation,  nareeque  l'huile  &  l'eau  ne 
ion  t.  pas  des  coeps  de  même  efpece»  non  plua 

2 ne  le  fer  &  le  cuivre.  Le  fimple  repos,  occa- 
onnera  la  fép^wtioa  de  l'huilé  da*ec  L'eiu }  8c 
L'enobfecvera  *  dans  b  mélange  de.  fer  £c  de  cui- 
vre ,  que  ces  métaux  ne  font  pas  parfaitemeno 
ttnis^  ikfeipnxctifpi^ésdanjiamafed^ema- 


jo        Chymie  expIrimentaib 

xiiere  très  diftin&e ,  &  on  pourra  les  féparer  l'un 
de  l'autre  avec  un  marteau  &  un  cifeau. 

Il  en  eft  de  même  d'un  us  de  briques  ou  de 
fable  :  ce  n'eft  point  une  agrégation  ,  mais  un 
amas  de  matière.  Si  l'on  procure  au  fable ,  ou  à 
la  brique,  le  degré  de  chaleur  convenable  pour 
tes  faire  entrer  en  fufion ,  alors  les  parties  fe  réu-* 
niflent  ;  elles  forment  une  maffe  uniforme  j  il 
en  réfulte  une  agrégation.  Ainfi ,  pour  que  l'agré- 
gation ait  véritablement  lieu  5  il  faut,  comme 
nous  l'avons  4éja  dit ,  que  les  corps  foient  ho- 
mogène? entre  eux ,  &  dans  Un  état  de  liquidité , 
afin  que  l'union  des  parties  puifle  fe  faire* 

j°.  AfiiniU [cpmpoféc  de  deux  corps ,  d'oà  il  réfulte 
.'.  une  combinai/on. 

Cette  affinité  a  lieu  à  L'égard  de  deux  corps  hé- 
térogène? qui  agiffent  mutuellement  l'un  fur  l'au- 
tre, en iptiifluit  réciproquement  leurs  propriétés 
particulière*.  Il  réfulte  de  leur  union  un  nouveau 
corps  compofé  qui  a  des  propriétés  moyennes 
entre 4es -corps  qui  ont  fervi  à  le  former. 

i       "     Ejk    P    É    R   I   E    N   Ç.E. 

.  On  met  dans  un  verre  un  morceau  de  marbre 
tlanc  :  on  verfe  par-deflus  environ  trois  ou  qua- 
tre fois  fon^oidsuTacide  nitreux  t  auffi-tôt  1  acide 
agit  fur  le  marbre  :  il  fe  fait  une  effervescence 
qui  dure  tant  qu'il  y  a  du;  marbre  Se  de  l'acide* 
nirreux  e a  état  d'aeir  ;  le  marbue  difporoîr  en  en- 
tier ,  û  Yon  &  employé  fuffifammeRt  d'acide. 
-  Après  que  la  difiTolution  eft  faite,  &  quelle- 
eft  bien  facurée ,  il  réfulre  une  liqueur  qui  a  des 
propriétés  moyennes  entré  celles  de  l'acide  fie 
celles  du  marbre. 
* ..  Le  jpaEhrè  na^ni  odeur  sa  faveur  j  l'acidf  ni-* 


it    haisommIi.  f% 

treux  a  une  odeur  forte ,  &  une  faveur  violem- 
ment aigre,qui  agace  les  dents.  Ce  dernier  partage 
£es  propriétés  avec  le  marbre  blanc  :  le  compofc 

2ui  réiulte  de  leur  union ,  a  infiniment  moins 
'odeur ,  moins  de  faveur  que  n'en  a  l'acide  ni* 
treux  pur  :  celle  de  ce  compofé  n'eft  plus  aigre  ; 
elle  eft  feulement  falée ,  un  peu  amere  &  pi- 
quante ;  mais  on  n'y  reconnoît  plus  les  propriétés 
de  l'acide  nitreux  pur. 

Il  v  a  dans  la  Chymie  beaucoup  d'exemples 
femblables  d'afïiiîité  de  deux  corps ,  d'où  il  ré- 
fuite  autant  d'efpeces  de  compofés  :  nous  en  par- 
lerons, à  mefure  que  l'occafion  nous  en  fournira 
les  moyens.  Nous  ferons  ici  quelques  remarques 
fur  la  manière  d'opérer  cette  affinité  avec  plus  de 
facilité. 

i°.  Il  y  a  des  corps  dont  l'adhérence  des  parties 
eft  fi  grande ,  que  les  acidps  les  plus  puiffan  ts  font 
abfolument  hors  d'état  de  les  attaquer  par  la  voie 
humide,  &tantquilfioutagréges:tetlesifontle9 
pierres  &les  terres  vitrifiables ,  &c.  Mais  fi  Ton 
détrqin  l'agrégation  des  parties  de  la  matière ,  en 
pul  vérifant  les  corps ,  fou  par  des  moyens  méca- 
niques ,  foit  par  des  moyens  chymiques ,  fuivaht 
la  nature  des  corps  que  1  on  veut  combiner ,  on 
parvient  à  les  unir  enfemble  j  &  c'eft  en  effet  à 
quoi  je  fuis  parvenu  dans  beaucoup  dtocafions.  « 

Le  marbre  même,  quoiqu'il  fou  de- facile  dif- 
folution  dans  les  acides,  fe  diflbut moijis  rapide* 
ment ,  lorfqu'il  eft  en  gros  morceaux  ,  rque  lorf- 
qu'il  eft  en  poudre  fine: 

i°.  De  ce  que  deux  corps  fe  fbçt  unis  très 
promptement ,  on  n'en  doit  pas  conclure  qu'ils 
ont  enfemble  la  plus  grande  affinité,  C'eftpar  l'ad- 
hérence qui  fubulte  après  qu'ilsfont  unis  *,  &  par 
les  difficultés  qu'on  éprouve  i  les  féparerr,  quoi\ 


fi  Cmniit  sXpiRîkÊMTiLtf 
doit  niefurer  leurs  degrés  d'affinité.  Par  exem* 
pie ,  l'argent  s'unif  à  l'acide  nitreux  avec  beau- 
coup de  facilité  ;  mais  il  y  tient  bien  légèrement; 
une  chaleur  mcjne  allez  modérée  fufÇt  pour  Ten 
féparer  ;  tandis  qu'au  contraire ,  l'acide  marin  f 

3ui  ne  s*unit  à  l'argent  que  difficilement ,  8c  par 
es  moyens  non  dire&s ,  contraâe  cependant 
avec  ce  métal  une  union  très  forte ,  &  qui  ne 
peut  être  détruite  avec  la  même  facilité.  De  là 
on  peut  conclure  qu  il  ne  faut  pas  décider  qu'un 
corps  n'a  aucune  affinité  avec  un  autre  corps ,  par- 
ceque  l'on  ne  connoît  aucun  moyen  de  les  unir  j 
H  y  a ,  au  contraire ,  tout  lieu  de  penfer  qu'on  y 
parviendront  par  des  moyens  plus  recherches. 
La  Chymie  n'étant  pas  ericotè  aflez  avancée 

Jour  parvenir  à  unir  certains  corps  qui  refufent 
e  fe  combiner ,  nous  regarderons :,  comme  le  dit 
M.  Macquef ,  les  affinités  <ju'pnpeut  leur  fuppo- 
fcr.,  cpmoie  de  nul  effet.;  &  nous  dirons ,  avec 
cet  habile  (phymifie ,  eh  attendant  qu'on  tlécbu- 
vre  les  moyen^de  les  unir,  que  ces  corps-là  n'ont 
poiiit  d*âffifhité  enfemble ,  comme  l'huile  &  l'eau, 
le  plomb  &  le  fer ,  te  mercure  &f  Ièfer ,  &c.  pavce- 
que  jufqttU  prêtent  oïl  hçcohnoît  aucun  moyen  de 
lés  unit  dite&ement.        * 

4°»  4$W*£,  çcmpefét  4*  trois  corps  qui  ont  cïh~ 
fmbfc  un  égal  dtgréd'qfflnité* 

Les  affinités  de  cette  clarté  font  celles  âts  corps 
hétérogènes  qui  ont  enfemble  d^s  degrésd'am- 
nité  égaux ,  ou  à-peu-près  égaux ,  &  qui  s'uhit- 
fent,  (ans,  qu'il  arrive  de  décbmpofition.  ' 

E.  X   P   B   K   1    E   N,  C    E. 

On  fait  foudre  enfemble  dans  une  cuiller  de 
fer,  quatre  gros  de  plomb  &  autant  d'étain  :  on 

ajoute 


r*   *  T     H  A  1  S  O  M  MÏï;  ,JJ 

ajoute  à  ces  métaux  fendus  deux  gros  de  mer- 
cure :  on  coule  ce  mélange  fur  une  brique  :  le 
tnercure  s'unit  en  même  temps  au  pîoibb  &  à 
rétain ,  parceque  fon  affinité  eft  à-peu-près  égale 
avec  l'un  comme  avec  l'autie.  La  mate  métal** 
lique  fe  trouve  avoir  des  propriétés  communes 
aux  trois  corps  dont,  elle  eft  compofée  :  elle  eft 
plus  blanche ,  plus  argentine ,  plus  aigre  &  plus 
caflante  nue  ne  le  font ,  chacun  féparement  9 
ou  enfemble ,  le  plomb  &  l'étain  :  le  mercure  a 
perdu  fa  fluidité ,  en  diminuant  la  folidité  des 
autres  métaux. 

On  pourroit  ainfi  réunir  un  plus  grand  nom*' 
bre  de  corps ,  fans  qu'il  arrivâr  de  décompofition  } 
ce  feroit  alors  un  exemple  d'affinité  compofée 
d'autant  de  corps  qu'on  en  auroit  fait  entrer  dans 
le  mélange. 

5°.  Affinité  d'intermède. 

L'affinité  d'intermède  eft  celle  dans  laquelle 
deux  corps  ne  peuvent  s  unir  enfemble,  qu'à  l'aida 
d'un  rroifieme  quia  de  l'affinité  avec  un  de$  deux 
premiers ,  ou  avec  tous  les  deux  en  même  temps. 

Expérience. 

On  met  dans  un  verre  un  morceau  de  marbra 
blanc  :  on  verfe  de  l'eau  par-detfus  :  ces  deux 
fubftances  ne  s'unirent  point  ;  mais  fi  l'on  ajoute 
un  acide ,  il  diflbut  le  marbre }  il  facilite  par  don- 
fèquent  fon  union  avec  l'eau  :  ainfi  l'acide  eft  un 
intermède  propre  &  unir  la  terre  avec  l'eàu ,  par- 
ceque l'acide  a  de  l'affinité  avec  la  terre ,  &  qu'il 
en  a  aufli  avec  l'eau. 

*  Il  en  eft  de  même  du  fpufre  &  de  l'eau  qui 
n'oht  point  d'affinité ,  &  qui  ne  peuvent  s'unir 
Tome  L  C 


$4  ChYMII  lSp£*TlCENTAt* 

enfemble  ;  mais  fi  Ion  ajoute  de  l'alkali  6të3 
comme  il  a  de  l'affinité  avec  Teau  8c  avec  le  fbufre, 
il  fert d'intermède  pour  unir  le  foufre  à  Peau  }  ce' 
compofé  porte  le  nom  de  foie  de  foufre. 

Il  y  a  dans  la  Chymie  une  infinité  d'exemples 
d'affinités  de  ce  genre. 

<°.  Affinité  de  trois  corps  y  de  laquelle  il  reftdu 
une  décompofition  &  une  nouvelle  combinaifon 
qui  fe  font  en  même  temps. 

Cette  affinité  a  lieu ,  lorfqu  on  ajoute  i  deux 
corps  qui  (ont  déjà  unis ,  un  troifieme  qui  a  avec 
Tun  des  deux  une  affinité  plus  grande  que  les 
deux  premiers  n'en  ont  enfemble. 

Expérience, 

On  met  dans  un  verre  du  marbre  diflous  par 
de  l'acide  nitreux  :  on  verfe  deflus  de  l'alkalf 
fixe  en  liqueur  :  cette  matière  faline  occafionne 
fur-Ie-champ  un  précipité  blanc  qui  eft  le  marbre 
que  tenoit  l'acide  en  diflblution.  Cet  effet  arrive, 
pareeque  les  affinités  de  l'acide  &  de  l'alkali  font 
plus  fortes  entre  elles ,  que  celle  de  la  terre  avec 
ce  même  acide  :  l'acide  nitreux  quitte  la  terre, 
pour  s'unir  à  l'alkali ,  &  former  enfemble  une 
nouvelle  combinaifon  qui  eft  du  nitre.  On  peut 
obtenir  ce  nitre ,  en  filtrant  le  mélange ,  &  fai- 
faut  évaporer  une  partie  de  la  liqueur  :  elle  four- 
nit y  par  le  refroidiflement,  de  vrais  cryftaux  de 
nitre.  Ce  qui  refte  dans  le  filtre  >  eft  le  marbre 
en  poudre  :  on  peut  le  laver ,  pour  le  deflàler  :  on 
lui  reconnoîtra  toutes  les  propriétés  qu'il  avoic 
auparavant. 

Ce  genre  d'affinité  eft  d'un  grand  fecours  dans 
les  opérations  de  la  Chymie  :  c'eft  par  elle  que 


dopèrent  toutes  les  précipitations  des  matière* 
tnetalliques  qui  étoient  diffoutes  dans  un  acide 
quelconque» 

y6*  Affinité  réciproque. 

.  L'affinité  réciproque  eft  celle  où  detiï  coq* 
déjà  unis,  l'un  des  deux  eft  féparé.par  un  troi- 
sième qu'on  lui  préfente  :  le  corps  dégagé  fépare 
à  fon  tour  celui  qui  l'avoit  féparé  d'abord.  On 
nomme  cette  affinité  réciproque  j  à  caufe  de  la 
réciprocité  des  effets  qui  arrivent* 

Expérience, 

On  met  dans  une  cornue  parties  égales  de  nitre 
&  d'acide  vitriolique  :  on  foumet  le  mélange  à  la 
diftillatîon  :  l'acide  vitriolique  décompofe  le  ni- 
tre  :  l'acide  nitreux  pafle  dans  la  diftillation.  Il 
xefte  dans  la  cornue  i  acide  vitriolique  uni  à  l'al- 
Jfcàli  du  nitre  qui  forme  du  fel  de  duobus  ou'on 
purifie  par  diflblution ,  filtration  &  cryttallifa- 
tion. 

Enfuite  on  fait  diflbudre,  à  l*aide  d'une  douce 
chaleut ,  du  fel  de  duobus  dans  fort  poids  égal ,  ou 
à-peu-près,  d'acide  nitreux.  Lorfque  là  diflolutioU 
eft  faite ,  on  la  laiffe  refroidir  :  elle  fournit-une 
très  grande  quantité  de  cryftaiix  qui  font  du  ni-* 
tte  ,  qu'on  fait  égoutter  fur  du  papier  gris ,  pour 
abforper  l'acide  vitriolique  qui  le  thouille*  Dans 
ce  dernier  cas  »  l'acide  nitreux  dégage  l'acide  vi- 
triolique ,  pour  s'unir  ï  lalkali  du  fel  de  duàbusx 
avec  lequel  il  forme  du  nitre. 

11  réiulte  de  ces  expériences  »  que.,  par  la  voie  ' 
feche,  l'acide  vitriolique  a  plus  d'affinité  avec 
l'alkali  du  nitre ,  que  n'en  a  Vacide  nitreux  ;  Se 
au  contraire,  il  paraît  que,  par  la  voie  humide  , 
c  eft  l'acide  nitreux  qui  a  fon  affinité  plus  grande 

Ci) 


|ff  CntUît   BtPÉRIUlENTXtB 

avec  cette  même  matière  faline.  Le  fel  de  Glaubeïf 
fe  décompofe  de  même  par  l'acide  nirreux.  Noui 
rendrons  compte  en  fon  lieu  de  quelques  obfer- 
vatiotis  relatives  à  ces  affinités  réciproques. 

11  y  a  dans  la  Chymie  beaucoup  d'exemples 
femblableSp  telle  que  la  décomposition  du  fel  am- 
moniac par  la  craie ,  qui  s  opère  par  la  voie  feche  : 
la  craie  dégage  Talkali.  volatil  :  cette  dernière 
fubftance  décompofe  à  fon  tour ,  par  la  voie  hu- 
mide, le  fel  marin  à  bafe  terreufe,  qui  refte 
dans  la  cornue  après  la  décomposition  du  fel  am- 
moniac ,  &Ct  &c.  Ces  obfervations  font  voir  la 
nécedisé  d'établir  les  deux  tables  des  rapports  que 
je  propofe  :  ç'eft  le  feul  moyen  de  mettre  plus  de 
clarté  dans  l'ordre  des  affinités  des  corps ,  &  de 
connoître  leur  degré  d'affinité  avec  plus  d'exa&i- 
tude  qu  on  n'a  pu  le  faire  jufqu'à  préfent. 

8°.  Jffinitc  de  quatre  corps  ,  ou  affinité  double', 
4'oùUféfultt  deux  dccompojîtions  &  deux  nou- 
velles combinaifons* 

Ces  affinités  font  celles  où  l'on  met  en  jeu 
quatre  fubfbnces ,  mais  déjà  combinées  deux  à 
ceux  :  les  deux  compofées  échangent  récipro- 
quement leurs  parties  conftituantes  ,  Se  forment 
deux  nouvelles  combinaifons  produites  par  deux 
décomposons. 

Expérience. 

On  prend ,  d'une  part ,  du  fel  de  Glaubér  , 
qui  eft  compofé  d'acide  vitriolique  &  d'alkali 
marin. 

D'une  autre  part,  on  prend  du  mercure  dit* 
fbus  par  de  l'acide  nitreux  :  cela  forme  bien  les 
quatre  fubftances ,  mais  combinées  deux  à  deux  , 


,     I  T      RAISONNÉ  £♦      •  •  « 

comme  nous  l'avons  die  dans  notre  définition." 

Préfencemenc ,  en  mêlant  ces  deux  di(ïolutionsr 
Ufefait,  un  inftanr  aprèç,  un  précipité.  Ce  précis 
pité  eft  produit  par  l'union  du  mercure  avec  Facutq 
vitriolique  qui  ont  quitté ,  l'un  l'acide  nitreux  « 
&  l'aune  l'alkali  marin  ,  pour  former  un  vitriol 
de  mercure  qui  fait  une  nouvelle  combinai!*^ 
d'acide  vitriolique  &  de  mercure,  que  l'on  nomma 
turbith  mhxircd.  En  filtrant  la  liqueur ,  &  la  faU 
fan t  évaporer  un  peu ,  elle  fournit  des  cry ftaux  da  % 
nirre  quadrangulaires  j  &  c'eft  la  féconde  cçin^i- 
naifon  :  elle  eft  formée  par  l'alkali  marin  du  î$\ 
de  Glàubet  &  l'acide  nitreux  de  la  diffolution  d$ 
mercure.  ,, 

Il  y  a  dans  la  Chymie  une  infinité  d*ocçaflan% 
où  ce  genre  d'affinité  a  lieu.  Le  rame  vitriolé  &; 
la  diiïblutionde mercure,  faire  par  de  l'acide  «in 
treux,  fournifleut  encore  un  exemple.de  cesaffi* 
nités*     ,  ..:',.  \-jt. 

La  décompofition  du  fel  de  Gfcauber  $c  di* 
tartre  vitriole  par  le  fel  de  Saturne  y  l'opération 
du  bleu  de  Prufle  ^  celle  par  laquelle  on  ikiç 
en  même  temps  le  beurre  &  le  cinnabre  dfan^ 
timôine  }  la  decooipofition  du  fel  marin  par  le* 
cjiflblutions  de  plomb ,  d'argent  &  de  mercure  ^ 
faites  pav  l'acide  nitreux  %  font  autant  d'e*empies; 
de  cette  affinité  de  quatre  corps  qui  agi  lient  ej^ 
même  temps ,  &  qui  produifent  deux  décompo^ 
fitrons  &  deux  nouvelles  combiflaifons. 

Au  moyen  de  cesaffini tés  doubles,  onexpliq^i^ 
plufieurs  phénomènes,  de  décompofition  &  dot 
composition  dont  on  auroit  peine  a  rendre  caifon^ 
Elles  fervent  à  prouver ,  par  exemple ,,  que  cer- 
tains corps,  tant  qu'ils  (ont  en  mafle  d'agrégés  » 
ne  peuvent  ni  s'unir  ni  fe  combiner  ;  mais  que-,, 
Wquç  ç%  mêtuçs.  corps  fgat  fuffifaç>mçat  àU 


$t        Chymiï  BxriniMBKTAtit 

vifés ,  foit  par  des  moyens  méchaniques  ou  clijp*' 
iniques ,  ils  s'unifient  très  bien  j  tel  que  le  mer- 
cure qui  ne  peur,  fans  feu,  s'unir  à  l'acide  vi- 
molique  même  concentré,  &  qui  fe  combine 
très  bien  avec  cet  acide  même  affoibli ,  lorfqu  il 
a  étédivifé  auparavant.  L'acide  nitreux  fait  cette 
divifion  ;  d'où  je  conclus  qu'en  divifant  fuffifam- 
ment  lestorps ,  on  peut  parvenir  à  en  unir  beau- 
coup qui  paroiflent  les  moins  difpofés  à  fe  com- 
biner. 

Ces  affinités  de  quatre  corps  font  très  com- 
modes pour  découvrir  certains  mélanges  qui  fe* 
roienc  difficiles  à  connoîrre  autrement.  Néan-^ 
moins  il  y  a  nombre  d'occafions  où  cela  n'eft  pas 
abfolument  néce(Taire ,  &  où  les  décompositions 
fe  foqt  avec  trois  corps ,  tels  que ,  1  °,  la  décom- 
position du  tartre  vitriolé  par  1  acide  hirreux  feul: 
i°.  le  fel  de  Glauber  décompofé  par  ce  même 
acide  feul  :  j°.  ces  fels  pareillement  décompofé* 
par  du  plomb  pur ,  mais  fuffifamment  divifé  i 
4°.  du  bleu  de  Prufle  fait  fans  acide  par  l'alkali 
volatil  &c  le  fer  ditfbus  dans  de  l'eau  diftillée  : 
5  *\  le  fublimé  corrofif ,  décompofé  par  le  régule 
d'antimoine  ?  6*.  le  fel  marin ,  dçcompofé  par 
l'acide  nitreux  feul. 

Il  réfulte  donc  qu'à  la  rigueur,  on  peut  fe  pafTer 
des  affinités  de  quatre  corps ,  pour  opérer  beau- 
Coup  de  décompositions ,  puifqueHes  ont  lieu 
avec  trois  $  ce  qui  me  paroit  plus  fimple  &  plus 
conforme  aux  loix  de  la  Nature.  D'ailleurs  il  eft 
à  prefumer  que  des  quatre  corps  qu'on  met  en 
jeu ,  il  arrive  fouvent  qu'il  n'y  en  a  que  trois  qui 
agirent  direftement  ;  le  quatrième  joue  fon  rôle 
par  occafîon ,  &  parcequ'il  eft  libre  :  il  fe  réunie 
avec  celui  des  trois ,  qui  fe  trouve  néceffairemenç 
libre.  Cependant  il  faut  convenir  que  ces  déçoiR* 


ÏT     RAISONNÉ  !♦  J9 

portions  &  comportions  réuffitfent  mieux ,  lors- 
qu'on mec  les  quatre  corps  en  jeu  :  elles  font  infi- 
niment plus  promptes. 

Sur  les  Eléments ,  ou  Principes  primitifs  des  corps* 

Les  Chymiftes  donnent  le  nom  ^éléments  à 
des  fubftances  (impies ,  inaltérables ,  auxquelles 
on  ne  connoît  point  de  parties  conftituantes  t 
tels  font  lefeujYair^  Yeau&clz  terre.  On  leur  a 
donné  aum  le  nom  de  principes  primitifs  >  par- 
cequ  ils  font  en  effet  les.  premiers  principes  des 
corps,  &  qu'ils  entrent,  comme  principes  confti- 
tuants ,  dans  là  compofition  des  corps  compofés  j 
du  moins ,  ils  fe  manifeftent  dans  toutes  les  ana- 
lyfes  &  décompoflRons  chymiques ,  comme  der- 
niers réfultats  qu'on  ne  peut  plus  déçompofer. 

Ces  quatre  iubftancés  ne  fe  trouvent  pas  tou- 
jours réunies  dans  tous  les  corpMe  là  Nature  in- 
diftinâement  :  les  végétaux  &  les  animaux  les 
contiennent  bien  toutes  j  mais  la  plupart  des  ma- 
tières du  règne  minéral ,  8c  fpécialement  les  ter- 
res vitrifiabies ,  font  abfolument  dépourvues  d'air 
&  d'eau. 

La  plupart  des  Philofophes  ont  fenti  la  né- 
teffité  d'admettre  des  principes  primitifs  ,  c'eft-à- 
dire  ;  des  corps  très  (impies,  qui  ferviffent  à  for- 
mer tous  les  corps  de  la  Nature ,  &  dans  un  ordre 
progreifif,  comme  nous  le  dirons  dans  un  inftant  : 
mais  ces  Philofophes  ne  font  point  d\tccord  fur 
la  nature  de  ces  principes ,  ni  fur  leur  nombre  : 
ils  leur  ont  donné  différents  noms,  comme  élé- 
ments >  monades  3  matière  première  ^  &c.  Les 
uns ,  comme  Thaïes  de  Milet,  admettoierit  l'eau 
comme  principe  de  toutes  chofes  2  les  autres, 
comme  Anaximene,  penfoient  que  l'air  étoic 
Jk  fçul  principe  ;  d'autres  la  terré*  &  d'autres 

C  iv 


jto         Chymii  expérimentale 

le  feu  ;  ils  ont  quelquefois  attribué  aux  princïi 


fous  quelque  dénomination  que  1  on  confiderer 
les  principes  primitifs  des  corps ,  on  doit  con- 
cevoir qu'ils  font  eflentiellement  de  la  plus  grande 
fimplicité  ,  qu'ils  n'ont  point  de  parties  confti- 
tuantes,  &  qu  acaufe  de  la  ténuité  &  de  la  finefle 
de  leurs  parties  ,  ils  ne  peuvent  être  fournis  à 
aucun  de  nos  fens. 
Empédocles  y  l'un  des  plus  anciens  Philofo^ 

Ïhes  de  la  Grèce ,  paroît  être  le  premier  qui  aie 
tabli ,  comme  éléments  ou  principes  de  toutes 
çhofes  ,  le  feuj  l'air  >  Veau  fc  la  terre.  Voyea 
Hljloire  de  ta  Philofophie  par  M.  Deflande  , 
Tome  II,  pige  9a.  L'habile  Traduâeur  de  la 
nouvelle  Editiqi  de  Pline  fait  la  même  reman 
que  dans  unp  Note ,  Livre  1  *  page  ij  ,  &  il 
ajoute  qu'Àtiftoce  &  Zenon  diftinguoiçnt  les; 
élément*,  établis  pat  Empédocles  ,  d'avec  les 
principes  :  ils  penioient  que  Dieu  &  la  matierq 
etoient  le*  principes  de  toutes  chofes  ,  8ç  que  Iq 
feu.  y  V air  y  Yçau  &  la  ferre  éfoiejit  les  éléments, 
i»  Un  paffage  de  Plutarque ,  ditleTradu&eur.dç 
tx  Pline  ,   jette  une  grande  lumière  fut  cettç 
v  difficulté  >  &  jurtifie  pleinement  la  contr?dic^ 
v  lion  apparente  où  Pline  femble  tomber  iorf- 
«  qu'il  dit,   malgré  toutes  les  opinions  qu'on 
v  vient  de  rapporter,  que.perfonne  ne  doute  que 
>>  les  éléments  ne  foie  rit  quatre  en  nombre. . .  M 
»  Voici  ce  paffage  de  Piurarque.,  Ariftote  &  Pla- 
v  ton  penfent  qu'il  y  a  une  différence  entre  prin-< 
»>  cipes  &  éléments  \  mais  Thaïes  de  ^filet  le$ 
»  prend  pour  une  même  chofe*  Toutefois  la  diffé- 
t>  rçnçe  çft  grande  x  puii^ue  (es  élççnepts  fçnj 


r       !T     K  A  !  S  O  N  N  i  E,      -^  41 

jp  compofés ,  &  que  les  principes  font  incompofés 
»  &  (impies  comme  tout  ce  qui  eft  d'une  naturel 
»  complétée.  C'eft  pourquoi  Pair,  la  terre  ,  le  feu 
»»  &  l'eau  font  appelles  cléments.  Mais  les  prin- 
»  cipes  font  ainu  nommés  »  pareequlls  n'ont  rieij. 
v  qui  les  précède,  &  d'où  ils  dérivent  i  car  au- 
*>  trement ,  &  s'ils  n  étoient  les  premiers ,  ils  n^ 
»  feroientpas  principes ,  mais  engendrés,  n 

Ce  paflage  de  Plutatque  fait  voir  a(Tez  que 
les  fubftances  reconnues  aujourd'hui  par  le&mqiU 
leurs  Chymiftes  Phy/iciens  >  pour  erre  les  élé-t 
ments  primitifs  des  corps  ;  étaient  déjà  connue^ 
pour  tels  par  beaucoup  de  Philofophes  9  il  y  après 
de  deux  mille  ans';  &.  vraifemblablement  ce* 
Philofophes  n'étoient  pas  Chymiftes.  Les  pre-f 
roiers  Chymiftes  n'ont  point  profité  de  ces  con- 
Jioidancçs.  Paracetye*  qui  vivoit  dans  le  feiziem$; 
iîecle ,  itnagina  d'établir  des  principes  des  corps! 
i  fa  manière  ;  mais  il  n  étoit  ni  a(Tex  bon  Phylw 
cien  ni  affez  bon  Chyraiftç  ,  pour  cônnôîcre  Iei 
qualités  que  doivent  avoir  des  fubftances  qui  mé-; 
ruent  véritablement  fe  nom  S  élément^  ou,  dd 
principes  primitifs.  Il  prend  pour  tels ,  les  pro- 
duits qu'il  obteqoit  par  une  première  analyfe  des 
végétaux  &  des  animaux  :  il  en  diftingua  de  cinq 
efpece$ ,  qu'il  divifa  eu  aUifs  &  cnpajijs.   Ses^ 

{principes1  aftifs  font  Ve/hrUj  V^uiU&cUfcl  ;  8ç 
e$  principes  paflifs  font  Veau  &  la  terré. 

(Je  qu'il  entend  par  cfgrit  ,  qu'il,  nomni*  aufll 
juercure ,  eft  du  fel  difïous  dans  de  l'eau. 

Par  huile  j  qu  il  nomme  également  foufre;  i\ 
entend  toutes  les  liqueurs  nuilçufes  &  Wiffam-t 
(nables. 

.  Par  le/elj  il  enteod  toutes  les  matïeresfalines» 
Par  Yeauj  qu'il  nomme  z\\&  phlegrru  x  il  çjfrr 
£«4  çotiKS  tes  liqueur  aqueuf^  ■     x 


%l  CHYMIE   BXPiltIMEKTAlS 

Et  par  la  terre  j  il  entend  toutes  les  matière* 
fixes. 

Cette  dodrine  ,  établie  par  Paracelfe ,  a  été 
adoptée  par  les  Chymiftes  de  fon  temps ,  &  fui- 
vie  par  plufieurs  Chymiftes  modernes  j  mais  Pa- 
racelfe &  fes  fe&ateurs  ont  regardé  comme  prin- 
cipes ,  des  fubftances  qui  n'^n  font  pas  ;  elles 
n'ont  pas ,  à  beaucoup  près ,  la  {implicite  des 
vrais  principes  :  ce  font  au  contraire ,  comme  nous 
le  verrons ,  des  fubftances  compofées ,  très  diffé- 
rentes entre  elles ,  &  qu'on  peut  réduire ,  par  des 
opérations  fucceffives  ,  en  des  fubftances  de  plus 
en  plus  fimples ,  jufqu  à  ce  qu'elles  foient  rame- 
nées aux  vrais  éléments  primitifs  dont  nous  par- 
lons. 

Becker  ayant  fenti  l'obfcurité  de  cette  doâxine, 
a  entrepris  de  la  reâifier.  Il  n'a  établi  que  deux 

Erincipes  ou  éléments  des  corps ,  favoir ,  V*au  & 
l  terre  ;  mais  ,  pour  pouvoir  rendre  raifon  des 
propriétés  de  tous  les  corps  compofés ,  il  a  admis 
crois  efpeces  de  terres  fimples  &  élémentaires. 

Il  nomme  la  première  terre  vitrifiable  ;  la  fé- 
conde ,  terre  inflammable;  &  la  troifieme ,  terre 
mercurielle. 

La  terre  vitrifiable  eft,  félon  Becker ,  le  prin- 
cipe de  Ta  fixité ,  de  la  dureté  des  corps ,  &  de  la 
vitrification. 

Par  terre  inflammable  y  il  entend  celle  qui  con- 
tient le  principe  de  l'inflammabilité. 

Et  par  terre  mercurielle  y  il  entend  le  principe 
de  la  métallifation  \  c'eft-à-dire ,  celui  qui ,  com- 
biné avec  les  deux  autres  terres,  eft  propre  à  for- 
mer les  métaux. 

'  Staahl ,  en  refèfilht ,  à  fon  tour-,  la  théorie  de 
Becker,  a  prouvé ,  d'une  manière  fatisfaifante , 
i'exiftence  des  deux  premières  terres ,  la  terre 


mtrifiable  &  la  terre  inflammable  ;  mais  il  révoque 
en  douce  l'exiftence  de  la  troifieme ,  comme  ne  lui 
paroiffant  pas  fuffifammcnt  démontrée  ;  &  il  fait 
voir  en  même  temps  que  >z  terre  inflammable ,  à 
laquelle  il  donne  le  nom  de  phlogifliquc  j  n'eft  pas 
un  principe  (impie  ;  que  c'eft  une  fubftance  corn* 
pofee  ,  qu'on  peut  analyfer ,  &  qui  n'a  point  par 
conféquent  la  {implicite  des  fubftances  qu  on  doit 
regarder  comme  éléments.  Ainfi  des  trois  terres 
de  fiecker  ,  il  ne  refte  que  la  terre  vitrifiable , 
qu'on  puifle  raifonnablement  mettre  au  rang  des 
éléments. 

Staahl  a  beaucoup  raifonné  fur  la  (implicite  que 
doivent  avoir  de  viais  principes  j  il  a  éclaira  la 
théorie  de  Becker ,  &  a  établi  la  (ienne.  Parmi  les 
Chymiftes ,  il  paroi  t  être  le  premier  qui  ait  admis 
pour  éléments  ou  principes  primitifs  des  corps, 
le  feu  y  Yaitj  Veau  &  la  terre  3  qui  avoient  été 
reconnus  pour  tels  par  les  Philofophes  Grecs  que 
nous  avons  cités  plus  haut  ;  mais ,  quoique  Staahl 
s'explique  clairement ,  &  qu'il  reconnoifle  à  ces 


regarc 

les  quatre  éléments ,  font  eux-mêmes  compofés 
de  fubftances  encore  beaucoup  plus  (impies.  11  ne 
dit  pas  avec  autant  de  précifion ,  s'ils  font  com- 
pofés d'une  ou  de  plulieurs  fubftances  hétérogè- 
nes entre  elles ,  &  qui  aient  des  propriétés  diffé- 
rentes., ou  fi  elles  font  homogènes.  Et  en  effet , 
il  eft  impoffible  de  fe  procurer  cette  connoiflance. 
Staahl  laiffe  feulement  appercevoir  qu'il  pen- 
foit  que  les  principes  qu'il  luppofe  compofer  nos 
quatre  éléments ,  font  hétérogènes  entre  eux  : 
en  effet  ,  il  paroît  difficile  de  concevoir  com- 
faeqt  un  feul  principe  (impie  &  homogène  peut 


44         Chymib  expérimental* 
former ,  non  feulement  le  fen ,  l'air  ,  l'eau  &  la 
terre ,  mais  encore  tous  les  différents  corps  qui 
exiftenc  dans  la  Nature.  Les  molécules  d'un  tel 

Eincipe  unique  >  en  fe  réunifiant  ,  ne  doivent 
rmer  que  des  agrégations  qui  feront  toujours 
de  même  efpece,  &  non  des  combinaisons.  Si 
Ton  vouloir  fuppofer ,  avec  Scaahl  &  les  Philo- 
fophes  Grecs,  que  le  feu,  l'air,  l'eau  &  la  terre 
foient  des  fubftances  compofées ,  il  paroîtroir  rai- 
fénnable  de  croire  qu'il  entre  dans  leur  compoiî- 
tion  plufieurs  efpeces  de  principes  également 
{impies ,  mais  différents  entre  eux  par  leur*  pro- 
priétés. 

Nous  petifoqs  qu  il  eft  difficile  d'en  détermi- 
ner le  nombre ,  &  nous  en  fen tirons  mieux  les 
raifons,  torique  nous  examinerons  les  propriétés 
de  ces  fubftances  (  du  feu,  de  l'air ,  de  l'eau  &de 
la  terre  ) ,  Se  nous  les  considérerons  avec  les  meil- 
leurs Ckymiftes-Phybciens  ,  comme  les  feuls  Se 
vrais  principes  des  corps ,  pareeque  nous  ne  con* 
noiflbns,  quant  à  prélent,  aucun  moyen  pour 
les  décompofer ,  ou  pour  leur  caufer  la  moindre 
altération. 

Il  paroît  très  naturel  de  croire  que  Staahl  doit 
aux  Philofophes  anciens  l'idée  qu'il  s'eft  formée 
fur  la  poiEbilité  que  ces  éléments  pouvoient  être 
eux-mêmes  compofés  ;  ce  fentiment  n'eft  pas 
rout-à -fait  dénué  de  vraifemblance  }  du  moins  le 
feu,  ou  plutôt  la  lumière  qui  nous  vient  du  fo« 
leil ,,  eft  décompofable  en  fept  couleurs  diffé- 
rentes ,  comme  l'a  prouvé  Newton  par  beaucoup 
d'expériences  des  plus  curieufes  &  des  plus  fatis- 
faifantes.  Peut-être  parviendra-ton  par  la  fuite 
a  opérer  quelques  femblables  décomposons  de* 
antres  éléments. 
»   La  réunion  des  quatte  éléments ,  leurs  propoc? 


•       17     K  A  t  S  O  *  M  i  I.  45 

tiôns  différentes  &  leur  manière  de  s'arranger , 
forment  tous  les  corps  qui  exiftent  dans  la  Nature* 
Nous  démontrerons  ces  vérités  dam  un  très  grand 
détail ,  en  analvfant  les  corps  des  différents  rè- 
gnes. Nous  observerons  cependant  que  ce  n'eft 
pas  par  une  première  analyle ,  qu  on  réduit  les 
corps  aux  éléments  dont  ils  font  eflentiellemenc 
compofés  :  il  faut,  pour  y  parvenir ,  analyfer  ul- 
térieurement ces  premiers  produits,  un  certain 
nombre  de  fois  de  fuite ,  comme  nous  l'avons  die 
en  parlant  des  fubftances  que  Paracelfe  avoir  re- 
gardées comme  principes  :  ces  fubftances  acquiè- 
rent dans  chaque  opération  quelques  degrés  de 
(implicite ,  &  fe  réduifent  à  la  qualité  des  élé- 
ments primitifs.  Ces  obfervations  importantes 
ont  vraifemblablement  donné  à  BecKer  &/  à 
Staahl  l'idée  de  croire  que  les  corps  fe  compo- 
foient  daçs  un  ordre  progreffif,  à  peu  près  fem- 
blableàce  qu'on  obierve  dans  leur  decompofi- 
tion  y  mais  ils  ont  donné  à  ces  corps  de  différents 
ordres  de  compoiîtion ,  des  dénominations  qui 
font  impropres.  La  ûgnification  de  ces  termes  eft 
même  contraire  à  l'idée  qu  on  y  affeâe  ordinai* 
mirement,  &  peut  répandre  de  lobfcurité  Se  de 
l'équivoque.  Ils  les  ont  déiignés  par  les  termes  de 
mixtes  ou  mixtions  *  compofés  à  decompofes  &C 
furdecompofés* 

Ils  entendoient  par  mixtes  ,  le  feu ,  l'air,  l'eau 
&  la  terre  ,  qu'ils  penibient  être  compofés  de 
fubftances  beaucoup  plus  fimples  que  ces  élé- 
ments ne  le  font  eux-mêmes  ;  ils  les  ont  nom* 
mes  y  pour  cette  raifon ,  principes  feconiaircs. 
.  Les  corps  qu'ils  nomment  compofés*  font  ceux 
qui  font  formés  immédiatement  par  l'union  des 
piixtes  dont  nous  venons  déparier. 

Ceux  qu'ils  nomment  decompofes  >  font  le* 


corps  qui  font  formés  immédiatement  par  dd 
corps  compofes* 

Enfin  ce  qu'ils  entendent  par  corps  furdécom- 
pofésj  font  ceux  qui  font  formés  par  l'union  des 
corps  qu'ils  nomment  décompofes.  Voilà  en  peu 
de  mots  toute  la  théorie  que  Becker  &  Staahl 
ont  établie  à  1  égard  des  principes  des  corps ,  & 
l'ordre  des  combmaifons  qu'ils  iuppofent  former, 
lorfqu  ils  s'unifient  les  uns  aux  autres  »  pour 
former  des  corps  fucceffivement  plus  cornpofés; 
$  cela  dans  une  progrèffion  indéfinie.  Les  Chy* 
miftes  &  les  Phynciens  les  désignent  par  des  nom- 
bres qui  indiquent  leur  ordre  de  composition  (i). 
Ainfi  on  les  nomme  compofes  du  premier  ordre  s 
composes  du  fécond  ordre  3  compofes  du  troificme 
ordre ,  &c.  ce  qui  ne  donne  lieu  à  aucune  efpece 
d'obfcuricé  &  d'équivoque. 

On  peut  préfumer  que  les  différents  corps  fe 
composent  dans  un  ordre  quelconque ,  &  que  des 
corps  déjà  compofes  encrent  comme  principes , 
pour  former  des  corps  d'un  autre  ordre  de  conà- 
pofincn.  Mais  la  Chymie  &  la  Phyfique  ne  font 
pas  affez  avancées  pour  faifir  la  férié  de  cet  or- 
dre de  compofitfon.  Nous  ne  connoiflbns  point, 
par  exemple ,  de  fubftances  qui  foient  formées  im- 
médiatement de  l'union  du  Feu  &  de  l'air ,  de  l'u- 
nion du  feu  &  de  l'eau  >  de  celle  de  l'air  &  de  l'eau , 
non  plus  que  de  celle  de  l'air  &  de  la  terre ,  aine 
que  de  celle  de  l'eau  &  de  la  terre':  il  n'y  a  danl 
ce  genre  de  conibinaifon  immédiate  des  principes 
primitifs  *  que  celle  du  feu  &  de  la  terre ,  que  l'ofl 
commence  un  peu  à  connoîrre.  Cette  union  forme 
la  fubftance  connue  fous  le  nom  de  phiogifiique. 

(  i  )  Muflcheflbroek ,  Eflâïs  cte  Phyfique ,  page  47 ,  pa- 
ragraphe 4t.  Diâkmnaire  de  Chymie,  page  jig  ,  ▼oL  IL 


1T     îLAISOWKtl.  4f 

.,  H  en  eft  de  même  des  combinaifons  de  trois 
ide  ces  principes  primitifs.  Nous  -ne  connoifïbns 
point  de  corps  qui  foient  immédiatement  formés 
du  feu ,  de  1  air  &  de  l'eau ,  ni  de  femblables  fub-> 
ftances  formées  par  l'union  du  feu ,  de  la  terre  Se 
de  l'air.  Nous  commençons  à  connoître  celle  du 
feu  ,  de  l'eau  &  de  la  terre  :  c  eft  celle  qui  forme 
le  principe  falin ,  ou  l'huile ,  fuivant  les  propor- 
tions où  fe  trouvent  ces  corps.  Néanmoins  il  y  a 
lieu  de  penfer  que  ces  combinaifons  exiftent  dans 
la  Nature ,  &  qu'elles  fervent  de  principes  à  des 
corps  plus  compofés  j  mais  jufqu'a  prêtent ,  il -a 
été  impoflibie  de  les  obferver  &  de  les  fuivre. 

La  Nature  nous  offre  les  éléments  dont  nous 
venons  de  parler ,  fous  deux  états  différents  : 
x  °.  ifolés ,  ne  faifant  partie  d'aucun  corps  com- 
pose ,  Se  dans  un  état  de  pureté  fuffifant pour  que 
nous  puiifions  les  reconnoître  :  i°.  combinés  en- 
tre eux  d'une  infinité  de  manières,  &dans  toutes 
fortes  de  proportions  ,  formant  tous > les. corps 
compofés  que  nous  connoiflbns. 

Nous  examinerons  les  propriétés  de  ces  élé- 
ments dans  ces  deux  états ,  &  d'abord  celles  qu'ils 
ont ,  lorfqu'ils  ne  font  partie  d'aucun  corps.  Lorf* 
que  nous  en  ferons  aux  analvfes  ,  nous  recon- 
noîtrons  leurs  autres  propriétés  dans  les  corps 
compofés  dont  ils  font  partie. 

Sur  le  Feu  pur. 

On  doit  entendre  par  feu  pur,  lelui  qui  eft 
abfolument  libre  ,  qui  ne  fait  partie  d'aucun 
corps  9  Se  qui  ne  leur  eft  point  adhérent,  enfin, 
qui  n'a  contraâé  avec  eux  aucune  efpece  de 
combinaifon.  Ce  feu  entre  librement  dans  les 
corps ,  &  en  fort  de  même ,  fuivant  les  circons- 
tances. Tel  eft  celui  qui  eft  répandu  dans  l'air  & 


dans  les  corps  environnas  par  l'air.  Ce  (en  pttr 
n*eft  point  v  i  fible ,  &  ne  devient  fenfible  que  paf 
les  effets  qu'il  produit  fur  les  corps. 

Le  feu  pur  eft  un  élément  qu'on  ne  peut  défi- 
nir :  on  ne  peut  que  reconnoitre  fes  propriétés* 
Ceft  une  matière  eflentieilement  fluide  ,   prin-* 
cipe  de  la  fluidité  des  autres  corps  ,  &  toujours  en 
mouvement  :  c'eft  le  principal  agent  6c  la  caufe 
de  prefque  toutes  les  compositions  &  dccompofi- 
tions  qui  fe  font  dans  la  Nature.  Nous  peinons 
que  le  feu  eft  la  feule  fubftance  a&ive  dans  la  Na- 
ture ,  &  de  laquelle  toutes  les  autres  tiennent  leur 
a&on.  Le  feu  eft  le  feul  corps  qui  ait  de  la  faveur, 
Se  qui  la  donne  aux  fubfyances  qui  en  ont.  Les 
fels  &  les  fubftances  falines  doivent  leurs  pro- 
priétés diflblvantes  jSc  leur  faveur  forte  au  feu 
qu'ils  contiennent.  La  différence  qu'on  remarque 
entre  ces  corps  n'eft  due  qu'à  la  dofe  de  feu  qui 
entre  dans  leur  compétition ,    &  à  la  manière 
dont  il  y  eft  combiné  :  les  autres  éléments  fem- 
blent  être  créés  pour  int.erpofer  fes  parties ,  Se 
pour  modérer  par-là  l'aâdon  trop  a&ive  de  cet 
élément. 

Le  feu  eft,  par  rapport  à  nous  ,  un  élément 
Ample ,  qui  paroît  n'avoir  point  de  parties  cons- 
tituantes ;  cependant ,  comme  la  lumière  qui 
nous  vient  du  foleil ,  peut  fe  décompofer  en  fept 
couleurs  différentes  par  le  moyen  du  prifme ,  Se 
que  d'ailleurs  fes  rayons,  diverfemen  t,  colorés , 
ont  chacun  leur  réftangibilité  propre  ;  cela  peut 
faire  foupçonner  que  le  feu  eftcompofé  départies 
très  fimples ,  À  la  vérité ,  mais  hétérogènes  entre 
elles.  Cette  réflexion  ajoute  de  la  vraifemblancé 
au  fentiment  des  Philofophes  qui  penfent  que 
les  corps  que  nous  fommes  obligés  de  regarder 
comme  éléments ,  à  caufe  de  leur  (implicite  appa- 
rente, 


ET      RAISONNÉ!,  49 

tente ,  four  eux-mêmes  compofés  ,  mais  de  fub* 
(lances  encore  plus  /impies ,  comme  nous  l'avons 
dit  précédemment.  Quoi  qu'il  en  foit,  nous  con- 
sidérerons lefeu  pur,  comme  n  ayantpoint  de  par* 
ries  conftituantes ,  jufqu'à  ce  ijue  nos  cojinoif» 
fançes  foient  aflez  avancées  pour  nous  donner 
une  démonftration  complette  fur  cet  objet. 

Le*  parties  qui  compofent  le  feu ,  n'ont  prefque 
point  de  cohérence  entre  elles  :  elles  font  d'une 
petjjefle  inconcevable,  &  qui  furpafTe  celle  des 
autres  corps. 

Le  feu  a  de  Paékion  fur  toqs  les  corps  qu'il  tou- 
che :  il  devient  même  un  infiniment  propre  aux 
analyfes  Se  aux  recompositions. 

Lorfqu'il  eft  combiné  avec  d'autres  fubftances  » 
&  qu'il  fait  un  des  principes  confti tuants  des  corps 
compofés ,  il  eft  dans  l'inaâion  &  dans  un  repos 

£arfait  :  il  ne  peut  fe  mettre  en  mouvement  que 
>rfqu'il  eft  excité.  •      . 

Les  (ignés  auxquels  on  reconnoît  la  préfence 
du  feu  ;  font  les  effets  qu'il  produit  :  favoir ,  ' 
l°.  la  chaleur  ;  z°.  la  lumière  \  j°.  la  cou^r  ; 
4°.  la  dilatation  ou  raréfadion ,  tant  des  Vali- 
des que  des  folides  j  5°.  la  combuftion,  la  fu- 
fion,  &c. 

Quelques  Philosophes  penfent  que  la  lumière 
eft  un  (igné  certain  de  la  préfence  du  feu  J  mais 
cela  peut  être  révoqué  en  doute ,  puifque  la  cha- 
leur &  la  lumière  peuvent  exifter  l'une  fans  l'autre. 
Un  fer  trèschaua  ne  répand  pas  de  lumière  dans 
Pobfcurité  j  Se  il  eft  cependant  en  état  d'enflam- 
mer les  corps  combuftibles.  Le  foyer  d'un  miroir 
concave  de  réflexion  n'eft  point  lumineux ,  quoi- 
qu'il produife  une  chaleur  exceflîve ,  capable  de 
fondre  &  de  vitrifier  les  corps  les  plus  durs  en  un 
inftant.  Il  en  eft  de  même  du  foyer  d'une  lentille  j 
Tome  2.  D 


50  Chymie  expérimentale 
il  eft  très  chaud ,  fans  être  lumineux.  Peut-être 
aufli,  &  je  ferois'même  aflez  porté  à  le  croire, 
que  le  feu  eft  eflbntiellement  Froid.  La  chaleur 
qu'il  fait  fentir  par-tout  où  il  eft ,  n'eft  occafion- 
née  que  par  l'aâion  qu'il  exerce  fur  les  corps  qu'il 
touche.  Il  eft  difficile ,  &  peut-être  même  im- 
poflible ,  d'appuyer  ce  fentiment  par  des  expé- 
riences :  aufli  je  ne  prétends  le  donner  que  comme 
ufie  conje&ure  fondée  feulement  fur  quelques 

probabilités. 

La  lumière  peut  de  même  exifter  fans  chaleur. 
Les  rayons  de  la  lune ,  raflemblés  par  le  moyen 
d'un  miroir  concave  de  réflexion ,  ou  d'une  grande 
lentille ,  forment  un  point  très  lumineux  qui,  reçu 
fur  la  boule  d'un  thermomètre ,  n'indique  aucun 
degré  de  chaleur. 

Les  vers  luifants,  certains  bois  qui  deviennent 
blancs  en  fe  pourriflant  à  l'air ,  &  plusieurs  nu- 
tieres  phofphoriques ,  qui  ne  1  aident  appercevoir 
d'autre  chaleur  que  celle  de  l'air  environnant, 
prouvent  aflez  que  la  lumière  peut  exifter  fans 
chakur  ;  ce  qui  pourroit  ftiire  croire  qu'elle  fe- 
roimifférente  du  feu.  Cependant  il  eft  à  pré- 
fumer que  ,  quoique  lalumiere ,  dans  certaines 
circonftances ,  ne  donne  aucun  indice  de  chaleur, 
elle  ne  provient  pas  moins  eirentiejlement  du 
feu ,  mais  modifiée  d'une  manière  qui  nous  eft 
encore  inconnue.  Nous  verrons ,  en  examinant 
les  propriétés  des  corps  combuftibles ,  que  le  feu 
peut  être  dans  une  infinité  d'états  de  combinai- 
ions  &  de  proportions ,  &  préferiter ,  fous  ces 
différentes  formes ,  des  phénomènes  finguliers 
dans  la  Nature,  &  dans  les  opérations  de  la  Chy- 
mie. Ceft  à  ces  différentes  manières  d'être  du 
feu ,  &  à  celles  dont  il  agit  fur  les  corps  >  qu'on 
{loi t 'encore  rapporter  la  plupart  des  effets  qu'il 


X 


ET      R  A  î  S  O  S  N  ï  E*  jî 

produit.  Boerhaave  (t)' obferve  qu'un  fer  mé- 
dipcrement  rouge  enflamme  la  poudre  à  canon  , 
le  foufre ,  &  les  autres  corps  combuftibles ,  tandis 

Su'il  eft  incapable  d'enflammer  de  l'efprit  de  vin. 
eft  vifible  que  la  différente  manière  dont  le  feu 
agit  dans  cette  occafion ,  eft  purement  relative  à 
.  la  quantité  qui  s'en  trouve  dans  la  barre  de  fer  , 
&  a  l'état  des  corps  qu'on  lui  préfente.  Le  fou- 
fre »  la  poudre ,.&c.  peuvent  s'enflammer  par 
-  l'attouchement  d'un  certain  nombre  de  parties  de 
feu  \  mais  il  en  faut  une  plus  grande  quantité  de 
réunies,  pour  enflammer  de  l'efprit  de  vin ,  quoi-  ■ 
qu'il  foie  une  liqueur  très  combuftible  :  il  lui  faut 
le  concours  d'une  flamme.  Lé  foyer  d'un  miroir 
ardent  ne  peut  même  enflammer  de  l'efprit  de 
vin ,  pourvu  cependant  qu'on  prenne  les  précau- 
tions convenables  pour  que  Padion  du  feu  ne 
fafle  pas  produire  de  flamme  au  fupport  ;  dansce 
cas ,  l'efprit  de  vin  s'enflamme.  Ce  n'eft  pas , 
comme  on  pourroit  le  foupçonner,  que  l'efprit 
de  vin  élude  l'aâion  du  feu  de  la  barre  de  fer  ou 
du  foyer  du  miroir  ardent  :  il  entre  en  ébullirion  j 
il  eft,  par  conféquent ,  dans  l'état  le  plus  favo- 
rable à  fon  inflammation  5  &  cependant  il  ne 
peut  s'enflammer  ;  il  lui  faut ,  dans  le  cas  dont 
nous  parions ,  le  contadfc  de  la  flamme  ,  (bit  de 
celle  du  fer  rouge-à  blanc ,  foit  celle  du  fupport 
qui  éprouve  l'aâiion  du  foyer  du  miroir  ardent. 

Une  preuve  non  équivoque  de  la  préfence  du 
feii  eft  la  dilatation  qu'il  occaflonne  aux  corps  : 
il  les  pénètre  tous  avec  une  extrême  facilité ,  en 
fe  diftribuant  uniformément  dans  toutes  les  par- 
ties de  leurs  mafles.  11  n'y  a  aucun  corps  qui  foit 
en  état  de  réfifter  à  fon  a&ion.  Loffqu'ii  s'intro- 

. ^ 

(i)TomelI,  pagc8i.     '      -"'  ^ 

Dij 


5*         Chtmii  expérimentale 

doit  dans  les  corps ,  il  les  dilate ,  il  les  échauffe  ; 

&  leur  fait  occuper  an  volume  plus  grand  qu  au- 

Îaravant ,  fans  augmenter  leur  pefànteur  abfo- 
ue  $  mais  il  dilate  plus  promptement  les  liquides 
&  les  corps  rares ,  que  ceux  qui  font  folides  8c 
très  denfes. 

Le  froid  qu'on  penfe  n'être  que  l'abfence  d'une 
partie  de  ce  feu,  produit  le  contraire,  c'eft-à- 
dire  que  moins  les  corps  font  pénétrés  de  feu  > 

5 lus  ils  diminuent  de  volume  ,  fans  rien  perdre 
e  leur  poids  j  ils  augmentent ,  par  conféquent  , 
en  pefànteur  fpécifiqué.  &  en  dureté ,  parceque 
leurs  parties  deviennent  plus  étroitement  liées 
enfemble.  Cependant  nous  avons  remarqué  que 
les  corps ,  après  avoir  ditoirtué  de  volume  par  un 
certain  degré- de  froid ,  ceffoient  non  feulement 
de  fe  contracter ,  mais  même  augmentoient  de 
volume  :  leurs  parties  fe  défuni(Tent  par  la  dila- 
tation ,  à  un  tel  point,  quelles  entrent  dans  une 
forte  de  fufion  :  telle  eft  l'eau  glacée ,  qui  coule 
comme  une  lave ,  lorfqu  elle  éprouve  tin  plus 

frand  froid  que  celui  qui  fuffit  pour  la  tenir  aâns 
état  de  glace.  Il  arrive  quelque  chofe  de  fem- 
blable  aux  métaux  qui  éprouvent  un  très  grand 
froid  :  ils  dirqiiiuenc  d'abord  de  volume  jufqu'à 
un  certain  point  :  après  cela ,  ils  cèdent  de  fe 
contraâer  davantage  \  mais ,  çn  éprouvant  un 
plus  grand  froid,  ils  fe  dilatent,  deviennent 
caflants  :  en  cet  état,  on  dit  qu'ils  font  gel  es.  H  y 
a  lieu  de  préfumer  que  fi  Ton  pouvoir  augmenter 
davantage  l'intenfité  du  froid ,  on  liquéâeroit 
les  métaux  ,&on  les  feroit  couler  comme  l'eau 
congelée  qui  éprouve  un  très  grand  froid  ;  mais 
cette  fufion  eft  d'une  nature  différente  de  celle 
«ni  eft  procurée  par  l'intenfité  de  la  chaleur  -,  com- 
munément elle  n'a  point  la  mêiqe  liquidité. 


ET     H  A  I  S  O  K  N  î  I.  5) 

Nous  avons  déjà  rapporté  dans  plufieurs  Mé- 
moires ,  des  expériences  qui  pourraient  indiquer 
que  le  froid  n'eft  pas  feulement  occafionné  par 
l'abfence  du  feu.  On  peut  confulter  à  ce  fujet ,  le 
Mémoire  inféré  dans  le  Journal  de  Médecine  * 
année  1770 ,  pages  j  3 1  &  410.  Si  le  froid  n'eft 
que  l'abfence  du  feu  ^bu  fi ,  comme  le  difent  les 
Phyficiens ,  quand  on  produit  un  froid  artificiel ,' 
ce  font  les  parties  de  feu ,  qui  étoient  contenues 
dans  les  fubftances  mifes  en  jeu ,  qui  fe  dégagent 
du  mélange  ,  il  doit  senfuivre  qu'en  faifant 
dans  une  chambre  un  grand  taclange  defel& 
de*glace,  on  échauffera,  par  le  moyen  des  parties 
de  feu  qui  fe  dégagèrent  de  ce  mélange,  l'air  de  la 
chambre;  ce  qui  n'arrive  pas.  Il  paroît  donc  plus 
▼raifemblable  de  croire  que  les  parties  de  feu 
prennent ,  dans  ces  opérations ,  un  tout  autre 
arrangement  qu'elles  a  voient  d'abord ,  qui  eft  tel 
qu'il  produit  fur  nous  une  fenfation  de  froid.  <5h 
nous  demandera  peut-être  quel  étoit  l'arrange- 
ment de  ce  feu  avant  l'expérience ,  &  quel  aft  ce- 
lui qu'il  a  pris ,  pour  produire  du  froid.  À  cela 
#  nous  répondrons-que  la  Chymie  &  la  Phyfique  ne 
font  point  allez  avancées  pour  donner  une  expli- 
cation fatisfaifante  fur  cette  matière. , 

Au  refte ,  on  s'eft  fervi  avanrageufement  de 
cette  propriété  qu'a  le  feu  de  pénétrer  &  de  di- 
«iaper  facilement  les  corps,  pour  conftruire  des 
thermomètres.  Cesinftruments,  perfe&ionnés  par 
Réaumur,  font,  comme. on  le  fait,  d'une  très 
grande  commodité  pour  mèfurer  des  degrés* de 
chaud  ou  de  froid ,  qu'on  ne  pourrok  apprécier 
par  aucun*  autre  moyen. 

Il  n*y  a  aucun  corps  qui  ne  foit  continuelle- 
ment pénétré  d'une  plus  ou  moins  grande  quan- , 

Diij 


54  Chvmiê  expérimentale 
tité  Je  ce  feu  pur  j  &  c'eft  toujours  proportion- 
nellement à  la  quantité  de  celui  qui  fe  trouve 
dans  l'air  ambiant.  Ce  feu  s'échappe  $c  rentre 
perpétuellement  dans  les  corps ,  comme  par  une 
efpece  de  circulation ,  fuivant  les  circonftances  » 
parcegu  il  n'eft  pas  combiné  ,  mais  feulement  in- 
terpole entre  les  parties  de  la  matière.  Les  corps 
qui  excitent  en  nous  des  fenfations  de  froid ,  font 
encore  pénétrés  d'une  grande  quantité  de  feu.  Ou 
peut ,  à  la  vérité ,  les  priver  d'une  partie  de  ce  feg- 
On  peut ,  par  exemple,faire  éprouver  à  la  glace  un 
froid  artificiel ,  plus  grand  que  celui  de  fa  tempé- 
rature \  mais  jufqu'à  préfent  il  a  été  abfolument 
impoflible  de  priver  les  corps  de  tout  le  feu  qu'ils 
contiennent  :  ils  en  confervent  toujours  une  cer- 
taine quantité  ,  même  lorfqu'ik  font  expofés  au 
.  plus  grand  froid  que  nous  puiflïons  exciter  arti- 
ficiellement. Le  froid  abfolu ,  ou  l'abfence  to- 
4jtie  du  feu ,  que  quelques  Philofôphes  ont  ima- 
giné ,*  eft  auflî  chimérique  que  le  chaud  abfolu. 
Noi^  ne  pouvons  pas  avoir  aidées  nettes  fur  ces 
deux  états ,  &  encore  moins  nous  procurer  ces 
.deux  extrêmes. 

La  dilatation  que  le  feu  occafionne  aux  corps ,  ' 
eft  un  commencement  de  défunion  de  leurs  par- 
ties >  &  une  preuve  de  la  propriété  qu'a  le  feu  de 
déçouipofer  les  fubftances ,  Se  de  léparer  leurs 
parties  constituantes  j  mais  comme  il  y  a  une  très 
grande  diverfité  entre  les  corps ,  il  s'enfuit  delà 
•  que  le  feu  ne  décompofe  pas  toutes  les  fubftances 
avec  la  même  facilité.  L'illuftre  Boerhaave  dit , 
à  ce  fujet ,  qu'il  y  a  dans  les  corps  une  matière 
qui  n'eft  point  feu ,  &  qui  s'oppofe  à  la  fépara-  » 
tion  de  leurs  principes  ;  mais  nous  penforis  qu'on 
ne  peut  attriouer  cet  effet  qu'à  la  combinajfon 


ET      RAISONNES.  5  J 

plus  ou  moins  incime  des  parties  continuantes 
des  corps,  &  à  leur  plus  ou  moins  grande  adhé- 
rence entre  elles. 

Plus  les  corps  font*  échauffés  ,  plus  ils  fe  di«  • 
Jatejat  ;  mais  cette  dilatation  celTe  dags  les  corps 
fufceptibles  de  fufion  ,  auffi-tôt  qu'ils  font  fon- 
dus ,  parcequ'alors  leurs  parties  iont  défunies  : 
ils  ne  peuvent  plus  retenir  le  feu»  &  ils  .le  laiifent 
difliper ,  à  mefure  qu'ils  en  fout  pénétrés.  Les 
corps  les  plus  difficiles  à  fondre ,  &  qui  font  fixes 
au  feu ,  font  capables  d'acquérir  &  de  conferver 
plus  dé  chaleur  que  ceux  qui  font  dans  des  cir- 
conftances  contraires. 

Il  en  eft  de  même  des  liqueurs  :  on  peut  les  con- 
fidérer  comme  étant  continuellement  en  fufion , 
puifquon  les  fait  paffer  à  l'état  defolidité»  en  les 
refroidiftântfuffiumment.  L'ébullition  eft  le  der- 
nier degré  de  chaleur  qu'elles  peuvent  prendre  ^ 
Se  celles  qui  font  plus  difficiles  à  faire  bouillir  y 
acquièrent  plus  de  chaleur.  C'eft  par  £ette  raifon 
que  L'huile  ;  par  exemple ,  quoique  plus  légère 
que  l'eau  ,  acquiert  cependant  plus  de  chaleur  y 
mais,  le  mercure ,  quoique  quinze  fois  plus  pefant 
que  l'huila,  ne  prend  pas  un  plus  grand  degré  de 
chaleur  en  bouillant ,  pareeque  ceree  fubftance 
métallique  eft  volatile  :  ainfi  le  plus  grand  degré 
de  chaleur  que  les  liqueurs  peuvent  prendre  » 
n'eft  poinr  en  raifon  de  leur  peianteur  fpécifique  % 
mais  feulement  en  proportion  de  leur  fixité. 

Le  feu  pur  &  libre ,  répandu  dans  L'air  y  ne 
fait  qu'effleurer  les  parties  intégrantes  d^s  corps, 
qu'il  échauffe  :  il  ne  fe  diilipe  pas.fubitement  * 
mais  fucceflivement ,  à  mefure  quç  ces.  corps  fe 
refroidirent  ;  &  il  ne  refte  enfin  de  feu  libre  % 
dans  ces  cops  qu'une  quantité  égale  à  celle  qui  fe 
ttouve  dans,  l'air  environnant* 


$(  ChYMIB   1XP&HIKBNTALE 

Les  corps  les  plus  pefatics ,  fous  le*  même  vo- 
lume,  retiennent  le  reu  pur  plus  long-temps  que 
les  corps  mous(i).  11  fe  diilipe  prompcement  dam 

•  les  premiers  inftants  j  mais  torfqne  les  fubftances 
font  parvenues  à  un  certain  degré  de  refroidifTe- 
mem  qui  approche  de  la  température  de  l'air  am- 
biant ,  le  refte  du  feu  qu'elles  contiennent ,  eft 
beaucoup  plus  long-temps  à  fe  diffiper. 

On  n'eft  pas  certain  fi  le  feu  eft  ou  n'eft  pas  pe- 
fan  t.  Il  y  a  des  expériences  pour  &  contre  ces  deux 
fentiments.  Boerhaave  a  fait  rougir  une  barre  d« , 
fer  qu'il  avoir  pefée  auparavant,  il  n'a  remarque 
aucune  augmentation  de  poids  ;  &  dans  un  autre 
endroit  de  fon  excellent  Traité  du  Feu  _,  il  ob- 
ferve  que  les  métau*  'calcinés  au  miroir  ardent, 
augmentent  de  poids  confidérablement  j  les  uns 
d'un  feizieme ,  &  d'autres  d'un  dixième.  Il  penfc 
qu'on  n'a  pas  pris  les  précautions  convenables 
pour  s'afTurer  de  la  caufe  de  cette  augmentation. 
ll,croit  qu'elle  vient  des  vaifleaux  qui  fe  dé* 

-  truifent  &  fe  mêlent  avec  la  matière  calcinée  :il 
dit  même  que  les  matières  métalliques ,  calci- 
nées dans  des  vaiiïeaux  de  verre ,  n'augmentent 
prefque  point  de  poids.  J'ai  répété  cette  expé- 
rience avec  foin ,  &  f  ai  remarqué  que  le  plomb 
calciné  dans  des  vaiffeaux  de  verre ,  fous  le  mou- 
fle d'un  fourneau  de  coupelle ,  augmente  d'ua 

'  dixième  de  fon  poids;  fans,  que  la  capfule  ait 
perdu  abfolument  rien  du  fien.  Le  mercure  cal- 
ciné dans  des  matras  de  verre ,  augmente  pareil* 
lement  d'un  dixième  >  fans  que  le  vaifleau  perde 
rien  de  fon  poids. 


(i)  A  l'exception  cependant  des  matières,  métalliques, 
qui  s'échauffent  3c  fc  rcfrôidiffem  plus  promptemem  <ja$ 
les  autre?  çprps. 


BT     RAISONNAI.  57 

Je  penfe  que  le  feu  pur  dont  nous  parlons ,  eft 
unematiereauflî  eflentiellementpefante,  que  tout 
autre  corps  j  mais  comme  le  feu  pur  eft  toujours 
en  mouvement ,  il  ne  touche  point  les  corps  qu'il 
pénètre;  il  n'eft  inrerpofé  qu'entre  leurs  parties. 
On  ]>eut  le  comparer ,  par  rapport  i  la  manière 
dont  il  eft  dans  les  corps  qu'il  pénètre ,  à  un  oifeatt 
qui  voltige  dans  fa  cage ,  fans  y  toucher  -y  il  n'aug- 
mente point  le  poids  de  la  cage.  11  en  eft  de  même 
du  feu  :  comme  il  ne  touche  point  les  parties  de 
la  barre  de  fer ,  il  n'augmente  point  fa  pefanteur  ; 
mais  lorfqqe  le  feu  fe  fixe  &  <e  combine  dans  les 
corps ,  comme,  cela  arrive  dans  les  matières  mé- 
talliques qu'on  calcine  par  fon  moyen ,  il  de* 
vient  d'une  pefanteur  appréciable ,  parceqrâl  a 
perdu  toutes  fes  propriétés  de  feu  pur  »  il  eft  non 
feulement  adhérent  aux  corps  ;  mais  il  eft  encore 
dans  un  état  de  combinaifon. 

On  peut  dire  la  même  chofe  du  feu  qui  entre 
dans  la  tompofition  des  corps  organifés  :  comme 
il  devient  un  de  leurs  principes  conftituants ,  il 
a,  dans  cet  état ,  néceflairement  de  la  pefanteur  » 
&  il  augmente  réellement  le  volume  &  le  poids 
des  corps  :  on  ne  peut  même  le  féparer  de  ces 
combinaifons ,  fans  obferver  une  diminution  de 
poids  qu'on  peut  apprécier  par  des  analyfes  exac- 
tes ,  &  faites  avec  les  précautions  convenables» 
Si  le  feu ,  en  devenant  principe  des  corps  orga- 
nifés ,  a  de  la  pefanteur,  pourquoi  n'en  admet- 
troit-on  pas  au  feu  pur  ? 

Tous  les  corps  ne  contiennent  pas  la  même 
quantité  de  matière  inflammable.  Les  minéraux 
qui  ne  font  pas  combuftibles  par  eux  mêmes  * 
n'en  contiennent  pas ,  à  beaucoup  près ,  une  auffi 
grande  quantité  que  les  corps  organifés  ;  ce  qui 
nous  prouve  quç'  la  difpofiuon  &  l'arrangement 


5$  CHYMIE    BXPiaiMENTALI 

des  parties  de  la  matière  donnent  aux  corps  la 
propriété  daffimiler  avec  eux  différentes  propor- 
tions de  feu  élémentaire ,  de  le  fixer  fous  diffé- 
rents états ,  &  d'acquérir  autant  de  propriétés 
qui  font  relatives  à  la  forme  fous  laquelle  le  feu 
le  trouve  fixé  dans  ces  mêmes  corps.  • 

Il  réfulte  de  tout  ceci ,  que  le  feu  eft  réelle- 
ment pefant ,  lorfqu  il  eft  combiné  dans  les  corps  ; 
qu'il  eft  encore  pelant ,  lorfquil  eft  libre  &  pur  j 
mais  que  dans  ce  dernier  état ,  on  ne  peut  appré- 
cier fon  poids ,  pareequ'  il  ne  touche  point  les 
corps  qu'il  pénètre ,  &  qu'il  eft  continuellement 
/lans  un  mouvement  exceffif :  fon  mouvement 
eft  même  fi  rapide ,  qu'il  n'eft  pa^poffiblé  de  dé- 
ranger les  rayons  rauemblés  par  le  moyen  d'une 
lentille,  pu  d'un  miroir  concave  -de  réflexion , 
qu'en  interceptant  ces  mêmes  rayons  par  un  corps 
étranger  qu'on  met  entre  le  foyer  &  le  miroir. 
.Le  vent  le  plus  impétueux  ne  peut  détourner 
les  rayons  de  la  moindre  choie,  ni  déranger  le 
Çoyer. 

Un  métal  pourvu  de  toutes  fes  propriétés  mé- 
talliques ,  ne  peut  admettre  dans  fa  fubftanc? 
aucune  matière  étrangère ,  fans  perdre  de  fes  pro- 
priétés. Or  la  barre  de  fer  n'ayant  point  changé 
de  nature ,  en  fe  laiflanf  pénétrer  d'un  feu  qui  lui 
eft  étranger  ,  ce  feu  d'ailleurs  ne  lui  étant  point 
adhérent ,  elle  ne  devoir  point  changer  de  poids» 
Il  n'en  eft  pas  de  même  d'an  métal  qui  fe  calcine  : 
il  chance  de  nature ,  de  forme  &  de  propriétés , 
puisqu'il  fe  réduit  sn  une  poudre  ou  chaux  mé- 
tallique qui  ne  peut  plus  fe  mêler  avec  une  autre 
portion  du  même  métal  pourvu  de  routes  fes  pro- 
priétés métalliques.  Les  parties  du  métal ,  ainfi 
réduit  en  chaux ,  font  difpofées  à  admettre  ce  feu 
pur ,  à  le  fixer  &  à  lui  faire  perdre  fes  propriété* 


BT     &AISONNil...  *  59 

de  feu  pur.  Le  .métal,  pendant  la  calciaation , 
ri  en  admet  jamais  qu'une  dofe  qui  £ft  toujours 
.confiante  dans  la  chaux  du  même  métal  ,  fans 
qu'on  puifle  lui  en  faite  prendre  une  plus  grande 
quantité  que  celle  que  fa  nature  lui  permet  d'ad- 
metuct ,  parceque  fon  état  de  calcinatipn  eft  per  • 
marient. 

Le  feu  pur ,  en  s* uni  (Tant  aux  métaux  qui  fit 
calcinent ,  forme  avec  eux  une  combinaifon  par- 
ticulière dont  la  pefanteur  eft  moyenne  entre 
celle  du  feu  &  du  métalavant  fa  calcinaçifln, ,  par- 
cequ'il  s'eft  combiné  avec  la  chaiixdu  métal  une 
certaine  quantité  de  feu  qui  augmente  fa  pefan  - 
teur  abfolue.   Cette  fubftance  eft  du  feu  qui  eft 

Î>lus  léger  que  le  métal  ;  elle  diminue ,  par  con- 
equeitf ,  fa  pefanteur  Spécifique  :  auih ,  à  vo- 
lumes égaux,  cette  chaux  eft -die  plus  légère 
3 u'une  pareille  quantité  de  matière,  métallique 
e  même  efpece.  Mais  on  m'objeâera  peut-être 
que  le  métal ,  pendant  la  calcinatiôn ,•  perd  beau- 
coup de  fubftance  inflammable  qu'on  voit  même 
fe  diflïper  en  fumée  :  elle  eft  néceflairement  pe- 
fante.  Comment  fe  peut-il  faire  que,  malgré  cette 
perte ,  il  y  ait  une.  augmentation  de  .poids  aufli 
considérable  que  celle  qu'on  a  coutume  de  re~  * 
marquer ,  qui  va  même ,  à  l'égard  de  certaines  - 
matières  métalliques,  jufqù'à  douze  livres  par 
chaque  cent  livres  de  métal  ?  Je  répondrai  à  cela 
que  l'augmentation  de  pefanteur  abfolue  qu'on 
obferve ,  provient  de  ce  qu'il  eft  entré  dans  cette 
chaux  une  plus  grande  quantité  de  feu  que  le 
poids  du  phloeiftique  qui  s'eft  diifipé  pendant  la 
calcinatiôn.  Au  refte ,  il  eft  certain  que  chaque 
efpece  de  métal  augmente  conftaftiment ,  pen- 
dant fa  calcinatiôn ,  de  la  même  pefanteur,  ab- 
folue. 


\ 


fo  ChYMII  llphlUENTAtl 

Je  fens  bien  qa'il  reftera  toufoars quelaae  dflE» 
eulté  à  édaircir.  Il  eft  difficile ,  en  ellet  *  ae  Cxyoir 
dans  quel  état  ce  feu  eft  ainfi  combiné  dans  ks 
chaux  métalliques.  11  ne  peut  y  être  fous  la  forme 
de  phkmftique  ,  parceque  s'il  y  étoit  fbas  cette 
ferme,  UchaaxferéditiroitenniétalparlaAfioii, 
aoliea  de  fe  convertir  en  verre ,  comme  elles 
toutumede£aire;ce  qui  fait  voir  que  le  fen  peoc 
fe  combiner ,  dans  divers  états ,  de  différentes  ma- 
nières ,  &  dans  différentes  proportions ,  foivant 
la  nature  &  ladifpofition  des  corps  avec  lefqaeb 
il  fe  combine ,  &  auxquels  il  donne  de  nouvelles 
propriétés. 

Il  refaite  de  tout  ce  que  nous  venons  cTexpoier 
furies  propriétés  du  feu ,  qu'il  eft  une  matière , 
puifqu'il  exerce  fon  aétion  dans  toutes  fortes  de 
directions ,  en  fe  dégageant  des  corps.  On  peut 
s'en  affluer ,  en  plaçant  des  thermomètres ,  à 
égaie*  diftances ,  autour  d'un  bouler  ronge ,  fof- 
pendu  à  un  plancher  :  ils  fuivront  tous  la  même 
marche ,  fi  rien  d'étranger  ne  s'y  oppofe.  Lorfque 
le  feu  fe  dégage  <Jes  corps ,  il  tend  à  fe  mettre  en 
équilibre ,  le  répand  dans  l'air ,  &  s'infinue  dans 
.    toutes  les  fubftances  qu'il  rencontre  ,  jufqu i  ce 

i  qu'il  y  ait  équilibre  par-tout; 

|  Le  feu  eft  impénétrable  comme  toutes  les  an- 

tres parties  de  la  matière ,  puifqu'il  eft  réfléchi 
par  les  miroirs  ardents.  Il  eft  pefant ,  puifau  il 
augmente  le  poids  des  corps  dans  lefquels  u  fe 
combine ,  foit  végétaux ,  foit  animaux ,  foit  mi- 
néraux. 

Les  molécules  primitives  du  feu  doivent  être 
d'une  très  gtande  finefle  ,  puifqu  elles  entrent 
avec  une  extrême  facilité  dans  les  pores  des  corps, 
même  les  plus  folides.  Ces  molécules  doivent 
être  très  folides,  très  Amples,  puifqu  elles  ne 


1T     KÂISOHlfif»  €v 

lotit  pas  fufcepribles  de  changer  ni  de  varier  dans 
leurs  effets. 

Les  parties  du  feu  ont  néceflairementune  très 
grande  vîtefle,  puifqu  elles  font  mouvoir  les  par- 
ties des  corps  qu'elles  pénètrent ,  ayec  une  très 
grande  rapidité ,  &  qu  elles  les  tiennent  dans  un 
mouvement  continuel ,  en  entrant  &  en  fortant 
alternativement.  Il  eft  d'ailleurs  impoflible  de 
déranger  >  par  un  vent  des  plus  impétueux ,  les 
rayons  qui  coïncident  au  foyer  d'un  miroir  ar- 
dent ,  ou  d'une  lentille ,  ainfi  que  nous  l'ayons 
déjà  dit. 

Sur  les  moyens  Hé  rajjembler  le  feu  3  &fur  ceux 
qui  déterminent  fort  a8ion. 

Après  avoir  expofé  les  principales  propriétés 
du  fèu  pur  fur  les  corps ,  nous  allons  examiner 
les  caufes  qui  l'excitent ,  les  moyens  qu'on  em- 
ploie pour  le  raflèmbler,  &  les  caufes  qui  déter- 
minent fon  action. 

La  première -de  ces  caufes  eft  le  foleil.  Cet 
aftre,  quoiqu  éloigné  de  nous ,  paroît  être  le  ré- 
fervoir  commun  du  feu  qui  entoure  notre  globe. 
11  nous  vient  du  foleil  en  ligne  droite  par  des 
rayons  parallèles  ;  &  peut-être  le  furplus  du 
feu  qui  n ou?  eft  néceflaire  y  retourne-t-il  par  une 
efpece  de  circulation,  comme  quelques  Philofo- 
phes  l'ont  penfé ,  mais  fans  l'avoir  démontré. 

La  chaleur  qui  nous  vient  du  foleil  eft  douce , 
.  modérée,  incapable  d'apporter  dans  les  corps  des 
changements  qui  pourroient  leur  caufer  une  trop 
grande  altération.  Elle  n'eft  que  fuffifante  pour 
procurer  la  génération ,  le  développement  &  l'aC- 
croisement  de  tous  les  êtres  qui  vivent ,  végètent 
ou  fe  combinent  à  la  furface  op  dans  le  feia  de 
la  terré. 


£i  Chymié  cxpéri kcektAle 

Les  Phyficiens  ont  trdtové  le  moyen  de  réunir 
Se  de  faire  Converger  en  un  feul  point ,  par  lefe* 
cours  des  lentilles  &  des  miroirs  concaves  de  ré- 
flexion ,  un  certain  nombre  de  rayons  du  foleil , 
&  de  produire  par  là  un  foyer  d'une  chaleur  ex- 
ceffive ,  de  beaucoup  fuperieure  à  tout  ce  que 
nous  connoiflbns ,  &  capable  de  fondre  &  de  vi- 
trifier en  un  inftant  les  corps  les  plus  durs  :  ce  que 
nous  ne  pouvons  faire,  à  beaucoup  près,  dans 
nos  fourneaux  les  plus  animés. 

Un  autre  moyen  que  Ton  emploie  pour  exciter 
le  feu  ,  &  qui  produit  des  effets  auifi  violents  que 
ceux  dont  nous  venons  de  parler ,  eft  le  choc  de 
plufieurs  corps  durs.  Le  choc  d'un  briquet  contre 
une  pierre  à  fufii  produit  en  un  inftant  un  feu 
auffi  violent  que  celui  qui  règne  dans  le  foyer  d'un 
bon  miroir  concave  de  réflexion.  Les  étincelles 
que  Je  briquet  produit  étant  raflemblées  &  exa- 
minées au  microfeope ,  fe  trouvent  être  du  fer 
qui  a  été  mis  en  fufîon ,  &  enfuite  vitrifié.  Or  , 
pour  produire  un  pareil  effet  en  un  inftant  fi 
court,  on  conçoit  facilement  qu'il  a  fallu  une 
chaleur  exceiïive ,  &  pour  le  moins  auflî  forte 

3ue  celle  qui  règne  au  foyer  d'un  bon  miroir  ar- 
ent. 
Un.troiïîeme  moyen  par  lequel  on  parvient  â 
exciter  le  feu ,  êft  la  combuftion  des  corps  orga- 
nifés ,  dans  la  compofition  defquels  le  feu  élé- 
mentaire eft  entré  comme  principe  conftituant  en 
très  grande  quantité  ;  mais ,  comme  ce  feu  eft 
combiné  avec  les  autres  éléments ,  il  convient 
que  nous  les  examinions  d'abord.   . 

Sur  l'Air. 

L'air  eft  un  fluide  invifible ,  fans  couleur ,  infi- 
pide ,  inodore ,  pefant ,  élaftique ,  fufceptible  de 


ST      RAISONNE  E»  fy 

raréfa&ion  &  de  condenfation  ,  &  qui  n'affe&è 
aucun  de  nos  fens ,  fi  ce  n'eft  le  toucher. 

L'air  eft  un  élément  indeftruûible ,  inaltéra- 
ble par  tous  les  moyens  connus  jûfqu  a  préfent 
dans  la  Chymie.    \ 

Ce  fluide  environne  le  globe  terreftre ,  &  fert 
&  entretenir  la  vie  des  animaux  &  des  végétaux  * 
qui  font  à  fa  furface.  Les  expériences  de  la  ma- 
chine du  vuide  ont  démontré  que  l'animal  ou  le 
végétal  qui  ceffe  de  le  tefpirer ,  périt  aufli-  tôt. 

•L'air  eft  fous  deux  états  différents,  comme  le 
feu  :  i°.pur,  ifolé  &  ne  faifant  partie  d'aucun 
corps  compofé  j  i°.  combiné  avec  d'autres  fub- 
ftarices,  &  faifant  fonction  de  principe  ou  de 
partie  conftituante  de  beaucoup  de  corps  compo- 
fés ,  principalement  des  végétaux  &  des  animaux. 

Nous  allons  d  abord  reconnoître  les  propriétés 
les  plus  générales  de  l'air  pur  &  ifolé. 

Il  eft  difficile  de  fe  procurer  de  l'air  abfolu- 
ment  pur  :  il  eft  toujours  mêlé  de  parties  de  feu  j 
d'eau  &  des  exhalaifons  qui  s'élèvent  à  la  furfacè 
du  globe.  Néanmoins ,  comme  l'air  eft  diftinéfc 
de  toute  autre  fubftance ,  &  qu'il  eft  un  élément 
d  part ,  que  l'on  peut  fuppoier  dans  un  état  de 
pureté,  nous  le  cnnfiidérerons  comme  s'il  étoit 
dans  cet  état  j  nous  examinerons  fes  propriétés , 
&  ce  en  quoi  il  diffère  des  autres  corps  de  la  Na- 
ture. 

L'air  eft  toujours  fluide  comme  le  feu  ;  du 
moins  jufqu'à  préfent  les  Phyficiens  ne  font  pas 
encore  parvenus  d  le  rendre  folide,  même  à  l'aide 
des  plus  grands  refroidi  déments  qu'on  a  pu  exci- 
ter artificiellement. 

La  fluidité  de  l'air  eft  abfolument  néceflairt 

Eour  l'entretien  de  la  vie  des  animaux ,  &  pour 
i  végétation.  Cet  élément  n'eft  pas  fufceptibfè 


fct  ChYMIE    EXPiRIMENTALI 

de  devenir  folide ,  comme  le  devient  l'eau, 
même  par  une  légère  intenfïté  de  froid,  Boer- 
haave  conje&ure  que  la  fluidité  de  l'air  peur  ve- 
nir des  parties  de  feu  qu'il  retient  toujours  *  & 
dont  il  eft  absolument  inféparable;  ce  quiparoît 
nés  vraifemblable.  La  difficulté  de  nous  procurer 
un  froid  fuffifant  eft  peut-être  la  feule  caufepour 
laquelle  on  n'a  jamais  vu  d  air  folide.  C'en  un 
corps  auquel  il  faut  une  chaleur  bien  médiocre 
pour  le  tenir  dans  cet  état  de  fluidité  où  nous 
*  lbmmes  accoutumés  à  le  fentir. 

L'air ,  comme  nous  l'avons  dit ,  ne  peut  être 
apperçu  par  l'organe  de  la  vue  :  il  eft  absolument 
invifible,  pareequ'it  n'a  pas  de  couleur  :  il  eft 
abfolument  inflpide  &  fans  odeur.  Lorfqu'il  eft 
parfaitement  pur ,  il  fe  charge  avec  une  très  grande 
facilité  des  bonnes  &  des  mau vaifes  odeurs.  Lorf- 

3uil  s'agite,  il  tranfporte  à  des  diftances  confi- 
.  érables  les  odeurs  &  les  vapeurs  dont  il  s'eft 
imprégné  :  il  femble  même  qu'il  eft  le  réfervoir 
des  corps  prodigieufement  divifés,  &  qui  font 
réduits  en  molécules  aufli  déliées  qu'il  l'eft  lui- 
même  :  il  eft  enfin  le  diflolvant  de  ces  fubftances  : 
c  eft  ce  qui  eft  caufe  qu'il  eft  difficile  de  trouver 
de  l'air  parfaitement  pur  &  dépouillé  de  toute 
matière  étrangère  :  il  eft  toujours  chargé  d'humi- 
dité :  il  paroît  même  que  c'eft  une  qualité  eflen- 
tielle  pour  les  animaux  oui  le  refpirent ,  &  pour 
FaccroifTement  des  végétaux ,  puifque  les  pre- 
miers fouffrenr  beaucoup  en  retirant  un  air  trop 
fec ,  &  que  les  derniers  languiffcnt  &  périflent 
.même ,  lorfcjue  l'air  n'eft  pas  chargé  d'une  cer- 
taine quantité  d'eau ,  comme  on  Te  remarque 
dans  les  années  où  il  pleut  fort  peu. 

Le  temps  où  Pair  eft  le  plus  pur,  mais  non  le 
flusfain,  eft  celui  des  grandes  gelées,  &  brf- 

•  qu'il 


fe  t    il  A  i  s  o  n  n  h.  g  j 

6ii*il  ne  fait  point  de  vent  :  il  contient  moins  de 
feu  élémentaire  j  il  en  contient  cependant  encore 
beaucoup  $  puifqu  il  ne  cefle  pas  detre  fluide  : 
il  eft  beaucoup  moins  aqueux  4  parceque  l'eau 
dont  il  eft  charge  dans  tout  autre  temps ,  fe  gelé 
par  le  grand  froid  :  il  eft  aufli  beaucoup  moins 
chargé  des  exhalaifons  de  la  terre ,  parceque  fa 
furface  étant  gelée  ;  les  exhalaifons  font  moins 
abondantes.  Le  froid  eft  même  fouvent  nécfeffaire 
pour  purger  l'air  de  matières  nuifibleS  qui  peu- 
vent Tinfeder  ;  mais  il  a  des  inconvénients  iorfr 
qu'il  dure  trop  long-temps,  pareequ'il  fe  fait  un 
amas  de  matières  dans  l'intérieur  de  la  terre ,  qui 
s'élèvent  en  vapeurs  tout-à-la-^fois  au  moment 
du  dégel.  En  été ,  le  temps  où  l'air  eft  le  plus  pur 
&  le  plus  fain >  eft  celui  qui  fuccede  aux  pluies. 

L'air  a  une  réfiftance  comme  les  autres  corps  ; 
&  lorfqu'ii  s'agite ,  il  renverfe  fouvent  les  obfta- 
cles  qui  s'oppofent  à  fon  paifage. 

Après  le  teu  ,  l'air  eft  la  matière  ia  plus  jégeré 
&  la  plus  fluide  que  nous  connoiflîons  dans  la 
Naturel  C'eftpour  cette  raifort,  qu'il  eft  toujours 
à  la  furface  des  corps  avec  lelquels  il  n  eft  pas 
combiné.  En  général,  il  ne  pénètre  que  dans  les 
endroits  où  il  ne  trouve  pas  de  matiete  plus  pe* 
fan  te  que  lui.C'eft  fur  cette  propriété  de  l'air  qu  eft 
fondée  la  méphanique  des  fourneaux  doilt  nous 
avons  parlé  au  commencement  de  cet  Ouvrage* 

L'air,  quoique  plus  fluide  que  les  autres  liqui- 
des ,  Se  même  dont  les  parties  intégrantes  font 
infiniment  plus  déliées,  ne  paflè  pas ,  ou  du  moiiis 
pafle  très  difficilement,  au  travers  de  certains 
corps ,  tels  que  le  papier  »  le  parchemin ,  le  car- 
ton ,  &c.  ou  de  tout  autre  corps  de  même  efpece  $ 
tandis  que  l'huile,  fefprii  de  vin ,  l'eau ,  les  fels 
en  diflblution  dans  l'eau ,  &c.  y  pajTent  avec  afle< 
Tome  L  £ 


3 


66  CHIMIE    EXPÉkîttEttTÀtE 

de  facilité.  C'eft  une  obfervation  connue  de* 
Phyiiciens  :  quelques-uns  en  ont  même  conclu 
ue  cela  venoitde  ce  que  les  parties  intégrantes 
e  l'air  étoient  plus  groflieres  que  celles  des  au- 
tres fluides.  Je  penfe  qu'on  doit  attribuer  cet 
effet  purement  Se  Amplement  au  jeu  des  tuyau* 
capillaires.  L'air  ne  mouille  point  ces  différents 
corps  :  il  n'y  s.  point  d'attradhon  entre  eux  &  les 
molécules  de  l'air  :  l'air  ne  peut  fe  filtrer  au  tra- 
vers de  leurs  pores ,  à  moins  qu'il  n'y  foit  con- 
traint par  une  torce  étrangère.  Il  en  eft  de  même 
de  l'eau  qu'on  voudroit  faire  pafTer  au  travers  d'un 

f>apier  huilé  :  comme  elle  ne  peut  plus  mouiller 
es  parties  propres  du  papier ,  fa  filiation  n'a 
plus  lieu. 

Nous  pourrions  rapporter  un  grand  nombre 
d'expéfiences  qui  prouveraient  non  feulement 
la  pefanteiir  de  l'air ,  mais  même  fon  rapport 
avec  la  plupart  des  corps  connus  ;  mais  nous 
croyorjp  ces  chftfes  abfolument  étrangères  dans 
un  ouvrage  de  Chymie ,  &  nous  renvoyons  aux 
livres  de  Phyfique  qui  traitent  ces  matières  dans 
le  détail  convenable ,  pour  nous  en  tenir  aux 
propriétés  decer  élément  qui  ont  un  rapport  plus 
diredb  à  la  Chymie, 

L'air  eft  élaftique,  c'eft-à-dire  quil  eft  com- 
preflible  ,  &  qu'il  fe  rétablit  dans  fon  premier 
état,  auffi-tôt  qu'on  fupprime  le  poids  qui  le  com- 

f>rimoit.  Il  ne  perd  rien  de  fon  élafticité ,  comme 
ont  tous  les  autres  corps  à  reflbrt ,  ou  pour  avoir 
été  trop  comprimés,  ou  confervés  pendant  très 
long  temps  dans  un  état  de  preffion.L  élafticité  de 
l'air  a  une  proportion  confiante  &  déterminée , 
relative  à  la  denfité  de  l'air  :  cet  élément  occupe 
un  efpace  qui  eft  en  raifon  inverfe  des  poids  qui 
le  compriment. 


fe  î     il  A  )  S  0  V  K  i  Ë*  67 

Mulîeurs  Phyficiens  ont  tenu  de  Paîr  prodi- 
gîeufement  comprimé  pendant  quinze  &  vingt 
années ,  fans  au  ils  fe  foient  apperçus  qu'il  eut 
perdu  ta  moindre  chofe  de  fon  clafticité.  Il  fuit 
d'ailleurs  la  même  loi  que  fes  autres  corps  à  re£» 
fort,  c*eft-a-dire  qu'il  fe  laifie  comprimer  d'a- 
bord aflfez  facilement  ;  mais  lorfqu'il  eft  parvenu 
à  un  certain  état  de  preflion ,  il  refifte  davantage» 
Boile  a  rendu  l'air  treize  fois  plus  denfe ,  en  le 
comprimant.  M,  Haller  dit  l'avoir  réduit  à  uft 
volume  foixânte  fois  plus  petit.  M.  Halès  la 
rendu  trente-huit  fois  plus  denfe ,  à  l'aide  d'une 
preffe.  L'air ,  ainfi  comprimé ,  ne  peut  plus  être 
refpiré  par  les  animaux  ;  il  eft  trop  dente.  Ceux 
qui  fe  font  mis  fous  la  cloche  du  plongeur ,  en  ont 
fourni  de  cruelles  expériences.  Lorfque  l'air  eft 
trop  condenfé,  il  occafionne  une  dilatation  con- 
(iderable  &  des  déchirements  mortels  dans  les 
poumons. 

L'air ,  comme  nous  l'avons  dit; ,  entre  dans  la 
cotabinaifon  de  beaucoup  de  corps  compofcs,  &  il 
fait  même  un  de  leurs  principes  continuants.  Lorf- 
qu'il  eft  ainfi  combiné ,  il  perd  toutes  fes  proprié- 
tés élaftiques,  :  il  devient  >  dans  les  corps ,  ce  que 
M.  Halès  nomme  airfolidc>  c*eft-à-dire ,  de  1  aie 
qui  s  eft  folidifié  ,  &  qui  a  perdu  toutes  fes  pro- 
priétés d'air  pur  ,  en  s'aflimilant  aux  corps  orga*» 
nifés,  comme  le  feu  pur  perd  les  fiennes ,  en  de- 
venant principe  continuant  de  ces  mêmes  corps. 
C'eft  le  propre  des  végétaux  &  des  animaux  de 
faire  perdre  aux  éléments  purs  leurs  propriétés  , 
en  les  combinant  &  les  affimilant  à  leurs  propres 
fubftances. 

Peut-être  l'air  n'eft-il  dans  la  compofition  des 
corps ,  qu'après  s'être  combiné  avec  d'autres  fub- 
ftmecs  ;.djns  ce  cas ,  il  y  feroit  fous  la  forme  d'un 

Eii 


68         Chy**ie  expérimentai! 

principe  fecondaire^  comme  le  feu  fous  la  formé 
de  phlogiftique  -y  c'eft  ce  que  nous  examineront 
en  ion  heu.  Quoi  qu'il  en  foit ,  on  doit  bien  dif- 
tinguer  l'air  combiné  d'arec  celui  qui  n'eft  qu'in- 
terpofé  enrre  les  parties  des  corps  :  nous  avons 
déjà  fait  cette  même  diltin&ion  à  l'égard  du  feu 
pur.   L'air  qui  n'eft  qu'inrerpofé ,  peut  être  fé* 

(taré  des  corps  par  des  moyens  méchaniques  ;  au 
ieu  que  celui  qui  fait  fondion  de  principe ,  ne 
peut  l'être  qu'en  décompofant  les  corps.  Il  en  eft 
de  l'air  à  cet  égard ,  comme  du  feu ,  dont  on 
peut  féparer  une  bonne  partie  par  des  refroi- 
diirements  artificiels.  On  peut  de  même ,  par  le 
moyen  de  la  machine  pneumatique,  féparer  des 
corps  la  plus  grande  partie  de  l'air  qui  y  eft  inter* 
pofe  ,  &  qui  n'eft  pas  dans  l'état  de  combinaifon. 
Nous  n'entreprendrons  pas  de  démontrer  à 
préfent  l'exiftence  de  l'air ,  comme  faifant  fonc- 
tion de  principe  confti tuant  dans  les  corps  orga- 
nifés  :  cela  nous  obligeroit  d'entrer  dans  des  dé- 
tails qui  fuppoferoient  la  connoiflance  de  beau- 
coup de  choies  dont  il  convient  que  nous  parlions 
auparavant. 

Effets  du  Feu  fur  l'Ait. 

Les  effets  du  feu  fur  l'air  font  de  le  dilater  ou 
de  le  raréfier ,  c'eft-à-dire ,  de  lui  faire  occuper 
des  efpaces  plus  grands  qu'auparavant.  La  dila- 
tation la  plus  confidérable  qu'il  eft  fufceptible 
d'éprouver  do  la  part  du  feu  le  plus  violent ,  eft 
de  treize  à  quatorze  fois  fon  volume  :  il  ne  peut 
jamais  fe  raréfier  aflez  pour  qu'il  s'enfuive  un 
vuide  parfait  :  il  refte  toujours  tfne  partie  de  l'air, 
même  lorfqti'on  fait  chauffer  au  rouge  blanc  le 
vafe  qui  le  contient.  Nous  ne  rapporterons  point 
les  expériences  qui  prouvent  cette  propofitionj 


B  T      RAISONNÉ!.  $9 

en  peut  en  voir  le  détail  dans  la  plupart  des  livres 
*    de  phyfique.  Lorfjque  l'air  cefTe  d'être  échauffe, 

-  <8e  qu'il  fe  refroidir ,  il  fe  eondenfe ,  c*eft-à  -  dire 

1  que  fes  parties  fe  rapprochent  les  unes  près  des 

2  autres ,  pour  n'occuper  que  Ici  volumç  qu'il  avoi* 

1    auparavant. 

t 

Effets  de  t  Air  fur  le  Feu  pur. 

f         Nous  venons  de  reconnoître  les  effets  du  feu 

-  fur  l'air  j  examinons  préfentement  les  effets  ds 
l'air  fur  le  feu.  \ 

;         L'air  n'a  aucun*  aétion  fur  le  feu  pur  :  il  ne 
paroît  rien,  changer  à  fon  état  ni  à  fa  manière  d'à- 

Î;ir.  L*  fon&ion  de  l'air  femble  fe  borner  à  être 
e  réfervoir  d'une  partie  du  feu  qui  nous  vient  du 
foleil,  ôç  de  celui  qui  fe  dégagé  des  corps  pen- 
dant leur  décompoution  :  il  s'en  taiffè  pénètre* 
uniformément  :  il  n'augmente  ni  ne  diminue  Tac* 
tivité  du  feu.  Le  feu  pur  agit  indépendamment  de 
l'air,  puifqu'il  pénètre  &  a  autant  d'aétion  darii 
le  vuide ,  que  lorfqu'il  agit  à  l'air  libre.  11  fond  &* 
yitrifie  les  corps  dans  cette  circonftance ,  avec  au- 
tant de  facilité  qu'à  l'air  libre,  toutes  chpfes  éga« 
les  d'ailleurs. 

Mais  il  n'en  eft  pas.  de  même  de  l'aétion  dfe 
Tair  fur  le  feu ,  appliqué  aux  matières  combuftU 
blés»  Son  conçois  eft  abfolumçnt  nécefTaire  pour 
entretenir  leur  çQmbuftipn.*  çoranie  nous  le  dU 
çonsçafonJijeu, 

Combinaifon  £e  PAlr  avec  h  Feu. 

Peut-être  la.  Nature  cojpbine-t-elle  L'air  avec: 
Je  feu  pur,  ce  qui  forçieroit  un  véritable  principe 
(econaaire  '%  mais^  jufqu'à  préfent.  cette  combi-* 
liaifon,  fi  elle  exift*,  a  échappé  aux  connoifs 
fo&cç  tes.  Çh^iftej  &.  des  Ehyficiens. 

RU* 


70  ChVMXE   EXPERIMENTAI* 

Sur  CE  au. 
• 
L'eau  eft  une  fubftance  liquide,  tranfparente, 
fans  couleur,  fans  odeur  &  fans  faveur ,  lorf- 
qu  elle  eft  parfaitement  pure.  Elle  eft  un  élément 

{primitif,  indeftru&ible ,  inaltérable  dans  coûtes 
es  opérations  de  la  Chymie. 

Il  en  eft  de  l'eau  comme  des  aunes  éléments 
dont  nous  avons  parlé.  Elle  a  une  fi  grande  dif- 
pofition  pour  s'unir  avec  les  fubftances  qu'eHe 
rencontre  à  la  furface  ou  dans  l'intérieur  de  la 
terre  ,  qu'il  eft  abfolument  impoffible  de  l'avoir 
parfaitement  pure ,  &  privée  de  toutes  fubftances 
étrangères.  Elle  eft  toujours  mêlée  de  feu ,  d'air 
&  de  terre.  La  plus  pure  que  fournit  la  Nature , 
eft  celle  qui  roule  dans  des  fables  ou  dans  des  ro- 
chers de  grès  ou  d'autres  pierres  vitrifiables  ; 
mais  elle  n  eft  pas  pour  cela  parfaitement  pure* 
Néanmoins  cela  ne  nous  empêchera  pas  de  re* 
connoître  les  propriétés  de  l'eau,  comme  fi  elle 
étoit  dans  fon  plqs  grand  état  de  pureté ,  &  de  la 
diftinguer  des  autres  éléments ,  &  de  toutes  les 
autres  fubftances  de  la  Nature. 

L'eau  eft  fous  deux  états ,  comme  les  autres 
éléments:  i°.  pure,  ifolée,  &  hefaifant  partie 
d'aucun  corps  compofé  :  i°.  combinée  avec  diffé- 
rentes fubftances ,  entrant  dans  la  compofition 
de  beaucoup  de  corps  compofés ,  &  faifanr  fonc- 
tion de  principe  confti tuant  de  ces  mêmes  corps  % 
&  principalement  des  corps  organifés.  Nous  exa- 
minerons à  préfent  l'eau  pure  &  ifolée ,  afin  de 
jreconnoître  fes  propriétés  dans  cet  état  :  nous  re- 
connoîtrons  par  la  fuite  les  propriétés  qu'elle  a> 
lorfqu'elle  fait  partie  conftituan te  des  corps  com- 
pofés dans  lefquels  elle  entre. 

La  Nature  nous  préfente  leau  pure  ifolée  fous 


IT      XAlSONKh,  71 

trois  différent*  états  :  1 Q.  dans  l'état  de  liquidité  : 
2°.  dans  l'état  de  folidité  que  l'on  nomme  glace: 
30.  dans  1  état  de  vapeurs.  Sous  quelque  forme  que 
nous,  considérions  cette  fubftance  ,  elle  eft  tou- 
jours de  l'eau  :  elle  ne  change  abfolument  point 
de  nature  ;  mais,  comme  elle  préfente  des  phé- 
nomènes chymiques  &  phyfiques  qui  font  rela- 
tifs à  ces  différents  états  ,  nous  croyons  de- 
voir examiner  fes  propriétés  fous  ces  différentes  . 
formes. 

Des  propriétés  de  tEau  dans  tétat  de  liquidité. 

L'eau  dans  l'état  de  liquidité  eft  la  boitfbn  na- 
turelle des  animaux ,  &  peut-être  la  feule  propre 
à  entretenir  la  fanté  &  la  vie.  Ellç  eft  également 
néceflaire  à  la  végétation  >  puifque ,  fans  fon  con- 
cours ,  toutes  les  plantes  perifTent.  Il  paroît  même 
u'elle  entre  immédiatement  dans  la  compofition 
es  corps  ofganifés.  L'eau  fert  à  la  formation  des 
matières  métalliques  ;  mais  ce  n'eft  que  comme 
inftrumenc.  Toutes  les  recherches  qu'on  a  faites 
jusqu'à  préfent ,  prouvent  qu'elle,  ne  fait  pas  par- 
tie de  ces  corps. 

L'eau  eft  incompreflible.  L'Académie  de  Flo- 
rence expofa  à  la  prefle  des  boules  d'or  remplies 
d'eau  dans  une  température  froide.  Les.  boules 
s'applatijrem,  &  l'eau  paiïa  au  travers  dix,  métal 
plutôt  que  de  fe  laifler  comprimer  :ce  qui  fait  voir 
que  les  parties  intégrantes  de  l'eau,  font  d'une 
grande  roideur  &  d'une  grande  imefle.  Quel- 
ques Phyfiçlens  avoientmis  en  queftion  de  favoir 
iî  l'eau  pafle  ou.  ne  pafle  pas  au  travers  du  verre* 
M.  de  Çoffigny  a  décidé  cette  queftiortpar  iss  ei>- 

E'riences  bien  faites  :  noua  en  rendrons  compte 
rfque  nous  parlerons  des  différents  moyens  qui 
pnt  été  propofés  pour  deflàler  l'eau  de  mer.      ■ 


1 


Imc  JL  Eiv  .*■ 


74  Chymie  expérimentale 
haave  que  l'eau  eft  un  élément  abfolumem  indoP 
trudible  &  inaltérable  :  cet  élément,  à  quelque 
épreuve  qu'on  le  foumette  >  redevient  toujours 
de  l'eau ,  tel  qu'il  étoit  auparavant.  M.  Lavqi- 
fier,  de  l'Académie  des  Sciences ,  a  répété  quel- 
ques-uns des  procédés. dont  nous  parlons  \  il  s'eft 
afluré  par  des  expériences  fort  exaftes ,  que  l'eau 
ne  fe  change  point  en  terre. 
.  Nous  avons  fait  obfervec  que  l'eau  qui  bout  i 
l'air  libre  ,  à  gros  bouillons ,  ne  prend  jamais 

2u  un  degré  de  chaleur  déterminé.  Lorfqu'on  lui 
ih  éprouver  un  très  grand  froid  artificiel ,  elle  ne 
prend  pareillement  qu'un  très  léger  degré  de  froid 

3ui  eft  d'un  demi  degré  au-deffou*  de  fon  terme 
e  congélation ,  tant  qu'elle  eft  dans  fon  état  de 
liquidité ,  quelque  grand  que  foit  d'ailleurs  le 
froid  qu'on  lui  fait  éprouver.  C'eft  ce  eue  j'ai 
démontré  dans  un  Mémoire  imprimé  dans  le 
Journal  de  Médecine ,  année  1770 ,  mois  d'Qo 
tobre  &  de  Novembre* 

Expérience 

Qui  prouve  que  F  Eau  ne  prend  qu'un  degré  de 
froid  déterminé* 

On  fait  un  mélange  de  deux  parties  de  glacé 
&  d  une  partie  de  fel  marin  \  ce  qui  produit  un 
froid  de  dix-huit  à  vingt  degrés  au-deflbus  du 
terme  de  la  glace.  On  plonge  dans  le  centre  de  ce 
mélange  un  petit;  gobelet  de  verre  rempli  d'eau 
rare;  d'une  autre  part  ,  on  plonge  dans  le  mé- 
lange de  fel  &  déglace  un  thermomètre  ,  &  l'on 
plonge  auffi  dans  l'eau  du  gobelet  un  femblable 
thermomètre.  Celui  qui  eft  plongé  dans  le  mé- 
lange de  glace  &  de  fel  >  fe  tient  constamment  à  la 
œmpéwtnre  de  ce.  mélange  j.  mais  celui  .qui. ejb 


!T     RAISONNh.  7J 

plongé  dans  l'eau  du  gobelet ,  refte  conftamment 
a  un  demi-degré  au-deiTous  du  terme  de  la  con- 
gélation, tant  qu'il  refte  plongé  dans  leau  non 
gelée  ;  &  il  ne  prend  la  température  du  bain,  qu'a- 
près que  l'eau  eft  gelée  complettement.  Si,  au  lieu 
d'eau ,  on  plonge  un  bocal  d'efprit  de  vin  ou  de 
coûte  autre  liqueur  non  gelable ,  à  une  femblable 
température,  la  liqueur  prend ,  fans  tarder ,  celle 
du5  bain. 

J'attribue  cet  effet  au  mouvement  que  le  froid 
excite  entre  les  parties  intégrantes  de  l'eau.  Ce 
mouvement  produit  de  la  chaleur  qui  eft  toujours 
proportionnelle  au  froid  artificiel  auquel  on  fou- 
met  l'eau  ,  puifque ,  quelque  grand  que  foit  ce 
froid ,  l'eau  refte  au-deflbus  du  terme  de  la  con- 
gélation. 

Les  liqueurs  fpiritueufes ,  pour  lefquelles  il 
faut  un  plus  grand  froid  pour  fe  congeler ,  pren- 
nent furie-champ  ou  peu  après  4  la  température 
du  bain  mentionné  ci-defTus ,  parceque ,  dans  ce 
cas ,  il  ne  s'excite  entre  leurs  parties  intégrantes  > 
aucun  mouvement  qui  produife  de  la  chaleur; 
mais ,  fi  on  leur  fait  éprouver  uq  froid  capable 
de  les  congeler ,  il  arrive  a  leur  égard  précifement 
la  même  chofe  qu'à  l'eau  :  i°.  tant  qu'elles  font 
dans  l'état  de  liquidité ,  elles  reften  t  conftamment 
à  quelques  degrés  au-deflbus  du  terme  de  leur 
congélation  (1)  :  i°.  elles  ne  prennent,  comme 
l'eau ,  la  température  du  bain  où  on  les  a  pion* 
gées,  qu'après  quelles  font  entièrement  gelées. 

(  1  )  Le  terme  de  la  congélation  n'eft  pas  le  même  pour 
toutes  les  liqueurs  :  il  faut  une  intcnfïté  de  froid  d'autant 
plus  grande  que  la  liqueur  eft  moins  gelable.  Ceft  ce  que 
j'ai  conftaté  par  une  fuite  d'expériences  détaillées  dans 
mon  Mémoire  imprimé  dans  le  Journal  de  Médecine  pour 
le  mois  4'Qftobre  1770, 


tjt        Chvmib  expérimentale 

Des  Propriétés  de  VEau  ions  Vétat  déglace. 

Lorfque  Peau  éprouve  un  certain  degré  de  froid, 
elle  fe  convertit  en  un  corps  folide  que  Ton  nonw 
me  glace. 

La  glace  eft  un  corps  dur  &  élaftique  qui  pré-* 
fente  des  phénomènes  différents ,  fuivant  qu'elle 
fe  forme  plus  ou  moins  lentement.  Lorsqu'elle 
fe  forme  lentement ,  elle  prend  un  arrangement 
fy mmétrique  qu'on  peut  très  bien  obferver,&que 
j  ai  comparé ,  dans  mes  cours ,  à  la  cryftallifation 
des  fels  :  elle  forme  toujours  des  aiguilles  qui  fe 
çroifent  en  angles  de  foixante  ou  de  cent  vingt 
degrés ,  comme  la  remarqué  M.  de  Mairan ,  dans 
fa  Differtation  fur  la  glace.  Mais ,  lorfque  la 
glace  fe  forme  par  un  froid  fort  âpre ,  cet  arran- 
gement ne  fe  fait  pas  avec  la  même  régularité  ;  i 
snefure  que  le  froid  augmente,  la  glace  acquiert 
plus  de  confiftance&  de  volume.  On  obferve  que 
de  l'eau  glacée ,  contenue  dans  un  vafe  plein , 
çovile  &  le  répand  jufques  par-deflîis  les  bords, 
comme  une  lave  de  volcan  ;  ce  qui  indique  non 
feulement  une  dilatation  entre  les  parties  de  la 
glace ,  mais  même  un  commencement  de  fulion. 
Cet  effet  eft  d'autant  plus  fenfible ,  que  1e  froid 
devient  plus  gçaud.  La  glace  fe  dilate  même  fi 
confidérablemem ,  qu  elle  fair  des  effort  incroya- 
bles pour  rompre  les  obftacles  qui  lui  réfiftent.  Les 
Académiciens  de  Florence  ayant  pris  une  bouta 
de  cuivre  fort  épaiffe ,  dont  la  cavité  avoit  un 
pouce  de  diamètre,  la tempHren* d'eau,  &  la 
fermèrent  :  lorfque  cette  eau  fin  gelé* ,  elle  creva 
la  bpule  de  métal.  Ils  calculèrent  enfuite  l'effort 
qu'il  fkllut  pour  produire  cet  effet  ;  ils  trouverenc 
qu  il  eft  égal  à  vingt-fept  mille  fept  ceuts  vingt 


ÏTRÀISONrtifi.  yf 

livres.  [EJfai  de  Phyfique  de  MufTchehbroek  * 
page 434»  §.?otf.)  . 

Lorfque  la  glace  fe  forme,  l'air  contenu  dans 
l'eau  fe  dégage  ,  produit  des  bulles  qui  troublent 
même  la  tranfparence  de  la  glace*  Les  PhyficienS 
avoient  attribué  à  cet  air  tous  les  phénomènes 
dont  nous  venons  de  parler  \  mais  il  s'en  faut  de 
beaucoup  que  cette  explication  foit  fatisfaifante< 
D'ailleurs  cet  air  interpofé  n'eft  point  dans  un 
état  de  preflîon ,  puifque,  filon  perce  la  glace 
avec  une  aiguille  pour  en  faire  fortir  les  bulles 
d'air,  il  n'en  fort  pas,  ou,  s'il  en  fort,  c'eftfans 
effort.  Nous  penlons  que  les  efforts  que  fait  la 
glace,  viennent  du  mouvement  &  de  la  dilatation 
qui  s'excitent  entre  fes  parties,  &  qui  la  difpo* 
lent  à  une  forte  de  fufion.  Dans  ce  fens ,  la  fo- 
lidiré  de  l'eau  ne  feroit  pas  plus  fon  état  naturel , 
que  fa  liquidité. 

Un  morceau  de  métal  expofé  au  froid ,  fuit  né~ 
ceflfairement  la  même  marche  :  il  diminue  d'abord 
de  volume  ;  mais,  lorfqu'il  eft  frappé  de  froid  fuffi- 
fam nient ,  il  doit  de  même  commencer  à  augmen- 
ter de  volume,  un  peu  avant  d'être  gelé.  J'entends 
{>ar  métal  gclc*  celui  qui  eft  tellement  pénétré  de 
roid ,  qu'il  eft  caftant  à  un  choc  médiocre.  Le 
fer  eft  dans  ce  cas.  11  faut  peut-être  un  plus  grand 
froid  pour  faire  parvenir  les  autres  métaux  au 
même  point.  Il  doit  y  avoir  entre  eux,  à  cet  çgard» 
les  mêmes  différences  qu'il  y  a  entre  les  liqueurs 
qui  éprouvent  une  plus  ou  moins  grande  facilité 
à  fe  geler,  comme  je  l'ai  dit  dans  le  même  Mé- 
moire imprimé  dans  le  Journal  de  Médecine  pour 
le  mois  d'O&obre  1770.  Je  fuis  même  porté  à 
croire  que ,  s'il  étoit  poflîble  d'obtenir  un  froid 
fuififant.»  les  métaux  éprouveraient,  comme  l'eau 
.congelée ,  cette  forte  de  fufion  qui  arrive  à  la 


80  Cn'tÛït   fefcrÉRlMEtfÏÀLÊ 

Vant  les  circonftances  du  froid  ou  du  chaud.  Ced 
une  force  de  diftillation  que  la  Nature  fait  de 
l'eau ,  &  que  les  vents  tranfpbrtent  dads  cet  état 
de  diftolution ,  pour  produire  les  différents  mé- 
téores aqueux,  tels  que  la  pluie,  la  grêle,  la 
neige ,  &c.  qui  forment  enfuite  les  rivières ,  les 
fontaines  ,  &c.  La  pluie  nettoie  l'air  de  diffé- 
rentes vapeurs  dont  il  pourrait  être  chargé  :  c  eft 
pour  cette  raifon  que  l'eau  de  pluie  n'eft  pas  par- 
faitement pure  ;  elle  eft  chargée  d'exhalaifons  de 
la  terre,  &  d'une  petite  quantité  de  félénite.  J'ai 
expofé ,  après  pluîïeurs  jours  de  pluie ,  une  jatte 
de  porcelaine  en  plein  air ,  éloignée  de  tout  ban* 
ment ,  Se  élevée  de  plufieurs  pieds  au-deffus  de  la 
forface  de  la  terre ,  pour  recevoir  de  l'eau  déploie 
le  plus  proprement  qu'il  fut  poflible.  Cette  eau 
s'eft  trouve  contenir  de  l'acide  vitriolique  dans 
l'état  félénitèux  :  elle  précipitoic  en  jaune  de 
turbich  la  diflbiution  de  mercure ,  faite  par  l'acide 
nitreux. 

Lorfque  l'eau  $  réduite  en  vapeurs,  eft  forcée 
de  forrir  par  une  petite  ouverture,  comme  dans 
un  éolipyle,  elle  eft  vifible,  parcequ'elle  n'eft 
pas  difloute  dans  l'air  ;  mais  la  chaleur  qu'elle 
éprouve  ,  en  partant  au  travers  de  la  flamme 
drune  lampe ,  la  combine  àVbc  l'air  telle  eft  alors 
in  vifible  $  fa  diflolution  eft  complette.  On  fe  fert 
avec  avantage  de  cette  propriété  de  l'eau  de  le 
difibudre  dans  l'air  ,  pour  augmenter  l'élafticfré 
de  l'air ,  Se  animer  une  lampe  mieux  que  ne  le 
feroit  on  courant  d'air  pur.  Elle  anime  le  feu ,  au 
lieu  de  l'éteindre ,  comme  il  arrive  lorfqu'ello 
agit  en  raaflfe.  Elle  fait  l'office  d'un  fouiner  de 
forge.  Les  Emailleurs  fe  fervent  de  cette  propriété 
de  Peau  pour  diriger  la  flamme  d'une  lampe  fur 
du  verre  qu'ils  veulent  chauffer  ou  fondre. 

Lorfquê 


%i    KAtsoititît:  9i 

Lôrfque  l'eau  eft  réduite  en  vapeurs ,  Se  que 
ces  vapeurs  n'ont  point  la  liberté  de  fe  diffiper  s 
elles  ont  une  force  fi  expanfible,  qu'on  l'emploie 
à  mouvoir  de  grofles  machines  pour  foulever  des 
maffes  coilfidérables ,  &  faire  agir  des  piftons 
de  pompes  qui  élèvent  l'eau  à  de  grandes  hau- 
teurs. 

Lorfque  l'eàu  eft  parfaitement  réduite  en  va- 
peurs ,  elle  pecupe  quatorze  mille  fois  plus  de 
place  qu'auparavant  M  l'on  met  uiie  goutte  d'eau 
dans  là  boule  d'un  verre  de  thermomètre ,  qui 
puifle  Contenir  quatorze  mille  gouttes  d'eau  ferrn 
blables  \  fi  l'on  fait  chauffer  enfuite  cette  goutte 
d'eau  pour  la  réduire  parfaitement  en  vapeurs  * 
elle  chalTe  tout  l'air  de  l'intérieur  du  verre ,  &  elle 
en  occupe  toute  la  capacité.  Le  tube  étant  fubi- 
tement  plongé  dans  Veau  la  boule  s9en  remplit 
dans  un  inftant,  parceqde  cette  nouvelle  eau 
prend  la  place  de  1  air  que  l'eau  réduite  en  va- 
peurs a  évacué.  Pour  produire  cet  effet ,  il  a  fallu 
que  la  goutte  d'eau  occupât  toute  la  capacité  du 
vaifTeau  ,  &  par  conféquent  quatorze  mille  fois 

Elus  de  place ,  que  lorsqu'elle  étoit  en  liqueur* 
[auksbée  ayant  voulu  comparer  la  dilatation  de 
l'eau  avec  celle  de  la  poudre ,  mit  le  feu ,  par  le 
moyen  d'un  verre  ardent,  à  de  la  poudre  qu'il 
avoit  enfermée  dans  la  partie  fupérieure  d'un  ba- 
romètre rempli  de  mercure  ,  il  trouva  que  la  di- 
latation de  la  poudre  occafionna  un  vuide  deui 
cents  vingt-deux  fois  plus  grand  que  le  volume 
de  la  poudre  qu'il  avoit  employée}  par  confé- 
quent l'eau  fe  raréfie  environ  foixan ce- trois  foi* 
plus  que  la  poudre  :  d'où  il  réfulte  que ,  fi  Ton 
trouvoit  le  moyen  de  réduire  fubitement  en  va- 
peurs une  malle  d'eau ,  on  produirait  des  effet* 
qui  feroient  foixante-trois  rois  plus  grands  que 
T*mc  1.  ï 


81         ChyMîe  ttviKitiHHTAtt 

ceux  d'un  pareil  volume  de  poudre.  C'eft  ce  qui 
arrive  fort  fouvencdans  les  volcans,  où  l'eau  eft 
quelquefois  retenue  &  réduite  fi  fubitement  en 
vapeurs  par  la  chaleur  exceffive  du  feu  que  ren- 
ferment ces  volcans ,  quelle  jette  au  loin  des 
xnafles  énormes  dont  le  recul ,  femblable  à  celui 
des  armes  à  feu ,  occafionne  ces  fecou lies  de  trem- 
blements déterre ,  qui filrprennent toujours  avec 
frayeur. 

La  même  chofe  arrive  en  petit  dans  nos  labo- 
ratoires ,  lorfque,  par  imprudence ,  on  jette  quel- 
ques gouttes  a  eau  dans  de  l'huile  très  chaude , 
ou  fur  du  cuivie  ou  du  plomb ,  &c.  en  fufion, 
&  encore  mieux ,  lorsqu'on  coule  dans  un  mortier 
humide  du  fel  alkali  ou  tout  autre  fel  en  fufion  : 
l'eau  fe  réduit  fubitement  en  vapeurs ,  &  jette 
au  loin  les  matières  fondues  avec  un  bruit  ef- 
frayant &  avec  danger  pour  ceux  qui  font  préfents. 
Il  eft  de  la  plus  grande  importance  de  bien  con- 
noître  ces  terribles  effets ,  afin  de  fe  garantir  des 
accidents  qui  peuvent  en  réfulter. 

Les  enfants  font  tous  les  jours  une  expérience 
qui  eft  relative  à  ce  que  nous  venons  de  dire  fur 
l'expanfibilité  de  l'eau.  Ils  mettent  fur  quelques 

f  outres  d'eau  >  ou  fur  un  peu  de  falive ,  un  char- 
on  bien  ardent ,  &  ils  frappent  promptement 
avec  un  marteau  de  bois  ou  de  fer  fur  le  charbon  ; 
le  feu  réduit  fubitement  en  vapeurs  l'eau  qui 
l'entoure,  &  il  fe  fait  auiïî-tôt  une  explofion  fort 
bruyante. 

On  fe  fert  tous  les  jours  avantageufement  de 
la  propriété  qu'a  l'eau  de  fe  réduire  en  vapeurs , 
pour  la  débarraffer  des  matières  fixes  avec  les- 
quelles elle  peut  être  mêlée. 


*      tT     RAISÔttNii»  8} 

Delà  Diftillation. 

La  diftillation  eft  une  opération  par  le  moyen 
de  laquelle  on  fépare ,  à  Paide  du  feu ,  les  fub- 
ftances  liquides  &  volatiles  d'avec  les  fixes ,  ou 
Une  évaporation  qui  fe  fait  dans  des  vaifTeaux  clos  % 
appropriés ,  afin  de  recueillir  &  conferver  à  part 
les  fuoftances  que  le  feu  fait  élever. 

Il  y  a  deux  elpeces  de  diftillation  t  favoir ,  Tune 
que  Ton  nomme  per  afeenfum  j  &  l'autre  que 
l'on  nomme  per  dejcenfum. 

La  première  eft  celle  qu'on  emploie  ordinaire- 
ment. Elle  fe  fait  en  plaçant  le  feu  fous  le  vai£* 
feau  qui  contient  la  matière  qu'on  foumet  à  la 
diftillation.  La  chaleur  fait  élever  les  vapeurs  au 
haut  du  vaitfèau ,  &c  elles  font  conduites,  foit  en 
vapeurs,  foi  t  en  liqueurs,  dans  un  récipient  qu'on 
place,  i  cet  effet >  à  côté  du  vaifteau  diftilla* 
toire. 

La  féconde  eft  lorfqu'on  met  le  feu  au-deflus 
de  la  matière  qu'on  veut  diftiller.  Les  vapeurs 
qui  fe  dégagent  des  corps  ne  pouvant  s'élever 
comme  dans  la  diftillation  ordinaire  ,  font  forcées 
à  fe  précipiter  dans  un  vaifleau  inférieur  qu'on 
place  à  ce  deftein. 

Par  exemple,  on  pofe  un  linee  fur  un  verre  1 
boire  :  on  met  fur  ce  linge  qui  doit  être  lâche  & 
s'enfoncer  un  peu  dans  le  verre  y  des  clous  de  gé~ 
rofle  concaiTés  :  on  pofe  par-deiTus  cet  appareil , 
un  plateau  de  balance  qui  joint ,  le  plus  exacte- 
ment qu'il  eft  poffible ,  les  bords  du  verre  :  on 
remplit  de  cendres  chaudes  la  partie  concave  du 
plateau  de  balance.  La  chaleur ,  agiftant  fur  le 
eérofle ,  en  dégage  une  partie  du  phlegme  &  de 
l'huile  eflencielle  qui  fe  ra&mble  au  fond  du 

Fij 


*4  ChYMII   EXPERÏMEKTllf 

verre  ;  c'eft  ce  que  Ton  nomme  diftiller  per  défi 
ccnfum  :  mais  cette  manière  de  diftiller  n'eft  pre£ 

3ue  point  ufitée ,  parcequ  elle  a  Tinconvénienr 
e  dénaturer  les  fubftances  qu'on  veut  retirer, 
étant  difficile  d'adminiftrer  précifément  le  degré 
de  chaleur  qui  convient. 

LesChymiftesontétabliune  troifieme  manière 
de  diftiller  ,  qu'ils  nomment^ r lotus  j  ou  parle 
côté  ;  c'eft  celle  que  Ton  fait  dans  des  cornues: 
mais  ,  comme  elle  ne  diffère  point  de  la  diftilla- 
tion/wi/ttA/oia.,  qui  fe  fait  dans  des  alambics 
de  verre  ou  de  cuivre  étamé ,  nous  croyons  qu'il 
eft  inutile  d'en  faire  ici  une  diftincHon.  J'en  ai 
parlé  dans  mes  Eléments  de  Pharmacie.  Elle  fe 
fait  toujours  perafcenfum,  puifque  les  vapeurs 
s'élèvent  perpendiculairement  pour  entrer  dans 
le  col  qui  aboutit  au  récipient.  La  diftillation 
qu'on  fait  dans  des  alambics  de  cuivre  pourrait 
être  regardée  à  la  rigueur  comme  une  diftillation 
perlatus.  Les  vapeurs  s'élèvent  perpendiculaire- 
ment 'y  elles  enfilent  le  canal  qu'on  a  pratiqué  au 
côté  du  chapiteau  de  l'alambic  pour  venir  le  raf- 
fembler  &  le  condenfer  dans  le  récipient:  ainfi 
ces  deux  diftillations  ne  différent  Tune  de  l'autre, 
que  par  la  forme  des  vaifTeaux. 

Lofque  les  fubftances  qu'on  met  diftiller  con- 
tiennent quelques  principes  faciles  à  s'altérer ,  on 
fe  fer t  d'un  alambic  à  bain  marie,  qui  tempère 
l'activité  du  feu.  Au  moyen  de  ce  vaifTeau ,  on 
peut  graduer,  àfongré,  la  chaleur,  &  ne  faire 
éprouver  aux  fubftances  qu'on  foumet  à  la  diftil- 
lation ,  que  celle  qui  leur  convient  :  dans  cette 
diftillation  ,  les  fubftances  ne  peuvent  recevoir , 
tout  au  plus ,  que  le  degré  de  chaleur  égal  à  celui 
de  l'eau  bouillante.  Voyez  mes  Eléments  de  Pkar* 
znaçic  j  pour  le  détail  d'un  alambic  à  bain  marie. 


1  T     R  A  I  S  O  N  H  i  *«  ÏJ 

Dijlillation  de  VEau*       ^ 

On  met  dans  une  cornue  de  verre  plufîeurs 
pinces  cTeau  :  on  place  le  vaifleau  dans  le  bain  de 
fable,  d'un  fourneau  ;  on  y  adapte  un  ballon  ou 
récipient.  On  lute  les  foin  Cures  avec  des  bandes 
de  papier,  enduites  de  Colle  de  farine  ou  d'ami- 
don :  alors  on  procède  à  la  diftillation  par  un  feu 
{;ra,dué  que  l'on  augmente  jufqu  au  degré  de 
'ébullitionou  à-peu-près.  On  continue  la  diftil- 
lation ,  jufqu*a  ce  que  Fon  ait  fait  diftilter  cuivi- 
ron  les  trois  quarts  de  Peau  que  l'on  a  employée. 
On  délute  le  ballon  :  on  verfé  cç  qu'il  contient 
dans  un  flacon  de  cryftal  qu'on  bouche  bien:  on 
jette,  comme  inutile  ,  ce  qui  refte  dans  la  cornue. 

R  S  M  A  R  Ç   U  JR 

L*eau;,  comme  nous  fàvons  dit ,  h'èft  ja-mai* 
parfaitement  pure  :  elle  eft  plus  ou  moins  chargée 
de  terre  &;  de  félénite.  On  a  befoin ,  pour  nom* 
bre  d'opérations  &  d'expériences  de  Chymie , 
d'eau  feparé?  d$  ces,  fubftançes,  I,a  diftillation 
eft  très,  convenable  pour  opérer  cette  réparation, 
L'eâu  étant  un  corps  volaui  ,  s'élève  feule  en  va- 
i  peurs  qui  fe  condensent  &  fe  raffemblent  dans  U 
talion  y  &  elle  Uiffe,  dans  la  cornue  les,  matières 
fixes  qui  ne  peuvent  s'élever  aaraênœ  degré  de 
chaleur  quelle.  Il  faut  faire  choytd^une  eau,  déjà 
pure ,  &  qui  ne  contienne  point  de*  fujbftances 
volatiles  ;  telles  font  les  eaux  des  grands  fleuves* 
Si  Ton  veut,  poi*r  plu^d^xa^itude ,  5ç  être  cer- 
tain que  1  eau  que  l'on  veut  obtenir  ne  contienne* 
rien  d'étranger,  il  faut»  f  éjecter  les  première* 
onces  d'eau  qui  paient  dans  la  diftillation. 

On.  pputtok  faire  diftiUet  une  plus  grands 

fi^ 


ft£  ChTMIE    EXPÉRIMENTAL* 

quantité  d'eau  que  celle  que  nous  avons  dite ,  & 
même  continuer  la  diftillation  jufqu'à  ficcité  j 
mais  il  feroit  à  craindre  que  les  matières  falines 
fur-tout  ne  vinflent  à  fe  décompofer ,  ce  qui  al- 
téreroit  la  pureté  dç  Teau. 

Lorfqu'on  veut  fe  procurer  de  l'eau  diftillée 
parfaitement  pure ,  il  convient  de  la  diftiller  dans 
des  yaiflfeaux  de  verre  :  ceux  qui  font  faits  avec 
les  afférents  métaux  qu'on  nomme  imparfaits  ^ 
communiquent  une  odeur  empyreumatique.  Le$ 
alambics  ae  cuivre  ou  d'étain  ,  dans  lefquels  oq 
a  diftillé  des  plantes,  on  tfpécialement  cet  incon- 
vénient. Il  eft  impoffible  de  les  nettoyer  affea 
pour  les  empêcher  de  communiquer  à  l'eau  cette 
odeur  d'çmpyreuroe. 

L  eau  diftillée  doit  être  confervée  dans  des 
flacons  de  cryftal ,  bouchés  avec  des  bouchons 
auffide  cryftal,  ufés  à  l'émeri.  On  a  foin  de  le$ 
laver  auparavant  avec  de  l'eau  diftillée.  Les  bou-; 
chons  de  liège  lui  communiquent  une  odeur  dé 
croupi.  L'eau  diftillée  eft  inaltérable  :  elle  peut 
fe  garder  pendant  très  long-temps  dans  fon  état 
de  pureté,  Iprfque  rien  d'étranger  ne  fe  mêle 
avec  elle. 

On  reconnoît  que  l'eau  diftillée  eft  pure ,  lors- 
qu'elle ne  change  point  les  couleurs  bleues  de  la 
teinture  du  tournefol  &  du  fyrop  de  violettes ,  & 
fur-tout  lorfqu'elle  n'occafionne  aucun  trouble 
ni  précipitation  aux  diflblutions  de  mercure  Çç 
d'argent ,  faites  par  de  l'acide  nitreux. 

f)c  l'Eau  combinée  avec  le  Feu. 

On  ne  çonnoît  point  de  combinaifon  immé- 
diate de  l'eau  avec  le  feu  pur  :  peut-être  la  Na- 
ître fpfme-t-çlle  cette  çotnbinaifon  \,  mais  jjijfc 


U      R  A  I  S  O  N  M  i  t.  87 

qu'à  préfent  elle  a  échappé  aux  recherches  des 
Chymiftes  &  des  Phyficiens.  On  fait  que  l'eau  eft 
toujours  mêlée  d'une  certaine  quantité  de  feu  ; 
c'eft  de  lui  qu'elle  tient  fa  liquidité.  On  a  tou- 
jours cônfideré  ce  feu  comme  libre ,  &  feulement 
interpolé  entre  les  parties  de  l'eau  \  mais  on  ignore 
fi  quelques  parties  ne  feroieht  pas  réellement  dans 
l'état  de  combinaifon ,  &c  fous  la  forme  d'un  prin- 
cipe fecondaire ,  qui  feroit  tenu  en  diflblution 
dans  la  totalité  d'une  malle  d'eau  quelconque. 
Ce  qu'il  y  a  de  certain ,  c'eftquîi  eft  impoffible  * 
par  des  refroidiflements  artificiels  5  de  priver  Veau 
de  tout  le  feu  libre  quelle  contient* 

De  l'Eau  combinée  4vtç  Iàik 

L'eau  fe  ditfbut  dans  l'air ,  comme  les  fets  & 
difïblvent  dans  .l'eau.  Cette  diflblution  eft  chiré 
&  rranfparente,  C'eft  une  vérité  que  M.  le  Roi  > 
Do&eur  en  Médecine  de  la  Faculté  de  MontpeU 
lier  ,  a  démontrée  d'une  manière  très  luminéufe  % 
dan*  un  Mémoire  imprimé  dans  le  volume  de* 
l'Académie ,  année  1751 ,  page  481*  Cet  habite 
Phyficien  rapporte  des  expériences  très  ingénieur 
fes,  par  lesquelles  il  fait  voir  que  cette  difïblu^ 
tion  de  l'eau  par  Tair  eft  affujettie  à  un  point  de 
fatutation.  pe l'air  chaud  diffout  davantage  d'eai* 

3ue  de  l'air  froid.  Lorfque  de  Tair  chaud  ,  faturê 
'eau ,  vient  àfe  refroidir ,  il  laiiïe  dépofer  l'excèi 
de  celle  qu'il  ne  peut  plus  tenir  en  diffolution*. 
Pour  constater  cette  vérité,  M.  le  Roi  a  pris  un* 
bouteille  vuide  de  fecbe  ;  il  l'a  expofée  a  un  air 
chaud  de  quinze  degrés  au-*deflus  du  terme  de  U 
congélation  ,  8c  l'a  bouchée  exaûeme&t.  Lorfque 
Vaû  do Tatmofpheçe  s'eft  xeftoidide  quelque*  de^» 

£  i» 


4; 


89  ChYMIE   EXPERIMENTALE 

grés ,  celui  renfermé  dans  la  bouteille  s'eft  refroidi 
3e  même  j  mais  il  s'eft  déchargé  de  l'eau  qu'il  ne 
pouvoir  plus,  dans  cet  état,  tenir  en  diflblution,  la* 
quelle  s'eft  raflemblée  au  fond  de  la  bouteille.  Il 
s'eft  afluré  encore  que  l'eau ,  ainli  condenfce ,  s'eft 
difïbute  de  nouveau  dans  l'air  de  la  bouteille ,  $ 
fnefure  qu  il  parvenoit  au  degré  de  chaleur  où  il 
y  avoic  été  enfermé.  M-  le  Roi  a  varié  cette  expé- 
rience de  manière  à  ne  laifTer  aucun  douce  fur  le 
fait  dont  il  eft  queftion. 

On  auroit  torç  4o  regarder  ces  expériences  & 
ces  observations  comme  de  pure  curiofité  ;  il  eft  , 
au  contraire ,  très  important  de  les  cpnnoître  dans 
la  Chymie.  On  renferme  tous  les  jours  dans  des 
bouteilles  des  fels  &  d'autres  fubftancçs  qui  do** 
vent  être  gardés  féchement.  Si  l'air  renfermé  dans 
la  bouteille  eft  chargé  d'huhiidité ,  il'humeâe 
plus  ou  moins  les  fubftancçs  qu'on  y  renferme. 
peaU^çpqfée  par  l'air  fur  des  acides  concentrés , 
ou  fur  de  l'ajkali ,  ne  fe  diflbut  plus  lpçfque  Pat- 
jnofphere  fe  réchauffe ,  pareeque  l'eau  eft  plus 
adhec-ente  à  ces  fubftançesfalines  qu'elle  ne  1  eft, 
foit  au  verte ,  foit  à  l'air. 

Lorfqûe  l'air  chaud  eft  parfaitement,  faturé 
d'eau ,  $c  qu'il  vient  i  fe  refroidir  y  l'excès  fecon- 
denfe  comme  nous  l'avons  dit,  &  retombe,  en 
pluie ,  en  rofée,  en  nçige ,  ep  grêle ,  &c,  On  voie 
cet  effet  arriver  d'une  manière  bien  fenfible  chez 
)es  artiftes  qui  font  évaporer. une  grande  quan- 
pté  d'eau  dans  des  endroit^  fermée ,  comme  chea 
)es  tejntuifiers ,  chez  les  braiTeurs  >  &c.  L'air  ne 
peut  pa$  diffoudre  toute  Peau  qui  s'évapore.  Une. 
partie  eft  dans  l'état  de  vapeurs,  trouble  la  tranf> 
carence  de  l'*ir ,  &  y  forme  un  véritable  brouiU 
feç<i.  \Jyç  auççe  portion  de  P^u  fe  fépare.  d$  Vais 


1T     RAISONNÉ!.  89 

flans  la  partie  la  plus  élevée  de  ces  acceliers ,  &  re- 
tombe en  pluie  Se  en  rofée  :  c'eft  ce  que  les  ou- 
vriers nomment  buée. 

Cette  combinaifon  d'air  &  d'eau  joue  dans  la 
Chymie,  dans  les  Arts  &  dans  la  Nature ,  un  très 
grand  rôle.  C'eft  elle  ,  par  exemple ,  qui  eft  la 
caufe  que  beaucoup  de  métaux ,  expofes  à  l'air , 
fe  rouillent  &  fe  terniflent  j  effet  qu'on  avoit  tou- 
jours attribué  à  l'air  feul.  C'eft  Peau  qui  occa- 
sionne l'efflorefcence  des  pyrites  j  elle  augmente 
l'a&ivitédu  feu  renfermé  dans  les  fourneaux.  De 
Tait  pur  &  parfaitement  fec  ne  produiroit  pas  la 
plupart  des  effets  dont  nous  parlons ,  ni  d'une  ma- 
nière aufli  efficace. 

Cette  combinaifon  peut  être  confidérée  comme 
un  principe  fecondaire ,  formé  immédiatement 
de  1  eau  &  de  l'air,  dont  la  Nature  fe  fert  pour 
laccroiHement  des  végétaux ,  &  pour  l'entretien 
«fe  la  vie  des  animaux.  Il  eft  reconnu  qu'un  air 
trop  fec  fait  languir  la  végétation  9  &.  eft  moins 
falubre  aux  animaux  qui  le  refpirent.  Il  eft  bon  de 
rappeller  ici  que  ces  deux  éléments  ne  font  ja- 
mais fanç  une  certaine  dofe  de  feu  élémentaire  1 
c'eft  lui  qui  fert  d'intermède  pour  unir  l'eau  à  l'air  , 
comme  nous  venons  de  le  faire  obferver.  L'eau 
contenue  dan$  l'air,  eft,  de  fon  côcé ,  plus  ou 
moins  chargée  déterre ,  qu'elle  tient  en  diflblu- 
tion.  Ain  fi  Tes  quatre  éléments  fe  trouvent  en  mê- 
me temps  réunis  dans  l'air ,  mais  darjs  l'état  de 
combinaifon,  &  formant  un  principe  fecondaire , 
compofé  immédiatement  des  quatre  principes 
primitifs.  Les  proportions  des  fubftances  qui  en- 
trent dans  cette  combinaifon,  font  fujettes  à  va- 
rier, &  varient  en  effet  continuellement,  même 
d'un  jour  4  l'autre ,  &  influent  beaucoup  fur  la 
,  végétation  9  §c  fiiç  ^ççQnwûç  «wwte-  Nous  as 


ço         Chymib  expérimentale 

négligerons  pas  de  faire  des  applications  de  ces 
oblervations  ,  à  mefure  que  1  occafion  s'en  pré- 
fencera. 

De  l'Eau  combinée  avec  le  Feu  &  FÀirm 

On  ne  connoît  aucunement  cette  combinaifon. 
Nous  venons  de  dire  ce  que  nous  en  penforo. 
Nous  avons  parlé  des  propriétés  quelle  peut  avoir 
relativement  à  TaccroifTement  des  végétaux ,  &  à 
l'entretien  de  la  vie  des  animaux  \  mais ,  jufqu'à 
préfent ,  on  n'a  point  fait  de  recherches  pour  fe 
procurer  cette  combinaifon  féparée  de  la  mafle 
d'air  qui  nous  environne ,  &  dans  des  proportions 
commodes  pour  pouvoir  l'examiner. 

Sur  la  Terre. 

La  terre  eft  le  quatrième  &  dernier  clément 
qui  nous  refte  à  examiner.  Cette  fubftance  me- 
nte ,  à  jufte  titre ,  le  nom  d'élément ,  puifqu'elie 
entre ,  comme  principe  continuant ,  dans  la  corn- 
pofuion  de  tous  les  corps ,  8c  qu'on  la  retrouve  » 
après  les  analyfes ,  comme  dernier  réfultat.  H  n'y 
a  dans  la  Nature  que  les  éléments  primitifs  dont 
nous  venons  de  reconnaître  les  propriétés ,  qui 
exiftent  fans  le  principe  terreux.  C'eft  ce  principe 
qui  donne  la  confîftance ,  la  folidité  &  la  pefan* 
teur  aux  corps  dans  la  compofition  defquels  il  en- 
tre. C'eft  le  plus  folide  &  le  plus  pefant  des  élé- 
ments. 

La  terre  élémentaire  eft  auffi  difficile  à  définir 
que  le  feu ,  l'air  &  l'eau.  La  meilleure  définition 

2u  on  en  peut  donner  ,  eft  de  dire  que  c'eft  ur* 
lément ,  &  qu'il  joue  fbn  rôle  dans  la  Nature 
conjointement  avec  le*  autres  éléments  ^  j>qu* 


X  T      RAISONNÉ!,  pr 

former  tous  les  corps  compofés  qui  exiftent.  La 
Nature  nous  préfence  une  fi  grande  quantité  de 
matière  terreufe  de  toute  eipece ,  qu'il  paroît 
d'abord  difficile  de  favoir  à  laquelle  de  ces  fub- 
fiances  on  doit  affiener  le  nom  de  terre  élémen~ 
taire  3  Se  qui  foit  véritablement  le  principe  ter- 
reux des  corps. 

Les  anciens  Chymiftes  ,  comme  le  remarque 
Boerhaave  dans  fon  Traité  fur  la  Terre  (i) ,  ont 
bien  fenti  que ,  pour  l'explication  de  leur  fyftê- 
me ,  il  leur  étoit  important  de  connoître  la  fub- 
ftance  terreufe  élémentaire.  Ils  ont  fait  les  plus 
grands  efforts  pour  la  découvrir,  mais  inutile- 
ment. Ils  l'ont  nommée  vierge  pure  ù  à  caufe  de  la 
Eureté  &  de  la  (implicite  qu'ils  lui  fuppofoient* 
s  l'ont  cherchée  dans  les  cendres  des  végétaux 
&  des  animaux ,  dans  la  pluie ,  dans  la  rofée , 
dans  l'air ,  dans  les  minérau* ,  &c.  Ils  ont  néan- 
moins reconnu  que  les  terres  qu'ils  avoienr  fépa~ 
rées  des  corps  organifés ,  font  identiques  ,  lors- 
qu'elles font  fufhfamment  purifiées,  foit  qu'on 
les  obtienne  par  la  calcination ,  ou  par  la  putrç* 
faéfcion  de  ces  corps.  Cette  obfervation  devoit 
naturellement  les  conduire  à  chercher  fi ,  parmi 
les  fubftances  terreufes  que  fournit  la  Nature ,  il 
n'y  a  pas  une  terre  à  laquelle  on  puifle  rapporter 
celles  qu'ils  avoient  féparées  des  corps  organifés , 

Îtar  le  moyen  de  1  aname  :  c'eft  ce  qu'ils  ont  ab- 
blument  négligé  de  raire.  Aufli  tous  leurs  tra- 
vaux n'ont  répandu  que  peu  de  lumière  fur  la 
matière  dont  il  eft  queftion.  Le  grand  nombre 
d'expériences  que  j'ai  faites  fur  les  matières  ter- 
reufes en  général ,  Se  dont  j'ai  déjà  publié  une 

(  i)  Traité  far  la  Terre ,  page  j  &  ftn'v^ntçsV  tome  Y, 
WiÛon  fntncoife,  **-J%t 


£1  ChYMIE   EXPiRIMENTALE 

partie  dans  mon  Mémoire  fur  les  Argilles ,  m'ont 
pleinement  convaincu  que  les  terres  fépaxées 
ces  corps  organifés  font  eflentiellement  de  mê- 
me efpece ,  &  qu'  elles  ont  les  principaux  carac- 
tères de  la  fubftance  terreufe  que  les  Chymiftes 
ont  nommée  terre  v'urifiable  :  ainfî  la  terre  vitri- 
fiable  fera  donc  la  terre  élémentaire  des  végé:aux 
Se  des  animaux» 

En  examinant  enfuite  les  autres  corps  dans  la 
composition  dêfquels  entre  le  principe  terreux  , 
on  remarque  que  c'eft  encore  la  même  terre  vitri- 
fiable  ,  mais  plus  ou  moins  altérée ,  &  cette  alté- 
ration la  rend  fpuvent  méconnoiflable.  Nous  ver- 
rons qu'il  en  eft  de  la  terre  primitive  comme  des 
autres  éléments.  Elle  eft  fufceptible  de  recevoir 
toutes  fortes  de  modifications  ;  &  nous  verrons 
?u(fi  ,  à  mefure  que  loccafion  nous  en  fournira  les 
moyens ,  que  cette  terre  primitive ,  lorfqu  elle  n'a 
reçu  que  de  certains  degrés  d'altération ,  peut 
être  ramenée ,  par  des  opérations  de  l'art  »  au  ca- 
ractère fpécifique  de  fon  origine ,  devenir  enfin 
terré  vitrifiable.  Il  n'eft  plus  poflible  alors  de  lui 
çaufer  la  moindre  altération. 

JLes  Naturaliftes ,  ayant  examiné  les  corps  ter- 
reux qui  font  dans  UNacure ,  ont  remarque  qu  ii 
!r  en  avoit  plufieursqui  différoient  affez  efïentiel- 
ement  les  uns  des  autres  :  pour  les  distinguer  en 
différentes  efpeces ,  ils  en  ont  formé  plufieurs 
claflfes.  Cette  diverfité  de  fubftances  terreufes 
avoit  fait  penfer  à  quelques  Naturaliftes  qa  il  pou- 
voir y  avoir  plusieurs  efpeces  de. terre  élémentaire, 
également  Amples  j  mais  comme  il  n'y  a  qu'une 
feule  efpece  de  feu ,  qu'une  feule  efpece  d'air  »  & 
qu'une  feule  efpece  d'eau ,  il  eft  à  préfumer  qus 
la  Nature  ne  s'eft  point  écartée  de  la  loi  générale 
i  l'égard  de  l'élément  terreux  v  Mais  cç  dernier 


BT     a  A  I  S  O  N  N  É  I*  «>4 

élément  eft  >  comme  les  autres ,  fufceptible  >de 
changer  de  forme ,  d'être  dénaturé ,  en  entrant 
dans  les  différentes  combinaifons.  Ce  font  vrai- 
femblablement  ces  différents  changements,  fous 
lefquels  la  terre  élémentaire  fe  prélente ,  qui  ont 
donné  lieu  aux  Naturaliftes  de  faire  beaucoup  de 
divifions  &  de  clafles  des  matières  terreufes  }  mais 
ces  divifions  &  ces  clafles  s'évanouiflent  toutes  , 
pour  l'ordinaire ,  entre  les  mains  des  Chymiftes. 

Les  Naturaliftes  font  encore  aflez  ordinaire^ 
ment  une  diftin&ion  générale  des  pierres  d'avec 
les  terres  ;  mais  mal-à-propos ,  comme  le  remar- 
que M.  Pott,  dans  fa  iÀthoséognqfie  j  page  5  > 
tome  1.  Les  pierres  ne  font  formées  que  de  mo- 
lécules terreufes,  qui  tiennent  par  l'affinité  d'ad- 
hérence qu'ont  entre  elles  les  parties  de  la  ma- 
tière. Les  terres  font  des  pierres  réduites  en  pou- 
dre ,  &  dont  l'adhérence  des  parties  eft  détruite  » 
ou  n'a  jamais  eu  lieu.  Que  Ton  reduife  en  poudre 
du  grès ,  par  exemple ,  il  reflemblera  a  de  la 
terre  :  il  en  fera  de  même  du  marbre  blanc  broyé 
fur  un  porphyre  :  on  pourra  le  prendre  pour  de  la 
craie.  Dans  l'un  &  dans  l'autre  cas ,  les  matières 
terreufes  n'ont  point  changé  de  nature.  H  y  a  peu 
de  Naturaliftes  qui  ne  fe  trompent ,  en  exami- 
nant ces  fubftances  par  le  (impie  coup  d'oeil  j  mais 
le  Chymifte  ne  peut  s'en  laitier  impofer  avec  la 
mchie  facilité.  Il  reconnoîtra  la  nature  de  ces 
terres ,  à  l'aide  de  quelques  opérations  chyfni- 
ques ,  qui  font  des  guides  sûrs  dans  de  pareilles 
recherches* 

Les  Chymiftes  ont  beaucoup  diminué  le  nom- 
bre des  divifions  des  terres ,  données  par  les  Na- 
turaliftes j  ils  n'ont  nullement  égard  a  la  forme 
des  matières  terreufes.  Ils  ne  reconnoiflent  pour 
terres  &  pour  pierres  de  même  efpece  >  que  celles 


94  ChYMÎE   ÉX*£rI]*BNTÀL1 

qui  ont  les  mêmes  propriétés  chymiques ,  foui 
telles  formes  qu'on  les  leur  préfente,  foit  en  malle, 
foir  en  ppuffiere  j  mais  ils  ne  font  point  d'accord 
fur  le  nombre  des  matières  cerreufes ,  primitives 
ou  élémentaires ,  qu'il  convient  d'admettre. 

Becker  admet  trois  terres ,  comme  nous  l'avons 
dit  à  l'article  des  Eléments  ou  principes  primitifs 
des  corps  :  mais  les  terres  dont  ce  Chymifte  en- 
tend parler ,  font  celles  qu'il  croit  entrer  dans  la 
composition  des  matières  métalliques  (i)  j  au  lieu 
que  nous  entendons  parler  ici  des  fubftances  ter* 
reufes  en  général.  D'ailleurs  des  trois  terres  de 
Becker ,  il  n'y  a  que  la  terre  vitrifiable  qui  mérite 
véritablement  le  nom  de  terre  fimple  &  élémen- 
taire. 

Staahl,  dans  fon  SpccimenBeckerianum  (i), 
n'admet  que  deux  efpeces  de  terre  ;  favoir ,  la 
terre  vitrifiable  &  la  terre  calcaire.  11  penfe  que 
toutes  les  autres  ne  font  que  des  modifications  ou 
des  mélanges  de  ces  deux  terres,  mélanges  faits  par 
la  Nature  dans  différentes  proportions  &  de  diffé- 
rentes manières.  M.  Pott ,  dans  fa  Lithogéogno- 
fie  ,  a  démontré,  par  une  multitude  d'expérien- 
ces ,  combien  la  Chymie  peut  éclairer  cette  par- 
tie de  l'Hiftoire  Naturelle.  D'après  les  propriétés 
qu'il  a  reconnues  aux  différentes  matières  cerreu- 
fes qu'il  a  examinées ,  il  a  cru  devoir  en  admettre 
quatre  efpeces  principales  y  favoir ,  la  terre  v'nri- 
.fiable  j  la  terre  argilleufe  j  la  terre  alkaline  ou  cal- 
caire j  &  la  terre  gypfcufe. 

M.  Pott  fait  piuheurs  remarques  fur  ces  quatre 
efpeces  de  terre. 


(0  Pàyfica  fubterranea  ,  pag,  44,  n°.  15  ,  edit.de 
Leipfick,  17  j$. 

(1)  Pag,  78,11*.  13. 


fe  T      R  A  t  S  O  K  K  i  E,  $J 

x  *. 11  dit  que  jufqu'à  préfenc  il  n'a  trouvé  que 
ces  quatre  efpeces  de  terre ,  qui  différaient  entre 
elles  par  leurs  propriétés  caraâériftiques,&  aux- 
quelles on  puifie  rapporter  toutes  les  autres  terres 
qu'il  regarde  comme  dérivées  des  premières. 

2°.  fi  ne  les  regarde  cependant  point  comme 
des  terres  pures  &  élémentaires  ;  il  penfe  au  con- 
traire qu'elles  font  compofées  :  &  il  ne  défefpere 
pas  qu'avec  le  temps  on  ne  parvienne  à  les  réduire 
à  un  plus  grand  degré  de  (implicite. 

3  °.  Aucune  de  ces  terres ,  expofée  feule  au  feu 
de  fon  fourneau  ,  n'entre  en  fufion. 

4°.  A  la  rigueur ,  toutes  les  terres  font  fufibles  ; 
il  ne  nous  manque  que  le  degré  de  feu  néceflaire 
pour  y  parvenir  :  mais  il  faut ,  pour  fondre  & 
vitrifier  la  terre  argilleufe ,  la  terre'gypfeufe  &  la 
terre  calcaire ,  une  plus  grande  quantité  de  fel  ou 
de  matière  fondante ,  que  pour  la  terre  vitrifiable. 
5°.  Enfin  il  trouve  trop  générale  la  divifion  de 
Staahl  en  terre  calcaire  &  en  terre  vitrifiable , 
parceqùe,  dit- il,  les  terres  calcaires  font  fufcep* 
cibles  de  fe  vitrifier,  mais  plus  difficilement. 

Si  l'on  confidere  en  Naturalifte  la  divifion 
des  fubftances  terreufes  de  M.  Pott ,  elle  préfente 
quelque  facilité  pour  clafter  les  matériaux  d'un 
cabinet  d'Hiftoire  Naturelle,  parceqùe  la  Nature 
fournit  avec  abondance  ces  quatre  efpeces  de  * 
terre  y  mais  on  trouve  que  cette  divifion  manque 
d'exa&itude  ,  fi  Ton  foumet  ces  terres  à  un  exa- 
men chymique.  La  divifion  de  Staahl  en  terre 
vitrifiable  &  en  terre  calcaire  approche  davan- 
tage de  la  vérité,  &  n'a  pas  non  plus,  comme 
nous  le  verrons ,  l'exactitude  defirée:  J'ai  conftaté 
par  une  fuiifc  d'expériences,  que  la  terre  gypfeufe 
de  M.  Pote neft  point  une  terre  pure  j  c'eft  ua 


£d  ChYMÏE   E**£RIMBtfTÀtÉ 

vrai  fel  vitriolique  à  bafe  de  terre  calcaire ,  quô 
je  défigne  fous  le  nom  defc'le'niee  calcaire.  J'ai  pa- 
reillement conftaté  que  la  terre  argilleufe  n'eft 
f»as  non  plus  une  terre  pure  :  c'eft  un  fel  vitrio- 
ique  à  bafe  de  terre  vitrifiable ,  &  que  je  nomme 
félénitc  vitrifiable.  Ainfi  ,  des  quatre  terres  de 
M.  Pott ,  il  ne  refte  plus  que  la  terre  vitrifiable 
&  la  terre  calcaire  qui  font  celles  que  Staahl 
regarde  comme  pures  Se  fervant  d'éléments  aux 
autres  matières  terreufes  qui  font  dans  la  Na- 
ture ;  mais  nous  verrons ,  a  mefure  que  les  oc- 
cafîons  fe  préfenteront ,  que  la  terre  calcaire  eft 
de  la  terre  vitrifiable  ,  mais  eft  combinée  par  le 
travail  des  animaux ,  avec  une  portion  double  , 
ou  environ ,  de  fon  poids  d'eau  &  d'air.  Lorfi» 
qu'on  fépare  cette  eau  &  cet  air  de  la  terre  cal* 
caire ,  elle  redevient  terre  vitrifiable. 

Il  fuit  de  là  que  la  terre  vitrifiable  eft  celle 
qu'on  doit  regarder  comme  la  terre  primitive  & 
élémentaire.  Elle  eft,  ainfi  que  les  autres  élé- 
ments y  fufceptible  de  toutes  fortes  de  modifica- 
tions :  elle  entre  de  même  qu'eux ,  fous  différentes 
formes ,  comme  principe  conftituant ,  dans  tous 
les  corps  compofés. 

Néanmoins ,  comme  la  Nature  nous  préfente 
cette  fubftance  terreufe  dans  une  infinité  de  com- 
binaifons  &  d'états  différents ,  nous  croyons  qu'il 
eft  important  d'examiner  les  divers  corps  terreux 
avec  la  plus  grande  attention ,  afin  de  reconnoî- 
tre  la  férié  &  l'ordre  que  la  Nature  obferve  dan» 
leur  compofition.  Il  ne  peut  réfulter  d'un  fem- 
blable  travail  que  beaucoup  de  connoifTances 
utiles  à  l'économie  animale ,  &  à  l'agriculture, 
aux  arts  &  aux  progrès  de  cette  partie  de  l'Hiftoire 
Naturelle  qui  nleft  encore  qu'au  berceau. 

Par 


IT     RAISONNÉ  1*  97 

Par  rapport  à  l'économie  animale ,  on  appren- 
droit  à  mieux  connoîrre  les  changements  que  la 
terre  vittifiable  éprouve  en  paflant  du  végétal 
dans  le  corps  animal ,  &  les  différentes  élabora- 
cions  quelle fubir»  en  saflirailant  aux  corps  or- 
ganisés» 

Par  rapport  à  l'agriculture ,  on  s'inftf  uiroit  du 
meilleur  état  où  cette  même  terre  doit  être  pour 
produire  une  bonne  végétation  j  on  perfection - 
neroit  par  conséquent  un  art  de  première  nécef- 
fité ,  qui  a  le  plus  befoin  de  l'être. 

Par  rapport  aux  arts ,  il  réfulteroit  de  ces  recher- 
ches ,  des  connoiiïances  plus  exaâes  fur  la  por- 
celaine ,  la  faïance ,  les  poteries ,  la  verrerie ,  Sec* 
Ces  travaux  peuvent  même  faire  naître  de  nou- 
veaux arts  &  de  nouvelles  branches  de  commerce» 
On  pourroit  découvrir  l'état  où  la  terre  fe  trouve 
lorfqu  eilefe  métallife  par  l'intermède  du  phlogif- 
tique  y  Se  parvenir  même  à  produire  de  nouvelles 
matières  métalliques.  Toutes  ces  recherches  fe- 
roient  du  moins  plus  f  aifonnabies  que  celles  que 
font  les  Alchymiftes  pour  tranfmuer  en  or  les 
métaux  imparfaits,  Êk 

Enfin ,  par  rapport  à  l'Hutoire  Naturelle ,  on 
apprendrou  à  mieux  connoître  les  corps  terreux. 
Je  ne  citerai  que  quelques  exemples ,  pour  faire 
voir  combien  cette  feience  gagneroit  à  ces  re- 
cherches. 

Les  Naturaliftes  rangent  dans  la  même  claile 
un  certain  nombre  de  pierres  cryftallifées  qui  for- 
ment ,  fuivant  eux ,  un  genre  particulier  auquel 
ils  ont  donné  le  nom  Atjpath.  Ces  pierres  fe  ref- 
femblent  en  ce  quelles  font  cryftallifées}  mais 
ce  caradere  n'eft  pas  fuffifan t  pour  faire  connoître 
leur  nature. 

11  y  a  de  ces  pierres  qui  font  cryftallifées  à  fa~ 
Tome  L  G 


y$  ClIYMIE   EXPERIMENTAL! 

cectes  brillantes ,  comme  de  petits  miroirs ,  fans 
cependant  repréfenter  les  objets. 

Il  y  en  a  qui  font  cryftallifées  en  aiguilles ,  en 
rhomboïdes ,  en  cubes ,  en  feuillets ,  en  grappes  , 
en  hexagones,  en  pyramides,  en  oâaèdres,  en 
rofes ,  en  cylindres,  en  globules ,  &c. 

Parmi  ces  pierres  y  les  unes  font  tranfparentes, 
les  autres  n'ont  qu'une  demi-tranfparence ,  &  il 
y  en  a  d'opaques  :  il  y  en  a  des  unes  &  des  autres 
fans  couleurs  :  d'autres  font  plus  ou  moins  colo- 
rées ,  foit  par  des  matières  phlogiftiques ,  foi t  par 
des  matières  métalliques ,  &  quelquefois  par  ces 
deux  efpeces  de  fubftances  en  même  temps* 

Les  fpaths  ont  en  général  plus  de  pefanteur  fpéci- 
fique  que  les  autres  pierres  de  même  efpece  :  il  y  en 
a  dont  la  pefanteur  approche  de  celle  des  métaux. 

Telles  font  les  propriétés  les  plus  générales  qui 
font  communes  aux  fpaths  j  mais ,  fi  on  les  exa- 
mine plus  particulièrement,  on  trouve  qu'ils  dif- 
férent confidérahiement  les  uns  des 'autres.  Les 
uns  font  de  terre  vitrifiable  ,  d'autres  de  terre 
calcaire  ,  d'autres  de  gypfe ,  &  d'autres  font  des 
mélanges  de  terres  4fes  toutes  fortes  de  propor- 
tions ,  &  cryftalhfés  enfemble.  Il  eft  vifible  qu'en 
confidérant  ces  pierres  fous  la  même  dénomina- 
tion de  fpaths ,  il  en  doit  réfulter  beaucoup  de 
cpnfufion  &  nulle  connoiflance. 

Il  y  a  de  ces  pierres  parfaitement  tranfparentes, 
cryftallifées  en  pointes  de  diamant  :  les  unes  font 
de  nature  vitrifiable ,  infufibles  au  plus  grand  feu 

?|«e  nous  puiflions  faire ,  tandis  que  d'autres  font 
ufibles ,  &  d'autres  font  purement  calcaires , 
quoiqu'également  tranfparentes. 

La  Nature  fait  cryftallifer  la  combinaifon  de 
l'acide  vitriolique  avec  la  terre  calcaire  fous  une 
infinité  de  formes.  On-^, donné  à  ces  corps  qui 


tffcÀÎSOHtfé*.  5)9 

êh  font  formés ,  différents  noms;  commejpath  , 
lorfque  la  pierre  eft  cryftallifée  fans  figure  déter- 
minée; eypfi  »  lorfque  cette  combinaifon  eft 
cryftallifée  en  lames  appliquées  les  unes  fur  les 
autres.  Les  Naturaliftes  ont  donné  le  nom  de 
pierre  à  plâtre  à  ce  même  fel ,  lorfqu'il  eft  en 
malles  irrégulieres  -,  S  albâtre  3  lorfque  cette  même 

{ûerre  eft  plus  blanche  &  plus  pure  ;  defélenite3 
orfque  cette  même  fubftance  eft  en  cryftaux  ai- 
guillés ,  comme  le  nitre ,  &c. 

Les  Naturaliftes  placent  encore ,  parmi  les 
matières  gypfeufes  ,  certains  fpaths  verdâtres , 
&  qui  deviennent  phofphoriques  par  la  calcina- 
tion  :  cependant  ce  genre  de  pierre*  étant  calciné , 
ne  fe  convertit  point  en  plâtre ,  &  ne  contient 
point  d'acide  vitriolique.  J'ai  reconnu  qu'ils 
.  étoient  de  la  nature  du  talc  &  du  mica  ;  mais  ils 
différent  encore  de  ces  fubftances  par  des  nuances 
qu'on  n'a  pas  encore  reconnues  par  l'expérience. 
Il  réfulte  de  tout  ce  que  nous  venons  de  dire 
fur  les  fpaths ,  qu'il  eft  abufif  d'en  faire  un  genre 
de  pierres  particulier.  11  vaut  mieux  conndérer 
ces  fubftances  comme  des  pierres  cryftallifées ,  & 
les  ranger  chacune  dans  la  claffe  des  pierres  de 
même  efpece ,  fans  avoir  égard  à  leur  cryftallifa- 
rion ,  puifque  cette  forme  ne  change  rien  à  leur 
nature. 

On  trouve  la  même  confufîon  à  l*égard  d'un 
autre  genre  de  pierres  que  les  Naturaliftes;  nom- 
ment granits.  Plufieurs  fe  trouvent  claffés  aveô 
des  terres  pures  ou  prefque  pures.  Les  granits 
font  formés  par  des  mélanges  de  terrés  de  toutes 
efpeces  &  dans  toutes  fortes  de  proportions ,  ag- 
glutinées entré  elles  par  l'affinité  d'adhérence.  Ces 
pierres  fe  préfentent  fous  toutes  fortes  de  formes  j 
elles  ont  différentes  couleurs  &  divers  degrés  de 

Ci) 


làà       Chymie  expérimentale 

dureté.  Plufieurs  font  feu  étant  frappées  contre 
l'acier ,  &  prennent  un  beau  poli.  11  ferait  donc 
naturel  d'en  faire  une  clafle  à  part  fous  le  nom  de 
granits  ou  de  pierres  mélangées*  L'analyfe  en  fe- 
roit inutile ,  paccequ*eile  n'apprendrait  rien  de 
fatisfaifant,  (mon  à  connoître  feulement  l'échan- 
tillon de  pierre  qu'on  examinerait ,  &  non  la 
clafle  entière  des  granits. 
.  Revenons  présentement  à  la  terre  élémen- 
taire. Nous  regarderons  donc  la  terre  vitrifiable 
comme  étant  la  feule  terre  élémentaire ,  &  le 
principe  primitif  de  toutes  les  fubftances  ter- 
reufes  ,  parcequ'elle  eft  la  plus  pute  ,  &  quelle 
poffede  un  plus  grand  nombre  de  propriétés  d'un, 
véritable  élément. 

La  Nature  nous  préfente  cette  terre  fous  deux 
états  différents  :  i  °.  pure ,  ifolée  &  ne  faifant 
partie  d'aucun  corps  compofé  :  i°.  combinée  d'une 
infinité  de  manières ,  &  entrant ,  comme  prin- 
cipe confti  tuant,  dans  la  composition  des  corps. 
Nous  confidérerons  par  confequent  cet  élément 
fous  ces  deux  afpe&s ,  comme  nous  avoris  fait  à 
l'égard  des  autres  élémenrs.  Jettons  d'abord  un 
coup  d'osil  général  fur  les  différentes  matières  ter- 
reules  vitrifiables  que  préfente  la  Nature ,  pour 
connoître  fi ,  parmi  ces  terres ,  il  n'y  en  a  pas  de 

{dus  pure  l'une  que  l'autre  :  nous  reconnoitrons 
es  propriétés  de  cette  efpece  de  terre  dans  celle 
qui  nous  paraîtra  mieux  pofléder  Les  qualités  d'un 
véritable  élément  :  nous  examinerons  en  fon  lieu 
les  différents  moyens  que  la  Nature  emploie  pour 
faire  entrer  cette  terre  dans  la  composition  des 
différents  cotps  :  enfin ,  nous  tâcherons  de  fuivre 
Tordre  que  la  Nature  femble  avoir  établi  pour 
former  des  corps  de  plus  en  plus  compofés  ,  & 
nous  verrons  que  les  corps  organifésfont  les  feuls 


ir    *.aisohm£e.  iot 

inftramenrs  qu'elle  emploie  pour  opérer  fes  plus 

Î grandes  &  fes  plus  univerfelles  opérations.  Ce 
ont  eux  qui  ont  établi  &  qui  entretiennent  ior- 
ganifation  qui  fubfifte  dans  l'intérieur  &  à  la 
lurface  de  la  terre. 

Des  Pierres  &  Terres  vitrifiables^ 

Les  pierres  vitrifiables  font  fous  deux  formel 
différentes  :  i  °.  en  naaffes  m°;  en  pouffiere  plus 
ou  moins  grofirere. 

Entre  les  pierres  vitrifiables  enmafFes ,  lesun^s 
font  cryftallifées  &  affe&ent  des  figures  régulières; 
les  autres  ne  présentent  aucune  figuré  fymmétri- 
que.  Parmi  les  pierres  viwifiables  cryftallifées ,  il 

Îr  en  a  de  parfaitement  tr^nfpacentes  &•  fans  cou- 
eur,  telles  que  lecryftal  de  roche»  certains  quarts 
cryftallifés  en  pointes  de  diamant,  que  l'on  nom* 
me  cryfiaux  de  mines.  Il  y  a  d'autres  pierres  vitri- 
fiables cryftallifées  &  en  même  temps  colorées  » 
comme  les  hyacinthes,  les  grenats ,  les  rubis  ^  les 
faphirs,  &c. 

Il  y  a  des  pierres  vitrifiables  cryftallifées  qui 
font  opaques  en  partie  ou  en  totalité. 

Les  pierres  vitrifiables  en  maSes ,  qui  ne  font 
point  cryftallifées ,  fe  préfentent  fous  différentes 
formes  ircégutieres  5    tels  font  les  cailloux  ou 

Îierres  à  f uyfii ,  les  grès,  les  ftataâites  vitrifia* 
les,  &c. 
Les  pierres  vitrifiables  en  pouffiere  font  les  fe- 
blés  qui  varient  à  l'infini,  tant  par  leurs  couleur* 
que  par  leurs  grofleurs.  Les  fables ,  vus  au  micro-» 
kope,  préfentent  des  figures  fymméttiques. 

Toutes  les  pierres  qui  préfentent  des  figures 

légulieres  §c  cryftallines,  ont  été  cryftallifées  pair 

l'eau  ,  de  la  même  manière  que  fe  cryftaUifenu 

les  feis  ;  c'eft-à-dire  que  la  ïubftance  terreufifc 

^  Gui 


10*  ChYMIE    EXPERIMENTAL* 

donc  elles  font  formées,  a  été  difToute  dans  dfc 
Peau ,  où  elle  a  été  divifée  en  molécules  fi  déliées , 
quelle  avoifine  de  bien  près  la  parfaite  difTolu- 
tion-  Si  Ton  fuppofe  enluite  cette  eau  parfaite- 
ment  tranquille ,  les  parties  de  la  terre  fe  mettent 
en  mouvement  j  à  mefure  que  Peau  s'évapore  , 
elles  s'attirent  mutuellement ,  fe  réunifient  fie 
prennent  entre  elles  l'arrangement  fymmétrique 
qui  leur  eft  propre ,  en  vertu  des  loix  de  l'attrac- 
tion ,  &  celles  du  mouvement  qui  eft  une  des 
propriétés  de  la  matière.  Quelques  Naturaliftes 
ont  attribué  cette  cryftallifation  des  pierres  à  des 
matières  falines ,  qulls  fuppofenr  entrer  dans 
leur  compofition  j  mais  cett  gratuitement.  On 
ne  peut  démontrer ,  par  aucune  expérience  de 
Chymie ,  le  moindre  atome  de  fel  dans  ces  fortes 
de  pierres. 

Lorfque  Peau  tient  en  même  temps  des  matières 
métalliques  &-des  pierres  en  diflblution,  les 

{crémières  fournirent  à.ces  dernières  de  la  cou- 
eur  en  fe  cryftallifant. 

La  matière  phiogiftique  donne  auffi  de  la  cou* 
leur  aux  pierres,  Lorfquelles ne  font  colorées  que 
par  cette  fpbftance ,  on  peut  leur  enlever,  la  cou* 
leur  par  la  çalçination<  ,  iana  quelles  perdent  rien 
de  leurs:  autre*  propriétés/  Les  pierres  à  fufil  noi- 
res font  dans,  ce  cas  :  elles  font  afTez  pures  &  fixes 
au  feu  :  elles  deviennent  d'un  beau  blanc  mat 
par  la  calcination*  On  fait  quelquefois  ufage  de 
ce  moyen  pour  enlever  la  couleur  à  certaines  pier- 
res fines ,  Se  pour  leur  donner  plus  de  valeur  dans 
le  commerce ,  -quelles  n'en  ont lorfqu'elles  font 
colorées.  .On  a  attention. de  les  chauffer  long* 
temps  avant  de  les  fairerougir ,  parcequ'eilesfonç 
fon  fujettes  is  éclater  par  la  chaleur. 
.  .Telles font,  en  général,  les  différentes  forme* 


S  T      R  A  I  S  O  N  N  i  B.  1ÔJ 

fous  lefquelles  la  Nature  nous  préfente  les  matiè- 
res terreufes  vitrifiables.  La  plupart  ne  font  pas 
{>ures  ;  elles  ont  été  travaillées  plus  d  une  fois  par 
es  mains  de  la  Nature ,  &  par  les  corps  organisés. 
Une  feule  réflexion  fuffit  pour  le  faire  conce- 
voir. 

La  terre ,  confidéiée  comme  élément ,  devoit 
être ,  au  fortir  des  mains  du  Créateur  >  pure  ,  ho* 
mogene  ,  comme  les  autre*  éléments ,  &  telle 

3u  on  la  retrouve  prefque  encore  dans  l'intérieur 
u  globe ,  &  à  de  grandes  profondeurs ,  où  les 
corps  organifés  nont  que  peu  ou  point  pénétré* 
L'intérieur  de  la  terre  j  comme  le  dit  M,  de  Buf- 
fon  dans  plusieurs  endroits  de  fon  Hifioire  Na- 
turelle y  Se  particulièrement  dans  le  treizième 
volume ,  page  1 1 ,  de  la  Nature  ,  féconde  vue, 
cfi  compoje  de  fable.  Je  fuis  très  porté  à  croire 
que  ce  fable  très  pur  eft  la  terre  primitive  j  &  que 
toutes  les  différentes  matières,  cryftallifées  ne  pa- 
roiflènt  encore  pi  us. pures  que  par  l'arrangement 
que  la  terre  vitrifiable  a  pris  en  fe  cryftallifant  \ 
mais  le  fable ,  dont  le  cryftal  de  roche ,  par  exem- 
ple y  eft  compofé ,  exiftoit  nécessairement  aupara- 
vant :  ce  cryftal  n  eft  donc  que  le  produit  aune 
formation  féconde  j,  8c  du  concours  des  éléments 
qui  ont  fervi  d'inftrument  à  modifier  la  terre  vi- 
trifiable* Toutes  les  pierres  colorées  doivent  leur 
couleur  à  des  matières  phlogiftiques  &.  métal- 
liques ;  ainfi  elles  ne  font  pas  pures.  Nous  en 
parlerons  en  fon  lieu. 

Le  fable  eft  l'efpéce  de  terre  qui  eft  la  plust 
abondante  &  ta  plus  univerfellement  répandue,. 
On  la  retrouve  par-tout  où  Ton  fouille  à  de  gran- 
des profondeurs»  mais  plus  ou  moins  adultérée  % 
pour  les  raifons  que  nous  déduirons  ailleurs* 
Quoiqu'il  nous  paroiffe  bien  démontré  que  le  fa- 

Giv 


*jo4>  Chymib  ixpImmbntài.* 
ble  foie  la  terre  primitive  &  élémentaire,  néan- 
moins nous  reconnoîtrons  dans  le  cryftal  de  ro- 
che ,  quoique  de  formation  féconde ,  les  proprié- 
tés de  rélément  terreux ,  non  pas  que  nous  pen- 
fions  qu'il  foit  plus  pur  que  du  fable  qui  n'auroie 
reçu  aucune  altération  de  la  part  des  corps  organi- 
ses ,  mais  feulement  pareeque  la  terre  vitrinable 
fous  cette  forme  paroî  tplus  pure.  Il  feroit  d'ailleurs 
difficile  de  pénétrer  allez  profondément  dans  lïn- 
térieur  du  globe  pour  recueillir  de  la  terre  primi- 
tive ,  &  qui  n'auroit  éprouvé  aucune  altération.  Il 
paroît  certain  que  fi  l'on  pouvoit  fe  procurer  de 
cette  efpece  de  terre ,  &  un  degré  de  feu  fuffifant 
pour  la  faire  entrer  en  fufion ,  on  la  réduiroit  en 
une  mafTe  auffi  belle  que  le  plus  beau  cryftal  de 
roche ,  &  qu'on  ne  pourvoit  plus  diftinguer  Pun  de 
l'autre. 

J'avois  penfé  ,  avec  plufïeurs  Chymiftes,  que 
le  diamant,  à  caufe  de  fa  belle  tranfparence&  de 
fa  grande  dureté ,  étoit  la  fubflance  terreufe  la 
plus  pure  ;  mais  des  expériences  qu'on  vient  de 
faire  fur  le  diamant ,  dont  nous  rendrons  compte 
par  la  fuite ,  prouvent  que  fa  nature  eft  très  peu 
connue ,  &  que  ce  n'eft  pas  une  terre  pure.  Cette 
fubflance  mérite  un  examen  particulier  :  nous  en 
parlerons  dans  un  inftant. 

Propriétés  de  la  Terre  éUmemaire, 

La  terre  élémentaire ,  ou  la  terre  vitrifiable 
pure ,  eft  une  fubflance  feche ,  folide ,  abfolu- 
uient  fans  couleur ,  fans  odeur ,  fans  faveur ,  qui 
eft  fixé  &  inaltérable  au  plus  grand  feu  que  nous 
puiffions  faire.  Tel  eft  au  fable  très  pur ,  ou  un 
morceau  de  cryftal  de  roche  feieg  net  ôç  bien  traq^ 
patent, 


ET      RÀISONnIe:  ,105 

Les  propriétés  générales  de  L'élément  terreur 
font  y  comme  on  le  voit ,  communes  avec  celles 
des  autres  éléments  ;  mais  la  terre  en  diffère  par  fa 
pefanteur  fpécifique ,  qui  eft  plus  grande.  Les 
corps  compofés ,  qui  font  plus  pefants  qu'elle , 
ne  doivent  cette  propriété  au  a  la  manière  dont 
les  fubftances  compofantes  font  arrangées  entre 
elles.  Quoique  les  autres  éléments  foient  plus  lé- 
gers que  la  terre  ,  ils  peuvent  néanmoins ,  dans 
nombre  de  circonftances ,  augmenter  fa  pefanteur 
fpécifique  :  ce  qui  prouve ,  pour  le  dire  en  paf- 
iant,  que  les  corps  compofés  des  mêmes  fubftan- 
ces y  &  dans  les  mêmes  proportions ,  changent 
fouvent  de  propriétés ,  qui  dépendent  de  la  ma- 
nière dont  les  fubftances  compofantes  s'arrangent 
entre  elles. 

La  terre  vitrifiable  diffère  encore  des  autres 
éléments  par  la  dureté;  elle  eft  aufli  la  plus  dure 
de  toutes  les  fubftances  connues  :  c  eft  elle  qui 
donne  la  dureté  Se  la  folidité  aux  autres  corps. 
Toutes  les  pierres  vitrifiables  ont  aiTez  de  durecér 
pour  faire  feu  ,  étant  frappées  contre  de  l'acier* 
&  pour  entamer  tous  les  autres  corps»  -  Les  fables; 
ont  autant  dé  dureté  que  les  pierres-  vitrifiables 
en  martes.  Si  Ton  ne  peut,  par  leur  moyen  ,  tirer 
des  étincelles  de  l'acier ,  c'eft  que  leursmaffes  font» 
trop  petites  pour  être  tenues  entre  les  doigts  }  mais 
ilsdetruifent .,  parle  frottement ,  le  poli  des  corps 
durs ,  &  l'on  s'en  fert  pour  dégroffir  les  corps 
qu'on  veut  polir. 

Toutes  les  pierres  vitrifiables  pures ,  ou  à-péu- 
près  pures ,  $c  qui  font  cryftalliféss ,  ne  présen- 
tent aucun  grain  dans  leur  cafTure.  Cette  cafture 
çft  lifte  &  polie  comme  celle  du  verre. 

La  terre  vitrifiable  pure  eft  de  la  plus  grande 
fijicé  au  feu  le  plus  violent  que  nous  puiffions 


retf       Chymib  expérimentale 

Îrcoduire  j  elle  eft  abfolument  inaltérable,  ne 
buffre  aucune  diminution  de  poids:  elle  s'agglu- 
tine un  peu,  mais  fans  entrer  en  £ufion.  Il  n'y  a 
peut-être  que  le  foyer  d'un  grand  miroir  ardent 
qui  puifle  la  fondre  >  dans  ce  cas ,  elle  redevient , 
par  le  refroiditfement  ,  telle  qu'elle  étoit  aupara- 
vant. 

Quoique  cette  terre  foit  infufible  au  plus  grand 
feu  que  nous  puiflîons  faire  ,-  cela  n'empêche  pas 
que  le  nom  de  terre  vitrifiable  ne  lui  convienne 
très  bien ,  parcequ  elle  eft  la  plus  propre  à  pro- 
duire du  verre ,  &  qu'il  lui  taut  une  moindre 
quantité  de  fondant  pour  la  faire  entrer  en  fu- 
iton ,  que  pour  faire  fondre  certaines  terres  que 
l'on  avoir  regardées  comme  également  (impies  \ 
telle  eft  la  terre  calcaire. 

Toutes  les  pierres  vitrifiables ,  étant  frottées 
l'une  contre  l'autre ,  répandent  de  la  lumière  & 
de  l'odeur*  Cette  lumière  eft  interne  \  elle  eft  in- 
capable de  mettre  le  feu  i  de  l'amadou.  L'odeur 
vient  de  ce  que  ces  pierres  contiennent  une  cer- 
taine quantité  de  matière  phlogiftique.  Les  plus 
pures ,  par  conséquent ,  ne  font  pas  parfaitement 
pures.  Nous  rencontrons  dans  l'élément  terreux 
un  même  défaut  de  pureté  que  dans  les  autres 
éléments,  qu'il  eft,  comme  nous  l'avons  vu  ,  abe» 
folument  impoflible  d'avoir  parfaitement  purs* 

.  Sur  les  Pierres  précieufes. 

On  a  donné  le  nom  de  pierres  précieufes  à  plu- 
sieurs matières  terreufes  cnrftal lifées  y  qui  font ,  ou 
fans  couleurs,  ou  qui  ont  de  la  couleur  ;  telles  que 
le  diamant,  le  rubis,  le  faphir,  Uémeraude,la 
topaze ,  &c.  L'épithete  de  précieufes  qu'on  leur  a 
donnée,  eft  vraisemblablement  à  caufe  de  leur 


,    1  T     RAISONNES.  'T07 

jareté  &  de  leur  grand  prix.  11  patoît  que  la  Na- 
ture eft  avare  de  les  produire.  Les  pierres  pré- 
cieufes  n'ont  encore  été  que  très  peu  examinées 
par  les  Chymiftes.  Ce  n  eft  que  de  cette  année 
1 77 z  qu'on  commence  à  connoître  un  peu  le  dia- 
rpant. 

On  avoit  penfé  que  le  diamant ,  à  caufe  de  fa 
tranfparence  &  de  fa  dureté  ,  étoit  la  fubftance 
rerreufe.  la  plus  pure  y  mais  il  eft  bien  démontré  à 

Eréfent  qu'elle  ne  l'eft  pas.  H  eft  rapporté  dans 
l  Pyritologic  de  Henckel ,  page  41 3  .,  que  l'Em- 
Sereur  François  I  fitexpofer  au  feu  pour  fix  mille 
orins  de  diamants  &  de  rubis  pendant  vingt- 
quatre  heures.  Les  diamants  difparurent  entière- 
ment y  mais  les  rubis  ne /ouvrirent  pas  la  moin-r 
dre  altération.  On  expofa  de  nouveau  à  la  plus 
grande  violence  du  feu ,  des  rubis  pendant  trois 
fois  vingt-quatre  heures ,  qui  fe  comportèrent 
comme  la  première  fois ,  fans  qu'ils  percjnfent 
rien  de  leur  poids ,  de  leur  couleur ,  &  fans  que 
les  angles  le  fuflent  arrondis  de  la  moindre 
b  chofe. 

Le  même  Princç  fit  répéter  ces  expériences  foc 
plus  de  vingt  pierres  précieufes  de  différentes  ef- 
pecés.  On  s'apperçut  que  \&  diamant  étQÎt  tou- 
jours le  premier  altéré  :il  perdoit  fon  poli  &  .s'ex- 
folioit,  &  enfin  fe  diffipoit  cqnft^mrnçn^  L'énoe- 
raude  fe  fondit  &  s'attacha  au  creufet.  j4e  rubis 
n'éprouva  aucune  altération. 

Le  grand  Duc  de  Tofcane  fit  expofer/des 
pierres  précieufes  au  foyer  d'un  verre  ardent  de 
Tchirnhaufen ,  auquel  on  joignit  une  féconde 
lentille  :  le  diamant  réfifta  beaucoup  moins  à  ce 
foyer  que  toutes  les  autres  pierres  précieufes  ;  au 
bout  de  trente  fécondes  an  diamant  d'environ 
vingt  grains  perdit  fo  couleur ,  fon  éclaç  $c  fa. 


io8  Chyikie  expIrimentàxs 
tranfparence  ,  devint  blanchâtre  comme  unflr 
chalcédoine  ;  au  bput  de  cinq  minutes  il  fe  forma 
des  bulles  à  fa  furface ,  &  il  le  brifa  en  morceaux 
qui  n'avoient  plus  de  dureté.  On  en  a  écrafë  un 
morceau  avec  ta  lame  d'un  couteau ,  &  on  Ta  ré- 
duit en  poudre  très  fine.  D'autres  diamants  ,  for 
lefquels  on  répéta  cette  expérience ,  s'évaporèrent 
entièrement  j  mais  on  ne  remarqua  jamais  qu'ils 
entraffent  en  fufion.  On  efïaya  d'en  fondre  par 
l'addition  du  verre,  du  fel  allcali,  des  cailloux, 
des  matières  métalliques ,  de  la  cendre  x  rien  ne 
put  déterminer  la  fubon  du  diamant. 

Les  rubis  furent  traités  de  la  même  manière; 
mais  ils  réfifterent  beaucoup  plus  au  feu  que  les 
diamants.  Us  devinrent  luifants  en  peu  <*e  temps , 
comme  s'ils  euflTent  été  mouillés  avec  de  la  graiflè 
fondue.  Il  fe  forma  des  bulles.  Un  ru^is  quiavoit 
été  expofé  pendant  quarante-cinq  minutes  à  ce 
foyer,  perdit  une  grande  partie  de  fa  couleur; 
fa  furface  &  fes  angles  s'arrondirent ,  &  la  pierre 
s'amollit  au  point  de  prendre  l'empreinte  d'un 
cachet  qu'on  prefla  defliis  (dans  l'inftan  t  fans  doute 
qu'il  éfoit  rouge  )  :  on  y  fit  auffi  des  entailles  avec 
la  ^pointe  d'un  couteau.  Mais  ces  pierres  ne  per- 
dirent rien  de  leur  poids  &  de  leur  forme* 

M.  d'Àrcet ,  Doâeur  en  Médecine ,  a  repris 
cette  matière.  Il  a  répété  plufieurs  des  expérien- 
ces dont  on  vient  de  parler ,  mais  dans  un  four  de 
porcelaine  :  il  a  obfervé  de  même  que  le  diamant 
etoit  évaporabte  \  hîjùs  il  a  de  plus  découvert  que 
le  diamant  s'éVaporoit  même  par  l'avion  d'un 
/feu  affe*  médiocre,  puifqu'il  fumt  de  le  faire  feu- 
lement bien  rougir.  Sefc  premières  expériences 
ont  été  faites  dans  des  vaiffeaux  qui  avoient  un 
libre  accès  avec  l'air  extérieur.  M.  d'Àrcet ,  vou- 
lant les  varier  >  effàya  d'expofer  au  grand  feu  dea 


1  T      RAISONNES*  IO9 

diamants  dans  des  vaifleaux  parfaitement  clos*  Il 
mit  des  diamants  dans  des  boules  formées  de  pâte 
de  porcelaine ,  qu'il  ferma  aufli  le  plus  exa&e- 
ment  qu'il  lui  fur  poffible ,  avec  de  la  même  pâte 
de  porcelaine  délayée  dans  un  peu  d'eau.  Il  ex- 
pofa  ces  boules  lous  le  four  de  porcelaine  de  M.  le 
Comte  de  Lauraguais,  au  feu  le  plus  violent.  Le» 
diamants  relièrent  fains  &  entiers  dans  quelques 
boules  i  ils  s'évaporèrent  à  demi  dans  d'autres ,  8c 
ils  fe  volatiliferent  entièrement  dans  d'autres 
boules.  Toutes  ces  boules  étoient  conftruites  avec 
de  la  même  pâte  de  porcelaine.  M.  d'Arcet  crut 
devoir  attribuer  ces  différents  effets  à  la  nature 
des  diamants ,  &  penfa  qu'il  y  a  de  la  différence 
entre  ceux  du  Brefil  &  ceux  d'Orient  j  mais  les 
Lapidaires  n'en  font  abfolument  aucune  diftinc- 
tion  :  ils  prétendent  même  qu'il  eft  impoflible  de 
pouvoir  diftinguer  un  diamant  d'Orient  d'avec  un 
diamant  du  çrefil.  Ainfï  l'évaporation  du  dia- 
mant dans  des  vaifTeaux  parfaitement  clos  étoit 
une  chofe  indécife  parmi  les  Chymiftes  j  mais  elle 
ne  l'étoit  pas  parmi  les  Lapidaires  :  ils  affuroient 
au  contraire  que  les  diamants  dans  des  vaifleaux 
parfaitement  clos  font  abfolument  inaltérables, 
&  ne  fou  fixent  aucune  diminution  de  leur  poids  j 
i|s  ne  partaient  pas  des  circonftances  qu'ils  avoient 
habitude  d'obferver ,  pareequ  ils  les  fuppofoient 
connues. 

.  M.  d'Arcet  a  expofé  fes  diamants  dans  des  bou- 
les de  porcelaine  non  cuite ,  &  qui  ne  peut  cuire 
qu'à  un  très  grand  coup  de  feu.  Si  l'on  fait  atten- 
tion à  la  nature  de  la  pâte  d'une  femblable  porce- 
laine non  cuite»  &  des  effets  qu'elle  peut  pro- 
duire pendant  fa  cuillbn ,  il  fera  facile  de  recon- 
nokre  pourquoi  les  diamants  fe  font  évaporés 
<Uns  ces  fortes  de  vaifleaux» 


tîC?  CHVMfÉ   ÉÏPÉRIMEtfTÀtÉ 

i°.  La  bafe  de  la  porcelaine  eft  néceflàiremetif 
de  l'argille.  i°.  Elle  contient  de  f eau.  j°.  Le? 
argilles  font  dans  l'état  de  cottibinaifon  avec  une 
certaine  quantité  d'acide  vitriolique  qui  leur  eft 
de  la  plus  grande  adhérence.  Toutes  ces  fubftan- 
ces  fe  réduifent  en  vapeurs ,  &  font  fon&ion  d'ak 
pendant  la  cuite  de  la  porcelaine  j  elles  font  donc 
caufe  que  les  diamants ,  quoiqu  enfermés  dan? 
ces  fortes  de  vafes,  fe  font  comportés  à-peu-prcs 
comme  s'ils  euflent  été  expofés  au  feu  avec  le 
concours  de  Tait.  Si  dans  quelques  boules  ils 
n'ont  point  foufFert  d'altération ,  cela  vient  de 
quelques  circonftances  particulières ,  puifque  te 
diamant  s  évapore  à  proportion  que  les  matière? 
dans  lefquelles  on  le  cémente,  contiennent  de? 
fiibftances  propres  à  fe  réduire  en  vapeurs  &  à 
faire  fonâion  d'air.  La  Date  de  porcelaine  dont 
M.  d'Arcet  a  compofé  tes  boules,  étant  de  trè9 
difficile  cuiflon ,  refte  long-temps  poreufe  ;  elle 
donne  par  conséquent  tout  le  temps  aux  dia- 
mants de  s'évaporer  avant  qu'elle  ait  reçu  le  de-* 
gré  de  feu  convenable  qui  lui  donne  la  compa- 
cité néceflaire  pour  former  un  vaifleau  parfaite- 
ment clos ,  &  pour  empêcher  l'évaporation  du 
diamant. 

M.  Macquer  expofa  au  feu ,  à  l'air  libre ,  des 
diamants.  11  obferva  que  le  diamant  produifoit 
une  véritable  flamme ,  ou  une  auréole  phofpho- 
rique.  Ses  expériences  ont  fait  le  fujet  d'un  Mé- 
moire que  cet  habile  Chymifte  a  lu  à  l'Académie 
en  1771. 

Au  mois  d'Avril  1771 ,  MM.  Lavoifier ,  Mac- 

3uer  &  Cadet  lurent  un  Mémoire  à  la  même  Aca- 
émie  ,  dans  lequel  ils  rapportèrent  des  expc- 
riehces  nouvelles ,  faites  en  préfence  de  jplufieurs 
Chymiftes.  Les  diamants ,  dans  ces  expériences ,  - 


1  T      H  A  I  S  O  NN,i  E.  Ht 

ont  été  expofés  dans  des  vaifleaux  parfaitement 
clos  :  ils  ne  fouffrirent  aucune  altération. 

On  enferma  deux  carats  de  diamants  dans  le 

godet  d'une  pipe ,  où  Ton  mit  d  abord  du  pouf* 
er  de  charbon.  Les  diamants  furent  placés  au 
centre ,  &  recouverts  de  ce  même  poûflïer  de 
charbon  i  on  appliqua  par-deffus  un  petit  cou- 
vercle de  tôle  du  diamètre  précis  de  la  pipe ,  & 
aiTmetti  avec  du  fil  d'archaL  Cette  efpece  decreu* 
fet  fut  mis  dans  un  petit  creufet  de  He(Te  :  on  en 
remplit  les  intervalles  avec  du  pouifier  de  char- 
bon i  il  fut  recouvert  d  un  autre  creufet  de  Heflè  : 
on  a  également  afTujetti  cet  appareil  avec  du  fil 
d'archal  ,  &  les  joints  ont  été  lûtes  avec  de  la 
terre  à  four  détrempée  avec  de  l'eau.  On  a  fait 
fécher  complettement  à  une  douce  chaleur  cet 
appareil  qui  a  été  enfuite  expofé  dans  un  fourneau 
à  vent ,  chauffé  par  degrés  s  on  a  augmenté  le  feu 
jufqu  à  la  plus  grande  violence  que  ce  fourneau 
peut  donner,  &  on  la  entretenu  dans  cet  état 
ptndant  deux  heures.  Le  feu  du  fourneau  dont  il 
efticiqueftion ,  donne,  en  deux  heures  de  temps  , 
un  plus  grand  degré  de  chaleur  que  M.  d' Arcet  n'a 
eu  pendant  trois  jours  &  trois  nuits ,  fous  le  four 
de  porcelaine  de  M.  le  Comte  de  Lauraguais. 

Lorfque  le  fourneau  &  les  creufetsont  été  fuf- 
fifan>ment  refroidis ,  on  a  trouvé  les  creufets  fains 
&  entiers,  mais  enduits  d'une  couche  de  verre 
bien  fondu ,  produit  par  la  terre  à  four.  On  a  caffé 
les  creufets  ,  &  on  a  trouvé  les  diamants  fains , 
entiers ,  n'ayant  rien  perdu  de  leur  poids ,  ni  de 
leur  tranfparence.  Le  poufïier  de  charbon  qui 
encouroit  les  diamants,  eft  refté  noir,  &  n'a 
fouffert  aucune  combuftion.  Il  réfulte  bien  évi- 
demment de  cette  expérience  que  le  diamant  n  eft 
ni  combuftible  ni  volatil  par  l'adion  du.  feu  le 


ïi*       Chymie  expérimentale  , 

plus  violent  >  à  moins  que  cette  a&ion  ne  foit  àî-» 
dée  du  concours  de  l'air ,  ou  de  matières  propres 
à  en  faire  fondion  ,  comme  nous  le  dirons  dans 
un  inftant 

Ces  mêmes  Chymiftes  fourriirent  à  la  diftilla- 
tion ,  dans  une  cornue  de  grès ,  1 o  grains  >  poids 
de  marc,  &  un  peu  plus  (1),  de  diamants.  Ils  les 
pouffèrent  à  un  feu  violent  pour  favoir  s'il  s'en 
difUUeroit  ou  fe  fublimeroit  quelque  chofe.  Les 
diamants  ont  réfifté  pleinement  à  cette  épreuve  } 
il  ne  s'en  eft  rien  féparé,  &  on  les  a  trouvés  de 
même  poids  qu'auparavant  :  &  dans  le  Journal 
de  M.  l'Abbé  Rxifier  (i) ,  on  ajoute  que  ces  dia- 
mants diminuèrent  de  poids.  11  y  a  néce  flaire^ 
ment  de  Terreur  dans  l'un  des  deux  rapports.  Nous 
allons  voir  que  les  diamants  diminuent  de  poids, 

{proportionnellement  à  la  maffe  d'air  contenu  dans 
e  vaifleau  qui  les  renferme ,  ou  à  proportion  que 
le  cément  qui  entoure  ce  vaiffeau ,  fournit ,  pen- 
dant la  calcination ,  des  fubftances  qui  fe  rédui- 
fent  en  vapeurs ,  &  qui  font  fon&ion  d'air.  • 
M.  Mitouard  >  Maître  Apothicaire  &  Démons- 
trateur en  Chymie ,  a  d'abord  répété  les  expé- 
riences de  la  combuftion  du  diamant  dans  des 
vaifleaux  à  l'air  libre ,  &  il  s'eft  afluré  de  la  pré- 
fence  de  l'auréole  ou  flamme  que  produit  le  dia- 
mant, que  M.  Macquer  avoir  oblervée.  Ilapa- 


(t)  Voyt\  la  Feuille  de  l'Avant-Coureur ,  page  198  , 
année  1772,  du  1 1  Mai ,  &  le  Journal  de  M.  VAbbé  Ro- 
ficr  pour  le  mois  de  Mai  1771 ,  .page  97 ,  ou  l'on  rapporte 
la  même  expérience.  Il  y  eft  dit  que  ces  mêmes  diamants 
pefoient  1 9  grains  {. 

(0  Dans  le  Journal  déjà  cite  ,  page  99  ,  on  dit  :  »  Les 
»  diamants  avant  été  rapportés  à  la  balance  ,  ne  fe  font 
»  plus  trouvé  pefer  $uc  U  grains  £, 

reillement 


i  t    n  a  i  s  o  k  h  i  t.  tr$ 

eîliement  répété  la  cémentation  du  diamant  dani 
tes  vaifleaux  clos  j  mais  il  a  varié  les  expériences 
le  ce  genre ,  en  cémentant  des  diamants  dans 
LifFérentes  fubftances  ,  comme  dans  du  char- 
>on  en  poudre,  dans  de  la  craie,  dans  de  la 
orne  de  cerf  calcinée  >  dans  du  verre  en  foudre, 
1  a  auffi  expofé  au  même  feu  des  diamants  enfer-* 
nés  feuls  dans  un  creufet  fans  cément  i  tous  ces 
rreufets  ont  été  arrangés  dans  des  cônes  de  pipes* 
k  fermés  très  exactement  de  la  même  manière 
}ue  nous  l'avons  dit  précédemment.  Le  petit 
rreufet  qui  contenoit  un  diamant  fans  cément ,  à 
ké  fermé  avec  la  même  exactitude  que  ceux  ci- 
ieflus ,  &  on  a  affujetti  avec  de  la  terte  à  four* 
féchée  &  pulvérifée  ,  le  petit  cône  de  pipe  pour 
l'empêcher  dfe  ballotter- 

On  a  chauffé  ces  creufëts  dans  le  même  four-» 
rieau ,  pendant  deux  heures ,  avec  1a  plus  grande 
violence ,  en  priéfence  de  plufieurs  Chymiftes  * 
du  nombre  defquels  j'étois.  Voici  quels  ont  été 
les  réfultats. 

i °.  Un  diamatlt  rôfe  très pht ,  taillé  auk tnde* 
&  nonlmé  laboras  par  les  Joailliers ,  d'un  petit 
ceilverdâtre  (couleur  occafionnée  parla  réfle- 
xion du  feuilletis ,  fuivant  le  fentiment  des  bijou-* 
tiers  préfents  à  ces  expériences  )  *  égrifé  fur  un 
des  cotés,  &  pefant  i  grains  ^fifS?*  poids  de 
marc ,  a  été  enfermé  dans  du  charbon  en  poudre* 
On  a  retrouvé  ce  diamant  tel  qu'on  Pavoit  mis* 
abfolument  farts  aucilne  diminution  de  poids , 
fans  avoir  rien  perdu  de  fon  poli  ni  de  fon  eau  j 
en  un  mot ,  n'ayant  foufFert  aucune  altération* 
,    i°.  Une  rofe  jaune  pefant  un  carat  moins  ~ * 
enfermée  dans  de  la  craie  de  Champagne  en  pou- 
dre ,  a  perdu  de  fon  poli  :  fes  angles  étoienc 
^moufles ,  &  on  y  diftinguou  des  caches  de  dif- 
Tomc  L  H 


It4  Cfi?**it  ttvk&iittitiTALK 
fcrenres  couleurs.  Ce  diamant  ne  pefoir  plus  qu* 
4  grains  moins  73.  Il  acte  repoli  de  nouveau  par 
un  Lapidaire  :  fa  furface ,  fuivant  ion  rapport , 
avait  une  croûte  auffi  épaiffe  que  celle  d'un  dia- 
mant brut. 

j  °.  Un  diamant  brut ,  croûte  polie ,  très  brun 

N  &  mal  net ,  pefant  5  grains  fort  ,  fans  intermède, 

&  de  même  diminué  de  poids  :  il  s'eft  trouvé  ne 

{>lus  pefer  que  4  erains  moins  •£■  :  il  a  confervé  fa 
orme ,  quoiqu'il  ait  perdu  fon  poli.  Sa  couleur 
a  été  abfolument  altérée  &  a  patie  au  noir  de 
jayec, 

40.  Un  diamant  mis  dans  -de  la  corne  de  cerf 
calcinée  &  pulvérifée ,  pefant  1  grains ,  poids  de 
marc ,  ne  s'eft  plus  trouvé  pefer  qu'un  grain  y*.  Il 
étoit  dépoli  dans  toute  fa  furface ,  &  marqué  de 
taches  noires  dans  plufieurs  endroits. 

M.  Mitouard  a  pareillement  fournis  au  grand 
feu,  dans  une  petite  cornue  de ^rès ,  deux  dia- 
mants ,  l'un  blanc  &  l'autre  brun ,  pefant  enfem* 
ble  1  grain  &  -fc  foible.  Après  deux  heures  & 
demie  de  grand  feu ,  on  a  ôté  la  cornue  du  four- 
neau ,  tandis  qu'elle  étoit  encore  très  chaude  : 
il  n'eft  rien  paflé  dans  le  récipient  qu'on  y  avoit 
adapté.   Le  diamant  blanc  étoit  brillant ,  tant 

3u'il  étoit  chaud  j  il  devint  laiteux  en  fe  refroi- 
iffant  :  le  tffun  n'avoit  prefque  rien  perdu  de 
fa  couleur,  mais  fa  tranfparence  a  un  peu  fouf* 
fcrr. 

M.  d'Arcet  avoic  établi  par  fes  expériences 
quelques  incertitudes  fur  la  nature  des  diamants, 
entre  ceux  d'Orient  &  ceux  du  Brefil.  M,  Mi- 
touard voulant  éclaircir  les  doutés  de  M.  d'Arcet, 
fit  de  nouvelles  expériences  pour  connoitre  (i  les 
effets  quiavoient  été  produits  précédemment,  dé- 
voient être  attribués  à  la  nature  des  diamants,  ou 


tf    HAt  t  oif'itiki  tij 

4  celle  des  intermèdes  qui  avoient  fetvi  de  cément. 
11  a  fournis  à  de  nouvelles  expériences  auxquelles 
l'ai  aflifté ,  les  diamants  des  expériences  précé- 
dentes ,  mais  en  changeant  leurs  céments  t  les 
treufets  ont  été  difpolcs  cotiiitie  les  précédents  > 
&  il  leur  a  appliqué  le  même  coup  de  feu ,  &  dans 
le  même  fourneau* 

ï  °.  Un  diamant  pefant  i  graine ,  poids  de  triàrc* 
tjui  dVoit  été  ci-devant  cémenté  dans  du  charbon* 
te  qui  pefoit  i  grains ,  poids  de  marc ,  fut  enve- 
loppé dans  de  la  corne  de  cerf}  il  s'eft  trouvé  > 
après  l'opération  ,*he  plus  oefer  qu'un  grain  &  j|* 
Il  s'eft  dépoli  dans  toute  fa  furface ,  &  a  été  mar- 
qué de  taches  noireç  dans  plufieurs  endroits   . 

a°.  Un  autre  diamant  précédemment  cémentiê 
-avec  de  la  craie  ,  repoli  dans  le  milieu  feulement, 
Se  cémenté  dans  la  féconde  expérience  avec  du 
pouffier  de  charbon .,  ne  fouffrit  abfolûment  au- 
cune altération  ni  diminution  de  poids. 

$°.  Un  diamant  cémenté  avec  au  verte  fondu,  • 
a  été  perdu.  11  n'a  pas  éré  polïible  de  favoir  s'il 
*'eft  diffipé  au  feu,  ou  s'il  a  été  perdu  en  cafTant 
le  ereufer. 

Il  réfulte  évidemment  de  ces  expériences  * 
i%  que  le  diamant  eft' inflammable  >  &  qu'il  fè 
truie  au  feu,  comme  toute  autte  matiete  tonv- 
1>uftible ,  lorfqu'il  a  communication  avec  Pair  ex- 
térieur ;  &  qu'il  n'y  a  point  de  différence  entre  lés 
'  diamants ,  puifque  ceux  qui  n'a  voient  point  fouf- 
fert  d'altération  dans  le  charbon ,   furent  altérés 
par  le  cément  de  la  corne  de  cerf}  &  que  ceux  qui 
furent  altérés  pat  le  cément  de  craie ,  ne  le  furent, 
plus  par  le  cément  de  charbon.  Ces  altérations 
ne  font  donc  point  dues  à  la  nature  du  diamant , 
mai*  feulement  à  celle  du  cément* 
a°.  Le  diamant  ne  fouifre  aucune  altération  de 

Hij 


Il*  CuVMife  fetPÉkiitsriTÀtl 
là  parc  du  fett  le  plus  Violent ,  lorfquil  eft  envi* 
tonné  de  poudre  de  charbon»  &  qu'il  n'a  point 
de  contad  avec  l'air  extérieur  ;  en  cela  ,  il  fuir  la 
même  loi  que  les  autres  matières  combuftibles, 
incapables  de  fe  réduire  en  vapeurs ,  &  de  fe  cou* 
fumet  dans  des  vàitTeaut  parfaitement  clos. 

3°.  Mais  le  diamant  fouftre  beaucoup  d'altéra* 
tion  Se  de  diminution  dans  foc  poids ,  lorfqu'il  eft 
cémenté  avec  des  matières  terreufes  qui  contien- 
nent de  l'air  Se  de  Peau ,  comme  la  craie  ,  la  corne 
de  cerf  calcinée.  11  paroît  même  qu'il  fbuflreda*  | 
vantage  d'altération ,  toutes  choies  égales  d'ail- 
leurs ,  de  la  part  de  ces  fubftances ,  j  que  lorfquil 
eft  enfermé  ieul  dans  un  vafe  de  même  capacité, 
puifque  le  diamant  renfermé  dans  de  la  craie  a 
diminué  d'un  grain  de  fon  poids ,  Se  que  celui  qui 
étoit  fans  intermède  ,  n'a  diminué  que  d'un  graiû 
moins  -&. 

4Ô.  Il  eft  évident  que  le  diamant  eft  une  fui» 
ftance  particulière,  Se  qui  a  befoin  d'être  examinée 
pour  être  encore  mieux  connue  qu  elle  ne  i'eft  J 
préfent.  Il  paroît  que  le  diamant  a  des  propriétés 
communes  aux  pierres,  aux  matières  combuft*- 
bies  &  à  certaines  matières  métalliques,  llfemble 
tenir ,  en  quelque  forte ,  le  milieu  entre  ces  fob» 
,  (lances  :  il  reflemble  aux  matières  terreufes  pair  & 
dureté  :  il  paroît  même  qu'il  eft  la  plus  dure  de 
.  toutes  les  pierres  :  il  a  une  propriété  femblable  à 
celle  des  matières  inflammables  ordinaires ,  en  ce 
qu'il  produit  de  la  flamme ,  8c  qu'il  fe  diflîpc 
comme  elles ,  à  mefure  qu'il  fe  brûle.  La  flamme 
qu'il  donne  eft  petite ,  brillante ,  femblable  i  celle 
que  produifent  l'étain,  lebifmuth,  &c.  Le  dia- 
mant n'eft  peut-être  qu'une  matière  phlogiftiqœ 
dans  un  état  particulier  qu'on  ne  connoit  pouzt 
encore. 


»        Sur  Us  Pierres  colorées* 

M.  Mirouard  a  fait  encore  des  expériences  fur 
les  pierres  colorées.  Il  a  mis  dans  fix  coupelle^ 
fous  la  moufle  d'un  fourneau  de  coupelle  ordi- 
naire ,  &  qui  chàuffoit  beaucoup  moins  quet 
celui  dans  lequel  il  a  fait  les  expériences  précé- 
dentes ,  différentes  pierres  précieufes  dont  nous 
allons  rendre  compte.  11  les  a  (ait  chauffer  pen- 
dant deux  heures  >  à  un  feu  capable  dç  les  faire 
rougir  prefque  à  blanc  :»  favoi*  % 

i u.  Un  rubis  terminé  par-  deux  pyramides ,  8& 
un  rubij  brut.  Il»  n'ont  rien  perdu  de  leur  forme  » 
de  leur  couleur ,  ni  de  leur  polu. 

iQ.  Une  améthyfte.  Elle  eft  devenue  glaceufe  ^ 
$c  elle  avoit  totalement  perdu  fa  couleur. 

3  °.  Un  faphir  d'eau  &  un  faphir  oriental.  Ua 
des  deux  a  été  prefque  entièrement  décolora  ^ 
Vautre  eft  devenu  obfcpr. 

4°.  Une  émeraude.  Elit  a  fondu  en  pâme  8c 
a  perdu  fa  transparence  :  Ùl  couleur  a  éte^>eu  aU 
tarée  relie  a  feulement  pris  un  autre  ton  »  prove-^ 
nant  de  fon  opacité; 

5°.  Une  vermeille.  Elleaconfervéfatranfoa- 
xence j  mais  fa  furface  a  perdu  un  peu  de  loi\ 
poli, 

6°.  Un  grenat  Syrien.  Il  eft  devenu  opaque. 

D'une  autre  part ,  M.  Mitouard  a  cémente^ 
dans  de  petits  creufets,  &  arrangés  comme  ceux 
pour  la  cémentât***  des  diamants-  ,  »  ° .  un  iubifc 
enveloppé  dans  de-  la  cendre  tamifée ,  &  expofé- 
pendant  deux  heures  &  un  quart  à  la  plus  grande? 
violence  du  feu.  tes  cendres  ont  été"  comporte- 
ment vitrifiées,  &  Tonna  recrouvéameuaft  rtatftr 
4u  rubis  dans  le  verre* 

*°*  M»  MUoitftd  a  expofé  dans  «*  appaceifc 


Il  S  ChYMIB    EXpiRIMINTALI 

femblable  au  précédent ,  un  rubis  cémenté  avec 
du  verre  pulverifé  :  le  verre  a  fondit  a  il  eft  devenu 
noir  ',  le  rubis  s'eft  précipité  au  fond  du  crèufer , 
&  a  reçu  un  commencement  de  fufion.  U  s'éroic 
déformé  \  mais  fa  couleur  n  a  point  été  altérée. 

Combinaifon  de  la  Tern élémentaire  avec  le  Fe* 
pur* 

.  Nous  ne  connoiflbns  point  de  combinaiibn  for- 
mée immédiatement  de  l'union  delà  terre  vitri* 
fiable  avec  le  feu  pur.  Une  pareille  combinaifon 
faite  par  U  Nature,  feroit  un  principe  fecondaire, 
compofé  de  deux  éléments  primitifs  ;  principe  qui 
pourroic,  fous  cette  forme,  entier  dans  la  çompo-* 
il  non  de  certains  corps, 

:  Combinai/on  de  là  Terre  vitrifiabU  avec  VAiu 

;  Cette  combinaifon  \  fi  elle  exifte ,  neft  point 
connue:  Elle  formeroit  encore  un  principe  fecon* 
dgire  qui  pouiroit  fervir  a  la  formation  de  corps 
plus  compofés.  La  terre  vitrifiable  paroi t  ne  re-i 
çevoir  même  aucune  altération  de  la  parr  de  l'air. 

Combinaifon  de  la  Terre  vitrifiable  avec  F  Eau. 

•  La  terre  vitrifiable  ji'éprouve  aucune  altération 
de  la  parc  de  l'eau  dans  nos  opérations  de  Chyraie, 
Il  paroît  ç^u  il  en  feroit  de  même  dans  celles  de  U 
Rature,  il  rien  d'étranger  ji'augmen toit  l'a&ion 
de  l'eau*  L'on  rencontre  fouvent  de  l'eau  qui  tienc 
de  la  terre  vitrifia,ble  en  ditfbiution  j  telle  que 
celle  .qui  patte  au  travées  des  bancs  de  grès  ou  de 
fable.  Il  eft  à  préfumer  que  cette  union  n'eft  pa$ 
fonflwdiaçemenc  formée  were  çes,de«x  éléipws  * 


1T     R  A  I  S  O  K  N  I  E.  tf£ 

elle  eft  due  aux  autres  éléments  qui  y  concourent 
en  même  temps ,  6c  fpécialement  au  feu  libre  ré- 
pandu dans  le  fein  de  la  terre.  Je  penfe  même 
que ,  s*jl  exiftoit  dans  la  Nature  quelques  endroits 
où  l'air  &-4'eau  fulTent  abfolument  lans  feu ,  ce 
qu'il  n  eft  guère  poflible  de  concevoir ,  l'eau  néan- 
moins ,  dans  ces  circonflances ,  aidée  feulement 
du  concours  de  l'air ,  n'auroit  aucune  aâion  fut 
la  terre  élémentaire  >  &  ne  la  difTolveroit  pas» 

Skr  la  Combinai/on  des  quatre  Eléments. 

Peut-être  la  Nature  combine-t-elle  immédia- 
tement les  éléments  deux  ï  deux  &  trois  àtrois  pat 
des  moyens  qui  nous  font  abfolument  inconnus. 
Si  ces  combinaifons  fimples  exiftent ,  elles  feroient 
autant  de  principes  fecondaires ,  ou  de  principes 
principiés ,  dont  la  Nature  feroit  ufage  pour  for- 
mer des  corps  compofés.  Les  connoifîances  noui 
manquent  abfolument  fur  cet  objet.  Nous  ne 
fommes  pas  plus  inftruits  fur  la  combinaifon  im- 
médiate des  quatre  éléments  ;  nQUS  favons  feule- 
ment qu'ils  ont  une  telle  difpofition  à  fe  mêler  x 
qu'il  eft  abfolument  imnoflible  de  le»  avoir  par- 
faitement purs  &  ifolés  les  uns  des  autres.. 

Si  ta  Nature ,  pour  combiner  les  éléments  les  uns. 
avec  les  autres ,  ne  fe  fût  procuré  cjue  Içs  moyens, 
dont  nous  venons  de  parler,  il  n'en  feroit  jamais, 
réfulré  que  des  combmaifons  fimples  de  L'efpece 
de  celles  donr  nous  parlons:elles  auroient  été  rares* 
en  petit  p  #  n'auroient  eu  lieu  que  lorfque  lescir- 
confiances  feroient  devenues  favorables.  Le  globes 
terreftre  feroit  un  défert  affreux  ,  femblable  a  cer- 
tains continents  de  laterre  où  les  quatre  élément* 
ieuls  fonjt  en  a&ion  les  uns  contre  les  autres ,  oi 
il  ne  croît  abfalumetit  rien  :  il  n  y  exift e  %  toux  aa 

Ait 


|10  ChYMIB   BXPÉRIMBNTAtI 

plus ,  que  des  fubftances  du  genre  des  princtp&r 
principiéç ,  parceque  le  fol  eft  de  fable  ou  de  terre- 
çlémen  taire,  incapable  de  rien  produire ,  &  dé- 
former des  combinaifons  qui  puiUent  tomber  foBS 
nos  fens. 

Les  çombinaifons  qui  peuvent  réfutrer  de  fa* 
nion  immédiate  des  éléments ,  ne  deviennent 
(enfiblçs  pour  nous,  qu'autant  qu'elles  contien- 
nent plus  ou  moins  du  principe  terreux  ;  nos  oc* 
ganes  ne  font  pas  affez  déliés  pour  nous  faire  ap- 
percçyoir  celle* dans  lçfquelles  ce  principe  n'entre 
pour  rien.  Nous  ne  connoiflons  qu'une  combi- 
naifon  de  cette  efpecej  c'eft  celle  de  la  terre  te 
<lu  feu  ,»a  laquelle  on  a  donné  le  nom  de  pila* 
giftique  ;  encore  n'eft-elle  pas  formée  de  Funiop 
immédiate  de  ces  éléments  :  elle  eft  un  produis 
de  la  deftru&ion  des  corps  organifés.  Il  eft  même 
jl  préfumer  que ,  fans  eux ,  ce  principe  principic 
ji'exifteroit  pas  dans  la  Nature. 

11  doit  en  être  de  même  des  autres  principes 
principes ,  formés  immédiatement  de  l'union  des 
'  autres  éléments  :  la  Nature  ne  les  forme  vraifem* 
diablement  point.  Ceux  de  ce  genre  qui  peuvent 
exifter  font  encore  dus  aux  corps  organifés  qui  fe 
dérruifent.  Ces  corps,  comme  nous  le  dirons t 
ont  la  faculté  de  combiner  &  d'élaborer  les  élé- 
ments »  &  de  former  des  fubftances  qui  fervent 
enfuité  comme  de  principes  à  des  corps  qui  font 
plus  comppfés  qi^e  des  principes  principiés. 

La  Nature  qui  avoit  de  plus  grandes  vues  à  rem- 

)>lir  que  celles  de  foi  mer  de  fimples  mélanges  d'é- 
éments  K  ou  de  produire  des  principes  fecondaires» 
$'eft  procuré  les  moyens  de  rake  un  plus  grand  & 
un  plus  magnifique  ufage»des  cléments.  Elle  a 
ç rée  des  corps  organifés ,  &  d'abord  des  végétaux  % 

«  fc W  *%wnt  fe  fVultç  4?  (tfmbta  i*w«* 


*T     HAISONN&S*  III 

diatement  les  éléments  primitifs ,  de  les  combi-  . 
ner  ,  de  les  élaborer ,  Se  de  former  des  combinai- 
fpns  délicates  que  l'art  eft  encore  fort  éloigné  d'i- 
miter :  tel  a  .été  le  but  de  la  Nature  en  créant  les 
corps  organifés. 

Le  végétal  a  été  le  premier  infiniment  dont  elle 
s'eft  fervi  pour  former  fes  plus  grandes  &  fes  plus 
merveilleufes  opérations.  Ce  font  les  végétaux 

Su  ont  mis  la  Nature  en  aâion  à  la  furface  du 
obe ,  dans  l'intérieur  de  la  terre  &  des  mers.  Ce 
font  eux  qui  font  lacaufe  immédiate  des  méytes 
ignés  qui  fe  forment  dans  Pair ,  &c.  TouflEhr* 
prenantes  que  peuvent  d'abord  paroître  çesflKes  , 
j  efjpere  les  mettre  dans  tout  leur  jour ,  mais  fuc-* 
ceflivetnent. 

Les  végétaux  contiennent  les  éléments  dans . 
des  proportions  plus  égales  qu'ils  ne  fe  trouvenr 
dans  aucun  corps.  Le  feu  eft  le  principe  dominant 
des  végétaux ,  qui  forment ,  par  cette  raifon ,  U 
première  fubftance  combuftible.  Tous  les  autres 
corps  de  la  Nature ,  qui  contiennent  quelque  ma- 
tière inflammable,  la  doivent  aux  végétaux.  Nous . 
,ne  piétendons  pas  dire  pour  cela  que.les  végétaux; 
ibient  composes  de  parties  égal^f  de  chacun  des 
cléments ,  mais  feulement  qu'ils  les  contiennent 
dans  des  proportions  qui  approchent  davantage 
de  l'égalité.  Le  principe  terreux  eft  celui  qui  y  eft 
pioins  abondant.  * 

Les  végétaux  dévoient  oéceffaireçient  précéder 
les  animaux.  Ceux-ci  ont  befoin  de  pâture ,  &  nç 
peuvent  abfolument  point  fubfifter  fans  eux.  Les 
animaux  combinent;  de  nouveau  la  fubftance  vé- 
gétale ,  ôç  fe  raflimilent  ;  chez  eux ,  la  matière 
change  de  forme  »  de  nature  ,  &  acquiert  de  nou- 
velles propriétés  chymicjues.  La  fubftance  ani- 
mée chffçrç  bien  feu  4s  u  végétale  ;  eUeconûe/i* 


lit  ChYMIE   EXpéniMSNTÀLl 

également  les  quatre  cléments  dans  l'état  de  com- 
bmaifon.  On  ne  fair  pas  encore  fi  la  fubftance 
animale  n'eft  pas  déjà  toute  formée  dans  les  végé- 
taux :  peut-être  que  les  animaux  qui  s'en  nourn£- 
fent ,  ne  font  que  féparer  cette  fubftance  déjà  âni- 
milifée  par  le  végétal.  Ceft  ce  que  nous  verrons 
lorfqire  nous  examinerons  les  graines  farineufes; 
la  matière  glutineufe  quelles  fourniflent  eft  bien 
décidément  de  nature  animale.  11  paraîtrait  donc 
que  la  Nature  aurait  difpenfé  l'animai  de  raflem- 
bler  lm-même  les  éléments  pour  le  développe- 
menWfe  fon  individu.  Elle  a  départi  à  cette  claffe 
de  corps  organifés  la  fonction  de  concourir  avec 
les  végétaux  à  entretenir  la  matière  combuftible , 
&  à  la  diftribuer  concurremment  à  la  furfaee  de 
la  terre.  Au  refte  ,  il  paraît  bien  certain  que  ce 
ibnt  les  végétaux ,  dans  l'état  de  fan  té,  qui  com- 
pofent  toute  la  matière  animale  qui  exifte ,  8c  qui 
ne  pourroit  abfolument  fubtëfter  fans  la  végéta- 
tion. 

*  Je  penfe  donc  que  la  végétation  eft  le  ienl 
moyen  que  la  Nature  emploie  pour  combiner  la 
plus  grande  partie  du  feu  élémentaire  qui  nous 
vient  du  foleil  :  le  furplus  de  ce  feu  fert  à  entre- 
tenir la  vie  des  animaux  ,  &  à  mettre  en  a&ior* 
celui  que  la  Nature  a  combiné  dans  les.  corps  or- 
ganifés. 

*Je  confldere  ici  la  Nature  fortant  des  mains  du 
Créateur.  Je  n'examine  point  comment  les  corps 
organifés  ont  été  placés  fur  la  terre.  Ils  y  ont  été 
iftis  par  l'Auteur  de  la  Nature ,  pour  y  jouer  le 
rôle  qu'il  leur  a  départi  -y  mais  f  oMerve  la  Nature 
pied  à  pied ,  &c  je  tâche  de  dévoiler  fes  tnyfteres 
&fes  opérations,  parcequ'ils  influent  fur  toute 
la  Chymie  &  fur  THiftoire  Naturelle, 

*  Les  corps  organifés  fout  diftribués  autour  <fa 


globe  &  dans  tous  les  endroits  où  ils  peuvent  fui* 
fifter  ;  mais  la  Nature,  pour  opérer fes merveilles» 
a  choiiî  deux  laboratoires  différents.  Elle  travaille 
fans  relâche  dans  la  partie  feche  du  globe  à  faire 
naître  des  végétaux  &  des  animaux.  La  partie  li- 
quide ou  la  mer ,  qui  eft  fon  fécond  laboratoire, 
eft  également  remplie  de  végétaux  de  tonte  e£- 
pece  ;  ils  fervent  de  .pâture  à  des  milliers  d  ani- 
maux de  tout  genre  >  auxquels  cet  élément  étoic 
néceflaire.  Les  corps  organifés  croiffent ,  fe  re~ 

Îroduifent  &  péiiiïent  chacun  dans  leur  élément* 
,es  générations  fe  fuccedent  fans  interruption  : 
ces  corps  entretiennent  la  matière  combuftible 
toujours  A-peu-près  au  même  degré  d'abondance» 
Les  vues  de  la  Nature  n'auroient  pas  été  fuffifanw 
ment  bien  remplies,  fi  toute  la  matière  combuf* 
tible  qui  fe  forme  dans  la  partie  feche  du  globe^ 
y  reftoit  :  elle  en  a  befoin.  dans  l'intérieur  de  la 
terre ,  pour  y  produire  une  infinité  de  combinat- 
fons  d'un  autre  genre»  Elle  fe  fert  de  temps  en 
temps  du  balancement  des  eaux ,  peur  faire  de» 
incursions  fur  la  partie  feche  du  globe  ;  &  pour 
engloutir  dans  fon  fein  des  amas  immenfes  de 
matières  combustibles  qui  s'y  forment ,  afin  de  les 
diftribueràfon  gré  dans  l'intérieur  de  la  terre  pour 
fes  opérations  lecretes. 

La  folidité  &  l'arrangement  aâuel  de  la  terre 
font  l'ouvrage  des  eaux ,  des  corps  organifés  & 
du  laps  de  temps*  Les  végétaux  &  les  animaux 
ont  fertilifé  la  croûte  fuperficielle  de  la  terre  que 
nous  cultivons.  Les  eaux  y  font  venues  à  plufieuts 
reprifes.  La  terre,  dans  les  commencements, n'a* 
'  voit  point  aflez  de  folidité  pour  retenir  les  eaux, 
comme  Je  dit  M.  de  BufFon  :  elles  ont  dû  circuler 
pendant  long-temps ,  faire  beaucoup  de  révolu- 
tions autour  du  globe,  &pon;et  dans  foniuté- 


114      Cntuit  tipiniiCBKTAti 

rieur ,  jufques  daAs.  fes  plusgrandes  profondeurs  > 
le  peu  de  fubftances  combuftibles  au  1  fe  formaient 
à  fa  furface.  Les  eaux  n'ont  pu  fe  fixer  enfin  qu'a- 
près que  les  corps  organisés  eurent  divifé  la  terre 
élémentaire,  de  formé  aflez d'acgille  pour  empê- 
cher Tépanchement  de  l'élément  aqueux* 

Nous  verrons  que  l'areille  eft  produite  par  du 
gypfe  roulé  &  décompoie  par  les  eaux,  te  que  le 
gypfe  lui  même  eft  produit  par  la  pulvérisation 
des  coquilles ,  &  combiné  avec  de  Tacide  vitrioli* 
que.  Quelle  fuite  de  fiecles  n'a-r-il  donc  pas  fallu 
pour  produire  tous  ces  grands  changements  ! 

ta  croûte  de  terre  que  nous  cultivons ,  eft  par- 
tout compofée  de  débris  de  végétaux  &  d'animaux* 
Elle  a  été  altérée  &  remaniée  tant  de  fois  parles 
eaux  Se  par  les  corps  organifés,  que  la  terre  pri- 
tgitive  élémentaire  >  qui  en  fait  le  fond  y  eft  à  peina 
reconnoiffable.  Les  animaux  qui  périftent  à  1* 
nartie  feche  du  globe ,  s'y  décomposent  Se  fervent 
a  des  générations  futures  du  même  ordre.  Si  nous 
confiderons  les  opérations  qui  fe  patfent  dans  la 
-  mer,  elles  ne. font  pas  moins  belles.  Ce  lac  îm~ 
menfe  eft  peuplé  d'une  quantité  étonnante  de 
poifïbns  de  toute  efpece.  Les  uns  comme  les  tef-> 
lacées,  les  polypiers,  &c.  changent  la  terre  du  vé- 
gétal dont  ils  fe  nourrirent,  en  terre  calcaire.  Qn 
retrouve  par-tout  dans  l'intérieur  des  terres  les 
coquilles  de  ces  poiflbns  ;  elles  atteftent  que  cet 
endroits  ont  été  autrefois  des  fonds  de  mers*  Ce 
n'eft  pas  ici  le  lieu  de  nous  étendre  davantage  far 
cette  marier* ,  cela  nous  obligeront  d'entrer  dans 
de  grands  détails  qui  nous  éloignecoieiu  de  notre 
objet  ;  mais  on  les  trouvera  aux  articles  qui  leur 
conviennent,  de  principalement  au  commence- 
ment du  travail  des  mines.  Ce  que  nous  allons 
çzauuuer  maintenant  eft  h  matière  cQiuhiyftihU 


que  tes  corps  organisés  on  formée,  Cette  fub* 
fiance  ,  quoiqu  eflentiellement  de  même  efpece 
&  de  mêmemture,  peut  néanmoins  être  confU 
dérce  fous  deux  écacs  différents  :  1°.  dans  l'étac 
huileux  :  %°.  dans  l'état  de  ficcité  parfaite.  Nous 
xeconnoîtroqs  les  propriétés  de  cène  même  fub- 
ftance  inflammable  dans  les  différents  corps  où 
ellefe  trouve,  à  mefure  que  les  occafions  fe pré* 
fenteront* 

Sur  ta  matière  combujiible  dans  Vital  huileux* 

Ce  que  l'on  nomme  matière  combujiible  ou  ali- 
ment du  feu  j  eft  cette  fubftance  inflammable  qui 
fe  «dégage  des  corps  organisés  lorfqu  on  les  fait 
brûler,  &  qui  répand  de  la  flamme  &  de  la  lu- 
mière* Ce  feu,  mis  en  aétion,  produit  fur  les  fub* 
fiances  qu'il  touche,  les  mêmes  effets  que  les 
rayons  dufoleil  raflembfés,  ou  les  frottements 
des  corps  durs  :  il  les  échauffe ,  les  brûle  ,  les  dé* 
compote  &  fépare  leurs  principes  conftituants. 

Les  corps  organifés  ont  tellement  pénétré  tous 
les  corps  de  la  Nature ,  qu'il  n'y  en  a  aucun  qui 
ne  contienne  plus  ou  moins  de  principe  inflam- 
mable ,  mais  dans  des  proportions  &  dans  des  états 
bien  différents.  Les  végétaux  &  les  animaux  le 
contiennent  en  plus  grande  quantité  qu'aucun 
autre  corps  j  &  ce  principe  chez  eux  eft  dans  l'état 
huileux.  On  les  nomme  pour  cette  raifon ,  corps 
combufiibks  ou  aliment  du  feu  ,  parcequ'iis  fer- 
vent i  fon  entretien,  &  qu'ils  font  les  feuls  qui 
y  foient  propres.  Les  matières  vraiment  terreuies, 
comme  les  cailloux ,  &c.  ne  contiennent  pas  une 
aflèz  grande  quantité  de  feu  combiné  pour  fervir 
d'aliment  au  feu ,  &  celui  qu'elles  ont  vient  des 
:  corps  organifés  dont  elles  onc  été  pénétrées  peu- 


MS  Chymib  ÈttiKtUtUrktÉ 
dant  leur  féjour  dans  la  ferre  :  lie  principe  indatii- 
toiable  que  ces  matières  contiennent,  a  fubi  une 
fi  grande  altératioti par  le  laps  de  temps,  qu*il 
h'eft  plus  dans  l'état  nuileux.  Ces  corps  ne  font 
point  combuftibles  par  eux-mêmes ,  &  ne  peu- 
vent s'embrafer  qii' à  l'aide  des  matières  que  nous 
avons  nommées  combuftibles.  Ils  ne  peuvent  s'é- 
diauffer  aflez  par  un  frottement  rapide ,  pour  ac- 
quérir une  chaleur  capable  de  mettre  le  feu  à  des 
corps  combuftibles.  Il  n'en,  eft  pas  de  même  des 
métaux  ;  quoiqu'ils  ne  foient  pas  des  corps  com- 
buftibles par  eux-mêmes ,  ils  contiennent  atfez 
de  principe  inflartimable  (  non  pas  cependant  dans 
Tétat  huileux)  pour  que  ceux  qui- ont  aflèz  de 
dureté  poùrxéfifter  à  un  frottement  rapide,  puif- 
fent  s'échauffer ,  rougir  même ,!  &  mettre  le  feu 
*à  des  corps  combuftibles.  Mais ,  comme  leuT  prin- 
cipe inflammable  eft  combiné  avec  une  très  grande 
Juantiré  de  terre ,  il  ne  peut  continuer  de  refter 
ans  cet  état  d'inflammation  \  ils  fe  refroidiflerit 
aufli-tôt  qu'on  cefle  de  les  frotter.  Lotfqu  on  fait 
éprouver  aux* corps  combuftibles  un  fembiabie 
frottement,  ils  s'enflamment  de  même,  &  con- 
tinuent de  brûler,  lorfque  rien  d'étranger  nes'op- 
pofe  à  leur  cojnbuftion ,  parcequ'ils  font  pourvus 
de  beaucoup  de  matière  inflammable ,  &  qu'ils 
peuvent  brûler  fins  des  fetours  étrangers*  Voilà 
don£  en  quoi  différent  les  corps  vraiment  com- 
buftibles d'avec  ceux  qui  ne  le  font  pas ,  quoique 
contenant  beaucoup  de  matière  inflammable.  Lès 
corps  combuftibles  renferment  beaucoup  de  feu 
combiné  &  peu  de  terre  :  les  autres  au  contraire 
contiennent  oeaucoup  de  terre  &  peu  de  feu  coià- 
biné. 

Il  eft  bien  difficile  de  découvrir  comment  le  fétt 
élémentaire  fe  fixe  dans  les  corps  organifés,  & 


fet    k  Ai  s  o  m  n  £  t.  ivy 

Comment ,  en  devenant  un  de  leurs  principes,  il 
perd  toutes  les  propriétés  que  nous  lui  avons  re- 
connues, au  point  de  ne  pouvoir  fe  manifefter  que 
par  le  contait  d'un  corps  actuellement  dans  le 
jnouvement  igné.  Boernaave  demande  fi  ce  feu 
le  combine  d'abord  avec  la  terre ,  ou  s'il  fe  cont- 
inue en  même  temps  avec  la  terre  &  l'eau,  pour 
former  la  matière  huileufe.  Nous  dirons  notre 
fentimentfur  ces  différentes  queftions ,  après  que 
nous  aurons  fini  d'expofer  la  théorie  des  meilleurs 
Phyficiens  fur  le  feu  combiné. 

Pendant  la  combuftion  des  fubftances  combus- 
tibles ,  le  feu  fe  réduit  en  feu  élémentaire ,  &  fe 
diffipe  à  mefure*  fioerhaave  n'eft  cependant  pas 
de  ce  fentiment  :  il  dit  que  fi  ceja  étoit ,  la  quan- 
tité de  feu  élémentaire  devioit  augmenter  à  l'in- 
fini dans  la  Nature  j  c'eft  ce  que  l'on  ne  remarque 
pas.  Les  obfervations  les  plus  exaâes  indiquent 
au  contraire  qu'il  n'y  a  jamais  que  la  même  dofe 
de  ce  feu  élémentaire ,  quoique  journell^nenf  on 
faffe  brûler  une  grande  quantité  de  matière  com~ 
fcuftible.  Mais  il  eft  facile  de  répondre  à  cette 
objeâion ,  en  difant ,  comme  on  eft  en  droit  de 
le  préfumer ,  que  le  feu  élémentaire ,  dégagé  de? 
corps ,  fe  combine  à  mefure  avec  d'autres  fub- 
ftances  >  &  qu'il  perd  toutes  fes  propriétés  de  feu 
libre ,  en  devenant  principe  constituant  des  corps 
dans  la  compofition  defquels  il  entre  ;  ce  fenti- 
ment eft  celui  de  Staahl  \  mais  il  y  a  fur  cet  objet, 
comme  nous  le  verrons  encore,  beaucoup  de 
chofes  à  defirer ,  &  peut-être  même  nous  fera-t- 
il  toujours  'mpoffîble  d'avoir  de$  connoifiances 
nettes  fur  cette  matière. 

Boerhaave  a  examiné  les  différentes  fubftances 
qu'on  retire  pendant  l'analyfe  des  corps  organifés9 
&  il  a  obfervé  qu'il  n'y  a  que  la  matière  huileufe, 


ki8       CHÏtfife  i**Éki*titf*Àt* 
dans  quelque  état  qu  elle  foit ,  qui  puiffe  être  Vé- 
ritablement l'aliment  du  feu.  Les  autres  élément* 
comme  l'eau,  là  terre  &  le  fel,  n'étant  point  corn* 
feuftibles,  font,  dk-il ,  plus  propres  à  éteindre 
le  feu  qu'à  lui  fer  vir  d'aliment.  Tout  ceci  fe  trouve 
démontré  par  une  infinité  d'expériences.  Boe*- 
haave  remarque  encore  que  ces  iubftances ,  quoi- 
qu'incombuftibles^    fervent  néantndiiis  à  aug- 
menter i'a&ivité  de  la  combuftion  des  corps  in- 
flammables, lorfqu'elles  s'y  trouvent  dans  des 


Muit  peut  brûler  lans  répa 

il  reconnoît  aufli  l'identité  de  ce  principe  dans 
tous  les  végétaux  &  les  animaux.  Le  principe  dont 
tiou?  entendons  parler  ici ,  eft  celui  que  Staahll 
nommé phlogiftiquc  >  &  dont  nous  parlerons  dans 
un  inftant. 

Voici  une  expérience  que  Boerhaave  a  faite  1 
xe  fujet  :  il  a  reçu  dans  une  cloche  de  verre  ce  que 
laifle  difllper  i'efprit  de  vin  dnflartimé  ,  &  il  n'i 
remarqué  ni  fuie  ni  fumée.  Les  vapeurs  qui  fe 
font  condertfées  étoiertt  de  l'eau  i  la  matière  in* 
flammable  s'eft  détruite  &  diflipée  :  il  n  a  pas  j* 
la  retenir  à  part  (i).  Les  autres  corps  ,  fuivant  iofl 
obfervation ,  ne  font  inflammables  qu  à  raifoit 
d'un  principe  de  même  efpece  qu'ils  contiennent; 
<&  y  lorfqus ,  par  la  combuftion ,  Ton  a  féparé  ce 
principe  d'un  corps ,  ce  qui  refte  de  ce  corps  n  eft 
pas  inflammable.  Boerhaave  fe  fait  une  queftioa 
a  lui-même  (aj ,  &  demande  fi ,   dans  le  cas  oi 

(  i  )  Traité  du  Feu ,  troifietûc  vol.  pages  77  &  ?g  dcll 
^Tradaâîon  françoife. 
,     (x)#i</.pagoiio* 

cet» 


1T      R  A  I  3  O  N  N  I  I.      .  110 

Cfette  matière  feroit  féparée  de  toute  fubftance 
étrangère ,  elle  brûleroit  tranquillement  &  fuc- 
ceflîvement  ,  comme  cela  lui  arrive  lorfqu  elle  eft 
mêlée  avec  de  l'eau ,  ainfi  qu'elle  l'eft  dans  l'efprit 
de  vin,  ou  fi  elle  feroit  con fumée ,  comme  la  fou* 
dre,  en  uninftant.  Sans  décider  la  queftion ,  il 
conclut  que  cette  matière  >  de  quelques  corps 
qu'on  la  retire  *  feroit  très  pure ,  hmple ,  parfai- 
tement combuftible ,  &  donnetoit  une  flamme 
très  pure ,  fans  répandre  ni  fuie  ni  fumée.  De  là 
il  conje&ure  (i)  que  ce  principe  ejl  un  compofé  de 
feu  &  d'une  matière  très  fubtile  qui  lui  eft  intime- 
ment jointe;  &  que  rien ,  dans  la  Phyfique *  n*eft 
peut-être  fi  difficile  à  connoître  que  cette  partie 
purement  inflammable  des  corps  combuftibles  , 
qui  fert  d' aliment  au  feu  \  d'autant  plus  que , 
lorfque  cette  matière  brûle ,  elle  fé  détruit  &  de- 
vient d'une  fi  erande  fublimité ,  qu'elle  ne  tombe 
plus  fous  nos  iens  (i).  Il  ajoute  que ,  jufqu'à  pré- 
lent  ,  on  ne  nous  a  rien  fait  connoître  dç  fatis- 
faifant  fur  les  changements  que  cette  matière 
éprouve  pendant  fa  combuftion. 

Tel  eft  le  fentiment  de  BoerhaaVe  fur  le  feu 
combiné  ;  celui  de  Staahl  n'en  diffère  point, 
fioerhaave  a  confidéré  le  feu  en  grand  Phyhcien , 
&  Staahl  en  grand  Chymifte  :  l'un  &  l'autre  fonc 
d'accord  fur  les  propriétés  générales  &  fonda- 
mentales de  la  fubftance  que  Boerhaave  ndmme 
à Ikool  3  &  Staahl  phlogiftique.  Staahl  s'eft  appli- 
qué à  reconnoître  &  a  démontrer  i'exiftence  de 
ce  principe  dans  les  corps  des  trois  règnes  j  6c  il  Ta 
fait  d'une  manière  fatisfaifante.  11  n'a  rien  négligé 
jjon  plus  pour  découvrir  le  plus  grand  nombre 

p— — — ^ — i — ^— —      ii     ii i  — ■— mmm tm 

.  (  i  )  Page  84  &  fuivantes ,  troifieme  volume. 
(i)  Page  78  ,  hM4. 

Tome  L  \ 


des  propriétés  de  cette  fubftance  ;  mais  il  paroît 
que  Boerhaave  avoit  des  vues  plus  exactes  &  plus 
générales ,  puifqu'après  avoir  reconnu  l'exiftence 
de  ce  principe  dans  les  corps  des  trois  règnes , 
comme  Ta  fait  Staahl ,  il  a  porté  fes  vues  &  fes 
recherches  fur  la  nature  &  la  compofition  de  ce 
même  principe  dans  les  fubftances  qui  le  for- 
ment ,  a  l'exclufion  de  toute  autre ,  &  qui  en  font 
le  plus  abondamment  pourvues. 

J'ai  déjà  commencé  à  donner ,  en  tête  de  cet 
article ,  mon  fentiment  fur  cette  matière  ;  je 
placerai  ici  ce  qui  refte  à  dire  fur  cet  objet. 

i°.  Je  regarde  la  végétation  comme  un  des 
grands  moyens  ,  &  peut-être  le  feul ,  que  la  Na- 
ture emploie  pour  combiner  avec  les  autres  élé- 
ments la  plus  grande  partie  du  feu  qui  nous  vient 
du  foleil. 

i°.  Les  végétaux  &  les  animaux  font  les  feuls 
corps  vraiment  combuftibLes ,  comme  nous  l'a- 
vons fait  remarquer.  Je  penfe  même  que  les-corps 
organifés  font  les  feuls  inftruments  dont  fe  fert 
la  Nature  pour  former  tout  le  principe  inflam- 
mable qui  exifte,  tant  dans  l'intérieur  qu'à  la 
furface  de  la  terre.  Ce  font  les  corps  organifés 
qui  fourniflent  ce  principe  aux  corps  du  règne 
minéral  }  &  c'eft  d'eux  que  les  matières  minérales 
&  métalliques  tiennent  tout  ce  qu'elles  ont  de 
combuftible. 

3°.  La  végétation  ne  fe  fait  qu'à  la  faveur  de 
la  chaleur ,  de  l'humidité  &  du  concours  de  l'air. 
Les  plantes  mêmes  qui  viennent  ïous  la  glace ,  ne 
peuvent  être  citées  pour  combattre  notre  fenti- 
ment. Il  règne  toujours  de  la  chaleur  fous  ia 
glace ,  quelque  froide  qu'on  la  fuppofe  >  &  il  y 
a  des  végétaux  auxquels  il  faut  peu  de  chaleur 
pour  leur  accroiflement.  Il  eftd'obfervation  cou- 


ET      k  A  t  S  O  tt  N  I  I»  ,1  J  t 

ftktite  que  la  végétation  eft  comme  fupprimée  en 
hiver ,  en  comparaison  de  Ton  abondance  en  été , 
ou  lorfqu'il  règne  dans  Pair  une  chaleur  douce  &c 
modéré?  Il  en  eft  de  même  de  Peau  :  fi  Ton  prive 
les  végétaux  de  cet  élément,  ils  ne  tardent  pas  à 
pjérir.  L'air  joue  le  même  rôle  :  les  végétaux  pé- 
riflent  en  fort  peu  de  temps ,  lôrfqu'Hs  en  font 
entièrement  privés ,  comme  le  démontre  l'expé- 
rience de  la  machine  pneumatique.  Le  principe 
terreux  eft  également  nécetfairç ,  foit  celui  qui 
eft  en  diflolution  dans  Peau ,  ou  celui  que  les  vé- 
gétaux tirent  immédiatement  de  la  terre. 

Si  l'on  réfléchît  préfentement  à  ce  que  nous 
venons  d'expofer ,  &  à  ce  que  nous  avons  dit  fur 
les  propriétés  des  éléments  lorfquils  font  purs ., 
on  concevra  fans  difficulté ,  que  la  végétation  fe 
fait  néceflTairement  par  le  concours  des  quatre 
éléments  qui  viennent  fe  réunir  en  même  temps , 
&  prennent  entre  eux  les  arrangements  qui  leur 
font  propres  pour  former  le  végétal.  Il  eft  difficile 
de  concevoir  les  chofes  autrement  j  car  h  les  élé- 
ments ne  fe  réuniffbient  pas  tous  en  même  temps, 
&  dans  les  proportions  convenables ,  on  trou- 
veroit  des  portions  de  végétal  >  dans  lefquetles 
quelques-uns  des  éléments  ne  feroient  pas  encore 
entrés  j  c'eft  ce  que  l'on  n'a  point  encore  obfervé. 
Qu'on  examine  quelque  portion  de  Végétal  que 
ce  foit  y  dans  quelque  état  de  maturité  qu'on  le 
prenne ,  on  le  trouve  conftamment  pourvu  de 
toutes  fes  propriétés  de  végétal ,  &  contenant 
toujours  les  quatre  éléments. 

Je  fens  bien'qu'on  me  demandera  comment  fe 
fait  cette  combinaifon  ;  dans  quelle  proportion 
les  éléments  entrent  dans  le  végétal  ;  comment 
le  fèu ,  en  fe  combinant  ainfi ,  perd  fes_  propyié- 

Iij 


i^i       ChVmib  expérimentale 

tés  de  feu  pur  j  &  comment  l'aif  perd  fon  élafti- 
cité ,  &c. 

Ces  queftions  ne  font  pas  faciles  à  réfoudr  e  ; 
j'en  conviens  :  il  eft  difficile  de  les  expliquer,  fans 
avoir  recours  au  mouvement  qui  eft  une  àes  pro- 
priétés inhérentes  à  la  matière  :  ce  mouvement 
eft  d'autant  plus  a&if ,  que  la  matière  eft  elle- 
même  dans  un  plus  grand  état  de  divifion.  Les 
molécules  intégrantes  des  éléments  font,  plus  que 
toutes  celles  des  autres  fubftances ,  dans  cet  état 
favorable  à  la  combinoifon.  Les  éléments  ont 
même  une  telle  difpofition  à  s'unir  les  uns  avec 
les  autres ,  qu'il  eft  impoffîble  cte  les  avoir  dans  ce 
degré  de  pureté  où  nous  les  avons  fuppofés,  lors- 
que nous  les  avons  examinés. 

A  l'égard  des  proportions  dans  lesquelles  les 
éléments  fe  trouvent  réunis ,  il  eft  très  facile  de 
les  reconnoître  par  des  anaiyfes  exaâes  :  nous 
parferons  de  ces  moyens  par  la  fuite- 
Mais  comment  cette  combinaifon  fe  fait-elle  ? 
Cette  queftian  n'eft  pas  facile  à  réfoudre  :  néan- 
moins je  vais  tâcher  a  y  répondre. 

Nous  avons  dit  que  les  combinaifons  fe  fai- 
foient,en  général,  entre  les  molécules  intégrantes 
des  corps  ,  &  non  entre  les  corps  considérés  dans 
leur  état  d'agrégation  ;  nous  avons  dit  encore 
que  les  combinaifons  étoient  d'autant  plus  fortes 
&  plus  intimes ,  que  les  molécules  compofantes 
étoient  elles-mêmeç  plus  (impies  &  plus  déliées. 
Il  eft  difficile  de  concevoir  autrement  les  molé- 
cules des  éléments  primitifs,  puifqu'elles  fur- 
paffent  en  finelFe  les  molécules  des  corps  com- 
pofés. 

Les  molécules  des  éléments ,  lorfqu'elles  font 
ifolées  &  détachée?  les  unes  des  autres ,  ont  ne» 


B  T      RAISONNE**  1  J^t. 

ceftatrement  des  propriétés  différentes  des  élé- 
ments eux-mêmes  réunis  en  mafle  d'agrégés,, 
c'eft-à-dire  qu'une  molécule  d'air  ifolée  n'eft  poin  t, 
claftique  ;  une  molécule  de  feu  ifolée  n'a  plus: 
d'a&ion  fur  les  corps ,  &  elle  eft  fans  chaleur  j, 
«ne  molécule  d'eau  ifolée  eft  de  la  plus,  grande 
iblidiré  ;  &  enfin  une  molécule  de  terre  ifolée 
eft  également  très  folide  &  impénétrable»  Nous. 
avons  des  exemples.fenfibles.de  ces  effets  dans. 
les  grandes  chaleurs  de  L'été..  Le  feu  qui  nous; 
vient  du  foleil,  échauffe  l'air ,  Se  écarte  les  mo- 
lécules intégrantes  de  cet  élément  les  unes  des  au- 
tre&  :  l'air  perd  alors  fon  reflort  &  fon  élafticité  y 
on  ne  le  refaire  qu'avec  difficulté.  On  doit ,  je 
penfe ,  attribuer  cet  effet,  autant  à.  L'ait  dilate  » 
comme  s'il  étoit  raréfié  par  la  machine  pneuma- 
tique ,  qu'à  ce  que  les  molécules  d!air  font  inter- 
Î>oféei  entre  des  parties  d'eau  &  des.  parties,  de 
eu.  L'air,  en  été ,  eft  communément  plus.chargé 
de  feu  &  d'eau  :  ces  deux  éléments  s'interpofent 
entre  les  molécules  de. l'air ,  &  peuvent,  en  les 
ifolant ,  diminuer  fon  élafticité.  L'air  ,  l'eau  & 
le  feu ,  dans  ces  circonftances  y  font  mêlés,  en 
quelque  façon  &  difibus,  L'un,  par  L'autre,  Il  eft  i 
préfumer  que  c  eft  dans  cet  état,  que  les  éléments 
font  les  plus,  propres  à  la  végétation. 

Ce  que  nous  diibns  de  l'air  qui  perd  tout  fon 
•reflort  par  l'interpofition  des  autres  éléments  ,. 
doit  s'entendre  également  du  feu  -  cet  clément 
adif  produit  fur  nous  desfenfations  de  chaleur, 
tant  que  fes  parties  font -réunies  dans  une  certaine 
proportion^  mais  lorfqu'elles  font  fufïjfamment 
îfoléesles  unes  des.autres.»  elles  perdent  la  pro- 
priété de  produite  cette  fenfation. 

Dans  c.ette^  hypothefe,  il  eft  facile  de  con— 
çeyoir  que  lorfque  les  molécules,  des  éléments,  fe 

liii 


134'  Chymie  expérimentai* 
combinent  entre  elles ,  ces  molécules  font  né-* 
ceflairement  ifoléés  les  unes  à  l'égard  des  autres  ; 
elles  adhèrent  entre  elles  en  vertu  des  loix  de 
l'attraétion  :  fans  ces  circonftances ,  il  n'y  auroic 
point  de  rombinaifon  ;  ce  feroit  un  mélange 
groflïer  j  Se  les  cléments  conferveroient  toutes 
leurs  propriétés.  Si  Ton  conçoit  bien  cette  inter- 
pofition  des  molécules  ,  on  comprendra  facile- 
ment pourquoi  le  feu  perd  fes  propriétés  de  feu  % 
l'air  fes  propriétés  élaftiques ,  &  de  même  pour- 
quoi les  autres  éléments  perdent  leurs  propriétés 
particulières.  Dans  cette  hypothefe ,  dis-je,  il  eft 
facile  de  concevoir  comment  les  éléments  perdlnc 
réciproquement  leurs  propriétés ,  en  entrant  dans 
les  corps  organifés ,  pour  en  acquérir  de  nou- 
velles ,  fuivant  les  loix  de  la  combinaifon.  Les 
nouvelles  propriétés  du  corps  compofé  font  rela- 
tives à  l'arrangement  que  lés  molécules  inté* 
grautes  des  éléments  ont  pris  entre  elles ,  arran- 
gement qui  varie  à  l'infini. 

Quelque  vraifçmblable  que  puifle  paroître  ce 
fy  ftême,  il  n'eft  cependant  pas  à  l'abri  de  toute  ob* 
e&ïon  .11  n'explique  point,  par  exemplejcomment 
eséléments,en  s'ifolant  mutuellement,  donnentà 
eurs  molécules  un  arrangement  propre  pour  for- 
mer un  végétal,  II  eft  à  préfumer  qu'on  ne  pourra 
jamais  réfoudre  cette  queftion ,  parcequ'eile  eft 
de  la  nature  de  celles  où  il  s'agiroit  de  rendrer 
compte  de.  la  manière  dont  les  végétaux  combi- 
nent &  élaborent  les  éléments,  pour  former  une 
gomme  ou  une  réfine.  Toutes  ces  chofes  tien- 
nent à  la  nature  &  à  la  conftitution.  des  corps 
organifés  ,  au  mouvement  de  végétation  dont  ils 
font  doués ,  &  à  bien  d'autres  caufes  égalemçafr 
difficiles  à  expliquer ,  &  fur  lefquelles  la  Nature  ' 
&  tirt  HP  voile  impénétrable.  Ai*  ïefte  >  ces  cjuç£ 


IT     RAISONNÉ  I.  I35 

rions  font  étrangères  à  celles  que  nous  ayons  agi- 
tées ;  il  n'en  paroît  pas  moins  vrai  xjue  les  élé- 
ments ,  dans  les  corps  organifés,  font  ifolés ,  fie  , 
que  c  eft  par  cet  arrangement  qu'ils  perdent  réci- 
proquement les  propriétés  qu'ils  ont,  lorfqu'iU 
font  en  ma(Te  d'agrégés  j  c'eft  tout  ce  que  je  m'é- 
tois  propofé  de  prouver. 

Lorfqu on  décompofe  les  fubftances  végétales»  . 
on  en  fépare  une  quantité  étonnante  d'air ,  quan- 
tité qui  varie  fuivant  l'efpece  de  végétal  ,  comma 
Ta  remarqué  M.  Haies  dans  fa  Statique  des  Vé* 
gétaux.  Cette  quantité  d'air,  dans  le  bois  d* 
chêne  bien  fec ,  eft  environ  de  huit  cents  fois  le 
volume  du  bois  employé  :  fi  les  molécules  d'air 
ifolées  étaient  élaftiques ,  il  feroit  inconcevable 

3ue  cette  quantité  immenfe  d'air  eût  pu  entrée 
ans  le  végétal ,  &  en  faire  partie. 
Il  en  eft  de  même  du  feu  :  fi  les  molécules  ifo- 
lées de  cet  élément  a  voient  la  même  aâion  qu'une 
mafTe  de  feu ,  6c  qu'elles  produifiEent  de  la  cha- 
leur ,  il  n'y  a  point  de  doute  qu* elles  détruiroient: 
le  végétal ,  au  lieu  de  devenir  un  de  fes  principe* 
confirmants.   On  na  point  encore  détermine  le 

Sids  du  feu  dans  les  végétaux  >  comme  l'a  fait 
.  Haies  à  l'égard  de  l'air.  Les  expériences  qu'ifc 
.conviendrait  de  faire,  (ont  cependant  très  fa- 
ciles :  nous  en  parlerons,  dans  l'article  du  phlo- 
giftique. 

L'eau  fait ,  pour  l'ordinaire  >  environ  moitié 
du  poids  du  végéial ,  même  le  plus  fec.  Je  n'en- 
tends point  parler  de  l'eau  de  végétation  qu'on, 
remarque  dans  un  végétal  récent ,  &  qu'onpeuc: 
féparer  par  la  feule  expreflion,  ou  par  la  defficca- 
tion  \  cette  eau  ne  fait  point  partie  de  la  fubftances 
du  végétal ,  puifqu'elle  peut  e.n  être  féparée ,  fans, 
qu'il  perdfcie.iau.tres. propriétés  :  j'entends  parle* 

1  ûc 


xjrf         Chymib  EXPERIMENTALE 

de  l'eau  qui  fait  pâme  du  végétal ,  ou  lui  fert  de 
principe  conftituant ,  &  qu'on  n'en  peut  féparer, 
fans  détruire  le  végétal.  Si  les  molécules  ifolées 
de  cette  eau,  principe  du  végétal ,  étoient  liqui* 
des,  le  végétal  n'auroit  ni  la  fermeté  ni  lacon* 
fiftance  qu'on  lui  connoît.  On  n'a  pas  encore  dé-» 
terminé  la  quantité  d'eau  qui  entre  dans  la  corn-* 
pofition  des  végétaux.  Il  y  a  lieu  de  préfumer 
qu'on  y  obferveroit  la  même  différence  que  dans 
les  autres  éléments.  Il  réfulteroit  de  pareilles  re- 
cherches, des  cqnnoiflTances  utiles  fur  la  nature  & 
la  folidité  des  bois  pour  la  conftruâion  des  bâti- 
ments. Il  en  eft  de  même  de  la  terre  qui  fait  par- 
tie du  végétal.  Les  expériences  propres  à  deter* 
miner  la  quantité  de  terre  qui  entre  dans  la  corn? 
pofition  des  végétaux ,  manquent  abf&lument, 

Le  végétal ,  comme  corps  organifé  ,  élabore 
les  éléments ,  pour  former  différentes  combinai- 
ions  qui  varient  à  l'infini ,  fuivanc  la  nature  de 
chaque  efpece  de  végétal.  Le$  végétaux  combi- 
nent les  éléments  par  leurs  racines ,  par  leurs  ti- 
ges ,  par  leurs  feuilles ,  &c.  La  partie  du  végétal 
qui  eft  hors  de  terre ,  refpire  l'air  qui  eft  pcçfque 
toujours  chargé  des  autres  éléments ,  comme 
jioqs  l'avons  dit  précédemment-  j  ainfi  les  végé- 
taux prennent  de  la  nourriture  de  l'air  comme  de 
la  terre  i  tel  eft  le  méchanifme  général  fous  le-c 
quel  je  conçois  h  végétation. 

Les  animaux  combinent  directement ,  par  la 
voie  de  la  refpiration ,  une  certaine  quantité  d'air 
&  une  certaine  quantité  des  éléments  répandus 
dans  l'air  ;  mais  ceci  n'eft  pas ,  à.  beaucoup  près , 
fuffifant  pour  leur  fubfiftance  i  ils  font  obligés 
d'avoir  recours  aux  végétaux  pour  fe  nourrir.  Le 
végétal ,  en  pafTànt  dans  le  corps  animal ,  change 
{Iç  fenrie  &  dç  flaçqrç  eu  s'aflùnilaat  au  corps  ani-> 


ÏT      RAISOKNiS/  IJ7 

ttial.  La  matière  y  acquiert  de  nouvelles  propriétés 
chymiques ,  fuivant  la  manière  dont  elle  fe  com- 
bine ,  &  l'arrangement  qu'elle  prend  :  c'eft  ce  que 
nous  ferons  remarquer  lorfquenous  examinerons 
les  différentes  fubftances  animales  >  telles  que  la 
graifle,  lefang,  &c.  La  matière  animale  appar- 
tient donc  eflentiellement  au  règne  végétal  i  elle 
en  conferve  aufli  beaucoup  de  propriétés  chymi- 
ques, &  Gnguliérement  la  combuftibilité  :  aufli 
elle  fait  partie  des  corps  que  nous  avons  nommés 
combujlïblts *  parcequ'il  entre  dans  fa compofi- 
tion,  ainfiaue  dans  celle  des  végétaux,  beaucoup 
de  feu  combiné.  Les  os  contiennent  moins  de 
matière  combuftible ,  &  beaucoup  plus  de  terre  ; 
aufli  ne  font-ils  pas  combuftibles  par  eux-mêmes* 
Les  teftacées  font  dans  le  même  cas  que  les 
matières  ofleufes  des  autres  animaux  :  ils  contien- 
nent beaucoup  de  matière  terteufe ,  &  peu  de 
fubftance  combuftible  dans  l'état  huileux.  Cette 
dernière  fubftance  eft  tellement  défendue  de  l'ao 
%  tion  du  feu  par  la  terre ,  qu'on  croiroit  ne  devoir 
point  la  mettre  au  rang  des  matières  combuftibles, 
parceque,  dans  cet  état ,  elle  ne  peut  brûler  par. 
elle-même  ;  il  lui  faut  le  fecours  d'autres  matières 
combuftibles  dans  l'état  d'ignitio|i  :  mais  ceci  ne 
contredit  aucunement*  ce  que  nous  avons  avancé* 
fur  la  nature  des  corps  organifés,  En  effet ,  fi  l'on 
fiépare  ,  par  le  moyen  d'un  acide ,  la  matière  ter- 
re ufe  de  ces  coquilles  ,  on  retrouve  la  matière 
animale  qui  étoit  diftnbuée  parmi  la  terre ,  &  qui 
colloit  les  molécules  terreules  entre  elles.  Cette 
fubftance  eft  alors  combuftible  par  elle-même , 
&  peut  fervir  d'aliment  au  feu ,  comme,  toutes  les 
autres  matières  végétales  &  animales. 

Nous  allons  fuivre  l'examen  des  propriétés  de  U 
matière  çoipbuftibte  djim  fes  différents  états  2  dç« 


Ij»  ChYMIB   IXPijUJfEtfTALX 

irais  rinftant  où  elle  commence  à  éprouver  de 
altération ,  jufqu'à  celui  où  elle  eft  complétée- 
ment  détruite. 

Matières  combuftibles  expofecs  au  feu  avec  le 
concours  de  Voir. 

Lorfqu  on  fait  brûler  à  L'air  libre  des  matières 
combuftibles,  elles  produifent  de  la  flamme  &  de 
la  fumée ,  &  il  refte  la  matière  terreufe.  La  flamme 
eft  produite  par  la  matière  huileufe  \  mais  elle  eft 
agrandie  confidérablement  par  l'air  &  par  l'eau 
qui  fe  dégagent  des  corps  pendant  leur  combus- 
tion. L'air  fe  dilate  >  l'eau  le  réduit  en  vapeurs  \  Se 
ces  deux  éléments  font  l'effet  d'un  foufflet.  Néan- 
moins toute  la  matière  combuftible  ne  brûle  pas; 
une  partie  échappe  à  la  combuftion ,  Se  s'élève  en 
vapeurs  :  c'eft  elle  qui  produit  la  fumée  Se  la  fuie  : 
elle  fe  condenfe  facilement  fur  les  corps  froids 
qu'elle  rencontre»  &  s'y  attache  %  comme  cela  ar- 
rive dans  les  cheminées.  Cette  matière  >  qui  s  eft 
ainfi  élevée  pendant  la  combuftion  ,  eft  elle-mê- 
me capable  de  brûler  de  nouveau ,  &  de  produire 
tous  les  effets  de  la  matière  combuftible  qui  n'a 

Es  encore  éprouvé  l'aâion  du  feu  ;  &  cela  à  plu- 
urs  reprifes ,  jufqu'à  ce  que  tout  ce  qu'il  y  a  de 
combuftible  foit  totalement  brûlé. 

La  combuftion  des  corps  ne  peut  fe  faire  <pe 
par  le  concours  de  l'air.  Plufieurs  habiles  Physi- 
ciens penfent  que  fa  pefanteur  &  fon  élafticité 
font  les  feules  caufes  qui  le  rendent  propre  à  en-» 
tretenir  la  combuftion  des  corps.  Au  moyen  de 
ces  propriétés ,  il  réunit  Se  raflemble  le  feu  en  ac- 
tion ,  &  l'applique  immédiatement  fur  les  matiè- 
res combuftibles  qui  reftent  à  brûler.  Mais  cette 
théorie  n'explique  pas  le  phénomène  qui  fe  pafe 
dans  l'expérience  fuivance» 


BT     RAISONNAS.  IJjc 

Matières  combujlibles  expofees  au  feu  fans  air. 

.  L'air  eft  le  véhicule  de  la  combuftion ,  comme . 
nous  venons  de  le  dire.  Sans  lui,  aucun  corps 
combuftible  ne  peut  brûler  :  il  s'éteint  même  , 
quoique  bien  enflammé ,  lorfqu  on  lui  ôte  toute 
communication  avec  lair  extérieur.  Le  charbon. 
bien  allumé  qu'on  enferme  dans  un  étoùffoir  pour 
réceindre ,  eft  un  exemple  qui  prouve  cette  pro- 
position. 

EXPÉRIENCE 

Qui  prouve  que  la  mature  combuftible  ne  peut 
brûler  fans  le  concours  de  l'air. 

On  met  des  charbons  noirs  dans  .une  boîte  de 
fer  ou  de  terre ,  qu'on  ferme  exactement  :  on  place 
cette  boîte  dans  un  fourneau,  &  on  la  chauffe 
jufqu  à  la'faire  rougir  à  blanc.  On  trouve ,  après 
que  la  boîte  eft  refroidie  ,<  que ,  maigre  la  violence 
&  la  continuité  du  feu ,  le  charbon  n'a  rien  perdu 
de  fon  poids ,  &  qu'il  n'a  fouffert  aucune  coovi 
buftion. 

Remarques. 

Pendant  que  le  charbon  étoit  expôfé  à.  l'a&ion 
du  feu ,  il  eft  certain  que  la  matière  du  feu ,  dans 
le  mouvement  igné ,  lui  a  été  continuellement 
appliquée  très  immédiatement ,  &  que  la  matière 
inflammable  de  ce  charbon  a  été  elle-même  dans 
un  embrafement  confidérable. 

Le  charbon  ne  brûle  point  dans  cette  expé- 
rience ,  pareeque  c'eft  un  corps  fec ,  privé  abfo~ 
lument  d'eau ,  d'air  &  de  toutes  matières  qui  peu- 
vent en  faire  fon&ion.  Il  ne  contient;  rien  de 


*4°  CHYMIS  BXPiRlMENTALË 

volatil  qui  puifle  fe  raréfier  par  l'a&ion  du  feu  î 
Se  contribuer  par  ce  moyen  à  fa  combuftion, 
comme  il  arrive  aux  corps  organifés  qui  renfer- 
ment de  1  air  Se  de  l'eau  abondamment.  La  ma- 
tière inflammable  dont  eft  pourvu  le  charbon  » 
non  feulement  n'eft  fufceptible  d'aucune  dilata- 
tion ,  mais  même  eft  propre  à  abforber  l'air  pen- 
dant fa  combuftion ,  comme  nous  le  ferons  re- 
marquer dans  un  inftant.  Le  charbon,  dans  cette 
expérience ,  fe  trouve  pénétré  de  feu  ;  -mais  c*éft 
d'un  feu  étranger  :  fa  propre  matière  inflammable 
iiefe  confume  point,  pareeqn  elle  n'eft  point  fuf- 
ceptible de  fe  dilater. 

'  Mais ,  medira-t-on ,  les  corps  végétaux  &  ani- 
maux ,  quoique  contenant  beaucoup  d'air  &  de 
matières  huileufes ,  aqueufes ,  &c.  ne  fe  brûlent 
pas  davantage  pendant  l'analyfe?  Cela  vient  'de 
ce  que  l'on  conduit  le  feu  par  degré,  pour  déga- 
ger ces  fubftances  fucceffivement.  L'expérience  & 
appris  aue ,  lorfqu'on  brufque  le  feu ,  on  occa-* 
nonne  des  exploitons  qui  pourroient  venir  auflï- 
bien  de  l'inflammation  de  ces  fubftances  yoUÔ* 
les  9  que  de  leur  dilatation . 

Autre  'ExréniENCi 

Qui  prouve  la  mime  propqfîtioru 

On  met  fous  une  cloche  de  verre ,  pofée  fur  des 
cuirs  mouillés  ,  un  bout  de  chandelle  allumée , 
qui  ait  un  lumignon  un  peu  long.  La  lumière 
brûle  d'abord  très  bien  j  elle  quute  infenfible- 
ment  la  mèche  ,  chemine  jufques  vers  fon  extré- 
mité ,  &  finit  par  la  quitter  &  s'éteindre.  IL  s'é- 
chappe auflî-tot  du  lumignon  ,  qui  refte  encore 
embrafé ,  une  fumée  qui  s'élève  perpendiculaire 


it    ràisonnIe.  ï-f\ 

tement  »  comme  cela  arrive  dans  le  vuide  ;  la  clo- 
che adhère  fenfiblement  aux  cuirs ,  à  raifon  d'une 
partie  d'air  qui  en  eft  forciez 

Remarques. 

La  chandelle  brûle  d'a*bord  %  parcequ'elle  eft 
placée  dans  une  malle  d'air  prife  dans  fon  état 
naturel  j  mais  elle  ne  tarde  pas  i  s'éteindre  ,  par- 
ceque  la  chaleur  de  la  flamme  raréfie  l'air.  Une 
partie  s'eft  échappée  par  les  bords  de  la  cloche  j 
ce  dont  on  peut  s'aflurer  en  mettant  autour  de  fes 
bords  du  fable  ou  de  la  jxmffiere  ,  qui  eft  repouf- 
fée  par  l'air  intérieur  qui  fe  dilate.  L'élafticité  de 
cet  air  eft  tellement  augmentée,  qu'elle  comprime 
la  flamme  &  l'oblige  de  s'éteindre.  Cette  théorie 
eft  de  M.  de  Morveau ,  Avocat  Général  au  Parle- 
ment de  Dijon  ,  &c  Membre  de  l'Académie  de 
cette  ville ,  qui  a  donné ,  fur  les  phénomènes  de 
l'air ,  un  Mémoire  rempli  de  très  belles  expérien- 
ces. Ce  Mémoire  eft  imprimé  dans  le  premier  vo- 
lume des  Mémoires  de  l'Académie  de  Dijon. 

Si  l'extinâion  de  la  lumière  eft  due  à  de  l'air 
abforbé  par  la  flamme ,  comme  on  l'avoit  toujours 
penfé,  il  devroit  s'enfuivre ,  dit  M.  de  Morveau, 

3u'en  introduifant  fous  la  cloche  une  quantité 
'air  égale  à  celle  qu'on  préfume  avpir  été  abfor- 
bée,  la  lumière  ne  devroit  pas  s'éteindre  :  cepen- 
dant il  arrive  le  contraire.  M.  de  Morveau ,  dans 
une  femblable  expérience,  a  fait  entrer  de  l'air 
fous  la  cloche ,  en  remontant  le  pifton  de  la  ma- 
chine pneumatique ,  avec  les  précautions  nécef- 
faires ,  pour  que  cet  air  ne  produisît  aucune  agi- 
tation a  la  flamme  :Ja.  lumière  s'eft  éteinte  plus 
promptemént ,  comme  l'avoit  prévu  cet  habil$ 
Phyficien,parceqa'aldrsil  fe  trouve  fous  la  do* 


*4*  CHYMfE    EXPÉRIMENTALE 

che  une  pins  grande  quantité  d'air ,  dontl'élaiH- 
cité  augtriente  à  proportion ,  qui  comprime  la 
flamme  davantage ,  &  l'oblige  de  s'éteindre. 

M.  de  Morveau  né  s'eft  pas  contenté  de  ces  ex- 
périences y  il  en  a  fait  d'autres  qui  font  très  ingé- 
nieufes  &  très  propres  à  confirmer  fa  théorie.  Il  a 
pris  un  bocal  de  verre  de  dix  pouces  de  hauteur  , 
dont  la  moitié  avoit  cinq  pouces  de  diamètre ,  & 
l'autre  deux  pouces  de  diamètre  :  c'eft  par  ce  der- 
nier côté,  qu'étoit  l'ouverture.  Il  a  fufpendu  ce 
bocal ,  l'ouverture  en  bas ,  à  deux  pouces  au-def- 
fus  de  fon  fupport ,  de  manière  que  l'intérieur 
avoit  une  Jibre  communication  avec  l'air  exté- 
rieur :  il  a  introduit ,  au  milieu  de  la  hauteur  de 
ce  bocal ,  une  bougie  allumée ,  qui  s'eft  éteinte 
aufli  promptement  que  fi  l'ouverture  eût  été  exac- 
tement fermée  :  l'air  raréfié  dans  la  partie  fupé- 
rieure  comprimoirla  flamme  comme  dans  l'expé- 
rience précédente.  Cet  air  ne  pouvoit  pas  dimi- 
nuer d'élafticité ,  parcequ'il  ne  pouvoit  s'évacuer 
par  la  partie  fupéneure  du  bocal ,  comme  cela  au- 
rait été  nécefïaire  pour  l'entretien  de  la  flamme. 
D'un  autre  côté ,  la  colonne  d'air  extérieur  fai- 
foit  équilibre  à  celui  renfermé  dans  le  vafe ,  & 
le  retenoit  dans  cet  état  d'élafticité  &  de  raréfac- 
tion. 

M.  de  Morveau  à  enfuite  répété  cette  expé- 
rience avec  le  mçmefcocal ,  mais  en  tenant  l'ou- 
verture en  haut.  Il  s'eft  allure  qu'en  quelque  en- 
droit qu'on  plaçât  la  lumière ,  elle  ne  s'éteignoic 
pas ,  même  en  mettant  une  glace  à  un  pouce  de 
aiftance  au-deflus  de  l'ouverture  du  vafe  5  parce- 
qu'à  mefure  que  l'air  fe  raréfioit  par  la  chaleur ,  il 
s'échappoit.  Il  en  rentrait  d'autre  le  long  des  pa- 
rois du  vafe ,  qui  entretenoit  la  flamme.  Pour  s'en 
apurer,  M.  de  Morveau  a  jette  des  petits  corps 


feT     kAtSOKKic;  Î4J 

légers  au-deCTus  de  ce  vaifleau  }  ils  ont  été  empor- 
tés par  les  courants  d'air  qui  fe  font  établis  :  les 
uns  ont  été  repouflés  au  dehors  par  l'air  raréfié 
qui  s'échappoit,  &  les  autres  ont  été  portés  dans 
l'intérieur  du  bocal  par  l'air  qui  y  enctoit. 

Le  Mémoire  de  M.  de  Morveau  eft  rempli  de 
beaucoup  d'autres  expériences  relatives  à  1  objet 
dont  nous  parlons  :  il  fait  voir  que  l'air  ne  con- 
tribue point  matérialement  à  la  combuftion  des 
corps ,  &  qu'il  ne  s'en  abforbe  point ,  ou,  fi  l'on 
veut,  qu'il  ne  s'en  détruit  point  pendant  qu'on 
les  fait  brûler  dans  des  vaifTeaux  clos. 

Les  corps  brûlants ,  &  dansle  mouvement  igné, 
s'éteignent ,  quoiqu'on  les  plonge  dans  des  li- 
queurs inflammables,  foit  queces  liqueurs  brûlent 
elles-mêmes ,  ou  qu'elles  né  brûlent  point. 

Expérience. 

Si  Ton  plonge  dans  de  l'efprit  de  viaenflammé , 
ou  dans  de  l'huile ,  un  charbon  bien  allumé ,  & 
qu'on  l'ôte  enfuite  de  ces  liqueurs ,  on  remarque 

3u  il  eft  éteint ,  comme  fi  on  t'eût  plongé  dans 
e  l'eau.  Cet  effet  vientde  ce  que  ces  liqueurs 
s'appliquent  très  immédiatement  à  la  furface  du 
charbon ,  &  qu'elles  interceptent  au  feu ,  dotu 
le  charbon  étoit  pénétré ,  toute  communication 
avec  l'air. 

Il  rcfulte  bien  évidemment  de  ce  qui  vient 
d 'être  dit,  que  le  concours  de  l'air  eft  absolument 
néceflaire  pour  la  combuftion  des  corps  f  c'eft  fur 
cette  propriété  qu  eft  fondée  toute  la  méchanique 
des  fourneaux ,  comme  nous  l'avons  déjà  dit  à 
l'article  de  l'air. 


144       Crymiè  expérimentale 

Autre    Expérience 
Qui  prouve  la  mime  propqfîtion* 

Lorfqu on  diftille  dans  uhe  cornue  un  végétal 
quelconque ,  &  qu'on  adapte  un  récipient  au  bec 
de  ce  vaifleau ,  on  recueille  les  fubftances  vola- 
tiles que  le  feu  a  fait  élever.  Ces  fubftances  font 
de  l'eau  falée  (qu'on  nomme  efprit  ) ,  de  l'huile 
&  de  l'air.  Il  refte  dans  la  cornue  une  matière 
charbonneufe.  Nous  ne  confidéreroris  >  quant  i 
préfent ,  que  l'huile  &  la  matière  charbonneufe. 

L'huile  qu'on  fépare  dans  cette  expérience ,  eft 
-elle-même  encore  compofée  des  mêmes  fubftances 

3uç  Iç  végétal.  Si  on  la  foumet  de  nouveau  à  la  . 
iftillation ,  on  en  tire  encore  les  mêmes  produits, 
mais  dans  des. proportions  différentes.  Comme 
elle  contient  moins  d'eau  &  moins  de  terre  >  elle 
fournit  moins  de  ces  fubftances ,  que  le  végétal  ;  il 
refte  dans  la  cornue  moins  de  matière  charbon- 
neufe. En  continuant  de  diftiller  ainfi  fucceffive- 
ment  plufieuis  fois  de  fuite ,  on  parvient  à  dé- 
compofer  complètement  l'huilé  que  fournit  cha- 
que diftillation ,  Se  &  la.  téduire  en  air ,  en  eau  Se 
fn  charbon.  Ce  charbon-  contient  prefque  tout 
le  feu  .qui  étoit  combiné  d$iis  le  végétal ,  puifque, 
dans  toutes  ces  opérations ,  il  n'y  a  eu  aucune  in- 
flammation ,  ces  expériences  ayant  été  faites  dans 
des  vaiflèaux  clos  $  &  *  copime  nous  venons  de  le 
dire ,  aucune  matière  combuftible  ne  peut  brûler 
fans  le  concours  de  l'air.  C'eft  ce  charbon  qui  va 
.nous  occuper  maintenant  Jous  le  nom  dephfogifi 
tique  y  &  qui  joue  un  fi  grand  rôle  dans  la  Nature 
&  dans  foutes  les  opérations  de  la  Chymie» 


'ET      R  A  I  S  G  N  N  i  I.  I43 

Sur  le  Phlogiftique. 

D'après  tout  ce  que  nous  avons  dit  fur  les  ma- 
tières combuftiblès ,  nous  croyons  devoir  donner 
au  phlogiftique  la  définition  fuivante. 

Le  phlogiftique  eft  un  principe  fecondaire, 
compofé  de  deux  éléments  primitifs  qui  font  le 
feu  pur  Se  la  terre  vitrifiable.  Cette  combinaifon 
eft  abfolument  privée  d'air  &  d'eau  j  elle  eft  le 
réfîdu  charbonneux ,  provenant  de  la  décompofï- 
tion  de  la  matière  huileufe. 

Il  eft  bien  démontré  que  le  réfîdu  charbonneux 
dont  nous  venons  de  parler,  contient prefqiie 
tout  le  feu  qui  étoit  entré  dans  la  compontion  du 
végétai  :  je  dis  prefque  tout  le  feu ,  pareeque , 
pendant  l'opération  parlaquelle  on  réduit  les  ma- 
tières combuftiblès  dans  cet  état ,  ilfe  diflîpe  tou- 
jours une  petite  quantité  de  feu ,  mais  qui  ne 
mérite  aucune  confidération.  Lorfque  la  totalité 
de  la  matière  combuftible  eft  dans  l'état  charbon- 
neux ,  tout  le  feu  qu'elle  contenoit ,  fe  Trouve 
réduit  fous  le  plus  petit  volume  poffible.  Nous 
fuppofons  que  le  charbon  a  été  formé  dans  des 
vaifleaux  clos  &  fans  inflammation.  La  totalité  du 
feu  fe  trouve  extraite  &  fixée  avec  la  terre  propre 
du  végétai  :  ainfi  la  matière  charbonneufe  eft  donc 
le  feu  uni  à  la  terre  du  corps  organifé.  Cette  ma- 
dère eft  abfolumeiît  privée  d'air  &  d'eau ,  parce- 
3ue  ces  deux  éléments  font  volatils  :  ils  fe  font 
iffipés  par  i'aftion  du  feu,  &  ont  emporté  avec 
eux  ta  plus  grande  partie  de  la  matière  faline. 

Nous  avons  dit  dans  notre  définition  du  phlogif- 
tique, que  la  terre  oui  entre  dans  fa  compofition  , 
eft  une  terre  vitrifiaoie  j  c'eft  ce  que  j'ai  conftaté 
par  une  longue  fuite  d'expériences ,  en  examinant 
Temc  1.  K 


\+6  CbVMIS   IXPERIMENTAtI 

la  terre  des  végétaux ,  des  animaux ,  &  celle  des 
huiles  de  ces  corps  organifés.  J'ai  déjà  publié  une 
partie  de  ce  travail  dans  mon  Mémoire  fur  les 
Argilles.  Nous  rendrons  compte  des  autres  expé- 
riences oui  conftatent  cette  théorie ,  à  mefure  que 
les  occauons  fe  présenteront. 

Ceft  un  phénomène  bien  digne  de  remarque  , 
que  le  feu  puiffe  ainfi  s'extraire  &  fe  raffemoler 
fous  un  peut  volume ,  fans  recouvrer  fes  pro- 
priétés de  feu  pur.  Cela  prouve  bien  ce  que  nous 
avons  dit  précédemment ,  que ,  lôrfque  les  molé- 
cules des  éléments  font  ifolées ,  elles  n'ont  plus 
les  propriétés  des  éléments  en  malle.  Dans  le 
charbon ,  les  molécules  du  feu  font  combinées 
avec  la  terre  du  végétal ,  par  conféquent  ifolées 
par  les  molécules  de  la  terre ,  qui  font  interpo- 
lées entre  celles  du  feu  ,  fuivant  les  loix  de  la 
combinaifon.  Les  molécules  du  feu  ifolées  dans 
le  charbpn ,  font  fans  mouvement ,  fans  flui- 
dité ,  fans  élafticité ,  fans  aâdon  &  dans  un  repos 
parfait  $  mais  elles  font  toutes  prêtes  à  fe  réunir , 
&  à  recouvrer  toutes  les  propriétés  de  feu  pur  Se 
en  aétion  :  il  fufit ,  pour  cela ,  de  préfenter  au 
charbon  un  corps  a&uellement  dans  le  mouve- 
ment igné. 

Nous  avons  fait  remarquer  précédemment  les 
tentatives  que  Boerhaave  a  faites  pour  obtenir  le 
phlogiftique  à  part ,  mais  dans  1  état  de  corn- 
buftion  j  ce  qui  eft  abfolument  impoffible.  Ce 
font  ces  recherches  mal  entendues  qui  ont  fait 
croire  que  l'état  naturel  du  phlogiftique  étoit 
Tignition  :  cette  doârine  a  été  adoptée  par  la  plu- 
part des  Chymiftes. 

Le  feu  ne  peut  être  que  fous  deux  états ,  libre, 
ou  combiné  :  s'il  eft  libre ,  c'eft  du  feu  élémen- 
taire, $c  non  du  phlogiftique.  Dans  cet  état,  il  n'eft. 


*T*.ÀtsbHtfii.  k4? 

pas  poffible  de  le  retenir ,  à  caufe  de  la  difpofi* 
tion-qu'ilaà  s'étendre  uniformément  entre  tous 
les  objets  qui  l'environnent,  jufqu'à  ce  qu'il  fe 
foit  mis  dans  un  parfait  équilibre  }  tuais  lorfque 
le  feu  élémentaire  eft  combiné ,  il  perd  routes  fe* 
propriétés  de  feu  pur.  Lôtfqu*il  n  eft  combiné 
qu'avec  peu  de  fubftance  >  &  qu'il  eft  dans  1  etac 
de  ficcite ,  comme  il  fe  trouve  dans  le  charbon 
d'une  huile ,  &  lorfqu'il  peut  brûler ,  fans  ré- 
pandre ni  fuie  ni  fumée ,  je  le  nommerai  alori 
phlogiftique  ,  afin  de  le  diftinguer  de  là  matière 
combuftible  dans  l'état  huileux.  Nous  Verron* 
d'ailleurs  que  la  fubftance  inflammable  joue  » 
dans  ces  deux  états  de  combinaifon ,  différent* 
rôles  dans  la  Nature  &  dans  prefque  toutes  le* 
opérations  de  laChymie  :  fi  enfuite  on  enflamme 
ce  phlogiftique  par  l'attouchement  d'un  corps 
dans  le  mouvement  igné  *  ce  fera  du  phlogiftique 
g  ai  brûlera  Se  qui  fe  décompofera*  Dans  l'un  St 
dans  l'autre  cas ,  il  eft  toujours  du  phlogiftique  I 
dans  le  premier ,  il  eft  du  phlogiftique  en  repos  ; 
dans  le  fécond ,  du  phlogiftique  en  a&ion ,  qui 
fe  brûle  &  qui  fe  décompofe  :  il  n'eft  pas  néceiïaire 
«ju'il  foit  dans  l'état  d'igrtition ,  pour  êtte  caraâé- 
ttfé  phlogiftique.  Tout  ceci  prouve  évidemment 
que  le  phlogiftique  eft  une  fubftance  coftpofée  $ 
qu'elle  eft  en  repos  lorfqu'elle  ne  brûle  pas,  & 
qu'elle  eft  en  a&ion  lorfqu'on  la  fait  brûler.  Ceft 
une  abfurdité  de  chercher  i  obtenir  à  part  fettô. 
fubftance  dans  l'état  d'ignition ,  mais  qu'elle  ne 
brûle  pas.  Voilà  cependant  à  quoi  fe  réduit  l'ob- 
jet des  travaux  de  cent  qui  ont  Voulu  retenir  à 
>art  le  principe  phlogiftique  j  ce  qui  eft  impolie 
>le.  Une  fubftance  ne  peut  en  même  temps  brû- 
er  &  ne  brûler  pas  :  fi  elle  brûle ,  il  faut ,  pou* 
'.  a  retenir ,  employer  des  vaifleaux  clos  j  mai*  % 

Kij 


Ï4-3       Chymib  bxpIrimentali 

dans  ce  cas,  elle  cefle  de  brûler,  &  s'éteint ,  faute 

du  concours  de  l'air, 

11  réfulte  de  ladiftin&ion  que  nous  avons  faite 
du  phlogiftique  en  a&ion  Se  du  phlogiftique  en 
repos ,  qu'on  peut  obtenir  à  part  ce  principe , 
mais  dans  ce  dernier  état  :  on  peut  alors  le  manier 
à  fon  gré ,  &  le  contenir  enfin  dans  une  bou- 
teille ,  dans  une  boîte  ,  &c.  pour  me  fervir  des 
expreffions  de  ceux  qui  ont  mis  en  queftion  de 
conferver  le  phlogiftique.  Il  fuffit,  pour  cela  >  de 
diftiller  une  huile,  comme  nous  venons  de  le 
dire,  ou  toute  autre  matière  végétale  ou  ani- 
male ,  &  de  conferver  féparément  le  charbon  qui 
refte  au  fond  du  vaiffeau  :  ce  phlogiftique  fera 
d'autant  plus  pur ,  qu'on  aura  employé  une  fub- 
ftance  plus  pure ,  &  que  fon  charbon  fera  chargé 
de  la  moindre  quantité  de  terre  poflible. 

Je  fens  bien  qu'on  m'objeâera  que  ce  réfidu 
charbonneux ,  fur-tout  s'il  provient  de  fubftances 
vég&ales  ,  contiendra  quelques  matières  falines 
étrangères  au  phlogiftique  ,  &  oue  ,  par  confé- 

2uent ,  il  ne  fera  point  du  phlogiftique  pur. 
>>  cela  je  répondrai  qu'il  faut  faire  choix  d'une 
huile  animale  dé j  a  très  re&ifiée  :  elle  laiflera ,  dans 
toutes  les  combinaifons  qu'on  lui  fera  fubir ,  un 
charbon  très-pur  &  privé  de  toute  matière  faline. 
D  ailleurs  la  difficulté  qu'il  y  a  d'avoir  du  charbon 
parfaitement  pur ,  eft  un  inconvénient  commun 
d  toutes  les  matières  qui  ont  un  certain  degré  de 
(implicite.  Le  phlogiftique  eft  un  principe  fort 
peu  compofé  j  il  participe  plus  ou  moins  clés  pro- 
priétés des  éléments  qui  le  forment ,  &  il  eft  aufli 
difficile  de  l'avoir  dans  le  dernier  degré  de  pu- 
reté :  mais'  cela  n'empêche  pas  qu'on  ne  puifle 
très  bien  reconrçoître  (es  propriétés ,  &  en  quoi 
ce  principe  fecondaire  diffère  du  feu  pur. 


ST      RArSOKNÉE.  149. 

On  pourroit  peut-être  encore  me  faire  une  ob- 
jeékion ,  &  dire  que  la  fubftance  que  je  regarde 
comme  du  phlogiftique  pur  ou  prefque  pur ,  peut 
&  doit  néceflairement  ne  jamais  contenir  conf- 
tamment  de  la  terre  &  du  feu  pur  dans  les  mêmes 

S  reportions.  Dans  ce  cas ,  quelles  feront  les  fub- 
ances  intermédiaires  ? 

Je  répondrai,  i°.  qu'il  eft  de  l'effence  du  phlo- 
giftique ,  même  de  celui  qui  eft  dans  l'état  de  va- 
peurs ,  &  qui  produit  des  effets  mortels,  de  con- 
tenir de  la  terre.  Cette  terre ,  dans  le  charbon 
qui  n'eft  point  allumé ,  ifole  les  molécules  de  feu» 
&  s'oppofe  à  leur  réunion  j  mais ,  lorfqu  on  ap- 
plique au  charbon  du  feu  en  aétion ,  ce  teu  déter- 
mine le  développement  &  la  réunion  de  celui  qui 
entre  dans  la  compofmon  du  charbon  ;  c'eft  du 
phlogiftique  qui  brûle  :  comme  tout  ce  que  ce  char- 
ton  en  contient,  ne  brûle  pas  en  totalité,  une 
partie  fe  réduit  en  vapeurs,  mais  clans  l'état  de 
phlogiftique ,  c'eft-à-dire  toujours  unie  à  de  la 
terre.  Cette  dernière  portion  feulement  produit 
les  effets  mortels  dont  nous  avons  parlé }  tandis 
que  la  portion  de  ce  même  phlogiftioue  ,  qui  eft 
réduite  en  feu  élémentaire ,  ne  produit  que  les 
effets  du  feu  pur. 

i°.  Je  réponds  encore  que  le  feu  peut  être  fixé 
par  une  plus  ou  moins  grande  quantité  de  terre. 
Le  phlogiftique  fera  d'autant  plus  pur  ;  que  ces 
deux  éléments  feront  réunis  dans  de  meilleures 
proportions  ;  mais,  dans  tous  les  cas ,  ce  fera  du 
phlogiftique.  Il  y  a  nécessairement  beaucoup  de 
variété  dans  cette  combinaifon  du  feu  pur  avec  la 
terre  j'  il  eft  certairi  qo*il  y  a  plus  de  feu  fixé  dans 
le  charbon  d'une  huile  que  dans  la  partie  ligneufe 
d'un  végétal ,  ou  dans  le  charbon  offeux.  Le  char- 
bon d'une  huile  eft  par  cette  raifon*  infiniment 

K  iij 


15%  CrtYMII    EXPERIMENTALE 

plus  difficile  à  brûler  complettement  que  les  char- 
bons de  matières  végétales  lieneufes.  Il  y  a  fur 
cette  matière  beaucoup  de  recherches  &  d'expé- 
riences à  faire  pour  déterminer  la  quantité  ou  le 
poids  du  feu  qui  entre  dans  les  différents  corps 
organifés.  Ces  expériences  démontreroient  d'une 
manière  complette ,  que  le  feu  eft  pefant ,  &  qu'on 
peut  apprécier  fon  poids  lorfqu  il  fait  partie  des 
corps  >  &  qu'il  eft  un  de  leurs  principes  confti- 
tuants.  On  le  trouve  fans  pefanteur  lorfqu  il  eft 
libre  ,  parceque ,  comme  je  l'ai  déjà  dit ,  il  ne 
touche  point  les  corps ,  &  qu'il  eft  dans  un  exceiHf 
mouvement. 

J'ai  fait  fur  les  corps  organifés  beaucoup  d'er- 
périences  qui  auroient  pu  me  faire  connoître  la 
quantité  de  feu  qui  entre  dans  leur  composition  ; 
mais  »  comme  elles  n'ont  pas  été  faites  dans  cette 
intention ,  je  n'ai  pas  tenu  des  notes  aflez  exaâes 
pour  les  rapporter  ici  :  tout  ce  que  je  puis  dire  de 
plus  générai ,  d'après  mes  expériences ,  c'eft  qu'il 
en  eft  du  feu,  comme  des  autres  éléments  :  il  m'a 
paru  que  les  corps  organifés  ou  leurs  parties  ne 
contenoient  pas  tous  précifément  le  même  poids 
de  feu.  Le  feu,  devenu  principe  des  corps ,  eft  dans 
l'état  de  combinaifon  ;  Jans  lui,  les  corps  orgar 
jiifés  ne  feroient  pas  ce  qu'ils  font  ;  il  eft  pefant , 
pareequ  il  eft  un  de  leurs  principes  conftituants  : 
il  eft  dajis  un  état  bien  différent  de  celui  de  la 
barre  de  fer  rouge  dont  parle  Boerhaave  ;  ce  Chy~ 
mifte  a  trouvé  ce  feu  fans  pefanteur,  parceqa'il 
n'eft  point  combiné,  6ç  qu'il  ne  touefte  pas  le 
métal, 
La  manière  de  décompofer  les  corps  organifés  , 

Knx  connoître  le  poids  du  feu  qui  eft  entré  d*is 
ir  composition ,  confifte  à  faire  brûler  le  char- 
bon de  ces  corps ,  &  celui  qu'on  obtient  de  leurs 


ET     R  A  I  S  O  N  N  h,  I  5  1 

huiles ,  dans  des  vaiffeaux  élevés ,  &  qui  aient 
communication  avec  l'air ,  en  prenant  garde  que 
quelque  courant  d'air  n'emporte  rien  de  la  ma- 
tière ,  linon  que  le  feu  pur  qui  doit  fe  diflîper.  Il 
refte  la  terre  fixe.  Si  Ton  a  pefé  la  matière  char- 
bonneufe  avant  l'opération ,  &  fi  l'on  pefe  enfuite 
la  terre  qui  refte ,  on  faura ,  par  le  poids  qui 
manque ,  celui  du  feu  qui  étoit  combiné ,  &  qui 
«*eft  diffipé  pendant  la  combuftion ,  puifque  la 
matière  phlogiftique  ou  charbonneufe  ne  contient 
plus  rien  de  volatil  que  le  feu  pur ,  incapable  de 
le  diifiper  autrement  que  par  le  concours  de  l'air. 
Il  y  aura ,  à  la  vérité ,  une  portion  de  phlogifti- 
que qui  fe  diflipera  en  vapeurs  fans  brûler ,  comme 
cela  arrive  toutes  les  fois  qu'on  fait  brûler  une 
matière  combuftible  :  c'eft  un  inconvénient*  Il  eft 
impoffible  dans  la  plupart  de  nos  opérations  d'ob- 
tenir le  dernier  degré  d'exaâitude.  Ces  recherches 
continuées  cependant  répandroient  plus  de  lu- 
mière que  nous  n'en  avons  fur  les  proportions  de 
feu  combiné  dans  les  corps  organisés. 

Les  anciens  Chymiftes  ont  donné  différents 
noms  à  la  matière  inflammable  >  tels  que  ceux 
d'huile  ,  de  graifTe ,  de  fourre ,  &c.  Ils  n  avoienc 

{>oint  adoptedes  termes  particuliers  pour  défigner 
e  principe  inflammable  réduit  à  fa  plus  grande 
fimplicité.  Cependant ,  fi  Ton  confondoit ,  fous 
la  même  dénomination  ,  la  matière  combuftible  % 
dans  quelque  état  quelle  fut ,  il  en réfulteroit né- 
cessairement de  i'obfcurïté ,  parcequ'il  y  a  une 
différence  bien  grande  entre  une  huile  &  du  char- 
bon. Il  en  feroit  de  même  fi  on  vouloit  diftinguer 
la  matière  inflammable  par  des  &oms  différents  , 
fiûvant  l'état  où  elle  fe  préfente  :  on  feroit  obligé 
de  multiplier  les  noms  à  l'infini  ;  car,  depuis  l'état 
huileux  ou  graifleux  le  plus  groffiet ,  jufqu'à  ce- 

Kiv 


151  Chymtb  expérimentale 
lui  de  phlogiftique  ou  de  charbon  très  pur ,  il  eft 
facile  de  fuppoler  bien  des  états  intermédiaires 
auxquels  il  taudroit  par  conféquent  donner  diffé- 
rents noms ,  ce  qui  deviendrait  de  la  plus  grande 
obfcurité.  Quelques  Chymiftes  modernes  ont  déjà 
eflayé  d'introduire  dans  la  Chymie  les.  noms  de 
caujliacum  &  Sacidum  pingue^  pour  défignerle 
phlogiftique  qui  eft  dans  fa  chaux  vive.  Outre 
qu'il  eft  inutile  d'introduire  de  nouveaux  termes 
fans  néceflîré  dans  unefcience,  nous  observe- 
rons que  le  nom  d'acidumpingue  eft  très  impropre, 
&  qu'il  he  préfente  rien  de  vrai  à  Teforit,  Lepnlo- 
giftique  dans  la  chaux  n'a  rien  d'acide  ni  de  gras; 
c'eft  du  phlogiftique  mêlé  avec  beaucoup  de  terre 
calcaire  :  ainfi  nous  penfons  qu'il  fuffit  de  diftin- 
guer ,  comme  nous  l'avons  fait ,  la  matière  corn- 
buftible  dans  deux  états  différents  :  1  °.  dans  l'état 
huileux  :  i°.  dans  l'état  non  huileux  ou  phlogifti- 

3 ne.  Toute  autre  dénomination  qu'on  pourrait 
onner  aux  différents  états  dans  lefquels  peut  fe 
rencontrer  cette  fubftance  ,  feroitabufive  ,  &  ne 
feroit  que  répandre  de  l'obfcurité* 

Madères  combujiibles  avec  de  Veau. 

Jufqu'à  préfent  nous  n'avons  préfenté  le  phlo« 
giftique  que  comme  un  corps  charbonneux  3  privé 
par  l'art  d'eau  &  d'air ,  par  l'a&ion  du  feu  fans  le 
concours  de  l'air.  La  Nature  produit  également 
des  matières  charbonneufes  par  le  moyen  du  feu , 
&  fans  le  concours  de  l'air  j  mais  elle  le  fait  en- 
core par  le  moyen  de  l'eau ,  avec  ou  fans  le  con- 
cours de  l'air.  La  putréfaâion  des  corps  combuf- 
tibles ,  ou  le  féjour  de  ces  mêmes  corps  dans  l'eau 
&  même  dans  des  eaux  courantes ,  réduifent  les 
corps  combuftibles  dans  l'état  charbonneux ,  çom- 


ST      RAISONNÉ  I.  153 

me  s'ils  eufïent  éprouvé  l'aétion  du  feu  dans  des 
vaifTeaux  clos.  Il  y  a  peu  de  perfonnes  qui  n'aient 
eu  occafion  de  remarquer  que ,  lorfqu'on  remue 
le  fond  des  petites  rivières  ou  des  étangs,  dans 
lefquels  il  le  trouve  des  matières  combuftibles, 
il  s'élève  une  boue  noire  à  la  furface  de  l'eau  ;  il 
s'en  exale  en  même  temps  une  odeur  de  putréfac- 
tion :  cette  boue  noire  eft  la  matière  combuftible 
qui  tend  à  devenir  charbon.  J'ai  eu  occafion  d'e- 
xaminer du  bois  qui  avoit  féjourné  long-temps 
fous  l'eau ,  &  qui  étoit  converti  tout  en  charbon. 
Les  matières  purement  huileufes  qui  féjournent 
enfermées  dans  des  terreins  humides ,  deviennent 

fureillement  charbonneufes  ;  mais ,  lorsqu'elles 
ont  mêlées  avec  des  fels ,  &  que  ces  fels  ne  peu- 
yentpas  quitter  la  matière  graïfTeufe ,  elles  font 
infiniment  plus  long-temps  à  fe  réduire  en  char- 
bon. Nous  en  verrons  la  raifon  dans  un  inftant. 

On  trouve  dans  la  Nature  beaucoup  de  char- 
bon qui  n'eft  mêlé  ni  avec  du  foufre ,  ni  avec  de 
l'acide  vitriolique.  11  a  été  formé  de  la  même  ma- 
nière fans  le  concours  du  feu ,  puifqu'il  s'en  forme 
fous  nos  yeux  par  ce  moyen  fort  fîmple  :  une  forêt 
inondée ,  &  qui  refte  long- temps  fous  l'eau,  doit 
fe  réduire  en  un  charbon  femblable  i  celui  que 
nous  pouvons  former  dans  nos  laboratoires  par 
l'aâiôn  du  feu  ,  pourvu  qu'il  ne  furvienne  pas 
de  matières  falines  ;  mais,  fi  au  contraire  il  fur- 
vient  beaucoup  de  matières  contenant  de  l'acide 
vitriolique  qui  puifle  fe  mêler  avec  la  matière  com- 
*buftible  ,  il  fe  forme  du  foufre  ;  le  charbon  eft 
minéralifé ,  &il  produit  alors  ce  que  l'on  nomme 
charbon  de  terre.  La  fubftance  huil'eufe  fe  con- 
fcrve  beaucoup  plus  long-temp$  :  c'eft  la  raifon 
pour  laquelle  on  retire  de  l'huile  &c  du  foufre  de 
tous  les  charbons  foffiles ,  tandis  qu'on  ne  retire 


154       Chymii  expérimentale 
ni  huilé  ni  foufre  des  charbons  pareillement  for- 
més dans  l'intérieur  de  la  terre ,  mais  qui  n'ont 
point  été  adultérés  par  des  matières  falines. 

C'eft  un  fpe&acle  bien  digne  d'un  Philofophe 
Naturalifte  de  voir  l'eau  produire  fur  les  matières 
combuftibles  les  mêmes  effets  que  le  feu.  L'eau  a 
même  la  propriété  de  féparer  l'eau  &  l'air ,  prin- 
cipes conftituants  des  corps  organifés,  pour  les 
réduire  en  véritable  charbon,  comme  cela  arrive 
par  l'aétion  du  feu  dans  des  vaiffèaux  clos. 

Je  penfe  au  on  doit  attribuer  tous  ces  effets  â 
l'air  qui  fe  dégage  des  corps  par  le  mouvement  de 
putréiadion  qu'ils  fubiffent  dans  l'eau.  Dans  tes 
endroits  où  les  matières  combuftibles  pourriflent 
fous  l'eau ,  on  voit  fotfVent  s'élever  jusqu'à  fa  fur- 
face  ,  des  bulles  d'air ,  par  l'effet  de  fa  plus  grande 
légèreté.  Cet  air  eft  celui  qui  entroit ,  comme 
principe  conftituant,  dans  la  compofition  de  ces 
corps  organifcs.  Aufli-tot  qu'un  corps  perd  un  de 
fes  principes ,  il  change  de  propriété.  Le  principe 
aqueux  fe  fépare  enfuite  de  ces  corps ,  &  la  fub- 
ftance  reliante  ne  peut  plus  fe  recombiner ,  ni  avec 
de  l'eau  >  ni  avec  de  l'air ,  pour  former  la  matière 
huileufe ,  parcequ'il  lui  faut  un  intermède  falin 
pour  produire  cette  combinaifon.  Il  refte  donc 
enfin  le  feu  combiné  &  fixé  avec  la  terre  propre 
du  végétal ,  ce  qui  forme  une  véritable  fubftance 
ebarbonneufe ,  Se  qui  a  toutes  les  propriétés  du 
charbon  ;  lorfque  fon  féjour  fous  l'eau  a  été  fuffi- 
famment  long  pour  opérer  cette  décomposition* 

Recompqfition  de  la  matière  huileufe.. 

La  définition  que  j'ai  donnée  du  phlogiftique 
n'eft  point  une  affertion  vague.  Nous  avon» 
prouvé  par  plufieurs  expériences  que  c  eft  effeâi* 


ET      RAISONNÉ  I.  1 5  J 

vement  un  corps  fec ,  privé  d'eau  &  d'air  j  enfin 
il  eft  le  charbon  de  la  matière  huileufe  :  il  peut 
redevenir  dans  l'état  huileux  &  reformer  une  vé- 
ritable huile ,  celle  qu'elle  écoic  auparavant ,  en 
lui  rendant  l'air  &  l'eau  qu'il  a  perdus.  Il  çft  vrai- 
femblablement  très  poflible  de  parvenir  à  cette 
recomposition  par  plufieurs  moyens.  Celui  par 
lequel  j'y  fuis  parvenu  ,  a  été  de  diftiller  à  la 
cornue  du  bleu  de  Prufle  qui  m'a  donné  de  l'huile 
en  abondance ,  &  plus  que  fuffifante  pour  dé- 
montrer cette  recompofi tion ,  &  pour  prouver  que 
tout  ce  que  j'ai  avancé  fur  cette  matière  eft  de  la 
plus  grande  exactitude. 

Mais ,  comme  cette  opération  eft  un  peu  com- 

f>liquée,  &  quelle  exige  l'emploi  de  plufieuis 
iibftances  dont  nous  n'avons  pas  encore  parlé , 
nous  renvoyons  cet  objet  à  l'article  du  bleu  de 
Prufle. 

Il  réfulte  bien  évidemment  que ,  fi  nous  pou- 
vons ,  par  des  matières  falines,  reflufeiter  la  ma- 
tière huileufe ,  la  Nature  doit  le  faire  dans  fon 
immenfe  laboratoire ,  &  conferver  long,  temps 
celle  qui  exifte  dans  les  matières  combuftibles 
qu'elle  enfevçiit  fous  tes  eaux, 

Des  propriétés  du  Pklogiflique* 

Le  phlogiftique  eft  le  principe  des  odeurs ,  des 
éouleurs  &  de  l'opacité  des  corps.  Cette  fubftance 
eft  fi  univerfellement  répandue  dans  la  Nature  , 
qu'il  y  a  fort  peu  de  corps  qui  n'en  contiennent 
une  plus  ou  moins  erande  quantité  :  les  pierres 
vitrinables  les  plus  dures  en  contiennent.  Lorf- 
qu'on  les  frotte  l'une  contre  l'autre  >  elles  exha- 
lent une  odeur  phlogiftique ,  pareeque  tout ,  dans 
la  Nature  >  a  été  remanié  plus  d'une  fois  pat  les 


.  J$6  ChYMIB    EXPÉRIMENTAL! 

corps  organifés ,  peut- être  jufqu'au  centre  <îa 
globe.    . 

Le  phlogiftique  n'eft  ni  chaud  ni  froid  :  il  ne 
peut  fe  mettre  en  aâion  &  produire  du  feu  que 
lorfqu'il  y  eft  excité  par  le  contaâ  d'un  corps  ac- 
tuellement dans  le  mouvement  igné  :  lorfqu'il 
brûle,  le  feu  élémentaire  fe  diffipe,  &  la  rertp 
refte  fixe  ;  mais ,  comme  il  eft  prive  d'air  &  d'eau, 
fa  flamme  eft  moins  vive ,  moins  lumineufe  que 
celle  des  corps  combuftibles  dans  l'état  naturel , 
pareeque  l'eau  &  l'air  qu'ils  contiennent  agran~ 
«liftent  la  flamme. 

Le  phlogiftique  eft  de  la  plus  grande  fixité  au 
feu ,  tant  qu'il  n'a  point  de  contaft  avec  l'air  ; 
c'eft  ce  que  nous  avons  vu  par  les  charbons  ren- 
fermés dans  une  boîte  de  fer.  Cette  propriété  le 
rend  très  propre  à  pouvoir  fe  combiner  par  la  fu- 
fîon  avec  plufieurs  corps.  Lorfqu'il  s'unit  aux 
verres  par  la  fufion ,  il  leur  communique  des  cou- 
leurs &  de  l'opacité. 

Lorfqu'il  fe  combine  avec  les  chaux  métalli- 
ques, illesreffufciteenmétal}  il  leur  donne  de 
la  couleur  &  une  opacité  abfolue ,  fans  leur  com- 
muniquer ni  chaleur  ni  lumière  ,  mais  il  leur 
procure  plus  de  fufibilité  &  de  volatilité  j  il  aug- 
mente même  leur  pefanteur  fpécifique. 

Le  phlogiftique  fert  fouvent  d'intermède  pour 
unir  des  corps  qui  ne  s'uniroient  pas  fans  lui; 
telles  font  les  chaux  métalliques  qui  ne  peuvent 
s'unir  avec  le  métal  de  même  efpece.  Ces  mêmes 
chaux  ne  peuvent ,  pour  la  plupart ,  fe  diftoudre 
dans  les  acides  >  parcequ'elles  font  dépouillées 
dephlogiftique. 

Le  phlogiftique  peut  pafler  d'une  combinaifon 
dans  une  autre»  fans  qu'il  ait  befoin  de  s'enflam- 
mer* 


ET      R  A  I  S  O  K  N  i  E.  I57 

Le  phlogiftique  ne  s'unit  pas  avec  cous  les  corps 

3u'on  peut  lui  préfenter  :  il  ne  contraâe  immé- 
iatement  aucune  union  avec  le  principe  aqueux, 
fuifque ,  comme  nous  lavons  dit ,  il  fe  forme  fous 
eau. 
Le  phlogiftique  eft  identique ,  ou  toujours  le 
même  y  de  quelque  corps  qu'on  le  fépare  :  il  eft 
toujours  du  feu  combiné  avec  de  la  terre  vitrifia- 
nte y  il  peut  feulement  être  dans  différents  états 
de  pureté ,  &  produire  alors  des  effets  qui  font 
relatifs  à  fon  état.  Il  n'eft  pas  néceflaire  qu'il  foie 
parfaitement  pur  pour  produire  la  plupart  des 
effets  dont  nous  venons  de  parler  :  il  y  a  même  des 
cas  où  ces  effets  font  nuls  ou  prefque  nuls ,  lorfque 
le  phlogiftique  eft  dans  un  trop  grand  état  de  pu- 
reté. 

Jufqu'à  préfent  nous  avons  confidéré  le  phlo- 
giftique comme  un  corps  fec ,  privé  d'air  &  d  eau , 
fixe  y  incapable  de  s'évaporer  au  degré  de  chaleur 
qai  règne  dans  l'air.  On  me  demandera  comment 
un  pareil  principe  peut ,  dans  nombre  de  circonf- 
tances ,  fe  réduire  en  vapeurs,  produire  des  effets 
mortels ,  des  inflammations  fubites ,  des  explo- 
itons très  bruyantes,&  autres  effets  du  mêmegenre 
qui  arrivent  tous  les  jours.  Ces  obje&ions  ne  dé- 
truifen  t  rien  de  ce  que  j'ai  avancé  fur  cette  matière: 
elles  font  au  contraire  très  favorables  A  démon- 
trer ce  que  j'ai  dit.  Cela  prouve,  i°.  combien  il  y 
a  d'états  intermédiaires  entre  le  feu  pur ,  la  fub- 
ftance  inflammable  la  plus  pure ,  &  là  matière 
inflammable  dans  l'état  nuileux  le  plus  greffier  : 
i°.  combien  ce  principe  inflammable  peut  chan- 
ger de  propriétés ,  relativement  à  l'état  où  il  fe 
trouve ,  &  à  la  proportion  dans  laquelle  il  eft  com- 
biné avec  plus  ou  moins  de  principes  terreux.  La 
4ofe  du  feu  élémentaire  peut  rçftçr  la  même ,  & 


Z5*  ChYMIÉ   BtPB&ÎNEBtfTÀll 

celle  de  la  terre  diminuer  de  plus  en  plus*  Une 
très  petite  quantité  de  terre ,  a  caufe  de  l'extrême 
petitefle  de  fes  molécules  intégrantes ,  fixe  une 
plus  ou  moins  grande  quantité  de  feu  élémentaire. 
Comme  la  terre  eft  très  fixe ,  elle  fait  participer 
au  feu  qu'elle  combine ,  une  partie  de  fa  fixité , 
lorfqu  elle  fe  trouve  en  grande  quantité ,  comme 
dans  les  matières  charbonneufes  ;  ce  phlogiftique 
eft  alors  très  fixe  :  mais ,  lorfqu  au  contraire  le 
feu  élémentaire  fe  trouve  combiné  en  grande  dofe 
avec  la  plus  petite  quantité  de  terre  *  fuffifante 
néanmoins  pour  faire  perdre  au  feu  élémentaire 
fes  propriétés  de  feu  pur,  le  phlogiftique  parti- 
cipe alors  davantage  des  propriétés  du  feu  :  dans 
cet  état,  il  fe  réduit  facilement  en  vapeurs: il 
produit  alors  fes  effets ,  non  comme  reu  pur , 
parcequ'il  ne  ceffe  point  d'être  combiné  ;  mais 
comme  phlogiftique ,  il  détruit ,  en  tout  ou  en 

{>artie ,  le  reflbrt  de  l'air  :  la  mort  fuit  de  près ,  fi 
on  ne  fe  retire  promptement ,  auffi-tôt  que  Ydti 
commence  à  reflêntir  les  effets  de  ces  vapeurs 
phlogiftiques. 

Tout  ceci  prouve  donc  que  le  phlogiftique  eft 
fixe  quand  il  entre  beaucoup  de  terre  dans  fa 
compofition,  &  qu'il  eft  au  contraire  très  volatil 
quand  c'eft  le  feu  élémentaire  qui  prédomine  fur 
le  principe  terreux. 

Le  phlogiftique,  en  fe  réduifant  en  vapeurs , 
entraîne  avec  lui  quelques  fubftances  des  matiè- 
res dans  lefquelles  il  fe  produit ,  fur»tout  lorfque 
ces  matières  font  elles-mêmes  volatiles j  du  moins 
on  eft  en  droit  de  le  préfumer ,  parceque  les  va- 
peurs phlogiftiques  ne  font  pas  toujours  inflam- 
mables ,  quoiqu'elles  occasionnent  conftamment 
des  effets  morrels.  Lorsqu'elles  font  accompa- 
gnées de  quelques  fubftaoces  huileufes  éthérées* 


ÏT     RAISONNAS.  IJ9 

ou  de  foufre  réduit  en  vapeurs,  elles  s'enflamment 
avec  explofion ,  comme  il  arrive  dans  certains 
fouterrems  de  mines.  Le  même  effet  a  lieu  lors- 
qu'elles font  produites  par  des  matières  combus- 
tibles en  putréfaction.  Les  vapeurs  phlogifHques 
oui  s'élèvent  du  charbon  quon  fait  brûler  ,  ne 
font  point  inflammables,  quoiqu'elles  produifent 
des  effets  mortels  }  du  moins  jufqu'à  préfent  on 
n'a  point  remarqué  qu'elles  le  fuflent. 

Il  refaite  évidemment  de  toutes  ces  propriétés 
du  phlogiftique ,  qu'il  diffère  effentiellement  du 
feu  pur.  11  n'y  a  perfonne  qui  ne  fâche  que  lors- 
qu'on fait  brûler  du  charbon  ou  de  la  braife  dans 
une  chambre  bien  fermée,  l'organe  de  l'odorat  fe 
trouve  affeâé  d'une  manière  bien  fenfible  :  mais 
la  vapeur  invifible  qui  s'exhale  du  charbon  ou  de 
la  braife  allumée,  affe&e  bien  plus  vivement  en- 
core le  cerveau;  &  la  mort  fuit  de  près  fi  l'on  ne 
fe  retire  auffi-tôt  que  ces  effets  fe  font  fentir.  Il 
n'en  eft  pas  de  même  de  l'efprit  de  vin  qu'on  fait 
brûler  de  la  même  manière  :  il  n'en  eft  pas  de 
même  non  plus  du  charbon  qu'on  fait  brûler  dans 
une  cheminée ,  ou  dans  un  poêle  ,  dans  lequel 
l'air  extérieur  peut  circuler  librement.  ( 

Les  effets  qui  arrivent  dans  le  premier  cas , 
viennent  de  ce  que  le  charbon  ne  contient  ni  air 
ni  eau.  Une  portion  de  phlogiftique  fe  réduit  en 
vapeurs  par  1  aâe  de  la  combuftion  :  ces  vapeurs, 
n'ayant  pas  eu  le  temps  de  fe  brûler  &  de  fe  ré- 
duire en  feu  élémentaire ,  circulent  dans  la  cham- 
bre ,  abforbent  l'eau  répandue  dans  l'air ,  détrui- 
fent  le  reffbrt  de  l'air  en  tout  ou  en  partie.  Ges  va* 
peurs  font  invifibles ,  parcequ'elles  ne  font  ac- 
compagnées d'aucune  rumée.  Les  effets  que  le 
phlogiftique  produit  fur  ceux  qui  y  font  expofés, 
viennent  vraifemblablement  de  la  grande  difpo» 


l£0  CHYMIE    EXPÉRIMENTAL! 

fitioh  que  le  phlogiftique,  réduit  dans  cet  écat,* 
a  pour  fe  combiner  avec  les  corps  qu'il  rencontre. 

Les  vapeurs  qui  s'élèvent  pendant  la  combus- 
tion de  l'efpritde  vin ,  ne  produifent  pas  le  même 
effet,  parcequ'il  entre  dans  la  compofition  de 
cette  liqueur  beaucoup  d'air  &  d'eau,  qui  fe  dé- 
gagent a  mefure  qu'elle  brûle  ;  il  fe  fait  par  confé- 
quent  une  compenfation  :  d'ailleurs  l'eau  conte- 
nue dans  l'efprit  de  vin  retarde  la  combuftion , 
&  donne  à  la  matière  inflammable  le  temps  de  fe 
brûler  en  totalité.  ' 

Les  huiles  qu'on  brûle  dans  des  lampes ,  pro- 
duifent ,  dans  des  endroits  fermés ,  à-peu-piès 
les  mêmes  effets  que  la  vapeur  du  charbon  ;  dans 
un  degré  moins  fort,  à  la  vérité,  parcequ elles 
contiennent  toujours  une  petite  quantité  d'air  & 
d'eau ,  dont  le  charbon  eft  entièrement  privé. 

La  bougie  de  cire ,  en  brûlant ,  exhale  moins 
de  fumée  que  la  chandelle  de  fuif  de  boeuf,  & 
elle  répand  moins  d'odeur  phlogiftique ,  parce- 
que  la  cire  eft  plus  difficile  à  fe  liquéfier  par  la 
chaleur  :  la  quantité  pompée  par  fa  mèche  fe  brûle 
prefque  en  totalité  j  au  lieu  que  le  fuif,  étant 
plus  facile  à  fe  liquéfier ,  eft  pompé  par  la  mè- 
che en  plus  grande  quantité  qu'il  ne  peut  s'en 
brûler.  La  chaleur  que  ce  fuif  éprouve  le  réduit 
en  vapeurs  fuligineufes ,  qui  incommodent  pref- 
que autant  que  celles  du  charbon.  Les  huiles 
qu'on  brûle  ta  lieu  de  fuif  font  encore  plus  dan- 
ger eufe  s..  Comme  elles  font  ordinairement  liqui- 
des ,  elles  font  pompées  par  la  mèche  en  plus 
grande  quantité  ,  &  elles  produifent  beaucoup 
plus  de  vapeurs  phlogiftiques. 

Tous  les  accidents  qui  peuvent  arriver  par  ces 
fortes  de  vapeurs  phlogiftiques,  renfermées  dans 
une  chambre,  n'ont  point  Ueulorfqu'on  fait  éva- 
porer 


ê  f    k  A  i  s  o  ta  tf  i  ti  \6t 

tJôrèren  même  temps  une  grande  quantité  d'eaiu 
Je  l'ai  éprouvé  fur  moi-même. 

Ces  accidents  n'ont  plus  lieu  également  lotf- 
■qu'on  fait  brûler  du  charbon  dans  une  cheminée  , 
ou  dan*  un  poêle ,  où  l'air  circule  librement ,  par- 
cequ*  les  vapeurs  phlogiftiques  font  emportées 
continuellement  par  le  courant  de  l'air.  Il  n'y  a 
que  le  feu  pur  &  élémentaire  qui  fe  tamife  att 
travers  des  tuyaux  des  poêles.  La  portion*  de 
f>hlogi(tique  en  vapeurs ,  qui  s'élève  pendant  là 
Combuftion  du  charbon ,  n'eft  ni  auffi  déliée  ni 
uuffi  fubtîle  que  le  feu  pur  2  elle  eft  hors  d'état  d* 
"ie  tamifer  de  la  même  manière  au  travers  des 
•pores  des  tuyaux  des  poêles  :  elle  a  même  fi  peu 
de  difpofition  pour  fe  tamifer  au  travers  des  corps, 
•qu\*e  feuille  de  papier  fuffit  pour  intercepte* 
ion  paiîage* 

Les  autres  propriétés  du  bhlôgiftiqtlé  font  trop 
générales  &  trdp  nombreufes  apr  que  nous  puit 
lion*  les  rapportemoutes  ici  j  nous  les  ferons  re- 
marquer à  mefure  que  l'occafion  s'en  préfenterai 
•mais  ce  que  nous  en  avons  dit  eft  bien  fuffifartt 
poutf  qu'on  ne  le  confonde  pas  avec  le  feu  élé- 
mentaire. 

Sur  là  Tefte  calcaire. 

Diaprés  tout  ce  que  tioûs  avons  dit  fur  la  tette  * 
il  eft  bien  prouvé  que  c'eft  la  terre  vittifiable  qui 
eft  la  terre  primitive  6c  élémentaire.  Elle  eft  né* 
te(Tairemeht  la  plus  ancienne  de  toutes  les  matiè- 
res terreufes  :  c'eft  elle  qui  fait  le  fond  de  la  terre 
calcaire  j  mais  cette  dernière  en  diffère  beaucoup 
-par  les  altérations  que  lui  ont  occafionnées  le* 
corps  organifés.  Mais  comment ,  me  dira-t-on  , 
cette  terre  a-t-elle  reçu  ces  changements ,  &  quel* 
Tomt  /.  L 


I#t  ChYMÎÉ   EXPÉRIMENTAI* 

fondes  moyens  que  la  Nature  emploie  pou  pro» 
duire  cette  terre  ?  Ceft  ce  qoe  nous  aÛons  exa~ 
miner. 

La  terre  calcaire  ,  comme  nous  le  démontre* 
rons,  eft  compofée  de  parties  égales ,  ou  à  pea- 
près ,  de  terre  élémentaire  &  d'eau ,  mêlées  avec 
une  certaine  quantité  de  matière  phlogiftîque  & 
d'air. 

Jufqu  à  préfent  il  a  été  impoflible  aux  Chymi£- 
tes  de  faire  cette  combinaifon.  J'ai  fait  beaucoup 
de  tentatives  qui  n'ont  été  fuivies  d'aucun  fuccès  : 
mais  la  Nature  le  fait  en  grand ,  d'une  manière 
très  (impie  &  très  marquée  :  elle  emploie ,  pour  y 
parvenir,  tous  les  infeékes  de  mer  qui  fe  forment 
des  niches  pierreufes  >  &  tous  les  poiflbns  ttftdcées 
eu  à  coquilles.  Tout  ce  qui  exifte  de  terre  chaire 
a  été  fait  par  ces  animaux ,  comme  Ta  démontré 
M.  de  BufFon  (i).  Ceft  un  des  plus  beaux  &  des 
plus  grands  mow ,  &  le  feul  que  la  Nature  em- 
ploie pour  changP  l'élément  terreux  >  &  pour  en 
former  une  forte  de  principe  terreux  propre  i  en- 
trer, fous  cette  forme,  dans  d'autres  combinai- 
fons ,  &  fpécialement  dans  la  composition  des 
matières  falines  en  général.  Lorfque  cette  terre 
entre  dans  la  combiuaifon  des  fels ,  elle  redevient 
terre  vitrifiable,  comme  elle  étoit  auparavant; 
cependant  plus  ou  moins  :  c'eft  ce  que  nous  exa- 
minerons à  l'article  des  matières  métalliques. 

Je  n'examine  point  ici  la  méchanique  qu'em- 
ploient ces  animaux  pour  fe  conftruire  leur  loge- 
ment y  ce  feroit  une  digreffion  qui  m'éloigneroit 
trop  de  mon  fujet  :  je  ferai  remarquer  feulement 
que  ces  animaux  ,  ne  pouvant  vivre ,  comme  tous 
—  ■» 

(  i  )  Hiftoire  Naturelle  M-40.  premier  roi.  page  17  % 


*T     RAISONNÉ  Ê.  iffj 

les  autres ,  que  de  végétaux ,  changent  par  corn 
féquent  la  nature  de  la  terre  vitrinable  en  terre 
calcaire;  On  conçoit  facilement  que  des  animaux 
qui  ne  peuvent  vivre  que  fous  l'eau ,  combinent 
liéceflairfement  la  terre  des  végétaux  dont  ils  fe 
nourrirent,  avec  le  principe  aqueux.  Ce  ne  peut 
être,  qu'avec  une  femblable  combinaison  qu'ils 
conftruifent  leurs  logements)  mais,  pour  leur 
donner  de.  la  folidité  ,  ils  diftribuent  >  entre  les 
molécules  terreufes  y  une  fubftance  mucilage 
neufe ,  parfaitement  animalifée.  Cette  fubftance 
fait  fonûion  de  colle  ;  elle  lie  les  molécules  ter* 
reufes  entré  elles ,  pour  former  un  tout  aflez  fo- 
lide  pour  la  confervation  de  l'individu.  Je  ne  fuis 
pas  en  cela  de  l'avis  de  M.  de  Buftbn ,  lorfqu'il 
die ,  page  x] ,   Volume  i  j  ,  «wf°  :  »  Les  ani-* 
»   maux  à  coquillps  transforment  l'eau  dç  la  mec 
»  en  pierre,  produifeht  le  corail  &  tous  les  ma- 
»  drépores».  Il  eft  difficile  de  concevoir  que  de 
l'eau  puifle  fe  changer  en  terre.  L'eau  eft  un  élé- 
ment qui  ne  peut  contracter  que  des  combinai-* 
fons  )  mais  elle  n  eft  point  fufceptiblede  changée 
de  nature  t  elle  entre  bien  dans  la  compofition  de 
la  terre  calcaire  5  mais  c  eft  comme  principe  cons- 
tituant. Si  on  la  fépare ,  elle  receuvre  toutes  fes 
propriétés  d'eaur  Lorfque  l'animal  à  coquille  pé-> 
rit; ,  ta  matière  animale ,  qui  fait  partie  de  la  co«* 
quille  >  fe  détruit  >  comme  l'huile  dés  autres 
corps  qui  féjournent  fous  l'eau  j  maris  le  réiîdu 
charbonneux  &  le  principe  aqueux  reftenc  .coi*** 
binés  avfc  la  terre,  &  en  font  partie  pour  cou- 
jours  »  du  moins  tant  que  cette  terre  refte  terre 
calcaire.  On  .obferve.<;eâchangemdUs;.dela;ma* 
tiere  combuftible  des  teftacées,  dans  des  tas  deccH 
quilles  d'huîtres  atnoncelces.  Lorfque  la  fubftance 
^nimale  entre   en  putréfadkion  p  ce*-CotyiiUes 

tij 


i^4  Chymib  expérimentale 
exhalent  nne  odeur  femblabie  à  toute  autre  ma- 
tière qui  fe  putréfie  :  la  terre  calcaire  prend  des 
couleurs  noires,  bleues,  vertes,  &c.  Le  laps  de 
temps ,  Se  l'aâion  de  l'air  &  de  1  eau ,  détruifent 
enfin  la  plus  grande  partie  de  ce  qui  a  échappé  à 
la  putréfaction.  La  terre  calcaire  paroît  alors  avec 
toute  la  blancheur  qui  lui  eft  naturelle ,  &  avec 
toutes  fes  autres  propriétés  :  néanmoins  elle  re- 
tient opiniâtrement  un  refte  de  matière  inflam- 
mable ,  non  dans  l'état  huileux,  mais  dans  celui 
de  phlogiftiaue,  dont  la  grande  quantité  de  tero 
empêche  la  deftru&ion  complette. 

Tous  ces  changements  arrivent  à  k  fubftance 
animale  des  coquilles,  de  «la  même  manière  que 
nous  l'avons  dit ,  en  parlant  de  ceux  qu'éprouvent 
les  matières  combumbies  végétales  qui  féjeur- 
nent  fous  les  eaux.  C'eftài9airJ  quife  dégage  d'a- 
bord par  le  mouvement  de putréfaSion{i) ,  &c.Ott 
auroir  tort  de  rejetter  en  doute  Pexiftence  de  l'air 
dans  la  compofition  des  matières  animales  qui  fe 
font  formées  &  qui  exiftent  dans  Peau.  Toutes 
les  expériences  chymiques  .démontrent  que  ces 
matières  animales  contiennent  autant  d'air  que 
les  animaux  qui  refpirent  immédiatement  cet 
élément  :  en  un  mot,  l'air  eft  un  principe  confti- 
tùant  de  toute  matière  animale  j  &fans  ce  prin- 
cipe il  nyauroitpdintdanimalifation.  En  quel* 
que  endroit  du  globe  que  fe  forment  les  ani- 
maux ,  on  les  trouve  toujours  pourvus  d'une 
quantité  d'air  qu'ils  ont  affimilé  à  leur  fubftance, 
proportionnellement  à  leur  nature  j  car  tous  les 
animaux  n'en  contiennent  pas  la  même  quantité , 
somme  Xzc  démontré  M.  Haies  dans  ù.  Statique 


.01  Voyez  page  xji. 


dts  Végétaux  &  dans  celle  des  animauf.  04  YPU- 
<lra  bien  me  difpetnfer  ^efl^rer.dafts^J^s^cléeailç 
de  méchanique  quemploienr  ces  aoûftaw  BQUf 
prendre  4ai*s  l'e^  i'*i*  ^Qefl^ir^  £  leur<<èwirue 
tion ,  pour  ne  m'attachei:  ;qu  a  mon  objet ,  qui  eft 
la  terre  calcaire.  .  .\ 

La tpjjife  caicwe f#  répandue  avec ii3Gigï«ide 
abondance  dans  l^Nauiré  j  mais  comme. dite  eft 
de  formation  fe&dfi^?-#  qu'elle  eft  produits 
par  les  animaux  dont  nous  venons  de  parler ,  elle 
Fait  la  plus  petite  pajtie  de  la  coE^itawa- du 
gloJ>e..  Qn  la  trouve.,  dans  certains  «n^KSj-i 
des  profondeurs  considérables ,  à  plus  de  «miUe  Se 
i\o\\zt  cent*  pieds.  On  peut  juger  pat  cette  pro- 
fondeur ,  descelle  qu'avoient  eux-mêmes  cea  .eit- 
droits» av^n;  qu'Us  iuffen t. fonds  daroers.j  percer 
au'il  n  y  a  que  dans  la  mer ,  &  par  le.  concours 
des  anjmftu?,  que  puiffe  (e  former -cette  teuc 
An-defous  de  ces  endroits  quifervoient;ajj&refot$ 
rie  4oft4:4  la  mer ,  on  jne  trouve  [>lu$  de  terre  calr 
caire.;  ce  neft  que  de  la  terre  vitrifiable,  fous  dif- 
£èr^ij>te$  formes  >>a>ai$  communément  foûS  celle 
d^febie,  ;  - .  ••*-■... 

,  Toutes  les  piètres  calcaires ,  comme  le  remar- 
que «es  bien  M.  defiuifcn  »  font  formées  de  co- 
quiUf  s  brifées  y  détruites;  reduitesflrême'efi  pouf- 
l^ere^  jtefiant  ;e»fei»We  par  l'aftni  té -d'adhé- 
rence^: aeiledagrégation.  Il  eftabfo\nmencim- 
poffible  de  .trouai:  dans4a  Nature  une  terre  cal- 
cm$  qui  ne  foir  formée  de  coquilles ,  &  qui  n'en 
contienne  encore  gufetaues  veftiges ,  fi  ce  neft 
<gile$  qui  fomrJcryftaUifees  ;  jious  en  dirons  les 
raifons  dans  uninftant  :  les  pierres  calcaires  ont 
4ûi^leu^§  les  mêmes  propriétés  chymiques  que  la 
teraeades  coquiHes:{t$pu  elles  doivent  leur  ori- 
gine;; Xfes  déplacements  de;  la  mer  y  qui  ont  eu 

Liij 


\X6        Cfl^write  t* piRlMBUTAtï 
lieu  à  «ïifl&êittes  reprifes  ,  ont  laiffé  par-tout  dé 
U  terre  calcaire.  Il  étoit  néceff^ire  qu'elle  fît  ia 
révélation  Wi'tpur  du  globç  pouf  laifler  cette  terre 
fi  utile  pour  la  bitifle.  Il  feroit  laborieux  &  di£« 
pendieux  fi  Ton  étoit  pbiigé  d'employer  despier* 
y  es  vitrifiables  pour  ces  ufages. 
?    -On  me  demandera  peut-être  comment  ont  pu 
fo  former  ces  chaînés  de  mohtagnes  de  pierres 
«ràicaîrè^,  &  celles  de  coquilles,  dont  plufieur* 
pnt  une  épaifleur  confidérable ,  8c  d'une  grande 
étendue.    Je  penfe  que  ce$  grolfes  chaînes  de 
montagnes  'de  pierres  calcaires  dont  on  fe  ferc 
ptim;b&tuV&tt  été  formée*  dans  làmercomme 
toutes  les  autres  montagnes ,  par  dépôt  de  co- 
quille* brifées  &  réduites  en  poudre.  Le  laps  de 
temps  &  i'attra&ion  des  particules  d$  la  matière 
ont  agréée  cetffubftances  entre  elles,  8c  ont  for- 
fnécfesrpiewesqui  ont  plus  ou  moins  de  dureté, 
plus -ou -moins  de  fineflè,  à  proportion  que  ce$ 
fna*iëfi$Sétoi&nt  elles-mêmes  aans  des  états  plus 
favorables  pour  acquérir  dé  lifolidité. 
-.  À  ¥  égara  des  montagnes  qâi  fie  font  compcn 
fées  que  de  coquilles ,  &  fouyent  de  même  eipe- 
x^^ntx  peurcroire  que  les  teftacées  fe  comportent 
comme  le*  animaux  terreifees  ^  qu'ils  fe  canton- 
nent; àaœ&m&t  :  ils  adoptent  une  place,  croif- 
fent,  vivent^  périflent  &  reftent  ou  ils  ont  pris 
•naiflance  j  d'autres  cro^Tent-pàt-deRas  les  pre- 
miers^ &*efient  de  même;  11  ne  feuf,  après  cela, 
que  du  tômps  pourfcrmer  une  chaîne  de  monta* 
gnescoqùilleresde  toutç  détendue  du  canton  que 
ces  animaux  ont  adopté  Wes  montagnes  conti- 
nuent do  s'élever  ;  jufqa^tÉrqtt'enlirf  le«  teftav 
cées  ne N trouvent  plus  ara-deftwd'eijs  une épaif* 
|eur  d'eau  fuffifancepoue  continuer  d'y  feiie  tearç 
{k)m.içile.  pans  çetçe  hypotfaçfe^'il  eft  facile  4a . 


!T      RAISONNÉ!.  \Sf 

Concevoir  pourquoi  il  n'y  a  point  de  coquilles 
dans  les  vallons  au  pied  de  ces,  montagnes:  c'eft 
que  ces  vallons  ne  faifoient  point  partie  du  catv* 
tonnement  de  ces.  animaux* 

Etats  fous  le/quels  ta  Nature  nous  préfente  ta  Terr* 
calcaire  que  Von  nomme  aujji  alkaUne  &  ajbfor- 
bante. 

Examinons  préfentement  les  différents  état* 
fous  lefquels  ta  Nature  nous  préfente  la  terre  cal- 
caire ,  ou  plutôt  tes  changements  que  les  coquilles, 
ont  éprouvés  par  te  laps  de  temps. 

La  terre  calcaire  eft  fous  différentes  formes  ^ 
comme  ta  terre  vitrifiable.  Je  ne  parle  que  de 
celle  qui  a  un  degré  de  pureté  fuffifant  &  diftinft 
de  tontes  les  autres  fubftances  rerreufes. 

Entre  les  pierres  calcaires,  les  unes  font  en 
grandes  maffes  irréguUeres  ,  dont  tes  parties 
adhèrent  par  l'affinité  de  cohéfion  qu'ont  entre 
elles  les  parties  de  la  matière  \  tels  font  les  moel- 
lons, les  pierres  à  bâtir,  te  marbre  blaivç  ,  &c* 
La  caffure  de  ces  pierres  eft  plus  on  moins  gre- 
nue, comme  celle  du  fucre*.  Toutes  ces  pier* 
res  fe  laiffent  imbiber  par  Teau  avec  plus  ou 
moins  de  facilité.  Qn  fe  fêrr  >,  avec  une  forte  d& 
f accès,  des  pierres  les  plus  poreufes  de  cette  ef- 
pece  pour  filtrer  de  Peau,  après  les  avoir  çreufée* 
en  cône ,  en  plaçant  la  pointe  en  bas* 

On  trouve  des.  pierres  catcaires  çryftallifées 
fymmétriquement  >  &  variées  à  l'infini  >  d'uns 
pefanteqr  fpécifique  beaucoup  plus  grande  qu$ 
celle  àes  précédentes ,  &  qui  approchent  mems: 
des  terres  vitrifiables  en  pefanteur,, On  les  appelle 
fpatks  catcaires:  elles  ont  des  facettes  brillantes* 
Ces  pierres  ne  différent  des  précédentes  que  pa* 


ltf8        Chymib  expbriment.alb 

l'arrangement  de  leurs  parties.  Il  y  a  lieu  de  croire 
qu-  U  matie  re  terreufe  ,  en  partie  difïbute  oar 
l'eau ,  a  été  tellement  divifée ,  que  les  molécules 
terreufes  ,  en  s'attirant  mutuellement  pour  fe 
réunir,  ont  pris  entre  elles  cet  arraheement  fym- 
jnétrique  &  cryftailin  qu'on  leur  ooferve.  Ces 
pierres  font  plus  dures,  plus  compares  que  les 
précédentes  :  elles  ont  une  demi-tranfparence ,  & 
ne  fe  laiflent  point  imbiber  par  de  l'eau.  Parmi 
les  pierres  de  cette  e£pece  ,  il  y  en  a  dont  la  terre 
a  été  complètement  difloute  dans  l'eau,  &  qui 
$'eft  cryftallifée  enfuite  très  proprement.  J'ai  ru 
de  ces  pierres  qui  avoient  le  coup  d'oeil  &  l'ap- 
parence du  cryftal  de  roche  :  elles  en  avoient ,  à 
très  peu  de  chofe  près ,  la  tranfparence» 

Il  y  a  d'autre;  pierres  calcaires  plus  dures  que 
les  précédentes ,  demi-rranfpareutes ,  &  qui  n'ont 
d'autres  figures  que  celles  que  leur  procurent  les 
différentes  circonftances  qui  contribuent  à  leur 
formation.  Ce  font  Usfialaclius  qui  fe  forment 
dans  les  caves  gouttières  &.dans  les  grottes,  & 
dans  toutes  les  cavités  qui  font  dans  Hntérieuc 
de  la  terre  >  où  l'eau  peut  fuinter ,  s'évaporer  & 
laifler  la.portion  de  terre  qu'elle  tenoït  en  diffb- 
lurion.  La  terre  refte  attachée  à  la  voûte  de  la 
caverne ,  augmente  à  mefure  qu'il  en  vient  de 
nouvelle ,  Se  prend ,  par  fuccefllon  de  temps , 
des  figures  fingulieres  &  variées  ï  l'infini,  La 
formation  de  ces  maiTes  jde  terre  eft  femUable 
aux  glaçons  qui  pendent  aux  toits  lorfqu  il  vient 
un  faux  dégel  après  qu'il  a  neigé. 

La  terre  calcaire  fe  préfente  encore  fous  la  fins» 
pie  d'une  poudre  blanche  plus  ou  moins  fine. 
Quelquefois  les  parties  de  cette  terre  font  légère* 
nient  agglutinées  entre  elles,  &  forment  les  craies, 
dont  la  confiftaiiçe  des  malTes  vwq  à  l'infini. 


ET      *  À  I  S  Otf  N  i  *.       .  \6$ 

^  Toutes  les  coquilles  des  oeufs  doifeau*  font 
encore  de  la  terre  calcaire ,  mais  mêlée  d'un  pa* 
renchyme  animal  >  comme  dans  les  coquilles  des 
poifIbn.fi ,  qui  fert  également  à  donner  d.e  la  foli- 
dite  à  ces  coquilles. 

Plusieurs  habiles  Chymiftes  ont  encore  mis  au 
rang  des  terres  calc^tos  çejles  <ju'on  rire  des  vé- 
gétaux &  des  os  par  la*xwnbuft*Qn/.i?ui$  ces  fub- 
(tances  terreufes  en  différent  essentiellement. 
Celles  qu'on  iepare  des  végétaux  eft  de  la  terre 
vitrifiable  ;  &  celles  des  os  tiennent  le  milieu 
entre  les  terres  vitrifiables  &  les  terres  calcaires  : 
mais  ni  les  unes  ni  les  autres  ne  font  de  la  chaux 
vive»  par  la  cakinaçipn  ;  ce  qui  eft  un  cara&ere 
fpëcihque  des  terups  calcaires,  Nw^pvUrons  de 
ces  te^es  pvk&vW-.  vl  :   * 

Propriétés  d^T€n€*f4<$ixç6j  .  ? 

'.To.ittes,  les  pierres  calqaii^s  font  beaucoup 
moins  dures  que,  les  pierres  vitt^abAe£.:  Aucune 
ne  fait  feu  ficappée  contre  de  l'acier  -y  au  contraire 
elles  fe  iaif&nt  toutes  entamer  âf  rayçr  par  la 
pointe  d'un  couteau.  -:  .  „  . 

^J^cuue  pierre  c^lc^  ^'a  la  pefaaDeur  de  la 
terre  vitrifiable,  même  les  fpatas  calcaires  les 
piiwpefaiirs. 

Toutes  les  terres  calcaires  fe^iffol  veut  dans  les 
acides  avec  chaku^fc effervescence.;  on  fe  fert 
de  ce  moyen  pour  les  diftingwer  :  m*&  flows  en 
parlerons  plus  particulièrement  lorsque  nous  exa- 
minerons les  propriétés  des  matiçcçs  faillies. 

Les  pierres  calcauçs  ne  font  pas  ronces  égaler 
ment  pures  j  il  y^aentre  elles  la  «êe^  différence 
que  celle  que  nous  avons  fait  remarquer  eau» 
les  pierres  vitrifiables-  Tous  1^  narines  coloré» 


font  de  k  terre  calcaire  fort  impare  :  leurs  ccm^ 
leurs  font  la  plupart  métalliques  i  ils  contiennent 
prefque  tous  une  plus  ou  moins  grande  quantité 
tfargille. 

La  terre  calcaire  la  plus  pure  que. f  aie  reconnue 
par  des  expériences  faites  fur  cette  matière  ,  eft 
le  beau  marbre  blanc  ,  ou  les  beau*  fpaths  cry£- 
tallifés,  bien  tranfparents. 

Terre*  calcaires  expofécs  qufeii  dans  desvahffeausC 
cfos. 

Chaux  yivc.     . 

On  met  dans  une  cornue  de  grès ,  capable  de 
réfifter  à  une  violente  a&ton  du  feu ,  des  mor- 
ceaux de  marbre  blanc  :  on  place  la  cornue  dans 
un  fourneau  qui  pouffe  bien  :  on  adapte  à  la  cor-* 
nue  un  b&ttenàu  réèipiènr  :  on  lu  te  les  join- 
tures :  alors  on  échauffe  la  cornue  par  degrés,  & 
Ton  augmente  le  feu  jufqu'ï  ce  qu'elle  fou  ronge 
i  blanc  :;on  l'entretient  dans  cet  état  pendant 
environ  trois  heures  :  on-laifle  refroidir  tes  vaif- 
feaiïx  fuffifomment ,  &  on  déluré  le  ballon  :  on 
verfe  ce  qu'il  contient  dans- un  flacon  :  on  en- 
levé la  ebrrièè  du  fourneau  :  dirvçrfe  fur  un  pa- 
pier ce  qu'elle  contient ,  8é  on  Penfermé  dans une 
bouteille ,  afin  que  la  matière  ne  prenne  poinç 
l'humidité  de  fait. 

"  La  liqueur  qui  a  paffë  dans  le  ballon  pendant 
la  calcinâtion ,  eft  de  l'eau  pure  j  elle  a  feule- 
ment une-légere  odeur  empyreumatique  qui  lui 
vient- de»  ;k  matière  phlogiftique  contenue  dans 
la  pierre  calcàkë;  La  fubftance  terreufe  de  la  cor- 
nue s'éft'  cctarvtttie  en  chaux  vive  qui  fe  trouve 
noire  &  enfumée,  â  raifon  de  la  matière  phlogifti* 
que  qui  y  eft  contenue ,  &  qui  ne  peut  fe  brâlec 


"  '    iT     kAisoNKh:  t7I 

flans  des  vaifleaux  clos  où  l'air  n'a  point  d'accès. 
Si ,  avant  la  calcinarion  ,  on  a  pefé  la  pierre ,  & 
il  on  la  pefe  de  nouveau  après  l'opération,  on 
trouve  qu'elle  a  diminué  de  la  moitié  de  fou 
"poids,  ou  à-peu-près  ;  elle  a  diminué  auffi  de  vo- 
lume ,  6c  a  acquis  beaucoup  plus  de  dureté  qu'elle 
n'en  avoit  auparavant» 

Cette  expérience  prouve  donc  que  le  marbre 
blanc  contient  une  grande  quantité  d'eau,  puif- 
quoh  ta  recueille  par  la  diftillation.  On  ne  peut 
pas  foupçonner  que  cette  eau  foit  étrangère  à  la 
terre  calcaire  $  car  fi  l'on  a  pris  la  précaution  de 
faire  fécher  cette  terre  pendant  plusieurs  jours  , 
jufqu'à  la  faire  bien  chauffer,  fans  la  faire  rougir  , 
«lie  n'en  fournit  pas  moins  d'eau  pour  cela.  La 
couleur  noire  que  prend  là  terre  enfermée  dans  la 
cornue ,  eft  une  preuve  non  équivoque  de  l'exif- 
<zet\ce  de  la  matière  inflammable  :  c  eft  un  refte  de 
matière  animale  qui  vient  originairement  de  fa 
-formation.  Tout  ceci  prouve  complètement  ce 
-tjue  nous  avons  avance -Ait  t'origifte  fr  la  nature 
de  cette  terre.  * 

Ce  n'eft  ni  avec  du  triârbrç  blanc  *  m  de  là  ma* 
Jiiefe  que  nous  vèhonsrde  le  dire ,  qu'on  fait  la 
chaux  dont  on  fait  ufage  dans  les  arts  8c  pour  la 
tôtiïfe}  fhais  noué  nous  fervons  de  marbre  blanc 
'pour -cette  expérience,  dans  nôsCouiff,  pareeque 
é'éft  la  terre  calcaire  la  plus  pure ,  &  qui  fournie 
«ne  chaux  très  blanche.  Lesfpaths  &  les  ftalac- 
-mes  cakaires  put*  fotutaiffent  de  même  des  chaux 
^de  la'phis  grande  blancheur.  Nous  faifons  cette 
-expérience  dans  une  çorntte,  pour  faire  voir  la 
grande  quantité  d'eau  &  d'air  quife  dégagent  pen- 
dant l'opération  :  fubftances  qui  étoient  nécenài- 
*«mç«tÇQmbw4w>YW  ta  matière  teireafe^  paifc 


17*       Chymib  expérimentale    , 
qu'elle*  n*  fe  fçparent  qu'à  la  plus  grande  vio- 
lence du  feu* 

La  cfcmx  ordinaire  fe  dit  avec  des  pierres  cal*  ' 
caires  communes.  Ces  fortes  de  pierres  contien- 
nent toutes  une  certaine  quantité  de  fer  dans 1  c# 
rat  dqchre  j  pç  qui  eft  ^ilez  indifférent  pour  les 
tifages  auxquels  on  emploie  U  chaux.  PJufieurç 
de  ces  pierres  contiennent  encore  de  la  terre  vi- 
trifiable,  Le  nwbre  noif  Se  tous  les  marbres  co- 
lotès  (ont  des  pierres  calcaires  fort  iippures  :  elles 
fe  Jevent  p^riçju^les  j  $Ues  forment  de  mauv^ife 
chaux  >  Se  il  lepr  arrive  fouveni  d'entrer  jen  fi*- 
fion.  \,fl  iriûtneïQ  de  convertir  en  chaux  vive 
les  pierres  calcaires  ordinaires ,  confifte  £  les  cai- 
ciner^au  travers  de  la  ftfta&ne  des  marieras  comT 
buftibtes  >  <da*$  de*  fouritau*.  &t$  ?xprè$,  qu'on 
xtottixp#fews  fakaUx.  îfei&iltfy  a  aucune  pierre 
^ddéiQpw«lpîâr>^^::flt^tftw^  duts  de* 
VgiiTfa^K eto,  çonnn^nws.ive^pM  d*  lé^ift» 
n*  &!Kittd§:  te  H&itts  fyWfc*naœ  par  une  fepi- 
fcUM&op^t&Qn.  JL^wieft.fi^i^^Àk^i^ 
turiefnde  cette  forte  de  terre.  J'ai  remarqué  qtijl 
y-en  ajprôw  ç&tt  iquj  ffahvu&i&wt  spwJft  9©me 
qu^irfité'ÀWH  t  fie.  qui  :nft tfeœirant  pas  ,  p*r  l* 
caki^f  ejon  ,.  une  jc^s^ve^fkmfWÎ)?»**  : 
eel^-ftsftfcîds  i'fefpec^.dp^pmpftfrfKW  #«$:&*- 
biffim€<*s.pHfffë*  par  U^s-d^te^  <k*&*ourç 
tend  à.fpp^tfl:  ^uq^i Uur  eft  unis,  &  iiêlfar 
meneff  m  »i»&&ffe  ^j^ifi^i^jAe.  ieufc^HÎgitie, 
celui  de  terre  vurifiable  :  ic'^Qi  ee  que  lo$  ypic  ar- 
river dans  ceœiins  b*ocs,<àe  W^e-  eùlto  raouve 
des  quantités  confidcrabW  dfc  caillou*  d^  diffé- 
rente^ couleurs,  qui  ne  font  autre  chofe  que  l* 
terre  calcaire  devenue  yittifiiLbb-  J'ai  ônoore 
rero*rqu&qu'ij  faut  un  plus  grand  coup  de  feti 


X  T      RAISONNAI.  17J 

pour  convertir  en  chaux  les  pierres  calcaires  du-* 
res ,  que  pour  celles  qui  le  font  moins  >  &  que  les 
terres  calcaires  très  pures  ne  fournirent  pas  une 
chaux  aufli  forte  que  les  pierres  calcaires  com- 
munes. 

Pour  fuivre  l'ordre,  que  nous  nous  fommes 
prefcric,  examinons  les  eiietsde  l'air  fur  les  pierres 
calcaires.  # 

Pictreè  calcaires  avec  tain 

On  ne  connoît  point  l'aâion  Me  l'aii}  fur 
lès  terres  calcaires  $  mais  d'après  tout  ce  que 
nous  venons  de  dire ,  on  ne  peut  méconnaître 
les  grands  changements  que  le  laps  de  temps 
opère  fur  les  tetres  calcaires.  On  trouve  dans 
ks  cabinets  d'Hiftoire  Naturelle  >  des  coquilles 
dans  toutes  fortes  d'états  d'altération ,  qui  les 
approchent  de  la  terre  virrifiable,  &  d'autres 
coquilles  qui  le  font  devenues  complètement  : 
on  découvre  tous  les  jours  des  bancs  de  coquilles 
très  confidérables;  qui  font  changées  en  terres 
vitrifiables.  La  Nature  produit  ces  changements 
par  le  feu  dans  les  volcans ,  &  elle  le  fait  auiïî 
wns  feu  ,  par  le  laps  de  temps  >  mais  dans  l'un 
&  dans  l'autre  cas ,  c'eft  toujours  en  féparant  l'eau 
&  l'air  qui  étoient  unis  à  la  terre  :  l'eau  ne  peut 
faire  partie  des  pierres  vitrifiabfes ,  ni  entrer  dans 
la  funon  vi trente  de  ces  terres,  &*  par  conséquent, 
dans  la  vitrification*  Les  pierres  calcaires  doi- 
vent contenir  de  l'air  :  c'eft  lui  <|ui  fert  d'inter* 
mede  pour  unir  le  principe  aqueux  à  la  terre  :• 
lorfque  tes  piètre»  calcaires  éprouvent  les  chan- 
gements dont  nous  parlons ,  l'air  fe  fépare  d'a- 
oord.  J'ignore ,  au  refte ,  fi  cm  a  fait  oes  expé- 
riences pour  démontrer  l'exiftence  de  l'air  dans 
cette  efpece  de  terre  qui  doit  nécessairement  en. 


174         ChVMIE   EXPÉRIMENTA** 

tenir ,  puifqu  elle  a  fait  autrefois  partie  dé»  1 
animaux  :  c  eft  la  matière  d'un-  très  beau  travail  à 


faire*  Ces  expériences  apprendraient  à  connoître 
la  terre  calcaire  dans  tous  fes  partages  intermé- 
diaires ,  Ptife  de  la  coquille  actuellement  vi- 
vante, jufqu'à  fon  état  de  converfion  &  de  retour 
en  tetre  vitrifiable  :  on  remarquerait  néceflaire- 
ment  quelle  perdtoit  de  plus  en  plus  fes  pro- 

Sriétés  calcaires ,  à  mefure  qu  elle  feroit  privée 
e  l'air  &  de  l'eau  qui  conftituent  fon  état  cal-» 
caire  s  du  moins  routes  les  expériences  que  f  ai 
déjà  faites  fur  cette  matière ,  me  conduifent  i 
,  penfer  ainfi. 

Terré  calcaire  avec  Peau* 

Nous  avons  parlé  des  changements  que  la  terré 
calcaire  éprouve  en  fortant  immédiatement  desr 
animaux  teftacées  &  des  infe&es  de  mer  :  nous 
avons  expofé  ceux  que  cette  même  terre  éprouve 
par  le  laps  de  temps  qui  fépare.  l'eau  &  l'air  qui 
faifoient  parties  conftituantes  de  ces  terres  :  nous 
avons  aulii  confidéré  les  états  intermédiaires  par 
où  elles paffent ,  jufqu'à  ce  qu'elles  foient  entiè- 
rement redevenues  terre  vitrifiable.  En  exami- 
nant un  grand  nombre  de  terres  calcaires  ,  on  en 
rencontre  dans  tous  ces  états  intermédiaires  dont 
nous  parlons  \  &  quoiqu'elles  aient  les  propriétés 
générales  des  terres  calcaires  »  elles  en  ont  de  par- 
ticulières qui  font  abfolument  relatives  aux  pro- 
portions d  air  &  d'eau  qu  elles  confervent  en- 
core. 

•  La  terre  calcaire  ordinaire  contient  toute  la 
quantité  d'eau  dont  elle  peut  être  chargée  :  on  ne 
peut  lui  en  combiner  une  plus  grande  dofe  \  néan- 
moins cette  efpece  de  terre  eft  diflbluble  dans 
l'eau.  L'eau  qui  paiTe  dans  des  cerreins  calcaires*' 


tT      RAlSONNix.  17} 

tfen  charge  considérablement  :  pour  le  peu  qu'elle 
s  évapore ,  elle  laide  dépofer  cette  terre  dans  la 
même  proportion.  On  peut  faire  la  même  opé- 
ration dans  les  laboratoires  de  chymie ,  &  s'atiu- 
rer  de  la  diffolubifîté  de  cette  terre.  Si  Ton  fait 
bouillir  feulement  un  inftant  de  la  craie  dans  de 
l'eau  diftillée  >  &  fi  Ton  filtre  la  liqueur ,  il  eft 
facile  de  s'appercevoir ,  par  la  faveur  fade  que 
l'eau  acquiert ,  qu  elle  en  eft  faturée  :  elle  aé- 
pofe  ,  par  l'évaporation ,  la  tetre  qu'elle  avait 
dillbute.  Les  fpaths  &  les  ftalaûites  calcaires  ont 
été  formés  par  des  eaux  qui  tenoient  de  la  terre 
calcaire  en  diflblution  j  ces  fpaths  Se  ces  ftalac-* 
tites  fe  font,  cryftallifés  par  l'évaporation  de  l'eau. 
.  La  terre  calcaire  eft  très  difpofée  à  perdre  fou 
eau  principe  &  fon  air ,  &  a  redevenir  terre  vitri- 
fiable*  Ceft  principalement  en  réitérant  les  cal* 
cinations  &  les  extin&ions  dans  l'eau,  qu'on  y 
parvient.  La  Nature  fait  cette  belle  opération  par 
le  feu  }  mais  elle  la  fait  d'une  manière  plus  gêné-* 
xale ,  &  bien  plus  en  grand ,  fans  le  lecours  de 
ce  puhlant  agent ,  comme  nous  le  dirons  ail- 
leurs* 

La  terre  calcaire ,  par  la  calcinarion ,  acquiert, 
des  propriétés  falines  alkalines.  Le  feu  combine 
d'une  manière  plus  intime  &  différente  les  fub- 
ftances  que  la  Nature  a  réunies  dans  cette  efpecq 
de  terre;  c'eft  ce  que  nous  allons  examiner. 

Examen  des  propriétés  de  la  Chaux,  yive* 

On  doit  confidérer  la  rédudion  des  pierre*  cal- 
caires en  chaux  vive ,  comme  un  acheminement 
i  la  formation,  du  principe  falin  ctlkàlin:  aafli 
Verrons-nous  que  la  chaux  a  plufieurs  propriétés 
ajuiogues  au  ÙX  aikali.  La  chaux  a,  comme  lui. 


X7&         ChYMII   IXPiUTïlEKTAtB 

une  faveur  acre  &  brûlante  ',  elle  attire  de  mcmé 
paidamment  l'humidité  de  l'air, 

.  Chaux  viyecxpùfét  à  l'air. 

On  met  dans  une  terrine  de  grès  deux  livres 
de  chaux  vive  en  morceaux  t  on  la  couvre  d'an 
papier  pour  la  même  à  Fabri  de  la  pouflGere.  Quel- 
que temps  après ,  elle  fe  pénètre  de  l'humidité 
répandue  dans  l'air  :  Us  parties  de  la  chaux  s'é- 
cartent les  unes  des  autres ,  ic  occupent  un  vo- 
lume considérable  :  elle  fe  réduit  en  une  poudre 
fine,  légère  ;  c'eft  ce  que  Ton  nomme  chaux  éteinte 
à  l'air.  Si  on  la  pelé  dans  cet  état,  on  trouve 
qu'elle  eft  augmentée  de  poids ,  environ  de  qua- 
torze onces  :  c'eft  de  l'eau  répandue  dam  l'air, 
dont  elle  s'eft  chargée»  Ces  effets  ont  lieu  plus 
promptement  *  lorfqoe  la  chaux  eft  expofée  dans 
un  endroit  où  l'air  eft  chargé  de  beaucoup  d'hu- 
midité, comme  à  la  cave. 

Nous  remarquerons  que  la  chaut  âinfi  expofée 
à  l'air  >  ne  peut  reprendre  la  même  quantité  d'eau 
qu  elle  a  perdue  par  la  calcinarion ,  quel  que  foit 
fe  temps  qu'on  la  iàiflè  expofée  à  l'air  :  lorsqu'elle 
s'en  eft  faturée ,  on  ne  lui  retrouve  plus  le  même 
poids  qu'avoit  la  terre  calcaire  avant  fa  calcina* 
don. 

Cet  effet  vient  de  ce  que  la  pierre  calcaire, 
pendant  la  calcinarion  ,  a  perdu  la  plus  grande 
partie  de  l'eau  &  de  l'air  principes  à  cette  efpece 
de  terre  :  beaucoup  de  molécules  terreufes  fe  font 
rapprochées  de  la  nature  de  la  terre  vitrifiable , 
àc  font  devenues  par-là  hors  d'érar  de  reprendre 
dans.  Pair  la  même  quantité  d'eaù  quil  y  en  a 
dans  la  terre  calcaire  avant  fa  calcina tion  :  mais 
IfL  portion  de  terre  cakaire  qui  a  éprouvé  tmfr 

moindre 


if    &  A  t  s  ô  K  M  i  &,  17.7 

Jhpindre  a&ion  du  feu ,  &  qui  s'eft  convertie  en 
chaux  vive ,  paroîc  plus  divifée  qu'elle  ne  reçoit 
auparavant  :  ceft  cette  partie  qui  admet  prefque 
touce  1  eau  dont  la  chaut  s'eft  chargée  pendant 
ion  exposition  à  l'air.  Quoi  qu'il  en  toit ,  la  malle 
totale  ne  peut  admettre  la  même  quantité  d'eau 
que  celle  qui  entrqit  dans  fa  composition ,  ni  con- 
server le  même  état  de  ficcité  qu'avoit  la  pierre 
avarie  fa  calcination.  J'ai  tenu  ï  la  cave ,  dans  des 
terrines  de  grès  >  pendant  plufieurs  années  ,  de 
Ja  chaux  vive  exactement  pelée  i  elle  a  tombé  eu 
efftorefeence ,  &  a  confidérablement  augmenté 
de  poids)  mais  elle  n'a  jamais  attiré  alTez  d'eau 
pour  pefer  autant;  que  la  terre  calcaire  qui  avoic 
cté  originairement  employée  \  il  s'en  falloir  tou- 
jours de  plus  de  deux  onces  par  livre  t  elle  étoic 
toujours  plus  humide'que  de  la  même  terre  cal-* 
caire ,  réduite  en  poudre  impalpable.  Cette  diffé- 
rence ne  petit  être  attribuée  qu'à  l'état  de  la  terrd 
eàlcaire  qui  a  été  changée  pendant  fa  calcination  » 
&  qui  s'eft  plus  ou  moins  rapprochée  de  la  nature 
des  terres  vitriGables  qui  font  hors  d'état  d'abfor- 
ber  de  l'eau* 

Chaux  vive  combinée  avec  it  ftau. 
Pitt  de  Chaux. 

...  On  met  dans  une  terrine  de  grès  quelques 
livres  de  chaux  vive  :  on  verfe  de  l'eau  pat~deuus  t 
elle  ne  tarde  pas  à  être  abforbée  avec  une  avidité 
considérable.  On  remarque,  quelque  temps  après» 
£c  quelquefois  fur-le~champ ,  qu'elle  s'échauffe 
considérablement.  Les  parties  de  la  chaux  s  e- 
çartent  avec  un  bruit  qui  eft  afTez  fort  pouf 
îe  faire  entendre  à  cinquante  pieds  de  diftance  s 
«ne  partie  de  l'eau  qui  la  pénètre  »  le  réduit  eu 
arapeors  par  la  chaleur  qu'elle  Mcafionne  :  cette 


tjS  Ch*MÎB    EXPÈlUliHUTÀIi 

chaleur  eft  fi  grande ,  que  jufqu'à  préferit  on  n'a 

fm  encore  en  connoître  le  degré ,  parcequ?eilë  va 
ufqu  à  incendier  les  matières  combuftibles  qu'elle 
touche-  On  manque  d'inftrument  pour  apprécie* 
cette  chaleur ,  même  dans  les  expériences  en  pe- 
tit ,  parcequ'elle  eft  fuffifante  pour  mettre  tou- 
tes les  liqueurs  en  ébullition  ,  &  même  le  mer- 


cure. 


Lorfque  les  phénomènes  de  Pextiri&iori  de  la 
*hau*  font  pàUés,  &  qu'on  ii'a  employé  <jue  la 
quantité  d'eau  convenable  pour  la  réduite  en 
pâte ,  on  lui  donne  le  nom  de  pâte  de  chaux  : 
c'eft  dans  cet  état  qu'on  l'emploie  pour  formée 
le  mortier  dont  nous  parlerons* 

Lait  de  Chaux* 

On  délaie  dans  beaucoup  d'eau  la  pâte  de  chaux  ; 
elle  forme  une  liqueur  trouble,  blanche,  fem- 
blable  à  du  lait  :  on  lui  a  donné ,  à  caufe  de  cela, 
le  nom  de  laïc  de  chaux. 

Eau  de  Chaux. 

Ce  lait  de  chaux  s'éclaircit  par  le  repos  :  la  terre 
fe  précipité.  Si Ton  filtre  ce  lait  de  chaux  au  tra- 
vers du  papier  gris ,  l'eau  qui  pafle  eft  claire,  fans 
couleur;  elle  eft  chargée  d'une  fubftance  faline 
alkaline  qu'elle  tient  en  diiïblution  :  cette  fub- 
ftance lui  donne  une  faveur  acre  &  amere  :  on 
nomme  cette  liqueur  eau  de  chaux.  On  donne  lô 
nom  d'eau  de  chaux  féconde  à  de  nouvelle  eau 
-qu'on  pafle  fur  le  marc  *  catte  féconde  eau  dd 
chaux  peut  cire  aufli  chargée  de  matière  falin* 

3 ue  la  première  $  cela  dépend  des  proportions 
'eau  Se  de  chaux  qu'on  a  employées  la  première 
fois,  Lorfqu W  a  befoin  d'eau  de  chaux  fécond* 


fc  T      îlÀtSÔfcft£B.#     '  ïf$ 

pour  l'ufage  de  la  Médecine ,  il  vaut  mieux  cou- 
per l'eau  de  chaux  ordinaire,  après  quelle  eft 
firite  3  avec  (on  poids  égal  d'e&U  pure. 

Pellicule  ou  Crème  de  CAatiXi 

Pour  peu  que  l'eau  de  chaut  s'évapbte,  il  fè 
forme  à  fa  furface  une  pellicule  falino*terreuf* 
que  Ton  nomme  pellicule  ou  crime  de  chaux. 

En  conrinuanrde  pafler  beaucoup  d'eau  fur  ld 
marc  refté  fur  le  filtre  >  on  parvient  à  enlever  & 
la  chaux  tout  ce  qu'elle  peut  fournir  de  certe  fub«» 
ftance  falino-terreufe  dans  l'eau  ;  mais  il  faut  une 
prodigieufe  quantité  d'eau.  11  relie  enfin  une  trè* 
grande  quantité  de  terre  blanche  qui  n'a  plus  an-» 
cane  des  propriétés  de  la  chatte  :  ce  n'eft  plud 
qu'une  terre  calcaire  peu  différente  de  ce  qu'elle 
eroit  auparavant  II  feroit  àfouhaiter  qu'on  fuivîc 
les  calcmatiofas  6c  les  lotions  jufqu'à  ce  que  U 
terre  calcaire  fe  refusât  à  préfenter  les  mètne* 

Ehénomenes.  M»  Duhamel  obferve  que  la  chaux 
ien  imbibée  d'eau ,  foumife  à  la  calcination  $ 
retient  l'eau  dont  elle  a  été  pénétrée ,  avec  plus  de 
force  que  lorfqu'on  calcine  la  pierre  pour  la  pre* 
miere  fois ,  puifqu'alors  il  a  fallu  un  plus  grand 
coup  de  feu  pour  faire  diflîper  entièrement  l'hu* 
micuté  qui  la  pénétrait  (i)« 

Jufqu'à  prefent  il  a  été  impoffible  de  convertir 
en  chaux  vive ,  par  une  feule  calcination  ,  toute 
la  fubftance  de  la  pierre  :  il  en  refte ,  après  le  la» 
vage ,  la  plus  grande  partie  qui  n'eft  point  de- 
venue chaux  vive  pendant  la  calcination ,  &  qui 
ne  peut  plus  rien  communiquer  à  l'eau. 

40  Hémoires  de  l'Académie ,  aoaéc  1747  *  J*g*  *7* 

Mij 


i3o       Chymii  expérimentale 

.  La  matière  falino-terreufe  que  fournit  la  chaux 
pendant  fon  extin&ion ,  fe  dilTout  en  trop  petite 
quantité  dans  l'eau ,  pour  enlever  à  ta  chaux  tout 
ce  qu'elle  peut  fournir  de  cette  matière  :  il  faut 
une  quantité  très  confidérable  d'eau. 

J'ai  mis  dans  douze  livres  d'eau  chaude  très 
pure  »  un  gros  de  chaux  vive  :  la  chaux  s*eft 
éteinte  comme  de  coutume  ;  &  dans  l'efpace  dé 
deux  heures ,  il  s'eft  formé  une  pellicule  ou  crème 
de  chaux  aflez  forte  ,  quoiqu'il  n'y  ait  point  eu 
d  evaporation.  L'eau  n'avoit  pas ,  à  beaucoup 
près  >  une  faveur  auffi  forte  qu'on  auroit  dû  s'y 
attendre  »  en  voyant  l'épaifTeur  de  cette  pelli- 
cule :  ainfi  la  pellicule  qui  peut  paraître  à  la  fur- 
face  de  l'eau  de  chaurf»  n'eft  pas  toujours  une 
Eéuve  qu'elle  eft  fatucée  de  cette  fubftance  fa- 
le. 

Les  pellicules  de  chaux  font  une  matière  faline 
qui  a  les  propriétés  générales  des  feis  :  ces  pelli- 
cules ont  un  peu  de  faveur  :  elles  font  diflolubles 
dans  l'eau  »  en  petite  quantité ,  A  la  vérité  ;  car 
deux  onces  d'eau  diftillce  &  bouillante  en  dirtol- 
vent  à  peine  trois  grains  :  cependant,  ldrfqu'on 
préfente  à  l'eau  beaucoup  de  ces  pellicules  à  la 
Fois ,  elle  en  diflout  une  Dien  plus  grande  quan- 
tité. 

Remarques. 

Examinons  préfentement  les  phénomènes  de 
la  chaux,  dont  nous  venons  de  rendre  compte. 

Le  premier  phénomène  eft  que  les  pierres  cal- 
caires contiennent  plus  de  la  moitié  de  leur  poids 
d'eau  qu'on  fépare  par  la  diftillation  :  elles  ren- 
ferment auffi  un  peu  de  matière  inflammable, 
puifque  la  pierre  calcinée ,  reftée  dan«  la  cornue, 
eft  noire  &  comme  enfumée»  * 


IT      k  A  I  S  O  N  K  i  !.  l8f 

Pendant  la  calcination ,  toute  l'eau  de  la  pierre 
calcaire  ne  s'évapore  pas  :  il  en  refte  une  quantité 
très  considérable.  La  preuve  en  eft  qu'on  peut  lui 
enlever  encore ,  par  une  calcination  plqs  forte  & 
plus  long-temps  continuée ,  une  partie  de  l'eau 
qu'elle  a  recenue.  Tant  que  la  chaux  eft  blanche 
&  opaque ,  elle  contient  de  l'eau  qu'on  peut  lui 
enlever,  L'inftant  où  elle  ce0e  d'en  contenir,  eft 
celui  où  elle  devient  diaphane,  &  qu'elle  eft 
convertie  en  un  verre  net  &  tranfparent  :  alors  la 
terre  calcaire  eft  changéede  nature  :  elle  fe  trouve 
convertie  en  terre  vitrifiable  ;  elle  en  a  exacte- 
ment les  propriétés  :  elle  eft  abfolument  privée 
d'eau  y  parceque  l'eau  ne  peut  point  faire  partie 
de  la  vitrification  :  c'eft  cette  eau  très  adhérente 
aux  terres  calcaires ,  qui  les  rend  fi  réfraéfcaires  : 
c'eft  elle  auifî  qui  s  oppofe  à  leur  vitrification.  La 
chaux,  telle  qu'on  a  coutume  de  l'avoir,  doit 
contenir  nécessairement  une  certaine  quantité 
d'eau  :  torfqu  elle  en  eft  trop  privée  par  une  trop 
forte  calcination ,  elle  fe  rapproche  ,  en  propor- 
tion 4e  cette  calcination ,  de  la  nature  àes  pierres 
vitrififrbles  ,  &  elle  perd  de  plus  en  plus  fe6  pro- 
priétés de  chaux  vive.  Ce  phénomène  arrive  quel- 
quefois aux  Chaufourniers  :  ils  nomment  chaux 
brûlée  j  la  chaux  qui  a  été  ainfi  trop  calcinée  :  on 
la  mer  à  part  pour  n'ètçe  point  employée  dans  les 
bâtiments» 

L'a&ion  du  feu ,  pendant  la  calcination  de  la 
pierre  calcaire  ,•  combine  la  portion  de  phlogifti- 
que  6c  l'eau  qui  ne  fe  font  pas  diflipées ,  avec  une 
portion  delà  terre  calcaire  :  cette  combinaifon  eft 
plus  intime  que  celle  qui  exiftoit  dans  la  pierre 
calcaire  avant  fi  calcination ,  &  elle  4e  fait  d'une 
manière  différente.  11  fe  forme  de  la  matière  fa- 
Une-  alkaline  proportionne  Uesnent  a  ce  qui  refte 

Miij 


1 


?8X  ChYMIË   EXPERIMENTAL  * 

d'eau,  cKâir  &  de  matière  inflammable  unis  1  h 
terre  calcaire  pendant  fa  calcination.  La  portknf 
d  alkali&diftoutdans  l'eau  lotis  deTextinâioiide 
U  chaux ,  Se  lui  communique  uae  faveur  qui  a 
toutes  les  propriétés  d  un  alkali  fixe  i  nous  prou- 
verons cette  dernière  proportion  dans  un  inftam. 

Les  coquilles  d'huîtres  &  les  coquilles  d'oeufs 
dans  1  état  naturel ,  contiennent  davantage  de 
matière  inflammable  que  les  pierres  calcaires: 
ces  coquilles  fournirent ,  par  cette  raifon  ,  use 
chaux  beaucoup  plus  forte  &c  plus  acre  que  les 
terres  calcaires  les  plus  pures ,  pareeque  leur  ma- 
tière inflammable  donne  lieu  à  ia  formation  d'une 
Îlus  grande  quantité  de  cette  fubftance  faline  d? 
:alinè. 

Quoiqu'on  calcine  ces  pierres  à  travers  la  flaon 
me,  toute  la  matière  pnlogiftique  ne  fe  brûle 
pas,  comme  on  pourroit  le  loupçonner  j  il  n'y  a 
que  la  portion  qui  eft  à  la  furface  :  celle  de  l'in- 
térieur fe  trouve  renfermée  comme  le  charbon 
dans  la  boîte  de  fer ,  qui  ne  brûle  pas  faute  du 
concours  de  l'air.  Cette  portion  de  phlogiftique 
y  eft  de  ia  plus  grande  fixité  :  elle  fe  combine 
avec  la  terre  &  Peau ,  &  forme  la  matière  &% 
Une,    . 

he  fécond phénomène  que  la  terre  calcaire  pré- 
fente après  fa  calcination  ,  eft  fa  diminution  de 
volume  &  fon  augmentation  de  dureté.  Comme 
çlle  a  perdu  beaucoup  d'eau ,  on  conçoit  facile- 
ment la  diminution  de  fon  poids  ;  mais ,  pour 
qu'elle  perde  fon  volume ,  il  faut  fuppofer  qu'il 
y  a  eu  entre  les  parties  de  ia  pierre  un  mouvement 
qui  à  occasionné  leur  rapprochement  ;  fans  cela , 
h  chaux  ferait  légerq  &  fpongieufe  i  elle  eft,  au 
contraire,  plus  pefante  qu'un  pareil  volume  de 
femhfoble  piètre  non  calcinée:  elle  a  aconis^ 


AU  ITHA1SONN  El.  itf 

Kta  *utre  cela,  beaucoup  plus  de  dureté  telle  a  même 
l;  un  fon  timbré  comme  celui  des  pierres  vitrifia- 
m  blés.  La  retraite  de  ces juerres ,  pendant  leur  cal- 
m  cination ,  eft  quelquefois  fi  grande ,  qu'elle  va 
a  jufqu  à  la  moitié  de  leur  volume  :  cette  dimiiu*- 
JE:  (ion  occafionne  fouvent  des  éboulements  dans 
^  les  fours ,  pendant  la  converfion  de  ces,  pierjres  eu 
v    chaux* 

,  fi         Le  troijîcmc  phénomène  qu'il  eft  important  de 
^     remarquer ,  eft  la  propriété  qu'a  la  chaux  de  fe 
ïï:     charger  de  l'humidité  de  l'air  ,  &  de  Réchauffée 
^     confidérablement  avec  l'eau.  Plusieurs  Phyficiens 
^     a  voient  attribué  ces  effets  à  des  parties  de  feu  qui 
:      fe  fixent  dans  Ja.  pierre  pendant  fa  calcination* 
Quoique  çefentiment  ne  foit  pas  dénué  de  toute 
:  .  vraifemblance ,  il  a  été  abfolument  rejette  :  ce-» 
l      pendant  je  le  crois  le  plus  probable  >  mais  il  faut 
lavoir  auparavant  ce  que  Ion  entead  par  çes.pac- 
j!       ries  de  feu  ainfi  fixées.  Si  Ton  entend  que  ce  font 
des  parties  de  feu  libre  &  pur  qui  fe  font  feule* 
ment  nichées  dans  les  cellules  de  la  pierre ,  cç 
fentimci\t  pourra  paroître  abfurde ,  puifque  la 
chaux  vive  ^'indique  pas  plus  de  chaleur  que  le$ 
autres  corps  qui  foiit  dation,  voifinaee.  Il  me  pa- 
roît  certain  que  la  chaleur  aue  produit  la  chaux 
pendant  fon  exrin&ion  daas  l'eau ,  doit  être  attri- 
buée au  feu  qu'elle  contient  j  mais,  pour  cendre 
cette  propofitipn  facile  à  concevoir,  il  faut  faire, 
voir  que  cette  chaleur  eft  due  à  l'état  fous  lequel 
le  feu  fe  trouve  dans  la  chau»  :  il  n'eft  pas  feule* 
xhe^t  in terpofé  entre  les  parties  de  la  pierre  ;  il 
$'y  trouve  cUnst  Péjat  de  demi-combinaifon ,  qui 
avoifine  de  bien  près  l'état  falin  parfait. 

Il  y  a  plufievrs  fujbftaqces  qui  ont  la  propriété 
de  fixer  fie  de  combiner  ainfi  plus  ou  moins  du 
fw  >  fit  <¥*i  ont ,  après  la.calcuution»,  plyfenc* 


1 


I&4  ChWIB   BXPi&TUtMTAl.B 

propriétés  communes  avec  la  chaux  :  ce  (ont  le» 
ma v,  ères  métalliques  calcinables ,  qui  augmeiw 
ten  de  poids  &  de  volume ,  au  lieu  de  diminuer 
comme  font  les  pierres  calcaires  gue  Ton  con- 
vertit en  chaux.   Ces  différences  viennent  de  ce 
Sue  les  matières  métalliques  ne  contiennent  point 
'eau ,  &  au'eiles  fouffrenr  une  moindre  déper- 
'  dition  de  fubftances ,  pendant  leur  calcination , 
que  les  pierres  calcaires.  Les  chaux  métalliques 
ne  s'échauffent  point  non  plus  dans  l'eau ,  parce* 
qu'elles  retiennent  opiniâtrement  plus  de  prin- 
cipe inflammable  ,  qui  combine  mieux  que  les 
chaux  pierreufes ,  le  feu  qu  elles  s'aflîmilent  i 
nous  verrons  >  dans  un  inftant ,  que  cette  hypo* 
thefe  n'eft  point  jettée  au  hafard ,  &  qu'elle  eft 
fondée  far  plufienrs  expériences.  Je  fuis  parveuB 
à  diminuer  &  même  à  faire  perdre  entièrement  i 
la  chaux  la  propriété  qu'elle  a  de  s'échauffer  avec 
l'eau.  Ceft  par  l'addition  d'une  quantité  de  ma- 
tière inflammable  ,  que  j'ai  réufli  à  produire  cet 
effet  :  cette  addition  facilite  les  moyens  de  mieux 
fixer  &  de  mieux  combiner  le  feu ,  qu'on  ne  le 
feroit  fans  cette  circonftance.  Le  produit  qui  en 
réfuice ,  a  des  propriétés  différentes  de  la  chaox 
vive. 

Il  paroît  comme  certain ,  d'après  ce  que  nom 
avons  dit  en  examinant  les/  propriétés  des  corps 
qui  contiennent  du  feu  combiné ,  que  ces  corps 
«échauffent  par  le  frottement  ,  à  proportion  qu'ifc 
contiennent  davantage  de  cefeu  combiné,  &  qu'ils 
font  en  même  temps  de  conftftance  à  pouvoir  lé- 
iifter  à  un  grand  frottement  >  fans  fe  réduire  en 
poudre  :  ôr  >  ni  là  chàùx ,  <jui  eft  une  matière  ter- 
reufe  non  ihflammabte  ;  ni  l'eau  ne  contiennent 
$iïcz  de  fubftance  cotttbâftible  >  pour  produire 
par  Iwx  union  une  inflammation  2  açffîonn'a 


'      1T      RAISOKKil.  IÎ5 

jamais  vu  paroître  de  flamme  dans  de  la  chaux  qui 
s^  teint  par  le  moyen  de  l'eau ,  en  quelque  quan- 
tité qae  cette  chaux  fe  trouve.  Les  parties  de  feu 
qui  le  dégagent ,  font ,  comme  celles  qui  font 
réunies  dans  le  foyer  d'un  miroir  ardent,  ou  dans 
celui  d'une  lentille  ,  du  feu  pur  &  invifible,  par* 
ceque,  dans  ces  différents  cas,  il  n'y  a  point  de 
matière  combuftible  pour  produire  de  la  flamme. 
Le  feu»  dans  ces  circonftances,  ne  fe  manifefte  quç 
par  les  effets  qu'il  produit  fur  les  corps  qui  l'envi- 
ronnent, comme  iorfqu'on  place  àes  corps  au 
foyer  de  ces  instruments  :  ces  corps  font  alors  en- 
flammés ou  calcinés  en  un  inftant.  Il  en  eft  de 
même  d'une  grande  quandté  de  chaux  qui  s'éteint 
dans  de  l'eau,  La  grande  abondance  de  feu  pur 
qui  fe  dégage  ,  fe  réunit  &  met  le  feu  aux  matières 
eombuftibles  qui  fe  trouvent  dans  leur  voifinage. 
On  voit  fouvent  de  ces  fortes  d'incendies  arriver 
à.  des  voitures  &  à  des  bateaux  chargés  de  chaux 
vive.  Voici  comme  je  conçois  que  les  choies  fe 
paflènt. 

La  pierre»  pendant  la  calcinarion  ,  laiflê  dif- 
fiper  la  plus  grande  partie  de  fon  eau  principe  :  fes 
parties  intérieures  font  remplies  <Tune  multitude 
infinie  de  petits  efpaces  vuides  d'air ,  que  la  rare- 
Êuâion  de  l'eau  a  occafionnés  en  fe  diflipant, 
comme  il  arrive  à  un  verre  de  thermomètre 
qu'on  vuide  d'air  à  l'aide  d'une  goutte  de-liqueur, 
pour  le  remplie  enfui  te  de  liqueur  plus  facile- 
ment. L'eau  qu'on  préfente  à  la  chaux  eft  abfor~ 
bée  par  les  bouches  ou  tuyaux  capillaires  qui  corn- 
pofent  toute  fa  furface  :  cette  eau  pénètre  jufque* 
dans  l'intérieur  dé  la  chaux ,  comme  l'eau  entre 
dans  un  verre  de  thermomètre  purgé  d'air.  11  fe 
fait,  entre  les  parties  de  la  terre  &  celles  de  l'eau, 
un  frottement  confldérable ,  &  qui  eft  multiplié 


lft£  ChTMIB   EXPERIMENTAL* 

à  l'infini  par  les  différents  canaux  oui  font  i  la  fin> 
face  des  morceaux  de  chaux.  Ce  frottement  pro-* 
doit  de  la  chaleur  :  cette  chaleur  pourrait  être 
médiocre,  &  femblable  à  celle  qui  réfulteroit 
de  l'eau  qui  pénétreroit  une  pierre  ponce  bien 
feche ,  ou  à  celle  qui  feroic  produite  par  le  frot- 
tement de  deux  morceaux  de  pierre  vitrifiable  ; 
mais  ,  comme  la  chaux  contient  une  grande 
quantité  de  parties  de  feu  dans  l'état  de  demi- 
combinaifon ,  &  qu'il  n'y  a  pas  aflez  de  matière 
inflammable  dans  la  pierre  calcaire  pour  retenir 
ce  feu ,  l'eau  qui  pénètre  la  chaux  >  détruit  cette 
forte  de  comhuiaiion,  &  permet  aux  parties  de 
fende  fe  dégager  :  ces  parties  fe  réunifient ,  pro* 
duifem  de  la  chaleur.,  dilatent  l'eau,  réchauffent 
&  la  mettent  en  ébullition  :  l'eau  qui  pénètre 
la  pierre,  eft  rédrfite  en  vapeurs  :  l'effort  qu'elle 
fait  pour  s'échapper ,  écarte  les  parties  de  la  pierre» 
fufques  dans  fes  plus  petites  molécules ,  &ia  di- 
vife  &  fubdivife  à  l'infini.  Si  le  mélange  ne  con-t 
tient  que  l'eau  néceflaire  pour  réduire  la  chaux 
en  pâté  ,  les  parties  de  feu  n'ont  pas  la  liberté  de 
s'étendre  :  elles  fe  réunifient  &  mettent  le  feu  aux 
fuhftances  corabuftibles  qui  fe  trouvent  dans  leur 
voilinage.  Jufqu'ici ,  nous  avons  examiné  les  phc* 
nomenes  de  la  chaux ,  avec  la  fuppofition  quelle» 
contient  beaucoup  de  parties  de  feu  dans  l'état  de 
deoii-combinaifon ,  &  ifolées  par  k  terre  }  nous» 
prouverons  cette  fuppofition  dans  le.  phénomène 
îuivanr  que  nous  allons  examiner. 

Le  quatrième  phénomène  que  préfente  la 
chaux  pendant  fon  extinftion ,  eft  la  faveur  qu  elle 
communique  à  l'eau.  Par  la  faveur  de  cette  eau , 
on  ne  peut  méconnoître  lexiftence  d'une  matière 
faline  alkaline  :  cette  fubftance  faline  a  été  recoin 
nue  par  pluûeurs  Chymiftes ,  niée  par  d'auçrc*  % 


ET     KAtSONNh.  187 

&  enfulte  adoptée  de  nouveau.  Staahl  &  toute 
fon  école  penient  que  cette  matière  faline  alka~ 
Une  eft  produite  pendant  l'extinéHon  de  la  chaux 
dans  l'eau  ;  qu'elle  eft  due  à  l'extrême  divifion  des 
parties  de  la  terre ,  qui  fe  combinent  avec  l'eau  s 
&  qu'elle  n'eft  nullement  formée  pendant  la  cal- 
cination  de  la  pierre.  Malgré  la  déférence  que 
Ton  doit  avoir  au  fentiment  de  Staahl  &  de 
quelques  autres  habiles  Chymiftes  qui  ont  penfc 
comme  lui  fur  cette  matière ,  je  crois  devoir  adop» 
ter  une  opinion  différente,  avec  d'autant  plus  ae 
raifon ,que  Staahl  n  admettoit  pour  toute  fubftancë 
dans  la  compofirion  des  fels ,  que  l'union  de  l'eau 
avec  la  terre  :  il  n'a  jamais  penfé  que  le  phlogiftî- 
que  ou  le  feu  entrât  dans  la  compofirion  des  fels. 
Nous  verrons  cependant  qu'il  joue  le  principal 
rôle  dan?  cette  composition  ,  &  que  c'eft  à  lui 
qu'on  doit  rapporter  tes  principales  propriétés  de 
ces  fubftances. 

L'extrême  divifion  fous  laquelle  fe  prëfente  la 
chaux  pendant  fon  extinâion,  eft  un  état  très 
favorable  à  fa  combinaifon  avec  l'eau j  mais ,  fi 
des  parties  de  feu  ne  s'uniffoient  pas  en  même 
temps ,  il  n'en  réfulteroit  qu'une  diffblution  de 
terre  dans  l'eau ,  qui  n'auroit  qu'une  faveur  fade  , 
femblable  à  celle  dans  laquelle  on  a  fait  bouillir 
de  la  craie.  L'eau  de  chaux  au  contraire  a  une  fa- 
veuf  acre  alkaline  qui  indique  qu'il  eft  entré  dans 
fa  compofirion  d'autres  fubftances  que  l'eau  &  la 
terre  :  la  faveur  de  cette  eau  annonce  qu'il  eft  né- 
ceffairément  entré  du  feu  dans  la  combinaifon 
qu'elle  tient  en  diflblution.  Ce  feu  n'eft  pas  feu- 
lement interpofé  ,  mais  bien  dans  l'état  de  com- 
binaifon lui-même  :  il  eft  >  comme  nous  l'avons 
^itt  le  principe  fas  faveurs  ^  &  le  feijl  élément 


l8S  ChYMIX   EXPERIMENTALE 

favoureux  :  c'eft  lui  qui  donne  de  la  faveur  à  l'eau 
de  chaux ,  à  coûtes  les  fubftances  falines  &  à  cous 
les  corps  qui  onc  de  la  faveur.  Ceft  ce  que  nous 
nous  promettons  de  développer  plus  particulière- 
ment. 

Je  penfe  donc  que  la  combinaifon  faline  qui 
exifte  dans  l'eau  de  chaux ,  étoic  auparavant  dans 
la  chaux  même ,  avant  fon  extin&ion  dans  l'eau. 
La  terre  calcaire ,  comme  nous  l'avons  die ,  con- 
tient beaucoup  d'eau  &  un  refte  de  madère  in* 
flammable ,  provenant  des  corps  organifés ,  donc 
cette  terre  faifoit,  ci-devant  partie.  L  aâion  du 
feu  9  pendant  la  calcinacion ,  combine  une  partie 
de  la  cerre  avec  l'eau  &  avec  le  principe  inflam- 
mable ,  d'une  manière  plus  intime  que  ces  fub- 
ftances ne  l'étoient  dans  la  terre  calcaire  avant  fa 
calcinacion.  Il  refaite  de  cette  union  une  matière 
vraiment  faline  ;  mais  elle  eft  fufceptible  d'être 
détruite  par  une  trop  forte  &  trop  longue  calci- 
nacion. Cela  arrive  dans  les  fours  à  chaux  ordi- 
naires ,  où  des  pierres  plus  expofées  les  unes  que 
les  autres  à  la  violence  du  feu ,  ne  font  plus  de  la 
chaux.  Ces  pierres  crop  calcinées  ciennenc  ea 
quelque  forte  le  milieu  encre  les  pierres  vicrifiar- 
bles  &c  la  cerre  calcaire.  Les  ouvriers  les  nomment 
pierres  brûlées ,  par œq-u  elles  ne  font  plus  fufeep* 
tibles  de  préiencer  avec  l'eau  les  phénomènes  de 
la  chaux  ordinaire,  lime  paroîc  bien  démontre, 
d'après  ce  que  nous  venons  de  dire,  que  la  ma- 
tière faline  eft  bien  véricabiemenc  formée  pen- 
danc  la  calcinacion  des  pierres  calcaires.  L'eau  , 
pendant  i'excinâion  de  la  chaux ,  eft  purement 
Un  moyen  de  féparer  cette  combinaison  ,  comme 
elle  Feft  pour  féparer  le  fel  contenu  dans  lacendre 
des  végétaux.  11  n'y  aurpit  pas  plus  de  raifon  de 


ET      K  A  î  S  O  N  N  i  !,  189 

croire  que  l'eau  employée  pour  leflîver  les  cen- 
dres ,  produit  ,  avec  ta  terre  du  végétal ,  les  diffé- 
rents fels  qu'on  en  retire. 

J'ai  reconnu ,  en  examinant  de  la  chatix  qui 

a  voit  été  enfermée  pendant  quinze  années  dans 

une  bouteille  de  verre  *  bouchée  de  liège,  que  le 

bouchon,  ayant  perdu  fon  élafticité ,  avoir  permis 

à  l'air  d'y  entrer  d'une  manière  infenfible.  Cette 

chaux  a  été ,.  pour  ainfi  dire ,  tout  ce  temps  à  s'é- 

teindre  par  l'humidité  de  l'air ,  &  à  fe  réduire  en 

poudre.  L'ayant  traitée  enfuite  avec  de  l'eau ,  elle 

né  s'eft  point  échauffée ,  parceque  les  parties  de 

feu  à  demi  combinées ,  dont  elle  étoir  pénétrée  > 

fe  font  diilipces  d'une  manière  infenfiole  j  mais 

elle  a  fourni  dans  l'eau  autant  de  matière  laline  4 

qu'une  pareille  quantité  de  chaux  vive  dont  elle 

provenoit.  11  faudrait  donc  fuppofer  alors  que 

cette  matière  latine  a  été  quinze  années  à  fe  tari- 

mer ,  qui  eft  le  temps  que  cette  chaux  a  été  à  $&> 

teindre. 

Nonobftant  totatceque  je  viens  de  dire,  j'ai 
encore  de  fortes  raifons  pour  croire  que  la  matière 
faline  fe  forme  pendant  la  calcination  de  la  pierre, 
&  par  le  concours  de  la  matière  inflammable 
qu'elle  contient,   i°.  11  eft  de  fait  que  les  pierres 
vitrifiables  pures,  calcinées,  ne  présentent  aiir» 
cun  des  phénomènes  de  la  chaux ,  parteqtuil  eft 
de  leur  effence  de  ne  contenir  m  eau  ;  ni  ak,  ni 
matière  inflammable  dans  le  même  é*a* qu'il  s'en 
trouve  dans  les  pierres  calcaires*  &i°»  A  mefurc 
qu'on  prive  les  pierres  calcaires-des  fakfltnces  qui 
les  constituent ,  on  leur  diminue  doutant  la  pro- 
priété qu'elles  ont  de  former  de  la  chaux ,  en  les 
éloignant  davantage  de  la  nature  des  pierres  cal- 
caires, Srfenles  rapprochant  beaucoup  plus  de 
•celle  des  terres  vitrifiables.  $°*  Enfin,  les  terres 


t£9  CtiYrtlÊ   iXp£*IMEtfTÀtÊ 

calcaires ,  fort  abondantes  en  principes  infiammi* 
blés,  en  eau  8c  en  air,  comme  font  les  coquilles 
d'huîtres  récentes ,  forment  de  la  chaux  vive  in- 
finiment plus  forte  que  les  terres  calcaires  ordi- 
naires ;  la  chaux  des  coquilles  fournit  auffi  da- 
vantage de  matière  faline ,  fans  produire  plus  de 
chaleur  pendant  fon  extinction  >  que  de  la  chaux 
vive  ordinaire  :  ainfi  on  ne  peut  pas  dire  que  c'éft  le 
mouvement  Se  la  chaleur ,  produits  pendant  l'ei- 
tin&ion , .  qui  combinent  davantage  de  terre  avec 
l'eau ,  pour  former  une  plus  grande  quantité  do 
matière  faline  t  cette  combinaison  eft  due  aux 
proportions  d'eau  ,.d  air  &;  de  principe  inflamma- 
ble qui  fe  trouvent  dans  les  coquilles  d'huîtres 
récentes.   . 

Je  me  fuis  bien  convaincu  par  l'expérience» 
qu'en  ajoutant  aux  terres  calcaires  ordinaires  de 
la  matière  inflammable  qu'elles  ont  perdue  par 
h  laps  detemps,  on  leur  donne  1*  propriété  de  for* 
mer  de  la  chaux  vive  auffi  forte  &  auffi  bonne  qu* 
celle  qu'ont  produit,  par  la  calcination,  des  coquil* 
les  d'huîtres  récentes  :  en  les  calcinant  enfin  avec 
beaucoup  de  fubftance  inflammable ,  je  fuis  par- 
venu à  produire  un.  véritable  alkali  fixe  ,  &  qui 
en  a  toutes  les  propriétés ,  comme  nous  le  dirons 
dans  un  inftant.  \   , 

La  matière  faline  qu'on  fépare  en  leflïvanc  I* 
chaux,  n'a  pas  les  propriétés  alkafcnes  auffi  mar- 
quées ou  un  alkali  fixe  pur  ,  pareeque  la  matieie 
ialine  dans  la  chaux  s'y  trouve  dans  toutes  fortes 
d'états. Ca portion  dalkali  fixe,  qui  eft  complet- 
-tement  formée  #.  eft  fi  bien  tq^binée  avec  celle 
qui  l'avoifine^  &  celle-ci  avec  la  portion  qui  l'ap- 
proche le  plus.,  &  ainfi  de  fuite  juiqw^ux  portions 
qui  font  dans  l'état  le  plus  terreux*  qu'il  refaite 
un  tout  falin  très  rejrçux  qui  oftfqft?  Jçs  proprit» 


tè$  de.  la  petite  portion  d'alkali  bien  formé.  Il  eft 
à  préfumer  que ,  fi  l'on  faifoit  diflbudre  dans  de 
l'eau ,  plu fieurs  fois  de  fuite ,  une  grande  quan- 
tité de  pellicules  de  chaux ,  on  fépaceroit  chaque 
fois  beaucoup  de  terre  y  &  qu'on  obtiendrait  en- 
fin une  liqueur  alkaliné,  ou  un  vjaà  fel  alkali 
fixe  dont  les  propriétés  ne  feraient  pas  équivo- 
ques ,  comme  elles  paroiflent  l'être  en  examinant 
desjpetiicules  de  chaux.  Je  penfe  qu'il  feroit  né* 
ceflaire  d'ajouter  à  l'eau  quelques  gouttes  d'efprit 
de  vin ,  ou  une  autre  fubftance  inflammable  pure; 
afin  de  retenir  les  parties  de  feu  qui  fe  diflïperoient 
4ans  cette  addition. 

Le  cinquième  phénomène  fur  la  chaux,  qui  mé- 
rite d'être  examiné  *  eft  celui  de  l'adhérence  de 
l*eaù  à  la  terre  calcaire  :  l'eau ,  quoique  très  vola- 
tile ,  fiipporte,  pendant  la  cakinariori  de  la  pierre  » 
le  degré  d'incandefeence  fans  fe  vdarèlifer ,  pui£ 
ouelle-fougit  £  bknc  pendant  long- temps,  fans 
6  évaporer  ;  ce  qui  nous  prouve  deux  chtofefr  £  i9*  fit 
cottibinaifon  &  fon  extrême  adhérence  avec  la 
terre  :  cette  dernière  fubftance  eft  un  corps  fixe 
qui  communiquée  l'eau  une  partie  de* fes  pro- 
priétés :  i°.  cela  nous  prouve  encore*  combien  ,1a 
matière  en  général  peut  acquérir  de  nouvelle» 
propriétés ,  en  entrant  dans  de  nouve4le*«ombi* 
naifons  >  &  combien  elle  eft  fufeeptibie  de  mo- 
difications différentes.  «;  -  '  -  3 

Lorfque  l'eau  eft  unie  à  la  terre  d'une  fnâftiere 
plus  intime,  Se  quelle  y  eft  dans  l'état  faliitt 
comme  dans  la  matière  faline  delà  chau*VeHe  y 
adhère  encore  bien  plus  ferrement.  G'eà  ta  caufe 
pour  laquelle ,  lorfqùfotf  èslcitie  de  la,  <çhwur  ré- 
duite en  pâte  par  de  Veau  ;-  cette  eau  ne,  peut  plus 
quitter  fa  nouvdie  létoMtfaifôn ,  qft'en  .'la;  éé>- 
jxui&nt-.^lj&^ft  alèrtfudbcieate»  qpie:la*cbfadû* 


tf%  CrtYMlfi    KXPERltf  IHÎALE 

naifon  entière  s'évapore  plutôt  que  les  pardM 
conltituantes  ne  fe  feparent. 

Gbw*  *f**  la  Terre  yltrifiabh. 
Monkr  de  chaos  8c  de  fable  pour  la  bâriflc- 

hejixccme  Se  dernier  phénomène  qui  nous  refte 
à  examine*  fut  la  chaux ,  eft  l'adhérence  extrême 
de  La  matière  falino-  terreufe  fur  les  corps  liiTes  & 
vitreux  ic'eft  fur  cette  propriété  queft  tonde  Yo? 
Age  du  mortier  de  chaux  &  de  fable  pour  barir. 
Comme  c'eft  à  cette  matière  faline  qu  eft  due  la 
jboncé  du  mortier ,  il  convient  »  lorfqu  on  fait 
l'excision  de  la  ch*ux ,  de  n'employer  que  la 
quantité  d'eau  co*iyenable».&de  prendre  garde 
que  éell*  qu'on  pourroic  mettre  de  trop ,  ne  s*é- 
<Q)llë,QB  nft&tttabe  dans  les  perre*,  pareequ  elle 
empoterait  avec  elle  tme  partie  dç  qetee  fubftance 
pcécieufe  au  mortier. 

'  Pour  fcipe  le  mortier,  on  meie  enfemble  à-pea* 
prte  finies  égales  de  pâte  de  chaux  &  de  fable , 
ou  deux  parties  de  fable  fur  nue  de  pâte  de  chaux. 

Ce  ihelange  n'a  d'abord  que  la  confiftance  d'une 
'pâte  V  ot*i$  >  avec  le  temps.,  il  acquiert  une  foli- 
difié  prefque  égale  a  celle  dis  terres  calcaires  les 

Î>l»s  diures.  Cet  effet  iiogulier  eft  dû  à  la  matière 
alino-terreufe  que  produit  la  chaux»  Lorfcju'ell? 
s'applique  fur  «a  corps  vitrîfiable ,  elle  s'intro- 
duit dans  fes, pores  les  plus  imperceptibles ,  quel* 
que  dur  que  foit  ce  corps.  On  en  a  la  preuve  en 
fat&nt  éteindre  dans  un  verre  de  la  chaux  vive 
avec  un  peU  d'eau*  La  matière  falino-tçrreufe  de 
la  chaux  prend  avec  ce  vetfç  une  telle  adhérence, 

2n  au  bout  de  quelques  jours  il  n'eft  plus  poffible 
e  l'en  détacher*  Le  yerre  tefte  terne  8c  jmoxz 

dépoli. 


fer    &At$ôi*N£B.  i9? 

àépoÏL  Le  bicme  effet  arrive  à  chacun  des  grains 
de  fable  du  mortier  :  ils  fe  trouvent  liés  les  uns 
aux  autres  par  l'effet  de  la  chaut  :  leur  adhérence 
augmente  avec  le  temps ,  à  mefure  que  le  mortier 
perd  fon  humidité.  Les  matières  les  plus  ordi- 
naires iju'on  emploie  avec  la  chaux ,  font  le  fable 
de  rivière ,  le  fablon ,  certains  fables  très  fins  * 
tncléi  d'argille,  &  i'argille  cuite  pulvérifée  qu'on 
appelle  communément  ciment.  On  fe  fert  pouf 
cela  des  débris  de  tuiles,  de  briques  &  de  vàif- 
(eaux  de  grès  $  toutes  ces  matières  font  également 
bonnes  :  on  en  fait  néanmoins  un  choix ,  fuivaiiÊ 
les  circonftances.  Par  exemple  ,  on  doit  eftiployeë 
le  fable  fin  pour  le  mortier  deftiné  k  rethplir  leS 
petits  joints  qu'on  laiffe  entre  les  piètres  taillées  i 
au  contraire,  on  fe  fett  du  mortier  Fait  aVec  du gros 
fable  pu  du  ciment  pour  les  murs  de  ftioèllons  1 
pour  ie  pavement  des  cours,  &c.  parceguôh  n'eft 
pas  gène  par  la  pe  titefle  &  la  régularité  des  joitttf  i 
&  par  la  difficulté  d'y  faire  couler  le  mortier*  EA 
général ,  le  mortier  de  fable  fin  eft  préférable*  J*âi 
eu  ôccafion  de  remarquer  que  celui  dont  ort  fé 
fert  pour  la  bâtiffe  eh  plufieurS  endroits  de  la  Loir- 
faine  ,  eft  fait  avec  une  chaux  noire  argilleufe  & 
du  fable  très  fin ,  mêlé  aufli  d'argille*  Ce  mortiè* 
eft  fi  parfait  qu'on  l'emploie  avec  le  plus  grand 
f uccèsdans  les  baffins  des  jardins.  J'ai  vu  des  foititS 
faits  depuis  dix  ans  avec  de  ce  mortier  :  ils  âvoieni 
encôfe  du  relief,  quoiqu'on  pafsât  deflus  très  fou* 
Vent  le  balai  pour  nettoyer  les  baffins.  J'ai  foridé 
ce  mortier  avec  la  pointe  d'un  couteau  *  je  l'âï 
trouvé  de  la  plus  grande  folidité* 


font*  U  8 


|*24  £hYMIE   EXPERIMENTALE 

.  Chaux  vive  &  Glace. 

Une  partie  de  chaux  vive  Se  deux  dé  glace  pro- 
'duifent  un  degré  &  demi  de  froid,  la  tempéra- 
ture du  lieu  étant  au  terme  de  la  glace. 

Chaux  vive  combinée  avec  du  Phlogi/Uquc* 
Alkali  fixe  artificiel* 

J'ai  pulvérifé  du  marbre  blanc  i  je  Pai  mêlé  avec 
(on  poids  égal  de  charbon  d'huile  de  corne  de 
cerf  :  j'ai  renfermé  ce  mélange  dans  un  creufet: 
j'ai  luté  le  couvercle ,  afin  qu'il  ne  s'introduisît 
point  de  cendres  du  charbon  :  j'ai  fait  chauffer  ce 
creufet  pendant  deux  heures  julqu'au  rouge  blanc* 
]Le  creufet  étant  hors  du  feu  &  refroidi  *  j'en  ai 
féparé  la  matière  :  elle  étoit  très  noii  e  >  pareeque 
J^fubftance  phlogiftique  n  a  pu  brûler ,  faute  du 
concours  de  l'air  :  ce  mélange  ainfi  calciné  avoit 
une  faveur  plus  forte  que  de  la  chaux  vive  ordi- 
naire. 

J'aiexpofé  cette  matière  à  l'air  humide  pendant 
trois  jours  j  elle  a  peu  augmenté  de  poids.  :  je  l'ai 
mêlée  avec  fon  poids  égalde  charbon  d'huile  de 
corne  de  cerf,  &  un  peu  d'eau  :  je  l'ai  fait  calci- 
ner de  nouveau  ,  comme  la  première  fois ,  pen- 
dant deux  heures ,  ayant  luté  auparavant  le  cou- 
vercle, pour  éviter  l'iijtrodu&ion  de  la. cendre. 
J'ai  examiné  éjbfuite  cette  matière  :  je  lui  ai  trouvé 
une  faveur  décidément  aikaline ,  quoique  par- 
ticipant  encore  de  celle  de  la  chaux  :  tiomme  elle 
ne  me  paroiflbit  pas  fufEfammênt  aikaline  ,  j'ai 
réitéré  cette  opération  pour  la  troifieme  fois  :  j'ai 
pxxèlé  chaque  fois  la  matière  avec  fon  poids  égal  de 


et    RAnoNwh;  195 

pareil  charbon  d'huile  de  corne  de  cerf  &  un  peu 
d'eau  *  en  lutant  toujours  le  couvercle  au  crép- 
ie t  ,  pour  évicer  l'introdudkion  de  la  cendre. 

J'ai  fait  didbudre  dans  de  l'eau  la  matière  àinfi 
préparée  :  j'ai  filtré  la  liqueur  j  elle  étoir  parfai- 
tement claire  :  elle  avoit  une  légère  faveur  d'eau 
de  chaux ,  mais  accompagnée  de  celle  de  l'alkali 
iixe  bien  décidée.  J'ai  fait  concentrer  cette  li- 
queur :  il  s'eft  formé  pendant  l'évaporation  quel- 
ques pellicules  de  chaux}  mais  la  liqueur  reftante 
fevoit  toutes  lôs  propriétés  d'un  alkali  fixe  très  ca- 
faâérifé ,  verdilÇint  les  couleurs  bleues  des  végé- 
taux ,  pouvant  fe  déïTécher  fur  le  feu ,  attirer  l'hu- 
midité de  l'air  >  &  fe  réfoudre  en  liqueur ,  comme 
le  fait  l'alkali  fixe  tiré  de  la  cendre  des  végétaux  : 
cet  alkali  fait  efFervefcence  &  forme  des  fels  neu- 
1res  avec  les  acides* 

Remarques* 

-   J'ai  répété  cette  expérience  plusieurs  fois ,  & 
toujours  aVec  le  même  fuccès.    Quelquefois  je 
mettois  moins  de  matière  inflammable,  &j'ob- 
tenois  pour  lors  moins  d'alkali  fixe.  Dans  toutes 
ces  expériences ,  il  eft  impoflible  de  convertir  en 
alkali  fixe  toute  la  quantité  de  terre  calcaire  qu'on 
emploie  j  on  ne  peut  également  faire  entrer  dans 
la  combinaifon  tout  le  phlogiftique  qu'on  a  mis 
en  jeu.  L'eau  fe  diffipe  en  grande  partie  avant 
que  l'a&ion  du  feu  foit  atfez  violente  pour  fe  com- 
biner. 11  en  eft  de  même  du  phlogiftique  \  il  fe 
détruit  en  grande  partie ,  avant  que  l'a&ion  du 
feu  puifle  le  combiner  avec  la  terre.  Toutes  ces 
Qpép  ations  tendent  à  changer  la  nature  d'une  por- 
tton  de  la  terre  calcaire ,  '&  a  la  ramener  à  la  na- 
ture des  terres  yitriiiables  ;  dans  cet  état ,  elle  ne 

Nij 


lp6  ChVMIE    EXTÉRIMkNTALB 

peut  plus  formel*  de  matière  faline ,  &  il  refte  enfin 
une  portion  de  phlogiftique  dans  l'état  charbon- 
neux ,  qui  n'eft  entré  pour  rien  dans  cette  combi- 
naison. 

Comme  le  phlogiftique  ne  peut  fe  brûler  qu'a- 
vec le  concours  de  l'air,  &  qu'il  s'en  brûle  tou- 
jours une  portion  dans  le  creufet ,  à  la  faveur  de 
l'humidité  qui  s'évapore ,  &  qui  fait  fonction 
d'air ,  j'ai  tenté  de  calciner  de  pareils  mélanges 
dans  des  cornues  de  grès  :  mon  objet  étoit  de 
combiner  une  plus  grande  quantité  ce  phlogifti- 
que avec  la  terre  calcaire ,  afin  d'obtenir  davan- 
tage d'alkali  fixe.  J'ai  remarqué  alors  que  la  ma- 
tière phlogiftique  ne  s'atténue  pas  affèz ,  faute , 
fans  doute ,  d'un  concours  d'air  fuffifant  :  cette 
fubftance  phlogiftique  refte  dans  un  état  trop  gref- 
fier :  elle  ne  fe  combine  pas  auffi  intimement  qu'il 
le  faut  pour  produire  de  l'alkali  fixe.  Tous  les 
mélanges  que  j'ai  fait  calciner  dans  des  vaifteaux 
clos ,  rournifïbient  des  leflives  moyennes  entre 
l'alkali  fixe  &  l'eau  de  chjiux  :  elles  précipitoient 
en  noir  le  fer  de  la  diflblution  de  vitriol  de  Mars , 
&  non  en  bleu  de  PruflTe.  ^ 

Pavois  foin  d'ajouter  à  la  matière ,  après  cha- 
que ealcinarion ,  un  peu  d'eau ,  afin  de  remplacer 
celle  qui  s'étoit  diflipée ,  m'étant  appetçu  que 
cette  addition  favoriioit  mieux  lacombinaifon. 

^  Il  réfulte  de  ces  expériences,  i°.  au  on  doit 
bien  Véritablement  attribuer  la  faveur  de  l'eau  de 
chaux  ordinaire  à  une  portion  d'alkali  fixe  qui 
s'eft  formé  pendant  la  calcination  de  la  pierre.  La 
dofe  de  l'alkali  eft  proportionnelle  à  celle  du  phlo- 
giftique qui  s'eft  combiné  en  même  temps  avec 
Pair ,  l'eau  Se  la  terre ,  pendant  la  calcination  de 
la  pierre  calcaire. 

*°.  Les  terres  ritrifiables  font  absolument  dé- 


I  T     HAISOHUis.  I97 

pourvues  du  principe,  aqueux  :  celles  qui  font 
alliez  divifées  poux  fixer  Peau  jufqu'à  un  certain 
point,  comme  la  terre  de  l'alun ,  ne  peuvent  ni 
la  combiner  ni  la  retenir  fuffifamment  pour  pro- 
duire une  fembiable  combinaifon  faline  :  ce  font 
là  les  raifons  pour  lefquelles  on  ne  peut  pas  faite 
de  la  chaux  avec  les  terres  vitrifiables. 

3°.  On  peut  préfumer,  des  réflexions  &  des  ex* 
périences  dont  nous  venons  de  rendre  compte , 
que  la  Nature,  qui  eft  féconde  en  moyens,  en  em- 
ploie plus  d'un  pour  former  tout  lalkali  dont  elle 
le  fert  pour  produire  les  différentes  combinaifons 
dans  lefquelles  elle  le  fait  entrer.  Dans  les  vol- 
cans ,  il  doit  néceflairement  fe  former  de  l'alkali 
fixe  par  un  procédé  à- peu-près  fembiable  i  celui 
dont  nous  venons  de  parler*  Les  circonftances  fa- 
vorables s'y  rencontrent  prefque  toujours  pour 
le  produire  directement,  puilquil  ne  faut  que 
delà  terre  calcaire ,  de  l'eau  &  du  phlogiftique. 

Mais  on  peut  préfumer  que  la  Nature  forme 
aufli  cet  alkali  par  la  voie  humide  :  c'eft  même 
le  moyen  le  plus  général  quelle  emploie  pour 
produire  Timmenle  quantité  d'alkali  fixe  qui 
exifte  dans  la  Nature ,  &c  finguliérement  dans  le 
fel  marin.  Ces  moyens  nous  font  absolument 
inconnus  :  néanmoins  nous  établirons ,  à  ce  fu- 
jet ,  les  conjectures  qui  nous  paroiflent  les  plus 
vraifemblables. 

Combinai/on  de  ta  Terre  calcaire  avec  la  Terre, 
vitrifiablc par  la  voicfcchc. 

F  ttfibiltcé  de  ces  terses  l'une  par  l'autre* 

Nous  avons  rendu  compte  des  effets  de  la 
chaux  par  la  voie  humide ,  fur  les  terres  vitrifia- 
bles :  c  eft  ce  qui  a  produit  le  mortier  de  chaux 

Niij 


f 5>S        Chymib  expérimentai,*    x 
&  d*  fable  :  examinons  préfentement  les  pro* 
priétés  de  la  chaux  fur  cette  même  terre  ,  par  la 
yoie  fecbe.        * 

La  rerre  yitrifiable  pure  eft,  comme  nous  l'a-» 
yons  dit;  infufible  au  plus  grand  feu  de  nos  four- 
neaux ;  mais  la  terre  calcaire  lui  fert  de  fondant , 
a  raifpn  de  la  matière  faline  alkaline  qu'elle  pro- 
duit pendant  la  calcinarion.  Comme  cette  ma- 
tière faline  fe  trouve  toujours  jnêlée  avec  une 
grande  quantité  de  terre  qui  n'eft  pas  dans  l'état 
Falin  ,  elle  ne  forme  pas  avec  la  terre  vitrifiable , 
un  verre  net  &  tranfparent,  en  fqppofant  ce- 
pendant que  l'on  ne  donne  pas  à  ce  mélange  un 
coup  de  feu  capable  de  faire  foiidre  la  terre  vitri- 
fiable ,  fi  elle  ctoit  feule  j  car ,  à  la  rigueur,  tout 
eft  fnfible ,  même  la  terre  calcaire ,  comme  nous 
favons  déjà  dit  :  ainfi  nous  entendons  parler  ici 
d'un  degré  rfuffifant  pour  les  vitrifications  ordi- 
naires dont  il  eft  cependant  difficile  de  déter- 
miner l'intenfitç  ,  faute  d'inftruments  convena- 
bles. ;  • 

J'ai  expofé  au  grand  féu  un  mélange  de  parties 
égales  de  fable  broyé,  &  de  craie  :  ce  mélange  n'a 
point  fondu  ;  mais  la  terre  calcaire  s'eft  réduite  en 
chaux  vive,  j  ai  expofé  ce  mélange  à  l'air  pendant 
quelque' temps  :  la  chaux  s'eft  chargée  de  l'humi- 
dité de  l'air ,  comme  elle  a  coutume  de  faire,  & 
elle  s'eft  réduite  en  poudre.  J'ai  expofé  de  nou- 
veau ce  mélange  à  la  même  adfciop  du  feu  :  il  eft 
entré  en  fufion ,  &  il  a  formé  une  matière  tumé- 
fiée, poreitfe ,  demi-tranlparente ,  &  qui  n'a  plus 
attiré  i'humiditp  de  l'air.  On  ne  peut  attribuer 
pet  effet  $  autre  chofe ,  finon  à  une  addition  de 
matière  faline  ;  laquelle  s'eft  formée  pendant  la 
féconde  calcinarion  :  elle  s'eft  trouvée  alors  en 
(lofe  fiiffifante  pour  entraîner  la  fufion  dafabU^ 


E  T     *  A  I  S  O  N  K  £  *;  *9J* 

3e  me  crtfis  d'autant  mieux  fonde  à  penfer  ainfî  * 
que  je  fuis  parvenu  à  mertreen  fufion ,  &  d'un  ffcut 
coup  de  feu ,  de  pareil  fable  aue  i  a  vois  mêlé  avec 
ion  poids  égal  de  pelHctftes'de  chaux.  Ce  verre  % 
à  la  vérité,  étoit  femblable  au  précédent  :  il  n'a-* 
voit  ni  la  beauté  ni  la'  tranfparence  d'un  verra 
parfait  j'rtiais.  il  étoit  fonda  faftfantmepirpoat 
me  faire  penfer  que  la  matière  faline  qui  fe  &»rne 
pendant  la  calcination  de  la  terre  calcaire ,  pro-r 
dnit  cette  fufion  au  on  peut  confidérer  comme.ua 
commencement) de  vitrification.  : 

i  w.'  \  ';,.■       .  .-v  :;.o  •  •    .     -  :?..      "> 

-  '  -  ■?  Sur  tes  Sui fiances  foR/tes*  ".-  ** 

1  Tout  ce  qôer  nout  avons  dit  fur  la  terre  ;  Cal- 
caire/&  fui  foi  cofiverfton  en  alkali  fixe  ^  doit: 
faite  çréfiimér  qseikt^evse  élémentaire  ^àloécée- 
par  le.  travail  des  animauk ,  &  devenue  càloake 
enfin  v  ifeit\  fou* cette  fpr me j.joaer',  disait  lai 
bocatcàrexiDamenfe  de  la  Natufe ,  un  très  grand 
«ôle  «khs  tai  for  m  rtiorcder  matières  falmes.  Je 
peiifemème  q«p  c^eft  feulemfen*  dans  cet  é  tardai» 
téraiion,  que  Pélémentyterceux  peikt  véritable* 
ment  BCMtnuter  :  avec  :  ies  autres  'principes  i  mm 
4inion  detcompofieîon  ùibnw.'ti  penfe  encdta 
que,  lorfquè  cette  terrfe  entre  dans  ces  fbnesxb 
corabinaidbns  ±;  ellje  fe  dépouillé  plus  ou  moins  de 
fes  propriétés,  calckires;  &  c'jeftdecçs  différents, 
états.'  -fous:  Wfquels  relie  iaritouve  y  que  -'.-refait* 
l'efoecede  fbtquife  produit.  Nous,  verrons,  dans 
le  défci±Jô-nm.eïpaœ^ 
partie  deffefer  .&  qoionierv  fepaté  en  ksidécbm* 
pofafet,  eftabfolumentfeiubhiblepux  teqres  vi* 
mâabie&iratraues  :  maticon^nkla  reçue ille^pQti5« 
dansiL'toiLoù  edle  étoi,t  ,'J©r£qu  elle  faifoit  parti* 
dka£da^;^ai^eve>delaa{^parpref  pat  lesdUSt* 

S» 


*oe       Cht«U«p4mmimtaii  , 
fçntes  opérations  au  on  lui  fait  fubir  pour  la  &» 
j>arer  des  fels  :  on  la  réduit  çufin  aux  çara$e;es 
des  terres  vitrifiables. 

Les  anciens  Chymiftes  penfoient  que  les  fels 
Croient  compofés  d'eau  &  ae  terre  ;  mais  comme 
ils  prévoyoient  que  ces  deux  fubftances  ne  pou- 
voient  pa*  former  un  compofé  qui  eue  de  la  fa- 
veur >  Us  admirent  un  troifieme  principe  qu'ils 
pomtpereqt  cjprit  univcfci:  ils  croyoient  <^ue  les 
différentes  proportions  de  ce  troiheme  principe 
formoient,  ou  un  fel  acide ,  ou  un  fel.alkali.  Les 
Chymiftes  qui  y  ont  eu  recours  pour  la  formation 
de$  feU ,  ne  nous  ont  donné,  aucune  idée  nettp 
fur  la  nature  de  ce  prétendu  efprit  univerfel, 
-  *  Staahi,  Ôc  tous  les  Chymiftes  qui  ont  adopté  fa 
doûrine  „  admettent  avec  lui  la  terre  &  l'eau 
pqUE.feuta  principes  constitutifs  de  conte  mar 
%me  faliqe.  Sans  vouloir  contredire  Staahl ,  ni 
^eiiiabiles  Chymiftes  qui  fmvenè  fa  dodrine, 
hou*  croyons  Revoit  Mous  écarter  de  fa  théorie 
fur  cet  objet;  nbnsrcro^oiis  être  frindiés  fur  tou- 
tes ies  nouvelles  obfetvations  que  nous:  ayons 
f apportées  for  U  chaux  ^  &  fur  ce>q\ie  t'eea» 
*laps  la  Nature *  ;n'eft  jamais  pacÊiiremeur  pores 
elle  tient  toujours  une  plus  ou  moins  grand* 
quantité  de  terre  en;*Uânh*tion  ,*  ibiticalcure  \ 
fpit  vitnfiable  :  elle»  na  pas y  pouç -cela,  une  far 
veur  falée ,  quoique  &$u  8l  ta  terre  foient  pa** 
faiçement  unies.  J^ai  lertiarqhc  isolement  qo# 
l'eau  avoxt  plus  dé  faveur  Içnqu'eHe  tient  4e  la 
lerre  calcaire  en.difTalaiiou j.inais.cetttiaveur 
eft  fade ,  plate  &  jamais  faiée  j  tandis  qu'au  con- 
traire, une  petite  quantité  de  matière  faline, 
Routée  à  l'eau ,  lui  communique  an&-iàt  unefa-r 
VÇUç  TOanifeftemçuÉfçIée  ?  qui  diffère  eâenciel- 
fement  de  celle  qu&|*o{fctt  une  ûmjàc  union  cfa 


B?     HAIS  O^ÏH  >I,  *<U 

J'éau  avec  la  terre  ;  ainfi  onnô  peut  attribuer  ce* 
différence*  à  des  proportions  qu'on  pourroit  dire 
ji'être  point  femblables,  puijqu on  peut  faire  dxf- 
foudre  dans  de  l>au  de  la  terre  calcaire  jufqu  au 
point  de  faruratîon,  fans  que  cette  eau  acquière 
de  faveur  faiine,  quoiqu'elle  en  fçù  beaucesip 
Chargé* 

Ces  observations  Qc  beaucoup  d'autres  que  Je 
pourvois  ajouter  y  prouvent  qu il  entre  néceifaîr 
rement  dans  la.  compoûcion  des.  fek ,  quelque 
çhofe  de  plus  que  la  terre  &  l'eau.  On  ne  peut 
fe  difpenfer  d  admettre  dans  cette  combinaison 
l'air  &  le  feu  ;  mais  ce  dernier  élément  s'y  trouve  * 
*n  même  temps  fous  différentes  fermes»  fous  celle 
<Je  phlogiftique^ous  celle  de  feu  prévue  pur.  Jl  * 
été  prouvé  par  les  expérience  jqtref  Mlrrâottte 
fur  la  formation  tle  l'al&ali.  fixe  amfi  ciel  >  <mi 
jnefure  qu'on  ajoute  du  principe  inflammable  * 
la  terre  calcaire ,. on  pr<^u«  «lui  ^k^Hfixcw 
J'ai  fait  obferver  oue  cette  produ&ion  n  avoit  pa$ 
lieu  dans  un  degré  dalkalicité aufli  marque* lorf- 
<jue  l'on  faifok  calciner  ces  mélangea  dans  de* 
.yaideaux  clos»  paceeque  la  matière pWogifttou^ 
lie  peut  fe  réduire  dans  l'état  propre  à  la  comte* 
jiaubn  faline,  fautç  du  concows  d$£atr<  Ceci 
iuppofç,  par  coxtféquew,  que  le  phtogiftique 
qui  entre  dans  la  çompofitior\  des  fels^^y  eft  dan; 
je  plus  grand  état  de  pureté ,  état  qui  ayoifine  de 
bien  près  celui  de  feu  libre.  Panq  l'eau  de  ciiaux:* 
le  feu  y  eft  ttoplibre  Sç  trop  voifin  de  l'état  de  feu 
abfolument  pur.  J'ai  remarqué  que  dte  l'eau  de 
chaux,  gardée  pUifieurs  années  dans  des  bou- 
teilles de  verre  ♦  perdoit  §  au  bout  de  oe  temps  , 
toute  fa  faveur ,  pareeque  le  feu  ,  n'étant  poKjt 
Vecenu  par  quelques  matières  phlogBtiques  >  fe 
diifipoit  d'une  manière  infeu(ib&  keaudçchau* 


laifle  depoferde  la  terre  dans  la  même  propor- 
tion ,  fantf  qu'elle  fubifle  d  evaporation  j  mais  û 
Ton  ajoute  à  de  l'eau  de  chanx  quelque  peu  d'ef- 
frk  de  vin ,  ou  toute  autre  matière  inflammable 
qui-  puifle  fe  rrtèl^r  avec  elle ,  elle  fert  de  bafe 
pour  mieux liifcer  les  parties  de  feu  :  feau  de  chaux 
acquiert  alors  plus  de  faveur ,  &  n'eft  plus  fujette 
à  cette  efpeoe  de  décompofiriôn.  Si  a  toutes  ce? 
expériences  &  à  toutes  ces  obfecvations  on  ajoute 
celles  de  M.- Haies  *  qui  prouvent  d'une  manière 
bien  complétée ,  que  l'air  fait  partie  des  fels  (i) , 
fcn  ne  pourra  disconvenir  alors  que  les  fels  &  les 
fttbftances  fatines  font  effentieii&itënt'  compofés 
^des  quatre  éléments ,  &  que  ces  .éléments  font 
leàrs  principe^c^riftitoànts  ,  de  iri&me  qu'ils  le 
font  dans  Us  corps  organifés.  Les  différentes  pro-« 
ftiâtis  de  ce&corps  viennenrde  l'état  des  propor- 
tions &  des  Modifications  qufc  le.  feu  prend  lor£* 
«qu'il  entredans  leurs  combifiaifons.  Les  élément 
ne  fe  combinent  pas  immédiatement  pour  foiv 
mer  les  matières-  falines  -,  ils  fe  réunifient  fou* 
ik'fottàk  d^principcs  feconàcire&v  &  ces  prin- 
cipes font  fournis  par  la  dçfttû&otï  des  corp0<#& 

gani&s. "i  i  ^ç-jicj  : \.  z..  -à 

'    Lescoit>9orgatiïfés9  comftie4aife l'avons  ictëj* 
ait ,  font -lqs  ftirifcà  qiii  la  Nature  adonné  i'em^ 

v  -  r  • .  :  '  \ t;,v-;--- — - — — 

-    (1)  Voyez S&tlqtte des  régéthttx\ifaT M:  Haies,  tra* 
dttltc  4e  l'adgioit  pat  M.  de  Buffet  '.  ;.  ;  :  \  • 

#  le  fel  de  tartre  contient  114  fois  fon.  volume  d'air  J 

J*geij9.  v    <  .    '  ... 

Le. tartre  crud  ,  Ië  tiers  de  feri  poids  »  même  page. 
Le  nitre  ,  if 6 fois,  fon  volume,  ibid.  ;; 

•  Uo  dèmi-pdac«^obiqac  &t  &i  mtfrija  ,  '64  pouces  cubE* 
ques  d'air  i  page  i$i,  -.' 

Deux  pautxs,cubiques  d'eau  régale  y  74  pouces  cubiques 
'Jair,pageî87.,     j.  . 
ic  fucre ,  la  dixième  partie  de  fyn  poids ,  çag;  x  }6S  ' 


IT     R  A  I  8  O  *  N  i  tt  %6f 

tdoi  de  combiner  immédiatement  les  éléments. 
De  leur  deftru&ion  il  refaite  différents  principe^ 
qui  fervent  à  former  une  autre  claffe  de  corps  corn* 
pofés  :  ces  corps  font ,  ou  plus  {impies-,  ou  plus 
compofés ,  fuivant  les  circonftances.  C'eft  dans 
la  mer  aue  la  Nature  a  établi  fon  principal  labo- 
ratoire des  fels.  Les  teftacées ,  les  polypiers ,*  Ôcc* 
forment  cette  immenfê  quantité  de  pierres*  cal- 
caires. Il  paraît  que,  c'eft  fous  cette  forme ,  que 
le  principe  terreux  entre  dans  la  plupart  des  com- 
binaifons  des  corps  non  oreanifés.  Les  teftacées 
ont  la  plus  grande  part  à  la  formation  des  fub~ 
ftanceis  falines  primitives  *  Se  fpécialement  à  celle 
du  fel  marin  &  du/gypfe.  En  effet  ,*cô*-  ani- 
maux contiennent  tous  les  matériaux  des  fels  4 
après  avoir  rempli  leur  tôle,  ilspéruTent  ySc  lait 
fen  t  à  la  Nature  le  foin  de  faire  ufage  de  leurs  dé- 
pouilles. On  me  demandera:  peut-être  quels  font 
les.  moyens  que  la  Nature  emploie  pour  former,  par 
la  voie  humide,dcs  matières  falines  avec  ces  fortes 
de  corps  organifés.  Ces  queftions  ne  fonrpas  fa- 
ciles à  réfoudre  $  }'en  conviens  :  pour  y  parvenir 
-d'une  manière  farisfaifante ,  il  fau'droir,  pour 
ainfidire,  prendre  liNarcure  fur  le  fait.  Je  vais 
néanmoins  expofer  moînfehtiment  fittf  cette  ma- 
tière, d'autant  plus  que  les  expériences  fur  la 
chaux  m'ont  mis  à  portée  de  découvrir  un  moyen 
de  former  une  madère  fa|ine  par  la  voie  feche.  H 
eft  à  préfiwnef  que  larNrôfuaic  ces  mêmes  com- 
binaifons  plus  généralement  avec  le  concours  de 
leaa, -qu'avec  celoïdu  feu.  i  -• 

Lorfquon  examine  les  fels  en  général,  &les 
coquilles  des  teftacées-*  o»i trouve:  qu'ils  font, 
les  uns  &  les  autres,  compofés.  des  mêmes*  fia  b- 
ftances,  fi  ce  neft  cependant  que  les  fels  réputés 
purs  ne  contiennent  point  le  principe  inHamr. 


••or  f 

s» 

fttSUr 


104  Chthii  irpiamisTAXE 
mable  dans  l'état  huileux  :  les  coquilles ,  an  a* 
«tire,  font  pourvues  de  matière  combuibie 
Îmi  lécac  hmW.  L*  feli  renferment  beauccs? 
moins  de  rerr*  ^<?  &  coqnillcz  ;  mais  d  3* 
Minr  di/fci7e  i  /a  tfarure  de  changer  la  contra- 
000  decûsfubfanccs,  te  de  les  anir  dam  ré», 
j.-c/todre&dans  les  proportions  qui  Lear c* 
nfnxjeflfi  pour  former  des  matières  faûm 

I^s  lêfticées  croiflènt  &  périîïenc  dans  Us» 

l*  Nature  ,  par  le  mouvement  des  eaux,  bnkt 

jtduif  en  poudre  impalpable  beaucoup  de  o 

I^Jfejdeces  animaux,  ôc  met  la  rerre  cakicea 

£r  d  erre  diffoute  par  l'eau.    L'eau  de  la  m 

4&mt  de  même  la  matière  inflammable,  au 

Alternent  des  corps  dont  nous  parlons  >  mus  i 

«ms  les  corps  orçanifes  qui  croiflent  &  penifc* 

jins  (on  fi?m  :  elfe  élabore  a  ion  gré  lantfflfff 

jilhiiimjbjc >  &  la  réduit  dans  leur  codraubk 

tonner  différentes  matières  falines,  Dec&fc 

il  refaite  différents  fels  ,  fuivanr/fttfda 

AUhnoes  À:  les  proportions  dans  lefmîeBes  c« 

j^fcnvos  le  (ont  combinées.  Je  penfe  que  I» 

£Jc<v)nccrunr  de  l'acide  vitriolique ,  &  ceuicc 

gttot  de  l'acide  marin  >  fory  les  fek  que 

110  tondre  le  plus  abondamment  dans 

gtÂrrt  Pan  &  l'autre  des  fels  primitifs, 

Je  conviens  que  ce  fenrimenr ,  tour 

m\! paroi  t  être ,  n  eft pa* À /abri  des a£ 

Jet  impodïble  d'en «tonner^la  démon 

ms  paihquc  je  iW*f*rveni1  à  produire 

t  Viline  fw  U  *«*  ieche,  il  eft  à  p 

la  Ntwce  p***?  ?UA  ">««  but  par 

><**  A*rt*f*lJdoiCctrepenniadeh 

^iu«**  fardes  matières  de  ce  geni 

peu  connues,  &  fur  lesquelles  c 

^  dit  de  fausfaifaat.  Ces  queft 


WV\     N-^^  «-te  nef 
^e/p  H  prononce 


i04  ChYMIH    EXphlMINTALf 

mable  dans  l'état  huileux  :  les  coquilles  „  an  doit* 
«aire»  font  pourvues  de  matière  combuftiWe 
dans  1  état  huileux.  Les  Tels  renferment  beaucoup 
moins  de  terre  que  les  coquilles  }  mais  il  n'eft 
point  difficile  a  la  Nature  de  changer  la  conftira- 
tion  de  ces  fobftances ,  &  de  les  unir  dans  l'état , 
dans  Tordra  &  dans  les  proportions  qui  leur  con- 
viennent »  pour  former  des  matières  falincs. 

Les  teftacées  croiffenc  &  périment  dans  la  mer. 
La  Nature  ,  par  le  mouvement  des  eaux ,  brife  Se 
réduit  en  poudre  impalpable  beaucoup  de  co* 
quilles  de  ces  animaux ,  &  met  la  terre  calcaire  en 
crac  d'être  diffoute  par  l'eau.  L'eau  de  la  mer 
diflbut  de  même  la  matière  inflammable ,  non 
feulement  des  corps  dont  nous  parlons  ,  mais  de 
toa$  les.  corps  oroanifés  qui  croiflent  &  pendent 
dans  fou  foin  :  elle  élabore  à  fon  gré  la  matière 
inflammable ,  &  la  réduit  dans  l'état  codvenable 
pour  former  différentes  matières  falines.  De  cette 
union  il  réfolte  différents  fols ,  fuivant  l'état  des 
ibbftances  &  les  proportions  dans  lefouelies  cts 
iUbftances  fo  font  combinées.  Je  penle  que  les 
fels  contenant  de  l'acide  vitriolique ,  &  ceux  con- 
tenait <te  l'acide  marin  »  foty  les  fols  que  la  Na- 
ture forme  le  plus  abondamment  dans  la  mer; 
sis  font  l'un  &  l'autre  des  fols  primitifs. 

Je  conviens  que  ce  fentiment ,  tout  probable 

3u*il  paroît  être  »  n'eft  pas  à  l'abri  des  objections; 
eft  impoffible  d'en  donner  la  dénxxnftraoon  ; 
mais  puifque  je  fuis  parvenu  à  produire  une  ma- 
tière faline  par  la  voie  feche ,  il  eft  à  préfumer 
que  la  Nature  parvient  au  même  but  par  la  voie 
humide*  Au  refte ,  il  doit  être  permis  de  hafarder 
des  çonjeâuces  for  des  madères  de  ce  genre  »  qui 
font  fl  peu  connues  y  &  for  lefquelies  on  n'a  en- 
core rien  dit  de  fotisfatfant.  Ces  queftions  font 


I  T      HAISOKNEti  lOf 

voir  au  moins  que  nos  connoiflances  (ont  très 
peu  avancées  fur  ces  différents  objets» 

Quoi  qu'il  en  foie»  il  réfulte  que  les  fels  &  lei 
fubftances  falines  font  eflenriellement  compotes 
des  quatre  éléments  i  mais  il  refte  encore  à  con- 
noître  dans  quelles  proportions  ces  éléments  en» 
trenr  dans  les  différents  fels ,  de  quelle  manière11 
ils  y  font  arrangés ,  &  dans  quel  état  ils  y  font 
combinés.  La  connoiffance  de  ces  objets  répan-» 
droit  beaucoup  de  lumière  fur  là  différence  qu'il 
y  a  entre  les  fels  acides  &  les  fels  alkalis  qui  iont 
eflenriellement  compofés  des  mêmes  fubftances  j 
mais, la  Chymie  &  la  Phyfique  ne  font  pas  encore 
âflw  avancées  pour  rien  prononcer  fur  cène  ma- 
tière. 

Tout  ce  que  les  expériences  indiquent ,  eft  , 
i°.  qu'il  entre  dans  la  composition  de  lalkali  une 

5 lus  grande  quantité  de  terre  que  dans  les  act- 
es 3  pujfqu'on  peut  réduire  les  alkalis  fous  une 
forme  feche ,  &  que  cela  eft  impoffible  pour  les 
acides  :  il  eft  même  de  leur  effence  de  ne  pouvoir 
jamais  paroître  fous  une  forme  feche,  parcequ'iU 
ne  contiennent  pas  aflez  de  terre.  On  parvient 
bien *  à  la  vérité ,  par  des  opérations  laborieuiès  % 
à  les  réduire  fous  une  forme  concrète  ;  mais  ces 
acides  n'ont  pas  la  même  folidité  que  les  alka- 
lis ,  ils  fe  laiflent  liquéfier  i  un  degré  de  cha- 
leur inférieur  à  celui  de  l'eau  bouillante  j  ce  qui 
n'arrive  pas  aux  alkalis ,  puifqu'ils  ne  peuvent 
entrer  en  fufion  qu'après  avoir  rougi.  Toutes  ces 
propriétés  indiquent  que  le  principe  aqueux  eft 
dominant  dans  tous  les  acides. 

2°.  La  matière  phlogiftique  dans  les  fels  al- 
kalis fe  trouve  dans  un  état  propre  à  être  tranf- 
mis  >  foit  par  la  voie  feche  »  foit  par  la  voie  hu- 
mide >  à  la  plupart  des  corps  qu'on  lui  préfeute. 


lôÉ       Chimie  ttpluttf EtfTÀt* 

La  matière  phlogiftique  des  acides,  au  contraire  i 
ne  peur  être  tranfmife  avec  la  même  facilité  :  les 
acides  s  emparent  avec  avidité  du  principe  inflam- 
mable des  toips  fournis  à  lotir  aâtion. 

j°.  Le  phlogiftique  d'âhS  Talkali  paroît  erre 
moins  pur  que  celui  qui  fe  trouve  dans  les  acides  : 
ces  fels  alkalis  font ,  pour  cette  raifon,  plus  fixes 
au-feu ,  èc  ils  ont ,  en  général  ^  une  a#ion  mdîns 
vive'fur  les  corps  qui  contiennent  le  principe  in- 
flammable. Nous  dérriôntreroiis  toutes  ces  pro- 
pofitions  avec  la  plus  grande  évidence  *  lorfque 
iiousexaminerons  tes  propriétés  des  acides  fur  le9 
matières  métalliques  &  fur  les  huiles. 

Suivant  cette  théorie ,  nous  croyorts  devoif 
définir  les  fels  fimples ,  des  corps  compofés  qui 
affeftent  le  fens  du  goût ,  qui  font  diflblubles 
dans  l'eau ,  fans  lui  communiquer  de  ta  couleur  * 
&  qui  ontbeaucoupde  difpofitiôn  à.s'unir  avec  le 
principe  inflammable. 

Tous  les  corps  qui  ont  ces  propriétés ,  font  né-« 
ceffàirement  falés ,  ou  les  doivent  aux  fels  qu'ils 
contiennent. 

Au  moyen  des  fubftariCes  que  nou«  reconnoif- 
fons  devoir  entrer  dans  la  compofirion  des  fels  , 
il  eft  facile  de  déduitela  éaufe  de  leur  faveur.  J'at- 
tribue cette  caufe  au  feu ,  mais  en  même  temps  à 
l'état  forts  lequel  cet  élément  fe  trouve* 

Le  feu  eft  la  feule  fubftance  qui  ait  de  la  faveur. 
Les  impreilions  vives  ,  cauftiques  &  même  brû- 
lantes que  le  feu  libre  fait  fur  l'organe  du  goût , 
font  une  preuve  non  équivoque  de  fa  faveur  par 
excellence.  Lorfque  le  feu  eft  combiné  avec  la 
terre  ,  &  qu'il  eft  réduit  fous  la  forme  de  phlo- 
giftique ,  comme  il  l'eft  dans  le  charbon-,  il  cefle 
d'avoir  de  la  faveur,  quoiqu'il  foit  produit  par 
une  fubftance  qui  çn  avoit  beaucoup  auparavant , 


6  *    nAisoKKie?  ±6% 

4teîlè,  par  exemple ,  qu'une  huile  eflentielle  :  ceb 
prouve  que  les  différents  états  fous  lefqueis  lé  feu 
le  trouve  dans  les  corps ,  font  caufe  que  ces  corps 
ont  plus  ou  moins  de  faveur.  . 

Si  Ton  connoiflbit  bien  l'état  du  feu  dans  les 
différents  corps ,  on  pourroit  les  ranger  les  uns  à 
côté  des  autres ,  &  former  une  férié  de  leurs  fa- 
veurs :  on  placeroit  d'abord  le  charbon  qui  con- 
tient beaucoup  de  feu ,  &  qui  na  que  peu  ou  point 
de  fayeur  \  le  feu  peut  fui vre  le  dernier  terme  de 
la  férié  :  il  conviendroit  de  placer  dans  cet  ordre 
les  acides  minéraux  immédiatement  avant  le  feii 

Ï>ur.  Les  acides  minéraux  contiennent  eiïentiel-* 
ement  moins  de  feu  dans  l'état  de  phlogiftique, 
Su'une  huile  douce  :  il  fuit  de  là  que  c'eft. moins 
e  la  quantité  dé  feu  contenu  dans  les  corps ,  quç 
céfulte  leur  faveur ,  que  de  l'état  fous  lequel  cet; 
élément  fe  trouve. 

Le  feu  pur  eft  donc  le  corps  favoureux  par  ex- 
cellence :  il  cefle  d'avoir  de  la  faveur,lorfquil  n  eft 
combiné  qu'avec  le  principe  terreux  j  mais  lorfi 

Îu  il  eft  dans  un  certain  état  de  combinaîfon  dans 
acjuelle  entre  le  principe  aqueux*  comme  dans  les 
acides  minéraux ,  l'eau  tempère  fon  ta&ion  jufqu  a 
un  certain  point  :  cette  eau  cependant  lui  laide 
encore  la  liberté  d'agir  avec  presque  autant  de 
force  que  s'il  étôit  dans  l'état  de  pureté.  Ceft  aux 
propriétés  du  feu  contenu  dans  les  acides,  que  Ton 
doit  rapporter  Taétion  diffôlvante  propre  à  ces 
matières fàlines acides.  ".--  •  •*   ' 

Les  acides  &  les  alkalis  ont  beaucoup  d'a&ion 
fur  les  fubftances.  combuftibles  :  cette  aâioh.  eft 
même  comparable  à  celle!  du  feu.pur.  Ces  acides 
affe-denc  vivement  i'orgarie  du  goût  v  mais  moins 
forcement  cependant  que/M  &u;,'  pareeque  tpvt 
aâion  eft  tempérée  par  l'eaU  qui  entré  danUeuC 


cotnpofition.  La  grande  aâivité  qu'ont  les  acide* 
pour  s'unir  aux  matières  inflammables  *  nous 
prouva  que  le  feu  n'eft  bridé  que  rrès  légèrement* 
&  feulement  qu'autant  qu'il  eft  néceuaire  pouf 
qu'il  puifle  être  contenu  fous  cette  foithe  :  en  un 
Un  mot  ^  le  feu  dans  les  acides  eft  très  voifin  de 
Fétat  de  feu  pur  »  puifqu'ils  agiflent  comme  cet 
élément  dans  bien  des  circonftahees  :  ils  brûlent  » 
détniifent  les  corps ,  comme  fait  le  feu  pur  :  auffi 
remarque  -t-on  que  les  fels  qui  contiennent  le 
feu  dans  cet  état  de  pureté ,  font  ceux  qui  ont  le 
plus  de  faveur. 

Il  y  a  d'autres  matières  falines ,  au  contraire  # 
où  le  feu  eft  tellement  bridé  par  des  fubftances 
qui  n'ont  point  de  faveur ,  qu'on  a  même  de  la 
peine  à  reconnoître  leurs  propriétés  falines  :  ce 
îbnt  les  fels  dans  lefquels  la  terte  entre  en  rrès 
grande  quantité.  Comme  le  principe  terreux  n'a 

E>int  de  faveur ,  il  diminue  les  propriétés  de9  . 
b,  telles  que  leur  faveur  &  leur  diflblubilité 
dans  l'eau.  Les  fels  de  ce  genre  font  les  argilles , 
les  félénites  calcaires ,  beaucoup  de  fels  huileu* 
qu'on  retire  des  végétaux ,  dans  lefquels  le  feu  eft 
tellement  combine  ,  foit  par  des  huiles  douces , 
fbitpar  de  la  terre ,  que  ces  fels  manquent  >  pour 
ainfi  dire ,  de  propriétés  falines  ;  ce  qui  a  même 
fait  douter  de  leur  état  falin, 

Diftin&ions  des  S ubjlanccs  falines* 

Les  matières  falines  qui  ont  le  plus  de  falure  j 
font  celles  qui  contiennent  le  feu  combiné  dans 
le  plus  grand  état  de  (implicite  j  elles  devien- 
nent ,  entre  les  mains  des  Chymiftes  *  des  agents 
6c  des  inftruments  puiflants  pour  opérer  une  infi- 
nité de  compositions  &  de  décompositions  ic'eft 
fil*  09%  fels  que  roulent  la  plupart  des  grand* 

phénomènes 


t  T     ft  A  t  S  O  K  N  li.  i<*0 

Mienomenes  chymîques ,  parcequ'Us  font  capa-> 
blés  de  former  avec  les  autres  corps  des  combinai-' 
fons  falines  à  l'infini. 

Encre  les  matières  falines  que  nous  allons  exa-> 
miner ,  nous  en  diftinguerons  de  deux  efpeces 
principales  ;  favoir ,  Tune  qui  eft  acide ,  &  l'autre 
qui  eu  alkaline.  Cette  diftin&ion  eft  fondée  fui? 
ce  que  ces  deux  efpeces  de  fubftances  falines  difFe* 
rent  l'une  de l'autre  par  des  propriétés  générales 
qui  font  même  oppofées  entre  elles.  C'eft  pour- 

Îuoiit  eft  bien  erfentiel  de  ne  point  confondre  ces 
eux  efpeces  de  fubftances  falines. 
Les  corps, des  trois  règnes  fourriifîent  uhe  fub-î 
Itance  faline  acide  j  ce  qui  doit  faire  d'abord  préJ 
fumer  qu'il  y  en  a  de  plufîéurs  efpeces.  Il  exiftef 
en  effet  bien  des  fortes  d'acides}  mais,  comme 
ils  ne  font  pas  tous  également  fimples ,  &  qu'ils 
n'ont  pas  les  propriétés  falines  au  même  degré  * 
nous  nen  examinerons  d'abord  qu'un  fort  petit 
nombre  i  nous  reconnoîtrons  les  propriétés  des  au- 
tres acides  à  mefure  que  l'occafion  s'enpréfentera* 
Nous  différerons  fur-tout  de  parler  des  acides  que 
fournit  le  règne  animal ,  parcequ  ils  ne  font  pas 
aflez'pùrs  pour  être  mis  en  jeu  quant  à  préfent. 

Les  matières  falines  acides ,  dont  il  fêta  ici 
queftion  >  font  Y  acide  vitrioîiquc>  Y  acide  nitreux  j 
1  acide  marin  &  le  vinaigre* 

On  défigne  ordinairement  les  trois  premiers 
fous  le  nom  générique  à! acides  minéraux  ^  paree- 
que  l'on  pente  qu'ils  appartiennent  tous  au  règne 
minéral.  Ce  font  les  feuls  de  cette  éfpece  que  Fou 
connoifle  quant  à  préfent  :  le  quatrième  appartient 
AU  règne  végétaL 

Tous  ces  acides  fe  reffemblerit  par  im  certain! 
nombre  de  propriétés  qui  leur  font  communes  , 
.  comme  d'être  le  plus  ordinairement  fous  une 
Tome I.  O 


HO  ChYMIE    EXPÉRIMENTAL! 

forme  liquide  j  ce  qui  les  a  fait^  nommer  acides 
fluors  oixjels  fluors  ;  d'avoir  la  même  faveur  ,  qui 
eft  aigre.*  piquante  &  même  agréable ,  lorfqu'ils 
font  affoiblis  par  une  fuffifante  quantité  d'eau  ; 
d'agacer  les  dents  5,  de  rougir  les  couleurs  bleues 
des  végétaux  j  de  diflbudreles  pierres  Se  terres  cal- 
caire: avec  effervefeence  j  de  fe  combiner  avec 
les  alkalis  j  de  diflbudre  les  matières  métalli- 
ques, &c. 

Telles  font  les  propriétés  générales  par  lef- 
quelies  les  acides  fe  reflêmbient  ;  mais  ils  diffé- 
rent tous  les  uns  des  autres  par  des  propriétés  par- 
ticulières à  chaque  efpece  d'acide ,  comme  le  dé- 
tail des  expériences  nous  le  fera  voir. 

La  fubftance  faline-alkaline  eft  pareillement 
fournie  par  les  corps  des  trois  règnes  j  ce  qui  nous 
oblige  a  en  diftinguer  de  trois  efpeces  ;  favoir , 
Yalkali  minéral  qu'on  nomme  aufli  olkali  marin 
&  olkali  de  la  foude  >  Yalkali  végétal ,  &  YaïkaTi 
animal. 

Ces  trois  matières  falines  fe  reflêmbient  par 
piufieurs  propriétés  qui  leur  font  communes  , 
telles  que  celles  d'avoir  une  faveur  acre ,  caufti- 
que,  brûlante,  &  de  développer  dans  la  bouche 
une  faveur  urineufe  ;  de  verdir  les  couleurs  bleues 
des  végétaux  j  de  ne  pouvoir  s'unir  aux  terres  cal- 
caires par  la  voie  humide  ,  mais  de  fe  combiner 
avec  les  acides  jufqu'au  point  de  faturation,  avec 
chaleur  &  effervefeence,  &c. 

Telles  font  les  propriétés  générales  par  lef- 
quellesles  alkalis  différent  des  acides. 

Et  telles  font  aufli  les  propriétés  générales  par 
lefquelles  les  alkalis  fe  reflêmbient. 

Mais  ces  mêmes  manières  falines  différent  entre 
elles  ,  non  feulement  par  un  grand  nombre  de 
propriétés  chymiques ,  mais  encore  par  l'état  fous 


1  T     K  A  t  S  O  t)  X  i  S.  1U 

lequel  on  a  coutume  de.  les  voir  ordinairement» 
L'alkali  marin  eft  fous  une  forme  concrète  &  cryf- 
xalline  :  il  n'attire  point  l'humidité  de  Tait  ûl  perd 
au  contraire  fon  eau  de  cryftallifation*  L'alkali 
végétal  y  quoique  pouvant  être  auffi  fous  une 
forme  concrète  ,  ne  peut  point  fe  cryftallifer':  il 
eft  délicraefcent,  fe  charge  de  l'humidité  de'  l'air  > 
6c  fefélout  en  liqueur  :  ces  deux  alkalis  font  fans 
>©deur  j  ils  réfiftent  tous  les  deux  Jufqu'à  un  certain 
point ,  à  l'a&on  du  feu  >  fans  le  diflipeî  :  on  les 
nomme,  à  caufè  de  cela ,  alkalis  fixes.      ...*;: 

L'alkaii  animal  eft  fufceptible  defe  cryftallifer  j 
mais  il  diffère  des  deux  autres ,  en  ce' qu'il  a  tm* 
odeur  vive,  piquante,  pénétrante  : its'éviapore 
&c  fe  diffipe  lorfqu'il  eft  expofé  à  l'air ,  -fans  qu'il 
air  befoin  du  fecours  d'aucune  chaleur  étrangère* 
G'eft  cette  dernière  propriété  qui  lui  a  fait  donner 
,  le  nom  d'aliali  volatil. 

Ces  trois  matières  falinês-alkalines  font  les 
feules  connues  Jufqu'à-préfent. 

Telles  font  les  propriétés  les  plus  générales  des. 
matières  falines ,  acides  &  alkalines  que  nous  al- 
lons examiner.  Les  acides  ont  une  fi  grande  dif- 
pofition  pour  s'unir  avec  tous  les  corps  qu'ils  ren- 
contrent ,  qu'on  ne  les  trouve  jamais  purs  dans 
la  Nature  :  on  ne  peut  les  obtenir  que  par  l'ana- 
lyse des  matériaux  qui  les  contiennent.  Nous  fup- 
poferons  ces  analyfes  faites  }  &  nous  les  examine- 
rons dans  leur  plus  grand  état  de  pureté ,  comme 
fi  la  Nature  les  fourniflbit  ainfî.  Il  en  eftf  à-peu- 
près  de  même  des  alkalis  :  on  rencontre  rarement 
ces  fels  dans  leur  état  de  pureté ,  lorfqu'oft  en 
trouve ,  c'eft  toujours  en  petite  quantité.  Nous  in-« 
diquerons ,  lorfqu'il  en  fera  temps,  les  moyens  de 
les  obtenir  desfubftances  qui  les  contiennent* 

-       -ou 


tll  CHYttîB   EXPERIMENTAL! 

Surf  acide  vitriolique  aujfî  nommé  Acide  univerfek 

On  a  donné  le  nom  d'acide  univerfçl  à  l'acide 
Vitriolique ,  parcequ  on  penfe  qu'il  eft  le  plus 
univerfellepient  répandu  dans  la  Nature,  &  qu'il 
eft.U  plus  fort  &  le  plus  a&if  des  acides  &  de 
toute  matière  falinç  :  il  poflede  en  effet  les  pro- 
priétés falines  dans  le  degré  le  plus  émineiir. 

Staahl.  regardoit  l'acide  vitriolique  comme  une 
forte  d'élément  falé.,  &  duquel  toutes  les  marie* 
res  falines  tiennent  ce  qu'elles  ont  de  falinril 
totrie.tnème  dans  piufieurs  endroits  de  &s  ouvra- 
ges d,e  \fL  tranfmutatiQri  des  autres  acides  en  acide 
vitriolique  ;  mais  ,  comme  il  n'a  rien  dit  fur  les 
moyens  de  produire  ces  chailgen^ents ,  &  que, 
depuis  lui,  perfonne.ny  eft  parvenu',  «ous  re- 

farderons,  cette  idée  fimplement  comme  pro- 
able.  _     .      . 

Je  iPÊ  crois  fuffifammerit  fondé  a  penfer  autre- 
ment que  Staahl  fur  cette.matière.  Je  penfe  qu'il 
exifte  dans  la  Najture  un  certain  nombre  de  ma- 
tières Salines  primitives  qui  tiennent  leur  felure 
d!elles-mêmes  ,  fans  que  l'acide,  vitriolique  y  ait 
jamais  concouru  pour  la  moindre  chofe*  .Ces  ûib- 
ftances  font  l'acide  yitrioliique ,  l'acidp  marin, 

Îçut-^tte l'acide  nitreùx,  laikali  marin  ,  &Tai- 
:ali  végétal.  Je  vais  déduire  les  ràifons  qui  me 
déterminent  à  penfer  autrement  que  Staahl  fui 
cet  oj>jçt, 

*  Les,  matières  falines ,  comme  nous  venons  de 
le  dite  *  (ont  beaucoup  plus  compofées  qu'on  ne 
l'avoir pe'nfc'  jufqu  à  prélent.  11  n'eft  ni  difficile  ni 
laborieux  à  la  Nature  $çn  tompofer  de  plu/ïeurs 
efpeces  en  môme  temps.  En  vain  m'allégueroit- 
09  qu'on  trouve  dans  l'intérieur  de  la  terre,  des 
jpaues  énormes  d'acide  vitriolique  ;    ççeune 


*  T      RAISONNÉ  E,  %lf 

<lens  le  foufre ,  dans  les  vitriols ,  dans  les  aluns» 
dans  les  pyrites ,  dans  les  argilles ,  dans  les  gyp- 
fes  ou  pierres  à  plâtre ,  &c.  on  me  dira  même 

Îjue  cet  acide  eft  reconnu  pour  être  le  plus  puif- 
ant  :  enfin ,  me  dirait-on  encore  ,  on  a  conti- 
nuellement fous  les  yeux  les  changements  qu'il 
éprouve  par  les  matières  putréfiantes  qui  le  con- 
vertirent en  acide  nitreux.  Nous  examinerons 
cette  dernière  propolition  en  parlant  de  l'origine 
idu  nitrè. 

Cette  obje&ion  eft  fpécïeufe ,  mais  il  eft  facile 
d'y  répondre.  Le  fel  marin  exifte  tout  formé  dans 
la  Nature ,  tant  dans  l'intérieur  de  la  mer ,  que 
dans  l'intérieur  de  la  partie  feche  du  globe ,  en 
jnafles  très  confidérables.  Peut-être  que  s'il  étoit 
poffible  de  calculer  les  quantités  de  part  &  d'au- 
tre ,  on  trouverait  que  les  différentes  combinai- 
fons  qui  contiennent  l'acide  marin  r  l'emporte- 
raient de  beaucoup  fur  celles  de  l'acide  vitrioli- 
que  :  c'eft  ce  qui  me  fait  penfer  que  Pacide  maria 
ou  le  fel  marin  ne  doit  ni  fa  falure  ni  fa  formation 
à  Pacide  vkrioliqae  j  qu'il  eft  primitif,  indépen- 
dant &  absolument  formé  fans  le  concours  de  cet 
acide  :  s'il  étoitrfbrmé  par  le  concours  de  l'acide 
vitriolique  ,  on  trouverait  des  produits  fous  dif- 
férents états  qui  feraient  intermédiaires  entre 
l'acide  vitriolique  &  l'acide  marin  y  ce  que  l'oa 
n'a  point  encore  obfervé  j  du  moins  les  Chvmiftes 
&  les  Naturaliftes  ne  font  nulle  mention ;  d*  Sem- 
blables fubftances  trouvées  dans  la-  Nature.  Je 
penfe  que  Pacide  vitriolique  eft  formé  dans  la. 
mer  >  comme  Pacide  marin  ?  ils  font  l'un  &  l'autre 
çompofôs  de  principes  que  la  mer  fépare  des  corps 
organifés  qui  périflent  dansfonieiiK 

Je  crois ,  avec  lés  meilleurs  Chymiftes*  que 
ïaclde  vitaolique  peut  eurrer  dans  beaucoup  de 
*  Oii| 


H4  Chymie  expérimentale 
combinàifons ,  &  qu'en  y  entrant,  il  peut  fubir 
des  changements  &  des  altérations  considérables. 
Peut-être  eft-il  poflibie  qu'avec  des  çirconftances 
favorables  il  fe  change  en  acide  nitreux.  11  peut 
très  bien  fe  faire  que  l'acide  vitriolique  foit  le 
principe  falin  des  matières  falines  des  corps  orga- 
nifés.  L'art  peut  enfuite  analyfer  ces  fubftances 
falines ,  les  réduire  à  un  plus  grand  degré  de  (im- 
plicite ,  &  les  ramener  au  car  a&ere  de  l'acide  vi- 
triolique ,  &  reproduire  même  un  véritable  acide 
ritriohque. 

Tout  cela  ne  détruit  rien  de  mon  fentiment. 
Quand  même  on  parviendtoit  à  tranfmuer  tous 
les  acides  en  acide  vitriolique ,  on  ne  démontre- 
roit  pas  encore  qu?  ce  dernier  acide  feroit  leur 
élément  falin  :  on  prouveroit  feulement  que  tous 
les  acides  font  des  corps  très  compofés ,  comme 
je  l'ai  dit,  Se  que  ceux  qui  le  font  davantage  t 
peuvent  être  réduits  à  un  plus  grand  degré  de  hnv 
plkité  i  il  réfulteroit  de  tout  ceci  que  l'acide  vi- 
triolique feroit  le  plus  fimple  des  acides  ,  mais 
lion  k  feule  matière  faline  primitive  ou  l'élément 
falin.  On  doit  même  regarder  comme  un  prin- 
cipe général ,  que  plus  un  corp&eft  compofe ,  &  - 
que  les  principes  font  moins  bien  combinés ,  plus 
ce  corps  eft  fuiceptible  de  recevoir  des  altérations 
de  la  part  de  l'art ,  &  4/e  devenir  fimple  de  plus 
en  plus.  C  eft  là  vraifemblablement  ce  qui  adonne 
lieu  à  Scaahlde  penfer  qu'il  n'y  avoit  qu'une  feule 
efpece  de  matière  faline ,  pareeque ,  dans  certai- 
nes opérations  >  il  a  cru  avoir  opéré  ces  change-» 
mènes. 

Mais*  quand  même  ort  parviendrait  à  tranf- 
muer les  acides  les  uns  dans  les  autres ,  cela  ne 
prouveroit  pas  davantage  que  l'acide  vitriolique 
eft  l'élément  de  toute  matière  faline  j  car  il  fan- 


1T     RAI  S  OKN.il.  115 

droit  enfuite  faire  la  même  démonftration  à  l'é- 
v  eard  de  i'alkali  minéral  &  de  l'alkali  végétal ,  & 
les  tranfmuer  en  acide  vitriolique.  S'il  étoic  pof- 
fible  qu'on  pût  parvenir  à  opérer  ces  change- 
ments, on  ne  prouveroit  encore  rien  en  faveur 
de  l'élément  falin  ,  pareeque  prefque  tout  le  fel 
marin  que  produit  la  Nature  eft  à  bafe  d'alkali 
minéral  :  il  refteroit  encore  à  démontrer  que  cette 
matière  faline  a  été  produite  par  le  concours  dç 
l'acide  vitriolique. 

Propriétés  de  l'dcide  vitriolique. 

L'acide  vitriolique  eft  ainfi  nommé  pareequ'on 
le  retiroit  autrefois  d'un  fel  métallique  qu'on 
nomme  vitriol  de  Mars* 

L'acide  vitriolique  eft  une  fubftance  faline, 
prefque  toujours  liquide.  On  peut  néanmoins  fe 
le  procurer  fous  une  forme  concrète  :  nous  en 
parlerons  par  la  fuite. 

Lorfqu  il  eft  pur  &  bien  concentré ,  il  porte  les 
noms  d! *  acide  vitriolique  concentré  j  ou  d'acide  vU 
trioliqué'reciifié  j  &  improprement  celui  d'huile 
de  vitriol  concentré. 

Il  eft  le  pifs  {aie  &  le  plus  puiflant  de  tous  les 
acides. 

Lorfqu'il  eft  parfaitement  pur  ,  il  eft  fans  cou- 
leur 8c  fans  odeur. 

Il  a  une  faveur  violemment  aigre  &  acide ,  qui 
agace  fortement  les  dents.  Si  Ton  en  mettoit  iur 
la  langue  dans  l'état  de  pureté  où  nous  le  fuppo- 
fons ,  il  occafionneroit  une  douleur  comparable 
à  celle  que  produiroit  un  fer  rouge  :  il  corrode  & 
détruit  les  matières  combuftibles ,  comme  le  feu  , 
en  les  réduifant  dans  l'état  d'un  véritable  char- 
bon. 

Oiv 


%l6         ÇhVMIB  ËXrl'HîMÉHTAl* 

Il  a  une  pefanteut  moyenne  entre  celle  de  Teaif 
fie  celle  de  la  terre.  Une  bouteille  qui  tient  huir 
gros  d'eau ,  contient  feize  gros  de  cet  acide  >  & 
quelquefois  dix-fept  gros.  *^ 

Il  a  moins  de  fluidité  que  l'eau  :  il  file  même 
comme  de  l'huile  ,  ou  à-peu-près  :  il  paroi t  gras, 
lorfqu'on  le  touche  entre  les  doigts  ;  ce  font  ces 
deux  dernières  propriétés  qui  lui  ont  fait  donner 
par  les  anciens  Chymiftes  le  nom  S  huile  de  vitriol; 
jnais  ce  nom  eft  fort  impropre.  Cet  acide  n'eft  ni 
jgras  ni  inflammable  ;  fa  çonfïftance  huileufe  lui 
vient  de'  fon  degré  de  concentration  \  &  i'onéluo^ 
fité  qu'il  manifefte  au  toucher  ,  eft  produite  par 
l'a&ion  diflolvante  qu'il  exerce  fi^r  les  doigts  Sç 
fur  toutes  les  matières  animales  qu'il  touche. 

11  rougit  les  couleurs  bleues  des  végétaux  ;  nous 
ferons  connoître  fes  autres  propriétés  à  ipefprç 
que  l'oçcafion  s'en  préfëntçra. 

£ç\de  yitriolïaue  ayeç  le  feu. 

Jufqu'à  préfent  on  ne  connoît  point  de  combi* 
jiaifon  formée  immédiatement  de  l'union  de Fa- 
çide  vitrioliaue  avec  lç  feu  pur.  Cet  acidç  en  eft 
tellement  faturé ,  qu'on  ignore  les  moyens  de  lui 
pn  introduire  davantage.  Nous  verrons  qu'il  a  la 
plus  grande  difpofition  pour  s'unir  au  pnlogifti-r 
que  ,  3c  qu'il  préfente  avec  cette  fubftance  de* 
effets  bien  dignes  dç  remarque  :  nous  allons  d  a- 
tord  examiner  les  effets  du  feu  pur  appliqué  4 
cette  fubftance  faline ,  nous  reconhoîtronç  eniuitç 
fçs  propriétés  avec  le  fçù  combiné. 
-  L'acide  vitrioliqiie  aune  fixité  au  feu  beaucoup 
pluç  grande  que  l'eau;  c'eft-à  dire  qu'il  eft  en  étaç 
*4e  fupporter  un  degré  de  chaleur  très  confidéra-i 

biç  »y»»ç  4ç  ie  f&toen  valeurs,  ^  chabot 


2 


ÏT      RAISONNÉ  S.4  117 

[u*îi  peut  fupporter  dans  les  vaifleaux  clos ,  avant 
e  s'élever ,  va  prefque  jufqu  à  l'incandefcence  j 
mais  il  eft  dangereux  de  le  chauffer  à  ce  point, 
pour  les  raifons  que  nous  dirons  dans  un  inftant. 
Si  néanmoins  on  lui  applique  ce  degré  de  chaleur, 
il  diftiUe  en  fubftance  ,  fans  fournir  d'altération 
lenfible.  Cependant,  toutes  les  fois  qu'on  fournée 
à  la  diftillatiori  de  l'acide  vitriolîque  très  pur ,  il 
prend  une  légère  couleur  ambrée  dès  les  premiers 
degrés  de  chaleur  ;  ce  qui  diftille  a  une  odeur  d'a- 
cide fulfureux  volatil  :  mais  en  continuant  de  le 
chauffer  ainfî  dans  des  vaifTeaux  clos ,  il  redevient 
blanc ,  &,  dans  cet  état,  il  ne  fournit  plus  d'acide 
fulfureux ,  a  moins  qu'il  n'ait  £té  tranfvafé  d'un 
vaifTeau  dans  un  autre  j  ce  qui  le  foumet  pour  un 
inftant  au  contadt  de  l'air.  On  pourroit  attribue]: 
l'effet  dont  nous  venons  de  parler ,  à  quelque  lé-> 

§ere  pouffiere  cjue  l'acide  vitriolique  prendroit 
ans  l'air  ;  mais  il  eft  trop  fulfureux  pour  croire 
que  la  poufliere  qu'il  peut  prendre  ,  k>it  la  feule 
caufe  Je  cette  odeur  :  d'ailleurs  la  même  chofe 
arrive  lorfqu  on  le  tranfyafe  dans  un  lieu  où  l'air 
eft  très  fec ,  trçs  pur,  &  ou  il  ne  jegne  point  de 
pouffiere. 

Je  penf^qu  indépendamment^  4e  la  pouffiere 
dont  il  peut  s'emparer  dans  cette  occafion ,  l'air 
contribue  lui-même  à  cette  forte  d'altération.  L'a- 
cide vitriolique  en  abforbç  un  pe,u  .toute?  les  fpis 
3u*il  en  eft  touche ,  ce  qui  dérange  quelque  chofe 
e  fa  combinaifon  ,  &  lui  procure  enfuite  le' 
moyen  de  fe  décompofer  en  partie  ,  .&  de  pto-r 
duire  la  petite  quantité  d'acide  fhlfireux  cju'on. 
obtient.  Je  penfe  même  que  fi  I  on-faifbit  digérer 
au  feu  de  fable  a  une  doiice  chaleur  pendant 
auelque  temps,  de  l'acide l vitriolique  très  pur 
dans  un  marras  dont  te  col  feroii  urc  à  U  lampe 


11$  ChYMIE   SXPiRIUBlITALB 

d'Emailleur  ,  pour  ne  lui  conferver  qu'une  ou- 
verture très  capillaire,  cet  acide  fe  décompo- 
feroit  entièrement ,  &  au  il  ne  refteroit  que  de 
l'eau  &  de  la  terre.  La  force ,  l'a&ivité  &  la  fa- 
lure  de  cet  acide  lui  viennent  de  la  grande  quan- 
tité de  feu  qu'il  contient ,  &  qui  eft  très  voifin 
de  l'état  de  feu  pur  :  une  chaleur  lente  »  mais  long- 
1  temps  continuée  ,  le  décompoferoit  &  lui  feroit 

perdre  ou  tout  ou  feulement  une  partie  de  ce  feu 
doù dépendent  toutes fes  propriétés falines. 

Acide  vitriolique  expofeà  tairm 

L'acide  vitriolique  a  une  fi  grande  difpofition 
pour  s'unir  à  l'eau ,  qu'il  fe  charge  avec  une  forte 
a  avidité  de  celle  qui  eft  répandue  dans  l'air* 

Après  avoir  mis  dans  un  vafe  de  verre  plat  & 
évafe  deux  gros  d'acide  vitriolique  bien  concentré» 
j'ai  remarqué  que ,  dans  l'efpace  de  cinq  jours  , 
cette  quantité  s'eft  trouvé  pefer  une  once  cin- 
quante-quatre grains ,  ce  qui  fait  fix  gros  cin- 
quante-quatre grains  d'augmentation  :  elle  pro- 
!  *ient  de  J'humidité  de  l'air  dont  cet  acide  s'eft 

i  chargé ,  au  lieu  de  s'évaporer  comme  l'eau. 

Acide  vitriolique  avec  de  Fettu. 
Efprit  de  vitriol. 

L'acide  vitriolique  s'uni  t  à  l'eau  avec  rapidité , 
chaleur  &  bouillonnement. 

On  choifit  un  matras  de  verre  mince  ou  une 
fiole  a  médecine  :  on  met  dedans  quatre  onces 
d'acide  vitriolique  bien  concentré  :  on  verfepar- 
deflus  quatre  onces  d'eau  pure  ;  il  s'exite  auffi-tôt 
un  bruit ,  un  bouillonnement  &  une  chaleur  égale 
i  celle  de  leau  bouillante  y&c  il  s'élève  des  vapeurs 


BT      RAISeNNU  XI J 

qui  ont  une  légère  odeur  particulière  ;.  mais  cène 
odeur  n'eft  point  celle  de  l'acide  fulfureux.  Ces 
phénomènes  font  voir  la  grande  affinité  qu'a  cet 
acide  avec  le  principe  aqueux.  La  chaleur  qui  fe 

I>roduit ,  vient  du  frottement  qui  s'excite  entre 
es  molécules  primitives  intégrantes  des  deux  li- 
queurs qui  fe  pénètrent  mutuellement. 

^  Lorfqu'on  fait  ce  mélange ,  il  convient  de  te- 
nir le  matras  ou  la  fiole  au- de  (Tus  d'une  terrine  de 
grès ,  parcequ'il  arrive  quelquefois  que  le  vaif- 
ieau  cafle ,  iur-rout  lorique  l'air  eft  froid.  J'ai 
remarqué  que  la  chaleur  eft  plus  confidérabie 
lorfqu'on  verfe  l'acide  fur  l'eau  ,  que  lorfqu'on 
fait  le  contraire.  La  liqueur  qui  réfulte  de  ce  mé- 
lange porte  le  nom  d'efpru  de  vitriol  &  $  acide,  vi- 
triolique affoibli*  Mais,  comme  il  feroit  encore 
trop  fort  pour  la  plupart  des  uf&ges  .où  l'on  a  be- 
soin d'acide  vitriolique  foible,  on  mêle  ordinaire* 
ment  cet  acide  concentré  avec  trois  parties  d'eau , 
pour  produire  ce  que  l'on  nomme  communément 
efprit  de  vitriol. 

Acide  vitriolique  &  Glace. 

Deux  gros  d'acide  vitriolique  concentré ,  & 
demi-once  de  glace  pilée ,  ont  fait  monter  fur- 
ie-champ, de  trente  degrés,  la  liqueur  d'un  ther- 
momètre de  Réaumur ,  comme  par  fecoufle.  La 
liqueur  eft  defeendue ,  un  inftant  après,  au  terme 
de  la  congélation ,  &  s'eft  élevée  enfuite  à  fix 
degrés  au-defliis.  La  température  du  lieuétoità 
fept  degrés  au-deflus  du  terme  de  la  congélation  * 
ainfî  que  dans  les  expériences  fuivantes. 

Un  gros  du  même  acide  vitriolique ,  &  demi- 
once  de  glace  pilée ,  ont  fait  monter  la  liqueur 
du  thermomètre ,  par  une  fecoufle.,  à  dix  degrés 


*ia      Chymte  ex^ériMektali 
«î^deffus  de  fa-  température.  Après  ce  ptemier 
effet) die  a,defcendu  à  douze  degrés  au-defibus 
du  terme  de  la  glace.  . 

Un  gros  du  niême  acide ,  te  une  once  de  glace 
pilée ,  ont  de  même  fait  monter  la  liqueur  du 
thermomètre  à  dix  degrés  au-detfiis  de  fa  tempéra- 
ture \  &c  elle  eft  defcendue,  un  inftant  après  ^  à  dix 
degrés  au-deflbus  du  terme  de  la  glace. 

L'acide  vitriolique  occafionne  fur-le-champ  la 
f  ufion  d'une  partie  de  la  glace  :  il  s'échauffe  da- 
fcord  avec  l'eau  qui  en  provient  ;  il  s'afFoiblit  par 
conféquent  j  &  ce  n'eft  que  dans  cet  état ,  qu'il 

Îrcoduit  du  froid  avec  la  glace  reftante.  Je  m'en 
uis  atfiuépar  l'expérience  fuivante* 

Deux  gros  d'efprit  de  vitriol,  verfés  fur  une 
demi-once  de  glace  piiée  ,  ont  fait  bailler  très 
prômptement  la  liqueur  du  même  thermomètre, 
ce  douze  degrés  au-defïbus  de  fa  température  > 
lans  qu'il  fefoit  auparavant  produit  de  la  cha- 
leur. 

Acide  vitriolique  avec  de  la  terre  i/itrifiablê. 

L'acide  vitriolique  concentré,  ou  non  con- 
centré ,  n'a  aucune  aétion  fur  les  terres  vitrifiables 
jpures ,  même  lorfqu  elles  font  réduites  en  pou* 
•dre  impalpable  par  des  moyens  méchaniques  x 
parcequ'ils  font  infuffifants  pour  divifer  aflfea 
cette  terre ,  pour  qu'elle  paille  être  attaquée  par 
cet  acide. 

J'ai  fait  bouillir  quatre  onces  d*açide  vitrioli- 

3ue  très  concentré ,  avec  quatre  gros  de  fable  ré- 
uit  en  poudra  impalpable  fur  un  porphyre.  J'ai 
fair  digérer  ce  mélange  pendant  plus  de  quinze 
jours  lans  plus  de  fuccès.  J'ai  répété  cette  expé- 
rience avec  du  morne  acide  affaibli,  qui  ne  m'a 


$âs  mieux  réuflî.  Au  bout  d'un  long  efpace  de 
temps  de  digeftion ,  j'ai  féparé  le  fable  »  :  &:  j'en  ai 
retrouvé  le  même  poids  que  javois  employée  J'ai 
examiné  enfuite  les  acides,  de  l'une.  &  de  l'autre 
expérience  ;  ils  ne  tenoifent  point  de  fable  en.  dif* 
fblurion. 

Enfin ,  j'ai  fournis  à  la  diftillation  quatre  oncet 
du  même  acide  vitriolique  concentre  t,i avec  une 
once  de  fable  broyé  fur  un  jparpfyref  :,  l'acide  a 
paiïe  dans  la  diftillation  >  le  table  tiflj  tp&é  dains  1* 
cornue  en  poudre  feche  &  friable ,  mais  de  la  plus, 
grande  blancheur  J'ai  teveric  fur  tefabléde  la 
cornue ,  l'acide  quiavokpaflé ,  &  j'ai  procédé  de 
nouveau  à  une  féconde  diftillation.  j  ai  pouffé, 
far  la^m.,  le  £ea  allez :fbii  pour  ramc^Kr  unt  feu 
le  eut  de  la  cornue  :  l'acide  a  difb^jcrôfraîrj* 
première  fois  ;  ld  fable  ^toiDtcci;  log^rfimemaA- 
glutiné ,  parfaiterqentlbkuic,  ayàrit>rptenUiune  trâs 
©erim<.quântité  d  acidp x-û  étoit  augmenté  de  dixr 
nuit  grains  de  foaipaids.  J'attribue  çetjet  aug^- 
méntarionàun  peu  déterre  fiaunnb» par oiruei pe- 
tite portion  de  L'acide  quLaura:éx£dçcoîhpof(É 
pendant  ces  deux  ditëiUaao*s«  ;Ge!faW{,  lavé 
enfuite  dans  de  l'eau,  lui  comm&tàquojtw*eil£- 
igere  faveur»  dddule^:&^Gette'eaa\*CfittgUfoîï  h 
céintiire dutoutfnefol;   ,.'-:•:  ;     .fi-oiiaiv  o;i;::..'I 
11  refaite  de  ces  expériences  que  lai  itecrwitrir» 
"fiibteeft  abfolument  inattaquable  pdri^t  acide; 
-&  Pori  en  fen tira  miôufc  ries  raiforte;  dans  :\màs*h> 
-tant:  elle  ne  contient  ni  *ifo  .$  pi  auront  matière 
•cotnbuftibie  ;  qui  foqck&Tubftances  p&lelqa&lteg 
facîdeviaiotiqueouxaqiiedesicprps.  Geteœw 
«ft  trop  pure  pour  être  difloutfe  immédiatfntyeitt 
par  œr  acide  :  elle  ne  mitf/e:diffattdre?qu£<&rf- 
*jo!elle.eïb  .  réduite  i£  les  nwlëculësrprimirtvw** 
jw{égrao€es ,  ou  à  peu  psès *,  &  cîeft  kytfÀzil  <$ 


1 


riX  ChYMII  -EXPÉRIMENTALE 

irapoflible  de  parvenir  par  des  moyens  purement 
mechaniques  :  il  faut  avoir  recours  à  des  moyens 
chymiquesy  qui  divifenr  les  corps  bien  plus  effi-  / 
cacemient.  Cependant  on  trouve  dans  la  Nature 
cette  combinaison  toute  faite,  &  en  très  grande 
quantité  :  c'eftdans  les  argilles.  Mais  la  Nature 
le  fait-elle  d'une  manière  idireâe?  Ceft  ce  qu'il 
eft  difficile-  de  croire.  Nous  examinerons  cette 
queftion  ,  lorfque  nous  parlerons  des  effets  de 
l'àir  fdr  le  gypie. 

Acidcvitrioliquc  rectifié,  &  Acide  vitrioliquc 
;    .  .    concentré.    » 

La  rééducation  de  Paeide  vitriolîqne  a  pour 
objet  dedebarrafler  celui  qui  eft  déjà  concentré  > 
des  marieres  inflammables  qui  lui  communiquent 
de  la  couieuty  c  eft  i  quoi  l'on  parvient  en  faifant 
paffer»  un.  pep  de  liqueur  par*  la  diftillarioit  t  h 
matière  qut colore  cet  acidefe. détruit. 

-  La  concentration  confifte  iféparer  par  la  dit 
tîllarion,  Veau  Surabondante  à  ce  même  acide ,  & 
de  rapprocher  fes  parties  ialines  fous  le  plus  petit 
volume  poffible.         •  j   '  , 

.-  Par  cette  dernière  opération  ,  on  redifie  aufli 
l'acide  vitriolique  ;  mais  il  ne  fe  débarrafle  des 
matières  inflammables  9  qu'après  qu  on  a  fait 
pafler  par  la  diftillatton  une  certaine  quantité 
•d'eau stantqu'îl  eft  font  aqueux,  il  agit  faiblement 
fut  cerfiibftances;  auffi  ces  deux  opérations  fe  font* 
«Mes  en  mêrpe  temps.  Lorfique  l'acide  qu'on  em- 
ploie eft  aqueux ,  il  commence  par  fe  concentrer» 
*&  il  fe  reâifie  enfuite. 

-  On  met  dans  une  cornue  de  verre  la  quantité 
«que  l'on  veut  d'acide  vitriolique  qui  a  befoin  d'être 
concentré  de  reâifié  /ayant  foin  de  ne  la  remplir 


BT      RAISONNE  t.  il  J 

qu'environ  aux  trois  quarts ,  ou  jufqu'à  deux  pou- 
ces au-deflous  de  Ta  courbure.  On  place  le  vaif- 
feau  dans  un  bain  de  fable  d'un  fourneau ,  de 
manière  que  la  chaleur  puifle  circuler  lib^ment 
tout  autour,  à  l'exception  du  côté  par  où  patte  le 
col  de  la  cornue ,  qu'on  lute  très  exaâement 
avec  de  la  terre  à  four  détrempée' avec  de  Peau, 
afin  d'empêcher  la  communication  de  la  flamme 
du  charbon  avec  le  col  de  la  cornue.  On  adapte 
i  la  cornue  un  ballon  percé  d'un  petit  trou  qu'on 
bouche  avec  un  peu  de  cire  ramollie  entre  les 
doigts.' On  lute  les  jointures  des  vaifteaux  avec 
des  bandes  de  papier  enduites  de  colle  de  farine 
ou  d'amidon.  Alors  on  procède  à  la  diftillation. 
par  un  feu  de  quelques  charbons  ardents  pour 
échauffer  la  cornue  doucement  :  on  l'augmente 
par  degré ,  jufqu'à  ce  que  la  liqueur  commence  i 
diftiller,  &  que  la  voûte  de  la  cornue  s'échauffe 
au  peint  de  n'y  pouvoir  tenir  la  main  ,  qu'avec 
peine ,  fans  être  incommodé  pat  h  chaleur  :  ou 
entretient  le  feu  à  ce  degré  pendant  tout  le  ternes 
de  l'opération ,  en  obfervant  cependant  qu'on 
peut  mener  la  diftillation ,  fur-tout  dans  le  com- 
mencement ,  de  manière  qu'on  puifFe  compter 
dix  à  douze  fécondes  entre  les  gouttes  qui  dif- 
tillent  j  mais  iorfque  l'acide  a  acquis  beaucoup 
de  concentration  ,  il  feroit  imprudent  de  cori- 
*  duire  la  diftillation  aufli  vîte  :  il  faut  qu'on  puifte 
compter  trente  ou  quarante  fécondes  entrç  lés 
gouttes  oui  tombent  dans  le  ballon,  fans  quoi  on 
courroit  les  rifques  de  mettre  l'acide  en  ébulli- 
tion  ;  ce  qui  ne  manque  pas  de  faire  cafter  la  cor- 
nue à  la  voûte  s  à  caufe  du  contrafte  de  la  cha- 
leur de  cet  acide  qui  mouille  les  parois  intérieures 
du  vaifleau,  &  de  l'air  frais  qui  repofe  fur  la  voûte 
&  fur  le  col  de  la  cornue. 


£*4         ChYMIE   ÎXPIrxAcEKTà£* 

Si  l'acide  qu'on  a  employé  eft  fort  aqueux ,  U 
liqueur  diftille  facilement  dafts.  les  commence- 
ments^ mais  elle  eft  plus  difficile  à  paffer  ,  à  me- 
fure  que  l'acide  de  la  cornue  fe  concentre,  il 
prena  de  U  copiçur  qui  augmente  ppu  à  peu  & 
a  proportion  qu'il  étoit  chargé  de  matière  inflam- 
mable. Lorfque  l'acide  a  acquis  cette  couleur ,  il 
.'agit  fur  la  iuBftance  inflammable  j  ce  qu'il  ne 
pou  voit  faire  avant  qu'il  fût  moins  concentré.  U 
^ élevé  alors  des  vapeurs  blanches,  un  peuélaf- 
tiques ,  qui  ont  une  odeuf  de  foufte  brûlant.  Oii 
débouche;  ijje  temps  en  temps  ie  petit  trou  du 
ballon ,  pour  faciliter  la  £brtie  d'une  partie  de  ces 
Vapeurs  &  leur  condensation ,  &'  par4à  prévenir 
la  rupture  des  vaiffeaux.  A  mefure  que  les  va- 
.peurs  diminuent,  l'acide  4e  la  cornue  perd  dp 
•la  couleur  j  &  aulîî-tôt.que  cet  acide  eft  devenu 

Ërfaitement  bUiiq  ,  il  ne  s'élève  plus  de  vapeurs* 
l  cefTatiôn  des  vapeurs  indique  que  l'acide  ne 
[contient  plus  de  matière  inflammable  ,  &  qu'il 
*<eft  autant,  concentre  qu'on  en  a  befoin.  On  laitfe 
Refroidir  les  yaiffeaux:  on  délute.le  ballon  :  on 

eu  fubftitue  un .  aime  à  fa  place, .  qu'on  lute  de 
.même  :  onceffe  le  feu:  la  chaleuç  qui  refte  dans 
jle  fourneau  eft  fuftifante  pour  Uji  faire  perdre  un 
,  jefte  d'odeur  d'acide  fulfureux  qu'il  peut  encore 
.avoir.  Si  Toii-ne-changeoit  pc^ntde  ballon  ,  il 
.  conierveroit  uu  peu  de  pet;tç  ocfcur  qui  iuiferoit 
#,çommpniqué^, par  U  liqueur  qui  a  diftille. 
r:  Loijfque  la  xprnuc  eft  entièrement  refroidie  , 
jon  délute  le  Tbal Ion  :  on  l'enlevé,  de  JTon  bain  de 
_  fable  :  on.verfç  p^r  inclination  ce  qureUe  contient 
.  dans  un  flacon  de  cryftal ,  bouché  auflj  de  cryft^i  * 

&  ufé  avec  de  Témeri.  On. trouve  quelquefois 
.  au  fond  de  la  cornue  un  peu  de  tertç  blanche  x 

cela  dépend  d$  1  efat  où  éçoit  Tacidei  ivani  l'opé- 

ration.  Là 


ET      K  A  I  5  O  N  N  h.  lij 

î-a  liqueur  féparée  de  la  cornue  fe  nomme 
étude  vitriolique  concentré  ou  reQiJiéj  khi  huile  >d< 
vitriol  concentrée  ou  rc3\fiée* 

La  liqueur  qui  a  diftillé  dans  le  premier  bal-»' 
Ion  j  fe  mer  à  parc  :  c'eft  de  V acide  vitriolique- 
fulfureux volatiL 

S'il  a  paffé  un  peu  d'acide  dans  le  fécond  bal- 
lon ,  on  le  met  de  même  à  parc  ,  comme  moins 
concentré  que  celui  de  la  cornue  :  il  peut  fervir 
cm  même  uiage  que  l'acide  vitriolique  affoiblL 

Lorfque  l'acide  qu  on  emploie  dans  une  fettt-> 
blable  opération ,  eft  fort  aqueux  ,  on  peut  >  après 
qu'on  a  échauffé  les  vaiffeaux  fuffifammetkt  ,  ang* 
menter  le  feu  affez  pour  Faire  bouillir  la  liqueur  % 
mais  doucement  j  ce  qui  accélère  l'opération  faiis 
danger.  Il  arrive  fôuvent  qu'il  fe  forme  un  dépôt 
terreux  ,  dès  qu'il  y  a  une  certaine  quantité  de 
liqueur  de  diftillée  :  <te  dépôt  occafionne  des  fotu» 
brefauts  &  des  jets  de  liqueur.  Lorfquè  cet  itt* 
convénient  arrive  9  il  faut  cefler  la  diftillâtiott  » 
laitier  refroidir  les  vaiffeaux»  vuider  la  cornue  , 
&  fép^rer,par  décantation.»  ce  dépôt  terreux > 
fans  quoi  la  cornue  feroic  en  danger  de  caffet 
pendant  l'opération.  Lorfque  toutes  ces  opéra*, 
tions  font  faites  ,  on  remet  de  nouveau  l'acide 
en  diilillation  >  &  on  procède  comme  nous  l'a- 
vons dit. 

On  retiré  d'autant  plus  de  liqueur. pat  cette 
diftillation»  que  l'acide  qu'on  a  employé  éroit- 
aqueux.  Il  palfe ,  avec  l'eau ,  une  certaine  quan- 
tité d'acide  qui  s'élève  Avec  elle  :  lorfque  l'acide, 
qu'on  a  employé  étoif  lui-même  déjà  très  cOtt-. 
cemré ,  il  diftillé  fort  peu  de  UqUçut  $  mais  cette 
Zens*  1.  P 


zi6        Chymib  expérimentale 
liqueur  eft  toujours  acide ,  parceque  le  peu  <Fea* 

2 ai  pafle  entraîne  avec  elle  un  peu  de  cet  acide. 
)n  remarque  aufïi  dans  cette  dernière  opération 
que  l'acide  de  la  cornue  n'eft  guère  plus  concen- 
tré qu'il  ne  l'étoit  auparavant  :  il  ne  fait  que  per- 
dre fa  couleur. 

Lorfque  l'acide  eft  parvenu  à  un  certain  point 
de  concentration ,  il  agit  d'une  manière  dire&e 
fur  la  matière  inflammable; 'ce  qu'il  ne  pouvoir 
faire  lorfqu'il  étoit  fort  aqueux  :  il  s'unit  avec 
elle  :  il  la  réduit  dans  un  état  charbonneux.  La 
matière  inflammable ,  de  fon  côté,  en  s'unifTant 
à  une  portion  de  l'acide  ,  le  rend  plus  volatil  : 
c  eft  cette  union  qui  s'annonce  fous  la  forme  de 
vapeurs  blanches  ,  &  qui  produit  l'acide  fulfu- 
reux  volatil  qui  diftiile  pendant  l'opération ,  & 
que  je  regarde  comme  un  foufre  ébauché. 

Lorfque  l'acide  vitriolique  eft  chargé  de  beau- 
coup de  matière  inflammable ,  j'ai  remarqué  qu'il 
s'élève  quelquefois  ,  pendant  la  diftillatiôn ,  un 
peu  de  matière  fuligineufe  légère  ,  femblable  à 
du  noir  de  fumée ,  qui  s'attache  au  col  de  la  cor- 
nue :  il  pafle  aufli  de  cette  matière  dans  le  ballon  ; 
mais  elle  ne  communique  point  de  couleur  à  cet 
acide ,  on  tout  au  plus  une  légère  couleur  lilas. 

La  plupart  de  l'acide  vitriolique  qui  eft  dans  le 
commerce,  eft  chargé  de  beaucoup  de  terre ,  qt^i 
eft  quelquefois  argiUeufe  Se  quelquefois  calcaire  ;  * 
&  le  plus  fouvent  ces  deux  terres  ie  trouvent  en- 
fembte  :  l'acide  vitriolique  tient  alors  de  l'alun  & 
de  la  félénite  en  ditfblution.  J'ai  vu  de  ces  acides 
qui,  étant  mêlés  avec  le  tiers  de  leur  poids  d'eau, 
rormoient ,  par  le  refroidiflement ,  une  grande 

2uantité  de  cryftaux  femblables  à  ceux  du  fel  fé~ 
atif  fublimé:  lorfque  de  pareil  acide  a  été  étendu 
dans  beaucoup  d'eau ,  &  lorfqu  ou  vient  enfuite 


i 


À  le  Concentrer ,  la  terre ,  ou,  fi  Ton  veut,  les  fels 
neutres  fe  précipitent  pendant  l'opération ,  s'ap- 
pliquent au  fond  de  la  cornue  fans  y  adhérer , 
empêchent  le  paflage  des  molécules  xle  feu  >  oc* 
cafionnent  des  bouffées  de  vapeurs  qui  partent  - 
du  fond  de  la  cornue ,  foulevent  par  fecoufles 
toute  la  colonne  de  liqueur  ,  &  produifent  des 
foubrefauts  qui  mettent  la  cornue  en  danger 
d'être  caffée.  11  faut ,  lorfque  cet  inconvénient 
arrive,  y  remédier  de  la  manière  que  nous  Pavons 
indiqué. 

Toutes  les  fois  que  Ton  fait  concentrer  de  l'a* 
cide  vitriolique  aqueux  ,  il  fe  fépare  une  cer- 
taine quantité  de  matières  terreufes.  L'acide  vi- 
triolique même  y  auprès  qu'il  a  été  concentré  & 
enfermé  dans  des  flacons ,  dépofe  aflefcfouvent, 
au  bout  de  quelques  mois,  une  matière  faline  en 
poudre,  ou  de  petits  cryftaux  féléniteux ,  difpofé* 
en  petites  écailles  comme  le  fel  fédatif  fublimé* 
•  Outre  ces  matières  étrangères  à  l'acide  vitriola 

3ue  y  il  eft  encore  chargé  aune  certaine  quantité 
e  fer ,  quoiqu'il  paroiile  d'ailleurs  de  la  plus 
grande  pureté }  c'eft  ce  que  nous  ferons  voir,  lorf- 
que nous  parlerons  de  la  liqueur  éthérée  faite 
par  cet  acide» 

L'acide  vitriolée,  quoique  très  concentré  • 
contient  encore  beaucoup  d'eau  :  elle  lui  eft  u 
adhérente  qu'on  ne  peut  la  fépater  completre- 
menr  par  la  diftillation  :  il  s'élève  de  l'acide  qui 
diftille  avec  l'eau  :  il  pafle  auffi  une  partie  des  ma- 
tières terreufes ,  mais  en  diflbltition  :  ainfi  la  dif- 
tillation qu'on  voudtoit  employer  pour  (e  procu- 
rer de  l'acide  vitriolique  très  pur  &  exempt  de 
toutes  matières  falines  étrangères ,  eft  abfolu- 
ment  infuffifante  :  d'ailleurs  il  eft  difficile  de 
faire  pafler  cet  acide  en  fubftaace  dans  la  diftii- 

pu 


iiù       Chymib  expérimentale 

lation ,  fans  courir  le  rifque  de  faire  caffer  la 
cornue  ,  à  moins  que  d'opérer  fur  une  petite 
quantité  d'acide  à  la  fois  ,  comme  au  poids  de 
huit  onces  :  alors  il  convient  de  couvrir  la  partie 
fupérieure  de  la  cornue ,  pour  la  mettre  à  l'abri 
de  l'air  frais,  fur-tout  lorfqtt'on  opère  en  hiver, 
ou  dans  une  température  au-deflbus  de  douze 
degrés  de  chaleur  au  thermomètre  de  Réaumur. 
Lorfqu'on  a  fait  trop  de  feu ,  &  que  la  cornue 
vient  à  caiTer  pendant  la  concentration  de  l'acide 
vitriolique ,  c  eft  ordinairement  par  la  voûte  :  le 
-cul  fe  trouve  prefque  toujours  entier.  Voici  ce 
qu'il  convient  de  taire  .lorfque  cet  accident  ar- 
rive. Il  faut  ôtet  le  feu  du  fourneau ,  en  fermer 
toutes  les  ouvertures ,  ouvrir  toutes  les  fenêtres 
du  laboratoire ,  &  y  refter  le  moins  de  temps  qu'il 
eft  poflible,  afin  d'éviter  de  refpirer  de  l'air  chargé 
de  cet  acide:  il  fe  réduit  en  vapeurs  blanches, 
épaifles ,  qui  excitent  à  touflèr  violemment  :  il 
•s'en  attache  fur  les  mains ,  fur  le  vifage  :  elles  oc- 
cafionnent  des  rougeurs  &  des  inflammations  éré~ 
fipélateufes  qui  font  douloureufes.  Lorfque  le 
fourneau  &  les  vaifteaux  font  fuffifamment  re- 
froidis ,  &  qu'il  ne  règne  plus  de  vapeurs  dans  le 
laboratoire ,  on  enlevé  le  cul  de  la  cornue.  Lorf- 
qu'il  n'y  eft  pas  tombé  de  fable ,  l'acide  eft  tout 
auffi  bon  &  tout  aufli  pur  que  fi  cet  accident  n'étoit 
point  arrivé ,  fur- tout  lorsqu'on  ne  lui  a  pas  donné 
.  le  temps  de  le  charger  de  l'humidité  de  l'air. 

,  Il  faut  éviter  avec  le  plus  grand  foin  de  refroi- 
dir l'intérieur  du  fourneau  avec  des  briques 
froides  qu'on  pourroit  y  introduire  :  cela  feroit 
cafler  le  cul  de  la  cornue  $  l'acide  alors  fe  répan- 
droit  dans  le  fable,  ce  qui  exigerait  un  travail 
confidérable  pour  le  mettre  en  nature.  Il  faudroit 
laver  ce  fable  dans  beaucoup  deau,  filtrer  la  li- 


1T      IlAISONftit.  11$ 

queur  ,   &  la  faire  concentrer  de  nouveau. 

De  la  propriété  qua  l'acide  vitriolique  de  fe 
charger  de  l'humidité  de  l'air ,  il  fuit  qu'on  né 
peut  ni  le  concentrer,  ni  le  re&fier,  que  dans 
des  vaiflfeaux  clos  ;  je  m'en  fuis  allure  par  l'expé- 
rience fuivante. 

J'ai  mis  dans  une  capfule  de  verre ,  à  l'air  libre , 
une  livre  d'acide  vitriolique  déjà  concentré  &  un 

Su  coloré  :  j'ai  placé  cette  capfule  fur  un  bain  de 
>le  :  je  Pai  fait  chauffer  pendant  dix  à  douze 
heures  ians  le  faire  bouillir  (  1  air  étoît  fort  hu- 
mide) pendant  tout  ce  temps  :  il  a  exhalé  beau- 
coup de  vapeurs  blanches  &  épaifles  :  il  n'a  dimi- 
nué que  de  quelques  onces  die  fon  poids  j  mais 
comme  il  fe  chargeoit  continuellement  de  l'hu- 
midité de  l'air  ,  il  a  perdu  confidérablement  de 
fa  pefanteur  fpécifique  :  il  a  acquis  aufli  plus  de 
couleur ,  à  raiton  des  matières  inflammables  qui 
voltigent  dans  l'air. 

Acide  vitriolique   volatilifé  *  &  rendu  fulfureux 
fur-le-champ  par  du  phlogijlique  dans  le, mou- 
vement igné'. 

On  met  dans  un  verre  de  l'acide  vitrioli- 
que pur  :  on  plonge  dans  cet  acide  un  charbon 
ardent.  11  s'élève  fur-le-champ  une  fumée  blan- 
che fort  éjpaifle  &  fort  abondante  ,  qui  a  une 
odeur  de  foufre  brûlant ,  &  qui  eft  en  état  de 
fuffoquer.  L'acide  prend  fur-le-champ  une  cou- 
leur ambrée  :  cette  vapeur  eft  produite  par  la 
combinaifon  de  cet  acide  avec  le  phlogiftique 
dans  le  mouvement  igné  :  elle  forme  fur-le- 
champ  de  l'acide  fulfureux  volatil ,  femblable  à 
celui  qui  a  diftillé  dans  l'opération  précédente. 
Si ,  au  lieu  de  charbon  ardent ,  on  prefente  à  cet 

Piij 


*5*  ChVMIE   EXrifUMENTÀL* 

acide  du  charbon  éteinr ,  cet  effet  n'a  point  lieu  ; 
il  faut  absolument  le  fecours  de  la  chaleur  pour 
produire  les  mêmes  phénomènes.  J'ai  fait  à  ce  fu- 
Jet  les  expériences  fuivantes. 

J'ai  mis  dans  une  cornue  de  verre  une  livre 
d'acide  vitriolique  concentré  ,  &  demi-once  de 
charbon  en  poudre  fine  :  j'ai  laiflTé  digérer  ce  mé- 
lange à  froid  pendant  quinze  jours  :  l'acide  ne  s'eft 
point  coloré  du  tout.  Au  bout  de  ce  temps ,  j'ai 
fournis  ce  mélange  à  la  diftillation ,  &  l'ai  échauf- 
fé par  degrés ,  jufqu'au point  de  mettre  l'acide  en 
ébullition  :  en  moins  d'une  heure  il  eft  devenu 
d'une  légère  couleur  verte  d'aiguë  marine.  J'ai 
laiflé  refroidir  le  vaifTeau  !  la  couleur  a  difparu 
complettement  :  ayant  rechauffé  de  nouveau  les 
vaifieaux ,  l'acide  a  repris  la  même  couleur.  J'ai 
réitéré  le  refroidiflèment  à  plufieurs  reprifes  :  les 
mêmes  phénomènes  ont  eu  lieu  :  la  couleur  pa- 
roiiïbit  torfque  l'acide  étoit  chaud ,  &  elle  dif- 
paroiflbit  lorfqu'ii  étoit  froid.  Ayant  enfuite  con- 
tinué la  diftillation  ,  il  a  pafle  en  vapeurs  blan- 
ches de  l'acide  fulfureux  ,  tant  que  celui  de  la 
cornue  avoit  de  la  couleur  ;  il  eft  refté  au  fond 
de  la  cornue  une  terre  blanche,  qui  eft  celle  du 
charbon.  J'ai  recueilli  cette  terre  avec  un  peu  du 
même  acide  :  j'ai  étendu  le  tout  dans  une  fuffi- 
fante  quantité  d'eau  ;  &  au  bout  de  quelque 
temps ,  j'ai  obtenu  des  cryftaux  de  véritable  alun  : 
j'ai  conlervé  à  part ,  dans  un  flacon  ,  l'acide  con- 
centré s  dans  l'efpace  de  quelques  mois ,  il  a  laide 
dépofer  des  cryftaux  de  tartre  vitriolé,  formé  par 
l'alkali  fixe  du  charbon,  &  une  portion  de  l'acide 
vitriolique. 

Ces  expériences  forment  une  analyfe  bien  com- 
pte tte  du  charbon ,  qu'on  avoit  regardé  comme  in- 
capable d'être  attaqué  par  les  agents  de  la  Chymic. 


1T     RAISONNÉ  1.  1)1 

J*ai  parlé  de  ces  expériences  dans  rAvertiffement 
de  la  féconde  édition  de  mon  Manuel  de  Chymie: 
mais  il  s'eft  gliflé  une  erreur  dans  les  propor- 
tions de  charbon  &  d'acide  qui  y  font  indiquées  : 
celles  cjuil  convient  de  fuivre ,  pour  le  fuccès  de 
l'expérience ,  (ont  celles  que  nous  venons  de  dé- 
(ïgner.  Les  phénomènes  (ont  différents  lorfqu  on 
met  beaucoup  de  charbon. 

J'ai  fournis  à  la  diftillation ,  dans  une  cornue 
de  verre ,  trois  livres  d'acide  vitriolique  concen- 
tré, avec  (ix  onces  de  charbon  en  poudre  fine. 
L'acide  a  pafféfous  une  couleur  ambrée  :  il  avoit 
une  odeur  d'acide  fulfureux  volatil ,  &  il  étoit 
chargé  de  beaucoup  de  charbon  en  poudre  :  il 
étoit  fi  léger ,  qu'il  avoit  de  la  peine  à  fe  précipi- 
ter :  une  partie  eft  reliée  dans  le  col  de  la  cornue , 
&  obftruoit  prefque  entièrement  l'ouverture. 
J'interrompis  la  diftillation  pour  dégorger  le  col 
dé  la  cornue ,  &  je  trouvai  que  le  charbon  qui 
l'obftruoit ,  étoit  tout  rempli  de  foufte,  quoi- 
qu'il n'y  eût  pas  plus  du  quart  de  l'acide  de  dif- 
nllé.  J'adaptai  de  nouveau  le  ballon  à  la  cornue , 
&  j'achevai  la  diftillation  pour  faire  pafler  tout 
l'acide.  11  continua  de  pafffer  ,  comme  dans  le 
commencement ,  tout  en  vapeurs  blanches  $  & 
l'acide  qui  réfulta  de  leur  condenfation  avoit 
une  couleur  citrine  foncée  :  il  contenoit  encore 
jdu  charbon  léger  ,  qui  avoit  beaucoup  de  peine  à 
.fe  précipiter.  Il  eft  refté  dans  la  cornue  la  plus 
grande  partie  du  charbon  :  il  étoit  noir ,  réuni 
en  une  maffe  fort  dure ,  difficile  à  fe  brûler  i 
l'air  libre ,  &  exhalant  une  odeur  de  foufre. 

J'ai  diftillé  de  nouveau ,  dans  une  cornue  de 
verre ,  l'acide  de  l'opération  précédente,  avec  la 
portion  de  charbon  qui  s'étoit  précipitée.  La  pre- 

Piv 


ijx        Chymii  ïïpïrimentalï 

miere  liqueur  qui  a  paflé  n'avoit  point  de  cou- 
leur j  mais  elle  s'eft  colorée  (itcceifîvement,  &  fur 
la  fin  elle  s'eft  trouvée  citriue.  Il  eft  encore  refté 
dans  la  cornue  une  matière  charbonneufe,  dure» 
içmblable  à  la  précédente. 

J  ai  diftillé  de  nouveau  cet  acide  pour  la  troi- 
iieme  fois ,  dans  une  cornue  de  verre  j  il  a  pafTé 
fans  couleur  depuis  le  commencement  jufqu'à  la 
fin  de  l'opération  :  il  eft  refté  encore  de  la  ma- 
tière charbonneufe  dans  le  même  état  que  dans 
les  précédentes  opérations. 

Tout  l'acide  vitriolique  qui  a  diftillé  pendant 
ces  opérations,  étoit  volatil  fulfureux.  Il  s'eft  fu- 
blimé  du  foufire  dans  le  col  de  la  cornue  ;  &  cç 
qu'il  y  a  de  remarquable  ,  ç  eft  que  ce  foufre  a 
été  formé  &  fublimé  avant  même  que  le  quart 
de  l'acide  fut  pafle.  Cette  obfervation  prouve 
que  le  foufre  fe  forme  tout  auffi  bien  par  ta  voie 
humide,  que  par  la  voie  feche.  Nous  aurons  occa- 
sion de  confirmer  cette  obfervation  ,  en  faifant 
mention  d'autres  circonftances  où  le  foufre  eft 
également  formé  par  la  voie  humide. 

Acide  vitriolique  coloré  par  des  matières  inflanp* 
mables  dans  l'état  huileux* 

Acide  vitriolique  fulfurciu. 

On  met  dans  un  verre  de  l'acide  vitriolique  pur  : 
on  y  plonge  quelques  brins  de  paille  :  un  inftant 
après  y  ils  deviennent  mous ,  noirs  &  charbon* 
neux  :  l'acide  prend  lui-même  une  couleur  brune 
plus  ou  moins  foncée. 

Toutes  les  matières  combuftibles  ,  foit  végé- 
tales ,  foit  animales ,  produifent  le  même  effet;. 


1T      RAISONNAS.  t)f 

Acide  vitriolique  avec  de  l'huile. 

J'ai  fournis  à  la  diftillation ,  dans  une  cornue 
de  verre  ,  une  livre  d'acide  vitriolique  -concen- 
tré,  &  .demi-once  d'huile  d'olive  :  ce  mélange 
eft  devenu  fur~le-chamt>  prefque  noir.  Je  n'ai  re- 
tiré que  de  l'acide  fulfureux,  proportionnelle- 
ment à  la  matière  inflammable ,  &  point  d'huile 
pi  de  foufre;  j'ai  continué  l'opération  jufqu'à  ce 
que  l'acide  de  la  cornue  devînt  parfaitement 
blanc,  &  qu'il  ne  contînt  plus  de  matière  in- 
flammable. Il  eft  refté  au  fond  de  la  cornue  , 
avec  l'acide  vitriolique  ,  une  petite  quantité  de 
terre  blanche. 

Soufre  artificiel. 

Mais  fi  au  lieu  de  mettre  une  fi  grande  quan- 
tité d'acide  avec  l'huile,  on  mêle  ces  deux  fub* 
fiances  ,  à  peu  près  à  parties  égales  ,  à  la  dofe 
d'une  once  de  chaque  ,  les  phénomènes  font  un 
peu  différents.  i°.  Le  mélange  s'échauffe  &  fe 
gonfle  confidérablement  un  mftant  après  avec 
effervefeence  :  il  fe  dégage  des  vapeurs  d'acide 
fulfureux  volatil.  Ce  mélange  devient  fort  noir* 
&  d'une  confiftance  réfineule  femblabte  à  de  la 
térébenthine  épaifle.  i°.  En  foumettant  enfuite 
ce  mélange  i  la  diftillation ,  il  pafle  un  peu  d'a- 
cide fulfureux ,  mais  aqueux ,  un  peu  d'huile  ,  & 
fur  la  fin  il  fe  fublime  une  matière  qui  eft  de  vrai 
foufre.  Il  refte  dans  la  cornue  une  matière  char- 
bonneufe  beaucoup  plus  voiumineufe  que  ne  le 
feroit  une  pareille  quantité  d'huile  qu'on  diftil- 
leroit  toute  feule* 


*£4         CfiYMII   EXPÉRlVlENTALB 

Remarques. 

Il  refaite  évidemment  de  ces  expériences,  que 
F  acide  vitriolique  a  une  a&ion  bien  marquée  fur 
les  matières  combuftibles  en  générai ,  dans  quel* 
que  état  quelles  foîent  :  il  détruit  leur  principe 
inflammable  auffi  efficacement  que  le  feu  qu'on 
leur  appliqueroit  immédiatement  \  toute  la  diffé- 
rence ,  c'eft  qu'il  produit  ces  effets  fans  inflam- 
mation ,  foit  avec ,  foit  fans  le  concours  de  l'air; 
au  lieu  que  le  feu  ne  peut  les  faire  brûler  avec 
flamme»  que  lorfqu'il  eft  aidé  du  concours  de  1  air. 
L'acide  vitriolique  réduit  d'abord  en  véritable 
charbon  les  matières  combuftibles  qui  fonr  en- 
fermées avec  lui  .dans  des  vaifTeaux  clos  :  je  m'en 
fuis  attitré  en  arrêtant  ces  diftillations  au  point 
où  je  jugeois  qu'elles  n'avoient  plus  rien  d'hui- 
leux :  Je  leur  trouvois  toutes  les  propriétés  d'un 
charbon  bien  fait ,  fi  ce  n'eft  qu'il  eft  imprégné 
de  cet  acide.  Lorfque  l'acide  a  réduit  les  corps 
combuftibles  dans  cet  état ,  il  continue  de  féparer 
leur  matière  inflammable  jufqu'à  fon  entière  def- 
tra&ion.  L'acide  vitriolique  agit  mieux  fur  les 
matières  combuftibles  dans  leur  état  naturel ,  par* 
cequelles  font  pourvues  d'eau  principe  :  cette  eau 
principe  ferc  d'intermède  pour  donner  prife  à  cet 
acide  fur  la  matière  inflammable  des  corps  com- 
buftibles. - 

Il  eft  bien  difficile  de  croire  qu'une  combinai- 
Ion  purement  d'eau  &  de  terre ,  comme  Staahl 
l'admet  pour  feul  principe  des  matières  falines, 
puiffe  produire  de  pareils  effets.  L'eau  &  la 
terre  font  des  éléments  fans  a&ion  deftruâive  : 
ils  ont  au  contraire  la  propriété  de  modérer  celle 
du  feu ,  comme  ils  le  ront  en  effet  dans  les  occa- 


BT     RAISONNÉ  1.  135 

fions  préfentes.  L'acide  vitriolique  agit  fur  les 
matières  combuftibles  d'une  manière  qui  eft  com- 
mune au  feu  en  a&ion ,  mais  moins  vivement , 
par ceque  le  feu ,  qui  eft  de  fon  elTence ,  eft  modéré 
par  la  combinaifon  qu'ilaconrra&éeavec  de  l'eau 
Se  de  la  terre.  11  me  paroît  bien  plus  naturel  d'at- 
tribuer les  effets  de  cet  acide  au  feu  prefque  pur 
qui  entre  en  très  grande  quantité  dans  fa  compo- 
firion.  Ceft  lui  qui  produit  tous  les  phénomènes 
dont  nous  venons  de  parier ,  qui  font  d'ailleurs 
abfolument  femblables  à  ceux  du  feu  pur.  Nous 
verrons  dans  toutes  les  occafions  où  nous  em- 
ploierons les  matières  falines  acides  ,  qu'elles 
produifent,  plus  ou  moins ,  fur  les  fubftances  in- 
flammables ,  les  effets  du  feu  dans  le  mouvement 
igné*  Ceft  donc  au  feu  contenu  dans  ces  acides 
qu'on  doit  attribuer  leur  faveur  cauftique ,  leur 
propriété  de  détruire  le  principe  inflammable 
dans  les  matières  métalliques  ,  l'a&ion  qu'oiit 
ces  acides  pour  les  diflfbudre ,  &  les  autres  grands 
phénomènes  qu'ils  préfentent  dans  toutes  les 
opérations  de  la  Chymie.  Cette  doéfcrine,  quel- 
que neuve  qu'elle  paroifle  ,  n'en  eft  pas  moins 
vraie  j  &  ce  ne  feroit  pas  une  raifon  de  la  rejet- 
ter ,  pareequ'il  m'eft  impoffible  de  rendre  compte 
de  l'état  fous  lequel  le  feu ,  dans  les  acides  >  eft 
contenu  par  les  autres  éléments  :  tout  ce  que  je 

Euis  dire  ,  c'eft  que  le  feu  y  eft  très  légèrement 
ridé  :  il  ne  Peft  qu'autant  qu'il  le  faut  pour  res- 
ter fixé ,  &  ne  pouvoir  fe  difliper ,  comme  il  lui 
arrive  lorfqu'il  eft  abfolument  pur  &  ifolé,  & 
qu'il  ne  fait  partie  d'aucun  corps.  11  paroît  encore 
que  ce  feu  exifte  dans  les  acides  en  très  grande 
quantité ,  puifqu'ils  peuvent ,  avant  que  de  s'é- 
puifer,  exercer  leur  aâion  fur  beaucoup  de  fub- 
ftances combuftibles.   Je  ne  défefpere  pas  qu'a- 


*;£       Chymii  expérimentale 

▼ec  le  temps  on  ne  parvienne  à  apprécier  la  dote 
contenue  dans  chacun  d'eux ,  comme  je  l'ai  i 
peu  près  fait  à  i  égard  de  celui  contenu  dans  les 
matières  organises. 

11  nous  refte  encore  quelques  remarques  à  faire 
relativement  à  l'état  des  produits  obtenus  des  dif- 
férentes opérations  dont  nous  venons  de  parler. 
Lorfquil  a  été  employé  beaucoup  d'acide  &  peu 
de  matière  inflammable,  nous  n'avons  tiré  que 
de  L'acide  vitriolique  fulfureux  &  point  de  fou- 
fie.  En  employant  dos  dofes  contraires  on  te  tire 
moins  d'acide  fulfureux  $  mais  on  obtient  du 
fbufre  :  ces  deux  produits  font  eflentieliement  de 
même  efpece  ;  mais  ils  différent  entre  eux  par  l'é- 
tat où  fe  trouvent  les  fubftances  qui  les  compo- 
lenr. 

^  Dans  le  premier  cas  on  n'obtient  que  de  l'acide 
vitriolique  fulfureux  ,  pareeque  le  phlogiftique 
eft  dans  un  état  de  detm-décompofition  :  la  por- 
tion de  foufre  qui  s'eft  formée  >  eft  diflbute  par 
Fexçès  de  l'acide  qui  eft  devenu  plus  aqueux  qu'il 
n  etoit  aupatavant  :  ce  mélange  monte  dans  la 
diftiliarion  avec  plus  de  facilité  que*  de  l'acide  vi- 
triolique pur,  par  la  raifon  que  ce  mélange  eft 
plus  aqueux,  &  qu'il  contient  du  phlogiftique  en 
diftblution,  qui  lui  communique  une  partie  de  fa 
volatilité* 

Dans  le  fécond  cas  la  matière  inflammable 
li  eft  pas  délayée  avec  la  même  facilité  :  l'acide  agit 
pins  immédiatement  j  cet  acide  qui  s'eft  concen- 
tré ,  après  avoir  réduit  la  matière  inflammable 
dans  l'état  charbonneux  >  fe  combine  avec  le  phlo- 
giftique  &  forme  un  véritable  foufre  :  ce  foufre 
n*eft  ni  altéré  ni  ditfbus,  faute  d'une  dofe  fuffifante. 
d'acide  &  d'eau.  Le  foufre  qui  s'eft  formé  fe  con- 
serve en  fublimé ,  pareeque  les  fubftances  qui  le 


!T      H  A  I  S  O  N  K  E  !,  1  jy 

compofent  font  plus  volatiles ,  après  leur  union , 
qu'elles  ne  le  font  chacune  féparement- 

La  dernière  remarque  que  nous  faifons  fur 
cette  matière ,  &  qui  nous  donne  occasion  de 
faire  une  application  des  diftinâions  que  nous 
avons  établies  entre  le  phlogiftique  &jai  matière 
huileufe,  a  pour  objet  la  couleur  d'aiguë  marine 
que  prend  ,  par  la  chaleur  ,  l'acide  vimolique 
mêlé  avec  le  charbon;  tandis  qu'au  contraire  ce 
même  acide  devient  noir ,  même  &  froid ,  lorf- 
qu'il  eft  mêlé  avec  de  l'huile.  On  doitattribuer 
ces  différences  à  ce  que  l'acide  vitriolique  s'empare 
de  l'eau  principe  de  l'huile ,  &  qu'il  diflout  corn* 
plettement  la  matière  inflammable.  Il  n'en  eft  pas 
de  même  du  charbon  :  comme  il  nedantientpoiftr 
d'eau ,  l'acide ,  tant  qu'il  eft  chaud ,  ne  peut  ea 
faire  qu'une  forte  de  demi-difloluoon  z  ç'efti 
cet  état  duphlogiftique  qu'eft  due  laxaulcor  d'ai- 
guë marine  que  prend  l'acide  vitriolique*  Exami- 
nons maintenant  le  feufre  avec,  tes.  fubftance* 
dont,  nous  avons  déjà  reconnu  les  propriétés. 

Sur  le  Soufre,      :.:.•...! 

Le  foufre  eft  un  compofé  d'acide  vitriolique  te 
de  phlogiftique ,  comme  nous  venons  de  le  voir,. 
La  Nature  fournit  une  grande  quantité  de  cette* 
fubftance  fous  différents  états.  Il  y  en  a  -de  par- 
faitemenc  pur  }  mais  il  eft  le  plus  ordinairement 
combiné  avec  des  minéraux  métalliques  :  locfquo 
nous  eu  ferons  zài  minéraux  compofés,  nous 
parlerons  des  moyens  que  l'on  emploie  pour  Yen 
féparer.  .  '  "•- •■     . 

Lorfque  le  foufre  eft  pur,  il  a  une  couleur 
jaune  citrine  :  il  a  une  odeur  qui  lui  eft  particu- 
lière :  il  eft  un  peu  tranfparent  :  il  eft  fec,  cora- 


*)S  ChYMIR   IXPâRlMEMTAtB 

pa&e,  &fe  caffe  facilement.  On  nomme  foufrt 
en  canon  >  celui  qui  a  été  coulé  dans  des  moules 
cylindriques,  Se  qui  reflemble  à  de  petits  cylindres 
pleins. 

Lotfqu'on  prefle  un  morceau  de  foufre  entre 
les  mains ,  la  chaleur  qui  le  pénètre ,  occationne 
dans  l'intérieur  une  dilatation  qui  lui  fait  faire 
un  petit  bruit ,  comme  s'il  fe  caifoit  en  plufîeurs 
morceaux  ,  &  il  fe  cafte  en  effet  pour  rordinaire  $ 
cet  effet  vient  de  ce  que  cette  (ubftànce  èft  très 
éieârique. 

Soufre  txpofcau  feu. 

Le  foufre  eft  d'une  très  grande  combuftibilité. 
Onpourroit  le  nommer  -,  à  caufe  de  cette  pro- 
priété ,  pkofphorc  vitriolique  ;  cependant  il  ne  ré* 
pand  point  de  luftiiere  dans  lobfcuri  té,  même  par 
le  frottement  :ileft  moins combuftible  que  le  phok 
phore.  Locfqifon  le  met  fur  des  charbons  ardents , 
d  s'enflamme^  produit  *ne  flamme  bleue,  & 
exhale  une  odeur  d'acide  fulfureux  volatil,  qui 
eft  fuffoquante ,  Se  feroit  périr  fi  l'on  reftoit  en- 
fermé dans  un  endroit  ou  l'on  feroit  brûler  du 
foufre  :  cette  odeur  eft  vive,  pénétrante ,  fort  ex- 
panfibie ,  &  fe  répand  au  loin  très  promptement. 

Le  foufre  a  deux  fortes  d'inflammation  ;  Punt 
douce ,  lente  Se  incapable  de  mettre  le  feu  aux 
matières  combuftibles;  l'autre  plus  forte.,  &  qui 
eft  en  état  de  mettre  le  feu  à  tout  ce  qui  eft  infiam* 
niable.:       . 

Dans  cette  expérience  le phlogiftiquefe  brûle, 
Se  l'acide  fe  diffipe.  Nous  indiquerons  bientôt 
un  moyen  de  recueillir  cet  acide. 


IT*  RAIS  e  NX  i  *.  1)9 

Soufre  mou* 

Le  foufre  eft  d'une  fufion  très  facile:  il  fond  à 
une  chaleur  fort  modérée.  . 

On  met  du  foufre  dans  un  creufet  :  on  le  placé 
entre  quelques  charbons  ardents  :  il  ne  tarde  pas 
à  entrer  en  fufion.  Cette  première  fufion  eft  li- 
quide ;  mais ,  en  tenant  le  foufre  un  inftant  de 
pi  us  fur  le  feu  ,  il  acquiert  une  confiftance  beau- 
coup plus  épaiïfe.  Lorfqu'il  eft  dans  cet  état ,  on 
le  coule  dans  une  terrine  pleine  d'eau  :  on  trouve 
qu'il  a  acquis  une  couleur  rouge ,  &  qu'il  eft  mou 
comme  de  la  cire  :  il  fe  pétrit  Facilement  entre  les 
doigts  ,  au  lieu  d'être  fec  &  caflant ,  comme  i'èft 
le  foufre  ordinaire. 

Ce  ramolliflement  du  foufre  vient  de  ce  que  * 
dans  cette  opération,  l'eau  a  diflous  une  certaine 
quantité  d'acide  j  en  forte  que  le  foufre  qui  refte  , 
contient  une  plus  grande  quantité  de phlogiftique. 
Le  foufre ,  dans  les  premiers  ihftantsde  fa  fufion, 
éft  fluide  y  mais  il  s'ëpaiflït  confidérablement  un 
moment  après  y  &  c'eft  dans  cet  état  qu'il  faut  le 
couler  dans  de  l'eau  pour  l'avoir  mou  :  n  on  le  cou- 
loit  avant  cet  épaiffiffement ,  il  feroit  fec  ôç  caf- 
fant ,  comme  il  l'étoit  auparavant. 

Le  foufre ,  dans  cet  état  >  eft  employé  avec  fuc- 
çès  pour  tirer  des  copies  de  cachets  &  de  pierre? 
gravées  ;  il  en  prend  les  empreintes  d'une  manière 
fort  nette,  qu'il  conferve  toujours  *  parcequlï 
devient ,  quelques  jours  après  ce  ramolliflement,, 
fec  &  caflant.  Les  traits  ne  s'arrôndiffènt  pas , 
comme  cela  arrive  à  la  cire  avec  laquelle  on  a 
hvè  de  fçmblables  empreintes. 


MO  CkTMIB   EXPÉKIMENTAir 

Soufre  crfftidlifé* 

Si  au  lieu  de  prendre  le  foufxe  dans  cet  état 
d'épaifiiftement ,  on  le  retire  du  feu  immédiate- 
ment  après  qu'il  eft  fondu ,  Se  qu'on  le  laide  re- 
froidir tranquillement,  fes  parties  prennent  entre 
elles  un  arrangement  fymmétrique  difpofé  en 
aiguilles  ,  qui  forment  une  cryftallifacion  du 
foufre. 

La  foufre  ne  peut  fe  brûler  qu'avec  le  con- 
cours de  l'air  :  fi  on  le  fait  chauffer  dans  des  vaif- 
féaux  clos ,  il  fe  fublime  en  fubftance  »  fans  fouf- 
frir  aucune  décompofition.  Avant  de  parler  de 
cette  opération  ,  il  convient  d'établir  les.  princi- 
pes généraux  fur  la  fublimation. 

Sur  la  Sublimation* 

La  fublimation  eft  une  opération  ,  par  le 
moyen  de  laquelle  on  fépare ,  a  laide  du  feu , 
les  fubftances  volatiles  qui  peuvent  être  mêlées 
avec  des  corps  fixes.  Elle  reffemble  en  cela  à  la 
diftillation  dont  nous  avons  parlé  :  aufli  la  nom- 
me-t- on  aflezfouvent  diftillation  fechc ,  par- 
ceque  les  fubftances  qui  en  font  le  produit,  font 
toujours  fous  une  forme  feche  &  concrète  j  fans 
cela ,  ce  ne  feroit  plus  une  fublimation  ,  mais 
une  diftillation. 

La  fublimation  fe  fait  afiez  ordinairement  dans 
des  appareils  femblables  à  ceux  qui  fervent  à  la 
diftillation ,  quoique  fouvent  on  fublime  aufli 
dans  des  matras ,  dans  des  bouteilles ,  dans  des 
cornues ,  &c.  cela  dépend  de  la  matière  qu'on 
Veut  faire  fublimer. 

La  fublimation  eft  utile  pour  combiner  certains 

corps 


1  t      k  A  t  S  O  K  K  i  L  i4t 

corps  qu'on  nç  pourroit  unir  qu'avec  difficulté  par 
tout  autre  moyen. 

Les  produits  de  la  fublimation  font  fous  une 
forme  concrète  cryftalline  :  c'eft  une  forte  de 
cryftallifation  par  la  voie  feche  ;  au  lieu  que  la 
cryftallifation  ordinaire  ,  comme  nous  le  dirons , 
fe  faic  par  la  voie  humide  :  c  eft  en  quoi  ces  deux 
opérarions  différent  ;  mais  elles  fe  reflemblent , 
en  ce  que  les  produits  de  l'une  Se  de  l'autre  opéra- 
tion font  fous  des  formes  cryftallifées  qui  varient 
fuivant  la  nature  des  matières  qu'on  fait  fubli- 
mer.    - 

Ces  deux  opérations  différent  aufli  Tune  de 
1  autre ,  en  ce  que  les  cryftaux  qu'on  obtient  pat 
la  fublimation  ,  contiennent  moins  d'eau  dans 
leurs  cryftaux  :  quelquefois  ils  n'en  contiennent 
point  du  tout.  Les  cryftaux  qu'on  obtient  par  la 
cryftallifation  ordinaire,  contiennent  au  contraire 
une  certaine  quantité  d'eau  à  laquelle  ils  doivent 
leur  figure  cryftalline. 

"On  peut  ranger  fous  deux  clafles  générales 
toutes  les  matières  qui  font  du  reflfort  de  la  fubli- 
mation.   ;  ' 

Dans  la  première ,  on  peut  comprendre  toutes 
les  matieses  aflex  légères  &  aflez  volatiles  pour 
fe  fublimer  feules  ,  &  fans  quon  Toit  obligé 
d'employer  des  intermèdes  pour  faciliter  leQrfu- 
blimgtipn  ;  tels  font  les  fleurs  de  foufrè  >  les  fleurs 
de  benjoin,  les  fels  volatils,  &«.        .    > 

Dans,  la  féconde  clafle  ,  nous  renfermerons 
tous  les  corps  qui ,  ne  pouvant  fe  fublimer  tant 
qu'ils  fonç  ieuls ,  ont  befojn  de  quelques  inter- 
mèdes volatils  pour  faciliter  leur  fublimation , 
ou  pour  leur  communiquer  une  partie  de  leur 
volatilité  :  teb  fout  l'or  ,  l'argent  &  la  platine , 
qui  font  enlevés  par  le  fel  ammoniac ,  ians  être 
Tome  L  Q 


*4*  ChYMIE    EXPERIMENTALE 

combines  avec  lui.  D'autres  matières  métallique* 
également  fixes ,  comme  le  fer,  le  cuivre*  &c.  font 
également  enlevées  pat  le  fel  ammoniac  j  mais 
celles-ci  font  combinées  avec  ce  fel.  On  peut 
mettre  encore  dans  cette  clafle  les  corps  qui  con* 
tiennent  des  fubftances  volatiles  ,  mais  qui  ne 
peuvent  cependant  point  s'élever  par  l'aâion 
d'une  chaleur  ordinaire ,  à  caufe  de  l'union  qu'ils 
ont  contractée  avec  des  fubftances  fixes  j  il  raut, 
pour  les  faire  fublimer ,  employer  des  intermè- 
des propres  à  détruire  leurs  combinaifons. 

Ce  que  nous  venons  d'expofer  fur  la  fublima- 
tion  en  général ,  eft  fuffifant  pour  faire  entendra 
ce  que  nous  avons  à  dire  fur  celle  du  foufre. 

Sublimation  du  foufre* 
Fleurs  ie  Soufre. 

:  Ott  met  dans  une'cucutbite  de  verre  quelque! 
onces  de  foufre  concafé  :  on  la  place  fur  le  bain 
de  fable  d'un  fourneau  :  on' adapte  fur  la  cacur- 
bite  un'chapfteau  :  on  lute  les  jointures  avec  des 
bandes  de.papier  enduites  de  colle  d'aihidon  :  on 
ajoute  au  bec  du  chapiteau  un  técipient,ïeulemenc 
pour  intercepter  la  communication  avec  l'air  exté- 
rieur ;  alors  on  procède  à  k  fiibliihatitm  par  un 
feu  modéré  :  auilî-tôt  que  le  foufre  entre  en  fu- 
iioift  ;  ihs'éleve  fous  la  forme  ti'une  fumée  blan- 
che épaiffe  qui  fé  condéhfe  &  s'attache  àur pa- 
rois du  chajpiteàu  fous  la  fprme  d'une  poudre. 
Lorfqu'il  èn'eft  iuffifàmmerit  garni,  on  ceffe  le 
feu  :  on  laiffe  refroidir  les  yâiflêaux  :  on  délute 
le  chapiteau  :  on  ramaffe  àV'èc  la  barbe  d'une 

f>lume  le  foufre  qui  s'eft  fiiblimé  j  c'eft  ce  qtte 
'on  nonime  fleurs  de  foufre:  On  lute  de  nou- 
veau le  chapiteau  à  1»  cucurbite ,  Se  on  procédé  i 


fe  T     kÀtsottîiiè.  Î4j 

tirie  nouvelle  fublimation.  On  continue  ainfi  de 
fuite  ,  jufqu'à  ce  que  Ton  ait  fait  fublimer  tout 
le  foutre.  II  refte  au  fond  de  la  cucurbite  und 
très  petite  cjuantité  de  terre  grife  noirâtre. 

Les  fleurs  de  foufre  reffembleht  i  une  pou- 
dre ;  mais  fi  on  les  examine  au  microfcope  ,  on 
obferve  qpe  ce  font  de  petites  aiguilles. 

Remarques. 

Nous  avons  vu  que  lorfque  l'acide  vitrioliquè 
fcft  pur,  il  ne  peut  s'élever  qu'à  un  degré  de 
chaleur  fort  confidérable  :  lorfquil  eft  uni  au 
phlogiftiquè  pour  former  du  foufre ,  il  eft  dans 
le  plus  grand  état  de  concentration.  11  femble- 
roit  que  l'acide  vitridlique,  ainfi  concentré  * 
devroit  avoir  acquis  encore  plus  de  fixité  }  ce- 
pendant il  devient  infiniment  plus  volatil.  Il 
eft  vifible  que  c'eft  le  principe  inflammable ,  aVec 
lequel  il  s'eft  uni  pour  former  du  foufre,  qui 
lui  donne  cette  volatilité.  Le  foufre;  eft  eu  état 
de  fe  fublimer  Un  grand  nombre  de  fois ,  fans 
fouffrir*  aucune  déconipofitioii  ,  tant  qu'il  eft 
dans  des  vaifleaux  clos.  Cependant  j'ai  remarqué 
qu'il  laifle  chaque  fois  un  peu  de  matière  terreufe 
au  fond  du  vaiueatf.  Je  crois  qu'elle  provient  .de 
la  terre  propre  de  l'acide  vitrioliquè,  &  de  celle 
du  phlogiftiquè  qui  entre  dans  fa  cbmpofition. 
Dans  toutes  ces  opérations ,  il  y  a  un  peu  d'acide 
&  de  phlogiftiquè  de  décompofé. 

Lorfque  le  foufre  fe  fublime  ,  il  fe  réduit  ert 
Vapeurs  très  ihflammables.  Si  j  dans  cet  état ,  on 
enievoit  le  chapiteau  ,'&  qu'on  approchât  impru- 
demmerit  une  lumière,  il  fe  feroit  une  explofiort 
bruyante  qui  feroit  cafler  les  vaiffeaux  avec  dan- 
ger, 

Qij 


^44       Chymie  expérimentais 

La  fublimation  du  foufre  fe  fait  à  defTein  de- 
voir du  foufre  plus  divifé  &  plus  pur.  Comme  on 
le  retire  ordinairement  des  matières  falines  miné- 
rales ,  on  préfume  que  cette  opération  le  débar- 
rafle  des  matières  étrangères  avec  lefquelles  il 
pourroit  être  mêlé. 

Communément  on  ne  fait  pas  >  dans  les  labo- 
ratoires ,  cette  opération  à  defTein  de  fe  fournir 
de  fleurs  de  foufre  pour  fes  befoins ,  parcequ'on 
en  trouve  dans  le  commerce  qui  font  très  bonnes , 
&  qui  peuvent  fervir  pour  tous  les  ufaees.  On 
prépare  les  fleurs  de  loufre  en  grand  dans  des 

f>ors  percés  par  leurs  fonds,  furmontés  les  uns 
ur  les  autres ,  à  l'exception  du  premier  &  du  der- 
nier ,  qui  ne  le  font  pas.  On  nomme  ces  pots  alu- 
dels.  Ils  font  fon&ion  d'un  très  grand  chapiteau. 
Le  foufre  fe  fublime  Se  s'attache  dans  ces  diffé- 
rents pots. 

Soufre  avec  Voir. 

Le  foufre  ne  reçoit  point  d'altération  de  la  part 
de  Pafr.  Cef  élément  ne  paroît  même  avoir  au- 
cune a&ion  fur  cette  fubftance. 

Soufre  avec  de  Peau. 
Soufre  lavé. 

L'eau  n'a  aucune  aftion  fur  le  foufre.  Tai 
broyé  long-temps  du  foufre  fur  un  porphyre  avec 
de  l'eau.  Cette  eau ,  examinée  enfuite ,  ne  s'eft 
trouvé  contenir  aucune  portion  de  foufre  en  dif- 
folution.  Quelquefois  j'en  ai  féparé,  par  évapo- 
ration ,  dans  des  vaifleaux  à  l'abri  de  la  pouflîere , 
une  matière  falino-terreufe  feuilletée  \  mais  elle 
cft  étrangère  au  foufre. 

J'ai  fait  bouillir  plusieurs  fois  de  l'eau  avec  du 


ET     K  A  I  S  O  N  N  S  1.  *4$ 

foufre,  pour  former  ce  que  Ton  nomme  foufre 
lavé.  Cette  eau ,  examinée  enfuite,  ne  s'eft  point 
trouvé  contenir  de  foufre  en  dilTolution  :  quelque- 
fois elle  étoit  chargée  d'un  peu  de  matière  féleni- 
teufè  j  mais  cette  dernière  fubftance ,  comme 
nous  venons  de  le  dire ,  eft  étrangère  au  foufre. 
L  acide  vicriolique  ,  comme  nous  Pavons  dit  % 
a  la  plus  grande  affinité  avec  l'eau  j  mais  en  fe 
combinant  avec  le  phlogiftique  dans  l'état  de 
foufre  ,  il  perd  entièrement  cette  propriété  :  c'eft 
un  phénomène  bien  fingulier,  &  dont  il  eft  diffi- 
cile de  rendre  raifon.  Le  foufre ,  comme  nous  le 
dirons  ,  ne  contient  qu'un  feptieme  de  fon  poids 
de  phlogiftique  ,  &  cette  portion  fuffit  pour  dé- 
fendre l'acide  vitrioliquede  l'a&ion  de  l'eau. 

Soufre  avec  de  ta  glace. 

Le  foufre  mêlé  avec  de  la  glace ,  dans  toutes 
fortes  de  proportions ,  ne  produit  point  de  froid  , 
parceque  cette  matière  n'a  aucune  difpofition 
pour  s'unir  à  l'eau ,  &  qu  elle  ne  peut  faciliter  la 
fufion  de  la  glace. 

Soufre  avec  de  la  terre  vitrifiable. 

Le  foufre  &  la  terre  vitrifiable  ne  forment  au- 
cune combinaifon  connue  :  cependant,  dans  la 
fufion  des  terres  vitrifiables ,  le  foufre  communi- 
que une  couleur  noire  au  verre  qui  en  réfulte  \  ce 
qui  indique  que  le  phlogiftique  dans,  le  foufre  n'y 
eft  pas  dans  un  degré  de  pureté  auffi  grand  qu'on 
le  croit  communément» 

Soufre  avec  te  phlogiftique. 

On  ne  connoît  point  de  combinaifon  de  foufre 
avec  le  phlogiftique  pur ,  on  dans  l'état  charbon- 

Qiij 


1+6  ChYMIE   EXPERIMENTAL* 

neux.  Ces  deux  fubftances  paroifïènt  fe  mêlef 
fans  fe  combiner.  Peut-être  cependant  senflam? 
rneroient-elles ,  comme  cela  arrive  aux  métaux 
qu'on  mêle  avec  le  foufre:  ces  effets  ne  font  nul- 
lement connus;  mais  les  matières  huileufeç  dif- 
folvent  le  foufre  a  comme  l'eau  diflout  les  fels  , 
parceque  ce  font  de  part  &  d'autre  des  fubftances 
inflammables  qui  ne  demandent  qu'à  s'unir  &  % 
fe  cpmbiner  enfemble, 

Soufre  diffbus  dans  de  t huile* 
Baume  de  Soufre  de  Ruland. 

On  met  dans  un  matras  quatre^onecs  de  fleurç 
de  foufre  :  on  verfe  par-deuiis  une  livre  d'huile 
de  noix  :  on  place  le  matras  au  bain  de  fable.,  & 
pn  le  fait  chauffer  afTez  pour  faire  fondre  le  fou- 
fre :  on  l'entretient  à  ce  degré  de  chaleur  jufqu'à 
ce  que  l'huile  ait  acquis  une  couleur  rouge-brune 
foncée  :  on  ôte  le  matras  du  feu  :  on  le  laitfè  re- 
froidir :  on  décante  l'huile  furnageante  :  on  h} 
ç onferve  dans  une  bouteille. 

R  E  M  A  R  Q    U  E :  S. 

Toutes  les  huiles  difTolvent  le  foufre  ;  mais  il 
faut  que  cette  dernière  fubftance  foit  échauffée 
aflez  pour  être  mife  en  fufion;  fans  cela,  l'huile 
fl'en  diflout  aucune  portion.  Lorfque  le  foufre  a 
éoé  en  fufion  feulement  une  demi-heure  fous 
Thuile  y  celle-ci  en  eftautant  chargée  qu'elle  peut 
1  être  ;  elle  en  tient  même  en  diflblution  plus 
qu'elle  n'en  peut  diffoudre  lorfqu'elle  eft  froide  : 
elle  laiffe  dépofer ,  par  le  tefiroidifTement ,  l'ex- 
cédent fous  la  forme  de  cryftaux  aiguillés.  Le 
foufre  ^  ^inf»  uni  aux  huiles  ^  s'y  trouve  en  ful*ç 


IT      RAISONNÉ  1.  I47 

(lance  fans  fouffrir  aucune  décompofition.  Les 
cryftaux  aiguillés  quelle  laiffe  dépofer  par  le  re- 
froidiflement ,  fe  trouvent  être  du  foufre ,  tel  qu'il 
étoit  auparavant, 

Soufre  avec  la  terre  calcaire. 

On  ne  connoît  point  l'aftion  du  foufre  fur  la 
terre  calcaire  ,  foit  par  la  voie  humide ,  foit  par 
la  voie  feche;  mais  on  connoît  celle  du  fou-* 
fre  avec  la  chaux, 

Soufre  avec  la  chaux  vive*. 
foiç  dç  Soufre  terreux. 

On  met  dans  une  terrine  de  grès  une  livre  de 
chaux  vive,  &  quatre  onces  de  fleurs  de  foufre  ? 
on  verfe  peu-à-peu  une  fuffifante  quantité  d'eau 
pour  éteindre  la  chaux ,  &  pour  former  une 
bouillie  un  peu  claire.  On  remue  le  mélange  avec 
une  fpatule  de  fer ,  à  mefure  que  la  chaux  s'é- 
teint. Lorfqu'il  eft  fuffifamment  refroidi ,  on  le 
filtre  au  travers  d'un  papier  gris  :  il  coule  une  li- 
queur jaune  qui  a  une  odeur  d'œuf  couvi.  On  la 
garde  dans  une  bouteille  qui  bouche  bien  :  c'effc 
ce  que  l'on  nomme/oi*  de  foufre  terreux  *  pour  le 
diftinguer  di*  foie,  dç  foufre  qu'on  fait  avec  dot 
J'alkalifixe/ 

Remarque  s. 

Comme  la  chaux  cdntient  une  fubftarïce  alka^ 
Une ,  el}e  diflbut  une  certaine  quantité  de  foufre*. 
L'a  chaleur  qui  naît  pendant  fon  extindtion ,  eft 
fuffifante  pour  faciliter  cette  difïolution  de  fou- 
fre •,  la  liqueur  s'en  trouve  chargée  autant  qu'elle 
Iteutl'çtre.  Si  l'on  çraignoit  <ju  elle  ne  le  fut  p** 


14*  Chymib  expérimentale 
eflez ,  on  pourroit  mettre  le  mélange  dans  un  ma- 
tras,  après  que  la  chaux  eft  éteinte ,  &  le  faire 
digérer  au  bain  de  fable  pendant  dix  ou  douze 
heures  ,'&  le  filtrer  enfuite  \  mais  cela  m'a  para 
inutile ,  parceque  j'ai  trouvé  la  liqueur  très  char- 
gée de  foufre.  On  pourroit  faire  cette  opération 
dans  un  matras ,  en  réduifant  auparavant  la  chaux 
en  poudre  groffiere  \  mais  il  y  auroit  à  craindre 
oue ,  venant  à  gonfler  ,  elle  ne  fit;  cafTer  le  vaif- 
feau. 

La  chaux  contient ,  outre  la  matière  faline  al- 
kaline,  une  certaine  quantité  de  feu  combiné 
dans  le  même  état,  ou  approchant ,  <jue  celui  qui 
eft  dans  les  acides.  Ce  feu,  qui  s'unit  au  foufre, 
&  en  même  temps  à  la  matière  faline  alkaline,  fa- 
cilite la  diflblution  du  foufre  dans  l'eau.  La  cha- 
leur qui  fe  produit  pendant  i'extinâion  de  la 
chaux,  eft  fuffifante  pour  opérer  cette  combinai- 
fon.  Ce  foie  de  foufre  contient,  comme  l'eau  de 
chaux  ordinaire,  une  certaine  quantité  de  terre  en 
diflolution.  Il  fe  forme  à  fa  furface  des  pellicules 
comme  defliis  l'eau  de  chaux  :  c'eft  pourquoi  il 
convient  de  l'enfermer  dans  une  bouteille ,  afin 

3iiïl  ne  fe  fafle  point  d'évaporation  >  parcequ  elle 
écompoferoit  le  foie  de  foufre  en  grande  partie. 
JLe  foie  de  foufre  terreux  fe  détruit  avec  la  plus 
grande  facilité  ,  même  dans  des  vaiffeaux  parfai- 
tement clos  :  le  phlogiftique  du  foufre  fe  décom- 
pofe ,  le  feu  de  cette  fubftance  fe  diflîpe  au  tra- 
vers du  verre  \  il  refte  dans  les  bouteilles  une  li- 
queur fans  couleur ,  qui  n*a  prefque  plus  de  fa- 
veur ,  &  fous  laauelle  il  fe  forme  un  précipité  qui 
contient  de  la  faénite  &  du  tartre  vitriolé* 


1T      RAISONNÉ  fi.  1+f 

Décompqfition  du  foie  dcfoufrc  terreux. 

Efpece  de  Tartre  vitriolé. 

On  met  dans  une  capfule  de  grès  la  quantité 
que  Ton  veut  de  foie  de  foufre  terreux  :  on  place 
le  vaiileau  au  bain  de  fable  :  on  fait  évaporer  la  li- 
queur jufqu'à  ficcité  \  enfuite  on  fait  calciner  la 
matière  à  une  chaleur  modérée  &  incapable  d'en- 
flammer le  foufre.  Lorfque  la  matière  ne  fume 
plus ,  on  augmente  le  feu  pour  calciner  davantage 
la  matière  :  on  la  fait  diflbudre  dans  une  fum- 
fante  quantité  d'eau  :  on  filtre  la  liqueur.  J'ai  ob- 
tenu d'une  femblable  opération  de  la  félénite ,  &, 
fur  la  fin ,  des  cryftaux  de  tartre  vitriolé. 

Cette  expérience  eft  femblable  à  celle  que 
Sraahl  a  faite  avec  du  foie  de  foufre  alkalin ,  pour 
démontrer  la  quantité  de  phlogiftique  contenu 
dans  le  foufre.  Je  me  fers  de  la  même  manipula- 
tion pour  confirmer  ce  que  j'ai  avancé  fur  l'exif- 
tence  de  la  portion  d'alkali  fixe  dans  la  chaux.  Le 
tartre  vitriolé  que  j'ai  obtenu  dans  cette  expé- 
rience ,  eft  formé  par  l'alkali  de  la  chaux  &  l'a- 
cide vitriolique  du  foufre.  La  félénite  eft  produite 
{>ar  la  terre  qui  s'eft  diffoute  dans  l'eau ,  pendant 
'extinéfcion  de  la  chaux,  &  qui  n'étoit  point  dans 
l'état  falin  :  elle  s'eft  pareillement  combinée  avec 

de  ce  même  acide  du  foufre. 

• 

Décompqfition  du  foie  de  foufre  terreux  par  V acide 
vitriolique. 

On  met  dans  un  verre  du  foie  de  foufre  terreux, 
&  on  l'étend  dans  beaucoup  d'eau.  On  verfe 
goutte  à  goutte  de  l'acide  vitriolique  affoibli  :  il  fe 
taie  un  précipité  :  on  continue  de  vexfer  de  l'acide 


\ 


%}&         ChYMIB   EXPERIMENTALE 

jufqu'à  ce  qu'il  ne  fe  fafle  plus  de  précipitation  r 
on  lave  ce  précipité  dans  une  fuffifante  quantité 
deau ,  &  on  le  rait  fécher,  On  trouve  qu'il  eft  du 
foufre  tel  qu'il  étoit  auparavant  5,  ce  qui  prouve 
qu'il  étoit  feulement  diflbus  par  l'eau  de  chaux ,  &C 
non  dans  l'état  de  dcçompoiuion* 

Soufre  &  acide  vitriolique* 
Soufre  diffous  dans  cet  acide. 

L'acide  vitriolique  a  un  peu  d'aâion  fur  le  fou* 
fre  :  il  en  diffout  une  petite  quantité  ;  mais  c  eft  à 
l'aide  de  la  chaleur ,  fans  laquelle  il  n'a  aucune 
4&ion  fur  lui. 

On  met  dans  une  fiole  de  l'acide  vitriolique 
concentré  &  très  pur,  avec  un  peu  de  foufre  con- 
cafle.  On  fait  chauffer  ce  mélange  afTez  pour  faire 
liquéfier  le  foufre.  Il  fe  promené  dans  cet  acide 
en  globules,  comme  de  l'huile  dans  de  l'eau.  L'a* 
eide  prend  une  légère  couleur  ambrée ,  &  il  aune 
odeur  d'acide  fulrureux  volatil.  Lorfque  le  fou- 
fre eft  refroidi ,  on  remarque  qu'il  a  acquis  une 
couleur  verte  d'olive  \  il  a  d'ailleurs  toutes  les 
propriétés  qu'il  avoit  auparavant.  La  couleur  que 

(Vend  l'acide  vitriolique,  nous  prouve  encore  que 
e  phlogiftique  dans  le  foufre  n'eft  pas  dans  le  plus 
grand  état  de  pureté.  Cet  acide  tient  un  peu  de 
foufre  en  difïolurion ,  que  j'ai  féparé  par  t'alkali 
fixe.  • 

M.  Ephraim  Rhinhoid  Sechl  lut ,  en  1 744 ,  à 
la  Sociéré  Royale  de  Londres,  un  Mémoire  qui 
le  trouve  inféré  dans  les  Tranfactions  Philoso- 
phiques j  n°.  471  j  il  propofe  dans  ce  Mémoire 
deux  moyens  pour  décompofet  le  foufre  par  l'a- 
cide vitriolique. 
Le  premier  conûfteà  mêler  une  livre  de  fleur* 


ET      RAISONNÉ  E.  45  f 

(de  foufre  avec  cinq  livres  d'alkali  fixe  bien  fec.  On 
fait  bouillir  ce  mélange  dans  une  fuffifante  quan- 
tité d'eau  y  jufau  a  ce  que  le  foufre  foie  diflbus  : 
alors  on  filtre  la  ligueur ,  &  on  la  fait  évaporer 
jufqu'à  ficciré ,  &  jufqu'à  fondre  la  matière»  Lors- 
qu'elle eft  refroidie  ,  on  la  mec  dans  une  cornue 
tubulée ,  que  l'on  place  dans  un  fourneau  de  ré- 
verbère au  bain  de  fable ,  &  on  y  ajoute  deux  li- 
vres d'acide  vitriolique  concentré.  On  procède  i 
la  diftillation.  On  retire ,  fuivant  lui  >  douze  on- 
ces d'acide  volatil  de  foufre. 

Le  fécond  procédé  eft  le  même  quant  à  la  ma- 
nipulation j  il  n'en  diffère  que  par  la  chaux  qu'il 
fait  entrer  conjointement  avec  de  l'alkali,  pour 
former  un  femblable  foie  de  foufre.  Les  ctofes 
font  une  livre  de  fleurs  de  foufre ,  quatre  livres  Se 
demie  d'alkali  fixe ,  &  trois  livres  de  chaux  vive. 
Lorfque  la  liqueur  eft  filtrée  &  defTéchée  comme 
ci-defTus ,  il  la  diftille  dans  une  cornue  avec  une 
Jivre  8ç  demie  d'acide  vitriolique  concentré.  On 
retire ,  fuivant  lui,  huit  onces  d'efprit  volatil  de 
foufre  plus  fort  &  plus  acide  que  le  précédent. 

Nous  remarquerons  que  l'acide  qu'on  obtient 
dans  ces  opérations ,  eft  celui  qui  eft  excédent  à  la 
faturation  de  la  chaux  &  de  l'alkali.  L'Auteur  a, 
beaucoup  de  confiance  à  cet  acide ,  pareequ  il  eft 
très  volatil  &  très  fulfureux  ;  mais  ,  comme 
jious  l'avons  dit ,  le  phlogiftique  eft  le  même  *  de 
quelque  fubftance  qu'on  le  retire.  On  peut  fe  dit» 

}>enfer  de  faire  ces  opérations  embarraflantespouç 
e  procurer  de  l'acide  fulfureux  volatil.  Il  fuffitde 
diftiUer  l'acide  vitriolique  avec  une  matière  in-r 
flammable  quelconque  :  le  produit  qu'on  obtieiir 
dra  fera  abfolument  le  même,  &  aura  les  mêmes; 
propriétés  que  celui  des  deux  procédés  de  l'Att* 
/  leur  doçt  qous  yeptons  de  parler, 


25*  CHYMIE    EXPÉRIMENTAL! 

Acide  vitriolique  avec  les  terres  calcaires. 

Nous  avons  démontré  précédemment  que  les 
terres  calcaires  contiennent  de  l'eau ,  de  l'air ,  Se 
un  peu  de  matière  inflammable.  Ces  fubftances 
ifolent  les  unes  des  autres  les  molécules  terreufes, 
&  les  tiennent  dans  un  grand  état  de  divifion, 
&  comme  réduites  à  leurs  molécules  primitives 
intégrantes.  Ces  fubftances  ont ,  comme  nous  l'a- 
vons dit ,  beaucoup  d'affinité  avec  l'acide  vitrioli- 
que :  elles  fervent  d'intermèdes  par  lefquels  cet 
acide  diflbut  ces  terres  :  aufli  toutes  les  terres  cal- 
caires fe  diflolvent  dans  cet  acide  avec  chaleur  & 
efFervefcence,jufqu'au  point  de  faturation. 

Expérience 

On  met  dans  un  matras  la  quantité  que  Ion 
veut  de  marbre  blanc  en  poudre  :  on  verfe  par- 
deflus  de  l'acide  vitriolique  trèsaffoibli.  On  place 
le  marras  fur  un  bain  de  fable  échauffé  modéré- 
ment. Lorfque  l'effervefcence  a  ceffé ,  &  que  l'a- 
cide eft  bien  faturé,  on  filtre  la  liqueur ,  &  on  la 
fait  évaporer  lentement  fur  le  feu ,  ou ,  encore 
mieux ,  a  l'air  libre ,  dans  un  vafe  de  verre  couvert 
de  papier ,  pour  la  garantir  de  la  poufliere.  On 
obtient ,  au  bout  de  quelque  temps ,  de  petits 
cryftaux  blancs  prefque  opaques ,  dilpofés  en  pe- 
tites aiguilles ,  &  quelquefois  pas  plus  gros  que 
des  grains  de  fable ,  fans  figure  déterminée.  Ce 
fel  eft  connu  fous  le  nom  àsfélénite.  Je  le  nomme 
félcnite  calcaire  ,  afin  de  le  diftinguer  d$s  féléni- 
tes  à  bafe  de  terres  vitrifiables ,  dont  nous  parle- 
rons en  fon  lieu. 

R  E  M  A  R  Q    V  E  S. 

L'efpece  de  fel  qui  réfulte  de  cette  combinai- 


1  T     RAISONNÉ  I.  253 

fcxn  ,  cft  fort  peu  di(Toluble  dans  l'eau.  Il  fe  cryf- 
tallife  à  mefure  qu'il  fe  forme  :  il  s'applique  très 
immédiatement  fur  les  molécules  de  terres  qui 
rie  font  point  difïbutes ,  &  les  empêche  de  fe  dif- 
fbixdre  j  mais  on  prévient  cet  inconvénient  en 
étendant  l'acide  virriolique  dans  beaucoup  d'eau  : 
fans  cette  précaution ,  il  eft  prefque  impoffible  de 
fa  curer  cet  acide  de  terre.  Quelle  que  foit  la  terre 
calcaire  qu'on  ait  employée ,  Tefpece  de  fel  qui 
en  réfulte  eft  eflentiellement  le  même.  Cepen- 
dant j'ai  remarqué  quelque  différence  dans  le  fel 
provenant  de  certaines  terres  calcaires,  fur-tour 
de  celles  que  le  laps  de  temps  a  commencé  à  pri- 
ver d'une  certaine  quantité  de  leur  eau ,  &  à  ra- 
mener plus  ou  moins  au  cara&ere  de  terre  élé- 
mentaire. Les  félénites  qu'on  forme  avec  de  ces 
fortes  de  terres,  tiennent  le  milieu  entre  les  félé- 
nites calcaires  proprement  dites ,  &  l'alun. 

Par  cette  combinaifon ,  l'acide  vitriolique  perd 
prefque  toutes  fes  propriétés  falines ,  &  il  les 
communique  à  la  terre  calcaire  y  & ,  réciproque- 
ment, la  terre  calcaire  communique  une  partie  des 
fïennes  à  l'acide  viuiolique.  Le  fel  neutre  qui  en 
réfulte ,  participe  des  propriétés  de  l'acide  &  de  la  1 

terre  :  il  n'a  prefque  pas  plus  de  faveur  que  la 
terre  calcaire  :  il  fe  difïbut  difficilement  dans 
Peau,  &  en  très  petite  quantité.  L'eau  bouillante 
n'en  rient  pas  plus  en  diflolurion  que  l'eau  froide, 
La  Nature  fournit  beaucoup  de  matière  faliae 
de  même  efpece  que  celle  dont  nous  parlons  a 
mais  qui  a  différentes  formes  >  &  à  laquelle  les 
Naturalistes  ont  donné  différents  noms ,  comme 
gypfe  ou  miroir  d'âne  ,  pierre  à  plâtre  j  albâtre  ^ 
fpath  gypfeuxj&ci  Ce  genre  de  fubftances  fait 
une  des  quatre  efpeces  de  terre  que  M.  Pott  a  éta- 
blies dans  fa  Lithogéognqfie  ;  mais  toutes  ces  ma- 


y*i< 


ï$4  Chymïe  expIrîmbntàlé 
tieres  font  un  feul  &  même  fel ,  &  nous  les  coft* 
iîdérerons  comme  telles.  Toute  la  différence  eft 
dans  la  forme.  La  Nature  ;  dans  fon  travail  en 
grand ,  produit  des  cryftautf  d'une  grofleur  monf- 
trueufe  ',  tandis  que  nous  ne  pouvons  faire  que 
de  petits  tryftaux,  gros  à-peu  près  comme  des 
grains  de  fable.  ■ 

Pour  parvenir  à  faturer  de  Facide  vitrioliqaé 
avec  de  la  terre  calcaire ,  il  faut  employer  plus  de 
cette  terre  que  l'acide  n'en  peur  difToudre,  quel- 
que divifée  qu'elle  foit.  Cela  vient  de  ce  que  ces 
pierres  ne  font  pas  parfaitement  homogènes.  Elles 
contiennent  toutes  des  parties  plus  tendres  &plos 
faciles  à  fe  laiffe  diflbudre  les  unes  que  les  autres. 
L'acide  fe  faifit  d'abord  des  parties  les  plus  tendres; 
lorfqu  il  approche  du  point  de  faturation ,  il  ne 
peut  plus  entamer  les  parties  dures.  Je  me  fuisaf- 
furé  de  ce  fait,  en  mettant  dans  les  acides  miné- 
raux des  morceaux  de  différentes  pierres  calcaires, 
même  dû  marbre  blanc:  ce  qui  echappoit  de  ces 
pierres,  à' la  première  a&iondés  acides,  étoic 
creufé ,  dans  certains  endroirs ,  comme  fi  le  burin 
y  eût jpalîé,  &  éroit  de  là  plus  grande  difficulté  à 
le  difloudre  dans  la* portion  d'acide  qui  feftoit  à 
faturer*  Ces  ïedes  préfentoient  auffi  plus  de  diffi- 
culté i'fô  diflôudre  dans  de  npuvël  acide  due  je 
leur  préfentois.  On  peut  tirer  de  cette  ôbrerva- 
tion  une  conséquence  en  faveur  de  ce  que  nous: 
avons  dit  précédemment  :  là  tetré  calcaire  n'étant 
point  une  terre  pure,  mais,  au  contraire,  une  terré 
compofée ,  fouffre  des  altérations  par  le  laps  de 
temps  ,  qui  tendent  i  la  ramener  à  un  plu* 
grand  degré  de  fîmplicité.  Les  altérations  qu  ellfr 
éprouve  ne  font  point  uniformes  dans  toutes  leurs 
parties  ,  puifqu  elle  a  des  endroits  plus  durs  le* 
uns  que  les  autres }  ce  que  je  n'ai  point  obfeivrl 


1T      R  A  Î.S  O  N  N  É  I.  1$J 

tlalis  îa  terre  des  coquilles  récentes ,  qui  n'ont 
pas  encore  éprouvé,  delà  part  du  temps,  les  mê- 
mes altérations. 

.  Lorfque.  l'acide  n'a  pas  été  étendu  dans  une 
fuffifante  quantité  d'eau ,  le  fel  fe  cryftaiiife  en 
petites  aiguilles  à  me  Aire  qu'il  fe  forme.  La  por- 
tion qui  refte  fufpendue  donne  à  la  liqueur  une 
apparence  moirée.  Il  faut  alors  étendre  la  liqueur 
dans  beaucoup  d'eau ,  &  faire  chauffer  ce  mélange 
jufqu'à  le  faire  bouillir  ,  &  ne  le  filtrer  qu'après 
que  l'acide  eft  parfaitement  faturé ,  ce  que  l'on  re* 
connoît  lorfqu'il  n'a  plus  dé  faveur  acide. 

J'ai -examiné  avec  l'acide  vitriolique  un  grand 
nombre  de  pierres  &  de  terres  calcaires,  donc 
voici  les  réfultats. 

i°;  Toutes  les  pierres  calcaires  pures  &  pefan~ 
tes  ,  telles  que  le  beau  marbre  blanc,  Iesfpaths 
calcaires,  font  très  dures,  Se  plus  difficiles  à  fe 
diffoudre  dans  cet  acide ,  que  les  pierres  calcaires 
moins  dures  &  moins  pures ,  comme  le  moellon, 
tes  premières  ne  peuvent  faturer  cet  acide  fan? 
le  fecours  de  la  chaleur;  le  moellon i,  au  con- 
traire ,  le  fature  complètement ,  même  fans  le 
fecours  de  la  chaleur. 

2°.  Toutes  les  pierres  &  terres  calcaires  que 
j'ai  éprouvées ,  contiennent  une  certaine  quan- 
tité de  fer  dans  l'état  d'ochre  :  il  fe  précipite  de 
tes  diffolutions  paifieféjtfut  >  lorfqu\llei<ontété 
.bien  faturées. 

;°.  Les  coquilles  d'tirufs  lavées  Se  cb-barraffeea 
de  leur  membrane  iftt&ieure ,  fe  diflbiVeat  dans 
l'acide  vitriolique  plus  difficilement  que  toutes 
les  terres  calcaires  qUe  j'ai  éprouvées  :  elles  de* 
viennent,  pendant  la  digèftion  au  bain  de  fable  f 
rouffes ,  jaunâtres ,  comme  fi  elles  étaient  expo- 
fées  immédiatement  fur  des  cendres  chaudes. 


1$S  ChYMIE    BXPiRIMENTALl 

Tous  ces  effets  fout  dus  à  l'aftion  de  l'acide  qui 
agit  comme  le  feu  pur  fur  la  matière  animale 
difTéminée  dans  la  fubftance  rerreufe  des  coquil- 
les. Ce  n'a  été  qu'après  plufieurs  jours  de  digef- 
tion,  que  je  fuis  parvenu  à  faturer  cet  acide  avec 
de  cette  matière  terreufe.  Cette  diffblution  avoir 
une  légère  couleur  orangée  >  &  une  foible  faveur 
alumineufe.  Dans  l'efpace  de  deux  mois ,  cette 
liqueur  s'eft  troublée  :  elle  contenoit  quelques 
lambeaux  mucilagineux ,  &  quelques  taches  de 
moififlure  à  fa  furrace ,  fans  odeur  de  putréfac- 
tion :  elle  a  laide  dépofer  un  peu  de  terre  blan- 
che »  &  elle  a  perdu  la  légère  faveur  alumineufe 
qu'elle  avoit. 

4°.  Les  coquilles  des  poifïbns  de  mer  &  de  ri- 
vières ,  les  coraux  y  les  madrépores ,  préfenrent 
à-peu-près  les  mêmes  phénomènes  pendant  leur 
diiïblution  j  &  on  en  lépare  un  parenchyme  mu- 
cilagineux ,  qui  conferve  la  forme  de  la  coquille, 
comme  nous  le  dirons  lorfque  nous  examine- 
rons ces  terres  avec  l'acide  nitreux.  Je  n'ai  re- 
marqué ,  dans  aucune  de  ces  terres  animales ,  des 
{tardes  plus  tendres  ou  plus  dures  les  unes  <jue 
es  autres  :  elles  m'ont  paru  d'une  conftitution 
plus  uniforme  que  les  pierres  calcaires  ordinaires. 
50.  La  chaux  vive ,  l'eau  de  chaux  &  tes  pel- 
licules de  chaux,  préfentent ,  avec  l'acide  virrio- 
lique  >  des  phénomènes  un  peu  différents  :  les 
félénites  qu'on  en  obtient ,  font  tranfparentes ,' 
au  lieu  d'être  opaques ,  comme  font  celles  des 
terres  calcaires  pures  :  les  cryftaux  font  infini* 
ment  plus  gros  :  ils  font  beaucoup  plus  diflolu- 
bles  dans  Peau  :  en  un  mot ,  ces  fels  pofledent 
davantage  les  propriétés  falines. 

6°.  Toutes  ces  ai  Solutions  font  fans  couleurs, 
lorfqu  elles  ont  dépofé  le  fer  que  contenoient  les 

pierres 


ïf      R  A  l  S  O  N  N  i  k.  lj^ 

?"  terres  calcaires ,  ou  celui  qui  étoit  contenu  dans 
acide  vitriolique  >  donc  le  plus  pur  n'eft.  jamais 
exempt. 

70.  Toutes  ces  diflolutions  3  quoique  parfai- 
tement claires  &  fans  couleur ,  prennent  avec 
l'infufioh  de  noix  de  galle  une  légère  couleur 
violette  $  ce  qui  prouve  qu'elles  contiennent  en* 
core  un  peu  de  rer. 

8°.  Elles  n'ont  toutes  qu'une  faveur  fade  *  fetà- 
blable  à  celle  des  eaux  des  puits  de  Paris; 

9*.  Aucune  de  ces  diflolutions  ne  change  là 
couleur  bleue  du  fyrop  violât  ^  ni  celle  de  là 
teinture  dé  tournefol; 

i'o".  L'eau  dé  chaut  ne  précipite  riep  des  dif- 
folutions  de  pierres  calcaires  pures  :  mais,  comme 
la  plupart  des  autres  pierres  calcaires  font. mé- 
langées de  terre  yirrifiable,ou  dé  porriotis  dd 
terre  calcaite  qui  tendent  à  le  devenir ,  l'eau  dé 
chaux  précipite  ces  fubftances  de  ces  diflolutions. 
Les  terres  calcaires  que  j'ai  obfervé  être  dans  le 
cas  dont  nous  parlons ,  font  la  craie  de  Cham- 
pagne qui  en  fournit  un  peu ,  &  lès  coquilles 
d'oeufs  qui  en  fournirent  beaucoup.  J'ai  recueilli 
lô  précipité  formé  de  la  diflbiution  des  coquilles 
d'oeufs  par  l'eau  de  chaux  :  il  étoit  eh  petits  cryf- 
taux  écailleux)  comme  le  fel  fédatif  iubliméi  Je 
l'ai  fait  diflbudre  de  nouveau  dans  die  l'acide 
vitriolique  :  il  a  formé  des  cryftaux  de  véritable 
alun  y  mais  mêlé  de  félénite  ,jparceque  h.  répa- 
ration de  ces  terres  n'eft  pas  abfolûment  parfaite; 
Néanmoins  ce  moyen  fournit  uri  proche  pouç 
féparer  &  reconnoître  une  terre  vitrifiable  qui 
feroit  mêlée  avec  une  terre  calcaire*. 

n?t  Aucune  pierre  calcaire  *  diflbutè  dans  Fis 
cide  vitriolique  j  n'eft  précipitée  par  une  autre 
pierre  ou  terre  calcaire  ;  je  me  fuis  afliiré  de  ce 
Tome  L  R 


158  CmYMÎB    ÉXpilUMEHTÀtB 

fait  par  un  grand  nombre  d'expériences  :  "j'ai 
même  confervé  de  femblables  mélanges  pendant 
plufieurs  années.  Jemettois  un  morceau  de  pierre 
calcaire  rendre  dans  des  diflblutions  de  pierres 
calcaires  dures.  J'ai  fait  digérer  ce  mélange  au 
feu  de  fable  j  il  n'y  à  jamais  eu  de  précipité. 

ii°.  j'ai  mis  de  toutes  ces  diflolutions  ,  cha- 
cune féparément ,  dans  des  féaux  de  verre ,  cou- 
verts d'un  papier  pour  les  garantir  de  la  pouflîere  : 
je  les  ai  expoféesdans  un  endroit  convenable  à  la 
cryftallifation  par  une  évaporarion  fpontanée  j 
elles  ont  toutes  fourni  des  cryftaux  dans  l'efpace 
de  deux  mois  ;  favoir  les  diflblutions  de  ftaiaâites 
d'Arcuêil,  celle  de  chaux  de  marbre  blanc,  l'eau 
de  chaux  ordinaire  faturée  d'acide  vitriolique , 
l'eau  de  chaux  de  marbre  blanc ,  auflî  faturée  de 
ce  même  acide  :  les  pellicules  provenant  de  ces 
deux  eaux  de  chaux  faturées  d'acide  vitriolique , 
ont  formé  de  petits  cryftaux  en  aiguilles,  grottp- 
pées  plufieurs  enfemble  ,  &  quelquefois  elles 
ctoient  folitaires. 

Les  diflolutions  de  moellons  ,  de  fpaths  ,  de 
marbre  blanc  &  de  coquilles  d'œufs  ,  ont  toutes 
formé  de  petits  cryftaux ,  femblables  à-peu-près 
à  des  grains  de  fable. 

1  j  *.  La  chaux  ordinaire  dont  on  fe  fer  t  à  Paris 
pour  bâtir  ,  traitée  de  même  avec  l'acide  vitrio- 
lique ,  m'a  fourni  des  cryftaux  de  véritable  alun, 
bien  féparés  &diftin6tsdes  cryftaux  de  félénite 
qu'elle  fournifloit  en  même  temps.  La  produâion 
de  cet  alun  eft  due  à  quelque  portion  de  terre  vi tri- 
fiable  qui  fe  trouvoit  mêlée  dans  la  pierre  calcaire , 
ou  à  une  portion  de  pierre  calcaire- convertie  elle* 
même  en  cette  efpece  déferre  vitrifiable,  pat  la 
violence  du  feu  pendant  la  calcinationde  la  pierre 
calcaire. 


*T     iAÎSOKNit.  ljj 

*4*.  Toutes  ces  félénires  expoféesâ  un  feu  ca- 
pable de  les  faire  rougir  ,  fe  convertirent  en 
fdâtre.  <• 

15°*  Èxpofées  à  un  très  grand  feu  &  long- 
temps continué,  elles  fefont  changées  en  ce  que 
Ton  nomme  plâtre  brute. 

'  1 6 °.  Toutes  ces  félénites,  foumifes  k  la  diftilla-» 
tion  dans  des  cornues ,  n'ont  fourni  qu'une  pe^ 
rite  quantité  de  liqueur  infipide ,  qui  ne  donné 
aucun  indicé  d'acidité; 

'  Examinons  présentement  les  propriétés  des  fé- 
lénites naturelles  dans  les  fubftancesr  que  Toit 
nomme  gypfèSç pierre  à  plâtre.     *..'...    i 

Sûr  its  Pierres  &  Terres  gypfeufes  3  cqnnuesxfoui 
le  nom  de  Pierres  â  ptâ#lè'«        .".-... 

Les  fubftances  que  nous  examinons  pt^fetatc 
tuent  font  des  feb  virrioliques  à^twieîtfe  terres 
calcaires ,  formés  par  la  Nature  >  abf<ftiumèhfr#fcm>; 
blables  aux  félénites  dont  nous  venons  dé  parier.' 
Plufieurs  Naturaliftes  ont  confoifdtf  Jes'pîér* es  à 
plâtre  parmi  les  pierres  &  terres  calcaires ,  comme 
le  remarque  M.  Pott/i).  Quelques  Chymiftes* 
ont  rejette  en  doute  l'exiftence  de  l'acide*  vifrio- 
liqiie  dans  les*  pierres  à  .plâtre  uils  fo  fondent  fbtf 
ce  quelles  ne  décompofent  pas  le  nitrè'&  le  fel 
marin  ,  comme  le  font  les  argi  lies  ïjMi"  ton  tien- 
nent de  Tacide  -vimolique  •&  qui  décpmpofentt 
ces  fels, 

'  Le  gypfe  de  Montmartre  5  près  de  Paris ,  eft 
tf  une  jranfparetice  jauriâtre  j  il  eft  cryftattifé  en 
lames  minces  appliquées  les  untsiur  les  autres  , 


-  (0  Lithogéognbfic ,  page  ji ,  premier  volume* 

Rrij 


^ 


l6<*  CHTMIE    BXPiRTJ^EKTALE 

que  Ton  peut  lever  par  feuillets  avec  la  lame  d'un 
couteau.  Les  malles  de  gypfe  font  compofées  de 
deux  triangles  alongés  >  léparés  en  deux  par  une 
ligne  defuture ,  formant  un  triangle  alongé ,  donc 
le  côté  oppofé  à  la  bafe  eft  en  angle  rentrant  d'en- 
viron quarante-cinq  à  cinquante  degrés. 

On  trouve  dans  les  Pyrénées  du  gypfe  fem- 
blable  à  celui  de  Montmartre  %  mais  qui  eft  uè» 
pur  &  abfolument  fans  couleur. 

Les  pierres  avec  lefquelies  on  fait  le  plâtre  & 
Montmartre ,  n'ont  aucune  figure  déterminée  : 
elles  reflpmblent  à  des  pierres  ordinaires  ;  mais 
elles  font  plus  pefantes  :  on  les  voit  parfemées  de 
petits  points  brillants  qui  font  des  portions  dt 
petits  cryftan*  de  gypfe  >  parmi. lefquels  on  efc 
diftîheue  d'entiers  qui  font  très  réguliers. 

L'albâtre  eft  fous  différentes  couleurs.  Celui 
qui  eft  blanc  fie  fans  couleur  >  a  un  grain  plus  fin 
6c  plus -ferré  que  celui  de  la  pierre  à  plâtre  ordi- 
naire. Il  s'en  trouve  qui  a  de  petits  cryftaux» 
confie  la  pierre  à  plâtre  de  Montmartre.  L'al- 
bâtre eft  doux  au  toucher ,  comme  certaines  pierres 
favonneufes;  il  eft  fujet  à  être  coloré  fie  veiné  pat 
des  matières  métalliques  >  comme  le  marbre. 

On  trouvé  encore  dans  la  Nature  des  cryftaux 
de  félénites  qui  reftemblent  à  de  gros  cryftaux  de 
*ûtr$,  ficc.  , 

Toutes,  ces  fubftances  ne  font  qu'une  feule  8c 
même  efpece  de  fel  :  elles  différent  feulement 
entre  elles  par  la  figure  Se  par  le  plus  ou  le  moins 
de  pureté.  La  pierre  à  plâtre,  dé  Montmartre  eft 
pn  véritable  albâtre  greffier  &  impur.  Il  eft  éton- 
nant qu'on  n'ait  pas  encore  trouyéi  Montmartre 
de  cette  pierre  dans  le  même  état  de  pureté  qu  eft 
celle  qui  porte  fpécialement  le  nom  $  albâtre. 

D'après  ce  que  nous  venons  d?  dire  >  il  eft  fa- 


1  T     K  A  I  S  O  H  N  i  1.  l£l 

cile  d'appercevoir  déjà  la  différence  qu'on  doit 
faire  entre  l'albâtre  &  le  marbre  que  quelques 
Naturaliftes  on  t  rangés  dans  la  même  clafle.  Quel- 
ques perfonnes ,  pour  accorder  les  différents  fen- 
timents  des  Naturaliftes  &  des  Sculpteurs  >  ont . 
imaginé  d'admettre  de  l'albâtre  gypfeux  &  de 
l'albâtre  calcaire  :  cette  diftinâion  ne  peut  avoir 
lieu»  lorfque  l'on  confidere  les  propriétés  chymi- 
ques  de  ces  fubftances.  L'albâtre  eft ,  comme  nous 
le  verrons ,  diflbluble  en  entier  dans  l'eau ,  Se  la 
pierre  calcaire  ne  l'eft  pas  ;  il  eft  un  Vf  ai  fel ,  &  U 
terre  calcaire  ne  l'eft  pas, 

Gypfe  expofe  au  feu* 

Le  gypfe ,  l'albâtre  &  la  pierre  a  plâtre  expofë* 
au  feu  pour  les  faire  rougir  feulement ,  perdent 
l'eau  de  leur  cryftalliiation ,  enfaifant  un  petit 
bruit  ou  pétillement  que  1W  nomme  décrepita- 
tion*  Le  gypfe  décrépite  plus  que  les  autres  pierres 
de  même  efpece»  Tontes  ces  pierres  deviennent 
friables  &  d'un  très  beau  blanc  opaque.  Le  gypfe 
fe  divife  pendant  cette  opération  en  feuillets  ex- 
trêmement minces.  Ce  produit  fe  nomme  gypfo 
cuit  on  plâtre  >  lorfqu  il  eft  fuffifarntneat  calciné. 
Le  gypfe. ,  pendant  ta  calcinadon ,  perd  fort  peu 
de  ion  acide  ,  &  la  terre  calcaire  fe  réduit  en 
chaux  qui  y  &  caufe  de  fon  union  avec  L'acide  vi- 
triolique  ,  a  des  effets  différents  de  la  chaux 
vive. 

Ces  pierres  ainfi  calcinées ,  pulvérifées  &  do- 
iayées  dans  de  l'eau ,  s'échauffent  us  peu 9  mais 
infiniment  moins  que  ta  chaux  vive  :  elles  exha- 
lent une  légère  odeur  de  foie  de  fouire  ,  &  elles 
abforbent  une  très  grande  quantité  d'eau  ;  elles 
ferment  une  pare  qui'prend  beaucoup  de  corps,  & 

Riij 


%6%  ChYMIE    EXpiKlMEHTAfE 

qui  durcie  considérablement  en  fe  féchant.  La  ■ 
chaleur  qui  s'excite  lorfqu'on  gâche  le  plâtre, 
quoique  (bible ,  eft  néanmoins  luffifante  pour  le 
tenir  dans  une  efpece  de  diflolution.  L'endtirciflè- 
ment  qu'il  éprouve ,  quelques  inftants  après  qu'il 
eft  gâché ,  vient  d'une  cryftallifation  confufe  qui 
)ui  arrive  par  le  refroidiflement.  Dans  cet  état , 
il  retient  toute  l'eau  qui  a  fervi  â  le  gâcher.  L'eau 
qui  refte  dans  le  plâtre  après  qu'il  eft  pris ,  agit 
de  nouveau  ,.&  le  fait  gonfler  pendant  plus  ou 
jnoins  de  temps ,  &  avec  plus  ou  moins  de  force , 
félon  les  circonftances  :  cet  effet  eft  même  fi  fort, 
que  fi  le  plâtre  fe  trouve  gêné,  il  brife  &  ren- 
verfe  les  opftacles  qu'on  lui  oppofe,  avec  la  même 
force  que  de  l'eau  qui  fe  congelé.  Une  portion 
de  cette  eau  n  eft,  pour  ainfi  dire,  qu'interpofée 
entre  les  molécules  du  plâtre  :  elle  s'évapore  avec 
facilité  par  le  concours  de  l'air  &  de  la  chaleur 
•qui  fubufte  pendant  un  certain  temps ,  après  que 
}e  plâtre  a  pris  de  la  confiftance  ;  mais  l'autre  por- 
tion eft  combinée ,  &  elle  n'eft  évaporable  que 
par  un  degré  de  chaleur  Supérieur  à  celui  qui  rè- 
gne 4*ns  les  fouterrains  :.  l'eau  dans  le  plârrç 
qu'on  emploie  dans  les  fouterrains  a  n'ayant  pas 
la  liberté  de  s'évaporer  promptement ,  continue 
iTagir ,  comme  lorfqu'il  vient  d'être  gâché  :  cette 
ft£hon  fe  continue  à  la  faveur  de  l'humidité ,  jus- 
qu'aux plus  petites  molécules  qui  n'ont  pas  étç 
fnouillées  d'abord.  Il  fe  fait  dans  l'intérieur  de  la 
piaffe  des  cryftallifations  fucceflives  jufqu'à  ce 
qu'enfin  lés  molécules  intégrantes  du  plâtre  aient 
|ubi  le  même  fort.  C'eft  là  ce  qui  occasionne  le 
gonflement  perpétuel  qui  arrive  aux  plâtres  em- 
ployés dans  des  lieux  humides,  &  les  raifons 
pour  lefqùelles  il  fe  détruitplus  ou  moins  prompt 
«ÇffiÇMt.  §i  l'on  ç**mine  Je  j>iatrç  dçs  «Yçs  h*}' 


:       IT     RAIS  ON  Ni  S.  *<?} 

ttiides ,  on  le  trouve  fouvent  parfemé  de  petits 
cryftaux  qui  fe  font  formés  depuis  qu'il  a  été  em- 
ployé. Ce  font  ces  mouvements  &  ces  cryttallifa- 
tions  réitérés  qui  font  caufe  qu'il  fe  détache  des 
murailles  dans  les  fouterrains  humides.  11  n'en 
eft  pas  de  même  du  plâtre  employé  dans  l'inté- 
rieur des  maifons  &  dans  les  endroits  fort  fecs  : 
il  eft  exempt  de  tous  cet  inconvénients ,  parce- 
que  l'eau  qui  les  occafionne  eft  évaporée  promp- 
tement.  La  propriété  qu'a  le  plâtre  de  fe  gonfler 
ainfi ,  fait  qu'il  eft  très  précieux  pour  les  fcelle- 
ments  :  c'eft  en  vertu  de  cette  propriété  qu'ils 
font  fi  folides ,  parceque  le  plâtre  fait  l'effet  a  une 
compreffion  continuelle. 

Lorfqu'on  fait  calciner  les  pierres  gypfeufes  à 
un  trop  grand  feu ,  elles  acquièrent  un  caraâere 
moyen  entre  la  chaux  &  le  plâtre  :  il  ne  prend  que 
peu  ou  point  de  corps  lorfqu  on  le  gâche  :  dans  cet 
ctat,  les  ouvriers  le  nomment  plâtre  brûlé.  Lorf- 
que  le  coup  de  feu  a  été  moins  fort  qu'il  île  faut 
pour  convertir  ces  pierres  en  bon  plâtre ,  les  ou- 
vriers le  nomment  plâtre  court  :  il  eft  long-temps 
à  prendre  corps  avec  de  l'eau.  J'ai  examiné  le 
plâtre  cuit  dans  ces  différents  états ,  &  j'ai  re- 
connu que  lorfqu'il  eft  trop  cuit,  il  a  perdu  d'iyie 
part,  une  portion  d'acide  vitriolique  ;  &  d'un  au- 
tre côté ,  la  tetre  calcaire  a  acquis  les  propriétés 
de  la  chaux ,  au-delà  de  ce  qu'il  convient  pour  for* 
mer  du  bon  plâtré. 

M.  Pott  a  remarqué  que  les  pierres  gypfeufes  % 
expofées  au  plus  grand  feu  qu'il  air  pu< produire» 
n'entrent  point  en  fufion  (i).  Il  eft  bon  d'obfer- 
ver ,  lorfqu'on  fait  cette  expérience ,  de  né  pas 
employer  un  creufec  d'argille ,  parceque  cette 

(i)  Lithogéognofic ,  page  6%, 

Riy 


}<?4  ChYMIB   SXPiAIMlNTAt* 

\2Xxe  &'le  gypfe ,  tomme  nous  le  dirons  en  ïbqf 
)ieu  >  fe  fervent  réciproquement  de  fondant.  11 
faut  pofet  le  gypfe  fur  du  fable  an  fur  de  la  craie, 
j,e  gypfe  n'eft  cependant  pas  infufible  :  ayant  ex- 
po fe,  M.  Macquer  &  moi  (x)9  du  gypfe  de  Mont- 
martre- au  foyer  d'un  bon  miroir  ardent ,  il  s*y  eft 
promptement  calciné ,  &  na  pbint  fondu,  tant 
que  nous  n'avons  préfenté  cette  pierre  que  par 
la  furface  large  des.  lames  ou  feuillets  dont  elle 
çft  compofée  y  mais  elle  s'y  eft  fondue  en  un  inf* 
{ant  avec  bruit  &  fifflement,  auffi-tôt  que  nous 
en  avons  préfenté  la  trançhç  ou  le  côté.  Les  par- 
ties fondues  ont  pris  une  retraite  très  confidera- 
ble  :  elles  n'étoient  pas  néanmoins  changées  en 
yn  verre  tranfparent,  mais  en  une  matière  opa- 
que &  d'un  jaune  fauve. 

L'acide  vitnolique  eft  fort  adhérent  dans  le 
gypfe.  J'ai  fournis,  à  la  diftillation  dans  une  cornue 
de  verre  deux  onces  de  gypfe  en  poudre.  J'ai 
pouffé  le  feu  pendant  quatre  heures ,  jufqu'au 
point  prefque  de  fondre  la  cornue  :  il  a  diftiliç 
trois  gros  de  liqiienr  infipide  :  il  eft  refté  dans  le 
vai(feau  une  once  cinq  gros  de  gypfe  calciné  très 
felanc  &  en  poudre  légère. 

La  liqueur  qui  a  diftillé  n'étoit  que  l'eau  de 
la  cryftallifation  du  gypfe  ;  elle  n  avoit  ni  odeur 
ni  faveur  ;  elle  ne  changeoit  point  la  couleur  de 
la  teinture  de  toarnefol ,  ni  celle  du  fyrop  violât  ; 
in^is  elfe  donnoit  un  petit  œil  louche  à  la  dilTa- 
jution  du  mercure  faite  par  l'acide  nitreux  :  ce 
qui  fait  voir  qu'il  n'a  piaffé  dans  cette  diftiila- 
fion  qu'une  quantité  imperceptible  d'acide  vir 
{riolique. 


^i)  Mémoires  de  rAc^d^ie,  année  1758  ,  page  rt*t' 


I  T     H  A  !  S  ©  N  N  1  i;  %i% 

Le  gypfe  refté  dans  la  cornue  ne  prenoit  plus 
<ie  corps  avec  l'eau,  comme  le  plâtre  ordinaire  ; 
il  étoit  ce  que  les  ouvriers  nomment  du  plâtr* 
brûlé:  il  fe  réduifoit  en  poufliere  en  léchant  ;  ce 
oui  prouve  qu'il  ne  fuffit  pas  que  l'acide  refte 
dans  le  gypfe ,  pour  former  de  bon  plâtre  j  mais 
qu'il  faut  encore  prendre  garde  de  trop  calciner 
la  terre  calcaire ,  h  Ton  veut  avoir  du  plâtre  <ta 
bonne  qualité. 

Gypfe  à  Voir. 

Il  paroît  qu'on  n'a  point  obfervé  les  altéra* 
tions  que  le  gypfe  peut  recevoir  de  la  part  de 
l'air.  Il  y  a  lieu  de  croire  qu'il  ne  lui  çauferoit  au- 
cun changement ,  s'il  était  toujours  parfaitement 
pur  ,  &  non  mêlé  avec  lesautres  éléments  \  mais 
comme  cela  n'eft  pas,  le  gypfe  reçoit  de  leur  ac- 
tion réunie ,  &  du  laps  de  temps ,  les  plus  grands 
changements ,  &  Revient  enfin  argille.  Il  me  fera 
difficile  de  donner  une  démonftration  bien  com- 
plexe de  ce  fen ciment ,  pareequ'il  Vaudrait  pou-» 
voir  changer  du  gypfe  en  argille  ;  ce  que  je  n'ai 

{>u  faire  :  mais  je  vais  tâcher  de  développer  mon 
entiment ,  &  de  le  rendre  au  moins  probable. 

Le  gypfe  a  pour  bafe  de  la  terre  calcaire.  Cette 
terre ,  comme  nous  l'avons  dit ,  eft  due  au  travail 
des  teftacées,  &c.  Les  eaux  de  la  mer  tiennent  en, 
difïblution ,  ôc  dans  l'état  le  plus  favorable ,  les 
matériaux  propres  à  former  les  matières  faliaes«r 
Le  gypfe ,  <jui  eft  un  fcl  vitriolique  à  bafe  ter- 
reuses calcaire  ,  a  été  néceflajrement  formé  dans 
la  mer.  Tout  l'anponce.  Les  riches  carrières  à 
plâtre  font  difpofées  par  couches  parallèles  &  ho- 
rizontales ,  parmi  lefquelles  on  trouve ,  comme 
par-tout  ailleurs ,  des  débris  marins.  Cette  dif- 
Çofuion  des  couches  des  carrières  à  plâtre  a&«; 


%C6  ChyIme  MXviUlirBHTAtl 
nonce  aflez  qu  elles  fe  trouvent  telles  qu'elles  ont 
été  fermées  dans  la  mer ,  &  par  dépôts.  La  terre 
du  gypfe  né  diffère  'absolument  point  de  la  terre 
calcaire  ordinaire  :  l'acide  vitriolique,  qui  lui  eft 
uni,  n'a  point  changé  fa  nature  ;  il  femble  même 
qu'elle  eft  par  lui  garantie  de  l'aâion  des  élé- 
ments :  j'en  juge  par  les  différentes  expériences 
que  j'ai  faites  wr  le  gypfe ,  à  l'effet  de  ramener  fa 
tçrre  à  de  plus  grands  degrés  de  (implicite ,  mais 
fans  l'avoir  auparavant  débarraffé  de  fon  acide  vi- 
triolique. Les  expériences  que  j'ai  faites  à  ce  fujet 
ont  été  infru&ueufes.  Si  j'y  fuffe  parvenu ,  j'au- 
rois  formé  de  l'alun  ou  de  l'argille ,  fuivant  les 
proportions  d'acide  qui  feroit  refté  uni  à  la  terre. 
Ceft  pour  la  même  caufe  que  le  gypfe ,  par  une 
forte  calcination,  ne  fe  convertit  pas  en  bonne 
chaux  vive.  L'acide  vitriolique  qu'il  contient  s'op- 
pofe  à  ce  changement. 

Mais  il  n'en  a  pas  été  de  mêpre  de  la  terre  do 
gypfe ,  féparégde  tout  acide  vitriolique  :  elle  s'eft 
mieux  prêtée  aux  changements  dont  nous  parlons; 
elle  s'eft  comportée  à  cet  égard  de  même  que  de 
la  terre  calcaire  pure  :  elle  s'eft  d'abord  convertie 
en  bonne  chaux  vive ,  par  la  combinaifon.  J'ai 
fait  calciner  cette  terre  plufieurs  fois  de  fuite,  en 
la  lavant  chaque  fois  dans  beaucoup  d'eau ,  com- 
me j'ai  obfervé  à  l'égard  de  la  terre  calcaire  ordi- 
naire. Je  fuis  parvenu ,  par  ces  moyens  fimples ,  à 
iii  opérer  une  forte  de  décompofition ,  &  à  la 
rendre prefque  indifloluble dans  les  acides,  par- 
ceque,  par  toutes  ces  opérations ,  je  lui  faifois 
perdre  1  eau  &:  l'air  qui  la  conftituoient  terre  cal- 
caire. La  féparation  de  ces  fubftances  la  rappro- 
che de  la  nature  des  terres  vitrifiables.  J'ai  traité 
enfuite  cette  même  terre  avec  de  l'acide  vitrioli- 
que ;  elle  a  fourni  quelques  cryftaux  de  vcrkfr- 


BT     RAISONNÉ  Ë,  Xty 

b\è  alun,  &  de  la  félénite  calcaire  ;  ce  qu'elle  no 
pouvoir  produire  auparavant.  Nous  verrons  bien- 
tôt que  la  terre  de  l'alun  eft  femblable  à  cellç  des 
argilles. 

Si  9  dans  nos  laboratoires ,  nous  pouvons ,  par 
la  voie  feche  ,  occasionner  de  pareils  change* 
ments  à  la  terre  calcaire ,  la  Nature  doit  les  pro- 
duire ,  par  la  voie  humide ,  d'une  manière  bien 
plus  générale.  Quoique  je  n'aie  pu  changer  la 
terre  du  gypfe ,  tant  qu  elle  étoit  encore  unie  i 
de  l'acide  vitriolique,  ce  n'eft  pats  une  raifoit 
pour  croire  que  la  Nature  ne  le  peut  faire  ;  au 
contraire ,  je  fais  perfuadé  qu'elle  ne  manque  pas 
de  moyens,  &  qu'elle  change  les  propriétés  de 
cette  même  terre ,  fans  qu'elle  ait  befom  d'en  fé- 
parer  d'abord  l'acide  vitriolique.  Le  gypfe  ,  pa* 
les  altérations  qu'il  éprouve ,  eft  changé  en  ar- 
gille  &  en  alun  >  avec  la  plus  grande  facilité  ;  il  ne 
faut  que  du  temps.  Cet  agent ,  aufli  puifTant  que 
les  éléments ,  ne  coûte  rien  à  la  Nature. 

La  terre  calcaire  du  gypfe ,  quoiqu'unie  à  de 
l'acide  vitriolique  ,  reçoit  donc ,  de  la  part  des 
éléments ,  tous  les  changements  dont  nous  par- 
lons :  elle  eft  ramenée ,  par  le  laps  de  temps , 
au  caraâere  de  la  terre  vitrifîable  j  mais  il  réfulte 
de  Pargille  lorfque  la  terre  refte  trèsdivifée,  & 
qu'elle  conferve  une  dofe  fuffifante  d'acide  vi- 
triolique. C'eft  dans  la  mer  que  la  .Nature  pro- 
duit ces  belles  métamorphofes.  La  partie  feche 
du  globe  s'oppofe ,  par  fa  folidité ,  aux  mouve- 
ments néceflaires  pour  produire  de  pareils  chan«- 
Î;ements  }  mais  les  eaux  de  la  mer  promènent  à 
eur  gré  des  mafles  de  gypfe ,  qui  fe  font  accumu- 
lées. Le  frottement  amenuife  les  molécules ,  Ôt 
dpflne  aux  argilles  cette  douceur  &  ce  liant  qu'on 


168         Chymië  EXPÉRIMENTALE 

lear  connaît.  Tout  porte  à  croire  que  les  argiileé 
font  le  produit  des  altérations  que  le  gypfe  a 
éprouvées  par  le  laps  de  temps ,  &  par  le  mouve- 
ment des  eaux  de  la  mer.  H  cft  difficile  de  croire 
que  les  argilles  aient  été  formées  immédiatement 
par  l'union  de  la  terre  primitive  &  élémentaire 
avec  de  l'acide  vitriolique ,  parceque  >  comme 
nous  l'avons  dit,  cette  terre  ne  contient  ni  eau» 
ni  air ,  ni  principe  inflammable ,  qui  font  les  fub- 
ftances  par  iefquelles  l'acide  Vitriolique  attaque 
les  corps.  La  Nature  doit  éprouver  les  mêmes  dif- 
ficultés ,  8$  nous  n'aurions  que  fort  peu  d'argilles 
£  nous  n'avions  que  celles  qui  peuvent  fe  former 
immédiatement  par  l'union  de  la  terre  vitrifiable 
avec  l'acide  vitriolique» 

L'efpece  de  décomposition  qu'éprouve  Iegypfe 
pour  fe  changer  en  argille,  ne  fe  fait  pas  tout-à- 
coup  :  c'eft  l'affaire  du  temps  >  des  circonftances, 
&  des  révolutions  qui  arrivent  au  mouvement  des 
eaux  de  la  mer»  Ces  changements ,  que  nous  di- 
fons  arriver  dans  le  fein  des  eaux ,  fe  paflent  fous 
nos  yeux ,  mais  en  petit ,  dans  les  carrières  à  plâ- 
tre. Tout  le  terrein  des  embouchures  des  carriè- 
res à  plâtre  de  Montmartre  eft  compofé  de  pierre 
à  plâtre ,  brifée ,  réduite  en  poudre  par  les  voi- 
tures ,  &  délayée  par  les  eaux  de  pluie.  Ce  ter- 
rein  eft  argilleux;  c'eft,  à  la  vérité,  .une  mau- 
vaife  argille  ;  elle  eft  plutôt  de  ta  marne  :  mais 
c'eft  un  commencement  &  un  acheminement  à  de 
plus  grands  changements  3  dont  le  gypfe  eft  fuf- 
ceptiole  :  il  ne  faut  à  cette  fubftance  que  du  temps 
pour  devenir  argille  parfaite.  11  y  a  bien  peu  d'ar- 
gilles  qui  ne  contiennent  encore  quelque  refte  de 
Terre  calcaire.  Il  eft  à  préfumer  que  celles  qui  n'eu 
pur  poiqt  du  tout,  font  formées  très  anciennement: 


fi  T      RAISONNE  E.  %6$ 

torpàr  la  deftrudion  des  premiers  corps  organifés* 
La  terre  calcaire  a  eu  le  temps  de  fe  détruire  de  de 
changer  de  nature  complètement» 

Tel  eft  le  fehtiment  que  je  me  fuis  propofé  de 
développer  fur  la  formation  du  gypfe ,  &  fur  les 
altérations  qu'il  éprouve  dahs  le  fein  des  eaux 
pour  fé  changer  en  argille.  Si  cette  idée  n'em- 
porte pas  une  convi&ion  parfaite  >  on  peut  lui  ac- 
corder du  moins  quelques  degrés  de  probabilité  : 
c  eft  tout  ce  que  Ton  peut  denrer ,  julqu'à  ce  que 
nos  connoiflances  fur  cette  matière  foient  plus 
avancées.  Le  gypfe  qui  fe  trouve  en  mafle  dans  la 
partie  feche  du  globe  ,  h'apas  toujours  les  mêmes 
occafions  pour  éprouver  les  changements  dont 
bous  parlons,  &  pour  fe  convertir  en  argille  j  il 
reçoit  également  des  altérations  par  le  laps  du 
temps  :  mais  il  paroît  que,  faute  die  mouvement 
&  du  concours  des  eaux,  elles  font  d'un  autre 

genre.  C'eft  le  gypfe  vraifemblablement  qui ,  à 
i  faveur  des  changements  qu'il  éprouve ,  forme 
les  amiantes,  les  micas,  les  talcs,  les  craies  de 
firiançon  ,  les  asbeftes,  &c.  Toutes  ces  matières 
ne  contiennent  plus  un  atotpe  d'acide  vitrioli- 
que  :  elles  ont ,  au  refte,  un  certain  nombre  de 
propriétés  chymiques  oui  leur  font  communes 
avec  les  terres  des  argilles  féparées  de  Leurs  aci- 
des y  mais  elles  différent  aufli  entre  elles  par  des 
propriétés  particulières  à  chacune  d'elles.  Ces 
terres  demanderaient  autant  de  traités  différents 
pour  les  mieux  faire  connaître ,  qu  elles  ne  le  font 
encore  à  pççfent, 

Gypfe  c&tc  de  tcau. 

Le  gypfe  parfaitement  pur,  c'eft-i^diçe^elui 
dont  toute  la  terre  calcaire  eft  combinée,  avec  de 


%J6  ChVMIÈ    ÉXfÉRfMBNTAtH 

l'acide  vitriolique  >  eft  diftbluble  en  entier  âitA 
l'eau ,  fans  laitier  aucune  réfidence.  Huit  onces 
d'eau  bouillante  difîblvent  huit  grains  de  gypfe 
ou  d'albâtre.  La  diflolution  eft  claire  &  parfaite- 
ment tranfparenre. 

Mais  lorfqu  on  fait  bouillir  beaucoup  degypfe 
du  d'albâtre  dans  de  l'eau ,  cette  liqueur  s'en 
charge  d'une  plus  grande  quantité.  Cet  effet  vient 
de  ce  qu'il  y  à  dans  le  gypie  des  parties  plusdiffb-» 
lubles  les  unes  que  les  autres  i  quoiqu  effentiel- 
lement  de  même  nature.  11  arrive  la  mêtae  chofe 
aux  félénites  artificielles* 

La  pierre  â  plâtre  de  Montmartre  contient  un 
peu  de  terre  calcaire  libre  ;  auffi  ne  fe  diffbut  elle 
pas  complètement  dans  l'eau.  Les  eaUxfbuterrai* 
hés  de  Paris  roulent  fur  un  bain  gypfeux:  elles 
font  faturées  de  fembkbles  féléijites  :  elles  for- 
ment ce  que  l'on  nomme  eaux  crues  ou  eaux  dures. 
Ces  eaux  ont  les  mêmes  propriétés  que  les  ditfblu- 
tîôris  de  gypfe  t  mifes1  à  évaporer ,  elles  "forment 
pareillement  de  petit*  cr-yftau*  de  félcnite. 

Toutes  les  diflblutions  de  gypfe  ont  fa  même 
faveur  que  les  eaux  des  puits  de  Paris  jolies  ntf 
changent  point  la  couleur  de  la  teinture  de  tota- 
nefol,  ni  ëelie  du  fyrop  violan  -  " 

L'eau  de  diaux  rie  précipite  rien  de  ces  diflb* 
luiîiohs;  Il  eft  vifible ,  par  toutes  ces  expériences  , 
quele*  gy pfes ,  &  toute*  les  fubftances  gy  pfeufes , 
font  un  vrai  fel  virrîdliqùe  â  bafe  terredfe  \  & 
nous  démontrerons;  dàfts-uhê  autre  occafion, 
que  cette  tafe  eft  décidément  calcaire.  • 

Oypje  avéextèia  glace. 

©h  lié  fait  paa  fi  le  gypfe  avec  de  la  glace  pr<* 
dttiroit  du  froid  #  comme  le  font  la  plupart  de) 


ET     RAISONNÉ*.  17t 

féls.  tl  eft  à  préfumer  qu'il  n'en  produiroit  pas  , 
parceque  ce  fel  eft  très  peu  difToluble ,  &  qu'il  ne 
j>ourroit  occafionner  la  fufion  de  la  glace. 

Gypfe  avec  la  terre  vïtrifiable. 

Le  gypfe  n'a ,  par  la  voie  humide ,  aucune  a&i 
tion  fur  la  terre  vitrifiable  \  mais  il  en  a  un  peq 
par1  la  voie  feche.  J'ai  expofé  plufieurs  fois  au 
grand  feu  un  mélange  de  parties  égales  de  gypfe 
&  de  fable ,  l'un  &  Fautre  en  poudre  fine:  le  mé- 
lange eft  quelquefois  refté  en  poudre  friable  après 
la  calcination  :  d'autres  fois  il  s'èft  agglutiné,  9c  a 
pris  un  peu  de  corps ,  mais  fans  entrer  en  fufion; 
tela  dépend  du  coup  de  feu  qu'il  a  éprouvé  ,  &  il 
eft  difficile  d'en  déterminer  l'inteafité*  À  la  ri- 
gueur, rien  n'eft  inftifible  dans  la  Nature  a  il  eft 
certain  que  ce  mélange  entrerait  dans  une  fufion 
compiette ,  à  l'aide .  oun  feu  fuffifamment  fort  : 

.  alors  ce  feroit  autant  à  l'intenfiré  du  feu  qu'on  4$r 
vroit  attribuer  la  fufion  de  ces  fubftances ,  qu  à 
l'aâion  au'elles  peuvent  avoir  réciproquement 

\  Tune  fur  l'autre, 

Gypfe  avec  Uphlagijtiqueé 


J'ai  fait  calciner,  dans  uç  creufet  9  pendant  deu* 
heures,  àui\e  chaleur  modérée  <»#i}  mélange  4* 
huit  gros  de  gypfe  &  de  deux  gros  d<  shaîbqn  , 
l'un  &  l'autre  réduire  en  poudre  très  fine::  pendant 
la  calcination:^  le  mélange,  eXhfci«M;  #ne  odeur 
de  fôufre  &  d'acide  fulfiireux  volatil.  La  matière 
eft  reftée  feche  &1  friable  ;  elle  a  acquis  une  cou- 
leur gris.de  Un.  Cette mâ*iftrQft£té\dçUyce  dans 
de  l'eau  chaude  ,  puis  filtrée.  La  liqueur  qui  a 
piffé  étoit  clake ,  mais'  d'uae  baulènr  Vêrtê  ;  Se 
aune  odeur  de ibie  de foufice  ^dleétok  aufli  ufc 


ft?ï  ChVUÏÊ    feXPÉRIMEKTALI 

véritable  foie  de  foufre  terreux ,  &  qui  en  avoir 
les  propriétés  :  il  fe  laiflbit  décompofer  par  urt 
acide,  &  laifloit  précipiter  le  foufre  qui  s'étoit 
formé  pendaiit  la  calcination  ,  par  l'union  du 
phlogiftiqile  du  charbon  avec  l'acide  Vitriolique 
du  gy pfe.  La  terre  calcaire  s'eft  convertie  en  chaux 
vive  en  partie ,  6c  a  fervi  d'intermède  pour  tenk 
le  foufre  en  difToiution  dans  de  l'eau  ;  ce  qui  a 
formé  par  conféquent  du  foie  de  foufre  terreux* 

Gypfe  avec  la  terre  calcaire* 

-  On  ne  connôit  point  lés  effets  de  ce  mélangé 

Kr  la  voie  feche  ;  on  ne  fait  par  conféquent  fi 
ride  vitriolique  fe  partageroit  entre  la  terre 
calcaire  qu'on  àjouteroit ,  ou  s'il  refteroic  dans 
fon  état  dé  facturation  parfaite. 

-  Je  me  fuis  affuré  qu'aucune  terre  calcaire  ne 
décompofe  ,  par  là  Voie  humide ,  ni  le  gypfe  >  ni 
aucune  félénite  calcaire* 

Gypfèçvtc  l'eau  de  <kauXi 

L'eau  de  chaux  ,  verfée  fur  des  diffblutions  de 
gypfe,  noccaftortné  point  de  précipité.  Le  mé- 
lange fe  trouble  légèrement ,  mais  dans  l'efpace 
4e  quinze  jours -feulement»-  L'tau  de  chaux  toute 
feule  produit  un  femblable  précipité  2  ainfi  on  né 
peut  l'attribuer  à  une  décomposition  du  gypfe  qui 
auroit  été  opérée  par  l'eau  de  chaux,  mais  à  la 
terre  tenue  en  diQolution  dans  cette  eau ,  qui  eft 
précipitée  par  ta  féiénite* 

Gypfe  Wtc  de  faùde  vitriolique. 

L'acide  vitriolique  n'a  aucune  aâion  fur  les 
(ubftances  gypfeojfes  j  mais  par  fon  moyen  on 

parvient 


*  *      HÀtSONKÉfi.  17| 

parvient  à  diiïbudre  dans  l'eau  une  plus  grande 
Quantité  de  ces  matières. 
•  J'ai  fait  bouillir  quelques  lataefc  de  gypfe  clans 
ée  l'acide  vitriolique  affoibli  j  elles  ont  perdu  leur 
tranfparence  eii  un  inftant  î  elles  fôttf  devenues' 
blanches  &  opaques,  commie  lorfq'u'bn  les  ex- 
pofe  fur  des  charbons  ardents  >  Tans  cependant 
quijl  parût  tien  de  diflbus.  Cet  effet  doit  être  at- 
tribue à  Tatide  vitriolique  qui  leur  a  enlevé  leuf 
eau  de  cryftalliCation* 

J'ai  dit  que  huit  ortces  d'eau  bouillante  diflbl- 
irenc  huit  grains  dô^gypfe;  mais  lorfaua  cette 
quantité  d'eau  eft  chargée  d'un  gvoi  cfacidevkriG-*' 
lique  concentré  {1) ,  eite  diflbat  trentegifcins  dô 
gypfè  ou  d'albâtre ,  avec  effervefbeticei  knrfque  là 
liqueur  eft  chaude  *  &  farts  effervefcôftèe  lorf- 
quaile  eft  froide,  Co mouvement  d'fcffervefceriee 
vient  de  la  rapidi«£a*éc  laquelle  éettt^ubftaiîcéj 
fe  difTout  dans  cet  acide ,  fans  cependant  fe  com* 
biner.  ..•    -.  v        ^      .-^ 

J'ai  répété  cette  expérience  un  peu  plus  eft 

%itt\d\dc  j'ai  employé  beaucoup feluiHtf albâtre 

qu!il  ne  pouvoit  s'én-difloudre.  Ealiqûeût'a  cbn-^ 

fervé  toute  fon  acidité»  J'ai  filrr élsii^qetfc ,  &  l'aï 

feit  ctyftallifef^iUi  obtenu  desxryftârade  fêlé-' 

rtite  beaucoup  plus  g*cte  qfcg  tfîtix  tfunè  i>tireille 

difTolutiondans  de  l'eàu  puret'ilsÔtétefet4icides V 

pareequ  ils  fe  font  formés  dans  une  liqueur  acide  $ 

mais  ils  fe  font  trouvée  pâr&U&ftent  neutres  , 

après  qu'ils  eurent  été  égouttés  fur  des  papiers 

g^s^fuf4u-a^e  qu'ils  ne  lés  mouttlatfentplus ,  & 

qu'ils  devin flènt  éarfârtettient  fets- pâi  futeion  o* 

iftebibition  daitsr  les  papiers.       *  -î 

■  4  \ù  1      1    *  »tî' 1  ■<■!    ■    1 1  é  i"i  ■    1  î'  ■;    ■    ■    •  «j       J 

'"  (  0  C<;t  acide  pcfe  une  once  fix*  gros  cinquante  -,  deux 
g*aio%_,  dans  nue  bouteille  qui  contient  une  owcé  d'eau.     '      .     ^ 
Tome  i»  S 


2*74       Chymie  expérimentale 

La  diflolution  de  ce  fel  dans  l'eau  ne  change 
point  la  teinture  du  tournefol  ni  celle  du  fyrop 
violât.  J'ai  répété  ces  expériences  fur  beaucoup 
de  félénites  artificielles  qui  ont  préfenté  les  mê- 
mes phénomènes.  En  augmentant  la  dofe  de 
l'aide  vkriolique  ,  je  procurais  à  l'eau  la  pro- 
priété d'en  difloudre  davantage  ,  mais  toujours 
dans  la  même  proportion.  Les  cryftaux  qui  en 

{>rovenoient ,.éroient  parfaitement  neutres,  après 
'imbibition  de  l'acide  dans  du  papier  gris. 

Il  réfute  bien  évidemment  dfijees  expériences, 
que  les  félénites.  calcaires  ne  peuvent  le  combi* 
nex  avec,  une  furabondancç,d  acide  vitriolique  } 
ce  qui  nous -conduit  à  établir  cette  loi  générale, 
epauçw.fà-VJ&rioliqiie  à  bafe  de  terre  calcaire 
ne  peut  admettre  dans/es  cryftaux  aucune  furabon- 
da^ce  d'acide  ^  ni  de  terre  .calcaire.  Cesfels  np 
peiweofc  cû»  que.parfaitem&nt  neutres* 

Gypfe  avec  le  foufre. 

On  ne  çonnoît  point  0e  que  produirait  le  mé- 
lange du  gyp(è-&  du  foufre  ;  il  y  a  lieu  de  préfu- 
mer que ,  par  la  caicination,  ce^açjiange  fourni- 
roit  un  foie  de  foufre  tefreux.J&iremarqué  que 
le  foufre faciUtç.im  peu  la  fufioiixiu  gypfe.  Il  en 
réfulte  unemaffe  noire  &.fpctogieg&.  . 

. .  Sur  t 'Acide  nitreux. 

Lacide  nitreux  eft  toujours  fluor;  du  moins 
iufqu'à  préf^nt  on  .n'eft  pas  encore  parvenu  £ 
l'avoir  fous  une  forme  concrète,  comme  cela  eft 
poffible  pour,  tacide  yitriplique. .  Lorfqu'il  çft 
pur  &  bien  concentré,  il  eft  d'une  couleur  rouge 
de.  feu  ;  il  exhale  continuellement  des  vapeurs 


fc  T       ftAlSONNÉBi  ijf 

touges  qui  font  vifibles  dans  la  partie  Vuid*  des. 
flacons ,  même  fans  le  concours  de  l'air* 

Sa  pefanteur  fpécifique  ,.  comparée  à  l'eau,  eft 
comme  douze  à  huit  j  c'eft-à-dire  qu  une  bou- 
teille qui  dent  huit  gros  d  eau ,  contient  douze 
gros  de  cet  acide.  Par  des  moyens  dont  nous  par* 
Ierons  bientôt,  je  fuis  parvenu  à  me  procurer  de: 
cet  acide  qui  pefoit  douze  gros  cinquante-quatre 
grains  dans  la  même  bouteille» 

L'acide  nitreux  a  une  faveur  aigre  ,  violette 
ment  acide ,  rongeante  &  corrodante  :  il  fait  fur 
la  peau  des  tâches  jaunes  ■>  qui  fubfiftent  quelque 
temps ,  &  que  l'eau  de  chaux  ou  les  matières  caU: 
caires  développent ,  &  affluent  davantage.  Il  fe* 
toit  dangereux  de  goûter  cet  acide  dans  l'état  dé 
pureté  où  nous  le  fuppofons  ;  mais  lôrfdu'il 
eft  affoiblipar  beaucoup  d'eau,  on  peut  le  goûter 
fans  danger.  Dans  cet  état ,  il  laide  dans  la  bou* 
che  une  faveur  froide  fade,  femblable  aux  rap* 
ports  qu'on  a  après  avoir  mangé  des  raves. 

Lorlque  cet  acide  eft  affaibli  par  une  certaine 

3uantite  d'eau ,  il  porte  vulgairement  le  nom 
'eau  forte; 
:  Il  rougît  les  couleurs  bleues  des  végétaux» 

11  diftout  tous  les  corps  qu'il  peut  attaquer 
avec  plus  d'adion  &  de  rapidité  que  ne  le  font  le* 
autres  acides. 

Acide  nxtrtux  au  feu. 

L'acide  nitreux  eft  infiniment  phis  Volatil  que 
l'acide  vitriolique.  Lorfqu'il  eft  expofé  au  feu  dans 
des  vaifteaux  diftillatoires ,  il  fe  réduit  en  vapeurs 
rouges,  très  expanfiblesjtrès  élaftique*,&  très  difE* 
ciles  à  fe  condenfer. .  11  s'élève  tout  entier  dans  là 
diftillation  fans  fe  r édifier  ou  fe  concentrer,  eotrï-» 
me  cela  arrive  à  l'acide  vitriolique,  a  moins  qu'il 
•  Sij 


$7<>  Chymie  expérimentale. 
n'ait  été  affoibli  par  beaucoup  d'eau  j  mais  il  en 
pa(Te  toujours  beaucoup  avec  l'eau  qui  diftille. 
Dans  ces  diftillations,  il  né  fouHre  aucune  alté- 
ration ,  ni  aucune  décompofition.  Il  y  a  des  cir- 
confiances  où  l'on  a  befoin  de  foumettre  l'acide 
nitrçux  à  la  diftiilation ,  pour  le  débarrafler  des 
matières  étrangères  avec  lefquelles  il  peut  être 
uni.  L'appareil  eft  le  même  que  celui  que  nous 
avons  décrit  pour  la.  rectification  &  concentra- 
timi  de  l'acide  vitriolique  ;  mais.il  eft  bon  de  pré- 
venir que  cette  opération  eft  infiniment  plus  k- 
boriéule 8c  plus  difficile >  parcequ'il  doit  pafler 
tout  entier  dans  la  diftillanon  j  au  lieu  qu  on  fe 
difpénfe  de  faire  paffer  tout  l'acide  vitriolique. 
L'acide  nkreux  pafle  tout  en  vapeurs  rouges  , 
très  élaftiques,  qui  mettent  les  vaffleaux  en  dan-: 
gecde  crever ,*  fi  l'o»  n'apporte  pas  les  plus  gran- 
des précautions». Dans  la  rectification,  de  l'acide 
vitriolique,  oelqui diilille  ,  eft  chargé  de  peu- 
d'acide,  llji'en  eft  pas  de  metae  de  l'acide  hitreux:, 
ce  qui  s'élève  dans  cette .  diftiilation  ,  eft.  tout 
auffi  concentré  que'  ce  qui  refte  dans  la  cornue*. 
Plus  l'acide  riitreux  eft  concentré ,  plus  il  eft  vo-« 
latil  &  difpofé  à  fe  réduire  ainfi  en  vapeurs  >  qui 
font  en  même  temps  très  élaftiques*   . 

Acide  hitreux  expojé  à  Voir* 

L'acide  ni trêux  concentré ,  expofé  à  l'air ,  $*é? 
levé  &  fê  diflipe  en  grande  partie  en  vapeurs  rou- 
ges \  mais  elles  deviennent  blanchâtres  prefqué! 
auflî-tôt,  lorfque  l'air  eft  chargé  de  .beaucoup 
d'humidité  :  ce  qui  refte,  prend  l'humidité  de  l'air, 
mais  moins  vite ,  &  dans  une  moindre  quanticç. 
que  l'acide  vitriolique» 


.  •  >:     3ET     RAISONNÉ*.  1,7^ 

.    rAci  de  nitreux  mile  avec  de  Veau. 

On  metdans  une  fiole  à  médecine  deux  once* 
d*acide  nicreux  bien  concentre  :  on  verfe  pajr 
<iefTas  autant*  d'eau.  Le  mélange  bouillonne  fur 
le  champ  d'une  force  corifïdérable ,  &  il  fe  pro- 
duit quarante  degrés  de  chaleur.  Geçte  chaleur 
eft  moitié  moindre  que  celle  de  l'union  de  l'a- 
cide vitriolique  avec  l'eau  }  mais  l'ébullition  eft 
,  beaucoup  plus  forte.  Aufli-tôr  que  l'eau  s'unit  à 
l'acide  nitreux,  il  s'élève  beaucoup  de  vapeurs 
rouges  :  le  mélange  prend  fur-le-champ une  belle 
couleur  bleue  de  faphir.   Cette  couleur  fubfîfte 
pendant  plufieurs  années ,  lorfqu'on  a  employé  un 

{>eu  moins  d'eau  que  nou?  ne  l'avons  dit ,'  Se  que 
e  mélange  eft  confervé  dans  un  .flacon  exactement 
bouché  avec  un  Bouchon  de  cryftak  Cette  couleur 
difparoît  au  bout  de  quelques  heures ,  lorfqu'oa 
a  mis  dans  le  mélange  plus  d'eau  que  nous  n'eo 
avons  indiqué.  L'acide  conferve  alors  une  cou- 
leur verte  ou  une  couleur  citrine ,  fuivant  les  pro- 
portions d'eaù  que  Ton  a  employées  :  enfin  il  perd 
toute  couleur,  lorfqu'on  a  employé  une  plus 
grande  quantité  d'eau  ,  comme  deux  ou  trois  par- 
ties fur  une  d*acide. 

L'acide  nitreux,  ainfi  afïbiblî,  ne  peut  plus  fe 
concentrer  par  la  (impie  diftUlation ,  comme  l'a- 
cide vitriolique.  Estant  plus  volatil,. il  s'élève 
avec  l'eau  avec  laquelle  on.  Ta  mêlé.  H  faut  d'au- 
tres opérations  pour  le  remettre  dans  l'état  où  il 
étoit  :  nous  aurons  occafion  d'en  parler  plusd'unA 
Cois- 


îij 


^7*  CHYMI3   EXPÉRIMENTAI!, 

Acide  nitreux  mêlé  avec  de  la  glace* 

Dix  onces  de  glace  pilée  &  fix  onces  d'efprird 
jiirre  fumant  ont  produit  un  froid  de  xx  oegrâ 
la  température  du  lieu  à  5  degrés  au-de/ta* 
terme  de  la  congélation, 

Acide  nitreux  avec  les  terres  vitrifiables. 

L'acide  nitreux  n*a  aucune  adfcion  far  les  tares 
vitrifiables  pures ,  quelque  divifées  qu'elles  fotent 
par  des  moyens  méchaniques.   Il  ne  peut,  fiffl 
par  la  voie  feche ,  foit  par  la  voie  humide,  cou- 
trader  aucune  union  de  compofition  avec  ces 
fortes  de  terres.  On  ne  çonnoît  non  plus  aucune 
combinaifon  de  cette  efpece  formée  par  la  Nature. 
Ce  défaut  d  aftion  de  l'acide  nitieux  fur  ces  tep» 
vient  ,   comme  nous,  l'avons  dit  en  parlant  de 
l'acide  yitrioiique,de  ce  que  le&terres  vitrifiables 
ne  contiennent  ni  eau  ni  air ,  &  que  la  matière 
inflammable  qui  leur  eft  combinée»  eft  en  trop 
petite  quantité  &  trop  biçn  unie  x  pour  quelle 
puifle  être  attaquée  par  les  acides  ,  &  fervir  d'in- 
termède à  la  difTolution  de  ces  fortes  de  terres, 

Acide  nitreux  avec  le  phlogijlique^ 

L'acide  nitreux  paroît  n'avoir  que  très  peu  (fac- 
tion fur  le  phlogiftique  qui  eft  dans  l'état  char- 
bonneux fans  ignition.  Si  Ton  plonge  dans  de  l'a- 
cide nitreux  fumant  un  charbon  noir»  il  ne  fe  pro- 
duit aucun  effet. 

Je  ne  fais  fi  cet  acide,  diftillé  fur  du  charbon  en 
poudre ,  le décompoferoit ,  tomme  je  Tai  faitavec 
de,  l'acide  vitriolique.  Si  l'on  faifoit  cette  expé- 
rience ,  ilferoit  à  propos  de  fe  mettre  en  garde, 


I  T     KAISONHif.  I7}* 

parcequ  il  pourroit  arriver  inflammation  &  explo- 
lion  j  on  ignore  du  moins  ce  qui  pourroit  en  ré- 
fulrer. 

Mais  en  revanche  l'acide  nitreux  à  une  grande 
aâion  fur  le  phlogiftique  dans  le  mouvement 
igné,  fur  certaines  matières  huileufes  ,  &  fur  le 
phlogiftique  des  matières  métalliques.  Il  s'unir  à 
ces  fub (tances  avec  une  impétuofité  confidétable. 

Si  l'on  plonge  dans  de  l'acide  nitreux  fumant  & 
bien  concentte  un  charbon  ardent ,  il  s'excite  auflt- 
tôt  une  inflammation  des  plus  vives  avec  déton- 
nation.  La  furface  du  charbon  eft  lumineufe , 
comme  fi  elle  étoit  foufflée  continuellement  avec 
un  foutflet.  Le  charbon  brûle  avec  l'acide  nitreux 
qui  s'applique  à  fa  furface ,  au  lieu  de  s'éteindre , 
comme  cela  arrive  avec  l'acide  vitriolique.  Il  fe 
produit  un  foufre  nitreux  compofé  de  cet  acide  & 
du  phlogiftique  qui  eft  de  la  plus  grande  combus- 
tibilité. 

La  plupart  des  Chymiftes  attribuent  cette  in- 
flammation à  du  nitre  qui  fe  forme  de  l'alkali  de 
la  cendre  du  charbon  avec  l'acide  nitreux  ;  mais 
cette  inflammation  eft  trop  vive,  rrop  rapide,  pour 
l'attribuer  à  cette  caufe  toute  feule  :  d'ailleurs , 
comme  le  charbon  ne  brûle  qu'à  fa  furface ,  & 
qu'il  cefle  de  détonner  aufli-tôtqu'on  l'enlevé  à  cet 
acide  ,  Se  comme  on  ne  retrouve  point  de  nitre 
dans  l'acide  nitreux  reftant ,  on  eft  en  droit  de 
conclure  que  tout  le  fracas  que  l'acide  nitreux 

Ïiroduit  dans  cette  expérience ,  vient ,  comme  je 
'ai  dit ,  du  foufre  nitreux.  Ce  foufre  fe  forme  > 
s'enflamme  &  continue  de  fe  former  Se  de  s'en- 
flammer >  tant  que  le  charbon  eft  dans  l'ignition , 
Se  qu'il  re$e  plongé  dans  cet  acide.     


Siv 


ï8o  ChYMIB   EXPERIMENTAL* 


. 


jfçide  nitreux  avec  les  matières  combujlibles  dans 
l'état  naturel. 

-  L'acide  nitreux  a  une  a&ion  iingulieire  far  Ui 
matières  végétales  &  animales  :  il  les  détruit  d'une 
manière  très  prompte  &  plus  efficacement  que  ne 
lefaiti'açide  vitriolique.  11  s'empare,  pourainfi 
dire ,  de  la  totalité  de  leur  fubftance  inflamma- 
ble, fans  les  faire  pafTer  fucceflivement  de  1  ecaji 
où  elles  font ,  à  celui  de  charbon ,  comme  le  fait 
l'acide  vitriolique ,  parcequ  il  les  attaque  &  les 
diflout  dans  leur  entier.  L'acide  virriolique  au 
contraire  s'empare  d'abord  de  leur  eau  principe  9 
&  dégage  leur  air»  La  matière  inflammable  paroîe 
îilors  fous  la  forme  d^une  fubftance  charbonneufe. 
L'acide  niçrqux  porte  fon  a&ion  en  même  temps 
fur  tous  les  principes  constituants  des  matières 
CQmb.uftibles.  j  ce  qui  prouve  que  fon  affinité  avec 
la  terre  du  corps  organifé  eft  prefque  égale  £ 
celle  qu'il  a  avec  la  madère  inflammable  dans 
l'état  huileux, 

Nous  allons  voir  dans  l'expérience  fuivame, 
que  l'adion  de  i'açide  nitreux  eft  encore  plu$ 
marquée  lorfqu'il  agit  immédiatement  fuç  la  ma* 
çieçe  huileufe  dansfétat  de  pureté, 

Acide  nitreux  avec  une  huilcx 
Inflammation  dç  cette  huile. 

*  On  met  dans  une.capfule  de  verre  environ 
mettre  gros  d'acide  nitreux  fumant  :  on  verfe  pat 
oeflus,  à  l'*ide .'d'un0  cuiller  à  long  manche, 
environ  autant ,  & ,  même  un  peu  moins  d'huile 
de  lin.  Il  fe  ffût  jauffirtot  une  efifervefcence  trè$ 
vive%,  &  le  mélange  s'enflamme  :  l'huile  brûle* 
^îtiçççment  :  il  refte  une  matfoe  çlwbQimçufe 


1  T      RAISONNÉ!;  l8t 

^Toutes  les  huiles  ne  s'enflamment  pas  de  même 
avec  l'acide  nitreux  :  nous  en  dirons  les  raifons 
dans  une  autre  occafion  ,  ainfi  que  desphéno- 
menes  que  préfente  cet  acide  avec  les  différentes 
huiles  :  nous  ferons  feulement ,  quant  à  prê- 
tent, quelques  réflexions  fur  cette  inflamma- 
tion. 

Le  phénomène  dont  nous  venons  de  faire 
mention  eft  connu  depuis  long-temps  des  Chy~ 
.  miftes  &  des  Phy ficiens ,  &  on  l'a  expliqué  de 
différentes  manières.  On  doit  l'attribuer  au  frotj- 
tement  qui  s'excite  entre  les  parties  de  l'acide  ni- 
treux ?  &  de  celles  de  l'huile  qui  s'uniffent  &  fe 
combinent.  De  cette  union ,  il  réfulte  une  forte 
de  foufre  que  l'on  nomme  foufre  nitreux ,  &  qui 
eft  de  la  puis  grande  combuftibilité.  La  chaleur' 
qui  fe  produit  dans  le  mélange  eft  fuiHfante  pour 
l'enflammer  &  pour  mettre  le  feu  à  l'huile. 

Qfferyfltions  Jkr  l'Acide  nitreux. 

Nous  avons  vu  que  le  mélange  de  l'acide  vï- 
triolique  &  de  l'huile  de  lin  ne  s'eft  point  enr 
flammé  :  ce  n'eft  pas  parceque  la  chaleur  eft 
moins  fojrte  que  dans  le  mélange  de  l'acide  ni- 
treux &  de  cette  même  huile  ;  c'eft  que  l'acide 
yitriolique  n'eft  pas  inflammable  ,  &  que  i'ef- 
pece  de  foufre  qui  réfulte  de  l'union  de  l'acide 
vitriolique  &  du  phlogiftique ,  eft  moins  corn- 
buftible  que  le  foufre  nitreux  :  la  chaleur  qui  fe 
produit  eft  incapable  de  l'enflammer.    Si  l'on 

Îdoqgeoit  un  thermomètre  dans  le  mélange  de 
acide  vitriolique  &  de  l'huile  ,  on  obferveroit 
u  il  fe  produit  plus  de  chaleur  qu'il  ne  s7en  pro- 
duit pendant  l'effervefcence  qui  précède  l'inflanv» 
uwîipo  du  mélange  de  l'acide  nitreux  &  do 


1 

ai 


X$l  ChVMIE    EX?iRlMENTALH 

l'huile  ;  mais  cette  chaleur  ,  quoique  plus  foiblè 
dans  ce  dernier  mélange ,  eft  fuffilante  pour  en- 
flammer le  foufre  nitreux  qui  fe  forme  :  ainiî, 
c'eft  moins  à  la  chaleur  qui  fe  produit,  qu  eft  due 
l'inflammation ,  qu'à  la  combuftibilité  de  ce  fou- 
fre nitreux ,  qui  peut  s'enflammer  à  une  chaleur 
aflez  modérée* 

L'odeur ,  la  couleur  rouge  ardente  de  1  acide 
nitreux ,  &  la  couleur  bleue  qu'il  prend  lorf* 
cp'on  le  mêle  avec  de  l'eau ,  font  autant  d'indi- 
fces  que  cet  acide  contient  une  très  grande  quan- 
tité de  phlogiftiqtie ,  &  qu'il  en  eft  même  fattrré. 
Nous  verrons  dans  quelques  expériences  qu'il 
peut  s'en  fuperfaturer ,  &  fe  manifefter  fous  la 
forme  d'une  liqueur  qui  nage  à  fa  furface  comme 
une  huile  nage  à  la  furface  de  l'eau.  Ceft  à  cette 
quantité  de  phlogiftique,  contenu  dans  l'acide  ni- 
treux, qu'on  doit  attribuer  tous  les  effets  <jue  nous 
venons  de  lui  reconnoître  fur  les  matières  in- 
flammables y  ce  qui  eft  caufe  qu'il  eft  lui-même 
inflammable  dans  toute  fa  fubftance. 

Lorfqu  on  mêle  l'acide  vitriolique  aux  huiles  f 
il  fouflre  une  forte  de  décompolition.  L'acide  qui 
fe  fépare  immédiatement  après  FefFervefcence, 
eft  beaucoup  moins  concentré  qu'il  ne  l'étoit.  La 
matière  faline  acide  s'unit  à  l'huile ,  &  fe  fépare 
de  fon  eau  furabondante.  Il  n'en  eft  pas  de  même 
de  l'acide  nitreux  :  il  s'unit  dans  toute  fa  fubftance 
fans  fubir  la  même  efpece  de  fépararion  :  lorf- 
qu'il  refte  même  de  l'acide  nitreux  après  l'inflam- 
mation de  l'huile ,  il  eft  tout  aufli  concentré 
que  lorfqu'on  l'a  employé  j  du  moins  il  n'y  a  pas 
là  même  différence  que  celle  qu'on  remarque  à 
l'acide  vitriolique  qui  fe  fépare  de  l'huile  après 
que  l'effervefcence  eft  paflee. 

Jufqu'ici  on  comprend  facilement  la  cauiê  dfc 


ïf    Ràisônn**.  ifcj 

l'inflammation  de  l'huile  à  la  faveur  du  foufre  ni- 
treux  qui  fe  produit  pendant  l'effervefcence  5  mais 
il  eft  difficile  de  concevoir  cette  effervefcencè 
^Ile-même ,  qui  eft  le  (igné  de  lacombinaifon  & 
la  caufe  de  l'inflammation.  Comme  tous  les  effets 
de  cet  acide  fur  les  matières  combuftibles  font 
absolument  femblables  à  ceux  du  feu,  je  penfe 
qu'on  doit  les  attribuer  au  feu  pur  ou  prefqu* 
pur ,  qui  fait  le  fond  de  cet  acide.  L'acide  ni- 
treux ,  félon  moi ,  contient  plus  de  feu  légère- 
ment bridé  par  les  autres  éléments ,  que  l'acide 
vitriolique  j  &  c'eft  à  fa  dofe  &  à  l'état  fous  le- 
quel il  le  trouve  retenu  ,  qu'on  doit  attribuer  fa 
grande  a&ion  fur  les  matières  qui  contiennent 
quelque  fubftance  inflammable.  Tout  ce  que 
nous  avons  dit  à  ce  fujet,  en  parlant  de  l'acide 
vitriolique,  eft  applicable  à  l'acide  nitreux  :  ainfï 
nous  n'en  dirons  rien  de  jHus. 

Dans  les  opérations  ordinaires  de  la  Chymie , 
on  ne  fe  fert  point  d'acide  nitreux  fumant  , 
comme  celui  dont  nous  venons  de  parler  :  on  em- 
ploie communément  de  l'acide  nitreux  plus  foi- 
ble.  C'eft  de  ce  dernier  dont  nous  ferons  ufage  „ 
à  moins  que  dans  le  cours  des  opérations  nous 
n'ayons  befoin  du  premier }  dans  ce  cas,  nous  en 
préviendrons. 

Acide  nitreux  avec  les  terres  calcaires* 

L'acide  nitreux  difïbut  toutes  les  pierres  & 
•terres  calcaires  avec  beaucoup  de  facilité ,  &  in- 
finiment mieux  que  ne  le  fait  l'acide  vitriolique. 
Ces  dévolutions  fe  font  avec  beaucoup  de  cha- 
leur &  d'effervefçence.  L'acide  fe  fatuité  de  ce* 
terres  fans  le  fecours  d'aucune  chaleur  t  il  forme 
avec  elles  des  fels  neutres  qui  fecryftallifent  diffi- 


**4  Ch.YHIIE  EXlfklMEWTAlB 

cilemenf,  &  qui  attirent  puiflamment  L'huoiï-» 
dite  de  l'air.  On  nomme  ces  feis  nicre  à  kafi 
ttrrcufe* 

On  met  dans  un  matras ,  ou  dans  une  cucur- 
bite  de  verre,  des  morceaux  de  marbre  blanc. 
On  verfe  par-deflus  environ  le  double  de  fon 
poids  d'acide  nitreux  ordinaire.  La  diffblurion  fe 
fait  avec  beaucoup  d'effervefcence.  Lorfque  l'a* 
cide  eft  parfaitement  faturé,  on  filtre  la  liqueur 
au  travers  d'un  papier  gris ,  &  on  la  garde  dans 
une  bouteille. 

Remarques. 

J'ai  fait  dilïbudre  ckjns  de  l'acide  nitreux  beau* 
coup  de  différentes  efpeces  de  terres  calcaires* 
chacune  féparément^  telles  que  des  ftalaûites 
d'Àrcueii ,  du  moellon ,  de  la  craie  de  Champa- 
gne, différentes  efpeces  de  fpaths  calcaires ,  des 
coquilles  d'œufs  ,  des  coquilles  d'huîtres ,  de  la 
chaux  »  des  pellicules  de  chaux ,  &c.  Toutes  ces 
fubftances  préfentent  les  mêmes  phénomènes 
pendant  leur  diffolution. 

L'acide  nitreux  diflbut  mieux  toutes  ces  fub- 
ftances ,  que  l'acide  vitriolique.  Il  les  diflbut 
même  à  froid  fans  laifler  aucune  réfidence ,  lorf- 
que ces  pierres  font  pures.  Lorfque  cet  acide  ap- 
proche ae  fa  faturation ,  il  dépole ,  fous  la  forme 
d'ochre  ,  la/  portion  de  fer  contenue  dans  ces 
terres ,  dont  les  plus  pures  ne  font  pas  exemptes* 
Ce  précipité  ferrugineux  s'applique  fur  la  terre 
qui  eft  furabondante  à  la  faturation  de  cet  acide. 
Si  ce  font  des  morceaux  de  marbre  blanc  que  Ton 
a  employés ,  on  remarque  qu'ils  font  creufés  par 
endroits  j  les  parties  les  plus  tendres  font  atta- 
quées les  premières.  On  obferve  mieux  ces  inu- 
niformités des  pierres ,  lorfque  l'aci<fc  çft  pk% 


£T      R  Ai  SON*  £*.  18 J 

fretre  faturé  :  it>  celle  d'entamer  les  parties  du- 
res. J'ai  fait  la  même  obfervation  fur  la  plupart 
dés  autres  pierres  calcaires. 

Les  pierres  calcaires  qui  contiennent  du  fer  , 
comme  le  moellon  d'Arcueil,  forment  une  dîf- 
fblution  de  couleur  ambrée  ^  mais  en  employant 

Ï>lus  de  rerre : calcaire  qu'il  n'en  faut  pour  faturer 
^acide,  le  fer  fe  précipite,  Scia-diitolutiott  4e* 

vient  claire  &  fans  couleur*  *' T ■■  »' 

'Les  coquilles  d'oeufs  contiennent,  comme 
TiôusTavofcs  déjà  dit,  un  parenchyme  mucilage 
rtêuX'qui  donne  de  la  folidité  à  lacoqiiille.  Cette: 
fabftarice  obcafionne  un  gonflement  prodigieux* 
pendancque  la  terre  calcaire  fediiTou t.  Le  mè*> 
tarage  fe-rédûit  en  écume  remplie  de  beaucoup) 
do  Nulles d'ak^Uifaifoientpartie  de  la  coquittttr 
Pour  faire  cette  diiTolution  jGommadémentfy  il 
faut  employer  un  grand  yaiffê^u/ôc  ne  mettre  le*, 
maquilles  qu'i  mefure  quilles  ibnr   diffcmtés^ 
Cette  dîfloluqon  bien  iaturée  eft  d'une  légère 
couleur  d'aiguë  marine.     •  :.  '  •.    r-  l  < :  * 

^  Douze  onces  d'eau  de  chaux  anc&turé  aconit 
pletteroenoon gréa  d'acide  nitreux'(i).  Ilnesfeft 
fait  imciuie-^ttervefcencei  fenfible.  .La-  liquétit. 
écoit  clakey  £iwb  .couleur  ,'ipcefqufcfans  faveurs 
^lle^voir feurlèfbe&t  celle  dtiirçe? eau  foibldmânt 
nitrée.    Dans  l'elpace  dfekpiinie, jours ,  eUena* 
forme  ni  îàépôt  léger  fembiableiaû.diivec  4U* 
rfamafle  fçus-  Wirneubles  dan$  Les  appartements* 
r  Toutes:;  ces  idtfblutioiisjdè  ifeibres  cafcakefrf 
faites  pan  tdcide.nitfeux^  ont  unefftveur  amete* 
Kèsptqriaittfii&Àiaeiife»  ..      »    .  .,   . 

-  Aucunërlecestiidblutkms  rte  change  Us.cttfet 

■      I  ■     '        '    P      »  i"l    ■■  ■■'  \      m  1  ■  ■   1  .  ■     \  1  i\m\ 

(1)  Cet  acide  ptft  dix  gros  dans  ont  bouteille  quittent 
\m gros dlta^  ~"-    •* 


*S£  ChYMIE    EXPERIMENTALE 

leurs  bleues  du  fyrop  violât ,  &  cjê  la  teinture  iê 
tpurnefol.        .. 

Aucune  des  terres  calcaires  5  diiïbute  dâftsl*a~ 
çide  nicreux ,  n'eft  précipitée  par  une  autre  terre 
calcaire  s  cependant  j'ai  remarqué  que  le  moellon 
d'Àrcueil  ,  dans  l'efpaoe  de  quinze  purs ,  a  voit 
fait  précipiter  un  peu  de  marbre  blanc  ;  ce  qui 
n'eft  point  arrivé  aux  autres  difiblutions,  même 
dans  l'efpace  de  deux  années. 

-JL'eau  de  chau^he  précipite  rien  de  la  plupart 
de  ces  diflolurions  :  cependant  elle  les  trouble  un 
peu,  mais  bien  légèrement,  La  ditfblimon  de 
moellon  d'Arcueil  produit  ,  avec  de  1  eau  de 
chaux,  un  précipité  plus  fenfible*  Ce  précipité 
eft;  une  petite  quantité  de  terre  vkrifiable  trèsdi- 
vifite,  qui  e(V.mclce>dans  cette  efpece  de  pierre. 
'.  Mais  l'eau  de  chaux  occaftorine ,  par  le  féjour  9 
deiix  fortes  de  précipités  à  la  difloiutton  de  (path 
cakiire:ils  font  peùaibondants  ;  l'un  eft  jaunâtre 
&  ferrugineux  >  l'autre  eft  en  petits  cryftaux 
plats  ,  comme  ceux  du  fel  tâdaof  Xublirac ,  aufli. 
Uams  tBc  auffi  argentin** 

•  L'eau  >de  chaux  précipite  fac  le  champ  de  la 
difloliuion  des. caq^ les  d'ûoufk,  beaucoup  de 
cryftaux  femblabfes  aux  précédents  :  ces  cryftaux* 
examinés  enûiite  ^  £efont  trouvés  être  une  terre 
femblable  i  ^eiieide  l'alun. 

L'acide  vitrioliqùe  concentré  ^verfc  dans  ton* 
wsw^diflohmons  b  s'empare  de  la  terre,  &  forme 
avec  elle  une  félénite  -calcaire  qui  £e  précipire , 
parceqadle  ne-peut  fe  tenir  en. diflolution  dans 
la  même  quantité  d'eau ,  commeienitreà  bafe  ter* 
reafe.  La  même  choie  arrive  avec  l'acide  ■  vitrio- 
liqùe affaibli  ;  mais  l'effet  n  eft  pas  auffi-  fenfible, 
pareeque  le  précipité  fe  ditfbiu  i  mefure  en  grande 
partie» 


IT      RÀIfrONNit.  Z87 

Oyjial/ifiuion  des  niucs  à  bafe  de  terres  calcaires. 

On  prend  la  quantité  que  Ton  veut  de  diflb- 
lation  de  terre  calcaire ,  faite  par  l'acide  nitreux  : 
on  la  met  dans  une  capfule  de  verre  :  on  la  place 
fur  un  bain  de  fable  :  on  fait  évaporer  la  liqueur, 
jufqu'à  ce  qu'elle  foit  réduite  en  conûftance  de 
fyrop ,  ou  bien  jufqu'à  ce  qu'elle  fe  fige  par  le 
froid ,  en  en  prenant  une.  goutte  au  bout  d'une 
(patrie  d'ivoire  :  alors  on  ceflè  le  feu  :  on  laide 
le  vaiiTeau  fur  le  fable.  La  liqueur ,  en  refroidif- 
fant ,  fe  convertit  en  une  feule  maflè  tranfpa- 
rente  cryftalline  :  c'eft  le  nitre  à  bafe  terreufe. 

Remarques.       .    , 

Toutes  les  diflolutionsde  terres  calcaires  rou- 
tes par  l'acide  nitreux  >  fourniiTent  un  femblable 
fei ,  qui  fe  congelé  en  marte  ,  dans  laquelle  on 
diftingue des  figures  régulières  ;  ce  n'eft^pas  un 
iîmple  fixement ,  comme  une  graifle  qui  fe  re- 
froidir. Si  l'on  fait  cette  expérience  un  peu^en 
grand  >  qu'on  fade  moins  évaporer  la  liqueur ,  & 
qu'on  la  mette  refroidir  dans,  une  bouteille  J(pn 
obtient  des.  cryfbux  n^iei^- jçf|Bé$  :  il$  (em^r 
couvert;  par  de  U  liqueur  qui  n'eft  poitit  cryftak 
lïfée  i  mais  ces  cryftaux  fo^t  toujours  en  çaaifeà  & 
çnuffes  ctytfufément  lç&i|û$  fur  le*  autres.  m  , 
.  L'acide  turreux ,  quoique  diiTolvant  facile-, 
taient  les  termes  catçair^,;tj£te  cependant  moins 
fort  à  ce?  terres  ,  que  l'acide  xritçtoliquç  :  il  a  auft 
moins  d'affinité  avecelles^qu^i'a^ide  vitriolique  ; 
c'eft  ce  qpe  i>ous  avons  vu,  parla propriété  .qu'a  ce 
derniet  acide  de  décompoler  le  nitre  à  baie  tïïr 
reufe.  Ng^&gyons  dit  qtje  \$f  féiéunes ,  egpp&es  à 


lS8  CHYktE   BXPÉaiMfeKtAlif 

la&ion  du  feu ,  he  perdoient  rien  de  leur  acide  i 
il  n'en  eft  pas  de  même  desnitres  à  bafe  terreufe. 
Si  Ton  expofe  ces  fels  à  l'aâion  du  feu  dans  des 
vaiffeaux  clos ,  on  en  fëpare  une  partie  de  l'acide 
qui  s'élève  en  vapeurs  rouges  :  il  en  refte  néan- 
moins une  bonne  partie  qui  ne  quitte  point  la 
terre  calcaire  ,  quelque  violent  que  (bit  le  feu  : 
fï  ,  au  contraire ,  on  le  fait  chauffer  dans  un  creu- 
fet,  comme  ce  fclfe  trouve avoir  une  communi- 
cation libre  avec  l'air ,  l'acide  nitreux  fe  diflipe 
en  entier ,  &  il  refte  la  terre  calcaire  qui  s'eft  con- 
vertie en  chaux  vive ,  fuivant  le  degré  dé  feu 
qUori  â  adminiftré. 

Le  nitre  à  hafe  terreufe  (e  liquéfie  à  une  cha- 
leur modérée,  &  fe  fige  par  le  refroidiflement. 
Cette  propriété  lui  vitfnt  de  ce  qu'il  entre  dans  fa 
composition  beaucoup  d'eau  &  de  feu  combinés 
dans  on  certain  état  :  lorfque  ce  fel  eft  liquéfié  , 
fi  on* le  coule  dans  de  l'eau  froide ,  il  durcit  fur- 
lek:hamp ,  comme  fait  le  "fudre  cuit  à  la  plttme , 
auquel  on  fait  fubir  la  même  opération.     . 

Ce 'fit  .eft  très  déliquefcent ,  c*eft-à-dire  qu'il 
fe  charge  promptement  de  l'humidité  de  lair,  Se 
fe  réfout  même  êtt'Jiqueur  :  de  là  vient  qu'il  ne 
peut  fe  cryftallS^qîfepar  le  refroidiflement ,  & 
néh  '  par  révapotâttlon  -,  comme  les*  (Hs  vitrioli- 
qîies  ?bàfe  terrôtife;\îTftttribue  cet  effet  à  ce  qu'il 
entre  dan*  la  compétition  de  l'acide  tthfcëtix  une 
très  gràddeqùantiéé^phlogiftique  qui  empêché 
cet  acide  de  fe  combiner  avec  cefc  tëf¥ès'*uffi  inti- 
ftiement  que  le  faifl'acide  vitrioliquë ,  'Se  encore 
à  ce  que:le  feu  pftfque'pur  dont  il  abondé  v  ne 
quitte  point  cette  coipbinaifon.  C'eftâ  cette  fé- 
conde propriété'qa'*ft*hier  la  faveuf'forte  &  pi- 
quante de  ces  fels. î  "  -'■  .... 
-  Le  nprê  à  bafe  terreufe  jie  peut  admettre  dana 


i 


BT     KATSONHi».       ~  *Sf 

{£  combinaifon ,  ni  une  furabondance  d'acide , 
ni  une  furabondance  de  terre*  Pour  le  peu  qu'on 
le  fafle  chauffer ,  il  fe  diilipe  quelque  portion  de 
fbn  acide  :  on  fépare  auffi-tôt ,  par  difiblution  & 
filcration ,  une  quantité  de  terre  dans  la  même 
proportion.  Il  en  eft  de  même  par  rapport  à  l'a* 
cide.  J'ai  examiné  des  cryîbux  de  nitre  à  baf* 
terreufe ,  provenant  d'une  diflblution  non  faturée 
de  terre  calcaire  >  les  cryftaux  égouttés  fur  du  par 
pier  gris ,  dans  des  vaiffeaux  clos ,  fe  font  trouvés 
parfaitement  neutres. 

Le  nitre  à  bafe  terreufe  bouillonne  fur  les  char- 
bons ardents ,  fe  liquéfie,  éteint  le  feu ,  &  laifle 
dilïïper  une  partie  de  fon  acide  :  ce  qui  refte  * 
lorfqu  il  eft  bien  fec ,  tranfporté  fur  un  charbon 
ardent,  détonne  comme  le  nitre  ordinaire,  .mais 
plus  foiblement,  pareeque  fa  bafe  calcaire  n'eft 
point  fufible  :  elle  empêche  que  l'acide  nitreux 
n'ait  un  conta&  avec  le  phlogiftique ,  comme 
nous  le  dirons  à  l'article  du  nitre  fixé  par  les  char* 
bons. 

Nitre  à  bafe  terreufe  avec  de  la  glace. 

On  ne  connoît  point  les  effets  du  nitre  A  bafe 
terreufe  avec  de  là  glace.  Il  eft  à  préfumer  qu'il 
produirôit  beaucoup  de  froid. 

Acide  nitreux  &  Acide  vitrioïtque. 

Si  l'on  met  dans  de  l'acide  nitreux  bien  fumant; 
un  peu  d'acide  vitriolique  concentré ,  l'acide  ni- 
treux perd  aufli-tôt  beaucoup  de  fa  couleur  ;  SC 
les  vapeurs  qu'il  exhale ,  font  prefque  blanches  , 
de  rouges  qu'elles  étoient.  Cet  acide  mixte  en- 
flamme mieux  les  huiles ,  que  l'acide  nitreux  pur  : 
on  ne  connoît  point  les  autres  propriétés  de  et 
j&èlange. 

Tome  L  ^ 


490         ChYMIB  ÉXPiltlMïKTAt» 

L'acide  nitreux  a  la  propriété  d'enlever  8c  Sb 
détruire  promptement  les  matières  inflammables 
qui  colorent  l'acide  vitrioliqud-  f     .  *      . 

On  met  dans  un  matras  une  livre  d'acide  vi- 
criolique  noirci  par  des  matières  inflammables: 
on  verfe  par-deuiis  un  gros  d'acide  nitreux  ,  on 
davantage,  fuivant que  l'acide  vitriolique  eft co- 
loré :  on  place  le  vaifleàu  fur  un  bain  de  fable: 
on  le  fait  digérer  jufqu  à  ce  que  l'acide  n'air  plus 
de  couleur,  &  qu'il  devienne  parfaitement  blanc. 
L'acide  nitreux  agit  de  même  à  froid  fur  les  ma- 
tières inflammables  qui  font  mêlées  avec  l'acide 
vitriolique ,  mais  plus  lentement.  Pendant  iadi- 

Seftion ,  l'acide  nitreux  s'évapore  en  partie;  mail 
.  en  refte  toujours  de  mfcié  avec  l'acide  vitrioli- 
que :  oh  ne  peut  plus  le  féparer  complètement, 
même  par  la  diftillation ,  a  caufe  de  l'adhérence  I 
mutuelle  de  ces  deux  acides.  Au  refte,  cet  acide 
vitriolique  peut  fervir  dans  nombre  d'occafioos 
i  où  un  peu  d'acide  nitreux  ne  peut  pas  nuire  aux 
opérations. 

Acide  nitreux  &  Soufré. 

:  On  ne  connoît  point  le  mélange  que  ces  deux 
fubftànces  peuvent  faire,  ou  plutôt  la  comhî- 
naifon  qui  réfulteroit  d'un  femblable  mcknge. 

Décompojîtion  du  Foie  de  Soufre  terreux  par 
l'acide  nitreux. 

•  I/acide  nitreux  décompofe  le  foie  de  ibufte 
•terreux  :  il  s'unit  aux  matériaux  de  la  chaux ,  & 
fait  précipiter  le  foufre. 

On  met  dans  un  verre  du  foie  de  foufre  ter- 
reux :  on  vejrfe  par-deflus  de  l'acide  nitreux  :  ilfc 
fait  un  précipité  :  on  filtre  la  liqueur  :  le  fouftt 


1  T    ràmohnIi,  %}j 

refte  far  le  filtre  :  on  pafle  beaucoup  d'eau  bouil- 
lante pour  le  bien  laver ,  &  on  le  fait  fécher  :  on 
trouve  que  Ce  foufre  eft  celui  que  tenoit  l'eau  dt 
chaux  en  diflblution. 

Acide  nitreux  &  Gypfef 

L'acide  nitreux  diflout  très  bien  le  gypfe  &  les. 
félénites  calcaires  >  mais  fans  contrarier  d'union 
avec  ces  fubftances. 

Huit  onces  d'eau  chargée  d'un  gros  d'acide  ni- 
treux ,  diflbl vent,  à  l'aide  de  la  chaleur,  vingt-qua- 
tre grains  de  gypfe  avec  effervefeence ,  fans  trou- 
bler la  tranfparence  de  l'eau  :  leau  en  eft  parfai- 
tement faturée. 

Huit  onces  d'eau  chargée  de  deux  gros  du 
même  acide ,  dilïblvent  quarante-huit  grains  de 

gypfe.    .    . 

L'albâtre  s'eft  comporté  de  même ,  &  il  s'eft 
diiïous  dans  les  mêmes  proportions. 

J'ai  mis  ces  lioueurs  dans  des  vafes  convena- 
bles à  la  cryftallilation  :  elles  ont  fourni ,  par  le 
refroidiflement,  beaucoup  de  cryftaux  nets ,  bril- 
lants ,  tranfparents ,  difçofés  en  aiguilles  aflez 
grofles ,  qui  avoient  trois  lignes  de  longueur  : 
ces  cryftaux  fe  font  trouvé  erre  de  la  leiénite 
parfaitement  neutre.  Après  l'avoir  égouttée  fur 
du  papier  gris ,  elle  n'altéroit  aucunement  la 
teinture  de  tournefol,  &  ne  contenoit  point 
d'acide  nitreux. 

Sur  P Acide  marin  aue  Von  nomme  aujji  Acide 
du  lel  commun. 

Il  en  eft  dé  l'acide  marin  comme  des  deux  au- 
tres dont  nous  avons  commencé  à  reconnoître 
les  propriétés  :  il  eft  également  difpofé  à  fe  com? 

Tij 


2#>l'       ChYMIB  XX?£r1MÈHTAL» 

biner  avec  les  corps  qu'il  rencontre  ;  ce  qui  e(T 
caufe  qu'on  ne  le  rencontre  jamais  pur  dans  la 
Nature.  Nous  dirons ,  par  la  fuite ,  la  manière  de 
le  féparer  des  différentes  combinaifons  dans  lef- 
<juelles  il  fe  trouve  :  nous  allons  reconnoître  les 
propriétés  de  l'acide  marin  pur  &  dégagé  de  tou- 
tes oafcs. 

L'acide  marin  eft  toujours  fluor  :  il  paroît  même 
avoir  plus  d'affinité  avec  le  principe  aqueux ,  que 
les  précédents.  Il  feroit ,  par  cette  raifbn ,  plus 
difficile  de  l'obtenir  fous  une  forme  concrète. 

Il  a  ordinairement  une  couleur  jaune  citrine  : 
on  ne  fait  pas  encore  fi  cette  couleur  lui  eft  inhé- 
rente ,  comme  la  couleur  rouge  l'eft  i  l'acide  ni- 


L'acide  marin  a  une  odeur  qui  lui  eft  particu- 
lière :  elle  tire  un  peu  fur  celle  dufafran. 

Il  exhala  des  vapeurs  blanches  ,  mais  qui  ne 
font  vifibles  qu'avec  le  concours  de  l'air  :  elles 
excitent  une  ienfacion  de  chaleur  j  elles  ne  font 
cependant  point  chaudes.  La  chaleur  qu'elles 
produisent ,  vient  de  l'action  qu'elles  ont  fur  la 
peau ,  &  de  la  CQrrofion  qu'elles  y  occasionnent. 
Ces  vapeurs  font  plus  corrofives  que  celles  de 
l'acide  nicreux.  L'acide  marin  a  une  faveur  vio- 
lemment aigre ,  acide,  fans arriere-goût. 

La  pefanteur  fpécifique  de  cet  acide  le  plus 
concentré  qu'il  fou  poffibie  d'avoir ,  eft  comme 
dix-neuf  à  feize,  c'eft-à-ctire  qu'une  bouteille  qui 
contient  feize  gros  d'eau,  contient  dix-neuf  gros 
de  cet  acide  :  il  eft ,  par  conféquent,  moins  pe- 
fant  &  moins  concentré  que  les  deux  autres  acides 
minéraux. 

11  rougit  fur-le  champ  les  couleurs  bleues  des 


IT     RAISONNÉ  1.  tff 

végétaux ,  fans  détruire  les  couleurs  comme  le 
font  l'acide  vitriolique  fulfureux  8c  l'acide  air 
creux. 

Acide  marin  au  feu* 

L'acide  marin  eft  le  plus  volatil  des  acides  mi» 
néraux ,  lorfqu il  eft  bien  concentré  &  bien  fu- 
mant. Si  on  le  foumet  à  la  diftillation ,  il  fe  ré» 
duit  en  vapeurs  très  expanfibles  &  très  difficiles  à 
fe  condenfer  :  il  pafle  en  entier,  fans  fouffrir  au- 
cune altération  ni  décomposition  >  8c  ne  fe  con- 
centre point,  tant  qu'il  eft  feul. 

Acide  marin  à  Pair. 

Cet  acide  fe  charge  de  l'humidité  de  Fair,  maïs 
moins  que  les  autres  acides  minéraux,  jparcequ'il 
eft  infiniment  plus  aqueux  :  on  ne  peur  le  concen- 
trer plus  que  nous  ne  l'avons  dit  ;  d'où  l'on  peut 
conclure  qu'il  a  avec  l'eau  plus  df  affinité  que  les 
acidçs  vitriolique  8c  nitreux. 

Acide  marin  avec  de  Veau. 

11  eft  à  préfumer  que  fi  Ton  mêle  de  l'acide  ma- 
rin bien  concentré  &  bien  fumant  avec  de  l'eau  t 
on  produira  de  la  chaleur  :  cette  expérience  n'a 
point  été  faite.  Lorfqu  il  eft  affoibli  par  fon  poids 
égal  d'eau,  il  conlerve  encore  beaucoup  de  fa 
couleur  cirrine. 

Acide  marin  mile  avec  de  la  glace. 

Un  gros  d'efprit  de  fel  fumant  8c  demi-once  de 
glace  pilée  ont  produit  feize  degrés  de  froid ,  la 
température  du  lieu  i  fept  degrés  au-deffus  du 
terme  de  la  congélation. 

La  même  quantité  de  glace  avec  deux  gros  de 

Tiij 


194  ChYMIE    BX?klMENTALE 

cet  acide  ont  produit  vingt-trois  degrés  de  fioîd, 
&  vingt-cinq ,  en  employant  trois  gros  du  même 
acide, 

Acide  marin  avec  les  terres  vitrifiables. 

L'acide  marin  na  aucune  action  fur  les  terres 
vitrifiables  qui  font  en  maffes  d'agrégés  >  ou  lorf- 
qu  elles  font  divifées  par  des  moyens*  méchani- 
ques  :  mais  il  en  a  beaucoup  fur  ces  terres ,  lors- 
qu'elles font  divifées  par  des  moyens  chymiques, 
comme  nous  le  verrons  en  fon  lieu. 

Acide  marin  avec  les  matières  combujlibles. 

L'acide  marin  fumant ,  ou  feulement  fes  va- 

{>eurs ,  a  une  action  très  forte  &  très  marquée  fur 
es  matières  végétales  &  animales  dans  l'état  na- 
turel :  il  lés  détruit  plus  promptement  que  les  au- 
tres acides  minéraux ,  &  d'une  manière  fourde , 
fans  Jes  noircir  comme  l'acide  vitriolique  :  il  leur 
donne  une  couleur  jaune ,  comme  le  fait  l'acide 
nitreux  ;  il  les  attaque  dans  toutes  leurs  fubftan- 
ces ,  comme  l'acide  nitreux ;  mais  il  n'a  pas  la 
même  action  fur  les  matières  inflammables  dans 
l'état  huileux. 

Acide  marin  avec  le  phlogijlique* 

^  L'acide  marin  n'a  point  de  difpofition  pour  s'u- 
nir,  fpit  par  la  voie  feche,  foit  par  la  voie  hu- 
mide ,  au,  phjogiftique  dans  l'état  charbonneux. 
On  ne  connoît  point  de  combinaifon  de  cet  acide 
avec  la  fubftance  inflammable,  comme  on  connoît 
celle  de  l'acide  vitriolique  &  celle  de  l'acide  ni- 
treux avec  cette  même  fubftance.  On  ne  fait  ce 
qui  réfulteroit  d'un  mélange  d'acide  marin  &  de 
iJwbon  en  poudre ,  diftilie  jufqu'à  fîccité ,  &  fi 


IT      RAISONNÉ  E.  %}} 

le  charbon  feroit  décompofé  comme  il  Feft  par 
l'acide  vitriolique. 

L'acide  marin  n'a  pas  plus  de  difpofition  jpour 
s'unir  au  phlogiftique  dans  le  mouvement  igné* 
Sx  l'on  plonge  un  charbon  ardent  dans  de  l'acide 
marin  fumant,  ce  charbon  s'éteint  auffi-tôt., 
comme  s'il  étoit  plongé  dans  toute  autre  liqueur 
non  inflammable.  Il  ne  faut  pas  croire  cependant 
que  cet  acide  n'a  aucune  affinité  avec  le  phlogifti- 
que :  au  contraire ,  je  penfe  qu'il  en  a  une  très 
forte  j  mais  il  refte  à  trouver  les  moyens  de  com- 
biner ces  deux  fubftances  :  elles  doivent  aéceflài- 
rement  produire  une  forte  de  foufre,  comme  le 
font  les  auttês  acides  :  je  penfe  même  que  la  Na- 
ture le  fait ,  quoique  cette  fubftance  ne  foit  pas 
encore  connue. 

Acide  marin  avec  la  matière  huileufe. 

L'acide  marin  paroît  n'avoir  que  peu  ou  point 
d'aâion  fur  les  fubftances  huileufes  :  il  agit  foi- 
blement.  On  ne  connoît  pas ,'  au  refte ,  les  chan- 

5 céments  &  les  altérations  qu'il  poiirroit  occa- 
îonner  à  ces  fubftances ,  s'il  étoit  dans  un  plus 
grand  degré  de  concentration ,  que  celui  où  Von 
a  coutume  de  l'avoir.  Nous  verrons  dans  plufieurs 
expériences,  que ,  lorfqu'on  préfente  à  l'acide  ma- 
rin certaines  fubftances  métalliques,  il  peut  fe 
concentrer  confîdérablement ,  &  que  dans  cet 
état  il  produit  fur  les  matières  inflammables  des 
effets  peu  différents  de  ceux  de  l'acide  nitreux.  Je 
ne  ferois  point  furpris  qu'avec  lui  on  parvînt  à 
enflamme;  les  matières  huileufes  ,  comme  on  le 
fait  avec  de  l'acide  nitreux  pur. 


TiT 


t}6         ChYMIB   EXPÉRIMENTALE 

Obfcrvaùons  fur  V Acide  marin. 

On  a  donné  auffi  à  l'acide  marin  le  nom  8 acide 
du  f cl  commun  j  pareequ  on  le  retire  du  fel  marin 
donc  on  fait  ufage  dans  les  aliments ,  &  que  ce 
fel  eft  fort  commun  dans  la  Nature. 

Nous  avons  dit ,  en  parlant  fur  1  origine  des 
terres  calcaires ,  ce  que  nous  penfions  fur  celle 
du  fel  marin.  Nous  croyons  que  les  propriétés  que 
nous  venons  de  reconnoître  i  l'acide  de  ce  fel , 
font  analogues  à  fon  origine  :  nous  le  fuppofons 
formé  dans  l'eau  par  la  reunion  des  principes  ré- 
parés des  corps  organifés  qui  fe  détruifent  :  cet 
acide  participe  beaucoup  des  propriétés  de  l'eau , 
puifqu'il  a  ivec  cette  fubftance  plus  d'affinité  que 
les  deux  autres  acides  minéraux ,  &  qu'on  ne  peut 
l'avoir  au  même  degré  de  concentration  qu'eux 
par  les  moyens  ordinaires.-  Il  paroi t  que  les  prin- 
cipes qui  compofent  l'acide  marin  >  font  les  mêmes 
que  ceux  des  autres  acides ,  puifqu'il  en  a  les  pro- 
priétés générales  ;  mais  il  paroit  »  en  même  temps , 
que  fon  phlogiftique  eft  dans  un  état  moins  pur 

3ue  dans  les  autres  acides  minéraux  ;  c'eft  ce  qui 
iminue  beaucoup  fon  aéfcion  fur  les  matières  hui- 
leufes  pures.  Néanmoins ,  lorfqu'il  eft  dans  le 
plus  grand  degré  de  concentration  où  il  puiffe  par- 
venir ,  il  agit  puiflamment  fur  les  matières  végé- 
tales &  animales ,  mais  fourdement  &  fans  faire 
autant  de  fracas  que  l'acide  nitreux.  Il  eft ,  à  cet 
égard ,  comparable  au  vinaigre  qui  agit  foible- 
ment  fur  beaucoup  de  fubftances ,  lorfqu'il  eft 
fort  aqueux ,  &  qui  agit  puiflàmment  &  lourde- 
ment fur  ces  mêmes  fubftances ,  lortyie ,  par  la 
congélation  ,  on  l'a  débarrafTé  de  la  plus  grande 

i>artie  de  fon  eau  furabondante ,  ou  encore  mieux 
orfqu'oa  l'a  féparé  des  combinaifons  terreufes , 


BT      RAISONNÉ  1.  Ijf 

ou  métalliques ,  dans  lesquelles  on  Ta  fait  d'abord 
entrer.  11  en  eft  de  même  de  l'acide  marin  :  il  ac- 
quiert encore  plus  de  force  &  daâion ,  lorfqu  on 
l*a  pareillement  féparé  des  combinaisons  métal» 
liques  :  il  fe  débarralfe  de  fon  eau  forabondante 
&  de  fa  matière  inflammable  plus  groifiere  qu'elle 
ne  l'eft  apparemment  dans  les  autres  acides ,  pour 
acquérir  les  propriétés  d'un  acide  plus  a&f  &  , 
par  conséquent ,  plus  pur. 

Indépendamment  de  tout  ce  que  nous  venons 
de  dire ,  j'admets  encore  dans  l'acide  marin  , 
comme  dans  les  autres  acides  minéraux ,  une  cer- 
taine quantité  de  feu  pur  ou  prefque  pur.  C'eft 
à  ce  feu ,  à  fa  dofe  &  a  la  manière  dont  il  eft  ar- 
rangé ,  qu'on  doit  rapporter  les  différences  qu  on 
remarque  entre  lui  &  les  autres  acides  :  c'eft  encore 
à  l'état  de  ce  feu  dans  l'acide  marin  >  qu'on  doit 
attribuer  toutes  fes  propriétés  cauftiques  8c  difTol- 
vantes ,  &  toute  i'aéfcion  qu'il  peut  avoir  fur  les 
matières  qu'on  lui  préfente.  Mais  la  Chymie  & 
la  Phyfique  ne  font  pas  aflez  avancées  pour  don- 
ner une  démonftration  fatisfaifante  fur  la  quan- 
tité de  feu ,  &  fur  l'état  où  il  fe  trouve  dans  ces 
différentes  fubftances  falines. 

Acide  marin  avec  les  terres  calcaires. 

L'acide  marin  diflout  toutes  les  terres  calcaires 
avec  chaleur  &  effervefeence ,  &auffi  facilement 
que  le  fait  l'acide  nitreux  :  il  s'en  farure  de  mema 
Lins  le  fecours  d'aucune  chaleur  :  il  réfulte  de 
cette  combinaifon  un  fei  neutre  déliqueicent , 
mais  fufceptible  de  fe  cryftalliferpar  le  refroidif- 
fement.  On  le  nomme  fel  marin  dbafe  terreufe. 

Expérience. 

On  met  dans  une  cucurbke  de  verre  la  qaan- 


ipS        Chymib  expérimentale 

tité  que  Ton  veut  de  marbre  blanc  caffé  par  petits 
morceaux ,  ou  réduit  en  poudre  eroffiere  :  on  verfe 
par-deflus  de  l'acide  marin  -y  il  fe  fait  aufli-tôt 
une  efFervefcence  confidérable.  Le  marbre  fe  dif- 
fout  même  à  froid  :  on  facilite ,  fi  l'on  veut ,  la 
ditfblution ,  en  plaçant  le  vaiflèau  fur  un  bain  de 
fable  un  peu  chaud  :  lorfqu'il  n'y  a  plus  d'effer- 
vefcence ,  &  que  l'acide  eft  parfaitement  faturé , 
on  filtre  la  liqueur  au  travers  d'un  papier  gris  :  on 
la  conferve  dans  une  bouteille* 

Remarques. 

J'ai  traité  l'acide  marin,  comme  les  deux  autres 
acides  minéraux  ,  avec  toutes  les  terres  calcaires 
dont  nous  avons  parlé  précédemment.  Leur  ma- 
nière de  fe  difloudre  dans  cet  acide  a  été  abso- 
lument femblable  à  celle  qu'elles  ont  préfen- 
tée  avec  l'acide  nitreux.  Ces  fubftances  font  des 
ftala&ites ,  du  moellon  d'Arcueil ,  de  la  craie  de 
Champagne ,  du  fpath  calcaire ,  des  coquilles 
d'œufs ,  de  la  chaux  éteinte  a  l'air,  des  crèmes  ou 
pellicules  de  chaux. 

U  faut,. pour  difloudre  les  coquilles  d'œufs 
dans  cet  acide ,  apporter  les  mêmes  précautions 
que  nous  avons  indiquées  en  parlant  de  leur  dif- 
tolution  dans  l'acide  nitreux ,  à  caufe  du  gonfle- 
ment. 

La  chaux  s'échauffe  davantage  avec  l'acide  ma- 
rin ,  qu'avec  l'acide  nitreux. 

Trente  gouttes  d'acide  marin  ordinaire  ont  été 
faturées  par  huit  onces  d'eau  de  chaux  ;  ce  quis'eft 
fait  fans  effervefcence.  Quelques  jours  après ,  le 
mélange  a  dépofé  un  peu  de  matière  terreufe  de 
couleur  ambrée ,  qui  enfuite  eft  devenue  blanche. 
La  liqueur  étoit  fans  couleur  :  elle  avoir  une  lé- 
gère faveur  d'eau crue ,  mais  qui  a  changé;. elle 


T.  T      RAISONNÉ  E.  199 

eft  devenue  un  peu  amere  &  mordicante. 

L'acide  marin ,  en  fe  combinant  avec  les  terres 
calcaires  ,  perd  fa  couleur  &  fon  odeur*  Toutes 
ces  diflblutions  font  fans  couleur  &  fans  odeur  : 
elles  ont  toutes,  une  faveur  falée  ,  amere  &  pi- 
quante. La  diflblution  de  moellon  avoit  une  lé- 
gère faveur  métallique ,  à  caufe  du  fer  que  cette 
pierre  contient. 

Toutes  ces  diflblutions ,  lorsqu'elles  font  nou- 
velles ,  changent  en  verd  la  couleur  du  fyrop  vio- 
lât j  mais  environ  trois  mois  après  qu'elles  font 
faites ,  elles  n'en  changent  plus  la  couleur ,  ni 
celle  de  la  teinture  de  rournefol. 

Aucune  terre  calcaire ,  diflbute  par  l'acide  ma- 
rin ,  n'eft  précipitée  par  une  autre  terre  calcaire. 

L'eau  de  chaux  occafionne  fur  le  champ  un 
léger  précipité  aux  diflolutions  de  marbre  blanc 
&  de  ftala&ites.  Ces  précipités  font  en  petits 
cryftaux ,  comme  ceux  ae  fel  fédatif  fublimé. 

L'eau  de  chaux  n'a  rien  fait  précipiter  d'abord 
des  diflblutions  de  moellon ,  de  fpath  >  de  coquil- 
les d'œufs;  mais  quelques  jours  après, elle  a  oc- 
cafionne des  précipites  femblables  aux  précé- 
dents, qui  étoient  auflî  peu  abondants. 

Enfin ,  le$  diflblutions  de  chaux  ,  de  craie ,  de 
crème  de  chaux ,  &  la  combinaifon  d'eau  de 
chaux  &  d'acide  marin  ,  n'ont  formé  avec  l'eau 
de  chaux  aucun  précipité ,  même  par  le  fcjour. 

L'acide  vjtriohque  concentré  ou  affoibli  par 
trois  fois  fon  poids  d'eau ,  mêlé  avec  toutes  les 
.diflblutions  de  terres  calcaires  ,  faites  par  l'acide 
marin ,  a  occafionne  aufli-tot  un  précipité  féléni- 
teux  >  comme  cela  arrive  avec  la  diflolution  de 
ces  terres  par  l'acide  nitreux.  L'acide  vitriolique 
dégage  l'acide  marin ,  &  s'unit  à  la  terre  calcaire  : 
il  forme  avec  elle  de  la  félénite  >  qui  fe  manifefte 


jod       Chymib  ixpérimentàli 

fous  la  forme  d'un  précipité ,  parcequ'elle  ne  pcmt 
fe  tenir  en  diflolution  dans  aofli  peu  d'eau  que 
le  kl  marin  i  bafe  terreufe. 

Cryjlaltifation  des  fels  marins  à  bafe  terreufe. 

On  prend  la  quantité  que  Ton  veut  de  Tune 
ou  de  l'autre  diflblution  de  terre ,  faite  par  l'a- 
cide marin.  On  la  met  dans  une  capfule  de  verre  : 
on  la  place  fur  un  bain  de  fable  :  on  fait  évapo- 
rer la  liqueur,  jufqu'à  ce  qu'en  en  prenant  une 
goutte  au  bout  aune  fpatule  d'ivoire ,  elle  fe  fige 

Î>ar  le  refroidifTement.  On  laifle  le  vaiffeau  fur  le 
àble ,  mais  fans  feu ,  afin  que  la  liqueur  refroi- 
difle  lentement  :  elle  fe  réduit  en  une  maffe  jau- 
nâtre ,  compofée  de  cryftaux  enlacés  les  uns 
dans  les  autres  ,  fans  figure  déterminée  :  c'eft  ce 
que*l'on  nomme  ftl  marin  à  bafc  terreufe  calcaire* 

Remarques. 

Les  fels  marins  à,  bafe  de  terres  calcaires  for- 
ment des  cryftaux  folitaires ,  plus  facilement  que 
les  nitres  à  bafe  terreufe ,  lorfque  les  liqueurs 
des  fels  marins  à  bafe  terreufe  font  évaporées 
à  quarante-cinq  degrés  ,  à  mon  aréomètre  des 
fels  (i).  Si  on  les  enferme  dans  des  bouteilles, 
elles  forment ,  par  le  refroidiflement ,  de  gros 
cryftaux  folitaires  nets  ,  purs  &  bien  transpa- 
rents ;  les  uns  font  en  grottes  aiguilles  comme 
les  cryftaux  de  fel  de  glauber  )  les  autres  font  en 
grottes  mafles  fans  figures  déterminées.  On  dé- 
cante la  liqueur,  &  on  fait  égoutter  le  fel ,  en 
appliquant  le  goulot  de  la  bouteille  fur  un  paquet 
de  papier  gris ,  pareeque  fi  on  l'expofoit  à  l'air ,  il 

(O  Voyez  la  defeription  de  cet  infiniment  dans  mes 
Elénunts  de  Pharmacie. 


t t  nAisoNnii:         jfwr 

&  chargerait  de  l'humidité ,  &  fe  réfoudroit  en 
liqueur. 

Le  fel  marin  à  bafe  terreufe ,  expofé  à  une 
douce  chaleur ,  fe  liquéfie  &  fe  fige  par  le  refroi- 
diflement,  comme  de  la  graifle.  Si  o»  le  chauffe 
un  peu  fore ,  il  perd  un  peu  de  fon  acide. 

Ce  fel  attire  puifiamment  l'humidité  de  Pairt 
&  fe  réfouc  en  liqueur.  C'eft  en  vertu  de  cette 
propriété  qu'il  ne  peut  cryftallifer  que  par  le  re- 
rroidiffèment ,  &  point  par  l'évaporation.  Ces 
propriétés  font  communes  au  nitre  a  bafe  terreufe, 
&  viennent  de  la  même  caufe  que  nous  avons 
expliquée  précédemment. 

Xes  différents  fels  marins  i  bafe  terreufe ,  ex- 
pofés  fur  les  charbons  arderfts ,  bouillonnent  tt 
le  bourfouflent,  fans  décrépiter.  Une  partie  <H 
i  acide  fe  diffipe. 

Aucun  de  ces  fiels  ne  peut  admettre  ni  une 
furabondance  d'acide ,  ni  une  fuxabondance  de 
terre  dans  leur  combinaison.  On  peut  bien  tes 
mêler  avec  une  furabondance  de  Tune  ou  defaor 
tre  fubftance  }  mais  ces  fels  s'en  féparent  en  fe 
cryftallifant,  &  deviennent  parfaitement  neutres. 

La  Nature  fournit  une  très  grande' quantité  de 
fel  marin  à  bafe  terreufe  calcaire.  Noos  en  par- 
lerons ,  lorsque  nous  examinerons  Peau  de  fa- 
mer  &  celle  des  puits  &  fontaines  falés. 

Décompofition  des  fels  marins  à  bafe  terreufe  j 
par  l'action  du  fiu* 

Les  différents  fels  marins  i  bafe  terreufe  fe 
comportent  à  l'aâion  de  feu ,  un  peu  différem- 
ment que  les  différents  nitres  1  Dafe  terreufe. 
L'acide  marin  tient  davantage  à  la  terre  calcaire. 

Quatre  onces  de  fel  marin  à  bafe  terreufe , 
fait  avec  le  marbre  blanc ,  mis  en  diftitlarion  daàs 


f*%  ChYUII  EXPBRÏMINTALl 

une  cornue  de  verre ,  &  pouffe  pendant  crois  heu- 
res au  plus  grand  feu ,  ont  fourni  une  once  d'a- 
cide marin  fort  bon*  fans  couleur,  ayant  une 
forte  odeur  d'eau  régale  :  il  a  perdu  cette  odeur , 
en  le  faifant  chauffer  légèrement  dans  un  petit 
matras.  Il  eft  refté  dans  la  cornue  trois  onces  de 
matière  faline  blanche  en  deffus ,  raréfiée ,  Se 
noirâtre  en  deiïbus. 

J'ai  mêlé  à  la  réfidence  de  la  cornue ,  environ 
trois  onces  d'eau.  Le  mélange  s'eft  échauffé  à-peu-. 

?rès  au  degré  de  l'eau  bouillante  :  enfuite  j'ai 
tendu  le  tout  dans  une  plus  grande  quantité 
d'eau.  La  liqueur  étoit  trouble  &  noirâtre  :  je  l'ai 
filtrée  :  elle  a  paffé  claire  &  fans  couleur  :  il  eft 
refté  fur  le  filtre  la  portion  de  terre  que  l'acide  t 
pafle  dans  la  diftillation  ,  avoir  abandonnée. 

J'ai  defléché  de  nouveau  cette  liqueur ,  Se  j'ai 
mis  en  diftillation  le  fel  marin  à  bafe  terreufe  qui 
en  eft  réfulté  :  je  l'ai  pouffé  à  la  plus  grande  vio- 
lence du  feu ,  que  la  cornue  qui  étoit  de  verre 
.pouvoir  fupporter  fans  fe  fondre  :  je  n  ai  obtenu 
qu'un  peu  de  liqueur  acidulé.  La  plus  grande  par- 
#tie  de  l'acide  marin  eft  reftée  opiniâtrement  fixée 
.avec  la  terre. 

La  plupart  des  Chymiftes  peiifènt  que  le  fel 

marin  à  bafe  terreufe  fe  décompofe  complette- 

ment  Se  facilement  par  l'aâion  du  feu.  On  peut 

croire  que  c'eft  par  analogie  qu'ils  ont  raifonné 

<ain(î.  On  a  vu  que  le  nitre  à  bafe  terreufe  avoit 

beaucoup  de  faveur ,  &  qu'il  étoit  déiiquefcent, 

cOn  a  reçopnu  aufel  marin  à  bafe  terreufe  la  même 

.propriété  ;  on  en  a  conclu  qu'il  devoit  fe  décom- 

.«pofer ,  comme  lui ,.  par  l'aâion  du  feu  ;  mais 

.ayant  exaraipé  cette  matière  plus  attentivement , 

j'ai  reconnu  qu'il  n'en  eft  pas  de  même  de  l'acide 

-marin  :  ces  différences  font  fondées  fur  les  pro- 


»  T     RAîSÔKlfiï:  ^ 

jprîétés  de  cet  acide ,  qui  ne  font  pas  les  mêmes 
que  celles  de  l'acide  nitraix ,  &  iur  les  change- 
ments que  la  terre  calcaire  éprouve  pendant  les 
diftillarions  des  fels  marins  à  bafe  terreufe. 

Lorfqu  on  fournée  à  la  dillation  du  fel  marin  £ 
bafe  terreufe ,  fait- avec  de  la  terre  calcaire  dan* 
fon  état  naturel ,  la  terre  calcaire ,  quoiqu'unie  à 
l'acide  marin ,  fe  convertit  en  chaux  vive.  La  por- 
tion d'acide  qu'on  retire ,  eft  celle  qui  précède  ce 
changement  d'état.  Lorsqu'elle  eft  une  fois  con- 
vertie en  chaux ,  elle  ne  permet  plus  à  l'acide  de 
la  quitter  :  l'acide  eft  fixé  prefque  autant  que  s'il 
ctoit  uni  à  de  Palkali  fixe,  C'eft  la  raifon  pour  la- 
quelle on  tire  des  fels  marins  à  bafe  terreufe  une 
partie  de  leur  acide,  au  commencement  de  la 
diftillation.  Pour  m'en  aflurer  plus  particulière- 
ment, j'ai  fournis  à  une  fembiable  diftillation 
quatre  onces  de  fel  marin  à  bafe  terreufe ,  fait 
avec  de  la  chaux  éteinte  à  l'air  :  j'ai  poufle  le  feu 
auffi  fort  que  dans  l'expérience  précédente  :  j'ai 
•obtenu  treize  gros  de  liqueur  claire,  fans  couleur, 
•fans  faveur,  d'une  légère  odeur  empyreumatique  > 
•  ne  changeant  point  la  couleur  du  lyrop  violât ,  ni 
celle  de  la  teinture  de  tournefol  ;  de  l'alkali  fixe 
verfé  dans  une  petite  portion  de  cette  liaueur ,  a 
occafionné  un  léger  précipité  terreux.  Il  réfulte 
de  cette  expérience,  que  le  peu  de  fubftajice  qui 

-  a  paffé  avec  l'eau  qui  a  diftillé ,  n'étoit  point  de 
l'acide  marin  pur ,  mais  du  fel  marin  à  bafe  ter- 
reufe en  nature ,  qui  a  été  enlevé  à  la  faveur  de 
l'eau  par  la  violence  du  feu.  Il  eft  refté  dans  la 

-  cornue  une  maiïe  à  demi-  fondue ,  d'une  couleur 
citrine  à  fa  furface ,  grife ,  blanchâtre  à  l'intérieur, 

.  qui  pefoit  deux  onces  deux  gros  dix-huit  grains  ; 
ce  qui  fait  cinquante-quatre  grains  de  perce.  En 
difloivant  cette  matière  dans  de  l'eau ,  j'ai  temar- 


)04  CH^H   lïPiRIMfENTALE 

3uc  quelle  sert  échauffée  àvpett-pcès  a  forante  & 
îx  degrés  ;  elle  exhalqfrt  une  odeur  empyteuma* 
tique.  J'ai  varié  cette  expérience  de  la  manière 
fuivance» 

J'ai  mêlé  deux  onces  de  Tel  marin  à  bafe  ter- 
reufe ,  fait  avec  de  la  chaux  ,  &  deux  onces  de 
ici  marin  très  pur  àbafed'aikali  minéral.  J'ai  fou* 
mis  ce  mélange  à  la  diftillation  :  il  a  pafle  neuf  gros 
de  liqueur  qui  avoit  une  légère  odeur  d'acide  ma- 
rin ,  laquelle  rougifloit  foiblemenc  les  couleurs 
bleues  de  la  teinture  du  tournefol  &  dufyrop  vio- 
lât. Cette liqueur  ne  faifoit  rien  avec l'alkali fixe; 
mais  elle  précipitoit  en  blanc  un  peu  de  mercure 
diflous  dans  de  l'acide  nitreux.  Il  eft  refté  dans  la 
cornue  une  malle  grife  blanchâtre  %  qui  s'eft 
échauffée  beaucoupen  la  diflblvant  dans  l'eau. 

J'ai  répété  ces  expériences  avec  de  l'huile  de 
chaux,  évaporée  au  même  point  (i),  qui  sert 
comportée  abfolumeat  de  la  même  manière. 

J'ai  expofé  à  l'aâion  du  feu ,  dans  des  creufets 
avec  le  concours  de  l'air ,  de  tous  les  fels  marins 
à  bafe  terreufe  dont  je  viens  de  parler  :  tous  ont 
perdu  beaucoup  pl*s  de  leur  acide ,  que  lorfqu'ils 
ctoienr  dans  des  vaifleaux  clos  j  mais  aucun  n'a 
été.  décompofé  complètement.  Quelque  degré 
de  force  que  l'on  ait  donné  au  feu ,  &  quoiqu'il 
ait  été  continué  pendant  plusieurs  heures ,  les 
tièdm  comeaoient  toujours  une  portion  de  fel 
marin  à  bafe  terreufe  non  d&oa&pofé ,  que  je  fé- 
parois  des  téfidus  par  folution  &  filtration. 

Je  peirfe  néanmoins  que^fi  l'on  expofoit  ces  fels 
à  un  feu  beaucoup  plus  fort  que  je  ne  l'ai  fait ,  tel 
- 

(t)  Voyex  fftdjedë  chaux:  c'cft  le  fel  marin  à  bafe  ter- 
reufe ,  qu'on  flpare  du  caput  mortuum  de  la  décompofîrion 
4»  fel  ammoniac  par  la  chaux. 

qu'un 


i 


fef      R  À  i  S  Ô  fc  K  E  E.  $ôj 

Çu*un  feu  de  verrerie ,  on  feroic  diflïper  eftticte* 
ment  L  acide  marin  ,  fur- roue  fi  l'on  etendoit  ce* 
Tels  fore  mince  ;  mais  il  réfuite  toujours  de  ce 
que  nous  venons  de  dire  ,  que  l  acide  marin  fy 
fixe  davantage  dans  les  terres  calcaires,  que  l'acida 
ôitreux. 

Seltharin  à  bafe  terreufe  avec  àe  la  glacé* 

On  ne  conhoît  bôiht  les  effets  dé  ce  fei  âVéti 
la  glace ,  ni  les  degrés  de  froid  qu'ils  produis 
foient  ;  mais  il  eft  à  préfumer  qu'ils  occalionnÊ* 
foient  beaucoup  de  froid» 

Acide  marin  &  Acide  yhrioliquià 

Lorfqu'on  mêle  de  l'acide  marin  avec  de  Pâ* 
cide  vitriolique  coheentrc  ,  il  fe  produit  de  la 
chaleur ,  pareeque  l'acide  marin  bien  concentré 
eft  toujours  fort  aqueux  ,  relativement  à  l'acidd 
Vitriolique  concentré.  On  ne  ponnoît  point  lei 
propriétés  de  ce  mélange. 

Acide  marin  avec  le  foufre. 

On  ne  connoît  point  Padtion  de  ces  fubf 
l'une  fur  l'autre ,  ni  ce  que  te  tnêlange  prodi 

Acide  marin  avec  le  foie  dt  foufre  terreux* 

L'acide  marin  5  comme  acide ,  décompofe  le 
foie  de  foufre  tefrreux  :  il  s'unit  à  la  terre  &  A  la 
matière  falihe  de  la  chaux ,  &  fait  précipiter  le 
foufre.  Ce  foufre ,  lavé  &  léché ,  Te  trouve  fem* 
blable  à  ce  qu'il  étoit  auparavant.  L'acide  marin 
fe  comporte  ,  à  cet  égard,  comme  les  antrèi 
acides. 

Tomel  Y 


fubftahéé» 
uirôit» 


306       Chymie  expérimentale 
Acide  marin  avec  le  gypfe. 

L'acide  marin  froid  n'a  aucune  aâion  fur  les 
îubftances  gypfeufes  :  lorfqu'il  eft  chaud ,  il  pro- 
cure à  l'eau  la  propriété  d'en  diftbudre  une  plus 
grande  quantité,  fans  que  cet  acide  fe  combine 
.avec  ces  fubftances.  On  obtient  par  fon  moyen 
des  cryftaux  de  félénite  ,  feulement  plus  gros  qu'a- 
vec de  l'eau  pure. 

J'ai  mis  dans  un  matras  huit  onces  d'eau  ,  & 
un  gros  &  demi  d'acide  marin  (i)  :  ce  mélange 
bouillant  a  diflbus  avec  effervefeenec,  vingt-quatre 
grains  de  gypfe  réduit  en  poudre  fine  :  l'eau  en 
c  toi  t  faturée  ;  mais  ayant  ajouté  une  pareille  quan- 
tité d'acide  marin ,  la  même  eau  a  diflbus  encore 
autant  de  gypfe.  L'albâtre  a  préfenté  les  mêmes 
phénomènes  avec  l'acide  marin. 

J'ai  mis  ces  diflblutions  dans  de  petits  fceaux 
de  verre ,  &  couverts  de  papier ,  pour  garantir 
les  liqueurs  de  la  poufliere  j  elles  ont  formé  des 
cryftaux  aiguillés  de  la  longueur  de  trois  ou  quatre 
lignes ,  &  d'une  belle  couleur  jaune  dorée.  Ces 
•cryftaux,  mis  égou tter  fur  du  papier  gris,  font  deve- 
nus très  blancs  Se  parfai  tement  neutres ,  &  n'ayant 
rien  retenu  de  l'acide  marin.  L'acide  vitùolique, 
verfé  fur  ces  cryftaux,  ne  dégageoit  aucunes  va- 
peurs d'efprit  de  fel. 

La  diffblution  de  ces  cryftaux  n'altéroit  point 
les  couleurs  bleues  du  fyrop  violât,  &de  la  tein- 
ture de  tournefol  :  ils  étoient  de  la  félénite  aufli 
pure  qu'avant  toutes  ces  opérations. 

(0  "Cet  acide  pcfc  une  once  60  grains  dans  une  boa* 
«cille  qui  contient  une  once  d'eau. 


ET     RÀtSONHÉE.  30^ 

Acide  matin  à  Acide  nier  eux. 
U*acide  marin  &  l'acide  nitreux  fe  mêlent  8c 


squns  onta-peu- 

Ïfvès  le  même  degré  de  volatilité.  Ce  mélange 
orme  un  acide  mixte  que  Ton  nomme  eau  régale  3 
«jui  a  des  propriétés  parriculieres  &  différentes  des 
deux  acides  pris  féparément.  Nous  aurons  occa- 
fion  de  faire  connoître  les  propriétés  de.  l'eau  ré^ 
gale  :  ainfi  nous  ne  dirons  rien  de  plus,  quant  k 
préfent,  fur  ces  propriétés,ni  fur  les  dbfés  des  deux 
acides ,  qu'on  fait  varier  fuivant  Yuùve  qu'on  eh 
veut  faire.  Le  nom  d'eau  régale  a  étc  donné  à  ce 
mélange ,  à  caufe  de  la  propriété  qu'il  a  de  diC- 
"foudre  1  or  que  les  Aknymiftes  ont  nommé  lo 
Roi  des  métaux. 

Sur  t  Acide  végétal. 

Entre  les  différents  acides  que  fournit  le  règne 
végétal,  nous  ne  nous  propofons  d'exajniner, 
quant  à  préfent ,  que  celui  que  Ton  nomme  vi- 
naigre :  il  eftproduitpar  la  fermentation  acéteufe. 
Nous  fuppofons  cet  acide  pur ,  comme  fi  la  Na- 
ture le  rourniflbit  ainfi,  de  même  que  nous  l'a- 
yons fait  à  l'égard  des  acides  minéraux.  On  dif- 
tille  cet  acide  pour  le  débarrafter  des  matières  co- 
lorantes &  extra&ives.  Nous  dirons ,  en  fon  lieu , 
comment  cet  acide  eft  produit ,  de  comment  on 
le  diftille  :  nous  le  fuppofons  ici  tout  diftillé. 

Le  vinaigre  diftillé  eft  blanc ,  fans  couleur. 

Il  a  une  odeur  &  une  faveur  acide  agréable. 
;   11  eft  prefque  auffi  pefant  que  de  l'eau. 

Il  eft  conftammenr  fous  une  forme  liquide  1 

Vij 


?o8  ChYMIE    EXrklMENTALE 

du  moins  jofqu  a  préfent ,  a-t-il  été  impoffible  de 
lavoir  fous  une  forme  concrette. 

Il  rougit  les  couleurs  bleues  des  végétaux* 
comme  les  acides  minéraux. 

Vinaigre  expofé  au  feu* 

Le  vinaigre  déjà  diftilié ,  fournis  de  nouveau  2 
la  diftillation ,  foie  dans  une  cornue ,  foie  dans 
un  alambic  de  verre,  fouffre  une  forte  de  con- 
centration, bien  légère  à  la  vérité  :  ce  qui  paiïe  au 
commencement  eft  plus  aqueux  que  ce  qui  dif- 
tillé fur  la  fin.  Il  refte  toujours  au  fond  du  vaif- 
feau  un  peu  de  matière  extradive ,  ou  qui  a 
monté  dans  la  première  diftillation ,  ou  qui  pro- 
vient d'une  portion  de  vinaigre  qui  a  été  décom- 
pose pendant  cette  dernière  opération.  Cet  acide 
eft  infiniment  plus  volatil  que  les  acides  miné* 
raux. 


Vinaigre  expofé  à  Pair. 


Ce 


:et  acide  eft  tellement  aqueux»  qu'au  lieu 
d'attirer  l'humidité  de  l'air ,  comme  le  font  les 
acides  minéraux ,  il  s'évapore  en  entier ,  &  ne 
laifle  qu'une  tache  de  matière  extra&ive ,  comme 
lorfqu  on  le  foumet  à  la  diftillation. 

Vinaigre  concentré  à  la  gelée. 

Mais  lorfqu'on  expofe  le  vinaigre  à  un  froid 
de  plufieurs  degrés  au-deflbus  du  terme  de  la 
congélation ,  l'eau  fe  gelé,  mais  non  la  partie  aci- 
de :  on  fépare  la  glace  qui  s'eft  formée  :  on  la  met 
égoutter  lur  un  tamis  toujours  au  même  degré  de 
froid  :  on  la  jette  comme  inutile.  Cette  première 
glace  ne  fe  trouve  être  que  de  l'eau  ;  du  moins 
elle  contient  une  fi  petite  quantité  d acide,  quelle 


ET     &  A  I  S  O  H  N  É  B.  309 

|ie  mérite  aucune  attention.  On  expofe  de  nou- 
veau le  même  vinaigre  à  un  plus  grand  froid  :  la 
partie  aqueufe  fe  gelé  encore  :  on  fépare  de 
même  la  glace  j  mais  on  la  met  à  part ,  parce- 
qu'elle  retient  dans  fes  interftices  une  certaine 
quantité  de  vinaigre  qu'il  eft  bon  de  ne  pas  per- 
dre. On  continue  d'expofer  ainfi  de  fuite  le  même 
vinaigre  à  de  plus  grands  froids,  jufqu'àce  qu'il 
refufe  de  fe  geler  davantage  :  il  refte  enfin  un  vi- 
naigre très  acide  &  très  tort  :  c'eft  ce  que  1  on 
nomme  vinaigre  concentré  à  la  gelée» 

Remarques. 

Cent  pintes  de  vinaigre  diftillé  qu'on  expofe. 
<  ainfi  au  froid ,  rendent  environ  quatre  ou  cinq 
pintes  d'acide  végétal  très  fort ,  après  avoir  éprou* 
vé  un  froid  naturel  de  dix  degrés  au-deflbus  du 
terme  de  la  congélation.  Néanmoins  cette  quan- 
tité peut  varier  ;  cela  dépend  du  degré  d'acidité 
où  étoit  le  vinaigre  avant  qu'on  le  fournît  au 
froid ,  &  du  degré  de  froid  qu'il  a  fait  pendant 
la  congélation. 

Lorfqu'on  expofe  une  première  fois  le  vinaigre 
à  un  grand  froid ,  il  s'en  gelé  une  trop  grande 


vinaigre  dans  des  cruches  bouchées  d*ûn  papier, 
afin  qu'il  fe  faiTe  moins  de  perte.  Lorfque  le  vi- 
naigre eft  expofe  à  l'aéfcion  du  froid  dans  des  ter- 
rines de  grès ,  &  qu'il  préfente  beaucoup  de  fur- 
face  à  l'air  f  il  fe  gelé  un  peu  mieux  à  la  vérité, 
mais  il  s'en  évapore  beaucoup  par  l'âpreté  du 
froid  :  c'eft  ordinairement  le  plus  fubtil  &  le  plus 
fpiritueux  qui  fe  dilfipe. 

Viîj 


JIO  ChYMII   ZXPiniMlKTÀLE 

Le  vinaigre  fe  concentre  très  bien  par  ce  pro- 
cédé. La  partie  acide  fe  trouve  raffemblée  fous 
un  plus  petit  volume.  Le  vinaigre',  parvenu  à  ce 
point  de  concentration ,  a  plus  a  aâion  que  le  vi- 
naigre feulement  diftillé  :  il  agit,  dans  plufîeurs 
occasions ,  d'une  manière  fourde ,  comme  l'acide 
marin.  On  connoît  fort  peu  les  propriétés  de  ce 
vinaigre  ainfi  concentré.  On  peut  1  obtenir  en- 
core plus  concentré,  en  expofantce  même  vinai- 
gre à  un  froid  artificiel ,  plus  grand  que  le  naturel 
qu'il  a  éprouvé. 

Vinaigre  avec  de  tcau. 

Cet  acide  fe  mêle  très  bien  avec  l'eau  fans  pro- 
duire ni  froid ,  ni  chaleur ,  ni  effervefeence  :  ce 
qui  n'a  rien  de  furprenant,  puifque  cet  acide  eft 
fort  aqueux.  On  peut  enfuite  lui  enlever ,  par  le 
moyen  de  la  congélation ,  l'eau  qu'on  lui  a  ajou- 
tée ,  comme  nous  venons  de  le  aire. 

Vinaigre  mêlé avec  de  Ja  glace. 

Deux  gros  de  vinaigre  diftillé ,  avec  demi- 
once  de  glace  pilée ,  ont  produit  un  degré  de 
froid ,  la  température  étant  à  fept  degrés  au-def- 
fous  de  la  glace. 

Le  vinaigre  concentré  à  la  gelée ,  employé  à 
la  même  dole ,  &  avec  la  même  quantité  de  glace» 
a  fait  baitfer  la  liqueur  du  thermomètre  dey  qua- 
tre degrés.      N 

Vinaigre  avec  de  la  terre  vitrijuzblc. 

Le  vinaigre  n  a  aucune  aâion  fur  les  terres  vi- 
trifiables  ,  quelque  divifées  qu'elles  foient  par 
les  moyens  wéenaniques.  Nous  verrons ,  par  la 

Viv 


ET     RAISONNÉ  E.  3  I  f 

fuite  ,  que ,  iorfque  cette  terre  eft  même  divifée 
chymiquement ,  le  vinaigre  n'a  encore  que  très 
peu  d'a&ion  fur  elle. 

Vinaigre  avec  les  matières  combufiibles. 

Le  vinaigre  n'a  pas  fur  les  matières  combufti- 
blés  l'aâion  des  acides  minéraux.  Il  agit  d'une 
manière  plus  douce ,  à-peu-près  comme  le  fait 
Veau  y  jparcequ'ii  eft  fort  aqueux.  On  s'en  fert 
dans  plufieurs  occafions ,  comme  menftrue,  pour 
extraire  ou  pour  diflbudre  certaines  fubftances 
qu'il  peut  attaquer.  Nous  aurons  occasion  d'en 
parler  dans  le  cours  de  nos  expériences. 

Vinaigre  avec  le  phlogijlique. 

Le  vinaigre  n'a  aucune  difpofition  pour  s'unir 
avec  le  phlogiftique  :  cela  vient  de  ce  que  cet 
acide  eft  fort  aqueux.  Peut-être  que  fi  l'on  par- 
venoit  à  le  concentrer  au  même  degré  où  font  or- 
dinairement les  acides  minéraux  3  on  parviendrait 
à  produire  une  forte  de  foufre ,  comme  on  le  fait 
avec  les  autres  acides. 

Vinaigre  avec  la  matière  kuileufe. 

Le  vinaigre  paraît  ji'avoir  pas  plus  d'a&ioh  fur 
les  matières  huileufes,  qtie  de  l'eau  pure  \  mais  on. 
ne  fait  quelle  ferait  fon  a&ion  fur  ces  fabûances> 
s'il  étoit  bien  concentré» 

Vinaigre  dijlitléavec  les  terres  calcaires. 

Le  vinaigre  diflbut  toutes  les  terres  calcaires 
avec  efFervefcence  :  il  s'en  charge  jufqù'au  point 
de  faturation  ,  &  il  forme  avec  elles  des  fets  qui 
fe  cryftallifent  y  Se  qui  n'attirent  point  l'humidité 


Jtl  ChYMII    EXPÉRIMENTAL! 

de  l'air.  Ces  fels  portent  le  nom  général  de  fit 
çLcéttux  terreuse ,  &  en  particulier  celui  de  l'efpece 
de  terre  que  Ton  a  employée  ;  comme  fel  de  craiç^ 
4*  marbre  blanc >  <Tyeux  <FécrevijJesy  de  corail*  &c. 
On  met  dans,  un  matras  du  marbre  blanc  en 
poudre  ;  on  verfe  par-defTus  du  vinaigre  diftillé  : 
il  fe  fait  aufli-tôt  une  effervefeence  :  lorfqu*elle  eft 
un  peu  appaifée ,  on  place  le  vaifleau  fur  un  bain 
de  fable  chaud ,  pour  accélérer  la  difïbiution, 
Lorfque  le  vinaigre  ceffè  d'agir,  &  qu'il  eft  fu- 
ture ,  on  filtre  la  liqueur ,  &  on  la  garde  dans 
une  bouteille.  Cette  difïbiution  eft  a  une  légère 
couleur  ambrée.    J'ai  fait  diflbudre   plufieurç 

Îierres  &  terres  calcaires  dans  le  vinaigre  diftillé. 
e  vais  rendre  compte  des  phénomènes  quelles 
ont  préfentés. 

De  la  craie  de  Champagne,  diflbute  dans  cet 
ftçide ,  a  formé  une  diflblution  femblable  à  la  pré* 
çç dente ,  &  qui  avoit  la  même  couleur. 

Du  moellon  d'Arcueil  a  formé  une  difïbiution 
plus  ambrée  que  les  précédentes ,  pafçeqçe  cette 
pierre  contient  un  peu  plus  de  fer. 

Du  fpath  calcaire  s'eft  diflous  plus  prompte* 
Itient  dans  cet  acide,  que  les  matières  précédentes, 
La  diflolution ,  ayant  d'être  faturée,  étoit  citrine, 
à  raifon  du  fer  que  cette  pierre  contient  j  mais 
lorfqu  elle  a  été  faturée  complètement ,  elle  a, 
dépofé  un  peu  d'pchre.  La  liqueur  n'avoit  qu'une 
légère  couleur  ambrée. 

Des  ftala&ites  calcaires  d'Arcueil  fe  (ont  dif- 
foutes  avec  les  mêmes  phénomènes.  Cette  dit* 
folutlon ,  bien  faturée ,  étoit  prefque  fans  cou- 
leur, ; 

Des  coquilles  d  oeufs  fç  font  très  bien  diffbutes, 
ï^a  dilTolution  n'avoit  aucune  couleur. 

I*  çtow*  éteinte  à  l'air,  s'çft  difloutç  wgq 


ÏT      RAISONNÉ  I.  Jlf 

4 ve  effervefcence.  Le  vinaigre  s'en  eft  faturé  fans 
e  fecours  de  la  chaleur.  Cette  diflolution  écoit 
l'une  légère  couleur  ambrée. 
.  ^  Les  pellicules  ou  crème  de  chaux  fe  font  très 
bien  diflbutes  dans  cet  acide.  Cette  diflolution 
n'avoit  prefque  point  de  couleur. 

^  Six  gros  de  vinaigre  diftillé  ont  été  faturés  par 
vingt  onces  d'eau  de  chaux.  Le  mélange  s'eft  taie 
fans  efFervefcence  fenfible.  La  liqueur  étoit  fans 
couleur. 

Toutes  ces  diflblutions ,  bien  faturées ,  ont  la 
même  faveur  :  elle  eft  amere ,  acerbe  &  un  peu 
mordicante.  La  faveur  de  la  diflolution  de  chaux 
étoit  moins  forte ,  &  la  liqueur  de  la  faturation 
de  l'eau  de  chaux  étoit  encore  plus  foible.  Sa  fa- 
veur approchoit  beaucoup  de  celle  d<?  l'eau  crue 
des  puits  de  Paris. 

Au  bout  de  quatre  mois,  il  s'eft  formé  à  la  fur-t 
face  de  ces  diflblutions  une  moififlure  fans  odeur 
de  putréfaction  ,  à  l'exception  cependant  de  la 
diflolution  de  pellicules  de  chaux  ,  qui  ne  s'eft 
point  moifie.  Elles  ont  toutes  perdu  confidéra- 
olement  de  leur  faveur  piquante. 

Lorfque  ces  diflblutions  font  nouvellement 
faites ,  elles  font  prendre  au  fyrop  violât  &  à  la 
ceinture  de  tournefol  une  couleur  purpurine  qui 
pafle  à  la  couleur  de  feuille  morte  y  mais  lors- 
qu'elles ont  été  expofées  à  l'air ,  feulement  trois 
ou  quatre  jours ,  elles  n'altèrent  plus  les  couleurs 
de  ces  végétaux. 

J'amibuç  cet  effet  à  ce  que  j'ai  remarqué  pen-* 
dant  la  faturation  du  vinaigre  avec  les  terres  cal- 
caires. Il  fe  dégage  une  vapeur  acide  très  vola- 
tile ,  comparable  pour  la  force  à  l'acide  fulf  ureux 
volatil ,  &  qu'on  pourroit  nommer  acide  fulfureux 
végétai  Cette  vapeu*  eft  un  peu  adhérente  à  la 


JI4         ChYMIÏ   SZPiRtMEKTAIB 

liqueur ,  fans  être  combinée.  Lorfque  les  di/Tcn 
Jutions  font  nouvelles ,  elles  font  imprégnées  de 
cet  acide  fubtil  :  il  agit  fur  les  couleurs  bleues 
des  végétaux ,  comme  l'acide  vitriolique  fulfii- 
teux  :  il  les  rougit  d'abord  >  &  les  fait  paffer  à  la 
couleur  de  feuilles  mortes.  Lorfqu  on  expofe  ces 
diflblutions  à  l'air  libre  ,  cet  acide  volatil  fe  dit- 
fipe  entièrement. 

Aucune  terre  calcaire  ne  décompofe  ces  diflb- 
lutions, &  n'en  fait  point  précipiter  la  terre. 

L'eau  de  chaux  ne  précipite  que  des  atomes  de 
matière  terreufe  de  toutes  ces  diflblutions. 

L'acide  vitriolique  pourroit  bien  décompofer 
.  tous  ces  fels  acéteux  terreux. 

Je  n'ai  point  eflàyé  ce  que  feroient  les  acides 
nitieux  &  marins  fur  ces  diflblutions. 

Cryftallifation  des  fels  acéteux ,  terreux-calcaires. 

J'ai  diftribué  féparément  dans  des  féaux  de 
verre ,  des  portions  de  toutes  ces  diflblutions  de 
terres  calcaires ,  faites  par  le  vinaisre  diftillé.  Je 
les  ai  recouvertes  d'un  papier  pour  Tes  garantir  de 
la  poulfiere  :  elles  ont  toutes  fourni  des  cryftaux 
par  une  évaporation  fpôntanée  :  ces  cryftaux ,  qui 
font  de  la  plus  grande  beauté ,  font  fort  fujets  à 
-grimper  le  long  des  parois  des  vaifleaux.  Lorf- 
que la  liqueur  dans  laquelle  ils  fe  forment ,  eft 
peu  évaporée ,  ils  reflemblent  en  quelque  forte  à 
des  épis  de  feigle.  Lorfqu'au  contraire  on  laifle 
évaporer  la  liqueur  i  l'air  libre ,  la  furface  du  fel 
eft  hériflee  de  grumeaux  femblables  à  des  choux- 
fleurs  ,  fofcs  lefquels  on  trouve  des  cryftaux  eiî 
épis ,  qui  font  toujours  foyeux  &  moirés.     " 

J'ai  mis  en  diftillation  dans  une  cornue  de 
verre  huit  onces  de  fel  ac^teux-calcaire ,  fait  avec 


1T     RAlSOMKil,  315 

ides  coquilles  d'oeufs.  Il  a  paffé ,  en  vapeurs  blan- 
ches ,  deux  onces  fept  gros  de  liqueur  rouflè  rrès 
fpiritueufe,  très  inflammable,  &  ayant  l'odeur 
de  l'éthèr  végétal  ,  mais  empyreumatique. 

Il  eft  refté  dans  la  cornue  une  matière  terreufe 
noire,  légère  &  charbonneufe ,  pefant  quatre 
onces  trois  gros.  11  s'eft  fait  fix  gros  de  perte  pen- 
dant la  diftillation. 

J'ai  mis  la  liqueur  en  rectification  dans  une 
petite  cornue  au  feu  de  lampe  avec  un  feul  lumi- 
gnon :  il  a  pa(Té  d'abord  une  once  de  liqueur  très 
ipiritueufe ,  inflammable  ,  d'une  légère  couleur 
ambrée^,  &  que  j'ai  féparée  :  il  a  paflc  enfuite  une 
liqueur  blanchâtre  laiteufe  ,  fur  laquelle  on  re- . 
maxquoit  quelques  gouttes  d'huile  aflez  blanche. 
Il  eft  refté  dans  la  cornue  une  once  deux  gros  de 
liqueur  roufle ,  fur  laquelle  nageoit  environ  ,un 
gros  d'huile  noire ,  épaiffè  comme  de  la  térében- 
thine. 

Toutes  ces  liqueurs  roueiflbient  la  teinture  de 
tournefol.  La  première  blanchiflbit  avec  l'eau. 
Nous  verrons,  en  fon  lieu,  que  Talkali  fixe, 
traité  de  même  avec  du  vinaigre  diftillé ,  donne 
des  produits  abfolument  contraires. 

Sel ace'teux-calcaire  avec  de  la  glace. 

On  ne  connoît  point  les  effets  que  produirait 
se  fel  avec  de  la  glace. 

Sel  acéteux-calcaire  avec  dufoufre. 

On  ignore  également  le»  effets  de  ce  £el  fur  U 

foufre. 

Vïnaigre  &  acide  yitrlolique  difiillcs  enfemble. 
J'ai  mêlé  enfemble  >  dans  une  cornue  de  verre, 


$16  ChyMII   IXPiRIMENTALl 

deux  livres  d'acide  vitriolique  concentré  ,  &  au- 
tant de  vinaigre  rouge  ordinaire.  Ces  liqueurs  fe 
font  échauffées  à-peu  près  autant  que  de  l'eau 
qu  on  mêle  avec  de  l'acide  vitriolique  dans  les 
mêmes  proportions.  Pendant  ce  mélange,  il  s'eft 
élevé  des  vapeurs  blanches  qui  avoient  une  odeur 
fuave  de  vinaigre.  J'ai  fournis  ce  mélange  à  la 
diftillation  au  bain  de  fable  que  j'avois  chauffé 
auparavant.  Lorfqu'il  v  a  eu  une  certaine  quan- 
tité de  liqueur  de  diftillée ,  le  mélange  de  la  cor- 
nue s'eft  raréfié  :  il  a  paflTé  beaucoup  de  vapeurs 
blanches ,  mais  point  étaftiques.  J'ai  déluté  le 
ballon  :  j'ai  obtenu  quinze  onces  fix  gros  de  li- 
queur acide  ,  ayant  une  odeur  très  agréable , 
étant  légèrement  fulfiireufe  &  non  emppreumaà~ 
que  j  ce  à  quoi  le  vinaigre'eft  ordinairement  fujet 
lorfqu'on  le  diftille  feul. 

J'ai  adapté  un  autre  ballon  à  la  cornue ,  &  j'ai 
continué  la  distillation  pour  tirer  encore  feize 
onces  de  liqueur.  La  matière  fe  gonfloit  avec  la 
plus  grande  facilité;  ce  qui  obligeoit  de  ménager 
le  feu  avec  beaucoup  de  loin.  La  liqueur  a  enfin 
ceûTé  de  fe  raréfier  :  il  s'eft  dégagé  beaucoup  de 
vapeurs  blanches  qui  fe  condenfoient  difficile- 
ment. La  liqueur  qui  a  diftille  étoitfans  couleur; 
binais  elle  avoit  une  forte  odeur  d'acide  fulfureux 
volatil  :  elle  avoit  auflî  une  faveur  infiniment 
plus  acide  que  la  première  liqueur  :  on  remar- 
quoit  à  fa  furface  une  pellicule  grafle  y  qui  a  dif- 
paru  dans  l'efpace  de  quelques  jours,  Il  eftreftc 
dans  la  cornue  une  livre  treize  onces  d'acide  vi- 
triolique noir,  femblable  au  réfidu  de l'éthèr  vi- 
triolique. 

Vinaigre  &  acide  nitreux* 
On  peut  préfumer  que  L'acide  nitreux ,  qui  a 


ET     MAISONNÉE.  \lj 

beaucoup  d'aâion  fur  les  matières  inflammables, 
procureroit  au  vinaigre  des  changements  d'une 
nature  différente  de  ceux  de  l'acide  vitriolique , 
Se  relatifs  à  fa  manière  d'agir  fur  ces  fubftances. 
Mais  il  n'y  a  aucune  obfervation  de  faite  fur  cette 
combinaifon. 

Vinaigra  &  acide  marin* 

Il  en  eft  de  même  de  l'acide  marin.  On  necon- 
noît  nullement  fes  effets  fur  le  vinaigrée 

Vinaigre  avec  le  foufre. 

Les  effets  &  l'aftion  du  vinaigre ,  pris  dans  dif^ 
férencs  états ,  fur  le  foufre  ,  font  pareillement 
ignorés. 

Vinaigre  avec  le  foie  de  foufre  terreux. 

Le  vinaigre  décompofe  le  foie  de  foufre  ter- 
reux ,  comme  le  font  les  acides  minéraux  :  il  s'u- 
nit à  la  terre  &  à  la  matière  faiine  de  la  chaux  , 
en  faifant  précipiter  le  foufre. 

Vinaigre  &gypfe. 

Le  vinaigre  diftillé  &  bouillant  ne  diflbutpas 
mieux  ni  en  plus  grande  quantité  le  gypfe  &  les 
fubftances  gypfeules,  que  ne  le  fait  l'eau  pure  & 
bouillante. 

Sur  Valkali  fixe  végétal. 

L'alkali  fixe  eft  une  fubftance  faiine  qu'on  fé- 
pare  des  cendres  des  végétaux.  Nous  le  luppofe- 
rons  ici  tout  purifié ,  comme  fi  la  Nature  le  pro- 
duisit ainfi.  Nous  parlerons  par  la  fuite  des 
moyens  qu'on  emploie  pour  fe  le  procurer. 

Les  Chymifteç  ont  fouvent  agité  cette  quef- 


3  1 8  CHYMfE    BXîilUMENTÀll 

tion:La  Nature  produit-elle  cette  fubftance  fa- 
Une ,  ou  cette  fubftance  eft-elle  un  produit  du 
feu  ?  Nous  avons  déjà  dit  notre  fentiment  fur  cet 
objet ,  en  examinant  les  matières  falines  en  gé- 
néral ;  &  nous  répétons  ici  que  la  Nature  forme 
l'alkali  fixe  dire&ement  par  la  voie  humide  &  par 
la  voie  feche ,  fuivant  les  circonftances  :  mais  il 
paroît  que  la  plus  grande  quantité  de  ce  quiexifte 
dans  la  Nature ,  fe  produit  journellement  par  la 
voie  humide. 

Il  eft  à  préfumer  que  l'alkali  fixe  eft  compofé 
des  mêmes  fubftances  que  les  acides  ,  mais  diffé- 
remment arrangées ,  &  dans  des  proportions  di- 
verfes.  Les  propriétés  que  nous  reconnoîtrons 
à  ce  fel  nous  font  préfumer  que  le  principe  du 
feu ,  qui  eft  de  l'eflence  de  cette  fuoftance  fa- 
line ,  n'eft  pas  auflî  pur  que  dans  les  acides  mi- 
néraux :  c'elt  vraifemolablement  la  caufe  pour  la- 
quelle l'alkali  a  moins  d'adtion  far  les  matières 
inflammables.  Le  principe  terreux  réfide  en  plus 
grande  quantité  dans  ce  fel ,  que  dans  les  acides. 
C'eft  encore  pour  cette  raifon  qu'il  eft  moins  pro- 
pre à  fe  combiner  avec  les  corps  inflammables.  Il 
a  avec  l'eau  une  moindre  affinité  que  n'en  ont  les 
*  acides  ;  mats  il  en  a  beaucoup  avec  la  terre  par  la 
voie  feche  :  il  contra&e  avec  elle  des  combinai- 
fons  très  fortes  &  très  incimes.  Nous  reconnoî-. 
trons  mieux  toutes  ces  propriétés  de  l'alkali  dans 
le  détail  des  opérations. 

L'alkali  fi*e  eft  fous  une  forme  feche }  ce  qui 
indique  d'abord  qu'il  entre  dans  fa  compofîtion 
une  plus  grande  quantité  de  terre,  que  dans  celle 
des  acides. 

Il  eft  d'un  blanc  mat,  de  ri  atfe&e  aucune  figure 
particulière. 

Il  eft  fans  odeur  lorfqu'il  eft  parfaitement  pur, 


IT      RAISONNÉ  E.  319 

11  a  une  faveur  acre ,  cauftique  &  brûlante ,  & 
développe  dans  la  bouche  une  odeur  urineufe. 
Cette  propriété  cauftique ,  qui  eft  femblable  i 
celle  du  feu ,  nous  indique  que  l'alkali  contient 
une  certaine  quantité  de  feu  pur  ou  prefque  pur  > 
qui  lui  eft  uni ,  comme  il  l'eft  dans  les  acides , 
puifque  l'alkali  agit  comme  eux  fur  les  matières 
animales.  L'odeur  urineufe  qu'il  dé  veloppe,  vient 
encore  de  fa  grande  a&ion  fur  la  fubftance  de  la 
langue  :  il  agit  en  la  détruifant ,  &  en  dégage  une 
fubftance  qui  eft  de  l'alkali  volatil ,  comme  nous 
le  dirons  en  fon  lieu. 

L'alkali  fixe  verdit  les  couleurs  bleues  desvé  ~ 
gétaux ,  tels  que  le  fyrop  violât,  &x. 

Alkalifixc  expofé  au  feu. 

L'alkali  fixe  a  beaucoup  plus  de  fixité  au  feu,  oue 
tous  les  acides  :  il  eft  en  état  de  fupporter  la  plus 
etande  violence  du  feu  dans  des  vaifTeaux  clos  , 
uns  s'élever  :  mais  lorfqu  il  a  communication 
avec  l'air ,  &  qu'il  éprouve  l'aâion  immédiate  du 
feu,  £pn  phlogiftiaue  entre  véritablement  en 
combuftion  :  alors  l'alkali  fe  diftipe  en  vapeurs 
blanches  nés  épaiiTes,  qui  affedent  finguliére- 
ment  le  cerveau  :  il  fe  réduit  encore  plus  prompte* 
ment  en  vapeurs  lorfqu'il  a  en  même  temps  uç 
contaû  immédiat  avec  le  phlogiftique  embraie  : 
il  n'entre  en  fufion  qu'après  avoir  rougi. 

On  met  dans  un  eveufet  la  quantité  que  l'on 
veut  d'alkali  fixe  :  on  le  place  dans  un  fourneau 
entre  des  charbons  ardents  :  on  couvre  le  creufet 
avec  un  couvercle  de  terre ,  pour  empêcher  les 
charbons  d'y  entrer.  Lorfque  le  fel  eft  fondu ,  on 
le  verfe  dans  un  mortier  de  fer  un  peu  échauffé  : 
il  coule  comme  une  liqueur  :  il  forme,  après  qu'il 


2 


£*•  CHYMIE   IXpklMENTÀLÉ 

eft  refroidi,  une  mafle  blanche  verdâtre  très  dure  s 
on  lepulvérife  &  on  l'enfenhe  pendant  qu'il  eft 
chaud,  dans  une  bouteille  qu'on  bouche  bien. 

La  couleur  verdâtre  que  l'alkali  prend  dans 
cette  occafion  ,  vient  d'une  portion  de  phlogifti* 
que  qui  s'eft  développée  pendant  lafufion.  Lotf- 
ju  il  eft  fondu ,  il  exhale  une  fumée  blanche  :  il 
e  diflïperoit  entièrement  fi  on  le  laifToit  trop 
long-temps  au  feu.  11  eft  de  la  plus  grande  im- 
portance de  prendre  garde  que  le  mortier  foit 
bien  fec  lorfqu'on  coule  ce  fel  :  s'il  contenoit  la 
moindre  humidité ,  elle  feroitfubitement réduite 
en  vapeurs  très  dilatées ,  &  occasionnerait  une 
explofion  des  plus  bruyantes ,  en  jettant  au  loin 
le  fel  fondu.  Cette  remarque  eft  géhérakqroc 
toutes  les  matières  en  fufion.  On  doit  avoir  la  plus 
grande  attention  de  ne  jamais  les  couler  dans  des 
vaifleaux  humides. 

En  examinant  les  propriétés  du  principe  ter- 
reux, nou4  avons  vu  qu'il  étoit  abfolument  fixe* 
Comme  cette  matière  faline  a  beaucoup  plus  de 
fixité  que  les  acides ,  nous  pouvons  conclure  en 
toute  fureté  ,  qu'elle  contient  beaucoup  plus  de 
principe  terreux  que  les  acides» 

Alkalifixe  expofé  à  Pair. 

L'alkali  fixe  fe  charge  puiffamment  de  l'humi- 
dité de  l'air,  &  fe  refout  en  liqueur*  Comme 
l'alkali  fixe  le  plus  pur  fe  tire  du  tartre ,  on  le 
nomme  ,  lorfqu'il  eft  ainfi  réfous  en  liqueur , 
huile  de  tartre  par  défaillance ,  &  alkali  tombé 
en  deliquium.  Ce  nom  d'huile  eft  impropre.  L'al- 
kali fixe  n'a  rien  d'huileux.  On  ne  lui  a  donné 
ce  nom,  qu'à  caufede  fa  confiftance  qui  approche 
un  peu  de  celle  de  l'huile  fluide.  Pour  le  prépa- 
rer ainfi  : 

On 


*t  îlàî  s  ô* .ni  ti  .  jit 
-On  met  du  fel  alkali  dans  des  vafes  de  grès 
43u  de  verre ,  larges  &  plats  i  on  les  expofe  a  la 
cave ,  ou  dans  tout  autre  endroit  humide  :  lorf- 
que ce  fel  eft  réfous  en  liqueur,  on  le  filtre  ,  ÔC 
on  le  conferve  dans  des  bouteilles  qu'on  bouche 
avec  des  bouchons  de  liège ,  ou  encore  mieux 
avec  des  bouchons  de  verre. 

Ce  ilrtoyen  de  préparer  l'huile  de  tartre  a  des 
inconvénients,  à  caufe  delapoufliere  qu'elle  ra- 
mafle  :  elle  fe  charge  auffi  des  fubftances  réduites 
en  vapeurs  dans  l'air,  qui  altèrent  fa  pureté.  Il 
Vaut  mieux  la  préparer  de  la  manière  fuivante. 

Alkali  fixe  mile  avec  de  Veau. 

On  met  dans  Une  terrine  de  grès  de  l'alkali 
fixe  defleché  s  on  verfe  par-defTus  environ  fon 
poids  égal  d'eau  :  on  agite  le  mélange  avec  une 
fpatuie  :  il  fe  produit  une  chaleur  de  foixante  de- 

£és  lorfque  l'alkali  eft  bien  fec  :  elle  eft  moindre 
rfqu'il  n'a  pas  été  bien  defleché.  Lorfque  l'ai* 
kali  eft  entièrement  difTous,  on  filtre  la  liqueur, 
&  on  la  conferve  dans  une  bouteille.  Dans  cet 
état,  il  eft  fans  couleur  &  fans  odeur ,  lorfqu'on 
a  fait  choix  d'un  alkali  bien  pur  \  mais  il  a  tou<» 
jours  une  faveur  acre ,  cauftique  &  brûlante*   , 

Remarques. 

L'alkali  fixe  Contient  de  la  terre  pat  fiirabort- 
dance  :  celle  qui  conftituô  fon  efTence  ne  lui  eft 
pas  unie  aiiffi  intimement  qu'elle  l'eft  daris  le$ 
acides  ;  du  moins  On  en  féparc ,  facilement  Se 
ptomptement,  une  certaine  quantité  :  il  fuffit  de 
taire  diflbudte  dans  de  l'eau  &  de  faire  delîé- 
cher  plufieurs  fois  de  fuite  le  même  alkali  fixe  : 
on  en  fépare  chaque  fois  une  quantité  fort  confï- 
Tome  1.  X 


dérable  de  terre  blanche ,  fans  que  Palkali  perde 
les  propriétés.  J'ai  gardé  nombre  de  fois ,  dans  des 
flacons  bouchés  de  cryftal ,  de  l'alkali  fixe  très 
pur  en  liqueur  :  il  a  toujours  dépofé  une  plus  ou 
tiioins  grande  quantité  de  terre  blanche.  Jepenfe 

3ue  cet  effet  vient ,  dans  l'un&  dans  l'autre  cas, 
'une  véritable  décornpofirion  de  l'alkali ,  Se  de 
ce  que  fes  principes  ïpnt  bien  moins  unis  entre 
eux  que  dans  les  acides.  Je  penfe  auffi  que  ces 
phénomènes  viennent  de  ce  que  la  portion  de  feu 
prefque  pur ,  auquel  il  doit  fes  propriétés  falines, 
fe  dilfipe ,  &  qu'il  fe  fépare  de  la  terre  dans  la 
même  proportion,  :  il  peut  fe  décompofer,  en 
grande  partie ,  par  ces  moyens  fimples ,  &  acqué- 
rir même  plus  de  caufticité ,  fur  «tout  en  ne  le 
faifant  point  calciner  à  chaque  deflîccaâon ,  afin 
de  ne  point  détruire  la  matière  phloeiftique  donc 
il  abonde ,  Se  qui  ferc  à  mieux  fixer  les  parties  de 
feu.  Si  au  contraire  on  le  calcine  chaque  fois 
qu'on  Je  fait  deffécher,  on  brûle  la  matière  phlo- 
giftique  qui  s'étoit  concentrée  dans  les  defilcca- 
tions  précédentes,  Se  on  occafionne  la  fépara^ 
tion  d'une  plus  grande  quantité  de  terre  :  la  por- 
tion de  terre  qui  fe  fépare ,  eft  proportionnée  à  la 
2uanxité  de  feu  principe  de  l'alkali  qu'on  a  fait 
iffîper ,  pareequ'il  y  a  réellement  une  partie  de 
ce  fel  qui  eft  décompofée  complettement  :  il  eft 
facile  de  s'en  appercevoir  par  le  poids  de  l'alkali 
reftant ,  qui  eft  moindre  qu'auparavant  :  ce  fel  fe 
trouve  dans  le  même  état  qu'il  étoit  avant  ces 
opérations  :  on  peut  le  décompofer  fucceflive- 
ment ',  Se  même  afTez  promptement,  en  faifant 
diffiper  le  feu  &  l'air  qui  lui  fervoient  de  princi- 
pes conftituants  :  à  la  fin  dé  ces  opérations,  on  re- 
cueille à  part  l'eau  &  la  terre  qui  font  les  autres 
principes  de  ce  fel* 


ti    *  a  t  s'  b  *tk  $  i.  %%) 

:  îl  en  eft  de  même  de  l'eau  de  chaux  :.  elle  perd 
'par  le  féjour  toute  fà  faveur  !  les  pellicules  de 
chaux  n'ont  plus  de  faveur.  Tous  ces  effets  vien- 
nent de  la  même  caufe.  11  n'y  a  ni  dans  Peau  de 
chaux  ,  ni  dans  les  pellicules ,  aflez  de  matière 
phlogiftique  pour  fixer  les  parties  de  feu  :  mais  fi 
l'on  ajoute  à  l'eau  de  chaux  ,  comme  je  l'ai  fait , 
une  matière  phlogiftique  ,  dans  un  état  convena- 
ble ,  tel  que  de  l'efprit  de  vin ,  pour  qu'elle  puiflfe 
s'unir  aux  principe*  de  l'eau  de  chaux  ;  alors,  au 
lieu  de  perdre  de  fa  caufticité  par  le  féjour,  elle 
en  acquiert  confidérablement.  Ces  phénomènes 
nous  prouvent ,  de  plus  en  plus ,  que  les  parties 
de  feu  qui  font  la  caufticité  des  matières  falines* 
ont  befoin  d'être  unies  par  une  dofe  fuffifante  de 
phlogiftique,  &  dans  un  état  convenable  j  car 
une  plus  grande  dofe  de  fubftance  de  cette  na- 
ture fait  perdre  au  fel  alkali  toutes  (es  proprié- 
tés cauftiques,  comme  nous  le  verrons  en  parlant 
de  Palkali  phlogiftique  pour  le  bleu  de  Pruffe. 

Quant  i  la  terre  qu'on  fépare  de  Talkali  fixe 
dans  ces  différentes  opérations,  je  rtie  fuis  bien 
convaincu  qu'elle  eft  de  nature  yitrïfiablè,  8C 
qu'elle  en  a  toutes  les  propriétés:  mais  fl  he  faut 
pas  croire,  comme  je  l'ai  déjà  .dît,  qu'elle  foit 
dans  les  fels  fous  '  l'état  calcaire  j  je:  penfe ,.  au 
contraire ,  que  lorfqu'elle  en' fait  partie,  elle  y 
eft  dans  un  état  moyen  entre  l'es  teïf es 'calcaires 
&  les  terres  vitrifiables  :  je  penfe  encore  quelle 
ne  peut  fe  féparer  des  combinaifôns  faïinè's ,  que 
lorsqu'elle  eft  parvenue  à  l'état,  de  terre' vitrina- 
ble  pure  ,&  lorfqu'elle  s'eft  dépouillée  de  l'air, 
du  phlogiftique  &  du  principe  aqueux ,  qui  la 
coqltituoient  plus  ou  moins  terré  calcaire. 

D'après  tout  ce  que  je  viens  de  dire  ,•  je  crois 
Àu'on  pourroit  décompofer  comportement  une 

Xij 


jl4         CHYMll  lX*iRtM*KTÀL« 

Îiuantité  donnée  d'alkali  fixe,  d'une  manière felf 
impie.  11  fuffiroit ,  pour  cela ,  de  faire  digérer 
dans  un  matias  au  bain  de  fable ,  de  l'alkali  fixe 
en  liqueur ,  &  qui  ne  (eroit  pas  trop  concentré, 
llferoit  inutile  doter  la  terre  à  mefure  qu'elfe 
fe  fépareroit  du  fel  :  elle  ne  peut  nuire  à  l'opé- 
ration. 

L'alkali  fixe  très  pur  n'eft  point  fufceptible  de 
fe  cryftalhfer  :  il  fe  defleche  &  fe  réduit  en  pon- 
dre.  Quelques  Chymiftes  ont  cependant  avancé 
qu'on  pouvoir  le  faire  cryftallifer  :  fi  cela  eft  arri- 
vé ,  on  doit  l'attribuer  à  quelques  fels  étrangers 
qui  fe  l'ont  affbcié  pour  cryftallifer  enfemble. 
Mais  le  fel  de  tartre  très  pur ,  &  qui  a  été  calciné  i 
Vair  libre,  n  eft  point  fufceptible  de  fe  cryftallifer: 
cependant ,  lorfqu  on  fait  calciner  le  tartre  dans 
des  vaifleaux  clos  ,  comme  dans  une  cornue ,  il 

Ir  a  une  bonne  partie  du  fel  alkali  qui  fe  cryftai- 
ife  :  cet  effet  vient  du  phlogiftique  qui  conver- 
tit une  partie  de  ce  fel  en  cryftaux  de  foude  ,  oa 
en  alkali  marin.  Le  phlogiftique ,  dans  ce  cas , 
eft  plus  abondant  :  fon  état  eft  différent  de  celai 
qu'il  a  dans  le  fel  qu'on  nomme  alkali  végétal: 
1  alkali  qui  réfulte  de  cetre  combinaifon  n'eft 
.  plus  déliquefcent  ;  il  eft  moins  acre  &  moins 
cauftique  que  l'alkali  végétal. 

Lorfque  l'alkali  eft  en  liqueur  >  ou  pour  avoir 
été  expofé  à  l'air  ;  ou  pour  avoir  été  dilïous  dans 
Feau ,  on  peut  le  remettre  dans  fon  premier  état 
de  liccité.  Il  fuffit  de  faire  évaporer  l'humidité, 
jufqu'à  ce  qu'il  foit  réduit  à  ficcité ,  &  de  l'en- 
fermer dans  une  bouteille ,  tandis  qu'il  eft  chaud  : 
mais  comme  cette  matière  faline  a  de  l'aâion  fur 
certains  métaux,  il  s'enfuit  que  tous  les  vaifleaux 
ne  font  pas  également  propres  à  la  deffécher.  Les 
jneilleurs  font  ceux  de  veire  ou  de  grès  ;  maisilt 


!T     KÀISOKïlil.  j  1 J 

«fit  Tinconvénienc  de  caffer  :  ils  font  petits  :  oa 
ne  peut  faire  deffécher  qu'une  petite  quantité  de 
fel  à  la  fois  :  ceux  de  fer  altèrent  la  pureté  de  l'ai- 
kali  ySc  encore  plus  cçux  de  cuivre  :  les  vaifteaux 
les  plus  commodes  font  les  baflînes  d'argent  y  iU 
ne  communiquent  rien  à  ce  fel. 

Alkali  fixe  avec  de  la  glace.. 

L'alkali  fixe ,  comme  nous  l'avons  dit ,  produit 
de  la  chaleur  en  fe  diflblvant  dans  l'eau.  Il  en  eft 
autrement ,  iorfquon  le  mêle  avec  de  la  glace  i 
une  partie  de  ce  fel ,  &  deux  de  glace  pilée ,  pro- 
duifent  un  froid  de  dix  degrés ,  la  température  au 
terme  de  la  congélation. 

Alkali  fixe  avec  de  la  terre  vitr\fiable* 

L'alkali  fixe  ne  peut ,  par  la  voie  humide ,  con- 
tracter aucune  union  avec  la  terre  vitrifiable  j 
mais  par  la  fufion ,  il  diflbut  parfaitement  les  ter- 
res vitrifiables ,  même  avec  efïervefcence.  Il  for- 
me avec  elles  des  matières  vitreufes  ou  des  ma- 
tières vitriformes ,  fuivant  les  porportions  que 
/Von  a  employées. 

Lorfqu  on  fait  entrer  dans  le  mélange  fix  ou 
fept  parties  de  fable ,  &  même  davantage,  fur  une 
d'alkali  fixe  ,  ces  matières ,  pouflees  long-temps  à 
la  violence  du  feu ,  entrent  en  fufion ,  &  fe  com- 
binent très  bieni  Le  produit  qui  .en  réfultefe 
nomme  verre.  Nous  parlerons  plus  amplement 
de  ce  produit  en  fon  lieu ,  &  nous  donnerons 
un  article  fur  le  verre ,  la  verrerie  &  la  vitrifi- 
cation. 

Mais  lorfqu*on  a  employé,  au  contraire,  trois 
ou  quatre  parties  de  fel  alkali  fur  une  de  fable ,  il 
n'y  a  pas  allez  de  matière  terreufe  pour  fatuce* 

Xiij 


jl£  ChYMII   EXPÉRIMENTAL! 

l'alkali.  Le  mélange  participe  davantage  des  proi 
priétés  de  la  matière  faline  :  il  eft  acre,  caufti- 
que ,  déliquefcent  :  la  terre  vitrifiable  fe  trouve. 
«Monte  par  ialkali  fixe  :  elle  eft  en  état  de  pafler 
au  travers. des  filtres  :  c'eft  ce  que  Ton  nomme 
liquor  Jiîicum. 

Liquor  filiçum  ,,  au  liqueur,  des  cailloux." 

'  On  prend  une  once  de  caillou  noir  calciné 
éc  réduit  en  poudre  fur  le  porphyre  :  on  le  mêle 
avec  quatre  onces  de  fel  alkali  bien  fec  :  on  mec 
•ce  mélange-  dans  un  creufet ,  qu'on  ne  remplie 
qu'à  tnoiçié  :  on  place  le  creufet  dans  un  four- 
neau qui  pouffe  bien  :  àufii-tôt  que  la  matière 
entre  entre  fufion ,  elle  fe  gonfle  considérable** 
men*  :  elle  continue  de  fe  bourfoufler  jufqu'à  ce 
que  l'allpljLait  diflous  toute  la  terre  vitrifiable. 
.On  tient  le  creufçt  ouvert,  tant  que  certe  effer- 
yefeence  a  lieu  ,  afin  de  la  modérer ,  fans  quoi  la 
jmatiere  paflêroit  par-defTus  les  bords  du  creu- 
fet. Lorfqpe  l'effervefcence  eft  païTée,  on  couvre 
le  creufet.,  pu  augmente  un  peu  le  feu  pendant 
trois  ou  quatre'  minutes ,  pour  faire  prendre  à  1* 
matière  une  ,bfelj,e ,  fufion ,  &  pour  être  sûr  que 
.  toute  la  terre  .vitrifiable  eft'diljoute  par  Palkajta 
alors  on  ypjle.cejque  contient  Je  creufet  dans  uiî 
mortier  de  fer  bien  fec,  ou  fiiV  une :  plaque  de  fer 
ou  de  cuivre.  La  matière., eti fere/roidiflant^fe 
fige  &  prend  J  apparence  d'un  verre  :  elle  fe  càfle 
-d'elle-même en  plufieurs  piorceaux ,  dès  quelle 
.  celle  v  d'être  rp.uge. 

Remarquas* 

Pendant  la  fufion  de  ces  deux  fubftances ,  Pal* 
-kali ,  «ûcU  de  h  chaleur  ,  difiout  h  terre  vitriiia* 


,  S  T     RAISO  N^  i  1.  3.X7 

Jble ,  comme  un  acide  diflbut  la  terre  calcaire 
L'inftaju  où  fe.  fait  cerre  ,diflolution ,  s'annonga 
par  i'eftervefcence  qui  s*excite  entre  ces  iuÊftair-- 
ces ,  &  qui  eft  même  très  considérable  :  c'eft  vaux 
cette  raifon  que  nous  avons  recommande  ,dé 
n'emplir  le  creufet  qu'A  moitié,  afin  qu'il  y  ait 
un  eipace  fufïîfapt ,  pour  que.  Ja  matière  ne  fp 
répande  gas.fyoïs  du  crejifet.  On  eft  aiTuré  qup 
la  combinaison  eft  faite ,  lôrfqùe  l'effervescence 
eft  paiTée».  Néanmoins  j'ai  remarqué  qu'il  étoit 
néceflaife  de,  chauffer  le  mélange  encore*  quel- 
que .temps  après ,  afin  d;être  afîuré  que  la  tota- 
lité de  îa  terre  vitrifiable  eft  cqmplettemen:  4i4- 
ibutee 

s  Cette  combinaifon  eft  eûTentiellement  moins 
fuûblf  que  1-alkali  pur ,  parceque  la  fufibilite  4? 
Talkali  &  l'infufibiiité  de  la  terre  fe  partagent 
réciproquement  leurs  propriétés,  C'eft  pourquoi 
îl  faut  un,  bon  coup  de  reu,  pour  produire  la 
diflblution  complette  de  la  terre  vitrifiable.  Si 
Ton  a.  ôté  dji  feu  la  matière ,  immédiatement 
après  qu'elle  eft  fondue ,  elle  eft  d'un  blanc  lai- 
teux -, lorfqt&lie  eft  refroidie,  pareeque  les  cail- 
loux contiennent  encore  quelque  portion  de 
terre  moyenne  entre  la  terre  calcaire  &  la.  terre 
vitrifiablpyune  terre  enfin  qui  n'eft  pas  encore 
complètement  changée  en  une  terre  vitrifiable 
pure.  Il  faut,  pour  dirfbudre  cette  portion  de  terre* 
un  plus  grand  &  plus  long  coup  de  feu x  que  pour 
diffbudre  par  le  même  moyen  de  la  terre  vitrifia- 
ble pure,  La  matière  eft  bien  tranfparente,  lorf- 
quelle  a  reçu  le  feu  convenable* 

Si ,  au  lieu  de  cailloux ,  on  emploie  du  fable 
blanc  ordinaire  &  également  broyé ,  ou  toute  au^ 
tre  pierre  vitrifiable  pure ,  la  mafle  vitritbrme 
qui  réfulte  immédiatement  après  fa  fufion ,  n  e& 

Xiv    ' 


*yi8  ChYMTE    EXPERIMENTALE 

•point  laiteufe  :  elle  eft  tranfparente  comme  ddr 
verre.  Ceci  nous  donne  un  exemple  de  la  fufibi- 
lité  des  terres  viçrifiables  plus  grande  que  celle 
dés  terrés  calcaires ,  puifque  la  terre  vitrifiable 
du  caillou  çft  fondue  la  première,  &  qu'on  eft 
obligé  de  continuer  le  feu  encore  quelques  ins- 
tants de  plus ,  pour  vitrifier  la  portion  de  terre 
qui  a  confervé  quelques-uns  des  cara&eres  de  la 
terre  calcaire. 

Si  le  feu  n'a  pas  été  fuffifamment  fort  ni  aflèz 
long-temps  continué  pour  fondre  la  terre  demi- 
calcaire  au  caillou,  on  k  retrouve  fur  les  filtres, 
lorfqu'on  vient  à  faire  diflbudre  dans  de  l'eau 
cette  matière  vitriforme.  Elle  nefe  préfente  pas 
avec  touce$  fes  propriétés  calcaires  bien  décidées, 
parceque ,  comme  nous  l'avons  déjà  dit ,  elle 
éprouve  des  altérations  de  la  part  du  feu ,  qui  la 
'ramènent  de  plus  en  plus  au  caraéfcere  de  terre 
vitrifiable ,  qui  eft  celui  de  fon  origine» 

On  peut ,  fi  l'on  veut ,-  s'éviter  la  peine  de 
broyer  fqr  le  porphyre  ces  fortes  de  pierres  :  il 
fumt  de  les  employer  en  poudre  fine  :  la  diflblu- 
tion  eft  feulement  quelques  in  fiants  de  plus  1  fe 
faire  :  le  gonflement  &  Teffervefcence  durent  un 
peu  plus  de  temps.  C'eft  un  principe  général  : 
plus  les  corps  font  divifés ,  mieux  ils  fe  combi- 
nent, de  la  combinaifpn  fe  fait  plus  prompte- 
ment. 

Lorfquil  tombe  quelques  charbons  dans  le 
creufet ,  tandis  que  la  matière  eft  en  fufion ,  l'al- 
kali  agit  fur  le  phlogiftique ,  diflfout  même  le 
charbon  :  la  matière  prend  une  couleur  depuis  le 
jaune  jufau  au  rouge  d'hyacinthe ,  à  proportion 
que  l'alkali  a  diflous  de  cette  fubftance  ;  au  lie* 
que  quand  cet  accident  n'arrive  pas ,  la  matierç 
n'a  qu  unç  légère  couleur  ambrée, 


-  * t    *  à  r  s  o  h  k4  i.        -,    si$ 

ï/alkaK  fixe,  quoiqu  uni  avec  le  quart  de  fon 
poids  de  terre  vitrifiable ,  conferve  encore  de  fes 
propriétés  alkaiines  :  elles  font  même  augmen- 
tées. Cette  matière  faline  eft  infiniment  plus  acre 
&  plus  cauftique que  l'alkati pur  :  elle  attire puif- 
famment  l'humidité  de  l'air,  &  fe  réfout  en  li- 
queur. Je  penfe  que  cette  augmentation  de  cauf» 
ticité  vient  des  parties  de  feu  prefque  pur  qui  fe 
font  combinées  avec  cette  matière  :  quoiqu'il  foit 
difficile  de  démontrer  cette  afTertion  ,  elle  ne 
m'en  paroi  t  pas  moins  certaine,  pareequ'il  n'y  a 
<lan$  la  nature ,  félon  moi ,  que  le  feu  qui  ait  de  la 
faveur  &  qui  foit  cauftique. 

Liquor  ûlicutto  diffbus  dans  de  Veau. 

:  On  pulvérife  groffiétement:  la  matière  vitri- 
forme  dont  nous  venons  de  parler  :  on  la  met 
dans  un  matras  avec  une  fuffifante  quantité 
«L'eau  :  on  fait  digérer  ce  melaiige.au  bain  defa<* 
ble ,  jufqu  i  ce  que  la  matière  foit  parfaitement 
difToute  :  on  filtre  la  liqueur ,  &  on  la  conferve 
dans  une  bouteille  qu  on  bouche  bien  :  il  refté 
toujours  fur  le. filtre  une  certaine  quantité  de 
terre  vitrifiable,  qui  a  échappé  iTadion  de  M* 
kalif 

Remarques. 

.  -  Lorfque  la  madère  faline  na  pas  reçu  un  coup 
-de  feu  fuffifamment  fort  &  affez  long-temps  con- 
tinué, la  terre  vitrifiable  n  eft  que  dans  un  état  de 
demi-diflblution  :  la  liqueur  pafTe  trouble  &  dif- 
ficilement au  travers  du  filtre.  Lorfqu'au  contraire 
le  coup  de  feu  a  été  fuffifamment  fort,  la  terre  vi- 
trifiable eft  parfaitement  difToute.  La  diflblurion 
pafle  très  claire  &  facilement  :  elle  eft  d'une  covfr 


55»  Chyxcii  HtpkiMEW'rAti 
leur  ambrée.  Dans  le  premier  cas  >  prefqoe  cote 
la  terre  fe  icpare  jde  la  liqueur  dans  l'eipace  d'une 
année.  Dans  le  fecand ;  il  nesrcn  précipice  qu'une 
bien  petite  quantité ,  même  -dans  refpace  de  cinq 
a  fix  années.  La  plus  grande  jjteuKÎ té  refte  par- 
faitement ditfbute  4ans  TalkaU  fixe* 

Décompofition  de  la  liqueur  des  cailloux  par  la 
acides. 

On  met  dans  un  grand  verre  de  la  liqueur  de* 
cailloux  :  on  verfe  par  deflus  de  l'acide*  vittioli» 
que  :  il  s'unit  à  l'alkali  avec  effejrvefçence ,  &  hit 
précipiter  la  terre ,  qui  eft  dans  un  fi  grand  état 
de  divifion,  qu'elle  reffemble.  plutôt  à  un  muci- 
lage ,  qu'à  une  terre.  On  filtre  la  licjueur  :  on  lave 
lai  terre  dans-beaucaup  d'eattbpuiïtanre,  oour  la 
detfaler  complectement  ^  &  .on  la  fût  lécher  il 
l'on  veut  relie  eft  de  même  nature  qu'elle  croit 
auparavant  r6c  n'a  point  changé  dans  ces  ope- 
rations.  .-.-.-' 

v  M.  Port ,  dans  {a  Lithogéognofie  ,  Edition 
Fcançoife ,  page  i  74  ^ premier  '  volume ,  dit  que  J 
cette  terre' précipitée  y  de  vitrifiablc  &  infdsbU 
^LtlU  ttaituaparavam  par  les  acides  3  eft  devenue 
alkaline;  car  elle  fe  dijfout  dans  les  acides  :  &  il 
ajoute  qu'il  ny  a  quel* acide  vitriotique  qui  ait  la 
propriété  de  la  précipiter* 

La  didolubilité  d'une  terre  dans  lés  acides  ne 
«conftitue  peint  feule  fa  nature  :  la  terre  qu'on  le» 
pare  du  tiquer  Jiitçum  _,  n'èft  diftbluble  que  par 
rapport  à  l'état ibus  lequel  elle  £e  trouve  réduite. 
*  On  peut  voir  dans  mon  Mémoire  fur  Us  At* 
giiles  j  de  quelle  importance  eft  cette  expérience 
pour  la  connaiflànce  des  matières  terreufes  :  c'eft 
ce  qui  m'a  engagé  à  la  répéter  un  grand  nombre 


1T     RAISONNÉ!,  J3I 

,e  fois ,  &  à  en  examiner  toutes  les  circonftan- 
es.  J'ai  reconnu,  comme  M.  Pott,que  cette 
erre  étoit  précipitée  par  l'acide  vitrioiique  ;  mais 
e  me  fuis  afliiré ,  de  plus ,  qu'elle  l'étoit  égale- 
ront par  les  autres  acides  y  même  par  le  jvinai- 
rre  diftillé-^  &  que  cette  terre  étoit  enfuite  snôji 
eulement  difToluble  dans  l'acide  vitrioiique  , 
:omme  le  dit  M.  Pott  ,n#is  qu'elle  «l'étoit  égai- 
llent dans  l'acide  nitreux  &  dans  l'acide  marin,  : 
'acide  du  vinaigre  ne  l'attaque  pas  fenfiblemeut. 
fe  mè  fuis  encore  bie/v  convainc^  qu'elle  a'çft 
point  changée  de  naïur e>  &  qu'elle  a  toutes  les 
propriétés  d'une  terrç  vjttifiable,  comme  je  l'ai 
démontré  dans  mon  Mémoire  fur  les  Argille$  j  gc 
comme  on  le  verra  pax  le  détail  des  expériences 
que  je  Vais  rapporter.; 

Combinai/on  delà  terre,  fjpare'e  du  liquor  filicmji 
•    avec  l'acide  vitriolique. 

Alua  artificiel. 

Oh  me;  dans  un  mauas  une  certaine  quantité 

de  tecre  féparée  du  liquor  jfc[tçw%  j  oopi&qç  jioQs 

venons.de  [ô  dire: Qi>;verfc: par  defluç  de  Vacide 

vitriolîqijfe  affoibli  :  qi)  fait  digérer  ce  giêjgiîgg  &i 

bain  dejatlp  :  la  tçrre.fèjljtfpçt  :  bn  a  foin  qu'il 

fe  trouve  dans  le  mcïange  une  furab9fltfA0.ce' #3- 

cide  :  on  filtre  la  liqueutv&  pn  la  fait  évaporer  & 

l'air  libre  :  elle  fournit  des  cryftaux  de  véritable 

alun.  J'ai  répété  ces  expériences  avec  différentes 

terres  vïtrifiables ,  telles  que  du  quartz,  du  fable , 

du  caillou  de  différente  efpece ,  du  cryftal  de  ro- 

ctie  :  j'ai  eu  constamment  les  mêmes  refnltats  ;  ce 

qui  prouva  d'abord  l'identitéde  la  terre  vitrifia- 

ble  avec  la  terre  de  l'alun  v  &  nous  verrons  Cette 

même  identité  avecU  tewtfes  argillea, 


'4JX  ChYMIE   ÎXPHRIMIHTAIB 

Ladiflblution  de  cette  même  terre  d'alun  ititt 
l'acide  nitreux  étoit  fort  acide  ;  ellerougitlbit  les 
couleurs  bleues  des  végétaux  :  l'eau  de  chaux  la 
décompofe  &  en  fait  précipiter  la  terre  vitrifia- 
ble.  La  terre  calcaire  opère  la  même  décomposi- 
tion. La  combinaifon  de  l'acide  nitreux  avec  la 
terre  du  hquor fiitcum  y  évaporée  à  l'air  libre ,  a 
donné  un  mucilage  net  &  tranfparent,  &  n'a 
point  formé  de  cryftaux  :  cette  combinaifon,  faite 
avec  de  l'acide  marin ,  a  formé  quelques  petites 
aiguilles  d'une  ftypricité  confidérable. 

Il  eft  bon  de  faire  obfecver  que  lorfquon  pré- 
fente cette  terre  aux  acides ,  dans  le  detfein  de  la 
diffoudre ,  il  faut  la  prendre ,  tandis  qu'elle  eft 
en  bouillie ,  &  avant  qu'elle  ait  été  féchée  \  car , 
lorfquon  l'a  fait  fécher  ,  les  parties  fe  font  réu- 
nies &  agglutinées  entre  elles  par  l'attraâion  : 
cette  terré  alors  ne  peut  plus  fe  ditfbudre. 

Lorfque  le  liquor  filicum  a  été  mal  fondu ,  la 
terre  qu'on  en  précipite  eft.  beaucoup  plus  difficile 
à  fe  dillbudre  dans  les  acides. 

Tous  ces  aluns  artificiels  font  fufceptibles  de 
fe  faturer  de  leur  terre ,  &  de  former ,  comme 
l'alun  ordinaire  faturé  de  fa  terre ,  des  efpeces  de 
fels  qui  fe  cryftallifent  en  petites  écailles  comme 
du  mica  ;  &  dans  cet  état ,  ils  font  peu  diflblu* 
blés  dans  l'eau. 

Sur  VAlun+ 

L'alun  eft  un  fel  vitriolique ,  ou  une  félénite 
à  bafe  de  terre  vitrifiable ,  compofé  de  parties 
égales  de  terre  argilleufe  &  d'acide  vitriolique. 
Ce  fel  eft  avec  excès  d'acide  :  il  fe  diflbut  facile- 
ment dans  l'eau ,  Se  en  très  grande  quantité.  Nous 
verrons  dans  le  détail  des  expériences ,  qu'il  eft 
de  même  nature  que  les  afgulçs ,  quoique  cette 


"  1T     HAIS  O*  M  il,  Ï14 

E  dernière  fubftance  foie  très  peu  difloluble  dans 
2  l'eau.  On  trouve  dans  le  commerce  trois  efpeces 
h  d'alun  :  favoir  j  Y  alun  ce  Rome  j  qui  eft  te  plus 
a  pur  j  Y  alun  de  Smyrne  ,  &  Y  alun  de  roche  :  ce  dec- 
i  nier  contient  fouvent  du  fer.  Ces  aluns  font  eflen- 
c  tiellement  de  même  nature  :  ils  différent  feule- 
!  ment  les  uns  des  autres  par  des  degrés  de  pureté  , 
r  &  quelquefois  par  l'état  de  leur  terre,  quoiqu'elle 
t    foit  toujours  de  narure  vitrifiable. 
i        Lorfque  nogus  examinerons  les  pyrites ,  nous 
dirons  de  quelle  manière  on  tire  l'alun  des  ma- 
tières qui  le  contiennent ,  ou  qui  font  propres  à  le 
fournir  :  nous  ne  parlerons,  quant  à  préfent,  que 
de  l'alun  de  roche. 

L'alun  de  roche  eft  cryftallifé  en  grofles  mafles 
irrégulieres. 

lia  une  faveur  acide ,  ftyptique  &  fort  aftrin- 
gente. 

Il  rougit  les  couleurs  bleues  des  végétaux. 
L'alun  eft  une  matière  faline  incombuftible  : 
on  le  fait  entrer  dans  des  vernis  de  colle  forte 
qu'on  applique  fur  des  menuiferies,  afin  qu'elles 
{oient  moins  fujettes  aux  incendies. 

Alun  au  feu.  Alun  calciné. 

On  met  de  l'alun  dans  un  creufet  :  on  le  place 
dans  un  fourneau  entre  des  charbons  ardents  :  il 
fe  liquéfie  aufii  tôt  qu'il  commence  à  fentir  la 
chaleur,  &  bouillonne  :  il  fe  bourfoufie  confidé- 
rablement ,  &  fe  réduit  en  une  matière  très  blan- 
che ,  friable ,  très  légère ,  rare,  fpongieufe  &  très 
volumineufe  \  c'eft  ce  que  Ton  nomme  alun  cal- 
ciné: on  le  détache  du  creufet ,  &  on  le  conferve 
dans  une  boîte. 


$|4  CrtrtfîE   EfcPÉRirfEtfTÀt* 

.     Remarques. 

L'alun  contient  un  peu  plus  de  la  moitié  de  fbn 
poids  d'eau  de  cryftallifation  :  c'eft  à  là  faveur  do 
cette  eau  qu'il  fe  liquéfie  :  elle  fe  diflîpe  en  va- 
peurs. Lorfque  l'alun  eft  près  de  perdre  les  der- 
nières portions  de  cette  eau ,  il  fe  gonfle  pro- 
digieulement  ,  &  refte  dans  cet  état  de  bouc- 
fouflement ,  parceque  la  cha'eur  n'eft  pas,  à  beau- 
coup près ,  allez  forte  pour  le  faire  entrer  en  fu- 
fion.  L'alun  ,  par  cette  opération ,  ne  change 
point  de  nature  :  il  ne  fait  que  perdre  l'eau  de  fa 
cryftallifation ,  &  peu  ou  point  de  fon  acide,  Ce- 

Sendant  j'ai  remarqué  qu'en  faifant  difloudre  dan? 
el'eau  ae  l'alun  calèiné,on  en  fépare  roujours  une 
certaine  quantité  de  terre.  Je  l'attribue  à  ce  que, 
pendant  la  calcination  ,  les  parties  de  la  terre  fe 
font  réunies  :  elles  font  infinimenrmoinsdivifées 
u elles  ne  Tctoient  auparavant,  quoique  tou- 
ottrs  diffbutes  dans  Facide  vitriolique. 

On  veut  dans  le  commerce,  que  l'alun  calciné 
foit  ainfi  rare ,  léger  &  volumineux.  On  trouve  cer- 
taines efpeces  d'alun  qui  ne  fe  gonflent  pas  comme 
celui  dont  nous  venons  de  parler ,  quoiqu'il  foie 
abfolument  de  même  nature ,  &  qu'il  ait  efTen- 
tiellemçnt  les  mêmes  propriétés.  On  peut  croire 

3[Ue  de  font  d,es  aluns  tirés  de  matériaux  qui  ont 
prouvé  Ta&ion  du  feu ,  &  dans  lefquels  la  terre 
eft  moinS  divifée ,  puifque ,  comme  je  l'ai  remar- 

3ué ,  l'alun  qui  a  été  cakiné ,  peut  fe  difloudre 
ans  de  l'eau  ,  fe  cryftallifer  de  nouveau ,  &  re- 
former de  l'alun ,  tel  qu'il  étoit  auparavant  j  mais 
cet  alun  ne  fe  gonfle  prefque  plus  par  une  féconde 
Calcination  :  nous  ferons  remarquer ,  au  refte ,  en 
décompofant  l'alun  par  l'alkali  fixe ,  que  la  terre 
de  celui  qui  a  été  calciné ,  eft  moins  fine. 


i 


1fous  le*  aluft*  fle  diminuent  pas  également 
pendant  la  calcination  :  ceux  qui  font  raies  avec 
dés  matériaux  que  l'on  a  calcinés  auparavant , 
comme  l'alun  de  Rome ,  diminuent  beaucoup 
moins  pour  les  raifons  que  nous  venons  d'expo- 
fer.  Deux  livres  d'alun  de  Rome  fournirent  dix- 
huit  onces  d  alun  calciné. 

L'alun  calciné  fert  dans  quelques  arts.  Lors- 
qu'on en  veut  préparer  une  grande  quantité  à  la 
fois  ,  on  le  mec  dans  les  vaifleaux  propres  à  dis- 
tiller l'eau  forte  en  grand ,  &  on  les  place  dans 
le  fourneau  qui  fert  à  cette  diftillation.  Par  ce 
moyen ,  on  calcine  une  grande  quantité  d'alun  k 
la  fois ,  &  très  proprement. 

Diftillation  de  l'Alun  pour  tnféparer  V acide    . 
vitriolique. 

J'ai  mis  en  diftillation  "  dans  une  cornue  de 
Verre ,  deux  livres  d'alun  de  Rome  très  net  &  dé- 
fcarrafle  de  toute  terre  rouge  qu'il  contient  tou- 
jours. Il  a  j>a(Té  dans  le  récipient  dou£e  onces  de? 
liqueur  innpide  que  l'on  nomme phlegme  d'alun  .•. 
elle  ne  changeoit  point  là  couleur  du  fyrop  violât* 
ni  celle  de  la  teinture  de  tournefoL  J'ai  continué 
le  feu  pour  rougir  feulement  la  cornue  :  j'ai  ob- 
tenu de  nouveau  deux  onces  de  liqueur  légère- 
ment acide  &  volatile  fuifureufe.  Il  s'eftélëvé  ait 
col  de  la  cornue  une  petite  quantité  de  njatierè 
faline  cryftalline  qui  avoir  la  laveur  dufel  marin  : 
il  eft  refté  dans  la  cornue  dïx-him  onces  d'alutr 
calciné.  La  petite  quantité  d'acide  qui  a  pafTé 
dans  cette  diftillation ,  eft  due  à  l'eau  de  la  cryftal- 
iifation  ;  £ar,  lorfque  l'alun  eft  parfaitefmeht  deflfér 
ché ,  l'acide  adhère  à  la  terre  avec  une  force  étonr 
nante,  .  i- 


JTJ*         ChYUH   BXF&RIM1NTAL* 

M.  Geoffroy  a  fournis  de  1  alun  calciné  à  la  diftifc 
lation  dans  une  cornue  de  terre  »  &  l'a  pouflé  à  1a 
violence  du  feu  pendant  trois  jours  &  trois  nuits  : 
il  n'a  retiré  qu'une  très  petite  quantité  d'acide  que. 
je  crois  être  une  partie  de  la  dofe  excédente  a  la 
iaturation  de  la  terre.  Nous  verrons  que  les  ar- 
eilles  retiennent  l'acide  vitriolique  avec  autant  d& 
forcée 

Alun  à  Voir* 

L'alun  expofé  ï  l'air  fe  feche  &  perd  un  peu  de 
fon  eau  de  cryftallifation,  mais  fans  foufftir  d'au- 
tres altérations. 

Alun  avec  de  l'eau* 

Deux  livres  d'eau  froide ,  la  température  à  dix 
degrés  au  deflus  de  la  congélation  ,  ne  peuvent 
diuoudre  que  quatorze  gros  d'alun  de  roche.  Ce 
fel,  en  fe  diflolvant,  produit  deux  degrés  de 
froid  \  mais  huit  onces  d  eau  bouillante  diffbl  vent 
cinq  onces  du  même  alun.  L'alun  diflbusdans  l'eau 
chaude  fe  cryftallife  par  le  refroidiflement.  Les 
cryftaux  forment  des  pyramides  triangulaires  dont 
les  fommets  font  coupés. 

Alun  &  Glace. 

L'alun  8e  la  glace  mêlés  enfemble  produifent 
du  froid  j  mais  j,e  ne  fais  fi  l'on  en  a  déterminé  les 
degrés. 

Alun  avec  U$  matières  combuflibles  ùphlogifliques* 
Décompofition  de  l'Alan. 

On  met  dans  une  terrine  verniffée  une  livre 
d'alun  de  Rome  avec  huit  onces  de  miel  jaune  : 
on  place  le  vaifTeau  dans  un  fourneau  chauffé  par 

un 


ton  Feu  capable  de  liquéfier  l'alun  :  on  remue  ce 
mélange  avec  une  fpatule  de  bois  :  on  le  fait 
chauffer  jufqu'à  ce  qu'il  devienne  fec  &  charbon- 
heux  :  on  pulvérife  enfuite  cette  matière ,  &  on 
la  fait  calciner  à  l'air  libre ,  dans  un  creufer  large 
&  plat,  pendant  environ  une  heure ,  ou  jufqu  a 
ce  que  la  matière  devienne  parfaitement  blan- 
che,  &  qu  elle  n'exhale  plus  de  vapeur  de  foufrô 
ni  d'acide  fulfureux  volatil.  J'ai  obtenu ,  par  ce 
procédé ,  la  terre  de  l'alun  de  la  plus  grande  blan- 
cheur :  je  l'ai  lavée  dans  beaucoup  d'eau  bouil- 
lante, &  l'ai  fait  fécher. 

L'eau  du  premier  lavage  étoit  fans  couleur  :  elle 
avoit  une  faveur  de  fel  marin  &  de  tartre  vitricflé  t 
elle  exhaloit  une  odeur  de  foie  de  foufre ,  préci- 
pitent en  jaune  le  mercure  difïbus  par  l'acide 
nitreux ,  &  verdiffbit  légèrement  la  couleur  du 
fyrop  violât. 

La  terre  de  l'alun  >  féparée  par  ce  moyen  ,  eft 
parfaitement  blanche  t  étant  oroyée  fur  le  por* 
phyre ,  elle  acejuiert  une  forte  de  liant  femblabld 
à  celui  des  argilles  :  elle  décrépite  &N  pétille  au 
feu  comme  les  argilles  t  elle  réfifte  à  la  plu* 
grande  violence  du  feu ,  fans  entrer  en  fulion ,  & 
fans  rien  perdre  de  £bn  blanc  :  elle  y  devient 
même  plus  blanche  :  elle  ne  perd  rien  dp  fou 
blanc ,  étant  broyée  à  l'huile ,  comme  font  la  plu* 

S  art  des  blancs  métalliques  :  elle  pourrait  fervir 
ans  la  peinture  à  l'huile  »  préférablement  à  tous 
les  blancs  métalliques  que  l'on  emploie  ordinai- 
rement. 

Il réfulte  bien  évidemment  de  ces  expériences, 

que  l'alun  a  été  décompofé  par  la  matière  phlo- 

giftique.  Cette  matière  s'eft  unie  à  l'acide  vitrio-» 

uque ,  avec  lequel  elle  a  formé  du  foufre  qui  s'eft 

%  brûlé  &  diffipe  à  mefure  qu'il  s'eft  formé  :  on  le 

Tome  /i  X 


£3*       Chimie  expérimentale 

roit  même  brûler  pendant  tout  le  temps  de  1$ 

calcination. 

J'ai  répété  cette  expérience  avec  différente* 
matières  combuftibles  :  le  réfultat  a  toujours  été 
le  même,  à  quelque  différence  près,  qui  prqr 
venoit  de  la  matière  combuftible  employée. 

Pyrophore. 

L'opération  du  pyrophore  eft  la  même  que  celle 
dont  nous  venons  de  parler ,  avec  cette  diffé- 
rence ,  qu'on  exige  que  le  foufre  qui  fe  forme  % 
refte  mêlé  avec  la  terre  de  l'alun  :  l'opération 
fe  fait ,  pour  cette  raifon ,  dans  des  vaiffeaux  clos. 

On  prend  trois  parties  d'alun  de  roche  concaffé 
&  une  partie  de  miel  ou  de  fucre  :  on  fait  deffé- 
cher  ces  deux  matières  dans  une  terrine  verniffée  » 
ou  dans  une  pocle  de  fer ,  Se  on  a  foin  de  les  re- 
muer avec  une  fpatule  de  fer.  Les  matières  fe  li- 
quéfient d'abord  ;  elles  fe  bourfouflent  enfuite  » 
&  fe  réduifent  en  grumeaux.  Lorfque  là  matière 
eft  dans  cet  état ,  on  la  pulvérife  grofiiérement  :  on 
achevé  de  la  deffécher ,  afin  d'être  sûr  qu'elle  ne 
fe  ramollira  plus  :  elle  forme  alors  une  poudre 
noire  charbonneufe.  On  la  met ,  tandis  qu'elle 
encore  chaude,  dans  un  matras  dont  le  col  aie 
environ  fix  pouces  de  long  :  on  obferve  de  na 
remplir  ce  vaifTeau  qu'aux  trois  quarts.  On  place 
ce  matras  dans  un  creufet  avec  du  fable ,  &  on 
en  recouvre  la  boule  d'environ  un  doigt  d'épaif- 
feur  :  on  met  dans  un  fourneau  le  creufet  qui  con- 
tient  le  matras ,  qu'il  faut  chauffer  par  degrés  :  oa 
augmente  le  feu  jufqu'à  faire  rougir  le  matras  :  on  , 
entretient  le  feu  en  cet  état  pendant  environ  un 
quart  d'heure ,  ou  jufqu'à  ce  qu'il  ne  paroifle  plus 
iortir  de  fumée  par  l'ouverture  du  matras ,  & 
qu'il  s'exhale  à  la  place  une  vapeur  de  foufre  qui 


^enflamme  ordinairement.  Lorfque  ces  vapeurs 
enflammées  ont  paru  pendant  environ  un  quart 
d'heure ,  on  ôte  le  feu  du  fourneau  ;  on  boucha 
le  matras  avec  un  bouchon  de  papier  ;  & ,  lorf* 
qu'il  eft  un  peu  refroidi ,  on  le  bouche  avec  ua 
bouchon  de  liège.  Lorfque  les  vaifleaux  font 
fuffifamment  refroidis  ,  on  enlevé  le  matras  :  on 
verfe  promptement  ce  qu'il  contient  dans  un  fla- 
con bien  fec  &  chaud,  qu'on  bouche  avec  un  bou- 
chon de  cryftal. 

Lorsqu'on  verfe  de  cette  poudre  fur  du  papieC 
à  l'air  libre  *  elle  prend  feu  :  elle  produit  une  lé- 
gère flamme  bleue  ,  &  elle  exhale  une  odeur  de 
foie  de  foufre  &  de  foufre  brûlant*  Lorfque  la 

Î>yrophore  eft  un  peu  f  ent  à  s'enflammer,  on  accé* 
ère  ion  inflammation ,  en  répandant  deflus  la  lé* 
£ere  vapeur  humide  qui  fort  de  la  bouche* 

JÛans  le  commencement  de  la'  defliccation  des 
matières ,  la  vapeur  qui  s'élève  eft  aqueufe  j  mais  > 
fur  la  fin ,  elle  eft  touffe ,  piquante ,  excite  à  tou£ 
fer ,  &  fait  aflez  d'impreflkm  fur  les  yeux  »  pottt 
faire  couler  des  larmes  :  elle  vient  du  foufre  &  du 
miel  qui  fe  brûle.  Quelquefois  la  matière  s'en- 
flamme :  il  faut  l'éteindre  en  tirant  le  vaifleau  du 
feu ,  &  étouffant  la  flamme  $  mais  elle  s'éteinfi 

ftroniptement ,  en  agitant  la  matière  hors  du  feu* 
1  eft  bien  eflentiel  que  la  matière  foit  parfaite-» 
ment  defféchée ,  avant  dé  la  mettre  dans  le  ma» 
iras ,  fans  quoi ,  elle  fe  réuniroit  en  une  feulai 
mafle  c  il  feroit  difficile  de  1  oter  fans  perte  8ù 
fans  beaucoup  d'embarras,  parceque,  lorfque 
cette  poudre  s'enflamme  *  elle  ne  beuf  plus  s*efl- 
ilammer  davantage  ,  qu'en  la  faifant  calciner  dé 
ttouveau, 

Vif 


J4Ô  CltYMÎE    EtfrâfcîXtEfcTALS 

Lorfque  la  matière  eft  deflechée ,  il  faut  Feirt-» 
ployer  tandis  quelle  eft  chaude ,  fînon  l'enferme* 
dans  une  bouteille  qu'on  bouche  bien,  parceque 
j'ai  obfervé  que  dix  onces  &  demie  de  cette  ma- 
tière fe  chargent  de  plus  de  deux  onces  d'humidité 
de  l'air  dans  l'espace  de  quelques  jours  :  on  feroit 
obligé  de  la  deffecher  de  nouveau.  Si  Ton  a  em- 
ployé quinze  onces  de  mélange  au  total ,  on  ne 
trouve  plus ,  après  la  défliccation ,  que  dix  onces 
&  demie  de  matière  charbonneufe  :  cependant 
cette  quantité  peut  varier  d'un  gros  en  plus  ou  en 
moins ,  &  la  matière  être  également  bien  defle- 
chée. Cette  même  matière  charbonneufe ,  cal- 
cinée enfuite  dans  un  matras ,  comme  nous  ve- 
nons de  le  dire ,  fournit  trois  onces  &  demie  de 
pyrophore. 

Malgré  que  la  matière  foit  bien  deflechée ,  elle 
contient  encore  un  peu  d'huile  empyreumatique  : 
c'eft  elle  qui  fe  diflipe  e,n  vapeurs  rouflès  aflez 
épaifles.,  par  l'ouverture  du  matras.  Auffi-tôt  que 
ces  vapeurs  ceflent,  il  s'élève  du  vrai  foufre  qui 
fe  fublime  en  partie  cfens  le  col  du  matras  ;  il  s'en- 
flamme &  fe  diflipe.  Il  eft  inutile  de  boucher  le 
vaifleau  pendant  cette  calcination,  comme  la  plu- 
part des  Phyficiens  le  prefcrivent.  La  chaleur 
qu'on  eft  obligé  de  donner ,  eft  affez  forte  pour  ra- 
mollir le  verre  :  le  poids  du  col  du  matras  qui  pefe 
fur  la  boule ,  y  occafionne  des  plis  dans  lefquels 
le  renferme  au  pyrophore  qu'on  ne  peut  oter. 
Pour  éviter  cet  inconvénient,  il  convient  d'atta- 
cher un  fil  d'archal  au  col  du  matras  :  on  l'afliijettit 
à  un  clou  pofé  fur  une  muraille ,  ou  fur  quelque 
chofe  de  iolide. 

11  convient  encore  de  faire  choix  d'un  flacon 
d'ouverture  affez  large  pour  que  le  col  du  matras: 
puifle  y  entrer  librement,  afin  que,  lorfquon 


1T      RAISONNÉ  E.  34Y 

vient  à  levuider,  on  puifle  le  faite  commodé- 
ment ,  fans  perte  &  fans  fe  brûler. 

On  remarque  ordinairement ,  après  l'opéra- 
tion ,  que  le  cul  du  matras  a  perdu  fa  tranfpa^ 
rence  :  il  eft  blanc-laiteux ,  un  peu  enfumé ,  lors- 
que la  matière  a  été  calcinée  proprement  dans  une 
terrine  verniffée  :  il  eft  jaune,  rouge  ou  brun* 
lorfque  la  matière  a  été  calcinée  dans  une  pocle 
de  fer.  Cet  effet  vient  d'une  combinaifon  de  l'a- 
cide de  l'alun  &  des  matières  du  pyrophore,qui  fe 
font  combinées  avec  le  verte  dans  le  temps  que 
le  matras  s'eft  ramolli. 

Le  pyrophore  peut  fe  conferver  plufîeurs  années 
de  fuite ,  lorfqu  on  le  tient  dans  des  bouteilles 
bien  bouchées ,  &  qu'on  ne  les  débouche  pas  fou- 
vent.  Lorfqu'il  a  perdu  la  propriété  de  s'enflam- 
mer ,  on  peut  la  lui  rendre  en  le  faifant  calciner 
de  nouveau  dans  un  matras,  comme  nous  venons 
de  le  Sire ,  pourvu  cependant  qu'il  n'ait  pas  été 
trop  calciné  précédemment. 

Ce  fut  Homberg  qui  découvrit  le  pyrophore ,. 
en  travaillant  fur  la  matière  fécale  qu'il  avoic 
mêlée  avec  de  l'alun  &  du  vitriol.  Lémery  le  ca- 
det a  fait  fur  cet  objet  beaucoup  d'expériences 
inférées  dans  les  Volumes  de  l'Académie  pour 
les  années  1714&1715.  Il  s'eft alTuré  qu'on  poi*- 
voit  faire  ce  pyrophore  indiftin&ement  avec  tou- 
tes les  matières  végétales  &  animales  qui  abon- 
dent en  phlogiftique ,  &  de  l'alun  ou  du  vitriol* 
Depuis  les  travaux  de  ces  Chymiftes ,  on  trouve  % 
dans  le  troilîeme  Volume  des  Savants  étrangers* 
un  excellent  Mémoire  de  M.  de  Suvigny ,  .Doc- 
teur en  Médecine ,  où  l'Auteur  fait  voir  qu'il  eft 
parvenu  à  faire  du  pyrophore  avec  toutes  les  ma- 
tières qui  contiennent  ae  l'acide  vitriolique  uni* 

Yiij 


j4*       Chymie  expérimentali 

foità  une  terre,  foie  à  un  fel  alkali,  foit  à  un* 

matière  métallique. 

Homberg  &  Lémery  avoient  attribué  Un fl ani- 
mation du  pyrophore  à  la  terre  de  l'alun  qu'ils 
fuppofoient  s'être  convertie  en  chaux  vive  :  ils 
'penfoient  que  cette  terre ,  en  attirant  l'humidité 
de  l'air,  produifoir  aflez  de  chaleur  pour  mettre  le 
feu  au  foufre  qui  s'eft  formé  par  la  calcination  : 
mais  la  terre  de  l'alun  eft  une  terre  vitrifîable  qui 
ne  forme  point  de  chaux  par  la  calcination. 

L'explication  qu'en  donne  M.  de  Suvigni ,  me 
paroît  plus  conforme  à  la  faine  Phyfique  :  il  attri- 
bue l'inflammation  du  pyrophore  à  une  portion 
d'acide  vitriolique  à  demi  dégagé  de  fa  baie ,  qui 
n'eft  pas  tout-à-fait  foufre ,  &  qui  fe  trouve  dans 
un  degré  de  concentration  conudérable  (  &  peut- 
être  fous  une  forme  glaciale.  )  Lorfqu'on  expofe 
le  pyrophore  à  l'air ,  cet  acide  attire  l'numidité  de 
l'air ,  &  s'échauffe  afTez  pour  enflammer  le  foufre 
qui  l'environne  de  toutes  parts, 

Décompofition  de  F  Alun  par  les  terres  calcaires* 

Nous  avons  vu  que  les  felénites  calcaires,  ainfi 
que  les  autres  fels  à  bafe  de  terres  calcaires ,  ne 
font  point  décompofées  par  une  autre  terre  cal- 
caire. 11  n'en  eft  pas  de  même  des  fels  à  bafe  ter- 
reufe  vitrifîable.  L'alun,  qui  eftunefélénitede 
cette  dernière  efpçce ,  eft  décompofé  par  les  ter- 
res calcaires ,   par  la  chaux  bc  par  l'eau  de  chaux. 

On  met  dans  un  matras  delà  didolution  d'a- 
lun étendue  dans  beaucoup  d'eau  :  on  ajoute  de 
petits  morceaux  de  pierre  calcaire  :  on  met  le  ma- 
tras ,  à  une  chaleur  douce ,  fur  un  bain  de  fable  : 
l'acide  vitriolique  de  l'alun  diflbut  la  terre  cal- 
,  caire ,  &  fait  précipiter  la  terre  de  l'alun.  On  re* 


ÏT     ftAXSOtftfit.  j4) 

tonnoît  que  l'alun  eft  décompofé ,  parceque  la  H- 
queur  n'a  plus  la  faveur  de  l'alun.  On  décante  la 
liqueur  tandis  qu  elle  eft  trouble  :  on  fépare  les 
petits  morceaux  de  terre  calcaire  qui  ne  fe  font 
point  difïbus  :  on  filtre  la  liqueur  :  on  pafle  fur  le 
filtre  beaucoup  d'eau  bouillante ,  pour  emporter 
la  félénite  qui  pourroit  être  mêlée  avec  la  terre 
que  Ton  fait  fécher. 

J'ai  décompofé  l'alun  avec  toutes  les  terres  cal- 
caires que  je  lui  ai  préfentées.  Je  n'ai  remarque 
aucune  différence ,  fi  ce  n'eft  que  les  pierres  cal- 
caires tendres  le  décompofent  mieux  ;  mais  , 
comme  elles  font  fujettes  à  s'égrener,  il  ^en  mêle 
un  peu  avec  la  terre  de  l'alun  :  il  vaut  mieux  em- 
ployer des  morceaux  de  terres  calcaires  propres  & 
arrangés  de  manière  qu'ils  ne  puiflent  pas  s'é-  . 
grener  :  néanmoins  il  s'en  mêle  toujours  un  peu 
parmi  la  terre  de  l'alun. 

Décompofition  de  VAlun  par  de  la  chaux  &  par  de 
feau  de  chaux. 

Si  l'on  mêle  de  la  chaux  vive ,  ou  éteinte  à  l'air  9 
avec  une  diflblution  d'alun ,  il  arrive  la  même  dé- 
compofition  ;  la  terre  de  l'alun  eft  complètement 
précipitée  ;  la  liqueur  fe  trouve  chargée  de  félé- 
nite calcaire  :  cependant  on  ne  peut,  par  ce  . 
moyen,  obtenir  la  terre  de  l'alun  dansfon  état  de 
pureté  :  il  fe  mêle  avec  elle  une  certaine  quantité 
de  chaux  ,  à  caufe  de  la  facilité  qu'a  cette  terra 
pour  fe  délayer  dans  l'eau  :  la  terre  de  l'alun  fe 
trouve  encore  altérée  par  de  la  félénite  calcaire 
qui  fe  précipite  avec  la  terre  de  l'alun.  Quoi  qu'il 
en  foit ,  cela  ne  dérange  rien  de  la  théorie  que 
nous  établirons  ,  qui  eft  que  les  terres  calcaires 
ont  plus  d'affinité  avec  les  acides  y  que  n'en  ont 
Us  tgtees  vitçifiables^ 

Yiv 


|44  ChYMIE    EXPERIMENTAL* 

11  en  eft  de  même  de  l'eau  de^  chaux  :  elle  dé* 
compofe  très  bien  l'alun  ;  mais  elle  a  pareille* 
jnent  l'inconvénient  de  fournir  de  la  terre  czU 
caire,  &  de  fe  précipiter  en  bartie  avec  la  terre 
de  l'alun  qu'elle  fépare  de  fon  acide.  Comme 
l'eau  de  chaux  contient  peu  de  fubftance  ter- 
reufe ,  il  en  faut  beaucoup  pour  décompofer  l'a- 
lun. La  terre  d'alun  que  l'eau  de  chaux  préci- 
pite ,  eft  quelquefois  jaunâtre ,  mucilagineufe , 
&  femblable  à  de  la  mie  de  pain  tendre  dont  elle 
a  l'élafticité.  La  couleur  de  cette  terre  lui  vient 
du  phiogiftique  contenu  dans  l'eau  de  chaux.  J'ai 
remarqué  que  cette  terre  en  étoit  fort  avide. 

J'ai  examiné  les  liqueurs  provenant  de  l'alun 
décompofé  par  les  terres  calcaires  ,  &  pareille- 
ment les  liqueurs  provenant  de  la  décompofirion 
de  l'alun  par  de  l'eau  de  chaux  :  elles  ctoient 
toutes  feulement  chargées  de  félénite  calcaire  , 
Çc  parfaitement  faturées  :  elles  n'occa/ïonnoient 
aucun  changement  au  fyrop  violât  ni  à  la  teinture  , 
de  touinefol.  J'ai  partagé  toutes  ces  liqueurs  en 
deux  portions  :  dans  l'une ,  j'ai  ajouté  une  légère 
furabondance  d'acide  vitriolique  qui  n'a  commu-r 
piqué  qu'une  faveur  acide  &  nullement  aftrin* 

J'ente  :  je  n'ai  rien  ajouté  à  l'autre  portion  de  ces 
iqueurs  :  je  les  ai  diftribuées  dans  des  féaux  de 
verre,  chacune  feparément  :  elles  ont  toutes  four* 
ni  de  la  félénite  calcaire ,  8c  pas  un  feul  atomç 
d'alun. 

J'ai  enfuîte  combiné  avec  de  l'acide  vitriolique 
la  terre  d'alun  qui  a  été  féparée  par  ces  différents 
intermèdes  calcaiiesj  :  chacune  m'a  fourni  des 
çryftaux  d'alun  &  de  la'félénite  calcaire  ;  mais. 
ce  dernier  fel  fe  jrouvoit  dans  des  proportions  re- 
latives à  la  quantité  de  terre  calcaire  qui  s'étoiç 
précipitée  avec  la  terre  de  Valuji.  Nous  parlerons 


*  ET      RAISONNÉ!.  )4J 

a  bientôt  des  moyens  d'obtenir  la  terre  de  l'alun 
*.  dans  un  grand  état  de  pureté ,  &  nous  examine- 
-  rons  plus  amplement  les  propriétés  de  cette  terre* 

lit 

Alun  &  acide  vitriolique. 

2  On  ne  fait  pas  fi  l'alun  admettrait  dans  là 
=  cryftallifatiorî  une  plus  grande  quantité  d'acide 
•i   vitriolique  qu'il  n'en  contient  ordinairement. 

51  Alun  &foufre. 

z  On  ne  connoît  point  ce  mélange  ni  les  effets 
;    de  ces  fubftances  l'une  fur  l'autre. 

r  Alun  &  gypfc. 

On  ne  fait  ce  que  formeraient  ces  deux  fub~ 
,     fiances ,  foit  par  la  voie  feche  9  foit  par  la  voie 
humide.  On  peut  préfumer  que  parla  voie  fe- 
che elles  fe  fondraient  mutuellement,  &  qu'il 
en  réfulteroit  un  verre. 

Alun  &  acide  nitreux. 

On  ne  connoît  point  l'a&ion  de  ces  fubftances 
Tune  fur  l'autre. 

Alun  &  acide  marin. 

On  ignore  ce  que  produirait  ce  mélange. 

Alun  &  vinaigre. 

On  ignore  de  même  ce  que  produirait  ce  mé- 
lange. 

Alun  &  alkalifixe. 

Pécoinpofition  de  l'Alan.  Terre  d'Alan,  Tartre  vitriolé^ 

L'alkali  fixe  décompofe  tous  les  fels  à  baf* 
tetrçufe  quelconque  ;  il  s'unit  aux  acides  &  fait 


)4*  ChTMIE   IXPiRIMBNTALB 

précipiter  la  terre.  Nous  ne  parlerons  préfente- 
ment  que  de  la  décompoiition  de  l'alun. 

On  Fait  diifoudre  deux  livres  d'alun  de  roche 
dans  une  fuffifante  quantité  d  eau  :  on  verfe  par- 
deffus  peu  à  pe<u  environ  autant  d'alkali  fixe  ré- 
fous en  liqueur,  ou  jufqu'à  ce  qu'il  ne  fe  farte 
plus  de  précipité,  &  que  l'acide  vitriolique  foit 
'  parfaitement  faturé.  La  terre  qui  fe  précipite  eft 
blanche  :  elle  eft  d'autant  plus  légère  y  qu'elle  a 
été  précipitée  dans  une  plus  grande  quantité  d'eau  : 
on  la  lave /à  plusieurs  reprifes  ,  dans  beaucoup 
d'eau  bouillante  :  il  eft  même  néceflfaire  de  la  faim 
bouillir  dans  de  l'eau  pour  la  deflaler  complerte- 
ment ,  parcequ'elle  retient  les  fels  très  opiniâtre- 
ment :  lorfqu'eile  eft  bien  lavée,  on  l'a  fait  égout- 
ter  fur  un  filtre ,  &  on  la  fait  fécher. 

Si  l'on  fait  évaporer  les  premières  liqueur? 
jufquà  pellicule ,  elles  fournirent ,  par  le  reftoi* 
diflement ,  des  cryftaux  de  tartre  vitriolé. 

Remarques. 

Dans  cette  expérience  l'alkali  fixe  s'unit  £  Pa*A 
cide  vitriolique ,  &  ils  forment  enfemble  un  vrai 
tartre  vitriolé.  La  terre  de  l'alun  fe  précipite  en 
même  temps.  Cette  décompoiition  fe  fait  avec 
beaucoup  d'effervefcence  lorfque  les  liqueurs 
font  chaudes  &  peu  étendues  dans  de  l'eau.  Cette 
terre  retient  l'eau  avec  une  force  confidérable  : 
elle  eft  très  long-temps  à  fe  fécher  à  l'air  libre, 
J'ai  reconnu  qu'il  lui  faut  plus  de  trois  mois, 
même  en  été.  Deux  livres  d'alun  de  roche  four- 
nirent ordinairement  fix  onces  &  demie  de  terre 
d'un  blanc  fale ,  parcequ'elle  a  une  difpofition 
finguliere  pour  s'emparer  des  matières  colorant 
tes.  Lorfqu  on  la  laifle  fécher  fans  la  remuer,  ell? 


ÏT      KAISÛNNÉR  J4^ 

ieviçnt  brune  &  femblable  à  de  la  corne >  ayant 
même  un  peu  de  tranfparence. 

Lorfque  la  terre  de  l'alun  eft  deflechée  à  un 
certain  point,  elle  a  un  liant  femblable  à  celui 
des  argilles  :  il  eft  beaucoup  plus  conlldérable , 
mais  il  eft  pâteux  ;  &  comme  cette  terre  prend 
beaucoup  de  retraite  en  fe  féchant  >  elle  fe  fend 
&  fe  réduit  en  menues  parties.  Mais  la  terre  qui 
a  été  féparée  de  l'alun  calciné  ,  ne  préfente  pas 
ces  phénomènes  :  elle  eft  moins  fine ,  moins  di- 
vifce  :  elle  fe  feche  plus  promptement  :  elle  prend 
beaucoup  moins  de  retraite  en  fe  féchant  :  l'une  de 
l'autre  font  âpres  &  dures  au  toucher. 

Propriétés  de  la  terre  de  Valun. 

Nous  avons  déjà  expofé  une  partie  des  pro- 

{>riétés  de  la  terre  de  l'alun ,  qui  a  été  féparée  par 
es  matières  phloeiftiques.  Celle  quia  été  féparée 
par  l'alkali  fixe  a  les  mêmes  propriétés  :  ainfi  nous 
allons  continuer  à  examiner  les  propriétés  de 
cette  terre.  L'air ,  l'eau ,  la  glace ,  les  rerres  vi- 
trifiables  ,  les  terres  calcaires  ,  la  chaux  vive , 
n'ont  aucune  aéfcion  fur  cette  terre  \>  mais  elle  a 
une  grande  difpofition  à  fe  combiner  aVec  les  ma- 
tières phlogiftiques  :  elle  s'empare  avec  avidité  de 
celui  qui  ejl  contenu  dans  l'alkali  qui  fert  à  la 
précipiter  :  elle  retient  auffi  ce  principe  avec  beau- 
coup d'opiniâtreté.  L'eau  lui  eft  de  même  fort 
adhérente. 

J'ai  placé  fous  la  moufle  d'un  fort  fourneau  1 
yent,  deux  gros  de  terre  d'alun  qui  avoit  été  fé- 
chée  au  foleil  pendant  long-temps.  Après  deux 
heures  d'un  feu  de  la  plus  grande  violence ,  j'ai 
trouvé  qu'elle  étoit  diminuée  de  48  grains  de  ion 
•  poids  :  il  a  fallu  ce  temps  pour  lui  enlever  cette 
quantité  d'humidité  :  elle  eft  devenue  duplusgraa^ 


54$  ChYMIE    EXPERIMENTALE 

blanc  :  elle  eft  reftée  feche  &  friable.  Expofée  de 
nouveau  à  un  femblable  coup  de  feu ,  mais  beau- 
coup plus  long  temps  continué ,  elle  a  diminué 
encore  de  1 1  grains  :  elle  a  acquis  un  degré  de 
dureté  confîderable  ;  mais  elle  étoit  bien  éloi- 

5 née  de  la  fufion  :  il  n'y  a  peut-être  que  le  foyer 
'un  bon  miroir  ardent  qui  foit  en  état  de  la  fon- 
dre lorsqu'elle  eft  feule  &  parfaitement  pure, 
tant  cette  terre  eft  réfra&aire. 

La  terre  de  l'alun  fe  combine  très  bien  avec 
Facide  vitriolique  >  &  reproduit  de  l'alun,  comme 
nous  le  dirons  plus  particulièrement  dans  un  inf* 
tant. 

Alun  J attiré  de  fa  terre. 

Jufqu'ici  nous  avons  confidéré  l'alun  comme 
unefélénite  à  bafe  de  terre  vitrifiable,  mais  qui  dif- 
fère des  félénites  calcaires ,  i°.  en  ce  que  ce  fel  a 
pour  bafe  une  terre  vitrifiable}  i°.en  ce  qu'il  entre 
une  très  grande  quantité  d'eau  dans  la  compofi- 
tion  de  fes  cryftaux  j  j°.  en  ce  qu'il  a  une  faveur 
acide  très  aftringente  j  40;  en  ce  qu'il  fe  diffouc 
en  plus  grande  quantité  dans  l'eau,  &  que  l'eau 
bouillante  en  diflbut  beaucoup  plus  que  l'eau 
froide  ;  50.  en  ce  que  ce  fel  eft  en  état  de  dif-t 
foudre  une  nouvelle  quantité  de  fa  propre  terre  » 
de  s'en  faturer  complettcment  >  &  d'acauérir  alors 
des  propriétés  communes  avec  les  argilles  ;  toutes 
propriétés  que  n'ont  point  les  félénites  calcaires. 

Le  grand  nombre  d'expériences  que  j'ai  faites, 
fur  les  matières  terreufes  en  général  >  m'a  mis 
à  portée  de  reconnoître  ces  deux  efpeces  de  iélé- 
nites  ;  l'une  à  bafe  de  terre  calcaire  ,  &  l'autre  à 
bafe  de  terre  vitrifiable.  J'ai  établi  cette  diftin&ion 
pour  la  première  fois  dans  un  Mémoire  fur  V  Alun  ± 
inféré  dans  la  gazette  de  Médecine  du  4  Déçwh 


*  T      ft  A  î  S  O  tf  tt  £  Ë*  £4£ 

btei7^i,  page  $53.  Depuis  j'ai  fait  la  même 
tîiftincfcion  dans  les  deux  éditions  de  mon  Manuel 
de  Chymie;  dans  celle  publiée  en  iy6 j  ,  page  86} 
&  dans  la  féconde  imprimée  en  1765  ,  page  89. 
J'en  ai  encore  parlé  au  mot  Alun  dans  le  Diction- 
naire des  Arts  &  Métiers ,,  en  1  vol.  în-8°.  impri- 
mé en  1 766.  Voici  comme  je  fuis  parvenu  à  latu* 
rer  l'alun  de  fa  propre  terre. 

J'ai  mis  dans  une  bafline  d'argent  de  la  diffb- 
lution  d'alun  étendue  dans  beaucoup  d'eau.  J'ai 
ajouté  de  la  terre  d'alun  bien  préparée  &  non  fé- 
chée.  J'ai  fait  bouillir  ce  mélange  pendant  envi* 
ron  une  heure.  L'alun  a  diflbus  une  cerraine  quan- 
tité de  terre  avec  effervefeence.  J'ai  filtré  la  li- 
queur :  elle  n'avoit  plus  la  faveur  de  l'alun  j  elle 
avoir  celle  d'une  eau  dure  :  elle  ne  changeoit 
point  la  couleur  de  la  reinture  de  touoiefol ,  mais 
elle  verdiffbit  le  fyrop  violât.  L'alkali  fixe  faifoit 
précipiter  beaucoup  de  terre  de  cette  liqueur.  Il 
eft  refté  fur  le  filtre  la  matière  terreuie ,  mais 
mêlée  de  beaucoup  de  matière  faline  prefque  in*; 
diflbluble  dans  l'eau.  Je  l'ai  broyée  fur  un  por- 
phyre, &  je  l'ai  fait  fécher  :  elle  «voit  les  carac- 
tères principaux  de  Pargille.  Cette  terre  n'en  di& 
ferait  qu'en  ce  qu'elle  avoit  mdihs  de  liant  5 
qu'elle  fe  kiflbit  décompofer  plus  facilement  par 
l'alkali  fixe ,  que  les  argilles  naturelles.  L'Art  ne 
peut  jamais  imiter  parfaitement  la  Nature  ,  ni 
combiner  auffi  intimement  qu'elle  le  fait,  une  pe- 
tite quantité  d'acide  vitriolique  avec  une  très 
grande  dofe  de  terre.  Par  une  évaporation  fpon- 
tanée,  la  liqueur  filtrée  a  fourni  peu  de  cryuaux 
qui  étoient  difpofés  en  petites  écailles  comme  du 
mica ,  très  doux  au  toucher.  Ce  nouveau  fel  n'a 
point  de  faveur  :  il  n'a  prefque  plus  de  diffblubi- 
tité  dan;  l'eau  :  il  refTemble  beaucoup ,  par  ces 


yjo       Chyuib  ixperiment alë 
dernières  propriétés ,  aux  félénices  calcaires.  Lors- 
que la  terre  de  l'alun  n'a  pas  été  fuffifamment  la- 
vée ,  il  fe  forme  un  peu  de  tartre  vitriolé  qui 
grimpe  le  long  des  parois  du  vafe. 

Lorfqu'on  tait  cette  expérience  avec  de  la  terre 
d'alun  qu'on  a  fait  fécher  +  cette  terre  a  beau- 
coup de  peine  à  fe  diffbudre,  parcequ'elle  ne  fe 
délaie  point,  ou  du  moins  fort  mal  :  il  faut  alors 
réduire  cette  terre  en  poudre  fine ,  &  la  faire 
bouillir  long-temps  avec  la  diflolution  d  alun  qui 
s'en  fature  de  même  :  ceci  n'eft  qu'un  peu  plus 
long. 

Ces  diflolutions  d'alun  fature  font  décompofa- 
bles  par  les  terres  calcaires,  par  l'eau  de  chaux  & 
par  l'alkali  fixe. 

J'ai  ajouté  à  une  portion  de  ces  liqueurs,  fatu- 
rées  de  terre  d'alun,  une  certaine  quantité  d'a- 
cide vitriolique ,  dans  le  deffein  de  reproduire  de 
l'alun.  La  liqueur  eft  reftée  acidulé ,  fans  acqué- 
rir la  faveur  de  l'alun  j  néanmoins  elle  a  formé  , 
dans  l'efpace  de  trois  mois ,  par  une  évaporation 
fpontanee ,  des  cryftaux  de  véritable  alun ,  parmi 
lefquels  il  y  avoit  des  cryftaux  micacés,  fembia- 
fcles  à  ceux  produits  par  l'alun  fature  de  fa  terre. 

Lorfque  la  rivière  eft  trouble  à  Paris ,  les  blan- 
chifleufes  de  linge  fin  font  dans  l'ufage  d'éclaircir 
l'eau  dans  des  baquets  avec  un  peu  d'alun  :  c'eft 
un  effet  qui  eft  très  connu  ;  mais  la  caufe  ne 
rétoit  pas  :  il  eft  aifé  de  la  connoître  d'après  ce 
que  nous  venons  de  dire  ;  l'alun  fe  fature  de  la 
terre  la  plus  fine  qui  trouble  l'eau  :  elle  forme 
un  fel  prefque  infoluble  qui  fe  précipite  &  en- 
traîne avec  lui  la  terre  grofliere  qui  n'a  plus  d'ad- 
hérence avec  l'eau. 


I  T     KAlSOKNh.  )5j: 

Terre  d'alun  diffoutepçr  de  t  acide  vitriolique. 

La  terre  de  l'alun  fe  diflbut  complettement  pa* 
de  l'acide  vitriolique  j  irais  lorfqu'elle  a  été  fé- 
chée  5  elle  fe  diflout  difficilement.  11  faut  l'em- 
ployer immédiatement  après  qu'elle  a  été  préci- 
pitée &  bien  lavée ,  &  lorfqu'elle  eft  encore  en 
bouillie.  Dans  cet  état ,  les  molécules  de  terre  ne 
font  pas  encore  agglutinées  j  elle  préfente  plus  de 
furface  &  fe  diflbut  mieux.  Cette  diflblution  re- 
forme de  l'alun  tel  qu'il  étoit  auparavant.  On 
obtient  aufli ,  conjointement  avec  les  cryftaux 
d'alun,  une  certaine  quantité  de  cryftaux  difpo- 
fés  en  petites  écailles  comme  le  mica  :  ils  font 
talqueux  &  doux  au  toucher.  Lorfqu'on  fait  cette 
expérience ,  il  faut  la  faire  fur  plusieurs  onces  de 
terre  ;  car  lorfqu'on  la  fait  en  petit ,  elle  rendit 
mal  :  on  n'obtient ,  pour  ainfi  dire ,  que  des  cryf- 
taux de  mica ,  ou  des  cryftaux  d'alun  plus  ou 
moins  chargés  de  terre ,  qui  ont  des  propriétés 
moyennes  entre  ceux  d'alun  &  ceux  qui  font 
jpomme  du  mica. 

Terre  d'alun  dijfoutepar  de  l'acide  nicreux. 

L'acide  nitreux  diflbut  complettement  la  terre 
d'alun.  Cette  diflblution ,  bien  faturée ,  eft  fans 
couleur;  mais  elle  a  une  faveur  beaucoup  plus 
aftringente  que  celle  de  l'alun.  Cette  liqueur, 
par  une  évapoifttion  fpontanée ,  a  formé  de  pe- 
tits cryftaux  à  pointes  de  diamants ,  &  d  une  ftyp- 
ticité  confidérable. 

Terre  d'alun  diffbute  par  de  l'acide  marin. 

L'acide  marin  diflbut  complettement  la  terre 


,15*       Chymib  E*i*£a.tî4EriTÀi & 
de  l'alun.  J'ai  faturé  de  cet;  acide  avec  de  la  testé 
d'alun  féchée  &  réduite  en  poudre  fine  j  il  s'eft 
excité  une  vive  effervefcence  &  une  chaleur  con- 
sidérable ,  quoique  cet  acide  fut  affoibli  :  la  dit- 
folution  étoit  mucilagineufe.  J'ai  été  obligé  de 
Tétendre  dans  beaucoup  d'eau  pour  pouvoir  la 
filtrer.  La  liqueur  filtrée  étoit  fans  couleur  :  elle 
avoit  une  faveur  ftyptique  aftringente  &  de  fel 
marin  :  elle  rougiflbit  d'abord  la  couleur  de  la 
teinture  de  tournefol ,  mais  cette  couleur  fe  réca- 
bliflbit  eafuite  :  elle  rougiflbit  de  même  la  cou- 
leur du  fyrop  violât ,  qui  devenoit  verte  un  inf* 
tant  après.  Cette  liqueur ,  par  une  évaooration 
fpontanée  ,  a  formé  des  cryftaux  d'une  ftypticité 
confidérable. 

L'acide  marin  diflbut  de  même  le  fable  féparé 
du  liquorjîlicum.  Les  phénomènes  qu'il  préfente 
font  femblables  à  ceux  qu'il  produit  avec  la  terre 
d'alun ,  lorfqu'on  préfente  à  cet  acide  de  la  terre 
d'alun  feche ,  ou  du  fable  du  liquor  JUicum  égale- 
ment  féché.  Il  fe  produit ,  furie  champ,  une  cha- 
leur confidérable  avec  effervefcence ,  quoique 
dans  cet  état  l'acide  marin  diflblve  peu  de  ces 
terres.  Ce  phénomène  n'arrive  pas  avec  l'acide 
nitreux  j  ce  qui  eft  une  preuve  qu'il  a  fur  cej 
terres  moins  d'adtion  que  l'acide  marin.  Lorf- 
qu'on laifle  refroidir  cette  diflblution  faturée 
avant  de  la  délayer  dans  de  l'eau ,  elle  forme  an 
beau  mucilage  net ,  tranfparent  &  fans  couleur, 
Ce  mucilage  eft  d'une  couleur  jJhne  lorfque  l'a- 
cide n'eft  pas  entièrement  faturé  de  terre. 

En  général,  l'acide  marin  diflbut  mieux  ces 
terres ,  &  en  plus  grande  quantité  >  que  l'acide 
nitreux  :  il  forme  avec  elles  des  diflblutions  qui 
ont  la  même  faveur,quellequefoitlaterre  vitrina- 
Me  qu'on  aie  employée*  Toutes  ces  ditfolutioiu 

foà» 


iofit  décompofées  par  Peau  de  chaux  &  pat  le* 
terres  calcaires* 

Terre  d'alun  diffoute  pat  le  vinaigre  diJlilU\ 

La  terte  d'alun  fe  difïbut  fort  mal  dans  le  vihaif 
£rè  diftillé.  Cet  acide  n'en  diiïbut  qu'une  fort  pe- 
tire  auàntité.  L'efpece  dô  fel  que  produit  cette 
diflolution ,  eft  fort  terreufe.  Les  cryftauic  font 
petits  te  difpofés  en  aiguilles.  On  croiroit,ert 
Voyant  leur  figure ,  qu'ils  feroieiit  produits  pal! 
Quelque  légère  portion  de  terre  calcaire  que  la 
Vinaigre  diftillé  auroit  féparée  de  la  terre  d'alun* 

Sur  les  Argilles* 

Nous  Venons  de  dire  que  l'alun  étoit  fufeep- 
tible  de  fe  faturer  de  fa  propre  terre ,  &  de  for- 
mer dans  cet  état  une  matière  qui  n'a  ftefque 
plus  les  propriétés  falines.  La  Nature  nous  offre 
dans  les  argilles  une  quantité  immenfe  de  futv» 
ftance  faline  de  cette  efpece  t  elle  en  diffère 
feulement,  en  ce  qu'elle  eft  mélangée  avec  beau-* 
coup  de  terre  vitrifiabie  de  même  nature,  mais 

2ui  n  eft  pas  combinée  avec  de  l'acide  vitriolique* 
l'eft  un  fable  très  fin ,  qu'il  eft  même  impoflible 
de  féparer  par  le  lavage.  C'eft  à  ce  mélange  ,  for- 
mé par  la  Nature,  que  l'on  a  donné  les  noms  à'ar* 
gïllc  &  As  terre  glaife.  La  plupart  des  Naturalis- 
tes diftinguent  les  argilles  d'avec  les  glaifes j  mais 
ces  diftin&ions  font  fondées  fur  des  caraâeret 
trop  équivoques.  Les  Chymiftes  n'en ,  font  au- 
cune ,  &  nous  regarderons  ces  dénominations 
comme  étant  absolument  fynonymes.  • 

En  parlant  des  altérations  que  le  gypfe  éprouve 
4e  la  part  des  éléments  &  du  laps  de  temps ,  j'ai 
f  xpofé  le  fentiment  qui  m'a  paru  le  plus  probable 
Tome  L  % 


354  Chymte  expérimentale 
fur  l'origine  des  argilles.  Tout  me  porte  à  croire 
ou  elles  font  formées  par  du  gypfe  réduit  en  pou- 
dre  roulée  par  les  eaux  de  la  mer.  La  terre  cal- 
caire qui  fait  la  bafe  du  gypfe ,  eft  une  terre  corn- 
pofée  ,  qui  ne  peut  que  tendre  à  de  plus  grands 
degrés  de  (implicite ,  &  à  redevenir  terre  vitrifia- 
ble ,  telle  quelle  écoit  avant  d'avoir  fubi  tous  ces 
changements.  Si  pendant  que  tous  ces  change» 
ments  s'opèrent ,  il  refte  de  l'acide  vitriolique  uni 
à  la  terre ,  il  en  réfulte  une  argille  ou  de  l'alun  , 
fuivant  les  proportions  de  l'acide  reftanr. 

Propriétés  des  argilles» 

Je  regarde  donc  les  argilles  comme  étant  de 
la  terre  vitrifiable ,  qui  a  fubi  précédemment 
beaucoup  d'altération  ,  &  que  le  laps  de  temps 
a  plus  ou  moins  ramenée  au  caraâere  de  fon  ori- 
gine. Une  partie  feulement  de  cette  terre  eft  com- 
binée avec  de  l'acide  vitriolique  ,  l'autre  ne  Peft 
5 oint  :  c'eft  la  portion  dans  l'état  falin  ,  qu'on 
evroit  nommer  argille  :  celle  qui  n'y  eft  point , 
eft  de  la  terre  vitrifiable ,  femblable  à  la  premiè- 
re >  &  dans  un  grand  état  de  divifion  :  on  devroit 
la  nommer  terre  à  argille  3  ou  terre  argilleufe  :  elle 
eft  un  fable  très  fin,  ou  une  portion  de  terre  de 
même  nature  que  celle  de  Pareille,  mais  qui  n'é-  - 
tant  point  combinée  avec  de  l'acide  vitrioliaue y 
refufe  de  fe  diflbudre ,  foit  dans  l'eau ,  foit  «dans 
les  acides.  Néanmoins ,  pour  ne  rien  changer 
dans  les  dénominations,  nous  nommerons  ar- 
gille ce  mélange  que  donne  la  Nature ,  de  matière 
laline  &  de  «tore  vitrifiable  divifée ,  qui  font  la 
compofition  de  toutes  les  terres  connues  fous  le 
nom  d'argU/es. 
Les  argilles  font  des  terres  grades ,  pâteufes* 


SX     KÀÎSONNÉÉ,  )  5  ; 

douces  au  toucher  :  elles  s'attachent  à  la  langue  » 
fe  pétrifient  avec  de  l'eau,  fe  réduifent  en  pâte  y 
&  ont  aflfex  de  liant  pour  fe  laifler  travailler  fur  l 
le  tour  t  elles  pétillent  &  fautent  en  éclats,  avec 
explofion ,  lorfqu'elles  ne  font  pas  parfaitement 
feches ,  Se  qu'on  les  expofe  brufquemen  t  au  grand 
feu  :  elles  le  réduifent  pour  lors  en  poudre  avec 
un  mouvement  de  décrepitatiom 

Les  argilles  font  fujettes  à  être  colorées.  Il  y 
en  a  de  noire  j  cette  couleur  lui  vient  des  ma- 
tières phlogiftiques  :  il  v  en  a  de  verte ,  couleur 
qui  lui  eft  communiquée  par  du  cuivre  dans  Té« 
tat  de  rouille  :  il  v  en  a  de  jaune ,  de  rouge ,  de 
bleue ,  de  grife ,  de  blanche ,  &c.  d'autres  font 
veinées  de  différentes  couleurs,  femblables ,  par 
leur  arrangement  &  pour  leur  variété ,  à  celle* 
des  plus  beaux  marbres  colorés.  Les  terres  que 
1  on  nomme  boh>  tel  que  le  bol  d'Arménie ,  fonc 
des  argilles  colorées  par  du  fer.  Toutes  ces  cou- 
leurs font  abfolument  étrangères  à  la  nature  des 
argilles  :  elles  y  font  produites  par  des  matières 
végétales ,  animales  &  métalliques.  Quelquefois 
les  fubftances  des  trois  règnes  colorent  1 argille 
en  même  temps ,  &  quelquefois  elle  n  eft  colo- 
rée que  par  des  fubftances  d'un  feul  règne. 

Il  y  a  des  argilles  qui  contiennent  de  l'or  :  celle 
avec  laquelle  on  fait  les  creufets  de  la  verrerie  de 
Sève ,  près  de  Paris ,  eft  dans  ce  cas  :  on  la  tire 
de  Gifors.  Les  argilles  colorées  contiennent  pref- 
que  toutes  des  pyrites.  Dans  les  unes,  les  pyrites 
font  dans  un  état  d'efflorefeence ,  &  quelquefois 
en  poufliere  :  dans  d'autres ,  les  pyrites  font  en-' 
tieres.  Ces  matières  altèrent  la  pureté  dçs  argile 
les  ;  on  eft  obligé  de  les  féparer ,  lorfqu  on  eiv 
veut  faire  de  bonne  poterie ,  pareequ  elles  fonc 
des  fondants  des  argules. 

Zij 


35*        Chymie  EXPERIMEKTAL! 

J'ai  obfervé  pareillement  beaucoup  de  variété 
dans  les  argilles  >  relativement  à  l'acide  vitrioli- 
que  qu'elles  contiennent  :  toutes  celles  qui  font 
colorées ,  en  font  plus  pourvues  que  celles  qui 
font  blanches  &  fans  couleur.  On  trouve  des  ter- 
res blanches  qui  fe  diflolvent  peu  ou  point  dans 
les  acides  :  elles  ont  du  liant ,  mais  beaucoup 
moins  que  les  argilles ,  &  elles  ne  contiennent 

E>int  d  acide  vitriolique.  Ces  efpeces  de  terres 
ne  de  même  nature  que  celles  qui  fervent  de 
bafe  aux  argilles  :  elles  ont  vraifemblablement  la 
même  origine.  Il  eft  à  préfumer  que  ce  font  des 
argilles  qui  ont  été  remaniées  plus  d'une  fois  par 
les  eaux ,  &  qui  ont ,  dans  ces  différentes  révolu- 
tions ,  perdu  tout  leur  acide  vitriolique  :  mais  el- 
les ne  font  pas  de  vraies  argilles  :  ces  terres  font 
aux  argilles ,  ce  que  les  terres  calcaires  très  divi- 
fées  font  au  plâtre.  La  terre  calcaire  eft  bien  la 
bafe  du  jjypfe  ;  mais  elle  n  eft  pas  du  gypfe.  Ce 
qui  conftitue  eflentiellement  largille  ,  c'eft  la 
combinaifbn  de  l'acide  vitriolique  avec  une  terre 
vkrihabfe. 

J'ai  remarqué  que  les  argilles  blanches  ont 
moins  de  liant  que  les  bleues ,  les  noires  &  les 
grifes ,  qui  fervent  à  faire  des  poteries  commu- 
nes. Ce  défaut  leur  vient  de  ce  que  leurs  molécu- 
les font  moins  fines ,  &  qu'elles  font  moins  dans 
l'état  falin  :  elles  font  d'ailleurs  prefque  toujours 
mêlées  avec  une  très  grande  quantité  de  mica  : 
plufieurs  même  en  font  tellement  altérées  y 
qu'on  peut  préfumer  que  ce  font  des  argilles  qui 
commencent  à  fe  dénaturer ,  à  perdre  de  leur  aci- 
de ,  à  s'éloigner  de  l'état  falin ,  &  à  former  de 
npuveaux  corps  qui  cefTent  d'avoir  les  caraâeres 
diftin&ifs  des  argilles. 

On  doit  attribuer  le  liant  des  argilles  à  Pex-. 


I  T     RAISONNil.  J57 

trème  divifion  de  leurs  parties,  qui  les  rend  pro- 
pres à  retenir  l'eau ,  &  à  leur  écat  falin ,  qui  leur 
donne  la  propriété  d'être  prefque  diflblubles  dans 
l'eau.  Leurs  molécules  font  beaucoup  plus  dans 
l'état  de  divifion ,  que  celui  qu'on  pourroit  pro- 
curer à  une  pierre  quelconque  par  des  moyen* 
.méchaniques.  On  peut  bien  donner  au  fable  & 
à  toutes  les  matières  vitrifiables  beaucoup  de 
liant,  en  les  réduifant  en  poudre  impalpable  fur 
le  porphyre  ;  mais  quelque  divifées  que  foient 
ces  fubftances ,  elles  ne  peuvent  jamais  acquérir 
le  liant  des  argilles ,  parcequ'elles  n'ont  rien  de 
falin  qui  les  rende  mifcibles  à  l'eau.  Les  argil- 
les elles-mêmes  n'ont  prefque  plus  de  liant ,  lor£ 
qu'on  leur  a  enlevé  leur  acide ,  quoique  la  fub- 
ftance  terreufe  refte  dans  le  plus  grand  éta*  de 
divifion.  C'eft  pour  cette  raifon  que  les  argilles 
blanches  qui  font  toujours  remplies  de  mica> 
&  qui  font ,  par  conféquent ,  moins  dans  l'état  fa- 
lin ,  ne  font  pas ,  à  beaucoup  près ,  auffi  liantes  , 
&  fe  fechent  plus  promptement  que  les  argilles 
fortes  :  elles  font  auflî  plus  fujettes  à  fe  fendre 
en  féchant ,  &  plus  faciles  à  être  pénétrées  &  dé- 
layées par  l*eau. 

J'attribue  le  doux  au  toucher  qu'on  remarque 
aux  argilles ,  à  ce  que  ces  terres  ont  été  roulées 
par  les  eaux  :  leurs  molécules  font  arrondies ,  &r 
ne  font  point  anguleufes.  La  terre  qu'on  fépare 
des  argilles  &,  celle  de  l'alun  font  après  &  rudes 
au  toucher,  parcequ'elles  n'ont  point  efluyé  un 
femblable  frottement  :  leurs  molécules ,  eu  fe 
précipitant ,  prennent  la  figure  qui  leur  e(l  pro- 
pre :  elles  font  néceflairemenr  anguleufes  -y  8c 
c'eft  là  ce  qui  eft  caufe  que  ces  terres  font  âpres 
&  rudes  au  toucher,  même  la  terre  des  argillc& 

Zii* 


j  5 S  ChYMIE   EXPi-RIMENTALB 

les  plus  douces  qu'on  fait  précipiter  par  un  fe! 
alkali. 

Argilles  expofécs  au  fou 

Les  argilles*  parfaitement  pures ,  expofées  au 
grand  feu  >  n'entrent  point  en  fufion  ;  mais  elles 
ont  la  propriété  de  s'agglutiner,  de  prendre  aflez 
de  corps ,  &c  d'acquérir  aflez  de  dureté  pour  jet- 
ter  des  étincelles  comme  une  pierre  à  fufiï,  lors- 
qu'on les  frappe  contre  de  l'acier. 

Toutes  les  argilles  colorées  par  des  matières 
végétales  &  animales,  blanchiflent  à  un  coup  de 
feu  médiocre.  Leur  matière  colorante  fe  détruit; 
mais  lorfqu'on  les  pouffe  à  un  coup  de  feu  capa- 
ble de  les  durcir  aflez  pour  faire  reu  étant  frap- 
pées contre  de  l'acier,  elles  reprennent  beaucoup 
de  couleur.  Ces  fortes  d'argilles  ne  font  pas  pro- 

Îtres  â  faire  des  poteries  blanches.  Celles  qui 
ont  colorées  par  des  matières  métalliques ,  font 
encore  moins  Donnes  pour  cet  objet.  L'a&ion  du 
feu  développe  même  des  couleurs  nouvelles  qui 
n'étoient  point  apparentes  ayant  leur  calcina- 
tion  :  elles  ont ,  d'ailleurs ,  l'inconvénient  d'en- 
trer en  fufion  &  de  fe  réduire  en  verre  par  la 
violence  du  feu ,  pareeque  les  matières  métalli- 
ques leur  fervent  de  fondant. 

Lorfqu'on  expofe  les  argilles  à  la  violence  du 
feu,  elles  durciflent  toutes ,  les  unes  plutôt,  les 
autres  plus  tard  :  elles  prennent  beaucoup  de  re- 
traite ,  c'eft-à-dire  qu  elles  occupent ,  après  la 
calcination ,  un  volume  moins  grand  qu'aupara- 
vant. Les  argilles  blanches  &  parfaitement  pu- 
res ont  befoin  d'un  plus  grand  coup  de  feu  pour 
durcir  complettemenr ,  parcequ'elles  contiennent 
efleatieUement  moins  d'acide  vitriolique/qui  eft 


ET     k  A  I  S  O  N  N  É  E.  $59 

an  principe  de  fufibilité,  comme  je  le  démontre- 
rai. Les  argilles  bleues  contiennent  toutes  plus 
d'acide  vitriolique  :  elles  font  d'ailleurs  mêlées 
pour  l'ordinaire  avec  une  certaine  quantité  de  fer 
qui  facilite  beaucoup  leur  endurcifTement.  On 
doit  confidérer  cet  effet,  comme  produit  par  une 
difpofition  à  la  fufîon  :  auffi  les  argilles  entrent 
réellement  en  fufîon ,  &  fe  convertirent  en  ver- 
re ,  lorsqu'elles  contiennent  une  certaine  quan- 
tité de  quelques  chaux  métalliques ,  quoiqu'elles 
n'éprouvent  qu'un  feu  égal  à  celui  qui  ne  fait 
que  durcir  les  argilles  pures. 

La  diminution  de  volume  que  les  argilles 
éprouvent  par  la  calcinatiôn,  vient  de  deux  cau- 
fes  :  i°.  de  l'humidité  qui  s'évapore ,  laquelle  eft 
fi  tenace ,  que  les  argilles  en  contiennent  encore, 
même  lorsqu'elles  font  rougies  à  blanc.  Je  m'en 
fuis  afTuré ,  en  pefant  un  morceau  d'argille  tout 
rouge ,  que  j'ai  repefé  après  l'avoir  tenu  encore 
deux  heures  à  un  très  grand  feu ,  fous  la  moufle 
d'un  fourneau  de  coupelle:  j'ai  trouvé  que  cette 
argille  étoit  diminuée  confidérablement  de  poids 
&  de  volume.  2°.  Lorfque  Pargille  eft  rouge  à 
blanc ,  elle  eft  dans  un  état  de  mollefTe ,  comme 
un  corps  qui  fe  difpofe  à  la  fufîon ,  quoiqu'elle 
foit  pour  cela  fort  éloignée  de  fe  fondre.  Néan- 
moins ,  lorsqu'elle  eft  parvenue  à  cet  état ,  les 
parties  de  la  terre  fe  rapprochent  les  unes  des 
autrçs,  &  la  marte  totale  acquiert  plus  de  denfité 
en  diminuant  de  volume. 

L'acide  vitriolique  ,  comme  principe  de  fufi- 
bilité des  argilles ,  facilite  encore  leur  endurcit* 
fement  :  auffi ,  j'ai  remarqué  que  les  terres  argil- 
leufes ,  desquelles  j'avois  Séparé  l'acide  vitrioli- 
que, av  oient  befoin  d'un  coup  de  feu  infiniment 

Ziv 


jtfO         ChYMII   EXPERIMENTAL* 

plus  fort ,  pour  acquérir  tout  le  degré  de  cuiflbn 
&  de  dureté  dont  elles  font  fufceptibles.  J'ai  ob* 
fervé  que  les  argilles  les  plus  liantes ,  &  qui  re- 
tiennent en  même  temps  la  plus  grande  quantité 
d'eau ,  font  celles  qui  prennent  le  plus  de  retraite 
gu  feu. 

L'acide  vitriolique  eft  de  la  plus  grande  adhé- 
rence dans  les  argilles.  L'a&ion  du  feu  le  plus 
violent  &  le  plus  long-temps  continué  eft  inca- 
pable de  le  faire  difliper  entièrement.  Les  pote- 
ries ,  les  fpurneaux ,  les  creufets ,  les  porcelaines 
terreufes,ont  néceflairemcnt  de  Pargille  pour  bafe. 
Lorfqu'on  fait  cuire  ces  vafes ,  Pa6bion  du  feu  fait 
difliper  une  partie  de  l'acide  vitriolique  :  il  fe  ré- 
pand dans  le  voifinage  une  odeur  d'acide  fulfureuz 
volatil  qui  eft  confidérabie.  On  s'apperçoit  encore 
inieux  de  cette  odeur ,  lorfqu  on  eft  à  la  proxi- 
jnité  de$  fours  où  l'on  fait  cuire  des  briques  & 
des  tuiles  ;  mais  ce  n'eft  que  la  plus  grande  partie 
de  l'acide  nui  s'évapore  1  çlle  n'eft  même  que  pro- 
portionnelle à  la  quantité  de  matière  phlogifti- 
que  qui  fe  trouve  dans  Pargille.  Les  tuiles  & 
les  briques  de  Bourgogne  font  faites  avec  une 
argille  paflablerfient  réfraâaire  :  elles  font  les 
plus  cuites  de  toutes  celles  dont  on  [fait  ufage  à 
Paris  :  le  plus  grand  nombre  eft  même  vitrine  à 
fa  furface $  ce  qui  fuppofe  qu'elles  ont  reçu  un 
très  grand  coup  de  feu  :  cependant  elles  con- 
tiennent encore  une  fi  grande  quantité  d'acide 
vitriolique ,  qu'on  croiroit  qu'elles  n'en  ont  point 
perdty  du  fout  pendant  leur  cuiflbn, 

Arçillc*  avec  Pair* 

On  ne  connoît  point  de  cpmbinaifon  de  Par* 
gUiç  ayçç  pair  j  maj$  ççmmç  Vargillç  faiç  fo  fçftd 


1T      R  A  ï  S  O  N  N  I  E.\  3^f 

<àe  la  végétation ,  ainfi  que  je  Pai  démontré  dans 
mon  Mémoire  fur les  Argilles  >  on  peut  préfumer 
que  Pair ,  Peau  &  le  feu  fe  combinent  avec  Par- 
gille ,  pour  entrer  dans  la  compofition  des  véçé- 
raux  9  &  pour  en  faire  partie.  Quoi  qu'il  en  foit , 
les  argilles  fe  décompofent  par  Pa&ion  des  élé- 
ments &  le  laps  de  temps  :  leur  acide  fe  fépare  & 
fe  combine  avec  des  matières  phlogiftiques  :  il 
fe  produit  du  foufre.  Lorfqu'il  fe  rencontre  des 
matières  métalliques  dans  les  argilles ,  ce  qui  eft 
aflez  ordinaire ,  le  foufre  s'y  unit ,  &  forme  des 
pyrites  :  les  pyrites  tombent  enfuite  en  effloref- 
cence ,  &  produifent  de  l'alun ,  de  la  félénite  & 
des  vitriols,  fuivant  Pelpece  de  matière  métalli- 
que qui  s'eft  trouvée  dans  les  argilles.  11  peut 
aufli  très  bien  fe  faire  que  la  Nature  combine  di- 
rectement le  principe  inflammable  avec  la  terçe 
atgilleufe ,  &  en  forme  des  métaux.  Toutes  les 
expériences  de  la  Chymie  tendent*  au  moins  à 
prouver  que  la  terre  vitrifiable  &  le  phlogiftique 
entrent  dans  la  composition  des  matières  métal- 
liques. Il  paroît  que  la  Nature  fe  réferve  le  fecret 
des  moyens  qu'elle  emploie  pour  opérer  ces  mer* 
veilles  j  du  moins  ,jufqu'à  préfent,  on  n'eft  pas 
encore  parvenu  à  former  un  métal ,  en  combi- 
nant une  terre  quelconque  avec  du  phlogiftique. 

L'argiile  qui  éprouve  les  altérations  dont 
nous  parlons,  perd  fa  couleur,  pareeque  fon 
phloeiftique  fe  combine  avec  d'autres  corps,  & 
fe  détruit  même  en  partie  :  il  ne  lui  faut  que 
du  temps  pour  devenir  parfaitement  blanche  : 
elle  ne  conferve  enfin  que  les  couleurs  formées 
par  les  matières  métalliques,  &  qui  font  infini- 
ment plus  long-temps  a  fe  détruire  cômplette- 
pient. 

Toi»  cm  changements  peuvent  être  confîdcrét 


jtfl  ChYMIE    EXPÉRIMENTAL! 

comme  les  avant-coureurs  des  plus  grandes  alté- 
rations dont  les  argilles  foient  lufceptibles.  Lors- 
qu'elles commencent  i  blanchir  par  le  lajxL.de 
temps ,  elles  perdent  de  leur  finette  &  de  Teur 
liant  :  elles  deviennent  moins  douces  au  tou- 
cher :  leurs  molécules  s'agglutinent  :  elles  forment 
des  matières  terreufes  ou  fableufes,  des  micas  co- 
lorés ou  fans  couleur ,  fuivant  les  circonstances  » 
&  à  proportion  des  matières  phlogiftiques  &  me- 
talliques  qui  fe  rencontrent  dans  le  temps  que 
ces  altérations  ont  lieu.  On  trouve  dans  tes  Ca- 
binets d'Hiftoire  Naturelle ,  des  échantillons  de 
toutes  ces  matières  qui  conftatent  ces  différents 
états  par  où  paflent  les  argilles. 

11  y  a  peu  d' argilles  blanches  fans  mica  :  elles 
font  moins  liantes  que  les  autres ,  &  contiennent 
coûtes  moins  d'acide  vitriolique.  Je  penfe  même 

Sue  les  argilles  blanches  qui  ne  contiennent  point 
e  mica  >  font  blanchies  de  nouvelle  date  :  il  ne 
leur  faut  que  du  temps  pour  arriver  dans  le  même 
état ,  c'eft- à-dire  devenir  plus  blanches ,  en  per- 
dant de  leur  finette  &  de  leur  liant ,  &  produire 
du  mica  :  enfin  les  talcs ,  les  amiantes ,  les  craies 
de  Briançon  font  autant  de  corps  naturels  qui 
doivent  leur  origine  aux  argilles  qui  ont  encore 
fubi  de  plus  grandes  altérations.  On  ne  découvre 
plus  aucun  veftige  d'acide  vitriolique  dans  la  plu- 
part de  ces  corps  :  je  m'en  fuis  afluré  par  une  ina- 
nité d'expériences. 

Argilles  avec  de  l'eau» 

L'argille  eft  une  vraie  matière  faline  :  elle  a  les 
principales  propriétés  des  fels,  mais  à  des  degrés 
peu  fenfibles  ,  pareequ  il  entre  dans  fa  compofi* 
cion  beaucoup  plus  de  terre  que  n'en  contiennent 


ET      RAISONNÉ  E.  363 

tous  les  fels  à  bafe  terreufe  connus.  Ce  fel  argil- 
leux  eft  le  moins  diflbluble  des  fels  que  j  ai  exami- 
nés. L'argille  a  cela  de  particulier  j  c'eft  qu'elle  eft 
le  feul  fel  à  bafe  terreufe  connu,  qui  ait  laproprié? 
té  d'admettre  dans  fa  compofirion  toutes  foi  tes  de 
dofes  de  fa  terre ,  fans  que  celle  de  l'acide  varie  ; 
c'eft  ce  que  nous  démontrerons  fucceflivement. 

J'ai  fait  bouillir  un  grand  nombre  de  fois  dans 
de  l'eau  diftillée ,  des  argilles  blanches  &  colo- 
rées ,  chacune  féparément  :  j'ai  filtré  les  liqueurs  : 
je  les  ai  quelquefois  fait  évaporer  fur  le  feu.}  &  » 
dans  d'autres  circonftances ,  je  les  laiftbis  s'éva- 
porer d'elles-mêmes  à  l'air ,  mais  enfermées  dans 
des  vaifleaux  de  verre ,  couverts  d'un  papier  pour 
les  garantir  de  la  pouffiere.  Par  l'évaporation  fur 
le  teu ,  je  n'obtenois  qu'une  efpece  de  poudre 
qui  n'avoit  aucune  apparence  de  ngure  régulière  j 
mais,  par  l'évaporation  fpontanée,  j'obtenois  une 
matière  pulvérulente  dans  laquelle  on  diftinguoit 
de  petits  cryftaux  difpofés  en  petites  écailles 
comme  le  mica.  L'eau  dans  laquelle  j'avois  fait 
bouillir  l'argille  blanche,  étoit  fans  couleur  :  elle 
avoit  une  faveur  fade  &  dure,  femblable  à  celle 
des  eaux  des  puits  de  Paris  :  elle  verdiflbit  le  fy- 
rop  violât ,  i  raifon  de  l'excès  de  terre  que  con- 
tient la  madère  faline  dont  elle  eft  chargée. 

La  décoûion  de  l'argille  colorée  avoit  une  lé- 
gère couleur  ambrée  :  elle  a  même  laiflé  dépofer 
un  peu  d'ochre  :  évaporée  des  deux  manières  , 
comme  la  décodion  de  l'argille  blanche ,  elle  a 
donné  les  mêmes  réfultats ,  mais  dans  un  degré 
plus  marqué.  Les  cryftaux  qui  fe  font  formés  par 
une  évaporation  fpontanée ,  étoient  plus  larges 
&  plus  lemblables  au  micaj  parceque  cette  ar- 
gille  tient  davantage  d'acide  vitriolique>&  qu'elle 
eft  plus  dans  l'état  falin  que  les  argilles  blanches. 


)£4  ChYMTE   SXPklMBNTAll 

La  faveur  que  Fargille  procure  à  l'eau ,  la  diflb- 
lubiliré  de  cetre  matière  &  fa  cryftallifation ,  font, 
comme  on  le  fait,  des  propriétés  falines  &  corn- 
tnunes  à  tous  les  fels  &  à  l'état  falin  de  l'argille. 

Toutes  les  eaux  des  grandes  rivières  qui  font 
bordées  de  bancs  argilieux ,  contient!  ent  une  fem- 
blable  félénite  vitrifiable ,  dont  la  dofe  eft  depuis 
cinq  jufqu'à  dix  grains  par  pinte  de  Paris,  On 
peut  l'obtenir  en  laitfant  évaporer  à  Pair  libre  une 
certaine  quantité  de  ces  eaux  dans  des  vafes  pro- 
pres :  l'eau  peut  s'en  charger  d'une  plus  grande 
quantité ,  &  elle  s'en  charge  en  effet ,  lorlqu  on 
fait  bouillir  de  l'argille  dans  de  l'eau.  J*ai  tenté  » 
mais  inutilement ,  de  diflbudre  entièrement  une 
certaine  quantité  d'argille  dans  de  l'eau  :  il  eft 
toujours  refté  une  matière  terreufe,  fableufe» 
très  âne,  &  abfolument  inditfbluble,  parcequ  elle 
n'eft  pas  combinée  avec  Pacide  vitriolique ,  & 

Îju'eile  n'eft  point,  par  conféquent,  .dans  1  erae 
alin.  J'ai  filtré  les  liqueurs  ;  je  les  ai  mêlées  j  j'y 
ai  ajouté  de  l'alkali  fixe  :  il  s'eft  fait  un  précipité 
terreux  fort  blanc.  J'ai  lavé  &  féché  cette  terre  : 
elle  s'eft  trouvée  abfolument  femblable  à  celle  de 
l'alun  :  elle  en  avoit  toute  la  rudefle  &  l'âpreté 
entre  les  doigts.  Les  liqueurs,  féparées  de  ces  ter- 
res après  leur  précipitation ,  m'ont  toutes  fourni 
du  tartre  vitriolé. 

J'ai  dit  plus  haut  que  l'acide  vitriolique  étoit 
très  adhérent  aux  argilles  :  je  m'en  fuis  afluré  par 
les  expériences  dont  je  vais  rendre  compte. 

J'ai  réduit  féparément  en  poudre  affez  grof- 
fiere  des  tuiles  &  des  briques  de  Bourgogne  :  j'ai 
verfé  par-deffiis  l'une  &  l'autre  de  l'eau  diftiilée  & 
froide  :  l'infufion  d'un  quart  d'heure  a  fuffi  pour 
charger  cette  eau  d'un  (el  vitriolique  qui  a  com-» 
muniqué  à  l'eau  diftiilée  une  faveur  d'eau  crue  , 


1T      RAISONNÉ  li  fêf 

^ïemblable  à  celle  des  eaux  des  puits  de  Paris.  Ce» 
liqueurs  filtrées  précipitent  en  jaune  de  turbith 
minéral ,  le  mercure  dïflbus  dans  l'acide  nitreux  : 
l'alkali  fixe  en  fait  précipiter  une  terte  jaunâtre» 
Je  fens  bien  qu'on  jpeut  m  obje&er  que  l'argille 
avec  laquelle  on  fait  des  tuiles  &  des  briques  r 
contient  des  pyrites  qu'on  ne  fe  donne  pas  la  peine 
de  féparer ,  &  qui  font  calcinées  pendant  la  cuite 
«le  la  brique  :  elles  fe  trouvent  alors  dans  l'état  le 
plus  favorable  pour  tomber  en  effiorefcence ,  Se 
pour  produire  dans  l'eau  tous  les  phénomènes  dont 
nous  venons  de  parler.  Ainfi  1  acide  vitriolique 
<jue  Ion  retrouve  dans  les  tuiles  &  dans  les  bri- 
ques ,  ne  feront  plus  fourni  par  l'argille ,  mais  pat 
les  pyrites. 

Cette  obje&ion  eft fpécieufe  ;  mais  on  en  trou-] 
vera  la  réponfe  à  l'article  de  la  décomposition  du 
xiitre  par  les  argiiles  ,  où  nous  ferons  voir  que  ce 
iel  eft  décompofépar  la  porcelaine  des  Indes* 

Argiiles  avec  les  terres  vitrïfiables. 

Les  argiiles  &  les  terres  vitrifiables  n'ont  point 
«Taétion  Tune  fur  l'autre  par  la  voie  humide  ;  mai* 
elles  en  ont  fenfiblement  par  la  voie  feche ,  pro- 
portionnellement à  la  quantité  d'acide  vitriolique 
qui  fe  trouve  dans  les  argiiles  :  c'eft  fur  ces  pro- 
priétés qu'eft  fondée  la  fabrication  des  fourneaux; 
&  des  creufets  de  terre  cuite,  ainfi  que  celle  des 
poteries  fines ,  telles  que  la  porcelaine ,  &  des 
poteries  communes,  comme  la  faïance  ,  la  terre 
verniflee  >  &c.  dont  nous  parieront  par  la  fuite, 

Argiiles  avec  le  phlogijlique* 

L'argille  fe  décompofe  par  l'intermède  du  phlo 
giftique,  de  même  que  l'alun,  La  matière  in- 


J<?£  ChYMIB   EXfrifclMElfTÀtÊ 

flammable  s'unit  à  l'acide  vitriolique ,  &  forme 
du  foufre  qui  fe  brûle  à  mefiire  qu'il  le  forme  : 
la  terre  refte  libre.  Mais  cette  décomposition  fe 
fait  plus  difficilement  que  Celle  de  l'alun*  L'excès 
de  terre  dans  Pargille  défend  l'acide  du  contaâ  du 

[rfilogiftique.  On  parvient  mieux  à  décompofer 
'argille  par  l'intermède  de  l'alkali  >  comme  nous 
le  dirons  dans  un  inftant. 

Argïtles  &  Terres  calcaires. 
Fuiibiliçé  de  ce*  terres  l'une  par  l'autre. 

On  fait  un  mélange  exaét  de  quatre  gros  d'ar> 
gille  blanche  &  d'autant  de  craie ,  Turie  &  l'autre 
en  poudre  :  on  met  ce  mélange  dans  un  creufet . 
on  le  place  fous  Ta  moufle  d'un  bon  fourneau  i 
vent  :  on  le  fait  chauffer  pendant  une  demi-heure 
ou  trois  quarts  d'heure.  Ces  deux  fubftances  fë 
fondent  mutufcHëment ,  &  fé  convertirent  en  un 
verre  net  &  tranfparent  qui  a ,  pour  l'ordinaire, 
une  couleur  verte  d'aiguë  marine, 
r  rC'eft  un  des  beaux  phénomènes  chymiques , 
qui  a  été  découvert  par  M.  Pott  >  &  que  nous 
avons  eu  occafion  de  voir  bien  de  fois,  M.  Mac- 
quer  &  moi ,  dans  le  cours  de  plus  de  deux  mille 
expériences  que  nous  avons  faites  enfemble  fur  la 
porcelaine  :  mais  M.  Pott  n'en  donne  aucune  ex- 
plication, le  vais  expofer  la  théorie  que  je  me  fuis 
formée  fur  cette  matière  i  elle  fera  voir  au  moins 
k  néceflité  de  diûinguer  dans.  Pargille  la  portion 
de  fubftance  cerreufe  qui  eft  combinée  &  réduite 
dans  l'état  falin  par  l'acide  vitriolique ,  d'avec 
celle  qui  n  eft  .pas  dans  l'état  falin.  Nous  verrons 
que  cette  même  terre,  prife  dans  ces  deux  états > 
a  des  propriétés  différentes. 

Nous  avons  dit  précédemment  que  M.. Pott 


BT      RAISONNE  Ë.  $6j  , 

âVoit  diftingué  quatre  efpeces  de  terres  :  favoir j 
la  terre  arguleuie,  la  terre  gypfeufe ,  la  terre  vi- 
trifiable ,  8c  la  terre  calcaire.  Nous  avons  fait 
connoître  notre  fen ciment  fur  cette  diftin&ion 
de  M.  Pott.  Quoi  qu'il  en  (bit ,  aucunes  de  ces 
terres  >  expofées  au  grand  feu  ,  n'entrent  en 
fufion ,  tant  au'elles  font  feules.  Il  en  eft  de 
même  des  mélanges  d'argille  &  de  fable ,  &  de 
ceux  de  gypfe  &  de  craie ,  qui  n'entrent  pas  non 
plus  en  tu  (ion.  Ceux  de  craie  &  de  fable ,  &  ceux 
de  gypfe  &  de  fable ,  s'agglutinent  un  peu ,  & 

Srennent  un  peu  de  corps  ;  mais  ceux  d'argille  & 
e  craie ,  ou  ceux  d'argille  &  de  gypfe,  entrent  en 
véritable  fufion ,  &  ie  convertirent  en  un  verre 
net  &  tranfparent  qui  fe  trouve  avoir  afiez  de  fo~ 
lidité  8c  de  dureté  pour  faire  feu ,  lorfqu  on  le 
frappe  contre  de  l'acier.  J'attribue  cette  friabilité 
à  trois  caufes  :  i°.  à  l'acide  vitriolique  contenu 
dans  les  matières  qui  font  mifes  en  jeu  :  i°.  à  la 
matière  faline  alkaline  qui  fe  forme  pendant  la 
calcination  de  la  pierre  calcaire  :  30.  à  un  principe 
de  fufibilité ,  contenu  dans  toutes  les  pierres  & 
terres  vitrifiables ,  mais  qu'elles  peuvent  perdre 
par  une  trop  grande  violence  du  feu.  C'eft  ce  que 
je  vais  tacher  de  démontrer. 

J'ai  expofé  plufieurs  fois  à  un  même  degré  de 
chaleur  »  des  mélanges  de  craie  8c  de  terre  fépa- 
rée  des  difTolutions  d'argilles  très  pures  par  1  al- 
kali'fixe  >  &  pareillement  des  mélanges  fembla~ 
blés  de  terre  d'alun  8c  de  terre  calcaire  :  aucun  de 
ces  mélanges  n'eft  entré  en  fufion ,  &  n'a  pas  même 
pris  un  peu  de  corps  :  ils  font  tous  reftés  poreux  8ç 
friables.  Tous  ces  mélanges  étoient  faits  à  parties 
égales  de  ces  deux  terres  ,  &  au  poids  de  deux 
gros  de  chaque. 
%-  J'ai  répété  ces  expériences,  &j'ai  ajouté  à  cha- 


3 6 8  ChVmte  ÎXrlRIMENTAtf 
cun  des  mélanges  faits  au  même  poids ,  deux  gro* 
d'alun  calciné  :  je  les  ai  enfuite  expofés  à  la  même 
violence  du  feu  :  ils  font  tous  encrés  en  fufion  , 
&  ont  formé  des  mafles  vitreufes ,  tranfparentes  , 
blanches  Se  laiteufes)  mais  aucun  n'a  formé  du 
verre  parfait  t  néanmoins  il  réfulte  évidemment 
que  c'eft  i  l'acide  vitriolique  qu'on  doit  attribuer 
le  commencement  de  fufion  qui  eft  arrivé  à  tous 
ces  mélanges.  J'ai  remarqué  que  celui  de  gypfe 
&  d'argille  entre  en  fufion  beaucoup  plus  facile- 
ment que  celui  de  craie  &  d'argille  ;  il  produit 
auffi  une  effetvefcence  qui  eft  fi  confidérable ,  que 
la  matière  pa(Te  toujours  par-deflus  les  bords  du 
creufet  :  ainû  l'acide  vitriolique  entre  donc  pouc 
quelque  chofe  dans  la  fufion  de  ces  terres  l'une 
par  l'autre.  La  terre  argilieufe ,  privée  d'acide  vi- 
triolique ,  a  donc  des  propriétés  différentes  de 
l'argille,  puifqu'elle  eft  infiniment  moins  fufible 
avec  de  la  terre  calcaire. 

La  féconde  caufe  à  laquelle  j'attribue  cette  fu- 
fibilité  des  terres  l'une  par  l'autre ,  vient  de  la 
portion  d'alkali  fixe  qui  fe  forme  pendant  la  cal- 
cination  de  la  terre  calcaire, en  le  réduifanten 
chaux  vive.:  elle  devient  un  fondant  de  la  terre 
vitrifiable ,  l'oblige  d'entrer  en  fufion ,  &  entraîne 
la  vitrification  de  la  portion  de  terre  calcaire  qui 
ji'eft  point  devenue  faline.  J'ai  obfervé  qu'il  faut , 
en  général ,  une  très  petite  quantité  de  matière 
faline  pour  faire  entrer  la  terre  vitrifiable  en  fu- 
fion ,  tomme  on  le  va  voir  par  l'expérience  fuir 
vante. 

J'ai  expofé  au  grand  feu  un  mélange  de  parties 
égales  de  fable  broyé  &  de  craie  :  ce  mélange  n'a 
point  fondu  ;  mais  la  terre  f  alcaire  s'eft  réduite 
en  chaux  vive.  La  portion  de  matière  faline ,  for- 
mée par  la  pierre  calcaire,  n'étoit  pas  en  dofe 

fuffifan» 


i  t    JLÂisoNNii.  j£$ 

fuffifante  pour  entraîner  en  fufion  de  latente  vi- 
srifïable.  j'ai  expofé  ce  mélange  à  l'air  pendant 
quelque  temps  :  la  chaux  s'eft  chargée  dcji'humi- 
dïté  de  l'air  -,  comme  elle  a  coutume  défaire  >  fié 
die  sert  réduite  en  poudre.  Alors  j'ai  expofé  dé 
nouveau  ce  mélange  à  là  même  aétioji  du  feu  :  il 
eft  encré  en  fufion ,  fie  il  a  formé  une  matière  tu- 
méfiée,  poreufe,  demi-tr&hfpareôte  *  Arquinà 
talus  attiré  l'humidité  de  l'air.  On  ne  peut  attris 
buer  cet  effet  à  autre  chofe  >  qu'à  une  additioii 
de  matière  faline  >  laquelle  s  eft  formée  pen- 
dant la  fecohde  calcination  :  elle  s'eft  alors  trou- 
vée en  dote  fuffifahtfe  pour  entraîner  la  fufion  dû 
fable.  Je  me  crois  d'autant  mieux  fondé  à  pénfer 
ainfi>  que  je  fuis  parvenu  à  mettre  en  femblablë 
fufiort  *  &  d'un  feul  coup  de  feu ,  de  pareil  fable 

2ue  i'a vois  mêlé  avec  fon  poids  égal  de  pellicules 
e  chaux  $  ce  verre ,  à  la  vérité ,  étoit  iemblable 
au  précédent:  il  n'avoit  ni  la  beauté  ni  la  tiranf- 
parence  d'un  verre  parfait  y  niais  il  étoit  fuffifàib- 
nient  bien  fondu ,  pour  me  faire  penfer  que  la 
ipatiere  falirie  qui  le  forme  pendant  la  calcina- 
tion de  la  terre  calcaire,  entre  pour  beaucoup  dans 
cette  fufibilité  des  terres  :  cette  matière  falînê 
alkalinè9&  l'acide  vitriolique  contenu  dans  les  ar~ 
gilles ,  font  donc  les  deux  eaufes  auxquelles  ofi 
doit  attribuer  la  fufibilité  des  terres  l'une  pair 
l'autre  j  fie  il  faut  le  concours  dé  ces  deux  fub« 
fiances  en  même  temps,  pour  obtenir  dé  ces  ter- 
res des  verres  parfaits ,  puifque  l'une  fansf  l'autre 

JUe  produit  que  des  demi-vitrifications-.   ,   

Pour  revenir  à  la  troifieuie  caufe  de  fufibilité 
dont  j'ai  parlé,  je  vais. rapporter  une  expérience 
que  j  ai  faite  plufieurs  fois ,  fie  qu'on  pourrait 
©ppofer  à  mon  fèntiment.  j'ai  tenté*  mais  inti* 
iueroent  j  de  fondte  un  mélange  de  parties  égà~ 


tfd         CriVliîÊ   BXpiftïJiEKtXt  à 

les  de  terre  d'alun  &  de  gypfe  :  ce  mélange  eft 
toujours  refté  fee  &  friable.  On  pourroit  m'olv 
jeâer  qu'il  y  a  dans  ce  mélange  de  l'acide  vitrio- 
lique ,  &  qu'il  auroic  du  au  moins  former  une 
matière  vitriforme  i  or  fcela  n'eft  point  arrivé  i 
donc ,  pourroirori  conclure ,  il  y  a  une  différence 
entre  la  terre  de  l'alun  &  les  autres  terres  vitrifia- 
bles  y  comme  le  pehfe  M.  Margraff ,  page  j  de  fes 
Opufcules  j  %ti  volume  ,  où  fl  dit  :  La  terre  de 
lalun  eft  une  terre  particulière  féparée  de  la  terre 
argilUuftê  Mais  le  fable  féparé  du  liquorfilïcum 
par  le  moyen  des  acides ,  traité  de  même  à  parties 
égales  avec  le  gypfe  ,  ne  forme  plus  une  matière 
vitriforme ,  comme  le  fait  le  fable  qui  n'a  point 
fubi  toutes  ces  opérations.   Doit-on  en  conclure 
que  le  fable  tiré  au  liquorftiuum  eft  une  terre  par- 
ticulière féparée  du  fable  ?  D'oui  viennent  donc 
ces  différences  ?  De  deux  caufes  :  i  °<  de  Textrêiner 
divifion  des  parties  i  i°.  d'un  principe  de  fu(ibi~ 
lité ,  contenu  dans  les  terres  vitrifiâmes  ^  principe 
fufceptible  de  fe  détruire  &  de  fe  diffipet  par  la 
violence  du  feu  :  j'en  ai  parlé  plus  haut.  J'ai  re- 
marqué un  grand  nombre  de  fois  que  du  fable  cal- 
ciné exigeoit  un  peu  plus  de  fondant  pour  fe  ré- 
duire en  verre,  que  celui  qui  ne  la  point  été  :  ainfi 
'  la  terre  tirée  du  liquorfilieutn  ,  &  la  terre  tirée  de 
l'alun  y  font  deux  terres  dans  le  plus  grand  érat  de 
divilton  poffible  :  elles  préfentent  beaucoup  de 
furface  à  radio  n  du  feu  :  leur  principe  fufible  s'é- 
vapore avant  que  le  feu  les  ait  pénétrées  fuflïfam- 
ment  pour  les  faire  entrer  en  fufion.  Nous  avons  * 
M.  Macqtfer  &  moi  ,  expofé  fouvent  au  grand 
feu  des  mélanges  de  craie ,  d'argille  de  de  fable  y 
pétris  avec  de  l'eau ,  pour  former  une  forte  de 
porcelaine.  Ces  mélanges,  après  leur  cuite,  étoien t 
induits  à  leur  furface  a  une  croûte  de  verre  net  ôç 


Èràîifparent  :  les  pièces  dé  porcelaine  fe  caflôient 
d'elles-mêmes  en  fe  refroidilTant  ;  &  les  morceaux 
fautoient  avec  éclat,  parceque  la  retraite  hefe  fai^ 
foit pas  uniformément  :  le  verre  fe  détachoit  de  lai- 
même,  &  ne  faifoit  pas  corps  avec  la  pâte.  LorfqutJ 
nous  exportons  de  hou veau  au  feu  cet  morceaux  de 
porcelaine  *  le  verre  qui  étoit  à  leur  furface,  fe  def- 
iéchoit  &  s'évaporoit  déplus  en  plus,  au  lieu  d'en- 
trer en  fufion  :  ldrfquelefeu  n  étoit  pas  aflez  fort 
J>out  le  faire  diffiper ,  il  formoit  à  la  furface  de  la 
pâte  de  cette  forte  de  porcelaine  une  iiicruftàtiori 
terne  »  femblable  à  celle  qui  fe  forme  à  fa  furface 
du  diamant  qu'on  a  expoié  au  feu  à  l'air  libre,  il 
feft  difficile  d'attribuer  ces  effets  à  autre  chdfè  qu'à 
ime  fuhfiarice  que  le  feu  fait  diffiper,  &  qui  fa- 
cilite la  fufion  des  matières  terreufes.  C'eft  cette 
fubftance  5  fans  connoître  fa  nature  j   que  je 
nomme  principe  dcfùfibiliié  >  parceque  les  ma- 
tières terreufes ,  fufceptibles  de  fufion ,  devien- 
nent d'autant  moins  fufibleS ,  qu'elles  ont  été  da- 
vantage deflTéchées  &  privées  de  cette  riiatiete  par 
l'a&iori  du  feu.  À  la  rigueur ,  tout  eft  fufible  dans 
la  Nature  :  il  fuffit  dé  fe  procurer  ie-degréde  feié 
çonvenable,&  de  l'appliquer  au*  corps  les  plus  ré* 
{raftaires  ;  il  eft  certain  qu'ils  entreront  tous  eri 
fufion  i  fans  qu'on  foit  obligé  de  led  mêler  en- 
semble :  nfais  les  expériences  dont  nous  vettoni* 
4e  parkr ,  ont  toutes  été  faites  à  un  coup  de  fêté 
à-peu-près  femblable  $  qui,  quoique  très  fort,  né 
l'etoit  pas  fiiffifammerit  pour  fondre  les  fubftancea 
dont  nous  parlons  *  lorfqu'élieà  étoierit  feules  i 
amfi  les  phénomènes  qui  fe  préfentent  dartS  cesî 
expériences ,  font  bien  véritablement  dus  à  l'ac- 
tion de  ces  fubftances  lei  unes  fur  les  autres. 

Indépendamment  de  ia  difpofition  qu'ont 
îpui  les  corps  à  entrer  en  fufion  par  ia  violence 

A  ai; 


37*  Chymie  expérimentale 
du  feu,  &  nonobftant  que  ce  moyen  foie  re-* 
connu  fuffifant  pour  les  réduire  tous  en  verre » 
je  fçrois  porté  à  croire  que  tous  les  corps  de  la  Na- 
ture contiennent  plus  ou  moins  de  ce  principe  de 
fuiîbiiitc  :  il  paroit,  en  beaucoup  d'occalions,  agir 
dans  la  Nature ,  aufli  bien  par  la  voie  humide, 
que  par  la  voie  feche.  Il  paroît  que  ce  principe 
excite  dans  les  corps  qui  en  font  pourvus ,  une 
forte  de  mouvement  comparable  à  celui  de  la 
fufion ,  par  rapport  aux  effets  qui  en  réfuitent. 
Je  conviens  qu  il  eft  difficile  de  donner  des  no- 
tions exa&es  fur  une  fubftance  qui  n'eft  qu'à 
peine  foupçonnée ,  laquelle  n'eft  peut-être  même 
que  l'effet  de  l'attraâion  des  parties  de  la  ma- 
nere  l'une  vers  l'autre  }  mais  quelle  qu  en  foit  la 
caufe,  les  phénomènes  qui  fe  préfentent  relati- 
vement à  cet  objet ,  méritent  bien  la  peine  que 
nous  nous  y  arrêtions  un  moment,  foi r  que  Ton 
attribue  ces  phénomènes  à  un  principe  de  fufibi- 
lité  y  ou  à  la  force  de  l'attraâion. 

Toutes  les  pierres  vitrifiables  préfentent ,  £ 
leur  furface  ,  une  apparence  unie ,  &  quelque 
chofe  de  lifle  >  comme  fi  elles  étoient  mouillées. 
On  voit  tous  les  jours  de  ces  fortes  de  pierres 
eaffëespar  des  affairements  locaux ,  & qui  ont 
été  refloudées  enfuite.  Il  arrive  fouvent  que  l'en- 
droit de  la  jonâion  forme  un  bourlet  ou  une 
éminence.  Les  Naturaliftes  attribuent  cet  effet  à 
des  Aies  lapidifiques  qui  font  venus  remplir  les 
intervalles,  effet  femblable  à  celui  d'un  vaie  rem- 

{>Ii  d'eau ,  &  que  l'effort  de  la  gelée  a  fait  cafler: 
'augmentation  du  froid  fait  couler  la  glace  par 
la  fente  du  vafe  :  elle  foude  tout  ce  qu  elle  ren- 
contre à  fon  paflage.  Ce  fuc  lapidifique  auroit-îl 
la  même  confiftance  que  celle,  de  la  glace  qui  > 
coule  par  l'augmentation  du  froid?  11  faut  que 


B  T      RAISONNÉ  S.'  57J 

cela  foit  :  ce  fuc  lapidifique  neft  pas  toujours  de 
la  terre  tenue  en  diiïblution  qui  vient  fe  juxta- 
nofer ,  tandis  que  l'eau  s'évapore  :  fi  les  interval- 
les étoient  remplis  par  cette  dernière  caufe ,  on 
verroit  les  alentours  remplis  de  la  même  fub- 
fbtnce  par  l'eau  qui  fe  feroit  épanchée  j  c'eft  ce 
que  l'on  ne  remarque  pas  toujours* 

Argillts  &  acide  vitriotiquc. 

J'ai  mis  dans  un  matras  quatre  onces  d'argille 
blanche  bien  féchée,  &  réduite  en  poudre  fine  : 
je  l'ai  délayée  avec  douze  onces  d'eau  diftillée  : 
j'ai  ajouté  à  ce  mélange  fi;  gros  d'acide  vitrioli- 
que  très  pur  &  bien  concentré  :  il  ne  s'eft  excité 
aucune  eftervefcence.  J'ai  fait  digérer  ce  mélange 
pendant  deux  jours  au  bain  de  labié ,  ayant  foin 
de  l'agiter  fouvent  :  enfuite  j'ai  filtré  la  liqueur 
au  travers  d'un  papier  gris  :  ta  liqueur  a  pafle  très 
claire  >  &  fans  couleur  :  elle  avoit  une  faveur  ab- 
solument fecnblahle  à  celle  d'une  difTolution  d'a- 
lun. Je  l'ai  mife  dans  un  vafe  couvert  d'un  pa- 
pier ,  pour  la  garantir  de  la  pouflîere.  Par  une 
evaporation  fpontanée ,  j'ai  obtenu  cinq  gros  de 
matière  faline.  La  plus  grande  partie  de  ce  fel 
était  difpofée  en  petites  écailles  >  comme  du  mica 
blanc  *&  en  avait  le  brillant  :  une  autre  portion 
étoit  en  petits  cryftaux  régulièrement  cryîtallifés 
comme  l alun.  Tout  ce  fel  avoir  la  faveur  de  l'a- 
lun  ;il  fe  boutfouâoit  au  feu,  &  feréduifoit  en 
alun  calciné  comme  lui.  Cette  expérience  prouve 
bien  l'identité  de  la  terre  d'alun  avec  la  terre  ar- 
gilleufe.  Nous  avons  vu  d'une  autre  part  l'iden- 
tité de  la  terre  vitrifiable  avec  la  terre  de  l'ahin  t 
c'eft  ce  que  nous  avons  démontré  par  la  forma- 
uçude  l'alun  avec  L'acide  vitriolique ,  combiné 

Aaiij 


2^4  ChY*UB   IXBÉRIMBNTAtI 

gvec  la  terre  vitrifiable  féjparée  du  Izquor JiFicamt 
Toutes  ces  terres  font  efTenrjellement  de  même 
efpece  &  de  même  nature  :  leur  plus  grande  di& 
iférence  ne  vient  que  de  la  forme  &  de  l'état  fou^ 
lefquels  la  nature  nous  les  préfente.  Quelques 
Chymiftes  avoient  dit  ayant  moi,  qu'on  faifoitde 
l'alun  avec  des  argilles ,  &  que  ces  deux  terres 
Croient  de  même  efpece  ;  mais  ni  les  uns  ni  les 
autres  ne  nous  ont  fait  çonnoître  la  namre  d§ 
ç es  terres.  On  étoit  en  droit  de  leur  demander 
de  quelle  nature  eft  la  terre  de  l'alun ,  ou  .de 
quelle  nature  eft  la  terre  de  l'argille.  Quelque^ 
Chymiftes  ont  même  avancé  que  la  terre  de  l'a- 
lun eft  une  véritable  argille  :  no\is  croyons  que 
cette  aflertion  manque  a  exa&itude.  Ce  qui  conÉ 
titue  eflfentiellemferit  une  argille,  cejl  la  combir 
naïfon  de  la  terre  argilleufe  avec  l'acide  vitrïoli- 
que:  mais  la  terre  féparée  de  cette  combinaifoi^ 
p'eft  plus  de  l'argille  \  c'eft  la  terre  propre  à  for- 
'  jner  une  argille  :  je  l'ai  pommée  a  caufe  de  cel% 
(erre  argilleufe.  Il  en  eft  de  même  de  la  terre  de 
1  alun  :  elle  n'eft  pas  de  l'alun  j  c'eft  la  terre  de  c$ 
ici ,  &  que  Ton  nopijne  y  à  càufe  de  cela ,  terri 
galun. 

M.  Margraff ,  dans  un  Mémoire  inféré  dan^ 
fes  Opufcules  ckymiques  3  page  98 ,  deuxième  vol, 
édition  françoiie,  dit  avoir  fait  de  l'alun  avec 
de  Targille  &  de  l'acide  yitriolique ,  &  n'avoir  jv 
tfiais  eu  d'alun ,  qu'en  ajoutant  à  ces  mélanges 
pne  petite  quantité  d  aikali  fixe  :  cependant  jç 
n'ai  point  fait  cette  addition ,  Çç  pion  expérience 
?  très  bien  réuflï,  .— 

J'ai  layé  dans  une  très  grande  quantité  d'earç 
{îiftillée ,  le  marc  qui  eft  refté  fur  le  filtre  :  j'ai  fil- 
frç  U  liqueur ,  &  j'y  ai  verfé'un'e  fuffifante  quanr 
fiçe  d'alkali  fixe,  povu:  décompofer  le  fel  cçtr^çç 


Qu'elle  tenoit  en  diffolution ,  &  pour  avoir  la, 
terre  à  parc.  L'alkali  fixé  a  occafionné  un  préci- 
pité blanc  très  léger ,  difficile  à  fe  raflembler ,  Sç 
qui  retenoic  fortement  l'eau  :  il  ayoit  un  liane 
muciiaginejix ,  comme  celui  de  la  terre  de  l'alun 
précipité  de  la  même  manière.  J'ai  lavé ,  à  plu- 
îîeurs  reprifes  ,  dans  beaucoup  d'eau ,  cette  terre 
reftée  fur  le  filtre,  &  l'ai  fait  fécher;il  s'en  eft 
trouvé  un  gros  &  demi. 

J'ai  fait  féçher  la  terre  argilleufe  reftée  fur  le 
filtre  :  il  *'en  eft  trouvé  trois  onces  &  demie.  Ceft 
donc  une  demi-once  qui  s'étoit  diflbute ,  tant  par 
l'acide  vitriolique ,  que  par  l'eau  qui  a  fervi  a  la 
laver.  Cette  argille ,  après  toutes  ces  opérations, 
avoit  moins  de  liant,  pareeque  l'acide  vitriolique 
Çc  l'eau  ont  diftbns  pendant  le  lavage  la  partie  la 
plus  fine  ,  &  que  la  partie  fableufe  qui  n'a  poinç 
de  liant  fe  trouve  raifemblée  Se  privée  dç  la  par* 
rie  la  plu$  fine. 

Ces  expériences  prouvent  que  fi  l'argille  n'eft 
pas  entièrement  diflbute  par  l'acide  vitriolique  x 
il  y  en  a  du  moins  une  partie  ;  mais  voici  une  ex  * 

Eérience  qui  fait  yoir  qu'elle  eft  diflblublç  ej\ 
ien  plus  grande  quantité  dans  cet  acide. 
J  ai  mis  dans  une  fiole  deux  onces  d'acide 
vitriolique  concentré  &  très  pur ,  avec  vingt- 
quatre  grains  de  la  même  argille.  J'ai  fait  bopiU 
lir  ce  mélange  pendant  un  quart  d'heure  i  il 
ne  paroiffoit  pas  que  cet  acide  eut  attaqué  l'ar-r. 
cille  j  mais  je  prétumojs  qu'elle  devoit  fe  dïflbu- 
dre  au  bout  d'un  long  efpace  de  temps.  J'ai  ga*dd 
ce  mélange  pendant  plufieurs  années ,  en  le  re-* 
muant  de  temps  à  autre  :  toute  l argille  s|eft  dif- 
foute  dans  l'efpaçe  d'une  année  ,  à  l'exception 
dune  très  petite  quantité  de  fable  très  fia.  An 
WïK  &•  WVWS  *$£&**  j'4  Réparé  le  dépôt  x  fa 


|7^f  Chtmii  expérimentais 
l'ai  lave  &  fait  fécher  :  il  s'en  eft  trouvé  quatrf 
grains  :  en  l'examinant  à  la  loupe  ,  j'ai  reconnu 
que  c'étoit  un  fable  très  fin  :  il  avoir  le  brillant 
Se  la  tranfparence  du  fable  blanc  ordinaire  :  tf 
çroquoit  comme  lui  fous  les  dents. 

J  ai  répété  ces  expérience*  fur  de  l'argille  bleue 
des  environs  de  Paris,  qui  eft  celle  dont  fe  fer- 
vent les  potiers  de  terre*  Je  l'ai  employée  à  la 
même  dofe  de  quatre  onces  far  une  once  d'acide 
yitriolique ,  &  douze  onces  d'eau  :  il  ne  s  eft  ex- 
cité aucune  effervefeence  dans  le  mélange.  Après 
deux  jours  de  digeftion,  j'ai  filtré  la  liqueur  ; 
elle  a  pafle  très  claire  &  fans  couleur  ;  mais  elle 
?voit  une  très  forte  faveur  alumineufe  :  par  une 
éyaporation  fpontanée ,  elle  a  formé ,  comme  la 
précédente ,  beaucoup  de  petits  cryftaux  d'alun , 
parmi  lefquels  il  s'eff  trouvé ,  au  fond  du  vafe  * 
yn  gros  cryftal  très  régulièrement  formé,  Se  qui 
était  de  véritable  alun,  (.a  totalité  de  ce  fe|  pe* 
foit  une  once. 

J'ai  lavé  la  terre ,  reftéefurle  filtre,  dans  une 
grande  quantité  d'eau  ,  pour  emporter  toute  la 
matière  faline  dont  elle  étoit  imprégnée  :  j'ai  filtré 
la  liqueur ,  Se  j'ai  ajouté  de  l'aikali  fixe  pour  faire 
précipiter  la  terre  :  il  s*eft  formé  un  précipité 
plane  comme  dans  l'expérience  précédente ,  mais 
qui  a  jauni  par  le  contact  de  l'air ,  &  qui  a  jauni 
çncore  davantage  après  le  lavage  ,  &  pendant  la 
deflieçation  j  if  s'en  eft  trouvé  crois  gros.  Cette 
couleur  lui  vient  du  fer  que  cette  argille  con- 
tient;,  Se  qui  s'eft  rouillé  &  réduit  en  fafran  de 

Mars>. 

L'argille,  qui  ne  s'eft  point  diifbute  ,  pefoit 
deux  onces  trois  gros  &  demi,  après  avoir  été 
bien  fçchée  :  c'eft  par  conféquent  une  once  qua- 
tre gros  &  demi  d'argille  qui  s'eft  diiïbure  dans 


et    haisokk4e.  J77 

l'aride  vitriolique &dans  l'eau  :cetteargille  avoir 
perdu  fenfiblement  de  fon  liane. 

Il  refaite  bien  évidemment  de  ces  expériences^ 
que  l'alun  eft  une  argille  qui  contient  une  allez 
grande  quantité  d  acide  vitriolique ,  pour  être  ré- 
duite dans  un  état  falin  bien  caraûérifé ,  &  que 
l'argille  eft  pareillement  de  l'alun ,  mais  dont  la 
dofe  de  terre  furpaffe  tellement  celle  dfe  l'acide 
vitriolique ,  qu'elle  fait  difparoître  prefque  en- 
tièrement les  propriétés  falines  :  enfin,en  ajoutant 
à  l'argille  la  dofe  d'acide  vitrioliquç  qui  lui  piap-. 
que,  on  forme  de  l'alun. 

Argilles  &  acide  nitreux* 

J'ai  pareillement  traité  les  deux  argilles  blan- 
che Se  bleue  avec  de  l'acide  nitreux.  J'ai  eflayé 
d'en  difloudre  une  quantité  donnée  dans  cet 
acide  j  mais  ce  n'a  été  qu'au  bout  de  plufieur* 
années  que  cette  diflolution  a  été  complette  j  en- 
core eft-il  refté  une  petite  quantité  de  matière 
fableufe  indiflotuble  :  j'ai  enfuite  procédé  aux 
expériences  fuivantes. 

J'ai  mis  féparément  dans  des  matras  quatre 
onces  de  chacune  de  ces  argilles ,  bien  féchées  » 
réduites  en  poudre  fine ,  avec  une  once  de  bon 
acide  nitreux,  &  douze  onces  d'eau  diftillée.  J'ai 
fait  digérer  ces  mélanges  au  bain  de  fable  pen- 
dant deux  jours  :  il  ne  s'eft  excité  aucun  mouve- 
ment d'effervefeence ,  ni  pendant  le  mélange  y 
ni  pendant  le  temps  de  la  digeftion.  J'ai  filtré 
les  liqueurs  chacune  féparément  :  celle  de  l'argille 
blanche  a  paffé  très  claire  Se  fans  couleur;  celle 
de  l'argille  bleue  avoit  une  forte  couleur  orangée 
très  foncée  :  l'une\&  l'autre  avoient  une  faveur 
alumineufe  :  celle  de  l'argille  bleue  tiroit  un  pe& 


fjt       Chymii  bxp£rimektali 

fur  la  faveur  du  vitriol  de  Mars  :  elle  a  auflï  dé- 
pofé  y  dans  l'efpace  de  vingt-quatre  heures ,  une 
matière  rerreuïe  d'un  blanc  jaunâtre.  Cène  li- 
queur a  fourni ,  par  une  évaporation  fpontanée M 
une  gelée  jaune  y  couverte'  d'une  pellicule  de 
la  même  couleur ,  qui  s'eft  defléchée  complet- 
tement ,  de  réduite  en  une  matière  jaune  >  de  fa- 
veur vitriolique  &  alumineufe ,  pefant  deux  gros , 
dans  laquelle  il  s'eft  trouvé  quelques  petits  cryf- 
faux  de  véritable  alun ,  &  qui  en  avoient  toutes 
les  propriétés.  La  liqueur  de  l'argille  blanche  s'eft 
réduire  à  trois  gros  :  elle  eft  devenue  d'une  cou- 
leur femblable  à  une  diflolution  de  vitriol  dç 
Mars  :  elle  avoit  une  confiftance  fyrupeufe ,  & 
p'a  point  fourni  de  cryftaux  ;  fa  faveur  etoit  ftyp- 
tique  &  fort  aftringente. 

J'ai  lavé  la  terre  reftée  fur  le  filtre  de  l'une  & 
de  l'autre  expérience  ,  dans  une  grande  quantité 
d'eau  diftillée.  Celle  provenant  de  l'argille  blan- 
che, a  filtré  très  claire,  fans  couleur  :  j'ai  verfé 
deflus  une  fuffifante  quantité  d'alkali  fixe  :  il  a 
fait  précipiter  une  terre  blanche  qui ,  lavée  &  fé*- 
chée,  pefoit  un  gros  &  demi  :  l'argille  qui  eft  reftée 
après  toutes  ces  opérations,  pefoit,  après  avoir 
été  bien  féchée,  trois  onces  quatre  gros  &deroi. 

J'ai  pareillement  lavé  la  terre  de  l'argille  bleue 
dans  beaucoup  d'eau  diftillée,  &  j'aitUtré  la  1U 

3ueur  :  elle  a  paffé  claire ,  &  fans  couleur  ;  mai$ 
ans  l'efpace  de  deux  heures,  elle  eft  devenue 
d'une  couleur  jaune  orangée  :  elle  s'eft  troublée  % 
.&  elle  a  dépofé  une  terre  de  la  même  couleur ,  qui 
étoit  de  l'ochre  :  je  ne  l'ai  point  féparée  :  j'ai  pré- 
cipité ,  par  de  Falkaii  fixe ,  la  terre  tenue  en  diflo- 
lution dans  cette  liqueur.  J'ai  lavé  la  terre  précis 
pitée  dans  une  fuffifante  quantité  d'eau  :  je  l'ai  fait 
îecfjer  :  il  $*en  eft  trouvé  un  gros  :  elle  eft  $W& 


IT      H  A  1  S  O  K  N  i  !.  Jfp 

{tcmleûr  de  canelle,  à  caufe  du  fer  qu'elle  con- 
tient ,  qui  s'eft  réduit  en  ochre.  L'argille  bleue  de 
ICbutes  ces  opérations,  ratfemblée  &  léchée,  pefoit 
trois  onces  demi-gros  :  elle  ayoit  çonfidéntblq* 
fxieq^efdu  de  fa  couleur. 

ArgilUs  &  açidc  marin* 

L'acide  marin  agit  mieux  fur  les  argilles  quq 
l'acide  nitreux  :  il  a  plus  de  difpofition  pour  s'u- 
nir aux  terres  vitrifiable$. 

J'ai  mis  daijs  de$  marras  quatre  onces  d'argilles 
blanche  &  bleue ,  chaîne  iéparément,  avec  dix- 
huit  gros  d'acide  marin  ordinaire ,  &  douze  onces 
d'eau  diftillée.  J?ai  fait  digérer  ce  mélange  comme 
dans  les  expériences  précédentes,  &  j'ai  filtré  le$ 
liqueurs  au  bout  de  deux  jours.  Les  liqueurs 
avoient  une  faveur  alumineufe  très  forte  ;  elle* 
é toient  fans  couleur  }  mais  dans  l'efpace  de  quatre 
mois ,  c'eft-à-dire  après  qu'elles  fe  turent  réduite^ 
à  un  petit  volume  par  l'évaporation >  elles  avoient 
acquis  l'une  &  l'autre  une  belle  couleur  de  diflbhi? 
tion  d'or.  La  liqueur  de  l'argille  blanche  n'a  formé 
aucun  cryftal  :  elle  s'eft  épaiflie  considérablement 
&  faifoit  de  Pencre  avec  de  la  noix  de  galle,  i 
caufe  de  la  petite  quantité  de  fer  qu'elle  conter 

foit* 

La  liqueur  de  Fargille  bleue  a  formé  douze  . 

grains  de  félénite  vitnfiable ,  fans  couleur  &  fanq 

laveur  :  la  liqueur  s'eft  épaiflie  de  plus  en  plus, 

&  a  laifTé  dépofer  beaucoup  d'oçhre  de  couleur 

jaune  orangée, 

J'ai  lavé  les  «erres  reftées  fur  les  filtres ,  &  j'ai 

pareillement  filtré  les  liqueurs,  &  précipité  paç 

0e  l'alkali  fixe  la  terre  qu'elles  tenoient  en  difloT 

jution  :  yen  ai  tiré  un  gros  6ç  demi  des  lotion^  4ç 


}8o  ChYMIE    IXriJLIMENTALB 

l'argille  blanche,  &  un  gros  dix-huit  grains  de* 
lotions  de  l'argille  bleue. 

11  eft  refté  enfin  dlndiflbluble ,  fa  voir,  trois 
onces  cinq  gros  vingt-quatre  grains  d'argille  blan- 
che,  &  trois  onces  deux  gros  &  demi  drille. 
Heue. 

jtrgilles  ô  eau  régal** 

L'eau  régalé  a  plus  d'aâion  fur  les  argilles,  que 
n'en  ont  feparément  les  acides  nitreux  &  marin. 
Quelques  Chymiftes  ont  propofé  ce  menftrue 
four  purifier  &  débarraflèr  les  argilles  des  matières 
métalliques ,  lorfqu  elles  en  contiennent  ,  afin  dé 
les  employer.enfuite  avec  plus  de  fhecès  dans  les 
poteries  blanches ,  telles  que  la  porcelaine ,  &c. 
Mais  outre  que  ce  moyen  eft  difpendieux ,  il  ne 
fépare  oas  oomplettement  les  matières  métalli- 
ques. (Jet  acide  mixte  diffout  à  la  vérité  la  por- 
tion qui  peut  être  pourvue  de  phlogiftique  ;  mais 
celle  qui  eft  dans  1  état  de  chaux  n  eft  point  atta- 
quée par  l'eau  régale  :  elle  refte  dans  l'argille  x  Se 
altère  toujours  fa  pureté. 

Jtrgilles  &  vinaigre  iifiillê. 

Le  vinaigre  diftillé  a  fort  peu  d'aâion  fur  les 
argilles  :  il  ne  les  diflout  guère  mieux  que  de  l'eau 
pure  \  mais  il  a  l'avantage  de  féparer  toute  la  terre 
calcaire  qu'elles  peuvent  contenir. 

J'ai  mis  dans  un  matras  quatre  onces  d'areille 
blanche  &  huit  onces  de  vinaigre  diftillé  :  il  nt 
sfeft  excité  aucune  effervefeence.  J'ai  fait  digérer 
ce  mélange  pendant  huit  jours.  J'ai  filtré  la  1k 
queur  :  eflé  a  pafle  claire  ,  f*ns  couleur ,  n'ayant 
point  d'autre  faveur  que  celle  du  vinaigre  diftiUc 


t  î      RAISOMKiB,  j8t 

pur.  J'ai  lâi(Té  la  liqueur  s'évaporer  à  l'air  dans 
\in  vafe  de  verre  couvert  d'un  papier  pour  la  ga- 
rantir de  la  pouffiere  :  elle  a  formé- vingt-quatre 
grains  de  fel  terreux ,  femblable  à  celui  de  craie 
Se  de  vinaigre  diftillé  j  il  avoir  feulement  moins 
de  faveur  amere  :  il  étoit  d'une  légère  couleur 
rouflè,  à  caufe  d'un  peu  de  fer  ou'il  conrenoir. 

J'ai  lavé  le  ma*c*êfté*fur  le  nltre  comme  dans 
les  expériences  précédentes  :  j'ai  filtré  la  liqueur; 
&  par  lé  moyen  de  l'alkali  fixe ,  j'en  ai  précipité 
la  terre  :  j'ai  obtenu  quarante-quatre  grains  de 
Terre  blanche  :  cette  terre  eft  toute  calcaife  i  elle 
fe  difïbut  avec  vive  effervefeence,  &fe  convertit 
en  chaux  vive  par  la  calcination  :  il  eft  refté  enfin 
crois  onces  cinq  gros  cinquante -quatre  grains 
d'argille ,  qui  ne  parut  point  différer  de  ce  qu'elle 
&oit  auparavant. 

J'ai  traité  de  mêmel'argille  bleue  des  potiers 
avec  du  vinaigre  diftillé  >  &  aux  mêmes  dotes.  La 
liqueur  filtrée  m'a  fourni  >  par  une  évaporarion 
fpontanée ,  vingt-quatre  grains  de  fel  calcaire 
acéteux ,  cryftalhfé  en  petites  aiguilles  foyeufes , 
mais  fali  par  beaucoup  d'ochre  jaune  qui  s'eft  dé- 

Î>ofée.  Ce  fel  a  une  faveur  chaude,  auffi  acre  que 
e  fel  de  craie  &  de  vinaigre  :  il  a  rongé  les  pa- 
piers dans  lefquels  je  Pavois  enveloppé. 

J'ai  pareillement  lavé  la  terre  :  j  ai  filtré  la  li- 
queur, &  l'ai  précipitée  par  de  l'alkali  fixe  :  j'ai 
obtenu  cinquante  grains  de  terre  calcaire  jaune , 
àxaufe  de  l'ochre  qui  s'eft  dépofée  avec  elle.  Il  eft 
refté  enfin  deux  onces  fix  gros  &  demi  d'argille 
après  toutes  ces  opérations. 

Jt  S   M  A  Jt  <>    V  M  S. 

Mon  objet  étant  de  comparer  les  argifles  avec 


la  terre  de  l'alun ,  afin  de  m'aflîirer  fi  la  tefW  dé 
l'une  (te  die  l'autre  eft  etfentiellement  de  même 
éfpece,  j'ai  répété  avec  de  la  terre  de  l'alun  toutes 
les  expériences  de  ditfoiutioris  dans  lès  acides 
dont  je  viens  de  parler  aux  articles  précédents  : 
j'ai  obfervc  exactement  les  mêmes  phénomè- 
nes. Je  fupprime  ici  les  détails»  parceqùe  cela 
ne  fetok  qu'une  répétition  de  ce  qui  vient  d'ê- 
tre dit.  J'ai  pareillement  comparé  la  terre  de 
l'alun  avec  les  précipitée  d'4rgilfes  y  obtenus  des? 
difïblurions  faites,  dans  Les  aodes  précipités  par 
î'alkali  fixe  :  j'ai  remarqua  qpe  ceux  provenant 
des  diiTqlutions  faites  par  les  acides  vitriolique& 
marin,  écoient  abfolumem  fefnblables  à  la  terre 
de  l'alun  *  &  qu'ils  formaient  de  l'alun  en  combt» 
fcant  de  nouveau  ces  précipités  avec  de  l'acide  vi- 
triolique.  M.  Margraff ,  dans  fes  Opufculcs  chy~ 
mïqucss  édition  françoife  ,  deuxième  volume  , 
|>age  94  y  dit  avoir  obtenu  quelque  choie  qui  avoir 
du  rapport  avec  de  véjriçable  alun  y  6c  quelques 
pagetf:pluslcftnyil  dit  n'avoir  jamais  pu  former 
de  l'alun  en  combinant  enfemble  de  ta  terre  de 
l'alun  avec  de  .l'acide,  vkriolique  :  il  a  toujours 
été  obligé  d'ajouter  de  i'alkaii  fixe.  Mais  à  ta 
page  18 1 ,  deuxième  volume ,  il  dk  cependant  : 
*>  Je  ne  voudrais  {K>unaQ|'|ya$  tfiei  que  la  chofé 
»  fut  absolument  impoîfltble  à  la  faveur  de  quel- 
r>  ques  circoiftftai^es  uké&ures  «*.  Je  penfe  que 
fi  M.  M^graff  n'aipoimzeu  dans  ces  expériences 
des  cryftaux  de  véfiuble  alun  ^  cela  vient  des  pro- 
portions de.  igrre  &  d'acide  qui  fe  font  trouvées 
dans  fes  mélanges.  J'ai  fait  voir  que  Talus  ordi- 
naire peut  fe  charger  d'une  nouvelle  quantité  dé 
fa  terre,  &  même  s^en  fa  tarer  :  il  peut  auffi  en  pren> 
dre  une  moindre  quantité  que  celle  qui  eft  nécef- 
£ke  &  fx  parfois  fww^ioû.  Les  efpeces  defslj 


ET      RAiSONNÉE.  j3j 

t|ùi  téfultent  de  ces  différentes  dofes  de  terre  & 
d'acide ,  ont  d'autant  moins  les  propriétés  de 
l'alun,  qu'il  eft  entré  davantage  de  terre  dans 
leur  composition  :  en  un  mot ,  j'ai  obfervé  que 
l'alun  admet  toutes  fortes  de*  dofes  de  terre  >  fans 
<re  celle  de  l'acide  vitriolicme  varie.  Il  paroît 
qro  les  matières  falines  qu'a  obtenu  M.  Margraff, 
&  qu'il  dit  avoir  eu  du  rapport  avec  de  véritable 
alun ,  fe  trouvoient  combinées  dans  des  propor- 
tions différentes  de  celles  qui  fe  trouvent  dans 
l'alun  ordinaire* 

Argitle  &  foufre. 

L'àrgille  &  le  foufre  n'ont  point  dation  Tua 
fur  l'autre  par  la  voie  humide.  On  ne  connok 
point  leurs  effet*  par  la  voie  feche.  Jaimclé  plu*- 
fieurs  fois  de  l'areille  blanche  très  pure  avec  du 
foufre:  j'ai  expofé  ces  mélanges  à  la  plus  grande 
ââion  du  feu  fous  la  moufle  :  le  £bufre  fe  diffis- 
poit  ;  mais  il  cominuniquoit  ordinairement  A  l'ai* 
gille  une  couleur  noire  phloeiftiquée,  qu'elle  ne 
prenoit  jamais  fans  cette  addition.  Cette  expé- 
rience fors  fimple  prouve  deux  chofes ,  i°.  la 
grande  affinité  des  argilles  avec  le  principe  ihi» 
amraable ,  i°.  que  le  phWiftique  dans  le  foufre 
Weft  pas  dans  le  plus  grand  état  d»  puretés  c'eft 
ce  que  nous  avons  déjà  dit  ailleurs*    > 

Affilie  &  alkalifixCé. 

Si  dans  une  décoâiôn  d'argile  faite  avec  de 
F  eau  pure,  on  verfe  de  l'alkah  Bxe  en  liqueur  f 
il  fe  fait  aufli-tôt  un  précipité  blanc.terteux  :  l'air 
kati  s*uriit  à  l'acide  vitriolique  de  l'areille ,  & 
fait  précipiter  la  terre  :  en  filtrant  cette  liqueur* 
4t  Ufaifant  évaporer,  on  obtient  de?  cryftaux.de 


5S4  Chtmie  expérimentale 
tartre  vitriolé.  On  lave  la  terre  qui  refte  fizrk 
filtre  ,  &  on  la  fait  fécher.  Cette  terre  eft£ea*-l 
blable  à  la  terre  de  l'alun ,  6c  elle  en  a  toutes  \a 
propriétés.  11  eft  vifible  que  par  ce  moyeu I  *• 
gille  oui  s'eft  diflbute  dans  l'eau ,  eft  dccompoÉce; 
mais  l'argille  en  mafte  d'agrégé  ne  fe  laiffypf 
décompofer  de  même  par  l'alkali  fixe.  ^ 

J'ai  tait  bouillir  pendant  douze  heures  dcm 
livres  d'argille  blanche  avec  autant  d'alkali  fixe, 
clans  une  luffifante  quantité  d'eau  :  je  remplaçais 
l'eau  à  mefure  qu'elles'évaporoit.  L'argille  deve- 
noit  comme  foyeufe  :  les  molécules  ,  en  le  mou- 
vant dans  l'eau ,  fàifoient  dés  reflets  femblaUes 
d  ceux  que  jette  la  moire.  J'ai  filtré  la  liqueur 
tandis  qu'elle  étoit  bouillante  :  elle  s'eft  troublée 
par  le  refixûdifleinent ,  &  elle  étoit  auflî  alkalint 
qu'avant  cette  opération  :  je  n'en  ai  iamais  pu 
tirer  du  tartre  vitriolé.  La  liqueur  a  depofc,  par 
le  féjour  ,  une  portion  d'argille  que  1  alkaJi  me 
-avoit  diflbute.  J'ai  lavé  dans  beaucoup   d'eau. 
bouillante  l'argille  reftée  fur  le  filtre  ,  afin  de  la 
<leflaler  entièrement.  Tant  que  la  matière  conte* 
noit  de  l'alkali ,  la  liqueur  le  filtroit  facilement! 
elle  paflbit  claire  j  mais  elle  avoit  une  couleur 
roufle  :  aufli-tôt  qu'elle  a  été  débarraflée  de  l'ai* 
kali  ,  elle  s'eft  divifée  dans  l'eau  bouillante  à  un 
tel  degré,  qu'il  n'étoit  plus  poffible  de  filtrer  la  li* 
queur  :  la  terre  étoit  dans  une  forte  de  demi-dif- 
folution.  J'ai  fait  fccher  cette  terre  :  je  m  en  fuis 
fervi  pour  décompofer  du  nitre  6c  du  fel  marin: 
elle  &  décompofé  ces  fels  avec  la  même  facilité 
que  de  pareille  argille  qui  n'a  point  fubi  ces  opé- 
rations. Quelques  Chymiftespenfent  le  contraire, 
&  croient  que  ce  moyen  eft  fuffifaht  pour  enlever 
à  l'argille  ton  acide  vitriolique* 
U  refaite  dç  ces  expériences  que  l'acide  vitrio- 

lique 


*  T      RAISONNÉ  Ei  JrS  5 

U<jùe  eft  très  adhérent  aux  argilles*  Nous  ver-> 
rons  dans  une  autre  occasion ,  en  décompofant  le 
nitre  par  lés  argilles  cimes  ,  que  la  violence  du 
feu  même  ne  peut  point  priver  cette  fubftance  de 
tout  1  acide  vitriolique  qu'elle  contient* 

;  Argille  j.alkalifixe9&  phlogijïiquc* 
Foie  de  Soufte  f  &  Soufre  artifidd. 

J'ai  fait  fondre  dans  un  ereufet  une  once  d'ar- 
mile ,  huit  onces  d  alkali  fixe ,  &  une  demi-once 
ae  charbon  en  poudre.  J'ai  leflivé  cette,  matière 
dans  de  l'eau.  J  ai  filtré  la  ligueur  :  elle  avoit  tous» 
les  caraéteres  du  foie  de  foufre  ordinaire.  J'ai 
verfé  du  vinaigre  diftillé  dans  cette  liqueur,  qui  a 
fait  précipiter  de  vrai  foijfre.  Dans  cette  expé- 
rience, le  phlogiftique  du  charbon  s'eft  uni  & 
l'acide  vitriolique,  &  ils  ontfbrmé  du  foûfre.  L'al- 
kali fixe  a  empêché  que  ce  foufre  ne  fe.  brûlât  a 
mefiirë  qu'il  fe  formoit.  Ce  foufre  n'eft  pas  pur  % 
parcequ  u  y  a  une  certaine  quantité  détente  ar- 
gilleufequi  eft  diflbute  par  l'alkali ,  &.quel'a~ 
Cidç  fait  précipiter  conjointement  avec  le  foufre* 
Néanmoins  il  réfultë  de  cette,  expérience  ,  que 
quoique  l'acide  vitriolique  ait  une  très  grande 
adhérence  avec  la  terre  argilleufe  >  le  phlogifti- 
qiie:  le  fépare  d'avec  cette  terre  par  la  voie  feche. 

Alkali  fixe  avec  les  matières  combufiibles^ 

L'alkali  fyce  a  une  a&ion  confidérable  fur  le* 
m^ti^res.  végétales  &  animales  :  ilproduij  diffé- 
rents effets,  fuivant  l'état  où  elle*  fe  trouvent  i  il 
racornit  &  durcit  beaucoup  les  chairs  :  il  diflbuc 
&  réduit  çn  gelée  la  laine.,  la  foie ,  la  corne,  &c 
L'alkali  fixe  froid  n'a  pas  uçe  a#ion  auffi  prompte 
Tome  L  -         Bb 


3$0       Chymie  expérimentale 

que  les  acides  minéraux  fur  les  madères  animales, 
mais  il  agitauffi  efficacement*  U  s'empare  de  leur 
matière  huileufe ,  leur  ôte  toute  leur  folidité ,  & 
tes  pénètre  tellement  qu'il  les  rend  prefque  in- 
combuftibles.  Cette  dernière  propriété  lui  eft 
commune  avec  prefque  tous  les  fels  neutres  qui 
ne  font  point  inflammables*  Cet  effet  vient  de  ce 
que  les  fels  s'appliquent  très  intimement  à  la  fur- 
face  des  matières  combuftibles,  qu'ils  intercep- 
tent au  feu  la  communication  avfec  l'air ,  &  que 
ces  mêmes  fels  retiennent  le  principe  aaueux  qui 
s'oppofe  à  l'inflammation  des  corps  combuftibles. 

Alkolifixe  avec  le  phlogiftique. 

L'alkali  fixe  en  liqneur  à  froid ,  ou  à  l'aide 
d'une  chaleur  égale  à  celle  de  l'eau  bouillante ,  a 
fort  peu  d'aâion  fur  les  charbons  bien  faits  :  mais 
il  n'en  eft  pas  de  même  par  la  fufion.  Si  Ion  fait 
fondre  dans  un  creufet  huit  onces  de  fel  a&ait  Se 
une  demi-once  de  charbon  en  poudre,  on  peut 
préfumer  que  ce  charbon  fera  complectement  dif- 
ious  y  du  moins  j'ai  remarqué  que  ,  brfqu'il 
tombe  des  charbons  dans  de  l'alkali  qu'on  fait  en- 
trer en  fufion ,  il  s'en  diflbut  beaucoup  j  l'alkali 
prend  une  couleur  rouge ,  Se  devient  plus  déli- 
quefeent.  J'ai  encore  remarqué  que  le  phlogifti- 
que du  charbon  occàfionne  la  volatilisation  de 
l'alkali  fixe  :  il  le  réduit  en  fumée  blanche  & 
épaifTe ,  qui  agit  prodigieufëment  fur  le  cerveau 
Se  fur  le  genre  nefveûi.  Cette  fumés  rend  la  tète 
fbible  &  étonnée ,  comme  lorfqu  on  eft  conva- 
lefcent  à  la  fuite  d'une  grande  maladie  :  cette 
fumée  phlogiftique  eft  faline ,  irrite  le  genre  ner- 
veux, &  occafiônne  des  inquiétudes  Se  des  im- 
patiences dans  tous  les  membres. 


HT      HAISÔtfHS  fi.  J$7 

Lorfqu'on  fait  diiïbudre  cet  alkali  dans  de  . 
Veau ,  il  produit  une  liqueur  acre  très  cauftique 
&  d'une  couleur  rouge  très  foncée.  11  y  a  lieu  de 
pen£er  qu'en  féparant  par  précipitation  cette  ma- 
tière colorante  ,  &  en  la  îoumettant  à  iadàftilla* 
tion,  ellefburniroic  une  matière huileufe ,  commo 
nous  avons  dit  que  cela  arrivoic  en  diftHiant  du 
bleu  de  Pruffe»  La  matière  phlogiftique  ^précipi^ 
tée  par. le  fer ,  redevient  dans  l'état  huileux  >  pat'* 
cequ  elle  fe  combine  avec  le  principe  aqueux.      > 

Alkali  fixe  avec  une  huile  grafic* 

L'alkâli  fixe  a  beaucoup  d'a&ioa  fur  les  huilet 
grades  :  il  forme  avec  elles  des  compofés  que  Von 
nomme  /avons  :  mais  corrime  l'alkâli  axe  eft  déli-j 
quefeerit,  les  favons  qu'il  forme  font  mous  &  uft 
peu  tléliquefcents.  On  eft  dans  l'u&ge  d'y  em- 
ployer l'alkâli  marin,  dont  on  augmente  la  îcaufti* 
cite  pat  de  la  chaux.  Nous  ne  dirons  rieri  quant  £ 
prêtent  fur  cette  efpece  de  favon  ,'2fc  nous  ren- 
voyons tout  ce  que  nous  avons  à  dire  fur  cette 
matière ,  à  l'examen  que  nous  ferons  des  pfoptié- 
ces  de  lalkali  marin.     '  ;  4     .  .   . 

L'alkâli  fixe  eft  vplatilifé  par  la  matière  htti* 
ieufe.  Starkey>  dans  fa  Pyrotechnie,  recommande» 
pour  y  parvenir  f  de  diniller  une  huile  fur  du  fel 
alkali  ,i  &  de  diftiiler  un  grand  nombre  de  fpi$  d* 
fuite  *  fur  l'alkâli  qui  refte  dans  les  VaifTeâtut  » 
Vhuile  qui  a  païïe  à  chaque  diftillarion.  Nous  par- 
lerons ailleurs  de  ces  procédés. 

Alkali  fixe  avec  les  terres  calcair&i* 

L'alkâli  fi<e  ne  peùfc  éontra&er  âucuilé  union 

de  compétition  par  la  voie  humide  avec  les  terre* 

'  calcaires  :  elles  (l'augmentent  point  fa  caufticité  ) 

fi  b  i) 

\ 


j88  Chymïi  expérimentale 
mais  par  la  voie  feche ,  cette  matière  faline  pré- 
fente  avec  ces  rerres  des  phénomènes  femblaoles 
à  ceux  de  la  terre  vitrihable  ,  c*eft-à-dire  que , 
Aùvant  les  proportions  de  ces  deux  fubftances, 
on  obtient  des  matières  vitreufes ,  ou  des  matières 
vitriforraes ,  comme  nous  l'avons  dit  à  l'article 
du  HçAÔrJilicum.  Dans  cette  expérience ,  la  terre 
calcatre&eft  alpfolumenr  changée  de  nature  :  elle 
«ft  convertie- en  terre  vitrifiaole ,  &  fe  trouve  ra- 
dicalement privée  d'eau  r  d'air  &  de  matière  in- 
flammable j  du  moins  elle  ne  contient  pas  plus 
de  cette  dèrnie%tefiibffaficd ,  que  les  terres  vitnfia- 
bles  ordinaires.  J'ai  diffous  dans  les  différents  aci- 
des ,  la  terçe  féparée  dç-cette  efpece  à^liquGtrJîli- 
cum  ;  elle  m'a  fourni  de  l'alun  avec  l'acide  vitrio- 
lique;  "ce  qui  prouve-.complettement  la  conver- 
fion  de.  cette^  terré  en  terre  vitrifiable.  Je  ne  ré- 
pète point  ici  lés  procédés  de  ces  opérations ,  par- 
ceqirils  font  les  mêmes  que  ceux  dont  nous  avons 
parlé  précédemment. 

Alkatifixe  aytcde  la  chaux  vive.  ' 

•  L'a! kali  fixe',  traité  avec  de  la  chaux  vive,  aug- 
mente confidérablementdecaufticité.  La  liqueur, 
filtrée  &  évaporée  jufcfu'à  un  certain  point ,  pro- 
duit une  leffive  très  alkaline  à  laquelle  on  peut 
donner  le  nom  de  leffive  des  favonniers  faite  avec 
tf<?  Valkali  végétal ',  afin  de  la  cliftinguer  de' celle 
qu'on  fait  avec  de  Palfcali  marin ,  qui  eft  celle 
qu'on  emploie  ordinairement  pour  la  compofition 
dufavon.  Les  propriétés  de  la  leffive  de  Talkali 
végétal  cauftique  ne  font  pas  connues.  On  ignore 
quelles  feroient  les  propriétés  des  favons  qu'on 
feroit  avec  cette  leffive  i  on  fait  feulement  qu'ils 
font  mous*.&  ne  prennent  pas  beaucoup  de  conj 
iiftiuice. 


I  T      RAISONNÉ  E.  j&j 

Atkali  fixe  avec  de  F  acide  vitriclique* 

Tartre  vitriolé  ,  Sel  deduobus  ,  Arcanum  dapUcatum. 

L'alkalifixe  &  l'acide  vitriol  ique  fe  combinent 
très  bien  jufqu'au  point  de  faturation  avec  cha- 
leur &  effervefcence.  Ces  fubftances  perdent  ré- 
ciproquement leurs  propriétés  particulières  en  fe 
combinant* 

On  met  dans  une  terrine  de  grès  quatre  onces  ' 
d'alkali  fixe  étendu  dans  douze  ou  quinze  fois 
fon  volume  d'eau  chaude.  On  verfe  peu  à  peu  de 
l'acide  vitriolique  affoibli  :  il  fe  fait  une  vive  effer- 
vefcence :on  continue  d'en  verfer  jufqu'à  ce  qu'il 
ne  fe  faffe  plus  d'effervefcence  &  que  la  liqueur 
n'ait  point  de  faveur  alkaline  ni  acide  :  c'eft  ce 
que  l'on  nomme  point  de  faturation  :  alors  on  fil- 
tre la  liqueur,  &  on  la  fait  évaporer  jufou'à  lé* 
§ere  pellicule  :  elle  forme ,  par  le  refroidilîemenr, 
e  petits  cryftaux  taillés  en  pointas  de  diamant  t 
c'eft  ce  que  l'on  nomme  tartre  vitriolé \  ftl  de  duo-*  , 
JruSj  ou  arcanum  duplicatum.  On  détache  le  fer  de 
la  terrine  avec  la  pointe  d'un  couteau ,  &  on  le 
fait  égoutter  fur  du  papier  gris*  On  fait  évaporer 
la  liqueur  de  nouveau  jufqu'à  pellicule  :  on  ob- 
tient des  cryftaux  comme  la  première  fois  i  on 
continue  ainfi  de  fuite  les  évaporations  &  les 
cryftallifations  jufqu'à  ce  que  la  liqueur  ait  fourni 
tout  ce  qu'elle  peut  donner  de  fél  :  il  refte  enfin 
une  liqueur  qui  n'en  fournit  plus  :  on  lui  adonné 
le  nom  d'eau-mere  :  on  la  jette  comme  inutile  t 
tous  lesfels  neutres,  qui  ont  pour  bafe  un  acidfc 
Se  un  alkali,  laiftent  une  femblabfe  eau-mere* 
î^ous  ferons  un  article  fur  les  eaux-m ères  des  ferfe 
çn  général ,  lorfque  nous  parlerons  de-  la  cryltoU 
Ufeùcm  des  fels» 

Bbii| 


f$0  ClfYMlB   EXPERIMENTALE 

.Remarques. 

Ni  l'acide  ni  Talkali  ne  peuvenr  fe  cryftallifer 
tant  qu'ils  font  feub.  La  faveur  de  chacun  d'eux 
èft  très  forte ,  très  différence  &  très  diftinfte.  Ces 
matières  falines  ont  beaucoup  d'affinité  avec  l'eau  : 
cependant  Pefpece  de  fel  qui  réfulce  de  cette  com- 
binaifon ,  fe  çryftallife  facilement,  a  peu  de  fa- 
veur &  peu  de  diifolubilité  dans  l'eau  :  il  eft  par- 
faitement neutre  ;  il  ne  change  point  les  cou- 
leurs blçues  des  végétaux  :  il  a  moins  d'affinité 
avec  l'eau  que  les  deux  fubftances  falines  qui  en- 
trent dans  fa  combinaifon  :  il  n'attire  point  l'hu- 
midité de  l'air  :  il  fe  diiïbut  en  plus  grande  quan- 
tité dans  l'eau  bouillante  que  dans  l'eau  froide. 
Quatre  onces  d'eau  bouillante  diflblvent  fept  gros 
quarante-huit  grains  de  tartre  vitriolé.  Toutes 
ces  propriétés  font  dues ,  fuivant  notre  nouvelle 
théorie ,  à  ce  que  ces  deux  fubftances  falines ,  en 
fe  combinant ,  perdent  la  plus  grande  partie  de 
leur  feu*  .auquel  elles  dévoient  leur  caufticité. 

Ce  fél  ne  peut  admettre  dans  fa  combinaifon 
ai  une  furabondance  d'acide ,  ni  une  furabon- 
dance  d'alkali.  M.  Rouelle  rapporte  dans  un  Mé- 
ritoire imprimé  dans  le  volume-  de  l'Académie 
pour  l'année  1754,  page  586,  une  expérience 
par  laquelle, il  avoir  cru  combiner  une  portion 
d'acide  vitriolique  furabondant  à  ce  fel.  C'eft  ce 
que  nous  examinerons  à  l'article  de  la  cryftallifa* 
Uondesfels. 

Alkali  fixe  avec  le  foie  de  foufre  terreux. 

L'alkali  fixe  décompofe  le  foie  de  foufre  ter* 
reux  :  il  lait  précipiter  la  terre  de  l'eau  de  chaux , 
te  s'empare  du  foufre  qu'il  diiïbut  ;  mais  aucun 
des  produits  de  ces  opérations  n'a  été  examiné» 


ET      *  À  I  S  O  N  N  £  ï.  3«)I 

Alkali  fixe  avec  le  foufre. 

L/alkali  fixe  s  unit  au  foufre  par  la  voie  hu- 
^mide  &  par  la  voie  feche ,  fans  que  le  fo&fre  fu- 
bifle  aucune  décomposition.  Ce  campofé  porte 
le  nom  de  foie  de  foufre* 

Foi*  de  foufre  par  la  y  oie  humide. 

On  prend  fix  onces  de  foufre  en  poudre  ou  de 
fleurs  de  foufre ,  &  douze  onces  d'atkali  fixe  fec  : 
on  met  ces  matières  dans  un  marras  avec  une 
livre  d'eau  :  on  place  le  vaiffeau  fur  un  bain  de 
fable  :  on  le  fait  chauffer  par  degrés ,  jufqu  a  faire 
bouillir  doucement  la  liqueur  pendant  quatre  ou 
cina  heures,  ou  jufqu  a  ce  qu'elle  devienne  d'une 
couleur  jaune  orangée  :  on  agite  le  vaifleau  de 
f  emps  en  temps  :  alors  on  filtre  la  liqueur  au 
travers  d'un  papier  gris,  &  on  la  conferve  dans 
une  bouteille  qu'on  tient  toujours  bouchée  ;  c'eft 
le  foie  de  foufre  fait  par  la  voie  humide. 

Foie  de  foufre  par  la  voie  feche» 

On  prend  quatre  onces  de  foufre  en  poudre  : 
on  le  mêle  dans  un  mortier  de  marbre ,  avec  au- 
tant d'alkali  fixe  bien  fec  :  on  met  ce  mélange 
dans  un  creufet  :  on  le  place  dans  un  fourneau 
au  milieu  des  charbons  ardents  :  on  couvre  le 
creufet  de  fbn  couvercle.  Aufli-tôt  que  la  ma- 
tière commence  à  rougir ,  elle  entre  en  fufion  : 
lorfqu'elle  eft  bien  fondue ,  on  la  coule  fur  un 
marbre  poli  &  légèrement  graifle  &  efluyé.  La 
matière  fe  fige  en  refroidiflant  :  on  la  détache 
tandis  qu'elle  eft  encore  chaude  :  on  la  caffe  par 
petits  morceaux,  &  on  la  ferre  dans  une  bouteille 

2u'on  bouche  bien ,  pareequ  elle  attire  l'humi- 
ité  de  l'air  :  c'eft  Xefoiedefoufrçparla  voie  feche. 

Bbiv 


35>z       Chimie  expérimental* 
Remarques. 

11  eft  vifible ,  par  ces  deux  expériences ,  que  le 
foufre  eft  uni  à  l'alkali  par  deux  procédés  diffé*- 
rencs.  L'alkali  fixe  par  la  voie  numide  diftlout 
moins  de  foufre,  11  eft  plus  expédicif  de  faire 
chauffer  le  mélange  aflez  pour  faire  entrer  le 
foufre  en  fufion ,  comme  nous  l'avons  dir  à  Té- 

fard  du  foufre  qu'on  fait  diflbudre  par  de  l'huile. 
>ans  cet  état ,  Lalkali  le  diffbut  mieux  que  lorf- 
qu'on  agite  le  mélange  dans  le  deflein  d'empe- 
cher  le  foufre  de  fe  rafTembler  au  fond  du  ma- 
dras :  mais  fi  par  cette  voie  on  unit  moins  de 
foufre  à  l'alkali ,  celui  qu'il  tient  en  diflblution 
lui  refte  plus  long- temps  combiné  fans  fe  décom- 
pofer.  Nous  verrons,  dans  un  inftant,  que  le 
Foie  de  foufre  qui  a  été  fait  par  la  voie  feche,  eft 
de  très  facile  décompofition  >  même  dans  de£ 
bouteilles  bien  bouchées. 

Nous  avons  dit  précédemment  que  l'alkali 
rougit  au  feu  long-temps  avant  d'entrer  en  fu- 
fion ,  &  que  le  foufre ,  au  contraire ,  entre  en 
fufion  à  une  chaleur  fort  modérée.  Ces  deux  fub* 
fiances  partagent  entre  elles  leurs  degrés  de  fii- 
iîbilité  :  c'eft  ce  qui  fait  que  ce  mélange  entre  en 
fufion  en  même  temps  qu  il  rougit.  Une  partie 
du  foufre  s'enflamme  avant  qu'il  ait  le  temps  de 
fe  combiner  avec  l'alkali.  La  plus  grande  partie 
de  l'acide  vitriolique  qui  devient  libre ,  fe  com-« 
bine  avec  l'alkali,  &  ils  forment  enfemble  du 
tartre  vitriolé,  qui  fait  partie  de  la  mafle  qu'on 
obtient  ;  mais  la  plus  grande  partie  du  foufre  fe 
combine  avec  l'alkali,  &  forme  la  fubftance  qu  01^ 
jiomme  foie  de  foufre.  Ce  eopipofé  eft  d'une  coun 
leur  ftQk&cce ,  <jui  jauni*  un  pçu  i  fa  fuefaçe  quel* 


ST     RAISONNÉ  B.  393 

que  temps  après»  où  il  eft  d'une  couleur  rouge, 
iuivam  les  degrés  de  feu  qu'il  a  reçus.  Ce  foie 
de  foufre  attire  l'humidité  de  l'air ,  mais  moins 
que  lalkali  fixe  :  néanmoins  il  s'en  charge  aflez 
pour  faire  voir  que  lalkali  conferve  encore  de 
les  propriétés.  Ce  foie  de  foufre  a  beaucoup  plus 
d  odeur  que  le/foufre  pur  :  celle  qu'il  a,  tire  fuc 
celle  des  ceufs  couvis. 

Si  l'on  n'avoit  pas  foin  de  grailler  un  peu  la 
pierre  fur  laquelle  on  coule  le  foie  de  foufre,  il 
s'y  appHqueroit  fortement  :  on  auroit  beaucoup 
de  peine  à  l'en  détacher ,  fans  arracher  un  peu  de 
la  iurface  de  la  pierre. 

Le  foie  de  foufre  fe  diflbut  très  bien  dans 
l'eau  :  on  en  pulvérife  la  quantité  que  l'on  veut  : 
on  la  met  dans  un  matras  :  on  verfe  par  deffus 
trois  ou  quatre  fois  fon  poids  d'eau  chaude  :  on 
agite  le  mélange ,  &  au  bout  d'une  demi-heure , 
ou  lorfque  la  matière  eft  bien  diflbute ,  on  filtre 
la  liqueur  au  travers  d'un  papier  gris.  Il  refte  fur 
le  filtre  un  peu  de  terre  &  de  tartre  vitriolé  qui 
s'eft  formé  pendant  la  frifion  ,  pourvu  cepen- 
dant qu'on  n'ait  pas  employé  trop  d'eau.  Dans 
ce  cas ,  le  tartre  vitriolé  fe  di(Tout  &  patte  au 
travers  du  filtre  avec  le  foie  de  foufre.  La  li- 
queur filtrée  eft  claire  &  tranfparente  ;  mais  elle 
a  une  couleur  jaune  orangée ,  qui  eft  d'autant 
plus  foncée ,  que  la  matière  a  moins  refté  de 
temps  fur  le  feu  pendant  la  fufion  :  elle  a  une 
odeur  de  foufre  ôç  d'œufs  couvis  ;  on  nomme 
cette  liqueur  foie  de  foufre  dïffou*  :  elle  a  les  mê- 
mes propriétés  ^ue  le  foie  de  foufre  qui  a  été  pré-* 
paré  par  la  voie  humide ,  i  quelques  propriétés 
près,qui  viennent  de  l'altération  qu'a  fubile  fou-» 
fre  pendant  la  fufion. 
LprfcjuQa  a  laiflç  le  foie  de  foufre  trop  long- 


)94  CfTYMIE    BX?£r.IMENTALB 

temps  au  feu ,  la  diflblution  qu'on  en  fait  en» 
fuite  9  a  beaucoup  moins  de  couleur  :  le  foîe  de 
foufre  qu  elle  tient  en  diffolution  fe  décompofé 
nés  promptement ,  même  fans  le  concours  de 
Pair  :  il  fe  forme  dans  les  bouteilles  qui  le  con- 
tiennent y  un  tartre  vitriolé ,  auquel  on  a  donné 
le  nom  de  fil fulfurtux  de  Staahl,  patcequ  il  con- 
tient un  peu  de  matière  phlogiftique,  &  que  ce 
fel  a  des  propriétés  un  peu  différentes  du  tartre 
vitriolé  ordinaire.  Cette  propriété  qu'a  le  foie 
de  foufre  de  fe  décompofer  ainfi  ,  vient  de  ce 
oue  le  phlogiftique  du  foufre,  pendant  la  fufion,  a 
été  plus  atténué  qu'il  ne  rétoit  dans  le  foufre 
pur  :  le  principe  du  feu  qui  le  constitue  phlogifti- 
que, s'eft  rapproché  davantage  du  feu  pur  :  fous 
cette  forme, il  eft  plus  facile  i  fe  décompofer 
compte  ttement ,  à  fe  réduire  en  feu  élémentaire  , 
&  à  fe  diffiper.  Ceci  nous  donne  un  exemple  des 
différents  états  fous  lefquels  peut  fe  trouver  fe 
phlogiftioue,  avant  d'être  décompofé  complette- 
ment :  celui  qui  eft  dans  le  foufre ,  eft  fafceptible 
d'altérations  par  nuances  infenfibles  :  il  peut  ac- 
quérir différentes  propriétés ,  fuivant  l'état  où  il 
le  trouve ,  &  même  s'enflammer  tout  feul  à  l'air , 
comme  cela  arrive  dans  le  pyrophore ,  où  le  fou- 
fre eft  en  partie  dans  un  grand  état  d'altération. 
Lorfque  le  foie  de  foufre  fe  décompofé  dans  des 
bouteilles  bouchées ,  il  lui  arrive  fouvent  de  ta- 
pifler  l'intérieur  d'un  enduit  phlogiftique  d'une 
couleur  prefoue  neire,  -8c  qui  forme  dts  iris  : 
d'autres  fois  il  nelaiffe  aucune  couleur  :  cela  dé- 
pend du  degré  de  feu  que  le  foie  de  foufre  a  reçu 
pendant  fa  formation. 


ÏT      RAMONHil.  5^5 

Foie  de  foufrc  au  feu. 
Sel  fulfureux.  Tartre  vitriole. 

On  met  dans  ifn  vaifleau  de  terre  large  ic  plat, 
la  quantité  que  Ton  veut  de  foie  dç  foufre  fait 

(>ar  la  voie  lèche  &  réduit  en  poudre*  On  place 
e  vaifleau  fur  un  feu  très  doux  ;  on  remue  la  ma- 
tière de  temps  en  temps ,  pour  renouveller  les 
furfaces.  Le  foufre  fe  décompofe ,  le  phlogifti- 
que fe  diffipe  fans  comboftion,  &  l'acide  vitrio 
lique  fe  combine  avec  l'alkali  du  foie  de  foufre , 
&  forme  du  tartre  vitriolé.  Lorfque  la  matière  a 
fumé  pendant  un  certain  temps, on  augmente 
le  feu  9  jufqu'à  la  faire  rougir  obfçurément  pen- 
dant environ  un  quart  d'heure ,  afin  de  faire  dit 
fiper  tout  le  phlogiftique  :  alors  on  fait  diflbudre 
dans  de  l'eau  la  matière  faline  :  on  filtre  la  li- 
queur ,  &  on  la  laide  refroidir  ;  elle  fournit  des 
cryftaux  de  vrai  tartre  vitriolé* 

Staahl  avoit  imaginé  cette  expérience ,  qui  eft 
très  exa&e ,  pour  démontrer  que  le  foufre  étoit 
compofé  de  fept  parties  d'acide  vitriolique ,  & 
d'une  de  phlogiftique.  La  vapeur  qui  fe  dégage 
du  foie  de  foufre  dans  cette  opération ,  n  eft  point 
du  feu  pur  j  c'eft  du  phlogiftique  oui  eft  excédent 
a  la  compofition  du  tartre  vitriolé.  Cette  vapeur 
eft  auffi  pernicieufe  que  celle  qui  s'élève  du  char- 
bon ou  de  la  braife  qu'on  fait  brûler.  Si  Ton  fai- 
foit  cette  expérience  fur  plusieurs  livres  de  foie 
de  foufre ,  &  dans  un  endroit  bien  clos ,  on  fe- 
roit  fuffpqué  comme  par  toute  autre  matière 
phlogiftique  dans  l'état  de  vapeurs* 

Foie  de  foufre  à  Voir* 
Le  phlogiftique  a  plus  d'affinité  avec  l'acide 


$96         ChYMIE    EXPlRIMENrALH 

vicriolique ,  que  cet  acide  n'en  a  avec  l'alkaK  i 
c'eft  un  fait  qui  eft  conftaté  par  une  fuite  d'ex- 

Sériences ,  &  nous  verrons  même  dans  le  cours 
e  nos  opérations ,  que  ce  principe  inflammable 
•'empare  de  cet  acide  ,  à  quelque  bafe  qu'il  foit 
uni  ,/foit  par  la  voie  feche ,  foit  par  la  voie  hu- 
mide :  cependant ,  fi  Ton  expofe  du  foie  de  fou- 
fre  fec  à  l'air ,  il  attire  d'abord  l'humidité  de  l'air  % 

Îtarceque  l'alkali,  quoiqu'uni  à  du  foufre,  con- 
serve encore  quelques-unes  de  fes  propriétés ,  &: 
finguliérement  celle  de  fe  charger  de  l'humidité 
de  l'air.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  remarquable ,  c'eft 
que  ce  même  foie  de  foufre  fe  décompofe  par  la 
feule  expofition  i  l'air ,  comme  par  l'action  du 
feu.  Le  phlogiftique  fe  diflipe ,  &  ce  qui  refte  eft 
du  tartre  vitriole ,  mais  qui  cependant  diffère 
du  tartre  vitriolé  ordinaire ,  en  ce  qu'il  retient 
un  peu  de  phlogiftique  :  on  le  nomme ,  à  caufe 
de  cela ,  felfulfureux  :  mais  au  moins  eft-il  cer- 
tain que  prefque  tout  le  phlogiftique  s'eft  diffîpé» 
On  éft  en  droit  de  conclure ,  d'après  cette  obser- 
vation ,  que  les  affinités  qu'on  a  établies  fur  ces 
fubftances  >  ne  font  pas  juftes  ;  &c  en  effet,  elles 
manquent  d'exa&itude,  puifque  cette  affinité 
n'eft  ni  générale  ni  confiante.  Le  foie  de  foufre 
qui  fe  décompofe  à  l'air ,  &  qui  laifle  diffiper  forç 
phlogiftique,  prouve,  dans  cette  circonftance, 
que  l'acide  vitrioliqué  a  plus  d'affinité  avec  l'alkali 
qu'avec  le  phlogiftique.  Nous  examinerons  cette 
queftion ,  lorfque  nous  parlerons  du  foufre  arti- 
ficiel. 

Foie  de  Soufre  avec  de  F  eau. 

D'après  les  propriétés  du  foie  de  foufre  que 
nous  avons  fait  connoître ,  on  fait  déjà  que  cette 
fubft?noe  fe  diflbut  dans  l'eau  }  $c  en  effet ,  etto 


s*y  Jiflout  facilement.  Lorfque  le  foie  de  foufr* 
eft  diflbus ,  un  filtre  la  liqueur  $  ceft  ce  que  Ton 
tiommefvie.de  foufre  en  liqueur*  Ceft. dans  ceï 
état  de  diflbiurion ,  qu'on  l'emploie  le  plus  ordi- 
nairement dans  les  expériences  :  fi  Ton  expofe  à 
l'air  le  foie xle  foufre ,  il  fe  décompofe  ;commi 
.  je  viens  de  le  dire. 

Foie  de  Soufre  avec  de  la  glace* 

On  ignore  les  t&ets  de  ce  mélange. 

Foie  de  Soufre  avec  de  la  terre  yitrifiabïe. 

On  ne  connoît  point  le?  effets  du  foie  de  foufre 
fur  la  terre  vitrifiable ,-  fbii  par  la  vôieféche ,  fotf 
par  la  voie  humide.  On  peut  préfumerque^pkr  là 
voie  feche  il  n'agit  point  comme  foie  de  foufre, 
parceqù'il  feroit  decompofé  parla  chaleur,  avant 
qu'il  pût  porter  ion  a&W  fus  la  terre  vitrifiable. 
On  peut  de  même  penfer  qu'il  n'aurqit  guère  plus 
"cTaâion  par  la  voie  humide,  pareequë  la  terre  v|? 
trîfiable  ne  contient  aucun  des  prînci'pè^par  TèCr 
quels  tes  matières  fâlinesattaquérit  \ëh cotiSil  '  * 

•-  Foie  de  Soufre  avec  le*  matières  côM^fiiWes.  '•*; 

:-  Le! foie  de  foflfçe  a  beaucoup  d'aditt^fur  ks 
matipjes.  végétales  .Sclaôûxiales  ;  rtimahcHitt  fait 
peu  d'expériences  pour  ç'6nnoîifc$,lçd.pr^riété$ 
.«de- cutis  fubftanqe  fur  les  matief^couxt>tffti&e's. 

Foie  de  Spl^rêa^ec  U fhlog^i^ué^ 

LeFoie  de  foùfire  a  beaucoup  îd'âftibh  fur  les 
matières  charbonnerfe?  végétales  ^il  les  diffbut , 
(bit  par  la  voie Tecne ,  Toit  par  la  voie  humide. 

Oa  j&et'uac  f^Wid^chJitbQji  enpotutr^dans 


$98  ChYMIB   EXPÉRIMENTALE 

une  fiole  :  on  verfe  par-deflus  une  demi-once,  ou 
i-peu-pfès,  de  foie  de  foufre  liquide  t  on  fait 
chauffer  légèrement  ce  mélange  :  1*  charbon  fe 
difibut  complètement ,  &  communique  à  la  li- 

Îueuc  une  couleur  verre.   Ce  phénomène  nous 
onne  un  exemple  de  la  grande  aâion  du  foie  de 
fourre  fur  les  matières  charbonneufes. 

Foie  de  Soufre  avec  la  matière  huiUufc. 

On  ignore  les  effets  du  foie  de  foufre  fur  les 
huiles. 

Foie  de  Soufre  avec  la  terre  calcaire* 

On  ignore  de  même  les  effets  de  cette  fubftançe 
for  les  terres  calcaires. 

Foie  de  Soufre  avec  T  acide  yitriolique. 
MagiAefEcUSpv&e. 

On  met  dans  un  vafe  de  verre  la  quantité  que 
l'on  veut  de  foie  de  foufre  liquide  fait  par  la  voie 
fechè  ou  par  la  voie  humide  :  on  rétend  dans  une 
grande  quantité  d  eau.  Dans  ce  mélange,  on  verfe 
goutte ^ôut^  de  racidevitâQUqueaffoibli  :  il  fe 
fait  aum-tôt  une  vive  effervefeence ,  un  précipité 
blanc  «i  trouble  la  liqueur,  &  il  s'exhale  une 
odeur  d'ceufo  côuvis  ou  de  matière  fécale.  Oh 
continue  de  verfer  de  l'acide  Jofqu'à  ce  qu'il  ne  fe 
iaflè  plus  de  précipité  :  alors  on  filtre  la  liqueur  : 
on  pa(Te  de  Veau  chaude  fur  le  précipité  refté  fur 
le  hltre ,  afin  de  le'deflàler  «  on  le  fait  fécher  : 
ceft  ce  que  Ton  nomme  magiflerc  de  foufre. 

'  JR  s  m  a  i  q  v  £  s. 

Le  foie  de  ibufre ,  cocaïne  nous  t'avons  dit , 


IT      *  A  I  S  O  N  M  É  *.  $$f 

eft  l'union  du  foufre  avec  l'alkali  :  le  foufre  ,  pat 
cette  union ,  n'a  point  changé  de  nature.  Lors- 
qu'on verfe  de  l'acide  fur  du  foie  de  foufre ,  il 
s'unit  à  l'alkali ,  &  fait  précipiter  le  foufre  fous  la 
forme  d  une  poudre  qui  eft  blanche ,  à  caufe  de 
ion  extrême  divifion  :  elle  trouble  la  liqueur ,  & 
hti  donne  .une  apparence  laiteufe»  Dans  cet  état* 
on  donne  1  cette  liqueur  le  nom  de  laie  de  foufre* 
La  liqueur  qu'on  fépare  par  filtration  ,  contient 
«i  tartre  vitriolé  formé  par  l'alkali  du  foie  de  fou- 
fre &  l'acide  vitriolique  que  Ton  emploie  pour 
Élire  précipiter  le  foune.  On  reconnaît  que  tout 
le  foufre  eft  précipité ,  lorfqu'en  verfant  quel- 
ques gouttes  d'acide  dans  le  mélange ,  il  ne  fe  fait 
plus  ae  précipité ,  &  que  la  liqueui:  eft  parfaite- 
meut  neutre. 

i  Si  l'on  emploie  une  trop  grande  quantité  d'à? 
cide  ,  il  y  à  une  portion  ae  foufre  oui  fe  trouve 
dans  un  état  de  detnUiifiolutkm  :  la  liqueur  palis 
difficilement  au  travers  du  filtre  >  &  elle  eft  trou- 
ble ;  dans  ce  cas  *  il  faut  apurer  au  mélange  ud 
peu  d'alkali  pour  faturer  cet  excès  d'acide. 

L'acide  nitreux ,  .l'acide  marin ,  le  vinaigre  * 
&  même  tous  les  acides  végétaux  9  décompofënt 
pareillement  le  foie  de  foufre,  4Je.  foufre  qu'on 
obtient  par  ces  digèrent*  acides ,  èft  ibfolument 
le  même ,  &  ne  diffère  point ,  pareeque  ces  acides 
ne  font  que  ,dW  intermèdes  propres  à  féparer  le 
foufre ,  &  qu'ils  n'ajoutent  rien  afameflènee» 
"  L'odeur  qui  s'exhàte  lorfqu'àn  verfe  un  acide 
dans  du  foie  de  foufre,  eft  très  infe&e  ôçdange- 
reufe  à  refpiter  >.  elle  eft  produite  far  une  vapeur 
phlogiftique  qui  agit  finguliéremetot  fa*  les  pour 
mons  :  elle  rend  la  respiration,  tarés  labocieufe  : 
elle  agit  auffi  for  le  cerveau ,  &  ©ccafioone  des 
itourdiflômetits.  Ces  effets  font  les  mêmes  que 


4^0  ChYMIE  EXPÉRIMENTAL* 

ceux  qui  font  produits  par  des  liqueurs  en  ferme** 
tation  fpiritueufe.  Ces  vapeurs  abforbent  &  de* 
truifent  le  reflort  de  l'air.  J'ai  eu  occafion  d  obn> 
ferver  &  de  reflêntir  tous  ces  effets  en  précipitant 
cent  livres  de  foie  de  foufre  à  la  fois.  11  étoïc  im-< 
poflïble  de  tenir  une  bougie  allumée  dans  le  voi- 
finage  où  je  faifois  cette  précipitation ,  quoique 
le  lieu  où  je  la  faifois ,  fût  fort  grand  &  très  aéré* 
Le  phlogiftique  qui  s'élevoit  ainfï  en  vapeurs  * 
s'attachoit  fur  tout  ce  qui  étoit  métallique  :  il  ter-* 
niflbit  la  furfaoe  des  vaifTeau'x  d'argent ,  de  cui- 
vre >  d'étain  y  de  plomb  i  ces  vapeurs  ternifloient 
aufli  toute'  la  peinture  en  huile  qui  étoit  appli- 
quée dans  les  différents  endroits  du  laboratoire  * 
{iarcequ'il  étoit  entré  dans  la  tompdfition  des  cou- 
eurs ,  des  préparations  de  plomb  :  cette  peinture 
devint  d'unecouleur  ardoifeebrillante.  Lorfqu  on 
frortoit  les  doigts  deflus ,  ils  fe  garni  Soient  d'une 
tnarijerë  M  là  thème  couleur.  Cet  effet  vient  du 
phldfriftique  qui  reffufcite  la  chaux  métallique  de 
îa-cfiein  titre \  tomme  je  le  démontrerai  plus  parti- 
-     culiérement',  lorfque  nous  examinerons  les' pro- 
priétés des  coçps  métalliques.  ^ . .  ! 
-    L'ddeur  que  laiffe  exhaler- le  foie  de  fouftfl 
qu  ofi  prëcipitfe~par  un  acidte ,  à  quelque  chofe  de 
Remarquable.  Quelques  Ghvmiftes  ont  dit  qji'eUe 
étôit  plus  fétide  lorfquon  le  .précipitait  avec  du 
vinaigre,  que  ^lorfquon  fair  cette  précipitation 
avec  un  autre  acide;  mais  je  n'ai ;^bint  remarqué 
Ae  différence  ie»fîble  dans'  les  précipitations  en 

Srand  que  £ai  faites  du  foie  d4  foufre  avec  les 
ifférents  acides. ; .  J'attribue  cette  odeur  à  une 
portion  du  phlogiftiquç  du  foufre  qui  s'eft  féparée 
pendant  la  préparation  du.  foie  de  foufre  qui  n'é- 
toit  que  dans  un"  état  de  deini-oombinailon  5  SC 
jfeujemenf  ^dWreuw  Lorfqu'on  xwffi  un  acide  fuc 

'  )e 


HT     HAÎSOHtais?  49* 

le  foie  de  foufre  ,  il  fait  cefler  cette  adhérence.  Le 
phlogiftique  devient  libre  :  il  fe  diffipe  &  fe  réduit 
en  vapeurs  :  il  entraine  avec  lui  un  peu  de  mariera 
faline  alkaline  qu'il  vôlarilife  :  de  là  vient  que 
l'organe  de  l'odorat  fe  trouve  en  même  temps 
affeâé,  comme  s'il  l'étoit  par  du  foie  de  foufre 
oui  s'évapore,  &  du  phlogiftique  libre  qui  fe 
<uiEpe. 

Foie  dt  Soufre  artificiel 

On  fait  un  mélange  de  trois  onces  de  fel  alkalt 
fixe  bien  fec ,  &  de  deux  onces  de  tartre  vitriolé  t 
on  fait  fondre  ce  mélange  dans  un  creufet  capable 
d'en  contenir  cinq  i  fix  fois  autant»   Ldrfque  les 
fels  font  fondus ,  on  projette  par  cuillerée*  un  ai}~ 
tre  mélange  que  l'on  a  difpofé  tout  prêç*  com- 
pofé  d'une  once  de  charbon  en  poudre ,  &:  d'au- 
tant de  tartre  vitriolé  :  on  couvre  le  creufet  a  cha- 
que cuillerée  de  madère  qu'on  y  introduit  :  ilfe 
fait  chaque  fois  une  effervefeence  &  on  gonfle* 
ment  confidérable  :  on  attend  qu41-fpit  paffé  , 
avant  de  remettre  de  nouvelle  matière  :  on  con- 
tinue ainfî  jufqua  ce  que  tout  le  fécond  mélange 
foit  entré  aans  le  creufet  :  alors  on  augmente  un 
peu  le  feu  pour  faire  entrer  la  matière  dans  une 
oelle  fufion  :  on  s'afTure qu'elle  eft  bien  fondue, 
en  la  remuant  avec  une  baguette  de  bois.  ;  alors 


1  par  i 

dans  une  bouteille,  au  on  bouche  bien  »  parce-  . 
ou  elle  fe  charge  de  l'humidité  de  l'air ,  &  fe  re- 
loue en  liqueur. 

Remarqué  $. 

Le  procédé  pour  faire  du  foie  de  foufre  arti- 
Tome  L  Ce 


ficiel ,  &  celui  par  lequel  on  fépare  le  foufre  qui 
s  eft  forme ,  font  de  Staahl  &  de  Geoffroy ,  Mé- 
decins ,  qui  les  ont  publics ,  chacun  de  leur  coté , 
è-peu  près  dans  le  même  temps  :  c'eft  une  belle  & 
importante  découverte. 

L'acide  vitriolique  du  tartre  vitriolé  quitte  fa 
bafe  alk$line  pour  s'unir  au  phlogiftique  du  char- 
bon ,  &c  former  enfemble  du  vrai  foufre.  C'eft 
dans  cet  inftint  dedécompofition  &  de  nouvelle 
combinaifon ,  que  fe  fait  Peffervefcence  &  le  gon- 
Âemenr  j  ce  qui  oblige  d'employer  un  grand  creu- 
fet^-ffths-quoi  la  matière  pafleroir  par-deflus  les 
bords  :  lorsqu'on  remue  la  matière  avec  une  ba- 
guett^dé  bpis ,  l'extrémité  fcintille  &  pouffe  des 
aigrettes  d'étincelles  femblables  à  celles  d'un  fer 
chtuffé  rufqu'au  rouge  blanc.  Le  fel  alkali  qu'on 
fait  tentter  dans  le  mélange ,  n'eft  employé  que 
pour  envelopper  le  foufre  à  mefure  qu'il  fe  forme  , 
&  ioù*  f fcrtipecher  de  fe  brûler  :  le  loufre  fe  com- 
bine avet  lui ,  &  forme  un  vrai  foie  de  foufre.  Si 
l'dAftifcir  cette  opération  fins  alkali ,  le  foufre 
fe  formeroit  de  même  ;  mais  il  fe  brûleroit  &  fe 
dtflipéfoit  &  mefure. 

Oè-'foie'de  foufre  artificiel  eft  d'une  couleur 
fottgefoiticéèi  femblable  à  celle  du  foie  d'un  ani- 
mal': Itàplùs  de  couleur  que  le  foie  de  foufre  or- 
dinaire. Si'  l'on  tenoit  ht  matière  trop  long-temps 
en  fafîon  ,  une  partie  du  foufre  fe  conmmeroit 
en  pure  perte  :  on  s'en  apperçoit  par  des  étincelle*  ' 
vives  &  brillantes  qui  forrent  du  creufet,  fembla- 
bles à  celles  dont  nous  venons  de  parler. 
•  ■"  ».  *  ■ 

Foie  de  Soufre  artificiel  dijfous  dans  de  Veau. 

^  On  pulvérife  groffiérement  le  foie  de  foufre  ar- 
tificiel :  on  le  mec  dans  un  matras  :  on  verfe  par-; 


•*       1?     &  A  t  S  O  H  M  1  1.  403 

cleiïus  cinq  à  fix  fois  fon  poids  d'eau  chaude  :  on 
fait  digérer  ce  mélange  pendant  une  demi-heure, 
à  une  douce  chaleur,  ou  jufqu'à  ce  qu'il  fon  en- 
tièrement diflbus  :  on  filtre  la  liqueur  :  elle  pafle 
difficilement  :  elle  eft  d'une  couleur  bleue  verdâ- 
tre ,  au  lieu  d'être  jaune  comme  celle  du  foie  de 
foufre  ordinaire  :  on  la  garde  dans  une  bouteille 

3u'on  bouche  bien.  Il  refte  fur  le  filtre  la  portion 
e  charbon  excédents  à  celle  de  l'acide  vitrioli- 
que ,  &  qui  n'a  point  formé  de  foufre.    .. 

Le  charbon ,  comme  nous  l'avons  dit  précé- 
demment ,  eft  diflbus  par  le.foie  de  foufre.  Dans 
cette  expérience ,  il  s'en  trouvé  un  excès  dont  il 
fe  dilTbut  une  partie  :  c'eft  cet  excès  qui  donne  une 
couleur  verdâtre  àladiflblutiondufoiëdefoufre 
artificiel. 

Le  foie  de  foufre  artificiel  en  liqueur  fe  dé- 

compofe  à  lair ,  ou  enfermé  dans  des  bouteilles , 

.comme  le  foie  de  fottfre  ordinaire  :  le  phlogifti- 

que  fe  diflîpe ,  l'acide  vîtriolique  fe  combine  avec 

l'alkali ,  &  forme  du  tartre  vitriolé  qui  fe  cryftai- 

life  datis  les  bouteilles  :  il  ne  faut  que  l'efpace  de 

rcinq  à  fix  mois  pour  opérer  cette  clécompoGtion, 

.11  eft  évident  que  par  la  voie  feche  le  phlogiftique 

a  plus  d'affinité  avec  l'acide  vîtriolique,  que  ce 

même  acide  n'en  a  avec  l'alkali.  Mais  il  en  eft 

autrement  par  la  voie  humide  :  c  eft  l'acide  &  l'al- 

kali  qui  ont  enfemble  la  plus  grande  affinité. 

Cette  obfervatiôn  fait  bien  voir  la  néceffité  d'éta- 

blir  les  deux  tables  des  rapports  dont  j'ai  parlé  au 

commencement  de  cet  ouvrage.   Je  doute  très 

/fort  que  par  aucune  expérience  on  décompofe 

le  tartre  vitriolé  par  l'intermède  du  phlogiftique 

par  la  voie  humide. 

'  Gcij 


1(04  ChYMIE    EXPÉRIMENTAL* 

Magifiert  de  Soufre  artificiel. 

On  met  dans  un  grand  vafe  de  verre  la  diflo- 
lution  du  foie  de  foufre  artificiel  :  on  l'étend  dans 
«ne  grande  quantité  d'eau  :  on  ajoute  peu  à  peu 
de  l'acide  vitriolique ,  ou  tout  autre  acide.  Ù  fe 
pafle  dans  cette  opération  tous  les  phénomènes 

3ue  nous  avons  expofés  en  parlant  du  magiftere 
u  foufre  ordinaire  :  le  précipité  eft  feulement 
moins  blanc ,  a  caufe  du  charbon  que  ce  foie  de 
ïbufre  tient  en  diflblution ,  &  qui  fe  précipite 
avec  le  foufre.  On  lave  ce  précipité ,  en  paflant 
dèffus  de  l'eau 'bouillante  à  plufieurs  reprîtes ,  & 
on  le  fait  fécher.  Si  on  l'examine  enfuite ,  on 
trouve  qull  eft  de  véritable  foufre ,  &  qu'il  en  a 
toutes  les  propriétés  :  il  eft  feulement  mêlé  d'un 
peu  de  charbon. 

Combinai/on  de  Facïdefutfureux  avec  Valkalifixel 
Sel  fulpbureux  de  StaahL 

On  arrangé  Tur  un  entonnoir  d'ofier  à  claires 
voies,  un  linge  taillé  en  chauffe  d'Hijppocrate , 
qu'on  a  auparavant  imbibée  d'alkali  hxe  en  li- 
queur :  on  fufpend  <et  appareil  au-deflus  d'une 
petite  capfuife  de  terre  cuite ,  dans  laquelle  on  a 
mis  des  morceaux  de  foufre  brut  :  on  allume  le 
foufre ,  &  on  le  fait  brûler  le  plus  lentement 
qu'il  eft  poffible.  La  vapeur  du  foufre  fe  combine 
avec  lalkalifixe  :  àmefure  que  cette  combinaifon 
fefait,  le  linge  devient  fec  &  roide:  il  fe  forme 
un  fe!  neutre  qui  quelquefois  paroît  encryftaux 
aiguillés  à  lafurface  du  linge  :  alors  on  plonge  ce 
liage  dans  une  petite  quantité  -d'eau  tiède  afin  de 
«lifloudre  le  fel.  On  filtre  la  liqueur ,  &  on  la  fait 
évaporer  à  une  douce  chaleur  jufqu  à  légère  pelli- 


ET     *ÀI10Nn£b.\  40  J 

#ule  :  elle  forme,  par  le  refroidifTement ,  des  cryf- 
taux  difpofés  en  petites  aiguilles  :  c'eft  ce  que  Ton 
nomme  fel  fulfureux  de  Staahl  :  on  fait  évaporée 
une  féconde  mis  la  liqueur  pour  obtenir  de  nou- 
veaux cryftaux. 

Le  fuccès  de  cette  opération  dépend  principa- 
lement de  la  lenteur  avec  laquelle  on  doit  faire 
brûler  le  foufire  :  lorfqu'il  brute  rapidement ,  le 
phlogiftique  fe  confume  &  fe  diflïpe  y  &  1 on 
cherche  au  contraire  à  retenir  le  plus  qu'il  eft 
poffible  de  phlogifticjue  combiné  avec  l'acide  vi- 
triolique  qui  fe  réduit  en  vapeurs.  Sans  cette  pré* 
caution  on  ne  retire  du  linge  que  dit  tartre  vi- 
triolé. Il  en  eft  de  même  lorfqu  on  lave  le  linge. 
Si  Ton  employoit  de  l'eau  bouillante ,  &  en  trop 
grande  quantité ,  la  chaleur  de  l'eau  feroit  difÏL- 
per  le  phlogiftique  du  fel  }  ou  fi  l'on  faifbit  éva- 
porer la  liqueur  à  une  trop  forte  chaleur  >  le  phlo- 
giftique fe  difliperoit  également.  Toutes  ces  ob- 
servations prouvent  bien  ce  c^ue  nous  venons  df 
dire  fur  la  différence  des  affinités  de  ces  fubftances 
par  la  voie  feche  &  par  la  voie  humide. 

Décompofuion  du  fel fulfureux  de  Staahl  par 
l* acide  vitriolique* 

Le  fel  fulfureux  de  Staahl  eft  une  forte  de  tar- 
tre vitriolé  :  il  en  diffère  feulement  en  ce  qu'il 
entre  dans  fa  compofition  une  plus  grande  quan- 
tité de  phlogiftique  qui  rend  Vacide  vitriotique 
moins  adhérent  al'atkati  >  qaelorfque  cet  acide 
eft  pur. 

Le  fel  fujfureux  ou  fa  vapeur  ne  tache  point  y, 
ni  ne  ternit  l'argent ,  comme  le  fait  le  fôufre  r  il 
n'a  point  d'odeur  :  il  fe  diftbut  dans  Ueau  en  .plus» 
£tande  quantité  que  le  tartre  vitriolé  :  il  fe  de- 

Ce  iifc 


'jùi  ChTMIÏ   IXPiRIMENTAlf 

compofe  d  l'air ,  c'eft-à-dire  que  le  phlogiftique 
fe  diflipe  ;  ce  qui  refte  eft  du  tartre  vitriolé. 
L'acide  vitriolique  le  décompofe  &  en  fait  exha- 
ler des  vapeurs  pénétrantes  qui  ont  l'odeur  de 
l'acide  ftiltiireux  volatil. 

On  met  dans  un  verre  du  fel  fulfureux  :  on 
verfe  par  defliis  de  l'acide  vitriolique  affoibli  :  il 
fe  dégage  aufli  tôt  des  vapeurs  d'acide  fulfureux 
volatil,  fembïablesà  celles  du  fourre  brûlant  j  & 
f  acide  vitriolique  s'unit  à  l'alkali  avec  lequel  il 
forme  du  tartre  vitriolé. 

Le  phlogiftique  eft  fi  peu  adhérent  à  ce  fel , 
qu'il  fe  diiiipe  lorfqu'on  Pexpofe  à  l'air ,  ou  lors- 
qu'on le  fait  un  peu  chauffer.  J'ai  mis  en  d\ftilla- 
tion  ,  dans  une  cornue  de  verre,  du  fel  fulfureux  : 
il  a  pafle  un  phlegme  infipide  qui  éroit  l'eau  de 
facryftallifation  :  le  phlogiftique  s'eft  décompofe 
&  détruit  :  le  feu  qui  le  conftituoit  s'eft  diflipé. 
Le  fel  refté  dans  la  cornue ,  diiïbus  dans  de  l'eàu 
Ultrée ,  &  cryftallifé3  s'eft  trouvé  être  du  tartre  vi- 
triolé très  pur. 

Il  réfulte  évidemment  de  tout  ce  que  nous  ve* 
nons  de  dire ,  que  l'acide  vitriolique  &  l'alkali 
fixe  ont  chacun  féparémént  beaucoup  d'affinité 
avec  le  phlogiftique;  mais* que  par  k  voie  hu- 
mide ,  les  affinités  de  ces  deux  matières  falines 
font  plus  grandes  entre  elles,  que  celle  du  tartre 
vitriolé  avec  le  phlogiftique  ,  puifque  cette  der- 
nière fubftance  le  fépare  toujours  du  fel  neutre  qui 
réfulte  de  la  combinaifon  de  ces  deux  fubftance* 
falines. 

Alkalïfixt  &  Gypfc. 

Décomposition  du  Gypfc.  Tartre  vitriolé. 

Le  gy.pfe  étant  un  fel  vitriolique  à  bafe  ter^ 
reufe ,  talk*Ji  fixe  le  décompofe  comme  tous  tes 


1 


I  T    A  A  I  S  O  NU  i  I.  40^ 

-fels  à  bafe  terreufe  :  mais  j'ai  déterminé  par  des 
expériences ,  les  proportions  de  terre  &  d'acide  vi- 
triolique  contenues  dans  plufieurs  de  ces  fubftan- 
ces ,  dont  je  vais  rendre  compte. 

J'ai  fait  diiïbudre  quatre  gros  de  gypfe  de 
Montmartre ,  réduit  en  poudre ,  dans  dix-huit 
livres  d'eau  bouillante  :  j'ai  verfé  dans  cette  li- 
que^r  une  fuffifante  quantité  d'alkali  fixe  très 

Îur  pour  faire  précipiter  la  terre  &  faturer  l'acide, 
ai  recueilli  le  précipité  terreux ,  &  l'ai  lavé  dans 
beaucoup  d'eau  bouillante  :  je  l'ai  fait  fécher ,  & 
j'ai  obtenu  deux  gros  dix-huit  grains  de  terre  cal- 
caire :  c'eft  par  conféquent  un  gros  cinquante-* 
quatre  grains  d'acide  vitriolique  que  cette  matière 
contenoit. 

J'ai  fait  évaporer  la  liqueur  jufqu'i  légère  pel- 
licule :  elle  eft  devenue  roufle  Se  phlogiftiquée  : 
elle  m'a  fourni  des  cryftaux  de  tartre  vitriolé. 

J'ai  fait  la  même  expérience  fur  de  la  pierre  1 
plâtre  ordinaire  de  Montmartre.  Les  phénomènes 
ont  été  les  mêmes.  J'ai  obtenu  deux  gros  vingt* 
quatre  grains  de  terre  calcaire  femblable  à  la  pré- 
cédente. 

J'ai  traité  de  même  de  l'albâtre  &  à  la  même 
dofe  de  demi-once  :  j'ai  obtenu  deux  gros  vingt- 
huit  grains  de  terre  calcaire  très  blanche.  La  li- 
queur mife  à  évaporer  eft  devenue  rôufle  &  phlo* 
giftiquée  :  elle  a  pareillement  fourni  du  tartre 
vitriolé. 

Alkali  fixe  &  acide  nitreux. 

Nitrc  régénéré ,  ou  Salpêtre. 

L'alkali  fixe  fe  combine  très  bien  avec  Facide 
nitreux  jufqu'au  point  de  faruration  :  cette  corn- 
binaifon  fe  fait  avec  chaleur  &  effervefeence. 

On  met  dans  un  vafe  de  verre  de  l'alkali  fixe» 

Cciv 


4*8  Chymib  expérimentale 
étendu  dans  de  Peau  :  on  verfe  peu  à  peu  de  l'a- 
cide nitreux  :  il  fe  fait  une  vive  effervefeence  :  on 
continue  d'en  verfer  jufqu'à  ce  que  l'effervef- 
cence  n'ait  plus  lieu ,  &  que  les  liqueurs  foient  au 
point  de  faturation  :  on  filtre  la  liqueur  &  on  la 
tait  évaporer  :  elle  fournit,  par  le  rerroidiflfement, 
des  cryftaux  difpofésen  grofles  aiguilles;  c'eftce 
que  Ton  nomme  nitre  oufalpctre.  On  contenue 
les  évaporations  &  les  cryftallifations  jufqu'àce 
que  la  liqueur  ait  fourni  tout  le  nitre  qu'elle  can- 
tie -t. 

Lx>rfque  l'acide  nitreux  s'unit  i  l'alkali,  il  fe 
dégage  pendant  l'effervefcence  une  grande  quan* 
rite  d'air  qui  chaffe  devant  lui  un  peu  de  la  li- 
queur en  forme  de  petits  jets  qui  s'elevent  quel- 
quefois  jufqu'à  trois  pouces  de  haut.  On  s'apper- 

Î;oit  que  les  liqueurs  font  au  point  de  faturation 
orfqu'il  ne  fe  fait  plus  d'effervefcence ,  en  ver- 
fant  dans  le  mélange,  foit  de  l'acide  nitreux,  foit 
de  l'alkaii  fixe ,  &  lorfque  la  liqueur  ne  change 
plus  les  couleurs  bleues  aes  végétaux.  Cependant 
îi  le  mélange  cohtenoit  une  furabondance  de 
l'une  des  deux  matières  falines ,  les  cryftaux  de 
nitre  qu'on  obtieqdroit  feroieut  également  neu- 
tres ,  après  qu'on  les  auroit  fait  égoutter  fur  du 
Î>apier  gris  >  par  ceque  ce  fel  ne  peut  admettre  dans 
acomoinailonni  une  furabondance  d'acide,  ni 
VQ  excès  d'alkali.  Si  le  mélange  contenoit  plus 
d'acide  qu'il  n'en  faut,  on  feroit  obligé  de  faire 
évaporer  la  liqueur  dans  un  vaiffeau  de  grès  ou 
de  verre ,  parceque  cet  excédent  d'acide  agiroic 
fur  ceux  de  métal ,  à  l'exception  de  ceux  d'or.  Si 
au  contraire  la  liqueur  pèche  par  un  excès  d'aï- 
Jcali,  comme  cette  matière  faline  n'a  pas  la  même 
action  fur  les  matières  métalliques  >  rinçouv^ 


ST      RAISONNA  ï.  404J 

nient  dont  nous  venons  cte  parler  n'eft  pas  à  crain- 
dre. 

Le  nitre  qui  eft  dans  le  commerce  n'eft  point 
fait  de  la  manière  que  nous  venons  de  le  dire  :  on 
le  tire  des  vieux  plâtras  6c  des  terres  nitreufes. 
Nous  dirons  par  la  fuite  de  quelle  manière  on  le 
prépare. 

Alkalifixc  &  Nitre  à  bafe  tcrreufe. 

Nitrc  régénéré. 

On  met  dans  un  grand  vafe  de  verre  du  nfcre 
à  bafe  terreufe  ,  étendu  dans  une  fuffifante  quln- 
tité  d'eau  :  on  verfe  par-deflus  de  l'alkalifixeRii 
fe  fait  auili-côt  une  effervefcence  &  un  précipité 
blanc.  On  continue  de  mettre  de  l'alkah  jufqu'à 
ce  qu'il  ne  fe  faffe  plus  de  précipité.  On  lave  la 
terre  à  plufieurs  reprifes  dans  de  l'eau  bouillante 
pour  la  deflaler  completrement  j  &  on  la  fait  fé- 
cher  :  c'eft  ce  que  Ton  nomme  magnifie  blanche  ^ 
panacée  nitreufe ,  &  poudre  de  SantinellL  On  fait 
évaporer  les  liqueurs  :  elles  fournirent  des  cryf- 
taux  de  nitre  femblables  aux  précédents ,  &  qui 
n'en  différent  point. 

Dans  cette  expérience  l'alkali  s'unit  à  l'acide 
nitreux  &  fait  précipiter  la  terre.  Quelle  que  foit 
l'efpece  de  terre  calcaire  qui  eft  unie  à  l'acide  ni- 
treux,  les  phénomènes  de  décompofitions  font 
absolument  les  mêmes,  Se  les  réfultats  femblables. 

Propriétés  du  Nitre. 

Le  nirre  eft  un  fel parfaitement  neutre  :  l'acide 
Se  l'alkali  qui  le  condiment  ont  tellement  épuifé 
réciproquement  leurs  propriétés ,  que  ce  fel  n'a 
plus  de  faveur ,  ni  acide,  ni  alkahne  :  fa  faveur 
*ft  faiçe ,  un  peu  amete*  fcde  $c  fraîche  ;  ce  fel 


4ïè         CHrMIB  SXpi*IMEtfTAL£ 
*     n'attire  point  l'humidité  de  l'air  :  il  s'y  deffecht 
même  plutôt  :  il  ne  change  point  les  couleur! 
bleues  des  végétaux,  &c. 

Nitre  au  feu. 
Cryftal  minéral. 

Le  nitre  eft  très  fufible  :  il  entre  en  fufior* 
avant  de  rougir ,  &  même  a  une  chaleur  aftez 
modérée. 

On  met  dans  un  creufet  une  certaine  quantité 
de  nitre  que  l'on  place  dans  un  fourneau  au  mi* 
lieu  des  charbons  ardents  :  le  nitre  ne  tarde  pas  à 
entrer  en  fufion  :  lorfquil  eft  fondu,  on  le  coule 
de  l'épaiflTeur  d'environ  fix  lignes  y  dans  des  poêles 
de  fer  battu,  larges  Se  plates,  que  l'on  a  aupara- 
vant bien  récurées  &  bien  féchées.  Le  fel  fe  fige 
en  fe  refroidiflant ,  &  prend  la  forme  du  varf- 
feau  :  il  eft  blanc  &  demi-tranfparent  :  c'eft  ce 
que  l'on  nomme  cryftal minéral ouf  cl  de  prunelle. 

R  E   M  A  R   Q    U  E  S. 

Quelques  perfonnes  recommandent  de  projet- 
ter  un  peu  de  foufre  en  poudre  fur  le  nitre,  lorf- 
cju'il  eft  en  fufion,  àdeflein  de  confumer  par  fon 
inflammation  quelques  matières  grafles  qu'on 
croit  exifter  dans  le  nitre  ;  c'eft  ce  qui  me  paroît 
fort  inutile  lorfqu'on  a  fait  choix  d'un  nitre  très 
pur  :  d'ailleurs  le  foufre  enflamme  du  nitre  pro- 
portionnellement à  ce  que  Ton  en  met ,  &  l'al- 
Kalife  :  une  partie  de  l'acide  vitridlique  du  foufre 
fe  combine  avec  l'alkali ,  &  produit  un  peu  de 
tartre  vitriolé ,  qui  refte  mêlé  avec  le  cryftal  mi- 
néral. 

Lorfqu'on  ne  tient  le  nitre  au  feu  que  pei** 


cTant  le  temps  qui  eft  néceflaire  pour  le  faire  en- 
trer en  fufion ,  il  ne  fouffre  aucune  altération ,  Se 
fort  peu  de  diminution  de  Ton  poids  :  elle  n'eft 
que  de  deux  onces  par  livre.  La  facilité  avec  la- 
quelle le  nitre  entre  en  fufion ,  vient  de  ce  qu'il 
entre  dans  fa  composition  une  nés  grande  quan- 
tité d'eau  &  de  feu,  qui  font  abfolument  eflen- 
tiels  à  fon  eflence  faline ,  &  qu'on  ne  peut  fé+ 
parer  du  nitre  fans  le  changer  de  nature.  L'eau 
dont  j'entends  parler  n'eftjpoint  celle  de  la  cryf- 
tallifation  :  celle-ci  fe  diflSpe  pendant  la  fufion 
du  nitre:  c'eft  elle  qui  fait  la  diminution  dupoids 
du  nitre ,  dont  nous  venons  de  parler.  Le  phlo- 
giftique,  fous  la  forme  de  feu  prefque  pur ,  en- 
tre également  en  grande  quantité  dans  la  compo- 
sition du  nitre  ;  il  communique ,  conjointement 
avec  le  principe  aqueux ,  le  degré  de  fufibilité 
que  l'on  connoît  au  nitre.  Les  lels ,  comme  l'a- 
lun ,  qui  contiennent  plus  de  la  moitié  de  leur 
poids  d'eau  de  cryftallifation ,  fe  liquéfient  à  la 
faveur  de  cette  eau ,  &  font  après  cela  de  très 
difficile  fufion.  11  n'en  n'eft  pas  de  même  du  ni- 
tre :  comme  il  contient  fort  peu  cFeau  de  cryftal- 
lifation ,  il  n'eft  pas  fufceptibte  d'une  femblable 
liquéfa&ion.  Il  entre  en  fufion  réellement  j  Se  & 
la  faveur  de  l'eau  &  du  feu  principe ,  il  acquiert 
une  fluidité  fi  confidérable,  qu'il  patte,  lorsqu'il 
eft  en  fufion ,  au  travers  de  tous  les  creufetsavec 
la  plus  grande  facilité  :  il  n'y  a  point  de  creufet  en 
état  de  réfifter  à  fon  aéhon   plus  d'un  quare 
d'heure  fans  en  être  pénétré  &  même  fendu  :  cela 
produit  un  déchet  fur  le  nitre  qu'on  veut  former 
en  cryftal  minéral.  Quelques  perfonnes,  pour  re- 
médier à  cet  inconvénient ,  fe  fervent  d'une  mar- 
mite de  fer  pour  faire  fondre  le  nitre.  }*ti  re- 
marqué qu'il  y  a  des  marmites  de  fer  d'une  fonte 


41*  Crtmib  ixtIhîmintal^ 
fi  douce ,  qu  elles  font  attaquées  pat  le  nitre,  Se 
lui  communiquent  beaucoup  de  couleur  j  ce  qui 
eft  un  autre  inconvénient.  Ces  confidéracions 
m'ont  fait  prendre  le  parti  de  me  fervi|d'un  creu~ 
fet  d'argent  de  coupelle ,  qui  n  eft  fujet  à  aucun 
des  inconvénients  dont  nous  venons  de  parler. 
Le  nitre  ne  pafle  point  au  travers ,  &  ne  prend 
aucune  couleur  j  fa  fufion  eft  d'ailleurs  infiniment 
plus  facile  que  celle  de  l'argent. 

Nitre  alkalifc  fans  addition. 

On  met  dans  une  capfule  de  grès  quatre  once* 
de  nitre ,  que  l'on  place  fous  la  moufle  d'un  fout* 
neau  de  coupelle  ,  &  que  l'on  chauffe  par  de- 
grés. Le  nitre  entre  en  fufion  :  il  bouillonne  un 
peu  :  lorfqu'il  eft  rouge,  il  s'en  échappe  un  peu 
hors  de  la  capfule  par  la  violence  de  la  chaleur. 
Lorfque  le  nitre  eft  bien  rouge  ',  il  s  eleve  des  va- 
peurs d'acide  nitreux  qui  font  rouges  :  il  eft  diffi- 
cile de  diftinguer  fi  ce  font  des  vapeurs  ou  de  la 
flamme  :  on  l'entretient  en  cet  état  pendant  en- 
viron un  quart  d'heure  :  alors  on  tire  la  capfule 
du  feu  :  on  verfe  ce  qu'elle  contient  dans  un 
mortier  de  fer  bien  fec  &  un  peu  chauffé  :  la  ma- 
tière fe  fige  par  le  refroidifiement  :  elle  attire 
l'humidité  de  l'air  :  elle  a  une  faveur  alkaline. 
On  la  fait  dUÏbudre  dans  de  l'eauf on  filtre  la  li- 
queur :  fi  on  l'examine,  on  trouve  quelle  verdit 
le  fyrop  violât  y  qu  elle  fait  effervefcence  avec  les 
acides ,  &  qu'elle  a  toutes  les.  propriétés  cPune  li- 
queur alkaline  ;  mais  elle,  contient  encore  beau- 
coup de  nitre  >  parceque  le  feu  n'a  pas  été  affez 
long-temps  continué  pour  en  déçompofer  la  to- 
talité. 


ET     R  AT  S  O  N  HÉ  t;  %1$ 

Remarques. 

Cette  expérience  prouve  que  le  nitre ,  quoi- 
que fel  neutre  parfait,  eft néanmoins  décompofé 
J>ar  Faction  du  feu  :  mais  cette  décompoiition  n'a 
ieu  que  lorfque  le  nitre  a  communication  avec 
l'air  extérieur.  J'ai  répété  cette  expérience  dans 
une  cornue  de  grès  :  en  pouffant  le  feu  très  fore 
pendant  deux  heures ,  il  a  diftillé  un  peu  de  li- 
queur qui  étoit  fi  peu  acide,  qtt'elle  rougifToit  2 
Seine  la  teinture  de  tournefol  :  le  nitre ,  refte 
ans  la  cornue ,  étoit  parfaitement  neutre  de  n'a- 
voit  fouffert  aucune  altération. 

Lorfque  le  nitre  éprouve  une  forte  a&ion  du 
feu  dans  des  vaifleaux  à  l'air  libre ,  on  voit  l'a- 
cide fe  diflîper  fous  la  forme  d'une  vapeur  rouge^ 
&  qui  a  l'odeur  de  l'acide  nitreux  :  il  faut  bien 
difhnguer  cette  vapeur  d'avec  les  portions  de  ni- 
tre en  fubftance ,  qui  faùtillent  par  la  violence 
du  feu  :  on  les  apperçoit  par  la  détonnation ,  en 
approchant  un  charbon-  ardent  près  du  vaifleau» 
Dans  une  fçmblable  expérience ,  j'ai  continué  le 
feu  oendant  deux  heitfes.  Tout  le  nitre  s'eft  vola- 
tîliié  :  il  n'eft  abfolument  rien  refté ,  pas  même 
un  veftige  de  l'alkali  du  nitre  :  mais  lorfqu'on  ne 
continue  le  feu  qu'autant  de  temps  que  nous  l'a- 
vons dit ,  tout  le  nitre  n'eft  ni  volatilifé ,  ni  en- 
tièrement décompofé.  En  faifant  évaporer  la  li- 
queur alkaline  au  point  convenable ,  on  obtient , 
par  le  refroidiffèmeht ,  la  portion  de  nitre  qui  a 
échappé  à  l'aâion  du  feu,  Se  la  ligueur  reftanje 
«ft  riche  en  alkali  du  nitre. 

x  Nitre  à  Pair. 

Ce  fel  ne  fouffre  aucune  altération  4e  h  pan; 


414         CHtftfîE   tXPÎMlâtKTALt 

de  l'air  :  il  n'eft  point  déliquefcentj  au  contraire 
il  fe  deffeche  en  perdant  l'eau  de  fa  cryftallifarion, 
fans  cependant  tomber  en  effervefcence.  Il  de- 
vient a  un  blanc  mat ,  &  perd  de  fa  tranfpareftce. 
Lorfqu'il  a  été  bien  féché  à  l'air ,  il  ne  diminue 
prefque  point  de  fon  poids  à  la  fufion.  Si  le  nitre 
peut  former  quelques  combinaifons  avec  l'air, 
elles  font  abfolument  inconnues. 

Nitre  avec  de  Veau. 

te  nur.é  jfe .  diiïbut  très  bien  dans  l'eau  fans 
fouffrif  aucune  altération  :il  reforme  des  cryftaux 
tels  qu'ils  ptpient  auparavant.  Il  eft  un  des  fels 

?ui*fe  cryftatlifçnt  par  le  refroidiffement',  &  dont 
eau  chaude  en  diffbut  davantage  que  Teau 
Troide.^Quâtre  onces  d'eau  bouillante  diflblvent 
dix  onces* de  nitre  :  lor{qu*on  fait  cette  diflblu- 
tion  dans  un  matras,  ta  pellicule  qui  fe  forme  à 
}a  furfgçg  de  la  liqueur ,  eft  à  peine  fenfible ,  par- 
Ve^û'etlé  eft.di(Toute  continuellement  par  les  va- 
peurs qui  retombent  defliis  :  mais  il  n  en  eft  pas 
de  rrçeme  lorfiju'on  fait  cette  diflblution  dans  un 
/vaiflêau  qui  aune  libre  communication  avec  l'air: 
,il  fe  -forme  une  pellicule  à  la  furface  de  la  li- 
jqueur , .  même  lorfque  le  nitre  eft  difTous  par  fon 
jpoicls  égal  d'eau. 

Le  hirre  produit  du  fçoid  en  fe  diiTblyant  dans 
l'eau.* 

.    ..    ..  Nitre  è  glace* 

On  avoit penfé,  avant  M.  de  Réaumur ,  que  le 
nitre  produifoit  beaucoup  de  froid.*  Les  Physi- 
ciens s'en  fervoient  rhetne  poor  expliquer  la  catife 
du  froid,  mais  vraifemblablement  fans  avoir  fait 
:  aucune  expérience,  car  ils  ie  feroienc-  convain- 


ÎT      RAISONN&1.  4l| 

eus ,  comme  M.  de  Réaumur ,  que  le  nitre  ne 
donne  que  peu  de  fioid.  Ce^Phyhcien  a  mêlé  du 
nitre  &  de  la  glace  dans  toutes  fortes  de  propor- 
tions :  le  plus  grand  froid  qu'il  ait  pu  produire,  a 
été  de  trois  degrés  Se  demi  au-deflous  du  rerme 
de  la  glace,  la  température  étant  au  terme  de  la 
congélation  :  il  s  eft  encore  afluré  que  lorfque  le 
nitre  produit  un  plus  grand  froid ,  c'eft  à  raifon 
du  fel  marin  qu'il  contient  :  ce  froid  eft  propor- 
tionnel à  la  dofe  du  fel  marin  qui  lui  eft  mêlée. 
Voye^  les  Mémoires  de  V Académie ,  année  1734, 
page  167.  m    • 

Nitre  &  terres  vitrifiables. 

Le  nitre ,  par  la  voie  humide  &  par  la  voie  fe- 
che ,  n'a  point  da&ion  fur  les  terres  vitrifiables , 
tant  qu'il  eft  dans  l'état  de  nitre  ;  mfais  j  domine 
nous  lavons  fait  remarquer,  il  fe  îdécômpofe par 
l'action  du  feu  8C  le  concours  de  l'air  :  fon  acide 
fe  diflipe ,  Palkali  alors  porte  fon  a&ion  fur  les 
ferres  vitrifiables ,  les  fait  entrer  en  fiifiôri  ,  &  fe 
convertit  avec  elles  en  verre  net  &  tranfparent , 
éomme  le  fait  l'alkaK  fixe  ordinaire/  Jç  réferve 
ce  que  j'ai  à  dire  fur  cette  matière  pour  l'article 
cfe  la  rtrreru  &.de  la  Vitrification.  " 


Nitre  avec  tés  matières  cembufiihhs.        •  * 

'■•  <Lenicre,  àTaide du  feu ,  auttea&ton  fingu- 
Hère  fur  les  matières  éombuftibles  :  il  s'empare 
de-leur  phlogiftique  :  fon  acide  fe  brûle  &fe<lé- 
fcruit  avec  elles -.cette  i^amma^on  produit  une 
chàteur  capable  de  faire  entrer  en  fufion  des  corp9 
aflèz  difficiles  à  fondre. 


+  \4         ChYMII   EXPÉRIMENTALE 

Poudre  de  fufion. 

On  fait  un  mélange  exaû  de  crois  onces  de  ni- 
tre  en  poudre ,  d'une  once  de  foufre  en  poudre , 
&  d'une  once  de  fciure  de  bois*  On  conferve 
cette  poudre  4ans  une  bouteille. 

On  met  dans  une  coquille  de  noix  un  peu  de 
cette  poudre ,  &  par-deuiis  une  pièce  de  fix  liards 
un  peu  pliée  pour  quelle  ne  touche  point  les  pa- 
rois de  la  coquille  :  on  recouvre  cette  pièce  de  la 
même  poudre  ;  alors  on  y  met  le  feu  avec  une 
allumette  ,  ou  un  petit  charbon  embrafé:  la  pou* 
dre  s'enflamme  avec  rapidité,  &  produit  aflez  de 
chaleur  pour  faire  entrer  la  pièce  de  métal  dans 
une  véritable  fufion  :  on  la  trouve  au  fond  de  la 
coquille  réduite  en  un  petit  lingot  bien  fondu» 

.  On  fait  ordinairement  cette  expérience  dans 
une  coquille  de  noix ,  afin  d'y  ajouter  du  mer- 
veilleux :  fi  on  plonge  cette  coquille  dans  un 
verre  d'eau  auffi-tôt  que  la  poudre  a  celle  de  brû- 
ler ,  on  obferve  qu'elle  n'eu  que  noircie  dans  fott 
intérieur,  qu'elle  n'eft  point. brûlée,  &  qu'elle 
eft  en  état  de  fbrvir  de  nouveau  à  une  femblabla 
opération,    - 

Cette  expérience  très  (impie  préfente  des  phé- 
nomènes vraiment  chymiques  :  le  premier  eft  la 
cequiUç<{e  noix  qui  ne  brûle  pas  j  le  fécond  eft 
la  fufion  du  métal.  Le  premier  s'explique  tout 
natur^Uert^nt  :  la  coquille  eft  ihfofible  ;  elle  ne 

Îteut  que  fç  brûler ,  mais  .c'eft  de  furface  en  fur- 
ace  :  le  feu  eft  trop  rapide  &  point  affez  dura- 
ble pour  brûler  beaucoup  de  fon  épaitfeur;  il  n'y 
a  que  la  furface  touchée  p$ï  le  feu  qui  fouffre  un 
peu  de  fon  adfcion ,  qui  brûle  réellement ,  &  qui 
continueroit  à  brûler  fi  on  ne  la  plongeoit  pas 
dans  de  l'eau. 

Le 


%  r    KAtsoNKh»  417 

Le  fécond  phénomène  vient  de  ce  que  le  mé- 
tal eft  fufible  lorfqu'il  eft  échauffé  à  un  certain 
point  :  fa  furface  fe  fond  &  communique  fa  fu- 
sibilité "aux  parties  voifines  j  ce  -qui  entraîne  la 
fuiîon  totale. 

Nitre  avec  le  phloglflique. 
Nicre  fixé  par  les  charbons  à  l'air  libre* 

On  met  une  certaine  quantité  de  nitre  dans  un 
Creufet  que  1  on  place  dans  un  fourneau  entre  le* 
charbons  ardents  :  lorfque  le  nitre  eft  fondu  >  & 
qu'il  commence  à  rougir ,  on  projette  une  cuil- 
lerée  de  charbon  en  poudre ,  paflee  au  tamis  de 
crin  :  il  fe  fait  une  grande  détonnation  :  iorf-*  . 
qu  elle  eft  paflee ,  on  remet  une  nouvelle  cuil- 
lerée de  charbon  :  on  attend  de  même  que  la  dé- 
flagration foit  paflée  ;  on  continue  ainn  de  fuite 
jufqu  a  ce  qu'en  remettant  du  charbon  ,  il  ne  fe 
fafle  plus  de  détonnation.  11  refte  dans  le  creufet 
une  matière  faline  :  on  la  fait  calciner  pendant 
environ  une  demi-heure ,  à  un  feu  capable  de  la 
faire  prefque  entrer  en  fufion  :  alors  on  ôte  le 
creufet  du  feu;  on  détache  le  fel  qu'il  contient  : 
on  le  fait  diflbudre  dans  trois  ou  quatre  fois  fbn 
poids  d'eau  :  on  filtre  la  liqueur ,  &  on  la  fait 
évaporer  jufqu  a  ficcité.  On  obtient  un  fel  alkali 
qui  eft  plus  ou  moins  blanc  :  on  le  purifie  de  nou- 
veau fi  l'on  veut,  en  le  faifant  calciner ,  fans  le 
faire  fondre  »  dans  une  capfule  de  terre  fous  la 
moufle  d'un  fourneau  de-coupelle  :  on  le  fait  dif- 
foudre  enfuite  dans  del^eau  ton  filtre  la  liqueur , 
&  on  la  fait  évaporer  jufqu'à  ficcité  :  c'eft  ce  que 
Ton  nomme  nitre  fixe  par  les  charbons*  Si  on  lô 
coitferve  en  liqueur  un  peu  concentrée ,  on  la, 
nomme  liqueur  de  nitre  fixé y  &  alkaeft  dcWan- 
hclmont. 

Terne  L  Dd 


41*       chvmib  expérimental! 
Remarques. 

Lorfque  le  nitre  cefle  de  détonner ,  l'opéra- 
cion  eft  finie  :  cependant  la  matière  faline  con- 
tient  encore  un  peu  de  nitre  que  l'alkali  défend 
de  Pa&ion  du  phlogiftique  :  c'eft  pour  le  détruire 
que  Ton  fait  calciner  la  matière  après  la  défla- 
gration, &  pour  confumer  le  charbon  qu'on  au- 
roit  pu  employer  par  furabondance.  Quelques 
précautions  qu'on  prenne  ,  il  refte  toujours  ua 
peu  de  nitre  de  non  décompofé ,  ainfi  que  du 
charbon  non  brûlé  :  l'alkali  défend  ces  fubftan- 
m  ces  &  les  empêche  de  fe  détruire  mutuellement. 
On  peut  ,  pour  accélérer  la  purification  de  ce  fel, 
le  retirer  du  creufet  dès  qu'il  ne  détonne  plus , 
&  le  calciner  pendant  deux  heures ,  fans  le  faire 
fondre ,  dans  une  capfule  de  terre  placée  fous  la 
moufle  d'un  fourneau  de  coupelle  :  comme  ce 
vafe  préfente  beaucoup  de  furface,  la  matière 
phlogiftique  peut  s'y  confumer  plus  facilement 
que  dans  le  creufet. 

A  mefure  que  le  nitre  fe  détruit  par  la  défla- 
gration ,  la  matière  faline ,  qui  devient  alkaline, 
eft  de  plus  difficile  fufion,  parcequ'il  entre  dans 
fa  compofition  moins  d'eau  que  dans  celle  du  ni- 
tre. 

Ce  fel  a  moins  d'aâion  fur  les  creufets  :  il  ne 
les  détruit  pas  aufli  promptement  que  le  nitre  : 
c'eft  pourquoi ,  lorfque  le  creufet  a  échappé  à  la 
première  a&ion  du  nitre ,  on  eft  sûr  qu'il  fera  en 
état  d'achever  l'opération.  J'avois  imaginé,  pour 
remédier  à  cet  inconvénient,  de  projetter  dans  le 
creufet,  rougi  auparavant,  un  mélange  groffierde 
ftitre,&  de  charbon  :  dans  ce  cas  le  nitre  s'alkalife 
fur-le-champ  :  il  n'a  pas  le  temps  de  porter  fon 


fe  t      RAiSÔNNEE,  4ïrc> 

a&fcwr  fur  le  crenfet ,  ni  de  pafler  au  travers  ;  mais 
il  arrive ,  à  la  féconde  on  àJa  troifieme  projeâion* 
xjue  ia  matière  froide  j  qui  vient  toucher  le  fel 
très  chaud ,  occasionne  clés  explofions  lorfqu'elle 
vient  à  détonner  :  elle  produit  une  chaleur  qui 
liquéfie  ia  totalité  de  la  matière  falirie.  La  hou- 
Velk  cuillerée  de  matière  qu'on  ajoute >  Te  préci- 
pite en  partie  fous  la  matière  fondue ,  achevé  de 
détonner ,  becafionne  un  gonflement  confidérà- 
'  ble  ,  fait  monter  &  fauter  par  jets  la  matière  hors 
du  creufet-. 

Quelques  përforines  recommandent  d'emplôyéfc 
tles  marmites  de  fer  ;  mais  le  nitre  &  le  fel  alkali 
ont  beaucoup  d  aâion  fur  ce  métal.  Le  fel  qu  oit 
^obtient  il'eft  jamais  blanc  ni  pur ,  pàrcequ  il  eft 
■chargé  de  fer  :  Palkali  ne  l'abandonne  que  diffi- 
cilement': ce  fel  alkali  ne  peut  fervir  dans  une 
infinité  d'expériences  de  recherches  où  il  faut 
de  1  alkali  de  la  plus  gfrande  pureté. 

Dans  cette  opération  l'acide  nitreux  s'enflamme 
&  fe  détruit  :  il  quitte  Palkali  pour  s'unir  au  phlo^ 
feiftique  dû  charbon ,  avec  lequel  il  forme  nqè 
forte  de  foufre  ou  de  phofphore  qui  eft  de  la  pluS 
grande  cbmbuftibilite  j  &qui,  comme  nous  lé 
Verrons,  s'enflamme  même  dans  les  vaifleaux  clos. 
Cet  effet  vient  de  ce  que  l'acide  i  lorfqu'il  eft  bien 
toheentré ,  devient  réellement  inflammable  avec 
le  phlogiftique  dans  le  mouvement  igné.  Pour 
que  cette  inflammation  ait  lieu ,  il  faut  ou  que 
cet  acide  ,  s'il  eft  libre*  foit  bieh  concentré ,  ou  j 
s'il  eft  combiné  avec  une  bafe ,  que  cette  bafe  foit 
fufibie.  Nous  avons  dit  "que  l'acide  riitreiix  fu- 
mant *  dans  lequel  on  piongfe  un  charbon  ar- 
dent ,  fait  urie  déflagration  très  forte.  Dans  lé  ri  if 
tre  ordinaire ,  l'acide  rtitreùjc  eft  uni  à  Palkali 
qui  eft  une  bafe  fufibie  1  dans  l'un  &  dans  l'aune 

Ddij 


410         ChyMIË   EXfâïUMEtfTÀLE 

cas ,  l'acide  nitreux  déflagre  avec  le  phlogiftiqua 
dans  le  mouvement  igné  >  parcequ'il  peut  tou- 
jours être  en  contad  avec  le  phlogiftique  en- 
flammé. 11  n'en  eft  pas  de  même  lorfque  cet  acide 
eft  aqueux ,  ou  lorfquil  eft  uni  a  une  terre  cal- 
caire. Dans  le  premier  cas ,  il  éteint  le  charbon 
,  ardent  qu'on  lui  préfente ,  au  lieu  de  s'enflammer 
.avec lui  :  dans  le  fécond  cas,  la  terre  calcaire  n'e- 
stant point  fufible ,  le  nitre  à  bafe  terreufe  dé- 
tonne peu,  &  feulement  aux  endroits  touchés 
par  le  phlogiftique.  Ainfi ,  ce  n'eft  pas ,  comme 
on  l'avoir  penfé ,  à  l'adhérence  de  l'acide  nitreux 
dans  une  bafe,  qu  eft  due  la  déflagration  de  l'acide 
nitreux  avec  le  phlogiftique ,  mais  feulement  au 
contaâ  des  deux  fubftances  ;  puifque ,  comme 
nous  l'avons  fait  obferver  ,  l'acide  nitreux  eft  très 
adhérent  aux  terres  calcaires ,  &  qu'il  eft  prefque 
aufli  difficile  de  l'en  féparer par  la  feule  aâion  du 
feu,  que  lorfquil  eft  uni  à  ralkali  fixe.  Voyez  ce 
que  nous  avons  dit  à  ce  fujet  à  l'article  du  Nitre  à 
bafe  terreufe. 

Nous  remarquerons  encore  que,  pour  que  le 
nitre  ou  l'acide  nitreux  s'enflamme  avec  le  phlo- 
giftique ,  il  faut  que  l'un  des  deux ,  le  nitre  ou 
le  phlogiftique  ,  foit  dans  le  mouvement  igné} 
fans  cela ,  il  n'y  a  point  d'inflammation. 

Si  Ton  plonge  un  charbon  noir  dans  du  nitre  en 
fufion ,  avant  qu'il  foit  rouge,  il  ne  s'enflamme 
point  ;  ce  n'eft  pas ,  comme  on  pourrbit  le  croire, 
parceque  le  nitre  n'eft  liquéfié  qu'à  la  faveur  de 
Ion  eau  de  cryftallifation  ,  comme  cela  arrive  i 
terrains  fels  qui  fe  liquéfient  d'abord  par  cet  in- 
termède, &  qui  entrent,  après  cela,  réellement 
en  fufion ,  après  qu'ils  en  font  privés.  Le  nitre. 
n'eft  point  dans  le  cas  d'une  femblable  liquéfac- 
tion ,  parcequ'il  contient  fort  peu  d'eaudec  ryf- 


1T      RAISONNÉ  I.  411 

callifation  :  il  encre  tout  de  fuite  en  fufion  ;  maU 
s'il  reftoit  quelque  doute  à  cefujet,  on  peut  le 
faire  même  rougit  fortement  ;  on  eft  certain  alors 
qu'il  ne  peut  contenir  d'eau  de  cryftallifation  :  fi 
enfuite  on  le  tire  du  feu ,  Se  qu'on  le  laifle  fe  dé* 
rougir ,  il  n'enflammera  pas  mieux  le  charbon 
•qu'on  lui  préfentera,  quoiqu'il  puifle  refter  encore 
quelque  temps  dans  cet  état  de  fufion  \  mais  fi  au 
contraire  le  nitre  eft  rouge ,  il  enflamme  auffi-tôc 
«un  charbon  éteint.  Si  on  jecte  du  nitre  en  poudre 
fur  du  charbon  ardent ,  il  y  a  également  inflam- 
mation. Nous  avons  dit  que  l'acide  nitreux  fe  dé- 
compofoit  &  fe  dé truifoit  pendant  Tinflamma ti on  ^ 
c'eft  ce  que  nous  allons  démontrer  par  l'expé- 
rience fuivante. 

Nitre  fixé  par  Us  charbons  dans  des  vaiffeaux  c/os^ 
Cliflîiç  de  Nitre, 

On  place  dans  un  fourneau  une  cornue  de  terre 
tubulée  y  c'eft-à-dire  qui  ait  une  petite  ouverture 
ronde  dans  fa  partie  fupérieure ,  qu'on  puifle 
boucher  Se  déboucher  à  volonté.  On  adapte  à  la 
cornue  un  grand  ballon  de  verre ,  percé  d'un  petit 
trou  à  un  des  cotés.  On  lute  le  ballon  au  col  de 
la  cornue  »  avec  des  bandes  de  papier  enduites  de 
colle  de  farine  ou  d'amidon.  On  fait  fous  la 
cornue  un  feu  de  charbon,  pour  faire  rougir  foii 
fond  :  lorfqu'il  eft  rouge ,  on  introduit  dans  la 
cornue  par  l'ouverture  pratiquée  à  fa  partie  fupé- 
rieure, environ  deux  ou  trois  gros  d'un  mélange 
fait  à  parties  égales  de  nitre  &  de  charbotwen  pou- 
dre ;  on  bouche  auffi-tot  l'ouverture  de  la  cornue  x 
&  on  laiflTe  ouvert  le  trou  du  ballon.  Le  mélange 
s'enflamme  &  détonne ,  comme  à  l'air  libre  ;  il 
palTe  dans  le  ballon  une  grande  quantité  de  y*- 

Ddiii 


41*  Chymie  expérimentai! 
peurs  blanches ,  épaifles ,  &  cjui  s'y  condenfene 
peu  à  peu  s  iorfque  la  déflagration  eft  pafTée  ,  on 
çemet  dans  la  cornue  une  pareille  quantité  de 
matière  :  on  attend  de  même  que  l'effet  foirpaffé 
f  vant  que  d'en  remettre  d'autre  :  on  continue  ainft 
de  fuite  y  jufqu'à  ce  que  l'on  ait  employé  environ 
huit  onces  de  mélange  :  on  laifle  refroidir  les  « 
vaiffeaux  :  on  délute  le  ballon  :  on  verfe  dans  une 
bouteille  ce  qu'il  contient  j  c'eft  ce  ptoduit  que 
l'on  nomme  diffus  de  nitre.  On  donne  ce  nom  à 
toutes  les  fubftances  qu'on  obtient-  par  une  fem-. 
fclable  opération. 

Cette  liqueur  n'eft  point  acide  :  elle  a  au  con- 
traire ,  pour  l'ordinaire  ,  une  faveur  alkaline  j 
maisceft  accidentellement:  elle  verdit  même  le 
iyrop  violât. 

Remarque?. 

Il  eft  effentiei  d'employer  dans  cette  opcratfrm 
Une  cornue  de  terre  quppuiiïe  réfifter  à  la  chaleur 
fubite  qui  s'excite  lors  de  l'inflammation  du  mé- 
lange :  une  cornue  de  grès  ou  de  verre  çafferoit 
indubitablement.  On  remarque  qu'il  pafle  dans 
Je  ballon  des  étincelles  qui  y  font  apportées  par 
Jes  vapeurs  qui  y  entrent  avec  rapidité.  Lorfqu'on 
lient  l'ouverture  du  ballon  ouverte ,  il  n'y  a  point 
£  craindre  pour  la  rupture  du  vaiiTeau.  Ces  va*-, 
peurs  n'ont  pas  une  grande  élafticité  :>  elles  ont 
une  odeur  pnlogiftique  femblable  à  celle  que  ré-, 
parid  Talkali  jette  iur  des  charbons  ardents,  & 
qui  fe  réduit  en  vapeurs  par  la  violence  du  feu  :• 
ces,  vapeurs  font  long-temps  à  fe  condenfer ,  & 
fournirent  bien  peu  de  liqueur  :  huit  onces  de 
mélange  en  fournirent  à  peine  deux  gros.  Cette 
liqueur  eft  alkalwe  ;  mais  ç'çft  acçi^en  tellement  : 


ST     R  A  1  S  O  K  N  i  t  41  j 

elle  provient  de  la  bafe  alkaline  du  nitré  dont 


11  eft  évident  que,  dans  cette  expérience, 
nitreux  a  été  complettement  détruit ,  puifqu'on 
n'en  retrouve  aucun  veftige.  Mais  un  autre  phé- 
nomène qui  n'eft  pas  moins  furprenant ,  c'eft  la 
1>etite  quantité  de  liqueur  qu'on  retrouve  après 
'opération.  Cependant  il  eft  certain  que  le  nitre 
contient  une  très  grande  quantité  d'eau  principe 
à  ce  fel  :  il  y  a  lieu  de  penfer  que  cette  eau  fait 
partie  de  quelque  autre  combinaifon  qu'on  ne  re- 
trouve plus  ,  ou  qu'elle  s'eft  détruite  &  diflipée 
f>endant  la  déflagration  du  nitre.  On  trouve,  après 
opération ,  au  Fond  de  la  cornue ,  l'alkali  du  ni- 
tre :  on  ne  peut  pas  foupçonner  qu'il  contient 
toute  l'eau  du  nitre ,  parcequ'il  entre  moins  d'eau 
dans  fa  compofition ,  qu'il  n'en  entre  dans  le  ni- 
tre :  on  peut  purifier  ce  fel ,  comme  nous  l'a* 
vons  dit  précédemment  pour  le  nitre  fixé  dans 
un  creufet, 

Nitre  avec  de  Vhuilc  dyotive+ 

Le  nitre  n'a  point  d'aéHon  fur  tes  matières  hui- 
leufes  y  mais  ff  l'on  chauffe  ce  mélange  au  point 
d'enflammer  une  des  deux  fubftances ,  alors  il  fe 
fait  une  déflagration ,  comme  avec  les  autres  ma- 
tières combuftibles&  le  charbon. 

Nitre  &  terres  calcaire** 

Le  nitre  n'a  point  d'aâion  fur  les  terres  calcai- 
res par  la  voie  humide  y  mais  il  en  a  beaucoup 
par  la  voie  feche ,  &  le  concours  de  l'air.  L'acide 
nitreux  fe  diflipe ,  &  l'alkali  vitrifie  ces  terres  :ii 
Us  réduit  en  des  verres  nets  &  ttanfparents* 

Ddiv 


414         CHYtflI   IXPhlMENTALl 

Nitrc  &  acide  vitriotique. 

Jfprit  de  nitrç  fumant  à  la  façon  de  Glauber.  Tartre 
vitriolé,     • 

On  eboifit  une  bonne  cornue  de  grès ,  de  la, 

contenance  cTeovircm  dix  ou  douze  livres  d'eau  \ 

on  garnit  l'intérieur  de  fon  col  avec,  un  rouleau  der 

papier  :  il  faut  qu'il  defeende  un  peu  au  deflbus 

de  fa  courbure.  On  met  dans  cette  cornue  ,  par  le 

canal  de  papier ,  quatre  livres  de  nitre  très  pur , 

bien  fec  &  pulvérifé  ;  on  verfe  par-defliis  deux 

livres  d'acide  vitriolique  concentré  :  on  fe  fere 

pour  cela  d'un  col  de  matras,  ou  d'un  entonnoir 

de  verre ,  qui  ait  un  tuyau  aflez  long  pour  entrer 

jufques  dans  la  capacité  de  la  cornue.  On  are  l'en-* 

tonnoir  &  le  rouleau  de  papier  :  on  pofe  fur  les» 

deux  barres  de  fer  d'un  fourneau  de  réverbère 

une  afliette  de  terre  verniflée*  dans  laquelle  on  a 

mis  un  peu  de  fable.  On  pofe  le  cul  de  U  cornue 

fur  cette  afliette  ,  8c  on  tait  pafler  le  coi  par  M* 

çhancrure  du  fourneau  :  on  adapte  au  col  de  U 

cornue  un  grand  ballon  de  verre,  percé  d'un  pe-r 

tit  trou ,  qu'on  laiflè  ouvert  :  on  lure  les  jointu- 

les  des  vaifleaux  avec  du  lut  gras  ;  on  applique 

par-defliis  des  bandes  de  toile  enduites  de  lut  do 

chaux  éteinte  à  l'air,  délayée  avec  un  peu  d'eau 

&  des  blancs  d'oeufs  2  on  afliijetrit  ces  luts  avec  de 

la  ficelle ,  dorçt  on  fait  piufieurs  tours  ;  alors  on 

bouche  le  petit  trou  du  ballon  avec  de  la  cire 

molle  :  on  ajufte  le  dôme  fur  le  fourneau  :  on 

bouche  les  joints,  ainfî  que  l'ouverture  par  où 

pafle  le  col  de  la  cornue ,  avec  de  la  terre  à  four  » 

pétrie  avec  dç  l'eau.  Lorfque  tout  cet  appareil  eft 

lùnfl  difpofé ,  on  commence  la  diftillation  par  ut\ 

Kès  petit  feu  *  afia  d '&Mfec  dpHWifcent  foeg*» 


IT     HAISOKNil.  41$ 

nue ,  &  par  degrés.  Pendant  la  première  heure  * 
il  paffe  environ  une  once  &  demie  d'acide  ni- 
treux  jaunâtre  &  peu  fumant  ;  il  eft  fuivi  par  des 
vapeurs  rouges  très  élaftiques,  qui,  en  moins 
d'un  inftant,  remplirent  toute  la  capacité  du  bal- 
lon ,  &  lobfcurciflTent  considérablement  :  elles 
échauffent  auflî  toute  la  partie  fupérieure  de  ce 
vaiflèau.  Ceft  dans  cet  inftant  de  la  diftillation 
qu'il  faut  déboucher  de  temps  en  temps  le  petit 
trou  du  ballon ,  bien  ménager  le  feu ,  &  ne  Vau- 
gmenter  que  lotfquela  diftillation  fe  ralentit; 
ce  que  Ton  reconnoît  en  comptant ,  par  le  batte- 
ment*du  pouls ,  le  nombre  de  fécondes  qu'il  y  a 
d'intervalle  entre  chaque  goutte  :  on  reconnoîc 
encore  que  la  diftillation  le  ralentit  lorfque  le 
et  de  vapeur ,  qui  fort  par  le  petit  trou  du  bal- 
on ,  eft  moins  long.  On  continue  le  feu ,  &  01k 
'augmente  par  degrés  ,  jufqu'à  faire  rougir  la, 
cornue ,  qu'il  ne  diftille  plus  rien  ,  qu'il  ne  forte 
plus  de  vapeurs  de  la  cornue ,  Se  que  le  ballon  fe 
cefroidiflç ,  malgré  la  violence  du  feu. 

Lorfque  la  plus  grande  chaleur  du  fourneau 
eft  tombée ,  on  délute  le  ballon  1  on  verfe  ce  qu'il 
contient  dans  un  flacon  de  cryftal ,  bouché  auflî 
de  cryftal ,  &  ufé  à  l'émeri  :  on  obferve  ,  en  vui- 
dant  cet  acide,  de  fe  ménager  un  courant  d'air 
pour  emporter  les  vapeurs ,  afin  de  n'en  pas  être 
incommodé ,  pareequ  elles  font  fort  dangereufes 
à  refpirer. 

On  obtient  ordinairement  deux  livres  &  une 
once  d'acide  nitreux ,  bien  concentré  &  bien  fu-r 
mant  :  il  eft  d'une  couleur  jaune  ardente  :  il  pefe 
douze  gros  dans  une  bouteille  qui  contient  une 
once  d'eau. 

Il  refte  dans  la  cornue ,  après  l'opération ,  une 
m*tfe  fiUiae  très  bUnche ,  pareil  9  dçnû-fonduç  ? 


4**%         CkYMIE    EXPÉRIMEKTAll 

&  qui  s'eft  moulée  dans  le  fond  de  la  cornne: 
c  eft  un  compofé  de  l'alkali  fixe  du  nicre  &  de 
l'acide  vitriolique  j  elle  pefe  ordinairement  trois 
livres  fept  onces.  Cette  matière ,  diflbute  dans 
l'eau ,  filtrée  &  mife  à  cryftallifer ,  forme  un  fel 
que  l'on  nomme  tarif e  vitriolé  >  fel  de  duobu*  & 
arcanum  dublicatum* 

Remarques. 

Le  rouleau  de  papier  dont  on  garnit  l'intérieur 
du  col  de  la  cornue ,  &  le  tuyau  de  verre  qui  fert 
à  introduire  l'acide  dans  ce  vaifTeau,  font  pour 
empêcher  qu'il  ne  refte ,  ou  du  nitre ,  ou  de  l'acide 
vitriolique  dans  les  rugofités  du  col  de  la  cornue. 
Si,  lorfqu'on  retire  le  tuyau ,  il  s'échappe  quelques 

rimes  d'acide,  elles  tombent  fur  le  papier:  on 
retire  prompte  ment ,  afin  de  ne  poinr  lui  don- 
ner le  temps  a  être  pénétré ,  ni  celui  de  mouiller 
les  parois  du  col  de  la  cornue. 

L'affiette  de  terre  garnie  de  fable  qu  on  mer 
fous  ce  vaifleau ,  fert  a  l'afTujetrir  Se  à  le  garantir 
de  la  flamme  de  quelques  fumereauxquife  trou- 
vent toujours  dans  le  charbon  :  ils  feroient  caffer 
la  cornue  dans  les  commencements  de  Topera-* 
tion.  Il  faut.,  lorfqu'on  s'apperçoit  qu'il  y  en  a , 
les  retirer  auflitot. 

On  laide  le  petit  trou  du  ballon  ouvert  pen- 
dant qu'on  lute  ce  vaifleau  à  la  cornue  ,  afin  de 
donner  iflue  à  la  fortie  des  vapeurs  ;  fans  cette 
précaution ,  elles  reflueroient  fur  les  jointures  des 
vaiflfeaux,  les  hume&eroient ,  &  empêcheraient 
qu'on  y  pût  faire  adhérer  le  lue  auflî  exactement 
que  cela  eft  néceflaire. 

Les  vapeurs  de  l'acide  nirreux  font  très  aétivess 
If  çs  corrofives  ;  ç'eft  pour  cette  raifon  qu'il  faut 


1  T      RAISONNÉ*.  4*7 

faire  choix  d'un  lut  fur  lequel  elles  n'aient  point 
dTaâion ,  finon  il  feroic  détruit  en  un  inftant  ; 
l'acide  fe  diiîiperoit  ,  fans  qu'il  fut  poiïible  de 
l'empêcher  de  s'échapper.  Le  lut  gras  réfifte  très 
bien  à  ces  vapeurs.  On  commence  par  en  mettre 
fur  les  joints  un  rouleau  de  huit  a  neuf  ligne* 
d'épaifleur  :  on  appuie  deflus  avec  les  doigts  pour 
le  faire  adhérer  &  pour  l'étendre  un  peu ,  en  ot> 
fervant  de  tenir  le  milieu  plus  épais  que  vers  les 
bords ,  afin  de  former  un  hourlet  :  on  l'unit  & 
on  le  lifle  avec  un  peu  de  fuif  au  on  fe  met  au 
bout  des  doigts ,  &  l'on  fait  difparoître  toutes 
les  fentes.  Ce  lut  tout  feul  eft  en  état  de  réfifter  i 
l'aâion  des  vapeurs  de  l'acide  nitreux  ;  mais  il  n'a 
pas  affez  de  ténacité  :  il  fe  déraneeroit  au  moin- 
dre ébranlement.  On  eft  à  l'abri  de  cet  inconvé- 
nient en  appliquant  par-deflus  des  bandes  de 
toile  enduites  de  lut  de  chaux  &  de  blancs 
d'œufs  :  ce  fécond  lut  ne  réfifteroit  pas  aux  vapeurs 
de  cet  acide  ;  il  n'y  eft  pas  expoié  non  plus ,  8c 
prend  de  la  retraite  ;  il  durcit  en  féchant ,  main- 
tient le  premier  lut,  &  le  met  à  l'abri  des  ébranr 
lements.  La  ficelle  qu'on  met  pour  atfujettir 
ces  luts  ,  leur  donne  encore  de  la  folidité  :  09 
peut  y  pour  plus  grande  fureté  ,  ajouter  par-def- 
lus la  ficelle  des  bandes  de  linge  enduites  du 
même  lut  de  chaux  &  de  blancs  d'œufs*  Malgré 
toutes  les  précautions  que  nous  recommandons 
de  prendre  pour  appliquer  ces  luts ,  fi  l'on  n'eft 
pas  un  peu  accoutumé  à  opérer ,  on  les,  verra 
manquer  pendant  le  cours  de  l'opération. 

Le  lut  gras  a  l'avantage  précieux  de  ne  jamais 
fécher  à  fond ,  8c  de  pouvoir  s'enlever  facilement, 
même  après  des  diftillations  de  plufieurs  jours  :  il 
jpe  fe  defleche  jamais  affez  pour  mettre  les  vaif- 
(eaux  en  danger  d'être  cafles ,  lorfqu'il  eft  nécejG- 


4*S  ChVMIE   UphlMEKTAIB 

faire  de  les  délacer  j  ce  i  quoi  1  on  eft  expoR 
avec  du  lut  de  vitrier  :  ce  dernier  eft  fait  avec  de 
la  craie  j  il  eft  d'ailleurs  diflbluble  par  les  vapeurs 
acides» 

On  peut ,  fi  Ton  veut,  au  lieu  d'un  feul  ballon, 
employer, conjointement  avec  lui,  un  vaifleau 
défigure  conique,  que  l'on  nomme  olongc;û 
l'introduit  par  un  bout  dans  le  ballon  ,  &  dans 
l'autre  ouverture  on  fait  entrer  le  bec  de  la  cornue. 
Cet  appareil  a  l'avantage  d'éloiener  le  ballon  de 
la  chaleur  du  fourneau,  laquelle  chaleur  retarde 
la  condenfation  des  vapeurs  de  l'acide  nitreux: 
alors  on  a  deux  jointures  à  luter,  &qui  exigent 
toutes  deux  les  précautions  dont  nous  avons  parlé. 
Je  préfère ,  à  caufe  de  cela ,  un  feul  ballon  :  on  le 
garantit  de  la  chaleur  ,  en  l'interceptant  par  Je 
moyen  d'une  planche  qu'on  place  entre  lui  &  le 
fourneau:  on  applique  encore  des  linges  mouillés 
fur  la  partie  fupérieure  du  ballon,  Se  on  Jesre- 
nouvelle  de  temps  en  temps ,  afin  de  mieux  facï* 
liter  la  condenfation  des  vapeurs  de  l'acide  ni- 
treux.  Lorfqu'on  rafraîchit  ce  vaiffeau ,  il  faut 
obferver  qu'il  ne  foit  pas  trop  chaud  ;  s'il  l'étoit  % 
on  courroit  les  rifques  de  le  faire  cafter. 

Quelques  perfonnes  recommandent  de  fe  fer- 
vir  d'une  cornue  tubulée  pour  faire  l'efprir  déni- 
rre  fumant  :  on  introduit  par  cette  ouverture  l'a* 
cide  vitriolique,  après  que  les  vaiffèaux  font  lu- 
tés.  Cette  manipulation  eft  fondée  fur  ce  que  l'on 
croit  que  l'acide  vitriolique  agit  auffi-toc  qu'il 
touche  le  nitre ,  &  que  les  vapeurs  qui  s'en  élè- 
vent empêchent  d'agir  &  de  luter  commodément 
les  vaiffeaux  $  mais  cela  n'eft  point.  Celles  qui  fe 
dégagent  font  peu  abondantes ,  &  ne  font  aucun 
embarras ,  pourvu  qu'on  laifle  ouvert  le  trou  du 
ballon  pendant  qu'on  lute  les  vaiflèaux* 


fit      R  A  I  S  O  N  K  i  I.  41£ 

Lorfqu'on  verfe  fur  le  nitre  l'acide  vitriolique 
bien  concentré  >  comme  il  faut  qu'il  le  foie  pour 
cette  opération ,  le  mélange  s'échauffe  un  jpem 
Cet  acide  agit  foiblement  a  froid  fur  le  nitre; 
cependant  il  agit  aflez  pour  faire  élever  quelques 
vapeurs  blanchâtres  :  elles  ont  une  odeur  bien 
marquée  d'acide  nitreux ,  &  fe  condenfent  faci- 
lement; mais ,  à  l'aide  de  la  chaleur  ,  l'acide  vi- 


iolique 

biné  avec  aucune  bafe ,  &  qu'il  eft  libre ,  il  dé- 
compofe  le  nitre  tout  à  la  fois  \  celui-ci  encre  dans 
une  forte  de  fufion  dès  le  premier  degré  de  cha- 
leur :  c  eft  dans  cet  inftant  qu'il  faut  bien  ména- 
ger le  feu ,  finon  il  s'élève  tout-à-coup  une  quan- 
tité prodigieufe  de  vapeurs  très  élaftiques ,  qui 
f eroient  crever  le  ballon.  Le  mélange  fe  gonfle 
confidérablement  j  il  s'élève  hors  de  la  cornue  , 
Se  patte  en  fubftance  dans  le  ballon.  Lorfque  cet 
accident  arrive ,  il  faut  ôter  le  feu  du  fourneau 9 
tenir  ouvert  le  trou  du  ballon ,  laifler  refroidir  les 
vaitfeaux  ,  &  remettre  dans  la  cornue  ce  qui  a 
pafle  dans  le  récipient ,  pour  le  diftiller  de  nou* 
veau. 

Pendant  le  cours  de  cette  dtftiilation ,  il  fe  dit- 
iipe ,  par  le  petit  trou  du  ballon  >  environ  le  fixie- 
me  du  poids  de  l'acide  nitreux.  11  eft  difficile  d'é- 
viter cette  perte ,  pafcequ  on  ne  peut  fe  difpenfer 
de  déboucher  cette  ouverture  de  temps  en  temps, 
pour  faciiir-er  la  condenfation ,  &  la  fortie  d'une 
partie  des  vapeurs  trop  raréfiées  ;  fans  cette  pré- 
caution ,  le  vaifleau  feroit  en  danger  de  crever. 
On  juge  de  l'état  de  la  diftillation  par  la  longueur 
du  jet  de  vapeurs  qui  fort  par  le  petit  trou  du, 
ballon  :  il  faut  avoir  attention  qu'il  n'ait  jamais 


4;b  Chimie  expérimentale 
J>lus  de  huit  ou  dix  pouces  de  longueur  j  s'il  étoit 
plus  long ,  &  qu'il  fortît  avec  fifflement,  il  faudroit 
ralentir  le  feu  :  il  pafTe  beaucoup  de  cet  acide  en 
vapeurs  ;  mais  il  s  en  diftille  auflï  goutte  à  goutte. 
On  juge  encore  de  Té  tac  de  la  diftillation  par  le 
nombre  dé  fécondes  qu'on  peut  compter  pendant 
l'intervalle  de  la  chute  d'une  goutte  à  l'autre  t 
cette  méthode  eft  très  fure  ;  elle  eft  générale  pour 
toutes  les  diftillationsquife  font  goutte  à  goutte , 
&  dont  il  eft  important  de  connoître  l'accéléra-* 
tion  ou  le  raientiflement  :  fans  dés  précaution* 
de  ce  genre ,  on  travaille  au  hafard ,  &  l'on  court 
les  niques  de  fe  blefler  par  des  exploitons  qui  ne 
manquent  pas  d'arriver» 

•  Lorfque  la  température  n'a  que  dix  degrés  dé 
chaleur  au-deflus  du  terme  de  la  glace ,  on  peut 
conduire  la  diftillation  de  manière  qu'il  foit  fa- 
cile de  compter  dix  fécondes  entre  la  chute  d'une 
goutte  à  l'autre ,  Se  cela  depuis  le  commencement 
jufqu'à  la  fin  de  la  diftillation.  Mais  fi  l'on  fait 
cette  opération  dans  les  chaleurs  de  l'été  *  &  lorf* 
que  la  température  eft  à  vingt  degrés  au-deffus  dé 
la  glace ,  il  eft  bien  eflentiel  de  conduire  le  feu 
de  façon  qu'on  puifle  compter  au  moins  quarante 
fécondes  entre  la  chiite  des  gouttes  :  s'il  fe  trouve 
moins  d'intervalle  entre  elles ,  on  met  les  vaif- 
féaux  en  dangçr  de  crever  :  d'ailleurs  la  plus  grande 
partie  de  l'acide  fort  en  vapeurs  très  élaftiques 
par  le  petit  trou  du  ballon ,  qu'on  eft  obligé  de 
déboucher  plus  fouvent.  Lorfqu  on  veut  oblerver 
la  chute  des  gouttes ,  on  place  une  lumière  de 
façon  que  le  col  de  la  cornue  foie  entre  l'œil  de 
1 obfervateur&  la  lumière  :  on  la  met  dans  la  po- 
fition  la  plus  favorable ,  pour  qu'on  puifle  voit 
tomber  la  goutte  du  bec  de  la  cotnue  ;  ce  qui  n  eft 


t  T      R  À  1  S  Û  N  N  i  E,  4)1 

£&s  toujours  facile ,  parceaue  l'abondance  des  va- 

{>eurs  rouges  de  cet  acide  obfcurcit  tellement 
e  ballon ,  qu'on  ne  peut  voir  que  difficilement  au 
travers. 

Les  vapeurs  de  l'acide  nitreux  chafTent  tout  l'air 
de  l'intérieur  du  ballon ,  &  elles  en  prennent  la 
place.  Lorfque  la  chaleur  vient  à  diminuer ,  ou 
que  les  vapeurs  cefTent  de  venir  avec  la  même 
abondance  >  on  apperçoit ,  en  débouchant  le  trou 
du  ballon ,  qu'il  ne  forj  plus  de  vapeurs  ;  il  s'in- 
troduit au  contraire  un  courant  d'air  avec  fiffle- 
ment,  qui  forme  dans  l'intérieur  un  cône  de  va* 
peurs  blanchâtres.  Cet  effet  vient  de  l'humidité 
que  l'air  porte  avec  lui  :  il  affoiblit  l'acide  nitreux 
réduit  en  vapeurs ,  &  change  leur  couleur.  Lorf- 
que cela  arrive ,  on  bouche  fur-le-champ  le  petit 
trou  du  ballon ,  parcequ'il  fe  rempliroit  d'air ,  & 
qu'il  faudroit  l'évacuer  enfuite  ;  ce  qui  ne  fe  fait 

{>as  fans  perte  :  d'ailleurs  l'air  porte  avec  lui  de 
'humidité ,  dont  cet  acide  eft  fort  avide  j  ce  qui 
m  diminue  fa  concentration. 

Si  l'on  avoit  des  ferpentins  de  grès  ou  de  verre 
d'un  large  diamètre,  plongés  dans  des  cuves  d'eau 
fraîche ,  comme  on  en  a  d'éçain  pour  les  diftilla- 
tions  ordinaires ,  on  diminueroit  considérable- 
ment les  difficultés  &  les  dangers  de  cette  opéra- 
tion. 

A  mefure  que  la  décompofition  du  nitre  fe 
fait  par  l'intermède  de  l'acide  vitriolique,  ilfe 
forme  dans  la  cornue  une  nouvelle  combinai-* 
fon  faline ,  qui  eft  du  tartre  vitriolé  ;  ce  fei 
eft  de  plus  difficile  fufion  que  le  nitre  j  il  conferve 
dans  fon  centre  une>portion  de  nitre  non  décom- 
pofé ,  ou  de  l'acide  nitreux  qui  ne  peut  s'élever 
qu'à  la  dernière  violence  du  feu  >  i  caufe  de  fou 


4*i         Clttftflt   tlpikî^EMTAtl 
adhérence  au  tartre  vitriolé  :  on  le  retrouve  fur  U 
fin  des  cryftallifations  de  ce  fei  ,  comme  nous  le 
dirons  dans  un  inftant. 

Lorfque  le  feu  a  été  adminiftré  modérément  * 
8t  qu'on  veut  l'augmenter  trop  précipitamment 
fur  la  fin ,  il  s  'élevé  tout-à-coup  une  quantité  con- 
fidérable  de  vapeurs  de  l'acide  nitreux  le  plus 
concentré  t  le  ballon  feroiten  danger  d'être  cafTé, 
fi  l'on  n  avoir  pas  foin  de  déboucher  le  petit  trou 
très  fouvent ,  pour  éviter^laffluence  de  ces  der- 
nières vapeurs  :  il  faut  n'augmenter  le  feu  que 
par  degrés,  de  manière  que  la  cornue  ne  de- 
vienne rouge  que  dans  l'efpace  des  trois  dernières 
heures.  Cette  opération  dure  environ  vingt  à 
vingt-quatre  heures ,  lorfqu'on  la  fait  dans  une 
température  de  dix  degrés  au-defliis  de  la  congé- 
lation ,  &  au  deflbus  :  mais  elle  eft  plus  labo* 
rieufe  &  plus  longue  pendant  les  chaleurs  de 
l'été  :  elle  dure  quarante  à  cinquante  heures ,  Se 
quelquefois  davantage ,  lorfqu'on  la  fait  aux  do- 
tes que  j'ai  indiquées. 

'  Les  vapeurs  de  l'acide  nitreux  font  tçès  dange-  * 
reufes  :  il  faut  éviter  avec  grand  foin  de  les  reti- 
rer :  elles  font  fuffoquantes ,  &  font  une  impref* 
lion  vive  fur  les  poumons  j  mais  ce  n'eft  que  quel- 
ques moments  après  qu'on  les  a  refpirées.  Comme 
elles  ne  font  pas  d'impreflions  douloureufes  fur- 
ie-champ ,  on  ne  s'en  méfie  pas  d'abord  ;  mais 
un  inftant  après  ,  elles  excitent  à  toufler  violenv 
ment,  jufqu'à  faire  cracher  le  fang.  Lorfqu'on 
ruide  le  ballon ,  il  faut  fe  mettre  vis-à-vis  d'une 
porte  ou  d'une  fenêtre  ,  afin  d'avoir  un  courant 
a  air  qui  puifle  emporter  les  vapeurs  qui  s'échap« 
pent. 

On  peut,  fi  l'on  veut,  rendre  cet  acide  en- 
tore  plus  fumant  qu'il  ne  left ,  par  le  procédé  que 

nous 


*t    k  À  i  s  o  n  N  h»  m 

Hous  avons  indiqué  :  il  fuffit  pour  cela  d'ajouté* 
au  mélange  quatre  onces  de  limaille  de  fer  non 
rouillé  :  l'acide  nitreux  fe  charge  de  tout  le  phlo* 
giftique  de  ce  métal ,  &  auffi  d'un  peu  de  fer  qu'il 
enlevé  avec  lui  :  le  phlogiftique  augmente  fa  cou* 
leur  rouée  ardente  :  il  le  rend  plus  volatil  &  plus 
difficile  a  fe  condenfer ,  mais  fans  augmenter  fa 
pefanteur  fpécifique*  J'ai  remarqué,  au  contraire* 
que  fouveiit  elle  eft  diminuée  par  le  concours  d* 
te  principe  inflamrtiable  t  il  pourroit  très  bien  fe 
faire  qu  il  fût  néanmoins  plus  concentré  ,  &  quô 
le  phlogiftique  donc  il  eft  faturé ,  fois  feulement 
la  caufe  de  fa  plus  grande  légèreté. 

L'acide  nitreux  Fumant  contient  toujours  un 
peu  d'acide  vitriolique  qu'il  a  enlevé  avec  lui  i 
on  le  fépare ,  en  rectifiant  l'acide  nitreux  fur  du 
nitre.  Cette  féconde  opération  eft  prefque  aultt 
laborieuse  que  la  première. 

Plusieurs  Chymiftes  ont  fait  quelques  recher- 
ches fur  la  caufe  de  la  couleur  rouge  des  vapeur^ 
de  l'acide  nitreux.  M.  Hellot  l'attribue  au  fer  & 
au  phlogiftique  :  il  fe  fonde  Air  ce  que  ce  métal 
6ft  contenu  dans  l'acide  vitriolique  dont  on  fa 
fert  pour  décompofer  le  nitre.  L'acide  nitreux  s'en 
empare  &  l'enlevé  avec  lui.  Cette  idée  paroît 
vraifemblable  i  nous  verrons  même  ,  à  mefuré 
que  les  occafions  nous  en  fourniront  les  moyens  * 
que  ces  deux  acides  minéraux  contiennent  pref- 
que toujours  du  fer.  Néanmoins  j'attribue  la  cou* 
leut  de  cet  acide ,  ainii  que  celle  de  fes  vapeurs  9 
au  phlogiftique  purement  &  Amplement  :  c'eft 
même  un  principe  qui  lui  eft  inhérent ,  &  fan* 
lequel  il  çefleroit  d'être  acide  hitreux.  Si  le  fe* 
augmente  fa  couleur,  c'eft  qu'il  fournit  beau-* 
coup  de  phlogiftique.  J'ai  fait  de  l'acide  nitrett* 
très  concentre  avec  des  Jxlaftetes  qui  fte  com#- 
Tomt  h  '  £e 


434  CHYMIE    EXPiRlMEHTALE 

noient  point  de  fer,  &  qui  ne  oouvoient  point 
fournir  de  phlogiftique  furabondant  :  j'ai  obtenu 
un  acide  plus  concentré  que  ceux  dont  nous  ve- 
nons de  parier  :  il  n'avbit  qu'une  légère  couleur 
citrine  ;  il  exhaloit  de  même  des  vapeurs  rouges. 
Nous  en  parlerons  à  l'article  du  nitre  décompofé 
par  l'alun. 

Lorfqu'on  veut  conferver  l'acide  nitreux  fu- 
mant en  bon  état ,  il  faut  le  contenir  dans  des  fla- 
cons de  cryftal,  bouchés  aufli  de  cryftal  ufé  à 
Témeri ,  vifiter  de  temps  en  temps  les  flacons  : 
chaque  fois  qu'on  en  retire  du  vaifleau  ,  il  faut 
avoir  attention  d'efluyer  parfaitement  le  bouchon 
Se  l'intérieur  du  col  du  flacon  :  fans  cette  précau- 
tion ,  ce  qui  refte  dans  les  joints  remonte  autour 
du  bouchon ,  attire  l'humidité  de  lair ,  Se  forme 
une  liqueur  acide  aqueufe  autour  du  bouchon  : 
lorfque  l'air  de  Tatmofphere  vient  à  s'échauffer , 
les  vapeurs  de  l'acide ,  renfermées  dans  le  fla- 
con ,  le  dilatent  Se  foulevent  le  bouchon  :  l'acide 
aqueux  qui  eft  autour  du  bouchon ,  retombe  dans 
l'intérieur  du  flacon  :  ce  jeu  fe  renouvelle  conti- 
nuellement ,  Se  diminue ,  au  bout  d'un  certain 
temps ,  la  concentration  de  cet  acide. 

Sel  de  duobus  tiré  de  la  maffe  faline  reftee  dans 
la  cornue  après  la  diftillation  de  V acide  nitreux 
fumant* 

La  mafle  faline  qui  refte  dans  la  cornue  après 
la  diftillation  de  l'eiprit  de  nitre  fumant ,  eft  tou- 
jours acide ,  foit  par  les  vapeurs  de  l'acide  ni- 
treux dont  elle  eft  imprégnée ,  foit  par  quelques 
portions  d'acide  vitriolique  libre  :  l'un  &  l'autre 
n'ont  pu  pafler  dans  la  diftillation ,  à  caufe  de  leur 
adhérence  &  du  défaut  de  concours  de  l'air.  Lor£> 


qu*on  veut  en  tirer  le  fel  par  la  cryftallifation  >  on 
concafle  cette  maffe  faline  :  on  la  met  dans  une 
terrine  de  grès  :  on  vesfe  par-defïus  de  l'eau  bouil- 
lante pour  la  difloudre  :  on  ajoute  de  i'alkali  fixe 
aflèz  pour  faturer  l'excès  d'acide  qu'elle  contient  t 
alors  on  fait  chauffer  la  liqueur  dans  une  marmite 
-«de  fer  :  on  la  fait  même  évaporer  jufqu'à  légère 
pellicule  :  on  filtre  la  liqueur  au  travers  d'un  pa- 
pier gris  :  on  la  reçoit  dans  une  terrine  de  grès  : 
elle  fournit ,  par  le  refroidiflement ,  beaucoup  de 
cryftaux  qui  font  du  tartre  vitriolé  :  on  décante  la 
liqueur  :  on  la  fait  évaporer  de  nouveau  :  on  la 
filtre  4e  même ,  &  elle  donne  de  nouveaux  cryf- 
taux, en  fe  refroidiflant.  On  continue  ainfi  de 
fuite  les  évaporations  &  les  cry ftallifacions  jufqu'2 
ce  que  la  liqueur  ne  fourniffe  plus  de  cryftaux  :  on  , 
détache  le  fel  des  terrines  avec  la  pointe  d'un 
couteau  :  on  le  met  égoutter  fur  des  papiers  gris  : 
lorfqu  il  eft  bien  fec ,  on  l'enferme  dans  des 
boites. 

Sur4  la  fin  des  cryftallifations  >  on  obtient  tOtt- 

Îours  des  cryftaux  de  vrai  nitre  qu'on  met  à  parti 
a  quantité  va  depuis  deux  gros  jufqu'à  demi- 
once. 

Remarquas. 

f 

Nous  avons  recommandé  de  faire  difloudte  là 
jrnafle  faline  dans  une  terrine  de  grès ,  &  de  la  fa- 
turer avec  de  I'alkali  fixe  avant  de  la  mettre  dans 
une  marmite  de  fejr ,  afin  que  les  acides  libres  ne 
puiflent  point  agir  fur  ce  métal  ;  ce  qui  arrî- 
veroit,  non  faifoit  le  contraire  :  la  liqueur  fetôit 
verdâtre ,  &  le  fel  le  feroit  aufli*  Si  cet  accident 
arrivoit ,  il  faudrait  remettre  le  fel  &  lesliqueurS 
dans  la  même  marmite ,  &  ajouter  allez  dalkali 
pour  faire  précipiter  le  fer  :  oà  achevé  enfuit*  / 

Eeij 


/ 


4}5        Chymie  EXPf rimektalh 

l'opétation ,  comme  nous  venons  de  Je  dire, 

Lorfque  la  liqueur  contient  une  légère  fura<* 
bondance  d'alkali ,  elle  pafïe  plus  facilement  au 
travers  des  filtres ,  &  fournit  davantage  decryf- 
taux  qui  font  plus  gros  &  plus  faciles  à  détacher 
des  terrines  :  il  arrive  le  contraire ,  lorfque  la  li- 
queur eft  parfaitement  neutre  :  lorfqu  elle  eft  un 
peu  acide,  elle  parte  encore  plus  difficilement 
au  travers  des  filtres  ;  &c  le  fel  eft  encore  plus  dif- 
ficile i  fe  détacher  des  terrines  ;  il  eft  même  fi  fort 
adhérent ,  qu'on  ne  peut  le  détacher ,  qu'en  fai- 
iànt  chauffer  légèrement,  mais  brufquement,  le 
cul  des  terrines.  Cette  opération  doit  fe  faire  im- 
médiatement après  avoir  décanté  la  liqueur  :  les 
terrines  fe  dilatent  par  la  chaleur ,  dans  des  pro- 
portions différentes  de  celles  du  fel  :  l'humidité 
appliquée  fur  les  terrines  fe  dilate  de  même ,  & 
permet  au  fel  de  fe  détacher  :  on  peut  l'enlever 
facilement  en  larges  plaquettes.  Si,  au  contraire, 
on  faifoit  chauffer  les  terrines  après  qu'elles  fonc 
égouttéeSjOm  augmenterait  tellement  l'adhérence 
du  fel  qu  on  ne  pourrait  plus  le  détacher,  qu'en  le 
réduifant  en  poudre. 

De  quatre  livres  de  nitre  &  de  deux  livres  d'a- 
cide vicriolique  que  Ton  a  employées ,  on  retire 
ordinairement  quatre  livres  onze  onces  de  fel  de 
duoius  j  &  environ  une  demi-once  de  nitre, 

Décompqfuion  du  Tartre  vitriolé  par  t acide 
nitreux  feuL 

Nous  venons  de  voir  aue  l'acide  vitriolique 
décompofe  le  nitre  &  dégage  l'acide  nitreux  ; 
mais  c'eft  par  la  voie  feche.  L'acide  nitreux,  par 
.la  voie  humide ,  décompofe  le  tartre  vitriolé  : 
ceci  eft  un  exemple  d'affinité  réciproque ,  &  fait 


1T      RAISONNÉ  1.  437 

voir  de  plus  en  plus  la  néceflité  d'établir  les  deux 
râbles  des  rapports  dont  j'ai  déjà  parlé. 

On  mer  dans  un  marras  deux  onces  de  tartre 
vitriolé  en  poudre  :  on  verfe  par-deflus  aurant 
d'acide  nitreux  ordinaire  :  on  fair  chauffer  ce  mé- 
lange jufqu  a  ce  que  le  fei  foit  diffous  \  ce  qui  fe 
fait  facilement  :  on  verfe  la  liqueur  dans  une  cap* 
fuie  de  verre  :  elle  fournit ,  par  le  refroidiile- 
ment,  devrais  cryftaux  de  nitre  :  on  décante  la 
liqueur  :  on  fait  égoutter  les  cryftaux  fur  du  pa- 
pier gris  ;  on  les  rechange  de  papier  jufqu  à  ce 
qu'ils  ne  les  mouillent  plus  :  le  nitre  eft  alors  très 
pur ,  &  a  toutes  les  propriétés  d'un  nitre  parfait  : 
*iinfi  il  eft  certain  que,  dans  cette  opération ,  l'a* 
cide  nitreux  a  dégagé  l'acide  vitriplique ,  &  $& 
emparé  de  fa  bafe  alkaline. 

Staahl  avoit  propofé  en  problème  de  décom- 
pofer  le  tartre  vitriolé  dans  la  paume  de  la  main  j 
il  s'étoit  fervi  de  cette  expreflion  fans  doute  pour 
faire  entendre  que  cette  décomposition  étoit  fa- 
cile- MM.  Pott  &  Geoffroy  le  Médecin ,  tous 
deux  fort  habiles  Chymiftes ,  ont  réfolu  le  pro- 
blême de  Staahl ,  mais  en  employant  des  diflol  li- 
rions de  mercure,  d'argenr  &  de  plomb,  faites, 
par  l'acide  nitreux.  11  paroît  que  Staahl  a  été  fa- 
tisfait  de  cette  folution  j  du  moins  il  n'a  rien  dit 
qui  y  fût  contraire  :  elle  a  donné  lieu  à  expliquer 
ce  phénomène  par  les  affinités  de  quatre  corps  qui 
agirent  enjçmole ,  d'où  réfùltent  deux  décompo^ 
fi  rions  &  deux  nouvelles  combinaifons.  L'acide 
nitreux  quitte  fa  fubftance  métallique  à  laquelle 
il  étoit  uni ,  pour  s'unir  à  l'alkali  du  tartre  vi- 
triolé. L'a,çidQ  vitriclique,  devenu  libre,  s'unit  4 

Eeuj 


4:3  Chymib  expérimental! 
la  fubftance  métallique  qui  devient  libre  aulE ,  Se 
forme  un  vitriol  de  mercure  ,  d'argent  ou  de . 
plomb ,  fuivant  le  métal  que  l'acide  nitreux  te- 
noit  en  diflblution.  On  croyoit  que  cette  décom- 
pofition  fe  faifoit  en  raifon  des  affinités  réunies 
de  l'acide  nitreux  avec  la  matière  métallique ,  & 
que,  ni  le  métal ,  ni  l'acide  nitreux %  chacun  fc- 
parément ,  ne  pouvoit  opérer  la  décomposition 
(le  ce  fel.  Les  différentes  recherches  que  j'ai  faites 
fur  les  affinités  des  matières  falines ,  m'ont  mis  1 
portée  de  réfoudre  ce  problème  par  l'acide  ni* 
treux  feul ,  &  par  cônféquent  d'une  manière  plus 
(impie  que  ne  l'avoient  fait  les  habiles  Chynuftes 
que  je  viens  de  citer. 

Le  23  IJécejnbre  1760 ,  je  donnai  à  l'Acadé- 
mie ce  moyen  de  décompofer  le  tartre  vitriolé  par 
l'acide  nitreux  feul  :  je  me  contentai  alors  d'en 
conclure  que  l'acide  vitriolique  décompofoit  le 
nitre  par  la  voie  feche  ,  à  raifon  de  fa  fixité  plus 
grande  que  celle  de  l'acide  nitreux ,  &  non  en 
raifon  de  fa  plusr  grande  affinité  avec  Vaikali , 
comme  on  l'avoit  toujours  penfé.  Je  réfervai  d'en 
donner  la  théorie  dans  une  autre  occafion. 

Ce  ne  fut  que  trois  années  après  que  j'entrepris 
de  l'expliquer  :  j'en  rendis  compte  à  l'Académie 
le  1 2  Janvier  1763  ,  dans  un  Mémoire  que  je  lus 
à  cet  effet.  Voici  comme  j'explique  cette  décora~ 
position. 

Le  phlogiftique  eft  un  des  principes  conftituants 
del'alkalinxe.  Lorfque  l'on  combine  ce  fel  avec 
de  l'acide  virriolique ,  le  phlogiftique  fe  partage 
entre  l'alkali  &  l'acide  :  il  refte  combiné  &  fait 
partie  du  fel  neutre  qui  réfulte  de  leur  union.  On 
*  beau  calciner  ce  nouveau  fel ,  on  ne  fait  que 
difliper  le  phlogiftique  qui  lui  eft  étranger  ;  mais 
la  portion  principe ,  effencielle  à  la  nature  de  t'ai- 


ET      RAlSOKNÉi;  439 

kali ,  ne  peut  fe  diffiper  qu  à  mefur^me  ce  fel  fe 
décompofe.  Tout  ceci  eft  prouve  pat  ms  obferva- 
tions  fuivantes. 

1  °.  En  diflblvant  dans  de  l'eau  le  tartre  vitriolé , 
ainfi  calciné ,  on  voit  précipiter  une  portion  de 
terre,  qui  ne  peut  provenir  que  de  la  portion  de 
ce  fel  qui  a  été  décompofée. 

i°.  En  verfant  de  l'acide  vitriolique  très  pur  Se 
très  concentré  fur  du  tartre  vitriolé  calciné ,  Se 
fortant  immédiatement  du  creufet,  on  en  tire 
par  la  diftillation  de  l'acide  vitriolique  fuifu- 
reux ,  pareeque  la  matière  phlogiftique,  principe 
de  l'aLkali ,  eft  encore  unie  à  ce  fel  neutre  :  1  a« 
cide  vitriolique  qu'il  contient ,  eft  dans  un  état 
de  phlogiftication  :  lorfqu'on  lui  préfente  un 
nouvel  acide  vitriolique  plus  pur  ,  c'eft-à-dire , 
moins  phlogiftique  que  celui  qu'il  contient,  il  le 
dégage ,  Se  le  fubftitue  à  fa  place  :  l'acide  vitrio- 
lique qui  faifoic  partie  du  tartre  vitriolé ,  pafle 
dans  la  diftillation ,  chargé  de  phlogiftique  :  il  eft 
fulfureux  comme  celui  qu'on  tire,  par  le  même 
moyen,du  fel  fulfureux  de  Sraahl. 

L'acide  nitreux ,  comme  nous  l'avons  dit ,  con- 
tient  beaucoup  de  phlogiftique  :  néanmoins  il 
eft  fort  avide  de  celui  qu'on  lui  préfente  :  il  s'u- 
nit par  ce  principe  à  l'alkali  du  tartre  vitriolé ,  & 
en  dégage  l'acide  vitriolique ,  qui  a  moins  d'affi- 
nité avec  le  principe  inflammable ,  que  n'en  a 
l'acide  nitreux. 

Les  félénites ,  foit  à  bafe  de  terres  vitrifiables , 
foit  à  bafe  de  terres  calcaires  ,  ne  font  point  dé- 
compofées  par  l'acide  nitreux ,  parcequ'elles  ne 
contiennent  point  autant  de  phlogiftique  <jue 
l'alkali  fixe  :  c'eft  ce  principe  inflammable  qui  eft 
l'intermède  par  lequel ,  fuivantmoi,  l'acide  ni- 
treux décompofe  le  tartre  vitriolé  :  cet  acide , 

Ee  iv 


44*  ChYMIB   EXPktMEKTAtl 

comme  je  lki  dit  précédemment  9  facilite  feule* 
ment  la  dflolution  de  ces  fels  4  baie  terreofe, 
dans  une  moindre  quantité  d'eau* 
,  A*  refte ,  j'ai  remarqué  que  les  degrés  d'affini- 
tés de  ces  deux  acides  ,  par  la  voie  humide,  for 
l'alkali ,  différent  bien  peu  l'un  de  l'autre ,  puif- 
que  l'acide  vitriolique  qui  a  été  dégagé  par  l'a- 
cide nitreux»,  dégage  à  ion  tour  cet  acidç,& re- 
forme de  nouveau  du  tartre  vitriolé  ,  tel  qu'il 
çtoit,  fans  rien  ajouter  dans  le  mélange. 

J'ai  fait  cryftallifer  à  l'air  libre  plusieurs  mé- 
langes de  tartre  vitriolé  &  d'acide  nitreux.  LenU 
tre  qui  s'étoit  d'abord  formé  par  la  décomposition 
du  tartre  vitriolé ,  s'eft  cryftallifé  en  belles  aiguil- 
les \  mais  au  bout  d'un  certain  temps ,  ce  nitre  a 
été  décompofé  par  l'acide  vitriolique,  que  l'a- 
cide nitreux  avoir  dégagé  ,  &  qui  etoit  refté  en 
liqueur  dans  les  vafes.  Dans  l'inftant  où  le  nitre 
ço  mmence  à  être  décompofé ,  il  végète  en  forme 
d  arbriffeaux  très  bien  ramifiés  ,  8c  de  la  p/us 
grande  beauté  ;  ces  végétations  ont  peu  de  con- 
Ji  ftance  :  une  partie  de  l'acide  vitriolique  libre 
s'élève  dans  les  tuyaux  capillaires  du  nitre  qui  a 
y  égété  :  il  dégage  l'acide  nitreux  à  fon  tour  ;  & 
celui-ci,  devenu  libre,  fe  diflipe  peu  à  peu,  à 
raifon  de  fa  volatilité.  Le  nitre  qui  avoit  végété 
je  tombe  en  poudre  dans  l'acide  vitriolique,  avec 
lequel  il  reforihe  du  tartre  vitriolé.  Cette  nou-r 
y  elle  décomposition  fe  fait  fpontanément ,  juf- 
qu'à  ce  que  tout  l'acide  nitreux  foit  prefque  en*, 
tiçrement  évaporé. 

J'attribue  ces  décompositions  fucceflîves  à  l'a- 
Çide  vitriolique ,  qui  fe  déphlogiftique  par  fon 
exposition  à  Pair  libre ,  te  à  fa  fixité  plus  grande 
que  celle  de  l'acide  nitreux.  Lorfque  l'acide  vi- 
ffidU^m  Çft  ainfi  déphlogiftic^uç  ^  il  jecoi^rç 


i; 


ÏT     RAISONNÉ!.  44f 

tous  fes  droits  :  il  dégage  1  acide  nitreux  de  fa 
bafe  alkaline,  &  ce  dernier  fe  diflïpe  à  mefure ,  1 
raifon  de  fa  grande  volatilité. 

Je  me  fuis  allure  du  fait ,  en  répétant  ces  ex- 
périences dans  des  flacons  bouchés  exactement 
avec  des  bouchons  de  cryftal.  L'acide  vitriola 
que  qui  a  été  dégagé  du  tartre  vitriolé ,  ne  pou- 
vant fe  déphlogiftiquer ,  faute  du  concours  de 
l'air  extérieur,  n'a  pu  décompofer  le  nitre. 

J'ai  pareillement  reconnu  par  l'expérience, 
que  le  tartre  vitriolé  qui  refte  après  ces  décom- 
polirions  réciproques  êc  fucceflives ,  fe  laifle  dé- 
compofer de  nouveau  par  de  l'acide  nitreux  :  il 
préfente  les  mêmes  phénomènes  que  la  première 
ibis  :  on  peut  conjecturer  qu'il  feroit  également- 
décompofé ,  quand  même  il  auroit  reçu  un  grand 
jiombre  de  ces  décompofitions  fucceflives  :  cela 
arriveroit ,  parceque ,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut, 
le  phlogiftique ,  principe  de  l'alkali ,  le  partage 
toujours  entre  l'acide  vitriQlique  &  ce  même  ai- 
kali ,  lorfque  ces  fubftances  falines  fe  combinent 
çnfemble. 

Nous  avons  dit  précédemment  que  l'acide  ni- 
treux détruifoit  promptement  les  couleurs  don- 
nées à  l'acide  vitriolique  par  des  matières  inflam- 
mables ;  ce  qui  prouve  que  l'acide  nitreux  a  plus 
d'affinité  avec  ces  fubftances,  que  n'en  a  l'acide 
vitriolique.  Je  vais  rapporter  de  fuite  quelques 
expériences  qui  conftatent  la  fnême  choie  j  telles 
que  la  décoloration  de  l'acide  vitriolique  pat  1q 
liitre  en  fubftaqce ,  la  décojnpofition  du  ioufrç 
parlenitte,§çç, 


44*         Chymie   BX?ÉR!MÏNTALI 

Dépklogifiication   de  Vacïde  vitrioRque  par  le 
nitre  en  fubjtance* 

On  mec  dans  un  matras  huit  onces  d  acide  vi- 
triolique  concentré  ,  &  qui  a  été  coloré  acciden- 
tellement par  quelque  matière  combuftible  :  on 
y  ajoute  deux  ou  trois  gros  de  nitre  en  poudre  : 
on  place  le  matras  fur  un  bain  de  fable  chaud  ; 
&  on  le  fait  digérer  à  une  douce  chaleur ,  jufqu  a 
ce  que  l'acide  foit  entièrement  décoloré. 

L'acide  vitriolique  décompofe  le  nitre ,  &  dé- 
gage l'acide  nitreux  :  celui-ci  détruit  les  matières 
pluogiftiques ,  pour  les  raifons  que  nous  avons 
dites  précédemment.  Si  Ton  fait  cette  opération 
dans  une  cornue ,  ce  qui  pa(Te  eft  de  l'acide  ni- 
treux  en  plus  grande  partie  :  cependant  il  en 
refte  un  peu  de  combiné  avec  l'acide  vitriolique, 
&  qu'on  ne  peut  plus  féparer  par  ce  moyen.  Il 
refte  enoutre  l'alkali  fixe  du  nitre, qui  forme  du 
tartre  vitriolé ,  qui  ne  fe  fépare  jamais  en  entier 
de  cet  acide ,  même  dans  L'efpace  de  plufîeurs  an- 
nées :  une  partie  feulement  le  cryftailife  au  fond 
des  flacons  :  néanmoins  cet  acide  peut  fervir  dans 
beaucoup  d'opérations ,  où  une  b  grande  pureté 
n'eft  pas  néceflaire.  Javois  rapporté  cette  expé- 
rience dans  maDiJfertationfurl'Ethèr,  page  54. 
L'Auteur  qui  a  fourni  au  Journalifte  l'analyfe  de 
ce  Livre ,  dit  :  «  11  nous  femble  qu'il  ne  devroit 
»  point  y  avoir  de  précipité  ,  &  qu'il  fuffiroit , 
>»  pour  reétifier  cette  huile  de  vitriol ,  de  la  di£ 
»  tiller ,  pareeque  le  tartre  vitriolé  qui  fe  forme  » 
»  ne  peut  pas  monter  par  la  diftiliation  ».  Voyez 
le  Journal  de  Médecine ,  Avril  1758. 

L'Auteur  de  cette  remarque  n'eft  vraifembla- 
blement  pas  Chymifte  :  il  ignore  les  difficultés 


ÏT     KÀlSONNil.  44) 

qu'on  éprouve  à  faire  diftiller  cet  acide  en  fub- 
ftance  :  il  n'a  pas  fenri  que  ce  moyen  eft  emntoyé 

ftrécifément  pour  s'éviter  la  peine  de  cette  oiftii- 
ation ,  qui  eft ,  comme  je  l'ai  dit ,  très  iaborieufe. 

Nitre  &  Soufre. 

Acide  vierioliqne  tiré  du  foufre  par  la  combuftion  de  cette 
fubftance ,  &  par  l'intermède  du  niue. 

Depuis  que  Staahl  a  démontré ,  par  plufieurs 
belles  expériences ,  que  le  foufre  eft  compofé  de 
fept  parties  d'acide  vitriolique  ,  &•  d'une  de  phlo- 
giftique  ,  les  Chymiftes  ont  cherché  les  moyens 
de  tirer  avec  profit  l'acide  vitriolique  du  foufre. 
On  s'eft  apperçu  qu'il  n'y  avoit  que  le  phlogifti- 
que  qui  fe  détruifoit  pendant  la  combuftion  du 
foufre ,  &  qu'il  n'en  étoit  pas  de  même  de  l'acide 
vitriolique  j  qu'on  pouvoir  le  recueillir  en  entier. 
Mais  d'un  autre  coté,  le  foufre  ne  peut  brûler 
qu'avec  le  concours  de  l'air  :  alors  l'acide  vitrioli- 
que fe  diflipe  en  entier.  On  a  imaginé ,  pour  le 
recueillir,  des  appareils  de  vaifleaux  difpofés 
d'une  infinité  de  manières  différentes,  &  de 

Srande  capacité ,  afin  qu'ils  continrent  beaucoup 
air ,  &  qu'ils  fuffent  par-là  en  état  d'entretenir 
la  combuftion  du  foufre  :  mais  tous  ces  appareils 
ont  été  infru&ueux ,  puifqu'on  ne  retiroit  pas  la 
dixième  partie  de  l'acide  vitriolique  du  foufre. 
Nous  ne  parlerons  point  de  ces  appareils ,  parce- 
quils  font  trop  nombreux,  &  la  plupart  trop 
compliqués,  pour  opérer  avec  économie. 

Ce  n'eft  que  depuis  une  dizaine  d'années  qu'on 
eft  parvenu  à  tirer  du  foufre  tout  l'acide  qu'il 
contient,  par  le  moyen  du  nitre.  Ce  fei  facilite 
la  combuftion  du  phlogiftique  du  foufre  dans  les 
vaifleaux  clos.  Il  paroit  que  cette  découverte  a 


444  ChYMIE   EXPÉRIMENTAL! 

été  faite  à-peu-près  en  même  temps ,  en  Hollande 
&  en  Angleterre,  Le  procédé  que  1  on  croyoic 
fuffifant  à  la  réparation  de  cet  acide  du  foufre ,  a 
été  publié  dans  un  Livre  qui  a  pour  titre  :  les  Se- 
crets &  les  Fraudes  de  la  Chymie  &  de  la  Pharma- 
cie modernes  dévoilés.  J'ai  inféré  ce  procédé  dans» 
le  Diàionnaire  portatif  des  Arts  &  Métiers  j  tome 

fremier,  page  340.  Mais ,  in  étant  apperçu  que 
humidité  de  l'eau  du  ballon  faifoit  un  obftacle 
a  la  combuftion  du  foufre ,  j'ai  recommandé  dans 
rAvertiffement  qu'on  a  mis  à  la  tète  du  premier 
volume  de  cet  ouvrage ,  page  1  a ,  première  édi- 
tion ,  de  faire  cette  decompefition  du  foufre  par 
l'intermède  du  nitre ,  dans  un  appareil  femblable 
à  celui  dont  nous  avons  parlé  à  l'article  du  dif- 
fus de  nitre.  Voici  ce  procédé  qui  réuflLt  très 
bien. 

On  difpofe  dans  un  fourneau  une  cornue  de 
fer  de  fonte ,  d'environ  trois  ou  quatre  pintes,  Sç 
qui  ait  à  fa  partie  fupérieure  une  ouverture 
ronde,  d'environ  deux  pouces  de  diamètre,  qu'on 
bouche  &  débouche  à  volonté ,  avec  un  bouchon 
aufli  de  fer  fondu ,  ou  de  terre  cuite  :  on  adapte 
à  cette  cornue  un  grand  ballon  de  verre  ou  de 
grès ,  percé  d'un  petit  trou  :  on  met  quelques  on- 
ces d'eau  dans  le  ballon  :  on  lute,  avec  du  lut  gras» 
les  jointures  des  vaifleaux.  Lorfque  l'appareil  eft 
ainfi  difpofé ,  on  fait  du  feu  fous  la  cornue  pour 
en  faire  rougir  obscurément  le  fond  :  alors  on 

Srojette  par  cuillerées,  par  l'ouverture  fupérieure 
e  la  cornue ,  un  mélange  de  feize  onces  de  fou- 
fre ,  d'une  once  de  nitre  ,  &  d'une  once  de  char- 
bon en  poudre  :  quand  la  déflagration  de  la  pre- 
mière cuillerée  eft  pafTée ,  on  remet  une  nouvelle 
Suantité  du  même  mélange ,  &  on  continue  ainfi 
ç  fuite,  jufqu'à  ce  que  l'on  ait  employé  3AWU 


ït    HAisoKilii.  44 J 

cle  matière  qu'on  juge  à  propos  :  alors  on  tire  la 
liqueur  du  ballon  .,  &  on  la  redfcifie  dans  une  cor- 
nue de  verre:  on  conferve  l'acide  dans  des  fla- 
cons* 

Remarques. 

Dans  FAvertiflement  du  Dictionnaire  des 
Arts  y  j'avois  recommandé  d'ajouter  au  mélange 
de  nitre  &  de  foufre ,  une  once  de  charbon  en 
poudre ,  pareeque  dans  le  procédé  publié  dans  le 
livre  des  Secrets  &  Fraudes  de  la  Chymie,  &c.  l'Au- 
teur recommande  d'employé*  de  la  filaflè  pour 
faciliter  la  combuftion  du  foufre.  Je  penfai  que, 
matière  combuftible  pour  matière  combuftible  , 
le  charbon  en  poudre  doit  être  préféré,  en  ce 
qu'il  ne  peut  pas  fournir  de  fubftance  inflamma- 
ble dans  l'état  huileux ,  comme  le  fait  la  filafle; 
ce  qui  altère  la  pureté  de  l'acide  vitriolique. 

J'ai  fait  cette  opération  dans  des  cornues  de 
grès  &  dans  des  cornues  de  Hefle  :  les  premières 
(ont  fort  finettes  à  fe  cafler ,  6c  les  dernières  font 
trop  poreuies  :  elles  taillent  tranfpirer  beaucoup 
d'acide.  Je  recommande  d'employer  des  cornues 
de  fer,  pareeque  j'ai  éprouvé  que  les  acides  les 

1>lus  concentrés  agitent  difficilement  fur  le  fer 
bndu.  Je  préfume  qu'elles  doivent  réuffir  ;  mais 
|e  ne  les  ai  point  éprouvées*  Au  moyen  de  ce  que 
a  chaleur  du  fond  de  la  cornue  eft  permanente, 
h  foufre  s'enflamme  en  totalité ,  ou  à-peu^près, 
11  y  a  toujours  une  portion  de  foufre  qui  fe  fu~ 
blime ,  avant  que  de  pouvoir  fe  brûler  avec  le 
nitre  ;  mais  au  moins  eft-il  certain  que  la  plus 
grande  partie  fe  décompofe  compiettement ,  6c 
fournit  tout  fon  acide  vitriolique.  Les  vapeurs 
qui  s'élèvent  par  cette  déflagration ,  paflent  dans 
le  ballon ,  6c  ne  fe  çoodenfent  que  leneepieiu:  : 


44<?  Chymie  expérimentale 
c'eft  pour  faciliter  leur  condenfation ,  qu'on  met 
un  peu  d'eau  dans  le  ballon.  Afin  de  ne  pas  per- 
dre de  temps  pendant  que  les  vapeurs  fe  conden- 
fent,  on  peut  difpofer  iiir  un  fourneau  long,  une 
file  de  plusieurs  appareils  femblables  :  on  pafle 
d'un  vaifleau  à  un  autre  :  parce  moyen,  les  vapeurs 
du  premier  ont  le  temps  de  fe  ccyidenfer ,  avant 
qu'on  y  revienne  pour  y  introduire  une  nouvelle 
cuillerée  de  mélange. 

Pour  que  l'inflammation  du  foufre  fe  faffe  d'une 
manière  avantageufe  Se  durable ,  il  faut  que , 
d'une  part ,  le  foufre  foit  mêlé  avec  une  fubftance 
quipuifle,  fans  le  concours  de  l'air ,  exciter  fon 
inflammation  dans  des  vailleaux  clos.  Le  nitre  eft 
très  propre  à  produire  cet  effet ,  &  le  charbon  à 
foutenir  cette  inflammation  :  il  faut ,  d'une  autre 
part ,  que  le  mélange  foit  appliqué  à  une  chaleur 

{permanente  qui  puifle  entretenu:  la  combuftion  : 
ans  cette  dernière  condition ,  le  foufre,  quoique 
mêlé  avec  du  nitre ,  peut  être  enflammé  pendant 
quelques  moments ,  mais  ils  ne  tarde  pas  à  s'é- 
teindre :  c'eft  pour  cette  raifon  que  j'ajoute  un  peu 
de  charbon  au  mélange  :  au  moyen  de  ce  que  le 
cul  de  la  cornue  eft  rouge,  l'inflammation  du 
foufre  fubfifte  ,  &  fa  décompofition  a  lieu. 

C'eft  fur  des  obfervatioiîs  femblables ,  qu'on  a 
établi,  en  Angleterre  &  en  Hollande,  des  atteliers 
confidérables ,  dans  lefquels  on  tire  avec  profit 
l'acide  vitriolique  du  foufre  :  voici  le  moyen 
dont  on  a  fait  ufage  en  Angleterre  jufqu'à  ces 
derniers  temps  :  on  m'a  allure  en  même  temps 

3u'on  avoit  abandonné  ce  procédé ,  ayant  trouvé 
epuis  quelques  années  une  méthode  encore  plus 
fimple  &  plus  économique. 

On  emploie  des  ballons  de  verre  de  quatre  1 
cinq  pieds  de  diamètre,  qui  tiennent  quatre  i 


JB  T     R.AISONN&E.  447. 

cinq  cents  pintes ,  mefure  de  Paris.  On  fait  un 
lit  de  fable  :  on  pofe  les  ballons  deflus ,  en  in- 
clinant le  col  horizontalement  :  on  en  établit 
deux  files  fembiables ,  placées  l'une  vis-à-vis  de 
l'autre  :  on  obferve  de  conferver  entre  ces  deux 
files  un  efpace  fuffifant ,  pour  que  plufieursper- 
fonnes  puiflerit  pa(Ter  de  front ,  &  qu'elles  puif* 
fent  agir ,  fans  craindre  de  cafler  les  vaifTeaux  : 
on  met  dans  chaque  ballon  une  ou  deux  pintes 
d'eau ,  &  on  introduit ,  par  l'ouverture ,  un  pot 
de  grès  d'environ  fix  pouces  de  hauteur ,  fur  le* 
quel  on  place  enfuite  une  cuiller  de  fer  de  fonte 
un  peu  épaiffe ,  à  long  manche ,  &  qu'on  a  fait 
rougir  auparavant.  On  y  met ,  par  le  moyen  d'une 
autre  cuiller  de  fer  blanc  ,  auflî  à  long  manche , 
une  cuillerée  de  mélange  de  nitre  &  de  foufre , 
fait  dans  les  proportions  de  huit  parties  de  fou- 
fre &  d'une  de  nitre.  Le  mélange  s'enflamme  i 
la  faveur  de  la  chaleur  de  la  cuiller  :  on  ferme 
l'ouverture  du  ballon  avec  une  petite  trape  de 
bois ,  qu'on  a  difpofée,  à  cet  effet  >  à  l'ouverture 
de  chaque  ballon.  Le  foufre  produit,  par  fa  corn* 
buftion  y  une  flamme  très  grande ,  qui  remplit 
de  vapeurs  blanches  toute  la  capacité  du  ballon. 
Lorfque  ces  vapeurs  font  un  peu  condenfées ,  on 
retire  la  cuiller ,  &  on  les  laifle  fe  condenfer  com- 
plètement :  pendant  qu'elles  fe  condenfent,  on 
fait  la  même  opération  dans  le  fécond  ballon , 
dans  le  troifieme,  &  ainfi  de  fuite ,  jufqu'à  ce 
que  l'on  foit  parvenu  au  bout  de  la  première  fi- 
le :  on  fait ,  en  revenant ,  la  même  opération  fur 
l'autre  file  de  ballons  j  &  lorfqu'on  eft  arrivé  au 
dernier  de  cette  féconde  file ,  l'Artifte  fe  trouve 
ramené  vis-à-vis  du  premier  ballon ,  par  où  il  a 
commencé.  Les  vapeurs  fe  trouvent  alors  con- 
denfcçs  :  t'eft  au  Manufacturier  d'avoir  l'atten- 


44*  ChY^I*   ÉXPiltlXfEtf  TÀt* 

tion  d'employer  un  nombre  fuffifant  de  ferobb- 
blés  ballons ,  pour  que  celui  qui  les  charge ,  (t 
trouve  continuellement  occupe  ,  fans  être  obligé 
d'attendre  la  condenfarion  des  vapeurs. 

On  continue  ainfi  de  faire  brûler  da  Jbdre 
dans  les  mêmes  ballons  ,  iufqu'à  ce  que  l'eau 

Îu'ils  contiennent  foit  luflîfamment  chargée 
'acide  :  alors  on  retire  la  liqueur  avec  une  cuil- 
ler de  fer  blanc  :  on  la  verfe  dans  des  cornues  de 
verre  qqe  Ton  place  fur  un  bain  de  fable, dans 
des  fourneaux  alongés  que  Ton  nomme  galats  r 
on  adapte  des  récipients  aux  cornues  :  on  procède 
à  la  diftilktion  pour  féparer  la  partie  aqueufe, 
jufqu'à  ce  que  l'acide  <jui  refte  dans  la  cornue, 
foit  concentré  au  point  de  pefer  une  once  fepr 
gros  &  demi  dans  une  bouteille  qui  contient  une 
once  d  eau  î  cela  forme  l'acide  vitriolique  connu 
dans  le  commerce  fous  le  nom  à* huile  de  vitriol 
propre  aux  opérations  de  Chymie ,  Ôcdes  Manu- 
facture* qui  emploient  cet  acide. 

En  Angleterre  Se  en  Hollande ,  on  emploie  de* 
ballons  de  verre  d'une  grandeur  considérable; 
mais,  comme  ces  vailTeaux  font  très  fragiles  Se 
fort  coûteux ,  je  confeille  de  fubftiruer  à  leu* 

Îlace  des  ballons  de  grès  dé  femblable  volume. 
,es  acides  n'ont  point  d'a&ion  fur  cette  efpecc 
de  poterie ,  quand  elle  eft  bien  cuite. 

Pour  faire  rougir  les  cuillers  commodément, 
on  conftrûit  une  petite  brouette  qui  contient  un 
«chaud  de  tôle ,  dans  lequel  on  fait  un  feu  de 
charbon  aflez  fort  pour  les  faire  rougir.  Ces  cuil- 
lers doivent  être  en  fer  fondu,  d'un  demi-pouce 
de  profondeur,  auflî  larges  par  le  bas  que  par 
le  haut,  ayant  la  forme  d'une  tabatière  ronde, 
(ans  couvercle,  Se  de  fix  lignes  ou  environ  d'é- 

•  jpaiffear, 


tiai&ur,  afin  quelles  puiflent  conferv'er  affez  dé 
chaleur  pour  confumer  tout  le  mélange  qu oïl 
mec  chaque  fois. 

Il  faut  avoir  Foin  ,  lorfqu  on  introduit  de 
nouvelle  matière ,  de  n'en  pas  répandte  dans  le 
ballon  :  ce  feroit  mêler  des  fubftances  noh  décôiii- 

fofées,  avec  l'acide  cjui  feroit  déjà  fait*  Tout 
acide  vitriolique  qui  eft  a&uellement  dans  lé 
commerce,  eft  tiré  du  foufre  par  des  procédés 
femblables ,  ou  peu  différents  de  ceux  dont  nous 
venons  de  parler.  Plusieurs  fabriquants  penfeht 
qu'il  n'eft  bas  néceflaire  de  Faire  entrer  du  char- 
bon dans  le  mélange  :  cependant  j'ai  ébfervé 
qu'il  produifoit  uti  meilleur  effet ,  &  qu'il  procu- 
roit  l'inflammation  d'une  plus  grande  quantité 
de  Foufre.  Les  ouvriers  apportent  apparemment 

S>eud'exa£bitude  dans  leurs  opérations  :  oh  tr&uvé 
buvent  au  fond  des  bouteilles,  des  dépôts  Cohfï- 
dérablesdeFélénite  &  de  tartre  vitriolé ,  dont  Une 
partie  refte  en  diflblûtion  dans  cet  acide.  J'ai  trou- 
vé dans  une  bouteille  pleine  d'huile  de  vitriol  i 
une  petite  meFure  de  fer  blanc,  de  la  conteftarïcé 
d'environ  deux  onces  d'eau.  Cette  mefure  étoiÉ 
depuis  plus  d'un  an  dans  cet  acide ,  fans  qu'elle 
fut  endommagée  de  la  moindre  chofe ,  &  Fans 
que  l'étamage  fut  détruit  j  ce  qui  eft  un  indicé 
que  les  ouvriers  emploient  des  outils  de  fer 
blanc,  pour  puiibr  l'acide  vitriolique  dans  les 
ballons ,  &  qu'on  peut  s'en  fervir  avec  fécurité. 
Le  nitre  eft  abfolùtnent  néceflaire  pour  faire 
brûler  le  Foufre  Fans  le  concours  de  l'air  :  j'ai  mis 
dans  un  tèt  à  rôtir,  que  j'avois  Fait  rougir  aupa- 
ravant, un  gros  de  loutre  en  poudra  j  je  l'ai  re- 
couvert d'une  cloche  de  verre*  garnie  de  Fàblé 
tout  au  tour  i  le  Foufre  s'eft  enflammé  Fuf-lë- 
ehamp  j  il  à  raréfié  l'air ,  &  l'a  fait  refluer  par  lei 
Tome  h  Ff 


45e  Chymii  ixrkiuïNTALt 
bords  de  la  cloche ,  enrepouflant  le  fable  :  f  ai  re- 
garni  de  fable  les  bords  de  la  cloche  }  le  foufre 
a  ce(lé  de  brûler,  &  il  s'emflammoit  auffi  tôt 
que  je  levois  la  cloche»  11  n'en  a  pas  été  de  mê- 
me du  mélange  de  foufre  &  de  nicre :  il  s'eft 
enflammé  avec  beaucoup  de  facilité  ;  mais  il  j 
a  une  portion  de  foufre  qui  s'eft  fublimée.  Ce 
dernier  mélange  étoit  compofé  de  cinq  parties 
de  foufre  &  d'une  de  nitre.  On  peut  conclure  de 
ces  expériences,  que  l'inflammation  totale  du 
foufre ,  d'où  réfulte  fa  décompofition ,  eft  due  à 
des  dofes  prccifes  de  nitre.  Je  n'ai  point  fait  d'ex- 
périences pour  en  connoître  les  meilleures  pro- 
portions. Un  femblable  mélange ,  auquel  j'ai 
ajouté  du  charbon ,  s'eft  encore  mieux  enflammé. 

J'ai  mêlé  enfemble  un  gros  de  foufre  en  pou- 
dre ,  huit  grains  de  nitre  &  huit  grains  de  char- 
bon. J'ai  enflammé  ce  mélange  avec  un  petit  char* 
bon  ardent,  &  l'ai  recouvert  d'une  cloche  de 
verre  :  il  a  très  bien  brûlé  fans  le  concours  de  1  air, 
&  fans  le  fecours  d'une  cha'eur  étrangère  ;  il  of- 
froit ,  pendant  fon  inflammation ,  un  fpeâacle 
fort  agréable  :  la  portion  de  foufre  qui  fe  reduifoit 
en  vapeurs  ,  s'enflammoit  par  intervalle  par  la 
communication  de  la  flamme  du  mélange  j  ce 
qui  formoit  une  lumière  phofphorique ,  lembla- 
ble  à  celle  qui  fubfifte  dans  le  ballon  ,  après  la 
diftillation  du  phofphore  d'urine. 

Dans  toutes  ces  inflammations ,  il  y  a  toujours 
une  portion  de  foufre  qui  échappe  à  la  combuf- 
tion  :  une  partie  eft  dans  un  état  de  demi-décom- 
pofition  :  elle  eft  diflbute  par  l'acide  vitriolique. 
J'ai  reconnu  dans  une  infinité  d'expériences  de 
recherches  que  tout  l'acide  virriolique  qui  eft 
dans  le  commerce ,  contient  réellement  une  pe- 
tite quantité  de  foufre  en  diflblution  j  c  eft  14 


t  f    kAîsôtofeic.  4$* 

Vraisemblablement  ce  qui  eft  caufe  en  partie  qu'il 
fournie  de  l'acide  fulfureux ,  toutes  les  fois  qu'on 
foumet  à  la  rectification  cet  acide  vitriolique  y 
même  celui  qui  eft  le  plus  blanc  &  qui  paroît 
le  plus  pur  :  de  parfaitement  blanc  qu'il  eft,  il 
acquiert  toujours  dans  les  cornues  une  légère 
Couleur  ambrée  qu'il  perd  très  difficilement,  fans 
l'addition  d'un  peu  d  acide  nitreux  :  on  eft  obligé. 
de  le  faire  chauffer  plufieurs  jouis  de  fuite ,  pour 
pouvoir  complètement  détruire  cette  couleur. 

Dccompofition  du  nitrepar  C  intermède  du  foufre* 
diffus  de  nitte  &  de  foufre.  Sel  polychrefte  de  Glàser. 

Nous  avons  vu  que  le  phloeiftique  des  char-, 
bons  décompofoit  le  nitte ,  &  detruiloit  fon  acide. 
Le  foufre  decompofe  de  même  le  nitre  $  mais , 
comme  il  ne  contient  pas  affez  de  phlogiftique  , 
il  ne  peut  détruire  tout  l'acide  nitreux  :  on  peut 
le  recueillir  en  grande  partie. 

On  difpofe  un  appareil  femblable  à  celui  que' 
nous  avons  décrit  pour  le  diffus  de  nitre  :  on  tait 
de  même  rougir  le  fond  de  la  cornue  :  par  la  tu-» 
bulure,  on  projette  par  cuillerées  un  mélange  de 
parties  égaies  de  nitre  &  de  foufre.  11  fefait  cha- 
que fois  une  grande  déflagration ,  &  fort  peu  de 
détonnation  :  il  pafTedans  le  ballon  beaucoup  de 
vapeurs  blanches  qui  fe  coridenfent  difficilement. 
Lorfque  la  déflagration  eft  pafTée  >  on  remet  une 
nouvelle  quantité  de  matière  :  on  continue  ainfi 
de  fuite ,  jufqu'à  ce  quon  ait  employé  la  quan- 
tité du  mélange  qu'on  a  difpofée.  Lorfque  les  va- 
peurs font  condenféeS ,  on  délute  le  ballon  :  on  < 
verfe  ce  qu'il  contient  dans  un  flacon.  La  liqueur 

3u'on  obtient ,  eft  un  mélange  d'acide 'nitreux  Se 
acide  vitriolique  fulfureux  volatil. 

Ffij 


45*  CHYtflE    EXPERIMENTALE 

Il  refte  dans  la  cornue  une  combinaifon  de 
l'alkali  du  nicre  &  de  l'acide  vitrioiique  du  fou- 
fre. On  fait  diflbudre  cette  maffe  faline  dans  une 
fufiifante  quantité  d'eau  :  on  la  fait  évaporer  juf- 
qu'à  légère  pellicule  :  on  filtre  la  liqueur  :  elle 
fournit ,  par  le  refroidiflement >  de  vrais  cryftaux 
de  tartre  vitriolé ,  auquel  on  a  donné  le  nom  de 
fclpolychreftc  de  Glafer. 

Remarques. 

Lorfqu'on  n'a  intention  que  de  faire  le  fel  poly- 
çhreftç  de  Glafer  >  fans  recueillir  les  vapeurs  aci- 
des qui  fe  dégagent  de  ce  mélange ,  on  projette 
la  matière  par  cuillerées ,  dans  un  creufet  que 
l'on  a  fait  rougir  auparavant ,  &  on  attend  de 
même  que  la  déflagration  foit  paflee ,  avant  que 
de  remettre  une  nouvelle  dofe  de  mélange.  Lorf- 
que  toute  la  matière  que  l'on  a  difpofée  eft  em- 
ployée ,  on  fait  calciner  la  matière  du  creufet ,  & 
on  la  fait. entrer  en  fufion  :  on  coule  ce  fel  dans 
un  mortier  de  fer  >  bien  fec  &  un  peu  chauffé  :  on 
le  fait  ditfbudre  dans  de  l'eau ,  &  on  procède  pour 
le  refte ,  comme  nous  venons  de  le  dire*  On  ob- 
tient pareillement  des  cryftaux  de  tartre  vitriolé  : 
on  continue  ieçévaporations  &  les  cryftaltifations 
jufqu'à  ce  que  la  liqueur  refufe  de  fournir  du 
fel. 

Le  cliflus  de  nitre  Se  de  foufre  eft  une  opéra- 
tion par  laquelle  on  démontre  que  lacide  nitreiuc 
n'eft  pas  détruit  pendant  fa  déflagration  avec  le 
phlogiftique  du  foufre ,  comme  il  Feft  par  celui 
du  charbon:  on  attribue  communément  ce  défaut 
à  ce  qu'il  n  y  a  pas  dans  le  foufre  aflez  de  phlogif- 
tique pour  proouire  la  deftruétion  de  l'acide  ni- 
treux  ;  mais  ne  pourroit-on  pas  plutôt  l'attribuer 
i  l'état  fous  lequel  ce  principe  inflammable  fe 


ET     RAISONNÉ  S,       *  453 

trouve  dans  le  foufre  ?  Pendant  la  déflagration  d* 
ce  mélange  dans  le  creufet ,  on  voit  de  même  cet 
acide  fortir  en  vapeurs  rouges-orangées ,  &  fort» 
mer  un  cercle  qui  entoure  la  flamme  du  foufre. 

On  a  donné  à  ce  fel  le  nom  de  fel  polychrefte 
de  Glafcr yàvi  nom  de P Auteur.  Quelques  per* 
fonnes  ont  voulu  mettre  une  différence  entre  ce 
fel  &  le  tartre  vitriolé  ;  mais  c'eft  une  de  ces  dif- 
tinâions  mal  fondées.  Toutes  les  fois  que  L'ai? 
kali  fixe  fe  trouve  uni  à  l'acide  vitriolique ,  il  ré* 
fuite  toujours  du  tartre  vitriolé,  quelle  que  foit  la 
fubftance  qui  fournUTe  cet  acide. 

Poudre  à  canon. 

La  poudre  à  canon  eft  un  mélange  intime  A 
très  exa&,  de  nitre*  dé  foufre  &  de  charbon. 

On  prend  fis  onces  de  nitre  très  pur,  une  once 
de  charbon  broyé  fur  le  porphyre ,  &  deux  onces 
de  foufre  :  on  fait  piler  &  triturer  en&mble 
ces  matières  dans  un  mortier  demacbreavec  un 
pilon:: de  bow,  pendant  fept  à  huit  heures  fans 
relâche ,  par  deux  hommes  placés  vissb»visv  Pua 
de  l'autre  autour  du  mortier ,  qui  fe  relaient  de 
quart  d'heure  en  quart  d'heure.  H  faut  que  le 
mélange  reçoive  environ  fept  mille  caups.de  < 
pilon  par  heure.  On  l'arrofe  avec  quatre  onces 
d'eau ,  qu'on  ne  met  que  peu-a-peu  ,&  en  aàînze 
ou  vingr  fois.  Cette  quantité  d'eau  doit  sfarapo- 
ter  pat  lefeul  mouvement  du  pilon;  On  tire  la 
matière  hors  du  mortier.  Lorfqu'eite  eft  féchéé 
au  point  de  ne  pouvoir  plus  fe  latfier  triturer , 
fans  fortir  hors  du  mortier  comme  une  matière 
fluide ,  alors  on  la'  fait  fécher  au  foleil  :  c'eft  de 
cette  manière  qu'on  doit  préparer  les  poudres 
dont  on  veut  faire  des  eflais ,  &  on  ne  doit  pas 
les  grener ,  pareeque  l'humidité  qu  on  eft  obligé 

•  FfiiJ 


454         ChYMTE   EXPiftXMEHTALf 

de  conferver  au  mélange ,  pour  pouvoir  le  gré* 
ner ,  facilite  la  cryftalliiation  du  nitre ,  &  dimi- 
nue la  force  de  la  poudre. 
•  Si  cependant  on  veut  grener  cette  poudre, 
il  faut  la,  prendre  dans  un  degré  de  ficcité  tel 
qu'elle  forme  une  pâte  feche ,  qui  ne  puiffe  lait 
1er  aucune . trace  d'humidité,  lorsqu'on  la  pofe 
fur  une  afliette  de  faïance.  On  la  met  dans  une 
boîte  de  fer  blanc  :  on  la  fecoue  rapidement  en 
tous  fens  P  en  la  frappant  de  temps  en  temps  con- 
tre la  paume  de  la  main.:  on  continue  cette  ma-* 
nœuvre  jufqu'à  ce  que  la  plus  grande  partie  de  la 
poudre  foit  réduite  en  grains  :  on  fépare  le  pouf* 
lier  par  le  moyen  d'un  tamis  de  foie.  La  portion 
de  poudre  qui  s'eftgrenée  refte  fur  le  tamis.  On 
remet  ces  grains  de  poudre  dans  la  même  boîte 
de  fer  blanc ,  après  lavoir  nettoyée  :  on  l'agite  de 
même  pendant  environ  une  heure ,  jufqu'à  ce 
que  les  grains  deviennent  fuffifararaenc  luifants  : 
cette  dernière  agitation  fe  nomme  lijftr  la  pou* 
drt'z  on; fépare  le  pouflier  par  le  moyen  d'ua  ta-r 
nais  y  &on  fait  fécher  au  foleil  la  poudre  grenée. 

Remarques** 

En  1.751 ,  M.  le  Chevalier  d'Arcy,  de  l'Aca* 
demie  Royale  des  Sciences  4  me  pria  de  faire  l'a« 
nalyfe  de  plufieurs  poudres  ,  dont  les  forces 
étoient  différentes ,  afin  de  connoître  fi  on  de* 
voit  les  attribuer  auxdofes  des  fubftançes  qui 
les  compofoient ,  &  qu'on  pouvoir  foupçonner 
n'être  pas  lesrtiêmes,ou  être  toute  autre  chofe. 
Il  me  pria  aufli  de  compofer  de  nouvelles  pou- 
dres ,  a  l'effet  de  déterminer  les  meilleures  pro- 
portions des  fubftançes  qui  cômpofent  la  poudre* 
Je  fis  Air  cet  objet  beaucoup  d'expériences  >  dont 
1$  vais  rendre  compte. 


ET     HA!SOKKit.  45  f 

La  bonté  de  la  poudre  dépend  de  trois  objets 
principaux:  i°.  du  choix  des  matières:  i°.  des 
dofes  de  ces  matières  :  }*•  enfin  ,  de  la  manipu- 
lation. 

A  l'égard  du  premier  objet ,  on  doit  faire  choir 
de  nitre  très  pur ,  bien  cryftallifé ,  exempt  de  fel 
marin,  &  parfaitement  égoutté  de  toute  eau-me- 
re.  Ces  matières  retardent  l'inflammation  du  ni-, 
tre  :  elles  diminuent ,  par  conféquent,  les  effets 
de  la  poudre.  Nous  avons  fait  des  eflais  des 
poudres  dans  lefquelles  nous  avions  fait  en- 
entrer  différentes  dofes  de  fel  marin  qui  en  di- 
minuoitconfidérablementla  force.  Lorfque  nous 
examinerons  les  matériaux  d'où  Ton  tire  le  nitre, 
jiou.s  ferons  quelques  obfervations  fur  celui  qu'on 
emploie  dans  les  poudres. 

Le  charbon  doit  être  bien  fait  :  on  doit  rejet- 
ter  avec  foin  les  fumerons.  On  avoit  toujours 
penfé  que  le  charbon  des  bois  légers  devoir  être 
préféré  à  celui  des  bois  pefants  j  mais  ils  font  tous 
également  bons.  J'ai  fait  de  la  poudre  avec  du 
charbon  de  bois  de  gayac  &  de  buis,  qui  font  de* 
bois  pefants }  &  dans  d'autres  eflais,  j'ai  employé 
du  charbon  de  bois  léger ,  &  de  matières  végéta- 
les légères ,  tels  que  le  charbon  de  bois  de  til- 
leul ,  le  charbon  de  moelle  de  fureau ,  celui  de 
liège ,  &  le  charbon  ordinaire.  Tous  ces  char- 
bons (toutes  chofes  égales  d'ailleurs  )  n'ont  ab- 
folument  apporté  aucune  différence ,  &  ont  pro  • 
duit  exactement  les  mêmes  effets.  A  Efsône ,  ou 
l'on  fabrique  de  la  poudre,  on  fe  fert  de  char- 
bon de  bois  de  bourdaine ,  quoiqu'il  ne  foit  pas 
meilleur  que  le  charbon  ordinaire  qu'on  brûle 
dans  les  laboratoires  de  Chymie.  Le  charbon  des 
jnatiere$  animale»  eft  décidément  mauvais,  & 

FflY 


4$6  CHYMIE    EXPERIMENTALE 

feroit ,  ainfi  que  le  noir  de  fumée ,  défeâueux 
pour  la  compofition  de  la  poudre. 

Le  foufre  n'exige  aucune  préparation ,  if  fuffit 

2u'  il  foie  pur  :  on  emploie  ordinairement  le  fou- 
e  en  canon  :  on  peut  indiftinûemenr  faire  ufage 
de  la  fleur  de  fourre  qui  eft  auffi  bonne  pour  la  fa- 
brication de  la  poudre. 

Quant  aux  dofes  des  matières ,  celles  du  fou- 
fre &  du  charbon  peuvent  varier  un  peu  ,  faiïs 
que  les  effets  d* la  poudre  changent  d'une  manière 
marquée.  Pour  connoître  les  meilleures  propor- 
tions des  ingrédients ,  noua  avons  fait  plusieurs 
expériences ,  dans  lesquelles ,  x  °.  nous  avons  fait 
yarier  les  quantités  de  foufre  >  celles  de  nitre  & 
de  charbon  reftant  les  mêmes  }  x°.  les  quantités 
de  nitre  &  de  foufre  étant  confiantes,  nous  avons 
varié  les  dofes  de  charbon.  Il  aurait  fallu  faire 
enfin  la  troiiiemeçlatfe  d'expériences ,  en  laifïant- 
confiantes  les  quantités  de  charbon  Se  de  ibufre , 
Çc  variant  les  dofes  de  nitre  j  mais  M.  le  Che- 
valier d' Arcy  obferve  que  les.  fecours  ayant  trtan- 
3ué,  cette  partie  eftreftée  à  faire.  Voye?  Ejfai 
'une  Théorie  d'Artillerie  ^  page  f  4. 
La  manipulation  étoit  ce  qu'il  y  avoit  de  plus 
difficile  à  trouver ,  pour  remplir  avec  exaâitude 
le  plan  d'expériences  que  nous  nous  étions  pro- 
pofé,  Il  falloir  que  cette  manipulation  fût  telle 

3ue  l'on  pût  être  certain  qu'avec  des  quantités  : 
onnées  des  trois  ingrédients ,  on  feroit  de  ta 
poudre  dont  les  effets  feraient  confiants.  Ce  n  eft 
qu'après  beaucoup  d'expériences  que  j'y  fuis  par- 
venu. J'ai  reconnu  qu'il  falloit  abfolument  re- 
noncer à  grener  les  eflais  que  nous  voulions  com- 
parer. Il  eft  plus  exad  de  les  triturer  dans  le  mor- 
tier ,  lufqu  a  ce  qu'ils  deviennent  fi  fecs ,  qu'il  ne 
fort  plus  poffible  de  les  remuer,   fans  qu'ils  vol- 


\ 

■    JT      RAISONNER  457 

eigent  hors  du  mortier ,  comme  de  la  farine  très 
feche  qu'on  y  voudrait  remuer  :  fans  cette  condi- 
tion, lèse  (Tais  doivent  être  regardés  comme  ab« 
folmnent  manques  >  aufli  les  réfufotts  qu'ils  don- 
noient  aux  épreuves  n'épient  jamais  femblables» 
Lorfquon  veutgrenev  la  poudre,  on  eft, obligé 
de  conserver  au  mclangeun  peu  d'humidité  $  fans 
cela,  il  feroit  impoOibie  de  le  former  en  grains  t 
c'eft  du  plus  grand  degré  de  (iccité  >  où  lemclange 
fe  rrouve  avant  de  le  grener  ?  que  dépend  la 
bonté  de  la  poudre,  Lorfqu  il  eft  trop  Humide  , 
la  poudre  fe  eraifle  avec  beaucoup  de  facilité; 
mais  le  nitre  le  réunit  &  fe  cryftallife  dans  l'in- 
térieur des  grains  ;  il  ne  fe  trouve  plus  dsftôbué 
numériquement  avec  les  molécules  du  foufre  & 
cfu  charbon.  Si  l'on  coupe  en  deux  de  femblables 
grains  de  poudre,  on  difttngua,  à  l'aide  d'une 
bonne  loupe,  le  nitre  aryftàllifé  dans  l'intérieur, 
La  poudre  a  d'autant  moins  de  force ,  qu'elle  étoit 
plus  humide  avant  que  de  la  grener.  C'èft  ce 
qui  active  à  toutes  les  poudres  qu'on  grene ,  par-* 
cequelles  contiennent  davantage  de  nitre  de  raf- 
femblé}  elles  perdent  fenfiblement  de  leur  force 
au  grenage  :  ce  n'eft  que  du  plus  au.  moins  ^  cet 
accident  eft  inévitable  :  les  poudres  feraient  d'un 
fervice  très  incommode  fi  elles  n  etoient  pas  ré- 
duites en  grains.  Tout  l'art  du  poudrier ,  pour 
confervQ*  à  la  poudre  la  force  qu'elle  a  reçue  dar 
les  opérations  qui  précèdent  le  grenage ,  coniifte 
donc  à  ne  la  tirer  des  mortiers ,  pour  la.  grener , 
que  iorfquclle  a  le  moins  ^humidité  poflible.  Or 
il  eft  faille  de  fentir  combien  ces  observations 
font. difficiles  i  faite ,  lorfquon  fait  des  effais  qui 
doivent  être  comparés  encre  eux  :  c'eft  pour  cette 
raifon  que  nous  avons  été  obligés  de  renoncer  à 
grener  nos  différents  eflais»  Nous  ayons  re$Qftnu, 


? 


4$9  ChYMTÎ   tXPÉHIMENTÀt* 

toutes  chofes  égales  d'ailleurs ,  que  la  poudre  quî 
avoir  été  parfaitement  deflféchée  dans  le  mortier, 
par  le  feul  mouvement  de  la  trituration  ,  avoit 

I)lus  de  force  que  celle  qui  avoit  été  grenée ,  dans 
es  circonftances  même  les  plus  avantageuses. 
En  vain  obje&eroit-on  que  la  poudre  grenée 
préfente  moins  de  furface ,  qu'elle  s'enflamme  en 
moindre  quantité,  &  que  c'eft  par  cette  raifon 
qu'elle  paroît  avoir  moins  de  force.  Nous  avons 
pulvérifé  &  pa(Té  au  tamis  de  la  poudre ,  après 
qu'elle  avoit  été  grenée.  Nous  avons  comparé  fa 
force  avec  de  la  même  poudre ,  faite  dans  les 
mêmes  proportions ,  mais  qui  n'avoit  point  été 
grenée  ;  l'une  &  l'autre  ont  été  féchées  au-  bain- 
marie ,  &  leur,  degré  de  force  a  été  éprouvé , 
tandis  quelles  étoient encore  chaudes  ;  ainfi ,  de 
ce  coté  là ,  il  n'y  a  aucune  incertitude  :  la  pou-* 
dre  qui  avoit  été  grenée ,  avoit  toujours  moins  de 
force. 

Ceft  au  nitre  feul ,  qui  a  la  propriété  de  s'en- 
flammer par  le  contaâ  du  phlogiftique  embrafé , 
qu'on  doit  rapporter  les  effets  de  la  poudre }  mais 
pour  qu'ils  aient  lieu ,  il  faut  que  le  mélange  foit 
très  intime  %  &  que  le  nitre  le  trouve  diftribué 
numériquement  avec  les  molécules  du  foudre  & 
du  charbon  \  fans  cela  le  mélange  fufe  fans  explo- 
sion ;  le  nitre  fe  décompofe  fuccefliv  ement  au  lieu 
de  s'enflammer  tout  à  coup.  La  plus  petite  quantité 
d'humidité  dérange  cette  diftribution  numérique 
&  diminue  la  force  de  la  poudre.  Cependant 
l'eau  eft  néceffaire  pour  faciliter  le  mélange  des 
ingrédients  &  pour  l'empêcher  de  fortir  hors  du 
mortier  \  mais  il  faut  en  mettre  peu  à  la  fois ,  & 
éviter  fur-tout  d'en  mettre  affez  pour  former  une 
bouillie  ;  elle  difloudroit  le  nitre  &  détruiroit  le 
mélange  qui  a  été  fait  ci-devant.  Tout  mouve- 


bt    nAisoNNit  459 

ment  du  pilon  devient  même  inutile  jufqu'à  ce 
que  l'eau  foit  évaporée  en  grande  partie,  &  que 
le  mélange  foie  redevenu  en  confiftance  de  pâte, 
au  point  de  laifler  à  peine  quelque  trace  d'humi- 
dité lorfqu  on  en  met  fur  une  affiette  de  faïance. 
C'eft  dans  cet  état  qu'il  convient  d'entretenir  le 
mélange  pendant  tout  le  temps  de  la  trituration. 
Lorfqu  on  a  employé  toute  la  quantité  d'eau  pref* 
crite,  on  continue  de  triturer  la  matière  jufqu  i  ce 
qu'elle  devienne  feche  comme  nous  l'avons  dit. 

Avant  que  j'eufle  trouvé  cette  méthode,  &  que 
j'eufle  reconnu  les  inconvénients  degrenerles 
eflais  de  poudre ,  je  broyois  ces  eflais  fur  un  por- 
phyre avec  une  molette,  11  çtoit  itnpoffible  de 
Faire  un  mélange  exaâ ,  pareeque ,  lorfque  la 
matière  étoit  parvenue  au  degré  de  ficcdté  conve- 
nable ,  &  où  le  mélange  fe  fait  réellement ,  la 
matière  fe  plaquoit  fur  le  porphyre ,  la  molette 
ne  faifoit  que  glifTer  deffus ,  la  liflbit  &  ne  me- 
loit  rien»  On  a  reconnu  à  Eflône  ce  même  incon- 
vénient à  peu  près  dans  le  temps  que  je.  m'oc- 
cupois  de  cet  objet  :  on  avoit  établi  de  gros  cy- 
lindres de  fer  roulants  dans  des  auges  de  bois; 
on  a  été  obligé  d'abandonner  cette  méthode  pour 
les  raifons  que  nous  venons  d'expofer. 

11  eft  etfentiel  de  ne  point  mêler  dans  desmor*» 
tiers  de  fer ,  avec  dçs  pilons  de  fer  ,  les  matières 

3ui  compofent  la  poudre ,  pareeque  le  frottçment 
u  pilon  contre  le  mortier  occafionneroit  ailes 
de  chaleur  pour  enflammer  la  poudre.  II  y  a  mille 
exemples  d'accidents  arrivés  pour  avoir  employé 
de  femblables  inftruments.  Cependant  je  mefuU 
fervi  long-temps  d'un  mortier  de  cuivre  &  d'uxj. 
pilon  de  fer  :  il  rfeft  point  arrivé  d'accidents  ; 
néanmoins  il  eft  plus  prudent  de  n'employer  que 
<fcs  ipftruqieqcs  de  pierre  ou  de  bois,  j'ai  enço(f 


4<fo  ChYMII   EXPikîMBllTALE 

obfervé  qu'il  vaut  mieux  triturer  enfemble  le* 
trois  matières  qui  entrent  dans  la  poudre ,  que 
de  les  triturer  deux  à  deux.  Lorfqu  on  commence 

5>v  triturer  d'abord  le  nitre  &  le  foufre  ,  il  m'a 
emblé  que  cette  dernière  fubftance  fàifoit  l'effet 
d'un  vernis  fur  le  nitre  >  8c  en^choit  que  le 
charbon  eût  après  cela  avec  le  nitre  un  contaé* 
auffi  exadt  que  cela  eft  néceffaire. 
•  Après  avoir  déterminé  par  des  expc  ie*.  e$ 
tous  les  objets  dont  je  viens  de  rendre  compte  „ 
nous  avons  procède  à  la  folution  de  d;  -  des 
crois  queftions  que  nous  nous  étions  prc  pofées. 
Le  20  Décembre  1 7  5  4 ,  &  jours  fuivants ,  j'ai  fait 
cinq  efTais  de  poudre ,  dans  lefquels  le  nitre  &  le 
charbon  font  constamment  employés  aux  mêmes 
dofes ,  mais  en  variant  celle  du  loufire ,  (  voyez,  ci- 
après  ,  Table  première)  afin  de  connoître  les  meil- 
leures proportions  de  cette  fubftance.  On  n'en  a 
point  Tait  entrer  dans  le  premier  effai  ;  par  ce 
moyen ,  on  peut  juger  de  fon  utilité  dans  la  com- 
pohtion  de  la  poudre.  On  a  gardé  ces  poudres 
dans  un  endroit  très  fec ,  jufqu'au  20  Avril  1755, 
qui  eft  le  jour  où  on  les  a  éprouvées  au  poids  d  une 
once  chacune.  (Voyez  le  refuttat  dans  la  troifieme 
colonne  de  la  première  Table. }  On  a  confervé  le 
reftant  de  cçs  efTais  dans  un  endroit  très  fec ,  jus- 
qu'au r5  de  Juin  fui  van  t.  On  les  a  fait  fécheîr 
dans  un  alambic  au  bain  marie ,  couvert  de  fon 
chapiteau ,  &oh  les  a  éprouvés  de  nouveau  dans 
la  même  machine ,  &  pareillement  au  poids  d'unis 
once.  (Voyez  tesréfultats  dans  la  quatrième  co-» 
lonne  dé  la  première  Table.  )  Il  eft  réfulté  de  ces 
expériences 

1 #.  Les "poudres ,  toutes  chofes  égales  d*ailleurs* 
Ont  plus  de  fbrte ,  lorfqu'elles  font  bien  fèches  s 
que  lorfqu*elfe$  font  dans  un  état  contraire.  L'àiH 


ET      RAISONNÉ*.  46^ 

midi  té  quelles  peuvent  prendre  de  l'atmofphere, 
cjuoiqu  incapable  de  les  décomposer,  retarde  leur 
inflammation  :  elle  empêche  qu'il  ne  s'enflamme 
une  auflî  grande  quantité  de  la  charge  employée. 
Ceft  àcette  circonftance  qu'on  doit  attribuer  le 
u^DÎns  de  recui.qp'occafionnent  les  poudres  lorf- 
^ju'elles,  ne  font  pas  parfaitement  deflechées, 

20  T  n  mélange  de  fix  onces  de  nitre  &  d'une 
on,Ln  c^charbon  produit  une  poudre  qui  a  moi- 
tié moins  de  force  que  toutes  celles  dans  lef- 
quell/0#/i  fait  entrer  du  foufre  :  cette  fubftance 
eft  ck^abfolument  eiTentielle  à  la  compofition 
de  la  poudre.  Dans  le  temps  que  je  travaillois 
fur  cette  matière,  quelques  particuliers  propofe* 
rent  de  ffire  de  la  poudre  fans  foufre  :  ils  promet- 
toient  qu'elle  feroit  plus  forte  &  qu'elle  faliroit 
moins  les  armes  à  feu.  On  fe  perfuadoit  que  la 
poudre  feroit  plus  forte,  fans  foufre ,  d'après  une 
expérience  de  M.  Haies ,  où  il  fait  voir  que  cette 
fubftance,  pendant  fon  inflammation, abforbe  de 
l'air,  au  lieu  d'en  fournir  comme  la  plupart  des 
autres  corps  qu'il  a  fournis  à  fes  expériences. 
Comme  on  rapportoit  à  l'air  les  effets  de  la  pou* 
dre  ,  il  étoît  tout  naturel  de  penfer  que  le  foufre 

3ui  en  abforbe  devoit  en  diminuer  les  effets  >  mais 
en  eft  tout  autrement.  La  poudre  dans  laquelle 
on  fait  entrer  une  petite  quantité  de  foufre,  aug- 
mente de  force  du  double  ;  ce  quifuffit  pour  faire 
penfer  que  l'air  tout  feul ,  en  fuppofant  qu'il  con- 
coure pour  quelque  chofe ,  n'eft  pas  la  feule  caufe 
des  terribles  effets  de  la  poudre.  Ceft  une  ques- 
tion que  nous  examinerons  bientôt. 

Le  foufre  ne  falit  pas  plus  les  armes,  que  les 
autres  fubftances,  lorfquon  le  fait  entrer  en  dofe 
convenable ,  &  qu'il  eft  bien  mêlé  avec  les  au- 
tres ingrédients  de  la  poudre.  Lorfque  la  poudre 


4^2.  ChVMIB   IXPâRÎ^ENTÀLÉ 

Sraiflè  les  armes  plus  que  de  coutume ,  cela  vieht 
e  ce  que  le  mélange  n'eft  pas  {uffifammenf 
exaâ  :  il  ne  s'enflamme  pas  afTez  rapidement.  La 
poudre  lai(Te  une  vapeur  de  foie  de  foufre  qui 
s'attache  aux  armes  &  les  détruit.  Ces  inconvé- 
nients font  moindres  lorfque  la  poudre  a  le  plus 
Srand  degré  de  force  quelle  puifle  acquérir, 
ilors  elle  s'enflamme  bien  rapidement,  &  elle  fa- 
lit  moins  les  armes. 

Au  refte ,  il  eft  vifible  que  le  foufre  eft  fi  né- 
ceffaire  dans  la  poudre ,  qu'à  mefure  qu'on  en 
augmente  la  dofe ,  on  augmente  fa  force  s  cepen- 
dant cela  doit  avoir  des  limites  ;  mais  on  peut  ci- 
rer de  ces  expériences  une  conféquence  impor- 
tante. Comme  le  foufre  n'eft  point  expofé  aux 
viciffitudes  de  l'air  humide  ou  de  l'air  fec ,  la  pou- 
dre dans  laquelle  on  fait  entrer  beaucoup  de  fou- 
fre, donne  moins  de  différence  dans  le  recul, 
eflayée  dans  fon  état  de  deflechement  à  l'air,  & 
dans  celui  où  elle  a  été  féchée  an  bain-marie.  Les 
poudres  chargées  de  beaucoup  de  foufre  peuvent , 
dans  certaines  circonftances,  avoir  des  avantages 
fur  celles  qui  en  contiennent  moins,  &  finguliére- 
ment  pour  la  marine.  Comme  elles  font  moins 
fujettes  à  fe  charger  de  l'humidité  de  l'air ,  on 
peut  mieux  les  contenir  dans  les  fonds  de  cale  des 
vaiflèaux,  où  on  les  conferve  ordinairement.  Le 
foufre  les  défendra  de  l'humidité.  Il  y  auroit  feule- 
ment à  craindre  que  ,  comme  elles  répandent 
beaucoup  de  fumée ,  elles  ne  falifTent  trop  les  ar- 
mes, &  qu'elles  ne  les  détruifitfent  plus  prompte- 
ment.  Il  faut  encore  obferver  que  le  foufre  aug- 
mente la  pefanteur  fpécifique  de  la  poudre. 

Les  expériences  que  nous  avons  faites  pour  ré- 
foudre la  féconde  queftion ,  avoient  pour  objet 
de  déterminer  la  meilleure  dofede  charbon  qu'on 


it    lAtsonifii;  4j£ j* 

cent  faire  enrrer  dans  la  compofition  de  la  pou- 
dre. Ces  expériences  font  rapportées  dans  la  fé- 
conde Table.  Il  en  réfulte , 

i  °.  Qu'il  n'eft  pas  poflîble  de  faire  de  la  pou- 
dre fans  charbon ,  ou  fans  toute  autre  matière 
combuftible  qui  en  falTe  fonûion.  Un  mélange 
de  nitre  &  de  foufre  ,  fait  dans  toutes  fortes  de 
proportions ,  ne  peut  s'enflammer  dans  aucune 
arme  à  feu.  (  Voyez  N°.  premier ,  deuxième  Ta- 
ble. )  Il  faut  pour  l'inflammation  d'un  pareil  mé- 
lange le  fecours  d'une  chaleur  permanente  , 
comme  nous  l'avons  dit  au  fel  polychrefte  de 
Glafer. 

20.  Le  charbon  employé  en  trop  petite  dofe  , 
ne  forme  qu'une  poudre  foible  qui  ne  produit 
que  8  degrés  -~  de  recul ,  comme  on  le  voit  au 
N°.  1  de  la  deuxième  Table.  Lorfque  cette  fub- 
ftance  entre  en  trop  grande  quantité ,  la  poudre 
ne  fait  plus  d'exploflon  ;  elle  fufe  feulement 
comme  une  fufée  d'artifice.  (Voyez  le  NJ.  5.) 
Mais  lorfqu'au  contraire  le  charbon  eft  employé 
dans  des  dofes  convenables ,  la  poudre  a  toute 
la  force  qu'elle  elle  eft  fufceptmle  d'acquérir. 
(  Voyez  le  N°.  3.  )  Cette  poudre  eft  femblable  à 
celle  du  NQ.  5  de  la  première  Table.  L'a  petite 
différence  de  recul  qu'on  remarque  à  ces  deux 
poudres  eflayées  après  avoir  été  deflechées  au 
bain-marie ,  vient  de  quelques  petites  cicconftaa* 
ces  difficiles  à  découvrir. 


4*4 


TABLÉ    P  ït  EMÎÊRË 


Pour  connourc  la  meilleure  iofe  de  foafre  qu'il  convient  Je  faire 
entrer  dans  la  poùdtt  à  Canon  3  tn  variant  Iç.  do/e  de  cette  fub- 
fiance }  &  en  conferyânt  toujours  les  mimes  poids  denitre  &  de 
charbon;  &  dans  laquelle  on  fend  compte  du  recul  que  ces  pou- 
dres ont  occqfionni  à  une  arme  à  feu  3  ejfayées  au  poids  d'une 
once  dans  deux  états  différents  ;  fichées  au  tain-marie,  &  non 
fichées* 


Degrés  de  recutj  Degrés  de  recul 
des  corps  moyens  de  U  poudee  fr 
a  y  ce    la  poudre  ebée  au  BM ,  & 


OBSERVATIONS. 


Ce  mélange  a  été  cri 

rare  pendant  fept  heures 

pour  le  pouvoir  réciter. 

Le  temps  très  humide, 


Compoûuon  de  chaque  eûai  en 
particulier. 


non  fâchée* 
Temps  chaud» 


N°.  premier. 

#Nitre.    •      .      .  |vj 

Charbon  de  faille*  |jj 

Eau*       .  ♦  |ij 


encore  chaude. 
Temps  chaai. 


n  deg.  JL. 
7        i»# 


rd«l. 


IcUm, 


^Nitre.     .       .       ♦  f  vj 
Charbon  de  Taule*    %) 
Soufre.  .  .    Jîj 

Eau.       .       .  |iij 


ijde8l 


Idem* 


VNitrc.    .      .       . 
Charbon  de  faulc. 
Soufre.  . 
Eau» 


Idem, 
L'inflammation  d*  cette 
poudre  répand  beau- 
coup de  fumée. 


Idem, 

L'inflammation  de  cette 
poudre  répand  encore 
plus  de  fumée  que  la 
précédente. 


ïiv 


xjd*Â. 


yNicre.    .      .      . 
Charbon  defaule. 
Soufre.   . 
Eau. 


V- 

y. 


Iydeg.. 


N°.  5. 

VNitte.    .       .       . 
Charbon  de  faille. 
Soufre.    . 
Eau. 


I5a<s-Â- 


f 


I***f 


!7degA- 


I7*H 


l*1^. 


Plus  il  y  a  de  fourre  dans  ces  eflais  ,  moins  ils  occupent  de  place  dans  le 
canon  5  ils  font  par  conféquent  fpécifiquement  plus  pelants* 

TABLE 


TA  B  LE   S  Et  0  tï  DE 


4*J 


1 


Pour  concoure  ta  meilleure  dofe  de  charhon  qu'il  convient 
de  faite entrer  dans  hr  poudre  à  canàn  ï  en  variant  là 
dôfe  de  cette  fuhftànct ,  &  en  confeWûrU  Wujours  les 
mêmes  poids  de  nith'&  defoufre  ;  &  dans  laquelle  on  tend 
tompte  du  recul  que  ces  poudres  ont  ocçafiqnnç  à  une  armé 
<àfea3  effayées  an  poids  d fune  once  y .dans  ,deux  états 
différents;  féchées'au  bàiH-tnarie±  &.  nonfévhéesi 


OBSERVATIONS 


Ce  mélange  a  été  trituré 

fepe  heures  pour,  pouvoir 

le  lécher.  '   ' 

.  Le  temps  th*ud\ 


Ce  méUogtf  *  ité  rticuré 
pendant  fenc  heures  ce  de- 
mie.  '       '    3m 

Ze  temps  chaud. 


Ce,rtïê|apge^  çrè  trituré 
pendant  huit  heures. 
Le  temps  chaud. 

Cet  ,-«€«•  eft  le  même 
que  le  N°.  f  delà  Table 
première.  K* 


Ce  mélange  a  été  trituré 
le  même  temps  que  le  pté- 
cédenc. 


Idei/u 


Compoucioë  de  chacun  de  tes 
•  eflaû. 


Degré  dç  recul  de  h 
potidreiecbéeauBM 
8c  encore  chaude. 

■  Temps  chaua\ 


»    N*«  premier. 

Eaui       ;       4 


Cette  ppudre  n'oc 
cartonne  aucun  recul 
U  n'/  a  que  le  ibufre 
qui  bnile  fans  que  le 
oUre  s'enflamme.    v  , 


^CNkrc.  .'  V  i 
Soufre.  .  ;•  . 
Eau .  :  .  . 
Charbon  de  £auie. 


^Nitre»     .       .       . 
Soufre.    . 
Eau.        »       :  '     . 
Charbon  de  faille. 


yNitrç,     , 
Soùfrél   . 
tau. 
Charbon  de  fatale. 


y  Nitre.     .    .  .       . 
Soufré.    . 
Eau.' 
Charbon  de  faute; 


.«**£« 


«S*** 


10 


deg. 


7ï' 


Fufe  fans  ciplofion. 


La  quantité*  d'eau  oui  entre  dans  ces  poudres  n'a  été  mile  que 
fetic  à  petit ,  &  à  mefurc^ru  «Hejè  diffipoie. 

Tome  /.  G  g 


466       Chymii  expérimentale 

A  Ëflôtie  -,  prèrf  de  Corbeil ,  on  fait  entrer  dons 
cent  livres  de  poudre  foirante  &  quinze  livres  de 
nitre ,  neuf  livres  &  demie  de  foufre ,  8c  quinze 
livres  de  charbon.  Ces  matières  font  pilées  pen- 
dant douze  heures  dans  plufieurs  mortiers  de 
bois  avec  des  pilons  de  bois ,  mus  par  un  courant 
d'eau  comme  ceux  des  moulins  à  tan  ou  à  papier. 
La  matière  de  chaque  mortier  reçoit  trois  mille 
fix  cents-  coups  de  pilon  par  heure ,  &  on  l'arrofe 
avec  une  pinte  d'eau  qa  on  met  en  cinq  ou  fix 
fois  de  deux  heures  en  deux  heures.  On  pourroit 
fe  contenter,  pendant  cette  opération ,  de  remuer 
la  matière  avec  une  fparule  ;  mais  les  manufac- 
turiers fe  méfiant  de  1  inexactitude  des  ouvriers, 
font  dans  l'ufage  de  faire  changer  fucceflivemenc 
la  matière  d'un  mortier  dans  un  aune,  pour  s'af- 
furer  de  la  perfe&io.n  du  mélange.  On  vuide  le 
premier  mortier  :  on  entrepofe  la  matière  dans 
une  fébile  de  bois  :  on  met  dans  le  mortier  qu'on 
vient  de  vuider ,  la  matière  du  fécond  mortier  : 
on  continue  ainfi  de  fuite  à  vuider  les  autres  :  la 
matière  du  premier  mortier  que  Ton  a  entrepofée, 
fe  met  dans  le  dernier  qui  le  trouve  vuide  à  la 
fin  de  la  tournée. 

Lorfque  la  poudre  a  été  pilée  le  temps  que 
nous  venons  de  dire  >  la  quantité  d'eau  qu'on  y  a 
mife  s'eft  prefque  évaporée  :  le  mélangé- le  trouve 
fec  au  point  qu'en  en  mettant  fur  une  affiette  de 
faïance,  il  n'y  laifle  aucune  trace  d'humidité  t 
alors  on  porte  la  poudre  au  grenoir,  qui  elt  l'at~ 
relier  où  elle  doit  être  grenée. 

Pour  grener  la  poudre ,  on  en  met  une  certaine 
quantité  fur  un  crible  de  peau ,  dont  les  trous 
ont  à-peu-près  fix  lignes  de  diamètre  :  on  met 
fur  ce  crible  avec  la  poudre  une  petite  meule  de 
bois  d'environ  huit  pouces  de  diamètre  >  &  de 


2feâ*^Mcefr  d'épaifienr  :  on  fait  agir  le  crible  ho-* 
ttfcontaiement  en  ligne  droite  fur  une  traverfô 
de  bois,  pour- faire  pafTer  la  poudre.  La  ihfcule 
fèrti  plaquer  la  matière ,  afin  de  coller  cftfemblô 
les  molécules  de  la  poudre  en  même  temps  qu'elle 
paiïe  au  travers  des  trous  \  ce  qui  comfnericfc  £ 
former  les  grains.  Cette  poudre  eft  reprife  au  for-* 
tir  de  ce  premier  crible  dans  un  autre  dont  les 
trou*  font  plus  petit*  y  où  on  la  remue  de  la  mêrtte 
Jttanief e ,  en  faiGuit  toujours  ufàge  de  la  meule 
pour  continuer  à  former  les  crains ,  &  pour  gré^ 
fier  la  portion  de  poudré  qui  a  échappé  à  (a  pre+ 
Aiiefe  opération  s  ort  continue  cette -nûncruVtje 
en  faifant  paffer  aiîiii  la  poudre  dans  différents 
Cribles  dont  les  trous  vont  toujours  en  diminnàht 
de  groflèur ,  jirfqu'A  ce  que  Ton  foit  enfin  pat- 
Venu  à  4a  faite  paffer  au  travers  dit  criblé  qui 
forme  les  grains  de  la  gfofleur  dé  la*  poudre  à 
canon  ordinaire.  Alors  oh  pafle  cette  poudre  au 
ttavers  d  «n  tamis  dé  foie,  afin  de  féparer  ta  por- 
tion grenée  de  celle  qui  rie  Teft  point  ^  &  qui  èft 
jfeftée  en  poullîere.  On  -paffe  enfiiite  la  poudre 
grenée  ati  travers  d'un  tamis  plus  gros  que  le  pré- 
cédent ,  afin  de  féparer  les  petits  grains  d'aveè 
tes  gros  qui  forment  la  poudre  à  canoh.  Lé$- pe- 
tits qui  fubiflent  encore  les  opérations  dont  nous 
allons  parler,  foriherit  la  poudre <te:cfcâ{Fei; 

Ce  triage  de  la  poudre  a  canon  étant  fait  >  on 
fe  porte  zaféchoïr.  C'eft  un  grand  hàngatd  vitré 
du  coté  du  midi ,  dans  la  longueur  duquel  eft 
Une  table  garnie  d'une  toile  furïaquelle  oïl  étenà 
là  poudre.  On  a  foin  de  la  retirer  du  féchoit  à  ik 
fin  du  joûf>  afin  d'éviter  l'hUmidité  &  la  frai* 
çheur  de  la  huit,  &  les  autres  accidents  qui  pour* 
/oient  arriver*  11  v  à  des  ftiahiifà&tttes  où  1  oft 
&it  fécher  la  pou<ue  dans  iyxe  étuve  chauffée  pair 

Ggi) 


4^$  CHY^lE   ÎXPÉRtWENTALE 

un  poêle  ;  mais  on  doit ,  autant  qu'on  le  pcar, 
éviter  de  fe  fervir  de  ce  moyen  ,  a  caufe  dada» 
gerdufeu* 

On  eftdans  l'ufag?  de  lifler  la  poudre  de  clulê, 
mais  avant  de  l'avoir  fait  fécher.  Pour  cetdfa, 
on  en  remplit  à  demi  un  tonneau  percé  dans  Jb 
deux  fonds ,  &  enfilé  par  un  axe  quatre,  po£ 
fur  deux  pivots  ,•  &  aflujetti  à  une  roue  qo'ua 
courant  d'eau  fait  mouvoir.  La  poudre  refie  pen- 
dant fix  heures  dans  ce  tonneau  qui  tourne  œcu- 
lairement ,  &  alors  elle  eft  fuf&faminent  liflee. 

Après  cette  opération  ,  on  repaflè  la  poudre 
au  travers  d'un  tamis  de  foie  >  pour  fcparer  U 
portion  grenée  d'avec  celle  qui.  n'eft  pas  reftce 
en  grains  ;  &  on  repafle  encore  cetre  poudre  an 
travers  d'un  tamis  de  crin  *  pour  féparer  les  pe- 
tits grains  d'avec  les  gros-;  ce  qui  donne  deui 
poudres,  dont  les  grains  font  de  difFcrenteffïof- 
ieur ,  &  également  employées  pour  Ja  chaile. 

Il  réfulte  de  ce  que  nous  venons  de  dire  ,  que 
la  poudre  à  canon  Se  la  poudre  de  chaffe  font 
elfentiellement  de  même  qualité  j  néanmoins  la- 
poudre  de  chaile  eft  moins  forte  que  la  poudre  i 
canon  9  pârceque  la  poudre  de  chatte  eft  liflee, 
&  que  cette  opération  la  rend  moins  fufcepdbb 
de  s'enflammer.  A  quantité  égale  de  poudre  mifo 
dans  un  canon-,  il  s'enflamme  beaucoup  plus  de 
poudre  à  canon  que  de  poudre  de  chatte,  pâr- 
ceque les  grains  de  la  poudre  à  canon,  n'étant  pas 
û  entatfcs ,  font  pénétrés  plus  facilement  &  plus 
promptjÇfnetUr  par  le  feu.    On  aime  ,  pour  la 
chaffe ,  cjue  la  poudre  foit  liHee  ,  pareequ  elle 
lalit  moins  les  mains  ,  les  grains  étant  plus  diffi- 
ciles à  fe  déformer.    .  .      .  . 
.-  La  portion  de  poudre  qui  ne  s*eft  point  grenc* 
dans  toutes  les  opérations  qu*  nous  avqn$  dépit 


B  T      RAISONNÉ  Ç.  4^9 

£es  , .  eft  remife  dans  les  mortiers  pour  y  être 
>ilce  pendant  deux  heures ,  &  humectée  avec  un 
peu  a  eau  j  au  bout  duquel  temps  on  la  greno 
ainfi  qu'il  a  été  dit  ci-deflus. 

.  Quand  on  a  commencé  à  faire  ufage  de  la  pou- 
dre ,  on  ne  lagrenoic  pas  ;  on  fe  contentoit  de  la, 
pulvérifer  dans  le  mortier  jufqu'à  ce  qu'elle  fût 
prefque  feche.  Cette  poudre  fe  trouvoit  plus  forte 
que  celle  qui  eft  grenée ,  parççqu'eUe  nréfentoit 
plus  de  furface,  &  qu'à  quantité  égale  x  il  s'en 
enflammoit  davantage  j  mais  elle  étoit  plus  ft** 
Jette  aux  viciffitudeç  de  l'humidité  de  l'air  >  &  il 
croit  difficile  de  l'introduire  dans  le  canon ,  par- 
cequ'elle  ne  couloit  pas  aifément ,  tç  qu'il  et\ 
^eftoit  une  partie  aux  parois  \  c'eft  ce  qui  la  ren- 
doit  d'un  fervice  incommode ,  &  qui  a  fait  ima-* 
giner  de  la  grener. 

On  connoît  allez  les  terribles  effet*  de  la  pou- 
dre. Plusieurs  Phyficiens  on  wttribué  ces  effets  à 
l'air  contenu  dans  le  nitre  ;  ijs  ont  fait  >  à  ce  fu~ 
jet,  beaucoup  d'expériences  durieufes ,  pour  ap* 
-précier  la  quantité  d'air  qui  fe  dégage  lors  de  l'in- 
flammation de  la  poudre  :  elles  ont  fervi  à  dé* 
montrer  qu'il  s'en  dégage  fort  peu.  X> 'autres  ont 
attribué  ces  effets  à  un  fluide  elaftique  for  la  na- 
ture duquel  il  ne  nous  ont  donné  aucune  con- 
noiffance.  D'autres  enfin  ont  attribué  ces  effets  à 
l'eau  principe  des  matières  qui  compofem  la  pou- 
dre>  &  qui  fe  réduit  fubitement  en  vapeurs  lors. 
.  de  fon  inflammation.   Ce  fentimenc  eu  celui  d$ 
Ssaahl,  auquel  j'ajouterai  quelque*  réflexions. 

On  connoît  les  effets  de  l'air  dilaté  chauffé- 
juflju'au  rouge  blanc  :  ils  font  incomparablement: 
xrçoins  forts  que  ceux  de  l'eau  dilatée  fubitement 
au  même  degré  de  chaleur.  Cette  i;cftexvpn  eft 
fftJKfantç  pojw  f»fc  croire  que  Fait  enncç  poitt 

(%iii 


47*  ChYMIE    EXPBRIMENtAlB 

peu  de  chofe  dans  les  effets  de  la  poudre ,  fut* 
tout  fi  nous  pouvons  prouver  que  les  matière* 

3ui  compofent  la  poudre ,  contiennent  beaucoup 
eau ,  &  que  cette  eau  eft  chauffée  fubitemenc 
jufqu'au  rouge  blanc  qui  eft  le  degré  de  chaleur 
où  elle  reçoit  la  plus  grande  dilatation.  Les  Phy* 
ficiens  partifans  de  l'air  foutiennent  qua  mefure 
qu'on  nume&e  la  poudre  par  la  vapeur  de  l'eau  > 
on  diminue  conudérahlement  fa  force  ;  donc, 
difenr-ils ,  les  effets  de  la  poudre  ne  viennent 
point  de  l'eau  :  on  ne  doit  point  non  plus  les 
attribuer  au  foufre,  puifqu'il  abforbe  de  1  air  pen- 
dant fon  inflammation. 

Les  auteurs  de  ces  a  (Terrions  ne  font  point 
attention  que  la  vapeur  de  l'eau  détruit  l'arran* 
gement  des  parties  numériques  des  ingrédients 
qui  compofent  la  poudre ,  en  faifant  cryftallifer 
le  nitre  :  cela  eft  fi  vrai  ,  que  fi  Ton  fait  fécher 
enfuite  cette  poudre,  fans  la  triturer,  on  rrou- 
vera  qn  elle  aura  perdu  prefque  toute  fa  force  : 
elle  ne  fera  pas  même  d'cxplofion  :  elle  fufer* 
comme  une  fqfée  d'artifice ,  fi  elle  a  été  beau- 
coup hume&ée  :  d'une  autre  part,  fi  l'on  coupe 
un  des  grains  en  deux ,  on  diftinguera ,  à  l'aide 
d'une  loupe ,  le  nitre  qui  s'eft  cryftallifé.  Ces 
mêmes  Physiciens  ne  font  pas  encore  attention 
que  cette  eau  eft  étrangère  &  abfolument  fura- 
bondante  à  la  nature  des  matériaux  de  la  poudre  : 
c  eft  l'eau  principe  de  ces  fubftances  qu'il  faut  con- 
fidérer ,  lans  laquelle  le  nitre  ne  ferait  point  ni- 
tre ,  &  le  foufre  ne  feroit  point  foufre  :  eau  prin- 
cipe Qu'on  ne  peut  féparer ,  fans  détruire  la  n*r 
ture  de  ces  fubftances. 

Il  en  eft  de  même  du  foufre  :  quoiqu'il  abforbe 
de  l'air  pendant  fa  combuftîon  ,  cela  n'empêche 
pas  qu'il  nef  todoife  de  violentes  explofions,  lorf* 


ET     KAlSOHKil.  47I 

qu'il  eft  réduit  en  vapeurs ,  &  qu'on  vient  à  les  • 
enflammer  ;  c'eft  ce  que  j'ai  fait  obferver  à  l'ar- 
ticle de  la  fublimation  du  foufre.  Cette  fubftance 
3ui  fe  trouve  très  divifée  dans  la  poudre ,  s'en- 
atnme  tout-à-coup ,  Se  fournit  fou  contingent 
dans  i'explofion. 

Pour  mieux  faire  entendre  ce  que  nous  avons 
à  dire  fur  la  théorie  des  effets  de  la  poudre ,  rap- 
pelions ici  en  peu  de  mots  quelques  principes  que 
nous  avons  prouvés  ailleurs. 

Nous  avons  dit  que  le  foufre  contenoit  fept 
huitièmes  d'acide  vitriolique  très  concentré  »  &: 
un  huitième  de  phlogiftique. 

Le  nitre ,  de  fon  côté ,  contient  environ  la 
moitié  de  fon  poids  d'eau  principe  de  cette  fub- 
ftance faline. 

Nous  devons  auffi  nous  rappeller  que  les  corps 
capables  de  fe  réduire  en  vapeurs  par  la  chaleur, 
font  d'autant  plus  expansibles ,  qu'ils  contiennent 
plus  de  malle  fous  le  même  volume. 

Or  nous  avons  dans  la  poudre  le  foufre  &  la 
nitre  qui  font  des  corps  rrès  inflammables  ,  &c 
qui ,  à  caufe  de  leur  pefanteur  fpécifique ,  font 
très  dilatables  :  ils  font  entièrement  réduits  en 
vapeurs  par  la  chaleur  qui  fe  produit  pendant  l'in- 
flammation de  la  poudre.  Lors  donc  qu'on  met 
le  feu  &  de  la  poudre,  l'acide  nitreux  s'unit  au 
phlogiftique  du  charbon  fie  du  foufre  ;  il  en  réfulte 
un  foufre  nitreux  qui  eft  très  explofible  ;  la  cha- 
leur qu'il  produit  lors  de  l'inflammation ,  eft  allez 
forte  pour  réduire  fubitement  en  vapeurs  tout 
Falkah  du  nitre ,  &,  par  conféquent,  Veau  prin- 
cipe dé  ces  fubftances.  Mais  fi  les  vapeurs  de  l'eau 
!>ure  font  aufli  expanfîbles  que  nous  l'avons  4k» 
es  matières  falines  da  foufre  &  du  nitre  le  font 
bien  davantage  ;  s'il  étoit  poifible  d'apprécier  leur 

Ggiv 


4?1  CHYMtB  UPiUMEKTALÏ 

f  xpanfibilité ,  on  trouverait  que  la  différence  eft 
infiniment  plus  grande  que  celle  qu'il  y  a  encre 
j  air  oui  fe  dilate  treize  fois  fon  volume ,  &  l'eau 

Sui  le  dilate  quatorze  mille  fois  fon  volume, 
|u  on  juge  à  préfenr  à  qui  Ton  doit  attribuer  les 
effets  de  la  poudre  \  fi  c'eft  à  la  petite  quantité 
d'air  contenu  dans  lés  matières  qui  la  çompofept , 
ou  à  L'élafticicé  de  l'eau  &  des  iubftançes  falines 
qui  font  réduites  fubitement  en  vapeurs. 

Le  foufre  augmente  l'inflammation  de  la  pou- 
dre ;  le  charbon  la  foutient.  Lorfque  la  poudre  a 
été  niai  mêlée ,  on  trouve ,  après  fon  inflamma- 
tion ,  de  petites  boules  ou  grenailles  de  fel  fondu , 
qui  font  du  foie  de  foufre  dans  lequel  Palkali  do-' 
mine.  11  paroît  qu'il  ^  entre  pas  dans  la  poudre 
une  aflez  grande  quantité  de  matière  phlogiftique 

Îiour  détruire  tout  l'acide  nitfëux.  M.  le  Cheya- 
ier  Saluce  (i  )  a  fait  fur  cet  objet  de  fort  belles  ex- 
périences :  il  a,  par  un  appareil  convenable >  en- 
flammé de  la  poudre  »  &  en  a  fait  paffer  la  vapeur 
dans  le  vuide ,  mais  au  travers  de  papiers  imbibéq 
d'alkali  fixe  i  il  trouva  les  papiers  chargés  de  nitre 
&  de  tartre  vitriolé  :  d'où  u  réfulte  que  fi  l'on  pou- 
voitfe  procurer  quelque  matière  inflammable  qui 
put  tenir  lieu  de  charbon  »  &  qui ,  fous  le  même 
volume*  contînt  affez  de  phlogiftique  pour  com- 
biner tout  l'acide  nitreux  dunure  qu'on  emplois 
dans  la  poudre ,  on  auroit  lieu  d'efpérer  d  aug- 
menter les  effets  :  ainfi  il  y  a  encore ,  comme  on 
voit ,  beaucoup  dç  recherches  à  faire  fur  cette  ma- 
tière. 

Les  Phyficiens  qui  penfeneque  les  effets  de  1^ 
poudre  viennent  de  l'air  »  recommandent  de  faire 
§çs  çflaiç  avec  les  matières  qui  en  conçienneju 

>■  .     .  .  ■■ ■     ■  ■  ■  .■    .  ■ 

{ «^fwmfd  franger ,  Avril  i?*p  y igt  m^ 


?  T     «LAlSONKil,  47} 

beaucoup ,  Se  qui  peuvent  être  de  nature  à  pou- 
voir entrer  dans  la  poudre  $  telles  que  le  fel  marin» 
le  fel  ammoniac ,  &c.  Mais  ces  matières  font  plus 
propres  à  en  diminuer  les  effets ,  qu'à  les  augmen- 
ter, comme  nqus  l'avons  appris  par  l'expérience. 
La  plus  petite  quantité  de  fel  marin ,  ajoutée  à 
des  effais  de  poudre ,  en  a  diminué  la  force  de 

S  lus  d'un  quart ,  pareeque  ce  fel  n'eft  point  in- 
ammable.  Si  la  poudre  étoit  fufceptible  d'ac- 
Î périr  quelque  perfection  du  côté  de  la  force,  ce 
erolt  plutôt  par  le  moyen  des  matières  inflam- 
mables foit  falines  ou  autres.  Parmi  les  matières 
falines,  celles  qui  contiennent  l'acide  nitreux  déjà 
combiné  avec  des  matières  phlogiftiques ,  telles 
que  l'or  fulminant ,  le  nitre  îaturnin ,  le  nitre  am- 
moniacal, le  foufre  nitreux ,  Sec.  feroient  les  plus 
propres  à  produire  cette  force  ;  mais  il  faudrait 
auparavant  trouver  les  moyens  de  fe  procurer 
abondamment  cette  efpece  de  foufre  nitreux. 
Parmi  les  matières  végétales ,  il  feroit  bon  d'ef- 
ïayer  le  licopode.connu  auflî  fous  le  nom  de  foufre 
végétal. 

On  fe  fert  de  différents  inftruments  pour  re- 
connoître  le  degré  de  force  de  la  poudre  ;  mai* 
tous  fe  réduifent  à  apprécier  le  recul  qu'elle  occa- 
sionne aux  armes  à  feu.  Ces  inftruments  portent 
le  nom  d'éprouvettes  :  celle  dont  nous  nous  fom- 
mes  fer  vis,  a  été  imaginée  par  M.  le  Chevalier 
d'Ârcy  relie  eft  plus  exaâe  que  toutes  les  autres^ 
Cette  machine  AB  y  construite  en  charpente  ^ 
repréfente  iln  pied  de  table  quarré ,  plus  étroit 
par  le  haut  que  par  le  bas.  À  la  partie  fupérieurç 
CCeftun  chaûîs  de  fer  avec  un  demi-cercle  de 
çuivrç  dd>  fur  lequel  eft  une  aiguille  D >  qu* 
tourne  lorfque  le  canon  fait  quelque  recul.  Le 
fanon  E  eft  fufpendq  par  une  tige  de  fer  F  ^  frçft 


474       Chymie  expérimentale 

pendue  elle-même  fur  des  couteaux  quipofentfuf 
des  pivots  d  acier  ,  comme  un  Beau  de  balance. 
Lorlqu  on  metlefeu ,  l'effet  de  la  poudre  eft  d  oc- 
caiïonner  un  recul  au  canon  :  un  petit  levier  qu'on 
a  pratiqué  à  la  verge  de  fer  G  y  pouffe  l'aiguille 
qui  fe  fixe  à  l'endroit  où  le  canon  la  fait  aller ,  & 
qui  marque  le  nombre  des  degrés  de  recul  :  on 
juge  par  là  de  la  force  de  la  poudre.  Geuxqui  vou- 
dront avoir  plus  de  détail  fur  cette  machine ,  peu* 
vent  confulter  l'Ouvrage  de  M.d'Arcy  que  nous 
ayons  déjà  cité» 

Analyfc  de  ta  Poudre  à  canon. 

Nous  avons  dit  précédemment  que ,  pour  faire 
de  bonne  poudre,  il  ne  fuffifoit pas  toujoursd'env 
ployer  de  bonnes  matières ,  te  dans  les  meilleures 
proportions  :  la  manipulation  apporte  de  très 
grands  changements  dans  le  mélange;  c'eft  ce  que 
l'ai  obfervé  en  faifant  i'analyfe  de  plusieurs  pou* 
dres  de  différente  torce  >  qui  contenaient  cepen- 
dant les  mêmes  fubftances.  ,  i  peu  de  chofe  près:» 
dans  les  mêmes  proportions.  Les  poudres  au* 
j'ai  analyfées ,  font  défignées  dans  la  Table  lui- 
vante.  J'y  fais  mention  des  dofes  des  matières 
qui  les  compofoient  %  &  du  recul  qu'elles  ont  oç* 
cafionné  au  canon  de  l'éprouvette  :  ces  reculs  font 
défignés  par  des  nombres  1x9,  198,  &c.  qui' 
pourraient  faire  croire  que  ces  poudres  font  infi- 
niment plus  fortes  que  celles  des  eflais  dont  nôu$ 
avons  parlé  précédemment  ;  ce  qui  n  eft  pas.  Ces 
différences  viennent  feulement  de  l'efpece  de  câç* 
dran  de  l 'éprouvette  qui  a  fervi  à  ces  expériences.» 
&  qui  étoit  divifé  en  4es  degrés  plus  nombreux. 
Voici  de  quelle  manière  j'ai  analyfc  ces  pour 
dres. 

J'ai  pulvérifé  une  livre  de  po  udre  à  canon  faut» 


J&.  4y4. 


ET      RAISOKNil.  '47$ 

foife  que  j'ai  fait  bouillir ,  pendant  un  quart 
d'heure  ,  dans  quatre  livres  d'eau  :  j'ai  filtré 
la  liqueur,  &  j'ai  paflé  beaucoup  d'eau  bouil- 
lante fur  le  marc  refté  fur  le  filtre ,  afin  de  le' 
deflaler  :  après  avoir  réuni  les  liqueurs ,  &  les 
avoir  fait  évaporer  jufqu'à  ficcité ,  j'ai  obtenu 
douze  onces  de  nitre  parfaitement  fec. 

Le  marc  refté  fur  le  filtre  contenoit  le  foufre  & 
le  charbon  :  je  l'ai  fait  fécher  pour  le  pefer  :  il  s'en 
eft  trouvé  quatre  onces.  J'ai  enfuite  humedé  cette 
matière  avec  une  fuffifante  quantité  d'eau ,  pou* 
former  une  pâte  très  ferme  :  je  l'ai  mife  dans  une 
petite  capfuie  de  terre  fous  la  moufle  d'un  four- 
neau de  coupelle  :  je  l'ai  fait  chauffer  par  degrés 
jufqu'à  ce  que  la  chaleur  fut  aflez  forte  pour  en- 
flammer leloufre ,  &  non  le  charbon  :  j'avois  foin 
de  remuer  la  matière  avec  un  crochet  de  fil  de  fer, 
afin  de  renouveller  les  furfaces  :  le  foufre  s'eft 
diflipé  &  brûlé  ;  enfin  lé  charbon  eft  refté  feul  fans 
fe  confumer ,  mais  mêlé  encore  d'une  vingt-qua- 
trième partie  de  foufre  qu'on  ne  peut  abfolument 
point  feparer,  fans  brûler  le  char  bon:  cette  répa- 
ration exa&e  de  venoit  même  inutile  :  il  mefuffi- 
foit  deconnoîtrece  quireftoit.  En  dcfalquantcette 
quantité  de  foufre  fur  le  poids  du  charbon ,  on 
cpnnoît  le  poids  réel  de  ces  deux  fubftances.  J'ai 
analyfé  de  même  les  autres  efpeces  de  poudre  ; 
on  en  trouvera  les  réfultats  dans  la  Table  fuir 
vante, 


47*         ChYMIB  BXf  i&IMBKTAlt 

TABLE 

Qui  contient  les  réfultats  de  Vandtyfc  de  quatre  ef- 
peces  de  poudre  faite  aupçids  d'une  livre  *  &  h 
recul  qu'elles  ont  vccqfionneà  l'eprouvette. 


Efpecesdes  poudres 
qui  ont  été  analyses. 


Poids  des  fubftances 
trouvés  par  l'analyse. 


Degrésderecuià 
Péprouvette 


Poudre  à  canou 
angloife. 


Poudre  I  canon 
rnnçotte. 


f  Nitrc  . 
<  Soufre 
L  Charbon 

! 

Nitrc 
!  Soufre 
i  Charbon 

Perte 


ont  gros  gr.  I 


Poudre  de  charte 
ordinaire. 


Poucfee  de  ckaûe 
nouvelle. 


Nitre 
I  Soufre 
|  Charbon 

perte 


•Nitre 
fc  Soufre 
>  Charbon 
*  Perte 


n    *   4       3 

,  .    II     é  6o  M 

•  — 1±? 
. .  ii  71*/ 

x>n   x        4  i    . 

II        I 

.  .    12.  } 

e       %   4    1  f 

11  1 


16 


R  E  M  A  R  Q    U  E  S. 

Par  les  réfultats  rapportés  dans  la  Table ,  il  eft 
vifible  que  les  différentes  forces  de  ces  poudres 
lie  viennent  pas  des  dofes  des  matières  qui  le* 
çompofent  ^  mais  feulement  de  l'état  de>  mclang^ 


*  T      RAISONNÉ!.  4?*f 

fous  lequel  elles  fe  trouvent  réciproquement  le* 
unes  à  l'égard  des  autres. 

Rien  neftfi  facile  que  de  féparer  le  nitre  de* 
poudres.  Ce  fel  fe  diflbut  dans  l'eau ,  &  quitte 
facilement  les  autres  ingrédients  ;  mais  la  fépa* 
ration  du  foufre  &  du  charbon  n  eftpas  aufli  facile 
à  obtenir  :  j'ofe  même  dire  qu'elle  ne  peut  fe  faire 
exaâement  par  un  autre  procédé  que  par  celui 
que  i'ai  indiqué.  Ce  moyen  eft  fondé  fur  U  grande 
comouftibilité  du  foufre ,  qui  peut  brûler ,  faù$ 
enflammer  lecharbon ,  Se  même  les  corps  les  plus 
combuftibles.  M.  Robins,  dans  (on  Traite  d  Ar* 
tilleric  s  écrit  en  anglais ,  a  remarqué  que  le  fou-* 
fre  delà  poudre  peut  fe  œnfumer ,  fans  allume* 
les  grains  :  c  eft  un  fait  que  m'a  appris  M.  le  Gtat 
Vaiier  dlArcy ,  lorfque  jg  lui  rendis  compte  de 
mes  expériences  (i).  Quoi  qu'il  en  foit,  je.nai 
été  conduit  au  moyea  que  je  vien»  d'indiquer  * 
qu'après  plusieurs  tentatives  qui.  ne  m'ont  pas 
réuJfi.  -.;.•.. 

J'avois  eflayé  de  faire  bouillir  dans  de  l'huila 
de  tartre  par  défaillance ,  un  mélangé  connu  de 
foufre  &  de  charbon  broyéd  enfemble  furie  por- 
phyre \  mais  je  reconnus  que  l'alkaU  n?  dittoU 
voit  pas  tout  le.  foufre.  Lprfque  jefaifois  précis 
pitetpar  un  acide  celui  qu'il  avoit  dtâbjis.,  il/* 
mêloit  parmi  une  certaine  quantité  de:  terre  des. 
fcls*  qui  augmentoitletpoids  duloufre.  .         4 

J'ai  tenté  la  fuWimation  d'un  pareil,  mélange 
connu  de  foufre  Se  de  charbon ,  fans  plu»,  de  fuor 
ces.  Le  foufre  contracte  une  fotte*  d'adhér 4icè 
avec  le  charbon  :  il  ne  fe  fublime  qu'à  mèftire. 
qu'on  remue  la  matière  pour  renouvelle*  ksfur- 

(i)  Voyez  EJfai  imu  Thiorit  <f  Artillerie  ^  page  41, 


47$  Ch?i*îè  Ê*p£*îrtJEitTAL* 
faces  :  on  eft ,  par  conféquenc ,  obligé  de 
cette  fublimacion  â  plufieœ*  reprifes  :  il  refte  du 
foufre  opiniâtrement  adhérent  au  charbon  qui  re- 
fufe  de  le  fublimer  :  d'ailleurs  il  eft  difficile  de  le 
détacher  exaâement  des  chapiteaux  :  ce  moyen 
eft  long  &  peu  e*a&  Ce  fut  reliai  que  je  fis  de 
brûler  un  peu  de  la  matière  qui  reftoit  au  fond  du 
vaifleau  ,  pour  reconnoître  fi  elle  contenait  en- 
core du  foufre ,  qui  me  conduifit  i  faire  brafer  le 
foufre ,  fans  faire  brûler  le  charbon» 

Je  mêlai  enfemble  fur  un  porphyre ,  avec  un 

Eeu  d'eâtt ,  deux  gros  de  foufre  &  autant  de  char- 
on  :  je-fis  brûler  le  foufre  de  ce  mélange,  comme 
Je  l'ai  indiqué  :  je  vis  avec  plaifir ,  qu'en  ne  don- 
nant que  le  degré  de  chaleur  convenable ,  je  fai- 
fois  brûler  le  foufre ,  8c  point  le  charbon  ;  mais 
ion  poids  fe  trouva  augmenté  de  fix  grains ,  qui 
eft  la  vingt-quatrieme-parcie  du  foufre  employé. 
J'ai  répète  cette  expérience  avec  du  charbon  de 
liège ,  de  fureau ,  du  charbon  ordinaire  >  du  chair* 
bon  de  papier ,  8c  des  parties  légères  des  ani- 
maux ,&c.  J'ai  également  répété  ces  expériences 
avec  du  charbon  de  linge ,  d'amadou  ,  de  noir 
de  fumée  :  f  ai  employé  rouies  ces  fubftances  à  la 
dofe  de  deux  gros,  avec  autant  de  foufre,  &.j'ai 
recommencé  enfuite  ces  expériences  avec  deux 
onces  de  chacun  de  ces  charbons,  8c  autant  défont 
fre  :  l'augmentation  du  poids  du  charbon  par  le 
fbufrè^qcu  lui  refte  uni ,  a  toujours  été  la  vingt- 
quatrième  partie  du  foufre  employé. 

Il  y  a  une  remarque  à  faire  fur  le  noir  de  fu- 
mée ;  c'eft  que  cette  matière  devient  très  pefante 
par  la  trituration  :  elle  n'eft  prefque  pas  inflam- 
mable :  elle  rougit,  fans  brûler  &  fans  .perdre 
prefque  rien  de  ion  poids.. 
Je  n'ai  point  fait  d'expériences  pour  recon- 


r  t    K  a  ï  s  ô  n  ^  i  ë.  47$ 

Aoîtrc  l'état  fous  lequel  Te  trouve  le  foufre  qui 
iefte  uni  au  charbon  après  cette  combuftion  :  j'ai 
fait  brûler  quelques-uns  de  ces  charbons  jnfqu'à 
ce  qu'ils  fultent  réduits  en  cendres  :  ils  ont  laiffé 
exhaler  l'odeur  de  foufre  j  ufqu'au  dernier  iftftant  j 
ce  qui  me  feroit  croire  qu'ils  ne  contiennent  point 
de  foufre ,  mais  une  certaine  quantité  d'aciae  vi- 
trioliqae  devenu  libre  par  la  combuftion  du  fou- 
fre ,  &  qui  forme  de  1  acide  fulfureux  pendant 
la  combuftion  du  charbon  avec  lequel  il  étoit 
mû. 

Poudre  fulminante. 

On  met  dans  un  mortier  de  marbre  qu'on  a 
échauffé  avec  de  l'eau  bouillante ,  &  qu  on  a  en- 
fuit* bien  efluyé ,  trois  onces  de  nitre  bien  fec  , 
deux  onces  de  fel  alkali  bien  fec  >  &  une  once  de 
fleurs  de  foufre ,  ou  de  foufre  réduit  en  poudre 
fine  :  on  mêlé  toutes  ces  matières  en  les  triturant 
avec  un  pilon  de  verre  auffi  chauffé  &  féché  ,  jus- 
qu'à ce  que  le  mélange  foit  bien  èxa&  :  on  ren- 
ferme la  poudre  dans  une  bouteille  qu'on  bouche 
bien. 

La  propriété  de  cette  pondre  eft  de  produire , 
étant  expofée  fut  le  feu  ,  une  explofion  de$  plus 
fortes  &  des  plus  bruyantes.  On  met  dans  une 
cuiller  de  fer  >  fur  un  feu  très  doux ,  un  demi-gros 
Ou  cm  gros  de  cette  poudre  :  la  poudre  fe  liquéfie: 
lorfqu  elle  eft  parvenue  à  une  certain  degré  de 
chaleur,  elle  le  réduit  fubitement  en  vapeurs  t* 
Se  elle  produit  une  explofion  très  bruyante* 

Remarques. 

Le  fel  alkali  attire  l'humidité  <le  l'air  :  il  con- 
vient ,  pour  cette  raifon ,  de  faire  te  mélange 


4*6  CitY*U*   ÏXPERIMENTiit 

dans  un  mortier  chaud  ^afih  que  la  poudre  Jfe 
trouve  feche  lorfqu'elleJR  faite  :  fes  effets  fone 
d'autant  plus  forts ,  que  le  mélange  eft  plus  in- 
time. 

La  théorie  âos  terribles  effets  de  cette  poudre 
eft  à-peu-près  ta  même  que  celle  des  effets  de  U 
poudre  à.  canon  :  ces  effets  font  dijs  à  Finflamma- 
tion  du  foufre  nitreux  qui  produit  aflez  de  chalenç 
pour  réduire  l'eau  principe  des  fubftarices  falines 
&  les  fels  eux-mêmes  en  vapeurs  très  dilatées. 
Pendant  que  la  poudre  fe  liquéfie ,  il  fe  fait  deux 
décompositions  &  deux  nouvelles  combinaifons  : 
une  partie  du  foufre  fe  brûle  ;  mais  la  plus  grande 
parue  du  pttlogiftique  fe  combine  avec  l'acide  ni- 
treux ,  &  forme  du  foufre  nitreqx.  L  acide  vitriol 
lique  fe  porte  fur  l'alkali  fixe  &  fur  l'alkali  di^igi-; 
tre,&  ils  forment  enfemble  un  tartre  vitriolé*  Ces 
combinerons  fe  font  fimultanément  :  lorfque  le 
foufre  nitreux  eft  formé  >  &  qu'il  éprouve  un  de- 
gré de  chaleur  fuffifant ,  il  s'enflamme  &c  pcpdsnc. 
1  exploûon  dont  nous  venons  de  parler.  La  com-> 
tgétion  dans  i'air  eft  fi  terrible  &  fi  prompte^cm'ik 
eft  impoflîble  de  remarquer  aucune  flamme  ffcng 
le  temps  de  re*plofion  ;  elle  eft^étôuffée  auflî-tôc 
quelle  *  Ueiujpor  la  réfiftance,  qu'elle  trouve  dd 
U  part  de  l'air.  Si  l'on  Jajtfoif  cette  expérience 
dans  un  endroit  fermé ,  il  ferait  dangereux  d  eta- 
ployer  plus  dnn  demi-gros  de  poudre  à  la  fois  i 
Feyplouôn,  pourtoit  être  allez  forte  pour  ren- 
verser les  aiaftamv  brifaries  portes  &  lescçoK 
lees,  &c,  ^  ;  :  .  .;-  ;i: 

U  arrive  quelquefois ,  fur-tout  lorfque  la  cha- 
leur eft  tropibgtexj  que  U  ppudçe  produit  foiv 
explohon  avant  d'être  entrée  en  liquéfa&ion  : 
alors  elle  eft  mojiis  bruyante  due  torique  la  ma- 
tière eft  «ntrée  ço  pleine  UquéU##£  >  parcequ'it