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Photographie
Sciences
Corporation
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WIBSTIR.N.Y. 14S80
(716) C7a-4S03
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CIHM/ICMH
Microfiche
Séries.
CIHM/ICMH
CollectÊon de
microfiches.
Canadian Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microteproductions historiques
Technical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques
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qu'il lui a été possible de se procurer. Les détails
de cet exemplaire qui sont peut-être uniques du
point de vue bibliographique, qui peuvent modifier
une image reproduite, ou qui peuvent «exiger une
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sont indiqués ci-dessous.
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Coloured covers/
Couverture de couleur
Covers damaged/
Couverture endommagée
Covers restored and/or laminated/
Couverture restaurée et/ou pelliculée
Cover title missing/
Le titre de couverture manque
Coloured maps/
Cartes géographiques en couleur
Colourtod ink (i.e. othcr than blue or black)/
Encre de couleur (i.e. autre que bleue ou noire)
Coloured plates and/or illustrations/
Planches et/ou illustrations en couleur
Bound with other matériel/
Relié avec d'autres documents
Tight binding may cause shadows or distortion
along interior margin/
La reliure serrée peut causer de l'ombre ou de la
distortion le long de la marge intérieure
&lank leaves added during restoration may
appear within the text. Whenever possible, thèse
hâve been omitted from filming/
Il se peut que certaines pages blanches ajoutées
lors d'une restauration apparaissent dans le texte,
mais, lorsque cela était possible, ces pages n'ont
pas été filmées.
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Colcured pages/
Pages de couleur
Pages damaged/
Pages endommagées
Pages restored and/or laminated/
Pages restaurées et/ou pelliculées
Pages discoloured, stained or foxed/
Pages décolorées, tachetées ou piquées
Pages detached/
Pages détachées
Showthrough/
Transparence
Quality of print varies/
Qualité inégale de l'impression
Includes supplementary material/
Comprend du matériel supplémentaire
Only édition available/
Seule édition disponible
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slips, tissues, etc., hâve been refilmed to
ensure the best possible image/
Les pages totalement ou partiellement
obscurcies par un feuillet d'errata, une pelure,
etc., ont été filmées à nouveau de façon à
obtenir la meilleure image possible.
D
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The copy filmed hère has been reproduced thanks
to the generosity of :
Library of the Public
Archives c' Canada
The images appearing hère are the bsst quaiity
possible considering the condition and legibility
of the original copy and in keeping with the
filming contract spécifications.
L'exemplaire filmé fut reproduit grflce à la
générosité de:
La bibliothèque des Archives
publiques du Canada
Les images suivantes ont été reproduites avec le
plus grand soin, compte tenu de la condition et
de la netteté de l'exemplaire filmé, et en
conformité avec les conditions du contrat de
filmage.
Original copies in printed paper covers are filmed
beginning with the front cover and ending on
the lest page with a printed or illustrnted impres-
sion, cr the back cover when appropriate. AH
other original copias are fiimed beginning on the
first page with a p.'imed or illustrated impres-
sion, and ending on the last page with a printed
or illustrated impression.
Les exemplaires originaux dont la couverture en
papier est imprimée sont filmés en commençant
par le premier plat et en terminant soit par la
dernière page qui comporte jne empreinte
d'impression ou d'illustration, soit par le second
plat, selon le cas. Tous les autres exemplaires
originaux sont filmés en coiTîmençant par la
première page qui comporte une empreinte
d'impression ou d'illustration et en terminant par
la dernière page qui comporte une telle
empreinte.
The last recorded frame on each microfiche
shall c:ontain the symbol •^(meaning "CON-
TINUE»"), or the symbol Y (meaning "ENO"),
whichever appiies.
Maps. plates, charte, etc.. may be filmed at
differont réduction ratios. Those too large to be
entirely ii.ncluded in one exposure are filmed
beginning in the upper left hand corner, left to
right and top to bottom. as many frame» as
required The «ollowing diagrams iilustra^u îhe
method:
Un des symboles suivants apparaîtra sur la
dernière image de chaque microfiche, selon le
cas: le symbole —^ signifie "A SUIVRE ", le
symbole V signifie "FIN".
Les cartes, planches, tableaux, etc.. peuvent être
filmés à des taux de réduction différents.
Lorsque le document est trop grand pour être
reproduit en un f«ul cliché, il est filmé à partir
de l'angle supérieur gauche, de gauche à droite,
et de haut en bas. en prena<it le nombre
d'images nécessaire. Les diagrammes suivants
illustrent la méthode.
rata
0
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2
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LES HOMMES DU JOUR
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SÎR JOHX A MACDONAIJ)
OeSBAMATK .ï (:<E, onAVCUKS ET IMPHIMIUhS
Kl ilTION l 'OPTJL A I H K
LES
HOMMES DU JOUR
OAUmiK 1)K PORTRAITS CONTKMPORAINS
MONUMENT ÉRIGÉ A LA GLOIRE DE LA CONFÉDÉRATION
DU CANADA
niRKCTION DE
I.OUIH-H. 1 ACHÉ
Ni). -1 (l, HUK ST-jAC»iUE.S, MONTUÉAI.
ÉDITEURS:
l.A COM..A.-.NIK l.K MOUUNS A PAI'IKU MK MuNTKKAU
No. 588. me CraiK- Montréal
1/. /
Enregistré par I,c)uis-H. Tachk, an iiiinistùrt' de 1 iiKriculturo. a Ottawa
conforniL-nu-nt à l'Arle «lu parlcnu-iit ("ii Caiiii<la, fii
l'annce mil Iiuit ct-iit qnatit-vingt-dix.
V
■1
♦
INTRODUCTION
i\.
Le Canada, depuis vingt-cinq ans, a marché à pas de géant dans
la voie du progrès intellectuel et matériel. Grâce aux hommes de
la génération ù qui fut dévolue la tâche difficile de la diriger, la
confédération canadienne s'est affirmée plus hautement à mesure
que le temps lui a permis de définir sa politique et d'accomplir ces
colossales entreprises qui ont attiré sur elle l'attention du monde.
Aujourd'hui, après un ([uart de siècle seulement, notre pays occupe
la première place coloniale du globe. Il n'est donc pas sans à
propos de réunir, dans un cadre h la portée du public, quelques-unes
des grandes figures cjui illustr'.'ut la génération actuelle. En voyant
ainsi groupés ces hommes d'Etat, ces savants, ces littérateurs, ces
rois de la finance et de l'industrie qui, chacun dans leur sphère, ont
travaillé à la gloire de notre chère patrie, nos compatriotes compren-
dront mieux les éléments de cohésion que nous po.ssédons et le
devoir qui incoml)e à tous de les rendre plus solides, au lieu de les
affaiblir soit par indifférence, soit par ignorance de ce que nous
sommes.
Cette galerie ne contiendra qu'un nombre limité de portraits des
hommes qui mériteraient d'y avoir place. L'ordre dans lequel ils
paraîtront n'est ni un ordre de mérite, ni un ordre de préséance.
Au contraire, le but des éditeurs est de les mélanger de manière à
éviter la monotonie.
La province de Québec, si fière dans sa force, si calme à travers
les orages de la ])()lit}qu«.% .si mécoinuie dans certaines parties de la
Confédération, si ignorée ou si méprisée dans d'autres, aura sa large
place dans cette publication destinée à être répandue dans toutes les
provinces. Ses illustres fils, remarquables par la variété et la force
de leur talent, apparaî.ront k\ comme en un protêt solennel contre
les honteu.ses attaciues dont elle est .souvent l'objet. D'un autre
I,KS 1U):\IMKS IM" JOUR
. I
côte, les Canadiens-Français apprendront à coiniaître et h apprécier
lenrs compatriotes anglais, ([ni méritent lenr sympathie et leur
admira' ion.
I^es passions de parti, les entraînements politicpies, les violences
de la lutte font trop souvent voir les hommes sous un faux jour.
Presque invariablement, selon les exigences du moment, ils sont
])ortés aux nues par la louange et l'adulation, ou traînés dans la
boue pour servir l'ambition des uns, la jalousie ou la haii-e des
.lutres. C'est le sentiment des injustices cpii .se commettent chaque
jour cpii nous a inspiré le désir de faire une œuvre utile, en faisant
mieux connaître et par là mieux aimer csux de nos compatriotes (jue
le talent, le travail ou une louable aml)ition ont portés à la direction
politique, intellectuelle et morale du pays.
L' esprit de parti sera oublié dans cette publication. Les bio-
graphie.T seront écrites à un point de vue impartial, bienveillant
plutôt qu'hostile, et la responsabilité des opinions .sera laissée à
l'auteur, chaciue écrit devant être .signé d'un nom resi^onsable. I^a
direction verra cependant à ce que la louange d'un homme ou d'un
parti ne comporte pas d'attaque déloyale ou pa.ssionnée contre un
autre, et ([ue la ju.stice et l'hi.stoire .soient respectées comme les
hommes et les partis eux-mêmes.
La grande édition des "Hommes du Jour" parait depuis
plusieurs mois, et la bienveillance (jue le public lui a témoignée
nous a décidé à en faire une édition ])opulaire accessible à toutes les
clas.ses de notre population, et d'un format plus connnode pour la
lecture et pour la consultation. C'est cette édition cjui connnence
aujimrd'hui : elle sera publiée en anglais et en français pour la bien
répandre parmi les deux grandes races qui rivalisent d'émulation
au Canada.
LOUIS-H. TACHK.
I il
LES Hommes du Jour.
If.re Série.
SIR JOHN A. MACDONALI)
Sir John Macdonald n'a jamai.s, nou.s dit-on, donné le moindre
encouragement aux biographes tjui ont tenté d'écrire sa vie. Il est
assez rare (jue les hommes de valeur veuillent se prêter à des appré-
ciations forcément entachées de bienveillance ou de mauvais
vouloir ; même une esquis.se biograplii{|ue ne peut avoir de poids
véritable que dégagée des pas.sions qui s'agitent ince.s.saniment
autour d'eux. Il est donc naturel (jue Sir John préfère attendre le
grand apaisement qui suivra sa retraite de la vie politique, avant de
chercher, dans le jugement des hommes, la modération, la jii.stice et
la .saine appréciation de sa carrière .si mouvementée et si profondé-
ment liée à l'histoire de ce pays.
Sir John doit cependant se .soumettre à l'inéxitable, et, du moment
<lu'on publie une galerie de portraits des honunes éminents du Canada,
la première place lui appartient et il lui faut .subir l'infliction d'une
" esqui.s.se," toute incomplète qu'elle pui.sse être. Autrement, ce
.serait faire la même faute que d'omettre le nom de vShakespeare ou
de Hugo en parlant des grands poètes.
Le cadre dans lequel nous devons renfermer cette étude ne nous
permet guère que des considérations générales et une rapide revue
des faits principaux qui .se rapportent à notre .sujet. Le .soin de
décrire minutieusement la vie et la carrière du premier ministre
appartiendra à celui-là qui, après la mort de Sir John, grâce à une
intimité de vieille date avec lui, pourra joindre à l'exactitude et à
l'en.semble des faits le récit des habitudes journalières de l'éminent
homme d'Ktat, et apprécier, en y ajoutant l'anecdote à l'occasion,
les subtilités de .son esprit et l'élévation de .son caractère. I^'auteur
de ces lignes n'a pas eu le rare privilège de jouir de la coiuiai.ssance
•fersoiuielle du premier ministre, ce qui le force à suivre de loin
r
il
î
6 LES HOMMKS Dl' JOUR
seulement le vieux chef, en se fixant sur ces événements (jui ont
diminué la distance entre l'architecte de la Confédération et la gloire,
comme les chaînons du chemin de fer du Pacifitjue ont rapproché
les deux océans.
On parle facilement d'hommes d'Etat, mais peu de personnes
réalisent la véritable sij^nification et l'étendue de ce mot. Dans les
classes ignorantes, on donne souvent ce titre à des politiciens d'occa-
sion et même à ces hâbleurs (|ui voient des dangers partout et que Ben
Jonson désignait avec mé])ris comme " stateswomen. ' Un homme
d'Ktat est chose bien rare. Il n'y en a pas trois parmi ceux qui
s'occupent aujourd'hui de politique aux Etats-Unis ; il n'y en a pas
cinq au Canada. Sir John Macdonald est, sans aucun doute, le plus
grand des (juatre Canadiens c[ue nous croyons vraiment dignes de ce
nom et le plus grand du continent américain. Comment une nation
de cincjuante à .soixante millions d'habitants a produit moins
d'hommes d'Etat qu'une nation voisine de cinq à six millions .seule-
ment, est une question cpie nous ne voulons pas discuter ici. Qu'on
nous permette .seulement de dire que nos institutions plus libres, nos
traditions historiques incomparablement plus grandes, comme partie
intégrale du plus va.ste empire du globe, favorisent mieux la produc-
tion et le développement des facultés et des talents de l'homme
d'Etat que les rudes, égoïstes et démocraticiues habitudes de la
république américaine. Un Canadien illustre exprimait énergicpie-
ment, le 4 janvier 1889, .son appréciation du sentiment de dignité
nationale qui existe dans les deux pays, dans un .sens (jui appuie
notre assertion et qui dénote ini jugement droit, uni au patriotisme
le plus éclairé : "Je préfère, disait l'honorable Oliver Mowat, être
premier ministre de la province d'Ontario que gouverneur de l'Etat
de New-York : et, si j'avais une ambition (|ui me manque pour une
position honorifique plus haute, j'aimerais mieux être premier
mini.stre du Canada ([ue président des Etats-Unis."
Bien que les facultés et les talents des liommes d'Etat soient les
mêmes partout, leur politique varie con.sidérablement .selon les
milieux et particulièrement entre l'Angleterre, les Etats-Unis et le
Canada. Nulle part l'éducation politique ne commence aus.si à
bonne heure qu'au Canada et aux Etats-Unis, ce qui donnerait à
croire au même degré de culture et d'avancement dans les deux
SIR JOHN A. MACDONALD
pays. Il y a CL-pendant la distance de la coupe aux lèvres entre
cette supposition et les faits. Chose étrange : bien que les Anglais
ne connnencent à s'intcreSi-.er activement aux affaires publiques
qu'au moins cinq ans après les jeunes gens du Canada et dix ans
après leurs cousins des Ktats-Unis, (qui s'occupent d'affaires nuniici-
pales dès l'âge avance de douze à treize ans), ils sont, quand leur
heure est venue, tout aussi ca]>ables de se former une saine et
intelligente opinion des questions publiques que les plus précoces
politiciens ; et les honnnes d'Etat anglais s'élèvent généralement à
un bien plus haut degré de perfection, d'intelligence et de dignité
politiques. De là vient qu'on considère souvent connue un compli-
ment de comparer un homme d'Etat colonial ou américain à un
homme d'Etat anglais. Il a été dit de Sir John qu'il était "moie
than a colonial mind." Ce n'est pas très flatteur pour les colonies,
mais ce l'est d'autant plus pour notre premier ministre.
On a souvent comparé Sir John Macdonald à l'illustre Benjamin
Disraeli , comte de Beaconsfield. Cette comparaison pourrait être prise
pour un compliment à l'adresse de Sir John, si elle n'était tout aussi
flatteuse pour Disraeli. Il y a sûrement de fortes ressemblances dans
la personne, la vie et le caractère de ces deux hommes, bien que
nous n'admettioîis pas un parallèle au.ssi frappant que certains
enthou.siastes veulent le faire. Il n'est pas à regretter non plus que
Sir John diffère de caractère avec Disraeli en ce .sens qu'il ne possède
pas la vanité persoimelle qui amenait ce dernier à parler ■ lui-môme
.si .souvent et d'uiie manière parfois ridicule. D'un au. côté, la
gloire de Lord Beaconsfield est grandement due à sou gc.iie litté-
raire, que Sir John ne partage pa^. Très di.stingué comme homme
d'Etat, Disraeli est encore grand comme auteur; et. pour citer ses
propres mots dans la préface qu'il a écrite à l'ouvrage de son père,
" Qiriosi/ics of JJlcratiirc": "Un aitteur peut diriger la fortinie du
" monde d'une manière plus étendue qu'un homme d'Etat ou un
' ' guerrier ; et les œuvres par lesquelles son influence se produit et
" s'exerce peuvent avoir l'intérêt et l'importance des décisions des
" corps législatifs les plus grands ou posséder la valeur stratégique
" déployée sur les champs de bataille les plus mémorables." Il y
a cependant auteur et auteur. Comme auteur, Lord Beaconsfield
n'a pas exercé son influence sur la fortune du monde à un aussi
8
LEb HOMMES DU JOUR
haut degré, loin de là, que comme liomme d'Ktat ; et p >urt.int
î 'h'/an Gny, et encore plus Civitarini Floning^ occupent une p^ace
d'honneur dans les annales de la littérature anglaise. Pu.-lier un
livre n'est pas un effort si colossal, après tout, de notre temps où le
découpage et les cita is jouent un si grand rôle à l'inju d'un
nombre de personnes considérable, mais moins nombreux de jour en
jour. Si Sir John Macdonald écn\\.11- un livre, ce livre serait, sans
doute, digne de son génie ; mais je n'ai jamais entendu dire qu'il ait
eu la pensée de devenir aut^^ur. Il est cependant si bien doué, cra'il
ne serait pas étonnant de le voir un jour suqirendre le monde, au
déclin de sa \ie, par une teuvre remarquable, tout comme un certain
Caton, non étranger à la célébrité, commença à étudier le grec à
l'âfre de quatre-vingts ans. Sir John a été toute sa vie un homme à
surprises et un fidèle croynnt aux doctrines de Disraeli, dont l'une
I>ar excellence est la suivante : "Ce n'est pas assez de gouverner les
hommes : il faut encore les étonner."
Tv'âge ne .semble pas aîTecter vSir John. Un jour, à ini pique-nique
où il faisait une allusion à la possibilité de sa mort prochaine, un
rude paysaii lui cria : "John A., vous ne mourrez jamais !" Ce mot
peut être donné connue le pendant de l'anecdote qui suit. Vi\
Anglais exprimait l'espoir cjue .son fils pourrait entendre Gladstone
"avant sa mort." vSon interlocuteur lui répliquait que le che^
libéral était en parfaite santé et qu'il n'y avait aucu'.e probabilité
qu'il mourût avant hmgtemps. " Oh ! reprit le premier, je ne parle
pas de la mort de Gladstone, mrJs de celle de mon fils." Puis.sent
le vaillant ami de la cause irlandaise et Sir John Macdonald, qui,
tous deux, ont eu le privilège d'être appelés " Our grand old inan "
par leur nation respective, être con.servés longtemps à l'admiration
et à l'affection de leurs compatriotes !
Sir John Macdonald et Lord Beaconsfield ont tous deux étudié le
droit ; mais ce dernier n'a jamais exercé. Aucun d'eux n'était bien
jeune à .son entrée dans la carrière légi.slative. Kii 1837, quand
Di.srueli fut élu pour représenter le bouîg de Maidstone, il avait
trente-deu.K ans. Aux jours de Cicéron, cet âge fonnait partie de la
première jeunesse politique ; mais le monde a marché depuis cette
époque.
Il/ium fuit et ingens gloria Teueronnii.
'
mmm
SIR JOHN A. MACDONALI)
9
Quand Sir John fut élu, en 1844, pour représenter Kingston dans
l'assemblée législative, sous l'Union, il avait vingt-neuf ans. Kings-
ton l'a reçu à bras ouverts à son entrée dans la vie publiquu, et le
jeune député ne connut pas alors les amertumes de la défaite, tandis
que Disraeli fut battu trois fois dans In division de High Wycombe
et rejeté une fois par les "libres et indépendants" électeurs de
Taunton avant que Maidstone lui ouvrît les portes du parlement
anglais.
De 1S47 à 1876, — une période de 29 ans, — Disraeli représenta le
comt''^ de Huckingham, de fait jusqu'à son élévation à la pairie. De
1844 à 1878, — une période de cinq ans plus longue, — vSir John
Macdonald siégea en parlement pour la ville de Kingston. Disraeli
serv't douze années avant de devenir ministre de la Couronne, tandis
que Sir John fut nommé receveur- ,.;énéral dans le cabinet Draper-
Daly après deux années et demie à peine d'expérience législative.
Lord Beaconsfîeld commença sa carrière comme radical, mais Sir
John est resté toute sa vie un franc con.servateur. Ecossais de nais-
.sance, ce dernier s'est toujours montré ab.solument loyal et dévoué
au Canada ; Beaconsfîeld . descendant des Juifs, a été plus Anglais
que les Anglais eux-mêmes, ce qui n'empêcha pas, un jour, un adver-
saire aussi libéral cjue M. Gladstone de lui reprocher de n'avoir pas
une goutte de .sang anglais dans les veines.
La res.semblance la ])lus accentuée entre Beacon.sfield et Sir John
existe dans le culte constant que tous deux ont pratic[ué pour un
opportunisme éclairé. Grâce à cet opportunisme, vSir John a rem-
porté (|uel{[ues-uns de .ses plus beaux triomphes, et nous lui devons
de dire que sa politiciue, bien que parfois apparemment incon.séquente
avec son pa.ssé, n'a jamais été inconsi.stente avec l'nitérêt national.
Nul homme, dans quel([ue contrée du monde, n'a compris plus
nitelligennnent les courants populaires que notre premier mini.stre,
Il a prescrit les directions à suivre pour le bien pul lie aux heures les
plus critiques, pratiquant tantôt l'homéopathie, tantôt l'allopathie.
Complétons notre pensée par l'expressive comparai.son de Ilare, si
singulièrement caractéristique de la conduite politique de vSir John :
" Un honnne d'Etat, me dit-on, devrait suivre l'opinion pul)lique.
" Sans doute. — mais comtne un cocher suit ses chevaux, en tenant
" la main ferme et en les dirigeant."
lO
LES HOMMi:S DU JOITR
1 '
H
i
La ville de Glasgow a eu riioniKJur d'être le lieu de naissance de
notre premier ministre. C'est xin honneur dont non-seulement
Glasgow, mais encore toute l'Kcosse, mère de tant d'illustres fils,
peut se glorifier à bon droit. Ce fut le 1 1 janvier 1815 que le futur
homme d'Ktat apparut sur le théâtre de ce monde où il était appelé
à jouer un si grand rôle. Sans ce qui peut être appelé cet accident
de sa naissance en Kcosse, Sir John pourrait être regardé absolument
connue un Canadien, étant venu au pays dès sa première enfance.
Son éducation primaire lui fut donnée presque complètement à
l'école royale de grammaire à Kingston, Ontario, sous la direction
du Dr. Wilson, sorti de la célèbre université d'Oxford, dont son
élève devait un jour recevoir un des plus hauts honneurs acadé-
miques. En effet, cette université d'Oxford, le siège le plus re-
marquable de l'éducation dans le monde et l'institution la plus
particulière dans la collation de ses distinctions, conférait à Sir John,
en 1865, le titre de docteur en droit civil, et s'honorait elle-même en
honorant ainsi le grand homme d'Etat canadien qui a tant fait pour
resserrer les liens qui unissent notre pays à l'empire britannique.
Bientôt après sa majorité, le jeune John Macdonald, dont bien
des vieux résidents de Kingston se rappellent encore la démarche
alerte et les manières affables et intelligentes, fut appelé au barreau
du Haut-Canada. Ce fut au terme de janvier 1836. Il fit l)ientôt
sa marque dans la profession légale, qui répondait si bien à son
esprit concis et logique. Sir John n'a jamais été accusé, même par
ses ennemis les plus acharnés, d'un amour exagéré de l'argent. On
l'a accu.sé de trop aimer le pouvoir, mais c'est là un sentiment plus
noble et plus élevé ; et la nation canadienne parait déterminée à
favoriser cette pa.ssion chez lui. Cela n'empêche pas que, .si Sir John
en était resté à la pratique du droit, laissant la politique absohiment
de côté, il aurait ])u amasser une fortune princière, au lieu de rester
pauvre. T-a même chose peut être dite, dans une cerv.aine mesure,
du célèbn iCdward Blake, qui a manqué l'occasion d'amasser une
large fort' le pour sa famille eu consacrant iine si grande partie de
son temps à la vie politique. '
De 1847 jusqu'à la Confédération, Sir John fut, presque sans
interruption, membre du gouvernement. Il occupa successivement
le poste de receveur-général, de commissaire des terres de la Couronne
SIK JOHN A. MACDONAU)
I I
et de procureur- général pour le Haut- Canada ; et il devint premier
ministre en juillet 1H58, après que l'administration eut été renversée
sur la question du siège du gouvernement. Il occupa alors la posi-
tion de maître-général des postes, résignant au bout de vingt-quatre
heures pour redevenir procureur-général du Haut-Canada. Il
s'acquitta des devoirs de sa charge avec une habileté remarquable
jusqu'en mai 1862, date à laquelle l'administration dont il était
membre fut renversée sur la question de la milice.
Il n'y a jamais eu dans l'oi^position deux pins énergiques et
brillants chefs que Sir John Alexander Macdonald et feu vSir George
K. Cartier, pendant les deux années qui .suivirent. Le souvenir de
cette époque est resté légendaire dans les annales de nos luttes parle-
mentaires et forme, avec la lutte de l'opposition conduite par
l'honoralile M. Chapleau, à Québec, en 187S et 1S79, l'âge d'or de
nos débats législatifs dans les trente dernières années.
Sir John n'a guère langui dans les froides régions de l'oppo-sition.
Durant la très grande partie de sa carrière politique, il a éprouvé les
vivifiantes .satisfactions du pouvoir. Et c'est peut-être un des points
<|ui resteront le mieu.x actiuis à sa gloire d'avoir traversé de nom-
breu.ses années de bonne fortinie aussi sagement ([ue les plus mauvais
jours de sa carrière. C'est dire l)eaucoup, car personne ne s'est
montré aii.ssi grand dans l'adversité que le vieux chef après ses
désastres de 1S73. Il n'a jamais perdu foi en lui-même et il a eu la rare
habileté de tirer d'une ruine (jui parais.sait ab.solue le triomphe le plus
brillant et le plus durable que pût ambitioinier un chef politique.
îyC gouvernement de l'honorable John Sandfield Macdonald ayant
perdu le pouvoir, l'administration Taché-Macdonald lui succéda, le
30 mars 1S64. De ce jour ju.stiu'à l'accomplis.sement de la Con-
fédération, vSir John .siégea à l'assemblée législative comme leader.
vSir Ktienne Taché mourut en 1.S65, après avoir été une des figures
les plus remar([uables et les plus nobles de la nationalité françai.se,
Homme à vues très larges, politicien tolérant, il fut un des actifs
in.struments de la Confédération. Sir John Macdonald qui, avec Sir
George Cartier, avait été son plus brillant collègue, aurait jni lui
succéder en 1865 ; mais, sachant ([ue tout vietit à point à qui .sait
attendre, il s'effaça gracieu.sement et modestement en faveur de vSir
Narcisse Belleau.
12
LKS HOMMKvS DU JOI'R
lya conférence de Churlottetown, en 1864, fut suivie de la fameuse
conférence de Québec, tenue dans la même année, et dans laquelle
on fixa la base d'une union entre toutes les possessions anglaises du
continent américain. La première avait eu pour résultat d'unir les
provinces maritimes dans le sens ([ui prévalut à celle de Québec.
Dès lors, la Confédération était assurée. La conférence coloniale
de Londres, dont Sir John fut le président, après avoir été délégué
aux deux autres, siégeait en 1866-67 quand la jouissance du Canada
reçut du parlement anglr.is sa charte et sa constitution dans la forme
du célèbre "Acte de l'Amérique Britannique du Nord." Le fait
que Sir John fut appelé à former le premier gouvernement de la
Confédération, en 1867, prouve qu'on le regardait à bon droit comme
ayant pris la part la plus active et le plus d'initiative pour amener
ensemble, dans lui tout compact, les faibles provinces anglai.ses
éparses sur ce continent. Le premier mini.stre s'attribua le porte-
feuille qu'il .semblait affectionner davantage, celui de procureur-
général, plus hautement désigné sous le titre de ministère de la
justice.
Chose .singulière : vSir John n'aurait pu perdre le pouvoir dans un
temps plus favorable à .ses intérêts politi([ues i[u'à 1 automme de
1873, lors de .sa démission sur l'affaire du Pacifi(iue. C'était au
début d'une cri.se financière terrible, dont le Canada devait souffrir
profondément et qui paraly.sa le commerce et l'indu.strie d'une grande
partie du monde. Notre position, à nous Canadiens, était encore
a.ssombrie par une succession de mauvai.ses récoltes dont l'effet
rendait plus intense.s les anxiétés cau.sées par cette dépres.sion
universelle et plus amères les luttes entre les partis politiques. Le
parti libéral, qui avait certainement des titres à l'administration des
affaires publif^ues, n'aurait pu monter au pouvoir dans des circon-
.stances plus fatalement dé.savantageuses. Le mini.stère de l'agricul-
ture était impui.ssa!it à faire pousser de bonnes récoltes. Personne
n'était ass v. naïf pour supposer ([ue le gouvernement Mackenzie
était capable de faire la pluie et le beau temps ; et cependant, est-ce
perversité de la nature humaine, est-ce un étrange désir de contradic-
tion et de l)lâme, la grande partie des électeurs as.sociait l'adminis-
tration fédérale h la rareté de l'argent, aux bas prix, aux pauvres
moissons, aux sombres jierspectives et à la mauvaise humeur de la
SIR JOHN A. MACDONALD
13
nation. vSir John Macdonald, que personne ne surpasse clans la con-
naissance de la nature humaine, se faisait ini plaisir de répéter, aux
"pique-niques" et aux assemblées politiques, avec cett- bonne
humeur (pii le caractérise, que, si le peuple lui en donnait la chance,
grâce à la protection, il lui donnerait de bornes recolles. L,e pe 'ple
lui remit le pouvoir et Dieu donna de bonnes récoltes au pays. Des
lors, on as.socia le gouvernement de Sir John à la pro.spérité générale.
Ce fut le cas de dire : "' J^ost /io<\ crgo propter Iioi\" et : " Rien ne
réussit comme le succès." Toutefois il ne faut pas croire que ce
succès était sans mérite. Quelle que soit l'appréciation que l'on
fasse de la politique nationale, vSir John eut le crédit d'avoir hardi-
ment proclamé le remède (jui devait mettre fin à la crise que l'on
venait de traverser.
Eii 1S46, l'Angleterre avait adopté une politique nationale qui
s'imposait au .suffrage du peuple anglais. Ce (pii était l)ou pour la
mère-patrie ne devait pas nécessairement l'être pour le reste du
monde, quoi qu'en disent les économi.stes anglais, qui prétendent le
contraire. Le commerce colonial a été fortement retardé par ce
changement de politique en 1S46, et l'Angleterre n'aurait pu raison-
nablement se plaindre que le Canada prît sa revanche, lorsqu'il
était presque iiuanime sur les moyens à adopter jiour assurer sa
prospérité.
Sir John monta au jyouvoir, pou.ssé par le flot populaire que
.souleva le .souffle de son génie. Il y est re.sté depuis et y semble
installé pour longtemps, car les aimées ne l'afifaibli.ssent pas et
l'habitude n'enfante pas la monotonie dans son admini.stration.
Lor.s([u'il forma .son gouvernement, en 1S78, le premier mini.stre
prit le porte-feuille de l'intérieur, qu'il garda jusqu'au 18 octobre
1883. Il devint alors prés'dent du Conseil et céda la lourde adminis-
tration de l'intérieur à l'honorable vSir David Macpherson. à qui
succéda l'honorable TluMuas White, le plus infatigable des mini.stres
et le plus loyal des hommes, mort si prématurément. Depuis
l'automme dernier, octobre 1889, Sir John occupe la position de
minist'c des chemins de fer et remplit assidûment les absorbantes
fonctions de ce ministère.
Un des traits les ])lus frappants de l'habileté de Sir John se trouve
dans le choix de .ses collègues, hommes admirablement doués pour
14
LES HOMMES DU JOIR
les fonctions qu'il leur destine et, dans quekiues cas, comme dans
celui de Sir John Thompson, hommes d'une valeur intellectuelle qui
s'impose, non-seulement dans l'administration de leur ministère,
mais dans toutes les attributions des hommes d'Ktat.
Dans cette biographie, nous avons constamment indiqué le
premier ministre sous le titre de '' S/r /o/in," le mot "Sir" étant
désormais attaché à son nom comme le titre de " général " est lié à
celui de Charette. Ce n'est cependant cju'en juillet 1S67 que Sir
John fut fait chevalier-commandeur de l'ordre du Bain, et en
novembre 1884 qu'il fut promu grand-croix de cet ordre. Outre le
titre qui lui a été conféré par l'université d'Oxford, il est aussi
docteur en droit de l'université Queen's de Kingston, et docteur
en droit civil de l'université du collège " Trinit^- " de Toronto. En
janvier 1S72, il eut l'hoinieur insigne de recevoir la di.stinction de
chevalier-grand-croix de l'ordre royal d'Lsabelle la Catholique. Ce
fut en août 1879 que, après un délai de .sept ans depuis vSa nomina-
tion, il prêta .serment comme membre ''Hi Con.seil privé de Sa Majesté
en Angleterre, d'où lui vient .son titre de " très honorable."
Avec le comte de Grey, (aujourd'hui le marquis de Ripon), feu
Lord Idde.sleigh, (alors Sir vStafford Northcote), Sir Edward Thornton
et le très honorable Montagne Bernard, Sir John A. Macdonald agit
comme un de î hauts-commi.s.saires conjoints et plénipotentiaires d ? Sa
Majesté, nommés pour régler, avec certains commi.s.saires des Etats-
Unis, les réclamations de r .llabaiiia et autres litiges existant entre les
deux pays. Le travail des commi.ssaires résulta dans le traité de
Washington, qui fut signé le 8 mai 187 1.
De 1844 à ce jour. Sir John a représenté Kingston, moins l'inter-
valle de 1S78 à 1887, pendant lequel il .siégea succe.s.sivement pour
Marquette, Man., Victoria, B.C., et Carleton, Ont.. En 1886, il fut
élu simultanément dans Kingston et Carleton ; mais il choisit la
division qui l'avait si longtemps élu et qui avait amèrement regretté
son ingratitude de 1878.
Dans toutes les grandes questions qui ont été agitées ou résolues
durant la carrière de Sir John, le chef con.servateur s'est montré
d'une habileté, d'un tact et d'une force qui ont eu pour effet de
maintenir la paix dans l'ordre, sans affecter le sentiment de loyauté
du pays à l'adresse de la Courotnie anglai.se.
SIR JOHN A. MACDONALH
^5
Sir John Macdonald n'est pas ini orateur clans le sens ordinaire
de ce mot ; et cependant peu d'orateurs savent captiver un auditoire
et commander l'attention de la Chambre d'une manière aussi
absolue, aussi magnétique, que le premier ministre. Sans doute,
beaucoup de cette attention est due au fait que c'est "Sir John " qui
parle, chacun voulant savoir ce que le vieux chef va dire ; mais il y
a, en outre, l'attrait de la forme, caractéristique chez Sir John, et la
précision de l'idée, qu'il exprime toujours avec le mot propre.
Voilà ce qui lui fait un genre à part, dans lequel il excelle et que nul
autre dans notre parlement n'a su approcher ; c'est un genre plus en
faveur dans le parlement impérial que dans le nôtre. Sir John n'a
pas d'abondance de parole : au contraire, il cherche souvent le mot,
probablement à dessein ; il se borne plutôt à dire exactement qu'à
orner son discours de fleurs de rhétorique, ce qui fait qu'il n'est
jamais embarrassé. L'esprit et l'humeur abondent dans ses discours,
sans en excluer la sagesse. L'anecdote y trouve toujours sa place et
ne manque jamais de provoquer les applaudissements. Personne
mieux que lui n'est habile à analj-ser rapidement le discours d'un
adversaire et à en faire ressortir, avec faveur ou sarcasme, les parties
remarquables ou faibles. Sa voix n'est pas forte, mais elle s'élève
avec son sujet et se fait entendre jusqu'aux coins les plus reculés de
la Chambre ; quand les circonstances sont solennelles, elle prend
parfois, comme lors du débat sur la question des Jésuites, une ampleur
qui étonne et impressionne vivement. Presque toujours, Sir John a
l'r.ir de plaisanter, souvent même quand tout le monde se laisse
emporter par un sentiment exagéré de l'importance d'une question ;
mais, dans les occasions où de grands intérêts sont en jeu, la gaieté
fait place à l'émotion, et le tremblement de sa voix, autant que sa
tenue, ne laisse pas de place au doute sur la sincérité de ses convic-
tions. Disons, en terminant ce portrait, que Sir John fut, dans ses
premières années, un des orateurs populaires les plus actifs et les
plus aimés du pays.
Pas un homme au Canada n'est mieux connu que Sir John, tant
connue homme public que connue individu. Son extérieur distingué,
sympathique, frappant, son esprit fin et délié, son magnétisme
persoimel, cette faculté extraordinaire de tirer le meilleur parti
possible d'une difficulté, sont familiers à tous ceux qui, de près ou
i6
I.KS IIOM.MKS DU JOUR
de loin, suivent les affaires du pays. Aimable et charmant dans la
pleine acception de ces îuots, très recherche en société, le premier
ministre est gracieusement et intellit^emment secondé par I^adv
Macdonald, qui est à Sir John ce que Lady Beaconsfield fut à
l'illustre Disraeli. Lady Macdonald possède un talent littéraire
remar([uable ; elle a écrit et jniblié des articles de revue dont le
retentissement a été considérable dans le monde des lettres. Ce fut
eu 1867, dans l'année de la Confédération, qu'elle épousa l'éminent
chef conservateur.
En terminant cette courte étude sur celui que le Canada honore,
non-seulement comme son plus grand homme d'Etat, mais encore
comme une des plus belles figures du vaste empire britannique, nous
ne pouvons nous empêcher de .songer avec envie à la tâche glorieuse
du biographe à qui il sera donné d'écrire la vie et l'histoire de ce
noble et vaillant Canadien, dont les lignes qui précèdent ne font
qu'effleurer la triomphale carrière.*
JOHN FRANCIS WATERS.
Ottawa, 5 juin 1890.
[Traduction de TyOui.s-H. Taché.]
*Uepuis la pul)lication ilc cette biographie dans la uramle édition des " IIommks du
Jour," Sir Joliu A. Macdonald est dCxCdé. C'est le 6 juin dernier, (1H91), que le Canada a
perdu l'homme d'Ktat éminent dont la politique est tracée dans les lignes qui procèdent.—
(NoTK nu l'Editeur.)
LC9 TtOCHCRS.
ST Patrick.
R^iviftRE BU Loup