IMAGE EVALUATION
TEST TARGET (MT-S)
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Sciences
Corporation
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23 WEST MAIN Srf.eET
WEBSTER, N.Y. 14580
(716) 872-4503
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CIHM/ICMH
Microfiche
Séries.
CIHM/ICMH
Collection de
microfiches.
Canadian Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques
Technicai and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques
The Institute has attempted to obtain the best
original copy available for filming. Features of this
copy which may be bibliographically unique,
which may alter any of the images in the
reproduction, or which may significantly change
the usual method of filming, are checked below.
D
D
D
D
D
D
Coloured covers/
Couverture de couleur
I I Covers damaged/
Couverture endommagée
Covers restored and/or laminated/
Couverture restaurée et/ou pelliculée
I I Cover title missing/
Le titre de couverture manque
I I Coloured maps/
Cartes géographiques en couleur
Coloured ink (i.e. other than blue or black)/
Encre de couleur (i.e. autre que bleue ou noire)
I I Coloured plates and/or illustrations/
Planches et/ou illustrations en couleur
Bound with other matériel/
Relié avec d'autres documents
Tight binding may cause shadows or distortion
along interior margin/
La reliure serrée peut causer de l'ombre ou de la
distortion le long de la marge intérieure
Blank leaves added during restoration may
appear within the text. Whenever possible, thèse
hâve been omitted from filming/
Il se peut que cenaines pages blanches ajoutées
lors d'une restauretion apparaissent dans le texte,
mais, lorsque cela était possible, ces pages n'ont
pas été filmées.
The
to t
L'Institut a microfilmé le meilleur exemplaire
qu'il lui a été possible de se procurer. Les détails
de cet exemplaire qui sont peut-être uniques du
point de vue bibliographique, qui peuvent modifier
une image reproduite, ou qui peuvent exiger une
modification dans la méthode normale de filmage
sont indiqués ci-dessous.
□ Coloured pages/
Pages de couleur
□ Pages damaged/
Pages endommagées
n Pages restored and/or laminated/
Pages restaurées et/ou pelliculées
i/
v/
D
D
The
pos
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film
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first
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Pages discoloured, stained or foxed/
Pages décolorées, tachetées ou piquées
□Pages detaehed/
Pages détachées
Showthrough/
Transparence
□ Quality of print varies/
Qualité inégale de l'impression
I I includes supplementary matériel/
Comprend du matériel supplémentaire
Only édition available/
Seule édition disponible
Pages wholly or partially obscured by errata
slips, tissues, etc., hâve been refilmed to
ensure the best possible image/
Les pages totalement ou partiellement
obscurcies par un feuillet d'errata, une pelure,
c y. ., ont été filmées à nouveau de façon à
obtenir la meilleure image possible.
The
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Map
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requ
meti
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Additional comments:/
Commentaires supplémentaires.-
This item is filmed at the réduction ratio checked below/
Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous
10X 14X 18X 22X
26X
30X
V
12X 16X 20X 24X 28X 32X
The copy filmed hère has been reproduced thanks
to the generosity of :
Library of the Public
Archives of Canada
The images appearing hère are the beat quality
possible considering the condition and legibillty
of the original copy and in keeping with the
filming contract spécifications.
Original copies in printed paper covers are filmed
beginning with the front cover and ending on
the last page with a printed or illustrated impres-
sion, or the back cover when appropriate. AH
other original copies are filmed beginning on the
first page with a printed or illustrated impres-
sion, and ending on the last page with a printed
or illustrated impression.
The last recorded frame on each microfiche
shall contain the symbol — ^> (meaning "CON-
TINUED"), or the symbol V (meaning "END"),
whichever applies.
Maps, plates, charts, etc., may be filmed at
différent réduction ratios. Those too large to be
entirely included in one exposure are filmed
beginning in the upper left hand corner, left to
right and top to bottom, as many frames as
required. The following diagrams illustrate the
method:
L'exemplaire filmé fut reproduit grâce à la
générosité de:
La bibliothèque des Archives
publiques du Canada
Les images suivantes ont été reproduites avec le
plus grand soin, compte tenu de la condition et
de la netteté de l'exemplaire filmé, et en
conformité avec les conditions du contrat de
filmage.
Les exemplaires originaux dont la couverture en
papier est imprimée sont filmés en commençant
par le premier plat et en terminant soit par la
dernière page qui comporte une empreinte
d'impression ou d'illustration, soit par le second
plat, selon le cas. Tous les autres exemplaires
originaux sont filmés en commençant par la
première page qui comporte une empreinte
d'impression ou d'illustration et en terminant par
la dernière page qui comporte une telle
empreinte.
Un des symboles suivants apparaîtra sur la
dernière image de chaque microfiche, selon le
cas: le symbole — ► signifie "A SUIVRE ", le
symbole Y signifie "FIN ".
Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être
filmés à des taux de réduction différents.
Lorsque le document est trop grand pour être
reproduit en un seul cliché, il est filmé à partir
de l'angle supérieur gauche, de gauche à droite,
et de haut en bas, en prenant le nombre
d'images nécessaire. Les diagrammes suivants
illustrent la méthode.
1
2
3
1
2
3
4
5
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ORNITHOLOGIE
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DU
CANADA.
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QUELQUES GROUPES
D'APRÈS LA NOMENCLATURE DU
SMITHSONIAN INSTITUTION,
DE WASHINGTON.
Pax" J. M. LcMoilne, Avocat.
lÈiiE PARTIE.
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QUÉBEC:
IMPRIMÉ PAR E. R. FRÉCEETTE,
21, RUE LA MONTAGNE.
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%îr ^ûmnt ^Es^ihal ^wthé.
Encouragé par des voix amies, l'auteur s'était
hasardé à esquisser rapidement, dans les colonnes
du Canadien, quelques groupes de rhistoiro na-
turelle du Canada. Séduit sans doute par la nou-
veauté de la chose et plus encore par l'éclat des
tableaux d*Audubon, de Buffon et autres, le public
a bien voulu accueillir ce travail avec bienveil-
lance, et la Presse Ta mentionné en termes flatteurs.
L'on exprima même le désir de voir le tout réuni
sous la forme de brochure, et Pauteur, tout on
reconnaissant la responsabilité nouvelle qui allait
peser sur lui, n'a pas cru devoir se soustraire au
vœu de ses lecteurs. Telle est l'origine de la pre-
mière partie de cet ouvrage (*), dont la seconde
paraîtra plus tard. i
Le titre indique suflîsamment que ce n'est pas un
traité suivi et complet d'ornithologie; mais un sim-
ple narré populaire, où quelques fleurs littéraires
(*) Les Oiseaux de Proie et les Palmipèdes.
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ont été à ilcssuin «oiniios sous les pas du lecteur, afin
(\e lui i(!ii(lre cette nouvelle voie, selon l'expres-
sion de Montaigne *• une route gazonnée et doux
fleurante." L'idée qui guidait la plume de Wil-
son et d'Audubon, celle d'écrire l'histoire natu-
relle d'un pays au point de vue national, cette
même idée a constamment insj)iré l'auteur, ja-
loux avant tout de la gloire de sa patrie.
Lorsqu'une nation éminemment utilitaire et pra-
tique comme l'est la ré])iiblique voisine (*) vote,
par la voie de son Congrès, un million de dollars
pour la publication, aux dépens de l'état, d'un ou-
vrage qui a trait en grande partie à l'histoire na-
tuielle du pays, il est permis de chercher en cette
science, une étude où l'utile l'emporte mùme sur
l'agréable : il est également loisible de croire que
si un peu])le de calculateurs comme le peuple amé-
ricain, consent à placer ainsi ses espèces pour l'a-
vancement de la science, la connaissance et le dé-
veloppement des ressourcées de son territoire, c'est
qu'après mûre réflexion, ce peuple intelligent en
était venu à conclure que ce placement, tout vaste
qu'il était, fructifierait au centuple.
Fort de cette double considération, l'auteur n'a
pas craint de préconiser hautement une étude qui
est en faveur dans tontes les grandes villes du nou-
veau monde et qui est de bon goût parmi les élus de
la fortune et de l'intelligence.
Cet essai national par sa portée et son inspira-
tion, sous quels auspices plus favorables pourrait-il
(*) Le |H'«tf<'SseiH' Bnird, dr* Wrisliington, nous écrivîiir
rfccannout (jiie le Congiès avait voté $1,000,000 pour lîi
pulilication rriin rapport sur los produc-tions natnivllfs, lo
rlimal vt l'histoiie ruiturpllp do rAménf|np uu Sud.
iir
pnraitre, que sous les vôUes, sir Etionnu Pasclial
Taché, vous, un des aînés du peuple Canadien ;
vous, qui naguère présidiez aux destinées de cette
grande Province; vous, enfin dont les succès, et les
services rendus au pays, et sur le champ d'honneur
et à la tribune, ont mérité de la Souveraine de ces
contrées, une solennelle el royale consécration.
A^ous me permettrez d'ajouter que, pour l'au-
teur, c'est plus qu'un hommage au mérite ; c'est
aussi un devoir qu'il remplit, mais un devoir d'a-
mitié ; car votre nom, sir Etienne, s'associe chez
lui aux souvenirs les plus doux, aux souvenirs vi-
vaces des jeunes années, de ce tem|)S fortuné dont
la plage s'éloigne chaque jour pour nous tous ; ces
souvenirs, ne sont-ce pas pour nous " les brises du
soir," ce vent parfumé de la patrie ?
Agréez donc la dédicace de ce j)etit travail et
acceptez en bonne part ce faible tiil>ut de
■•*
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L AUTEUR.
• ♦
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SpenrtM' rïrHnpo. lor ;ivi-il I8()0
. i-jj
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INDEX DES CllAITfRiiS.
f
PAOF.S.
Ej>itte dc'dicatoire i
Index des chapitres iv
Discours préliminaire 3
Notions préliminaires 9
Les Aigles du Canada 13
Les Hibous du ** Ire partie 19
" " 2de ** 24
Faucons, Éperviers, Émerillons 30
1/art de la Fauconnerie 46
Les Cygnes d u Canada 52
Outardes, Oies, Canards, Sarcelles . . 61
Un chapitre du sieur Boucher sur l'Histoire
Naturelle du Canada 71
Un chapitre du Père de Charlevoix sur THis-
toire Naturelle du Canada 73
Biographie d' Audubon 78
Extrait du catalogue raisonné du Smith sonian
Institution 85
Conclusion 92
Table des matières 93
f
OllNIÏHOT.OCHE
DU
C Ji.N Js^J:> A^
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Si lu spectacle do l'incj)uisal)lo vaiiuté do la na-
turo dans le rùgiio animal ; fci l'agi éablo mùlo à
l'utile dans ses combinaisons les plus enchante-
russes ; si la conlem[)lation do ce qui à la foia
lîatte la vue, charme l'ouie, captive les sens, a
été l'objet des études constantes do j)lusieurs des
grands écrivains de l'ancien monde : le nouveau a
également vu s'élever au sein do ses vastes forets,
près do ses cataractes retentissantes, des voix élo-
quentes qui ont célébré d'une maniéi'o non moins
digne les merveilles des bois et des champs. Au
front de la vieille Europe se grou])ent comme une
auréole les noms des Lacépéde, des Buttbn, des
Linnée, des Cuvier ; phares resplendissants de la
pensée, destinés à guider dans les sciences natu-
relles les pas des générations à venir. L'Amérique
a aussi, dans cette mémo carrière, ses privilégiés
de l'intelligence, ses Wilson, ses Bonaparte (*),
ses Vgassiz, ses Audubon.
Avant d'entrer en matière, signalons une cir-
constance propre à augmenter pour nous, anière-
(*) FiK (le Lucirn Bouaparto et riinco do Musignano.
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L
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neveux (Je la France, nos sympathies pour l\;tU(lo
de l'histoire naturelle; c'est que, bien que bi fa-
mille anglo-saxonne rrpantlue sur les deux rives
de l'Atlanticjue ait doinié naissance aux Pennant,
aux White, aux Wilson, aux lîaiid et aux lîrewer,
hommes fort distingu(;s d'ailleuis, néanmoins,
dans cette matière, les intelligences mères, tels
que Cuvier, Jîuffun, Agassiz, et mémo Audubon,
appartiennent à cette antique race gauloise. Nom-
mer ces flambeaux de l'esprit humain, c'est, ce
semble, assez démontrer l'importance et la poitée
do l'histoire naturelle comme «îtude. Cette science
est d'ailleurs si vaste, que chaque branche mérite-
rait d'ùtre traitée séparément.
Pour le quart d'heure, nous nous en tiendrons
au département qui a le plus d'attrait pour la gé-
néralité des lecteurs, l'ornithologie ; ce départe-
ment, nous le restreindrons encore à l'ornithologie
de l'Amérique, champ entièrement vierge avant
les travaux vastes et raisonnes de Wilson, du
Prince de Musignano et d'Audubon ; trop heureux
s''il nous était donné d'y glaner quelques rares
épis à la suite de ces illustres moissonneurs.
** L'ornithologie des Etats-Unis, a dit avec rai-
*' son Wilson, dévoile à nos regards les couleurs
les plus séduisantes dans la chaîne des ôtres,
' depuis l'oiseau-mouche aux ailes de trois pouces
'* de long, où For, l'azur et la pourpre se dispu-
" tant l'empire, jusqu'au condor au sombre plu-
'* mage, avec son envergure de seize pieds, qui
** séjourne dans nos régions boréales ; elle nous
" fait connaître des milliers de chantres ailés qui,
pour la variété, la mélodie et la douceur du ra-
mage, n'ont de rivaux dans aucune autre partie
it
— 5
du globe ; lîllo nous dévuilo leur émigratiou in-
' ccssjuite, do la zotio tonide à la zon(3 tcmpénîe,
' du noid au sud, à la rechercho do climats, d'ali-
* ments et do saisons convciiablos ; ello nous
' montro uno si étonnante diversité d'allures, do
* formes, do facultés si unifbrm<''ment hénklitaires
' dans chaque espèce et si bien adapttîes à ses be-
* soins, que nous sommes saisis d'étonnement et
' d'admiration à la vue de la puissance, do la sa-
* gesse et do la bienfaisance du Créateur. Une
' étude si propre à redoubler nos jouissances à si
* peu de frais et à nous conduire, })ar un sentier
' émaillé de fleurs, à la contemplation et à l'ado-
' ration du grand principe, du Pure et du Conser-
* vateur do tous les êtres, ne peut donc être ni
* oiî^euse, ni inutile : au contraire elle est digne de
* l'homme et agréable à la Divinité."
Ces nobles paroles font autant d'honneur à sa
tête qu'à son cœur. Voilà la science sur laquelle
nous désirerions voir se porter l'attention de tant
de sains et vigoureux esjjrits qui, chaque jour, ac-
quièrent un nouveau développement : c'est dans
ce but que nous examinerons ce qui se passe sur
les autres points de notre continent.
Parmi les villes de l'Union où l'histoire natu-
relle a pris un essor rapide, citons surtout Boston,
l'Athènes de TAmérique, Philadelphie, la Corin-
the du Nouveau Monde, et la capitale fédérale,
"Washington, avec ses musées, son capitole et son
Smithsoïiian Institution, fondé en 1846 par la libé-
ralité d'un particuUer. Cette fondation a singu-
lièrement prospéré ; le talent et le capital qu'on y
emploie chaque année à reculer les bornes de l'es-
prit humain, dans les sciences naturelles, place-
A3
à
a
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6
ront cette association sous peu, si elle n'y est déjà,
au premier rang des sociétés scientifiques de TA-
mérique. L'ornithologie paraît y être une des étu-
des de prédilection. Le Smlthsonian Institution
envoie chaque été d'infatigables missionnaires aux
cimes des montagnes rocheuses, aux prairies de
l'Ouest, aux savanes du Sud, au Canada et jus-
qu'aux régions glaciales du pôle, à la recherchv^
d'oiseaux inconnus ; ces nobles enthousiastes de la
science (inspirés par l'aideur qui poussa l'infatiga-
ble Pierre Chasseur (*) à passer deux étés dans les
montagnes du Canada, pour y attraper le grand pa-
pillon de nuit), le fusil à la main, traversent fleuves
et rivières, tantôt sur un frôle canot, tantôt à la
nage, comme Wilson et Audubon l'ont souvent
fait, et reviennent chargés de dépouilles opiraes.
Pas une expédition militaire n'est organisée, pas
une exploiation scientifique n'est mise sur pied
par le gouvernement fédéral, sans des ordres for-
mels de conserver et de faire transporter au Smith-
sonian Institution^ aux frais de l'Etat, oiseaux, ani-
maux, minéraux et autres objets, pour y être exa-
minés et classifiés par les savants professeurs
Henry, Baird et autres. Les procédés de ce corps
se publient annuellement aux dépens du gouver-
nement.
Malgré les découvertes do Wilson, de Bona-
parte, son continuateur, et du regretté Audubon,
dont la noble figure est encore fraîche dans le sou-
venir de bon nombre d'entre nous, pendant son
st^our à Québec, malgré, disons-nous, les travaux
extraordinaires de cet homme de génie qui sem.
(*) Mort en 1842.
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oiait avoir dit !« i
suit: ^"'^ ^^"d"bon, comme
"■~ "':*-'^:'" «■•'■:*■„- •'"~.»™.,»
„ """apaite en 1838.. 471
,. ^"'.'"''"'' """ 180.1.... 50G
'«"- que Londres ft ETnbZ " "7'^'^""-
"ets complets de l'ornitho itS^r' '" '=^'''-
'a métropole des CauaanJlff,'''T': ^' <!-
commencements d'un musée 'r-'^ '"^'"^ '"»
Non-seulement nous „ a.on ''°"'"'"""-^"« ?
bûtes des forêts délits „. ^ °' P'^-^^'' =««
l'on, mais l'omit JoV^^^f;-'-'^ « Audu-
est e„,,,,„,^„^ inconnu r 2" T"°"^
facile de se piocu.»i- . r, . '''"' ^st si
Pl- rares et LZjlT''' ''' "'^^^ '-
maiestuenxdeC ;« :rrr"^ P- "'o-au
Cl"y.aetos), le Duc rvllS^Tf'^" ^^^'-
"-). ie superbe hibou b,!:f dT^tt '^"'•^'"'^-
" bon droit le roi des hil. /xr ' "'""nomme
N'avons-nous pas encore letlrÎT: "'^^^^•
magnifique canar.l branche t ^''''^■'"«' '«
-.-. le fier dindon satal"',!';?" "^'"= P'""
Pavo) et mille autres. Qui f p, f t?™ ««""-
taxidermistes fixés parmi nous aue 1 ' '''" '"'
sous la direction d'un. . ^ ^ commencer,
-"eetion de l'hltoh : ratr:!;; J""'"'"^' "-
toutes ses branches. "^'""^«"o du pays dans
Nous ne saurions conclure san« fA ■
«connaissance au Parllm ? A """^"^'""«'■o
i-a.lement Canadien d'avoir
ï
-8 —
ajouté à la bibliothèque législative le superbe ou-
vrage illustré d'Audubon, " Les oiseaux de l'A-
mérique, " au prix de $4000 pour deux exem-
plaires, et aussi à l'honorable G. W. AUan, de
Moss Park (Toronto), pour avoir doté sa ville
natale d'une excellente collection comprenant au-
delà de 600 espèces ; ceci démontre que l'étude
qui fit les délices de Linnée, BufFon, Cuvier, Au-
dubon et de mille autres, possède au Canada
comme ailleurs quelques sectateurs zélés.
En terminant, s'il nous est permis de formuler
un vœu, osons espérer qu'avant peu les amis de
la science en cette ville sauront élever un sanc-
tuaire où le Canada ira présenter ses hommages
à cette partie de la création qui manifeste d'une
manière si sensible les merveilles du Tout-Puis-
sant, et qu'à l'instar de la capitale de l'Union-
Américaine, la métropole de l'Amérique Britan-
nique aura elle aussi son musée d'histoire natu-
relle.
9
NOTIONS PRÉLIMINAIRES.
La voie la plus courte, il nous semble, pour
inspirer de l'intérêt pour l'étude de l'ornithologie,
comme science à la fois agréable et utile, c'est de
consacrer quelques moments de loisir à décrire,
d'après les meilleurs auteurs, la vie intime et les
mœurs des groupes les plus intéressants que
nous possédons au Canada. Nous commence-
rons par ** Les Aigles du Canada, " et, gi ace aux
sources où nous puiserons, nous promettons d'a-
vance au lecteur un chapitre intéressant. Avant
néanmoins d'entrer en matière, nous avons à faire
connaître quelques termes techniques, (juelques
définitions et quelques notions préliminaires, qui,
bien qu'utiles et mômes indispensables, n'en se-
ront pas moins sèches à lire. On entend par au-
riculaires, les plumes molles qui recouvrent les
oreilles de l'oiseau ; par Pennes, les grandes plu-
mes des ailes et de la queue; par Re??iiges ou rames,
les grandes plumes des ailes ; par rémiges j^rimai-
res ou. primaires les dix plumes qui partent du car-
pe de l'aile : il y a aussi les re^niges bâtardes qui
forment dans le pli de l'aile une sorte d'appendice
supplémentaire : en arrière des rémiges primai-
res sont les rémiges secondaires ; les plumes atta-
chées à l'huraerus sont moins fortes et portent le
nom de pennes scapul aires ; le spéculum est cette
petite tache que certains oiseaux ont sur l'aile,
d'une couleur plus éclatante que le reste de l'aile.
Longueur totale se dit de l'espace qu'il y a du
bout du bec à l'extrémité des plumes ou pennes
de la queue.
Envergure est l'espace entre le bout d'une aile et
l'extrémité de l'autre aile; ces deux choses s'expri-
ment ainsi dans les auteurs — viz : 18 X 28 — ce
qui indique que l'oiseau a 18 pouces de long, de-
puis le bout du bec à l'extrémité de la queue, et
28 pouces de l'extrémité d'une aile à l'extrémité
de l'autre.
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Toutes ctM particularittîs seront sensibles au pre-
mier coup J'œil pour celui qui ne pouvant se procu-
rer les œuvres dispendieuses d'Audubon se conten-
tera d'examiner et d'identifier un oiseau vivant ou
mort avec le petit tableau synoptique d'Audubon
— les personnes au loin, qui voudront, par lettre
ou autrement, identifier ou faire identifier une es-
pèce, trouveront aussi la connaissance de ces ter-
mes techniques d'un grand secours. Chez les oi-
seaux de proie, la femelle est toujours beaucouj)
plus grande que le maie ; chez ces derniers, ainsi
que chez les hirondelles, les pri?nai?'es sont tou-
jours fort longues. Venons en maintenant aux
divers systèmes ou classifications des oiseaux.
Notre cadre est par trop étroit, pour entrer dans
des détails ; nous nous contenterons d'indiquer les
principales divisions.
Malgré les découvertes modernes, Linnée, dont
le système a été perfectionné par Cuvier, est
comme la base de l'édifice de la classification et
continuera de l'être. Son sijtema naturœ est écrit
avec une concision et une exactitude telles, que,
malgré les progrès de la science, il sert encore
d'épitomé aux naturalistes de toutes les nations.
Linnée divise les oiseaux en six ordies: Willough-
by et Ray, les avaient divisés en deux classes,
les oiseaux de terre et les oiseaux de mer : Bhi-
menback, en fait neuf ordres : Cuvier, six : le
célèbre Vieillot, cinq: M. Vigors, en reconnaît
cinq : Temminck, dans son manuel d'ornithologie,
publié en 1815 établit seize ordres : Agassiz,
dont l'ouvrage vient de paraître, les limite à
quatre. Le système de Cuvier paraît clair: il se com-
pose ; lo.des Oiseaux de proie; 2o. des Grimpeurs,
tels que Pies, Pics-bois, etc. ; 3o. des Palmipèdes,
tels que les cygnes, oies, etc.; 4o des Passereaux; 5o
desCrallinacées; 6o des Echassiers,tels que Hérons,
Gibiers de grève, etc. Cette classification, avec
quelques modifications, a été adoptée par les sa-
vants professeurs du Sniithsonicm InstitiUion^ dans
leur catalogue raisonné de l'oinithologie de l'A-
i
n
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rocu-
nten-
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lettre
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s tar-
es oi-
icoup
ainsi
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t aux
ieaux.
dans
er les
, dont
r, est
mciique, public en 1858 bous les auspices du j)ro-
fesscur Haird. Comme il est peu probable que
le Canada puisse d'ici à longtemps surpasser les tra-
vaux do l'Institution de Washington, ne serait-il
])as mieux de donner à sa nomenclature et a sa
clnssification la préfcronce sur les systèmes euro-
péens, comme mieux adoptées au Cannda ? Ce
que les naturalistes des Etiits-Unis s'efforcent le
plus d'établir en ce moment d'une manière exacte,
c'est le })arcours géographique (geogra{)hical ran-
ge) do cliaquç espèce, sur le continent américain.
On prend, j)ar exemple, comme ligne do démar-
cation, une latitude donnée ; on classifie, comme
appartenant au nord de l'Amérique tous les oi-
seaux que l'on trouve entre cette lign(f de démar-
cation et le pôle, et si les temf>ètes ou d'autres
causes jettent en deçà de celLe ligne quelques ra-
res individus que l'on sait appai tenir aux latitudes
tropicales, ils sont désignés, dtnis le catologue, sous
la dénomination " d'accidentels." D'api es des let-
tres reçues récemment des ])rofesseurs l^aird de
Washington, et lîrewer de Boston, il paraîtrait qu'il
existe encore plusieurs lacunes à remplir, relative-
ment aux moeurs et aux habitudes des oiseaux de
nos régions boréales. Richardson, Svvainson, Lewis
CInrke, l^ennant, Edwards, Audubon et Cassin, de
rhiladeljdiie, sont ceux qui ont le mieux fait con-
naître le règne animal des climats arctiques. Les
suggestions fournies par le Smithwvian InstîtU'
(Ion à ses correspondants, ont beaucoup d'à pro-
])0S paimi nos compatriotes qui aiment les sciences
natur(;lles, savoir : de noter et de faire connaître
în présence, les allures, les migrations, le [dumage
des oiseaux de chaque localité du Canada aux dif-
férentes saisons de l'année : de cette manière, le
Canada aura bientôt, sur ce qui le regarde, des no-
tions aussi exactes et aussi complètes que les au-
tres pays. Quant à nous personnellement, nous
aurions un ])laisir particulier à recevoir ])ar écrit
des vieux chasseurs, voyageurs et autres, leurs
observations et leur expérience sur ce sujet.
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— 12 —
Terminons, maintenant, par les belles paroles
du professeur fiançais Le Maoût :
" La bonté divine, dit-il, se manifeste clairement
" à l'esprit le plus vulgaire dans la grande classe
*' des oiseaux. On serait môme tenté, au premier
" coup d'œil, d'admettre que ces êtres ont été
** l'objet d'une prédilection toute spéciale, à la-
** quelle il doivent l'avantage de leur organisation.
*' L'appareil locomoteur qui leur donne pour do-
" maine la terre, le ciel et les eaux ; leur repos
" même, dont le mécanisme n'est pas moins admi-
** rable que celui de leurs mouvements ; leur rea-
** piration, source abondante de chaleur et d'éner-
" gie, et puissant auxiliaire du vol et de la natîi-
** tion ; la perspicacité de leur vue qui s'accom-
*' mode merveilleusement à la distance et à la pe-
** titesse des objets ; la fabrication industrieuse de
" leurs nids ; les minutieuses précautions, la vigi-
** lance infatigable, l'héroïque dévouement de la
** femelle, avant et après l'éclosion (génie de
** l'amour maternel qui veille à la conservation
** de res})ôce dans l'insecte comme dans le vertè-
*' bré, et qui a fait dire si heureusement que le
" cœur d'une mère est le clicf-d œuvre de la nature) ;
*' les allures vives et légères, le plumage, varié à
" l'infini, les cris d'appel et les chants d'amour de
** ces hôtes aériens, qui vivifient par leur présence
*' nos jardins et nos campagnes, et sans lesquels
" les prés, les forêts, les rivages n'auraient à nos
" yeux que des beautés incomplètes ; enfin leurs
" migrations périodiques, dont l'objet principal
" est l'alimentation qu'ils vont chercher dans des
** régions lointaines, à travers les solitudes des
** continents et des mers, sans autre guide que
" leurs instincts ; tout, chez les oiseaux, est propre
** à charmer les méditations du philosophe et les
'* rêveries du poète, aussi bien que la curiosité du
** naturaliste."
.3 —
LES AIGLES DU CANADA (').
Les aigles sont les plus puissants des TIapaccs ;
la plupart ne vitrent que de chair palpitante, et ce
n*est que dans des cas de disette extrême qu'ils
touchent aux animaux morts. Les recherches les
plus récentes donnent à l'Amérique du Nord cinq
espèces d'aigles : l'aigle royal (aquila canaden-
sis) l'aigle du Nord, (halietus pelagicus) l'aigle de
Washington, (halietus Washingtonii) l'aigle gris,
(halietus albicilla, que l'on prétend être la femelle
du halietus pelagicus) et l'aigle à tête blanche, (ha-
lietus leucocephalus) (Bald Eagle). Des cinq es-
pèces, si réellement il en existe cinq, car les natu-
ralistes sont fort divisés sur ce point, le Canada
peut en réclamer à coup sûr deux espèces (t), et
peut-être plus. Nous nous en tiendrons à ces
deux espèces, (jui sont fort belles ; remarquons,
en passant, que tous les aigles tués cette au-
tomne autour de cette ville appartiennent à l'es-
pèce aquila canadensisy eigle royal ou doré. Cet
oiseau est commun dans le nord et l'est de l'Europe,
en Afrique et dans l'Asie Mineure. Le plumage
est plus ou moins brun roux ; les plumes de la
tête et du cou sont d'un roux doré, avec la tig«j
noire, les rémiges sont de couleur brune foncée ;
les plumes des tarses sont d'un brun ferrugineux.
Cette espèce a été longtemps connue sous trois
noms différents, à cause des variations de couleur
que le temps donne à sa livrée.
Ij'aigïe brun (|), qui, plus vieux, s'appelle V aigle
noiry se nomme l'aigle doré, quand son plumage
m\
(*) Un fort bel aigle doré a été pris en novoiTif^ro der-
nier, presque mort, sur une hnnqvisc d(> glace ilottnntt',
sur le lac St.-Piorre. près de Trois-Rivières. Allitissé j);ii'
la pluie et le froid, il était iixé à la glfKM«, les ail(\s pen-
dantes. Le propriétaire de l'botel ^IcI*her.sen l'exliihc
maintenant avec orgueil aux Triflavicns et aux étrangers :
il est fort gros.
(t) Charlevoix. — VovMgo en Ainoi-ifjin-'. lettre TX.
(!) Wilson. fnndVoi de St.-l lil;jir« \j- MMeiif.
».
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14
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est parfait ; sa queue, qui, dans le jeune âge, était
blanche à sa moitié supérieure, est plus tard noi-
râtre et marquée de bandes irréguliéres cendrées.
La taille est de deux pieds et demi à trois pieds et
demi ; l'envergure est de huit pieds et demi, le
bec est de couleur bleuâtre, les narines sont ovales,
les yeux sont grands et paraissent enfoncés dans
une cavité profonde que domine le bord saillant de
l'orbite. C'est surtout chez cet oiseau que l'on
peut remarquer cette membrane à coulisse qui
permet à l'animal de regarder fixement le soleil.
On rencontre cet oiseau quelquesfois en France ;
il n'est sédentaire que dans les Alpes et les Pyré-
nées. Tl se nourrit de gros oiseaux, de lièvres,
déjeunes cerfs. Mais si ces animaux viennent à
manquer, il se jette sur des natures plus faibles, et,
si la proie vivante lui fait défaut, il ne dédaigne
pas les chaiis corrompues. L'aigle royal est très
faiouche, il vit avec sa compagne au milieu des
rochers, et chasse de son voisinage tout Rapace
qui voudrait s'y établir. Il fond sur sa proie avec
la rapidité d'un trait, et, après s'être abreuvé de
son sang, l'emporte dans ses serres jusque dans sa
retraite, où il la dépèce en lambeaux, qu'il pré-
sente palpitants à ses aiglons. Son aire est ordi-
nairement construite sur la plaie forme d'un rocher
escarpé ; elle est formée de gros bâtons entre-croi-
sés, et ses parois s'élèvent continuellement par l'ac-
cumulation des ossements que l'oiseau y abandon-
ne. La femelle pond ordinairement deux œufs,
d'un gris cendré, quelquefois tachetés de brun :
elle les couve pendant trente jours ; alors le mâle
chasse seul pour fournir aux besoins de la famille ;
quand les petits sont éclos, leurs parents se met-
tent en campagne pour leur chercher de la pâture ;
et, si l'on en croit les témoignages unanimes des
habitants des montagnes, tandis que l'un bat les
buissons, l'autre se tient sur un roc élevé ou sur la
cime d'un arbre pour saisir le gibier au passage.
Sa physionomie sévère et imposante, sa voix grave,
son œil étiîjccllant, ombragé par un sourcil saillnnt.
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sou vol rapide, surtout sa force et aou courage, le
faisaient regarder par les anciens comme le symbo-
le de la puissance et de la domination. On l'avait
dédie au maître des dieux ; les souverains ainsi
que les peuples belliqueux l'avaient adopté pour
leur enseigne de guerre ; puis, pour flatter les do-
minateurs, on fit à Taigle une réputation de no-
blesse et de magnanimité qui ne s^accorde guère
avec l'observation exacte des faits.
Ecoutons à ce sujet l'illustre Buffon, qui parle
de Paigle en poète, plutôt qu'en naturaliste :
" L'aigle a plusieurs convenances physiques
** et morales avec le lion : la force et par consé-
" quent l'empire sur les autres petits animaux,
** comme le lion sur les petits quadrupèdes ; la
'^* n?agfianimité, il dédaigne également les petits ani-
" maux et méprise leurs insultes : ce n'est qu'a-
" près avoir été longtemps provoqué par les cris
" de la corneille et de la pie que l'aigle se déter-
" mine à les punir de mort ; d'ailleurs il ne veut
** de bien que celui qu'il conquiert, d'autre proie
" que celle qu'il prend lui-même ; la tempérance,
** il ne mange presque jamais son gibier en entier
** et il laisse, comme le lion, les débris et les restes
** aux autres animaux. Quel qu'affamé qu'il soit,
" il ne se jette jamais sur les cadavres."
Sans manquer au respect dû au génie de Buf-
fon, on peut se demander si cette apologie de l'Ai-
gle est bien le langage d'un historien de la natu-
re. On peut même en douter.
M. Degland, naturaliste français, rapporte un
fait remarquable, qui atteste la force musculaire
de l'aigle et qui s'est reproduit assez souvent au
Canada : deux petites filles du canton de Vaud,
l'une âgée de cinq ans, et l'autre de trois, jouaient
ensemble, lorsqu'un aigle de taille médiocre se
précipita sur la première, et, malgré les cris de sa
compagne, malgré l'arrivée de quelques paysans,
l'enleva dans les airs. Après d'activés recherches
sur les rochers des environs, recherches qui n'eu-
rent d'autre résultat que la découverte d'un sou-
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\uM' iit d'au l>us du renfuiit et do i'airo do raigle,
au milieu du lacjuello étaient deux aiglons, entou-
rés d*uu amas énorme d'ossements de chèvres et
d'agneaux ; un berger rencontra enfin, prés do
deux mois après l'événement, gisant sur un lo-
cher, le cadavre do la petite fille, à moitié nu, dé-
chiré, meurtri, et desséché ! Ce rocher était ù une
demi-lieue de l'endroit où l'oiseau aA'ait enlevé
l 'entant — l'on se rappellera un fait assez analogue,
qui eut lieu à Charlesbourg, prés de Québec (*), il
y a une quinzaine d'années, moins les résultats dé-
sastreux. L'aigle doré exhibé cette automne chez
M. Couper, en cette ville, était accusé d'un sem-
blable attentai, qui lui valut le coup de grâce (t).
L^ais^le à iUc hianchct {halictus Jcucorephalus) de
Lcsson (Bald Eagle) : cette espèce habite principa-
lement l'Américjuc Septentrionale; elle est un peu
moins commun(;cnCanada, que l'aigledoré(f). Elle
niche sur les rochers escarpés et les arbres à cimo
large et élevée dans les savannes impénétrables.
Les œufs sont d'un blanc jaunâtre, tacheté de gris
roussâtre, l'intérieur de la coquille est d'un beau
vert. Les aigles commencent la ponte dans les
régions tempérées des Etats-Unis, telles que la Vir-
ginie et laPensylvanie, en février et mars. L'aigle
â tète blanche est Temblème national de l'Union-
Américaino ; nul oiseau ne possède un vol plus
puissant, nul n'a plus de 'force, d'adresse et do
courage; mais son caractère est féioce et tyran-
nique : Franklin n'approuvait point le choix que
ses compatriotes avaient fait de l'aigle à tète
blanche pour blason national. Un brigand ailé,
disait-il, qui profite de ses avantages pour ravir
aux oiseaux plus faibles que lui le butin qu'ils ont
C) Cet oiseau fut achète par feu M. Prendergast.
(t) Cet aiglo forme partie du musée de l'auteur.
(t) L'honorable G. W. Allan dit Tavoir vu assez fré-
quemnient daiis le voisinage de Toronto. C'est probable-
ment cette espèce qui, au dire de nos chasseurs, fréquente
la hatLnre aux îonpfi-mari)is, vis-à-vis de St.-Roch des AuU
ïtMs. Il so rencontre, ainsi que le Grand Aigle du Nord
(l'olîigiciis), sur les grands lacs du Haut-Caua(hi.
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— 17 —
conquis, n*est pas digne de représenter l'indépen-
dance loyale et généreuse du peuple américain.
C'est un spectacle superbe, dit Wilson, devoir
tournoyer au-dessus de la cataracte de Niagara,
ce féroce ravisseur, en quûte des carcasses de che-
vreuil, d'ours ou autres animaux entraînés dans
l'abîme. On nous saura gré d'emprunter au père
I de l'ornithologie améiicaino une de ses pages
' les plus éloquentes.
,» " Voul3z-vous, dit l'illustre Audubon, connaître
4 la rapine de l'aigle à tôte blanche ? Permettez-
i moi de vous transporter sur le Mississippi, vers la
*Ji fin de l'automne, au moment où des milliers d'oi-
I seaux fuient le Nord, et se rapprochent du Soleil.
■ Laissez votre barque effleurer les eaux du grand
fleuve. Quand vous verrez doux arbres dont
*j la cime dépasse toutes les autres cimes s'élever
en face Pun de l'autre, sur les deux boidsdu
fleuve, levez les yeux ; l'aigle est là, per-
ché sur le faîte de l'un des arbres ; son œil
étincelle, et roule dans sou orbite, comme un
globe de feu. Il contemple attentivement la vaste
étendue des eaux ; souvent son regard se détour-
ne et s'abaisse vers le sol ; il observe, il attend ;
tous les bruits sont écoutés, recueillis par son
oreille vigilante; le Daim qui effleure à peine les
feuillages ne lui échappe pas. Sur l'arbre opposé
sa compagne est en sentinelle ; de moment en
moment son cri semble exhorter le mâle à la pa-
tience. Il y répond par un battement d'ailes, par
une inclination de tout son corps, et par un gla-
pissement aiffre et strident, nui ressemble au rire
d'un maniaque ; puis il se redresse, immobile et
silencieux comme une statue. Les Canards, les
Poules d'eau, les Outardes, passent au-dessous de
lui, en bataillons serrés que le cours du fleuve em-
porte vers le sud ; proies que l'aigle dédaigne et
que ce mépris sauve de la mort. Enfin, un son
lointain, que le vent fait voler sur le courant, arrive
à Pouïe des deux époux : ce bruit a le retentisse-
ment et la raucité d'un instrument de cuivre ; c'est
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la voix du cygno (Cygnus huccinalor.) La fomollo
avertit le mûlo par un appel composé do deux
notes : tout le corps de l'aiglo frémit ; deux ou
trois coups do bec, dont il frappe rapidement son
plumage, le préparent à son expédition. 11 va
partir. Le Cygno vient, comme un vaisseau flot-
tant dans Tair, son cou do neige étendu en avant,
l'œil étincelant d'inquiétude. Le battement pré-
cipité de ses ailes sufllt ù, peine à contenir la masse
do son corps, et ses pattes, qui se ploient sous sa
queue, disparaissent à l'œil. Il approche lente-
ment, victime dévouée. Un cri de guerre se fait
entendre. L'aiglo part avec la rapidité de l'étoile
qui file. Le Cygne a vu son bourreau ; il abaisse
bon cou, décrit un demi cercle, il manœuvre, dans
l'agonie do sa terreur, pour échapper à la mort.
** Une seule chance de salut lui reste, c'est do
plonger dans le courant ; mais l'aigle a prévu ce
stratagème ; il force sa proie à rester dans l'air,
en se tenant sans relâche au-dessous d'elle, et en
menaçant de la frapper au ventre ou sous les ailes.
Le cygne s'affaiblit, se lasse, et perd tout espoir
de fuite ; mais alors son ennemi craint encore
qu'il n'aille tomber dans l'eau du fleuve : un coup
des serres de l'aigle frappe la victime sous l'aile
et la précipite obliquement sur le rivage. Tant
de prudence, d'activité, d'adresse, ont achevé la
conquête. Vous ne venez pas sans effroi le
triomphe de l'aigle ; il dansesur le cadavre, il en-
fonce profondément ses armes d'airain dans le
cœur du cygne mourant, il bat des ailes, il hurle
de joie ; les dernières convulsions de l'oiseau
semblent Penivrer, il lève sa tète chenue vers le
ciel et ses yeux se colorent d'un pourpre enflam-
mé. Sa femelle vient le rejoindre ; tous deux ils
retournent le cygne, percent sa poitrine de leur
bec, et se gorgent du sang chaud qui en jaillit."
" N'est-ce pas là, s'écrie un naturaliste français,
" un drame tout entier, avec son exposition atta-
** chante, son trouble croissant et ses péripéties im-
** prévues ? N'y trouve-t-on pas terreur et 2ntiê
19
" comme dans la véritable tragoJie i Que l'on
" rapproche de cette magnifique peinture de mœurs
" les plus bclh nages do Buttbn et l'on verra la dis-
" tance qui sépare is (laturalisto sédentaire du natu-
" raliste voyageur lx)in de nous l'ingrate et
** téméraiic pensée d'affaiblir Tadmiration due à
" l'immortel écrivain que la France comptera tou-
" jours avec orgu^îil parmi ses gloires scientifiques
" et littéraires. En invitant nos lecLeurs à étudier
*• comparativement le stylo do deux hommes si
*' éminents, nous voulons seulement leur faire sen-
" tir combien un esprit souple et exact, qui a étu-
" dié de prés la nature, a l'avantage sur le génie
*' le plus brillant qui n'a pu Tobserver que .dans
*• une ménagerie ou dans un jardin. L'amour
" passionné de l'histoiro naturelle, voilà tout le
** secret du talent descriptif d'Audubon, et Tobser-
** vation attentive des faits a suffi pour donner
" à ses tableaux une chaleur et un coloris que Té-
** crivain le plus habile ne saura trouver dans
** la poudre du cabinet." Avions-nous raison de
dire que l'Amérique avait elle aussi sesprivilégiés
de l'intelligence 1
» ' ■
^^
LES IIIBOUS DU CANADA.
[ l'remière Partie. ]
Le hibou a de tout temps, par ses mœurs étran-
ges, ses habitudes solitaires, ses lugubres accents
nocturnes, inspiré aux peuples une terreur vague
mêlée de mystère. Les Grecs VappeWentAlkêné (*)
(Minerve) parcequ'ils lui attribuent la connaissance
de l'avenir et Surnion (*) oiseau de mauvais au-
gure, étant, disent ils, un prophète de malheur
aux individus et aux nations. Il joue son rôle
obligé dans les peintures des poètes qui le font in-
tervenir à point nommé, au fort de la tempUc^-^^
M
-;.-;,f.'
(*) Toxto grec.
--20 —
dans la solitude de laforety — pend(int les Unèhres de
la nuit, — dans la tour vermoulue d^un château go-
thique,— Shakespeare fait dire à Casca, un des
conspirateurs, que parmi les phénomènes effroya-
bles dont Rome vient d'être le théâtre et qui pré-
sagent la mort de César, on a remarqué, en plein
midi, sur le forum, l'apparition de ** Toiseau de
la nuit. " (*) Sous le consulat de L. Caseius et de
C. Mari us, un grand hibou, planant au-dessus du
capitole, vint ajouter à l'épouvante générale.
On a môme prétendu que VIncendiaria Ai^is de
Pline (t) n'était autre que le hibou. Aldrovande,
qui s'est donné la peine de recueillir les opinions
sur cette matière, est pourtant d'un avis contraire.
Parmi les Aborigènes de l'Amérique, le grand
hibou est l'objet d'un culte spécial ; leurs prêtres
l'ont adopté comme le symbole de leur puissance
et de leur dignité. " Les Creeks, dit Bartram, se
distinguent par ie respect dont ils entourent cet
oiseau — le plus jeune des prêtres ou devins revêt
une tunique blanche et fait porter devant lui un
énorme hibou empaillé avec beaucoup d'art : il
imite par son maintien la gravité et la taciturnité
du hibou et traverse le village en chantant à de-
mi-voix une douce psalmodie. "
Ces oiseaux se divisent en deux classes dis-
tinctes (lesquelles comprennent elles-mêmes plu-
sieurs subdivisions) savoir, les Diurnes et Igs Noc-
turnes. Nous donnerons le pas à ces derniers,
sans nous astreindre à aucun ordre.
Les rapaces nocturnes ne voient bien que pen-
dant le crépuscule et au clair de la lune ; leurs yeux
sont gros, leur tête fort grosse. Chez eux, le sens
(*) And yesterday, the l)ird of night did sit
Eveil at noon day, upon the maiket place
Hootiiig and shrieking
(^Mort de Jules Cémr, — Act. /, Scène III)
Virgile fait également prédire la mort do Dîdon par un
hibou.
(t) Pline, livre X, c. 13.
èhres de
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de l'ouie est d'une finesse extrême. Leur nourri-
ture consiste en rats, souris, oiseaux et insectes
que le rapace nocturne saisit à Pimproviste, favo-
risé par les ténèbres et par son vol merveilleuse-
ment silencieux. Il avale sa proie sans la plumer
ou récorcher : plus tard la peau ou les os sont re-
vomis en boulettes. liO jour, il dort dans son
trou : si, par accident, il en sort, son apparition est
une fête pour les corneilles, pies, jays, hirondelles
et autres voisins qui viennent à l'envi l'insulter
par leurs clameurs et leurs coups de bec. Le
nocturne ne cherche pas à se défendre ; il se blot-
tit, prend les attitudes les plus bizarres et attend
patiemment que le retour du crépuscule lui per-
mette de prendre sa revanche. Il suffit de placer
une chouette, ou même d'en contrefaire le cri,
pour attirer toute la tribu ailée du voisinage. Les
choses n'ont pas changé depuis Aristote, qui men-
tionne le fait. Ces rapaces vivent isolément ou par
couples ; quelquefois ils voyagent par troupe ; leur
plumage est en général remarquable par le grand
nombre de taches, de lignes, de bandes dont il est
irrégulièrement parsemé. En tête des rapaces
nocturnes, plaçons le Duc àa Virginie (Bubo Virgi-
nianus), surnommé ordinairement " Le Chat Huant
Canadien, " dont deux superbes spécimens étaient
exposés en vente, ces jours derniera sur le marché
de cette ville. Ce brigand de nuit est de la taille
d'une dinde ; son plumage est gris et fauve. Deux
aigrettes de plumes l'ont fait surnommer le grand
hibou à cornes, " Dans les forets denses de TLi-
diana, dit Wilson, j'ai plus d'une fois entendu cet-
te sentinelle solitaire, pousser des cris à faire trem-
bler une garnison entière, Waugh O! Waugh O /
Ses autres solos nocturnes étaient non moins mé-
lodieux et ressemblaient tantôt au hurlement d'un
chien qui a perdu son maître, tantôt au râle étouf-
fé d'un assassiné qui crie en vain au secours." Ce
sont les accents lugubres du duc de Virginie qui
éveillent la nuit nos campagnards occupés en mars
et avril à la confection du sucre d'érable, sur lo
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Eenchant des collines. Le duc fréquente surtout les
ois voisins des rivières. Le jour, on le voit seul,
souvent sur les grosses branches les plus touifues ;
si on le surprend, il se réveille, siffle, fait rouler
ses gros yeux et claquer ses mandibules d'une ma-
nière effrayante. Dindes, poules, perdrix, ca-
nards, poissons morts, lapins et souris, voilà ses
entremets et sa pièce de résistance. Il les avale
tout entiers avec la plume, le poil et les os (*).
C'est dans les nuits sereines qu'on peut le voir
voler, silencieux et rapide, à la recherche de sa
proie. ** Le marinier descendant le Grand Fleuve,
*• (le Mississipi) remarque le nocturne chasseur qui
** passe au-dessus de sa barque ; les ailes éten-
** dues, il franchit les collines, ou bien descend et
•* s'élève dans Pair comme une ombre, ou bien
" disparaît dans les bois. Le bateau qui suit le
*' cours sinueux de la rivière, arrive bientôt dans
" une anse que borde un champ nouvellement
" défriché ; la lune brille sur l'humble chau-
** mière du colon ; dans le petit champ qui l'en-
" toure, un arbre, que la hache a épargné, sert de
" juchoir aux oiseaux domestiques, qui doivent
bientôt peupler la basse-cour. Parmi eux se
trouve une Dinde qui couve. Le grand Hibou»
dont les yeux perçants ont découvert sa proie,
plane circulairement autour de l'arbre et médite
son attaque. Mais la Dinde est aussi vigilante
que lui ; elle se dresse sur ses pieds, agite ses
ailes et glousse si bruyamment, qu'elle réveille
** tous ses voisins les Coqs et les Poules ; le caquet-
** tement devient général, et le colon se réveille à
•* son tour. Il est bientôt sur pied, prépare son
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%
(*) En avril 1721, Charlevoix écrivait, de Chambly, à la
duchesse de LesDiguères : " Le Chat Huant Canadien
** n'a de différence du Français qu'une petite fraise blau-
** che autour du cou, et un cri particulier. Sa chaire est
•• bonne à manger, et bien dés gens la préfèrent à celle
** de la Poule. Sa provision pour Vhyvcr sont des AfulotSf
'* auxquels il casse les pattes et quHl engraisse et nourrit avec
" soin, jnsqu^à ce quHl en ait besoin ! ! ! " Il est permis dVn
douter. — Voyage en Amérique, lettre IX.
«
r,à la
ladien
Iblan-
re est
Icello
\nht8f
avec
d'en
— 23 —
** fnsil, ouvre la porte et regarde dehors ; il voit
'* le maraudeur exnplumé qui s'est perché sur une
<* branche morte et d*un seul coup, il rétablit la
'* tranquillité dans son poulailler suspendu." *' Les
gestes ridicules et les évolutions bizarres du Grand
Duc, qui veut plaire à sa compagne, ne se peu-
vent décrire : ce sont des courbettes, des demi-
tours, des contorsions, des claquements de bec,
^ dont le spectacle dissiperait la plus sombre mélan-
colie : elle y répond en imitant les allures et la
pantomine de son compagnon. Puis tous deux
vont construire, en mai, au plus épais des bois,
leur nid, qu'ils fixent sur une maîtresse branche,
voisine du tronc principal : il se compose de petits
bâtons tortueux et est tapissée à Tinté rieure de
plumes et d'herbes fines. Le duc de Virginie pris
au nid, s'apprivoise — il n'émigre pas et passe Tan-
née chez nous ; " ainsi s'exprime Audubon. — Le
Grand Hibou à cornes, lorsque son plumage est
i en saison est un des pli?s nobles oiseaux de la
"4 Faune Canadienne — sa force, son courage in-
domptabla, sa férocité, Tout fUit surnommer Taigle-
hibou — il y a, en Amérique, quatre variétés de
cette espèce, savoir : pacificus, atlanticus, arcti-
I eus, magellanicus.
Le chut huant de Laponie (Great Gray Ovirl)
I surnium cinereutn, de Chs. Bonaparte ; cette es-
;, pèce surpasse en grosseur le Duc de Virginie —
elle en diffère dans la couleur et en ce qu'elle n'a
pas d'aigrettes ou cornes : elle habite Textrôme
Nord, et se rencontre dans le voisinage de la Baie-
d'Hudson ; ce n'est qu'un " accidentel " en nos
latitudes, quoiqu'on di^e Cassin, de Philadelphie,
(peut-étie la plus haute autorité contemporaine
en Amérique) lequel sur le témoip^nage du Dr.
Hall, de Montréal, prétend que ce hibou est assez
commun dans les environs de Montréal aà il couve^
dit-il. Nous avouons que nous tiendrions beaucoup
à constater le fait. Malgré notre succès à nous
procurer les autres espèces, nous sommes encor^^
^'dw^ celle-ci : c'est le plus gros de no« Hibous.
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On nous apprend qu'il y a beaucoup de hibous,
en octobre, mars» avril et mai, dans toute la chaîne
des Laurentides, aux environs de cette ville. Une
personne résidente sur les bords du lac-Laurent,
ou Larron (Comté de Québec), affiime qu'elle en a
vu jusqu'à six perchés en même tems sur le toit
de sa demeure.
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LES HIBOUS DU CANADA.
[ Deuxième rarlie. ]
La Chouette grise du Canada (syrnium ne-
bulosum) de Boié (Barred owl) est une autre es-
pèce, assez commune en nos climats en automne :
elle niche dans les trous des arbres où elle pond
deux œufs. Son plumage est brun, tacheté de
blanc ; le ventre et les plumes inférieures de la
queue sont d'un blanc sale, rayé de brun ; la
queue est courte, — barrée de brun et de blanchâtre.
Le bec est jaune, — taille, dix-huit pouces. Grand
mangeur de poulets, souris, lapin et grenouilles,
on la dit à la Louisianne, piscivore. " Son cri
est un waah, tvaaJihat qu'on est tenté, dit Audu-
bon, de comparer au rire affecté, A'unfashîonahle,
Combien de fois, dans mes excursions lointaines,
étant campé sous les arbres, et me disposant à
faire rôtir une tranche de venaison ou un écureuil,
au moyen d'une branche, n'aije pas été salué du
rire dé ce perturbateur nocturne. Il s'arrêtait à
quelques pas de moi, exposant tout son corps à
la lueur de mon feu et me regardait d'une si bi-
zarre manière, que, si je n'avais pas craint de pas-
ser pour fou à mes propres yeux, je l'auiais invité
poliment à venir partager mon souper. On le
rencontre dans tous les bois isolés, même en plein
jour et aux approches de la nuit. S'il y a appa-
rence de pluie, il se met à rire plu» fort que
jamais ; son waahy waah pénètre dans les re-
traites les plus reciih'es, et ses rnmnrnrles lui n'-
rc-
— 25 —
pondent avec des tons étranges et discordants ;
on serait tenté de croire que la nation des Hibous
célèbre une fête extraordinaire. Lorsque l'on
s'approche d'un de ces oiseaux, ses gestes de-
viennent d'une bizarrerie inexprimable, son atti-
tude droite change, il baisse la tête et incline son
corps ; les plumes de sa tùtc se hérissent et l'en-
veloppent comme d'une fraise ; il roule ses yeux
comme un aveugle et exécute avec son cou des
mouvements anguleux comme s'il était disloqué.
Il suit pendant tout ce manège les moindres mou-
vements de l'étranger et, s'il soupçonne de mau-
vaises intentions, il s'envole, puis s'arrête le dos
tourné, fait subitement volte-face, comme un con-
scrit qui apprend l'exercice et recommence à exa-
miner l'inconnu qui s'approche de lui. Si l'on
tire sur lui et qu'on le manque, il fuit au loin et,
quand il a gagné le large, il fait entendre son éclat
de rire avec pompe. Pendant le jour, il se laisse
assaillir par les petits oiseaux, et semble saisi de
frayeur ; si un écureuil s'approche de lui, il
prend la fuite devant ce timide animal, qu'il va
manger tout à l'heure, aussitôt que le soleil sera
couché. "
Le Hibou commun (Otus Wilsonianus) ou
moyen duc, et le Hibou à aigrettes courtes (Bra-
chyotus Cassinii) ou grande chevêche : ces deux
espèces se distinguent par leur sociabilité — elles
séjournent beaucoup à terre pour y attraper les
souris, les mulots et les petits oiseaux. Le Hibou
commun habite ordinairement les ca\ernes, les
bâtiments en ruines, les creux des vieux arbres et
les forêts montueuses ; il fait entendre, j)endant
la nuit, un cri plaintif ou gémissement grave et
prolongé : Cowl ! Cow^l ! Il pond d'ordinaire
dans les nids abandonnés d'écureuils, pies et cor-
neilles— l'autre espèce au contraire pond à terre.
Le Hibou le plus répandu au Canada est le
surnia ulvla de Linnée (Haw^k Owl) : au delà de
400 ont été tués en septembre et octobre derniers,
dans les paroisses environnantes de Québec ; ce
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5:ontcle foils beaux oisoanx et qui forment, comme
leur nom anglais l'indique, le cbaînpn entre le
hibou et Tépervier.
Nous avons ausyi trois espèces de nycta-
les, cbcvecbettes ou j)etits biboiis nocturnes —
le plus petit n'est pas aussi gros qu'un merle :
savoir la chevêche de Richardson, la chevê-
che de Kirtland, (*) dont Cassin a donné une
excellente description, et la chevêche passcrine,
la plus petite des trois — la ('bcvéche de Ri-
chardson que les auti-ujs a])pcllent la chevêche
commune, porte une livrée variée de blanc et
de noir: les pieds sont blancs, le bec brun, jau-
nâtre,— l'iris jaune. Outre son cri foniwii, iwupou^
qu'elle pousse en volant, elle en produit un autre,
quand elle est posée, que l'on prendrait pour la
voix d'un jeune homme appelant quelqu'un du
nom de aimc^ Mme, edîne. Bufibn raconte que
dans son château de Montbard. il fi.t réveillé, un
peu avant le jour, par cet appel que faisait une
chouette posée sur sa fenêtre : bientôt un de ses
domestiques occupant la chambre au-dessus de la
sienne, ouvrit sa fenêtre et dit à celui qu'il prenait
pour un être humain : " Qui es-tu là bas 'l Je ne
m'appelle pas Edme, je m'appelle Pierre."
La chevêche établit son nid dans les trous des
vieilles murailles, dans les crevasses des rochers
ou des vieux arbres ; elle s'appiivoise facilement.
M. Gérard, naturaliste français, fait mention d'une
chevêche de mœurs fort douces, laquelle vivait sur
le pied de la plus parfaite amitié avec le chat du
logis, bien que hargneuse et boudeuse contre un
chien et contre un corbeau apprivoisé avec lequel
elle partageait le jardin de son maître. Baird
donne à nos latitudes un autre hibou, le scopsasio
de I année (Mottled Owl). Wilson et le prince de
Musignano en parlent comme d'un noci uj ne, d'une
(*) Serait-ce à ce nocturne, que Lonfjfdlovv fait îilhision,
dans son poëino d'Hyperion : " Carie hibou esî un oisenu
grave: c'est un /inacliorèff. qui, ù minuit, entonne .su li-
tanie dans lo Temple de la nature."
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07
petite taille ot qui tVequento lus jardins et les ha-
bitations des hommes. Nous pensons qu'il se
rencontre au Haui-OanaJa ; nous no Tavons ])as
encore remarqué dans nos environs. Audubon
fait beaucoup d'éloges de sa douceui et de sa so-
ciabilité : il en emporta un de Philadelphie à
New- York dans sa poche ; durant le voyage, il
resta tranquille, mangea dans la main de son
maître et n'essaya pas de s'échapper. Cassin re-
marque sur l'autorité de M. VV. Kite, de la Pen-
sylvanie, une particularité de ces Hibous, qui
n'a, dit-il, jamais été mentionnée par aucun natura-
liste : c'est que pondant la saison des amours, leurs
ébats sont pour le moins aussi bruyants que ceux
des chats, avec lesquels ils ont d'autres traits de
ressemblance.
L'effraye commun, (Barn Owl) — strix flamraea
de Linnée, strix pratincola de Bonaparte, — se ren-
contre dans nos campagnes, et fréquente les jar-
dins, les granges, etc. *' Il tire son nom, dit Buf-
fon, des cris lugubres qu'il fait entendre pendant
la nuit. L'horreur qu'il inspire aux femmes,
aux enfants et mémo aux hommes qui croient
aux revenants, ont fait considérer l'eHraye com-
me foiseau funèbre, comme le messager de
la mort : ils s'imaginent que, quand il se fixe
sur une maison et qu'il y fait retentir une
voix différente de ses accents ordinaires, c'est
pour appeler quelqu'un au cimetière. C'est
" le même oiseau que les campagnards du midi de
" la France désis^nent sous le nom de choitettc de
" clochers et de Ihieou rkoli, parce qu'ils croient
" que cette chouette vient pendant la nuit boire
*• l'huile qui brûle dans les lampes des églises."
Cette mauvaise réputation, dit LeMaoût, faite à
l'effraye par la superstition populaire, devrait être
remplacée, par un sentiment de gratitude et de
bienveillance, car cette oiseau est de tous les ra-
paces nocturnes, le plus utile à l'homme, par suite
de la chasse destructive qu'il fait aux mulots, rats
et autres rongeurs nuisibles à f agriculture. L'ef-
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frayo niche dana les vieilles tours ou dans led
creux des rochers.
Concluons maintenant nos remarques sur la fa-
mille Strigidac qu'Audubon divise en six classes, par
une esquisse rapide do ce blanc chasseur polaire,
(Nyctea Nivea) le hibou blanc ou Harfang. Ce hi-
bou n'a pas d'aigrettes ou corn^îs ; avec le grand
aigle des mers du nord (Halietus pelagicus) le com-
pagnon de ses rapines, il choisit les solitudes glacées
du cercle arctique pour ses quai tiers généraux.
Plus d'une fois nous nous rappelons l'avoir vu en
février et mars, planer majestueusement au dessus
des immenses battures couvertes de glaces, qui
bordent le St. Laur€ nt, à St. Thomas, comté de
Montmagiiy.
Quand il descend du pôle vers le sud, il s'ar-
rête quelquefois sur les vergues des navires et
on peut alors le prendre sans peine, à cause
de son extrême fatigue. Il chasse en plein jour
et niche sur les rocheis escarpés ou sur les
vieux pins des régions glaciales. Il se nourrit de
perdrix, canards, perdrix blanches, lièvres et rats.
Sa voracité est telle, qu'il enlève quelquefois sous
le nez du chasseur, le gibier que celui-ci vient d'a-
battre et qu'il n'a pas eu le temps de ramasser. Les
Aborigènes mettent à profit cette habitude du ra-
pace : ils jettent en l'air un oiseau mort : le Harfang
s'élance dessus et il devient facile de le tuer. Son
plumage, surtout dans les vieux mâles, est éclatant
de blancheur, parsemé de petites demi-lunes gri-
ses— les pieds sont tellement couverts de plumes,
que l'on ne voit que les griffes — longueur 24 pouces
— envergure 53 pouces dans le mâle — dans la fe-
melle 2G X G5 — selon la règle générale chez les
oiseaux de proie, la femelle est toujours plus
grande que le mâle. Les Creeks le nomment
Wapohoo ; les Esquimaux, Oopeguak. Audubon
dit avoir extrait de l'estomac d'un hibou blan un
énorme rat, dont la tête et la queue étaient p es-
qu'entières — le môme auteur décrit d'une manière
plaisante, les artifices de cet oiseau lorsqu'il fait
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29
1» poche. " Il s'incline, dit-il, sur un rocher près
de la mer, la tête tournée vers Teau ; il fait le
mort et attend patiemment Toccasion de happer
une victime, quil ne manque jamais; dès qu'un
poisson monte à la surface, rapide comme Té-
clair, la griffe du harfang le saisit : puis il se re-
tire à quelques pieds de distance pour dévorer sa
proie et recommence le même manège ; si la pê-
che manque, il va choisir un autre endroit, s'ac-
croupit à une petite distance et se traîne sans bruit
au bord, pour saisir une nouvelle proie, qu'il
étreint de ses deux griffes, pour aller la déguster
à loisir et en silence dans un bois voisin. Des
trappeurs se plaignaient que leurs rats musqués
étaient enlevés de leurs pièges : un d'eux appâta
avec de la chair de ce rongeur, et chaque matin il
était récompensé par la capture d'un ou deux hi-
bous blancs, de sorte que dans peu de jours, il
réussit à exterminer ces bandits."
Le vol de ces oiseaux est ferme, continu, uni-
forme et parfaitement silencieux : ils saisissent
leurs victimes avec la rapidité d'un trait et s'ar-
rêtent à terre pour les dépecer. Quand il s'agit
de poursuivie un canard, une oie ou une tourtre,
le Rapace augmente sa vitesse d'une manière sur-
prenante et frappe l'oiseau, à la manière de l'é-
pervier. On le rencontre d'ordinaire dans le voi-
sinage des rivières et des ruisseaux qui forment
des chutes et des bassins, où le Harfang guette et
saisit le poisson tel que nous venons de le dire .
Dans les latitudes polaires, souvent le chasseur se
voit ravir la perdrix qu'il vient de tuer, parce hi-
bou qui l'enlève à sa barbe. Sir John Richardson,
dit l'avoir remarqué dans presque toutes les terres
arctiques qu'il a visitées pendant l'été : l'hiver, le
Harfang émigré avec la perdrix blanche — sa nour-
riture ordinaire — à des localités un peu moins ex-
posées. " Je l'ai remarqué, dit-il, généralement
posé à terre et lorsque je le troublais, il prenait
son vol, et allait s'abattre un peu plus loin tou-
jours sur le qui vive. Je l'ai vu poursuivre au vol
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le liùvro de l'Amdiique, et faisant des efforts inouis
pour frapper de ses serres ce léger coursier
des bois. En hiver lorsque le Harfang est gras^
les Indiens et les Européens mômes se nour-
rissent de sa chair qui est blanche et ex-
cellente au goût. " La femelle n'est jamais
blauche. Le docteur Hall, de Montréal, pré-
tend également que cette espèce niche dans
le voisinage do Montréal — ce que nous osons ré-
voquer en doute, sauf preuve du contraire. Ce-
ci nons donne occasion de demander plus que
jamais aux chasseurs et aux voyageurs canadiens*
leurs remarques, leur expérience, afin de dessi-
ner d'une maniùre exacte la physionomie, les ha-
bitudes et le parcours géographique des groupes
que nous aurons à décrire — nous leur tiendrons
compte de leurs renseignements dans les notes
que nous aurons occasion d'ajouter à ce travail.
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FAUCONS, ÉPERVIERS, ÉMERILLONS.
En octobre 1663, Pierre Bo icher, alors gou-
verneur des Trois-Rivières, écrivant pour Pinfor-
mation de ses amis à la cour de Louis XIV, di-
sait (*) : " Il y a aussi en ce pays des oyseaux de
" proye de plus de quinze sortes, dont je ne scais
" pas les noms sinon de l'Epervier et de TEme-
** rillon. " Avouons néanmoins à la gloire de l'il-
lustre fondateur de Boucherville, que quelle que
maigre que soit sa Relation, il était plus versé
dans l'histoire naturelle du Canada que ne le sont,
de nos jours, la plupart des personnes qui appar-
tiennent à la classe éclairée.
Le vieux chroniqueur, pas plus que ses succès»
seurs, n'ayant décrit ces ** quinze sortes d'oyseaux
de proye " en langue française, il nous sera pres-
(*) Histoire vérital^le ft, imtnrolle clo la Nouvel''^-
Franco, [ingc 35.
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quo iinposuible do leur donnor en cetu *aii^ ue I -ê
honneurs du baptême. S'il suffisait ao four ir
une pompeuse nomenclature des oiseaux de nos
latitudes, avec force termes scientifiques d'une la
tinitë plus ou moins barbare, rien de plus facile
au moyen des autorités américaines sur cette ma-
tière. Ceci pourrait satisfaire aux exigences d*un
professeur d'histoire naturelle, sans atteindre no-
tre but, qui est de populariser et de dégager d'une
érudition fastidieuse une étude qui combine l'utile
avec l'agréable.
Nous n'esquisserons que les individus marquants
de la famille accipùrine, renvoyant à un chapitre
subséquent ceux de nos lecteurs qui désirent con-
naître ce que renferme sur ce sujet le ** Cata-
logue raisonné de Smithsonian Institution. "
L'histoire des Faucons et l'art de la Fauconnerie
tel que pratiqué encore actuellement en Allema-
gne, en Angleterre et en Belgique, voilà de quoi
intéresser toutes les classes, y inclus cette classe
peu nombreuse, nous aimons à le croire, pour
laquelle le magnifique panorama de la nature
animée est un livre scellé. Un autre chapitre ré-
sumera, d'après les meilleurs auteurs. Part de la
chasse à l'Oiseau, cet art qui remplissait une par-
tie si notable de l'existence de nos aïeux. Persua-
dés que nous sommes que l'on jettera avec plaisir
un coup d'oeil rapide à travers les créneaux de ces
vieux châteaux où Messieurs nos pér-es menaient
vie noble et joyeuse — que Ton franchira volontiers
avec nous le pont levis de leurs castels où repo-
saient sous la garde de Dieu, leurs femmes et leurs
enfants, dans ces temps aventureux, où une par-
tie de la population guerroyait contre leurs fiers
barons, tandis que l'autre allait chevauchant en
Palestine, pour y expirer gaiment au premier
rang, au cri de guerre : Montjoy St.-Denis !
Nous rappellerons les amusements de ce moyen
âge, de cette époque, où le jeune châtelain ** avec
l'or, le faucon et le cor de chasse, précédé de la
harpe du troubadour et de la cithâr*e du romau-
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cier, visitait les pays lointains et les cours étraii-
gôres, pour se rendre chevalier pariait. **
Ce faisant, nous remplirons un double but : d'a-
bord celui d'intéresser le lecteur au bon vieux temps,
k ce temps» dont maintenant chacun médit à tout
propos et hors de propos; ensuite celui de nous en-
quérir pourquoi, à Tinstar de leurs pères, les enfants
ne dresseraient pas nos bons amis les Eperviors
à chasser pour leurs maîtres, Perdrix, Canards,
Pigeons et autres gibiers, afin par ce moyen, de
confier à d'autres, en ce siècle merveilleusement
pratique, la besogne fort peu récréative dejaire le
marché, selon le mot du peuple, tel qu^on en usait^
il y a 300 ans et tel qu'on en use actuellement
ailleurs.
A l'œuvre donc. Des quatre espèces de Vau-
tours qui habitent l'Amérique Centrale, nous ne
dirons mot — ils ne visitent jamais nos climats.
Parlons des Faucons.
Les Faucons sont, de tous les Rapaces diur-
nes, les plus coutageux et les plus agiles; leur
vol est d'une merveilleuse rapidité ; on cite la vi-
tesse d'un Faucon échappé de la fauconnerie
de Henri II, qui supprima en un jour l'espace sé-
parant Fontainebleau de l'île de Malte, c'est-à-diro
une distance de trois cents lieues. Leur livrée est
élégante, quoique les teintes foncées y dominent ;
leur attitude est pleine de fierté quand ils sont
perchés ; mais leur marche est sautillante et peu
gracieuse, à cause de la longueur et de la forma
demi-circulaire de leurs ongles, ainsi que de l'éten-
due de leurs ailes.
Les diverses espèces de Faucons diffèrent
dans leur manière de chasser : cependant, toutes
saisissent leur proie, non pas avec le bec, mais
avec les serres. Si cette proie est un oiseau, le
Faucon se laisse tomber sur elle, ou Tenlève en
descendant obliquement sans ralentir son vol, ou
la saisit après avoir tourné en spirale autour
d'elle ; s'il attaque un mammifère, il le saisit à la
nuque, et si la victime résiste, il lui crève les yeux
à coups de bec. Les Faucons dévorent rarement
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— 33 —
leur proie sur pluco ; lo plus souvent, ild rempor-
tent à récart, sur un arbre ou sur un rocher. Ils
plument presqu'en entier les oiseaux avant de les
manger, et en avalent à la fois des morceaux fort
volumineux ; ensuite ils rejettent en pelottos le
peu do plumes qu'ils ont avalées, ainsi que les
parties qu'ils no peuvent dipférer. Les Faucons
habitant les montagnes, les forets, les bois près
des r amps. Ils émigrent quelquefois à la suite
des in^eaux voyageurs qui leur servent de proie.
On assigne au Canada, parmi les " accidentels,"
deux espèces de faucons, savoir Falco Islandicus,
nommé par Buffon le Gerfaut d'Islande et Falco
Peregrinus de Brisson ou Faucon Pèlerin ou pas-
sager. Le Gerfaut d'Islande, dit Le Maoût, a les
taises recouverts par les plumes dans leurs deux
tiers supérieurs ; le tiers inférieur et les doigs
sont jaunes, ainsi que le tour des yeux et la cire ;
le bec brun de plomb, plus foncé à la pointe ; le
fond du plumage est brun en dessus, barré et ta-
ché de blanc ; il est blanc en dessous avec des
taches cordiformes, et des bandes altenies claires
et foncées sur la queue. La taille est de dix-huit
à vingt pouces. Chez le jeune, le plumage est
brun, unicoîore en dessus ; puis après la pre-
mière mue, il offre des bordures d'un blanc
roussâtre ; les parties inférieures sont d'un blanc
plus ou moins roussâtre et marqué de taches lon-
gitudinales brunes, plus larges sur les flancs et
le ventre. La cire, le tour des yeux et les pieds
sont d'un bleu plus ou moins foncé. Le nom spé-
cifique de ce Faucon indique sa patrie ; il des-
cend quelquefois vers le Sud, mais jamais dit-on,
au delà du 60e parallèle. Il niche sur les rochers
les plus escarpés ; ses œufs, au nombre de trois
ou quatre, sont d'un jaune roussâtre clair, avec
des taches couleur d'ocre très rapprochées :
Avons-nous ou non parmi les " accidentels," le Fau-
con blanc (*) (Falco candicans de Graelin) nommé
C) Richardson l'a remarqué à la Baie d'Hudson et Au-
ilubon Ta vu au Labrador. (Cassin )
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par Buftbn le Gerfaut blanc des pai/a du Nwd —
espèce de grande valeur pour les Fauconniers ?-
c'est ce que nous n'avons encore pu constater.
Le Faucon Pèlerin, ainsi que le Gerfaut d'Is-
lande, se rencontrent de tems à autres dans l'Ouest
de la Province (*). Comme ce Faucon est une
fort belle espèce, nous allons emprunter au conti-
nuateur de l'œuvre de (xeoffroy St. Hilaire, le
Maoût, la description qu'il en donne. " Les mous-
taches sont larges, longues et noires ainsi que les
joues ; les pieds robustes et jaunes, sont vêtus seu-
lement dans leurs tiers supérieurs ; le doigt mé-
dian est sensiblement plus long que la tarse ; la
queue ne dépasse pas le bout des ailes ; Le plu-
mage des parties supérieures est brun, à raies trans-
versales plus foncées ; la gorge et le cou sont
blancs ; la poitrine blanc roussâtre tirant sur le
rose, marquée de petites stries longitudinales
noires ; les parties*, inférieures sont rayées en tra-
vers de brun noir sur un fond cendré, les raies
sont plus larges aux Hancs et au ventre ; les ré-
miges sont d'un brun nuancé do cendré noirâtre,
terminées par un liséré cendré clair ; la queue est
d'un cendré bleuâtre, marquée de bandes trans-
versales terminée de cendré blanchâtre. La taille
du mâle est de 4uatorze pouces ; la femelle est
d'un tiers plus volumineuse. "
Notre but en décrivant si en détail ces deux
espèces est de fournir les moyens de les identifier,
s'il s'en rencontre des individus en Canada.
Le plumage du Faucon Pèlerin varie non seu-
lement suivant l'âge et le sexe, mais encore sui-
vant les saisons et les climats ; il habite tout
l'hémisphère nord du globe, et y niche dans les
rochers les plus escarpés — le jeune Faucon pris
en septembre, âgé de trois mois était celui que
les Fauconniers dressaient comme le plus suscep-
tibL d'éducation. Le vol du Faucon est d'une
rapidité que l'œil a peine à suivre. Il s'élève au-
(*) Hand Book of Toronto, compilé en 1855.
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<lo3SU9 de sa proie, et fond porpcndiculiiiremeiit
sur elle, tombant des nues : les Poules sont sa
nourriture ordinaire. On l'appelle Epervier à
Poules aux Etats-Unis et mangeur de Poules à la
Louisiane et au Canada. Mais il mérite d'autres
litres : Voyez, dit l'ornithologiste Audubon, ces
deux pirates déjeunant à la fourchette : le mâle
dépèce une Sarcelle, et la femelle un Canard : ils
semblent dans un tête à tête amical, se féliciter de
leur bonne aubaine, et disserter sur la saveur du
met friand qu'ils ont conquis : on les prendrait
pour des épicurien!; ; ce ne sont que des gloutons,
et leur voracité n'est égalée qne par leur audace ;
ils enlèvent sur l'eau les Canards, les Sarcelles,
les Oies, et les transportent sur le rivage ; il faut
que le fleuve soit bien large pour que le ravisseur
fatigué lâche sa proie : alors, il en cherche une
autre plus près de terre, et quand il l'a saisie,
triomphant, il l'emporte en lieu sûr pour la dévo-
rer. J'ai vu un Faucon venir à trente pas de mon
fusil, se jeter sur une Sarcelle que je venais d'a-
battre. Il n'est pas moins avide de Pigeons que de
Canards : il court se jeter au milieu de leurs ban-
des qui voyagent dans les hautes régions de l'air
et qui, pour échapper à sa griife, exécutent les
plus habiles évolutions : il ose metne quelquefois
les attaquer dans le domicile que Thomme leur a
prépaie J'en ai surveillé un, pendant plusieurs
jours, qui avait conçu une telle affection pour mes
Pigeons qu'il se permettait d'entrer dans le colom-
bier par une porte et en sortait par l'autre avec
une victime : voyant la terreur et le désordre que
ses invasions causaient parmi mes Pigeons, et
craignant que ceux-ci n'émigrassent, je mis à
mort le voleur.
Quand le Faucon est on quête, il se perche
souvent sur les branches les plus élevées d'un ar-
bre, dans le voisinage des terres marécageuses :
on voit sa tête se remuer par saccades périodi-
ques, comme pour mesurer les distances qui lo
séparent de sa proie : il épie une Récassp depuis
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quelques instants : tout à coup il se piécipite sur
elle avec un bruit terrible, Pétreint de ses serres
acerrées, et va la dévorer dans quelque bois voi-
sin.
Il plume adroitement avec son bec, sa proie
qu'il tient entre ses pattes ; aussitôt qu'une partie
est plumée, il la déchire en lambeaux, dont il se
repait avidement ; s'il voit s'approcher un ennemi,
il s'enfuit avec son butin, et va le cacher dans l'in-
térieure de la forêt. C'est surtout en rase campa-
gne qu'il montre de la défiance."
Malgré la justesse de son coup d'œil, la rapi-
dité de son vol et l'habileté de ses manœuvres, le
Faucon Pèlerin ne réussit pas toujours à s'empa-
rer de sa proie : Baumann a vu un Pigeon, pour-
suivi par un Faucon, se précipiter dans un étang,
plonger, sortir de l'eau sain et sauf et échapper
ainsi aux serres de son ennemi. Quelquefois
môme ce rapace est vaincu par des oiseaux moins
puissante» que lui, dans lesquels il attaque des ri-
vaux ou une proie : M. Gérard a vu un Corbeau
tuer un Faucon d'un coup de bec qui lui fendit le
crâne."
Le Faucon à défaut d'autre pâture se nourrit
d'alouettes, de pleuviers, et de corbigeaux, sans re-
fuser dans les temps de disette, le poisson mort. La
hardiesse est la note caractéristique du faucon : on
le voit poursuivre sa proie sous le fusil du chas-
seur, et souvent payer de sa vie cette insolente
agression. Voici un fait intéressant rapporté par
un naturaliste français, M. Gerbe.
"Il y a quelques années, un faucon pèlerin
était venu s'établir, en septembre, sur les tours de
la cathédrale de Paris. Pendant plus d'un mois
qu'il y demeura, il faisait tous les jours capture de
quelques uns de ces pigeons que l'on voit voltiger
çà et là au dessus des maisons. Lorsqu'il aperce-
vait une bande de ces oiseaux, il quittait son ob-
servatoire, rasant les toits ou gagnant le haut des
airs, puis fondant sur la bande, et s'attachant à un
seul individu qu'il poursuivait avec une audace
f
37
I
inouïe, quelquefois à travers les rues des quartiers
les plus populeux. Rarement il retournait à son
poste sans emporter dans ses serres une proie,
qu'il dépeçait tranquillement, et sans paraître af-
fecté des cris que poussaient contre lui les enfants.
Il chassait le plus habilement le soir, entre quatre
et cinq heures, quelquefois dans la matinée; tout
le reste de la journée il se tenait tranquille. Les
amateurs, aux dépens de qui vivait ce faucon, fi-
nirent par ne plus laisser sortir leurs pigeons, ce
qui, probablement, contribua à Téloigner d'un lieu
où la vie était pour lui si facile.
Ces oiseaux jouissent d'une étonnante longé-
vité : on prit, il y a une cinquantaine d'années, au
Cap de Bonne-Espérance, un Faucon portant un
collier d'or sur lequel était gravé qu'en 1610 cet
oiseau appartenait au roi d'Angleterre Jacques I :
il avait par conséquent cent quatre-vingt ans et
plus, et conservait encore beaucoup de vigueur (*).
Buteo borealis ; l'Autour ou Buse à queue rousse,
ou Grand Mangeur de poules — est extrêmement
répandu dans nos campagnes. Quel est le cul-
tivateur qui n'a voué aux gémonies ce bandit ailé,
l'ennemi le plus acharné de sa basse cour, la ter-
reur de ses poules, dindons et autres oiseaux do-
mestiques. Plumage, à la gorge et à la poitrine,
d'un blanc légèrement roussâtre, avec taches
brunes, arrondies sur le dessous du corps, taille
20 pouces. Son vol est vigoureux et soutenu à
une grande hauteur. On le voit raser la cime des
plus hauts arbres sans agiter ses ailes, ni incliner
sa tête de droite à gauche, pour voir ce qui est
au-dessous de lui : ce vol 3st accompagné d'un cri
triste et prolongé, qui s'entend au loin, et calculé
(*) " Le Faucon, V Autour, le Tiercelet (du Canada), sont
" absolument les mêmes qu^cn France ; mais nous avons une
*' seconde espèce de Faucons, qui ne vivent que de la pêche. "
Charlevoix : Voyage en Amérique, lettre IX, écrite en
1721. — "Cette seconde espèce de Faucons oui ne vivent
que de la pêche," — c'est sans doute leFandion Âuvialis:
l'Aigle nonnette décrite ci-après. (Note de l'auteur.)
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à mettre en dmoi tous les ôtree vivants d'alentour,
pour les faire lever et fondre dessus. Quand une
proie a fiappé sa vue, il s'arrête brusquement,
comme un cheval au galop dont on serre tout à
coup la bride : il semble noter la place avec exac-
titude, puis il va se percher sur l'arbre le plus
voisin ; alors il se retourne, regarde fixement sa
victime et presqu'aussitôt s'élance sur elle avec
tant de vitesse et de précision, qu'il la manque
rarement ; s'il ne trouve rien dans les champs, il se
perche sur l'arbre le plus élevé de la forêt et pro-
mène au loin ses regards : un gentil et leste
écureuil vient de saisir une noix, il la roule joyeux
entre ses pattes, et se dispose à la croquer quand
tout à coup tombe sur lui la Buse à queue rousse,
elle le saisit, l'étrangle, lui perce la tête, le dévore
sur place, ou l'emporte sur la branche qu'il vient
de quitter.
Audubon rapporte que, pendant l'enfance des
jeunes, le nid est abondamment pourvu de gibier,
et surtout d'écureuils gris, que les parents se pro-
curent, en chassant de compagnie. L'un d'eux
se tient au-dessus de l'arbre où se trouve le qua-
drupède ; l'autre l'attaque directement ; celui-
ci, pour éviter son ennemi, tourne autour du
tronc, et alors le premier fond sur lui; s'il ne
trouve pas un trou, il est saisi, dépecé et distribué
aux petits. L'attachement conjugal, qui avait ré-
uni le mâle et la femelle pour la conservation de
leur postérité, ne dure que pendant le temps né-
cessaire à leur éducation ; dès qu'ils peuvent se
passer de leurs parents, ceux-ci deviennent aussi
indifférents l'un à l'autre que s'ils ne s'étaient ja-
mais connus.
Pandion fluvialis (FishHaw^k orOsprey), l'aigle-
iionnette : cette espèce qui est répandue au bord
des eaux douces de j)resque tout le globe se ren-
contre assez fréquemment pendant la belle saison,
sur les rives du St. Laurent, sur les lacs et dans les
îles giboyeuses et poissonneuses du bas du fleuve.
Plumage blanc, à manteau l)run, avec taches brunes
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— 39 —
sur la tête et la poitrine : c'est un pôcheur plu-
tôt qu'un chasseur. Quelquefois son avidité est
telle que quand il s'est attaqué à des poissons qui
lui lésistent ou dont le poids est supérieur à ses
forces, il se laisse noyer plutôt que de lâcher pri-
se. Il dédaigne les petits poissons, mais il s'em-
pare volontiers des oiseaux aquatiques qui se tien-
nent à sa portée. " Les aigles nonnettes ont des
mœurs assez sociables : ils voyagent par petites
troupes, suivent les contours des rivages, pèchent
les uns près des autres sans s'inquiéter dans l'exer-
cice de leur industrie. Ces oiseaux ont un rival
acharné dans l'aigle à tcte blanche (Bald Eagle),
qui leur est supérieur en force, et qui profite de
cette supériorité pour leur ravir leui butin. Ce
despote, perché sur le sommet d'un arbre élevé
qui domine une vaste étendue, veille sur tous les
mouvements de l'oiseau pécheur, qu'il espère dé-
pouiller : il le voit descendre des hautes régions
de l'air avec une vitesse qui s'accroit rapidement :
il le voit disparaître et presqu'aussitôt reparaître
avec sa proie, puis s'élever en poussant un cri
joyeux. Le ravisseur s'élance sur î'aigle-nonnette :
celui-ci qui connaît les intentions de son adver-
saire fuit rapidement, son rival le poursuit avec
acharnement dans les mille détours qu'il fait pour
l'éviter, et bientôt le plus faible des deux pirates
lâche son bulin : alors l'aigle à tète blanche se
laisse tomber à son tour et happe le poisson avant
qu'il ait atteint la surface de l'eau. "
Où couve-t-il ? Chasseurs et voyageurs cana-
diens, répondez (*) ! Charlevoix parle d'un aigle
pécheur. C'est sans doute à l'aigle nonnette qu'il
fait allusion.
Astui atricapillus ou palumbarius ; Autour or-
(*) Un chasseur nous apprend, nue de temps immémo-
rial, un couple d'Aigles-Nonettes fréquente les rives du
lac St.-Joseph (comté de Québec). Un pin séculaire con-
tient le nid qui est assez volumineux — ces années der-
nières la famille a augmenté— et il y a maintenant doux
nids, à petite distance l'un de l'autre.
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dinaire (American Goshawk). C^est là un des plus
beaux oiseaux de la famille accipitrine. {*) L'au-
tour habite les montagnes basses et boisées, et ni-
che sur les vieux hêtres et les vieux chênes. Il se
nourrit ordinairement d^écureuils, de pigeons, de
poulets, de souris. Quoique très rusé chasseur, il se
laisse prendre facilement. En Europe, l'oiseleur
place entre quatre filets, de neuf à dix pieds de
hauteur, un pigeon blanc sur lequel l'autour se pré-
cipite, mais ce qu'il y a de remarquable c'est qu'il ne
cherche à se débarrasser que lorsqu'il a dévoré sa
proie. Les fauconniers sont parvenus à tiier par-
tie de sa voracité en le dressant pour la chasse,
ainsi que l'épervier ; ce qui constituait autrefois
l'art de l'autourseiie, où l'on employait à peu près
les mêmes moyens que pour la fauconnerie ; la
chasse à l'autour était fort fructueuse. ** Pour la
chasse aux canards et aux lapins, dit Selon, on le
dressait avec des canards ou des lapins domesti-
ques, puis on le conduisait dans des garennes et
sur le bord des étangs : mais on se gardait bien
de lui faire connaître les pigeons domestiques et
les poules, car cette chasse était la plus aisée, il
aurait bientôt dévasté les basses cours et les co-
lombiers.
L'Autour de Pensylvanie, — taille plus petite ; il
est en dessus, d'un biun fauve qui prend, avec
l'âge, une couleur plombée ; les pennes sont ra-
yées d'un brun en travers ; la tête est coiffée
d'une espèce de calotte noire ; le dessous du corps
est blanchâtre, avec des taches brunes ; le bec et
la cire sont jaunes. Cet autour qui habite les
Etats-Unis, se rencontre au Canada.
L'Autour de Stanley, — nommé par Audubon, le
faucon de Stanley — cette espèce, d'après le par-
cours géographique qu'on lui prête, doit également
visiter nos climats ; ailes brunes en dessus, grisâ-
tres et rayées de noir en dessous ; le dessous du
corps est jaunâtre, avec des taches lancéolées bru-
(*) Notre artiste canadien C Kreikoff a réussi à s'en
procurer deux spécimens fort beaux en décembre dernier.
41 —
nos ; la queue est brunâtre, avec des barres plus
foncées, les plumes de la tête sont fauves à leur
bord et noirâtres sur leur milieu ; la mandibule su-
périeure est noirâtre, ainsi que lef ongles, la cire
verdàtre ; l'iris et les tarses jaunes. Le vol de
cet oiseau est peu élevé, mais rapide, égal et pro-
longé ; il glisse silencieusement en rasant la cime
des forêts et se détourne rarement de la droite
ligne, si ce n'est pour saisir sa proie et la mettre
en sûreté ; de temps en temps, mais rarement, et
lorsqu'on a tiré sur lui, il s'élève en spirale et
décrit cinq ou six tours, puis replonge vers la terre
et prend sou voyage."
*' Un jour, dit Audubon, que j'étais en obser-
** vation près de la Louisiane, à la fin de Tau-
" tomne, j'entendis un c )q chanter dans le voi-
** sinage d'une ferme ; le moment d'après, le
** Faucon de Stanley passa au-dessus de ma tête,
** et si près que je l'aurais tiré à bout portant, si
** j'avais été sur mes gardes; presqu'aussitôt
"j'entendis le gloussement des poules et le cri
" de guerre du coq. Je vis alors l'oiseau de proie
** s'élever sans effort à quelques toises en l'air, puis
" retomber verticalement comme un plomb. Je
** m'avançai, et je le trouvai qui avait saisi le
" corps du coq ; le Gallinacé résistait vaillamment,
" et tous deux se culbutaient, sans que le rapace
** fit attention à moi. Curieux de voir l'issue de
" l'affaire, je restai immobile ; et bientôt je m'ap-
" perçus que le brave coq était blessé à mort.
** Je me précipitai vers le meurtrier ; mais celui-
** ci avait fixé sur moi son regard de Faucon, et,
" se dégageant, il s'éleva tranquillement dans les
" ail s. Je lâchai aussitôt la détente, et il tomba
" près de sa victime, qui était déjà morte : les
*• griffes avaient déchiré la poitrine et percé le
*' cœur.
" Quelques années après, je vis un individu fe-
** melle de cette espèce, attaquer une couvée de
" petits poulets sous les yeux de leur môie ; il ve-
*^ nait d'en saisir un et de l'enlever» quand lu poute
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" intrépride se précipita sur lui avec furie, et le
" renversa ; le pirate fut tellement étourdi de
** cette irruption, que j'cu le temps de m'en era-
" parer. Cet autour fait sa proie principale des
" Gallinacés : il est aussi friand de lièvres. Il
*' suit les bandes de colombes émigrantes, et porte
•• le désordre dans leurs plialanges.'*
Le Faucon des Pigeons (Falco Columbarius
de Gmelin) ou Epervier des Pigeons. Cette es-
pèce est trop connue pour qu'il soit nécessaire
de la décrire au long ; elle se rencontre de-
puis la Louisiane à la Baie d Hudson. Son
nom spécifique indique la proie qu'elle recher-
che. En effet elle accompagne les bandes de
tourtres dans leurs migrations ; celles-ci, pour-
suivies par le Faucon, se dispersent ; mais le ra-
visseur en a saisi une dans le trouble de la retraite.
Les Troupiales (*), qui se réunissent en bandes
comme les touftres, sont sans cesse décimées par
lui : il ne les perd pas de vue, dit l'ornithologiste
Vieillot, et se perche sur u.i arbre, d'où il ob-
serve en silence toutes leurs évolutions sans les
troubler ; mais au moment où elles vont se réfugier
dans les roseaux, il s'élance à leur poursuite avec
la rapidité de la flèche et s'empare de la victime
que son regard a choisie d'avance. Il répand la
terreur sur les rivages parmi le gibier de mer,
comme dans l'intérieur des terres. Il chasse plu-
sieurs espèces de bécassines, ainsi que la sarcelle
aux ailes vertes-, mais celle-ci n'est pas toujours
prise au dépourvu, et, au moment où le Faucon
descend sur elle comme un plomb du haut des
airs, elle plonge sous les eaux et échappe à son
ennemi. Quand cet oiseau de proie est blessé au
vol, il resserre l'aile blessé et descend en tour-
noyant jusqu'à terre. Si on ne le prend pas, il se
sauve en clopinant et disparait dans les bois ; si le
chasseur arrive près de lui et essaye de le saisir,
il hérisse ses plumes, pousse un cri aigre et s'ac-
(*) Orioles.
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— i3
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cule contre un tronc d'arbie ou contre un rocher,
en ouvrant ses grittes, dont il menace son vain-
queur. Le Falco Temeraiius, dit LeMaoût,
qu'Audubon prenait pour une espcce nouvelle et
qu'il nomma le Petit Caporal en l'honneur do Na-
poléon 1, n'est autre que le mâle trùs-vieux du
Falco Columbarius : cet oiseau habite la rdgion
tempérée de TAmérique du Nord ; il est fort
commun au Mexique et dans l'Amérique Cen-
trale, et ** accidentel seulement " en Canada.
Falco Sparverius — Sparrow Hawk — le Faucon
de la Caroline autiement dit l'Eraerillon de St,-
Domingue, fort commun dans les deux Amériques.
Son bec est bleuâtre ; la cire et le tour des yeux
sont d'un jaune vif, ainsi que les tarses ; le des-
sus du corps est d'un roux vineux, à stries noires
transversales ; la tôte est d'un gris bleuâtre, roux
et vineux au sommet : les tectrices des ailes sont
cendré bleuâtre, l-i taille de dix pouces et demi,
*' Cette espèce, dit M. Alcide d'Orbigny (*), se
rencontre quelquefois dans les lieux éloignés des
habitations, mais bien plus souvent auprès des
villages et des villes où elle parait se plaire." Nous
n'ajouterons rien de plus sur les habitudes de cet
oiseau qui parait peu répandu en Canada.
Le Faucon, connu dans les campagnes sous le
nom d'Emerillon, est le plus petit de tous les oi-
seaux de proie : il est de la grosseur d'un Merle ;
il est fort courageux et se nourrit d'allouettes,
de Pluviers, de Bécassines et môme de Perdrix et
de Pigeons. Sa manœuvre, pour s'emparer des Per-
diix et des Pigeons, réussit presque toujours :
quand il poursuit une compagnie de ces oiseaux, il
commence par isoler de ses compagnons celui
qu'il convoite, puis il décrit autour de lui une spi-
rale qu'il resserre de plus en plus, jusqu'au moment
où il saisit sa victime, qu'il heurte de sa poitrine
assez violemment pour la tuer du coup, quand sa
griffe l'a manquée. D'autres fois, c'est en passant
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(**) Ornithologie do llle do Cuba.
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rapidement le long des haies qu'il enlève sa proie ;
8on aspect terrifie les oiseaux caches dans le feuil-
lage ; et ils se laissent prendre sans chercher à
fuir.
" Une des questions, dit Cassin, les plus diffi-
ciles à résoudre sur la famille accipitrine, c'est la
variété de leur livrée, selon les saisons et l'âge
des individus. Il y a nombre de particularités
à noter sur l'histoire de ces animaux. — Plusieurs
espèces, telles que l'Oiseau de Washington (Hali-
etusWashingtonii), l'Autour de Saint Jean (Archi-
buteo Sancti Johannis), sont fort rares aux Etats-
Unis et au Canada. Pendant l'hiver, plusieurs
espèces fréquentent les rivages de la mer, d'autres
les bords des rivières et des baies — l'appari-
tion de la locomotive et des vapeurs en a fait
déguerpir un grand nombre : ces innovations
froissent évidemment les idées des Aigles et des
Eperviers. De temps à autres on distingue au
haut des airs d'immenses bandes d'Eperviers vo-
yageant de compagnie. Ce phénomèiie a été re-
marqué par le professeur Baird, de Washington,
leDi. Hoy, du Wisconsin, et par nous-même,
dit Cassin — ça lieu en automne, au temps où les
oiseaux éinigrent : mais son objet et son mode
nous sont inconnus et font naître d'intéressantes
conjectures : ça ne dure que peu de temps, autre-
ment il serait impossible qu'un si grand nombre
d'oiseaux de proie trouvassent de la pâture. C'est
surtout, ajoute t-il, dans le nord de l'Amérique
Septentrionale (dans le Canada, par exemple ?)
que la famille accipitrine a de l'intérêt pour le
voyageur et le naturaliste, c'est là probablement
qu'il existe plusieurs espèces inconnues. "
Nous ne dirons pas adieu à nos amis les
Faucons, sans rappeler à nos lecteurs une des
gracieuses fictions des poètes de l'antiquité, où
Ceyx, roi de Trachyne, raconte à Pelée l'histoii'e
de son frèie Daedalion, métamorphosé en Oiseau
de proie. Ecoutons Ovide :
'* Vous croyez peut être que cet Oiseau, qui vit
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de rapine, et rëpand la terreur parmi les autres
habitants de l'air, a toujours porté des plumes ;
il fut Homme autrefois, et, sous sa nouvelle
forme, il a conservé son âme fière, toujours
prête à la guerre el à la violence. Il se nommait
Daedalion, et avait pour père, ainsi que moi, le
dieu Lucifer, qui appelle l'aurore et sort le der-
nier de la voûte céleste. Autant je chéris la paix
et les tranquilles plaisirs de la vie conjugale, au-
tant mon frère était avide de combats. Hélas !
sa valeur belliqueuse, qui soumit les rois et les
nations, n'est plus employée aujourd'hui qu'à
poursuivre les timides colombes de la Thessalie.
Il avait une fille, la belle Chioné, qui osât se
placer au-dessus de Diane, et mépriser la beauté
de la déesse. ** Tu ne mépriseras pas ma puis-
sance, s^ëcria Diane en courroux. " Elle dit,
courbe son arc d'ivoire, et lance une flèche acé-
rée qui va percer la langue téméraire de Chio-
né : celle-ci veut se plaindre ; mais la voix lui
manque avec la parole, et sa vie s'échappe avec
son sang. O pitié ! quelle fut ma douleur ! et
quelles cansolations ne prodiguais-je pas à mon
malheureux frère ! Hélas ! son cœur paternel
fut sourd à mes paroles, comme les rochers au
murmure des vagues, et il ne cessa de gémii
sur la moit de sa fille. Mais quand il la vit sur
le bûcher qui allait la consumer, quatre fois il
voulut s'élancer dans les flammes, quatre fois
mes mains l'en repoussèrent. Alors, il prend la
fuite d'un pied rapide, et tel qu'un taureau qui
porte enfoncé dans son col le dard d'un frelon,
il se rue loin des chemins frayés. Le désir de la
mort accélérant sa course, il nous échappe à
tous, parvient à la cime du Parnasse, et se pré-
cipite de la roche la plus élevée, mais Apollon,
ému de compassion, le change en Oiseau, et ses
ailes subitement déployées le tiennent suspendu
dans les airs ; sa bouche devient un bec crochu,
ses ongles se recourbent en griffes aiguës. Son
ancien courage lui reste, et sa vigueur est supé-
' ».
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** rieure à sa stature. Maintenant, devenu Faucon,
" il est cruel pour tous les autres Oiseaux, et
" venge ses douleurs par celles qu'il leur fait
" souffrir. "
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LA CHASSE A L'OISEAU.
L'art do la Fauconnerie, qui a été rapporte de
rOriont par les Croisés et que l'invention des
armes à feu a fait tomber en désuétude, n'est rien
moins qu'oublié dans certaines villes de l'An-
gleterre et de l'Allemagne. 11 y a en Belgique,
prés de Namur, un village nommé Ffû/crn-TIauzerf
dont les habitants ont pour unique industrie l'édu-
cation du Faucon. Ils vont chercher ces oiseaux
dans le Hanovre, revenant les diesser dans leur
village, et les vendent ensuite dans le nord de
l'Europe, à l'aide de correspondances qu'ils y en-
tretiennent avec soin. Lorsqu'ils ont placé un
Faucon dressé, ils restent chez l'acheteur jusqu'à
ce que le Faucon soit habitué à obéir à la voix de
son nouveau maître.
" Réduire l'animal sauvage à abdiquer l'exer-
cice de sa volonté et à peidre toute confiance en
ses propres ressources ; lui faire voir dans l'homme
l'arbitre suprême de son repos et de son bien-être ;
en un mot, l'assujettir par la crainte et le fixer
par l'espérance, tel est le but que se propose le
fauconnier ; l'art d'apprivoiser les animaux en
général est basé sur les mêmes principes.
Il faut d'abord, pour dresser le Faucon, le faire
consentir à demeurer immobile à la même place et
privé de la lumière du jour ; un supplice de soi-
xante-douze heures suffit pour cela. Pendant
tout ce temps, le fauconnier porte continuellement
sur le poing l'oiseau armé d'entraves no.nmées
jets : ce sont de menues courroies, terminées par
des sonnettes, qui servent à lier ses jambes. Dans
cette position, on l'empêche soigneusement de
— 47 —
dormir, ot, s'il se révolte, on lui plonge la tête
dans l'eau. Au tourment do l'insomnie est ajou-
té celui de la faim ; et bientôt l'animal vaincu pi r
Pinanition ot la lassitude, se laisse coiffer d'un
chaperon. Lorsque, étant décoiffe, il saisit la
viande qu'on a soin de lui présenter de temps en
temps, et qu'ensuite il se laisse docilement re-
mettre le chaperon, on juge qu'il a renoncé à sa
liberté et qu'il accepte pour maître celui de qui il
tient la nourriture et le sommeil. C'est alors que
pour augmenter sa dépendance, on augmente ses
besoins : pour cela on stimule artificiellement son
appétit en lui nettoyant l'estomac, avec des pe-
lottes de filasse retenues par un fil, qu'on lui fait
avaler et qu'on retire ensuite. Cette opération,
nommée en terme de vénerie curCy piouuit une
faim dévorante, que l'on satisfait après l'avoir ex-
citée ; et le bien ôtre qui en résulte, attache l'oi-
seau à celui môme qui l'a tourmenté."
Lorsque cette première leçon (qu'il faut quel-
quefois réitérer) a roussi, on porte l'oiseau sur le
gazon dans un jardin : là, on lui enlève son cha-
peron, et le fauconnier lui présente un morceau
de viande : s'il saute de lui-môme sur le poing
pour s'en repaître, son éducation est déjà fort
avancée et l'on s'occupe de lui faire connaître le
leurre. Le leurre est un morceau de cuir garni
d'ailes et de pieds d'oiseau, c'est une effigie de
proie, sur laquelle est attaché un morceau de
viande ; il est destiné à réclamer l'oiseau, c'est-à-
dire à le faire revenir, lorsqu'il se sera élevé dans
les airs. 11 est important que le Faucon soit, non
seulement accoutumé, mais affiiandé à ce leurre,
qui doit toujours être la récompense dosa docilité :
ainsi, après l'avoir dompté par la faim, on conso-
lide sa servitude par la gourmandise ; mais le
leurie ne suffirait pas sans la voix du Fauconnier.
Lorsque l'oiseau obéit au réclame dans un jardin,
on le porte en pleine campagne, on l'attache à
une filière ou ficelle de soixante pieds de lon-
gueur, on le découvre, et, en l'appelant à quel-
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ques pas de distance, on lui montre le leurre ;
B*il fond dessus, on lui donne de la viande ; le
lendemain, on la lui montre d*un peu plus loin,
et quand il fond sur son leurre de toute la lon-
gueur de la filière, il est complètement assuré.
Alors, pour achever Téducation du Faucon, il
faut lui faire connaître et manier le gibier spécial
auquel il est destine ; on en conserve de privés
pour cet usage : cela s'appelle donner Vescap» On
attache d'abord la victime à un piquet, et on lâche
dessus le Faucon, retenu par sa filière. Quand il
connaît le î^j/* (s'élance dessus), on le met hors de
filière et on le lance sur une proie libre, à la-
quelle on a préalablement cousu les paupières
pour l'empêcher de se défendre. Enfin quand on
est bien assuré de son obéissance, on le fait voler
pour bon : c'est-à-dire on le laisse libre.
La chasse à VOiseau^ dont la noblesse d'autre-
fois faisait ses délices, avait moins souvent pour
but de procurer au chasseur uue proie comestible,
que de lui offrir un spectacle récréatif: le vol du
Faisan, de la Perdrix, du Canard sauvage, était,
disait on, plaisir de gentilhomme ; mais ce qu'on
nommait plaisir de prince^ c'était le vol du Milan,
du Héron, de la Corneille et de la Pie, véiitable
gibier de luxe, sans aucune valeur culinaire. Le
vol du Milan était le plus rare de tous. La pre-
mière difficulté à vaincre était de le faire descen-
dre des hautes régions de l'atmosphère, où le
Faucon lui-même n'aurait pu l'atteindre; pour
cela on prenait un Grand Hibou ou Duc ; on af-
fublait ce Duc d'une queue de Renard pour le
rendre plus remarquable, et on le laissait ainsi,
dans une prairie, voltiger à fleur de terre. Bien-
tôt le Milan, planant dans la nue pour guetter une
proie, distinguait de sa vue perçante un objet bi-
zarre, s'agitant sur le sol ; il descendait pour l'exa-
miner de plus près ; aussitôt on lançait sur lui un
Faucon qui, dès l'abord, s'élevait au-dessus du
Milan, pour fondre sur lui verticalement ; alors
commeuçait un combat, ou plutôt des évolutions
4
— 49 —
de l'intérêt le plus vaTië ; le Milan, fin voilier,
fuyait devant le Faucon en s^élevant, s'abaissant,
croisant brusquement sa route, et prenant, à angle
aigu, les directions les plus imprévues ; le Faucon
non moins agile que lui, mais plus courageux, et
en outre stimuld par la faim, le poursuivait avec
ardeur dar« ces mille évolutions : il le saisissait
enfin et l*<t; ;> )rtait à son maître.
Le vol du Héron et de la Grue était non moins
amusant pour le spectateur, et plus dangereux
pour le Faucon : Toiseau poursuivi se laissait plus
facilement atteindre, mais il se défendait avec plus
de courage, et Tassaillant recevait quelquefois de
sa victime des blessures auxquelles il ne survivait
pas longtemps. On employait même le Faucon,
et surtout le Gerfaut, à la chasse du Liè^rre ; on
faisait d'abord partir celui-ci au moyen d'un li-
mier : puis le Faucon, lancé à Pavance, et volant
au-dessus de la plaine, apercevait le Lièvre et
tombait sur lui.
Mais de tous les vols, le plus amusant, le plus
riche en incidents, le plus commode à observer, le
plus facile, sinon le plus noble, était le vol de la
Corneille : on se servait, comme pour le Milan,
d'un Duc, afin de Tattirer, puis on lançait sur elle
deux Faucons. L'oiseau poursuivi s'élevait d'a-
bord au plus haut des airs, les Faucons parve-
naient bientôt à prendre le dessus ; alors la Cor-
neille, désespérant de leur échapper par le vol,
descendait avec une vitesse incroyable, et se jetait
entre les branches d'un arbre : les Faucons ne l'y
suivaient pas et se contentaient de planer au-des-
sus. Mais les fauconniers venaient sous Tai bre où
s'était réfugiée la Corneille, et, par leurs cris, la
forçaient de déserter son asile. Elle tentait encore
toutes les ressources de la vitesse et de la ruse,
mais le plus souvent elle demeurait au pouvoir de
ses ennemis.
Le vol de la Pie est aussi vif que celui de la
Corneille : mais le Faucon n'attaque pas en par-
tant du poing ; ordinairement on Je jette à mont,
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parce qu'on attaque la Pie lorsqu'elle est dans un
arbre. Souvent elle est prise au moment du pas-
sage; mais quand le Faucon Ta manquëe, on a
beaucoup de peine à la faire partir de Parbre qui
lui a servi de refuge : sa frayeur est telle, qu'elle
se laisse prendre par le chasseur, plutôt que de
s'exposer à la terrible descente du Faucon.
Lorsqu'il s'agit de la chasse de la Perdrix ou du
Canard sauvage, on emploie la même manœuvre.
On lance le Faucon dans les airs avant que le gi-
bier soit levé ; et lorsque le Rapace plane, le fau-
connier, aidé d'un chien, fait partir la Perdrix,
sur laquelle l'oiseau descend. Pour le Canard, on
lance dans les airs jusqu'à trois Faucons, puis on
fait lever le Canard : la terreur que lui inspirent
les Faucons le fait gagner l'eau — alors des chiens
se jettent à la nage pour ^ui faire reprendre soq
vol.
Ce n'est pas seulement en Europe que l'on cul-
tivait la fauconnerie ; elle florissait dans toute
l'antiquité et florit encore aujourd'hui chez les
peuples de l'Asie et de l'Afrique Septentrionale.
Les Persans et les habitants du Mogol poussent
même plus loin que les Européens l'éducation du
Faucon : ils le dressent à voler sur toutes sortes
de proie, et pour cela ils prennent des Grues et
d'autres Oiseaux, qu'ils laissent aller, après leur
avoir cousu les yeux : aussitôt ils font voler le
Faucon qui les prend fort aisément. Il y a des
Faucons pour la chasse du Daim et de la Gazelle,
qu'ils instruisent, dit Thevenot, d'une manière
très-ingénieuse. Ils ont des Gazelles empaillées,
sur le nez desquelles ils donnent toujours à man-
ger à ces Faucons et non ailleurs. Après qu'ils les
ont ainsi élevés, ils les mènent à la campagne, et
loif-|U'ils ont découvert une Gazelle, ils lâchent
deux de ces oiseaux, dont 1 un va fondre sur le
nez de la Gazelle, et s'y cramponne avec ses
griffes. La Gazelle s'airête et se secoue pour s'en
délivrer ; l'oiseau bat des ailes pour se tenir ac-
croché, ce qui empêche encore la Gazelle de bien
— 51 —
courir, et même de voir devant elle ; enfin, lors-
qu'avec bien de la peine elle s'en est défaite,
l'autre Faucon, qui est en Tair, prend la place de
celui qui est en bas, lequel se retire pour succé-
der à son compagnon lorsqu'il sera tombé ; et de
cette sorte, ils retardent tellement la course de la
Gazelle, que les chiens ont le temps de l'attraper.
Il y a d'autant plus de plaisir à ces chasses que le
pays est plat et découvert. Ce même procédé,
rapporte un autre voyageur célèbre, s'applique à
la chasse au Sanglier (*).
On emploie en France, le Hobereau ou Epervier.
à la chasse des Alouettes et autres gibiers (t) ;
pourquoi nos amateurs canadiens n'essaieraient-ils
pas d'après la méthode que nous venons d'indiquer,
de dresser pour la chasse de la Peidrix, du Oanaid
Sauvage et du petit gibier de mer, le Faucon pè-
lerin, le Gerfaut d'Islande, l'Autour, l'Epervier et
l'Emerilhin canadiens? On sait avec quel succès et
avec quel éclat le vicomte d'Eglington, longtemps
vice-roi de l'Irlande, a ressuscité, ces années der-
nières les chasses, les joutes et les tournois du
moyen âge. Est ce que la principale objection à
cette tentative serait sa nouveauté en nos cli-
mat ? Pourquoi bannir de ce pays, où abonde le
gibier', un plaisir attrayant et facile ? Est-ce que la
vie de château est disparue de nos bords ? Est-ce
que dans chaque paroisse que côtoyé notr*e majes-
tueux fleuve, il n'existe pas au moins un vieux
manoir dont le respecté seigneur, pendant la belle
saison, va chercher dans les plaisirs de la chasse
une distraction aux lettres, à la politique ou à la
vie champêtre ?
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(**) La presque totalité de ces détails ont été puisés
chez un savant contemporain, auipiel nous sommes rede-
vable de plusieurs élégantes traductiDus et d'extraits des
ornithologistes américains.
(t) Le succès des Chinois à s'emparer, au moyen d'Ai-
gles-pêcheurs dressés à ce manège, du poisson dans la
mer, a fort intéressé tous les voyageurs qui eu ont été
témoins,
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— 62 —
Le millionnaire de Montréal qui a, dit-on, offert
«£20,000 pour fêter dignement le vice-roi pré-
somptif de l'Amérique Britannique» que juillet
doit nous amener avec ses zéphirs, aurait il ou-
blié, dans son programme des "Plaisirs de Prince"
qu'il réserve à ce royal visiteur, a'organiser une
chasse canadienne où le Daim, le Chevreuil, le
Renard et le Faucon canadiens joueraient leur
rôle?
Nous ne pousserons pas plus loin ces détails de
vénerie que nos aïeux et surtout nos aïeules eus-
sent lu avec un vif intérêt : le vol au Faucon était
en effet la chasse favorite des Dames.
LES CYGNES DU CANADA,
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De temps immémorial, le littoral et les îles du
St.-Laurent ont été renommés pour Tabondance
des oiseaux aquati^^ui s qui leâ fréquentent et y
couvent. Cette remarque, tous les voyageurs, tous
les navigateurs, anciens et modernes, Tont faite.
Dès 1632 (*), les Pères Jésuites avaient remar-
qué, à l'entrée du golfe, ces deux rochers que
Dieu semble, selon leur expression pittoresque,
avoir placés au milieu des ondes comme des " co-
lombiers'' pour les oiseaux qui y séjournent, sa-
voir les Iles-aux-Oiseaux ; plus tard, ils font éga-
lement mention d'un nombre d'îles giboyeuses à
(*) A l'entrée de ce golfe, nous vîmes deux rochers,
Pun rond, l'autre quarré; •' Vous diriez que Dieu les a
" plantés au milieu des eaux comme deux colombiers pour
" servir de lieux de retraite aux oiseaux qui s'y retirent
" en si grande quantité, qu'on marche dessus ; et si l'on
'* ne se tient bien ferme, ils s'élèvent en si grande quanti-
" qu'ils renversent les personnes ; on en rapporte des
" chaloup<*s ou des petits bateaux tous pleins quand le
" temps permet qu'on les aborde : les Français les ont
" nommés les îles aux Oiseaux." (Relation des Jésuites.
Le Père Paul Le Jeune.)
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53 —
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Texcèa, tel que Tlle-aux-Oies (♦), qui certes ne
dëraent pas son nom et qui est peuplée jusqu'à ce
jour d'une multitude d'oies, d'outardes, de ca-
narde ; tel encore les Ilets de Sorel et les Mille
Iles qui fourmillent de gibiers pendant la moitié
de l'année, et la batture aux Alouettes.
Il en est encore ainsi dans le bas du fleuve,
comme on le verra par l'extrait suivant, où l'on
reconaîtra la plume facile, le talent descriptif et
l'esprit observateur de l'Abbé Ferland. ** Le La-
brador a ses charmes non seulement pour ceux
qui y sont nés, mais encore pour ceux qui y ont
passé quelque temps. La mer, avec l'abondance
de son gibier et la richesse de ses pêcheries, avec
ses jours de calme et de tempête, avec ses acci-
dents variés et souvent dramatiques ; la terre,
avec la liberté, la solitude et l'espace, aveiî ses
chasses lointaines et aventureuses, offre des avan-
tages et des plaisirs qu'on a peine à abandonner
quand on les a une fois goûtes Jacques Car-
tier et les premiers navigateurs parlent avec ad-
miration de la multitude d'oiseaux qu'on y trou-
vait. Quoique le nombre en soit bien diminué, il
en reste assez pour fournir aux besoins des gens
(*) L'Isle-aux Ooudres et l'Isle-E,ux-0ie8 méritent d'êtro
** nommées en passant. La première est souvent remplie
** d'élans qui s'y kencontrent. La seconde est peuplée en
" son temps d'une multitude d'Oies, de Canards. d'Ou-
" tardes, dont Vîle qui est plate et chargée dlierbe comme.
*' une praierie en paraît toute couverte. Les lieux circon-
*' voisins retentissent incessamment des cris de ces oiseaux,
" excepté durant les tremblements de terre qui se sont
' fait sentir cette année (1663): car ces oiseaux, pour
" lors, à ce que m'ont assuré quelques chasseurs, gar-
" daient un merveilleux silence.'' — (Idem.) Le Père Hié-
rosme Lalemand, à Kebec, ce 4 sept. 1663.) Le vieux
chroniqueur a tellement conservé les couleurs locales,
qu'il n'y a pas un chasseur, qui, à la lecture de cet extrait,
ne s'imaginât être à la mi-septerabre sur la batture vaseuse
de l'Isle-aux Oies, et entendre dans les airs le cri et l'jiile
sifflante du Canard et de l'Outarde. (I>îote do l'auteur.)
Histoire véritable et naturelle de la Nouvelle^France,
page35. , . ,
Charlevoii. Voyage en Amérique.
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— 64 —
du pays si les déprédations cessent. Les Mar-
mettes, les Mouniacs, les Goëians, les Perro-
quets (espèces de Canards), les Pigeons de mer,
sont bons à manger au printemps et à Tautomne ;
mais durant l'été ils prennent un goût qui ne con-
vient pas à tous les estomacs. Il n'en est pas de
même des jeunes oiseaux, qui se mangent pendant
tout Tété ; la chair du petit Goëlan pour le goût
ressemble beaucoup à celle du Poulet
** La Grosse-Ile (au Labrador,) est un rocher
ayant une longueur de quatre ou cinq milles ;
élevée et avancée à la mer ; on l'aperçoit de loin
dans toutes les directions. Ses rochers, ses grèves
tt ses baies sont riches en gibier. Au moment où
nous y arrivons, (10 août 1859) des oiseaux s'a-
gitent de toutes parts autour de nous : plusieurs
familles de jeunes mouniacs s'enfuient sur l'eau,
ayant des ailes encore trop faibles pour voler ;
les Goddee, penguins en miniature, et les Cormo-
rans nous adressent des injures du haut de leurs
rochers; des Goëians, des Corbeaux, des Hibous,
des Chouettes tournoient en poussant des cris
d'inquiétude.-.. "Au large de la Grosse-Ile
sont plusieUi's ilôts, pai mi lesquels est un de ceux
où les marmettes ont coutume de couver. Les
marmettes ressemblent aux Canards : elles sont
très nombreuses dans les îles du Labrador. Elles
déposent leurs œufs et couvent dans certaines iles
isolées, qu'elles ont adoptées de temps immémorial
et où elles reviennent tous les ans : on reconnaît
d'une grande distance les îles que ces oiseaux fré-
quentent, par leur falaises blanches. La couleur
que prennent les rochers est due vlu guano f accu-
mulé d'année en année et couche par dessus
couche. Les œufs de mai mette sont de la gros-
seur des œufs de Canards, et sont bien meilleurs
que ceux des autres oiseaux aquatiques du pays ;
ils sont aussi beaucoup plus recherchés. Ils se-
raient une grande ressource pour les planteurs,
s'ils n'étaient enlevés annuellement par des étran-
gers, qui en chargent leurs goélettes. Ces pil-
55 —
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lards font de groa profits, car ÏU vendent les œufs,
dix ou douze piastres le baril, sur les marchés
d'Halifax et des Etats-Unis. C'est avec peine
que les habitants de la côte réussissent à en faire
pour leur usage une petite provision de trois ou
quatre barils par famille. Grâces aux réglementa
que vient de faire la Législature provinciale, il
e^t à espérer que les autorités réussiront à arrêter
les déprédations, et à empêcher la destruction du
Gibier qui en résulte *• Entre Blanc Sablon
et Brador est Tlle aux Perroquets, qui a reçu son
nom d'une espèce de Canard à tête de perroquet.
L'île est couverte de ces oiseaux ; et à chaque
instant on voit quelque volier s'élcignant vers la
mer, ou revenant vers l'île. C*e5?t un temps de
travail p Dur eux; car les petits sont maintenant
nombreux et pour les nourrir, il faut que les pères
et mèies fassent la pêche au lançon. Le lançon
est un très petit poisson, dont les oiseaux et la
morue sont friands. Comme il est maintenant
abondant dans la Baie, les Perroquets vivent en
épicuriens. Ceux d'entre eux qui n'ont pas de
famille à nourrir sont en plein carnaval ; car ils
n'ont qu'à flâner et à manger ; et quelques-uns
sont si gras, qu'ils ont peine à se lever lorsqu'ils
sont poursuivis par le chasseur. "
Nous ne pouv'ons résister à la tentation d'em-
prunter au savant abbé la description *' des espiè-
gleries, (comme il les appelle), des ours blancs du
Labrador, quelque étranger que cela puisse être
à notre sujet. " Il y a quelques années, trois
îeunes gens passant ensemble l'hiver, avaient lais-
sé la cabane pour visiter les pièges tendus dans
la forêt. En entrant au logis, ils furent étonnés
de trouver la porte arrachée et jetée sur la neige.
Ils crurent d'abord que quelque farceur de voisin
était venu leur jouer un tour pendant leur ab-
sence. Dans la cabane tout avait été bouleversé :
le poêle et le tuyau étaient renversés; l'armicire
avait été vidée ; la provision de lard avait été
gaspillée ; le sac do farine n'y était plus et avec
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— 56 —
lui avait disparu une tasse de ferblanc, une paire
de bottes et un paletot. Ce n'était plus un badi-
nage ordinaire : il y avait vol avec effraction et il
ne restait pius de provisions ; il fallait découvrir
le voleur. Tous tiois se mettent en quête ; l'on
cherche les pistes et l'on reconnaît que deux ours
de forte taille avaient causé tout le dégât. Les
voleurs avaient décampé, et ne purent être rejoints ;
mais ils avaient laissé des preuves du délit. A
peu de distance, était le sac vide et déchiré ; un
peu plus loin gisait la tasse broyée et portant l'em-
preinte de longues et fortes dents. Quant au pa-
letot et aux bottes, les gaillards, étant probable-
ment en voie de civilisation, avaient cru devoir les
emporter, dans l'intérêt des mœurs " (*),
Ne croirait-on pas lire un de ces beaux passages
où l'héroïque et infortuné Dr. Kane décrit les tours
que les ours blancs lui jouaient en 1855, dans le
cercle articque en saccageant sa cache et son pem,'
micani
" Ces sites tout a fait solitaires, propres à l'é-
tude et à la méditation, où l'on n'entend d'autres
Bons que le chant des oiseaux et le bruit de la
vague qui vient déferler sur le sable du rivage, "
ces sites décrits par le missionnaire du christia-
nisme en 1859, c'étaient les mômes où vingt-cinq
ans auparavant avait écrit et médité le mission-
naire de la science, l'illustre Audubon, dans ses
courses lointaines.
Parmi nos oiseaux aquatiques, le plus remar-
quable est sans contredit le cygne ; nous lui fe-
rons les honneurs d'une description détaillée.
Il y a en Amérique deux espèces de Cygnes,
savoir : Cygnus Américanus et Cygnus Buccina-
tor (1). . ^
Ce dernier fréquente nos parages comme ** ac-
(*) Rapport sur les Missions du Diocèse de Québec-
Missions du Labrador, par 1 abbé Ferland, 1859.
(t) Un naturaliste, jadis employé par Audubon, nous
informe que sur le lac Ërié il existe beaucoup de Cygnes.
Dimensions du Cygne améncain : 53 h 84.
— 57 —
ï-
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cidentel " seulement; son parcours gëographiqutf
est Ifi valiëe du Mississippi jusqu'à l'Océan Paci~
fique. L'autre espèce, le Cygne Américain, as-
sez commun sur les grands lacs du Haut-Canada,
se rencontre de temps à autre dans cette partie de
la province. Le Cygne est un excellent nageur.
Sa nourriture ordinaire consiste en graines, ftuil-
les et racines, et en grenouilles, mollusques, sang-
sues et insectes aquatiques : il mange aussi des pe-
tits poissons. Il est moncïgame. Le Cygne Amé-
ricain (Cygnus olor de Vieillot) a le bec rougo
bordé de noir ; son plumage est d'un blanc de
neige. C'est cette espèce que l'on apprivoise
pour orner les bassins, les fontaines. Elle vole
très haut et très vite, et se seit de ses ailes
comme d'une arme offensive puissante. Ses mœurs
sont douces et paisibles. Dans les régions tem-
pérées, la ponte a lieu en février ; la femelle fait
un grand nid avec des tiges de joncs et de roseaux ;
elle le garnit de plumes et de duvet, et y pond
six à huit œufs d'un blanc verdàtre ; elle les couve
seule pendant cinq semaines ; mais si le mâle ne
partage pas Tincubation, il veille près de sa com-
pagne pour écarter et pour poursuivre tout étran-
ger qui voudrait s'approcher. Il a tant de force
dans son aile qu'un coup bien appliqué peut casser
la jambe à un homme. Il nous est pénible de
faire main basse sur les riantes fictions inventées
par les poètes à propos de la voix mélodieuse du
Cygne Mourant; mais comme la vérité est pré-
férable même à la poésie, nous devons à nous-
même et aux faits de protester contre ses char*
mantes créations poétiques.
BufFon a écrit sur le Cygne un magnifique cha-
pitre. Nous en citerons les deux principaux pas-
sages qui suffiront au lecteur pour porter un ju-
gement exact sur les qualités et les défauts de ce
brillant génie. Ecrivain sans égal, dit LeMaoût,
quand il décrit ce qu'il a observé, il n'est qu'un
poëte élégant toutes les fois qu'il prête aux ani-
maux des sentiments et des mœurs imaginaires.
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— 68 —
** Dans toute société, dit Buffon, soit des animaux,
soit des hommes, la violence fait les tyrans, la douce
autorité fait les rois. Le Lion et le Tigre sur la
terre, l'Aigle et le Vautour dans les airs, ne
rognent que par la guerre, ne dominent que par
Pabus do la force et par la cruauté ; au lieu que
le Cygne règne sur les eaux à tous les titres qui
fondent un empire de paix : la grandeur, la ma-
jesté, la douceur, avec des puissances, du cou-
rage, des forces et la volonté de n'en pas abuser,
et de ne les employer que pour la défense. Il sait
combattre et vaincre sans jamais attaquer ; roi
paisible dos Oiseaux d'eau, il brave les tyrans de
l'air, il attend l'Aigle, sans le provoquer, sans le
craindre ; il repousse ses assauts, en opposant à
ses armes la résistance de ses plumes et les coups
précipités d'une aile vigoureuse qui lui sert d'é-
gide, et souvent la victoire couronne ses efforts.
Au reste, il n'a que ce fier ennemi : tous les Oi-
seaux de guerre le respectent, et il est en paix
avec toute la nature ; il vit en ami plutôt qu'en roi
au milieu des nombreuses peuplades des Oiseaux
aquatiques, qui toutes semblent se ranger sous sa
loi ; il n'est que le chef, le premier habitant
d'une république tranquille, où les citoyens n'ont
rien à craindied'un maître qui ne demande qu'au-
tant qu'il leur accorde et ne veut que calme et li-
berté."
Voilà, certes, s'écrie Le Maoût, le portrait d'un
roi constitutionnel, dans toute la beauté du mot ;
mais on ne peut s'empêcher de penser que Buffon
en éciivant cette utopie politique, avait perdu de
vue le Cygne, dont il se faisait l'historien. L'aigle
pourrait à la ligueur être nommé le tyran de
l'air, puisque tous les oiseaux sont exposés à sa
voracité ; mais le Cygne n'est nullement le roi
des oiseaux deau, puisque le moindre d'entre eux
peut le braver impunément. En quoi l'Aigle et
le Tigre abusent-ils de leurs forces ? Il leur
faut une pi oie vivante, et ils s'en emparent à
l'aidé de» moyens que la nature leur a donnés.
— 59 —
Le Cygne est Carnivore oulant qu*herbivore, et il
obéit à sou instinct sans remords comme sans
^riiiie. Si même on tient compte de la quantité
de victimes, le Cygne est beaucoup plus féroce
que le Tigre, car celui-ci dévore beaucoup moins
de Gazelles que l'oiseau n'avale de petits ani-
maux. Mais laissons toutes ces fictions, que la
raison ne peut supporter un instant, et hâtons
nous d'admirer la poésie appuyée sur la vérité.
" A la noble aisance, a la facilité, à la liberté
de ses mouvements sur l'eau, on doit le recon-
naître non seulement comme le premier des na-
vigateurs ailés, mais comme le plus beau mo-
dèle que la nature nous ait offert pour Fart de la
navigation. Son cou élevé et sa poitrine relevée
et arrondie semblent, en effet, figurer la proue d'un
navire fendant l'onde ; son large estomac repré-
sente la carène ; son corps, penché en avant |)our
cingler, se redresse à l'arriére, et se relève en
poupe ; sa queue est un vrai gouvernail, ses pieds
sont de larges rames, et ses grandes ailes demi
ouvertes au vent et doucement enflées, sont les
voiles qui poussent le vaisseau vivant, navire et
pilote à la fois. " Nous écrivions récemment (*) :
** Un bien beau Cygne fut tué à Vile aux Grues
** vers 1825. Le seigneur de l'Isle. D. McPherson,
" écr., en fit don au Gouverneur de cette province ;
** ce bel étranger avait au-delà de six pieds d'en-
" vergure (t)." Aucun individu, que nous sachions,
n'a été pris ces années dernières dans les envi-
rons de Québec. L'autre espèce (Cygnus bucci-
nator) mentionné au commencement de ce cha-
pitre, se distingue de son congénère par sa voix
sonore et éclatante comme le son d'un instrument
de cuivre : d'où lui vient son nom — il est fort com-
mun sur le Mississipi, le Missouri, TOhio, dans le
Texas et dans les pays du Nord. Les deux espèces
(*) Canadian Naturalist & Geolcgist, — publié à Montréal
en décembre 1859.
(t) Ce fut Pierre Chasseur qui lui décerna les honneurs
posthumes de V empailla g t:.
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hivernent dans la partie tempérée des Etats-Unis.
Chateaubriand (*) a une riante description du
Cygne, qui d'aprôs lui est quelquefois sédentaire
en Europe. *• Parmi ces ftaasagers de Taquilon,
* il s'en trouve qui s'habituent à nos mœurs, et
* refusent de retourner dans leur patrie : les uns,
* comme les compagnons d'Ulysse, sont captivés
* par la douceur de quelques fruits ; les autres,
* comme les déserteurs du vaisseau de Cook, sont
* séduits par des enchanteresses qui les retiennent
' dans leurs îles. Mais la plupait nous quittent
* après un séjour de quelques mois : ils s'at-
* tachent aux vents et aux tempêtes qui ternissent
' réclatdos flots, et leur livrent la proie qui leur
échapperaient dans des eaux transparentes ; ils
* n'aiment que les retraites ignorées, et font le
* tour de la terre par un cercle de solitudes. Ce
* n'est pas toujours en troupes que ces oiseaux
* visitent nos demeures. Quelquefois deux beaux
* étrangers, aussi blarcs que la neige, arrivent
* avec les frimas : ils descendent au milieu dos
* bruyères, dans un découvert, dont on ne
* peut approcher, sans être aperçu ; après
* quelques heures de repos ils remontent sur les
* nuages. Vous courez à l'endroit d'où ils sont
* partis et vous n'y trouvez que quelques plumes,
' seule marque de leur passage, que le vent a dé-
* jà dispersées, heureux le favori des muses qui,
* comme le Cygne, a quitté la terre sans y laisser
' d'autres débris et d'autres souvenirs que
' quelques plumes de ses ailes. **
1 ■'
(*) (lénio du Christianisrae.
■4 ■
--01 —
OUTARDES, OIES, CANARDS, ETC.
L'Outarde (Anser Canadensis de Linnc^e) que
les auteurs Européens ont honorée du nom flat-
teur de Cygne Canadien, arrive sur nos grèves
vers le premier avril ; (*) elle y séjourne à pou
près un mois et demi et repart pour aller couver
dans les îles du bas du fleuve, du lac St. Jean et
de la Baie dlludson.
Rien n'égale la vigilance et le courage du mâle
pendant la période do l'incubation : il se tient
debout la tête levée, prés du nid, qui est placé sur
la terre, entouré de roseaux et formé de joncs et
d'arbres secs ; il promène ses regards attentifs
sur tous les environs, et prête l'oreille au moindre
bruit. Le Renard a beau se traîner entre les
herbes, il est aperçu, battu et mis en fuite. Au-
dubon observa trois années de suite les allures
d'un de ces ja7's, qui avait son nid prés 'd'un lac,
situé à peu de distance de la Rivière- Verte.
** Toutes les fois, dit-il, que je venais visiter le nid
de l'oiseau, celui-ci me voyait approcher avec un air
d'indignation, se dressant de toute sa hauteur
pour me regarder et semblait me toiser de la tête
aux pieds ; puis, quand jo n'étais plus qu'à
quelqut^s pas de distance, il secouait violemment
la tête, et, s'élançant dans Pair, il se précipitait
vers moi. Par deux fois diff*érentes, il m'a atteint
de son aile le bras droit, que j'avançais machina-
lement comme pour l'écarter, et avec une telle
violence que je craignis un moment d'avoir le
bras cassé. Après cette vigoureuse démonstra-
tion, il revenait aussitôt vers le nid, et passait
affectueusement sa tête et son cou autour du corps
de la femelle, puis reprenait, en me regardant, son
attitude menaçante. "
(*) ** Les Ontarrles arrivent du midy, qui sont grosses ^
'• frtnnos an rlonblp ries nôtres, ot font volontiers leur
" nid aux I^îlesi. Dcnx œnU d'Ontiudo en valent îiisémcnt
" rinq de Poulrç. " — R-.dations drs Tépuitr?; — 1611.
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62 —
C'est vers le 1er avril que le chasseur canadien
prépare son canot, ses traîtres " appelants," (*) son
fidèle *' terre-neuve " et son grand fusil de chasse ;
puis, dans son fiêle esquif, il côtoie silencieuse-
ment les îles vaseuses de Sorel, les grèves de la
battureaux loup-marins, vis-à-vis St.-Roch-des-Au-
Inets, ou bien à pied, il va se choisir un lieu pro-
pice sur les battures des iles-aux-Grues, aux Oies,
de St.-Joachim, de Grondines, de Kamouraska et
autres localités également giboyeuses ; sa bêche lui
a bientôt creusé un trou profond, où il se blottit
après avoir attaché près de lui ses appelants. Les
outardes sauvages entendant le cri de deux cama-
rades, s'abattent sans défiance près d'elle et reçoi-
vent le plomb meurtrier. Tombent- elles dans le fleu-
ve, le terre-neuve s'élance à leur poursuite et les re-
pêche ? Pendant l'équinoxe de septembre, l'ex-
trémité nord de la Pointe-aux-Pères est considé-
rée un excellent poste où le chasseur ne cache et
attend que le vent du nord rejette à terre les ou-
tardes, canards, bernasches. Quand l'oiseau dé-
couvre son ennemi, il est trop tard pour fuir ; il
tombe percé au cœur et le terre-neuve va le hap-
per au sein de l'onde. Il est une particularité in-
téressante sur le compte des outardes que nous
devons mentionner. Plus d'une fois, à l'approche
des fiimas, les paisibles cultivateurs de l'IIe-aux-
Grues ont remarqué une augmentation notable
dans leurs bandes d'outardes apprivoisées ; ce sont
des outardes sauvages qui se mêlent à elles et qui
les accompagnent dans les granges où elles sont
parquées. Dès que cela a lieu, le propriétaire a
soin de renfermer ensemble pour le reste de l'au-
tomne ses propres outardes et les étrangères, et
au printemps suivant, il est difficile de distinguer
les outardes sauvages de celles qui sont apprivoi-
sées : ce fait s'est reproduit nombre de fois à notie
connaissance.
(t) •' AppolHnts, " 8P (lit (IfS OntarclpR «pprivoisrrs
dcuit on <p soire pour leurrer los Ontaidos pjiuvn^rs.
'i'it , ■
60
o
Les outardes reviennent du nord en septembre
avec leurs jeunes que Ton nomme pirons ; elles
fréquentent, pour une couple de mois, leurs an-
ciennes retraites, puis, vers le premier novembre,
elles dirigent leur vol triangulaire vers le sud, et
hivernent au Mexique, au Texas et en Pennsylva-
nie. Pendant la marche, un jars robuste forme
la pointe du triangle et fend l'air ponr le reste
du volier ; lorsqu'il est fatigué, un autre jars lui
succède : telle est leur méthode de migration.
L'Oie Sauvage (Anser Hyperboreus de Pallas)
est moins répandue que l'Outarde. — Chaque an-
née, en septembre, on peut voir alternativement
sur cette vaste batture, (\\x\ découvre à mi marée,
appelée la Dune, en arrière de Tlsle aux-Grues,
et sur les battures de St.-Joachim, comté de
Montmorency, une bande d'Oies Sauvages et
d'Outardes au nombre d'à peu-près 3,000 — leurs
cancans, leur babil s'étend à une demi-lieue.
Nous sommes portés à croire que cette espèce
couve encore plus au nord que les Outardes.
L'Oie Sauvage, d'un gris cendré mêlé de blanc,
est supérieure en volume à l'Outarde, dont la
chair est plus recherchée ; les jeunes se nomment
aussi Pirons et sont préférables, comme nourri-
ture, aux vieux.
L'Oie Sauvage est beaucoup plus difficile à tuer
que l'Outarde moins farv)uche qu'elle. Pendant
que les Outardes et les Oies Sauvages cherchent
leur nourriture sur les grèves, une sentinelle vigi-
lante appostée sur une hauteur sonne l'alarme à
la première apparence du danger et la bande en-
tière s'enfuit immédiatement. L'Oie Sauvage émi-
gré également, en automne, vers le sud des Etats-
Unis.
f''r;..
* < . •
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i I
--64 —
CANARDS, SARCELLES.
" On voit dans ce pays " (la Nouvelle-France),
ëciivail Charlevoix en 1721, " une quantité pro-
** digieuse (le Canards, et j'en ai ouï compter jus-
*' qu'à vingt-deux espèces différentes. Les plus
" beaux, et ceux dont la chair est plus délicate,
" sont les Canards Branclius : on les appelle ainsi
" parce qu'ils perchent sur les branches des arbres.
" Leur plumage est extrêmement varié et fort
** brillant. " Le Hand Book de Toronto, compilé
en 1855, porte jusqu'à trente le nombre des es-
pèces qui fréquentent les environs de cette ville.
Le plus court pour nous, avec les minces matériaux
à notre disposition, c'est d'avouer sans réserve
l'impossibilité où nous sommes de rendre justice
à cette innombrable tribu des palmipèdes qui,
chaque année, en avril et en septembre, s'abat sur
nos rivages — la providence des pauvres non mriins
que le plat favori dos épicuriens. Les lois qui ré-
gissent les migrations des Oiseaux aquatiques out,
de t(»ut temps, excité à un haut degré la curiosité
des naturalistes et des philosophes. Au lisque de
mêler la poésie à la vérité, nous reproduirons ici
les éloquentes paroles du chantre du christianisme :
" Les Oies, les Sarcelles, les Canards, " dit Châ-
teaubiiand (*), ** étant de race domestique, habitent
partout où il peut y avoir des hommes. Les na-
vigateurs ont trouvé des bataillons innombrables
de ces Oiseaux jusque sous le pôle antarctique
Nous en avons rencontré nous-môme des milliers
depuis le golfe Saint-Laurent jusqu'à la pointe de
l'isthme de la Floride. Les Oiseaux de mer ont
des lieux de rendez-vous, où ils semblent délibé-
rer, en commun, des affaires de leur république :
C'est ordinairement un écueil au milieu des flots.
Nous allions souvent nous asseoir, dans l'île Saint-
Pierre, à l'entrée du golfe Saint-Laurent, sur la
'\
(*) Génie dn Christianisme.
— 65
cote opposée à une petite île, que les habitants
ont appelé le Colombier, parce qu'elle en a la for-
me et qu'on y vient chercher des œufs au prin-
temps. La multitude des Oiseaux rassemblés sur
ce rocher était si grande, que souvent nous distin-
guions leurs cris pendant le mugissement des tem-
pêtes. Ces Oiseaux avaient des voix extraordi-
naires, comme celles qui sortaient des mers ; si
l'Océan a sa Flore, il a aussi sa Philoméle : lors-
qu'au coucher du soleil le courlis siffle sur la
pointe d'un rocher, et que le bruit des vagues Tac-
compagne, c'est une des harmonies les plus
plaintives que l'on puisse entendre : jamais l'époux
de Céix n'a rempli de tant de douleurs les rivages
témoins de ses infoi tunes. Une parfaite intelli-
gence régnait dans la république du Colombier.
Aupsitôt qu^un citoyen était né, sa mère le préci-
pitait dans les vagues, comme ces peuples barba-
res qui plongeaient leurs enfants dans les flem'es,
pour les endurcir contre les fatigues de la vie.
Des courtiers partaient sans cesse de cette Tyr,
avec des gardes nombreuses qui, par ordre de la
Providence, se dispersaient sur les mers pour se
courir les vaisseaux ; les uns se placent à qua-
rante ou cinquante lieues d'une terre inconnue et
deviennent un indice certain pour le pilote qui les
découvre flottant sur l'onde comme les bouées d'une
ancre ; d*autres se cantonnent sur un rescif, et,
sentinelles vigilantes, élèvent pendant la nuit une
voix lugubre, pour écarter les navigateurs ; d'au-
tres encore, par la blancheur de leur pin mage,
sont de véritables phares sur la noirceur des ro-
chers. "
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66
LISTE DES CANARDS
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Qui se rencontrent dans le voisinage de Toronto,
diaprés le **Hand Book " publié en 1855 (*);
1
2
3
4
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7
8
9
10
11
12
13
14
J5
16
17
18
19
20
21
22
23
24
Anas Boschas
*' Obsciira
" Strcpera
'* Amcricana...
Acuta „ -
Carolinensis.
Discors
Clypeata
• • ■ • ■ •
Fuligula Valisneria. . . .
'• Fernia
" Marila
'* Mariloides. . . .
Rubida
" Labrndora....
*' Fusca
** Perspicillata ..
" Americana . . .
" Molissima
•* Spectabilis
" Clangula
Albeola ..
" Histrionica..-.
'* GInciahs
" Collaris
Mallard.
Dusky Diick.
Gadwall
American Widgeon.
Pintail Duck.
American Green Winged T«>al.
Blue Winged Teal.
Shoveller Duck.
Canvass-back Duck.
Red headed
Americau Scaup '"
Lake
RiiHdy
Pied
Velvet
Suif
American Scoter.
Piider Duck.
King
GoUlon Eyo
Buffel headed
Harlequin
Long tailed
Tufted
■%
(*) 1. Canard de Fr-mce.
2. *' giis, et Gibier noir — deux espèces, dit-on.
Ci. Sarcello aux ailes vertes.
7. '• " " bleues.
8. Canard spatule.
9. Cette espèce, commune dans les environs de New-
York, ne se rencontre pas, que nous sachions, dans le Bas-
Canada, — Les Lucullus des Etats-Unis les paient jusqu'à
$3 le couple.
10. Canard de mer à large bec.
18. Lo Canard Eider fréquente le Labrador et l'ex-
trême nord.
20. Canard aux yeux dorés.
21. Marionettp.
22. Canard à collier.
23. Canard à longue qnoue.
25. Harle.
2(). B?tsy (?).
99 Hnnnl.
'M\ Cou ronge (.')•
--67
Sâ Mergus Merganscr .... Goosatider.
2fi '* Serrator Red brested Mergauser.
27 " Cucullatus Hooded
28 *' Albellos White •♦
29 Oolymbiis Glacialia.... Loon "
30 " Septeotriotialis. Red throated Diver.
Voilà une nomenclature qui offre aux chasseurs
matière à réflexion : il est néanmoins permis de
douter de son exactitude.
Les espèces les plus communes pour nous sont
les Canards ordinaires, les Canards noirs et les
Canards gris. Les meilleurs postes de chasse pour
ces oiseaux, sont les battures couvertes de joncs
des Ile-aux-Grues, aux Oies, de St. Joachim, de
rile d'Orléans, de Kamouraska, de Sorel, la bat-
ture de Mille Vaches, la batture aux Loup-Ma-
rins, des Grondines, la rivière Jupiter sur l'Ile
d'Anticosti, la Baie de Quinte, les affluents de
rOttawa, et un grand nombre de lacs du Haut-
Canada. Nous tenons de source certaine qu'autre-
fois ces oiseaux couvaient en grand nombre sur
les Iles-aux-Grues et aux Oies, et les îlets de So-
rel, où l'on s^emparait des jeunes au moyen de
chiens qui allaient les saisir au milieu des joncs et
des roseaux avant qu'ils pussent voler ; ceci a lieu
encore actuellement. Un mot en passant des prin-
cipales espèces que nous avons.
Le Canard ordinaire (anas boschas de Linnée),
que les chasseurs nomment Canard de France,
a la tête et la croupe ornées d'un beau vert chan-
geant, et les quatre plumes du milieu de la queue
sont recourbées en demi-cercle. Cette espèce est
la souche de toutes nos races domestiques ; elle
habite le nord des deux continents. Ces Canards
nichent quelquefois sur une touffe de joncs dans
les marais. La ponte est de huit à quatorze œufs
d'un gris verdâtre très clair, plus petits et plus co-
lorés que ceux du Canard domestique ; avant Pé-
closion des œufs, le mâle se tient près du nid et le
défend contre les autres Canards. Les Canards que
l'on élève en domesticité et qui proviennent d'œufs
sauvages trouvés dans les roseaux sont furouchesS
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comme leur parents, et cherchent sans cesse ù re-
prendre leur liberté ; mais lorsque la captivité
s*e8t perpétuée pendant plusieurs générations, l'ins-
tinct s'efface, l'animal devient familier. Aucun
oiseau de basse cour, TOie exceptée, n'est plus fa-
cile à nourrir : il ne faut lui donner que de l'eau
et un gite ; il sait se piocurer le reste, il ne couto
lien à son maître.
Le Canard Huppé ou Branchu (anas sponsa de
Linnée) est le roi de l'espèce : sa tête e^ t surmontée
d'une huppe, sa gorge est blanche, son aile porte
un miroir (spéculum) vert chatoyant, terminé de
blarc. Son plumage en entier est brillant. Il se
perche sur les arbres. Il se rencontre depuis la
Floride au lac Ontorio et dans plusieurs localités
du Canada. Il est assez commun dans les envi-
rons de Sorel, et recherche les rives ombragées des
ruisseaux solitaires où un arbre creux suspendu
au-dessus du cours de l'onde recevra son nid et
sa tendre couvée. Ses œufs sont d'un blanc jau-
nâtre et polis comme l'ivoire. *' J'en ai compté
jusqu'à treize, dit Wilson, dans un nid placé dans
le creux d'un vieux chêne dont la cime avait été
enlevée par la tempête ; l'arbre croissait sur le
penchant de la rive, près de l'eau r il avait été le
berceau d'au moins quatre générations de Canards
pendant quatre années successives, d'après le té-
moignage d'une personne qui résidait à quelques
pas de l'arbre. Cet individu m'informa que le prin-
temps précédent, il avait lui-même vu la femelle,
transporter dans 50!i bec treize jeunes en moins de
dix minutes, du nid au bas de l'arbre, d'où elle les
conduisait à la rivière. Sous ce même arbre, une
goélette était à l'ancre et malgré le bruit et les
mouvements de l'équipage', les Canards continu-
èrent de nourrir leurs jeunes, comme si rien n'é-
tait. Le mâle se tenait d'ordinaire en sentinelle, sur
une branche voisine, pendant que sa compagne se
livrait toute entière, à l'incubation. Une oie do-
mestique avait élu domicile dans les racines
du même arbre pour y déposer ses œufs. Les
— 69 —
Aborigènes de PAmëiique avait coutume d'em-
prunter au Canard Branchu, ses plumes brillantes
pour orner le calumet de la paix. Ce Canard est
facile a apprivoiser. "
Le Canard Ëider (Fuligula molissima) habite
l'extrême nord du Canada, le cercle arctique et les
mers glaciales du pôle, où il niche au milieu des
rochers baignés par la mer. ** Les Ëiders tiennent
la mer le long du jour et reviennent à terre vers
le soir. Le nid est composé du duvet de l'oiseau
et du varechs. La femelle se charge seule de Tincu-
bation : le mâle veille dans le voisinage du nid.
Le duvet de l'Eider est fort précieux. LorS'
que l'on enlève une première fois ce duvet ou
edredout du nid où il recouvre les œufs, la femelle
se déplume une seconde fois pour y recouvrir son
nid, dans lequel elle fait une deuxième ponte ; si
l'on dépouille le nid une troisième fois, une troi-
sième ponte a lieu, mais c'est alors le mâle qui
fournit le duvet. Il faut respecter et tte dernière
couvée, sans quoi la place serait désertée pour
toujours. " Ce Canard se rencontre au Labrador.
En juin, juillet et août, les Canards disparaissent
presque de nos grèves ; mais en septembre, ils
y reviennent par milliers. La migration des Ca-
nards en France, d'après Chateaubriand, est assez
appliquable a nos contrées, moins pourtant les
** manoirs gothiques, " car nos manoirs en Canada
datent comme l'on sçait de quelques années pltia
tard que le moyen âge.
Le chantie de Cymodocée, vient de mentionner
l'hirondelle, cette fille de rois, comme il l'appelle,
qui passe l'été aux ruines de Versailles et l'hiver à
celles de Thèbes :
" A peine a-telle disparu, dit-il, qu'où voit s'a-
vancer sur les vents du nord une colonie qui vient
remplacer les voyageurs du midi, afin qu'il ne reste
aucun vide dans nos campagnes. Par un temps
grisâtre d'automne, lorsque la bise souffle sur les
champs, que les bois perdent leurs derniers feuilles,
une troupe de canards sauvages^ tous rangés à la
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nie, traversent en silence un ciel mélancolique.
S'ils aperçoivent du haut des airs quelque manoir
gothique environné d'étangs et de forêts, c'est là
qu*ils se préparent à descendre : ils attendent la
nuit et font des évolutions au-dessus des bois.
Aussitôt que la vapeur du soir enveloppe la vallée,
le cou tendu et l'aile sifflante, ils s'abattent tout à
coup sur les eaux, qui retentissent. Un cri géné-
ral suivi d'un profond silence, s'élève dans les ma-
rais. Guidés par une petite lumière, qui peut être
brille à l'étroite fenêtre d'une t >ur, les voyageurs
s'appiochent des murs à la faveur des roseaux et
des ombres. La, battant des ailes et poussant des
cris par intervalles, au milieu du muimure des
vents et des pluies, ils saluent l'habitation de
l'homme." (*)
Deux ou trois espèces de sarcelles visitent nos
latitudes le pi intemps et l'automne. Les plus
remarquables sont les sarcelles aux ailes vertes et
les sarcelles aux ailes bleues. Leur taille est de
beaucoup moindre que celle du canard, mais com-
me comestible, leur chaire est préférée. Elles
fréquentent les mêmas sites que ces derniers et
affectionnent quelque ruisseau retiré où elles
prennent librement leurs ébats.
" Nous vîmes un jour aux Açores, dit Chateau-
briand, une compagnie de sarcelles bleues que la
lassitude contraignit de s'abattre sur un liguer.
Cet arbre n'avait point de feuilles, mais il portait
des fruits rouges enchainés deux à deux comme des
cristaux. Quand il fut couvert de cette nuéeil'oi-
seau qui laissaient pendre leur ailes fatiguées il
offrit un spectacle singulier : les fruits paraisaient
d'une pourpre éclatante sur les rameaux ombra-
gés, tandis que l*arbre par un prodige, semblait
avoir poussé tout à coup un feuillage d'azur."
Quant aux Plongeons, Harles et Huards, ils
sont peu communs — leur chair n'est pas recher-
chée. Ils couvent dans les îles du Nord.
(*) Génie du ChriatiHnisiiif.
— 71 —
HISTOIRE VERITABLE ET NATURELLE DE
LA NOUVELLE-FRANCE,
PAR LE SIEUR PIERRE BOUCHER,
Guiiveriicur des Trois. Ri vie l'es. — 1GG3.
Chapitre XI.
Nonis des Oyseatix qui se voyent en la Nouvelle-
France,
*' En von8 mettant le nom des Oyseaux qui so
trouvent dans ce pays, je ne vous parleray point
de ceux qui se rencontent à Fentrée du golfe,
comme Cormorans, Tangueux, Fauquets, Poules
d'eau, Griseaux et une infinité d'autres, qui sont
plutost Oyseaux de mer que de terre : mais je
vous nommeray seulement ceux qui sont proches
de nous, et que l'on tue tous les jours (*), comme
Cygnes, Outardes, Brenesches, Oyes sauvages,
Grues, Canards, Cercelles, Plongeons de plus de
dix sortes, Huarts, Butors, Hérons, Bécasses,
Bécassines, Chevaliers, Pleuviers, Pirouys, Ai-
louettesde mer : car il n'y en a point de champs.
, Tous les noms cy-dessus sont Oyseaux de ri-
vières ; vu que si ils ne se trouvent dedans, ils ee
trouvent le long des bords.
Tout ce pays est remply de ce gibier dans la
saison, qui est le printemps et l'automne.
Comme l'Outarde n'est pas un Oyseau commun
en France, j'en feray une petite description, à
cause que c'est le gibier de inviére le plus commun
d'icy ; elle est faite tout comme une Oie grise,
mais beaucoup plus grosse, elle n'a pas la chair si
délicate que celle des Oyes que nous voyons icy
rn Canada ; qui en passant sont toutes blanches, à
la îéserve du bout des ailes et de la queue qui est
noire : car pour la chair des Oyes de France, il
s'en faut beaucoup qu'elles approchent du goust
de celuy de nos Outardes.
(*) " i^up l'on tiip tons les. jours rornmp Cypnrs *' ijur
IrB fenn»8 soiil cliaiij.'rs !
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— 72 —
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Les noms dos autres Oyseaux sont TAigle, lo
Coq d'Inde, des Oyseaux de proye et de plus de
3uinze sortes, dont je ne sç^iy pas les noms, sinon
e TEpervier et de rEmerillon.
La femelle de l'Aigle a la teste et la queue
blanche, on l'appelle Nonnette.
Pour le Coq d'Inde sauva^i^e, il ne s'en trouve
point n'y à Québec, ny aux Trois- Rivières, ny ù
Montréal ; mais dans le pays des Iroquois, et dans
le pays où demeuroient autrefois les Hurons, il y
en a des quanti tez, et dont la chair est bien plus
délicate, que des Cocqs d'Inde domestiques. Il
y a trois sortes de perdrix ; les unes sont blanches
et elles ne se trouvent que l'hyver, elles ont de la
plume jusque sur les argots, elles sont fort belles
et plus grosses que celle? de France, la chair en
est délicate. Il y a d'autres perdrix qui sont
toutes noires, qui ont des yeux rouges : elles sont
plus petites que celles de France, la chair n'en
est pas si bonne à manger ; mais c'est un bel Oy-
seau, et elles ne sont pas bien communes.
Il y a aussi des Perdix grises, qui sont grosses
comme des Poules ; celles-là sont fort communes
et bien aisées à tuer ; car elles ne s'enfuyent
quasi pas du monde : la chair est extrêmement
blanche et sèche.
Il y a d'une autre sorte d'Oyseaux, qui se nom-
ment Tourtes ou Tourterelles, (comme vous vou-
drez) : elles sont presque grosses comme des Pi-
gcions, et d'un plumage cendré : les masles ont la
gorge rouge, et sont d'un excellent goût. Il y
en a des quantitez prodigieuses, l'on en a tué des
quarante et quarante cinq d'un coup de fusil : ce
n^est pas que cela se fasse d'ordinaire ; mais pour
en tuer huit, dix ou douze, cela et commun ; elles
viennent d'ordinaire au mois de may, et s'en re-
tournent au mois de septembre; il s'en trouve
universellement par tout ce pays-cy. Les Iro-
quois les prennent à la passée avec des rets ; ils
en prennent quelque fois des trois et quatre cens
d'un coup.
— 73 —
11 y a aussi grami nombre d'Etourncaux qui s'a-
bandent en septembre et octobre ; quantités do
Grives, Merles, Hortolans et un nombre infini
d'autres petits Oyseaux dont je ne sçay pas les
noms.
11 y a des Hirondelles, Martinets, Geays, Pies ;
mais elles ne sont pas comme celles de France :
car elles sont cendrées et mal bâties.
Il se void des Hiboux et Chats-huants : des
Corbeaux et Corneilles, des Piverts et autres sor-
tes que l'on appelle Picquebois : des petits Oy-
seaux qui sont tout rouges comme du feu ; d'au-
très sont rouges et noires ; d'autres sont tout jau-
nes et d'autres tout bleus.
Les Oyseaux Mouches qui sont les plus petits
de tous, sont quasi tout verds, à la reserve des
mâles qui ont la gorge rouge.
Les Oyseaux que l'on a apportés de France, sont
Poules, Poules d'Indes et Pigeons. "
■ 1"
I >
l
i
Y*
; '■ ♦
JOURNAL HISTORIQUE D'UN VOYAGE KN
AMÉRIQUE, EN 1721,
PAR LE PÈRE DE CHARLEVOIX.
Lettre IX.
** Il s'en faut beaucoup que nos forôts soient
aussi bien partagées en oiseaux, que nos lacs et
nos rivières le sont en poissons. Il y en a néan-
moins qui ont leur mérite, et qui sont particuliers
à TAmérique. On voit ici des Aigles de deux
espèces. Les plus gros ont la tête et le cou près
que blancs ; ils donnent la chasse aux Lapins et
aux Lièvres, les prennent dans leurs serres, et les
emportent dans leurs magasins et dans leurs nids
fiOS autres sont tous gris, et se contentent défaire
la guerre nux oiseaux : tous sont aussi d'assez
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bons pÂcheurs. Le Faucon, TAutour, le Tier-
let, sont absolument les mêmes qu*en France ;
mais nous avons une seconde espèce de Faucons,
qui ne vivent que de la pêche.
Nos Perdiix sont de trois espèces ; des grisea,
des rougos et des noires : celles-ci sont les moins
estimées ; elles sentent trop le raisin, le genièvre
et le sapin ; elles ont la tête et les yeux de Fai-
sans, et la chair brune. Toutes ont la queue lon-
gue et l'ouvrent en éventail, comme les Coqs
d'Inde : ces queues sont fort belles ; les unes sont
mêlées de rouge, de brun et de gris ; les autres
de gris clair et de gris brun. J*ai dit que les Per-
drix noires ne sont pas les plus estimées : quel-
ques-uns néanmoins les préforent aux rouges
mêmes. Toutes sont plus grosses qu'en France ;
mais si sottes, qu'elles se laissent tirer, et même
approcher, sans presque remuer. Outre les Bé-
cassines, qui sont excellentes en ce pays, et le
petit gihier de rivière, qui y est partout en abon-
dance, on trouve quelques Bécassines autour des
fontaines, mais en petit nombre. Aux Illinois,
et dans toute la partie méridionale de la Nouvelle-
France, elles sont plus communes. M. Denys assure
que les Crirbeaux du Canada sont aussi bons à
manger que les Poult s. Cela peut être vrai du
fcôté de l'Acadie ; mais je ne vois pas qu'en ces
quartiers-ci on en soit bien persuadé. Jls sont
plus gras qu'en France, un peu plus noirs et ont
un cri différent de celui des nôtres. Les Orfrayes,
au contraire, sont plus petites, et leui cri n'est
pas ausHi désagréable. Le Chat-huant canadien n'a
do différence du français qu'une petite fraise blan-
che autour du cou et un cri particulier. Sa chair
est bonne à manger et bien des gens la préfèrent
à celle de la Poule. Sa provision pour l'hyer sont
des mulots, auxquels il casse les pattes et qu'il
engraisse et nourrit avec soin, jusqu'à ce qu'il en
ait besoin. La Chauve-Souris er>t ici plus grosse
qu'en France. Les Merles et les Hirondelles y
sont des oiseaux de passage comme en Europe.
-.75
Les premiers ne sont pas noiis, mais tirant sur le
rouge. Nous avons trois sortes d'Allouettes, dont
les plus petites sont de la grosseur du Moineau.
Le Moineau lui-môme est un peu différent du
nôtre : il a bien les mûmes inclinations, mais sa
physionomie est mauvaise.
On voit dans ce pays une quantité prodigieuse
de Canards, et jVn ai ouï compter jusqu'à vingt-
deux espèces différentes. Les plus beaux, et
ceux dont chair est plus délicate, sont les Ca-
nards Branchus : on les appelle ainsi parce quMls
perchent sur les branches des arbres. Leur plu-
mage est extrêmement vaiié et fort brillant. Les
Cygnes, les Poules d'Inde, les Poules d'eau, les
Grues, les Serselles, les Oyes, les Outardes et
autres grands oiseaux de rivière, fourmillent par-
tout, si ce n^est au voisin&ge des habitations, dont
ils n'approchent point. Nous avons des Grues
de deux couleurs ; les unes sont toutes blanches»
les autres d'un gris de lin. Toutes sont d'excel-
lents potagers. Nos Picverts ou Picquebois
sont d'uMe grande beauté. 11 y en a qui ont toutes
les couleurs ; d'autres sont noiis, ou d'un brun
obscur par tout le corps, excepté la tête et le cou,
qui sont d'un très beau rouge.
Le Rossignol du Canada est à peu près le mê-
me que celui de France pour la figure ; mais il n'a
que la moitié de son chant : ce roitelet lui en a
dérobé l'autre moitié. Le Chardonneret n'a pas
la tête aussi belle qu'en Europe, et tout son plu-
mage est mêlé de jaune et de noir. Comme je
n*en ai point vu en cage, je ne scaurais rien dire
de son chant. Tous nos bois sont remplis d^une
sorte d'oiseau de la groseur d'une Linotte, lequel
est tout jaune et aie gosier assez fin; mais son
chant est foit court et n'est point varié. Il n'a
point d'autre nom que celui de sa couleur. Une
espèce d'Oitolan dont le plumage est cendré sur
\e dos, blanc sous le ventre et qu'on nomme
V Oiseau Blanc, est celui de tous les hôtes de nos
bois qui chante le mieux. Il ne le code guère au
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Rossignol de France, mais il n'y a que le mâle
qui se fasse entendre ; la femelle, dont la couleur
est j>lus foncée, ne dit mot, môme en cage. Ce
petit animal a la physionomie fort belle et il est
bien nommé Ortolan pour le goût. Je ne scais où il
se retire pendant l*hyver, mais il est toujours le
premier qui nous annonce le retour du printems.
A peine la neige est-elle fondue en quelques en-
droits, qu'il y accourt en grande troupe, et on en
prend alors tant que l'on veut.
Ce n'est guères qu*à cent lieues d'ici, en tirant
au sud, que l'on commence à voir des Cardinaux.
Il y en a quelques-uns à Paris, qu'on y a trans^
portés de la Louysiane, et je crois qu'ils feront
fortune en France, s'ils peuvent y multiplier,
comme le Serein. La dut. jeur de leur chant,
l'éclat dû leur plumage qui est d'un beau rouge
incarnat ; une petite aigrette, qu'ils ont sur la tôte
et qui ne ressemble pas mal à ces couronnes que
les peintres donnent aux Rois Indiens et Améri-
quains, semblent leur assurer l'empire des aiis.
lis ont pourtant ici un rival, qui aurait môme pour
lui l'unanimité des suffrages, s'il flattait aussi
agréablement les oreilles qu'il charme les yeux ;
c'est ce qu'on appelle en ce pays-ci l'Oiseau-
Mouche.
Ce nom a deux origines. La première est sa
petitesse même, car avec ses plumes, il n'est guè-
res d'un plus gi os volume que le Hanneton ordi-
naire. La seconde est un bourdonnement assec
fort qu'il fait avec ses ailes et qui est assez sem-
blable à celui que font les grosses mouches. Ses
pattes, qui ont un pouce de long, sont comme des
aiguilles; son bec est de même et il en fait sortir
une petite trompe qu'il enfonce dans les fleurs,
pour en attirer le suc, dont il se nourrit. La fe-
melle n a lien de brillant, un assez beau blanc
sous le ventre et un cendré clair sur tout le reste
du corps sont toute sa parure, mais le mule est un
vrai bijou. Il a sur le haut de la tôte une petite
touffe d'un beau noir, la gorge rouge, le ventre
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blanc, le do3, les ailes et la queue d'un verd de
feuilles de rosiers ; une couche d'or répandue sur
tout ce plumage y ajoute un grand éclat, et un
]»etit duvet imperceptible y produit les plus
belles nuances qui se puissent voir. Quelques
voyageurs Tont confondu avec le Colibry, et en
effet il parait qu'il en est une espèce ; mais le
Colihry des Isles est un peu plus gros, a le plu-
mage moins biillant et le bec recourbé en bas.
Je pourrais néanmoins me tromper sur l'éclat de
son plumage, parce que je n'en ai point vu de vi-
vant ; quelques-uns ont avancé qu'il a un chant
fort mélodieux : si le fai: est vrai, c'est un grand
avantage qu'il a sur l'Oiseau-Mouche, que per-
sonne n'a encore entendu chanter. IVIais j'ai en-
tendu moi-môme une femelle qui sifflait d'une ma-
nière très aiguë et assez désagréable. Cet Oi-
seau a i'aile extrêmement forte et le vol d'une ra-
pidité surprenante. Vous le voyez sur une fleur,
et dans le moment il s'élève en l'air presque per-
pendiculairement. Il est ennemi du Corbeau et
ennemi dangereux. J'ai oui dire à un homme
digne de foi qu'il en a vu un quitter brusquement
une fleur qu'il sucrait, s'élever comme un éclair,
et aller se fourier sous l'aile d'un Corbeau, qui
planait fort haut, le percer de sa trompe et le
faire tomber mort, soit de sa chute, soit de la
blessure qu'il avait reçue.
L'Oiseau- Mouche s'attache aux fleurs qui ont
Podeur plus forte, et il les succe en voltigeant
toujours : mais il se repose de temps en temps, et
alors on a tout le loisir de le contempler. On en a
nourri quelques temps avec de l'eau succrée et des
fleurs. J'en ai gardé autrefois un pendant vingt-
quatre heures : il se laissait prendre et manier et
contrefaisait le mort ; dès que je le lâchais, il re-
prenait son vol, et ne faisait que papillonner au-
tour de ma fenêtre. J'en fis présent à un de mes
amis, qui le lendemain matin le trouva mort, et
cette nuit-là même il avait fait une petite gelée,
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aussi ces petits aniniaux ont-ila grand soin de pré-
venir les premiers froids.
11 y a bien de l'apparence qu'ils se retirent
vers la Caroline, où Ton assure qu'on ne les voit
que l'hyver. Ils font leurs nids en Canada, où ils
les suspendent à une branche d'arbre, t^t les tour-
nent de telle sorte, qu'ils sont à l'abri des injures
de l'air. Rien n'est si propre que ces nids. Le
fond en est de petits biins de bois entrelassés en
manière de pannier, et le dedans est revêtu de je
ne scais quel duvet, qui paraît de soie. Les œufs
sont de la grosseur d'un pois, et ont des taches
jaunes sur un fond blanc. On dit que la portée
ordinaire est de trois, et quelquefois de cinq. "
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*' Autrefois, dit Cuvier, dans un rapport adressé
" par lui à l'académie des sciences, à Paris, c'étaient
" les naturalistes Européens qui dévoilaient à l'A-
" mérique, ses trésors en fait d'histoire naturelle;
*' mais maintenant ses Milchell, ses Harlau et ses
'* Ch's. L. Bonaparte, ont soldé avec intérêt la
*' dette que l'Amérique devait à la vieille Europe.
** L'histoire des oiseaux de l'Amérique par Wil-
*' son, égale en élégance ce que nous avons de
mieux et si Audubon complote le travail qu'il a
•* entrepris, l'on sera forcé d'avouer que sur ce
point le Nouveau Monde a surpassé l'Ancien. "
L'œuvre d'Audubon a été achevé : Cuvier lui-
même la piononcé " le plus splendide monument,
que l'art ait élevé à Tornithologie : '* le genre hu-
main a ratifié son verdict.
Jean-Jacques Audubon, naquît en 17S2, à la
Louisianno de parens fiançais. Dès sa jeunesse,
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— 79 —
il fut envoyé à Paris pour compléter ses études ;
c'est là qu'il commença à s'adonner à l'histoire
naturelle et qu*il piit des leçons de dessins du
peintre David. De retour aux Etats Unis à l'âge
de dix-huit ans, son père l'établit sur un beau do-
maine, orné de parques près de Philadelphie ; il
s'y appliqua de bonne heure à connaître et à des-
siner les oiseaux qui fréquentaient ses bocages ;
ces esquisses furent les ébauches de ses super-
bes dessins, connus plus tard comme " Les Oi-
'• seaux de l'Amérique." Vers ce temps il prit fem-
me : c'est là aussi que naquit son fils aîné Victor.
Audubon se livra d'abord au négoce, mais ses goûts
pour les fleurs, les champs, et les oiseaux et son culte
passionné de la nature, nuisirent probablement à
ses plans financiers. Dix-ans plus tard, il partait
pour l'Ouest des Etats Unis. A cette époque la
vapeur était inconnue sur l'Ohio ; il n'existait que
peu de villages et point de villes sur les rives de
ce fleuve. Il arriva en automne sur leii bords de
rOhio, acheta un esquif, dans lequel avec sa
femme, son enfant et deux rameurs il s'aventura,
se dirigeant vers le Kentucky, où avec sa famille
il résida plusieurs années. Ce fut en 1810 qu'il
rencontra pour la première fois son illustre de-
vancier, Alexandre Wilson, en quôle à cette
époque de souscripteurs à son ouvrage sur les Oi-
seaux de l'Amérique. Wilson s'élait adressé à
Audubon, faisant valoir la beauté de ses dessins,
et Andubon allait signer lorsque l'œil de Wilson
ayant rencontré sur une table voisine les cartons
d'Audubon, fort supérieurs aux s;ens, sa figure
s'assombrit, et il quitta de suite Audubon, fort
mécontent. Wilson. avait reconnu son maîtie et
maugréait en silence contre sa destinée, laquelle
interrompant ainsi brusquement le cours de ses
succès, le confrontait si tôt avec cet amant (jus-
qu'alors inconnu) de la Nature, de cette maître8f]e
dont il avait cri; posséder seul tous les sourires,
Audubon a dû négliger de bonne heure, le
livre de caisse et le grand livre ; car dès 1811, on
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le trouve côtoyant les bayous de la Floride, la
carabine d'une main, les crayons et le portefeuille
de l'autre: Tannée suivante, il se livrait à des
courses lointaines, demandant aux forêts, aux
prairies, aux fleuves, aux baies, aux mers, des ma-
tériaux pour son immortel ouvrage, qu'il n'avait
pas encore songé à publier.
De retour à Philadelphie en 1824 (*), il futpré-
fienté au Prince de IVlusignano, Chs. L. Bona-
parte, lequel lui procura une entrée au Lycée
d'histoire natuielle de cette ville. Jl visita succes-
sivement New-Yor.?-, puis s'enfonça dans les forêts
impénétrables de l'Ouest pour y continuer ces
travaux. Le nombre de ses dessins ayant rapide-
ment augmenté, il songea à vi.-^iter l'Europe et se
rendit en conséquence à Liveipool et à Manches-
ter, dont les hommes de lettre l'accueillirent à bras
ouverts. î^on génie, sa tournure distinguée, sa con-
duite cordiale et honorable, lui avaient déjà conquis
les cœur*. La sympathie et Tencouragement qu'il
avait éprouvés, l'engagea à publier ses œuvres ;
cette entreprise était des plus vastes et Audubon
était d'avis qu'il lui faudrait au moins seize ans pour
mener le tout à bonne fin. Laissant ses dessins
entre les mains d'artistes et d'agents, il revit Pa-
ris en 1828 et y reçut un accueil fort flatteur des
amis de la science. L'hiver suivant, il le passa à
Londres, et se rembarqua pour les Etats-Unis en
avril 1829, pour explorer de nouveau les monta-
gnes des Etals du midi et du Sud. Le premier vo-
lume de ses Oiseaux, vit le jour avant la fin de l'an-
née 1830 ; il contenait cent portraits d'Oiseaux, de
grandeur naturelle et colorés d'après nature. Le
public salua ce chef-d'œuvre avec un acclamation
de louanges. Les Souverains de France et d'Angle-
terre avaient apposé leur signature en tête de la
liste de souscription. Les sociétés d'histoire natu-
relle de Paris, de Londres et d'Edimbourg, se
' s il
(*) Un grand nombre de ces détails ont été fournis par
sou biographe, B. V Hood.
81
firent un honneur de lui ouvrir leur portes. Cuvier,
Swain8on et les ornithologistes de toutes les na-
tions entonnèrent un paean universel de louanges.
Revenu à New- York en août 1831, Audubon,
fêté et entouré d*amis, alla à Washington. Le Pré-
sident et les ministres du gouvernement fédéral,
à l'instar des Gouverneurs des colonies Bri-
tanniques s'empressèrent, de mettre à sa disposi-
tion passe ports, sauve-gardes de toutes espèces et
envoyèrent à leurs agents consulaires et autres,
des instructions d'aider et de protéger, l'illustre
savant, dans les localités qu'il visitait. L'hiver
suivant se passa pour lui à la Floride ; vers
le printemps, réglant sa marche sur la migration
des oiseaux vers le Sud, il se dirigea sur Phila-
delphie et Boston, cette dernière ville était alors
le théâtre des ravages du fléau asiatique. Audu-
bon y séjourna quelque temps et y reçut l'hos-
pitalité affectueuse et l'appui des Everett, des
De Quiticy, des Parkniann et autres célébrités dâ
cette Athêne du Nouveau-Monde. De là, il passa au
Maine, au Nojiveau Brunswick et à la Baie de
Fundy, puis il fit voile pour le golfe du St. Lau-
rent, les Isles de la Magdeleine et la côte du La-
brador : il étudia attentivement l'histoire natu-
relle de ces endroits et se hâta de rejoindre sa fa-
mille à Charleston, dans le sud des Etats-Unis.
Le second volume de ses Oiseaux de l'Amérique
fut terminé en 1834, le reste de l'ouvrage ne fut
complété qu'en 1844; il se composait de mille
soixante et cinq dessins, embrassant toutes les es-
pèces depuis l'Oiseau de Washington, le plus
grand des Aigles, jusqu'à l'oiseau mouche inclusi-
vement, ainsi qu'une multitude de paysages, de
vues marines et autres objets qu'il avait remarqués
dans le cours de ses voyages. Le grand natu-
raliste se félicita d'avoir terminé ce travail gigan-
tesque, qui lui avait coûté un quart de siècie d'étude,
de labeurs et de périls, tantôt errant seul au milieu
des vastes prairies de l'Ouest, tantôt au sein des
glaces et des forêts solennelles du Nord, explorant
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aujourd'hui les plages sans bornes de l'océan ;
demain arrachant aux fleuves, aux bois» aux
lacs du nouveau monde» des secrets inconnus de-
puis le commencement du monde, du reste des hu-
mains, si ce n'est à l'Aborigène, roi solitaire de ces
superbes et mélancoliques solitudes. Ce fut en
1844 que ce grand peintre de la nature visita le
Canada;, il séjourna à Québec plusieurs semaines, y
ayant choisi pour sa résidence, la demeure de feu
M. Martin, rue St. Pierre, Basse- Ville, un de ses
plus chauds admirateurs, auquel il légua par re-
connaissance à son départ un exemplaire de son su-
perbe ouvrage valant $1,000. Les sympathies de nos
hom.Ties publics d'alors ne firent pas défaut à l'illus-
tre voyageur. Chacun de le fêter de son mieux ; de
son côté,il acceptait sans se faite prier petits soupers,
promenades, excutsionsdaiis les environs de Qué-
bec; il admirait surtout les magnifiques points de
vue et les frais bocages de Spencer Wood, depuis, la
résidence de nos G- >uverneurs, mais alors, dans tout
son éclat et possédé par \1. H. Atkinson, homme
dégoût, capable d'apprécier le génie du beau vieil-
lard : la nature avait été aussi libéral à Audubon
au physique qu'au morale, il était rare de rencon-
trer une têto plus noble, un maintien à la fois plus
doux et plus majestueux.
Malgré ses succès passés, Audubon avait en-
core bien des travaux à compléter ; dans le temps
même où ses libraires publiaient ses dessins et ses
biographies des Oiseaux, il parcourait de nouveau
tous les points du continent avec ses fils Victor
GifFord et John Woodhouse, pour réunir la ma-
tière d'un grand ouvrage sur les Quadrupè-
des de l'Amérique égal en tous points à l'ouvrage
sur les Oiseaux — ceci avait lieu en 1849. Il pfl««a
les trois dernières années de sa vie, à corriger et à
enrichir ses œuvres et expira en 1852, comblé
d'années, d'honneurs et de prospérités, à l'âge de
70 ans.
Sans doute» les principaux titres de gloire d'Au-
dubon sont ses dessins» d'après nature. Il a sçu
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— 83 —
représenter cl*une manière inimitable et sous les
phases les plus variées, la famille ailée de toutes les
latitudes et de tous les climats du Nouveau-Monde.
Tantôt c'est sous Tépaisse feuillée d'un pin sécu-
laire, en face d'une cascade au doux murmure qu'il
présente à nos regards l'affectueuse mère réchauf*
fant sous ses ailes sa tendre couvée ; tantôt il
vous fait suivre dans la nae, le vol majestueux de
l'Aigle, à la poursuite de sa proie, ou bien rasant
de son atle noire la crête blanchissant*; des flots.
Comme grand écrivain (*), il a des droits incon-
testables à notre admiration. Ses descriptions très
souvent ne le cèdent guère à ses dessins. Le pay-
«age champêtre, les esquisses de mœurs, jusqu'à
la trace légère de l'Aborigène sur le feuillage des
bois, tout sous sa touche magique revêt des teintes
et une actualité qui décèlent la main d'an maître.
Pour lui aussi, il est vrai de dire "Le style,
c'est l'homme ; " Ses tableaux sont frais comme la
rosée de l'aurore ; on croit suivre ses pas aventu-
reux à travers la forêt ; on s'imagine entendre
son cri d'admiration, lorsqu'un lac, une vallée
inconnue frappe pour la première fois son regard ;
on croit ouïr sa joyeuse exclamation, lorsque le
Chevreuil limide s'enfonce à sa vue dans l'épais-
seur d'un buisson : on est présent à ses côtés, on
prie avec lui lorsqu'à la fin d'une fatiguante jour-
née dans les bois, il adresse affectueusement à
l'Etre Suprême ses remerciements, quand les ac-
cents joyeux du Moqueur ou du Merle viennent
dissiper la profonde mélancolie qui l'accablait.
Quand l'illustre Buffon eut complété la partie
ornithologique de son grand ouvrage, il annonça
avec assurance ** qu'il avait achevé d'écrire l'his-
toire des Oiseaux du monde." Vingt siècles avaient
servi à constater l'existence de huit cents espèces
— ce nombre semblait prodigieux et le naturaliste
français déclara, un peu légèrement, il faut l'a-
vouer, " qu'il n'y avait pas moyen d'augmenter
(*) Ses CËUvres sout écrites en anglais.
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matériellement cette liste, " laquelle embrasse à
peine une seizième partie des espèces actuellement
connues. Peu d'hommes ont autant contribué à
ces progrès de la science que celui dont le nom
est si cher à l'Amérique, J. J. Audubon.
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CONCLUSION.
Avant de conclure, l'auteur croit devoir avertir
le lecteur de ne pas s'étonner si les auteurs con-
temporains et autres ont été largement mis à con-
tribution— surtout Le Maoût, le traducteur élé-
gant et souvent littéral de Wilson, de Chs. L.
Bonaparte et d'Audubon, lorsqu'il s'agit des Oi-
seaux de l'Amérique ; Le Maoût, s'approprie
leurs remarques, souvent sans leur en savoir gré ;
probablement parce que l'histoire naturelle n'est
que le résumé, la quintessence des observations
d'un grand nombre d'auteurs mises en ordre, clas-
sifiées et dégagées d'inexactitudes ; une science
où il ne s'agit pas d'inventer mais de noter exac-
tement ce qui existe déjà.
Si l'auteur a assigné au Canada des Faucons,
qui n'existent que dans d'autres latitudes, sur
preuve du fait, il reconnaîtra volontiers son erreur
et s*estimera heureux d'avoir accompli une partie
de sa tâche, celle de créer de l'intérêt pour la
science dont il s'agit, puisqu'il aura fait naître des
contradicteurs. Il prend également occasion de
remercier les amis éclairés dont les conseils lui
ont été trés-précieux.
Au revoir.
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TABLE DES MATIÈRES.
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PAGBÎS.
Epilre dudicatoiic i
Index des clinpitres iv
Discours préliminaire 3
Oiseaux connus de l'Amérique 6
L'Hon. G. W. Alliin, de Toronto 7
Notions sur la structure de FOiseau 8
L'Aigle doré 13
L'Aigle à tête blanche 16
Combat entre un Aigle à tête blanche et un
Cygne 17
Compn raison d'Aiidubon à Buffbn, par Le
Maoût 18
L'Oiseau de mystère 19
Le Chat Huant Canadien, ou Duc de Virginie, 20
Beau tableau d'Audubon 22
Le grand Hibou cendré 23
La Chouette grise (Syrnium Nebulosum) 24
Le Hibou à aigrettes longues 25
** '• courtes 25
Le Hibou-Epervier (Surnia Ulula) 25
La Chevêche du Canada, ou de Richardson. . 26
" de Kirtland 26
'* passerine (Saw Whet) 26
L'Effraye commun ( Barn Owl) 27
Le Hibou blanc ou Harfang 28
Amusements du moyen âge 31
Vautours 32
Rapidité du vol d'un Faucon 32
Gerfaut d'Islande 33
Faucon pèlerin 33
Faucon blanc , 33
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TAUEd.
Incertitude sur l'existence de cet5 Oiseaux dans
nos latitudes 34
L'Autour à qusue rousse 37
L'Aigle nonette 38
Autour ordinaire 39
" de Pensylvaiiie 40
" de Stanley 40
Combat entre un Coq et un Autour 41
Le Faucon des Pigeons 42
L'Emerillon de St.-Uomingue 43
" ordinaire 43
Observations intéressantes de Cassin 44
Histoire de Daedalion métamorphosé en Fau-
con 44
La Chasse à l'Oiseau 46
Manière de dresser les Faucons pour la chasse. 47
Ce que l'on entend par "Plaisirs de Prince ". 48
La Fauconnerie se pratique encore actuelle-
ment en plusieurs pays. . 51
Le vicomte d'Eglington et les Tournois 51
Une idée pour la noblesse en Canada 51
Harrison Stevens et ses c£20,000 52
Le Prince de Galles et son séjour en Canada. 52
Les Cygnes du Canada 52
Ile aux Oies et île aux Grues 52
Les Relations des Jésuites et l'abbé Ferland. 53
Les Ours du Labrador, d'après l'abbé Ferland. 5b
Deux espèces de Cygnes 57
Un Cygne tué à l'île aux Grues en 1825 59
BufFon et Chateaubriand sur les Cygnes 60
L'Outarde 61
Chasse à l'Outarde en Canada , 62
L'Oie Sauvage 63
Canards, Sarcelles 64
Canards dans le voisinage de Toronto 66
" ordinaire 68
" branchu 68
" Eider 69
Sarcelles aux ailes vertes, etc 70
Plongeons 70
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PAGES.
Histoire véritable et naturelle de la Nouvelle-
France — Boucher 71
Voyage en Amérique — Charlevoix 73
Jiiogra )liic d'Audubon 78
Extrait du catalogue raisonné du Smit/isoman
Institution 85
Histoire de Nisus métamorphosé en Epervier
et sa fille en Alouette 86
Conclusion 92
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