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1.0
1.1
2.0
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Sciences
CorporaliGn
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23 WIST MAIN STRin
WISSTn,N.Y. 145S0
(716)«72-4S03
CIHM/ICMH
Microfiche
Séries.
CIHM/ICIViH
Collection de
microfiches.
Canadian Instituts for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques
Technical and Bibliographie Notas/Notas tachniquaa at bibliographiquas
Tha Instituta haa attamptad to obtain tha baat
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which Piny altar any of tha imagaa in tha
raproduction, or which may significantly changa
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HColourad covars/
Couvartura da coulaur
I I Covara damagad/
□
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D
D
D
D
Couvartura andommagéa
Covara raatorad and/or lamfnatad/
Couvartura raatauréa at/ou paliiculéa
r~1 Covar titia miaaing/
Le titra da couvartura manqua
□ Colourad maps/
Cartaa géographiquaa an coulaur
Colourad ink (i.a. othar than blua or black)/
Encra da coulaur (i.a. autra qua blaua ou noira)
I I Colourad plataa and/or llluatrationa/
Planchaa at/ou llluatrationa 0n coulaur
Bound with othar matarial/
Ralié avac d'autraa documanta
Tight binding may cauaa ahadowa or diatortion
along intarior margin/
La TB Mura aarrée paut cauaar da l'ombra ou da la
diatortion la long da la marga intériaura
Blank laavaa added during reatoration may
appaar within tha taxt. Whanavar poaaibla, thaaa
hava baan omittad from filming/
Il aa paut que certainea pagea blanchea ajoutéea
lora d'une reatauration apparaiaaent dana le texte,
maia, loraqua cela était poaaibla, cea pagea n'ont
paa été filméea.
Additional commenta:/
Commantairea aupplémantairea;
The
totl
L'InatItut a ^^iiicrofilmé le meilleur exemplaire
qu'il lui a été poaaibla da aa procurer. Lea détaila
de cet exemplaire qui aont peut-être uniquea du
point da vue bibliographique, qui peuvent modifier
une image reproduite, ou qui peuvent exiger une
modification dana la méthode normale de filmage
aont indiquée ci-daaaoua.
p~| Colourad pagea/
Pagea de couleur
Pagea damagad/
Pagea andomnnagéaa
Pagea raatorad and/o
Pagea reatauréaa et/ou pelliculéea
H Pagea diacoiourad. atained or foxed/
Pagea décoloréea, tachetées ou piqui
I — I Pagea damagad/
I — I Pagea raatorad and/or laminatad/
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The
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of
film
Ori(
beg
the
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lirai
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□ Pagea detachad/
Pagea détachées
HShowthrough/
Transparence
Transparence
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The
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diffi
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Pagea whoily or partially obscured by errata
alips, tissuea. etc., hava been refilmed to
ensure the best possible image/
Lea pages totalement ou partiellement
obscurcies par un feuillet d'erreta, une pelure,
etc., ont été filmées i nouveau de façon à
obtenir la meilleure image possible.
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Ce document eat filmé au taux de réduction Indiqué ci*deaaou8.
10X
14X
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22X
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32X
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to th« ganoroshy of :
Bibliothèqu* nationale du Québec
L'exemplaire filmé fut reproduit grâce à la
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The images appearing hère are the beat quality
possible eonsidering the condition and leglbillty
of the originel copy and in keeping with the
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beginning with the front cover and ending on
the lest page with a printed or illustrated impres-
sion, or the baclc cover when appropriate. AH
other original copies are filmed beginning on the
first page with a printed or illustr«ted impres-
sion, and ending on the last page with a printed
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The last recorded frame on each microfiche
shall contain the symbol — ^- (meaning "CON-
TINUED"), or the symbol ▼ (meaning "END"),
whichever applies.
IMaps, plates, charts, etc., may be filmed et
différent réduction ratios. Those too large to be
entirely included in one exposure are filmed
beginning in the upper left hand corner, left to
right and top to bottom, as many f rames as
required. The following diagrams illustrate the
method:
Les images suivsntes ont été reproduites avec le
plus grand soin, compte tenu de la condition et
de le netteté de l'exemplaire filmé, et en
conformité avec les conditions du contrat de
f limage.
Les exempleires originaux dont la couverture en
papier est imprimée sont filmés en commençant
par le premier plat et en terminant soit par la
dernière page qui comporte une empreinte
d'impression ou d'illustration, soit par le second
plat, selon le cas. Tous les autres exemplaires
originaux sont filmés en commençant par la
première page qui comporte une empreinte
d'impression ou d'illustration et en terminant par
la dernière page qui comporte une telle
empreinte.
Un des symboles suivants apparaîtra sur la
dernière Image de chaque microfiche, selon le
cas: le symbole — ► signifie "A SUIVRE", le
symbole ▼ signifie "FIN ".
Les cartes, planches, tableeux. etc., peuvent être
filmés à des taux de réduction différents.
Lorsque le document est trop grand pour être
reproduit en un seul cliché, il est filmé è partir
de l'angle supérieur gauche, de gauche è droite,
et de haut en bas, en prenant le nombre
d'images nécesssire. Les diagrammes suivants
Illustrent la méthode.
1 2 3
1
2
3
4
5
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LECTURES
SUR
LES PECHERIES
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CHAMBRE DE LECTURi^
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QUEBEC :
Imprimerie d'AUG. COTÉ & Cie. ^
1853.
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LECTURES
SUR
LES PECHERIES
DONNÉES A LA
CHAMBRE DE LECTURE DE SAINT.ROCH,
LES 21 DECEMBRE 1862, ET 21 FEVRIER 1853,
PAR
«rOSJBPH HAMlSIi, i:cr«
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QUEBEC :
Imprimerie d'AUG. COTÉ & C».
1853.
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LECTURES
su?»
DONNÉES À LA
CHAMBRE DE LECTURE DE ST. ROCH,
Les 21 décembre 1852, et 21 février 1853,
PAR
JOSEPH HAUEL/rEcr.
La pèche est un art dont l'origine remonte aux
premiers âges; car Thomme, avant tout, fut chas-
seur ou pêcheur, suivant les conditions d'existence
dans lesquelles il se trouva placé. Les peuples in-
sulaires, ceux qui habitent les bords de la mer ou
les embouchures des fleuves, se sont exercés de tout
temps à la pèche : la fécondité des eaux leur dé-
voila des ressources qu'ils surent mettre à profit, et
la nécessité de se procurer des aliments leur fit ex-
ploiter la mine abondante que les siècles n'ont pu
tarir.
Les différentes nations maritimes, qui s'exercent
à la pèche, ont employé des moyens plus ou moins
ingénieux pour s'emparer du poisson suivant son es-
pèce, ses instincts, la nature et la profondeur des
eaux qu'il fréquente. C'est de l'étude comparative
des divers systèmes de pèche adoptés, d'après le
genre d'opérations auquel on se livre, et de la con-
naissance de ces procédés ingénieux, consacrés par
l'expérience, que doivent re::;sortir d'utiles enseigne-
ments pour l'amélioration et les progrès de notre in-
dustrie nationale.
Il ne faut pas entendre seulement par la pèche
maritime^ l'art de tendre un filet pour prendre du
poisson. Lorsqu'on envisage cette grande industrie
aious le rapport des moyens qu'elle met on œuvre,
des avantages qu'elle procure au pays qui l'exerce,
des services qu'elle rend et des résultats auxquels
elle peut atteindre, elle acquiert bientôt à nos yeux
une très-haute importance Si j'avais ît vous faire
ici l'histoire des pêches qui s'exécutent en mer, je
ne saurais me borner au simple exposé des méthodes
<ai usage chez telle ou telle nation, ni me restrein-
dre aux considérations qui résultent de l'étude de
cette industrie au point de vue économique ; mais
je devrais aussi embrasser les événements politiques,
les guerres, les traités, les cessions de territoire dont
la pêche a été le prétexte ou la cause ; examiner la
question des primes et des encouragements ; tenir
compte des développements progressifs, des circons-
tances qui tantôt ont influé sur la décadence de la
pêche, et tantôt l'ont portée au plus haut degré de
prospérité. Il faudrait vous initier dans la connais-
sance et les différentes espèces et qualités de pois-
sons qui constituent les meilleurs produits, parler
des divers procédés de préparations pour les conser-
ver et les rendre propres à être transportés au loin j
traiter des échanges, des armements, des expédi-
tions maritimes dont ces produits sont la matière ou
l'objet. Il s'agirait encore de faire connaître toutes
les entreprises que la pêche provoque, les moyens
d'en assurer le succès, les dépenses qu'elles entraî-
nent, le personnel qu'elles employent, les ressources
et les bénéfices qu'elles procurent ; le droit domanial
sur les côtes de la mer que nous occupons et ses li-
mitations dans les parages où elle s'exerce, qui sont
aujourd'hui une pomme de discorde entre la mère-
patrie et les Etats-Unis, et qui pourraient devenir
la ruine du Canada si l'Angleterre cédait un pouce
du littoral en dedans de la ligne voulue par le traité
de 1818. Ces droits ne sauraient non plus être ou-
bliés î mais comme il serait impossible de faire ren-
trer autant de détails dans un cadre aussi limité que
l'est celui d'une lecture d'une soirée, pour complé-
ment de cette masse d'instruction que je voudrais
répandre et populariser, j'appellerai votre attention
sur l'origine et les développements graduels des
pèches en général, sur les développements dont les
pêcheries du golfe St. -Laurent sont susceptibles, et
sur los avantages que retireraient les habitants do
Québec et du Canada en général, et encore plus di-
rectement les habitants de Saint-Roch, en se livrant
à cette branche d'industrie.
Je vais commencer par l'origine des pêches et
leurs développements graduels.
Si l'homme, avant tout, fut pêcheur, il s'ensuit
que la pêche fut connue dés la plus haute antiquité.
Il y avait anciennement à Rome des jeux qu'on
nommait Jeu de la pêche ou des pêcheurs. Festus dit
qu'on les célébrait au-delà du Tibre le 7 juin, et que
c'était pour les pêcheurs du Tibre qu'ils se fesaient.
Ovide et Rosinus en parlent.
Jésus-Christ, f->urses apôtres, prit des pêcheurs
et en fit des pêcheurs d'hommes. Piine, Martial,
Juvénal et Pétrone ont vanté les délices de la pêche
et de ses produits. Il reste un poëmo d'Oppien, sur
la pêche, où l'on trouve que, du temps de St.-Ba-
sile, les pêcheurs s'emparaient de la baleine sans
plus de façon que le savoir-faire des hameçons atta-
chés à des outres flottantes: cette histoire me puruit
cependant digne de faire pendant au cheval rempli
des hameçons qui ont enlevé la ville de froie !
M. Andersen, qui vivait en 1700, duns sun Viis-
toire du commerce, donne aux écossais liiic con-
naissance très ancienne de la pêche duliareng. Il
dit que les Flamands visitèrent leurs côtes d» s l'an
née 836 pour y acheter du poisson sulù dc:s NiiUucJs
du pays; mais ils leur en imposèrent, appriunt leur
art et s'emparèrent du commerce qui a j)!iis Uird
produit de si grands profits en Allemagne.
En 1603, c'est à dire à peu près 800 ans pljs tard,
les Allemands vendirent du hareug pour la ^ommc
^niorme do je 1,759.000 sterling. En 1615, ils équi-
pèrent à la fois 2000 bâtiments et employèrent à burd
37.000 pécheurs.
£n 1618, ils envoyèrent 3000 navires montés par
50,000 hommes pour transporter le poisson. Tontes
ces richesses étaient amassées sur les côtes de PE-
cosse et de l'Angleterre, tandis que Tuttention de
ses habitants ne se portait que sur la i^Ache éloignée
de la baleine. Co fiit pris entre maints autres
ii'est-il pas suffisant pour réveiller notre attention sur
les richesses qu'amassent les Américains, les An-
glais et les Français sur nos côtes, dans la môme yiro-
{)ortion que le fesait les Allemands sur les côtes de
a Grande-Bretagne, il y a deux siècles?
Les Allemands ont depuis plusieurs siècles fait la
pèche de la baleine presqu'exclusivcment et on la
considère être une des principales branchcd de leur
commerce florissant. Les principaux marchands
s^associcnt pour le faire et ils équipent chaque an-
née une grande flotte pour cet objet.
Ils tentèrent de faire leur premier établissement
an Groenland ; mais n'ayant point réussi ils ont dé-
puis fixé leur pèche dans les environs de la côte
occidentale de Spitzberg entre la latitude de 76*^ 40'
àSO''.
En 1725, la compagnie anglaise de la mer du Sud
commença à partager cette pèche avec les Alle-
mands et par le succès extraordinaire qu^ilsen obtine-
nent, ils ont persisté depuis avec une activité tou-
jours croissante.
La France paraît cependant revendiquer l'honneur
d'avoir ouvert la voie aux autres nations maritimes
pour l'exploitation des deux pêches les plus impor-
tantes, celle de la morue et celle de la baleine ; les
Basques portèrent la pêche de la baleine au plus
haut degré de prospérité. Ces intrépides marins s'y
livrèrent avec succès sur leurs propres côtes dès le
14-6 siècle ; plus tard ils entreprirent de poursuivre
les baleines à travers l'Atlantique et les poussèrent
jusque dans le golfe St.-Laurent, sur les côtes du
f-
^ u
Canada : on fait remonter cette découverte à 100 ans
avant la navigation do Christophe Colomb, Cette
navigation, en les portant sur les bancs de Terre-
neuve, leur fit remarquer l'uffluenco extraordinDiro
des morues dans ces parages et ajouta une industrie
nouvelle à celle qu'ils exerçaient déjà avec tant d'ar-
deur.
Les Basques français employèrent plus de 9000
hommes à la pêche de la baleine : le seul port de St.
Jean de Suz ne compta pas moins de 60 bâtiments
baleiniers jusqu'en 1636.
Lorsque les Espagnols s'emparèrent de cette place
14 navires arrivés du Groenland, chargés d'huile de
baleine, tombèrent en leur pouvoir. Cet événement
qui ruina la marine basque, détruisit une industrie
dont la France avait retiré jusqu'alors les plus grands
avantages.
Depuis cette époque la pèche de la baleine n'a pu
reprendre chez eux son activité prenière, malgré
tous leurs efforts tentés à plusieurs reprises.
En 1816 h l'époque où les Français reprirent les
grandes navigations, la pèche de la morne n'occupa
d'abord que 8,000 marins et environ 200 navires
dont la jauge ne dépassait pas 3,000 tonneaux.
Dans ces dernières années cette même industrie a
souvent employé 12,000 marins répartis sur 450 na-
vires jaugeant 55,000 tonneaux ; — ses produits se sont
élevés à 351,841 quarts de morue verte et 371,887
quarts de morue sèche, 29,320 qts. d'huile de mo-
rue épurée, 4886 qts. de diache (huile non épurée),
2443 qts. de rogne (œufs de morue) dont on se sert
comme appât sur les côtes occidentales de la France
pour la pêche à la sardine. A ces 450 navires armés
pour la pêche, il faut aussi ajouter, l'activité que
cette grande industrie imprime au cabotage pour le
transport d'un port à l'autre d'environ 27,000 ton-
neaux de sel, par celui du matériel de pêche et par
celui de son personnel. N'oublions pas non plus de
faire considérer en faveur de l'importance de cette
industrie les 60 à 80 bâtiments de transport qui se
8
¥
II
rendent annuellement sur les lieux de pêche pour
prendre des chargements de morue et les conduire
aux colonies; car indépendamment du marché na-
tional, exclusivement alimenté par la pêche fran-
çaise, les produits de cette industrie ont trouvé jus-
qu'à ce jour leur plus grand débouché dans les An-
tilles où la morue forme la principale nourriture des
noirs.
La quantité de morues exportées par le commerce
français est d'environ 195,465 quintaux, ou 9,773
tonneaux. Il s'en expédie en outre de 78 a 80,000
quint., chaque année, pour Tltalie, l'Espagne, le
Portugal et une partie des Echelles du Levant.
Ainsi, en portant à 625,000 quint, le produit total
de la pêche française, et en retranchant de ce chiffre
273,000 quint, pour l'exportation aux colonies et à
l'étranger, la consommation intérieure en obsorbe
352,000 quint. Enfin, parles dernières statistiques
on trouve que la pêche française met en circulation
plus de 200,000,000 fr. ou 10 millions de louis. Un
personnel d'environ 13,000 matelots est employé aux
entreprises de la grande pêche et à ses différentes
opérations. La pêche côtière occupe, en outre, sur
le littoral des deux mers, c'est à dire sur les côtes de
l'Océan et de la Méditerrannée, près de 18,000
hommes. Ainsi, cette grande industrie utilise,
dans l'intérêt du pays, plus de 30,000 marins ; elle
offre une nourriture immédiate à des masses considé-
rables de population, pour lesquelles le poisson est
devenu un aliment presqu'indispensable ; elle
fournit aux arts des matières premières, qu'elle seule
peut leur procurer, et par le transport et l'échange
elle active le cabotage et alimente le commerce et la
navigation.
Les Anglais et les Américains ont considérable-
ment augmenté, dans ces dernières années, leurs
armements pour la gmnde pèche. En 1840, sur 518
bâtiments montés par 15 à 16,000 matelots et sortis
des différents ports des Etats-Unis, 300 environ
étaient employés à la pêche du cachalot, et 218 à
9
celle de la baleine. Ces derniers recueillirent 60,000
barriques d'huile d'une valeur de je600,000, et, la
même année, les Anglais expédiaient des ports de
la métropole ou de leurs colonies plus de 100 navires
baleiniers pour les mers di! nord, et 40 environ pour
les mers australes. Les renseignements fournis par
Maccullock sur la pèche anglaise dans les régions
septentrionales nous ont appris que les expéditions
se dirigeaient maintenant de préférence dans la baie
de Baffin, vers les détroits de Davis et de Lancastre.
En 1832, 81 navires baleiniers, jaugeant ensemble
26,393 tonneaux, capturèrent 1563 baleines, qui
fournirent 12,610 tonnes d'huile et 676 tonnes de
fanons, dont les produits furent évalués à JE420,875,
égal à £5,196 par navire.
L'étude des pêches maritimes ainsi comprise peut
donner lieu à des considérations d'un ordre élevé, et
le tableau de la prospérité des nations qui ont at-
taché à l'art de la pêche toute l'importance qu'il
mérite, devient alors un exemple profitable qui doit
nous faire redoubler d'efforts et d'activité pour tâcher
de les imiter et les surpasser même, si les circons-
tances nous secondent. Mais il ne m'est pas donné,
dans une si courte lecture, de traiter un sujet aussi
vaste, et je dois me borner à un simple aperçu de la
grande industrie si justement appelée VagricuUure
de la mer, et que nous pouvons surnommer sans
crainte V Australie du Bas- Canada! C'est ce que je
vais faire avant de développer les moyens que
nous avons d'égaler, de surpasser même, en peu
d'années, les nations qui ne craignent pas de tra-
verser la mer pour venir moissonner une récolte qui
nous appartient de droit et que nous avons eu jr..^-
qu'ioi l'apathie de nous voir enlever avec la plus
pénible indifférence.
Examinons d'abord les avantages que retirent la
France, l'Angleterre et les Etats Unis des pêches du
golfe, qui sont à notre porte et dont les côtes nous
appartiennent presqu'exclusivement.
Pepuis la découverte de l'Amérique du Nord, les
10
pèches du golfe Saint- Laurent ont été un objet de
sollicitude particulière, non seulement pour la
Grande Bretagne, mais pour la France, l'Espagne
et le Portugal, et p!us tard pour les Etats-Unis d'A-
mérique, et elles ont été évidemment considérées
de la plus haute importance dans la négociation de
tous les traités où les intérêts des Anglais, des
Français et des Américains étaient compris do ce
côté de l'Atlantique.
Il paraît que, dès l'année 1517, environ 50 vais-
seaux français, espagnols et portugais étaient en-
gagés dans la pêche de la morue, sur les bancs de
Terreneuve, tandis que l'Angleterre n'avait qu'un
navire d'employé dans ces parages. Mais quoique
le nombre en fut porté à 15 en 1718, le commerce
de la pêche des autres puissances s'était amélioré à
un bien plus haut degré, la France n'ayant, à cette
époque, pas moins de 150 navires ; l'Espagne 100,
et le Portugal 50, employés dans ce commerce. Ce-
pendant les marine anglaise, occupée dans la pèche
de Terreneuve quelques années après, augmenta ra-
pidement, car en 1615 elle se montait à 250 vais-
seaux jaugeant ensemble 15,000 tonneaux, et le
nombre total employé par les Français, les Bisca-
yens et les Portugais, à la même date, était de
400.
Avant le traité d Utrecht, l'étendue des droits res-
pectifs des nations, qui participaient aux avantages
des pêches de Terreneuve, ne fut jamais définie ;
mais ce traité plaça les choses sur un pied plus clair.
Terreneuve elle-même et les îles adjacentes furent
exclusivement laissées à la Grande Bretagne, les
Français retenant le droit de pêcher sur les bancs et
de se servir du rivage des îles, depuis la Pointe
Ritchie (laquelle les Français ont prétendu ensuite
être le Cap Ray), par l'extrémité nord de l'île, jus-
qu'au cap Bonavista, sur le côté est. Par le traité
de paix conclu en 1763, ce privilège fut confirmé à
la France, et on étendit son droit de pêche dans tout
le golfe St- Laurent, à la distance de trois lieues de
ê
^
11
'
-1^
tontes les côtes apparte' nnt à la Grandc-Bretagncr
soit continentales ou ' ulaires. Leurs pêches en
dehors du golfe ne pou^ .ùent se faire qu'à la distance
de quinze lieues des côtes du cap Breton. Par un
autre article du traité, les îles de Saint-Pierre et
Miquelon sont cédées à la France pour servir d'abri
à ses pêcheurs, sous défense expresse de les fortifier
ou de les faire garder par plus de 50 hommes de
police. Ainsi, Pon voit que ces deux grandes
nations attachaient une grande importance à ce
littoral de pêche, l'une en y mettant autant de res>
trictions, et Tautre en s'y soumettant.
Lorsque les Etats-Unis, en 1783, prirent leur rang
sur la liste des nations indépendantes, ils réclamèrent
une participation dans les trésors contenus dans les
eaux des bancs de Terreneuve et du golfe St-Laurent.
Comme colonies, ils avaient recueilli la plus grande
part de ces pêcheries ; et sachant ainsi les apprécier,
ils demandèrent et obtinrent des privilèges particu-
liers, tel qu'exprimé au 3e article du traité, dans les
termes suivants :
" Il est convenu que le peuple des Etats-Unis
continuera à jouir, sans être inquiété, du droit de
prendre du poisson de toute espèce sur le Giand-
Banc et sur tous les autres bancs de Terreneuve,
aussi bien que dans le golfe St.-Laurent et sur tous
les autres points de la mer où les habitants des deux
pays ont eu, par le passé, l'habitude de pêcher.
Les habitants des Etats-Unis auront la liberté de
prendre du poisson de toute espèce sur telles parties
de la côte de Terreneuve qu'exploiteront les pê-
cheurs anglais (sans pouvoir toutefois le sécher ni le
fumer sur cette île), et aussi sur les côtes, dans les
baies et criques de tous les autres domaines que Sa
Majesté Britannique possède en Amérique. Les
pêcheurs américains auront la liberté de sécher et
fumer leur poisson dans tentes les baies, havres et
criques non encore colonisés de la Nouvelle-Ecosse,
des Iles de la Madeleine et du Labrador, aussi long-
temps que ces points demeureront inhabités; mai»
12
II
aussitôt qu'un de ces points se peuplera, il cessem
d^étre loisible aux susdits pêcheurs d'y sécher et d'y
fumer leur poisson, sans s'être au préalable mis
d'accord avec les habitants, propriétaires ou posses-
seurs du sol. "
Il était difficile de faire la part plus large à la
pêche américaine ; mais sans doute il résulta, de
cette lititude même, des inconvénients et des abus:
car le premier soin de la Grande-Bretagne, après la
paix de 1815, fut de régler sur une base nouvelle la
question des pêcheries. Les négociations furent
longues et difficiles, et ce fut seulement le 20 octo-
bre 1818 que la difficulté fut réglée, avec quelques
autres points en litige, par une convention spéciale
qui porte :
" Attendu qu'il s'est élevé des différends au sujet
de la liberté réclamée par les Etats-Unis pour leurs
habitants, de prendre, sécher et fumer du poisson
sur certaines côtes, dans certaines baies, havres et
criques des domaines de Sa Majesté Britannique eu
Amérique, il est arrêté entre les hautes parties con-
tractantes :
" Que les habitants des Etats-Unis auront à ja-
mais, en commun avec les sujets de Sa Majesté Bri-
tannique, la liberté de prendre du poisson de toute
espèce sur cette partie de la côte méridionale de
Terreneuve qui s'étend du Cap Ray aux Iles Ra-
meau ; sur les côtes occidentales et septentrionales de
Terreneuve, depuis le Cap Ray jusqu'aux Iles Quir-
pon. sur le rivage des Iles de la Madeleine ; et aussi
sur le!» côtes, dans les baies, havres et criques, de-
puis le Mont-Joly, sur la côte méridionale du La-
brador, jusque dans le détroit de Belle-Ile, et de là
sur toute la côte qui s'étend vers le nord, sans pré-
judice toutefois des droits exclusifs de la Compagnie
de la Baie d'Hudson.
** Les pêcheurs américains auront aussi à jamais la
liberté de sécher et fumer du poisson dans toutes les
baies, havres et criques non encore colonisés sur la
partie méridionale de la côte de Terrneneuve, ci-
19
dessus décrite, et sur la côte du Labrador; mais
aussitôt quUin de ces points se peuplera, il ne sera
plus loisible aux susdits pêcheurs de sécher ou de
fumer du poisson dans les endroits habités, sans
avoir au préalable conclu un arrangement à cet efiet
avec les habitants, propriétaires ou possesseurs du
sol.
" Les Etats-Unis renoncent ici, à jamais, à toute
liberté réclamée jusqu'à présent par leurs habitants,
de prendre, sécher ou fumer du poisson dans un
rayon de trois milles autour des côtes, baies, havres,
et criques des domaines de Sa Majesté Britannique
en Amérique, non compris dans les limites décrites
ci-dessus. Toutefois, les pécheurs américains seront
admis à entrer dans ces baies et havres pour y cher-
cher un abri, réparer des avaries, acheter du bois ou
faire de l'eau, mais^non pai aucun autre motif. Ils
seront alors soumis aux régies qui pourront être né-
cessaires pour les empêcher de prendre, sécher
ou fumer du poisson, ou d'abuser d'une manière
quelconque des privilèges qui leur sont ici réser-
vés. "
La seule lecture de ces deux articles suffit pour
faire voir que la rédaction de 1818 n'est plus, à beau-
coup près, celle do 1783. La concession géné-
rale et indéfinie, impliquée dans la première, est
réduite à des limites données et environnées de
réserves, auxquelles le soin même que l'on met à
les détailler, montre que l'on y attache un sens très-
sérieux.
Une autre remarque à faire encore que le droit de
pêcher reconnu aux Etats Unis par le traité de 1783,
n'est plus qu'une liberté, qui semble leur être octroyée
dans la convention de 1818.
Tels étaient et tels sont encore les droits des
Etats Unis par rapport aux pêcheries de Terre-
Neuve et du Labrador ; et il est évident qu'à l'ex-
ception du droit de propriété du littoral adjacent, les
Américains participent aussi directement que les
sujets britanniques à tous les avantages attachés à ces
B
14
"H
Il i
ii
pêcheries, en y fesanl un commerce lucratif et en y
formant des marins.
L'Angleterre, propriétaire comme elle Pétait de
toutes les côtes environnantes, aurait pu conserver et
jouir de ces immenses sources de riches>es aqua-
tiques, d'autant plus que le simple privilège de pêcher
sur les bancs, q^i'elle aurait pu tolérer aux étrangers,
ne leur aurait été de peu de profit sans le droit de se
servir des côtes voisines pour y sécher leur poisson:
et si l'on veut prétendre que naturellement on ne
peut jouir d'un privilège san« l'aune, on doit dire
aussi que si les restrictions avaient été plus circon-
scrites qu'elles le sont, les s\ijets britanniques enga-
gés dans la pêche ne seraient point troublés ni
obsédés au [loinl qu'ils le sont aujourd'hui par l'abus
du privilège accordé aux Américains, lesquels se fiant
sur la latitude qui leur est donnée, sont enhardis h
commettre des actes outrageants contre les plus légi-
times propriétaires de la côte, et font valoir une
supériorité qui ne devrait appartenir qu'à la Grande-
Bretagne seule, dans ce quartier.
L'exercice du droit des nations engagées dans les
pêcheries de Terreneuve, savoir: l'Angleterre, la
France et les Etats Unis d'Amérique a besoin d'être
réglé au plus vite, et l'on peut déclarer ici sans crainte,
qu'une telle mesure est d'une importance vitale à la
préservation des pêcheries et à la prospérité future
du Canada.
La France qui possédait autrefois l'Isle de Terre-
neuve avec les dépendances et toutes les côtes
du fleuve Saint Laurent, n'a plus aujourd'hui que les
rochers stériles de Saint Pierre et de Miquelon, avec
le droit d'établir des pêcheries temporaires sur la côte
la plus ingrate de Terreneuve, entre le Cap-Ronge et
le Cap Saint- Jean. Cette Isle, d'un littoral si étendu,
dont la position dans une des mers les plus poisson-
neuses du globe et d'une si grande importance, a
))assè aux Anglais avec le Canada, par le traité de
Gand en 1763 ; ils s'y sont réservé un droit exclusif
dépêche. Les établissements permanents qu'ils ont
15
formés dans la partie méridionale, ont sur ceux des
Fiançais de très grands avantages ; car soit en rai-
son de leur bonne position, soit en raison de leur
stabilité et des circonstances qui viennent faciliter la
préparation du poisson à des époques plus favorables,
ces pêcheries anglaises donnent des produits meil-
leurs, plus abondants et moins coûteux. Je ne puis
cependant vous donner un «létnil précis des revenus
de cette pêche qui doivent être immenses, si l*on
considère que cette province n'a à peu près d'autre
commerce que celui du poisson et des pelleteries pour
soutenir son gouvernement.
Depuis que le Canada est tombé sous la domina-
tion anglaise plusieurs postes de pèche et de chasse
ont été établis sur les côtes du Labrador, mais
comme Ton n'y a fwit que la pêche du loup-
marin et du saumon, telle quMI parait qu'on la fait
encore aujourd'hui dans les mêmes établissements,
on ne peut mettre ces entreprises au rang de celles
qui sont revêtues d'un caractère propre k en faire
espérer l'agrandissement, car ces établissements soht
à peu près aujourd'hui ce qu'ils étaient il y a près
d'un siècle.
Cependant il y a eu des établissements canadiens
sur un pied aussi respectable. Vin 1828-29, et 30, plus
de 15 goélettes, avec des équipages de Québec, de
Berlhier, de Saint-Thomas, de l'Islet et du Cap Saint-
Ignace allaient pêcher sur la Cote du Labrador, mais
ils étaient en petit nombre, comparés aux milliers de
pécheurs Américains. Ces derniers étn lent les plus
nombreux et par conséquent les plus forts ; ils s'em-
paraient de tous les ouvrages que les Canadiens y
lésaient, même de leurs grèves. Des rixes eurent lieu
dans lesquelles les Canadiens furent maltraités, et
tous les établissements ont été abiindonnés.
11 faut espérer que ces brigandages n'arriveront
plus, car notre gouvernement et celui de la Nouvelle-
Ecosse ayant pris une attitude propre à faire respecter
lesdroits des sujets britanniques, voulus par le tmité
de 1818 que je viens de vous communiquer, en y
}«
I
; V ■
Mi
: ■
envoyant chacun une goélette armée, avec des com-
missaires revêtus de pouvoirs suffisants pour maintenir
l'ordre et punir les délinquants.
Cependant, malgré ces précautions, il est à crain-
dre que Jonathan n'attrappe encore John Bull dans
cette négociation, comme il l'a fait dans les précé-
dentes» c'est-à dire dans le traité d'Ashburton et
celui de l'Orégon ; car le président déclare, dans
son adresse au congrès, que Tuffaire serait déjà
réglée à Tamiable sans la mort du secrétaire d'état
Webster, mais il espère que cette affaire sera défini-
tivement réglée dans le cours de cet hiver. Ainsi, si
les choses vont si vite, qu'après les démonstrations des
Américains lorsqu'ils ont appris que notre gouverne-
ment expédiait au lieu de la pêche une toute petite
goélette armée d'un seul canon, nous n'avons pas
grand avantage à espérer dans cette transaction.
Comme la manière de faire la grande pêclie doit
intéresser la plupart d'entre vous, je vais essayer de
vous donner une idée de la pêche de la morue, de la
baleine et du cachelot, qui est une autre espèce de
baleine, et je commencerai par la pêche de la
morue.
Les parages privilégiés où stationnent les morues
on grandes masses sont les Bancs de Terreneuve et
la côte septentrionale du même nom ; mais elles ne
s'y montrent pas toute l'année : elles se maintien-
nent, une partie de l'hiver, dans les mers glaciales.
Vers la fin de février, ces poissons abandonnent leurs
réservoirs naturels et commencent à descendre vers
le sud, sans cl^^nasser toutefois le 40e degré de lati-
tude septentrionale ; ainsi, on n'en voit pas plus au
sud qu'à la hauteur de Boston ou du Cap Cod dans
l'Amérique du Nord, et qu'à celle de Madrid sur la
côte d'Espagne. Ils s'approchent alors des rivages
d'3 la Norvège, du Danemark, de l'Ecosse, de l'An-
gleterre et de la Hollande. Ils abondent dans le
golfe du Saint-Laurent, où ils arrivent vers le mois
de mai ; ils sont aussi très-nombreux à cette même
époque sur les côtes méridionales de l'Islande, et
17
dans les eaux de Terreneuve et du Grand-Banc.
L'abondance de ces poissons migrateurs dans les
mers qu'ils fréquentent d'habitude, est due à leur
excessive fécondité. Leuwenhoëk, qui Ta constatée,
a trouvé que Tovaire dHuie morue de moyenne gran>
deur renfermait 9,384,000 œufs ! Or, en supposant
la population du globe à 900 millions d'âmes, et que
tous les moyens de la sustenter manqueraient,— je
dis que les nations se livrant à la pêche de la morue
seulement, ne mourraient pas de faim, et que, de
fait, elles pourraient vivre et même avec profusion,
puisque 35,000 morues seulement, par leur fécondité,
en supposant que chaque œuf produirait un petit,
fourniraient assez de poisson puur allouer à chaque
individu 4 Ibs. par jour. Ainsi, d'une part, cette
fécondité vraiment prodigieuse qui assure aux pé-
cheurs d'inépuisables ressources, ma'gré les énormes
quantités de morues dont ils dépeuplent les mers,
et d'autre part, l'instinct qui porte ces poissons à
venir visiter périodiquement les mêmes parages, en
masses innombrables, et à stationner dans certaines
eaux et sur des bancs de sable, à l'époque du frai,
concourent ensemble pour faire de la pêche de la
morue une des plus abondantes et des plus produc-
tives.
Voici maintenant les moyens employés pour faire
cette pêche et pour préparer le poisson, proprement
apfielée la Pêche de terre.
Il y a un nombre de barges attachées h chaque
établissement de pêche, montées chacune par deux
ou quatre hommes. Dès le point du jour, ces barges
se rendent à cette partie de la côte où les morues
sont plus abondantes; car elles se meuvent en pha-
langes et souvent changent de direction, snivant les
changements des vents. Lorsque le jçissement du
poisson a été découvert, on jette l'ancre et les
hommes tendent leurs lignes: chaque homme a soin
de deux lignes armées de deux hameçons, appâtés
avec du hareng ou du caplan. Les hommes se
tiennent sur un plancher élevé, et sépar< s les uns
b2
18
des autres por une espèce de table placée en travers
de la barge. Ayant tiré leurs lignes, Us posent la
morue hui la table et lui assènent sur le derrière de
la tète, avec un ruuleau destiné à cette fin, un coup
pour l'étourdir et, par ce moyen, lui l'aire ouvrir la
gueule pour en extraire plus facilement l'hameçon.
Alors, le poisson est jeté au fond de la barge, et la
ligne jetée de nouveau à 1 eau. Le pécheur se re-
tourne aussitôt et tire l'autre ligne, do manière
qu'une ligne descend au fimd tandis que l'autre en
revient Ils continuent ainsi jusqu'à ce que leur
barge soit remplie, et ils s'en retournent à terre la
déposer à une espèce d'abaftoir ou échafiiud. La
morue est jetée de la barque sur l'échafaud avec
une fourche, ayant soin de la piquer à la tête,
de peur de f lire aucune blessure au corps qui em-
pêcherait le sel de produire >on effet et gâteraitainsi
le poisson. Quand les barges sont vidées, les jtê-
cheurs se procurent une nouvelle quantité d'appâts
et retournent sur les fonds, d'où dans l'espace d'une
heure ou deux, peut-être, ils reviennent à l'échafaud
avec une nouvelle charge.
Ayant ainsi expliqué la méthode de faire la pêche,
il ne reste plus qu'à décrire la manière de préparer
le poisson.
Chaque établissement est pourvu d'une ou de
plusieurs tables autour desquelles sont placées des
chaises de bois et des tabliers de cuir pour les décol-
leurs et les trancheurs. Le poisson ayant été
déposé sur l'échafaud,, on emploie généralement un
jeune homme pour le transporter sur la table devant
le décolleur qui l'é ventre, et, ayant aussi presque
séparé la tête du corps, le passe sur la table h son
voisin à droite, autre décolleur dont la besogne est
d'enlever la tête et les entrailles : il en sépare la
fressure et queI(iuefois les nauds, la tète et les en-
trailles ayant été jetées à la mer par une trappe
pratiquée dans le plancher : le foie est mis dans un
quart pour faire de l'huile, et on sale les nauds si on
veut les conserver. Après cette opération, on passe
19
te la
en-
ippe
Ls im
si on
l)asse
la morue do l'antre côté de lu table, aux trancheurs
qui, en un clin d'œil, enlévrcnt l'arête de la tête au
nombril ; alors, la morue est transportée dans des
brouettes aux saleurs, qui la mott nt en pile avec
une quantité suffisante de sel entre char]ue ; un laisse
le poisson dans cet état pour quelques Journ, puis on
le transporte de nouveau en brouette à une petite
boîte d bois remplie de trous, laquelle est suspendue
de l'échafaud dans lu mer Le laveur se tient dans
cette boîte, à l'eau jusqu'aux genoux, et enlève le
sel de la morue avec \me moppe ; le poisson est
alors transporté à un endroit convenable et mis en
pile pour énjoutter : on appelle cette pile ainsi formée
" un cheval d'eau. " Le jour suivant, la morue
est transportée sur les galets où on l'étend au soleil
pour sécher. De ce moment la morue est retournée
constamment durant le jour et mise en pillons le
soir ; celles de dessus sont toujours tournées le ven-
tre en bas, de manière k ce que leurs peaux puissent
servir de toile pour garder celles de dessous sèches;
on augmente par degré la grosseur des pillons jus-
qu'à ce qu'enfin, au lieu de petits paquets, ils pren-
nent la forme d'une grande meule circulaire, et on
les laisse dans cet état pour quelques jours, afin,
comme disent les pécheurs, de la faire suer. Le
poisson est maintenant lait, et il est ensuite emma-
ganisé, prêt pour l'exportation.
L''opération de décapiter, trancher et sal-^r la
mortie se fait avec une telle célérité, qu'il n'est pas
rare de voir 10 morues décapitées, leurs entrailles
jetées k la mer et leurs arêtes enlevées dans le
court espace d'une minute et demie. Le trancheur
reçoit les plus hauts gages et tient rang après le
maître de l'établissement ; mais le saleur est aussi
une personne d'une grande considération, la préser-
vation de la morue dépendant entièrement de son
adresse et de sa prudence.
Il y a trois qualités de morues, savoir :
f La morue marchande f qui consiste en celle de
la première grandeur, la meilleure couleur, et enfin
de la meilleure qualité.
20
2® Le poisson de Madère, qui a presqirautant de
valeur que le premier ; cette sorte est principale-
ment exportée aux marchés d^Espagne etda Portu-
gal.
3^ Le poisson des Iles, qui est le rebut des autres ;
ce dernier eut invariablement envoyé pour servir de
nourriture aux nègres des Iles et aux différents
marchés du Canada.
PÊCHE DE LA BALEINE.
Les naturalistes distinguent plusieurs espèces de
baleines : la baleine australe et la ba'einc arctique
ou baleine /ranrAe, qui est la plus grande. Elle peut
atteindre, à ce qu'on dil, jusqu'à 300 pieds de long
et en mesure fréquemment 150 à 180. On estime
à 150,000 livres le poids de celles de mciyeune gran-
deur. Les Norvégiens donnent à cette espèce le
nom lie nord coper, parce qu'elle Hbondail autrefois
entre le Cap-Nord et le Spitzberg. Le Jinn backy
ou baleine à clos lisse des pêcheurs septentrionaux,
n'est peut être aussi qu'une variété di* la baleine
arctique. Il y a encore d'autres espèces de grands
cétacés h dorsale courte et anguleuse, que les natu*
ralistes ont classés parmi les baleinoptères et que les
pêcheurs désignent sous le nom de buleineH américaù
nés, parce qu'on les rencontre le plus souvent sur les
côtes du nouveau continent. Toutes ces espèces ne
sont p!>s h dédaigner, et les pêcheurs hait- iniers en
font leur capture lorsqu'elles se présentent, mais
elles donnent bien moins d'huile que la baleine
franche. La tête de celle-ci égale h peu près le
quart de sa loniiueur totale ; sa bouche est extrême-
ment larire, et sa mâchoire supérieure est garnie do
cha que côté de 4 à 500 fanons ou lames cornées ot
flexibles, connues dans le commerce et employées
dans difiei'^nts arts sous le nom de •' baleines. "
Ces lames ta:)issent le fond du palais et débordent
de la màchoae comme de monstrueuses moustaches.
Les plus lon;;vi'-ft, c'est à dire, celles du centre ont 8
à 10 pds. La longueiii de la langue de la baleine varie
SI
»»
de 12 à 25 pieds, et sa largeur de 7 à 12, suivant la
grosseur 'e l'animnl. Cet organe se cliiirsrcd^assez
de graisse pour fournir jusqu'à 6 tonneaux d'huile.
La baleine avale les iiliments snn< mtistication, et ne
se nourrit que de plantes marines (le fucus, do petits
poissons et surtout do mollusques. La nature a
doté ce cétncè de nageores puissantes et propor-
tionnées à sa masse ; une queue gigantesque, dispo-
sée horisontalement, vient compléter l'appareil
locomoteur.
L'èJ)al^>'<o couche de graisse, qui enveloppe ce
cor|i8 monstrueux, doit le rendre presque insensible
aux variations les plus extrêmes de température
dans l'élément où il vit, et ct-tte remarque explique
la présence des baleines dans des régions maritimes
soumises aux influences de climats très différents.'
Le lard a 5 ou 6 pouces d'épaisseur sur le dos et sous
le ventre ; près des nageoires, sur les flancs, il
atteint quelquefois h. plus d un pied, et sous la mâ-
choire, il forme une espèce de collf't qui a souvent 3
pieds d'épaisseur. On tire ordinairement 70 à 80
quintaux d'huile d'une baleine ordinaire. Deux ca-
naux ou «ven^« qui partent du fond de lu bouche et se
rendent au sommet du crâne, servent à la baleine
pour respirer et pour rejeter l'eau entrée dans sa
gueule lorsqu'elle plonge. On aperçoit de fort loin
en mer cette doub'e colonne qui s'élève souvent à
plus de 20 pieds de hauteur.
Chaque bâtiment destiné à la pêche de la baleine
est pourvu de 6 à 7 pirogues baleinières, et chacune
de ces embarcations légères, commandée par un chef,
est monté par un harponneur habile et 5 vigoureux
rameurs. Dès que le navire a pris la mer, on pré-
pare les pirouges q.ù ^ont pourvues de tout l'attirail
nécessaire à la pêche, tel que des lignes et menus
cordages, harpons, lances, pelles tianchantes, ha-
choirs, couteaux d'embarcation, etc Les pirogues
baleinières doivent être toujours prêtes à être lan.
cées à la mer avec tout leur équipement, car c'est
sur elles que l'on compte pour le succè-s de l'entre-
22
i I
il
il
1 I
prise. Ces pirogues ^ont très allongées, étroites et
fort basses ; le chef les dirige avec un aviron en
guise de gouvernail. La place du harponneur est
naturellement à l'avant ; le harpon avec lequel il
attaque la baleine est un dard en fer dont les côtés
sont touchants et très affilés. Cette arme terrible
est enchâssée dans un manche en bois qui sert à
la lancer.
Dès que le navire a atteint les parages où l'on
peut rencontrer des baleines, on observe l'horison de
toutes parts pour tâcher de découvrir au loin la proie
que chacun convoite. Des matelots j)lacés en vi-
gie se succèdent sans interruption, et le cri de ôo-
leine ! est répété par acclamation aussitôt qu'une
heureuse rencontre fait espérer une capture pro-
chaine. Les pirogues sont lancées à la mer, et c'est
à qui arrivera le premier. Une fois que l'embar-
cation a joint la baleine en vue, le harponneur lui
lance son dard, et l'animal, blessé à mort, fuit avec
vitesse, entraînant après lui la baleinière victorieuse,
car le harpon est attaché à une longue ligne qui file
en remorquant la pirogue. La baleine plonge et re-
monte tour à tour à la surface de la mer, mais bien-
tôt épuisée, haletante, elle ne reparaît plus que pour
mourir : la pirogue ri.ccoste par la poujie, et l'officier
l'achève en lui plongeant le fer d'une longue lance
dans la partie du corps qui correspond aux poumons,
ayant soin toutefois de faire pousser au large, car les
dernières convu'siojis de la baleine pourraient être
dangereuses pour la frêle embarcation. Après avoir
lancé des flots de sang avec le dernier souffle de
vie, la baleine rouie sa lourde masse comme la
carène d'un vaisseau naufiagé, 11 ne reste plus
qu'à la remorquer jusqu'au navire, et toutes les pi-
rogues se réunissent pour cette opération. Arrivée
à bord, elle est allongée et amarrée le long du bâti-
ment pour être dépecée. On lui enlève successive-
ment des bandes de lard qu'on tranche avec des
pelles et qu'on hisse à bord à mesure, jusqu'à ce
qu'elle soit entièrement dépouillée j puis on procède
S3
|s avoir
ifflede
[ine la
je plus
les pi-
rrivée
lu bàti-
îssive-
lec des
lii'à ce
recède
à renlèvement des fanons, et son corps est aban-
donné aux requins et. aux oiseaux de proie. Le
lard est ensuite fondu dans des chaudières établies
au pied du mât de misaine, et l'on choisit ordinai-
rement la miit pour cette opération. Après la fonte,
on remplit les barils d'huile, qu'on dépose dans la
cale. La capture ic 15 à 18 baleines, suivant leur
grosseur, est nécessaire pour pouvoir compléter un
chargement. Ainsi, h chaque prise, ce sont les
mêmes travaux, les mêmes fatigues et les mêmes
dangers.
PECHE DU CACHALOT.
Cette pêche a pris, sous la direction des Améri-
cains, un très grand développement. Les 300 na-
vires cachaloliers expédiés des ports des Etats de
l'Union, en 1810, ont dû verser dans le commerce
au moins pour 7^ millions de louis de produits. Outre
l'huile que fournit la jçraisse du cachalot, on tire de
ce cétacée une substance très estimée que l'on ap-
pela d'abord spermiceti ou blnnc de ôft/eine, mais
qui, mieux connue, est désignée aujourd'hui sous le
nom d*adipocire ou cetine. Cette matière de tête^
comme disent its pecheurii, se trouve renfermée
dans le crâne de ranimai.
Un cachalot de moyenne taille peut fournir 24
barils, de 32 galions chaque, d'adipocire, et envi-
ron 100 barils d'huile de graisse. On fait avec l'a-
dipocire d'excellentes bougies de luxe, dont l'usage
est très-répandu aux Etats-Unis et en Angleterre.
Cette fabrication a été surtout très-perfectionnée en
France.
On connaît plusieurs espèces de cachalots, parmi
lesquelles les p'us importantes sont le cachalot ma^
crocêphnle, qui habite presque toutes les mers, et le
cachalot australien, très-commun dans l'Océan Paci-
fique et dans la Mer Australe.
Le cachalot diffère entièrement de la baleine
blanche : sa bouche n*est point garnie de fanons ;
son museau est allongé par la mâchoire inférieure,
» l
24
5>
! i
1
qui est armée de dents coniques et recourbées, dont
les plus grosses pèsent plus de 2 livres. L'orifice
des évents se trouve placé sur le bord du muffle
Les cacha'ots parviennent à une très-grande taille,
surtout les mac roc é pliai es ; la longueur de leur
corps varie depuis 30 pieds jusqu'à 75 ; on en a pris
même dans les parages de la Nouvelle Zélande qui
avaient plus de 90 pieds de long.
Ce cetacée est un animal dangereux, de mœurs
féroces, et la terreur de presque tous les poissons.
Son agilité, la promptitude de ses mouvements, la
vitesse extraordinaire de sa natation, les dents puis-
santes dont il est armé, lui donnent sur la bah^ine
de très grands avantages; aussi est-il toujours le
premier à l'attaquer: il la combat avec furie, en
faisant entendre des sifflements aigus et d'effjoy-
ables mugissements qui font accourir à >on aide les
individus de son espèce, et lui assurent la victoire.
Les cachalots voyagent toujours en troupes très
nombreuses et leurs phalanges couvrent souvent
d'immenses espaces de mer ; un vieux mâle est,
dit-un, toujours en tête de la colonne. Ils parcou-
rent la partie équatorialc du grand océan et se mon-
trent fréquemment aux alentours des Iles Gallapa-
gos, îles équatoriaies découvertes par les Espagnols.
Leur présence dans ces parages fait fuir les baleines
qu'ils rencontrent. Ils abondent auGsi dans Tarchi-
pel (les Moluques et dans l'espace compris entre les
Iles Timor, Timor Laout, Arou, et l'Australie Sep-
tentrionale (mer des Indes.)
Une centaine de navires Américains se portent
tous les ans vers cette région, et retirent environ
cinq raillions de dollars du produit de leur pêche.
Du reste, les armateurs des Etats-Unis dirigent
maintenant leurs expéditions dans toutes les mers.
Les navires destinés à ces entreprises, commencent
leurs opérations dans l'océan Atlantique, en descen-
dant vers le Midi pour aller doubler le Cap Horn.
Ils remontent ensuite la côte occidentale de l'Amé-
rique du Sud, dont ils visitent les grandes baies ;
':
25
bées, dont
L'orifice
du mufïle
nde taille,
ir de leur
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élande qui
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les Gallapa-
Espagnols.
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ris entre les
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se portent
•ont environ
leur pêche,
lis dirigent
es les mers,
commencent
en descen-
Cap Horn.
de TAmé-
îdes baies;
ils traversent l'Océan Pacifique en se dirigeant vers
l'archipel des mariannes, puis de là sur les Iles Bo-
nin, où la pêche est très productive.
Après avoir exploré ces parages, ils vont croif «ir
sur les Côtes du Japon, du 20e au 4<0e degré nord,
et viennent terminer leur campagne à la Nouvelle
Guinée, aux Iles Salomon, à la Nouvelle Zélande et
sur les Côtes de l'Australie. Mais ils trouvent dans
ces derniers parages de redoutables concurrents.
Ce sont les habitants de la Nouvelle Galles du Sud,
qui ont commencé, il y a une vingtaine d'années, à
se livrer à la pèche de la baleine et des cachalots
avec le plus grand succès. Déjà en 1830, 16 na-
vires baleiniers avaient été armés au port de Sidney
qui en comptait 9 autres en construction sur ses
chantiers. Les pêcheurs Australiens, à portée des
meilleures stations baleinières, peuvent faire trois
voyages dans le même espace de temps que les An-
glais d'Europe et les Américains des Etats-Unis
emploient pour opérer une campagne. Il y a donc
pour eux diminution de dépenses et plus de célé-
rité dans la réalisation des bénéfices: avantages
immenses que l'Angleterre ne néglige pas.
engagement sanguinaire entre le cachalot et
l'espadon.
Pour terminer ma lecture de ce soir, ]e vais vous
raconter l'histoire d'un combat sanglant entre un
cachelot et deux espadons, relatée par un jeune
naufragé dans la mer du Sud. Il y avait déjà plu-
sieurs jours qu'ils avaient abandonné leur vaisseau
sans provisions ni eau, lorsque notre matelot en
s'éveillant le matin par un temps calme et une mer
rare, il aperçoit une brigade de baleines à environ
une dixaine d'arpents, fesant leurs jets d'eau et pour-
suivant leurs amusements lourds ; mais il n'y prit
aucun intérêt, et s'appuyant sur le bord de la cha-
loupe, il commença à se laver la tête et les yeux
avec l'eau de mer. Mais laissons-le parler lui-
même.
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il ;
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Tandis que j'étais ainsi occupé je fus surpris à la
vue d'un énorme cachalot qui vint ressoudre à 15
pas dt* la chaloupe. Sa tête qui composait prés du
tiers de son volume me parut une montagne de
chair; une couple de cachalotins le suivaient et
passèrent en jouant autour de nous. Le cachalot
flotta tranquillement pour une couple de minutes, à
l'endroit où il avait paru d'abord, ne jetant que très
peu d'eau avec beaucoup d'écume et de vapeur dans
l'air; alors se roulant sur la côte, il commença par
frapper la mer avec sa large et puissante queue, dont
chaque coup produisit un éclat semblable à celui d'un
canon.
Ce bruit éveilla en sursaut mes camarades qui dor-
maient encore et en se levant ils rommençèrent par
chercher avec étonnement la cause d'un bruit aussi
effrayant, mais Tanima plongt uni sa tét' difforme,
en lançant un immense jet dans l'air, disparut.
Nous épiâmes avec inquiétude pour voir où il res-
souclrait, convaincus du danger «l'un tel voismage,
qui seulement par un mouvement badin, un revers
accidentel de sa queue, en poursuivant son passe<
temps gigantesque, suffiraient pour nous détruire.
Il vint à la surface à environ la même distance que
la première fois, mais sur le côté opposé de la cha-
loupe, il recommença à frapper la mer avec violence,
comme s'il voulait déployer, en folâtrant, sa terrible
force, jusqu'à ce qu'il eut produit à une grande dis-
tance un cercle d'écume. En même temps tout le
troupeau semblait s'approcher de nous ; mais notre
attention fut bientôt retirée du troupeau pour nous
occuper des mouvements alarmants de l'individu
que nous avions près de nous, s'éiançant à la sur-
face à petite distance, son corf.s parut plusieurs fois à
demi hors de l'eau, tournant après chaque saut aussi
brusquement que sa masse lourde pouvait le per-
mettre, t't courant une joute dans lu direction op-
posée avec la même violence. Il passa une fois si
prés de nous que je pense que j'aurais pu le toucher
avec une rame et nous vîmes distinctement son petit
il
27
urpris à la
iidre à 15
it près du
iitagne de
avaient et
e cachalot
minutes, à
it que très
apeur dans
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i celui d'un
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nçèrent par
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r, disparut.
ir où il res-
[ voisinage,
, un revers
; son passe-
is détruire,
iistance que
de la cha-
ec violence,
sa terrible
rande dis-
(ips tout le
mais notre
pour nous
l'individu
à la sur-
sieurs fois à
e saut aussi
ait le per-
lection op-
une fois si
le toucher
int son petit
œil faible et les larges rides de sa peau sous ses
terribles mâchoires. Son mouvement causa une
telle oscillât on à la mer que notre chalimpe fut
durant plus d'une minute prête à être eni:;loutie.
Tout à coup, après un de ces tours brusques, le
monstre tourna sa tête directement sur nous, s'a-
vançant avec une vitesse effrayante, -oit qu il ne
nous vit pas, ou qu'il prit notre chaloupe pour
quelque créature marine avec laquelle il voulut
mesurer sa force. Nous n'avions nullement le temps
de faire des efforts pour éviter le danger, et quand
bien même nous aurions eu le temps, nous étions
trop paralysés pai l'imminence du danger |)Oui faire
aucun efibrt L^anima) ét.-iit à peu prrs à dunze pas
de nous; très certainement il n'en était pas à vingt.
Derrière lui s'allongeait un sillage écumant droit
comme un»* flèche. Sa large tête labourait les
vagues comme le tuillemer d'un navire, et empilait
devant elle une montagne d'écume. Nous manquer
était absolument impossible, et aucim pouvoir
terrestre amait pu arrêter la course de ce monstre.
Une destruction instantanée parut inévitable. Je
tombai dans le v rtige et ma tête commença à
tourner tandis i]uil me vint confusément à l'idée
que la sagess«Mnfinie avait décrété qu'il nous fallait
mourir et qu'elle avait choisi, dans sa miséricorde, ce
moyen de nous faire périr, pour nous épaigner lej
horreurs prolongées de la famine. Quelle multitude
incohérente de pensées et de souvenirs ne s'accu-
mulèrent point dans ce moment? Mille petits in-
cidents décousus et trivials de ma vie passée. Une
foule imaginaire de scènes et de figures familières se
présentaient à la fois devant moi vivement comme
des objets révélés, pour un instant, par la lumière
d'une éclair dans l'obscurité d'une nuit orageuse.
Fermant les y^nix, je recommandais, en silence, mon
âme à Dieu et je m'eflbrçais de me composer pour
l'effroyable moment, lorsque Morton un des nôtres
se leva debout et nous ordonna de tous crier en-
semble. Tous semblèrent saisir sa pensée à la fois
28
'. !
\\l
et à y voir un rayon d'espérance ; et se levant, nous
jetâmes un cri de toutes nos forces, qui nous effraya
nous-mêmes. A l'instant même, le monstre plongea
presque perpendic^ilpireraent ; mais son mouvement
fut si grand que sa queue fendit l'air à la distance de
la longueur d'une rame de la chaloupe et elle dis-
parut.
Il est impossible de décider si les cris que nous
fîmes causèrent la plonge soudaine qui nous sauva.
Cependant malgré sa taille et sa force l'on dit que
le cachalot est une créature timide, excepté quand il
est attaqué et enragé.
Ce fut ce souvenir qui survint à Morton, qui l'en-
gagea, par pur désespoir, à entreprendre d'effrayer
ce monstre formidable.
Notre répit ne fut pas de longue durée. L'animal
revint sur l'eau, à très peu de distance de nous, et
se dirigea encore une fois de notre côté. S'il avait
été effrayé pour un instant, il fut bientôt revenu de
sa panique, et l'on ne pouvait plus se tromper sur
son intention ; il avançait, en donnant toutes les
marques de la rage, et la gueule toute grande ou-
verte. Nous sentîmes qu'aucun «fïort de notre part
pouvaient nous sauver. Nous aurions aussi bien pu
espérer de résister à une tempête ou à un tremble-
ment de terre, ou au choc d'une montagne que de
résiskor à cette immense masse de mutiére poussée
par la vie et la force et animée en apparence par la
rage.
Toute espérance s'était évanouie et je pense que
nous étions tous résignés à la mort, et que nous l'at-
tendions sur le champ, lorsqu'il survint une des plus
miraculeuses interpositions.
Une masse brune (à dire vrai, nous étions telle-
ment troubles que l'on ne put distinguer di>tincte-
ment sa forme) s'élança perpendiculairement de la
mer, à 20 pieds dans l'air, et tomba avec une se-
cousse terrible sur le dos du cachalot. Ce poisson
devait peser plusieurs tonneaux et le coup frappé fut
écrasant. Le cachalot fut pour un instant paralysé
29
it, nous
effraya
plongea
ivement
Lance de
3lle dis-
ue nous
sauva.
[1 dit que
quand il
qui l'en-
i'effrayer
L'animal
3 nous, et
S'il avait
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mper sur
toutes les
rande ou-
notre part
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ce par la
)ense que
i"nous l'at-
ie des plus
ions telle-
diïtincte-
lent de la
?c une se-
le poisson
Ifrappé fut
paralysé
m
par le choc, et sa large charpente frémit de douleur ;
mais se rétablissant promptiiiient il s'élança la gueule
ouverte sur son antagoniste qui plongea aussitôt, et
tous deux disparurent. Bientôt le cachalot revint à
la surface ; et alors nous fûmes témoins d'un de ces
terribles et rares spectacles dont les vastes solitudes
des mers tropicales sont, sans doute, souvent le thé-
âtre, mais que l'œil de l'homme a rarement contem-
plé.
Le cachalot parut être attaqué par deux puissants
ennemis a^i«sant de concert. L'un, la scie, le frap-
pait en dessous et le chat^s&it continuellement à la
surface, tandis que l'autre, le grampus, espèce de
dauphin extrêmement robuste pour sa longueur (un
de 18 pieds de long en mesure 10 de diamètre), ré-
pétait ses attaques singulières pieciscnient de la
même manière que la première fois, aussitôt
qu'aucune partie do cette masse «-xposce, ne man-
quant jamais son but, et lui appliquant des coups,
dont un seul, on pourrait croire, aurait sufii pour dé-
truire aucun être vivant. La première vue que noua
eûmes du second antagoniste du cachalot, en courant
à l'attaque, nous fit reconnaître ci-t animal fort et
féroce, que l'on nomme la scie de la mer Pacifique.
Le cachalot s'élançait sur ses ennemis alternati-
vemetit, et celui qu'il choisissait se sauvait invaria-
blement jusqu'à ce que l'autre eut une occasion de
venir le secourir j la scie, lorsqu'elle était poursuivie,
nageant sur l'eau en formant un grand cercle, et le
grampus plongeant lorsqu'il était |K)ursuivi à son
tour. Si le cachalot suivait la scie sur l'eau, il était
sûr de recevoir un coup assommant d'un saut du
grampus ; si celui-ci était poursuivi sous l'eau, la
scie l'y attaquait sans crainte, et comme il paraît,
avec succès, car il revenait aussitôt sur l'eau.
Le combat vint à s'éloigner de nous, le cachalot
prenant la direction de la phalange qui n'était pas à
une grande distance. Il avait été sévèrement blessé,
car l'eau qu'il renvoyait en remontant n la surface
était teinte de sang. Après cela nous ne vîmes plus
c2
80
ni !a scie ni son compagnon ; ils avaient probaMenient
abandoiint') le combat. Quelque temps api es, la
phalange des bal ines parut s^éloigner, et une demi-*
heure après on les avait entièrement perdus de
vue.
* le
t i
Dans raa première lecture, je vous ai parlé de
Torigine de la pêche et de ses dévelo|)pements gra-
duels. Je vous ai parle des muyens que les nations
maritimes ont employés pour sVm parer du poisson
et des profits qu^ils en ont retires; il me reste à
vous développer les avantages que les pêcheries du
golfe St. Laurent produiraient aux habittint> de Qué-
bec et du Canada en général, s'ils se livraient à
cette branche d industrie
Il est .-idmi< partout qu'une nation ne saurait pré-
tendre exercer dans le monde une granie influence
sans le secours d'une marine. L'Angleterre, la
France et les Etats-Unis nous en fournissent des
exemples par IVtendue de leur commerce et de leurs
colonies. £n effet. l'Angleterre n'a t elle pas des
possossions dans toutes les parties du monde. Je
dis plus: elle en a qui sont disposées de telle ma-
nière que le soleil ne se couche jamais sur elles,
c'est à dire qu'elle a des possessions contigues tout
alentour du globe. La France a aussi des colonies
en Afrique, aux Indes-Orientales et aux Indes-Oc-
cidentales ; elle en a en Amérique sous l'équateur
et dans l'Océan Pacifique. Quant aux Etats-Unis,
leur territoire est assez spacieux sur ce continent
pour qu'ils ne pensent de longtemps encore à établir
des colonies ; mais leur commerce avec toutes les
nations rivalise de bien près avec celui des deux
autres.
La puissance maritime d'un Etat se mesure sur
l'étendue de non commerce extérieur, et ce com-
merce ne peut se développer au loin que par la navi-
gation qui elle-même a besoin d'un nombreux per-
sonnel pour agrandir et multiplier ses entreprises.
Or ce personnel de choix qui compose les équipages
1
I;'
31
balilenient
api es, la
une demi-
perdus de
i parlé de
nents gra-
les nations
du poisson
le reste à
icheries du
t> de Qué-
livraient à
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e influence
leterre, la
lissent des
! et de leurs
le pas des
nonde. Je
} telle ma-
is sur elles,
iti gués tout
les colonies
Indes-Oc-
l'équateur
Etats-Unis,
continent
)re à établir
i toutes les
L des deux
mesure sur
et ce com-
rnr la navi-
ibreux per-
entreprises.
s équipages
des navires marchands, et dont l'état dispose au be-
soin pour les armements de la flotte, se tiouve tout
formé dans la population du littoral adonnée aux
pêches maritimes, ou de celle qui exploite les ri-
chesses de la mer, comme le laboureur cultive la
terre pour en retirer les produits. Ainsi la marine
de l'Etat, la marine marchande et la pêche ont en-
tre elles des rapports intimes et se prêtent un mutuel
appui. La première, c'est à dire la marine de
l'Etat, protège les deux autres et trouve dans
leur développement les forces vives qui lui sont né-
cessaires.
La pêche est en effet l'école d'apprentissage de la
navigation,, et les pêcheurs sont pour la formation
d'une marine ce que les pépinières sont pour les
grandt's plantations. Familiarisés dès l'enfance
avec l'élément sur lequel il passe la plus grande
partie de son existence, le pêcheur est mis journel-
lement à l'épreuve. Homme d'expérience et de
pratique, il sait envisager avec courage et résigna-
tion tous les dangers, toutes les vicissitudes de sa
profession, et soit que le destin le place h. bord d'un
bateau de pêche, d'un navire de commerce ou d'un
vaisseau de guêtre, sa laborieuse activité le fait
appré -iier dans toutes les situations de sa vie aven-
tureuse-
Mise en action par l'élément commercial qui lui
fait sa base, la pêche jouit du double privilège de
livrer ses produits frais à la consommation journa-
lière et de i luvoir les transporter au loin, en les
conservant par la salaison. Les avantages que l'E-
tat en retire comme augmentation de force pour le
développement de sa puissance navale, les ressour-
ces qu'elle procure aux nations maritimes, la place
au rang des industries les plus utiles et les plus dignes
d'encouragement.
Si nous n'avons point encore besoin de former
une marine d'Etat, cela n'empêche pas que nous ne
commencions par former une marine commerciale.
C'est souh ce point de vue que nous, citoyens de
32
il!
■h: pli
i
QuébeC) et nous surtout habitants de Saint-Roch
dont la prospérité ou plutôt la destinée dépend en-
tièrement de la construction des vaisseaux, nous de-
vons envisager la pêche : en l'entreprenant, nous
ouvrons la porte au développement de plusieurs
branches d'industrie inconnues jusqu'ici parmi nous;
nous procurons à notre jeunesse un débouché dont
le besoin s'est fait sentir depuis longtemps. En
formant des pêcheurs nous formerons des marins,
dont on a tant besoin, le printemps, pour monter
les navires construits ici durant l'hiver. Mais en
fesant la pêche on augmente la construction des
vaisseaux.
Dans la Nouvelle-Ecosse, une de nos sœurs colo-
nies, il ne se construit pas moins de 15.000 tonneaux
par année, pour la pêche seulement. Cette pro-
vince, dont la richesse naturelle semble consister en
grande partie dans ses pêches, exporta en 1828,
tant aux Indes-Occidentales qu'à la Grande-Breta-
gne, pour £105.000 de poisson ou plutôt de morue.
Cette même année, il y fut construit 131 vaisseaux
mesurant ensemble 15,535 tonneaux, et, terme
moyen 120 tonneaux par navire. Et on doit raison-
nablement conclure qu'allant toujours en ptogres-
sant. ils sont parvenus aujourd'hui à un chiffre d't\u
moins le double d'alors, mais n'ayant pu me pro-
curer une statistique de ses dernières opérations, je
ne puis vous en rendre un compte exact. Cepen-
dant il est évident que, chez eux, la pêche a été
le principal aliment de la construction des vais-
seaux.
Or, si j'avais été appelé à répondre aux questions
du comité de la chambre d'assemblée sur les moyens
les plus propres à protéger et à augmenter la cons-
truction des vaisseaux à Québec, voici ce que j'au-
rais répondu :
Encouragez les pêches du golfe, et la construction
des vaisseaux augmentera en proportion ;
Encouragez les pêches du golfe, et vous trouverez
chez vous un marché constant pour la plupart des
vaisseaux que vous y construirez ;
88
it-Roch
end en-
lous de-
nt, nous
liisieurs
li nous ;
hé dont
ps. En
marins»
monter
Mais en
tion des
iirs colo-
^nneaux
tte pro-
sister en
m 1828,
e-Breta-
3 morue.
aisseaux
|, terme
raison-
pcogros-
ffie d*t\u
me pro-
tions, je
Cepen-
e a été
es vais-
uestions
moyens
la cous-
ue j*au-
truction
ouverez
)art des
Encouragez les pêches du golfe, et vous vendrez
vos vaisseaux argent comptant, et partant vous pour-
rez recommencer chaque année pour votre propre
compte, au lieu de recourir aux fournisseurs à qui il
vous faut payer de 15 à 20 pour 100 pour vous pro-
curer de l'argent ;
Encouragez les pêches du golfe, et vous verrez
bientôt surgir dans le district une nouvelle branche
d'industrie agricole dans la culture du chanvre, la-
quelle devra servir a la fabrication du cordage que
vous allez chercher en Angleterre aujourd'hui, et
dont elle va elle-même chercher la filasse en Rus-
sie ;
Encouragez les pêches du golfe, et vous verrez
s'élever à l'entour de vos chantiers de vastes manu-
factures de câbles et de cordages qui vous sont si né-
cessaires, et pour l'importation desquels les construc-
teurs de vaisseaux sollicitent actuellement auprès de
la législature la remise des droits provinciaux y at-
tachés ;
Encouragez les pêches du golfe ainsi que la cul-
ture du chanvre, et bientôt vous en fournirez à l'An-
gleterre en quantité suffisante pour la rendre indé-
pendante d'une puissance qui !«ait si bien se servir
de sa supériorité lorsqu'il s'agit de traités avec ceux
qui dépendent d'elle.
J'aurais répondu enfin : Calculez à combien peu-
vent se monter les droits sur tous les articles impor-
tés pour la construction des vaisseau* à Québec, et
faites rapport à la chambre qu'il convient de disposer
de cette partie du revenu en primes à être offertes à
quiconque fera partir du port de Québec une goélette
équipée pour faire la pêche dans le golfe, et qui la
ramènera à ce port avec sa cargaison, etc., et je ga-
rantis qu'un tel élan donné par le gouvernement
pour l'encouragement des pêchts du golfe, aura l'ef-
fet de faire oublier aux constructeurs de vaisseaux,
avant peu, qu'il existe des droits sur les cordages,
etc., qui puissent en aucune manière nuire à l'exer-
cice de leur industrie.
'0
34
ii
Mais si la construction augmentait de 15,000 ton-
neaux par ann'e pour la pêche seulement, on em-
ploierait près du double du nombre de charpentiers
qui sont employés aujourd'hui. Ainsi, pourquoi re-
tarder plus loni;tem|is une entreprise qui demande si
peu de capitaux et qui promet d^avance de si beaux
résultats? Pourquoi ne commencerions-nous pas dés
ce printemps, en louant quelques goélettes, à fairo
la pêche, et l'autoinne |irochuin, avec les pro-
duits de cette pêche, nous serions eu état, j'en suis
certain, de mettre plusieurs goélettes sur les chan-
tiers. Et certes, ce serait poser les bases d'une ma-
rine, à nous aussi. Nous aurions commencé par for-
mer des matelots pour monter les un vires construits
dans nos chantiers, qui partiront bientôt de notre
port, commandés par des capitaines formés dans le
pays, grâce à la sagesse de notre gouvernement qui
a bien voulu duter notre bonne ville de Québec
d'une école de navigation qui doit s'ouvrir au prin-
temps sous la direction d\m M. Kingston que Pon a
fait venir exprès «l'Europe.
L'autre branche d'industrie liée étroitement avec
la construction des vaisseaux, et que l'on a essayé
par divers moyens, depuis plus de 30 ans, de mettre en
pratique en Canada.c'est 1 1 culture du chanvre,article|
comme je l'ai déjà dit. qui est d'une impor*ance natio-
nale pour la Grande Bretagne, laquelle est obligée do
recourir à l'étranger pour se le procurer ; c'est
pourquoi plusieurs entreprises ont été faites par le
gouvernement et par la société des arts et des
sciences en Angleterre pour en introduire la culture
en Canada.
Cependant, pour une raison ou pour une autre,
sans que Ton puisse l'attribuer à la qualité du sol
canadien, lequel est reconnu être des plus propres à
cette culture, ces esssais ont tous successivement
échoué, et tout effort subséquent, fondé sur le prin-
cipe des encouragements par l'offre de primes, a eu
le même sort.
La statistique pour le Haut-Canada montre qu'il
I
«i>
35
)0 lon-
)n em-
entiers
uoi re-
ande si
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f ; c'est
I par le
et des
culture
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I du sol
)ropres à
ivement
le prin-
es, a eu
;re qu'il
4!
a été recunilli l'année dernière 50,650 Ibs. de lin et
de chanvre, mais comme ces deux derniers articles
sont mêlés ensemble, on doit en conclure que lo
chanvre aurait foimé un très petit item sans quoi
on en aurait fait un à part. D'ailUurs 50,000 Ibs.
de chanvre nUraient pas bien loin dans le gréement
d'un 74 canons.
Parmi les principales causes qui ont fait échouer
toutes les entreprises pour promouvoir la culture de
cotte plante précieuse dans lo Bas Canada, il pa-
raîtra évident à quiconque oontiuit tant soit peu les
agriculteurs, que le grand obstacle a été le manque
d'un marché où le cultivateur pût disposer de son
chanvre à l'état brut. Il n'a été offert jusqu'ici
des prifnes que pour le chanvre en filasse, et le cul-
tivateur qui ne connaissait pas la manière de le
préparer, n osait pas entreprendre la culture d'un
article qui ne lui promettait pas un profit clair et
immédiat.
Mais en fcsant des entreprises de pêches on pourra
parer à tous ces inconvénients. Ce qu'un seul
homme n'ose entreprendre de peur de se ruiner, 10,
20, 30, 100 s'il le faut, pourront l'entreprendre, et
c'est par le moyen des associations que Ton parvien-
dra à développer toutes ces industries ; car celui
qui prend une part dans une association quelcon'^ue
ne risque qu'une très petite partie de ses épargnes ;
et qu'il gagne ou qu'il perde, sa famille n'en souffre
pas. Or dans le cas où il ne se fait pas e profit la
première année, (la société ayant eu d'abord à sur-
monter les difficultés de toute es;)èce,) elle pourra
néanmoins continuer ses opérations avec plus de
vigueur l'année suivante et partant elle prospérera.
Quant à former des sociétés la chose n'est pas si
difficile qu'on se l'imagine ; il ne s'agit que d'eu
commencer une et les autres suivront de près.
Touvez-moi d'abord un homme qui commandera la
confiance générale et je vous garantis qu'on ne man-
quera pas d'associés. Tout dépend de la confiance
que l'on repose dans celui qui se met à la tête d'une
36
rh
r
1'
nouvelle entreprise, pour en assurer la réussite ;
mais quoiqu'il me peine à le dire je dois déclarer
ici que malheureusement il y a trop de jalousie, de
méfiance et d'égoïsrae parmi nous, Canadiens, et
cela est le principal obstacle à la formation d'asso-
ciations et à l'avancement de nos hommes de ta-
lents et de génie, qui n'auraient souvent besoin
que d'un petit capital pour appuyer la base d'une
grande maison par Ih suite.
A l'appui de cet avancé, je vais vous raconter un
fait arrivé il n'y a pas longtemps et dont plusieurs
d'entre vous ont eu connaissance.
Un de nos compatriotes, et le premier charpentier
de Saint Roch qui s'avisa de construire un navire à
son pro})re compte, s'aperçoit au milieu de l'hiver
que ses fonds sont épuisés ; mais son navire est tel-
lement avancé qu'avec au plus £500 il pourra le
rachever prêt pour la mer Mais que faire 1 Faut-il
s'adresser aux fournisseurs de la Basse- Ville et leur
payer 20 par 100? Encore, comme i Canadien, a-t-il
l'espoir de réussir à obtenir de l'argent, même à ce
taux élevé 1 Mais non, il met plus de confiance
dans ses compatriotes et il va s'adresser de suite à
ceux d'entr'eux qu'il croit posséder des capitaux
oisifs ; cependant, refusé par plusieurs de ces hommes
pour qui les moyens pécuniaires ne servent qu'à
exploiter le talent et l'esprit d'entreprise, en proie à
la détresse, il trouve un de ses amis, homme géné-
reux, mais sans moyens pécuniaires, car c'est ordi-
nairement chez ceux qui ont moins de moyens que
l'on rencontre plus de sympathie et de générosité ;
il trouve un ami qui lui dit qu'il croit avoir trouvé
son affaire. Que lui-même appartient au comité
de régie d'une société qui devait s'assembler pro-
chainement ; qu'il s'adresserait aux membres de ce
comité et principalement aux marchands ; qu'il at-
tirerait leur attention sur la position d'un de ses
membres, et qu'il espérait réussir à lui trouver quel-
qu'un peur lui venir en aide.
Cette assemblée eut lieu et notre jeune philan-
1^;
37
réussite ;
5 déclarer
loiisie, de
idiens, et
on d'asso-
aes de ta-
nt besoin
lase d'une
.conter un
; plusieurs
larpentier
ti navire à
de l'hiver
ire est tel-
[ pourra le
e? Faut-il
ille et leur
dien,a-t-il
nème à ce
confiance
de suite à
} capitaux
is hommes
rvent qu'à
en proie à
ime géné-
c'est ordi-
yens que
înérosité ;
)ir trouvé
lu comité
nbler pro-
)res de ce
qu'il at-
n de ses
iver quel-
trope y développa les talents et l'esprit d'entreprise
du nouveau constructeur, qu'il nomma au comité,
exposant en même temps la gêne pécuniaire dans
laquelle il se trouvait et demandant aux membres
présents s'ils ne trouveraient pas moyen de lui pro-
curer l'argent nécessaire pour lui faire achever son
navire ; mais avant qu'il y eut aucune discussion sur
ce sujet, une voix influente du comité se lève pour
se récrier contre une telle demande, alléguant que
c'était un mauvais précédent à établir que de s'adres-
ser k ce comité pour un emprunt d'argent, que si on
l'accordait une fois, il faudrait continuer, et tous les
jours lu société se verrait obsédée par de semblables
demandes. Le comité s'aperçut que ce monsieur
n'avait pas compris la question, et personne n'osant
élever la voix après ce qui était tombé de sa bouche,
et qui avait eu l'effet de paralyser la bonne disposition
de plusieurs des membres présents en état de faire
quelque chose, et de fait, auxquels on s'adressait et
non à lui, la motion fut retirée. Force fut donc à
notre pauvre constructeur, dès le lendemain, de
risquera s'adresser aux fournisseurs de la Basse- Ville,
chez qui il réussit sans difficulté à se procurer tout
l'argent nécessaire pour achever son navire, qu'il
lança sans accident, le chargea de bois et le mena
lui-même en Angleterre où il le vendit avec assez
d'avantage pour lui permettre de continuer à bâtir.
C'est ce qu'il a fait depuis plusieurs années et il a,
à l'heure qu'il est, deux navires sur les chantiers. Je
crois tenir de source certaine que s'il ne lui arrive pas
d'accident cette année, il pourra se passer à l'avenir
de l'argent des fournisseurs, mieux qu'il s'est passé
de celui de ses compatriotes, auxquels il s'est adressé,
et qui regretteront toujours, j'en suis sûr, d'avoir
manqué l'occasion de contribuer à la réussite d'une
entreprise aussi patriotique ; car depuis que celui-ci
a commencé à bâtir, sept autres canadiens ont suivi
ses traces et l'on doit espérer qu'avant peu la cons-
truction des vaisseaux sera presqu'exclusivement
entre les mains des Canadiens. Hé ! pourquoi non ?
38
il!:
Ne sont-ils pas les plus durs à rouvrage, comme les
meilleurs ouvriers î
Quoique je vous aie signalé quelques cas d'égo-
ïsme chez nos compatriotes, il y a très-certainement
de nobles exceptions à faire : on rencontre chez nos
marchands canadiens, surtout chez ceux qui font le
commerce en gros et qui ont passé en Angleterre,
ime libéralité qui n'est surpassée par aucune autre
origine, pas même par un Anglais, dont la libéralité
dans les affaires est proverbiale ; et il est à espérer
qu'à mesure que notre industrie se développera et
que notre commerce s'étendra au dehors, notre pros-
périté augmentera et nos fortunes se fesant plus vite,
nous serons moins attachés à l'argent et partant nous
serons moins égoïstes.
Mais je m'aperçois, mesdames et messieurs, que je
me suis éloigné de mon sujet à un tel point qu'il
faudra que messieurs les musiciens me viennent en
aide, pour m'y faire revenir.
Tout est nouveau pour nous dans les entreprises
commerciales qui ont rapport à l'économie politique.
Il n'en est pas de même pour nos voisins les Améri-
cains ; ils sont bien plus avancé»? que nous en ces
matières.
Un Bostonnais rêve à la possibilité de transporter
de la glace aux Indes-Orientales, et en moins de
deux mois une société s'organise, un navire est
chargé de glace et expédié à Canton, d'où il revient
douze mois après, chargé d'une riche cargaison de
thé et de soieries qu'il rapporte eu échange pour la
glace qu'il y avait portée. Plusieurs ont suivi cet
exemple ; mais malgré la compétition, le transport
de la glace dans ces régions lointaines est encore
considéré être un commerce profitable.
En 184<4>, les charpentiers de navires du Cap-Bre-
ton unirent leuis épargnes, et, dans leurs heures de
loisir, construisirent un navire qu'ils expédièrent
dans la mer du Sud pour y faire la pêche de la ba-
leine, et 18 mois plus tard, ce navire rentrait au port,
chargé d'une riche cargaison d'huile, etc.
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39
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ie la ba-
t au port,
m
Ces exemples de l'effet des associations sont pris
au-dehors ; mais sans aller si loin, ne pourrions-nous
pas en trouver chez nous 1 Dans Québec, dans
Saint-Roch même, n'avons-nous pas des sociétés
commencées il y a à peine trois ans, qui, outre
qu'elles mettent en circulation parmi la classe ou-
vrière pas moins de £35,000 par année, offrent
encore aux actionnaires des moyens de se tirer des
griffes de leurs créanciers, en empruntant de ces
sociétés des argents qu'ils remboursent par petites
sommes et presque sans s'en apercevoir? Vous
voyez, mesdames et messieurs, que je veux vous
parler des sociétés de bâtisses établies à Québec.
Je suis orgueilleux de déclarer ici que je suis le
fondateur de la première de ces sociétés dans Qué-
bec, et que, par conséquent, je connais les difficultés
qui se rencontrent pour introduire quelque chose de
nouveau dans le public ; et pour vous en donner une
idée, je vous dirai qu'après avoir colporté ma requête
adressée à la législature, demandant un acte d'in-
corporation, pendant plus d'un mois, à peine pus-je
réussir à la faire signer par une douzaine de citoyens !
La législature, cependant, passa cet acte d'incorpora-
tion, mais je n'en étais pas au plus creux : il fallait
trouver vingt personnes qui voiiîussent apposer leurs
noms sur une feuille qui devait être déposée au
greffe du Banc de la Reine, pour organiser la so-
ciété, et je vous dirai que tout l'été de 1849 s'écoula
avant que je pusse parvenir à compléter cette liste,
tant l'indiff'érence était grande pour entrer dans une
association dont on ne connaissait pas les avantages ;
cependant, la société s'est formée, et au lieu de 600
souscripteurs sur lesquels on comptait pour ga-
rantir les frais de gestion, on vit, dès le mois de
février suivant, nos souscripteurs se monter au
nombre de 1700, et en même temps une autre so-
ciété du même genre s'organisa, dont le chiffre ex-
cède 1100.
Ainsi, vous conviendrez qu'avec de la persévérance
on vient à bout de tout, et je ne désespère pas qu'a-
40
près vous avoir développé les différents moyens des
associations en commandite, il ne s^en formera pas
deux OH trois seulement, mtiis qu'une fois Pélan
donné, il s'en formera une dans chaque rue de Saint-
Roch ; chacun voudra avoir sa société, tant les pro-
fits sont grands.
On peut former pour les fins de la pêche des socié-
tés dont les fonds seront plus ou moins grands pour
commencer ; par exemple, avec un capital de X4fOO
on peut louer trois goélettes, les équiper et les en-
voyer pêcher ; avec £600 ou £700 on pourra en
construire une et l'équiper. Si le capital est plus
grand, on en construira deux, trois, etc. ; mais dans
tous les cas il sera facile d'en louer une et de l'équi-
per. Voyons maintenant les moyens de lever des
fonds pour former ces sociétés ; je les range au nom-
bre de quatre :
1° Par souscription périodique en argent ;
2^ Par souscription en marchandises, par les mar-
chands et autres industriels ;
3® Par le travail des mains ;
4*^ Par souscription mensuelle, sur le plan des so-
ciétés de bâtisses.
La première, par souscription en argent, n'a pas
besoin de commentaire ; celui qui se portera action-
naire pour un certain nombre de parts, s'engagera de
payer ses installcments à l'appel des directeurs,
comme dans les associations ordinaires.
La deuxième par souscription par les marchands
et autres industriels, en objets de leur négoce.
Il ffxut d'abord considérer que l'argent ne repré-
sente que les commodités de la vie et quiconque pos-
sède tous les commodités n'a peu ou point besoin
d'argent. L'ouvrier qui travaille le fait pour se pro-
curer, ainsi qu a sa famille, ces commodités, et soit
qu'il reçoive au jour de paye, pour son salaire, un
louis d'or, un billet de banque ou un coupon quelcon-
que qu'il pourra échanger pour des objets dont il
aiiitt besoin tant pour la vie que pour l'habit, durant
la semaine suivante, il sera satisfait. Or, si un mar*
41
3 au nom-
chand, un épicier, un boulanger, un boucher, un cor<
donnier, un tailleur ou tout autre négociant, prenaient
chacun des parts à uu certain montant, payable avec
les objets de leur négoce, il devrait s'établir une
compétition entr'eux qui faciliterait le marché d*un
papier-monnaie que cette même société mettrait en
circulation pour payer les ouvriers employés dans
ses chantiers. Ainsi une société qui ne réaliserait
pour commencer que 25 OIq en argent pourrait en
émettant des bons négociables chez les actionnaires
industriels, conduire ses opérations avec le même
avantage que si c'eût été en argent, et avec plus
d'avantage que si elle eût été obligée de se procu-
rer de l'argent des comtiers de Québec, qui fournis-
sent aux constructeurs de vaisseaux à 18 et 20 OIq
d*intérêt.
Le troisième moyen d'association est par le travail
des moins.
C'est par ce moyen que l'on parviendra à inté-
resser toutes les classes de la société dans l'entre-
prise ; vieux ou jeune, riche ou pauvre, charpentier
ou menuisier, matelot ou pêcheur, tous devront
avoir un intérêt selon leurs moyens et la nature
des service» qu'ils rendront à la société : le riche mi
plaçant dans l'entreprise ses fonds ; le pauv]fe et
l'ouvrier en travaillant, lorsque l'ouvrage lui man-
quera ailleurs; dans le chantier dé la compagnie ;
et les matelots et pécheurs en travaillant et péchant
à la part, comme cela se pratique chez les pêcheurs
Américains.
Je vais maintenant essayer de développer plus
clairement mon projet par un exemple: i - ^ j
Je sup|iose qu'une société s'organise dès à pressât
avee un capital dé j6400 et qu'il soit équipé trois
goëletter jaugeant chacune 60 tonneaux que l'on
devra louer pocnr la saiscm, c'est à dire du premier
jnin au 15 septembre : x'^haque goélette devra con-
tenir quatre okrgeé' avec les lignes, hameçons «t
antres petits làgrés complets ;; elle devra em|»oi^er
lea planches «t les bois nécessaires pour oovstru^e
d2
tô
les chauiTauds et le hangard pour faire sécher la
morue et pour la mettre à Tabri quand elle sera
faite. Chaque goélette devra emporter son sel et
ses quarts vides pour y mettre l'huile qui s'y fera.
C'est là que l'on pourra manufacturer de belle huile
de foi de morue tant recherchée aujourd'hui pour
les rhumes et les maladies de poumons. Il ne s'a-
girait que de mettre à bord deux chaudières de ca-
pacité suffisante pour faire cette huile au feu, c'est
 dire au bain-marie au lieu de la faire au soleil
comme elle se fait ordinairement et l'on obtiendrait
la plus belle et la meilleure huile que Pon se soit
procuré jusqu'ici, attendu que la morue est beaucoup
plus grasse au Labrador qu'elle ne l'est sur les côtes
de la Baie des Chaleurs.
Le nombre d'hommes à bord de chaque goélette
serait d'au moins 10, dans la supposition que les pê-
cheurs feraient le devoir de matelots à bord. Mais
si l'on destinait les goélettes à voyager tandis que
se ferait leur cargaison, il faudrait y ajouter 5 hom-
mes de plus, y compris le capitaine, comme on le
verra tout à l'heure.
Pour se procurer des pêcheurs pour la première
année, il ne faudra que s'adresser à Saint-Thomas et
au Cap St. Ignace d'où il ne part pas au printemps
moins de 1000 pêcheurs pour aller se louer au La-
brador et à la Baie des Chaleurs. On pourrait aussi
se procurer des goélettes à louer de ces endroits et
mon ami M. Bossé, avocat, auquel je suis redevable
pour la plus grande partie de ces renseignements,
m'a assuré que presque toute la paroisse du Cap
était composée! de pêcheurs qui étaient en même
temps aussi bons marins qu'ils étaient bons pé-
cheurs, et qu'ils connaissaient les meilleurs endroits
de pêches; ainsi cette société ne pourrait faire
mieux que de s'adresser directement à ces paroisses
pour se procurer le personnel dont la compagnie au-
rait besoin [luiir cette première année. L'abon-
dance de la luoiiie est telle le long de la côte depuis
les Sept-Isles jusqu'au Blanc Sablon, que souvent
*
43
l'on marche à mi-jambe dans celle qui a été jetée
au plein par la tempête. On la pêche ordinairement
à 10 arpents de terre, mais jamais plus éloigné que
deux lieues, tandis qu^à la Baie des Chaleurs on ne
pêche pas plus près que 3 lieues et on s'éloigne jus-
qu'à 5 et 6 lieues. C'est pourquoi les Américains
désirent tant de changer le traité de 1818, de ma-
nière à obtenir la permission de pêcher plus près de
terre. Ainsi par cette facilité de pêcher près de
terre, les barges font deux voyages sur les fonds
par jour et ils en reviennent avec une charge com-
plète.
Je vous ai donné, dans ma première lecture, une
idée sur la manière dont on prépare le poisson, et
ainsi vous voudrez bien me disspenser de le répéter ;
j'ajouterai cependant qu'il faut de quinze jours à
trois semaines, dar'^ les beaux temps, pour faire
sécher le poisson, et dans trois mois on complète la
cargaison qu'une goélette de 60 tonneaux, ou environ
1000 quintaux avec quatre barges pêcheuses.
La morue que l'on fait au Labrador est bien su-
périeure à celle de la Baie des Chaleurs, pour le
commerce de Québec et du Haut-Canada, en ce
qu'elle n'est pas aussi sèche et qu'elle est bien plus
blanche ; elle est réputée de première qualité, quoi-
que toute ne soit pas aussi propre au commerce des
Isles que celle de la Baie des Chaleurs, qui est plus
sèche. Elle s'est vendue, dit-on, 20 schellings,
l'automne dernier, pour le Haut-Canada qui en fait
une dépense considérable, et qui nous fournirait un
marché pour tant que l'on eût besoin d'en exporter
ailleurs.
Je vais maintenant vous donner un aperçu de ce
que coûterait, à peu près, l'armement d'une goëlelte
de 60 tonneaux pour la première année, car les
barges et le bois pour le hangar et fur les chauf-
fauds devront servir pour plusieurs années, s'ils ne
sont point volés.
44
armement par goélette,
4 barges à JSIO
Lignes et agrès par homme, 20|,
40 quarts vides i)Our riiiiile. 2|6,
100 barriques de sel à 5(,
14 quint, de biscuit à 22[,
5 quarts de lard, p. mess 80[,
6 minots de pois 5[,
2^ gallons de mélasse 2[,
64 Ibs. beurre T^d,
Planches et bois
Douceurs
dont il convient d'escompter environ
JB40 pour le coût des barges, d'une
partie des agrès et des bois pour la
2e année, disons
£40 0
0
10 0
0
5 0
0
25 0
0
15 18
0
20 0
0
1 10
0
2 0
0
2 0
0
10 0
0
1 15
0
^£132 13
0
33 0 0
Frais d'armement,, . . . £90 0 0
Ainsi, la première année, l'armement d'une goé-
lette de 60 tonneaux coûtera £133, et la seconde
dB90, à quoi il convient d'ajouter les gages de l'équi-
page et le louage de la goélette, qui ne seront
payables qu'au retour du voyage, savoir :
Capitaine, £6 par mois, 100 jours... » JS20
Pêcheurs 9, je3 do 94
Louage de la goëlette, 30{ par jr. . . . 150
Assurance de la cargaison > " 6
0
0
10
0
0
0
0
0
m
l!i
if-a
IJSI
w
1^
Rapporté — Frais d'armement.
Dépense de l'expédition totale.
'(!;■; i,
£270 10 0
133 0 0
J6403 10 0
L'armèhiieht ètlëà fràiîl 4'ûti Voyiigô de ceÀt jodrs
' auront donc coûté £403 13 0, disons, somdle ronde,
£400 0 0, maison ne devrait compte* qbe £3^60
pour les années qui suivront la préziliè^e. Màià en
45
fesant pécher les hommes au cent, à 1 sch. du cent»
après avoir acquis un peu d'expérience, on sauve-
rait ail moins JG25 pur goélette.
Calculons maintenant !e prodp'' de la pêche :
1000 quint, de morue, belle et blanche, comme on
la fait au Labrador, se vendront au moins 12s 6d x)ar
quint je562 lo' 0
40 quarts d'huiie à 5s 100 0 0
Produit de la vente je652 10 0
Dépenses rapportées 403 10 0
Profit net par goëlette je259 0 0
et supposant qu'on ait loué trois goé-
lettes ?,ette î nnée, on aura donc un
prof.tiiet, cet automne, de 777 0 0
et notre capital n'aura été que de JG133 par goëlette
ou J6399 pour les trois goélettes ; ainsi on aura fait
un profit de près de 200 par 100, car le capital em-
ployé n'a été que de JE 133 par goëlette.
Maintenant avec nos JE777 de profit, dont chaque
actionnaire devra se réjouir et ne pas viser à de-
mander de dividende pour le présent, on pourra
mettre au moins deux goélettes sur les chantiers et
même trois, et voici comment :
Comme on n'a pas encore de terrain à nous appar-
tenant pour y construire, on s'arrangera avec des
marchands de bois, MM. Andersen & Paradis, par
exemple, qui ont un grand terrain et beaucoup de
bois de construction toujours en mains, pour qu'ils
nous permettent de construire chez eux, à condition
que nous achèterons notre bois d'eux, et nous voilà
avec un arsenal où nous commencerons, avec un
maître et trois ou quatre charpentiers, à préparer le
bois et mettre en couche nos deux goélettes, lais-
sant la porte ouverte à tout charpentier dés-
œuvré qui voudra travailler aux prix des autre>
charpentiers, en laissant le quart ou la moitié de
ses gages, suivant la convention, enferme de sous-
cription, laquelle lui profitera dans la société, en
é»
proportion de sa mise. Mieux aura valu à ce char-
pentier de travailler six jours pour n'en retirer que
trois que de rester à ne rien faire toute la semaine.
En parlant de charpentiers» dans le cas précédent,
j'entends parler des pères de famille qui souvent ne
gagnent que le nécessaire pour le soutien de leurs
familles.
IMais il y a une autre classe c^e charpentiers et
d'ouvriers à laquelle je vais m'adresser, et je suis
convaincu d'avance que celle-ci s'empressera de ré-
pondre à l'appel que je vais lui faire ; c'est des
garçons que je veux parler. Oui, c'est cette jeu-
nesse active et industrieuse, qui gagne de bons
gages, et qui, n'ayant pas, comme le père de fa-
mille, à soutenir une maison, peut faire des épar-
gnes, et c'est elle qui pourra le mieux se former
en société et remplir ses engagements. Chaque
corps de métier pourra former sa société en adop-
tant le plan des sociétés de bâtisse, c'est à dire, en
payant leur souscription à la semaine ou au mois.
En effet, quel est le jeune ouvrier qui ne pourrait pas
économiser im écu par semaine ? Y en a-t-il un
dans cette assemblée qui pourra me dire le con-
traire et donner des raisons pour prouver comment
il lui serait plus difficile de payer 10s par mois pour
une association semblable qu'il ne pourrait le faire
pour un loyer qu'il est obligé de prendre en se ma-
riant. Cela est tout simple ; personne ne peut
avoir des raisons à offrir contre cet avancé que vous
pourriez épargner 10s par mois tant que vous serez
garçons. Eh bien ! je vais prouver que vous devez
épargner ces 10s par mois, si vous voulez commen-
cer la fondation d'un établissement ; si vous voulez
enfin parvenir à vous marier avec une perspective
d'élever une famille dans l'aisance j car il en
coûte pour élever une famille, et que l'on soit
riche ou pauvre, il faut que la famille s'élève.
Mais si on dépense tout son gagne étant garçon,
et qu'on se marie avec rien, il faut travailler
bien plus fort quand on est marié pour prendre le
47
dessus, que si on s'était formé un petit revenu étant
garçon.
Mais vous allez me dire que, parler de mariage,
ce n'est pas faire la pêche dans le golfe ; mais j'ai'
merais tant à voir partir l'exploitation de cette pê-
che du golfe, que je ne sais presque à quel saint me
recommander pour vous convaincre de la nécessité
où l'on est et la facilité que l'on a de l'entreprendre ;
et sans quelques digressions qui ont mis en cause
tantôt le gouvernement et les membres de la cham-
bre, tantôt les égoïstes, et tantôt les garçons, je
croi^;, ma foi, que le poisson que je vous offrais au-
rait été si sec, que vous auriez chassé loin de vous
l'idée d'aller jamais faire la pêche.
Qu'un nombre indéterminé s'associe, inscrive
d'abord son nom sur un livre qui sera déposé quel-
que part, et lorsque l'on en aura un nombre suffi-
sant, on convoquera une assemblée générale des
souscripteurs pour s'organiser en nommant un bu-
reau de direction. Bien entendu qu'un bill d'in-
corporation au ru au préalable été obtenu ; c'est une
démarche actuellement en train, et il n'y a pas de
doute que le bill passera cette session. Il sera en-
suite nommé un comité pour préparer des règle-
ments, lesquels devront être soumis à une assem-
blée subséquente, convoquée à cet effet, et voilà la
société organisée.
La valeur des parts devrait être le plus bas pos-
sible, afin de procurer à tous les moyens d'y sous-
crire.
Aucun nombre de souscripteurs qui souscrira au
montant de J6140, pourra s'organiser en société et
aura le moyen d'équiper une goélette pour l'envoyer
pêcher.
Soixaate individus (garçons) qui s'associeraient,
avec l'engagement de payer 10s. par mois durant
un an seulement, pourraient, au bout de l'année,
équiper trois goélettes, et le retour de ces trois
goélettes leur rapporteraient à chacun pour les £S
qu'ils auraient payés un profit net d'au moins £12 j
48
ïr
Mi
5 \
et en continuant leurs opérations, comme je l'ai dé.
montré plus haut, c'est-à-dire en employant ces
profits à construire des goëlettes et les envoyer pé-
cher, les profits devront être plus grands que la pre-
mière année, et en laissant cumuler ces profits du-
rant 4 ou 5 ans sans réclamer de dividende, la part
de chacun vaudrait au bout de 5 ans, je n'ose le
dire, craignant de vous surprendre ; mais pourtant
mon calcul est correct. Eh bien, chaque part vau-
drait Je648, pour seulement 10s. par mois qu'un
garçon aurait dérobé à ses menus plaisirs pendant
un an !
Un charpentier qui aurait travaillé dans les chan-
tiers d'une société durant l'hiver, et qui aurait laissé
15s. à la société, retirerait au bout do 5 ans, 243
piastres. Mais, direz-vous, c'est impossible ; une si
petite somme ne peut pas produire autant ! Et moi,
je dis oui, et je le prouve : semez un seul grain de
blé ce ()rintemps, il vous rapportera à part le maître
brin plusieurs tiges portant chacun un épi, disons 4
épis ; que chaque épi contienne 25 grains de blé,
voilk tout de suite 100 grains de blé pour un an.
Eh bien ! semez vos 100 grains de blé l'année sui-
vante, vous aurez raison d'en espérer le même pro-
duit, et vous recueillerez 100 fois 100 grains, c'est-
à-dire 10,000; et ainsi, en multipliant par 100 le
produit de chaque année, on pourrait, en moins de
25 ans, acheter le plus grand empire du monde.
Vous voyez donc que quand on met toujours et qu'on
ne retire rien, ça va aussi vite que quand on prend
toujours et que l'on ne met rien.
Mesdames et messieurs, je crains de vous avoir
fatigué, pis encore, je crains de vous avoir ennuyé ;
si, au contraire, j'ai réussi à me faire comprendre,
je réussirai, j'en suis sûr, à voir accomplir le rêve
des derniers vingt ans de ma vie ; celui de ^oir
commencer l'exploitation des pêches du golfe, par
les citoyens de Québec, sur un grand pied ; je ver-
rai exploiter des mines mille fois plus riches et infi-
niment plus durables que les mines aurifères de
49
PAustralie et de la Californie où toutes les nations
émigrent à l'heure quMl est ; où celui qui peut réa-
liser un capital sufHsant pour payer son passage, va
chercher une fortune imaginaire, où la plupart n'y
trouve que la misère et plus souvent encore la
mort. Airôtez, chercheurs d'or, arrêtez ! n'allez pas
courir aux antipodes pour chercher ce qui est tout
trouvé, et qui est à votre porte ! ne vendez pas votre
propriété et votre ménage pour payer votre passa^çe
en Australie! Réalisez seulement £6; placez-les
dans une société do pèches ; continuez à exercer
ensuite votre industrie, ici, comme de coutume;
laissez couver vos fonds dans la société que vous au-
rez jointe, et en 15 ans vous pourrez compter avec
celui des plus heureux qui sera revenu de l'Austra-
lie, s'il en revient jamais un.
Enfin, si je réussis à faire exploiter les pèches du
golfe en proportion de l'enthousiasme que vous ma-
nifestez par vos applaudissements répétés, je pour-
rai dire avec le bonhomme Siméon JSTvnc dimittis,..
FIN,
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