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Photographie
Sciences
Corporation
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(716) «73-4303
CIHM/ICMH
Microfiche
Séries.
CIHIVI/ICIVIH
Collection de
microfiches.
Canadian Instituta for Hiatorica) Microraproductiona / Inatitut canadian da microraproductiona hiatoriquaa
J
1
iV
Technical and Bibliographie Notas/Notas tachniquas at bibiiographiquas
Tha Institute bas attamptad to obtain tha baat
original copy availabla for filming. Faaturaa of thia
copy which may ba bibliographicaliy uniqua,
which may aitar any of tha imagaa in tha
raproduction. or which may aignificantly changa
tha uaual mathod of filming. ara chackad balow.
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Colourad covara/
Couvartura da eoulaur
I I Covara damagad/
Couvartura andommagéa
Covara raatorad and/or laminatad/
Couvartura raatauréa at/ou palliculéa
Covar titia miaaing/
La titra da couvartura manqua
Colourad inapa/
Cartaa géographiquaa an eoulaur
Colourad ink (i.a. othar than blua or black)/
Encra da eoulaur (i.a. autra qua blaua ou noira)
Colourad plataa and/or illuatrationa/
Plancbaa at/ou illuatrationa tn eoulaur
Bound with othar matarial/
Rallé avac d'autraa doeumanta
r~y\ Tight binding may cauaa ahadowa or diatortion
along intarior margin/
Laroliura sarréa paut eauaar da l'ombra ou da la
diatoraion la long da la marga intériaura
Blank laavat addad during raatoratlon may
appaar within tha taxt. Whanavar poaaibla, thaaa
hava baan omittad from filming/
Il sa paut qua cartainaa pagaa blanchaa ajoutéaa
(ors d'una raatauration apparaiaaant dana la taxta.
mais, lorsqua cala était possibla. cas pagaa n'ont
paa été filméas.
L'Institut a microfilmé la maiilaur axamplaira
qu'il lui a été possibla da sa prosurar. Les détails
da cat axamplaira qui sont paut-étra uniquas du
point da vua bibiiographiqua, qui pauvent modifier
una image reproduite, ou qui peuvent exiger une
mcJIfication dana la méthode normale de filmage
sont indiqués ci-dessous.
Thec
to thi
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Colourad pages/
Pages da couleur
Pagaa damagad/
Pagaa endommagées
Pages restored and/or laminatad/
Pages restaurées et/ou pelliculées
Pages discoioured, stainad or foxed/
Pages décolorées, tachetées ou piquées
Pagaa datachad/ '
Pages détachées
0Showthrough/
Transparence
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Qualité inégala da l'impression
Ineludes supplementary matériel/
Comprend du matériel supplémentaire
Only édition availabla/
Seule édition disponible
Pagaa wholly or partially obscurad by errata
slips, tissues. etc., hava been refilmed to
ensure the best possible image/
Les pages totalement ou partiellement
obscurcies par un feuillet d'errata, une pelure,
etc., ont été filmées é nouveau de façon é
obtenir la meilleure image possible.
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Additional commenta:/
Commentaires supplémentaires:
Lsi pages f roiuéM psuvsnt cauMr do la dïitorsion.
This item Is filmed at tha réduction ratio chacked below/
Ce document est filmé au taux da réduction Indiqué ci-dessous.
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The copy filmed hère has been reproduced thanks
to the generosity ol:
. Seminary of Québec
■^'V;;: Librery
The images appearing hère are the beat qîiallty
possible considering the condition and legibiiity
of the original copy and in keeping with the
filming contract spécifications.
Original copies in printed paper covers are filmed
beginning with the front cover and anding on
the last page with a printed or iiiustrated impres*
sion. or the back cover when appropriate. AH
other original copies are filmed beginning on the
first page with a printed or iiiustrated impres-
sion, and ending on the last page with a printed
or iiiustrated impression.
L'exemplaire filmé fut reproduit grâce à la
générosité àr.
Séminaire de Québec
Bibliothèque
Les images suivantes ont été reproduites avec le
plus grand soin, compte tenu de la condition et
de la netteté de l'exemplaire filmé, et en
conformité avec les conditions du contrat de
fiimage.
Les exemplaires originaux dont la couverture en
papier est imprimée fo.nt filmés en commençant
par le premier plat et en terminant soit par la
dernière page qui comporte une empreinte
d'impression ou d'illustration, soit par ie second
plat, selon le cas. Tous les autres exemplaires
originaux sont filmés en commençant par la
première page qui comporte une empreinte
d'impression ou d'illustration et en terminant par
la dernière page qui comporte une telle
empreinte.
The last recorded frame on each microfiche
shail contain the symbol -^>(meaning "CON-
TINUED"). or the symbol Y (meaning "END"),
whichever applies.
Maps, plates, charts, etc., may be filmed at
différent réduction ratios. Those too large to be
entireiy included in one exposure are filmed
beginning in the upper ieft hand corner, left to
right and top to bottom, as many frames as
required. The foiiowlng diagrams iiiustrate the
method:
Un des symbples suivants apparaîtra sur la
dernière image de chaque microfiche, salon le
cas: le symbole — ^ signifie "A SUIVRE", ie
symbole V signifie "FIN".
Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être
filmés à des taux de réduction différants.
Lorsque le document est trop grand pour être
reproduit en un seul cliché, il est filmé é partir
de l'angle supérieur gauche, de gauche è droite,
et de haut en bas. en prenant le nombre
d'images nécessaire, lies diagrammes suivants
illustrent la méthode.
1
2
3
1
2
3
4
5
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HISTOIRE NATURELLE
DE BUFFON.
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HISTOIRE N
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classée par ordres,
d'après le système de
AVEC LES CARACTÈRES GÉNÉRIQUES
et la nomenclature Linnéenne;
Far RENÉ-RICHARD CASTEL , auteur du poëme
des Plantes»
NOUVELLE
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UE L'IMPRIMERIE DE CHAPELET.
A PARIS,
Chez D^TERYiLLE, lue du Battoir; u^ 16.
AN X — 1802.
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HISTOIRE NATURELLE
DES OISEAUX.
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XXVII le GENRE.
LE CANARD, a n a s.
' *" (Bec dentelé.)
Caractère générique : bec onguiculé |
garni de dentelures membraneuses.
L E C Y G N E.
XJANStoutesociëtéySoitdesanimauX)
soit des hommes 9 la violence £t les
tyrans , la douce autorité fait les rois :
le lion et le tigre sur la terre, l'aigle et
Oiseaux. YI. 1
1^
t • *"■'%-..
■
WÊ' histoire KAtUlLELLB
le vautour dans les airs , ne régnent
que par Tabus de la force et par la
cruauté , au lieu que le cygne règne
sur les eaux à tous les titres qui fon«
dent un empire de paix y la grandeur ^
la majesté ^ la douceur , avec des puis*
sances y des forces y du courage et la
volonté de n'en pas abuser , et de ne
les employer que pour la défense : il
sait combattre et vaincre sans jamais
attaquer; roi paisible des oiseaux d'eaU|
il brave les tyrans de l'air : il attend
Taigle sans le provoquer^ sans le crain-
dre ; il repousse ses assauts, en oppo-
santà ses armes la résistance de ses plu-
mes et les coups précipités d'une aile
vigoureuse qui lui sert d'égide y et
souvent la victoire couronne ses ef-
forts. Au reste , il n'a que ce fier enne*
mi ) tous les oiseaux de guerre le res-
pectent, et il est en paix avec toute la
nature ; il vit en ami plutôt qu'en roi
au milieu des nombreuses peuplades
des oiseaux aquatiques, qui toutes sem j
,.',
1 ^ . ^ i'-
"1
DVCANARD. 3
blent se ranger sous sa loi; il n^estque
le chef, le premier habitant d'une ré-
publique tiranquille j où les citoyens
n'ont rien à craindre d'un mattre qui
ne demande qu'autant qu'il leur ac-
corde, et ne veut que calme et liberté.
Les grâces de la figure, la beauté de
la forme répondent , dans le cygne , à
la douceur du naturel ; il platt à tous
les yeux, il décore, embellit tous les
lieux qu'il fréquente ; on l'aime , on
l'applaudit, on l'admire; nulle espèce
ne le mérite mieux ; la nature en effet
n'a répandu sur aucune autant de ces
grâces nobles et douces, qui nous rap«
pellent L'idée de ses plus charmans ou-
vrages ; coupe de corps élégante, for-
mes arrondies , gracieux contours ^
blancheur éclatante et pure, mouve-
mens flexibles^ et ressentis , attitudes
tantôt animée^, tantôt laissées dans
un mol abandon , tout dans le cygne
respire la volupté, l'enchantement que
nous font éprouver les grâces et la
■■ il
n
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Ait.*
»ii«,»--«..'if:.,_
4 HISTOIRE NATURELLE
beauté ; tout nous ^annonce , tout le
peint comme Poiseau de Tamour, tout
justifie la spirituelle et riante mytholo-
gie 9 dVvoir donné ce charmant oiseau
pour père à la plus belle des mortelles.
A sa noble aisance^ à la facilité^ la
liberté de ses mouvemens sur l'eau y
on doit le reconnoitre, non-seulement
comme le premier des navigateurs ai-
lés, mais comme le plus beau modèle
que la nature nous ait offert pour Part
de la navigation. Son cou élevé et sa
poitrine relevée et arrondie, semblent
en effet figurerla proue du navire fen-
dant Ponde; son large estomac en re-
présente la carène , son corps penché
en avant pour cingler , se redresse à
rartière et se relève en poupe; la queue
est un vrai gouvernail ; les pieds sont
de larges rames , et ses grandes ailes
demi-ouvekrtes au vent et doucement
enflées , sont les voiles qui poussent
le vaisseau vivant^ navire et pilote à-
'Il
'•»-vSJ
1^1
D U C A W A R D. 5
Fier de sa noblesse, jaloux de sa
beauté y le cygne semble faire parade
de tous ses avantages ; il a Pair de
chercher à recueillir des suffrages , à
captiver les regards, et il les captive en
effet, soit que voguant en troupe, on
voie de loin , au milieu des grandes
eaux , cingler la flotte ailée , soit que
8*en détachant et s^approchant du ri-
vage aux signaux qui Rappellent , il
vienne se faire admirer de plus près y
en étalant ses beautés, et développant
ses grâces par mille mouvemens doux ^
ondulans et suaves.
Aux avantages de la nature, le cygne
réunit ceux de la liberté ; il n'est pas
du nombre de ces esclaves que nous
puissions contraindre ou renfermer ;
libre sur nos eaux, il n'y séjourne, ne
s'établitqu'enyjouissantd'assezd'indé-
pendance pour exclure tout sentiment
de servitude et de captivité; il veut à
son gré parcourir les eaux , débarquer
aurivage^ s^éloignerau large ou venir |!
y-
r
^iTk
6 HTStOIRB NATURELLl!
longeant la rive^ s'abriter sur les bordsy
se cacher dans les joncs ^s'enfoncer dans
les anses les plus écartées ^ puis quitter
sa solitude, revenir àla société, et jouir
du plaisir qu'il paroit prendre et goû-
ter en s'approchant de l'homme, pour-
vu qu*il trouve en nous ses hôtes et ses
amis, et non ses maîtres et ses tyrans.
Chez nos ancêtres, trop simples ou
trop sages pour remplir leurs jardins
des beautés froides de l'art en place des
beautés vives de la nature , les cygnes
étoient en possession de faire l'orne-
ment de toutes les pièces d'eau ; ilsanî-
moient, égayoient les tristes fossés des
châteaux , ils décoroient la plupart des
rivières, et même celle de la capitale;
et l'on vit l'un des plus sensibles et des
plus aimables de nos princes mettre au
nombre de ses plaisirs , celui de peu-
pler de ces beaux oiseaux, les bassins
de ses maisons royales : on peut encore
jouir aujourd'hui du même spectacle
Aur les belles eaux de Chantilly, où les
i
BUCANABD. y
cygnes font un des ornemens de ce lieu
vraiment délicieux^ dans lequel tout
respire le noble goût du maître.
Le cygne nage si vite y qu'un homme
marchant rapidement au rivage^ a gran-
de peine à le suivre. Ce que dit Albert^
qu'il nage bien ^ marche mal et vole
médiocrement , ne doit s'entendre ^
quant au vol, que du cygne abâtardi
par une domesticité forcée ; car , libre
sur nos eaux et sur-tout sauvage, il a le
vol très-haut et très-puissant ; Hésiode
lui donne i'épithète à^ altivolans\ Ho-
mère le range avec les oiseaux grands
voyageurs, les grues et les oies; et Plu-
tarque attribue à deux cygnes ce que
Pindare feint des deux aigles que Ju«
pi ter fit partir des deux côtés opposé»
du monde, pour en marquer le milieu
au point où ils se rencontrèrent.
Le cygne, supérieur en tout à l'oie ^
qui ne vit guère que d'herbages et de
graines,sait8e procurer une nourriture
plus délicale et moins commune; il rus»
8 HISTOIRE NATUKELLS
sans cesse pour attraper et saisir du
poisson; il prend mille attitudes diffé-
rentes pour te succès de sa pêche , et
tire tout davantage possible de son
adresse et de sa grande force; il sait évi-
ter ses ennemis ou leur résister ; un
vieux cygne ne craint pas dans l'eau le
chien le plus fort; son coup d'aile pour-
roit casser la jambe d'un homme, tant il
est prompt et violent; enfinil paroi t que
le cygne ne redoute aucune embûche,
aucun ennemi , parce qu'il a autant de
courage que d'adresse et de force.
Les cygnes sauvages volent en gran-
des troupes, et de même, les cygnes do«
mestiques marchent et nagent attrou-
pés; leur instinct social est en tout très-
fortement marqué. Cet instinct,le plus
doux de la nature^ suppose des mœurs
innocentes, des habitudes paisibles, et
ce naturel délicat et sensible qui sem-
ble donner aux actions produites par
ce sentiment, l'intention et le prix des
qualités morales. Le cygne a, deplusy
i
) À
\ ■
DU CA17AIID. ' f
Tavantage de jouir jusqu'à un âge ex*
trêmement avancé y de sa belle et douce
existence ; tous les observateurs s'ac-
cordent à lui donner une très-longue
vie ; quelques-uns même en ont porté
la durée jusqu'à trois cents ans; ce
qui sans doute est fort exagéré : mais
Willulghby ayant vu une oie, qui, par
preuve certaine , avoit vécu cent ans y
n'hésite pas à conclure de cet exemple^
que la vie du cygne peut et doit être
plus longue , tant parce qu'il est plus
grand, que parce qu'il faut plus de>
temps pour faire éclore ses œufs, l'in-
cubation dans les oiseaux répondant
au temps de la gestation dans les ani-
maux, et ayant peut-être quelque rap-
port au temps de l'accroissement du
corps , auquel est proportionnée la du-
rée de la vie : or le cygne est plus de
deuxansàcrottre ; et c'est beaucoup,
car,dans les oiseaux, le développement
entier du corps est bien plus prompt que
dans les animaux quadrupèdes.
Oiseaux. YI. a
\ ■'-
/-.
^r.
10 HISTOIRE VATUIIELLE
La femelle du cygne couve pendant
six semaines au moins; elle commence
à pondre au mois de février : elle mety
comme Poie y un jour d'intervalle en-
tre la ponte de chaque œuf; elle en pro«
duit de cinq à huit, et communément
six ou sept; ces œufs sont blancs et
oblongs , ils ont la coque épaisse et sont
d'une grosseur considérable; le nid est
placé tantôt sur un lit d'herbes sèches
au rivage, tantôt sur un tas de roseaux
abattus , entassés et même ilottans sur
l'eau. Le couple amoureux se prodigue
les plus douces caresses, et semble
chercher dans le plaisir les nuances de
la volupté ; ils y préludent en entrela*
çant leurs cous ; ils respirent ainsi l'i-
vresse d'un long embrassement ; ils se
communiquent le feu qui les embrase,
et lorsqu'enfin le mâle s'est pleinement
satisfait , la femelle brûle encore ; elle
le suit,l'excite,l'enflamme de nouveau,
6t finit par le quitter à regret pour aller
¥r*y*s^
ii Pi-
DU CANARD. 11
éteindre le reste de ses feux en ^ la-
vant dans Peau.
Les fruits d^amours si vives sont ten-
drement chéris et soignés; la mère re-
cueille nuit et jour ses petits sous ses
ailes , et le père se présente avec intré-
pidité pour les défendre contre tout as-
saillant ; son courage dans ces momens
n^est comparable qu'à la fureur avec
laquelle il combat un rival qui vient le
troubler dans la possession de sa bien*
aimée; dans ces deux circonstances ^
oubliant sa douceur , il devient féroce
et il se bat avec acharnement (i); sou«
(i) La Charente a son commencement et
sources de deux fontaines , l'une nommée
charannat, et l'autre l'admii
vrey lesquelles y rangées ej
donnent être etnom à la
sont-elles un vrai repc
nombre de cygnes qua^
l'oiseau le plus noble ,
plus familier de tous auti
res ; il est vrai qu'il est
cqj^ie quand il est irrité \ 'ce
>.
\
l-a HISTOIRE NATURELLE
vent un jour entier ne suffit pas pour
vider leur duel opiniâtre : le combat
commence à grands coups d'ailes , con-
tinue corps à corps y et finit ordinaire-
ment par la mort d'un des deux | car
ils cherchent réciproquementàs'étouf*
fer en se serrant le cou et se tenant par
force la tête plongée dans l'eau^ ce sont
vraisemblablement ces combats qui ont
une maison joignant ladite louvre : deux
cygnes s'étant attaqués l'un à l'autre en telle
furie , qu'ils combattirent jusqu'à l'extrémité
de la yie; quoi voyant , quatre autres de
leurs compagnons soudain y accoururent f
et , comme si ce fussent personnes , tâchè-
rent à les séparer et les réduire en concorde
et mutuel amout , en bonne-foi , méritant
mieux le nom de prodige , que nom qu'on
lu! sut donner. Mais , si on leur démontre
jpareille douceur qu'est la leur naturelle, et
/. /qu'oa^les amadoue et applaudisse un peu y
l, i lors ils se montrent doux et paisibles , et
L \'. prenni^nt, plaisir à yoir la face de l'homme.
V ?. Cosmographie du Levant , par André The^
\J V0t^Liyon, i554> pages 189 et i*.)0.
•■*«
et
2> U C A K A R D. l3
fait croire aux anciens que les cygnes se
dévoroient les uns les autres; rien n'est
moins vrai) mais seulement ici , comme
ailleurs ^ les passions furieuses naissent
de la passion la plus douce j et c'est
l'amour qui enfante la guerre.
. £n tout autre temps ils n'ont que
des habitudes de paiX) tous leurs sen-
timens sont dictés par l'amour; aussi
propres que voluptueux j ils font toi-
lette assidue chaque jour ; on les voit
arranger leur plumage ^ le nettoyer^ le
lustrer et prendre de l'eau dans leur
bec pour la répandre sur le dos , sur les
ailes ) avec un soin qui suppose le désir
déplaire, et ne peut être payé que par
le plaisir d'être aimé. Le seul temps où
la femelle néglige sa toilette, est celui
de la couvée ; les soi/is maternels l'oc-
cupent alors toute entière ; et à peine
donne-t«elle quelques instans aux be-
soins de la nature et à sa subsistance.
Les petits naissent fort laids et seu-
lement couverts d'un duvet gris ou
••
'ifif^
\
14 «iSTûimE WATURELtB
jaunâtre , comme les oisons ; leurs
plumes ne poussent que quelques se*
niâmes après y et sont encore de la
même couleur; ce vilah* ^ u -Tage
changée à' la première mue | au mois de
septembre ; ils pré«ment alors beau-
coup de plumes blancLeS| d'autres plus
hlondes que grises , sur-tout à la poi-
trine et sur le dos; ce plumage chamarré
tombe à la Seconde mue , et ce n'est
qu'à dix-huit mois et même à deux
ans d'âge , que ces oiseaux ont pris
leur belle robe d'un blanc pur et sans
tache I ce n'est aussi que dans ce temps
qu'ils sont en état de produire.
Les jèuiies C3rgnes suivent leur mère
pendant \b premier été j mais ils sont
forcés de la quitter au mois de novem-
bre; les mâles adultes les chassent pour
«tre pl*\S libres auprès des femelles;
ces jenne*" ?» laux, ^ .t exilés de leur
famihi;| i>e rassemblent par la nécessité
de leur sort commun ; ils se réunissent
en troupes et ne se quittent que pour
-
; leurs
jues 8e«
e âe la
mois fie
5 beau-
'es plus
lapoi-
amarré
;e n'est
à deux
nt pris
et sans
2 temps
• ■
r mère
is sont
ovem-
itpour
leiies ;
le leur
cessité
tissent
I pour
C U C A K ▲ n D. tf
s^apparier et former eux-mêmes de
nouvelles familles.
Gomme le cygne mange assez sou»
vent des herbes de marécages , et prin^-
cipalement de Palgue , il sVtabiit de
préférence sur les rivières d'un coura
sinueux et tranquille , dont les ri /es
àont bien fournies d'herbages ; les an-
ciens ont cité le JMéan drcj le Âfincion^
le Strymon, le Caystre, fleuves fameux
par la multitude des oygnes dont on
les voit couverts; Plie chérie de Vénusy
Paphos, en étoit remplie . Strabon parle
des cygnes d*£spagne y et ^ suivait
.AElien, l'on en voit de temps en temps
paroitre sur" la mer d'Afrique ^ d'où
l'on peut juger y ainsi que par d'autres
indications , que l'espèce se porte jus»
ques dans les régions du midi ; néan-
moins y celles du nord semblent être
la vraie patrie du cygne ^ et son domi-
cile de choix, puisque c'est dans les
contrées septentrionales qu^il niche et
multiplie. Dans nos provinces | nous
y
4i<
à
'^m^»
w ,
J
16 HISTOIRE NATURELLE
ne voyons guère de cygnes sauvages
que dans les hivers les plus rigoureux ;
Gessner dit qu'en Suisse , on s'attend
à un rude et long hiver , quand on voit
arriver beaucoup de cygnes sur les
lacs. C'est dans cette même saison ri*
goureuse, qu'ils paroissent sur les c6teè
de France , d'Angleterre et sur la Ta-
mise ) où il est défendu de les tuer ^
sous peine d'une grosse amende ; plu-
sieurs de nos cygnes domestiques par-
tent alors avec les sauvages, si l'on n'a
<pas pris la précaution d'ébarber les
grandes plumes de leurs ailes.
Néanmoins quelques-uns nichent et
passent l'été dans les parties septen-
trionales de l'Allemagne, dans la Prusse
etlaPologne; et, en suivant à-peu-près
cette latitude, on les trouve sur les
fleuves près d'Azof et vers Astracan ,
en Sibérie, chez les Jacultes , àSélë-
ginskoi , et jusqu'au Kamtschatka;
dans cette même saison des nichées ,
on les voit en très-grand nombre sur
-t=^j^
-,*-:*' W^'*'
!
DU CANARD. 1^
les rivières et les lacs de la Laponie ; ils
6^y nourrissent d^œufs et de chrysalides
d'une espèce de moucherons dont sou«
ventla surface de ces lacs est couverte.
Les Lapons les voient arriver au prin-
temps du câté de la mer d'Allemagne;
une partie s'arrête en Suède , et sur-
tout en Scanie. Horrebows prétend
qu'ils restent toute l'année en Islande ^
et qu'ils habitent la mer lorsque les
eaux douces sont glacées; mais , s'il en
demeure en effet quelques-uns y le
nombre suit la loi commune de migra<«
tion , et fuit un hiver que l'arrivée des
glaces du Groenland rend encore plus
rigoureux en Islande qu'en Laponie.
Ces oiseaux se sont trouvés en aussi
grande quantité dans les parties sep-
tentrionales de l'Amérique , que dans
celles de l'Europe. Ils peuplent la baie
d'Hudson , d'où vient le nom de cary»
swan*s-nest ^ que l'on peut traduire
porte-nid de cygne , imposé par le ca-
pitaine Button^ à cette longue pointe
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18 HliSTOIRE NA.TU11ELLE
de terre qui sVvânce du nord dans la
baie. Ellis a trouve des cygnes jusques
sur l'i'/eé/eJkrar^re,qui n'est qu'un amas
de rochers bouleversés, à Pentour de
quelques petits lacs d'eau douce; ces
oiseaux sont de même très-nombreux
au Canada , d'où il p^roSt qu'ils vont
hiverner en Virginie et à la Louisiane ;
et ces cygnes du Canada et de la Loui-
siane ) comparés à nos cygnes sauvages^
n'ont offert aucune différence. Quant
aux cygnes à tête noire des îles Ma-
louines et de quelques côtes de la mer
du Sud, dont parlent les voyageurs ^
l'espèce en est trop mal décrite , pour
décider si elle doit se rapporter ou non
à celle de notre cygne.
Les différences qui se trouvent entre
le cygne sauvage et le cygne privé y
ont fait croire qu'ils formoient deux
espèces distinctes et séparées; lo cygne
sauvage est plus petit; son plumage est
communément plus gris que blanc; il
n'a pas de caroncule sur le bec qui
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DU CANARD,
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jusques
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qui
toujours est noir
à la
)ointe • et
qui
n^est jaune que près delà tête ; mais,
à bien apprécier ces différences, on
verra que Tintensité de la couleur, de
même que la caroncule ou bourrelet
charnu du front, sont moins des carac-
tères de nature, que des indices et des
empreintes de domesticité , les cou-
leurs du plumage et du bec étant su-
jettes à varier dans les cygnes comme
dans les autres oiseaux domestiques ;
on peut donner pour exemple le cygne
privé à bec rouge , dont parle le doc-
teur Plott; d'ailleurs cette différence
dans la couleur du plumage, nVst ^as
aussi grande qu'elle le paroit d'abord ;
nous avons vu que les jeunes cygnes
domestiques naissent et restent long-
temps gris ; il paroit que cette couleur
subsiste plus long-temps encore dans
les sauvages , mais qu'enfin ils devien-
nent blancs avec Tâge; car Edwards
a observé que , dans le grand hiver
de 174O} on vit aux environs de Lon-
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r*«f%iM
'*'«^'«»***,«i^»-li».,
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9
SO HISTOIRE irATUAEtLe
dres plusieurs de ces cygnes sauvage'9
qui étoient entièrement blancs ; le
cygne domestique doit donc être re-
gardé comme une race tirée ancienne-
ment et originairement de Tespèce
sauvage. MM. Klein , Frisch et Lin-
naeus l'ont présumé comme moi, quoi-
que Willulghby et Ray prétendent le
contraire.
Belon regarde le cygne comme le
plus grand des oiseaux d'eau, ce qui est
assez vrai , en observant néanmoins
que le pélican a beaucoup plus d'en-
vergure ; que le grand albatros a tout
au moins autant de corpulence, et que
le flammant ou phénicoptère a bien
plus dehaufeur, eu égard à ses jambes
démesurées. Les cygnes , dans la race
domestique, sont constamment un peu
plus gros et plus grands que dans l'es-
pèce sauvage ; il y en a qui pèsent jus <
qu'à vingt-cinq livres ; la longueur du
bec à la queue est quelquefois de quatre
pieds et demi ^ et l'envergure de huit
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huit
4
DU C X V A IL D. 21
pieds ; au reste ^ la femelle est en tout
un peu plus petite que le mâle.
Le bec, ordinairement long de trois
pouces et plusy est, dans la race domes-
tique, surmonté à sa base par un tu-
bercule charnu , renflé et proéminent,
qui donne à la physionomie de cet oi-
seau une sorte d^expression; ce tuber-
cule est revêtu d'une peau tioire, et
les côtés de la face, sous les yeux, sont
aussi couverts d'une peau de môme
couleur; dans les petits cygnes de la
race domestique, le bec est d'une teinte
plombée; il devient ensuite jaune ou
orangé, avec la pointe noire; dans la
race sauvage y le bec est entièrement
noir, avec une membrane jaune au
front ; sa forme paroit avoir servi de
modèle pour le bec des deux familles
les plus nombreuses des oiseaux palmi«
pèdes , les oies et les canards ; dans
tous, le bec est aplati, épaté , den-
telé sur les bords , arrondi en pointe
mousse, et terminé à sa partie snpë«
Oiseaux. VI» 3
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22 HISTOIRE KATURELLE
rieure par un onglet de substance cor«
née.
Dans toutes les espèces de cette
nombreuse tribu , il se trouve au-des-
sous des plumes extérieures^ un duvet
bien fourni y qui garantit le corps de
l'oiseau des impressions de Peau. Dana
le cygne ^ ce duvet est d'une grande
finesse 9 d'une mollesse extrême et.
d'une blancheur parfaite ; on en fait
de beaux manchons et des fourrures
aussi délicates que chaudes.
La chair du cygne est noire et dure^.
et c'est moins comme un bon mets
que comme un plat de parade y qu'il
étoit servi dans les festins chez les an«
ciensy et par la même ostentation chez
nos ancêtres; quelques personnes m'ont
néanmoins assuré que la chair des jeu«
nés cygnes étoit aussi bonne que celle
des oies du même âge.
Quoique le cygne soit assez silen-
cieuxy il a néanmoins les organes de la
voix conformés commo ceux des oi-
I
X
J--
. .fi.a..!' ,1»i;;«»«K"V.«».'*5!illlti<'W»5<*'
DU eAKARB. 23
«eaux d'eau les plus loquaces; la tra-
chée artère descendue dans le sternum
fait un coude, se relève ^ s'appuie sur
les clavicules , et de là , par une se-
conde inflexion y arrive aux poumons.
A l'entrée et au-dessus de la bifurca*
tion, se trouve placé un vrai larynx
garni de son os hyoïde, ouvert dans sa
membrane en bec de flûte: au-dessous
de ce larynx, le canal se divise en deux
branches, lesquelles après avoir formé
chacune un renflement^ s'attachent au
poumon. Cette conformation, du moins
quant à la position du larynx, est corn*
m une à beaucoup d'oiseaux d'eau , et
même quelques oiseaux de rivage ont
les mêmes plis et inflexions à la tra-
chée-artère, et selon toute apparence^
c'est ce qui donne à leur voix ce re-
tentissement bruyant et rauque, ces
sons de trompette ou de clairon qu'ils
font entendre du haut des airs ou sur
les eaux.
Néanmoins la voix habituelle du
\\
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'4 -ifrt»»:^pl»,^i,,; ,.„„
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»,
^ (
24 Histoire naturelle
cygne privé est plutôt sourde qu^ëcla-
tante; c'est une sorte de strideur, par*
faitement semblable à ce que le peuple
appelle \t jurement du chat y et que les
anciens avoient bien exprimé par le
mot imitatif //renfa/i/'; c'est^ à ce qu'il
paroît) un accent de menace ou de co-
lère : l'on n'a pas remarqué que Pa-
xnour en eût de plus doux , et ce n'est
point du tout sur des cygnes presque
muets, comme le sont les nôtres dans
la domesticité) que les anciens avoient
pu modeler ces cygnes harmonieux y
qu'ils ont rendus si célèbres. Mais il
paroît que le cygne sauvage a mieux
conservé ses prérogatives , et qu'avec
le sentiment de la pleine liberté , il en
a aussi les accens : l'on distingue en
effet dans ses cris, ou plutôt dans les
éclats de sa voix« une sorte de chant
mesuré) modulé ; des sons bruyans de
clairon, mais dont les tons aigus et peu
diversifiés sont néanmoins très-élni«
gnés de la tendre mélodie, et de U va-»
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mi^ssj^js^:ÊSist^»^>^'-
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e 1^ va-»
M
DU CANARD. S&S
riété douce et brillante du ramage de
pos oiseaux chanteurs. , , ,. . ; . ^ . . , . »
, Au reste , les anciens ne s'étoient
pas contentés de faire du cygne un
chantre merveilleux ; seul entre tous
les êtres qui frémissent à l'aspect de
leur destruction y il chantoit encore
nu moment de son agonie^ et préludoit
par des sons harmonieux à son dernier
soupir : c'étoit, di^oient-ils, près d'ex-
pirer, et faisant à la vie un adieu triste
et tendre 9 que le cygne rendoit ces aCf
cens si doux et si touchansy et qui par
reils à un léger et douloureux murmu-
re j d'une voix basse ^ plaintive et lu-
gubre ) formoient son chant fi^nèbre ;
on entendoit ce chant^ lorsqu'au lever
de l'aurore^ les vents et les flots étoient
calmés. On avoit même vu des cygnes
ex^irans en musique et chantant leurs
hymnes funéraires. Nulle fiction en
Histoire Naturelle , nulle fable chez
les anciens n'a été plus célébrée , plus
répétée) plus accréditée; elle s'étoit
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fcÔ HISTOIRE KAtUAEI.T.E
iBmpàrée de Piihagi nation vive et sen-
sible des Grecs; poètes, orateurs, phi-
losophes même Pont adoptée , comme
une vérité trop agréablo pour Youloit
en douter. Il faut bien leur pardonner
leurs fables ; elles étoient aimables et
touchantes; elles valoient bien de tris-
tes, d'aridsË véritésf c'étoiéiitde doux
emblèmes pour les aiiies sensibles. Les
cygnes y sans doute, ne chantent poiiït
leur mort; mais toujours en parlant
du dernier essor et des derniers élans
d'^ivn beau génie prêt à s^éteindre , on
rappellera avec sentiment cette ex-
pression touchante : c'est le chant du
cygne, • ''"' ''' -• '' "v ''-'***''' '^ < "" '••'*'
; L' O I Eé/;-'.r n -
Dans chaque genre, les espèces pre-
mières ont emporté tous nos éloges, et
n^ont laissé aux espèces secondes que
le mépris tiré de leur comparaison*
L'oie , par rapport au cygne , est dans
le même cas queTâne vis-à-vis du che-
val I tous deux ne sont pas prisés à leur
i
I
,^fc.
,^.<j::ï«SM!«i
DU CANARD.
valeur, le
27
es pre-
ges, et
es que
aison.
it dans
u che-
àleur
premier degré de l'in-
fériorité paroissaht être une vraie dé-
gradation, et rappelant en même temps
l'idée d'un modèle plus parfait, n'of-
fre, au lieu des attributs réels de l'es-
pèce secondaire^ que ses contrastes
désavantageux avec l'espèce première :
éloignant donc, pour un moment, la
trop noble image dit cygne , nous trou-
verons que l'oie est encore, dans le peu-
pie de la basse^cdur , un habitant de
distinction 5 sa corpulence , son port
droit, sa démarche grave , son plu-
mage net et lustré , et son naturel so-
cial qui le rend susceptible d'un fort at<
tachement et d'une longue reconnois-
sance , enfin sa vigilance très-ancien-
nement célébrée, tout concourt à nous
présenter Poie comme l'un des plus in-
téressans et même des plus utiles de
nos oiseaux domestiques ; car , indé-
pendamment de la bonne qualité de sa
chair et de sa graisse, dont aucun au-
tre oiseau n'est plus abondamment
Sa
■'■<''#«*«i«?^-bWi«(W':
«PI«1U repos 'Tct^""""^""
«vec Uauell- " ' pensées, et
Mqueue nous ëcrivnn. • •
ëlo». «c"vons ICI son
.'.ccorortr^o-oia^ei,;
«vec elles dans J. mt u '^*"'*™^»
nables « «o « ^ ^^ciic peu conve-
* ®* a 8a nature; car il f . *
qu'elle se dév«l^n **"* ' P°"'
vesspaciensesTaeJir'^^'grè-
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parce que Jeur fiente brûle 1.!? ''' '
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«?, .>,Ji£-Ste«ÎMWI|(|BW«l«WJ«h, .
DU CAVA.B.B.
bec,
me
terre avec le bec, et c^est par la mê
raison qu'on les écarte aussi très-soi-
gneusement des blés verts, et qu'on
ne leur laisse les champs libres qu'après
la récolte. ;.,; ,i . .,
Quoique les oies puissent se nourrir
de gramens et delà plupart des herbes |
elles recherchent de préférence le trè-
fle , le fenugrec , la vesce , les chico*
rées y et sur- tout la laitue , qui est la
plus grand régal des petits oisons } on
doit arracher de leur pâturage la jus-
quiame , la ciguë et les orties , dont la
piqûre fait le plus grand mal aux jeu-
nes oiseaux, Pline assure , peut- être
légèrement , que , pour se purger , les
oies mangent de la sidérite. ^ . : .,.. ^
La domesticité de l'oie est moins an-
cienne et moins cooïplète que celle de
la poule ; celle-ci pond en tout temps ,
plus en été , moins en hiver ; mais les
oies ne produisent rien en hiver , et
ce n'est communément qu'au mois de
mars qu'elles commencent à pondre j
r*V.
• i ■•.Hv>««t'i^>i;»J,i,s«s,i
^^f^ ■"'t^-'ir-rl'mflf^
ù
f
3o HISTOIRE J^ATURELLS
cependant celles qui sont biennourries
pondent dès le mois de février j et
celles auxquelles on épargne la nour-
riture , ne font souvent leur ponte
qu'en avril ; les blanches , les grises y
les jaunes et les noires suivent cette
règle f quoique les blanches paroissent
plus délicates, et quMles soient en effet
plus difficiles à élever ; aucune ne fait
de nid dans nos basses-cours j et ne
pond ordinairement que tous les deux
jours, mais toujours dans le même lieu}
si on enlève leurs œufs, elles font une
seconde et une troisième ponte | et
même une quatrième dans les pays
chauds. C'est sans doute à raison d«
ces pontes successives que M. Salerne
dit qu'elles ne finissent qu'en juin ;
mais j si l'on continue à enlever les
œufs , l'oie s'efforce de continuer à
pondre, et enfin elle s'épuise et périt ,
car le produit de ses pontes, et sur-tout
des premières, est nombreux, chacune
est au moins de sept, et communément
I
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DU CANARD.
31
^
de dix , douze ou quinze œufs ^ et
même de seize | suivant Pline ; cela
peut être vrai pour lUtalie , mais , dans
nos provinces intérieures de France y
comme en Bourgogne et en Champa-
gne , on a observé que les pontes les
plus nombreuses n'étoientque de douze
œufs : Aristote remarque que souvent
les jeunes oies , comme les poulettes y
avantd^avoir eu communication avec le
mâle y pondent des œufs clairs et infé-
conds, et ce fait est général pour tous
les oiseaux.
Mais, si la domesticité de Poie est
plus moderne que celle de la poule j
elle paroSt être plus ancienne que celle
du canard , dont les traits originaires
ont moins changé j en sorte qu'il y a
plus de distance apparente entre Toie
sauvage et la privée , qu'entre les ca-
nards. L'oie domestique est beaucoup
plus grosse que la sauvage ; elle a les
proportions du corps plus étendues et
plus souples I les ailes moins fortes et
..^«rW^i"**
' S ' i(ff^>it^?^njtf'n.< ■
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'-'•"«■**W|«H"W»P"*i"*«»^
/)
:]2 HISTOIRE NATURELLE
moins roides; tout a changé de couleur
daras son plumage j elle ne conserve
rien ou presque rien de son état primi-
tif | elle paroit même avoir oublié les
douceurs de son ancienne liberté | du
moins elle ne cherche point 9 comme
le canard , à la recouvrer; la servitude
paroSt Savoir trop affoiblîe 9 elle n^a
plus la force de soutenir assez son vol
pour pouvoir accompagner ou suivre
ses frères sauvages, qui, fiers de leur
puissance ^ semblent la dédaigner et
même la méconnoître.
Pour qu'un troupeau d'oies privées
prospère et s'augmente par une promp-
te multiplication , il faut , dit Colu-
melle, que le nombre des femelles soit
triple de celui des mâles ; Aldrovande
en permet six à chacun y et l'usage or-
dinaîre, dans nos provinces, est de lui
en donner au-delà de douze , et même
jusqu'à vingt : ces oiseaux préludent
aux actes de l'amour en allant d'abord
s'égayer dans l'eau; ils en sorient pour
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elles soit
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d'abord
nt pour
DU CANARD, 33
s'unir ^ et restent accouplés plus long-
temps et plus intimement que la plu-
part des autres , dans lesquels l'union
du mâle et de la femelle n'est qu'une
simple compression, au lieu qu'ici l'ac-
couplement est bien réel, et se fait par
intronïission , le mâle étant tellement
pourvu de l'organe nécessaire à cet
acte I que les anciens avoient consacré
l'oie au dieu des jardins.
Au reste, le mâle ne partage que ses
plaisirs avec la femelle , et lui laisse
tous les soins de l'incubation, et quoi-
qu'elle couve constamment et si assi-
dûment qu'elle en oublie le boire et le
manger si on ne place tout près du nid
sa nourriture , les économes conseil-
lent néanmoins de charger une poule
des fonctions de mère auprès des jeu-
nes oisons , afin de multiplier ainsi le
nombre des couvées , et d'obtenir de
l'oie une seconde et même une troi-
sième ponte y on lui laisse cette der-
nière ponte; elle couve ai&émenC dix à
Oiseaux. YX» 4
.if* .
%
\ â
34 HISTOIBE NATURELLE
douze œufs y au lieu que la poule ne
peut couver avec succès que cinq de
ces mêmes œufs; mais il seroit curieux
de vérifier si, comme leditColumellei
la mère oie, plus avisée que la poule y
refuseroitde couver d^autres œufs que
les siens.
Il faut trente jours d'incubation ,
comme dans la plupart des grandes
espèces d'oiseaux, pour faire éclore les
œufs , à moins , comme le remarque
Pline, que le temps n'aitété fort chaud ^
auquel cas il en éclot dès le vingt-cin-
quième jour. Pendant que Toie couve,
on lui donne du grain dans un vase, et
de Peau dans un autre à quelque dis-
tance de ses œufs, qu'elle ne quitte que
pour aller prendre un peu de nourri-
ture ; on a remarqué qu'elle ne pond
guère deux jours de suite , et qu'il y
a toujours au moins vingt- quatre heures
d'intervalle , et quelquefois deux ou
trois jours entre l'exclusion de chaque
œuf.
■wt---((Hr^ji-''«TrriA«%«i»v5««j*».i5pilt'«- '
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n vase, et
Ique dis-
uittequo
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ne pond
qu'il Y
ce heures
Jeux ou
> chaque
Dr C A N A R D. 35
Le premier aliment que Von donne
aux oisons nouveaux-nés, est une pâte
de retrait de mouture ou de son gras,
pétri avec des chicorées ou des laitues
hachées; c'est la recette deColumelle,
qui recommande en outre de rassasier
le petit oison avant de le laisser suivre
sa mère au pâturage, parce qu'autre-
ment , si la faim le tourmente , il s'obs*
tine contre les tiges d'herbes ou les pe-
tites racines, et pour les arracher il s'ef-
force au point de se démettre ou se rom-
pre le cou. La pratique commune dans
nos campagnes en Bourgogne , est de
nourrir les jeunes oisons nouvellement
éclos avecHiu cerfeuil haché; huit jours
après on y mêle un peu de son très-peu
mouillé, et l'on a attention de séparer
le père et la mère lorsqu'on donne à-
manger aux petits , p.irce qu'on pré-
tend qu'ils ne leur laisseroient que peu
de chose ou rien; on leur donne ensuite
de l'avoine , et , dès qu'ils peuvent
suivre aisément leurs mères , on les
/,
li*^«"«'«*!!*'
35 HISTOIRE NATUHELLE
mèn ! sur la pelouse auprès de Peau*
Les monstruosités sont peut-être en-
core plus communes dans Pespèce de
Poie que dans celle des autres oiseaux
domestiques. Aldrovande a fait graver
deux de ces monstres, l'un à deux corps
avec une seule tête, Pauf ve à deux têtes
et quatre pieds avec un seul corps.
L'excès d'embonpoint que l'oie est su-
jette à prendre, et que l'on cherche à l ui
donner , doit causer dans sa constitu-
tion des altérations qui peuvent influer
sur la génération \ en général , les ani«
maux très -gras sont peu féconds , la
graisse trop abondante change la quali té
de la liqueur séminale et même celle du
sang; une oie très-grasse, à qui on cou-
pa la tête, ne rendit qu'une liqueur
blanche, et, ayant été ouverte,on ne lui
trouva pas une goutte de sang rouge j
le foie sur-tout se grossit de cet embon-
point d'obstruction d' une manière éton.
nante : souvent une oie engraissée aura
le foie plus gros que tous les autres vis-
:i
-•■•r^v.>«H ••■-^"» .i^^jN*,,
^.^tmiJ^I^-''
■ •^■i..««tl*i\5f;-jfr' ,
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,. .;!«!^:S''l.S>5'*'
>v4>«^iw»w«''^rMrt** '
ELLE
ès de l'eau.
>eut-étre en-
Pespèce de
très oiseaux
i fait graver
^ deux corps
à deux têtes
seul corps,
i'oie est su -
Fiercheàlui
a consti tu-
rent influer
i-l j les anû
^conds , U
e la qualité
ne celle du
[ui on cou-
ie liqueur
on ne lui
ig rouge }
t embon-
ière éton-
ssëe aura
itres vis-
DU G A. N A R B. S^
cères ensemble ] et ces foies gras ^ que
nos gourmands recherchent , ëtoient
aussi du goût des Apicius Romains. Pli-
ne regarde comme une question inté-
ressante de savoir à quel citoyen l'on
doit l'invention de ce mets^ dont il fait
honneur à un personnage consulaire*
Ils nourrissoient l'oie de, figues y pour
en rendre la chair plus exquise ^ et ils
avoient déjà trouvé qu'elle s'engraissoit
beaucoup plus v!t'3 étant renfermée
dans un lieu étroit et obscur; mais il
étoit réservé à notre gourmandise, plus
que barbare , de clouer les pieds et de
crever ou coudre les yeux de ces mal-
heureuses bêtes y en les gorgeant en
même temps de boulettes, et les em-
pêchant de boire pour les étouffer dans
leur graisse. Communément et plus hu-
mainement on se contente de les ren-
fermer pendant un mois , et il ne faut
guère qu'un boisseau d'avoine pour en-
graisser une oie au point de la rendre
très-bonne ) on distingue même le mo-
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OO HISTOIRE NATURKLLE
ment où on peut cesser de leur donner
autant de nourriture , et où elles sont
assez grasses , par un signe extërieuir
très-évident ; elles ont alors sous cha-
que aile une pelotte de graisse très-ap-
parente; au reste, on a observé que les
oies élevées au bord de l'eau , coûtent
moins à nourrir , pondent de meilleure
lieure ^ et s^engraissent plus aisément
que les autres.
Cette graisse de Poie étoit très«esti»
thée des anciens comme topique nerval
et comme cosmétique ; ils en conseil*
loient Pusage pour raffermir le sein des
femmes nouvellement accouchées , et
pour entretenir la netteté et la fraî-
cheur de la peau ; ils ont vanté, comme
médicament , la graisse d'oie que l'on
préparoit à Oïmàgène avec un mélange
d'aromates. Aldrovande donne une liste
de recettes , où cette graisse entre
comme spécifique contre tous les maux
de la matrice , et Willulghby prétend
trouver dans la fiente d'oie, le remède
j;;^«5-si^%»>*j|s>'' " "" "'• ••'iifr'-"iif.rwtfT"-"*'T*'
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D tr C A N A K D. 3(^
le plus sûrde l'ictère. Du reste, lachair
de Toie n'est pas en elle-même très-sai-
ne, elle est pesante et de difficile diges-»
tion; ce qui n'empêchoitpas qu'une oie
ou , comme on disoit , une oue, ne fût
le plat de régal des soupers de nosancê*-
tres, et ce n'est que depuis le transport
de l'espèce du dindon de l'Amérique
en Europe, que celle de l'oie n'a| dans
nos basses-cours comme dans noscui'^
sines, que la seconde place.
Ce que l'oie nous donne de plus pré-
cieux, c'est son duvet; on L'en dépouille
plus d'une fois l'année; dès que les jeu-
i^es oisons sont forts et bien emplumés,.
etquelespennes des ailes commencent
à se croiser sur la queue, ce qui arrive
à sept semaines ou deux mois d'âge, on
commence à les plumer sous le ventre^
sous les ailes et au cou ; c'est donc sur
la fin de mai ou au commencement de
juin qu'on leur enlève leurs premières
plumes; ensuite , cinq à six semaines
après, c'est-à-dire, dans le courant de
«mim*vwmf.
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4o HISTOIRE "NATURELLE
|iiillet, on la leur enlève une seconde
fois ; et encore au commencement de
septembre , pour la troisième et der-
nière fois ; ils sont assez maigres pen-
dant tout ce tempS) les molécules orga-
niques de la nourriture étant en grande
partie absorbées par la naissance ourac-
croissement de nouvelles plumes^ mais^
dès qu'on les laisse se remplumer do
bonne heure en automne y ou même à
la fin de Tété, ils prennent bientôt de
la chair et ensuite de la graisseï et sont
déjà très-bons à manger vers le milieu
de l'hiver ; on ne plume les mères qu'un
mois ou cinq semaines après qu'elles
ont couvé) mais on peut dépouiller les
mâles et les femelles qui ne couvent
pas, deux ou trois fois par an. Dans les
pays froidS) leur duvet est meilleur et
plus fin. Le prix que les Romains met-
toient à celui qui leur venoit de Ger-
manie 9 fut plus d'une fois la cause de
la négligence des soldats à garder les
postes de ce payS| car ils s'en alloient
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de Ger*
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rder les
alloient
D u G A N A R D. 4^
par cohortes entières à la chasse des
oies.
On a observé sur les oies privées y
que les grandes pennes des ailes tom-
bent pour ainsi dire toutes ensemble et
souvent en une nuit; elles paroissent
alors honteuses et timides; elles fuient
ceux qui les approchent ; quarante
jours suffisent pour la pousse des nou«
velles pennes, alors elles ne cessent de
voleter et de les essayer pendant quel-
ques jours.
Quoique la marche de l'oie paroisse
lente, oblique et pesante, on ne laisse
pas d'en conduire des troupeaux fort
loinàpetites journées. Pline dit que de
son temps on les amenoit du fond des
Gaules à Rome , et que dans ces lon-
gues marches, les plus fatiguées se met-
toient aux premiers rangs, comme pour
être sou tenues et poussées par la masse
de la troupe ; rassemblées encore de
plus près pour passer la nuit, le bruit
Le plus léger les éveille , et toutes en-
<;*MB<'#VS,m.
►^fe»«î?*^fi'f*!*«R.m«>
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43 HISTOIRE NATURELLE
semble cricut r elles jettent aussi de
grar^ds cris lorsqu'on leur présente de
la nourriture j au lieu qu'on rend le
chien muet en lui offrant cet appât; ce
qui a fait dire àColumelle, que les oies
étoient les meilleures et les plus sûres
gardiennes delà ferme, et Végèce n'hé-
site pas de les donner pour la plus vi-
gilante sentinelle que l'on puisse poser
dans une ville assiégée. Toutle monde
sait qu'au capitole, elles avertirent les
Romains de l'assaut que tentoient les
Gaulois, etquece fut le salut de Rome;
aussi le censeur fixoit-il chaque année
une somme pour l'entretien des oies,
tandis que le même jour on fouettoit
des chiens dans une place publique ,
comme pour les punir de leur coupable
silence dans un moment aussi critique.
Le cri naturel de l'oie est une voix
très-bruyante , c'est un son de trom-
pette ou de clairon , clangor , qu^elie
fait entendre très-fréquemment et de
très-loin ; mais elle a de plus d'autres
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BU CANARD. 4-^
accens brefs qu'elle répète souvent ;
et , lorsqu'on l'attaque ou l'effraie , le
cou tendu , le bec béant , elle rend un
si file ment que l'on peut comparer à
celui de la couleuvre. Les Latins ont
cherché à exprimer ce son par des mots
imitatifs, strepit, gratitat, stridet.
Soit crainte, soit vigilance, l'oie ré-
pète à tout moment ses grands cris
d'avertissement ou de réclame ; sou-
vent toute la troupe répond par une
acclamation générale , et de tous les
habitans de la basse-cour, aucun n'est
aussi vociférant ni plus bruyant. Cette
grande loquacité ou vocifération avoit
fait donner chez les anciens le nom
d'oie aux indiscrets parleurs, aux mé-
chans écrivains et aux bas délateurs ^
comme sa démarche gauche et son al-
lure de mauvaise grâce nous font en-
core appliquer ce même nom aux gens
sots et niais ; mais indépendamment
des marques de sentiment , des signes
d'intelligence que nous lui reconnois-
« V >
rf 'Si»**^,
■*■•«* --iitmi,.
44 KISTOIRE NATURELLE
sonS) le courage avec lequel elle défend
sa couvée ^ et $>e défend elle-même
contre Poiseau de proie j et certains
traits d*attachement , de reconnois-
sance même très-singuliers que les an-
ciens avoient recueillis , démontrent
que ce mépris seroit très-mal fondé ;
et nous pouvons ajouter à ces traits un
exemple de la plus grande constance
d^attachement (i) : le fait nous a été
(i) Nous donnerons cette note dans le
style naïf du concierge de Ris , terre appar-
tenante à M. Anisson Dupéron , où s'est
passée la scène de cette amitié si constante
et si fidelle. On demande à Emmanuel ,
comment Toie à plumage blanc , appelé
jacquoty s'est apprivoisé avec luil II tant
savoir d'abord qu'ils étoient deux mâles ,
ou jars , dans la basse-cour , un gris et un
blanc, avec trois femelles ; c'étoit toujours
querelle entre ces deux jars a qui auroit la
compagnie de ces trois dames ; quand l'un,
ou l'autre s'en étoit emparé , il se metroit à
leur tête , et empêchoit que l'autre n'en
approchât. Celui qui s'en étoit rendu maî-
tre dans la nuit f ne vouloit pas les céder le
:4
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[elle défend
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démontrent
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»nc , appelé
lui? Il faut
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oit toujours
ui auroit la
quand l'un
se metroit à
'autre n'en
rendu maî.
les céder le
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D U C A K A E. D. 4^
communiqué par un homme aussi véri-
dique qu*éclairé} auquel je suis rede-
matin ; enfin les deux galans en vinrent à
des combats si furieux , qu'il falloit y cou-
rir. Un jour entr'autres , attiré du fond du
jardin par leurs cris , je les trouvai | leurs
cous entrelacés , se donnant des coups d'ai-
les avec une rapidité et une force éton-
nantes ; les trois femelles tournoient au-
tour , comme voulant les séparer , mais
inutilement \ enfin le jars blanc eut le des-
sous , se trouvA renversé , et étoit très-
maltraité par Tautre \ je les séparai , heu-
reusement pour le blanc , qui y auroit per-
du la vie. Alors le gris se mit à crier , à
chanter et à battre les ailes , en courant
rejoindre ses compagnes y en leur faisant à
chacune tour-à-tour un ramage qui ne fi-
nissoit pas , et auquel répondoient les trois
damrs y qui vinrent se ranger autour de lui.
Pendant ce temps-là le pauvre jacquot fai-
soît pitié ) et , se retirant tristement , je-
toit de loin des cris de condoléance ; il fut
plusieurs jours à se rétablir , durant les-
-quels j'eus occasion de passer par les cours
où il se tenoit; je le voyois toujours exclus
de la société , et à chaque fois que je passois
Oiseaux. YI. 5
■-«<*
.—.*,.%,.
'*'^**-"0**'^* •# ^*
4^ HISTOIRE NATURELLE
vdble d'une partie des soins et des at«
tentions que j'ai éprouvés à Pimpri*
il me yenoit faire des harangues , sans cloute
pour me remercier du secours que je lui
aTois donné dans sa grande al^re. Un jour
il s'approcha si près de moi , me marquant
tant d'amitié , que je ne pus m'empêcher de
le caresser en lui passant la main le long du
cou et du dos , à quoi il parut étrr si sensi-
ble ) qu'il me suivit jusqu'à l'issue <- ■ <urs ;
le lendemain je repassai , et il l . «..uuqua
pas de courir à moi , je lui fis la même ca-
resse , dont il ne se rassassioit pas , et cepen-
dant ) par ses façons , il avoit l'air de vou-
loir me conduire du côté de ses chères
amies , je l'y conduisis en effet ; en arrivant y
il commença sa harangue , et l'adressa di-
rectement aux trois dames , qui ne manquè-
rent pas d'y répondre; aussi-tôt le conqué-
rant gris sauta sur le jacquot, je les laissai
faire pour un moment , il étoit toujours le
plus fort ; enfin je pris le parti de mon jac-
quot qui étoit dessous; je le mis dessus »
il revint dessous ; je le remis dessus , de
manière qu'ils se battirent onze minutes f
et ) par le secours que je lui portai , il de-
vint vainqueur du gris , et s'empara des
■A"''
' '*»,-;'il
^ >...iaiaP6i^.v^i»^^^--""
*»Sf***!W*i^*'
ELLS
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s , sans doute
s que je lui
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ie«:. «urs;
I I' ...auqua
ia même ca«
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ses chères
en arrivant,
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nemanquè-
le conque -
e les laissai
toujours le
e mon jac'
is dessus ,
essus y de
minutes ^
ai, il de-
npara des
DUCANARD» 4?
marie royale pour l'impression de mes
I ouvrages. Nous avons aussi reçu de
trois demoiselles. Quand Pami jacquot se
vit le maître , il n'osoit plus quitter ses de-
moiselles, et par conséquent il ne venoit
plus à moi quand je passois ; il me donnoic
seulement de loin beaucoup de marques
d'amitié , en criant et battant des ailes ,
mais ne quittoit pas sa proie , de peur que
l'autre ne s'en emparât; le temps se passa
ainsi jusqu'à la couvaison , qu'il ne me par-
loit toujours que de loin ; mais , quand ses
femmes se mirent à couver , il les laissa et
redoubla son amitié vis-à-vis de moi. Un
jour m'ayant suivi jusqu'à la glacière , tout
au haut du parc , qui étoit l'endroit où il
falloit le quitter , poursuivant ma route
pour aller aux bois d'Orangis , à une demi-
lieue de là, je l'enfermai dans le parc ; il ne
se vit pas plutôt séparé de moi , qu'il jeta
des cris étranges; je suivois cependant mon
chemin , et j'étôîs environ au tiers de la
route des bois , quand le bruit d'un gros
vol me fit tourner la tête , je vis mon jac-
quot qui s'abattit à quatre pas de moi ; il me
suivit dans tout le chemin, partie à pied^
\ I
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k^«)iiM'i!C**ft^liil<it ■" -r*-- *T
9m*"t<fmii>-
"i-'-W-s^'l^f,...
V ■ r
48 HISTOIRE NATURELLE
Saint-Domingue une relation assez
semblable , et qui prouve que | dans
certaines circonstances , l'oie se mon-
tre capable d'un attachement person-
nel, très- vif et très-fort, et même
d'une sorte d'amitié passionnée qui la
fait languir , et périr loin de celui
Hi-¥
'■■A
partie au vol , me devançant souvent , et
s'arrêtant aux croisières des chemins pour
voir celui que je voulois prendre ; notre
voyage dura ainsi depuis dix heures du
matin jusqu'à huit heures du soir , sans que
mon compagnon eût manqué de rae suivre
dans tous les détours du bois , et sans qu'il
parût fatigué. Dès-lors il se mit à me suivre
et à m'accompaguer par - tout , au point
d'en venir importun , ne pouvant aller à
aucun endroit qu'il ne fût sur mes pas*
jusqu'à venir un jour me trouver dans l'é-
glise ; une autre fois , comme, il mé cher-
choi^ dans le village , en passant devant la
croisée de M. le curé , il m'eiltendit parler
dans sa c^iambre , et trouva la porte de la
cour ouverte*, il entre , monte l'escalier , et
en entrant » frit un cri de joie , qui ht grand*
peur à M. le curé.
-.M'-
V «,5^ ; . d'Ul^-'y^â^teiw-^ï?'^^'^
r
ELLE
lation assez
) que I dans
oie se mon-
enl person-
9 et même
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et sans qu'il
à me suivre
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r
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dans l'é-
•'ne cher-
devant la
«dit parler
>ort( de la
scalier, et
i fit grand*
B U C A » A B. D. 49
qu'elle a choisi pour Pobjet de son
affection. ; ,
Dès le temps de Columclle ) on dis-
tînguoit deux races dans les oies do-
mestiques : celle des blanches plus an«
ciennement) et celle à plumage variéi^
plus récemment privée ^ et cette oie ^
selon VarrOH) n^étoit pas aussi fécondo
que Poie blanche^ aussi prescrivent-ils
au fermier de ne composer son trou-
peau que de ces oies toutes blanches ^
parce qu^elles sontaussi lesplusgrosses^
en quoi Belon paroit être entièrement
de leur avis : cependant Gessner a écrit
à-peu-près dans le même temps que
l'on croyoit avoir en Allemagne de bon-
nes raisons de préférer la grise | comme
plus robuste sans être moins féconde ^
ce qu'Aldrovande confirme également
pour Pltalie) comme si la race la plus
anciennement domestique se fût à la
longue affoiblie | et en effet ^ il ne pa-
roit pas que les oies grises ou variées
f oient aujourd'hui p ni pour ia taille p
i
■.1
i.
^,-y-tlt
fM
5a histoihe naturelle
ni pour la fécondité | inférieures auji
oies blanches . ^c u i . .
Aristote y en parlant des deux races
ou espèces d^oies , l'une plus grande f
et l'autre plus petite ) dont l'instinct
•st de vivre en troupes y semble par la
dernière y entendre l'oie sauvage y et
Pline traite spécialement de celle-ci ^
sous le nom de férus anser. En effet f
l'espèce de l'oie est partagée en deux
races ou grandes tribus , dont l'une
depuis long- temps domestique ^ s'est
affectionnée à nos demeures , et a été
propagée 9 modifiée par nos soins, et
l'autre beaucoup plus nombreuse, nous
a échappé y et est restée libre et sau-
vage ; car on ne voit entre l'oie domes-
tique et l'oie sauvage , de différences
que celles qui doivent résulter de l'es-
clavage sous Phomme d'une part , et
de l'autre , de la liberté de la nature.
L'oie sauvage est maigre , et de taille
plus légère que l'oie domestique : ce
€^ui s'observe detnéme entre plusieurs
>. V*.. .m:^
"'-- Niïîâfe'^^:^ ■' ''^1^^
..agjflMBSi»^**»*-^*"*^******'
IZ.X.S
rieures aus
deux races
us grande ,
>t Pinstinct
nble par la
luvage, et
6 celle-ci f
. En effet y>
e en deu3c
lont l'une
que , s'est
I, et a été
soins, et
use, nous
e et sau-
le dômes-
Iférences
r de Pes-
>art , et
nature.
àe taille
ue : ce
U8ieur$
*>1
DU C A. K A R D. 5ï
races privées , par rapport à leur tige
sauvage , comme dans celle du pigeon
domestique comparée à celle du bizetf
l'oie sauvage a le dôs d'un gris-brunà'*
tre , le ventre blanchâtre , et tout le
corps nué d'un blanc-roussâtre , dont
le bout de chaque plume est frangé.
Dans l'oie doinestique, cette couleur
Toussâtre a varié ; elle a pris défi nuan-
ces de brun ou de blanc ; elle a mémo
disparu entièrement dans la race blan-
che. Quelques-unes ont acquis une
huppe sur la tête , mais ces change-
mens sont peu considérables en corn*
paraison de ceux que la poiile , le pi-
geon et plusieurs autres espèces ont
subis en domesticité ; aussi l'oie et
les autres oiseaux d'eau que nous
avons réduits à cet état domestique ^
sont -ils beaucoup moins éloignés de
l'état sauvage , et beaucoup moins sou-
mis ou captivés que les oiseaux gaili-
nacéo, qui semblent être les citoyen»
naturels de nos basses-cours. £t dans
■>(/
mtmmnrn:'.
i!im^"*f'W^m.'^\ -
'-'^-^^
i-k
,■•'»
lU \
Sa HISTOIRE IfÀTURELLl!
les pays OÙ l'on fait de grandes éduca'^
tions d'oies , tout le soin qu'on leur
donne pendant la belle saison, consiste
à les rappeler ou ramener le soir à la
f«rme| et àieur offrir des réduits com-
modes et tranquilles pour faire leur
ponte et leur nichée, ce qui suffit, avec
l'asyle et L'aliment qu'ellea y trouvent
en hiver ^ pour les affectionner à leur
demeure et les empêcher de déserter ;
le reste du temps elles vont habiter les
eaux, ou elles viennent s'ébattre et se
reposer sur les rivages^ et dans une vie
aussi approchante de la liberté de la na-
ture , elles en reprennent presque tous
les avantages , force de constitution ,
épaisseur et netteté de plumage , vi«
gueur et étendue de vol \ dans quelques
contrées même où l'homme moins ci-
vilisé, c'est-à-dire moins tyran, laisse
encore les animaux plus libres , il y a
de ces oies qui réellement sauvages
pendant tout l'été , ne redeviennent
domestiques que pour l'hiver : noua
;»
-•n;:
fl8Ks(fflBIBB*W*****^
«.)i«S!te«|w»«*«««**-''*****' •■
LIT!
des éduca-^
qu'on leur
n y consiste
le soir à la
duits corn-
faire leur
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quelques
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n j laisse
s , il y a
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nennent
r : noua
BU G A. N A K D. 53
tenons ce fait de M. le docteur San-*
chez , et voici la relation intéressante
quMl nous en a communiquée.
ce Je partis d'Azof^ dit ce savant
médecin , dans l'automne de 17565 mo
trouvant malade ^ et de plus craignant
d'être enlevé par lesTartares Cubans,
je résolus de marcher en côtoyant le
Don y pour coucher chaque nuit dans
les villages des Cosaques , sujets à la
domination de Russie . Dès les premiers
soirs, je remarquai une grande quan*
tité d'oies en l'air j lesquelles s'abat-
toient et se rendoient sur les habita*
tions ; le troisième jour sur-tout , j'eik
vis un si grand nombre au coucher du
soleil, que je m'informai des Cosaques^
où je prenois ce soir-là quartier, si les
oies que je voyois étoient domestiques ^
et si elles venoient de loin , comme il
me sembloit par leur vol élevé ? Ils me
répondirent, étonnés de mon igno-
rance , que ces oiseaux venoient des
lacs qui étoient fort éloignés du côté
u
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54 HTSTOIRE NATURELLE
du nord, et que chaque année audégel^
pendant les mois de mars et avril , il
sortoit de chaque maison des villages
six ou sept paires d'oies , qui toutes
ensemble prenoient leur vol et dispa-
roissoient pour ne revenir qu'au com-
mencement de Phiver , comme on le
compte en Russie, c'est-à-dire à la pre-
mière neige; que ces troupes arrivoient
alors augmentées quelquefois au cen-
tuple , et que se divisant , chaque pe-
tite bande cherchoit avec sa nouvelle
progéniture, la maison où elles avoient
vécu pendant l'hiver précédent. J'eus
constamment ce spectacle chaque soir
durant trois semaines; l'air étoit rem-
pli d'une infinité d'oies qu'on voyoit
se partager en bandes ; les filles et
les femmes , chacune à la porte de
leurs maisons , les regardant , se di-
soient : Voilà mes oies , voilà les oies
d'un tel y et chacune de ces bandea
mettoit en effet pied à terre dans la
cour où elle avoit passé l'hiver précé'*
J^-^.'*^^
%•
«
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.IfflSÉfifflftbS^*^*-
LLE
^eaudégely
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on voyoit
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, se di-
i les oies
bandea
dans la
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nu CANARD.
de
55
».
i
dent. Je ne cesssai de voir ces oiseaux
que lorsque j'arrivai à No^
ou l'hiver étoit déjà assez
C'est apparemment d'après quelques
relations semblables qu'on a imaginé ,
comme le dit Belon , que les oies sau-
vages qui nous arrivent en hiver ,
étoient domestiques dans d'autres con-
trées : mais cette idée n'est pasfondéey
car les oies sauvages sont peut-être d»
tous les oiseaux les plus sauvages et les
plus farouches, et d'ailleurs la saison
d'hiver où nous les voyons, es t le temps
même où il f'audroit supposer qu'elles
fussent domestiques ailleurs.
On voit passer en France des oies
sauvages dès la fin d'octobre ou les
premiers jours de novembre. L'hiver,
qui commence alors à s'établir sur les
terres du nord, détermine leur migra-
tion; et, ce qui est assez remarquable,
c'est que l'on voit dans le même temps
des oies domestiques manifester par
leur inquiétude et par des vols fré-
'\\
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I,
1 >i
ïï
56 HISTOIRE NATDRELLS
quens et soutenus I ce désir de voyager y
reste évident de Pinstinct subsistant f
et par lequel ces oiseaux , quoique
depuis long-temps privés, tiennent
encore à leur état sauvage par les pre-
mières habitudes de la nature.
Le vol des oies sauvages est toujours
très-élevé^ le mouvement en est doux
et ne s* annonce par aucun bruit ni
sifflement : Taile y en frappant l'air, ne
paroit pas se déplacer de plus d'un
pouce ou deux de la ligne horizontale j
ce vol se fait dans un ordre qui sup-
pose des combinaisons , et une espèce
d^ntelligence supérieure à celle des
autres oiseaux , dont les troupes par-
tent et voyagent confusément et sans
ordre. Celui qu'observent les oies,sem-
ble leur avoir été tracé par un instinct
géométrique^ c'est à-la- fois l'arrange-
ment le plus commode pour que chacun
suive et garde son rang, en jouissant
en même temps d'un vol libre et ou-
vert devant soi | et Ift disposition la
-j^"*#- *■•»->»*'
'','S*k'KË?Sfei--"-^'^-"
•îVSW'^i'SSî'ï-**"**^**'^*''
^
SLLB
le voyager I
subsistant j
: j quoique
y tiennent
>ar les pre-
ire*
st toujours
in est doux
n bruit ni
int l'air, ne
) plus d'un
orizontale }
re qui sup-
une espèce
celle des
oupes par-
mt et sans
3 oies^sem-
un instinct
l'arrange-
nue chacun
jouissant
)re et ou-
^osition U
f
ï
BU C A K Jk. R D. ÙJ
plus favorable pour fendre l'air avec
plus d'avantage et moins de fatigue
pour la troupe entière ç car «elles se
rangent sur deux lignes obliquas for-
mant un angle à-peu-près comme un
V; ou si la bande est petite , elle ne
forme qu'une seule ligne , mais ordi-
nairement chaque troupe est à qua-
rante ou cinquante 5 chacun y garde
sa place avec une juster^.». admirable.
Le chef qui est à la poiute de Pangle,
et fend l'air le premier , va se reposer
au dernier rang lorsqu'il est fatigue ;
et tour-à-tour les autres prennent la
première place. Pline s'est plu à dé-
crire ce vol ordonné et presque rai-
sonné : tt II n'est personne, dit-il, qui
ne soit à porté? de le considérer ^ car
le passage des ni-as ne se fait pas dans
la nuit , mais en p.ei i jour ».
Onamême remarqué quelques points
de partage où les grandes troupes des
oiseaux se divisent , pour de là se ré-
pandre en diverses contrées : les an-
Oiseaux. VI. C
\\\
i
v3
uk»<!>«i«»^Mi''
»! -^'t-îî^j^'i*,-
t !f;
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(
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58 HISTOIRE WAT011ELL2
ciens ont indiqué le mont TauruSy
pour la division des troupes d'oies dan»
toute PAsie mineure ; le mont StUat ,
maintenant Cossonossi( en langtie tur-
que y champ des oies ) , où se rendent à
l^arrière-saisonde prodigieuses troupes
de ces oiseaux ^ qui de là semblent par-
tir pour se disperser dans toutes le»
parties de notre Europe.
Plusieurs de ces petites troupes ou
bandes secondaires se réunissant de
nouveau , en forment de plus grandear
et jusqu'au nombre de quatre ou cinq
cents que nous voyons quelquefois en
Kiver s'abattre dans nos champs où
ces oiseaux causent do grands dom-
mageS) en pâturant les blés qu'ils cher-
chent on grattant jusque dessous la
neige j heureusement les oies sont très*
vagabondes, restent peu en un endroit y
et ne reviennent guère dans le même
canton; elles passent tout le jour sur
la terre dans les champs ou les prés y
mais elles vont régulièrement tous les
■**S«M'WS^H»ï***'*"''
ÎL12
it Taurusy
d'oies dan»
ont SfiUat p
iangtietur-
e rendent a
ses troupes
nblent par-
toutes let
troupes ou
inissant de
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;re ou cinq
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hamps où
inds dom-
uUls cher-
lessous la
sont très*
endroit y
le même
jour sur
les prës ,
t tous les
m
D tJ C A W A R D. 69
soirs se rendre sur les eaux des rivières
ou des étangs; elles y passent la nuit
entière , et n'y arrivent qu'après le
coucher du soleil; il en survient même
après la nuit fermée , et l'arrivée de
chaque nouvelle bande est célébrée par
de grandes acclamations | auxquelles
les arrivantes répondent de façon que
sur les huit ou neuf heures et dans la
nuit la plus profonde^ elles font un si
grand bruit et poussent des clameurs
si multipliées , qu'on les croiroit as-
semblées par milliers.
On pourroit dire que ^ dans cetlei
saison, les oies sauvages sont plutôt
oiseaux de plaine qu'oiseaux d'eau ,
puisqu'elles ne se rend^fUt à l'eau que
la nuit , pour y chercher leur sûreté ;
leurs habitudes sont bien différentes
et même opposées à celles des canards
qui quittent les eaux où s'y rendent
les oies , et qui ne vont p\turer dans
les champs que la nuit , et ne revien*
Dont à l'eau que quand les oies la quit;
H"'-'^
!* »»
*tm**f'
^^
()0 HISTOIHE NATURELLE
tent. Au reste, les oies sauvages, clans
leurretourau printemps, ne s^arrétent
guère sur nos terres ; on n^en voit
inéme qu'un très-petit nombre dans
les airs , et il y a apparence que ces
oiseaux voyageurs ont pour le départ
et le retour deux routes différentes.
Cette inconstance dans leur séjour,
jointe à la finesse de Pouie de ces oi-
seaux, et à leur défiante circonspec-
tion, font que leur chasse est difficile^
et rendent même inutiles la plupart
des pièges quW leur tend : celui qu'on
trouve décrit dans Aldrovande , est
]|.eut-étre le plus sûr de tous , et le
mieux imaginé, ce Quand la gelée, dit-
il, tient les champs secs, on choisit un
lieu propre à coucher un long filet as-
sujéti et tendu par les cordes, de ma-
nière qu'il soit prompt et preste à s'a-
battre , à-peu-près comme les nappes
du filet d'alouette, mais sur un espace
plus long, qu'on recouvre de poussière^
on y place quelques oies privées pour
■i
4-
t -■»
^.ii/^X-tm^^
LELLE
Livages, dans
ne s'arrêtent
)n n'en voit
lombre dans
înce que ces
»ur le départ
iifférentes.
leur séjour^
ie de ces oi-
^ circonspec-
est difficile^
s la plupart
: celui qu'on
>vande , est
tous y et le
a gelée, dit-
|n choisit un
|ong iilet as>
es , de ma-
res te à s'a-
les nappes
un espace
poussière^
DU C A. N A B. D.
servir
d^appeL
il
6i
iel de
rivées
pour
t essentif
laîre tous ces préparatifs le soir, et de
ne pas s'approcher ensuite du filet j
car, si le matin les oies voyoient la ro-
sée ou le givre abattus, elles en pren-
droient défiance. Elles viennent donc
à la voix de ces appelans , et après de
longs circuits et plusieurs tours enPair^
elles s'abattent : l'oiseleur caché à cin-
quante pas dans une fosse, tire à temps
la corde du filet, et prend la troupe
entière, ou partie sous sa nappe. »
Nos chasseurs emploient toutes leurs
ruses pour surprendre les oies sauva-
ges ] si la terre est couverte de neige ^
ils se revêtent de chemises blanches
par-dessus leurs habits ; en d'autres
temps , ils s'enveloppent de branches
et de feuilles, de manière à paruitre
un buisson ambulant ; ils vont jusqu'à
s'affubler d'une peau de vache , mar-
chanten quadrupùdes,courbés sur leur
fusil ; et souvent ces stratagèmes no
suifisont pas pour approcher les oies |
•t
\ ^
^1 !
■■'♦
62 HISTOIRE NATURELLE
même pendant la nuit. lis prétendent
qu^il y en a toujours une qui fait sen-
tinelle le cou tendu et la tête élevée ^
et qui, au moindre danger, donne à la
troupe le signal d*alariné.Mais,conime
elles ne peuvent prendre subitement
Tessor , et qu^elles courent trois ou
quatre pas âur la terre , 6t battent des
ailes pendant quelques momens, avant
que de pouvoir s^éteter dans Pair, le
chasseur a le temps de les tirer.
Les oies sauvages ne restent dans ce
pays-ci toirt rhiver, que qua^d la sai-
son est douce : car, dans les hivers ru-
des, lorsque nos rivières et nos étangs
se glacent , elles s'avancent plus au
midi , à'ûii l'on en voit revenir quel'
ques-unes qui repassent vers la fin de
mars pour retourner au nord ; elies ne
fréquentent donc les climats chauds ^
et même la plupart des régions tempé-
rées , que dans le temps de leurs pas*
sages ; car nous ne sommes pas infor-
més qu^elles nichent en France ; quel-
■4
t:
'*
ïT
I
mfÈtmi^
ELLE
S prëtendene
qui fait sen-
te te élevée ,
r, donne à la
^aisjcomme
subitement
9nt trois ou
t battent des
mens, avant
ans l'air, le
s tirer,
tent dans ce
aaïid la sai-
)8 hivers ru-
t nos étangs
!nt plus au
venir quel-
rs la Rn de
à ; elles ne
ts chauds ,
ous tempé-
leurs pas*
pas infor-
nce 5 cj^ufil-
DITCANARD. 63
iq nés* unes seulement nichent en An-
gleterre , ainsi qu'en Sîlésie et en
BothniiȔ d'autres, eu plusgrandnom-
bre , vont nicher dans quelques can-
ton^* de la grande Pologne et de là Li-
thuanie; néanmoins lé gros de l'espèce
tie s'établit que plus loin da^s le nord,
etsans s^arrêter ni iur les côtes de l'Ir-
lande et de l'Ecosse , ni même en tous
les points de la longue côte de Notwè-
ge. On voit ces oiseau?^ se porter en
troupes immenses jusque versleSpitz-
berg le Groenland et les terres de la
baie d'Hudson, où leur graisse et leur
fiento sont une ressource pour les mal-
heureux habitans de ces contrées gla*
cées. Il y en a de môme des troupes
innoiab râbles sur les lacs et les riviôres
de la Laponie, ainsi %|tie dans les plai-
nes de Mangasea, le long du Jénisca,
dans plusieurs autres parties de In SI*
bérit: , jusqu'au Kamtschatka, où elles
arrivent au moi.^ de mai, et d'( > <4les
ne partent qu'en novembre , ;iprè<»
^0mf% mmm*m ^-
i-r à
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«y^a*vc, passer.;, r ie«
printemps vers l'ouest T. " ""
^« viennent delMl^*^ """* *!"'''-
<:'Mt <i. e k n- '^ ^ ^'"' <*"«'" »
o,-s7 ' grande partie de ces
0"i8 du nord-est de l'Asie „ .
-"tréesdu^idiversftsfTs'r'"
des et Je Japon , où l'on r ' "'
P«-êede'„C ':^:t""'"""
«ssure même n..' t "^f * •• °n
dont on fe"''"^''*'^'^""'^
leur d^fi ' "" ' '^"fa" oublier
*eur devance naturelle.
»Jn lait qui semble venir à l'ann •
du passage des oies de I'aL • '^^"'
A«e , c'est que la J ^""^"1"^ «»
7 <»«' 4ueia même esnAr*» ^> •
«auvage , «,ui se voit en P '°
^-. - trouve auTsrifx'r''^"
auCa„ada,41,JVo„,,l;'l^°"'"«'>e,
-■He» côtes occideni't^,^^^^^^
1"e septentrionale 5 nous ,L
oettemémeespèces., ^ ""' "
• '^ i étendu* de !'Am6.^u»
it!
^. Steller les
ledeBerijjg,
5 l'est el; au
rë&ume qu'él-
ue au JCamts-
)lus certain ,
artie de ces
' 9 gagne les
erse , les lu-
*^serve leur
Europe : on
I 'a sécurité
fait oublier
«• à l'appui
werique en
îpèce d'oie
rope et en
Louisiane ,
'pagne , et
î l'Améri-
;norons si
gaiemt,,^
..f /
DU CANARD* 65
méridionale ; nous savons seulement
que la race de l'oie privée , transpor-
tée d'Europe au Brésil, passe pour y
avoir acquis une chair plus délicate et
de meilleur goût ; et qu'au contraire
elle a dégénéré à Saint-Domingue , où
M. le chevalier Lef'ebvre Deshayes a
fait plusieurs observations sur le na-
turel de ces oiseaux en domesticité, et
particulièrement sur les signes de joie
que donne l'oie mâle à la naissance des
petits (i). M. Deshayes nous apprend
de plus qu'on voit à Saint-Domingue
(i) Quoique l'oie souffre ici d'être plumëe
de son duvet trois fois l'année , son espèce
néanmoins est moins précieuse dans un cli-
mat où la santé défend , en dépit de la mol-
lesse, de dormir sur le duvet, et où la
paille fraîche est le seul Ht où le sommeil
puisse s'abattre. La chair de l'oie n'est pas
non plus aussi bonne k Saint - Domingue
qu'en France; jamais elle n'est bien grasse ;
elle est filandreuse , et celle du canard
mérite à tous égards la préférence. Obsev*
A
>. >é
\i
«ne o.e de passage qui, eo„„,e en E...
a "antln! I '"'^'S""'*» »« PO'te-t fort
Nouvel mV"''''' «^''«J'onales du
No„veau.Mo„de,co»„e dan. celle.
^Sr rit? '"' ^- '"^ '*-'^^
animal dëmontre J, '^. '""."'«"ger ; cet
pied, de façorr^L *"• *"*P'g"«« de.
™9"e», puisqu-ik n-o„T,tr:„7dr ''•''•
Circonstance pf «.*»:! ^ °^"® <^ette
«on, dan, leur p"e° ier » \"""'e^'<'>» oi-
•a propre su^ZT^fsetf^"'- r^Iige
de son cœur • c^tJx . " " 'a oie
comme celle de vôlanlr*'''"! •"«""•''»
••* »e, pedt,, la llîf ;.;,'' "'"""'' '<"»
1
■•«■
•fetià****-.
rRELLE
comme en Eu-
is grande que
îmble prouver
e portent fort
ridionales du
e dans celles
où elles ont
t, le chevalier
parlé, ce me
guliers de joie
i ses petits les
manger î cet
ion en levant
•épignant des
■ qu'il danse.
sont pas équi-
ic dans cette
>étés presque
ngeraux oi-
ïère néglige
er à la joie
quelquefois
distraction
cîiasse loin
"P«*e» il là
r. Idem,
DU CANARD. 6^
)énétré jusque sous la zone torride ^
^et paroissent même Tavoir traversée
|oute entière \ car on les trouve au Sé-
négal j au Congo | jusque dans les ter-
ces du Cap de Bonne - Espérance , et
ieut-étre jusque dans celles dn conti-
Éient austral. £n effet , nous regardons
^es oies y que les navigateurs ont ren-
llpontrées le long des terres MagelLani«
gués , àla terre de Feu ) à la Nouvelle-*
l^ollande j etc. comme tenant de ^rès «
ifrès à l'espèce de nos oies , puisqu'ils
|ie leur ont pas donné d'autre nom.
fféanmoins iL paroit qu'outre l'e^rA'ne
commune, il existe , dins ces conv.t^Sy
d'autres espèces dont nous allons don-
ner la description.
L'OIE des terres Magellaniqurs*
Seconde espèce.
Cette grande et belle oie, qui paroît
être propre et particulière à cette con-
trée , a la moitié inférieure du cou^ la
: j^ '
<«**miA^
¥
t <
if?
X
6I& HISTOIRE NATURELLE
poitrine et le haut du dos ricliemeiit
émaillés de festons noirs sur un fond
roux ; le plumage du ventre est ou-
vragé de mêmes festons sur un fond
blanchâtre ; la tête et le haut du cou
sont d'un rouge pourpré; Paile porte
une grande tache blanche , et la cou-
leur noirâtre du manteau est relevée
par un reflet de pourpre.
Il paroît que ce sont ces belles oies
que le commodore Byron désigne sous
le nom à* oies peintes , et qu'il trouva
sur 1p. pointe San-^y , au det»oit de
Magellan. Peut-êtr. \ussi ce le espèce
est-elle la même que celle qu'indique
le capitaine Cook , souo la simple dé-
nomination de nouvelle espè --> d'oie ,
et qu'il a rencontrée sur ces côtes orien-
tales du détroit de Magellan et de ta
terre de Feu , qui sont entourées par
d^immenses lits flottans de passe-
pierre*
lELLE
ios richement
sur un fond
entre est ou-
sur un fond
haut du cou
55 l'aile porte
e , et la cou-
•u est relevée
es belles oies
désigne sous
t qu'il trouva
u def»oit de
ice te espèce
e qu'indique
îa simple dé-
^p^ ' d'oie ,
côtes orien«
llan et de la
ntourées par
de passe-
DV CANA.IID.
h
■•1
L'OIE des lies Malouines , ou Falkland.
Troisième espèce.
•I
« De plusieurs espèces d'oies , dont
;|a chasse, dit M. de Bougainville, for-
tmoit une partie de nos ressources aux
^' Iles Malouines, la première ne faitque
>|^àturer5 on lui donne improprement
|e nom à'' outarde ^ ses jambes élevées
)ui sont nécessaires pour se tirer des
grandes herbes , et son long cou la sert
jbien pour observer le danger^ sa dé-
Inarche est légère , ainsi que son vol ,
dételle n'a point le cri désagréable de
'|son espèce ; le plumage du mâle est
I blanc , avec des mélanges de noir et de
I cendré sur le dos et les ailes; la femelle
^ est fauve , et ses ailes sont parées de
couleurs changeantes; elle pond ordi»
nairement six œufs; leur chair saine j
nourrissante et de bon goût , devint
notre principale nourriture ; il étoit
j rare qu'on en manquât : indé]>endani-
Oiseaux. VI. 7
ïrT^'nF^^^^^^Wff^^ *
f-^
1
i '
â
«70 HISTOIRE NATURELLE
ment de celles qui naissent sur l'ile ,
les vents d'est en automne en amènent
desvoléeS) sans doute de quelque terre
inhabitée ; car les chasseurs reconnois-
soient aisément ces nouvelles venues^
au peu de c rainte que leur inspiroit la
vue des hommes. Deux ou trois au-
tres sortes d'oies j que nous trouvions
dans ces mêmes tles , n'étoient pas si
recherchées, parce que j se nourrissant
de poisson j elles en contractent un
goût huileux »>«
Nous n'indiquons cette espèce sous
la dénomination à''oie des iles Ma^
louines , que parce que c^est dans ces
tles qu'elle a été vue et trouvée , pour
la première fois , par nos navigateurs
français; car il parott que les mêmes
oies se rencontrent au canal de Noël,
le long de la terre de Feu | de Pile
Schagg dans ce même canal , ethsur
d'autres lies près de la terre des Etats ;
du moins M. Cook semble renvoyer à
leur sujet, à la description de M. de^
r \
il
»tri-i*»»--
,«s^j!.a:jaB!«a««M«w-*«*
rRELLE
sent sur i'ile,
me en amènent
s quelque terre
Burs reconnois-
ivelles venues,
sur inspiroit la
K ou trois au-
nous trouvions
'étoient pas si
se nourrissant
ontractent un
te espèce sous
des iles Ma-
c^est dans ces
trouvée , pour
8 navigateurs
Je les mêmes
mal de Noël,
?eu, de l'île
;anal , et sur
•re des Etats;
e renvoyer à
on de M. de
DU CANARD.
>rsau'il dit:
71
gainville, lorsqu'il dit : a Ces oies
paroissent très « bien décrites sous le
liom Moutardes ^ elles sont plus petites
que lesoies privées d'Angleterre, mais
aussi bonnes; elles ont le bec noir et
court, et les pieds jaunes ; le mâle est
ïlout blanc • la femelle est mouchetée
/|de noir et de blanc ou de gris , et elle
^ une grande tache blanche sur chaque
^i|ile ». Et quelques pages auparavant
il en fait une description plus détaillée
en ces termes : ce Ces oies nous paru-
rent remarquables par la différence de
couleur entre le mâle et la femelle ; le
mâle étoit un peu moindre qu'une oie
Iprivée ordinaire,et parfaitement blanc ^
^excepté les pieds qui étoient jaunes,
let le bec qui étoit noir ; la femelle •
I au contraire ^ étoit noire , avec des
barres blanches en travers , une tête
grise , quelques plumes vertes et d'au-
tres blanches. Il paroi t que cette dif-
férence est heureuse , car la femelle
étant obligée de conduire ses petits |
I
tia»>:«nr««ii.,.
^.^..^ .ttr
^,:^«(j*»^'?^, "f, -i^v-*!-»*
^if:
xV^
^2, HISTOIRE NATURELLE
sa couleur brune la cache mieux aux
faucons et autres oiseaux de proie 33.
Or , ces trois descriptions paroissent
appartenir à la même espèce ^ et ne
diffèrent entre elles que par le plus
ou le moins de détails. Ces oies four-
nirent aux équipages du capitalise
Cook un rafraîchissement aussi r ^.ëa-
ble, qu'il le fut aux iles Malouines à
nos Français.
L'OIE DE GUINÉE.
Quatrième espèce.
Le nom d'oie-cygne {Swan-goose) ,
que Willulghby donne à cette grande
et belle oie , est assez bien appliqué ,
si l'oie du Canada , tout aussi belle au
moins , n'avoit pas le même droit à ce
nom , et si d'ailleurs les dénominations
composées ne dévoient pas être bannies
de l'Histoire Naturelle. La taille de
cette belle oie de Guinée surpasse
celle des autres oies ; son plumage est
LELLE
iie mieux aux
IX de proio »,
ins paroissent
ispèce y et ne
3 par le plus
Ges oies four'>
clu capitaihe
t aussi r ^r.éa.'
Malouines à
INEE.
e.
wan-goosé) ,
cette grande
n appliqué,
ussi belle au
le droit à ce
nominations
être bannies
-•a taille de
ée surpasse
plumage est
DIT CAWARD.
7^
gris-brun sur le dos , gris-blanc au-de»
Tant du corps , le tout également nué
de gris - roussàtre , avec une teinte
brune sur la tête et au-dessus du cou ^
elle ressemble donc à l'oie sauvage par
les couleurs du plumage ; mais la gran-
deur de son corps e^ le tubercule élevé
qu'elle porte sur la base du bec , l'ap-
prochent un peu du cygne , et cepen-
dant elle diffère de l'un et de l'autre
par sa gorge enflée et pendante en ma-*
nière de poche ou de petit fanon ; ca-
ractère très-apparent , et qui a fait don«
ncr à ces oies le nom de jabatières,
L^Afrique, et peut-être les au très terres
méridionales de Tancien continent, pa-
roissent être leur pays natal; et, quoi-
que Linnaeus les ait appelées oies d^
Sibérie , elles n'en sont point origi-
naires^ et ne s'y trouvent pas dans leur
état de liberté; elles y ont été appor-
tées des climats chauds, et on les a mul-
tipliées en domesticité , ainsi qu'en
Suède et en Allemagne. Frisch ra^
hmkMKWMHC"
.mm^mmi;;'*!!^
•s
'»H«
i i
y4 HISTOIRE NATUKEt.l.R
conte qu'ayant plusieurs ibis montré à
des Russes de ces oies qu'il nourrissoit
dans sa basse-cour , tous sans hésiter j
les avoient nommées oies de Guinée ^
et non pas oies de Russie ni de Sibé'
rie. C'est pourtant sur la foi de cette
fausse dénomination donnée par Lin-
nseus , queM.Bri£sony après avoir dé-
crit cette oie sous son vrai nom d'o/e de
Ouinée, la donne une seconde fois sous
celui d'o/e de Moscovie , sans s'être
aperçu que ses deux descriptions sont
exactement celles du même oiseau.
Non -seulement cette oie des pays
chauds produit en domesticité dans des
climats plus froids; mais elle s'allie avec
l'espèce commune dans nos contrées ;
et , de ce méiange, il résulte des métis
qui prennent de notre oie le bec et les
pieds rouges y mais qui ressemblent à
leur père étranger par la tête , le cou
et la voix forte , grave y et néanmoins
éclatante | car le clairon de ces grandes
oies est encore plus retentissant que
ly .
ibis montre à
*il nourrissoit
sans hésiter y
de Guinée ^
e ni de Sibé-
. ioi de celle
née par Lin-
rès avoir dé-
nom d'o/e de
nde fois sous
sans s'être
riptions sont
16 oiseau,
ie des pays
:ité dans des
î s'a]Jie avec
s contrées $
te des métis
e bec et les
semblent à
^te , le cou
néanmoins
;es grandes
issant que
DU C A H A K. D.
75
celui des nôtres , avec lesquelles elles
ont bien des caractères communs. La
même vigilance paroit leur être natu-
relle, a Rien , dit M. Frisch , ne pou-
voit bouger dans la maison pendant la
nuit, que ces oies de Guinée n'en aver-
tissent par vtn grand cri \ le jour elles
annoncoient de même les hommes et
lesanimauxquientroientdan&labasse-
cour , et souvent elles les poursui voient
pour les becqueter aux jambes ». Le
bec , suivant la remarque de ce natu-*
raliste, est armé sur ses bords de pe-
tites dentelures, et la langue est garnie
de papilles aiguës^ le bec est noir, et
le tubercule qui le surmonte , est d'un
rouge vermeil. Cet oiseau porte la tête
haute en marchant; son beau port et
»a grande taille lui donnent un air as-
sez noble. Suivant M. Frisch, la peau
du petit fanon ou la poche de la gorge,
n'est ni molle ni flexible , mais ferme
ot résistante, ce qui pourl„<it semble
peu s'accordef avec l'usage que K,olba
A
i
f
u <»
i
V.
i. I
vi ^ M}
j6 HISTOIRE NATURELLE
nous dit qu'en l'ont au Cap les matelots
et les soldats. On m'a envoyé la tête et
le cou d'une de ces oiesj et l'on y voyoit
à la racine de la mandibule inférieure
du bec ) cette poche ou fanon ; mais ^
comme ces parties étoientà demi-brû-
lées , nous n'avons pu les décrire exac-
tement; nous avons seulement recon-
nu ) par cetenvoi qui nous a été adressé
de Dijon ^ que cette oie de Guinée .'î
trouve en France comme en Allema-
gne 9 en Suède et en Sibérie.
L'O I E ARMÉE.
Cinquième espèce.
Cette espèce est la seule , non-seu-
lement de la famille des oies^ mais de
toute la tribu des oiseaux palmipèdes^
qui ait aux ailes des ergots ou éperons ^
tels que ceux dont le kamiclii^ les ja-
canaS; quelques pluviers et quelques
vanneaux sont armés : caractère singu-
lier que '« nature a peu répété , et qui
}'\\
A .,
.#***^
ELLE
> les matelots
oyé la tête et
l'ony voyoit
le inférieure
non ; mais ^
à demi-brû-
lée rire exac-
ment recon-
El été adressé
e Guinée ^ ^
en Allema-
:ie.
É E.
3 9 non*seu-
2Sy mais de
almipôdes,
u éperons ,
;lii, les ja-
t quelques
tère singu-
ité , et qui
DU CANARD. r^J
[dans les oies distingue celle-ci de tou-
Ites les autres. On peut la comparer
pour la taille , au canard musqué; elle
a les jambes hautes et rouges ; le bec
de la même couleur et surmonté au
front d'une petite caroncule; la queue
|et les grandes pennes des ailes son^
fiioires ; leurs grandes couvertures sont
vertes, les petites sont blanches et tra-
versées d'un ruban noir étroit ; ie man-
teau est roux , avec des reflets d'un
pourpre obscur ; le tour des yeux est
de cette même couleur, qui teint aussi,
mais foiblement, la tête et le cou; le
devant du corps est finement liseré de
petits zig-zags gris, sur un fond blanc-
jaunâtre.
Cette oie est indiquée dans nos plan-
ches enluminées comme venant d'E-
j>ypte. M. Brisson l'a donnée sous le
nom à* oie de Gambie^ et , en effet, il
est certain qu'elle est naturelle en
Afrique ; et qu'elle se trouve particu-
lièremenl au Sénégal.
IMIP**^^^^^*»
1
r -f
HISTOIRE NATURELLE
L'OIE BRONZÉE.
(■
^ ,
Sixième espèce.
C'est encore ici une grande et belle
espèce d^oie y qui de plus est remar-
quable par une large excroissance char*
nue f en forme de crête , au-dessus du
bec ; et aussi par les reflets dorés y
bronzés et luisans d^acier bruni', dont
brille son manteau sur un fond noir;
la tête et la moitié supérieure du cou
sont mouchetées de noir dans du blanc
par petites plumes rebroussées, comme
bouclées sur le derrière du cou; tout
le devant du corps est d'un blanc teint
de gris sur les flancs. Cette oie paroit
moins épaisse de corps, et a le cou plus
grêle que l'oie sauvage commune* quoi<
que sa taille soit au moins aussi grande .
Elle nous a été envoyée de la côte de
Coromandel ; et peut • être l'oie à
crête de Madagascar , dont parlent
les voyageurs Rennefort et Flacourt |
v f
^jirfgW»^'
lELLE
ZÉE.
ande et belle
s est remar-
»issance char-
iu-dessus du
ïflets dorés ,
bruni', dont
>n fond noîr ;
eure du cou
ans du blanc
sées, comme
u cou; tout
i blanc teint
te oie paroi t
I le cou plus
mune, quoi-
ussi grande.
i la c6te de
tre l'oie à
>nt parlent
Flacourt ,
DU CANARD. 79^
sous le nom de rassangue , n'est-elle
que le même oiseau, que nous croyons
aussi reconnoître à tous ses caractères
àAiisVipécatiapoadiQS Brésiliens, dont
Marcgrave nous a donné la description
ict la figure ; ainsi cette espèce aqua-
)^tique seroitune de celles que la nature
a rendues communes aux deux con-
itinens.
L' O I E D' É G Y P T E.
Septième espèce.
Cette oie est vraisemblablement
celle que Granger , dans son Voyage
d'Egypte , appeloit Voie du Nil, Elle
est moins grande que notre oie sau-
vage ; son plumage est richement
émaillé et agréablement varié : une
large tache d'un roux vif se remarque
sur la poitrine ; et tout le devant du
corps est orné , sur un fond gris-blanc ,
d'une hachure très-fine de petits zig-
zags d'un cendré teint de roussâtre \
'f -w^»«»^iP"'r«(î?55"'
»i"j
h.
'■>
•'■ i
i
h
rm
80 HISTOIRE NATURELLE
le dessus du dos est ouvragé de même ^
mais par zig-zags plus serrés , d'où ré'
suite une teinte de gris-roussâtre plus
foncé : la gorge , les joues et le dessus
de la tête sont blancs ; le reste du cou
et le tour des yeux sont d'un beau roux
ou rouge-baie y couleur qui teint aussi
les pennes de Paile voisines du corps ;
les autres pennes sont noires; les gran-
des couvertures sont chargées d'un re-
flet vert-bronzé sur un fond noir ; et
les petites , ainsi que les moyennes ,
sont blanches ; un petit ruban noir
coupe l'extrémité de ces dernières.
Cette oie d'Egypte se porte ou s'é-
gare dans ses excursions , quelquefois
très-loin de sa terre natale ; car celle
que représentent nos planches enlumi-
nées , a été tuée sur un étang près de
Senlis ; et , par la dénomination que
Ray donne à cette oie , elle doit aussi
quelquefois se rencontrer en Espagne.
R.ELLE
•âgé de mêmej
îrrés , d'où ré.
roussâtre plus
es et le dessus
e reste du cou
l'un beau roux
qui teint aussi
nés du corps ;
îires; les gran-
rgées d'un re-
fond noir ; et
JS moyennes ,
t ruban noir
i dernières,
porte ou s'é-
9 quelquefois
lie 5 car celle
nchesenlu mi-
étang près de
mination que
lie doit aussi
r en Espagne.
^
DU CANARD.
81
L'OIE DES ESQUIMAUX.
Huitième espèce.
Outre l'espèce de nos oies sauvages,
qui vont en si grand nombre peupier
notre nord en été , il paroît qu'il y a
aussi dans les contrées septentrionales
du nouveau continent quelques espè-
ces d'oies qui leur sont propres et par-
ticulières; celle dont il est ici question ,
fréquente la baie d'Hudson et les pays
des Esquimaux; elle est un peu moin-
dre de taille que l'oie sauvage com-
mune; elle a le bec et les pieds rouges;
le croupion et le dessus des ailes d'un
bleu-pâle * la queue de cette même
couleur, i -nis plus obscure; le ventre
blanc, nup de brun; les grandes pennes
des ailes et les plus près du dos sont
noirâtres; le dessus du dos est brun ,
ainsi que )e bas du cou, dont le dessous
est moucLeté de brun sur un fond
blanc; le sommet de la tête est d'un
roux brûlé.
Oiseaux. Vi. S
k
^v
,i
8a
HISTOIRE NATUREtLC
l'OIE RIEUSE.
■:'i i n
l
a
Neuvième espèce.
Edwards a donné le nom d'oie rieuse
à cette espèce) qui se trouve, comme la
précédente , dans le nord de PAméri-
que , sans nous dire la raison de cette
dénomination, qui vient apparemment
de ce que le cri de cette oie aura paru
avoir du rapport avec un éclat de rire;
elle est de la grosseu " de notre oie sau-
vage; elle a le bec et les pieds rouges;
le front blanc; tout le plumage au-des-
sus du corps , d*un brun plus ou moins
foncé, et au-dessous d'un blanc parse-
mé de quelques taches noirâtres. L'in-
dividu décrit par Edwards, lui avoit
été envoyé de la baie d'Hudson; mais
il dit en avoir vu de semblables à Lci*
dres dans les grands hivers. Linnaeus
décrit une oie qui se trouve en Helsin»
gie, et qui semble être la même; d'où
il paroit que ^ si cette espèce n'est pas
^vJ^-Wr. V
,||M*StaS«(«»' ■:-^•J&■
0
.ELLE
USE.
n d'oie rieuse
ve^ comme la
de PAméri-
ison de cette
pparemment
»ie aura paru
éclat de rire;
lotre oie sau-
ieds rouges;
nage au-des-
lus ou moins
blanc parse-
râtres.L'in-
s , lui ayoit
idson; mais
ables à Lci-
s. Linnaeus
î en Helsiri'
même; d'où
ce n'est pas
'i
DU C A N A 11 D. 83
I précisément commune aux deux conti-
nens, ses voyage' du moins dans cor-
taines cire «nsiances, la font passer de
l'un à ''a-
L'OJ
tJP A V ATTE,
me espèce.
Une cravatte blanche passée sur une
gorge noire, distingue assez cette oie ^
qui est encore une de celles dont l'es-
pèce paroit propre aux terres du nord
du Nouveau-Monde> et qui en est du
moins originaire ; elle est un peu plus
grande que notre oie domestique, et a
le cou et le corps un peu plus déliés et
plus longs; le bec et les pieds sont de
couleur plombée et noirâtre; la tête et
le cou sont de même noirs ou noirâtres;
et c'est dans ce fond noir que tranche
la cravatte blanche qui lui couvre la
gorge. Du reste, la teinte dominante de
son plumage est un brun-obscur etquel-
quefois gris.^ous connoissons cette oio
y
IMAGE EVALUATION
TEST TARGET (MT-3)
1.0
l.l
Iàâ|2j8 |25
■U ËiÀ 12.2
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2.0
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Photographie
Sciences
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(716) S72-4S03
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'n
84 HISTOIRE NATUKEI.LB
en France sous le nom d'o/'e du Cana*
da^ elle s'est même assez multipliée
en domesticité ; et on la trouve dans
plusieurs de nos provinces^ il y en avoit
ces années dernières plusieurs centai-
nes sur le grand canal à Versailles^ où
elles vivoient familièrement avec les
cygnes : elles se tenoient moins souvent
sur l'eau que sur les gazons au bord du
canal , et il y en a actuellement une
grande quantité sur les magnifiques
pièces d'eau qui ornent les beau jar-
dins de Chantilly. On les a de même
multipliées en Allemagne et en Angle-
terre : c'est une belle espèce, qu'on
pourroit aussi regarder comme faisant
une nuance entre l'espèce du cygne et
celle de l'oie.
Ces oies à cravatte voyagent vers le
sud en Amérique, car elles paroissent
en hiver à la Caroline, etEdwards rap-
porte qu'on les voit dans le printemps
passer en troupe au Canada , pour re-
tourner à la baie d'Hudson et dans lea
u Cana*
ultipliée
ive dans
en avoit
s centai-
lilleS) où
avec les
» souvent
i bord du
lent une
^nifiques
leau jar-
le même
n Angle-
î, qu'on
e faisant
cygne et
it vers le
iroissent
irds rap-
rintemps
pour re-
dans lea
D TJ C A N A B. D. 85
ftntres parties les plus septentrionales
de l'Amérique.
Outre ces dix espèces d'oies 9 nous
trouvons, dans les voyageurs, l'indica-
tion de quelques autres qui se rappor-
teroient probablement à quelques-unes
des précédentes , si elles étoient bien
décrites et mieux connues; telles sont :
1°. Les oies d'Islande dont parle An*
derson , sous le nom de margées , qui
sont un peu plus grosses qu'un canard;
elles son t en si grand nombre dans ce tte
Sle , qu'on les voit attroupées par mil-
liers.
2«*. L'oie appelée helsinguer, par le
même auteur , laquelle vient s* établir
à V est de Vile y et qui ^ en arrivant y
est si fatiguée , qu^elle se laisse tuer
à coups de bâton,
Z^, L'oie de Spitzberg, nommée par
les Hollandais , oie rouge»
4°* La petite oie loohe des Ostiaks ,
dont M. de l'Isle décrit un individu tué
au bordderOby, «Ces oies, dit-il, ont
i
;^ i
ê
Kil
.t'a
' .••■
%G HISTOIRE IfATURELLX
les ailes et le dos d'un bleu-foncë et
lustré; leur estomac est rougeàtre^ et
elles ont au sommet de la tête une ta-
che bleue de forme ovale y et une ta«
che rouge de chaque câté du cou ; il
règne depuisi la tête jusqu'à Pestomac^
une raie argentée de la largeur d'un
tuyau de plume y ce qui Ikit un très*
bel effet ».
5<>. Il se trouve à Kamtschatka ^ se-
lon KracheninnikoWi cinq ou six espè-
ces d'oies, outre l'oie sauva^g» commua
ne , savoir, la gumeniski y l^oie à cou
court , l'oie grise tachetée, l'oie à cou
blanc , la petite oie bliinchej Poie
étrangère » Ce voyagea i^a fait que
les nommer; et Steller dit seulement
que toutes ces oies arrivent à K.amts*
chatka dans le mois de mai, et s'en re^
tournent dana celui d'octobre.
6^. L'o/V de montagne , du Cap do
Bonne-Espérance, dontKolbe donne
une courte description , en la distin-
guant de Voie d'eau, qui est l'oie com-
•^t^S^lZ."
DUCAVAUD. 87
mune) et de la j'abotiîère ^ qui est Toi»
de Guinée. i^i r-^
Nous ne parlerons point ici de ces
prétendues oies noires des Moluques^
dont les pieds sont, dit-on^ con(o^«ië%
comme ceux des perroquets^ car dci
semblables disparates ne peuTeiit étroi
imaginées que par des gens entière^
ment ignoran? en Histoire naturelle.
* Après ces notices^ il ne nous reste ^
pour compléter L'exposition de la nom**
breuse famille des oies, qu'à y joindre
les espèces du crapont , de la bernache
et de Vefder ., qui leur appartiennent ^
et sont du même genre» : . i
LE GRAVANT.
w
Le nom de cravant, selon Gessuer,
n'est pas autre que celui de graU'Cnt ,
en allemand canard brun^ la couleur
du cravant est effectivement un gris-
brun ou noirâtre assez uniforme sur
tout le plumage ; mais^ par le port et
%
88 HISTOIRE NATUaELLB
par la figure^ cet oiseau approche plus
de Poie que du canard; il a la tête
haute et toutes les proportions de la
taille de l'oie ^ sous un moindre mo-
dule et avec moins d'épaisseur de corps
et plus de légèreté; le bec est peu large
et assez court ; la tête est petite^ et le
cou est long et grêle; ces deux parties^
ainsi que le haut de la poitrine ^ sont
d'un brun-noirâtre ) à l'exception d'une
bande blanche fort étroite j qui forme
un demi-collier sous la gorge ; carac«
tère sur lequel Selon se fonde | pour
trouver dans Aristophane un nom re-
latif à cet oiseau. Toutes les pennes
des ailes et de la queue ^ ainsi que les
couvertures supérieures de celle- ci ^
sont aussi d'un brun-noirâtre; mais les
plumes latéralçset toutes celles du des-
sous de la queue sont blanches; le plu-
mage du corps est gris-cendré sur le
dos, sur les flancs et au-dessus des ai-
les ; mais il est gris - pommelé sous le
ventre, où la plupart des plumes sont
1 jÇïS-^ ■" ^Kîw»"r~»*wT»t''x» « i»«r™^
— ^iJi-T-H-'i „ if^^ » '
4
he plus
la tête
s de la
re mo-
le corps
m large
:e, et le
parties^
e 9 sont
«n d'une
i forme
• carac-
By pour
Dom re-
pennes
que les
(Ue-ciy
mais les
} du des-
»;leplu-
é sur le
s des ai-
; sous le
mes sont
I> IT C ▲ N A R D. 89
bordées de blanchâtre; l*iris de l'oeil est
d'un jaune-brunâtre ; les pieds et les
membranes qui en réunissent les doigts
sont noirâtres, ainsi que le bec, dans le-
quel sont ouvertes de grandes narines |
en sorte qu'il est percé à jour .
On a long -temps confondu le cra-
vant avec la bernache , en ne faisant
qu'une seule espèce de ces oiseaux :
Willulghby avoue qu'il étoit dans l'o-
pinion que la bernache et le cravant
n'étoient que le mâle et la femelle y
mais qu'ensuite il reconnut distincte-
ment et à plusieurs caractères, que
ces oiseaux formoient réellementdeux
espèces différentes. Belon qui indique
le cravant sous le nom de cane de mer a
collier y désigne ailleurs la bernache
sous le nom de cravant, et les habitans
de nus côtes font aussi cette méprise ;
la grande ressemblance dans le pluma-
ge et dans la forme du corps , qui se
trouve entre le cravant et la bernache,
j a donné lieu; néanmoins la bernache
I.
■■nim»
,''(/-•'
^.K
■i \
5^0 HISTOIRE NATURELLE
a le plumage décidément noir, au liea
que dans le cravant il est plutôt brun-
noirâtre que noir) ^t indépendamment
de cette différence y le cravant fré-
quente les c6tea des pays tempérés ^
tandis que la bernaclie ne paroh que
sur les terres les plus septentrionales;
ce qui suffit pour nous porter à croire
que ce sont en effet deux espèces dis^
tinc tes et séparées. ■'■
Le cri du cravant est un son sourd
et creuZ) que nous avons souvent en •
tendu ) et qu'on peut exprimer par
ouan , ouan^ c'est une sorte d'aboie*
ment rauque que cet oiseau fait enten-
dre fréquemment; ilaaussi^ quand on
le poursuit) ou seulement lorsqu'on
s'en approche) un sifflement semblable,
à celui de l'oie.
Le cravant peut vivre en domesti-
cité ; nous en avons gardé un pendant
plusieurs moist sa nourriture étoit du
grain ) du son ou du pain détrempé; il
s'est constamment montré d'un natu^
.-,/:
■ r\
^.H*- ' i.<*
*••■■>■*«
•y au liea
tôt brun-
lammenk
rftnt frë-
impërés ^
iroit qua
rionales^
: à croire
èces dis*
>ii sourd
vent en*
mer par
d'aboie*
it enten*
uand on
r&qu'on
mblable
omestî-
rendant
^toit da
ioipë; il
natu^
DIT CANA.&D. 9t
rel timide et sauvage , et s'est refusé à
toute familiarité ; renfermé dans un
jardin avec des canards- tadornes ^ il
s^en tenoit toujours éloigné ! il est mê-
me si craintify qu'une sarcelle avec la-
quelle il avoit vécu auparavant y le
snettoit eu fuite. On a remarqué qu'il
mangeoit pendant la nuit autant et
peut-être plus que pendant le jour; il
aimoit à se baigner ^ et il secouoit sea
ailes en sortant de l'eau : cependant
l'eau douce n'est pas son élément na-
turel y car tous ceUx que l'on voit sur
nos cêtes y abordent par la mer. Voici
quelques observations sur cet oiseau >
qui nous ont été communiquées par
M. Bâillon. ^ ^ ' •
«Left cravans n'étoientguère connus
6ur nos côtes de Picardie avant l'hiver
de 1740 f le vent du nord en amena
alors une quantité prodigieuse; la mer
en étoit couverte; touft les marais étant
glacés , ils se répandîreut daiis les ter«
re's I et firent ùtt très-grand dégât en
S:
i
f 4|i » »-j*,«"5|^
(
^
,♦ .m:-
^^ HISTOIRE NATURELLE
pâturant les blés qui n^étoient paft
couverts de neige ; ils en dévorèrent
jusqu'aux racines. Les habitans dos
campagnes que ce fléau désoloit , leur
déclarèrent une guerre générale \ ils
approchèrent de très-près pendant les
premiers jours ^ et en tuoient beau-
coup à coups de pierres et de bâtons :
mais on les voyoit y pour ainsi dire ,
renaître \ de nouvelles troupes sor-
toient à chaque instant de la mer f
et se jetoient dans les champs ; ils dé-
truisirent le reste des plantes que la
gelée avoit épargnées*. ••
3» D^autres ont reparu en 1765 , et
les bords de la mer en étoien t couverts ;
mais le vent du nord qui les avoit ame-
nés ayant cessé j ils ne se sont pas ré-
pandus dans les terres y et sont partis
peu dé jours après.
3» Depuis ce temps on en voit tous
les hivers , lorsque les vents de nord
soufflent constamment pendant quinze
jours ; il en a paru beaucoup au çox&-
».
"***r*'*'!w''î^**W'
^^
■"-«'..■«?
rKELLE
n'étoient pa9
en dévorèrent
' habitans des
désoloit ) leur
générale 5 ils
^8 pendant les
;uoient beau-
et de bâtons t
ur ainsi dire^
troupes sor-
t de la mer |
lamps ; ils dé-
plantes que la
I en 1^65 , et
ent couverts;
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} sont pas ré-
et sont partis
en voit tous
ents de nord
ndant quinze
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I
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■■^ ï'i
fci^, V
**<mtvmnui i\t3 ■77^^ î ms.u^ lii terre
itip* «KitxtîM^ •*•• ^fi if'- ^ U «hiDar*:
Ik^ii faii. ii>s^'i v>'«vv; î>'i'r^i-' . ,
1- *^ "H %■ H ■'>' î- »■ vï .
^ ♦f-Vi-t' »v/v v:*ta-i>H ;. .vi„t;; '"' v 'C.,,* ■;; r
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t
^^ i^Jjkîta
■■ • '■■•'•-'. 'i' ,;■
m--.-
<,i
r:
(
;)'-•:'
BU CANARD. ^3
tn€ncement de 1776 ; mais la terre
étant couverte de neige , la plupart
sont restés à la mer : les autres qui
ëtoient rentres dans les rivières ou
qui s'ëtoient répandus sur leurs bords ^
à peu de distance des côtes ^ furent
forcés de s'en retourner par les glaces
que ces rivière? charioient ou que la
marée y refouloit. Au reste y la chasse
qu'on leur a donnée les a rendus sau-
vages^et ils fuient actuellement d'aussi
loin que tout autre gibier »,
LA BERNACHE.
f{ •"*"•■
■^:i^'M. .,iW''-
' i -il
Entre les fausses merveilles que l'i«*
gnorance^ toujours crédule^ a si long*
temps mises à la place des faits simples
et vraiment admirables de la nature y
Tune des plus absurdes peut-être , et
cependant des plus célébrées , est la
prétendue production des bernaches
et des macreuses dans certains coquil-
lages appelés conques anatifères ^ ou
Oiseaux. YI. 9
•h
rJ
'<•■■
!■*■
I,
94 HISTOTRB TSTATURELLS
certains arbres des côtes d^£co8se et
des Orcades , ou même dans les boia
pourris des vieux navires.
Quelques auteurs ont écrit que de»
fruits j dont la conformation offre d*a<-
Tance des linéamens d'un volatile tom«
bés dans la mer , s'y convertissent en
oiseaux. Munster , Saxon le grammai-
rien et Scaliger l'assurent; Fugose dit
de même que les arbres qui portent ce»
fruits 9 ressemblent à des saules y et
qu'au bout de leurs branches se pro-
duisent de petites boules gonflées , of-
frant l'embryon d'un canard qui pend
par le bec à la branche , et que lors-
qu'il est mûr et formé y il tombe dans
la mer et s'envole. Vincent de Beau-
vais aime mieux L'attacher au tronc et
à l'écorce dont il suce le suc , jusqu^à
ce que déjà grand et tout couvert de
plumes 9 il s'en détache.
L'Eslœus, Majolus, Odéric^ Tor-
quemenda y Chavasseur j l'évêque
Olaiis et un savant cardinal | attestent
I
RELLS
tes d ^Ecosse et
e dans les boi»
res.
it écrit que de»
ation offre d*a-
in volatile toin«
invertissent en
on le graminai-
tnt; Fugose dit
qui portent ce»
les saules j et
mches se pro<-
s gonflées , of-
nard qui pend
9 et que lors*
il tombe dans
ent de Beau*
ler au tronc et
suc, jusqu^à
ut couvert de
}déric, Tor-
j l'évêque
nal y attestent
1
BCrCA.NAB.D. pS
tous celte étrange génération ; et c'est
pour la rappeler que l'oiseau porte le
nom à^anser arboreus , et l'une des
Iles Orcades où ce prodige s'opère | ce-
lui Ae pomonia»
Cette ridicule opinion n'est pas en-
core assez merveilleusement imaginée
pour Cambden, Boëtius et Turnèbe;
car , selon eux y c'est dans les vieux
mâts et autres débris des navires tom-
bés et pourris dans l'eau ) que se for-
ment d'abord comme de petits cham-
pignons ou de gros vers , qui peu-à-peu
se couvrant de duvet et de plumes y
achèvent leur métamorphose en se
changeant en oiseau. Pierre Danisi ,
Dentatus, Wormius , Duchesne, sont
les prôneursdc cette merveille absurde,
de laquelle Rondelet , malgré son sa-
voir et son bon sens , paroit être per-
suadé.
Enfin chez Cardan , Gyraldus et
Maier qui a écrit un traité exprès sur
cet oiseau sans père ni mère^ ce ne sont
'l
.-w t-
"_■" •■*r
r-f.
(^6 HISTOIRE NATURELLE
ni des fruits , ni des vers , mais des co^
quilles qui l'enfantent; et ce qui est
encore plus étrange que la merveille^
c'est que Maier a ouvert cent de ces
coquilles prétendues anatifères, et n'a
pas manqué de trouver dans toutes
l'embryon de l'oiseau tout formé. Voilà
sans doute bien des erreurs, et même
des chimères sur l'origine des berna-
ches : mais comme ces fables ont eu
beaucoup de célébrité , et qu'elles ont
même été accréditées par un grand
nombre d'auteurs^nous avons cru de-
voir les rapporter ) afin de montrer à
quel point une erreur scientifique peut
être contagieuse , et combien le char-
me du merveilleux peut fasciner les
esprits.
Ce n'est pas que parmi nos anciens
naturalistes , il ne s'en trouve plusieurs
qui aient rejeté ces contes ; Belon tou-
jours judicieux et seosé, s'en moque;
Clusius,DeusingiuS| Albert-le-Grand^
n'y avoieiit pas cru davantage ; Bar-f
sN
■~"^t5ft*
^.«■•J»
[7RELLE
rs, mais desco*
; et ce qui est
e la merveille^
3rt cent de ces
atifèreS| et n'a
ir dans toutes
ut formé. Voilà
eurs, et même
ine des berna-
i fables ont eu
et qu'elles ont
par un grand
> ayons cru de-
de montrer à
ientifique peut
mbien le char-
t fasciner les
li nos anciens
>uve plusieurs
s 'y Belon tou-
s'en moque }
ert-le-Grand,
antagej Barr
:*
I
.1
.4
I
9
BU C A. N A R D. 97
tliolin reconnoît que les prétendues
conques anatifères ne contiennent
qu'un animal à coquille d'une espèce
particulière; et par la description que
Wormius , Lobel et d'autres font de
conchœ anatiferœ y aussi bien que dans
les figures qu'en donnent Aldrovande
et Gessner, toutes fautives et chargées
qu'elles sont ^ il est aisé de reconnoitre
les coquillages appelés/7oi/5£ç-/?2Wj sur
nos côtes de Bretagne^ lesquels par
leur adhésion à une tige commune ^ et
par l'espèce de touffe ou de pinceaux
qu'ils épanouissent à leur pointe 9 au-
ront pu offrir à des imaginations exces-
sivement prévenues ^ les traits d'em-
bryons d'oiseaux attachés- et pendans
à des branches, mais qui certainement
n'engendrent pas plus d'oiseaux dans
la mer du nord que sur nos côtes.
Aussi ^neas Silvius raconte-t-il que
se trouvant en Ecosse , et demandant
avec empressement d'être conduit aux
lieux où se faisoit la merveilleuse gé*
••
Mil •
h n
\
I
ir-
m
H
/
1
i
\l
H.
^B HISTOIRE NATURELLE
nération des bernaches y il lui fut ré-
pondu que ce n^étoit que plus loin ^
aux Hébrides ou aux Orcades quUl
pourroit en être témoin ; d'où il ajoute
agréablement ^ quML vit bien que le
miracle reculoit à mesure quW cher*
choit à en approcher.
Gomme les bernaches ne nichent que
fort avant dans les terres du nord,
personne 9 pendant long - temps , ne
pou voit dire avoir observé leur géné-
ration y ni même vu leurs nids ^ et les
Hollandais) dans une navigation au
tSo^. degré j furent les premiers qui les
trouvèrent ; cependant les bernaches
doivent nicher en Norwège ^ s'il est
vrai ) comme le dit Pontoppidam ,
qu'on les y voie pendant tout l'été ;
elles ne paroissent qu'en automne et
durant l'hiver sur les côtes des pro-
vinces d'York et de Lancastre en An-
gleterre , où elles se laissent prendre
aux filets , sans rien montrer de la dé-
fiance ni de l'astuce naturelles aux au*
«^»
'^
RELLB
^ il lui fut rê-
ne plus loin y
Drcades quUi
d'où il ajoute
t bien que le
e qu'on cher-
le nichent que
res du nord y
l - temps , ne
vé leur géné-
s nids ^ et les
navigation au
pmiers qui les
es bernaches
vège I s'il est
'ontoppidam ,
it tout l'été ;
1 automne et
^tes des pro-
:astre en An-
isent prendre
trer de la dé-
elles aux au*
Vs
1
D U C X K A H B. 99
très oiseaux de leur genre ; elles se
rendent aussi en Irlande y et particu-
lièrement dans la baie de Long'foyle ,
près de Londonderi y oi^ on les voit
plonger sans cesse pour couper par la
racine de grands roseaux,dont la moelle
douce leur sert de nourriture, et rend ^
à ce qu'on dit, leur chair très-bonne.
Il estrare qu'elles descendent jusqu'en
France ; néanmoins il en a été tué une
en Bourgogne , où des vents orageux
Tavoient jetée au fort d'un rude hiver*
La bernache est certainement de la
famille de l'oie y et c'est avec raison
qu'Aldrovande reprend Gessner de l'a-
voir rangée parmi les canards ; à la vé-
rité-, elle a la taille plus petite et plus
légère, le cou plus grêle , le bec plus
court et les jambes proportionnelle-
ment plus hautes que l'oie ; mais elle
en a la figure, le port et toutes les pro«
portions de la forme : son plumage est
agréablement coupé par grandes pièces
de blanc et de noir , et c'est pour cela
I
i
¥
M'
I'
f^iï
11
!ii
1.1
100 HISTOIRE KATUKELLË
que Beloài lui donne le nom de non^
nette ou religieuse. Elle a la face
blanche et deux petits traits noirs de
Pœil aux narines ; un domino noir
couvre le cou et vient tomber y en se
coupant en rond , sur le haut du dos
et de la poitrine; tout le manteau est
richement onde de gris et de noir|
avec un frangé blanc ; tout le dessous
du corps est d'un beau blanc moiré.
Quelques auteurs parlent d'une se«
conde espèce de bernache que nous
nous contenterons d'indiquer ici ; ils
disent qu'elle est en tout semblable à
l'autre | et seulement un peu moins
grande ^ mais cette différence de gran-
deur est trop peu considérable pour en
faire deux espèces ; et nous sommes
sur cela de l'avis de M. Klein , qul^
ayant comparé ces deux bernaches ,
conclut que les ornithologistes n'ont
ici deux espèces que sur des descrip-*
tions de simples variétés.
'-^«■îas»**^,.
ELLâ
lom de non^
e a la face
lits noirs de
lomino noir
mber^ en se
baut du dos
manteau est
et de noiri
t le dessous
inc moiré,
at d'une se-
i que nous
[uer ici ; ils
semblable à
peu moins
ce de gran-
ble pour en
us sommes
iein y quij
>ernaches ,
îstes n'ont
descripx
I) U CANARD.
L' E I D E R.
lot.
\s
C'est cet oiseau qui donne ce duvet
si doux j si chaud et si léger , connu
sous le nom à* eider'don ou duvet (Vei^
der y dont on a fait ensuite edre-don^
ou par corruption aigle-don ; sur quoi
l'on a faussement imaginé que c'étoit
d'une espèce d'aigle que se tiroit cette
plume délicate et précieuse. L'eider
n'est point un aigle , mais une espèce
d'oie des mers du nord , qui ne paroi t
point dans nos contrées , et qui ne des-
cend guère plus bas que vers les côtes
de l'Ecosse.
L'eider est à-peu-près gros comme
l'oie ; dans le mâle les couleurs prin-
cipales du plumage sont le blanc et le
noir; et) par une disposition contraire
à celle qui s'observe dans la plupart
des oiseaux ^ dont généralement les
couleurs sont plus foncées en dessus
qu'en dessous du corps, l'eider a le doa
|}lauc et le ventre noir , ou d^un brun*.
•'a»*i*c xa^Éii>w^-»**jt*'..
ujlimtt'
■I '
N
r». i)
Oli w
&%l
102 HISTOIRE NATURELLE
noirâtre ; le haut de la tête , ainsi que
les pennes de la queue et des ailes
sont de cette même couleur y à l'ex-
ception des plumes les plus voisines
du corps qui sont blanches ; on voit
au bas de la nuque du cou une large
plaque verdâtre , et le blanc de la poi*
trine est lavé d'une teinte briquetée ou
vineuse ; la femelle est moins grande
que le mâle y et tout son plumage est
uniformément teint de roussâtre et de
noirâtre, par lignes transversales et on*
dulantes y spr un fond gris-brun ; dan9
les deuxsejMs on remarque des échan«
crures en petites plumes rases comme
du velours y qui s'étendent du front
sur les deux côtés du bec y et presque
jusque sous les narines.
Le duvet de l'eider est très-estimé;
et, sur les lieux même, en Nqrwège
et en Islande , il se vend très-cher :
cette plume est si élastique et si lé*
gère , que deux ou trois' livres , en la
l^ressant et la réduisant en une pelotte
« T
r V
„„„,„„„„ «j-«jf««^ ••
V-..,
I|H»1|IW
ELLE
e I ainsi que
et des ailes
îur, à Tex-
lus voisines
es ; on voit
u une large
ne de la poi-
)riquetëe ou
oins grande
plumage est
ssâtre et de
rsales et on«
brun ; dan9
ideséchan-
ses comme
t du front
et presque
ès-estimé ;
Nqrwège
très-cher :
e et si lë«
res , en la
ne pelott»
m
D IT CANARD. lo3
à tenir dans la main , vont se dilater
jusqu^à remplir et renfler le couvre-
pied d'un grand lit.
Le meilleur duvet, que l'on nomme
duvet vif ^ est celui que Peider s'ar-
rache pour garnir son nid, et que l'on
recueille dans ce nid même) car, outre
que l'on se fait scrupule de tuer un oi-
seau aussi utile , le duvet pris sur son
corps mort est moins bon que celui qui
se ramasse dans les nids, soit que, dans
la saison de la nichée , ce duvet se
trouve dans toute sa perfection , soit
qu'en effet l'oiseau ne s'arrache que le
duvet le plus lin et le plus délicat ;
qui est celui qui couvre l'estomac et
le ventre.
Il faut avoir attention de ne le cher-
cher et ramasser dans les nids, qu'après
quelques jours de temps sec et sans
pluie ; il ne faut point chasser aussi
brusquement ces oiseaux de leur nid ,
parce que la frayeur leur fait lâcher
la fiente | dont souvent le duvet est
>■«
l<ï
f
104 HISTOIRE NAfUllElLE
souillé ; et 9 pour le purger de cette
ordure , on Pétend sur un crible à cor-
des tendues, qui , frappées d'une ba.'
guette, laissent tomber tout ce qui càg
pesant , et font rejaillir cet»e pîuTne
légère.
Les œufs sont au nombre de cinq ou
six , d'un vert-foncé , et fort bons à
manger ; et , lorsqu'on les ravit , la fe-
melle se plume de nouveau pour garnir
son nid , et fait une seconde ponte ^
mais moins nombreuse que la première ;
si l'on dépouille une seconde fois son
nid , comme elle n'a plus de duvet à
fournir , le mâle vient à son secours |
et se déplume l'estomac , et c'est par
cette raison que le duvet qu'on trouve
dans ce troisième nid est plus blanc
que celui qu'on recueille dans le pre-
mier ; mais, jpo >i iVice cette troisième
récolte, on ('ci<; r.u adre que la mère
eider ait fait éclore ses petits , car, si
on lui enlevoit cette dernière ponte ^
qui n'est plus que de deux ou trois
a^tg'isi^in
f-mm» IW^^
[er de celte
crible à cor-
es d'une ha-
ut ceqtiîcs.:
cette piuTfic?
•e de cinq na
fort bons à
i ravit, lafe-
t pour garnir
>nde ponte ^
la première;
nde fois son
de duvet à
ion secours •
et c'est par
[u'on trouve
plus blanc
dans le prê-
te troisième
|ue la mère
its , car , si
ière ponte ,
ux ou troig
io5
DU CANARP.
ODufsy ou même d'un seul, elle quitte-
roit pour jamais la place ; au lieu que^
si on la laisse enfin élever sa famille,
elie reviendra l'année suivante , en ra-
menant ses petits qui formeront de
nouveaux couples.
En Norwège et en Islande y c'est
une propriété qui se garde soigneuse-
ment et se transmet par héritage , c^ue
celle d'un canton où les eiders vien-
nent d'habitude faire leurs nids. Il y a
tel endroit où il se trouvera plusieurs
centaines de ces nids ; on juge par le
grand prix du duvet,du profit que cette
espèce de possession peut rapporter à
soii maître ; aussi les Islandois font-ils
tout ce qu'ils peuvent pour attirer les
eiders chacun dans leur terrein ; et ^
quand ils voient que ces oiseaux com-
mencent à s'habituer dans quelques-
unes des petites iles où ils ont des
troupeaux , ils font bientôt repasser
troupeaux et chiens dans le continent ^
pour laisser le champ libre aux eiders |
Oiseaux. YI. xo
A
;
i
îo6 HISTOIRE NATUHELLE
et les engager à s^y fixer. Ces insulat*
res ont même formé ^ par art et à force
de travail ^ plusieurs petites lies , en
coupant et séparant de la grande, di-
vers promontoires ou langues de terre
avancées dant la mer, C^est dans ces
retraites de solitude et de tranquillité
que les eiders aiment à s'établir , quoi-
qu'ils ne refusent pas de nicher près
des habitations , pourvu qu'on ne leur
donne pas d'inquiétude , et qu'on en
éloigne les chiens et le bétail. «On peut
même ^ dit M. Horrebows , comme
j'en ai été témoin , aller et venir parmi
ces oiseauX) tandis qu'ils sont sur leurs
oeufS)Sans qu'ils en soient effarouchés,
leur ôter ces œufs sans qu'ils quittent
leurs nids, et sans que cette perte les
empêche de renouveler leur ponte
jusqu'à trois fois »•
Tout ce qui se recueille de duvet ,
est vendu annuellement aux mar-
chands danois et hollandais , qui vont
l'acheter à Drontheim et dans les au-
.ss^-^
ELLE
Ces insulaf*
irt et à force
tes Iles y en
grande, di«
;ues de terre
est dans ces
tranquillité
tablir, quoi-
I nicher près
u'on ne leur
et qu^on en
ail. ttOn peut
ws I comme
: venir parmi
ont sur leurs
effarouches,
l'ils quittent
tte perte les
leur ponte
e de duvet ,
i aux mar-
lis, qui vont
dans les au-
DU CANARD. I07
très ports deNorwège et d'Islande ; il
n'en reste que très-peu , ou même
point du tout , dans le pays ; sous ce
rude climat , le chasseur robuste , re-
tiré sous une hutte , enveloppé de sa
peau d'ours , dort d'un sommeil tran*
quille et peut-être profond , tandis que
le mol edre-don, transporté chez nous
sous des lambris dorés, appelle en vain
le sommeil sur la tête toujours agitée
de l'homme ambitieux.
Nous ajouterons ici quelques faits
sur l'eider, que nous fournit M. Brun"
nich dans un petit ouvrage écrit en
danois , traduit en allemand , et que
nous avons fait nous-mêmes traduire
de cette langue en français.
On voit, dans le temps des nichées ^
des eiders mâles qui volent seuls , et
n'ont point de compagnes ; les Norwé*
giens leur donnent le nom de gield"
fuglygield-aee ^ ce sont ceux qui n'ont
pas trouvé à s'apparier, et qui ont été
les plus foibles dans les combats qu'ils
r/
■' ■>!!' »tf" IT^Stf^'"^^
I ?
lo8 HISTOIRE NATURELLE
se livrent entr'eux pour la possession
des femelles ^ dont le nombre , dans
cette espèce , est plus petit que celui
des mâles, néanmoins elles sont adul-
tes avant eux ; d^où il arrive que c^est
avec de vieux mâles que les jeunes fe-
melles font leur première ponte , la-
quelle est moins nombreuse que les
suivantes.
Au temps de la pariade , on entend
continuellement le mâle crier ha ho ,
d'une voix rauque et comme gémis-
sante ; la voix de la femelle est sem-
blable à celle de la cane commune. Le
preinier soin de ces oiseaux , est de
chercher à placer leur nid à Tabri de
quelques pierres ou de quelques buis-
sons , et particulièrement des gené-
vriers ; le mâle travaille avec la fe-
melle y et celle-ci s'arrache le duvet et
l'entasse jusqu'à ce qu'il forme tout
à l'entour un gros bourrelet renilé,
qu'elle rabat surses oeufs quandelle les
quitte pourallerprendre sa nourriture ;
,<
* —
■--TBbr
E.ELLIÎ
la possession
3111 bre y dans
^tit que celui
es sont adul-
ive que c'est
les jeunes fe-
e ponte , la*
euse que les
) on entend
rier ha ho ,
mme gémis-
tlle est sem-
îmmune. Le
aux , est de
d à Pabri de
lelques Luis-
ît des géne-
avec la fe-
e le duvet et
forme tout
elet renflé,
Liandelleles
nourriture:
lj
;#■
1
DU CANARD. 10^
car le mâle ne l'aide point à couver, et il
fait seulement sentinelle aux environs
pour avertir si quelque ennemi paroStj
la femelle cache alors sa tête, et, lors-
que le danger est pressant , elle prend
son vol , et va joindre le mâle , qui ^
dit-on , la maltraite s'il arrive quel-
que malheur à la couvée; les corbeaux
cherchent les œufs et tuent les petits^
aussi la mère se hâte-t-elle de faire
quitter le nid à ceux-ci peu d'heures
après qu'ils sont éclos , les prenant sur
son dos , et d'un vol doux , les trans-
portant à la mer.
Dès lors le mâle la quitte , et ni les
uns ni les autres ne reviennent plus à
terrejmais plusieurs couvées se réunis-
sent en mer , et forment des troupes
de vingt ou trente petits avec leurs
mères, qui les conduisent et s'occupent
incessamment à battre l'eau pour faire
remonter , avec la vase et le sable du
fond, les insectes et menus coquillages
dont se nourrissent les petits , trop
t
ri
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i P ^
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il 4 -m^
m r- m
-
■ .;
IIO HISTOIRE NATURELLE
foibles encore pour plonger. On trouve
ces jeunes oiseaux en mer dans le mois
de juiUet,et même dès le mois de juin^
et les Groënlandais comptent leur
temps d^été par Pâgo des jeunes eiders.
Cen^estqu'à la troisième année que
le mâle a pris des couleurs démêléeset
bien distinctes; celles de la femelle sont
beaucoup plus décidées , et en tout ,
son développement est plus promptque
celui du mâle ; tous , dans le premier
âge , sont également couverts ou vê-
tus d*un duvet noirâtre.
L'eider plonge très-profondément
à la poursuite des poissons; il se repaît
aussi de moules etd^autres coquillages,
et se montre très>avide des boyaux de
poissons que les pêcheurs jettent de
leurs barques. Ces oiseaux tiennent la
uier tout rhiver , même vers le Groen-
land , cherchant les lieux de la côte où
il y a le moins de glaces ^ et ne rêve*
nant à terre que le soir , ou lorsqu'il
doit y avoir une tempête , que leur
'•■ L
RELLE
,er. On trouro
i'dans le mois
mois de juin,
)mptent leur
eu nés eiders.
me année que
s démêlées et
ï femelle sont
et en tout ,
s promptque
s le premier
verts ou vé-
•ofon dément
>5 il se repaît
coquillages,
> boyaux de
jettent de
: tiennent la
s le Groën-
e la côte où
et ne rêve-
>u lorsqu'il
} que leur
DU CANARD.
lit
fuite à la côte , durant le jour , pré-
sage 9 dit'On , infailliblement.
Quoique les eiders voyagent, et non-
seulement quittent un canton pour
passer dans un autre , mais aussi s'a-
vancent assez avant en mer pour que
Ton ait imaginé qu'ils passent deGroën*
land en Amérique , néanmoins on ne
peut pas dire qu'ils soient proprement
oiseaux de passage, puisqu'ils ne quit-
tent point le climat glacial , dont leur
fourrure épaisse leur permet de bra^
ver la rigueur , et que c'est en effet
sans sortir des parages du nord , que
s'exécutent leurs croisières , trouvant
à se nourrir en mer par-tout où elle
est ouverte et libre de glaces : aussi
remarque-t-on qu'ils s'avancent à la
côte de Groenland jusqu'à l'i le Disco ,
mais non au-delà , parce que plus haut
la mer est couverte de glaces , et même
il sembleroit que ces oiseaux fréquen-
tent déjà moins ces côtes qu'ils ne fai-
soient autrefois ^ néanmoins il s'en
(W*»'
1
\f^
h t»
112 histoihe naturelle
trouve jusqu'au Spitzberg , car on re-
connoîtreider dans le canard de mon'
tagne de Martens , quoique lui-même
l'ait méconnu ;etil nous perable aussi
retrouver l'eider à l'île de Bering et à
la pointe des Kourilles» Quant à notre
mer du nord , les pointes les plus sud
où les eiders descendent^ patoissent
être les îles Kerago et K-ona, près des
côtes d'Ecosse , Bornholm , Christian-
6oë ) et la province de Gothland dans
la Suède.
%
LE CANARD.
L'homme a fait une double conquête^
lorsqu'il s'est assujëli des animaux ha-
bitans à-la-fois et des airs et de l'eau»
Libres sur ces deux vastes élémens y
également prompts à prendre les rou-
tes de l'atmosphère y à sillonner celles
de la mer ou plonger sous les flots , les
oiseaux d'eau sembloient devoir lui
échapper à jamais ) ne pouvoir contrac-
k'
«-
-- fr«<C
X«M|^j4^J^
■^iummÊm
lELLE
5 , car on re-
-ard de mon.'
ue lui-même
lemble aussi
Bering et à
qant à notre
les plus sud
y paroissent
na , près des
) Christian-
thland dans
il D.
e conquête,
nimaux ha-
ït de l'eau.
s élëmens ,
ire les rou-
nner celles
is flots , les
devoir lui
•ircontrac-
DU CANARD. Il3
ter de société ni d'habitude avec nous ,
rester enfin éternellement éloignés de
nos habitations , et même du séjour de
la terre.
Ils n'y tiennent en effet que par le
seul besoin d'y déposer le produit de
leurs amours ; mais c'est par ce besoin
même , et par ce sentiment si cher à
tout ce qui respire^ que nous avons sa
les captiver sans contrainte, les appro-
cher de nous, et, par l'affection à leur
famille, les attacher à nos demeures.
Des œufs enlevés sur les eaux , du
milieu des roseaux et des joncs, et
donnés à couver à une mère étrangère
qui les adopte , ont d'abord produit
dans nos basses-cours des individus
sauvages , farouches , fugitifs et sans
cesseinquiets de trouver leur séjour de
liberté \ mais , après avoir goûté les
plaisirs de L'amour dans l'asyle domes«
tique, ces mêmes oiseaux , et mieux
encore leurs descendans, sont devenus
plus douX) plus traitables } etontpro-
%
Il4 HISTOIRE NATURELLE
duit SOUS nos yeux des races privées ;
car nous devons observer ^ comme
chose générale , que ce n^est qu^après
avoir réussi à traiter et conduire une
espèce, de manière à la faire multiplier
en domesticité, que nous pouvons nous
flatter de Pavoir subjuguée; autrement
r<oiis n'dssujétissons que des indivi-
dus y et Tespèce j conservant son in-
dépendance y ne nous appartient pas.
Mais lorsque j malgré le dégoût de la
chaîne domestique, nous voyons naître
entre les mâles et les femelles ces sen-
timens que la nature a par-tout fondés
sur un libre choix; lorsque Pamour a
commencé à unir ces couples captifs ,
alors leur esclavage, devenu pour eux
aussi doux que la douce liberté , leur
fait oublier peu à peu leurs droits de
franchise naturelle , et les prérogati-
ves de leur état sauvage; et ces lieux
des premiers plaisirs , des premières
amours , ces lieux si chers à tout être
sensible , deviennent leur demeure de
^^^'•s^-
«r^iiP'-
.. hHiwIMW^^^W. l'
URELLE
races privées ;
rver , comme
n'est qu'après
: conduire une
aire multiplier
{pouvons nous
lëe; autrement
le des indivi-
(rvant son in-
ppartient pas.
î dégoût de la
voyons naltro
lelles ces sen-
r-lout fondés
ne l'amour a
pies captifs ,
nu pour eux
liberté , leur
irs droits de
s prérogati-
et ces lieux
s premières
î à tout être
demeure de
ii5
DU C A N A Pv D.
prédilection et leur habitation de
choix ; l'éducation de la famille rend
encore cette affection plus profonde f
et la communique en même temps aux
petits 9 qui , s'étant trouvés citoyens
par naissance d'un séjour adopté par
leurs parens, ne cherchent point à en
changer ; car , ne pouvant avoir que
peu ou point d'idée d'un état différent
ni d'un autre séjour , ils s'attachent
au lieu où ils sont nés comme à leur
patrie, et l'on sait que la terre natale
est chère à ceux même qui Thabitent
en esclaves.
Néanmoins nous n'avons conquis
qu'une petite portion de l'espèce en-
tière , sur-tout dans ces oiseaux aux-
quels la nature sembloit avoir assuré
lin double droit de liberté , en les con-
fiant à- la- fois aux espaces libres de
Vàlr et de la mer ; une partie de l'es-
pèce est , à la vérité, devenue captive
sous notre main ; mais la plus grande
portion nous a échappé , nous échap*
^mmm.
■ ; '1
V ■;
ll6 HISTOIRE NATURELLE
pera toujours , et reste à la nature
comme témoin de son indépendance.
L^espèce du canard et celle de l'oie
sont ainsi partagées en deux grandes
tribus ou races distinctes y dont l'une y
depuis long-temps privée , se propage
dans nos basses- co^j;rs ) en y formant
une des plus utiles et des plus nom-
breuses familles de nos volailles ; et
l'autre j sans doute ) encore plus éten-
due ) nous fuit constamment y se tient
sur les eaux , ne fait, pour ainsi dire ^
que passer et repasser en hiver dans
nos contrées, et s'enfonce au printemps
dans les régions du nord , pour y ni-
cher sur les terres les plus éloignées
de l'empire de Thomme.
C'est vers le 1 5 octobre que parois-
sent en France les premiers canards ;
leurs bandes d'abord petites et peu fré-
quentes , sont suivies , en novembre ,
par d'autres plus nombreuses ; on re-
connoit ces oiseaux dans leur vol élevé,
aux lignes inclinées et aux triangles
JRELLE
e à la nature
idépendance.
t celle de l'oie
deux grandes
»s, dont l'une y
te , se propage
en y formant
des plus nom-
i volailles ; et
;ore plus éten-
ment y se tient
>ur ainsi dire y
en hiver dans
eau printemps
l 9 pour y ni-
plus éloignées
•
re que parois-
iers canards ;
tesetpeufré-
n novembre ,
suses ; on re-
eur vol élevé,
aux triangles
DU CAirARD. 11^
réguliers que leur troupe trace par sa
disposition dansl'air^et, lorsqu'ils sont
tous arrivés ies régions du nord , on
les voit continuellement voler et se
porter d'un étang, d'une rivière à une
autre; c'est alors que les chasseurs en
font de nombreuses captures, soit à la
quête du jour ou à l'embuscade du soir,
soit aux différens pièges et aux grands
filets; mais toutes ces chasses sup*
posent beaucoup de finesse dans les
moyens employés pour surprendre,
attirer ou tromper ces oiseaux , qui
sont très-défians. Jamais ils ne se po-
sent qu'après avoir fait plusieurs cir-
convolutions sur le lieu où ils vou-
droient s'abattre, comme pour l'exa-
miner, le reconnoitre, et s'assurer s'il
ne recèle aucun ennemi , et lorsqu'en-
iin ils s^abaissent, c'est toujours avec
précaution; ils fléchissent leur vol, et
se lancent obliquement sur la surface
de l'eau, qu'ils effleurent etsillonnentf
ensuite ils nagent au large et se tieu-
Oiseaux, VI. ix
il
m.%.iimAM,ù>«.mm^»' »- '
».'vSt"<f
t
^t V'
.0
iM iV
i
I:
118 HISTOIRE NATURELLE
tient toujours éloignés des rivages ; en
même temps quelques-uns d'entr'eux
veillent à la sAreté publique, et don-
nent Palarme dès qu^il y a péril y de
sorte que le chasseur se trouve sou-
vent déçu ) et les voit partir avant
qu'il ne soit à portée de les tirer ; ce-
pendant, lorsqu'il juge le coup possi*
ble y il ne doit pas le précipiter, car le
canard sauvage y au départ , s'éievant
verticalement) ne s'éloigne pas dans la
même proportion qu'un oiseau qui file
droit, et on a tout autant de temps
pour ajuster un canard qui part à
soixante pas de distance, qu'une per-
drix qui partiroit à trente.
C'est le soir, d la chute, au bord des
eaux sur lesquelles on les attire , en y
placant des canards domestiques femel-
les, que le chasseur gîté dans une hut*
te , ou couvert et caché de quelqu'au-
tre manière, les attend et les tire avec
avantage \ il est averti de l'arrivée de
ces oiseaux par le sifflement de leurs
'-tïMJBJÎlf " ' ""'
nu CANARD. 119
ailes (1), et se hâte de tirer les pre-
miers arrivans; car, dans cette saison ^
( 1 ) Voici une chasse dont j'ai été témoin
et même acteur; c'étoit dans une campagne
entre Laon et Reims ; un homme, et l'on
juge aisément que ce n'étoit pas le plus opu-
lent du pays , s'étoit établi au milieu d'une
prairie *, là , enveloppé dans un vieux man-
teau, sans autre abri qu'une claie de bran-
ches de noisettier, dont il s'étoit fait un abri
contre le vent, il attendoit patiemment qu'il
passât à portée de lui quelque bande de ca-
nards sauvages ; il étoit assis sur une cage
d'osier , partagée en trois cases , et remplies
die canards domestiques , tous mâles ; son
poste étoit au voisinage d'une rivière qui ser-
pentoit dans cette prairie, et dans un endroit
où ses bonis étoient élevés de sept à huit
pieds ; il avoit appliqué à un des bords de
cette rivière une cabane de roseaux en forme
de guérite , percée de petites meurtrières
qu'on pouvoit ouvrir et fermer à volonté
pour avoir du jour, et choisir sa belle pour
lâcher un coup de fusil. Aperce voit - il une
bande de canards sauvages en l'air ( et il en
passoit souvent , ])arce que, dans la saison
OÙ il faisoit cette chasse, on les tiroit de
» r^
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^\
^ «
i.
120 HISTOIRE NATURELLE
la nuit tombant promptement , et les
canards ne tombant | pour ainsi dire |
tous côtes dans les marais), il làchoit deux
ou trois de ses canards domestiques , qui
prenoient leur volée , et alloient se rendre
à trente pas de sa guérite , où il avoit semé
quelques grains d'avoine, que ces canards
ne manquoient pas de ramasser avec avidité,
car on les i'aisoit jeûner; il y avoit aussi quel-
ques femelles attachées aux perches piquées
dans un des bords, et couchées à fleur-d'eau,
de façon que ces canes ne pouvoient regagner
la rive, et se trouvoient réduites à faire un
cri d'appel aux canards domestiques. Les
sauvages, après plusieurs tours en î'air, pre-
noient le parti de s'abattre et de suivre les
canards domestiques, ou s'ils hésitoient trop
long-temps , notre homme làchoit une se-
conde volée de canards mâles , et même une
troisième , et alors il couroit de son obser-
vatoire à sa guérite , sans être aperçu , tous
les bords étant garnis de branches d'arbres
et de roseaux ; il ouvroit celle de ses meur-
trières qui lui convenoit le mieux, obser-
voit le moment de faire un bon coup , sans
fi'exposcr à tuer ses appelans, et, comme
lELLB
ment , et les
ir ainsi dire |
il lâchoit deux
nestîques , qui
oient se rendre
►ù il avoit semé
[ue ces canards
►er avec avidité,
ivoit aussi quel-
perches piquées
ss à fleur-d'eau,
soient regagner
uites à faire un
mestiques. Les
rs en Vair, pre-
Bt de suivre les
hésitoient trop
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) et même une
t de son obser-
e aperçu , tous
elles d'arbres
e de ses meur-
mieuX) obser-
on coup ) sans
) et y commo
Ti
m
1
T) tr CANARD. 121
^11^ avec elle, les momens propices sont
bientôt passés; si l'on veut faire une
plus grande chasse, on dispose des
filets, dont la détente vient répondre
dans la hutte du chasseur, et dont les
nappes occupant un espace plus ou
moins grand à fleur-d'eau , peuvent
embrasser, en se relevant et se croi-
sant, la troupe entière des canards sau-
vages que les appelans domestiques ont
attirés (i); dans cette chasse, il faut
il tiroit à fleur- d'eau presque horizontale-
ment et qu'il visoit aux tètes , il en tuoit
quelquefois cinq ou six d'un coup de fusil.
JExtrait d'un mémoire de M, HéberU
(i) Nous devo!îS à M. Bâillon de Mon-
treuil - sur - mer , l'idée et le détail de cette
espèce de chasse, dont nous lui faisons hon-
neur^ et que nous donnons ici avec plaisir
dans ses propres termes.
« Une quantité considérable de canards
sauvages se prend tous les hivers dans nos
marécages voisins de la mer; la ruse qu'oii
emploie pour les attirer dans les filets , est
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1 :
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122 HISTOIRE NATURELLS
que la passion du chasseur soutienne
sa patience ; immobile y et souvent à
I I ■ ■ - _■ ■!■■ ■ _i .^-^^
très-ingénieuse; elle prouve sensiblement
le goût de ces oiseaux pour la société ; la
voici :
w On choisit dans les marais une plage
couverte d'environ deux pieds d'eau , qu'on
y entretient par le moyen d'une légère di-
gue ; les plus grandes et les plus éloignée»
des haies et des arbres sont les meilleures :
on forme sur le bord une hutte en terre ^
bien garnie de glaise dans le fond , et cou-
verte de gazons appliqués sur un treillis de
branchages ; le tendeur y étant assis , l'ex-
trémité de sa tête excède le haut de la
butte.
» On tend dans l'eau des filets de la forme
des nappes aux alouettes y et garnis de deux
fortes barres de fer qui les tiennent assujé-
tis sur la vase ; les cordes de détentes sont
fixées dans la hutte.
u Le tendeur attache plusieurs canes en
avant des filets ; celles qui sont de la race
des sauvages et prévenues d'ceufs de cette
espèce y dénichés au printemps , sont les
meilleures ; les mâles avec lesquels on a eu
soin de les faire apparier dès le mois d'oc-
) '
ELLB
ur soutienne
et souvent à
sensiblement
la société \ la
rais une plage
s d'eau , qu^on
me légère di-
plus éloignée»
es meilleures :
utte en terre,
fond , et. cou-
: un treillis de
nt assis , l'ex-
le haut de la
3ts de la forme
garnis de deux
ennent assujé-
i détentes sont
îurs canes en
Qnt de la race
ceufs de cette
nps, sont les
iquels on a eu
le mois d'oc*
DU CAWARD. 123
moitié gelé dans sa guérite, il sVxpose
à prendre plus de rhume que de gibier^
tobre , sont enfermés dans un coin de la
hutte.
M Le tendeur attentif^ fixe Phorizon de
tous côtés ) sur-tout vers le nord ; aussitôt
qu'il aperçoit une troupe de canards sau-
vages , il prend un de ces mâles, et le jette
en l'air; cet oiseau vole sur-le-champ ver»
les autres et les joint*, les femelles , au-des-
sus desquelles il passe^ crient et l'appellent;
s'il tarde trop à revenir , on en lâche un
second , souvent un troisième ; les cris re-
doublés des femelles les ramènent , les sau-
vages les suivent , et se posent avec eux; la
forme de la hutte les inquiète quelquefois ,
mais ils sont rassurés en un instant pa^ les
traîtres qu'ils voient nager avec sécurité vers
les femelles qui sont entre la hutte et les fi-
lets ; ils avancent et les suivent ; le tendeur
qui les veille , saisit l'instant favorable ,
lorsqu'ils traversent la forme , il en prend
quelquefois une douzaine et plus d'un seul
coup.
M J'ai toujours remarqué que les canards
dressés à cette chasse , se mettent rarement
daus le cou des filets ; ils en traversent
I
■•,1f «.^(«l "^^ ;,^...
-u*»- ■
» _-„-_:^.k -
ÏS
"ni
'! i-
1^4 HISTOIRE NATURELLE
mais ordinairement le plaisir Pempor^
te 9 et ^espérance se renouvelle ^ car
le même soir où il a juré | en soufflant
dans ses doigts , de ne plus retourner
à son poste glacé, il fait des projets'
pour le lendemain.
En Lorraine, sur les étangs qui bor-
dent la Sarre, on prend les canards
avec un filet tendu verticalement et
:) ^■'■
•f?
.■" ■;
:■:?■;
î-v,
remplacement au vol ; ils le connoissent ,
quoique rien ne paroisse au «dehors.
a> Tous les oiseaux des marais^ tels que
les sit'Heurs , lessouchets, les sarcelles, les
millouins , viennent à l'appel des canes ou
suivent les traîtres.
M Cette chasse ne se fait que pendant la
nuit, au clair de la lune ; les instansles plus
favorables sont le lever de cette planète , ec
une heure avant l*aube du jour *, elle ne se
pratique utilement que pen«iant les vents de
nord et de nord-ouest, parce que le gibier
voyage alors ou est en mouvement pour se
rassembler. J'ai vu prendre plus d'une cen*
taine ds pièces aux mêmes filets dans une
teule nuit. Uu homme foible ou sensible au
_a
TREtLE
laisir l'empor*
ïnoiivelle y car
) en soufflant
»lus retourner
it des projets'
DU C il W A R D. 125
«emblable à la pantière qui sert aux
bécasses; en plusieurs autres endroits,
les chasseurs , sur un bateau couvert
de rainées et de roseaux, s'approchent
lentement des canards dispersés sur
Peau, et, pour les rassembler, ils lâ-
chent un petit chien; la crainte de
Pennemi fait que les canards se rassem-
blent, s'attroupent lentement, et alors
le connoissent ,
dehors.
«irais, tels que
[S sarcelles ) les
I des canes ou
]iie pendant la
instans les plus
tte planète , et
»r ; elle ne se
nt les vents de
que le gibier
ment pour se
us d'une cen-
iets dans une
)u sensible au
froid, ne pourroit résister à la rigueur de ce-
lui qu'on ressent à cette chasse; il faut res-
ter immobile, et souvent mouillé pendant
toute la nuit, au milieu des marais.
»> J'ai toujours vu les canards sauvages
descendre à l'appel des canes de leur espè ■
ce, queiqu'élevés qu'ils soient dans l'air; les
traîtres volent quelquefois avec eux pendant
plus d'un quart - d'heure ; chacun des ten-
deurs , au-dessus desquels la troupe passe ,
lui en envoie d'autres; elle se disperse, et
chaque bande de traîtres en amène un déta-
chement; celui des tendeurs dont les femel-
les sont sauvages , est toujours le mieus;
partagé »,
vS »
,.*»ii(«M,«*;.,.
. ''^ ■'
ir.J l >
126 HISTOI'^E NATURELLE
on les peut tire ' un à un à mesure
qu^ils se rapprochent , et les tuer sans
bruit avec de fortes sarbacanes ; ou
bien on tire sur la troupe entière avec
un gros fusil d^ubordage qui écarte le
plomb et en tue ou blesse un bon nom*
breç mais on ne peut les tirer qu*u.ie
fois, ceux qui échappent reconnoissent
le bateau meurtrier} et ne s'en laissent
plus approcher. Cette chasse , très-
amusante , s\ippelle /e badinage.
On prend aussi des canards sauvages
au moyen d'hameçons amorcés de mou
de veau , et attachés à un cerceau flot-
tant:; enfin la chasse aux canards est^
par-tout y une des plus intéressantes
de l'automne et du commencement de
l'hiver.
De toutes nos provinces, la Picardie
est celle où l'éducation des canards do-
mestiques est la mieux soignée , et où
h. chasse des sauvages est la plus fruc-
tueuse) au point même d'être ^ pour
le pays, un objet de revenu considé-
,a«Hs»tw.*
JRELLE
un à mesure
t les tuer sans
*bacanes ; ou
3 eniiôre avec
qui écarte le
) un bon nom-
i tirer qu'une
reconnoissent
e s'en laissent
liasse y très*
(idi'nage,
ards sauvages
orcës de mou
cerceau flot-
canards est y
ntéressantes
^ncement de
i, la Picardie
} canards do-
gnëe , et où
la plus fruc-
l'être, pour
nu considé-
» 1
DU CANARD. 1217
rable ; cette chasse s'y fait en grand et
dans des anses ou petits golfes disposes
naturellement, ou coupés avec art le
long de la rive des eaux et dans l'épais-
seurde^ roseaux. Mais nulle part cette
chasse ne se fait avec plus d'appareil et
d'agrément que sur le bel étang ^Ar-
minvilliersQiï Brie : voici la description
qui nous en a été communiquée par
M. Rey, secrétaire des commanc'.emens
de S. A. Mgr le duc de Penthlèvre.
«Sur un des côtés de cet étang,
qu'ombragent des roseaux, et que bor-
de un petit bois, l'eau forme une anse
enfoncée dans le bocage, et comme un
petit port ombragé où règne toujours
le calme; de ce port on a dérivé des
canaux qui pénètrent dans l'intérieur
du bois , non point en ligne droite ,
mais en arc sinueux; ces canaux nom-
més cornes, assez larges et profonds à
leur embouchure dans l'anse, vont en
se rétrécissant et en diminuant de lar-
geur et de profondeur à mesure qu'ils
••W»»..«É(.V ,..-.-.
fl^'"
'> il
■'»
'■if ' s i
I^ À
^- 1
\:^
128 HISTOIRE TffATTTRBLLE
se courbent en s'enfoncant dans le bois*
où ils finissent par i^n prolongement en
pointe et tout-à-fait à sec.
» Le canal, à commencer à-peu-prè»
à la moitié de sa longueur, est recou-
vert d'un filet en berceau, d'abord as-
sez large et élevé , mais qui se resserre
et s'abaisse à mesure qne le canal s'é-
trécit, et finit à sa pointe en une nasse
profonde et qui se ferme en poche.
33 Tel est 1« grand piège dressé et
préparé pour les troupes nombreuses
de canards, mêlées de rougets, de ga*
rots, de sarcelles, qui viennent dès le
milieu d'octobre s'abattre sur l'étang;
mais pour les attirer vers l'anse et les
fatales cornes, il faut inventer quelque
moyen subtil, et ce moyen est concerté
et prêt depuis long-temps.
y> Au milieu du bocage et au centre
des canaux , est établi le canardier ,
qui de sa petite maison va trois fois par
jour répandre le graiu dont il nourrit,
pendant toute l'année ^ plus de cent
i « I iv
"{
SLIE
dansleboisy
ongementen
•
er à-peii-prè»
, est recou*
, d'abord as-
li se resserre
le canal s'é-
en une nasse
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\qs dressé et
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innent dès le
s sur l'étang;
Pause et les
(nter quelque
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•
) et au centre
e canardier j
i trois fois par
nt il nourrit,
plus de cent
i>u CAirA.&D. ia(^
canards demi-privés, demi-sauvages ,
et qui tout le jour nageant dans Vé^
tang, ne manquent pas à l'heure accou-
tumée et au coup de siflQet, d'arriver
à grand vol en s'abattant sur l'anse
pour enfiler les canaux où leur pâture
les attend.
3» Ce sont ces traîtres^ comme le ca-
nardier les appelle, qui dans la saison^
se mêlant sur l'étang aux troupes de
sauvages , les amènent dans l'anse, et
de là les attirent dans les cornes, tan-
dis que caché derrière une suite de
claies de roseaux, le canardier va je-
tant devant eux le grain pour les ame-
ner jusque sous l'embouchure du ber-
ceau de filets; alors se montrant par
les intervalles des claies , disposées
obliquement, et qui le cachent aux
canards qui viennent par-derrière, il
effraie les plus avancés, qui se jettent
dans le cul-de«sac, et vont péle-méle
s'enfoncer dans la nasse. On en prend
ainsi jusqu'à cinquante et soixante à-
Oiseaux. VI. < »
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]3c\ HISTOIRE XTATUHELiS
la-fois; il est rare que les dtmi-priv^
y entrent^ ils sont faits à ce jeu, et il»
retournent sur Tétan g recommencer la
même manœuvre et engager une autre
capture.
Dans le passage d^antomne, les ca-
nards sauvages se tiennent au large
sur les grandes eaux , et très-éloignés
des rivages; ils y passent la plus grande
partie du jour à se reposer ou dormir,
it Je les ai observés avec une lunette
d'approche y dit M. Hébert, sur nos
plus grands étangs, qui quelquefois eu
paroissent couverts; on les y voit la tête
sous Paile et sans mouvement, jusqu'à
ce que tous prennent leur volée une
demi -heure après le coucher du so-
leil».
£n effet , les allures des canards sau-
vages sont plus de nuit que de jour ; ils
paissent, voyagent, arrivant et partent
principalement le soir et même la nuit;
la plupart de ceux que l'on voit en plein
jour } ont été forcés de prendre essor
ce jeu, et ii»
commencer la
iger une autre
omnoi les ca-^
lent au large
très-éloignés
la plus grande
er ou dormir,
c une lunette
sert y sur nos
uelquefois eu
}s y voit la tête
menty jusqu'à
iur volée une
mcher du so-
ts canards san*
ue de jour; ils
çnt et partent
même la nuit;
n voit en plein
prendre essor
DU e A TT À R D.
par h
loi
mi
par les chasseurs ou par les oiseaux
proie. La nuit, le sifflement du
cèle leur passage : le battement i
ailes est plus bruyant au moment qu'ils
jpartent, et c'est même à cause de ce
bruit que Varron donne au canard i'ë-
pithète de quassagipenna.
Tant que la saison ne devient pas
rigoureuse 9 les insectes aquatiques et
ies petits poissons , les grenouilles qui
ne sont pas encore fort avancées dans
la vase, les graines du jonc^ la lentille
d'eau et quelques autr'*^ plantes maré-
cageuses, fournissent abondamment à
la pâture des canards; mais, vers la
£n de décembre ou au commencement
de janvier , si les grandes pièces d'eau,
stagnantes sont glacées , ils se portent
sur les rivières encore coulantes, et
vont ensuite à la rive des bois ramasser
les glands; quelquefois même ils se jet*
tent dans les champs ensemencés de
blé, et lorsqre la gelée continue pen-
dant huit ou dix joursj ils disparoissent
-■ J***»ii•al^-1.. .«»».■■
h'
î32 HISTOIRE NATURTÇLiB
pour ne revenir qa-aiixcégeU dans le
mois de février; c'est alors qu'on les
▼oit repasser le soir par les vents du
sud y mais ils sont en moindre nombre;
leurs troupes ont apparemment dimî*
nué par toutes les pertesqu'ils ont souf-
fertes pendant l'hiver. L'instinct social
parott s'être affoibli à mesure que leur
nombre ^'est réduit ; l'attroupement
même n'a presque plus lieu; ils passent
dispersés^ fuient pendant la nuit, et on
ne les trouve le jour que cachés dans
les joncs;ils ne s'arrêtent qu'autant qut
le vent contraire les force à séjourner;
ils semblent dès-lors s'unir par cou ples^
et se hâtent de gagner les contrées du
nord , où ils doivent nicher et passer
l'été.
Dans cette saison ils couvrent, pour
ainsi dire, tous les lacs et toutes les ri-
vières de Sibérie, de Laponie, et se
portent encore plus loin dans le nord
jusqu'au Spitzberg et au Groenland.
« En Laponie ^ dit M. Hœgstroem j
X cégels dans le
alors quVn les
ar les vents du
oindre nombre;
iremmenî dimi*
s qu'ils ont souf-
L'instinct social
mesure que leur
l'attroupement
lieu; ils passent
mt la nuit, et on
|ue cachés dans
itqu^au tant que
|rce à séjourner;
inirparcoupleSy
les contrées du
icher et passer
couvrent y pour
et toutes les ri*
aponie, et se
n dans le nord
au Groenland.
. Hœgstroem |
5
V V CANAKB. l33
«es oiseaux semblent vouloir y sinon
chasser, du moins remplacer les hom-
mes; car , dès que les Lapons vont au
printemps vers les montagnes y les
troupes de cananls sauvages volent
vers la mer orientale , et quand les
Lapons redescendent en automne pour
habiter la plaine, ces oiseaux Pont déjà
quittée »♦ Plusieurs autres voyageurs
rendent le même témoignage, ce Je ne
crois pas , dit Hegnard, qu'il y ait pays
au monde plus abondant en canards ^
sarcelles et autres oiseaux d'eau que la
Laponie; les rivières en sent toutes cou-
verte !i ... et au mois de mai leurs nids s'y
trouvent en telle abondance , que le
désert en paroît rempli p. Néanmoins
il reste dans nos contrées tempérées
quelques couples de ces oiseaux, que
quelques circonstances ont empêchés
de suivre le grosdel'espèce,quinichent
dans nos marais; ce n'est que sur ces
traineurs isolés , qu'on a pu observer
les particularités des amours de ces
t»
.» -i^
>,■ y
^
l34 HISTOIRE NATURELLS
oiseauX| et lenrs soins pour rëducatlofff
des petits dans Pétat sauvage.
Dès les premiers vents doux, vers
la iin de février , les mâles commen-<
cent à rechercher les femelles ^ quel-
quefois ils se les disputent par detf
combats; lapariade dure environ trois
semafnes; le mâle paroit s^occuper du
choix d'un lieu propre à placer le pro-
duit de leurs amours ; il l'indique à la
femelle qui l'agrée et s'en met en pos-
session; c'est ordinairement une touffe
épaisse de joncs ^ élevée et isolée au
milieu du m«rais ; la femelle perce
cette touffe ^ s'y enfonce et l'arrange
en forme de nid en rabattant les brins
de joncs qui la gênent; mais quoique
la cane sauvage | comme les autres oi-
seaux aquatiques , place de préférence
sa nichée près des eaux , on ne laisse
pas d'en trouver quelques nids dans les
bruyères assez éloignées j ou dans les
champs sur ces tas de paill«^ que I9 la-
boureur y lève en meules^ou même dans
RELLS
urrëducatloif
'âge.
ts doux I vers
les commen*^
melieS| queU
itent par detf
I environ trois
s^occu perdu
placer le pro»
l'indique à la
n met en pos-
Bnt une touffe
s e( isolée au
Femelle perce
e et l'arrange
tant les brins
mais quoique
les autres oi-
de préférence
» on ne laisse
i nids dans les
y ou dans les
ilte^ que le la-
[)u même dans
B tr c A. N ▲ SI B. i35
les forêts sur des chênes tronqués , et
dans de vieux nids abandonnés. On
trouve ordinairement dans chaque nid
dix à quinze^et quelquefois jusqu'àdix-
huit œufs ; ils sont d^un blanc verdâ*
tre ) et le moyeu est rouge; on a ob-
servé que la ponte des vieilles femel-
les est plus nombreuse et commence
plutôt que celle des jeunes.
, Chaque fois que la femelle quitte
ses œufs , même pour un petit temps ^
elle Us enveloppe dans le duvet qu'elle
e'est arraché pour en garnir son nid;
jamais elle ne s'y rend au vol ^ elle se
pose cent pas plus loin^ et pour y arri-
ver elle marche avec défiance j en ob-
eervant s'il n'y a point d'ennemis; mais
lorsqu'une fois elle est tapie sur ses
œufs, l'approche même d'un homme
ne les lui fait pas quitter*
Le mâle ne paroit pas remplacer la
femelle dans le soin de la couvée) seu-
lement il se tient à peu de distance^il
l^accompagne lorsqu'elle va chercher
lit
\f\
i .
i36 HTSTOIllM VATURELLE
•a nourriture, et la défend de la per*
sécution des autres mâles j Pincuba*
tion dure trente jours; tous les petits
naissent dans la même journée ^ et dès
le lendemain la mère descend du nid et
les appelle à l'eau; timides ou frileux^
ils hésitent et même quelques-uns se
retirent j néanmoins le plus hardi s'é«
lance après la mère, et bientôt les au*
très le suivent; une fois sortis du nidy
ils n*y rentrent plus , et quand il se
trouve posé loin de Peau ou qu'il est
trop élevé, le père et la mère les pren*
nentàleurbec et les transportent l'un
après Pautre sur Peau; le soir la mère
les rallie et les retire dans lesroseauzi
où elle les réchauffe sous ses ailes pen-
dant la nuit; tout le jour ils guettent
à lasurfacede Peau etsurles herbes, les
moucherons et autres menus insectes
qui font leur première nourriture; on
les voit plonger, nager , et fiaire mille
évolutions sur Peau avec autant de vl-
teiae ^ue de facilité*
IBLLE
nd de la per«
esj Pincuba*
ous les petits
limée, et dès
ïenddunidet
is ou frileux^
Iques-uns se
us hardi s'é-
entât les au-
ortisdu nid y
quand il se
ou qu'il est
ère les pren«
jportent l'un
soir la mère
les roseaux y
ses ailes pen-
ils guettent
iS herbes, les
nus insectes
jrriture; on
t faire mille
Lutantde Yi-
BU CANARD. l'ù^J
La nature , en fortifiant d^abord en
eux les muscles nécessaires à la nata-
tion , semble négliger, pendant quel-
que temps, la formation ou du moins
l'accroissementde leurs ailes : ces par-
ties restent près de six semaines cour-
tes et informes ; le jeune canard a déjà
pris plus de la moitié de son accrois-
sement , il est déjà emplumé sous le
ventre et le long du dos avant que les
pennes des ailes ne commencent à pa-
roitre;et ce n'est guère qu'à trois mois
qu'il peut s'essayer à voler. Dans cet
état, on rappelle hallebran , nom qui
paroit venir de l'allemand, halberentCp
demi-canard 5 et c'est d'après cette
impuissance de voler que l'on fait aux
hallebrans une petite chasse aussi fa-
cile que fructueuse sur les étangs et
les marais qui en sont peuplés (i).
^.^^— ^™^— ^— ^— — i— — ■■
( 1 ) Voici ce que pratiquoit un gentil-
homin>e de ma connoissance^ à Laon , dans
un marais appelé marais de Chivres, entre
.^1
l38 HISTOIKE NATURELLE
Ce sont apparemment aussi ces mêmes
canards trop jeunes pour voler , que
les Lapons tuent à coups de bâton sur
leurs lacs.
La même v<î6pèce de ces canards sau-
vages qui visitent nos contrées en hi-
ver, et qui peuplent en été les régions
du nord de notre continent , se trouve
dans les régions correspondantes du
Laon et Notre-Dame de Liesse. Le fond de
ce marais est de sablon vitrifiable ^ qui n'est
jamais fangeux. Dans les mois de juin et de
juillet, il n'y reste pas de Peau plus liant que
la ceinture aux endroits les plus profonds ,
et il y croît une sorte de roseaux qui s'élè<
vent peu , qui ne sont pas fort serrés , et
qui servent néanmoins de retraite aux jeunes
hallebrans. Mon gentilhomme , vêtu d'une
simple veste de foile, entroit dans ce ma-
rais accompagné de son garde - chasse et
d'un domestique ; il avoit fait couper ies
roseaux sur de très -longues bandes larges
de sept à huit pieds , comme des routes
dans une forêt , ou des canaux dans uii
marais ; il se tenoit le long de ces routes
1) tJ C A V A n D. l3(f
Nouveau -Monde ; leurs migrations et
leurs voyages de ^automne et du prin-
temps paroissenty être réglés de même
et sV*xécuter dans les mêmes temps; et
Von ne doit pas être surpris que des oi-
seaux qui fréquentent le nord de pré-
férence , et dont le vol est si puissant y
passent des régions boréales d'un con-
tinent à l'autre : mais nous pouvons
pendant que ses gens battoient le marais ,
et lorsqu'ils toinboient sur quelques baniles'
(le hallebranS) on PaTertissoit. Les halle-
brans ne sont en état de voler que vers le
lâ d'août } ils fuyoient à la nage devant
les gens qui commen^oient à en tuer quel-
ques uns chemin faisant *, les autres étoient
Ibrcés de traverser les routes qu'on avoit
pratiquées dans les roseaux ; c'étoit au pas-
sage que cet habile chasseur les fusilloit à
son aise ; on lui faisoit repasser ceux qui
étoient échappés , autre décharge , et tou-
jours fructueuse , d'autant plus que ces hal-
lebrans ou jeunes canards sont un excelleut
manger. Extrait du Mémoire communiqué
par M, Hébert.
¥i
. V
.01
^ff
h, V
\h
w
l4o HISTOIRB KATURBLLB
douter que les canards vus par les voya-
geurs et trouvés en grand nombre dan»
les terres du sud, appartiennent à l'es-
pèce commune de no» canards, et nous
croyons qu'on doit plutôt les rappor-
ter à quelqu'une des espèces que nous
décrirons ci-après , et qui sont en elfet
propres à ces climats; nous devons au
moins le présumer ainsi, jusqu'à ce
pue nous connoissions plus particuliô*
rement l'espèce de ces canards qui se
trouvent dans l'Archipel austral. Nous
savons que ceux auxquels on donne à
Saint - Domingue le nom de canards
sauvages , ne sont pas de l'espèce des
nôtres, et par quelques indications sur
les oiseaux de la zone torride, nous ne
croyons pas que l'espèce de notre ca-
nard sauvage y ait pénétré, à moins
qu'on n'y ait transporté la race domes-
tique. Au reste, quelles que soient les
espèces qui peuplent ces régions du mi-
di, elles n'y paroissent pas soumises
aux voyages et migrations dont la
!i;
.',>*
arlesToya*
>mbre dans
nent à Pes*
ds, et noua
es rappor-
s que nous
>nt en effet
i devons au
jusqu'à ce
particiiliô*
ards qui se
stral.Nous
on donne à
de canards
'espèce des
ications sur
de, nous ne
e notre ca-
^y à moins
race dômes*
e soient les
;ions du mi-
L8 soumises
ns dont la
M
BU CANARD. l^l
cause , dans nos climats , vient de U
vicissitude des saisons.
Par-tout on a cherché à priver , à
s'approprier une espèce aussi utile que
l'est celle de notre canard ; et non-seu-
lement cette espèce est devenue com-
mune , mais quelques autres espèces
étrangères,et dans l'origine également
8auvages,se sont multipliées en domes-
ticité, et ont donné de nouvelles races
privées : par exemple , celle du canard
musqué, par le double profit de sa plu-
me et de sa chair , et par la facilité de
son éducation , est devenue une des
volailles les plus utiles et une des plus
répandues dans le Nouveau-Monde.
Pour élever des canards avec fruit
et en former de grandes peuplades qui
prospèrent , il faut, comme pour les
oies , les établir dans un lieu voisin des
eaux , et où des rives spacieuses et li-
bres en g^azons et en grèves leur offrent
de quoi paître, se reposer et s'ébattre :
ce n'est pas qu'on ne voie fréquem-
Oisea;ix. VI. i3
^11
«:
m
m
l4a HISTOIRE NATURELLE
ment des canards renfermés et tenus
à sec dans Penceintedes basses-cours;
mais ce genre de vie est contraire à
leur nature; ils ne (ont ordinairement
que dépérir et dégénérer dans cette
captivité ; leurs plumes se froissent et
se rouillent ; leurs pieds s^offensentsur
le gravier, leur bec se fêle par des frot*
temens réitérés ) tout est lésé, blessé,
parce que tout est contraint , et des
canards ainsi nourris , ne pourront ja-
mais donner ni un aussi bon duvet ,
ni une aussi forte race que reux qui
jouissent d^une partie de leur liberté
et peuvent vivre dans leur élément ;
ainsi,lorsque le lieu ne fournit pas na-
turellement quelque courant ou nappe
d^eau, il faut y creuser une mare dans
laquelle les canards puissent barboter^
nager, se laver et se plonger, exerci-
ces absolument nécessaires à leur vi-
gueur et même à leur santé. Les an-
ciens, qui traitoient avec plus d'atten*
tion que nous les objets intéressans de
I''
.1
DU CANARD. l43
réconomie rurale et de la vîe cliain-
pétre , ces Romains qui d\ine main
rapportoientdestrophëeS) et (^d'autre
conduisoient la charrue , nous ont ici
laisse, comme en bien d'autres choses^
des instructions utiles.
Columelle et Varron nous donnent
en détail et décrivent avec complai-
sance la disposition d^une bisse-cour
aux canards ^^ nessotrophîum) ^ ils y
veulent de Peau, des canaux, des rigo-
les, des gazons, des ombrages, un petit
lac avec sa petite iie (i) ^ le tout dis-
( i ) Media parte defoditur lacus, . . or a
cujus clù'o paulatim suhsideant , ut tatU"
quant è ILttore descendatur in acptartu . . •
média pars terrena sit , ut Colocasiis >
aliisque familiaribus aquet viridibiis cori"
scratur , quœ inopacent avium receptU'
cula. . . . per circuitum unda pura vacet ,
ut sine impedimenta , càm apricitate diei
gestiunt aves , nandi velocitate concert
tent. . , gramine ripct vestiantur. . . paric"
tum in circuitu ejfodiant.ur cuhilia quibus
nidificent aves , taque contegantur tu-
1
1 -''
l44 HISTOIHB NATURELLE
posé d^une manière si entendue et si
pittoresque j qu'un lieu semblable se«
roit un ornement pour la plus belle
maison de campagne.
Il ne fauè pas que Peau sur laquelle
on établira ses canards soit infectée
de sang-sues, elles font périr les jeunes
Teis aut mirteis fruticibus. . . . statim per-
petuus canaliculus humi depressus consti"
tuatur, per quem quotidiè mixti cum aquâ
cibi decurrant ; sic enim pabulatiir id ge»
nus avium. . . martio mense festuca surcu'
lique in aviario spargendi , quibus nidos
struant. . , » et qui nessotrophium consti-
tuere volet avium circa paludes ova colli-
gat , et cohortalibus gallinis subjiciat , sic
enim exclusi atque educati pulli depenunt
ingénia silvestria, . . . sed clathris super-
positis , aviarium retibus contegatur , ne
aut avolandi sit potestas domesticis avi'
bus f aut aquilis vel accipitribus invo»
landi.
Je ne puis résister au plaisir de traduire
librement ce morceau , sans espérer d'en
rendre toute la grâce.
u Autour d'un lac à riyes en pente douce ^
ELLE
Ltendue et si
smblable se-
a plus belle
sur laquelle
soit infectée
rir les jeunes
. statim per"
pressas consti-
ïixti cum aquâ
ibulatur id ge»
festucot surcu-
quibus nidos
phiuin consti'
udes ova colli-
subjiciat , sic
pulli depenunt
olathris super-
ontegatur , ne
iomesticis avi'
■pitribus irivo-
sir de rraduire
i espérer d*en
1 pente douce »
'n
s.
i
DU G A V A n. D.' 145
en s^attachantà leurs pieds, et pour les
détruire on peuplera l'étang de tanches
ou d'autres poissons qui en font leur pâ«
ture. Dans toutes les situations , soit
d'une eau vive ou au bord d'une eau
dormante , on doit placer des paniers à
nicher couverts en dômes ^ et qui of«
et du milieu duquel s'élève une petite Sic
ombragée de verdure et bordée de roseaux^
s^étendra l'enceinte , percée dans son con-
tour de loges pour nicher : devant ces loges
coulera une rigole, où chaque jour sera jeté
le gtain destiné aux canards , nulle pâture
ne leur étant plus agréable que celle qu'ils
puisent et qu'ils pèchent dans l'eau ; là vous
les verrez s'ébattre , se jouer , se devancer
les uns les autres à la nage; là vous pourrez
élever et voir se former sous vos yeux une
race plus noble , éclose d'œufs dérobés aux
nids des sauvages ; Pinstinct de ces petits
prisonniers , farouches d'abord , se tempère
et s'adoucit ; mais pour mieux assurer vos
captifs , et les défendre en même temps
«le l'oiseau ravisseur y il convient que tout
l'espace soit enveloppé et couvert d'un filet
ou d'un treillis».
^'ii
\j\6 HISTOIRE NATURELLE
frent intérieurement une aire assez
commode pour inyiter ces oiseaux à s^y
placer.La femelle pond de deux en deux
jourS| et produit dix^ douze ou quinze
œufs ; elle en pondra même jusqu'à
trente et quarante si on les lui enlevé f
et si l'on a soin de la nourrir largement:
elle est ardente en amour , et le mâle
est jaloux; il s'approprie ordinairement
deux ou trois femelles qu'il conduit ,
protège et féconde ; à leur défaut y on
l'a vu rechercher des alliances peu as-
sorties 9 et la femelle n'est guère plus
réservée à recevoir des caresses étran-
gères. ' ■"•■■ "■•"" ■ • •"'^"
Le temps de l'exclusion des œufs est
de plus de quatre semaines; ce temps
est lé même lorsque c'est une poule qui
a couvé les œufs ; la poule s'attache par
ce soin ^ et devient pour les petits ca«
nards une mère étrangère ^ mais qui
n'en est pas moins tendre : on le voit
par sa sollicitude et ses alarmes, lors-
que conduits pour la première fois au
i aire assez
oiseaux à s^y
leuxendeux
ze ou quinze
éme jusqu'à
s lui enlevé ^
r largement:
, et le mâle
dinairemenC
va conduit ^
r défaut ^ on
nces peu as-
t guère plus
resses étran-
des œufs est
s 'y ce temps
ne poule qui
l'attache par
3s petits ca-
y mais qui
: on le voit
rmes, lors-
ière fois au
DU CANARD. l^f^
bord de Peau^ils sentent leur élëmen t et
s'y jettent, poussés par l'impulsion de
la nature , malgré les cris redoublés de
leur conductrice, qui du rivage les rap-
pelle en vain,en s'agitantet se tourmen-
tant comme une mère désolée.
La première nourriture qu'on donne
aux jeunes canards,es t la graine de n^ î l-
let ou de panis, et bientôt on peut leur
jeter de l'orge ; leur voracité naturelle
«e manifeste presque en naissant jea-
nes ou adultes, ils ne sont jamais rassa-
siés ; ils avalent tout ce qui se rencon*
trecomme tout ce qu'on leur présente;
ils déchirent les herbes , ramassent lea
graines, gobent les insectes et pèchent
les petits poissons, le corps plongé per-
pendiculairement et la queue seule
hors de l'eau ; ils se se: hanent dans
cette attitude forcée plus ' 'ne demi-
minute par un battsmen continuel
des pieds.
Us acquièrent en six mois leur gran-
deur et toutes leurs couleurs ; le mâlo
\S
■ '/: ^
vi
I4B HISTOIRE WATUHELLB
•e distingue par une petite boucle de
plumes relevée sur le croupion; il a de
plus la tète lustrée d\in riche vert d*é-
meraude et l'aile ornée d'un brillant
miroir : le demi-collier blanc au milieu
du couple beau brun-pourpré de lapoi*
trine et les couleurs des autres parties
du corps sont assorties y nuancées et
font en tout un beau plumage ^ qui est
assez connu.
Cependant nous devons observer que
ces belles couleurs n'ont toute leurvi-
yacité que dans les mâles de la race sau-
vage; elles sont toujours plus ternes et
moins distinctes dans les canards do-
mestiques I comme leurs formes sont
aussi moins élégantes et moins légères;
un œil un peu exercé ne sauroits'y mé-
prendre. Dans ces chasses où ]es*ca*
nards domestiques vont chercher les
sauvages ^ et les amènent avec eux sous
le fusil du chasseur ) une condition or-
dinaire est de payer au canardier un
prix convenu pour chaque canard privé
4
SLLB
e boucle àe
>ion; il a de
;he vert d'é-
'un brillant
ic au milieu
ré de la poi«
très parties
luancées et
ige } qui est
bserver que
ute leurvio
la race sau-
us ternes et
anards do-
ormes sont
ins légères;
roits^y mé«
où ]es*ca«
lercher les
)c eux sous
ndition or«
nardier un
nard privé
vu CANÀiLD. i4o
qu'on aura tué par méprise ; mais il est
rare qu'un chasseur exercé s'y trompe ,
quoique ces canards domestiques soient
pris et choisis de même couleur que les
sauvages; car, outre que ceux-ci ont
toujours les couleurs plus vives,ils ont
aussi la plume plus lisse et plus serrée y
le cou plus menu , la tête plus fine , les
contours plus nettement prononcés ;
et y dans tous leurs mouvemens, on re«
connoit l'aisance^ la force et l'air de vie
que donne le sentiment de la liberté.
ce A considérer le tableau de ma gué»
rite y dit ingénieusement M. Hébert |
je pensois qu'un habile peintre auroit
dessiné les canards sauvages, tandis que
les canards domestiques me sembloient
l'ouvrage de ses élèves ». Les petits
lïième que l'on fait éclore à la maison
d^œufsde sauvages , ne sont point en-
core parés de leurs belles couleurs,que
déjà on les distingue à la taille et à l'é-
légance des formes; et cette différence
dans les contours se dessineinon-seuU-
ij
: l
u * ff »
n
^i
l5o HISTOIRB NATURELLK
ment sur le plumage et la taille, mais
elle est bien plus sensible encore lors-
qu'on sert le canard sauvage sur nos ta-
bles^ son estomac est toujours arrondi,
tandis qu^il l'orme un angle sensible
dans le canard domestique, quoique ce-
lui-ci soit surchargé de beaucoup plus
de graisse que le sauvage , qui n*a que
de la chair aussi fine que succulente.
Les pourvoyeurs le reconnoisscnt aisé-
ment aux pieds, dont les écailles sont
plus fines, égales et lustrées, auxmem-
branes plus minces, aux ongles plus ai-
gus etplusîuîsans , et aux jambes plus
déliées que le canard privé.
Le mâle, non-seulement dans l'es-
pèce du canard proprement dit , mais
dans toutes celles de cette nombreuse
famille , et en général dans tous les oi-
seaux d'eau à bec large et à pieds pal-
més, est toujours plus grand que la fe-
melle ) le contraire se trouve dans tous
les oiseaux de proie,dans lesquels la fe-
melle est constammentplus grande que
ELLiS
taille, mais
encore lors-
;e surnos ta-
) Il rs arrondi I
gle sensible
quoique ce-
lucoup plus
qui n*a que
succulente.
Dissent aisé-
icailles sont
i, auxmem-
glas plus ai-
ianibes plus
t dans Pes-
t dit ^ mais
nombreuse
tous les oi-
^ pieds pal-
d que la fe-
e dans tous
quels la fe-
grandeque
DU CANARD. l5l
le m&le. Une autre remarque générale
sur la famille entière des canards et des
sarcelles, c^est que les mâles sont parés
des plus belles couleurs , tandis que les
femelles n^ont presque toutes que des
robes unies , brunes , grises ou couleur
de terre; et cette différence bien cons-
tante dans les espèces sauvages, se con-
serve et reste empreinte sur les races
domestiques , autant du moins que le
permettent les variations et altérations
de couleurs qui se sont faites par le
mélange des deux races sauvages et
privées.
£n effet , comme tous les autres
oiseaux privés , les canards ont subi
les influences de la domesticité ; les
couleurs du plumage se sont affoibliesi
et quelquefois même entièrement ef-
facées ou changées ; on en voit de plus
ou moins blancs , bruns, noirs ou mé-
langésjd'autres ont pris des ornemens
étrangers à l'espèce sauvage 5 telle est
la race qui porte une huppe : dans une
îV
V
¥
ili
ï-t
1 ^ m
iSî HISTOIRE WATUHELLE
autre race encore plus profondément
travaillée 9 déformée par la domesti-
cité j le bec s^est tordu et courbé ; la
constitution s^est altérée , et les indi-
vidus portent toutes les marques de la
dégénération ; ils sont foibles , lourds
et sujets à prendre une graisse exces-
sive ; les petits trop délicats , sont dif-
ficiles à élever. M. Frisch, qui a fait
cette observation^ dit aussi que la race
des canards blancs est constamment
plus petite et moins robuste que les
autres races; et il ajoute que , dans le
mélange des individus de différentes
couleurs^ les petits ressemblent géné-
ralement au père par les couleurs de
la tête 9 du dos et de la queue , ce qui
arrive de même dans le produit de
r union d'un canard étranger avec une
femelb de l'espèce commune. Quanta
l'opinion de Selon sur la distinction
d'une grande et d'une petite race dans
l'espèce sauvage ^ nous n'en trouvons
aucune preuve I et; selon toute appa-
DIT lîANAUn. l53
rence, cette remarque n'est fondée que
sur quelques différences entre des in«
dividus plus ou moins âgés.
Ce n^est pas que l'espèce sauvage
n'offre elle-même quelques variétés
purement accidentelles, ou qui tien-
nent peut-être à son commerce sur les
rtangs avec les races privées. En effet,
M. Frisch observe que les sauvages et
les privés se mêlent et s'apparient 9
et M. Hébert a remarqué qu'il se trou-
voit souvent dans une même couvée de
canards nourris près des grands étangs,
quelques petits qui ressemblent aux
sauvages , qui en ont l'instinct farou-
che , indépendant , et qui s'enfuient
Avec eux dans l'arrière-saison : or, ce
que le mâle sauvage opère ic* sur la
femelle domestique, le mâle privé peut
l'opérer de même sur la femelle sau-
vage, supposé que quelquefois celit<cî
cède à sa poursuite^ et de là provien-
nent ces différences en grandeur et en
Oiseaux, yi. 14
h
4M
L ', "A '^"f"' " - "~ :'TI n ' 7 ■■ M.l ^ ■ W^' 1 1 J l,J ^^^ . fPW*
l54 HISTOIÏIF. NAÏU^S^SILB
couleurs, qne L on a reina ,'nées entre
quelques ii alividas Siuvag^a.
Touf2 ) saunages et privés $ sont su*
' jcis comme les oies à une mue presque
subite H dpBS laquelle leurs grandes
plumes tombent e<* pei3 de jours et
souvent en une ;.eule nuit, et non-seu-
lement les oies et les canards, mais
encore tous les oiseaux à pieds palmés
et à bec plat y paroissent être sujets
à cette grande mue; elle arrive aux
mâles après la pariade, et aux femelles
' après la nichée, et il parolt qu^elleest
causée par le grand épuisement des
mâles dans leurs amours , et par celui
des femelles dans la ponte et Pincuba-
tion. ce Je les ai souvent observés dans
ce temps de la mue , dit M. Bâillon $
quelques jours auparavant je lesavois
vu s'agiter beaucoup, et paroître avoir
de grandes démangeaisons ; ils se ca-
choient pour perdre leurs plumes; le
lendemain ( ^es jours suivans , ces.
oiseaux étr: ux sombres et honteux }
'^r
s^nées entre
és $ sont su*
riie presque
urs grandes
de jours et
, et non-seu-
inards, mais
pieds palmés
t être sujets
e arrive aux
aux femelles
Ai qu^elleest
lisement des
et par celui
et l'incuba-
bservQS dans
. Bâillon $
je lesavois
roître avoir
; ils se ca-
plumes; lf$
livans j ces
\t honteux 1
DU c A ir ▲ R D. i55
ils paroissoient sentir leur foiblesse,
ii^osoient étendre leurs ailes y lors mé"
mequ^onIespoursuivoit,etsembloien€
en avoir oublié Pusage. Ce temps de
mélancolie duroit environ trente jours
pour les canards, et quarante pour lea
cravans et les oies ; la galté renaissoit
avec les plumes, alors ils se baignoient
beaucoup, et commençoient à voleter.
Plus d'une fois j^en ai perdu faute d'a-
voir remarqué le temps où ils s'éprou-
voient à voler ; ils partoient pendant
la nuit; je les entendois s'essayer vn
moment auparavant; je me gardois de
paroitre, parce que tous auroient pris
leur essor».
L'organisation intérieure dans les
espèces du canard et de l'oie , offre
quelques particularités : la trachée-
artère , avant sa bifurcation pour ar-
river aux poumons , est dilatée en une
sor.â de vase osseux et cartilagineux
qui est proprement un second larynx
placé au bas le U trachée| et qui sert
èl
*s>
i :*\
*:
i'',a
■*ffl
k
l56 HISTOIRE NATURELLE
peut-être de magasin d^air pour le
temps où Poiseau plonge ^ et donne
sans doute à sa voix cette résonnance
bruyante et rauque qui caractérise son
cri : aussi les anciens avoient-ils ex-
primé par un mot particulier la voix
des canards, et le silencieux Pythagore
vouloit qu'on les éloignât de Phabita-
tion o\ son sage devoit s'absorber dans
la méditation; mais pour tout homme^
philosophe ou non, qui aime à la cam-
pagne ce qui en fait le plus grand char-
me , c'est-à-dire, le mouvement y la
vie et le bruit de la nature , le chant
des oiseaux, les cris des volailles va-
riés par le fréquent et bruyant kankan
des canards, n'offensent point l'oreille,
et ne fontqu'animer, égayer davantage
le séjour champêtre ; c'est le clairon ,
c'est la trompette parmi les flûtes et les
haut-bois; c'est la musique du régiment
rustique.
£t ce sont, comme dans une espèce
bien connue | les femelles qui fc^nt le
ILLB
air pour le
; y et donne
résonnance
ractérise son
oient-ils ex-
ilier la voix
ixPythagore
; de Phabita-
bsorber dans
tout hommei
ime à la cam-
I grand char-
^uvementy la
re y le chant
volailles va-
lant kankan
nui Poreille^
er davantage
le clairon y
flûtes et les
du régiment
une espèce
qui fc'nt le
II
î B » C A N A. R D. l57
pl(is de bruit et sont les plus loquaces;
leur voix est plus haute, plus forte y
plus susceptible d^'nflexîons que celle
du^màle^q^i est monotone, et dont le
son est toujours enroué. On a aussi re-
marqué que la femelle ne gratte point
la ferre comme la poule y et que néan-
moins elle gratte dans l'eau peu pro-
fonde, pour déchausser les racines ou
pour' déterrer les insectes et les coquil*
lages .
Le b^c du canard , comme dav^iîi le
cygne et dans toutes les espèces d'oies^
est large , épais ^ dentelé par lesbords^
garni intérieurement d'une espèce de
palais charnu y rempli d'une langue
épaisse et terminée à si pointe par xta
onglet corné de substance plus dure
que le reste du bec; tous ces oiseaux
ont aussi la queue très -courte- ^v
jambes placées fort en arrière et pres«
que engagées dans l'abdomen; de cette
position des jambes, résulte la difficul-
té de marcher et de garder l'équilibre
••
II
rfJjK
f
■l
.î
i58 HISTOIHE VATUB^LLE
sur terre, ce qui leur donne des mouvez
mens mal diriges , une démarche chan*
celante y un air lourd qu'on prend pour
de la ff*^Mpiditéy tandis qu'on reconnoit
au contraire) par la facilité de leurs
mouvemens dans l'eau , la force.'^ la
finesse et môme la subtilité de leur
instinct. —
La chair du canard est, dit-on, pe-
sante et échauffante ; cependant on en
fait grand usage, et l'on sait que la
chair du canard sai'^^ageest pb]*» fine
et de bien meilleur goût que cel' du
canard domestique. Les anciens le sa-
Toient comme nous , car l'on trou , .
dans Apicius jusqu'à quatre différen*
tes manières de l'assaisonner. Nos Api«
cil' s modernes n'ont pas dégénéré , et
un pâté de canards d'Amiens y est un
morceau connu de tous les gourmands
du royaume*
ILii. graisse du Cânard est employée
^an' les topiques. On attribue au sang
U vertu de résister au venin , même «
i
LLE
des mouTe^
irche chan*
prend pour
n reconnoit
itë de leurs
a foi^ce^ la
ité de leur
dit^on, pe*
idant on en
sait que la
tt plno fine
ue ce¥ du
iciens le sa*
l'on trou^j
re différen-
r. Nos Api-
igénéré , et
sns ^ est un
gourmands
t employée
bue au sang
a } même k
H
i
t:elui de la vipère; ce sang étoitlabase
du fameux antidote cle Mithridate. On
croyoit en effet que les canards dans le
Font, se nourrissant de toutes les her-
bes venimeuses que produit cette con-
trée ^ leur sang devoit en contracter
la vertu de repousser les poisons , et
nous obs rverons en passant ^ que la
dénomination ananas Ponticus des an-
ciens , ne désigne pas une espèce par-
ticulière ) comme Pont cru quelques
nomenclateurs I mais Pespècemêmede
notre canard sauvage qui fréquentoit
les bords du Pont - £uzin comme les
autre rivages.
Les naturalistes ont cherché à met-
tre de Tordre et à établir quelques di-
visions générales et particulières dans
la grande famille des canards. WiU
lulghby divise leurs nombreuse.^ espè*
ces en canards marins ou qui n'habi-
tent que la mer, et canards fluviat îles
ou oui fréquentent les rivières et les
eaux douces j mais comme la plupart
u
I
n t
I ,.
. V' »l
,f
h
160 HISTOIRE NATUREXLB
de ces espèces se trouvent également
et tour-à-tour sur les eaux douces et
sur les eaux salées, et que ces oiseaux
passent indifféremment des unes aux
autres, la division de cet auteur n^est
pas exacte, et devient fautive dans l'ap-
plication; d'ailleurs les caractères qu'il
donne aux espèces ne sont pas assez
constans. Nous partagerons donc cette
très - nombreuse famille par ordre de
grandeur, en la divisant d'abord en
canards et sarcelles ^ et comprenant
sous la première dénomination toutes
les espèces de canards qui, par la gran-
deur, égalent ou surpassent l'espèce
commune; et sous la seconde , toutes
les petites espèces de ce même genre ^
dont la grandeur n'excède pas celle de
la sarcelle ordinaire : et comme l'on a
donné à plusieurs de ces espèces des
noms particuliers , nous les adopte-
rons pour rendre les division» plus
s.e lisibles.
■■■» h
BLLB
t également
c douces et
ces oiseaux
3s unes aux
luteur n'est
ve dans Tap-
ictères qu'il
t pas assez
s donc cette
ir ordre de
d'abord en
comprenant
ition toutes
[>ar la gran-
nt l'espèce
de y toutes
me genre ^
as celle de
me l'on a
spèces des
s adopte-
iona pluâ
i> u c ▲ N A K o.
Gi
LE CANARD MUSQUÉ.
à Ce canard est ainsi nommé , parce
qu'il exhale une assez forte odeur de
musc^ il est beaucoup plus grand que
notre canard commun; c'est même le
plus gros de tous les canards connus ;
il a deux pieds de longueur de la pointe
du bec à l'extrémité de la queue ; tout
le plumage est d'un noir - brun lustré
de vert sur le dos et coupé d'une large
tache blanche sur les couvertures de
l'aile; mais dans les femelles^ suivant
Aldrovande, le devant du cou est mé-
langé de quelques plumes blanches.
Willulghby dit en avoir vu d'entière-
ment blanches ; cependant la vérité
est, comme l'avoit ditBelon, que quel-
quefois le mâle est, comme la femelle^
entièrement blanc, ou plus ou moins
varié de blanc ; et ce changement des
couleurs en blanc , est assez ordinaire
dans les races devenues domestiques :
mais ie caractère qui distingue celle du
J
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,
rP-T.
r y.
^' "i ■ i!
\ ;^
162 niSTOIRB NATURELLE
canard musqué , est une large plaque
en peau nue , rouge et semée de-papil-
les, laquelle couvre les joues , s'étend
jusqu'en arrière des yeux , et s'enile
sur la racine du bec en une caroncule
rouge que Selon compare à une cerise;
derrière la tête du mâle pend un bou-
quet de plumes en forme de huppe que
la femelle n'a pas ; elle est aussi un
peu moins grande que le mâle ^ et n'a
pas de tubercule sur le bec. Tous deux
sontbas de jambes etontlespiedsëpais)
les ongles gros et celui du doigt inté-
rieur crochu; les bordsde la mandibule
supérieure du bec sont garnis d'une
forte dentelure ^ et un onglet tran«
chant et recourbé en arme la pointe*
Ce gros canard a la voix grave et si
basse j qu'à peine se fait-il entendre |
à moins qu'il ne soit en colère ; Scali-
ger s'est trompé en disant qu'il étoit
muet. Il marche lentement et pesam-
ment 9 ce qui n'empêche pas que dans
l'état sauvage il ne se perche sur le«
1>U CAKAUD. l63
i\Tbre8. Sa chair est bonne et même fort
estimée en Amérique , où Pon élèvo
grand nombre de ces canards ; et c'est
de là que vient eu France leur nom de
canard d'Indes néanmoins nous ne
f^x'^ons pas d'où cette espèce nous est
venue} elle est étrangère au nord de
l'Europe comme à nos contrées ^ et ce
n'est que par une méprise de mots^
contre laquelle Ray sembloit s'être
inscrit d'avance , que le traducteur
d'Albin a nommé cet oiseau canard d&
Moscovie, Nous savons seulement que
ces gros canards parurent pour la pre-
mière fois en France du temps de Be*
Ion, qui les appela canes de Guinée ^
et on même temps Aldrovande dit
qu'on en apportoit du Caire en Italie;
et tout considéré , il paroît par ce
qu'en dit Marcgrave , que l'espèce se
trouve au Brésil dans l'état sauvage \
car on ne peut s^empêcher de recon-
nottre ce gros canard dans son anas
sylvestris magnitudine anserisp aussi
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i
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I:"" • I
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w-:*!»*-*''
Y
ït».
t 4.
164 HISTOIRE NATUKELLK
bien que dans Vypeca-'guacu de Pî-
son'; mais, pour Vipecati-apoa de cgb
deux auteurs, on ne peut douter, par
la seule inspection des figures , que
ce ne soit une espèce différente quo
M. Erisson n'auroit pas dû rapporter
à celle-ci.
Suivant Pison , ce gros canard s'^en-
graisse également bien en domesticité
dans la basse-cour y ou en liberté sur
les rivières ^ et il est encore recom-
mandable par sa grande fécondité ; la
femelle produit des œufs eu grand
nombre , et peut couver dans presque
tous les temps de Pannée ) le mâle est
très-ardent en amour 5 toutes les fe-
melles lui conviennent, il ne dédaigne
pas celles des espèces inférieures ; il
s'apparie avec la cane commune, et de
cette union proviennent des métis
qu'on prétend être inféconds, peut-
être sans autre raison que celle d'un
préjugé* On nous parle aussi d'un ac-
couplement de ce canard musqué avec
M, H
icu de Vî'*
ipoa de ces
outer^ par
ures y que
érente quo
i rapporter
anard s'^en-
lomesticité
liberté sur
>re recom-
:on dite ; la
en grand
ns presque
le mâle est
»tes les fe-
e dédaigne
rieures ; il
lune, et de
des métis
ids, peut-
celle d^un
isi d'un ac-
usqué avec
DU CANARD. l65
Poie ^ mais cette union est apparem-
ment fort rare ^ au lieu que Pautre a
lieujournellement dans les basses-cours
de nos colons de Cayenne et de Saint-^
Domingue , où ces gros canards vivent
et se multiplient comme les autres en
domesticité; leurs œufe sont tout-à-
fait ronds ; ceux des plus jeunes fe-
melles sont verdâtres , et cette cou-
leur pâlit dans les pontes suivantes*
L'odeur de musc que ces oiseaux ré-
pandent , provient , selon Barrère ,
d'une humeur jaunâtre filtrée dans les
corps glanduleux du croupion.
Dans l'état sauvage, et tels qu'on les
trouve dans les savannes noyées de la
Guiane , ils nichekit sut des troncs
d'arbres pourris, et la mère, dès que
les petits sont éclos , les prend l'un
après l'autre avec le bec et les jette 4
l'eau. Il paroît que les crocodiles-caï-
mans en font une grande destruclior ,
car on ne voit guère de familles de ces
jeunes canards oc plus de cinq à six ,
Oiseaux. VI* iS
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^*''*»tli. '
166 HISTOIRE NATURÊLtÊ
quoique les œufs soient en beaucouf^
plus grand nombre. Ils mangent, dand
les savaimes , la graine d'un gramen
qu'on appelle riz sauvage , volant le
matin sur ces immenses prairies inon-
dées 9 et le soir redescendant vers la
mer. Ils passent les heures de la plus
grande chaleur du jour perchés sur des
arbres touffus î ils sont farouches et
défians; ils ne se laissent guère appro-
cher , et sont aussi difficiles à tirer que
la plupart des autres oiseaux d'eau.
LE CANARD SIFFLEUR
ET LE VINGEON , oir GINGEON.
Une voix claire et sifflante que l'on
peut comparer au son aigu d'un fifre y
distingue ce canard de tous les autres^
dont la voix est enrouée et presque
croassante. Comme il 5»iffle en volant
et très-fréquemment , il se fait enten-
dre souvent et reconnoître de loin : il
prend ordinairemeat sou vol le soir Qt
<- w.
•^ ..
DU CANARD. 167
même la nuit ; il a Pair plus gai que les
autres canards ;il est très-agile et tou-
jours en mouvement ; sa taille est au-
dessous de celle du canard commun , et
à-peu-près pareille à celle dusouchetç
son bec fort court, n'est pas plus gros
que celui du garrot ; il est bleu et la
pointe en est noire; le plumage sur le
^aut du cou et la tête est d'un beau
roux; le sommet de la tête est blan-
châtre : le dos est liséré et vermiculé
finement de petites lignes noirâtres en
zig-zags sur un fond blanc ; les premiè-
res couvertures forment sur l'aile une
grande tache blanche , et les suivan-
tes un petit miroir d'un vert-bronzé :
le dessus du corps est blanc y mais les
deux côtés de la poitrine et les épaules
sont d'un beau roux-pourpré. Suivant
M. Bâillon , les femelles sont un peu
plus petites que les mâles , et demeu-
rent toujours gri es, ne prenant pas
en vieillissant, comme les femelles des
fiouchets, les couleurs de leurs mâles.
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168 HISTOIE.E NATUREIiLE
Cet observateur aussi exact qu'atten-
tif y et en même temps très- judicieux ^
nous a plus appris de faits sur Les oi-
seaux d'eau que tous les naturalistes
qui en ont écrit ; il a reconnu y par des
observations bien suivies , que le ca-
nard siffleur , le canard à longue queue
qu'il appelle penard , le chipeau et le
soucbet naissent gris y et conservent
cette couleur jusqu'au mois de février,
en sorte que dans ce premier temps
l'on ne distingue pas les mâles des fe-
melles; mais au commencement de
mars leurs plumes se colorent, et la
nature leur donne la puissance et les
agrémens qui conviennent à la saison
des amours ; elle les dépouille ensuite
de cette parure vers la fin de juillet;
les mâles ne conservent rien ou pres-
que rien de leurs belles couleurs ; des
plumes grises et sombres succèdent à
celles qui les embellissoient ; leur voix
même se perd ainsi que celle des fe-
melles , et tous semblent être conJam-
DU CAKAIID. 169
nës au silence comme à l'indifférence
pendant six mois de l'année.
C'est dans ce triste état que ces oi-
seaux partent au mois de novembre
pour leur long voyage , et on en prend
beaucoup à ce premier passage ; il n^est
guère possible de distinguer alors les
vieux dès jeunes ^ sur-tout dans lespe-
Tiards ou canards à longue queue ; le
Tevêtement de la robe grise étant en-
core plus total dans cette espèce que
dans les autres.
Lorsque tous ces oiseaux retournent
dans le nord 9 vers la fin de février ou
le commencement de mars, ils sont
parés de leurs belles couleurs , et font
sans cesse entendre leur voix , leur
sifflet ou leurs cris 5 les vieux sont
déjà appariés, et il ne reste dans nos
marais que quelques souchets, dont
on peut observer la ponte et la couvée.
"^ es canards siffleurs volent et nagent
toujours par bandes ; il en passe chaque
hiver quelques troupes dans la plupart
V
**»> '1.
il
, IL.. \ * ■
170 HISTOIRE NATUnEtLE
de nos provinces, même dans celles qui
sont éloignées de la mer y comme en
Lorraine , en Brie ; mais ils passent en
plus grand nombre sur les côtes , et
notamment sur celles de Picardie.
ce Les vents de nord et de nord-est ,
dit M. Bâillon , nous amènent les ca-
nards siffle urs en grandes troupes. Le
peuple 9 en Picardie y les connoit sous
le nom à^oignesf ils se répandent dans
nos marais ; une partie y passe Thiver,
l'autre va plus loin vers le midi.
3» Ces oiseaux voient très-bien pen-
dant la nuit y h. moins que l'obscurité
ne soit totale : ils cherchent la même
pâture que les canards sauvages , et
mangent y comme eux y les graines de
joncs et d'autres herbes , les insectes,
les crustacées , les grenouilles et les
ver«iiisseaux. Plus le vent est rude,
plus on voit de ces canards errer : ils
se tiennent bien à la mer et à l'embou-
ch'-re des rivières malgré le gros temps,
«t sont très-durs au froid.
I
V. t**!
ELLE
ms celles qui
j comme en
Is passent en
3S côtes, et
Picardie,
de nord-est I
nent les ca-
troupes. Le
/Onnoit sous
andent dans
isse l'hiver,
i midi.
3s-bien pen-
l'obscurité
nt la même
luvages, et
s graines de
Bs insectes,
illes et les
t est rude,
errer : iU
à l'embou-
gros temps,
Â
â
DU C A N A R D. 171
• » ils partent régulièrement vers la
fin de mars, par les vents de sud ; au-
cuns ne restent ici 5 je pense qu'ils se
portent dans le nord, n'ayant jamais
vu ni leurs oeufs, ni leurs nids : je
puis pourtant observer que cet oiseau
naît gris , et qu'il n'y a avant la mue ,
aucune différence, quant au plumage ^
entre les mâles et les femelles , car
souvent , dans les premiers jours de
l'arrivée de ces oiseaux , j'en ai trouvé
de jeunes encore presque tout gris , et
qui n'étoient qu'à demi-couverts des
plumes distinctives de leur sexe.
» Le canard siffleur, ajoute M. Bâil-
lon, s'accoutu>i;<^ aisément à la domes-
ticité; il mange /olon tiers de l'orge ,
du pain, ets'engraisse fortainsi nour-
ri ; il lui faut beaucoup d'eau ; il y fait
sans cesse mille caracoles, de nuit
comme de jour. J'en ai eu plusieurs
fois dans ma cour , ils m'ont toujours
plu à cause de leur gai té ».
L'espèce du c. "îard siffleur se trouve
\
l
' '»*»^'
'.m^^.
lya HlSTOmS "îATUllEtLE
en Amérique com een Europe; nous
en avons reçu plusieurs individus de
Ja Louisiane y sous le nom de canard
jensen etde canardgris ; il semble aussi
qu'on doive !e reconnoître sous le nom
de 'wigeon ^ qu<% iuf„ donnent les An«
glais^ et SOIT, ceux de t^ z'n^eon ou ^i;{-
£eon^ de nos hah' tans de Saint-Do-
mingue et de Cayenne. £t ce qui sem-
ble prouver queces oiseanxdescUmats
chauds sont en effet les mêmes que
les canards sif fleurs du nord , c^est
qu'on les a reconnus dans les 4atitu<^
des intermédiaires. D'ailleurs, ils ont
les mêmes habitudes naturelles, avec
les seules différences que 4Delle des
climats doit ^ mettre; néanmoinsnous
ne prononçons pas encore sur f'iden^
dite de l'espèce du canard siffleur et
du vingeon des Antilles. Nos doutes
à ce sujet et sur plusieurs autres faitSy
seroient éclaircis, si la guerre , en-
tr^autres pertes qu'elle a fait essuyer
à l'Histoire naturelle ^ ne nous avoit
I
:4-
' K>^>,*r.
'^,
.■••^■■
..<*.'
DU CANARD. 1^3
enlevé une suite do deb^ms coloriés
des oiseaux le Saint-Domingue , faite
dans cette île dvt ' i^iuci grand soin|
par M. le che al efebvre Des»
hayes y corres^. du Cabinet du
roi ; heureusemen
mémoires
de
cet observateur, aussi ingénieux que
laborieux, nous sont parvenus en dw
plicata ^ et nous ne pouvons mieux
faire que d^en donner ici ^extrait , en
attendant qu^on puisse savoir précisé-
ment si cet oiseau est en effet le même
que notre canard sifileur.
a Le gingeon^ que Pon connoit à la
Martinique sous le nom de vingeon ,
dit M. le chevalier Deshayes , est une
espèce particulière de canard , qui n'a
pas le goût des voyages de long cours
comme le canard sauvage, et qui borne
ordinairement ses courses à passer
d'un étang ou d'un marécage à un au-
tre , ou bien à aller dévaster quelque
pièce de riz , quand il en a découvert
à portée de sa résidence. Ce canard a
s -ri
J .3
l
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...•-^■-'■«lei
IMAGE EVALUATION
TEST TARGET (MT-3)
1.0
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L25 i 1.4
1.6
I:
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Hiotographic
Sciences
Corporation
33 WIST MAIN STRIIT
WIBSTIR.N.Y. MSSO
(716) S72-4S03
€.
1^4 HISTOIRE NATURELLE
pour instinct particulier de se percher
quelquefois sur les arbres ^ mais au-
tant que j^ai pu l'observer , cela n'ar«
rive que durant les grandes pluies , et
quand le lieu oii il avoit coutume de
se retirer pendant le jour, est tellement
couvert d'eau , qu'il ne paroU aucune
plante aquatique pour le cacher et le
mettre à l'abri ^ ou bien lorsque l'ex-
trême chaleur le force à chercher la
fraicheurdansl'épaisseur desfeuillages.
» On seroit tenté de prendre le vin-
geon pour un oiseau de nuit , cr.r il est
rare de le voir le jour} mais aussitôt que
le soleil est couché, il sort desglayeuls
et des roseaux pour gagner les bords dé«
couverts des étangs y où il barbote et
pâture comme le reste des canards ; on
auroit de la peine ^.dire à quoi il s'oc-
cupe pendant le jour ; il est trop dif-
ficile de l'observer sans être vu de lui ;
mais il est à présumer que quoique ca*
ché parmi les roseaux j il ne passe pas
son temps 4 dormir; on en peut jugei:
!t
•f- ■*
D TT CANARD. ir^S
par'Ws'gingeons prives y qui neparois-
sent chercher à dormir pendant le
jour que comme les autres volailles ^
lorsqu'ils sont entièrement repus.
» Les gingeons volent par bandes
comme les canards j même pendant la
saison des amours ; cet instinct qui les
tient attroupés^ paroSt inspiré par la
crainte ; et Pon dit qu'en effet ils ont
toujours 9 comme les oies ^ quelqu'^un
d'eux en vedette , tandis que le reste
de la troupe est occupé à chercher sa
nourriture : si cette sentinelle aperçoit
quelque chose , elle en donne aussi*tôt
avis à la bande par un cri particulier,
qui tient de la cadence ou plutôt du
chevrotement; à l'instant tous les gin-
geons mettent fin à leur babil) se ran*
prochent ^ dressent la tête , prêtent
l'œil et l'oreille ; si le bruit cesse, cha-
cun se remet à la pâture; mais si le si-
gnal redouble et annonce un véritable
danger , l'alarme est donnée par un cri
aigu et perçant } et tous les gingeons
'^^*- -jr.-.
fs^'i^S^^^
X4,
î*s**?*iîkr'T^
tf^& HISTOIRE HATUSBXLB
partent en suivant le donne ur;!dVÉvi8 §
qui prend le premier sa Yolée* ' <
3» Le gingeon est babillard ^ lors*
qu^une bande de ces oiseaux pait ou
barbote j on entend un petit gazouil-
lement continuel qui imite assez le rire
suivi) mais contraint, qu'une personne
feroit entendre à basse voix \ ce babil
les décèle "^ et guide le chasseur; de
même quand ces oiseaux volent , il y
a toujours quelqu'un de la bande qui
siffle y et dès qu'ils se sont abattus
sur l'eau 9 leur babil recommence.
. 3» La ponte des gingeons a lieu en jan-
vier, e t en mars on trouve de pe* * ^ s gin-
geonnaux ; leurs nids n'ont rû .e re-
marquable, sinon qu'ils contiennent
grand nombre d'oeufs. Les nègres sont
fort adroits à découvrir ces nids , et les
œufsdonnésàdespouleficonveuseséclo-
sent très-bien; par ce moyen l'on se pro-
cure des gingeons pvivés; maison au-
voit toutes les peines du monde à appri-
voiser des gingeonneaux pn^ quelque»
^'■« w
DU CANARD. \^rj
jours après leur naissance^ ils ont déjà
gagné l'humeur sauvage et farouche da
leurs père et mère, au lieu qu'il semble
que les poules qui couvent des œufs de
gingeons, transmettent à leurs petite
une partie de leur humeur sociale et fa«
milière ; les petits gingeonnaux ont
plus d'agilité et de vivacité que les ca-
netons; ils naissent couverts d'un du-
vet brun I et leur accroissement est
assez prompt; six semaines suffisent
pour leur faire acquérir toute leur
grosseur y et dès • lors les plumes de
leurs ailes commenijent à croître.
» Ainsi avec très-peu de soins on peut
fie procurer des gingeons domestiques;
mais, s'il faut s'en rapportera presque
tous ceux qui en ont élevé, on ne doit
guère espérer qu'ils multiplient en-
tr'eux dans l'état de domesticité ; ce-
pendant j'ai connoissance de quelques
gingeons privés qui ont pondu, couvé
et fait éclore. . \
y> Il seroit extrêmement précieux
Oiseaux. YI. 16
I
.. îi-O.
^ M '
1178 HISTOIRE NATUREL1.E
d'obtenir une race domestique de cet
oiseaux, parce que leur chair est excei-
lente, et sur»tout celle de ceux qu'on a
privés; elle n'a point le goût de maré-
cage que l'on peut reprocher aux sau-
vages; et une raison de plus de désirer
de réduire en dome^iticité cette espèce^
et l'intérêt qu'il y auroit à la détruire
ou l'affoiblir du moins dans l'état sau-
vage I car souvent les gingeons vien-
nent dévaster nos cultures, et les piè-
ces de riz semées près des étangs échap-
pent rarement à leurs ravages; aussi
est-ce là que les chaseurs vont les at-
tendre le soir au clair de la lune. On
leur tend aussi des lacets et des hame*
cons amorcés de vers de terre.
» Les gingeons se nourrissent non-
aeulement de riz , mais de tous les au-
tres grains qu'on donne à la volaille y
tels que le maïs et les différentes espè-
ces de mil du pays; ils paissent aussi
l'herbe, ils pèchent les petits poissons,
le» écrivisses, les petits crabes.
'■!>>>
jt
DIX CANARD. lyc^
» Leur cri est un véritable sifflet y
qu'on peut Imiter avec la bouche au
point d'attirer leurs bandes quand elles
passent. Les chasseurs ne manquent
pas de s'e:i:ercer à contrefaire ce sifflet^
qui parcourt rapidement tous les tons
de l'octave du grave à l'aigu y en ap*
puyant sur la dernière note et en la
prolongeant. ' ' > • :?.;:..
» Du reste ^ on peut remarquer que
le gingeon porte en marchant la queue
basse et tournée contre terre y comme
la pintade 9 mais qu'en entrant dans
l'eau il la redresse. On doit observer
aussi qu'il a le dos plus élevé et plus
arqué que le canard, que ses jambes
sont beaucoup plus longues à propor«
tion y qu'il a l'œil plus vif , la démar-
che plus ferme 9 qu'il se tient mieux et
porte sa tête haute comme Poie; carac*
tères qui) joints à l'habitude de se per-
cher sur les arbres , le feront toujours
distinguer : de plus, cet oiseau n'a pas
chez nous le plumage aussi fourni , à
!
■.*»«• m^ii-tm ■
# «*
•*** Wfcj^.#«. -.*•
*'^'-', I . wMlil II ijWi
^*«ws>*-.
#1.
l8d HI8T0IBB NJLT171LELLB
beaucoup près ) que les canards des
pays froids.
» Loin que les gîngeons , dans nos
basses-ooursy continue M. Deshayes^
ayent cherché à s'accoupler avec le ca-
nard d'Inde ou avec le canard com«
mun, comme ceux-ci ont fait entr'euX|
ils se montrent au contraire les enne-
mis déclarés de toute la yolaille, et font
ligue ensemble lorsqu'il s'agit d'atta-
quer les canards et les oies; ils parvien-
nent toujours à les chasser et à se ren-
dre maîtres de l'objet de la querelle f
c^est- à-dire du grain qu'on leur jette^
ou de la mare où ils veulent barboter^
et il faut avouer que le caractère du
gingeon est méchant et querelleur ;
mais comme sa force n'égale pas son
anîmosité, d'ut- il troubler la paix de
la basse-cour , on n'en doit pas moins
souhaiter de parvenir à propager en
domesticité cette espèce de canards su-
i[>ërieure en bonté à toutes les autres » •
■*u
su CANARD.. 181
LE SIFFLEUR HUPPÉ.:
Ce canard siffleur porte une huppe^
et il est de la taille de notre canard
sauvage ; il a toute la tête coifTëe de
belles plumes rousses^ déliées et soyeu*
ses, relevées sur le front et le sommet
de la tête en une touffe chevelue ^ qui
pourroit avoir servi de modèle à la
coiffure en cheveux dont nos dames
avoient un moment adopté la mode ^
sous le nom de hérisson^ les joues, la
gorge et le tour du cou sont roux com^
me la téte^ le reste du cou, la poitrine
et le dessous du corps sont d'un noir ou
noirâtre qui , sur le ventre , e&t légè*
rement onde ou nué do gris ^ il y a du
blanc aux flancs et aux épaules ; et le
dos est d'un gris-brun; le bec et l'iris
de l'œil sont d'un rouge de vermillon.
Cette espèce, quoique moins com-
mune que celle du canard siffleur sans
huppe, a été vue dans nos climats par
plusieurs observateurs.
-Vi
■#
••
Bi.-^ -.«SV'-i-atf*?
182 HISTOIRE NATURELLE
i L
LE SIFFLEUR d bec rouge et nà-
^ ,' rines jaunes. , •
ApPAREMMESTque cette dénomina-
tion de siffleur est fondée dans cette
espèce , comme dans les précédentes y
sur le sifflement de la yoix ou des ai-
les : quoi qu'il en soit, nous adoptons,
pour la distinguer, la dénomination de
siffleur au bec roc/^e^ qu*£dwards lui
A donnée en y ajoutant les narines jau^
neSf pour le séparer du précédent qui
a aussi le bec rouge. Ce siffleur est
d'une taille élevée, mais pas plus grosse
que celle de la morelle, sans être paré
de couleurs vives et brillantes ; c'est
dans son genre un fort bel oiseau : un
brun -marron étendu sur le dos y est
nué de roux-ardent ou orangé-foncé \
le bas du cou porte la même teinte qui
se fond dans du gris sur la poitrine ^
les couvertures de l'aile lavée de rous-
fiâtre sur les épaules, prennent ensuit»
un cendré-clair, puis un blanc pur;
,x».
.^.jÉ
DU CANARD.^ l83
ses pennes sont d'un brun-noirâtre^ et
les plus grandes portent du blanc dans
le milieu du c6të extérieur^ le ventre et
la queue sont noirs; la tête est coiffée
d'une calotte roussàtrequi se prolonge
par un long trait noirâtre sur le haut
du cou ; tout le tour de la face et la
gorge sont en plumes grises.
Cette espèce se trouye dans PAmé«
rique septentrionale, suivant M. Bris*
son ; néanmoins nous Pavons reçue de
Cayenne. .. :i.u;c ?:..!; u.'-.^.c.
^\^f^it^€^■¥^
LE SIFFLEUR A BEC NOIR;,
>
Nous adoptons encore ici la dénomi»
nation d'Edwards , parce que Pindica-
tion de climat y donnée dans nos plan-
ches enluminées et dans Pouvrage de
M. Brisson y ne peut ::«e&vir à distin-
guer cette espèce 9 non plus que la pré-
cédente , puisqu'ilparoît que toutes
deux se trouvent également dans PA-
mérique septentrionale et aux An tilles*
'^^'ssmmimmi^^
' i
184 niSTOinS NÀTURBLLE
Les jiimbes «t le cou , dans ces deux
espèces y paroissent proportionnelle-
ment plus aiongës que dans les autres
canards ; celui-cî a le bec noir ou noi-
râtre ; son plumage sur un fond bruh>
est nuë d*ondes roussàtres ; le cou est
moucheté de petits traits blancs; le
front et les cAtés de la tête | derrière
les yeoX) sont teints de roux; et les
plumes noires da commet de la tête se
portent en arrière en forme de huppe. ^
Suivant Hans Sloane, ce canard ^
qui se voit fréquemment à la Jamaï-
que I se perche et fait entendre un sif-
flement. Barrère dit qu^il est de pas-
sage à la Guiane , qu'il pâture dans
les savanes ^ et qu'il est excellent à
manger.
LE CfflPEAU, ou LE RIDENNE.
Le canard appelé chipeau, n'est pas
si grand que notre canard sauvage; il
ft k tête finement mouchetée et comme
■ -. J " ; ! »■-»•*.*-*■
;*»!#^ ^':
BU CANARD. l85
piqnetée de brun-noir et de blanc, la
teinte noirâtre dominant sur le haut
de la tête et le dessus du cou ; la poi-
trine est richement festonnée ou écail-
lée, et le dos et les flancs sont tous ver-
miculésde ces deux couleurs; surPaile
sont trois taches ou bandes, Pune blan-
che, Pautre noire, et la troisième d'un
beau marron -rouge&tre« M. Bâillon a
observé que, de tous les canards, le chi*
peau est celui qui conserve le plus long-
temps les belles couleurs de son plu-
mage , mais qu'enfin il prend comme
les autres une robe grise après la saison
des amours ^ la voix de ce canard res-
semble fort à celle du canard sauvage;
elle n'est ni plus rauque ni plus bruyan-
te, quoique Gessner semble vouloir le
distinguer et le caractériser par le nom
à'^anas strepera , et que ce nom ait été
adopté par les ornithologistes.
Le chipeau est aussi habile à plonger
qu'à nager; il évite le coup de fusil en
s'enfonçant dans l'eau; il paroit craintif
l86 HISTOIE.E NATURELLE
et vole peu durant le jour ; il se tient
tapi dans les joncs y et ne cherche sa
nourriture que de grand matin ou le
soir, et même fort avant dans la nuit :
on Pentend alors voler en compagnie
des siffleurs, et comme eux il se prend
à l'appel des canards privés. »Les ca-
nards chipeaux, que nous appelons
ridennes , dit M. Bâillon, arrivent sur
nos côtes de Picardie au mois de no-
vembre, par les vents de nord-est, et
lorsque ces vents se soutiennent pen-
dant quelques jours , ils ne font que
passer et ne séjournent pas. Dès la fin
de février, aux premiers vents du sud,
on les voit repasser retournant vers le
nord.
y> Le mâle est toujours plus gros et
plus beau que la femelle : il a, comme
les canards millouins et siffleurs mâles,
le dessous de la queue noir, et dans les
femelles cette partie du plumage est
toujours de couleur grise.
99 Elles se ressemblent même beau-
DU CANARD. 187
coup dans toutes ces espèces , néan-
moins un peu d'usage les fait distin-
guer. Les femelles chipeaux devien-
nent fort rousses en vieillissant.
33 Le be^ de cet oiseau est noir; ses
pieds sont d'un jaune sale d'argile ^
avec les membranes noires | ainsi que
le dessus des jointures de cliaque arti-
cle des doigts; le mâle a vingt pouces
du bec à la queue, et dix-neuf pouces
j usqu'au bout des ongles; son vol est de
trente pouces. La femelle ne diffère
que d'environ quinze lignes dans tou-
tes ses dimensions.
■n Je nourris dans ma cour, depuis
plusieurs mois, continue M. Bâillon,
deux chipeaux mâle et femelle ; ils ne
veulent pas manger de grain et ne vi-
vent que de son et de pain détrempé.
J'ai eu de même des canards sauvages
qui ont refusé le grain; j'en ai eu d'au-
tres qui ont vécu d'orge dès les pre-
miers jours de leur captivité. Cette
différence vient, ce me semble, des
■fi
il
'■'^B'^TCî
f <•
y h
188 HISTOIRE NATURELLE
lieux OÙ ces oiseaux sont nés; ceux qui
Tiennent des marais inhabités du nord y
n*ont pas dû connoltre Porge et le blé;
et il n^est pas étonnant qu'ils refusent^
sur -tout dans les premier- temps de
leur détention , une nourriture qu'ils
n'ont jamais connue; ceux au contraire
qui naissent en pays cultivés, sont me*
nés la nuit dans les champs par les pères
et mères, lorsqu'ils ne sont encore que
hallebrans ; ils y mangent du grain et
leconnoissent très-bien lorsqu'on leur
en offre dans la basse-cour : au lieu que
les autres s'y laissent souvent mourir
de faim, quoiqu'ils ayent devant eux
d'autres volailles qui , ramassant le
grain, leur indiquent l'usage de cette
nourriture ».
LE SOUCHET, ou LE ROUGE.
Le souchet est remarquable par son
grand et large bec épaté, arrondi et
dilaté par le bout , en manière de
D V CANARD. 189
tailler, ce qui lui a fait donner les dé*
nominations de canard cuiller, canard
spatule, et le surnom deplaty^rinckos,
par lequel il est désigné et distingué
chez les ornithologistes parmi les nom-
breuses espèces de son genre; il est un
peu moins grand que le canard sau-
vage I son plumage est riche en cou-
leurs , et il semble mériter Pépithète
de très-beau, que Ra^r lui donne; la tête
et la moitié supérieure du cou | sont
d*un beau vert ; les couvertures de
l'aile, près de Tépaule, sont d'un bleu-
tendre; les'suivantes sont blanches , et
les dernières forment sur Paile un mi-
roir vert-bronzé ; les mêmes couleurs
se marquent , mais plus foiblement ,
sur l'aile de la femelle , qui, du reste,
n'a que des couleurs obscures d'un gris-
blanc et roussàtre, maillé et festonné
de noirâtre ; la poitrine et le bas du
cou du mâle sont blanc» , et tout le
dessous du corps est d'uu beau roux;
cependant il s'en trouve quelquefois à
Oiseaux. YL 17
se
■■•■■y
190 HISTOIRE NATURELLE
ventre blanc. M. Bâillon nous assure
que les vieux souchets, ainsi que le»
vieux chipeaux, conservent quelque-
fois leurs belles couleurs, et qu'il leur
vient des plumes colorées en même
temps que les grises , dont ils se cou-
vrent chaque année après la saison des
amours^ et il remarque , avec raison ,
que cette singularité dans les souchets
et les chipeaux a pu tromper et faire
multiplier , par les nomenclateurs, le
nombre des espèces de ces oiseaux ; il
dit aussi que de très-vieilles femelles
qu'il a vues, avoient, comme les mâles^
des couleurs sur les ailes, mais que^
durant leur première année d'âge, ces
femelles sont toutes grises ^ du reste ^
leur tête demeure toujours de cette
couleur. Nous devons encore placer
ici les bonnes observations qu'il a bien
voulu nous communiquer sur le sou-
chet en particulier. .
«c La forme du bec de ce bel oiseau^
dit M. Bâillon ^ indique sa manière de
I ^-4
\»
assure
que les
Lielque-
l'il leur
L même
se cou-
[son des
raison j
ouchets
et faire
3urs, le
îaux; il
femelles
s mâles 9
lis que y
âge ) ces
u reste 9
de cette
e placer
'il a bien
r le sou-
1 oiseau 9
&nière de
DU CANARD. Ujl
vivre; ses deux larges mandibules ont
les bords garnis d'une espèce de den-
telure ou de frange , qui ne laissant
échapper que la boue ^ retient les ver-
misseaux et les menus insectes et crus-
tacées qu'il cherche dans la fange au
bord des eaux ; il n'a pas d'autre nour-
riture. P'jn ai ouvert plusieurs fois
vers la fin de l'hiver et dans le temps
de gelée, je n'ai point trouvé d'herbe
dans leur sac , quoique le défaut d'in-
sectes eût dû les forcer de s'en nourrir;
on ne les trouve alors qu'auprès des
sources ; ils y maigrissent beaucoup ^
ils se refont au printemps en mangeant
des grenouilles.
39 Le souchet barbote sans cesse y
principalement le matin et le soir , et
même fort avant dans la nuit; je pense
qu'il voit dans l'obscurité 9 à moins
qu'elle ne soit absolue ; il est sauvage
et triste; on l'accoutume difficilement
À la domesticité ; il refuse constam-
ment le pain et le grain : j'en ai eu un
i. '5
•i^M- ■*'1^»miff;4. #
r. </
IV ;
9t-y
192 HISTOIRE NATURELLE
grand nombre qui sont morts après
avoir été embéqués long-temps y sans
qu'on ait pu leur apprendre à manger
d'eux-mêmes. Pen ai présentement
deux dans mon jardin , je les ai em«
béquéa pendant plus de quinze jours \
ils vivent à présent de pain et de che*
vrettes, dorment presque tout le jour^
et se tiennent tapis contre les bor«
dures des buis^ le soir ils trottent lieau*
coup et se baignent plusieurs fois pen^
dant la nuit. Il est fâcheux qu'un aussi
bel oiseau n'ait pas la gaité de la sar«
celle ou du tadorne y et ne puisse de-
venir un habitant de nos basses-cours.
» Les souchets arrivent dans nos
cantons vers le mois de février; ils se
répandent dans les marais ^ et une par*
tie y couve tous les ans : je présume
que les autres gagnent le midi y parce
que ces oiseaux deviennent rares ici
après les premiers vents du nord qui
soufflent en mars. Ceux qui sont nés
dans le pays ^ en partent vers le moi^
y.
»}
^ D V C A. Iff ▲ 31 X>. 1^3
de septembre; il estr^ro d^en Totr
pendant Thivery sur quoi jo jug® qtiULs
craign««t et fuient le fjoià^ * «
f » Ils nichent ici idans les tnâmes en-
droit, qae les «ar^les d^été \ ils clioi-
sisseni) comme elles, de grosses touffes
de joncs dans des lieux peu praticables^
et s'y Arrangent -de même un nid ; la
femelle y dépose dixàdouse œufs d'un
roux un peu pâle 9 elle les couve pen-
dant vingt*liuit à trente |^urs^ suivant
ce que m'ont dit les chasseurs ; mais
je croirois volontiers que l'incubation
ne doit être que de vingt <- quatre à
vingt-cinq jours, vu que ces oiseaux
tiennent le milieu entre les canards et
les sarcelles , quanta la taille.
30 Les petits naissent 'Couverts d'un
duvet gris taché y comme les canards ,
et sont d'une laideur extrême ; leur
bec est alors presque aussi large que le
corps, et son poids paroit les fatiguer;
ils le tiennent presque toujours ap«
puyé contre la poitrine ; ils courent et
i
■S'
> i.
-Tl'î!-
*. V
-. >
194 HISTOIKB NATUlLELLC
nagent dès qu'ils sont nës; le père et
la mère les mènent, et paroissent leur
être foit attachés ; ils veillent sans
cesse sur Poiseau de proief au moindre
danger la famille se tapit sous Pherbe^
et les père et mère se précipitent dans
Teau et s'y plongent. ,>> ;i i ^:.w.
3) Les jeunes sonchets deviennent
d'abord gris comme les femelles ; la
première mue leur donne leurs-belles
plumes, mais elles ne sont bien écla-
tantes qu'à la seconde ».
Quant à la couleur du bec , les ob-
servateurs ne sont pas d'accord; Ray
dit qu'il est tout noir; Gessner, dans
Aldrovande, assure que la lame supé-
rieure est jaune; Aldrovande ditqu'ii
'jst brun ; tout cela prouve que la cou-
leur du bec varie suivant Page ou par
d'autres circonstances.
Schwenckfeld compare le battement
des ailes du souchet à un choc de cro-
tales^ et M. Hébert, en voulant nous
«xprinier le cri d« cet oiseau , nous
"«*«««*?N«^'»^||JPItW
*,
DU CANARD. IpS
m ait qu'il ne pouvoit mieux le com-
parer qu'au craquement d'une crécelle
à main ^ tournée par petites secousses:
il se peut que Schwenckfeld ait pris
la voix pour le bruit du vol. Au reste^
le souchet est le meilleur et le plus
délicat des canards : il prend beau-
coup de graisse en hiver; sa chair est
tendre et succulente; on dit qu'elle est
toujours rouge , quoique bien cuite ^
et que c'est par cette raison que le
canard souchet porte le nom àe rouge ^
notamment en Picardie, oii l'on tue
beaucoup de ces oiseaux dans cette
longue suite de marais qui s'étendent
depuis les environs de Soissons jusqu'à
la mer. <
M. Brisson donne, d'après les orni-
thologistes y une variété du souchet ,
dont toute la différence consiste en ce
que le ventre est blanc au lieu d'être
roux-marron.
Uyacapatlahoac de Fernandez, ca-
nard que ce naturaliste caractérise par
ir
196 HISTOIRE NATUKSLXE
6on bec singulièrement épaté j et par
le strois couleurs qxii tranchent sur
son aile 9 nous parolt devoir être rap-
porté à Tespèce du souchet, à laquelle
nous rapporterons aussi le tempatla-
hoac du même auteur ^ dont M. Bris«
son a fait son canard sauvage du Mexu
que y quoiqu'à la ressemblance des
traits caractéristiques, à la dénomina-
tion d^avis latirostra que lui donne
Nieremberg , et au soin que prend Fer-
jiandez d*aTertir que plusieurs donnent
à Vyacapatiahoac ce même nom de tent'
patlahoac , i\ etkt pu reconnoître qu'il
ne s'agissoit ici que d'un seul et même
oiseau ; et nous nous croyons d'autant
plus fondés à le juger ainsi, que les
observations de M. ie docteur Mau-
duit ne nous laissent aucun doute sur
l'existence de l'espèce du souchet en
Amérique : a Les individus de cette
espèce , dit-il , sont sujets en Europe
à ne pas se ressembler parfaitement
dans le plumage j quelques*uns ont dans
R£LXE
épaté y et par
tranchent sur
voir être rap-
hetf à laquelle
le tempatlu"
dont M. Bris-
Mzge du Mexi*
embiance des
, la dénomina-
[ue lui donne
jue prend Fer-
sietirs donnent
nenomde^e/72-
:onno}tre qu'il
1 seul et même
tyons d'autant
dnsi, que les
octeur Mau-
un doute sur
u souche t en
idus de cette
ts en Europe
parfaitement
•uns ont dans
V(
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' «» ■ '■. ?..
'••■'i ' fil- •■
■^3
DU CANARD» Ip^
leur robe un mélange de plumes gthe»
q ui ne se trouve pas dans les autres : j*ai
remarqué dans sept ou huit souchets
envoyés de la Louisiane, les mêmes va*
riétés dans le plumage, qu'on peut ob-
server dans un pareil nombre de ces
oiseaux tués au hasard en Europe ; et
cela prouve que le souche t d'Europe et
celui d'Amérique ne sont absolument
qu'une seule et même espèce ».
LE PILET,ou CANARD à longue queue.
Le canard à longue queue y connu
en Picardie sous les noms de piletet
âe pttnnard , est encore un excellent
gibier et un très-bel oiseau : sans avoir
l'éclat des couleurs du souchet , son
plumage est très - joli ; c'est un gris
tendre , onde de petits traits noirs
qu'on diroit tracés à la plume; les gran -
des couvertures des ailes sont par lar-
ges raies , noir de jayet et blanc de
neige; il a sur les côtés du cou deux
bandes blanches semblables à des ru-
jtV.
Va. s
if
198 HISTOIRE NATURBLLE
banS) qui le font aisément reconnoitre^
même d'assez loin; la taille et les pro-
portions rlu corps sont plus alongées et
plus svehes que dans aucune autre es-
pèce de canard ; son cou est singuliè-
rement long et très-menu ; la tète est
petite et de couleur de marron ; la
queue est noire et blanche et se ter-
mine par deux filets étroits , qu'on
pourroit comparer à ceux de l'hiron-
delle ; il ne la porte point horizontale-
ment) mais à demi-retroussée : sa chair
est en tout préférable à celle du canard
sauvage ; elle est moins noire , et la
cuisse y ordinairement dure et tendi-
neuse dans le canard , est aussi tendre
que l'aile dans le pilet.
a On voit, nous dit M. Hébert, le
pilet en Brie, aux deux passages; il se
tient sur les grands étangs ; son cri
s'entend d'assez loin, hizouë zoue. La
première syllabe est un sifflement ai-
gu , et la seconde un murmure moins
sonore et plus grave.
LE
lonnottre^
tt les pro-
longées et
autre es-
singuliè-
a tète est
arron ; la
et se ter-
;s , qu'on
B l'hiron-
rizontale-
: sa chair
du canard
ire , et la
et tendi-
isi tendre
ébert, le
ges; il se
son cri
zouê. La
ment ai-
re moins
n V CANARD. 19^
» Le pilet, ajoute cet excellent ob-
Bervaleur, semble faire la nuance dea
canards aux sarcelles , et s^approche
par plusieurs rapports de ces dernières;
la distribution de ses couleurs est ana^
logue à celle des couleurs de la sar-
celle ; il en a aussi le bec , car le bec
^e la sarcelle n^est point précisément
le bec du canard i>.
' La femelle diffère du mâle autant
que la cane sauvage diffère du canarr^j
elle a, comme le màle^ la queue longue
et pointue; sans cela on pourroit la
confondre avec ta cane sauvage; mais
ce caractère de la longue queue suffit
pour faire distinguerce canard de tous
lesautres, qui généralement Pont très-
courte. C'est à raison de ces deux filets
qui prolongent la queue du pilet, que
les Allemands lui ont donné, assez im-
proprement, le nom de canard-faisan
{phasanente ) , et les Anglais celui de
faisan de mer (sea-phasan) ; la déno-
mination de Winterand f qu'on lui
/
♦t
^^1
âOd HISTOIRE KATURELLB
donne dans le nord , semble prouver
que ce canard ne craint pas les plus
grands froids ; et en effet Linnseus dit
qu'on le voit en Suède au plus fort de
l'hiver. Il paroit que l'espèce est com-
mune aux deux continens : on la re-
connolt dans le tzitzihoa du Mexique
de Fernandez, et M. le docteur Mau«
duit en a reçu de la Louisiane un in*
dividu sous le nom de canard paille^-
tn-queue y d'où l'on peut conclure que
quoique habitant naturel du nord , il
se porte jusque dans les climats chauds.
LE CANARD A LANGUE QUEUE
de Terre-Neuve.
Ce canard , très-différent du précé-
dent par le plumage , n'a de rapport
avec lui que par les deux longs brins^
qui de même lui dépassent laqueue*
: La figure coloriée que donne £d-
Vrards de cet oiseau , présente des tein-
tes brunes sur les parties du plumage
où le canard nommé de miclon dans
-Sv:
DU CANARD. 201
nos planches enluminées , a ^ noir ;
néanmoins on reconnoic ces deux oi*
seaux pour être de la même espèce aux
deux longs brins qui dépassent leur
queue^ainsiqu'à la belle distributionde
couleurs:leblanccouvrelatêteetlecou
jusqu^au haut de la poitrine et du dos;
il y a seulement une bande d'un fauve
orangé qui descend depuis les yeux le
long des deux c6tés du cou : le ventre,
aussi bien que deux faisceaux de plu*
mes longues et étroites y couchées en-
tre le dos et l'aile, sont du même blanc
que la tête et le cou : le reste du plu*
mage est noir , aussi bien que le bec ;
les pieds sont d'un rouge-noirâtre , et
on remarque un petit bord de mem-
brane qui règne extérieurementle long
du doigt intérieur , et au-dessous du
petit doigt de derrière; la longuenrdes
deux brins de la queue de ce canard
augmente sa dimension totale ; mais à
peine dans sa grosseur égale-t-il le ca-
nard commun.
Oiseaux. VI. iS
i
AI
A V
lu*/
d02 HISTOIBB KATtrilELLB
£dwaf<ls soupçonne ^ avec toute ap^^
parence de raison , que son canard d
longue queue de la baie d'Hudson, esft
la femelle de celui-ci \ la taille , la fi-
gure et même le plumage sont à-peu«
près les mènes \ seulement le dos de
celui*ci est moins varié de blanc et de
noir ^ et en tout le plumage est plu»
brun.
Cet individu qui nous parort être la
femelle , avoit été pris à la baie d^Hud-
son , et l'autre tué à Terre-Neuve y et
{Comme la même espèce se reconnolt
dans le havelda des Irlandais et de
WorraiuSy il paroit que cette espèce
est, comme plusieurs autres de ce gen-
re , habitante des terres les plus recu-
lées du nord^ elle se trouve à la pointa
nord-est de l'Asie, car on la recon-
noit dans le sav/ki desKamtschadalesy
qu'ils appellent aussi kiangitcho\xattn»
gitchfC*est'k'âire diacre, parce qu'ils
trouvent que ce canard chante comme
lin diacre russe ; d'où il paroit qu'un
Jv^v^
ELLB
ec toute ap-^
an canard à
Hudson, estr
taille , la ii»
sont à-peu-
at le dos de
: blanc et de
cige est plu»
>arort être la
baie d'Hud-
C'Neuve ; et
se reconnoîfe
indais et de
cette espèce
es de ce gèn-
es plus recu-
ire à la pointa
on la recon-
mtschadalesy
gitch ou aan»
parce qu'ils
lante comme
paroit qu'uR
■I
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n V c Â. V A. IL B, 20!^
diacre russe chante comme un ca-
nard.
LE TADORNE.
Nous nous croyons fondés à croire
que le chenaiopea: ou vu/panser {oie-re'
nard) des anciens ^ est le même oiseau
que le tadorne. Belon a hé&itéetmème
varié sur Inapplication de ces noms ;
dans ses o^^erfa^/o/zf il les rapporte au
harlo) et dans son livre de laNature des
4iiseaux y il les applique au cravant :
néanmoins on peut aisément reconnot-
tre| par un de ces attributs de nature
plus décisif que toutes les conjectu-
res d^érudition , que ces noms appar^-
tiennent exclusivement à l'oiseau dont
il est ici question, le tardorne étant le
seul auquel on puisse trouver, ftvec le
renard , un rapport unique et singu«
lier, qui est de se gt ter comme lui dans
un terrier. C'est sans doute par cette
habitude naturelle , qu'on a d'abord
désigné Le tadorne en lui donnant la
204 HISTOIRE NATURELLE
dénomination de renard-oie^ et non-
seulement cet oiseau se gite comme le
renurd y mais il niche et fait sa couvée
dans les trous qu'il dispute et enlève
ordinairement aux lapins.
^lien attribue de plus au vulpanser
Tinstinct de venir , comme la perdrix y
s'offrir et se livrer sous les pas du chas-
seur pour sauver ses petits; et c^ëtoit
l'opinion de toute ^antiquité , puisque
les Egyptiens, qui avoient mis cet oi-
seau au nombre des animaux sacrés, le
figuroicnt dans les hiéroglyphes, pour
signifier la tendresse généreuse d'une
mè«e ; et en effet, Ton verra, par nos
observations , le tadorne offrir précisé-
ment ces mêmes traits d'amour et de
dévouement maternel.
Les dénominations données h. cet
oiseau dans les langues du noxà^fusck-
gansoM T^hxitl fucsh^ente en allemand
( canard - renard ) ; en anglo - saxon ,
herg-ander ( canard-montagnard ) ^ en
anglais, burrouch^duks (canard>lapin),
Dr CANARD.
ao:
n^attestent pas moins que son ancien
nom, Phabitude singulière de demeu-
rer dans les terriers pendant tout le
temps de la nichée. Ces derniers noms
caractérisent nvéme plus exactement
que celui de vuipanser le tadorne, en
le réunissant à la famille des canards,
à laquelle en effet il appartient, et non
pas à celle des oies; il est à la vérité
un peu plus grand que le canard com-
mun, et il a les jambes un peu plus
hautes; mais du reste , sa figure, son
port et sa conformation sont sembla-
blés , et il ne diffère du canard que par
son bec qui est plus relevé , et par les
couleurs de son plumage , qui sont plus
vives, plus belles, et qui, vues de
loin, ont le plus grand éclat. Ce beau
plumage est coupé par grandes masses
de trois couleurs , le blanc , le noir et
jaune-cannelle;latêteetlecou jusqu'à
la moitié de sa longueur , sont d^in
noir lustre de vert ; le bas du cou est
entouré d'un collier blanc \ au-dessous
Mi
m
S06 HISTOIRE NATURBLLB
«st une large zone de jaune cannelle
qui couvre la poitrine et forme une
bandelette sur le dos ; cette même
couleur teint le bas -ventre; au-des-
sous de l'aile , de chaf^ue côté du dos f
règne une bande noire dans un fond
blanc ; les grandes et les moyennes
pennes dePaile sont noires , les petites
ont le même fond de couleur , mais
«lies sont luisantes et lustrées de vert:
les trois pennes voisines du corps ont
leur bord extérieur d'un jaune cannelle
et ^intérieur blanc ; les grandes cou-
vertures sont noires et les petites sont
blanches. La femelle est sensiblement
plus petite que le mâle, auquel du reste
elle ressemble même par les cou-
leurs ; on remarque seulement que les
reflets verdâtres de la tête et des
ailes sont moins apparens que dans
le mâle.
Le duvet de ces oiseaux est très-fin
et très-doux; les pieds et leurs mem-
branes sont de couleur de chair ; le
DU CAKARD. 20^
hec est rouge , mais 1* onglet de ce bec
et les narines sont noirs; sa forme est^
comme nous l'avons dit, sime ou ca*
muse , sa partie supérieure étant très-
arquée près de la tête y creusée on arc
concave sur les narines , et se rele*
vant horizontalement au bout en cuil-
ler arrondie , bordée d'une rainuro
assez profonde et demi -circulaire ; la
tranchée présente un double renfle-
ment à sa bifurcation.
Pline fait Péloge de la chair du ta-
dorne, et dit que les anciens Bretons
ne connoissoient pas de meilleur gi-
bier. Athénée donne à ses œufs le se-
cond rang pour la bonté après ceux div
paon. Il y a toute apparence que les
Grecs élevoient des tadorne» , puis-
que Aristote observe que , dans le nom-
bre de leurs œufs, il s'en trouve de
clairs. Nous n'avons pas eu occasion
de goûter de la chair ni dea œufs de
ces oiseaux.
Il paroi t que les tadornes te trouvent
^1
■■*
\
, 1
* ;
208 HISTOIRE NATURELLE
flans les climats froids comme dans
les pays tempérés, et qu'ils se sont por-
tés jusqu'aux terres australes; cepen-
dant l'espèce ne sVst pas également
répandue sur toutes les côtes de nos
régions septentrionales.
Quoiqu'on ait donné aux tadornes
le nom de canard de mer, et qu'en effet
ils habitent de préférence sur les bords
de la mer, on ne laisse pas d'en ren-
contrer quelques-uns sur des rivières
ou des lacs même assez éloignés dans
les terres ; mais le gros de l'espèce ne
quitte pas les côtes; chaque printemps
il en aborde quelques troupes sur celles
do Picardie; et c'est là q u'un de nos
meilleurs correspondans, M. Bâillon,
a suivîtes habitudes naturelles de ces
oiseaux , sur lesquels il a fait les obser-
vations suivantes , que nous nous fai-
sons un plaisir de publier ici.
ce Le printemps, dit M • Bâillon , nous
amène les tadornes , mais toujours en
petit nombre: dè$ qu'iU sont arrivésy
m i?
'V!
VU CANARD. 209
îU se répandent dans les plaines de sa-
bles dont les terres voisines de la mer
«ont ici couvertes ; on voit chaque cou-
ple errer dans les garennes qui y sont
répandues 9 et y chercher un logement
parmi ceux des lapins. Il y a vraisem-
blablement beaucoup de choix dans
cette espèce de demeure ; car ils en-
trent dans une centaine avant d'en
trouver une qui leur convienne. On a
remarqué quMls ne s^attachent qu'aux
terriers qui ont au plus une toise et
demie de profondeur, qui sont percés
contre des à- dos ou monticules et en
montant 9 et dont l'entrée , exposée au
midi, peut être aperçue du haut de
quelque dune fort éloignée.
x> Les lapins cèdent la place à ces
nouveaux hôtes, etn'y rentrent plus.
yi Les tadornes ne font aucun nid
dans ces trous; le femelle pond ses
premiers œufssurle sable nu, et lors-
qu'elle est à la fin de sa ponte, qui est
de dix à douze pour les jeunes , etpour
m
'^M
/
y
}
aïO HISTOIRE NATURELLE
les vieilles de douze à quatorze , elle
les enveloppe d'un duvet blanc fort
épais dont elle se dépouille.
» Pendant tout le temps de Pincu-
bation qui est de trente jom'S^ le mâle
reste assidûment sur ladune ; il ne s'en
éloigne que pour aller deux à trois
fois le jour chercher sa nourriture à la
mer; le matinetle soir la femelle quit«
te ses œufs pour le même besoin, alors
le mâle entre dans le terrier, sur>tout
le matin , et lorsque la femelle revient^
il retourne sur sa dune. '
M Dès qu'on aperçoit au printemps
un tadorne ainsi en vedette, on estas*
sure d'en trouver le nid ; il suffit pour
cela d'attendre L'heure où il va au ter-
rier; si cependant il s'en aperçoit , il
s'envole du c^té opposé , et vaatlen»
drela femelle à la mer ; en revenant ils
volent long-temps au-dessus de la ga-
renne, jusqu'à ce que ceux qui les in-
quiètent se soient retirés.
» Dès le lendemain du jour que U
;
^ •'V.^ .^-
ze , elle
me fort
> l'incu-
le mâle
ne s'en
à trois
tiire à la
jlle quit-
in, alors
mr-tout
revient)
jntemps
n estas*
ffit pour
1 au ter-
çoit , il
a atten»
mant ils
le la ga-
li les in-
r que la
13ir € À. s A K B, 211
couvée est éclose j le père et la mère
conduisent les petits à la mer , et s'ar-
rangent de manière qu'ils y arrivent
ordinairement lorsqu'elle est dans son
plein : cette attention. procure aux pe-
tits l'avantage d'être plutôt à l'eau j et
de ce moment ils ne paroissent plus à
terre. Il est difficile de concevoir com-
ment ces oiseauxpeuvent^ dès les pre*
miers jours de leur naissance , se tenir
dans un élément dont les vagues en
tuent souvent des vieux de toutes les
espèces.
» Si quelque chasseur rencontre la
couvée dans ce voyage , le père et la
mère s'envolent^ celle-ci affecte de
culbuter et de tomber à cent pas ; ella
se traîne sur le ventre en frappant la
terre de ses ailes ^ et par cette ruse at-
tire vers elle le chasseur; les petits
demeurent immobiles jusqu'au retour
de leurs conducteurs ^ et on peut^ si
l'on tombe dessus , les prendre tous
sans qu'aucun fasse un pas pour fuir*
H
^
-.;?
V .
<Pi''iï
212 HISTOIRE NATURELLZ:
» J^ai été témoin oculaire de tous cet
faits; j'ai déniché plusieurs ibis etvu
dénicher des œuf^ de tadornes : pour
cciit effet on creuse dans le sable en sui-
vant le conduit du terrier jusqu'au
bout; on y trouve la mère sur sesœufsi
on les emporte dans une grosse étoffe
de laine , couverts de duvet qui les
enveloppe j et on les met sous une
cane ; elle élève ces petits étrangers
avec beaucoup de soin y pourvu qu'on
ait eu l'attention de ne lui laisser au-
cun de ses œufs. Les petits tadornes
ont en naissant le dos blanc et noir^
avec le ventre tr^s-blanc , et ces deux
couleurs bien nettes les rendent très-
jolis ; mais bientôt ils perdent cette
première livrée et deviennent gris ;
alors le bec etles pieds sont bleus; vers
le mois de septembre ils commencent
à prendre leurs belles plumes , mais
ce n'est qu'à la seconde année que
leurs couieurs ont tout leur éclat.
» J'ai lieu de croire que le mâle n'est
n
DU CANARD. 2l3
parfaitement adulte et propre à la gé-
nération que dans cette seconde année,
car ce n^est qu'alors que paroit le tu-
bercule rouge sanguin qui orne leur
bec dans la saison des amours, et qui,
passé cette saison, .'oblitère. Or, cette
espèce de production nouvelle paroit
avoir un rapport certain avec les par-
ties de la génération.
. 3i Le tadorne sauvage vit de vers de
mer , do grenades ou sauterelles qui
s'y trouvent à millions, et sans doute
aussi du frai des poissons et des petits
coquillages qui se détachent et s'élè-
vent du fond avec les écumes qui sur-
nagent. La forme relevée de son bec
lui donne beaucoup d'avantage pour
recueillir ces diverses substances , en
écumant, pour ainsi dire , la surface
de l'eau beaucoup plus légèrement que
ne peut faire le canard.
33 Les jeunes tadornes élevés par une
cane s'accoutument aisément à la do-
mesticité et vivent dans les basses-cours
Oiseaux. YI. nj
r
.^»
-9*
ai4 HISTOIRE NATURELLE
comme les canards; on les nourrit avec
de la mie de pain et du grain. On ne
voit jamais les tadornes sauvages ras-
semblés en troupeSfComme les canardsy
les sarcelles, les siffleurs : le mâle et la
femelle ne se quittent point ; on les
aperçoit toujours ensemble , soit dans
la mer y soit sur le» sables : ils savent
se suffire à eux- mêmes ^ et semblent
en s'appariant contracter un nœud in-
dissoluble^ le mâle au reste se montra
fort jaloux; mais, malgré Pardeur do
ces oiseaux en amour , je n'ai jamais
pu obtenir une couvée dVucune femel-
le : une seule a pondu quelques œufs
su hasard y ils étoient inféconds. Leur
couleur ordinaire est une teinte très-
légère de blond sans aucune tache^ ils
sont de la grosseur de ceux des canes y
mais plus ronds.
»Le tadorne est sujet à une maladie
singulière; l'éclat de ses plumes se ter-
nit, elles deviennent sales et huileuses,
«t Poiseau meurt après avoir langui
-m
> • I
BU CAN.. £LD. 2l5
{Pendant près d^un mois. Curieux do
coniioitre la cause du mal, j'en ai ou-
vert plusieurs, je leur ai trouvé le sang
dissous et les principaux viscères em-
barrassés d*une eau rousse , visqueuse
et fëtide. J^attribue cette maladie au
défaut de sel marin, que je crois néces-
saire à ces oiseaux , au moins de temps
en tf mps, pour diviser par ses pointes
la partie ronge de leur sang, et entre-
tenir son union avec la lymphe, en dis-
sol vant leseaux ou humeurs visqueuses
que 'es graines dont ils vivent dans les
cours, amassent dans leurs intestins».
Ces observations détaillées de M.
Bâillon ne nous laissent que fort peu
de chose à ajouter à ^histoire de ces
oiseaux, dont nous avons fait nourrir
un couple sous nos yeux ; ils ne nous
ont pas paru d\in naturel sauvage; ils
se laissoient prendre aisément. On les
tenoit dans un jardin où on leur don-
noit la liberté pendant le jour, et lors-
qu'on les prenoit et qu'on les tenoit ^
* *»»
.«
<t *' /
ai6 HISTOIRE NATURELLE
la main,ils ne faisoient presque pas d'ef-
forts pour s'échapper \ ils niangeoient
du pain, du son, du blé et même des
feuilles de plantes et d^arbrisseaux ;
leur cri ordinaire est assez semblable
à celui du canard , mais il est moins
étendu et beaucoup moins fréquent ^
car on ne les entendoit crier que fort
rarement; ils ont encore un second cri
plus foible quoiqu'aigu , uule^ uute,
qu'ils font entendre lorsqu'on les saisit
brusquement, et qui ne paroit être que
l'expression de la crainte ; ils se bai-
gnent fort souvent, sur-tout dans les
temps doux et à l'approche de la pluie;
ils nagent en se berçant sur l'eau , et
lorsqu'ils abordent à terre, ils se dres-
sent sur leurs pieds, battent des ailes
et se secouent comme les canarJs; ils
arrangent aussi très-souvent leur plu-
mage avec le bec : ainsi les tadornes qui
ressemblent beaucoup aux canards par
la forme du corps, leur ressemblent
aussi par les habitudes naturelles; seu-
E
pasd'ef-
ngeoient
éme des
sseaux ;
mblable
st moins
'équenty
que fort
icond cri
e, uute,
les saisit
être que
} se bai«
dans les
la pluie;
'eau , et
> se dres-
ies ailes
■irtîsj ils
eur plu-
rnes qui
ards par
emblent
les; seu"
M
D T- ^C A N A R D. !i.\J ,
lemcnt ils ont plus de légèreté dans les
mouvemens, et montrent plus de gnité
et de vivacité; ils ont encore sur tous
les canards 9 même les plus beaux ^
un privilège dénature qui n'appartient
qu'à cette espèce , c'est de conserver
constamment et en toute saison les bel-
les couleurs de leur plumage. Comme
ils ne sont pas difficiles à priver , que
leur beau plumage se remarque de loin
et fait un très-bel effet sur les pièces
d'eau 9 il scroit à désirer que l'on pût
obtenir une race domestique «^e ces
oiseaux; mais leur naturel et leur tem«
pérament semblent les fixer sur la mer
et les éloigner des eaux douces : ce ne
pourroit donc être que dans les terreins
très - voisins des eaux salées , qu'on
pourroit tenter avec espérance de suc-
cès leur multiplication en de mcsticité.
:«
1.
..i
• é
ai8 HISTOIRE NATURELLE
LE MILLOUIN.
1 i
Le miUouîn est ce canard que Be-
lon désigne sous le nom de cane à tête
rousse^ il a en effet la tête et une par*
lie du cou d'un brun-roux ou marron;
cette couleur coupée en rond au bas du
cou , est suivie par du noir ou brun-
noirâtre, qui se coupe de même en rond
sur la poitrine et le haut du dos; Taile
est d'un gris teint de noirâtre et sans
miroir; mais le dos et les flancs sont
joliment ouvragés d'un liséré très-fini
qui court transversalement par petits
zig - zags noirs dans un fond gris de
perle. Selon Schwenckfeld , la tête de
la femelle n'est pas grosse comme celle
du mâle y et u'a que quelques taches
rous&âtres.
Le millouin est de la grandeur du
tadorne, mais sa taille est plus lourde;
sa forme trop ronde lui donne un air
pesant ; il marche av9C peine et de
1
n V C A 17 ▲ R D« 21^
mauvaise gracp, et il est oblige <\e bat-
tre de tem[)S en temps des ailes pour
conserver ^équilibre sur terre.
Son cri ressemble plus au sifflement
grave d'un gros serpent , qu'à la voix
d'un oiseau; son bec large et creux est
très - propre à fotiiller dans la vase^
comme font les souchets et les moriU
Ions, pour y trouver des vers et pour
pécher de petits poissons et des crusta-
cëes. Deux de ces oiseaux mâles quo
M. Bâillon a nourris Phiver dans une
basse -cour, se tenoient presque tou-
jours dans IVau ; ils étoient iorts et
courageux sur cet élément^ et ne s'y
laissoient pas approcher par les autres
canards; ils les ëcartoient à coups de
bec; mais ceux-ci , en revanche, les bat-
toient lorsqu'ils étoient à terre , et
toutela défense du millouin étolt alors
de fuir vers l'eau. Quoiqu'ils fussent
privés et même devenus familiers y on
ne put les conserver long- temps, parce
qu'ils ne peuveiit marcher sans se bics*
II,.
1
i .
aaO HISTOIRE NATURELLE
ser les pieds ; le sable des allées d'un
jardin les incommode autant que le
pavé d'une cour , et quelque soin que
prit M. Bâillon de ces deux millouins^
ils ne vécurent que six semaines dans
leur captivité.
^ » Je crois, dit ce bon observateur ^
que cesoiseauxappartiennentaunords
les miens restoient dans Peau pendant
la nuit, même lorsqu'il geloit beau-
coup; ils s'y agitoient assez pour empê-
cher qu'elle ne se glaçât autour d'eux.
90 Du reste, ajoute*t-il, les millouins
ainsi que les morillons et les garrots j
mangent beaucoup et digèrent aussi
promptementque le canard: ils ne vé"
curent d'abord que de pain mouillé |
ensuite ils le mangeoient sec, mais ils
ne l'avaloient ainsi qu'avec peine, et
étoient obligés de boire à chaque ins-
tant : je n'ai pu les accoutumer à
manger du grain ; les morillons seuls
.paroissent aimer la semence du jonc de
marais ».
.1
îes d'un
que le
oin que
llouinsy
es dans
v^ateur ,
unord:
)endânt
t beau-
rempê-
d'eux.
llouins
arrots j
t aussi
; ne vé-
Quillé I
nais ils
îne, et
ue i us-
iner à
s seuls
oncde
DU CANARD. 22t
M. Hébert, qui, en chasseur attentif
et ingénieux , a su trouver à la chasse
d'autres plaisirs que celui de tuer , a
fait sur ces oiseaux , comme sur beau-
coup d'autres, des observations inté-
ressantes, ce C'est, dit-il, l'espèce du
millouin qui , après celle du canard
sauvage , m'a paru la plus nombreuse
dans les contrées où j'ai chassé. Il nous
arrive en Brie , à la fin d'octobre, par
troupes de vingt à quarante ] il a le
vol plus rapide que le canard , et le
bruit que fait son aile est tout diffé-
rent} la troupe forme en l'air un pe-
loton serré , sans former des triangles
comme les canards sauvages : à leur
arrivée i^s sont inquiets, ils s'abattent
sur les grands étangs, l'instant d'après
ils en partent, en font plusieurs fois le
tour au vol, se posent une seconde fois
pour aussi peu de temps, disparoissent^
reviennent une heure après , et ne se
fixent pas davantage. Quand j'en aï
tué, c'a toujours été par hasard ^aveo
1 -.
il
n
1,
I
•»■■
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{
ft22 HTSTOIRE NATURELLE
de très-gros plomb, et lorsqu'ils fai-
soient leurs différens tours en Pair;
ils étoient tous remarquables par une
grosse tête rousse , qui leur a valu le
nom de rougeot dans notre Bourgogne*
» On ne les approche pas facilement
sur les grands étangs ; ils ne tombent
point sur les petites rivières par la ge^
lée, ni à la chute sur les petits étangs^
et ce n'est que dans les canardières de
Picardie que l'on peut en tuer beau-
coup; néanmoins ils ne laissent pas que
d'être assez communs en Bourgogne, et
on en voit à Dijon aux boutiques des
rôtisseurs pendant presque tout l'hiver.
J'en ai tué un en Brie au mois de juil-
let, par une très-grande chaleur) il me
partit sur les bords d'un étang au mi-
lieu des bois , dans un endroit fortsoli-
taire \ il étoit accompagné d'un autre ,
ce qui me feroit croire qu'ils étoient
appariés , et que quelques couples de
l'espèce couvent en l'rance dans* les
grands marais.
"]
» .v*
.B
l'ils fai-
^n Pair;
par une
i valu le
irgogne.
cilement
tombent
ar la ge-
s ëtangS)
Itères de
îr beau«
;pasque
;ogne,et
^ues des
t l'hiver,
de juil-
ir) il me
; au mi-
ortsoli-
1 autre ,
étoient
pies de
lans*les
f
i^
vu C A K A. H I). 223
Nous ajouterons que cette même es-
pèce s'est portée bien au-delà de nos
contrées; car il nous est arrivé de la
Louisiane un millouin tout semblable
à celui de France; et de plus, on recon-
noit le même oiseau dans le quapachea*
7iaii^///deFernandez,queM. Brissouy
par cette raison, a nommé millouin du
Mexique* Quant à la variété dans Pes«
pèce du millouin de France , donnée
pc \ . dernier ornithologiste, sous l'in-
di r on de millouin noir, nous ne pou-
vons que nous en tenir à ce qu'il en dity
cette variété du millouin ne nous étant
pas connue. ■
LE MILLOUINAN.
Ce bel oiseau, dont nous devons la
connoissance à M. Bâillon , est de la
taille du millouin, et ses couleurs,quoi-
que différentes, sont disposées de mê-*
tne. Par ce double rapport nous avons
cru pouvoir lui donner le nom de miA
m
f i
II
il ,
. ',
'i
I"
224 HISTOIRE NATURELLE
louinan. Il a la tête et le cou recon-
verts d'un grand domino noir à reflets
vert -cuivreux 9 coupé en rond sur la
poitrine et le haut du dos; le manteau
est joliment ouvragé d'une petite ha-
chure noirâtre | courant légèrement
dans un fond gris de perle \ deux piè-
ces du même ouvrage, mais plus serréy
couvrent les épaules \ le croupion est
travaillé de même; le ventre et Pesto-
mac sont du plus beau blanc; on peut
remarquer sur le milieu du cou Pem-
preinte obscure d'un collier roux; le
bec du millouinan est moins long et
plus large que celui du millouin.
L'individu que nous décrivons a été
tuérsur la c6tc de Picardie; et depuis|
un autre tout^à-Fait semblable , sinon
qu'il est un peu plus petit , nous est
venu de la Louisiane. Ce n'est pas,
comme on l'a déjà vu, la seule espèce
de la famille du canard qui se trouve
com^aune aux deux continens ; néan-
moins ce millouinan^qui n'avoit|jasen«
\A
t
/l
DU C A W A R D. a25
core été remarqué ni décrit ^ ne paroit
sans doute que rarement sur nos côtes.
LE GARROT.
Le garrot est un petit canard dont
le plumage est noir et blanc j et la têts
remarquable par deux mouches blan-
ches posées aux coins du bec, qui de
loin semblent être deux yeux placés à
côté des deux autres, dans la coiffe
noire lustrée de vert qui lui couvre la
tête et le haut du cou ; et c^est de là que
les Italiens lui ont donné lenomde^z/a-
tr'occhi^ les Anglais le nomment gol"
den-eye f œil d'or , à raison de la cou-
leur jaune-doré de l'iris de ses yeux; la
queue et le dos sont noirs, ainsi que les
grandes pennes de l'aile, dont laplupart
des couvertures sont blanches; le bas du
cou , avec tout le devant du corps , est
d'un beau blanc ; les pieds sont très-
courts et les membranes qui en réunis-
sent les doigts s'étendent jusqu'au bout
des ongles et y sont adhérentes.
Oiseaux. YI. ao
a
I
1/
t-
m
é
SK^
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lI
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M
226 HISTOIRE NATURELLE
Lafemelle est un peu plus petite que
le mâle , et en diffère entièrement par
les couleurs, qui, comme on l'observe
généralement dans toute la grande fa-
mille du canard, sont plus ternes, plus
pâles dans Les femelles ; celle ci les a
grises ou brunâtres où le maie les a
noires, et gris>blanches 011 il les a d'un
^deau blanc ; elle n*a ni reflet vert à la
tête , ni la tache blanche au coin du
bec.
Le vol -lu garrot , quôiqu'assez bas y
est très-roide et fait siffler Pair; il ne
crie pas en partant , et ne paroit pas
être si défiant que les autres canards.
On voit de petites troupes de garrots
sur nos étangs pendant tout Phiver^
mais ilsdisparoissentau printemps , et
sans doute vont nicher dans le nord; du
moins Linnseus, dans une courte no-
tice du Fauna Suecica, dit que ce ca-
nard se voit Pété en Suède, etquedans
cette saison, qui est celle de la nichée^
il se tient dans des creux d'arbres.
1
lïM
I>I
DU CJLNARD. 2.1J
M. Bâillon qui a essayé de tenir
quelques garrots en domesticité ^ vient
de nous communiquer les observations
suivantes.
ce Ces oiseaux , dit- il , ont maigri
considérablement en peu de temps , et
n^ont pas tardé à se blesser sous les
pieds, lorsque je les ai laissé marcher
en liberté ^ ils restoient la plupart du
temps couchés sur le ventre; mais,
quand les autres oiseaux vènoient les
attaquer, ils se déiendoient vigoureu-
sement; je puis même dire que j^ai vu
peu d'oiseaux aussi méchans. Deux mâ-
les,que j'ai eus Phiver dernier, me dé-
chiroient la main à coups de bec toutes
les fois que je les prenois; je les tenoîs
dans une grande cage d'osier, afin de
les accoutumer à la captivité, et avoir
aller et venir dans la cour les autres vo-
lailles ; mais ils ne marquoient, dans
leur prison, que de l'impatience et de
la colère, et s'élançoient contre leurs
grilles vers les autres oiseaux qui les»
â
>'\
\^'>
-."./^
t f'
228 HISTOIRE NATURELLE
ap prochoient : j'étois parvenu , avec
beaucoup de peine, à leur apprendre à
manger du pain, mais ils ont constam-
ment refusé toute espèce de grains.
ao Le garrot , ajoute cet attentif ob-
servateur , a de commun avec le mil-
louin et le morillon , de ne marcher
que d'une manière peinée et difficile |
avec effort, et ce semble avec douleur;
cependant ces oiseaux viennent de
temps en temps à terre, 'mais pour s'y
tenir tranquilles et en repos , debout
ou couchés sur la grève , et pour y
éprouvernin plaisir qui leur est parti-
culier. Les oiseaux de terre ressentent
de temps en temps le besoin de se bai-
gner , soit pour purger leur plumage
de la poussière qui l'a pénétré , soit
pour donner au corps une dilatation
qui en facilite les mouvemens , et ils
annoncent par leur gatté en quittant
l'eau, la sensation agréable qu'ils éprou-
vent Dans les oiseaux aquatiques , au
contraire^ aans ceux sur-tout qui res-
li !
Il "
I
ient un long temps dans l'eau y les
plumes humectées et pénétrées à la
longue 9 donnent insensiblement pas-
sage à l'eau , dont quelques filets doi-
vent gagner jusqu'à la peau; alors ces
oiseaux ont besoin d'un bain d'air qui
dessèche et contraci;e leurs membres
trop dilatés par l'humidité; ils viennent
en effet au rivage prendre ce bain sec
dont ils ont besoin, et la gaité qui règne
alors dans leurs yeux ..et un balance-
ment lent de la tête , font connoître la
sensation agréable fqu'ils éprouvent j
mais ce besoin satisfait , et en tout
autre temps , les garrots , et comme
eux , les millouins et les morillons , ne
viennent pas volontiers à terre, et sur-
tout évitent d'y marcher, ce qui paroit
leur causer une extrême fatigue : en
effet, accoutumés à se mouvoir dans
l'eau par petits élans , dont l'impul-
sion dépend d'un mouvement vif et
brusque des pieds , ils apportent cette
habitude à terre ^ et n'y vont que pair
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a3o HISTOIRE -NATURELLE
bonds, en frappant si fortement le sot
de leurs larges pieds, que leur mar-
che fait le même bruit qu'un claque-
ment de mains. Ils s'aident de leurs
ailes pour garder l'équilibre qu'ils per-
dent à tout moment , et si on les
presse , ils s'élancent en jetant leurs
pieds en arrière et tombent sur l'esto-
mac; leurs pieds d'ailleurs se déchirent
et se fendent. en peu de temps par le
frottement sur le gravier : il paroSt
donc que ces espèces , uniquement
nées pour l'eau , ne pourront jamais
augmenter le nombre des colonies que
nous en avons tirées pour peupler nos
basses-cour i ».
il !l
W \^
LE MORILLON.
i.h.
Le morillon est un joli petitcanard,
qui pour toutes couleurs, n'offre, lors-
qu'on le voit en repos, qu'un large bec
bien, un grand domino noir, un man-
teau de même couleur, et du blanc sur
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DV CANARD* 23 1
Testomac , le ventre et le haut des
épaules ; ce blanc est net et pur , et
tout le noir est luisant et relevé de
beaux reflets pourprés et d'un rouge-
verdâtre ; les plumes du derrière de la
tête se redressent en panache ; sou-
vent le bas du domino noir sur la poi-
trine est onde de blanc ^ et dans cette
espèce ainsi que dans les autres du ca»
nard j les couleurs sont sujettes à cer-
taines variations ^ qui ne sont nulle*
ment spécifiques et qui n'appartien-
nent qu'à l'individu.
Lorsque le morillon vole y son aile
paroitrayéede blanc : cet effet est pro-
duit par sept plumes qui sont en partie
de cette couleur. Il a le dedans des
pieds et des jambes rougeâtre et le de-
hors noir; sa langue est fort charnue
et si renflée à sa racine j qu'il semble
y en avoir deux ; dans les viscères il
n'y a point de vésicule du fiel. Belon
regarde le morillon comme \eglaucium.
dus GrecS} n'ayant^ dit-il j trouvé onç
r '
fil
282 niSTOinS NATURELLE
oiseau qui eût P œil de couleursiveron^
ne : et en effet, le glaucium dans A thé*
née est ainsi nommé de la couleur ^/ai/-
que ou Tert-d*eau de ses yeux.
Le morillon fréquente les étangs et
les rivières y et néanmoins se trouve
aussi sur la mer; il plonge assez pro-
fondément , et fait sa pâture de petits
poissons, de crustacées et coquillages,
ou de grains d'herbes aquatiques, sur-
tout de celle du jonc commun : il est
moins défiant, moins prêt à partir que
le canard sauvage; on peut Rapprocher
à la portée du fusil sur les étangs , ou
mieux encore sur les rivières, quand il
gèle; et lorsqu'il a pris son essor, il
ne fait pas de longues traversées.
M. Bâillon nous a communiqué ses
observations sur cette espèce en do-
mesticité, tt La couleur du morillon ,
dit-il , sa manière de se balancer en
marchant et en tenant le corps pres-
que droit, lui donnent un air d'autant
plus singulier y que la belle couleur
Ml 'Hlii^. ,<WWHwM»<.,
"l A-n^-
'"*f..y'
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SU CANARD. 2^3
bleu-clair de son bec toujours appli-
qué sur la poitrine y et ses gros yeux
briUans tranchent beaucoup sur le
noir de son plumage.
3» Il est assez gai et barbote comme
le canard pendant des heures entières :
j'en ai privé facilement plusieurs dans
ma cour; ils soi^t devenus si familiers
en peu de temps, qu'ils entroient dans
la cuisine et dans les appartemens ; on
les entendoit avant de les voir, à cause
du bruit qu'ils faisoient à chaque pas ^
en plaquant leurs larges pieds par terre
et sur les parquets; on ne les voyoit
jamais faire des pas inutiles , ce qui
prouve, comme je l*ai dît, que l'espèce
ne marche que par besoin et forcé-
ment ; et en effet ils s'écorchoient les
pieds sur le pavé ; néanmoins ils ne
maigrissoieut que fort peu , et ils au-
roient pu vivre longtemps, si les autre
oiseaux de la basse-cour les avoie^.*^
moins tourmentés.
i> Je me suisprocuré^ ajoutelM. Bail*
V..
• •* 4»
l
Ri
234 HISTOIRE NATURELLE
Ion ) plus de trente morillons , pour
Voir si la 11 lippe, qui est très-apparente
à quelqiiesindividus, constitue une es*
pôce particulière; j'ai reconnu qu'elle
est lui des orneniens de tous les mâles.
'} De plus , les jeunes sont dans le
premier temps d'un gris-enfumé ; cette
livrée reste jusqu'à la mue, et ils n'ont
toute leur belle couleurd'un noir bril-
lant qu'à la deuxième année ) ce n'est
que dans le même temps que le bec
devient bleu ; les femelles sont tou-
jours moins noires et n'ont jamais de
huppes ».
LE PETIT MORILLON.
Après ce que nous menons de dire
de la diversité que l'on remarque sou'
vent dans le plumage des morillons,
nous serions fort tentés de rapporter
aux mêmes causes accidentelles, la dif-
férence de grandeur sur laquelle on
s'est fondé pour faire du petit morillon
une espèce particulière et séparée de
-i»F"v..
A »
"^ <■
>•■'•• ---V «"
DU C A K A B. D. 235
celle du morilion ; cette différence en
effet est si petite, qu'à U rigueur on
pourroit la regarder comme nulle,, oa
du moins la rapporter à celles que Page
et les divers temps d^uccroissemenC
mettent nécessairement entre les indi-
vidp' Vune même espèce. Néanmoins
la ^ ijpart des ornithologistes ont indi-
qué ce petit morillon comme d'une es-
pèce différente de Pautre , et ne pou*
vant les contredire par des faits posi*
tifs , nous consignons seulementici nos
doutes, que nous ne croyons pas mal
fondés. Belon même, que les autres ont
suivi, et qui est le premier auteur de
cette distinction d'espèces , sembl»
nous fournir une preuve contre sapro*
pre opinion; car après avoir dit de son
petit plongeon, qui est notre morillon ,
que c'est un joli petit oiseau bien
troussé y rond et raccourci , avec des
yeux si jaulnes et luisans qu'ils sont
plus claers qu'airin poli,*, et qu'avec
le plumage semblable à celui du mo«
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Bif
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a36 HISTOIRE NATURELLE
rillon, il a de ffiême la ligne blanclie
par le travers de l'aile , il ajoute ; « Si
est-ce qu^il s'en faut beaucoup qu'il soit
vrai morillon , car il a la huppe der-
rière la tête comme le biévre et le pé-
lican , et toutefois le morillon n'en a
point 33. OrBelon se trompe ici , et ce
caractère de la h uppe est une raison de
plus de rapporter l'oiseau dont il s'agit
au vrai morillon , qui a en effet une
huppe.
M. Brissondonne encore une variété
dans cette espèce, sous le nom àe petit
morillon rayé^ mais ce n'est certaine-
ment qu'une variété d'âge.
LA MACREUSE.
On a prétendu que les macreuses
naissoient comme les bernaches , dans
des coquilles ou dans du bois pourri;
nous avons suffisamment réfuté ces
fables, dont ici comme ailleurs, l'His*
toire Naturelle ne se trouve que trop
souvent infectée t Les macreuses pon-
LLE
ne blanclie
oute : ce Si
pqu'ilsoie
iiippe der-
e et le pé-
ion n^en a
e ici , et ce
le raison de
ont il s'agit
n effet une
une variété
omàe petit
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J S E.
macreuses
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réfuté ces
eurs, l'His-
se que trop
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DU c ▲ ir A & »•" a37
dent f nichent et naissent comme les
autres oiseaux; elles habitent de pré-
férence les terres et les tles les plus
septentrionales ) d'où elles descendent
en grand nombre le long des côtes de
P£cosse et de l'Angleterre, et arrivent
sur les nôtres en hiver, pour y fournir
un assez triste gibier , néanmoins at-
tendu avec empressement par nos soli-
taires, qui, privés de tout usage de
chair et réduits au poisson , se sont
permis celle de ces oiseaux, dans l'opi-
nion qu'ils ont le sang froid comme les
poissons, -quoiqu'on effet leur sang soit
chaud et tout aussi chaud que celui des
autres oiseaux d'e/*.u ; mais il est vrai
que la chair noire, sèche et dure de la
macreuse , est plutôt un aliment de
mortification qu'un bon mets.
Le plumage de la macreuse est ïiôli*^
sa taille est à-peu-près celle du canard
commun , mais elle est plus ramassée
et pîu^ cmirCe. B.ay observe que l'ex-
tré:x: lé de lapar^ve supérieure du bec
Oiseaux. YI. «Jt
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• S38 HISTOIRE VATUHELLE
n^est pas terniinëe par un onglet corné^
eomme dans toutes les espèces de cr
genre; dans le mâle , la base de cette
parti«, près de la tête , est considéra*
biement gonflée^et présente deux tu-
berculesde couleur jaune;lespaupière&
sont de cette même couleur ; les doigts
sont très -longs et la langue est fort
grande ; la trachée n^a pas de laby-
rinthcy. les cceeur^s sont très-courts en
comparaison 4e ceux des autres ca-
jiards. îh .,:'yvr*->^ïo ^asoi ci> aJifr^wi^n-ï*!»'?
<. M. Bâillon, cet observateur intelli-
gent et laborieux, que j'ai eu si souvent
occasion de citer au sujet des oiseaux
d'eau , m'a envoyé les observation»
suivantes.
^ a Les vents du nord ei du nord*
ouest amènent le long de nos côtes de
Picardie , depuis le moiii de novembre
j-nsqu'enmars,des troupes prodigieuses
de macreuses \ la iner en âst, pour ainsi
dire, couverte \ on les voit voleter sans
cesse de place en place je et par milliersy
w**
'f^-
.«'r-~
■^••■••^
" DU C A N A H D. ^^
^arottre sur l'eau et disparoître à
chaque instant î dès qu'une macreuse
plonge, toute la bande l'imîte et repa-^*
roit quelques instans après ; loi*squé
les vents 80»t sud et sud-est, elles s'é-
loignent de nos côtes, et ces premiers
vents, au mois àù mars, les font dispa-'
roître entièrement, ^^^^^ii^^^'^^*'^-'^^
^ » La nourriture favorite des ma-^
creuses , est une espèce de coquillage'
bivalve lisse et blanchâtre, large de*
quatre lignes et long de dix ou environ^
dont les haut-fonds de la mer se trou-
vent jonchés dans beaucoup d'endroits^ '
il y en a des bancs assez étendus, et que'
la mer découvre sur ses bords au reflux. '
Lorsque les pêcheurs remarquent ^ue,
suivant leur terme, les macreuses jo/o/e-^
j^ent aux vaim^aux (c'est le nom qu'ont
donne ici à ces coquillages), ils tendent^
leurs filets horizontalement, mais fort^
lâches-,-au-des8a8 de ces coquillages et'
à deux pieds au plus du sable; peu'
•d'heures après, la mer entrant dans
ïi
•%'ifc-;-fs.i>.iiiMiiii<»i'^iii'»>^iiiii*iHB" i-iimrti,ti aiiinMiJi
- <« '
:'i^-uk
!,♦»(>'•«-*
Z/^O HISTOIRE NATURELLE
€ . :r .!«.;: ^ coiivre ces filets de beaucoup
dViu^'jt les macreuses suivant le reflux
à deux ou trois cents pas du bord , la
première f ui aperçoit les coquillages
plonge^ toute« 1^" autres la suivent, et
rencontrant le filet qui est entre elles
et Pappât y elles s'empêtrent dans ces
mailles flottantes, ou si quelques-unes
plus défiantes s'en écartent et passent
dessous , bientôt elles s'y enlacent
comme les autres en voulant remonter
après s'être repues ; toutes s'y noyent|
et lorsque ia mer est retirée r les pê-
cheurs vont les détacher du filet oik
elles sont suspendues par la tête , les
ailes ou les pieds. • y^f^^tf-' ^^rrt •
» J'ai vu plusieurs fois cette pêche :
un filet de cinquante toises de lon-
gue*' r, sur ^- ne toise et demie de large,
en prend quelquefois vingt ou trente
douzaines dans une reule marée; mais
en revanche on tendra «purent ses
filets vingt ')is sans en preudre une
s^uU ; > il arrive de teoipseï» tçm|)8
^ît-'».-
s.***
^Sf^ml : . ■ *'^«F.^.
#-
ucoup
reflux
rd, la
[liages
ent> et
e elles
,ns ces
s-unes
>asseiit
ilacent
non ter
loyenty
les pê-
filet où
te, les
pêche :
le Ion-
B large,
trente
e^ mais
ent ses
Ire une
\ tçropa
D TT C ▲ n A B. D. 24^
qu^ils sont emportés ou déchirés par
des marsouins ou des esturgeons. *
. 30 Jen*ai jamais vu aucune macreuse
Toler ailleurs qu'au-dessus de la mer,
et j'ai toujours remarqué que leur vol
est bas et mou, et de peu d'étendue }
elles ne s'élèvent presque pas , et sou-
vent leurs pieds trempent dans l'eau
en volant. Il est prrHable que les ma**
creuses sont aussi fécondes que les ca-
nardb, car le nombre qui en arrive tous
les ans est prodigieux ; et , malgré la
quantité que l'on en prend, il ne pa-
roît >c.s diminuer w.vjfBfîîé »»iîiifm,'u
; Ayantdemandé àMé Bâillon ce qu'il,
pensoit sur la distinction du mâle et
de \^ femelle dans cette espèce, et sur
ces Acreuses à plumage gris , appelées
grisettes, que quelques-uns disent être
les femelles , voici ce qu'il. m'a ré-
pondu.
• rf ■; *• ♦ ■
-T*fi •.*% i «J «»
i4»lU » r* '^*
ce La grisette est certainement une
macreuse, elle en a parfaitement la
ligure ; on voit toujours ces grisettes
\\
••
•<»«M»aR'-
^'ff?*^*
.J^-
«4^ HISTOIRE NXTURBLLB
de compagnie avec les autres macrén^
ses ; elles se nourrissent des mêmes
coquillages, les avalent entiers, et les
digèrent de même. On les prend aux
mêmes filets, et elles volent aussi mal
et de la même manière particulière à
ces oiseaux, qui ont les os des ailes'
plus tournés en arrière que les canards y
et les cavités dans lesquelles b^emboi-
tent les deux fémurs très-pt-ès l'une de*
Pautre ; conformation qui , leur don-
nant une plus grande facilité pour
nager , les rend en même temps très*'
inhabiles à marcher; et certainement
aucune espèce de canardsn'a les cuisses
placées de cette manière; enfin le goût
de la chair est le même. • U «^^Rt^V i **^
' » J'ai ouvert trois de ces griséttes
cet hiver , et elles se sont trouvées
femelles.- ;iV v ; .^'j au*.
39 D'un autre c6té , la quantité de
ces macreuses griséttes est beaucoup
moindre que celle des noires ; souvent
on n'en trouve pas dix sur cent autres
'-•^^«^«-«tÉiwyRai»^^
■■;«* ■
"BU CANARD. %^3
j^risps au filet : les femelles seroient-
«Ues en si petit nombre dans cetto
«spèce? -'••^
» J'avoue franchement que je n'ai
pas assez cherché à distinguer les mâles
des femelles macreuses; j'en ai empaillé
grand nombre , je choisissois les plus
noires et les plus grosses, toutes se sont
trouvées mâles , excepté les grisettes;
je crois cependant que les femelles sont
itn peu plus petites et moins noires ^
ou du moins qu^elles n^ont pas ce mat
de velours qui rend le noir du plumage
des mâles si profond ». . t
Il nous paroit qu'on peut côndure
de cet exposé j que les femelles ma*
creuses étant un peu moins noires et
plus grises que les mâles, ces grisettes
ou macreuses plus grises que noires,et
qui ne sont pas en assez grand nombre
pour représenter toutes les femelles de
respèce^nesonteneffetquelesplusjeu*
nés femelles qui n'acquièrent qu'avec
le temps tout le noir de leur plumage.
•«•r''#Mî#WP?*
v.^<l|^>>
244 HISTOIRE NATURELLE
Après cette première réponse y
M. Bâillon nous a encore envoyé les
notes suivantes, qui toutes sont inté-
ressantes, a J'ai eu , dit-il, cette année
1781 , pendant plusieurs mois dans
ma cour, une marcreuse noire; je la
nourrissois de pain mouillé et de co-
quillages ; elle étoit devenue très-fa-
milièret . . ^ •
» J'avois cru jusqu'alors que les ma-
creuses ne pou voient pas marcher, que
leur conformation les privoit de cette
faculté; j'en étoîs d'autant plus per-
suadé, que j'avois ramassé plusieurs
fois sur le bord de la mer, pendant la
tempête, des macreuses, des pingouins
ot des macareux tous vivans, qui ne
pou voient se traîner qu'à l'aide de leu rs
ailes ; mais ces oiseaux avoient sans
doute été beaucoup battus par les va«
gués; cette circonstance, à laquelle je
n*avoîs pas fait attention, m'avoit con«
firme dans mon erreur; j e l'ai reconnue
eji reQiarc|uantque la macrçuse mavcho.
rvrï
•<tài*P^':
-"(b— ,*Ai«»"'"'**9^-*?'
V)*"-:^:
^(fc^-'*li'4
DU CANARD. ^J[5
bien ^ et même moins lentement que
le miUouin ; elle se balance de même
à chaque pas en tenant le corps pres-
que droit y et frappant la terre de cha-
que pied alternativement et avec force;
sa marc'iie est lente ; si on la pourse
elle * : âobe, parce que les efforts qu'elle
se donne lui font perdre l'équilibre :
elle bst infatigable dansl*eau;elle court
sur les vagues comme le pétrel, et aussi
légèrement ; mais elle ne peut profiter
à terre de la célérité de ses mouve-
mens; la mienne m'a paru y être hors
de la place que la nature a assignée à
chaque être. < • .! : mu: . • '
» En effet j elle y avoit Pair fort gau-
che ; chaque mouvement lui donnoit
dans tout le corps des secousses fati-
gantes ; elle ne marchoit que par né-
cessité; elle se tenoit, couchée ou de-
bout, droite comme un pieu , le bec
posé sur Pdstomac ; elle m'a toujours
paru mélancolique ; je ne l'ai pas vue
une seule fois se baigner avec gaîté ^
(
f
il'
24^ HISTOIRE -NATURELLE
comme les autres oiseaux d'eau , dont
ma cour est remplie* elle n'entroit
dans le bac qui y est à fleur de terre j
que pour y manger le pain que je lui
jetois; lorsqu'elle y avoit bu et mangé,
elle restoit immobile : quelquefois elle
plongeoit au fond pour ramasser les
miettes qui s'y précipitoientj si quel-
que oiseau se mettoit dans Peau et
l'approchoit, elle tentoit de le chas-
ser à coups de bec; s'il résistoit ou s'il
6e défendoit en l'attaquant, elle plon-
geoit, et après avoir fait deux ou trois
fois le tour du fond du bac pour fuir ^
elle s'élancoit hors de l'eau en faisant
«ne espèce de sifflement fort doux et
clair, semblable au premier ton d'une
flûte traversière; c'est le seul cri que
je iui ai connu ; elle le répétoit toutes
les fois qu'on l'approchoit.
y> Curieux de savoir si cet oiseau
peut demeurer long-temps sous l'eau ,
je l'y ai retenu de force ; elle se don-
aoit des efforts considérables après
rfr^'ISfi^^'.
«s» ■
H TS CANARD. Z^iJ
deux OU trois minutes, et paroissoic
souffrir beaucoup ; elle revenoit au-
dessus de Peau aussi vite que du liège;
je crois qu'elle peut y demeurer plu»
long-temps, parce qu'elle descend sou-
vent à plus de trente pieds de profon-
deur dans la mer , pour ramasser les
coquillages bivalves et oblongs dont
elle se nourrit.
y> Ce coquillage blanchâtre, large de
quatre ù cinq lignes , et long de près
d'un pouce , est la nourriture princi-
pale de cette espèce : elle ne s'amuse
. pas, comme la j)ie de mer, à l'ouvrir, la
forme de son bec ne lui en donne pas
le moyen comme celui de cet oiseau ;
elle Tavale entier et le digère en peu
d'heiires. J'en donnois quelquefois
vingt et plus à une miicreuse; elle en
prenoitjusqu'àce que son œsophage en
fût rempli jusqu'au bec, alors ses excré-
mens étoient blancs; ils prenoientune
teinte verte lorsqu'elle ne mangeoit
q[ue du pain^ mais ils étoiesit toujours
^48 HISTOIRE TCATUREtLE
liquides. Je ne l'ai jamais vue se repaî-
tre d'herbes, de grains ou de semences
de plantes, comme le canard sauvage,
les sarcelles, les siffleurs etd'autresde
ce genre. La mer est son unique élé-
ment ; elle vole aussi mal qu'elle mar-
che ; je me f>uis amusé souvent à en
considérer des troupes nombreuses
dans la mer, et à les examiner avec
une bonne lunette d'approche; je n'en
ai jamais vu s'élever et parcourir au
vol un espace étendu ; elles voletoient
sans cesse au-de^âus de la surface de
l'eau. '
M Les plumes de cet oiseau sont tel-
lement lissées et si serrées, qu'en se se*
couant au sortir de l'eau il cesse d'être
mouillé.
» La même cause qui a fait périr tant
d'autres oiseaux dans ma cour, a donné
la mort à ma macreuse. La peau molle
et tendre de ses pieds était blessée sans
cesse par les graviers qui y pénétroientj
des calus se sont formés sous chaque
r
DU CAKARD. ^^Ç
jointure des articles ; ils se sontensuite
usés au point que les nerfs étoientdé*
couverts; elle n^osoit plus ni marcher ni
aller dans Peau y chaque pas augmen-
toit ses plaies ; je l'ai mise dans mon
jardin sur l'herbe, sous une cage, elle
ne vouloitpas y manger; elle est morte
dans ma cour peu de temps après » ,
LA DOUBLE MACREUSE.
I
Parmi le grand nombre des macreu«
ses qui viennent en hiver surnoscôtea
de Picardie , Ton en remarque quel-
ques-unes de beaucoup plus grosses
que les autres, qu'on appelle macreuses
doubles ; outre cette différence de
taille , elles ont une tache blanche à
côté de l'œil et une bande blanche dans
l'aile, tandis que le plumage des autres
est entièrement noir. Ces caractères
suffisent pour qu'on doive regarder ces
grandes macreuses comme formant
une seconde esprce qui paroit être
Oiseaux YI. aa
( J
/
U<
;
aSo HISTOIRE NATURELLE
beaucoup moins nombreuse quelapre-
mière) mais qui du reste lui ressemble
par la conformation et par les Kabitu-
des naturelles. Ray a observé dans
Testomac et les intestins de ces gran-
des macreuses, des fragmens de coquil-
lage, le même apparemment que celui
dont M. Bâillon dit que la macreuse
fait sa nourriture de préférence.
LÀ MACREUSE A LARGE BEC.
Nous désignons sous ce nom l'oi-
seau représenté dans nos planches en-
luminées, soys la dénomination de ca»
nard du nord , appelé le marchand ,
qui certainement est de la famille des
macreuses, et que peut-être , à com-
parer les individus, nous jugerions ne
faire qu'une avec la précédente. Quoi
qu'il en soit, celle-ci est bien carac-
térisée , par la largeur de son bec
aplati, épaté, bordé d'un trait orangé,
qui , entourant les yeux , semble
lîgurer des lunettes. Cette grosse ma-
DU CANARD. 25t
creuse aborde en hiver en Angleterre ;
elle s'abat sur les prairies dont elle
pait Pherbe ; et M. Edwards pense la
reconnoltre dans une des figures du
petit recueil d'oiseaux, publié à Ams-
terdam en ity^^T^Bit Nicolas Nischer,
où elle est dénommée turma anser,
nom qui semble avoir rapport à sa gros^'
seur qui surpasse celle du canard com-
mun, et en même temps indiquer que
ces oiseaux paroissent attroupés ^ et
Comme il se trouve à la baie d'Hudson,
les Hollandais pouvoientles avoir ob-
servés au détroit de Davis , où se fai-
soient alors leurs grandes pêches de
la baleine.
LE BEAU CANARD HUPPÉ.
Le riche plumage de ce beau canard
paroîtêtre une parure recherchée, une
robe de fête que sa coiffure élégante as-
sortit et rend «lus brillante ^ une pièce
d'un beau rou^ moucheté de petits pin-
ceaux blancs , couvre le bas du cou et
s
\
(
>
f
J0^--H>. ..* ^.r-* ».
'H
a5a HISTOIRE naturellb
la poitrine, et se coupe net sur les épau-
les par un trait de blanc , doublé d^uu
trait de noir ; Paile est recouverte de
plumes d'un brun qui se fond en noir à
riches reflets d'acier bruni ; et celles
des flancs j très>finement lisérées et
vermiculées de petites lignes noirâtres
sur un fond gris , sont joliment ruba-
nées à la pointe de noir et de blanc |
dont les traits se déploient alternati-
vement j et semblent varier suivant le
mouvement de Poisëau : le dessous du
corps est gris-blanc de perle; un petit
tour de cou blanc remonte en menton-
nière sous le bec et jette une échancrure
sous Pœil 9 sur lequel un autre grand
trait de même couleur pasvse en manière
d'un long sourcil; le dessus delà tête
est relevé d'une superbe aigrette de lon-
gues plumes Manches, vertes et violet-
tes, pendantes en arrière comme une
chevelure , en pennaches séparés par
de plus petits pennaches blancp ; le
front et les joues brillent d'unlu$trede
rlesépau-
ubiëd'uu
iiverte de
en noir à
et celles
sérées et
noirâtres
nt ruba-
e blanc y
ilternati*
suivant le
ssous du
un petit
menton-
fiancrure
:re grand
I manière
de la tête
te de ion*
et viole t-
ime une
ares par
incp ; le
lustre de
DU CANARD. a53
bronze ; l'iris c r'œil est rouge ; le
bec de même avec une tache noire au-
dessus y et Ponglet de la même cou-
leur; sa base est' comme ourlée d'un
rebord charnu de couleur jaune. ""^
Ce beau canard est moins grand que
le canard commun , et sa femelle est
aussi simplement vêtue qu'il est pom-
peusement paré; elle est presque toute
brune, ayant néanmoins , dit Edwards,
quelque chose de l'aigrette du mâle.
Cet observateur ajoute que l'on a ap-
porté vivans plusieurs de ces beaux ca-
nards de la Caroline en Angleterre ,
mais sans nous apprendre s'ils se sont
propagés ; ils aiment à se percbdr sur
les plus hauts arbres , d'où ^ ent que
plusieurs voyageurs les indiquent sous
le nom de canards branchus. Par ce-
lui de canards d'été, que leur donne
Catesby, on peut juger qu'ils ne sé-
journent que pendant l'été en Virgi-
nie et à la Caroline ; efTectivement ils
y nichent , et placent leurs nids dans
I
>
■ i
I
),
•-•
m
aS4 HISTOIRE NATUB'PI.LE
les trous que les pics ^ jI faits aux
grands arbres voisins ' eaux, parli-
culièrement aux cyprès •, les vieux
portent les petits du nid dans Peau ^
sur leur dos ^ et ceux-ci , au moindre
danger, s'y attachent avec le bec. >
LE PETIT CANARD/ GROSSE TÊTE.
Ce petit canard ^ qui est de la taille
moyenne entre le eanard commun et la
sarcelle, a toute là tête coiffée d'une
touffe de longs eliilés agréablement
teints de pourpre avec reflets de vert ex
de bleu ; cette touffe épaisse grossit
beaucoup sa tête , et c'est de là que
Gatesby a nommé téie de buffle ( buf«
fiels' headduck ) ce pr lit canard qui fré«
quente les eaux douces à la Caroline \
il a derrière l'œil une large tache blan-
che^ les ailes et le dos sont marqués de
taches longitudinales noires et blan-
ches alternativement ; la queue est
grise, le bec plombé^et les jambes sont
rouges» ; : ...
f--\
DU CANARD. 2.55
La femelle est toute brunC) avec la
tête unie et sans touife.
Cecanardneparoità 'i Carrlineque
l'hiver: ce n'est pas une ra si 'our'a
nommer, comme a fait M. B ^ is ;«•
nard d^ /liver, parce que cosp *i8te
nécessairement ailleurs penuu téf
ceux qui pourroient l'observe i uan»
ces contrées auroient tout autant de
raison de l'appeler canard d'été, i»
LE CANARD à collier de Terre- Keuve.
Ce canard de taille petite, courte et
arrondie , et d'un plumage obscur, ne
laisse pas d'être un des plus jolis oiseaux
de son genre : indépendamment des
traits blancs qui coupent le brundesa
robe, sa face semble être un masque à
long nez noir et joues blanches ; et ce
noir du lez se prolonge jusqu'au som-
met de la tête , et s'y réunit à deux
grands sourcils roux ou d'un rouge-bai
très-vif 5 le domino noir, dont le cou
est couvert , est bordé et coupé au baft
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^56 HISTOIRB KATURBLLB
par un petit ruban blanCy qui apparem-
ment a offert à l'imagination des pô^
cheurs de Terre-Neuve , Pidée d*tin
cordon de noblesse ^ puisqu'ils appel*
lent ce canard the lord ou le seigneur $
deux autres bandelettes blanches lise-
T^es de noir y sont placées de chaque
côte delà poitrine qui est gris-de-fer }'
le ventre est gris-hrun ; les flancs sont
d'un roux^vif ) et l'aile offre un miroir
bleu pourpré ou couleur d'acier bruni;
on voit encore une mouche blanche
derrière l'oreille ^ et une petite ligne
blanche serpentante sur le côté du cou.r
: La femelle n'a rien de toute cette
parure ; son vêtement est d'un gris-
brun noirâtre sur la tête et le man-
teau ; d'un gris-blanc sur le devant
du cou et la poitrine y et d'un blanc
pur à l'estomac et au ventre : leur
grosseur est à-peu-près celle du mo*
rillon I et ils ont le bec fort court et
petit pour leur taille, i -■* .^Mi-^ii* ♦
. On recoxuioît l'espèce de ce canard
•L^;'
„»J.,,»U.^* -«■ 1^- |f»v jV
■■Mii^
pparsM-
des pe-
lée d'un
8 appel*
ligneur ;
hes lisé-
chaque
-de-ferj'
nc8 sont
tï miroir
r bruni;
blanche
te ligne
dti cou.
;e cette
m gris-
) man-
devant
1 blanc
leur
lu mo-
>urt et
canard
DU CANARD. ilSj
dans Vanas picta capite pulchrè fas»
ciato de Steller, ou canard des mon*
tagnes du Kamtschatka , et dans Pa-
ncLS histrionica de Linnœus, qui pa-
rolt en Islar.de, suivant le témoignage
de M. Brunnichy et qu'on retrouve
non-seulement dans le nord-est de
l'Asie y mais même sur le lac Baïkaly
selon la relation de M. Georgi, quoi-
que Karchenninikow ait regardé cette
espèce comme propre et particulière
au Kamtschatka* . ,
-M<
«W'
LE CANARD BRUN.
' Sans une trop grande dilTérence de
taille 9 la ressemblance presque en-
tière de plumage nous eût fait rap-
porter cette espèce à celle de la sar"
celle brune et blanche , ou canard
brun et blanc de la baie d'Hudson
d'£dwards ^ mais celui-ci n'a exacte-
ment que la taille de la sarcelle, et le
canard brun est de grosseur moyenne
entre le canard sauvage et le garrot.
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ïaSÔ HISTOIRE WATUnELtE
Au reste j il est probable que Pindî-'
vidu représenté dans la planche, n^esfe
qu« la femelle de cette espèce, car elle
porte la livrée obscure , propre dans
tout le genre des canards au sexe fémi->
nin. Un fond brun-noirâtre sur le dos^
et brun-roussâtre nué de gris-blanc au
cou et à la poitrine ; le ventre blanc
avec une tache blanche sur l'aile et une'
large mouche de même couleur entre
l'œil et le bec , sont tous les traits de
son plumage, et c'est peut-être celui
que l'on trouve indiqué dans Rzac-
zynski , par cette courte notice : X/-
f:huana polesia alit innufneras anates
inter quas sunt fiigricantÉs t'A ajoute
que ces canards noirâtres sont * lUS
des Russes sous le nom dé uhîe, "i
LE CANARD A TÊTE GRISE.'
- Nous préférons cette dénomination
donnée par Edwards, à celle ài^ canard
de la haie d'Hudson^ sous laquelle
M. Brisson indique cet oiseau \ pre->
..ae»**"»»—»-* "^\ f*%' JÉi
'<»-i- e#«-..
mS^t^-^^sf^- *-'
DU CANARD. ! 269
mièrement y parce qu'il y a plusieurs
autres canards à la baie d'Hudson ;
«econdement , parce qu'une dénomi-
nation tirée d'un caractère propre de
l'espèce est tQujpurs préférable pour
la désigner à une indication de pays 9
qui ne peut que très-rarement être
exclusive. Ce canard à tête grise est
coiffé assez singulièrement d'une ca-
lotte cendrée-bleuâtre , tombante en
pièce carrée sur le haut du cou, et sé-
parée par une double ligne de points
noirs , semblables 4 des guillemets ^
de deux plaque^ d'un vert tendre qui
couvrent les joues ; le tout est coupé
de cinq moustaches noires, dont trois
s'avancent en pointe sur le haut du
bec 9 et les deux autres s'étendent en
arrière sous ses angles , la gorge, la
poitrine et le cou sont blancs; le dos
est d'un brun-noirâtre avec reflets
pourprés *, les grandes pennes de Taile
sont brunes ; les couvertures en sont
d'un pourpre ou violet-foncé, luisant^
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260 HISTOIRE NATURELLE
et chaque plume est terminée par un
point blanc , dont la suite forme une
ligne transversale ; il y a de plus une
grande tache blanche sur les petites
couvertures de l'aile^ et une autre de
forme ronde de chaque côté de la
queue ; le ventre est noir ; le bec est
rouge , et sa partie supérieure est sé-
parée en deux bourrelets , qui , dans
leur renflement, ressemblent, suivant
l'expression d'Edwards , à^peu^prèa à
des fèves. C'est, ajoute-t-il , la par-
tie la plus remarquable de la confor-
mation de ce canard , dont la taille
surpasse celle du canard domestique \
néanmoins nous devons remarquer que
la femelle du canard à collier de
Terre-Neuve , a beaucoup de rapport
avec ce CL^nard à tête grise d'£dwards ;
la principale différence consiste en ce
que les teintes du dos sont plus noires
dans la planche de ce naturaliste , et
que la joue y est peinte de verdàtre.
r"
i* ï
DU CA-KAllU.
a6f
liE CANAAD A FACE BLANCHE.
Nous désignons ce canard par le ca-
ractère de sa face blanche, parce que
cette indication peut le faire reconnol-
tre au premier coup d'œil ; en effet ^
ce qui frappe d'abord en le voyant f
est son tour de face tout en blanc, re-
levé sur la tête d'un voile noir, qui ,
embrassant le devant et le haut du cou»
retombe en arrière ; Paile et la queue
sont noirâtres; le reste du plumage est
richement chamarré d'ondes et de fes-
tons de noirâtre , de roussâtre et de
roux j dont la teinte plus forte sur le
dos va jusqu'au rouge-briqueté sur la
poitrine et le bas du cou. Ce canard y
qui se trouve au Maragnon, est de plus
grande taille et de plus grosse corpu-
lence que notre canard sauvage i
rîJi
!■.•*► - : » .1 i
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oiseaux. YI.
ri.-; V ri- i-pii^^sîT
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a62
HISTOIRE vxrvmRhhu
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II
V I
' s; '
} !
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LB MAILEC ET LE MARÉGÀ,
canards du Brésil.
MjiRàcjt est, suivant Pison, le nom
générique des canards au Brésil ^ et
Marcgrave donne ce nom à deux es-
pèces qui ne paroissent pas fort éloi-*
gnées Pune de Pautre^ et que par cette
raison nous donnons ensemble , en les
distinguant néanmoins sous les noma
de marec et maréca. La première est ^
dit ce naturaliste, un canard de petite
taille qui a le bec brun, arec une tache
rouge ou orangée à chaque coin; la gor-
ge et les joues blanches, la queue grise^
Paile parée d'un miroir yert avec un
bord noir. Catesby , qui a décrit le
même oiseau à Bahama, dit que ce mi"
roir de Paile est bordé de jaune ; mais
il y a d'autant moins de raison de dé*
signer cette espèce sous le nom de ca-
Mardde Bahama, comme tL^eiitM.Bna*
son, que Catesby remarque expressé-
ment (ju'il y parolt très-rarem«nt | n'y
,'J
i
.. ,-. /Hr^Xa ^»*-
J«^^-
T>t7 CAKAIIB. 26^
ayant jamais vu que l'individu qu^il
décrit, an i'fiU uii»/iicf! ? ntvjr» .• ; i,./n. •*»
Le maréca, seconde espèce de Marc*
grave, est de la même taille que Tau*
tre, et il a le bec et la queue noirs; un
miroir luisant de vert et de bleu sur
l'aile j dans un fond brun ; une tache
d'un blanc- jaunâtre , placée, cpmme
dans l'autre , entre, l'angle du bec et
l'œil ; les pieds d'un vermillon qui ^
même après la cuisson, teint les doigts
en beau rouge. La cbait de ce dernier^
ajoute*t-il, est un peu amère ; cella
du premier est excellente \ néanmoins
les Sauvages la mangent rarement ^
craignant, disent-ils, qu'çi» s,8 nour-
rissant de la chair d'un animal qui leur
paroit lourd , ils ne deviennent eux<*
mêmes plus appesantis et moins légers
à la course. ?/ .^r-, j
;
•M
f'* 1 1? .ja
LES SARCELLE S."
La forme que la nature a le plua
nuancée , variée , multipliée dans leA
i li
'''*SfiW|fcif»._
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c
\ 4
<<■
264 HISTOIRE NATURELLE
oiseaux d*eaii , est celle da canard ;
après le grand nombre des espèces de
ce genre dont nous venons de faire
. l'énumération y il se présente un genre
. subalterne | presque aussi nombreux
. que celui des canards, et qui ne semble
. fait que pour les représenter et les re-
. produire à nos yeux sous un plus petit
, nodule; ce genre secondaire est celui
; des sarcelles 9 qu'on ne peut mieux dé«
, signer en général^ qu'en disant que ce
^ sont des canards bien plus petits que
. les autres, mais qui du reste leur res-
i semblent, non-seulement par les habi-
, tudes naturelles , par la conformation
et par toutes les proportions relatives
de la forme, mais encore par l'ordon-
nance du plumage , et même par la
. grande différence des couleurs qui se
. trouvent entre les mâles et les fe-
. melies* -p" ■^-■■■r <^ *i. a .^i '-^.. '•i'- ,.
On servoit souvent des sarcelles k
la table des Romains ; elles étoient as-
, sez estimées pour qu'on prit la peine
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DU CANARD. 265
de les multiplier en les élevant en do-
mesticitécomme les canards.Noiis réus-
sirons sans doute à les élever de mê-
me; mais les anciens donnoient appa-
remment plus de soins à leur basse-
cour, et en général beaucoup plus d*at«
tention que nous à Péconomie rurale
et à Pagriculture.
Nous allons donner la description
des espèces différentes de i^arcelles ,
dont quelques-unes , comme certains
canards, se sont portées jusqu'aux ex-
trémités des continens.
LA SARCELLE COMMUNE.
Première espèce.
Sa figure est celle d'un petit canard,
et sa grosseur celle d'une perdrix; le
plumage du mâle avec des couleurs
moins brillantes que celle du canard ,
n'en est pas moins riche en reflets
agréables, qu'il ne seroit guère possi-
ble de rendre par une description. Le
)
v":i
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■ . '?'
K
2,66 HISTOIRE NATURELLE
devant du corps présente un beau plat*
tron tissu de noir sur gris ^ et comm»
maillé par petits carrés tronqués^ ren-
fermés dans de plus grands ^ tous dis-
posés avec tant de netteté et d'élégan-
ce y qu'il en résulte l'effet le plus pi-
quant : les côtés du cou et les joues
jusque sous les yeux sont ouvragés de
petits traits de blanc ^ vermiculés sur
un fond roux ; le dessus de la tête est
noir^ ainsi que la gorge; mais un long
trait blanc prenant sur l'œil va tomber
au-dessous de la nuque \ des plumes
longues et taillées en pointe, couvrent
les épaules et retombent sur l'aile en
rubans blancs et noirs; les couvertu-
res ([ui tapissent les ailes sont ornées
d^uii petit miroir vert; les flancs et le
croupion présentent des hachures do
gris - noirâtre sur gris - blanc , et sont
mouchetés aussi agréablement que le
resle du corj»8.
La parure de la femelle est bien
|)lus sini|»l«} vâtue par - tout de gris
DU CANAB.D. 267
et de gris'brun , à peine remarque-
t-on quelques ombres d^ondes ou de
festons sur sa robe; il n'y a point de
noir sur la gorge, comme dans le màle^
et en général il y a tant de différence
entre les deux sexes dans leb sarcelles
comme dans les canards, que les chas«
seurs peu expérimentés les méconnois-
sent y et leur ont donné des noms im-
propres de tiers y racanettes , mercan^
nettes^ en sorte que les naturalistes doi-
vent ici, comme ailleurs, prendre garda
aux fausses dénominations, pour ne
pas multiplier les espècessurla seule
différence des couleurs qui se trouvent
dans ces oiseaux; ilseroit môme très-
utile , pour prévenir l'erreur ,qae l'on
eût soin de représenter la femelle et l»
mâle avec leurs vraies couleurs, com-
me nous l'avons fait dans quelques-
unes de nos planches enluminées.
Le mâle , au toms de la pariade ,
fait entendre un cri semblable à celui
du râle ; néanmoins la femelle ne lait
a68 HISTOIRE NATURELLE
guère son nid dans nos proTÎnces j et
presque tous ces oiseaux nous quittent
avant le i5 ou 20 d'avril; ils volent
par bandes dans le temps de leurs voya-
ges 9 mais sans garder , comme les ca-
nards ^ d'ordre régulier; ils prennent
leur essor de dessus l'eau et s'envolent
avec beaucoup de légèreté ; ils ne se
plongent pas souvent, et trouvent cla
surface de l'eau et vers ses bords , la
nourriture qui leur convient : les mou-
ches et les graines des plantes aquati*
ques sont les alimens qu'ils choisissent
de préférence. Gessner a trouvé dans
leur estomac de petites pierres mêlées
avec cette pâture; et M. Frisch , qui a
nourri quelques couples de ces oiseaux
pris jeunes, nous donne les détails sui^
yans sur leur manière de vivre dans
cette espèce de domesticité commen-
cée. » Je présentai d'abord à ces sar-
celles , dit*il , différentes graines , sans
qu'elles touchassent à aucunes ; mais
à peine eus- je fait portera côté de leur
,,'>-^"
DU CANARD. 269
Tase d'eau un bassin rempli de millet y
qu'elles y accoururent toutes; chacune
à chaque becquée alloit à Peau^ et dans
peu elles en apportèrent assez dans leur
bec pour que le millet fût tout mouillé.
Néanmoins cette petite graine n'étoit
pas encore assez trempée à leur gré y
et je vis mes sarcelles se mettre à por-
ter le millet aussi bien que l'eau y sur
le sol de l'enclos qui étoit d'argile ; et
lorsque la terre fut amollie et trempée^
elles commencèrent à barboter j et il
se fit par-là un creux assez profond ^
dans lequel elles mangeoient leur mil-
let mêlé de terre : je les mis dans une
chambre^ et elles portoient de méme^
quoique plus inutilement ^ le millet et
l'eau sur le plancher; je les conduisis
dans l'herbe , et il me parut qu'elles ne
faisoient que la fouiller en y cherchant
des graines sans en manger lesfeuilles^
non plus que les vers de terre ; elles
poursuivoient les mouches et les hap-
poient à la manière des canards. Lors*
I
'A
y iKli/
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1i
II
. :&&klèi&^~
l\\
S.J9 HISTOIRE ITATURELLB
que je tardois de leur donner la nour«
riture accoutumée y elles la deman-
doient par un petit cri enroué quoack,
répété chaque demi-minute ; le soir y
eMes se gitoient dans les coins ; et
même le jour, lorsqu'on lesapprochoit,
elles se fourroient dans les trous les
plus étroits. Elles vécurent ainsi jus-
qu'à l'approche de l'hiver \ mais le froid
rigoureux étant venu^ elles moururent
toutes à-la-iois ». , ■ -
.... - • .. , . ■ >
LA PETITE SARCELLEa
^i
Seconde espèce.
Cette sarcelle est un peu plus pe-
tite que la première y et elle en diffère
encore par les couleurs de la tête qui
est rousse et rayée d'un large trait de
vert bordé de blanc , qui s'étend des
yeux à l'occiput; le reste du plumage
est assez ressemblant à celui de la sar**
celle commune! excepté que ki pai«>
«» , • -• «--
et
toU GANAA». 2171
trîne n^est point aussi richement ëmaiU
lée , mais seulement mouchetée,
c Cette petite sarcelle niche sur nos
étangs, et reste dans le pays toute
Tannée ; elle cache son nid parmi les
grands joncs , et le construit de leurs
brins, de leur moelle et de quantité de
plumes. Ce nid, fait avec beaucoupde
soin, est assez grand et posé sur Peau,
de manière qu'il hausse et baisse avec
elle. La ponte, qui se fait dans le mois
d^avril , est de dix et jusqu'à douze
oeufs delà grosseur de ceux de pigeon,
ils sont d'un blanc sale , avec de petites
taches couleur de noisette; les femel*
les seules s'occupent du soin de la cou-*
vée; les mâles semblent les quitter et
se réunir pour vivre ensemble pendant
ce temps; mais en automne ils retour-
nent à leur famille. On voit sur les
étangs ces sarcellespar compagnies de
dixàdouze qui forment la famille; et
dans L'hiver elles se rabattent sur les
rivières et les fontaines chaudes ; elles
^1
■]i
i
I ,'
27a HISTOIRE NATURELLE
y vivent de cresson et de cerfeuil sau-
vage; sur les étangs, elles mangent les
graines de jonc et attrapent de petits
poissons.
Elles ont le vol très-prompt \ leur
cri est une espèce de sifilement,i;oi//rey
vouire^ qui se fait entendre sur les
eaux dès le mois de mars. M. Hébert
nous assure que cette petite sarcelle
est aussi commune en Brie que l'autre
y est rare , et que Pon en tue grande
quantité dans cette province. Suivant
Kzaczynski ^ on en fait la chasse en
Pologne , au moyen de filets tendus
d'un arbre à l'autre; les bandes de ces
sarcelles donnent dans ces filets lors-
qu'elles se lèvent de dessus les étangs
à la brune.
Rny ) par le nom qu'U donne à notre
petite sarcelle (thecommon teal), pa-
Toit n'avoir pas connu la sarcelle com-
mune: Selon, au contraire , n'a connu
que cette dernière; et quoiqu'il lui ait
attribué indistinctement les deux noma
su CANARD. ày3
grecs de hoscas et phascas , le second
paroit désigner spécialement la petite
sarcelle^ car on lit dans Athénée ^ que
la phascas est plus grande que le petit
colymhis, qui est le grèbe castagneux s
or I cette mesure de grandeur convient
parfaitement à notre petite sarcelle.
Au reste) son espèce a communiqué
d'un monde à Pautre par le nord \ car
il est aisé de la reconnoltre dans le
pepaïzca de Fernandez \ et plusieurs
individus que nous avons reçus de la
Louisiane , n'ont offert aucune diffé-
rence d'avec ceux de nos Icontrées. )
i
ï
w
LA SARCELLE D'ÉTÉ,
Troisième espèce.
. \:
Nous n'eussions fait qu'une seule et
même «espèce de cette sarcelle et de la
précédente, siRay,quiparcitles avoir
vues toutes deux, ne lès eût pas sépa«
rées^ il distingue positivement la pe-
tite sarcelle et la sarcelle d'été; nous
Oiseaux. Y. 24
il
^.mf^^fipry
I..iiv^ ^^^^^^'^^p^S^.irf*
1'V;*^^CiJf^^^
\i :
274 HISTOTSE KATU11E£X.B
ne pouvons donc que le suivre dans 99
description , et copier la notice qu'il
en donne. Cette sarcelle d'été, dit*»l f
est encore un peu moins grosse que la
petite sarcelle, et c'est de tous les ci»
seaux de cette grande famille de sar-
celles et canards, Sans exception , la
plus petit. Elle a le bec noir f tout le
manteau cendré -brun, avec le bout
des plumes blanc sur le dos : il y a sur
l'aile une bande large d'^nn doigt; cette
bande est noire avec des reflets d'un
vert-d'émeraude et bordée de blanc f
tout le devant du corps est d'un blanc
lavé de Jaunâtre , tacheté de noir à la
poitrine et au bas«ventre; la queue est
pointue ; les pieds sont bleuâtres et
leurs membranes noires.
M. Bâillon m'a envoyé quelques no-
tes su r une sarcelle d'été, par lesquelles
il me paroit qu^il entend par cette dé-
nomination la petite sarcelle de l'ar-
ticle précédent , et non pas la sarcelle
d'été décrite par Ray. Quoi qu'il e^
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de Par-
sarcelle
ç^u'ii e^
DU c JLnr A KH» 275
«ûit y nous ne pouvons que rapporter
ici ses indications et ses observations
qui sont intéressantes* l>i: l^ v:i '
«c Nous nommons ici ( à MontreuiU
sur-mer.) la sarcelle d'été, criquardou
criquet, dit M. Bâillon; cet oiseau est
bien fait et a beaucoup de grâces; sa
forme est plus arrondie que celle de la
sarcelle commune; elleest aussi mieux
parée ; ses couleurs sont plus variées et
mieux tranchées ; elle conserve queU
quefois d^ petites plum«s bleues^ qu'on
ne voit que quand les ailes sont ou*
vertes* Feu d'oiseaux d'eau sont d'une
gai té aussi vive que cette sarcelle ; elle
^st presque toujours en mouvement^
se baigne sans cesse , et s'apprivoise
nveC beaucoup de facilité; huit jours
suffisent pour l'habituer à la domesti-
cité ; j'en ai eu pendant plusieurs an-
nées dans ma cour , et j'en conserve
«ncore deux qui sont très-familières.
a Ces jolies sarcelles joignent à tou-
t^ç leurs qualités une douceur ex-
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-476 HISTOIRE NATURBLLS
tréme. Je ne les ai jamais vues se baU
tre ensemble ni avec d'autres oi^.«aux ;
elles ne se défc ndent même pas lors-
qu'elles sont attaquées ; aussi délicates
que douces , le moindre accident les
blesse: l'agitation que leur donne la
poursuite d'un chien ^ suffit pour les
faire mourir; Lorsqu'elles ne peuvent
fuir par le secours de leurs ailes, elles
restent étendues sur la place comme
épuisées et expirantes. Leur nourri-
ture est du pain y de l'orge, du blé, du
son ; elles prennent aussi des Qiouches |
des vers de terre,des limaçons et d'au-
tres insectes. _ j.;i. .^t. ti'îi.fi .
3> Elles arrivent dans nos marais voî«
sins de la mer^ vers les premier^ jours
de mars ^ je crois que le vent de sud les
amène^ elles ne se tiennent pas attrou-
pées comme les autres sarcelles et
comme les canards siffleur» ; oit les
voit errer de tou?; côtés , et s^appiru^r
peu de temps après leur arrivé' . Eiles
chercheut au mois d'avril , dans des
V
PH !
iLliL.>N.
86 bat-
«as iors-
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sud les
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illes et
OïT les
- L.Ies
ns des
DU C JL 17 JL R D. ÎS77
endroits fangenx et peu ac ^ssibles ,
de grosses touffes de joncsou d'herbes
fort serrées et un peu élevées an-des-
sus du niveau du marais ; elles s*y four-
renf ?i ^c^rtant les brins qui les gê-
n* :r,t,' été. ibrce de s'y remuer ell^s y
pratii^uent un petit emplacement de
quatre à cinq pouces de- diamètre j d»nt
elles tapissent le fond avec des herbes
sèches; le haut en est bien couvert par
l'éparsiseur des joncs, et Pentrée est
uHisquéepftrks brins qui s'y rabattent;
cette entrée est le plus soute titvef s le
midi; dans ce= nidy la femelle dépose*
de dix à quatorze œufs d'un blahc un
peu sale, et presque aussigros que les
premiers œufs des jeunes poulies. J'ai
vérifié le temps de l'incubation ; il est,
comme dans lés poules, de vikigt<iïn à
vingt-ttois jours.' " i* ^ » » -i • -
x> Les petits naissent couverts de
duvet, comme les petits canards ; ils
sont fort alertes, et dès les premiers
jours après leur naissance , le père et
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ft^8 HISTOIRE NATURELLE
la mère les conduisent à Teau; iU chier^
cheht le^ vermisseaux sous Pherbe et
dans la vase ; si quelqueoiseau de proie
passe, la mère jette un petit cri , toute
la famille se tapit et reste immobile
jusqu^à ca qu'un autre cri lui rende
fion activité.
a» Les premières plumes dont les
jeunes criquardes se garnissent sont
grises | comme celles des femelles ; il
est alors fort difficile de distinguer les
sexes, 6t même cette difficulté dure
jusqu'à rapproche de la saison des
amours ^ car il est un fait particulier à
cet oisjoai^., que j'ai été à portée de
vérifier plusieurs fois, et que je crois
devoir rapporter ici* Je me procure
prdinai rement de ces sarcelles dès le
commencement de mars;aiors les mâles
sont ornés de leurs belles plumes ; le
temps de la mue arrive , ils deviennent
aussi gris que leurs femelles, et restent
dans cet état jusqu'au mois de janvier.
Dans l'espace d'un mois^ à cette épo-
t'V
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•/i-"^..*^#>* - ^
U cher'»
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anvier.
te épo-
~ D V C ▲ K A R d; 279
^116) leurs plumes prennent une autre
teinte. J*ai encore admiré ce change*
ment cette année : le mâle que j'ai, est
présentement aussi beau qu'il peutTé-
tre;^ je Pai vu aussi gris que la femelle.
Il semble que la nature n'ait voulu le
parer que pour la saison des amours*
3> Cet oiseau n^est pas des pays sep*
tentrionaux j) il est sensible au froid f
ceux que j'ai eus alloient toujours cou-
cher au poulailler 9 et se tenoieut au
soleil ou auprès du feu de la cuisine ;
ils sont tous morts d'accident | la plu*
part des coups de bec que les oiseaux
plus forts qu'eux leu r donnoient : néan-
moins j'ai lieu de croire que naturelle-
ment ils ne vivent pas long-temps f vu
que leur croissance entière est prise
«n deux mois ou environ ».
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s-
• V.
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a8o
HISTOIRE NATUREtLB
i r' n'.
LA SARCELLE D'EGYPTE,
.: ', « ; Jl » '< ' • » ■ . ,■ .1 . ♦ V -»-»
. 'Quatrième espèce.
Cette sarcelle est à-péù-près de la
grosseur de notre sarcelle côitiiiïuiie
(première espèce)^ mais elle a le bée un
peu plus grand et plus large ; la tête,
le cou et la poitrine sont d'iin brùh-
roux ardent et fohcé^ tout le manteau
est noir; il y a un trait dé blanc dà^s
Paile y Pestomac est blanc et le ventre
est du même brun-roux que la poitrine .
La femelle, dans celte espèce, porte
d-peu-près les mêmes couleurs que le
mâle, seulement elles sont moins fortes
et moins nettement tranchées; le blanc
de l'estomac est brouillé d'ondes bru-
nes, et les couleurs de la tête et de la
poitrine sont plutôt brunes que rous-
ses. On nous a assuré que cette sarcelle
se trouvoit en Egypte.
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arcelle
DU G A N A IL D.
281
LA SARCELLE DE MADAGASCAR.
Cinquième espèce.
Gett£< sarcelle est à-peu-près de la
taille de notre petite sarcelle (seconde
espèce) , mais elle a la tête et le bec
plus petits; le caractère qui la distingue
le mieux, est une large tache vert-pàle
ou vert-d'eau, placée derrière roreille,
et encadrée dans du noir qui couvre le
derrière de la tête et du cou ; la face
et la gorge sont blanches ; lé bas du
cou , jusque sur; la poitrine, est joli-
ment ouvragé de petits lisérés bruns
dans du roux et du blanc ; cette der-
nière couleur est celle du devant du
corps; le dos et la queue sont teints et
lustrés de vert sur fond noir ou noirâ-
tre. Cette sardelle nous a été envoyé»
de Madagascar. ^ >
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S;
ï:'a.j*Mt»ii',i.iiti%^»iy.'**""
282
HISTOIRE VATURELLE
VI
LÀ SARCELLE DE GOROMANDEL.
Sixième espèce.
Lb mâle et 1a femelle de ces jolies
sarcelles nous ont été envoyés de la
câte de G>romandel ; elles sont plus
petites au moins d'un quart que nos
sarcelles communes (première espèce) f
leur plumage est composé de blanc et
de brun-noirâtre; le blanc règne sur
le derant du corps ; il e&t pur dans le
mâle y et mêlé de gris dans la femelle;
le brun-noirâtre forme une calotte sur
la tête 9 colore tout le manteau y et se
marque sur le cou du mâle par taches
et mouchetures 9 et par petites ondes
transversales au bas de celui de la fe-
melle; de plus, l'aile du mâle brille
sur sa teinte noirâtre • d'un reflet vert
et rou
geâtn
* . ^ ' jT J
--#■ w'<>(^' ^^fV^^^'m"^-*
DU C A N A. B. 0.
2.B3
t A SARCELLE DE JAVA.
Septième espèce.
Lb plumage de cette sarcelle y sur
le devant du corps ^ le haut du dos et
sur le cou , est richement ouvragé de
festons noirs et blancs; le manteau est
brun ; la gorge est blanche; la tête est
coiffée d^un beau violet-pourpré, avec
un reflet vert aux plumes de Tocciput,
lesquelles avancent sur llEi nuque y et
semblent s^en détacher en forme de
pennaches ; la teinte violette reprend
au bas de cette petite touffe, et forme
-une large tache sur les c6tés du cou ^
elle en marque une semblable, accom-
pagnée de deux taches blanches , sur
les plumes de l'aile les plus voisines du
corps. Cette sarcelle qui nous est venue
de l'Ile de Java , est de la taille de la
sarcelle commune (première espèce) •
)!
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V
^84 HISTOIHE irATU&SLZ.fi
LA SARCELLE DE LA CHINE.
1 :.
liuitième esp/àç€(>
^ Cette belle sarcelle est très-remar-
quable par la richesse, et la singularité
de son plumage ; il est peint des plus
vives couleurs , et relevé sur la tête
par un magnifique pennache vert et
pourpre» qui s'étend jusqu'au-delà de
la nuque; le cou et les côtés de la face
sont garnis de plumes étroites et poin-
tues, d'un rouge-orangé; la gorge est
blanche 9 ainsi que le dessus des yeux;
la poitrine est d'un roux-pourpré ou
vineux ; les flancs sont agréablement
ouvragés de petits lisérés noirs, et les
pennes des ailes également bordées de
traits blancs: ajoutez à toutes ces beau-
tés une singularité remarquable , ce
sont deux plumes, une de chaque c6té ,
entre celles de l'aile les plus près du
corps , qui , du côté extérieur de leur
tige, portent des barbes d'une longueur
N»
-.:.**' r
m'-i'p^
HINE.
•remar-
gularité
des plus
la tête
vert et
•delà de
! la face
st poin-
»rge est
s yeux;
rpré ou
>lement
>9 et les
dées de
18 beau-
i\ej ce
iec6té|
près du
de leur
ngueur
DU CANARD. 285
extraordinaire , d'un beau roux-oran-
gé, liséré de blanc et de noir sur le
bord , et qui forment comme deux
éventails ou deux larges ailes de pa«
pillon relevées au-dessus du dos ; ces
deux plumes singulières distinguent
suffisamment cette sarcelle de toutes
les autres , indépendamment de la
belle aigrette qu'elle porte ordinaire-
ment flottante sur sa tête , et qu'elle
peut relever. Les belles couleurs de
ces oiseaux ont frappé les yeux des
Chinois : ils les ont représentés sur leurs
porcelaines et sur leurs plus beaux pa«
piers. La femelle qu'ils y représentent
aussi , y paroit toujours toute brune ^
et c'est en effet sa couleur, avecquel-
que mélange de blanc. Tous deux ont
également le bec et les pieds rouges.
Cette belle sarcelle se trouve au Ja-
pon comme à la Chine , car on la re-
connoît dans l'oiseau kimnodsui , de la
beauté duquel Kœmpfer parle avec
admiration ; et Aldrovande raconte
Ois«au&. VI.
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I
il
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•^■ll
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i'
&86 HISTOIRE TTATURELLE
que les envoyés du Japon , qui , de
son temps f vinrent à Rome ^ appor»
tèrent , entr'autres raretés de leur
pays j des figures de cet oiseau.
LA SARCELLE DE FÉROÉ.
Neuvième espèce.
. Cette sarcelle ^ qui est un peu
moins grande que notre sarcelle com-
mune {première espèce), a tout le
plumage d^un gris-blanc uniforme sur
le devant du corps ^ du cou et de la tête ;
seulement il est légèrement taché de
noirâtre derrière les yeux , ainsi que
sur la gorge et aux côtés de la poi*
trine ; tout le manteau , avec le dessus
de la tête et du cou ^ est d*un noirâtre-
mat et sans reflets : ce sont là les seu*
les et tristes couleurs de cet oiseau du
nord 9 et qui se trouve à Pile Féroé.
. Toutes les espèces précédentes de
sarcelles sont de l'ancien continent ;
celles dont nous allons parier appar-
■ijSf-f'jJtv
DU CANARD. 287
tiennent au nouveau ; et quoique les
mêmes espèces des oiseaux aquatiques
soient souvent communes aux deux
mondes y néanmoins chacune de ces
espèces de sarcelles paroît propre et
particulière à un continent ou à l'au-
tre : à l'exception de notre grande et
de notre petite sarcelle {première et
seconde espèce ) y aucune autre ne pa«
roit se trouver dans toutes deux.
LA SARCELLE SOUCROUROU/
Dixième espèce. ^ 7
Pour désigner cette sarcelle ^ nous
adopterons le nom de soucrourou qu'on
lui donne à Gayenne ^ où l'espèce en
est commune ; elle est à-peu-près de la
taille de notre sarcelle {première es»
pèce)^ le mâle a le dos richement fes-
tonné et onde ; le cou , la poitrine et
tout le devant du corps sont mouche-
tés de noirâtre sur un fond brun-rous-
sâtre \ au haut de l'aile est une bello
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'>x
(1
4
(
)
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'"**-^
.. ^
288 HISTOIRE NATURELLE
plaque d'un bleu-clair, au-dessous d©
laquelle est un trait blanc , et ensuite
un miroir vert ; il y a aussi un large
trait de blanc sur les joues ; le dessus
de la tête est noirâtre avec des reflets
verts et pourprés ^ la femelle est toute
brune.
Ces oiseaux se trouvent aussi à la
Caroline y et vraisemblablement en
beaucoup d'autres endroits de PAmé»
riqué : leur chair y au rapport de Bar-
rère , est délicate et de bon goût.
LA SARCELLE SOUCROUB ETTE.
' ''^ ^ Onzième espèce.
Quoique la sarcelle de Cayenne soit
de moindre taille que celle que M. Bris-
son donne, d'après Catesby , sous le
nom de sarcelle de Virginie , la grande
ressemblance dans les couleurs du plu-
mage nous fait regarder ces deux oi-
seaux comme de la même espèce ; et
nous sommes encore fort portés à les
■î*«w^i^^
ou CAKARD,' 28à
rapproclier c!e celle de la sarcelle soo-
crourou de Cayenne^ dont nous \enon»
de parler; c^est par cette raison que
nous lui avons donné un nom qui in«
dique ce rapport : en effet , la soucrou-
rette a sur l'épaule la plaque bleue avec
la zone blanclie au-dessous, et ensuite
le miroir vert , tout comme le soucrou^
rou ; le reste du corps et la tète sont
couverts de taches d'un gris-brun onde
de gris-blanc, dont la figure de Catesby
ne rend pas le mélange , ne présentant
que du brun étendu trop uniforme*
ment ; c'est ce qui conViendroit à la fe-
melle, qui , selon lui , est toute brune.
Il ajoute que ces sarcelles viennent en
grand nombre à la Caroline au mois
d'août, et y demeurent jusqu'au milieu
d'oCiobre , temps auquel l'on, ramasse
dans les champs le riz dont elles sont
avides ; et il ajoute qu'en Virginie ^
où il n'y a point de riz , elles mangent
une espèce d'avoine sauvage qui croit
dans les marécages ) qu'enfin elles s'en*
i
il
i
y
"*'• f •-4|Wrtro-t ï?S«-
^xeH^-<'kt ■•„,^^ ^.— •- *
t :' . S
253 HISTOIRE NATURELLIi
graissent extrêmement par rune et
i^autre de ces nourritures, qui dou«
nent à leur chair un goût exquis. ^'^^
LA SARCELLE A QUEUE ÉPINEUSE.
» '.« '<
I' ..
./iii
, . Douzième espèce.
■f Cette espèce de sarcelle ^ naturelle
à la Guiane j se distingue de toutes les
autres par les plumes de sa queuQ qui
isont longues | et terminées par un petit
filet roide comme U99 épine , ^t formé
par la pointe de la cûtie, prolongée d'une
ligne OU deux au-deU des barbes de ce«
plumes qui sont d'un brun<noirâtre ^ le
plumage du corps est assez monotone ^
n'étant composé que d'ondes ou taches
noirâtres y plus foncées au-dessus du
corps , plus claires en dessous, et fes-
tonnées de gris- blanc dans un fond
gris-roussàtre ou jaunâtre; le haut de
ia tête est noirâtre, et deux traits de
la même couleur, séparés par deux
traits blancs , passent > l'un à la hau-
teur de l'œil, l'autre plus bas sur ia
''*'^— **r«ir
■■«te:
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REUSE.
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sur la
I) V CANARD. 291
joue; les pennes de l'aile sont égale-
ment noirâtres. Cette sarcellen'a guère
que onze ou douze pouces de Ion*
gueur. ,. .
LA SARCELLE ROUSSE à longue queue,
*' . . . . ( I .
Treizième espèce. '
Celle-ci est un peu plus grande que
la précédente , et en dilTère beaucoup
par les couleurs ; mais elle s*en rappro«
che par le caractère de la queue longue
et de ses pennes terminées en pointe ^
sans cependant avoir le brun effilé aussi
nettement prononcé t ainsi , sans pré-
tendre réunir ces deux espèces ^ nous
croyons néanmoins les devoir rappro-
cher. Celle-ci a le dessus de 1a tête, la
face et la queue noirâtres ; Taile est
de la même couleur, avec quelques
reflets bleus et verts , et porte une ta-
che blanche ; le cou est d'un roux-
roarron; les flancs sont teints de cette
même couleur, et le dessus du corps
en est onde sur du noirâtre.
A
^
V
il
Si
apa HISTOIRE NATURELLE
- Cette sarcelle nous a été envoyée de
k Guadeloupe ; M. Brisson l'a reçue
de Saint-Domingue, et il lui rapporte^
avec toute apparence de raison , le
chilcanauhtli, sarcelle de la Nouvelle-
Espagne deFernandeZ) qui semble dé-
signer la femelle de cette espèce par
le i|om. de colcanauhtli* ' ■■ <>
A
LA SARCELLE BI^ANCHE ET NOIRE, ^
ou LA REÏ-IGIECJSE.
iK '
'i >
Quatorzième espèce.
u''-/
;.' "•(!'
Une robe blanche^ un bandeau blanc
avec coiffe et manteau noirs | ont fait
donner le surnom de religieuse à cette
sarcelle de la Louisiane , dont la taille
est à>peu-près celle de notre sarcelle
(première espèce ) ; le noir de sa tête
est relevé d*un lustre de vert et de
pourpre , et le bandeau blanc l'entoure
par-derrière depuis les yeux. « Les pê-
cheurs de Terre-Neuve , dit Edwards j
appellent cet oiseau l'esprit, je ne sais
"C.
i: r-
i-
''**«*^?*>
DU CANARD. 9.(j:i
par quelle raison, si ce n^est qu'étant
très-vif plongeur, il peut reparoitre
Tins tant après avoir plon^;é , à une
très-grande distance ^ faculté qui a pu
réveiller dans ^imagination du vul-
gaire j les idées fantastiques sur les
apparitions des esprits.
♦
LA SARCELLE DU MEXIQUE.
Quinzième espèce.
FfiRNANOEz donne à cette sarcelle
un nom mexicain ( mctzcanauhtli ),
qu'il dit signifier oiseau de lune , et
qui vient de ce que la chasse s'en fait
la nuit au clair de la lune. C'est, dit il ,
une des plus belles espèces de ce gen-
re : presque tout son plumage est
blanc pointillé de noir, sur-tout à la
poitrine ; les ailes offrent un mélunge
de bleu , de vert , de fauve , de noir
et de blanc ; la tête est d'un brun noi-
râtre , avec des reflets de couleurs
changeantes^ la queue bleue en des«
1^
m
>y
'•- i r
■&■
^94 HISTOIRE NATURELLE
SOUS , noirâtre en dessus , est terminée
de blanc ; il y a une tache noire entre
les yeux et le bec qui est noir en des-
tous et bleu dans sa partie supérieure.
La femelle , comme dans toutes les
espèces de ce genre , diffère du mâ!e
par ses couleurs qui sont moins nettes
et moins vives ; et Tépithète que lui
donne Fernandez ( Avis stertria: ju/t"
cetl) , semble dire qu^elle sait abattre
et couper les jonCs ^ pour en former
ou y poser son nid. ^ f
^'•1
JLA SARCELLE DE LA CAROLINE.
Seizième espèce.
Cette sarcelle se trouve à la Caro-
line , vers Pembouchure des rivières
à la mer, où Peau commence à élre
salée : le mâle a le plumage coupé de
noir et de blanc conime une pie ; et la
femelle 9 que Catesby décrit plus en
détail f a la poitrine et le ventre d\nL
gris-clair; tout le dessus du corps et
••«t..*--"*f.-siT-
;%»*•
.-.ilC*^,
■f ■<■
''';*Tm.'-'^i
DU CANARD. 2^5
les ailes sont d'un brun-foncé ; il y a
une tache blanche de chaque côté de la
tête derrière l'œil , et une autre au bas
de Paile. Il est clair que c'est d'après
cette livrée de la femelle, que Catesby
adonné le nom àe petit canard brun à
cette sarcelle , qu'il eût mieux fait
d'appeler sarcelle ' pie, ou sarcelle
noire et blanche : nous lui laissons la
dénomination de sarcelle de la CarO"
Une, parce que nous n'avons pascon-
noissance que cette espèce se trouve
en d'autres contrées.
LA SARCELLE BRUNB ET BLANCHE.
Dix-septième espèce.
Cet oiseau 9 qu'£dwards donne sous
le nom de canard brun et blanc ^ doit
néanmoins être rangé dans la famille
des sarcelles , puisqu'il est à-peu-près
de la taille et de la ligure de notre sar-
celle {première espèce ) ; mais la cou-
leur du plumage est différente; elle
est toute d'un brun-noii âtre sur la tête^
)
\
!
296 HISTOIRE NATURELtiE
le COU et les pennes de l'aile; le brun-
foncé s'étend jusqu'au blanchâtre sur le
devant du corps , qui de plus est rayé
transversalement de lignes brunes ; il
y a une tache blanche sur les câtés de
la tête , et une semblable au coin du
bec. Cette sarcelle ne craint pas la plus
grande rigueur du froid y puisqu'elle
est du nombre des oiseaux qui habi<*
tent le fond de la baie d'Hudson.
espèces qui ont rapport aux Canards
et aux Sarcelles,
Après la description et l'histoire des
espèces bien reconnues et bien distinct
tes , dans le genre nombreux des ca-
nardset des sarcelles, il nous reste à in-
diquer celles que semblent désigner les
notices suivantes, afin de mettre les ob-
servateurs et les voyageurs à portée,
en complétant ces notices, de reconnoi-
tre à laquelle des espèces ci-devant dé-
crites elles peuvent se rapporter, ou
H^ elles en sont en effet différentes , et si
BU CANARD. 2^^
elles peuvent indiquer des espèces nou-
velles.
; I. Nous devons d'abord faire men-
tion de ces canards nommés vulgaire-
ment quatreaiiesy dont il est parlé dans
la collection académique en ces termes :
a Vers 1680 y, parurent dans le Boulo<«
nois, une espèce de canards qui ont les
ailes tournées différemment des autres^
les grosses plumes s'écartant du corps
et se jetant au-dehors^ cela donne lieu
au peuple de croire etdedire qu'ils ont
quatre ailes » ( Collect. acad.part, Etr,
tome If page 804)» Nous croyons que
ce caractère pouvoit n'être qu'acci-
dentel ^ par la simple comparaison du
passage précédent avec le suivant.
ce M. l'abbé Nollet a vu en Italie une
troupe d'oies ^ parmi lesquelles il y en
avoit plusieurs qui sembloient avoir
quatre ailes; mais cette apparence qui
n'avoit pas lieu quand l'oiseau voloit^
étoit causée parle renversementde l'ai*
leron ou dernière portion de l'aile qui
Oiseaux. YI. a$
29^ HISTOIRE NATUREtLE
tenoit les grandes plumes relevëeSj au
lieu (le les coucher le long du corps; ces
oies étoient venues d'une même couvée
avec d'autres qui port^Jent leurs ailes
à l'ordinaire, ainsi que la mère, mais le
père evoit les ailerons repliés ». His*
toire de l'Académie, i^6o^ P^g^7»
Ainsi ces canards, comme ces oies à
quatre ailes , ne doivent pas être con-
sidérés coinme des espèces particuliè-
res 9 mais comme des variétés très^ac-
cidentelles , et même individuelles y
qui peuvent se trouver dans toute es-^
pèce d'oiseaux.
II. Le canard ou plutôt la très-petite
sarcelle qu'indique R/aczynski dans le
passage suivant ; Lithuana polesia alit
anates innumeras yinter quas, •*%sunt, . •
in cavis arborum natœ , molem sturni
non excedentes. {Hist, pag» 269.) Si
Cet auteurest exact au sujet de la taille
singulièrement petite qu'il donne à
cette espèce , nous avouons qu'elle ne
nous est pas connue.
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BU GANAB.D. 299
III. Le canard de Barbarie à tête
blanche y du docteur Shaw, qui nVst
point le même que le canard musqué ^
et qui doit plutôtse rapporter aux snr-
celleS) puisqu'il n'est, dit-il, que de la
taille du vanneau ^ il a le bec large y
ëpais et bleu , la tète toute blanche et
le i;Drps couleur de feu. ' .
ly. L'anas platyrimhos du même
docteur Shaw ^ qu'il appelle mal-à-
propos pélican de Barbarie ^ puisque
rien n'est plus éloigné d'un pélican
qu'un canard \ celui-ci d'ailleurs est
auçsi petit que le précédent \ il a les
pieds rouges, le bec plat, large , noir
et dentelé^ la poitrine , le ventre et I4
tête de couleur de feu \ je, dos est plus
foncé, et il y a trois taches, une bleue^
une blanche et une verte sur l'aile.
V. L'espèce que le même voyageur
donne également sous la mauvaise dé-
nomination de pélican de Barbarie à
petit bec. a. Celui*ci, dit-il, est un peu
plus gros que le précédent; il a le cou
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306 HISTOIB.E NATURELLE
rougeâtre et la tête ornée d'une petite
touffe de plumes tannées; son ventre
est tout blanc, et son dos bigarré de
quantité de raies blanches et noires ;
les plumes de la queue sont pointues^
et les ailes sont chacune marquées de
deux taches contiguës, l'une noire et
l'autre blanche; l'extrémité du bec est
noire j et les pieds sont d'un bleu plus
foncé que ceux du vanneau ». Cette
espèce nous paroit très - voisine de la
précédente.
VI. Le turpan ou tourpan , canard
de Sibérie, trouvé par Gmelin aux en-
virons de Selengensk, et dont il donne
une notice trop courte pour qu'on
puisse le reconnottre; cependant il pa-
roit que ce même canard tourpan se re-
trouve à Kamtschatka , et que même
il est commun à Ochotsk , où l'on en
fait, à l'embouchure même de la ri-
vière Ochotska , une grande chasse en
bateaux, que décrit Krachenninikow.
Nous observerons au sujet de ce voya-
-y.
•1> U ex K À H ' 301
geur , qu'il dit avoir rencontré onze
espèces de canards ou sarcelles au
Kamtschatka , dans lesquelles nous
n'avons reconnu que le tourpan etle ca*^
nard à longue qneue de Terre-neuve :
les neuf autres se nomment^ selon lui^
selosni, tchirki, krohali, gogoli^lutkV,
tchemeti y pulonosi , suasi, et canard
montagnarde a Les quatre premiers y
dit-il| passent l'hiver dans les environs
des sources, les au très arrivent au prin-
temps et s'en retournent en automne
comme les oies y>. On peut croire que
plusieurs de ces espèces se reconnoî-
troient dans celles que nous avons d^>
critesi si l'observateur avoit pris soin
de nous en dire fiutre chose que leurs
noms.
VII. Le petit canard des Philippi-
nes I appelé à Luçon saloyazir^ et qui
n'étant pas | suivant l'expression de
C3ime\j plus gros que lepoing,doit être
regardé comme une espèce de sarcelle.
VIII, ic Le woures'feique ou /'a/-
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3o2 HlfXOIKB NATURELLE
^eau cognée de Madagascar , espèce cla
canard , ainsi nommé par ces insulai»
res , dit François Çauche^ parce qu'il a
sur le front une excroissance de ckair
noire , ronde j et qui va se recourbant
un peu sur le beC| ^ la manière de leurs
cognées. Au reste^ ajoute ce voyageur^
cette espèce a la grosseur de nos oi-
sons I et le plumage de nos canarda»»
Kous. ajouterons qu^l se pQurrpit que
ce n?en fû.t qu'une vai:iété.
IVk Les deux espèces de canards et
les deux sarcelles que M« deBougain-
ville <i vues aux iles Malouîaes ou Fal*
kland) et dont il dit qiie les premiers
ne diffèrent pas beaucoup de ceux de
nos contrées y en a|outaat néanmoins
qu'on en tua quelques - uns de tout
noirs, et dWtres tout bljands. Quant
liux deux sarcelles , l'une est, dit«il,
de la taille du canard , et a le bec bleùj
l'autre e^t beaucoup plus petite, et l'on
en vit de ces dernières qui avoient les
plumes du ventre taiittes d'incarnat*
■.*»*^ .'*»'.•
DU CAVARD. 3o3
Du reste f ces oiseaux sont en grande
abondance dans ceslles, et du meilleur
goût* •!..,K'
X. Ces canards du détroit de Magel-
lan, qui ^suivant quelques voyageurs,
construisent leurs nids d'une façon
toute particulière f d'un limon pétri et
enduit av«c la plus grande propreté ;
si pourtant cette relation est aussi
vraie | qu'à plusieurs traita elle noua
paroît suspecte et peu sûre.
XI. Le canard peint àe la Nouvelle-
Zélande ^ ainsi nommé dans le second
voyage du capitaine Cook^ et d<^crit
dans les termes suivans: «Il est de la
taille du canard musquéy et les couleurs
de son plumage sont agréablement va-
riées; le mâle et la femelle portent une
tache blanche sur chaque aile y la fe«
melle est blanche à la tête et au cou ,
mais toutes les autres plumes , ainsi
que celles de la tête et du cou du mais ^
sont brunes et variées ?>. . . » .
- XII. Le canard sifflant d bec mou^
f .-■
* •♦■ ?^- ■^ii9ii'^vmmmrt»*'-''>sif^td^''^*9t^
'^-.
^.
âo4 HTSTOIRB NATURELLE '
autrement appelé canard grisât leu de
la Nouvelle-Zélande, remarquable ert
ce que le bec est d^une substance molle
et comme cairtilagineusey de manière
qu'il ne peut guère se nourrir qu^en
ramassant, et pour ainsi dire suçant
les vers que le flot laisse sur U grève.
^ XIII. Le canard à crâte rouge y en-
core de la Nouvelle-Zélande, mais
dont L'espèce »*y est pas çomipune, et
qui n'a été trouvée que sur la rivière,
au fond de là baieDuski: ce canard qui
n'est qu'un peu plus gros que la sar-
celle , est d'un gris-noir très- luisant
au-dessus du dos, et d'une couleur de
soie grisâtre-foncé au ventre ; le bec et
les pieds sont couleur de plomb; l'iris
de l'œil est dorée , et il a une crête
rouge sur la tête. ' <* rn . j
XIV. Enfin , Fernandez donne dix
espèces comme étant du genre du ca-
nard , dont nous omettrons les noms
mexicains, et les descriptions, la plu»
part incomplètes, jusqu^à ce que de
»«.-
-f**;.
ntr c A, ti à. a D, 3o5
nouvelles observations ou ^inspection
des objets viennent servir à les cou'*
pléter et à les faire reconnoitre.
Espèces connues dans ce genre.
(Bec renflé à sa base.)
Le Cygne , anas Çygnus»
L'Oie jabotière , anas Cygnoides» .
L^Oie armée, anas Gambensù, , ; '
L'Oie bronzée , anas Melanotos,
L'Oie de neige , anas Hyperborea,
L'Oie des Terres Magellaniques , anasMa-
gellanica» .^, , ,. , >
L'Oie antarctique , anas ^ntarctica. ,
L'Oie des iles Malouines , anas Leucoptera*
Le Tadorne , anas Tadoma.
Le Canard à tête gi ' ^^ , anas Spectabilis, .
La grande Macreuse , anas fusca»
La Macreuse) anas Nigra.
L'Oie lieuse , anas jélbifrons,
( Base du bec égale et sans caroncule. )
Le Milouinany anas Marila,
L'Oie commune ) anas Anser,
Le Casarca , anas Casarca.
L'Oie d'Egypte y anas JEgyptiaca,
■~ ti
■(«'•^'raâfetw -
^.^w^'
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■ 'i
3o6 HISTOIRE VATURELLB
Xja Bernache, anas JErytkropus.
L'Oie (les Esquimau^ , anas CoBrulescens-
Le Gravant , anas Bemicla*
L'Oie à cravate, anas Canadensis»
L'£ider, anas Jlfollissima»
Le Canard musqué , anas Moschata,
Le Marec , anas Bahamensis.
Le Mareca, anas Brasiliensis.
La Sarcelle religieuse , anas Alheola,
Le Soucliet , anas Clypeaia.
Le Canard des monts Urals , anas Jlfersa,
Le Chipeau , ia/ias Strepera»-
La Sarcelle de Java y anas Falcaria. '
Le petit Canard à grosse tête, anas Buce'
• phala, ' • j
La Sarcelle rousse à longue queue , anas
Dominica,
La Sarcelle à queiie épineuse , anasspinosa.
La Sarcelle d'Egypte , anas Africana.
La Sarcelle de Madagascar, anas Mada*
gascariensis»
La Sarcelle de Coromandel, anas Coro-
mandeliana. '■ ' . —
Le Garrot, anas Clangula»
La Sarcelle de la Caroline , anas Rustîca.
La Macreuse à large bec , anas Ferspicii»
lata,
La Sarcelle du Mexique , anas novos ZTic-
pania» ^
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»tr CANARD. 3o7
Lts Canard à bec membraneux , artas Me»
lacorynchùs.
Le Gingeon , ajias uimericana.
Le Canard siffleur , anas Pénélope.
Le Filet) ou Canard à longue queue, anas
Acuta,
La Sarcelle de Féroé^ anas Hyemalis,
Le Canard de Miclon , anas Glacialis,
Le Milouin , anas Feiina.
La Sarcelle commune , anas Querquedula*
La petite Sarcelle , anas Crecca,
La Sarcelle d^été , anas Circia.
Le Canard à collier de Terre-Neuve , anas
Histrionica,
Le Canard brun , anas .Minuta*
La Sarcelle Soucrourou , anas Discors*
Le Canard à face blanche , anas Viduata»
Le Canard siffleur à bec rouge , anas uâu-
tumnalis*
Le Canard sauvage, anas Boschas,
La Sarcelle de la Chine , anas Galericu-
lata.
Le beau Canard huppé , anas Sponsa,
Le Canard siffleur à bec noir , anas Arho*
rea.
Le Canard siffleur huppé , anas Rufina»
Le Canard d*Arabie , anas Arabica,
Le Petit Morillon , anas Fuligula,
VXK DV TOME SIXIÈME*
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