Skip to main content

Full text of "Histoire naturelle de Buffon [microforme] : classée par ordres, genres et espèces, d'après le système de Linné avec les caractères géné riques et la nomenclature Linnéenne"

See other formats


^A  ^.  %^ 


/a 


7 


IMAGE  EVALUATION 
TEST  TARGET  (MT-3) 


Photographie 

Sciences 

Corporation 


*v    ^°  ^^ 


/. 


Z/. 


« 


• 

1.0 

Il    E 1^  Nâs; 

'"'—  "  m 

'•^-  lia 

g 

1 

< — — 

S"     

A 

33  WIST  MAIN  STRIIT 

W»STIR,N.Y.  14SS0 

(716)  «73-4303 


CIHM/ICMH 

Microfiche 

Séries. 


CIHIVI/ICIVIH 
Collection  de 
microfiches. 


Canadian  Instituta  for  Hiatorica)  Microraproductiona  /  Inatitut  canadian  da  microraproductiona  hiatoriquaa 


J 


1 


iV 


Technical  and  Bibliographie  Notas/Notas  tachniquas  at  bibiiographiquas 


Tha  Institute  bas  attamptad  to  obtain  tha  baat 
original  copy  availabla  for  filming.  Faaturaa  of  thia 
copy  which  may  ba  bibliographicaliy  uniqua, 
which  may  aitar  any  of  tha  imagaa  in  tha 
raproduction.  or  which  may  aignificantly  changa 
tha  uaual  mathod  of  filming.  ara  chackad  balow. 


D 


D 
D 
D 
D 
E! 
D 


D 


0 


Colourad  covara/ 
Couvartura  da  eoulaur 


I     I    Covara  damagad/ 


Couvartura  andommagéa 

Covara  raatorad  and/or  laminatad/ 
Couvartura  raatauréa  at/ou  palliculéa 

Covar  titia  miaaing/ 

La  titra  da  couvartura  manqua 

Colourad  inapa/ 

Cartaa  géographiquaa  an  eoulaur 

Colourad  ink  (i.a.  othar  than  blua  or  black)/ 
Encra  da  eoulaur  (i.a.  autra  qua  blaua  ou  noira) 

Colourad  plataa  and/or  illuatrationa/ 
Plancbaa  at/ou  illuatrationa  tn  eoulaur 

Bound  with  othar  matarial/ 
Rallé  avac  d'autraa  doeumanta 


r~y\    Tight  binding  may  cauaa  ahadowa  or  diatortion 


along  intarior  margin/ 

Laroliura  sarréa  paut  eauaar  da  l'ombra  ou  da  la 

diatoraion  la  long  da  la  marga  intériaura 

Blank  laavat  addad  during  raatoratlon  may 
appaar  within  tha  taxt.  Whanavar  poaaibla,  thaaa 
hava  baan  omittad  from  filming/ 
Il  sa  paut  qua  cartainaa  pagaa  blanchaa  ajoutéaa 
(ors  d'una  raatauration  apparaiaaant  dana  la  taxta. 
mais,  lorsqua  cala  était  possibla.  cas  pagaa  n'ont 
paa  été  filméas. 


L'Institut  a  microfilmé  la  maiilaur  axamplaira 
qu'il  lui  a  été  possibla  da  sa  prosurar.  Les  détails 
da  cat  axamplaira  qui  sont  paut-étra  uniquas  du 
point  da  vua  bibiiographiqua,  qui  pauvent  modifier 
una  image  reproduite,  ou  qui  peuvent  exiger  une 
mcJIfication  dana  la  méthode  normale  de  filmage 
sont  indiqués  ci-dessous. 


Thec 
to  thi 


D 
D 

D 
Q 

D 


D 


Colourad  pages/ 
Pages  da  couleur 

Pagaa  damagad/ 
Pagaa  endommagées 

Pages  restored  and/or  laminatad/ 
Pages  restaurées  et/ou  pelliculées 

Pages  discoioured,  stainad  or  foxed/ 
Pages  décolorées,  tachetées  ou  piquées 

Pagaa  datachad/  ' 

Pages  détachées 


0Showthrough/ 
Transparence 


I      I   Quality  of  print  varies/ 


Qualité  inégala  da  l'impression 

Ineludes  supplementary  matériel/ 
Comprend  du  matériel  supplémentaire 


Only  édition  availabla/ 
Seule  édition  disponible 

Pagaa  wholly  or  partially  obscurad  by  errata 
slips,  tissues.  etc.,  hava  been  refilmed  to 
ensure  the  best  possible  image/ 
Les  pages  totalement  ou  partiellement 
obscurcies  par  un  feuillet  d'errata,  une  pelure, 
etc.,  ont  été  filmées  é  nouveau  de  façon  é 
obtenir  la  meilleure  image  possible. 


Thel 

possi 
of  th 
filmii 


Origi 
begii 
the  II 
sion. 
othei 
first 
sion. 
or  illi 


Thel 
shall 
TINl 
whic 

Mapi 
diffe 
entir 
begii 
right 
requi 
meth 


Additional  commenta:/ 
Commentaires  supplémentaires: 


Lsi  pages  f roiuéM  psuvsnt  cauMr  do  la  dïitorsion. 


This  item  Is  filmed  at  tha  réduction  ratio  chacked  below/ 

Ce  document  est  filmé  au  taux  da  réduction  Indiqué  ci-dessous. 


lUA 

l«A 

IDA 

^A 

4COA 

JUA 

y 

1 
1 

12X 


1«X 


20X 


24X 


28X 


32X 


The  copy  filmed  hère  has  been  reproduced  thanks 
to  the  generosity  ol: 

.    Seminary  of  Québec 
■^'V;;:   Librery 

The  images  appearing  hère  are  the  beat  qîiallty 
possible  considering  the  condition  and  legibiiity 
of  the  original  copy  and  in  keeping  with  the 
filming  contract  spécifications. 


Original  copies  in  printed  paper  covers  are  filmed 
beginning  with  the  front  cover  and  anding  on 
the  last  page  with  a  printed  or  iiiustrated  impres* 
sion.  or  the  back  cover  when  appropriate.  AH 
other  original  copies  are  filmed  beginning  on  the 
first  page  with  a  printed  or  iiiustrated  impres- 
sion, and  ending  on  the  last  page  with  a  printed 
or  iiiustrated  impression. 


L'exemplaire  filmé  fut  reproduit  grâce  à  la 
générosité  àr. 

Séminaire  de  Québec 
Bibliothèque 

Les  images  suivantes  ont  été  reproduites  avec  le 
plus  grand  soin,  compte  tenu  de  la  condition  et 
de  la  netteté  de  l'exemplaire  filmé,  et  en 
conformité  avec  les  conditions  du  contrat  de 
fiimage. 

Les  exemplaires  originaux  dont  la  couverture  en 
papier  est  imprimée  fo.nt  filmés  en  commençant 
par  le  premier  plat  et  en  terminant  soit  par  la 
dernière  page  qui  comporte  une  empreinte 
d'impression  ou  d'illustration,  soit  par  ie  second 
plat,  selon  le  cas.  Tous  les  autres  exemplaires 
originaux  sont  filmés  en  commençant  par  la 
première  page  qui  comporte  une  empreinte 
d'impression  ou  d'illustration  et  en  terminant  par 
la  dernière  page  qui  comporte  une  telle 
empreinte. 


The  last  recorded  frame  on  each  microfiche 
shail  contain  the  symbol  -^>(meaning  "CON- 
TINUED").  or  the  symbol  Y  (meaning  "END"), 
whichever  applies. 

Maps,  plates,  charts,  etc.,  may  be  filmed  at 
différent  réduction  ratios.  Those  too  large  to  be 
entireiy  included  in  one  exposure  are  filmed 
beginning  in  the  upper  ieft  hand  corner,  left  to 
right  and  top  to  bottom,  as  many  frames  as 
required.  The  foiiowlng  diagrams  iiiustrate  the 
method: 


Un  des  symbples  suivants  apparaîtra  sur  la 
dernière  image  de  chaque  microfiche,  salon  le 
cas:  le  symbole  — ^  signifie  "A  SUIVRE",  ie 
symbole  V  signifie  "FIN". 

Les  cartes,  planches,  tableaux,  etc.,  peuvent  être 
filmés  à  des  taux  de  réduction  différants. 
Lorsque  le  document  est  trop  grand  pour  être 
reproduit  en  un  seul  cliché,  il  est  filmé  é  partir 
de  l'angle  supérieur  gauche,  de  gauche  è  droite, 
et  de  haut  en  bas.  en  prenant  le  nombre 
d'images  nécessaire,  lies  diagrammes  suivants 
illustrent  la  méthode. 


1 

2 

3 

1 

2 

3 

4 

5 

6 

i**^S* 


W4  M 


^■•w- 
m 


At^Mr    -rt'     ^ 


l>.î'A 


L^i 


■Si   vs' 


fef» 


^' 


■^ 


HIl 


sy  •«  4? 


v^ 


■A 


1  f 


r^l    . 


1^-' 


••*..  S      , 


\  . 


l^- ,  -'■'.,.^\  ' 


';-:^-;si'^:^^^*\i"^''''-'{3-^ 


■î^;yjff«Ç'-V«'v  *• 


•r*' 


^.         1! 


«  *  -. 


il**?-  1 


HISTOIRE    NATURELLE 


DE    BUFFON. 


6 


^1 


.     I 


OISEAUX. 


TOME     y  I^ 


1 


&m 


v 
I 


I 


:i 


v.l;.!'. 


■i.     -j.    ;^'    Ci 


".v*    A*  \- 


/      v 


■^ 


IH„ 


1^ 


HISTOIRE  N 
DE   BU 

classée  par  ordres, 

d'après  le  système  de 

AVEC  LES  CARACTÈRES  GÉNÉRIQUES 

et  la  nomenclature  Linnéenne; 

Far  RENÉ-RICHARD  CASTEL ,  auteur  du  poëme 
des  Plantes» 


NOUVELLE 


TOME 


V 


îi-. 


! 


f 


\ 


hr    ) 


UE  L'IMPRIMERIE  DE  CHAPELET. 

A    PARIS, 

Chez  D^TERYiLLE,  lue  du  Battoir;  u^  16. 
AN    X  —  1802. 


é\ 


r*^  "  ■"*• 


»*'•?»♦'»       "    '  ■> 


■        .  .  •.    f.    »  ..    ■  r,   ,.f  ,      ,j.. 


"l    f     •*. 


'/-it.' 


.^•.««f««(i..  , 


3l*U-.;îi'  -'i/'l 


^..     *'.- 


H      ■  >  't.        t 


;  .il.   ; 


*     /■  t    » 


.U  4       .* 


.  '     .*J^»    ,..•*,« 


i  !■-  i 


,  (. 


'km»  *.    à    4u 


•i  î  f. 


i 


,Â!«;ii.-.iï:«>  ;.- ii'ï!,.',!-.; 


l'a. 


i'aa.2.  - 


Icrn .  71. 


TT  * 


«TÏT 


X   LE    CIGTSTE.    a.Ii'OIE  a)K  GUINKE. 


iisi^ihzir'èiiîù 


■"FI 


'M»Bmvjiiimm»i.;^'r'mmi»r«fyf  *  jjtm 


J J ï$'f^m'k  s  K  A  n J  R  iVf. J.  E 


i>Es  o;sî:aux, 


lur.'srrttiW'  raEît!r:;rtîttr.ssxnr4i-r:..JrTsr-: 


;rït=i-:r=S5.'3t«& 


•_/._ „_     .     ■ 

i*  ïi,    C  Y  .0  JM  î:-.. 
^<^;î  ih-*'.  '■•Mr *■-•>??  .;  'It  ^-ifi.rûue  iil  U;;^ 


4& 


'•    Ji 


'7 


> 


ri 


^m. 


■^i'^ 


<r 


m 


j'»?V^^>»  <">»**»«  '«»■ 


.41  -,j4fii**ï« 


jy 


^4#i^ 


«« 


>♦ 


•ù 


k' 


A 


/  ■  ^ 


.rli-i*^ 


■^^ 


«    •  -  • 


-M 

•  ■  <i 

I 


"1  1 


wl 


"    ir 


v-f^/' 


'■n: 


-.^*4 


il:-,  l 


-,    ■      ■  ■    .  ■ .  . ..•'  ■'-'  .-..  ■    '  ■"     'ivife.- 


■ï  ■• 


■'*Ë^J!.':K_.  ^«;\ 


.;(■.?. 


■# 


1*1 

.■4: 

"  I 

Mil 

> 

* 

! 

■   il 

. 

\t,. 

M* 

....  -.J 

'    " 

■  > 

;>■« 

•  -  ,i  i.;- 

■■'.'•V 

1  < 

.•.  I-I 

•'.•  r-?t  1 

g 

■    i 

HISTOIRE  NATURELLE 
DES   OISEAUX. 


t .  > 


».  ;    i      » 


:     4 


XXVII  le    GENRE. 


LE   CANARD,  a  n  a  s. 

'  *"     (Bec  dentelé.) 

Caractère  générique  :  bec  onguiculé  | 
garni  de  dentelures  membraneuses. 

L  E    C  Y  G  N  E. 

XJANStoutesociëtéySoitdesanimauX) 
soit  des  hommes  9  la  violence  £t  les 
tyrans ,  la  douce  autorité  fait  les  rois  : 
le  lion  et  le  tigre  sur  la  terre,  l'aigle  et 
Oiseaux.  YI.  1 


1^ 


t  •  *"■'%-.. 


■ 


WÊ'  histoire   KAtUlLELLB 

le  vautour  dans  les  airs ,  ne  régnent 
que  par  Tabus  de  la  force  et  par  la 
cruauté  ,  au  lieu  que  le  cygne  règne 
sur  les  eaux  à  tous  les  titres  qui  fon« 
dent  un  empire  de  paix  y  la  grandeur  ^ 
la  majesté  ^  la  douceur ,  avec  des  puis* 
sances  y  des  forces  y  du  courage  et  la 
volonté  de  n'en  pas  abuser  ,  et  de  ne 
les  employer  que  pour  la  défense  :  il 
sait  combattre  et  vaincre  sans  jamais 
attaquer;  roi  paisible  des  oiseaux  d'eaU| 
il  brave  les  tyrans  de  l'air  :  il  attend 
Taigle  sans  le  provoquer^  sans  le  crain- 
dre ;  il  repousse  ses  assauts,  en  oppo- 
santà  ses  armes  la  résistance  de  ses  plu- 
mes et  les  coups  précipités  d'une  aile 
vigoureuse  qui  lui  sert  d'égide  y  et 
souvent  la  victoire  couronne  ses  ef- 
forts. Au  reste ,  il  n'a  que  ce  fier  enne* 
mi  )  tous  les  oiseaux  de  guerre  le  res- 
pectent,  et  il  est  en  paix  avec  toute  la 
nature  ;  il  vit  en  ami  plutôt  qu'en  roi 
au  milieu  des  nombreuses  peuplades 
des  oiseaux  aquatiques,  qui  toutes  sem  j 


,.', 


1    ^ .  ^  i'- 


"1 


DVCANARD.  3 

blent  se  ranger  sous  sa  loi;  il  n^estque 
le  chef,  le  premier  habitant  d'une  ré- 
publique tiranquille  j  où  les  citoyens 
n'ont  rien  à  craindre  d'un  mattre  qui 
ne  demande  qu'autant  qu'il  leur  ac- 
corde, et  ne  veut  que  calme  et  liberté. 

Les  grâces  de  la  figure,  la  beauté  de 
la  forme  répondent ,  dans  le  cygne  ,  à 
la  douceur  du  naturel  ;  il  platt  à  tous 
les  yeux,  il  décore,  embellit  tous  les 
lieux  qu'il  fréquente  ;  on  l'aime  ,  on 
l'applaudit,  on  l'admire;  nulle  espèce 
ne  le  mérite  mieux  ;  la  nature  en  effet 
n'a  répandu  sur  aucune  autant  de  ces 
grâces  nobles  et  douces,  qui  nous  rap« 
pellent  L'idée  de  ses  plus  charmans  ou- 
vrages ;  coupe  de  corps  élégante, for- 
mes arrondies  ,  gracieux  contours  ^ 
blancheur  éclatante  et  pure,  mouve- 
mens  flexibles^  et  ressentis  ,  attitudes 
tantôt  animée^,  tantôt  laissées  dans 
un  mol  abandon ,  tout  dans  le  cygne 
respire  la  volupté,  l'enchantement  que 
nous  font  éprouver  les  grâces  et  la 


■■  il 


n 


l'f: 


Ait.* 


»ii«,»--«..'if:.,_ 


4  HISTOIRE    NATURELLE 

beauté  ;  tout  nous  ^annonce  ,  tout  le 
peint  comme  Poiseau  de  Tamour,  tout 
justifie  la  spirituelle  et  riante  mytholo- 
gie 9  dVvoir  donné  ce  charmant  oiseau 
pour  père  à  la  plus  belle  des  mortelles. 
A  sa  noble  aisance^  à  la  facilité^  la 
liberté  de  ses  mouvemens  sur  l'eau  y 
on  doit  le  reconnoitre,  non-seulement 
comme  le  premier  des  navigateurs  ai- 
lés, mais  comme  le  plus  beau  modèle 
que  la  nature  nous  ait  offert  pour  Part 
de  la  navigation.  Son  cou  élevé  et  sa 
poitrine  relevée  et  arrondie,  semblent 
en  effet  figurerla  proue  du  navire  fen- 
dant Ponde;  son  large  estomac  en  re- 
présente la  carène ,  son  corps  penché 
en  avant  pour  cingler ,  se  redresse  à 
rartière  et  se  relève  en  poupe;  la  queue 
est  un  vrai  gouvernail  ;  les  pieds  sont 
de  larges  rames  ,  et  ses  grandes  ailes 
demi-ouvekrtes  au  vent  et  doucement 
enflées ,  sont  les  voiles  qui  poussent 
le  vaisseau  vivant^  navire  et  pilote  à- 


'Il 


'•»-vSJ 


1^1 


D  U      C  A  W  A  R  D.  5 

Fier  de  sa  noblesse,  jaloux  de  sa 
beauté  y  le  cygne  semble  faire  parade 
de  tous  ses  avantages  ;  il  a  Pair  de 
chercher  à  recueillir  des  suffrages  ,  à 
captiver  les  regards,  et  il  les  captive  en 
effet,  soit  que  voguant  en  troupe,  on 
voie  de  loin  ,  au  milieu  des  grandes 
eaux ,  cingler  la  flotte  ailée ,  soit  que 
8*en  détachant  et  s^approchant  du  ri- 
vage aux  signaux  qui  Rappellent ,  il 
vienne  se  faire  admirer  de  plus  près  y 
en  étalant  ses  beautés,  et  développant 
ses  grâces  par  mille  mouvemens  doux  ^ 
ondulans  et  suaves. 

Aux  avantages  de  la  nature,  le  cygne 
réunit  ceux  de  la  liberté  ;  il  n'est  pas 
du  nombre  de  ces  esclaves  que  nous 
puissions  contraindre  ou  renfermer  ; 
libre  sur  nos  eaux,  il  n'y  séjourne,  ne 
s'établitqu'enyjouissantd'assezd'indé- 
pendance  pour  exclure  tout  sentiment 
de  servitude  et  de  captivité;  il  veut  à 
son  gré  parcourir  les  eaux ,  débarquer 
aurivage^  s^éloignerau  large  ou  venir |! 


y- 


r 


^iTk 


6  HTStOIRB    NATURELLl! 

longeant  la  rive^  s'abriter  sur  les  bordsy 
se  cacher  dans  les  joncs  ^s'enfoncer  dans 
les  anses  les  plus  écartées  ^  puis  quitter 
sa  solitude,  revenir  àla  société,  et  jouir 
du  plaisir  qu'il  paroit  prendre  et  goû- 
ter en  s'approchant  de  l'homme,  pour- 
vu qu*il  trouve  en  nous  ses  hôtes  et  ses 
amis,  et  non  ses  maîtres  et  ses  tyrans. 

Chez  nos  ancêtres,  trop  simples  ou 
trop  sages  pour  remplir  leurs  jardins 
des  beautés  froides  de  l'art  en  place  des 
beautés  vives  de  la  nature  ,  les  cygnes 
étoient  en  possession  de  faire  l'orne- 
ment de  toutes  les  pièces  d'eau  ;  ilsanî- 
moient,  égayoient  les  tristes  fossés  des 
châteaux ,  ils  décoroient  la  plupart  des 
rivières,  et  même  celle  de  la  capitale; 
et  l'on  vit  l'un  des  plus  sensibles  et  des 
plus  aimables  de  nos  princes  mettre  au 
nombre  de  ses  plaisirs  ,  celui  de  peu- 
pler de  ces  beaux  oiseaux,  les  bassins 
de  ses  maisons  royales  :  on  peut  encore 
jouir  aujourd'hui  du  même  spectacle 
Aur  les  belles  eaux  de  Chantilly,  où  les 


i 


BUCANABD.  y 

cygnes  font  un  des  ornemens  de  ce  lieu 
vraiment  délicieux^  dans  lequel  tout 
respire  le  noble  goût  du  maître. 

Le  cygne  nage  si  vite  y  qu'un  homme 
marchant  rapidement  au  rivage^  a  gran- 
de peine  à  le  suivre.  Ce  que  dit  Albert^ 
qu'il  nage  bien  ^  marche  mal  et  vole 
médiocrement ,  ne  doit  s'entendre  ^ 
quant  au  vol,  que  du  cygne  abâtardi 
par  une  domesticité  forcée  ;  car ,  libre 
sur  nos  eaux  et  sur-tout  sauvage,  il  a  le 
vol  très-haut  et  très-puissant  ;  Hésiode 
lui  donne  i'épithète  à^ altivolans\  Ho- 
mère le  range  avec  les  oiseaux  grands 
voyageurs,  les  grues  et  les  oies;  et  Plu- 
tarque  attribue  à  deux  cygnes  ce  que 
Pindare  feint  des  deux  aigles  que  Ju« 
pi  ter  fit  partir  des  deux  côtés  opposé» 
du  monde,  pour  en  marquer  le  milieu 
au  point  où  ils  se  rencontrèrent. 

Le  cygne,  supérieur  en  tout  à  l'oie  ^ 
qui  ne  vit  guère  que  d'herbages  et  de 
graines,sait8e  procurer  une  nourriture 
plus  délicale  et  moins  commune;  il  rus» 


8  HISTOIRE   NATUKELLS 

sans  cesse  pour  attraper  et  saisir  du 
poisson;  il  prend  mille  attitudes  diffé- 
rentes pour  te  succès  de  sa  pêche  ,  et 
tire  tout  davantage  possible  de  son 
adresse  et  de  sa  grande  force;  il  sait  évi- 
ter ses  ennemis  ou  leur  résister  ;  un 
vieux  cygne  ne  craint  pas  dans  l'eau  le 
chien  le  plus  fort;  son  coup  d'aile  pour- 
roit  casser  la  jambe  d'un  homme,  tant  il 
est  prompt  et  violent;  enfinil  paroi  t  que 
le  cygne  ne  redoute  aucune  embûche, 
aucun  ennemi ,  parce  qu'il  a  autant  de 
courage  que  d'adresse  et  de  force. 

Les  cygnes  sauvages  volent  en  gran- 
des troupes,  et  de  même, les  cygnes  do« 
mestiques  marchent  et  nagent  attrou- 
pés; leur  instinct  social  est  en  tout  très- 
fortement  marqué.  Cet  instinct,le  plus 
doux  de  la  nature^  suppose  des  mœurs 
innocentes,  des  habitudes  paisibles, et 
ce  naturel  délicat  et  sensible  qui  sem- 
ble donner  aux  actions  produites  par 
ce  sentiment,  l'intention  et  le  prix  des 
qualités  morales.  Le  cygne  a,  deplusy 


i 


)         À 


\  ■ 


DU      CA17AIID.  '     f 

Tavantage  de  jouir  jusqu'à  un  âge  ex* 
trêmement  avancé  y  de  sa  belle  et  douce 
existence  ;  tous  les  observateurs  s'ac- 
cordent à  lui  donner  une  très-longue 
vie  ;  quelques-uns  même  en  ont  porté 
la  durée  jusqu'à  trois  cents  ans;  ce 
qui  sans  doute  est  fort  exagéré  :  mais 
Willulghby  ayant  vu  une  oie,  qui,  par 
preuve  certaine ,  avoit  vécu  cent  ans  y 
n'hésite  pas  à  conclure  de  cet  exemple^ 
que  la  vie  du  cygne  peut  et  doit  être 
plus  longue ,  tant  parce  qu'il  est  plus 
grand,  que  parce  qu'il  faut  plus  de> 
temps  pour  faire  éclore  ses  œufs,  l'in- 
cubation dans  les  oiseaux  répondant 
au  temps  de  la  gestation  dans  les  ani- 
maux, et  ayant  peut-être  quelque  rap- 
port au  temps  de  l'accroissement  du 
corps ,  auquel  est  proportionnée  la  du- 
rée de  la  vie  :  or  le  cygne  est  plus  de 
deuxansàcrottre  ;  et  c'est  beaucoup, 
car,dans  les  oiseaux,  le  développement 
entier  du  corps  est  bien  plus  prompt  que 
dans  les  animaux  quadrupèdes. 
Oiseaux.  YI.  a 


\  ■'- 


/-. 


^r. 


10  HISTOIRE    VATUIIELLE 

La  femelle  du  cygne  couve  pendant 
six  semaines  au  moins;  elle  commence 
à  pondre  au  mois  de  février  :  elle  mety 
comme  Poie  y  un  jour  d'intervalle  en- 
tre la  ponte  de  chaque  œuf;  elle  en  pro« 
duit  de  cinq  à  huit,  et  communément 
six  ou  sept;  ces  œufs  sont  blancs  et 
oblongs ,  ils  ont  la  coque  épaisse  et  sont 
d'une  grosseur  considérable;  le  nid  est 
placé  tantôt  sur  un  lit  d'herbes  sèches 
au  rivage,  tantôt  sur  un  tas  de  roseaux 
abattus  ,  entassés  et  même  ilottans  sur 
l'eau.  Le  couple  amoureux  se  prodigue 
les  plus  douces  caresses,  et  semble 
chercher  dans  le  plaisir  les  nuances  de 
la  volupté  ;  ils  y  préludent  en  entrela* 
çant  leurs  cous  ;  ils  respirent  ainsi  l'i- 
vresse d'un  long  embrassement  ;  ils  se 
communiquent  le  feu  qui  les  embrase, 
et  lorsqu'enfin  le  mâle  s'est  pleinement 
satisfait ,  la  femelle  brûle  encore  ;  elle 
le suit,l'excite,l'enflamme de  nouveau, 
6t  finit  par  le  quitter  à  regret  pour  aller 


¥r*y*s^ 


ii  Pi- 


DU     CANARD.  11 

éteindre  le  reste  de  ses  feux  en  ^  la- 
vant dans  Peau. 

Les  fruits  d^amours  si  vives  sont  ten- 
drement chéris  et  soignés;  la  mère  re- 
cueille nuit  et  jour  ses  petits  sous  ses 
ailes ,  et  le  père  se  présente  avec  intré- 
pidité  pour  les  défendre  contre  tout  as- 
saillant ;  son  courage  dans  ces  momens 
n^est  comparable  qu'à  la  fureur  avec 
laquelle  il  combat  un  rival  qui  vient  le 
troubler  dans  la  possession  de  sa  bien* 
aimée;  dans  ces  deux  circonstances  ^ 
oubliant  sa  douceur ,  il  devient  féroce 
et  il  se  bat  avec  acharnement  (i);  sou« 

(i)  La  Charente  a  son  commencement  et 
sources  de  deux  fontaines ,  l'une  nommée 
charannat,  et  l'autre  l'admii 
vrey  lesquelles  y  rangées  ej 
donnent  être  etnom  à  la 
sont-elles  un  vrai  repc 
nombre  de  cygnes  qua^ 
l'oiseau  le  plus  noble  , 
plus  familier  de  tous  auti 
res  ;  il  est  vrai  qu'il  est 
cqj^ie  quand  il  est  irrité  \  'ce 


>. 


\ 


l-a         HISTOIRE    NATURELLE 

vent  un  jour  entier  ne  suffit  pas  pour 
vider  leur  duel  opiniâtre  :  le  combat 
commence  à  grands  coups  d'ailes ,  con- 
tinue corps  à  corps  y  et  finit  ordinaire- 
ment par  la  mort  d'un  des  deux  |  car 
ils  cherchent  réciproquementàs'étouf* 
fer  en  se  serrant  le  cou  et  se  tenant  par 
force  la  tête  plongée  dans  l'eau^  ce  sont 
vraisemblablement  ces  combats  qui  ont 


une  maison  joignant  ladite  louvre  :  deux 
cygnes  s'étant  attaqués  l'un  à  l'autre  en  telle 
furie ,  qu'ils  combattirent  jusqu'à  l'extrémité 
de  la  yie;  quoi  voyant ,  quatre  autres   de 
leurs  compagnons  soudain  y  accoururent  f 
et ,  comme  si  ce  fussent  personnes  ,  tâchè- 
rent à  les  séparer  et  les  réduire  en  concorde 
et  mutuel  amout ,  en  bonne-foi ,  méritant 
mieux  le  nom  de  prodige  ,  que  nom  qu'on 
lu!  sut  donner.  Mais ,  si  on  leur  démontre 
jpareille  douceur  qu'est  la  leur  naturelle,  et 
/.      /qu'oa^les  amadoue  et  applaudisse  un  peu  y 
l,      i  lors  ils  se  montrent  doux  et  paisibles  ,  et 
L  \'.  prenni^nt,  plaisir  à  yoir  la  face  de  l'homme. 
V   ?.  Cosmographie  du  Levant ,  par  André  The^ 
\J  V0t^Liyon,  i554>  pages  189  et  i*.)0. 


•■*« 


et 


2>  U     C  A  K  A  R  D.  l3 

fait  croire  aux  anciens  que  les  cygnes  se 
dévoroient  les  uns  les  autres;  rien  n'est 
moins  vrai)  mais  seulement  ici ,  comme 
ailleurs  ^  les  passions  furieuses  naissent 
de  la  passion  la  plus  douce  j  et  c'est 
l'amour  qui  enfante  la  guerre. 
.  £n  tout  autre  temps  ils  n'ont  que 
des  habitudes  de  paiX)  tous  leurs  sen- 
timens  sont  dictés  par  l'amour;  aussi 
propres  que  voluptueux  j  ils  font  toi- 
lette assidue  chaque  jour  ;  on  les  voit 
arranger  leur  plumage  ^  le  nettoyer^  le 
lustrer  et  prendre  de  l'eau  dans  leur 
bec  pour  la  répandre  sur  le  dos ,  sur  les 
ailes  )  avec  un  soin  qui  suppose  le  désir 
déplaire,  et  ne  peut  être  payé  que  par 
le  plaisir  d'être  aimé.  Le  seul  temps  où 
la  femelle  néglige  sa  toilette,  est  celui 
de  la  couvée  ;  les  soi/is  maternels  l'oc- 
cupent alors  toute  entière  ;  et  à  peine 
donne-t«elle  quelques  instans  aux  be- 
soins de  la  nature  et  à  sa  subsistance. 

Les  petits  naissent  fort  laids  et  seu- 
lement couverts  d'un  duvet  gris  ou 


•• 


'ifif^ 


\ 


14  «iSTûimE   WATURELtB 

jaunâtre  ,  comme  les  oisons  ;  leurs 
plumes  ne  poussent  que  quelques  se* 
niâmes  après  y  et  sont  encore  de  la 
même  couleur;  ce  vilah*  ^  u  -Tage 
changée  à' la  première  mue  |  au  mois  de 
septembre  ;  ils  pré«ment  alors  beau- 
coup de  plumes  blancLeS|  d'autres  plus 
hlondes  que  grises  ,  sur-tout  à  la  poi- 
trine et  sur  le  dos;  ce  plumage  chamarré 
tombe  à  la  Seconde  mue  ,  et  ce  n'est 
qu'à  dix-huit  mois  et  même  à  deux 
ans  d'âge ,  que  ces  oiseaux  ont  pris 
leur  belle  robe  d'un  blanc  pur  et  sans 
tache  I  ce  n'est  aussi  que  dans  ce  temps 
qu'ils  sont  en  état  de  produire. 

Les  jèuiies  C3rgnes  suivent  leur  mère 
pendant  \b  premier  été  j  mais  ils  sont 
forcés  de  la  quitter  au  mois  de  novem- 
bre; les  mâles  adultes  les  chassent  pour 
«tre  pl*\S  libres  auprès  des  femelles; 
ces  jenne*"  ?»  laux,  ^  .t  exilés  de  leur 
famihi;|  i>e  rassemblent  par  la  nécessité 
de  leur  sort  commun  ;  ils  se  réunissent 
en  troupes  et  ne  se  quittent  que  pour 


- 


;  leurs 
jues  8e« 
e  âe  la 

mois  fie 
5  beau- 
'es  plus 
lapoi- 
amarré 
;e  n'est 
à  deux 
nt  pris 
et  sans 
2  temps 

•  ■ 

r  mère 
is  sont 
ovem- 
itpour 
leiies  ; 
le  leur 
cessité 
tissent 
I  pour 


C  U     C  A  K  ▲  n  D.  tf 

s^apparier   et  former  eux-mêmes  de 
nouvelles  familles. 

Gomme  le  cygne  mange  assez  sou» 
vent  des  herbes  de  marécages ,  et  prin^- 
cipalement  de  Palgue  ,  il  sVtabiit  de 
préférence  sur  les  rivières  d'un  coura 
sinueux  et  tranquille  ,  dont  les  ri  /es 
àont  bien  fournies  d'herbages  ;  les  an- 
ciens ont  cité  le  JMéan  drcj  le  Âfincion^ 
le  Strymon,  le  Caystre,  fleuves  fameux 
par  la  multitude  des  oygnes  dont  on 
les  voit  couverts;  Plie  chérie  de  Vénusy 
Paphos,  en  étoit  remplie .  Strabon  parle 
des  cygnes  d*£spagne  y  et  ^  suivait 
.AElien,  l'on  en  voit  de  temps  en  temps 
paroitre  sur"  la  mer  d'Afrique  ^  d'où 
l'on  peut  juger  y  ainsi  que  par  d'autres 
indications ,  que  l'espèce  se  porte  jus» 
ques  dans  les  régions  du  midi  ;  néan- 
moins y  celles  du  nord  semblent  être 
la  vraie  patrie  du  cygne ^  et  son  domi- 
cile de  choix,  puisque  c'est  dans  les 
contrées  septentrionales  qu^il  niche  et 
multiplie.  Dans  nos  provinces  |  nous 


y 


4i< 


à 


'^m^» 


w , 


J 


16  HISTOIRE    NATURELLE 

ne  voyons  guère  de  cygnes  sauvages 
que  dans  les  hivers  les  plus  rigoureux  ; 
Gessner  dit  qu'en  Suisse  ,  on  s'attend 
à  un  rude  et  long  hiver  ,  quand  on  voit 
arriver  beaucoup  de  cygnes  sur  les 
lacs.  C'est  dans  cette  même  saison  ri* 
goureuse,  qu'ils  paroissent  sur  les  c6teè 
de  France  ,  d'Angleterre  et  sur  la  Ta- 
mise )  où  il  est  défendu  de  les  tuer  ^ 
sous  peine  d'une  grosse  amende  ;  plu- 
sieurs de  nos  cygnes  domestiques  par- 
tent alors  avec  les  sauvages,  si  l'on  n'a 
<pas  pris  la  précaution  d'ébarber  les 
grandes  plumes  de  leurs  ailes. 

Néanmoins  quelques-uns  nichent  et 
passent  l'été  dans  les  parties  septen- 
trionales de  l'Allemagne, dans  la  Prusse 
etlaPologne;  et,  en  suivant  à-peu-près 
cette  latitude,  on  les  trouve  sur  les 
fleuves  près  d'Azof  et  vers  Astracan , 
en  Sibérie,  chez  les  Jacultes  ,  àSélë- 
ginskoi  ,  et  jusqu'au  Kamtschatka; 
dans  cette  même  saison  des  nichées , 
on  les  voit  en  très-grand  nombre  sur 


-t=^j^ 


-,*-:*' W^'*' 


! 


DU      CANARD.  1^ 

les  rivières  et  les  lacs  de  la  Laponie  ;  ils 
6^y  nourrissent  d^œufs  et  de  chrysalides 
d'une  espèce  de  moucherons  dont  sou« 
ventla  surface  de  ces  lacs  est  couverte. 
Les  Lapons  les  voient  arriver  au  prin- 
temps du  câté  de  la  mer  d'Allemagne; 
une  partie  s'arrête  en  Suède ,  et  sur- 
tout en  Scanie.  Horrebows  prétend 
qu'ils  restent  toute  l'année  en  Islande  ^ 
et  qu'ils  habitent  la  mer  lorsque  les 
eaux  douces  sont  glacées;  mais ,  s'il  en 
demeure  en  effet  quelques-uns  y  le 
nombre  suit  la  loi  commune  de  migra<« 
tion ,  et  fuit  un  hiver  que  l'arrivée  des 
glaces  du  Groenland  rend  encore  plus 
rigoureux  en  Islande  qu'en  Laponie. 

Ces  oiseaux  se  sont  trouvés  en  aussi 
grande  quantité  dans  les  parties  sep- 
tentrionales de  l'Amérique  ,  que  dans 
celles  de  l'Europe.  Ils  peuplent  la  baie 
d'Hudson  ,  d'où  vient  le  nom  de  cary» 
swan*s-nest  ^  que  l'on  peut  traduire 
porte-nid  de  cygne ,  imposé  par  le  ca- 
pitaine Button^  à  cette  longue  pointe 


/) 


1;, 

n 

/ 

'  i 

\ 

é 

\ 

* 

\ 

/ 

) 

i 

i 

1     ■) 


il 


y 
t." 


^\ 


)'. 


18  HliSTOIRE    NA.TU11ELLE 

de  terre  qui  sVvânce  du  nord  dans  la 
baie.  Ellis  a  trouve  des  cygnes  jusques 
sur  l'i'/eé/eJkrar^re,qui  n'est  qu'un  amas 
de  rochers  bouleversés,  à  Pentour  de 
quelques  petits  lacs  d'eau  douce;  ces 
oiseaux  sont  de  même  très-nombreux 
au  Canada  ,  d'où  il  p^roSt  qu'ils  vont 
hiverner  en  Virginie  et  à  la  Louisiane  ; 
et  ces  cygnes  du  Canada  et  de  la  Loui- 
siane )  comparés  à  nos  cygnes  sauvages^ 
n'ont  offert  aucune  différence.  Quant 
aux  cygnes  à  tête  noire  des  îles  Ma- 
louines  et  de  quelques  côtes  de  la  mer 
du  Sud,  dont  parlent  les  voyageurs  ^ 
l'espèce  en  est  trop  mal  décrite  ,  pour 
décider  si  elle  doit  se  rapporter  ou  non 
à  celle  de  notre  cygne. 

Les  différences  qui  se  trouvent  entre 
le  cygne  sauvage  et  le  cygne  privé  y 
ont  fait  croire  qu'ils  formoient  deux 
espèces  distinctes  et  séparées;  lo  cygne 
sauvage  est  plus  petit;  son  plumage  est 
communément  plus  gris  que  blanc;  il 
n'a  pas  de  caroncule  sur  le  bec  qui 


.;W;.f.«P:»*i"  • 


DU      CANARD, 


dans  la 
jusques 
in  amas 
tour  de 
ce;  ces 
nbreux 
Is  vont 
isiane  ; 
lLouî- 
vages, 
Quant 
5  Ma- 
ta mer 
[eurs  , 
pour 
unon 

entre 
rivé, 
deux 
ygne 
e  est 
c;  il 
qui 


toujours  est  noir 


à  la 


)ointe  •  et 


qui 


n^est  jaune  que  près  delà  tête  ;  mais, 
à  bien  apprécier  ces  différences,  on 
verra  que  Tintensité  de  la  couleur,  de 
même  que  la  caroncule  ou  bourrelet 
charnu  du  front,  sont  moins  des  carac- 
tères de  nature,  que  des  indices  et  des 
empreintes  de  domesticité ,  les  cou- 
leurs du  plumage  et  du  bec  étant  su- 
jettes à  varier  dans  les  cygnes  comme 
dans  les  autres  oiseaux  domestiques  ; 
on  peut  donner  pour  exemple  le  cygne 
privé  à  bec  rouge  ,  dont  parle  le  doc- 
teur Plott;  d'ailleurs  cette  différence 
dans  la  couleur  du  plumage,  nVst  ^as 
aussi  grande  qu'elle  le  paroit  d'abord  ; 
nous  avons  vu  que  les  jeunes  cygnes 
domestiques  naissent  et  restent  long- 
temps gris  ;  il  paroit  que  cette  couleur 
subsiste  plus  long-temps  encore  dans 
les  sauvages ,  mais  qu'enfin  ils  devien- 
nent blancs  avec  Tâge;  car  Edwards 
a  observé  que  ,  dans  le  grand  hiver 
de  174O}  on  vit  aux  environs  de  Lon- 


f 


ï,; 


.'«.  n>    .«^.<' 


r*«f%iM 


'*'«^'«»***,«i^»-li»., 


(;' 


i    ;i 


9 


SO  HISTOIRE    irATUAEtLe 

dres  plusieurs  de  ces  cygnes  sauvage'9 
qui  étoient  entièrement  blancs  ;  le 
cygne  domestique  doit  donc  être  re- 
gardé comme  une  race  tirée  ancienne- 
ment et  originairement  de  Tespèce 
sauvage.  MM.  Klein  ,  Frisch  et  Lin- 
naeus  l'ont  présumé  comme  moi,  quoi- 
que Willulghby  et  Ray  prétendent  le 
contraire. 

Belon  regarde  le  cygne  comme  le 
plus  grand  des  oiseaux  d'eau,  ce  qui  est 
assez  vrai  ,  en  observant  néanmoins 
que  le  pélican  a  beaucoup  plus  d'en- 
vergure ;  que  le  grand  albatros  a  tout 
au  moins  autant  de  corpulence,  et  que 
le  flammant  ou  phénicoptère  a  bien 
plus  dehaufeur,  eu  égard  à  ses  jambes 
démesurées.  Les  cygnes  ,  dans  la  race 
domestique,  sont  constamment  un  peu 
plus  gros  et  plus  grands  que  dans  l'es- 
pèce sauvage  ;  il  y  en  a  qui  pèsent  jus  < 
qu'à  vingt-cinq  livres  ;  la  longueur  du 
bec  à  la  queue  est  quelquefois  de  quatre 
pieds  et  demi  ^  et  l'envergure  de  huit 


fl 

t 


'^■^MifiLr^Se^Jfitfi.Jrffm' 


-s'iariWJfl»»*'-*»''»**''*****''  • 


auvage* 
1CS  ;  le 
être  re- 
icienne- 
l'espèce 
et  Lin- 
if  quoi- 
ident  le 

mme  le 

î  qui  est 

mmoins 

s  d'en- 

»a  tout 

et  que 

a  bien 

ïambes 

a  race 

m  peu 

is  l'es- 

it  jus  < 

iur  du 

luatre 

huit 


4 


DU     C  X  V  A  IL  D.  21 

pieds  ;  au  reste  ^  la  femelle  est  en  tout 
un  peu  plus  petite  que  le  mâle. 

Le  bec,  ordinairement  long  de  trois 
pouces  et  plusy  est,  dans  la  race  domes- 
tique, surmonté  à  sa  base  par  un  tu- 
bercule charnu  ,  renflé  et  proéminent, 
qui  donne  à  la  physionomie  de  cet  oi- 
seau une  sorte  d^expression;  ce  tuber- 
cule est  revêtu  d'une  peau  tioire,  et 
les  côtés  de  la  face,  sous  les  yeux,  sont 
aussi  couverts  d'une  peau  de  môme 
couleur;  dans  les  petits  cygnes  de  la 
race  domestique,  le  bec  est  d'une  teinte 
plombée;  il  devient  ensuite  jaune  ou 
orangé,  avec  la  pointe  noire;  dans  la 
race  sauvage  y  le  bec  est  entièrement 
noir,  avec  une  membrane  jaune  au 
front  ;  sa  forme  paroit  avoir  servi  de 
modèle  pour  le  bec  des  deux  familles 
les  plus  nombreuses  des  oiseaux  palmi« 
pèdes ,  les  oies  et  les  canards  ;  dans 
tous,  le  bec  est  aplati,   épaté ,   den- 
telé sur  les  bords ,  arrondi  en  pointe 
mousse,  et  terminé  à  sa  partie  snpë« 
Oiseaux.  VI»  3 


!  I 


1/ 


•1 


<^ 


.-tfr- 


'''V'  ''t 'flïfWihiwrtfe»!^*..' 


m^' 


iM,iia<m','li^ 


\    r 


1 


i 


,  \  V 


22  HISTOIRE     KATURELLE 

rieure  par  un  onglet  de  substance  cor« 
née. 

Dans  toutes  les  espèces  de  cette 
nombreuse  tribu ,  il  se  trouve  au-des- 
sous des  plumes  extérieures^  un  duvet 
bien  fourni  y  qui  garantit  le  corps  de 
l'oiseau  des  impressions  de  Peau.  Dana 
le  cygne  ^  ce  duvet  est  d'une  grande 
finesse 9  d'une  mollesse  extrême  et. 
d'une  blancheur  parfaite  ;  on  en  fait 
de  beaux  manchons  et  des  fourrures 
aussi  délicates  que  chaudes. 

La  chair  du  cygne  est  noire  et  dure^. 
et  c'est  moins  comme  un  bon  mets 
que  comme  un  plat  de  parade  y  qu'il 
étoit  servi  dans  les  festins  chez  les  an« 
ciensy  et  par  la  même  ostentation  chez 
nos  ancêtres;  quelques  personnes  m'ont 
néanmoins  assuré  que  la  chair  des  jeu« 
nés  cygnes  étoit  aussi  bonne  que  celle 
des  oies  du  même  âge. 

Quoique  le  cygne  soit  assez  silen- 
cieuxy  il  a  néanmoins  les  organes  de  la 
voix  conformés  commo  ceux  des  oi- 


I 


X 


J-- 


.  .fi.a..!'  ,1»i;;«»«K"V.«».'*5!illlti<'W»5<*' 


DU      eAKARB.  23 

«eaux  d'eau  les  plus  loquaces;  la  tra- 
chée artère  descendue  dans  le  sternum 
fait  un  coude,  se  relève ^  s'appuie  sur 
les  clavicules ,  et  de  là ,  par  une  se- 
conde inflexion  y  arrive  aux  poumons. 
A  l'entrée  et  au-dessus  de  la  bifurca* 
tion,  se  trouve  placé  un  vrai  larynx 
garni  de  son  os  hyoïde,  ouvert  dans  sa 
membrane  en  bec  de  flûte:  au-dessous 
de  ce  larynx,  le  canal  se  divise  en  deux 
branches,  lesquelles  après  avoir  formé 
chacune  un  renflement^  s'attachent  au 
poumon. Cette  conformation,  du  moins 
quant  à  la  position  du  larynx,  est  corn* 
m  une  à  beaucoup  d'oiseaux  d'eau ,  et 
même  quelques  oiseaux  de  rivage  ont 
les  mêmes  plis  et  inflexions  à  la  tra- 
chée-artère, et  selon  toute  apparence^ 
c'est  ce  qui  donne  à  leur  voix  ce  re- 
tentissement bruyant  et  rauque,  ces 
sons  de  trompette  ou  de  clairon  qu'ils 
font  entendre  du  haut  des  airs  ou  sur 
les  eaux. 

Néanmoins  la  voix  habituelle  du 


\\ 


t  (" 


'4  -ifrt»»:^pl»,^i,,;  ,.„„ 


i 


i 


li 


i 


», 


^  ( 


24       Histoire  naturelle 
cygne  privé  est  plutôt  sourde  qu^ëcla- 
tante;  c'est  une  sorte  de  strideur,  par* 
faitement  semblable  à  ce  que  le  peuple 
appelle  \t  jurement  du  chat  y  et  que  les 
anciens  avoient  bien  exprimé  par  le 
mot  imitatif //renfa/i/';  c'est^  à  ce  qu'il 
paroît)  un  accent  de  menace  ou  de  co- 
lère :  l'on  n'a  pas  remarqué  que  Pa- 
xnour  en  eût  de  plus  doux ,  et  ce  n'est 
point  du  tout  sur  des  cygnes  presque 
muets,  comme  le  sont  les  nôtres  dans 
la  domesticité)  que  les  anciens  avoient 
pu  modeler  ces  cygnes  harmonieux  y 
qu'ils  ont  rendus  si  célèbres.  Mais  il 
paroît  que  le  cygne  sauvage  a  mieux 
conservé  ses  prérogatives ,  et  qu'avec 
le  sentiment  de  la  pleine  liberté ,  il  en 
a  aussi  les  accens  :  l'on  distingue  en 
effet  dans  ses  cris,  ou  plutôt  dans  les 
éclats  de  sa  voix«  une  sorte  de  chant 
mesuré)  modulé  ;  des  sons  bruyans  de 
clairon,  mais  dont  les  tons  aigus  et  peu 
diversifiés  sont  néanmoins  très-élni« 
gnés  de  la  tendre  mélodie,  et  de  U  va-» 


s 


\ 


mi^ssj^js^:ÊSist^»^>^'- 


*)i*WfNi^*WW* 


)  qu'ëcla- 
fej/r,  par- 
le peuple 
ït  que  les 
é  par  le 
^  ce  qu'il 
m  de  co- 
que l'a- 
;  ce  n'est 
presque 
très  dans 
B  avolent 
ionieux  , 
Mais  il 
cl  mieux 
qu'avec 
té  y  il  en 
gue  en 
dans  les 
e  chant 
yans  de 

s  et peu 
!S  -  é\n\m 

e  1^  va-» 


M 


DU      CANARD.  S&S 

riété  douce  et  brillante  du  ramage  de 
pos  oiseaux  chanteurs.  , ,  ,.  .  ; .  ^ . . , .  » 
,  Au  reste  ,  les  anciens  ne  s'étoient 
pas  contentés  de  faire  du  cygne  un 
chantre  merveilleux  ;  seul  entre  tous 
les  êtres  qui  frémissent  à  l'aspect  de 
leur  destruction  y  il  chantoit  encore 
nu  moment  de  son  agonie^  et  préludoit 
par  des  sons  harmonieux  à  son  dernier 
soupir  :  c'étoit,  di^oient-ils,  près  d'ex- 
pirer,  et  faisant  à  la  vie  un  adieu  triste 
et  tendre 9  que  le  cygne  rendoit  ces  aCf 
cens  si  doux  et  si  touchansy  et  qui  par 
reils  à  un  léger  et  douloureux  murmu- 
re j  d'une  voix  basse  ^  plaintive  et  lu- 
gubre )  formoient  son  chant  fi^nèbre  ; 
on  entendoit  ce  chant^  lorsqu'au  lever 
de  l'aurore^  les  vents  et  les  flots  étoient 
calmés.  On  avoit  même  vu  des  cygnes 
ex^irans  en  musique  et  chantant  leurs 
hymnes  funéraires.  Nulle  fiction  en 
Histoire  Naturelle  ,  nulle  fable  chez 
les  anciens  n'a  été  plus  célébrée ,  plus 
répétée)  plus  accréditée;  elle  s'étoit 


V     1^ 


wftWÇ^VPsUéi 


'4  'Hftmf^ifmrA'k'.-'^r" 


ns"^ 


.**--*-'■ 


f  , 


H 

U 


!) 

h' 


•il 

fcÔ  HISTOIRE     KAtUAEI.T.E 

iBmpàrée  de  Piihagi nation  vive  et  sen- 
sible des  Grecs;  poètes,  orateurs,  phi- 
losophes même  Pont  adoptée ,  comme 
une  vérité  trop  agréablo  pour  Youloit 
en  douter.  Il  faut  bien  leur  pardonner 
leurs  fables  ;  elles  étoient  aimables  et 
touchantes;  elles  valoient  bien  de  tris- 
tes, d'aridsË  véritésf  c'étoiéiitde  doux 
emblèmes  pour  les  aiiies  sensibles.  Les 
cygnes  y  sans  doute,  ne  chantent  poiiït 
leur  mort;  mais  toujours  en  parlant 
du  dernier  essor  et  des  derniers  élans 
d'^ivn  beau  génie  prêt  à  s^éteindre ,  on 
rappellera  avec  sentiment  cette  ex- 
pression touchante  :  c'est  le  chant  du 
cygne,     •  ''"'  '''  -•  '' "v ''-'***''' '^  <  ""  '••'*' 

;        L'    O    I   Eé/;-'.r      n      - 

Dans  chaque  genre,  les  espèces  pre- 
mières ont  emporté  tous  nos  éloges,  et 
n^ont  laissé  aux  espèces  secondes  que 
le  mépris  tiré  de  leur  comparaison* 
L'oie ,  par  rapport  au  cygne ,  est  dans 
le  même  cas  queTâne  vis-à-vis  du  che- 
val I  tous  deux  ne  sont  pas  prisés  à  leur 


i 


I 


,^fc. 


,^.<j::ï«SM!«i 


DU      CANARD. 


valeur,  le 


27 


es  pre- 
ges,  et 
es  que 
aison. 
it  dans 
u  che- 
àleur 


premier  degré  de  l'in- 
fériorité paroissaht  être  une  vraie  dé- 
gradation, et  rappelant  en  même  temps 
l'idée  d'un  modèle  plus  parfait,  n'of- 
fre, au  lieu  des  attributs  réels  de  l'es- 
pèce secondaire^  que  ses  contrastes 
désavantageux  avec  l'espèce  première  : 
éloignant  donc,  pour  un  moment,  la 
trop  noble  image  dit  cygne ,  nous  trou- 
verons que  l'oie  est  encore,  dans  le  peu- 
pie  de  la  basse^cdur  ,  un  habitant  de 
distinction  5  sa  corpulence  ,  son  port 
droit,  sa  démarche  grave  ,  son  plu- 
mage net  et  lustré ,  et  son  naturel  so- 
cial qui  le  rend  susceptible  d'un  fort  at< 
tachement  et  d'une  longue  reconnois- 
sance  ,  enfin  sa  vigilance  très-ancien- 
nement célébrée,  tout  concourt  à  nous 
présenter  Poie  comme  l'un  des  plus  in- 
téressans  et  même  des  plus  utiles  de 
nos  oiseaux  domestiques  ;  car ,  indé- 
pendamment de  la  bonne  qualité  de  sa 
chair  et  de  sa  graisse,  dont  aucun  au- 
tre oiseau  n'est    plus    abondamment 


Sa 


■'■<''#«*«i«?^-bWi«(W': 


«PI«1U  repos    'Tct^""""^"" 

«vec  Uauell-  "  '  pensées,  et 

Mqueue  nous  ëcrivnn.   •  • 
ëlo».  «c"vons  ICI  son 

.'.ccorortr^o-oia^ei,; 

«vec  elles  dans  J.  mt      u  '^*"'*™^» 

nables  «  «o  «  ^  ^^ciic  peu  conve- 

*    ®*  a  8a  nature;  car  il  f .   * 
qu'elle  se  dév«l^n  **"*  '  P°"' 

vesspaciensesTaeJir'^^'grè- 

vagues  sarlesquellescero      °"  **""' 

--paitreetlvb^rrEro" 
leur  a  «terdit  Pentrée  des  n  "f  ^  "" 
parce  que  Jeur  fiente  brûle  1.!?  '''  ' 
J>«rbes,  et  Dii'.-l.  I      .^*'*  ^««  bonnes 
'«9«  ils  le,  fauchent  ,„sq„y 


S!!&_Se2*Li£ 


«?,  .>,Ji£-Ste«ÎMWI|(|BW«l«WJ«h, . 


DU     CAVA.B.B. 

bec, 


me 


terre  avec  le  bec,  et  c^est  par  la  mê 
raison  qu'on  les  écarte  aussi  très-soi- 
gneusement des  blés  verts,  et  qu'on 
ne  leur  laisse  les  champs  libres  qu'après 
la  récolte.     ;.,;  ,i      .     ., 

Quoique  les  oies  puissent  se  nourrir 
de  gramens  et  delà  plupart  des  herbes  | 
elles  recherchent  de  préférence  le  trè- 
fle ,  le  fenugrec  ,  la  vesce ,  les  chico* 
rées  y  et  sur- tout  la  laitue ,  qui  est  la 
plus  grand  régal  des  petits  oisons  }  on 
doit  arracher  de  leur  pâturage  la  jus- 
quiame ,  la  ciguë  et  les  orties ,  dont  la 
piqûre  fait  le  plus  grand  mal  aux  jeu- 
nes oiseaux,  Pline  assure  ,  peut- être 
légèrement ,  que ,  pour  se  purger ,  les 
oies  mangent  de  la  sidérite.    ^   .  :  .,..  ^ 

La  domesticité  de  l'oie  est  moins  an- 
cienne et  moins  cooïplète  que  celle  de 
la  poule  ;  celle-ci  pond  en  tout  temps  , 
plus  en  été  ,  moins  en  hiver  ;  mais  les 
oies  ne  produisent  rien  en  hiver  ,  et 
ce  n'est  communément  qu'au  mois  de 
mars  qu'elles  commencent  à  pondre  j 


r*V. 


•  i  ■•.Hv>««t'i^>i;»J,i,s«s,i 


^^f^    ■"'t^-'ir-rl'mflf^ 


ù 


f 


3o  HISTOIRE    J^ATURELLS 

cependant  celles  qui  sont  biennourries 
pondent  dès  le  mois  de  février  j  et 
celles  auxquelles  on  épargne  la  nour- 
riture ,  ne  font  souvent  leur  ponte 
qu'en  avril  ;  les  blanches  ,  les  grises  y 
les  jaunes  et  les  noires  suivent  cette 
règle  f  quoique  les  blanches  paroissent 
plus  délicates,  et  quMles  soient  en  effet 
plus  difficiles  à  élever  ;  aucune  ne  fait 
de  nid  dans  nos  basses-cours  j  et  ne 
pond  ordinairement  que  tous  les  deux 
jours,  mais  toujours  dans  le  même  lieu} 
si  on  enlève  leurs  œufs,  elles  font  une 
seconde  et  une  troisième  ponte  |  et 
même  une  quatrième  dans  les  pays 
chauds.  C'est  sans  doute  à  raison  d« 
ces  pontes  successives  que  M.  Salerne 
dit  qu'elles  ne  finissent  qu'en  juin  ; 
mais  j  si  l'on  continue  à  enlever  les 
œufs ,  l'oie  s'efforce  de  continuer  à 
pondre,  et  enfin  elle  s'épuise  et  périt , 
car  le  produit  de  ses  pontes,  et  sur-tout 
des  premières,  est  nombreux,  chacune 
est  au  moins  de  sept,  et  communément 


I 


* 


i 


.^  ■';#r""''Vr  */ 


,_^.,r>u>nm^ 


ti  nourries 
vrier  ,  et 
i  la  nour- 
!ur  ponte 
es  grises , 
rent  cette 
>aroissent 
it  en  effet 
ne  ne  fait 
s  j  et  ne 
les  deux 
^oie  lieu} 
font  une 
»nte  j  et 
es   pays 
lison  de 
Salerne 
juin  ; 

ver  les 
nuer  à 

périt , 
ur-tout 

lacune 

ément 


DU     CANARD. 


31 


^ 


de  dix  ,  douze  ou  quinze  œufs  ^  et 
même  de  seize  |  suivant  Pline  ;  cela 
peut  être  vrai  pour  lUtalie ,  mais ,  dans 
nos  provinces  intérieures  de  France  y 
comme  en  Bourgogne  et  en  Champa- 
gne ,  on  a  observé  que  les  pontes  les 
plus  nombreuses  n'étoientque  de  douze 
œufs  :  Aristote  remarque  que  souvent 
les  jeunes  oies  ,  comme  les  poulettes  y 
avantd^avoir  eu  communication  avec  le 
mâle  y  pondent  des  œufs  clairs  et  infé- 
conds, et  ce  fait  est  général  pour  tous 
les  oiseaux. 

Mais,  si  la  domesticité  de  Poie  est 
plus  moderne  que  celle  de  la  poule  j 
elle  paroSt  être  plus  ancienne  que  celle 
du  canard  ,  dont  les  traits  originaires 
ont  moins  changé  j  en  sorte  qu'il  y  a 
plus  de  distance  apparente  entre  Toie 
sauvage  et  la  privée ,  qu'entre  les  ca- 
nards. L'oie  domestique  est  beaucoup 
plus  grosse  que  la  sauvage  ;  elle  a  les 
proportions  du  corps  plus  étendues  et 
plus  souples  I  les  ailes  moins  fortes  et 


..^«rW^i"** 


'  S  '  i(ff^>it^?^njtf'n.<  ■ 


«r 


'-'•"«■**W|«H"W»P"*i"*«»^ 


/) 


:]2  HISTOIRE   NATURELLE 

moins  roides;  tout  a  changé  de  couleur 
daras  son  plumage  j  elle  ne  conserve 
rien  ou  presque  rien  de  son  état  primi- 
tif |  elle  paroit  même  avoir  oublié  les 
douceurs  de  son  ancienne  liberté  |  du 
moins  elle  ne  cherche  point  9  comme 
le  canard ,  à  la  recouvrer;  la  servitude 
paroSt  Savoir  trop  affoiblîe  9  elle  n^a 
plus  la  force  de  soutenir  assez  son  vol 
pour  pouvoir  accompagner  ou  suivre 
ses  frères  sauvages,  qui,  fiers  de  leur 
puissance  ^  semblent  la  dédaigner  et 
même  la  méconnoître. 

Pour  qu'un  troupeau  d'oies  privées 
prospère  et  s'augmente  par  une  promp- 
te multiplication ,  il  faut ,  dit  Colu- 
melle,  que  le  nombre  des  femelles  soit 
triple  de  celui  des  mâles  ;  Aldrovande 
en  permet  six  à  chacun  y  et  l'usage  or- 
dinaîre,  dans  nos  provinces,  est  de  lui 
en  donner  au-delà  de  douze  ,  et  même 
jusqu'à  vingt  :  ces  oiseaux  préludent 
aux  actes  de  l'amour  en  allant  d'abord 
s'égayer  dans  l'eau;  ils  en  sorient  pour 


■■;  ■B^^ 


j^'*^'  *•.««..«. .^ 


^M:. 


.-!.._  Jl; 


LE 

le  couleur 
i  conserve 
5tat  primi- 
oublié  les 
:bertë  y  du 
9  comme 
servitude 
\  elle  n'a 
ez  son  vol 
ou  suivre 
'S  de  leur 
aigner  et 

!8  privées 
e  promp- 
it  Golu- 
elles  soit 
rovande 
sage  or- 
st  de  lui 
t  même 
éludent 
d'abord 
nt  pour 


DU     CANARD,  33 

s'unir  ^  et  restent  accouplés  plus  long- 
temps et  plus  intimement  que  la  plu- 
part des  autres  ,  dans  lesquels  l'union 
du  mâle  et  de  la  femelle  n'est  qu'une 
simple  compression,  au  lieu  qu'ici  l'ac- 
couplement est  bien  réel,  et  se  fait  par 
intronïission ,  le  mâle  étant  tellement 
pourvu  de  l'organe  nécessaire  à  cet 
acte  I  que  les  anciens  avoient  consacré 
l'oie  au  dieu  des  jardins. 

Au  reste,  le  mâle  ne  partage  que  ses 
plaisirs  avec  la  femelle ,  et  lui  laisse 
tous  les  soins  de  l'incubation,  et  quoi- 
qu'elle couve  constamment  et  si  assi- 
dûment qu'elle  en  oublie  le  boire  et  le 
manger  si  on  ne  place  tout  près  du  nid 
sa  nourriture ,  les  économes  conseil- 
lent néanmoins  de  charger  une  poule 
des  fonctions  de  mère  auprès  des  jeu- 
nes oisons ,  afin  de  multiplier  ainsi  le 
nombre  des  couvées ,  et  d'obtenir  de 
l'oie  une  seconde  et  même  une  troi- 
sième ponte  y  on  lui  laisse  cette  der- 
nière ponte;  elle  couve  ai&émenC  dix  à 

Oiseaux.   YX»  4 


.if* . 


% 


\  â 


34  HISTOIBE    NATURELLE 

douze  œufs  y  au  lieu  que  la  poule  ne 
peut  couver  avec  succès  que  cinq  de 
ces  mêmes  œufs;  mais  il  seroit  curieux 
de  vérifier  si,  comme  leditColumellei 
la  mère  oie,  plus  avisée  que  la  poule  y 
refuseroitde  couver  d^autres  œufs  que 
les  siens. 

Il  faut  trente  jours  d'incubation , 
comme  dans  la  plupart  des  grandes 
espèces  d'oiseaux,  pour  faire  éclore  les 
œufs  ,  à  moins  ,  comme  le  remarque 
Pline,  que  le  temps  n'aitété  fort  chaud ^ 
auquel  cas  il  en  éclot  dès  le  vingt-cin- 
quième jour.  Pendant  que  Toie  couve, 
on  lui  donne  du  grain  dans  un  vase,  et 
de  Peau  dans  un  autre  à  quelque  dis- 
tance de  ses  œufs,  qu'elle  ne  quitte  que 
pour  aller  prendre  un  peu  de  nourri- 
ture ;  on  a  remarqué  qu'elle  ne  pond 
guère  deux  jours  de  suite  ,  et  qu'il  y 
a  toujours  au  moins  vingt- quatre  heures 
d'intervalle  ,  et  quelquefois  deux  ou 
trois  jours  entre  l'exclusion  de  chaque 
œuf. 


■wt---((Hr^ji-''«TrriA«%«i»v5««j*».i5pilt'«-  ' 


^.É'Jî^".     .M   _i*««<î' 


r,:ji%'*»»<*P**^' 


LLE 

la  poule  ne 
ue  cinq  de 
oit  curieux 
Columellei 
e  ia  poule  ^ 
s  œufs  que 

icubation  , 
'S  grandes 
i  ëclore  les 
remarque 
ort chaud, 
vingt-cin- 
oie  couve, 
n  vase,  et 
Ique  dis- 

uittequo 
e  nourri* 

ne  pond 
qu'il  Y 

ce  heures 
Jeux  ou 
>  chaque 


Dr     C  A  N  A  R  D.  35 

Le  premier  aliment  que  Von  donne 
aux  oisons  nouveaux-nés,  est  une  pâte 
de  retrait  de  mouture  ou  de  son  gras, 
pétri  avec  des  chicorées  ou  des  laitues 
hachées;  c'est  la  recette  deColumelle, 
qui  recommande  en  outre  de  rassasier 
le  petit  oison  avant  de  le  laisser  suivre 
sa  mère  au  pâturage,  parce  qu'autre- 
ment ,  si  la  faim  le  tourmente ,  il  s'obs* 
tine  contre  les  tiges  d'herbes  ou  les  pe- 
tites racines,  et  pour  les  arracher  il  s'ef- 
force au  point  de  se  démettre  ou  se  rom- 
pre le  cou.  La  pratique  commune  dans 
nos  campagnes  en  Bourgogne  ,  est  de 
nourrir  les  jeunes  oisons  nouvellement 
éclos  avecHiu  cerfeuil  haché;  huit  jours 
après  on  y  mêle  un  peu  de  son  très-peu 
mouillé,  et  l'on  a  attention  de  séparer 
le  père  et  la  mère  lorsqu'on  donne  à- 
manger  aux  petits  ,  p.irce  qu'on  pré- 
tend qu'ils  ne  leur  laisseroient  que  peu 
de  chose  ou  rien;  on  leur  donne  ensuite 
de  l'avoine  ,  et ,  dès  qu'ils  peuvent 
suivre  aisément  leurs  mères  ,  on  les 


/, 


li*^«"«'«*!!*' 


35  HISTOIRE     NATUHELLE 

mèn  !  sur  la  pelouse  auprès  de  Peau* 
Les  monstruosités  sont  peut-être  en- 
core plus  communes  dans  Pespèce  de 
Poie  que  dans  celle  des  autres  oiseaux 
domestiques.  Aldrovande  a  fait  graver 
deux  de  ces  monstres,  l'un  à  deux  corps 
avec  une  seule  tête,  Pauf ve  à  deux  têtes 
et  quatre  pieds  avec  un  seul  corps. 
L'excès  d'embonpoint  que  l'oie  est  su- 
jette à  prendre,  et  que  l'on  cherche  à  l ui 
donner ,  doit  causer  dans  sa  constitu- 
tion des  altérations  qui  peuvent  influer 
sur  la  génération  \  en  général ,  les  ani« 
maux  très -gras  sont  peu  féconds  ,  la 
graisse  trop  abondante  change  la  quali  té 
de  la  liqueur  séminale  et  même  celle  du 
sang;  une  oie  très-grasse,  à  qui  on  cou- 
pa la  tête,  ne  rendit  qu'une  liqueur 
blanche,  et,  ayant  été  ouverte,on  ne  lui 
trouva  pas  une  goutte  de  sang  rouge  j 
le  foie  sur-tout  se  grossit  de  cet  embon- 
point d'obstruction  d' une  manière  éton. 
nante  :  souvent  une  oie  engraissée  aura 
le  foie  plus  gros  que  tous  les  autres  vis- 


:i 


-•■•r^v.>«H  ••■-^"»  .i^^jN*,, 


^.^tmiJ^I^-'' 


■  •^■i..««tl*i\5f;-jfr' , 


■.i^<ijf»&fy-'^-^^-'^  ■ 


,.  .;!«!^:S''l.S>5'*' 


>v4>«^iw»w«''^rMrt**  ' 


ELLE 

ès  de  l'eau. 
>eut-étre  en- 
Pespèce  de 
très  oiseaux 
i  fait  graver 
^ deux  corps 
à  deux  têtes 
seul  corps, 
i'oie  est  su - 
Fiercheàlui 
a  consti tu- 
rent influer 
i-l  j  les  anû 
^conds ,  U 
e  la  qualité 
ne  celle  du 
[ui  on  cou- 
ie  liqueur 
on  ne  lui 
ig  rouge } 
t  embon- 
ière  éton- 
ssëe  aura 
itres  vis- 


DU     G  A.  N  A  R  B.  S^ 

cères  ensemble  ]  et  ces  foies  gras  ^  que 
nos  gourmands  recherchent ,  ëtoient 
aussi  du  goût  des  Apicius  Romains.  Pli- 
ne regarde  comme  une  question  inté- 
ressante de  savoir  à  quel  citoyen  l'on 
doit  l'invention  de  ce  mets^  dont  il  fait 
honneur  à  un  personnage  consulaire* 
Ils  nourrissoient  l'oie  de,  figues  y  pour 
en  rendre  la  chair  plus  exquise  ^  et  ils 
avoient  déjà  trouvé  qu'elle  s'engraissoit 
beaucoup  plus  v!t'3  étant  renfermée 
dans  un  lieu  étroit  et  obscur;  mais  il 
étoit  réservé  à  notre  gourmandise,  plus 
que  barbare  ,  de  clouer  les  pieds  et  de 
crever  ou  coudre  les  yeux  de  ces  mal- 
heureuses bêtes  y  en  les  gorgeant  en 
même  temps  de  boulettes,  et  les  em- 
pêchant de  boire  pour  les  étouffer  dans 
leur  graisse.  Communément  et  plus  hu- 
mainement on  se  contente  de  les  ren- 
fermer pendant  un  mois  ,  et  il  ne  faut 
guère  qu'un  boisseau  d'avoine  pour  en- 
graisser une  oie  au  point  de  la  rendre 
très-bonne  )  on  distingue  même  le  mo- 


(Wlrt>«««fW* 


JH»I1 


^8 


t 


i| 


h 


1 


,'/ 


1     I 

if 
f 


ï» 


1^ 


T 


•V 


OO  HISTOIRE    NATURKLLE 

ment  où  on  peut  cesser  de  leur  donner 
autant  de  nourriture  ,  et  où  elles  sont 
assez  grasses  ,  par  un  signe  extërieuir 
très-évident  ;  elles  ont  alors  sous  cha- 
que aile  une  pelotte  de  graisse  très-ap- 
parente; au  reste,  on  a  observé  que  les 
oies  élevées  au  bord  de  l'eau ,  coûtent 
moins  à  nourrir ,  pondent  de  meilleure 
lieure  ^  et  s^engraissent  plus  aisément 
que  les  autres. 

Cette  graisse  de  Poie  étoit  très«esti» 
thée  des  anciens  comme  topique  nerval 
et  comme  cosmétique  ;  ils  en  conseil* 
loient  Pusage  pour  raffermir  le  sein  des 
femmes  nouvellement  accouchées  ,  et 
pour  entretenir  la  netteté  et  la  fraî- 
cheur de  la  peau  ;  ils  ont  vanté,  comme 
médicament ,  la  graisse  d'oie  que  l'on 
préparoit  à  Oïmàgène  avec  un  mélange 
d'aromates.  Aldrovande  donne  une  liste 
de  recettes  ,  où  cette  graisse  entre 
comme  spécifique  contre  tous  les  maux 
de  la  matrice ,  et  Willulghby  prétend 
trouver  dans  la  fiente  d'oie,  le  remède 


j;;^«5-si^%»>*j|s>'' "  ""  "'•  ••'iifr'-"iif.rwtfT"-"*'T*' 


<£&^ 


■■.IfcJlK.'»'^»*'*»'***'***'  ■ 


f 


> leur  donner 
)ù  elles  sont 
rie  ejEtërieui* 
rs  sous  cha- 
îsse  très-ap-> 
ervé  que  les 
lu,  coûtent 
le  meilleure 
LIS  aisément 

it  très-estî«' 
iquenerval 
în  conseiU 

le  sein  des 
ichées ,  et 
9t  la  fra2« 
të,  comme 
e  que  l'on 
n  mélange 
e  une  liste 
5se  entre 

les  maux 
J  prétend 
3  remèd* 


D  tr      C  A  N  A  K  D.  3(^ 

le  plus  sûrde  l'ictère.  Du  reste,  lachair 
de  Toie  n'est  pas  en  elle-même  très-sai- 
ne, elle  est  pesante  et  de  difficile  diges-» 
tion;  ce  qui  n'empêchoitpas  qu'une  oie 
ou ,  comme  on  disoit ,  une  oue,  ne  fût 
le  plat  de  régal  des  soupers  de  nosancê*- 
tres,  et  ce  n'est  que  depuis  le  transport 
de  l'espèce  du  dindon  de  l'Amérique 
en  Europe,  que  celle  de  l'oie  n'a|  dans 
nos  basses-cours  comme  dans  noscui'^ 
sines,  que  la  seconde  place. 

Ce  que  l'oie  nous  donne  de  plus  pré- 
cieux, c'est  son  duvet;  on  L'en  dépouille 
plus  d'une  fois  l'année;  dès  que  les  jeu- 
i^es  oisons  sont  forts  et  bien  emplumés,. 
etquelespennes  des  ailes  commencent 
à  se  croiser  sur  la  queue,  ce  qui  arrive 
à  sept  semaines  ou  deux  mois  d'âge,  on 
commence  à  les  plumer  sous  le  ventre^ 
sous  les  ailes  et  au  cou  ;  c'est  donc  sur 
la  fin  de  mai  ou  au  commencement  de 
juin  qu'on  leur  enlève  leurs  premières 
plumes;  ensuite  ,  cinq  à  six  semaines 
après,  c'est-à-dire,  dans  le  courant  de 


«mim*vwmf. 


■-f -ifW!***. 


■%;»■ 


4o  HISTOIRE    "NATURELLE 

|iiillet,  on  la  leur  enlève  une  seconde 
fois  ;  et  encore  au  commencement  de 
septembre ,  pour  la  troisième  et  der- 
nière fois  ;  ils  sont  assez  maigres  pen- 
dant tout  ce  tempS)  les  molécules  orga- 
niques de  la  nourriture  étant  en  grande 
partie  absorbées  par  la  naissance  ourac- 
croissement  de  nouvelles  plumes^  mais^ 
dès  qu'on  les  laisse  se  remplumer  do 
bonne  heure  en  automne  y  ou  même  à 
la  fin  de  Tété,  ils  prennent  bientôt  de 
la  chair  et  ensuite  de  la  graisseï  et  sont 
déjà  très-bons  à  manger  vers  le  milieu 
de  l'hiver  ;  on  ne  plume  les  mères  qu'un 
mois  ou  cinq  semaines  après  qu'elles 
ont  couvé)  mais  on  peut  dépouiller  les 
mâles  et  les  femelles  qui  ne  couvent 
pas,  deux  ou  trois  fois  par  an.  Dans  les 
pays  froidS)  leur  duvet  est  meilleur  et 
plus  fin.  Le  prix  que  les  Romains  met- 
toient  à  celui  qui  leur  venoit  de  Ger- 
manie 9  fut  plus  d'une  fois  la  cause  de 
la  négligence  des  soldats  à  garder  les 
postes  de  ce  payS|  car  ils  s'en  alloient 


«1^ 


fvrt^i.  ii*msf9^^-^*^T^m-.- 


fmttfi^f^" 


s.fvt«îr»ÇMwïs-.«W«i«>«S««*»*-  ■ 


LE 

e  seconde 
:ement  de 
ne  et  der- 
igres  pen- 
:ules  orga- 
;  en  grande 
iceouPac* 
mes;  mai&. 
>lumer  dai 
u  même  à 
>ient5t  de 
iCiet  sont 
le  milieu 
res  qu'un 

qu'elles 
tuilier  les 

couvent 
Dans  les 
(illeur  et 
lins  met- 
de  Ger* 
zsLuse  de 
rder  les 
alloient 


D  u      G  A   N  A    R  D.  4^ 

par  cohortes  entières  à  la  chasse  des 
oies. 

On  a  observé  sur  les  oies  privées  y 
que  les  grandes  pennes  des  ailes  tom- 
bent pour  ainsi  dire  toutes  ensemble  et 
souvent  en  une  nuit;  elles  paroissent 
alors  honteuses  et  timides;  elles  fuient 
ceux  qui  les  approchent  ;  quarante 
jours  suffisent  pour  la  pousse  des  nou« 
velles  pennes,  alors  elles  ne  cessent  de 
voleter  et  de  les  essayer  pendant  quel- 
ques jours. 

Quoique  la  marche  de  l'oie  paroisse 
lente,  oblique  et  pesante,  on  ne  laisse 
pas  d'en  conduire  des  troupeaux  fort 
loinàpetites  journées.  Pline  dit  que  de 
son  temps  on  les  amenoit  du  fond  des 
Gaules  à  Rome  ,  et  que  dans  ces  lon- 
gues marches,  les  plus  fatiguées  se  met- 
toient  aux  premiers  rangs,  comme  pour 
être  sou  tenues  et  poussées  par  la  masse 
de  la  troupe  ;  rassemblées  encore  de 
plus  près  pour  passer  la  nuit,  le  bruit 
Le  plus  léger  les  éveille ,  et  toutes  en- 


<;*MB<'#VS,m. 


►^fe»«î?*^fi'f*!*«R.m«> 


h 


ï\ 


'  \.. 


s   f       ( 


f 


\ 


43  HISTOIRE    NATURELLE 

semble  cricut  r  elles  jettent  aussi  de 
grar^ds  cris  lorsqu'on  leur  présente  de 
la  nourriture  j  au  lieu  qu'on  rend  le 
chien  muet  en  lui  offrant  cet  appât;  ce 
qui  a  fait  dire  àColumelle,  que  les  oies 
étoient  les  meilleures  et  les  plus  sûres 
gardiennes  delà  ferme,  et  Végèce  n'hé- 
site pas  de  les  donner  pour  la  plus  vi- 
gilante sentinelle  que  l'on  puisse  poser 
dans  une  ville  assiégée.  Toutle  monde 
sait  qu'au  capitole,  elles  avertirent  les 
Romains  de  l'assaut  que  tentoient  les 
Gaulois,  etquece  fut  le  salut  de  Rome; 
aussi  le  censeur  fixoit-il  chaque  année 
une  somme  pour  l'entretien  des  oies, 
tandis  que  le  même  jour  on  fouettoit 
des  chiens  dans  une  place  publique  , 
comme  pour  les  punir  de  leur  coupable 
silence  dans  un  moment  aussi  critique. 
Le  cri  naturel  de  l'oie  est  une  voix 
très-bruyante  ,  c'est  un  son  de  trom- 
pette ou  de  clairon  ,  clangor ,  qu^elie 
fait  entendre  très-fréquemment  et  de 
très-loin  ;  mais  elle  a  de  plus  d'autres 


*W>-.^U(iiK«HS^  1  •  "'--'-n-.SSSB^^^Ç-tiï.- 


■•rtSfe»?' 


'■>»-*■ 


-■tj^a^-" 


jm  -v'  I  .  * 


■KrakM*'*****' 


BLLB 

mt  aussi  de 
présente  de 
l'on  rend  le 
;et  appât  ;  ce 
que  les  oies 
is  plus  sûres 
''égèce  n'hé- 
r  la  plus  vi- 
puisse  poser 
ut  le  monde 
sertirent  les 
3ntoient  les 
it  de  Rome; 
iqiie  année 
1  des  oies  y 
n  fouettoit 
publique  ^ 
rcoupable 
)i  critique, 
une  voix 
de  trom- 
r  ,  qu'elle 
ent  et  de 
(  d'autres 


BU      CANARD.  4-^ 

accens  brefs  qu'elle  répète  souvent  ; 
et ,  lorsqu'on  l'attaque  ou  l'effraie ,  le 
cou  tendu ,  le  bec  béant ,  elle  rend  un 
si  file  ment  que  l'on  peut  comparer  à 
celui  de  la  couleuvre.  Les  Latins  ont 
cherché  à  exprimer  ce  son  par  des  mots 
imitatifs,  strepit,  gratitat,  stridet. 

Soit  crainte,  soit  vigilance,  l'oie  ré- 
pète à  tout  moment  ses  grands  cris 
d'avertissement  ou  de  réclame  ;  sou- 
vent toute  la  troupe  répond  par  une 
acclamation  générale  ,  et  de  tous  les 
habitans  de  la  basse-cour,  aucun  n'est 
aussi  vociférant  ni  plus  bruyant.  Cette 
grande  loquacité  ou  vocifération  avoit 
fait  donner  chez  les  anciens  le  nom 
d'oie  aux  indiscrets  parleurs,  aux  mé- 
chans  écrivains  et  aux  bas  délateurs  ^ 
comme  sa  démarche  gauche  et  son  al- 
lure de  mauvaise  grâce  nous  font  en- 
core appliquer  ce  même  nom  aux  gens 
sots  et  niais  ;  mais  indépendamment 
des  marques  de  sentiment ,  des  signes 
d'intelligence  que  nous  lui  reconnois- 


«  V  > 


rf  'Si»**^, 


■*■•«*  --iitmi,. 


44  KISTOIRE   NATURELLE 

sonS)  le  courage  avec  lequel  elle  défend 
sa  couvée  ^  et  $>e  défend  elle-même 
contre  Poiseau  de  proie  j  et  certains 
traits  d*attachement ,  de  reconnois- 
sance  même  très-singuliers  que  les  an- 
ciens avoient  recueillis  ,  démontrent 
que  ce  mépris  seroit  très-mal  fondé  ; 
et  nous  pouvons  ajouter  à  ces  traits  un 
exemple  de  la  plus  grande  constance 
d^attachement  (i)  :  le  fait  nous  a  été 

(i)  Nous  donnerons  cette  note  dans  le 
style  naïf  du  concierge  de  Ris  ,  terre  appar- 
tenante à  M.  Anisson  Dupéron ,  où  s'est 
passée  la  scène  de  cette  amitié  si  constante 
et  si  fidelle.  On  demande  à  Emmanuel , 
comment  Toie  à  plumage  blanc  ,  appelé 
jacquoty  s'est  apprivoisé  avec  luil  II  tant 
savoir  d'abord  qu'ils  étoient  deux  mâles , 
ou  jars ,  dans  la  basse-cour ,  un  gris  et  un 
blanc,  avec  trois  femelles  ;  c'étoit  toujours 
querelle  entre  ces  deux  jars  a  qui  auroit  la 
compagnie  de  ces  trois  dames  ;  quand  l'un, 
ou  l'autre  s'en  étoit  emparé  ,  il  se  metroit  à 
leur  tête  ,  et  empêchoit  que  l'autre  n'en 
approchât.  Celui  qui  s'en  étoit  rendu  maî- 
tre dans  la  nuit  f  ne  vouloit  pas  les  céder  le 


:4 


r  f 


*^-A- 


V*''*'**!?* 


,Z«»i  J.IUuiw«wiuit«i>«»i'«*"" 


ELLB 

[elle  défend 

elle-même 

et  certains 

reconnois- 

>  que  les  an- 

démontrent 

mal  fondé; 

;es  traits  un 

i  constance 

nous  a  été 

note  dans  le 

,  terre  appar- 

on ,  où  s'est 

si  constante 

Emmanuel , 

»nc  ,  appelé 

lui?  Il  faut 

leux  mâles, 

1  gris  et  un 

oit  toujours 

ui  auroit  la 

quand  l'un 

se  metroit  à 

'autre  n'en 

rendu  maî. 

les  céder  le 


'A 

•r., 


'<è 


D  U      C  A  K  A  E.  D.  4^ 

communiqué  par  un  homme  aussi  véri- 
dique  qu*éclairé}  auquel  je  suis  rede- 


matin  ;  enfin  les  deux  galans  en  vinrent  à 
des  combats  si  furieux ,  qu'il  falloit  y  cou- 
rir. Un  jour  entr'autres  ,  attiré  du  fond  du 
jardin  par  leurs  cris ,  je  les  trouvai  |  leurs 
cous  entrelacés  ,  se  donnant  des  coups  d'ai- 
les avec  une  rapidité  et  une  force  éton- 
nantes ;  les  trois  femelles  tournoient  au- 
tour ,  comme  voulant  les  séparer ,  mais 
inutilement  \  enfin  le  jars  blanc  eut  le  des- 
sous ,  se  trouvA  renversé ,  et  étoit  très- 
maltraité  par  Tautre  \  je  les  séparai ,  heu- 
reusement pour  le  blanc ,  qui  y  auroit  per- 
du la  vie.  Alors  le  gris  se  mit  à  crier ,  à 
chanter  et  à  battre  les  ailes ,  en  courant 
rejoindre  ses  compagnes  y  en  leur  faisant  à 
chacune  tour-à-tour  un  ramage  qui  ne  fi- 
nissoit  pas  ,  et  auquel  répondoient  les  trois 
damrs  y  qui  vinrent  se  ranger  autour  de  lui. 
Pendant  ce  temps-là  le  pauvre  jacquot  fai- 
soît  pitié  )  et ,  se  retirant  tristement  ,  je- 
toit  de  loin  des  cris  de  condoléance  ;  il  fut 
plusieurs  jours  à  se  rétablir  ,  durant  les- 
-quels  j'eus  occasion  de  passer  par  les  cours 
où  il  se  tenoit;  je  le  voyois  toujours  exclus 
de  la  société  ,  et  à  chaque  fois  que  je  passois 
Oiseaux.  YI.  5 


■-«<* 


.—.*,.%,. 


'*'^**-"0**'^*   •#  ^* 


4^  HISTOIRE     NATURELLE 

vdble  d'une  partie  des  soins  et  des  at« 
tentions  que  j'ai  éprouvés  à  Pimpri* 


il  me  yenoit  faire  des  harangues ,  sans  cloute 
pour  me  remercier  du  secours  que  je  lui 
aTois  donné  dans  sa  grande  al^re.  Un  jour 
il  s'approcha  si  près  de  moi ,  me  marquant 
tant  d'amitié  ,  que  je  ne  pus  m'empêcher  de 
le  caresser  en  lui  passant  la  main  le  long  du 
cou  et  du  dos  ,  à  quoi  il  parut  étrr  si  sensi- 
ble )  qu'il  me  suivit  jusqu'à  l'issue  <-  ■  <urs  ; 
le  lendemain  je  repassai ,  et  il  l  .  «..uuqua 
pas  de  courir  à  moi ,  je  lui  fis  la  même  ca- 
resse ,  dont  il  ne  se  rassassioit  pas ,  et  cepen- 
dant )  par  ses  façons  ,  il  avoit  l'air  de  vou- 
loir me  conduire  du  côté  de  ses  chères 
amies ,  je  l'y  conduisis  en  effet  ;  en  arrivant  y 
il  commença  sa  harangue ,  et  l'adressa  di- 
rectement aux  trois  dames ,  qui  ne  manquè- 
rent pas  d'y  répondre;  aussi-tôt  le  conqué- 
rant gris  sauta  sur  le  jacquot,  je  les  laissai 
faire  pour  un  moment ,  il  étoit  toujours  le 
plus  fort  ;  enfin  je  pris  le  parti  de  mon  jac- 
quot  qui  étoit  dessous;  je  le  mis  dessus  » 
il  revint  dessous  ;  je  le  remis  dessus ,  de 
manière  qu'ils  se  battirent  onze  minutes  f 
et  )  par  le  secours  que  je  lui  portai ,  il  de- 
vint vainqueur  du  gris  ,  et  s'empara  des 


■A"'' 


'  '*»,-;'il 


^  >...iaiaP6i^.v^i»^^^--"" 


*»Sf***!W*i^*' 


ELLS 

is  et  des  at« 
i  à  Timprl- 


s ,  sans  doute 

s  que  je  lui 

lire.  Un  jour 

ne  marquant 

empêcher  de 

in  le  long  du 

étrr  si  sensi- 

ie«:.       «urs; 

I  I'     ...auqua 

ia  même  ca« 

as ,  et  cepen- 

'air  de  vou- 

ses  chères 

en  arrivant, 

'adressa  di- 

nemanquè- 

le  conque  - 

e  les  laissai 

toujours  le 

e  mon  jac' 

is  dessus  , 

essus  y  de 

minutes  ^ 

ai,  il  de- 

npara  des 


DUCANARD»  4? 

marie  royale  pour  l'impression  de  mes 
I      ouvrages.  Nous  avons  aussi  reçu  de 


trois  demoiselles.  Quand  Pami  jacquot  se 
vit  le  maître ,  il  n'osoit  plus  quitter  ses  de- 
moiselles, et  par  conséquent  il  ne  venoit 
plus  à  moi  quand  je  passois  ;   il  me  donnoic 
seulement  de  loin  beaucoup  de   marques 
d'amitié ,   en  criant  et  battant  des  ailes , 
mais  ne  quittoit  pas  sa  proie ,  de  peur  que 
l'autre  ne  s'en  emparât;  le  temps  se  passa 
ainsi  jusqu'à  la  couvaison  ,  qu'il  ne  me  par- 
loit  toujours  que  de  loin  ;   mais  ,  quand  ses 
femmes  se  mirent  à  couver ,  il  les  laissa  et 
redoubla  son  amitié  vis-à-vis  de  moi.  Un 
jour  m'ayant  suivi  jusqu'à  la  glacière ,  tout 
au  haut  du  parc ,  qui  étoit  l'endroit  où  il 
falloit  le  quitter  ,    poursuivant  ma   route 
pour  aller  aux  bois  d'Orangis ,  à  une  demi- 
lieue  de  là,  je  l'enfermai  dans  le  parc  ;  il  ne 
se  vit  pas  plutôt  séparé  de  moi ,  qu'il  jeta 
des  cris  étranges;  je  suivois  cependant  mon 
chemin  ,   et  j'étôîs  environ  au  tiers  de  la 
route  des  bois ,  quand  le  bruit  d'un  gros 
vol  me  fit  tourner  la  tête ,  je  vis  mon  jac- 
quot qui  s'abattit  à  quatre  pas  de  moi  ;  il  me 
suivit  dans  tout  le  chemin,  partie  à  pied^ 


\  I 

i 

\ 


\i 


I  ■  I 


iM. 


'  y 


k^«)iiM'i!C**ft^liil<it  ■"  -r*--  *T 


9m*"t<fmii>- 


"i-'-W-s^'l^f,... 


V    ■  r 


48  HISTOIRE     NATURELLE 

Saint-Domingue  une  relation  assez 
semblable  ,  et  qui  prouve  que  |  dans 
certaines  circonstances  ,  l'oie  se  mon- 
tre capable  d'un  attachement  person- 
nel,  très- vif  et  très-fort,  et  même 
d'une  sorte  d'amitié  passionnée  qui  la 
fait  languir ,  et  périr  loin  de  celui 


Hi-¥ 


'■■A 


partie  au  vol ,  me  devançant  souvent ,  et 
s'arrêtant  aux  croisières  des  chemins  pour 
voir  celui  que  je  voulois  prendre  ;  notre 
voyage  dura  ainsi  depuis  dix  heures  du 
matin  jusqu'à  huit  heures  du  soir  ,  sans  que 
mon  compagnon  eût  manqué  de  rae  suivre 
dans  tous  les  détours  du  bois ,  et  sans  qu'il 
parût  fatigué.  Dès-lors  il  se  mit  à  me  suivre 
et  à  m'accompaguer  par  -  tout ,  au  point 
d'en  venir  importun  ,  ne  pouvant  aller  à 
aucun  endroit  qu'il  ne  fût  sur  mes  pas* 
jusqu'à  venir  un  jour  me  trouver  dans  l'é- 
glise ;  une  autre  fois  ,  comme,  il  mé  cher- 
choi^  dans  le  village  ,  en  passant  devant  la 
croisée  de  M.  le  curé  ,  il  m'eiltendit  parler 
dans  sa  c^iambre  ,  et  trouva  la  porte  de  la 
cour  ouverte*,  il  entre  ,  monte  l'escalier ,  et 
en  entrant  »  frit  un  cri  de  joie ,  qui  ht  grand* 
peur  à  M.  le  curé. 


-.M'- 


V  «,5^  ; .  d'Ul^-'y^â^teiw-^ï?'^^'^ 


r 


ELLE 

lation  assez 
)  que  I  dans 
oie  se  mon- 
enl  person- 
9  et  même 
nnée  qui  la 
n  de  celui 


souvent,  et 
liemins  pour 
ndre  j  notre 
heures   du 
ir  ,  sans  que 
e  me  suivre 
et  sans  qu'il 
à  me  suivre 
>    au  point 
ant  aller  à 


r 


mes  pas, 
dans  l'é- 
•'ne  cher- 
devant  la 
«dit  parler 
>ort(  de  la 
scalier,  et 
i  fit  grand* 


B  U     C  A  »  A  B.  D.  49 

qu'elle  a  choisi  pour  Pobjet  de  son 
affection.  ;    , 

Dès  le  temps  de  Columclle  )  on  dis- 
tînguoit  deux  races  dans  les  oies  do- 
mestiques :  celle  des  blanches  plus  an« 
ciennement)  et  celle  à  plumage  variéi^ 
plus  récemment  privée  ^  et  cette  oie  ^ 
selon  VarrOH)  n^étoit  pas  aussi  fécondo 
que  Poie  blanche^  aussi  prescrivent-ils 
au  fermier  de  ne  composer  son  trou- 
peau que  de  ces  oies  toutes  blanches  ^ 
parce  qu^elles  sontaussi  lesplusgrosses^ 
en  quoi  Belon  paroit  être  entièrement 
de  leur  avis  :  cependant  Gessner  a  écrit 
à-peu-près  dans  le  même  temps  que 
l'on  croyoit  avoir  en  Allemagne  de  bon- 
nes raisons  de  préférer  la  grise  |  comme 
plus  robuste  sans  être  moins  féconde  ^ 
ce  qu'Aldrovande  confirme  également 
pour  Pltalie)  comme  si  la  race  la  plus 
anciennement  domestique  se  fût  à  la 
longue  affoiblie  |  et  en  effet  ^  il  ne  pa- 
roit pas  que  les  oies  grises  ou  variées 
f oient  aujourd'hui  p  ni  pour  ia  taille  p 


i 

■.1 


i. 


^,-y-tlt 


fM 


5a       histoihe   naturelle 
ni  pour  la  fécondité  |  inférieures  auji 
oies  blanches .  ^c  u  i .    . 

Aristote  y  en  parlant  des  deux  races 
ou  espèces  d^oies ,  l'une  plus  grande  f 
et  l'autre  plus  petite  )  dont  l'instinct 
•st  de  vivre  en  troupes  y  semble  par  la 
dernière  y  entendre  l'oie  sauvage  y  et 
Pline  traite  spécialement  de  celle-ci  ^ 
sous  le  nom  de  férus  anser.  En  effet  f 
l'espèce  de  l'oie  est  partagée  en  deux 
races  ou  grandes  tribus  ,  dont  l'une 
depuis  long- temps  domestique  ^  s'est 
affectionnée  à  nos  demeures ,  et  a  été 
propagée 9  modifiée  par  nos  soins,  et 
l'autre  beaucoup  plus  nombreuse,  nous 
a  échappé  y  et  est  restée  libre  et  sau- 
vage ;  car  on  ne  voit  entre  l'oie  domes- 
tique et  l'oie  sauvage  ,  de  différences 
que  celles  qui  doivent  résulter  de  l'es- 
clavage sous  Phomme  d'une  part ,   et 
de  l'autre  ,  de  la  liberté  de  la  nature. 
L'oie  sauvage  est  maigre  ,  et  de  taille 
plus  légère  que  l'oie  domestique  :  ce 
€^ui  s'observe  detnéme  entre  plusieurs 


>.  V*..  .m:^ 


"'--  Niïîâfe'^^:^  ■'  ''^1^^ 


..agjflMBSi»^**»*-^*"*^******' 


IZ.X.S 

rieures  aus 

deux  races 
us  grande  , 
>t  Pinstinct 
nble  par  la 
luvage,  et 
6  celle-ci  f 
.  En  effet  y> 
e  en  deu3c 
lont  l'une 
que ,  s'est 
I,  et  a  été 

soins,  et 
use,  nous 
e  et  sau- 
le dômes- 
Iférences 
r  de  Pes- 
>art  ,   et 

nature. 
àe  taille 

ue  :  ce 

U8ieur$ 


*>1 


DU     C  A.  K  A  R  D.  5ï 

races  privées ,  par  rapport  à  leur  tige 
sauvage ,  comme  dans  celle  du  pigeon 
domestique  comparée  à  celle  du  bizetf 
l'oie  sauvage  a  le  dôs  d'un  gris-brunà'* 
tre  ,  le  ventre  blanchâtre  ,  et  tout  le 
corps  nué  d'un  blanc-roussâtre  ,  dont 
le  bout  de  chaque  plume  est  frangé. 
Dans  l'oie  doinestique,  cette  couleur 
Toussâtre  a  varié  ;  elle  a  pris  défi  nuan- 
ces de  brun  ou  de  blanc  ;  elle  a  mémo 
disparu  entièrement  dans  la  race  blan- 
che. Quelques-unes  ont  acquis  une 
huppe  sur  la  tête  ,  mais  ces  change- 
mens  sont  peu  considérables  en  corn* 
paraison  de  ceux  que  la  poiile ,  le  pi- 
geon et  plusieurs  autres  espèces  ont 
subis  en  domesticité  ;  aussi  l'oie  et 
les  autres  oiseaux  d'eau  que  nous 
avons  réduits  à  cet  état  domestique  ^ 
sont -ils  beaucoup  moins  éloignés  de 
l'état  sauvage ,  et  beaucoup  moins  sou- 
mis ou  captivés  que  les  oiseaux  gaili- 
nacéo,  qui  semblent  être  les  citoyen» 
naturels  de  nos  basses-cours.  £t  dans 


■>(/ 


mtmmnrn:'. 


i!im^"*f'W^m.'^\  - 


'-'^-^^ 


i-k 


,■•'» 


lU  \ 


Sa  HISTOIRE   IfÀTURELLl! 

les  pays  OÙ  l'on  fait  de  grandes  éduca'^ 
tions  d'oies  ,  tout  le  soin  qu'on  leur 
donne  pendant  la  belle  saison,  consiste 
à  les  rappeler  ou  ramener  le  soir  à  la 
f«rme|  et  àieur  offrir  des  réduits  com- 
modes et  tranquilles  pour  faire  leur 
ponte  et  leur  nichée,  ce  qui  suffit,  avec 
l'asyle  et  L'aliment  qu'ellea  y  trouvent 
en  hiver  ^  pour  les  affectionner  à  leur 
demeure  et  les  empêcher  de  déserter  ; 
le  reste  du  temps  elles  vont  habiter  les 
eaux,  ou  elles  viennent  s'ébattre  et  se 
reposer  sur  les  rivages^  et  dans  une  vie 
aussi  approchante  de  la  liberté  de  la  na- 
ture ,  elles  en  reprennent  presque  tous 
les  avantages ,  force  de  constitution  , 
épaisseur  et  netteté  de  plumage  ,  vi« 
gueur  et  étendue  de  vol  \  dans  quelques 
contrées  même  où  l'homme  moins  ci- 
vilisé, c'est-à-dire  moins  tyran,  laisse 
encore  les  animaux  plus  libres  ,  il  y  a 
de  ces  oies  qui  réellement  sauvages 
pendant  tout  l'été ,  ne  redeviennent 
domestiques  que  pour  l'hiver  :  noua 


;» 


-•n;: 


fl8Ks(fflBIBB*W*****^ 


«.)i«S!te«|w»«*«««**-''*****'  •■ 


LIT! 

des  éduca-^ 
qu'on  leur 
n y  consiste 
le  soir  à  la 
duits  corn- 
faire  leur 
mfCity  avec 
jr  trouvent 
ner  à  leur 
déserter  j 
labiter  les 
ittre  et  se 
insunevie 
•é  de  la  na- 
isque  tous 
titution  y 
âge  ,  vi- 
quelques 
nolns  ci- 
n  j  laisse 
s  ,  il  y  a 
sauvages 
nennent 
r  :  noua 


BU      G  A.  N  A  K  D.  53 

tenons  ce  fait  de  M.  le  docteur  San-* 
chez ,  et  voici  la  relation  intéressante 
quMl  nous  en  a  communiquée. 

ce  Je  partis  d'Azof^  dit  ce  savant 
médecin ,  dans  l'automne  de  17565  mo 
trouvant  malade  ^  et  de  plus  craignant 
d'être  enlevé  par  lesTartares  Cubans, 
je  résolus  de  marcher  en  côtoyant  le 
Don  y  pour  coucher  chaque  nuit  dans 
les  villages  des  Cosaques ,  sujets  à  la 
domination  de  Russie .  Dès  les  premiers 
soirs,  je  remarquai  une  grande  quan* 
tité  d'oies  en  l'air  j  lesquelles  s'abat- 
toient  et  se  rendoient  sur  les  habita* 
tions  ;  le  troisième  jour  sur-tout ,  j'eik 
vis  un  si  grand  nombre  au  coucher  du 
soleil,  que  je  m'informai  des  Cosaques^ 
où  je  prenois  ce  soir-là  quartier,  si  les 
oies  que  je  voyois  étoient  domestiques ^ 
et  si  elles  venoient  de  loin ,  comme  il 
me  sembloit  par  leur  vol  élevé  ?  Ils  me 
répondirent,  étonnés  de  mon  igno- 
rance ,  que  ces  oiseaux  venoient  des 
lacs  qui  étoient  fort  éloignés  du  côté 


u 


I 


'V    v3 


'     V 


..^■^^fVpf^rfé  •%(-R'j|,;i»,  -  V  «a 


«•■ 


•'^  ••#^^''-w.-*'' 


€  ^  **< 


.•1  •■'  I-  I 


'      t 


54  HTSTOIRE    NATURELLE 

du  nord,  et  que  chaque  année  audégel^ 
pendant  les  mois  de  mars  et  avril ,  il 
sortoit  de  chaque  maison  des  villages 
six  ou  sept  paires  d'oies  ,  qui  toutes 
ensemble  prenoient  leur  vol  et  dispa- 
roissoient  pour  ne  revenir  qu'au  com- 
mencement de  Phiver ,  comme  on  le 
compte  en  Russie,  c'est-à-dire  à  la  pre- 
mière neige;  que  ces  troupes  arrivoient 
alors  augmentées  quelquefois  au  cen- 
tuple ,  et  que  se  divisant ,  chaque  pe- 
tite bande  cherchoit  avec  sa  nouvelle 
progéniture,  la  maison  où  elles avoient 
vécu  pendant  l'hiver  précédent.  J'eus 
constamment  ce  spectacle  chaque  soir 
durant  trois  semaines;  l'air  étoit  rem- 
pli d'une  infinité  d'oies  qu'on  voyoit 
se  partager  en  bandes  ;  les  filles  et 
les  femmes  ,  chacune  à  la  porte  de 
leurs  maisons  ,  les  regardant  ,  se  di- 
soient :  Voilà  mes  oies  ,  voilà  les  oies 
d'un  tel  y  et  chacune  de  ces  bandea 
mettoit  en  effet  pied  à  terre  dans  la 
cour  où  elle  avoit  passé  l'hiver  précé'* 


J^-^.'*^^ 


%• 


« 
4 


.IfflSÉfifflftbS^*^*- 


LLE 

^eaudégely 
ît  avril,  il 
les  villages 
qui  toutes 
>l  et  dispa- 
ju'au  com- 
nme  on  le 
re  à  la  pre- 
larrivoient 
lis  au  cen« 
iiaque  pe- 
ï  nouvelle 
les  a  voient 
lent.  J'eus 
laque  soir 
^toit  rem» 
on  voyoit 
filles  et 

porte  de 
,  se  di- 

i  les  oies 
bandea 
dans  la 

r  précé"* 


nu      CANARD. 


de 


55 


». 


i 


dent.  Je  ne  cesssai  de  voir  ces  oiseaux 
que  lorsque  j'arrivai  à  No^ 
ou  l'hiver  étoit  déjà  assez 

C'est  apparemment  d'après  quelques 
relations  semblables  qu'on  a  imaginé  , 
comme  le  dit  Belon ,  que  les  oies  sau- 
vages qui  nous  arrivent  en  hiver  , 
étoient  domestiques  dans  d'autres  con- 
trées :  mais  cette  idée  n'est  pasfondéey 
car  les  oies  sauvages  sont  peut-être  d» 
tous  les  oiseaux  les  plus  sauvages  et  les 
plus  farouches,  et  d'ailleurs  la  saison 
d'hiver  où  nous  les  voyons,  es  t  le  temps 
même  où  il  f'audroit  supposer  qu'elles 
fussent  domestiques  ailleurs. 

On  voit  passer  en  France  des  oies 
sauvages  dès  la  fin  d'octobre  ou  les 
premiers  jours  de  novembre.  L'hiver, 
qui  commence  alors  à  s'établir  sur  les 
terres  du  nord,  détermine  leur  migra- 
tion; et,  ce  qui  est  assez  remarquable, 
c'est  que  l'on  voit  dans  le  même  temps 
des  oies  domestiques  manifester  par 
leur  inquiétude  et  par  des  vols  fré- 


'\\ 


'   i 


,l1 


,;(»''»|«L-»(»^^;f*Î!S„J--. 


I, 


1     >i 


ïï 


56  HISTOIRE    NATDRELLS 

quens  et  soutenus  I  ce  désir  de  voyager  y 
reste  évident  de  Pinstinct  subsistant  f 
et  par  lequel  ces  oiseaux ,  quoique 
depuis  long-temps  privés,  tiennent 
encore  à  leur  état  sauvage  par  les  pre- 
mières habitudes  de  la  nature. 

Le  vol  des  oies  sauvages  est  toujours 
très-élevé^  le  mouvement  en  est  doux 
et  ne  s* annonce  par  aucun  bruit  ni 
sifflement  :  Taile  y  en  frappant  l'air,  ne 
paroit  pas  se  déplacer  de  plus  d'un 
pouce  ou  deux  de  la  ligne  horizontale  j 
ce  vol  se  fait  dans  un  ordre  qui  sup- 
pose des  combinaisons ,  et  une  espèce 
d^ntelligence  supérieure  à  celle  des 
autres  oiseaux  ,  dont  les  troupes  par- 
tent et  voyagent  confusément  et  sans 
ordre.  Celui  qu'observent  les  oies,sem- 
ble  leur  avoir  été  tracé  par  un  instinct 
géométrique^  c'est  à-la- fois  l'arrange- 
ment le  plus  commode  pour que chacun 
suive  et  garde  son  rang,  en  jouissant 
en  même  temps  d'un  vol  libre  et  ou- 
vert devant  soi  |  et  Ift  disposition  la 


-j^"*#-  *■•»->»*' 


'','S*k'KË?Sfei--"-^'^-" 


•îVSW'^i'SSî'ï-**"**^**'^*'' 


^ 


SLLB 

le  voyager  I 
subsistant  j 
:  j  quoique 
y  tiennent 
>ar  les  pre- 
ire* 

st  toujours 
in  est  doux 
n  bruit  ni 
int  l'air,  ne 
)  plus  d'un 
orizontale } 
re  qui  sup- 
une  espèce 

celle  des 
oupes  par- 
mt  et  sans 
3  oies^sem- 
un  instinct 
l'arrange- 
nue  chacun 

jouissant 
)re  et  ou- 
^osition  U 


f 


ï 


BU     C  A  K  Jk.  R  D.  ÙJ 

plus  favorable  pour  fendre  l'air  avec 
plus  d'avantage  et  moins  de  fatigue 
pour  la  troupe  entière  ç  car  «elles  se 
rangent  sur  deux  lignes  obliquas  for- 
mant un  angle  à-peu-près  comme  un 
V;  ou  si  la  bande  est  petite  ,  elle  ne 
forme  qu'une  seule  ligne ,  mais  ordi- 
nairement chaque  troupe  est  à    qua- 
rante ou  cinquante  5  chacun  y  garde 
sa  place  avec  une  juster^.».  admirable. 
Le  chef  qui  est  à  la  poiute  de  Pangle, 
et  fend  l'air  le  premier ,  va  se  reposer 
au  dernier  rang  lorsqu'il  est  fatigue  ; 
et  tour-à-tour  les  autres  prennent  la 
première  place.  Pline  s'est  plu  à  dé- 
crire ce  vol  ordonné  et  presque  rai- 
sonné :  tt  II  n'est  personne,  dit-il,  qui 
ne  soit  à  porté?  de  le  considérer  ^  car 
le  passage  des  ni-as  ne  se  fait  pas  dans 
la  nuit ,  mais  en  p.ei  i  jour  ». 

Onamême  remarqué  quelques  points 
de  partage  où  les  grandes  troupes  des 
oiseaux  se  divisent ,  pour  de  là  se  ré- 
pandre en  diverses  contrées  :  les  an- 
Oiseaux.  VI.  C 


\\\ 


i 


v3 


uk»<!>«i«»^Mi'' 


»!  -^'t-îî^j^'i*,- 


t  !f; 


\ê 


I    i 


'"   il 


( 


h< 


58  HISTOIRE    WAT011ELL2 

ciens  ont  indiqué  le  mont  TauruSy 
pour  la  division  des  troupes  d'oies  dan» 
toute  PAsie  mineure  ;  le  mont  StUat , 
maintenant  Cossonossi(  en  langtie  tur- 
que y  champ  des  oies  ) ,  où  se  rendent  à 
l^arrière-saisonde  prodigieuses  troupes 
de  ces  oiseaux  ^  qui  de  là  semblent  par- 
tir pour  se  disperser  dans  toutes  le» 
parties  de  notre  Europe. 

Plusieurs  de  ces  petites  troupes  ou 
bandes  secondaires  se  réunissant  de 
nouveau ,  en  forment  de  plus  grandear 
et  jusqu'au  nombre  de  quatre  ou  cinq 
cents  que  nous  voyons  quelquefois  en 
Kiver  s'abattre  dans  nos  champs  où 
ces  oiseaux  causent  do  grands  dom- 
mageS)  en  pâturant  les  blés  qu'ils  cher- 
chent on  grattant  jusque  dessous  la 
neige  j  heureusement  les  oies  sont  très* 
vagabondes,  restent  peu  en  un  endroit  y 
et  ne  reviennent  guère  dans  le  même 
canton;  elles  passent  tout  le  jour  sur 
la  terre  dans  les  champs  ou  les  prés  y 
mais  elles  vont  régulièrement  tous  les 


■**S«M'WS^H»ï***'*"'' 


ÎL12 

it  Taurusy 
d'oies  dan» 
ont  SfiUat  p 
iangtietur- 
e  rendent  a 
ses  troupes 
nblent  par- 
toutes  let 

troupes  ou 

inissant  de 

us  grandear 

;re  ou  cinq 

quefois  en 

hamps  où 

inds  dom- 

uUls  cher- 

lessous  la 

sont  très* 

endroit  y 

le  même 

jour  sur 

les  prës  , 

t  tous  les 


m 


D  tJ     C  A  W  A  R  D.  69 

soirs  se  rendre  sur  les  eaux  des  rivières 
ou  des  étangs;  elles  y  passent  la  nuit 
entière  ,  et  n'y  arrivent  qu'après  le 
coucher  du  soleil;  il  en  survient  même 
après  la  nuit  fermée ,  et  l'arrivée  de 
chaque  nouvelle  bande  est  célébrée  par 
de  grandes  acclamations  |  auxquelles 
les  arrivantes  répondent  de  façon  que 
sur  les  huit  ou  neuf  heures  et  dans  la 
nuit  la  plus  profonde^  elles  font  un  si 
grand  bruit  et  poussent  des  clameurs 
si  multipliées  ,  qu'on  les  croiroit  as- 
semblées par  milliers. 

On  pourroit  dire  que  ^  dans  cetlei 
saison,  les  oies  sauvages  sont  plutôt 
oiseaux  de  plaine  qu'oiseaux  d'eau , 
puisqu'elles  ne  se  rend^fUt  à  l'eau  que 
la  nuit ,  pour  y  chercher  leur  sûreté  ; 
leurs  habitudes  sont  bien  différentes 
et  même  opposées  à  celles  des  canards 
qui  quittent  les  eaux  où  s'y  rendent 
les  oies ,  et  qui  ne  vont  p\turer  dans 
les  champs  que  la  nuit ,  et  ne  revien* 
Dont  à  l'eau  que  quand  les  oies  la  quit; 


H"'-'^ 


!*  »» 


*tm**f' 


^^ 


()0  HISTOIHE     NATURELLE 

tent.  Au  reste, les  oies  sauvages,  clans 
leurretourau  printemps,  ne  s^arrétent 
guère  sur  nos  terres  ;  on  n^en  voit 
inéme  qu'un  très-petit  nombre  dans 
les  airs ,  et  il  y  a  apparence  que  ces 
oiseaux  voyageurs  ont  pour  le  départ 
et  le  retour  deux  routes  différentes. 

Cette  inconstance  dans  leur  séjour, 
jointe  à  la  finesse  de  Pouie  de  ces  oi- 
seaux, et  à  leur  défiante  circonspec- 
tion, font  que  leur  chasse  est  difficile^ 
et  rendent  même  inutiles  la  plupart 
des  pièges  quW  leur  tend  :  celui  qu'on 
trouve  décrit  dans  Aldrovande  ,  est 
]|.eut-étre  le  plus  sûr  de  tous  ,  et  le 
mieux  imaginé,  ce  Quand  la  gelée,  dit- 
il,  tient  les  champs  secs,  on  choisit  un 
lieu  propre  à  coucher  un  long  filet  as- 
sujéti  et  tendu  par  les  cordes,  de  ma- 
nière qu'il  soit  prompt  et  preste  à  s'a- 
battre ,  à-peu-près  comme  les  nappes 
du  filet  d'alouette,  mais  sur  un  espace 
plus  long, qu'on  recouvre  de  poussière^ 
on  y  place  quelques  oies  privées  pour 


■i 
4- 


t  -■» 


^.ii/^X-tm^^ 


LELLE 

Livages,  dans 
ne  s'arrêtent 
)n  n'en   voit 
lombre  dans 
înce  que  ces 
»ur  le  départ 
iifférentes. 
leur  séjour^ 
ie  de  ces  oi- 
^  circonspec- 
est  difficile^ 
s  la  plupart 
:  celui  qu'on 
>vande  ,  est 
tous  y  et  le 
a  gelée,  dit- 
|n  choisit  un 
|ong  iilet  as> 
es ,  de  ma- 
res te  à  s'a- 
les  nappes 
un  espace 
poussière^ 


DU      C  A.  N  A  B.  D. 


servir 


d^appeL 


il 


6i 

iel  de 


rivées 


pour 


t  essentif 
laîre  tous  ces  préparatifs  le  soir,  et  de 
ne  pas  s'approcher  ensuite  du  filet  j 
car,  si  le  matin  les  oies  voyoient  la  ro- 
sée ou  le  givre  abattus,  elles  en  pren- 
droient  défiance.  Elles  viennent  donc 
à  la  voix  de  ces  appelans ,  et  après  de 
longs  circuits  et  plusieurs  tours  enPair^ 
elles  s'abattent  :  l'oiseleur  caché  à  cin- 
quante pas  dans  une  fosse,  tire  à  temps 
la  corde  du  filet,  et  prend  la  troupe 
entière,  ou  partie  sous  sa  nappe.  » 

Nos  chasseurs  emploient  toutes  leurs 
ruses  pour  surprendre  les  oies  sauva- 
ges ]  si  la  terre  est  couverte  de  neige  ^ 
ils  se  revêtent  de  chemises  blanches 
par-dessus  leurs  habits  ;  en  d'autres 
temps  ,  ils  s'enveloppent  de  branches 
et  de  feuilles,  de  manière  à  paruitre 
un  buisson  ambulant  ;  ils  vont  jusqu'à 
s'affubler  d'une  peau  de  vache  ,  mar- 
chanten  quadrupùdes,courbés  sur  leur 
fusil  ;  et  souvent  ces  stratagèmes  no 
suifisont  pas  pour  approcher  les  oies  | 


•t 


\  ^ 


^1  ! 
■■'♦ 


62  HISTOIRE    NATURELLE 

même  pendant  la  nuit.  lis  prétendent 
qu^il  y  en  a  toujours  une  qui  fait  sen- 
tinelle le  cou  tendu  et  la  tête  élevée  ^ 
et  qui,  au  moindre  danger,  donne  à  la 
troupe  le  signal  d*alariné.Mais,conime 
elles  ne  peuvent  prendre  subitement 
Tessor ,  et  qu^elles  courent  trois  ou 
quatre  pas  âur  la  terre ,  6t  battent  des 
ailes  pendant  quelques  momens,  avant 
que  de  pouvoir  s^éteter  dans  Pair,  le 
chasseur  a  le  temps  de  les  tirer. 

Les  oies  sauvages  ne  restent  dans  ce 
pays-ci  toirt  rhiver,  que  qua^d  la  sai- 
son est  douce  :  car,  dans  les  hivers  ru- 
des, lorsque  nos  rivières  et  nos  étangs 
se  glacent ,  elles  s'avancent  plus  au 
midi  ,  à'ûii  l'on  en  voit  revenir  quel' 
ques-unes  qui  repassent  vers  la  fin  de 
mars  pour  retourner  au  nord  ;  elies  ne 
fréquentent  donc  les  climats  chauds  ^ 
et  même  la  plupart  des  régions  tempé- 
rées ,  que  dans  le  temps  de  leurs  pas* 
sages  ;  car  nous  ne  sommes  pas  infor- 
més qu^elles  nichent  en  France  ;  quel- 


■4 


t: 
'* 


ïT 


I 


mfÈtmi^ 


ELLE 

S  prëtendene 
qui  fait  sen- 
te te  élevée  , 
r,  donne  à  la 
^aisjcomme 
subitement 
9nt  trois  ou 
t  battent  des 
mens,  avant 
ans  l'air,  le 
s  tirer, 
tent  dans  ce 
aaïid  la  sai- 
)8  hivers  ru- 
t  nos  étangs 
!nt  plus  au 
venir  quel- 
rs  la  Rn  de 
à  ;  elles  ne 
ts  chauds  , 
ous  tempé- 
leurs  pas* 
pas  infor- 
nce  5  cj^ufil- 


DITCANARD.  63 

iq nés* unes  seulement  nichent  en  An- 
gleterre ,  ainsi  qu'en  Sîlésie  et  en 
BothniiȔ  d'autres, eu  plusgrandnom- 
bre ,  vont  nicher  dans  quelques  can- 
ton^* de  la  grande  Pologne  et  de  là  Li- 
thuanie;  néanmoins  lé  gros  de  l'espèce 
tie  s'établit  que  plus  loin  da^s  le  nord, 
etsans  s^arrêter  ni  iur  les  côtes  de  l'Ir- 
lande et  de  l'Ecosse ,  ni  même  en  tous 
les  points  de  la  longue  côte  de  Notwè- 
ge.  On  voit  ces  oiseau?^  se  porter  en 
troupes  immenses  jusque  versleSpitz- 
berg  le  Groenland  et  les  terres  de  la 
baie  d'Hudson,  où  leur  graisse  et  leur 
fiento  sont  une  ressource  pour  les  mal- 
heureux habitans  de  ces  contrées  gla* 
cées.  Il  y  en  a  de  môme  des  troupes 
innoiab râbles  sur  les  lacs  et  les  riviôres 
de  la  Laponie,  ainsi  %|tie  dans  les  plai- 
nes de  Mangasea,  le  long  du  Jénisca, 
dans  plusieurs  autres  parties  de  In  SI* 
bérit: ,  jusqu'au  Kamtschatka,  où  elles 
arrivent  au  moi.^  de  mai,  et  d'(  >  <4les 
ne   partent  qu'en    novembre  ,    ;iprè<» 


^0mf%  mmm*m  ^- 


i-r        à 


IH 


m  : 


m  ■    m 
Mi  :  f 


rM 


P'  ï 


I   '\ 


If  W 


ri  fi 


«y^a*vc, passer.;,  r  ie« 

printemps  vers  l'ouest  T.  "  "" 

^«  viennent  delMl^*^     """* *!"'''- 

<:'Mt  <i.  e  k  n-       '^     ^  ^'"'  <*"«'"  » 
o,-s7  '  grande  partie  de  ces 

0"i8  du  nord-est  de  l'Asie     „  . 

-"tréesdu^idiversftsfTs'r'" 
des  et  Je  Japon  ,  où  l'on    r      '        "' 

P«-êede'„C    ':^:t""'""" 
«ssure  même  n..'       t  "^f *  ••  °n 

dont  on  fe"''"^''*'^'^""'^ 
leur  d^fi  '   ""  '  '^"fa"  oublier 

*eur  devance  naturelle. 

»Jn  lait  qui  semble  venir  à  l'ann   • 

du  passage  des  oies  de  I'aL  •    '^^"' 

A«e  ,  c'est  que  la  J      ^""^"1"^  «» 
7       <»«'  4ueia  même  esnAr*»  ^>  • 

«auvage  ,  «,ui  se  voit  en  P  '° 

^-.  -  trouve  auTsrifx'r''^" 
auCa„ada,41,JVo„,,l;'l^°"'"«'>e, 

-■He»  côtes  occideni't^,^^^^^^ 
1"e  septentrionale  5  nous  ,L 
oettemémeespèces.,  ^     ""'  " 

•       '^  i étendu*  de  !'Am6.^u» 


it! 


^.  Steller  les 
ledeBerijjg, 
5   l'est  el;  au 
rë&ume  qu'él- 
ue au  JCamts- 
)lus  certain  , 
artie  de  ces 
'  9  gagne  les 
erse ,  les  lu- 
*^serve  leur 
Europe  :  on 
I  'a  sécurité 
fait  oublier 

«•  à  l'appui 
werique  en 
îpèce  d'oie 
rope  et  en 
Louisiane , 
'pagne ,  et 
î  l'Améri- 
;norons  si 
gaiemt,,^ 


..f  / 


DU      CANARD*  65 

méridionale  ;  nous  savons  seulement 
que  la  race  de  l'oie  privée ,  transpor- 
tée d'Europe  au  Brésil,  passe  pour  y 
avoir  acquis  une  chair  plus  délicate  et 
de  meilleur  goût  ;  et  qu'au  contraire 
elle  a  dégénéré  à  Saint-Domingue ,  où 
M.  le  chevalier  Lef'ebvre  Deshayes  a 
fait  plusieurs  observations  sur  le  na- 
turel de  ces  oiseaux  en  domesticité,  et 
particulièrement  sur  les  signes  de  joie 
que  donne  l'oie  mâle  à  la  naissance  des 
petits  (i).  M.  Deshayes  nous  apprend 
de  plus  qu'on  voit  à  Saint-Domingue 


(i)  Quoique  l'oie  souffre  ici  d'être  plumëe 
de  son  duvet  trois  fois  l'année ,  son  espèce 
néanmoins  est  moins  précieuse  dans  un  cli- 
mat où  la  santé  défend ,  en  dépit  de  la  mol- 
lesse, de  dormir  sur  le  duvet,  et  où  la 
paille  fraîche  est  le  seul  Ht  où  le  sommeil 
puisse  s'abattre.  La  chair  de  l'oie  n'est  pas 
non  plus  aussi  bonne  k  Saint  -  Domingue 
qu'en  France;  jamais  elle  n'est  bien  grasse  ; 
elle  est  filandreuse ,  et  celle  du  canard 
mérite  à  tous  égards  la  préférence.  Obsev* 


A 


>.  >é 


\i 


«ne  o.e  de  passage  qui,  eo„„,e  en  E... 

a  "antln!  I  '"'^'S""'*»  »«  PO'te-t  fort 
Nouvel  mV"'''''  «^''«J'onales  du 
No„veau.Mo„de,co»„e  dan.  celle. 


^Sr  rit? '"' ^- '"^ '*-'^^ 

animal  dëmontre  J,  '^. '""."'«"ger  ;  cet 
pied,  de  façorr^L     *"•  *"*P'g"««  de. 

™9"e»,  puisqu-ik  n-o„T,tr:„7dr ''•''• 

Circonstance     pf  «.*»:!  ^      °^"®  <^ette 

«on,  dan,  leur  p"e° ier  »  \"""'e^'<'>»  oi- 
•a  propre  su^ZT^fsetf^"'-  r^Iige 
de  son  cœur  •  c^tJx  .       "  "  'a   oie 

comme  celle    de  vôlanlr*'''"!  •"«""•''» 
••*  »e,  pedt,,  la  llîf  ;.;,''    "'"""''  '<"» 


1 


■•«■ 


•fetià****-. 


rRELLE 

comme  en  Eu- 
is  grande  que 
îmble  prouver 
e  portent  fort 
ridionales  du 
e  dans  celles 
où   elles  ont 


t,  le  chevalier 

parlé,  ce  me 

guliers  de  joie 

i  ses  petits  les 

manger  î  cet 

ion  en  levant 

•épignant  des 

■  qu'il  danse. 

sont  pas  équi- 

ic  dans  cette 

>étés  presque 

ngeraux  oi- 

ïère  néglige 

er  à  la  joie 

quelquefois 

distraction 

cîiasse  loin 

"P«*e»  il  là 
r.  Idem, 


DU      CANARD.  6^ 

)énétré  jusque  sous  la  zone   torride  ^ 
^et  paroissent  même  Tavoir  traversée 
|oute  entière  \  car  on  les  trouve  au  Sé- 
négal j  au  Congo  |  jusque  dans  les  ter- 
ces  du  Cap  de  Bonne  -  Espérance  ,  et 
ieut-étre  jusque  dans  celles  dn  conti- 
Éient  austral.  £n  effet ,  nous  regardons 
^es  oies  y  que  les  navigateurs  ont  ren- 
llpontrées  le  long  des  terres  MagelLani« 
gués  ,  àla  terre  de  Feu  )  à  la  Nouvelle-* 
l^ollande  j  etc.  comme  tenant  de  ^rès  « 
ifrès  à  l'espèce  de  nos  oies ,  puisqu'ils 
|ie  leur  ont  pas    donné  d'autre   nom. 
fféanmoins  iL  paroit  qu'outre  l'e^rA'ne 
commune,  il  existe ,  dins  ces  conv.t^Sy 
d'autres  espèces  dont  nous  allons  don- 
ner la  description. 

L'OIE  des  terres  Magellaniqurs* 
Seconde  espèce. 

Cette  grande  et  belle  oie,  qui  paroît 
être  propre  et  particulière  à  cette  con- 
trée ,  a  la  moitié  inférieure  du  cou^  la 


:   j^     ' 


<«**miA^ 


¥ 


t  < 


if? 


X 


6I&  HISTOIRE    NATURELLE 

poitrine  et  le  haut  du  dos  ricliemeiit 
émaillés  de  festons  noirs  sur  un  fond 
roux  ;  le  plumage  du  ventre  est  ou- 
vragé de  mêmes  festons  sur  un  fond 
blanchâtre  ;  la  tête  et  le  haut  du  cou 
sont  d'un  rouge  pourpré;  Paile  porte 
une  grande  tache  blanche  ,  et  la  cou- 
leur noirâtre  du  manteau  est  relevée 
par  un  reflet  de  pourpre. 

Il  paroît  que  ce  sont  ces  belles  oies 
que  le  commodore  Byron  désigne  sous 
le  nom  à* oies  peintes  ,  et  qu'il  trouva 
sur  1p.  pointe  San-^y ,  au  det»oit  de 
Magellan.  Peut-êtr.  \ussi  ce  le  espèce 
est-elle  la  même  que  celle  qu'indique 
le  capitaine  Cook  ,  souo  la  simple  dé- 
nomination de  nouvelle  espè  -->  d'oie  , 
et  qu'il  a  rencontrée  sur  ces  côtes  orien- 
tales du  détroit  de  Magellan  et  de  ta 
terre  de  Feu  ,  qui  sont  entourées  par 
d^immenses  lits  flottans  de  passe- 
pierre* 


lELLE 

ios  richement 
sur  un  fond 
entre  est  ou- 
sur  un  fond 
haut  du  cou 
55  l'aile  porte 
e  ,  et  la  cou- 
•u  est  relevée 

es  belles  oies 
désigne  sous 
t  qu'il  trouva 
u  def»oit  de 
ice  te  espèce 
e  qu'indique 
îa  simple  dé- 
^p^  '  d'oie  , 
côtes  orien« 
llan  et  de  la 
ntourées  par 
de   passe- 


DV      CANA.IID. 


h 


■•1 


L'OIE  des  lies  Malouines  ,  ou  Falkland. 

Troisième  espèce. 

•I 

«  De  plusieurs  espèces  d'oies ,  dont 

;|a  chasse, dit  M.  de Bougainville, for- 

tmoit  une  partie  de  nos  ressources  aux 

^' Iles  Malouines,  la  première  ne  faitque 

>|^àturer5  on  lui  donne  improprement 

|e  nom  à'' outarde  ^  ses  jambes  élevées 

)ui  sont  nécessaires  pour  se  tirer  des 

grandes  herbes ,  et  son  long  cou  la  sert 

jbien  pour  observer  le  danger^  sa  dé- 

Inarche  est  légère ,  ainsi  que  son  vol , 

dételle  n'a  point  le  cri  désagréable  de 

'|son  espèce  ;  le  plumage  du  mâle  est 

I  blanc ,  avec  des  mélanges  de  noir  et  de 

I  cendré  sur  le  dos  et  les  ailes;  la  femelle 

^  est  fauve ,  et  ses  ailes  sont  parées  de 

couleurs  changeantes;  elle  pond  ordi» 

nairement  six  œufs;  leur  chair  saine  j 

nourrissante  et  de  bon  goût ,  devint 

notre  principale  nourriture  ;  il  étoit 

j  rare  qu'on  en  manquât  :  indé]>endani- 

Oiseaux.  VI.  7 


ïrT^'nF^^^^^^Wff^^   * 


f-^ 


1 


i  ' 


â 


«70  HISTOIRE    NATURELLE 

ment  de  celles  qui  naissent  sur  l'ile , 
les  vents  d'est  en  automne  en  amènent 
desvoléeS)  sans  doute  de  quelque  terre 
inhabitée  ;  car  les  chasseurs  reconnois- 
soient  aisément  ces  nouvelles  venues^ 
au  peu  de  c  rainte  que  leur  inspiroit  la 
vue  des  hommes.  Deux  ou  trois  au- 
tres sortes  d'oies  j  que  nous  trouvions 
dans  ces  mêmes  tles ,  n'étoient  pas  si 
recherchées,  parce  que  j  se  nourrissant 
de  poisson  j  elles  en  contractent  un 
goût  huileux  »>« 

Nous  n'indiquons  cette  espèce  sous 
la  dénomination  à''oie  des  iles  Ma^ 
louines  ,  que  parce  que  c^est  dans  ces 
tles  qu'elle  a  été  vue  et  trouvée ,  pour 
la  première  fois ,  par  nos  navigateurs 
français;  car  il  parott  que  les  mêmes 
oies  se  rencontrent  au  canal  de  Noël, 
le  long  de  la  terre  de  Feu  |  de  Pile 
Schagg  dans  ce  même  canal ,  ethsur 
d'autres  lies  près  de  la  terre  des  Etats  ; 
du  moins  M.  Cook  semble  renvoyer  à 
leur  sujet,  à  la  description  de  M.  de^ 


r  \ 


il 


»tri-i*»»-- 


,«s^j!.a:jaB!«a««M«w-*«* 


rRELLE 

sent  sur  i'ile, 
me  en  amènent 
s  quelque  terre 
Burs  reconnois- 
ivelles  venues, 
sur  inspiroit  la 
K  ou  trois  au- 
nous  trouvions 
'étoient  pas  si 
se  nourrissant 
ontractent  un 

te  espèce  sous 
des  iles  Ma- 
c^est  dans  ces 
trouvée ,  pour 
8  navigateurs 
Je  les  mêmes 
mal  de  Noël, 
?eu,  de  l'île 
;anal ,  et  sur 
•re  des  Etats; 
e  renvoyer  à 
on  de  M.  de 


DU     CANARD. 

>rsau'il  dit: 


71 


gainville,  lorsqu'il  dit  :  a  Ces  oies 

paroissent  très  «  bien  décrites  sous  le 
liom  Moutardes ^  elles  sont  plus  petites 
que  lesoies  privées  d'Angleterre,  mais 
aussi  bonnes;  elles  ont  le  bec  noir  et 
court,  et  les  pieds  jaunes  ;  le  mâle  est 
ïlout  blanc  •  la  femelle  est  mouchetée 
/|de  noir  et  de  blanc  ou  de  gris ,  et  elle 
^  une  grande  tache  blanche  sur  chaque 
^i|ile  ».  Et  quelques  pages  auparavant 
il  en  fait  une  description  plus  détaillée 
en  ces  termes  :  ce  Ces  oies  nous  paru- 
rent remarquables  par  la  différence  de 
couleur  entre  le  mâle  et  la  femelle  ;  le 
mâle  étoit  un  peu  moindre  qu'une  oie 
Iprivée  ordinaire,et parfaitement  blanc ^ 
^excepté  les  pieds  qui  étoient  jaunes, 
let  le  bec  qui  étoit  noir  ;  la  femelle  • 
I  au  contraire  ^  étoit  noire  ,   avec  des 
barres  blanches  en  travers  ,  une  tête 
grise ,  quelques  plumes  vertes  et  d'au- 
tres blanches.  Il  paroi t  que  cette  dif- 
férence est  heureuse ,  car  la  femelle 
étant  obligée  de  conduire  ses  petits  | 


I 


tia»>:«nr««ii.,. 


^.^..^  .ttr 


^,:^«(j*»^'?^,  "f,  -i^v-*!-»* 


^if: 


xV^ 


^2,         HISTOIRE    NATURELLE 

sa  couleur  brune  la  cache  mieux  aux 
faucons  et  autres  oiseaux  de  proie  33. 
Or ,  ces  trois  descriptions  paroissent 
appartenir  à  la  même  espèce  ^  et  ne 
diffèrent  entre  elles  que  par  le  plus 
ou  le  moins  de  détails.  Ces  oies  four- 
nirent  aux  équipages  du  capitalise 
Cook  un  rafraîchissement  aussi r  ^.ëa- 
ble,  qu'il  le  fut  aux  iles  Malouines  à 
nos  Français. 

L'OIE    DE    GUINÉE. 


Quatrième  espèce. 

Le  nom  d'oie-cygne  {Swan-goose) , 
que  Willulghby  donne  à  cette  grande 
et  belle  oie  ,  est  assez  bien  appliqué , 
si  l'oie  du  Canada  ,  tout  aussi  belle  au 
moins  ,  n'avoit  pas  le  même  droit  à  ce 
nom  ,  et  si  d'ailleurs  les  dénominations 
composées  ne  dévoient  pas  être  bannies 
de  l'Histoire  Naturelle.  La  taille  de 
cette  belle  oie  de  Guinée  surpasse 
celle  des  autres  oies  ;  son  plumage  est 


LELLE 

iie  mieux  aux 
IX  de  proio  », 
ins  paroissent 
ispèce  y  et  ne 
3  par  le  plus 
Ges  oies  four'> 
clu  capitaihe 
t  aussi r  ^r.éa.' 
Malouines  à 


INEE. 

e. 

wan-goosé)  , 
cette  grande 
n  appliqué, 
ussi  belle  au 
le  droit  à  ce 
nominations 
être  bannies 
-•a  taille  de 
ée  surpasse 
plumage  est 


DIT      CAWARD. 


7^ 


gris-brun  sur  le  dos ,  gris-blanc  au-de» 
Tant  du  corps ,  le  tout  également  nué 
de  gris  -  roussàtre  ,  avec  une  teinte 
brune  sur  la  tête  et  au-dessus  du  cou  ^ 
elle  ressemble  donc  à  l'oie  sauvage  par 
les  couleurs  du  plumage  ;  mais  la  gran- 
deur de  son  corps  e^  le  tubercule  élevé 
qu'elle  porte  sur  la  base  du  bec ,  l'ap- 
prochent un  peu  du  cygne ,  et  cepen- 
dant elle  diffère  de  l'un  et  de  l'autre 
par  sa  gorge  enflée  et  pendante  en  ma-* 
nière  de  poche  ou  de  petit  fanon  ;  ca- 
ractère très-apparent ,  et  qui  a  fait  don« 
ncr  à  ces  oies  le  nom  de  jabatières, 
L^Afrique,  et  peut-être  les  au  très  terres 
méridionales  de  Tancien  continent,  pa- 
roissent être  leur  pays  natal;  et,  quoi- 
que Linnaeus  les  ait  appelées  oies  d^ 
Sibérie ,  elles  n'en  sont  point  origi- 
naires^ et  ne  s'y  trouvent  pas  dans  leur 
état  de  liberté;  elles  y  ont  été  appor- 
tées des  climats  chauds,  et  on  les  a  mul- 
tipliées en  domesticité  ,  ainsi  qu'en 
Suède   et  en  Allemagne.   Frisch  ra^ 


hmkMKWMHC" 


.mm^mmi;;'*!!^ 


•s 


'»H« 


i  i 


y4  HISTOIRE    NATUKEt.l.R 

conte  qu'ayant  plusieurs  ibis  montré  à 
des  Russes  de  ces  oies  qu'il  nourrissoit 
dans  sa  basse-cour ,  tous  sans  hésiter  j 
les  avoient  nommées  oies  de  Guinée  ^ 
et  non  pas  oies  de  Russie  ni  de  Sibé' 
rie.  C'est  pourtant  sur  la  foi  de  cette 
fausse  dénomination  donnée  par  Lin- 
nseus  ,  queM.Bri£sony  après  avoir  dé- 
crit cette  oie  sous  son  vrai  nom  d'o/e  de 
Ouinée,  la  donne  une  seconde  fois  sous 
celui  d'o/e  de  Moscovie ,  sans  s'être 
aperçu  que  ses  deux  descriptions  sont 
exactement  celles  du  même  oiseau. 

Non -seulement  cette  oie  des  pays 
chauds  produit  en  domesticité  dans  des 
climats  plus  froids;  mais  elle  s'allie  avec 
l'espèce  commune  dans  nos  contrées  ; 
et ,  de  ce  méiange,  il  résulte  des  métis 
qui  prennent  de  notre  oie  le  bec  et  les 
pieds  rouges  y  mais  qui  ressemblent  à 
leur  père  étranger  par  la  tête ,  le  cou 
et  la  voix  forte  ,  grave  y  et  néanmoins 
éclatante  |  car  le  clairon  de  ces  grandes 
oies  est  encore  plus  retentissant  que 


ly . 


ibis  montre  à 
*il  nourrissoit 
sans  hésiter  y 

de  Guinée  ^ 
e  ni  de  Sibé- 
.  ioi  de  celle 
née  par  Lin- 
rès  avoir  dé- 
nom  d'o/e  de 
nde  fois  sous 

sans  s'être 
riptions  sont 
16  oiseau, 
ie  des  pays 
:ité  dans  des 
î  s'a]Jie  avec 
s  contrées  $ 
te  des  métis 
e  bec  et  les 
semblent  à 
^te ,  le  cou 
néanmoins 
;es  grandes 
issant  que 


DU     C  A  H  A  K.  D. 


75 


celui  des  nôtres ,  avec  lesquelles  elles 
ont  bien  des  caractères  communs.  La 
même  vigilance  paroit  leur  être  natu- 
relle, a  Rien ,  dit  M.  Frisch ,  ne  pou- 
voit  bouger  dans  la  maison  pendant  la 
nuit,  que  ces  oies  de  Guinée  n'en  aver- 
tissent par  vtn  grand  cri  \  le  jour  elles 
annoncoient  de  même  les  hommes  et 
lesanimauxquientroientdan&labasse- 
cour ,  et  souvent  elles  les  poursui  voient 
pour  les  becqueter  aux  jambes  ».  Le 
bec  ,  suivant  la  remarque  de  ce  natu-* 
raliste,  est  armé  sur  ses  bords  de  pe- 
tites dentelures,  et  la  langue  est  garnie 
de  papilles  aiguës^  le  bec  est  noir,  et 
le  tubercule  qui  le  surmonte ,  est  d'un 
rouge  vermeil.  Cet  oiseau  porte  la  tête 
haute  en  marchant;  son  beau  port  et 
»a  grande  taille  lui  donnent  un  air  as- 
sez noble.  Suivant  M.  Frisch,  la  peau 
du  petit  fanon  ou  la  poche  de  la  gorge, 
n'est  ni  molle  ni  flexible ,  mais  ferme 
ot  résistante,  ce  qui  pourl„<it  semble 
peu  s'accordef  avec  l'usage  que  K,olba 


A 


i 


f 


u  <» 


i 

V. 


i.    I 


vi  ^  M} 


j6  HISTOIRE    NATURELLE 

nous  dit  qu'en  l'ont  au  Cap  les  matelots 
et  les  soldats.  On  m'a  envoyé  la  tête  et 
le  cou  d'une  de  ces  oiesj  et  l'on  y  voyoit 
à  la  racine  de  la  mandibule  inférieure 
du  bec  )  cette  poche  ou  fanon  ;  mais  ^ 
comme  ces  parties  étoientà  demi-brû- 
lées ,  nous  n'avons  pu  les  décrire  exac- 
tement; nous  avons  seulement  recon- 
nu )  par  cetenvoi  qui  nous  a  été  adressé 
de  Dijon  ^  que  cette  oie  de  Guinée  .'î 
trouve  en  France  comme  en  Allema- 
gne 9  en  Suède  et  en  Sibérie. 

L'O  I  E     ARMÉE. 

Cinquième  espèce. 

Cette  espèce  est  la  seule ,  non-seu- 
lement de  la  famille  des  oies^  mais  de 
toute  la  tribu  des  oiseaux  palmipèdes^ 
qui  ait  aux  ailes  des  ergots  ou  éperons  ^ 
tels  que  ceux  dont  le  kamiclii^  les  ja- 
canaS;  quelques  pluviers  et  quelques 
vanneaux  sont  armés  :  caractère  singu- 
lier que  '«  nature  a  peu  répété  ,  et  qui 


}'\\ 


A  ., 


.#***^ 


ELLE 

>  les  matelots 
oyé  la  tête  et 
l'ony  voyoit 
le  inférieure 
non  ;    mais  ^ 
à  demi-brû- 
lée rire  exac- 
ment  recon- 
El  été  adressé 
e  Guinée  ^  ^ 
en  Allema- 
:ie. 

É  E. 


3  9  non*seu- 

2Sy  mais  de 
almipôdes, 
u  éperons , 
;lii,  les  ja- 
t  quelques 
tère  singu- 
ité ,  et  qui 


DU      CANARD.  r^J 

[dans  les  oies  distingue  celle-ci  de  tou- 
Ites  les  autres.  On  peut  la  comparer 
pour  la  taille  ,  au  canard  musqué;  elle 
a  les  jambes  hautes  et  rouges  ;  le  bec 
de  la  même  couleur  et  surmonté  au 
front  d'une  petite  caroncule;  la  queue 
|et  les  grandes  pennes   des  ailes  son^ 
fiioires  ;  leurs  grandes  couvertures  sont 
vertes,  les  petites  sont  blanches  et  tra- 
versées d'un  ruban  noir  étroit  ;  ie  man- 
teau est  roux ,  avec  des  reflets  d'un 
pourpre  obscur  ;  le  tour  des  yeux  est 
de  cette  même  couleur,  qui  teint  aussi, 
mais  foiblement,  la  tête  et  le  cou;  le 
devant  du  corps  est  finement  liseré  de 
petits  zig-zags  gris,  sur  un  fond  blanc- 
jaunâtre. 

Cette  oie  est  indiquée  dans  nos  plan- 
ches enluminées  comme  venant  d'E- 
j>ypte.  M.  Brisson  l'a  donnée  sous  le 
nom  à* oie  de  Gambie^  et ,  en  effet,  il 
est  certain  qu'elle  est  naturelle  en 
Afrique  ;  et  qu'elle  se  trouve  particu- 
lièremenl  au  Sénégal. 


IMIP**^^^^^*» 


1 


r  -f 


HISTOIRE    NATURELLE 


L'OIE    BRONZÉE. 


(■ 


^ , 


Sixième  espèce. 

C'est  encore  ici  une  grande  et  belle 
espèce  d^oie  y  qui  de  plus  est  remar- 
quable par  une  large  excroissance  char* 
nue  f  en  forme  de  crête ,  au-dessus  du 
bec  ;   et  aussi  par  les  reflets  dorés  y 
bronzés  et  luisans  d^acier  bruni',  dont 
brille  son  manteau  sur  un  fond  noir; 
la  tête  et  la  moitié  supérieure  du  cou 
sont  mouchetées  de  noir  dans  du  blanc 
par  petites  plumes  rebroussées,  comme 
bouclées  sur  le  derrière  du  cou;  tout 
le  devant  du  corps  est  d'un  blanc  teint 
de  gris  sur  les  flancs.  Cette  oie  paroit 
moins  épaisse  de  corps,  et  a  le  cou  plus 
grêle  que  l'oie  sauvage  commune*  quoi< 
que  sa  taille  soit  au  moins  aussi  grande . 
Elle  nous  a  été  envoyée  de  la  côte  de 
Coromandel  ;    et   peut  •  être  l'oie   à 
crête   de  Madagascar  ,  dont  parlent 
les  voyageurs  Rennefort  et  Flacourt  | 


v  f 


^jirfgW»^' 


lELLE 

ZÉE. 

ande  et  belle 
s  est  remar- 
»issance  char- 
iu-dessus  du 
ïflets  dorés  , 

bruni',  dont 
>n  fond  noîr  ; 
eure  du  cou 
ans  du  blanc 
sées,  comme 
u  cou;  tout 
i  blanc  teint 
te  oie  paroi t 
I  le  cou  plus 
mune,  quoi- 
ussi  grande. 
i  la  c6te  de 
tre  l'oie   à 
>nt  parlent 

Flacourt , 


DU     CANARD.  79^ 

sous  le  nom  de  rassangue  ,  n'est-elle 

que  le  même  oiseau,  que  nous  croyons 

aussi  reconnoître  à  tous  ses  caractères 

àAiisVipécatiapoadiQS  Brésiliens,  dont 

Marcgrave  nous  a  donné  la  description 

ict  la  figure  ;  ainsi  cette  espèce  aqua- 

)^tique  seroitune  de  celles  que  la  nature 

a  rendues  communes  aux  deux  con- 

itinens. 

L'  O  I  E    D'  É  G  Y  P  T  E. 

Septième  espèce. 

Cette  oie  est  vraisemblablement 
celle  que  Granger ,  dans  son  Voyage 
d'Egypte  ,  appeloit  Voie  du  Nil,  Elle 
est  moins  grande  que  notre  oie  sau- 
vage ;  son  plumage  est  richement 
émaillé  et  agréablement  varié  :  une 
large  tache  d'un  roux  vif  se  remarque 
sur  la  poitrine  ;  et  tout  le  devant  du 
corps  est  orné ,  sur  un  fond  gris-blanc , 
d'une  hachure  très-fine  de  petits  zig- 
zags d'un  cendré  teint  de  roussâtre  \ 


'f  -w^»«»^iP"'r«(î?55"' 


»i"j 


h. 


'■> 


•'■    i 


i 


h 


rm 


80         HISTOIRE    NATURELLE 

le  dessus  du  dos  est  ouvragé  de  même  ^ 
mais  par  zig-zags  plus  serrés ,  d'où  ré' 
suite  une  teinte  de  gris-roussâtre  plus 
foncé  :  la  gorge ,  les  joues  et  le  dessus 
de  la  tête  sont  blancs  ;  le  reste  du  cou 
et  le  tour  des  yeux  sont  d'un  beau  roux 
ou  rouge-baie  y  couleur  qui  teint  aussi 
les  pennes  de  Paile  voisines  du  corps  ; 
les  autres  pennes  sont  noires;  les  gran- 
des couvertures  sont  chargées  d'un  re- 
flet vert-bronzé  sur  un  fond  noir  ;  et 
les  petites  ,  ainsi  que  les  moyennes  , 
sont  blanches  ;  un  petit  ruban  noir 
coupe  l'extrémité  de  ces  dernières. 

Cette  oie  d'Egypte  se  porte  ou  s'é- 
gare dans  ses  excursions  ,  quelquefois 
très-loin  de  sa  terre  natale  ;  car  celle 
que  représentent  nos  planches  enlumi- 
nées ,  a  été  tuée  sur  un  étang  près  de 
Senlis  ;  et ,  par  la  dénomination  que 
Ray  donne  à  cette  oie  ,  elle  doit  aussi 
quelquefois  se  rencontrer  en  Espagne. 


R.ELLE 

•âgé  de  mêmej 
îrrés ,  d'où  ré. 
roussâtre  plus 
es  et  le  dessus 
e  reste  du  cou 
l'un  beau  roux 
qui  teint  aussi 
nés  du  corps  ; 
îires;  les  gran- 
rgées  d'un  re- 
fond noir  ;  et 
JS  moyennes  , 
t  ruban  noir 
i  dernières, 
porte  ou  s'é- 
9  quelquefois 
lie  5  car  celle 
nchesenlu  mi- 
étang  près  de 
mination  que 
lie  doit  aussi 
r  en  Espagne. 


^ 


DU      CANARD. 


81 


L'OIE  DES  ESQUIMAUX. 

Huitième  espèce. 

Outre  l'espèce  de  nos  oies  sauvages, 
qui  vont  en  si  grand  nombre  peupier 
notre  nord  en  été  ,  il  paroît  qu'il  y  a 
aussi  dans  les  contrées  septentrionales 
du  nouveau  continent  quelques  espè- 
ces d'oies  qui  leur  sont  propres  et  par- 
ticulières; celle  dont  il  est  ici  question , 
fréquente  la  baie  d'Hudson  et  les  pays 
des  Esquimaux;  elle  est  un  peu  moin- 
dre de  taille  que  l'oie  sauvage  com- 
mune; elle  a  le  bec  et  les  pieds  rouges; 
le  croupion  et  le  dessus  des  ailes  d'un 
bleu-pâle  *  la  queue  de  cette  même 
couleur,  i  -nis  plus  obscure;  le  ventre 
blanc,  nup  de  brun;  les  grandes  pennes 
des  ailes  et  les  plus  près  du  dos  sont 
noirâtres;  le  dessus  du  dos  est  brun  , 
ainsi  que  )e  bas  du  cou,  dont  le  dessous 
est  moucLeté  de  brun  sur  un  fond 
blanc;  le  sommet  de  la  tête  est  d'un 
roux  brûlé. 

Oiseaux.  Vi.  S 


k 


^v 


,i 


8a 


HISTOIRE    NATUREtLC 


l'OIE    RIEUSE. 


■:'i  i  n 


l 


a 


Neuvième  espèce. 

Edwards  a  donné  le  nom  d'oie  rieuse 
à  cette  espèce)  qui  se  trouve,  comme  la 
précédente ,  dans  le  nord  de  PAméri- 
que ,  sans  nous  dire  la  raison  de  cette 
dénomination,  qui  vient  apparemment 
de  ce  que  le  cri  de  cette  oie  aura  paru 
avoir  du  rapport  avec  un  éclat  de  rire; 
elle  est  de  la  grosseu  "  de  notre  oie  sau- 
vage; elle  a  le  bec  et  les  pieds  rouges; 
le  front  blanc;  tout  le  plumage  au-des- 
sus  du  corps ,  d*un  brun  plus  ou  moins 
foncé,  et  au-dessous  d'un  blanc  parse- 
mé de  quelques  taches  noirâtres. L'in- 
dividu décrit  par  Edwards,  lui  avoit 
été  envoyé  de  la  baie  d'Hudson;  mais 
il  dit  en  avoir  vu  de  semblables  à  Lci* 
dres  dans  les  grands  hivers.  Linnaeus 
décrit  une  oie  qui  se  trouve  en  Helsin» 
gie,  et  qui  semble  être  la  même;  d'où 
il  paroit  que  ^  si  cette  espèce  n'est  pas 


^vJ^-Wr.    V 


,||M*StaS«(«»'  ■:-^•J&■ 


0 


.ELLE 


USE. 


n  d'oie  rieuse 
ve^  comme  la 
de  PAméri- 
ison  de  cette 
pparemment 
»ie  aura  paru 
éclat  de  rire; 
lotre  oie  sau- 
ieds  rouges; 
nage  au-des- 
lus  ou  moins 
blanc  parse- 
râtres.L'in- 
s ,  lui  ayoit 
idson;  mais 
ables  à  Lci- 
s.  Linnaeus 
î  en  Helsiri' 
même;  d'où 
ce  n'est  pas 


'i 


DU       C  A  N  A  11  D.  83 

I  précisément  commune  aux  deux  conti- 
nens,  ses  voyage'  du  moins  dans  cor- 
taines  cire  «nsiances,  la  font  passer  de 


l'un  à  ''a- 


L'OJ 


tJP  A  V  ATTE, 

me  espèce. 


Une  cravatte  blanche  passée  sur  une 
gorge  noire,  distingue  assez  cette  oie  ^ 
qui  est  encore  une  de  celles  dont  l'es- 
pèce paroit  propre  aux  terres  du  nord 
du  Nouveau-Monde>  et  qui  en  est  du 
moins  originaire  ;  elle  est  un  peu  plus 
grande  que  notre  oie  domestique,  et  a 
le  cou  et  le  corps  un  peu  plus  déliés  et 
plus  longs;  le  bec  et  les  pieds  sont  de 
couleur  plombée  et  noirâtre;  la  tête  et 
le  cou  sont  de  même  noirs  ou  noirâtres; 
et  c'est  dans  ce  fond  noir  que  tranche 
la  cravatte  blanche  qui  lui  couvre  la 
gorge.  Du  reste,  la  teinte  dominante  de 
son  plumage  est  un  brun-obscur  etquel- 
quefois  gris.^ous  connoissons  cette  oio 


y 


IMAGE  EVALUATION 
TEST  TARGET  (MT-3) 


1.0 


l.l 


Iàâ|2j8     |25 
■U  ËiÀ   12.2 

M>    136      iili 
U     Itt 

2.0 


lU 
Kl 

lit 


IL25  III  1.4 


II 

m 

|l.6 


■SP- 


^ 


7 


Photographie 

Sciences 

Corporation 


23  WIST  MAIN  STREET 

WEBSTER,  N.Y.  M580 

(716)  S72-4S03 


m 


<s 


^\ 


-  4^ 


^^   ^\  ^c\\ 


% 


^^^> 

^\^ 


o^ 


,.H  ■■' V'-'  -:;'»r 


W.-;\  -■"■ 


/ 


'n 


84  HISTOIRE    NATUKEI.LB 

en  France  sous  le  nom  d'o/'e  du  Cana* 
da^  elle  s'est  même  assez  multipliée 
en  domesticité  ;  et  on  la  trouve  dans 
plusieurs  de  nos  provinces^  il  y  en  avoit 
ces  années  dernières  plusieurs  centai- 
nes sur  le  grand  canal  à  Versailles^  où 
elles  vivoient  familièrement  avec  les 
cygnes  :  elles  se  tenoient  moins  souvent 
sur  l'eau  que  sur  les  gazons  au  bord  du 
canal ,  et  il  y  en  a  actuellement  une 
grande  quantité  sur  les  magnifiques 
pièces  d'eau  qui  ornent  les  beau  jar- 
dins de  Chantilly.  On  les  a  de  même 
multipliées  en  Allemagne  et  en  Angle- 
terre :  c'est  une  belle  espèce,  qu'on 
pourroit  aussi  regarder  comme  faisant 
une  nuance  entre  l'espèce  du  cygne  et 
celle  de  l'oie. 

Ces  oies  à  cravatte  voyagent  vers  le 
sud  en  Amérique,  car  elles  paroissent 
en  hiver  à  la  Caroline,  etEdwards  rap- 
porte qu'on  les  voit  dans  le  printemps 
passer  en  troupe  au  Canada ,  pour  re- 
tourner à  la  baie  d'Hudson  et  dans  lea 


u  Cana* 
ultipliée 
ive  dans 
en  avoit 
s  centai- 
lilleS)  où 
avec  les 
» souvent 
i  bord  du 
lent  une 
^nifiques 
leau  jar- 
le  même 
n  Angle- 
î,  qu'on 
e  faisant 
cygne  et 

it  vers  le 
iroissent 
irds  rap- 
rintemps 
pour  re- 
dans lea 


D  TJ     C  A  N  A  B.  D.  85 

ftntres  parties  les  plus  septentrionales 
de  l'Amérique. 

Outre  ces  dix  espèces  d'oies  9  nous 
trouvons,  dans  les  voyageurs,  l'indica- 
tion de  quelques  autres  qui  se  rappor- 
teroient  probablement  à  quelques-unes 
des  précédentes  ,  si  elles  étoient  bien 
décrites  et  mieux  connues;  telles  sont  : 

1°.  Les  oies  d'Islande  dont  parle  An* 
derson ,  sous  le  nom  de  margées ,  qui 
sont  un  peu  plus  grosses  qu'un  canard; 
elles  son  t  en  si  grand  nombre  dans  ce  tte 
Sle ,  qu'on  les  voit  attroupées  par  mil- 
liers. 

2«*.  L'oie  appelée  helsinguer,  par  le 
même  auteur ,  laquelle  vient  s* établir 
à  V est  de  Vile  y  et  qui  ^  en  arrivant  y 
est  si  fatiguée  ,  qu^elle  se  laisse  tuer 
à  coups  de  bâton, 

Z^,  L'oie  de  Spitzberg,  nommée  par 
les  Hollandais ,  oie  rouge» 

4°*  La  petite  oie  loohe  des  Ostiaks  , 
dont  M.  de  l'Isle  décrit  un  individu  tué 
au  bordderOby,  «Ces oies,  dit-il, ont 


i 


;^   i 


ê 


Kil 


.t'a 
'  .••■ 


%G  HISTOIRE    IfATURELLX 

les  ailes  et  le  dos  d'un  bleu-foncë  et 
lustré;  leur  estomac  est  rougeàtre^  et 
elles  ont  au  sommet  de  la  tête  une  ta- 
che bleue  de  forme  ovale  y  et  une  ta« 
che  rouge  de  chaque  câté  du  cou  ;  il 
règne  depuisi  la  tête  jusqu'à  Pestomac^ 
une  raie  argentée  de  la  largeur  d'un 
tuyau  de  plume  y  ce  qui  Ikit  un  très* 
bel  effet  ». 

5<>.  Il  se  trouve  à  Kamtschatka  ^  se- 
lon KracheninnikoWi  cinq  ou  six  espè- 
ces d'oies,  outre  l'oie  sauva^g»  commua 
ne ,  savoir,  la  gumeniski y  l^oie  à  cou 
court ,  l'oie  grise  tachetée,  l'oie  à  cou 
blanc ,  la  petite  oie  bliinchej  Poie 
étrangère  »  Ce  voyagea  i^a  fait  que 
les  nommer;  et  Steller  dit  seulement 
que  toutes  ces  oies  arrivent  à  K.amts* 
chatka  dans  le  mois  de  mai,  et  s'en  re^ 
tournent  dana  celui  d'octobre. 

6^.  L'o/V  de  montagne  ,  du  Cap  do 
Bonne-Espérance,  dontKolbe  donne 
une  courte  description  ,  en  la  distin- 
guant de  Voie  d'eau,  qui  est  l'oie  com- 


•^t^S^lZ." 


DUCAVAUD.  87 

mune)  et  de  la  j'abotiîère  ^  qui  est  Toi» 
de  Guinée.      i^i    r-^ 

Nous  ne  parlerons  point  ici  de  ces 
prétendues  oies  noires  des  Moluques^ 
dont  les  pieds  sont,  dit-on^  con(o^«ië% 
comme  ceux  des  perroquets^  car  dci 
semblables  disparates  ne  peuTeiit  étroi 
imaginées  que  par  des  gens  entière^ 
ment  ignoran?  en  Histoire  naturelle. 

*  Après  ces  notices^  il  ne  nous  reste  ^ 
pour  compléter  L'exposition  de  la  nom** 
breuse  famille  des  oies,  qu'à  y  joindre 
les  espèces  du  crapont ,  de  la  bernache 
et  de  Vefder .,  qui  leur  appartiennent  ^ 
et  sont  du  même  genre»  : .    i 


LE    GRAVANT. 


w 


Le  nom  de  cravant,  selon  Gessuer, 
n'est  pas  autre  que  celui  de  graU'Cnt , 
en  allemand  canard  brun^  la  couleur 
du  cravant  est  effectivement  un  gris- 
brun  ou  noirâtre  assez  uniforme  sur 
tout  le  plumage  ;  mais^  par  le  port  et 


% 


88         HISTOIRE  NATUaELLB 
par  la  figure^  cet  oiseau  approche  plus 
de  Poie  que  du  canard;  il  a  la  tête 
haute  et  toutes  les  proportions  de  la 
taille  de  l'oie  ^  sous  un  moindre  mo- 
dule et  avec  moins  d'épaisseur  de  corps 
et  plus  de  légèreté;  le  bec  est  peu  large 
et  assez  court  ;  la  tête  est  petite^  et  le 
cou  est  long  et  grêle;  ces  deux  parties^ 
ainsi  que  le  haut  de  la  poitrine  ^  sont 
d'un  brun-noirâtre )  à  l'exception  d'une 
bande  blanche  fort  étroite  j  qui  forme 
un  demi-collier  sous  la  gorge  ;  carac« 
tère  sur  lequel  Selon  se  fonde  |  pour 
trouver  dans  Aristophane  un  nom  re- 
latif à  cet  oiseau.  Toutes  les  pennes 
des  ailes  et  de  la  queue  ^  ainsi  que  les 
couvertures  supérieures  de  celle- ci ^ 
sont  aussi  d'un  brun-noirâtre;  mais  les 
plumes  latéralçset  toutes  celles  du  des- 
sous de  la  queue  sont  blanches;  le  plu- 
mage du  corps  est  gris-cendré  sur  le 
dos,  sur  les  flancs  et  au-dessus  des  ai- 
les ;  mais  il  est  gris  -  pommelé  sous  le 
ventre,  où  la  plupart  des  plumes  sont 


1  jÇïS-^  ■"  ^Kîw»"r~»*wT»t''x»  «   i»«r™^ 


— ^iJi-T-H-'i  „    if^^  »    ' 


4 


he  plus 
la  tête 
s  de  la 
re  mo- 
le corps 
m  large 
:e,  et  le 
parties^ 
e  9  sont 
«n  d'une 
i  forme 
•  carac- 
By  pour 
Dom  re- 
pennes 
que  les 
(Ue-ciy 
mais  les 
}  du  des- 
»;leplu- 
é  sur  le 
s  des  ai- 
;  sous  le 
mes  sont 


I>  IT     C  ▲  N  A  R  D.  89 

bordées  de  blanchâtre;  l*iris  de  l'oeil  est 
d'un  jaune-brunâtre  ;  les  pieds  et  les 
membranes  qui  en  réunissent  les  doigts 
sont  noirâtres,  ainsi  que  le  bec,  dans  le- 
quel sont  ouvertes  de  grandes  narines  | 
en  sorte  qu'il  est  percé  à  jour . 

On  a  long -temps  confondu  le  cra- 
vant  avec  la  bernache ,  en  ne  faisant 
qu'une  seule  espèce  de  ces  oiseaux  : 
Willulghby  avoue  qu'il  étoit  dans  l'o- 
pinion que  la  bernache  et  le  cravant 
n'étoient  que  le  mâle  et  la  femelle  y 
mais  qu'ensuite  il  reconnut  distincte- 
ment et  à  plusieurs  caractères,  que 
ces  oiseaux  formoient  réellementdeux 
espèces  différentes.  Belon  qui  indique 
le  cravant  sous  le  nom  de  cane  de  mer  a 
collier  y  désigne  ailleurs  la  bernache 
sous  le  nom  de  cravant,  et  les  habitans 
de  nus  côtes  font  aussi  cette  méprise  ; 
la  grande  ressemblance  dans  le  pluma- 
ge et  dans  la  forme  du  corps ,  qui  se 
trouve  entre  le  cravant  et  la  bernache, 
j  a  donné  lieu;  néanmoins  la  bernache 


I. 


■■nim» 


,''(/-•' 


^.K 


■i        \ 


5^0  HISTOIRE   NATURELLE 

a  le  plumage  décidément  noir,  au  liea 
que  dans  le  cravant  il  est  plutôt  brun- 
noirâtre  que  noir)  ^t  indépendamment 
de  cette  différence  y  le  cravant  fré- 
quente les  c6tea  des  pays  tempérés  ^ 
tandis  que  la  bernaclie  ne  paroh  que 
sur  les  terres  les  plus  septentrionales; 
ce  qui  suffit  pour  nous  porter  à  croire 
que  ce  sont  en  effet  deux  espèces  dis^ 
tinc tes  et  séparées.  ■'■ 

Le  cri  du  cravant  est  un  son  sourd 
et  creuZ)  que  nous  avons  souvent  en • 
tendu  )  et  qu'on  peut  exprimer  par 
ouan ,  ouan^  c'est  une  sorte  d'aboie* 
ment  rauque  que  cet  oiseau  fait  enten- 
dre fréquemment;  ilaaussi^  quand  on 
le  poursuit)  ou  seulement  lorsqu'on 
s'en  approche)  un  sifflement  semblable, 
à  celui  de  l'oie. 

Le  cravant  peut  vivre  en  domesti- 
cité ;  nous  en  avons  gardé  un  pendant 
plusieurs  moist  sa  nourriture  étoit  du 
grain )  du  son  ou  du  pain  détrempé;  il 
s'est  constamment  montré  d'un  natu^ 


.-,/: 


■  r\ 


^.H*-  '   i.<* 


*••■■>■*« 


•y  au  liea 
tôt  brun- 
lammenk 
rftnt  frë- 
impërés  ^ 
iroit  qua 
rionales^ 
:  à  croire 
èces  dis* 

>ii  sourd 
vent  en* 
mer  par 
d'aboie* 
it  enten* 
uand  on 
r&qu'on 
mblable 

omestî- 
rendant 
^toit  da 
ioipë;  il 
natu^ 


DIT      CANA.&D.  9t 

rel  timide  et  sauvage ,  et  s'est  refusé  à 
toute  familiarité  ;  renfermé  dans  un 
jardin  avec  des  canards- tadornes  ^  il 
s^en  tenoit  toujours  éloigné  !  il  est  mê- 
me si  craintify  qu'une  sarcelle  avec  la- 
quelle il  avoit  vécu  auparavant  y  le 
snettoit  eu  fuite.  On  a  remarqué  qu'il 
mangeoit  pendant  la  nuit  autant  et 
peut-être  plus  que  pendant  le  jour;  il 
aimoit  à  se  baigner  ^  et  il  secouoit  sea 
ailes  en  sortant  de  l'eau  :  cependant 
l'eau  douce  n'est  pas  son  élément  na- 
turel y  car  tous  ceUx  que  l'on  voit  sur 
nos  cêtes  y  abordent  par  la  mer. Voici 
quelques  observations  sur  cet  oiseau  > 
qui  nous  ont  été  communiquées  par 
M.  Bâillon.  ^  ^  '    • 

«Left  cravans  n'étoientguère  connus 
6ur  nos  côtes  de  Picardie  avant  l'hiver 
de  1740  f  le  vent  du  nord  en  amena 
alors  une  quantité  prodigieuse;  la  mer 
en  étoit  couverte;  touft  les  marais  étant 
glacés ,  ils  se  répandîreut  daiis  les  ter« 
re's  I  et  firent  ùtt  très-grand  dégât  en 


S: 

i 


f 4|i  »  »-j*,«"5|^ 


( 


^ 


,♦  .m:- 


^^  HISTOIRE    NATURELLE 

pâturant  les  blés  qui  n^étoient  paft 
couverts  de  neige  ;  ils  en  dévorèrent 
jusqu'aux  racines.  Les  habitans  dos 
campagnes  que  ce  fléau  désoloit ,  leur 
déclarèrent  une  guerre  générale  \  ils 
approchèrent  de  très-près  pendant  les 
premiers  jours  ^  et  en  tuoient  beau- 
coup à  coups  de  pierres  et  de  bâtons  : 
mais  on  les  voyoit  y  pour  ainsi  dire , 
renaître  \  de  nouvelles  troupes  sor- 
toient  à  chaque  instant  de  la  mer  f 
et  se  jetoient  dans  les  champs  ;  ils  dé- 
truisirent le  reste  des  plantes  que  la 
gelée  avoit  épargnées*. •• 

3»  D^autres  ont  reparu  en  1765  ,  et 
les  bords  de  la  mer  en  étoien  t  couverts  ; 
mais  le  vent  du  nord  qui  les  avoit  ame- 
nés ayant  cessé  j  ils  ne  se  sont  pas  ré- 
pandus dans  les  terres  y  et  sont  partis 
peu  dé  jours  après. 

3»  Depuis  ce  temps  on  en  voit  tous 
les  hivers  ,  lorsque  les  vents  de  nord 
soufflent  constamment  pendant  quinze 
jours  ;  il  en  a  paru  beaucoup  au  çox&- 


». 


"***r*'*'!w''î^**W' 


^^ 


■"-«'..■«? 


rKELLE 

n'étoient  pa9 
en  dévorèrent 
'  habitans  des 
désoloit  )  leur 
générale  5  ils 
^8  pendant  les 
;uoient  beau- 
et  de  bâtons  t 
ur  ainsi  dire^ 

troupes  sor- 
t  de  la  mer  | 
lamps  ;  ils  dé- 
plantes que  la 

I  en  1^65  ,  et 
ent  couverts; 
tesavoit  ame- 
}  sont  pas  ré- 
et  sont  partis 

en  voit  tous 
ents  de  nord 
ndant  quinze 
;oup  au  cont- 


I 


^^•yt-r  r: 


i 


i'k' 


-^^^    ^ 


7^//^ .  /7. 


■■^    ï'i 


fci^,    V 


**<mtvmnui   i\t3   ■77^^  î    ms.u^  lii  terre 

itip*  «KitxtîM^   •*••  ^fi  if'- ^  U   «hiDar*: 

Ik^ii  faii.  ii>s^'i  v>'«vv;  î>'i'r^i-'  .  , 


1-  *^     "H  %■  H   ■'>'    î-   »■   vï  . 


^  ♦f-Vi-t'  »v/v  v:*ta-i>H  ;.  .vi„t;;  '"'  v  'C.,,*  ■;;  r 


•v, 


''Kit    i>V        > 


',  (  ^t     ^-'f  ■;  ,*^    'i'  ^,' 


/ 


i:^- 


./v.,,  .  f? 


?i'' 


.-■I     .    •  '        '*'  '    '      i  '^,    .■  ' 

\     ■      >ISB-      ■  •     .--•é'''i4»' 


.J!'' 


■.-:V-r' 


t 


^^ i^Jjkîta 


■■  •  '■■•'•-'.  'i'  ,;■ 


m--.- 


<,i 


r: 


( 


;)'-•:' 


BU      CANARD.  ^3 

tn€ncement  de  1776  ;  mais  la  terre 
étant  couverte  de  neige  ,  la  plupart 
sont  restés  à  la  mer  :  les  autres  qui 
ëtoient  rentres  dans  les  rivières  ou 
qui  s'ëtoient  répandus  sur  leurs  bords ^ 
à  peu  de  distance  des  côtes  ^  furent 
forcés  de  s'en  retourner  par  les  glaces 
que  ces  rivière?  charioient  ou  que  la 
marée  y  refouloit.  Au  reste  y  la  chasse 
qu'on  leur  a  donnée  les  a  rendus  sau- 
vages^et  ils  fuient  actuellement  d'aussi 
loin  que  tout  autre  gibier  », 

LA   BERNACHE. 


f{  •"*"•■ 


■^:i^'M.  .,iW''- 


'  i    -il 


Entre  les  fausses  merveilles  que  l'i«* 
gnorance^  toujours  crédule^  a  si  long* 
temps  mises  à  la  place  des  faits  simples 
et  vraiment  admirables  de  la  nature  y 
Tune  des  plus  absurdes  peut-être  ,  et 
cependant  des  plus  célébrées  ,  est  la 
prétendue  production  des  bernaches 
et  des  macreuses  dans  certains  coquil- 
lages appelés  conques  anatifères  ^  ou 

Oiseaux.  YI.  9 


•h 


rJ 


'<•■■ 


!■*■ 


I, 


94         HISTOTRB   TSTATURELLS 

certains  arbres  des  côtes  d^£co8se  et 
des  Orcades ,  ou  même  dans  les  boia 
pourris  des  vieux  navires. 

Quelques  auteurs  ont  écrit  que  de» 
fruits  j  dont  la  conformation  offre  d*a<- 
Tance  des  linéamens  d'un  volatile  tom« 
bés  dans  la  mer  ,  s'y  convertissent  en 
oiseaux.  Munster ,  Saxon  le  grammai- 
rien et  Scaliger  l'assurent;  Fugose  dit 
de  même  que  les  arbres  qui  portent  ce» 
fruits  9  ressemblent  à  des  saules  y  et 
qu'au  bout  de  leurs  branches  se  pro- 
duisent de  petites  boules  gonflées ,  of- 
frant l'embryon  d'un  canard  qui  pend 
par  le  bec  à  la  branche ,  et  que  lors- 
qu'il est  mûr  et  formé  y  il  tombe  dans 
la  mer  et  s'envole.  Vincent  de  Beau- 
vais  aime  mieux  L'attacher  au  tronc  et 
à  l'écorce  dont  il  suce  le  suc ,  jusqu^à 
ce  que  déjà  grand  et  tout  couvert  de 
plumes  9  il  s'en  détache. 

L'Eslœus,  Majolus,  Odéric^  Tor- 
quemenda  y  Chavasseur  j  l'évêque 
Olaiis  et  un  savant  cardinal  |  attestent 


I 


RELLS 

tes  d  ^Ecosse  et 
e  dans  les  boi» 
res. 

it  écrit  que  de» 
ation  offre  d*a- 
in  volatile  toin« 
invertissent  en 
on  le  graminai- 
tnt;  Fugose  dit 
qui  portent  ce» 
les  saules  j  et 
mches  se  pro<- 
s  gonflées ,  of- 
nard  qui  pend 
9  et  que  lors* 
il  tombe  dans 
ent  de  Beau* 
ler  au  tronc  et 
suc,  jusqu^à 
ut  couvert  de 

}déric,  Tor- 
j  l'évêque 
nal  y  attestent 


1 


BCrCA.NAB.D.  pS 

tous  celte  étrange  génération  ;  et  c'est 
pour  la  rappeler  que  l'oiseau  porte  le 
nom  à^anser  arboreus ,  et  l'une  des 
Iles  Orcades  où  ce  prodige  s'opère  |  ce- 
lui Ae  pomonia» 

Cette  ridicule  opinion  n'est  pas  en- 
core assez  merveilleusement  imaginée 
pour  Cambden,  Boëtius  et  Turnèbe; 
car  ,  selon  eux  y  c'est  dans  les  vieux 
mâts  et  autres  débris  des  navires  tom- 
bés et  pourris  dans  l'eau  )  que  se  for- 
ment d'abord  comme  de  petits  cham- 
pignons ou  de  gros  vers  ,  qui  peu-à-peu 
se  couvrant  de  duvet  et  de  plumes  y 
achèvent  leur  métamorphose  en  se 
changeant  en  oiseau.  Pierre  Danisi  , 
Dentatus,  Wormius ,  Duchesne,  sont 
les  prôneursdc  cette  merveille  absurde, 
de  laquelle  Rondelet ,  malgré  son  sa- 
voir et  son  bon  sens ,  paroit  être  per- 
suadé. 

Enfin  chez  Cardan ,  Gyraldus  et 
Maier  qui  a  écrit  un  traité  exprès  sur 
cet  oiseau  sans  père  ni  mère^  ce  ne  sont 


'l 


.-w  t- 


"_■"  •■*r 


r-f. 


(^6  HISTOIRE     NATURELLE 

ni  des  fruits ,  ni  des  vers ,  mais  des  co^ 
quilles  qui  l'enfantent;  et  ce  qui  est 
encore  plus  étrange  que  la  merveille^ 
c'est  que  Maier  a  ouvert  cent  de  ces 
coquilles  prétendues  anatifères,  et  n'a 
pas  manqué  de  trouver  dans  toutes 
l'embryon  de  l'oiseau  tout  formé.  Voilà 
sans  doute  bien  des  erreurs,  et  même 
des  chimères  sur  l'origine  des  berna- 
ches  :  mais  comme  ces  fables  ont  eu 
beaucoup  de  célébrité ,  et  qu'elles  ont 
même  été  accréditées  par  un  grand 
nombre  d'auteurs^nous  avons  cru  de- 
voir les  rapporter  )  afin  de  montrer  à 
quel  point  une  erreur  scientifique  peut 
être  contagieuse  ,  et  combien  le  char- 
me du  merveilleux  peut  fasciner  les 
esprits. 

Ce  n'est  pas  que  parmi  nos  anciens 
naturalistes ,  il  ne  s'en  trouve  plusieurs 
qui  aient  rejeté  ces  contes  ;  Belon  tou- 
jours judicieux  et  seosé,  s'en  moque; 
Clusius,DeusingiuS|  Albert-le-Grand^ 
n'y  avoieiit  pas  cru  davantage  ;  Bar-f 


sN 


■~"^t5ft* 


^.«■•J» 


[7RELLE 

rs,  mais  desco* 
;  et  ce  qui  est 
e  la  merveille^ 
3rt  cent  de  ces 
atifèreS|  et  n'a 
ir  dans  toutes 
ut  formé.  Voilà 
eurs,  et  même 
ine  des  berna- 
i  fables  ont  eu 
et  qu'elles  ont 
par  un  grand 
>  ayons  cru  de- 
de  montrer  à 
ientifique  peut 
mbien  le  char- 
t  fasciner  les 

li  nos  anciens 
>uve  plusieurs 
s  'y  Belon  tou- 
s'en  moque  } 
ert-le-Grand, 
antagej  Barr 


:* 


I 


.1 


.4 


I 

9 


BU       C  A.  N  A  R  D.  97 

tliolin  reconnoît  que  les  prétendues 
conques  anatifères  ne  contiennent 
qu'un  animal  à  coquille  d'une  espèce 
particulière;  et  par  la  description  que 
Wormius  ,  Lobel  et  d'autres  font  de 
conchœ  anatiferœ  y  aussi  bien  que  dans 
les  figures  qu'en  donnent  Aldrovande 
et  Gessner,  toutes  fautives  et  chargées 
qu'elles  sont  ^  il  est  aisé  de  reconnoitre 
les  coquillages  appelés/7oi/5£ç-/?2Wj  sur 
nos  côtes  de  Bretagne^  lesquels  par 
leur  adhésion  à  une  tige  commune  ^  et 
par  l'espèce  de  touffe  ou  de  pinceaux 
qu'ils  épanouissent  à  leur  pointe  9  au- 
ront pu  offrir  à  des  imaginations  exces- 
sivement prévenues  ^  les  traits  d'em- 
bryons d'oiseaux  attachés-  et  pendans 
à  des  branches,  mais  qui  certainement 
n'engendrent  pas  plus  d'oiseaux  dans 
la  mer  du  nord  que  sur  nos  côtes. 
Aussi  ^neas  Silvius  raconte-t-il  que 
se  trouvant  en  Ecosse  ,  et  demandant 
avec  empressement  d'être  conduit  aux 
lieux  où  se  faisoit  la  merveilleuse  gé* 


•• 


Mil     • 


h  n 


\ 


I 


ir- 


m 


H 
/ 


1 

i 


\l 


H. 


^B  HISTOIRE    NATURELLE 

nération  des  bernaches  y  il  lui  fut  ré- 
pondu que  ce  n^étoit  que  plus  loin  ^ 
aux  Hébrides  ou  aux  Orcades  quUl 
pourroit  en  être  témoin  ;  d'où  il  ajoute 
agréablement  ^  quML  vit  bien  que  le 
miracle  reculoit  à  mesure  quW  cher* 
choit  à  en  approcher. 

Gomme  les  bernaches  ne  nichent  que 
fort  avant  dans  les  terres  du  nord, 
personne  9  pendant  long  -  temps  ,  ne 
pou  voit  dire  avoir  observé  leur  géné- 
ration y  ni  même  vu  leurs  nids  ^  et  les 
Hollandais)  dans  une  navigation  au 
tSo^.  degré  j  furent  les  premiers  qui  les 
trouvèrent  ;  cependant  les  bernaches 
doivent  nicher  en  Norwège  ^  s'il  est 
vrai  )  comme  le  dit  Pontoppidam , 
qu'on  les  y  voie  pendant  tout  l'été  ; 
elles  ne  paroissent  qu'en  automne  et 
durant  l'hiver  sur  les  côtes  des  pro- 
vinces d'York  et  de  Lancastre  en  An- 
gleterre ,  où  elles  se  laissent  prendre 
aux  filets ,  sans  rien  montrer  de  la  dé- 
fiance ni  de  l'astuce  naturelles  aux  au* 


«^» 


'^ 


RELLB 

^  il  lui  fut  rê- 
ne plus  loin  y 
Drcades  quUi 
d'où  il  ajoute 
t  bien  que  le 
e  qu'on  cher- 

le  nichent  que 
res  du  nord  y 
l  -  temps  ,  ne 
vé  leur  géné- 
s  nids  ^  et  les 
navigation  au 
pmiers  qui  les 
es  bernaches 
vège  I  s'il  est 
'ontoppidam , 
it  tout  l'été  ; 
1  automne  et 
^tes  des  pro- 
:astre  en  An- 
isent  prendre 
trer  de  la  dé- 
elles  aux  au* 


Vs 


1 


D  U     C  X  K  A  H  B.  99 

très  oiseaux  de  leur  genre  ;  elles  se 
rendent  aussi  en  Irlande  y  et  particu- 
lièrement dans  la  baie  de  Long'foyle  , 
près  de  Londonderi  y  oi^  on  les  voit 
plonger  sans  cesse  pour  couper  par  la 
racine  de  grands  roseaux,dont  la  moelle 
douce  leur  sert  de  nourriture,  et  rend  ^ 
à  ce  qu'on  dit,  leur  chair  très-bonne. 
Il  estrare  qu'elles  descendent  jusqu'en 
France  ;  néanmoins  il  en  a  été  tué  une 
en  Bourgogne  ,  où  des  vents  orageux 
Tavoient  jetée  au  fort  d'un  rude  hiver* 
La  bernache  est  certainement  de  la 
famille  de  l'oie  y  et  c'est  avec  raison 
qu'Aldrovande  reprend  Gessner  de  l'a- 
voir rangée  parmi  les  canards  ;  à  la  vé- 
rité-, elle  a  la  taille  plus  petite  et  plus 
légère,  le  cou  plus  grêle ,  le  bec  plus 
court  et  les  jambes  proportionnelle- 
ment plus  hautes  que  l'oie  ;  mais  elle 
en  a  la  figure,  le  port  et  toutes  les  pro« 
portions  de  la  forme  :  son  plumage  est 
agréablement  coupé  par  grandes  pièces 
de  blanc  et  de  noir  ,  et  c'est  pour  cela 


I 


i 


¥ 


M' 


I' 


f^iï 


11 


!ii 


1.1 


100       HISTOIRE    KATUKELLË 

que  Beloài  lui  donne  le  nom  de  non^ 
nette  ou  religieuse.  Elle  a  la  face 
blanche  et  deux  petits  traits  noirs  de 
Pœil  aux  narines  ;  un  domino  noir 
couvre  le  cou  et  vient  tomber  y  en  se 
coupant  en  rond  ,  sur  le  haut  du  dos 
et  de  la  poitrine;  tout  le  manteau  est 
richement  onde  de  gris  et  de  noir| 
avec  un  frangé  blanc  ;  tout  le  dessous 
du  corps  est  d'un  beau  blanc  moiré. 

Quelques  auteurs  parlent  d'une  se« 
conde  espèce  de  bernache  que  nous 
nous  contenterons  d'indiquer  ici  ;  ils 
disent  qu'elle  est  en  tout  semblable  à 
l'autre  |  et  seulement  un  peu  moins 
grande  ^  mais  cette  différence  de  gran- 
deur est  trop  peu  considérable  pour  en 
faire  deux  espèces  ;  et  nous  sommes 
sur  cela  de  l'avis  de  M.  Klein  ,  qul^ 
ayant  comparé  ces  deux  bernaches , 
conclut  que  les  ornithologistes  n'ont 
ici  deux  espèces  que  sur  des  descrip-* 
tions  de  simples  variétés. 


'-^«■îas»**^,. 


ELLâ 

lom  de  non^ 
e  a  la  face 
lits  noirs  de 
lomino  noir 
mber^  en  se 
baut  du  dos 
manteau  est 
et  de  noiri 
t  le  dessous 
inc  moiré, 
at  d'une  se- 
i  que  nous 
[uer  ici  ;  ils 
semblable  à 
peu  moins 
ce  de  gran- 
ble  pour  en 
us  sommes 
iein  y  quij 
>ernaches , 
îstes  n'ont 
descripx 


I)  U     CANARD. 


L'  E  I  D  E  R. 


lot. 


\s 


C'est  cet  oiseau  qui  donne  ce  duvet 
si  doux  j  si  chaud  et  si  léger ,  connu 
sous  le  nom  à* eider'don  ou  duvet  (Vei^ 
der y  dont  on  a  fait  ensuite  edre-don^ 
ou  par  corruption  aigle-don  ;  sur  quoi 
l'on  a  faussement  imaginé  que  c'étoit 
d'une  espèce  d'aigle  que  se  tiroit  cette 
plume  délicate  et  précieuse.  L'eider 
n'est  point  un  aigle ,  mais  une  espèce 
d'oie  des  mers  du  nord ,  qui  ne  paroi  t 
point  dans  nos  contrées ,  et  qui  ne  des- 
cend guère  plus  bas  que  vers  les  côtes 
de  l'Ecosse. 

L'eider  est  à-peu-près  gros  comme 
l'oie  ;  dans  le  mâle  les  couleurs  prin- 
cipales du  plumage  sont  le  blanc  et  le 
noir;  et)  par  une  disposition  contraire 
à  celle  qui  s'observe  dans  la  plupart 
des  oiseaux  ^  dont  généralement  les 
couleurs  sont  plus  foncées  en  dessus 
qu'en  dessous  du  corps,  l'eider  a  le  doa 
|}lauc  et  le  ventre  noir ,  ou  d^un  brun*. 


•'a»*i*c  xa^Éii>w^-»**jt*'.. 


ujlimtt' 


■I  ' 


N 


r».   i) 


Oli  w 


&%l 


102        HISTOIRE    NATURELLE 

noirâtre  ;  le  haut  de  la  tête  ,  ainsi  que 
les  pennes  de  la  queue  et  des  ailes 
sont  de  cette  même  couleur  y  à  l'ex- 
ception des  plumes  les  plus  voisines 
du  corps  qui  sont  blanches  ;  on  voit 
au  bas  de  la  nuque  du  cou  une  large 
plaque  verdâtre ,  et  le  blanc  de  la  poi* 
trine  est  lavé  d'une  teinte  briquetée  ou 
vineuse  ;  la  femelle  est  moins  grande 
que  le  mâle  y  et  tout  son  plumage  est 
uniformément  teint  de  roussâtre  et  de 
noirâtre,  par  lignes  transversales  et  on* 
dulantes  y  spr  un  fond  gris-brun  ;  dan9 
les  deuxsejMs  on  remarque  des  échan« 
crures  en  petites  plumes  rases  comme 
du  velours  y  qui  s'étendent  du  front 
sur  les  deux  côtés  du  bec  y  et  presque 
jusque  sous  les  narines. 

Le  duvet  de  l'eider  est  très-estimé; 
et,  sur  les  lieux  même,  en  Nqrwège 
et  en  Islande  ,  il  se  vend  très-cher  : 
cette  plume  est  si  élastique  et  si  lé* 
gère  ,  que  deux  ou  trois' livres  ,  en  la 
l^ressant  et  la  réduisant  en  une  pelotte 


«     T 


r  V 


„„„,„„„„  «j-«jf««^  •• 


V-.., 


I|H»1|IW 


ELLE 

e  I  ainsi  que 
et  des  ailes 
îur,  à  Tex- 
lus  voisines 
es  ;  on  voit 
u  une  large 
ne  de  la  poi- 
)riquetëe  ou 
oins  grande 
plumage  est 
ssâtre  et  de 
rsales  et  on« 
brun  ;  dan9 
ideséchan- 
ses  comme 
t  du  front 
et  presque 

ès-estimé  ; 
Nqrwège 
très-cher  : 
e  et  si  lë« 
res ,  en  la 
ne  pelott» 


m 


D  IT        CANARD.  lo3 

à  tenir  dans  la  main  ,  vont  se  dilater 
jusqu^à  remplir  et  renfler  le  couvre- 
pied  d'un  grand  lit. 

Le  meilleur  duvet,  que  l'on  nomme 
duvet  vif  ^  est  celui  que  Peider  s'ar- 
rache pour  garnir  son  nid,  et  que  l'on 
recueille  dans  ce  nid  même)  car, outre 
que  l'on  se  fait  scrupule  de  tuer  un  oi- 
seau aussi  utile ,  le  duvet  pris  sur  son 
corps  mort  est  moins  bon  que  celui  qui 
se  ramasse  dans  les  nids,  soit  que,  dans 
la  saison  de  la  nichée  ,  ce  duvet  se 
trouve  dans  toute  sa  perfection ,  soit 
qu'en  effet  l'oiseau  ne  s'arrache  que  le 
duvet  le  plus  lin  et  le  plus  délicat  ; 
qui  est  celui  qui  couvre  l'estomac  et 
le  ventre. 

Il  faut  avoir  attention  de  ne  le  cher- 
cher et  ramasser  dans  les  nids,  qu'après 
quelques  jours  de  temps  sec  et  sans 
pluie  ;  il  ne  faut  point  chasser  aussi 
brusquement  ces  oiseaux  de  leur  nid  , 
parce  que  la  frayeur  leur  fait  lâcher 
la  fiente  |  dont  souvent  le  duvet  est 


>■« 


l<ï 


f 


104         HISTOIRE    NAfUllElLE 

souillé  ;  et  9  pour  le  purger  de  cette 
ordure ,  on  Pétend  sur  un  crible  à  cor- 
des tendues,  qui ,  frappées  d'une  ba.' 
guette,  laissent  tomber  tout  ce  qui  càg 
pesant ,  et  font  rejaillir  cet»e  pîuTne 
légère. 

Les  œufs  sont  au  nombre  de  cinq  ou 
six ,  d'un  vert-foncé ,  et  fort  bons  à 
manger  ;  et ,  lorsqu'on  les  ravit ,  la  fe- 
melle se  plume  de  nouveau  pour  garnir 
son  nid ,  et  fait  une  seconde  ponte  ^ 
mais  moins  nombreuse  que  la  première  ; 
si  l'on  dépouille  une  seconde  fois  son 
nid ,  comme  elle  n'a  plus  de  duvet  à 
fournir  ,  le  mâle  vient  à  son  secours  | 
et  se  déplume  l'estomac ,  et  c'est  par 
cette  raison  que  le  duvet  qu'on  trouve 
dans  ce  troisième  nid  est  plus  blanc 
que  celui  qu'on  recueille  dans  le  pre- 
mier ;  mais,  jpo  >i  iVice  cette  troisième 
récolte,  on  ('ci<;  r.u  adre  que  la  mère 
eider  ait  fait  éclore  ses  petits  ,  car,  si 
on  lui  enlevoit  cette  dernière  ponte  ^ 
qui  n'est  plus  que  de  deux  ou  trois 


a^tg'isi^in 


f-mm»      IW^^ 


[er  de  celte 
crible  à  cor- 
es  d'une  ha- 
ut ceqtiîcs.: 
cette  piuTfic? 

•e  de  cinq  na 

fort  bons  à 
i ravit,  lafe- 
t  pour  garnir 
>nde  ponte  ^ 

la  première; 
nde  fois  son 

de  duvet  à 
ion  secours  • 

et  c'est  par 
[u'on  trouve 

plus  blanc 
dans  le  prê- 
te troisième 
|ue  la  mère 
its  ,  car ,  si 
ière  ponte  , 
ux  ou  troig 


io5 


DU      CANARP. 

ODufsy  ou  même  d'un  seul,  elle  quitte- 
roit  pour  jamais  la  place  ;  au  lieu  que^ 
si  on  la  laisse  enfin  élever  sa  famille, 
elie  reviendra  l'année  suivante  ,  en  ra- 
menant ses  petits  qui  formeront  de 
nouveaux  couples. 

En  Norwège  et  en  Islande  y  c'est 
une  propriété  qui  se  garde  soigneuse- 
ment et  se  transmet  par  héritage  ,  c^ue 
celle  d'un  canton  où  les  eiders  vien- 
nent d'habitude  faire  leurs  nids.  Il  y  a 
tel  endroit  où  il  se  trouvera  plusieurs 
centaines  de  ces  nids  ;  on  juge  par  le 
grand  prix  du  duvet,du  profit  que  cette 
espèce  de  possession  peut  rapporter  à 
soii  maître  ;  aussi  les  Islandois  font-ils 
tout  ce  qu'ils  peuvent  pour  attirer  les 
eiders  chacun  dans  leur  terrein  ;  et  ^ 
quand  ils  voient  que  ces  oiseaux  com- 
mencent à  s'habituer  dans  quelques- 
unes  des  petites  iles  où  ils  ont  des 
troupeaux  ,  ils  font  bientôt  repasser 
troupeaux  et  chiens  dans  le  continent  ^ 

pour  laisser  le  champ  libre  aux  eiders  | 
Oiseaux.  YI.  xo 


A 


; 


i 


îo6        HISTOIRE    NATUHELLE 

et  les  engager  à  s^y  fixer.  Ces  insulat* 
res  ont  même  formé  ^  par  art  et  à  force 
de  travail  ^  plusieurs  petites  lies  ,  en 
coupant  et  séparant  de  la  grande,  di- 
vers promontoires  ou  langues  de  terre 
avancées  dant  la  mer,   C^est  dans  ces 
retraites  de  solitude  et  de  tranquillité 
que  les  eiders  aiment  à  s'établir ,  quoi- 
qu'ils ne  refusent  pas  de  nicher  près 
des  habitations ,  pourvu  qu'on  ne  leur 
donne  pas  d'inquiétude  ,   et  qu'on  en 
éloigne  les  chiens  et  le  bétail.  «On  peut 
même  ^  dit  M.  Horrebows  ,  comme 
j'en  ai  été  témoin  ,  aller  et  venir  parmi 
ces  oiseauX)  tandis  qu'ils  sont  sur  leurs 
oeufS)Sans  qu'ils  en  soient  effarouchés, 
leur  ôter  ces  œufs  sans  qu'ils  quittent 
leurs  nids,  et  sans  que  cette  perte  les 
empêche    de   renouveler   leur  ponte 
jusqu'à  trois  fois  »• 

Tout  ce  qui  se  recueille  de  duvet , 
est  vendu  annuellement  aux  mar- 
chands  danois  et  hollandais ,  qui  vont 
l'acheter  à  Drontheim  et  dans  les  au- 


.ss^-^ 


ELLE 

Ces  insulaf* 
irt  et  à  force 
tes  Iles  y  en 

grande,  di« 
;ues  de  terre 
est  dans  ces 

tranquillité 
tablir,  quoi- 
I  nicher  près 
u'on  ne  leur 

et  qu^on  en 
ail.  ttOn  peut 
ws  I  comme 
:  venir  parmi 
ont  sur  leurs 
effarouches, 
l'ils  quittent 

tte  perte  les 
leur  ponte 

e  de  duvet , 
i  aux  mar- 
lis,  qui  vont 
dans  les  au- 


DU      CANARD.  I07 

très  ports  deNorwège  et  d'Islande  ;  il 
n'en  reste  que  très-peu  ,  ou  même 
point  du  tout ,  dans  le  pays  ;  sous  ce 
rude  climat ,  le  chasseur  robuste ,  re- 
tiré sous  une  hutte ,  enveloppé  de  sa 
peau  d'ours  ,  dort  d'un  sommeil  tran* 
quille  et  peut-être  profond ,  tandis  que 
le  mol  edre-don,  transporté  chez  nous 
sous  des  lambris  dorés,  appelle  en  vain 
le  sommeil  sur  la  tête  toujours  agitée 
de  l'homme  ambitieux. 

Nous  ajouterons  ici  quelques  faits 
sur  l'eider,  que  nous  fournit  M.  Brun" 
nich  dans  un  petit  ouvrage  écrit  en 
danois  ,  traduit  en  allemand  ,  et  que 
nous  avons  fait  nous-mêmes  traduire 
de  cette  langue  en  français. 

On  voit,  dans  le  temps  des  nichées  ^ 
des  eiders  mâles  qui  volent  seuls  ,  et 
n'ont  point  de  compagnes  ;  les  Norwé* 
giens  leur  donnent  le  nom  de  gield" 
fuglygield-aee ^  ce  sont  ceux  qui  n'ont 
pas  trouvé  à  s'apparier,  et  qui  ont  été 
les  plus  foibles  dans  les  combats  qu'ils 


r/ 


■'  ■>!!'  »tf"  IT^Stf^'"^^ 


I  ? 


lo8  HISTOIRE    NATURELLE 

se  livrent  entr'eux  pour  la  possession 
des  femelles  ^  dont  le  nombre  ,  dans 
cette  espèce  ,  est  plus  petit  que  celui 
des  mâles,  néanmoins  elles  sont  adul- 
tes avant  eux  ;  d^où  il  arrive  que  c^est 
avec  de  vieux  mâles  que  les  jeunes  fe- 
melles font  leur  première  ponte  ,  la- 
quelle est  moins  nombreuse  que  les 
suivantes. 

Au  temps  de  la  pariade ,  on  entend 
continuellement  le  mâle  crier  ha  ho  , 
d'une  voix  rauque  et  comme  gémis- 
sante ;  la  voix  de  la  femelle  est  sem- 
blable à  celle  de  la  cane  commune.  Le 
preinier  soin  de  ces  oiseaux  ,  est  de 
chercher  à  placer  leur  nid  à  Tabri  de 
quelques  pierres  ou  de  quelques  buis- 
sons ,    et  particulièrement  des  gené- 
vriers ;   le  mâle  travaille  avec   la  fe- 
melle y  et  celle-ci  s'arrache  le  duvet  et 
l'entasse  jusqu'à  ce  qu'il  forme  tout 
à  l'entour  un  gros  bourrelet  renilé, 
qu'elle  rabat  surses  oeufs  quandelle  les 
quitte  pourallerprendre  sa  nourriture  ; 


,< 


* — 


■--TBbr 


E.ELLIÎ 

la  possession 
3111  bre  y  dans 
^tit  que  celui 
es  sont  adul- 
ive  que  c'est 
les  jeunes  fe- 
e  ponte  ,  la* 
euse  que  les 

)  on  entend 

rier  ha  ho  , 
mme  gémis- 
tlle  est  sem- 
îmmune.  Le 
aux  ,  est  de 
d  à  Pabri  de 
lelques  Luis- 
ît des  géne- 

avec  la  fe- 
e  le  duvet  et 

forme  tout 
elet  renflé, 
Liandelleles 
nourriture: 


lj 


;#■ 


1 


DU     CANARD.  10^ 

car  le  mâle  ne  l'aide  point  à  couver,  et  il 
fait  seulement  sentinelle  aux  environs 
pour  avertir  si  quelque  ennemi  paroStj 
la  femelle  cache  alors  sa  tête,  et, lors- 
que le  danger  est  pressant ,  elle  prend 
son  vol ,  et  va  joindre  le  mâle  ,  qui  ^ 
dit-on  ,  la  maltraite  s'il  arrive  quel- 
que malheur  à  la  couvée;  les  corbeaux 
cherchent  les  œufs  et  tuent  les  petits^ 
aussi  la  mère  se  hâte-t-elle  de  faire 
quitter  le  nid  à  ceux-ci  peu  d'heures 
après  qu'ils  sont  éclos ,  les  prenant  sur 
son  dos ,  et  d'un  vol  doux  ,  les  trans- 
portant à  la  mer. 

Dès  lors  le  mâle  la  quitte ,  et  ni  les 
uns  ni  les  autres  ne  reviennent  plus  à 
terrejmais  plusieurs  couvées  se  réunis- 
sent en  mer  ,  et  forment  des  troupes 
de  vingt  ou  trente  petits  avec  leurs 
mères, qui  les  conduisent  et  s'occupent 
incessamment  à  battre  l'eau  pour  faire 
remonter  ,  avec  la  vase  et  le  sable  du 
fond,  les  insectes  et  menus  coquillages 
dont  se  nourrissent  les  petits  ,  trop 


t 


ri 


n 

M>  if 

i 

« 

i 

i        • 

1 

i        P     ^ 

1  '^-  Ê 

il  4  -m^ 

m  r-   m 

- 

■  .; 


IIO         HISTOIRE    NATURELLE 

foibles encore  pour  plonger.  On  trouve 
ces  jeunes  oiseaux  en  mer  dans  le  mois 
de  juiUet,et  même  dès  le  mois  de  juin^ 
et  les  Groënlandais  comptent  leur 
temps  d^été  par  Pâgo  des  jeunes  eiders. 

Cen^estqu'à  la  troisième  année  que 
le  mâle  a  pris  des  couleurs  démêléeset 
bien  distinctes;  celles  de  la  femelle  sont 
beaucoup  plus  décidées  ,  et  en  tout  , 
son  développement  est  plus  promptque 
celui  du  mâle  ;  tous  ,  dans  le  premier 
âge  ,  sont  également  couverts  ou  vê- 
tus d*un  duvet  noirâtre. 

L'eider  plonge  très-profondément 
à  la  poursuite  des  poissons;  il  se  repaît 
aussi  de  moules  etd^autres  coquillages, 
et  se  montre  très>avide  des  boyaux  de 
poissons  que  les  pêcheurs  jettent  de 
leurs  barques.  Ces  oiseaux  tiennent  la 
uier  tout  rhiver ,  même  vers  le  Groen- 
land ,  cherchant  les  lieux  de  la  côte  où 
il  y  a  le  moins  de  glaces  ^  et  ne  rêve* 
nant  à  terre  que  le  soir  ,  ou  lorsqu'il 
doit  y  avoir  une  tempête  ,  que  leur 


'•■  L 


RELLE 

,er.  On  trouro 
i'dans  le  mois 
mois  de  juin, 
)mptent    leur 
eu  nés  eiders. 
me  année  que 
s  démêlées  et 
ï  femelle  sont 
et  en  tout  , 
s  promptque 
s  le  premier 
verts  ou  vé- 

•ofon  dément 
>5  il  se  repaît 
coquillages, 
>  boyaux  de 
jettent  de 
:  tiennent  la 
s  le  Groën- 
e  la  côte  où 
et  ne  rêve- 
>u  lorsqu'il 
}  que  leur 


DU      CANARD. 


lit 


fuite  à  la  côte  ,  durant  le  jour  ,  pré- 
sage 9  dit'On ,  infailliblement. 

Quoique  les  eiders  voyagent,  et  non- 
seulement  quittent  un  canton  pour 
passer  dans  un  autre  ,  mais  aussi  s'a- 
vancent assez  avant  en  mer  pour  que 
Ton  ait  imaginé  qu'ils  passent  deGroën* 
land  en  Amérique  ,  néanmoins  on  ne 
peut  pas  dire  qu'ils  soient  proprement 
oiseaux  de  passage,  puisqu'ils  ne  quit- 
tent point  le  climat  glacial  ,  dont  leur 
fourrure  épaisse  leur  permet  de  bra^ 
ver  la  rigueur  ,  et  que  c'est  en  effet 
sans  sortir  des  parages  du  nord  ,  que 
s'exécutent  leurs  croisières ,  trouvant 
à  se  nourrir  en  mer  par-tout  où  elle 
est  ouverte  et  libre  de  glaces  :  aussi 
remarque-t-on  qu'ils  s'avancent  à  la 
côte  de  Groenland  jusqu'à  l'i  le  Disco  , 
mais  non  au-delà ,  parce  que  plus  haut 
la  mer  est  couverte  de  glaces ,  et  même 
il  sembleroit  que  ces  oiseaux  fréquen- 
tent déjà  moins  ces  côtes  qu'ils  ne  fai- 
soient  autrefois  ^    néanmoins  il  s'en 


(W*»' 


1 


\f^ 


h    t» 


112  histoihe  naturelle 
trouve  jusqu'au  Spitzberg ,  car  on  re- 
connoîtreider  dans  le  canard  de  mon' 
tagne  de  Martens ,  quoique  lui-même 
l'ait  méconnu  ;etil  nous  perable  aussi 
retrouver  l'eider  à  l'île  de  Bering  et  à 
la  pointe  des  Kourilles» Quant  à  notre 
mer  du  nord ,  les  pointes  les  plus  sud 
où  les  eiders  descendent^  patoissent 
être  les  îles  Kerago  et  K-ona,  près  des 
côtes  d'Ecosse  ,  Bornholm ,  Christian- 
6oë  )  et  la  province  de  Gothland  dans 
la  Suède. 


% 


LE    CANARD. 

L'homme  a  fait  une  double  conquête^ 
lorsqu'il  s'est  assujëli  des  animaux  ha- 
bitans  à-la-fois  et  des  airs  et  de  l'eau» 
Libres  sur  ces  deux  vastes  élémens  y 
également  prompts  à  prendre  les  rou- 
tes de  l'atmosphère  y  à  sillonner  celles 
de  la  mer  ou  plonger  sous  les  flots ,  les 
oiseaux  d'eau  sembloient  devoir  lui 
échapper  à  jamais  )  ne  pouvoir  contrac- 


k' 
«- 


-- fr«<C 


X«M|^j4^J^ 


■^iummÊm 


lELLE 

5 ,  car  on  re- 
-ard  de  mon.' 
ue  lui-même 
lemble  aussi 
Bering  et  à 
qant  à  notre 
les  plus  sud 
y  paroissent 
na ,  près  des 
)  Christian- 
thland  dans 


il  D. 

e  conquête, 
nimaux  ha- 
ït de  l'eau. 
s  élëmens  , 
ire  les  rou- 
nner  celles 
is  flots ,  les 
devoir  lui 
•ircontrac- 


DU     CANARD.  Il3 

ter  de  société  ni  d'habitude  avec  nous  , 
rester  enfin  éternellement  éloignés  de 
nos  habitations ,  et  même  du  séjour  de 
la  terre. 

Ils  n'y  tiennent  en  effet  que  par  le 
seul  besoin  d'y  déposer  le  produit  de 
leurs  amours  ;  mais  c'est  par  ce  besoin 
même ,  et  par  ce  sentiment  si  cher  à 
tout  ce  qui  respire^  que  nous  avons  sa 
les  captiver  sans  contrainte,  les  appro- 
cher de  nous, et,  par  l'affection  à  leur 
famille,  les  attacher  à  nos  demeures. 

Des  œufs  enlevés  sur  les  eaux  ,  du 
milieu  des  roseaux  et  des  joncs,  et 
donnés  à  couver  à  une  mère  étrangère 
qui  les  adopte  ,  ont  d'abord  produit 
dans  nos  basses-cours  des  individus 
sauvages ,  farouches  ,  fugitifs  et  sans 
cesseinquiets  de  trouver  leur  séjour  de 
liberté  \  mais  ,  après  avoir  goûté  les 
plaisirs  de  L'amour  dans  l'asyle  domes« 
tique,  ces  mêmes  oiseaux  ,  et  mieux 
encore  leurs  descendans,  sont  devenus 
plus  douX)  plus  traitables }  etontpro- 


% 


Il4        HISTOIRE     NATURELLE 

duit  SOUS  nos  yeux  des  races  privées  ; 
car  nous  devons  observer  ^  comme 
chose  générale  ,  que  ce  n^est  qu^après 
avoir  réussi  à  traiter  et  conduire  une 
espèce,  de  manière  à  la  faire  multiplier 
en  domesticité,  que  nous  pouvons  nous 
flatter  de  Pavoir  subjuguée;  autrement 
r<oiis  n'dssujétissons  que  des  indivi- 
dus y  et  Tespèce  j  conservant  son  in- 
dépendance y  ne  nous  appartient  pas. 
Mais  lorsque  j  malgré  le  dégoût  de  la 
chaîne  domestique,  nous  voyons  naître 
entre  les  mâles  et  les  femelles  ces  sen- 
timens  que  la  nature  a  par-tout  fondés 
sur  un  libre  choix;  lorsque  Pamour  a 
commencé  à  unir  ces  couples  captifs  , 
alors  leur  esclavage,  devenu  pour  eux 
aussi  doux  que  la  douce  liberté ,  leur 
fait  oublier  peu  à  peu  leurs  droits  de 
franchise  naturelle  ,  et  les  prérogati- 
ves de  leur  état  sauvage;  et  ces  lieux 
des  premiers  plaisirs  ,  des  premières 
amours  ,  ces  lieux  si  chers  à  tout  être 
sensible  ,  deviennent  leur  demeure  de 


^^^'•s^- 


«r^iiP'- 


..  hHiwIMW^^^W.  l' 


URELLE 

races  privées  ; 
rver  ,    comme 
n'est  qu'après 
:  conduire  une 
aire  multiplier 
{pouvons  nous 
lëe;  autrement 
le  des  indivi- 
(rvant  son  in- 
ppartient  pas. 
î  dégoût  de  la 

voyons  naltro 
lelles  ces  sen- 
r-lout  fondés 
ne  l'amour  a 
pies  captifs , 
nu  pour  eux 
liberté ,  leur 
irs  droits  de 
s  prérogati- 
et  ces  lieux 
s  premières 
î  à  tout  être 
demeure  de 


ii5 


DU     C  A  N  A   Pv  D. 

prédilection  et  leur  habitation  de 
choix  ;  l'éducation  de  la  famille  rend 
encore  cette  affection  plus  profonde  f 
et  la  communique  en  même  temps  aux 
petits  9  qui  ,  s'étant  trouvés  citoyens 
par  naissance  d'un  séjour  adopté  par 
leurs  parens,  ne  cherchent  point  à  en 
changer  ;  car  ,  ne  pouvant  avoir  que 
peu  ou  point  d'idée  d'un  état  différent 
ni  d'un  autre  séjour  ,  ils  s'attachent 
au  lieu  où  ils  sont  nés  comme  à  leur 
patrie,  et  l'on  sait  que  la  terre  natale 
est  chère  à  ceux  même  qui  Thabitent 
en  esclaves. 

Néanmoins  nous  n'avons  conquis 
qu'une  petite  portion  de  l'espèce  en- 
tière ,  sur-tout  dans  ces  oiseaux  aux- 
quels la  nature  sembloit  avoir  assuré 
lin  double  droit  de  liberté  ,  en  les  con- 
fiant à- la- fois  aux  espaces  libres  de 
Vàlr  et  de  la  mer  ;  une  partie  de  l'es- 
pèce est ,  à  la  vérité,  devenue  captive 
sous  notre  main  ;  mais  la  plus  grande 
portion  nous  a  échappé ,  nous  échap* 


^mmm. 


■  ;  '1 


V    ■; 


ll6        HISTOIRE    NATURELLE 

pera  toujours ,  et  reste  à  la  nature 
comme  témoin  de  son  indépendance. 

L^espèce  du  canard  et  celle  de  l'oie 
sont  ainsi  partagées  en  deux  grandes 
tribus  ou  races  distinctes  y  dont  l'une  y 
depuis  long-temps  privée  ,  se  propage 
dans  nos  basses- co^j;rs  )  en  y  formant 
une  des  plus  utiles  et  des  plus  nom- 
breuses familles  de  nos  volailles  ;  et 
l'autre  j  sans  doute  )  encore  plus  éten- 
due )  nous  fuit  constamment  y  se  tient 
sur  les  eaux ,  ne  fait,  pour  ainsi  dire  ^ 
que  passer  et  repasser  en  hiver  dans 
nos  contrées, et  s'enfonce  au  printemps 
dans  les  régions  du  nord  ,  pour  y  ni- 
cher sur  les  terres  les  plus  éloignées 
de  l'empire  de  Thomme. 

C'est  vers  le  1 5  octobre  que  parois- 
sent  en  France  les  premiers  canards  ; 
leurs  bandes  d'abord  petites  et  peu  fré- 
quentes ,  sont  suivies ,  en  novembre , 
par  d'autres  plus  nombreuses  ;  on  re- 
connoit  ces  oiseaux  dans  leur  vol  élevé, 
aux  lignes  inclinées  et  aux  triangles 


JRELLE 

e  à  la  nature 
idépendance. 
t  celle  de  l'oie 
deux  grandes 
»s,  dont  l'une  y 
te ,  se  propage 
en  y  formant 
des  plus  nom- 
i  volailles  ;  et 
;ore  plus  éten- 
ment  y  se  tient 
>ur  ainsi  dire  y 
en  hiver  dans 
eau  printemps 
l  9  pour  y  ni- 
plus  éloignées 
• 

re  que  parois- 
iers  canards  ; 
tesetpeufré- 
n  novembre , 
suses  ;  on  re- 
eur  vol  élevé, 
aux  triangles 


DU      CAirARD.  11^ 

réguliers  que  leur  troupe  trace  par  sa 
disposition  dansl'air^et,  lorsqu'ils  sont 
tous  arrivés  ies  régions  du  nord ,  on 
les  voit  continuellement  voler  et  se 
porter  d'un  étang,  d'une  rivière  à  une 
autre;  c'est  alors  que  les  chasseurs  en 
font  de  nombreuses  captures,  soit  à  la 
quête  du  jour  ou  à  l'embuscade  du  soir, 
soit  aux  différens  pièges  et  aux  grands 
filets;   mais  toutes  ces  chasses  sup* 
posent  beaucoup  de  finesse  dans  les 
moyens   employés  pour  surprendre, 
attirer  ou  tromper  ces  oiseaux  ,   qui 
sont  très-défians.  Jamais  ils  ne  se  po- 
sent qu'après  avoir  fait  plusieurs  cir- 
convolutions sur  le  lieu  où  ils  vou- 
droient  s'abattre,  comme  pour  l'exa- 
miner, le  reconnoitre,  et  s'assurer  s'il 
ne  recèle  aucun  ennemi ,  et  lorsqu'en- 
iin  ils  s^abaissent,  c'est  toujours  avec 
précaution;  ils  fléchissent  leur  vol,  et 
se  lancent  obliquement  sur  la  surface 
de  l'eau,  qu'ils  effleurent  etsillonnentf 
ensuite  ils  nagent  au  large  et  se  tieu- 
Oiseaux,  VI.  ix 


il 


m.%.iimAM,ù>«.mm^»'  »-  ' 


».'vSt"<f 


t 


^t   V' 


.0 


iM  iV 


i 


I: 


118        HISTOIRE    NATURELLE 

tient  toujours  éloignés  des  rivages  ;  en 
même  temps  quelques-uns  d'entr'eux 
veillent  à  la  sAreté  publique,  et  don- 
nent Palarme  dès  qu^il  y  a  péril  y  de 
sorte  que  le  chasseur  se  trouve  sou- 
vent déçu  )  et  les  voit  partir  avant 
qu'il  ne  soit  à  portée  de  les  tirer  ;  ce- 
pendant,  lorsqu'il  juge  le  coup  possi* 
ble  y  il  ne  doit  pas  le  précipiter,  car  le 
canard  sauvage  y  au  départ ,  s'éievant 
verticalement)  ne  s'éloigne  pas  dans  la 
même  proportion  qu'un  oiseau  qui  file 
droit,  et  on  a  tout  autant  de  temps 
pour  ajuster  un  canard  qui  part  à 
soixante  pas  de  distance,  qu'une  per- 
drix qui  partiroit  à  trente. 

C'est  le  soir,  d  la  chute,  au  bord  des 
eaux  sur  lesquelles  on  les  attire  ,  en  y 
placant  des  canards  domestiques  femel- 
les, que  le  chasseur  gîté  dans  une  hut* 
te  ,  ou  couvert  et  caché  de  quelqu'au- 
tre  manière,  les  attend  et  les  tire  avec 
avantage  \  il  est  averti  de  l'arrivée  de 
ces  oiseaux  par  le  sifflement  de  leurs 


'-tïMJBJÎlf "  '  ""' 


nu      CANARD.  119 

ailes  (1),  et  se  hâte  de  tirer  les  pre- 
miers arrivans;  car,  dans  cette  saison  ^ 


(  1  )  Voici  une  chasse  dont  j'ai  été  témoin 
et  même  acteur;  c'étoit  dans  une  campagne 
entre  Laon  et  Reims  ;  un  homme,  et  l'on 
juge  aisément  que  ce  n'étoit  pas  le  plus  opu- 
lent du  pays ,  s'étoit  établi  au  milieu  d'une 
prairie  *,  là ,  enveloppé  dans  un  vieux  man- 
teau, sans  autre  abri  qu'une  claie  de  bran- 
ches de  noisettier,  dont  il  s'étoit  fait  un  abri 
contre  le  vent,  il  attendoit  patiemment  qu'il 
passât  à  portée  de  lui  quelque  bande  de  ca- 
nards sauvages  ;  il  étoit  assis  sur  une  cage 
d'osier  ,  partagée  en  trois  cases ,  et  remplies 
die  canards  domestiques ,  tous  mâles  ;  son 
poste  étoit  au  voisinage  d'une  rivière  qui  ser- 
pentoit  dans  cette  prairie,  et  dans  un  endroit 
où  ses  bonis  étoient  élevés  de  sept  à  huit 
pieds  ;  il  avoit  appliqué  à  un  des  bords  de 
cette  rivière  une  cabane  de  roseaux  en  forme 
de  guérite  ,  percée  de  petites  meurtrières 
qu'on  pouvoit  ouvrir  et  fermer  à  volonté 
pour  avoir  du  jour,  et  choisir  sa  belle  pour 
lâcher  un  coup  de  fusil.  Aperce  voit  -  il  une 
bande  de  canards  sauvages  en  l'air  (  et  il  en 
passoit  souvent ,  ])arce  que,   dans  la  saison 
OÙ  il  faisoit  cette  chasse,  on  les  tiroit  de 


»  r^ 


> 


i 


w 


f 


r    il 


>'i 


^\ 


^  « 


i. 


120         HISTOIRE  NATURELLE 

la  nuit  tombant  promptement ,  et  les 
canards  ne  tombant  |  pour  ainsi  dire  | 


tous  côtes  dans  les  marais),  il  làchoit  deux 
ou  trois  de  ses  canards  domestiques ,  qui 
prenoient  leur  volée  ,  et  alloient  se  rendre 
à  trente  pas  de  sa  guérite ,  où  il  avoit  semé 
quelques  grains  d'avoine,  que  ces  canards 
ne  manquoient  pas  de  ramasser  avec  avidité, 
car  on  les  i'aisoit  jeûner;  il  y  avoit  aussi  quel- 
ques femelles  attachées  aux  perches  piquées 
dans  un  des  bords,  et  couchées  à  fleur-d'eau, 
de  façon  que  ces  canes  ne  pouvoient  regagner 
la  rive,  et  se  trouvoient  réduites  à  faire  un 
cri  d'appel  aux  canards  domestiques.  Les 
sauvages,  après  plusieurs  tours  en  î'air,  pre- 
noient le  parti  de  s'abattre  et  de  suivre  les 
canards  domestiques,  ou  s'ils  hésitoient  trop 
long-temps ,  notre  homme  làchoit  une  se- 
conde volée  de  canards  mâles ,  et  même  une 
troisième  ,  et  alors  il  couroit  de  son  obser- 
vatoire à  sa  guérite ,  sans  être  aperçu ,  tous 
les  bords  étant  garnis  de  branches  d'arbres 
et  de  roseaux  ;  il  ouvroit  celle  de  ses  meur- 
trières qui  lui  convenoit  le  mieux,  obser- 
voit  le  moment  de  faire  un  bon  coup  ,  sans 
fi'exposcr  à  tuer  ses  appelans,  et,  comme 


lELLB 

ment ,  et  les 
ir  ainsi  dire  | 


il  lâchoit  deux 
nestîques  ,  qui 
oient  se  rendre 
►ù  il  avoit  semé 
[ue  ces  canards 
►er  avec  avidité, 
ivoit  aussi  quel- 
perches  piquées 
ss  à  fleur-d'eau, 
soient  regagner 
uites  à  faire  un 
mestiques.  Les 
rs  en  Vair,  pre- 
Bt  de  suivre  les 
hésitoient  trop 
àclioit  une  se- 
)  et  même  une 
t  de  son  obser- 
e  aperçu ,  tous 

elles  d'arbres 
e  de  ses  meur- 
mieuX)  obser- 
on  coup  )  sans 

)  et  y  commo 


Ti 

m 


1 


T)  tr     CANARD.  121 

^11^ avec  elle,  les  momens  propices  sont 
bientôt  passés;  si  l'on  veut  faire  une 
plus  grande  chasse,  on  dispose  des 
filets,  dont  la  détente  vient  répondre 
dans  la  hutte  du  chasseur,  et  dont  les 
nappes  occupant  un  espace  plus  ou 
moins  grand  à  fleur-d'eau  ,  peuvent 
embrasser,  en  se  relevant  et  se  croi- 
sant, la  troupe  entière  des  canards  sau- 
vages que  les  appelans  domestiques  ont 
attirés  (i);  dans  cette  chasse,  il  faut 


il  tiroit  à  fleur- d'eau  presque  horizontale- 
ment et  qu'il  visoit  aux  tètes ,  il  en  tuoit 
quelquefois  cinq  ou  six  d'un  coup  de  fusil. 
JExtrait  d'un  mémoire  de  M,  HéberU 

(i)  Nous  devo!îS  à  M.  Bâillon  de  Mon- 
treuil  -  sur  -  mer  ,  l'idée  et  le  détail  de  cette 
espèce  de  chasse,  dont  nous  lui  faisons  hon- 
neur^ et  que  nous  donnons  ici  avec  plaisir 
dans  ses  propres  termes. 

«  Une  quantité  considérable  de  canards 
sauvages  se  prend  tous  les  hivers  dans  nos 
marécages  voisins  de  la  mer;  la  ruse  qu'oii 
emploie  pour  les  attirer  dans  les  filets ,  est 


■ 


r        _ 

1  : 


V 


u 


.«13 


V' 


l 


\  r. 


•■'  1  11  i  ' 


122        HISTOIRE    NATURELLS 

que  la  passion  du  chasseur  soutienne 
sa  patience  ;  immobile  y  et  souvent  à 

I  I  ■    ■        -    _■  ■!■■      ■  _i .^-^^ 

très-ingénieuse;  elle  prouve  sensiblement 
le  goût  de  ces  oiseaux  pour  la  société  ;  la 
voici  : 

w  On  choisit  dans  les  marais  une  plage 
couverte  d'environ  deux  pieds  d'eau ,  qu'on 
y  entretient  par  le  moyen  d'une  légère  di- 
gue ;  les  plus  grandes  et  les  plus  éloignée» 
des  haies  et  des  arbres  sont  les  meilleures  : 
on  forme  sur  le  bord  une  hutte  en  terre  ^ 
bien  garnie  de  glaise  dans  le  fond ,  et  cou- 
verte de  gazons  appliqués  sur  un  treillis  de 
branchages  ;  le  tendeur  y  étant  assis  ,  l'ex- 
trémité de  sa  tête  excède  le  haut  de  la 
butte. 

»  On  tend  dans  l'eau  des  filets  de  la  forme 
des  nappes  aux  alouettes  y  et  garnis  de  deux 
fortes  barres  de  fer  qui  les  tiennent  assujé- 
tis  sur  la  vase  ;  les  cordes  de  détentes  sont 
fixées  dans  la  hutte. 

u  Le  tendeur  attache  plusieurs  canes  en 
avant  des  filets  ;  celles  qui  sont  de  la  race 
des  sauvages  et  prévenues  d'ceufs  de  cette 
espèce  y  dénichés  au  printemps ,  sont  les 
meilleures  ;  les  mâles  avec  lesquels  on  a  eu 
soin  de  les  faire  apparier  dès  le  mois  d'oc- 


)  ' 


ELLB 

ur  soutienne 
et  souvent  à 

sensiblement 
la  société  \  la 

rais  une  plage 
s  d'eau ,  qu^on 
me  légère  di- 
plus  éloignée» 
es  meilleures  : 
utte  en  terre, 
fond ,  et.  cou- 
:  un  treillis  de 
nt  assis ,  l'ex- 
le  haut  de  la 

3ts  de  la  forme 
garnis  de  deux 
ennent  assujé- 
i  détentes  sont 

îurs  canes  en 
Qnt  de  la  race 
ceufs  de  cette 
nps,  sont  les 
iquels  on  a  eu 
le  mois  d'oc* 


DU     CAWARD.  123 

moitié  gelé  dans  sa  guérite,  il  sVxpose 
à  prendre  plus  de  rhume  que  de  gibier^ 


tobre ,  sont  enfermés  dans  un  coin   de  la 
hutte. 

M  Le  tendeur  attentif^  fixe  Phorizon  de 
tous  côtés  )  sur-tout  vers  le  nord  ;  aussitôt 
qu'il  aperçoit  une  troupe  de  canards  sau- 
vages ,  il  prend  un  de  ces  mâles,  et  le  jette 
en  l'air;  cet  oiseau  vole  sur-le-champ  ver» 
les  autres  et  les  joint*,  les  femelles  ,  au-des- 
sus desquelles  il  passe^  crient  et  l'appellent; 
s'il  tarde  trop  à  revenir  ,  on  en  lâche  un 
second ,  souvent  un  troisième  ;  les  cris  re- 
doublés des  femelles  les  ramènent ,  les  sau- 
vages les  suivent ,  et  se  posent  avec  eux;  la 
forme  de  la  hutte  les  inquiète  quelquefois  , 
mais  ils  sont  rassurés  en  un  instant  pa^  les 
traîtres  qu'ils  voient  nager  avec  sécurité  vers 
les  femelles  qui  sont  entre  la  hutte  et  les  fi- 
lets ;  ils  avancent  et  les  suivent  ;  le  tendeur 
qui  les  veille ,  saisit  l'instant  favorable , 
lorsqu'ils  traversent  la  forme ,  il  en  prend 
quelquefois  une  douzaine  et  plus  d'un  seul 
coup. 

M  J'ai  toujours  remarqué  que  les  canards 
dressés  à  cette  chasse  ,  se  mettent  rarement 
daus  le  cou  des  filets  ;  ils  en  traversent 


I 


■•,1f  «.^(«l   "^^     ;,^... 


-u*»-  ■ 


»  _-„-_:^.k  - 


ÏS 


"ni 


'!         i- 


1^4        HISTOIRE     NATURELLE 

mais  ordinairement  le  plaisir  Pempor^ 
te  9  et  ^espérance  se  renouvelle  ^  car 
le  même  soir  où  il  a  juré  |  en  soufflant 
dans  ses  doigts ,  de  ne  plus  retourner 
à  son  poste  glacé,  il  fait  des  projets' 
pour  le  lendemain. 

En  Lorraine,  sur  les  étangs  qui  bor- 
dent la  Sarre,  on  prend  les  canards 
avec  un   filet  tendu  verticalement  et 


:)  ^■'■ 


•f? 


.■"  ■; 


:■:?■; 


î-v, 


remplacement  au  vol  ;  ils  le  connoissent , 
quoique  rien  ne  paroisse  au  «dehors. 

a>  Tous  les  oiseaux  des  marais^  tels  que 
les  sit'Heurs ,  lessouchets,  les  sarcelles,  les 
millouins ,  viennent  à  l'appel  des  canes  ou 
suivent  les  traîtres. 

M  Cette  chasse  ne  se  fait  que  pendant  la 
nuit,  au  clair  de  la  lune  ;  les  instansles  plus 
favorables  sont  le  lever  de  cette  planète  ,  ec 
une  heure  avant  l*aube  du  jour  *,  elle  ne  se 
pratique  utilement  que  pen«iant  les  vents  de 
nord  et  de  nord-ouest,  parce  que  le  gibier 
voyage  alors  ou  est  en  mouvement  pour  se 
rassembler.  J'ai  vu  prendre  plus  d'une  cen* 
taine  ds  pièces  aux  mêmes  filets  dans  une 
teule  nuit.  Uu  homme  foible  ou  sensible  au 


_a 


TREtLE 
laisir  l'empor* 
ïnoiivelle  y  car 
)  en  soufflant 
»lus  retourner 
it  des  projets' 


DU     C  il  W  A  R  D.  125 

«emblable  à  la  pantière  qui  sert  aux 
bécasses;  en  plusieurs  autres  endroits, 
les  chasseurs ,  sur  un  bateau  couvert 
de  rainées  et  de  roseaux,  s'approchent 
lentement  des  canards  dispersés  sur 
Peau,  et,  pour  les  rassembler,  ils  lâ- 
chent un  petit  chien;  la  crainte  de 
Pennemi  fait  que  les  canards  se  rassem- 
blent, s'attroupent  lentement,  et  alors 


le  connoissent , 
dehors. 

«irais,  tels  que 

[S  sarcelles  )  les 

I  des  canes  ou 


]iie  pendant  la 

instans  les  plus 

tte  planète  ,  et 

»r  ;  elle  ne  se 

nt  les  vents  de 

que  le  gibier 

ment  pour  se 

us  d'une  cen- 

iets  dans  une 

)u  sensible  au 


froid,  ne  pourroit  résister  à  la  rigueur  de  ce- 
lui qu'on  ressent  à  cette  chasse;  il  faut  res- 
ter immobile,  et  souvent  mouillé  pendant 
toute  la  nuit,  au  milieu  des  marais. 

»>  J'ai  toujours  vu  les  canards  sauvages 
descendre  à  l'appel  des  canes  de  leur  espè  ■ 
ce,  queiqu'élevés  qu'ils  soient  dans  l'air;  les 
traîtres  volent  quelquefois  avec  eux  pendant 
plus  d'un  quart  -  d'heure  ;  chacun  des  ten- 
deurs ,  au-dessus  desquels  la  troupe  passe  , 
lui  en  envoie  d'autres;  elle  se  disperse,  et 
chaque  bande  de  traîtres  en  amène  un  déta- 
chement; celui  des  tendeurs  dont  les  femel- 
les sont  sauvages  ,  est  toujours  le  mieus; 
partagé  », 


vS  » 


,.*»ii(«M,«*;.,. 


.  ''^  ■' 


ir.J  l        > 


126  HISTOI'^E     NATURELLE 

on  les  peut  tire  '  un  à  un  à  mesure 
qu^ils  se  rapprochent ,  et  les  tuer  sans 
bruit  avec  de  fortes  sarbacanes  ;  ou 
bien  on  tire  sur  la  troupe  entière  avec 
un  gros  fusil  d^ubordage  qui  écarte  le 
plomb  et  en  tue  ou  blesse  un  bon  nom* 
breç  mais  on  ne  peut  les  tirer  qu*u.ie 
fois,  ceux  qui  échappent  reconnoissent 
le  bateau  meurtrier}  et  ne  s'en  laissent 
plus  approcher.  Cette  chasse ,  très- 
amusante  ,  s\ippelle  /e  badinage. 

On  prend  aussi  des  canards  sauvages 
au  moyen  d'hameçons  amorcés  de  mou 
de  veau  ,  et  attachés  à  un  cerceau  flot- 
tant:; enfin  la  chasse  aux  canards  est^ 
par-tout  y  une  des  plus  intéressantes 
de  l'automne  et  du  commencement  de 
l'hiver. 

De  toutes  nos  provinces,  la  Picardie 
est  celle  où  l'éducation  des  canards  do- 
mestiques est  la  mieux  soignée  ,  et  où 
h.  chasse  des  sauvages  est  la  plus  fruc- 
tueuse) au  point  même  d'être  ^  pour 
le  pays,  un  objet  de  revenu  considé- 


,a«Hs»tw.* 


JRELLE 

un  à  mesure 
t  les  tuer  sans 
*bacanes  ;  ou 
3  eniiôre  avec 
qui  écarte  le 
)  un  bon  nom- 
i  tirer  qu'une 
reconnoissent 
e  s'en  laissent 
liasse  y  très* 
(idi'nage, 
ards  sauvages 
orcës  de  mou 
cerceau  flot- 
canards  est  y 
ntéressantes 
^ncement  de 

i,  la  Picardie 
}  canards  do- 
gnëe ,  et  où 
la  plus  fruc- 
l'être,  pour 
nu  considé- 


»  1 


DU      CANARD.  1217 

rable  ;  cette  chasse  s'y  fait  en  grand  et 
dans  des  anses  ou  petits  golfes  disposes 
naturellement,  ou  coupés  avec  art  le 
long  de  la  rive  des  eaux  et  dans  l'épais- 
seurde^  roseaux.  Mais  nulle  part  cette 
chasse  ne  se  fait  avec  plus  d'appareil  et 
d'agrément  que  sur  le  bel  étang  ^Ar- 
minvilliersQiï  Brie  :  voici  la  description 
qui  nous  en  a  été  communiquée  par 
M.  Rey,  secrétaire  des  commanc'.emens 
de  S.  A.  Mgr  le  duc  de  Penthlèvre. 

«Sur  un  des  côtés  de  cet  étang, 
qu'ombragent  des  roseaux,  et  que  bor- 
de un  petit  bois,  l'eau  forme  une  anse 
enfoncée  dans  le  bocage,  et  comme  un 
petit  port  ombragé  où  règne  toujours 
le  calme;  de  ce  port  on  a  dérivé  des 
canaux  qui  pénètrent  dans  l'intérieur 
du  bois ,  non  point  en  ligne  droite  , 
mais  en  arc  sinueux;  ces  canaux  nom- 
més cornes,  assez  larges  et  profonds  à 
leur  embouchure  dans  l'anse,  vont  en 
se  rétrécissant  et  en  diminuant  de  lar- 
geur et  de  profondeur  à  mesure  qu'ils 


••W»»..«É(.V  ,..-.-. 


fl^'" 


'>    il 


■'» 


'■if  '  s  i 


I^  À 


^-  1 


\:^ 


128       HISTOIRE    TffATTTRBLLE 
se  courbent  en  s'enfoncant  dans  le  bois* 
où  ils  finissent  par  i^n  prolongement  en 
pointe  et  tout-à-fait  à  sec. 

»  Le  canal,  à  commencer  à-peu-prè» 
à  la  moitié  de  sa  longueur,  est  recou- 
vert d'un  filet  en  berceau,  d'abord  as- 
sez large  et  élevé ,  mais  qui  se  resserre 
et  s'abaisse  à  mesure  qne  le  canal  s'é- 
trécit,  et  finit  à  sa  pointe  en  une  nasse 
profonde  et  qui  se  ferme  en  poche. 

33  Tel  est  1«  grand  piège  dressé  et 
préparé  pour  les  troupes  nombreuses 
de  canards,  mêlées  de  rougets,  de  ga* 
rots,  de  sarcelles,  qui  viennent  dès  le 
milieu  d'octobre  s'abattre  sur  l'étang; 
mais  pour  les  attirer  vers  l'anse  et  les 
fatales  cornes,  il  faut  inventer  quelque 
moyen  subtil,  et  ce  moyen  est  concerté 
et  prêt  depuis  long-temps. 

y>  Au  milieu  du  bocage  et  au  centre 
des  canaux ,  est  établi  le  canardier  , 
qui  de  sa  petite  maison  va  trois  fois  par 
jour  répandre  le  graiu  dont  il  nourrit, 
pendant  toute  l'année  ^  plus  de  cent 


i   «  I  iv 


"{ 


SLIE 

dansleboisy 

ongementen 

• 

er  à-peii-prè» 

,  est  recou* 
,  d'abord  as- 
li  se  resserre 

le  canal  s'é- 
en  une  nasse 
en  poche. 
\qs  dressé  et 

nombreuses 
igets,  de  ga* 
innent  dès  le 
s  sur  l'étang; 

Pause  et  les 
(nter  quelque 
i  estcoDcerté 

• 

)  et  au  centre 
e  canardier  j 
i  trois  fois  par 
nt  il  nourrit, 
plus  de  cent 


i>u    CAirA.&D.  ia(^ 

canards  demi-privés,  demi-sauvages , 
et  qui  tout  le  jour  nageant  dans  Vé^ 
tang,  ne  manquent  pas  à  l'heure  accou- 
tumée et  au  coup  de  siflQet,  d'arriver 
à  grand  vol  en  s'abattant  sur  l'anse 
pour  enfiler  les  canaux  où  leur  pâture 
les  attend. 

3»  Ce  sont  ces  traîtres^  comme  le  ca- 
nardier les  appelle,  qui  dans  la  saison^ 
se  mêlant  sur  l'étang  aux  troupes  de 
sauvages  ,  les  amènent  dans  l'anse,  et 
de  là  les  attirent  dans  les  cornes,  tan- 
dis que  caché  derrière  une  suite  de 
claies  de  roseaux,  le  canardier  va  je- 
tant devant  eux  le  grain  pour  les  ame- 
ner jusque  sous  l'embouchure  du  ber- 
ceau de  filets;  alors  se  montrant  par 
les  intervalles  des  claies ,  disposées 
obliquement,  et  qui  le  cachent  aux 
canards  qui  viennent  par-derrière,  il 
effraie  les  plus  avancés,  qui  se  jettent 
dans  le  cul-de«sac,  et  vont  péle-méle 
s'enfoncer  dans  la  nasse.  On  en  prend 

ainsi  jusqu'à  cinquante  et  soixante  à- 
Oiseaux.  VI.  <  » 


"f 


-'„>< 


l  i'  V, 


'I    y 


m 


-^i" 


rvï 


.;<"» 


lu, 


iU 


>■      J 


..^Jiiï 


^mm^^^- 


J/  .. 


]3c\       HISTOIRE    XTATUHELiS 

la-fois;  il  est  rare  que  les  dtmi-priv^ 
y  entrent^  ils  sont  faits  à  ce  jeu,  et  il» 
retournent  sur  Tétan g  recommencer  la 
même  manœuvre  et  engager  une  autre 
capture. 

Dans  le  passage  d^antomne,  les  ca- 
nards sauvages  se  tiennent  au  large 
sur  les  grandes  eaux ,  et  très-éloignés 
des  rivages;  ils  y  passent  la  plus  grande 
partie  du  jour  à  se  reposer  ou  dormir, 
it  Je  les  ai  observés  avec  une  lunette 
d'approche  y  dit  M.  Hébert,  sur  nos 
plus  grands  étangs,  qui  quelquefois  eu 
paroissent  couverts;  on  les  y  voit  la  tête 
sous  Paile  et  sans  mouvement,  jusqu'à 
ce  que  tous  prennent  leur  volée  une 
demi -heure  après  le  coucher  du  so- 
leil». 

£n  effet ,  les  allures  des  canards  sau- 
vages sont  plus  de  nuit  que  de  jour  ;  ils 
paissent,  voyagent,  arrivant  et  partent 
principalement  le  soir  et  même  la  nuit; 
la  plupart  de  ceux  que  l'on  voit  en  plein 
jour }  ont  été  forcés  de  prendre  essor 


ce  jeu,  et  ii» 
commencer  la 
iger  une  autre 

omnoi  les  ca-^ 
lent  au  large 
très-éloignés 
la  plus  grande 
er  ou  dormir, 
c  une  lunette 
sert  y  sur  nos 
uelquefois  eu 
}s  y  voit  la  tête 
menty  jusqu'à 
iur  volée  une 
mcher  du  so- 
ts canards  san* 
ue  de  jour;  ils 
çnt  et  partent 
même  la  nuit; 
n  voit  en  plein 
prendre  essor 


DU      e  A  TT  À  R  D. 

par  h 


loi 


mi 


par  les  chasseurs  ou  par  les  oiseaux 
proie.  La  nuit,  le  sifflement  du 
cèle  leur  passage  :  le  battement  i 
ailes  est  plus  bruyant  au  moment  qu'ils 
jpartent,  et  c'est  même  à  cause  de  ce 
bruit  que  Varron  donne  au  canard  i'ë- 
pithète  de  quassagipenna. 

Tant  que  la  saison  ne  devient  pas 
rigoureuse  9  les  insectes  aquatiques  et 
ies  petits  poissons ,  les  grenouilles  qui 
ne  sont  pas  encore  fort  avancées  dans 
la  vase,  les  graines  du  jonc^  la  lentille 
d'eau  et  quelques  autr'*^  plantes  maré- 
cageuses, fournissent  abondamment  à 
la  pâture  des  canards;  mais,  vers  la 
£n  de  décembre  ou  au  commencement 
de  janvier ,  si  les  grandes  pièces  d'eau, 
stagnantes  sont  glacées  ,  ils  se  portent 
sur  les  rivières  encore  coulantes,  et 
vont  ensuite  à  la  rive  des  bois  ramasser 
les  glands;  quelquefois  même  ils  se  jet* 
tent  dans  les  champs  ensemencés  de 
blé,  et  lorsqre  la  gelée  continue  pen- 
dant huit  ou  dix  joursj  ils  disparoissent 


-■  J***»ii•al^-1..  .«»».■■ 


h' 


î32  HISTOIRE  NATURTÇLiB 
pour  ne  revenir  qa-aiixcégeU  dans  le 
mois  de  février;  c'est  alors  qu'on  les 
▼oit  repasser  le  soir  par  les  vents  du 
sud  y  mais  ils  sont  en  moindre  nombre; 
leurs  troupes  ont  apparemment  dimî* 
nué  par  toutes  les  pertesqu'ils  ont  souf- 
fertes pendant  l'hiver.  L'instinct  social 
parott  s'être  affoibli  à  mesure  que  leur 
nombre  ^'est  réduit  ;  l'attroupement 
même  n'a  presque  plus  lieu;  ils  passent 
dispersés^  fuient  pendant  la  nuit,  et  on 
ne  les  trouve  le  jour  que  cachés  dans 
les  joncs;ils  ne  s'arrêtent  qu'autant  qut 
le  vent  contraire  les  force  à  séjourner; 
ils  semblent  dès-lors  s'unir  par  cou ples^ 
et  se  hâtent  de  gagner  les  contrées  du 
nord ,  où  ils  doivent  nicher  et  passer 
l'été. 

Dans  cette  saison  ils  couvrent,  pour 
ainsi  dire,  tous  les  lacs  et  toutes  les  ri- 
vières de  Sibérie,  de  Laponie,  et  se 
portent  encore  plus  loin  dans  le  nord 
jusqu'au  Spitzberg  et  au  Groenland. 
«  En  Laponie  ^  dit  M.  Hœgstroem  j 


X  cégels  dans  le 
alors  quVn  les 
ar  les  vents  du 
oindre  nombre; 
iremmenî  dimi* 
s  qu'ils  ont  souf- 
L'instinct  social 
mesure  que  leur 
l'attroupement 
lieu;  ils  passent 
mt  la  nuit,  et  on 
|ue  cachés  dans 
itqu^au tant  que 
|rce  à  séjourner; 
inirparcoupleSy 
les  contrées  du 
icher  et  passer 

couvrent  y  pour 
et  toutes  les  ri* 
aponie,  et  se 
n  dans  le  nord 
au  Groenland. 
.  Hœgstroem  | 


5 


V  V    CANAKB.  l33 

«es  oiseaux  semblent  vouloir  y  sinon 
chasser,  du  moins  remplacer  les  hom- 
mes; car ,  dès  que  les  Lapons  vont  au 
printemps  vers  les  montagnes  y  les 
troupes  de  cananls  sauvages  volent 
vers  la  mer  orientale ,  et  quand  les 
Lapons  redescendent  en  automne  pour 
habiter  la  plaine,  ces  oiseaux  Pont  déjà 
quittée  »♦  Plusieurs  autres  voyageurs 
rendent  le  même  témoignage,  ce  Je  ne 
crois  pas ,  dit  Hegnard,  qu'il  y  ait  pays 
au  monde  plus  abondant  en  canards  ^ 
sarcelles  et  autres  oiseaux  d'eau  que  la 
Laponie;  les  rivières  en  sent  toutes  cou- 
verte !i ...  et  au  mois  de  mai  leurs  nids  s'y 
trouvent  en  telle  abondance ,  que  le 
désert  en  paroît  rempli  p.  Néanmoins 
il  reste  dans  nos  contrées  tempérées 
quelques  couples  de  ces  oiseaux,  que 
quelques  circonstances  ont  empêchés 
de  suivre  le  grosdel'espèce,quinichent 
dans  nos  marais;  ce  n'est  que  sur  ces 
traineurs  isolés ,  qu'on  a  pu  observer 
les  particularités  des  amours  de  ces 


t» 


.»  -i^ 


>,■  y 


^ 


l34        HISTOIRE    NATURELLS 

oiseauX|  et  lenrs  soins  pour  rëducatlofff 
des  petits  dans  Pétat  sauvage. 

Dès  les  premiers  vents  doux,  vers 
la  iin  de  février ,  les  mâles  commen-< 
cent  à  rechercher  les  femelles  ^  quel- 
quefois ils  se  les  disputent  par  detf 
combats;  lapariade  dure  environ  trois 
semafnes;  le  mâle  paroit  s^occuper  du 
choix  d'un  lieu  propre  à  placer  le  pro- 
duit de  leurs  amours  ;  il  l'indique  à  la 
femelle  qui  l'agrée  et  s'en  met  en  pos- 
session; c'est  ordinairement  une  touffe 
épaisse  de  joncs  ^  élevée  et  isolée  au 
milieu  du  m«rais  ;  la  femelle  perce 
cette  touffe  ^  s'y  enfonce  et  l'arrange 
en  forme  de  nid  en  rabattant  les  brins 
de  joncs  qui  la  gênent;  mais  quoique 
la  cane  sauvage  |  comme  les  autres  oi- 
seaux aquatiques ,  place  de  préférence 
sa  nichée  près  des  eaux ,  on  ne  laisse 
pas  d'en  trouver  quelques  nids  dans  les 
bruyères  assez  éloignées  j  ou  dans  les 
champs  sur  ces  tas  de  paill«^  que  I9  la- 
boureur y  lève  en  meules^ou  même  dans 


RELLS 

urrëducatloif 
'âge. 

ts  doux  I  vers 
les  commen*^ 
melieS|  queU 
itent  par  detf 
I  environ  trois 
s^occu  perdu 
placer  le  pro» 
l'indique  à  la 
n  met  en  pos- 
Bnt  une  touffe 
s  e(  isolée  au 
Femelle  perce 
e  et  l'arrange 
tant  les  brins 
mais  quoique 
les  autres  oi- 
de  préférence 
»  on  ne  laisse 
i  nids  dans  les 
y  ou  dans  les 
ilte^  que  le  la- 
[)u  même  dans 


B  tr     c  A.  N  ▲  SI  B.  i35 

les  forêts  sur  des  chênes  tronqués  ,  et 
dans  de  vieux  nids  abandonnés.  On 
trouve  ordinairement  dans  chaque  nid 
dix  à  quinze^et  quelquefois  jusqu'àdix- 
huit  œufs  ;  ils  sont  d^un  blanc  verdâ* 
tre  )  et  le  moyeu  est  rouge;  on  a  ob- 
servé que  la  ponte  des  vieilles  femel- 
les est  plus  nombreuse  et  commence 
plutôt  que  celle  des  jeunes. 
,    Chaque  fois  que  la  femelle  quitte 
ses  œufs ,  même  pour  un  petit  temps  ^ 
elle  Us  enveloppe  dans  le  duvet  qu'elle 
e'est  arraché  pour  en  garnir  son  nid; 
jamais  elle  ne  s'y  rend  au  vol  ^  elle  se 
pose  cent  pas  plus  loin^  et  pour  y  arri- 
ver elle  marche  avec  défiance  j  en  ob- 
eervant  s'il  n'y  a  point  d'ennemis;  mais 
lorsqu'une  fois  elle  est  tapie  sur  ses 
œufs,  l'approche  même  d'un  homme 
ne  les  lui  fait  pas  quitter* 

Le  mâle  ne  paroit  pas  remplacer  la 
femelle  dans  le  soin  de  la  couvée)  seu- 
lement il  se  tient  à  peu  de  distance^il 
l^accompagne  lorsqu'elle  va  chercher 


lit 


\f\ 


i    . 


i36       HTSTOIllM    VATURELLE 

•a  nourriture,  et  la  défend  de  la  per* 
sécution  des  autres  mâles  j  Pincuba* 
tion  dure  trente  jours;  tous  les  petits 
naissent  dans  la  même  journée  ^  et  dès 
le  lendemain  la  mère  descend  du  nid  et 
les  appelle  à  l'eau;  timides  ou  frileux^ 
ils  hésitent  et  même  quelques-uns  se 
retirent  j  néanmoins  le  plus  hardi  s'é« 
lance  après  la  mère,  et  bientôt  les  au* 
très  le  suivent;  une  fois  sortis  du  nidy 
ils  n*y  rentrent  plus  ,  et  quand  il  se 
trouve  posé  loin  de  Peau  ou  qu'il  est 
trop  élevé,  le  père  et  la  mère  les  pren* 
nentàleurbec  et  les  transportent  l'un 
après  Pautre  sur  Peau;  le  soir  la  mère 
les  rallie  et  les  retire  dans  lesroseauzi 
où  elle  les  réchauffe  sous  ses  ailes  pen- 
dant la  nuit;  tout  le  jour  ils  guettent 
à  lasurfacede  Peau  etsurles  herbes, les 
moucherons  et  autres  menus  insectes 
qui  font  leur  première  nourriture;  on 
les  voit  plonger,  nager ,  et  fiaire  mille 
évolutions  sur  Peau  avec  autant  de  vl- 
teiae  ^ue  de  facilité* 


IBLLE 

nd  de  la  per« 
esj  Pincuba* 
ous  les  petits 
limée,  et  dès 
ïenddunidet 
is  ou  frileux^ 
Iques-uns  se 
us  hardi  s'é- 
entât  les  au- 
ortisdu  nid  y 

quand  il  se 

ou  qu'il  est 
ère  les  pren« 
jportent  l'un 

soir  la  mère 
les  roseaux  y 
ses  ailes  pen- 

ils  guettent 
iS  herbes, les 
nus  insectes 
jrriture;  on 
t  faire  mille 
Lutantde  Yi- 


BU      CANARD.  l'ù^J 

La  nature ,  en  fortifiant  d^abord  en 
eux  les  muscles  nécessaires  à  la  nata- 
tion ,  semble  négliger,  pendant  quel- 
que temps,  la  formation  ou  du  moins 
l'accroissementde  leurs  ailes  :  ces  par- 
ties restent  près  de  six  semaines  cour- 
tes et  informes  ;  le  jeune  canard  a  déjà 
pris  plus  de  la  moitié  de  son  accrois- 
sement ,  il  est  déjà  emplumé  sous  le 
ventre  et  le  long  du  dos  avant  que  les 
pennes  des  ailes  ne  commencent  à  pa- 
roitre;et  ce  n'est  guère  qu'à  trois  mois 
qu'il  peut  s'essayer  à  voler.  Dans  cet 
état,  on  rappelle  hallebran ,  nom  qui 
paroit  venir  de  l'allemand,  halberentCp 
demi-canard  5  et  c'est  d'après  cette 
impuissance  de  voler  que  l'on  fait  aux 
hallebrans  une  petite  chasse  aussi  fa- 
cile que  fructueuse  sur  les  étangs  et 
les  marais  qui  en  sont  peuplés  (i). 
^.^^— ^™^— ^— ^— — i— —  ■■ 

(  1  )  Voici  ce  que  pratiquoit  un  gentil- 
homin>e  de  ma  connoissance^  à  Laon  ,  dans 
un  marais  appelé  marais  de  Chivres,  entre 


.^1 


l38         HISTOIKE    NATURELLE 

Ce  sont  apparemment  aussi  ces  mêmes 
canards  trop  jeunes  pour  voler ,  que 
les  Lapons  tuent  à  coups  de  bâton  sur 
leurs  lacs. 

La  même  v<î6pèce  de  ces  canards  sau- 
vages qui  visitent  nos  contrées  en  hi- 
ver, et  qui  peuplent  en  été  les  régions 
du  nord  de  notre  continent ,  se  trouve 
dans  les   régions  correspondantes  du 


Laon  et  Notre-Dame  de  Liesse.  Le  fond  de 
ce  marais  est  de  sablon  vitrifiable  ^  qui  n'est 
jamais  fangeux.  Dans  les  mois  de  juin  et  de 
juillet,  il  n'y  reste  pas  de  Peau  plus  liant  que 
la  ceinture  aux  endroits  les  plus  profonds , 
et  il  y  croît  une  sorte  de  roseaux  qui  s'élè< 
vent  peu  ,  qui  ne  sont  pas  fort  serrés  ,  et 
qui  servent  néanmoins  de  retraite  aux  jeunes 
hallebrans.  Mon  gentilhomme  ,  vêtu  d'une 
simple  veste  de  foile,  entroit  dans  ce  ma- 
rais accompagné  de  son  garde  -  chasse  et 
d'un  domestique  ;  il  avoit  fait  couper  ies 
roseaux  sur  de  très -longues  bandes  larges 
de  sept  à  huit  pieds ,  comme  des  routes 
dans  une  forêt ,  ou  des  canaux  dans  uii 
marais  ;  il  se  tenoit  le  long  de  ces  routes 


1)  tJ      C  A  V  A  n  D.  l3(f 

Nouveau -Monde  ;  leurs  migrations  et 
leurs  voyages  de  ^automne  et  du  prin- 
temps paroissenty  être  réglés  de  même 
et  sV*xécuter  dans  les  mêmes  temps;  et 
Von  ne  doit  pas  être  surpris  que  des  oi- 
seaux qui  fréquentent  le  nord  de  pré- 
férence ,  et  dont  le  vol  est  si  puissant  y 
passent  des  régions  boréales  d'un  con- 
tinent à  l'autre  :  mais  nous  pouvons 


pendant  que  ses  gens  battoient  le  marais , 
et  lorsqu'ils  toinboient  sur  quelques  baniles' 
(le  hallebranS)  on  PaTertissoit.  Les  halle- 
brans  ne  sont  en  état  de  voler  que  vers  le 
lâ  d'août  }  ils  fuyoient  à  la  nage  devant 
les  gens  qui  commen^oient  à  en  tuer  quel- 
ques uns  chemin  faisant  *,  les  autres  étoient 
Ibrcés  de  traverser  les  routes  qu'on  avoit 
pratiquées  dans  les  roseaux  ;  c'étoit  au  pas- 
sage que  cet  habile  chasseur  les  fusilloit  à 
son  aise  ;  on  lui  faisoit  repasser  ceux  qui 
étoient  échappés  ,  autre  décharge  ,  et  tou- 
jours fructueuse  ,  d'autant  plus  que  ces  hal- 
lebrans  ou  jeunes  canards  sont  un  excelleut 
manger.  Extrait  du  Mémoire  communiqué 
par  M,  Hébert. 


¥i 


.      V 


.01 


^ff 


h,  V 


\h 


w 


l4o        HISTOIRB   KATURBLLB 

douter  que  les  canards  vus  par  les  voya- 
geurs et  trouvés  en  grand  nombre  dan» 
les  terres  du  sud,  appartiennent  à  l'es- 
pèce commune  de  no»  canards,  et  nous 
croyons  qu'on  doit  plutôt  les  rappor- 
ter à  quelqu'une  des  espèces  que  nous 
décrirons  ci-après ,  et  qui  sont  en  elfet 
propres  à  ces  climats;  nous  devons  au 
moins  le  présumer  ainsi,  jusqu'à  ce 
pue  nous  connoissions  plus  particuliô* 
rement  l'espèce  de  ces  canards  qui  se 
trouvent  dans  l'Archipel  austral.  Nous 
savons  que  ceux  auxquels  on  donne  à 
Saint  -  Domingue  le  nom  de  canards 
sauvages ,  ne  sont  pas  de  l'espèce  des 
nôtres,  et  par  quelques  indications  sur 
les  oiseaux  de  la  zone  torride,  nous  ne 
croyons  pas  que  l'espèce  de  notre  ca- 
nard sauvage  y  ait  pénétré,  à  moins 
qu'on  n'y  ait  transporté  la  race  domes- 
tique. Au  reste,  quelles  que  soient  les 
espèces  qui  peuplent  ces  régions  du  mi- 
di, elles  n'y  paroissent  pas  soumises 
aux  voyages    et  migrations  dont  la 


!i; 


.',>* 


arlesToya* 
>mbre  dans 
nent  à  Pes* 
ds,  et  noua 
es  rappor- 
s  que  nous 
>nt  en  effet 
i  devons  au 
jusqu'à  ce 
particiiliô* 
ards  qui  se 
stral.Nous 
on  donne  à 
de  canards 
'espèce  des 
ications  sur 
de, nous  ne 
e  notre  ca- 
^y   à  moins 
race  dômes* 
e  soient  les 
;ions  du  mi- 
L8  soumises 
ns  dont  la 


M 


BU     CANARD.  l^l 

cause  ,  dans  nos  climats  ,  vient  de  U 
vicissitude  des  saisons. 

Par-tout  on  a  cherché  à  priver  ,  à 
s'approprier  une  espèce  aussi  utile  que 
l'est  celle  de  notre  canard  ;  et  non-seu- 
lement cette  espèce  est  devenue  com- 
mune ,  mais  quelques  autres  espèces 
étrangères,et  dans  l'origine  également 
8auvages,se  sont  multipliées  en  domes- 
ticité, et  ont  donné  de  nouvelles  races 
privées  :  par  exemple ,  celle  du  canard 
musqué,  par  le  double  profit  de  sa  plu- 
me et  de  sa  chair ,  et  par  la  facilité  de 
son  éducation  ,  est  devenue  une  des 
volailles  les  plus  utiles  et  une  des  plus 
répandues  dans  le  Nouveau-Monde. 

Pour  élever  des  canards  avec  fruit 
et  en  former  de  grandes  peuplades  qui 
prospèrent ,  il  faut,  comme  pour  les 
oies  ,  les  établir  dans  un  lieu  voisin  des 
eaux ,  et  où  des  rives  spacieuses  et  li- 
bres en  g^azons  et  en  grèves  leur  offrent 
de  quoi  paître,  se  reposer  et  s'ébattre  : 
ce  n'est  pas  qu'on  ne  voie  fréquem- 

Oisea;ix.  VI.  i3 


^11 


«: 


m 


m 


l4a        HISTOIRE    NATURELLE 

ment  des  canards  renfermés  et  tenus 
à  sec  dans  Penceintedes  basses-cours; 
mais  ce  genre  de  vie  est  contraire  à 
leur  nature;  ils  ne  (ont  ordinairement 
que  dépérir  et  dégénérer   dans  cette 
captivité  ;  leurs  plumes  se  froissent  et 
se  rouillent  ;  leurs  pieds  s^offensentsur 
le  gravier,  leur  bec  se  fêle  par  des  frot* 
temens  réitérés )  tout  est  lésé,  blessé, 
parce  que  tout  est  contraint  ,  et  des 
canards  ainsi  nourris ,  ne  pourront  ja- 
mais donner  ni  un  aussi  bon  duvet , 
ni  une  aussi  forte  race  que  reux  qui 
jouissent  d^une  partie  de  leur  liberté 
et  peuvent  vivre  dans  leur  élément  ; 
ainsi,lorsque  le  lieu  ne  fournit  pas  na- 
turellement quelque  courant  ou  nappe 
d^eau,  il  faut  y  creuser  une  mare  dans 
laquelle  les  canards  puissent  barboter^ 
nager,  se  laver  et  se  plonger,  exerci- 
ces absolument  nécessaires  à  leur  vi- 
gueur et  même  à  leur  santé.  Les  an- 
ciens, qui  traitoient  avec  plus  d'atten* 
tion  que  nous  les  objets  intéressans  de 


I'' 


.1 


DU      CANARD.  l43 

réconomie  rurale  et  de  la  vîe  cliain- 
pétre ,  ces  Romains  qui  d\ine  main 
rapportoientdestrophëeS)  et  (^d'autre 
conduisoient  la  charrue  ,  nous  ont  ici 
laisse,  comme  en  bien  d'autres  choses^ 
des  instructions  utiles. 

Columelle  et  Varron  nous  donnent 
en  détail  et  décrivent  avec  complai- 
sance la  disposition  d^une  bisse-cour 
aux  canards  ^^  nessotrophîum)  ^  ils  y 
veulent  de  Peau,  des  canaux,  des  rigo- 
les, des  gazons,  des  ombrages,  un  petit 
lac  avec  sa  petite  iie  (i)  ^  le  tout  dis- 

(  i  )  Media  parte  defoditur  lacus,  .  .  or  a 
cujus  clù'o  paulatim  suhsideant ,  ut  tatU" 
quant  è  ILttore  descendatur  in  acptartu  .  .  • 
média  pars  terrena  sit ,  ut  Colocasiis  > 
aliisque  familiaribus  aquet  viridibiis  cori" 
scratur ,  quœ  inopacent  avium  receptU' 
cula.  . .  .  per  circuitum  unda  pura  vacet , 
ut  sine  impedimenta  ,  càm  apricitate  diei 
gestiunt  aves  ,  nandi  velocitate  concert 
tent.  .  ,  gramine  ripct  vestiantur.  . .  paric" 
tum  in  circuitu  ejfodiant.ur  cuhilia  quibus 
nidificent   aves  ,    taque    contegantur  tu- 


1 


1  -'' 


l44        HISTOIHB    NATURELLE 

posé  d^une  manière  si  entendue  et  si 
pittoresque  j  qu'un  lieu  semblable  se« 
roit  un  ornement  pour  la  plus  belle 
maison  de  campagne. 

Il  ne  fauè  pas  que  Peau  sur  laquelle 
on  établira  ses  canards  soit  infectée 
de  sang-sues,  elles  font  périr  les  jeunes 

Teis  aut  mirteis  fruticibus.  .  .  .  statim  per- 
petuus  canaliculus  humi  depressus  consti" 
tuatur,  per  quem  quotidiè  mixti  cum  aquâ 
cibi  decurrant  ;  sic  enim  pabulatiir  id  ge» 
nus  avium. .  .  martio  mense  festuca  surcu' 
lique   in  aviario  spargendi ,    quibus    nidos 
struant.  . ,  »  et  qui  nessotrophium   consti- 
tuere  volet  avium  circa  paludes  ova  colli- 
gat ,  et  cohortalibus  gallinis  subjiciat ,  sic 
enim  exclusi  atque  educati  pulli  depenunt 
ingénia  silvestria,  .  .  .  sed  clathris   super- 
positis  ,  aviarium    retibus   contegatur ,   ne 
aut   avolandi   sit  potestas  domesticis  avi' 
bus  f    aut   aquilis    vel  accipitribus    invo» 
landi. 

Je  ne  puis  résister  au  plaisir  de  traduire 
librement  ce  morceau  ,  sans  espérer  d'en 
rendre  toute  la  grâce. 

u  Autour  d'un  lac  à  riyes  en  pente  douce  ^ 


ELLE 

Ltendue  et  si 
smblable  se- 
a  plus  belle 

sur  laquelle 
soit  infectée 
rir  les  jeunes 


.  statim  per" 
pressas  consti- 
ïixti  cum  aquâ 
ibulatur  id  ge» 
festucot  surcu- 

quibus  nidos 
phiuin  consti' 
udes  ova  colli- 
subjiciat ,  sic 
pulli  depenunt 
olathris  super- 
ontegatur ,  ne 
iomesticis  avi' 
■pitribus    irivo- 

sir  de  rraduire 
i  espérer  d*en 

1  pente  douce  » 


'n 


s. 

i 


DU      G  A  V  A  n.  D.'  145 

en  s^attachantà  leurs  pieds,  et  pour  les 
détruire  on  peuplera  l'étang  de  tanches 
ou  d'autres  poissons  qui  en  font  leur  pâ« 
ture.  Dans  toutes  les  situations  ,  soit 
d'une  eau  vive  ou  au  bord  d'une  eau 
dormante  ,  on  doit  placer  des  paniers  à 
nicher  couverts  en  dômes  ^  et  qui  of« 

et  du  milieu  duquel  s'élève  une  petite  Sic 
ombragée  de  verdure  et  bordée  de  roseaux^ 
s^étendra  l'enceinte ,  percée  dans  son  con- 
tour de  loges  pour  nicher  :  devant  ces  loges 
coulera  une  rigole,  où  chaque  jour  sera  jeté 
le  gtain  destiné  aux  canards ,  nulle  pâture 
ne  leur  étant  plus  agréable  que  celle  qu'ils 
puisent  et  qu'ils  pèchent  dans  l'eau  ;  là  vous 
les  verrez  s'ébattre ,  se  jouer ,  se  devancer 
les  uns  les  autres  à  la  nage;  là  vous  pourrez 
élever  et  voir  se  former  sous  vos  yeux  une 
race  plus  noble  ,  éclose  d'œufs  dérobés  aux 
nids  des  sauvages  ;  Pinstinct  de  ces  petits 
prisonniers ,  farouches  d'abord ,  se  tempère 
et  s'adoucit  ;  mais  pour  mieux  assurer  vos 
captifs  ,  et  les  défendre  en  même  temps 
«le  l'oiseau  ravisseur  y  il  convient  que  tout 
l'espace  soit  enveloppé  et  couvert  d'un  filet 
ou  d'un  treillis». 


^'ii 


\j\6         HISTOIRE    NATURELLE 

frent  intérieurement  une  aire  assez 
commode  pour  inyiter  ces  oiseaux  à  s^y 
placer.La  femelle  pond  de  deux  en  deux 
jourS|  et  produit  dix^  douze  ou  quinze 
œufs  ;  elle  en  pondra  même  jusqu'à 
trente  et  quarante  si  on  les  lui  enlevé  f 
et  si  l'on  a  soin  de  la  nourrir  largement: 
elle  est  ardente  en  amour ,  et  le  mâle 
est  jaloux;  il  s'approprie  ordinairement 
deux  ou  trois  femelles  qu'il  conduit , 
protège  et  féconde  ;  à  leur  défaut  y  on 
l'a  vu  rechercher  des  alliances  peu  as- 
sorties 9  et  la  femelle  n'est  guère  plus 
réservée  à  recevoir  des  caresses  étran- 
gères.    '       ■"•■■  "■•""         ■  •       •"'^" 

Le  temps  de  l'exclusion  des  œufs  est 
de  plus  de  quatre  semaines;  ce  temps 
est  lé  même  lorsque  c'est  une  poule  qui 
a  couvé  les  œufs  ;  la  poule  s'attache  par 
ce  soin  ^  et  devient  pour  les  petits  ca« 
nards  une  mère  étrangère  ^  mais  qui 
n'en  est  pas  moins  tendre  :  on  le  voit 
par  sa  sollicitude  et  ses  alarmes,  lors- 
que conduits  pour  la  première  fois  au 


i  aire  assez 
oiseaux  à  s^y 
leuxendeux 
ze  ou  quinze 
éme  jusqu'à 
s  lui  enlevé  ^ 
r  largement: 
,  et  le  mâle 
dinairemenC 
va  conduit  ^ 
r  défaut  ^  on 
nces  peu  as- 
t  guère  plus 
resses  étran- 

des  œufs  est 
s 'y  ce  temps 
ne  poule  qui 
l'attache  par 
3s  petits  ca- 
y  mais  qui 
:  on  le  voit 
rmes,  lors- 
ière  fois  au 


DU    CANARD.  l^f^ 

bord  de  Peau^ils  sentent  leur  élëmen  t  et 
s'y  jettent,  poussés  par  l'impulsion  de 
la  nature ,  malgré  les  cris  redoublés  de 
leur  conductrice,  qui  du  rivage  les  rap- 
pelle en  vain,en  s'agitantet  se  tourmen- 
tant comme  une  mère  désolée. 

La  première  nourriture  qu'on  donne 
aux  jeunes  canards,es  t  la  graine  de  n^  î  l- 
let  ou  de  panis,  et  bientôt  on  peut  leur 
jeter  de  l'orge  ;  leur  voracité  naturelle 
«e  manifeste  presque  en  naissant  jea- 
nes  ou  adultes,  ils  ne  sont  jamais  rassa- 
siés ;  ils  avalent  tout  ce  qui  se  rencon* 
trecomme  tout  ce  qu'on  leur  présente; 
ils  déchirent  les  herbes ,  ramassent  lea 
graines,  gobent  les  insectes  et  pèchent 
les  petits  poissons,  le  corps  plongé  per- 
pendiculairement et  la  queue  seule 
hors  de  l'eau  ;  ils  se  se:  hanent  dans 
cette  attitude  forcée  plus  '  'ne  demi- 
minute  par  un  battsmen  continuel 
des  pieds. 

Us  acquièrent  en  six  mois  leur  gran- 
deur et  toutes  leurs  couleurs  ;  le  mâlo 


\S 


■  '/:  ^ 


vi 


I4B        HISTOIRE    WATUHELLB 

•e  distingue  par  une  petite  boucle  de 
plumes  relevée  sur  le  croupion;  il  a  de 
plus  la  tète  lustrée  d\in  riche  vert  d*é- 
meraude  et  l'aile  ornée  d'un  brillant 
miroir  :  le  demi-collier  blanc  au  milieu 
du  couple  beau  brun-pourpré  de  lapoi* 
trine  et  les  couleurs  des  autres  parties 
du  corps  sont  assorties  y  nuancées  et 
font  en  tout  un  beau  plumage  ^  qui  est 
assez  connu. 

Cependant  nous  devons  observer  que 
ces  belles  couleurs  n'ont  toute  leurvi- 
yacité  que  dans  les  mâles  de  la  race  sau- 
vage; elles  sont  toujours  plus  ternes  et 
moins  distinctes  dans  les  canards  do- 
mestiques I  comme  leurs  formes  sont 
aussi  moins  élégantes  et  moins  légères; 
un  œil  un  peu  exercé  ne  sauroits'y  mé- 
prendre. Dans  ces  chasses  où  ]es*ca* 
nards  domestiques  vont  chercher  les 
sauvages  ^  et  les  amènent  avec  eux  sous 
le  fusil  du  chasseur  )  une  condition  or- 
dinaire est  de  payer  au  canardier  un 
prix  convenu  pour  chaque  canard  privé 


4 


SLLB 

e  boucle  àe 
>ion;  il  a  de 
;he  vert  d'é- 
'un  brillant 
ic  au  milieu 
ré  de  la  poi« 
très  parties 
luancées  et 
ige }  qui  est 

bserver  que 
ute  leurvio 
la  race  sau- 
us  ternes  et 
anards  do- 
ormes  sont 
ins  légères; 
roits^y  mé« 
où  ]es*ca« 
lercher  les 
)c  eux  sous 
ndition  or« 
nardier  un 
nard  privé 


vu    CANÀiLD.  i4o 

qu'on  aura  tué  par  méprise  ;  mais  il  est 
rare  qu'un  chasseur  exercé  s'y  trompe , 
quoique  ces  canards  domestiques  soient 
pris  et  choisis  de  même  couleur  que  les 
sauvages;  car,  outre  que  ceux-ci  ont 
toujours  les  couleurs  plus  vives,ils  ont 
aussi  la  plume  plus  lisse  et  plus  serrée  y 
le  cou  plus  menu ,  la  tête  plus  fine ,  les 
contours  plus  nettement  prononcés  ; 
et  y  dans  tous  leurs  mouvemens,  on  re« 
connoit  l'aisance^  la  force  et  l'air  de  vie 
que  donne  le  sentiment  de  la  liberté. 
ce  A  considérer  le  tableau  de  ma  gué» 
rite  y  dit  ingénieusement  M.  Hébert  | 
je  pensois  qu'un  habile  peintre  auroit 
dessiné  les  canards  sauvages, tandis  que 
les  canards  domestiques  me  sembloient 
l'ouvrage  de  ses  élèves  ».  Les  petits 
lïième  que  l'on  fait  éclore  à  la  maison 
d^œufsde  sauvages  ,  ne  sont  point  en- 
core parés  de  leurs  belles  couleurs,que 
déjà  on  les  distingue  à  la  taille  et  à  l'é- 
légance des  formes;  et  cette  différence 
dans  les  contours  se  dessineinon-seuU- 


ij 


:       l 


u     *  ff  » 


n 


^i 


l5o        HISTOIRB     NATURELLK 

ment  sur  le  plumage  et  la  taille,  mais 
elle  est  bien  plus  sensible  encore  lors- 
qu'on sert  le  canard  sauvage  sur  nos  ta- 
bles^ son  estomac  est  toujours  arrondi, 
tandis  qu^il  l'orme  un  angle  sensible 
dans  le  canard  domestique,  quoique  ce- 
lui-ci soit  surchargé  de  beaucoup  plus 
de  graisse  que  le  sauvage  ,  qui  n*a  que 
de  la  chair  aussi  fine  que  succulente. 
Les  pourvoyeurs  le  reconnoisscnt  aisé- 
ment aux  pieds,  dont  les  écailles  sont 
plus  fines,  égales  et  lustrées,  auxmem- 
branes  plus  minces,  aux  ongles  plus  ai- 
gus etplusîuîsans  ,  et  aux  jambes  plus 
déliées  que  le  canard  privé. 

Le  mâle,  non-seulement  dans  l'es- 
pèce du  canard  proprement  dit ,  mais 
dans  toutes  celles  de  cette  nombreuse 
famille  ,  et  en  général  dans  tous  les  oi- 
seaux d'eau  à  bec  large  et  à  pieds  pal- 
més, est  toujours  plus  grand  que  la  fe- 
melle )  le  contraire  se  trouve  dans  tous 
les  oiseaux  de  proie,dans  lesquels  la  fe- 
melle est  constammentplus  grande  que 


ELLiS 

taille,  mais 
encore  lors- 
;e  surnos  ta- 
)  Il  rs  arrondi  I 
gle  sensible 
quoique  ce- 
lucoup  plus 
qui  n*a  que 
succulente. 
Dissent  aisé- 
icailles  sont 
i,  auxmem- 
glas  plus  ai- 
ianibes  plus 

t  dans  Pes- 
t  dit  ^  mais 
nombreuse 
tous  les  oi- 
^  pieds  pal- 
d  que  la  fe- 
e  dans  tous 
quels  la  fe- 
grandeque 


DU      CANARD.  l5l 

le  m&le.  Une  autre  remarque  générale 
sur  la  famille  entière  des  canards  et  des 
sarcelles,  c^est  que  les  mâles  sont  parés 
des  plus  belles  couleurs ,  tandis  que  les 
femelles  n^ont  presque  toutes  que  des 
robes  unies ,  brunes ,  grises  ou  couleur 
de  terre;  et  cette  différence  bien  cons- 
tante dans  les  espèces  sauvages,  se  con- 
serve et  reste  empreinte  sur  les  races 
domestiques  ,  autant  du  moins  que  le 
permettent  les  variations  et  altérations 
de  couleurs  qui  se  sont  faites  par  le 
mélange  des  deux  races  sauvages  et 
privées. 

£n  effet ,  comme  tous  les  autres 
oiseaux  privés  ,  les  canards  ont  subi 
les  influences  de  la  domesticité  ;  les 
couleurs  du  plumage  se  sont  affoibliesi 
et  quelquefois  même  entièrement  ef- 
facées ou  changées  ;  on  en  voit  de  plus 
ou  moins  blancs  ,  bruns,  noirs  ou  mé- 
langésjd'autres  ont  pris  des  ornemens 
étrangers  à  l'espèce  sauvage  5  telle  est 
la  race  qui  porte  une  huppe  :  dans  une 


îV 


V 


¥ 


ili 


ï-t 


1  ^  m 


iSî       HISTOIRE    WATUHELLE 

autre  race  encore  plus  profondément 
travaillée  9  déformée  par  la  domesti- 
cité j  le  bec  s^est  tordu  et  courbé  ;  la 
constitution  s^est  altérée ,  et  les  indi- 
vidus portent  toutes  les  marques  de  la 
dégénération  ;  ils  sont  foibles ,  lourds 
et  sujets  à  prendre  une  graisse  exces- 
sive ;  les  petits  trop  délicats  ,  sont  dif- 
ficiles à  élever.  M.  Frisch,  qui  a  fait 
cette  observation^  dit  aussi  que  la  race 
des  canards   blancs  est  constamment 
plus  petite  et  moins  robuste  que  les 
autres  races;  et  il  ajoute  que ,  dans  le 
mélange  des  individus  de  différentes 
couleurs^  les  petits  ressemblent  géné- 
ralement au  père  par  les  couleurs  de 
la  tête  9  du  dos  et  de  la  queue  ,  ce  qui 
arrive  de   même   dans  le  produit  de 
r union  d'un  canard  étranger  avec  une 
femelb  de  l'espèce  commune.  Quanta 
l'opinion  de  Selon  sur  la  distinction 
d'une  grande  et  d'une  petite  race  dans 
l'espèce  sauvage  ^  nous  n'en  trouvons 
aucune  preuve I  et;  selon  toute  appa- 


DIT      lîANAUn.  l53 

rence,  cette  remarque  n'est  fondée  que 
sur  quelques  différences  entre  des  in« 
dividus  plus  ou  moins  âgés. 

Ce  n^est  pas  que  l'espèce  sauvage 
n'offre  elle-même  quelques  variétés 
purement  accidentelles,  ou  qui  tien- 
nent peut-être  à  son  commerce  sur  les 
rtangs  avec  les  races  privées.  En  effet, 
M.  Frisch  observe  que  les  sauvages  et 
les  privés  se  mêlent  et  s'apparient  9 
et  M.  Hébert  a  remarqué  qu'il  se  trou- 
voit  souvent  dans  une  même  couvée  de 
canards  nourris  près  des  grands  étangs, 
quelques  petits  qui  ressemblent  aux 
sauvages ,  qui  en  ont  l'instinct  farou- 
che ,  indépendant ,  et  qui  s'enfuient 
Avec  eux  dans  l'arrière-saison  :  or,  ce 
que  le  mâle  sauvage  opère  ic*  sur  la 
femelle  domestique,  le  mâle  privé  peut 
l'opérer  de  même  sur  la  femelle  sau- 
vage, supposé  que  quelquefois  celit<cî 
cède  à  sa  poursuite^  et  de  là  provien- 
nent ces  différences  en  grandeur  et  en 

Oiseaux,  yi.  14 


h 


4M 


L  ',  "A  '^"f"' "     -  "~  :'TI  n  '  7    ■■  M.l  ^  ■  W^'  1 1      J  l,J  ^^^  .  fPW* 


l54       HISTOIÏIF.    NAÏU^S^SILB 

couleurs,  qne  L  on  a  reina  ,'nées  entre 
quelques  ii alividas  Siuvag^a. 

Touf2  )  saunages  et  privés  $  sont  su* 

'  jcis  comme  les  oies  à  une  mue  presque 
subite  H  dpBS  laquelle  leurs  grandes 
plumes  tombent  e<*  pei3  de  jours  et 
souvent  en  une  ;.eule  nuit,  et  non-seu- 
lement les  oies  et  les  canards,  mais 
encore  tous  les  oiseaux  à  pieds  palmés 
et  à  bec  plat  y  paroissent  être  sujets 
à  cette  grande  mue;  elle  arrive  aux 
mâles  après  la  pariade,  et  aux  femelles 

'  après  la  nichée,  et  il  parolt  qu^elleest 
causée  par  le  grand  épuisement  des 
mâles  dans  leurs  amours ,  et  par  celui 
des  femelles  dans  la  ponte  et  Pincuba- 
tion.  ce  Je  les  ai  souvent  observés  dans 
ce  temps  de  la  mue ,  dit  M.  Bâillon  $ 
quelques  jours  auparavant  je  lesavois 
vu  s'agiter  beaucoup,  et  paroître  avoir 
de  grandes  démangeaisons  ;  ils  se  ca- 
choient  pour  perdre  leurs  plumes;  le 
lendemain  (  ^es  jours  suivans  ,  ces. 
oiseaux  étr:   ux  sombres  et  honteux  } 


'^r 


s^nées  entre 

és  $  sont  su* 
riie  presque 
urs  grandes 
de  jours  et 
,  et  non-seu- 
inards,  mais 
pieds  palmés 
t  être  sujets 
e  arrive  aux 
aux  femelles 
Ai  qu^elleest 
lisement  des 
et  par  celui 
et  l'incuba- 
bservQS  dans 
.  Bâillon  $ 
je  lesavois 
roître  avoir 
;  ils  se  ca- 
plumes;  lf$ 
livans  j  ces 
\t  honteux  1 


DU    c  A  ir  ▲  R  D.  i55 

ils  paroissoient  sentir  leur  foiblesse, 
ii^osoient  étendre  leurs  ailes  y  lors  mé" 
mequ^onIespoursuivoit,etsembloien€ 
en  avoir  oublié  Pusage.   Ce  temps  de 
mélancolie  duroit  environ  trente  jours 
pour  les  canards,  et  quarante  pour  lea 
cravans  et  les  oies  ;  la  galté  renaissoit 
avec  les  plumes,  alors  ils  se  baignoient 
beaucoup,  et  commençoient  à  voleter. 
Plus  d'une  fois  j^en  ai  perdu  faute  d'a- 
voir remarqué  le  temps  où  ils  s'éprou- 
voient  à  voler  ;  ils  partoient  pendant 
la  nuit;  je  les  entendois  s'essayer  vn 
moment  auparavant;  je  me  gardois  de 
paroitre,  parce  que  tous  auroient  pris 
leur  essor». 

L'organisation  intérieure  dans  les 
espèces  du  canard  et  de  l'oie ,  offre 
quelques  particularités  :  la  trachée- 
artère ,  avant  sa  bifurcation  pour  ar- 
river aux  poumons ,  est  dilatée  en  une 
sor.â  de  vase  osseux  et  cartilagineux 
qui  est  proprement  un  second  larynx 
placé  au  bas  le  U  trachée|  et  qui  sert 


èl 


*s> 


i        :*\ 


*: 


i'',a 


■*ffl 


k 


l56       HISTOIRE    NATURELLE 

peut-être  de  magasin  d^air  pour  le 
temps  où  Poiseau  plonge  ^  et  donne 
sans  doute  à  sa  voix  cette  résonnance 
bruyante  et  rauque  qui  caractérise  son 
cri  :  aussi  les  anciens  avoient-ils  ex- 
primé par  un  mot  particulier  la  voix 
des  canards,  et  le  silencieux  Pythagore 
vouloit  qu'on  les  éloignât  de  Phabita- 
tion  o\  son  sage  devoit  s'absorber  dans 
la  méditation;  mais  pour  tout  homme^ 
philosophe  ou  non,  qui  aime  à  la  cam- 
pagne ce  qui  en  fait  le  plus  grand  char- 
me ,  c'est-à-dire,  le  mouvement  y  la 
vie  et  le  bruit  de  la  nature ,  le  chant 
des  oiseaux,  les  cris  des  volailles  va- 
riés par  le  fréquent  et  bruyant  kankan 
des  canards,  n'offensent  point  l'oreille, 
et  ne  fontqu'animer,  égayer  davantage 
le  séjour  champêtre  ;  c'est  le  clairon , 
c'est  la  trompette  parmi  les  flûtes  et  les 
haut-bois;  c'est  la  musique  du  régiment 
rustique. 

£t  ce  sont,  comme  dans  une  espèce 
bien  connue  |  les  femelles  qui  fc^nt  le 


ILLB 

air  pour  le 
;  y  et  donne 
résonnance 
ractérise  son 
oient-ils  ex- 
ilier  la  voix 
ixPythagore 
;  de  Phabita- 
bsorber  dans 
tout  hommei 
ime  à  la  cam- 
I  grand  char- 
^uvementy  la 
re  y  le  chant 
volailles  va- 
lant kankan 
nui  Poreille^ 
er  davantage 
le  clairon  y 
flûtes  et  les 
du  régiment 

une  espèce 
qui  fc'nt  le 


II 


î    B  »     C  A  N  A.  R  D.  l57 

pl(is  de  bruit  et  sont  les  plus  loquaces; 
leur  voix  est  plus  haute,  plus  forte  y 
plus  susceptible  d^'nflexîons  que  celle 
du^màle^q^i  est  monotone,  et  dont  le 
son  est  toujours  enroué.  On  a  aussi  re- 
marqué que  la  femelle  ne  gratte  point 
la  ferre  comme  la  poule  y  et  que  néan- 
moins elle  gratte  dans  l'eau  peu  pro- 
fonde, pour  déchausser  les  racines  ou 
pour' déterrer  les  insectes  et  les  coquil* 
lages . 

Le  b^c  du  canard ,  comme  dav^iîi  le 
cygne  et  dans  toutes  les  espèces  d'oies^ 
est  large ,  épais  ^  dentelé  par  lesbords^ 
garni  intérieurement  d'une  espèce  de 
palais  charnu  y  rempli  d'une  langue 
épaisse  et  terminée  à  si  pointe  par  xta 
onglet  corné  de  substance  plus  dure 
que  le  reste  du  bec;  tous  ces  oiseaux 
ont  aussi  la  queue  très -courte-  ^v 
jambes  placées  fort  en  arrière  et  pres« 
que  engagées  dans  l'abdomen;  de  cette 
position  des  jambes,  résulte  la  difficul- 
té de  marcher  et  de  garder  l'équilibre 


•• 


II 


rfJjK 


f 


■l 


.î 


i58      HISTOIHE    VATUB^LLE 

sur  terre,  ce  qui  leur  donne  des  mouvez 
mens  mal  diriges ,  une  démarche  chan* 
celante  y  un  air  lourd  qu'on  prend  pour 
de  la  ff*^Mpiditéy  tandis  qu'on  reconnoit 
au  contraire)  par  la  facilité  de  leurs 
mouvemens  dans  l'eau ,  la  force.'^  la 
finesse  et  môme  la  subtilité  de  leur 
instinct.  — 

La  chair  du  canard  est,  dit-on,  pe- 
sante et  échauffante  ;  cependant  on  en 
fait  grand  usage,  et  l'on  sait  que  la 
chair  du  canard  sai'^^ageest  pb]*»  fine 
et  de  bien  meilleur  goût  que  cel'  du 
canard  domestique.  Les  anciens  le  sa- 
Toient  comme  nous ,  car  l'on  trou ,  . 
dans  Apicius  jusqu'à  quatre  différen* 
tes  manières  de  l'assaisonner.  Nos  Api« 
cil' s  modernes  n'ont  pas  dégénéré  ,  et 
un  pâté  de  canards  d'Amiens  y  est  un 
morceau  connu  de  tous  les  gourmands 
du  royaume* 

ILii.  graisse  du  Cânard  est  employée 

^an'  les  topiques.  On  attribue  au  sang 

U  vertu  de  résister  au  venin ,  même  « 


i 


LLE 

des  mouTe^ 
irche  chan* 
prend  pour 
n  reconnoit 
itë  de  leurs 
a  foi^ce^  la 
ité  de  leur 

dit^on,  pe* 
idant  on  en 
sait  que  la 
tt  plno  fine 
ue  ce¥  du 
iciens  le  sa* 
l'on  trou^j 
re  différen- 
r.  Nos  Api- 
igénéré ,  et 
sns  ^  est  un 
gourmands 

t  employée 
bue  au  sang 
a }  même  k 


H 


i 


t:elui  de  la  vipère;  ce  sang  étoitlabase 
du  fameux  antidote  cle  Mithridate.  On 
croyoit  en  effet  que  les  canards  dans  le 
Font,  se  nourrissant  de  toutes  les  her- 
bes venimeuses  que  produit  cette  con- 
trée ^  leur  sang  devoit  en  contracter 
la  vertu  de  repousser  les  poisons ,  et 
nous  obs  rverons  en  passant  ^  que  la 
dénomination  ananas  Ponticus  des  an- 
ciens ,  ne  désigne  pas  une  espèce  par- 
ticulière )  comme  Pont  cru  quelques 
nomenclateurs  I  mais  Pespècemêmede 
notre  canard  sauvage  qui  fréquentoit 
les  bords  du  Pont  -  £uzin  comme  les 
autre  rivages. 

Les  naturalistes  ont  cherché  à  met- 
tre de  Tordre  et  à  établir  quelques  di- 
visions générales  et  particulières  dans 
la  grande  famille  des  canards.  WiU 
lulghby  divise  leurs  nombreuse.^  espè* 
ces  en  canards  marins  ou  qui  n'habi- 
tent que  la  mer,  et  canards  fluviat îles 
ou  oui  fréquentent  les  rivières  et  les 
eaux  douces  j  mais  comme  la  plupart 


u 


I 


n  t 


I ,. 


.  V'    »l 


,f 


h 


160         HISTOIRE    NATUREXLB 

de  ces  espèces  se  trouvent  également 
et  tour-à-tour  sur  les  eaux  douces  et 
sur  les  eaux  salées,  et  que  ces  oiseaux 
passent  indifféremment  des  unes  aux 
autres,  la  division  de  cet  auteur  n^est 
pas  exacte,  et  devient  fautive  dans  l'ap- 
plication; d'ailleurs  les  caractères  qu'il 
donne  aux  espèces  ne  sont  pas  assez 
constans.  Nous  partagerons  donc  cette 
très  -  nombreuse  famille  par  ordre  de 
grandeur,  en  la  divisant  d'abord  en 
canards  et  sarcelles  ^  et  comprenant 
sous  la  première  dénomination  toutes 
les  espèces  de  canards  qui,  par  la  gran- 
deur, égalent  ou  surpassent  l'espèce 
commune;  et  sous  la  seconde ,  toutes 
les  petites  espèces  de  ce  même  genre  ^ 
dont  la  grandeur  n'excède  pas  celle  de 
la  sarcelle  ordinaire  :  et  comme  l'on  a 
donné  à  plusieurs  de  ces  espèces  des 
noms  particuliers  ,  nous  les  adopte- 
rons pour  rendre  les  division»  plus 
s.e  lisibles. 


■■■»  h 


BLLB 

t  également 

c  douces  et 

ces  oiseaux 

3s  unes  aux 

luteur  n'est 

ve  dans  Tap- 

ictères  qu'il 

t  pas  assez 

s  donc  cette 

ir  ordre  de 

d'abord  en 

comprenant 

ition  toutes 

[>ar  la  gran- 

nt  l'espèce 

de  y  toutes 

me  genre  ^ 

as  celle  de 

me  l'on  a 

spèces  des 

s  adopte- 

iona  pluâ 


i>  u    c  ▲  N  A  K  o. 


Gi 


LE    CANARD   MUSQUÉ. 

à  Ce  canard  est  ainsi  nommé ,  parce 

qu'il  exhale  une  assez  forte  odeur  de 
musc^  il  est  beaucoup  plus  grand  que 
notre  canard  commun;  c'est  même  le 
plus  gros  de  tous  les  canards  connus  ; 
il  a  deux  pieds  de  longueur  de  la  pointe 
du  bec  à  l'extrémité  de  la  queue  ;  tout 
le  plumage  est  d'un  noir  -  brun  lustré 
de  vert  sur  le  dos  et  coupé  d'une  large 
tache  blanche  sur  les  couvertures  de 
l'aile;  mais  dans  les  femelles^  suivant 
Aldrovande,  le  devant  du  cou  est  mé- 
langé de  quelques  plumes  blanches. 
Willulghby  dit  en  avoir  vu  d'entière- 
ment blanches  ;  cependant  la  vérité 
est,  comme  l'avoit  ditBelon,  que  quel- 
quefois le  mâle  est,  comme  la  femelle^ 
entièrement  blanc,  ou  plus  ou  moins 
varié  de  blanc  ;  et  ce  changement  des 
couleurs  en  blanc ,  est  assez  ordinaire 
dans  les  races  devenues  domestiques  : 
mais  ie  caractère  qui  distingue  celle  du 


J 


}i 


, 


rP-T. 


r  y. 


^'     "i    ■  i! 


\  ;^ 


162       niSTOIRB    NATURELLE 

canard  musqué ,  est  une  large  plaque 
en  peau  nue ,  rouge  et  semée  de-papil- 
les,  laquelle  couvre  les  joues ,  s'étend 
jusqu'en  arrière  des  yeux ,  et  s'enile 
sur  la  racine  du  bec  en  une  caroncule 
rouge  que  Selon  compare  à  une  cerise; 
derrière  la  tête  du  mâle  pend  un  bou- 
quet de  plumes  en  forme  de  huppe  que 
la  femelle  n'a  pas  ;  elle  est  aussi  un 
peu  moins  grande  que  le  mâle  ^  et  n'a 
pas  de  tubercule  sur  le  bec.  Tous  deux 
sontbas  de  jambes  etontlespiedsëpais) 
les  ongles  gros  et  celui  du  doigt  inté- 
rieur crochu;  les  bordsde  la  mandibule 
supérieure   du  bec  sont  garnis  d'une 
forte  dentelure  ^   et  un  onglet  tran« 
chant  et  recourbé  en  arme  la  pointe* 

Ce  gros  canard  a  la  voix  grave  et  si 
basse  j  qu'à  peine  se  fait-il  entendre  | 
à  moins  qu'il  ne  soit  en  colère  ;  Scali- 
ger  s'est  trompé  en  disant  qu'il  étoit 
muet.  Il  marche  lentement  et  pesam- 
ment 9  ce  qui  n'empêche  pas  que  dans 
l'état  sauvage  il  ne  se  perche  sur  le« 


1>U     CAKAUD.  l63 

i\Tbre8.  Sa  chair  est  bonne  et  même  fort 
estimée  en  Amérique ,  où  Pon  élèvo 
grand  nombre  de  ces  canards  ;  et  c'est 
de  là  que  vient  eu  France  leur  nom  de 
canard  d'Indes  néanmoins  nous  ne 
f^x'^ons  pas  d'où  cette  espèce  nous  est 
venue}  elle  est  étrangère  au  nord  de 
l'Europe  comme  à  nos  contrées  ^  et  ce 
n'est  que  par  une  méprise  de  mots^ 
contre  laquelle  Ray    sembloit  s'être 
inscrit  d'avance  ,   que  le  traducteur 
d'Albin  a  nommé  cet  oiseau  canard  d& 
Moscovie,  Nous  savons  seulement  que 
ces  gros  canards  parurent  pour  la  pre- 
mière fois  en  France  du  temps  de  Be* 
Ion,  qui  les  appela  canes  de  Guinée ^ 
et   on  même    temps   Aldrovande  dit 
qu'on  en  apportoit  du  Caire  en  Italie; 
et  tout  considéré  ,   il   paroît  par  ce 
qu'en  dit  Marcgrave  ,  que  l'espèce  se 
trouve  au  Brésil  dans  l'état  sauvage  \ 
car  on  ne  peut  s^empêcher  de  recon- 
nottre  ce  gros  canard  dans  son  anas 
sylvestris  magnitudine  anserisp  aussi 


i 

i 

f 

I 
\ 

h 


I:""     •  I 

'h 

'kl 


.* 


w-:*!»*-*'' 


Y 


ït». 


t    4. 


164        HISTOIRE     NATUKELLK 

bien  que  dans  Vypeca-'guacu  de  Pî- 
son';  mais,  pour  Vipecati-apoa  de cgb 
deux  auteurs,  on  ne  peut  douter,  par 
la  seule  inspection  des  figures ,  que 
ce  ne  soit  une  espèce  différente  quo 
M.  Erisson  n'auroit  pas  dû  rapporter 
à  celle-ci. 

Suivant  Pison ,  ce  gros  canard  s'^en- 
graisse  également  bien  en  domesticité 
dans  la  basse-cour  y  ou  en  liberté  sur 
les  rivières  ^  et  il  est  encore  recom- 
mandable  par  sa  grande  fécondité  ;  la 
femelle  produit  des  œufs  eu  grand 
nombre ,  et  peut  couver  dans  presque 
tous  les  temps  de  Pannée  )  le  mâle  est 
très-ardent  en  amour  5  toutes  les  fe- 
melles lui  conviennent,  il  ne  dédaigne 
pas  celles  des  espèces  inférieures  ;  il 
s'apparie  avec  la  cane  commune,  et  de 
cette  union  proviennent  des  métis 
qu'on  prétend  être  inféconds,  peut- 
être  sans  autre  raison  que  celle  d'un 
préjugé*  On  nous  parle  aussi  d'un  ac- 
couplement de  ce  canard  musqué  avec 


M,  H 

icu  de  Vî'* 
ipoa  de  ces 
outer^  par 
ures  y  que 
érente  quo 
i  rapporter 

anard  s'^en- 
lomesticité 
liberté  sur 
>re  recom- 
:on dite  ;  la 

en  grand 
ns  presque 
le  mâle  est 
»tes  les  fe- 
e  dédaigne 
rieures  ;  il 
lune,  et  de 
des  métis 
ids,   peut- 

celle  d^un 
isi  d'un  ac- 
usqué  avec 


DU     CANARD.  l65 

Poie  ^  mais  cette  union  est  apparem- 
ment fort  rare  ^  au  lieu  que  Pautre  a 
lieujournellement  dans  les  basses-cours 
de  nos  colons  de  Cayenne  et  de  Saint-^ 
Domingue ,  où  ces  gros  canards  vivent 
et  se  multiplient  comme  les  autres  en 
domesticité;  leurs  œufe  sont  tout-à- 
fait  ronds  ;  ceux  des  plus  jeunes  fe- 
melles sont  verdâtres  ,  et  cette  cou- 
leur pâlit  dans  les  pontes  suivantes* 
L'odeur  de  musc  que  ces  oiseaux  ré- 
pandent ,   provient ,   selon   Barrère , 
d'une  humeur  jaunâtre  filtrée  dans  les 
corps  glanduleux  du  croupion. 

Dans  l'état  sauvage,  et  tels  qu'on  les 
trouve  dans  les  savannes  noyées  de  la 
Guiane  ,  ils  nichekit  sut  des  troncs 
d'arbres  pourris,  et  la  mère,  dès  que 
les  petits  sont  éclos ,  les  prend  l'un 
après  l'autre  avec  le  bec  et  les  jette  4 
l'eau.  Il  paroît  que  les  crocodiles-caï- 
mans en  font  une  grande  destruclior , 
car  on  ne  voit  guère  de  familles  de  ces 
jeunes  canards  oc  plus  de  cinq  à  six  , 
Oiseaux.  VI*  iS 


A 


n 


!  ■  •  3 


w 


Ali 


i 


iM 


..*" 


■!■: 


f' 


j 


1 , 
fîU 


^*''*»tli.  ' 


166        HISTOIRE    NATURÊLtÊ 

quoique  les  œufs  soient  en  beaucouf^ 
plus  grand  nombre.  Ils  mangent,  dand 
les  savaimes ,  la  graine  d'un  gramen 
qu'on  appelle  riz  sauvage  ,  volant  le 
matin  sur  ces  immenses  prairies  inon- 
dées 9  et  le  soir  redescendant  vers  la 
mer.  Ils  passent  les  heures  de  la  plus 
grande  chaleur  du  jour  perchés  sur  des 
arbres  touffus  î  ils  sont  farouches  et 
défians;  ils  ne  se  laissent  guère  appro- 
cher ,  et  sont  aussi  difficiles  à  tirer  que 
la  plupart  des  autres  oiseaux  d'eau. 

LE  CANARD  SIFFLEUR 

ET  LE  VINGEON ,  oir  GINGEON. 

Une  voix  claire  et  sifflante  que  l'on 
peut  comparer  au  son  aigu  d'un  fifre  y 
distingue  ce  canard  de  tous  les  autres^ 
dont  la  voix  est  enrouée  et  presque 
croassante.  Comme  il  5»iffle  en  volant 
et  très-fréquemment ,  il  se  fait  enten- 
dre souvent  et  reconnoître  de  loin  :  il 
prend  ordinairemeat  sou  vol  le  soir  Qt 


<-  w. 


•^  .. 


DU      CANARD.  167 

même  la  nuit  ;  il  a  Pair  plus  gai  que  les 
autres  canards  ;il  est  très-agile  et  tou- 
jours en  mouvement  ;  sa  taille  est  au- 
dessous  de  celle  du  canard  commun ,  et 
à-peu-près  pareille  à  celle  dusouchetç 
son  bec  fort  court,  n'est  pas  plus  gros 
que  celui  du  garrot  ;  il  est  bleu  et  la 
pointe  en  est  noire;  le  plumage  sur  le 
^aut  du  cou  et  la  tête  est  d'un  beau 
roux;  le  sommet  de  la  tête  est  blan- 
châtre :  le  dos  est  liséré  et  vermiculé 
finement  de  petites  lignes  noirâtres  en 
zig-zags  sur  un  fond  blanc  ;  les  premiè- 
res couvertures  forment  sur  l'aile  une 
grande  tache  blanche  ,  et  les  suivan- 
tes un  petit  miroir  d'un  vert-bronzé  : 
le  dessus  du  corps  est  blanc  y  mais  les 
deux  côtés  de  la  poitrine  et  les  épaules 
sont  d'un  beau  roux-pourpré.  Suivant 
M.  Bâillon ,  les  femelles  sont  un  peu 
plus  petites  que  les  mâles ,  et  demeu- 
rent toujours  gri  es,  ne  prenant  pas 
en  vieillissant,  comme  les  femelles  des 
fiouchets,  les  couleurs  de  leurs  mâles. 


'n 


'%i 


i  ' 


'■il 


M,1 


I 


î 


)>  ■] 


■iJfaS^Ssi^ 


^.-**,.  »;.,H«^ 


iîf;U) 

ii 


m-  f  '  * 


H 


.mW:     ' 


'Il  \' 


■4:1;:; 


w 


168        HISTOIE.E    NATUREIiLE 

Cet  observateur  aussi  exact  qu'atten- 
tif y  et  en  même  temps  très- judicieux  ^ 
nous  a  plus  appris  de  faits  sur  Les  oi- 
seaux d'eau  que  tous  les  naturalistes 
qui  en  ont  écrit  ;  il  a  reconnu  y  par  des 
observations  bien  suivies  ,  que  le  ca- 
nard siffleur ,  le  canard  à  longue  queue 
qu'il  appelle  penard ,  le  chipeau  et  le 
soucbet  naissent  gris  y   et  conservent 
cette  couleur  jusqu'au  mois  de  février, 
en  sorte  que  dans  ce  premier  temps 
l'on  ne  distingue  pas  les  mâles  des  fe- 
melles;  mais   au  commencement  de 
mars  leurs  plumes  se  colorent,  et  la 
nature  leur  donne  la  puissance  et  les 
agrémens  qui  conviennent  à  la  saison 
des  amours  ;  elle  les  dépouille  ensuite 
de  cette  parure  vers  la  fin  de  juillet; 
les  mâles  ne  conservent  rien  ou  pres- 
que rien  de  leurs  belles  couleurs  ;  des 
plumes  grises  et  sombres  succèdent  à 
celles  qui  les  embellissoient  ;  leur  voix 
même  se  perd  ainsi  que  celle  des  fe- 
melles ,  et  tous  semblent  être  conJam- 


DU      CAKAIID.  169 

nës  au  silence  comme  à  l'indifférence 
pendant  six  mois  de  l'année. 

C'est  dans  ce  triste  état  que  ces  oi- 
seaux partent  au  mois  de  novembre 
pour  leur  long  voyage ,  et  on  en  prend 
beaucoup  à  ce  premier  passage  ;  il  n^est 
guère  possible  de  distinguer  alors  les 
vieux  dès  jeunes  ^  sur-tout  dans  lespe- 
Tiards  ou  canards  à  longue  queue  ;  le 
Tevêtement  de  la  robe  grise  étant  en- 
core plus  total  dans  cette  espèce  que 
dans  les  autres. 

Lorsque  tous  ces  oiseaux  retournent 
dans  le  nord  9  vers  la  fin  de  février  ou 
le  commencement  de  mars,  ils  sont 
parés  de  leurs  belles  couleurs  ,  et  font 
sans  cesse  entendre  leur  voix  ,  leur 
sifflet  ou  leurs  cris  5  les  vieux  sont 
déjà  appariés,  et  il  ne  reste  dans  nos 
marais  que  quelques  souchets,  dont 
on  peut  observer  la  ponte  et  la  couvée. 

"^  es  canards  siffleurs  volent  et  nagent 
toujours  par  bandes  ;  il  en  passe  chaque 
hiver  quelques  troupes  dans  la  plupart 


V 


**»>  '1. 


il 


,     IL..        \     *  ■ 


170        HISTOIRE    NATUnEtLE 

de  nos  provinces,  même  dans  celles  qui 
sont  éloignées  de  la  mer  y  comme  en 
Lorraine ,  en  Brie  ;  mais  ils  passent  en 
plus  grand  nombre  sur  les  côtes ,  et 
notamment  sur  celles  de  Picardie. 

ce  Les  vents  de  nord  et  de  nord-est , 
dit  M.  Bâillon  ,  nous  amènent  les  ca- 
nards siffle  urs  en  grandes  troupes.  Le 
peuple  9  en  Picardie  y  les  connoit  sous 
le  nom  à^oignesf  ils  se  répandent  dans 
nos  marais  ;  une  partie  y  passe  Thiver, 
l'autre  va  plus  loin  vers  le  midi. 

3»  Ces  oiseaux  voient  très-bien  pen- 
dant la  nuit  y  h.  moins  que  l'obscurité 
ne  soit  totale  :  ils  cherchent  la  même 
pâture  que  les  canards  sauvages ,  et 
mangent  y  comme  eux  y  les  graines  de 
joncs  et  d'autres  herbes ,  les  insectes, 
les  crustacées ,  les  grenouilles  et  les 
ver«iiisseaux.  Plus  le  vent  est  rude, 
plus  on  voit  de  ces  canards  errer  :  ils 
se  tiennent  bien  à  la  mer  et  à  l'embou- 
ch'-re  des  rivières  malgré  le  gros  temps, 
«t  sont  très-durs  au  froid. 


I 


V.  t**! 


ELLE 

ms  celles  qui 
j  comme  en 
Is  passent  en 
3S  côtes,  et 
Picardie, 
de  nord-est  I 
nent  les  ca- 
troupes.  Le 
/Onnoit  sous 
andent  dans 
isse  l'hiver, 
i  midi. 
3s-bien  pen- 
l'obscurité 
nt  la  même 
luvages,  et 
s  graines  de 
Bs  insectes, 
illes  et  les 
t  est  rude, 
errer  :  iU 
à  l'embou- 
gros  temps, 


 

â 


DU      C  A  N  A  R  D.  171 

•   »  ils  partent  régulièrement  vers  la 
fin  de  mars,  par  les  vents  de  sud  ;  au- 
cuns ne  restent  ici  5  je  pense  qu'ils  se 
portent  dans  le  nord,  n'ayant  jamais 
vu  ni  leurs  oeufs,  ni  leurs  nids  :  je 
puis  pourtant  observer  que  cet  oiseau 
naît  gris  ,  et  qu'il  n'y  a  avant  la  mue  , 
aucune  différence,  quant  au  plumage  ^ 
entre  les  mâles  et  les  femelles  ,  car 
souvent ,  dans  les  premiers  jours  de 
l'arrivée  de  ces  oiseaux ,  j'en  ai  trouvé 
de  jeunes  encore  presque  tout  gris ,  et 
qui  n'étoient  qu'à  demi-couverts  des 
plumes  distinctives  de  leur  sexe. 

»  Le  canard  siffleur,  ajoute  M.  Bâil- 
lon, s'accoutu>i;<^  aisément  à  la  domes- 
ticité; il  mange  /olon tiers  de  l'orge  , 
du  pain,  ets'engraisse  fortainsi  nour- 
ri ;  il  lui  faut  beaucoup  d'eau  ;  il  y  fait 
sans  cesse  mille  caracoles,  de  nuit 
comme  de  jour.  J'en  ai  eu  plusieurs 
fois  dans  ma  cour ,  ils  m'ont  toujours 
plu  à  cause  de  leur  gai  té  ». 

L'espèce  du  c.  "îard  siffleur  se  trouve 


\ 


l 


'  '»*»^' 


'.m^^. 


lya        HlSTOmS    "îATUllEtLE 

en  Amérique  com    een  Europe;  nous 
en  avons  reçu  plusieurs  individus  de 
Ja  Louisiane  y  sous  le  nom  de  canard 
jensen  etde  canardgris  ;  il  semble  aussi 
qu'on  doive  !e  reconnoître  sous  le  nom 
de  'wigeon  ^  qu<%  iuf„  donnent  les  An« 
glais^  et  SOIT,  ceux  de  t^ z'n^eon  ou  ^i;{- 
£eon^  de  nos  hah' tans  de   Saint-Do- 
mingue et  de  Cayenne.  £t  ce  qui  sem- 
ble prouver  queces  oiseanxdescUmats 
chauds  sont  en  effet  les  mêmes   que 
les  canards  sif fleurs  du  nord  ,    c^est 
qu'on  les  a  reconnus  dans  les  4atitu<^ 
des  intermédiaires.  D'ailleurs,  ils  ont 
les  mêmes  habitudes  naturelles,  avec 
les  seules   différences  que  4Delle  des 
climats  doit  ^  mettre;  néanmoinsnous 
ne  prononçons  pas  encore  sur  f'iden^ 
dite  de  l'espèce  du  canard  siffleur  et 
du  vingeon  des  Antilles.  Nos  doutes 
à  ce  sujet  et  sur  plusieurs  autres  faitSy 
seroient  éclaircis,  si  la  guerre  ,  en- 
tr^autres  pertes  qu'elle  a  fait  essuyer 
à  l'Histoire  naturelle  ^  ne  nous  avoit 


I 


:4- 


'  K>^>,*r. 


'^, 


.■••^■■ 


..<*.' 


DU     CANARD.  1^3 

enlevé  une  suite  do  deb^ms  coloriés 
des  oiseaux  le  Saint-Domingue ,  faite 
dans  cette  île  dvt  '  i^iuci  grand  soin| 
par  M.    le   che  al  efebvre   Des» 

hayes  y  corres^.  du  Cabinet  du 


roi  ;    heureusemen 


mémoires 


de 


cet  observateur,  aussi  ingénieux  que 
laborieux,  nous  sont  parvenus  en  dw 
plicata  ^  et  nous  ne  pouvons  mieux 
faire  que  d^en  donner  ici  ^extrait ,  en 
attendant  qu^on  puisse  savoir  précisé- 
ment si  cet  oiseau  est  en  effet  le  même 
que  notre  canard  sifileur. 

a  Le  gingeon^  que  Pon  connoit  à  la 
Martinique  sous  le  nom  de  vingeon  , 
dit  M.  le  chevalier  Deshayes ,  est  une 
espèce  particulière  de  canard ,  qui  n'a 
pas  le  goût  des  voyages  de  long  cours 
comme  le  canard  sauvage,  et  qui  borne 
ordinairement  ses  courses  à  passer 
d'un  étang  ou  d'un  marécage  à  un  au- 
tre ,  ou  bien  à  aller  dévaster  quelque 
pièce  de  riz  ,  quand  il  en  a  découvert 
à  portée  de  sa  résidence.  Ce  canard  a 


s    -ri 


J  .3 


l 


.¥ 


...•-^■-'■«lei 


IMAGE  EVALUATION 
TEST  TARGET  (MT-3) 


1.0 


l.l 


Ià£|2j8     |2.5 
■^  Uii   12.2 


UJÂ 


L25  i  1.4 


1.6 


I: 


ir 


Hiotographic 

Sciences 
Corporation 


33  WIST  MAIN  STRIIT 

WIBSTIR.N.Y.  MSSO 

(716)  S72-4S03 


€. 


1^4       HISTOIRE    NATURELLE 

pour  instinct  particulier  de  se  percher 
quelquefois  sur  les  arbres  ^  mais  au- 
tant que  j^ai  pu  l'observer ,  cela  n'ar« 
rive  que  durant  les  grandes  pluies ,  et 
quand  le  lieu  oii  il  avoit  coutume  de 
se  retirer  pendant  le  jour,  est  tellement 
couvert  d'eau  ,  qu'il  ne  paroU  aucune 
plante  aquatique  pour  le  cacher  et  le 
mettre  à  l'abri  ^  ou  bien  lorsque  l'ex- 
trême chaleur  le  force  à  chercher  la 
fraicheurdansl'épaisseur  desfeuillages. 
»  On  seroit  tenté  de  prendre  le  vin- 
geon  pour  un  oiseau  de  nuit ,  cr.r  il  est 
rare  de  le  voir  le  jour}  mais  aussitôt  que 
le  soleil  est  couché,  il  sort  desglayeuls 
et  des  roseaux  pour  gagner  les  bords  dé« 
couverts  des  étangs  y  où  il  barbote  et 
pâture  comme  le  reste  des  canards  ;  on 
auroit  de  la  peine  ^.dire  à  quoi  il  s'oc- 
cupe pendant  le  jour  ;  il  est  trop  dif- 
ficile de  l'observer  sans  être  vu  de  lui  ; 
mais  il  est  à  présumer  que  quoique  ca* 
ché  parmi  les  roseaux  j  il  ne  passe  pas 
son  temps  4  dormir;  on  en  peut  jugei: 


!t 


•f-  ■* 


D  TT     CANARD.  ir^S 

par'Ws'gingeons  prives  y  qui  neparois- 
sent  chercher  à  dormir  pendant  le 
jour  que  comme  les  autres  volailles  ^ 
lorsqu'ils  sont  entièrement  repus. 

»  Les  gingeons  volent  par  bandes 
comme  les  canards  j  même  pendant  la 
saison  des  amours  ;  cet  instinct  qui  les 
tient  attroupés^  paroSt  inspiré  par  la 
crainte  ;  et  Pon  dit  qu'en  effet  ils  ont 
toujours  9  comme  les  oies  ^  quelqu'^un 
d'eux  en  vedette ,  tandis  que  le  reste 
de  la  troupe  est  occupé  à  chercher  sa 
nourriture  :  si  cette  sentinelle  aperçoit 
quelque  chose ,  elle  en  donne  aussi*tôt 
avis  à  la  bande  par  un  cri  particulier, 
qui  tient  de  la  cadence  ou  plutôt  du 
chevrotement;  à  l'instant  tous  les  gin- 
geons mettent  fin  à  leur  babil)  se  ran* 
prochent  ^  dressent  la  tête ,  prêtent 
l'œil  et  l'oreille  ;  si  le  bruit  cesse,  cha- 
cun se  remet  à  la  pâture;  mais  si  le  si- 
gnal redouble  et  annonce  un  véritable 
danger ,  l'alarme  est  donnée  par  un  cri 
aigu  et  perçant }  et  tous  les  gingeons 


'^^*-  -jr.-. 


fs^'i^S^^^ 


X4, 


î*s**?*iîkr'T^ 


tf^&       HISTOIRE     HATUSBXLB 

partent  en  suivant  le  donne ur;!dVÉvi8  § 
qui  prend  le  premier  sa  Yolée*  '  < 

3»  Le  gingeon  est  babillard  ^  lors* 
qu^une  bande  de  ces  oiseaux  pait  ou 
barbote  j  on  entend  un  petit  gazouil- 
lement continuel  qui  imite  assez  le  rire 
suivi)  mais  contraint,  qu'une  personne 
feroit  entendre  à  basse  voix  \  ce  babil 
les  décèle "^ et  guide  le  chasseur;  de 
même  quand  ces  oiseaux  volent ,  il  y 
a  toujours  quelqu'un  de  la  bande  qui 
siffle  y  et  dès  qu'ils  se  sont  abattus 
sur  l'eau  9  leur  babil  recommence. 
.  3»  La  ponte  des  gingeons  a  lieu  en  jan- 
vier, e  t  en  mars  on  trouve  de  pe*  * ^  s  gin- 
geonnaux  ;  leurs  nids  n'ont  rû  .e  re- 
marquable, sinon  qu'ils  contiennent 
grand  nombre  d'oeufs.  Les  nègres  sont 
fort  adroits  à  découvrir  ces  nids ,  et  les 
œufsdonnésàdespouleficonveuseséclo- 
sent  très-bien;  par  ce  moyen  l'on  se  pro- 
cure des  gingeons  pvivés;  maison  au- 
voit  toutes  les  peines  du  monde  à  appri- 
voiser des  gingeonneaux  pn^  quelque» 


^'■«    w 


DU     CANARD.  \^rj 

jours  après  leur  naissance^  ils  ont  déjà 
gagné  l'humeur  sauvage  et  farouche  da 
leurs  père  et  mère,  au  lieu  qu'il  semble 
que  les  poules  qui  couvent  des  œufs  de 
gingeons,  transmettent  à  leurs  petite 
une  partie  de  leur  humeur  sociale  et  fa« 
milière  ;  les  petits  gingeonnaux  ont 
plus  d'agilité  et  de  vivacité  que  les  ca- 
netons; ils  naissent  couverts  d'un  du- 
vet brun  I  et  leur  accroissement  est 
assez  prompt;  six  semaines  suffisent 
pour  leur  faire  acquérir  toute  leur 
grosseur  y  et  dès  •  lors  les  plumes  de 
leurs  ailes  commenijent  à  croître. 

»  Ainsi  avec  très-peu  de  soins  on  peut 
fie  procurer  des  gingeons  domestiques; 
mais,  s'il  faut  s'en  rapportera  presque 
tous  ceux  qui  en  ont  élevé,  on  ne  doit 
guère  espérer  qu'ils  multiplient  en- 
tr'eux  dans  l'état  de  domesticité  ;  ce- 
pendant j'ai  connoissance  de  quelques 
gingeons  privés  qui  ont  pondu,  couvé 
et  fait  éclore.  .  \ 

y>  Il  seroit  extrêmement  précieux 
Oiseaux.  YI.  16 


I 


..  îi-O. 


^  M  ' 


1178        HISTOIRE    NATUREL1.E 

d'obtenir  une  race  domestique  de  cet 
oiseaux,  parce  que  leur  chair  est  excei- 
lente,  et  sur»tout  celle  de  ceux  qu'on  a 
privés;  elle  n'a  point  le  goût  de  maré- 
cage que  l'on  peut  reprocher  aux  sau- 
vages; et  une  raison  de  plus  de  désirer 
de  réduire  en  dome^iticité  cette  espèce^ 
et  l'intérêt  qu'il  y  auroit  à  la  détruire 
ou  l'affoiblir  du  moins  dans  l'état  sau- 
vage I  car  souvent  les  gingeons  vien- 
nent dévaster  nos  cultures,  et  les  piè- 
ces de  riz  semées  près  des  étangs  échap- 
pent rarement  à  leurs  ravages;  aussi 
est-ce  là  que  les  chaseurs  vont  les  at- 
tendre le  soir  au  clair  de  la  lune.  On 
leur  tend  aussi  des  lacets  et  des  hame* 
cons  amorcés  de  vers  de  terre. 

»  Les  gingeons  se  nourrissent  non- 
aeulement  de  riz ,  mais  de  tous  les  au- 
tres grains  qu'on  donne  à  la  volaille  y 
tels  que  le  maïs  et  les  différentes  espè- 
ces de  mil  du  pays;  ils  paissent  aussi 
l'herbe,  ils  pèchent  les  petits  poissons, 
le»  écrivisses,  les  petits  crabes. 


'■!>>> 


jt 


DIX      CANARD.  lyc^ 

»  Leur  cri  est  un  véritable  sifflet  y 
qu'on  peut  Imiter  avec  la  bouche  au 
point  d'attirer  leurs  bandes  quand  elles 
passent.  Les  chasseurs  ne  manquent 
pas  de  s'e:i:ercer  à  contrefaire  ce  sifflet^ 
qui  parcourt  rapidement  tous  les  tons 
de  l'octave  du  grave  à  l'aigu  y  en  ap* 
puyant  sur  la  dernière  note  et  en  la 
prolongeant.      '  '  >       •  :?.;:.. 

»  Du  reste  ^  on  peut  remarquer  que 
le  gingeon  porte  en  marchant  la  queue 
basse  et  tournée  contre  terre  y  comme 
la  pintade  9  mais  qu'en  entrant  dans 
l'eau  il  la  redresse.  On  doit  observer 
aussi  qu'il  a  le  dos  plus  élevé  et  plus 
arqué  que  le  canard,  que  ses  jambes 
sont  beaucoup  plus  longues  à  propor« 
tion  y  qu'il  a  l'œil  plus  vif ,  la  démar- 
che plus  ferme  9  qu'il  se  tient  mieux  et 
porte  sa  tête  haute  comme  Poie;  carac* 
tères  qui)  joints  à  l'habitude  de  se  per- 
cher sur  les  arbres ,  le  feront  toujours 
distinguer  :  de  plus,  cet  oiseau  n'a  pas 
chez  nous  le  plumage  aussi  fourni ,  à 


! 


■.*»«•  m^ii-tm  ■ 


#  «* 


•***      Wfcj^.#«.      -.*• 


*'^'-',  I .  wMlil  II  ijWi 


^*«ws>*-. 


#1. 


l8d        HI8T0IBB    NJLT171LELLB 

beaucoup  près  )  que  les  canards  des 
pays  froids. 

»  Loin  que  les  gîngeons ,  dans  nos 
basses-ooursy  continue  M.  Deshayes^ 
ayent  cherché  à  s'accoupler  avec  le  ca- 
nard d'Inde  ou  avec  le  canard  com« 
mun,  comme  ceux-ci  ont  fait  entr'euX| 
ils  se  montrent  au  contraire  les  enne- 
mis déclarés  de  toute  la  yolaille,  et  font 
ligue  ensemble  lorsqu'il  s'agit  d'atta- 
quer les  canards  et  les  oies;  ils  parvien- 
nent toujours  à  les  chasser  et  à  se  ren- 
dre maîtres  de  l'objet  de  la  querelle  f 
c^est- à-dire  du  grain  qu'on  leur  jette^ 
ou  de  la  mare  où  ils  veulent  barboter^ 
et  il  faut  avouer  que  le  caractère  du 
gingeon  est  méchant  et  querelleur  ; 
mais  comme  sa  force  n'égale  pas  son 
anîmosité,  d'ut- il  troubler  la  paix  de 
la  basse-cour ,  on  n'en  doit  pas  moins 
souhaiter  de  parvenir  à  propager  en 
domesticité  cette  espèce  de  canards  su- 
i[>ërieure  en  bonté  à  toutes  les  autres  »  • 


■*u 


su     CANARD..         181 

LE    SIFFLEUR    HUPPÉ.: 

Ce  canard  siffleur  porte  une  huppe^ 
et  il  est  de  la  taille  de  notre  canard 
sauvage  ;  il  a  toute  la  tête  coifTëe  de 
belles  plumes  rousses^  déliées  et  soyeu* 
ses,  relevées  sur  le  front  et  le  sommet 
de  la  tête  en  une  touffe  chevelue  ^  qui 
pourroit  avoir  servi  de  modèle  à  la 
coiffure  en  cheveux  dont  nos  dames 
avoient  un  moment  adopté  la  mode  ^ 
sous  le  nom  de  hérisson^  les  joues,  la 
gorge  et  le  tour  du  cou  sont  roux  com^ 
me  la  téte^  le  reste  du  cou,  la  poitrine 
et  le  dessous  du  corps  sont  d'un  noir  ou 
noirâtre  qui ,  sur  le  ventre ,  e&t  légè* 
rement  onde  ou  nué  do  gris  ^  il  y  a  du 
blanc  aux  flancs  et  aux  épaules  ;  et  le 
dos  est  d'un  gris-brun;  le  bec  et  l'iris 
de  l'œil  sont  d'un  rouge  de  vermillon. 

Cette  espèce,  quoique  moins  com- 
mune que  celle  du  canard  siffleur  sans 
huppe,  a  été  vue  dans  nos  climats  par 
plusieurs  observateurs. 


-Vi 


■# 


•• 


Bi.-^  -.«SV'-i-atf*? 


182        HISTOIRE    NATURELLE 


i   L 


LE  SIFFLEUR  d  bec  rouge  et  nà- 
^  ,'  rines jaunes.       ,        • 

ApPAREMMESTque  cette  dénomina- 
tion de  siffleur  est  fondée  dans  cette 
espèce ,  comme  dans  les  précédentes  y 
sur  le  sifflement  de  la  yoix  ou  des  ai- 
les :  quoi  qu'il  en  soit,  nous  adoptons, 
pour  la  distinguer,  la  dénomination  de 
siffleur  au  bec  roc/^e^  qu*£dwards  lui 
A  donnée  en  y  ajoutant  les  narines  jau^ 
neSf  pour  le  séparer  du  précédent  qui 
a  aussi  le  bec  rouge.  Ce  siffleur  est 
d'une  taille  élevée,  mais  pas  plus  grosse 
que  celle  de  la  morelle,  sans  être  paré 
de  couleurs  vives  et  brillantes  ;  c'est 
dans  son  genre  un  fort  bel  oiseau  :  un 
brun -marron  étendu  sur  le  dos  y  est 
nué  de  roux-ardent  ou  orangé-foncé  \ 
le  bas  du  cou  porte  la  même  teinte  qui 
se  fond  dans  du  gris  sur  la  poitrine  ^ 
les  couvertures  de  l'aile  lavée  de  rous- 
fiâtre  sur  les  épaules,  prennent  ensuit» 
un  cendré-clair,   puis  un  blanc  pur; 


,x». 


.^.jÉ 


DU      CANARD.^  l83 

ses  pennes  sont  d'un  brun-noirâtre^  et 
les  plus  grandes  portent  du  blanc  dans 
le  milieu  du  c6të  extérieur^  le  ventre  et 
la  queue  sont  noirs;  la  tête  est  coiffée 
d'une  calotte  roussàtrequi  se  prolonge 
par  un  long  trait  noirâtre  sur  le  haut 
du  cou  ;  tout  le  tour  de  la  face  et  la 
gorge  sont  en  plumes  grises. 

Cette  espèce  se  trouye  dans  PAmé« 
rique  septentrionale,  suivant  M.  Bris* 
son  ;  néanmoins  nous  Pavons  reçue  de 
Cayenne.      ..  :i.u;c  ?:..!;  u.'-.^.c. 


^\^f^it^€^■¥^ 


LE  SIFFLEUR  A  BEC  NOIR;, 

> 

Nous  adoptons  encore  ici  la  dénomi» 
nation  d'Edwards ,  parce  que  Pindica- 
tion  de  climat  y  donnée  dans  nos  plan- 
ches enluminées  et  dans  Pouvrage  de 
M.  Brisson  y  ne  peut  ::«e&vir  à  distin- 
guer cette  espèce 9  non  plus  que  la  pré- 
cédente ,  puisqu'ilparoît  que  toutes 
deux  se  trouvent  également  dans  PA- 
mérique  septentrionale  et  aux  An  tilles* 


'^^'ssmmimmi^^ 


'  i 


184       niSTOinS    NÀTURBLLE 

Les  jiimbes  «t  le  cou ,  dans  ces  deux 
espèces  y  paroissent  proportionnelle- 
ment plus  aiongës  que  dans  les  autres 
canards  ;  celui-cî  a  le  bec  noir  ou  noi- 
râtre ;  son  plumage  sur  un  fond  bruh> 
est  nuë  d*ondes  roussàtres  ;  le  cou  est 
moucheté  de  petits  traits  blancs;  le 
front  et  les  cAtés  de  la  tête  |  derrière 
les  yeoX)  sont  teints  de  roux;  et  les 
plumes  noires  da  commet  de  la  tête  se 
portent  en  arrière  en  forme  de  huppe.  ^ 
Suivant  Hans  Sloane,  ce  canard  ^ 
qui  se  voit  fréquemment  à  la  Jamaï- 
que I  se  perche  et  fait  entendre  un  sif- 
flement. Barrère  dit  qu^il  est  de  pas- 
sage à  la  Guiane  ,  qu'il  pâture  dans 
les  savanes  ^  et  qu'il  est  excellent  à 
manger. 


LE  CfflPEAU,  ou  LE  RIDENNE. 

Le  canard  appelé  chipeau,  n'est  pas 
si  grand  que  notre  canard  sauvage;  il 
ft  k  tête  finement  mouchetée  et  comme 


■  -.    J    "  ;   !  »■-»•*.*-*■ 


;*»!#^  ^': 


BU      CANARD.  l85 

piqnetée  de  brun-noir  et  de  blanc,  la 
teinte  noirâtre  dominant  sur  le  haut 
de  la  tête  et  le  dessus  du  cou  ;  la  poi- 
trine est  richement  festonnée  ou  écail- 
lée, et  le  dos  et  les  flancs  sont  tous  ver- 
miculésde  ces  deux  couleurs;  surPaile 
sont  trois  taches  ou  bandes,  Pune  blan- 
che, Pautre  noire,  et  la  troisième  d'un 
beau  marron -rouge&tre«  M.  Bâillon  a 
observé  que,  de  tous  les  canards,  le  chi* 
peau  est  celui  qui  conserve  le  plus  long- 
temps les  belles  couleurs  de  son  plu- 
mage ,  mais  qu'enfin  il  prend  comme 
les  autres  une  robe  grise  après  la  saison 
des  amours  ^  la  voix  de  ce  canard  res- 
semble fort  à  celle  du  canard  sauvage; 
elle  n'est  ni  plus  rauque  ni  plus  bruyan- 
te, quoique  Gessner  semble  vouloir  le 
distinguer  et  le  caractériser  par  le  nom 
à'^anas  strepera  ,  et  que  ce  nom  ait  été 
adopté  par  les  ornithologistes. 

Le  chipeau  est  aussi  habile  à  plonger 
qu'à  nager;  il  évite  le  coup  de  fusil  en 
s'enfonçant  dans  l'eau;  il  paroit  craintif 


l86         HISTOIE.E     NATURELLE 

et  vole  peu  durant  le  jour  ;  il  se  tient 
tapi  dans  les  joncs  y  et  ne  cherche  sa 
nourriture  que  de  grand  matin  ou  le 
soir,  et  même  fort  avant  dans  la  nuit  : 
on  Pentend  alors  voler  en  compagnie 
des  siffleurs,  et  comme  eux  il  se  prend 
à  l'appel  des  canards  privés.  »Les  ca- 
nards chipeaux,   que   nous   appelons 
ridennes  ,  dit  M.  Bâillon,  arrivent  sur 
nos  côtes  de  Picardie  au  mois  de  no- 
vembre, par  les  vents  de  nord-est,  et 
lorsque  ces  vents  se  soutiennent  pen- 
dant quelques  jours ,  ils  ne  font  que 
passer  et  ne  séjournent  pas.  Dès  la  fin 
de  février,  aux  premiers  vents  du  sud, 
on  les  voit  repasser  retournant  vers  le 
nord. 

y>  Le  mâle  est  toujours  plus  gros  et 
plus  beau  que  la  femelle  :  il  a,  comme 
les  canards  millouins  et  siffleurs mâles, 
le  dessous  de  la  queue  noir,  et  dans  les 
femelles  cette  partie  du  plumage  est 
toujours  de  couleur  grise. 

99  Elles  se  ressemblent  même  beau- 


DU      CANARD.  187 

coup  dans  toutes  ces  espèces ,  néan- 
moins un  peu  d'usage  les  fait  distin- 
guer. Les  femelles  chipeaux  devien- 
nent fort  rousses  en  vieillissant. 

33  Le  be^  de  cet  oiseau  est  noir;  ses 
pieds  sont  d'un  jaune  sale  d'argile  ^ 
avec  les  membranes  noires  |  ainsi  que 
le  dessus  des  jointures  de  cliaque  arti- 
cle des  doigts;  le  mâle  a  vingt  pouces 
du  bec  à  la  queue,  et  dix-neuf  pouces 
j  usqu'au  bout  des  ongles;  son  vol  est  de 
trente  pouces.  La  femelle  ne  diffère 
que  d'environ  quinze  lignes  dans  tou- 
tes ses  dimensions. 

■n  Je  nourris  dans  ma  cour,  depuis 
plusieurs  mois,  continue  M.  Bâillon, 
deux  chipeaux  mâle  et  femelle  ;  ils  ne 
veulent  pas  manger  de  grain  et  ne  vi- 
vent que  de  son  et  de  pain  détrempé. 
J'ai  eu  de  même  des  canards  sauvages 
qui  ont  refusé  le  grain;  j'en  ai  eu  d'au- 
tres qui  ont  vécu  d'orge  dès  les  pre- 
miers jours  de  leur  captivité.  Cette 
différence  vient,  ce  me  semble,  des 


■fi 
il 


'■'^B'^TCî 


f  <• 


y  h 


188       HISTOIRE    NATURELLE 

lieux  OÙ  ces  oiseaux  sont  nés;  ceux  qui 
Tiennent  des  marais  inhabités  du  nord  y 
n*ont  pas  dû  connoltre  Porge  et  le  blé; 
et  il  n^est  pas  étonnant  qu'ils  refusent^ 
sur -tout  dans  les  premier-  temps  de 
leur  détention ,  une  nourriture  qu'ils 
n'ont  jamais  connue;  ceux  au  contraire 
qui  naissent  en  pays  cultivés,  sont  me* 
nés  la  nuit  dans  les  champs  par  les  pères 
et  mères,  lorsqu'ils  ne  sont  encore  que 
hallebrans  ;  ils  y  mangent  du  grain  et 
leconnoissent  très-bien  lorsqu'on  leur 
en  offre  dans  la  basse-cour  :  au  lieu  que 
les  autres  s'y  laissent  souvent  mourir 
de  faim,  quoiqu'ils  ayent  devant  eux 
d'autres  volailles  qui ,  ramassant  le 
grain,  leur  indiquent  l'usage  de  cette 
nourriture  ». 


LE  SOUCHET,  ou  LE  ROUGE. 

Le  souchet  est  remarquable  par  son 
grand  et  large  bec  épaté,  arrondi  et 
dilaté  par  le    bout ,   en   manière  de 


D  V     CANARD.  189 

tailler,  ce  qui  lui  a  fait  donner  les  dé* 
nominations  de  canard  cuiller,  canard 
spatule,  et  le  surnom  deplaty^rinckos, 
par  lequel  il  est  désigné  et  distingué 
chez  les  ornithologistes  parmi  les  nom- 
breuses espèces  de  son  genre;  il  est  un 
peu  moins  grand  que  le  canard  sau- 
vage I  son  plumage  est  riche  en  cou- 
leurs ,  et  il  semble  mériter  Pépithète 
de  très-beau,  que  Ra^r  lui  donne;  la  tête 
et  la  moitié  supérieure  du  cou  |  sont 
d*un  beau  vert  ;  les  couvertures  de 
l'aile,  près  de  Tépaule,  sont  d'un  bleu- 
tendre;  les'suivantes  sont  blanches , et 
les  dernières  forment  sur  Paile  un  mi- 
roir vert-bronzé  ;  les  mêmes  couleurs 
se  marquent ,  mais  plus  foiblement , 
sur  l'aile  de  la  femelle  ,  qui,  du  reste, 
n'a  que  des  couleurs  obscures  d'un  gris- 
blanc  et  roussàtre,  maillé  et  festonné 
de  noirâtre  ;  la  poitrine  et  le  bas  du 
cou  du  mâle  sont  blanc» ,  et  tout  le 
dessous  du  corps  est  d'uu  beau  roux; 
cependant  il  s'en  trouve  quelquefois  à 
Oiseaux.  YL  17 


se 


■■•■■y 


190        HISTOIRE   NATURELLE 

ventre  blanc.  M.  Bâillon  nous  assure 
que  les  vieux  souchets,  ainsi  que  le» 
vieux  chipeaux,  conservent  quelque- 
fois leurs  belles  couleurs,  et  qu'il  leur 
vient  des  plumes  colorées  en  même 
temps  que  les  grises  ,  dont  ils  se  cou- 
vrent chaque  année  après  la  saison  des 
amours^  et  il  remarque  ,  avec  raison , 
que  cette  singularité  dans  les  souchets 
et  les  chipeaux  a  pu  tromper  et  faire 
multiplier  ,  par  les  nomenclateurs,  le 
nombre  des  espèces  de  ces  oiseaux  ;  il 
dit  aussi  que  de  très-vieilles  femelles 
qu'il  a  vues,  avoient,  comme  les  mâles^ 
des  couleurs  sur  les  ailes,  mais  que^ 
durant  leur  première  année  d'âge,  ces 
femelles  sont  toutes  grises  ^  du  reste  ^ 
leur  tête  demeure  toujours  de  cette 
couleur.  Nous  devons  encore  placer 
ici  les  bonnes  observations  qu'il  a  bien 
voulu  nous  communiquer  sur  le  sou- 
chet  en  particulier.     . 

«c  La  forme  du  bec  de  ce  bel  oiseau^ 
dit  M.  Bâillon  ^  indique  sa  manière  de 


I  ^-4 


\» 


assure 
que  les 
Lielque- 
l'il  leur 
L  même 
se  cou- 
[son  des 
raison  j 
ouchets 
et  faire 
3urs, le 
îaux;  il 
femelles 
s  mâles  9 
lis  que  y 
âge  )  ces 
u  reste  9 
de  cette 
e  placer 
'il  a  bien 
r  le  sou- 

1  oiseau  9 
&nière  de 


DU      CANARD.  Ujl 

vivre;  ses  deux  larges  mandibules  ont 
les  bords  garnis  d'une  espèce  de  den- 
telure ou  de  frange ,  qui  ne  laissant 
échapper  que  la  boue  ^  retient  les  ver- 
misseaux et  les  menus  insectes  et  crus- 
tacées  qu'il  cherche  dans  la  fange  au 
bord  des  eaux  ;  il  n'a  pas  d'autre  nour- 
riture. P'jn  ai  ouvert  plusieurs  fois 
vers  la  fin  de  l'hiver  et  dans  le  temps 
de  gelée,  je  n'ai  point  trouvé  d'herbe 
dans  leur  sac  ,  quoique  le  défaut  d'in- 
sectes eût  dû  les  forcer  de  s'en  nourrir; 
on  ne  les  trouve  alors  qu'auprès  des 
sources  ;  ils  y  maigrissent  beaucoup  ^ 
ils  se  refont  au  printemps  en  mangeant 
des  grenouilles. 

39  Le  souchet  barbote  sans  cesse  y 
principalement  le  matin  et  le  soir  ,  et 
même  fort  avant  dans  la  nuit;  je  pense 
qu'il  voit  dans  l'obscurité  9  à  moins 
qu'elle  ne  soit  absolue  ;  il  est  sauvage 
et  triste;  on  l'accoutume  difficilement 
À  la  domesticité  ;  il  refuse  constam- 
ment le  pain  et  le  grain  :  j'en  ai  eu  un 


i.  '5 


•i^M-  ■*'1^»miff;4.  # 


r.  </ 


IV   ; 


9t-y 


192        HISTOIRE    NATURELLE 

grand  nombre  qui  sont  morts  après 
avoir  été  embéqués  long-temps  y  sans 
qu'on  ait  pu  leur  apprendre  à  manger 
d'eux-mêmes.  Pen  ai  présentement 
deux  dans  mon  jardin  ,  je  les  ai  em« 
béquéa  pendant  plus  de  quinze  jours  \ 
ils  vivent  à  présent  de  pain  et  de  che* 
vrettes,  dorment  presque  tout  le  jour^ 
et  se  tiennent  tapis  contre  les  bor« 
dures  des  buis^  le  soir  ils  trottent  lieau* 
coup  et  se  baignent  plusieurs  fois  pen^ 
dant  la  nuit.  Il  est  fâcheux  qu'un  aussi 
bel  oiseau  n'ait  pas  la  gaité  de  la  sar« 
celle  ou  du  tadorne  y  et  ne  puisse  de- 
venir un  habitant  de  nos  basses-cours. 
»  Les  souchets  arrivent  dans  nos 
cantons  vers  le  mois  de  février;  ils  se 
répandent  dans  les  marais  ^  et  une  par* 
tie  y  couve  tous  les  ans  :  je  présume 
que  les  autres  gagnent  le  midi  y  parce 
que  ces  oiseaux  deviennent  rares  ici 
après  les  premiers  vents  du  nord  qui 
soufflent  en  mars.  Ceux  qui  sont  nés 
dans  le  pays  ^  en  partent  vers  le  moi^ 


y. 


»} 


^      D  V     C  A.  Iff  ▲  31  X>.  1^3 

de  septembre;  il  estr^ro  d^en  Totr 
pendant  Thivery  sur  quoi  jo  jug®  qtiULs 
craign««t  et  fuient  le  fjoià^  *      « 

f  »  Ils  nichent  ici  idans  les  tnâmes  en- 
droit, qae  les  «ar^les  d^été  \  ils  clioi- 
sisseni)  comme  elles, de  grosses  touffes 
de  joncs  dans  des  lieux  peu  praticables^ 
et  s'y  Arrangent  -de  même  un  nid  ;  la 
femelle  y  dépose  dixàdouse  œufs  d'un 
roux  un  peu  pâle 9  elle  les  couve  pen- 
dant vingt*liuit  à  trente  |^urs^  suivant 
ce  que  m'ont  dit  les  chasseurs  ;  mais 
je  croirois  volontiers  que  l'incubation 
ne  doit  être  que  de  vingt  <- quatre  à 
vingt-cinq  jours,  vu  que  ces  oiseaux 
tiennent  le  milieu  entre  les  canards  et 
les  sarcelles ,  quanta  la  taille. 

30  Les  petits  naissent  'Couverts  d'un 
duvet  gris  taché  y  comme  les  canards  , 
et  sont  d'une  laideur  extrême  ;  leur 
bec  est  alors  presque  aussi  large  que  le 
corps,  et  son  poids  paroit  les  fatiguer; 
ils  le  tiennent  presque  toujours  ap« 
puyé  contre  la  poitrine  ;  ils  courent  et 


i 

■S' 


>  i. 


-Tl'î!- 


*.        V 


-.  > 


194        HISTOIKB    NATUlLELLC 

nagent  dès  qu'ils  sont  nës;  le  père  et 
la  mère  les  mènent,  et  paroissent  leur 
être  foit  attachés  ;  ils  veillent  sans 
cesse  sur  Poiseau  de  proief  au  moindre 
danger  la  famille  se  tapit  sous  Pherbe^ 
et  les  père  et  mère  se  précipitent  dans 
Teau  et  s'y  plongent.  ,>>  ;i  i   ^:.w. 

3)  Les  jeunes  sonchets  deviennent 
d'abord  gris  comme  les  femelles  ;  la 
première  mue  leur  donne  leurs-belles 
plumes,  mais  elles  ne  sont  bien  écla- 
tantes qu'à  la  seconde  ». 

Quant  à  la  couleur  du  bec  ,  les  ob- 
servateurs ne  sont  pas  d'accord;  Ray 
dit  qu'il  est  tout  noir;  Gessner,  dans 
Aldrovande,  assure  que  la  lame  supé- 
rieure est  jaune;  Aldrovande  ditqu'ii 
'jst  brun  ;  tout  cela  prouve  que  la  cou- 
leur du  bec  varie  suivant  Page  ou  par 
d'autres  circonstances. 

Schwenckfeld  compare  le  battement 
des  ailes  du  souchet  à  un  choc  de  cro- 
tales^ et  M.  Hébert,  en  voulant  nous 
«xprinier  le  cri  d«  cet  oiseau  ,   nous 


"«*«««*?N«^'»^||JPItW 


*, 


DU      CANARD.  IpS 

m  ait  qu'il  ne  pouvoit  mieux  le  com- 
parer qu'au  craquement  d'une  crécelle 
à  main  ^  tournée  par  petites  secousses: 
il  se  peut  que  Schwenckfeld  ait  pris 
la  voix  pour  le  bruit  du  vol.  Au  reste^ 
le  souchet  est  le  meilleur  et  le  plus 
délicat  des  canards  :  il  prend  beau- 
coup de  graisse  en  hiver;  sa  chair  est 
tendre  et  succulente;  on  dit  qu'elle  est 
toujours  rouge  ,  quoique  bien  cuite  ^ 
et  que  c'est  par  cette  raison  que  le 
canard  souchet  porte  le  nom  àe  rouge ^ 
notamment  en  Picardie,  oii  l'on  tue 
beaucoup  de  ces  oiseaux  dans  cette 
longue  suite  de  marais  qui  s'étendent 
depuis  les  environs  de  Soissons  jusqu'à 
la  mer.    < 

M.  Brisson  donne,  d'après  les  orni- 
thologistes y  une  variété  du  souchet , 
dont  toute  la  différence  consiste  en  ce 
que  le  ventre  est  blanc  au  lieu  d'être 
roux-marron. 

Uyacapatlahoac  de  Fernandez,  ca- 
nard que  ce  naturaliste  caractérise  par 


ir 


196         HISTOIRE    NATUKSLXE 

6on  bec  singulièrement  épaté  j  et  par 
le  strois  couleurs  qxii  tranchent  sur 
son  aile  9  nous  parolt  devoir  être  rap- 
porté à  Tespèce  du  souchet,  à  laquelle 
nous  rapporterons  aussi  le  tempatla- 
hoac  du  même  auteur  ^  dont  M.  Bris« 
son  a  fait  son  canard  sauvage  du  Mexu 
que  y  quoiqu'à  la  ressemblance  des 
traits  caractéristiques,  à  la  dénomina- 
tion d^avis  latirostra  que  lui  donne 
Nieremberg ,  et  au  soin  que  prend  Fer- 
jiandez  d*aTertir  que  plusieurs  donnent 
à  Vyacapatiahoac  ce  même  nom  de  tent' 
patlahoac ,  i\  etkt  pu  reconnoître  qu'il 
ne  s'agissoit  ici  que  d'un  seul  et  même 
oiseau  ;  et  nous  nous  croyons  d'autant 
plus  fondés  à  le  juger  ainsi,  que  les 
observations  de  M.  ie  docteur  Mau- 
duit  ne  nous  laissent  aucun  doute  sur 
l'existence  de  l'espèce  du  souchet  en 
Amérique  :  a  Les  individus  de  cette 
espèce  ,  dit-il ,  sont  sujets  en  Europe 
à  ne  pas  se  ressembler  parfaitement 
dans  le  plumage  j  quelques*uns  ont  dans 


R£LXE 

épaté  y  et  par 

tranchent  sur 

voir  être  rap- 

hetf  à  laquelle 

le  tempatlu" 

dont  M.  Bris- 

Mzge  du  Mexi* 

embiance   des 

,  la  dénomina- 

[ue   lui  donne 

jue  prend  Fer- 

sietirs  donnent 

nenomde^e/72- 

:onno}tre  qu'il 

1  seul  et  même 

tyons  d'autant 

dnsi,  que  les 

octeur  Mau- 

un  doute  sur 

u  souche t  en 

idus  de  cette 

ts  en  Europe 

parfaitement 

•uns ont  dans 


V( 


h  fiii^i\iifi/iiff^'-' 


'lim^:^ 


ii*t)ife'"y 


Tûm..  ^. 


u  v\ 


.:^      ■ 


'.(« 


'(         ) 


{'  y. 


yvj^ .  ji5  ■ 


il  *  AÎ<A1«>  A  TiONGVE  QVEUE  ouPILKT. 
a  .  liPl  CIIIPFAU  on  RIDENNE. 


V-., 


\ 


Pi^  -  Jli 


*•'*.,  ■-    ~\ 


PILE  T. 


'      A    '' 


>■■-•»  t.  ^-».'    <      1.    , 

**  «'      '*   >,•    »;   \   ;>-.  'V^;     îi'f    .:■':    r-'^   (  s  ;■ 


•     •>        .    .1'.  ,    ;ri  !,    i^   u- 


••»• 


r  • 


j    ;  1     ,    1 


iMl  % 


i.>  ;.; 


'ivi^Wh  a  & 


^1 


i     i 

■U     ^v 


rïT^fl^T"»»*-!  "( 


■"'.vr-Tïj;' 


,  >,    '\ 


t 


)' 


N 1  '■' 


'M- 


^•'^1^  .^: 


-^  ^•'  :^kx^ 


if 


...  fi*»;      , 


1»  -Il 


^^H'-'^ 


i 


ii..   • 


'  «»  ■  '■.    ?.. 

'••■'i    '   fil-    •■ 


■^3 


DU     CANARD»  Ip^ 

leur  robe  un  mélange  de  plumes  gthe» 
q  ui  ne  se  trouve  pas  dans  les  autres  :  j*ai 
remarqué  dans  sept  ou  huit  souchets 
envoyés  de  la  Louisiane,  les  mêmes  va* 
riétés  dans  le  plumage,  qu'on  peut  ob- 
server dans  un  pareil  nombre  de  ces 
oiseaux  tués  au  hasard  en  Europe  ;  et 
cela  prouve  que  le  souche t  d'Europe  et 
celui  d'Amérique  ne  sont  absolument 
qu'une  seule  et  même  espèce  ». 

LE  PILET,ou  CANARD  à  longue  queue. 

Le  canard  à  longue  queue  y  connu 
en  Picardie  sous  les  noms  de  piletet 
âe  pttnnard ,  est  encore  un  excellent 
gibier  et  un  très-bel  oiseau  :  sans  avoir 
l'éclat  des  couleurs  du  souchet ,  son 
plumage  est  très  -  joli  ;  c'est  un  gris 
tendre  ,  onde  de  petits  traits  noirs 
qu'on  diroit  tracés  à  la  plume;  les  gran - 
des  couvertures  des  ailes  sont  par  lar- 
ges raies  ,  noir  de  jayet  et  blanc  de 
neige;  il  a  sur  les  côtés  du  cou  deux 
bandes  blanches  semblables  à  des  ru- 


jtV. 

Va.  s 

if 


198        HISTOIRE    NATURBLLE 

banS)  qui  le  font  aisément  reconnoitre^ 
même  d'assez  loin;  la  taille  et  les  pro- 
portions rlu  corps  sont  plus  alongées  et 
plus  svehes  que  dans  aucune  autre  es- 
pèce de  canard  ;  son  cou  est  singuliè- 
rement long  et  très-menu  ;  la  tète  est 
petite  et  de  couleur  de  marron  ;  la 
queue  est  noire  et  blanche  et  se  ter- 
mine par  deux  filets  étroits  ,  qu'on 
pourroit  comparer  à  ceux  de  l'hiron- 
delle ;  il  ne  la  porte  point  horizontale- 
ment) mais  à  demi-retroussée  :  sa  chair 
est  en  tout  préférable  à  celle  du  canard 
sauvage  ;  elle  est  moins  noire  ,  et  la 
cuisse  y  ordinairement  dure  et  tendi- 
neuse dans  le  canard ,  est  aussi  tendre 
que  l'aile  dans  le  pilet. 

a  On  voit,  nous  dit  M.  Hébert,  le 
pilet  en  Brie,  aux  deux  passages;  il  se 
tient  sur  les  grands  étangs  ;  son  cri 
s'entend  d'assez  loin,  hizouë  zoue.  La 
première  syllabe  est  un  sifflement  ai- 
gu ,  et  la  seconde  un  murmure  moins 
sonore  et  plus  grave. 


LE 

lonnottre^ 
tt  les  pro- 
longées et 
autre  es- 
singuliè- 
a  tète  est 
arron  ;  la 
et  se  ter- 
;s  ,  qu'on 
B  l'hiron- 
rizontale- 
:  sa  chair 
du canard 
ire ,  et  la 
et  tendi- 
isi  tendre 

ébert,  le 
ges;  il  se 
son  cri 
zouê.  La 
ment  ai- 
re moins 


n  V  CANARD.  19^ 
»  Le  pilet,  ajoute  cet  excellent  ob- 
Bervaleur,  semble  faire  la  nuance  dea 
canards  aux  sarcelles  ,  et  s^approche 
par  plusieurs  rapports  de  ces  dernières; 
la  distribution  de  ses  couleurs  est  ana^ 
logue  à  celle  des  couleurs  de  la  sar- 
celle ;  il  en  a  aussi  le  bec ,  car  le  bec 
^e  la  sarcelle  n^est  point  précisément 
le  bec  du  canard  i>. 
'  La  femelle  diffère  du  mâle  autant 
que  la  cane  sauvage  diffère  du  canarr^j 
elle  a,  comme  le  màle^  la  queue  longue 
et  pointue;  sans  cela  on  pourroit  la 
confondre  avec  ta  cane  sauvage;  mais 
ce  caractère  de  la  longue  queue  suffit 
pour  faire  distinguerce  canard  de  tous 
lesautres,  qui  généralement  Pont  très- 
courte.  C'est  à  raison  de  ces  deux  filets 
qui  prolongent  la  queue  du  pilet,  que 
les  Allemands  lui  ont  donné,  assez  im- 
proprement, le  nom  de  canard-faisan 
{phasanente  ) ,  et  les  Anglais  celui  de 
faisan  de  mer  (sea-phasan)  ;  la  déno- 
mination  de  Winterand  f  qu'on  lui 


/ 


♦t 


^^1 


âOd        HISTOIRE    KATURELLB 

donne  dans  le  nord  ,  semble  prouver 
que  ce  canard  ne  craint  pas  les  plus 
grands  froids  ;  et  en  effet  Linnseus  dit 
qu'on  le  voit  en  Suède  au  plus  fort  de 
l'hiver.  Il  paroit  que  l'espèce  est  com- 
mune aux  deux  continens  :  on  la  re- 
connolt  dans  le  tzitzihoa  du  Mexique 
de  Fernandez,  et  M.  le  docteur  Mau« 
duit  en  a  reçu  de  la  Louisiane  un  in* 
dividu  sous  le  nom  de  canard  paille^- 
tn-queue  y  d'où  l'on  peut  conclure  que 
quoique  habitant  naturel  du  nord ,  il 
se  porte  jusque  dans  les  climats  chauds. 

LE  CANARD  A  LANGUE  QUEUE 
de  Terre-Neuve. 

Ce  canard ,  très-différent  du  précé- 
dent par  le  plumage ,  n'a  de  rapport 
avec  lui  que  par  les  deux  longs  brins^ 
qui  de  même  lui  dépassent  laqueue* 
:  La  figure  coloriée  que  donne  £d- 
Vrards  de  cet  oiseau ,  présente  des  tein- 
tes brunes  sur  les  parties  du  plumage 
où  le  canard  nommé  de  miclon  dans 


-Sv: 


DU       CANARD.  201 

nos  planches  enluminées  ,   a  ^  noir  ; 
néanmoins  on  reconnoic  ces  deux  oi* 
seaux  pour  être  de  la  même  espèce  aux 
deux  longs  brins   qui  dépassent  leur 
queue^ainsiqu'à  la  belle  distributionde 
couleurs:leblanccouvrelatêteetlecou 
jusqu^au  haut  de  la  poitrine  et  du  dos; 
il  y  a  seulement  une  bande  d'un  fauve 
orangé  qui  descend  depuis  les  yeux  le 
long  des  deux  c6tés  du  cou  :  le  ventre, 
aussi  bien  que  deux  faisceaux  de  plu* 
mes  longues  et  étroites  y  couchées  en- 
tre le  dos  et  l'aile,  sont  du  même  blanc 
que  la  tête  et  le  cou  :  le  reste  du  plu* 
mage  est  noir  ,  aussi  bien  que  le  bec  ; 
les  pieds  sont  d'un  rouge-noirâtre  ,  et 
on  remarque  un  petit  bord  de  mem- 
brane qui  règne  extérieurementle  long 
du  doigt  intérieur  ,  et  au-dessous  du 
petit  doigt  de  derrière;  la  longuenrdes 
deux  brins  de  la  queue  de  ce  canard 
augmente  sa  dimension  totale  ;  mais  à 
peine  dans  sa  grosseur  égale-t-il  le  ca- 
nard commun. 
Oiseaux.  VI.  iS 


i 


AI 


A  V 


lu*/ 


d02       HISTOIBB    KATtrilELLB 

£dwaf<ls  soupçonne  ^  avec  toute  ap^^ 
parence  de  raison ,  que  son  canard  d 
longue  queue  de  la  baie  d'Hudson,  esft 
la  femelle  de  celui-ci  \  la  taille  ,  la  fi- 
gure et  même  le  plumage  sont  à-peu« 
près  les  mènes  \  seulement  le  dos  de 
celui*ci  est  moins  varié  de  blanc  et  de 
noir  ^  et  en  tout  le  plumage  est  plu» 
brun. 

Cet  individu  qui  nous  parort  être  la 
femelle ,  avoit  été  pris  à  la  baie  d^Hud- 
son  ,  et  l'autre  tué  à  Terre-Neuve  y  et 
{Comme  la  même  espèce  se  reconnolt 
dans  le  havelda  des  Irlandais  et  de 
WorraiuSy  il  paroit  que  cette  espèce 
est,  comme  plusieurs  autres  de  ce  gen- 
re ,  habitante  des  terres  les  plus  recu- 
lées du  nord^  elle  se  trouve  à  la  pointa 
nord-est  de  l'Asie,  car  on  la  recon- 
noit  dans  le  sav/ki  desKamtschadalesy 
qu'ils  appellent  aussi  kiangitcho\xattn» 
gitchfC*est'k'âire  diacre,  parce  qu'ils 
trouvent  que  ce  canard  chante  comme 
lin  diacre  russe  ;  d'où  il  paroit  qu'un 


Jv^v^ 


ELLB 

ec  toute  ap-^ 
an  canard  à 
Hudson,  estr 
taille  ,  la  ii» 
sont  à-peu- 
at  le  dos  de 
:  blanc  et  de 
cige  est  plu» 

>arort  être  la 
baie  d'Hud- 
C'Neuve  ;  et 
se  reconnoîfe 
indais  et  de 
cette  espèce 
es  de  ce  gèn- 
es plus  recu- 
ire à  la  pointa 
on  la  recon- 
mtschadalesy 
gitch  ou  aan» 
parce  qu'ils 
lante  comme 
paroit  qu'uR 


■I 


\v^ 


/^ 


/\n; .  20 j 


ToM  .  ^. 


Jj'i 


if. 


'Sj 


X.  I.K  TADOllNK  .  a    I.K  MOlllM.ON. 


\lf\ 


Jiwi  .  fl. 


■éà 


■\ 


!     .* 


•>•$ 


Tri\ 


\    \ 


H  '.iu;> 


or 


Tï'V 


i-,   " 


II: 


'*■,     <)• 


-t' 


•i:    .,'?n 


ai:  •> 


It 


r\.X 


■  i    >7 


,1      •  M^ 


Î-'M 


t.    ^ 


; .     •■  I  .  I  »      «  i  5  < 


^T  V  f'. 


i.k  ■  *!i    '  >  Ut' 


V:--h 


i     1    ..=  ; 


»  ■       ; 


/     V 


'•  .' 


»r» 


'M 


nv 


^Ji' 


■'■    ■  ■  I  ti  f  " 


% 


■air 


y-p 


M*. 


it, 


n  V  c  Â.  V  A.  IL  B,  20!^ 
diacre  russe  chante  comme  un  ca- 
nard. 

LE    TADORNE. 

Nous  nous  croyons  fondés  à  croire 
que  le  chenaiopea:  ou  vu/panser  {oie-re' 
nard)  des  anciens  ^  est  le  même  oiseau 
que  le  tadorne.  Belon  a  hé&itéetmème 
varié  sur  Inapplication  de  ces  noms  ; 
dans  ses  o^^erfa^/o/zf  il  les  rapporte  au 
harlo)  et  dans  son  livre  de  laNature  des 
4iiseaux  y  il  les  applique  au  cravant  : 
néanmoins  on  peut  aisément  reconnot- 
tre|  par  un  de  ces  attributs  de  nature 
plus  décisif  que  toutes  les  conjectu- 
res d^érudition ,  que  ces  noms  appar^- 
tiennent  exclusivement  à  l'oiseau  dont 
il  est  ici  question,  le  tardorne  étant  le 
seul  auquel  on  puisse  trouver,  ftvec  le 
renard ,  un  rapport  unique  et  singu« 
lier,  qui  est  de  se  gt  ter  comme  lui  dans 
un  terrier.  C'est  sans  doute  par  cette 
habitude  naturelle  ,  qu'on  a  d'abord 
désigné  Le  tadorne  en  lui  donnant  la 


204         HISTOIRE    NATURELLE 

dénomination  de  renard-oie^  et  non- 
seulement  cet  oiseau  se  gite  comme  le 
renurd  y  mais  il  niche  et  fait  sa  couvée 
dans  les  trous  qu'il  dispute  et  enlève 
ordinairement  aux  lapins. 

^lien  attribue  de  plus  au  vulpanser 
Tinstinct  de  venir ,  comme  la  perdrix  y 
s'offrir  et  se  livrer  sous  les  pas  du  chas- 
seur pour  sauver  ses  petits;  et  c^ëtoit 
l'opinion  de  toute  ^antiquité ,  puisque 
les  Egyptiens,  qui  avoient  mis  cet  oi- 
seau au  nombre  des  animaux  sacrés,  le 
figuroicnt  dans  les  hiéroglyphes,  pour 
signifier  la  tendresse  généreuse  d'une 
mè«e  ;  et  en  effet,  Ton  verra,  par  nos 
observations ,  le  tadorne  offrir  précisé- 
ment ces  mêmes  traits  d'amour  et  de 
dévouement  maternel. 

Les  dénominations  données  h.  cet 
oiseau  dans  les  langues  du  noxà^fusck- 
gansoM  T^hxitl  fucsh^ente  en  allemand 
(  canard  -  renard  )  ;  en  anglo  -  saxon  , 
herg-ander  (  canard-montagnard  )  ^  en 
anglais,  burrouch^duks  (canard>lapin), 


Dr        CANARD. 


ao: 


n^attestent  pas  moins  que  son  ancien 
nom,  Phabitude  singulière  de  demeu- 
rer dans  les  terriers  pendant  tout  le 
temps  de  la  nichée.  Ces  derniers  noms 
caractérisent  nvéme  plus  exactement 
que  celui  de  vuipanser  le  tadorne,  en 
le  réunissant  à  la  famille  des  canards, 
à  laquelle  en  effet  il  appartient,  et  non 
pas  à  celle  des  oies;  il  est  à  la  vérité 
un  peu  plus  grand  que  le  canard  com- 
mun, et  il  a  les  jambes  un  peu  plus 
hautes;  mais  du  reste  ,  sa  figure,  son 
port  et  sa  conformation  sont  sembla- 
blés ,  et  il  ne  diffère  du  canard  que  par 
son  bec  qui  est  plus  relevé ,  et  par  les 
couleurs  de  son  plumage ,  qui  sont  plus 
vives,  plus  belles,  et  qui,  vues  de 
loin,  ont  le  plus  grand  éclat.  Ce  beau 
plumage  est  coupé  par  grandes  masses 
de  trois  couleurs  ,  le  blanc ,  le  noir  et 
jaune-cannelle;latêteetlecou  jusqu'à 
la  moitié  de  sa  longueur ,  sont  d^in 
noir  lustre  de  vert  ;  le  bas  du  cou  est 
entouré  d'un  collier  blanc  \  au-dessous 


Mi 


m 


S06        HISTOIRE    NATURBLLB 

«st  une  large  zone  de  jaune  cannelle 
qui  couvre  la  poitrine  et  forme  une 
bandelette  sur  le  dos  ;  cette  même 
couleur  teint  le  bas -ventre;  au-des- 
sous de  l'aile ,  de  chaf^ue  côté  du  dos  f 
règne  une  bande  noire  dans  un  fond 
blanc  ;  les  grandes  et  les  moyennes 
pennes  dePaile  sont  noires ,  les  petites 
ont  le  même  fond  de  couleur ,  mais 
«lies  sont  luisantes  et  lustrées  de  vert: 
les  trois  pennes  voisines  du  corps  ont 
leur  bord  extérieur  d'un  jaune  cannelle 
et  ^intérieur  blanc  ;  les  grandes  cou- 
vertures sont  noires  et  les  petites  sont 
blanches.  La  femelle  est  sensiblement 
plus  petite  que  le  mâle,  auquel  du  reste 
elle  ressemble  même  par  les  cou- 
leurs ;  on  remarque  seulement  que  les 
reflets  verdâtres  de  la  tête  et  des 
ailes  sont  moins  apparens  que  dans 
le  mâle. 

Le  duvet  de  ces  oiseaux  est  très-fin 
et  très-doux;  les  pieds  et  leurs  mem- 
branes sont  de  couleur  de  chair  ;   le 


DU     CAKARD.  20^ 

hec  est  rouge  ,  mais  1* onglet  de  ce  bec 
et  les  narines  sont  noirs;  sa  forme  est^ 
comme  nous  l'avons  dit,  sime  ou  ca* 
muse ,  sa  partie  supérieure  étant  très- 
arquée  près  de  la  tête  y  creusée  on  arc 
concave  sur  les  narines  ,  et  se  rele* 
vant  horizontalement  au  bout  en  cuil- 
ler arrondie  ,  bordée  d'une  rainuro 
assez  profonde  et  demi -circulaire  ;  la 
tranchée  présente  un  double  renfle- 
ment à  sa  bifurcation. 

Pline  fait  Péloge  de  la  chair  du  ta- 
dorne, et  dit  que  les  anciens  Bretons 
ne  connoissoient  pas  de  meilleur  gi- 
bier. Athénée  donne  à  ses  œufs  le  se- 
cond rang  pour  la  bonté  après  ceux  div 
paon.  Il  y  a  toute  apparence  que  les 
Grecs  élevoient  des  tadorne» ,  puis- 
que Aristote  observe  que  ,  dans  le  nom- 
bre de  leurs  œufs,  il  s'en  trouve  de 
clairs.  Nous  n'avons  pas  eu  occasion 
de  goûter  de  la  chair  ni  dea  œufs  de 
ces  oiseaux. 

Il  paroi t  que  les  tadornes  te  trouvent 


^1 


■■* 


\ 


,    1 

*    ; 


208  HISTOIRE    NATURELLE 

flans  les  climats  froids  comme  dans 
les  pays  tempérés,  et  qu'ils  se  sont  por- 
tés jusqu'aux  terres  australes;  cepen- 
dant l'espèce  ne  sVst  pas  également 
répandue  sur  toutes  les  côtes  de  nos 
régions  septentrionales. 

Quoiqu'on  ait  donné  aux  tadornes 
le  nom  de  canard  de  mer,  et  qu'en  effet 
ils  habitent  de  préférence  sur  les  bords 
de  la  mer,  on  ne  laisse  pas  d'en  ren- 
contrer quelques-uns  sur  des  rivières 
ou  des  lacs  même  assez  éloignés  dans 
les  terres  ;  mais  le  gros  de  l'espèce  ne 
quitte  pas  les  côtes;  chaque  printemps 
il  en  aborde  quelques  troupes  sur  celles 
do  Picardie;  et  c'est  là  q  u'un  de  nos 
meilleurs  correspondans,  M.  Bâillon, 
a  suivîtes  habitudes  naturelles  de  ces 
oiseaux ,  sur  lesquels  il  a  fait  les  obser- 
vations suivantes ,  que  nous  nous  fai- 
sons un  plaisir  de  publier  ici. 

ce  Le  printemps,  dit  M  •  Bâillon ,  nous 
amène  les  tadornes ,  mais  toujours  en 
petit  nombre:  dè$  qu'iU  sont  arrivésy 


m  i? 


'V! 


VU     CANARD.  209 

îU  se  répandent  dans  les  plaines  de  sa- 
bles dont  les  terres  voisines  de  la  mer 
«ont  ici  couvertes  ;  on  voit  chaque  cou- 
ple errer  dans  les  garennes  qui  y  sont 
répandues  9  et  y  chercher  un  logement 
parmi  ceux  des  lapins.  Il  y  a  vraisem- 
blablement beaucoup  de  choix  dans 
cette  espèce  de  demeure  ;  car  ils  en- 
trent dans  une  centaine  avant  d'en 
trouver  une  qui  leur  convienne.  On  a 
remarqué  quMls  ne  s^attachent  qu'aux 
terriers  qui  ont  au  plus  une  toise  et 
demie  de  profondeur,  qui  sont  percés 
contre  des  à- dos  ou  monticules  et  en 
montant  9  et  dont  l'entrée ,  exposée  au 
midi,  peut  être  aperçue  du  haut  de 
quelque  dune  fort  éloignée. 

x>  Les  lapins  cèdent  la  place  à  ces 
nouveaux  hôtes,  etn'y  rentrent  plus. 

yi  Les  tadornes  ne  font  aucun  nid 
dans  ces  trous;  le  femelle  pond  ses 
premiers  œufssurle  sable  nu,  et  lors- 
qu'elle est  à  la  fin  de  sa  ponte,  qui  est 
de  dix  à  douze  pour  les  jeunes ,  etpour 


m 


'^M 


/ 


y 


} 


aïO       HISTOIRE    NATURELLE 

les  vieilles  de  douze  à  quatorze  ,  elle 
les  enveloppe  d'un  duvet  blanc  fort 
épais  dont  elle  se  dépouille. 

»  Pendant  tout  le  temps  de  Pincu- 
bation  qui  est  de  trente  jom'S^  le  mâle 
reste  assidûment  sur  ladune  ;  il  ne  s'en 
éloigne  que  pour  aller  deux  à  trois 
fois  le  jour  chercher  sa  nourriture  à  la 
mer;  le  matinetle  soir  la  femelle  quit« 
te  ses  œufs  pour  le  même  besoin,  alors 
le  mâle  entre  dans  le  terrier,  sur>tout 
le  matin ,  et  lorsque  la  femelle  revient^ 
il  retourne  sur  sa  dune.  ' 

M  Dès  qu'on  aperçoit  au  printemps 
un  tadorne  ainsi  en  vedette,  on  estas* 
sure  d'en  trouver  le  nid  ;  il  suffit  pour 
cela  d'attendre  L'heure  où  il  va  au  ter- 
rier; si  cependant  il  s'en  aperçoit ,  il 
s'envole  du  c^té  opposé  ,  et  vaatlen» 
drela  femelle  à  la  mer  ;  en  revenant  ils 
volent  long-temps  au-dessus  de  la  ga- 
renne, jusqu'à  ce  que  ceux  qui  les  in- 
quiètent se  soient  retirés. 

»  Dès  le  lendemain  du  jour  que  U 


; 


^  •'V.^  .^- 


ze  ,  elle 
me  fort 

>  l'incu- 

le  mâle 

ne  s'en 

à  trois 

tiire  à  la 

jlle  quit- 

in,  alors 

mr-tout 

revient) 

jntemps 
n  estas* 
ffit  pour 
1  au  ter- 
çoit ,  il 
a  atten» 
mant  ils 
le  la  ga- 
li  les  in- 

r  que  la 


13ir      €  À.  s  A  K  B,  211 

couvée  est  éclose  j  le  père  et  la  mère 
conduisent  les  petits  à  la  mer ,  et  s'ar- 
rangent de  manière  qu'ils  y  arrivent 
ordinairement  lorsqu'elle  est  dans  son 
plein  :  cette  attention. procure  aux  pe- 
tits l'avantage  d'être  plutôt  à  l'eau  j  et 
de  ce  moment  ils  ne  paroissent  plus  à 
terre.  Il  est  difficile  de  concevoir  com- 
ment ces  oiseauxpeuvent^  dès  les  pre* 
miers  jours  de  leur  naissance  ,  se  tenir 
dans  un  élément  dont  les  vagues  en 
tuent  souvent  des  vieux  de  toutes  les 
espèces. 

»  Si  quelque  chasseur  rencontre  la 
couvée  dans  ce  voyage ,  le  père  et  la 
mère  s'envolent^  celle-ci  affecte  de 
culbuter  et  de  tomber  à  cent  pas  ;  ella 
se  traîne  sur  le  ventre  en  frappant  la 
terre  de  ses  ailes  ^  et  par  cette  ruse  at- 
tire vers  elle  le  chasseur;  les  petits 
demeurent  immobiles  jusqu'au  retour 
de  leurs  conducteurs  ^  et  on  peut^  si 
l'on  tombe  dessus  ,  les  prendre  tous 
sans  qu'aucun  fasse  un  pas  pour  fuir* 


H 


^ 


-.;? 


V  . 


<Pi''iï 


212       HISTOIRE    NATURELLZ: 

»  J^ai  été  témoin  oculaire  de  tous  cet 
faits;  j'ai  déniché  plusieurs  ibis  etvu 
dénicher  des  œuf^  de  tadornes  :  pour 
cciit  effet  on  creuse  dans  le  sable  en  sui- 
vant le  conduit  du  terrier  jusqu'au 
bout;  on  y  trouve  la  mère  sur  sesœufsi 
on  les  emporte  dans  une  grosse  étoffe 
de  laine ,  couverts  de  duvet  qui  les 
enveloppe  j  et  on  les  met  sous  une 
cane  ;  elle  élève  ces  petits  étrangers 
avec  beaucoup  de  soin  y  pourvu  qu'on 
ait  eu  l'attention  de  ne  lui  laisser  au- 
cun de  ses  œufs.  Les  petits  tadornes 
ont  en  naissant  le  dos  blanc  et  noir^ 
avec  le  ventre  tr^s-blanc ,  et  ces  deux 
couleurs  bien  nettes  les  rendent  très- 
jolis  ;  mais  bientôt  ils  perdent  cette 
première  livrée  et  deviennent  gris  ; 
alors  le  bec  etles  pieds  sont  bleus;  vers 
le  mois  de  septembre  ils  commencent 
à  prendre  leurs  belles  plumes ,  mais 
ce  n'est  qu'à  la  seconde  année  que 
leurs  couieurs  ont  tout  leur  éclat. 

»  J'ai  lieu  de  croire  que  le  mâle  n'est 


n 


DU      CANARD.  2l3 

parfaitement  adulte  et  propre  à  la  gé- 
nération que  dans  cette  seconde  année, 
car  ce  n^est  qu'alors  que  paroit  le  tu- 
bercule rouge  sanguin  qui  orne  leur 
bec  dans  la  saison  des  amours,  et  qui, 
passé  cette  saison,  .'oblitère.  Or,  cette 
espèce  de  production  nouvelle  paroit 
avoir  un  rapport  certain  avec  les  par- 
ties de  la  génération. 
.  3i  Le  tadorne  sauvage  vit  de  vers  de 
mer ,  do  grenades  ou  sauterelles  qui 
s'y  trouvent  à  millions,  et  sans  doute 
aussi  du  frai  des  poissons  et  des  petits 
coquillages  qui  se  détachent  et  s'élè- 
vent du  fond  avec  les  écumes  qui  sur- 
nagent. La  forme  relevée  de  son  bec 
lui  donne  beaucoup  d'avantage  pour 
recueillir  ces  diverses  substances ,  en 
écumant,  pour  ainsi  dire ,  la  surface 
de  l'eau  beaucoup  plus  légèrement  que 
ne  peut  faire  le  canard. 

33  Les  jeunes  tadornes  élevés  par  une 
cane  s'accoutument  aisément  à  la  do- 
mesticité et  vivent  dans  les  basses-cours 

Oiseaux.  YI.  nj 


r 


.^» 


-9* 


ai4        HISTOIRE    NATURELLE 

comme  les  canards;  on  les  nourrit  avec 
de  la  mie  de  pain  et  du  grain.  On  ne 
voit  jamais  les  tadornes  sauvages  ras- 
semblés en  troupeSfComme  les  canardsy 
les  sarcelles,  les  siffleurs  :  le  mâle  et  la 
femelle  ne  se  quittent  point  ;  on  les 
aperçoit  toujours  ensemble  ,  soit  dans 
la  mer  y  soit  sur  le»  sables  :  ils  savent 
se  suffire  à  eux- mêmes ^  et  semblent 
en  s'appariant  contracter  un  nœud  in- 
dissoluble^ le  mâle  au  reste  se  montra 
fort  jaloux;  mais,  malgré  Pardeur  do 
ces  oiseaux  en  amour ,  je  n'ai  jamais 
pu  obtenir  une  couvée  dVucune  femel- 
le :  une  seule  a  pondu  quelques  œufs 
su  hasard  y  ils  étoient  inféconds.  Leur 
couleur  ordinaire  est  une  teinte  très- 
légère  de  blond  sans  aucune  tache^  ils 
sont  de  la  grosseur  de  ceux  des  canes  y 
mais  plus  ronds. 

»Le  tadorne  est  sujet  à  une  maladie 
singulière;  l'éclat  de  ses  plumes  se  ter- 
nit, elles  deviennent  sales  et  huileuses, 
«t  Poiseau  meurt  après  avoir  langui 


-m 


>  •  I 


BU     CAN..  £LD.  2l5 

{Pendant  près  d^un  mois.  Curieux  do 
coniioitre  la  cause  du  mal,  j'en  ai  ou- 
vert plusieurs,  je  leur  ai  trouvé  le  sang 
dissous  et  les  principaux  viscères  em- 
barrassés d*une  eau  rousse  ,  visqueuse 
et  fëtide.  J^attribue  cette  maladie  au 
défaut  de  sel  marin,  que  je  crois  néces- 
saire à  ces  oiseaux ,  au  moins  de  temps 
en  tf  mps,  pour  diviser  par  ses  pointes 
la  partie  ronge  de  leur  sang,  et  entre- 
tenir son  union  avec  la  lymphe,  en  dis- 
sol  vant  leseaux  ou  humeurs  visqueuses 
que  'es  graines  dont  ils  vivent  dans  les 
cours,  amassent  dans  leurs  intestins». 
Ces  observations  détaillées  de  M. 
Bâillon  ne  nous  laissent  que  fort  peu 
de  chose  à  ajouter  à  ^histoire  de  ces 
oiseaux,  dont  nous  avons  fait  nourrir 
un  couple  sous  nos  yeux  ;  ils  ne  nous 
ont  pas  paru  d\in  naturel  sauvage;  ils 
se  laissoient  prendre  aisément.  On  les 
tenoit  dans  un  jardin  où  on  leur  don- 
noit  la  liberté  pendant  le  jour,  et  lors- 
qu'on les  prenoit  et  qu'on  les  tenoit  ^ 


*  *»» 


.« 


<t  *'  / 


ai6        HISTOIRE    NATURELLE 

la  main,ils  ne  faisoient  presque  pas  d'ef- 
forts pour  s'échapper  \  ils  niangeoient 
du  pain,  du  son,  du  blé  et  même  des 
feuilles  de  plantes  et  d^arbrisseaux  ; 
leur  cri  ordinaire  est  assez  semblable 
à  celui  du  canard ,  mais  il  est  moins 
étendu  et  beaucoup  moins  fréquent  ^ 
car  on  ne  les  entendoit  crier  que  fort 
rarement;  ils  ont  encore  un  second  cri 
plus  foible  quoiqu'aigu ,  uule^  uute, 
qu'ils  font  entendre  lorsqu'on  les  saisit 
brusquement,  et  qui  ne  paroit  être  que 
l'expression  de  la  crainte  ;  ils  se  bai- 
gnent fort  souvent,  sur-tout  dans  les 
temps  doux  et  à  l'approche  de  la  pluie; 
ils  nagent  en  se  berçant  sur  l'eau  ,  et 
lorsqu'ils  abordent  à  terre,  ils  se  dres- 
sent sur  leurs  pieds,  battent  des  ailes 
et  se  secouent  comme  les  canarJs;  ils 
arrangent  aussi  très-souvent  leur  plu- 
mage avec  le  bec  :  ainsi  les  tadornes  qui 
ressemblent  beaucoup  aux  canards  par 
la  forme  du  corps,  leur  ressemblent 
aussi  par  les  habitudes  naturelles;  seu- 


E 

pasd'ef- 
ngeoient 
éme  des 
sseaux  ; 
mblable 
st  moins 
'équenty 
que  fort 
icond  cri 
e,  uute, 
les  saisit 
être  que 
}  se  bai« 
dans  les 
la  pluie; 
'eau  ,  et 
>  se  dres- 
ies  ailes 
■irtîsj  ils 
eur  plu- 
rnes  qui 
ards  par 
emblent 
les;  seu" 


M 


D  T-   ^C  A  N  A  R  D.  !i.\J  , 

lemcnt  ils  ont  plus  de  légèreté  dans  les 
mouvemens,  et  montrent  plus  de  gnité 
et  de  vivacité;  ils  ont  encore  sur  tous 
les  canards  9  même  les  plus  beaux  ^ 
un  privilège  dénature  qui  n'appartient 
qu'à  cette  espèce ,  c'est  de  conserver 
constamment  et  en  toute  saison  les  bel- 
les couleurs  de  leur  plumage.  Comme 
ils  ne  sont  pas  difficiles  à  priver ,  que 
leur  beau  plumage  se  remarque  de  loin 
et  fait  un  très-bel  effet  sur  les  pièces 
d'eau  9  il  scroit  à  désirer  que  l'on  pût 
obtenir  une  race  domestique  «^e  ces 
oiseaux;  mais  leur  naturel  et  leur  tem« 
pérament  semblent  les  fixer  sur  la  mer 
et  les  éloigner  des  eaux  douces  :  ce  ne 
pourroit  donc  être  que  dans  les  terreins 
très  -  voisins  des  eaux  salées  ,  qu'on 
pourroit  tenter  avec  espérance  de  suc- 
cès leur  multiplication  en  de mcsticité. 


:« 


1. 


..i 


•  é 


ai8        HISTOIRE    NATURELLE 


LE    MILLOUIN. 


1    i 


Le  miUouîn  est  ce  canard  que  Be- 
lon  désigne  sous  le  nom  de  cane  à  tête 
rousse^  il  a  en  effet  la  tête  et  une  par* 
lie  du  cou  d'un  brun-roux  ou  marron; 
cette  couleur  coupée  en  rond  au  bas  du 
cou ,  est  suivie  par  du  noir  ou  brun- 
noirâtre,  qui  se  coupe  de  même  en  rond 
sur  la  poitrine  et  le  haut  du  dos;  Taile 
est  d'un  gris  teint  de  noirâtre  et  sans 
miroir;  mais  le  dos  et  les  flancs  sont 
joliment  ouvragés  d'un  liséré  très-fini 
qui  court  transversalement  par  petits 
zig  -  zags  noirs  dans  un  fond  gris  de 
perle.  Selon  Schwenckfeld  ,  la  tête  de 
la  femelle  n'est  pas  grosse  comme  celle 
du  mâle  y  et  u'a  que  quelques  taches 
rous&âtres. 

Le  millouin  est  de  la  grandeur  du 
tadorne,  mais  sa  taille  est  plus  lourde; 
sa  forme  trop  ronde  lui  donne  un  air 
pesant  ;    il  marche  av9C  peine  et  de 


1 


n  V     C  A  17  ▲  R  D«  21^ 

mauvaise  gracp,  et  il  est  oblige  <\e  bat- 
tre de  tem[)S  en  temps  des  ailes  pour 
conserver  ^équilibre  sur  terre. 

Son  cri  ressemble  plus  au  sifflement 
grave  d'un  gros  serpent ,  qu'à  la  voix 
d'un  oiseau;  son  bec  large  et  creux  est 
très  -  propre  à  fotiiller  dans  la  vase^ 
comme  font  les  souchets  et  les  moriU 
Ions,  pour  y  trouver  des  vers  et  pour 
pécher  de  petits  poissons  et  des  crusta- 
cëes.  Deux  de  ces  oiseaux  mâles  quo 
M.  Bâillon  a  nourris  Phiver  dans  une 
basse -cour,  se  tenoient  presque  tou- 
jours dans  IVau  ;  ils  étoient  iorts  et 
courageux  sur  cet  élément^  et  ne  s'y 
laissoient  pas  approcher  par  les  autres 
canards;  ils  les  ëcartoient  à  coups  de 
bec;  mais  ceux-ci ,  en  revanche,  les  bat- 
toient  lorsqu'ils  étoient  à  terre  ,  et 
toutela  défense  du  millouin  étolt  alors 
de  fuir  vers  l'eau.  Quoiqu'ils  fussent 
privés  et  même  devenus  familiers  y  on 
ne  put  les  conserver  long- temps,  parce 
qu'ils  ne  peuveiit  marcher  sans  se  bics* 


II,. 


1 


i  . 


aaO        HISTOIRE    NATURELLE 

ser  les  pieds  ;  le  sable  des  allées  d'un 
jardin  les  incommode  autant  que  le 
pavé  d'une  cour ,  et  quelque  soin  que 
prit  M.  Bâillon  de  ces  deux  millouins^ 
ils  ne  vécurent  que  six  semaines  dans 
leur  captivité. 

^  »  Je  crois,  dit  ce  bon  observateur  ^ 
que  cesoiseauxappartiennentaunords 
les  miens  restoient  dans  Peau  pendant 
la  nuit,  même  lorsqu'il  geloit  beau- 
coup; ils  s'y  agitoient  assez  pour  empê- 
cher qu'elle  ne  se  glaçât  autour  d'eux. 
90  Du  reste,  ajoute*t-il,  les  millouins 
ainsi  que  les  morillons  et  les  garrots  j 
mangent  beaucoup  et  digèrent  aussi 
promptementque  le  canard:  ils  ne  vé" 
curent  d'abord  que  de  pain  mouillé  | 
ensuite  ils  le  mangeoient  sec,  mais  ils 
ne  l'avaloient  ainsi  qu'avec  peine,  et 
étoient  obligés  de  boire  à  chaque  ins- 
tant :  je  n'ai  pu  les  accoutumer  à 
manger  du  grain  ;  les  morillons  seuls 
.paroissent  aimer  la  semence  du  jonc  de 
marais  ». 


.1 


îes  d'un 
que  le 
oin  que 
llouinsy 
es  dans 

v^ateur , 
unord: 
)endânt 
t  beau- 
rempê- 
d'eux. 
llouins 
arrots  j 
t  aussi 
;  ne  vé- 
Quillé  I 
nais  ils 
îne,  et 
ue  i us- 
iner  à 
s  seuls 
oncde 


DU     CANARD.  22t 

M.  Hébert,  qui,  en  chasseur  attentif 
et  ingénieux  ,  a  su  trouver  à  la  chasse 
d'autres  plaisirs  que  celui  de  tuer ,  a 
fait  sur  ces  oiseaux ,  comme  sur  beau- 
coup d'autres,  des  observations  inté- 
ressantes, ce  C'est,  dit-il,  l'espèce  du 
millouin  qui ,   après  celle  du  canard 
sauvage ,  m'a  paru  la  plus  nombreuse 
dans  les  contrées  où  j'ai  chassé.  Il  nous 
arrive  en  Brie ,  à  la  fin  d'octobre,  par 
troupes  de  vingt  à  quarante  ]  il  a  le 
vol  plus  rapide  que  le  canard ,   et  le 
bruit  que  fait  son  aile  est  tout  diffé- 
rent} la  troupe  forme  en  l'air  un  pe- 
loton serré ,  sans  former  des  triangles 
comme  les  canards  sauvages  :  à  leur 
arrivée  i^s  sont  inquiets,  ils  s'abattent 
sur  les  grands  étangs,  l'instant  d'après 
ils  en  partent,  en  font  plusieurs  fois  le 
tour  au  vol,  se  posent  une  seconde  fois 
pour  aussi  peu  de  temps,  disparoissent^ 
reviennent  une  heure  après ,  et  ne  se 
fixent  pas  davantage.  Quand  j'en  aï 
tué,  c'a  toujours  été  par  hasard  ^aveo 


1  -. 


il 


n 


1, 


I 

•»■■ 

( 

(  i 

% 


s 


ÎV* 


(■■ 


; 


,'    I 


{ 


ft22         HTSTOIRE    NATURELLE 

de  très-gros  plomb,   et  lorsqu'ils  fai- 
soient  leurs  différens  tours  en  Pair; 
ils  étoient  tous  remarquables  par  une 
grosse  tête  rousse ,  qui  leur  a  valu  le 
nom  de  rougeot  dans  notre  Bourgogne* 
»  On  ne  les  approche  pas  facilement 
sur  les  grands  étangs  ;  ils  ne  tombent 
point  sur  les  petites  rivières  par  la  ge^ 
lée,  ni  à  la  chute  sur  les  petits  étangs^ 
et  ce  n'est  que  dans  les  canardières  de 
Picardie  que  l'on  peut  en  tuer  beau- 
coup; néanmoins  ils  ne  laissent  pas  que 
d'être  assez  communs  en  Bourgogne,  et 
on  en  voit  à  Dijon  aux  boutiques  des 
rôtisseurs  pendant  presque  tout  l'hiver. 
J'en  ai  tué  un  en  Brie  au  mois  de  juil- 
let, par  une  très-grande  chaleur)  il  me 
partit  sur  les  bords  d'un  étang  au  mi- 
lieu des  bois ,  dans  un  endroit  fortsoli- 
taire  \  il  étoit  accompagné  d'un  autre , 
ce  qui  me  feroit  croire  qu'ils  étoient 
appariés ,  et  que  quelques  couples  de 
l'espèce  couvent  en  l'rance  dans* les 
grands  marais. 


"] 


»  .v* 


.B 

l'ils  fai- 
^n  Pair; 
par  une 
i  valu  le 
irgogne. 
cilement 
tombent 
ar  la  ge- 
s  ëtangS) 
Itères  de 
îr  beau« 
;pasque 
;ogne,et 
^ues  des 
t  l'hiver, 
de  juil- 
ir)  il  me 
;  au  mi- 
ortsoli- 
1  autre , 
étoient 
pies  de 
lans*les 


f 


i^ 


vu     C  A  K  A.  H  I).  223 

Nous  ajouterons  que  cette  même  es- 
pèce s'est  portée  bien  au-delà  de  nos 
contrées;  car  il  nous  est  arrivé  de  la 
Louisiane  un  millouin  tout  semblable 
à  celui  de  France;  et  de  plus,  on  recon- 
noit  le  même  oiseau  dans  le  quapachea* 
7iaii^///deFernandez,queM.  Brissouy 
par  cette  raison,  a  nommé  millouin  du 
Mexique*  Quant  à  la  variété  dans  Pes« 
pèce  du  millouin  de  France ,  donnée 
pc  \    .   dernier  ornithologiste,  sous  l'in- 
di  r    on  de  millouin  noir,  nous  ne  pou- 
vons que  nous  en  tenir  à  ce  qu'il  en  dity 
cette  variété  du  millouin  ne  nous  étant 
pas  connue.  ■ 

LE    MILLOUINAN. 

Ce  bel  oiseau,  dont  nous  devons  la 
connoissance  à  M.  Bâillon ,  est  de  la 
taille  du  millouin,  et  ses  couleurs,quoi- 
que  différentes,  sont  disposées  de  mê-* 
tne.  Par  ce  double  rapport  nous  avons 
cru  pouvoir  lui  donner  le  nom  de  miA 


m 


f  i 


II 

il  , 


.    ', 


'i 


I" 


224       HISTOIRE    NATURELLE 

louinan.  Il  a  la  tête  et  le  cou  recon- 
verts  d'un  grand  domino  noir  à  reflets 
vert -cuivreux  9  coupé  en  rond  sur  la 
poitrine  et  le  haut  du  dos;  le  manteau 
est  joliment  ouvragé  d'une  petite  ha- 
chure noirâtre  |  courant  légèrement 
dans  un  fond  gris  de  perle  \  deux  piè- 
ces du  même  ouvrage,  mais  plus  serréy 
couvrent  les  épaules  \  le  croupion  est 
travaillé  de  même;  le  ventre  et  Pesto- 
mac  sont  du  plus  beau  blanc;  on  peut 
remarquer  sur  le  milieu  du  cou  Pem- 
preinte  obscure  d'un  collier  roux;  le 
bec  du  millouinan  est  moins  long  et 
plus  large  que  celui  du  millouin. 

L'individu  que  nous  décrivons  a  été 
tuérsur  la  c6tc  de  Picardie;  et  depuis| 
un  autre  tout^à-Fait  semblable ,  sinon 
qu'il  est  un  peu  plus  petit ,  nous  est 
venu  de  la  Louisiane.  Ce  n'est  pas, 
comme  on  l'a  déjà  vu,  la  seule  espèce 
de  la  famille  du  canard  qui  se  trouve 
com^aune  aux  deux  continens  ;  néan- 
moins ce  millouinan^qui  n'avoit|jasen« 


\A 


t 


/l 


DU      C  A  W  A  R  D.  a25 

core  été  remarqué  ni  décrit  ^  ne  paroit 
sans  doute  que  rarement  sur  nos  côtes. 

LE    GARROT. 

Le  garrot  est  un  petit  canard  dont 
le  plumage  est  noir  et  blanc  j  et  la  têts 
remarquable  par  deux  mouches  blan- 
ches posées  aux  coins  du  bec,  qui  de 
loin  semblent  être  deux  yeux  placés  à 
côté  des  deux  autres,  dans  la  coiffe 
noire  lustrée  de  vert  qui  lui  couvre  la 
tête  et  le  haut  du  cou  ;  et  c^est  de  là  que 
les  Italiens  lui  ont  donné  lenomde^z/a- 
tr'occhi^  les  Anglais  le  nomment  gol" 
den-eye  f  œil  d'or  ,  à  raison  de  la  cou- 
leur jaune-doré  de  l'iris  de  ses  yeux;  la 
queue  et  le  dos  sont  noirs,  ainsi  que  les 
grandes  pennes  de  l'aile,  dont  laplupart 
des  couvertures  sont  blanches;  le  bas  du 
cou  ,  avec  tout  le  devant  du  corps ,  est 
d'un  beau  blanc  ;  les  pieds  sont  très- 
courts  et  les  membranes  qui  en  réunis- 
sent les  doigts  s'étendent  jusqu'au  bout 
des  ongles  et  y  sont  adhérentes. 

Oiseaux.  YI.  ao 


a 


I 


1/ 


t- 


m 


é 


SK^ 


» 


lI 


<  » 


M 


226        HISTOIRE    NATURELLE 

Lafemelle  est  un  peu  plus  petite  que 
le  mâle ,  et  en  diffère  entièrement  par 
les  couleurs,  qui,  comme  on  l'observe 
généralement  dans  toute  la  grande  fa- 
mille du  canard,  sont  plus  ternes,  plus 
pâles  dans  Les  femelles  ;  celle  ci  les  a 
grises  ou  brunâtres  où  le  maie  les  a 
noires,  et  gris>blanches  011  il  les  a  d'un 
^deau  blanc  ;  elle  n*a  ni  reflet  vert  à  la 
tête  ,  ni  la  tache  blanche  au  coin  du 
bec. 

Le  vol  -lu  garrot ,  quôiqu'assez  bas  y 
est  très-roide  et  fait  siffler  Pair;  il  ne 
crie  pas  en  partant ,  et  ne  paroit  pas 
être  si  défiant  que  les  autres  canards. 
On  voit  de  petites  troupes  de  garrots 
sur  nos  étangs  pendant  tout  Phiver^ 
mais  ilsdisparoissentau  printemps  ,  et 
sans  doute  vont  nicher  dans  le  nord;  du 
moins  Linnseus,  dans  une  courte  no- 
tice du  Fauna  Suecica,  dit  que  ce  ca- 
nard se  voit  Pété  en  Suède,  etquedans 
cette  saison,  qui  est  celle  de  la  nichée^ 
il  se  tient  dans  des  creux  d'arbres. 


1 


lïM 


I>I 


DU      CJLNARD.  2.1J 

M.  Bâillon  qui  a  essayé  de  tenir 
quelques  garrots  en  domesticité ^  vient 
de  nous  communiquer  les  observations 
suivantes. 

ce  Ces  oiseaux  ,  dit-  il ,  ont  maigri 
considérablement  en  peu  de  temps ,  et 
n^ont  pas  tardé  à  se  blesser  sous  les 
pieds,  lorsque  je  les  ai  laissé  marcher 
en  liberté  ^  ils  restoient  la  plupart  du 
temps  couchés  sur  le  ventre;  mais, 
quand  les  autres  oiseaux  vènoient  les 
attaquer,  ils  se  déiendoient  vigoureu- 
sement; je  puis  même  dire  que  j^ai  vu 
peu  d'oiseaux  aussi  méchans.  Deux  mâ- 
les,que  j'ai  eus  Phiver  dernier,  me  dé- 
chiroient  la  main  à  coups  de  bec  toutes 
les  fois  que  je  les  prenois;  je  les  tenoîs 
dans  une  grande  cage  d'osier,  afin  de 
les  accoutumer  à  la  captivité,  et  avoir 
aller  et  venir  dans  la  cour  les  autres  vo- 
lailles ;  mais  ils  ne  marquoient,  dans 
leur  prison,  que  de  l'impatience  et  de 
la  colère,  et  s'élançoient  contre  leurs 
grilles  vers  les  autres  oiseaux  qui  les» 


â 


>'\ 


\^'> 


-."./^ 


t    f' 


228        HISTOIRE    NATURELLE 

ap prochoient  :  j'étois  parvenu  ,  avec 
beaucoup  de  peine,  à  leur  apprendre  à 
manger  du  pain,  mais  ils  ont  constam- 
ment refusé  toute  espèce  de  grains. 

ao  Le  garrot ,  ajoute  cet  attentif  ob- 
servateur ,  a  de  commun  avec  le  mil- 
louin  et  le  morillon ,  de  ne  marcher 
que  d'une  manière  peinée  et  difficile  | 
avec  effort,  et  ce  semble  avec  douleur; 
cependant  ces  oiseaux  viennent  de 
temps  en  temps  à  terre, 'mais  pour  s'y 
tenir  tranquilles  et  en  repos  ,  debout 
ou  couchés  sur  la  grève  ,  et  pour  y 
éprouvernin  plaisir  qui  leur  est  parti- 
culier. Les  oiseaux  de  terre  ressentent 
de  temps  en  temps  le  besoin  de  se  bai- 
gner ,  soit  pour  purger  leur  plumage 
de  la  poussière  qui  l'a  pénétré  ,  soit 
pour  donner  au  corps  une  dilatation 
qui  en  facilite  les  mouvemens ,  et  ils 
annoncent  par  leur  gatté  en  quittant 
l'eau, la  sensation  agréable  qu'ils  éprou- 
vent Dans  les  oiseaux  aquatiques ,  au 
contraire^  aans  ceux  sur-tout  qui  res- 


li     ! 
Il     " 


I 


ient  un  long  temps  dans  l'eau  y  les 
plumes  humectées  et  pénétrées  à  la 
longue  9  donnent  insensiblement  pas- 
sage à  l'eau  ,  dont  quelques  filets  doi- 
vent gagner  jusqu'à  la  peau;  alors  ces 
oiseaux  ont  besoin  d'un  bain  d'air  qui 
dessèche  et  contraci;e  leurs  membres 
trop  dilatés  par  l'humidité; ils  viennent 
en  effet  au  rivage  prendre  ce  bain  sec 
dont  ils  ont  besoin,  et  la  gaité  qui  règne 
alors  dans  leurs  yeux  ..et  un  balance- 
ment lent  de  la  tête ,  font  connoître  la 
sensation  agréable  fqu'ils  éprouvent  j 
mais  ce  besoin  satisfait ,   et  en  tout 
autre  temps  ,  les  garrots  ,  et  comme 
eux  ,  les  millouins  et  les  morillons ,  ne 
viennent  pas  volontiers  à  terre,  et  sur- 
tout évitent  d'y  marcher,  ce  qui  paroit 
leur  causer  une  extrême  fatigue  :  en 
effet,  accoutumés  à  se  mouvoir  dans 
l'eau  par  petits  élans  ,  dont  l'impul- 
sion dépend  d'un  mouvement  vif  et 
brusque  des  pieds  ,  ils  apportent  cette 
habitude  à  terre  ^  et  n'y  vont  que  pair 


r 


M 


•» 


-^SJ^ 


»i  -yU.  SéiÉ''i-::i.t ''■■.■■^-  ..  -  '     ii,i(.Y.'iljîJ-àurit:  „■:-'■   ^jL-.'W'«^inL-ki\^>^^siiti£.^v 


■•^' 


ft  ! 


\  «' 


a3o         HISTOIRE  -NATURELLE 

bonds,  en  frappant  si  fortement  le  sot 
de  leurs  larges  pieds,  que  leur  mar- 
che fait  le  même  bruit  qu'un  claque- 
ment de  mains.  Ils  s'aident  de  leurs 
ailes  pour  garder  l'équilibre  qu'ils  per- 
dent à   tout  moment ,   et  si  on  les 
presse  ,   ils  s'élancent  en  jetant  leurs 
pieds  en  arrière  et  tombent  sur  l'esto- 
mac; leurs  pieds  d'ailleurs  se  déchirent 
et  se  fendent. en  peu  de  temps  par  le 
frottement  sur  le  gravier  :  il  paroSt 
donc  que   ces  espèces  ,  uniquement 
nées  pour  l'eau  ,  ne  pourront  jamais 
augmenter  le  nombre  des  colonies  que 
nous  en  avons  tirées  pour  peupler  nos 
basses-cour  i  ». 


il      !l 


W  \^ 


LE    MORILLON. 


i.h. 


Le  morillon  est  un  joli  petitcanard, 
qui  pour  toutes  couleurs,  n'offre,  lors- 
qu'on  le  voit  en  repos,  qu'un  large  bec 
bien,  un  grand  domino  noir,  un  man- 
teau de  même  couleur,  et  du  blanc  sur 


î' 


\  ^.»«.t.i 


..—-     ""--v.^r 


DV     CANARD*  23 1 

Testomac  ,  le  ventre  et  le  haut  des 
épaules  ;  ce  blanc  est  net  et  pur ,  et 
tout  le  noir  est  luisant  et  relevé  de 
beaux  reflets  pourprés  et  d'un  rouge- 
verdâtre  ;  les  plumes  du  derrière  de  la 
tête  se  redressent  en  panache  ;  sou- 
vent le  bas  du  domino  noir  sur  la  poi- 
trine est  onde  de  blanc  ^  et  dans  cette 
espèce  ainsi  que  dans  les  autres  du  ca» 
nard  j  les  couleurs  sont  sujettes  à  cer- 
taines variations  ^  qui  ne  sont  nulle* 
ment  spécifiques  et  qui  n'appartien- 
nent qu'à  l'individu. 

Lorsque  le  morillon  vole  y  son  aile 
paroitrayéede  blanc  :  cet  effet  est  pro- 
duit par  sept  plumes  qui  sont  en  partie 
de  cette  couleur.  Il  a  le  dedans  des 
pieds  et  des  jambes  rougeâtre  et  le  de- 
hors noir;  sa  langue  est  fort  charnue 
et  si  renflée  à  sa  racine  j  qu'il  semble 
y  en  avoir  deux  ;  dans  les  viscères  il 
n'y  a  point  de  vésicule  du  fiel.  Belon 
regarde  le  morillon  comme  \eglaucium. 
dus  GrecS}  n'ayant^  dit-il  j  trouvé  onç 


r  ' 


fil 


282        niSTOinS     NATURELLE 

oiseau  qui  eût P œil  de  couleursiveron^ 
ne  :  et  en  effet,  le  glaucium  dans  A  thé* 
née  est  ainsi  nommé  de  la  couleur  ^/ai/- 
que  ou  Tert-d*eau  de  ses  yeux. 

Le  morillon  fréquente  les  étangs  et 
les  rivières  y  et  néanmoins  se  trouve 
aussi  sur  la  mer;  il  plonge  assez  pro- 
fondément ,  et  fait  sa  pâture  de  petits 
poissons,  de  crustacées  et  coquillages, 
ou  de  grains  d'herbes  aquatiques,  sur- 
tout de  celle  du  jonc  commun  :  il  est 
moins  défiant,  moins  prêt  à  partir  que 
le  canard  sauvage;  on  peut  Rapprocher 
à  la  portée  du  fusil  sur  les  étangs ,  ou 
mieux  encore  sur  les  rivières,  quand  il 
gèle;  et  lorsqu'il  a  pris  son  essor,  il 
ne  fait  pas  de  longues  traversées. 

M.  Bâillon  nous  a  communiqué  ses 
observations  sur  cette  espèce  en  do- 
mesticité, tt  La  couleur  du  morillon , 
dit-il ,  sa  manière  de  se  balancer  en 
marchant  et  en  tenant  le  corps  pres- 
que droit,  lui  donnent  un  air  d'autant 
plus  singulier  y  que  la  belle  couleur 


Ml  'Hlii^.  ,<WWHwM»<., 


"l  A-n^- 


'"*f..y' 


-»* 


f  ; 


SU     CANARD.  2^3 

bleu-clair  de  son  bec  toujours  appli- 
qué sur  la  poitrine  y  et  ses  gros  yeux 
briUans  tranchent  beaucoup  sur  le 
noir  de  son  plumage. 

3»  Il  est  assez  gai  et  barbote  comme 
le  canard  pendant  des  heures  entières  : 
j'en  ai  privé  facilement  plusieurs  dans 
ma  cour;  ils  soi^t  devenus  si  familiers 
en  peu  de  temps,  qu'ils  entroient  dans 
la  cuisine  et  dans  les  appartemens  ;  on 
les  entendoit  avant  de  les  voir,  à  cause 
du  bruit  qu'ils  faisoient  à  chaque  pas  ^ 
en  plaquant  leurs  larges  pieds  par  terre 
et  sur  les  parquets;  on  ne  les  voyoit 
jamais  faire  des  pas  inutiles ,  ce  qui 
prouve,  comme  je  l*ai  dît,  que  l'espèce 
ne  marche  que  par  besoin  et  forcé- 
ment ;  et  en  effet  ils  s'écorchoient  les 
pieds  sur  le  pavé  ;  néanmoins  ils  ne 
maigrissoieut  que  fort  peu ,  et  ils  au- 
roient  pu  vivre  longtemps,  si  les  autre 
oiseaux  de  la  basse-cour  les  avoie^.*^ 
moins  tourmentés. 

i>  Je  me  suisprocuré^  ajoutelM.  Bail* 


V.. 


•    •*       4» 


l 


Ri 


234       HISTOIRE     NATURELLE 

Ion  )  plus  de  trente  morillons  ,  pour 
Voir  si  la  11  lippe,  qui  est  très-apparente 
à  quelqiiesindividus,  constitue  une  es* 
pôce  particulière;  j'ai  reconnu  qu'elle 
est  lui  des  orneniens  de  tous  les  mâles. 
'}  De  plus  ,  les  jeunes  sont  dans  le 
premier  temps  d'un  gris-enfumé  ;  cette 
livrée  reste  jusqu'à  la  mue,  et  ils  n'ont 
toute  leur  belle  couleurd'un  noir  bril- 
lant qu'à  la  deuxième  année  )  ce  n'est 
que  dans  le  même  temps  que  le  bec 
devient  bleu  ;  les  femelles  sont  tou- 
jours moins  noires  et  n'ont  jamais  de 
huppes  ». 

LE   PETIT    MORILLON. 

Après  ce  que  nous  menons  de  dire 
de  la  diversité  que  l'on  remarque  sou' 
vent  dans  le  plumage  des  morillons, 
nous  serions  fort  tentés  de  rapporter 
aux  mêmes  causes  accidentelles,  la  dif- 
férence de  grandeur  sur  laquelle  on 
s'est  fondé  pour  faire  du  petit  morillon 
une  espèce  particulière  et  séparée  de 


-i»F"v.. 


A    » 


"^     <■ 


>•■'••       ---V       «" 


DU     C  A  K  A  B.  D.  235 

celle  du  morilion  ;  cette  différence  en 
effet  est  si  petite,  qu'à  U  rigueur  on 
pourroit  la  regarder  comme  nulle,,  oa 
du  moins  la  rapporter  à  celles  que  Page 
et  les  divers  temps  d^uccroissemenC 
mettent  nécessairement  entre  les  indi- 
vidp'  Vune  même  espèce.  Néanmoins 
la  ^  ijpart  des  ornithologistes  ont  indi- 
qué ce  petit  morillon  comme  d'une  es- 
pèce différente  de  Pautre  ,  et  ne  pou* 
vant  les  contredire  par  des  faits  posi* 
tifs ,  nous  consignons  seulementici  nos 
doutes,  que  nous  ne  croyons  pas  mal 
fondés.  Belon  même,  que  les  autres  ont 
suivi,  et  qui  est  le  premier  auteur  de 
cette  distinction  d'espèces  ,  sembl» 
nous  fournir  une  preuve  contre  sapro* 
pre  opinion;  car  après  avoir  dit  de  son 
petit  plongeon,  qui  est  notre  morillon  , 
que  c'est  un  joli  petit  oiseau  bien 
troussé  y  rond  et  raccourci ,  avec  des 
yeux  si  jaulnes  et  luisans  qu'ils  sont 
plus  claers  qu'airin poli,*,  et  qu'avec 
le  plumage  semblable  à  celui  du  mo« 


1 1 

\ 

% 


9r 


\ 


i 


il 


\    ^ 


l'='»l 


Bif 


.'î 


a36        HISTOIRE     NATURELLE 

rillon,  il  a  de  ffiême  la  ligne  blanclie 
par  le  travers  de  l'aile  ,  il  ajoute  ;  «  Si 
est-ce  qu^il  s'en  faut  beaucoup  qu'il  soit 
vrai  morillon ,  car  il  a  la  huppe  der- 
rière la  tête  comme  le  biévre  et  le  pé- 
lican ,  et  toutefois  le  morillon  n'en  a 
point  33.  OrBelon  se  trompe  ici ,  et  ce 
caractère  de  la  h  uppe  est  une  raison  de 
plus  de  rapporter  l'oiseau  dont  il  s'agit 
au  vrai  morillon  ,  qui  a  en  effet  une 
huppe. 

M.  Brissondonne  encore  une  variété 
dans  cette  espèce,  sous  le  nom  àe petit 
morillon  rayé^  mais  ce  n'est  certaine- 
ment qu'une  variété  d'âge. 

LA     MACREUSE. 

On  a  prétendu  que  les  macreuses 
naissoient  comme  les  bernaches ,  dans 
des  coquilles  ou  dans  du  bois  pourri; 
nous  avons  suffisamment  réfuté  ces 
fables,  dont  ici  comme  ailleurs, l'His* 
toire  Naturelle  ne  se  trouve  que  trop 
souvent  infectée t  Les  macreuses  pon- 


LLE 

ne  blanclie 
oute  :  ce  Si 
pqu'ilsoie 
iiippe  der- 
e  et  le  pé- 
ion  n^en  a 
e  ici ,  et  ce 
le  raison  de 
ont  il  s'agit 
n  effet  une 

une  variété 
omàe  petit 
it  cerltaine- 


J  S  E. 

macreuses 
Lclies,  dans 
ois  pourri  j 

réfuté  ces 
eurs,  l'His- 
se que  trop 
eu&es  pon- 


i 


'J  « 


.A  ii 


'tf 


t.>  i.t 


1   .î>iV  if^ 


t  <  •  1.  f  iiV  :■.  )j  *;<  ti  1  i ,  i  ; 


ir.<(-<*' 


\  a<^ 


•Jiî 


it'i*;  -  ?    uo?i-  ->i* 


!0 


*,iru  ». 


^  )r.8?*  ;n  î^Jv:  t-o^J 


>>':-  'Ji 


•?«*■:  Tii 


U) 


l 


?ti 


1  VP- 
.  .M. 


•■àiiC'if  ui*^^ 


AU' 


?':.:  V.T  ^  !' 


5>< 


Àïi 


<f\«  ii:*n' 


i:'ft 


T<mt  n. 


Pat/  .  a.?7 


1    I.\  MACRKUSK.  1  JA  SAlKFJ.lilLDKIACHINK. 


ï: 


:i 


ts 

(■\i 

|iu 

t^ïl 

rK 

\  ..r 

VrlKlr 

;■  ^ 

m- 

'l 

km  ^ 


I 


■f^^->^' 


a 
fè 

66 

ei 
l'J 

su 

UI 

tej 

tai 

ch 

pei 

nie 

poi 

cht 

aul 

qu< 

mai 

moi 

I 

sa  t 

con 

et  f 

trér 


•  '  '.1 


'^ 


m 


DU  c  ▲  ir  A  &  »•"  a37 
dent  f  nichent  et  naissent  comme  les 
autres  oiseaux;  elles  habitent  de  pré- 
férence les  terres  et  les  tles  les  plus 
septentrionales )  d'où  elles  descendent 
en  grand  nombre  le  long  des  côtes  de 
P£cosse  et  de  l'Angleterre,  et  arrivent 
sur  les  nôtres  en  hiver,  pour  y  fournir 
un  assez  triste  gibier ,  néanmoins  at- 
tendu avec  empressement  par  nos  soli- 
taires, qui,  privés  de  tout  usage  de 
chair  et  réduits  au  poisson ,  se  sont 
permis  celle  de  ces  oiseaux,  dans  l'opi- 
nion qu'ils  ont  le  sang  froid  comme  les 
poissons, -quoiqu'on  effet  leur  sang  soit 
chaud  et  tout  aussi  chaud  que  celui  des 
autres  oiseaux  d'e/*.u  ;  mais  il  est  vrai 
que  la  chair  noire,  sèche  et  dure  de  la 
macreuse  ,  est  plutôt  un  aliment  de 
mortification  qu'un  bon  mets. 

Le  plumage  de  la  macreuse  est  ïiôli*^ 
sa  taille  est  à-peu-près  celle  du  canard 
commun ,  mais  elle  est  plus  ramassée 
et  pîu^  cmirCe.  B.ay  observe  que  l'ex- 

tré:x:  lé  de  lapar^ve  supérieure  du  bec 
Oiseaux.  YI.  «Jt 


i 


>**Jr-''-'' S  '  •*-, 


hl 


,'^* 


%      ..f!>^    ^ 


4 


I J 

11 


{ 

il 


i 


« 


•  S38         HISTOIRE    VATUHELLE 

n^est  pas  terniinëe  par  un  onglet  corné^ 
eomme  dans  toutes  les  espèces  de  cr 
genre;  dans  le  mâle  ,  la  base  de  cette 
parti«,  près  de  la  tête ,  est  considéra* 
biement  gonflée^et  présente  deux  tu- 
berculesde  couleur  jaune;lespaupière& 
sont  de  cette  même  couleur  ;  les  doigts 
sont  très -longs  et  la  langue  est  fort 
grande  ;  la  trachée  n^a  pas  de  laby- 
rinthcy.  les  cceeur^s  sont  très-courts  en 
comparaison  4e  ceux  des  autres  ca- 
jiards.  îh  .,:'yvr*->^ïo  ^asoi  ci>  aJifr^wi^n-ï*!»'? 
<.  M.  Bâillon,  cet  observateur  intelli- 
gent et  laborieux, que  j'ai  eu  si  souvent 
occasion  de  citer  au  sujet  des  oiseaux 
d'eau  ,  m'a  envoyé  les  observation» 
suivantes. 

^  a  Les  vents  du  nord  ei  du  nord* 
ouest  amènent  le  long  de  nos  côtes  de 
Picardie ,  depuis  le  moiii  de  novembre 
j-nsqu'enmars,des  troupes  prodigieuses 
de  macreuses  \  la  iner  en  âst,  pour  ainsi 
dire,  couverte  \  on  les  voit  voleter  sans 
cesse  de  place  en  place  je  et  par  milliersy 


w** 


'f^- 


.«'r-~ 


■^••■••^ 


"     DU      C  A  N  A  H  D.  ^^ 

^arottre   sur   l'eau   et  disparoître    à 
chaque  instant  î  dès  qu'une  macreuse 
plonge,  toute  la  bande  l'imîte  et  repa-^* 
roit  quelques  instans  après  ;  loi*squé 
les  vents  80»t  sud  et  sud-est,  elles  s'é- 
loignent de  nos  côtes,  et  ces  premiers 
vents,  au  mois  àù  mars,  les  font  dispa-' 
roître  entièrement,  ^^^^^ii^^^'^^*'^-'^^ 
^  »  La  nourriture   favorite  des  ma-^ 
creuses ,  est  une  espèce  de  coquillage' 
bivalve  lisse  et  blanchâtre,  large  de* 
quatre  lignes  et  long  de  dix  ou  environ^ 
dont  les  haut-fonds  de  la  mer  se  trou- 
vent jonchés  dans  beaucoup  d'endroits^  ' 
il  y  en  a  des  bancs  assez  étendus,  et  que' 
la  mer  découvre  sur  ses  bords  au  reflux.  ' 
Lorsque  les  pêcheurs  remarquent  ^ue, 
suivant  leur  terme,  les  macreuses  jo/o/e-^ 
j^ent aux  vaim^aux (c'est  le  nom  qu'ont 
donne  ici  à  ces  coquillages),  ils  tendent^ 
leurs  filets  horizontalement,  mais  fort^ 
lâches-,-au-des8a8  de  ces  coquillages  et' 
à  deux  pieds  au   plus  du  sable;  peu' 
•d'heures  après,  la  mer  entrant  dans 


ïi 


•%'ifc-;-fs.i>.iiiMiiii<»i'^iii'»>^iiiii*iHB"  i-iimrti,ti  aiiinMiJi 


-    <«    ' 


:'i^-uk 


!,♦»(>'•«-* 


Z/^O         HISTOIRE    NATURELLE 

€ .  :r  .!«.;:  ^  coiivre  ces  filets  de  beaucoup 
dViu^'jt  les  macreuses  suivant  le  reflux 
à  deux  ou  trois  cents  pas  du  bord ,  la 
première  f  ui  aperçoit  les  coquillages 
plonge^  toute«  1^"  autres  la  suivent,  et 
rencontrant  le  filet  qui  est  entre  elles 
et  Pappât  y  elles  s'empêtrent  dans  ces 
mailles  flottantes,  ou  si  quelques-unes 
plus  défiantes  s'en  écartent  et  passent 
dessous ,  bientôt  elles  s'y  enlacent 
comme  les  autres  en  voulant  remonter 
après  s'être  repues  ;  toutes  s'y  noyent| 
et  lorsque  ia  mer  est  retirée  r  les  pê- 
cheurs vont  les  détacher  du  filet  oik 
elles  sont  suspendues  par  la  tête ,  les 
ailes  ou  les  pieds.  •  y^f^^tf-'  ^^rrt  • 
»  J'ai  vu  plusieurs  fois  cette  pêche  : 
un  filet  de  cinquante  toises  de  lon- 
gue*' r,  sur  ^-  ne  toise  et  demie  de  large, 
en  prend  quelquefois  vingt  ou  trente 
douzaines  dans  une  reule  marée;  mais 
en  revanche  on  tendra  «purent  ses 
filets  vingt  ')is  sans  en  preudre  une 
s^uU  ;  >     il  arrive  de  teoipseï»  tçm|)8 


^ît-'».- 


s.*** 


^Sf^ml  :  .  ■  *'^«F.^. 


#- 


ucoup 
reflux 
rd,  la 
[liages 
ent>  et 
e  elles 
,ns  ces 
s-unes 
>asseiit 
ilacent 
non  ter 
loyenty 
les  pê- 
filet  où 
te,  les 

pêche  : 
le  Ion- 
B large, 
trente 
e^  mais 
ent  ses 
Ire  une 
\  tçropa 


D  TT      C  ▲  n  A  B.  D.  24^ 

qu^ils  sont  emportés  ou  déchirés  par 
des  marsouins  ou  des  esturgeons.  * 

.  30  Jen*ai  jamais  vu  aucune  macreuse 
Toler  ailleurs  qu'au-dessus  de  la  mer, 
et  j'ai  toujours  remarqué  que  leur  vol 
est  bas  et  mou,  et  de  peu  d'étendue  } 
elles  ne  s'élèvent  presque  pas ,  et  sou- 
vent leurs  pieds  trempent  dans  l'eau 
en  volant.  Il  est  prrHable  que  les  ma** 
creuses  sont  aussi  fécondes  que  les  ca- 
nardb,  car  le  nombre  qui  en  arrive  tous 
les  ans  est  prodigieux  ;  et ,  malgré  la 
quantité  que  l'on  en  prend,  il  ne  pa- 
roît    >c.s  diminuer  w.vjfBfîîé  »»iîiifm,'u 

;  Ayantdemandé  àMé  Bâillon  ce  qu'il, 
pensoit  sur  la  distinction  du  mâle  et 
de  \^  femelle  dans  cette  espèce,  et  sur 
ces  Acreuses  à  plumage  gris ,  appelées 
grisettes,  que  quelques-uns  disent  être 
les  femelles  ,  voici  ce  qu'il. m'a  ré- 
pondu. 


•  rf  ■;  *•  ♦  ■ 


-T*fi      •.*%  i  «J  «» 


i4»lU  »     r*  '^* 


ce  La  grisette  est  certainement  une 
macreuse,  elle  en  a  parfaitement  la 
ligure  ;  on  voit  toujours  ces  grisettes 


\\ 


•• 


•<»«M»aR'- 


^'ff?*^* 


.J^- 


«4^         HISTOIRE    NXTURBLLB 

de  compagnie  avec  les  autres  macrén^ 
ses  ;  elles  se  nourrissent  des  mêmes 
coquillages,  les  avalent  entiers,  et  les 
digèrent  de  même.  On  les  prend  aux 
mêmes  filets,  et  elles  volent  aussi  mal 
et  de  la  même  manière  particulière  à 
ces  oiseaux,  qui  ont  les  os  des  ailes' 
plus  tournés  en  arrière  que  les  canards  y 
et  les  cavités  dans  lesquelles  b^emboi- 
tent  les  deux  fémurs  très-pt-ès  l'une  de* 
Pautre  ;  conformation  qui ,  leur  don- 
nant  une   plus   grande  facilité  pour 
nager ,  les  rend  en  même  temps  très*' 
inhabiles  à  marcher;  et  certainement 
aucune  espèce  de  canardsn'a  les  cuisses 
placées  de  cette  manière;  enfin  le  goût 
de  la  chair  est  le  même.    •  U  «^^Rt^V  i  **^ 
'  »  J'ai  ouvert  trois  de  ces  griséttes 
cet  hiver  ,  et  elles  se  sont  trouvées 
femelles.-    ;iV  v  ;  .^'j  au*. 

39  D'un  autre  c6té ,  la  quantité  de 
ces  macreuses  griséttes  est  beaucoup 
moindre  que  celle  des  noires  ;  souvent 
on  n'en  trouve  pas  dix  sur  cent  autres 


'-•^^«^«-«tÉiwyRai»^^ 


■■;«*  ■ 


"BU      CANARD.  %^3 

j^risps  au  filet  :  les  femelles  seroient- 
«Ues  en  si  petit  nombre  dans  cetto 
«spèce?  -'••^ 

»  J'avoue  franchement  que  je  n'ai 
pas  assez  cherché  à  distinguer  les  mâles 
des  femelles  macreuses;  j'en  ai  empaillé 
grand  nombre ,  je  choisissois  les  plus 
noires  et  les  plus  grosses,  toutes  se  sont 
trouvées  mâles ,  excepté  les  grisettes; 
je  crois  cependant  que  les  femelles  sont 
itn  peu  plus  petites  et  moins  noires ^ 
ou  du  moins  qu^elles  n^ont  pas  ce  mat 
de  velours  qui  rend  le  noir  du  plumage 
des  mâles  si  profond  ».  .  t 

Il  nous  paroit  qu'on  peut  côndure 
de  cet  exposé  j  que  les  femelles  ma* 
creuses  étant  un  peu  moins  noires  et 
plus  grises  que  les  mâles,  ces  grisettes 
ou  macreuses  plus  grises  que  noires,et 
qui  ne  sont  pas  en  assez  grand  nombre 
pour  représenter  toutes  les  femelles  de 
respèce^nesonteneffetquelesplusjeu* 
nés  femelles  qui  n'acquièrent  qu'avec 
le  temps  tout  le  noir  de  leur  plumage. 


•«•r''#Mî#WP?* 


v.^<l|^>> 


244        HISTOIRE  NATURELLE 

Après  cette  première  réponse  y 
M.  Bâillon  nous  a  encore  envoyé  les 
notes  suivantes,  qui  toutes  sont  inté- 
ressantes, a  J'ai  eu  ,  dit-il,  cette  année 
1781  ,  pendant  plusieurs  mois  dans 
ma  cour,  une  marcreuse  noire;  je  la 
nourrissois  de  pain  mouillé  et  de  co- 
quillages ;  elle  étoit  devenue  très-fa- 
milièret  .  .     ^      • 

»  J'avois  cru  jusqu'alors  que  les  ma- 
creuses ne  pou  voient  pas  marcher,  que 
leur  conformation  les  privoit  de  cette 
faculté;  j'en  étoîs  d'autant  plus  per- 
suadé, que  j'avois  ramassé  plusieurs 
fois  sur  le  bord  de  la  mer,  pendant  la 
tempête,  des  macreuses,  des  pingouins 
ot  des  macareux  tous  vivans,  qui  ne 
pou  voient  se  traîner  qu'à  l'aide  de  leu  rs 
ailes  ;  mais  ces  oiseaux  avoient  sans 
doute  été  beaucoup  battus  par  les  va« 
gués;  cette  circonstance,  à  laquelle  je 
n*avoîs  pas  fait  attention,  m'avoit  con« 
firme  dans  mon  erreur;  j  e  l'ai  reconnue 
eji  reQiarc|uantque  la  macrçuse  mavcho. 


rvrï 


•<tài*P^': 


-"(b— ,*Ai«»"'"'**9^-*?' 


V)*"-:^: 


^(fc^-'*li'4 


DU      CANARD.  ^J[5 

bien  ^  et  même  moins  lentement  que 
le  miUouin  ;  elle  se  balance  de  même 
à  chaque  pas  en  tenant  le  corps  pres- 
que droit  y  et  frappant  la  terre  de  cha- 
que pied  alternativement  et  avec  force; 
sa  marc'iie  est  lente  ;  si  on  la  pourse 
elle  *  :  âobe,  parce  que  les  efforts  qu'elle 
se  donne  lui  font  perdre  l'équilibre  : 
elle  bst  infatigable  dansl*eau;elle  court 
sur  les  vagues  comme  le  pétrel,  et  aussi 
légèrement  ;  mais  elle  ne  peut  profiter 
à  terre  de  la  célérité  de  ses  mouve- 
mens;  la  mienne  m'a  paru  y  être  hors 
de  la  place  que  la  nature  a  assignée  à 
chaque  être.  <    •  .!    :    mu:  .      •     ' 

»  En  effet  j  elle  y  avoit  Pair  fort  gau- 
che ;  chaque  mouvement  lui  donnoit 
dans  tout  le  corps  des  secousses  fati- 
gantes ;  elle  ne  marchoit  que  par  né- 
cessité; elle  se  tenoit,  couchée  ou  de- 
bout,  droite  comme  un  pieu  ,  le  bec 
posé  sur  Pdstomac  ;  elle  m'a  toujours 
paru  mélancolique  ;  je  ne  l'ai  pas  vue 
une  seule  fois  se  baigner  avec  gaîté  ^ 


( 
f 


il' 


24^        HISTOIRE    -NATURELLE 

comme  les  autres  oiseaux  d'eau  ,  dont 
ma  cour  est  remplie*  elle  n'entroit 
dans  le  bac  qui  y  est  à  fleur  de  terre  j 
que  pour  y  manger  le  pain  que  je  lui 
jetois;  lorsqu'elle  y  avoit  bu  et  mangé, 
elle  restoit  immobile  :  quelquefois  elle 
plongeoit  au  fond  pour  ramasser  les 
miettes  qui  s'y  précipitoientj  si  quel- 
que oiseau  se  mettoit  dans  Peau  et 
l'approchoit,  elle  tentoit  de  le  chas- 
ser à  coups  de  bec;  s'il  résistoit  ou  s'il 
6e  défendoit  en  l'attaquant,  elle  plon- 
geoit, et  après  avoir  fait  deux  ou  trois 
fois  le  tour  du  fond  du  bac  pour  fuir  ^ 
elle  s'élancoit  hors  de  l'eau  en  faisant 
«ne  espèce  de  sifflement  fort  doux  et 
clair,  semblable  au  premier  ton  d'une 
flûte  traversière;  c'est  le  seul  cri  que 
je  iui  ai  connu  ;  elle  le  répétoit  toutes 
les  fois  qu'on  l'approchoit. 

y>  Curieux  de  savoir  si  cet  oiseau 
peut  demeurer  long-temps  sous  l'eau  , 
je  l'y  ai  retenu  de  force  ;  elle  se  don- 
aoit  des   efforts  considérables  après 


rfr^'ISfi^^'. 


«s»  ■ 


H  TS      CANARD.  Z^iJ 

deux  OU  trois  minutes,  et  paroissoic 
souffrir  beaucoup  ;  elle  revenoit  au- 
dessus  de  Peau  aussi  vite  que  du  liège; 
je  crois  qu'elle  peut  y  demeurer  plu» 
long-temps,  parce  qu'elle  descend  sou- 
vent à  plus  de  trente  pieds  de  profon- 
deur dans  la  mer ,  pour  ramasser  les 
coquillages  bivalves  et  oblongs  dont 
elle  se  nourrit. 

y>  Ce  coquillage  blanchâtre,  large  de 
quatre  ù  cinq  lignes  ,  et  long  de  près 
d'un  pouce ,  est  la  nourriture  princi- 
pale de  cette  espèce  :  elle  ne  s'amuse 
.  pas,  comme  la  j)ie  de  mer,  à  l'ouvrir,  la 
forme  de  son  bec  ne  lui  en  donne  pas 
le  moyen  comme  celui  de  cet  oiseau  ; 
elle  Tavale  entier  et  le  digère  en  peu 
d'heiires.    J'en    donnois    quelquefois 
vingt  et  plus  à  une  miicreuse;  elle  en 
prenoitjusqu'àce  que  son  œsophage  en 
fût  rempli  jusqu'au  bec, alors  ses  excré- 
mens  étoient blancs;  ils  prenoientune 
teinte  verte  lorsqu'elle  ne  mangeoit 
q[ue  du  pain^  mais  ils  étoiesit  toujours 


^48       HISTOIRE    TCATUREtLE 

liquides.  Je  ne  l'ai  jamais  vue  se  repaî- 
tre d'herbes,  de  grains  ou  de  semences 
de  plantes,  comme  le  canard  sauvage, 
les  sarcelles, les  siffleurs  etd'autresde 
ce  genre.  La  mer  est  son  unique  élé- 
ment ;  elle  vole  aussi  mal  qu'elle  mar- 
che ;  je  me  f>uis  amusé  souvent  à  en 
considérer  des  troupes  nombreuses 
dans  la  mer,  et  à  les  examiner  avec 
une  bonne  lunette  d'approche;  je  n'en 
ai  jamais  vu  s'élever  et  parcourir  au 
vol  un  espace  étendu  ;  elles  voletoient 
sans  cesse  au-de^âus  de  la  surface  de 
l'eau.  ' 

M  Les  plumes  de  cet  oiseau  sont  tel- 
lement lissées  et  si  serrées,  qu'en  se  se* 
couant  au  sortir  de  l'eau  il  cesse  d'être 
mouillé. 

»  La  même  cause  qui  a  fait  périr  tant 
d'autres  oiseaux  dans  ma  cour,  a  donné 
la  mort  à  ma  macreuse.  La  peau  molle 
et  tendre  de  ses  pieds  était  blessée  sans 
cesse  par  les  graviers  qui  y  pénétroientj 
des  calus  se  sont  formés  sous  chaque 


r 


DU      CAKARD.  ^^Ç 

jointure  des  articles  ;  ils  se  sontensuite 
usés  au  point  que  les  nerfs  étoientdé* 
couverts;  elle  n^osoit  plus  ni  marcher  ni 
aller  dans  Peau  y  chaque  pas  augmen- 
toit  ses  plaies  ;  je  l'ai  mise  dans  mon 
jardin  sur  l'herbe,  sous  une  cage,  elle 
ne  vouloitpas  y  manger;  elle  est  morte 
dans  ma  cour  peu  de  temps  après  » , 

LA  DOUBLE  MACREUSE. 


I 


Parmi  le  grand  nombre  des  macreu« 
ses  qui  viennent  en  hiver  surnoscôtea 
de  Picardie  ,  Ton  en  remarque  quel- 
ques-unes de  beaucoup  plus  grosses 
que  les  autres,  qu'on  appelle  macreuses 
doubles  ;  outre  cette  différence  de 
taille ,  elles  ont  une  tache  blanche  à 
côté  de  l'œil  et  une  bande  blanche  dans 
l'aile,  tandis  que  le  plumage  des  autres 
est  entièrement  noir.  Ces  caractères 
suffisent  pour  qu'on  doive  regarder  ces 
grandes  macreuses  comme  formant 
une  seconde  esprce  qui  paroit  être 
Oiseaux  YI.  aa 


(  J 


/ 


U< 


; 


aSo        HISTOIRE    NATURELLE 

beaucoup  moins  nombreuse  quelapre- 
mière)  mais  qui  du  reste  lui  ressemble 
par  la  conformation  et  par  les  Kabitu- 
des  naturelles.  Ray  a  observé  dans 
Testomac  et  les  intestins  de  ces  gran- 
des macreuses,  des  fragmens  de  coquil- 
lage, le  même  apparemment  que  celui 
dont  M.  Bâillon  dit  que  la  macreuse 
fait  sa  nourriture  de  préférence. 

LÀ  MACREUSE    A    LARGE    BEC. 

Nous  désignons  sous  ce  nom  l'oi- 
seau représenté  dans  nos  planches  en- 
luminées, soys  la  dénomination  de  ca» 
nard  du  nord ,  appelé  le  marchand  , 
qui  certainement  est  de  la  famille  des 
macreuses,  et  que  peut-être  ,  à  com- 
parer les  individus,  nous  jugerions  ne 
faire  qu'une  avec  la  précédente.  Quoi 
qu'il  en  soit,  celle-ci  est  bien  carac- 
térisée ,  par  la  largeur  de  son  bec 
aplati,  épaté,  bordé  d'un  trait  orangé, 
qui ,  entourant  les  yeux  ,  semble 
lîgurer  des  lunettes.  Cette  grosse  ma- 


DU      CANARD.  25t 

creuse  aborde  en  hiver  en  Angleterre  ; 
elle  s'abat  sur  les  prairies  dont  elle 
pait  Pherbe  ;  et  M.  Edwards  pense  la 
reconnoltre  dans  une  des  figures  du 
petit  recueil  d'oiseaux,  publié  à  Ams- 
terdam en  ity^^T^Bit  Nicolas  Nischer, 
où  elle  est  dénommée  turma  anser, 
nom  qui  semble  avoir  rapport  à  sa  gros^' 
seur  qui  surpasse  celle  du  canard  com- 
mun,  et  en  même  temps  indiquer  que 
ces  oiseaux  paroissent  attroupés  ^  et 
Comme  il  se  trouve  à  la  baie  d'Hudson, 
les  Hollandais  pouvoientles  avoir  ob- 
servés au  détroit  de  Davis ,  où  se  fai- 
soient  alors  leurs  grandes  pêches  de 
la  baleine. 

LE  BEAU  CANARD  HUPPÉ. 

Le  riche  plumage  de  ce  beau  canard 
paroîtêtre  une  parure  recherchée,  une 
robe  de  fête  que  sa  coiffure  élégante  as- 
sortit et  rend  «lus  brillante  ^  une  pièce 
d'un  beau  rou^  moucheté  de  petits  pin- 
ceaux blancs ,  couvre  le  bas  du  cou  et 


s 

\ 

( 

> 

f 


J0^--H>.        ..*  ^.r-*  ». 


'H 


a5a  HISTOIRE  naturellb 
la  poitrine,  et  se  coupe  net  sur  les  épau- 
les par  un  trait  de  blanc  ,  doublé  d^uu 
trait  de  noir  ;  Paile  est  recouverte  de 
plumes  d'un  brun  qui  se  fond  en  noir  à 
riches  reflets  d'acier  bruni  ;  et  celles 
des  flancs  j  très>finement  lisérées  et 
vermiculées  de  petites  lignes  noirâtres 
sur  un  fond  gris  ,  sont  joliment  ruba- 
nées  à  la  pointe  de  noir  et  de  blanc  | 
dont  les  traits  se  déploient  alternati- 
vement j  et  semblent  varier  suivant  le 
mouvement  de  Poisëau  :  le  dessous  du 
corps  est  gris-blanc  de  perle;  un  petit 
tour  de  cou  blanc  remonte  en  menton- 
nière sous  le  bec  et  jette  une  échancrure 
sous  Pœil  9  sur  lequel  un  autre  grand 
trait  de  même  couleur  pasvse  en  manière 
d'un  long  sourcil;  le  dessus  delà  tête 
est  relevé  d'une  superbe  aigrette  de  lon- 
gues plumes  Manches,  vertes  et  violet- 
tes, pendantes  en  arrière  comme  une 
chevelure  ,  en  pennaches  séparés  par 
de  plus  petits  pennaches  blancp  ;  le 
front  et  les  joues  brillent  d'unlu$trede 


rlesépau- 
ubiëd'uu 
iiverte  de 
en  noir  à 
et  celles 
sérées  et 
noirâtres 
nt  ruba- 
e  blanc  y 
ilternati* 
suivant  le 
ssous  du 
un  petit 
menton- 
fiancrure 
:re  grand 
I  manière 
de  la  tête 
te  de  ion* 
et  viole t- 
ime  une 
ares  par 
incp  ;  le 
lustre  de 


DU       CANARD.  a53 

bronze  ;  l'iris  c  r'œil  est  rouge  ;  le 
bec  de  même  avec  une  tache  noire  au- 
dessus  y  et  Ponglet  de  la  même  cou- 
leur; sa  base  est'  comme  ourlée  d'un 
rebord  charnu  de  couleur  jaune.  ""^ 
Ce  beau  canard  est  moins  grand  que 
le  canard  commun ,  et  sa  femelle  est 
aussi  simplement  vêtue  qu'il  est  pom- 
peusement paré;  elle  est  presque  toute 
brune,  ayant  néanmoins ,  dit  Edwards, 
quelque  chose  de  l'aigrette  du  mâle. 
Cet  observateur  ajoute  que  l'on  a  ap- 
porté vivans  plusieurs  de  ces  beaux  ca- 
nards de  la  Caroline  en  Angleterre  , 
mais  sans  nous  apprendre  s'ils  se  sont 
propagés  ;  ils  aiment  à  se  percbdr  sur 
les  plus  hauts  arbres  ,  d'où  ^  ent  que 
plusieurs  voyageurs  les  indiquent  sous 
le  nom  de  canards  branchus.  Par  ce- 
lui de  canards  d'été,  que  leur  donne 
Catesby,  on  peut  juger  qu'ils  ne  sé- 
journent que  pendant  l'été  en  Virgi- 
nie et  à  la  Caroline  ;  efTectivement  ils 
y  nichent ,  et  placent  leurs  nids  dans 


I 


> 


■  i 


I 


), 


•-• 


m 


aS4         HISTOIRE    NATUB'PI.LE 

les  trous  que  les  pics  ^  jI  faits  aux 
grands  arbres  voisins  '  eaux,  parli- 
culièrement  aux  cyprès  •,  les  vieux 
portent  les  petits  du  nid  dans  Peau  ^ 
sur  leur  dos  ^  et  ceux-ci ,  au  moindre 
danger,  s'y  attachent  avec  le  bec.  > 

LE  PETIT  CANARD/  GROSSE  TÊTE. 

Ce  petit  canard  ^  qui  est  de  la  taille 
moyenne  entre  le  eanard  commun  et  la 
sarcelle,  a  toute  là  tête  coiffée  d'une 
touffe  de  longs  eliilés  agréablement 
teints  de  pourpre  avec  reflets  de  vert  ex 
de  bleu  ;  cette  touffe  épaisse  grossit 
beaucoup  sa  tête ,  et  c'est  de  là  que 
Gatesby  a  nommé  téie  de  buffle  (  buf« 
fiels'  headduck )  ce  pr  lit  canard  qui  fré« 
quente  les  eaux  douces  à  la  Caroline  \ 
il  a  derrière  l'œil  une  large  tache  blan- 
che^ les  ailes  et  le  dos  sont  marqués  de 
taches  longitudinales  noires  et  blan- 
ches alternativement  ;  la  queue  est 
grise,  le  bec  plombé^et  les  jambes  sont 
rouges»         ;  :       ... 


f--\ 


DU      CANARD.  2.55 

La  femelle  est  toute  brunC)  avec  la 
tête  unie  et  sans  touife. 

Cecanardneparoità  'i  Carrlineque 
l'hiver:  ce  n'est  pas  une  ra  si  'our'a 
nommer,  comme  a  fait  M.  B  ^  is  ;«• 

nard d^ /liver, parce  que  cosp  *i8te 

nécessairement  ailleurs  penuu  téf 

ceux  qui  pourroient  l'observe i  uan» 
ces  contrées  auroient  tout  autant  de 
raison  de  l'appeler  canard  d'été,        i» 

LE  CANARD   à    collier  de  Terre- Keuve. 

Ce  canard  de  taille  petite,  courte  et 
arrondie  ,  et  d'un  plumage  obscur,  ne 
laisse  pas  d'être  un  des  plus  jolis  oiseaux 
de  son  genre  :  indépendamment  des 
traits  blancs  qui  coupent  le  brundesa 
robe,  sa  face  semble  être  un  masque  à 
long  nez  noir  et  joues  blanches  ;  et  ce 
noir  du  lez  se  prolonge  jusqu'au  som- 
met de  la  tête  ,  et  s'y  réunit  à  deux 
grands  sourcils  roux  ou  d'un  rouge-bai 
très-vif  5  le  domino  noir,  dont  le  cou 
est  couvert ,  est  bordé  et  coupé  au  baft 


'/' 


/ 


\      W 


.V     in   .b£— 


i) 


IMAGE  EVALUATION 
TEST  TARGET  (MT-S) 


^ 


1.0 


l.l 


L25  m  1.4 


il 


1.6 


Photographie 

Sciences 

Corporation 


23  WIST  MAIN  STRKT 

WIBSTER.N.Y.  MSSO 

(71«)  872-4S03 


■  '\f 


-.i-sîiÇ 


V 


r  \ 


3 


\ 

( 

\ 


I     i 


t      ( 


^56        HISTOIRB   KATURBLLB 

par  un  petit  ruban  blanCy  qui  apparem- 
ment  a  offert  à  l'imagination  des  pô^ 
cheurs  de  Terre-Neuve  ,  Pidée  d*tin 
cordon  de  noblesse  ^  puisqu'ils  appel* 
lent  ce  canard  the  lord  ou  le  seigneur  $ 
deux  autres  bandelettes  blanches  lise- 
T^es  de  noir  y  sont  placées  de  chaque 
côte  delà  poitrine  qui  est  gris-de-fer  }' 
le  ventre  est  gris-hrun  ;  les  flancs  sont 
d'un  roux^vif  )  et  l'aile  offre  un  miroir 
bleu  pourpré  ou  couleur  d'acier  bruni; 
on  voit  encore  une  mouche  blanche 
derrière  l'oreille  ^  et  une  petite  ligne 
blanche  serpentante  sur  le  côté  du  cou.r 

:  La  femelle  n'a  rien  de  toute  cette 
parure  ;  son  vêtement  est  d'un  gris- 
brun  noirâtre  sur  la  tête  et  le  man- 
teau ;  d'un  gris-blanc  sur  le  devant 
du  cou  et  la  poitrine  y  et  d'un  blanc 
pur  à  l'estomac  et  au  ventre  :  leur 
grosseur  est  à-peu-près  celle  du  mo* 
rillon  I  et  ils  ont  le  bec  fort  court  et 
petit  pour  leur  taille,      i   -■*  .^Mi-^ii*  ♦ 

.  On  recoxuioît  l'espèce  de  ce  canard 


•L^;' 


„»J.,,»U.^*  -«■ 1^-  |f»v  jV 


■■Mii^ 


pparsM- 
des  pe- 
lée d'un 
8  appel* 
ligneur  ; 
hes  lisé- 
chaque 
-de-ferj' 
nc8  sont 
tï  miroir 
r  bruni; 
blanche 
te  ligne 
dti  cou. 
;e  cette 
m  gris- 
)  man- 
devant 
1  blanc 
leur 
lu  mo- 
>urt  et 

canard 


DU     CANARD.  ilSj 

dans  Vanas  picta  capite  pulchrè  fas» 
ciato  de  Steller,  ou  canard  des  mon* 
tagnes  du  Kamtschatka  ,  et  dans  Pa- 
ncLS  histrionica  de  Linnœus,  qui  pa- 
rolt  en  Islar.de,  suivant  le  témoignage 
de  M.  Brunnichy  et  qu'on  retrouve 
non-seulement  dans  le  nord-est  de 
l'Asie  y  mais  même  sur  le  lac  Baïkaly 
selon  la  relation  de  M.  Georgi,  quoi- 
que Karchenninikow  ait  regardé  cette 
espèce  comme  propre  et  particulière 
au  Kamtschatka*       .     , 


-M< 


«W' 


LE    CANARD    BRUN. 

'  Sans  une  trop  grande  dilTérence  de 
taille  9  la  ressemblance  presque  en- 
tière de  plumage  nous  eût  fait  rap- 
porter cette  espèce  à  celle  de  la  sar" 
celle  brune  et  blanche  ,  ou  canard 
brun  et  blanc  de  la  baie  d'Hudson 
d'£dwards  ^  mais  celui-ci  n'a  exacte- 
ment que  la  taille  de  la  sarcelle,  et  le 
canard  brun  est  de  grosseur  moyenne 
entre  le  canard  sauvage  et  le  garrot. 


;  i 


I 

5 
f 


h 


)     \ 


1    * 

M 


)  -, 


*•— 


) 


H 


K 


K 


f  1 


<  ' 


i\ 


ïaSÔ       HISTOIRE    WATUnELtE 

Au  reste  j  il  est  probable  que  Pindî-' 
vidu  représenté  dans  la  planche,  n^esfe 
qu«  la  femelle  de  cette  espèce,  car  elle 
porte  la  livrée  obscure ,  propre  dans 
tout  le  genre  des  canards  au  sexe  fémi-> 
nin.  Un  fond  brun-noirâtre  sur  le  dos^ 
et  brun-roussâtre  nué  de  gris-blanc  au 
cou  et  à  la  poitrine  ;  le  ventre  blanc 
avec  une  tache  blanche  sur  l'aile  et  une' 
large  mouche  de  même  couleur  entre 
l'œil  et  le  bec  ,  sont  tous  les  traits  de 
son  plumage,  et  c'est  peut-être  celui 
que  l'on  trouve  indiqué  dans  Rzac- 
zynski ,  par  cette  courte  notice  :  X/- 
f:huana  polesia  alit  innufneras  anates 
inter  quas  sunt  fiigricantÉs  t'A  ajoute 
que  ces  canards  noirâtres  sont  *  lUS 
des  Russes  sous  le  nom  dé  uhîe,       "i 

LE   CANARD    A  TÊTE   GRISE.' 

-  Nous  préférons  cette  dénomination 
donnée  par  Edwards,  à  celle  ài^  canard 
de  la  haie  d'Hudson^  sous  laquelle 
M.  Brisson  indique  cet  oiseau  \   pre-> 


..ae»**"»»—»-*  "^\  f*%'  JÉi 


'<»-i-   e#«-.. 


mS^t^-^^sf^-   *-' 


DU     CANARD.       !       269 

mièrement  y  parce  qu'il  y  a  plusieurs 
autres  canards  à  la  baie  d'Hudson  ; 
«econdement ,  parce  qu'une  dénomi- 
nation tirée  d'un  caractère  propre  de 
l'espèce  est  tQujpurs  préférable  pour 
la  désigner  à  une  indication  de  pays  9 
qui  ne  peut  que  très-rarement  être 
exclusive.  Ce  canard  à  tête  grise  est 
coiffé  assez  singulièrement  d'une  ca- 
lotte cendrée-bleuâtre  ,  tombante  en 
pièce  carrée  sur  le  haut  du  cou,  et  sé- 
parée par  une  double  ligne  de  points 
noirs  ,  semblables  4  des  guillemets  ^ 
de  deux  plaque^  d'un  vert  tendre  qui 
couvrent  les  joues  ;  le  tout  est  coupé 
de  cinq  moustaches  noires,  dont  trois 
s'avancent  en  pointe  sur  le  haut  du 
bec  9  et  les  deux  autres  s'étendent  en 
arrière  sous  ses  angles  ,  la  gorge,  la 
poitrine  et  le  cou  sont  blancs;  le  dos 
est  d'un  brun-noirâtre  avec  reflets 
pourprés  *,  les  grandes  pennes  de  Taile 
sont  brunes  ;  les  couvertures  en  sont 
d'un  pourpre  ou  violet-foncé,  luisant^ 


1/ 

S) 


lî 


',  \ 


l  y. 


r^  i,  t^ 


.  >îk^;a»î»fc'ti!S'_7i..j 


T^ 


1 


.     <  i 

s, 


\ 


\) 


i 


260      HISTOIRE    NATURELLE 

et  chaque  plume  est  terminée  par  un 
point  blanc  ,  dont  la  suite  forme  une 
ligne  transversale  ;  il  y  a  de  plus  une 
grande  tache  blanche  sur  les  petites 
couvertures  de  l'aile^  et  une  autre  de 
forme  ronde  de  chaque  côté  de  la 
queue  ;  le  ventre  est  noir  ;  le  bec  est 
rouge  ,  et  sa  partie  supérieure  est  sé- 
parée en  deux  bourrelets ,  qui ,  dans 
leur  renflement,  ressemblent,  suivant 
l'expression  d'Edwards ,  à^peu^prèa  à 
des  fèves.  C'est,  ajoute-t-il  ,  la  par- 
tie la  plus  remarquable  de  la  confor- 
mation de  ce  canard  ,  dont  la  taille 
surpasse  celle  du  canard  domestique  \ 
néanmoins  nous  devons  remarquer  que 
la  femelle  du  canard  à  collier  de 
Terre-Neuve  ,  a  beaucoup  de  rapport 
avec  ce  CL^nard  à  tête  grise  d'£dwards  ; 
la  principale  différence  consiste  en  ce 
que  les  teintes  du  dos  sont  plus  noires 
dans  la  planche  de  ce  naturaliste  ,  et 
que  la  joue  y  est  peinte  de  verdàtre. 


r" 


i*  ï 


DU     CA-KAllU. 


a6f 


liE  CANAAD  A  FACE  BLANCHE. 


Nous  désignons  ce  canard  par  le  ca- 
ractère de  sa  face  blanche,  parce  que 
cette  indication  peut  le  faire  reconnol- 
tre  au  premier  coup  d'œil  ;  en  effet  ^ 
ce  qui  frappe  d'abord  en  le  voyant  f 
est  son  tour  de  face  tout  en  blanc,  re- 
levé sur  la  tête  d'un  voile  noir,  qui , 
embrassant  le  devant  et  le  haut  du  cou» 
retombe  en  arrière  ;  Paile  et  la  queue 
sont  noirâtres;  le  reste  du  plumage  est 
richement  chamarré  d'ondes  et  de  fes- 
tons de  noirâtre  ,  de  roussâtre  et  de 
roux  j  dont  la  teinte  plus  forte  sur  le 
dos  va  jusqu'au  rouge-briqueté  sur  la 
poitrine  et  le  bas  du  cou.  Ce  canard  y 
qui  se  trouve  au  Maragnon,  est  de  plus 
grande  taille  et  de  plus  grosse  corpu- 
lence que  notre  canard  sauvage i 


rîJi 


!■.•*►         -   :  »  .1  i 


t 


oiseaux.  YI. 


ri.-;   V   ri-  i-pii^^sîT 


V 


^> ., 


I 


-  ^'î^Mf^.Uk.jygkJL.' 


.m^. 


a62 


HISTOIRE  vxrvmRhhu 


M 


<  '  \  .. 


II 


V      I 

'  s;   ' 


}  ! 

\  ! 


LB   MAILEC   ET   LE    MARÉGÀ, 

canards  du  Brésil. 

MjiRàcjt  est,  suivant  Pison,  le  nom 
générique  des  canards  au  Brésil  ^  et 
Marcgrave  donne  ce  nom  à  deux  es- 
pèces qui  ne  paroissent  pas  fort  éloi-* 
gnées  Pune  de  Pautre^  et  que  par  cette 
raison  nous  donnons  ensemble ,  en  les 
distinguant  néanmoins  sous  les  noma 
de  marec  et  maréca.  La  première  est  ^ 
dit  ce  naturaliste,  un  canard  de  petite 
taille  qui  a  le  bec  brun,  arec  une  tache 
rouge  ou  orangée  à  chaque  coin;  la  gor- 
ge et  les  joues  blanches,  la  queue  grise^ 
Paile  parée  d'un  miroir  yert  avec  un 
bord  noir.  Catesby ,  qui  a  décrit  le 
même  oiseau  à  Bahama,  dit  que  ce  mi" 
roir  de  Paile  est  bordé  de  jaune  ;  mais 
il  y  a  d'autant  moins  de  raison  de  dé* 
signer  cette  espèce  sous  le  nom  de  ca- 
Mardde  Bahama, comme  tL^eiitM.Bna* 
son,  que  Catesby  remarque  expressé- 
ment (ju'il  y  parolt  très-rarem«nt  |  n'y 


,'J 


i 


..     ,-.     /Hr^Xa  ^»*- 


J«^^- 


T>t7      CAKAIIB.  26^ 

ayant  jamais  vu  que    l'individu  qu^il 
décrit,     an  i'fiU  uii»/iicf!    ?  ntvjr»  .•  ;  i,./n. •*» 

Le  maréca,  seconde  espèce  de  Marc* 
grave,  est  de  la  même  taille  que  Tau* 
tre,  et  il  a  le  bec  et  la  queue  noirs;  un 
miroir  luisant  de  vert  et  de  bleu  sur 
l'aile  j  dans  un  fond  brun  ;  une  tache 
d'un  blanc- jaunâtre  ,  placée,  cpmme 
dans  l'autre  ,  entre,  l'angle  du  bec  et 
l'œil  ;  les  pieds  d'un  vermillon  qui  ^ 
même  après  la  cuisson,  teint  les  doigts 
en  beau  rouge.  La  cbait  de  ce  dernier^ 
ajoute*t-il,  est  un  peu  amère  ;  cella 
du  premier  est  excellente  \  néanmoins 
les  Sauvages  la  mangent  rarement  ^ 
craignant,  disent-ils,  qu'çi»  s,8  nour- 
rissant de  la  chair  d'un  animal  qui  leur 
paroit  lourd  ,  ils  ne  deviennent  eux<* 
mêmes  plus  appesantis  et  moins  légers 
à  la  course.      ?/  .^r-,  j 


; 


•M 


f'*  1 1?  .ja 


LES    SARCELLE  S." 

La  forme  que  la  nature  a  le  plua 
nuancée ,  variée  ,  multipliée  dans  leA 


i     li 


'''*SfiW|fcif»._ 


m 


c 


\    4 


<<■ 


264      HISTOIRE    NATURELLE 

oiseaux  d*eaii ,  est  celle  da  canard  ; 
après  le  grand  nombre  des  espèces  de 
ce  genre  dont  nous  venons  de  faire 
.  l'énumération  y  il  se  présente  un  genre 
.  subalterne  |  presque  aussi  nombreux 
.  que  celui  des  canards,  et  qui  ne  semble 
.  fait  que  pour  les  représenter  et  les  re- 
.  produire  à  nos  yeux  sous  un  plus  petit 
,  nodule;  ce  genre  secondaire  est  celui 
;  des  sarcelles  9  qu'on  ne  peut  mieux  dé« 
,  signer  en  général^  qu'en  disant  que  ce 
^  sont  des  canards  bien  plus  petits  que 
.   les  autres,  mais  qui  du  reste  leur  res- 
i  semblent,  non-seulement  par  les  habi- 
,   tudes  naturelles ,  par  la  conformation 
et  par  toutes  les  proportions  relatives 
de  la  forme,  mais  encore  par  l'ordon- 
nance du  plumage  ,  et  même  par  la 
.   grande  différence  des  couleurs  qui  se 
.   trouvent  entre   les  mâles  et  les  fe- 
.  melies*    -p"  ■^-■■■r  <^   *i.  a   .^i  '-^..  '•i'-  ,. 
On  servoit  souvent  des  sarcelles  k 
la  table  des  Romains  ;  elles  étoient  as- 
,    sez  estimées  pour  qu'on  prit  la  peine 


"  ;  \ 


'.  I 


9' 


y 


''-♦   -"<;■ 


'%-«4A|||^'' 


.LB 

a  canard  ; 
espèces  de 
8  de  faire 
e  un  genre 
nombreux 
î  ne  semble 
r  et  les  re- 
i  plus  petit 
B  est  celui 
mieux  dé» 
ant  que  ce 
petits  que 
\  leur  res- 
r  les  habi- 
formation 
I  relatives 
r  l'ordon- 
ne par  la 
irs  qui  se 
;t  les  fe- 


i»^m- 


i  t 


ircelles  à 
toient  as- 
la  peine 


»V.'/' 


:^ÇS' 


d 


h    V 


Ta*^ .  2^2  . 


Tarn  .  J7. 


.v.^ 


■j 


^^jflfMk^,^^ 


DMPve-  âfl 


Jliftei/  Jeu^ 


I.I.A.  SAWCEIXE  MALE.  *IA  SAllCEIIJi  l'EMEO.K 


.«»>»•»«**-«,-'  9*^-  « 


h:JU  .  b''âi  MAj  :l'i  ^i  vi  ■  kt     ii  '  i  %%  \-i  »  ' 


'  ^ 


'^  #:., 


Kî?;i':f^ 


'^m*;wr(' i'g*|i'i:? 


^w  .  ]^. 


*».t;^>i4,  -.rtu»i»f  i>*»î<"»W^?  'lt*.'Mi'i,^.x  ^'%- 


«oit: 


ffj?;'xi**|lij^-^  f:>'Si  ,if^*  ï<*^f>ît  f;5,^>*  •?^**>ii" 

•X  1 


-..d»>a»-^!p--v*^:^  .   -^ 


•■-A 


x..^/.. 


r 

i 


\W^ 


j\7t^       ■jtT  i. 


•  ■!<»■  .^  /    ... 


i.*'  f  'i 


1 

.c 


1 


i:     1 


(■'  î 


1/=^-! 


k 


P  i  ' 


'\  \  >  i 


1  .    v-i 


~**f*^"''*'*"~~*^**"" 


.1   ' 


1»*. 


??:^«.*»^^^^ 


1         s 


•    \'\ 


j'* 


't 


.i 


DU     CANARD.  265 

de  les  multiplier  en  les  élevant  en  do- 
mesticitécomme  les  canards.Noiis  réus- 
sirons sans  doute  à  les  élever  de  mê- 
me;  mais  les  anciens  donnoient  appa- 
remment plus  de  soins  à  leur  basse- 
cour,  et  en  général  beaucoup  plus  d*at« 
tention  que  nous  à  Péconomie  rurale 
et  à  Pagriculture. 

Nous  allons  donner  la  description 
des  espèces  différentes  de  i^arcelles  , 
dont  quelques-unes ,  comme  certains 
canards,  se  sont  portées  jusqu'aux  ex- 
trémités des  continens. 

LA  SARCELLE  COMMUNE. 

Première  espèce. 

Sa  figure  est  celle  d'un  petit  canard, 
et  sa  grosseur  celle  d'une  perdrix;  le 
plumage  du  mâle  avec  des  couleurs 
moins  brillantes  que  celle  du  canard , 
n'en  est  pas  moins  riche  en  reflets 
agréables,  qu'il  ne  seroit  guère  possi- 
ble de  rendre  par  une  description.  Le 


) 


v":i 


> 


■ .  '?' 


K 


2,66        HISTOIRE     NATURELLE 

devant  du  corps  présente  un  beau  plat* 
tron  tissu  de  noir  sur  gris  ^  et  comm» 
maillé  par  petits  carrés  tronqués^  ren- 
fermés dans  de  plus  grands  ^  tous  dis- 
posés avec  tant  de  netteté  et  d'élégan- 
ce y  qu'il  en  résulte  l'effet  le  plus  pi- 
quant :  les  côtés  du  cou  et  les  joues 
jusque  sous  les  yeux  sont  ouvragés  de 
petits  traits  de  blanc  ^  vermiculés  sur 
un  fond  roux  ;  le  dessus  de  la  tête  est 
noir^  ainsi  que  la  gorge;  mais  un  long 
trait  blanc  prenant  sur  l'œil  va  tomber 
au-dessous  de  la  nuque \  des  plumes 
longues  et  taillées  en  pointe,  couvrent 
les  épaules  et  retombent  sur  l'aile  en 
rubans  blancs  et  noirs;  les  couvertu- 
res ([ui  tapissent  les  ailes  sont  ornées 
d^uii  petit  miroir  vert;  les  flancs  et  le 
croupion  présentent  des  hachures  do 
gris  -  noirâtre  sur  gris  -  blanc  ,  et  sont 
mouchetés  aussi  agréablement  que  le 
resle  du  corj»8. 

La  parure  de  la   femelle  est    bien 
|)lus  sini|»l«}  vâtue  par  -  tout  de  gris 


DU     CANAB.D.  267 

et  de  gris'brun  ,  à  peine  remarque- 
t-on  quelques  ombres  d^ondes  ou  de 
festons  sur  sa  robe;  il  n'y  a  point  de 
noir  sur  la  gorge,  comme  dans  le  màle^ 
et  en  général  il  y  a  tant  de  différence 
entre  les  deux  sexes  dans  leb  sarcelles 
comme  dans  les  canards,  que  les  chas« 
seurs  peu  expérimentés  les  méconnois- 
sent  y  et  leur  ont  donné  des  noms  im- 
propres de  tiers  y  racanettes  ,  mercan^ 
nettes^  en  sorte  que  les  naturalistes  doi- 
vent ici,  comme  ailleurs, prendre  garda 
aux  fausses  dénominations,  pour  ne 
pas  multiplier  les  espècessurla  seule 
différence  des  couleurs  qui  se  trouvent 
dans  ces  oiseaux;  ilseroit  môme  très- 
utile  ,  pour  prévenir  l'erreur  ,qae  l'on 
eût  soin  de  représenter  la  femelle  et  l» 
mâle  avec  leurs  vraies  couleurs,  com- 
me nous  l'avons  fait  dans  quelques- 
unes  de  nos  planches  enluminées. 

Le  mâle ,  au  toms  de  la  pariade  , 
fait  entendre  un  cri  semblable  à  celui 
du  râle  ;  néanmoins  la  femelle  ne  lait 


a68        HISTOIRE     NATURELLE 

guère  son  nid  dans  nos  proTÎnces  j  et 
presque  tous  ces  oiseaux  nous  quittent 
avant  le  i5  ou  20  d'avril;  ils  volent 
par  bandes  dans  le  temps  de  leurs  voya- 
ges 9  mais  sans  garder ,  comme  les  ca- 
nards ^  d'ordre  régulier;  ils  prennent 
leur  essor  de  dessus  l'eau  et  s'envolent 
avec  beaucoup  de  légèreté  ;  ils  ne  se 
plongent  pas  souvent,  et  trouvent  cla 
surface  de  l'eau  et  vers  ses  bords ,  la 
nourriture  qui  leur  convient  :  les  mou- 
ches et  les  graines  des  plantes  aquati* 
ques  sont  les  alimens  qu'ils  choisissent 
de  préférence.  Gessner  a  trouvé  dans 
leur  estomac  de  petites  pierres  mêlées 
avec  cette  pâture;  et  M.  Frisch ,  qui  a 
nourri  quelques  couples  de  ces  oiseaux 
pris  jeunes,  nous  donne  les  détails  sui^ 
yans  sur  leur  manière  de  vivre  dans 
cette  espèce  de  domesticité  commen- 
cée. »  Je  présentai  d'abord  à  ces  sar- 
celles ,  dit*il ,  différentes  graines ,  sans 
qu'elles  touchassent  à  aucunes  ;  mais 
à  peine  eus- je  fait  portera  côté  de  leur 


,,'>-^" 


DU     CANARD.  269 

Tase  d'eau  un  bassin  rempli  de  millet  y 
qu'elles  y  accoururent  toutes;  chacune 
à  chaque  becquée  alloit  à  Peau^  et  dans 
peu  elles  en  apportèrent  assez  dans  leur 
bec  pour  que  le  millet  fût  tout  mouillé. 
Néanmoins  cette  petite  graine  n'étoit 
pas  encore  assez  trempée  à  leur  gré  y 
et  je  vis  mes  sarcelles  se  mettre  à  por- 
ter le  millet  aussi  bien  que  l'eau  y  sur 
le  sol  de  l'enclos  qui  étoit  d'argile  ;  et 
lorsque  la  terre  fut  amollie  et  trempée^ 
elles  commencèrent  à  barboter  j  et  il 
se  fit  par-là  un  creux  assez  profond  ^ 
dans  lequel  elles  mangeoient  leur  mil- 
let mêlé  de  terre  :  je  les  mis  dans  une 
chambre^  et  elles  portoient  de  méme^ 
quoique  plus  inutilement  ^  le  millet  et 
l'eau  sur  le  plancher;  je  les  conduisis 
dans  l'herbe ,  et  il  me  parut  qu'elles  ne 
faisoient  que  la  fouiller  en  y  cherchant 
des  graines  sans  en  manger  lesfeuilles^ 
non  plus  que  les  vers  de  terre  ;  elles 
poursuivoient  les  mouches  et  les  hap- 
poient  à  la  manière  des  canards.  Lors* 


I 


'A 


y  iKli/ 


t| 


1i 


II 


.  :&&klèi&^~ 


l\\ 


S.J9  HISTOIRE     ITATURELLB 

que  je  tardois  de  leur  donner  la  nour« 
riture  accoutumée  y  elles  la  deman- 
doient  par  un  petit  cri  enroué  quoack, 
répété  chaque  demi-minute  ;  le  soir  y 
eMes  se  gitoient  dans  les  coins  ;  et 
même  le  jour,  lorsqu'on  lesapprochoit, 
elles  se  fourroient  dans  les  trous  les 
plus  étroits.  Elles  vécurent  ainsi  jus- 
qu'à l'approche  de  l'hiver  \  mais  le  froid 
rigoureux  étant  venu^  elles  moururent 

toutes  à-la-iois  ».  ,   ■      - 

....  -  •      .. , .      ■      > 

LA  PETITE   SARCELLEa 


^i 


Seconde  espèce. 

Cette  sarcelle  est  un  peu  plus  pe- 
tite que  la  première  y  et  elle  en  diffère 
encore  par  les  couleurs  de  la  tête  qui 
est  rousse  et  rayée  d'un  large  trait  de 
vert  bordé  de  blanc ,  qui  s'étend  des 
yeux  à  l'occiput;  le  reste  du  plumage 
est  assez  ressemblant  à  celui  de  la  sar** 
celle  commune!  excepté  que  ki  pai«> 


«» ,  •  -•  «-- 


et 


toU     GANAA».  2171 

trîne  n^est  point  aussi  richement  ëmaiU 
lée  ,  mais  seulement  mouchetée, 
c    Cette  petite  sarcelle  niche  sur  nos 
étangs,  et  reste  dans  le  pays  toute 
Tannée  ;  elle  cache  son  nid  parmi  les 
grands  joncs ,  et  le  construit  de  leurs 
brins,  de  leur  moelle  et  de  quantité  de 
plumes.  Ce  nid,  fait  avec  beaucoupde 
soin,  est  assez  grand  et  posé  sur  Peau, 
de  manière  qu'il  hausse  et  baisse  avec 
elle.  La  ponte,  qui  se  fait  dans  le  mois 
d^avril  ,  est  de  dix  et  jusqu'à  douze 
oeufs  delà  grosseur  de  ceux  de  pigeon, 
ils  sont  d'un  blanc  sale ,  avec  de  petites 
taches  couleur  de  noisette;  les  femel* 
les  seules  s'occupent  du  soin  de  la  cou-* 
vée;  les  mâles  semblent  les  quitter  et 
se  réunir  pour  vivre  ensemble  pendant 
ce  temps;  mais  en  automne  ils  retour- 
nent à  leur  famille.  On  voit   sur  les 
étangs  ces  sarcellespar  compagnies  de 
dixàdouze  qui  forment  la  famille;  et 
dans  L'hiver  elles  se  rabattent  sur  les 
rivières  et  les  fontaines  chaudes  ;  elles 


^1 


■]i 


i 


I ,' 


27a  HISTOIRE    NATURELLE 

y  vivent  de  cresson  et  de  cerfeuil  sau- 
vage; sur  les  étangs,  elles  mangent  les 
graines  de  jonc  et  attrapent  de  petits 
poissons. 

Elles  ont  le  vol  très-prompt  \  leur 
cri  est  une  espèce  de  sifilement,i;oi//rey 
vouire^  qui  se  fait  entendre  sur  les 
eaux  dès  le  mois  de  mars.  M.  Hébert 
nous  assure  que  cette  petite  sarcelle 
est  aussi  commune  en  Brie  que  l'autre 
y  est  rare ,  et  que  Pon  en  tue  grande 
quantité  dans  cette  province.  Suivant 
Kzaczynski  ^  on  en  fait  la  chasse  en 
Pologne ,  au  moyen  de  filets  tendus 
d'un  arbre  à  l'autre;  les  bandes  de  ces 
sarcelles  donnent  dans  ces  filets  lors- 
qu'elles se  lèvent  de  dessus  les  étangs 
à  la  brune. 

Rny  )  par  le  nom  qu'U  donne  à  notre 
petite  sarcelle  (thecommon  teal),  pa- 
Toit  n'avoir  pas  connu  la  sarcelle  com- 
mune: Selon,  au  contraire ,  n'a  connu 
que  cette  dernière;  et  quoiqu'il  lui  ait 
attribué  indistinctement  les  deux  noma 


su     CANARD.  ày3 

grecs  de  hoscas  et  phascas  ,  le  second 
paroit  désigner  spécialement  la  petite 
sarcelle^  car  on  lit  dans  Athénée ^ que 
la  phascas  est  plus  grande  que  le  petit 
colymhis,  qui  est  le  grèbe  castagneux  s 
or  I  cette  mesure  de  grandeur  convient 
parfaitement  à  notre  petite  sarcelle. 
Au  reste)  son  espèce  a  communiqué 
d'un  monde  à  Pautre  par  le  nord  \  car 
il  est  aisé  de  la   reconnoltre  dans  le 
pepaïzca  de  Fernandez  \  et  plusieurs 
individus  que  nous  avons  reçus  de  la 
Louisiane ,  n'ont  offert  aucune  diffé- 
rence d'avec  ceux  de  nos  Icontrées.     ) 


i 


ï 


w 


LA  SARCELLE  D'ÉTÉ, 


Troisième  espèce. 


.  \: 


Nous  n'eussions  fait  qu'une  seule  et 
même  «espèce  de  cette  sarcelle  et  de  la 
précédente,  siRay,quiparcitles  avoir 
vues  toutes  deux,  ne  lès  eût  pas  sépa« 
rées^  il  distingue  positivement  la  pe- 
tite sarcelle  et  la  sarcelle  d'été;  nous 

Oiseaux.  Y.  24 


il 


^.mf^^fipry 


I..iiv^  ^^^^^^'^^p^S^.irf* 


1'V;*^^CiJf^^^ 


\i  : 


274       HISTOTSE   KATU11E£X.B 

ne  pouvons  donc  que  le  suivre  dans  99 
description ,  et  copier  la  notice  qu'il 
en  donne.  Cette  sarcelle  d'été,  dit*»l  f 
est  encore  un  peu  moins  grosse  que  la 
petite  sarcelle,  et  c'est  de  tous  les  ci» 
seaux  de  cette  grande  famille  de  sar- 
celles et  canards,  Sans  exception  ,  la 
plus  petit.  Elle  a  le  bec  noir  f  tout  le 
manteau  cendré -brun,  avec  le  bout 
des  plumes  blanc  sur  le  dos  :  il  y  a  sur 
l'aile  une  bande  large  d'^nn  doigt;  cette 
bande  est  noire  avec  des  reflets  d'un 
vert-d'émeraude  et  bordée  de  blanc  f 
tout  le  devant  du  corps  est  d'un  blanc 
lavé  de  Jaunâtre ,  tacheté  de  noir  à  la 
poitrine  et  au  bas«ventre;  la  queue  est 
pointue  ;  les  pieds  sont  bleuâtres  et 
leurs  membranes  noires. 

M.  Bâillon  m'a  envoyé  quelques  no- 
tes su  r  une  sarcelle  d'été,  par  lesquelles 
il  me  paroit  qu^il  entend  par  cette  dé- 
nomination la  petite  sarcelle  de  l'ar- 
ticle précédent ,  et  non  pas  la  sarcelle 
d'été  décrite  par  Ray.  Quoi  qu'il  e^ 


mm^I^''^ 


..i-.'y';^  .t.j^»fc.: 


->« .. ,, 


■''^'■'■^  ■ 


I  dans  99 

ce  qu'il 

j  dit-il  f 

e  que  la 

18  les  oi» 

I  de  sar- 

ion  j  le 

f  tout  le 

le  bout 

l  y  a  sur 

;t;  cette 

ets  d'un 

i  blanc; 

in  blanc 

loir  à  la 

ueue  est 

lâtres  et 

quesno- 
squeNes 
:ette  dé- 
de  Par- 
sarcelle 
ç^u'ii  e^ 


DU  c  JLnr  A  KH»  275 
«ûit  y  nous  ne  pouvons  que  rapporter 
ici  ses  indications  et  ses  observations 
qui  sont  intéressantes* l>i:  l^  v:i  ' 

«c  Nous  nommons  ici  (  à  MontreuiU 
sur-mer.)  la  sarcelle  d'été,  criquardou 
criquet,  dit  M.  Bâillon;  cet  oiseau  est 
bien  fait  et  a  beaucoup  de  grâces;  sa 
forme  est  plus  arrondie  que  celle  de  la 
sarcelle  commune;  elleest  aussi  mieux 
parée  ;  ses  couleurs  sont  plus  variées  et 
mieux  tranchées  ;  elle  conserve  queU 
quefois  d^  petites  plum«s  bleues^  qu'on 
ne  voit  que  quand  les  ailes  sont  ou* 
vertes*  Feu  d'oiseaux  d'eau  sont  d'une 
gai  té  aussi  vive  que  cette  sarcelle  ;  elle 
^st  presque  toujours  en  mouvement^ 
se  baigne  sans  cesse  ,  et  s'apprivoise 
nveC  beaucoup  de  facilité;  huit  jours 
suffisent  pour  l'habituer  à  la  domesti- 
cité ;  j'en  ai  eu  pendant  plusieurs  an- 
nées dans  ma  cour ,  et  j'en  conserve 
«ncore  deux  qui  sont  très-familières. 

a  Ces  jolies  sarcelles  joignent  à  tou- 
t^ç  leurs  qualités  une  douceur  ex- 


fl 


I 


j> 


«1 


m 


Il  i- 

ht} 

lui 


m 


I 


fî***""*»^*— .-»V;  ***••< 


■;^^.; 


*'*>.»irt«'^ 


'/î 


-476        HISTOIRE     NATURBLLS 

tréme.  Je  ne  les  ai  jamais  vues  se  baU 
tre  ensemble  ni  avec  d'autres  oi^.«aux  ; 
elles  ne  se  défc  ndent  même  pas  lors- 
qu'elles sont  attaquées  ;  aussi  délicates 
que  douces ,  le  moindre  accident  les 
blesse:  l'agitation  que  leur  donne  la 
poursuite  d'un  chien  ^  suffit  pour  les 
faire  mourir; Lorsqu'elles  ne  peuvent 
fuir  par  le  secours  de  leurs  ailes,  elles 
restent  étendues  sur  la  place  comme 
épuisées  et  expirantes.  Leur  nourri- 
ture est  du  pain  y  de  l'orge,  du  blé,  du 
son  ;  elles  prennent  aussi  des  Qiouches  | 
des  vers  de  terre,des  limaçons  et  d'au- 
tres insectes.        _  j.;i.  .^t.  ti'îi.fi    . 

3>  Elles  arrivent  dans  nos  marais  voî« 
sins  de  la  mer^  vers  les  premier^  jours 
de  mars  ^  je  crois  que  le  vent  de  sud  les 
amène^  elles  ne  se  tiennent  pas  attrou- 
pées comme  les  autres  sarcelles  et 
comme  les  canards  siffleur»  ;  oit  les 
voit  errer  de  tou?;  côtés ,  et  s^appiru^r 
peu  de  temps  après  leur  arrivé'  .  Eiles 
chercheut  au  mois  d'avril ,  dans  des 


V 


PH   ! 


iLliL.>N. 


86  bat- 

«as  iors- 
ëlicates 
ient  les 
onne  la 
»our  les 
ïeuvent 
»s,  elles 
comme 
nourri- 
blé,  du 
>ucheS| 

3td' 


au< 


il».. 


ais  voî- 
'9  jours 
sud  les 
attFôu- 
illes  et 
OïT  les 

-  L.Ies 
ns  des 


DU      C  JL  17  JL  R  D.  ÎS77 

endroits  fangenx  et  peu  ac  ^ssibles  , 
de  grosses  touffes  de  joncsou  d'herbes 
fort  serrées  et  un  peu  élevées  an-des- 
sus du  niveau  du  marais  ;  elles  s*y  four- 
renf  ?i  ^c^rtant  les  brins  qui  les  gê- 
n* :r,t,'  été.  ibrce  de  s'y  remuer  ell^s  y 
pratii^uent  un  petit  emplacement  de 
quatre  à  cinq  pouces  de- diamètre  j  d»nt 
elles  tapissent  le  fond  avec  des  herbes 
sèches;  le  haut  en  est  bien  couvert  par 
l'éparsiseur  des  joncs,  et  Pentrée  est 
uHisquéepftrks  brins  qui  s'y  rabattent; 
cette  entrée  est  le  plus  soute titvef  s  le 
midi;  dans  ce=  nidy  la  femelle  dépose* 
de  dix  à  quatorze  œufs  d'un  blahc  un 
peu  sale,  et  presque  aussigros  que  les 
premiers  œufs  des  jeunes  poulies.  J'ai 
vérifié  le  temps  de  l'incubation  ;  il  est, 
comme  dans  lés  poules,  de  vikigt<iïn  à 
vingt-ttois  jours.'  "  i*  ^  »  »  -i  •  - 
x>  Les  petits  naissent  couverts  de 
duvet,  comme  les  petits  canards  ;  ils 
sont  fort  alertes,  et  dès  les  premiers 
jours  après  leur  naissance ,  le  père  et 


r 

i 


a 
W 


i 


\ 


if 

I  * 
\  V 


'4 


n-*'"»*»--^*,. 


'M 


■"  '«>.t«<^|K^/^ 


r=-^^-«P— w  ■w--'-*-*    f'-' 


'(h 


ft^8        HISTOIRE    NATURELLE 

la  mère  les  conduisent  à  Teau;  iU  chier^ 
cheht  le^  vermisseaux  sous  Pherbe  et 
dans  la  vase  ;  si  quelqueoiseau  de  proie 
passe,  la  mère  jette  un  petit  cri ,  toute 
la  famille  se  tapit  et  reste  immobile 
jusqu^à  ca  qu'un  autre  cri  lui  rende 
fion  activité. 

a»  Les  premières  plumes  dont  les 
jeunes  criquardes  se  garnissent  sont 
grises  |  comme  celles  des  femelles  ;  il 
est  alors  fort  difficile  de  distinguer  les 
sexes,  6t  même  cette  difficulté  dure 
jusqu'à  rapproche  de  la  saison  des 
amours  ^  car  il  est  un  fait  particulier  à 
cet  oisjoai^.,  que  j'ai  été  à  portée  de 
vérifier  plusieurs  fois,  et  que  je  crois 
devoir  rapporter  ici*  Je  me  procure 
prdinai rement  de  ces  sarcelles  dès  le 
commencement  de  mars;aiors  les  mâles 
sont  ornés  de  leurs  belles  plumes  ;  le 
temps  de  la  mue  arrive ,  ils  deviennent 
aussi  gris  que  leurs  femelles,  et  restent 
dans  cet  état  jusqu'au  mois  de  janvier. 
Dans  l'espace  d'un  mois^  à  cette  épo- 


t'V 


,H>^»:::»t,' 


•/i-"^..*^#>*  -  ^ 


U  cher'» 
erbe  et 
ie  proie 
toute 
Linobilo 
1  rende 

ont  les 
nt  sont 
lUes  ;  il 
'lier  les 
té  dure 
ion  des 
culierà 
rtée  de 
je  crois 
>rocure 
(  dès  le 
is  mâles 
nés  ;  le 
iennent 
restent 
anvier. 
te  épo- 


~      D  V    C  ▲  K  A  R  d;  279 

^116)  leurs  plumes  prennent  une  autre 
teinte.  J*ai  encore  admiré  ce  change* 
ment  cette  année  :  le  mâle  que  j'ai,  est 
présentement  aussi  beau  qu'il  peutTé- 
tre;^  je  Pai  vu  aussi  gris  que  la  femelle. 
Il  semble  que  la  nature  n'ait  voulu  le 
parer  que  pour  la  saison  des  amours* 

3>  Cet  oiseau  n^est  pas  des  pays  sep* 
tentrionaux  j)  il  est  sensible  au  froid  f 
ceux  que  j'ai  eus  alloient  toujours  cou- 
cher au  poulailler  9  et  se  tenoieut  au 
soleil  ou  auprès  du  feu  de  la  cuisine  ; 
ils  sont  tous  morts  d'accident  |  la  plu* 
part  des  coups  de  bec  que  les  oiseaux 
plus  forts  qu'eux  leu r  donnoient  :  néan- 
moins j'ai  lieu  de  croire  que  naturelle- 
ment ils  ne  vivent  pas  long-temps  f  vu 
que  leur  croissance  entière  est  prise 
«n  deux  mois  ou  environ  ». 


■  ,)i 


■  m  i 


s- 


•  V. 


■■»<-,4.  .ij,, ,, 


a8o 


HISTOIRE    NATUREtLB 


i  r'  n'. 


LA  SARCELLE  D'EGYPTE, 

.:    ',  «  ;  Jl      »      '<     '  •  »     ■  .         ,■    .1       .      ♦  V  -»-» 

.  'Quatrième  espèce. 

Cette  sarcelle  est  à-péù-près  de  la 
grosseur  de  notre  sarcelle  côitiiiïuiie 
(première  espèce)^  mais  elle  a  le  bée  un 
peu  plus  grand  et  plus  large  ;  la  tête, 
le  cou  et  la  poitrine  sont  d'iin  brùh- 
roux  ardent  et  fohcé^  tout  le  manteau 
est  noir;  il  y  a  un  trait  dé  blanc  dà^s 
Paile  y  Pestomac  est  blanc  et  le  ventre 
est  du  même  brun-roux  que  la  poitrine . 

La  femelle,  dans  celte  espèce,  porte 
d-peu-près  les  mêmes  couleurs  que  le 
mâle,  seulement  elles  sont  moins  fortes 
et  moins  nettement  tranchées;  le  blanc 
de  l'estomac  est  brouillé  d'ondes  bru- 
nes, et  les  couleurs  de  la  tête  et  de  la 
poitrine  sont  plutôt  brunes  que  rous- 
ses. On  nous  a  assuré  que  cette  sarcelle 
se  trouvoit  en  Egypte. 


•x-T^' 


■•f^lP****" 


HWlIi   I*  "m  ',*"'     •/lir->"-iW'!»*-*^-:''  «-^ 


-  •■  M\é«<>»iMii^n;^'^  i 


rpTE. 

'  j  if   î>'*  IH 

•es  dé  la 
itimune 
ï  bée  un 
Lvtête, 
1  br'iih* 
lanteau 
3C  ààjis 

ventre 
>itrlne. 
,  porte 

que  le 
s  fortes 
e  blanc 
Bs  bru- 
t  de  la 
î  rous- 
arcelle 


DU      G  A  N  A  IL  D. 


281 


LA  SARCELLE  DE  MADAGASCAR. 
Cinquième  espèce. 

Gett£<  sarcelle  est  à-peu-près  de  la 
taille  de  notre  petite  sarcelle  (seconde 
espèce) ,  mais  elle  a  la  tête  et  le  bec 
plus  petits;  le  caractère  qui  la  distingue 
le  mieux,  est  une  large  tache  vert-pàle 
ou  vert-d'eau,  placée  derrière  roreille, 
et  encadrée  dans  du  noir  qui  couvre  le 
derrière  de  la  tête  et  du  cou  ;  la  face 
et  la  gorge  sont  blanches  ;  lé  bas  du 
cou ,  jusque  sur;  la  poitrine,  est  joli- 
ment ouvragé  de  petits  lisérés  bruns 
dans  du  roux  et  du  blanc  ;  cette  der- 
nière couleur  est  celle  du  devant  du 
corps;  le  dos  et  la  queue  sont  teints  et 
lustrés  de  vert  sur  fond  noir  ou  noirâ- 
tre. Cette  sardelle  nous  a  été  envoyé» 
de  Madagascar.  ^  > 


\ 


S; 


ï:'a.j*Mt»ii',i.iiti%^»iy.'**"" 


282 


HISTOIRE    VATURELLE 


VI 


LÀ  SARCELLE  DE  GOROMANDEL. 


Sixième  espèce. 


Lb  mâle  et  1a  femelle  de  ces  jolies 
sarcelles  nous  ont  été  envoyés  de  la 
câte  de  G>romandel  ;  elles  sont  plus 
petites  au  moins  d'un  quart  que  nos 
sarcelles  communes  (première  espèce)  f 
leur  plumage  est  composé  de  blanc  et 
de  brun-noirâtre;  le  blanc  règne  sur 
le  derant  du  corps  ;  il  e&t  pur  dans  le 
mâle  y  et  mêlé  de  gris  dans  la  femelle; 
le  brun-noirâtre  forme  une  calotte  sur 
la  tête  9  colore  tout  le  manteau  y  et  se 
marque  sur  le  cou  du  mâle  par  taches 
et  mouchetures  9  et  par  petites  ondes 
transversales  au  bas  de  celui  de  la  fe- 
melle; de  plus,  l'aile  du  mâle  brille 
sur  sa  teinte  noirâtre  •  d'un  reflet  vert 


et  rou 


geâtn 


*      .  ^  '   jT  J 


--#■  w'<>(^'   ^^fV^^^'m"^-* 


DU      C  A  N  A.  B.  0. 


2.B3 


t A  SARCELLE  DE  JAVA. 

Septième  espèce. 

Lb  plumage  de  cette  sarcelle  y  sur 
le  devant  du  corps  ^  le  haut  du  dos  et 
sur  le  cou  ,  est  richement  ouvragé  de 
festons  noirs  et  blancs;  le  manteau  est 
brun  ;  la  gorge  est  blanche;  la  tête  est 
coiffée  d^un  beau  violet-pourpré,  avec 
un  reflet  vert  aux  plumes  de  Tocciput, 
lesquelles  avancent  sur  llEi  nuque  y  et 
semblent  s^en  détacher  en  forme  de 
pennaches  ;  la  teinte  violette  reprend 
au  bas  de  cette  petite  touffe,  et  forme 
-une  large  tache  sur  les  c6tés  du  cou  ^ 
elle  en  marque  une  semblable,  accom- 
pagnée  de  deux  taches  blanches  ,  sur 
les  plumes  de  l'aile  les  plus  voisines  du 
corps.  Cette  sarcelle  qui  nous  est  venue 
de  l'Ile  de  Java ,  est  de  la  taille  de  la 
sarcelle  commune  (première  espèce)  • 


)! 


î 
I 

il' 

I 


f) 


■» 


V 


^84        HISTOIHE   irATU&SLZ.fi 


LA  SARCELLE  DE  LA  CHINE. 


1  :. 


liuitième  esp/àç€(> 

^  Cette  belle  sarcelle  est  très-remar- 
quable par  la  richesse,  et  la  singularité 
de  son  plumage  ;  il  est  peint  des  plus 
vives  couleurs ,  et  relevé  sur  la  tête 
par  un  magnifique  pennache  vert  et 
pourpre»  qui  s'étend  jusqu'au-delà  de 
la  nuque;  le  cou  et  les  côtés  de  la  face 
sont  garnis  de  plumes  étroites  et  poin- 
tues, d'un  rouge-orangé;  la  gorge  est 
blanche 9  ainsi  que  le  dessus  des  yeux; 
la  poitrine  est  d'un  roux-pourpré  ou 
vineux  ;  les  flancs  sont  agréablement 
ouvragés  de  petits  lisérés  noirs,  et  les 
pennes  des  ailes  également  bordées  de 
traits  blancs:  ajoutez  à  toutes  ces  beau- 
tés une  singularité  remarquable ,  ce 
sont  deux  plumes,  une  de  chaque  c6té  , 
entre  celles  de  l'aile  les  plus  près  du 
corps  ,  qui ,  du  côté  extérieur  de  leur 
tige,  portent  des  barbes  d'une  longueur 


N» 


-.:.**' r 


m'-i'p^ 


HINE. 


•remar- 
gularité 
des  plus 
la  tête 
vert  et 
•delà  de 
!  la  face 
st  poin- 
»rge  est 
s  yeux; 
rpré  ou 
>lement 
>9  et  les 
dées  de 
18  beau- 
i\ej  ce 
iec6té| 
près  du 
de  leur 
ngueur 


DU     CANARD.  285 

extraordinaire  ,  d'un  beau  roux-oran- 
gé, liséré  de  blanc  et  de  noir  sur  le 
bord ,  et  qui   forment  comme  deux 
éventails  ou  deux  larges  ailes  de  pa« 
pillon  relevées  au-dessus  du  dos  ;  ces 
deux  plumes  singulières  distinguent 
suffisamment  cette  sarcelle  de  toutes 
les    autres  ,   indépendamment   de   la 
belle  aigrette  qu'elle  porte  ordinaire- 
ment flottante  sur  sa  tête  ,  et  qu'elle 
peut  relever.  Les  belles  couleurs  de 
ces  oiseaux  ont  frappé  les  yeux  des 
Chinois  :  ils  les  ont  représentés  sur  leurs 
porcelaines  et  sur  leurs  plus  beaux  pa« 
piers.  La  femelle  qu'ils  y  représentent 
aussi ,  y  paroit  toujours  toute  brune  ^ 
et  c'est  en  effet  sa  couleur,  avecquel- 
que  mélange  de  blanc.  Tous  deux  ont 
également  le  bec  et  les  pieds  rouges. 
Cette  belle  sarcelle  se  trouve  au  Ja- 
pon comme  à  la  Chine  ,  car  on  la  re- 
connoît  dans  l'oiseau  kimnodsui ,  de  la 
beauté  duquel   Kœmpfer  parle   avec 
admiration  ;   et   Aldrovande    raconte 
Ois«au&.  VI. 


i 


I 

il 


a6 


•^■ll 


'[ 


i' 


&86        HISTOIRE    TTATURELLE 

que  les  envoyés  du  Japon ,  qui ,  de 
son  temps  f  vinrent  à  Rome  ^  appor» 
tèrent ,  entr'autres  raretés  de  leur 
pays  j  des  figures  de  cet  oiseau. 

LA  SARCELLE  DE  FÉROÉ. 

Neuvième  espèce. 

.  Cette  sarcelle ^  qui  est  un  peu 
moins  grande  que  notre  sarcelle  com- 
mune {première  espèce),  a  tout  le 
plumage  d^un  gris-blanc  uniforme  sur 
le  devant  du  corps ^  du  cou  et  de  la  tête  ; 
seulement  il  est  légèrement  taché  de 
noirâtre  derrière  les  yeux  ,  ainsi  que 
sur  la  gorge  et  aux  côtés  de  la  poi* 
trine  ;  tout  le  manteau  ,  avec  le  dessus 
de  la  tête  et  du  cou  ^  est  d*un  noirâtre- 
mat  et  sans  reflets  :  ce  sont  là  les  seu* 
les  et  tristes  couleurs  de  cet  oiseau  du 
nord  9  et  qui  se  trouve  à  Pile  Féroé. 
.    Toutes  les  espèces  précédentes  de 
sarcelles  sont  de  l'ancien  continent  ; 
celles  dont  nous  allons  parier  appar- 


■ijSf-f'jJtv 


DU      CANARD.  287 

tiennent  au  nouveau  ;  et  quoique  les 
mêmes  espèces  des  oiseaux  aquatiques 
soient  souvent  communes  aux  deux 
mondes  y  néanmoins  chacune  de  ces 
espèces  de  sarcelles  paroît  propre  et 
particulière  à  un  continent  ou  à  l'au- 
tre :  à  l'exception  de  notre  grande  et 
de  notre  petite  sarcelle  {première  et 
seconde  espèce  )  y  aucune  autre  ne  pa« 
roit  se  trouver  dans  toutes  deux. 

LA  SARCELLE  SOUCROUROU/ 

Dixième  espèce.  ^       7 

Pour  désigner  cette  sarcelle  ^  nous 
adopterons  le  nom  de  soucrourou  qu'on 
lui  donne  à  Gayenne  ^  où  l'espèce  en 
est  commune  ;  elle  est  à-peu-près  de  la 
taille  de  notre  sarcelle  {première  es» 
pèce)^  le  mâle  a  le  dos  richement  fes- 
tonné et  onde  ;  le  cou ,  la  poitrine  et 
tout  le  devant  du  corps  sont  mouche- 
tés de  noirâtre  sur  un  fond  brun-rous- 
sâtre  \  au  haut  de  l'aile  est  une  bello 


'f 


'>x 


(1 


4 

( 


) 


ù 


'"**-^ 


..   ^ 


288       HISTOIRE    NATURELLE 

plaque  d'un  bleu-clair,  au-dessous  d© 
laquelle  est  un  trait  blanc ,  et  ensuite 
un  miroir  vert  ;  il  y  a  aussi  un  large 
trait  de  blanc  sur  les  joues  ;  le  dessus 
de  la  tête  est  noirâtre  avec  des  reflets 
verts  et  pourprés  ^  la  femelle  est  toute 
brune. 

Ces  oiseaux  se  trouvent  aussi  à  la 
Caroline  y  et  vraisemblablement  en 
beaucoup  d'autres  endroits  de  PAmé» 
riqué  :  leur  chair  y  au  rapport  de  Bar- 
rère ,  est  délicate  et  de  bon  goût. 

LA  SARCELLE  SOUCROUB  ETTE. 


'    ''^  ^  Onzième  espèce. 

Quoique  la  sarcelle  de  Cayenne  soit 
de  moindre  taille  que  celle  que  M.  Bris- 
son  donne,  d'après  Catesby ,  sous  le 
nom  de  sarcelle  de  Virginie  ,  la  grande 
ressemblance  dans  les  couleurs  du  plu- 
mage nous  fait  regarder  ces  deux  oi- 
seaux comme  de  la  même  espèce  ;  et 
nous  sommes  encore  fort  portés  à  les 


■î*«w^i^^ 


ou      CAKARD,'        28à 

rapproclier  c!e  celle  de  la  sarcelle  soo- 
crourou  de  Cayenne^  dont  nous  \enon» 
de  parler;  c^est  par  cette  raison  que 
nous  lui  avons  donné  un  nom  qui  in« 
dique  ce  rapport  :  en  effet ,  la  soucrou- 
rette  a  sur  l'épaule  la  plaque  bleue  avec 
la  zone  blanclie  au-dessous,  et  ensuite 
le  miroir  vert ,  tout  comme  le  soucrou^ 
rou  ;  le  reste  du  corps  et  la  tète  sont 
couverts  de  taches  d'un  gris-brun  onde 
de  gris-blanc,  dont  la  figure  de  Catesby 
ne  rend  pas  le  mélange  ,  ne  présentant 
que  du  brun  étendu  trop  uniforme* 
ment  ;  c'est  ce  qui  conViendroit  à  la  fe- 
melle,  qui ,  selon  lui ,  est  toute  brune. 
Il  ajoute  que  ces  sarcelles  viennent  en 
grand  nombre  à  la  Caroline  au  mois 
d'août,  et  y  demeurent  jusqu'au  milieu 
d'oCiobre  ,  temps  auquel  l'on,  ramasse 
dans  les  champs  le  riz  dont  elles  sont 
avides  ;  et  il  ajoute  qu'en  Virginie  ^ 
où  il  n'y  a  point  de  riz ,  elles  mangent 
une  espèce  d'avoine  sauvage  qui  croit 
dans  les  marécages  )  qu'enfin  elles  s'en* 


i 


il 
i 

y 


"*'•    f    •-4|Wrtro-t    ï?S«- 


^xeH^-<'kt  ■•„,^^       ^.— •-  * 


t  :'  .     S 


253        HISTOIRE    NATURELLIi 

graissent  extrêmement  par  rune  et 
i^autre  de  ces  nourritures,  qui  dou« 
nent  à  leur  chair  un  goût  exquis.    ^'^^ 

LA  SARCELLE  A  QUEUE  ÉPINEUSE. 


»  '.«  '< 


I' .. 


./iii 


,     .  Douzième  espèce. 

■f  Cette  espèce  de  sarcelle  ^  naturelle 
à  la  Guiane  j  se  distingue  de  toutes  les 
autres  par  les  plumes  de  sa  queuQ  qui 
isont  longues  |  et  terminées  par  un  petit 
filet  roide  comme  U99  épine ,  ^t  formé 
par  la  pointe  de  la  cûtie,  prolongée  d'une 
ligne  OU  deux  au-deU  des  barbes  de  ce« 
plumes  qui  sont  d'un  brun<noirâtre  ^  le 
plumage  du  corps  est  assez  monotone  ^ 
n'étant  composé  que  d'ondes  ou  taches 
noirâtres  y  plus  foncées  au-dessus  du 
corps ,  plus  claires  en  dessous,  et  fes- 
tonnées de  gris- blanc  dans  un  fond 
gris-roussàtre  ou  jaunâtre;  le  haut  de 
ia  tête  est  noirâtre,  et  deux  traits  de 
la  même  couleur,  séparés  par  deux 
traits  blancs ,  passent  >  l'un  à  la  hau- 
teur de  l'œil,  l'autre  plus  bas  sur  ia 


''*'^— **r«ir 


■■«te: 


une  et 
li  dou* 

REUSE. 

turelle 
ites  les 
Buq  qui 
in  petit 
t  formé 
e  d'une 
s  de  ce« 
Ltre  ;  le 
otone  y 
taches 
sus  du 
et  fes- 
ti  fond 
laut  de 
aits  de 
*  deux 
a  hau* 
sur  la 


I)  V  CANARD.  291 
joue;  les  pennes  de  l'aile  sont  égale- 
ment noirâtres.  Cette  sarcellen'a  guère 
que  onze  ou  douze  pouces  de  Ion* 
gueur.  ,.  . 

LA  SARCELLE  ROUSSE  à  longue  queue, 

*'  .   .       .       .   (  I  . 

Treizième  espèce.  ' 

Celle-ci  est  un  peu  plus  grande  que 
la  précédente ,  et  en  dilTère  beaucoup 
par  les  couleurs  ;  mais  elle  s*en  rappro« 
che  par  le  caractère  de  la  queue  longue 
et  de  ses  pennes  terminées  en  pointe  ^ 
sans  cependant  avoir  le  brun  effilé  aussi 
nettement  prononcé  t  ainsi ,  sans  pré- 
tendre réunir  ces  deux  espèces  ^  nous 
croyons  néanmoins  les  devoir  rappro- 
cher. Celle-ci  a  le  dessus  de  1a  tête,  la 
face  et  la  queue  noirâtres  ;  Taile  est 
de  la  même  couleur,  avec  quelques 
reflets  bleus  et  verts  ,  et  porte  une  ta- 
che blanche  ;  le   cou  est   d'un  roux- 
roarron;  les  flancs  sont  teints  de  cette 
même  couleur,  et  le  dessus  du  corps 
en  est  onde  sur  du  noirâtre. 


A 


^ 
V 


il 


Si 


apa         HISTOIRE    NATURELLE 

-  Cette  sarcelle  nous  a  été  envoyée  de 
k  Guadeloupe  ;  M.  Brisson  l'a  reçue 
de  Saint-Domingue,  et  il  lui  rapporte^ 
avec  toute  apparence  de  raison ,  le 
chilcanauhtli,  sarcelle  de  la  Nouvelle- 
Espagne  deFernandeZ)  qui  semble  dé- 
signer la  femelle  de  cette  espèce  par 
le  i|om.  de  colcanauhtli*  '  ■■  <> 

A 

LA  SARCELLE  BI^ANCHE  ET  NOIRE, ^ 
ou  LA  REÏ-IGIECJSE. 


iK  ' 


'i     > 


Quatorzième  espèce. 


u''-/ 


;.'  "•(!' 


Une  robe  blanche^  un  bandeau  blanc 
avec  coiffe  et  manteau  noirs  |  ont  fait 
donner  le  surnom  de  religieuse  à  cette 
sarcelle  de  la  Louisiane  ,  dont  la  taille 
est  à>peu-près  celle  de  notre  sarcelle 
(première  espèce  )  ;  le  noir  de  sa  tête 
est  relevé  d*un  lustre  de  vert  et  de 
pourpre ,  et  le  bandeau  blanc  l'entoure 
par-derrière  depuis  les  yeux.  «  Les  pê- 
cheurs de  Terre-Neuve ,  dit  Edwards  j 
appellent  cet  oiseau  l'esprit,  je  ne  sais 


"C. 


i:  r- 


i- 


''**«*^?*> 


DU     CANARD.  9.(j:i 

par  quelle  raison,  si  ce  n^est  qu'étant 
très-vif  plongeur,  il  peut  reparoitre 
Tins  tant  après  avoir  plon^;é  ,  à  une 
très-grande  distance ^  faculté  qui  a  pu 
réveiller  dans  ^imagination  du  vul- 
gaire j  les  idées  fantastiques  sur  les 
apparitions  des  esprits. 

♦ 

LA  SARCELLE  DU  MEXIQUE. 

Quinzième  espèce. 

FfiRNANOEz  donne  à  cette  sarcelle 
un  nom  mexicain  (  mctzcanauhtli  ), 
qu'il  dit  signifier  oiseau  de  lune ,  et 
qui  vient  de  ce  que  la  chasse  s'en  fait 
la  nuit  au  clair  de  la  lune.  C'est,  dit  il , 
une  des  plus  belles  espèces  de  ce  gen- 
re :  presque  tout  son  plumage  est 
blanc  pointillé  de  noir,  sur-tout  à  la 
poitrine  ;  les  ailes  offrent  un  mélunge 
de  bleu ,  de  vert ,  de  fauve  ,  de  noir 
et  de  blanc  ;  la  tête  est  d'un  brun  noi- 
râtre ,  avec  des  reflets  de  couleurs 
changeantes^  la  queue  bleue  en  des« 


1^ 


m 


>y 


'•-  i  r 


■&■ 


^94        HISTOIRE    NATURELLE 

SOUS ,  noirâtre  en  dessus ,  est  terminée 
de  blanc  ;  il  y  a  une  tache  noire  entre 
les  yeux  et  le  bec  qui  est  noir  en  des- 
tous et  bleu  dans  sa  partie  supérieure. 
La  femelle ,  comme  dans  toutes  les 
espèces  de  ce  genre ,  diffère  du  mâ!e 
par  ses  couleurs  qui  sont  moins  nettes 
et  moins  vives  ;  et  Tépithète  que  lui 
donne  Fernandez  (  Avis  stertria:  ju/t" 
cetl)  ,  semble  dire  qu^elle  sait  abattre 
et  couper  les  jonCs  ^  pour  en  former 
ou  y  poser  son  nid.  ^ f 


^'•1 


JLA  SARCELLE  DE  LA  CAROLINE. 
Seizième  espèce. 

Cette  sarcelle  se  trouve  à  la  Caro- 
line ,  vers  Pembouchure  des  rivières 
à  la  mer,  où  Peau  commence  à  élre 
salée  :  le  mâle  a  le  plumage  coupé  de 
noir  et  de  blanc  conime  une  pie  ;  et  la 
femelle  9  que  Catesby  décrit  plus  en 
détail  f  a  la  poitrine  et  le  ventre  d\nL 
gris-clair;  tout  le  dessus  du  corps  et 


••«t..*--"*f.-siT- 


;%»*• 


.-.ilC*^, 


■f    ■<■ 


''';*Tm.'-'^i 


DU      CANARD.  2^5 

les  ailes  sont  d'un  brun-foncé  ;  il  y  a 
une  tache  blanche  de  chaque  côté  de  la 
tête  derrière  l'œil ,  et  une  autre  au  bas 
de  Paile.  Il  est  clair  que  c'est  d'après 
cette  livrée  de  la  femelle,  que  Catesby 
adonné  le  nom  àe  petit  canard  brun  à 
cette  sarcelle  ,  qu'il  eût   mieux  fait 
d'appeler  sarcelle ' pie,   ou   sarcelle 
noire  et  blanche  :  nous  lui  laissons  la 
dénomination  de  sarcelle  de  la  CarO" 
Une,  parce  que  nous  n'avons  pascon- 
noissance  que  cette  espèce  se  trouve 
en  d'autres  contrées. 

LA  SARCELLE  BRUNB  ET  BLANCHE. 
Dix-septième  espèce. 

Cet  oiseau  9  qu'£dwards  donne  sous 
le  nom  de  canard  brun  et  blanc ^  doit 
néanmoins  être  rangé  dans  la  famille 
des  sarcelles ,  puisqu'il  est  à-peu-près 
de  la  taille  et  de  la  ligure  de  notre  sar- 
celle {première  espèce  )  ;  mais  la  cou- 
leur du  plumage  est  différente;  elle 
est  toute  d'un  brun-noii  âtre  sur  la  tête^ 


) 


\ 


! 


296        HISTOIRE    NATURELtiE 

le  COU  et  les  pennes  de  l'aile;  le  brun- 
foncé  s'étend  jusqu'au  blanchâtre  sur  le 
devant  du  corps  ,  qui  de  plus  est  rayé 
transversalement  de  lignes  brunes  ;  il 
y  a  une  tache  blanche  sur  les  câtés  de 
la  tête ,  et  une  semblable  au  coin  du 
bec.  Cette  sarcelle  ne  craint  pas  la  plus 
grande  rigueur  du  froid  y  puisqu'elle 
est  du  nombre  des  oiseaux  qui  habi<* 
tent  le  fond  de  la  baie  d'Hudson. 

espèces  qui  ont  rapport  aux  Canards 
et  aux  Sarcelles, 

Après  la  description  et  l'histoire  des 
espèces  bien  reconnues  et  bien  distinct 
tes ,  dans  le  genre  nombreux  des  ca- 
nardset  des  sarcelles,  il  nous  reste  à  in- 
diquer celles  que  semblent  désigner  les 
notices  suivantes,  afin  de  mettre  les  ob- 
servateurs et  les  voyageurs  à  portée, 
en  complétant  ces  notices,  de  reconnoi- 
tre  à  laquelle  des  espèces  ci-devant  dé- 
crites elles  peuvent  se  rapporter,  ou 
H^  elles  en  sont  en  effet  différentes ,  et  si 


BU      CANARD.  2^^ 

elles  peuvent  indiquer  des  espèces  nou- 
velles. 

;  I.  Nous  devons  d'abord  faire  men- 
tion de  ces  canards  nommés  vulgaire- 
ment quatreaiiesy  dont  il  est  parlé  dans 
la  collection  académique  en  ces  termes  : 
a  Vers  1680  y,  parurent  dans  le  Boulo<« 
nois,  une  espèce  de  canards  qui  ont  les 
ailes  tournées  différemment  des  autres^ 
les  grosses  plumes  s'écartant  du  corps 
et  se  jetant  au-dehors^  cela  donne  lieu 
au  peuple  de  croire etdedire qu'ils  ont 
quatre  ailes  »  (  Collect.  acad.part,  Etr, 
tome  If  page  804)»  Nous  croyons  que 
ce  caractère   pouvoit  n'être  qu'acci- 
dentel ^  par  la  simple  comparaison  du 
passage  précédent   avec   le    suivant. 
ce  M.  l'abbé  Nollet  a  vu  en  Italie  une 
troupe  d'oies  ^  parmi  lesquelles  il  y  en 
avoit  plusieurs  qui  sembloient  avoir 
quatre  ailes;  mais  cette  apparence  qui 
n'avoit  pas  lieu  quand  l'oiseau  voloit^ 
étoit  causée  parle  renversementde  l'ai* 
leron  ou  dernière  portion  de  l'aile  qui 
Oiseaux.  YI.  a$ 


29^        HISTOIRE  NATUREtLE 

tenoit  les  grandes  plumes  relevëeSj  au 
lieu  (le  les  coucher  le  long  du  corps;  ces 
oies  étoient  venues  d'une  même  couvée 
avec  d'autres  qui  port^Jent  leurs  ailes 
à  l'ordinaire,  ainsi  que  la  mère,  mais  le 
père  evoit  les  ailerons  repliés  ».  His* 
toire  de  l'Académie,  i^6o^  P^g^7» 

Ainsi  ces  canards,  comme  ces  oies  à 
quatre  ailes ,  ne  doivent  pas  être  con- 
sidérés coinme  des  espèces  particuliè- 
res 9  mais  comme  des  variétés  très^ac- 
cidentelles ,  et  même  individuelles  y 
qui  peuvent  se  trouver  dans  toute  es-^ 
pèce  d'oiseaux. 

II.  Le  canard  ou  plutôt  la  très-petite 
sarcelle  qu'indique  R/aczynski  dans  le 
passage  suivant  ;  Lithuana polesia  alit 
anates  innumeras  yinter  quas,  •*%sunt, .  • 
in  cavis  arborum  natœ  ,  molem  sturni 
non  excedentes.  {Hist, pag»  269.)  Si 
Cet  auteurest  exact  au  sujet  de  la  taille 
singulièrement  petite  qu'il  donne  à 
cette  espèce ,  nous  avouons  qu'elle  ne 
nous  est  pas  connue. 


> 


w*»<'^>*:  ",;%.•, 


.«>».. 


BU     GANAB.D.  299 

III.  Le  canard  de  Barbarie  à  tête 
blanche  y  du  docteur  Shaw,  qui  nVst 
point  le  même  que  le  canard  musqué  ^ 
et  qui  doit  plutôtse  rapporter  aux  snr- 
celleS)  puisqu'il  n'est,  dit-il,  que  de  la 
taille  du  vanneau  ^  il  a  le  bec  large  y 
ëpais  et  bleu  ,  la  tète  toute  blanche  et 
le  i;Drps  couleur  de  feu.  '  . 

ly.  L'anas  platyrimhos  du  même 
docteur  Shaw  ^  qu'il  appelle  mal-à- 
propos  pélican  de  Barbarie ^  puisque 
rien  n'est  plus  éloigné  d'un  pélican 
qu'un  canard  \  celui-ci  d'ailleurs  est 
auçsi  petit  que  le  précédent  \  il  a  les 
pieds  rouges,  le  bec  plat,  large ,  noir 
et  dentelé^  la  poitrine ,  le  ventre  et  I4 
tête  de  couleur  de  feu  \  je, dos  est  plus 
foncé,  et  il  y  a  trois  taches,  une  bleue^ 
une  blanche  et  une  verte  sur  l'aile. 

V.  L'espèce  que  le  même  voyageur 
donne  également  sous  la  mauvaise  dé- 
nomination de  pélican  de  Barbarie  à 
petit  bec.  a.  Celui*ci,  dit-il,  est  un  peu 
plus  gros  que  le  précédent;  il  a  le  cou 


-^  V" 


•.'*•  '^-  -.«w» 
:«&'■   ' 


■-•■-«»  ^/f- 


r^"^ 


:':fi^: 


>«^- 


Kil) 


M 


h 


uî 


306        HISTOIB.E   NATURELLE 

rougeâtre  et  la  tête  ornée  d'une  petite 
touffe  de  plumes  tannées;  son  ventre 
est  tout  blanc,  et  son  dos  bigarré  de 
quantité  de  raies  blanches  et  noires  ; 
les  plumes  de  la  queue  sont  pointues^ 
et  les  ailes  sont  chacune  marquées  de 
deux  taches  contiguës,  l'une  noire  et 
l'autre  blanche;  l'extrémité  du  bec  est 
noire  j  et  les  pieds  sont  d'un  bleu  plus 
foncé  que  ceux  du  vanneau  ».  Cette 
espèce  nous  paroit  très  -  voisine  de  la 
précédente. 

VI.  Le  turpan  ou  tourpan ,  canard 
de  Sibérie,  trouvé  par  Gmelin  aux  en- 
virons de  Selengensk,  et  dont  il  donne 
une  notice  trop  courte  pour  qu'on 
puisse  le  reconnottre;  cependant  il  pa- 
roit que  ce  même  canard  tourpan  se  re- 
trouve à  Kamtschatka  ,  et  que  même 
il  est  commun  à  Ochotsk  ,  où  l'on  en 
fait,  à  l'embouchure  même  de  la  ri- 
vière Ochotska ,  une  grande  chasse  en 
bateaux,  que  décrit  Krachenninikow. 
Nous  observerons  au  sujet  de  ce  voya- 


-y. 


•1>  U     ex  K  À  H  '  301 

geur ,  qu'il  dit  avoir  rencontré  onze 
espèces   de  canards  ou   sarcelles  au 
Kamtschatka ,   dans   lesquelles  nous 
n'avons  reconnu  que  le  tourpan  etle  ca*^ 
nard  à  longue  qneue  de  Terre-neuve  : 
les  neuf  autres  se  nomment^  selon  lui^ 
selosni,  tchirki,  krohali,  gogoli^lutkV, 
tchemeti y pulonosi ,  suasi,  et  canard 
montagnarde  a  Les  quatre  premiers  y 
dit-il|  passent  l'hiver  dans  les  environs 
des  sources,  les  au  très  arrivent  au  prin- 
temps et  s'en  retournent  en  automne 
comme  les  oies  y>.  On  peut  croire  que 
plusieurs  de  ces  espèces  se  reconnoî- 
troient  dans  celles  que  nous  avons  d^> 
critesi  si  l'observateur  avoit  pris  soin 
de  nous  en  dire  fiutre  chose  que  leurs 
noms. 

VII.  Le  petit  canard  des  Philippi- 
nes I  appelé  à  Luçon  saloyazir^  et  qui 
n'étant  pas  |  suivant  l'expression  de 
C3ime\j  plus  gros  que  lepoing,doit  être 
regardé  comme  une  espèce  de  sarcelle. 

VIII,  ic  Le  woures'feique  ou  /'a/- 


•• 


•*       ■*■       -T»        jHfc*"-*.' 


;j»a|^Vfr.*«ÇjiS»w*., 


>.«,*-*«*' 


3o2        HlfXOIKB    NATURELLE 

^eau  cognée  de  Madagascar ,  espèce  cla 
canard ,  ainsi  nommé  par  ces  insulai» 
res ,  dit  François  Çauche^  parce  qu'il  a 
sur  le  front  une  excroissance  de  ckair 
noire  ,  ronde  j  et  qui  va  se  recourbant 
un  peu  sur  le  beC|  ^  la  manière  de  leurs 
cognées.  Au  reste^  ajoute  ce  voyageur^ 
cette  espèce  a  la  grosseur  de  nos  oi- 
sons I  et  le  plumage  de  nos  canarda»» 
Kous.  ajouterons  qu^l  se  pQurrpit  que 
ce  n?en  fû.t  qu'une  vai:iété. 

IVk  Les  deux  espèces  de  canards  et 
les  deux  sarcelles  que  M«  deBougain- 
ville  <i  vues  aux  iles  Malouîaes  ou  Fal* 
kland)  et  dont  il  dit  qiie  les  premiers 
ne  diffèrent  pas  beaucoup  de  ceux  de 
nos  contrées  y  en  a|outaat  néanmoins 
qu'on  en  tua  quelques  -  uns  de  tout 
noirs,  et  dWtres  tout bljands.  Quant 
liux  deux  sarcelles  ,  l'une  est,  dit«il, 
de  la  taille  du  canard ,  et  a  le  bec  bleùj 
l'autre  e^t  beaucoup  plus  petite,  et  l'on 
en  vit  de  ces  dernières  qui  avoient  les 
plumes  du  ventre  taiittes  d'incarnat* 


■.*»*^  .'*»'.• 


DU      CAVARD.  3o3 

Du  reste f  ces  oiseaux  sont  en  grande 
abondance  dans  ceslles,  et  du  meilleur 

goût*  •!..,K' 

X.  Ces  canards  du  détroit  de  Magel- 
lan,  qui  ^suivant  quelques  voyageurs, 
construisent  leurs  nids  d'une  façon 
toute  particulière  f  d'un  limon  pétri  et 
enduit  av«c  la  plus  grande  propreté  ; 
si  pourtant  cette  relation  est  aussi 
vraie  |  qu'à  plusieurs  traita  elle  noua 
paroît  suspecte  et  peu  sûre. 

XI.  Le  canard  peint  àe  la  Nouvelle- 
Zélande  ^  ainsi  nommé  dans  le  second 
voyage  du  capitaine  Cook^  et  d<^crit 
dans  les  termes  suivans:  «Il  est  de  la 
taille  du  canard  musquéy  et  les  couleurs 
de  son  plumage  sont  agréablement  va- 
riées; le  mâle  et  la  femelle  portent  une 
tache  blanche  sur  chaque  aile  y  la  fe« 
melle  est  blanche  à  la  tête  et  au  cou  , 
mais  toutes  les  autres  plumes ,  ainsi 
que  celles  de  la  tête  et  du  cou  du  mais  ^ 
sont  brunes  et  variées  ?>.    .     .  »  . 

-   XII.  Le  canard  sifflant  d  bec  mou^ 


f  .-■ 


*  •♦■  ?^-  ■^ii9ii'^vmmmrt»*'-''>sif^td^''^*9t^ 


'^-. 


^. 


âo4       HTSTOIRB    NATURELLE     ' 

autrement  appelé  canard  grisât  leu  de 
la  Nouvelle-Zélande,  remarquable  ert 
ce  que  le  bec  est  d^une  substance  molle 
et  comme  cairtilagineusey  de  manière 
qu'il  ne  peut  guère  se  nourrir  qu^en 
ramassant,  et  pour  ainsi  dire  suçant 
les  vers  que  le  flot  laisse  sur  U  grève. 
^  XIII.  Le  canard  à  crâte  rouge  y  en- 
core de  la  Nouvelle-Zélande,  mais 
dont  L'espèce  »*y  est  pas  çomipune,  et 
qui  n'a  été  trouvée  que  sur  la  rivière, 
au  fond  de  là  baieDuski:  ce  canard  qui 
n'est  qu'un  peu  plus  gros  que  la  sar- 
celle ,  est  d'un  gris-noir  très- luisant 
au-dessus  du  dos,  et  d'une  couleur  de 
soie  grisâtre-foncé  au  ventre  ;  le  bec  et 
les  pieds  sont  couleur  de  plomb;  l'iris 
de  l'œil  est  dorée ,  et  il  a  une  crête 
rouge  sur  la  tête.       '  <*  rn  .  j 

XIV.  Enfin  ,  Fernandez  donne  dix 
espèces  comme  étant  du  genre  du  ca- 
nard ,  dont  nous  omettrons  les  noms 
mexicains,  et  les  descriptions,  la  plu» 
part  incomplètes,  jusqu^à  ce  que  de 


»«.- 


-f**;. 


ntr    c  A,  ti  à.  a  D,        3o5 

nouvelles  observations  ou  ^inspection 
des  objets  viennent  servir  à  les  cou'* 
pléter  et  à  les  faire  reconnoitre. 

Espèces  connues  dans  ce  genre. 

(Bec  renflé  à  sa  base.) 

Le  Cygne  ,  anas  Çygnus» 
L'Oie  jabotière ,  anas  Cygnoides»  . 
L^Oie  armée,  anas  Gambensù,       ,  ;   ' 
L'Oie  bronzée  ,  anas  Melanotos, 
L'Oie  de  neige ,  anas  Hyperborea, 
L'Oie  des  Terres  Magellaniques ,  anasMa- 
gellanica»    .^,  ,     ,.  ,        > 

L'Oie  antarctique ,  anas  ^ntarctica.  , 
L'Oie  des  iles  Malouines  ,  anas  Leucoptera* 
Le  Tadorne  ,  anas  Tadoma. 
Le  Canard  à  tête  gi  '  ^^  ,  anas  Spectabilis,  . 
La  grande  Macreuse  ,   anas  fusca» 
La  Macreuse)   anas  Nigra. 
L'Oie  lieuse  ,  anas  jélbifrons, 

(  Base  du  bec  égale  et  sans  caroncule.  ) 

Le  Milouinany  anas  Marila, 
L'Oie  commune  )  anas  Anser, 
Le  Casarca  ,  anas  Casarca. 
L'Oie  d'Egypte  y  anas  JEgyptiaca, 


■~  ti 


■(«'•^'raâfetw  - 


^.^w^' 


\ 


\\ 


■  'i 


3o6       HISTOIRE    VATURELLB 

Xja  Bernache,  anas  JErytkropus. 

L'Oie  (les  Esquimau^ ,  anas  CoBrulescens- 

Le  Gravant ,  anas  Bemicla* 

L'Oie  à  cravate,  anas  Canadensis» 

L'£ider,  anas  Jlfollissima» 

Le  Canard  musqué ,  anas  Moschata, 

Le  Marec ,  anas  Bahamensis. 

Le  Mareca,  anas  Brasiliensis. 

La  Sarcelle  religieuse ,  anas  Alheola, 

Le  Soucliet ,  anas  Clypeaia. 

Le  Canard  des  monts  Urals ,  anas  Jlfersa, 

Le  Chipeau ,  ia/ias  Strepera»- 

La  Sarcelle  de  Java  y  anas  Falcaria.  ' 

Le  petit  Canard  à  grosse  tête,  anas  Buce' 

•  phala,    '  •      j 

La  Sarcelle  rousse  à  longue  queue ,  anas 

Dominica, 
La  Sarcelle  à  queiie  épineuse  ,  anasspinosa. 
La  Sarcelle  d'Egypte ,  anas  Africana. 
La  Sarcelle  de  Madagascar,  anas  Mada* 

gascariensis» 
La  Sarcelle  de  Coromandel,  anas  Coro- 

mandeliana.  '■      '      .  — 

Le  Garrot,  anas   Clangula» 
La  Sarcelle  de  la  Caroline ,  anas  Rustîca. 
La  Macreuse  à  large  bec ,  anas  Ferspicii» 

lata, 
La  Sarcelle  du  Mexique ,  anas  novos  ZTic- 

pania»  ^ 


s.-^- 


Jtfr^> ,'  "«w: 


►A.A 


J.,?».:.^.. 


V* 


F^- 


ulescentm 


•  j 


ata, 

'veola, 
s  JHerstt^ 

'  '  '  .1. 

tria, 

mi  Bucc' 

ue,  anas 

ispinosa» 
ana, 
Madam 

28  Coro* 


Rustica,. 
*erspicil» 


»tr     CANARD.  3o7 

Lts  Canard  à  bec  membraneux ,  artas  Me» 

lacorynchùs. 
Le  Gingeon ,  ajias  uimericana. 
Le  Canard  siffleur ,  anas  Pénélope. 
Le  Filet)  ou  Canard  à  longue  queue,  anas 

Acuta, 
La  Sarcelle  de  Féroé^  anas  Hyemalis, 
Le  Canard  de  Miclon ,  anas  Glacialis, 
Le  Milouin ,  anas  Feiina. 
La  Sarcelle  commune ,  anas  Querquedula* 
La  petite  Sarcelle ,  anas  Crecca, 
La  Sarcelle  d^été ,  anas  Circia. 
Le  Canard  à  collier  de  Terre-Neuve ,  anas 

Histrionica, 
Le  Canard  brun ,  anas  .Minuta* 
La  Sarcelle  Soucrourou ,  anas  Discors* 
Le  Canard  à  face  blanche ,  anas  Viduata» 
Le  Canard  siffleur  à  bec  rouge  ,  anas  uâu- 

tumnalis* 
Le  Canard  sauvage,  anas  Boschas, 
La  Sarcelle  de  la  Chine ,  anas   Galericu- 

lata. 
Le  beau  Canard  huppé  ,  anas  Sponsa, 
Le  Canard  siffleur  à  bec  noir ,  anas  Arho* 

rea. 
Le  Canard  siffleur  huppé ,  anas  Rufina» 
Le  Canard  d*Arabie ,  anas  Arabica, 
Le  Petit  Morillon ,  anas  Fuligula, 

VXK    DV    TOME   SIXIÈME* 


//