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Full text of "Le suisse méthodiste confondu et convaincu d'ignorance et de mensonge [microforme]"

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TEST  TARGET  (MT-3) 


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Sdenœs 
brporation 


23  WEST  MAIM  STRSET 

WEBSTER,  N.Y.  UàSO 

(716)  872-4503 


^ 


CIHM/ICMH 

Microfiche 

Séries. 


CIHM/ICMH 
Collection  de 
microfiches. 


Canadien  Institute  for  Historical  Microreproductions  /  institut  cenedien  de  microreproductions  historiques 


Technicai  and  Bibliographie  Notes/Notas  tachniquas  at  bibliographiquaa 


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D 


Colourad  covars/ 
Couvartura  da  couiaur 


I      I    Covars  damagad/ 


Couvartura  andommagéa 

Covars  restorad  and/or  laminatad/ 
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qu'il  lui  a  été  possible  da  se  procurer.  Las  détails 
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D 
D 

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and  Spécial  Collectant, 

McQill  Univertity,  Montréal. 

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sion.  or  tha  back  covar  whan  appropriata.  Ali 
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sion.  and  anding  on  tha  laat  paga  with  a  printad 
or  Illuatratad  impraaaion. 


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TtNUED"),  or  tha  aymbol  V  (maaning  "ENO"), 
whichavar  appiiaa. 

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diffarant  raduction  ratica.  Thoaa  toc  larga  to  ba 
antiraiy  includad  in  ona  axpoaura  ara  fiimad 
baginning  in  tha  uppar  laft  hand  comar,  laft  to 
right  and  top  to  bottom.  aa  many  framaa  aa 
raquirad.  Tha  foilowing  diagrama  illuatrata  tha 
mathod: 


L'axamplaira  filmé  fut  raproduit  grica  i  la 
généroaité  da: 

Department  of  Rare  Booki 

and  Spécial  Collections, 

McGIII  University,  Montréal. 

Laa  Imagaa  suh/antaa  ont  été  raproduitaa  avac  la 
piua  grand  soin,  compta  tanu  da  la  condition  at 
da  la  nattaté  da  l'axamplaira  filmé,  at  9t\ 
conformité  avac  laa  condltiona  du  contrat  da 
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papiar  aat  impriméa  sont  filméa  an  commançant 
par  la  pramiar  plat  at  an  tarminant  soit  par  la 
damiéra  paga  qui  comporta  una  amprainta 
d'Impraaaion  ou  dllluatration.  soit  par  la  sacond 
plat,  salon  la  cm.  Toua  laa  autras  axamplairaa 
originaux  sont  filméa  an  commançant  par  la 
pramiéra  paga  qui  comporta  una  amprainta 
dlmpraaaion  ou  d'Illuatration  at  mn  tarminant  par 
la  damiéra  paga  qui  comporta  una  talla 
amprainta. 

Un  daa  symbolaa  suhrants  apparaîtra  sur  la 
damiéra  imaga  da  chaqua  microficha.  salon  la 
eaa:  la  symbola  — ^  signifia  "A  SUIVRE",  la 
symbola  ▼  signifia  "FIN". 

Laa  cartaa.  pianchaa.  tabiaaux.  atc.  pauvant  étra 
filméa  é  daa  taux  da  réduction  différvits. 
Loraqua  la  doeumant  aat  trop  grand  pour  étra 
raproduit  1%  un  saui  cliché,  il  aat  filmé  é  partir 
da  l'angla  supériaur  gaucha.  da  gaucha  à  droita. 
at  da  haut  1%  baa.  an  pranant  la  nombra 
d'Imagaa  nécaasaira.  Laa  diagrammaa  suivants 
iiiuatrant  la  méthoda. 


1  2  3 


1 

2 

3 

4 

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LE 


CflUMÏ  DMTREFOIS 


LE 


SUISSE  METHODISTE 


CONFONDU  ET  CONVAINCU 


D'I 


NORANCE  ET  DE  MENSONGE 


HS.  CHINIQUY,  Ptre. 


MONTREAL 


1875 


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W^Ç'fiîrf»/. 


Ch^rL^^tty,  Chs 


■I|»"fl    'Bill 


'^ï:;. 


PREFACE. 


Ceux  qui  liront  cette  petite  brochure  pourront  comparer  le 
Cbiniquy  de  1851  et  le  Chiniquy  d.  1875.  Le  premier  est 
«atholique  et  confond  les  .Suisses;  le  second  est  apostat  et  sou- 
lève le  cœur  de  tous  les  honnêtes  gens. 

Qui  croire  de  ces  deux  Chiniquy  ?  Quand  il  combattait  pour 
l'Eglise  Catholique,  Chiniquy  était.il  dans  l'erreur  ?  Si  oui 
qui  nous  assure  qu'il  est  aujourd'hui  dans  la  eérité.  Pourquoi 
un  homme  qui  s'est  trompé  dans  les  années  les  plus  fortes  de  sa 
vie,  ne  se  tromperait-il  pas  dans  sa  vieillesse.  Si  non,  si  Chini- 
quy n'était  pas  dans  l'erreur  en  1851,  il  l'est  donc  aujourd'hui, 
car  il  prêche  le  contraire. 

Donc,  dans  l'un  comme  dans  l'autre  cas,  le  Chiniquy  de  1875 
ne  mérite  pas  qu'on  l'écoute. 


V 


LE  CHINIQUY  D'AUTEEFOIS 


LE  SUISSEJMÉTHODISTE 

CONFONDIT  ET  CONVAINCU  D'IGNORANCE  ET  DE 

MENSONGE 


PAR 


CHS.  CHINIQUY,   Ptre. 


Le  sept  jaÉ(rier,  1841,  plusieurs  citoyens  de  Ste,  Marie  étaieafc 
«OToyés  dans  toutes  les  directions  de  la  paroisse,  pour  annonça p 
que  M.  Roussy  avait  enfin  consenti  à  la  discussion  publique 
qu'on  lui  avait  inutilement  demandée  depuis  longtemps.  Aussi, 
aune  heure  de  l'après-midi,  plus  de  quatre  cents  hommes  se 
pressaient  dans  l'ianaense  salle  du  presbytère,  autour  de  I^Apô- 
tre  de  la  Tempérance  et  de  M.  Rou3sy,  à  qui  on  avait  d'avance 
préparé  une  estrade,  pour  qn'ils  pussent  être  mieux  entendus  de 
la  foule. 

M.  Joseph  Harbeck  fut  élu  Président,  et  MM.  F.  H.  Gatien, 
notaire,  et  Léandre  Franchère,  commerçant,  furent  priés  d'agir 
comme  Secrétaires,  et  de  prendre  notes  de  ce  qui  se  dirait  et  se 
forait  pendant  la  discussion.  MM.  Chiniquy  et  Roussy  convin- 
rent alors  d'en  passer  par  les  décisions  de  M.  le  Président  dans 
toutes  les  questions  de  droits  et  do  personnes  (et  non  de  dogmes) 
qui  s'élèveraient  pendant  la  discussion.  M.  le  Président  fut  aus- 
si chargé  de  faire  garder  l'ordre  et  le  silence. 

M.  Roussy  demanda  qu'on  nommât  dix  personnes  pou;-  aider 
le  président  de  leurs  conseils,  et  le  rendre  plus  capable  de  faire 
tanir  l'ordre.     Le  Rév.  M.  Chiniquy  lui  répondit  qu'il  ne  voyait 


—  6 


aucune  ndoesflitë  d'élire  un  si  grand  nombre  de  personneii,  vu  qn» 
•e  serait  con]pli«[uer  et  fair«.  traîner  en  langueur  chaque  ques- 
tion qui  pourrait  venir  en  litige  :  que  d'ailleurs,  il  n'y  t.vait  pa» 
besoin  do  tant  de  personiic»  pour  taire  t«nir  l'ordre  au  milieu 
d'hommes  aussi  paisibles,  aussi  respectables  et  aussi  chrétien» 
que  oeux  an  milieu  desquels  il  avait  le  plaisir  et  l'honneur  de  ge 
trouver  ;  mais  puisque  tel  était  le  désir  de  M.  Roussy,  il  ne  vou- 
lait pas  le  contrarier,  et  dix  personnes,  en  conséquence,  furent 
nommées  pour  aider  M.  le  Président. 

Ces  dispositions  préliminaires  étant  faites,  M.  Chiniquy  lo 
lève  et  parle  à  pou  près  en  ces  termes  — 

M.  LE  Président, 

Voici  un  événement  après  lequel  vous  soupirez  depuis  long- 
temps, dans  cette  belle  paroisse — voici  une  circonstance  que  j'ai 
aussi  appelée  de  mes  vœux  les  plus  ardents. 

Des  hommes  sont  venus  crier  que  nous  étions  des  idolâtres  ; 
que  notre  sainte  religion  catholique  n'était  qu'un  tissus  d'erreurs, 
Ils  publient  que  les  prêtres  catholiques  ne  sont  que  de  faus.  pro- 
phètes qui  trompent  les  peuples.  Et  un  de  ces  hommes  est  au- 
jourd'hui parmi  nous  pour  prouver,  dit-il,  toutes  ces  choses... Eh 
bien,  je  suis  heureux  de  le  rencontrer— avec  la  grâce  de  Dieu, 
rien  ne  me  sera  plus  facile  que  de  le  confondre  et  de  montrer  de 
quel  côté  sont  les  faux  prophètes,  l'ignorance  et  le  mensonge. 

Mais  avant  de  commencer  la  discussion  j'ai  une  chose  à  vous 
proposer,  M.  le  Président.  M.  Koussy  et  moL  nous  sommes 
convenus  d'en  passer  par  votre  jugemant  dans  les  questions  de 
forme  qui  pourraient  s'élever  entre  nous  ;  aussi,  dans  la  propo- 
sition que  je  vais  vous  soumettre,  je  veux  en  passer  par  ce  que 
TOUS  dicterez... 

Par  respect   pour  cette  nombreuse   assemblée,  il  me  eemMe 
qu'il  convient  que  M.  Roussy  et  moi  noue  fassions  connaître  qui 
nous  sommes,   d'où  nous  venons,  et  jusqu'à   quel  point  nous  n:ié 
ritons   l'attention  et  le   respect  de  ceux   devant  qui  nous   allons 
»voir  l'honneur  de  parler 

M.  Roussy  se  leva  précipitamment  et  avec  chaleur.  «  M.  le 
Président,  dit-il,  je  proteste  contre  cette  proposition  de  M .  Chi- 
niquy. Avant  de  venir  ici,  je  suis  convenu  avec  ce  monsieur, 
«ue  pendant  la  discussion,  il  n'y  aurait  aucune  question  person- 
nelle entre  lui  et  moi,  et  M.  Chiniquy  ne  peut  faire  cette  proposi- 
tion sans  manquer  à  la  parole  d'honneur  qu'il  m'a  donnée... 

Mr.CniNiQUY — M.  le  Président  :  Il  est  certain  que  M.  Rous- 
sy ne  m'a  pas  compris,  s'il  a  cru  que  le  compromis  passé  entre 
lui  et  moi  en  votre  présenoe,  comme  en  présence  de  plus  de 
cinquante  témoins  ce  matin,  m'ôtait  la  faculté  de  lui  demander 


--  7  — 

poliment  (^ui  il  C8fc,  d'où  il  vient,  h  quel  reli-ion  il  appartient,  «t 
de  qui  il  tient  le  pouvoir  qu'il  exerce  de  prêcher. 

L'Europ«  lanco  tous  lea  jours  dus  milliers  d'étrangers  sur  noi 
rives.  [»»rmi  c^-s  *<ui.i;rés,  il  y  eu  »  ,,ui  nous  Tiennent  avec  un 
caraotéro  non  8«ulyui«ut  équivoque,  mais  complètemeot  perdu  • 
disKjns  le  mot,  il  y  en  »  qui  uous  arrivent  après  avoir  mille  fois  më' 
nié  la  oorde.  Jo  ue  feux  pas  dire  que  M.  lUmmy  soit  nécesaai- 
remeot  de  ce  nombre... Non,  w^urémeut,  mais  il  me  semble  nue 
nous  Canâdienk",  uom  mëriterious  le  mépris  qu'une  foule  d'Euro^ 
poens  out  pour  uou»,  ni  nous  étions  toujours  prC-t»  à  euvironner 
de  notre  respect  U  pr«mier  aventurier  qui,  s'atfublant  d'un  titre 
qu  II  a  pn8je  ne  uai.  où,  vieut  h«  poser  en  apôtre  d'une  nouvelle 
r«ligion. 

M.  R0U6BT,  (prenant   alors  son  casque  et  non   mant«^au  )    Je 
va  «n  vais,  c'est  un  guet-à-pens  qu'on  m'a  prép.iré.  M.   Chiniquv 
manque  à  la  pan.Io  d'honneur  qu'il  m'a  donnée— il   m'insulte  eu 
^  ^  donnant  ù  entendre  que  je  suis  un  awnturier  sans  principe. 

M.  Chi.viqcjy— M.  lloussy  se  méprend  étrangement,  s'il  croit 
^ue  je  veuille  l'msulter.     Un  pareil  dessein  o^t  loin  de  ma  pen- 
8ee— mai»  il  me  semble  que  tout   homme  qui  a  quelque   respect 
pour  Boi-même  a  droit  de  s:woir  :\  qui  il  parle,  avec    quelle  espè- 
ce d  homme  il   discute.. .C'e«t  pour  remplir  la   promesse  que  j'ai 
tait«  d  éloigner  toute   (luestiou   personnelle,  pmdant  la  dîJus- 
*ion,  que  je  demande  en  ce  moment  à  M.  Rouasy  qui  il  est  d'où 
il  Tient  ù,  quelle  religion  il  appartient  :   qui  lui  a  donné   mission 
de  prêcher  et  d'expluiuer  l'Evangile:  ou  de  quel  droit  il  se  pose 
en  apôtre  au  muiou  de  nous,  si  personne  ne  lui   a  donné  pouvoir 
de  prêcher.     La  disoussioa  u'owt  pas   commimcéo.     La  proposi- 
tion que  je  fais,   n'e^  donc  pas  contraire  ù  la  parole  d'honneur 
que.)  ai  donnée  de  ne  pas  faire   rentrer  des  questions   de  person- 
nalité pendant  la  discussion. 

Lorsque  M.  Roussy  a  demandé  de  nommer  un  président  aidé 
-do  du  autres  personnes,  pour  décider  sur  les  questions  de  per- 
sonnalité ou  de  forme  qui  s'élèveraient  entre  nous  deux,  il  suppo- 
sait uéoeH««.remeiit  qu'il  naîtrait,  dans  la  discussion,  quelques 
unes  de  ces  questions.  Et  la  surprise  que  oc  monsieur  feint  de 
manifester,  ne  me  parait  qu'un  misérable  prétexte  de  nous 
échapper  et  de  ne  pas  continuer  une  discussion  dans  laquelle  il 
a  plus  d'une  raison  de  craindre  que  l'avantage  ne  sera  pas  de 
son  côté ^ 

D'ailleurs,    M.  le  Président,  ce  n'est  ni  M.  Roussy,  ni  moi 
mais  vous,  et  vous  seul,  qui  devez  juger   cette  question  ;    et  M 
Roussy  doit  en  passer  par  votre  jugement,  s'il  a  quelque  respect 


—  8  — 


pour  la  parole  d'honneur  qu'il  a  donnée  de  se  soumettre   à  vokrtr 

décision. 

M.  LB  Président  hg  lève  alors  et  s'adrcssant  à  M.  ItouMy  : — 
M.  liouHsy,    il  nio  semble  que  la  demande  de  M.  Chiniquy  est 

ooûvenablo Un  homme  d'honneur  ne  doit  jamais   avoir  peur 

ni  honte  de  décliner  les  titres  (|u'il  a  au  respect  et  à  la  considéra- 
tion de  ceux  devant  qui  il  paraît,  surtout  pour  la  première  fois. 
Quoique  nous  aimions  à  supposer  que  vous  êtes»  un  gentilhomme, 
la  plus  grande  partie  do  ceux  qui  forment  cette  assemblée,^  et 
moi  en  particulier,  nous  aimerions  ù  savoir  qui  vous  êtes,  d'où 
vous  venez,  et  de  qui  vous  tenez  la  mission  de  prC'cher  l'Evan- 
gile.»• 

Ces  paroles  furent  couvertes  des  applaudissements  de  toute 

l'assemblé*».  , 

M.  Chiniquv  se  levant  alors,  présenta  à  MM.  les  heerétaire» 
lo  document  suivant,  en  disant:  "  Voici,  M.  le  Président,  qui  j» 
iuis— lisez,  messieurs  les  secrétaires  et  veuillez  bien  traduire." 


«IGNATIUS  BOUIKIET,   Miskrationk   Divina    et  Ste. 
((  Sedi»  Ap(>8Tomc;b  Gkatia,  Kpinropim  Makianopo 

u  LITANEN8I8,  ETC.  ETC.,  ETC.» 

.(  Lniversis  prae.sentes  litteras  inspecturis,  notum  faeimus  et 
«  att*î»tamiir    Venerabilem    Carolum    Chiniquy,    Temperenti» 
«  Apostolum,  Nostrte  Diocœsis  Sacerdotem,  Nobis  optimè  notum 
.(  esse,  exploratumque  liabere  illum  vitam  laudabilem  et  profes- 
«  sion'e  Ecclesiastica  couKonam  agere,  nullisque  eccle.siahticis  cen- 
■((  suris,  saltem  quw  ad  nohtrem  devcnerunt  Notitiam  iiiuodatum  : 
«  qua  propter,  per  viscera  Misericordiœ  DerNostri,  obsecramn» 
«  omues  et  singulos  Archiepihcupos,  Episcopos,  cœteras  que  Ec- 
«  clesia)  diguitates  ad  quos  ipsuni  declinare  contingent,  ut  eunu 
«  pro  Christi  Amore,  bjiiignè  tractare  dignantur,  et  quando  eum- 
M  que  ad  eo  fuerint  requisiti,    Sacrum   Mistre   Sacrificium   ipsi 
M  celebrare,  nec  non  alia  ninnia  Ecclesiastica,  et  pietatis  opéra; 
«  exercere  permittant,  paratos  nos  ad  similia  et  majora  eihiben- 
XI  tes  :     In  quorum  fidem,  pncsentes  litteras  signe  sigilloque  nos 
«  tris,  ac  Secretarii  Epi^copatùs  nostri  subscriptione  comniunitas- 
u  expediri  maudavimus  Marianopoli,  in    Œdibus   Nostris   Beati 
«  Jacobi,  anuo  millesimo  (juinquagesimo.     Die  vero  mensis  Ju- 
«  nii  8extâ.tt 

«  f  IG.  E"""*-  MARIANOPOLITANEN8I6.)» 

u  J.  0.  PARÉ,  Can.  Secr"»» 


" 


—  il  — 


(traduction) 

ÎGNACK  nOURf.KT,  par  la  Miséricorde  Divine  et  la 
Grack  du  Maint  Hiéme  Apostolique,  Kvêque  de 
Ville-Marie  (Montréal.) 

Nous  cortifions  et  nous  aimons  à  faire  connaître,  à  tous  ceux 
<jui  liront  cos  prosent»i8,  que  lo  lltîvén'iid  Charles  CMiiniqujr, 
Priitro,  Apôtro  do  la  Tempérance,  do  notre  Diocèse,  Nous  est 
bien  connu,  et  qu'après  mûr  exiimon.  Nous  assurons  (ju'il  mène 
uno  vie  diguo  de  l'I^^tat  Ecclésiastique,  et  (ju'il  n'est,  à  notre 
connaissance,  lié  par  aucune  censure  Ecclésiastique  :  C'est  pour- 
quoi Nous  prions,  par  les  entrailles  de  la  Miséricorde  de  Dieu, 
tous  les  Archevêques,  Kvèques,  ou  autres  di^'nitaires  Ecclésias- 
tiques, chez  (jui  il  ira,  de  le  bien  rcevoir,  pour  l'amour  de  Jésus- 
Christ:  et  dans  le  cas  où  il  lo  désirerait,  do  lui  permettre  do 
célébrer  le  St.  8acritic(!  et  d'exercer  les  autres  Ibnetioiis  ecclési- 
asti(|ues,  déclarant  que  Nous  sommes,  Nous-mèmo,  prêt  à  lui 
contérer  ces  priviléjjjes  et  d'autres  plus  jrrands  encore. 

En  foi  do  (juoi,  Nous  avons  douné  les  présentes  lettres  sous 
notre  seing,  le  sceau  de  nos  armes  et  le  contre-.seinj;  de  notre 
Secrétaire,  daus  notre  ville  et  J*alais  Episcopal,  le  G  Juin  1851. 

t  IG.  EvÉQUE  DE  Montréal. 

Par  ordre, 

(Signé,)  J.  0.  PARÉ,  Chan.  Sec. 

M.  CiliviQUY — M.  le  Président,  je  viens  de  vous  montrer  qui 
je  suis  :  que  M.  Roussy  on  fasse  autant;  qu'il  nous  dise  avec 
quel  caractère  il  a  quitté  l'Europe  ;  qu'il  nous  dise  par  quelle 
autorité  il  prêche  l'Evangile;  i\  quelle  religion  il  appartient: 
oui,  qu'il  ait  la  condescendance  de  nous  faire  connaître  s'il  appar- 
tient ;\  l'Eglise  Episcopalienne  d'Angleterre,  ou  à  l'Eglise  Pres- 
bytérienne d'Ecosse,  ou  bien  s'il  est  Métliodiste,  Juniper  ou 
Mormon.  Ce  sont  là  certainement  des  choses  qu'il  nous  importe 
de  savoir,  et  que  nous  avons  droit  de  demander  ù  uu  homme  qui 
se  pose  on  prophète  parmi  nous. 

M.  RoussY  (se  levant  précipitamment,  et  prenant  son  man- 
teau pour  s'en  aller.)  Je  ne  puis  eonsentiv  à  rester  plus  long- 
temps ici Je  refuse  de  donner   les   explications   que    M. 

Cliiniquy  demande,  car  je  ne  serais  pas  venu  le  rencontrer,  si 
j'eusse  cru  qu'il  put  douter  de  mon  caractère  de  gentil- 
homme  et  de    ministre  du  St.  Evangile.     Je  regarde  comme 

Une  insulte  la  demande  qu'il  me  fait  de  prouver  ces  choses 

<9i  je  n'étais  pas  un  ministre  du  St.  Evangile,  Son  Excellence  lo 


10  - 


Goureroour  ne  m'aurait  pas  donné  d'^  diplômes  pour  enterrer  lei».- 
morts,  pour  marier  et  pour  en  teair  registre, 

M.  Chiniqtty — Voilà,  M.  le  Président,  une  eingnlière  manière 
de  prouver  qu'on  est  ministre  de  l'Evangile...  M.  lioussy  nous 
assure  que  le  Gouverneur  lui  a  donné  la  permission  d'enterrer, 
de  marier  et  d'en  tenir  registre  !  !  Nous  parler  ù'va  diplôme  de 
gouverneur  pour  prouver  qu'on  est  ministre  de  l'Evangile,  est  la 
chose  la  plus  ridicule  et  la  plus  absurde,  M.  le  Président  que 
vous  et  c(»tte  respectable  assemble  ayez  jamais  entendue.  Un 
gouverneur  peut  bien  nommer  un  juge  de  paix,  un  capitaine  de 
milice;  un  magistrat  civil,  maiii  il  ae  peut  aller  plus  loin. 

^lorsque  M.  Rousey  non»  assure  qu'il  s'attendait  i  être  trait<5 
par  moi  comme  vrai  ministre  de  l'Evangile,  il  s'est  fait  grande- 
ment illusion...     Les  étranger»  qui  arrivent  dans  ce  pays  nouR 
prennent  sans  doute  pour  des  imbéciles,  lorsqu'ils  croient  que  eur 
leur  simple  parole,  nous  allons  leur  accorder  les  titres,  la  ccn 
fiance  et  le  rospect  qu'ils  demandent, — que  nous  allons  en  un  mot 
nous  prostemtr  humblement  devant  leur  ipse  dixit.     Si   M. 
Pioussy  a  rencontré  jusqu'à  ce  moment  des  gens  assea  bons  pour 
eu 'agir  ainsi  à  son  sujet,  il  se  trompe  grandement,  j'en  suis  assu- 
ré, 8  il  croit  que  von?,  M.  le  Président  et  cette  respectable  assem- 
blée,  soyez  prêta  à  le  regarder  comme  un  vrai   et  digne  minître 
de  l'Evangile  avant  qu'il  nous  ait  donné  ses  preuves.     Criant  à 
moi,  j'ai  fait  à  M.  Roussy,  ce  matin,  devani  plus  de  cinquante 
hommes,  une  chose  qui  aurait  du  lui  ouvrir  les  yeux  sur  ce  que 
je  pense  à  son  sujet...  Vous  y  étiez,  M.  le  Président,  et  cetts 
circonstance  ne  vous  a   pas  échappée,  j'en  suis  certain...     J'ai 
donné  la  main  à  tout  le  monde,  exoepté  à  M.  Roussy...  M.  Rous- 
sy est  le  premier  homme  à  qui  j'ai  cru  devoir  refuser  ma  main... 
J'attendais  pour  la  lui  donner  qu'il  nous  prouvât  que  les  titres 
dont  il  se  pare  ne  sont  pas  une  usurpation.    Je  seraii  content  et 
henreux  de  pouvoir  lui  donner  la  main  en  ce  moment......   Mais 

pour  cela  il  faut  qu'il  nous  montre  qu'il  ne  nous  en  impose  pas 
lorsqu  il  s'annonoe  comme  un  nour si  apôtre,  et  comme  un  suc- 
cesseur de  ceux  à  qui  Jésus  Christ  a   dit  :    «  Allez — enseignez 

«  toutes  les  nations Je  serai   avec  vous  jusqu'à  la  fin   des 

«  sièclei^.» 

M.  Roussy— (voulant  encore  partir) — M.  Chiniquy  m'insulte 
dit-il,  et  je  ne  soutiendrai  pas  discussion  avec  ce  monsieur  sam 
qu'il  me  fasrio  réparatiou 

M.  Chiniquy. — M.  le  Président — Si  c'est  une  insulte  de  de- 
mander à  une  personne  à  qui  on  n'a  jama:s  parlé,  qu'on  n'a  ja- 
mais vue,  et  qui  vient,  Dieu  sait  d'ou,  «  qui  etes-vous,  mons^ieur, 
«  d'o"  venez-vous,  et  que  voulez-vous?  r. — Si  c'est  une  insulte  d* 


C* 


—  11  ~ 

demander  cca  ohaieS:  je  suis  prêt  à  faire  toute  espèce  de  répara- 
tion, (en  riant).  Oui,  ^  >  suis  prêt  même  à  me  jeter  aux  genoux 
de  M.  Roussy  pour  lui  demander  pardon,  si  vous  le  jugez  à 

Pi'^pcs Mais  il  me  semble  que  ce  n'est  pas  moi  qui  insuit» 

M  Roussy — c'est  lui  qui  nous  insulte,  lorsqu'il  nous  dit  que  nous 
n'ayons  pap  en  Canada  le  droit  de  demander  aux  étrangers  que 
l'Europe  vomit  constamment  sur  nos  rives,  «  qui  êtes-voua,  d'où 
f  venez- voua,  et  que  voulez-vous  ?  »  Surtout  loi-sque  ces  étran- 
gers se  posent  en  notre  présence  comme  les   ambassadeurs  du 

Christ  sur  la  terre Prononcez,   M.  le  Président — Este» 

insulter  un  homme  qui  vient,  au  nom  de  Dieu,  nous  demander 
de  changer  de  religion  ;  qui  vient  nous  prêcher  une  nouvelle 
doctrine,  qui  s'annonce  comme  un  ministre  du  ciel,  que  de  lui 
dire  ; — u  Qui  êtes-vous,  et  qui  vous  a  donné  mission  di  prêcher 
«  l'Evangile — quelle  preuve  avez-vous  à  nous  donner  que  vous 
M  savez  mieux  interprète»  les  Ecritures  Saintes  que  l'Eglise  Ca- 
«  thoiique.  Prouvez-nous  que  l'Esprit  Saint  vous  éclaire  pl«s, 
«  vous  seul,  qu'il  n'éclaire  les  deux  cent  millions  de  catholiquea 
«  qui  couvrent  le  monde.» 

M,  LE  Président — M.  Roussy,  je  ne  trouve  pas  que  M.  Chi- 
niquy  vous  insulte  en  vous  demandant  ce  que  vous  êtes  et  qui 
TOUS  a  donné  mission  de  prêcher 

M.  Roussy — (voulant  toyjours  partir.) 

Alors,  M.  Chiniquy  s'adressant  aux  dix  messieurs  nommés 
pour  assister  de  leur  conseil  M.  le  Président. ...Décidez,  messieurs, 
si  demander  à  un  étranger  qui  il  est,  d'où  il  vient,  ce  qu'il  veut, 
soit  une  insulte.  J'en  appelle  à  votre  honneur  et  à  votre  bon 
sens...  Si  vous  décidez  que  ce  soit  une  insulte,  je  suio  prêt  à 
faire  tout  «e  que  vous  trouverez  convenable  pour  la  réparer...  Je 
tiens  à  ce  que  M.  Roussy  ne  nous  échappe  pas...  Il  y  a  trop 
longtemps  que  je  déeire  montrer  à  cette  brave  paroisse  l'ignoranc» 
de  tous  ces  fabriquants  de  nouvelles  religions,  et  la  circonstance 
est  trop  belle  pout  que  je  la  laisse  échapper. — Je  veux  donc  faire 
tout  ce  qui  sera  en  mon  pouvoir  pour  forcer  M.  Roussy  de  dis- 
cuter devant  vous...  Mais  comme  je  pense  que  M.  Roussy  ne 
coneentira  jamais,  et  pour  de  bonnes  raisons,  à  nous  montrer  le» 
titres  qu'il  a  à  notre  respect  comme  ministre  de  l'Evangile,  jo 
retire  ma  motion.  Et  sans  savoir  à  quel  espèce  d'homme  j'ai 
.affaire,  je  coasens  à  discuter. 

M.  RouPSY  veut  alors  partir,  mais  on  l'arrête,  pour  que  les 
dix  juges  aommés  à  la  demande  expresse  de  ce  monsieur,  pro- 
nonceit. 

Alors  lin  Hp  OAa  HiTT  nui  oat  nrnfo.ita"*'-    nn»vî»"ii  kneror    r>y^nfi  \m 

parole  au  nom  do  tous,  et  ^tarle  à  peu  près  en  ces  termes  :  «  M. 


—  12  — 


Roussy,  puisque  M.  Chiniquy  déclare  n'avoir  pas  eu  l'intentioD 
de  vous  insulter  en  vous  demandant  qui  vous  êtes,  vous  deve» 
accepter  son  explication.  D'autant  plus  que  ce  monsieur  se  dé- 
clare prêt  à  vous  faire  toute  espèce  de  réparation  que  nous  juge- 
rions à  propos  de  lui  demander.  D'ailleurs,  M.  Chiniquy  retire 
sa  motion,  et  consent  à  discuter  avec  vous  sans  savoir  qui  vous 
êtes  ;  vous  ne  pouvez  refuser,  en  honneur,  la  discussion.  » 

Cette  décision  fut  applaudie  de  tout  le  monde.  Et  M.  Roussy 
reprit  sa  place. 

M.  Chiniquy — à  M.  le  Président — J'aurais  aimé  à  connaître 
avec  qui  j'allais  entrer  en  discussion,  et  il  me  semble  encore  que 
nous  avions  tous  le  droit  de  le  savoir,  mais  puisque  cette  connais- 
sance nous  est  interdite — ouvrons  la  discussion,  sans  plus  tarder. 

M.  Roussy  parcourt  les  campagnes  pour  dire  que  la  bible,  et  la 
bible  seule.interprétée  par  chaque  individu,doitêtre  la  seule  règlede 
notre  foi...  Il  assure  que  la  bible  est  la  seule  autorité  qui  puisse  nous 
guider  à  travers  les  ténèbres  de  la  vie.  Il  a  dit  qu'on  doit  re- 
jeter tout  ce  qui  n'est  pas  prouvé  par  un  texte  claire  delà  bible. . 
Il  dit  qu'on  ne  doit  tenir  aucun  compte  des  saintes  traditions,  ni 
de  l'autorité  de  l'Eglise.  Eh  bien  !  M.  le  Président,  je  défie  M. 
Roussy  de  prouver  ces  assertions  et  je  m'engage  de  démontrer 
que  cliaeuue  de  ces  propositions  est  une  absurdité. 

M.  Roussy. — M.  le  Présiiient— Rien  ne  m'est  plus  facile  que 
de  prouver  que  la  bible,  et  la  bible  seule,  et  non  la  tradition,  est 
la  règle  de  tout  homme  qui  désira  opérer  sou  salut.... 

Moïse  dit  expressément  dans  le  Deutéronome  : — (chap.  iv, 
versets  2  et  5,1  «Vous  n'ajouterez  ni  n'ôtercz  lien  aux  paroles 
«  que  je  vous  dit  :  gardez  les  commandements  du  Seigneur  votre 
«  Dieu,  que  je  vous  annonce  de  sa  part." 

«  Vous  savez  que  je  vous  ai  enseigné  les  lois  et  les  ordonnances, 
«  selon  que  le  Seigneur  mon  Dieu  me  l'a  commandé  :  Vous  les 
«  pratiquerez  donc  dans  la  terre  que  vous  devez  posséder.  » 

Voilà  qui  est  précis; — «Vous  n'ajouterez  ni  ne  retrancherei 
rien  aux  paroles  que  je  vous  dis.  »  Il  n'y  a  pas  ici  grand  chose 
en  faveur  des  traditions,  n'est-ce  pas  M.  le  Président. 

Au  livre  de  Josué,  Dieu  parlant  à  ce  conducteur  de  son  peuple,, 
lui  dit  : — (c.  i,  v.  7  et  8  ) — «  Prenez  courage,  et  armez-vous 
«  d'une  «j-rand  fermeté  pour  observer  et  occomplir  toute  la  loi  que 
<(  mon  serviteur,  Moïse,  vous  a  prescrite.  Ne  vous^  détournez 
«  ni  à  droite  ni  à  gauchî,  afin  que  vous  fassiez  avec  intelligence 
«  tout  ce  que  vous  ave»  à'  faive.  « 

«  Que  le  livre  do  cette  loi  soit  continuellement  dans  votre  bou- 
«  ohe  ;  et  ave?:,  soin  de  la  méditer  jour  et  nuit,  afin  que  vous  ob- 
«  serviez  et  que  vous  fassiez  tout  ce  qui  y  est  écrit,  u, 


4» 


—  13  — 


4» 


On  lit  encore  dans  le  livre  de  Néhémias  ce  qui  suit  :— (c.  viii^ 
V.  2,  3  et  8.)—"  Et  Esdras,  Prêtre,  apporta  la  loi  devant  l'as- 
ft  semblée  des  hommes  et  des  femmes,  et  de  tous  ceux  qui  pou- 
«  vaient  l'entendre,  le  premier  jour  du  septième  mois.» 

((  Et  il  lut  dans  ce  livre  clairement  et  distinctement,  au  milieu 
«  de  la  place  qui  est  devant  la  porte  des  caiux  depuis  le  matin 
«  jusqu'à  midi,  en  présence  des  hommes,  des  femmes  et  de  tous 
(1  "ceux  qui  étaient  capables  de  l'entendre  ;  et  tout  le  peuple  avait 
(1  les  oreilles  attentives  h  la  lecture  de  ce  livre.» 

Le  Psaume  cxviii,  qui  est  le  plus  long  comme  le  plus  beau  des 
Psaumes,  n'est  qu'une  répétition  de  l'avantage  qu'il  y  a  à  médi- 
ter consitamment  la  loi  du  Seigneur. 

Qu'est-ce  que  Dieu  nous  dit  par  la  voix  du  Prophète  Isaïe,  si 
ce  n'est  d'avoir  constamment  sa  sainte  loi  sous  les  yeux  et  dans 
le  cœur.  Voici  les  propres  paroles  du  saint  Prophète; — (c.  viii, 
A.  19  et  20.) — «  Et  lorsqu'ils  nous  diront  :  consultez  les  devins 
«  et  magiciens  qui  parlent  tous  bas,  dans  leurs  enchantements  ; 
«  répondez-leur;  chaque  peuple  no  consulte  t-il  pas  son  Dieu,  et 
«  va  t-on  parler  aux  morts  de  ce  qui  regarde  les  vivants.  C'est 
«  plutôt  à  la  loi  de  Dieu  qu'il  faut  recourir  et  au  témoignage.» 

Mais  laissons  là  l'Ancien  Testament  et  les  prophètes  ;  nous 
avons  vu  qu'ils  sont  unanimes  à  nous  inviter  à  méditer  <ît  à  étu- 
dier sans  cesse  la  loi  du  Seigneur...  Ils  ne  disent  pas  ce  mot  de 
Tradition.  Venons  à  Notre  Seigneur  .Jé^u;vChrist  et  à  son  saint 
Evangile  ;  et  nous  verrions  qu'ils  sont  encore  plus  précis  à  nous 
presser  d'étudier  la   loi  du  Seigneur  et  de  fuir  les  traditions  des 

hommes. 

Dans  Saint  Mathieu— (c.  xv,  v.  8.)— «  Alors  Jésus-Christ  re- 
«  pondit  aux  Pharig'ens  ;— Pourquoi,  vous-mêmes,  violez-vous 
«les  cimmandcment^  de  Dieu  poursuivre  vos  traditions  ?  ».... 
Ne  voilà-t-il  pas  la  doctrine  de  la  tradition  condamnée  par  la 
bouche  du  Christ  lui  même. 

Dans  Saint  Jean  — (c.  v,  v.  39.)— Notre  Seigneur  ne  dit-il  pas 
positivement  ; — «  Lisez  avec  soin  les  écritures,  parce  que  vous 
«  croyez  y  trouvez  la  vie  éternelle  ;  et  ce  sont  elles  qui  rendent 
«  témoignage  de  moi.  » 

Et  quoi  de  plus  positif  pour  nous  démontrer  la  nécessité  et 
l'utilité  de  lire  et  de  méditer  sans  cesse  les  saintes  Ecritures,  que 
ce  texte  des  Actes  des  Apôtres— c.  xvii,  v.  11  et  12.)-  k  Or,  ces 
«  Juifs  de  Berée  étaient  de  plus  honnêtes  gens  que  ceux  de  Thes- 
((  salonique,  et  ils  reçurent  la  parole  de  Dieu  avec  beaucoup  d'af- 
«  fection  et  d'ardeur,  examinant  tous  les  jours  les  Ecritures,  pour 
((  voir  si  ce  qu'on  disait  était  véritable  ;  de  sorte  que  plusieurs 
i;  d'entre  eux,  et  beaucoup  de  femme?  greoques  de  qualité,  et  ua 


14  — 


((  assez  grand  nombre  d'hommes,  crurent  en  Jésus-Christ.»  Tous 
Toyez  par  là  ce  qu'il  faut  penser  d'une  Eglise  qui  soustrait  les 
saintes  Ëcritures  à  ses  peuples  pour  les  amuser  de  ses  tradi- 
tions ?...  Et  Saint  Jean,  dans  son  Apocalypse,  ne  dit-il  pas  que 
ceux-là  sont  maudits  de  Dieu,  qui  ajoutent  ou  retranchent  un 
mot  au  lirre  de  ces  Prophéties. — N'est-ce  pas  là  une  preuve  écla- 
tante que  Dieu  veut  qu'on  ne  s'en  tienne  qu'à  la  parole  écrit* 
dans  son  saint  Evangile,  et  qu'il  a  en  horreur  les  traditions  dj« 
hommes. 

M,  CiiiNiQUY — M.  le  Président— C'est  l'usage  de  nos  bonnes 
vieilles  graod'mères  d'eflFrayer  les  petits  enfants  par  des  contes 
puériles....  Il  parait  que  c'est  aussi  l'usage  des  réformateurs  de 
religion  d'imaginer  de  sombres  histoires  avec  lesquelles  ils  épou- 
vantent et  amusent  leurs  dupes.  Parmi  ces  histoires  eflFrayantes 
dont  tous  les  échos  des  pays  prétendus  réformés  retentissent,  la 
plus  ridicule,  la  plus  sotte  et  la  plus  mensoncère  est  sans  contre- 
dit, celle  dont  M.  Roussy  a  semblé  préoccupé  pendant  sa  longue 
suite  de  textes  qu'il  vient  de  nous  lire,  je  ne  sais  trop  pourquoi. 
M.  Roussy  a  tant  de  fois  entendu  dire  par  sa  vieille  grand'mère, 
que  nous  Catholiques,  nous  sommes  les  ennemis  de  la  parole  d« 
Dieu,  et  que  nous  abhorrons  la  Ste.  Bible,  qu'il  le  croit  ferme- 
ment... Mais  c'est  là  un  de  ces  vieux  contes  dont  les  Protestants 
instruits  rougissent. 

Qui  a  conservé  le  dépôt  sacré  des  Ecritures  Saintes  -  pendant 
les  quinze  cents  années  qui  ont  précédées  les  apostats  et  impu- 
diques Luther  et  Calvin,  si   ce   n'est  l'Eglise  Catholique  ? 

Avant  que  ces  deux  monstres  eussent  troublé  la  paix  du  monde 
et  trompé  les  peuples  par  leurs  sophismes  et  leurs  erreurs  de  tous 
genres  ;  avant  qu'il  y  eut  un  seul  Protestant  sur  la  terre,  en  ua 
mot,  l'Eglise  Catholique,  non-seulement  conservait  les  Ecritures 
Saintes  comme  son  plus  précieux  trésor,  mais  elle  ne  négligeait 
aucun  moyen  d'en  faciliter  la  connaissance  aux  peuples.  Pendant 
le  court  espace  qui  s'était  écoulé  depuis  l'admirable  découverte 
de  l'imprimerie,  jusqu'au  temps  où  Luther  publia  sa  première 
Bible,  environ  soixante-quinze  à  quatre-vingts  éditions  de  la  Bible 
traduites  dans  les  différentes  langues  de  l'Europe,  formant  pas 
moins  de  deux  cent  mille  copies,  avaient  été  répandues  parmi  le 
peuple,  avec  l'autorisation,  et    souvent   aux  frais  des  autorités 


Ecclésiastiques   Catholiques 8i  l'Eglise,  pendant   quelques 

années,  a  été  obligée  de  mettre  certaines  restrictions  à  la  diffu- 
sion et  à  la  lecture  de  la  Bible  dans  les  lansrues  modernes,  les 

Protestants  seuls  en   furent  la  cause  Ces  sectaires  avaient 

tellemfint  chan<?é  le  texte  dans   leurs    tradnfitions  mensongères  : 
par  leur  ignorance,  ou  plutôt  par  la  corruption  de  leur  esprit  et 


é*» 


—  15  — 


f\ 


de  leur  cœur,  ils  avaient  tellement  empoiaonné  cetU  source  de  la 
vie,  que  ceux  qui  venaient  s'y  abreuver  y  trouvaient  plutôt  la 

mort  que  la  vie  de  leurs  âmes L'Europe  fut  un  moment 

inondée  de  Bibles  où  le  texte  de  l'aveu  même  des  Protestants 
instruits  disparaissait  pour  faire  place  aux  rêves  insensés  et  im- 
pies des  sectaires Alors,  mais   alors   seulement,  l'Eglise 

craignant  avec  raison,  ou  plutôt,  voyant  que  ces  Bibles  falsifiées 
étaient  prises  pour  la  vraie  parole  de  Dieu,  mit  quelques  restric- 
tions pour  un  temps,  à  la  lecture  de  la  Bible  dans  les  langues 
modernes.  Elle  fit  alors  ce  que  font  les  médecins  sages  et  habilee 
dans  les  épidémies,  iU  nous  défendent  certains  aliments  qui  sont 
excellents  dans  d'autres  temps,  mais  qui  deviennent  dangereux  à 
cause  des  mauvaises  dispositions  de  l'air  ou  des  tempéraments.... 
Mais  jamais  l'Eglise  ne  mit  d'entraves  à  la  diffusion  de  la  sainte 

Bible  dans  le  texte  grec  ou  latin Or,  dans  ce  temps,  presque 

tous  ceux  qui  savaient  lire,  entendaient  le  grec  ou  le  latin  ;  car 
ces  deux  langues  étaient,  alors  beaucoup  plus  qu'aujourd'hui, 
enseignées  dans  toutes  les  principales  écoles  de  l'Europe.  Mais 
l'époque  malheureuse  où  une  déplorable  épidémie  força  l'Eglise 
de  Jésus-Chris)  à  prendre  cette  mesure  extrême,  pour  empêcher 
la  contagion  du  mal  de  gagner  jusqu'au  cœur  des  nations,  ne  fut 

pas  de  longue  durée -    A  peine  la  fièvre  dévorante  que  Satan 

avait  infiltrée  dans  les  veines  de  l'Europe,  par  les  mains  de  Luther 
et  de  Calvin,  eut-elle  perdu  de  son  intensité  et  de  sa  contagion, 
que  l'Eglise  invita  les  peuples  de  nouveau  à  se  nourrir  de  la  lec- 
ture de  la  sainte  Bible,  mise  à  la  portée  de  tous  par  les  innom- 
brables traductions  qu'elle  autorisa,  de  tous  côtés,  par  la  voix  de 
■es  premiers  pasteurs. 

Les  Protestants  répètent  encore  que  l'Eglise  défend  la  lecture 
de  la  sainte  Bible  aux  peuples  ;  c'est  un  lâche  et  absurde  men- 
■onge,  et  il  n'y  a  que  les  ignorante  et  les  imbéciles  parmi  les  Pro- 
testants, qui  croient  encore  aujourd'hui  à  cette  vieille  imposture 
de  l'hérésie,  que  certains  ministres  ne  jettent  constamment  soufe 
les  yeux  de  leurs  dupes  que  pour  leur  en  imposer  et  lés  tenir  dan* 
une  sainte  horreur  de  ce  qu'ils  appellent  le  Papisme...  Que  les 
Protestants  fassent  le  tour  de  l'Europe  et  de  l'Amérique,  qu'ils 
rentrent  dans  toutes  les  librairies  catholiques  qu'ils  rencontreront 
à  chaque  pas,  qu'ils  aillent  à  Montréal,  chez  M.  Fabre  ou  chez 
M.  Saddlier,  et  partout  ils  y  trouveront  des  milliers  de  Bibles 
dans  toutes  les  langues  modernes,  imprimées  avec  la  permission 
des  autorités  Eccîé£iastiques. 

Je  tiens  dans  ma  ')iin  un  Evangile,  imprimé  il  n'y  a  pas  en- 
core cinq  ans,  à  Quél-jc Sur  la  première  page, j'y  lis  lappro- 

bation  suivante  de  l'Archevêque  de  Qui^bec  : 


-/l 


16  — 


((  Nous  approuvons  et  recommandons  aux  fidèles  de  notre  Dio- 
«  cèso  cette  traduction  du  Nouveau  Testament,  avec  comraen- 
«  taires  dans  le  texte  et  notes  au  bas  des  pages,  » 

«  t  JOS.  Archevêque  de  Québec.  » 

Toute'i  ces  Bibles  Catholiques  à  vendre  dans  toutes  les  librai- 
rie? de  l'Europe  et  de  l 'Amérique  sont  autant  de  témoins  irrécu- 
sables que  le  Protestantisme  se  nourrit  de  mensonge,  quand  tous 
les  jours  il  écoute  avec  complaisance  ses  ministres  et  ses  journaux 
lui  dire,  sur  tous  les  tons,  que  nous  sommes  les  ennemis  de  la 
Bible. 

M.  Roussy  nous  a  dit  que  la  lecture  de  la  Bible  était  le  seul 
moyen  enseigné  par  Jésus-Christ  et  ses  Apôtres  pour  la  conver- 
sion du  monde.    M.  Roussy  tient  probablement,  comme  tous  les 

Protestants,  cotte  nouvelle  idée  le  sa  bonne  grand'mère  

Mais,  M.  le  Président,  vous  comprenez  que  jamais  absurdité  plus 
grande  n'est  sortie  de  la  bouche  d'un  homme  C'est  in- 
croyable que  des  hommes  qui  sont  toujours  à  nous  parler  de 
Bibles  et  de  Bibles,  ne  savent  pas  que  Jésus-Christ  a  dit  à  ses 
Apôtres  : —H  Allez  jusqu'aux  extrémités  du  monde,  prêchez 
H(  l'Evangile  à  toute  créature,  celui  qui  croira  et  sera  baptisé, 
'(  sera  ssauvé  ;  mais  celui  qui  ne  croira  pas  sera  condamné  » — (St. 
Luc,  c.  xv[,  V.  15  et  16.)  "^ 

Et  dans  saint  Mathieu  (c.  xxviii,  v.  18,  19  et  20)  :  «  Jésus 
«  s'approchant  de  ses  onze  disciples,  leur  dit  :  Toute  puissance 
«  m'a  été  donnée  dans  le  ciel  et  sur  la  terre  :  Allez  donc  et  ins- 
«  truisez  tous  les  peuples,  les  baptisant  au  nom  du  Père,  et  du 
«  Fils,  et  du  Saint  Esprit  :  Et  leur  apprenant  à  observer  tout  ce 
«  que  je  vous  ai  commandé.  Et  voilà  que  je  suis  avec  vous  jus- 
II  quà  la  fia  des  siècles,  n 

Ce  n'Cîit  donc  pas  un  livre  que  les  Apôtres  sont  chargés  de  faire 
lire  aux  peuplesjftsf^w'à  la  fin  des  siècles. — Q,'<is,t\xnQ  prédication 
verbale  qu'ils  ont  mission  de  faire,  et  dans  laquelle  le  Divin  Sau- 
veur leur  promet  de  les  assister  et,  de  les  guider,  non  pendant 
trente,  quarante  ou  soixante  ans,  mais  jusqu'à  la  fin  des  siècles... 
C'est  par  la  prédication  des  Apôtres  aux  peuples,  et  non  par  la 
lecture  de  l'Evangile  par  le  peuple,  que  Jcsus-Christ  veut  que  les 
hommes  soient  éclairés  et  sauvés,  jMsg-w'à  la  fin  des  siècles.  Et 
voilà  pourquoi  le  Sacerdoce  Catholique,  seul  possesseur  de  la 
mission  donnée  aux  premiers  Apôtres,  eusoiiiue,  prêche  et  ex- 
plique  l'Evangile   aux   peuples Jésus-Christ  n'a  pas  dit 

li  celui  qui  ne  lira  pas  r Évangile  sera  perdu .  n  C'est  une  absur- 
dité et  un  mensonge,  qui  n'ont  pu  sortir  que  de  l'enfer; — mais 
Jésus  Chrii^t  a  dit  à  ses  Apôtres  de  tous  les  temps  :  Prêchez 
l'Evangile — Instruisez    tous  les  peuples — Je  serai  avec  vous — 


îi 


17 


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;      ( 

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celui  qui  vous  écoute,  m'éœute — celui  (|ui  vous  méprise,  me  mé- 
prise— celui  qui  croira  à  votre  prédication  sera  sauvé — celui  qui 
«  n'y  croira  pas,  sera  perdu...  » 

Jésus-Christ  n'a  pas.  dit  :  Si  vous  ne  lisez  pas  la  Bible,  vous 
serez  regardé  comme  un  païen  et  un  publicain  ;  mais  il  a  dit  :  «  si 
vous  n'écoutez  pas  l'Eglise,  vous  serez  regardé  comme  un  païen 
«t  un  publicain.  » 

C'est  donc  une  Eglise  que  Jésus-Christ  est  venu  fonder,  et  non 
un  livre  qn'il  est  venu  faire  écrire  et  lire.  L'Evangile  est  la 
propriété  de  l'Eglise,  c'est  un  de  ses  bioiis,  c'est  un  do  se?  grands 
trésors,  c'est  elle  qui  est  chargée  de  le  conserver  et  de  l'expli- 
quer au  peuple  Car  c'est  à  elle  seule  et  non  aux  individus 

que  la  promesse  est  faite  et  la  mission  donnée. 

Dire  que  Jésus-Christ  et  ses  Apôtres  voulussent  que  ce  fut  par 
la  lecture  de  la  Bible,  interprétée  par  chaque  individu,  que  les 
peuples  fussent  convertis,  est  une  si  grande  absurdité,  que  j'ai 
toujours  de  la  peine  à  concevoir  comment  des  hommes  qui  se  res- 
pectent peuvent  la  laissa  tomber  de  leurs)  lèvres. 

Tout  le  monde  sait  qu  avant  l'invention  de  l'imprimerie,  les 
livres  étaient  aussi  rares  et  aussi  chers,  qu'ils  sont  aujourd'hui 
«communs  et  à  bon  marché.  Pendant  J  400  ans  après  Jésus- 
Christ,  il  fallait  tout  écrire  à  la  main.  Or,  pour  écrire  une  Bible 
entière,  il  fallait  du  temps  considérable Bien  peu  de  per- 
sonnes savaient  écrire  chez  plusieurs  peuple.'^,  presque  contam 
ment  en  guerre.  On  a  même  les  noms  de  plusieurs  rois  puis- 
sants, qui  ne  savaient  pas  signer  leur  nom.  Pour  se  procurer 
un  livre  aussi  considérable,  il  fiillait  payer  uue  grande  somme 
d'argent.  Il  était  donc  absolumeni  imposnible  à  l'immense  ma- 
jorité des   Chrétiens  pendant   1400  ans  d'avoir  des  Bibles  et  de 

les  lire Aussi  l'histoire  nous  apprend  que  pendant  la  féri- 

ode  de  temps  qui  a  précédé  l'imprimerie,  les  peuples  se  cotisaient 
pour  avoir  un  Bible  qu'on  déposait  dans  l'Eglise,  où  le  Prêtre 
en  lisait  tous  les  Dimanches  quelque  partie,  qu'il  expliquait  au 
peuple. 

Ce  n'est  pas  par  la  lecture  de  la  Bible,  mais  c'est  par  la  pré- 
.dication  des  Apôtres  envoyés  par  l'Eglise  de  Jésus- Christ,  que 
les  Fjrançuis,  les  Anglais,  les  Allemands,  les  Espagnoles,  les  Ir- 
lanfjais,  les  Grecs,  les  liomains,  et  tous  les  autres  peuples  ont  été 
convertis,  puisque  bien  peu  de  personnes  parmi  ces  nations  diver- 
ses savaient  lire,  et  qu'un  bien  plus  petit  nombre  encore  étaient 
en  moyen  de  se  procurer  uue  Bible. — Que  M.  Roussy  me  nie 
cela,  s'il  l'ose 

Eh  bien  !  puisque  c'est  un   fait   certain   que  Jésus  Christ  a 
vvoulu   que   son   Eglipo    marchât    à  la  conquête  des  âmes  par  la 


18  — 


j)rédication  pendant  1500  ans,  que  M.  liouesy  nou«  montre  un 
texte  de  sa  Bible,  pour  nous  faire  connaître  que  Jésus-Christ  a 
décide  que  la  lecture  de  la  Bible  par  chaque  particulier,  dût 
remplacer  la  jirédication,  k  une  époque  quelconque  de  la  vie  de 
l'Eglise. 

il  est  clair  que  si  le  système  de  M.  Roussy  était  basé  sur  la 
vérité,  Jésus-Christ  aurait  commande  à  ses  Apôtres,  non  pas  de 
prêcher  l'Evangile  jusqu'à  la  fin  du  monde,   mais  de  montrer  ^ 

lire  aux  peuples  et   de  leur  donne*  des  Bibles .  Et  au  lieu 

d'Apôtres,  c'eut  été  des  maîtres  d'école  qu'il  eut  promis  et  envo- 
yés aux  nations  assises  dans  les  ténèbres  de  la  mort 

M.  Rousay  nous  dit  qu«  Notre  Seigneur  est  contraire  aux 
fausses  traditions  des  hommes  ;  mais  l'Ègliaes  ne  les  condamne 
pas  moins  ces  fausses  traditions  humaines.  Quand  M.  Roussy- 
dit  que  tout  ce  qu'il  faut  croire  et  faire  est  écrit  dans  l'Evangile,, 
et  qu'il  ne  faut  rien  croire  des  vérités  enseignées  par  la  tradition  ; 
en  un  mot  i|uand  M.  Roussy  dit,  qu'on  ne  trouve  pas  le  dogme 
Catholique  de  la  Tradition  dans  l'Ecriture-Sainte,  il  montre  ou 
■a  mauvaise  foi,  ou  son  igaoranoe.  Voici  une  Bible  qui  vient  de 
M.  Roussy  lui-même.  Eh  bien,  dais  la  seconde  Epitre  de  St. 
Paul  aux  Tressaloniens,  voici  ce  que  le  St.  Apôtre  écrit  : — (c. 
"  *  15.) — "  C'est  pourquoi,   "•""  a-a— -    a — « «.-.^ — i. 


u.  V. 


"  conservez  les  traditions 


mes  frères,  demeurez  fermes  et 
que  vous  avei  apprises,  soit  par  nos 
"  paroles,  soit  par  notre  lettre."  Voici  St.  Paul  qui  dit  que  ce 
qui  nous  vient  par  la  parole  non  écrite,  c'est-à-dire,  la  tradition 

est  de  même  autorité  que  ce  qu'il  écrit  dans  sa  lettre Ne  faut 

il  pas  plus  que  de  la  hardiesse  dans  M.  Roussy,  pour  oser  nous 
dire  en  face,  qu'il  n'est  pai  parlé  de  tradition  dans  l'Ecriture- 
Sainte. 

Et  dans  le  chapitre  iii,  v.  6,  de  la  même  Epître,  St.  Paul  dit  : 
I  ffous  vous  ordonnons  de  vous  séparer  de  ceux  qui  se  conduisent 
I  d'une  manière  déréglée  et  non  selon  la  tradition  qu'ils  ont 
t  reçue  de  nous.i 

Dans  sa  second  Epître  à  St.  Timothée  (c.  ii,  v.  2,)  St.  Paul 
dément  d'avance  l'absurde  assertion  de  M .  Roussy  qui  dit  que 
toutes  les  vérités  et  les  doctrines  4é  Jésus-Christ  sont  écrites  et 
qu'il  y  en  a  aucune  qui  nous  arrive  par  la  tradition.  Ces  paroles 
sont  claires  et  précises  : — «  Fortifiez- vous  donc,  ô  mon  fils,  par 
«  la  grâce  qui  esu  en  Jésus  Christ.  Et  ce  que  vous  avez  appris 
I  de  moi,  devant  plusieurs  témoins,  donne  le  dépôt  à  des  hommes 
•  fidèles,  qui  soient  eux-mêmes  capables   d'en  instruire  d'autres.» 

En  vérité,  M.  le  Président,  lorsque  M.  Roussy,  nous  disait  que 
tout  est  écrit  dans  les  livres  saints  et  qu'il  n'y  a  pas  de  tradition, 
il  avait  perdu  la  mémoire  ou  il  nous  supposait  assez  ignorant 
pour  ne  savoir  pas  lire  les  Epîtres  de  8t.  Paul. 


—  19  — 

M.  RousBj  a  dté  vraiment  malheureux  dans  le  choix  qu'il  a. 
fait  de  ses  textes  pour  prouver  que  chaque  particulier  doit  lii-» 
l'Eoriture-Sainte  et  a  droit  de  l'interpréter  à  sa  façon.  Il  a  cit4 
le  texte  ou  Moïse  veut  qu'on  s'en  tienne  à  la  loi  de  Dieu.  Et 
c'est  ju8t,ement  ce  que  nous  voulons.  Oui,  que  tout  le  monde 
médite  la  loi  de  Dieu  -  or,  une  de  ces  lois,  un  de  ses  commande- 
■meuts  le  plus  absolu  est  celui-ei  : — «  Ecoutez  l'Eglise,  celui  qui 
«  n'écoute  pas  l'Eglise  doit  être  regardé  comme  un  païen  et  un 
«  publicain.»  Il  a  cité  Josué,  mais  Josué  était  le  conducteur.  1« 
grand  chef  du  peuple,  c'est  un  homme  visiblement  choisi  et  ins- 
piré de  Dieu  pour  conduire  ses  frères  dans  la  terre  promise  : 
c'était  tout  naturel  qu'il  dut  lire  et  méditer  l'Ecriture-Sainte,  pour 
s'instruire  et  instruire  les  autres.  Et  c'est  aussi  ce  que  l'Eglise 
Catholique  commande  à  ceux  que  Dieu  a  choisis  pour  conduire 
son  peuple.  Elle  leur  commande  d'étudier  et  de  lire  souvent  lea 
Saintes  Ecritures 

Ce  bon  M.  Iloussw  nous  a  cité  le  livre  de  Néhémie  ;  mais  j« 

crois  que  c'était   ane  distraction  de  sa  part Car  le  texte 

qu'il  a  cité  prouve  justement  le  contraire  de  ce  qu'il  nous  avait 
promis.  M.  Roussy  nous  avait  promis,  vous  le  savez,  de  nous 
démontrer  que  chaque  personne  du  peuple  doit  avoir  sa  Bible  et 
la  lire.  Et  voilà  qu'il  nous  cite  un  texte  qui  nous  apprend  qu« 
pas  un  homme  ni  une  fe»roe  n'avait  de  Bible  alors,  excepté  les 

Prêtres i  Esdras  apporta  la  loi,... et  la  lut  devant  le  peuple.! 

— Vous  voyez  M.  le  Président,  que  cet  Esdras  ne  valait  pai 
iuienx(ju'un  prêtre  Papiste.  Au  lieu  de  distribuer  des  Biblet 
par  mihers,  à  tout  le  monde,  comme  fait  le  brave  M.  Eoussy,  il 
gardait  le  livre  dans  ses  mains,  et  se  contentait  de  le  lire  et  l'ex- 
pliquer au  peuple,  justement  comme  M.  Girouard,  votre  curé, 
fait  tous  les  dimanches. 

Quant  au  texte  d'Isaïe  ;  il  prouve  qu'il  y  avait  d'autres  cho- 
ses que  la  loi  écrite,  puisque  Dieu  veut  qu'on  s'en  tienne  aussi 
au  témoignoge 

Notye  Seigneur  conseillait  aux  Juifs  incrédules  de  lire  l'Ecri- 
ture-Sainte ;  mais  ce  n'était  assurément  pas  comme  l'unique  et  1« 
meilleur  moyen  de  le  connaître,  puisque  ces  Juifs  auraient  encore 
mieux  fait,  d'après  Jésus-Christ  lui-même,  de  croire  à  sa  parole 

et  à  ses  œuvres La  lecture   de  la  Bible,  mal  interprétée,  a 

perdu  les  Juifs,  comme)  elle  perd  les  protestants  d'aujourd'hui. 
C'est  la  Bible  à  la  main,  que  les  Juifs  ont  déclaré  que  Jésua- 
Christ  était  un  imposteur  et  que  d'après  la  loi  il  devait  être 
crucifié. 

Mais  M.  le  Président  je  veux  réfuter  M.  Roussy  par  sa  propre 
bouche  et  lui  prouver,  par  ses  propres  aveux,  qu'il  est  égaré  et 


—  20  — 


qu'il  trompe  les  autres,  lorsqu'il  leur  dit  que  nous  ne  devons 
admettre  en  reliffion  que  ce  que  noua  pouvons  prouver  par  des 
textes  prilcis  de  la  Bible.  Je  veux  lui  faire  avouer  (|u'il  faut  de 
toute  nécessité  avoir  recours  à  la  tradition  ;  et  niC'nie  ù.  une  tradi- 
tion infaillible,  sous  peine  de  n'être  pas  chrétien.  Je  prie  M. 
Uoussy  de  vouloir  bien  répondre  i\  mes  questions.  Et  vous, 
messieurs  les  Secrétaires,  écrivez  bien  précisément  les  réponse» 
de  monsieur  :  et  vous,  mes  bons  amis,  (en  parlant  au  peuple) 
écoutez  avec  attention  les  aveux  que  je  vais  lui  arracher. 

Puisque  vous  dites,  M.  lloussy,  qu'on  ne  doit  rien  admettre  en 
religion,  que  ce  qui  est  clairement  prouvé  par  un  texte  de  l'Evan- 
gile, montrez-nous  le  texte  qui  prouve  que  St.  Marc  a  écrit  l'E- 
vangile, et  qu'il  a  été  inspiré  par  le  Saint  Esprit^  lorscju'il  écrivit 
son  Evangile  ? 

M.  RoussY. — Se  levant  avec  un  air  d'assurance, — Rien  n'est 
plus  facile,  monsieur,  voici  les  propres  paroles  du  Sauveur,  dans 
St.  ^Mathieu  (chap.  xxviii,  v.  19  et  20.)  «  Allez  donc  et  ins- 
11  truisez  tous  les  peuples,  les  baptisant  au  nom  du  Pure,  et  du 
'(  Fils  et  du  Saint-Esprit.  Apprenez-leur  à  observer  toutes  les 
i(  choses  que  je  vous  ai  commandées,  je  serez  toujours  avec  vous, 
((  jusqu'à  la  lin  des  siècles.» 

M  CuiNiQuy. — M.  Koussy  voudrait-il  bien  nous  dire  à  qui 
s'adressaient  ces  paroles  du  Divin  Sauveur  ? 

M.  Iloussr — Jésus-Christ  adressait  ces  paroles  à  ses  Apôtres. 

M.  CiiiNiQLY — Messieurs  les  Secrétaires,  ayez  s'il  vous  plaît, 
la  bonté  d'écrire  que  les  paroles  que  M.  lloussy  a  citées  n'avaient 
lapport  qu'aux  Apôtres.  A  présent,  M.  Roussy,  voudriez-vous 
nous  dire,  si  8t.  Marc  était  Apôtre  ? 

M.  Roussy — Oui,  monsieur.  Saint  Marc  était  Apôtre. 

M.  Chiniquy — Messieurs  les  Secrétaires,  écrivez  s'il  vous 
plaît,  que  M.  Roussy  soutient  que  Saint  Marc  était  Apôtre 

M.  Roussy — avec  précipitation— Non,  non,  monsieur.  Saint 
Marc  n'était  pas  Apôtre. 

M.  Chiniquy — Ecrivez,  messieurs,  que  M.  Roussy  déclare 
que  Saint  Marc  n'était  pas  Apôtre.  * 

Eh  bien,  M.  Roussy,  si  Saint  Marc  n'était  pas  Apôtre  et  que- 
le  texte  que  vous  nous  avez  cité  ne  se  rapportait  qu'aux  Apôtres 
le  texte  n'a  donc,  de  votre  aveu,  aucuTi  rapport  avec  Saint  Marc. 

M.  Roussy — Non,  monsieur,  j'ai  lait  une  erreur,  et  j'avoue 
que  le  texte  cité  n'a  point  rapport  à  St.  Marc. 

M.  Chiniquy — Eh  bien,  M.  Roussy,  je  vous  renouvelle  ma 
question,  devant  cette  respectable  assemblée.  Montrez  nous  un 
texte  précis  de  la  Bible,  qui  prouve  que  St.  Marc  a  été  inspiré 
de  Dieu  pour  écrire  l'Evangile. 


# 


—  21  — 

M.  RoussY — se  hWe,  et  se  met  ù  feuilleter  son  livre.  Il  est 
pâle,  il  tremble,  les  sutuirs  l'inondont,  il  prend  plus  de  dix  mi- 
nutes j\  i..iercher Un  morne  sihînce   rè^j^ne, on  n'entends 

que  quelques  f'aiblos  murmures,  k  le  voilà  pris.  )i--iMuis  on  im- 
pose silenee. — Enlîti,  le  pouirlH  inipationté,  eomnience  à  parler  : 
— «  Avancez-done,  M.  lioussy,  qu'ewt  ce  que  vous  faites  donc  ?  » 
Ce  monsieur  paraît  de  plus  en  plus  décontenancé  ;  il  répond  d'u- 
ne voix  tremblante  :  u  Messieur,  je  vous  prie  do  prendre  patience 
«  j'avoue  ((ue  je  suis  dans  un  chemin  très  étroit.»  Ces  paroles 
sont  suivies  d'un  éclat  de  rire  général.  M.  Chiniquy,  lui  dit 
alors  :  n  Votre  chemin  sera  encore  plus  étroit  tout  à  l'houre, 
«  monsieur.  «...Enfin,  après  avoir  cherché  en  vain,  pendant  un 
quart  d'heure,  M.  Roussy  s'assit,  ou  plutôt,  il  écrase  sur  .son 
siège,  et  il  dit  d'une  voix  émue  : — «  Je  ue  suis  pas  capable  do 
((  trouver  le  texte  demandé.  » 

_M.  ClHNiQUY — Messieuji^es  S(!crétaires,  ayez  la  bonté  d'é- 
crire que  M.  Rous.sy  déciiJplôtre  incapable  de  trouver  uîi  texte 
de  rKeriture-kSainte,  pour  prc)uver  que  Saint  Marc  a  été  inspiré 
de  Dieu  pour  écrire  l'Evangile 

Encore  une  autre  petite  (juestion,  M.  Roussy  ;  pui.^que  selon 
votre  religion,  on  ne  doit  tenir  comme  vnii,  que  ce  qui  est  prou- 
vé par  un  texte  do  la  Sainte  Bible,  trouvez-nous  le  texte  (jui 
prouve  que  Saint  Luc,  qui  n'était  pas  plus  Apôtre  (juc  Saint 
Mare,  a  été  inspiré  de  Dieu  pour  écrire  l'Evangile 

M.  Roussy — se  lève,  mais  sa  figure  et  toute  .sa  contenance  an- 
noncent un  homme  tout  à  fait  bri.sé. — Il  cherche  pendant  cin((  à 
six  minutes  ;  puis,  il  se  laisse  retomber  sur  son  siège,  en  disant  : 
M  Je  ne  suis  pas  capable.  » 

M.  Chiniquy — Messieurs  les  Secrétaire,  veuillez  s'il  vous 
plaît,  écrire  que  M.  Roussy  déclare  n'être  pas  capable  de  trou- 
ver un  texte  dans  sa  Bible  pour  prouver  que  St.  Luc  a  écrit  l'E- 
vangile. "  Puis  s'adressant  à  M.  Roussy.  Eli  bien,  monsieur, 
puisque  vous  déclarez  n'être  pas  capable  de  trouver  un  mot  dans 
la  Ste.  Bible  pour  vous  assurer  que  St.  Marc  et  St.  Luc  ont  écrit 
l'Evangile  qui  porte  leurs  noms. — Comment  savez-vous  que  ce 
sont  eux  qui  ont  écrit  ces  Evangiles  ?. .  .  Puis,  se  tournant  vers 
lo  peuple,  M.  Chiniquy,  dit  en  souriant  : — "  Ecoutez  bien  sa  ré- 
ponse. " 

Un  morne  silence  se  fit  à  l'instant. 

M.  Roussy — On  prouve  que  St.  Marc  et  St.  Luc  ont  écrit  l'E- 
vangile, par  les  miracles  qu'ils  ont  faits. 

M.  Chiniquy — Eh  bien,  montrez-moi  le  texte  de  l'Evangile 
où  il  est  dit  que  St.  Marc  et  St.  Luc  ont  fait  des  miracles. 

M.  Roussy — so  iùvé  i^utomeut,  avoue  qu'il  u'ett  pus  capable 


—  22  — 

il  niurmuro  quelques  parolos  iDintelligibles,.... puis  arco  un  em- 
barras qu'il  no  peut  cacher  : — "  Vous  me  demandei,  monsieur, 
"  comment  on  connaît  que  St.  Marc  et  St.  Luc  ont  <?crit  l'Eyan- 
"  gile  :  mais,  monsieur,  on  no  connaît  cela  que  par  le  témoigna- 
*'  jje  des  premiers  chrétiens.  " 

A  ces  paroles  on  n'entendit  que  des  cris  de  joie  et  des  batte- 
ments de  mains.  «  Il  est  pris  par  sa  propre  paole,....  Il  est 
M  tombé  dans  le  sac,  s'écriait  la  foule. 

Oui,  mes  amis,  s'écrie  M.  Chiniquy,  il  est  pris  par  ses  propres 
paroles,  et  comme  vous  le  dit-es,  «  il  est  tombé  dans  le  sac  ;  h  il 
est  forcé  d'avoir  recours  au  témoi^uai^e  des  premiers  chrétiens, 
c'est-à-dire,  à  la  Tradition  de  l'Eglise  pour  prouver  la  pre- 
mière des  vérités l'existenoe   de  l'Evangile.     Il  est  donc 

forcé  d'avouer  (ju'il  vous  trompait  tout  à  l'heure,  lorsqu'il  vous 

disait  que  tout  était  écrit  dans  l'Ëvandle et  que  tout  ce  qui 

ne  pouvait  pas  se  prouver  par  un  texjÉdevaieut  être  rejette 

M.  RoussY — Je  ne  suis  pas  pris — ^st  vous,  M.  Chiniquy, 
qui  êtes  tombé  dans  le  sac, — c'est  vous  qui  êtes  confondu,  car 
vous  n'êtes  pas  capable  de  nous  montrer  ce  que  c'est  que  l'Eglise, 
et  quelle  autorité  elle  a 

M.  Chiniquy — Puisque  M.  Roussy  ne  «ait  pas  ce  que  c'est 
-que  l'Eglise,  je  me  ferai  un  plaieif  de  le  lui  dire. — Les  premiers 
chrétiens  divisés  sur  certaines  pratiques,  suivirent  le  conseil  de 

notre  Seigneur,  et  ou  appelèrent  à  l'Eglise  d'alors Et  voici  ce 

qui  se  passa  :— (Actes  des  Apôtrei,  cbap.  xv,  v.  6.) — «  Les 
n  Apôtres  donc,  et  les  Prêtres  s'assemblèrent,  pour  examiner  et 
«  résoudre  cettre  affaire.  Et  après  avoir  beaucoup  conféré  en- 
«  semble,  Pierre  se  leva  et  leur  dit  : — Mes  Frères,  voue  savei 
«  qu'il  y  a  longtemps  que  Dieu  m'a  choisi  d'entre-nous,  afin  que 
a  les  Gentils  entendissent /Jtt/-  ma  bouche  les  paroles  de  l'Evangi- 

«  le  et  qu'ils  crussent Après  Pierre,  Barnabe  et  Paul  furent 

«  entendus.  Puis  Jao(^ues  prit  la  parole  à  son  tour  ;  mais  ce  ne 
M  fut  que  pour  confirmer  ce  que  Pierre  Avait  dit Eniin  la  dé- 
fi libération  étant  finie, Ils  écrivirent  ces  aolenacK^,  |,»rolM  : 

«  — //  a  semblé  bon  au  Saint-Esprit  et  à  twus,  de  dj'-cidor  d« 
«  telle  et  telle  manière  la  question  que  voua  nov  •:  u,v-«;i  prt^po- 
«  sée.  )) 

Voilà  M.  Roussy,  ce  que  c'est  que  l'Eglise Voilà  comment 

elle  parlait  il  y  a  1900  ans,  et  voilà  comment  elle  parle  encore  et 
comment  elle  parlera  jusqu'à  la  fin  des  siècles  ;  car  elle  ne  doit 
jamitis  périr,  puisque  Jésus-Christ  a  dit  : — ((  Les  portes  de  l'en- 
fer r^^Piévaudrat  jamais   contre   elle.» C'est   cette   Eglise 

ic''  din.'  qu?  iue  dit,  à  moi,  Catholique,  comme  elle  le  disait  il 
y  a  1000  ans  : — que  St.  Marc  et  St.  Luc  out  été  inspiré  de  Dieu 


—  23  — 

pour  «<orire  leur  Evanjjile,  ot  je  buis  ctrtain  qu'elle  dit  vrai,  car 
c'est  le  8t.  Esprit  qui  l'tJclaire.  Cette  Ej^'Use,  d'aprôs  St.  Paul — 
(1er  Epîtro  à  Tinu)th<5o,  c.  iii,  v.  15.) — Eat  la  colonne  et  la  ha- 
se lit'  la  vérité. — Cette  Eglise,  hors  de  laquelle  il  n'y  a  que  men- 
songe et  erreur,  a  été  appelée  Catholique  par  les  Apôtres,  et  au- 
cune autre  Kglise  qu'elle  no  pourra  jamais  porter  ce  beau  nom. 
Cette  Eglise  Catholique,  à  laquelle  j'ai  1«  bonheur  d'appartenir, 
s'applle  aussi  Apostoli(jue,  pureo  qu'elle  est  unie  aux  Apôtres 
par  une  chaîne  non  interrompue  de  Prêtres,  d'EtOques  et  de  Pa- 
pes qui  tiennent  d'eui  leurs  poufoirs,  par  des  titres  ineontesta- 
oies.     Cette  Egli»«   Catholique  et  Apostolique,  s'appelle  aussi 

Romaine, parce  que  c'est  à  Rome  ((ue  son  Fondatiur  parmi 

les  hommes,  (St.  Pierre,)  a  rera^  son  sang  et  qu'il  a  d<<pos«$,  pour 
ses  successeurs,  les  Clcfti  du  Paradis,  qno  ni  les  démons,  ni  Ica 
héritiques,  ni  les  impies  ne  pourront  jamais  lui  rarir,  «  Tu  es 
Pierre  et  sur  cette  Pierre  je  bêtirai  mon  Eglise,  ot  les  portes  do 
l'Enfer  ne  prévaudront  jamais  centre  elle.  oSt.  Math.  chap.  XVi, 
T  IG,  17  18,  19. 

Lorsque  moi,  Catholique,  je  prends  la  Bible  cl  main  ;  je  suis 
aussi  certain  que  c'est  la  parolo  de  Dieu  que  je  suis  certain  qu'il 
y  a  un  IHeu  dans  la  ciel,  parce  quo  c'est  l'Kglis*  Catholique,  (la 
colonne  et  la  base  de  la  vérité,)  qui  me  le  dit...  Lorsque  je  lis 
l'Efangile,  je  ne  la  lis  qu'avec  une  soumission  pleine  et  entière  à 
l'explication  que  m'en  donne  l'Eglise,  dont  jo  dois  écouter  la  voix 
BOUS  peine  d'être  traité  par  Dieu  cnmmt  un  païen  et  un  publia  tin  y 
(St.  Mat.  0.  xviii,  t.  17.)  Lorsque  je  le  li.s,  le  St.  Evangile, 
je  me  rappelle  ce  que  disait  St.  Pierre,  (2de  Ed.,  c.  iii,  ▼.  15  et 
16.) — ((  Paul,  notre  cher  Frère,  vous  a  écrit  selon  la  sagesse  qui 
«  lui  a  été  donnée  :  comme  il  fait  aussi  en  toutes  ses  lettres,  oii  il 
«  parle  de  ces  mêmes  choses,  dans  lesquelles  il  y  a  des  endroits 
«  dijfficilet  à  entendre,  que  des  hommes  ignnrauta  et  légers  dé- 
«  tournent,  aussi  bien  que  les  autres  écritures,  à  de  mauvais  sens, 
«  pour  leur  propre  ruine,  n 

En  li.sant  les  Saintes  Ecritures,  je  me  rappelle  que  je  ne  suis 
qu'un  pauvre  ignorant,  et  que  si  je  m'en  tenais  à  la  faiblesse  de 
mon  esprit,' je  m'égarerais  bientôt  ;  au8,^i,  j'ai  soin  de  prendre  les 

choses  dans  le  sens  que  l'îlglise  les  a  toujours   enseignées 

Car  si  je  dois  croire  que  l'Eglise  est  infaillible,  lorsqu'elle  me  dit 
que  St.  Marc  et  St.  Luc  ont  été  inspirés  par  l'E.sprit  Saint,  pour 
écrire  leurs  Evangiles,  quoique  je  ne  trouve  pas  un  mot,  d'après 
l'aveu  môme  de  M.  Roussy,  dans  la  Bible,  pour  prouver  cette  vé- 
rité, je  la  dois  croire  dirigée  également  par  l'Esprit-Saint,  dan» 
l'interprétation  deb  Ecritures,  dont  elle  m'a  seule  conservé  infail- 
'iblcmeut  lô  sacré  trésor. 


24  — 


Je  vous  ai  avoué,  iVJ.  le  Président,  que  je  n'éta's  qu'uD   igno- 

raut,  et  que  c'était  pour  cela  que  j'avais  bc^        '     ^    guide    in- 

faillible  dans  l'interprétation  des  Stes.  Ecr         .,       ^e  n'pî   p.  s 

l'intention  d'insuiter,  ni  de  peiner   M.  Roui.        ,r?        ni  que   ce 

soit; mais,  je  vous  di'-ai  que  je  le  crois  au?si  ant   que 

moi,  et  lue  je  croix  qu'il  appartient  à  cette  classe  d'h.  ujinec  dont 
St.  Pierre  parle,  lorsqu'il  di.  que  les  i^«or«Jt^s  ne  comprennent 
pas  les  Stes,  Ecritures  et  qu'ils  les  dé^-^urnent  dans  de  faux  sens 
pc\'r  leur  propre  perdition. 

Malgré  mon  ignorance  et  ma  faiblesse,  jo  suis  assuré  de  ne  pas 
m'éf^arer  dans  la  lecture  des  Ecritures,  puisque  j  ai  pour  guide 
V Eglise,  colonne  et  hase  de  la  vérité,  et  que  je  prends  pour  inter- 
prète, l'Eglise  à  qui  mon  adoraMe  Sauveur  a  dit  : — «  Les  portes 
^e  l'enfer  ne  prévtvudront  pas  contre  elle.»  Mais  je  serais  curieux 
de  savoir  comment  M.  Iloussy,  qui  n'est  qu'un  pauvre  ignorant, 
peut  être  assuré  de  trouver  t'en  salut  par  la  lecture  de  la  Bible, 
tandis  que  le  premier  dc^  Apôtres  nous  assure  que  les  ignorants 
y  trouvent  leur  perte. 

M.  Rousav — Le  Saint-Esprit  nous  invite  de  lire  l'Ecriture 
Sainte,  et  par  conséquent  nous  promet  de  nous  éclairer. — Voici 
un  texte  qui  montre  d'une  manière  bien  évidente,  cette  vérité, — 
(2de  Epitre  de  St.  Paul,  à  Timothée.") — >*  Les  hommes  méchants 
({  et  les  impo.steurs  se  fortifièrent  de  plus  en  plu^'  dans  le  mal, 
«  étant  eux-mêmes  dans  l'illusion,  et  y  faisant  tomber  les  autres. 
«  Quant  à  vous,  demeurez  fermes  dans  les  choses  que  vous  avez 
«  apprises,  et  qui  vous  ont  été  confiées,  sachant  de  qui  vous  les 
'!  avez  apprises  :  Et  considérant  que  vous  avez  été  nourris  dès 
«  votre  enfance  dans  les  lettres-saintes,  qui  peuvent  vous  instrui- 
«  re  pour  le  salut,  par  la  foi  qui  est  en  Jésus-Christ.  » 

«  Toute  Ecriture  est  inspirée  de  Dieu  pour  instruire,  pour  re- 
n  prendre,  pour  corriger  et  pdur  conduire  à  la  piété  et  à  la  jus- 
'(  tice.ii 

Voici  St.  Paul  qui  félicite  son  cher  Timothée  d'avoir  été  nourri 

dès  son  enfance  dans  les  lettres-saintes Donc,  on  mérite  les 

.  louanges  de  Dieu  en  se   nourris.saiit  de  la  Sainte  Ecriture 

D'ailleurs,  n'est-il  pas  dit  positivement  ici,  que  toute  écriture  ett 
inspirée  de  D'icn,  pour  instruire  et  corriger.  Si  toute  écriture  est 
inspirée  de  Dieu,  pour  instruire  et  corriger,  comment  M.  Chini- 
quy  ose-til  dire  que  la  lecture  de  l'Ecriture  Sainte  est  mauvaise 
et  peut  nous  perdre  ? 

M.  CillNiQUV  — M.  le  Président,  je  vous  ai  déjà  observé  que 
ce  bon  M.  Rous.*y  était  malheureux  dans  le  choix  de  ses  textes  . 
Celui  qu'il  vient  de  choisir  va  le  briser  sans  res.source.  D'abor  ' 
vous  voyez,  par  ce  texte  que  St.  Paul  dit  positivement  :  k  demeu- 


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—  25  — 

rez  fermea  dans  les  choses  que  vous  avez  apprises  et  qui  vous  ont 
été  confiées,  sachant  de  qui  vous  les  avez  apprises.  »  Ici  St.  Paul 
ne  parle  pas  de  bible,  ni  d'écriture,  il  parle  de  choses  qui  ont  éU 
apprises^  et  il  est  bien  probable,  ou  plutôt,   il  est  bien  clair  que 

ces  choses  n'étaient  pas  écrites, puisque  St.  Paul  leur  dit  de 

se  souvenir,  non  pas  du  livre  où  il  les  avait  lues,  mais  de  la  per- 
sonne qui  les  lui  avait  communiquées.  Et  pour  montrer  conibiea 
St.  Paul  était  loin  de  prêcher  l'absurde  doctrine  de  M.  Roussy^ 
que  tout  est  écrit  dans  la  Bible,  il  suffit  de  jeter  les  yeux  quel- 
ques lignes  plus  haut  que  le  texto  cité  par  M.  Roussy. — St.  Paul 
parlant  à  ce  même  Timothée,  lux  dit  :  «(  Et  gardant  ce  que  voua 
«  avez  appris  de  moi  devant  plusieurs  témoins,  donnez-le  en  dépôt 
((  à  des  personnes  fidèles,  qui  soient  elles-mêmes  capables  d'en  ins- 
«  truire  d'autres.» 

Oui,  demeurez  ferme,  disait  l'Apôtre  des  nations,  dans  ce  que 
vous  avez  appris,  non  seulement  par  la  lecture  des  livres  saints 
mais  encore  dans  ce  que  vous  avez  appris  de  vive  voix  et  devant 
témoins.    St.  Paul  ne  tenait  pas  un  autre  langage  à  St.  Timothée 

qu'il  n'avait  tenu  aux  Thessalc  lions, et  il  lui  disait  à  lui 

aussi  : — k  Conservez  les  traditiims  que  vous  avez   apprises,    soit 

«par  nos  paroles,  soit   par  notre  lettre »  Et  ces  parf'les  de 

l'A-xitre  St.  Paul,  qui  sont  les  paroles  de  l'Esprit-Saint  lui  même, 
retentissent  par  toute  la  terre  depuis  1900  ans.  Et  tous  ceux  qui 
ont  véritablement  cru  en  Jésus-Christ  les  ont  redites,  ils  les  croient, 
ils  les  rediront  jusqu'à  la  fin  des  siècles,  pour  l'éternelle  confusion 
dos  impies  et  des  novateur-i. —  «  Conservez  les  traditions  que  vous 
«  avez  apprises,  aoit  parnos  paroles,  soit  par  nos  écrits.  »  Voilà 
l'enseignement  de  l'Eglise  depuis  dix-ue-if  siècles.  Voilà  l'ensei- 
gnement de  l'Eglise  jusqu'à  la  fin  des  temps  ;  car  l'Eglise  ne 
change  pas  plus  que  le  Fils  de  Dieu,  dpnt  elle  est  l'Epouse  im- 
maculée. St.  Paul  était  loin  de  soutenir  l'absurde  doctrine  des 
novateurs  modernes  ;  lui  qui  disait  positivement  dans  son  Epître 
aax  Romains  : — «  Tous  ceux  qui  invoqueront  le  nom  du  Sauveur 
((  Jésus,  •seront  sauvés,  mais  comment  l'invoqueront-ils,  s'ils  ne 
u  croient  point  en  lui,  et  comment  croiront-ils  en  lui,  s'ils  n'en 
«  ont  poin^entendu  parler  ?  Et  comment  en  entendront-ils  par- 
«  1er,  si  quelqu'un  ne  leur  prêche  ?  Et  comment  les  prédicateurs 

«  r>rêcheront-ils,  s'ils  ne  sont  envoyés La  foi  donc  vient  de  ce 

((  qu'on  a  entendu,   et  on  n'a  entendu  que  parce  que  la  parole  de 
«  Jésus-Christ  a  été  prêcliée.  > — (Rom  ,  c.  x,  v.  13—27.) 

Saint  Paul  félicite  Saint  Timothée  de  lire  l'Ecriture  Sainte, 
mais  c'est  parce  que  son  saint  d'sciple  joignait  à  cette  lecture  la 
soumission  la  plus  entière  aux  explications  et  aux  instructions 
verhalcs  de  ses  supérieurs  devant  Dieu C'est  encore  ainsi 


—  26  — 

<jne  l'Eglise  veut  que  ses  enfants  lisent  les  Saintes  Ecriture» 
L  absurde  idde  entretenue  par  M.  Koussy,  que  la  coounaissance 
de  1  Evangile  vient  par  la  lecture,  était  si  loin  de  la  pensée  de 
1  Apôtre,  qu  il  s  écriait  :  «  Comment  les  peuples  croiront-ils  à  Jé- 
«  sus-Chnst,  s  Us  n'en  ont  point  entendu  parler,  et  comment  ea 
«  entendront-ils  ^aWer,  si  quelqu'un  ne  les  prêche  ?  " 

^  D'après  l'Apotre  St-  Paul  doue,  la  meilleure  manière,   ou  plu- 
tôt 1  unique  moyen  de  connaître  Jéeus-Christ,  est  d'en  entendre 

parler  par  la  prédication,  et  non  par  la  lecture Sans  doute 

que  la  lecture  n'est  pai  inutile,  mais  elle  n'aide  la  foi  que  de 
ceux  qui  écoutent  la  prédication  de  C4iux  qui  sont  envoyés  voim- 
prêcher.  ''      ^ 

Mais  je  vous  ai  dit  que  M.  Roa«iy  allait  se  briser  avec  le  t«xte 
qu  11  nous  a  cité.  Si  j'ai  bien  compris  ce  monsieur,  il  uous  a  lu 
dans  sa  iiible,  ces  propres  paroles  :  «  Tout«  écriture  est  divin©- 
«  ment  inspirée  pour  instruire,  pour  reprendre  et  pour  corriger.» 
— JV  est-ce  pas  c«la,  M.  ilouasy,  que  vous  nous  avez  lu  ? 

M  RoiiBBY— Oui,  moaweur,  St.  Paul  dit  :  «  Toute  écriture 
«  est  divinemeut  inspirée  pour  instruire,  reprendre  et  corriger.  » 

M.  CuiNiQUT.— M.  le  Président  et  vous  tous,  messieurs"  qui 
composez  cette  respectable  assemblée,  vous  avez  entendu  ces  pa- 
roles de  la  Bible  de  M.  Roaasj Eh  bien,  qu'en  pensez-vous? 

Oui,  que  pensez-vous  d'un  hoamie  ou  d'une  religion  qui   vous 
assure  que  toute  écriture  est  divinement  inspirée  pour  instruire 
reprendre  et  corriger.     Jusqu'à  présent,  vous  avez  cru   qu'il  y 
avait  des  livres  ou  des  écritures  qui  ne  pouvaient  servir  qu'à 
gâter  et  à  corrompre  le  cœur,  mais   M.  Ruussy  a  trouvé  le  con- 
traire dans  sa  précieuse  Bible.     Je  connais  une  foule  de  livro 
qui  n'ont  été  écrits  que  sous  l'inspiration  des  plus  mauvais  peu- 
chants  du  cœur,  et  qui  ne  pouvaient  que  gâter  et  corrompre  ceux 
qui  les  lisaient....  mais  M.  .Rouesy  nous  assure  que  nous  nous 
sommes  tous  trompés,  et  il  proclame  que  toutes  les  écritures  sont 
divinement  inspirées.    Vous  l'tvez  bien  entendu,  n'est-ce  pas  ?— 
(Oui,  OUI,  de  tous  les  oôtée.)     Tout  à  l'heure,  M.  Roussy  disait 
avec  emphase,   que  si  quelqu'un  ajoute  ou  retranche  quelque 
chose  à  la  parole  de  Dieu il  est  maudit Eh  l^ien,  mes- 
sieurs, puist^u'il  en  est  ainsi,  la  malédiction  de  Dieu  doit  être  sur 
ceux  qui  ont  écrit  la  Bible  que   M.   Roussy  tient  en  main  ;    car 
cette  Bible  est  fausse,  ridiculement  fausse,   Itisqu'elle  dit  que 
toute  écriture  est  divinement  inspirée,   pour  instruire  et  corri- 
ger  

M.  Roussy— (se  lève  avec  chaleur).— Comment,   M    Chini- 
quy,  vous  dites  que  la  Sainte  Bible  que  je  tiens  dans  ma  main, 


§ 


—  27  — 


i 


Mt  fausse  et  mensongère je  vous  défie  de  le  prouver;  ce  que 

TOUS  dites  là  est  un  blasphème. 

M.  ChiniQUY. — Je  vais  vous  prouver,  monsieur,  que  ce  que 
je  viens  de  dire,  n'est  que  la  pure  vérité  ;  votre  Bible  est  fausse 
et  mensongère  jusqu'à  l'absurdité.  C'est  une  Bible  falsifiée,  et 
je  vais  voua  le  prouver  de  suite. 

S'adressant  alors  à  un  respectable  habitant,  nommé  Gauthier. 
Monsieur,  par  qui  la  Bible  que  je  tiens  dans  ma  main,  vou§ 
a-t  elle  été  donnée  ? 

M.  Gauthier. — Cette  Bible  m'a  été  donnée  par  une  personne 
qui  la  tenait  de  M.  Roussy. 

M.  Chiniquy, — Eh  bien,  M.  le  Président,  vous  allez  juger  ce 
qu'il  faut  penser  des  Bibles  Protestantes.  La  Bible  que  M. 
Roussy  tient  en  main  dit  :  — «  Toute  écriture  est  divinement  ins- 
«  pirée  pour  instruire,  reprendre  et  corriger.  »  Mais  la  Bible  que 
je  tiens  dans  la  main  et  qui  vient  également  de  M.  Roussy,  ne 
contient  pas  cette  absurdité,  car  j'y  lis  :  —  n  Toute  écriture  qui 
«  est  inspirée  de  Dieu,  est  utile  pour  instruire,  pour  corri- 
«  ger.  » 

M.  Roussy — S«  levant  précipitamment,  dit: — «  Les  deux 
«  sentences  sont  les  mêmes,  u 

M.  Chiniquy. — Non,  monsieur,  ces  deux  sentences  ne  sont 
pas  les  mêmes.  Est-ce  la  ix^ûme  chose,  M.  le  Président,  et  vous 
tous,  messieurs,  qui  nouô  écoutez  : — prononcez  : — Est-ce  la  même 
chose  de  dire  : — «  Toute  écriture  est  divinement  inspirée,  pour 
«  reprendre  et  corriger,  » — et  de  dire  :  -  Toute  écriture  qui  est 
«  divinement  inspirée,  est  utile  pour  instruire  et  corriger  ?  » 

De  tous  les  côtés  de  la  salle  on  n'entend  qu'un  cri  :  «  Non,  ces 
deux  sentences  ne  sont  pas  les  mêmes.  » 

M.  Chiniquy. — Vous  avez  raison,  mes  amis,  l'une  de  ces  sen- 
tences est  absurde,  et  il  n'y  a  qu'une  Bible  sur  laquelle  la  main 
de  Satan  a  passé,  qui  puisse  dire  que  toute  écritvre  est  inspirée  de 

Dieu.     Cette  sentence  est  digne  de  l'enter Non,  non,   toute 

écriture  n'est  pas  inspirée  de  Dieu.  Il  y  a  beaucoup  d'écritures, 
il  y  a  des  milliers  de  livres  inspirés  par  le  Démon 

D'ailleurs,  voici  deux  Bibles  également  présentées  par  la  main 

de  M.  Roussy Si  colle  où  il  est  dit  que  ;<  toute  écriture  est 

((  inspirée  de  Dieu,   pour  reprendre,  instruire  et  corriger,  »  est 

correcte  ; celle  où  il  est  dit  que  «  toute  écriture  qui  est  ins- 

«  pirée  de  Dieu,  est  bonne  pour  corriger  et  instruire,  »  n'est  pas 
correcte 

Si  les  Méthodistes  n'ont  rien  ajouté  à  la  Bible  que  je  tiens 
dans  mes  mains,  ils  ont  donc  retranché  quelque  chose  dans  celle 
que  M.  Roussy  a  devant  lui La  chose  est  claire  comme  le 


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soleil, ou  on  a  ajouté  ici  les  mots,  «  qui  est  inspirée,  »  ou  om 

les  a  retranchés,  dans  l'aucre Et  comme  l'une  et  l'autre  Bible 

sont  l'œuvre  des  Méthodistes  et  viennent   de  leurs  mains  d'après 
la  parole  de  M.  Roussy.   ils  sont  maudits  du  Ciel,   pour  avoir 

ajouté  ou  retranché  quelque  chose  à  la  parole  de  Dieu 

M.  Roussy  Prenant  avec  précipitation  son  casque  et  son 
manteau,  veut  s'en  aller,  en  disant  :  —  Je  ne  veux  pas  discuter 
plus  longtemps  avec  un  homme  qui  ose  me  dire  que  ma  Bible  est 
falsifiée. 

M.  CiiiNiQUY. — Je   ne  me  contente  pas  de  vous  le  dire,  mon 
iieur,  je  le  prouve.     Voici  deux   Bibles   qui  viennent  de  vous— 

■  V"^  i'^-^  *^'"°^  ^"^'^°'  ^'^"^''^  ^'^^  ^^  ^'^"^^^-  ï'  y  en  a  une  d'elle 
de  falsifiée  nécessairement,  et  vous  êtes  nécessairement  et  publi- 
quement convaincu  d'avoir  donné  une  Bible  falsifiée. 

Mais  c'est  assez  sur  cette  question  de  la  Bible  ei  de  la  tradi- 
tion ;  je  vous  ai  confondu  par  votre  propre  bouche  sur  ces  ques- 
v^t  Ç''e°«°'^  sur  l'accusation  que  vous  avez  portée  contra 
I  Jiiglise  Catholique  d'avoir  retranché  le  second  commandement 
de  Dieu.  Est-ce  vous,  M.  Roussy,  qui  avez  mis  votre  signature 
au  bas  de  cette  lettre.  (M.  Chiniquy  montre  alors  une  lettre 
•Ignée  de  M.  Roussy,  ou  l'Eglise  Catholique  est  accusée  d'avoir 
retranché  le  second  commandement  de  Dieu.) 

M.  Roussy.— (paraissant  tout  interdit  et  tremblant.)— Oui 
monsieur,  c'est  moi  qui  ai  signé  cette  lettre.  ' 

M.  Chiniquy.  —Eh  bien  I  II  faut  prouver  ce  que  vous  ave« 
avancé  dans  cette  lettre. 

M.  Roussy.— Non,  monsieur,  vous  me  dites  que  ma  Bible  est 
falsifiée,  je  m'en  vais.     (Et  il  veut  partir.) 

De  tous  côtés  on  entend  des  cris  :  —  «  Ne  le  laissez  pas  échap- 

«  per,  arrêtez-le Vous  êtes  un  lâche,  M.  Roussy» Ce 

n'est  qu'avec  peine  que  M.  Chiniquy  et  M.  le  Président  arrêtent 
le  tumulte. 

Le  calme  un  peu  rétabli. 

M.  Chiniquy.— Ce  n'est  pas  la  seule  place  où  votre  Bible  a 
été  honteusement  falsifiée,  voici  encore  un  de  vos  textes,  où  la 

main    de    Satan    se   montre   d'une  manière  bien  visible. (St 

-Jathieu,  chap.  xvi,  v.  24.)  —  «  Car  quiconque  voudra  sauver 

«  son  âme,  la  perdra mais  quiconque  perdra  son  âme  pour 

«  1  amour  de  moi,  la  retrouvera.  )>  N'est-ce  pas  une  belle  trou- 
Taille  que  celle  d'une  âme  qui  s'était  perdue  pour  l'amour  de 
Jésus-Chri.><t. 

Ce  texte  semble  frapper  M.  Roussy  comme  d'un  coup  de 
foudre,  il  descend  de  l'estrade  où  il  était,  en  disant  :  «  Chez  les 
«  Latins,  l'âme  et  la  vie  étaient  la  même  chose.  »  Ces  paroles  ridi- 


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-cules  sont  suivies  d'un  immense  dclatde  rire;    et  puis  on  entend 
les  cris  :  ((  le  hîche,  il  se  sauve,  il  ne  veut  pas  continuer  la  discus- 

«  sion Empêchez-le  de  sortir.» Mais,  M.  le  Présidant  et 

M.  Chiniquy  parviennent  à  ramener  l'ordre,  eu  rappelant  au 
peuple  qu'ils  ont  donné  la  parole  d'honneur  de  ne  faire  aucune 

peine  à  M.  Roussy 

Pendant  que  M.  Roussy  s'échappe  à  travers  la  foule,  un  pro- 
testant qui  crai}j;nait  qu'on  ne  lui  lit  mal,  et  voulant  le  protéger, 
s'écrie: — ((  M.  Roussy.  est  battu,  c'est  bien  assez,  il  ne  faut  pas 
<(  pour  cela  le  tuer,  n 


FIN.