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Full text of "Les évêques et la propagande de l'Action catholique [microforme] : pour faire suite à une brochure de 82 pages, de même format, sur l'Action catholique, les évêques et la guerre"

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(IMonograplis) 


ICMH 

Collection  de 
microfiches 
(monographies) 


CanadiMi  liMtHuta  for  Historieal  Mieroraproduetiofw  /  Institut  canadiM  d«  mieroraproductioTC  hi«tork|UM 


1 


TIM  ImtiMti  liM  MMfiipttd  to  obMin  tht  bMt  origiml 
raMitaMtforfilRiint.  FMMni  of  Mi  oow  tMMch 


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□  Blank  laavas  addid  dwifit  rartomieii  flMv  «p 
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Celoiirad  pa|H/ 


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ai/oupaNIcHMas 
ttainader 


1/ 


□  Qualitvofprint  variât/ 
QuaIMNiéfaladal'i 


□  CoMiiMMW  paflMtion/ 
Nfinaiion  eomimia 

□  InehtdM  indnia»)/ 
Cowipraiid  wi  (dat>  indtx 


Thla  on  haadw  laioM  from:/ 
U  titra  de  l'an-ilte  proviam: 


imm/ 

d*  la  livraison 


□  Titlapapof 
hfada  titra 

□  CaptionofiMMa/ 
THra  da  départ  de  la  livraiion 


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I 1  OénériqMe  (périodique»)  de  la 


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Th«  copy  fllmsd  hara  has  bacn  raproducad  thanka 
to  tha  ganaroaity  of  : 

National  Ubrary  of  Canada 


Tha  Imagaa  appaaring  hara  ara  tha  baat  quat^y 
poaaibla  eonaldarlng  tha  condition  and  laglbillty 
of  tha  original  copy  and  In  kaaping  with  tha 
fllming  contract  apaclfleatlona. 


Original  coplaa  In  printad  papar  covara  ara  fllmad 
baginning  with  tha  front  covar  and  anding  on 
tha  laat  paga  with  a  printad  or  llluatratad  Impraa- 
aton,  or  tha  baek  covar  whan  appropriata.  AH 
othar  original  coplaa  ara  fllmad  baginning  on  tha 
f  irat  paga  wfth  a  printad  or  llluatratad  impraa- 
alon,  and  anding  on  tha  laat  paga  with  a  printad 
or  llluatratad  impraaaton. 


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ahall  contain  tha  aymbol  — ^  (maaning  "CON- 
TINUED"),  or  tha  aymbol  ▼  (maaning  "END"), 
whichavar  appliaa. 

Mapa,  plataa,  charta,  atc,  may  ba  fllmad  at 
dHfarant  raduction  ratloa.  Thoaa  too  larga  to  ba 
antiraly  Inchidad  in  ona  aiipoaura  ara  fllmad 
baginning  In  tha  uppar  laft  hand  eomar.  laft  to 
right  and  top  to  bottom.  aa  many  f  ramaa  aa 
raquirad.  Tha  foiiowing  diagrama  illuatrata  tha 
mathod: 


L'msmplairt  filmé  fut  raproduit  grflc*  à  la 
génér'  site  d«: 

Bibliothèque  national*  du  Canada 


Laa  imagaa  tulvantaa  ont  été  roprodultea  avec  la 
plua  grand  aoln.  compta  tanu  da  la  condition  at 
da  la  nattaté  da  l'axamplaira  filmé,  at  an 
conformité  avac  laa  conditiona  du  contrat  da 
filmaga. 

Laa  axamplaira*  originaux  dont  la  couvartura  an 
papiar  aat  impriméa  aont  filméa  an  commençant 
par  la  pramiar  plat  at  an  terminant  soit  par  la 
damiéra  paga  qui  comporta  una  amprainta 
d'Impraaaion  ou  dHlustration.  «oit  par  la  second 
plat,  salon  le  cas.  Tous  lae  autres  exempiairee 
originaux  sont  filmés  an  commençant  par  la 
première  page  qui  comporte  une  empreinte 
dimpreeeion  ou  dlllustrstion  et  en  terminant  par 
la  dernière  pege  qui  comporte  une  telle 
empreinte. 

Un  dee  symboles  suivants  apparaître  sur  la 
dernière  image  de  chaque  microfiche,  selon  le 
cas:  la  symbole  -»-  signifie  "A  SUIVRE",  le 
eymbole  ▼  signifie  "FIN". 


u 


Lee  certee.  plar    lee.  taMeeux.  etc..  peuvent  être 
filmés  è  dee  taux  de  réduction  différents. 
Lorsque  le  document  est  trop  grand  pour  être 
reproduit  en  un  seul  cliché,  il  eet  filmé  è  pertir 
de  l'angle  eupérieur  gauche,  de  gauche  è  droite, 
et  de  haut  en  bes,  en  prenant  le  nombre 
d'imagée  néeeesoire.  Les  diagrammee  suhrants 
llluatrent  la  méthode. 


2 

3 

5 

6 

MiatOCOPV  MSOLUTION  TKT  CHAUT 

(ANSI  and  ISO  TEST  ÇHART  No.  2) 


125  mu 


1.6 


  /^PLIED  IM^OE    Inc 

S^  1653  Eost  Main  StrMt 

Sr.S  Rochmtar.  Hm  York       U609      USA 

^g  (716)  482  -  0300  -  Phon* 

^B  (716)  288  -  5989  -  Fox 


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Olivar  Asselin 

LES  ÉYÊQUES  ET  LÀ 

PROPAGANDE  DE 
L'ACTION  CATHOLIQUE' 


(Pour  faire  suite  &  une  brochure  d«  82  pages,  de 
même  format,  sur  "/'diction  Catholignm 
les  éTéquM  et  la  guerre".) 


En  vente  chez  l'auteur  et  chez  les  principaux  librai- 
res.— Dix  sous,  l'exemplaire,  $1.00  la  douzaine.  $7.50 
le  cent,  plus  un  sou  l'exemplaire  pour  frais  de  port. 

Prix  particuliers  pour  les  libraires. 


rM 


Montréal,  novembre  iç/s 


^.'^1Ci-^\ 


«4*-- 


Olivar  Asselin 

LES  ÉVÊaUES  ET  LA 

PROPAGANDE  DE 
L"ACTION  CATHOLIQUE' 


(Po«r  fairasiiiteàuM  btodrarada  82  iMgM,  d« 
mtnm  format,  mu  '*V Action  CatkoUqmm, 
tot  4TêqvM  «t  la  ffMrM".) 


En  Yente  cfaes  l'auteur  et  chez  le*  princvaux  Kbrai- 
»ee.— Dix  aoue  l'esemplaite.  $1.00  la  douiaiae,  $7.50 
le  cent,  plue  un  «ou  l'exemplaire  pour  fraie  de  port 

Prix  particulier*  pour  les  librairea. 


Montréal,  novembre  t^is 


■>'»: 


FC  55  > 


Avertissement 

^  Quand  je  portai  lots  premiers  coups  à 
VAction  catholique,  il  n'entrait  nuUemr^». 
dans  mes  intentions  de  lui  consacrer  X» 
moitié  d'un  in-12  de  trois  cents  pages.  Il 
suffit  de  lire  mes  articles  sur  "VAction  ca-> 
tholique,  les  évêques  et  la  guerre"  pour  voir 
que,  tout  en  y  discutant  à  fond  la  prétendue 
autorité  dogmatique  des  évêques  touchant 
notre  participation  à  la  g:  erre,  je  n'ai  pas 
eu  la  prétention  d'y  réfuter  tous  les  sophis- 
mes  mis  en  circulation  jusque-là  par  ce 
journal.  J'étais  parti  avec  l'idée  d'un  ou 
deux  articles.  Les  développements  de  la 
lutte  en  ont  d'abord  exigé  quatre  —  les  qua- 
tre que  j'ai  réédités  en  une  première  bro- 
chure.  Au  moment  où  j'allais  tirer  ma  der- 
nière cartouche  avec  un  unique  article  sur 
les    procédés  de  propagande    de    VAction 
catholique,    l'organe    de    l'archevêché    de 
Québec,  convaincu  sans  doute  que  je  n'au- 
rais ni  le  temps  ni  la  patience  de  r^Kquer, 
crut  pouvoir  à  la  fois  me  convaincre  d'exa- 
gération et  se  dégager,  par  une  "mise  au 
point"  où  elle  présentait  sa  campagne  im- 
périaliste sous  le  jour  le  plus  inoffensif. 
Elle  disait  en  effet  le  10  octobre: 

l,e   gouvernement   légitime   du   Canada 
ayant  décidé  que  le  concours  que  nous  de- 


ffions  donner  à  VAngUUrrt  devait  consis- 
tir  en  hommes  et  tn  argent,  nous  avons  cru 
que  ce  mode  d'accomplir  nos  obligations 
envers  la  métropole^  mode  déterminé  par 
f autorité  compétente,  qui  seule  pouvait  en 
juger  en  pleine  connaissance,  ne  répugnait 
ni  au  droit  naturel  ni  au  droit  constitu- 
tionnel, que  personne  n'a  démontré  avoir 
été  violé  en  cette  circonstance  par  le  parle- 
ment du  Canada. 

Telle  a  été  notre  attitude,  et  telle  elle  se- 
rait encore  si  nous  avions  aujourd'hui  à  la 
prendre. 

Ce  coup  d'audace  m'imposait  l'obligation 
de  montrer  par  le  détail  ce  qu'avait  véri- 
tablement été  l'attitude,  de  l'Action  catho- 
lique depuis  août  1914.  C'est  ce  que  j'ai 
fait,  en  attachant  cette  fois  plus  d'impor- 
tance à  la  complicité  manifeste  de  l'arche- 
vêque de  Québec  et  probablement  de  ses 
suffragants.  Comme  je  crois  avoir  produit 
cette  fois  encore  de  la  belle  ouvrage,  et  que 
je  tiens  à  m'en  assurer  le  mérite  devant 
les  générations  futures,  je  m'empresse  d'a- 
jouter cette  brochure  à  la  première.  Elle  se 
vendra  le  même  prix,  et  j'espère  qu'elle 
n'aura  pas  auprès  des  partisans  de  la  liber- 
té de  parole  un  moindre  succès. 

O.  A. 
Montréal,  8  novembre  1914. 


—  2  — 


Les  évtquss  et  la  propagande 
de  nctien  Catlioliqiio" 


(De  l'Action  du  24  octobre  1915) 

Awri  dcwc,  "le  goavtentemient  légiibène 
<lii  Ca«9A  ayant  déckfé  que  3e  oonoouw 
q*  nous  dwvwns  <iocinicr  à  i'Angl«tome  de- 
vait c««ister  en  homm«  et  m  a,«e«t", 
r^r/ion  catholique  "a  cm  que  œ  moKfe  d'rtc- 
«»n^  nos  o!%aitiQ^ 
le.  mode  détertniné  ipiair  fanitorité  cotapé- 
tttite,  qui  •seule  pouvait  eh  jv^er  aver  pkà- 
ne  coiinteissawce,  tie  ré^Mgn^  ni  au  droit 
natunel  nS  au  dncA  comtitiutionnel,  que  per- 
wnine  n'a  dânonftuté  avdir  ^  i^iolé  «n  oelfcte 
°î'J«2f^  ^"^  ^  îïartflme«t  du  Canada". 
TeMe  a  été"  (iraAfcitMidte  de  d'^cftVm  f afA<,. 
/J^w^  "<«  teCte  tffle  serait  «aorie"  «  cOfe  a- 
vlattt   aujowni'hui  à  la  prendra»  (i). 

Bn  d;aiitres  temicB,  (T^t/w»  râ/Aa/i^«^ 
awnatt  !»«  pu  —  comme  tiant  dWtres,  hé- 


(i)  De  l'Action  catholique  du  5  octobre 
sous  îe  titfne  de  "SiWpïe  mise  au  point".     ' 

—  3  — 


.--♦ 


las!  —  s'kis»irger  cantne  'M'autonté  k'giti- 
me".  ERe  a  pnéfoné  6'y  soumettre,  çaapqt 
qu'jt  ne  (hû  paratissait  pas  que  VtttvxÀ  de 
troupes  «n  Europe  fût  un  de  ces  abiis  4e  k 
pudssamice  civile  aiuxquidlâ  Qes  1héoilo£niens 
enseijg^nlent  qutU  tsk  fpemm  de  réiiàsiter  par 
les  a-rmes.  Pour  un  peu  die  affinrieiraiit 
qu'elle  n'a  aodelpté  la  polKitàque  mtlitaiaie  du 
aaibibot  Borden  qu'à  son  corps  défendanit, 
commie  on  se  soumet  à  une  tyramnile  inévi- 
iskia,  qu'on  a  Je  droit  d'ex-écrer,  mais  qui  a 
pour  dÔe  le  droit  du  pBJus  fort.  Fautai  qu'on 
soit  mauvaiiise  langue,  que  surtout  on  en 
veuiiEie  à*ft'EglJlsle,  pour  oser  préttendre  que 
ce  qu'dle  a  voiâu  pnouvcr  c'«st  non  pas 
que  Jle  gouvernement  canaidkn  pouvait  en- 
voyer des  Uroupes  sans  violer  le  droit  natu- 
refl, — ce  que  pe.i'sonne  n*a  jamais  contesité, — 
mais  qu'il  ne  potwaJt  pas  ne  <pas  en  envoyer 
sans  vioftar  ce  même  droit  naituitell,  —  ce 
qui  n'est  pas  (tout  à  failt  la  nnême  ohose,  et 
ce  qui  est  même  à  pai  près  tout  le  contraâ- 
ne. 

Or,  le  II  se5)temlbre  1914,  l'albbé  D'A- 
mours, directcnr  de  ^'Action  catholique,  a- 
lors  appeîée  V Action  sociale,  écrivait: 

Notre  devoir  national  ne  peut  être  étudié 
et  connu  qu'en  fonction  des  droits  de  sou- 
veraineté possédés  par  l'Angleterre  sur  le 
Canada,  qu'en  fonction  aussi  des  conditions 
et  des  nécessités  de  notre  conservation  na- 


ttotuie.,.     Antérieurement  à  ntrtre  con- 
sentement comme  peuple»  et  mime  indé- 
pendamment de  ce  consentement,  nous  a- 
vons  des  devoirs  envers  l'Angleterre,  com- 
me elle  a  des  droits  sur  nous.    Ces  droits  et 
ces  devoirs  sont  intérieurs  et  supérieurs 
même  à  la  constitution  qui  nous  régit. ..  ' 
Au  point  de  vue  du  droit  constitutionnel 
comme  du  droit  naturel,  il  nous  appartient 
certes  pour  une  part  d'avoir  voix  aux  Con- 
seils où  l'on  détermine  l'étendue  de  ces 
droits  et  de  ces  devoirs  corrélatifs  (droits 
•de  la  nïétropodte,  devoirs  de  la  colonie), 
mais  notre  admission  aux  délibérations  ne 
peut  ni  ne  doit  faire  oublier  les  drpits  qu'ex- 
erce chez  nous,  tout  à  fait  légitimement, 
la  Couronne  britannique. .. 

Notre  loyauté  envers  l'Angleterre  repose 
sur  un  devoir  rigoureux,  le  devoir  d*obéir 
aux  puissances  établies  par  Dieu  pour  gou- 
verner la  société.  Notre  obéissance  au  pou- 
voir établi  est  un  devoir  de  notre  religion, 
une  vertu  de  notre  foi. 

Ce  serait  une  grave  erreur,  au  point  de 
vue  du  droit  naturel,  qui  l'emporte  sur  tous 
les  autres  droits,  que  de  dire  que  nous  n'a- 
vons d'obligations  que  celles  sur  lesquelles 
nous  aurions  été  appelé  à  délibérer  dans 
nos  assemblées  et  dans  nos  parlements. 

Bt  le  14  sqjOeknbre  1914  : 

Pour  ne  pas  parler  de  la  question  de  notre 

—S— 


iiUirit,  sur  lequel  nous  reviendrons,  et  sans 
discuter  si  oui  ou  non  notre  constitution  noUs 
oblige  à  prendre  port  au  présent  conflit, 
nous  croyons  que  le  Canada,  partie  inté- 
grante de  fempire  britannique,  dont  il  n'a 
pas  raison  de  vouloir  se  séparer,  est  bien 
moralement  obligé  d'aider  et  de  soutenir  la 
métropole  dans  le  conflit  actuel. 

Quelle  doit  être  cette  aide  efficace?  Bile 
doit  être  raisonnable,  certes,  mais  H  semble 
bien  que  c'est  à  la  métropole  de  la  détermi- 
ner, puisqu'elle  tst  juge,  en  dernier  ressort, 
de  féten4ue  de  ses  besoins  et  de  ses  moyens, 
puisque  c'est  à  elle  qu'appartient  ^autorité 
de  la  souveraineté,  la  sauvegarde  des  inté- 
rêts généraux  de  tout  l'empire. . . 

Quelle  doit  être  la  mesure  de  ce  concours? 
Bile  doit  être  celle  que  réclame  la  nécessi- 
té de  vaincre.  Bt  de  cette  mesure,  en  droit 
comme  en  fait,  ce  qui  ne  comporte  pas  la 
nécessité  d'abuser,  ¥  Angleterre  est  juge  en 
dernier  ressort,  puisque  c'est  à  elle  que  re- 
vient, avec  la  charge  de  défendre  t empire, 
rautorité  nécessaire  pour  accomplir  cette 
grande  tâche. 

Et  le  i6  aeipMenibne  1914: 

Notre  devoir  de  loyauté  envers  la  Cou- 
ronna britannique  exige  que  nous  aidions 
effectivement  l'Angleterre  dafts  la  présente 
guerre,  selon  nos  ressources,  selon  aussi 

—  6  — 


les  besoins  et  les  nécessités  de  l'empire,  dont 
la  métropole  est  juge  en  dernier  ressort. 
Et  Je  24  aeiptembre  1914  : 
L'amour  de  la  patrie  et  le  dévouement  à 
ses  intérêts  sont  aussi  des  devoirs,  et  ils 
vont  aussi  plus  loin  que  la  simple  obéis- 
sance aux  lois  et  aux  ordres  du  souverain... 
Pour  nous,  nous  tenons  que  le  droit  na- 
turel existe  réellement  et  pratiquement  en 
dehors  et  au-dessus  du  droit  positif.    Nous 
affirmons  que  nos  devoirs  et  envers  la  pa- 
trie canadienne  et  envers  la  patrie  britan- 
nique ou  anglaise,  ne  sont  pas  nécessaire- 
ment limités  à  l'obéissance  aux  constitu- 
tions et  aux  lois  positives,  qui  nous  régis- 
sent habituellement.    Dans  les  très  graves 
circonstances  présentes,  nous  tenons  pour 
certain,  faisant  abstraction  des  obligations 
qui  résultent  ou  peuvent  résulter  des  cons- 
titutions et  des  lois  positives,  que  nous  a- 
vons  l'obligation  morale  d'aider  effective- 
ment l'Angleterre,  selon  ses  besoins  et  selon 
nos  moyens,  dans  les  limites  que  Pautorité 
légitime  a  le  droit  de  déterminer. 

T^  cela  était  diirigé  contttie  ceux  qui 
n&ieot  l'obligation  constiltotonhdite  ou  nM>- 
rate  dw  OainattSa  d 'envoyw  <fc!s  «roupes  à 
Vésrasagcr. 

L'abbé  D'Amours  cherche  aujourd'hui  à 
foire  dnoire  que  pair  tautorité  légitime  il 
entendait  afcrs  Ae  paotctneinlt  canodilen,  N<Ms 

—  7~ 


'■■i'T 


âmtaxwkx»  à  tXMit  ihommie  qui  sait  Ime  «À  t^ 
éUaiertt.  bîen  le  3em  «»  la  fortée  àt  ses  arti- 
cilies  des  ii,  14,  16  et  24  ^epbeaàîre  1914;  à 
au  cotitraûfre  Vautorité  légitime,  à  adMe  épo- 
que, ce  n'était  pas  pour  hii  He  'soutvtesiain  ab- 
gINs,  agissant  psac  kni-même,  ide  drmt  àkiki, 
âans  coosuiliber  les  reipnésemtiainltfi  attkrés  de 
sas  •sujets. 

Dès  cette  ôpKXjuie  les  leçons  de  <lroit 
naturel  de  l'abbé  D'Amours  n'allaient  pas 
oonUme  swr  des  routettes.  Il  y  en*  un  col- 
laborateur du  Devoir  qui,  avec  une  dépen- 
sie  un  peu  foditie  de  munîtionis  scdfatibico-' 
théologiques,  remit  tant  bien  que  mal  les 
chos  >:  HU  point.  Il  vint  aussi  des  protes- 
tationo,  tout  au  moins  des  murmures, 
d'un  pays  qui  a'appdile  Rknouski,  où  il  y  a 
de  bons  théologiens  et  où  on  connaît  notre 
escobar  "dans  les  coins"  pour  l'avoir  pra- 
tiqué. 

Le  diiretteur  de  ^V Action  sociale  crut  se 
tîtter  di^affadre  ipair  deux  sUbtarfi^os. 

Le  16  scptenbtte,  îuli  donrt  «oMte  la  cam- 
piagwe  n'avaA  ipas  <le  sems,  sA  dOe  ne  tendait 
pais  à  justifier  l^ïvoi  de  tsoupels  rti  Euno- 
pie,  <it  dWitant  die  troufpes  que  VAi^Wbene 
pottrta^  en  ex^  sans  vemsor  dans  cette 
tyoïatonie  cxtrêhiie  ^  équàvaittt  vilPtuleî!le- 
ment  à  O'assaissiniat  «tt  quii  afeule,  au>  ncgaid 
des  théologiens  de  l'école  D'Amours,  auto- 
Hse  ia  Pév<Ae,— ie  16  seîptembre,  â  n%)on- 

—  8  — 


dait  sans  broncher  au  théologien  du  Devoir: 

Mn  aucune  ligne,  ni  aucune  phrase  Je 
nos  articles  nous  n'avons  dit  qu'il  nous 
faut  participer  à  la  guerre  même  actuelle, 
"en  hommes  et  en  argent".  Nous  avons 
affirmé  notre  devoir  d'aider  efficacement 
l'Angleterre  selon  ses  besoins  et  selon  nos 
moyens,' mais  dans  aucune  partie  de  nos 
articles  nous  n'avons  déterminé  de  quelle 
manière  spécifique  cette  aide  devait  être 
fournie. 

Le  23  septembre,  lui  qui  avait  sorti  tout 
son  bataclan  théologique  pour  établir  le 
àfoU  "rtatuneft"  die  TAngletertne  de  nous 
saâgineir  juteiqufU  da  marlt  txxùaaivt- 
ment  pour  tooites  ses  guiciniies,  die  iawoquak 
à  l'appui  de  sa  thèse . . .  devinez  quoi  ?  —  Le 
dton  de  quelques  mimions  de  fromages  à 
rA-ngJeterre  par  M.  Gouâtil  !  ! 

Ecoutez-moi  ça,  je  vous  prie  : 
Rien  que  nous  sachions  ne  prescrit  dans 
le  droit  constitutionnel  de  nos  provinces 
d'envoyer  des  secours  à  l'Angleterre.  Ce- 
pendant les  gouvernements  provinciaux, 
quelques-uns  même  sans  consulter  les  cham- 
bres, et  par  conséquent  en  passant  à  côté 
du  droit  constitutionnel  ou  même  par-des- 
sus, sans  que  le  peuple  ni  aucune  autorité 
sociale  n'ait  protesté,  et  même  avec  fappror 
bation  unanime  de  tous,  ont  cru  de  leur 

—9  — 


dwotrj'appuyer  la  mère-pairie  de  secours 
mfehfs,  qu'ils  se  sont  hâtés  d'expédier: 
Tous  ont  donc  cru  qu'il  y  avait  présente- 
ment pour  eux  un  devoir,  et  iU  se  sont  em- 
pressés de  f  accomplir. 

Ce  devoir  est-il  présent  par  notre  droit 
consHtutionnelf  Nous  ne  le  croyons  pas. 
Bst^l  prescrit  par  le  droit  naturel  qui  veut 
que  les  citoyens  aiment,  défendent  et  se- 
courent leur  pays,  sans  s'en  tenir  au  stricte 
devoir  d'obéir  à  la  loi  posiHvef  Nous  le 
croyons. 

On  ne  peut  donc  pas  dire  ni  laisser  en- 
tendre que  la  constitution  est  l'application 
de  tout  le  droit  naturel,  ni  que  celui-ci  ne 
/étende  pas  au-delà  des  limites  de  celle-là 

Mais  cea  subteif  uges,  on  y  avait  recours 
par  précaution;  Ils  n'engageaient  à  rien. 
L'abbé  D'Amours  s'essayait  tout  simple- 
ment une  fois  de"  plus  à  dire  non  après 
avoir  dit  oui.  Les  évêqu^s  n'avaient  pas 
encore  parié.  On  ne  savait  pas  encore 
sils  parieraient.  En  attendant,  le  plus 
sur  était  de  se  trouver  à  avoir  dit  sur 
l'expédition  mflitaire  canadienne  o«i  «t 
non  pnesiquie  ©n  même  «eraps. 

Los  choses  ne  devaient  pas  tartter  à  chan- 
ger d'aspect. 

Le  12  octobre  VAction  sociale  a-vadt  ie 
bonheur  die  pourvoir  pubMer  in  extenso  tin 

—  lo  — 


«wmidcimient  épiaooipiBll  ooUekstif  où,  panu 
<rexc«llen«3  avis  sur  la  ijjratiqtle  Kto-la  dtn- 
rite  «1  tenq»  de  guerne,  on  Msaît  : 

Nous  ne  samions  nous  le  dissimuler',  ce 
conflit,  l'un  des  plus  terribles  que  U  mon- 
de ait  encore  vu  (sic),  ne  peut  manquer 
Savoir  sa  répercussion  sur  notre  pays.  V An- 
gleterre y  est  engagée,  et  qui  ne  voit  que  le 
sort  de  toutes  les  parties  de  l'empire  se 
trouvé  lié  au  sort  de  ses  armées?  Bile  comp- 
te à  bon  droit  sur  notre  concours,  et  ce 
concours,  nous  sommes  heureux  de  le  dire, 
lui  a  été  généreusement  offert  en  hommes 
et  en  argent. 

Aussitôt  notre  D'Amours  rechange  de 
ton.  Il  est  maintenant  à  couvert.  Il  le 
pnenld  de  haiit  «m:  ceux  dans  la  orainte  de 
qui  ^  iraimlpait  la  veiBe.  Voyez  iseuieinent  par 
vous-même  tout  ce  qu'il  y  a  d'arrogance 
concentrée,  de  sowde  haine,  dans  Ift  der- 
nière de  ces  deux  phrases,  sifflée  plutôt 
qu'écrite  : 

Nous  ne  voyons  pas,  pour  nous,  la  né- 
cessité ni  l'opportunité  d'examiner  actuel- 
lement devant  tout  le  peuple  du  Canada,  si 
varié  d'origines  et  de  senHments,  les  pro- 
balités  d'mi€  guerre  entre  l'Angleterre  et 
la  France,  ni  de  représenter  cette  guerre 
comime  certaine,  ni  même  de  supposer 
qu'elle  puisse  survenir  avaat  dix  ans. 

—  II  — 


Si  cette  guerre  survenait,  nous  en  seripns 
tons  doute  tous  affligés,  maie  nous  troutfe- 
rions,  pour  notre  part,  dans  notre  histoire, 
dans  la  direction  de  nos  éviques  passés  et 
présents,  dans  les  prescriptions  de  la  loi 
naturelle,  que  tout  le  monde  ne  tourne  pas 
en  dérision,  et  dçnt  l'église  est  la  gardienne 
et  l'interprète  pour  les  catholiques,  la  ligne 
de  conduite  que  Dieu  nous  ordonne  de  sui- 
vre, en  pareille  occurence...  (i) 

Hein!  il  ne  vous  l'envoie  pas  dire.   Si 
âe  i6  aoptembPt  H  écrivaît,  —  ou  du  moins 
donnaitià  entendre-~qu'il  ne  prêchait  pas 
plus  des  hommes  et  de  l'argent  qu'une 
autre  forme  de  contribution,  c'était  pour 
nous  "amuser".     Si  le  E3  septembre  il 
aivaà  l'aÂr  de  dire  quie  le  gotsvtomemQkit 
d'Ottawa  satfdferaiit  plelnfement  aîUK  exi- 
gences du  dro'**  naturel  en  offrant  à  l'An- 
gleterre  quelques  milliers  de  caisses  de 
yitajine   (2),  c'était  powr  "ae  payw  notre 
tête",  pour  nous  jouer  un  bon  tour.    Ce 
<p^'i  a  toujours  pensé,  ce  qu'»  ipeut  mairte- 
rtant  af  finmer  en  brandissaait  âur  nos  têtes 
les  foudres  pleines  de  boïmte  violonté  <fe  Mgr 
PauC-Eugène  Roy  et  de  Wgr  Brufchiési,  c'est 
que,  •dans  tue  qu^etstibn  comme  lia  pâstjcipa- 

(1  )  Numéro  du  80  octobre. 
(2)  Réminiscence  de  la  guerre  sud-afri- 
cskie. 


—  la  — 


tbn  idu  CasMida  aiux  ^uefires  extériewtt  de 
VAnffieMnt,  les  oaitAidiques  cafaudicns 
ne  peuvent  anmir  tfcpkiâon  <itie  cel- 
le de  leufels  évoques.  II  y  a  même,  <lans 
sa  manière  à  lui  d'envisager  l'éventualité 
d'une  guerre  anglo-française,  quelque 
<Ao8e  de  si  brutal,  de  si  inhumain,  ou  de 
si  peu  humain,  qu'on  est  tenté  de  se  de- 
mander si  on  trouverait  un  laïque  cana- 
dien-français capable  de  s'exprimer  ainsi, 
9M  vntA  sujet;  si  les  éanvaims  qui  nwt- 
Aewt  hows  de  pan*  ta  «échiei^esse  de  coeur  «t  la 
méchanceté  de  certains  hommes  d'Kglise 
n'ont  pas  un  peu  raison.  Mais  Guitrel  a 
enfin  fainneail  :  mdheur  à  qui  s'est 
moqué  de  ses  amUtoons...  (3)  Cette 
ntoMe  Pnanoe,  sur  k  sort  de  qui,  la  v«lle 
enooire,  on  v«rseiât  des  htimes  de  tendresse 
filiale,  avec  quelle  sérénité  d'âme  on  lui 
marcherait  sur  le  corps  1   Un  mot,  un  si- 


(3)  Ceux  qiM  voudront  iiler  plus  ampîe 
comiaigsant«  avet  Guotrel,  et  en  même 
temps  connaître,  dans  la  -personne  du  bra- 
vte  abbé  Lantswgnc,  un  autre  type  de  candi- 
dat à  répiscopat,  n'aiuront  qu'à  lin  VOrme 
du  Mail,  le  Mannequin  d'Osier  et  r Anneau 
d'améthyste  de  M.  Amatote  Fmawoe  —  écri- 
vsAi  peu  édifiiartt  sous  oertaim  rappoitts». 
nmis  assez  fin  obsiervateur  du  moMde  oon- 
temporain. 


—  13  — 


«ne  des  évcque»,  et  l'on  verra  ti  D'A- 
mours hésitera  à  prêcher  U  croisade  con. 
tre  un  ^«yv  d'où  nous  sonmws  îbmis,  qoe 
nous  devons  aimer,  mate  dont  la  seule  sur^ 
vivanoe  est  un  défi  au  €id. 

Il  rougira  bientôt  de  cet  accès  de  rage, 
qui  est  surtout  une  maUdresse.    Peu  à 
peu,  pour  se  donner  l'air  d'interpréter  le 
«ait  «aiprit,  H  ne  prendra  même  plus  la 
peiw  de  discuter  avec  ces  mécréants  de 
nationalistes.  Un  libéral-nationaliste  dont 
I  irrévérence  ressemble  fort  â  celle  d'Ar- 
nurnd  Lavergne  a  osé.  paraît-il,  lui  écrire: 
Fnèite  de  nous  f  ieber  lia  pwx  avec  votre 
droit  naturel."    Vous  ou  moi,  nous  au- 
nons  compris  pai-  là  que  le  droit  naturel 
pouvait  être  chose  très  respectable,  mais 
que  le  casukte  de  l'Action  sociale  is'«to  ser- 
.  v*É  è  tort  et  à  travers.    Uii,  il  feint  de 
croire  que  l'autre  a  blasphémé.   Il  se  com- 
pose une  physionomie  de  grand-vicaire.  il 
«iJniWie  aux  évêqite  lefiir  ton  et  leur 
styfc,  rt  il  dit  (i)  : 

Un  libérât-nationaliste. . .  nous  écrit  en- 
tre autres  aménités  où  éclatent  son  libéra- 
nsme  et  son  nationalisme:  "Prière  de  nous 
ficher  la  paix  avec  votre  droit  ntùurel.** 

iVo^  tenons  pour  certain  que  ce  pauvre 

tCI)  8  février  1915. 


—  14  — 


hommt-là  a  cru  fait*  octt  dt  foret  intelUe- 
tutlh  et  di  bravoure  morale,  en  nous  of- 
frant ainsi  gratuitement  un  spécimen  de 
son  ignorance.  Sait-il,  lui,  que  Ha  kn  natu- 
wie»  d'après  S.  Thoihas,  «st  la  paitieipa- 
tkxi  de  la  foi  étemdU«  <bn8  ha  ci^Muks 
i^aininbblei? 

Sait-il,  lui,  que  les  plaisanteries  que  cer- 
taines gens  se  permettent  et  croient  vrai- 
ment spirituelles  à  l'endroit  du  droit  natu- 
rel touchent,  avec  une  itourderie  que  fi- 
gnorance  n'excuse  que  partiellement,  aux 
fondements  mimes  de  la  morale  privée  et 
publiquer  Sait^,  lui,  que  l'autorité  du  lé- 
gislateur et  de  tout  gouvernement  leur  est 
conférée  en  vertu  du  droit  naturel,  qui  est 
antérieur  et  supérieur  à  tout  autre  droit? 

Sait-U  que  la  loi  naturelle,  dont  il  plai- 
sante, n'a  pour  adversaires  que  tes  destruc- 
teurs de  la  morale  publique  et  privée? 

Voilà  ce  que  le  faquin  appelle  aujour- 
d'hui "ne  pas  s'opposer"  à  une  politique 
qui  "ne  ré|pugnie  pia<3  ata  «droit  tetamH  m  au 
droit  constitutionnel". 

On  vient  de  le  voir,  il  a,  dans  dix  arti- 
cles différents,  représenté  l'envoi  de  trou- 
pes en  Europe  comme  une  obligation  mo- 
rale supérieure  à  toute  prescription  cons- 
titutionnelle. A  dix  reprises  différentes, 
a  a  dw  eit  rôpét»,  de  fa  fiaçon  lia  |A»  ex- 


—  15— 


9^*^»  )•  plut  cat^goriqtit,  qm  c'MaIi 
■•^OMuiaUn  It  loi  nâtmvUc,  la  vois  n«ac 
4t  Dèmt,  qam  de  ilhippuin  j.  «t  «oK. 
i2t  mibiteneat,  tout  d'an  co«p«  conme  ça, 
I  «e  tfouwe  qo*t  ii%  rien  dit,  ^  oe  nW 
cette  chotc  émiacmmciit  tiiiiple,  éminem- 
ment raisonnable,  que  le  go«v«niemeat 

~^  ii^a  tioàé  «  te  Aoè  auurel  ni  te 
droit  oonstitntioanel  en  offrant  dea  tron- 
P«  à  l'Aaigteterrt. 

Maia,  an  lait,  aoua  noua  sommea  peot- 
«tre  tcompéa.  nos  yeux  périaaablea  noua 
ont  peat4tre  induite  en  erreur.  ReUtoat, 
re[»«>n8  plutôt  ce  curteux  et  éloquei^ 
échantillon  de  journalisme  "caAoKque'*  : 

Or,  donc.— écrivait  te  5  octobre  1915  YAc- 
ttôM  cathoUqu€,—U  gouvemenum  UgiH- 
me  du  Canada  ayant  décidé  que  le  toncours 
que  nous  devions  donner  é  V Angleterre  de- 
vmt  consister  en  hommes  et  en  argent,  nous 
«WM  m»  que  ce  mode  d'accomplir  nos  0- 
If^tgattom  envers  la  métropole,  mode  dé- 
I9rminé  par  l'autorité  compéienie,  qni  sen^ 
le  powait  en  juger  en  pleine  connaissance, 
»•»  répugnai»  ni  au  droit  naturel  ni  au  droit 
constitutionnel,  que  personne  n'9  démon- 
tré wourété  violé  en  cette  circonstance  par 
le  pariement  dn  Canada. 

ÎVlte  a  ^é  noire  attiwte,  rt  laBr  <tfr  1». 
rmt  encore  »  nmês  avions  aujourd'hui  4  ia 
prendre. 

—  16-" 


V 


L*  fai^ttin  a  tau  doute  voiiUi  dira: 
"T<Aa  ne  fut  fBi  ootm  attànda»  «t  tdlt 
dia  aarait  a  noua  nvioiia  aujourdlnii  à  !a 
pfandrt." 

Motfa  la  oMpnMM  aaipt  ka  %naa. 
Et  noua  la  croyona  tant  peine. 
Avant  toutefois  de  le  laisaer  passer  au 
nationalisme  (il  en  est  capable),  je  veux, 
pour  l'àidter  au  ferme  pra|>o«,  lui  manb«r 
sans  atténuation,  en  ami,  ce  qu'it  fut  vé- 
ntabkment    durant   ces   quinze    demien 
mois.   Je  veux  lui  prouver  que  non  seute- 
mut    a»    sujet    de    nos    dovoàu    miK- 
tmrm      rwnn    fAngtéteBme,    mlMs    àttm 
la  plupart  des  questions  politiques  qui  ont 
tenu  la  scène,  il  a  fait,  plua  en  grand  et 
au    riaquo    de    ocaiiéquences    èift^noit 
phis  gravea,  comme  ce  curé  de  ma  paroi»- 
ae  natiAe  qui  prétoat  les  or^Ninix  fanés  de 
sa  modeste  église  pour  les  triomphes  de 
sir  Hector  Langevin. 

Afors— et  ators  seulement—  je  reviens 
drai  aux  évêques  pour  leur  demander 
compte  du  patronage  officiel  qu'ils  per- 
mettent que  certains  d'entre  eux  JÉccorident 
à  ^Action  cathùliqde. 

Et  aters  seulement— mais  alors—  je  !ur 
pwmettrai  à  lui,  Ife  menteur,  à  fliii  fe  four- 
be, dbon  de  changer  aon  fuàii  d^épaurfe,  — 
Pttisqne  les  gens  de  son  espèce,  prêtres  ou 
laïques,  D'Amours  ou  Tartes,  prêchent  la 
—17— 


g»*ei»e  aatas  jatoniis  atteh-  «ti  guerre^ «ie 

dianger  de  inàki  9oh  gouipdion. 

Car  il  n'y  a  si  bon  ami  <ioinit  H  tie  falilU«  à 
Ja  fil  se  séparer,  ootmtne  'd&sak  île  f«u  loi 
Dagiobeirt  en  jetant  laon  chien  pair  ilki  fettê- 
tre. 


II 

(De  l'Action  du  30  octobre) 

Un  journaliste  catholique  peut  voir  des 
intérêts  religieu^  où  il  n'y  en  a  pas,  où  nul 
du  moins  n'est  tenu  d'en  voir.  De  même  il 
peut  croire  que  le  côté  moral  que  présente 
toute  guerre  autorise  les  évêques,  comme 
gardiens    de    la    morale,  à  se    prononcer 
pour    le    compte    des    catholiques    en  ce 
qui  a  trait    au    devoir    militaire.  Dans  les 
deux  cas  il  se  trompera  déplorablement, 
mais  dans  les  deux    cas  aussi  il  aura  au 
moins  l'excuse     de  faire  ~  peu  importe 
combien  mal  —  son  métier  de  journaliste 
catholique;  danç  les  deux  cas  son  excès 
de  zeh  ne  suffira  pas  par  lui-même  à  faire 
douter  de  sa  bonne  foi.  Au  contraire,  dès 
que  la  sauce  politique  se  mêle  à  la  sauce 
théologique,  je  prends  pour  acquis    qu'on 
sait  très  bien  ce  qu'on  tente  de  me  faire 
avaler    ;  tout  de  suite  je  flaire,  sous  la 
robe,  l'étemel  Scapin, 

—  18  — 


Puisque  l'Action  catholique  faisait  tant 
que  de  mettre  la  théologie  au  service  de 
l'impérialisme    militaire,    le    moins  qu'on 
p/mvait    exiger    d'elle,    c'était  de  ne  pas 
mêler     les     arguments      politiques      aux 
théologiques.      La     métropole      tient     de 
Dieu  le  droit  de  lever  au  Canada  autant  de 
troupes  que  nous  pouvons  en   fournir    : 
c'est  clair,  c'est  net,  c'est  catégorique.  Quel 
besoin  "l'organe  de  Son  Eminence  le  car- 
dinal Bégin"  —  comme  dit  la  Patrie  —  a- 
t-il    ensuite    d'étayer    sa    thèse    sur   les 
arguments  qui  traînent  depuis  un  an  dans 
les  journaux  impérialistes  à  tant  du  pouce 
carré?     Par  exemple,  à  quelle  fin,  dans 
quel  but,  pourquoi  —  oui,  pourquoi?  — 
agrémente-t-il    de    considérations    comme 
celles-ci  cet  article  du  i6  septembre  où  il 
pose  en  principe  le  droit  divin  du  gouver- 
nement anglais  en  matière  militaire: 

//  n'est  pas  juste  ni  logique,  pour  quicon- 
que veut  examiner  l'ensemble  des  intérêts 
canadiens  et  les  voir  sous  tout  leur  vrai 
jour,  de  les  considérer  comme  séparés  de 
ceux  de  l'Angleterre  auxquels  ils  sont  liés. 
Il  est  certes  bon  de  travailler  à  promou- 
voir les  intérêts  du  Canada,  et  c'est  contri- 
buer directement  encore  que  partiellement 
au   bien  de  l'empire  britannique,   que  de 
contribuer  à  celui  du  Canada;  mais  U  faut 
rester  tout  de  m,ême  dans  le  domaine  des 
—  19  — 


réalités,  et  voir  aussi  que  ce  qui  diminue- 
rait la  force  et  la  richesse  de  l'empire  hri- 
tatmique  diminuerait  aussi  nécessairement 
la  force  et  la  richesse  du  Canada,  partie 
intégrante  de  cet  empire.. . 

Ainsi  que  la  flotte  allemande  fût  assez 
forte  aujourd'hui  pour  passer  à  travers  de 
la  flotte  anglaise  et  pour  réduire  le  com- 
merce britannique  au  rôle  assez  précaire  oà 
la  flotte  anglaise  a  réduH  le  commerce  al- 
lemand; qu'une  escadre  demande  pût  fer- 
mer l'entrée  du  golfe,  débarquer  des  trou- 
pes chez  nous,  venir  bombarder  Québec  et 
même  Montréal,  que  deviendrait  notre  sort 
avec  une  Angleterre  dominuée  ou  vaincue? 
Il  sera  trop  tard  pour  nous  défendre 
chez  nous,  lorsque  l'attaque  aura  pu  être 
portée  ici;  et  nous  devons  savoir  que  la  pro- 
tection de  la  doctrine  de  Monroe,  si  elle 
veut,  à  condition  de  le  pouvoir,  empêcher 
toute  conquête    européenne    en    territoire 
américain,  ne  s'opposerait  pas  aux  faits  de 
guerre  transitoires,  du  genre  de  ceux  com- 
mis en  Belgique. 

C'est  un  inconvénient  d'avoir  à  subir  les 
conséquences  des  guerres  où  l'Angleterre 
si  trouve  engagée;  mais  qui  peut  dire  quel 
inconvénient  ce  pourrait  être  pour  nous  d'ê- 
tre engagés  dans  une  guerre  sans  l'appui 
et  la  protection  de  l'Angleterref 

Ce  plaidoyer    se  réduit    en  somme  aux 


— ao — 


propositions  suivantes  : 

t  Les  intérêts  économiques  du  Ca- 
nada (ta  force  et  la  richesse)  sont  iden- 
tiques à  ceux  de  l'Angleterre; 

2'  Us  intérêts  militeires  du  Canada 
{la  force)  sont  identiques  à  ceux  de  l'An- 
gleterre; 

3*  U  moyen  de  protéger  le  Canada,  ce 
n  est  pas  de  préparer  la  défense  de  nos  cô- 
tes et  de  nos  frontières,  c'est  de  mettre  nos 
ressources  à  la  dispositions  de  l'Angleterre 
pour  la  guerre  européenne  ; 

4"  U  doctrine  de  Monroe  "ne  s'oppo- 
serait pas  aux  faits  de  guerre  transitoire  du 
f«»re  de  ceux  commis  en  Belgique"; 

S"  L'appui  et  la  protection  que  nous 
donnent  l'Angleterre  compensent  l'inconvé- 
«ïittH  qu'U  y  a  pour  nous  "à  subir  les 
conséquences  des  guerres  où  l'Angleterre 
est  engagée". 

De  ces  propositions,  la  première  est  ma- 
nifestement fausse,  toutes  les  autres  sont 
î^us  que  contestables.  Même  la  quatrième 
n>st  devenue  plausible  qu'en  ces  derniers 
temps,  et  pour  deux  raisons  étrangères  à  la 
volonté  du  peuple  américain,  qui  sont:  d'u- 
ne part  l'imbécilité,  l'impotence,  montrée 
par  l'Angleterre  depuis  le  commencement 
de  la  guerre;  d'autre  part,  l'imbéciUté  non 


—  air— 


moins  grande  de  notre  pays,  qui  pouvant 
mettre  sur  pied  de  guerre  deux  ou  trois 
cent  mille  hommes,  et  ayant  tout  le  temps 
voulu  pour  fortifier  ses  ports,  a  préféré 
abandonner  ses  hommes  et  son  argent  à 
l'imbécile  gouvernement  anglais,  plutôt  que 
de  s'apprêter  à  seconder  une  vigoureuse 
intervention  du  monroïsme. 

Mais  plausibles  ou  non,  nul  ne  peut  me 
forcer  à  y  souscrire,  car  elles  sont  d'un  or- 
dre où  le  jugement  de  S.  E.  le  cardinal  Bé- 
gin  et  de  S.  G.  Mgr  Bruchési  n'a  en  soi  pas 
plus  de  valeur  que  celui  de  la  plus  humble 
de  leurs  ouailles.  Ce  sont,  purement  et  sim- 
plement, des  opinions  politiques.  Quoi  que 
dise  l'Action  catholique,  je  resterai  toujours 
libre  de  croire  et  de  dire    : 

,1*    Qu'un  pays  d'expansion  intérieure, 
comme  le  Canada,  n'a  pas  les  mêmes  inté- 
rêts économiques  qu'un  pays  d'expansion 
extérieure,  comme  la  Grande-Bretagne; 
^2'    Que  le  Canada,  du  fait  qu'il  n'a  pas 
d^  colonies,  qu'il  n'a  pas  besoin  de  colonies, 
n'a  pas  dans  la  guerre  actuelle,  en  face  de 
l'Allemagne,  les  mêmes  intérêts  nûlitaires 
que  les  boutiquiers  anglais,  pour  qui  l'An- 
gleterre a  fait  toutes  ses  guerres  contem- 
poraines et  conquis  ou  volé  un  cinquième 
du;giobe; 

3°    Que   le   Canada   serait   aujourd'hui 

—  22  — 


P^us  en  état  de  faire  face  à  une  attaque 
allemande,  s'il  avait,  avec  le  concours  as- 
suré de  tous  ses  enfants,  organisé  sa  propre 
défense,  au  lieu  de  mettre  toutes  ses  res- 
sources en  hommes  et  en  argent  aux  ordres 
d  un  gouvernement  dont  l'inintelligence  et 
1  incapacité  n'ont  eu  d'égal,  depuis  le  corn-' 
mencement  de  la  guerre,  que  l'aveuglement 
de  ses  administrés; 

4"  ^  Que  les  Américains  seraient  peut- 
être  r  4s  tentés  de  contrecarrer  les  visées 
éventuelles  de  l'Allemagne  sur  le  Canada, 
SI,  laissant  à  son  propre  sort  cette  Angle- 
terre dévorée  de  cupidité  et  d'égoïsme,  nous 
avions  mieux  préparé  la  défense  de  notre 
territoire; 

5*  Que  ni  l'Action  catholique  ni  per- 
sonne ne  peut  trouver  à  notre  état  colo- 
nial, au  point  de  vue  militaire,  aucun  avan- 
tage qm  en  compense  les  inconvénients. 

Et  si  je  suis  iibre  de  croire  tout  cela,  de 
soutenir  tout  cela,  je  nie  à  un  journal  qui 
est  par  essence  un  organe  religieux  le  droit 
de  mêler  les  opinions  contraires  à  une  thèse 
theologique  qui  ne  tend  rien  moins  qu'à 
violenter  les  consciences. 

■      ♦    ♦    •  ;'   ""^' 

VAction  catholique  ne  s'est  pas  pronon- 
ce seulement  sur  l'impérialisme  miUtaire 
WIc  a  cru  pouvoir  aussi  porter  jugement 

—  23  — 


^-  deux  questions  coimexes.  dont  l'actuii. 

pimdissante  en  notre  pays:  c'est  à  s^r^oir 
la  constitution  politique  de  l'empire  et  l'oo- 
position  du  principe  des  nationalités  au  prin- 
cipe d  autorité  dans  le  gouvernement  des 
peuples. 

•    •    • 
De  tous  les  problèmes  qui  préoccupent 
présentement     nos     hommes     d'Etat      il 

la    solution      s  annonce      plus    difficile 
Jie     celle     des     relations     futures     de' 
I»     Grande-Bretagne     et     de     ses     colo- 
nies Au  point  de  vue  canadien,  l'envoi  de 
cent  mille  hommes  en  Europe,  avec  les  dé- 
penses   ;et  les  changements   fiscaux  qu'a 
entraîne,  est  un  problème  enfantin  corn- 
pare  a  celui-là.  Il  a  suffi  d'un  signe  à  M. 
Borden,  a  Sam  Hughes,  à  M.  Uurier,  pour 
faire  voter  par  les  Chambres  une  expédi- 
tion mihtaire  qu'une  opinion  publique  sa- 
vamment travaillée  par  la  presse  impéria- 
Uste  semblait  réclamer  à  l'unanimité:  il  fau- 
dra plus  de  réflexion,  ce  nous  semble,  et 
de  plus  solides  qualités  d'hommes  d'Etat 
pour  arrêter  les  nouvelles  conditions  d'exis- 
t^ce  politique  des  cinq  ou  six  cents  mil- 
««»*  d'homntes  qui  fomient  la  population 
f^^^ifft  Cêiu  fois  M.  Borden  et  M. 
Mwriif  pdi»f^  œ«tre  leurs  id^  en  com^ 


m«n  sans  que  personne  y  trouve  à  redire: 
«  n  y  en  aura  pas  trop  de  leurs  deux  têtes 
pour  nous  tirer  d'affaire,  si  toutefois  il  y 
*n  a  assez.  ■' 

Ce  problème,  il  se  discute  depuis  plus  de 
qumze  ans  dans  les  parlements  et  dans  la 
presse.  Parmi  les  Canadiens  les  plus  en  vue 
I«  uns  veulent  le  statu  guo,  les  autres  » 
chang«^ent.  De  quel  d«»t.  de  quelle  auto- 
nté  lAchon  catholique  vient-elle  sWérer 

«lans  le  d*a.  et  prendre  fait  et  cause  *^ 
lune  ou  l'autre  thèse?  A  quelle  fin,  d«« 
q«l  but  pourquoi  _  oui.  pourquoi,  ~  &. 
sait-elle  dans  son  édition  du  ler  février 

..Vaide  donnée  à  FAnghterre  far  le  Ca- 
nada, le  concours  actuel  du  Dominion  ca- 
nadten  dans  la  défense  de  f empire  Mtan- 
mue  constituent-ils,  de  droit  et  de  f<nt.  «« 
acheminement  vers  Fimpérialismef  De  ce 
que  nous  coopérons  à  la  défense  de  fem- 
Ptre  ton  entxer  menacé  et  virlueUement  at- 

IT'/J^"'"  ^'  ""*"   ''«"■<"«   <^oir 
""f.  ''«"ifr"»'*  dans  les  conseiU  de  cet 

notre  autonomie  actuellef 
Nous  Hf  le  croyons  pas  . .  '  ^ 

Pour  gariier  un  juste  mÙieu  entre  les  im- 
penaltstes  et  les  séparatistes,  entre  l'absolu 
des  autonomistes  et  celui  des  impériolisies 
—  «5  — 


doni  les  extrêmes  se  touchent,  nous  avons 
rappelé  l'existence  de  nos  obligations 
morales  d'aider  l'Angleterre  dans  U  pré- 
sent conflit,  sans  rien  changer  de  nos  obli- 
gations légales  ou  consHtutionnelles  actuel- 
les. . . 

. .  .Nous  voulons  le  maintien  du  lieu  co- 
lontal,  dans  les  conditions  où  U  existe  main- 
tenant, et  nous  voulons  aussi  accomplir  no- 
tre devoir  d'aider  l'Angleterre  dans  la  pré- 
sente guerre. . . 

Notre  parlement  aide  librement  et  sponta- 
nément l'Angleterre,  sans  mettre  celle-ci 
dans  la  nécessité  périlleuse,  ou  de  resserrer 
ou  de  relâcher  les  liens  qui  nous  unissent  à 
elle,  par  conséquent,  sans  exagérer  ni  dimi- 
nuer notre  réelle  mais  partielle  autonomie. 
Notre  parlement  en  accomplissant  librement 
et  spontanément  son  devoir  n'exige  ni  ne  dé- 
sire aucune  augmentation  de  droits  ou  de 
prérogatives  qui  comporterait  nécessaire- 
ment une  diminution  de  nos  libertés  et  de 
notre  initiative.  Il  ne  dit  pas  imprudemment 
à  l  Angleterre  si  vous    voulez    notre  aide 
donnez-nous  d'abord  une  part  de  votre  sou- 
veraineté, sachant  bien  que  cette  part  trop 
mince  et  assez  fictive  de  souveraineté  par- 
lementariste  (sic)  n'irait  pas  sans  une  dimi- 
nution très  réeUe  de  nos  libertés  et  de  notre 
autonomie  présentes. 

Nous  sommes,  nous  aussi,  opposé?  à  la 
-26  — 


ccntraUsation  politique  de  l'einpire.  Autant 
-que  quiconque,  nous  nous  ferons  un  devoir 
<te  combattre  tout  projet  portant  rétroces- 
«on  réelle  de  pouvoirs  politiques  du  Cana- 
da à  l'Angleterre.  Mais  là  n'est  pas  la  ques- 
tion.  Il  s'agit  seulement  de  savoir  si  un  dé- 
bat essentiellement    politique,  touchant  l'a- 
venir même  du  pays,  sera  préjugé  au  nom 
des  catholiques  canadiens  par  un  journal 
essentiellement  religieux,  organe  de  S.  E.  le 
cardinal-archevêque  de  Québec.  Qu'elle  s'ex- 
erce pour  ou  contre  nous,  pour  ou  contre  M. 
I^aurier,  pour  ou  contre  M.  Borden,  l'ingé- 
rence de  l'Action  catholique  ne  nous  en 
paraîtra  ni  moins  déplacée  ni  moins  odieuse 
Tout  partisan  du  statu  quo  que  nous  som- 
mes, il  ne  nous  plaît  pas  que  la  doctrine  ad- 
verse soit  condamnée  par  une  feuille  qui  ne 
tire  pas  de  l'intérêt  politique  canadien,  ni 
même  britannique,  les  motifs  de  son  orienta- 
tion, et  qui  demain,  pour  un  autre  chapeau 
rouge,  pourra  tout  aussi  bien  prêcher  la 
fédération  impériale.  Non  qu'il  nous  plaise 
a  nous,  comme  à  Martme,  d'être  battus  • 
car  nous  tenons  plutôt  que  désormais,  au  Ca- 
nada, toute  cause  purement  politique  qui 
aura    'approbation  officielle  de  l'épiscopat 
sera  presque  à  coup  sûr  perdue  d'avance. 
Tout  ce  que  npus  voulons  dire/c'est  qu'en 
politique  nous  n'aimons  pas  plus  les  évê- 
ques  comme  alliés  que  comme  adversaires, 

--27  — 


ctt|ifili  ripoiMkiml  pUiameut  à  not  TotOK 
«%  âtignent  Moi  «omentir  à  te  mêlera 
ce  qui  les  -regtrde. 

•    •    » 

Le  9  mars,  YAction  eatholique,  revenant 
sur  la  nécessité  de  son  prétendu  jus- 
te milieu  en  matière  de  politique  impériale, 
attaque  de  front,  avec  l'impérialisme,  ce 
qu'elle  appelle  le  principe  révolutionnaire 
des  nationalités.  Laissons-lui  une  fois  de 
plus  la  parole  : 

Disons  bien  catégoriquement,  pour  tous 
ceux  nui  oftt  J'konniteté  et  l'intelligence  de 
mous  lire  enfant  de  nous  juger»  que  nous  ne 
sommes  pas  plus  partisans  de  l'impértaHs- 
me  que  du  nationalisme. 

Ces  deux-  systèmes,  faux  et  funestes  Fun 
éi  Vautre,  en  autant  qu^ils  oublient  et  cou- 
tnedisent  les  princes  du  droit  ckréHem,  en 
auimt  qu'ils  sont  inspirés  par  l'orgueil  d'u- 
ne dominatioei  ou  d'une  émaucipaHom  m- 
fusHfiies,  nous  répugnent  autant  l'un  que 
l'autre.  Ni  fun  ni  Poutre  n'ont  jamais  été 
prônés  mi  favorisés  par  ia  sagesse  isamua- 
bh  de  PËglise. 

Comme  l'BgUse»  en  mous  inspirant  de  son 
^spmt  quijuffit  à  -toutes  nos  aspirations  et 
^  4ou4es  ftos  revendications,  de  ^es  ensei- 
gnements qui  renferment  tous  nas  devoirj, 
meus  tenons  ^aur  assuré  que  nous  pouvons 


— a6^ 


f#  éevi  ir  TtcomttAtft  tt  uecêmpkr  iout  net 
devtmt  tmm»  twÊit99%té  somtrome  ^ 
»MW  réffii,  sans  adopimr  Us  eMogératiomt 
dmn  i$HpMaismt  trop  iommmtm'  comme 


nous  devons  défendrs  nos  droits  UgiHmss 
et  tramnllsr  au  bien  de  notre  notion,  smu 
verser  dons  les  exagérations  d'un  nationa- 

^^  q^  s^inspire  de  plus  en  plus  du  faux 
principe  des  nationalités,  dont  Porigine  ré- 
vohiionnoire  n'est  que  trop  connut..,. 
Comme  nous  avons  nos  raisons  pour  ne 
pas  verser  dans  les  faussetés  de  l'impéria- 
lisme, no9u  avons  aussi  nos  raisons  pour  ne 
pas  verser  dans  celles  du  uationalHsme,  de- 
venues plus  évidentes  en  ces  derniers 
temps.  '» 

L'impérialisme  britannique  est  à  la  fois 
économiqtie,  politique  et  militaire. 

Nous  prenons  pour  acquis  que  l'Action 
catholique  ne  veut  pas  parler  du  premier; 
que  l'organe  de  S.  E.  le  cardinal-archevê-' 
que  de  Québec  ne  fait  pas  dépendre  le  sort 
du  christianisme  de  l'adoption  ou  du  rejet 
d*une  nouveUe  politique  douanière  par 
^Angleterre  et  ses  colonies. 

Quant  à  rmipérialisme  politique,  àim- 
rae  se»  propres  partisans  n'y  ont  jamsis 
w  qu'on  moifen  ée  réaliser  llmpérialis- 
ne  aiâitàife.~e«tet4-dipe  le  régime  que  U 
C^a^  «  tiaritwwnt  acc^ié  par  ao« 


~JS>— 


de  de  participation  i  la  guerre  actuell»-», 
tout  ce  que   VAeHom  eatholiqut  pourra 
écrire  pour  le  dénoncer  ne  fera  que  mou- 
tarde après  le  dîner,  poudre  aux  yeux,  ea- 
catnotage.    Maintenant  que  le  Canada  a 
virtuellement  reconnu  l'autorité  du  IVor 
Office  sur  le  Canada,  il  nous  importe  beau- 
coup moins  que  le  régime  parlementaire 
de  l'empire  soit  ou  non  modifié.    Il  y  au- 
rait même,  au  point  de  vue  militaire,  un 
certain  avantage  pour  le  Canada  à  connaî- 
tre exactement,  et  le  plus  tôt  possible,  l'é- 
tendue de  ses  nouvelles  obligations:  et 
parce  que  cet  fivantage  frappera  tout  le 
monde,  l'impérialisme  politique  est  dès 
maintenant  assuré  de  profiter  des  conces- 
sions    qu'on     aura     faites     à  l'impéria- 
lisme militaire.    Si  quelqu'un,  en  tout  cas, 
a^  le  droit  de  s'alarmer  à  la  perspective 
d'une  participation  du  Canada  aux  con- 
seils impériaux,  ce  n'est  point,  ce  ne  peut 
pas  être,  le  journaliste  qui  fait  découler 
des  prérogatives  divines  du  roi  d'Angle- 
terre,--car  à  ses  yeux  le  représentant  de 
Dieu,  c'est  le  souverain,  non  le  gouverne- 
ment,  —  la  prétendue  obligation  du  Canada 
d'envoyer  des  troupes  en  Europe.    Si  l'au- 
torité du  roi  est  souveraine  en  matière 
militaire,  elle  l'est  également  eà  matière 
politique:  nos  biens  comme  nos  personnes 


I 


( 


•ont  au  roi.  Et  tlon,  à  quoi  rime  le  trem- 
blement où  tombe  l'organe  officiel  de  S.  E. 
le  cardinal-archevêque  de  Québec  à  la  seu- 
le pensée  que  M.  Laurier  pourrait  un  jour 
siéger    au  pariement  impérial?    De  toute 
évidence,  la  sortie  de  VAction  catholique 
contre  l'impérialisme  politique  a  pour  uni- 
que objet  de  masquer  le  coup  de  Jamac— 
non,  le  coup  de  D'Amours— porté  au  na- 
tionalisme anti-impérialiste  dans  le  même 
article.  De  fait,  à  partir  du  9  mars,  l'abbé 
D'Amours  ne  reviendra  plus  sur  les  dan- 
gers de  la  fédération  impériale,  mais  il 
mettra  tous   les   théologiens   modernes   à 
contribution  pous  essayer  de  faire  de  M. 
Bourassa  un  suppôt  de  la  Révolution.    Il 
apportera  tout  à  tour  dans  le  maniement 
de  CCS  textes  rébarbatif»  le  doigté  d'un 
faussaire  et  la  grâce  d'un  baleineau.    Le 
26  mai,  il  termine  ainsi  une  demi-page  de 
citations: 

Nous  pourrions  ajouter  bien  d'autres  té- 
moignages, si  l'espace  d'un  article  le  per- 
mettait, montrant  que  ce  fameux  principe 
des  nationalités  est  la  négation  du  droit  et 
la  destruction  de  V ordre,  conduisant  les  na^ 
tions  à  une  anarchie  internationale. ... 

Ce  faux  principe  des  nationalités,  comme 
l'appelle  Le  Play,  spit  qu'U  ,s'inspire  de 
l'égolsme  de  rçtce,  soit  qu'il  rejette  tout 


—  31 


J^  et^  OHt^rkè  qui  nTimanmt  pas 
flJf^^f^^P^Puhire,    est   subversifZ 
'^^"^  ^04mi  camme  4e  re^dr^  efméHen... 
C*cst  une  longue  histoire  que  celle  du 
nationalisme    européen,    et    Dieu    nous 
garde  de  tenter  ici  de  la  résumer.    Kos- 
ciuszko    et    Poniatowski    en    Pologne 
Stem  en  ^usse.  Canaris  et  Capo  distrie 
en  Grèce  Kossuth  en  Hongrie,  O'ConneU 
en  Irlande,  Mazzini.  Cavour  et  Garibaldi 
en  Italie,  ont  à  eux  seuls  vécu  et  agi  la 
morne  de   la  politique    européenne    au 
XIXe  siècle.    1,'EgUse  a  été  sévère  pour 
ceux  de  leur  actes  qui  pouvaient  la  com- 
promettre auprès  du  pouvoir  civil.  De  mê- 
me  qu'aux  XXVIIe  et  XVIIIe  sièces  les 
casuistes^avaient  autant  de  codes  de  mo- 
rale privée  qu'il  y  avait  d'ordres  de  puis- 
sance  dans  la  société,  de  même  au  XlXe 
siècle  les  hommes  d'Eglise  n'ont  pas  man^ 
que  qui  par  instinct  d'obéissance  passive 
.^Iwsouvent  par  intérêt,  se  sort  rangés' 
me  les  oppresseurs  contre  les  opprimés 
«y  a  ee«  toutefois  à  remarquer' 'quW 

^t  les  adep^  du  droit  divin  ont  feit  de 
^^wntre  le  nationalisme  envisagé  à 

montras  prudents  dans  leurs  apprécia- 
ttons  des  hommes  et  des  partis  nationalis- 
tes.   On  eût  dît  qu»irs  prévoyaient  le  jour 

— 3«— 


<m,  le  nationaUsme  ayant  trtampfaé  fires- 
qœ  partout,  ils  seraient  heureux  de  com- 
bler de  bénédictions  ces  peuples  /aillant» 
dont  ils  condamnaient  alors  lei  aspira- 
tions au  nom  du  droit  divin  des  tom.  Au- 
jourd'hui, même  en  Italie,  où  le  nationa- 
lisme dut  longtemps  chercher  l'ombie  des 
Loges  pour  échapper  aux  délations  de 
l'épiscopat  et  à  la  persécution  autrichien- 
ne, on  dit  du  mal  du  carbonarisme  et  on 
glorifie  Mazzini,  on  condamne  la  Révolu- 
tion et  on  bénit  Cavour  ;  Garibaldi  aurait 
limité  ses  exploits  aux  Deux-Siciles,  que 
sa  mémoire  serait  secrètement  vénérée  au 
Vatican.     Et  qu'est-ce  que  cela  prouve, 
sinon  que  les  théologiens  sont  des  hom- 
mes, et  que,  comme  hommes,  si  le  tem- 
porel de  l'Eglise,  y  compris    celui    des 
Aéologiens,  tient  parfois  trop  de  place 
dans  leurs  préoccupations,  ils  ont  aussi 
l'âme  ouverte  à  ce  sentiment  qui  fait  la 
gtoire  et  la  dignité  de  l'homme:   l'atta- 
chement à  la  langue,  à  îa  nationalité^ 

Mats  ce  que  j Vn  dis,  moi,  c'est  par  luxe 
—pour  acquitter  en  passant,  d'un  coup  de 
pied  à  la  bête  malpropre  qui  lève  la  patte 
sur  les  statues  d'O'Cônndl,  de  Poniatow- 
ski,  dciKossuth,  de  Gavour,  un  peu  de  la 
dette  de  reèonnaissance  que  tout  homme 
hTwe  doit  se  recoimaftre  etirere  ces  fnm^ 
ferisears  de  cltt^eiB.  :. 


Le  lecteur  se  doute  bien  qu'ott  fond  je 
ne  vois  pas.  grand'cho';e  de  commun  entre 
Mazzini  et  M.  Armand  Lavergne,  entre 
les  Faucheurs  de  la  Mort  et  les  électeurs 
de  Drummond-Arthabaska,  entre  la  ba- 
taille de  Navarin  et  l'élection  de  M.  Paul- 
Emile  Lamarche  comme  député  de  Nico- 
let.  Et  il  ne  s'attend  pas,  le  lecteur,  à  ce 
que  je  fasse  grands  frais  d'argumentation 
pour  démontrer  que  le  nationalisme  cana- 
dien— entendu  comme  opposition  à  l'im- 
périalisme britannique  —  ne  fut  jamais 
visé  par  d'autre  théologien  que  le  faquin 
de  l'Action  catholique,  subventionné  à  mê- 
me l'argent  de  feu  Cecil  Rhodes,  s'il  n'est 
pas  plutôt   frappé  d'aliénation   mentale. 
Cela,  il  l'admet,  le  lecteur,  il  le  sait  ;  et  si 
j'entreprenais  d'en  faire  la  preuve,  il  croi- 
rait tout  simplement  que  je  me  moque  du 
monde. 

♦      ♦      ♦ 

Une  autre  question  politique  s'est  agi- 
tée au  Canada  en  ces  dernières  années,  et 
plus  que  jamais  en  ces  derniers  mois; 
nous  voulons  parler  des  droits  du  français 
à  l'école  dans  les  provinces  anglaises,  par- 
ticulièrement en  Ontario. 

Par  elle-même  cette  question  n'a,  quoi 
qu'on  dise,  aucun  caractère  religieux.  Elle 
intéresse  les  Canadiens-Français  catholi- 
ques, mais  comme  Français,  non  comme 

—  34  — 


catholiques.  Les  prêtres  et  évêques  cana- 
diens-français y  sont  intéressés,  mais 
comme  Français,  non  comme  prêtres  ou 
évêques.  Les  laïques  y  ont  la  même 
compétence  que  les  ecclésiastiques,  et  un 
libre-penseur  peut,  par  amour  de  la  jus- 
tice, y  faire  cause  commune  avec  un  laï- 
que catholique,  avec  un  prêtre,  un  évêque. 
tin  cardinal. 

Ceci  posé,  voyons  ce  que  pense  sur  le 
sujet  l'Action  catholique,  organe  de  S.  E. 
le  cardinal-archevêque  de  Québec  : 

De  notre  côté,  —  disait  le  2  septembre 
dernier  l'Action  catholique,  —  «/  faut  bien 
le  reconnaître,  nous  n'avons  pas  tous  fait  ce 
qu'il  eût  fallu  faire  pour  dissiper  cette  igno- 
rance et  ces  préjugés,  nous  avons  même  fait 
parfois  ce  qu'il  fallait  faire  pour  les  entre- 
tenir. 

Ainsi  au  lieu  de  nous  tenir  fermes  sur  la 
défense  de  nos  droits,  nous  nous  sommes 
parfois  laissé  emporter  —  c'était  assez  na- 
turel, mais  ni  sage  ni  profitable  —  à  des  at- 
taques qui  eussent  été  de  bonne  guerre,  si 
nous  avions  été  véritablement  en  guerre, 
mais  qui  étaient  de  mauvaise  politique. 
Nous  avons  ainsi  donné  à  soupçonner,  faus- 
sement il  est  vrai,  que  nous  n'acceptons 
qu'à  regret  notre  sort,  que  nous  entrenons 
l'espoir  de  secouer  la  domination  anglaise 


—  35— 


à  la  preffUèrt  occasion  favorabU»  que  mous 
avons  la  tentation  de  maudire  le  four  où 
nous  sommes  devenus  sujets  britanniques. 
Cette  fausse  tactique  et  cette  légèreté  de 
parole  n'auraient  eu  aucune  mauvaise  con- 
séquence, si  nos  compatriotes  de  langue  an- 
glaise eussent  connu  les  vrais  sentiments 
et  la  conduite  réelle  de  notre  peuple,  autant 
qu'ils  connaissent  les  imprudentes  paroles 
de  quelques-uns  des  nôtres.  Mais  le  mal- 
heur a  voulu  qu'il  y  eût  parmi  nous  quel- 
ques patriotes  plus  zélés  que  sages  qui  n'ont 
pas  vu  que  leurs  imprudences  nuisaient  à 
notre  cause  en  fournissant  des  prétextes 
très  utiles  à  nos  adversaires  qui  ne  deman- 
daient pas  mieux  que  de  les  exploiter  con- 
tre nous. 

la  vérité  réelle,  historique  qu*il  eût  fallu 
et  qu'il  faut  encore  tenir  en  évidence  sans 
fournir  à  personne  raison  d'en  douter,  c'est 
comme  le  disait  hier  encore  /'Evénement 
et  comme  font  tant  de  fois  redit  tous  les 
chefs  et  les  vrais  guides  de  notre  race,  que 
la  majorité,  l'unanimité  des  Canadiens-fran- 
çais est  heureuse  de  vivre  sous  la  protection 
du  drapeau  britannique  et  croit  que  ce  se- 
rait un  grand  malheur  pour  elle  que  de 
vé^  changer  notre  status  politique  actuel. 
Il  y  aurait  à  ce  sujet  une  comparaison 
histori0te  intéressante  et  salutaire  à  insH- 
fùermtre  fmitude  constante  de  notre  cler- 

-36- 


gê,  qui  a  su  défendre  avantageusement  nos 
droits  religieux  et  nationaux,  et  Pattitudé 
de  nos  patriotes  et  de  nos  politiciens  qui 
n'ont  pas  tous  voulu  adopter  la  même  tac-- 
tiqué  de  même  modération,  qui  ont  exagéré 
dans  le  sens  de  la  conciliation  des  principes 
ou  dans  celui  de  l'exagération  de  la  violen- 
ce, sans  entente  ni  discipline,  chacun  sui- 
vant son  tempérament,  et  qui  ont  abouti 
souvent  au  triste  résultat  ou  de  ne  pas  com" 
battre,  ou  de  perdre  des  batailles,  après  les 
avoir  imprudemment  engagées  ou  provo- 
quées. 

Ici  encore  il  apparaît  que  les  hommes 
d'Eglise  ont  été  les  plus  sages  politiques, 
non  pas  tant  parce  qu'ils  avaient  plus  de 
talent  ou  plus  de  dévouement  que  parce 
qu'ils  avaient  plus  de  principes,  plus  de 
pondération,  plus  de  science  et  d'entente  de 
la  morale  publique. 

Il  faudrait  la  plume  d'un  Léon  Bfùy 
pour  qualifier  la  sans-pareille  bassesse 
d'âme  qui  à'étale  à  chaque  ligne  de  cet 
article.  Entre  le  traître  ordinaire  et  l'abbé 
D'Amours,  il  y  a  toute  la  différence  qui 
sépare  le  gabegiste  du  simoniaque.  Le 
directeur  de  V Action  catholique  a  comme 
la  fringale  de  la  trahison.  Il  en  fait  un 
ut,  pius  que  cela»  un  sadisme.  C'est  à  se 
demander  si»  dans  cette  question  de  l'en- 


^ 


seignemcnt  bilingue,  il  trahit  inconscicn- 
ment.  pour  le  seul  plaisir  de  porter  un 
coup  de  stvlet  à  M.  Bourassa.  ou  s'il  ne 
frappe  pas  plutôt  M.  Bourassa  pour  ser- 
vir les  politiciens  francophobes  d'Ontario 
en  ayant  l'air  de  défendre  l'école  bilingue. 
Ce  n'est  pas  par  un  écart  de  plume  que 
dans    mon    premier    article    sur    l'Action 
catholique,  les  évêques  et  la  guerre"  je  le 
traitais  de  «petit  abbé  jésuite  et  italien 
pour  qui  nulle  besogne  ne  fut  jamais  trop 
ardue,  ni  trop  scéjlérate,  ni  trop  vile":  les 
lignes  qui  précèdent  montrent  ce  dont  il 
est  capable  comme  audace,  comme  scélé- 
ratesse et  comme  vilenie.    Je  pourrais  le 
convamcre  vingt  fois  de  mensonge  en  re- 
faisant brièvement  l'historique  de  la  lutte 
scolaire  ontarienne.    Je  lui  permettrai  de 
se  clouer  lui-même  au  pilori  s'il  veut  seu- 
lement essayer  de  répondre  aux  questions 
suivantes  : 

r  Selon  lui,  qu'est-ce  que  les  Cana- 
diens-Français auraient  pu  faire  pour  dis- 
siper l'ignorance  et  leï  préjugés  des  An- 
glais  d  Ontario,  et  qu'ils  n'ont  pas  fait? 

2**  Qu'est-ce  que  nous  avons  fait  pour 
entretenir  cette  ignorance  et  ces  préjugés 
et  dont  nous  aurions  pu  nous  abstenir  sans 
nous  manquer  de  respect  à  nous-mêmes? 

3*  Où,  quand  et  comment  avons-hôus 


attaqué  nos  concitoyens  anglais  au  lieu 
de  nous  borner  à  défendre  nos  droits?  Où, 
quand  et  comment  avons-ncns  "donné  à 
soupçonner  que  nous  "entretenons  l'espoir 
de  secouer  la  domination  anglaise  à  la  pre- 
mière occasion  favorable"^ 

4"  Ceux  dont  V Action  catholique  déplo- 
re les  "imprudences"  n'ont-ils  pas  reçu  à 
maintes  reprises  les  remerciements  pu- 
blics de  la  minorité    ontarienne?     Sans 
eux,  quel  mouvement  de  sympathie  exis- 
terait-il à  l'heure  actuelle  dans  le  Québec 
pour  les  Canadiens  d'Ontario?   Les  dis- 
cours les  plus  énergiques  de  M.  Bourassa 
sur  la  question  scolaire    ont-ils    jamais 
provoqué  chez  les  fancophobes  d'Ontario 
plus  de  rage  que  certaine  lettre  de  S.  E. 
le  cardinal  Bégin  ou  que  les  souscriptions 
nationales    organisées    par    la    Société 
Saint-Jean -Baptiste  en  1913,  par  l'Asso- 
ciation de  la  Jeunesse  en  1915?  Et  serait- 
ce  à  dire  que  Son  Eminence  est  un  cer- 
veau brûlé,  et  que  le  Québec  a  tort  d'en- 
voyer des  secours  pécuniaires  aux  persé- 
cutés? 

6*  Quel  est  le  Canadien-Français,  na- 
tionaliste ou  autre,  qui  n'a  pas  déclaré  en 
toute  circonstance  que  le  drapeau  britan- 
nique devait  garder  notre  allégeance  tant 
qu'il  ne  serait  pas  synonyme  de  tyrannie 


—  39 


-reUgieuse  et  nationale?  L'Action  caiho' 
tique  le  ]vend  bien  froidement  avec  les 
desni-saiivages  dn  gouveraement  onta- 
licn:  on  reconnaît  >^  l'indifférence  fon- 
cière du  haut  clergé  pour  les  questions  de 
langue.  Mais  n'est-ce  pas  le  même  jour- 
nal qui  écrivait  l'hiver  dernier,  à  propos 
de  l'annulation  d'un  règlement  anti-alcoo- 
lique à  la  Baie  Saint-Paul  par  le  juge  Le- 
tellier  pour  cause  d'ingérence  cléricale, 
que  le  plus  sûr  moyen  de  faire  amender 
certaines  lois— eà  l'espèce,  la  loi  sur  l'in- 
timidation de  l'électeur,— c'est  de  les  vio- 
ler bravement,  inlassablement? 

6'  L'épiscopat  canadien  se  fit  le  plus 
ardent  défenseur  de  la  langue  française  à 
une  époque  où  il  ne  pouvait  agir  autre- 
men  sans  laisser  le  champ  libre  aux  agents 
é'anglicanisation  du  cabinet  britannique,— 
sans  s'exposer,  par  conséquent,  à  perdre 
sa  propre  raison  d'être.  Mais  en  quoi  son 
rôle  a-t-il  été  depuis  plus  digne  d'éloge 
que  celui  des  Bédard,  des  Papineau,  des 
Parent,  des  Lafontaine,  des  Morin,  et, 
pour  en  arriver  tout  de  suite  à  nos  jours 
en  sautant  par-dessus  1890  et  1896,— 
alors  que,  s'il  fallait  s'en  rapporter  au  ju- 
gement, contestable  il  est  vrai,  des  délé- 
gués apostoliques,  c'était  l'épiscopat  qui 
manquait  de  pondération,— des  Bourassa. 
des  Lavergne,  des  Belcourt  et  des  Lan- 

—  40  — 


dry?  Quel  lourd  fardeau  d'ignomime  les 
laïque»  canadiens-fraaçaia  des  quatre  ou 
cinq  dernières  générations  devro«^t  porter 
devant  l'Histoire,  nous  le  savons  ;  rien  que 
d'être  lés  fils  de  tels  pères,  empoisonne  et 
affaiblit  notre  existence,  nous  incline  corn- 
me  fatalement  aux  capitulations.  Mais  ne 
pourrait-on  pas  plaider  à  leur  décharge 
précisément  l'habitude  où  on  les  avait  for- 
mes  de  ne  pas  compter  sur  eux-mêmes, 
de  s'en  rapporter  entièrement  à  l'épisco- 
pat  pour  la  revendication  des  droits  natio- 
naux comme  des  droits  religieux?  En  ce 
moment  même,  que  fait  l'organe  de  S.  E. 
le  cardinal  Bégin,  sinon  de  calomnier  dé- 
libérément l'action  laïque  pour  la  décou- 
rager? 

•    ♦    »    ■ 

Ainsi  donc,  qu'il  s'agît  de  nos  obliga- 
tions militaires  envers  la  métropole,  de  la 
fédération  impériale,  du  nationalisme 
anti-impérialiste  ou  du  nationalisme  au 
sens  que  prend  ce  mot  dans  nos  affaires 
intérieures,  l'Action  catholique^  depuis 
l'automne  de  1914,  a  fait  de  la  politique, 
rien  que  de  la  politique. 

Oi',  si  le  lecteur  veut  bien  évoquer  ses. 
souvenksi  il  verra  que  durant  cette  pé- 
riode û  n'a  virtuellement  pas  été  question 
d'autre  chose  dans  la  presse  eanâdièniie 

—  4i-- 


Même  l'action  sociale,  qui  fut  la  raison 
d'être  de  sa  fondation^  tf'a  tenu  qu'une 
place  infime  dans  la  tâche  quotidienne  de= 
VActùm  catholique.    Pousser  à  l'envoi  de 
troupes  canadiennes  en  Europe,  disserter 
sur  les  avantagres  ou  les  désavantages  de 
la  fédération  impériale,  représenter  le  na- 
tionalisme anti-impérialiste  comme  une 
hérésie,  miner  en  sous-main  les  meilleurs 
avocats  de  la  minorité  ontarienhe:   telle 
a  été  depuis  bientôt  quinze  mois  sa  beso- 
gne.   Xes  évêques  ne  croient-ils  pas  que 
le  temps  est  venu    de  mettre    fin  à  cet 
état  de  choses?  Croient-ils  que  cette  si- 
monie puisse  durer  plus   longtemps  sans 
provoquer  un  dure  réaction?     S'imagi- 
nent-ils que  tout   le  monde   est   devenu 
aveugle,  sourd  et  muet,  dans  la  bonne 
province  de  Québec? 

III 

(De  l'Action  du  6  novembre) 

Il  paraît  au  Canada,  en  français  et 
en  angitais,  des  douzaines  die  journaux 
caitholiques  dont  la  ipublication  et  la  dif- 
fusion ne  nous  offusquent  pas  le  moins 
du  monde.  Rien  qu'à  Montréal,  iii  existe 
plusieurs  BuJJetins  paroissiaux  -— lesquels 
s'occu^ïent  à  peu  près  uniquement  de 
questions    religieuses,  et  xiesquels,  pour 

—  42  — 


cela  inème>  nous  n'avons,  jamais  songé. à 
critiqtMr  1^  icfirection.  Personncfllement, 
durant  vingt  années  de  journalisme  phis 
ou  moins  actifs  jamais  je  n'ai  seulement 
fait  allusion  au  mercantilisme  noitoire  de 
journaux  eit  àt  nevues  |périoidiqu«s  consa- 
Clés  à  la  pro«pagande  non  pas  de  la  foi  ca- 
tholique, mais  de  telle  ou  tell«  idiévotion 
en  particuflier  (sainte  Anne,  le  Sacré 
Coeur,  saint  Antoine,  etc.).  QueUques  er- 
reurs qu'elle  pût  commettre,  j'ai  toujjours 
cru  que  la  presse  religieuse,  tant  qu'e*l« 
restait  sur  le  terrain  religieux,  relevait  de 
la  seule  autorité  ecclésiastique,  et  qu'un 
catlholique  ne  ipouvait,  sans  manquer  à  sa 
foi,  voire  au  simple  bon  sens,  la  citer  de- 
vant l'opinion. 

J'irai  -pllus  loin.  La  liberté  de  parole  que 
j'ai  revendiquée  en  matière  politique  pour 
les  clercs  conune  pour  les  laïques,  je  la  re- 
connais au  directeur  du  journal  religieux, 
si  le  lecteur  n'est  pas  mis  explicitement 
ou  implicitement  sous  l'impression  qu'il 
s'agit  d'opinions  autorisées  ou  même  com- 
mandées par  l'Eglise;  s'ill  ne  peut  exis- 
ter aucun  doute  sur  'le  caractère  tout  per- 
sonnel de  ces  opinions. 

Le  cas  propre  de  l'Action  catholique, 
c'est  que  tout  en  faisant  de  la  politique, 
et  beaucoup  plus  de  politiqiie  que  de  re- 


—  43 


lifioB»  die  ot  ceotée  «pâmer  m  tout 
ee  mÊT  tout  lit  éodLtk»  de  l'Eflne,  lia  pan- 
sée et  U  vaknté  du  pape  et  des  évèquei. 

U  la  juaiet  1915,  par  exemple,  —  à 
l'occastOK  de  son  changement  de  titre,  — 
toot  en  feignant  de  vouloir  dégager  de  sa 
direction  la  responsabiUté  épiscopale,  elle 
déclare: 

Ce  que  nom  écrivons  dans  l'Action  Ca- 
thc^ique  a  h  mhne  autorité  que  ce  que  nous 
avons  écrit  rfafw'fAction  social*,  PantorUé 
des  raisons  et  des  documents  que  nous  aP' 
portons  dans  ^exposé  de  nos  arguments  et 
de  nos  expositions  ds  principes,  l'autorité 
aussi  d'un  foumal  qui  fait  profession  d'ex- 
poser et  de  défendre  les  doctrines,  les  tra- 
.■'tions  et  les  droits  de  V Eglise  (i),  les  de- 
ours  et  les  droits  de  la  conscience  catho- 
lique et  de  toute  conscience  honnête,  sous 
le  contrôle  et  la  juridiction  de  V Eglise  en- 
seignante. 

Après  cela,  elle  a  beau  faire  observer 
"qu'il  ne  faut  ni  cohfondre  ni  assimile^  un 
article  de  journal,  ce  journal  fût-il  le  plus 
ouvertement  catholique  et  même  fût-il  LE 
PLUS  ENCOURAGE  PAR  TOUTE  LA 
HIERARCHIE  CATHOUQUE  (a),  a- 

(i)  C'est  notts  qui  soulignons. 
(2>  Comme  ei-des6U& 


mec  m  Acte  ef  lidd  de  l'autorité  codétiat. 
tique  o«  avec  ses  enseignements  Mvàmaét". 
C(*te  formalité  ne  lui  coûte  pas  cher;  tout 
ce  qu'on  retiendra  de  ses  déclarations,  c'est 
qu'elle  est  de  tous  les  journaux  •'le  plus 
encouragé  par  toute  la  hiérarchie  catholi- 
que", et  pour  ceci,  évidemment,  qu'elle 
"fait  profession  d'exposer  et  de  défendre 
les  doctrines,  les  traditions  et  les  droits 
de  l'Eglise,  les  devoirs  et  les  droits  de  la 
conscience  cathoGque",  "sous  le  CONTRC 
LE  et  la  juridiction  de  l'Eglise  enscignan- 

Le  7  octobre,  c'est-à-dire  à  la  suite  de 
mes  premiers  articles  sur  'TAetion  catho- 
lique, les  évcques  et  la  guerre",  l'abbé  D'A- 
mours fait  mine  encore  une  fois  de  prendre 
sur  lui  toute  la  responsabilité  de  la  direc- 
tion imprimée  l  cette  feuille. 

On  ne  4ira  pas,  écrit-il,  que  nous  visions  à 
aucun  monopale,  ee  qui  serait  par  ailkurs 
ridicule,  ni  que  nous  prétendions  parler 
jeuir  au  nom  des  catholiques,  comme  cer^ 
tains  ennemis  de  notre  journal  Vont  parfois 
faussement  affirmé,  si  nous  disons  que  nous 
voudrions  voir  tous  nos  confrères  cana- 
diens de  langue  française  mettre  constam- 
ment, £vmm§  nous  nous  efforçons  de  k 
faire,  au  premier  rang  de  leurs  préoccupeh 
Mons,  rtxposi,  le  maintien  et  la  défense  de 
la  pensée  catholique. 

—45  — 


A  .Mais  pour  tout  lé  reste  son  article  se 
compoit  de  choses  ccmune  celles-d  : 

Les  Popes  et  les  éviques  ont  particulière' 
ment  recommandé,  en  ces  derniers  temps, 
le  maintien  et  la  diffusion  de  la  presse  ca- 
tholique. 

Pour  accélérer  les  progrès  et  accroître 
l'efficacité  d'une  oeuvre  aussi  urgente,  il 
est  bon  que  l'acquiescement  aux  enseigne- 
ments, et  aux  ordres  du  Pape  et  des  éviques 
s'appuie  aussi  sur  des  idées  claires  et  sur 
de  bonnes  raisons. . , 

La  presse  catholique,  ce  n'est  pas  toute 
publication  mise  au  jour  par  des  catholi- 
ques pour  des  fins  honnêtes,  ce  ne  sont  pas 
non  plus  seulement  les  publications  offi- 
cielles ou  officieuses  de  la  hiérarchie  catho- 
lique. Le  journal  catholique,  pour  ne  par- 
ler que  de  cette  forme  de  publication,  doit 
reconncâtre  la  juridiction  de  l'Bglise  dans 
tous  les  domaines  où  cette  juridiction,  seu- 
le juge  de  ses  actes,  croit  devoir  s'exercer, 
mai^  il  n'est  pas,  pour  cela,  l'organe  de  V au- 
torité ecclésiastique.  Il  n'engage  cette  au-^ 
torité  que  dans  la  mesure  où  celle-ci  s'enga- 
ge elle-même  à  son  égard. 

^aisie^  journal  catholique  s'inspire  cons- 
tamment, en  tout,  de  la  pensée  et  des  prin- 
cipes catholiques.  Ses  directeurs  et  rédac- 
teurs n'admettent  pas  plus  le  dédoublement 

-46~ 


de  leurs  principes  que  le  dédoublement  de 
leur  conscience  de  catholiques.  Il  ne  leur 
vient  pas  à  l'idée  qu'ils  peuvent  cesser  d'ê- 
tre catholiques  ou  faire  régulièrement  abs- 
traction de  leur  catholicisme,  quand  ils  trai- 
tent de  politique,  d'économie  sociale,  de  lit- 
térature ou  de  toute  autre  question. 

Il  ne  leur  vient  pas  non  plus  à  l'esprit  que 
c'est  à  eux  de  déterminer  en  quoi  ils  sont 
soumis  à  la  juridiction  et  aux  directions  de 
l'Bglise,  et  en  quoi  Us  en  sont  exempts.  Ils 
ne  croient  pas  pouvoir  se  désintéresser  d'au- 
cune lutte,  d'aucun  problème  où  sont  en- 
gagés les  intérêts  de  la  religion. 

Et  je  voudrais  bien  savoir  à  quoi  équi- 
vaut pratiquement  ce  galimatias,  sinon  à 
réaffirmer  que  VAction  catholique  est  dans 
son  rôle  d-e  journal  religieux,  obéit  par 
conséquent  aux  instructions  du  pape  et 
des  évêques,  en  faisant  un  devoir  de  cons- 
cience aux  catlidiqu'es  d'approuver  l'envoi 
de  trouipes  canadiennes  à  l'étranger,  bu  de 
renier  M.  Bourassa  dans  la  question  des 
écoles  d'Ontario. 

Du  reste,  comment  VAction  catholique 
peut-elle  prétendre  agir  de  son  seud  et  pro- 
pre chef,  quand  d'une  part  dïe  peut  impu- 
nément mettre  les  évêques  en  cause,  et  que 
d'autre  part  l'autorité  épiscopale  muttiplie 
à  son  endroit  'les  preuves  de  soUickulde? 


—  47  — 


L'abbé  <f  Amours  écrivait  en  effet  il  y 
a<kux  mois  à  peine: 

,  Notre  confrère  anglais  le  Telegraph,  de 
Québec,  qui  n'est  pas  obligé  d'être  au  fait 
de  h  discipline  du  clergé  catholique,  ap- 
prendra donc  avec  plaisir  que  le  clergé  de  la 
campagne  comme  le  clergé  des  vUles  adop- 
te au  sujet  de  la  guerre  non  les  principes 
de  tel  ou  tel  homme  politique,  mats  ceux 
qu%  nous  sont  enseignés  par  les  Papes  et 
lesBvêques.  Or,  sÛr  ce  point  important,  les 
éve4ues  de  notre  province  ont  dit  les  paro- 
les essentielles,  que  les  membres  du  clergé 
ont  fait  (sic)  leurs. 

Quant  au  patronage  accordé  par  l'arche- 
vêché de  Québec  à  YAction  catholique,  il 
est  trop  public  pour  prêter  à  aucun  doute. 
J'ai  ici  même  défié  ce  journal  d'établir  par 
des  chiffres  qu'il  ne^it  pas  du  produit  des 
quêtes     diocésaines  et  des  pèlerinages     à 
Saintë^Anne-de-Beaupré.      Je  ne  risquais 
vraiment  pas  grand'chose  au  défi,  puis- 
que l'archevêché  de  Québec,  non  seulement 
a  participé  activement  à  la  fondation  de  VA- 
tion  catholique,  —  alors  appelée  l'Action 
sociale,  —  non  seulement  est  intervenu  en 
^a  faveur,  par  une  lettre  comminatoire, 
quand  certains  mtaobrcs    ûa    parlement 
provincial  ont  osé  critiquer  sa  ligne  de 

-4«- 


conduite,  mais  tous  les  ans  a  autorisé  une 
quête  diocésaine  à  son  bénéfice. 

L'archevêché  de  Québec,  comme  celui  de 
Montréal,  a  un  organe  officiel  qui  s'intitu- 
le La  Semaine  religieuse.  Or,  nous  lisons 
dans  un  article  de  la  Semaine  religieuse  de 
Québec,  reproduit  le  lo  octobre  dernier  par 
V Action  catholique: 

Dimanche  prochain,  on  fera  une  collec- 
te, dans  toutes  les  églises  et  chapelles  de 
l'archidiocèse,  en  faveur  de  l'Oiîuvre  de 
la  Presse  Catholique. 

Ce  fut.  on  s'en  souvient,  le  31  mars  1907 
que  furent  établies,  par  mandement  de  S. 
G.  Monseigneur  Louis-Nazaire  Bégin,  ar- 
chevêque de  Québec,  cette  oeuvre  et  cette 
quête  diocésaine. 

L'Oeuvre  de  la  Presse  Catholique  avait 
pour  mission  de  réaliser  la  fondation  d'un 
journal  quotidien  "hautement  et  exclusive- 
ment catholique":  cathcir^e  dans  ses  doc- 
trines, catholique  dans  son  esprit,  catholi- 
que dans  ses  apprécictions  des  hommes  et 
des  choses,  catholique  dans  la  discussion  de 
toutes  les  questions  de  religion  et  de  morale, 
et  d'économie  sociale.  On  la  chargeait  en 
outre...  (Ici  l'énumération  de  quelques 
autres  oeuvres.) 

...Le  journal  de  qui  on  espérait  une  sé- 
rieuse formation  de  la  conscience  catholi- 

—49  — 


que  canadienne  a  été  fondé  et  maintenu.  Il 
a  fait  de  son  mieux  pour  réfuter  l'erreur  et 
répandre  la  saine  doctrine.  Il  a  exposé  la 
vérité  chrétienne  et  les  préceptes  de  la  mo- 
rale. Il  a  revendiqué  les  droits  sacrés  de 
l'Eglise;  il  a  dénoncé  toutes  les  violaHons 
qu'on  en  voulait  faire  ou  qu'on  en  faisait. 

Bref,  il  a  méritf,  et. à  mainte  reprises,  de 
recevoir  publiquement  les  approbations  les 
plus  significatives  et  les  louanges  les  plus 
flatteuses. 

Le  lo  octobre,  c'est  juste  un  mois  moins 
un  jour  après  l'apparition  de  mon  premier 
article  sur  l'attitude  de  l'Action  catholique 
touchant  la  guerre.     Durant  tout  ce  mois 
j'ai  chaque  semaine  élevé  la  voix  contre  la 
malhonnête  exploitation  faite  par  l'Action 
catholique  du  mandement  impérialiste  de 
1914-    Durant  tout  ce  mois  aussi,  le  Pro- 
grès du  Golfe,  journal  hebdomadaire  rédi- 
gé dans  le  plus  pur  esprit  cathoUque  et 
conseillé  en  l'espèce  par  des  théologiens  de 
premier  ordre,  n'a  cessé  de  dénoncer,  preu- 
ves à  l'appui,  la  mauvaise  foi  de  l'abbé  D'A- 
mours.   C'est  ce  moment  que  l'Action  ca- 
tholique, avec  l'approbation  évidente  de  l'ar- 
chevêché de  Québec,  choisit  pour  nous  je- 
ter dans  les  jambes  l'article  de  la  Semaine 
religieuse  annonçant  une  nouvelle  collecte 
diocésaine  en  sa  faveur.    Ceux  qui  se  sont 
—  50— 


scandalisés  de  nous  entendre  parler  comme 
nous  faisions  de  S.  G.  Mgr  Paul-Eugène 
Roy,  évêque  auxiliaire  de  Québec,  sont-Us 
assez  édifiés?  Peut-on  afficher  plus  ouver- 
tement, et  plus  insolemment,  le  peu  de  cas 
que  l'on  fait  de  la  liberté  des  cathoUques 
canadiens-français  en  matière  politique? 

Il  y  a  encore  autre  chose.     En  même 
temps  que  paraissaient  mes  articles  et  ceux 
du  Progrès  du  Golfe,  deux  prêtres  auto- 
risés par  l'archevêché  de  Québe-  parcou- 
raient le  diocèse  de  Rimouski  d       l'inté- 
rêt dt  l'Action  catholique  et  se  li    aient  à 
des  opérations  qu'un  de  nos  amis,  homme 
de  grand  savoir  et  de  non  moindre  probi- 
té, relate  ainsi  dans  une  lettre  du  commen- 
cement d'octobre: 

...Hier  dimanche,  deux  prêtres,  proba- 
blement du  diocèse-  de  Québec,  sont  venus 
nous  entretenir  de  l'Oeuvre  de  la  Presse 
Catholique,  l'un  à  la  grand'messe,  l'autre 
aux  Vêpres.  J'ai  entendu  le  premier.  Après 
les  clichés  ordinaires,  que  vous  devines,  U 
a  parlé  des  luttes  que  le  journal' catholique 
a  à  soutenir  pour  faire  prévaloir  la  venté 
des  préjugés  qu'il  a  à  vaincre:  par  exem- 
ple, que  la  religion  n'a  pas  le  droit  de  se 
prononcer,  ne  doit  pas  se  prononcer  dans 
certames  questions  prétendnes  libres.  Il  a 
dénoncé  les  objections  faites  par  certains 

-il- 


-■■  r  ■ 


-k 


journalistes  nationalistes  à  certaines  thèses 
de  /'Action  catholique.  //  a  présenté  l'obli- 
gation de  recevoir  /'Action  catholique  pres- 
que comme  un  devoir  de  conscience,  disant 
à  peu  près  ceci:  "De  même  que  vous  devea 
respect  et  obéissance  à  l'autorité  religieuse 
de^  votre  diocèse  et  de  votre  paroisse,  de 
même  votre  respect  et  votre  obéissance  doit 
s'étendre  à  la  recommandation  expresse  qui 
vous  est  faite  de*  recevoir  le  journal  catholi- 
que dont  je  vous  entretiens." 

Notre  ami  ajoute: 

Les  deux  missionnaires  de  /'Action  ca- 
tholique passent  ces  trois  jours-ci  à  prendre 
de  porte  en  porte  des  abonnements.  Sollici- 
tés par  des  prêtres,  beaucoup  de  gens  n'ose- 
ront pas  refuser;  Us  ont  d'aUleurs  affaire 
à  de  beaux  parleurs.  D'autres,  après  ce  qui 
leur  a  été  dit  du  haut  de  la  chaire,  esprits 
simplistes  et  pâte  malléable,  se  croiront  o- 
bligés  en  conscience  de  s'abonner.  J'aurai 
leur  visite  mercredi. 

Et  en  ppst-scriptum  : 

^  Il  est  remarquable  que  nulle  part  dans 
/'Action  catholique,  reçue  chez  mon  frère, 
il  ne  parait,  il  n'est  annoncé  qu'il  se  fait 
de  la  propagande  à  coups  de  soutane  et  de 
sermons  en  faveur  de  la  susdite  A.  C.  Il 
semble  que  le  mat  d'ordre  est  de  faire  le 

—  52  — 


moins  de  bruit  possihe  autour  de  cette 
propagande  clandestine  et  jésuitique.  A 
propos,  aveg-vous  lu  la  Cabale  des  Dévots, 
par  Allier?  la  société  secrète  catholique  du 
XVIIe  siècle  ne  manquait  pas  d'analogie 
avec  ce  qui  se  trame  ici. 

Un  autre  de  nos  amis,  qui  vit  opérer  les 
deux,  compères  il  y  a  quelques  mois  dans  le 
comté  de  l'Islet,  ajoute  ce. détail  édifiant, 
que,  partout  où  le  curé  veut  bien  leur  "prê- 
ter" cet  animal  plus  ou  moins  raisonnable, 
ils  se  font  accompagner  à  travers  la  parois- 
se par  le  marguillier  en  charge  :  cela,  paraît- 
il,  leur  facilite  la  besogne  en  donnant  à  leur 
visite  un  caractère  d'autorité  plus  pronon- 
cé.   . 

Je  le  répète,  l'Action  catholique  resterait 
dans  le  domaine  religieux  que  je  ne  pren- 
drais peut-être  pas  la  peine  de  signaler  ses 
étranges  procédés  de  propagande.  Mais,  je 
l'ai  prouvé  surabondamment,  il  s'agit  ici 
d'un  journal  qui  depuis  quinze  mois  fait 
consister  son  action  religieuse  à  réclamer 
l'envoi  d'autant  de  troupes  canadiennes  en 
Europe  qu'il  plaira  à  la  métropole  de  nous 
en  demander,  à  disserter  sur  les  avantages 
ou  les  inconvénients  politiques  de  la  fédé- 
raticMi  impériale,  à  embrouiller  de  sophis- 
mes  la  question  des  droits  politiques  des  na^ 
tionalités,  et  à  trahir,  en  faisant  mine  de  la 

—  53  — 


déjfeidre,  la  tainorité  canadienne-francwse 
d  Ontario.  VAction  catholique  petit  IcZ 
timie.  tant  qu'elle  le  voudra  de  déclarer  pé- 
nodiqucment  qu'elle  n'est  f»as  l'organe^ 

l^n' ''^'^^"^^-  Je  sais,  molTu'd! 
le  na  nen  répondu  à  l'impuUtion  de  tirer 
de  Samte-Anne-de-Beaupr<'  une  partie  de  sa 
subsistance;  qu'elle  a  été  fondée  par  l'ar- 
chevêche  de  Québec  et  maintenue  avec  son 
concours  actif  ;.qu'au  moment  précis  où  on 
lui  demandait  raison  de  ses  louches  manoeu- 
vres  politiques,  \ts  autorités  de  l'archidio- 

cèse  de  Québec  se  déclaraient,  dans  la  5*^- 
matne  religieuse,  entièrement  satisfaits  de 
sa  conduite,  et  faisaient  faire  dans  les  égli- 
ses u„e  nouvelle  quête  à  son  bénéfice,  et  des 
prêtres  du  diocèse  de  Québec  usaient  d'in- 
tmudation  et  de  mensonge  pour  amener  des 
populauons  timides  et  crédules  à  s'y  abon- 
ner; que  ce  qui  se  passe  aujourd'hui  dans 
e  diocèw  de  Rimouski  s'est  passé  aussi  dans 
^  diocèses  de  Québec  et  de  Chicoutimi. 
Et.  sachant  tout  cela,  j'ai  bien  le  droit  de 
demander:  Qui  trompe-t-on  ici? 

ce  de  lépiscopat  dans  des  débats  étrangers 
i  son  ressort  est  toujours  odieuse.  Tdest 
son  prestige  moral  auprès  des  masses,  que 
même  quand  il  n'a  véritablement  ni  autori- 
té m  compétence  particulière,  toute  discus- 
sion avec  lui  est  presque  impossible.     Et 

—  54  — 


de  ced  nous  avons  en  ce  moment  un  assez 
frappant  exemple,  puisque  le  Progris  du 
Golfe,  qui  sur  le  fond  pense  comme  nous, 
a  cru  devoir,  par  prudence,  se  montrer  sa- 
tisfait de  l'hypocrite  "mise  au  point"  de 
V Action  catholique;  puisque  pas  un  jour- 
nal n'a  osé  nous  reproduire,  fût-ce  en  résu- 
mé; et  puisque  M.  Bourassa  lui-même,  visé 
dans  sa  personne  et  dans  son  journal,  n'ose 
répondre  à  l'Action  catholique  que  par  dtf 
allusions.    Dans  le  cas  actuel,  l'odieux  de 
l'ingérence  s'aggrave  du  froid  parti-pris, 
de  la  mauvaise  foi  constante,  de  l'audace 
calculée,  qui  l'ont  caractérisée  depuis  l'ori- 
gine. 

Iv'archevêché  de  Québec  voit  lui-même  i 
la  fondation  de  l'Action  catholique,  après 
l'avoir  fait  approuver  et  bénir  par  le  Saint- 
Siège  comme  oeuvre  diocésaine.     Au  bé- 
néfice de  ce  journal  il  ordonne  chaque  an- 
née une  quête  dans  les  églises  et  met  à  con- 
tribution les  ridicsses  jusque-là  incontrô- 
lées de  Sainte-Anne-de-Beaupré.  Il  met  pu- 
bliquement en  garde  et  au  besoin  menace— 
toujours  publiquement  —  les  hommes  po- 
litiques qui  croient  pouvoir  traiter  l'Action 
catholique  comme  ils  feraient  de  tout  jour- 
nal qui  ne  serait  pas  un  organe  officiel  de 
1  épiscopat.    Pendant  quinze  mois,  dans  des 
questions  purement  politiques,  où  le  Pape 
lui-même  ne  tenterait  pas  de  restreindre 

—  55  — 


lenuère  liberté  des  fidèlet.  U  lui  permet  de 
travestir  l'enseignement  de  l'Eglise  et  d'in- 
voquer i  contre-sens  l'autorité  des  évéques. 
Cette  prostitution  de  la  doctrine  catholique 
et  de  1  autorité  épâscopale  durerait  bien  dix 
ans  qu  11  n'y  a  pas  d'apparence  que  l'arche- 
védjé  de  Québec  interviendrait,  si  person.^ 
n  avait  le  courage  de  la  dénoncer.     Des 
I!ÎÏ^T;^'^*•  protestations,  mie  clameur 
s  élèvent  Des  jqmiialistes,  faisant  fi  du  sa- 
lut étemel  tel  que  l'entend  l'ascétique  D'A- 
momji,  vont  même  jusqu'à  dire  qu'ils  s'en 
prendront  aux  évéques,  si  les  évéques  con- 
^tuent  de  prêter  lem-  nom  aux  simoniaques 
cdculs  de  l'^c^n  ,,,,,;^,,     PnidL- 

labbe  D  Amours   que  l'Action   catholigZ 

"LT  ^.T.  °''^*"*'  ^"*  ^'«^t»  ^^  ses  re- 
lations officielles  avec  l'autorité  religieuse, 
un  journal  catholique  à  peu  près  com^e  les 

En  même  cemps  que  l'abbé  D'Amours 
par  ordre  de  l'archevêché  de  Québec  et 
sous  ses  yeux,  écrit  cela,  la  Semaine  reli- 
gieuse organe  officiel  et  recomiu  de  l'ar- 
chevêche,  publie,  et  l'Action  catholique,  bien 
en  vue,  à  sa  première  page,  avec  l'app- 
probation  évidente  de  l'archevêché  et  ccîm. 
me  pour  narguer  ses  critiques,  reproduit,  un 
article  ou  il  est  dit  que  l'Action  catholique 

-56- 


se      confond      avec      l'Oeuvre      dt     la 
Presse  Catholique,  établie  par  IWchevé- 
ché  ;  que  ce  journal  a  pour  mission  de  fai- 
re triompher  le  point  de  vue  catliolique 
"dans  la  discussion  de  toutes  les  questions 
de  religion  et  de  morale,  de  nationalité  et 
de  langue,  d'administration  poditique  et 
d'économie  sociale";  qu'il  a  "fait  de  son 
mieux  pour  réfuter  l'erreur  et  répaodre  la 
saine  doctrine"    ;  qu'il  a  "exposé  la  vé- 
rité chrétienne     et  les     préceptes  de  la 
morale",     "revendiqué      les      droits     sa- 
crés de  l'Eglise"  et  "dénoncé  toutes  les 
violations  qu'on  en  voulait  faire  et  qu'on 
en  faisait";  bref,  qu'il  a  répondu  pleine- 
ment à  l'attente  de  ses  fondateurs,  c'est- 
à-dire  de  l'archevêché  de  Québec.  —  Ut 
en  même  temps  aussi,  des  prêtres  envoyés 
par  l'archevêché  vont  de  chaire  en  chaire 
à  travers  Jes  diocèses  de  Québec,  de  Chi- 
couitimi  et  de  Rimouski,  prêcher  comme 
un  devoir  de  conscience  l'abonnement  à 
l'Action  catholique. 

Pendant  quinze  mois,  l'Action  catholique 
fait  de  la  politique  au  nom  de  la  mtorale 
naturelle.  L'archevêché  de  Québec,  voyant 
l'abbé  D'Amours  en  danger  d'y  peildre  son 
latin  et  sa  théologie,  lui  permet  de  se  tirsr 
d'affaire  ~  tant  bien  que  mal  —  par  une 
"mise  au  p^int"  qui  est  un  tissu  de  men- 

—  57  — 


•«"««•;  et  en  mène  lempt,  par  cei  mfanei 
»>rètre»  «gtnti  d'abonnement  i  l'«ctivité 

?„îrri.  •*'*"*'"  P«">-Eii«ène  Roy, 
fort,  évidemment,  de  rw«*.tion  ou  de 
I  impotence  de  S.  E.  le  cardinal  B«em  - 
Mgr  Roy  di..je.  fait  dénoncer  du  hiut'  de 
1»  chaire  le.  ^)urMilirtea  nationalistes  qui 
o«nt  contredire  les  thises  politique,  de 
l'Action  ealholique. 

Ji  y  a  dan.  toàt  cela  une  telle  fourberie. 

p.,  J,r.TT'"'  *  '"**"  ••'  '*8^  "»" 
pa,  mane  de  la  morale,  mai.  de  ta  plua 

élémentaire  loyauté,    qu'on    en  demeure 

co^ondu.  Contre  de  pareille,  manoeuvre. 

ra^.  du  pay,  ,1  n'y  a  p.,  de  protection  po.- 
a^le:  c'est  le  coup  au-de^ou.  de  la  c^- 

entre  maquereaux,  entre  marlou,,  dédio^ 

porté  par  de.  évêque,  à  de,  gens  empêché, 
par  devoir  de  conscience  de  riposta,  e,î 
c^  affermir  la  gloire  et  le  preati^e  de  l'I 

C'est  au  nom  des  exigences  de  la  mo- 

H,~      >/•  *°i'«"'  <•«  P'**«  «'i»P<ria- 
l'sme  militaire,  de  condaa,  er  "le  prS 

revolut.om«ire  des  nationalité."  (S™  J^ 
-58- 


Mlir  et  poigntnder  les  seuls  défenseurs 
infttigilbles   et  toujours  fjésintéressés  de 
l'enseignement  françiis  au  Canada.    La 
morale  naturoHe  —  si  en  matière  publique 
son  caractère  éminemment  relatif  et  sub- 
jectif ne  la  condamne  pas  à  rester  le  plus 
souvent  dépourvue  de  sanction  —  exige- 
rait bien  incontestablement  que  les  évè- 
ques,  le  clergé,  les  journaux  religieux,  fis- 
sent leur  part  pour  purger  notre  vie  poli- 
tique et  sociale  des  voleurs  qui  l'infestent. 
On  ne  voit  pourtant  pas  que  Mgr  Bruché- 
si  fasse  mauvais  ménage  avec  la  ratatouil- 
le  qui   gouverne   actuellement   l'hôtel   de 
ville  de  Montréal,  ou  avec  certains  finan- 
ciers notoirement  véreux,  mais  qui  n'ont 
pas  besoin  de  n'être  pas  des  voleurs  pour 
être,  aux  yeux  de  Sa  Grandeur,  d'excel- 
lents catholiqu«s.  Et  Von  ne  voit  pas  da- 
vantage que  le  grand-vicaire  die  Mfer  Bru- 
chési  fasse  mauvais    ménage    avec  les 
grafters  de  fonds  scolaires.  Et  si  la  morale 
naturelle  n'est  pas  inapplicable  dans    les 
circonstances  comme  la  guerre  actueUe, 
l'Action  catholique,  qui  est  sûre    que  le 
droit  est  du  côté  des  Alliés,  devrait  logique- 
ment    chercher     à     convaincre     Benoît 
XV  que  l'Egiiise  se  discrédite,  confesse  son 
impuissance  comme  gardienne  de  da  mo- 
ralle,  en  n'intervenant  pas  contre  la  chré- 

—  59  — 


«etine  AH«mg„e  et  la  cathotiqoï  Aotri- 
che.  Ma..  ,i  ,«  ,v«,«,  pas  X  q»^^^ 

«toujours  donner  aux  préceptes  de  fa 

Tu^r  .t^Te^trerr  "'*  '- 

«.  ^^«ut  •  *  morale  naturelle 

s«  condmsient    avec    aii*i««-  ^^T    ' 

d'honnêteté;  ne  W„t  ?"  ^"'    '*'"^*""^ 

précepteurs  de  CKe'"  ^"?^*  '^* 
rf«  »...  '""Toene,  de  mauvaise  foi 

&  mensonge;  âe  rfpandentpas  dan^    u 
Ptupfc  l'.m(pression  qu'aux  veux^T^  • 
copat   l'intérêt  temp^^eldl^^K^i!""; 
tout  ce  qui  peut  en  avoir  l'afa*-    ~  ^ 
dessus  de  la  bonne  foi,  de  la  vérTté  deTC" 

;T;tt:^'r''r''^-e-a?:^bt 

M«c  er  pnvée  sans  lesquels  il  nV  «  «      ^ 
-cifté  possible,  ni  civi?e:i'r:L;^^r* 

OKvar  ASSELIN. 


V. 


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