CIHM
Microfiche
Séries
(IMonograplis)
ICMH
Collection de
microfiches
(monographies)
CanadiMi liMtHuta for Historieal Mieroraproduetiofw / Institut canadiM d« mieroraproductioTC hi«tork|UM
1
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Mapa, plataa, charta, atc, may ba fllmad at
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L'msmplairt filmé fut raproduit grflc* à la
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Bibliothèque national* du Canada
Laa imagaa tulvantaa ont été roprodultea avec la
plua grand aoln. compta tanu da la condition at
da la nattaté da l'axamplaira filmé, at an
conformité avac laa conditiona du contrat da
filmaga.
Laa axamplaira* originaux dont la couvartura an
papiar aat impriméa aont filméa an commençant
par la pramiar plat at an terminant soit par la
damiéra paga qui comporta una amprainta
d'Impraaaion ou dHlustration. «oit par la second
plat, salon le cas. Tous lae autres exempiairee
originaux sont filmés an commençant par la
première page qui comporte une empreinte
dimpreeeion ou dlllustrstion et en terminant par
la dernière pege qui comporte une telle
empreinte.
Un dee symboles suivants apparaître sur la
dernière image de chaque microfiche, selon le
cas: la symbole -»- signifie "A SUIVRE", le
eymbole ▼ signifie "FIN".
u
Lee certee. plar lee. taMeeux. etc.. peuvent être
filmés è dee taux de réduction différents.
Lorsque le document est trop grand pour être
reproduit en un seul cliché, il eet filmé è pertir
de l'angle eupérieur gauche, de gauche è droite,
et de haut en bes, en prenant le nombre
d'imagée néeeesoire. Les diagrammee suhrants
llluatrent la méthode.
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5
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Olivar Asselin
LES ÉYÊQUES ET LÀ
PROPAGANDE DE
L'ACTION CATHOLIQUE'
(Pour faire suite & une brochure d« 82 pages, de
même format, sur "/'diction Catholignm
les éTéquM et la guerre".)
En vente chez l'auteur et chez les principaux librai-
res.— Dix sous, l'exemplaire, $1.00 la douzaine. $7.50
le cent, plus un sou l'exemplaire pour frais de port.
Prix particuliers pour les libraires.
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Montréal, novembre iç/s
^.'^1Ci-^\
«4*--
Olivar Asselin
LES ÉVÊaUES ET LA
PROPAGANDE DE
L"ACTION CATHOLIQUE'
(Po«r fairasiiiteàuM btodrarada 82 iMgM, d«
mtnm format, mu '*V Action CatkoUqmm,
tot 4TêqvM «t la ffMrM".)
En Yente cfaes l'auteur et chez le* princvaux Kbrai-
»ee.— Dix aoue l'esemplaite. $1.00 la douiaiae, $7.50
le cent, plue un «ou l'exemplaire pour fraie de port
Prix particulier* pour les librairea.
Montréal, novembre t^is
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Avertissement
^ Quand je portai lots premiers coups à
VAction catholique, il n'entrait nuUemr^».
dans mes intentions de lui consacrer X»
moitié d'un in-12 de trois cents pages. Il
suffit de lire mes articles sur "VAction ca->
tholique, les évêques et la guerre" pour voir
que, tout en y discutant à fond la prétendue
autorité dogmatique des évêques touchant
notre participation à la g: erre, je n'ai pas
eu la prétention d'y réfuter tous les sophis-
mes mis en circulation jusque-là par ce
journal. J'étais parti avec l'idée d'un ou
deux articles. Les développements de la
lutte en ont d'abord exigé quatre — les qua-
tre que j'ai réédités en une première bro-
chure. Au moment où j'allais tirer ma der-
nière cartouche avec un unique article sur
les procédés de propagande de VAction
catholique, l'organe de l'archevêché de
Québec, convaincu sans doute que je n'au-
rais ni le temps ni la patience de r^Kquer,
crut pouvoir à la fois me convaincre d'exa-
gération et se dégager, par une "mise au
point" où elle présentait sa campagne im-
périaliste sous le jour le plus inoffensif.
Elle disait en effet le 10 octobre:
l,e gouvernement légitime du Canada
ayant décidé que le concours que nous de-
ffions donner à VAngUUrrt devait consis-
tir en hommes et tn argent, nous avons cru
que ce mode d'accomplir nos obligations
envers la métropole^ mode déterminé par
f autorité compétente, qui seule pouvait en
juger en pleine connaissance, ne répugnait
ni au droit naturel ni au droit constitu-
tionnel, que personne n'a démontré avoir
été violé en cette circonstance par le parle-
ment du Canada.
Telle a été notre attitude, et telle elle se-
rait encore si nous avions aujourd'hui à la
prendre.
Ce coup d'audace m'imposait l'obligation
de montrer par le détail ce qu'avait véri-
tablement été l'attitude, de l'Action catho-
lique depuis août 1914. C'est ce que j'ai
fait, en attachant cette fois plus d'impor-
tance à la complicité manifeste de l'arche-
vêque de Québec et probablement de ses
suffragants. Comme je crois avoir produit
cette fois encore de la belle ouvrage, et que
je tiens à m'en assurer le mérite devant
les générations futures, je m'empresse d'a-
jouter cette brochure à la première. Elle se
vendra le même prix, et j'espère qu'elle
n'aura pas auprès des partisans de la liber-
té de parole un moindre succès.
O. A.
Montréal, 8 novembre 1914.
— 2 —
Les évtquss et la propagande
de nctien Catlioliqiio"
(De l'Action du 24 octobre 1915)
Awri dcwc, "le goavtentemient légiibène
<lii Ca«9A ayant déckfé que 3e oonoouw
q* nous dwvwns <iocinicr à i'Angl«tome de-
vait c««ister en homm« et m a,«e«t",
r^r/ion catholique "a cm que œ moKfe d'rtc-
«»n^ nos o!%aitiQ^
le. mode détertniné ipiair fanitorité cotapé-
tttite, qui •seule pouvait eh jv^er aver pkà-
ne coiinteissawce, tie ré^Mgn^ ni au droit
natunel nS au dncA comtitiutionnel, que per-
wnine n'a dânonftuté avdir ^ i^iolé «n oelfcte
°î'J«2f^ ^"^ ^ îïartflme«t du Canada".
TeMe a été" (iraAfcitMidte de d'^cftVm f afA<,.
/J^w^ "<« teCte tffle serait «aorie" « cOfe a-
vlattt aujowni'hui à la prendra» (i).
Bn d;aiitres temicB, (T^t/w» râ/Aa/i^«^
awnatt !»« pu — comme tiant dWtres, hé-
(i) De l'Action catholique du 5 octobre
sous îe titfne de "SiWpïe mise au point". '
— 3 —
.--♦
las! — s'kis»irger cantne 'M'autonté k'giti-
me". ERe a pnéfoné 6'y soumettre, çaapqt
qu'jt ne (hû paratissait pas que VtttvxÀ de
troupes «n Europe fût un de ces abiis 4e k
pudssamice civile aiuxquidlâ Qes 1héoilo£niens
enseijg^nlent qutU tsk fpemm de réiiàsiter par
les a-rmes. Pour un peu die affinrieiraiit
qu'elle n'a aodelpté la polKitàque mtlitaiaie du
aaibibot Borden qu'à son corps défendanit,
commie on se soumet à une tyramnile inévi-
iskia, qu'on a Je droit d'ex-écrer, mais qui a
pour dÔe le droit du pBJus fort. Fautai qu'on
soit mauvaiiise langue, que surtout on en
veuiiEie à*ft'EglJlsle, pour oser préttendre que
ce qu'dle a voiâu pnouvcr c'«st non pas
que Jle gouvernement canaidkn pouvait en-
voyer des Uroupes sans violer le droit natu-
refl, — ce que pe.i'sonne n*a jamais contesité, —
mais qu'il ne potwaJt pas ne <pas en envoyer
sans vioftar ce même droit naituitell, — ce
qui n'est pas (tout à failt la nnême ohose, et
ce qui est même à pai près tout le contraâ-
ne.
Or, le II se5)temlbre 1914, l'albbé D'A-
mours, directcnr de ^'Action catholique, a-
lors appeîée V Action sociale, écrivait:
Notre devoir national ne peut être étudié
et connu qu'en fonction des droits de sou-
veraineté possédés par l'Angleterre sur le
Canada, qu'en fonction aussi des conditions
et des nécessités de notre conservation na-
ttotuie.,. Antérieurement à ntrtre con-
sentement comme peuple» et mime indé-
pendamment de ce consentement, nous a-
vons des devoirs envers l'Angleterre, com-
me elle a des droits sur nous. Ces droits et
ces devoirs sont intérieurs et supérieurs
même à la constitution qui nous régit. .. '
Au point de vue du droit constitutionnel
comme du droit naturel, il nous appartient
certes pour une part d'avoir voix aux Con-
seils où l'on détermine l'étendue de ces
droits et de ces devoirs corrélatifs (droits
•de la nïétropodte, devoirs de la colonie),
mais notre admission aux délibérations ne
peut ni ne doit faire oublier les drpits qu'ex-
erce chez nous, tout à fait légitimement,
la Couronne britannique. ..
Notre loyauté envers l'Angleterre repose
sur un devoir rigoureux, le devoir d*obéir
aux puissances établies par Dieu pour gou-
verner la société. Notre obéissance au pou-
voir établi est un devoir de notre religion,
une vertu de notre foi.
Ce serait une grave erreur, au point de
vue du droit naturel, qui l'emporte sur tous
les autres droits, que de dire que nous n'a-
vons d'obligations que celles sur lesquelles
nous aurions été appelé à délibérer dans
nos assemblées et dans nos parlements.
Bt le 14 sqjOeknbre 1914 :
Pour ne pas parler de la question de notre
—S—
iiUirit, sur lequel nous reviendrons, et sans
discuter si oui ou non notre constitution noUs
oblige à prendre port au présent conflit,
nous croyons que le Canada, partie inté-
grante de fempire britannique, dont il n'a
pas raison de vouloir se séparer, est bien
moralement obligé d'aider et de soutenir la
métropole dans le conflit actuel.
Quelle doit être cette aide efficace? Bile
doit être raisonnable, certes, mais H semble
bien que c'est à la métropole de la détermi-
ner, puisqu'elle tst juge, en dernier ressort,
de féten4ue de ses besoins et de ses moyens,
puisque c'est à elle qu'appartient ^autorité
de la souveraineté, la sauvegarde des inté-
rêts généraux de tout l'empire. . .
Quelle doit être la mesure de ce concours?
Bile doit être celle que réclame la nécessi-
té de vaincre. Bt de cette mesure, en droit
comme en fait, ce qui ne comporte pas la
nécessité d'abuser, ¥ Angleterre est juge en
dernier ressort, puisque c'est à elle que re-
vient, avec la charge de défendre t empire,
rautorité nécessaire pour accomplir cette
grande tâche.
Et le i6 aeipMenibne 1914:
Notre devoir de loyauté envers la Cou-
ronna britannique exige que nous aidions
effectivement l'Angleterre dafts la présente
guerre, selon nos ressources, selon aussi
— 6 —
les besoins et les nécessités de l'empire, dont
la métropole est juge en dernier ressort.
Et Je 24 aeiptembre 1914 :
L'amour de la patrie et le dévouement à
ses intérêts sont aussi des devoirs, et ils
vont aussi plus loin que la simple obéis-
sance aux lois et aux ordres du souverain...
Pour nous, nous tenons que le droit na-
turel existe réellement et pratiquement en
dehors et au-dessus du droit positif. Nous
affirmons que nos devoirs et envers la pa-
trie canadienne et envers la patrie britan-
nique ou anglaise, ne sont pas nécessaire-
ment limités à l'obéissance aux constitu-
tions et aux lois positives, qui nous régis-
sent habituellement. Dans les très graves
circonstances présentes, nous tenons pour
certain, faisant abstraction des obligations
qui résultent ou peuvent résulter des cons-
titutions et des lois positives, que nous a-
vons l'obligation morale d'aider effective-
ment l'Angleterre, selon ses besoins et selon
nos moyens, dans les limites que Pautorité
légitime a le droit de déterminer.
T^ cela était diirigé contttie ceux qui
n&ieot l'obligation constiltotonhdite ou nM>-
rate dw OainattSa d 'envoyw <fc!s «roupes à
Vésrasagcr.
L'abbé D'Amours cherche aujourd'hui à
foire dnoire que pair tautorité légitime il
entendait afcrs Ae paotctneinlt canodilen, N<Ms
— 7~
'■■i'T
âmtaxwkx» à tXMit ihommie qui sait Ime «À t^
éUaiertt. bîen le 3em «» la fortée àt ses arti-
cilies des ii, 14, 16 et 24 ^epbeaàîre 1914; à
au cotitraûfre Vautorité légitime, à adMe épo-
que, ce n'était pas pour hii He 'soutvtesiain ab-
gINs, agissant psac kni-même, ide drmt àkiki,
âans coosuiliber les reipnésemtiainltfi attkrés de
sas •sujets.
Dès cette ôpKXjuie les leçons de <lroit
naturel de l'abbé D'Amours n'allaient pas
oonUme swr des routettes. Il y en* un col-
laborateur du Devoir qui, avec une dépen-
sie un peu foditie de munîtionis scdfatibico-'
théologiques, remit tant bien que mal les
chos >: HU point. Il vint aussi des protes-
tationo, tout au moins des murmures,
d'un pays qui a'appdile Rknouski, où il y a
de bons théologiens et où on connaît notre
escobar "dans les coins" pour l'avoir pra-
tiqué.
Le diiretteur de ^V Action sociale crut se
tîtter di^affadre ipair deux sUbtarfi^os.
Le 16 scptenbtte, îuli donrt «oMte la cam-
piagwe n'avaA ipas <le sems, sA dOe ne tendait
pais à justifier l^ïvoi de tsoupels rti Euno-
pie, <it dWitant die troufpes que VAi^Wbene
pottrta^ en ex^ sans vemsor dans cette
tyoïatonie cxtrêhiie ^ équàvaittt vilPtuleî!le-
ment à O'assaissiniat «tt quii afeule, au> ncgaid
des théologiens de l'école D'Amours, auto-
Hse ia Pév<Ae,— ie 16 seîptembre, â n%)on-
— 8 —
dait sans broncher au théologien du Devoir:
Mn aucune ligne, ni aucune phrase Je
nos articles nous n'avons dit qu'il nous
faut participer à la guerre même actuelle,
"en hommes et en argent". Nous avons
affirmé notre devoir d'aider efficacement
l'Angleterre selon ses besoins et selon nos
moyens,' mais dans aucune partie de nos
articles nous n'avons déterminé de quelle
manière spécifique cette aide devait être
fournie.
Le 23 septembre, lui qui avait sorti tout
son bataclan théologique pour établir le
àfoU "rtatuneft" die TAngletertne de nous
saâgineir juteiqufU da marlt txxùaaivt-
ment pour tooites ses guiciniies, die iawoquak
à l'appui de sa thèse . . . devinez quoi ? — Le
dton de quelques mimions de fromages à
rA-ngJeterre par M. Gouâtil ! !
Ecoutez-moi ça, je vous prie :
Rien que nous sachions ne prescrit dans
le droit constitutionnel de nos provinces
d'envoyer des secours à l'Angleterre. Ce-
pendant les gouvernements provinciaux,
quelques-uns même sans consulter les cham-
bres, et par conséquent en passant à côté
du droit constitutionnel ou même par-des-
sus, sans que le peuple ni aucune autorité
sociale n'ait protesté, et même avec fappror
bation unanime de tous, ont cru de leur
—9 —
dwotrj'appuyer la mère-pairie de secours
mfehfs, qu'ils se sont hâtés d'expédier:
Tous ont donc cru qu'il y avait présente-
ment pour eux un devoir, et iU se sont em-
pressés de f accomplir.
Ce devoir est-il présent par notre droit
consHtutionnelf Nous ne le croyons pas.
Bst^l prescrit par le droit naturel qui veut
que les citoyens aiment, défendent et se-
courent leur pays, sans s'en tenir au stricte
devoir d'obéir à la loi posiHvef Nous le
croyons.
On ne peut donc pas dire ni laisser en-
tendre que la constitution est l'application
de tout le droit naturel, ni que celui-ci ne
/étende pas au-delà des limites de celle-là
Mais cea subteif uges, on y avait recours
par précaution; Ils n'engageaient à rien.
L'abbé D'Amours s'essayait tout simple-
ment une fois de" plus à dire non après
avoir dit oui. Les évêqu^s n'avaient pas
encore parié. On ne savait pas encore
sils parieraient. En attendant, le plus
sur était de se trouver à avoir dit sur
l'expédition mflitaire canadienne o«i «t
non pnesiquie ©n même «eraps.
Los choses ne devaient pas tartter à chan-
ger d'aspect.
Le 12 octobre VAction sociale a-vadt ie
bonheur die pourvoir pubMer in extenso tin
— lo —
«wmidcimient épiaooipiBll ooUekstif où, panu
<rexc«llen«3 avis sur la ijjratiqtle Kto-la dtn-
rite «1 tenq» de guerne, on Msaît :
Nous ne samions nous le dissimuler', ce
conflit, l'un des plus terribles que U mon-
de ait encore vu (sic), ne peut manquer
Savoir sa répercussion sur notre pays. V An-
gleterre y est engagée, et qui ne voit que le
sort de toutes les parties de l'empire se
trouvé lié au sort de ses armées? Bile comp-
te à bon droit sur notre concours, et ce
concours, nous sommes heureux de le dire,
lui a été généreusement offert en hommes
et en argent.
Aussitôt notre D'Amours rechange de
ton. Il est maintenant à couvert. Il le
pnenld de haiit «m: ceux dans la orainte de
qui ^ iraimlpait la veiBe. Voyez iseuieinent par
vous-même tout ce qu'il y a d'arrogance
concentrée, de sowde haine, dans Ift der-
nière de ces deux phrases, sifflée plutôt
qu'écrite :
Nous ne voyons pas, pour nous, la né-
cessité ni l'opportunité d'examiner actuel-
lement devant tout le peuple du Canada, si
varié d'origines et de senHments, les pro-
balités d'mi€ guerre entre l'Angleterre et
la France, ni de représenter cette guerre
comime certaine, ni même de supposer
qu'elle puisse survenir avaat dix ans.
— II —
Si cette guerre survenait, nous en seripns
tons doute tous affligés, maie nous troutfe-
rions, pour notre part, dans notre histoire,
dans la direction de nos éviques passés et
présents, dans les prescriptions de la loi
naturelle, que tout le monde ne tourne pas
en dérision, et dçnt l'église est la gardienne
et l'interprète pour les catholiques, la ligne
de conduite que Dieu nous ordonne de sui-
vre, en pareille occurence... (i)
Hein! il ne vous l'envoie pas dire. Si
âe i6 aoptembPt H écrivaît, — ou du moins
donnaitià entendre-~qu'il ne prêchait pas
plus des hommes et de l'argent qu'une
autre forme de contribution, c'était pour
nous "amuser". Si le E3 septembre il
aivaà l'aÂr de dire quie le gotsvtomemQkit
d'Ottawa satfdferaiit plelnfement aîUK exi-
gences du dro'** naturel en offrant à l'An-
gleterre quelques milliers de caisses de
yitajine (2), c'était powr "ae payw notre
tête", pour nous jouer un bon tour. Ce
<p^'i a toujours pensé, ce qu'» ipeut mairte-
rtant af finmer en brandissaait âur nos têtes
les foudres pleines de boïmte violonté <fe Mgr
PauC-Eugène Roy et de Wgr Brufchiési, c'est
que, •dans tue qu^etstibn comme lia pâstjcipa-
(1 ) Numéro du 80 octobre.
(2) Réminiscence de la guerre sud-afri-
cskie.
— la —
tbn idu CasMida aiux ^uefires extériewtt de
VAnffieMnt, les oaitAidiques cafaudicns
ne peuvent anmir tfcpkiâon <itie cel-
le de leufels évoques. II y a même, <lans
sa manière à lui d'envisager l'éventualité
d'une guerre anglo-française, quelque
<Ao8e de si brutal, de si inhumain, ou de
si peu humain, qu'on est tenté de se de-
mander si on trouverait un laïque cana-
dien-français capable de s'exprimer ainsi,
9M vntA sujet; si les éanvaims qui nwt-
Aewt hows de pan* ta «échiei^esse de coeur «t la
méchanceté de certains hommes d'Kglise
n'ont pas un peu raison. Mais Guitrel a
enfin fainneail : mdheur à qui s'est
moqué de ses amUtoons... (3) Cette
ntoMe Pnanoe, sur k sort de qui, la v«lle
enooire, on v«rseiât des htimes de tendresse
filiale, avec quelle sérénité d'âme on lui
marcherait sur le corps 1 Un mot, un si-
(3) Ceux qiM voudront iiler plus ampîe
comiaigsant« avet Guotrel, et en même
temps connaître, dans la -personne du bra-
vte abbé Lantswgnc, un autre type de candi-
dat à répiscopat, n'aiuront qu'à lin VOrme
du Mail, le Mannequin d'Osier et r Anneau
d'améthyste de M. Amatote Fmawoe — écri-
vsAi peu édifiiartt sous oertaim rappoitts».
nmis assez fin obsiervateur du moMde oon-
temporain.
— 13 —
«ne des évcque», et l'on verra ti D'A-
mours hésitera à prêcher U croisade con.
tre un ^«yv d'où nous sonmws îbmis, qoe
nous devons aimer, mate dont la seule sur^
vivanoe est un défi au €id.
Il rougira bientôt de cet accès de rage,
qui est surtout une maUdresse. Peu à
peu, pour se donner l'air d'interpréter le
«ait «aiprit, H ne prendra même plus la
peiw de discuter avec ces mécréants de
nationalistes. Un libéral-nationaliste dont
I irrévérence ressemble fort â celle d'Ar-
nurnd Lavergne a osé. paraît-il, lui écrire:
Fnèite de nous f ieber lia pwx avec votre
droit naturel." Vous ou moi, nous au-
nons compris pai- là que le droit naturel
pouvait être chose très respectable, mais
que le casukte de l'Action sociale is'«to ser-
. v*É è tort et à travers. Uii, il feint de
croire que l'autre a blasphémé. Il se com-
pose une physionomie de grand-vicaire. il
«iJniWie aux évêqite lefiir ton et leur
styfc, rt il dit (i) :
Un libérât-nationaliste. . . nous écrit en-
tre autres aménités où éclatent son libéra-
nsme et son nationalisme: "Prière de nous
ficher la paix avec votre droit ntùurel.**
iVo^ tenons pour certain que ce pauvre
tCI) 8 février 1915.
— 14 —
hommt-là a cru fait* octt dt foret intelUe-
tutlh et di bravoure morale, en nous of-
frant ainsi gratuitement un spécimen de
son ignorance. Sait-il, lui, que Ha kn natu-
wie» d'après S. Thoihas, «st la paitieipa-
tkxi de la foi étemdU« <bn8 ha ci^Muks
i^aininbblei?
Sait-il, lui, que les plaisanteries que cer-
taines gens se permettent et croient vrai-
ment spirituelles à l'endroit du droit natu-
rel touchent, avec une itourderie que fi-
gnorance n'excuse que partiellement, aux
fondements mimes de la morale privée et
publiquer Sait^, lui, que l'autorité du lé-
gislateur et de tout gouvernement leur est
conférée en vertu du droit naturel, qui est
antérieur et supérieur à tout autre droit?
Sait-U que la loi naturelle, dont il plai-
sante, n'a pour adversaires que tes destruc-
teurs de la morale publique et privée?
Voilà ce que le faquin appelle aujour-
d'hui "ne pas s'opposer" à une politique
qui "ne ré|pugnie pia<3 ata «droit tetamH m au
droit constitutionnel".
On vient de le voir, il a, dans dix arti-
cles différents, représenté l'envoi de trou-
pes en Europe comme une obligation mo-
rale supérieure à toute prescription cons-
titutionnelle. A dix reprises différentes,
a a dw eit rôpét», de fa fiaçon lia |A» ex-
— 15—
9^*^» )• plut cat^goriqtit, qm c'MaIi
■•^OMuiaUn It loi nâtmvUc, la vois n«ac
4t Dèmt, qam de ilhippuin j. «t «oK.
i2t mibiteneat, tout d'an co«p« conme ça,
I «e tfouwe qo*t ii% rien dit, ^ oe nW
cette chotc émiacmmciit tiiiiple, éminem-
ment raisonnable, que le go«v«niemeat
~^ ii^a tioàé « te Aoè auurel ni te
droit oonstitntioanel en offrant dea tron-
P« à l'Aaigteterrt.
Maia, an lait, aoua noua sommea peot-
«tre tcompéa. nos yeux périaaablea noua
ont peat4tre induite en erreur. ReUtoat,
re[»«>n8 plutôt ce curteux et éloquei^
échantillon de journalisme "caAoKque'* :
Or, donc.— écrivait te 5 octobre 1915 YAc-
ttôM cathoUqu€,—U gouvemenum UgiH-
me du Canada ayant décidé que le toncours
que nous devions donner é V Angleterre de-
vmt consister en hommes et en argent, nous
«WM m» que ce mode d'accomplir nos 0-
If^tgattom envers la métropole, mode dé-
I9rminé par l'autorité compéienie, qni sen^
le powait en juger en pleine connaissance,
»•» répugnai» ni au droit naturel ni au droit
constitutionnel, que personne n'9 démon-
tré wourété violé en cette circonstance par
le pariement dn Canada.
ÎVlte a ^é noire attiwte, rt laBr <tfr 1».
rmt encore » nmês avions aujourd'hui 4 ia
prendre.
— 16-"
V
L* fai^ttin a tau doute voiiUi dira:
"T<Aa ne fut fBi ootm attànda» «t tdlt
dia aarait a noua nvioiia aujourdlnii à !a
pfandrt."
Motfa la oMpnMM aaipt ka %naa.
Et noua la croyona tant peine.
Avant toutefois de le laisaer passer au
nationalisme (il en est capable), je veux,
pour l'àidter au ferme pra|>o«, lui manb«r
sans atténuation, en ami, ce qu'it fut vé-
ntabkment durant ces quinze demien
mois. Je veux lui prouver que non seute-
mut a» sujet de nos dovoàu miK-
tmrm rwnn fAngtéteBme, mlMs àttm
la plupart des questions politiques qui ont
tenu la scène, il a fait, plua en grand et
au riaquo de ocaiiéquences èift^noit
phis gravea, comme ce curé de ma paroi»-
ae natiAe qui prétoat les or^Ninix fanés de
sa modeste église pour les triomphes de
sir Hector Langevin.
Afors— et ators seulement— je reviens
drai aux évêques pour leur demander
compte du patronage officiel qu'ils per-
mettent que certains d'entre eux JÉccorident
à ^Action cathùliqde.
Et aters seulement— mais alors— je !ur
pwmettrai à lui, Ife menteur, à fliii fe four-
be, dbon de changer aon fuàii d^épaurfe, —
Pttisqne les gens de son espèce, prêtres ou
laïques, D'Amours ou Tartes, prêchent la
—17—
g»*ei»e aatas jatoniis atteh- «ti guerre^ «ie
dianger de inàki 9oh gouipdion.
Car il n'y a si bon ami <ioinit H tie falilU« à
Ja fil se séparer, ootmtne 'd&sak île f«u loi
Dagiobeirt en jetant laon chien pair ilki fettê-
tre.
II
(De l'Action du 30 octobre)
Un journaliste catholique peut voir des
intérêts religieu^ où il n'y en a pas, où nul
du moins n'est tenu d'en voir. De même il
peut croire que le côté moral que présente
toute guerre autorise les évêques, comme
gardiens de la morale, à se prononcer
pour le compte des catholiques en ce
qui a trait au devoir militaire. Dans les
deux cas il se trompera déplorablement,
mais dans les deux cas aussi il aura au
moins l'excuse de faire ~ peu importe
combien mal — son métier de journaliste
catholique; danç les deux cas son excès
de zeh ne suffira pas par lui-même à faire
douter de sa bonne foi. Au contraire, dès
que la sauce politique se mêle à la sauce
théologique, je prends pour acquis qu'on
sait très bien ce qu'on tente de me faire
avaler ; tout de suite je flaire, sous la
robe, l'étemel Scapin,
— 18 —
Puisque l'Action catholique faisait tant
que de mettre la théologie au service de
l'impérialisme militaire, le moins qu'on
p/mvait exiger d'elle, c'était de ne pas
mêler les arguments politiques aux
théologiques. La métropole tient de
Dieu le droit de lever au Canada autant de
troupes que nous pouvons en fournir :
c'est clair, c'est net, c'est catégorique. Quel
besoin "l'organe de Son Eminence le car-
dinal Bégin" — comme dit la Patrie — a-
t-il ensuite d'étayer sa thèse sur les
arguments qui traînent depuis un an dans
les journaux impérialistes à tant du pouce
carré? Par exemple, à quelle fin, dans
quel but, pourquoi — oui, pourquoi? —
agrémente-t-il de considérations comme
celles-ci cet article du i6 septembre où il
pose en principe le droit divin du gouver-
nement anglais en matière militaire:
// n'est pas juste ni logique, pour quicon-
que veut examiner l'ensemble des intérêts
canadiens et les voir sous tout leur vrai
jour, de les considérer comme séparés de
ceux de l'Angleterre auxquels ils sont liés.
Il est certes bon de travailler à promou-
voir les intérêts du Canada, et c'est contri-
buer directement encore que partiellement
au bien de l'empire britannique, que de
contribuer à celui du Canada; mais U faut
rester tout de m,ême dans le domaine des
— 19 —
réalités, et voir aussi que ce qui diminue-
rait la force et la richesse de l'empire hri-
tatmique diminuerait aussi nécessairement
la force et la richesse du Canada, partie
intégrante de cet empire.. .
Ainsi que la flotte allemande fût assez
forte aujourd'hui pour passer à travers de
la flotte anglaise et pour réduire le com-
merce britannique au rôle assez précaire oà
la flotte anglaise a réduH le commerce al-
lemand; qu'une escadre demande pût fer-
mer l'entrée du golfe, débarquer des trou-
pes chez nous, venir bombarder Québec et
même Montréal, que deviendrait notre sort
avec une Angleterre dominuée ou vaincue?
Il sera trop tard pour nous défendre
chez nous, lorsque l'attaque aura pu être
portée ici; et nous devons savoir que la pro-
tection de la doctrine de Monroe, si elle
veut, à condition de le pouvoir, empêcher
toute conquête européenne en territoire
américain, ne s'opposerait pas aux faits de
guerre transitoires, du genre de ceux com-
mis en Belgique.
C'est un inconvénient d'avoir à subir les
conséquences des guerres où l'Angleterre
si trouve engagée; mais qui peut dire quel
inconvénient ce pourrait être pour nous d'ê-
tre engagés dans une guerre sans l'appui
et la protection de l'Angleterref
Ce plaidoyer se réduit en somme aux
— ao —
propositions suivantes :
t Les intérêts économiques du Ca-
nada (ta force et la richesse) sont iden-
tiques à ceux de l'Angleterre;
2' Us intérêts militeires du Canada
{la force) sont identiques à ceux de l'An-
gleterre;
3* U moyen de protéger le Canada, ce
n est pas de préparer la défense de nos cô-
tes et de nos frontières, c'est de mettre nos
ressources à la dispositions de l'Angleterre
pour la guerre européenne ;
4" U doctrine de Monroe "ne s'oppo-
serait pas aux faits de guerre transitoire du
f«»re de ceux commis en Belgique";
S" L'appui et la protection que nous
donnent l'Angleterre compensent l'inconvé-
«ïittH qu'U y a pour nous "à subir les
conséquences des guerres où l'Angleterre
est engagée".
De ces propositions, la première est ma-
nifestement fausse, toutes les autres sont
î^us que contestables. Même la quatrième
n>st devenue plausible qu'en ces derniers
temps, et pour deux raisons étrangères à la
volonté du peuple américain, qui sont: d'u-
ne part l'imbécilité, l'impotence, montrée
par l'Angleterre depuis le commencement
de la guerre; d'autre part, l'imbéciUté non
— air—
moins grande de notre pays, qui pouvant
mettre sur pied de guerre deux ou trois
cent mille hommes, et ayant tout le temps
voulu pour fortifier ses ports, a préféré
abandonner ses hommes et son argent à
l'imbécile gouvernement anglais, plutôt que
de s'apprêter à seconder une vigoureuse
intervention du monroïsme.
Mais plausibles ou non, nul ne peut me
forcer à y souscrire, car elles sont d'un or-
dre où le jugement de S. E. le cardinal Bé-
gin et de S. G. Mgr Bruchési n'a en soi pas
plus de valeur que celui de la plus humble
de leurs ouailles. Ce sont, purement et sim-
plement, des opinions politiques. Quoi que
dise l'Action catholique, je resterai toujours
libre de croire et de dire :
,1* Qu'un pays d'expansion intérieure,
comme le Canada, n'a pas les mêmes inté-
rêts économiques qu'un pays d'expansion
extérieure, comme la Grande-Bretagne;
^2' Que le Canada, du fait qu'il n'a pas
d^ colonies, qu'il n'a pas besoin de colonies,
n'a pas dans la guerre actuelle, en face de
l'Allemagne, les mêmes intérêts nûlitaires
que les boutiquiers anglais, pour qui l'An-
gleterre a fait toutes ses guerres contem-
poraines et conquis ou volé un cinquième
du;giobe;
3° Que le Canada serait aujourd'hui
— 22 —
P^us en état de faire face à une attaque
allemande, s'il avait, avec le concours as-
suré de tous ses enfants, organisé sa propre
défense, au lieu de mettre toutes ses res-
sources en hommes et en argent aux ordres
d un gouvernement dont l'inintelligence et
1 incapacité n'ont eu d'égal, depuis le corn-'
mencement de la guerre, que l'aveuglement
de ses administrés;
4" ^ Que les Américains seraient peut-
être r 4s tentés de contrecarrer les visées
éventuelles de l'Allemagne sur le Canada,
SI, laissant à son propre sort cette Angle-
terre dévorée de cupidité et d'égoïsme, nous
avions mieux préparé la défense de notre
territoire;
5* Que ni l'Action catholique ni per-
sonne ne peut trouver à notre état colo-
nial, au point de vue militaire, aucun avan-
tage qm en compense les inconvénients.
Et si je suis iibre de croire tout cela, de
soutenir tout cela, je nie à un journal qui
est par essence un organe religieux le droit
de mêler les opinions contraires à une thèse
theologique qui ne tend rien moins qu'à
violenter les consciences.
■ ♦ ♦ • ;' ""^'
VAction catholique ne s'est pas pronon-
ce seulement sur l'impérialisme miUtaire
WIc a cru pouvoir aussi porter jugement
— 23 —
^- deux questions coimexes. dont l'actuii.
pimdissante en notre pays: c'est à s^r^oir
la constitution politique de l'empire et l'oo-
position du principe des nationalités au prin-
cipe d autorité dans le gouvernement des
peuples.
• • •
De tous les problèmes qui préoccupent
présentement nos hommes d'Etat il
la solution s annonce plus difficile
Jie celle des relations futures de'
I» Grande-Bretagne et de ses colo-
nies Au point de vue canadien, l'envoi de
cent mille hommes en Europe, avec les dé-
penses ;et les changements fiscaux qu'a
entraîne, est un problème enfantin corn-
pare a celui-là. Il a suffi d'un signe à M.
Borden, a Sam Hughes, à M. Uurier, pour
faire voter par les Chambres une expédi-
tion mihtaire qu'une opinion publique sa-
vamment travaillée par la presse impéria-
Uste semblait réclamer à l'unanimité: il fau-
dra plus de réflexion, ce nous semble, et
de plus solides qualités d'hommes d'Etat
pour arrêter les nouvelles conditions d'exis-
t^ce politique des cinq ou six cents mil-
««»* d'homntes qui fomient la population
f^^^ifft Cêiu fois M. Borden et M.
Mwriif pdi»f^ œ«tre leurs id^ en com^
m«n sans que personne y trouve à redire:
« n y en aura pas trop de leurs deux têtes
pour nous tirer d'affaire, si toutefois il y
*n a assez. ■'
Ce problème, il se discute depuis plus de
qumze ans dans les parlements et dans la
presse. Parmi les Canadiens les plus en vue
I« uns veulent le statu guo, les autres »
chang«^ent. De quel d«»t. de quelle auto-
nté lAchon catholique vient-elle sWérer
«lans le d*a. et prendre fait et cause *^
lune ou l'autre thèse? A quelle fin, d««
q«l but pourquoi _ oui. pourquoi, ~ &.
sait-elle dans son édition du ler février
..Vaide donnée à FAnghterre far le Ca-
nada, le concours actuel du Dominion ca-
nadten dans la défense de f empire Mtan-
mue constituent-ils, de droit et de f<nt. ««
acheminement vers Fimpérialismef De ce
que nous coopérons à la défense de fem-
Ptre ton entxer menacé et virlueUement at-
IT'/J^"'" ^' ""*" ''«"■<"« <^oir
""f. ''«"ifr"»'* dans les conseiU de cet
notre autonomie actuellef
Nous Hf le croyons pas . . ' ^
Pour gariier un juste mÙieu entre les im-
penaltstes et les séparatistes, entre l'absolu
des autonomistes et celui des impériolisies
— «5 —
doni les extrêmes se touchent, nous avons
rappelé l'existence de nos obligations
morales d'aider l'Angleterre dans U pré-
sent conflit, sans rien changer de nos obli-
gations légales ou consHtutionnelles actuel-
les. . .
. . .Nous voulons le maintien du lieu co-
lontal, dans les conditions où U existe main-
tenant, et nous voulons aussi accomplir no-
tre devoir d'aider l'Angleterre dans la pré-
sente guerre. . .
Notre parlement aide librement et sponta-
nément l'Angleterre, sans mettre celle-ci
dans la nécessité périlleuse, ou de resserrer
ou de relâcher les liens qui nous unissent à
elle, par conséquent, sans exagérer ni dimi-
nuer notre réelle mais partielle autonomie.
Notre parlement en accomplissant librement
et spontanément son devoir n'exige ni ne dé-
sire aucune augmentation de droits ou de
prérogatives qui comporterait nécessaire-
ment une diminution de nos libertés et de
notre initiative. Il ne dit pas imprudemment
à l Angleterre si vous voulez notre aide
donnez-nous d'abord une part de votre sou-
veraineté, sachant bien que cette part trop
mince et assez fictive de souveraineté par-
lementariste (sic) n'irait pas sans une dimi-
nution très réeUe de nos libertés et de notre
autonomie présentes.
Nous sommes, nous aussi, opposé? à la
-26 —
ccntraUsation politique de l'einpire. Autant
-que quiconque, nous nous ferons un devoir
<te combattre tout projet portant rétroces-
«on réelle de pouvoirs politiques du Cana-
da à l'Angleterre. Mais là n'est pas la ques-
tion. Il s'agit seulement de savoir si un dé-
bat essentiellement politique, touchant l'a-
venir même du pays, sera préjugé au nom
des catholiques canadiens par un journal
essentiellement religieux, organe de S. E. le
cardinal-archevêque de Québec. Qu'elle s'ex-
erce pour ou contre nous, pour ou contre M.
I^aurier, pour ou contre M. Borden, l'ingé-
rence de l'Action catholique ne nous en
paraîtra ni moins déplacée ni moins odieuse
Tout partisan du statu quo que nous som-
mes, il ne nous plaît pas que la doctrine ad-
verse soit condamnée par une feuille qui ne
tire pas de l'intérêt politique canadien, ni
même britannique, les motifs de son orienta-
tion, et qui demain, pour un autre chapeau
rouge, pourra tout aussi bien prêcher la
fédération impériale. Non qu'il nous plaise
a nous, comme à Martme, d'être battus •
car nous tenons plutôt que désormais, au Ca-
nada, toute cause purement politique qui
aura 'approbation officielle de l'épiscopat
sera presque à coup sûr perdue d'avance.
Tout ce que npus voulons dire/c'est qu'en
politique nous n'aimons pas plus les évê-
ques comme alliés que comme adversaires,
--27 —
ctt|ifili ripoiMkiml pUiameut à not TotOK
«% âtignent Moi «omentir à te mêlera
ce qui les -regtrde.
• • »
Le 9 mars, YAction eatholique, revenant
sur la nécessité de son prétendu jus-
te milieu en matière de politique impériale,
attaque de front, avec l'impérialisme, ce
qu'elle appelle le principe révolutionnaire
des nationalités. Laissons-lui une fois de
plus la parole :
Disons bien catégoriquement, pour tous
ceux nui oftt J'konniteté et l'intelligence de
mous lire enfant de nous juger» que nous ne
sommes pas plus partisans de l'impértaHs-
me que du nationalisme.
Ces deux- systèmes, faux et funestes Fun
éi Vautre, en autant qu^ils oublient et cou-
tnedisent les princes du droit ckréHem, en
auimt qu'ils sont inspirés par l'orgueil d'u-
ne dominatioei ou d'une émaucipaHom m-
fusHfiies, nous répugnent autant l'un que
l'autre. Ni fun ni Poutre n'ont jamais été
prônés mi favorisés par ia sagesse isamua-
bh de PËglise.
Comme l'BgUse» en mous inspirant de son
^spmt quijuffit à -toutes nos aspirations et
^ 4ou4es ftos revendications, de ^es ensei-
gnements qui renferment tous nas devoirj,
meus tenons ^aur assuré que nous pouvons
— a6^
f# éevi ir TtcomttAtft tt uecêmpkr iout net
devtmt tmm» twÊit99%té somtrome ^
»MW réffii, sans adopimr Us eMogératiomt
dmn i$HpMaismt trop iommmtm' comme
nous devons défendrs nos droits UgiHmss
et tramnllsr au bien de notre notion, smu
verser dons les exagérations d'un nationa-
^^ q^ s^inspire de plus en plus du faux
principe des nationalités, dont Porigine ré-
vohiionnoire n'est que trop connut..,.
Comme nous avons nos raisons pour ne
pas verser dans les faussetés de l'impéria-
lisme, no9u avons aussi nos raisons pour ne
pas verser dans celles du uationalHsme, de-
venues plus évidentes en ces derniers
temps. '»
L'impérialisme britannique est à la fois
économiqtie, politique et militaire.
Nous prenons pour acquis que l'Action
catholique ne veut pas parler du premier;
que l'organe de S. E. le cardinal-archevê-'
que de Québec ne fait pas dépendre le sort
du christianisme de l'adoption ou du rejet
d*une nouveUe politique douanière par
^Angleterre et ses colonies.
Quant à rmipérialisme politique, àim-
rae se» propres partisans n'y ont jamsis
w qu'on moifen ée réaliser llmpérialis-
ne aiâitàife.~e«tet4-dipe le régime que U
C^a^ « tiaritwwnt acc^ié par ao«
~JS>—
de de participation i la guerre actuell»-»,
tout ce que VAeHom eatholiqut pourra
écrire pour le dénoncer ne fera que mou-
tarde après le dîner, poudre aux yeux, ea-
catnotage. Maintenant que le Canada a
virtuellement reconnu l'autorité du IVor
Office sur le Canada, il nous importe beau-
coup moins que le régime parlementaire
de l'empire soit ou non modifié. Il y au-
rait même, au point de vue militaire, un
certain avantage pour le Canada à connaî-
tre exactement, et le plus tôt possible, l'é-
tendue de ses nouvelles obligations: et
parce que cet fivantage frappera tout le
monde, l'impérialisme politique est dès
maintenant assuré de profiter des conces-
sions qu'on aura faites à l'impéria-
lisme militaire. Si quelqu'un, en tout cas,
a^ le droit de s'alarmer à la perspective
d'une participation du Canada aux con-
seils impériaux, ce n'est point, ce ne peut
pas être, le journaliste qui fait découler
des prérogatives divines du roi d'Angle-
terre,--car à ses yeux le représentant de
Dieu, c'est le souverain, non le gouverne-
ment, — la prétendue obligation du Canada
d'envoyer des troupes en Europe. Si l'au-
torité du roi est souveraine en matière
militaire, elle l'est également eà matière
politique: nos biens comme nos personnes
I
(
•ont au roi. Et tlon, à quoi rime le trem-
blement où tombe l'organe officiel de S. E.
le cardinal-archevêque de Québec à la seu-
le pensée que M. Laurier pourrait un jour
siéger au pariement impérial? De toute
évidence, la sortie de VAction catholique
contre l'impérialisme politique a pour uni-
que objet de masquer le coup de Jamac—
non, le coup de D'Amours— porté au na-
tionalisme anti-impérialiste dans le même
article. De fait, à partir du 9 mars, l'abbé
D'Amours ne reviendra plus sur les dan-
gers de la fédération impériale, mais il
mettra tous les théologiens modernes à
contribution pous essayer de faire de M.
Bourassa un suppôt de la Révolution. Il
apportera tout à tour dans le maniement
de CCS textes rébarbatif» le doigté d'un
faussaire et la grâce d'un baleineau. Le
26 mai, il termine ainsi une demi-page de
citations:
Nous pourrions ajouter bien d'autres té-
moignages, si l'espace d'un article le per-
mettait, montrant que ce fameux principe
des nationalités est la négation du droit et
la destruction de V ordre, conduisant les na^
tions à une anarchie internationale. ...
Ce faux principe des nationalités, comme
l'appelle Le Play, spit qu'U ,s'inspire de
l'égolsme de rçtce, soit qu'il rejette tout
— 31
J^ et^ OHt^rkè qui nTimanmt pas
flJf^^f^^P^Puhire, est subversifZ
'^^"^ ^04mi camme 4e re^dr^ efméHen...
C*cst une longue histoire que celle du
nationalisme européen, et Dieu nous
garde de tenter ici de la résumer. Kos-
ciuszko et Poniatowski en Pologne
Stem en ^usse. Canaris et Capo distrie
en Grèce Kossuth en Hongrie, O'ConneU
en Irlande, Mazzini. Cavour et Garibaldi
en Italie, ont à eux seuls vécu et agi la
morne de la politique européenne au
XIXe siècle. 1,'EgUse a été sévère pour
ceux de leur actes qui pouvaient la com-
promettre auprès du pouvoir civil. De mê-
me qu'aux XXVIIe et XVIIIe sièces les
casuistes^avaient autant de codes de mo-
rale privée qu'il y avait d'ordres de puis-
sance dans la société, de même au XlXe
siècle les hommes d'Eglise n'ont pas man^
que qui par instinct d'obéissance passive
.^Iwsouvent par intérêt, se sort rangés'
me les oppresseurs contre les opprimés
«y a ee« toutefois à remarquer' 'quW
^t les adep^ du droit divin ont feit de
^^wntre le nationalisme envisagé à
montras prudents dans leurs apprécia-
ttons des hommes et des partis nationalis-
tes. On eût dît qu»irs prévoyaient le jour
— 3«—
<m, le nationaUsme ayant trtampfaé fires-
qœ partout, ils seraient heureux de com-
bler de bénédictions ces peuples /aillant»
dont ils condamnaient alors lei aspira-
tions au nom du droit divin des tom. Au-
jourd'hui, même en Italie, où le nationa-
lisme dut longtemps chercher l'ombie des
Loges pour échapper aux délations de
l'épiscopat et à la persécution autrichien-
ne, on dit du mal du carbonarisme et on
glorifie Mazzini, on condamne la Révolu-
tion et on bénit Cavour ; Garibaldi aurait
limité ses exploits aux Deux-Siciles, que
sa mémoire serait secrètement vénérée au
Vatican. Et qu'est-ce que cela prouve,
sinon que les théologiens sont des hom-
mes, et que, comme hommes, si le tem-
porel de l'Eglise, y compris celui des
Aéologiens, tient parfois trop de place
dans leurs préoccupations, ils ont aussi
l'âme ouverte à ce sentiment qui fait la
gtoire et la dignité de l'homme: l'atta-
chement à la langue, à îa nationalité^
Mats ce que j Vn dis, moi, c'est par luxe
—pour acquitter en passant, d'un coup de
pied à la bête malpropre qui lève la patte
sur les statues d'O'Cônndl, de Poniatow-
ski, dciKossuth, de Gavour, un peu de la
dette de reèonnaissance que tout homme
hTwe doit se recoimaftre etirere ces fnm^
ferisears de cltt^eiB. :.
Le lecteur se doute bien qu'ott fond je
ne vois pas. grand'cho';e de commun entre
Mazzini et M. Armand Lavergne, entre
les Faucheurs de la Mort et les électeurs
de Drummond-Arthabaska, entre la ba-
taille de Navarin et l'élection de M. Paul-
Emile Lamarche comme député de Nico-
let. Et il ne s'attend pas, le lecteur, à ce
que je fasse grands frais d'argumentation
pour démontrer que le nationalisme cana-
dien— entendu comme opposition à l'im-
périalisme britannique — ne fut jamais
visé par d'autre théologien que le faquin
de l'Action catholique, subventionné à mê-
me l'argent de feu Cecil Rhodes, s'il n'est
pas plutôt frappé d'aliénation mentale.
Cela, il l'admet, le lecteur, il le sait ; et si
j'entreprenais d'en faire la preuve, il croi-
rait tout simplement que je me moque du
monde.
♦ ♦ ♦
Une autre question politique s'est agi-
tée au Canada en ces dernières années, et
plus que jamais en ces derniers mois;
nous voulons parler des droits du français
à l'école dans les provinces anglaises, par-
ticulièrement en Ontario.
Par elle-même cette question n'a, quoi
qu'on dise, aucun caractère religieux. Elle
intéresse les Canadiens-Français catholi-
ques, mais comme Français, non comme
— 34 —
catholiques. Les prêtres et évêques cana-
diens-français y sont intéressés, mais
comme Français, non comme prêtres ou
évêques. Les laïques y ont la même
compétence que les ecclésiastiques, et un
libre-penseur peut, par amour de la jus-
tice, y faire cause commune avec un laï-
que catholique, avec un prêtre, un évêque.
tin cardinal.
Ceci posé, voyons ce que pense sur le
sujet l'Action catholique, organe de S. E.
le cardinal-archevêque de Québec :
De notre côté, — disait le 2 septembre
dernier l'Action catholique, — «/ faut bien
le reconnaître, nous n'avons pas tous fait ce
qu'il eût fallu faire pour dissiper cette igno-
rance et ces préjugés, nous avons même fait
parfois ce qu'il fallait faire pour les entre-
tenir.
Ainsi au lieu de nous tenir fermes sur la
défense de nos droits, nous nous sommes
parfois laissé emporter — c'était assez na-
turel, mais ni sage ni profitable — à des at-
taques qui eussent été de bonne guerre, si
nous avions été véritablement en guerre,
mais qui étaient de mauvaise politique.
Nous avons ainsi donné à soupçonner, faus-
sement il est vrai, que nous n'acceptons
qu'à regret notre sort, que nous entrenons
l'espoir de secouer la domination anglaise
— 35—
à la preffUèrt occasion favorabU» que mous
avons la tentation de maudire le four où
nous sommes devenus sujets britanniques.
Cette fausse tactique et cette légèreté de
parole n'auraient eu aucune mauvaise con-
séquence, si nos compatriotes de langue an-
glaise eussent connu les vrais sentiments
et la conduite réelle de notre peuple, autant
qu'ils connaissent les imprudentes paroles
de quelques-uns des nôtres. Mais le mal-
heur a voulu qu'il y eût parmi nous quel-
ques patriotes plus zélés que sages qui n'ont
pas vu que leurs imprudences nuisaient à
notre cause en fournissant des prétextes
très utiles à nos adversaires qui ne deman-
daient pas mieux que de les exploiter con-
tre nous.
la vérité réelle, historique qu*il eût fallu
et qu'il faut encore tenir en évidence sans
fournir à personne raison d'en douter, c'est
comme le disait hier encore /'Evénement
et comme font tant de fois redit tous les
chefs et les vrais guides de notre race, que
la majorité, l'unanimité des Canadiens-fran-
çais est heureuse de vivre sous la protection
du drapeau britannique et croit que ce se-
rait un grand malheur pour elle que de
vé^ changer notre status politique actuel.
Il y aurait à ce sujet une comparaison
histori0te intéressante et salutaire à insH-
fùermtre fmitude constante de notre cler-
-36-
gê, qui a su défendre avantageusement nos
droits religieux et nationaux, et Pattitudé
de nos patriotes et de nos politiciens qui
n'ont pas tous voulu adopter la même tac--
tiqué de même modération, qui ont exagéré
dans le sens de la conciliation des principes
ou dans celui de l'exagération de la violen-
ce, sans entente ni discipline, chacun sui-
vant son tempérament, et qui ont abouti
souvent au triste résultat ou de ne pas com"
battre, ou de perdre des batailles, après les
avoir imprudemment engagées ou provo-
quées.
Ici encore il apparaît que les hommes
d'Eglise ont été les plus sages politiques,
non pas tant parce qu'ils avaient plus de
talent ou plus de dévouement que parce
qu'ils avaient plus de principes, plus de
pondération, plus de science et d'entente de
la morale publique.
Il faudrait la plume d'un Léon Bfùy
pour qualifier la sans-pareille bassesse
d'âme qui à'étale à chaque ligne de cet
article. Entre le traître ordinaire et l'abbé
D'Amours, il y a toute la différence qui
sépare le gabegiste du simoniaque. Le
directeur de V Action catholique a comme
la fringale de la trahison. Il en fait un
ut, pius que cela» un sadisme. C'est à se
demander si» dans cette question de l'en-
^
seignemcnt bilingue, il trahit inconscicn-
ment. pour le seul plaisir de porter un
coup de stvlet à M. Bourassa. ou s'il ne
frappe pas plutôt M. Bourassa pour ser-
vir les politiciens francophobes d'Ontario
en ayant l'air de défendre l'école bilingue.
Ce n'est pas par un écart de plume que
dans mon premier article sur l'Action
catholique, les évêques et la guerre" je le
traitais de «petit abbé jésuite et italien
pour qui nulle besogne ne fut jamais trop
ardue, ni trop scéjlérate, ni trop vile": les
lignes qui précèdent montrent ce dont il
est capable comme audace, comme scélé-
ratesse et comme vilenie. Je pourrais le
convamcre vingt fois de mensonge en re-
faisant brièvement l'historique de la lutte
scolaire ontarienne. Je lui permettrai de
se clouer lui-même au pilori s'il veut seu-
lement essayer de répondre aux questions
suivantes :
r Selon lui, qu'est-ce que les Cana-
diens-Français auraient pu faire pour dis-
siper l'ignorance et leï préjugés des An-
glais d Ontario, et qu'ils n'ont pas fait?
2** Qu'est-ce que nous avons fait pour
entretenir cette ignorance et ces préjugés
et dont nous aurions pu nous abstenir sans
nous manquer de respect à nous-mêmes?
3* Où, quand et comment avons-hôus
attaqué nos concitoyens anglais au lieu
de nous borner à défendre nos droits? Où,
quand et comment avons-ncns "donné à
soupçonner que nous "entretenons l'espoir
de secouer la domination anglaise à la pre-
mière occasion favorable"^
4" Ceux dont V Action catholique déplo-
re les "imprudences" n'ont-ils pas reçu à
maintes reprises les remerciements pu-
blics de la minorité ontarienne? Sans
eux, quel mouvement de sympathie exis-
terait-il à l'heure actuelle dans le Québec
pour les Canadiens d'Ontario? Les dis-
cours les plus énergiques de M. Bourassa
sur la question scolaire ont-ils jamais
provoqué chez les fancophobes d'Ontario
plus de rage que certaine lettre de S. E.
le cardinal Bégin ou que les souscriptions
nationales organisées par la Société
Saint-Jean -Baptiste en 1913, par l'Asso-
ciation de la Jeunesse en 1915? Et serait-
ce à dire que Son Eminence est un cer-
veau brûlé, et que le Québec a tort d'en-
voyer des secours pécuniaires aux persé-
cutés?
6* Quel est le Canadien-Français, na-
tionaliste ou autre, qui n'a pas déclaré en
toute circonstance que le drapeau britan-
nique devait garder notre allégeance tant
qu'il ne serait pas synonyme de tyrannie
— 39
-reUgieuse et nationale? L'Action caiho'
tique le ]vend bien froidement avec les
desni-saiivages dn gouveraement onta-
licn: on reconnaît >^ l'indifférence fon-
cière du haut clergé pour les questions de
langue. Mais n'est-ce pas le même jour-
nal qui écrivait l'hiver dernier, à propos
de l'annulation d'un règlement anti-alcoo-
lique à la Baie Saint-Paul par le juge Le-
tellier pour cause d'ingérence cléricale,
que le plus sûr moyen de faire amender
certaines lois— eà l'espèce, la loi sur l'in-
timidation de l'électeur,— c'est de les vio-
ler bravement, inlassablement?
6' L'épiscopat canadien se fit le plus
ardent défenseur de la langue française à
une époque où il ne pouvait agir autre-
men sans laisser le champ libre aux agents
é'anglicanisation du cabinet britannique,—
sans s'exposer, par conséquent, à perdre
sa propre raison d'être. Mais en quoi son
rôle a-t-il été depuis plus digne d'éloge
que celui des Bédard, des Papineau, des
Parent, des Lafontaine, des Morin, et,
pour en arriver tout de suite à nos jours
en sautant par-dessus 1890 et 1896,—
alors que, s'il fallait s'en rapporter au ju-
gement, contestable il est vrai, des délé-
gués apostoliques, c'était l'épiscopat qui
manquait de pondération,— des Bourassa.
des Lavergne, des Belcourt et des Lan-
— 40 —
dry? Quel lourd fardeau d'ignomime les
laïque» canadiens-fraaçaia des quatre ou
cinq dernières générations devro«^t porter
devant l'Histoire, nous le savons ; rien que
d'être lés fils de tels pères, empoisonne et
affaiblit notre existence, nous incline corn-
me fatalement aux capitulations. Mais ne
pourrait-on pas plaider à leur décharge
précisément l'habitude où on les avait for-
mes de ne pas compter sur eux-mêmes,
de s'en rapporter entièrement à l'épisco-
pat pour la revendication des droits natio-
naux comme des droits religieux? En ce
moment même, que fait l'organe de S. E.
le cardinal Bégin, sinon de calomnier dé-
libérément l'action laïque pour la décou-
rager?
• ♦ » ■
Ainsi donc, qu'il s'agît de nos obliga-
tions militaires envers la métropole, de la
fédération impériale, du nationalisme
anti-impérialiste ou du nationalisme au
sens que prend ce mot dans nos affaires
intérieures, l'Action catholique^ depuis
l'automne de 1914, a fait de la politique,
rien que de la politique.
Oi', si le lecteur veut bien évoquer ses.
souvenksi il verra que durant cette pé-
riode û n'a virtuellement pas été question
d'autre chose dans la presse eanâdièniie
— 4i--
Même l'action sociale, qui fut la raison
d'être de sa fondation^ tf'a tenu qu'une
place infime dans la tâche quotidienne de=
VActùm catholique. Pousser à l'envoi de
troupes canadiennes en Europe, disserter
sur les avantagres ou les désavantages de
la fédération impériale, représenter le na-
tionalisme anti-impérialiste comme une
hérésie, miner en sous-main les meilleurs
avocats de la minorité ontarienhe: telle
a été depuis bientôt quinze mois sa beso-
gne. Xes évêques ne croient-ils pas que
le temps est venu de mettre fin à cet
état de choses? Croient-ils que cette si-
monie puisse durer plus longtemps sans
provoquer un dure réaction? S'imagi-
nent-ils que tout le monde est devenu
aveugle, sourd et muet, dans la bonne
province de Québec?
III
(De l'Action du 6 novembre)
Il paraît au Canada, en français et
en angitais, des douzaines die journaux
caitholiques dont la ipublication et la dif-
fusion ne nous offusquent pas le moins
du monde. Rien qu'à Montréal, iii existe
plusieurs BuJJetins paroissiaux -— lesquels
s'occu^ïent à peu près uniquement de
questions religieuses, et xiesquels, pour
— 42 —
cela inème> nous n'avons, jamais songé. à
critiqtMr 1^ icfirection. Personncfllement,
durant vingt années de journalisme phis
ou moins actifs jamais je n'ai seulement
fait allusion au mercantilisme noitoire de
journaux eit àt nevues |périoidiqu«s consa-
Clés à la pro«pagande non pas de la foi ca-
tholique, mais de telle ou tell« idiévotion
en particuflier (sainte Anne, le Sacré
Coeur, saint Antoine, etc.). QueUques er-
reurs qu'elle pût commettre, j'ai toujjours
cru que la presse religieuse, tant qu'e*l«
restait sur le terrain religieux, relevait de
la seule autorité ecclésiastique, et qu'un
catlholique ne ipouvait, sans manquer à sa
foi, voire au simple bon sens, la citer de-
vant l'opinion.
J'irai -pllus loin. La liberté de parole que
j'ai revendiquée en matière politique pour
les clercs conune pour les laïques, je la re-
connais au directeur du journal religieux,
si le lecteur n'est pas mis explicitement
ou implicitement sous l'impression qu'il
s'agit d'opinions autorisées ou même com-
mandées par l'Eglise; s'ill ne peut exis-
ter aucun doute sur 'le caractère tout per-
sonnel de ces opinions.
Le cas propre de l'Action catholique,
c'est que tout en faisant de la politique,
et beaucoup plus de politiqiie que de re-
— 43
lifioB» die ot ceotée «pâmer m tout
ee mÊT tout lit éodLtk» de l'Eflne, lia pan-
sée et U vaknté du pape et des évèquei.
U la juaiet 1915, par exemple, — à
l'occastOK de son changement de titre, —
toot en feignant de vouloir dégager de sa
direction la responsabiUté épiscopale, elle
déclare:
Ce que nom écrivons dans l'Action Ca-
thc^ique a h mhne autorité que ce que nous
avons écrit rfafw'fAction social*, PantorUé
des raisons et des documents que nous aP'
portons dans ^exposé de nos arguments et
de nos expositions ds principes, l'autorité
aussi d'un foumal qui fait profession d'ex-
poser et de défendre les doctrines, les tra-
.■'tions et les droits de V Eglise (i), les de-
ours et les droits de la conscience catho-
lique et de toute conscience honnête, sous
le contrôle et la juridiction de V Eglise en-
seignante.
Après cela, elle a beau faire observer
"qu'il ne faut ni cohfondre ni assimile^ un
article de journal, ce journal fût-il le plus
ouvertement catholique et même fût-il LE
PLUS ENCOURAGE PAR TOUTE LA
HIERARCHIE CATHOUQUE (a), a-
(i) C'est notts qui soulignons.
(2> Comme ei-des6U&
mec m Acte ef lidd de l'autorité codétiat.
tique o« avec ses enseignements Mvàmaét".
C(*te formalité ne lui coûte pas cher; tout
ce qu'on retiendra de ses déclarations, c'est
qu'elle est de tous les journaux •'le plus
encouragé par toute la hiérarchie catholi-
que", et pour ceci, évidemment, qu'elle
"fait profession d'exposer et de défendre
les doctrines, les traditions et les droits
de l'Eglise, les devoirs et les droits de la
conscience cathoGque", "sous le CONTRC
LE et la juridiction de l'Eglise enscignan-
Le 7 octobre, c'est-à-dire à la suite de
mes premiers articles sur 'TAetion catho-
lique, les évcques et la guerre", l'abbé D'A-
mours fait mine encore une fois de prendre
sur lui toute la responsabilité de la direc-
tion imprimée l cette feuille.
On ne 4ira pas, écrit-il, que nous visions à
aucun monopale, ee qui serait par ailkurs
ridicule, ni que nous prétendions parler
jeuir au nom des catholiques, comme cer^
tains ennemis de notre journal Vont parfois
faussement affirmé, si nous disons que nous
voudrions voir tous nos confrères cana-
diens de langue française mettre constam-
ment, £vmm§ nous nous efforçons de k
faire, au premier rang de leurs préoccupeh
Mons, rtxposi, le maintien et la défense de
la pensée catholique.
—45 —
A .Mais pour tout lé reste son article se
compoit de choses ccmune celles-d :
Les Popes et les éviques ont particulière'
ment recommandé, en ces derniers temps,
le maintien et la diffusion de la presse ca-
tholique.
Pour accélérer les progrès et accroître
l'efficacité d'une oeuvre aussi urgente, il
est bon que l'acquiescement aux enseigne-
ments, et aux ordres du Pape et des éviques
s'appuie aussi sur des idées claires et sur
de bonnes raisons. . ,
La presse catholique, ce n'est pas toute
publication mise au jour par des catholi-
ques pour des fins honnêtes, ce ne sont pas
non plus seulement les publications offi-
cielles ou officieuses de la hiérarchie catho-
lique. Le journal catholique, pour ne par-
ler que de cette forme de publication, doit
reconncâtre la juridiction de l'Bglise dans
tous les domaines où cette juridiction, seu-
le juge de ses actes, croit devoir s'exercer,
mai^ il n'est pas, pour cela, l'organe de V au-
torité ecclésiastique. Il n'engage cette au-^
torité que dans la mesure où celle-ci s'enga-
ge elle-même à son égard.
^aisie^ journal catholique s'inspire cons-
tamment, en tout, de la pensée et des prin-
cipes catholiques. Ses directeurs et rédac-
teurs n'admettent pas plus le dédoublement
-46~
de leurs principes que le dédoublement de
leur conscience de catholiques. Il ne leur
vient pas à l'idée qu'ils peuvent cesser d'ê-
tre catholiques ou faire régulièrement abs-
traction de leur catholicisme, quand ils trai-
tent de politique, d'économie sociale, de lit-
térature ou de toute autre question.
Il ne leur vient pas non plus à l'esprit que
c'est à eux de déterminer en quoi ils sont
soumis à la juridiction et aux directions de
l'Bglise, et en quoi Us en sont exempts. Ils
ne croient pas pouvoir se désintéresser d'au-
cune lutte, d'aucun problème où sont en-
gagés les intérêts de la religion.
Et je voudrais bien savoir à quoi équi-
vaut pratiquement ce galimatias, sinon à
réaffirmer que VAction catholique est dans
son rôle d-e journal religieux, obéit par
conséquent aux instructions du pape et
des évêques, en faisant un devoir de cons-
cience aux catlidiqu'es d'approuver l'envoi
de trouipes canadiennes à l'étranger, bu de
renier M. Bourassa dans la question des
écoles d'Ontario.
Du reste, comment VAction catholique
peut-elle prétendre agir de son seud et pro-
pre chef, quand d'une part dïe peut impu-
nément mettre les évêques en cause, et que
d'autre part l'autorité épiscopale muttiplie
à son endroit 'les preuves de soUickulde?
— 47 —
L'abbé <f Amours écrivait en effet il y
a<kux mois à peine:
, Notre confrère anglais le Telegraph, de
Québec, qui n'est pas obligé d'être au fait
de h discipline du clergé catholique, ap-
prendra donc avec plaisir que le clergé de la
campagne comme le clergé des vUles adop-
te au sujet de la guerre non les principes
de tel ou tel homme politique, mats ceux
qu% nous sont enseignés par les Papes et
lesBvêques. Or, sÛr ce point important, les
éve4ues de notre province ont dit les paro-
les essentielles, que les membres du clergé
ont fait (sic) leurs.
Quant au patronage accordé par l'arche-
vêché de Québec à YAction catholique, il
est trop public pour prêter à aucun doute.
J'ai ici même défié ce journal d'établir par
des chiffres qu'il ne^it pas du produit des
quêtes diocésaines et des pèlerinages à
Saintë^Anne-de-Beaupré. Je ne risquais
vraiment pas grand'chose au défi, puis-
que l'archevêché de Québec, non seulement
a participé activement à la fondation de VA-
tion catholique, — alors appelée l'Action
sociale, — non seulement est intervenu en
^a faveur, par une lettre comminatoire,
quand certains mtaobrcs ûa parlement
provincial ont osé critiquer sa ligne de
-4«-
conduite, mais tous les ans a autorisé une
quête diocésaine à son bénéfice.
L'archevêché de Québec, comme celui de
Montréal, a un organe officiel qui s'intitu-
le La Semaine religieuse. Or, nous lisons
dans un article de la Semaine religieuse de
Québec, reproduit le lo octobre dernier par
V Action catholique:
Dimanche prochain, on fera une collec-
te, dans toutes les églises et chapelles de
l'archidiocèse, en faveur de l'Oiîuvre de
la Presse Catholique.
Ce fut. on s'en souvient, le 31 mars 1907
que furent établies, par mandement de S.
G. Monseigneur Louis-Nazaire Bégin, ar-
chevêque de Québec, cette oeuvre et cette
quête diocésaine.
L'Oeuvre de la Presse Catholique avait
pour mission de réaliser la fondation d'un
journal quotidien "hautement et exclusive-
ment catholique": cathcir^e dans ses doc-
trines, catholique dans son esprit, catholi-
que dans ses apprécictions des hommes et
des choses, catholique dans la discussion de
toutes les questions de religion et de morale,
et d'économie sociale. On la chargeait en
outre... (Ici l'énumération de quelques
autres oeuvres.)
...Le journal de qui on espérait une sé-
rieuse formation de la conscience catholi-
—49 —
que canadienne a été fondé et maintenu. Il
a fait de son mieux pour réfuter l'erreur et
répandre la saine doctrine. Il a exposé la
vérité chrétienne et les préceptes de la mo-
rale. Il a revendiqué les droits sacrés de
l'Eglise; il a dénoncé toutes les violaHons
qu'on en voulait faire ou qu'on en faisait.
Bref, il a méritf, et. à mainte reprises, de
recevoir publiquement les approbations les
plus significatives et les louanges les plus
flatteuses.
Le lo octobre, c'est juste un mois moins
un jour après l'apparition de mon premier
article sur l'attitude de l'Action catholique
touchant la guerre. Durant tout ce mois
j'ai chaque semaine élevé la voix contre la
malhonnête exploitation faite par l'Action
catholique du mandement impérialiste de
1914- Durant tout ce mois aussi, le Pro-
grès du Golfe, journal hebdomadaire rédi-
gé dans le plus pur esprit cathoUque et
conseillé en l'espèce par des théologiens de
premier ordre, n'a cessé de dénoncer, preu-
ves à l'appui, la mauvaise foi de l'abbé D'A-
mours. C'est ce moment que l'Action ca-
tholique, avec l'approbation évidente de l'ar-
chevêché de Québec, choisit pour nous je-
ter dans les jambes l'article de la Semaine
religieuse annonçant une nouvelle collecte
diocésaine en sa faveur. Ceux qui se sont
— 50—
scandalisés de nous entendre parler comme
nous faisions de S. G. Mgr Paul-Eugène
Roy, évêque auxiliaire de Québec, sont-Us
assez édifiés? Peut-on afficher plus ouver-
tement, et plus insolemment, le peu de cas
que l'on fait de la liberté des cathoUques
canadiens-français en matière politique?
Il y a encore autre chose. En même
temps que paraissaient mes articles et ceux
du Progrès du Golfe, deux prêtres auto-
risés par l'archevêché de Québe- parcou-
raient le diocèse de Rimouski d l'inté-
rêt dt l'Action catholique et se li aient à
des opérations qu'un de nos amis, homme
de grand savoir et de non moindre probi-
té, relate ainsi dans une lettre du commen-
cement d'octobre:
...Hier dimanche, deux prêtres, proba-
blement du diocèse- de Québec, sont venus
nous entretenir de l'Oeuvre de la Presse
Catholique, l'un à la grand'messe, l'autre
aux Vêpres. J'ai entendu le premier. Après
les clichés ordinaires, que vous devines, U
a parlé des luttes que le journal' catholique
a à soutenir pour faire prévaloir la venté
des préjugés qu'il a à vaincre: par exem-
ple, que la religion n'a pas le droit de se
prononcer, ne doit pas se prononcer dans
certames questions prétendnes libres. Il a
dénoncé les objections faites par certains
-il-
-■■ r ■
-k
journalistes nationalistes à certaines thèses
de /'Action catholique. // a présenté l'obli-
gation de recevoir /'Action catholique pres-
que comme un devoir de conscience, disant
à peu près ceci: "De même que vous devea
respect et obéissance à l'autorité religieuse
de^ votre diocèse et de votre paroisse, de
même votre respect et votre obéissance doit
s'étendre à la recommandation expresse qui
vous est faite de* recevoir le journal catholi-
que dont je vous entretiens."
Notre ami ajoute:
Les deux missionnaires de /'Action ca-
tholique passent ces trois jours-ci à prendre
de porte en porte des abonnements. Sollici-
tés par des prêtres, beaucoup de gens n'ose-
ront pas refuser; Us ont d'aUleurs affaire
à de beaux parleurs. D'autres, après ce qui
leur a été dit du haut de la chaire, esprits
simplistes et pâte malléable, se croiront o-
bligés en conscience de s'abonner. J'aurai
leur visite mercredi.
Et en ppst-scriptum :
^ Il est remarquable que nulle part dans
/'Action catholique, reçue chez mon frère,
il ne parait, il n'est annoncé qu'il se fait
de la propagande à coups de soutane et de
sermons en faveur de la susdite A. C. Il
semble que le mat d'ordre est de faire le
— 52 —
moins de bruit possihe autour de cette
propagande clandestine et jésuitique. A
propos, aveg-vous lu la Cabale des Dévots,
par Allier? la société secrète catholique du
XVIIe siècle ne manquait pas d'analogie
avec ce qui se trame ici.
Un autre de nos amis, qui vit opérer les
deux, compères il y a quelques mois dans le
comté de l'Islet, ajoute ce. détail édifiant,
que, partout où le curé veut bien leur "prê-
ter" cet animal plus ou moins raisonnable,
ils se font accompagner à travers la parois-
se par le marguillier en charge : cela, paraît-
il, leur facilite la besogne en donnant à leur
visite un caractère d'autorité plus pronon-
cé. .
Je le répète, l'Action catholique resterait
dans le domaine religieux que je ne pren-
drais peut-être pas la peine de signaler ses
étranges procédés de propagande. Mais, je
l'ai prouvé surabondamment, il s'agit ici
d'un journal qui depuis quinze mois fait
consister son action religieuse à réclamer
l'envoi d'autant de troupes canadiennes en
Europe qu'il plaira à la métropole de nous
en demander, à disserter sur les avantages
ou les inconvénients politiques de la fédé-
raticMi impériale, à embrouiller de sophis-
mes la question des droits politiques des na^
tionalités, et à trahir, en faisant mine de la
— 53 —
déjfeidre, la tainorité canadienne-francwse
d Ontario. VAction catholique petit IcZ
timie. tant qu'elle le voudra de déclarer pé-
nodiqucment qu'elle n'est f»as l'organe^
l^n' ''^'^^"^^- Je sais, molTu'd!
le na nen répondu à l'impuUtion de tirer
de Samte-Anne-de-Beaupr<' une partie de sa
subsistance; qu'elle a été fondée par l'ar-
chevêche de Québec et maintenue avec son
concours actif ;.qu'au moment précis où on
lui demandait raison de ses louches manoeu-
vres politiques, \ts autorités de l'archidio-
cèse de Québec se déclaraient, dans la 5*^-
matne religieuse, entièrement satisfaits de
sa conduite, et faisaient faire dans les égli-
ses u„e nouvelle quête à son bénéfice, et des
prêtres du diocèse de Québec usaient d'in-
tmudation et de mensonge pour amener des
populauons timides et crédules à s'y abon-
ner; que ce qui se passe aujourd'hui dans
e diocèw de Rimouski s'est passé aussi dans
^ diocèses de Québec et de Chicoutimi.
Et. sachant tout cela, j'ai bien le droit de
demander: Qui trompe-t-on ici?
ce de lépiscopat dans des débats étrangers
i son ressort est toujours odieuse. Tdest
son prestige moral auprès des masses, que
même quand il n'a véritablement ni autori-
té m compétence particulière, toute discus-
sion avec lui est presque impossible. Et
— 54 —
de ced nous avons en ce moment un assez
frappant exemple, puisque le Progris du
Golfe, qui sur le fond pense comme nous,
a cru devoir, par prudence, se montrer sa-
tisfait de l'hypocrite "mise au point" de
V Action catholique; puisque pas un jour-
nal n'a osé nous reproduire, fût-ce en résu-
mé; et puisque M. Bourassa lui-même, visé
dans sa personne et dans son journal, n'ose
répondre à l'Action catholique que par dtf
allusions. Dans le cas actuel, l'odieux de
l'ingérence s'aggrave du froid parti-pris,
de la mauvaise foi constante, de l'audace
calculée, qui l'ont caractérisée depuis l'ori-
gine.
Iv'archevêché de Québec voit lui-même i
la fondation de l'Action catholique, après
l'avoir fait approuver et bénir par le Saint-
Siège comme oeuvre diocésaine. Au bé-
néfice de ce journal il ordonne chaque an-
née une quête dans les églises et met à con-
tribution les ridicsses jusque-là incontrô-
lées de Sainte-Anne-de-Beaupré. Il met pu-
bliquement en garde et au besoin menace—
toujours publiquement — les hommes po-
litiques qui croient pouvoir traiter l'Action
catholique comme ils feraient de tout jour-
nal qui ne serait pas un organe officiel de
1 épiscopat. Pendant quinze mois, dans des
questions purement politiques, où le Pape
lui-même ne tenterait pas de restreindre
— 55 —
lenuère liberté des fidèlet. U lui permet de
travestir l'enseignement de l'Eglise et d'in-
voquer i contre-sens l'autorité des évéques.
Cette prostitution de la doctrine catholique
et de 1 autorité épâscopale durerait bien dix
ans qu 11 n'y a pas d'apparence que l'arche-
védjé de Québec interviendrait, si person.^
n avait le courage de la dénoncer. Des
I!ÎÏ^T;^'^*• protestations, mie clameur
s élèvent Des jqmiialistes, faisant fi du sa-
lut étemel tel que l'entend l'ascétique D'A-
momji, vont même jusqu'à dire qu'ils s'en
prendront aux évéques, si les évéques con-
^tuent de prêter lem- nom aux simoniaques
cdculs de l'^c^n ,,,,,;^,, PnidL-
labbe D Amours que l'Action catholigZ
"LT ^.T. °''^*"*' ^"* ^'«^t» ^^ ses re-
lations officielles avec l'autorité religieuse,
un journal catholique à peu près com^e les
En même cemps que l'abbé D'Amours
par ordre de l'archevêché de Québec et
sous ses yeux, écrit cela, la Semaine reli-
gieuse organe officiel et recomiu de l'ar-
chevêche, publie, et l'Action catholique, bien
en vue, à sa première page, avec l'app-
probation évidente de l'archevêché et ccîm.
me pour narguer ses critiques, reproduit, un
article ou il est dit que l'Action catholique
-56-
se confond avec l'Oeuvre dt la
Presse Catholique, établie par IWchevé-
ché ; que ce journal a pour mission de fai-
re triompher le point de vue catliolique
"dans la discussion de toutes les questions
de religion et de morale, de nationalité et
de langue, d'administration poditique et
d'économie sociale"; qu'il a "fait de son
mieux pour réfuter l'erreur et répaodre la
saine doctrine" ; qu'il a "exposé la vé-
rité chrétienne et les préceptes de la
morale", "revendiqué les droits sa-
crés de l'Eglise" et "dénoncé toutes les
violations qu'on en voulait faire et qu'on
en faisait"; bref, qu'il a répondu pleine-
ment à l'attente de ses fondateurs, c'est-
à-dire de l'archevêché de Québec. — Ut
en même temps aussi, des prêtres envoyés
par l'archevêché vont de chaire en chaire
à travers Jes diocèses de Québec, de Chi-
couitimi et de Rimouski, prêcher comme
un devoir de conscience l'abonnement à
l'Action catholique.
Pendant quinze mois, l'Action catholique
fait de la politique au nom de la mtorale
naturelle. L'archevêché de Québec, voyant
l'abbé D'Amours en danger d'y peildre son
latin et sa théologie, lui permet de se tirsr
d'affaire ~ tant bien que mal — par une
"mise au p^int" qui est un tissu de men-
— 57 —
•«"««•; et en mène lempt, par cei mfanei
»>rètre» «gtnti d'abonnement i l'«ctivité
?„îrri. •*'*"*'" P«">-Eii«ène Roy,
fort, évidemment, de rw«*.tion ou de
I impotence de S. E. le cardinal B«em -
Mgr Roy di..je. fait dénoncer du hiut' de
1» chaire le. ^)urMilirtea nationalistes qui
o«nt contredire les thises politique, de
l'Action ealholique.
Ji y a dan. toàt cela une telle fourberie.
p., J,r.TT'"' * '"**" ••' '*8^ "»"
pa, mane de la morale, mai. de ta plua
élémentaire loyauté, qu'on en demeure
co^ondu. Contre de pareille, manoeuvre.
ra^. du pay, ,1 n'y a p., de protection po.-
a^le: c'est le coup au-de^ou. de la c^-
entre maquereaux, entre marlou,, dédio^
porté par de. évêque, à de, gens empêché,
par devoir de conscience de riposta, e,î
c^ affermir la gloire et le preati^e de l'I
C'est au nom des exigences de la mo-
H,~ >/• *°i'«"' <•« P'**« «'i»P<ria-
l'sme militaire, de condaa, er "le prS
revolut.om«ire des nationalité." (S™ J^
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Mlir et poigntnder les seuls défenseurs
infttigilbles et toujours fjésintéressés de
l'enseignement françiis au Canada. La
morale naturoHe — si en matière publique
son caractère éminemment relatif et sub-
jectif ne la condamne pas à rester le plus
souvent dépourvue de sanction — exige-
rait bien incontestablement que les évè-
ques, le clergé, les journaux religieux, fis-
sent leur part pour purger notre vie poli-
tique et sociale des voleurs qui l'infestent.
On ne voit pourtant pas que Mgr Bruché-
si fasse mauvais ménage avec la ratatouil-
le qui gouverne actuellement l'hôtel de
ville de Montréal, ou avec certains finan-
ciers notoirement véreux, mais qui n'ont
pas besoin de n'être pas des voleurs pour
être, aux yeux de Sa Grandeur, d'excel-
lents catholiqu«s. Et Von ne voit pas da-
vantage que le grand-vicaire die Mfer Bru-
chési fasse mauvais ménage avec les
grafters de fonds scolaires. Et si la morale
naturelle n'est pas inapplicable dans les
circonstances comme la guerre actueUe,
l'Action catholique, qui est sûre que le
droit est du côté des Alliés, devrait logique-
ment chercher à convaincre Benoît
XV que l'Egiiise se discrédite, confesse son
impuissance comme gardienne de da mo-
ralle, en n'intervenant pas contre la chré-
— 59 —
«etine AH«mg„e et la cathotiqoï Aotri-
che. Ma.. ,i ,« ,v«,«, pas X q»^^^
«toujours donner aux préceptes de fa
Tu^r .t^Te^trerr "'* '-
«. ^^«ut • * morale naturelle
s« condmsient avec aii*i««- ^^T '
d'honnêteté; ne W„t ?" ^"' '*'"^*""^
précepteurs de CKe'" ^"?^* '^*
rf« »... '""Toene, de mauvaise foi
& mensonge; âe rfpandentpas dan^ u
Ptupfc l'.m(pression qu'aux veux^T^ •
copat l'intérêt temp^^eldl^^K^i!"";
tout ce qui peut en avoir l'afa*- ~ ^
dessus de la bonne foi, de la vérTté deTC"
;T;tt:^'r''r''^-e-a?:^bt
M«c er pnvée sans lesquels il nV « « ^
-cifté possible, ni civi?e:i'r:L;^^r*
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