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Full text of "Manuel de la parole [microforme]"

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CIHM 
Microfiche 
Séries 
(l\/lonographs) 


ICIVIH 

Collection  de 
microfiches 
(monographies) 


m 


Canadian  In^tituta  for  Hiatorical  Microreproductions  /  Institut  canadien  d*  microraproductions  historiques 


Technicai  and  Bibliographie  Notes  /  Notes  technique  et  bibliographiques 


The  Institute  has  attempled  to  obtain  the  besl  original 
copy  available  (or  filming.  Features  of  this  copy  wihich 
may  be  bibliographically  unique,  which  may  alter  any  of 
the  images  in  the  reproduction,  or  which  may 
significantly  change  the  usual  method  of  filming  are 
checked  below. 


D 

n 

D 
D 
D 

D 

D 

D 

D 

D 


Coloured  covers  / 
Couverture  de  couleur 

Covers  damaged  / 
Couverture  endommagée 

Covers  restored  and/or  laminated  / 
Couverture  restaurée,  et/ou  peliiculée 

Cover  title  missing  /  Le  titre  de  couverture  manque 

Coloured  maps  /  Cartes  géographiques  en  couleur 

Coloured  ir)k  (Le.  other  than  Mue  or  black)  / 
Encre  de  couleur  (i.e.  autre  que  bleue  ou  noire) 

Coloured  plates  and/or  illustrations  / 
Planches  et/ou  illustrations  en  couleur 

Bound  with  other  material  / 
Relié  avec  d'autres  documents 

Only  édition  available  / 
Seule  édition  disponible 

Tight  Mnding  may  cause  shadows  or  distortion 
along  interior  mdrgin  /  La  reliure  serrée  peut 
causer  de  l'ombre  ou  de  la  distorsion  le  long  de 
la  marge  intérieure. 

Blank  leaves  added  during  restorations  may  appear 
wjthin  the  text.  Whenever  possible,  thèse  hâve 
been  omitted  from  filming  /  Il  se  peut  que  certaines 
pages  blanches  ajoutées  brs  d'une  restauration 
apparaissent  dans  le  texte,  mais,  lorsque  cela  était 
possible,  ces  pages  n'ont  pas  été  filmées. 


L'Institut  p  microfilmé  le  meilleur  examplaire  qu'il  lui  a 
été  ppr^sible  de  se  procurer.  Les  détails  de  cet  exem- 
;::^ire  qui  sont  peut-être  uniques  du  t)oint  de  vue  bibli- 
ographique, qui  peuvent  modifier  une  image  reproduite, 
ou  qui  peuvent  exiger  une  modilications  dans  la  méth- 
ode normale  de  filmage  sont  indiqués  ci-dessous. 

I     I      Cotoured  pages  /  Pages  de  cculeur 

I     I      Pages  damaged  /  Pages  endommagées 

I     I      Pages  restored  anà/or  laminated  / 
' — '      Pages  restaurées  et/ou  pelliculées 


D 

[Z 
D 
D 


n 


Pages  discoloured,  stained  or  foxed  / 
Pages  décjlorées,  tachetées  ou  piquées 

Pages  detached  /  Pages  détachées 

Showthrough  /  Transparence 

Ûuality  of  print  varies  / 
Qualité  inégale  de  l'impression 

Includes  supplementary  material  / 
Comprend  du  matériel  supplémentaire 

Pages  wholly  or  partiatly  obscured  by  errata 
slips,  tissues,  etc.,  hâve  been  refilmed  to 
ensure  the  best  possible  image  /  Les  pages 
totalement  ou  partiellement  obscurcies  par  un 
feuillet  d'errata,  une  pelure,  etc.,  ont  été  filmées 
à  nouveau  de  façon  à  obtenir  la  meilleure 
image  possible. 

Opposing  pages  '.vith  varyinp  colouration  or 
discolou rations  are  filmed  twice  to  ensure  the 
best  possible  image  /  Les  pages  s'opposant 
ayant  des  colorations  variables  ou  des  décol- 
orations sont  filmées  deux  fois  afin  d'obtenir  la 
meilleur  image  possible. 


D 


AddHional  comments  / 
Commentaires  supplémentaires: 


This  itam  il  filmad  at  the  riduclion  ratio  chackad  bclow/ 

Ce  document  est  filmé  au  taux  de  réduction  'ndiqué  ci-dessous. 

mx  14X  MX 


22X 


J 


XX 


UX 


Th«  copv  filmad  h«r«  hat  baan  rsproducad  thankt 
to  Iht  ganarosity  o(: 

National  Library  of  Canada 


Tha  imagat  appaaring  hara  ara  tha  bait  quallty 
poatibla  eonaidaring  tha  condition  and  iagibility 
of  tha  originai  cepy  and  in  Itaaping  with  tha 
filming  eoniract  apacificationa. 


Onginai  copiaa  in  printad  papar  covara  ara  flimad 
baginning  with  tha  front  covar  and  anding  on 
tha  iaat  paga  with  a  printad  or  illuatratad  impraa- 
tion.  or  tha  back  covar  whan  appropriata.  Ali 
othar  original  copiaa  ara  filmad  baginning  on  tha 
firit  paga  with  a  printad  or  iiluatratad  impraa- 
aion,  and  anding  on  tha  Iaat  paga  with  a  printad 
or  illuatratad  impraaaion. 


Tha  Iaat  racordad  frama  on  aach  microficha 
ahall  contain  tha  lymboi  — »  (maaning  "CON- 
TINUED'I.  or  tha  lymbol  V  (maaning  "bND  "l. 
whiehavar  appliai. 

Mapa.  piataa.  eharta.  atc.  may  ba  filmad  at 
diffarant  raduction  ratioa.  Thoaa  too  larga  to  ba 
antiraiy  includad  in  ona  axpoaura  ara  filmad 
baginning  In  tha  uppar  laft  hand  eornar,  laft  to 
right  and  top  to  bottom.  aa  many  framaa  aa 
raquirad.  Tha  follawing  diagrama  illuatrata  tha 
mathod: 


L'axamplaira  filmé  fut  raproduit  grica  à  la 
générosité  da: 

Bibliothèque  nationale  du  Canada 


Laa  images  suivantes  ont  été  reproduites  avec  le 
plus  gisnd  soin,  compta  tenu  de  la  condition  et 
de  la  netteté  de  l'enempiaira  filmé,  et  an 
conformité  avec  les  conditions  du  contrat  da 
■limage. 

Ua  axamplairaa  originaux  dont  le  couverture  en 
papier  aat  imprimée  sont  filmés  en  commençant 
par  la  premier  plet  et  en  terminant  soit  par  la 
dernière  paga  qui  comporta  une  empreinte 
d  impression  ou  dillustretion.  soit  par  le  second 
plat,  salon  la  cas.  Tous  lea  autres  e.  -mpleires 
originaux  sont  filmée  en  commençan.  par  la 
première  paga  qui  comporta  une  empreinte 
d  impreasion  ou  d'Illustration  at  en  terminant  par 
la  dernière  paga  qui  comporta  une  telle 
empreinte. 

Un  daa  symbolaa  suivants  apparaitra  sur  la 
dernière  image  de  chaque  microfiche,  selon  le 
cas:  le  symbole  -•■  signifie  "A  SUIVRE"  le 
symbole  V  signifie  "FIN". 

Les  cartes,  planches,  tableaux,  etc..  peuvent  être 
filmés  è  des  taux  da  réduction  différents. 
Lorsque  le  document  est  trop  grand  pour  être 
reproduit  en  un  seul  cliché,  il  est  filmé  é  partir 
da  l'angle  supérieur  gauche,  de  gauche  à  droite, 
et  da  haut  an  bas.  an  prenant  la  nombre 
d'images  nécessaire.  Les  diagrammes  suivants 
illuatrant  la  méthode. 


1  2  3 


1 

2 

3 

4 

5 

6 

MIC*OCOfY   DESOIUTION   TKT   CHAUT 

(ANSI  end  ISO  TEST  CHART  No.  2| 


^     APPLIED  IIVHGE    In 


1653   EasI   Moin   5t 
Rocheiter,    New 
(716)   *62  -030 
(716}   288-  -  jB: 


MANUEL 

DE  LA  PAROLE 


TRAITÉ  DE  PRONONCIATION 


Typographie  et  reliure  —  ED.  MARCOTTE 

B3,  Ru»  St-Pltft«.  Qujbffc 


c^ 


iV 


la 


MANUEL        R^'^'»^ 


DE  LA  PAKOLE 


PAB 


ADJUTOR  RIVARO,  A.B.,  LLB.,  AVOCAT 

PHOirt^EUI.    AUBÉoi    D'KUKJUTIOK    i   lA       .CULT*   DU 
ABTa   DK  L'uHIVÏMITÉ  lAVAL 


PREMIÈRE  PARTIE 
TRAITÉ  DE  PRONONCIATION 


QUEBEC 

J.-P.  GABNEAU 

IiibrAÎ  m- Editeur 

i»ôi 


1158 

V,  f 


157312 


DU  MÊME  AUTEUR 


L'Art  de  dire,  traita  dt  lecture  et  de  récitation,  i  vol.  in-12 
V-277  pages  (épuisé). 


i^SSSiF-^^^-^-^"^s.^ 


INTEODUCTION 


L'étude  de  la  lecture  à  haute  voix  et  la  pratique  de  l'art 
oratoire  prennent,  dans  l'enseignement,  une  imp<,rtance  de 
jour  en  jour  plus  considérable.  On  reconnaît  aiyourd'bui  que 
dans  notre  état  de  société,  il  est  indispensable  de  savoir  bien 
dire,  qu'un  cours  d'études  n'est  pas  complet  s'il  ne  comprend 
lart  de  parler  correctement  et  avec  expression,  et  qu'un 
Manuel  de  la  Parole  est  le  complément  obligé  de  la  gram- 
maire. Quand  Mgr  Hamel  et  M.  l'abbé  Lagacé,  -  à  qui 
surtout  revient  le  mérite  d'avoir  fait  connaître  an  Canada 
les  résultats  heureux  d'une  diction  clairw  et  intelligente  — 
commencèrent  à  parler  de  lecture  expressive  et  d'art  oratoire 
et  voulurent  en  introduire  létude  dans  nos  écoles,  il  y  eut 
des  incrédules.  Mai»,  i.  mesure  que  se  faisaient  sentir  les 
bienfaits  de  leur  enseignement,  l'art  de  la  lecture  devenait 
de  plus  en  plus  populaire;  et  maintenant,  l'utilité  du  mvoir 
dire  paraît  si  évidente,  qu'on  est  surpris  d'en  avoir  autrefois 
douté. 

En  face  de  cet  état  de  choses,  il  nous  a  paru  qu'un  traité, 
ou  les  principes  de  l'art  de  dire  seraient  exposés  avec  méthode 
et  qui  tiendrait  compte  particulièrement  des  fautes  les  plu» 
coiumnnes  au  Canada,  pourrait  rendre  quelques  services.  Les 
traités  publiés  en  France  ne  répondent  peut-être  pas  à  fout 
ce  que  nous,  Canadiens-Français,  leur  demandons.  En  France 
Ion  connaît  mal,  ou  l'on  ne  connaît  plus  certaines  fautes  de' 
prononciation,  qui  se  sont  acclimatées  chez  nous;  partant,  les 


"  INTRODUCTION 

ouvrages  français  ne  savent  pas  nous  éclairer  suffisamment 
la-dessus. 

Nous  avons  donc  tenté  de  faire  un  Manuel  Je  la  Parole 
au  point  de  vue  canadien,  et  ce  volume  en  est  la  première 
partie.  C'est,  à  vrai  dire,  un  traité  de  prommcùttion,  où  l'on 
étudie  successivement  les  sons,  les  mots,  les  plirases 

Les  sons:  leur  nature,  le  mécanisme  vocal  qui  les  pro- 
duit, leur  classification,  et  les  rapports  et  les  différences  qui 
existent  entre  eux;  les  vices  ordinaires  d'articulation  et  les 
moyens  de  s'en  corriger;  les  caractères  de  l'écriture  et  la 
valeur  phonétique  de  chacun  d'eux;  enfin,  nos  fautes  de 
prononciation. 

Le.  nwis:  la  liaison  des  syllabes,  leur  quantité,  leur 
accentuation. 

Le»  phrase,.-  la  liaison  des  mots,  la  distribution  des 
pauses  dans  le  discours,  et  le  mouvement  plus  ou  moins  vif 
plus  ou  moins  lent  de  la  parole. 

Tel  est  le  sommaire  de  cet  ouvrage.  Ces  matières  forment 
la  base  de  tout  enseignement  logique  de  la  parole.  Nous  nous 
sommes  efforcé  de  les  traiter  et  de  les  dis,K«er  de  façon  à  en 
faire  un  Manuel  clair  et  pratique.  Un  recueil  de  Morcea,^ 
cWaété  ajouté  à  la  partie  théorique,  pour  servir  d'exer- 
cices de  lecture  et  de  récitation. 

Au  chapitre  de  la  valeur  pAonétigue  de,  caractère,,  on 
trouvera  plus  de  cinq  cents  fautes  à  corriger.  Nous  avons 
appelé  ces  fautes  canadienne,,  parce  qu'elles  ont  pris  racine 
ici  ;  cependant,  la  plupart  sont  d'origine  française 

Une  langue  ne  doit  pas  rester  stationnaire  ;  vouloir 
I  immobiliser,  la  fi.™r,  c'est  préparer  sa  décadence.  Car  la  vie 
du  langage  est  dans  le  perpétuel  mouvement  de  ses  formes 
mouvement  lent  et  presque  insensible,  dont  le  peuple  est' 
1  agent  Et  cela  est  vrai  aussi  de  la  prononciation.  Non  seule- 
ment les  règles  de  la  grammaire,  mais  encore  l'orthographe  et 
a  prononciation  des  mots  changent  avec  le  temps.  Co,^t^o 
loquendi  eut  in  motu.  ^•Jiaruemao 


INTRODUCTION  III 

Maia  les  modifications  successives,  introduites  dans  le  lan- 
gage, ne  sont  pas  laissées  au  caprice  des  individus;  pour  être 
de  bon  aloi,  elles  ne  doivent  pas  trop  s'écarter  des  principes  qui 
ont  présidé  à  la  formation  première  de  la  langue.  Ces  change- 
ments s'opèrent  sous  l'influence  de  deux  forces  opposées  :  l'une, 
la  force  conservatrice,  qui  veut  garder  au  langage  ses  formes 
actuelles  ;  l'autre,  la  force  révolutionnaire,  qui  tend  sans  cesse 
à  le  modifier,  à  l'altérer,  à  l'engager  dans  de  nouvelles  direc- 
tions. L'action  simultanée  de  ces  deux  forces  doit  être  bien 
équilibrée;  la  santé  de  la  langue  est  à  ce  prix.  (1) 

Quant  à  la  force  révolutionnaire,  il  est  rare  qu'il  faille 
l'aiguillonner.  Elle  est  assez  vigoureuse,  et  trouve,  d'ailleurs, 
des  alliés  naturels  dans  la  paresse  et  l'inhabileté  de  nos 
organes  vocaux,  dans  la  tendance  qui  nous  porte  à  simplifier 
les  formes  grammaticales  et  à  les  réduire,  par  analogie,  à  un 
type  unique,  dans  le  besoin  que  nous  éprouvons  de  créer  des 
associations  nouvelles  de  sons  et  d'articulations. 

Il  n'en  est  pas  ainsi  de  la  force  conservatrice.  Moins  vigou- 
reuse que  l'autre,  la  force  conservatrice  est  trop  souvent 
vaincue  dans  cette  lutte  qui  est  la  vie  des  mots.  Si  l'on  n'y 
veille  avec  soin,  elle  offre  aux  ambitions  de  l'esprit  nouveau 
une  résistance  de  plus  en  plus  faible,  et  la  langue  devient  en 
peu  de  temps  un  jargon,  produit  d'altérations  excessives  et 
d'innovations  désordonnées. 

D'un  autre  côté,  si  la  forée  conservatrice  était  seule 
maîtresse  de  la  langue,  celle-ci,  ne  recevant  plus  de  sang  nou- 
veau, s'immobil.' serait,  sécherait  sur  place,  et  mourrait  bientôt, 
—  noblement,  il  est  vrai,  —  comme  est  mort  le  latin  classique, 
comme  serait  mort  le  français  peut-être,  si  le  romantisme 
n'était  venu  le  secouer  quoique  un  peu  trop  rudement  parfois. 

C'est  donc  le  rôle  de  la  force  révolutionnaire,  de  faire 
marcher  la  langue,  de  modifier,  de  créer.  C'est  la  mission  de 
la  force  conservatrice,  de  modérer  les  élans  trop  impétueux, 
de  résister  aux  entraînements  aveugles,  de  faire  un  choix 


(1)  Voir  la  Phonétique  de  A.  Darmeateter. 


IV 


INTRODUCTION 


Sue^ve^Lt^r  "Th"^Î  ""'  -~'- 1-  en 

Si  donc  U  4  d-alrCf  est"  "T  """  '™  ™""- 

de  ce8  deux  énergies  Iwi^  î  a  ,  ''"'"°"  "multanée 

.t  ,ue  ,we  d.e,r:;i?se^[:';r£r '^-^  ^^'  --" 

"r,  ie  langage  canadien  souffre  de  dpiiT  n,.,      i  .    ,  . 

.fe»;.  Mais,  d'autre  nTni'      '^   ''  '^'^*"'  ""^  »"»''nne 

r.vo.ution„;raff:Let'drr'eoÏr"  ^^  ''  ^"- 
Il  en  est  de  même  pour  la  prononciation.' 

verslmi,ie;tlTAe"èc^:"ef"'  """"'  ""'*"  '''  *'™"- 

I»  prononciation  en  us^^'rLTe".  '"'°"'.'"  ^"'"I"" 
«éparés  de  la  mère  .Tr^       .f  .    ''°^"*-     B™«'l"ement 

.ucunerelato„rve^eri:;  :T      "'  'T"^''  """^"^   ™"' 

prononciation,  q^deit, on  ""'.  ]'"  ''"^^"'"  "««« 
■nisejusquanôus  Or  »„»  ^  ?  génération,  s'est  trans- 
française nVteTp^'prfiT  '  Mr'°"'  '*  P'-«»«ia«on 
depul  lors.  eÎî:?:arïe  e  atbf  de"  'Z'r°"'''''^-' 

=:ecl^t^cssf^---- 
.a„cfs::^t-rr:rQS^^'-r 

Prononciations  ,„e  „ou3  ^^o^Z^^^^^^l^ZZ^i 


INTBODUCTION  V 

méritaient  en  effet  de  n'être  pas  oubliées;  malheureusement, 
J  usage  actuel  ne  les  admet  plus  et  veut  qu'on  les  évite  aussi. 
Cependant,  noua  devrions  avoir  pour  elles,  il  nous  semble,  tout 
en  les  condamnant,  le  respect  qu'on  éprouve  pour  certaines 
antiquités  nationales,  souvenirs  d'un  passé  glorieux;  comme  ces 
raines  anciennes  qui  racontent  l'histoire  de  nos  commence- 
ments, notre  prononciation  d'un  autre  âge  accuse  notre  origine 
bien  française.  Faut-il  en  apporter  des  preuves?. . .  Elles  abon- 
dent. Jarbe  (gerbe),  momieure  (monsieur),  mmchmiir  (mou- 
choir), acrère  (accroire),  At(r««(heureuxX  <»-(w.i«!Î(tromieur), 
pu  (plus),  cataplame  (cataplasme),  tyeter  (acheter),  jeval  (che- 
val), ««f«  edi  (mercredi),  barOÙ  (brebis),  «««•  (signer),  gml^u'^un 
(quelqu  un),  cAeu  nom  (chez  nous),  etc.,  —  ainsi  prononçaient 
au  XVIIe  et  dans  la  première  partie  du  XVIIIe  siècle,  les 
Français  de  France  qui  se  piquaient  de  bien  parler  :  ainsi 
prononce  encore  le  peuple  de  notre  province. 

Les  prononciations  vicieuses  canadiennes  forment  donc 
deux  catégories  :  les  unes,  trop  vieilles;  les  autres,  trop  jeunes  • 
les  premières,  respectables  souvenirs  d'une ^r/eurt  tombée  en 
désuétude;  les  secondes,  produits  d'une  langue  qui  se  déve- 
loppe sans  frein. 

Ce  sont  là  les  fautes  que  nous  avons  appelées  eana- 
dtennes. 

Mais  il  faut  reconnaître  que,  s'il  y  a  des/a«««  de  pronon- 
ciation canadiennes,  il  n'existe  pis,  à  proprement  parler,  de 
diS/auti  de  prononciation  canadiens.  C'est  k  dire  que  le 
Canadien  n'a  pas  d'accent:  il  parle /ranc,  il  ne  sent  pas, 
suivant  l'expression  de  Loysel,  fe  raTnage  de  «m  pay,.  Sans 
doute,  les  vices  ordinaires  de  la  prononciation,  véritables  mala- 
dies de  la  parole,  le  zézaiement,  le  grasseyement,  le  bredouil- 
lement,  le  bégaiement,  etc.,  se  rencontrent  aussi  chez  nous. 
Mai»  nous  n'avons  pas  de  manière  particulière  de  prononcer, 
qu'on  puisse  comparer  aux  accents  qui  se  divisent  la  province 
en  France  et  qui  fout  reconnaître  d'abord  l'habitant  des  rives 
de  l.i  .Seine  et  celui  qui  est  né  sur  les  bords  de  la  Garonne, 
dea  idiomes  picard,  normand,  français  (de  l'Ile-de-France),  et 


VI 


nrrBODucTioN 


.^ripZncT  "'""  -"""  '-«^  -  "tenir 

des  phrase,.  Ja  H  e  e,"!  W  "'  '"'  '^  '"""'»"»•  '«  »«"» 
=ïere„seig„.™e„  d"n  uti  "Tr""*''"'''"''''"''»"'"''' 
et  quelle  Persév附c  r^^ltt  Ï  Z''""^,''' **  •""''■''"^' 
ix-ur  mener  à  bien  le.  eierX™H    i^  ""  futur  niMicien, 

l'exécution  de  quelque  „?raXll"eT'r'  "'""'"«■  " 
les  effets  heureux  qu'on  3"^^^.  "'  J"»'""""  *"''"»" 
et  n'entretenait  en  lui  a^  'IZ  /''  '''"''"'"*'  '""<""<». 
perfectionner  J. . .      "  """""  '''  »°"  "'•  '«  d^ir  de  a-; 

appre'^d  'ZZT,  ^rKS  '"'''  "  "''  ""'  ^'  ''»""■'  ^ 
pas  moins  v,»i  quW  ,e  TJI  """^T"""  "''"  "  »'«<'' 
traditionnel,  une  lanZ  seraTt tr  Ji'  '''  ««t  enseignement 
dues  au  caprice  d  "Mv^du  T  "^  ""  ''  ""'  "■«•«<»»-»«. 
et  jusqu'à  la  forme  des  mots  ^7^''"'  """"•»""''<"> 
introduiraient  à  chaque  ^t'J  ""î.'""'  ■"""*"«»  »> 
maternelle  serait  unTtoisI  S'në',';^''""f  '  '"  '*"«»'' 
dans  son  intégrité  à  InluTTI'''^'"^^^'''"''''''^"" 
défend.  contrfles'mauvail^S^f  ""^"  '^'  '^''^  *  '» 

L'Adtbub. 


MANUEL 


DE  LA  PAROLE 


PREMIÈRE  PARTIE 


L'ART  ORATOIRE 


l.-L  art  oratoire  est  l'ensemble  des  règles  dont 
1  observation  est  nécessaire  à  l'expression  claire,  aoréa- 
ble,  persuasive,  des  idées  et  des  sentiments  pir  la 
VOIX  et  le  geste.  *^ 

Pour  communiquer  i  ses  semblables  ce  qu'il  pense  et  ™ 
»  UmcAer.  '""««Ses  de  façon  à  flre  «wprM,  à  charmer, 


2  MANUEL  DE  LA  PAROLE 

«.-La  diction  est  l'art  d'exprimer  les  idées  et  les 
sentiments  par  la  voix  ;  la  mimique,  par  le  geste. 

I    ^1  *".'?  !'  '*  ^^  "^  <•*"  instrumenta  de  la  nenaëe  et  da 

3.-La  correction  donne  au  geste  et  &  la  voix  la 
clarté  et  la  précision,  dont  l'orateur  a  besoin  pour  se 
faire  comprendre,  pour  intéresser,  pour  instruire 

L'harmonie  du  geste  et  de  la  voix  pfa{<,  charme  et 
séduit. 

L'expression  vocale  et  mimique  fcurnit  à  l'ora- 
teur le  moyen  de  toucher,  d'émouvoir,  de  persuader 
a  entraîner  ses  auditeurs. 

1     n*- 1*'  '*  f  .'''T,'?  ^'  •=*  '™''*  en  deux  parties  princinales  ■ 


DICTION 


4.-La  diction  est  la  partie  de  l'art  oratoire  qui 
traite  de  la  voix.  - 

w/A'rfir,''?'-''*"n°'  ?T'  '''e°  *  '»  '*'•«««•■<«,  qu'à  la 
bien  ni  tin  T'-^f  «■<='  "«"  a  point  d'autre^  et  qu?  récite 
I«HiL.^~^*'^.'^"r^'8^''^™'e°'e"' assis;  une  table 
le  dérobe  aux  regards  de  l'auditoire  et  lui  interdit  toute 
expression  par  attitude;  «es  mains,  occupées  à  Sle  Hvri 

geste ,  ses  yeux  ne  se  détachent  guère  de  lu  page  à  lire  Fn 
un  mot,  le  lecteur  doit  tout  exprimer  par  la  ™fx  seule 

5.— La  voix  est  un  son,  i.roduit  par  la  vibration 
dus  cordes  vocales,  au   passage  d'un   courant  d'air 


DICTION 


S 


caZÎ  ,'^««,P°""-<""'.  «t  que  peuvent  modifier  le, 
caisse,  de  résonanc.  forn.^es  parles  cavités  buccale 
nasale,  et  pharyngienne.  ' 

mu8ele8  èxpirateur»  exerçant  nnr,  1    ■  ^  "'"'"«ctîon   des 

l'air  e:n,»H^si„é"L?  ;^rorZe«ïcram:"L'", ''?""ïï^ 
artère,  et  Diuise  nnr  U  !.,„„,      ••i*''ï*  Par '«  trachée- 

corde,  voci:^^"  Cl^^l^'^^iZ^n^j:  Z^TrT  '" 
vibration:  dp  ces  vibmtim,.  X,,!»,.  i  «"'re  elle-même  en 
ensuite  dâna  le  pl.à  y^x  ÏÏ  ft,e,  „Zu  "««'-,1."  résonne 
est  renforcé,  moîlifié  et  ènrichr  "  '*  '^""=''^'  ""  " 

6.-1^  caractère  du  son  vocal  varie  avec  l'énergie 
disposition  des  cavités  résonnantes. 

tntenttlé.  —  La  teniim,  d«.  ?1^  ""*  *  '*  ^<»^  *on 

vibrations,   (fr^S"™  tl^f^r-X* '?„?""""■?  1" 

dulhTn^  ^""^  '''  l'instrument  du  langage  articulé  et 

.«^■"^i""^"^**  '"■"*'"'^  ^«'  ""  ''«'gaffe  artificiel 

form'ent  d     "";  '°"^  "^''  -'«nainoL' arbitrée 
forment  des  mots  auxquels    l'homme  attribue  dos 
significations  particulières. 

lat!;;;!^  "'""'*  '''  ""  '""«*«"  "«t-'^^'-  ^^ît  de  mod». 
nîr  7"\  '"«""''«-«■"ent  Produites  et  inter- 
prétées par  les  hommes,  et  dont  l'effet  est  de  renforcer 

ie.tc:;tS,r^''--"«---p"--p^' 


( 


•  MANUEL  DE  LA  PAROLE 

CORRECTIOX  DE  LA  PAROLE 

10— Pour  parler  avec  correction,  l'orateur  doit 
émettre  clairement  le»  «,„,  du  langage  articule  en 
donnant  à  chacun  «  valeur  prosodique,  les  décora- 
poser  suivant  l'analyse  logique  du  discoura,  et  les  faire 
entendre  distinctement. 

ll.-Le  discours  est  composé  de  propositions  ;  les 
propos,  ions,  de  mots;  les  mots,  de  sons  ;  et  les  sons 
«ont  notés  graphiquement  par  des  caractères  de  con- 
vention, appelés  Uttreé,,  qui  constituent  l'écriture 

La  proDondatlon  est  la  traduction  par  des' sons 
vocaux  de  ces  signes  graphiques. 

L'éti'de  de  la  prononciation  est  l'étude  des  rapports 
qui  existent  entre  les  smu>  d'une  langue  et  les  Zrac 
tire»  qui  les  représentent. 

iS"''  ™5P°'^  ?«  «""t  PM  constant»;  un  son  n'est  ma  tou- 

A.}^'~^  ^''*"'"  P*"»"^"*!»»    des  caractères  est 
déterminée  par  Vusage  et  par  le  géiiie  de  la  langue 

S  SB  V «  '*= -'-"■"'îK 
=s«sr;;s'Ë,ïii  iS 

nal  est  le  mieux  conservé.  Il  s'ensuit  que  nous,  qui  parlons  la 

uvuir  eiemi  i  esprit,  nous  devons  suivre  ce  nue  I'iiœ.mi  t^it  A^ 
changement  dans  la  prononciation  en  Fmnce  *^ 


CHAPITRE  I 
LES  SONS 


SECTION  I 
I.E8  CARACTÈRES  ET  lES  MNfl  0C  PRASÇAI8 

Art.  I.  _  les  Caractirea 

nous  vi:ift'L"a«nsCirr  ^  'î  i""*""  '"'"?'!«';  i' 
l'avaient  reçu  dXénllnt  TcTr  ^"v  O'.""  J  S»  G^C8 
aux  peuple/ de  l'Egypte  Après  le,^™'  ''""'"'".'  «"P™"" 
subies,  il  serait  étonnant  n>?;if-.  !    '.«msformations  qn'-'  » 

sons  qu'il  est  apurer  it^r'eS^'if''-'^ 

rô;  3  Uttrea  doubles:  ce,  œ,  w. 

formésde,Iett«./r,'r«,"rtr!S=t!^:'  '  """'  '°-" 


9  MANUIL  DE  LA  PAROLE 

(c)  6  tigntê  orUwgraphiquf»  :  l'occent  aigu  (-), 
l'accent  grove  ('),  l'accent  circonflexe  (-),  le  tréma  (-), 
la  cédille  (^),  l'apo^tropho  ('). 

Le»  aigneï  orthographiques  n'ont  fat  eiix-niArom  Rnruiie 
Taleur  phonétique;  umia  ila  peuvent  mudlHor  celle  de»  lettres 
qu  ils  accompagnent.  —  L'accent  aigu  peut  ne  mettre  aur  la 
lettre  e;  l'accent  grave,  aur  a,  «,  »;  l'accent  circonflexe,  aur  n, 
«,  I,  0,  «;  le  tréma,  aur  a,  i,u;  la  cédille,  aiiu»  e;  l'aïKMtroiihe 
marque  l'éliaion  de  l'une  dea  lettres  o,  e,  i. 

14. — La  coinbinaiëon  de»  lettres  Himples  avec  les 
signes  orthographiques  donne  naissance  à  treize  nitjnté 
accentué»  :  à,  d,  e,  è,é,  é,  l,  ï,  A,  û,  û,  6,  (•. 

La  réunion  de  certaines  lettres  simples  forme  vingt- 
deux  combinaiflons,  qu'on  appelle  HujiirH  eumpoxit,  et 
qui  ont  une  valeur  phonétique  particulière:  ai,ay, 
au,,  an,  am,  et,  ey,  eu,  en.  em,  in,  im,  ou,  on,  om,  yn, 
ym,  un,  nm,  ch,  gn,  ph. 

lie  tableau  coriplet  de»  signes  graphiques  représentant 
le»  MUS  du  français  comprend  donc  aoixante-troia  caractèrea, 
airiplea,  accentués,  ou  com|x>sés. 

15. — Tableau  complet  des  caractères  pliouë- 
tiques  du  langage  françaix. 

a  e  i  o  u  y 

àdèéëétï  à  â  il  ô 

m  œ 

ai  ay  au  ei  ey  en  ou 

an  am  en  em  in  im  on  om  «,'   um  yn  ym 

h  c  d  f  g  h  j  k  l  m  n  p  q  r  y  t  V  X  z  w 

ç  ch  gn  ph 

Art.  II.  —  Les  Sons 

16. — Les  sons  du  langage  résu!t"nt  du  passage, 
par  les  voix  respiratoires,  de  l'air  chassé  par  la  pres- 
sion pulmonaire. 


tEH  CABALTÈRES  ET  LES  SONS  7 

L'oxpul«ion  .le  l'air  ,»ut  pmduire  «oit  un  «,„j^, 
pnr  et  Hunple,  ao.t  une  voyelle,  «o,t  «no  c,n,.,m,e 

n.-Les  80IIN  français  sont  au  nombre  de  trente- 
trom,  8o,t  :  qvu,ze  voyelle,  et  dix-huit  consonnes. 

trop  délicates  ÏHmr^t™  nntT.   1     T  '^"'  ""»™«''  »"""'^nt 

§  1.  — LES  VOYELLES 

18.-D»  voyelle  est  une  niodification  du  son  vocal 

nLteTb^Sr'^""'"^'^^'*^'^''''"^-^'--: 

2» 


8  MANUEL  DE  LA  PAROLE 

Quand  la  résonance  se  fait  seulement  dans  le  pha- 
rynx et  la  bouche,  la  voyelle  est  orale  oapure.  Quand 
la  résonance  se  fait  simultanément  dans  le  pharynx, 
la  bouche  et  les  fosses  nasales,  la  voyelle  est  iiasale. 

C'est  le  voile  du  palais  qui  en  s'abaissatit  interrompt 
partiellement  la  communication  entre  le  pharynx  et  la  bouche, 
et  force  le  son  à  résonner  aussi  dans  les  fosses  nasales  ;  tandis 
que  le  sou  s'échappe  directement  par  le  pliarynx  et  la  bouche, 
sans  autre  résonance,  quand  le  voile  du  palais  est  levé. 

Chaque  voyelle  peut  être  longue  ou  brève,  à  l'exception 
toutefois  du  son  É,  toiyours  bref  en  français.  Mais  le  timbre 
d'une  voyelle  n'est  pas  altéré  par  sa  durée. 

19. — Le  français  compte  onze  voyelles  orales  et 
qiMtre  voyelles  nasales. 

Toyelles  orales 


FlOURA- 

TIOK 
DES  SONS 


± 
I 
0 
Ô 

u 

CD 
E  OU  EU 


XOMS  DES  SONS 


a  ouvert  ou  aigu  - 
a  fermé  ou  grave  - 
e  ouvert  ou  grave 
«  fermé  ou  aigu   - 


o  ouvert  ou  aigu  - 
o  fermé  ou  grave  - 


e  muet  ou  eu  ouvert 


eu  fermé 


Exemples 


Sons  longs    Sons  brefs 


comjtare  • 
vidnes  -  - 
mer   -  -  - 


lire  -  • 
honore  - 
alcôve  - 
dure  '  - 
tourd  ' 
demeure 

émeute  - 


bac 

compas 
bec 
école 
image 
choc 
héros 
dru 
cou 
veuf 
{très  bref  :|rK^ 
feu 


Nous  ne  faisons  qu'une  seule  voyelle  du  son  E  muet  et  du 
son  EU  ouvert.  En  effet,  I'eu  ouvert  n'est  qu'une  exagération 
de  I'e  muet;  ils  diffèrent  par  l'inte.isité  et  la  durée,  non  par 
le  timbre.  'Tandis  que  eu  peut  être  long  ou  bref,  E  peut  être 


LES  CARACTÈRES  ET  LES  SONS  9 


/ 


■  ou 


dernier  passe  à  i    A  conduit  An  n  ^'>"',  <=?"d"'t  à  È,  et  ce 

les  sons  interm/d  atres  Ê  êû  "  '^    u"^^'*'  "^  "  <'''"«'"  ""i 
et  0,  É  et  6, 1  et  ou!  '  '^'*™"^"'  «^^^  combinaisons  È 

Voyelles  nasales 


Figura- 
tion 

DES  SONS 


AN 
IN 

ON 
UN 


Noms  des  sons 


a  nasal 
è  nasal 
o  nasal 
e  nasal 


Exemples 


Sons  longs    Sons  brefs 


enfance - 
feinte  - 
momfe  - 


dam 
pain 
ôon 
brun 


complètement  le  ^J^^i  rff ,.  "*  ^  ^*  '  "'""^  "='  intercepte 
lient  le  pa.?«,ge  de  Uir  du  larynx  aux  cavités  du 


10 


MANUEL  DE  LA  t-AROLÊ 


nez;  ces  voyelles,  bien  prononcées,  ne  peuvent  être  accompa 
gnéesde  résonance  nasale.  Au  contraire,  dans  l'émission  des 
voyelles  a,  è,  o,  e,  la  communication  entre  le  pharynx  et  les 
fosses  nasales  n'est  que  partiellement  interrompue;  ces  der- 
nières voyelles,  par  conséquent,  peuvent  être  nasalisées,  c'est- 
à-dire  retentir  k  la  fois  dans  le  pharynx,  dans  la  bouche  et 
dans  les  tosses  nasales. 


§    2.  —  LES   CONSONNES 

20.  -La  consonne  ou  l'articulation  est  un  bruit 
produit  par  le  frottement  de  l'air  contre  divers  obs- 
tacles qui  s'opposent  à  son  passage  dans  la  bouche,  et 
accompagné  ou  non  d'un  murmure  résultant  d'une 
vibration  sourde  des  cordes  vocales. 

Les  consonnes  [«uveiit  donc  avoir  des  sonorités  différentes, 
se  prcxluire  k  différents  points  de  l'appareil  vocal,  provenir 
d  obstacles  différents,  et  résulter  d'une  occlusion  plus  ou  moins 
comjilète  du  tuyau  buccal.   Ue  là  les  classifications  suivantes, 

21. — I.  Quand  il  y  a  vibration  des  cordes  vocales, 
et  partant  murmure  laryngien,  la  consonne  est  voca- 
lique  (B,  D,  o,  V,  z,  J,  M,  x,  gn,  ll,  l  mouillée);—  (,uand 
les  cordes  ne  vibrent  pas,  la  consonne  est  soufflée  (v, 
T,  K,  F,  s,  ch). 

L  et  R  sont  à  volonté  vocaliques  ou  soufflées. 

Les  consonnes  vocaliques  sont  aussi  dites  i/ouces,  faillies  ou 
tonores;  les  consonne»  soufflées  sont  parfois  appelées  duret, 
fm-tes  ou  lourdei. 

II.  Si  l'obstacle  au  passage  du  courant  d'air  est 
formé  par  la  lèvre  supérieure  appliquée  contre  la  lèvre 
inférieure,  la  consonne  est  hthio-lahialc  (p,  B,  M);  —  si 
par  la  lèvre  inférieure  appliquée  contre  les  dents 
Bupéiieures,  la  consonne  est  ktbio-dentale  (F,  V);  — si 
par  la  langue  appliquée  contre  les  dents  supérieures 


tÉS  CARACTERES  ET  LÉS  SONS  1  { 

et  la  partie  antérieure  du  palais,  la  comonue  est  linguo- 
djale  (T.  D  s.  z,  N,  n,  I..  LL); -si  par  la  langue  appli- 
a..ée  <.,ntre  le  palais,  la  consonne  est  li.„l!L 

Gn  bien  p.,  loncé  devrait  être  une  ]iiiffuo-clpnt«Ip       n- 

ni  Si  le  canal  par  où  lair  s  échappe  est  dabord 
co.npleto„,ent  fern.é,  puis  subitement  ouvert,  la  con- 
sonne est  explosive  (P,  b.  m,  n,  t,  d,  ll,  gn,  k,  o);  s'il 
ost  seulement  rët.éci,  la  consonne  est  eoudnuer  V 
s,  z,  L,  CH,  .1,  r).  ''         ' 

donne  „a,»sa„ce  et  elle  s'éteint  auss^tA       elle  ,1  n  .„V        '"' 
iioncer  qu'«ccomfH,gn&,  précédée  o„  s„  vie  "m  é  vov   k    X 

iongé  tant  que  se  continue  l'expi  '     n  de  IWr  "^ 

1.  dans  lu  prononciation  est  »(,      -nt  exnlo^'iv^       i!  .    j' 

IV.  Si  la  consonne  retentit  seulement  dans  la  bouche 
e  le  est  ^.r.;  s,  la  consonne  retentit  aussi  dans  les' 
fo-«-s  nasales,  elle  est  n„mie  (m,  n,  Gx);-si  Ja  con- 
sonne sadjomt  un  l  ou  plutôt  un  yod  palatal,  elle 
est  momllse  ou  liquide  (ll  gn) 


12 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 

Consonnes 


CONSONKES 

PUEES 

m 

If 

Continues 

Explosives 

Voca- 

liqties 

Souf- 
flet.'! 

Voea- 
liqueH 

Souf- 
flées 

Labio-lafnales  -  - 

B 

P 

— 

U 

Lahiodentalei-  - 

V 
Z 

F 

D 

LL 

Linguo-dentales  - 

8 

T 

N 

L,  E 

Linguo-pàla  taies 

J          CH 

G 

K 

ON 

88.— Figuration  des  sons. 

Dans  la  jimiionctation  /(jurée  des  mots,  noua  avons  tou- 
jours employé  les  mêmes  signes.  Ainsi  le  signe  "g"  repré- 
sente partout  le  son  de  la  consonne  r:  tel  (|u'on  l'entend  dans 
garde;  "  s  "  figure  toujours  le  mm  s  sifflant  ou  ç,  liien  que 
parfois  nous  nylons  aussi  employé,  jwnr  représenter  ce  son,  le 
signe  "  c  "  ou  "  ç  ".  Les  groupes  de  signes  représentant  un 
son  simple,  comme  "  om  ",  "eu",  "/>/j",  "'J»",  "*■"■'„'""' 
imprimés  en  itali(iues;  "an"  représente  Vu  nasal,  "an 
représente  le  son  A  suivi  du  son  N;  " // "  représente  l'arti- 
culation L  mouillée.  Toutes  les  consc  mes  écrites  dans  la 
prononciation  figurée,  même  si  elles  ne  sont  pas  suivies  de 
voyelles,  se  prononcent,  exce|)té  celles  qui  forment  i)artie  des 
signes  composés  représentant  les  voyelles  nasales.  Les  syllabes 
sont  séparées  les  unes  des  autres  par  une  espace  ;  lorsque  des 
consonnes  redoublées  se  prononcent,  la  première  finit  une 
syllabe,  et  la  seconde  en  commence  une  autre.  La  liaison  est 
marquée  par  une  apostrophe.  Les  sons  sont  notés  sans  égard 
ii  leur  durée,  sauf  le  son  eu  ouvert  qui  est  noté  "  eu  "  ou  "  e  "  ; 
ces  deux  notations  correspondent  au  même  timbre,   mais  la 


LES  CARACTÈRES  ET  LES  SONS 


13 


seconde  représente  un  ^on  moins  accentué,  moins  perceptible 
moins  long.  Bien  que  noua  n'ayions  (ma  noté  la  juantit^  iî 
nous  a  paru  utile  de  faire  cette  distinction  ' 

On  pourra  Hu  reste  consulter  !c  tableau  suivant,  pour  con- 
naître la  valeur  phonétique  de  chaque  signe  empl<»yé  dans  la 
prononciation  hguiée. 

Dans  le  texte,  la  prononciation  figurée  est  généralement 
entre  parenthèses.  Quant  aux  sons,  pris  isolément,  on  les  a 
indiques  par  des   petites   capitales   (le  son   a,  l'articulation 

VOYELLES 


Le   \ 
«igné/ 


rreprûsente 
l    j<mra  le 


eû 


on 
un 


tou 


I  a  ouvert 
a  fermé 
c  ouvert 
e  fermé 
i 

o  ouvert 
o  fermé 


e  muet  trës 
eu  ouvert 
eu  fermé 
a  Tuwal 
é  nasal 
o  nasal 
e  nasal 


f  comme 
)^    dans 


bref 


l/wrcou  uifii 

nuinei  ou  poê 

mer  ou  bec 
école 

lire  ou  lit 
honore  ou  choc 
alcôve  ou.  héros 
dure  ou  dru, 
sourd  ou  cou 
le  ou  rioe 
ineurt  ou  l'eu/ 
émeute  ou  feu 
darue  uu  dans 
fiintt  ou  pain 
monde  ou  bon 
humble  ou  brun 


C0NS0NNB8 


Le 

signe 


/  représente  toujours  \, 
\       l'articulation       /" 


J 
eh 


/  comme  1 , 
t    dans    f^* 


s  (sifflante) 

ri 

( 


l  mouillée 
n 

y 

ch 

P  (dur) 
k 


pas 
mat 

V» 

fat 
tifizc^ 
ci,  si 

dos 

tevipa 

ras 

il 

taille 

nul 

JUS 

chute 
ffardr 
quatre 
tigne 


14 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


SECTION  II 

LE  MÉCANISME  VOCAL 

Nous  décrivons  sous  ce  titre  les  positions  et  les  niouveinonts 
des  organes  iilionntenrs,  nécessaires  iV  l'émission  des  sons  pro- 
noncés isolément.  I^iur  les  sons  groui>és  et  forniimt  des  mots, 
le  mécanisme  vocal  est  légèrement  modifié  ;  les  organes  doivent 
forcément  se  préparer,  pend.'.nt  qu'ils  i)ronoirrent  une  syllabe, 
i  émettre  la  suivante,  de  sorte  ((ue  leurs  divers  mouvements 
se  combinent  et  s'encliaînent. 


Art.  I.  —  L'émiinion  ile-i 


voy, 


7/ffl 


23. — a  ("  ouvert). 


Bouche:  largement  ouverte.  —  Denté:  à  i)eine  visibles. — 
Lèvres:  écartées,  immobiles  et  légèrement  tendues. —  Lam/iie: 
molle,  immobile,  étendue  dans  la  bouclie,  la  pointe  vers  la  base 
des  incisives  inférieures. —  l'oile  du  jxilah:  relevé,  mais  sans 
fermer  hermétiquement  les  fosses  nasales. 

34. — è  (c  ouvert). 

Bouche:  un  peu  moins  ouverte  que  pour  A.  —  Dent»:  l'extré- 
mité seulement  des  incisives  visible.  —  Mdelwire  inférieure: 
un  peu  avancée.  —  I.hirt.  .  légèrement  tirées  vers  les  commis- 
sures et  applii]uée3  contre  les  dents. — Lamjue:  bombée  trans- 
versalement en  sa  (lartie  postérieure  et  frôlant  les  trois 
dernières  molaires  supérieure.s.  —  Voile  ilu  jnilai»:  relevé, 
mais  sans  fermer  hermétiquement  les  fosses  nasales. 

25. — é  (e  fermé). 

Roiiche  :  moins  ouverte  que  pour  È.  —  Dents  :  visibles  et 
peu  écartées.  —  iCTifes ;  tirées  vers  les  commissures,  légère- 
ment tendues,  et  rapprochées  des  gencives. —  Langue:  dans 
la  position  indiquée  pour  È,  mais  la  pointe  appuyée  ferme- 
ment contre  la  base  des  incisives  inférieures.  —  Voile  du 
jHilais  :  relevé,  sans  fermer  hermétiquement  les  fosses  nasales. 

Souche:  presque  fermée;  la  cavité  buccale  rétrécie,  les 
mtchoires  rapprochées.  —  Vents:    se  touchant    presque,   et 


LE  MÉCANISME  VOCAL  J5 

que  pour  1 -S^r^Tw^  "'"''"**' .'i?"'™  '««  «encive, 
postérieure  et  mppr^hée  di  mlL"  7"  "■ 'f  "  "'  ''"  ^  f"'i« 

P;;^-re  du  p..a^ J..  et  fer^^l^^^Jill^ZrV;^ 
27 — fi  («  fermé). 

inf.rieùre.V^r  fetSrŒ  t^:^^r -' 


38. — o  (i>  ouvert). 


Buwhe:  inoiiia  ouverte  que  pour  X~De„f»-  i„..;<.Ki 
Lèv,-,,:  rK>rt&.sen  avant,  tension  .■„r*„alf-/„„r!--"r 
en  arrière,  a  partie  tm'>tùw«r,Xl  .'",'"',"'•    .^«".'/««  ••  retirée 
toucher  le  palais- Cl  /Tw T'"''P'  '?  ''""?'" ■'«'«'vée sans 
oomplèten,lnt"Vntre^rdt'foi:er;asa"r' "'""'''"^  °''^'"" 


39. — a  (0  fermé). 


/œaîs;  relevé  ma U  <'in'   «K»»-.         "=>^  "««"inage. —  toile  tin 
fosse.,  nasale,  '  "'•'""■•"''  obstruer  complètement  l'entrée  des 

30.-OH. 

■nent  les  fosses  nasales  ^""'""  ''«™'«tique. 


16 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


31. — e  ou  en  («  muet  ou  eu.  ouverte 

Bouche:  ouverturt  normale. —/)oi<» ;  invisibles. — Livret: 
position  normale. — Langw.:  état  de  repoa  complet. —  Voile  du 
palais:  relevé,  mais  ne  fermant  pas  complètement  les  fosses 
nasales. — Sotijte:  simple  exagération  de  l'expiration  ordinaire, 
accompagnée  de  vibrations  des  cordes  vocales. 

Autre  moyen  de  bien  émettre  le  son  eu  ou  e  muet  :  donnez 

d'abord  le  son  o,  comme  dans  hoinme  ;  puis,  laissant  les  lèvres, 

les  dents,  la  langue  et  les  joues,  dans  la  iwsition  qu'elles  ont 

prise  pour  l'éniis-sion  de  cette  voj'elle,  essayez  de  donner  le 

*  §on  È . . .  Le  son  qui  en  résultera  sera  un  E  muet. 

32.— eû  (eu  fermé). 

Bouche:  plus  fermée  que  pmr  E. — Ventt:  invisibles. — 
Lèvre»:  fermées  aux  cominissure.s,  et  portées  en  avant,  la  lèvre 
supérieure  soulevée. —  Langue:  la  jK)inte  abaissée,  les  bords 
relevés  et  touchant  les  molaires  inférieures. —  Voile  tlu  jKilnis: 
relevé,  mais  ne  fermant  pas  hermétiquement  les  fosses  nasales. 

Autre  iimcédé:  les  lèvres,  les  mâchoires  et  la  langue  se 
trouvant  dans  la  position  voulue  pour  la  prononciation  du  son 
0,  essayez  d'émettre  le  son  É,  vous  donnerez  infailliblement  le 
son  Eu. 

33.— n. 

Bouche:  la  plus  petite  ouverture  possible.- -/)««<» :  invi- 
sibles.— Lèvres:  serrées  aux  ccmimissures,  projetées  aussi  en 
avant  que  possible,  et  formant  une  i.>«ue  étroite  et  arrondie. — 
Lan{/ue:  les  bords  relevés,  la  pointe  touchant  les  incisive» 
inférieures. —  Voile  du  jialais:  relevé  et  obstruant  cimplète- 
ment  l'entrée  des  fosses  nasales. 

Autre  procédé  :  prononcez  ou  ;  laissez  les  organes  de  l'arti- 
culation dans  la  positi.m  iju'ils  ont  pri.se,  et  essayez  de  pro- 
noncer I,  vous  donnerez  forcément  le  son  u. 

34. — an  (a  nasal). 

Les  organes  dans  la  position  indiquée  pour  a,  i  l'exception 
du  voile  (lu  jmlais  qui  t-st  abaissé. 

La  nasalité  du  son  est  due  à  la  division  du  souffle  voca- 
lisé, dont  une  partie  s'échappe  directement  par  la  bouche,  et 
do"t  l'autre  passe  par  les  fosses  nasales.  Le  résultat  de  cette 
bifurcation  est  la  production  simultanée  d'une  résonance  pure 


LE  MÉCANISME  VOCAL 


17 

35 — In  (è  nasal). 
36 — on  (o  nasal). 
37. — un  (e  nasal). 

Art.  IL—  L'nrtieulUion  des  consonnes 
38.— b  (labio-labiale,  explosive,  vocalique) 

— I,.. ..  „„., ....  „,„„,„, ..  — ii..^  .î'ffljïi 

vibrer  le,  corJerv«=aler  Dwf  l™  P^'t'f'-él^n.sée  à  faire 


18 


MANI'EL  DE  I.A  PAROLE 


est  lin  B  souffliS;  et  l'on  |>cnt  tn  ilirc  atitnnt  île  v  et  ii,  de  z  et 
M,  (le  n  et  t,  île  J  et  en,  île  n  et  k.  (^uuiit  kux  consonnes  m  et 
N,  h  première  eut  un  B,  lit  xuconiiu  est  un  D  nuiialiitèii. 

39. — p  (labio-lablale,  explosive,  noufflée). 

/jèmt:  premée»  fortement  l'une  ciiiitre  l'uiitre,  pui»  miiiaréeii 
briLsipiement.  —  Lnimat  :  étenilue  iIhdh  lit  liouehe  et  iinnio- 
bile. — St}uj/te  :  éiierfj;ii)Ue,  non  voculirté,  d'abord  retenu  pHr  lea 
lèvres  fermées,  puiit  s  échappant  tout  fi  coup  ave-j  explosion 
(piund  la  bouche  s'ouvre. 

40, — m  (lubio-liibiale,  explonive,  vocnljinie,  namile). 

LnjreM  :  légèrement  pressées  l'une  contre  l'autre,  puis  brus- 
quement séparées. — Lamj^te:  étendue  dans  la  bouche  et  immo- 
bile.—  VoUe  du  iKilnU:  abaissé. — Suttffle:  plus  faiVde  que  pour 
B,  vocalisé  avec  résonanie  nasitle,  et  s'échuppant  tout  à  coup 
au  moment  où  les  lèvre»  se  séjiarent. 

41. — V  (labio-dentale,  continue,  vocalique). 

Lèvres:  lèvre  supérieure  un  lieu  relevée;  lèvre  inférieure 
appuyée  légèrement  contre  les  incisives  supérieures,  sans 
fermer  complètement  l'oritice  labial,  puis  écartée  brusquement 
par  l'abaissement  de  la  niAchoire  inférieure,  pour  compléter 
rarticiilation, — Oentx:  incisives  supérieures  en  partie  visibles  ; 
la  mâchoire  inférieure  retirée  un  |ieu  en  arrière. — l.nnrjiit: 
le  milieu  bombé,  la  pointe  appuyée  mollement  contre  la  gen- 
c've  inférieure. — Soiijffa:  faible,  vocalisé,  a'écliap]iiint  d'atiord 
aven  frottement  entre  les  ilents  supérieures  et  la  lèvre  infé- 
rieure, puis  sortant  librement,  pour  compléter  l'articnlatii-n, 
au  moment  où  la  niftchoire  inférieure  s'abaisse. 

48. — f  (labio-dentale,  continue,  soufflée). 

Les  organes  dans  la  position  indiquée  fiour  v  ;  mais  la 
/èwre  intnieure  appliquée  avec  )ilus  de  force  contie  les  dents 
sui)érieures,  le  srmjffe  plus  énergique  et  non  vocalisé. 

43. — z  (linguo-dentale,  continue,  vocalique). 

Lèvres:  entr'ouvertes,  légèrement  tirées  vers  l«s  commis- 
sures, et  pressées  contre  les  dents.  —  Dents:  visibles  et  se 
touchant  presque.  —  Lanrive  :  la  pointe  ferme  et  appliquée 


LE  MÉCANINME  VOCAL  jj 

".-S  (linguo-dental..  continue,  «ouffl^e) 
forim,  et  appliquée  avec  ,  uJ  ,/.  f  """'"  ''''  '"  '""«""  l'It  » 

45.-d(lin,n.o.de„talc..oxplo,ive,vooali,„«). 

l'exi-Hoi,  dr«^rX;,.t:;:"  ï'?''  «'""".i-m,™,  „va„. 
•"feneurc  retirée  un  |km    .n'arrK',  '"''.'' ■'''"'^''''"'  "'*''"'i« 

■luée  contre  le  collet  de»  inc^  C  'î^'  '»  l"""'''  "Pl'li- 
«intre  l'arcude  der.tairT .,    J  ■    ""  ""l^'-ieureB,  et  le»  ûrd. 

complètement  le  ,::X"  de  ti';''î:'l'''  '■*«""  *  '»  "'«P  er 
u^n  en  arrière  aï,  moment  dep'  ?  1"?"*  **  '"'""■«  ''"'«nue- 
yoç^hm,  s'ichapimnt  avec  ëxnlni""""''""'"— *"«»«  /  faible 

,  «""^  "•-  retire  en  arrière. 

*  (linguo-dentale.  explosive.  aoufBée). 

'«»^««pli^fe'?,,,e'*eTph,s'^f"''?  """l""*»  P""^  ";   mai,  I, 

de«.Me«„^,pîu:7:';ret'::frai!r  '""""^''  ^°"-  •'" 

*J-n  (linguo-dentale.  explosive. vocalique,  nasale). 

'«-y«.  SnTte're''le'r-/"",'"'^t^«  """  "^  "mis  la 
vocalisé  aveeré,o„a::;e '174  ''"  '"'"''  '"""^'^-  '«  "-U" 
^^48.-,  (,i„^„o.d,,e,,,.  continue.  voo„Ii,„e  ou  souf- 

£^fe?t^;:^^^r  ^:^rr«^^  -P^^enre  un 

la  pointe,  d'abord  aimlioa^"  ri»        '"■"™'«tion.-Za„,„™. 

Pal-«,ila  <'<^i^nXt^,ll\l";.lf^ie  antérieu«fdu 

3  'ncimves,  «abaisse  pour  compléter 


iir 


20 


MANUEL  DE  LA  l'AROLE 


l'iirtif'ulutiftn. — Sonfie:  vttctiViné  ou  tton,  H*éclmp|>«  <1\i1h)i'(I 
Avuc  frottuiniint  de  fliHi|iie  cût^,  eiitrt>  tfH  W^rd»  de  lu  Ittiigiu* 
et  les  iiiulaire!)  Mi|i<!rleurcii,  (luia  mim  obstacle  au  ninniciit  où 
1 1  |Kilnt«  (le  Ih  Uiikiic  «'«Imimir. 


explosive,     vocoliquo. 


49.  —  II     (linguo-dentale. 
liquide). 

hh're»  :  Ugèrement  éciirt^eii.  —  Dent»  :  légèremont  écHriée» 
et  vinililcH.  —  Liinuue  :  le  milieu  Imiuhé  et  effleiirttht  |ur  le 
noniniet  ilv  wt  eniirliure  lu  haut  (lu  pilai»  ;  la  pointe  toucliaut 
leH  rtlvéolea  ileutairv»  «upérieureH  ;  [xiur  '  niplélcr  l'articulu- 
tioti.  la  langue  «'ahaixiie  liruiu)uemeiit.  -  Sixufflt  :  vocaliw, 
faible  ;  H*éc'bap|Hî  d'ulwtrd  entre  Ich  niolaireH  et  le»  bords  de  la 
langue,  où  il  excite  deux  {letits  bouillonnements  de  salive, 
puis  sans  obstacle  nu  moment  où  la  lunfpte  quitte  le  juilais. 

V  l  niouilic'e  |H>urrait  donc  aussi  être  regardée  comme  une 
cons(mne  continue. 

Cette  iirticulation  est  complexe  et  difficile  h  obtenir.  Ce.  t 
une  combinaison  de  l'i  consonn.  L  et  de  la  voyelle  I  palatale 
(appelée  yinl^  et  i)ui  se  prononce  comme  //  dans  Cijtfit/e): 
pendant  i\\ie  la  iMrtie  médiane  de  la  langue  e.st  courbée  comme 
pjur  l'i  palatal,  la  pointe  est  relevée  comme  pour  I'l.  C'est 
le  g!  italien.  —  Uan»  la  pratiijue,  cette  articulation  se  dissout 
facilement.  Les  uns  séparent  les  deux  .sons,  L  et  I  palatal,  et 
les  prononcent  l'un  après  l'autre  (muni  yé).  D'autres  ignorent 
ctmiplètement  Vi/od  et  ne  conservent  i)ue  I'l.  (mou  U).  Le 
plus  grand  numéro,  enfin,  laissent  tomber  I'l  et  ne  gardent 
que  y i/ud  ( mou  j/é )  ;  jmur  ce»  derniers,  I'l  niouillée  est  un  i 
formant  dipl>t(jngue  avec  la  voyelle  «lui  précède  ou  avec  celle 
qui  suit.  Quand  on  i)r<)nonce  1'/  niouillée  de  cette  manière,  la 
pointe  de  la  langue  se  |K>se  près  des  incisives  inférieures,  et  le 
milieu  s'appliipie  complètement  contre  le  )>alais.  Cette  pro- 
nonciation est  en  train  de  remplacer  l'autre  ;  son  usage  est 
tellement  ré|)andu  (fue  plusieurs  grammairiens  n'enseignent 
que  celle-là.  Aussi,  faut-il  dire  que,  dans  l'état  actuel  du 
langage  français,  l'usage  autorise  également  l'une  ou  l'autre  de 
ces  deux  prononciations.  Cependant,  la  prononciation  que 
nous  Avons  d'alnird  indiquée  est  toi^ours  la  meilleure. 


60 

fiée). 


-r  (linguo-dentale,  continue,  vocaliiiue  ou  souf- 


Lh*rt$;    entr'ouvertes  et   légèrement  pressées   contre  les 
mts. — Dentt:  écartées  et  visible». — Langue:  repliée  de  façon 


dents. 


LE  MÉCANWMï  VOCAL 


SI 

I  «trtniité  do  la  langue ""  ""''""""n  <lc  l.uut  n,  liû  u„ 

t-  fe..e.,t  une  e.,.eo  ^ .o^iter^^rn:^  '<::;':t: 

•>»-J  (li..guo.pal„t.vle,  continue.  v.x=«hV,„e). 
vi-iWa,,  d'«br,r,l  mnnn«|,fc" .i*"   '■•"■">'i-»re,.-/J,„,,  . 

boni,  pre«,é»  contre  le  n«|»  1"  „■   ""^T^  ?'  «""ttijre    le, 
toucher    le    I«l»i,.-%j^;   •f.^l, L""""'  'tl^  «'»«  ««». 

î^ntre  le,  dent,,  ,„.i,  «WolJ^.,?  '  ''"■""-  '""■  '"  '""K.ie  « 
'"f«rieure  «'aUiise  '"'^'*  ""  '»°"'«"'»  "ù  la  mâchoire 

58.-CI,  (linguo-palatalc,  continue,  soufflée) 
'^  •"'«««  Wu-  fort,  plu,  épHr'p^l^érno^teîl'll'i™'''"''''''^''"' 

i;'H-tia;i«tiorilTn"id,f!rf fnférieu7e','»r' •'"''  V ""  """"«"'  ^e 
•t««.7«.-  la  ,K.i„te  abaissé  et  nr.!/'"  ''"'«'luetiient,-- 
(-"■ncive  inférieure  •   la  mrH.     ^^f^  °""'™  '"  base  de  la 

MOT  de  l'air,  s'abai^e  brusnuemVnt        """"Pletenient  le  ,ras. 

•'t  «'échappant  avec  einb^in,...,"'''''^"''*  Pif  '«  langue 
■-'  Po,itio„  normale.     '"  '"  ""'"'«'"  "»  '»'an«ue  repreild 

5*.-k  (linsuo-palatale.  explosive,  soufflée) 
P'"-  fort  e't  non  vc^lC'    "  '""*  ™"'"  '»  P»'"'';  'e  ««i^: 


22 


MANUEL  DE  LA  l'AROLE 


•    i 


55.  —  gn  (linguo-palatale,  explosive,  vocalique, 
nasale,  liijuide). 

Lèvres:  entr'onvcTtes  et  réunies  aux  commisamea.— Dents  ■ 
rapprochée!,— ia»!7Me;  la  pointe  appuyée  mollement  contre 
les  dents  iiifeneures;  la  partie  médiane  appliquée  contre  le 
palais  et  iibaissee  brusquement  au  moment  de  l'artijulation  — 
Km/e  ,/«;«/„„■  abaissé. -,V»,(/ff«,-  faible,  vocalisé  avec  réso- 
nance nasale,  d  abord  retenu  par  la  langue,  puis  s'échappant 
avec  explosion  au  moment  où  la  langue  revient  à  sa  position 
normale. 

On  devrait  être  une  N  mouillée,  compo.sée  de  l'articulation 
N  et  de  lyot/,-  la  pointe  de  la  langue,  par  conswjuent,  devrait 
être  appuyée,  non  pas  contre  les  dents  inférieures,  mais  contre 
le  collet  de»  incisives  supérieure».  Ce  serait  le  N  espagnol 
Mais  cette  prononciation  a  disparu,  et  celle  que  nous  indi- 
quons est  adoptée  partout. 

36. — h  (aspiration). 

L'My«'ra<!on  n'est  lias  une  consonne;  ce  n'est  nue  l'exairé- 
ratioii  du  souffle  non  vocalisé. 

v,'e  souffle  est  le  plus  souvent  à  |ieiiie  perceptible  ;  dans  la 
plupart  des  cas,  k  a  seulement  i«)nr  effet  d'empêcher  la  liaison 
et  de  séparer  les  voyelles  entre  lesquelles  elle  .se  trouve  ■  on 
I  appelle  alors  derm-aspiratimi. 

SECTION  ni 

«YMSASTKJUE  VOCALE 

On  ne  peut  songer,  en  parlant,  à  modifier  à  cliaqu'.<  instant 
a  iwsitmn  des  organes  de  l'articulation  et  à  leur  faire  exécuter 
le»  mouvements  |iarticulier.s  à  chaque  son.  Le  jeu  des  organes 
doit  être  inconscient.  On  peut,  cependant,  par  une  esiœce  de 
gymnastique,  dompter  ses  organes,  les  habituer  à  émettre  les 
sons  correctement,  d'une  fagon  mécanique,  sans  qu'il  s<;t 
iiéces-saire  d  y  apporter  une  attention  spéciale.  Pour  fortifier 
assouplir  et  di.scipliner  les  organes  de  larticulation,  pour 
taire  leur  éducation,  on  a  proposé  divers  exercices:  nous 
avons  choLsi  ceux  qui  nous  ont  paru  les  mieux  assortis  à  ce 
dessein. —tes  exercices  doivent  être  faits  régulièrement  et 
avec  jiersévérance.   Il  est  inutile  et  il  i>eut  être  dangereux  de 


'ÎYM.VASTI.    'E   VOCAÏK 


23 


1"™  des  exercice,  «u'Xl   on"  '"•""•■."-^i"*i"n  engé        " 
AHT.  I.  _  Exercices  pour  ai.el,lU„  U.  „,.,,„,,.  ^,^ 

§!■  — LE  VOILE  DU  PALAIS 

par  UTord^Surl  T^T^r  1"  "'"'■''''"  ""'bile  fivfe 

"se,  qui  résonne  a  ors  à  la  f,.;J  j        t  '*  courant  d'air  vooi 
nasales  et  la  bouolip     i  '*  '**"''  'e  pharynx   Ipc  f 

aupX^"--.  'a  -piration  doit  .tro  aussi  profonde 

permettre  à  lïir  V^,     P"''  ^'  ''*  ''°"=he,  sans 

bouche,  et  expirJl^:X.:r^"^^^^~^'' 
3* 


24 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


Cet  exercice  et  les  suivants  doivent  être  faits  :— une  fois 
lentement  et  en  suspendant  un  instant  la  resiiiration  entre  les 
deuxo,H!rat,„ns;--une  fois  plus  rapidement,  et  avec  suspen- 
aion  ;— une  fois  très  vite,  brusquement,  et  avec  sustiension  :— 
enhii,  une  fois  lentement,  une  fois  rapidement,  et  une  fois 
brusciuement,  mais  sans  suspendre  la  respiration. 

2.  Lii  bouche  fermée,  aspirez  par  le  nez  ;  ouvrez  la 
bouche,  et  expirez  l'air  sana  lui  permettre  de  passer 
par  le  nez. 

3.  La  bouche  fermée,  aspirez  et  expirez. 

4.  La  bouche  ouverte,  a.spirez  et  expirez  par  le  nez, 
saii.s  permettre  à  l'air  de  passer  par  la  bouche. 

ô.  La  bouche  ouverte,  aspirez  et  expirez  par  la 
bouche,  sans  permettre  à  l'air  du  passer  par  le  nez. 

6.  La  bouche  ouverte,  aspirez  par  le  nez,  et  expirez 
par  la  bouche. 

7.  La  bouche  ouverte,  aspirez  par  la  bouche,  et 
expirez  par  le  nez. 


§2.- 


-  LA  LANOUK 


La  lanf/ue  est  le  plus  important  des  organes  do  la  pronon- 
ciation, parce  qu'elle  en  est  le  plus  mol)ile.  La  plupart  des 
défauts  de  prononciation  sont  causés  par  sa  mollesse  et  son 
indocilité.  Les  exercices  suivants  lui  donnent  de  la  force,  de 
la  souplesse  de  l'agilité.  On  aura  soin  de  n'exercer  aucune 
tension  sur  les  lèvres  ;  toute  l'énergie  doit  être  dans  la  langue. 

68 — Exercices — l.  Ouvrez  la  bouche  et  tirez  la 
langue  autant  que  possible,  sans  la  courber  ;  puis,  brus- 
quement, retirez-la  dans  la  bouche. 

2.  Ouvrez  la  bouche,  appliquez  avec  força  la  pointe 
de  la  langue  contre  les  incisives  inférieures,  et  projetez 
le  milieu  de  la  langue,  courbé  et  bombé,  eu  dehors  de 
la  bouche:  puis  faites  reprendre  brusquement  à  la 
langue  sa  position  normale. 


GYMNASTIQUE   VOCALE 


25 

3-  Répétez  l'exercice  2   pn  .     i- 
pointe  de  la  la„g„e  contré  Z  ^^^^T^"^  «'«"e  foi.,  Ja 
4.  Abaisse.  afta„t  o  ,«        '"u^''  ""P-^rieures 

-;--;  app-iqueiri  ïï:/::::t  '"  ""-'"'-^  -■"'<^- 

d*'"  inciaives  sup,<rieurfs  Z  °"''","'"*'-'^ '«^ '•««'"« 
énergie, et abaiJ.toutTc'oun.''  '""«^  ''^<"= 
comme  pour  prononcer  ,!        "^      P°""''  ''«  ''^  '""^e. 

>a^bo;ie::etv:r£:r.r;'''-^-^'-d«ed^^^^ 

décrire  un  arc  en    ffleuTau  ',  \PT';  "'  ^«■^-'«i 

=-XoS-----£ï^:trt 

§  3.— LES   lÈVKES 

«vant  que  «es  résultats  »<.[",»  s^n^t:  "'""'"'"''^   '""«tX' 

59.  —  Exercices  —  j    4 

contre  l'autre  avec  force  en  k^^'T,  ^''   ^'^''^   ''""« 
P»-  ouvre,  la  bouche  b;u,oul        "  ''""^  ''^''''^^  ^ 

2.  Réi^tez  l'exercice  1    eTr,'  """'  ''''^'''''■■ 

3.  La  bouche  .^tant  ouv      e  fet  "^'r'"'^^- 

-  apph-quant  avec  force  le" ttsrut     '^"■'''— ' 
sans  respirer.  *"  '  ""e  contre  l'autre, 

4-  Répétez  l'exercice   1    o^ 

^:fr  énergique  entre    es  'irre'Tr"'  ""  '=°"^»"' 
«écartent.  "^  *"  moment  où  elle.» 

S.  Répétez   l'exercioo   o 
'l-r  énergique  entre  les  lUy ''*""'  ""  '=°"-»f 


26 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


6.  Répétez  l'exercice  3,  en  projetant  par  la  bouche 
nn  courant  d'air  énergique  avant  que  les  lèvres  8e 
réunissent,  de  faç^n  que  le  souffle  soit  arrêté  bruscjue- 
uient  par  leur  réunion  soudaine. 

7.  La  bouche  fermée,  tirez  les  lèvres  vers  les  com- 
missures, comme  pour  rire  ;  puis  portez-les  brusque- 
ment en  avant  autant  que  possible. 

3.  Répétez  l'exercice  7,  la  brjuche  entr'ouverte. 

Art.  n.— Exercices  sur  cluique  «on  en  particulier 

On  lira  les  phrasea  suivantes  lentem.Mit,  sans  inflexions, 
préoccupé  seulement  d'émettre  les  sons  correctement  Au 
besoin,  on  consultera  le  chapitre  du  Mév„nime  vocal  et  l'on 
sefforcom  de  donner  aux  organes  la  iK.siti.m  indiquée  ixmr 
chaque  son.— Ces  phrases  ne  sont  pas  proiwsées  pour  modèles 
de  style;  si  quelques-unes  sont  tirées  des  meilleurs  ouvraïes, 
es  autres  n  ont  de  valeur  que  par  les  difficultés  de  prononcia- 
tion qu  e  les  présentent,  et  c'est  i  ce  s.nil  point  de  vue  qu'elles 
ont  été  choisies  ou  comijosées. 

60 — a — C'est  de  \à,  par  Allah  !  qu'.4bd«ll((h  s'en 
alla.— ^brulmm  chnis.s^(  ^gar,  pensant  p«r  \,\  calmer 
l<t  .jalousie,  apai.ser  U  colère  de  Sara,  sa  femme.— 
Diins  tout  avocat,  il  y  a  un  candidat  à  la  m((gistra- 
ture.— Le  Parna3.se  parla  le  langage  des  halles. —Il 
connaîtra  trop  tfird  le  résultat  du  combat  sur  les 
remparts.— ÇVi  et  là  flottaient  des  étendards,  et  un 
général  chamarré  faisait  caracoler  sa  cavale  devant 
les  soldats.— La  meute  de  Diane  aboya  sur  l'Œta.— 
Raton,  avec  sa  ptttte,  d'une  manière  délicate,  écarte 
un  peu  la  cendre  et  retire  les  doigts. 

61 — â — L'dno  porte  son  brît.— Ils  p<(ssent  ;  les 
pierres  sous  leurs  pf(s  roulent,  les  branches  cassent.— 
Ses  décorations  lui  gagnaient  l'admiration  des  uns  et 


OVMVASTIQUE   VOCALE 


les  milJeries  des  autres      D 

eom„,e„"aÏt";7r' ]f  trT  T  '"""""  ""^""'-t''.  «n 
•-"r  le  son  À  (.V  fe™,  „„  ^^^^J  <*  «oy".).  pou,-  fi^r 

^  pour  finir  su,-  lelr/  """'  "'-"-élément  au  son 
---^fl':^.:^Sr^,2^"eur.  .es  „Uen- 

g-Hl  «..tin.  ce  n>rftir.  S    r^""  '"  ™"-"«- De 
e,_._j^  '*""""  ^•"««'■me  de  diable. 

'^-"■•t  tous  I.,  nmtin   ia°T     "    ""  ^"'« -Bris,urt 
«-  a.^P^ct.  .sa  «  Jlfu    l'iall  '  ^™'^"^^''^  ~ 

«««-«es  se  passèrent,  et  To  nt  de  P    '"  '     ™'  '^^ 
"""■et  le  ciel'^r'T  '''''■''•    toujours  la 

'-  P-^.ot  .■onXj^^^L^r,'^  ^°-^' j'^^'-t« 
paraître.  P°"'  '"  P'"'^  tout  mon  r«..sp«et 

-^--tiS^J^rST^-^'^P"-^  ont  éU  „„t^ 
:f<--  bra,  qu'un  corps  d^n..^  '^''P''' " »  '""««^dans 
--.^Jus,„.„-ddf"ii-î-;-^. 


28 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


:  M 


dVtt'roi. — Enée,  lis'ros  aiin^  des  dieux,  a  pe'iiAr^  dans 
r^rèbe,  IVtcriiel  .sejoiu'  des  ténèbres,  où  ffcniisseiit  les 
trépassas. 

65. — i. — Li  vengeance,  voilà,  quand  ce  héros  expire, 
à  travers  les  périls,  ce  que  son  fils  dés/re.  —  Dans  le 
pays  d'/sis,  l'Jbis  tran(|u/lle  bâtit  son  nid  parmi  les 
lis  et  les  iris.  —  Je  le  vts.je  rougis,  je  pâlis  à  sa 
vue.  —  Une  ivresse  ignoble  inocule  dans  son  imagi- 
nation une  irrésistible  inertie.  —  Quand  Pluton, 
irrité  contre  Proscrpine,  fronçait  les  sourcils,  l'enfer 
frémissait,  chacun  songeait  à  fuir,  et  vite  Cerbère 
rentrait  dans  son  chenil.  —  La  phj/siouomie  de  ces  six 
bandits  sinistres  et  le  récit  des  dix  crimes  qu'ils  ont 
commis  leur  attirent  l'antipathie  et  l'inimitié  des 
inoins  inhospitaliers. 

66.— 0.— L'honneur  parle,  il  suffit,  ce  sont  lames 
oracles.  —  Je  me  n)oque  des  sottes  gens.  —  Orateur» 
monotones  et  mornes  auditeurs,  tout  dort.  —  Solide 

comme  un  roc,  ce  colosse  résiste  à  tous  les  chocs. 

Le  Chandor  prit  à  b^rd  l'or  du  trésor  qui  dormait 
dans  le  fort  et  l'emporta  hors  du  port.  —  La  vie  est 
une  poste  à  trois  relais  :  d'abord,  pour  le  nom  qu'on 
nous  donne,  on  nous  met  en  carrosse  ;  puis  notre  second 
train  nous  porte  à  notre  noce  ;  et  le  troisième,  hélas  I 
est  celui  de  la  mort. 

67.— ft  et  0. — 1  et  2.  Répéter  les  exercices  1  et  2 
du  Ko  02,  en  substituant  Â  à  A,  et  o  à  Â. 

3.  Ame,  homme. —  Aae,  or.  —  ^cre,  ocre.  —  Trfche, 
torche. —  Jtre,  votre.  —  Orncle,  cnrrosse,  Nicolas, 
Thomas. 


29 


OVMNASTIQUE   VOCALE  ^ 

to-ro    et   Kicho    répète  e^oo  f"""' ^°"  ""''■•- 

aeeue,„i._ï,         1  api";,""   ^'"'"^   1"i   'ont 
vers  vou.,  autres,  disp,,,."^",  ""''  '^''veaux,  c'est 

^  droite,  à  ga^ehe,  àt,  ^pC^V*'  '^'""'^  *«-'' 
««n«  nul  repas.  ^"'P"^-  ^'^  1"  il  chevauche 

cZr'l'r  '^'^W--^  to£  ,°'1';7-P«  et  dans 
Cook,  poète  com,.,e  AWre.chas  anH^  ^''^''"'-  ^""'"e 
«  Io«P,  et  s«,.s  le  j„«g  du  travan  T' P^^-'^'-ivant 
«te.  P««r  noMs  charmer  t^f  '"'"^>"*  «"«^ent  la 
t««8  les  pays.  '""'^  ''''  "-"*  '-écits,  il  parcourt 

70 — e  ou  eu j^  „.  ,^     . 

gard.  „„  «,er«t  lor.snu'on  C  iT"  ''T  '^P' -  Crois-l. 
t-;-  d.  la  scienc.  trouv"  t   '  "'  ~  ^' ■"'  ?'•<'?''&«- 

d«  l.«rs  efforts  i'indiffé  '^,^:,y. '-J°"- pou^^^^^^ 

tout  r,e,nt.  "  "'^"•^'  vieillesse  ep  jg^j,^ 

-s  y...  bl..,  ,„„,^,„,  2;  -"t  rester  n.„tre,  mais 
i^'-«  comble™  leurs  v*,'/ Tr  r^"'" '«^^  P^rs  ! 
Ponr  demeure.  ^"^  'eur  donnera  les  deux 

73 ^n      V 

u. —  Vainctt,  déci))/  lo      •    , 


30 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


prunier  près  du  mi(r,  tous  les  friùts  sont  nuira. — 
Le  champ  (|ui  la  re(,'Mt  la  reml  avec  «stire.  —  Sons 
Lyoïrgui",  quand  un  ilote  avait  bit  et  faisait  la  culbute, 
le  ])ère  disait  h  son  fils  :  Vois-t»  ?  En  voyant  tomber, 
on  ('vite  »ne  clii'te. 

Î3. — an. — l.  Les  lèvres  closes,  faire  entendre  le 
mur)i}inr  hivipKjicn  accompagné  de  résonance  nasale, 
qui  précède  l'émission  de  la  consonne  M  ;  puis,  ouvrir 
la  bouche  lentement,  sans  faire  entendrj  l'articulation 
M,  et  sans  modifier  aucunement  le  caractère  du  son 
laiyngien  nasjilisé,  mais  en  le  prolongeant  sans  inter- 
ruption ;  fermer  ensuite  la  bouche  et  éteindre  le  son. — 
Faire  successivement  cet  exercice  sur  les  sept  notes  de 
la  gamme. 

2.  Des  brigands  et  des  bftndits  malfaisioits  rôdent 
d(((is  les  Cfdiipagnes,  et  passent  leur  tfmps  à  tendre 
aux  gens  de  méchfoits  guet-apoîs.  —  Le  marclmnd 
(«ubulfOit,  suiis  argent,  attend  avec  patie»cc  les  cha- 
Ifinds.  —  J'ruteiids  des  clmiits  oigageioits  chantés 
par  des  gcHS  obligeioUs.  —  Sans  prévoyavice,  ce  mar- 
chand imprudent  se  lance  souvent  dans  des  entre- 
prises extravagantes  et  dangereuses. 

74. — in. — 1.  Répéter  l'exercice  1  du  No  73. 

2.  L'i  nstinct  est  l'intelligence  du  chien.  —  Un  lutin 
malin  fait  tinter  le  timbre  d'airain. —  Le  peintre, 
dans  son  dessin,  a  peint  un  daim  sur  un  terrain 
lointain. —  Ce  citoyen  craint  pour  ses  biens  les  des- 
sein» de  son  prochain;  dans  son  coin,  pour  un  rien, 
la  peur  l'étreint.  —  /nvincible,  le  priîice  feint  de 
ci-aindre  et  met  un  frein  à  son  impétuosité,  mais  c'est 
pour  vaincre  plus  sûrement. 


Oï-MNASTIQUE   VOCALE  gj 

75.-«„._l.   Rép^t,,  ,.^.^^^.^^  j  ^^  ^^  ^_^ 

2.  Les  toow»  font  leur  ronân  .n-  i  i 

ouvrage -M^Wn"  ""  V''  '"  """"^o  «»'  «- 

«—nn—l.  i,epétcr  Texerciee  1  du  No  73 
"je«»  était  com>n«.«  chez  les  H,'I,  ^^^'^ 

W.illa.d.  ?,al6ut,e  beaucoup  A  ^  '""'""  '''""'^ 
par  -SOS  Wnes,  „•  ieruTlrirnl'"-  C  /"T '■' 
'"zaïre  n'a  dans  la  Ao.,^I,o  -"^"^"«'S-  —  Ce   bouffon 

Wdesjes  Wind    o.    '  '"'  des  billevesées.  -  P», 

i4iHt';jr;L";r;^^^^^^^     /-^-^  -^ans  sa 

vient  -Le«i-Lr    !^  °"  personne  ne  mr- 

-iu  trône  rsrrujr/ttn""-^'  ''^"■'-^"•^-"^tif 

Passons  et  reJCs„,!l        ^'"■'   «'î''"agenaire.^- 
de  Paris.     ^  ^'"  ''^'^'°'"'''  "es;,lus^o^ulaires 

J'î^'^ïifSi.'Sr^'^"^"--'- 

«""e    méfaits.  -  Le,    Z  «mensonge  et  à 


32 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


L'éclnt  lie  mon  nom  niC'inu  augoiente  won  Hupplicc. — 
Il  ne  rtiH  traitait  point  coHiyite  um.-  crimiiiflle.  —  J/e» 
crimoH  ilésoi-»iais  ont  jxisxé  la  vfu'snre. — Non,  ;1/adanic, 
en  mon  sang  mn  main  n'a  point  treni|)é.  —  Cliaqnu 
i«ot  sur  »ion  front  tait  drcssur  /lies  cliiwenx. 

80. — V. —  Voyez  cette  coyante  voyageant  l'ers  les 
î'icants  pays  dont  le  rèoe  enehante  8a  vie. — Vois  les 
coiles  caporeux  îles  rofttes  où  t'ont  «viller  et  prier  le» 
moines  lénérés. -  ^l■ez-l•ous  eu  le™  /'ivgnes  livides 
fomies  par  le  V ■  ''.re  sur  lei  ivrgers  et  1<'S  lignes 
l'iraces  de  la  l'erdoyante  l'illa  de  l'alère  ? —  Lu  l'ieil- 
lard  est  rei'enu  l'olontiers  aux  ifieux  de  sa  jeunesse, 
et  cit,  plein  de  l'ertns  ricitiantes,  dans  le  courent 
loisin. 

81.— f. — En  Flandre,  sur  le /lanc  des  monts,  des 
/locons /luttent  dans  les /la'|ues.  —  Sa /einte  /olie  /it 
/uir  des  /êtes  /unèbres  la  /ouïe  des  /ivoris  et  des  /lat- 
teurs.  —  Dé/ilez, /ils  de  la  nuit, /eux-/oll(  ts /alots, 
/ar/adets  /anta;-.|Uos,  et  /antônies  /ous  ;  les  en/tiuts 
/rissonnent,  les /emmes /rémissent,  les /im/ivrons  s'en- 
/uient.  —  De  /rai»  par/uuis  sortaient  des  tou/f'es 
d'as^>/todèle. —  Et  P/tèdre  di/férait  à  le /lire  punir. 

82. — z. — Vous  avez  vu  dans  Venise  maints  palais 
anciens  et  bizarres. — Et  le  s  biîarre,  au  corps  ratatiné, 
deux  fois  dans  un  sigîag  se  montre  ile.ssiné.  —  Dans 
la  2Ùne  des  déserts  arides  et  nus,  les  hommes  n'ont 
rien  pour  soulager  leur  misère,  pour  apaiser  leur 
faim.  —  Légère  comme  le  îépliyr,  la  gaselle  cherche 
un  asile  dans  les  plaines  herbeuses. 

83. — s. — Sous  ce  sombre  sapin,  il  s'assit  en  silence 
et  s'endormit  sans  soupirer.  —  iS'ous  ces  si   sincères 


OVMNASTIiJLE  VOCALE  33 

xi  loin  .,u'„„  n.  .ah  .i  .e,  "a  77  "^P'""  '~"' 
-in  -.ait  «o>.  .„,,«  .ans  ,:."  •  "~  «;"""''"  ""■  "'" 
cofttent  ,ix  «M,M  cvs^iv '".- *  '■^'''  «"^  '•■Rare, 

K.A-e.    .-  l'ou..  ,ui  «...t  ces  «  Zt"     -"ffl"'?   " 
vos  tt^tos  l  '-'in.ms  t|ui  «ifflt.nt  sur 

''ina,...o„,..,,„j:;t:^ix?™t--^i.io„ 
Hor^J;i;^:;:r:'?t:rr'""^"''"'^'- 

bler  mon  b.c^.vLe     Jit  eÎ        'T   ,"■  '""'''''  ''"^  "°- 

3..^t^o;d:!;:;::::p^"";:.  ;-"-"  "«t"..iie,ne,.t 

-i^^  «.faste.  Ji:,-,;^-^;:^:™"'','- 

empêché  les  ho,!»étes  »,inl„.  ■        ?   "■'"'•âge,   «'ont 

Hur  leur  navi.        1"" Ï^     "'V  ".'""'■■'" '''^"^  '^"'■' 
«•ho»ore.  •     •  ''  "'^''^   '■"'"   'lue  Aa«i«e 

„  .^'^ — ' — ^^  vaci//ante   luciole    fn//„    ; 
a>r  son  aife  Mgère.  -  K  a^tûri    e't  wL   "^'^ 
et  fanguissant,  vers  fo  «/n,.!,      j  ^V  ',.       '  ''"''■  *'^'de 
/wèvTel  sa,w/:,  /v       r  'Vise  tointaine.- 


34 


MANrEL  DE  LA  PAROLE 


treitib/u,  lu  /oiig  de  /'oaii  dan»  /'oanis,  /orxqu'iWatu  vu 
])/einu  nuit,  daim  Iv  Hi/onci^  du  lu,  «i/itudn,  le  ^intaiii 
i'ii{;i8i4eiii«nt  du  /ion. 

88.-  II. — Feiii//t'  i\  fuui//<>,  ceH  juiinvN  ti//us  f n  dfui/ 
ont  recuei//i  dans  leurs  corbei//os  la  (l(5i)oui//o  de» 
ti//eulH.  —  Son  (pi/,  ensoli'i//^  jmr  lejiH  veiineii  de  la 
trei//e,  croit  voir  dos  niervei//uH  dan»  la  boutei//e.  - 
Ce  {{enti/lioniino,  dauH  la  batai//e,  a  tHo  blesmi  par  la 
mitrai//o  des  asMai//ant».  -  Une  j{reni)ui//e  vit  un 
Ixenf,  (|ui  lui  neiubla  de  belle  tai/'e. —  Portez  ces  cail- 
loux, et  ces  co<iui//ages  ai//uur».  —  Cet  éventai/  en 
fcai//e,  i^rni  de  corai/  et  d'éinai/,  est  d'un  admirable 
tnivai/. 

89. —r.-  Les  clwétieus  croient  au  Christ  crucifié. — 
/ioland  le  pi'eux  rompit  au  rocducsiv  rude  Durandal, 
et  retombant  rendit  l'Ame  religieusement.  —  On  fait 
descendre  entre  les  marbres  pourpres  les  pauvres 
prêtres  qui  devront  confondre  les  tniltn.'s  dans  leur 
opprobre.  —  Les  ?'ivaux  roulèrent  dans  l'arène,  et 
repoussés  par  les  rires  des  curieux,  reculèrent  en 
arrière. 

90, — j.' — Il  jouit  de  la  jeunesse  et  joue  tout  le  jour 
avec  joie  dans  le  jardin.  —  Justice,  0  ./éliovah  !  le» 
Gentils  jettent  aux  (/émonies  tes  j/énéreux  justiciables; 
jamais  jusqu'à  ce  jour,  tes  justes  n'ont  jfémi  sons  joug 
plus  j/ênant. 

91. — ch. — CliAcan  cherche  à  cacAer  de  sa  vie  ce 
qu'il  ne  veut  pas  qu'on  sacAe.  —  C/iarmants  cAanteurs 
des  champu,  chai .'  nneret»,  vous  vous  remaillez  et 


OVMNASTIQITE  VOCALE  jj 

accuses  de  vol,  seront  m™,-.!  7        .     ^""'"■'^  '■°î«>n» 

Pouravoiroo.™::      •ZT'''^^'^-^^-'^^ 
<?««  ce  qm  est  dair       uT;":-       '""'"""  "«  '"^i-nt 

^'         •  i' -.  ■     lu  œil  H  '"^"'  '''^''  '■"nonnier, 
"  colonel  des  cuirassiers. 

.«ons  le  «olerde";'lXriT^''"^  -"«^- 
compaj^iie  des  savants  ef  .^  V"  ='''*'S'™'"t  'a 
rëp«^„ait.-L'éIoiZ^'  1  '''''   '^""^'"'^  lui 

Madame  de  Se  Sr-iî^r-"  '  '''""■"^-  «^-i' 
unebes<>,„ee„nuyeu.r  '^"'  P°"'  ""'P'^'-^^r 

'^^-  ^at7t'rn5s'ZMa  ÏJ''  '""•"°''- '^«  '-"»« 
^che.-La;,or  .'P*','*  *'f«"««   horreur  de   la 

en  /^to  à  la  pâtre  S:      /"?'''=  ^""^  ^-^'- 


■I 


36 


MANUEL  DE  LA  PABOLE 


SOUS  ces  h&vdett  Aorribles,  /tisse  sur  sa  Aaridelle,  et 
tenant  sa  /loulette,  me  Aantait.  —  Au  son  des  Aautbois 
et  des  harpes,  les  Aableurs  /taranguèrent  la  foule 
ahurie. 

Art.  III.  —  Exercices  pour  se  corriger  de  quelques 
défauts  d'articulation 

8  1.  —  lA  MOLLESSE  D'aRTICOLATIOX 

96 — L'articulation  est  molle,  quand  les  con- 
sonnes ne  sont  pas  émises  avec  une  intensité  et  une 
netteté  suffisante-s,  c'est-à-dire,  quand  le  courant  d'air 
projeté  par  les  voies  respiratoires  n'est  pas  assez  fort, 
les  obstacles  qui  s'opposent  à  son  passage  pas  aasez 
résistants,  les  mouvements  de  la  langue  et  des  lèvres 
pa,s  assez  précis. 

Il  en  résulte  do3  soiia  indtScis,  indistincts,  manquant  i  la 
foi»  de  force  et  de  netteté,  et  qui  peuvent  être  confondus 
entre  eui  ;  de  là,  impossibilité  pour  l'orateur  de  se  faire 
clairement  entendre  ;  il  est  obligé  de  suppléer  par  la  force  de 
la  VOIX  à  la  netteté  et  a  l'énergie  de  l'articulation,  et  il  s'épuise 
en  efforts  inutiles. 

97.— Exercices  pour  combattre  la  mollesse 
d'articnlation. 

On  devra  faire  ces  exercices  dans  l'ordre  indiqué,  et  s'arrê- 
ter sur  chacun  d'eux  aussi  longtemps  qu'on  n'aura  pas 
réussi  à  1  exécuter  parfaitement, -ne  passer  au  second  qu'i- 
près  s  être  rendu  maître  du  premier,  etc. 

Méthode  à  suivre  pour  que  ces  exercices  soient  efficaces: 

1.  Prendre,  avant  chaque  exercice,  une  forte  inspiration,  et 
commencer  auêntât  ; 

IL  Avant  d'attaquer  une  consonne,  Ufn-éjmrer,  c'est-à-dire 
placer  d  avance  les  organes  dans  la  position  voulue  pour  l'arti- 
culer, et  exagérer  le  mécanisme  vocal  qui  doit  produire 
larticulatioo  ; 


«"^«VASTIQUE  VOCALE 


..  T^*="'?'  chaque  ex.„.-,„  ..  .  '"  '*"  «<»"■- 


a  une  certaine  dia*„  "",  ™~" 'ort  pour  n»  ».• "'  """» 

"«P-rer  seulement  ap^-î*"-*-dire  eS^rlaut  i  "  •""î*"''™ 
c).  Une  fois  chaoXi  •*''"«  ''K"*  ;  ""  "«««e: 

e>  Quand  l-exe,.-  '"'  ''"■'•  «»»«  fespi- 

-  '-  -p,-«Ce..ce  p,„,  ..ee  et  „oi„,  f„«,  ,„  ^^^J 


Papapapa 

"lamamania 

Tavavava 

fafafafii 

ïazazaza 

sasftsasa 

«Jadadada 

tatatata 

"ananana 

l»lalala  ' 

"ifarara 

jajm'aja 


bèbèbAbè 

P^Pèpèpè 

"■èmèmèinè 

vèvèvèvè 

(étètètè 


dWèdèdè 

Wtètètè 

nênènènè 

iiUlèli 

firèrèrè 


''obobobo 
Popopopo 
uiomomonio 

TOVOVOVO 

fofofo/o 

«'ÏOZOZO 


■wbebebe 
Pepppepe 

"lemememe 

"eveveve 

''efefefe 

«ezezezo 


J^  j    .  'raesese 

tôt  r*"  "«"^«'^le 

totototo  t,,^^ 

nononono  „-„^„ 


forororo 
JojQiqjo 


ferereifl 


38 


MANUEL  DE  LA  PABOLE 


I 


chachachacha  chèchèchichè  chochochocho  cbechecheche 
gagagaga         gègègAgè  gogogogo         gegegege 

kakakaka        kèkikèkè         kokokoko        kokakaka 
guagnaguagnagnègnègnègnègnognognognogDegnegnegne 
Toiyours  prononcer  g  dur  (gue). 

i.  bva  bîe  bdi  bnO  blou  bran  bjin      bgon 

pfa  pse  pti  plô  proa  pchan  pkin 

mva  raze  mdi  mnO  miou  mran  mjin     mgon 

vba  vrae  vzi  vdO  vnou  vlan  vrin      vjon     vgun 

fpa  fse  fti  flô  froa  fchao  fkin 

zba  zme  zvi  zdO  znou  zlan  zriu 

spa  sfe  sti  slô  srou  scban  skin 

dba  dme  dvi  dzô  dlou  dran  djin 

tpa  tme  tfi  tsô  tlou  tran  tchin    tkon 

nba  nme  nvi  nzô  nlon  nran  njin      itgon 

Ipa  Ife  Isi  Itô  Irou  Ichan  Ikiu 

Iba  Ime  Ivi  Izô  Idou  Inan  Irin 

rpa  rfe  rsi  rtO  riou  rchan  rkin 

rba  rme  rvi  rzô  rdou  rnan  rlin 

jba  jme  jvi  jzO  jdou  jnan  jlin 

chpa  chfe  ehsi  chtô  chlou  chran  chkin 

gba  gme  gvi  gzô  gdou  gnan  glin      gron    gjun 

kpa  kpe  ksi  ktô  klou  krau  kchin 

Prononcer  chaque  groupe  de  sons  d'une  seule  émission  de 
roix,  sans  introduire  d'E  muet  entre  les  deux  consonnes. 


:yon     zgun 


dgon 


Ijon      Igun 

rjon     rgun 
jron     jgun 


3.  bam 

bem 

bim 

bom 

boum 

pag 

peg 

pig 

P0« 

poug 

maa 

mea 

mis 

mes 

mous 

Tain 

vek* 

Tiks 

Tdn 

vouks 

fa8> 

'<*» 

filK 

fogt 

foDgX 

nf 

nf 

nf 

lof 

COIlf 

«>i 

M)) 

»ij 

aoj 

■ouj 

dak 

dek 

dik 

dok 

doak 

tu 

tel 

tix 

toi 

tons 

nu 

Der 

nir 

nor 

nonr 

wC 


lan 
ref 

jok 

chad 

gat 

kab 

«nal 


GYMNASTIQUE    VOCALE 


len 

ref 

jek 

ched 

get 

keb 

gnel 


39 


lin 

rif 

jik 

chid 

«it 

kib 

gnil 


Ion 

rof 

jok 

chod 

got 

kob 

gnol 


loun 

rouf 

jouk 

choud 

goût 

'oub 

gnoul 


=—•  gnoi  gnoul 

^^''^^^S:^nt':£;,Ë:^^^^  etc,  faire  par. 

qm  se  prononcent  toutes/ ô^est^rtS  ^'' ^"<}'on„es  finaTes, 
<|ues  aux  soufflées,  et  des  souffll^  " '"''."""or  des  vocale 
exemple:  ™,.  ot  fatZUtTt.Zel':^^''''  '  "'"'  ^" 

>ant  ^i::zz:t  r 'r  "r-  ""^  ^°-'  -  •-«- 

'^  être  entenrHist^l  T'^'^'^^^- 

vite  et  en  liril^Ïr'  ""^^"^  ■^^"^•'«'  P"" 

§  2 lE  SIFFLEMENT 

'a  Ïnr„t'::  «IXr  *  «'ffl^«.  quand  ,e  bout  de 
supérieure,  et  les  Et  Tn  *   "°"*"'«  '«^^  '^«ut» 


40 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


plus  vite,  en  parlant  moins  fort,  en  liant  toutes  les  syllabes,  et 
en  respirant  après  chaque  ligne  ;  une  fois  chaque  exercice  très 
Tite  et  en  une  seule  respiration. 

rJ;,t^l''u1^"  '^*  mâchoires  et  serrsr  lesdents;  abaisser  la 
pointe  de  la  langue  et  l'appliquer  avec  énergie  contre  la  gen- 
cive inférieure  ;  et  répéter  :  ^ 


ï 


Pour  qui  sont  ces  serpents  qui  sifflent  sur  vos  têtes  ? 
L'assassin  sur  son  sein  suçait  son  sang  sans  cesse. 
Ciel  !  si  ceci  se  sait,  ses  soins  sont  sans  succès. 
2.  Lire  très  vite  les  vers  suivants: 

.    Cinq  ou  six  officiers  gascons, 
Passant  un  jour  à  Soissons, 
Marchandèrent  des  saucissons, 
Et  demandèrent  aux  garçons  : 
Combien  ces  cinq  saucissons  ? 
A  vingt  sous,  c'est  cent  .sous. 
C'est  cent  sous,  ces  cinq  sauci.ssons. 

§  3.  —  LE   LAMBDACISME 

100.— Le  lambdaclsme  consiste  à  faire  suivre  l'.s 
d'une  L,  et  provient  de  ce  que,  immédiatement  après 
l'articulation  de  l's,  les  bords  et  la  pointe  de  la  langue 
se  relèvent  et  vont  toucher  le  palais. 

On  donne  ainsi  une  articulation  complexe  fort  désagréable  • 
m  pour  SI,  êltel  pour  ciel. 

101.  —  Exercices  pour  combattre  le  lambda- 
clsme. 


1.  skft 


skè 
«ci 


skô 


ské 


skou 
zgou 
ski 
zgi 


3kan 
ïgan 
ska 
«g» 


skon 
ïgon 
skeû 
«geû 


OVMNASTIQUE  VOCALE  ^, 

Js  Ir  ""  ""'  ^'  "--.  «-t  que  ce  sont  de, 

et fte'SS.""''  "  "•"*•  ''«•  ""-donner  cet  e„rcioe 
^  ■*•  ~  !■*  CEACHEMEKr 

-tre,e,de„.oi„r  :;l:;j;  ''"'-'««on  . 
1  articulation  k  devant  l.  ^     ^"'^«^  P"''  ^.  »"  encore 

'«»  -  Exercice.  p„„r  combattre  le  crache- 

cha°rZ;r'"^'-  ■■  ^-'  «'«'^o-  ^e  «e^  .es  consonne,  de 


103. 
ment. 


1.  fflla 
tia 
nisia 
tsia 


-  -  "t  r  r  r  -: 


2.  Le  fisc  fixe  exnri»       T  ''"   "''<"'  t^^'"" 

vement  au  luxe  etTlt;!^"^^^  ""^^'^^^  --'-- 

>*•  ' l'E  BIÉSEMENT 

«ne  labio-labiale  soufflie,  b  à  t^^"^'^^'  ^'^^^'^  à 


42 


M AMVEL  DE  LA  PAROLE 


105. — On  combat  ce  défaut  par  l'exercice  direct, 
c'est-ii-dire  en  s'etforçant  d'émettre  chaque  consonne 
comme  nous  l'avons  indiqué,  avec  ou  sans  murmure 
laryngien,  suivant  le  cas. 

On  peut  aussi  répéter  avec  profit  l'exercice  3  du  No  97. 

§  6.  —  LE  ZÉZAIEMENT 

106. — Le  zézaiement  consiste  à  prononcer  J  et  s 
à  peu  près  comme  Z,  et  CH  tantôt  comme  z,  tantôt 
comme  s.  Cette  prononciation  défectueuse  vient  de  ce 
que  la  langue  s'introduit  entre  les  dents  écartées. 

Souvent  ceux  qui  zézaient  prononcent  nussi  j-  comme  z.  W» 
disent  :  lur  toute  çme  ohzerue  ézactement  la  loi  qve  ze  fimimze, 
pour:  sur  toute  chose  observe  exacteitient  la  loi  que  je  t'imjiose. 

107.— Exercices  pour  combattre  le  zézaiement. 

1.  Appuyez  fortement  les  dents  supérieures  sur  les 
dents  inférieures  ;  appliquez  avec  énergie  le  bout  de 
la  langue  sur  les  incisives  inférieures  ;  puis,  essayez 
de  prononcer  une  s  continue. 

Relevez  le  bout  de  la  langue,  sans  pourtant  lui  faire 
toucher  le  palais  ni  les  incisives  supérieures,  avancez 
les  lèvre?,  et  articulez  un  J  continu. 

Allongez  davantage  les  lèvres,  et  prononcez  un  CH 
continu. 

Si  vous  n'y  réussissez  pas,  passez  aux  exercices  suivants. 

S.  Dites  une  fois  très  fort  et  très  lentement,  une  fois  fort 
et  plus  vite,  une  fois  très  vite  et  très  bas: 

Ziel,  zi  zezi  ze  zait,  zes  Z3ins  zont  zans  zugzès. 

Puis  essayez  de  prononcer: 

Ciel,  si  ceci  se  sait,  ses  soins  sont  sans  succès. 


h  I 


GYMNASTIQUE   VOCALE 


fois  avec  z  :  '       """nanti  une  fois  avec  s,  une 

I.W.ir  ,„,  „  „i„  ,      „  „^ 

^'»  psa  vza  f^ 

.iT         '^  8'"         J^«* 

^°''  spa  „a  ,fa 

''^''  »t»  ^«»  ska 

Se.  eliants  juvéniles  charment  no.,  jours  cl,a.rri„s 

9  7 iE  CHUIJiTEMENT 

,    i  z  par  J.  Il  vient  de  ce  que  les  lèvres  sont 


44 


MAN0EL  DE  LA  PABOLE 


trop  avancées  et  la  pointe  de  la  langue  pas  assez  rap- 
prochée des  dents. 

C'est  le  contrain;  du  zézaiement. 

109 — Exercices  pour  combattre  le  chuinte- 
ment. 

1.  Répéter  lea  exercices  du  No  90. 

2.  Répéter  les  exercices  g,  3,  et  4  du  No  107. 

3.  J'ai  cherché  des  sous  et  j'ai  mangé  des  choux. 

S  8-  —  LE  ORASBXriMENT 

110 — Grasseyer,  c'est  substituer  I'r  palatale  à 
l'R  linguale,  c'est-à-dire  faire  vibrer  la  luette  et  le  voile 
du  palais  au  lieu  de  l'extrémité  de  la  langue.  Ce  vice 
de  prononciation  vient  quelquefois  d'une  certaine 
paresse  de  la  langue,  plus  souvent  de  l'afFtctation,  ou 
encore  d'une  habitude  contractée  dès  l'enfance. 

L'espèce  de  ronflement  oscillntoire,  représenté  par  la  lettre  )• 
est  produit  i)ar  la  vibration  de  la  pointe  de  la  langue,  qui,  appli- 
quée contre  les  alvéoles  dentaires  supérieures,  s'en  écarte  sous 
la  pression  de  lair,  pour  revenir  frapper  le  même  endroit  et 
s  en  écarter  encore  ;  pendant  que  se  fait  cette  espèce  de  trem- 
blement la  base  et  le  milieu  de  la  langue  sont  i^nobiles,  et 
sa  face  dorsale  est  concave.  Dans  la  prononciation  de  I'b 
grasseyée,  au  contmire,  la  base  de  la  langue  est  gonflée  et 
rapprochée  dn  palais,  et  la  pointe  retombe  inerte  près  des  inci- 
sives inférieures;  le  souflle  est  arrête  au  fond  de  la  bouche 
au  lieu  de  1  être  près  des  dents  ;  et,  dans  l'eflbrt  pour  vaincra 
1  obstacle  qu  oppose  à  son  passage  la  base  de  la  langue  ainsi 
soulevée,  le  courant  d'air  expiré  met  la  luette  et  le  voile  du 
irJi'Vî"  ^■''™'l°n.- vibration  sourde  et  imparfaite,  qui 
ressemble  plutôt  A  un  r.  mouillé.  Les  grasseyeurs  prononcent: 
^af,A«i  jmat  Pan>;  quelques-uns  même  suppriment  totale- 
ment la  vibration,  et  disent  avec  une  espèce  d'aspiration- 


OTJTOASTIQUE  VOCALE  ^^ 

le  palais,  et  applique.  iJZl  ''',P°'"'«'  Portez-la  vers 

«;ve,«upéHeu're's.rïce7o:  "/!^'°'^^  «^^  '-'- 
«lors  une  forme  concave  ÎS  '"  '''"^"^  P-'^'^d 
de  la  langue.  lentement,  cl~  """'''^  '"  P°'»'« 
«a-s  8ilencieusen.ent  _  R  °  ^'"'  P'^noncer  „., 

.■mouvement  un  gvand  nomCT?"""  ''  '"^P^'^''  «« 
jusqu'à  ce  qu'iult^tj™'^''  ^°"'«°  IWlérant 
«ible;  mais  faites  a  „tii?^  ^'''"'^^  ■•*P*<J--t^  Pos- 
mâchoire   inférieure     eïêdr  '"""^«'"«"t-  de7a 

^J^^^'""^--■«^°''"-ï:i;'"'"°''''«'''^ 


ne 

na 

né 

nô 

nou 

3.  tede 

dete 

telede 

delete 


le 
Ih 
lè 
là 
lou 

tada 
data 
talada 
dalata 


de 
da 
dé 
dô 
dou 


te 
ta 
té 
tô 
tou 


tédé 
dëtë 
tëlédé 
délété 


ve 
va 
vè 
va 
vou 

tûdô 

dôtu 

tâlâdô 

dôlatô 


fe 

fa 
fè 
fd 
fou 

toudou 
doutou 
touloudou 
douloutou 


[1   Y 


46 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


Avoir  soin,  en  prononçant  les  li  et  Ira  t,  de  frapper  avec  lu 
angue,  non  paa  les  deutii  nituie»,  inaia  le  collet  de»  dente  ou 
les  alvéole»  dentatrei. 


t                          4,  vedan 

vedè          vedO 

vedu 

vedan 

;    1                                fedan 

fedè           fedO 

fedu 

fedan 

bedan 

bedè           bedd 

bedu 

bedan 

1,                                  Iiedan 
!                               ».  te      te 

pedè           i«a 

û 

pedu 

pedan 

lete      tle      tre 

de 

delcdc 

die      dre 

1 : 1                                ta      talaU      tia      tra 

da 

dalada 

dla      drn 

j  '                                tè      tèlètè       tiè       trè 

de 

dèlèdè 

diè      drè 

('!  t                            6.  vrè 

vra          vrû 

vru 

vri 

vran 

frè 

fra           frô 

fru 

fri 

fran 

1  f                               brè 

bra           brû 

bru 

bri 

bran 

j    *"                             Pr* 

pra          prû 

pru 

pri 

pran 

verre 

verra       verrrt 

verru 

verri       verran 

ferré 
1 1                                 berrè 
1: ,                                 perrè 

ferra        ferrô 

ferrn 

ferr 

ferran 

berra       berrO 

berru 

berri       berran 

perra       perrô 

perru 

perri       perran 

7.  dri 

derrè 

trè 

terre 

dra 

derra 

tra 

terra 

:  >                          ^* 

derrâ 

trû 

tenrô 

dru 

derra 

tru 

terru 

li                             ** 

derri 

tri 

terri 

l|                               dran 

derran 

tran 

terran 

S: 

I  . 

rrre 

rrrre 

8.  Réciter  lentement  et  en  roulant  les  r,  l'exercice  suivant: 
Grand  doreur,  quand  redoreras-tu  sûrement  et 
d'un  goût  rare  nies  trente-trois  ou  trente-quatre 
grandes  cuillers  d'or  trop  argentées?  Je  redorerai 
sûrement  et  d'un  goût  rare  tes  trente-trois  ou  trente- 
quatre  grandes  cuillers  d'or  trop  argentées,  quand 
j'aurai  redoré  sûrement  et  d'un  goût  rare  tes  quarante- 
trois  ou  quarante-quatre  autres  grandes  cuillers  d'or 
trop  argentées. 


OVMNAOTIQUI!  VOCALE  ^j 

Quand  toCefJl^         ^""'  "^  "*•««"■■• 
"egron  gnw  grand  grain  d'orgeront. 

W.  Le  cri  aigri  dngri,cri.cri  me  crispe. 
SKCTION  IV 
mEUB  PHO.,ÉT,,C«  DB8  aBACTÈBM 


'■4u?'irr.t'it"i:l1= '^  P~-„ciatio„  ^ 


118.. 

va^u™  vocaN«  diffère^  ""  ""^^^  "«"«  !«««  avilir  piuX.'S 

la  connaît  pas  d'avance  J  ^  """"^  chercher,  si  ou  ne 

Ko''^;:  '-  -a  P-onciaA-'rrv^lL\te  0) 


f>     I 


48 


MANVXL  DX  LA  PAROLE 


i' 


Art.  I.  —  LtH  vtryrUn 
jj  1.  —  A,  A,  À 

118.  —  Règle  générale.  —  Le  signe  a  reprëHentc 
généralement  le  son  a  ouvert:  montuijne,  upim,  art. 

Bien  que  a  «uivi  de  m  ou  de  n  prenne  ordinairement  le  «on 
nasal  au,  comme  nous  le  verrons,  il  connerve  le  son  a  ouvert 
lorenue  la  combinaison  an,  nm,  ann,  ou  iimm,  est  suivie  d'une 
voyelle,  comme  dans:  amitié,  amlyte,  aniufr,  ciniramment.  Il 
en  est  de  même  dans  certains  noms  d'hommes  et  de  lieux, 
dont  la  terminaison  en  am  ne  se  nasalise  point,  comme:  Abra- 
ham, /'riant,  Stam,  etc. 

Le  slgne'fi  se  traduit  tni^jours  par  le  son  a  ouvert. 

Dans  les  finales  en  at,  ar,  arre,  anl,  art,  aii,  aitt,  où  A  est 
ouvert,  il  ne  faut  cependant  |m>  exagérer  l'acuité  du  son;  il 
est  permis  d'en  étouffer  un  peu  l'éclat,  sans  toutefois  en  faire 
un  A  fermé. 

114. — Exceptions. — L  Le  signe  a  ne  conserve 
pas  le  ton  propre  dans  les  combinaisons  «n.am.oB,  ai, 
ay,  au. 

Voir  pour  an  et  am.  No  163;  pour  as,  No  140;  pour  ai 
No  140;  pour  ny.  No  143;  pour  au.  No  1S5. 

II.  Le  signe  a  est  muet  : 

a)  Quand  il  est  immédiatement  suivi  de  la  voyelle 
nasale  in:  pain  (^11),  vaincre  (vin  kre),  etc. 

b)  Dans  les  mots  suivants:  amtt  (ou),  curaçao  (ku 
ra  ço),  Saône  (sô  ne),  mioul  (hou),  taon  (i(m),  toast 
(tost). 

III.  Le  signe  n  se.  prononce  o  ouvert  dans  yacht  (iot.) 

IV.  Le  signe  a  représente  a  fermé  : 

a)  Quand  il  est  surmonté  d'un  accent  circonflexe  : 
âge,  théâtre,  etc. 

Cependant,  A  reste  onvert,  malgré  l'accent,  dans  les  termi- 
naisons en  lima,  en  âtes  et  en  dt  des  verbes:  non»  mangea- 
nu*,  vaut  aimdteê,  qti!il  cherchât. 


VALIURPHOXiT,QU,DttC*«Acrt»B.  40 

uJ^^ZL"  "'°'"  •»  ""■-  •'  •"  -«>n:  nation^ 

«.r  ouv.ru.    Ni  affectutiSn.TvuTg.riW.*""'"''* '" P"-»""- 

o)  D»n»  les  mots  en  «rfr«  «»  -i 
«w^»*.  «-ncarfm-.  etc.  "'  '""""  «'«^rivài: 

C.p«nd.„^  .  „t  ouvert  dan.  ^«,„  ,t  ,^„ 

e)  Dana  le,  ,„ot«  en  «.,.Vm  ;  2Mmio„.  etc 
e,t  ouvert:  «;<.  nlT^I^'T''''"  '"  ""•J^cW  oï* 

'«^  Si::  sASr::r"  "''-«-- 

"«^^ttri^r/vi*-  '*^-«"-.  «*.  ^>»«.««. 


60 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


Cependant,  a  est  ouvert  dans  les  mots  suivants:  hatalte, 
hamne,  banlie,  hatUiqiie,  camnier,  comme,  auemate,  cmuiate, 
Kasard,  et  leurs  dérivés:  hamnler,  etc. 

i)  Dans  les  terminaisons  en  at  suivantes:  climat, 
nougat,  chocolat,  mandat,  béat,  grabat. 

Dans  tontes  les  autres  finales  en  at,  a  est  ouvert,  s'il  ne 
porte  pas  l'accent  circonflexe:  nuiyùtrat,  avocat,  etc. 

j)  Dans  les  mots  suivants  :  ah,  accabler,  acclamer, 
affable,  bagarre  (a  médial),  blâmer,  baron,  baronne, 
barre,  barrer,  barrage  (a  initial),  barreau,,  barrière, 
cmbe,  cliarron,  charme,  charrette,  carrière,  carrosse' 
carré,  carrer,  cabrer,  cadavre  {a  médial),  diable, 
déclamer,  délabrer,  damner,  condamner,  érafier,  éra- 
flure,  esclave, enflammer,  espace,  fable,  flamme,  gagner, 
haillon,  havre,  jarret,  jadis,  lacs,  lacer,  larron,  inar- 
raine,  magot,  marron,  marronnier,  mardi,  miracle, 
navrer,  narrer,  oracle,  oriflamme,  proclamer,  par- 
rain, rare,  racler  (et  ses  dérivés),  réclame,  réclamer, 
rafle,  nifler,  râteau,  sabre  (et  ses  dérivés),  tare. 

Renuirqut. — Ouate,  qui  se  prononçait  autrefois:  o«è  te,  se 
prononce  maintenant  tel  qu'écrit:  otta  te. 

115.— Fautes  canadiennes. 


1.  Frosthèse  (1)  de  I'a: 

d<m  (Aon  {i)) 
connaître  (ko  ne  tre) 
munition!  (mu  ni  cion) 
vit  (vis) 


a  don  (3) 
a  ko  ne  tre 
a  mu  ni  cion 
a  vis 


(1)  ProtOUte  :  addition  d'un  son  au  oommencemont  d'un  mot  ;  épen- 
théae  :  addition  d'un  son  au  milieu  d'un  mot  ;  paruf/offe  :  addition  d'un 
son  à  la  fin  d'un  mot.  —  Apk^rète:  retranchement  d'un  son  au  commen- 
cement d'un  mot;  »!/ncope;  retranchement  d'un  son  au  milieu  dSin  mot; 
apompe  :  rotranohement  d'un  son  à  la  fin  d'un  mot.—iraalhite  :  trans- 
position de  sons  voisins, 

(2|  Prononciation  correcte. 

(S)  Prononciation  défectueuse. 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES  51 

2.  Epenthèacdcl'A; 

Orouette  (brou  è  te)  ba  rotiè  te 

ImmetUe  (htmi  i  té)  ba  rottè  té 

lirouetter  (bro«  è  té)  ba  i»«è  té 

3.  Aphérèse  de  I'a  : 

«jilanir  (a  pla  nir)  pla  nir 

ajmêtume  (a  pos  tu  me)  pos  tu  me 

atiomlirir  (a  son  brir)  son  brir 

atterrir  (a  tè  rir)  tè  rir 

4.  Confusion  de  son  a  et  du  son  i  dans  la  plupart  des  cas 
ou  se  rencontre  le  s»-;   a  ouvert: 


la  (la) 
(/<5d(déja) 


là 

déjà,  etc. 


S.  Confusion  du  son  a,  ouvert  ou  fermé,  et  du  son  o  ouvert; 


armoire  (ar  moa  re) 
entamer  (an  ta  mé) 
carrosse  (kft  ro  ce) 


or  moa  re 
an  to  mé 
ko  ro  ce,  etc. 


0.  Substitution  d'une  autre  voyelle  au  son  a  ou.ert  ou 
fermé,  savoir: 

a)  AN,  dans  : 


abandonner  (a  ba»  do  né) 
amouracKei  (a  mou  ra  ché) 
ap)Kmvrir  (a  pô  vrir) 
axfaler  (a  va  lé) 
flamme  (flâ  me) 
gagntr  («ft  gné) 


an  ban  do  né 
an  mou,  ra  cAé 
an  pô  vrir 
an  va  lé 
Ran  be 
gam  gné 


On  dit  d'une  personne  qui  parle  ainsi,  qu'elle  nasille. 

b)  ON,  dans: 

voili  (voa  la)  vlon 

c)  E  muet,  dans: 

cavale  (ka  vu  le)  ke  va  le 

contrav;ntion(kon  tra  v</n  cion)kon  tre  \an  cion 
jKitate  (pa  ta  te)  («  tu  te 

6 


62 


MANUEL  DE  LA  PABOLE 


:fe 


d)  È,  dans: 


clarinette  (kla  ri  ne  te) 
clarté  (klar  té) 
tarir  (ta  rir) 


e)  é,  dans: 


abatourdi  (a  ba  zo»r  di) 
agrandir  (a  gran  dir) 


f)  I,  dans: 


^rafler  (é  là  flé) 
irafhire  (é  râ  flu  re) 


klè  ri  né  te 
klèr  té 
tè  rir 


é  ba  zour  di 
é  gran  dir 


é  ri  fié 
é  ri  ilu  re 


g)  Syncope  de  Ta  dans  extraordinaire,  dont  la  prononcia- 
tion: ek»  tror  di  ne  re,  a  vieilli. 

§  2.  —  È,  Ê,  Ë 

116.— Règle  générale.— Les  trois  signes  accentués 
l,  ê,  ë,  représentent  ordinairement  le  son  E  ouvert: 
suprême,  procis,  etc. 

De  plus,  l'accent  circonflexe  rend  le  son  k  plus  long,  et  par- 
tant nn  peu  plus  ouvert  dans  la  plupart  des  cas.  C'est  là- 
desaus  qu  on  s'est  appuyé  |)our  distinguer  un  e  ouvert  moyen 
et  un  E  très  ouvert.  Mais  cette  différence  tient  plus  A  la  lon- 
gueur du  son  qu'an  timbre  même.  Comparez:  siècle  et  fête 
père  et  pêche,  ^ecAe  et /été.  Du  reste,  l'usage  ne  paraît  pas 
bien  établi  sur  ce  point,  et  il  serait  difficile  de  déterminer  dans 
quels  cas  e  est  ouvert  moyen,  et  dans  quels  cas  très  ouvert- 
les  grammamens  même  qui  s'y  sont  exercés  ne  s'entendent 
point  là-dessus.  Il  est  plus  sage  de  ne  distinguer  qu'un  seul 
Eouvert,  sans  s'attarder  des  nuances  peu  sensibles  bien  que 
réelles,  mais  en  accordant  que  le  signe  é  correspond  à  un  son 
plus  long  que  le  signe  è. 

117.— Exceptions.— I.  Le  tréma  ne  rend  pas  tou- 
jours ouvert  l'e  qu'il  purmonte  ;  il  peut  aussi  le  rendre 
muet  ou  nul  :  ciguë,  (ci  gu),  ambiguë  (an  bi  gu),  con- 
tiguë  (koH  ti  gu),  aiguë  (é  gu),  exiguë  (èg  zi  gu), 
suraiguë  (sur  é  gu). 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES 
II.  LV  prend  le  son  de  A  dans  poêle  (poa  le). 


53 


il  e*^t  &rft'(J^''|T'  '*'"'  *""•«"«"'«»'  *  »e  prononcer  comme 

118. — Fautes  canadiennes. 

1.  Prostlièse  du  son  È,  clan.i  les  mots  commençant  par  »<•, 


scandale  (sImm  (la  le) 
'carlatine  («kar  la  ti  ne) 
squelette  (ske  le  te) 
station  (stft  c\on) 
statue  (sta  tu) 


tw  kdre  da  le 
as  kar  la  ti  ne 
es  ke  le  te 
es  ta  ciun 
es  ta  tu 


2.  Prononciation  tellement  ouverte  que  l'È  ressemble  rlu- 
tot  a  un  A  ouvert  long  :  ' 


fête  (fè  te) 


fa-è  te 


3.  Substitution  du  son  É  au  son  È,  dans  un  grand  nombre 
de  mots,  particulièrement  dans  les  finales  en  m  et  en  ège: 


bergère  (bèr  je  re) 
collège  (ko  le  je) 
frère  (frè  re) 
guêiie  (gè  jw) 
vtpres  (vè  pre) 


bèr je  re 
ko  lé  je 
f  ré  re 
gé  pe 
vé  pre 


4.  Substitution  du  son  eu  ouvert  au  son  i,  dans  les  finales 
en  fve^  evre  et  eme  brèves  : 

chèvre  (cAè  vre)  cheu  vre 

crème  (krè  me)  kreu  me 

lim-e  (le  vre)  \ea  vre 

hevre  (lié  vre)  )!«„  vre 

fièvre  (fié  vre)  fie,,  vrg 

gmntiènie  (kan  tiè  me)  kan  tie»  me 

sèiiif  (se  me)  scH  me 

6.  Substitution  du  son  i  au  son  È  : 


il  lèche  (il  lé  che) 
lècAe/rite  (1 


f  ri  te) 


il  li  che 
li  che  fri  te 


l 't 


54 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 

§3.  — i 


nO.-Règle  ^énérale—I^  «g„e  é  se  traduit  tou- 
jours par  le  son  t  fermé  :  écUt,  vérité,  etc. 

nonce  comnie  il  eat  écrit:  dé  zir  '  ■  *'""  '^  I"'"' 

180.— Fautes  eanadi«nneti. 

1.  Prosthèse  de  l'i: 

fopefflx  (ko  1)0) 
co»«  (ko  ce) 
ridilU  (ri  dé  le) 
"'en  (riiji) 
rame  {ton  ce) 

2.  Epenthèae  de  l'É  : 

/<rrr«r(févrié)  K^^rié 

3.  Aphérèse  de  !'£  : 

égrati^  (é  gra  ti  yné)  «a  ti  «aé 

^yraa!^««(é  «ratière)     |ï^  IS  ""* 

4.  Syncope  de  l'É  : 


é  ko  pô 
é  ko  ce 
é  ri  de  Ic 
é  rii» 
é  ron  ce 


irnu  re 


Héau  (flé  6) 
?«<fr»r  (ké  rir) 

5.  Substitution  du  son  i  au  son  É 

agréable  (a  gré  a  ble) 
cérémonie  (ce  ré  mo  ni) 
créature  (kré  a  tu  re) 
dévidoir  (dé  vi  doar) 
déviiager  (dé  vi  za  je) 
hypothéquer  (i  po  té  ké) 
!jr<fmer  gé  zié) 
/^cA«r  (lé  ché) 
maréchal  (ma  ré  cAal) 
méruttrd  (mé  nés  trèl) 


krir  foi/  kri) 


a  gri  a  blc 
ce  ri  mo  ni 
kri  a  tu  re 
di  vi  doa 
di  vi  za  je 
i  po  ti  ké 
jizié 
Ii<Aë 
ma  ri  cAal 
mi  nés  trél 


11 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES  65 

§4.-E 

f^rli.  5  P"""  P?"'">«-  '  ^st  ""le-;  dans  effort,  il  e.st 
fermé;  dans  «««rte,  ,1  e«t  ouvert;  dan»  femnu,  il  a  le  "on  * 
rZ^TH^  ^nifi^tion  phonétique  de  U  \mr.  l  „Vn  accen- 
tuée est  des  plus  capricieuses.     Le»  règles  sont  ici  traveraées 

121.  —  Règle  générale Ordinairement,  c'eat-à- 

dire,  dans  les  cas  autres  que  ceux  qui  sont  ci-après 
énumérés,  le  signe  e  se  traduit  par  le  son  E  muet-  U 
souverain,  porte,  etc.  ' 

Le  son  I  n'a  pas  toujours  la  même  durée.    Dans  le  articU 
ou  pronom,  le  son  E  est  plein;  dans  n^te,  il  estCX  pit 

d  eupuonie,  et  1  oreille  est  ici  le  me  leur  juge  On  neut 
5rE"m„"e,i""'"'"  ■'"  ''*''"  '"''™"'*»  Pouria^^nonciaS 

128.— Régies  particulières  pour  la  prononcia- 
tion des  e  mnets. 

I.  En  général,  il  faut  prononcer  les  e  muets,  et  ne 
es  éhder  que  si  l'oreille  en  réclame  impérieusement 

1  élision. 

II.  Elider  un  e  muet,  ce  n'est  pas  le  supprimer,  mais 
seulement  le  prononcer  avec  moins  de  force  et  le  faire 
encore  plus  bref  ;  c'est  le  prononcer  sans  le  faire  sentir. 

Cela  ne  doit  pas  s'entendre  d'un  e  muet  Hnal,  devant  un  mot 
commençant  i»rune  voyelle  ou  une  A  non  aspirée    ^isTon 

III.  Dans  la  conversation  on  élide  un  grand  nombre 
d  e  mnets,  qu'on  prononce  dans  le  discours  soutenu. 

»• 


56 


MANUEL  DE  LA  PABOLE 


IV.  Celui  qui  lit  OU  qui  récite  doit  faire  entendre 
des  «  muetfl,  que  l'orateur  peut  omettre, 

V.  Dans  un  gnvnd  local,  il  est  nécessaire  de  pronon- 
cer ky  muets  pour  se  faire  comprendre,  tandis  que 
devant  un  auditoire  restreint.il  est  souvent  préférable 
de  glisser  sur  ces  voyelles. 

VI.  Le  genre  tragique  exige  qu'on  prononce  tous 
les  e  muets  qui  ne  choquent  point  l'oreille  ;  la  comédie 
611^0^""^°*  "°^  "^'"'"''"'  ^'""'"""'^  qui  justifie  leur 

VII.  Le  vers  ne  souftre  pas  l'élision des  e  muets:  la 
prose  offre  plus  de  liberté. 

Vin.  A  la  rime,  pour  prononcer  Ye  muet  précédé 
d  une  voyelle,  comme  dans  vie,  on  prolonge  le  son  de 
la  voyelle  pénultième,  en  le  ramenant  insensiblement 
au  son  de  lE  muet,  et  on  l'éteint  au  moment  où  ce 
dernier  va  se  faire  entendre. 

IX.  L'e  muet  des  terminaisons  féminines  (lumnie 
a«fe,  etc.)  est  toujours  très  bref  et  n'est  jamais  accentué 

183.-Exceptlon8.-I  Le  signe  e  est  nul  et  ne  se 
prononce  pas  dans  les  cas  suivants  : 

a)  Quand,  précédé  d'une  voyelle  sonore,  il  termine 
une  syl  abe:  jme  (joa),  vie.  (vi).  enjauermnt  (an\ou 
man;,  etc.  ;  dan,  les  terminaisons  en  ient  des  verbes 
enjer  à  la  3e  personne  du  pluriel  de  l'indicatif  et  du 
subjonctif  présent  :  ih  apprécient  (ilz'  a  pré  ci),  qv.-ih 
revuiment  (k.l  re  ma  ni),  etc.  ;  et  dans  les  terminai- 
sons  en  aient  des  verbes  à  la  3e  personne  du  pluriel  ■ 
%U  cherehuient  (il  cAèr  ohk),  ils  nutrcheraient  (il  mar - 
cAe  rè),  etc.  ^ 


r 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CAKACTÈRES  57 

«ulût'à'û  K  '"''"  ?*  ""<>«.'<•"«.>«  '*  voyelle  précédente. 

b)  Dan8  les  combinaisons  eau  et  em;  beau  (bô) 
teindiv  (tin  dre),  etc. 

c)  Dans  les  verbes  seoir  (aoar),  asseoir  (a  soar), 
rasseoir  (ra  soar),  et  surseoir  (sur  soar). 

d)  Quand  il  est  placé,  par  euphonie,  entre  ^  et  a  ou 
o:  rwin^ea  (man  ja),  nin^etms  (ran  jonj,  geôlier 
(jô  lié),  etc. 

£  donne  alors  à  j;  la  valeur  de  /. 

II.  E  se  traduit  par  le  son  É  dans  les  cas  suivante: 

a)  Dans  les  terminaisons  en  er,  ier,  i;d,  ef,  suivies 
ou  non  d'une  s,  et  en  e.z,  quand  les  consonnes  finales 
r,d./et  2,  sont  muettes:  agacer  (a  ga  ce),  cocliers 
(ko  cAé;,  rosier  (rd  zié),  volontiers  (vo  W  tié),  WjM«d 
(tré  pié),  pieds  (pié),  fZ«/(klé),  neî  (né),  etc. 

b)  Dans  la  conjonction  et  (é). 

e)  Au  commencement  des  mots,  quand  il  est  suivi 
de  deux  consonnes  semblables,  autres  que  rr,  mm,  ou 
nn,  et  dont  une  seule  se  prononce:  effroyabU  (é  froa 
la  ble),  effort  (é  for),  essaim  (é  cin),  etc. 

d)  Dans  les  mots  commençant  par  deas:  dessin 
(dé  cin). 

Cependant  e  est  muet  dans  data,  (de  su),  et  datom  (de  mu). 

e)  Quand  il  se  combine  avec  a  ou  o  pour  former  les 
signes  composés  œ  et  «  :  ctdicuU  (é  di  ku  le),  cecum4. 
mque  (é  ku  mé  ni  ke). 

Cependant  le  signe  œ,  immédiatement  suivi  d'une  vovelle 
«e  combine  avec  cette  voyelle  p,ur  représenter  le  son  ir 
ouvert  ou  fermé:  «„«„  (^  y„),'Zit  («âtT^rytàTtc' 


58 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


m.  J?  représente  le  «on  È  dans  les  cas  suivants- 
1)  Au  con.mence,nent  des  ,„ots,  ,,ua„d  il  est  suivi 
«le  deux  consonnes  semblables,  aut,-es  nue  Jnn^ 
qu,  se  p..o„onco„t  toutes  deux:   J^S^^^ZZ 

(èf  Kt  vos  mn  ce),  etc.  ^'  '■^''^"^'^<^<' 

b)  Au  co.nmencement  des  mots,  quand  il  est  suiv; 
<-»prU(^  p„),  pa-«yrfr  (èg  za  je  r^),  etc. 

c)  Au  con,mencement  des  u,„ts  ei,nemi  (è  ne  mi) 

e   nu.  sont  suivies  d'une  voyelle:   Apen.^^T^tZ 

-^  (ka  ti-  .n  nal),  ;}i:::::r;dï".rna"?'  ^'"'"•'"'■ 

e)  Dans  Intérieur  des  n.ots,  quand  il  est  suivi  de 
la  oonsonne  ^,  ou  de  deux  consonnes,  semblables  1 
différentes,  autres  que   „,„,  rn,,   ou  ,«„.•    ^Z" 

6<<'*«e  (ble  ce),  Hexttqde  (sèk  stu  pie),  etc.  '' 

où  il  est  ouvert  (rè  au  'xTé)  it  H«"''  """'  '*'""*  '•""<"'.•»'«•, 
.•««,j,«.,  où  il  est  fermé  (ré  se  ii  ré  J  T'-^Z'  '^'■"^-  """'' 
avons  vu  aussi  que  l'É  est  f^rn/i/  i ' '^ '""' "^ ""'  'é)— Nous 
*M,  bien  qurrùsLr«.fM„^  '*''''■''*''""'' >'»'''"'enÇ«nti«r 
È  ouvert. -RenZuTn^nl?'^'''''""?^  '''  Prononcint  on 
KniblablessontTou,"  et  oS«''r'l"\''''  "^^^  ™"«">"*« 
sonore,  et  si  la  voyelle  It  suit  „W  n»  """'  """'"""''''  "«' 
autorise  ,a  „ro„on^eiation  iTj^L^:;.  ("{.'iVcért,:?^;!: 


VALEt'R  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES  50 

g)  Uaus  les  terminaison,  en  cf  („uf  la  conjonction 
'ncfs.^j..^,,  eclx.  r,,m„,J  ,ne„„,  U,  e„„,„,.„'„  h„,^,^ 
ne  se  prononce  pus  ■  „irf,  (,„;.),  ,^  >;  ^^^  jj.),  /«,,  (|H 

t>ronoiice 


a«i^"u",ï^:i?'f;4''™"'"'^""  "■""''»"=  f'-». 


h)  Dans  les  «ylkbes  finales, quand  il  est «uivi dnnc 
ou  de  p  us.eu,-s  consonnes  qui  8e  prononcent  ou  dont 

y    bref,  ^V«.«^,  (spé  ei  n.èn),  W..;«  (bi  cèps) 
W<'rc(klèr),«/«(silèks),/«(ftz).  ^     ^         ^  '' 

i)  A  la  p,Snultiènie  des  mots  terminés  par  deux  ou 
trois  consonnes  suivies  d'un  E  muet  :  sj>ectre  (spèk  tre), 

a)  0"»»le'<.nots/>,u,H.,/é«»m.<«H..<^„e„„^,ccm««. 
i!f(W,  n.jdU,  et  m'tf lieux. 


(10 


MAKUn,  DK  LA  FAKOXJC 


b)  Dan,  un  certain  nombre  de  mot»,  où  le  signe  e. 
^  r,«,v,„t  dan,  l'inWrienr  dn  mot  mai,  danfune 
»y«abe  qm  n  ert  m  la  dernière  nj  la  pénultième  d'une 
terminaiiwn  féminine.  e,t  suivi  de  mn,  on  de  deux  m 
ou«  dont  une  «îule  «,  prononce:  .olenvel  (w  la  nèl) 
..rrfm^.««  (arda  m««).  kennir  (h.  nir).  A,.„  J.' 
««i<  (ha  n,  ce  m«n).  «r«„;  (,,„  „i,,  R„uennaù,  (rmta 
nfe),  »7irfm,ii^('  f  »»  dam  ni  té),  etr 

V.  ^MnamliN: 

a)  Et  M  prononce  an.  dan,  tous  le,  ca«,a«  corn- 
mencement  de,  mot,,  quand  il  est  ,uivi  «,it  de  mm 
ou  nn.  «„t  de  m  ou  «  et  d'une  conwnne.  wit  de  n  et 
d  une  voyelle:  emmener  (an  me  né),  ennui  (an  nui) 
emborramer  (an  ba  ™  ce),  enter  (an  té),  .'.namo*  Jl 

(«71  Dor  geu  «ir),  emmaigrir  (an  mh  grir). 

b)  Et  «,  prononce  tantôt  an.  tantôt  in,  dan,  tou, 
c,  ca,  où,  SUIVI  de  m  ou  n  dan,  la  même  syllabe,  il  ne 

Z^i  T  T  '*•  y^'  précédente:  sempiternel 
(sm  pi  tèr  nèl),  mt^  (mim),  dent  (dan),  «rmp<  (èg 


VAUrUR  PHONiriQUE  nE8  CARACrrtREN 

184— Fautes  eaiuidlenn«K. 


tfl 


1.  Au  signe  «  repréwntant  le  mr  i,  le  parler  populairt 
prête  diverwt  Ttleurt  phonétique»,  M«voir.-  F"F»»"» 

a)  Le  son  I,  dars  : 

nn/omr  {nn  for  ce)  r««  for  cir 

ttmm  (té  ri  ne)  ti  ri  ne 

tymuvnr  (re  kou  vré)  re  ko»  vrif 
l>)  Le  Sun  c,  dans: 

<remnpw(étM«jé)  étronje 

c)  Le  son  t,  dans: 

d)  Le  son  lO,  dans  : 

thet  (ché)  ,JM 

raneuiiMr  (ron  ku  nié)  '      ran  ku  n<rf 
'    a)  Le  son  a,  dans: 

euai  (4  ce)  ,  ^  j, 

légèn{lé]in)  lëjarto 

2.  Au  son  È,  représeirté  'par  »,  te  parler  populaire  substitue: 
a)  Le  son  i,  dans  : 

ttrri/Je  (ter  ri  ble)  ti  ri  Me 

ferr.M«  (ter  ri  ble)  té  ri  ble 

«m)«<  (erroné)  é  rt,  né 

.„!?"  ""i  **"*'■   **  '"?"■•  ^  '•«"'■•  »"  lie»  de;  ter  r.«r,  èrr.»r- 
mais  ces  deux  prononciation»  sont  reçue»)  ' 

ht  dan»  le»  monosyllabes  en  m  et  en  eit: 


la  (le) 
met  (inè) 
M(è) 
««  (è) 


lé 
mé 
i 
i 


«ff 


UASVtL  riE  l-J  PiROLE 


*  ré 
kékmi 


Ain»!  que  dam  les  mot»  : 

«'«  (a  Tèk) 
V«'lv«'i*n  (kil  k«») 
r)  I^nonA,  ilnii»: 

.//«(*  le)  ,,^ 

miertir  (a  yir  tir) 
ny'«r«.o,>  (a  pé,  ce  »n«r) 


««•Ae  (èr  be) 
iw/o  (vèr  te) 


■  var  tir 
»  linr  ce  »o«r 
0  liarjo 
tAar  cAé 
■r  l)e 
var  te 


knJko 
Il  ni 


d)  Lt»onïC,  dans: 

»«''»««  (kèl  ke) 
vuel  (kèl) 
jW<r««(i4dfl)  j,„^ 

e)  Le  «on  de  la  diphtongu,  «  (oa),  dan» 

verrai  (wi  H)  , 

0  Lesono,  daiM:  , 

/ermenterairmanU)  lormanU 

a)  I*»on  A,  dan«.• 
î?"7f?•■•(f»«rneri8) 
Mtl  (fe  ni«) 
marmelade  (mar  me  la  de) 
reeotn  (re  koi„)  ' 

eaveUr  (sa  Te  të) 
*««M  (bre  bi) 

t>)  Leaon  j,  dans: 

eimettire  (ci  me  tié  re) 
dextue  (de  vi  k) 
deviner  (de  vi  né) 
dmnttir  (de  vi  n«(r) 


tsKr  na  via 
fa  ni 

niar  mn  la  de 
n  kmn 
m  va  té 
bar  bi 


ci  mi  tiè  re 
<li  vi  m 
di  vi  né 
di  vi  n««r 


VALETB  PlIONiTIQUK  DIS  CABAfTfcRES 
c)  t«  «on  0,  danii: 


0» 


etu'Kuretitr  (an  dû  fre  n<j) 
ffutlhltr  (f«u  Ua  té) 

à)  te  non  v,  duns  : 

ehrmin/e  (cAe  mi  ni) 
femHlt  (fo  nié  le) 
KtiuiU  (»e  niè  le) 
Kiiier  (ne  mé) 
remenee  («e  ma*  ce) 

e)  Le  8on  i,  dwis  : 

'ieAon  (de  or) 
f  )  Le  aon  an,  dana  : 

reehatuter  (re  cM  ce) 


an  ri  i  fro  ai 
trti  II',  tij 


r/.iii  ni;(-,,i  r^u  ,„,) 
'il  mè  lo 
su  lui'  le 
u  nii!' 


de  VF 


tan  Ma  ce 


^J.  On  d<m„e  i  ,,  repnWnUnt  fe  «,„  ,.  ,«  ,,,,,„,  ^e  l'o, 

loUnntl  (k,  la  nèl)  ^  lo  nÂI 

>ol.nndk«>«u  (w  la  ni  le  man)  «o  lo  ne  le  nm„ 
».  On  prononce  comme  un  li  fermé  l'«  nul,  dana: 


uMier  (jô  lié) 
!/«*«  CJO  le) 


je  o  lié 
je  oie 


6.  Syncope  du  «,d  t  tepré«nté  par  le  eigne  «,  dan»; 

/«  Aommo»  (lèï-  o  me)  1','  o  mo 

J^r-o-^ort.aéptHicète)  je  Us  te 

^Quelque,.un,  même  prononcent:  .mè  zon,  pour  ««.  „„,■. 

7.  Epenthèse  de  I'e  muet  devant  le»  lettres  /  et  i-.- 


I>luet{h\u  è) 
Jlwt  (du  è) 
iiieuUier  (nieii  bli  é) 
toMin-  (ta  bli  ë) 
ircmetk  (br6u  è  le) 
/éiirier  (fi  vri  é) 
trvelle  (tru  è  le) 


beluè 
felui 
laeu  be  lié 
ta  be  lié 
be  roui  te 
U  ve  rié 
te  rué  le 


04 


MAtaiEL  DE  LA  PAROLE 


».  M^tathèse  des  lettre,  connexe»  ,.  et  re  : 


fmner  (se  kim  é) 

fxMiw  (ne  Von  ce) 

l'ra/omlltr  (l,re  d,m  lié) 

Maïue.  (Iir,.  |„  ke) 

Invtelk  (\n-e  tè  le) 

"'"'l>'<^'Me  (koH  prc  im  l)le) 

•:nUri,remlrt  (,.»  tre  prn«  dre) 

'Htretien  {an  tre  tii«) 
fredmm  (fre  de  ne) 
mwmU  (pfl  vre  té) 
J<ittf„lu,-he  (f,m  fre  ii;  c/„.) 
iniiin-eU  (,\,vo  pre  té) 
i'e«</m/i(v,indredi) 
(/ifni«-  (gie  nié) 
uremiuille  (gre  ip  «  //e) 
»*/!«  (re  fn} 
reiMin/ut  (re  nmr  Ke) 
/')VH«  (prené) 


ÇH  kwjé 

è-t  k«K  ce 

Iwr  dw  lié 

lier  lo  ke 

iH'r  tè  le 

k"w  |>er  na  ble 

««  ter  prn«  dro 
'<«  ter  tiiK 
fer  de  ne 
pA  ver  té 
f'<»  fer  In  r/je 
P")  iwr  té 
vn»  der  di 
ger  nié 
(Çer  nou  //o 
er  fu 

er  nmr  ko 
[ler  né 


S  f>.  —  I,  f,  ï 

125.-R(.Klo  g.^n^ralc.  -  Lo  sig„e  ,:  se  traduit 
.-■le  son  .toutes  les  foi.  ,,..«.  notant  paT ,  u"Ï^ 

-t  pas  SU.V.  des  «ignos  „.  o„  „,  „i  p.,eéi  do:"!!' 
",  '.ou  «;  um(yr,  ami,  inimitié,  eh. 

.."teani:x"'"îj;'':j^,rv>".-r".-«o"^™ie„,ent 

'•  -..monté  <lu  tre„,«  «e  pZ,  c.r;  a  'r'^-'T^o  signe 
coinliinaisnn  avec  les  lettre»  r    '         """*'"''  •'"""''''  «» 

I...i«..e  iwrfoiH  .'un  ^é  r ,  emi^t  i '','^"""l»'«'»'-.t.  bien  qu'il 
former  inedipI.t^nLneJA!w  ». '"  *<'yelle  suivante  ,i,nr 
(la  i  ke),.C;('a1  )!  iv*  éTo'im  '"""*' S'"-" 'f>''"^- 
faut  excepter  certains   no  »     i,  Vf     ^'     '"■'  (*  '"''■  '"•— H 

avec  «M^i  le  suit.  "w,':'(r„;/b;:r  "'"  "*"'■""  ""*'^ 

^^186.-Exceptlo„«.-I.  /  est  nul  dans  les  cas  sui- 

a)  Dans  les  trois  noms  C,imi,jmu:  (ka  vh  „„ak) 
M,mta,gne  (m-«,  ta  ^„e),  K.„jhien(„n  giv).     ^       ^' 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES  C5 

b)  Dans  les  inota  où  il  est  précédé  de  o  et  Huivi  de 
gn  ou  do  t:  oignon  (o  gv  on),  encoujnnre  {an  ko 
</H  .1  le),  poitrail  (po  tra«;,  etc.,  et  dans  le  mot  rnàreaii 
(po  rô). 

Cependant,  cette  prononciation  commence  à  disparaître 
car  la  parole  cherche  A  se  conformer  à  l'écriture;  on  pronon» 
aujourdhm  ces  nioU  tantflt  avec  l'i  muet,  tantôt  avec  le  "on 
de  la  diphtongue  «.-  imtriw  (po  tri  ne  ou  poa  tri  ne),  animi- 
(mrjan  ro  ff«é  ou  «„  poa  gné),  i^^reau  (po  rfl  ou  poa  rù)  etc. 
Bientôt,  la  prononciation  oa  aura  prévalu. 

On  iwHt  dire  encore  que  l't  est  nul  quand  il  est  placé  après 
uiie  voyele  et  devant  /  ou  «  à  seule  «,,  de  mouiller  cetteTô^ 
sonne  cest-A-d.re  dans  les  combinaisons  aU,  eU,  ouU,  ueil  e, 
««/.  tramd  (tra  va//),  agennuilhr  (a  je  noti  Hé),  etc. 

II.  /,  précédé  de  «.,  e,  ou  o,  k  moins  qu'il  ne  soit 
muet,  surmonté  d'un  tréma,  ou  suivi  de  in,  ou  de  n  se 
combine  avec  ces  voyelles  pour  représenter  les  sons  E, 
È,  i,  ou  OA,  comme  nous  le  verrons  en  étudiant  les 
signes  «(:,  ei,  et  la  diphtongue  m:  ,,ui  (gé),  UUd 
(ba  \e),faimw  (fe  zè).  mifje  (ne  je),  loi  (loa),  etc. 

III.  /,  suivi  de  r»  ou  de  >i,  se  nasalise  généralement 
et  3C  prononce  in  :  imiwmiUc  (In  po  si  ble),  instinct 
(itiH  tin),  etc. 

Si  lï  est  précédé  de  a  ou  de  «,  ces  deux  signes  sont  muets- 
rfrti».  (dinX  rtm  (ri«),  /«i«  (bin\  etc. 

Cependant,  i  se  traduit  encore  par  le  son  qui  lui  ejt  propre 
dans  les  for.nes  .,«,„,  ,„„  ,„.,  et  .„,  suivies  d'une  voyjue'ou 
dune  A  muette;  c'est-à-dire  que  les  signes  con,,,osés  ,■„  éî  Z 
ne  sont  voyelles  nasales  qu'à  la  fin  des  mots  (skns  tréma)  é 
au  commencement  et  dans  le  cor,«  des  mots  s'ils  .sont  suivis 
d  une  consonne  autre  que  m,  n,  ou  A  muette:  imiter  (i  mi  té) 

Môme  à  la  hn  des  mota,  ,  suivi  de  »,  garde  le  son  propre  dans 
un  grand  njmbre  de  noms  d'I.onin.os  et  de  lieux:   /A, S 
1  hra  imX  .V<^r.m  (se   im),  etc.,  et  dan»  les  trois  mots^X^' 
(<«  te  rim),  o/,m  (d  lim),  /«„,,„  (,«3  ,),„)  ""*"'" 


66 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


137. — Fautes  caBadiennes. 

1.  Prnsthèsc  de  l'i,  dans  : 


ri  (cet  bomme-cO  («) 

i  si 

où  {on) 

i  uu 

là  Oa) 

\\k 

ipenthèse  de  l'i,  dan»  : 

arrérage  (a  ré  ra  je) 

a  né  ra  je 

lean  (sô) 

sid 

«(iWtVr  (ta  bli  c) 

ta  bi  lié 

syncope  de  l'i,  dans  : 

huisstet'  (ui  sié) 

n  aie 

railler  (kui  Wèr) 

ku  Hèr 

cuillerée  (kui  Ile  ré) 

ku  llk  ré 

esmiie-main  (é  sui  min) 

é  su  intn 

menuisier  (me  nui  zié) 

me  nu  zié 

memiiferie  (me  nui  7A  ri) 

me  nu  ze  ri 

hien  (bif'n) 

bi» 

enmiden  (kf/n  biin) 

kf>n  btn 

bientôt  (biijî  t») 

be  tô 

je.  ituin  (je  nui) 

je  su 

4.  Substitution  du  son  in  nu  ?on  i,  dans  : 

minuit  (mi  nnî)  min  nui 

irr^jvrœhahle  (ir  ré  i»ro  c/ta  ble)  in  ré  \vco  clia  ble 
irr/i'OHciliaffleiW  ré  k/m  ci  li  a  ble)  m  ré  ktm  ci  li  a  ble 
in-éjKtrahh  {\r  ré  (m  ra  ble)       /»  ré  pa  ra  ble 

On  dit  ausMi:  m  nmn  ja  ble  et  /«  m/i/?  ka  ble,  au  lieu  de: 
im  HKiHJable  et  im  nvtn  ka  ble;  mais  la  pr^nonciatitm  de 
ce»  mots  avec  le  son  nasjiil  in  est  aussi  admise  par  l'usjige,  bien 
ipie  TAcadémie  la  condamne. 

Ti. — Sub.'ïtitution  du  son  é  au  son  i,  dans  : 


corn  fia' f  nie  (kww  pa  f/ni) 
criti4fmr  {\iv\  ti  ké) 
hirondelle  (i  von  de  le) 
vomitif  ivo  nii  tif) 
riiliciUe  (ri  di  ku  le) 


ko--,  pa  une 
kré  ti  ké 
é  von  de  le 
v(»  mé  tif 
ré  di  ku  le 


VALEUR  PHONÉTigUE  DES  CARACTÈRES 
6.  Substitution  du  son  k  au  son  i,  dans: 


07 


sillon  (si  lion) 
milieu  (mi  luil) 
mii  (oui) 


se  lion 
niè  lieil 

Ollii 

7.  Substitution  du  son  u  au  son  i,  dans: 

viemlra.t.il(yun  dra  til)  virà  dm  tu 

§  6.  —  y 

128.-Règle  générale—Le  signe  y  rep.ëscnte 
généralement  le  son  l  :  py,,„uUle  {pi  .a  n,i  de),  lure 
(il  re),  type  (ti  pe),  fvry  (i  vri),  «/,■. 

m.-Exceptlons—I.  A  la  fi,.  de«  mots,  y  pré- 
cède de  a,  o.  ou  r,  se  combine  avec  ces  signes,  et  forme 
avec  eux  les  signes  cou.posés  ay,  ,.y,  «y,  ,,„i  ^ 
nonce      comme  ai,  oi,  ei,  c'est-à-dire  É,  o\  È  ■   Para 
miy   (pa   ra  gé).   Fonlenuy   (ion   te  noa).  Ferney 
(fer  ne),  etc.  " 

II.  Précédé  d'une  voyelle,  dans  le  corps  d'un  mot.  y 
^qu>vaut  à  deux  l.  qui  appartiennent  à  deux  syllabes 
aitiérentes. 

a)  Si  la  voyelle  précédente  est  un  a,  ou  un  e  le 
premier  i  forme  avec  ce  signe  la  combinaison  ai,  ou  ei 
qui  se  prononce  Ê:  payer  (pai  ier-pè  ié),gm^yè 
(gras  sei  le— grâ  se  ie).  etc.  r       '  -J         3 


6g  MANUEL  DE  LA  PAROLE 

b)  Si  la  voyelle  précédente  n'est  ni  un  n,  ni  un  f, 
le  premier  I  se  diphtongue  avec  cette  voyelle  :  bruyère 
(brui  iè  re),  foyer  (foa  ié),  etc. 

Gruyhe,  qui  «..  prononçait  autrefois:  gru  è  re.  8e  prononce 
Bujoura'liui:  gn.  iè  re. 

c)  Si  l'v  est  suivi  d'une  consonne,  le  deuxième  l 
provenant  de  sa  décomposition  se  prononce  avec  le 
son  propre  et  forme  à  lui  seul  une  syllabe:  /«y*'.'/" 
(pè  i  za  je),  ete. 

Il  eu  est  de  même  dans  ablmi/e  (a  bé  i). 
d)  S=   Vy  est  suivi   d'une   voyelle,  le   deuxième    l 
forme  toujours  une  diphtongue  avec  cette  voyelle  : 
70Ve«.i-  (joa  \e-A),  éciiyer  (è  kui  ié),  tuy<n>  (tui  16),  etc. 
III.   r,  suivi  de  m  ou  de  n,  é.iuivaut  à  i,  et  se  nasa- 
lise dans  les  mêmes  cas:   thym  {ti»),  ftc;  saut  les 
mêmes  exceptions,  et  de  plus  dans  le  mot  hymne,  ou  y 
ne  se  pasalise  point  :  im  ne. 
130.— Fautes  canadiennes. 

1    Ou  peut  noter  ici  l,i  faute  qu'on  commet  en  joutant 
„„  y,  ou  plutrtt  un  i  dans  le  corps  de  certams  mots,  tels  que. 

iin'tr  (gré  é) 
tléiir^er  (dé  gré  é) 
Mir  (o  bé  ir) 
crkr  (kri  é) 
•i.  Substitution  du  son  A  au  son  1 


grè  ié 
dé  gre  ic 
o  bé  iir 
kri  ié 


hiljuAMquer  (i  po  té  ké) 

3.  Substitution  du  son  in  au  son 

liyiMthiqne  (i  po  tè  ke) 

4.  .Substitution  du  son  É  au  sou  I,  dans  ; 

jury  (iu  ri)  i»  f"  , , ..  , 

fnMytique  (pa  ra  li  ti  ke)       pa  ra  lé  ti  ke 


,  dans: 

a  po  tè  ke 
a  po  té  ké 

I,  dans  : 

in  po  tè  ke 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES 

§  7.  —  o,  ô 


69 


131.— Règle  générale.— Le  signe  o  représente  le 
son  o  ouvert  :  homme  (o  ine),  etc. 

132 — Exceptions — I.  0  est  muet  dans  Ua  mots 
piwn  (p(ui),  ffion  (fun),  paonne  (pane),  jHioi.neaii- 
(pa  nô),  et  Liion  (l««). 

II.  Suivi  de  m  ou  de  n  à  la  fin  des  mots,  ou  suivi, 
dans  l'intérieur  ou  au  commencement  des  mots,  de  m 
ou  de  II  et  d'une  autre  consonne,  o  se  nasalise  et  se 
prononce  ON:  Imn  (bo»),  honti!  (bon  té),  et,: 

La  coiiil)iiiai.<i]n  um  ou  </»,  suivie  il'uiie  autre  m  <m  d'une 
autre  »,  n'est  [las  nasale:  yiowirn*  (jk)  me),  bonne  (lio  ne),  ete. 

III.  Suivi  de  a  sans  4.réma,  o  se  combine  avec  cette 
voyelle  pour  représenter  le  son  or:  toujours  (tou 
}our),  etc. 

IV.  Dans  le  signe  complexe  œ  suivi  d'une  consonne, 
o  est  nul,  et  E  est  fermé  :  ornménique  (é  ku  mé  ui  ke), 
ete.  ;  suivi  d'une  voyelle,  œ  se  traduit  généralement 
par  le  s<m  El'  ouvert  ou  fermé:  (r/7  {euU),  vœa 
(veâ),  ete. 

V.  Dans  la  diphtonjfue  oi,  o  conserve  le  son  propre, 
mais  il  est  très  bref  c  loi  (loa). 

On  lui  a  longt«iij«  attribué,  dans  ce  cas,  le  .son  ou. 

VI.  0  représente  le  son  ô  fermé,  dans  les  cas  sui- 
vants : 

a)  Quand  il  est  surmonté  d'un  accent  circonflexe  : 
ôter  (d  té),  vôtre  (vô  tre). 

Cependant  il  est  ouvert  dans  A<S/nVn/ (o  pi  tal). 

b)  Quand  il  est  terminal  •   trio  (tri  ô),  zéro  (zé  ro). 


70 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


c)  Quand,  daiia  la  dernière  nyllabe  d'un  mot,  il  est 
suivi  d'une  consonne  terminale  miiettp,  c'est-à-dire 
quand  il  représente  le  dernier  son  du  mot  :  dos  (dÔ), 
trop  (trô).  len  os  (Ô),  mt  (sô),  broc  (brô),  croc  (krô), 
accroc  (a  krô),  raccroc  (ra  krfl),  escroc  (es  krô). 

Cependant  l'usage  autorise  ausni  la  prrinonciation  de  ces 
cinq  derniers  mots  {Invc,  crvr,  etc.)  avec  le  son  o  ouvert:  bro, 
kro,  etc. 

Quand  la  consonne  terminale  se  fait  entendre,  o  suit  la  règle 
générale  et  reste  ouvert:  roc  (rok),  dot  (dot),  m»  oa  (os),  etc., 
sauf  dans  leij  mots  suivants,  où  il  est  fermé:  Argoi,  Letlmt, 
Burgot,  Kevtnt»,  Ero»,  Miniit,  Parut,  Atro/ioii,  Papho»,  Atho», 
itAos,  pathot,  UUinof,  mirinot,  at/Ànon,  et  aliati-o»,  (ar  gôs,  lès 
bôs,  etc.). 

d)  Quand  il  est  suivi  de  deux  «,  dont  une  seule  se 
prononce  (dans  les  dérivé»  de»  mot»  en  os)  :  groHxier 
(grô  cié),  endosner  {un  à(i  ce). 

OsMujr,  ottifiir,  et  omjimtiun  se  prononcent  avec  le  son  o 
ouvert,  pa.ce  que  ces  mots  sont  dérivés  de  oa  au  singulier  (os 
a«i2,  os  si  fié,  os  si  fi  k&  ciun). 

e)  Dans  les  mots  :  fonse  (fô  ck),  fossoyer  (fô  aoa  ié), 
fossoj/eur  (frt  soa  ieui),  odeur  (ô  detfr),  odieux  (ô  die»l), 

f)  Quand  il  est  suivi  de  la  syllabe  tion  avec  (  sif- 
flant :  émotion  (é  mô  oio/i),  notion  (nô  cioji). 

Quand  /n'a  pas  le  son  de  s,  o  reste  ouvert  :  nous  notion»  (no 
ti(m). 

g)  Quand  il  eut  suivi  de  l'articulation  z  :  poner 
(pô  zé),  proHodie  (prA  zo  di). 

h)  Dans  les  mots  suivants  :  aimtzove,  aphonie,  hip- 
pone,  polygmie,  pyUme,  zone,  nromi\  atome,  axiome, 
chrome,  y  nome,  hippodrome,  idiome,  et  tome  {a  ma 
zA  ne,  ip  pô  ne,  ete.). 

La  prononciation  des  terminaisons  en  otne  et  en  one  est 
actuellement  fort  incertaine  ;  il  est  ceiiendant  généralement 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES 


71 

adiiii,,  qu'on  doit  prononcer  avec  le  son  6  f.n,.^  i 

/-aut.,,ep,J:reVTe'l!rdrer''?i 


tirécédent;   pour 
son  G  ouvert. 


133— Fantes  canadiennes. 


1.  Substitution  du  son  ouvert  au  «nn  i^^jl 
le  signe  ô,  dans:  *"  *""  '«"n^  l>oiir  traduire 


.le  notre  (le  nû  tre) 
'e  w!(re  (le  vO  tre) 


le  no  tre 
le  vo  tre 


2.  Substitution  du  son  o.  au  son  o,  ouvert  ou  fermé 


rolorer  (ko  lo  ré) 
cornée  (kor  vé) 
<'>fmlorer  (dé  ko  lo  ré) 
«rrojcr  (a  rôzé) 
arrofoir  (a  rô  ïoar) 
cérémonie  (se  ré  nio  ni) 
ranoce  (ko  ri  a  se) 

moelle  (moa  le) 

tnreelaine  (por  se  le  ne) 

roMe  (rfl  zé) 

«o/,riqvei  (so  bri  kè) 

>(5<tr  (rû  tir) 

'•<"'■  (rfl  ti) 


kott  1«M  ré 

ko«r  vé 

dé  kou  loi  ré 

a  rou  zé 
a  row  zoar 

se  ré  mou  ni 
kou  ria  se 
moue  le 
Po«r  se  lè  ne 
rou  zé 
sou  bri  kè 
rou  tir 
rou  ti 


.-^o"rlf™t;i;rr"'''"""  -«diennede  A„«„.  et  de 
3.  Substitution  du  son  A  au  sono,  dans: 


folet  (to  lè) 
roli'Mçon  (ko  li  ma  son) 
dommage  (do  ma  je) 
imulette  (o  me  lè  te) 
Wu«tte(brokète) 
hogtiet  (bo  kè) 


talé 

ka  li  ma  son 
da  ma  je 
a  me  lè  te 
bra  kè  te 
a  kè 


*.  Substitution  du  son.  muet  ...couvert  au  sono,  dans 


colorer  (ko  lo  ré) 
•léculorer  (dé  ko  lo  ré) 
commute  (ko  mo  de) 
loyer  (loa  ié) 
6* 


k"i/  Ifu  ré 
dé  koM  \eu  ré 
ke  mo  de 
leié 


u 


MANPEL  DI  LA  PAROUE 

à  8.  —  U,  V,  e,  0 


.il!*'r^f^  8<5nép.le.-U    «igné  m  représente 
généralement  le  son  u  :  paru  (pa  ru) 

135._ExeeptIon8.-I.  Suivi  de  mou  de  n  à  la  fin 
des  mots,  ou  suivi,  dar.  l'intérieur  ou  au  commence- 
ment des  mots,  de  m  ou  de  n  et  dune  autre  con.sonne,  :t 
entre  dans  la  eombimiison  nasale  an  :  h  umhle  (  n  n  ble) 
jmrjtim  (par  fiin).  ^  -'' 

II.  Dton»  les  signes  composés  nu,  ea.  et  oit,  u  entre 
en  combinaison  avec  n.  e  et  o.  à  n.oins  qu'il  ne  porte  h 
tréma,  pour  représenter  les  sons  o,  ô,  EU.  eO.  u  et  OU 
comme  nous  le  verrons. 

III.  Précédé  de  i,,  V.  peut  être  muet,  se  prononcer 
ou,  ou  bien  conserver  le  son  u. 

a)  Il  est  muet  et  ne  fait  ,,ue  rendre  le  g  dur,  dans 
la  plupart  des  mots  où  gu  se  trouve  suivi  de  «•  ^  o  ou 
i:  .ng^uère  ,è  giè  re),  anguilU  (an  gi  &),  «^W»" 
<la  ge  ,  ,9,«rt/. ,  (gé  ri  te),  n,.r,fu,m.  (nar  ga«).  j,^"' 

(ge  p.,.),  yuff  (ge),  ,,„,>,  „„,„  commun  (gi  ze)  etc 

b)  Il  s.,  prononce  ov,  dans  certains  mots  où  nu  est 
suivi  de  „  ■  guann  (g„„a  nrt),  algu.,,U  (ai  g,««  aj) 


('  gOM  ne).  ^*'     *  '^  ™"  H  'ffiuine 

Mai»  dans  les  verl»«  «- 

«ont  des  -ceptio„a\,/;,3,'?7  Jf'-Î"-  «ote  ,„i 
(è  gui  Ile)  et  se»  dérivé,  „;f,7  .T''T"«  =  '"«?«'«« 
(è  gui  ll^n)  et  «es  déSs  ^^     ^.  *^  "^^^  "'^"'''^* 

•-'-  gui  ble).  Oui^,  iZ  ^Pr  \Sr"f  <"  "^"^ 
les  cas  où  la  voyelle  qui  «,,if  3     ^    ^);-dan8  tous 

'^--^  los  noms  p4"l,  où  '  '^f  ^'.'"  '''  '^^^ «» 
<î''y«««(gui  iane)  '^     '     '"'"'  ^^  "''«"«  y-" 

oncoregiStttnVople'  "'"'''  "'  P"*""""^  "^' «"> 

.-.'IrîLfâJÎrlr'^  ^"'"^^  ^''-  '«^ 
''i^<  (ko  li  bè)l!Tn  ^  f.  '^'''''*"^(»k«'î)-?««- 
quand  u,«  ne  formeM  l    «combinaison  y„,„, 

-•«  est  diphtongue  :  ^  "I  .r"""  '"'"'  '^^'^^ 
^-  fome  une  dipht.>ng„c  IZJ'        f  ^'  """«  °^ 

~^^^--'^-^'(St:s:5^:: 


74 


MAKUEL  DE  LA  PAROLE 


(ë  kuës  tre),  quiitimne  (kui  é  ti»  me),  équiUitéral 
(é  kui  la  té  ml),  Quirimil  (kui  ri  nal),  Miquité  (o  bli 
kui  té),  équidititunt  (é  kui  dis  tuii).  requiem  (ré  kui 
^m),  qaiii  (kui  a). 

L«  iirononciation  des  moU:  di/uitation,  quUtwIe,  ohtéqvieur, 
obiéquumté,  guiJam,  eat  contestée  ;  le»  un»  disent  :  é  ki  U  cion, 
les  autres:  é  kui  tA  cion,  etc. 

c)  H  se  prouonce  ou  dan»  certains  mots  où  il  est 
suivi  de  a,  avec  lequel  il  forme  une  diphtongue  :  aqua- 
relle (a  kmta  rè  le),  aquarium  (a  kowa  liom),  aqua- 
tique! (a  k«Ma  ti  ke),  adiquat  (a  dé  koua),  équateur 
(é  ko«a  tfi/r),  équati<,-n  (é  ko«a  ci(;7i),  loquace  (lo 
koua  ce),  loquacité  (lo  koua  ci  té),  qttaci-e  (koua  kre), 
quaHz  (kmiartit),  quate^ma  ire  (koua  tër  ne  re),qua- 
terné(kou&  ter  né),  quatiurr  (koua,  tu  or),  tquaiv 
(sk(«4a  re),  «quale  (sk»iia  le),  Kqmmeux  (akinia  meù), 
in-qMirto(in  kouar  tô);  — et  notamment  dans  tous 
les  roots  commençant  par  quadr:  quadriije  (koua 
dri  je),  qwidrature.  (koua  dra  tu  re),  sauf  dans  qiui- 
drille  (ka  dri  lie). 

1S6.— Fantes  canadiennes. 

1.  Syncope  de  Vu,  dans; 


boêgver(ho  sué) 

jniiii  (|iui) 

iniixfue  (puis  ke) 

/rvit  (frui^ 

fruitier  (frui  tié) 

quadru]tide  (kotia  dru  i)è  de) 

qvadrujtU  (koua  dru  pie) 


boié 
Id 

pis  ke 

îri 

fri  tié 

ka  dru  pè  de 

ka  dru  pie 


2.  Substitution  d'un  son  étranger  au  son  u,  savoir: 
a)  Le  son  a,  dans  : 

«>»  (u  né)  a  ns 


VALEl'B  I-HONAtidUE  DBi  CABACTÈRKS  75 


b)  I-o  V   ,  KU,  dans: 

une  (u  n«) 

Umlitu  (ur  su  li  ne) 
communier  (ko  niu  nié) 
rumimr  (ni  uii  né) 
hrume  (bru  ni«) 
Arun<  (bru  ne) 
chneunt  (Ma  ku  ne) 
d^jilumer  (dé  plu  mé) 
lune  (lu  ne) 

y>/um«(plu  me) 

jtlumer  (plu  nié) 

jUuaul  (plu  niè) 

ywKHe  (pru  ne) 

inrunelte  (pru  ne  le) 

jtrunier  (pru  nié) 

In-unir  (bru  nir) 

nurpremlre  (sur  praw  dre) 

lurjirùe  (sur  pri  le) 

c)  Le  son  É,  dans  ; 

truinmu  (tru  nul) 

d)  Le  son  i,  dans: 


eu  ne 

eut  aeu  li  ne 
ro  i(u>  nié 
veu  rai  né 
bf'^  me 
hrfu  ne 
cr^a  kf  u  ne 
dé  pif  u  nié 
\tn  ne 
pi*  Il  nie 
pl«u  iné 
plru  nié 
preu  ne 
pr«»  ni;  le 
pr^M  nié 
bre«  nir 
ser  prri/i  dre 
s«r  pri  ze 


tré  uO 


kmmur  (u  rarer)  i  xaeut 

«uiKufitcture  (ma  nu  fak  tu  re)  ma  ni  fak  tu  re 

§  9.  — ou 

13î — Règle  générale — Le  signe  composé  ou  se 
traduit  par  le  son  ou  :  joujou,  toujoun 

138 — Exception — Quand  ti  est  surmonté  d'an 
tréma,  «iï  se  prononce  en  deux  syllabes:  AntinoUs 
('<)(.  ti  no  us). 

139.— Fautes  canadieuueH. 

1.  Substitution  du  son  rO  au  son  ol',  dan»  : 
douloureux  (don  luu  r«ij)  don  ]eû  nd 


MICROCOTY   MSOIUTION   TEST   CHART 

(ANSI  and  ISO  TEST  CHART  No.  21 


^i^ 

ilË 

-   gu 

î    là 

Il  2.2 

ii 

^     APPLIED  IIVMi3E    Inc 


165J  East   Main   Slreet 


î  ii 


76 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


■2.  Substitution  du  sou  û  au  son  ou,  dans: 

écrouelles  (é  kr<i«  è  le)  è  kru  è  lo 

3.'  Substitution  du  son  o  au  son  ou,  da   , 

fovrim  (fouT  bn)  for  bu 

aujourd'hui  (ô  jowr  dui)  ô  jor  du! 

coutil  (iîait  ti)  ko  ti 

rjomircmner  (goM  dro  né)  go  dro  né 

jjoumon  ([>ou  mon)  jio  mon 

renouvmu  (re  no«  vô)  ro  no  vO 

4.  Substitution  du  son  ô  au  sou  ou,  dans: 


brom'llanl  (broM  Haf ) 
nouK  lieux  (nou  Aeil) 


brô  War 
nô  deû 


5.  Substitution  du  son  A  au  son  ou,  dans  : 
macouba  (ma  kai»  ba)  ma  ka  ba 

§  10.  —  AI 

140.— H»>gle  générale. — Le  signe  composé  <n  se 
traduit  généralement  par  le  son  È  ouvert  :  vrai  (vrè). 
phiie  (plb), /mitaine  (tmi  tè  ne),  air  (èr). 

141.— Exeeptions I  Ai,  suivi  de  deux  l  dans 

l'intérieur  des  mots,  on  d'une  seule  ^  à  la  fin  des  mots, 
se  décompose;  a  conserve  le  son  propre,  i  est  nul,  et  l 
est  mouillée:  émniller  (é  ma  lié),  travail  (tra  vall). 

II.  Quand  i  est  surmonté  d'un  tréma,  ai  se  décom- 
pose, chaque  lettre  se  prononçant  séparément  :  laaïe 
(i  za  i). 

III.  Ai  se  traduit  par  le  son  È  fermé,  dans  les  cas 
suivants  ; 

a)  Dans  les  mots:   gai  (gé),  gaie  (gé),  çittfi  (ké). 

b)  A  la  première  personne  du  singulier  du  passé 
défini  des  verbes  de  la  première  conjugaison  :  je  mar- 
chai (je  mar  ché). 


VALEUR  PHONÉTIQUE  HES  CARACTÈRES 


77 


c)  A  la  première  personne  du  singulier  du  futur  de 
tous  les  verbes:  je  recevrai  Qc  re  co  vré),  je  fin  irai 
(je  3  ni  ré). 

d)  A  la  preni'ère  personne  du  singulier  du  présent 
de  l'indicatif,  et  à  la  troisième  personne  du  singulier 
et  du  pluriel  du  préseit  du  subjonctif,  du  verhe  avoir: 
j'ai  (ié),  qa'il  dit  (>'■),  qu'Un  nient  (é) 

e)  Aux  trois  personnes  iu  singulier  du  présent  de 
l'indicatif  du  verbe  xniuiir:  je  miit.  {je  se),  tu,  tuiin  (se), 
il  nuit  (se). 

REMARQUE.^.Siiivaiit  iiuelqiie.s  uns,  le  signe  ai  doit  encore 
»e  prononcer  É,  iiu  ciiinniencenient  et  dan.i  l'intérieur  des 
mots,  quand  il  est  suivi  d'une  consonne  et  d'une  voyelle  autre 
que  I'e  muet  (eu  ouvert)et  que  le  son  nasal  ON:  aimer  (é  mé), 
airain  té  tin),  (louairièrt  (Aoué  riè  re),  touhaitabh  (mue  ta  ble). 

Ainsi,  ixiiM  se  prononcerait:  è  me,  aimnm  se  prononcerait: 
è  mon,  mais  iiimaiU  se  prononcerait:  é  mn«;  mute  se  pronon- 
cerait: rède,etraî(/(r se  prononcerait:  rédir;  rawon  se  pro- 
noncerait :  rè  zon,  et  raimmMe  se  prononcerait  :  ré  zo  na  ble. 

Cependant  il  vaut  mieu.t  prononcer  È  dans  tous  les  cas  et 
dm:  è  dé,  pour  aider,  aussi  bien  que  :  è  de,  pour  nùlH. 

Dimnirière,  »ouluiit<Me,  et  les  mots  analogues,  se  pronon- 
çaient autrefois:  doua  riè  re,  w(i(a  ta  ble,  etc.  Mais  cotte  pro- 
nonciation est  presque  disparue. 

IV.  Ai  représente  le  son  E  muet  (eu  ouvert),  dans 
les  cas  suivants  : 

a)  Dans  les  mots  fiiituut  (fe  Z(in),f<iii<eur  (fe  zeuv), 
faineune  (fe  zeu  7.c),hieiifiiimnt  (h\in  fe  z/nt),et  iivd- 
fiiimnt  (mal  fe  xdfi). 

h)  A  la  première  personne  du  pluriel  du  pré-sent  de 
l'indicatif,  à  toutes  les  personnes  de  l'impartait  de 
l'indicatif,  à  la  première  personne  du  pluriel  de 
l'impératif,  et  au  participe  présent,  du  verbe  faire 
et  de  ses  composés:  nous  faisons  (h  zon),  je  faisait! 
(fe  zè),  faisant  (fe  ziin),  etc. 


»      f 
i      II 


E      fi 


*! 


'8  MANUEL  DE  LA  PAROLE 

143. — Fautes  canadiennes. 

1.  Prononciation  de  ai  comme  È  fermé,  quand  au  contraire 
Il  doit  sonner  comme  k  ouvert,  dans  : 


mais  (niè) 
raimn  (rè  zon) 


nié 
ré  zon 


2.  Prononciation  de  «"comme  Èouvert,iiiiandparexception 
u  a  le  SOI!  de  i  fermé,  dans  : 


je  saië  (se) 
tu  mil  (se) 
il  ecit  (se) 


se 
se 


3.  Substitution  du  son  i  au  son  fe,  dans  : 


germaine  (jèr  mè  ne) 
jHircelaine  (por  se  le  ne) 


jèr  mi  ne 
por  se  li  ne 


4.  Substitution  du  son  E  muet  au  son  È,  dans; 

amigtiée  (a  rè  gné)  a  re  gné 

5.  Substitution  du  son  diphtongue  oa  au  son  È,  dans  : 

mortaise  (mor  tè  ze)  mor  toa  je 

6.  Substitution  du  son  nasal  m  au  son  È,  dans  : 

maison  (mè  ion)  tain  zon 

§11.-AV 

143 — Règle  générale.— Ay  se  traduit  générale- 
ment par  le  son  i  :  Toiirnay,  {timr  né),  etc. 

Ay  se  prononce  toujours  ainsi  à  la  fin  d'un  mot. 

144.— Exceptions.— I.  Dans  le  corps  des  mots,  ay 
se  décompose  en  ai-i;  %  forme  diphtongue  avec 
la  voyelle  qui  suit,  ou  se  prononce  séparément  si  ay 
est  suivi  d'une  consonne  \  ai,  eie.  prononce  È:  paysan 
(pè  i  z«w),  payei-  (pè  ié),  payons  (pè  iim). 

II.  Par  exception  à  la  règle  précédente,  ay  se 
décompose  en  A-l,  dans  :  huyadhe  (ba  ia  de  re),  bayer 


m 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES  V9 

(bâ  iè),  hlypxir  (bâ  ie,„.),  ^lp„,je.  (si  ^«i  ie),  BUiye 
(bla  le),  Bayard  (ba  iai),  Bayon>,e  (ba  io  ne),  B,V.ca^« 
(b;a  ka  ie),  /.«  /"«^^/^p  (|a  fa  \h  W),  Afuyeiwe  (ma 
i"i!  se),i>nye.n  (pa  iùi). 

III.  Dans  ahlxiye,  ay  se  décompose  en  iti-i,  ei  se 
prononce  i-i  :  a  bé  i. 

145. — Fautes  canadiennes. 

1.  Syncope  de  l'ny,  dans: 

yijnyer  (W  gè  ié)  bé  gé 

2.  Syncope  du  son  fe  provenant  de  la  décomposition  du  signe 

balaynije  (ba  Iè  iii  je)  I,a  lia  je 

iKilnyer  (ba  le  ié)  ba  lié 

linlaynre  (ba  le  in  re)  ba  liu  re 

iMlaymr  (ba  le  ieitr)  ba  liewr 

3.  Substitution  du  son  i  au  son  (■:  pour  traduire  ni  prove- 
nant de  la  décomposition  du  signe  ny,  dans  : 

craymi  ^krè  io»)  kri  ira 

§  12.  — .« 

140.— Règle.— Le  signe  composé  œ  .se  traduit  tou- 
jours par  le  son  t:  œthtim  {é  tu  ze),  ^f,Ulhts  lé  ]i 
dius). 

§  13.  —  <K 

14.  -Règle  générale — Le  signe  composé  ,e  .se 
traduit  généralement  par  le  -mn  É  :  (•■nolmjip  (é  no  Io 
ji),  wcuinéniquc  (é  ku  mé  ni  ke). 

Cette  pi-ononciation  ne  .se  rencontre  toutefois  que  dans  les 
mots  ou  le  signe  oe  est  suivi  d'une  consonne  et  d'une  voyelle 
non  muette.  ' 

148.— Exceptions.— I.  Œ,  suivi  d'une  ou  de  plu- 
sieurs consonnes  et  d'un  E  muet,  se  prononce  Ê  :  wstre 
(es  tie). 


!   i; 


L  1; 


80 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


II.  Devant  «,  w  se  décompose  ;  o  devient  muet,  et  f 
se  combine  avec  /(  pour  foimei-  le  signe  fti,  qui  se 
pronoi.eu  ELi,  ouvert  ou  fermé  suivant  les  règles  qui 
gouvernent  ce  signe  :  iei'/{iHii),  mkkv  (s/'ttr),  va-n  {vt-tl), 
nœiul  (neA),  wiifn  {c4). 

III.  Djvant  toute  antre  voyelle  que  u,  if  ^ie  pro- 
nonce EU  ouvert  :  lell  {eM),  mitht  {^a  «è). 

149.— Fautes  cauHdieiiues. 

Substitution  du  son  a  ouvert  <>ii  du  son  o  ouvert  nu  «on  eu, 
pour  traduire  le  signe  (*■  devant  i,  dan»  : 


ueiUère  {eu  Ile  rc) 
œillet  (eu  lie) 


a  lié  re  ou  o  lie  re 
a  lié  on  0  lii 


S  14. 


150.— Règle  générale.— Le  signe  ei  se  traduit 
généralement  par  le  son  È:  peine  <pè  ne),  soleil 
(so  Vell). 

151. — Exception. — Dans  la  combinaison  ueil,  ve 
se  prononce  eu,  i  est  nui,  et  l  e.st  mouillée  :  accueil 
(a  keuM). 

Remahcjue.— Quelques-uns  prononcent  é,  quand  ei  eut  suivi 
dune  syllabe  non  muette:  emeigmr  (an  si  gné).  Cette  pronon- 
ciation est  aussi  admise. 

158. — Fautes  canadiennes. 

1.  Prononciation  de  ei  connne  in,  dans  les  mots  où  ce  signe 
est  suivi  d'une  consonne  nasale,  comme  dans  : 


reine  (ri  ne> 

tin  ne 

haleine  (i  le  ne) 

a  Un  ne 

teine  (se  ne) 

stn  ne 

2.  Substitution  du  son  t  au  son  È,  dans  les  mots  où  ei  est 
suivi  de  l'articulation  j  et  d'une  syllabe  muette,  comme  dans: 
neige  (\Aiti)  né  je 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRE»  81 

3.  Siibstitutioii  du  sou  i  an  mn  k,  dans  les  mots  dii  ri  ist 
SUIVI  du  1  articulation  i,  mni.illée  et  d'une  syllabe  sonore 
comme  dans  ;  ' 


oreiller  (o  rè  lié) 
éveiller  (é  vè  lié) 
meilleur  (mblleiiT) 


o  ri  lié 
é  vi  «é 
mi  IhvT 


4.  Prononciation  île  la  combinaison  neil  cor.:  me  si  les  deux 
lettres  ne  n  en  faisaient  pas  |«irtie,  dan«  : 


orfftieilleiiX  (or  geii  lleû) 

i  13.  - 


or  ti  llei 


153i— Règle  générale — Ëy  représente  générale- 
ment le  son  È:  t'erney  (fèr  ne),  dry  (de). 

154.— Exception.— Lors(|ue,  Jans  l'intérieur  des 
mots,  py  est  suivi  d'une  voyelle,  ce  signe  se  décompose 
en  fi-l  ;  i  se  prononce  avec  le  son  propre  et  forme 
une  diphtongue  avec  la  voyelle  suivante;  ci  se  pro- 
nonce È:  gruHHeyer  (gi-â  se  ié),  ynix^eye  (grâ  se  ie) 
gnifoieynns  (grâ  se  \<m). 

S  16.  — AU 

155,— Règle  générale.— Le  signe  au  se  traduit 
généralement  par  le  son  û:  autre  (il  tre),  axuhicc 
(ô  da  ce),  fléau  (flé  ô,)  mule  (sô  1  ). 

156 — Exeeplions — Au  .se  prononce  o  ouvert, 
dans  les  cas  suivants  : 

a)  A  toutes  les  personnes  du  futur  des  verbes  amùr 
et  saimr:  j'aurai  (jo  ré).,;«  murui  Qe  so  ré). 

b)  Dans  un  certain  nombre  de  mots,  où  le  signe  au 
est  suivi  de  l'une  des  consonnes  y,  r,  k  ou  t,  non  muette  : 
augmenter  (og  mu„  té),  augmentation  (og  man  ta 
cioii),  aurm-e  (o  ro  re),auréole  (o  ré  o  le),  auriculaire 


82 


MAXUEL  DE  LA  PAROLE 


(o  ri  ku  le  re),  <-e„t,uuT  (-vui  to  iv),  Irnivir,-  (lo  lië), 
Inuréit  (lo  ri  a),  replat, nuit  {rm  to  run),  Lamr  (lo  iv), 


Imi 


(i  zo  re),  Z»a/;(«;r  (du  fo  r^,   ^tint-Mai 


{ain  mot),  LnuvMt  (lo  m/i),  M„,u-„c.  (m)  ri  ce), 
«it«^-ai  (os  tral),  <(«,»«,•«  (o»  tè  n),  ai, nié, -1  té  {o^  té 
i-i  W),  «it^f'  (  )  tel),  itutlicjitiqut'  (o  ta/i  ti  ke),  mithn,- 
ticité  (i  t-'H  ti  si  te),  antormtc  (o  to  kra  te),  f(i/fo- 
cnt^V'  (o  to  kra  ni),  au.t„i/i;ij,he  (o  to  gra  fe),  automne 
(o  to  ne),  autojiile  (o  top  si),  autorimtiiim  (o  to  ri  zà 
cioH),  atitm-lté  (o  to  ri  té),  automate  (o  to  ma  te). 

c)  Dans  les  mots  suiviants:  »M/itW((«  (mo  vè),  (tiw;;. 
liaire  (ok  si  lie  re),  Paul  (pol),  i'((i(fc  (po  le), 

Pauline  suit  la  règle  giintSmle  et  se  prononce:  pO  11  ne. 

157. — Fautes  eaiiadleiinet). 

1.  Prononciation  du  signe  au  a"ecIeson  ôffriné.dans  quel- 
ques mots  ou  II  prend  le  son  o  otivert  : 


aurore  (o  ro  re) 
auréole  (o  ré  o  le) 
lauréat  (lo  ré  a) 
autel  (o  tel) 


ô  ro  re 
ô  ré  o  le 
lô  ré  a 
fttèl 


2.  Substitution  du  son  a  au  son  fl,  ()ans  ; 

éehauffourée  (é  chô  Um  ré)         é  cAa  foM  ré 

3.  Substitution  du  son  a  au  sou  ô,  dans  : 

miauler  (miô  lé)  niiA  lé 

4.  Substitution  du  son  o  au  son  ô,  dans  : 

]>aume  (ih>  me)  po  me 

6.  Substitution  du  son  ou  au  son  ô,  dans  : 


ifauciêêe  (sô  si  ce) 
Mujjouclrer  (sô  pou  dré) 


soit  SI  ce 
HOU  pou  dré 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES  83 

S  17.— KAU 

US.~Règ]e.-Ëau  86  prononce  ô:  cArfte,,,  (M 
ta),  mtaeau  (ra  niô).  ^ 

Nous  a»on,  d<jà  vu  que  .  dan»  «««t  nul:  par  cousin...... 

ea«  équivaut  i  ou û  «— "ui,  |iar  conaequnit, 

159. — Faute  canadienne. 


«rax  (sA) 


i  18.  —  EU,  Etf 


160.-Bèiîle  gënérale—Le  signe  m  se  trajMit 
gënéralemeut  par  le  .son  BU  ouvert:  peaj.le  (peu  pie) 
oonheur  (ho  near),  aveugle  (a  veughy  "^      ^    ^' 

168.-Exceptlon,.-I.  Ea  se  prononce  EU,  dans 
les  cas  suivants: 

a)  Au  commencement  des  mots,  dans  tous  les  cas- 
eux  (eu),  euphonie  (eu  fo  ni). 

b)  Quand  «  est  surmonté  d'un  accent  cimonflexe: 
jeûne  (jeû  w). 

>^i:Z^:T  *"'"'  "^  ''"*'«  """"•'  ""  --  vern,n,  .,ue 

c)  Quand  eu  représente  le  dernier  son  du  mot,  qu'il 
8o.t  hnal  ou  suivi  d'une  consonne  muette:  bleu  (bW) 

.1)  Quand  ««  est  suivi  de  l'articulation  z  :  vhartrev^e 
(cAar  tre4  ze),  d<>«cere«*e,„«m«  (don  ce  reû  ze  man). 


84 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


e)  Quand  fu  est  suivi  fie  l'aiticulation  T ;  nmeuter 
(a  m»"''  té),  neutre  (neit  tre). 

f)  1)bii8  le»  mots  suivante:  jeu^ii  (jfil  <i\),l>eugler 
{he4  g\é),  heU!)UmenHhfû  gîc  mioi),  vi-ulf  (vert  le); 
et  dans  tou»  les  inote  commençant  p  vr  n^uf/,  meul, 
mettn  :  meugler  (mf.l  glé),  vuiile  (m«iî  le),  meunier 
(me  A  nié),  et«. 

II.  Le  Bigne  en  se  prononce  U,  dans  les  cas  suivants  : 

a)  Dans  les  mots  gitge.ure  (ga  ju  re),  ver-jeure  (vèr 
ju  re),  et  martgeure  (man  ju  re). 

Gageure  tend  maintenant  k  se  prononcer  :  ga  jeu  rc. 

b)  A  tou»  les  temps  du  verbe  avoir  oii  ce  signe  se 
rencontre,  surmonté  ou  non  d'un  accent  circonflexe  : 
j'eus  (ju),  nous  eûmes  (nouz'u  me),  eu  (u),  que  lotts 
eussiez  (ke  voitz'u  sié). 

III.  Dang  la  combinaison  eun,  si  la  lettre  qui  suit 
n'est  pas  une  voyelle,  ou  si  cette  combinaison  est  ter- 
minale ,  eu  se  nasalise,  ei  eun  se  prononce  UN:  à  jeun 
(ajitii)- 

Quand  eun  est  suivi  d'une  voyelle,  .-m  garde  le  s<.ti  p-.o;>re, 
ouvert  ou  fermé:  jeuTU  (jeu  ne),  jeûner  (jeu  né). 

163. — Fautes  canadiciines. 

1.  Prononciation  de  EÛ  'ermé  pour  eu  ouvert,  dan»  un  grand 
nombre  de  mots,  tels  que 


]>eu,r  (peur) 
peureux  (pew  rciî) 
heureux  {eu  teû) 
aveugle  (a  v«t«  gle) 
ieiirre  (beu  re) 
leur  (leur) 


peiîr 
jieiî  red 
eu  red 
a  ved  gle 
heû  re 
hû 


VALEUR  r'  i>»iTlQUE  DES  CARACT)ERE!I  85 

l.  SuhHtitiition  du  mn  u  au  aon  Ku  'tnné  ou  KV  ouvert, 
dans  : 

Eughu  (ni  ji  ne)  u  je  ne 

Biutarlu  {eu»  ta  eAe)  iw  ta  cAe 

Surope  (ti  ro  pu)  u  ni  pe 

«udiariaie  {eu  ka  ris  ti)  u  ka  rie  ti 

à  pi  a  )>rh  («  peiJ  prè)  a  jm  prè 

neui'eitx  (eu  reil)  u  r«t 

heu  -etuemeni  (t  j  mJ  w  ma»)  u  ml  le  iiinn 

matJuunujr  (ma  ]eu  reù)  ma  lu  i«î 

iiMlheiir'nmmevi  (ma  leu  reU  ze  m«?i)  ma  lu  r«!  «e  moH 

cAonte/deure  (cAon  te  pl«u  re)  cAan  plu  re 

meunier  (meil  iiij)  mu  nié 

3.  Substitution  du  «on  o  a»  non  eu,  dana: 

/««m/  (fi  Ueu\)  fi  Kol 

4.  .Substitution  du  son  fe  an  non  EV,  dans: 

jeiinrtH  (je»«  ne  ce)  je  ne  ce 

jeune  (jeu  ne)  "je  ne 

déjeuner  (dé  jiii  né)  ilé  jo  né 

5.  Proiioncif Jon  du  participe  («use  du  verbe  nmh-  eu. 
comme  s'il  était  écrit:  éiu. 

S  19.  —  AN,  AM 

163 — Rèatle  générale.  —  Les  signes  a»  et  ain 
représentent  généralement  le  son  AN  («  nasal):  eha-nt 
(ch'tn). 

164.— Exceptions.— I.  Quand  les  combinaisons  <o) 
et  (im,  au  commencement  ou  dans  le  corps  li'nn  mot, 
sont  immédiatement  suivies  <  ne  voyelle,  d'une  h 
muette,  de  ii,  ou  de  m,  a  conserve  le  son  a  c  iVert 
(voyelle  pure)  :  atwlym  (a  na  li  ze),  anhydre  (a  ni 
dre),  année,  (a  né),  umUié  (a  mi  tié),  coiiraminent 
kmi  ra  man),  amnistie  (am  nia  ti). 

En  d'autres  termes,  les  combinai.Hons  an  et  am  sont  nasales, 
quand  elles  sont  terminales,  et  quand,  au  commencement  ou 


86 


HANl'EL.  DE  LA  PAROLE 


dan»  lo  corpn  de»  mot»,  cllo»  wHit  Miivie»  d'une  consonne  autre 
que  A  muette,  n,  ou  m,  wuf  dann  Im  cm  iiuiv«ntn. 

II  Uiins  certniiw  noms  propres,  mn,  bien  <|Uo  termi- 
nal, ne  se  nasiilise  pos  :  Ahnihitm  (a  bra  ain),  etc. 

Ukmarquk.— DitniiC<ifH,fe»tnul,ctae»tiiiui«l:k«n.— Dan» 
Laim,  /Hiiiii,  filon,  a  lut  nul,  et  an  eut  na«al:  Inn,  ikih,  fun.  — 
Pa'innr  et /uionnetta  «o  prononcent:  pu  ne,  pft  nô. 

1G5.— FantcN  cnnadloiineH. 

1.  Confusion  de»  «on»  an  et  in  ; 

méchant  (mi!  ehna)  mé  ckiH 

2.  Substitution  du  «on  ô  au  son  an,  diin»  : 

t.andiner  (dan  di  né)  ào di  no 

§  20.  —  JN,  IM,  YN,  YM 

166.— Règle  générale.— Ces  signes  représentent 
généralement  le  son  IN  (è  nasal)  :  médecin  (mé  de 
sin),  imberbe  (in  bèr  be),  lynx  (Unks),  thym  (tin). 

167.— Exceptions.- i.  Quand  les  combinaisons  in, 
im,  yv  et  ym,  au  commencement  ou  dans  le  corps  des 
mots,  sont  immédiatement  suivies  d'une  voyelle,  d'une 
h  muette,  de  n,  ou  de  m,  i  et  y  conservent  le  son  propre 
(voyelle  pure)  :  image  (i  ma  je),  in/iiDncr  (i  nu  i.ié), 
iminenne  (im  man  ce),  inactif  (i  nak  tif),  innocence 
(inosfince). 

En  d'autres  termes,  le?  combinaisons  in,  im,  i/n  et  ym  sont 
nasales,  ■  uand  elles  sont  terminales,  et  quand,  au  commence- 
ment ou  dans  le  cori»  des  mots,  elles  sont  •uivi,-»  dune 
consonne  autre  que  A  muette,  m,  on  n,  saut  dan»  le»  cas  sui- 
vants. .  .       tl        »     •  •     Vlo 

Cependant,  on  prononce:  in  man  ka  ble  et  m  man  ja  me, 
XX)Vit  immanguable  et  immanoeaiU;  l'usage  i  tonse  cette  pro- 
nonciation, que  l'Académie  condamne. 


VALKIK  PHONÉTKJl'E  DES  CABACrtRES  «7 

II.  Im  ii«  SI-  iiaHiilisc  pii»,  bien  que  teriiiiiml,  dniiH  Uh 
trois  mots:  nitévim  (i„  ié  liin).  dim  (C  liiii),  y„,^„,„ 
(pus  siui)  ;  «t  dans  un  ({land  nonibro  de  nom»  propre»  : 
Ibitih'nu  (i  bra  ii»),  etc. 

HïM^RguK.— LeHsigne»-!  tt' iwiivmt  inéo'-df,  ,i-.s  »ii„ii.B 
.«  .it  ""  sHii»  en  clmi.Ker  la  v.ile.ir;  ,1mm  (d,„),  /,.„„  (|,,„) 
Uet,m  {\l,m\/r,.n  (Ui,.).-U  Première  exception  .ttiipli,,,,: 
«u.s»i  ftux  cr.n.l.irmi8<.ns  «m,  „/,„,  n„  et  «m;  mni»  !„„,  „,• 
ce«  eoinl.iimiMiiM  iwnlent  1»  imsalitt',  •  n'est  pan  le  »(,n  i  nni 
»e  tait  entendre,  eest  le  »»n  i:  repré»e,..e  («r  ai  ou  ri.  Ainsi 
«m  »e  prononco  :  tin,  et  /ï(»f  w  prononce  :  rè  ne  ;  humain  né 
prononee  :  u  nii«,  et  humultir  ae  prononce  :  u  niè  ne. 

168.— Fautes  canadienne»!. 

On  «ulwtitue  au  son  m,  le  mn  a  dan»  iumntion  (in  •  .,  ci,,,, 
«   v««  ao,,),  et   marinifouin  (ma   ri«  gouin,  ma  r      .min' 

lu  «on  i  dans  («wn^i,,-»  (,«  rfin  tè  rc,  é  v,i»  tù  re). 

S  21.  —  EN,  EU 

169.— Règle  générale — Les  signes  ew  et  c»t  repré- 
sentent généralement  une  voyelle  nasale,  AS  ou  in  • 
mien  (miùi),  (knt  (dan). 

170 — Exceptions. 

RuMARQtiE.— Il  est  imjKwsible  de  donner  des  rèsles  pour  dis- 
v^"n»  ?^rV"'/"M'  ^'""''"■"'  ^"^  "l"  "^'"^  "»  il  »«  '■■"nonce 
de  praZdatt:.'"'  ''  '""'  '"""■"  "'"""^  «"''  dictionnaires 

171.— Fautes  canadiennes. 

1.  On  substitue  le  son  an  au  son  in,  dans  Un„ali(hin  ga  li) 

c\nt  r,^'"r''^  '""«"''■  "'  ''''"'  tous  les  „,ots  comme  : 
çint  par;««<«  comme  i>eniagonal  (p,»  ta  co  nan,  ,,,„/^,„^?,-e 
U»«  ta  me  tre),  etc.,  que  l'on  prononce;  pan  tago  nal  etc 

7* 


88 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


il       :;ii  ■ 


Cependant,  les  mots  jKnte,  jientecûte,  jieni^liipie,  iientière,  et 
jieiilKir,  se  prononcent  avec  le  son  an,  et  lu  prononeiation 
canailienne  de  ces  cini]  mots  est  correcte. 

2.  On  snbstitue  le  son  o  au  son  A,  dans  tolennd  (so  la,  nel), 
que  Ton  prononce:  solonèl. 

3.  On  substitue  le  son  i.  au  son  AN,  dans:  enjamUe  (anjnn 
bé)que  l'on  prononce:  éymhé;  et  le  son  ON,  dans:  retent-ir  (j:e 
trtHtir),  ((ue  l'on  prononce;  reton  tir. 

15  22.  —  ON,  OM 

1 Î2.— Règle  générale.— Les  .signes  nn  et  mn  repré- 
sentent généralement  le  sçn  on  (o  nasal)  :  mule  (on  de), 
tomber  {Um  bé). 

1 73.— Exceptions.— I.  Qnand  les  combinaisons  on 
et  om,  au  commencement  ou  dans  le  corps  des  mots, 
sont  immédiatement  suivies  d  une  voyelle,  d'une  h 
muette,  de  n,  ou  de  m,,  o  conserve  le  son  o  ouvert 
(voyelle  pure)  :  homme  (o  me),  omelette  (o  me  le  te) 
omnipotence  (om  ni  po  tan.  ce),  honne^ir,  (o  neur). 

En  d'autres  termes,  les  combinaisons  on  et  om  sont  nasales, 
quand  elles  sont  terminales,  et  quand,  au  commencement  on 
dans  le  corps  des  mots,  elles  sont  suivies  d'une  consonne  autre 
que  A  n.uette,  »,  ou  m,  saut  dans  les  cas  suivants. 

II.  Dans  certains  noms  propres,  oni,  bien  que  ter- 
minal, ne  se  nasalise  pas  :  Malwm  (ma  on). 

III.  Dans  monHieur,  on  se  traduit  par  le  son  E 
muet  :  me  sictî. 

174.— Fautes  canadiennes. 

On  ne  se  prononce  pas  de  la  même  faijon  dans  les  diverses 
parties  de  notre  province.  Les  prononciations  suivantes  sont 
les  plus  usitées  : 


1.  o  pour  ON  : 

concombre  (kon  kon  bre) 


ko  kon  bre 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES 


89 


2-  ô  pour  ON  : 

content  (kon  tn«) 
3.  AS  jK>ur  ON  : 

montrer  (mnn  tti) 
■4.  IN  pmr  ON: 

tomber  {ion  bé) 


kA  tan 


man  trë 


tt'n  hé 


i  23.  —  UN,  UM 

lî5.-Règlo  générale—Le.,  signes  un  et  «m 
represen  entKénéralement  le  souux(.  naaal):  i«i.„ 
(tn  bîui),  /t(,,ftWfl  (j(„  ble). 

V  n  !?T,  '^^'^'»'"""'*-  -  I-  Q»»"d  le,  combinaison., 
«.»  et  ,,„,ttu  cominencemeut  ou  dans  le  corps  des 
.note,  sont  immédiatement  suivies  d'une  voyelle  d'une 
h  mue.te.de  ,,  ou  de  m,  ,.  conserve  le  L  propre 
(voy^Iepure):  „,  .       ue),  ,.„„...  („  m.«r).  ^,3 

J^f^l^^Ùlr"^^"^  ««  •='  »»'  -„t  nasale», 
clanslecor,«  de"  .nu™  ïl  ';';'"''•"?•  "V.  '="'"n>e.-cen,ent  ou 
...e  A  n.Jtte,:.r:;.t^;;:^:ï^:^^:î---- autre 

II  Dans  les  mots  suivants,  un  et  im  se  prononcent 
0.:ur,.lleon  ble),,„„,,.  (j„,  gleX^^^^jr:,)    ' 

III.  f'«  terminal  .se  prononce  om;  o^m^m  (opiom) 
«iîis^UOT  (mu  zé  om).  "^      ^' 

Cependant,  ;OT(:/«m  se  prononce;  par  {un 
fermé:  jeune%en  nlTjenZt^u^'      ""  '"  °'"'''''  ""  ^'^ 


90 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


177._rttute8  canadiennes. 

On  iironoiice  généralement  UN  comme  IN: 

chacun  {clu'.  kuii)  <■/'»■  k"',  etc. 

Art.  II.  —  Les  diphtongiDin  et  les  tUMneH 

i;S._Quand  ikux  voyelles,  pures  ou  nasales,  se 
suivent  dans  un  mot,  et  n'entrent  pas  dans  l'une  des 
combinaisons  que  nous  avons  étudiées  («i,  ei,  oa,  eu, 
etc.),  chacune  d'elles  conserve  le  timbre  qui  lui  est 
propre.  Parfois,  ces  deux  voyelles  se  prononcent  par 
une  seule  émission  de  voix  ;  il  y  a  alors  diphtongue. 
Les  deux  sons-voyelles  se  font  entendre,  étroitement 
unis;  mais  l'accent  d'intensité  porte  sur  le  dernier; 
la  voix,  sans  appuyer  sur  la  première  voyelle,  passe  à 
la  prononciation  de  la  seconde,  qui  est  le  son  dominant. 
Ex.  :  fuite  (fui  te),  pierre  (piè  re). 

D.ins  la  prononciation  usuelle,  qui  traite  I'l  mouillée  comme 
un  I  on  peut  distinguer  une  autre  sorte  de  diphtongues,  dont 
l'accent  d'intensité  porte  sur  la  première  voyelle;  ce  sont  les 
associationsde voyelles:  A.i:(mra»V, etc.;  È-!:rf.'«.«,etc.;EU-i: 

seuil  etc.  Dans  ces  combinaisons,  la  voix  appuie  sur  la  pre- 
mière voyelle,  a,  è,  eu;  i  n'est  là  que  pour  indiquer  que  L  est 
mouillée.  Mais,  lums  l'avons  vu,  L  mouillée  est  une  consonne, 
non  une  voyelle.  Cependant  ces  diphtongues  sont  admises 
dans  la  prononciation  actuelle. 


1Î9.— Tableau  des  diphtongues. 

l  —  diable  (diâ  Vile) 

lÈ  —  bréviaire  (bré  vie  re) 

lô  — joyau  (joa  iô) 

lAN  —  viande  (via»  de) 

ION  —  allionê  (ft  lion) 

GIN  —  loin  (loin) 

DE  —  émelle  (é  kuè  le) 


lA  —/aci-c  (fia  kre) 

ZK  — pied  (.pié) 

10  —  pioche  (pio  ehe) 

lEÛ  —  />««  (died) 

UN  —  aricien  {an  sii'n) 

lE  —  aie  (a  ie) 

OA  —  loi  (loa) 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES  91 


m— fil ile  ((ai  te) 
OUA  —  fntate  (owa  te) 
OUI  — fouine  {foui  ne) 


"IN  — juin  (juin) 

OUfe  fflUllH  (oHe) 

OUIN  —  iiuirmuin  (niar  auuin) 

180.— A  l'exception  de  oi,  toutes  les  voyelles  diph- 

tonguëes  se  prononcent  snivant  les  règles  énoncées 

pour  chacune  d'elles.-Dan8  la  diphtongue  oi,  i  prend 

le  son  A  ouvert. 

Remarque.— Une  diphtongue  jieut  être  formée  par  l'un  des 
îrt^ln'T^'T'  ^'^  '»  décomposition  du  signe  y.  Ex.:  rayon 
(rai  ion,  re  ion),  noyau  (noi  iaii,  noa  iô). 

_  181 — Deux  voyelles  voisines  ne  forment  pas  tou- 
jours diphtongue  ;  souvent,  elles  se  prononcent  indé- 
pendamment, par  deux  émissions  de  voix  et  avec  un 
temps  d'arrêt  sur  chacune  d'elles.  Il  y  a  alors  diérèse. 
Ainsi,  ire  est  diphtongue  dans  fiucre  (fia  kre),  et 
diérèse  dans  patriache  (pa  tri  ar  cAe). 

Dans  la  diérèse,  la  première  voyelle  demeure  voyelle  pure 

est  iTLl  '*  l"'^"  "'r"  'V'^"'"'^'  «''""  '*  «Iphtongae,  elle 
est  très  brève  etjoue  plutôt  le  rôle  d'une  consonne.  Autrefois, 
le  français  comptait  un  grand  nombre  de  diphtongue»  Je»cen- 
*J«to,  dont  I  accent  d'intensité  était  sur  la  première  voyelle; 
elles  sont  disparues  et  ont  donné  naissance  à  autant  de  diérè- 
ses. Autrefois  encore,  dans  les  diphUmaue,  .,^,emlantes  elles- 
mêmes  la  première  voyelle  avait  une  certaine  durée;  mainte- 
ni^im!»  ^  '"•'"«;•'*»?<'«•  Aussi,  les  grammairiens  modernes 
n  admettent  plus  de  diphtongues  en  français;  ils  considèrent 
la  voyelle  initiale  comme  un  son  nouveau,  tenant  de  la  voyelle 
et  de  k  consonne;  ils  distinguent  uni  voyelle  et  un  i  consonne, 
etc.  D  après  eux,  ou  dans  Immette  (brou  è  te)  est  voyelle,  — 
(M«™*«f  '  "'"'  ^'"''^'  ""  "''*■  ™n8°''"e,-c'est  iue 

Hi„u!f'  ""•"l^','''''  de  donner  des  règles  pour  la  distinction  des 
diphtongues  et  des  diérèses.   IVusage,  là-dessus,  est  très  arbi- 

de  r^;„.„  •"♦■  ''T'^l  ""  *!"''  ™"™lt"  "1  bon  dictionnaire 
de  prononciation,_le  plus  récent  étant  généralement  le  meil 


92 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


182.— Fautes  CHiiadIennes. 

1.  De  ce  que  les  lettres  qui  composent  une  diphtongue 
conservent  leur  son  propre,  à  l'exception  de  m,  il  suit  que  le» 
fautes  à  corriger  sont  celles  (juc  nous  avons  déjà  relevées  en 
étudiant  chaque  signe.  Ainsi,  par  la  syncope  de  l'i,  nous 
disons;  ku  ièr,  pour  cmlhf  kui  Wèr);  u  sié,  pfmr  huimief  (ui  sié), 
etc.  ;  en  laissant  tomber  l'u,  nous  disons:  pi,  poury»»'»  (pui),  etc. 

2.  Quant  à  la  diphtongue  vi,  c'e-st  peut-être  la  combinai- 
son dont  l'histoire  est  la  i>lus  intéressante  à  notre  point  d_' 
vne.  Elle  s'est  d'abord  prononcée  comme  m  en  grecj  puis  .*>, 
au  Xle  siècle;  OÈ,  oufc,  oita,  oa,  et  k,  au  XI Ve,  au  XVe,  ?.t  au 
XVIe  siècle;  ouA,  È,  et  É,  au  XVlIe  siècle;  oi,  ot,  fe,  oua,  et 
OA,  AU  XVIIIe  siècle;  entin,au  XIXe  siècle,  d'abord  oua,  puis 
OA.  Aujourd'hui,  l'usage  a  consacré  cette  dernière  prononcia- 
tion: oa.  . 

On  retrouve  au  Canada  les  prononciations  du  XvIe,  du 
X'VIIe,  et  du  XVIIIe  siècle.  Ainsi,  a-,  lieu  de  OA,  on  fait 
entendre  les  sons  suivants: 


a)  ok,  dans  : 

histoire  (is  toa  re) 
h)  oufc,  dans: 

soir  (soar) 

c)  È,  dans  : 

loyer  (loa  ié) 
croire  (kroa  re) 
nettoyer  (ne  toa  ié) 
froiif  (froa) 
étroit  (é  troa) 
adroit  (a  droa) 

d)  É,  dans  : 

noyer  (noa  ié) 
c'/rroyem  (ko  roa  leur) 
eroi»  (kroa) 
croyais  (kroa  iè) 
croyable  (kroa  ia  ble) 

c)  OÉ,  dans  : 

moi  (moa) 


is  toè  re,  etc. 


soKèr,  etc. 


lèié 

krè  re 

ne  tè  ié 

fret 

étrèt 

a  drèt,  etc. 


né  ié 

ko  ré  iewr 

kré 

kré  iè 

kré  ia  ble,  etc. 


moé,  etc. 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES  93 

Art.  III.  —  LeH  ainxnii  nés 
SI.  — B 

1 83— Règle  générale— I^   signe  b  reprèsente 
généralement  1  articulation  B:  bon,  „hond„nt.  club. 

184— Exceptions— I.  7J  représente  l'articulation 
H,  quand  i    est  nnn.édiatement  suivi  d'une  consonne 
soufflée  :  observer  (op  sèr  vé),  -h,enee  (ap  mn  se) 
II.  2*  est  muet  dans:   plomb.  apl,r,nh,  surplomb, 

185— B  redoublé— Le  «igné  hb  représente  géné- 
ralement une  articulation  simple:    abbé  (a  bé);    sauf  ' 

186.— Fautes  canadiennes. 

dais  f ''"■^'^  ^"^  "  •*"'"'"'  ''*"  ~»'<'"'«>»  »•"  dev„„t .,  comme 

o*.«»««.  (op  sti  né)  ostinë 

fvbventum  (sub  van  cio»)  »„  va„  cio» 


r 


i\ 


94 


MANUEL  PE  LA  PAKOLE 


II 


ii, 


2.  Epentlièse  du  B,  dan»  : 

amicalement  (a  mi  ka  le  ra«»)  a  mi  ka  ble  ma» 
.rfnmme  (M  me)  «anbo 

S  2-  —  i:.  Ç 

187. —Règle   générale.  — Le  signe  c  représente  _ 
généralement  l'articulation  K:  couteau  (k»H  tô),  arc 
(ark). 

Cette  arliculati.m  du  o  dur  (k)  se  rencontre  particulière- 
ment dans  les  cas  suivants  :  ; 

1    A  la  fin  de»  u.ots,  sauf  dans  le»  exceptions  qm  «on* 
énumérées  plus  loin:  .ao'(sak);  .ec  (sèk),  iiavU-Marc  (Mark), 

'I'-dS  tf  lionne,  au  commencement  ou  dans  l'inté- 
rieur  df  s  mots:  c/««(klèr),^c™r  (ékri  re). 

3.  Devant  une  voyelle  autre  que  e,  i  ou  y:  cm-p,  (kor),  aucun 

^'^  4  "Dans  les  terminaisons  en  ect  précédées  d'une  lettre  autre 

que  ]>:  iHrect  (di  rèkt),  infect  (m  fèkt).  j.-.,.„./  Mis 

5.  Dans  la  terminaison  en  t>.c(  des  adjectif  s  :    dtUtnci  (dis 

*'t!*Dan»  les  terminaisons  en  ici  et  en  acC  «(net  (strikt),  wart 

^%Tns*ce»  trois  derniers  cas,  c  et  «  sont  sonores;  cependant, 
le  t  est  muet  dans  rfiXnrt  et  verdict  (dis  trik,  ver  d.k) 

7.  Dans  tous  les  cas  où  e  est  ™'"  *«.  *  « V^'^f','^*;' 1« 
«'articulant  alors  comme  K  ■-m.ple:  oA^qvénr  (a  ke  rir),  Locke 

^V  Dan»  un  certain  nombre  de  cas  où  la  combinaison  ch  se 
rencontre  :  catéchumène  (ka  té  ku  me  ne). 

188.— Exceptions.— I.  C  représente  l'articulation 
s  (ou  v),  dans  les  cas  suivants  : 

a)  Quand  il  est  écrit  avec  une  cédille  :  ça  (sa). 

b)  Quand  il  précède  un  des  sons-voyelles  E,  È,  É,  l, 
ou  IN  :  ceci  (se  si),  encyclopédie  {an  si  klo  pé  di). 

II.  C  représente  l'articulation  G  dans  les  mots  sui- 
vants: mcmid  (se  go«)  et  ses  dérivés,  Czar  (gzar),  reine- 
Claude  (rc  ne  glô  de),  et  zinc  (ziflg). 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES  95 

Aujourd'hui,  on  prfinonce  ausHi:  «'nk,  et  l'on  commence  i^ 
prononcer:  se  ko»,  et  rè  ne  klô  de. 

III.  C  est  muet  dans  les  cas  suivants  : 

a)  A  la  fin  des  mots,  quand  il  suit  une  voyelle  nasale 
(sauf  dans  zinc):  hmc  (han),  blanc,  flitnc,  franc, 
tronc,  jonc,  ajonc. 

Le  c  de  (fonc  est  généralement  sonore  dans  le  style  noble, 
généralement  muet  dans  le  style  familier;  ceiwndant,  si  donc 
commence  ou  termine  une  phrase,  le  c  s'articule  toujours. 

b)  A  la  fin  des  mots  suivants:  eaUmuic  (es  to  ma), 
tabac,  cric,  accroc,  broc,  escroc,  raccroc,  caoutchouc, 
marc,  clerc, porc;  et  dans  les  mots:  alfnanach,  lacs 
(piège),  amict,  échecs  (jeu),  et  yacht. 

Cependant  la  prononciation  des  mots  almanach,  cric,  et 
*A«»,  avec  le  c  sonore,  tend  à  s'établir.— La  prononciation  du 
mL'tarsemc  est  contestée;  les  uns  disent:  ar  se  nik,  les  autres' 
ar  se  ni. 

c)  Dans  la  terminaison  en  ect  précédée  de  p  :  respect 
(l'ès  pè). 

d)  Dans  la  terminaison  en  inct  des  substantifs  :  ins- 
tinct (ina  tin). 

IV.  Suivi  de  h,  c  forme  avec  cette  lettre  une  combi- 
naison qui  sera  étudiée  .séparément. 

Remarcjde. —  Vermicelle  et  violoncelle,  dont  le  c  avait  autre- 
fois le  son  CH,  se  prononcent  oiijourd'hui  avec  l'articulation  s. 

189. — c  redonblé. — Le  sipie  ce  représente  une 
articulation  simple,  devant  a,  a,  6,  ou,  ou  u:  accourir 
(a  ko?i  rir),  accueil  (a  keitM).— Cependant,  l'articula- 
tion K  est  double  dans  :  baccalauréat  (bak  ka  lo  ré  a), 
bacchante  (bak  kan  te),  peccable  et  «es  dérivés,  sa^:- 
charate,  eaccharin,  et  saccharique. — Devant  e,  i,  ou 
y,  c  redoublé  s'articule  comme  KS:  accident  (ak  si  dam). 


96  MANUEL  Dl  I^  PAROLE 

190.— Fautes  canadiennes. 

\.  Articulation  da  c,  quand  il  est  muet,  dan»: 


mtpect  (nus  fk) 
mpect  (rèa  pi) 


sus  pik 
ria  pèk 


ï.  Articulation  du  t  avec  le  son  Ki,  dan»  : 
tour  (k««r)  kU» 

3.  Articulation  du  c  avec  le  «on  o,  dan»: 

gauif 
gretoN 
hou  ra  gan 


«int/(ka  nif) 
cntonê  (kre  ton) 
bouramn  (boit  ra  ka») . 


4.  Articulât'  n  du  e  avec  le  son  CH,  dans  : 
grincer    gTin^é  «""''** 

»nMe»M««  (gri»  se  man)  gnn  ehe  infl» 

§3.-D 

191.— Règle  générale.— Le  signe  rf  représente- 
l'articulation  D:  docte  (dok  te),  dire  (di  ve). 

192.— Exceptions.— D  est  muet  quand  il  tormine 
un  mot  :  nid  (ni),  rand  (von),  nourd  (sowr),  etc.;  sauf 
dans  les  noms  propres  et  les  noms  de  lieus  (Damd, 
Bagdad,etc.).  et  dans  les  mots  md  et  talmvd,  où  il  est 
sonore. 

193.— D  redoublé.- Le  signe  (M  représente  géné- 
ralement l'articulation  D  double  :  addition  (ad  di  cioh), 
adducteur  (ad  duk  t«ttr). 

194. Fautes  canadiennes. 

1.  Aphérèse,  syncope  et  apocope  du  D,  dans  : 
rf^co«««ter(dékoleté  é  ko  le  té 

advenant  (ad  ve  nan)  a  ve  nnn 

canadien  (ka  na  dit»)  ka  na  «« 

tud  (sud)  »" 


VALEUR  PHONÉTIQUK  DES  CARACTÈRES  07 

2.  Articulation  du  a'  muet  avec  le  aon  K,  dbna  : 

»irf  (ni)  nik 

3.  Articulation  dudtn-x  le  aon  o,  dans: 

Ditu  (duà)  ptû 

rl.in's-^'*""'*''^  d'un  «  ap"*»  'e  D,  «uivi  de  I  on  de  u,  comme 


dire  (di  re 
(lu  (du) 


dzi  re 
dzu 


§4.—  F 


1»5.— Règle  générale.— Le  signe  /  représente 
généralement  l'articulation  F:  smf  (bc»{),  fait  (fè), 

196.— Exceptions — F  est  muette  dans  les  cas  sui- 
vants : 

a)  Dans  neuf,  adjectif  numéral,  quand  le  mot  sui- 
vent n'est  pas  un  nom  d  mois  et  commence  par  une 
consonne  :  neufmaismis  (new  mè  zon). 

Dans  »«K<»mri  d'un  noM  de  moi», /est  sonore:  neuf  mai 
(neuf  mè);  il  en  est  de  même  dans  tous  les  cas  où  mS/ ter- 
rame  une  phrase:  t/«  sont  n«(/' (neuf).  •^ 

b)  Dans  le»  mots  suivants:  chef-d'œuvre  (cU  deu 
vre),  nerfs  et  cerfa  au  pluriel  (nèr.  sèr),  cerf-voUmt 
(sèr  vo  la»),  nerf  de  bœu.f(nkr  de  beitf),  clef{kU),  clefs 
(klé),  bœufs  et  œufs  au  pluriel  (bed,  eu),  bœuf  gras 
(keû  grâ),  eerf-dix-cora  (sèr  di  kor). 

.nitr""T''-*n™=  «*f  ,«t  n*"-.  pour  e«-/et  n«-/au  singulier, 
commence  i  vieillir;  quelques-uns  font  maintenant  sonner  I'f 
— l»ans  ter/,  fa,  tomonrs  été  sonore. 

197.— F  redonblée.— Le  signe  ;y  représente  géné- 
ralement l'articulation  F  simple:  affreux  (a  treû). — 
Cependant  l'articulation  est  double,  dans:  affuai^. 


r 


!  n 


08 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


^1 


1}       SiUr; 


cAéii 
mû 


(af  fu  non),  diffamant,  diffamateur,  diffamation, 
effervescencf,  effervencent,  effloreictnce,  ejglorescent, 
efflutncê,  effluent,  effusion,  officieuaement,  officieux.— 
L'articulation  peut  être  double  ou  «impie,  dans  :  affi.- 
davit  (a  H  da  vit  ou  af  tt  da  vit),  difinmatoire,  diffa- 
mer, diffraction,  diffufi,  diffusion. 
198.— Fautes  eanadiennes. 

1.  Apocope  de  l'r,  dan»  : 

baufiheui) 

fhéti/{chéi\{) 
na{f{nmit) 

2.  Articulation  de  l'/avec  le  «on  V,  dans: 

wu/(v.uf)  "««v 

85.-0 

199.—  R^gle  générale.—  Le  signe  g  représente 
généralement  l'articulation  a:  gaz  (gftz),  gai  (gé), 
galop  (ga  lô). 

200.— Exceptions — I.  Suivi  de  n,g  forme  avec 
cette  lettre  une  combinaison  qui  sera  étudiée  sépa- 
rément. 

II.  Suivi  de  e  ou  de  i,  g  s'articule  avec  le  son  J  :  âge 
(âje),af/ir(ajir).  ,   ,     ,      ^ 

III.  0  s'articule  avec  le  son  K,  a  la  fan  du  nom 
Maiborcnvgh  (mal  bo  rouk),  et  au  commencement  du 
mot  gangrHe  et  de  ses  dérivés  (kan  grè  ne). 

Cependant,  aujourd'hui,  on  prononce  an8«i:  gangrè  ne. 

IV.  0  est  muet  dans  les  cas  suivants: 

a)  A  la  fin  des  mots:  rang  (ran), poing  (poim), 
faubourg  (fô  bowr),  orang-outang  (o  van  ou  taji),etc 


k    ::fi 


VALEUR  PHONÉTigUI  DES  CARACTÈRES  90 

fi„Il\"'v''*"''*"' ■*"!"'•  *  '»  *"  ••"  '"<>'»  «uivânt.:  jyw, 
(joug),  Mngog,  grog,  ngzmj.  ^"^ 

b)  Dans  l'intérieur  des  moU  «uivunU:  mngsae 
(«in  HU),  ,ignel  (\  ne),  ,hlgt  (do»),  legn  Qh),  vingt 
(vtn),  amygilH/  (a  mi  da  le),  lomjhmp^  (\an  tan) 
Regnard  (re  nar).  RegnruU  (re  nfl),  MagdeUine  (ma 
de  le  ne).  ^ 

.Vi(;m«  tend  maintenant  à  se  prunoncer:  ni  ani  et  une  minn. 
da"e? Tè^i"~""  """""'"  "  "  "'  ""''<"''"'  <^^X'TZ 

c)  Dans  les  mots  venus  de  l'italien,  où  j,  est  suivi 
de  l  :  imbroglio  (in  bro  Mo).  Castiglione  (kas  ti  «o  ne). 

«01. -G  redoublé.— Le  signe  gg,  suivi  de  a,  de  o, 
ou  de  «,  représente  l'articulation  o  simple:  aggraver 
(agravé).-S'ilestsuivi  de  e  ou  de  t,  le  premiers 
garde  le  son  propre  et  le  second  prend  celui  de  J  ■ 
»«<)rgrrfrer(sugjéré). 

202.— Fautes  canadiennes. 

1.  Articulation  du  g  avec  le  son  k,  dans: 


bigler  (bi  glë) 
fatiguer  (fa  ti  gé) 


bikië 
fa  ti  ké 


2.  Articulation  du  g  avec  le  son  d,  devant  u: 

aiguMe  (è  gui  /te)  i  Jui  «e 

3.  Articulation  mouillée  du  g,  devant  Èetk: 


gai  (gé) 
g^terre  (gè  re) 


gié 
giè  re 


fe.  —  H 


203.-RègIe  généraIe.-Le  signe  A  est  le 
souvent  muet  :  habile  (a  bi  le), 
8 


U3 


If: 


100 


MANUEL  DI  LA  PAROLE 


Plu»  particilièrenieiit,  A  e.t  muette,  a  U  «»  <'*•  "o^; 
AllnhurU);  »u  milieu  de»  mot.  non  emn\*>»i»  ■  Jéhovah 
(je  o  va);  et  au  commencement  d'un  grand  nombre  de  mot.. 

Cepuiidttiit  U  est  aHpirée  : 

,1)    Au    commencouient    .le»     not»  suivante:    lui! 
,      Irr  hdbleiu;  hdhlene,  luujiiM.  hului.  hdufje,  luil- 
hran  lUe,  MU,;  luiMant.  haleter,  haie,;  hideiu,  halU. 
hallù.je,  hnllvUmU,  kallrhn-dirr,  kallier,  halte,  kaUr- 
aie  hayiuichamhoavijeaU,  hameau,  ha.npe,  hamoter, 
hart  hé!  heaume.  Iiein!  héle,;  hem!  hennir, henni^tne- 
mnil.  hémut, hhr. hérlx^ment,  hérinotr,  hérimo»  her- 
niaire liernie,  héron,  heronneAiu,  hérannihe,  héron, 
herpes'.ùp'tre,hen!heart,heurtement,he'n-t?r,heart,nr, 
hih,mhie,hi<leur,hi<leU''ementJ,i,leuAhie.hiérarch,e, 
hiérar,!nque,hiérar,hi<inement,hile,himer,ha!laM- 
rean    h.H,ner,  laM  !  hollawkù-,  hMamler,  hanuufl. 
hnnnir,  'honte,  honteusement,  honteux,  hoquet,  hoque- 
ton    hnnle,  horion,  lans.  hors-dœwre,  hotte,  hottée, 

hottentot.!a>tleur,hoyau,huard,hul>lot,hiuhe,hucher, 
hue'  huée,  huer,  huette,  huguenot,  huguenotisme, 
huhHu.hids  clox,  huit,  hnitain,  huitaine,  huitième, 

hwtihmement,  liuUin,  hulotte,  humer,  hiuie.hunier, 

huppe,  huppé,  hure,  hurlant,  hurlement,  hurler,  hxir- 

leur.  huminl,  humite,  hutin,  hutte,  hutter. 

b)  Au  commencement  de  tous  les  mots  commençant 

par  •  luieh,  liai  (saut  haïtien),  halo,  han  (sauf  iMnséa- 

tique)  hap,  hag,  ha,-a.  hare,  hard.  hare   harg.  han. 

harn,  liarp  (sau!  harpagon).  Imm.  hat.  huu.  Iiav.  hers. 

hoc.  hong,  hou. 

Dan8  halUUi,  lumcKet  et  hans^ati^e,  A  peut  être  muette  ou 

aspirée. 


VALIUR  PHOMÉTIQUB  DES  CARAfTÈKES  101 

c)  Au  milieu  de»  mots  componës.  quand  le  dernier 
terme  compoiiant  commence  jwr  une  h  o^pii^e  :  enhur- 
nnehef  (an  hnr  na  chè),  rrlutunger  (re  hû  né), 

Ceticndant  A  ent  muette  dana  tihauim-  (èg  irt  «é). 

204.-ExceptIoB(t,-I.  PrëcMëe  de  e,  h  forme 
avec  cette  lettre  un  signe  composé  ,,ui  sera  étudié 
séparément. 

TI  Précédée  de  il,  h  est  nulle,  mai»  rond  I'l  mouillée 
Meilhan  (mè  lUm). 

Cependant  I'l  n'eat  pna  mouillée  dana  «.7Aoti««e  (ai  loué  te). 

'ÎI.  Précédée  de  ».  ou  de  »c,  h  forme  ovei  ces  lettres 
une  combinaison  qui  s'articule  ch;  ShakHimtrt  uAèk 
«pi  re),  HchUme  {chw  me). 

IV.  Précédée  de  t,  h  est  nulle,  et  t  garde  Torticula- 
tion  propre  :  ihht  {ik  ze). 

Cependant  «A  représente  l'articulation  i.  da.i»  ehmtomithù, 

teitiÏÏArcifi)"'**"""^  <"  ■"«  "  ''<')•  -'-- 

806.-Deml-a8pfraHon.-Certains  mots  se  pro- 
noncent comme  s'ils  commençaient  par  une  h  aspirée 
et  partant  ne  souffrent  pas  la  liaison,  bien  que  la 
lettre  initiale  soit  une  voyelle.  Cs  «ont  les  suivants  • 
un,  orne,  onzième,  omUmement,  oui,  ouï-dire  oviin 
muitf,muiteT,oh!  oM!  uhlm,  yacht,  yata.jaa,  uoU 
yucca.  "^       ■'     ' 

806 — Fautes  canadiennes. 

*»"■  ^"'"•'"'.fîe  l'iwpiration  dans  les  mots:   hamri   haiir 
A««^fe,  W.«,«  Urdi,  hmu,  honte,^,  onze,  Z^lmi  ' 

2.  Substitution  de  l'articulation  j  à  l'aspirât  on  • 


haehe  (ba  cAe) 


ja  ehe 


102 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


§  7.  — J 
207.— Règle.— Le  signe  j  représente  toujours  l'arti- 
culation J  :  déjà  (dé  ja),  jug-,  (ju  je). 
208. — Fautes  canadiennes. 

Articulation  du  j  avec  le  son  CH,  dana  le  P'''»»"!^/'^,'»'^ 
(je  8ui,  cA'au);   et  avec  le  son  k,  dans^cMwr  Oa  ka  se,  ta 

209.  — Bègle.  — Le  signe  k  représente  toujours 
l'articulation  K  :  képi  (ké  pi),  bock  (bok). 

§9.-L 

210.— Règle  générale.— Le  signe  î  représente 
toujours  l'articulation  L:  long  (Ion),  il  (il)- 

211.— Exceptions.— I.  i  est  muette  à  la  fin  des 
mots  suivants:  fasU  (fu  zi),  baM,  cov^til,  gvd.  outd, 
per8il,sourcil,gentU,')wmbril,chenil,foumil,courtd; 
et  dans  les  mois  JUs  (fis),  soûl  (sou),  pouls  (pow). 

Les  deux  mots.  a-^Hl  et  pM  se  r'"l»t'r<^^''i  *f,"*^' A!^^  ''' 
muette  tantôt  avec  l'articulation  orduiaire  de  1/,  tantôt  avec 
Ctic^iattôni  mouillée;  mais  l'usage  le  plus  répandu  main- 
tenant est  de  prononcer  l  avec  l'articulation  propre:  avril, 
pé  ril. 

II.  L  est  mouillée  dans  les  cas  suivants  : 

a)  Dans  toutes  les  terminaisons  en  ail,  en  ed,  en 
euil  en  ueil,  en  œil.  et  en  ouil:  travail  (tve.  vaH), 
c6nseil{k,m  sUl),  seuil  (serdl),  fenouil  (te  noull). 

b)  Dans  les  mots:  hahU  (ba  hUl),  grésd  (^ré  zM). 
fend  (fe  niM),  grain  de  mil  (miM). 

Cependant  l'usage  autorise  aussi  '»  P™1<>»<='»*'°"; A"''  ^* 
mx.-Senmde,  qui  se  prononçait  autrefois:  se  m&u  Ua,  se 
prononce  aujourd'hui:  semoule. 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CAKACTÊRES  103 

c)  Dans  las  mots  où  l  est  placée  entre  i  et  /..-  „«n. 
n  est  pas  mouillée. 

d)  Dans  les  mots  venus  de  l'italien,  où  l  est  précédée 

812.-1  re(Ionblëe.-Le  signe  «  représente  géné- 
.alemen  rart.eu,ation  .  simple:  elU  (è  Te),  ««J: (f ," ). 
suivants?""     ''-''-'ation  .  double,  dans  les  J 

Cependant,  l'articulation  est  simple,  dans  illyrien  (i  H  rU„) 

mr  !.  »""'  Ir  '^"'*^''  '"'■"»''*«  '^'^^  ^^^  commençant 
par  co«;  coiiMw»  (kol  lu  zio^).  ^"""^ 

mllant,  cMe   àlinM^ml]   '  "''f<"'''">lli":collin.,  coller 

double,  l'usage  aut»risTS  l/n^        '  •""•  '  «"^'ition  est 
tion  simple.       "''"'™«  '""'«"  'a  prononciation  avec  artieula- 

e)  Dans  les  syllabes  finales  en  llaire  et  en  Uation- 

de'':?i;oiïr;é"r"^  ^"  ^^^^  -''"  p^^^^^^- 

-.tW/^'"'""^'  P*™«  de  «oulller  l'articulation   .  dan» 

jis  met"  '"  ''''"'"'  "   ^*'    ''^"'^"'-  («"   '0 
Excepté  dans  «/y/fe  (i  di  le). 


104 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


s)  Dans  les  mots  suivants:  allégari^  (al  lé  go  ri). 
AlL-oges,  allégresse,  Apollon,  alléger  f^^^um 
alUnmr,  allusion,  alluvion.  belUgéran,  helU^usu. 
cluM.n,  ellipse.,  Bell^ne,  ^«<^fc-;«.ff««-'7''{';"."^^- 
laire,  pMukr,  gallo-^omam,  galloise,  hallucma- 
tiun, Hellène, hdlénkte, intellect, parallaxe  galUcisnie 
falhu-ieux,  ivfdlUjence,  intelligent   ^;;<*«^i/^îf '    jf  " 

palladium,  sylkthe,  velléUé,  solUcUer  Lacallus,  Cara- 
calUi,  milllmitre,  pasilUnlm,  millésime,  MarMo. 

Dans  un  grand  nombre  de  ces  mc.t.  cependant,  on  peut 
également  ne  faire  sonner  qu'une  L  simple. 
"  II.  Le  signe  II  représente  l'articulation  L  mouillée 
(LL)  dans  les  cas  suivants: 

^  a)  Dans  tous  les  mots  où  ce  signe  double  est  précède 
de  ,d,  de  .;,  de  eni,  de  œl,  ou  de  oui:  radkr  (va  He) 
vieille  (vie  lie),  feuille  ((en  Ih),  œdhule  (en  Ha  de). 

mouiller  {mou  lié).  ,  ,      ■         ;i  „„f 

b)  Dans  l'intérieur  des  mots,  quand  le  signe  U  est 
précédé  de  i:  vrille  (vri  lie). 

naire. 

213.— Faites  canadiennes. 

1.  Syncope  de  I'l,  dans: 

aulicaque{!i\\eû]Le)  ô  iedke 

coupfe  (W' pie)  ko«pe 

««W  (mal  gré)  ma  gré 


quelqve  (k«  ke) 
quelquefois  (kèl  ke  toft) 
qad<l»'un  (kèl  k«») 


kek  foa 
ke  kun 


M 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈBES  105 


plus  (plu) 
plutôt  (plu  tô) 
soulier  (sou  lié) 
/jiinffle  {é  pin  gle) 
boucle  (bon  kle) 
oncle  (on  gle) 
t)-ifi{/le  (trin  gle) 
double  (rifw  ble) 


pu 

PD  tA 

sou  ié 
é  pin  ge 
bôu  ke 
on  ge 
trt»  ge 
dou  be 


Et  à  la  fin  des  mots  en  nhle,  comme  dans  : 


abordai,   (a  bor  da  ble) 

2.  Apocope  de  I'l,  dans  : 

il  (il) 
seul  (settl) 
ligneul  (li  gneu\) 
écureuil  (é  ku  reuW) 


a  bor  da  be 


li  gneû 
é  kn  reû 


3.  Substitution  de  la  diphtongue  lE  à  L  finale,  dans:  aieul 
(a  i«al,  a  ictt  le);  de  l  simple  à  L  mouillée,  dans  :  oi«irfW«e 
(ka  dn  lie,  ka  dn  le),  et  écaUle  (é  ka  «e,  é  ka  le);  de  L  redou- 
blée k  L  simple  dans  :  je  Fai  (je  lé,  jel  lé)  ;  de  B  à  i,  simple, 
dans  :  almanach  (al  ma  na,  ar  ma  na). 

§  10.  — H 

214 — Règle  générale.— Le  signe  m  représente 
généralement  l'articulation  M:  mûre  (mè  re),  admettre 
(ad  mè  tre). 

815 — Exceptions.— I.  M  est  muette  quand  elle 
est  suivie  de  n:  damner  (dâ  né),  automne  (o  to  ne). 

Excepté  dans  les  mots  suivants,  où  m  est  sonore:  automncUe 
(o  tom  na  le),  indemne,  indemnité,  indemniser,  somnambide,  et 
dans  tous  les  mots  commençant  par  somn. 

IL  Précédée  de  a,  de  «,  de  i,  de  o,  de  u,  ou  de  y,  m 
peut  former  une  voyelle  nasale,  comme  nous  l'avons  vu. 

816 — M  redoublée — Le  signe  mm  représente 
généralement  l'articulation  M  simple:  homme  (o  me). 


106 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


I.  Il  représente  l'articulation  M  double,  quand  il  est 
précédé  de  i,  au  commencement  des  mots:  immortel 
(im  mor  tel),  etc.,  sauf  dans  les  mots  immanquable  et 
immangeable,  que  l'on  prononce  aussi:  in  man  ka  ble. 
in  man  ja  ble;  et  dans  les  mots  suivants:  commotion 
(kom  mô  cioii),  commémoration,  commiitatimi,  com- 
misération, commuer  et  ses  dérivés,  commodat.  com- 
mensal, commémorahle,  commcnsurable,  grammaire, 
grammatical,  mammifère.,  sommité,  Ammon,  Em- 
nmils,  Emmanuel,  Jemmapes,  Gramnumt. 

II.  Placé  au  con)  meneement  de  certains  mots  entre 
un  e  et  "ne  nn.tie  voyelle,  le  signe  mm  se  décompose, 
la  première  m  formant  avec  «  ur.e  voyelle  nasale,  et 
l'autre  gardant  son  articulation  propre:  emmener 
{an  me  né),  emmancher  (ar.  man  ché),  cmmagamur 
{an  ma  ga  zi  né),  emmailloter  (an  ma  llo  té),  emmé- 
nager {an  mé  na  je),  emmieller  {en  miè  lé),  emmitou- 
fler {an  rai  tou-  flé),  etc. 

317.— Fautes  canadiennes. 

Svnc.pedel'M,  dans:  cataplamie,  catéchhme,  rhumatisme 
(ka  ta  plaa  me,  ka  té  cAia  me,  r«  ma  tia  me),  que  1  on  prononce  : 
ka  ta  pla  se,  ka  té  cAi  se,  ru  ma  ti  se. 

§11.  — N 

318.— Règle  générale.— Le  signe  n  représente 
généralement  l'articulation  N:  naître  (ne  tre),  inique 
(i  ni  ke). 

819.— Exceptions.— I.  Précédée  de  g,  n  forme 
avec  cette  ettre  un  signe  composé  ^ui  sera  étudié 
séparément. 


VALECB  PHONÉTIQUE  DÏS  CARACTÈRES  107 

IL  N  est  muette  dans  les  terminaisons  en  ent  des 
verbes  à  la  troisième  personne  du  pluriel:  iù<  cherchent 
(cher  che),  et  dans  Tarn  et  Béarn  (tar,  bé  ar). 

III.  Précédée  do  e,  de  i,  de  a,  de  o,  de  u,  ou  de  y 
J7  peut  faire  partie  d'une  voyelle  nuaale,  comme  nous 
l'avons  déjà  vu. 

330.  —  N  redoublée.  —  Le  sijrne  nn  représente 
généralement  l'articulation  N  simple:  ancicvnc  (an 
siè  ne). 

:.  Il  représente  l'articulation  N  double,  quand  il 
est  précédé  de  /,  au  commencement  des  mots:  hoiam- 
hraUe  (in  non  bra  ble).  etc.,  sauf  dans  hnwcvt  et  .ses 
dérivés,  où  N  est  simple;  et  dans  les  mots  suivants- 
Anna  (an  im),  anvales,  ,nr„„l,  ummliM,',  amnnure 
annuel,  anti  »  [té,  annualité,  annuellement,  Apenn  ins 
Brennns,  biennal,  triennal,  giuitrienrud,  quinquen- 
nal, septennal,  décennal,  triennaf,  peimon,  penné 
pennage,  etnpenner,  ayanficc,  cminexion,  cminexité 
connivence,  conniver,  suranné,  Linné,  Cinna. 

anntxe,  anmhtler,  etc.,  N  peut  s'articuler  double  ou  .simple. 

IL  Placé  au  commencement  de  certains  mots  entre 
un  e  et  une  autre  voyelle,  le  signe  nn  se  décompose 
a  première  n  formant  avec  e  une  voyelle  nasale  et 
1  autre  gardant  son  articulation  propre:  e^mvA  (an 
nui),  ennoblir  (an  -lo  blir). 

831. —  Fautes  cnnadleiine,s. 

1.  Articulation  de  \'n  avec  le  son  CH,  dans  ; 

dodiner  (do  di  né)  do  di  ché 

2.  Articulation  de  l're  avec  le  son  L,  dans: 


envenimer  (an  ve  ni  md) 
venimeux  (ve  ni  meû) 


an  vli  mé 
vli  meû 


108 


MANUEL  DE  LA  PAKOLE 


3.  Articulation  de  l'n  avec  le  son  gn,  dans  : 


i^échiner  (se  cAi  né) 
grenier  (gre  nié) 
maniable  (i»a  nia  ble) 
manier  (ma  nié) 
manière  (ma  nié  re) 
janier  (pa  nié) 
opinion  (o  pi  nîow) 


se  ehi  gné 
gri  gni 
ma  î/na  ble 
ma  gn& 
ma  ffnè  re 
pa  i/Mé 
opi  gwm 


§12-— J" 

228.— Règle  générale.— Le  signe  p  représente 
généralement  l'articulation  P:  papier  {^  pié). 

223.— Exceptions.- 1.  Suivi  de  h,p  forme  avec 
cette  lettre  un  signe  composé  qui  s'articule  avec  le 
son  F:  philtre  (fil  tre). 

II.  P  est  muet,  dans  les  cas  suivants  : 

a)  Dana  les  terminaisons  en  op,  en  oup,  et  en  amp: 
trop  (trô),  coup  (koti),  camp  (kaii). 

Cependant  p  est  sonore  dans  eroup. 

b)  Dans  le  mot  drap  (dra). 

Dana  toutes  les  antres  terminaisons  en  ap  et  dans  celles  en 
ep,  p  est  sonore  :  cap  (kap),  c  ->  (sèp). 

c)  Dans  l'intérieur  des  mots,  quand  il  se  trouve 
entre  deux  consonnes:  cofmpU  (koii  te)  et  ses  dérivés, 
corps  (kor),  prompt  (pro1^)  et  ses  dérivés,  sculpter 
(skul  té)  et  ses  dérivés,  dompter  (don  té),  dompteur 
(don  teur),  exempt  (èg  zf/w),  exempter  (èg  zan  té), 
temps  (tan). 

Cependant  p  est  sonore  dans:  impromptu  (in  pronp  tu),7«-^- 
somntit  (pré  zonp  tif),  contempteur  (kon  t«mp  te«r),  rédempteur 
(ré  danpteur),  rédemption  (ré  donp  cion),  ejcemptton  (èg  zanp 
eion),  prénomption  (pré  zonp  eio»),  jtéremptoire  (pë  ranp  toa  re), 
»o«».«t«eiu:  (soup  tu  eu),  et  lymptôme  (swp  tô  me). 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES  lOD 

d)  Dans  les  mots:  gept  (sèt),  mptième  (se  tiè  me) 
^pUhnement  (se  tiè  me  man\  cheptel  (che  tel),  /«,«. 
terne  (ba  tè  me)  et  ses  dérivés,  Baptixte  (ba  tis  te). 

224.-P  redoublé—Le  signe  pp  rep.^sente  géné- 
ralement 1  articulation  P  simple:  opposition  (opô.i 
cu<*0.--L articulation  est  double  dans  appétevce  (ap 
pé  t>ms,)appmtion  (ap  pé  ti  don),  appnyiat a r, 
(ap  po  jia  tu  re),  et  dans  les  terminaisons  en  ipjùouc- 
hipp,que{\p  pi  ke).  " 


33.-. 


-  Faute  canadienne. 


Syiieupe  du  p,  dans:  eremptùm  (èg  ïa«p  cio„,  èg  z«„  oio«) 
.?  13.— Q 

226  -Règle   gënérale.-Le   signe  q    .-eprésente 
1  articulation  K:  quatre  (ka  tre),  co^  (kok). 

Q  suivi  de  i«  se    prononce   toniours  k  pt  „  ,.«»  „,     . 

r-riaJi.  "  "^^"''  "^  ""  ''^^"'"^'  ^-  "-'■-- 

227.-Exceptions.-Q  est  rauet:  dans c-«i,,  quand 
le  mot  .smvant  commence  par  une  consonne,  .sauf 
devant  un  nom  de  mois:  cinq  tables  (s»i  ta  ble),  cinq 
}anv^r^.^n^  ian  vie);  il  est  encore  muet  dans  coq 
rf*«^«(ko  d»,  de),  ot  dans  le  pluriel  coq.  en  pâl 
(ko  zaji  pâ  te).  •* 

228 — Fautes  •'anadiennes. 

ékiè^S'""'*"™  "  "'""'"""  ''''^''"'  «=    ''«««"•«  (é  W  re, 


110 


MANUEL  DE  LA  PAROLI 


§!*•  —  » 

829.— Règle  générale.— Le  signe  r  représente 
l'articulation  U:  rei>entir  (re  jxtn  tir). 

230.— Exceptions R  est  muette,  dans  les  cas 

suivants  : 

a)  Dans  la  terminaison  des  infinitifs  des  verbes  de 
la  première  conjugaison:  chercher  (chet  ché). 

b)  A  la  fin  des  mots  en  ier:  rosier  (rô  zië),  sauf 
dans ^cr,  hier  et  avant-hier,  où  r  est  sonore  («èr,  etc.). 

c)  A  la  fin  des  mots  en  clier:  niclver  (ro  ché),  sauf 
dans  cUr,  adjectif,  et  U  Cher,  nom  de  lieu,  où  r  est 
sonore  {cher). 

d)  A  la  fin  des  mots  en  ger:  léger  (lé  je),  sauf 
dans  Niger,  Sager,  et  Scaliger,  où  r  est  sonore  (ni 

jèr,  etc.). 

e)  A  la  fin  des  mots  mor<,sieur  et  meaiieurs  (me  meû, 

mfe  sieû).  et  des  noms  de  lieux  Angers  et  Poitiera 

{an  je,  poa  tié). 

Dans  les  Bnales  autres  que  celles-là,  r  est  sonore:  car (kar), 
mir,/er,  soupir,  mirtyr,  Unor,  azur,  jour,  Jleur,  etc. 

831.— H  redoublée.— Le  signe  rr  représente  géné- 
ralement l'articulation  B  simple:  corriger  (ko  ri  je). 
L'articulation  B  est  double  dans  les  cas  suivants: 

a)  Au  futur  et  au  conditionnel  des  verbes  en  rir: 
je  inmirrai  (mour  ré). 

b)  Au  commencement  des  mots  en  err,  en  irr,  en 
horr,  et  en  torr:  erreur  (èr  reur),  irriter  (ir  ri  té), 
hcyrreur  (or  reur),  terrent  (tor  ran). 

Cependant  erre  et  errements  se  prononcent  :  è  re  et  è  re  ma»  ; 
_do  plus,  les  mots  erratique,  errant,  erreur,  m-éguiter  et  «es 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES  1 1 1 

Hd^'t^iZTl^'^  ■"  ^^''"^'''  ""^^  «t  ««  ««^"Vë,.  et  ««■- 
(é  m  ti  111,  êîc)  ''"'"""""  '™*  l'Tticulation  B  simple 

c)  Dans  les  mots:  aberratim,  Burrhut,  ahhon-er 
corroborer  et  ses  dérivés,  irn-roder  et  ses  dérivés  con'- 
c«r,-enc«et»e8  dérivés,  interrègne.  Pyrrhus,  p'^ec 
twn,  narrateur,  narration. pa^^ieide.  terreur,  terrible 
terrifier,  terreMre.  terron^ne,  Verrh  (a  bèr  râ  cimi 
Dur  rus,  etc.).  ' 

cuSCtlple."'"''  '*""""'  """'  ™  P"*"""""  -•-  ''"'i- 
233.— Fautes  canadiennes. 

1.  Aphérèse  de  rK,dans; 

ralenlir  (ra  la»  tir) 
nJ!»  que  {nia  ke) 

2.  Syncope da  Tr,  dans: 

chirurgien  (c/ii  rur  ji/n) 
mercreiH  (nièr  kre  di) 
projniéU  {ptn  pri  é  t(S) 
propriétai)-e  (pro  pri  é  tè  re) 
Knircil  (sour  si) 


a  Ion  tir 
i»n  ke 


M  rujlt'n 
mé  kre  di 
pro  pi  é  té 
pro  pi  é  tè  re 
sou  si 


Et  gén,!ralement  dans  les  finales  l»-e,  cre,  ,/„,/«, /„e,  tre,  etc.: 


ar/irt  (ar  bre) 
autre  (fl  tre) 
couleuvre  (kou  lea  vre) 
^«•qpre  (pt,)  pre) 

3.  Apocope  de  l'a,  dans: 

toujours  (tott  jo«r) 
«ur  (sur) 

Et  généralement  dans  les  finales  en  eur  et  en  mr: 


ar  be 
û  te 

koM  leuve 
pro  pe,  etc. 


to«  jo» 
su 


chanteur  (chan  tem) 
saloir  (sa  loar) 
four  (leur) 


chan  teû 
sa  loa 
ieû,  etc. 


112 


XANUEL  DE  h*.  PAROLB 


I 


Pnwth&ae  de  \%  dan»  : 

alliinqe  (»  l'xi  je) 
tmluit  (on  dni) 
mvfo  (in  vèr) 
maire  (ivwr  ««) 
acheixr  («  cAe  ïé) 

Epentbfae  de  Tu,  dans  : 

caveiiu  (ka  vd) 
usufruit  (u  zu  frui) 
</J<  (de) 


ra  l«n  je 
tan  dui 
lan  vèr 
nour  M 
racAe  ré 


ka  vrfl 
n  ziir  frui 
dré 


vé  rur 


6.  Paregoge  de  I'b,  dans  : 

vetTue  (vè  ru) 

On  fait  une  faute  analogue,  quand  on  articule  IV  dan»  mon- 
tieut. 


7.  Métathèae  de  I'b  et  de  \%  dan»  : 

(nrehis  (bre  bi) 
hreietle  (bre  tè  le) 
fredoniur  (fre  do  né) 
herlae  (bèr  lu) 
berline  (bèr  li  ne) 
épervier  (é  pèr  vie) 


bcr  bi 

ber  tè  le 

fer  do  né 

bre  lu 
bre  li  ne 
é  pre  ïié 


8  Substitution  de  l'articulation  D  à  l'articulation  E,  dans: 
reiiirer  (re  vi  ré,  dé  vi  ré)  ;  et  de  l'articulation  L,  dan»  :  bava- 
roiie  (bft  va  roa  ze,  bft  va  loa  ze),  et  morue  (mo  ru,  mo  lu). 

§15.-8 

233.— Règle  générale.— Le  signe  s  représente 
généralement  l'articulation  8  (ou  V):  »«'»!/  (««")■ 
sagesse  (sa  jfe  se). 

Bemarqok.— La  combinaison  «c,  snivie  d'une  consonne  ou 
de  l'une  des  voyelles  a,  o,  «,  se  prononce  8K:  «cniter  (skru  té  , 
Kolaire  (sko  le  re),  leanJale  (skorn  da  le),  Kulpture(aka\  tu  re). 
—Suivie  de  e  ou  de  i,el!e  se  prononces  simple:  »n«  (si), 
»;«/.  (sène);  cependant  elle  se  prononce  s  re<loublée,  dans 
les  mjts:  aicention  (as  mn  àon).  adoletcence,  condegeendre, 
eJterveKenee,  efflareiceiwe  et  résipiscence,  surtout  dans  la  diction 
soignée. 


VALEUR  PHONÉTlgUE  DE.S  CARACTfcKES  1 M 

234._Exceptlon».-I.  s  «'articula  avec  le  hou  7 
dans  les  ca?  suivants  :  ^' 

a)  Quand  elle  se  trouve  entre  deux  voyelles-  mM,^ 

1')  Q"'and  elle  est  prëcëdAMl.. /..„„.   < 
'"'yjf  (tr<tH  se,  tritii  sept).  '■"•"« 

c)  Dans  quelques  mots  où  elle  esi  pr,ic,5doc  de  /  n„ 

!!'  f  ri  T"''  '^'""'  '""  '^'"'  suivants: 

parl^'i  Îm''/  ''"'"Pr'  '"^  ''"*'-^''  "«"«  terminés 
que  {Uni  di  ke).  ^        ^J  '"-*'  '««t^î« 

Cependant,  «  est  sonore  i  lo  «„  j 
la  plupart  aux  lan™,"ntiii"e  *  ^,7/*'"/ T^' ^"'P™"'^« 
(enfant),  CToW,,  iu2àà,ibZt-      '^"'''''  '^'^''Mi.^fiU 
<-horm,   hiat,,>,   -^»  C     "   '    '  ,'  '^*;"^^™«.  ^««At,,.  A/„o„« 
itcep,,  re/ap,,  am,élu>  ttra,  '       "'  '''^"'  '«/«.   «»«» 


I» 


114 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


fil 


''M 


s  i!»t  K^émlenient  «onore  d«ii«  le  mot  ■*"' •  .'f f  " ,  t, 

,1)  Dans  l'intérieur  de  la  plupart  de8  noms  propres: 
Duq,i^ne  (du  kè  ne>,  A.aiire..  i'"«9»'"-'/'^; 
Eslrée»,  du  Que^lin,  DurMsnil,  DesaiHex,  Ave»ne». 
Deanuirets,  etc. 

Cependant  elle  e,t  «.nore  dan.  :  Mont«,pan  (mo»  tJ.  p«»), 
Mmuiiquùu,  hly.  Manier,  Dt«Umom,  etc. 

III   Suivie  de  h  ou  de  ch,  s  forme  partie  d'une  com- 
binaison qui  8'articnle  CH:  Shtkspeare  (c/.ëk  spi  re), 
gchhne  (chh  me). 
Sauf  dans  êchtrw,  qui  «e  prononce  :   »kèr  dzô. 
835.— S  redoublée.— Le  signe  as  représente  géné- 
ralement l'articulation  s  simple:   remenAhr{n>  mn 
bl^)  _  Cependant  l'articulation  s  est  double   dans: 
aJentimevt  (as  mn  ti  man).  disséminer  dusensum. 
essence,    essentiel,  tmnssuder,  transsuMwn.  accès- 
sible.  cympressiMe,   proce^ion.   précessum,    Nesms, 
vicissitude;  et  dans  toutes  les  finales  en  M«m«;  «tru.- 
aime,  etc. 


VALEVn  l'HONÉTKirE  DES  CAhlCT*;RE8 

336.— FaoteN  mimillpnurN. 

I.  %ncoi>eili'  I'm,  .lun,: 


115 


é  Vtlt    |K! 

i  lin  |)i//e 
cS  tur  jriM 
ré  jitro 
kn  ta  pin  nie 
Ih>  no  me 


fliimjir  (un  tilii  |if) 
"tnmiirr  {Isa  t</«  |k)) 
ritiiminlU  (i'i.  t<i«  |)i  //,.) 
i^Kluruton  (un  tur  jo/i) 
reijitirt  (re  ji»  tre) 
ralrtjifiituit  (kii  tu  pliw  me) 
*..«»A™,m«  (W>n  zo  me)  „,  „„  „,« 

ijrnt:l,homme»  (j<,n  ti  «n  me)    j,i;i  ti  //.,  me 
m,m-At,tm„  (,„  pèr  ,ti  d,m)     m  pèr  ti  cio» 
KU/^nMirur  («q  |,èr  «ti  .je,))    m  |iir  ti  «i^d 
ï.  Apocope  de  I'h,  (kn»  mnin  (iimr«,  mâr). 
3.  Ep<'ntlii«e  de  l's,  dan»  : 

A/o/^/CékloiK!)  i,k,„p^ 

'./"." /"deT/i"""-'  """'''«'"■'  1'"""'  •">  »'"'»'«  •'"  muette  de 
ft.  .Substitution  de  l'urtitulation  u  ï  l'articulation  «  .i„n. 

\Z7: 1";;:  ™  '^^  "'7,£!"  '»>;  r*  -'"  '■-"éuialî^n":  ri-tt  " 

iHtion  z,  dans  mnouiel  (ka  r«M  zèl,  ka  roa  sèl). 

§  16.  — T 

a37.-«ègle  gén«5rale.-Le  .signe  «  représente 
Konéralement  1  articulation  T:  terre  (tè  v,)  antique, 
{'lit  ti  ke).  * 

238.--Exceptlon8.-I.  T  représente  IWticuIation 
>.  (ou  (,:),  dans  le.s  cas  suivants  : 

a)  Dans  les  terminaisons  tUil,  finie,  twles,  et  tiaux 
précédées  dune  voyelle  ou  d'une  consonne  autre  que 
"  ou  x:  abbatial  (a  ba  sial),  nuptUiux  (nup  «iô). 

Si  la  consonne  précédente  est  une  ,  ou  un  x  le  t  mrde  «on 
arfculafon  propre:  l^tial  (bès  tial),  U,tianJ i^»  m 


pan 


116 


MANUEL  DE  LA  PABOLE 


b)  Dans  les  terminaisons  tiel,  tieU,  tielle  et  tielles: 
essentiel  (es  ann  sièl). 

c)  Dans  les  terminaisons  ticvx,  fieuse  et  tieusen: 
iimbitieiix  (an  bl  sietl). 

d)  Dans  les  terminaisons  tk  et  tien,  précédées  d'une 
voyelle:  aiUocratie  (o  to  kra  si);  saut  au  féminin  des 
mots  en  tl:  hdtie  (bâ  ti),  et  dans:  sotie  (so  ti),  rôtie 
(rô  ti),  et  châtie  (o/iâ  ti). 

.  e)  Dans  inertie  (i  nër  si)  et  ineptie  (i  nèp  si),— bien 
qu'en  général  le  t,  dans  la  terminaison  tie  précédée 
d'une  consonne,  garde  son  articulation  propre:  hostie 
(os  ti),  partie  (par  ti). 

f)  Dans  les  terminaisons  tien,  tiens,  tienne  et 
tiennes,  des  noms  propres  et  géographiques:  le  Titien 
(ti  siin),  vénitien  (vé  ni  si/»)- 

Dans  les  antres  mots  en  tien,  etc.,  t  fiuxie  son  articulation 
propre  :  soutien  (sou  tiin). 

g)  Dans  les  terminaisons  tium  et  tim:  Latium 
(la  siom),  Helvétiu^  (èl  vé  sius). 

h)  Dans  les  terminaisons  tieni,  tients,  tiente  et 
tientes,  n'appartenant  pas  à  un  temps  du  verbe  tenir 
ou  de  l'un  de  ses  composés:  patient  (pa  aian),  patiente 
(pa  siaw  te),  qiwtient  (ko  si<(n). 

Dans  le  verbe  tenir,  t  garde  l'articulation  propre  :  //  tieiU 
(tiin). 

i)  Dans  piitienee  (pa  fàan  se),  satUté  (sa  aie  té), 
pétiole  (pé  sio  le),  chrestmmithie  (krès  to  ma  si). 

j)  Dans  les  terminaisons  tion  et  twns,  précédées 
d'une  voyelle  ou  d'une  consonne  autre  que  s  ou  :>■-■ 
dans  les  substantifs  seulement:  action  (ak  cion), 
tmtion  (nâ  cioïi). 


VALEUR  PHONÉTIQUE  r^s  CABACTÈEES  ]  17 

Si  la  consonne  précédente  e  c  «  on  ..  i ,  ,        ■ 
tion  propre  :  comlnmion  (kl     „  7^')    ,  ^' •  ^'  f  ".î'rticula. 
-Dans  les  verbes  en  ^V  et  en  '      Ip  /  V  m'   '""  <"".''"  ''"«). 
propre:  no«,  „„„,„,  („„  ,.^^^^  ,„;:j%,t^^,  (^âr"!™''""" 

«■écrivait  It.v;"^  ^""^  "^^-  P"^''^  qu'autrefois  il 

-^^..(s«.  tiare,  ^^^   it       ,  Z   f!  "!' 
II.  r  est  muet,  dans  les  cas  «„ivar.ts: 

accewrt,  œci,„A  ckrZ'  „Z,  „  /  """    *"'"«   d'"n  nom 

«■«!?6<m^ete.  dan^touC;?»""  ^*'- '"  P"">'  '^'W'-*^ 
^Hkt);  dans  les  terminisonï  en  I*  ■";!!?.""' ™'''^«=  '^«««(èg 
q»e  ,.;  rf,V.c«  (di  rèk       «■  „«  ?  '.recédées  d'une  antre  lettrf 

*«|.etde....,.i,,ri^-^;„,'^^.^^^^^^ 


118 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 

MuHtluc  (mua  luk),  Pontcharti 


{Mir  une  consonne 
(po)'  vlisiv  trin). 

Devant  une  voyelle,  le  t  «,^P™7;"<=«  ^^""''Tt"  / "an- 

(mon  trtiiW),  MnntrM  (mon  ré  al). 

239.-T  rcdoul)lé.-Le  signe  tt  représente  géné- 
ralement l'articulation  T  simple  :  patte  (pa  te).- 
L'articulation  est  double  dans:  attiqm  (at  ti  ke), 
attlckme,  iMorexqm;  giMnnd,  sagittaire,  intermit- 
tent, intermittence,  et  dans  les  mots  italiens  :  olleyrctt,, 
(al  lé  grèt  tô),  tutti,  in  petto,  etc. 
240.— Fautes  canadiennes. 

1.  Syncope  du  T,  dan.s  : 

abriter  (a  bri  té) 
diifestion  (di  jès  titm) 
co'tigestioa  (kon  jès  twn) 
pilote  (pi  lo  te) 
q-ueiition  kès  tion) 
mggestion  sug  jès  twn) 

2.  Epenthèse  du  T,  dan3  ; 

celle-là  (se  le  la) 
cMsormde  (ka  ao  na  de) 

3.  Paragoge  du  T,  dans  la  plupart  des  terminaisons  en  et  et 
en  ot,  comme  dans  : 


a  liri  é 
ili  jèciOT* 
koH  je  chiii 
pi  lô 
ké  cio» 
su  je  cio« 


atèl  la 

kas  to  na  de 


al  fa  bèt 
mi  not 
trot 


alphabet  (al  fa  bè) 
miïMt  (mi  nô) 
trot  (trô) 

4.  Articulation  du  t,  devant  i  ou  «,  avec  le  son  K,  comme 
dans: 


amitié  (a  mi  tié 
piftV  (pitié) 
tabatière  (ta  ba  tiè  re) 
/tu*  (i  tui) 


a  ml  kié 
pi  kié 

ta  ba  kiè  re 
ékui 


■   VALEUR  PHON 'tique  DES  CAKACTÈRES  119 

5.  Articulation  du  t,  devant  i  ou  »,  avec  le  son  TS,  comme 
dans: 

tu.  (tu)  tsu 

2iartir  (par  tir  par  tsir 

6.  Articulation  du  t  avec  le  sou  p,  dans  égratigner  (é  gra  ti- 
ff/ié,  gra  h  gné)  ;  avec  le  son  z,  dans  :  ara»<-Aw  (a  van  ti  èr, 
a  va»  21  èr);  avec  le  son  ce,  dans:  arête  (a  rè  te,  a  rè  che)  ■ 
avec  le  son  L,  dans  :  ^ra;««  (pa  ra  pè,  pa  ra  pèl)  ;  et  avec  le  son 
N  dans  :  xn-ttlège  (sor  ti  le  je,  sor  si  le  je). 

§17.  — V 

241. — Règle. — Le  signe  v  représente  toujours  l'ar- 
ticulation V  :  v&ix  (voa),  avec  (a  vèk). 

842 — Fautes  canadiennes. 

1.  Syncope  du  v,  dans: 

Cuivre  (sui  vre)  sui  ro 

poursuim-e  (pour  sui  vre)  jmit  sui  re 

chétivement  \ché  ti  ve  njaji)       cké  ti  maji 

2.  Articulation  du  v  avec  le  son  F,  dans  : 

vivement  (vi  ve  mon)  vif  man 

§  18. —  w 

243 — Règle.— Le  signe  w  représente  l'articulation 
V  dans  les  mots  allemands:  Wagnim  (va  gram), 
Weber{yé  bèr);  le  son  ou  dans  les  mots  anglais  et 
hollandais:  tramway  (tram  imé)]  Welches  (oîièl  c/ie); 
l'articulation  P  à  la  fin  des  mots  russes:  Souvarow 
(sort  va  rof). 

§  19.  — X 

SJ44.— Règle  générale — Le    signe  x  représente 
généralement  l'articulation  K.s  (ou  Kç)  :   exprès  (èks 
prè),  auxiliaire  (ok  si  lié  re). 
9* 


120 


MANUEL  DE  LA  PABOLE 


i: 


n5.-Exceptlon8.-I.  X  s'articule  avec  le  son  oz, 
nuftnd,  au  commencement  des  mots,  il  est  précédé  de  e 
et  suivi  d'une  voyelle  ou  d'une  h  muette  :  examen  (eg 
^„vm),  exhiber  (feg  zi  bé);  dans  le  composant  ^nex 
suivi  d'une  voyelle  :  incx^^et  (i  nfeg  zak  )  ;  et  quand  , 
commence  un  mot:  Xén^^hon  (gzé  nofo«).sau£  dans 
XaintraUks,  où  il  s'articule  avec  le  son  z  (zm  tra  He.) 
II.  X  s'articule  avec  le  son  s,  dans:  soixante  (soa 
ean  te),  Auxerre,  Auxonne,  et  Bruxelles. 

Cependant,  dans  Saint-Ger«min-fA,<^er,-où.  x  garde  son 
articulation  propre  (ok  se  roa). 

m  X  s'articule  avec  le  son  z  dans  XaintraUks 
(zin  tra  lU),  et  dans  les  composés  des  noms  de  nombre 
)uu^,  six  et  dix  :  deuxante  ('\eé  ziè  me),  d^x^imement 

(di  ziè  me  man\  . 

IV.  X  s'articule  avec  le  son  K  dans  certains  noms 
espagnols:  Xiraén^  (ki  mé  "H  /f  «  (^^  ^^sV,  et 
dans  tous  les  <^  où  il  est  suivi  de  l'articulat.on  s . 
excitation  (èk  si  ta  cioîi). 

V  A  la  fin  des  mots,  x  est  généralement  muet. 
paix  (pè).  prix  (pri),  etc.  ;  mais  il  est  sonore  et  garde 
Lticulation  propre,  dans  :  th^x  (to  raks).  c^t.^^ 
Ajax,  Astyanax,  index,  silex,  murex.  Cadix,  Féhx, 
BéaU  pMnix.  onyx,  Styx.  lynx,  Pollux,  A^x, 
larynx,  sphinx,  préjix,  pUrynx. 

"ne  motsuivant  c  .nmence  par  --^Z:^::'/^:^^^ 
table,  (di  ta  ble)  ;  cependant  il  ««»  '""^.f.  ',""^i  (sis  mè), 
son  s,  si  le  mot  suivant  est  un  "om  de  mr  s .  ,tx  t^K  '; 


VALEUR  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES 

246.— Fautes  canaaic?<nes. 


121 


^^K  Articulation  de  V^  avec  le  aon  s,  devant  une  consonne, 

«•««.  (èks  ku  ze)  es  ku  ze 

.^/>;«a<«>„  (eks  pli  ka  cion)  è,  ,,Ii  kâ  ci«n 

"•<ra   èks  tra)  ^s  tra 

«■<r/mi<,r  (èks  tré  mi  të  es  tré  mi  té 

hJ'/\'^'.°"'*''°,"  ^^  ''-^  '""«''  *™'=  'e  son  s,  dans:  chuj:  (dei) 
ioû  ce),  et  avec  le  son  z,  dans  :  ceu^  (mU,  ^û  ze).  ^      ' 

§  20.  —  z 

247.-Règle  générale—Le  signe  z  représente 
généralement!  articulation  z:  so««ve  (zoîta  ve)  qaz 
(gâz).  » 

S48.-Exceptlons.-I.  .? s'articule  avec  le  sons 

M?  .  -  tn'°^  '■""'  ^™"'>'  "'  ^  '"  fin  d<=«  noms' 
Metz  (mes),iRetz,  Suez,  Rodez.  Natchez,  Coblentz  et 
Selfz. 

Retz  se  dit  aussi  :  ré,  comme  F^ez,  qui  ,e  prononce  :  £o  ré. 

II.  Z  est  muet,  à  la  fin  des  mots  nez  (né)  cite- 
^mez,  Hz.  et  Fm-ez.  et  des  verbes  à  la  deuxième  per- 
sonne du  pluriel  :  aimez  (è  mé). 

C«.feî1.Xz""''"'''"'"'P''*P''''^""'=  ^«(fèz),(^z,  Veva- 

249--Z  redoublé—Le  signe  zz  s'articule  comme 
Dz  dans  les  mots  venus  de  l'italien:  dumzzo  (du  rad 
zô);  sauf  dans  lazzi,  où  il  représente  l'articulation  z 
simple  :  la  zi. 

§21.  — CH 

850— Bègle  générale— Le  signe  eh  représente 
généralement  1  articulation  ch  :  choix  (cAoa). 


là 

tu 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 

861.-Exceptlon8.-I.  Le  signe  ch  s'articule  avec 
le  son  K  dans  les  cas  suivants  : 

a)  A  la  fin  des  mots  hch  (lok),  Munlrh  (mu  n.k), 
Enoch  (é  nok),  et  Baruch  (ba  ruk). 

propre,  dan»  Auch  (ÔcA),  et  p»«A  (!»«<•*). 

b)  Quand  il  est  suivi  de  l  ou  de  r  :  chUmy^U  (kla 
mi  de),  Christ  (krist).  ■ 

c)  Dans  le  radical  arch  suivi  de  a,  de  <!.  ou  de  o. 
a  Jtaïq«e  (ar  ka  i  ke),  archétype  (ar  ké  ti  pe),  archonte 
(ar  kon  te). 

o  •■  jo  .■  m,  Hf  ,  le  siane  cA  conHerve  son  articulation  pro- 

d)  Dans  les  radicaux  giecs  ofcir.  cAeir,  cfeof.  chor, 
arachn,  archaï.  ichty,  techn,  ichno,  et  psycho:  c^ro- 
graptu^ire  (ki  ro  gra  îh  re),  anach^He  C^;"^^»  le  ^  ■ 
cfeorw«  (ko  rus),  chœur  (kcur),  arrftatgu*  (arka  i  ke) 
£IL  (koléra).  cheiroptère  (kfei  rop  tè  re).  iln.ar.« 
(a  rak  né),  etc. 

Cependant,  ch  garde  son  articulation  propre,  dans  chir,^gien 
(cAi  rur  jUn). 

e)  Dans  les  mots  suivants:  Achate  (a  ka  te).  Cal- 
chas,  Cokhos,  chaos,  ckil^^ue,  f^^'^' .^""'T' 
eucMristie,  aurœh,,  autochtcme,  chdcj,raphe  bra- 
cTm,  caUchu^ne,  Churyhde,  c<mch^e  co^hyl^ 
logiedi.h^torn.,éc}u>,  épich^rèrn.,  c^<^^^'0-''^f^'; 
ZùhUe.fu.hsù.,ich^ev^i^.trochnnt^rstr^^^^^^ 

Michel-Ange,  Machia-vel,  Chdrubim,  Anttochus. 


VALEUB  PHONÉTIQUE  DES  CARACTÈRES     123 

.^'î'f  °'^*"'-.<'*  8?n'e  son  articulation  propre,  dans  Achéron 
MicM,  machmv^luiuc,  tXmachiavilUm,;  on  commence  toZ' 
fo>3,     prononcer  ces  deux  derniers  mots'  avec  IwSatîon  k! 

f)  Qaand  il  est  précédé  de  c:  bacclianale  (ha.  ka 
na  le),  etc. 

II.   C/t  s'articule    avec   le  «ou  o,  dans  drachme 
(drag  me). 

tionoês'rautr^S."'  ''  "'  '•"''''"»°"  "''  "•''"«-'- 
258 — Fautes  canadiennes. 
I.  Articulation  de  cA  avec  le  «on  j,  dans: 


(uheter  (a  cAe  té) 
aehetewr  (a  Me  teur) 
mhever  (a  cAe  vé) 
revanche  (re  va»  che) 
cheval  (cAe  val) 


a  je  té 
a  je  tnir 
a  je  vé 
re  van  je 
je  val 

S  22.  —  ON 

253.-Règle  générale—Le  signe  gn  représente 
géném  ement  1  articulation  on  :  rè^  (rè  <,ne).  agr^vu 
(a  jf«ô). 

864.-.ExceptIons.-I.  (?n  se  décompose,  chaque 
lettre  gardant  sa  valeur  propre,  dans  les  mots  suivants  ■ 
«</««*  (ag  nus),  igrU,  diagnostic,  magnolia,  magvat 
^nagmficat,  stagnant,  stagnation,  expugnahU,  inex- 
pugnahk,  Qnide,  gruymm,  gnostique,  gnome,  cogna- 
twn,  cogmtwn.,  cognitif,  Progné,  regnicoU,  agnat 
cognât,  et  leurs  dérivés.  ' 

11.  On  se  prononce  n  dans  signet  (si  ne),  Regnard 
(re  nar),  et  Régnant  (re  nô). 


124  MANUEL  DE  LA  PAROLE 

Cependant  Ugnet  tend  maintenant  &  »»  prononcer  comme  U 
est  écrit. 
255.— Fautes  caBadiennes. 
Syncop«  du  o,  dani  : 


tiffniJUr  (e\  gm  fié)'  . 
intignifiant  (in  m  gni  ban) 
maligne  (ma  li  gne) 
magnifique  (ma  gm  fi  ko) 
ligner  (si  gné) 


si  ni  fié 
in  si  ni  fia" 
ma  li  ne 
ma  ni  fi  ke 
si  né 


I  23.  —  PH 


256.— Bègle.-Le  signe  ph  représente   toujours 
l'articulation  F  :  pfiénaminè  (té  no  mè  ne). 


CHAPITRE  II 
LEij  MOTS 


857.— Un  mot  est  un  non,  ou  un  gi-mipe  de  sons  et 
<l articulations,  exprimant  une  idée. 

Un  >on  est  une  émission  de  voix  ne  renfermant  qu'un  seul 
»rZwr"7'  """"""  T  (^>-  0«"  *'^™»''ts  «"«ores,  une 
lié,«n^™w  ***""''  "^y^"^- Penvent  se  succéder,  étroitement 
liés  ensemble  et  prononcés  aussi  par  une  seule  émission  do  voir, 
L!f.;7i?r  '^"'  '"'«""Pt'""  du  souffle,  comme  dans  le  mot 
n,ï^  *''''?'  f-  F"""""^*  '""'  '«"P'  d'arrêt;  il  en  est  de 
deuTr^  'f  ^'P'"°"f '"'•  """""«  '•'""'  '«  ««"'«'»■.  dont  les 

D^nv.,fâ.f    f'  P'"'"""!    «>"«   et   plusieurs   articulations 

p^sieurs  émissions  de  voix,  comme  dans  beauté  (bô  té),  ^i. 
formétnent  (u  m  for  mé  ma»). 

858 — On  appelle  sylla^o  chaque  son  ou  chaque 
groupe  de  sons  et  d'articulations,  dont  se  compose  un 
mot,  et  qui  peut  être  prononcé  par  une  seule  émission 
de  voix. 

svlS  n!J*H-f  ""n**  '™"/«™«»'  n»^.  deux,  trois,  ou  plusieurs 
^J^l^tCt';  Zt^XX:"-^^"''*'"  de,.;„,«a*„,  de, 

859.— On  appelle  syllabe  simple,  celle  qui  ne  ren- 
ferme qu'un  son-voyelle;  syllabe  composée,  celle  qui 
ne  renferme  qu'une  diphtongue  ;  syllabe  directe,  celle 
qui  renferme  une  ou  plusieurs  consonnes  suivies  d'une 
voyelle  ou  d'une  diphtongue;  syllabe  inTCrse,  celle 


126 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


qui  renferme  une  voyelle  ou  une  diphtongtie  suivie 
d'una  ou  de  plusieurs  consonnes  ;  syllabe  fermée,  cello 
qui  renferme  une  voyelle  ou  une  (î-.phtongue  plac^-i- 
entre  deux  ou  plusieui-s  consonnes. 

Les  conibinaiaons  imsaible»  des  voyelles  et  des  consonnes  clan» 
la  formation  des  syllabes  sont  très  nombreuse».  En  théorie, 
une  syllabe  ponrrait  renfermer  huit  élément»  :  trois  consonnes, 
les  deux  voyelles  d'une  diphtongue,  et  trois  autres  consonnes. 
Mais  dans  la  lanpue  franijaise,  ou  ne  rencontre  guère  que  les 
combifiaisons  suivante». 

I.  Syllabe  pure: 

1  voyelle  i.x«nple:™u  («) 

II.  Syllabe  composée: 


1  diphton^e 

III.  Syllabes  tllrf^.: 

1  consonne     et  1  voyelle 

1  coiuonne     et  1  diphtongue 

2  conaonneë    et  1  voyelle 

2  consonnes    et  1  diphtongue 

3  consonne»    et  1  voyelle 

IV.  Syllabes  Inverses  I 

1  voyelle  et  1  consonne 
1  diphtonirue  et  1  consonne 
1  voyelle  et  2  oonsonnes 
1  diphtongue  et  2  consonnes 

V   Syllabes  fermées: 


exemple:  oui 


(oui) 


exemple;  ta  (la) 

••       /„,  1.») 

"        tri»  (trti) 

"        troit  (tro») 

"       j(m((i{/é»it(«tt»  t»  je  me) 


exemple:  »V 

"        ouûtiti 

"  M( 

'*  OUfit 


(il)      .    „ 
(otns  tl  ti) 

(ouest) 


1  consonne,  1  voyelle        et  1  consonne   exemple;  mp 
\  consonne,  1  diphtongue  et  1  consonne  '»" 

2  consonnes,  1  voyelle        et  1  consonne 

1  consonne,  1  voyelle       et  2  consonnes 

2  consonnes,  1  voyelle       et  2  consonnes 

3  consonnes,  1  voyelle  et  1  consonne 
3  consonnes,  1  voyelle  et  2  consonnes 
1  consonne,  1  diphtongue  et  3  consonnes 


(kap) 
voir         (voar) 
ntùnnaie   (stig  ma  te) 
lent  (lè«t) 

Christ      (krist) 
structure  (stnik  tu  re) 
Hrict        (Btrikt) 
quartz      (kouarts) 


1  consonne,  iaipntoiiKu«efc»jwiiiau."i='>  •»■ — 

U  prononciation  tend  à  simplifier  les  syllabes  autant  que 
Dossible.  Ainsi,  quand  deux  consonnes  se  suivent,  on  les 
sépare,  s'il  est  iKissible,  dans  l'épellation  ;  dans  arfferis,  bien 
qu'on  puisas  prononcer  l>ar  une  seule  émission  de  voix:  aav, 
on  sépare  les  deux  consonne»  d  et  v,  et  l'on  épelle  ■.adverbe. 


I.A    I.I.MSl(N  DEN  .SVU„\I)E.N  J27 

SOO.-Li  vojcilo  ont  lol,în.ent  I.  phm  important 
de  la  syllab.    Cent  elle  ,.,i  po.-to  V.uZut  et  laT/l.V. 
Il  iiV'xistc  ,m,  ,1e  syllabe,  «ans  voyello 

oi.lrei-  la  V  ,v..  ">"'>l>e-     J.c»  consonnes  ne  font  (m'en. 

SKCTION  X 

LA  MAISON  ItES  SÏLLAHKS 

2«I  -Les  voyelUs  et  les  „riimh,ti,ms  co.npo.sant 
un  ,not  douent  être  11,^.,  ,„se„.ble  et  se  stS 
s-ms  >ntcrr„pt,on  perceptible  du  son.  bien  qn'il  y  a 
H  cha,|ue  syllabe  une  interruption  du  souffle. 

"oSr:  âr^l^^^t^T'rrju  •'""^^"^  ^^  "- 

deux  consonnes  d'un  iiXi  „;,„'^    "'"  '"'"'''  ?•"  fi'ni'^sent 


128  IUNUÏL  DE  LA  PABOLE 

SECTION  11 

LA  qVASTITÉ  DE8  SYLLABEH 

262.— Lft  quantité  est  la  mesure  du  teinpH  plus  ou 
inoii»  lonj;  qu'on  emploie  h  émettre  un  «on. 

Lii  voix  priilonge  lo  «on  sur  les  nyW»)»»  lanijiirt  et  glism)  iilus 
raiiidenioiit  «ur  li>«  brhtn.-  Ix»  conMiniie»,  iiiênio  le»  coiiti 
nut-B,  ne  sont  pft»  «udce ptible»  de  durée  «i.précwWe  ;  aniwi  M 
(luantité  n'affccte-t-elle  que  len  voyelle».  ,       ,   ,.  , 

l.e  friincfti»  n'a  l>a.s  de  qurniliv!  métrtiiur  ;  e  est-A-dire  nue  la 
durée  des  nyllahc»  ne  l«ut  «Ire  ine»urde  exiictenient.  La.jaan- 
tité.  en  franeai.t,  eut  relative  et  déiiond  de  la  rapidité  du  discouru. 
Ses  règle»  ne  sont  paH  absolues  ;  i  tout  instant,  la  durée  des 
sons  est  modifiée  par  f<ireenl,  et  partant  par  la  place  qu  wcupt 
la  syllabe  dana  le  mot,  le  mot  .lan»  la  phrase.  Ainsi,  dans 
airfl,  k  est  long  ;  dans  arrêter,  k  est  bref,  parce  i\m  1  accent 
ne  porte  plus  sur  cette  syllabe,  mais  sur  la  suivante.  IJans 
homme  hnnnfte,  fc  est  long;  dans  hmnfte  homme,  i  est  bref, 
avant  iierdu  l'accent.  C'ar  l'accent  ne  consiste  pas  seulement 
dan»  l'intensité,  mais  encore  dans  le  dévelopiwment  et  1  «"P?"- 
sion  du  son  ;  par  là,  il  est  une  source  imiKirtonte  de  quantité. 
Souvent  aussi,  une  syllabe  brève  devient  longue  pour  les 
besoins  de  l'expression  :  t/iectade  /jHjuvanUI/le. 

Ceiicndant,  il  peut  être  bon  de  connaître  quelle  est  la  durée 
ordinaire  des  syllabe»,  durée  susceptible  d'être  luoditiée  par 
les  influences  que  non»  avons  signalées.      ,      ,      ,  ,  , 

Kemarquons  encore  qu'entre  la  voyelle  la  pins  longue  et  la 
plu»  brève,  il  y  a  un  grand  nombre  de  degrés  intermédiaire». 
L'usage  e»t  le  maître  suprême  de  ces  distinctions,  et  «enle  la 
fréquentation  de  ceux  qu'on  apiwlait  jadis  les  hmmftei  gen» 
peut  en  donner  l'habitude.  Tout  ce  qu'on  jieut  faire  ici,  e  est 
d'apprendre  quelles  syllabes  sont  ordinairement  plus  on  moins 
longues,  ou  plus  ou  moins  brèves.  Encore,  les  règles  qui  sui- 
vent ne  comprennent-ellea  pas  tous  les  cas;  souvent,  la  quan- 
tité est  variable,  et  l'usage  ne  l'a  pas  fixée. 

263.— Distinction  des  longues  et  des  brèves. 

I.  La  vivacité  étant  l'un  des  caractères  de  notre 
langue,  on  peut  poser  en  rëgle  générale  que  les  syllabes 


I.A  QUAlfTIT*  DIS  SVr,LvnE.S 


12!) 

franvaim.,  «ont  p|u«  ou  moins  M,.;-h,  et  r..™r.l..r 
comn,.  aut«.,t  d'exception,  celles  .,„i  «ont  pL  ou 
.no,„«  fe»,,,».,._So„t  donc  plu«  ou  moins  l„-^,Z  toute, 

Irivi      '"'  "■'"''"'"  P**  '^■"   '^'^  --P"""^ 
II.  Sont  fféu^mleraont  plu»  ou  moin»  /,„„/„™  • 

a)  La  syllabe  dont  la  voyelle  porte  un  uocnt  eir- 
conflexe:/V^e,/HÎ?«,j,c/d/. 

b)  La  syllabe  dont  la  voyelle  est  natale:    „mhr. 
I  ivinblfr.  ' 

c)L«  syllabe  dont  la  voyelle  est  i»..nédiat3n.cnt 
suivie  d'un  p  muet  :   ri,-,  prier,,  1. 

d)  La  syllabe  dont  la  voyelle  est  repr.«sentée  par 
""  <^t  prononcée  a.-  piuvre.  hauteur. 

e)  La  pénultième  des  mots  à  terminaisons  féminines 
en  re.  en  rre,  et  en  zc  :  Uvrh,tre,pair,',ga-.,  ro.r,  M>;..r 

f  )  La  pénultième  des  mots  en  nbre  :  ,nhre  ;  en  njie  ■ 
rnfie;  en  uMe:  linmille;  en  èvre:  ^yrfkvre;  en  h,.,  j,L  '■ 
en  enif  •    -  .  «n  ige  :  tige  ;  en  oire  :  ,-ilx,ire  ;  en 

'""*'     "■  '«;  en  one  (ô  fermé)  :  îo»<. 

g)  i.ttiuep.„w,ueme  des  mots  eu  w,i,m,  en  ati,m  et 
en  asmon  :  occasimi,  tentation,  pamon. 

h)  Les  finales  en  o  et  en  ot  :  écho,  lot 

i)  Les  finales  des  mots  terminés  par  ,-  sonore,  par 
i-r,  et  par  rcl  :  mer,  concert,  perd. 

j)  Les  syllabes  non  finales  dont  la  voyelle  est  un  X 
forme  :  fable  ;  et  à  la  pénultième  A'aBtrolalH: 

k)  I^  Pénultième  des  mots  suivants  en  «me;  haine 
0"iiie,  chaîne,  traîne  et  aes  détivéa. 


130 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


Ai  eut  bref  dans  :  capitaimjontaine,  miveraiw,  plairu,  etc. 

1)  La  péiiultifeme  des  mots  suivants,  en  avjte: 
vvdgr.-,  en  hne:  diadhne,  prMhn.e,  système;  en 
ène  ■  alêne,  scène  cène,  et  des  noms  grecs,  tomme 
Athènes;  en  èqae:  obsèques;  en  .«se:  cm«,  compresse, 
confesse,  empresse,  lesse,  presse,  professe,  et  leurs  déri- 
vés; enèie:  grève;  en  osse  :  désosse,  fosse,  grosse  ;  en 
ive':  les  adjectifs  féminins,  comme  vive;  en  nde: 
meuU,  veuU;  eu  ète:  prophète. 

Dans  les  autres  mots  à  terminaisons  en  aigre,  en  hne,  en 
ène,  etc.,  la  pénultième  est  brève. 

SECTION  III 


L'ACCESTUATIOS  DES  SYLLABES 

264.— L'accent  tonique  est  une  augmentation  de 
l'intensité  du  son,  que  l'on  fait  sentir  sur  certaines 
syllabes,  appelées  syllabes  fortes. 

Dans  la  parole,  il  y  a  des  son»  forts  et  des  ,m>  faMe>,  dont , 
le  ~m^  oMonné  constitue  le  rythme.  Toutes  les  syllabes 
ne  ïï  pa^  également  importantes;  le  son  donunant  dun 
gro.fp"  soCre  doit  se  distinguer  des  autres,  et  en  fonçais,  c  est 
par  un  appui  plus  prononcé  de  la  voix  qu'on  le  marque. 

Uaccent  français  nVst  pas  prosodique,  m  chantant  ;  ce  n  est 

narÛnac«>nTdUauteur;  il  ne  consiste  pas  dans  l'élévation 
TlavoTx  La  syllabe  accentuée  peut  être  a.gue  ou  grave, 
elle  peTcKCuper  un  degré  quelconque  de  l'ecl.e  le  mus.cde; 

ï'accL  U  frappe  avec  plus  de  force  '«"«Jf  .»Sfh»;2t^„ 
damment  de  sa  hauteur  relative.  L  accent  de  hauteur,  en 
tondais"  est  plutôt  IWcent  logiiue,m  est  du  domaine  de 
l'expression. 

865.— L'accent  tonique  se  pose  toujours  sur  la 
dernière  syllabe  sonore  du  mot. 


L'ACCENTUATION  DES  sriXABES  I31 

ont  l'accent  8ur  l'a  X-Z^t^nT/"*^?"?'"*  °''   ""«tte 

fra^s;:"t^r;niteitsiv^r.''^j''  v^^-  ""•" 


de  lï<4?,  expriméeTar'laphrf^^      '"'"'**"=" ''"""'Vend 


idé^etT  ^  ^'  ««"^-mêmes  n'expriment  aucune 
Idée  et  ne  reçoivent  une  signification  que  par  ceux 
qu.  les  accompagnent,  perdent  l'accent  au  J^ofirde 
ce^de,.„,er.s.--ExempIe:  les  éorir^i^,  (larSe  £ 
n  est  pas  accentué).  ^  ">"cie  tes 

Dans  un  groupe  de  mots  unis  par  le  sens  le  mnf  1 

ton  et  h.,  autres  accents  sont  adoucis  ou  éteints  1 
b.x.  :  oft.  /(omwCT  soi(<  grands.  "-emts.— 

s„!?'"~^'*"*"'  '''  ""  '"■'^'"^^  «^''«*'"'.  qui  se  pose 
sur  la  première  syllabe  des  mots  poly,,ylUbi.  ue^-^ 

Dans  les  ,.,ots  composés,  un  accent  secondaire  frappe 
ladern.ere  syllabe  du  préfixe.-Ex.  :  pan.tLneï^ 

r^^'^n^rsTrsXtrrtieTi^ 

l'attaque,  un  son  plein  net  et  ô?..?r  M  '  '*>"''?'•' '*»""e,  dè.s 
courts,  plus  pro„oî.célns  le  tZ  loîl"'"'.- uft  ''*•"'  '^■'  "■"" 
jnergique  que  l'accent  princinall' PhfAi  "■"""^ '""'"» 

d'appui  pour  soutenir  l^ZnZ'^^tTT  ""  P"'"' 
n™Si'*"  -^  '"«P^We  de  'u^pLfer  t"    ',T  î  ''""''"  P"" 

derxtrx7p";rt,ïï:'tstrt4^''^  ^^'"''-^  ^^ 

lu 


•I 


•  .» 


CHAPITRE  III 
LES  PHRASES 


268.-Une  proposition  est  un  groupe  de  mots 
énonçant  un  jugement.  Une  phrase  e.t  une  prop.  ! 
aon  ou  une  réunion  de  plusieurs  propositions  formant 
un  sens  complet.  Une  période  est  une  réunion  d 
plusieurs  phrases  ayant  entre  elles  des  relations  plus 
ou  moins  directes.  '^ 

SECTION  I 

l'A  LIAI80X  «ES  MOTS 

869  -Lier  deux  mots,  c'est  les  prononcer  comme 
un  seul,  au  moyen  de  la  juxtapo.sition  du  dernier  T 
ment  du  premier  mot  au  premier  élément  du  second  - 

SomlT'^  ''^'''''"'''    '-'    """^-^    ('- 


134 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


270.— La  liaison  des  mots  n'a  lien  que  dans  les 
rencontres  de  deux  voyelles,  ou  d'une  consonne  et 
d'une  voyelle. 

Deux  mot.,  dont  le  premier  finit  et  dont  le  second  com- 
mence par  une  consonne,  ne  peuvent  se  lier.— lix. .  i/rana 
S._De  même,  un  mot  terminé  par  «ne  voyelle  ne  peut 
se  lier  à  un  autre  commençant  par  une  consonne.— bx. .  J^tew 
puintant. 

271.— La  liaison  de  deux  voyelles,  c'est-à-dire  de 
deux  mots  dont  le  premier  finit  et  dont  l'autre  com- 
mence par  une  voyelle,  se  fait  en  supprimant  la  voyede 
finale,  et  en  faisant  suivre  sans  arrêt  la  consonne  qui 
la  précède  de  la  voyelle  initiale  du  mot  suivant.  On 
apr„11e  cette  liaison  éliSlon.-Ex.  :  sage  et  savant 
(saj    et  savant). 

Par  rairfon,  on  évite  Yhiatus,  e.spèce  df  *>lille™ent  prc^uit 
par  Vén.ission  consécutive  de  deux  voyelles.  Ainsi,  1  serait 
désagréable  d'entendre  et  difficile  de  prononcer:  la  action;  on 

dit:  l'action. 

L'élision  de  a  dans  la,  de  e  dans  le,  je,  ne,  me,  te, 
ce,  se,  de,  et  que,  de  i  dans  si,  de  oi  dans  moi  et  toi, 
quand  elle  a  lieu,  est  toujours  indiquée  par  l'ortho- 
graphe au  moyen  d'une  apostrophe.— Ex.  :  l'écriture, 
Vho-mme,  s'il  t'aime,  c'est,  donne-m'en,  n'y  va  pas, 
s'aider,  qu'on,  etc. 

La  et  le,  pronoms,  ou  régimes  d'un  verbe  à  Vimpératif,  ne  se 
lient  «as  —Ex.  :  Fais-la  entrer,  dites-le  aujc  ouvrier».  Oepen- 
S,rns  les  vers,  les  poètes  exigent  parfois  que  le  lecteur 
fasse  cette  élision.- Ex.  : 

Comlammi-le  à  l'amende,  ou  s'il  le  casse,  au  fouet.  (Racine.) 

L'e  muet  final  suivi  d'un  mot  commençant  par  une 

voyelle  ou  une  h  muette,  s'élide  toujours,  bien  que 

l'orthographe  ne  l'indique  pas  (sauf  dans  le,  pronom,  ou 


LA  LIAISON  DES  MOTS  135 

régime  d'un  verbe  à  rimpératif)._Ex.  =  ,yrag,  affreux 
(orag  affreux),  lumnéte  hom^ie  (honnêfh,  .mme). 

Ce  sont  là  le»  seules  élisions  possibles  en  fmnçai.,. 

878.-La  liaison  de  deux  n.ots,  dont  le  premier 
hn  t  par  une  c<.,,onne  et  dont  le  second  comui.ce  pa 
un    .^,,,^    e  fa.t  en  prononçant  ces  deux  mots  comme 

ni  h  r']""^""'  ''""°    «eul-Ex.:    bd  homme 

i^^homm^),  fuit  exprès  (ta.it  fexprè^y 

ino^Srse'trentjS;:;s°^;Vi:rer'''^^'^r'''" 

la  cnsonne  .,  U  fait  1,»  Sn^,!,;  .  a  f  f  "  '>".'  '«"  ""•'' 
du  premier  n.ot  et  non  à  k  p"'eX^;iube  d,?""'^'7^,'J?*" 
"ine  nuance  encore  assez  seiSrlf      ■       ^"  '*'?""''•  ^"^^ 

di-sant  que  «W  *»  Z  nerproln'co'^p^^.'^^J't'  ?"'"'  ^" 
bien:  cnVenfeu.  Cela  se  fS  ^«f;  '^^  "«/*«  /«<.  mais 
dus  mots  à  colonne  finairsonore  0™?!"'  ^"''  '"^  ""''"" 
est  muette,  elle  paraît  d«yanta«»nrS2î^  '*  '=»"'"■""'  «"aie 

liaison  doit  et  e  adoudê  car  X  W  ''•""''  '*  "^"/'""'"^  «l' 
nique,  et  il  ne  faut  nJ  .v„  ■  *  ''"■""  ^^'^^^  '^"l'li'> 
pronouciatîon  '^^  ''"'«"'"  '°"  importance  dan,  I« 

27â.-II  ne  peut  y  avoir  liaison  qu'entre  les  mots 
qui  ne  sont  pas  séparés  par  un  silence. 

■l'a  pas  lieu.  Ce™  !„r^  plutiU  um  0^»^,^  t''^!^  "•'  '"  "'''™'' 
avoir  énoncé  quelqurrffe  S?al«  n"  "^  ^."P^^n'e-Après 
.l"els  cas  I«rticuliers  et  avec%ue7,  :;,^°TeS"7'''  ''""■^ 
moyen  des  différentes  consonnes  '  '*  '""'™  "» 

J74.-La  liaison  naturelle  est  la  li^i.so„  d'un 
mot  termmé  par  une  consonne  sonore,  qui  s'appuie 
«ur  la  voyelle  initiale  du  mot  suivant.-Ex  ■  rlTl 
fiirew'  et  cieV  en  feu.. 
1(1* 


136 


MANUEL  DE  LA  PAKOLE 


La  liaison  artlflclelle  est  la  liaison  d'un  mot 
terminé  par  une  consonne,  qui,  muette  dans  le  mot 
prononcé  isolément,  ne  sonne  que  pour  adoucir  lo 
passage  au  mot  suivant.— Ex.  :  jmmier  homme  (pre- 
mier r'homme). 

La  liKison  d'un  mot  terminé  par  deux  .«°?f"»"f  •  ^""i J," 
première  seule  e8t  sonore  dan»  le  mot  pria  .«élément,  est  natu- 
S  quand  elle  se  fait  au  mcyn  de  la  consonne  sonore,  comme 
S^  8-  Vo««  élo^u^t  (discour'  éUKiuent)  ;-.rUflclelle,  quand 
elle  se  fait  au  moyen  de  la  consonne  muette,  comme  dans . 
fort  éloqrmU  (fort  «'éloquent). 

275.— La  liaison  naturelle  se  fait  toujoura,  quand 
les  mots  s'y  prêtent. 

La  liaison  artificielle  se  tait  (quand  les  mots  s  y 
prêtent  et  que  les  règles  particulières  à  chaque  lettre 
ne  s'y  opposent  pas)  dans  les  cas  suivants  : 

a)  Entre  les  mots  qui  ont  un  rapport  grammatical, 
comme  celui  de  l'article  et  de  l'adjectif  au  substantif, 
de  l'adverbe  à  l'adjectif  et  au  verbe,  du  pronom  au 
verbe  etc.,  c'est-à-dire  entre  les  mots  dont  le  premier 
n'a  de  sens  que  joint  au  second.— Ex.  :  «n  homme 
(un  Ti'homme),  très  habile  (très  z'habile),  etc. 

b)  Entre  les  termes  des  mots  composés.— Ex.  :  pot- 
au-feu,  porc-épic,  avant-hier,  pied-à-terre,  etc.  (pot- 
<'au-feu,  etc.). 

Cependant,  c'est  la  liaùm  naturelle  (e.-à.-d.,  avec  l'avant- 
derniVre  consonne)  qui  se  fait  dans  les  mots  ara-en-ciel,  chars 
à  Une.,  duc  et  flair,,  crocs-en-jambe,  guet-apens,  et  maître, 
è,-artê  (arc'-en-ciel,  etc.). 

c)  Entre  les  termes  des  locutions  adverbiales.— 
Ex.  :  d«  temps  en  temps,  dh  à  présent,  de  part  et 
d'autre,  tôt  ou  tard,  tmii  à  coup,  etc.  (de  temps  «'en 
temps,  etc.). 


LA  LIAISON'  DES  M0T8 


137 


à)  Entre  les  adverbes,  les  prépositions,  les  conjonc- 
tions (sauf  et  et  seltm,  qui  ne  se  lient  jamais),  et  le» 
mots  qui  les  suivent.-Ex.  :  fart  heureux,  trop  adroit 
mats  au  contraire,  etc.  (fort  «'heureux,  etc.). 

e)  Entre  les  verbes  et  les  mots  qui  les  suivent.— 
Ex.:  part-mi  !  ils  veulent  avoir,  manger  un  min 
etc.  (part-<'on,  etc.>  ' 

f)  Entre  le  pronom  (siyet)  et  le  verbe,  et  entre  le 
verbe  et  le  pronom  (régime).-Ex.  :  ils  ont,  pensent- 
Ils  i  croyet-en,  etc.  (ils  «'ont,  etc.). 

g)  Entre  les  adjectifs  et  les  noms.— Ex.  :  bons  avis 
mes  enfants,  sujets  obéissants,  etc.  (bons  j'avis,  etc.X 

fréque'nto*  '*'*'""''  """""  *"""^'  '"*''  "«"««-'»  »"«  '««  P'"» 

276 — I.  La  liaison  des  mots  terminés  par  deux 
consoniie^,  dont  la  dernière  est  muette  et  la  première 
sonore,  est  soit  naturelle,  soit  artificielle. 

Elle  est  naturelle  généralement,  et  se  fait  par 
conséquent  avec  lavant-dernière  consonne,  dans  les 
mots  au  singulier:  regard  aimable  (regar'aimable) 
Upart  avec  m^i  (il  par'avec  moi),  discours  émouvant 
(discour'émouvant),  univers  entier  (uni  ver'entier),  etc.  ; 
et  dans  le  mot  cf^8,au  pluriel  comme  au  singulier 

Elle  est  artillclelle,  et  se  fait  par  conséquent  avec 
la  dernière  consonne  muette,  dans  les  mots  au  pluriel 
(surtout  si  la  liaison  peut  servir  à  indiquer  que  le  mot 
est  au  pluriel):  divers  exemples (divet^  î'exemples) 
««cours  ej^ces  (secours  s'efflcaces),  etc.  ;  dans  l'adverbe' 
ort  ;  fort  Imbile  (fort  «'habile)  ;  et  dans  les  expressions 
.  uivantes  :  <fe  jmrt  et  d'autre,  de  clerc  à  maître,  porc- 
^%c,  lacs,  échecs,  nord-est,  nord-ouest,  par  mppm-t-  à 
la  mort  aux  rats,  un  court  entretien  (de  part  «'et 
d'autre,  etc.). 


138 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


Cependant,  nous  avons  vu  que  la  liaison  est  naturelle  dans: 
arcf-en-ciel,  chart-à-bana,  etc. 

II.  La  liaÏHon  des  mots  terminés  par  deux  ccmsonnea 
maetten,  se  fait  généralement  avec  l'avant-dernière 
consonne,  au  singulier,  quand  cette  consonne  est  la 
lettre  c  :  aitjKct  ajffreïix  (aspec'affreux),  etc.  ;  et  avec 
r«,  au  pluriel  :  instivcta  honnêten  (instincts  z'honnttes), 
etc.  Quand  l'avani-derniëre  con.sonne  est  une  autre 
lettre  que  c,  la  liaison,  au  singulier,  se  tait  avec  la 
dernière:  daigt  enlevé  (doigt  «'enlevé),  etc.,  ou  bien 
ne  se  fait  pas:  Jésus-Chriat  est. .  .(Jésus-Christ  |  est), 
etc.  ;  au  pluriel,  la  liaison  se  fait  avec  »  :  daigts  écar- 
tés (doigts  î'écartés),  etc. 

377.— La  liaison  artlBclelle  ne  se  fait  pas  dan» 
les  cas  suivants  : 

a)  Api  es  les  mots  dont  la  consonne  finale  ne  se  lie 
pas,  d'après  les  règles  particulières  à  chaque  lettre 
(No  280). 

b)  Quand  la  liaison  serait  plus  dure  et  plus  désa- 
gréable à  l'oreille  que  la  rencontre  des  deux  voyelles, 
ou  sentirait  l'effort.  En  général,  est  mauvaise  la  liai- 
son qui  rapproche  deux  articulations  semblables.  Ainsi, 
on  évitera  de  lier  :  sang  |  dcre,  résultat  \  affreux. 

c)  Quand  la  liaison  amènerait  une  équivoque:  le 
perroquet  \  a  des  plwmes. 

d)  Quand  l'interprétation  exige  qu'on  prenne  un 
temps. 

e)  Quand  le  second  mot  commence  par  une  h  aspirée 
ou  par  une  demi-aspiration  :  il  a  dit  \  on%. 

f  )  Après  les  noms  propres  et  les  noms  de  lieux  : 
Jéaw  \  mfant.  Paria  \  est  grand. 


LA  UAISON  DES  MOTS  139 

f.ifl!'"^'"'"*''  •''"»"'"«°<=«''.  que  rint«rprétation 
fait  connaître  exercent  aussi  une  influence  considé- 
rable sur  les  liaisons. 

On  fait  plus  de  liaisons  dans  les  vers  que  dans  la 
prc«e  dansla  tragédie  que  dans  la  comédie.  da:,s  il 
.^■tafon  que  dans  le  discours,  dans  l'expression 
d.dée   nobles  et  élevées  que  dans  l'expression  d'idées 

fan„l,eres.  dans  le  discours  soutenu  que  dans  la  co^ 
versation. 

879.~Dans  la  poésie  surtout,  il  faut  rechercher 
les  l.a,son.  Elles  s.nt  souvent  nécessaires  au  rX' 
à  la  mesure,  à  l'harmonie  du  vei's. 

SUet  vetUent  écrire  et  devenir  auteuri 
Pentez-vow,  êtrejmte  et  àon  impunénitnt  ? 


S80.--Règle8  particulières  k  cliaqae 


finale, 


consonne 


B.  Sonore,  6  se  lie  avec  le  son  propre._Muet  il  ne 
se  lie  paa  .     "c 

>l  «e  he  avec  le  son  G.-Muet,  il  ne  se  lie  pas,  saut 
dans  certams  mots  composés  et  certaines  locutions  où 
.1  est  d  usage  de  faire  la  liaison,  «avoir:  fran<,^.u 


140 


MAKUIL  DK  LA  PAROLE 


, 


(franc  it'alluu),  pwv-épic,  fniiic-arclier,  ci-oc-en-jamhf, 
de  clerc  à  vxaitre,  du  Uiinc  un  nitir,  franc  étuwrdi, 
fninc  étrier. 

Sonore  (c'est-à-dire,  dans  les  nom»  propres,  et 
dans  le  mot  mul),  d  se  lie  avec  le  son  propre. 

Dans  les  substantifs,  d  est  muet  et  ne  se  lie  pas  : 
nid  I  antiqiu:  ;  sauf  dan»  nul  où  il  est  sonore,  et  dan» 
pied  où  il  se  lie  avec  le  son  T. 

Cependant  rf  ne  »e  lie  pa«  dan»  /n'ed  à  jneil,  bien  qu'il  se  lie 
dans  de  pied  en  cap  et  pied  à  terre  (pied  |  k  pied,  pied  t'en 
cap,  etc.). 

Dans  les  mots  autres  que  les  substantifs  et  les  noms 
propres,  d  est  muet  et  se  lie  avec  le  son  T  :  jyrofond 
ennui  (profond  t'ennui). 

Dans  les  mots  terminés  par  rd,  la  liaison  se  fait 
généralement  avec  r;  nord  et  mid  (nor'  et  sud). 

Cependant,  dans  nord-eêt  et  riord-oiuet,  la  liaison  se  fait  au 
moyen  du  d  avec  le  son  propre.  Dans  le  genre  noble,  la  liaisop 
avec  d  est  parfois  aussi  préférée.    An  pluriel,  la  liaison  se  fa' 
avec  I. 

F.  Sonore,/  se  lie  avec  le  son  propre  :  chétif  inm^tf 
(chétif  insecte). — Muette,  elle  ne  se  lie  paa 

Dans  n««/,  adjectif  numéral, /se  lie  avec  le  son  v:  neuf 
ant  (neuf  v  ans). 

6.  Sonore,  g  se  lie  avec  le  son  pi-opre  :  joug  ivmip- 
portable  (joug'  ir  '  .pportable). — Muet,  il  se  lie  avec  le 
son  k:  /nng  imyar  (sang  Àr'impur);  sauf  dans  les 
mots  seing,  hareng,  poing,  coing  et  étung,  où  il  ne  se 
lie  pas. 

Dans  bourg  eï/aubowg,  la  liaison  se  fait  avec  r  au  singulier, 
avec  «  au  pluriel. 


I.A  LIAISON  DES  MOTS 


141 


L.  Sonore,  (  se  lie  avec  le  «on  propre  ou  avec  le  son 
mouillé,  suivant  le  ca«.-Muotte.  elle  ne  se  lie  pas 
sauf  dans  gentil  où  elle  se  lie  avec  le  son  mouillé. 

M.  Sonore,  m  se  lie  avec  le  son  propre.— Muette 
c'est-à-dire  quand  elle  fait  partie  d'une  voyelle  nasale 
elle  ne  se  lie  pas.  ' 

N.  Sonore,  n  se  lie  avec  le  son  propre.— Muette,  elle 
neseliepasKénëraleinent;  particulièrement,  elle  ne 
se  lie  jamais  dans  les  substantifs,  sauf  toutefois  dans 
rien. 

Quoique  muette,  n  se  lie  dans  les  adjectifs  et  dans 
1  article  indéfini  un,  immédiatement  suivis  du  nom 
auquel  ils  se  rapportent,  dans  les  adverbes  et  les  pro- 
noms suivi,  d'un  adjectif,  d'un  verbe,  d'une  préposition 
d  un  adverbe  ou  d'une  locution  adverbiale:  Jeun  «'en 
<au,  bien  haUU,  etc.  (s'en  „'alla.  etc.).-Mais  n  ne  se 
lie  pas  dans  les  pronoms  placés  après  le  verbe:  donne 
m'en  \  un  peu  ;  de  même,  n  ne  se  lie  pas  dans  un  et 
dans  1  adjectif  ancien,  suivis  d'un  mot  autre  qu'un 
substantif:  en  voici  un  |  assej  bon,  ancitn  |  et  pré- 
neu^.  Cependant  n  se  lie  dans  l'un  et  Vautre  et  Vun 
oui  autre  (l'un  n'et  l'autre,  etc.). 

Quand  n.  faisant  partie  d'une  voyelle  nasale,  se  lie. 
elle  ^rde  le  son  propre.  Mais  dans  les  adjectifs  quali- 
facatifs.  la  nasalité  disparaît:  bon  homme  (bo  «'homme) 
i^  liaison  se  fait  sans  que  la  nasalité  disparaisse,  dans 
les  adverbes:  bien  heureux  (bien  »i'heureux);  dans 
run,  substantif:  rien  à  dire  (rien  w'à  dire);  dans  les 
adjectifs  possessifs  trum,  ton,  son  :  mon  habit  (mon 
«habit);  dans  l'article  indéfini  un:  un  avis  (un 
«avis);  dans  l'adjectif  indéfini  auoum ;  aucun  ii^i- 
vidu  (aucun  »,.'individu) ;  dans  les  pronoms:  on  em 
«  vu  (on  îi'en  m'a  vu). 


us 


MAHUBL  DE  U  PAROUE 


i>! 


P.  Sonore,  ;)  ne  lie  avec  le  ion  propre. — Muet,  il  «• 
lie  dam  tr(tp  et  beavMxup  avec  le  hou  propre,  maiH  ne 
ne  lie  pa»  Haii»  vamp,  champ,  coup,  drap,  galop,  loup, 
et  itintp, 

().  Il  HO  lie  toujours  avec  le  son  K. 

K.  Sonore,  r  ne  lie  avec  le  Bon  propre. — Muette,  »•  se 
lie  avec  lu  non  propre,  dans  les  verbes  à  l'inUnitif  et 
dan»  leH  adjectifs  suivis  du  nom  auquel  ils  se  rap- 
portent, mais  sans  jamais  altérer  le  timbre  de  la  voyvllu 
ipii  la  précède;  ainsi,  chercher  un  ami,  ne  se  pro- 
nonce |iaH  :  chercher'  un  ami,  mais:  cherché  )''un  auii. 
Dans  leH  autres  cas,  rne  se  lie  pas,  notamment  dan.s 
lex  HubstautifH. 

On  dira  donc  :  It  premier  r'homme,  mais':  le  pretiàer  \  et 
le  ilemier, 

Dana  le»  finales  en  rd,  fit,  rju,  ri,  rtt,  nj,  rgt,  ru,  quand  c 
seule  est  sonore,  la  liaison  sf  fait  générnienient  avec  r  au  sin- 
gulier, et  avec  »  au  pluriel  ;  mais  dans  mr/it,  la  liaison  se  tait 
toigours  avec  r,  au  singulier  comme  au  pluriel. 

8.  Sonore,  »  w)  lie  avec  le  son  propre. — Muette,  «  se 
lie  ovec  le  hou  z  :  leit  amin  (les  z'amis). 

Pour  le»  mot»  en  ri,  rrf»,  r/x,  etc.,  voyez  B. 

Quand  »  finale  appartient  k  une  syllabe  muette,  on  ne  fait 
jia»  la  liaison  dan»  la  diction  fanulière:  tu  affirmer  à  tort 
(aflirm'  k  tort)  ;  à  moins  que  ce  soit  nécessaire  pour  marquer  le 
pluriel  :  ijmli/ueii  h<ymv>e»  (quelques  z'homme»). — .S'  finale,  à  la 
deuxième  iiersonne  du  singniicr  de  l'indicatif  des  verbes  de  la 
première  conjugaison,  ne  se  lie  pas  par  conséquent  dan»  la 
conversation,  mais  se  lie  dan»  la  diction  soignée. 

Tt  T  se  lie  avec  le  son  propre,  sauf  dans  la  conjonc- 
tion et,  où  il  ne  se  lie  jamais. 

Dans  les  finales  en  rt,  la  liaison  se  fait  avec  »-,  sauf  dans  le» 
locutions  Je  part  en  /art  et  de  part  et  d'autre,  dan»  l'adjectif 
coMi*,  dans  I adverbe /(»■«,  et  à  la  troisième  jiersonne  du  pré- 
sent de  l'indicatif  du  verbe  sfriiV  (il  firt),  où  la  liaison  se  fait 
avec  (. 


LA  COXOTIurcTION 


143 


X.  Sonon.,  .r  H„  lie  avec  le  ho.,   ,,„'il  „  ,,„„,„,   ,, 
-Muet,  .1  se  l,„„vec  le  «on  z.  a.,,eM.I«„t,  .lanH  ,„.-  z 

C'H.  Ch  tiniil  Ro  lie  avec  le  hou  k. 

.SECTION  II 

LA  COKNTRCt'TIUX 

281--La  construction  est  l'a.t  de  prn,dr,  ,l„ 
f«»y«dan«  le  di«,ours,  et  de  fixer.  p.vr  de.s  Hillce. 
jud.c.eu.se.ne„t  distribués,  les  bornes  du  sens. 

parties  de,  &J  «'  Lnt  ^lIS  ''"'  h,''"'!'''"'"'  «'  '*'''  «Ji^"'-''™ 
tout  d'un  trait  le,  iSeflcTnCh  n'^'''''""'*''-  l'""'""-'^'^-' 

de 2"^"/'"  P""'''P*' '^"  Silence,  en  diction,  est 
e„dreled.scourscIaireti„tellij,ible.  Ennéglig  an 
Je   a,re  des  pauses  aux  endroits  ,,„'il  faut,  on  Lui 
de  dénaturer  le  sens  des  phrases.-Ex.  :  ' 

It,  KTtirtnt  arm^»  de  Uun  maimu. 

Lesdencesert  encore  k  la  respiration.    Quand  le 
lecteur  rencontre  un  silence,  il  doit  en  proL  pour 


144 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


respirer;  peut-être  sn  voix  devra-t-elle  fournir  une 
longue  course,  avant  qu'il  puisse  faire  une  nouvelle 
provision  d'air. 

Dans  le  silence,  la  parole  seule  est  suspendue,  ;■:•  geste  agit 
encore  généralement.  A  chaque  repos  elliptique,  il  doit  se 
dégager  une  idée  i  travers  le  geste.  Et  môme  alors  que  le 
silence  n'est  pas  elliptique,  il  est  encove  utile  à  la  mimique,  en 
ce  qu'il  permet  au  geste  de  se  concevoir  et  de  s'erécuter  en 
partie  avant  la  parole. 

383. — La  constmction  est  la  ponctuation  du 
langage  parlé,  et  les  pauses,  plus  ou  moins  prolongées, 
correspondent  aux  points,  aux  points-virgules,  aux 
virgules,  etc.  Aussi,  tous  les  temps  ne  sont  pas  d'égale 
durée.  On  peut  distinguer  des  pauses,  des  demi-pauses, 
des  silences,  des  demi-silences,  et  des  quarts  de  silence. 
Le  silence  dure  d'autant  plus  longtemps  que  l'idée 
énoncée  précédemment  est  plus  complète  par  elle- 
même,  et  que  sa  liaison  avec  la  suivante  est  moins 
intime.  C'est  afiaire  d'interprétation,  de  mesure  et  de 
discernement. 

284. — Souvent  le  sens  veut  un  silence  à  un  endroit 
où  un  arrêt  complet  paraîtrait  trop  brusque  et  aurait 
pour  etlet  ds  hacher  le  discours.  On  remplace  alors  le 
silence  par  une  nuance  de  diction.  On  fait  cette 
nuance  de  diction  en  soutenant  un  peu  la  dernière 
syllabe  prononcée,  et  en  abaissant  ou  en  élevant  tout 
à  ""up  la  voix  sur  le  mot  ou  les  mots  qui  suivent. — Ex.  : 

Yoil^  l'homme  *  en  effet  :  il  va  du  blanc  au  mnr.  (Boilkau.) 
Parié  *  est  pour  un  riche  un  jxiyê  de  cocagne.  (Id.) 

(Alix  endroits  où  les  temps  ne  sont  pas  indiqués  imr  la  ponc- 
tuation, nous  marquons  dun  astérisque  (♦)  les  nuances  de  dic- 
tion, et  d'un  trait  (  1  )  les  silences.  Dans  les  exemples,  nous 
n'indiquons  pas  tous  les  silences,  mais  seulement  ceux  qui  sont 
nécessaires  pour  illustrer  chaque  règle.) 


LA  CONSTRUCTION  145 

parfois  de  les  ignorer    E„^.„Z,''"'*"  >''•'«  J-K^ra  bon 

bornera  le,  ob8^?ver  kriâement^V  T"'"''"]'  ""  ''"™  »« 
prudence.  strictement,  et  ne  s'en  écarter  qu'avec 

propre,  et  tout  en  grounant  le»  mnî!  H'  ''*"'>">'"«  1"i  leur  est 
à  ma«,uer  autantTuepolsfwn^  ^yth^'lT-'  """  ""■""" 
mesure,  et  A  dégager  la  riZ^Ji  1^  '  *  '*'.™  ^"^"  'a 
diseurpourrales^SrûireœrVeofèment  .«...T-  ^T  '"^  '« 
«■■Is  sont  mauvais,  i,  devra  rSe'r^S'TS^otr'"^'- 

dl«?r?;~;?^"''.  P"™'P*'  généraux  s'appliquent  à  la 
dlstrlbntion  des  silences  : 

dail  ,^™'ï"'7«,r'^«  ««t  «'^primée,  elle  doit  se  gi^ver 

préeéié?Un  ;>  "'"  "'  ^'^  "^^  ^  '^"^  «l"^  ''- 

précédée.  Un  silence  esl  pour  cela  nécessaire.-lEx.  : 

J^e  cMUau  \  et  hanU.  Le  chdUau  du  bar»n  |  e,t  hanté. 
il  l^T^  '"  P^'t  °"  '""'^  ^  '""^^  ''idée,  quand 

temps  de  compléter  le  sens,  avant  qu'un  autre  obiet 
soit  présenté  à  son  esprit.-Ex,  :  "^ 

pa.^?4'r.^*;?„rrffiC^^^^^^ 

«int/''^!,'^""  "'""'^  ^"'  •^°°«  déterminée  par  les 
ellipses  et  les  repos  de  la  pensée. 

de!  sne";fef  *'  '«■•"•'-"*••-  P»- 1*  ««trlbutlon 

.l^Xïï;^rS:Snr;=,p-ou 


146 


MANUEL  DE  LA  PABOLE 


tiona  précieuses,  qui  révèlent  la  manière  de  l'écrivain  et  qui 
guident    le   déclamateur   dans   l'interprétation   d'un    mor- 
ceau.— Ex.: 
Bègne:  de  erime  en  crime,  «yîn  te  voilà  roi.    (Cobkeilm.) 

Ce  vers,  dit  sans  repos  aux  signes  de  ponctuation,  n'a  pas 
de  sens. 

Je  croyaiê,  moi,  jugez  de  ma  nmpliciU, 

Que  l'on  devait  rougir  de  la  dupliciu!.  (Destouchks.) 

Si  l'on  supprime  la  ponctuation  dans  ces  deux  vers,  tout 
est  confus. 

2.  Remarquons    que    la   virgule  qui  précède  les 

vocatifs  courts,  les  mots  mis  en  apostrophe,  ainsi  que 

les  incises  courtes,  comme  :  dit-il,  etc.,  même  h  la  fin 

d'uu  vers,  ne  se  traduit  généralement  >,  \e  par  une 

nuance  de  diction. — Ex.  : 

Je  crain»  Die»,  *  cher  Abner,  et  n'ai  jioint  d'autre  crainte. 

(Racine.) 

Je  craim  Dieu,  *  dite»-vout,  ta  vérité  me  lomhe.  (Racine.) 
Mai»  ce  qu'on  ne  jmurrait  jamai»  t'imaginer,* 
Cinna,tut'enmuviensetveuxm'atêaii»iner.  (CoKNEiLLE.) 

3.  De  plus,  le  diseur  ne  doit  pas  se  fier  aveuglé- 
ment à  son  auteur.  Trop  souvent,  la  ponctuation  est 
mauvaise,  et  en  la  respectant,  on  risquerait  de  faire 
fausse  route.  Parfois  aussi,  la  ponctuation,  sans  être 
défectueuse,  est  insuffisante.  Ainsi,  les  elliijses  sont 
rarement  indiquées  par  la  ponctuation  ;  on  doit  cepen- 
dant les  marquer  par  un  silence  ou  une  nuance  de 
diction. — -Ex.  : 

Ces  transilioni  soudaines  et  inattendues  causent  toujours  une 
granile  mriirise;  si  elles  se  /m-Unl  à  quelque  chose  de  plaisant, 
elles  excitent  à  rire;  si  *  à  quelque  chose  de  jirofond,  elle»  éton- 
nent; si*  à  quelque  chose  de  grand,  elles  élèvent. 

(Vauvenaruuïs,  jHirlant  des  saillies  de  Feyirit.) 


l'A  CONSTRUCTION 


Il     •  •  ^^^ 

^^^^y^^^V:!  r.„.  de  ponetua- 

nuance  de  diction       '^''"''' »"'*»  «hacn  de  ce,  Je'*ï,*;,L,e 

f-e  que  «  ,a  phrase  y'^^rr^Ttèo"  "  '^''  ''' 
expression—Ex.:  P'ttoresque  et  en 


148 


MANUEL  DE  LA  PAKOLE 


inversion  procèdent  immédiatement  ceux  auxquels  ils 
se  rapportent,  on  les  lie  ensemble.— Ex.  : 
L'aH  I  den  traïuporU  de  Vdme  est  un  faibU  "''^T^^^^^^-^ 

Et  toui,  devant  Fautel  |  avec  ordre  introduiU, 
De  leur»  cham]»  |  dayu  leur,  main,  portant  le,  nouveaux 

(Jmit,, 
Au  Dieu  de  Funiver,  contacraient  ce,  prémice,.  (Racine.) 

Souvent,  en  pareil  cas,  une  nuance  de  diction  doit  rempla- 
cer le  silence,  pour  éviter  un  arrêt  trop  brusque.— tx- 

Ce,Kndant,je  rend,  grâce  an  zèleoffici-tux  /o.™,  x 

Qui  *  .«>■  tmie  nu,i>énh  -:<m,faU  ouvrir  le,  yeux.  (Kacine.) 

9.  L'adjectif  qualificatif  et  le  participe  faisant  office 
d'adjectif  se  lient  généralement  au  nom  qu'ils  qua- 
lifient.—Ex.  : 

L'homme  tombre  \  amva 

Au  ha,  d'une  montagne (V.  Hdgo.) 

L'œil  fa,ciné  \  le  cherche  à  traver,  la  rameaux.  (LaMABTINE.) 

10.  Cependant,  on  les  sépare  quand  l'interprétation 
indique  une  certaine  hésitation,  une  recherche  du  mot, 
et  permet  d'intercaler  mentalement  l'expression  :  Com- 
ment dirai-je  f — Ex.  : 

J'ai  mont<!  pour  vom  dire,  et  d'un  contr  yéritabU, 

Que  fai  conçu  pour  vout  une  estime  \  incroyaUe.  (MouÈRE.) 

11.  On  les  sépare  aussi,  quand  leur  liaison  chan- 
gerait la  valeur  des  termes. — Ex.  : 

Combien  de  pauvre,  *  ahandmné,!  (Bouedaloue.) 
Sans  cette  nuance  de  diction,  pauvre,,  qui  est  substantif, 
serait  pris  pour  adjectif. 

12.  On  les  sépare  encore,  quand  l'adjectif  a  un  com- 
plément, le  participe  un  l'égime;  et  dans  ce  cas,  le 


LA  CONSTRUCTION  549 

Pa>  de  ,aUs  emjjo^s  ,-eH  ,„yu^-  aan>  le  numie.    (MouiM 
13.  Le  verbe  se  lie  à  son  coinplém.ut,  direct   ou 
indirect,  qui  le  suit  immédiatement  -Ex.  : 
La  nuit  mMpliaitcelong„,„n„e^,„t.  (Lecokte  de  L«,,.  ) 

14.  On  les  sépare  cependant,  quand  le  complément 
^«se  une  surprise,  comme  lorsqu'on  peut  dirf    f" 

15.  On  sépare  encore,  le  plus  souvent  par  une 
nuance  de  d.ct.on,  le  verbe  et  son  compiémenrdirect 
ou  indirect,  composé  de  plusieurs  mots.-Ex  : 

«Hn.r,  m  a  .^j^ser  *  ce  gu'on  .cuirai,  pouvoir  WyW 
n  éon,u,it  *  à  t.u>  le.  rouvres  .u'il  renc^trai,  ^'"'""""^ 
16.  Quand   le  complément  direct   ou  indirect   ne 
smt  pas  .mmédiatement  le  verbe,  mais  s'en  "Ïu" 
séparé  par  quelque  mot  autre  qu'un  adverbe  de  nél 
■on.  on  l,e  au  verbe  les  mots  qui  le  suivent,  et  IW 
fait  un  silence  avant  le  complément.-Ex.  : 
Pari>  est,.,ur  un  riche  |  un  j^y,  ,/e  cocayne.  (Boileau  ) 

rec't^o,!?"  ^'"^Î  ""  '"""F"  """"'  '-^  complément  indi- 
.ect  qui  précède  immédiatement  le  verbe,  et  on  le  lie 
a  ce  dernier.— Ex.  :  .  -i  on  le  11e 

l'>>nfant  I  dan»  la  j.r,r,een,l„t,onjeunee.,nit.  (V.  Huoo.) 


150 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


18.  On  détache,  par  deux  silences,  du  reste  de  la 
phrase,  le  complément  indirect  qui  précède  le  verbe, 
mais  qui  s'en  trouve  séparé  par  quelque  mot  autre 
qu'un  adverbe  de  négation. — Ex.  : 

Aujc  kramhei  d'un  tilleul  |  une  jeune  fauvette 
Avait  (le  teujietitê  tmpendu  le  Imeeav..  (AUBEKT.) 
Les  règle.s  17  et  18  sont  des  applications  de  la  règle  8. 

19.  Oii  sépare  le  complément  direct  et  le  complé- 
ment indirect,  quand  l'un  d'eux  est  composé  de 
plusieurs  mots. — Ex.  : 

yâtexpcu  le  dernier  ami*  à  ceux  qui  vont  »ioitnV.(SAINTINE.) 

20.  Le  complément  i  circonstanciel  placé  immédia- 
tement avant  ou  après  le  verbe,  se  sépare  de  ce  dernier 
par  une  nuance  de  diction  s'il  est  court,  par  un  silence 
s'il  est  long,  et  se  détache  dans  tous  le.s  caa,  par  un 
silence,  du  reste  de  la  phrase. — Ex.  : 

J'avaii  *  nnjunr  |  un  valet  de  Gascogne.  (Maeot.) 
Le  c/u'ne  |  unjnur  *  dit  au  roêeau. .  .(La  Fontaine.) 
J'ai  voulu  *  ce  matin  |  te  ranmrtei-  de»  rotes. 

(Mde  Desbobdes-Valmobe.) 

21.  Quand  le  complément  circonstanciel  n'est  pas 
immédiatement  suivi  ni  précédé  du  verbe,  il  se 
détache  du  reste  de  la  phrase  par  deux  silences.— Ex.  : 

J écoutait  souvent  \  nu  fond  des  bois  troublés  \  le  chant  du 
rossignol. 

22.  L'adverbe  qui  suit  ou  qui  précède  immédiate- 
ment le  mot  dont  il  modifie  la  signification,  se  lie 
invariablement  à  ce  mot  ;  mais  si  ce  mot  est  un  verbe, 
on  détache  l'adverbe  du  reste  de  la  phrase  par  un 
silence. — Ex.  : 

On  parle  souvent  \  de  l'attaekenuint  du  montagnard  inur  sa 
maison.'  (Peévost-Paeadol.) 
J»  me  souviens  ton/ours  |  que  je  vont  doit  l'empire.  (Raodie.) 


LA  CONSTEUCTION 


151 


C-Mt  une  application  de  la  règle  16  ou  de  la  règle  8. 
n  on  eit  de  même  pour  la  locution  adverbiale. 

,n„f/f  ■>"■'"  f-  .'"  '"°""°"  adverbiale,  éloignés  du 
mo  dont  ,1«  n,od>fient  la  signification.  ,e  détechent 
<ie  la  phrase  par  doux  silences.— Ex.  : 

/-■.»««««,  I  envain  |  l>our  la  chercher  c<mrutcAe2  le  plaUir. 

C'est  encore  une  application  de  la  règle  8. 

24.  On  fait  généralement  une  pause  ou  une  nuance 
de  diction,  au  commencement  d'une  phrase,  après  une 
conjonction  de  coordination  (saut  après:  et.  ou  n!7t 
SI),  après  les  locutions  conjonctives  au  cmitraire  et  \m 

wriÊx"  ""  '^^"'^'  "  "^"^  ""'  '°°"''°»  '«^^«^- 

^1*«  I  iVa/Anie  Wh«.  . .  (BoiLEAU.) 
Oy  \  il  advint  que. . . 

2.5.  On  prend  un  temps  avant   la  conjonction  ./ 

Tux  trber  ".  ''""^'^''J-»^^'  d-^  -bslan  i  : 
deux  verbes,  ou  deux  adverbes,  suivis  d'un  complé- 
ment qui  ne  se  rapporte  qu'au  second.-Ex.  : 

Le,  m^eaux  oM  eu  peur  |  et  h  sont  arrêta,  ,h  ctumtm- 
^n^ut  .....  ,a  rai>^  ,  ,  ,,  ...^,.„,„,lf  ^^^ 

26.  Si  le  complément  se  rapporte  aux  deux  termes 
on   he  ces  derniers  ensemble,  et  l'on  fait  un  silence 
avant  le  complément.— Ex.  : 
Le  a<mr,,ia,uJ  nmnoe  et  b.nt  |  ««^  moMafion. 

(sauf  a.ant  celle  qui  n'est  composée  que  de  term.s 

1  1* 


162 


MANUEL  DK  LA  PABOLX 


*  '■  il. 


l'if 

ht 


court»),  nn  BÏlence  entre  clwkqne  terme,  et  un  silence 
apWts  le  dernier  terme,  m  oe  qui  suit  se  rapporte  à 
toute  rénumération. — Ex.  : 

Soy<a  1  offieimr,  doux,  conphinnt,  dkumeur  égale  \  et  «m. 
awrti  det  amie. 

Quand  ce  qui  suit  se  rapporte  ou  dernier  terme 
seulement  de  l'énumération,  le  dernier  silence  doit  être 
omis. — Ex.  : 

Cet  hommet  m'ont  paru  |  grouiere,  igfioranU,  et  ememii  du 
travail. 

Quand  l'énumération  est  précédée  d'une  préposition, 
le  premier  silence  se  fait  lavant  cette  préposition.— Ex.  : 
Lee  homtiu  «miltnt  être  r>ée  \  pour  rin/ortune,  la  douleur  \ 
et  la  pauvreté. 

28.  Il  vaut  mieux  taire  une  nuance  de  diction 
entre  un  substontit  et  son  complément  qui  le  suit,  si 
ce  complément  est  long. — Ex.  : 

Cynu  était  le  chef  *  d'un  graml  et  puisêant  empire. 

29.  11  doit  y  avoir  une  coupure  avant  les  deux 
termes  d'une  comparaison  ou  d'une  opposition,  et  une 
autre  entre  ces  deux  termes. — Ex.  : 

Je  préfère  *  la  vertu  pauvre  |  au  vice  opulent. 

Au  lieu  de  t'en  tenir  aux  eimplei  argumente 

*  D'Arittote  \cntdeSmt 'Floeias.) 

30.  On  sépare  deux  substantif»  mis  en  apposi- 
tion.— Ex.  : 

.S'otn*  Pierre  \  apôtre. 

31.  On  fait  encore  une  pau^e  légère  ou  une  nuance  de 
diction,  avant  un  mot  qu'on  veut  faire  ressortir.— Ex.: 

L'honma  n'eet  qu'un  rouau,  maie  c'eet  «n  roee<tu  1  ?^«»«- 
Aux  balladeiturtotttvoui(tet*admiraUe.  (MouÈRE.) 


lA  CONSTRUCTION  153 

32.  La  proposition  incidente,  déterminative  ou  .xpli- 
cat.ve.  ^  détache  de  la  principale  par  deux  silène 
ou  par  une  nuance  de  diction  et  un  silence—Ex.  : 

les  arbres  *  qui  prcuent  le,  rine»  de  f  Indre  I  d^^,^, 
le.  pré.  de.  n^an^lre.  d'un  veH  Matant.  '  ™"'  "^ 

Cependant,  on  lie  à  la  proposition  principale  l'inci- 
dente qu,  joue  le  rOle  d'une  épithAta-Ex.  : 
J'aime  un  enfant  qui  obéit. 

33.  On  détache  au.si  par  deux  silences  tout  mot 
toute  locution  de  la  valeur  d'une  i„cidente.-Ex.  : 
Ce  bloc  enfariné  ne  me  dit  rien  qui  vaille 
S'écrm-l-il  I  ,/.  /„,„  I  „„  ,,^„^,„^ ,,,,  ^^,;   ^^^  j.„^j^,^^^ 

on!!u^   P'-opo^ition   complétive  joue   le   rôle   d'un 
con.plé™e„t  direct;  la  p.,,position  infinitive  joue  le 
rôle  tantôt  d'un  co.npléraont  direct,  tantôt  d'un  com 
plement  indirect.  En  conséquence,  elles  sont  liées  à  la 
proposition  principale,  ou  elles  en  sont  séparées  par 

18 -l'ÉT*' '""""'  '"**  '■^^'''  ^•^'  ^*'  ^^'  16'  17   et 

Je  croie  que  mu»  j>leurez. 
Je  sen»  le  sol  trembler. 
H  ett  aller  voir  un  malade 

.rai  .e,Ui  tout  à  coup  |  le  ,ol  t,-emble,-  mm  me<,jM,. 

35.  La  proposition  cireonstiincielle  joue  le  rôle 
d  un  complément  circonstanciel.  Elle  veut  donc  être 
traitée  m.  point  de  vue  de  la  construction,  d'après  les 
règles  20  et  21. —Ex.:  «près  les 

Il  avance  *  à  memre  qm  vouit  rrj-idf 

Pourvu  qu'on  ««/«  la  cvlti,^  |  fa  't«re  n^  ,'épux«  jam  « 


IS4 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


1    •« 


1  ■! 


I, 


3C.  La  propoBition  participe  se  détache  toujoum 
du  reste  de  la  plirate  par  deux  «ilence»,  ce  qui  du  reste 
est  généralement  indi(|ué  par  la  ponctuation. — Ex. 

La  jiarti  étant  faitet,  h  lion  jKirla  ainti.  (La  FosiaWB.) 

SECTION  III 
LE  KOVTEMEIiT 

888. — Le  mouvement  est  l'allure  de  la  parole, 
lente,  modérée,  ou  rapide.  Il  résulte  du  temps  qu'on 
emploie  à  prononcer  les  mots,  et  de  la  durée  des 
silences. 

289. — En  général,  le  mouvement  doit  être  normal, 
ni  trop  lent,  ni  précipité. 

I^  vol'jbilité  fatigue  et  l'orateur  qui  s'eMonffle,  et  l'auditeur 
qui  cherche  1  le  suivre.  Parler  «roj>  vite,  c'est  compromettre 
la  clarté  du  diMonm.  I^  débit  trop  lent  ennuie  et  impatiente. 
Ou  ne  laase  bientAt  d'un  orateur  dont  la  parole  «e  traîne,  lan- 
guissante et  monotone. 

290. — Cependant,  le  mouvement  doit  varier  sui- 
vant le  sujet  du  discouru  et  le  personnage  qu'on 
représente.  Dans  un  morceau,  l'allure  initiale,  loin 
d'être  uniformément  gardée,  sera  tantôt  ralentie, 
tantôt  accélérée,  suivant  les  idées  st  les  sentiments 
exprimés. 

Le  mouvement  des  sons  est  l'expression  du  mouvement  des 
idée»  ;  aussi  le  rythme  de  la  parole  change-t-il  à  tout  instant, 
sous  l'influence  d'idées  différentes.  Cette  variété  d'allures  est 
l'une  des  grftces  de  la  diction. 

C'est  par  V  interprétation  qu'on  connaît  le  degré  de 
rapidité  voulu  par  le  sujet  du  discours,  par  l'idée  ou 


LE  MOUVEMENT  i.--, 

condition  du  personnogu. 
Ain.i  la  réciUiiim  d'un  morceau  léwr  fable  ikw!.!.  k.j- 

plutôt  fait  avec-  ieutet  U  «ÔSm'Sh  "  '^"'t^'-  «" 
la  pawion,  plu«  ardente  veut^,,  .ni.  •  'J*""""'"*='P'W; 
tuwité  dan,  le  déMl-Ùn  veMUr,?„  "'"',""'  "■*•'"«  '"'I-*' 
oité  d'un  jeune  homt .  iVi^  "„^ ^tirtSw  nlZl^  '""'■ 
se»  «yllabes  comme  fait  un  DKreiii«.n»V„.'  ,  '  "*,''?'."«  I»» 
verain  n'a  p«,  le  parler  tTrCrerd'uVC"""""'  '""""■ 
deVeT;^  vK*Sa'r:ït™it";émL.'.7'  '?"«i-««"»"-<'"'  ««" 

.Wt«illanibienrr.'e!ret;:rri„rért'?'*"^  '"'P  '""«•  <"•  '" 

•    ***•-';*"'''""  '^"  '^•SWt  est  encore  en  raison 
inve^e  de  ladifficilt.  ,„•„,.  ,p«,..eà,efaire  en  Jd"" 
et  dépend  par  con8.^.,aent  de,  dimensions  et  de,  pro 
priétés  cumutiques  du  locol.  ^^ 

On  doit  parler  d'autant  phw  lentement  que  l'espace 
..ù  la  VO.X  doit  vibrer  est  plu,  considé^ble  '^ 

exige  encore  G^'e  a  1,  re  lel  len'te  ?"""""'  V"^^"  ''«"""«''' 
le»  sons  au  loin  sans  e,  œnfonH^  '^?'i  '■""'    *"•  '™"«n>ett^ 

.■«pace  restreint,  dans  une  a  êLtl;fi"'''T  ''■''''  *'""  "" 
si  cette  salle  est  gZdret,l«Jl5r'  ™^""ï  «""  '^^^'"- 
»ont  hors  de  la  p^^':'^^:!,^^»''»  voT,"  '^  P'"»  •*'-«»^ 

Au  point  de  vue  de  la  valeur  acoustique  on  peut 
d.st,n«uer  trois  types  de  salles:  V  ceL  donfll 
«onont^  excessive  expose  à  des  échos,  et  partant  à 


156 


MANUKt  DE  LA  PAROLI 


K*    I 


l'enchevêtrement  et  à  la  confusion  des  «on»  ;  2°  colles 
qui  «ont  plutôt  sourde»,  éteignant  le»  son»,  étouffant 
U  voix  ;  3"  colle»  qui  résonnent  bien,  c'est-à-dire,  où 
le»  onde»  sonore»  directes  et  réfléchie»  produisent  un 
son  unique  et  renforcé. 

Dans  le»  première»,  il  faut  parler  plus  lentement, 
moins  fort,  et  plu»  digtinctement. 

Dans  les  seconde»,  l'orateur  doit  ralentir  aussi  son 
débit,  et  parler  plus  fort. 

Dan»  les  troisième»,  enfin,  avec  un  mouvement 
modéré,  un  orateur  »e  fait  comprendre  »an»  peine. 

L'esHcntiel  eut  d'être  eoin*>ri».  Si  votre  voix  eut  faible,  vou» 
dever  dan»  tou»  le»  en»  suppléer  à  Is  force  du  soii  par  '»  len- 
teur de  la  i»role  et  la  netteté  de  la  proiionciatioii.  .Si  1  idée 
exprimée,  ou  le  iientiment,  exige  une  allure  plu»  rapide,  exagérez 
d'auUnt  l'énergie  de  l'articulation.  Mai»  ne  prenei  jamais  une 
allure  trop  rapide  ;  ne  vous  rendez  i»i»  à  la  limite  extrême  de 
iierccptioii  possible,  qui  e«t  de  quatre  syllabes  par  seconde. 

(Chaque  local  demande  Jonc  une  étude  particulière.  Ses 
propriété»  acoustiques  déiiendent  de  ses  dimensions,— hauteur, 
longueur,  largeur,— de  sa  forme,  de  sa  capacité,  du  choix  et  de 
la  disposition  de»  matériaux  employés  dan»  sa  construction,  des 
tentures  qui  s'y  trouvent,  de  la  forme  anguleuse  ou  arrondie 
des  voûtes,  de»  parois  et  de»  colonne».  Ce  sont  là  autant  d  in- 
dications sur  lesquelles  doivent  se  régler  le  mouvement  du 
débit  et  la  force  de  la  voix.  Un  orateur  ne  doit  jamais  pren- 
dre la  parole  dan»  une  salle,  sans  en  avoir  d'avance  apprécié 
la  valeur  acoustique.  Si  l'on  ne  veut  rien  risquer,  il  vaut  mieux 
essayer  la  salle,  avant  d'y  paraître  devant  le  public;  et  même 
alors,  doit-on  se  rappeler  qu'une  salle  ne  résonne  pas  de  la 
même  manière,  vide,  ou  pleine  de  monde. 


I.M  DirAUTO  DI  LA  PAROU  Jg; 

SECTION  IV 
IBS  DÉrADTS  DB  U  PAROLI 

Aht.  I.  —  Le  battement 

2»8.-Le  bégaiement  consiste  d.t.M  u  diifi-u!'. 
qu  éprouve  le  Wg„e  K  prononcer  que!.,..,  „„„  ,«r  " 
cul.e«  „„  tous  les  sons  indistinct,....,,,  ce  ,"  1'. 
manifeste  par  une  répétition  conv.,l.s,ve  d.  ...,  so,., 
ou  par  une  espèce  d'hésiUtion  qui  reU.de  ^...r  .Cis ' 
s.on.^s„.v,e  géné™len.ent  d'une  précipitation  ^Z 

un  mot,  il  „e  le  iJut  ml  ►ï^.  „■    .     *"'  ?"i'  "'»  Prononcer 
qu'il  y  jiarrient         '~'  *'  *">  "  *"  1"  «P-*.  des  effort,  ripitéi 

1   *i!?"T°°  distingue  le  bégaiement  organique  et 
le  bégaiement   d'habitnde.    Le  nren,;;;  T 
véritable  infirmité,  «ne  affection  nervTeVseco'd 

«'iÎr/rv?T"°"  ^"'P  vive;    mais  le  plus 
souvent.  >1  t.ent  à  l'.ndiscipline  des  organes. 

Wgaie,uent  d-habitudeVrâit  êtrL.SiL'^"'i"?"'*  "«""«  <'•' 
le  diaphragme  ind<wiir^t    nriJ^?"'"^''» '•«•?'■*'■<>"  ; 

dique^-pendant  l'expo  âîon  de  C  .tj""'T'°"''    "P"""" 
■Kuniquent  à  tout  rapl^reil  yoc^l  '    '  '"'  «""bresauta  .e  com- 

,  ^î*'7^,°'"  ^  ''"'■"S^''  ''"  bégaiement,  il  faudrait 
rendre  à  la  volonté  son  empire  sur  les  organes 
pour  cela  discipliner  ceux-ci. 


fï;^-W^-'^^-* 


158 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


Il  est  douteux  que  cela  soit  possible,  quand  le 
bégaiement  est  organique.  Pour  le  bégaiement  d'habi- 
tude, la  guérison  est  toujours  possible  ;  le  traitement 
à  suivre  consiste  dans  deux  espèces  d'exercices  :  exer- 
cices de  respiration,  et  exercices  d'articulation. 

Les  preiniera  seront  décrits  quand  noua  traitetonH  de  k  rei- 
piration  ;  les  seconds  se  trouvent  au  Nu  97. 

Art.  II.  -  Le  balbutiement 

295. — Le  balbntiement  consiste  dans  une  pronon- 
ciation hésitante,  interrompue,  mais  sans  secousses  : 
c'est  un  prolongement  Isnt  et  pénible,  plutôt  qu'une 
répétition,  de  chaque  son. 

On  peut  rappeler  ici  le  défaut  de  certains  orateurs  ijui,  à 
tout  instant,  intercalent  dans  leur  discours  un  son  inarticulé, 
ressemblant  à  un  eu  ouvert. 

296. — Le  balbutiement  est  natnrel  ou  :;^cidentel  : 

vMturel,  s'il  provient  de  la  faiblesse  de  l'intelligence 
qui  conçoit  trop  lentement;  accidentel,  s'il  a  pour 
cause  soit  la  timidité,  soit  une  conception  confuse  de 
ce  que  l'on  veut  dire,  soit  une  habitude  invétérée. 

Le  balbutiement  accidentel  se  corrige  aisément. 
Celui  qui  désire  s'en  défaire  n'a  qu'à  le  vouloir  ferme- 
ment et  à  se  surveiller. 

Abt.  III.  —  Le  hredouillement 


297. — Le  bredouillemeiit  consiste  dans  un  m'u- 
vement  tellement  précipité,  que  les  mots,  prononcés 
imparfaitement,  enchevêtrés  et  mêlés,  sont  confus  et 
souvent  inintelligibles. 


LES  DÉFAUTS  DE  LA  PAROLE  159 

898.-.Le  bredouiUement  a  pour  cause  une  certaine 
paresse  des  organes  mis  au  service  d'un  esprit  très 
prompt  et  d  une  vive  imagination. 

On  s'en  corrige  en  s'exerçant  à  articuler  lentement 
péniblement,  vo.re  lourdement,  à  allonger  chaque  son 
a  séparer  chaque  syllabe,  et  à  rythmer  sa  lecture  sur 
une  mesure  régulière. 


^^!^ 


NOTE 


Par  1  observation  des  règle,  énoncées  dans  ce  volume,  on 
obt.  „t  une  d.ofon  correcte.    Ce  n'est  pa,  là  tout  l'art  de  U 

'Z  Tr  "'"  ™"'""'  "-"'^'"■•'-nsleadeuxautres 
.^c^onsde  lavo,.,q„i.o„tde  plaire  et  d'exprimer,  et  la  triple 
p.  .a»nce  du  geste.  Xous  apprendrons  alors  à  rendre,  par  des 
n«ex,       ,t  ,  ^^^^^^.^^  ,^^  ^^^^^  _^^^^^_^^^^^  ^^ 

Ame  et .  .s  m.lle  nuances  de  la  pensée  et  du  sentiment,  que 

I  s  n,ots  seul,  sont  incapables  de  peindre.  Mais,  ,»ur  arriver  à 

être.    e..p..s.-    i,    f,„t    da.K.rd   apprendre  à  être  correct. 

-Mettez  de  ...rdre  et  de  la  netteté  dans  vot«  discou,..  cela 

vous  co„du.r.  à  y  mettre  de  l'esprit.  "  Dupont-Vernon.  l'excel- 

en   pro  esseur  que  Henry  Foucquier  appelle  le  "grammairien 

ie  la  scène",  détournant  au  profit  <le  son  art  cette  phrase  de 

I^Bruyè.,adit:    "Mette,  de  l'ocre  et  de  la  netL  dal 

-tre  d,ct,on,  cela  vous  conduira  à  y  mettre  de  l'expression.  " 

Apprenons  donc  à  lire  correctement.    «C'est  se  préparer  à 

■ecevoir  l'mspiration,'  disait  Talma. 


'M 


MORCEAUX   CHOISIS 

POUR  SKBVia  D'ïXEBCICBS 

DE  LECTURE  ET  DE  RÉCITATION 


8. 

9. 
l'i, 
11. 
U'. 
13. 
14. 


PHRASE»  HÉTACHÉKH 

(eieroioM  de  liaison) 

■  Le  parois»i«„  en  plomi,  entraîne  son  ,«8teur 
.   tn  chasseur  de  son  arc  avait  mis  bas  „„  daim 
•   Un  bnndejoncen  Ht  l'affaire 
L'enfant  met  pied  à  terre,  et  puis  le  vieiUart  monte 
Ban.,  un  profond  ennui  ce  lièvre  se  plongeait. 
Ije  m.r,.|,«d  a  .,a  jK-au  devait  faire  fortune. 
Mal  prend  aux  volereaux  de  faire  les  voleurs 
Va-t-enchétif  in.se«e,  excrément  de  la  terre' 
Quittez  le  long  espoir  et  les  vastes  pensées 
Certain  couple  dami.  en  ,,n  bourg  établi.  ' 
l  n  fol  allait  criant  par  les  carrefours 
hon,.  un  sourcil  épais  il  avait  IVeil  csché 

il  ZT  ""','  '""'r'^-""  daim  avait  un  faon. 
Le  héron  au  long  bec,  emmanché  d'un  long  cou 
.So  cro,re  un  personnage  es.  fort  commun  en  France 
(  erta.n  enfant,  qui  sentait  son  collège 
Jean  s'en  alla  «unine  il  était  venu. 
12 


I»' 


1C4 

18. 
19. 
20. 

21. 
22. 
23. 

24. 
25. 

2G. 

27, 


28. 

2U. 
30 


ril 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 

U  nature  envers  v,.i«  me  semble  bien  injiwte. 
Un  os  lui  demeura  bien  avant  au  8'»'"- 
Selon  que  vous  serez  puissant  ou  misérable, 
Les  jugements  de  cour  vous  feront  blanc  ou  noir. 
Le  porc  k  s'engraisser  coûtera  lieu  de  son. 
Un  milan,  de  «)n  nid  antique  poagesseur. . . 
Arrière  ceux  dont  la  bouche 
Souffle  le  chaud  et  le  froid. 
11  ne  se  forma  plus  de  nouveau  sang  au  ceur. 
Et  sur  son  roc  Prométhée  espéra 
De  voir  bientôt  une  fin  à  sa  peine. 
Ils  n'avaient  tapis  ni  housse, 
Mais  fort  lK)n  ajipétit. 
Quand  le  malheur  ne  serait  bon 
Qu'à  mettre  un  sot  à  la  raison, 
Toujours  serait-ce  ajuste  cause 
Qu'on  le  dit  bon  à  quelque  chose. 
.  La  nation  des  belettes, 
Non  plus  que  celle  des  chats, 
Ne  veut  aucun  bien  aux  rats. 
Ma  bonne  amie  et  ma  voisine, 
Lui  dit-elle  tout  bas,  je  vous  donne  un  avis. 

Notre  mort,  , 

Au  moins  de  nos  enfants  (car  c'est  tout  un  aux  me«.«). 
On  ne  le  paya  pas  en  argent  cette  fois. 
Patrick  mit  l'alarme  au  camp  et  dans  la  ville. 
Chacun  donne  un  coup  à  la  bête. 
L'ftnier  et  le  grison  firent  à  l'éponge  raison. 
Il  n'est  pas  malaisé  de  tromper  un  tromi«ur. 
Passe  encor  de  bitir,  mais  planter  à  cette  fcge  ! 
,  Ceci  s'adresse  \  vous,  esprits  du  dernier  ordre. 
Ce  dernier  e.«pérait. 

.Quand  une  meute  s'approchant 
Oblige  ce  dernier  à  chercher  un  asile. 
Volontiers  on  fait  cas  d'une  terre  étrangère. 
Un  loup  n'avait  que  les  os  et  la  peau. 


.31. 
32. 
33. 
34. 
35. 
36. 
37. 
38. 
33, 


MOHCBAITX  CHOISIS  I85 

42.  Mais  le  dënr  de  voir  et  llumeur  inquiète 

L'cniiiortèrent  enfin. 
*3.  Le  juge  prétendait  qu'A  tort  et  k  tmvere, 

On  ne  «aurait  manquer,  condamnant  un  'iwrvors. 
44.  ixîoutez  un  bon  mot,  oyoï  une  merveille! 
48.  La  belette  avait  mis  le  nez  k  la  fenêtre. 

46.  Une  hirondelle  en  ses  voyages 

Avait  beaucoup  appris. 

47.  Foin  du  loup  et  de  sa  race. 

48.  Dans  un  champ  i  l'écart  voit  du  blé  répandu. 
4».  II  ne  faut  [las  toiyours  être  si  délicat. 

SO.  Quatre  corps  étendus. 

61.  Il  est  sourd  i  nos  voix. 

M.  Le  lion  tint  conseil  et  dit:  Mes  cbers  amis 

63.  Certain  ours  montagnard,  ours  i  demi  \éché  ' 

64.  C'était  bien  de  chanson  qu'alors  il  s'agissait  > 
S5.  Adieu  mon  toit  et  ma  maison  ! 

86.  La  reine î— Vraiment  oui: 
67.  Ainsi  s'avancient,  pas  i  pas, 

Nez  i  nez,  nos  aventurières. 
58.  Entre  les  pattes  d'un  lion, 

Va  rat  sortit  de  terre  assez  i  l'étourdi. 

(La  FoHTAiXf.) 


PHBA8E8  DÉTACHÉES 

(•zenHoM  de  lùiaon) 

A    n^  i  ?    . ,"  •"■;?  «"""«-nous  la  chairî  (Békanokk.) 
4.   Déjà  tout  le  vallon  aime  *  le  répéter.  (A.  Chénikb  ) 
8.  Dieu  ne  fait  rien  en  vain.  (Voltaire  ) 
6.  Ils  montent  un  A  un  nos  Apres  escalier».  (Lamartine  ) 
' .  81 J  avais  deviné  ce  coup  extmv«».rt . . .  (E.  Ai/oieb.) 


i 


i 


I6C  MANUEL  DE  LA  PAROIS 

8.  !..•  divertissement  non»  «n.u»e  et  non»  fait  arriver  insensi- 
blement à  la  mort.  (Paucai..) 
9    l>„nrre«vous  pardonner  à  l'ingrat  voyageur?  (h.AuuiEll.J 
lo!  fonipagnon  de  son  premier  Age,  il  veut  être  son  dern.er 

ami.  (O.  NoDiKR.)  ^     s 

11    .le  tiens  son  all!»MCC  à  singulier  honneur.  (MoLiÈBt) 

la!  l'artons  d'un  v.  .  .gai  vers  un  n.onde  meilleur  (V.  Huoo. 

13  II  arecoursn  .'  .lieux,  qui  ne  l'entendent  i»i».  (A.  ChÉMER.) 

14  La  Fontaini    ut  le  seul  des  grands  hommes  .!e  «o"  te«'l« 

.,ui  n'eut  point  de  part  aux  bienfait»  de  i^""^"y^^;;,^) 

IB.  Quel  est  ce  brigand,  qui  W-ba»,  nei  «u  vent. 

Se  carre,  l'œil  au  guet  et  la  hanche  en  avant?  (V.  Huoo,) 

16.  Du  matin  au  soir,  dans  les  bois, 

Tout  change  avec  la  brise.  (C.  Raysaud.) 

17    Ne  reste  jamais  sourd  au  cri  de  la  patrie.  (De  Foopeas.) 

18.  (iardons-nouB  de  l'éclat  qu'un  faux  dehors  .mpnme^^^^^ 

19.  La  nuit  est  ton  séjour,  l'horreur  est  ton  domain^^^^^^^^ 

80.  Un  gentil  écureuil  était  le  camarade, 

Le  tendre  ami  d'un  beau  danois.  (FlowaN.) 
21    De  mon  retour  alors  on  célébra  !»  fête.  (L.  DE  WaILLY.) 
a.  Il  faut,  autant  qu'on  peut,  obliger  tout  le  ^"j;^"^«.^^^„,  ^ 

23.  Le  lacs  était  usé.  (La  Fontaine.) 

24.  Et  le  mâtin  était  de  taille 

A  se  défendre  hardiment.  (La  Fontaine.) 

25.  Cest  un  titre  qu'en  vain  il  prétend  me  voler.  (Racine.) 

26.  Un  iiassager  pendant  l'orage 

Avait  voué  cent  bœufs  au  vainqueur  des  |'^"^;,j,^^„, ^  ) 

27  Sinon,  il  consentait  d'être  en  place  publique 
Guindé  la  hart  au  col,  étranglé  court  et  net.  (Idem.) 

28  De  ce  nid  à  l'instant  sortirent  tous  les  vices.  (»»"•"*"•>  , 

29  L'homme  prudent  se  tait  quand  il  a  trop  à  dire.  (CHÉNiEr  ^ 

30  1*8  deux  raoU  les  plus  courts  à  prononcer,  oui  et  non,  so 

ceux  qui  demandent  le  plus  d'examen.  (Pythagore.) 


MORCEAUX  CHOISIS 


icr 


31.  'e''pi-..Ke  „V,t  l.„n  A  rie,,.  (Napoi.<on  1er) 
3i.  Médire  de  «,.,  ,.r..I e«t  une  action  .««"e 

33.Up.aUirde.bo„,oa.ur.e.tUre.o„„ai«„„lXH^^^^^^^^^^^ 
•«*.  «e  tenons  pa«  trop  A  nos  droit.   ™.i    i.     ^  ■'*"**'^''J 

devoir..  (Lau«,ka,8  )  "'""  *  """ 


PHItA ses  DÉTACHÉE8 

(«•nioM  de  oomtniotioo) 


I  distingués  par  leur 


1-  Il  réunit  autour  de  lui 
science  et  leur  vertu 

*  ^  renommée,  qui  se  plaît  à  réninHr»  -i        i.     ■ 

de  sa  mort.  (Fi-échiLT  '  """  "*"' 

7.  L-insecte  du  combat  se  retire  avec  gloire.  aDEM?'""''^ 

la  terreur  de,  méchants.  (Fénkiox  )  " 

■  ^""''  •*"•'"  l^  -«»«  «imez  et  beaucoup  de  v.«  fn.r 
manquent  de  pain.   (Umkxnais.)  '"-''* 

'-  L„„  le  saiait  par  l'aile,  «„  autre  par  le  corps 


168 


MANUBL  DE  LA  PAROLE 


14.  n\  rei^ié  ...<■>'  '""■»  «»'  ■»»"  '»•"  "•""  '""(DE  V...Î.Y.) 
1».  Ainri  dit  le  rnmr.l,  et  flatteur.  d'.ppUudir.^  Ko^taike.) 
,e   L'honnne  n'e.t  m  «.^^  ni  .>*te.e.  le  malheur  veut  qne  .,»i 

veut  (aire  V,  n^e  Uit  U  l*te.  (1'*«ça... 
17  Le  lion  dan.  -«  Me  »v»it  une  entreprise.  (La  ïontaink.) 
XS!  Le  «.leil  d.n»  le-  fl"..  «vait  noyé  -"  «^»;»™'-  „^  j^,,,,.) 
19.  Kt  ee  br»»  du  royaume  e»t  le  plu.  fer.ne  ''l'I'»^;^^^^) 
ÎO.  Mais  le  monde  à  lorMUeil  e.t  un  livre  '«""^^lamarti»».) 
îl    Du  Ktérile  Néb»  g™vi««ut  la  nionUgne, 

Soïi.  honnne  de  Dieu,  -arrête,  et  «n.  orgaed 

Sur  le  v.u.te  h..rii<.n  promène  un  long  «o"?  ^  œ^  ^^^^ 

■  „   A  cl..,ue  in-tant  .roi^sait  autour  de  nou,  le  mugi«emeut 
de»  Hanune».  (R.  M  «►^'i'"-)    ,  ,,.       ,v  Huao) 

,5.  IlL.,uilyait  n.>el.,ae  part  un  heu  —ré  p»  le. 

joies  et  les  «ouffmnces  commune».  (HiMoN.) 
se   Ce  fut  «lors  .,u'on  vit  le-  hfttes  inconnu» 

Surde.bord.étranger.toutAcoup.urve„u..  (DeV.onv.) 
ï7    L'honneur  e-tropié,  l«nguiis«int  et  perclu», 
"•  N-elt  plu-  ri.n  .u'une  idole  en  qui  Von  ne  cro.t^ph>^^^^^ 

88.  Ni  Vor  n,  la  grandeur  ne  noua  rendent  '"'"J^^l^^^^,.) 
S9.  Vo„.m-avez.outdo„né,lavieetlalumié...  (MmeTabxu.) 

31    "TetÏn»  de  U.n.ber  dan.  ae,  main,  redoutable^ 
Ma  fille"  Eu  -devant  ce.  mot.  e>;«v,ntable. 
Son  ombre  ver.  mon  lit  a  i«ru  «=  ba..«.r.  (Racine.) 


MOBCKAIX  (MOISIS 


IGO 


3».  On  voit  ,«,„lre  A  I.  l.,.„cla.  „„  „i,,  „„„.li  dV^uilIel""-^ 

36.  Dieu  garde  .,..e  ja™.i.  t..„t  vienne  *  te  n.Hni'.rf  """'^ 

37.  Voye,  p.,  ..ueln  cl.en.i„.  I.  ^ve  le„t.n>o„t       "'"'''"*'"-^ 
Monte  et  circale  autour  du  mnindi..  filament. 

38.  Uca.ur  «t  ,.ur  Pyrrha,  et  le.  v.eux  .k.IÎ'.wI::""''-^ 

39.  AiD«i  tout  nliunge,  ainsi  tout  [««m,  HiAtmE.) 
Ainsi  nous-mimeH  nous  [WMons, 

Hël««  !  Huns  laiwier  |>Iiis  de  trace 

yue  cette  bimiue,  où  nous  gli8(...n.^ 

Sur  cette  mer  où  tonts'eff«ce.  (Lamaktinï.) 

40.  L'homme  est  sur  un  flot  qui  gronde, 
L'ouragan  tnrd  son  nianteuu  ; 

Il  rame  en  la  nuit  profonde, 

Et  l'esinir  s'en  va  dans  l'onde 

Par  les  fentes  du  bateau.  (V.  Huoo  ) 

"'  nT:^  '^'"""  '"■'"'  '■'"'"'  *'  "hevelure  blonde, 
O  délices  de  voir  et  d'aller  par  le  monde  ! 
U  aller,  tout  i  la  fois  |jensif  et  confiant 
Laissant  l'âme  s'ouvrir  k  tout  ce  qui  féconde 
Homme  ,>ar  la  pen«Se,  et  ,«r  le  cœur  enfant  !  (Beizeux  ) 

42.  Quel  fruit  de  ce  labeur  penser-vous  recueillir! 

«.  On  a  toiUours  raison  ,  le  destin  to^^o„r,  tl^*  (X"""' 

et  1  autre  d  orgueil,  qui  vient  du  désir  de  savoir  ce  qu, 
les  autres  ignorent.  (La  Hochepouca  uld  ) 
46.  Personne  presque  "e  «avise  lui-même  du  mérite  d'un  antn,. 

(La  BBuriu.) 


MtCROCOPY   «ISOIUTION    TBT   CHA>T 

(ANSI  ond  ISO  TEST  CHART  No.  2) 


_^  .APPLIED   IfvVlGE      Inc 

^^  1653  East   Main   Slrett 

r,.S  RochesKr,   New   rork         1*609       USA 

'■^  (716)   4B2  -  0300  -  Plane 

^S  (716)   288- 5989 -Fo» 


170 


MANUEL  DE  LA  l'AKOLE 


46.  Qimnd  on  parcourt  sans  la  prévention  de  «on  pays  to  ite» 
les  formes  de  gouvernement,  on  ne  sait  h.  laquelle  se 

tenir.  (Idem.)  .     ,    .     •       i 

47  \ns8i  voyons-nous  que  tous  les  peuples  qui  ont  adore  (luel- 

que  divinité,  ont  fixé  leur  culte  4  quelques  démons- 
trations extérieures.  Cénelon.) 

48  Autour  d'un  cftudebec  j'en  ai  lu  la  préface.  (Boileau.) 

49  Etudions  cette  loi;  et  plus  nous  l'approfondirons,   plus 

elle  nous  paraîtra  sage:  soit  qu'elle  contredise  nos 
plaisirs;  soit  qu'elle  nous  accorde  certains  divertisse- 
ments honnêtes  et  modérés;  soit  qu'elle  condamne  nos 
entreprises;  soit  qu'elle  nous  permette  certains  soins 
convenables  et  souvent  même  nécessaires;  soit  quel  e 
réprime  notre  ambition;  soit  qu'elle  nous  laisse  la 
liberté  de  penser  à  nos  besoins,  et  de  pourvoir  par  des 
voies  légitimes  à  notre  établissement;  soit  quelle 
réprouve  notre  luxe;  soit  qu'elle  approuve  une  bien- 
séance modest*  et  chrétienne:  partout  nous  découvri- 
rons le  même  caractère  de  sagesse.  (Bourdaloue.) 


LE  PORTE-DRAPEAB 

Porte-drapeau,  mon  camarade. 
Au  combat  comme  à  la  parade, 
Ton  chemin  est  notre  chemin. 
C'est  un  fier  poste  que  ton  grade  : 
Porte-drapeau,  mon  camarade, 
Tu  tiens  la  France  dans  ta  main. 
Nous  irons  où  tu  veux  qu'on  aille. 
Vois  cette  foule  qui  tressaille. 
Ils  sont  passés,  les  jours  de  pleurs. 
Et,  Tiennent  les  jours  de  bataille. 
Noua  irons  où  tu  veux  qu'on  aille 
Faire  acclamer  nos  trois  couleurs. 

P.  Dfeoulède. 


MORCEAUX  CHOISIS 
LE  JLAPIN  DE  LA  FONTAINE 


171 


Je  m'étais  ennuyé  longtemps,  et  j'en  avais  ennuyé  l.ien 
d  antre.  Je  voulu,  aller  m'ennuyer  tout  «,ul.  JWune  Ir 
belle  foret  ;  j'y  allai  un  jour,  ou,  pour  mieux  dire,  „n  so"r  pL,  ' 
t.rer  un  lap.n     C'était  l'heure  de  l'affût.     Qua  tit    d    rj 

iniJie  bonds,  mille  tours,  mais  toujours  si  vite  que  ie  n'avai» 
pas  le  temps  de  lâcher  mon  coup.  Un  ancien,  d'uù  «  1  ZZ 
plus  gr,s,  d  une  allu,*  plus  posée,  parut  tout  d'un  coup  au  bord 
de  son  terrier  Après  avoir  fait  sa  toilette  tout  àZ  «i"e Ï 
çest  de  là  qu'on  dit:  Propre  comme  un  lapin),  „loTe 

tends  tu?      Oh!   je  vous  avoue  que  je  fus  saisi  d'étmme- 

Sr,::^."f;:rz[^:ti':  «--:r^' -'"'^ 

haut     1^/         "'•    ^^'  Po»^  le  coup,  je  tombai  démon 

pains  etTuifisV  "" '"t"  T'"  '"  '"'  •^«""""'-  ""l" 
S  vient  <»««  "Pyoches  de  ce  qu'il  s'était  exposé.  "Eh  - 

d  ou  vient  cet  ennu.  de  vivre  1  -  De  tout  ce  que  je  voT-  Ah  f 

d  autres  qui  ne  parlent  qu'allemand,  d'autre  qui  p^rlen  „„ 
français  que  je  n'entends  pas  davantage.  Si  je  sors  de  mon  tr^n 
pour  passer  chez  quelque  gent  voisine,  c'es  de  mêm"  l^ë 

■  Zu    Lir  ^T";-   -"^^  ""'^  d'am-ouixniuroit'  a 
esprit .  Enfin,  vous  le  dirai-je  ?  k  force  d'en  avoir  ils  en  ont  J 
I^u,  que  notre  vieux  âne  en  avait  davantage  q'eeTsinl: 

et  ie  IdT"  '■•  """  "-'«P-'i-eplusavoird'^umr 
et  je  lu.  dis  que  j'aurais  soin  de  lui  et  de  ses  camarades  s'U 


/H  t.l 
-'  *  I 


f'>?, 

S  il 


172 


MAWUEL  DE  LA  TAKOLE 


s'en  trouvait  encore.  Il  me  promit  de  me  dire  ce  (|inl  di.sait 
à  La  Fontaine,  et  de  me  mener  chez  ses  vieux  amis.  Il  m.y 
mena  en  effet.  Sa  grenouille  qui  n'était  pas  tout  à  fait  morte, 
quoiqu'il  l'eût  dit,  étbit  de  la  plus  grande  modestie,  en  compa- 
raison des  antres  animaux  que  nous  voyons  tous  les  jours  ;  .se» 
crapauds,  ses  cigales  chantaient  mieux  que  nos  rossignols  ;  ses 
lonps  valaient  mieux  que  nos  routons.  Adieu,  petit  lapin,je 
vais  retourner  dans  mes  bois,  à  mes  champs  et  à  mon  verger. 
J'élèverai  une  statue  à  La  Fontaine,  et  je  passerai  ma  vie  avec 
les  bête»  de  ce  Umhomme.  ^  ^^^^^  ^^  ^ione. 


AFRÈS  LA  BATAILLE 

Mon  i>ère,  ce  héros  au  sourire  si  doux. 

Suivi  d'un  seul  housard,  qu'il  aimait  entre  tous 

Pour  sa  grande  bravoure  et  pour  sa  haute  taille, 

Parcourait  à  cheval,  le  soir  d'une  bataille, 

Le  champ  couvert  de  morts  sur  qui  tombait  la  nuit. 

Il  lui  sembla  dans  l'ombre  entendre  un  faible  bruit. 

C'était  un  espagnol  de  l'armie  en  déroute. 

Qui  se  traînait  sanglant  sur  le  bord  de  la  route, 

Hàlant,  brisé,  livide,  et  mort  plus  qu'à  moitié. 

Et  qui  disait  :  "  A  boire,  k  boire  par  pitié  !  " 

Mon  père,  éain,  tendit  k  son  housard  fidèle 

Une  gourde  de  rhum  qui  pendait  à  sa  selle. 

Et  dit  :  "  Tiens,  donne  à  boire  à  ce  pauvre  blessé." 

Tout  à  coup,  au  moment  où  le  housard  baissé 

Se  lynchait  vers  lui,  l'homme,  une  espèce  de  maure, 

Saisit  un  pistolet  qu'il  étreignait  encore. 

Et  vise  au  front  mon  père,  en  criant  :  "  Caramba  !  " 

Le  coup  lassa  si  près  que  le  chapeau  tomba 

Et  que  le  cheval  fit  un  écart  en  arrière. 

■'  Donne-lui  tout  ds  même  k  boire,"  dit  mon  père. 

V.  Huuo. 


MORCEAUX  CHOISIS 
l'A  BIBLE 


173 


I'-!toile  de-  l'Orient     „n  I     ^     •        ^'""'  '""  '^""P"  «"0'"«"» 

régions  „colTa;^;:::,rn.:r,'''^  r'^'^^'^-^  "^' 
autourdepraSrrrB^TJr''St'^ 

.le  la  tnmée  de  l'encenl   '"'"''"''^^  '''^»  •«■■'""'«  de  la  rose  et 

'iui  entendait   les   conrel  !.     T  """'"'  '""'  <•«  ^ieu, 

cherchons  des  mXrriI^T',-''"*''''''''^-    «'  """^ 

verons  point  dWi  frai      ft"    "'"'"""''  "'"«'  »'<'"  t™"" 

point  d  aussi  fra«  et  d'an.,,,  purs  qu'à  ré,MK,ue  des 


f! 


174 


MANUEI.  DE  LA  PAROLE 


\      ^ 


TOtriarclies,  où  la  femme,  la  source  et  la  fleur  étaient  trois 

au       p  rcc  .lue  toutes  eusemble  et  chacune  d'elles  éta.ent  le 

Zwe  de  la  parfaite  simplicité  et  de  la  candeur  pnm.t.ve. 

U»^l  exprimés  dans  leur  charme  divin  tous  les  sent.ments 

JCrrèt  chastes,  et  l'éclatante  pudeur  des  épouses,  et  la  u>ystc- 

rieuse  bonne  odeur  des  familles  bénies. 

Livre  prodigieux  où  le  genre  humain,  .1  y  a  trente-tm^ 
.iiÏs  acomme„cédeUre,alutouslesjours.touteslesnm  s 

et  à  toutes  les  heurts,  et  dont  il  n'a  pas  encore  a  hevé  la 
îecture.  Livre  qui  voit  tout  et  qui  sait  tout  ;  qm  sait  quelle, 
«ns&s  s'élèvent  dans  le  cœur  de  l'homme  et  quelles  pense., 
^ttésentes  à  l'esprit  de  T)ieu.  Et  ce  livre,  quand  le,  «eux 
r,^p"e™nt  sur  eux-mêmes  comme  un  éventail  gigantesque 
r«rnd  la  terre  éprouvera  des  défaillances,  quand  le  »ole,l 
rapÏÏl  ™  sa  lumi're  et  quand  les  étoiles  s'éteindront,  ce  hvre 
rêrr^eul,  avec  Dieu  dont  il  est  la  parole  éternelle,  éternet- 
lement  retentissante  au  plus  ha  it  des  ceux. 

DONOSO  COBTÈS. 


AC  PAIS  SEC 

Jeanne  était  au  pain  sec  dans  le  cabinet  noir 

Pour  un  crime  quelconque,  et,  manquant  au  devoir, 

J'allai  voir  la  proscrite  en  pleine  forfaiture. 

Et  lui  glissai  dans  l'ombre  un  pot  de  confiture 

Contraire  aux  lois.  Tous  ceux  sur  qui,  dans  ma  "iité. 

Repose  le  salut  de  la  société, 

S'indignèi-ent,  et  Jeanne  a  dit  d'une  voix  douce  : 

"  Je  ne  toucherai  plus  mon  nez  avec  mou  pouce; 

Je  ne  me  ferai  plus  giiffer  par  le  minet." 

Mais  on  s'est  récrié:  "  Cette  enfant  vous  connaît; 

Elle  sait  à  quel  point  vous  êtes  faible  et  lâche. 

Elle  vous  voit  toujours  rire  quand  on  se  fâche. 

Pas  de  gouvernement  possible.  A  chaque  instant 

L'ordre  est  troublé  par  vous;  le  pouvoir  se  défend  . 


MORCEAUX  CHOISIS 


175 


Plus  de  re^le.  L'enfant  n'a  ,,Iua  rien  qui  l'arrête; 

Vous  démolissez  tout.  "  Kt  j'ai  baissé  la  tête, 

i-t  j  ai  dit  ;  "  Je  n'ai  rien  à  ri<,H>ndre  à  cela, 

J  ai  tort.  Oui,  c'est  avec  ces  indulgencea-là 

Qu  on  a  tOH^ours  conduit  les  ,«„pIeH  à  leur  perte. 

Quon  me  mette  au  pain  see.-Vous  le  méritez,  certe 

M  a  dit  tout  bas,  levant  ses  yeux  si  beaux  à  voir 
Pleins  de  l'autorité  des  douces  créatures  • 
Eh  bien  !  moi,  je  t'irai  porter  de»  confitures.  " 

V.  Huoo. 


tE  MISANTHROPE,  A.  I,  8C.  I. 

Alceste,  Philinte. 

PHIUNTE 

Voua  voulez  un  grand  mal  à  la  nature  humaine. 

ALCESTE 

Oui,  j'ai  conçu  pour  elle  une  effroyable  haine. 

PHIMIfTE 

Tous  les  pauvres  mortels  sans  nulle  exception, 

feront  enveloppés  dans  cette  aversion  ? 

Encore  en  est-il  bien  dans  le  siècle  où  nous  sommes. 

ALCESTE 

Non,  elle  est  générale,  et  je  hais  tous  les  hommes. 
Los  uns,  parce  qu'ils  sont  méchants  et  malfaisants, 
Et  les  autres,  pour  être  aux  méchants  complaisants. 
Et  n  avoir  pas  pour  eux  ces  haines  vigoureuses        ' 
Que  doit  donner  le  vice  aux  âmes  vertueuses 
De  cette  complaisance  on  voit  l'injuste  excès 
Pour  le  franc  scélérat  avec  qui  j'ai  procès. 


176- 


1        iir 

i 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 

Au  traver.  de  »on  masque  on  vrH  à  plein  le  traître  ; 

Part-jut  il  est  connu  pour  tout  ce  .,u  il  peut  être  ; 

Et  .es  roulements  d'yeux,  et  son  ton  radouci. 

N'imposent  qu'à  des  gens  qui  ne  sont  point  d  ici. 

On  sait  que  ce  pied  plat,  digne  qu'on  le  confonde, 

Var  de  sales  emplois  s'est  poussé  dans  le  n.onde. 

Et  que  par  eux,  son  sort,  de  splendeur  revêtu. 

Fait  gronder  le  mérite  et  rougir  la  vertu  ; 

QuelqvTe.  titres  honteux  qu'en  tous  lieux  on  lu.  donne, 

S>n  misérable  honneur  ne  voit  pour  lui  pers<.nne. 
Nommez-le  fourbe,  infftme,  et  scélérat  maudit, 
Tont  le  monde  en  cortvient  et  nul  n'y  contredit. 
Cependant  sa  grimace  est  partout  bien  venue  ; 
On  l'accueille,  on  lui  rit,  partout  il  smsinue  ; 
Et,  s'il  est,  par  la  brigue,  un  rang  à  disputer, 
Sur  le  plus  honnête  homme  on  le  voit  1  emiwrter. 
Têtcbleu!  ce  me  sont  de  mortelles  blessures, 
De  voir  qu'avec  le  vice  on  gar<?e  des  mesures; 
Et  parfois  il  me  prend  de.  mouvements  soudain» 
De  fuir  dans  un  désert  l'approche  des  humains. 

MOUÈKE. 


RÀFIDltÉ  DE  LA  VIE 

La  vie  humaine  est  semblable  à  un  chemin  do»t  l'issue  est  un 
nririoice  affreux  :  on  nous  en  avertit  dès  le  premier  pas  ;  mais 
précipice  anreuA  avancer  toujours.    Je  voudrais 

la  loi  est  prononcée,  il  '»"*  *~  ^e   u„  p^^^^ 
retourner  sur  mes  pas:  W.m-^^^^^ 

îl'TesUrrS'é  des  années.  On  se  console  pourtant,  parce 
S^de  t^m^  en  temps  on  rencontre  d- objets  qui  nous  d.er^ 
t^nt,  des  eaux  courantes,  des  «eurs  qui  lussent.  On  voudrait 


MORCEAUX  CHOISIS 


177 


rlwî '^  ™''^''^  ^  '-» -"-W.  tout  est  évanoui,  tou^ 

BOHSUET. 


lES  PAUVRES 

qu^.  .t  .uvent  voWt.,>e  et  par 'JnS     ,llitf  ""*' 

,UW  ue  ,.  eonnatt  pa,  et  .n-TJZZ:'^o.'Ztr 
JZ.T''    "'''"""'  •*«  '•"■"  beJi„,,ou  aû™u^„ 


f  I 


•.   M 


178  MANUEL  DB  LA  PABOLI 

parce  qu'on  le.  éloigne  de  «  pré^nce,  on  croit  en  être  quitte 
ries  oubliant;  et  quelque  extrême,  que  ««eut  leurn  mHUX, 
on  y  devient  iwsennibl".  ,., 

tLbien  de  véritable.  ,«uvre..  que  '•o","''""'^.,^""/ "''" 
ne  l'étaient  pa.,  san,  qu'on  «.  donne  et  qu'on  veuille  ^  donner 
la  peine  de  discerner  «'il  le  sont  en  effet  ! 

Combien  de  pauvre-,  dont  le.  géœi^ements  ,ont  trop  fa.bles 
pour  venir  ju«,«'à  nous,  et  dont  on  ne  veut  pas  s'approcher 
nnur  te  mettre  en  devoir  de  les  écouter .  ,,,,,. 

Tomb"»  de  pauvres  abandonnés  !  Combien  de  désolé»  dan» 
le.  prison.!  Combien  de  honteux  dan,  les  fam.Ue.  part.cul.e- 
^.rCn  ceux  qu'on  connaît  pour  pauvres  et  dont  on  ne  peu 
Zl,«  M  oubli.?le  douloureux  état,  combien  «.nt  négUg  ,! 
S'a  n'y  avait  point  de  jugement  denier,  vo.là  ce  quon 
pourrait  appeler  le  scandale  de  la  Providence. 
^  BOURDALOIIE. 


L'ANE 

L'âne  est  de  mes  bon,  amis;  Ï'^'^^^^'^^'^ÎZ^^ZZ 
me  récrée,  et  il  y  a  dan,  «.n  affaire  je  ne  sais  ..:wi  qu;  excite  ma 

TymÎtt  et  ".o"  --■  '«  "'-™>  ^""^  *  TZSrr 
mourant  de  ne  m'être  pas,  en  tout  temp,,  arre.4  dans  les  fo.re«. 
TrUsplaces  pnoliques,  partout  oii  s'est  n-ncontré  un  »ne  a 

TelTAe  ici  de  l'âne  des  champs,  de  cet  âne  flâneur  et  labo- 
rieux^esclave  sans  être  asservi,  sobre  et  sensuel,  dont  1  o«a 
reçoit  le  bruit  dans  tous  les  sens,  »ns  que  l'esprit  bouge,  dont 
l'oeil  mire  tous  les  objets  sans  que  l'âme  se  soucie. 

i  lui  manque,  c'est  vrai,  de  la  noblesse  ;  ma.s  aussi  poin 
d'orgueil,  point  de  vanité,  nulle  envie  d'être  ;W"J«-  ; '  *;^ 
Sh;  quelques  fois;  je  m'étonnais  «éablemen  d «r 
le  seul  des  deux  qui  trouvât  du  charme  à  regarder  1  utre  K 
y  réfléchissant  mieux,  j'ai  reconnu  qu3  l'avantage  est  tout  d.. 


MORCEAUX  CHOISIS  ,;„ 

c-nw  de  mon  eonfrirc.     UtBardor  »„»„.;     .    .  . 

-n,„lie  de,„o:.  e  dH  "    .h  :L"'  '"■•  '"'  """""  •'"-  "'»- 

«i^  •l.-.u,  écouter  den  .7ui  ^"ti  t  "'"''^  """'"*""  f""'"^ 
et,  «mais  ..en-iuérir  j  e  'v":  "I'  '"'""  '"  '""  '""  '--. 
c»t  mieux  ou   .1,,,  ,mlhl         ^       °"  "'""'  ''^"'•'".  »'"  '" 

iui  en  reviend  r,  :  S.  ::r7  "•  """'""  ""'"•"""".  " 
«oplpe,  lil,re  en  dé,  1  Je  r"*  '^'  ""'^  "««•  Vrai  ,,l.||o- 
•>«i,.ée  .s„  „.„.,:    i,       7::?"  »-"-.  -  d^pit  de  1„ 

'"«luentdelui.son  maître  le  bat     .1    7     •        '«'»'"'"'  « 
l'ubli-iue,  et  le  rebut  dermétati:.    P       ■'?''''  ''*'  '''"«" 
■"■étonne,  ear  e'e«t  le  ul^Ze^"  ,""'  ""  '=''  '"" 
"««e  que  d  être  la  risée  qu  «ot. 

T0P«Eu. 

I^'OCBS  ET  1,88  DEUX  COMPAems 

IJeux  compagucns,  preaséa  d'argent 

A  leur  vown  fourreur  vendirent 

La  peau  d'un  ours  encor  vivant 
ilais  qu  ds  tueraient  bientflt  H.,  ^»'      i 
Cetait  le  roi  des  o.r!:TLtZZ'lf''  '"''"'• 
Le  marchand  A  «.  p«au  devait  faire  fortune . 
Elle  garantirait  des  froids  les  plus  cuir^  ' 
On  en  pourrait  tirer  plutôt ,    ,r  w>i  ,  ' 

?;..dena.,t  prisait  n.oC;mrut:s^t';L 
Wr,  à  leur  compte,  et  non  à  celui  delà  b^^    '   """  '' 


180 


MANUEL  DB  LA  PAROLE 


'       Û 


L'un  de.  deux  con.,««nnn.  grim,»  au  Ulte  .1  nn  arbre  , 

L'autre,  plu»  froid  que  n'ert  ui.  marbre, 
Ke  couche  .ur  le  ne.,  (ait  le  mort,  tient  «.n  vent. 
Ayant  quelque  part  oui  dire 
Que  l'our»  «'acharne  peu  wuvei:t 
Hnr  un  corm  qui  ne  vit,  ne  ment  ni  ne  respire. 
Se«roU  comme  »n«>«.<'--f"'."  •*"»""  = 
Il  voit  ce  cor,»  P«ant,  le  cn.it  privé  de  vie  ; 

Kt  de  peur  de  .upercherie, 
U  tourne,  le  retourne,  approche  «.n  rouwau. 

Flaire  au  pacage  de  l'haleine.  _ 

"C'est,  dit-il,  un  cadavre;  ôton.-nou., car  il  wnt. 
A  ce.  mota,  Vour.  .'en  va  dana  la  '"■*' l""f"";  , 
L'un  de  no.  deux  marcUand»  de  «n  arbre  deacend. 
Court  à  son  compagnon,  lui  dit  que  c'est  merveme 
Qu'il  n'ait  eu  «.ul.inent  que  la  peur  pour  tout  mal. 
"Eh  bien!  njouta-t-il,  la  peau  de  lanimall 
Mai.  que  t'a-t-il  dit  i  Voreillel 
Car  il  t'approchait  de  bien  près, 
Te  retournant  avec  m  «erre. 
—Il  m'a  dit  qu'il  ne  faut  jamai. 
Vendre  la  peau  de  l'our.  qu'on  ne  l'ait  m»  par  terre. 


1 


tS  ÉVASeiLE 

Kn  ce  tempelà,  Jé.u«,  seul  avec  Pierre,  errait 
Sur  la  rive  du  lac,  prés  de  Oénésareth, 
A  l'heure  où  le  brûlunt  soleil  de  mili  plane, 
Q,ttnd  il.  virent,  devant  une  pauvre  ca^ne, 
La  veuve  d'un  pteheur,  en  longs  voiles  de  demi 
Oui  s'était  tristement  aaai>    sur  le  seuil, 
^tenant  dans  «>.  yeux  la  larme  qui  les  mouille. 
Pour  bercer  son  enfant  et  filer  sa  quenouille. 


MOXCEAUX  CHOISIS 

V.i,tà,«u«or„tditàoelle,,ui  fil„it         ' 
teiume,  ,e  ,lui,  ,„«„  «  v,ue  plein  ,Ie  lait 

tt  je  «..na  b.e..  q„e,  «„1,  je  nWompli™    «:, 

CerHV.,l,,uero„doit.„e,.yer„.Lbole'^ 

1-  femme  ««  leva  «i„,  dire  une  Mrole 

L«i»su  «i„,  héHiter,  ,a  quenouille  de  lin 

fc    e  l^rceau  d'onier  où  pleurait  IVph,      , 

Pnt  le  vaae,  et  n'en  fut  avec  le  mi«irabi,. 

ht  Pierre  dit:   ••  Il  faut  «  m„„tr,,  «^ourable 

Maare!  ,„ai,  cette  femme  a  bien  peu  de  ml^. 

r)  abandonner  ai,.,i  ,on  fil,  et  sa  m.i«>„         "" 

V""  '"  '"■""""  venu  .,ui  .'en  va  «ur  la  route  ■ 

A  ce  VK.UX  mendiant,  non  loin  d'ici,  s«„h  doule 

Quelque  pa»«.„t  eût  pris  «,„  ,a«,    tT"  .t^rW  "  ' 

Srr:::r^^^,rzx"n.re 
ïï:-;::::;^tt:ît:vt"'""'^^^" 

^HeWeu,banc::S:::~::^— i' 
De  ,e,  d,v,„e,  main,,  j^nj^nt  une  minuté  ' 

Il  hla  la  quenouille  et  berça  le  petit- 
Pu,,,  se  levant,  il  fit  signe  à  Pierre,  et  partit 
tt,qua.,d  elle  revint  à, on  logis,  l^veu^e, 
A  qu.de  sa  bontù  Dieu  donnait  cette  preuve 
Trouva-sans  deviner  jamais  par  quel  amil 
^Sa  quenouille  filée  et  son  fils  endorn.i. 

ï".  Coppit 


181 


\l\-W 


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I  f 


jg2  MANUEL  DE  LA  PAROLE 

LE  PLAIDOYER  BCRLESiJl'E 

Je  me  suis  arrêté  un  jour  k  Sfirlut  pour  y  entendre  i.laider 
une  cause  fameuse  par  les  Cicérons  de  la  ville.     Leurs  plai- 
doyers ne  manquèrent  pas  de  commencer  par  le  eommenoe- 
ment  du  monde,  et  de  venir  ensuite  tout  droit  par  le  déluge 
jusqu'au  fait.  Il  était  question  de  donner  du  pain,  par  provi- 
sion, à  des  onfants  qui  n'en  avaient  pas.    L'orateur,  qui  s  était 
chargé  de  parler  aux  juges  de  leur  appétit,  mêla  judicieusement 
dans  son  plaidoyer  beaucoup  de  pointes  fort  gentilles  avec  les 
plus  sérieuses  lois  du  ckIl-,  et  les  Métam<»pho>e,  d'Ovide  avec 
des  passages  teiTibles  de  l'Écriture  sainte.    Ce  mélange,  si 
conforme  aux  règles  de  l'art,  fut  applaudi  par  les  auditenrs  -Ir- 
bon  goût.  Chacun  croyait  que  les  enfants  feraient  bonne  cbere, 
et  qu'une  si  rare  éloque   .e  allait  fonder  à  jamais  leur  cuisme. 
Mais  6  caprice  delà  fortune!   quoique  l'avocat  eut  obtenu 
tant  de  louanges,  les  enfante  ne  purent  obtenir  du  pain.     On 
appointa  la  cause,  c'est-à-dire,  en  bonne  chicane,  quil  lut 
ordonné  à  ces  malheureux  de  plaider  à  jeun,  et  les  juges  se 
levèrent  gravement  du  tribunal  pour  aller  dîner.    Je  in  y  en 
allai  aussi...  Fénelon. 


LE  BON  DOMESTiqCE 

C'est  un  parfait  honnête  homme  que  M.  Joanetti. 

"  Morhlcn  !  lui  dis-je  un  jour,  c'est  pour  la  troisième  fois  que 
ie  vous  ord.mne  de  m'acheter  une  brosse!  Quel  tête!  quel 
animal  '■  "  Il  ne  répondit  pas  un  mot  :  il  n'avait  nen  répondu 
la  veille  à  une  pareille  incartade.  "  Il  eit  n  acact!  "  disais-je  : 
ie  n'y  concevais  rien  "  Aller  chercher  un  linge  pour  nettoyer 
mes  souliers,  "  lui  dis-je  en  colère.  Pendant  qu'il  y  allait,oe  mo 
repentais  de  l'avoir  ainsi  brusqué.  Mon  courroux  passa  tout  .a 
fait  lorsque  je  vis  le  soin  avec  lequel  il  tâchait  d'ôter  la  pous- 
sière de  mes  souliers  sans  toucher  à  mes  bas:   j'appuyai  ma 


MOBCEAUX  CHOISIS  153 

■nain  ™r  lui  eu  signe  de  récondliation     "  Quoi  -   H;    •      , 
en  moi-mêln^  il  y  a  donc  des  bnmlT      ■  !?"  ""■"  »""" 

lier»  de,  autrL,  ^«r  de  ]  W  ""  P ''"'  f  r''^»"- -"- 
trait  de  lumière  qui  vint  „S^  j,    ^  •"»'  "-"""  f"  "" 

coupqu'ilyavaitlngtemp"  ,ue  L  'en  '*^r"'  """  » 

domestique.     "  Joaneirh!;  rf  *'"  f^'"'  ''"""'^  «  "'"" 

«e,  lèvres?!^  tedelndr^r;?""  "^^ i-'iS^tion  par^t  sur 

pour  vos  petites  e,„p,e't4:'^ET      b t^]  "c'e":   """."*" 
pour  cela  ?  "  Il  gourit  encore  *''  '*""  •'""'^ 

A  votre  fidèle  servi:^;"?!-",  itZ"''  '^  '«  "■- 
que  vous  n.e  devez,  et  je  vous  ache"L™i  lot^  k"'"'!.''''"''''» 
«..sa  malt^iter  injustement  pLwt  qu  7^^^'  "  "" 
à  rougir  de  sa  colère  ^  ''*^''  '""  "aître 

Mais,  .«onsieur^ltvl  ;r''  ™""  '^'"""  '"  ''™»»«- 
et  l'aut,.  „oir?-rt  Z  e  '  r*"'"?  T  •"■  '»""«'  "»»« 
r»u«,ièresurmonsoulie;.'   '  '^"^  '"^^   '"-e  cette 

so^t^i^r  lSS;itS:;.^oIeusen.ent  mon 
repentir.  ■*        '^'  '°'"'»'  "ne  larme  de 

Xavme  oe  Maisthe. 


MS  DEUX  BACHEUKBS 


Deux  bacheliers  logés  chez  un  docteur 
1  travaillaient  avec  ardeur 

"•  t  "*""  ""  "«"^  «>'  public  disputant, 
Prouvant,  divisant,  ergotant 
hurla  nature  et  ses  substances, 


184  IIAKUXI.  I»  U  rAROU 

Llofini,  le  floi,  l'ânie,  1»  volonti, 

Les  sens,  le  libre  arbitre  et  U  nécewité, 

n»  en  étaient  bientét  i  ne  plu»  »e  comprendre  ; 

Même  p»r  là  eouTent  l'on  dit  qu'ils  commençaient} 

Mus  c'est  alors  qu'ib  se  poossaie»* 
Les  plus  beaux  arguments  ;  qui  wunit  les  entendre 

Bouche  biante  demeurait, 
Et  leur  professeur  même  en  extase  admirait. 
Une  nuit  qu'il»  dormaient  dan»  le  grenier  du  maftre 
Sur  un  grabat  commun,  Toilà  mes  jeunes  gens 
Qui,  dans  un  i4ve,  pensent  Hre 
A  se  disputer  suTles  bancs. 
••  Je  démontre,  dit  l'un.— Je  distingue,  dit  l'autre.   ^ 
_Or,  Toici  mon  dilemme.— Ergo,  Toira  le  nétre. . . 
A  ces  mots,  no»  réreurs,  criants,  gesticulants. 
Au  lieu  de  s'en  tenir  aux  simples  arguments 
D'Aristote  on  de  Scot,  soutiennent  leur  dilemme 
De  coupe  de  poing  bien  assenés 
Sur  le  nei. 
Tous  deux  sautent  du  lit  dan»  une  rage  extrfme, 

Se  saisissent  par  les  cbereux. 
Tombent  et  font  tomber  péle-méle  a^ec  eux 
Tous  les  meubles  qu'ils  ont,  deux  chaises,  une  Uble, 
Et  quatre  in-folios  écrit»  sur  parchemin. 
Le  professeur  anive,  une  chandelle  en  main, 

A  ce  tintamare  effroyable  : 
"  Le  diable  est  donc  ici  1  dit-il  tout  hors  de  m»  ; 
Comment!  sans  y  Toir  chûr  et  sans  savoir  pourquoi, 
Vous  TOUS  batte»  ainsi!  QueUe  mouche  vous  piquel 
-Kons  ne  nous  battons  point,  disent-ils;  juge»  mieux: 
Cest  que  nous  repassons  tous  deux 
No»  leçon»  de  métaphysique."  FwBLàir 


W)BOÏAUX  CHOISIS 
ï^  CHAVNR  DP  TliniBB 

^'"'^■'"•""«'"'^«  •»"'•.  doigt,  du  vannier. 
Brm.  d'orner  TOH.  «,«.  le  lit  Wfe  „ù  |.  „*„ 

8  endort  on  «.ari„t  dan.  «  couch.  Wg^^ 
Courbex-vo»,  ^.,iu  «.u,  le,  doigU  du  vannier, 
^ue  le.  fille,  ,  ,,  vont  caeUlir  dan,  le  uilli,. 
Et  lodeur  de,  fruit,  n>ûr.  .'exh,l,1^«„beiu.^ 
Courbes-vou,  .«,„p,i.  ^  ^^  ^'^  ^^  ^^^^ 

£d^:?:r^rïï,^:-£- 

Se  députent  le,  g™„,  d.^^  ^  terre  «t  ""rte. 

Brin,  d'oeier,  brin,  d'orier, 
Courbex-vou,  a«„upli,  ^  ,„  d„ig^  ^^  ^^^.^ 

Bru..  d'od«r.  brin.  d',«i„, 
f"^"-  ~-l'«->"l-*.i.d.»,.|„. 


18B 


i 


186 


MANOTL  DE  LA  PAROLE 


Brins  d'osier,  brins  d'osier, 
Courbcï-vous  assouplis  sous  les  doigts  du  vannier. 
Et  vous  serez  aussi,  brins  d'.«ier,  Vhumble  claie  ^ 

Oii,  quand  le  vieux  vannier  tombe  et  meurt,  on  1  étend. 
Tout  ,.rêt  ix.ur  le  cercueil.  -  Son  convoi  se  répand. 
Le  soir,  dans  les  sentiers  oii  veidit  l'oaeraie. 

Brins  d'osier,  brins  d'osier, 
Courbez-vous  assouplU  sous  les  doigts  do  vrnnier. 

Aveuli  Tbeubiet 


L'ASGE  ET  l'ESFAST 

Un  ange  au  radieux  visage, 
Penché  sur  le  bord  d'un  bsrceau, 
Semblait  contempler  son  image 
Comme  dans  l'onde  d'un  ruisseau. 
"  Charmant  enfant  qui  me  ressemble. 
Disait-il,  oh  !  viens  avec  moi  ; 
Viens,  nous  serons  heureux  ensemble  : 
La  terre  est  indigne  de  toi. 
Là,  jamais  entière  allégresse, 
L'âme  y  souffre  de  ses  plaisirs  : 
Le»  cris  de  joie  ont  leur  tristesse. 
Et  les  voluptés  leurs  soupirs. 
La  crainte  est  de  toutes  les  fêtes  : 
.Jamais  un  jour  calme  et  serein 
Du  choc  ténébreux  des  tempêtes 
N'a  garanti  le  lendemain. 
EU  quoi  !  les  chagrins,  les  alarmes     . 
Viendraient  troubler  ce  front  si  pur  ! 
Et  par  l'amertume  des  larmes 
Se  terniraient  ces  yeux  d'azur! 


MORCEAUX  CHOISIS 

Non,  non,  dans  les  champs  de  l'espace 
Arec  moi  tu  vas  t'envoler: 
La  Proiridenco  te  fait  grâce 
Des  jours  que  tu  devais  couler. 
Que  personne  dans  ta  demeure 
N'obscurcisse  ses  vêtements, 
Qu'on  accueille  ta  dernière  heur» 
Ainsi  que  tes  premiers  moments. 
Que  les  fronts  y  soient  sans  nuage, 
Que  rien  n'y  révèle  un  tombeau  ; 
Quand  on  est  pur  comme  i  u,n  âge, 
Le  dernier  jour  est  le  plus  beau." 
Et  secouant  se-  blanches  ailes. 
L'ange  i  ces  mots  a  pris  l'essor 
Vers  les  demeures  éternelles 
Pauvre  mère!  ton  fils  est  mort  1 


187 


Reboul. 


U  DOBKEGR 

«Inl'  ■''  "•  '*u,'^*  ""'^'  "^"t  *  '*  P»rt-Dieu  un  Père  que  le 


188 


MAKUXI.  DI  LA  PAROLE 


heure»,  le  carillon  carilIonnRit,  le  merle  sifflait,  le  coq  chantait, 
le  tambour  battait,  et  le  moine  ronflait. 

Un  autre  »e  «erait  découragé.  Le  Père,  invoquant  son  génie, 
machina  bien  vite  un  serpent  qui,  placé  sous  aa  tête,  venait 
toiyonr»  lui  siffler  dans  l'oreille:  "Il  est  temps,  levez-vous. " 
Le  serpent  (ut  plu»  habile  que  le  merle,  le  coq,  le  tambour  et 
le  carillon,  lesquels  n'en  faisaient  pas  moins  d'ailleurs  un  petit 
tintamarre  supplémentaire. 

C'était  merveille,  et  le  chartreux  ne  manquait  jamais  de 
s'éveiller.  Hélas  !  au  milieu  de  sa  joie,  il  fit  une  triste  décou- 
verte; il  ne  s'était  cru  qaa  dormeur;  il  se  reconnut  paresseux. 
Tout  éveillé  qu'il  fût,  il  hésitait  &  quitter  sa  dure  couchette  ; 
il  perdait  bien  une  minute  à  savourer  la  douceur  de  se  sentir 
au  lit,  refermant  un  œil  et  jouant  à  dormir.  Cela  demandait 
réforme.  Le  religieux  se  sentait  coupable,  et  le  mécanicien 
se  sentait  humilié;  le  diable  avait  trop  l'air  de  narguer  l'un 
et  l'autre;  il  fallait  reprendre  le  dessu». 

Au»sit6t,  une  lourde  planche  est  disposée  an-dessus  du  ht, 
de  telle  sorte  qu'elle  tombe  rudement  sur  les  pieds  du  paresseux 
dix  secondes  après  l'avertissement  charitable  du  serpent.  Plu» 
d'une  foU  le  pauvre  Père  se  rendit  au  chœur,  boiteux  et  meur- 
tri. Eh  bi-n  !  le  croirait-on  î  soit  que  le  serpent  eût  perdu  son 
fausset,  que  la  planche  avec  le  temps  fût  devenue  moins  pesante, 
le  vieillard  plus  dormeur,  soit  que  ses  jambe»  se  fussent  endur- 
cies, ou  qu'il  eût  pris  la  criminelle  habitude  de  les  retirer  avant 
que'le  châtiment  tombAt,  il  ne  tarda  pas  à  sentir  la  nécessité 
d'une  autre  invention  ;  et  tous  les  soirs,  avant  de  se  coucher, 
il  se  lie  au  bras  une  coide,  qui,  à  l'heure  faUle,  se  tend  «ans 
crier  gare  et  le  jette  à  ba»  du  lit. 

Il  était  là.  Dieu  sait  quels  nouveaux  projets  somnicides  il 
roulait  dans  sa  tête,  lorsqu'il  se  sentit  endormir  pour  toujours. 
Endormir!  Oh!  non,  le  fervent  chrétien  n'en  jugea  pas  de  la 
sorte;  et  malgré  sou  petit  péché  de  paresse,  plein  de  confiance 
en  celui  qui  pardonne:  "Ah!  s'écria-t-il  en  mourant,  je 
m'éveille  enfin  !  "  Ce  fut  sou  dernier  mot. 

L.  Veujllot. 


MOROIAUX  CHOISIS 
lE  PREMIEB  DECII. 

a.^r"'"'^''"''  ''"  """''«.  «'O"  qie  1»  nuée. 
S  .rpnae,  conten.p|«it  chaque  chc»,  cLe.      ^ 

Flottait  un.  lueur  de  l'Eden  di.p.ru, 

ËtTe  Z:^  '?  "i'  «»  ""«-ce  proLd  ' 

I    éA    i:^  'r  '"''•  '■•"'-  ««  "»te«  rivage. 
Emu«.  et  le,  roche™,  cee  ténébreux  cachotT^ 

Bup^ucea»"i^rvr"r.r^'"- 

Et  de  léternité  formidable  de.  deux.        ' 
W<B,ltr„tere„daiHan.iu„fa„„ehe 

tir  r  ire„r '?  "'  '•-  •»-•■•• 
gru-rr^tr-Treiheu. 

P*"'  ""'  ?Î"P*"  "«•™«  et  fatale  ab^rbL 
1^  tandis  ,ue  "oU^t 'irrriS""''- 
Et  <,ua.n..,„e  de.  fleura  t™„b.„tàfl:rdW  urne 


189 


190  MANUEI.  DE  LA  PAROLE 

Les  astres  fourmillants  empliswient  le  ciel  noir, 
Ils  songeaient,  et,  rêveurs,  «ans  entendre,  sans  voir. 
Sourds  aux  'umeurs  des  mers  d'où  l'ouragan  s  élance, 
Toute  la  nuit,  dans  l'ombre,  il»  pleuraient  en  silence  ; 
Ils  pleuraient  tous  les  deux,  aïeux  du  genre  humain. 
Le  père  sur  Abel,  la  mère  sur  Gain.        ^^^^^  ^^^^ 


LE  LÉOPABU  ET  L'ÉCBBEl'It 

Un  écureuil,  sautant,  gambtiant  sur  un  chêne. 
Manqua  sa  branche,  et  vint,  par  ur.  triste  hasard. 
Tomber  sur  un  vieux  léopaid 
Qui  faisait  sa  méridienne. 
Vous  juge»  s'il  eut  peur  1  En  sursaut  s'éveiUant, 
L'animal  irrité  se  dresse  : 
Et  l'écureuil,  s'agenouillant. 
Tremble  et  te  fait  petit  aux  pieds  de  Son  Altesse. 

Après  l'avoir  considéré. 
Le  léopard  lui  dit  :  "  Je  te  donne  'a  vie. 
Mais  à  condition  que  de  toi  je  saurai 
Pourquoi  cette  gaîté,  ce  bonheur  que  j^envie, 
EinbeUissent  te»  jours,  ne  te  quittent  jamais. 
Tandis  que  moi,  rpi  des  forêto, 
,Ie  suis  si  triste  et  je  m'ennuie. 
—Sire,  lui  répond  l'écureuil. 
Je  dois  à  votre  bon  accueil 
La  vérité  :  mais,  pour  la  dire. 
Sur  cet  arbre  un  peu  haut  je  voudrais  être  assis. 
—Soit,  j'y  consens  :  monte.— J'y  suis. 
A  présent  je  peux  vous  instruire. 
Mon  grand  secret,  pour  être  heureux, 
C'est  de  vivre  dan»  l'innocence  : 
L'ignorance  du  mal  fait  toute  ma  science  ; 
Mon  cuiur  est  toujo  irs  pur,  cela  rend  bien  joyeux. 


MORCEAUX  CHOISIS 


191 


,     '*"*  '^"'^  <l"e  je  tiens  de  mon  père- 
I>or«,ue  notre  bonheur  nous  vient  de  la  vertu 
U  gaîté  vieat  bientôt  de  notre  car^^uîL.  -' 

Flobian. 


tE  MON  ET  lE  JIOCCireilON 

"  Va-t'en,  chétif  i„«cte.  excrément  de  la  terre.  » 
^  est  en  ces  mots  que  le  Lion 
Parlait  un  jour  au  Moucheron 

■enses-tu,  lui  dit-il,  que  ton  titre  de  roi   * 
Me  fasse  peur  ni  me  soucie» 

Un  boeuf  est  plus  puissant  que  toi- 
Je  le  mené  i  ma  fantaisie.  " 

A  peine  il  achevait  pes  mots, 
Que  lui-même  il  sonna  la  charge, 
*  ut  le  trompette  et  le  héros. 
Dans  l'abord  il  se  met  au  large. 

Puis  prend  son  tem(«,  fond  sur  le  cou 
m  Lion,  qu'il  rend  presque  fou. 
Ije  quadrupède  écume,  et  son  «il  étincelle; 
fl  rugit:  on  se  cache,  on  tremble  à  l'enviro;, 
c-t  cette  alarme  universelle 
Est  l'ouvrage  d'un  Moucheron. 
Un  avorton  de  mouche  en  cent  lieux  le  harcelle. 
Tantôt  pique  l'échiné  et  tanvôt  le  museau     ^ 
lantôt  entre  au  f.md  du  naseau 

Lmvuible  ennemi  triomphe,  et  rit  de  voir 


i*' 


m  MANXna.  DE  U.  PABOLK 

Qu'il  n'eut  trifle  "i  dent,  en  la  b«te  irritée. 
Qui  de  la  mettre  en  »ng  ne  (ame  «on  devoir. 
Le  malhcntBox  Lion  «e  déchire  lui-même. 
Fait  résonner  sa  queue  à  l'entour  de  «e»  flanc». 
Bat  l'air,  qui  n'en  peut  maim  e»  «a  fureur  extrême 
Le  fatigue,  l'abat  :  le  voilà  sur  les  dent». 
L'insecte  du  combat  «e  t«tire  avec  gloire: 
Comme  il  sonna  la  charge,  il  »onne  la  victoire. 
V»  partout  l'annoncer,  et  rencontre  en  chemin 
L'embuscade  d'une  araignée  ; 
Il  y  rencontre  aussi  sa  fin. 
Quelle  chose  par  là  nous  peut  être  enseignée! 
J'en  vois  deux,  dont  l'une  est  qu'entre  nos  enr.eiui» 
Les  pins  à  craindre  sont  souvent  les  plus  petits  ; 
L'autre,  qu'aux  grand»  périls  tel  a  pu  se  soustraire. 
Qui  périt  pour  la  moindre  affaire. 
'  \jA  FoNTAISl. 


,i 


LE  JOHOLEUB 

C'est  un  métier  mauvais  que  d'être  saltimbanque  ; 

Kates  y  sont  les  soir»  dorés  et  triomphant»  ! 

On  a  peur  de»  jour»  noir»  et  des  jour»  étouffants  ; 

En  automne,  au  printemps,  dès  qu'il  pleut,  le  pain  manque. 

Et  c'est  dur,  pour  la  femme  et  les  petits  enfanU. 

Comme  il  faut  bien  manger,  tout  de  même  on  travaille. 

Sou»  la  neige  et  l'averse,  au  soleil,  dans  le  vent. 

PuU  on  se  sent  malade  :  on  l'est.  On  meurt,  souvent; 

Ou,  si  l'on  sort  de  là,  guéri  vaille  que  vaille. 

On  est  un  i  ou  moins  fort  et  plus  pauvre  qu'avant. 

Donc  il  advint  jadi»,-l'bi8toire  est  d'un  autre  ftge,- 

11  advint  qu'un  jongleur  subit  le  sort  fatal  ; 

Main  leste,  corp»  dispo»  et  bon  cœur  à  l'ouvrage. 

Il  avait  tout  :  à  bout  de  voix  et  de  counige, 

La  fièvre  le  jeta  sur  un  lit  d'hôpital. 


MORCEAUX  CROUn 

Qu»nd  j«  di.  H-W,  jW  tort  ;  .n  not«  Fmnce, 
U,  hôpitaux  d',loni  .•.ppelâient  de.  couvent.; 
On  y  p.rl..t  tout  b«,  d'amour  et  d'e.,><™„c^ 
fct,  de  .    ,  hef  .u  moint,  le.  «iècte.  d'ignomuce 
Valaient  peut-être  mieux  que  d'autre^  plu,  «v.nti 
Soigné,  pan.é,  choyé,  le  jongleur  guérit  vite. 
Son  tme  avait  auni  trouvé  le  grand  wutien  : 
Entré  li  peu  croyani,  il  en  wrtait  chrétien. 
Toute  longue  souffrance  A  h.  prière  invite  • 
Un  bMu  jour,  on  .e  ri«,ue,  et  l'on  .'en  trouve  bien. 
Notre  homme  «wiit  prié  h  bonne  Sainte  Vierge 
Comme  un  .impie  d'cprit  qu'il  était,  humblement 
Mé,ne  11  avait  p^omll^  au  fort  de  son  tourment, 
hil  réchappait  j«m«i^  de  lui  brûler  un  cierge. 
11  «  mit  en  devoir  de  tenir  sun  Mrment 

oôtl'^'f  •  "  T'"'  '«•»•  ""'  <•»»■.  I.  chapelle, 
On  le  aiMât  en  paix  durant  un.  heure  au  moin^ 
Inquiétante  était  U  demande,  et  nouveUe  • 
AU881,  tan,  ,e  cremwr  bien  longtemp,  U  cervelle. 
Fit-on  ce  qu  .1  falhdt  pour  qu'il  eût  de.  témoin.  : 
Témoin.  Mcret^  afin  de  ttti.faire  un  hAte 
Ma.,  clairvoyanta  .urtout;  veiller  parut  urgent, 
Le  calice  étant  d'or  et  le.  flambeaux  d'argenT 
Jiuelque.  nioine.  caché,  dan.  la  tribune  haute 
Durent  tout  oh«rver  d'nn  regarf  diligent 

i*  °*V*^'  ^^"^    Un  pri.me  de  lumière 
V  tombait  du  tranwpt  à  l'autel  tout  «n  fleur, 
Où.  I  auréole  au  front,  un.  Vierge  de  pierre 
Ver.  le  parvi.  du  choeur  abaiwait  la  paupière. 
Blanche  dan.  le  reflet  de.  vitraux  de  couleur. 
L'homme  entra.  «  crut  «,ul,  et  referma  la  porta 
Il  avait  bien  encore  cet  ample  vêtement 
Qm  drape  à  l'hôpital  le.  maux  de  toute  «>rte  • 

cZT  ""^'i'?  ^'"'^  *  *"  ^""'0  P'«»  fort»; 
Cette  e.pèce  de  froc  bridait  viaiblament 


IM 


194 


MAVUCL  OK  LA  PAROIJE 


L'homme  arrivait  »vec  tout  mi  l)«g«ge  étrange. 
C'élftit,  outre  \<f  cierge,  un  (nisceuu  cum\K)iii 
D'uiie  tiil>lé  pliante  et  d-^  «on  pied  croiné, 
Pui»  d'un  tapi»  nHilé  dont  n'iSliinait  la  frange, 
Piii»  on  ne  «avait  iiuoi,  dann  un  niouciioir  usé. 
Tnc  foi»  <l«nH  le  eliiBur,  on  le  vit,  «on»  rien  dire. 
Prendre  non  vieux  tapi»  et  le  bien  étaler, 
Dren'ier  la  table,  ouvrir  le  mouchoir,  installer 
Quelt)ue»  menu»  objet»  ;  pui«,  allumant  la  cire. 
Il  »c  mit  à  genoux  et  »e  prit  à  prier  : 
"  Madame,  je  sais  bien  qu'on  voub  a)>pelle  Reine  ; 
Je  wi»  que  l'on  vous  nomme  Ktoile  du  Matin  ; 
Mai»  je  «ai»  bien  aussi  qrt'A«tre  ni  Souvemine 
Ne  m'eussent,  comme  vous,  assisté  dans  ma  jieine, 
Kt  je  voudrai»  pouvoir  vou»  le  dire  en  latin. 

"  Excusexmoi,  de  plus,  n'ayant  ni  «ou  ni  maille. 
Mon  cierge,  trop  petit,  me  donne  de  l'ennui  ; 
Jt  ne  nie  se.i»  pa»  quitte  ;  et  je  par»  aujourd'hui. 
11  faut  absolument  que  pour  vou»  je  travaille. 
Vou»  avez  un  enfant  ;  mettons  ^ue  c'est  pour  lui 
"  Je  ferai  de  mon  mieux.  Par  malheur,  le  chômage. 
Cruel  pour  tout  le  monde,  e»t  plu»  fâcheux  pour  nous. 
Je  pui»  manquer  me»  tours,  et  ce  serait  dommage. 
Vou»  n'en  voudrez  pa»  moin»  accepter  mon  hommage. 
Et  je  vous  en  requier».  Madame,  i  deux  genoux." 
L'homme  »e  reliva.  D'un  »eul  geste  rapide, 
11  rejeta  le  froc  ouvert  dan»  son  an'pleur, 
Et,  comme  un  papillon  hors  de  sa  i-hrysalide, 
Il  apiiarut,  pimpant,  léger,  souple  et  solide, 
Sous  ses  vieux  oripeaux  fanés  de  bateleur! 
"  Je  commence,"  fit-il.  Et  vive,  insaisissable, 
La  muscade  courut  en  de  subtil»  détour»  ; 
Là,  sous  ce  goblet,  elle  était  sur  k  table  ; 
On  allait  l'y  trouver,  c'était  indubitable  : 
Et  qui  l'eût  parié  se  fût  trompé  toujours  ! 


«ORCEAirx  CHOISIS 
M«lAnt  dan,  un  coftct  une  f,»,ln        i. 
Kt  ce  mot  iK,uv»i»  f     .  Mcramentel; 

"^""  rep««e,,  i„épui„blement  •         ' 

Autre  chose .'  dit-îl    p.,,,..      . 

'>e  pluH  fort  en  pin.  f„rt  i 

î>-  Parl.it,  vraLnfc -"::■"";'  '™««''- 
'  "  tmvail  de  haut  «tv  »   .  ^  *     ""'•  ^  '•« 
>:t  d'une  fantaisie    tdt„r    f'""'"  "*'•*«""•=<•- 

Af«'-et™h,vîerir?&"" 

^■"  '"  r<,ue,  et,  traçâ^un^         k"'""'"^"-^' 
Vir.t  retomber  de W^r"'^  ""'""''• 

^•■'te,np.-P,     enr        '^"'""'^"■''"^•' 
'•'i-....nl,  avec  rienturk"'  ''"!;  ""  '^  "■^»'-. 
«^'  coucha,  cette  toilZlT^  '''  ""'"''^  ""'^''ynt. 
l^  'e  «PectaCe  a.o:;^»^^;^^ '  "'"^^ 
l'ejoyeu.^u'iUtait.nde^intX^i? 


lOS 


vtT" 


196 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


Tout  ce  qu'on  peut  tiret  d'une  tête  et  d  un  torse, 

D'un  cou,  de  bras,  de  pied»,  de  jambe»  et  de  ma.ns  ; 

Tout  ce  qu'iU  peuvent  rendre,  en  fait  de  tour,  de  force. 

Par  le  déboîtement,  la  brisure  et  l'entorse, 

Prit  en  ce  pauvre  corps  des  aspecU  surhumains  ; 

Aussi,  quand  il  eut  clos  une  dernière  passe 

Par  son  plus  beau  salut,  tout  paie  de  chaleur. 

Chancelant  et  cherchant  le  mur,  k  tête  basse. 

Avec  des  souffles  courts  dans  sa  p.jitnne  lasse. 

Voici  que  de  nouveau  parla  le  bateleur  : 

"  Madame,  disait-il,  ceteiercice  est  rude, 

Plus  rude  qu'il  ne  semble  et  que  vous  '«  ""y^^- 

Pour  un  travail  pareil  il  faut  beaucoup  d  étude; 

On  se  rouille  tris  vite,  et,  faute  d-habitude.^^ 

On  y  iwine  un  petit,  comme  vous  le  voyei. 

Alors,  et  noua  entrons  en  plein  dans  la  merveille. 

Il  se  passa  chose  de  vraiment  inouï  ; 

Ce  n'est  pas  seulement  un  pauvre  homme  ébloui, 

Ce  sont  gens  ayant  tous  bon  oeil  et  bonne  ored  e  ^ 

Qui  l'affirment  :  la  Vierge  en  souriant  fit  :     Oui. 

Tous  la  virent,  quittent  le  haut  du  tabernacle. 

Descendre  jusqu'au  sol  en  un  glissement  doux. 

Puis,  le  parvis  atteint,  y  marcher  comme  nous; 

Et  lui,  l'humble,  pour  qui  se  faisait  ce  miracle, 

La  regardait  venir,  en  ployant  les  genoux; 

Et  comme  il  restait  là,  secoué  jusqu'aux  moelles. 

Blanche  dans  le  reflet  des  vitraux  de  couleur, 

La  belle  Dame  au  front  auréolé  d'étoiles 

Essuya,  de  l'ourlet  auguste  de  ses  voiles, 

La  sueur  qui  perlait  aux  tempes  du  jongleur. 

De  Borelli 


MORCEAUX  CHOISIS  ,g^ 

"  BAHBIEB  BE  StVlLLE,  A.  Il,  SC.  8. 

Babtholo,  Basile. 

BASILE 

accablé..    Croye,^u'nn-flZT.rr   "'"   '^'^"   ^''« 
dl'orreurs,  pas  de  conte  absu^o      ^  '^*''  mécbanccté,  pas 

"-f«d-a„e  grande  vill::XV„rb"  '"'"  '^"'•'-  ->^ 
d»;»  gens  d'une  adresse?. .     D'X^T'  ''^"•. ''  "O"»  "vons  ici 

«°lcomn,el'hirondelleavantlw1,       •    •"''  ''^«'"•'  '"«""t  '« 

ej«eenco„ra„tletrait:lpt':r;2l™rr'"^^'«'''' 
et  pmn^,  j^ano,  vous  le  glisse  en  it^T,  ."'*'"'"*<'«'■"? 
,">"'  ««t  fait  ;  il  genue,  il  rf  Ze    1  cL  ^"'""»™t-    Le 

bouche  en  bouche,  il  va  le  d"^ie   t  "T'  ''  ""^^"^o  àe 

comment,  vous  voyezcalomnitLslT  «"'  *  """"^  ""  ««» 
f  vue  d'ceil.  Elle  smno.,éleZl7T^'^'''- 1'"'^'"'  «'•">*> 
ioppe,  arrache,  entr,J„e.  éclat"  et  tl'  *°""""«''"e.  «"ve- 
g4néral,une,.^«»/«p„J,if"^2  '  ''  ''^"''"'  «»  «ri 

P-cription.     QuidiaVay'rriÎ^r"'"'"''^'"'""'"^''" 

BïAtJMASCHAtS 


Clf  ENTERREMENT 


(1) 


I. 


î"l 


198 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


1 


Racine  dans  un  coin  causait  avec  Molière, 

Saplio  luttait  d'esprit  avec  la  Deshoulièrc, 

Chapelle  h  grand  fr.icaa  ta.iuinait  Despréaux. 

Quinze  faquins  poudrés,  parasites-fléaux. 

Devisant  à  l'envi  de  graves  bagatelles, 

Secouaient  leurs  cnnom  et  leurs  flots  de  dentelles. 

Les  uns  traitant  de  fat«  le»  vers  de  PoqueUn, 

D'autres  prenant  Maestrieht,  ou  citant  Chapelain. 

Un  marquis  dn  Clomr  lûissuit  une  tirade, 

Un  couplet  de  Linière,  un  trait  de  Benserade; 

Et  de  tous  les  côtés  sonnaient,  gai  cliquetis. 

Les  bons  mots  soutenant  le  choc  des  concettis. 

C'était  K  qui  dirait  la  pins  aimable  injnre, 

Et  le  sourire  était  l'enjeu  de  la  gageure. 

Enfin  l'on  envahit  la  salle  du  banquet  ; 

Un  fauteuil  restait  vide,  un  convive  manquait. 

On  regarde,  on  se  compte,  on  procède  à  l'enquête: 

Qui  donc  bravait  ainsi  les  lois  de  l'étiquette? 

"  Quel  fat,  criait  Chapelle,  a  donc  pu  s'oublier 

A  ce  i»int?. .  .Hé  parbleu  !  c'est  Jean  le  Ftildiei:' 

—Excusez,  dit  Sapho  d'une  façon  distraite  ; 

Mais  il  vit  comme  ceux  dont  il  est  l'interprète  ; 

Messieurs  les  Animaux  font  sa  société,^^ 

Et  chez  eux  il  x  forme  à  leur  civilité.  " 

Tout  le  monde  applaudit  à  ce  trait  de  génie. 

Et  sur  le  jiauvre  absent  décoche  une  ironie. 

"  Hé,  vous  riez,  Messieurs,  leur  dit  Madame  Harvey, 

Moi  je  crains  qu'un  malheur  ne  lui  soit  arrivé  ; 

Le  voyage  était  long. .  .-H  rêve  sur  la  route 

A  son  lièvre  qui  tremble,  à  son  lapin  qui  broute. 

Dit  Chapelle,  ou,  comme  enx,  il  dort  sous  un  sapin. 

Allons,  à  la  sauté  de  Monsieur  .Jean  Lapin  !  " 

II 
Les  gais  pi-opos  pleuvaient.  Or,  juste  k  la  même  heure, 
\  quelque  trois  cents  pas  de  la  noble  demeure. 
Les  passants  ébahis  se  montraient  de  la  main 


MORCEAUX  CHOISIS 

Kt  disaient-  "  Quel  1/J  '  '"  '*■""■ 

<-"    ^  ^"*' *^' "Ole  cerévpiir  ■.„i;*  •    . 

O  est  peut-être  un  fritHm  t      V       !     ™'"'"re  f. . . 

Qn'attend-ilî. .  .qJTit'ii      ""'  ".'''  P'""*  "°  f"»-  • 
Il  «e  penche;  aT^lT       '°'"'.'^'=  "  ^'""''>''-  •  • 
Cest  le  plus  so  f»f  •    /  ^"  ""  "«"  «^''"'"e  ! 

Mais  :^t  ToTz.t^tT  r  "'  ^''^•'-•'  " 
^jinriraT^u^'^Tr ''--'-' 

MHia  vous  J. . .  W  ilro''  "  ".'■"'='"'"'  P*'"^; 
«  -t  muet  et  sou^com™  ^n  2,".    "T'*  '"'"^»"  ' 
C'est  Ksopea.a..;e.e.tX:r.;rd.... 

I*  bonhomme  écoutait  i*  m. •. 

.^is.relevant  ,a  t.tt^lTS"'"  '''"'"'"'• 
'""""""'----«•'O-'^-D'unefou^mi. 

Des  fourmis  dans  latot"  '   r^uîC™' 
De«ous  un  églantier  qui  borne  iC^         """~''' 
Un  talus  les  abrit*  «♦  j  'honzon. 

«oulant  un  lourd  fallu  "ne   '  '^'"'  ""''"""""' 
«'anant  pour  se  défend  ZbZ'"  '""«'  '""  """««""ent  ; 
^'herchant.  quêtant  fuv^nf  '^'"'  '"  "°"''"''. 

Trottant  à  leur  caÎicëoù  ;  h"  """.?'  '^^  "="""■•. 
Comme  fait  dans  nZ  L  i    Tf  '"'  "*'"'• 
14.        *^"™  '*  fourmilière  humaine. 


199 


200 


MAîTOEt  DE  LA  PAROLE 


Aujourd'hui  plus  de  course,  et  plu»  de  longs  détours  ; 
Toutes  en  se  suivant  mesuraient  leure  pas  lourds, 
En  ordre,  comme  nous  aux  jours  des  funérailles. 
Toute»,  loin  de  U  ville  et  loin  de  leurs  muraUlea, 
Trisl"»  comme  il  convient  au  deuil  d'une  fourmi, 
Acœmpftgnaient  le  corp»  d'un  frère,  d'un  ami  ; 
Et  moi,  de  leur  convoi  j'admirais  l'ordonnance. 

La  tomlx'  était  au  pied  d'une  verte  éminence. 

Où  deux  chanJons,  couvrant  au  loin  le  noir  caveau, 

Prêtaieivt  leur  pyramide  au  Pharaon  nouveau. 

Traîné  par  les  géant»  de  l'humble  colonie. 

Sur  îe  funèbre  char  d'uni;  feuille  jaunie. 

Le  cadavre  sortait  du  palais  souterrain 

Et  roulait,  cahoté  par  le»  pli»  dn  terrain. 

Entre  les  rangs  ^rous  de  l'assistance  amie. 

Le  défilé  dura  près  d'une  heure  et  demie  ; 

Le  chemin  était  ruds  et  le»  arrêts  fréquenta  ; 

Là,  c'était  un  Caucase,  et  plus  loin  des  Balkans. 

Ori  juste  8  quatre  pas  du  lieu  de  sépulture. 

Le  deuil  faillit  tourner  en  tragique  aventure. 

En  face  des  porteur»,  glissant  sur  le  gazon. 

Passait  une  limace  énorme  et  sa  maison. 

L'obstacle  était  étrange  et  presque  infranchissable  ; 

Mais  vingt  pionniers  roulant  une  charge  de  sable. 

Sur  la  route  du  monstre  étagent  un  rempart  ; 

La  limace  recule,  et  le  convoi  repart. 

Ulysse  eût-il  fait  mieux  dans  les  plaines  de  Troie  î 

On  arrive  à  la  fosse  ;  elle  reçoit  sa  proie  ; 
Le  char,  le  mort  ensemble  y  tombent  à  l'envers, 
Comme  fit  l'autre  jour  feu  M  .nsieur  de  Boufflers.  (1) 
On  se  hâte,  on  recouvre  avec  des  feuilles  morte» 
Le  cadavre  et  la  bière  ;  et  l'on  ferme  les  portes. 
Un  groupe  de  parents  erre  encore  à  l'entour  ; 
D'autres,  les  vieux,  ont  pris  le»  sentiers  du  retour, 
(1)  Voir  la  lettre  de  Moue  de  Sévigny,  ai  Kv.  1672. 


MORCEAUX  CHOISIS 


—Non  nniiit  1  f"    r  ''''*  hommes? 

P.  V.  Dkiapohte, 


PS  SOC  DE  PLAISIR 

teaux,  i,l,„  de  «auteur,  en  nlei,M.     .   '^^'''"^'•■'''  ••""■  '«"  f^" 
fumantes  ou  de  gaufre,  narfn"'' i'  "'""^'"'^  '°'"^« 

«•  «édui»ante,  et  les  râ  es  pLian      ■'•  "Y"  ''^'^^  «^'""^  f»™" 
J«  faisais  comme  eu-T    '."""'''''  "^  ""  l»"  P^'^'^é. 

amvaàmoncreillecït:'itu    "'""!.  T"'"'   '"«''   =™"ue 

épuisé,  pou.i^.ec, Va!  V^iwtt 
cymbales  qui  avaient  la  pr"  tel-  „r.  "'  '''"'"  P''"™  ''^ 
Tout  cela  n'en,,,êohait  not.tt  .-^  "  "'"''"^''  '*  ■"««>"•«. 
tirer  la  main  d  leur  ,L  on  d.Tf  "'""''  ■""  ''^--'  ^e 
-'gageante  mu.i„ue,  L  ef  e  ."  .  ""'  "''•  "'''^  «^^  -"« 
accent  d'admiration  k  do  o  f^i  I^'f;'  ■""™""^  ^^"^^  »" 
""""-•     ^'"' clic,  aux  de  bois!" 


201 


202 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


Les  chevaux  de  bois  !  Eh  bien,  oui,  c'étaient  eu.v,  les  fringants 
coursiers  de  tout  enfant  qui  a  un  sou  dans  sa  poche  !  Institution 
démocratique  s'il  en  fut.  La  blouse  de  toile  et  la  casquette 
râp.o y  galopent  à  côté  de  la  robe  de  soie  et  de  la  to-pie  à 
plumes.  Les  apprentis  qui  sortent  de  l'atelier  ne  résistent 
guère  n  la  tentation  de  faire  quelques  tours  de  manège  en 
iilein  vent,  et  les  jeunes  ouvrière»  se  tiennent  sur  leur  raide 
monture  aussi  fièrement  que  la  plus  élégante  amazone  sur  son 
cheval  pur  sang. 

La  cavalcade  allait  finir,  car  le  mouvement  se  ralentis- 
sait, et  on  lisait  sur  le  visage  des  écuyer»  le  regret  qui  com- 
mençait à  effacer  le  plaisir.  Déjà!  disait  l'air  rêveur  qui  se 
répandait  sur  ce»  figures  rtjses. 

Sur  un  banc,  tout  près,  une  petite  fille  était  assise.  Wle 
pouvait  avoir  cinq  ou  six  ans,  quoiqu'elle  fût  bien  petite  pour 
son  âge,  mais  son  pauvre  corps  chétif,  maigre,  couvert  déball- 
ions et  nourri  de  misère,  n'avait  sans  doute  pas  pu  grandir  assez 
vite.  Elle  rt«ardait  de  tous  ses  yeux,  comme  on  regarderait  un 
palais  de  fée,  ce  plaisir  qu'elle  n'avait  jamais  eu,  car  la  poche 
de  sa  pauvre  robe  n'avait  sûrement  jamais  contenu  un  sou. 
Et  pourbint,  monter  sur  un  de  ces  beaux  chevaux!  le  blanc 
à  housse  rouge  ! . .  .non,  le  noir  à  housse  jaune  plutôt,  tourner 
avec  lui,  vite,  vitu,  longtemps,  au  son  de  la  musique  ;  voir 
tout  tourner  autour  de  soi  !  Cela  lui  semblait  un  rêve  insensé, 

mais  si  beau  !  ,      ,   .    , 

Excusez-la,  cette  pauvre  enfant!  Qui  de  nous  na  rêvé  des 
ailes,  au  moins  une  fois  dans  sa  vie  ?  ^ 

Elle  était  là;  le»  enfants  descendaient;  la  musique  s  était 
tue  •  d'autres  enfants  s'empressaient  de  monter  à  leur  tour,  et 
quelques  mères  un  peu  lasses  vinrent  s'asseoir,  non  sans  regar- 
der de  côté  et  ranger  les  plis  de  leur  robe  le  plus  loin  de  la 
petite  "  Ote-toi  donc  de  là,  lui  dit  une  bonne;  tu  vois  bien 
que  tu  prends  de  la  place."  Elle  se  leva  sans  rien  dire  et  s'en 
alla  un  peu  plus  loin,  tout  doucement. 
Les  larmes  m'en  vinrent  aux  yeux. 


MORCEAUX  CHOISIS  JOS 

teZtrrr"  Enr::iîrd,''<-  •-»'"  "^  «'«-je  «„  ,„, 

instant,  finit  par  oser  com, >r^M  !"  *"  ^'"^-  '«««•^^•'i'  un 

cbeva.  en  ™ejetatt  ur^^XT'in'^ '""•,,'-■' ^'«^'-î-"  un 
•lue  j'en  f„g  tout  ém„  Kn^  1  "".r/''"'^  reconn«i««a„ee 
'a faire  descendre;  ™«i,  e  ,eZntr"'^:  ''<*ta..IiH«.„e„t  voulut 

pou^rs^eir^iTui^rt-S'r--^'''^^-^--^-'' 

chose  en  ce  monde?  Sont-clîe, h  "r  "'^'  T  ""''  ^"^  P»"  ^e 
bition  !  Sont-ce  les  byoux  les  denMl  t  "  """'^  "'  "^^  ''•""■ 
en  robe  de  aatin  dans  uTJlon  „ "  t  '"  ''  ''°™"«'8^«'  Valser 
chevaux  de  bois,  n'e  t^éî  en  f  """  T  '"'"'"'"'  ^"'  '- 
plaisir  î  P^"  ''°  '""""^  le  même  genre  de 

La  cavalcade  finie    k  notUo  eu     j 
encore,  et  s'en  alla  d    rai      rL'"  tr"'""  ™^  '^«"'''' 
«teint  son  idéal.  '"""Phant  de  quelqu'un  qui  a 

«ie^ui  donner  pour  un  st  Te  ZT"  "  ^""''^  ''^^  "-"  ''"' 

<'ecl::it^''S:'i:,;;i^^^^^^^^^ 

«nfantquiafaim;  ma"b,^n  1,.  ""'"""'"  ''^  P*'"  *  "" 
superflu,  chose  si  néceslair  eC^ telTe'tr  '  '  '"'  """""  '« 
«ou  sera  comme  un  rayon  de  soin  j     '  P^-^'-^Joie  d'un 

longtemps,  toujours  pfelêtre  elle  f.  "  n"''™'''^  '">■  «i™ 
e»t  montée  sur  les  chfvaL  d  'bo  Z  c""""  ™  '"•'■""  """"^ 
«ourire  sur  sa  figure  flétrie  j'^^  '=e  souvenir  ramènera  un 
'^  à  ceux  qui  onl  fTim  /  mais  Ï^Z  "'  T  """  ^  '°'"^'"'^- 
et  le  pain  du  cœur,  la  1»^  e  T  ■  '7'  ''  '"'"  ^"^  ''«"Pri» 
fentons  épanouis  par  I  riell  no-"''.^'  """"''  "°"^  """« 
'^  -ux  qui  les  regardent,  q  £  «„  ie":*  !  "'"''''  ^'"■«-- 
qui  seraient  heureux,  eux  auJ,  «  ,  '  *'  ""'  *'°"Pi'ent,  et 
ronr  un  sou  de  plaisir  »  '   '  ""  '""  •^•'"''»it  «^«lem^nt 

(Anonyme.) 


t 


204 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


TERRIBLE  HISTOIRE 

Dix-huit  coLtrebandiera,  cliargé»  d'un  mc  de  poudre  de 
Berne,  passaient  par  un  couloir  de  rocliera.  Le  dernier  en  ran» 
s'aperçut  que  s-.n  me  s'allcSgeait  sensiblement,  et  il  était  déjà 
tout  dis  wsé  i.  s'en  féliciter,  lors,iu'il  vint  à  se  douter  ingénieu- 
eement  que  l'allénement  avait  jieut-être  lieu  aux  déiKus  de  lu 
charge  Ce  n'était  que  trop  vrai,  une  longue  traînée  de  po>idre 
se  voyait  sur  la  trace  qu'il  avait  suivie.  C'était  une  perte, 
mais  surtout  c'était  un  indice  qui  tiouvait  trahir  la  marche  de 
la  troupe  et  compromettre  ses  destinées.  Il  cria  halte,  et,  a  ce 
cri,  les  dix-sept  autres  s'assirent  en  même  temps  sur  leurs  sacs, 
pour  boire  un  coup  d'eau-de-vie  et  s'essuyer  le  front. 

Pendant  ce  temps,  l'autre,  l'ingénieux,  rebroussait  jusiiu  a 
l'origine  de  sa  traîné,  de  poudre.  Il  y  atteignit  au  bout  de 
deux  heures  de  marche,  et  il  y  mit  le  feu  avec  sa  pil«  :  c  était 
pour  détruire  l'indice.  Deux  minutes  après,  il  entendit  une 
détonation  superbe,  qui,  se  répercutant  contre  les  parois  de  ces 
montagnes,  ro.ilant  m  les  vallées  et  remontant  par  les  gorges, 
lui  causa  une  surprise  merveilleuse:  c'étaient  les  dix-sept  sacs, 
qui,  rejoints  par  la  traînée,  sautaient  en  l'air,  y  compris  les  dix- 
sept  pires  de  famille  assis  dessus. 
Sur  quoi,  je  remarque  deux  choses. 

La  première,  c'est  que  cette  histoire  est  une  vraie  histoire, 
agréable  et  récréative,  suffisamment  viai-semblable,  prouvée  par 
la  tradition,  et  p,ir  le  couloir,  qui  subsiste  toujours,  comme 
chacun  peut  aller  s'en  assurer.  Je  la  tiens  pour  aussi  certaine 
que  le  passage  d'Annibal  par  le  mont  du  {letit  Saint-Bernard. 
Comment  prouve-t  ou  le  passage  d'Annibal  par  le  mont  du 
petit  Saint-Bernaidî  On  commence  par  vous  montrer  une 
roche  blanche  au  pied  du  mont  ;  après  quoi  l'on  vous  démontre 
que  c'est  celle  que  le  Carthaginois,  arrivé  au  sommet,  fit  fondre 
dans  du  vinaigre. 

La  seconde  chose  que  je  remarque,  c'est  que,  dans  cette 
histoire,  dix-sept  hommes  périssent;  mais  remarquez  bien,  il 
en  reste  un  pour  ixirter  la  nouvelle.    C'est  là,  si  je  ne  m  abuse, 


MORCEAUX  CHOISIS  jqj 

-esouin;   queto    Vrl    s    •r'','""  '«'"-"■'■c'est 
■échappe,  et  tout  justement     "*"""'"""'•   «»'   "n   seul    en 

l'histoire,  tant  1»  grecuue  n»!       """'"•     '=■'  «'est  pourquoi 
riche  eu  trait,  tout  ZiL  """""'  "'  ^  '"«'"•'^.  "»' 

TOPFÏKB. 

W8  CIMETIÈRES  »E  CAMPASSE 

chan,ï«,  des  eaux,  d  T  bo     '  „!     "T"*=  '^'"  P™'""»'  -Je» 

l'urs  ,i„p,e,  i».geravec  es  ZIZ         P«"Pective,  n.arient 

«ime  à  voir  le  grol  iUni„l\TJ^^T  ''"  '"'«'■"'«rs.     On 

1-   I»n,.niers  du  Sytire  f  1.  "^  ""'  ^^  '°"  «^°-e, 

for„en.entde,n,orretlesb;i    i?    '^"'  '"^  P^-P''^". 
l«tion  et  de  grfce     A„™i.'/        •*'"*»"'''=' ^econso- 

temple  vi.lag^i,lèi"^tur.'  '"'f'"'  "'°— "ts,  le 
tique  de  la  vigiland  On  nv!      T^"""^  ■**  ''™^'«">«  ™s. 

la  tombe  de  leur  ancien  plteu,'*"'  ""'  ''"""«"'  '''crbe  de 

'i^"'^::t.:rr''r'":''^"'-'--'-t . 

et  le  pèlerin,  qui  .«nt  prl  "  Di  u  d        ™"t  ""^  '"  P"'-" 
'e  pain  de  l'aumône  à  l'hom,!!.  h    r^     ""■*"'*'  "»  demander 

■"«"-e  de  nom.    Le  lab^ruTchrir   """"""  "  "'^  *  P"" 
n-ort,  comme  ces  végétauxTfl.  ■'''P"*  ""''"^  ^ana  la 

"a  nature  ne  grave  pas  l  ""'''?"  "">"  «'""«els  il  a  vécu; 
=^battu,dausLfX  "  '^'"^^  ™'  '-'»  tronc 


8M 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


■î- 


Cependant,  en  errant  un  jour  dan»  un  cimetière  do  cam- 
pagne, nou.  apenjûme»  une  épiUphe  latine  sur  une  pierre  qm 
annonçait  le  tombeau  d'un  enfant.  Surpris  de  cette  magnifi- 
cence, nou»  non»  en  approchâme»  ;  nou.  lûmw  ce«  mot»  de 
l'Evangile  :  "  SiniU  /annUct  venire  ad  me  :  Laiêseï  le»  petit» 
enfanu  yenir  à  moi.»  Chawaubmasd. 


LE  LIOa  DE  ikixkz 

Pour  a««inir  le  monstre,  effiui  de  no»  pasteur», 

Il  me  fut  ordonné  de  grnvir  le»  hauteur». 

Et  j'obëi»  sans  crainte  i  mon  rcaltre  Eurysthée. 

J'allai  sur  la  montagne,  oî»  la  béte  indomptée 

Léchait  avec  lenteur  son  mnlle  teint  de  sang. 

Je  l'accablai  de  traits;  maU  le  cuir  de  son  flanc 

Restait  impénétrable.    Or,  relevant  la  tête. 

Le  lion  m'aperçut;  et  la  puissante  béte 

Courba  comme  un  grand  arc  l'épine  de  son  dos. 

Puis  bondit  jusqu'à  moi.    J'eus  le  cœur  d'un  héros. 

D'un  massif  olivier  couvert  de  son  écorce, 

Je  frappai  le  lion  sur  le  crftne  avec  force. 

Il  se  dressa,  pourtant.    De  me»  muscles  d'acier. 

Moi,  j'étreignis  alors  le  monstre  carnassier. 

Dont  le  sang  ruisselait  par  torrents  écartâtes. 

Je  lui  serrai  la  gorge  en  écrasant  ses  pattes, 

Et  l'énorme  lion  ne  rftla  qu'un  moment. 

Ah  !  certes,  je  criai  de  joie,  épcrdûment. 

Lorsqu'à  mes  pieds  roula  cette  béte  étouffée  ! 

"  Je  veux  faire  de  toi,  lui  di»-je,  un  beau  trophée.  " 

Puis  j'arrachai  sa  peau  ;  j'en  couvrU  tout  mon  corps. 

Pour  tenir  désormais  ma  place  entre  les  forts  ; 

Et  sur  mes  Monda  cheveux,  en  signe  de  victoire. 

J'étalai  fièrement  la  gueule  aux  crocs  d'ivoire. 

Maubicx  Bouchob. 


MORCEAUX  CHOISIS 
œiMPE  ET  LE  SPHINX 


207 


tudequi  .o„ffr,,t  ,„i„,  ir/j  "tT"""'""'"  ''"'"'  "'"'"• 

.    "  Q"'-tdeve„ -i  Ju^^T  LeatH'"""  "'•"   '"'"'^"""- 

■ntelligenee  ,,ui  uvHit  rémndunJ'l      ''"?''"''=''"'-•  '>""««« 
de  la  Grèce  ?   Ah  !   con.Wen  "  1.   .T'"""*'  '*'"'"  '^»  """""« 

ce  monstre  venu  de  la  myrtéZ^v  "'"'  '""'■'''"•  ^ex.nt 

IH-rter  cette  ,i„g„,iè™  vict^  r  Je  "  f!""  "'  P"'""'"'"  ''•">- 
'■ette  nouvelle  sorte  de  combat  Xf  '^""'  ^'«""«"W  de 

crainte,  et  mon  gén'enS  "et""/?' "''''"'•'"'»*''' -''•'"'' 
voyai,  que  le  pH,  ,„i  m'  t  Xeté  „r"  '  'î''"'"*""  J"  "« 
dune  reine.  Cejourniémor^hl»    ?  '™'''"''  «'  '"  "'«in 

''l'icée:  delà,iir«j"  ,  r  """P*'  ""''''■-  du  mon 

-«  en  «.  pr:;en:  11^  :7- '«  '-'«  'acontr^e.  J-„ 
"•an»p«rents  couvrait  «a  statu  .  ""''  ""  "'^^''"  ''«  """K'-» 
dune  femme,  tou,  IT l^J^  ,""'"''■  "  "^«i'  '«  vi,ag„ 
""-bile.,:  JVr  oren™  e  Z  r'  ''«""'-'"  ^"•■•- 
'>Wt  vouloir  arracIerleTZ'in  '""'''""•  l»'  -•»- 
et,  dans  le,  contours  de  sa  hoir  ''"'''  ''''  '*  »«"««!«, 

'«-ible  aui  „e  faisait  r^",ir°"t;  T  "^f  ''"""'''  '"«'^'  '^^ 
'luand  je  vis  ses  mains  termLe"eniriff  "  ""'"''  ^  "^'^^«'"' 
hors  du  nuage,  toutes  prête"*;  .ru  f:  ""'  ^'""'"'^^ 
'"fncaU  me  repentir  de  ma  tZ  rir  T'"  "'""■'^'''■'■«^""- 
'"'-t  proposée,  mais  d'.mlln  t  ,^^'^'""'""  '  «nigme 
'"erveilleuse:  auc-.n  son  n,'    î  '""'•'  """''••"«  «'  toute 

-oun  mouvement  ne  pi:  ::;"-'''-';-it  ^  -n  oreille 
-ulement  j'entendais  c' n^rul tÔ  !  L  ""  '"  """■''-; 
;'>urdeme„tau  fon.  de  n,r;iur,;r  V  'T '"'^"'■'^^"""'"' 
'Wrds  du  sphin:    .'allumèrent      n     •  ""  ""'""'■  '«» 

'umerent,  une  joie  féroce  anima  son 


SOg  MAHUIL  DE  LA  PAROLK 

viMge,  K.  griffe.  .'.Ui«.irent  «ur  m.  Mte  :  alon.  je  tirai  mon 
.Uivo  .1,  me  courrant  de  mon  bouclier,  je  m'é  ...s«.  «>'  n.on 
terrible  «avertir»,  cr  il  m'était  livré  ;  j'av»..  deviné  1  énigme. 
Mon  fer  a'enfonsa  dan.  je  ne  «i.  quoi  qui  nexwUit  ,.lu.: 
tout  avait  di»,»™  comme  un.  vi.ion.  Né.nmoin.  mon  glaive 
dégoutUit  d'un  «>ng  immonde,  et  j'avaU  onteivdu  un  bruit 
fo^le,  mai.  .ini.tre.  tout  «.mblable  au  r»le  d'un  homme  qu  on 
égorgerait  dan.  le.  br«.  du  «.mmeil."  ballanchï. 


LE  TIEILLABD  ET  LE»  TBOIM  JEtSEH  HOIWE!» 

Un  octogénaire  p    itait; 
"  Puue  encor  de  bâtir  ;  mai.  planter  k  cet  âge  ! 
Diwient  troi.  jouvenceaux,  enfant»  du  voisinage  : 
Amarément  il  radotait. 
"Car,  au  nom  de»  dieux,  je  vou»  prie. 
Quel  fruit  de  ce  labeur  ponvei-vou.,  rei  i  Uirl 
Autant  qu'un  patriarche  il  vous  faudrait  vieillir. 

A  quoi  bon  charger  votre  vie 
De.  wjin.  d'un  avenir  qui  n'est  pas  fait  pour  vou»? 
Ne  songez  déMrmai»  qu'à  voserteur.  passées; 
Quittez  le  long  espoir  et  le.  vaste»  pensée.  ; 
Tout  cela  ne  convient  qu'à  nous. 
—Il  ne  convient  pa»  à  vous-mêmes, 
Repartit  le  vieillard.  Tout  établissement 
Vient  tard  et  dure  peu.  La  main  des  Parque,  blême» 
De  vos  jour,  et  des  miens  se  joue  également. 
Nos  termes  Mnt  pareil»  par  leur  courte  durée. 
Qui  de  nous  des  clartés  de  la  voûte  azurée 
Doit  jouir  le  dernier?  E»t-il  aucun  moment 
Qui  vou.  puisse  assurer  d'un  sec(md  seulement? 
Mes  arrière-neveux  me  devront  cet  ombrage: 

Hé  bien  !  défendez-vous  au  sage 
De  se  donner  des  wjins  pour  le  plaisir  d'autrui? 
Cela  même  est  un  fruit  que  je  gnûte  aujourd'hui. 


J'en  pui»  jouir  demain,  «t  quel.,u«i  i™,„  .^ 
r»  >Liii.      a  •  "«""'lu*" jours  encore; 

Je  pui.  enfln  compter  l'aurore 

i^vi:!r:;i'r/r::;r;.:r^-" 

L  autre,  afin  de  monter  aux  grande,  dignité^ 

^«"•«•'«■Privu  vit  «,  joun,  empî„tA.r 
Le  troimèroe  tomba  d'un  arbre 
«uelui-m«me  il  voulut  enter; 
Kt.  pleuré,  du  vieillard,  il  gr.v.  .„r  leur  m„b„ 
te  que  je  vien.  de  i»conter. 

La  Fomtaihe. 


L'AÏEULE 

ni„,.     .  .„  *'»>«»r.(l«ni»iB*r». 

Elle  1 1^?,-  '  "^"^  "'"'  <''»"<'  ride; 

'  ""  «^  "'  '"°''"  "^'.  «'  8e.te,  «,„'t  tîimblant. 

Vni  ■"  ""»  sa  bonté,  isa  reimn. 

An  !  comme  les  enfan»j  ..-■»,  J        «"■r... 

C'ou«=nt  l'acca^TdtS  ?'  ""  '^"  "''"'<"'• 
**™'  oes  qu  Ils  ]»  ^yenj  ^^j^^ 


309 


210  MANUEL  DE  LA  PAROLE 

"  J'ai  taché  mon  sarran,  fait  Janot  soucieux, 
Tu  saiH,  il  ne  faut  pas  que  personne  le  sache. 
_.rai  déchirai  mon  col  !  "  Gmnd'mère  ôte  la  tac... 
Et  reprise  l'accroc  malgré  ses  mauvais  yeux. 
"Orand'mère,  maintenant,  chante-nous  quelque  chose." 
La  bonne  vieille  grand  entonne  en  tremblotant 

Elle  cède,  et,  puisant  dans  son  vieux  répertoire, 
LeurÏsails  les  lasser,  la  Belle.au.Bou.do,-nu^nt. . . 
Ou  le  Petit-Poucet  ou  le  Chaperon- Rouge; 
EUe  connaît  si  bien  le  bonhomme  Perraut^    _ 
il  déclarent  toujours  que  "  ça  finit  trop  tôt . 
Et  personne,  pendant  ce  long  récit,  ne  bouge. 

Ainsi  qu  eux  autrefois  (que  ce  temps  est  lointain  !) 

Je  me  vois  à  ses  pieds  et  buvant  sa  parole  ; 

clst  elle  qui  d'abord  fut  mon  ma  tre  d  école. 

Elle  qui  me  veillait  du  soir  jnsquau  matin. 

Tout  âgé  que  je  suis,  -j'ai  dépassé  trente  ans  !- 

I::  !urs  d'exil  finis,  quand,  l'ivresse  dans  l'âme, 

T!  riviens  au  logis,  près  de  la  sainte  femme. 

Te  miri  quelVefo-  encore  au  bon  vieux  temps; 

Et  comme  en  ce  temps-là,  (j'en  fais  l'aveu  sans  honte) 

Te  Xseois  doucement  sur  ses  pauvres  genoux. 

.  CesTmo  . .  .Me  revoilà,  ma  grand'mère.  Dis-nous 

U^  beau  conte,  veux-tu î  -  Que  je  te  dise  un  contel. . . 

----^-^-eXr"":;^:ar^-e. 

—C'est  pour  mieux  t  embrasser .     i<=v 


MORCEAUX  CHOISIS 


211 


l'ii  enfant  frùl 


Lai 


i.sae  voir  des 


le  -t 
I  il,. 


.<!1,1, 


'  Conduit  1 
A  Tansle  du  chemin  ils 


10  Iiiiuvi^  a. 


1  mine  éveillée 
iqi^  un  i>cu  barljouillée, 
e  à  petits  iws. 
r,  li'i-ha 


niarch 
vont  s'asseoi 


Mue  s,  I  un  ,ouU.  l'autre,  et  jamais  ne  denmndent 

I  s  ne  ,„.„,™,vent  pas  notre  a„n„n,.,  ils  l'atten'  " 

II  fau   1  s  p  a,ndre,  enfants;  il»  ,„,t  si  n.alhour   ,"  i 
1;   c  est  touchant  de  voir  connue  ils  s'aitnent  entre  euv 

1,  dt    "  "  f  ""■'•'"  '*'  '""'  ""-^  ''"•"  l'^fa-ce  • 

s'r'7'™^"''^'-"»d<=«'"^!eetd,.défense, 
^'l'et,!  attentif  aux  pierres  du  chemin, 

Surveiller  un  vieil  homme  et  lui  donner  la  main 
Le  so„rirei  la  livre  ou  les  pleurs  sur  la  joue, 

Ce,st  pournuo,  l'autre  jour,  l'enfant  pâle  à  l'.eif      '' 
Avait  naïvement  imasiné  ce  jeu 

De  courir  tout  autour  de  l'aveugle  débile 
yu.,  sur  la  terre  assis,  posant  l,à  sa  sébile 

Cheichait  a  le  saiar  selon  le  bruit  des  i,as. 
L'enfant,  que  chaque  erreur  du  pauvre  aveuMn  . 
«■éloigne  plusieur.  lois  d'un  petit  air    e  r'f    '"""' 

Klcv!;^;^^'^''"''""^^°"«'"•*~t, 

us,  t  ouble  tout  à  coup  d'un  si  profond  silence 
Il  appelle  ;  l'enfant  rit  alors  et  s'élance 
Accourt  et  vient  tomber  dans  les  bras  ,lu  vieillard  • 
Ht  1  aveugle  riait  d'être  eolin-maillard.  ' 

Moi  j'admirais  l'enfant,  dont  la  candeur  suprême 
P  ut  jouer,  sans  l'accroître,  avec  la  douleur  néme 
Et  qui  fait  naître  au  e,e„r  d'un  malheureux  paël' 
La  gajte,  le  bon  rire  et  l'oubli  du  soleil: 

Jean  Aicakd. 


Il 


■A 


212  MANUEL  DE  LA  PAROLE 

LE  SAVETIER  ET  LE  FISANCIEK 

Un  savetier  chantait  du  matin  jusqu'au  soir: 

C'était  merveille  de  le  voir, 
Merveille  de  l'ouïr  ;  il  faisait  des  passages, 

Plus  content  qu'aucun  des  sept  sages. 
Bon  voisin,  au  contraire,  ^ait  tout  cousu  d'or. 
Chantait  peu,  dormait  moins  encor: 
C'était  un  homme  de  tiiiance. 
Si  sur  le  point  du  jour  parfois  il  sommeillait, 
Le  savetier  alors  en  chantant  l'éveillait  ; 
Et  le  financier  se  plaignait 
Que  les  soii)S  de  la  Providence 
N'eussent  pas  au  marché  fait  vendre  le  dormir. 
Comme  le  manger  et  le  boire. 
En  son  hôtel  il  fait  venir 
Le  chanteur,  et  lui  dit:  "  Or  ça,  sire  Grégoire. 
Que  gagne^-vou.  par  an?-Ma  foi!  monsieur. 

Dit  avec  un  ton  de  rieur 
Le  gaillard  savetier,  ce  n'est  iK,int  ma  manière 
De  compter  de  la  sorte  ;  et  je  n'entasse  guère 
Un  jour  sur  l'autre  :  il  suffit  qu  a  la  hn 
J'attrape  le  bout  de  l'année: 
Chaque  jour  amène  sou  pam. 
-Eh  bien!  que  gagnez-vous,  dites-moi,  par  journée? 
Jantôt  plus,  tantôt  moins:  le  mal  est  que  toujours 
(Et  sans  cela  nos  gains  seraient  assez  honnêtes). 
Le  mal  est  que  dans  l'an  s'entremêlent  des  jours 

Qu'il  faut  chômer;  on  nous  ruine  en  fêtes, 
L'une  fait  tort  à  l'autre,  et  monsieur  le  curé  ^_ 

De  quelque  nouveau  saint  charge  toujours  son  prône. 
T  o  «nancier  riant  de  sa  naïveté, 
Lui^ft    •' Je  veux  vous  mettre  aujourd'hui  sur  le  trône 
Prenez  ces  cent  écus:  gardez-les  avec  soin 
Pour  vous  en  servir  au  besoin. 


i% 


MORCEAUX  CHOISIS 


I.e  «.varier  crut  voir  tout  l'argent  ,ue  .a  terre        . 

r,„,,    ^'■'«''"'P'">f"'«sagede»gen,. 

rir.>,„ur„e  chez  lui  ;d<u,s  sa  cave  il  enserre 
LargentetsajoieAlafois. 

Plus  de  clmnt:  il  perdit  la  voix, 

JM  moment  q„-i,„ag„a  ce  ,ui  cause  n  .peines 
J^esomme.l  quitta  son  I„gi.,.  ' 

il  eut  pour  h<",tes  les  soucis  ' 

Tont  1         "T"'"' '"'^  ■*'"■•""■»  vaines. 

Tout  le  jour,   avait  l-.i,  au  «uet;  et  la  nuit, 

'^ecl.afSir^ftHt'Ï""'' 

:^^^.  courut  ci,e.ccf;;:;^;:':itic;:^:'""- 

J>endeî-nio  ,  hii  dit.,!   ,„„ .    ,  '""*'  • 

Et  rep;en:;v::';::n::;:r-' --".".- 

La  Fom,\ike, 


tA  l'ÉMTENfE 

'»i  en  offrir  de  part  u,  ,,,:;"  '"".-^"f-^f'''-  ''  I'i->  -ns 
""ajuste  eon.pensati„n  oT  re™  d  "'  "  "'  ""'  «"  ^"'^"' 
'1-  ras  que  vous  jugie,  vo"  rèref  aT  """""  ''"  '""'■  '''>  "<-' 
"e  tous  ceux  c.ui  vous  envi;  n^:  't  uT'T'  '"  •'"^•"- 
de  ces  p&heurs  déclaras  auTo^  '  f''  ''"'  "'^'>"'  '«i 

«-dent  plus  de  mesure  :„?.  ^.^'Z  '"  ^T''  "^^  ""'  "« 
<!«>  vous  ressemblent,  nuisont  ri  ?  ^'  ""P"''"!»"  de  ceux 
dont  la  vie  n'offre  rien  dise  a,/  "      '•"""'"•'  ™"""""^»-  ^' 

vous  en  convenez   vous  mT^    O  ""''"  ^'  "'"«'«»': 

j—.  «.„  -zf r.;-;frc'ï 


2:3 


214  MANUEL  DE  LA  PAROLE 

Dieu  a  pris  plaisir  de  répandre  sur  vos  passions,  les  perfidies, 
les  bruits  désagréables,  une  fortune  reculée,  la  sarte  ruinée, 
des  affaires  en  décadence,  tout  cela  a  refroidi  et  retenu  les 
penchants  déréglés  de  votre  cœur  :  le  crime  vous  a  dégoûte  du 
crime  même;  les  passions  d'elles  mên.es  se  sont  peu  a  peu 
éteintes;  le  temps  et  la  seule  inconstance  du  cœur  a  rompu 
vos  liens  :  cependant,  dégoûté  des  créatures,  vous  n  en  êtes  pas 
plus  vif  pour  votr«  Oieu.  Vous  êtes  devenu  plus  prudent,  plu* 
régulier,  selon  le  monde,  pUis  homme  de  probité,  plus  exact 
à  remplir  vos  devoirs  publics  et  particuliers:  mais  vous  n  êtes 
pas  pénitent  Vous  avez  cessé  vos  désordres;  mais  vous  ue 
les  avez  pas  expiés,  mais  vous  ne  vous  «tes  pas  converti,  mais 
ce  grand  coup  qui  chf  nge  le  cœur  et  qui  renouvelle  tout 
l'homme,  vous  ne  l'i-.vez  pas  encore  senti. 

Cependant  cet  état  si  dangereux  n'a  rien  qui  vous  alarme. 
Des  péchés  qui  n'ont  jamais  été  purifiés  par  une  sincère  péni- 
tence, ni,  par  conséquent,  remis  devant  Dieu,  sont  à  vos  yeux 
comme  s'ils  n'étaient  i.lus.  Et  vous  mourrez  tranquille  dans 
une  impénitence  d'autant  plus  dangereuse  que  vous  mourrez 
sans  la  connaître.  C.  n'e.t  pas  ici  une  simple  expression  m  un 
mouvement  de  zèle  :  rien  n'est  plus  réel  ni  plus  exactement  vrai. 

Massillon. 


POLICHINELLE 

Voilà  voilà  Polichinelle,  le  grand,  le  vrai,  l'unique  Polichi- 
nelle' 11  ne  paraît  pas  encore,  et  vous  le  voye.  déjà!  vous  le 
reconnaissez  à  son  rire  éclatant,  prolongé.  Il  ne  paraît  pas  encore, 
mais  i!  siffle,  il  bourdonne,  il  babille,  il  crie,  il  parle  de  cette 
voix  qui  n'est  pas  une  voix  d'homme,  de  cet  accent  qui  n  est 
pas  pris  dans  les  organes  de  i'homme,  et  qui  annonce  quelque 
chose  de  supérieur  à  l'homme,  Polichinelle,  par  exemp  e.  Il 
s'élance  en  riant  :  il  tombe,  il  se  relève,  il  se  promené,  .1  gam- 
bade, il  saute,  il  se  débat,  il  gesticule  et  retombe  deniant.bulo 
contre  «n  châssis  qui  résonne  de  sa  chute.    Ce  n'est  rien  ;  c  est 


MORCEAUX  CHOISIS  glS 

tout, c'est  Polichinelle!   Les  aonr,I,  r    .     . 

«veugles  rient  et  le  voient    et  t™f  >  entendent  et  rient;   le, 

tude  enivrée  se  confonde  J  e„  u„  J7"'^'  '^'  '''  """'i- 

<='est  Polichinelle!  ""  "'■   ^^«^  '"i'   c'est  lui! 

«ffroi  entre  les  bras  de  leur  bol'  '""""'•"^■"^'""  '=""-^'>- 
tude  sur  le  théAtre  vide  s"  n.euv  n  '  '"  T.''''"  ^^  '"quié- 
agrandissent  encore  leu^be:;;:;,:  7'-'  """  '  »"'>• 
''•ai.I.ro..hent,  se  disputent   k  nr.n  ï      '~"''  '"'«"  ^"ir, 

teront  bien  d'autres,  onLd  n^  V  ~^^^ -'^"  dispu- 
l'avant-seène  roule  A  rsnrf»  7°"'  «r«nds!-Le  flot  de 
e'.apeau..  de  r^tits^sclS^X^^r ""''''  "«  P^^- 
bourrelets,dejoli,  bras  blancs  aull'.'  "  ""''"''"'«ex.  de» 
•"anches  qui  ,e  repoussent  etZTceT  ''™"''''^''°"'^™-- 
pour  saisir,  pour  .voir  Policl':,     ^LlT  '""''  •'°"'"'-  ' 

Lâge  adulte  est  l'âire  de,  ^-        ,,   ,. 
adulte  est  l'âge  aussi  de  i^liie/r'''''  '''""•^^-     ^-^ 
«amment,  tous  tant  que  nous  ^n^^^'    """^  ^'"'"»»"''»  '"ces- 
lui  ne  vieillit  pas.    L  dZI  ^         '  *"'°"  «'^  Polichinelle 
^"f.  •- pairie^  p,u^irq:^,P:-»'.>- royaumes  '-■ 
Journaux,qui  ont  détruit  tout  cl    -  'r»™*'^»'^"  vont;  les 
Que  dis-je-  les  nations  IffacentdL?"/™"'  '■"""  ''''''~»"- 
ne/ern,e  point  boutique    prcll-Vr'  "'  ^°"«'''"«"<' 
enfant;  Polichinelle  bat  to^ûÎ ,.  " «l""','*^  '°'^''""  '«  ■"«"-« 
assommera  demain  soir  le  00™»^^  '        "J""*  '  ^«"«'•inelle 
«atin.  cequi  ne  justifie  en  am  ff"  ,'^"'""^''  - 
cruantë  que  des  hi.t«riens  ir„     !         '*™  '*  """PS""  de 
mal  à  propo.  sur  Po  Se*^"™:."  °»  P-^V"""».  fo^  pese 
déploient  que  sur  des  acteurs  dfl^'^"''*  "^^"^  "«  » 

sais  s,  son  talon  est  resté  caohé  danst  l     ^"'"''''"«"e-  Je  ne 

•^"e  le  plongea  dan,  le  Styx   mais  on^'"  ''' t  "■^"''  '>"•"«' 

jj,  lyx.  mais  qu  importe  i  Polichinelle 


WUh  ■ 

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ÎS 


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I    ' 


216 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


dont  «n  n'a  jumfti»  vu  lo-s  talons?  Ce  qu'il  y  a  de  «rt«™,  et  ce 

publique,  si  «s  loimbles  étude»  occupent  encore  .,uea«e«bon^ 
Ci rcV»t  ,uc  Polichinelle,  roué  de  coup»  par  le»  »b.«s. 
irii^é  !«..  L  ..««■,  ,«ndu  par  le  .«urreau  et  -port;,- 
re  diable,  reparaît  infailUblen.ent  un  ,iuart  d  heure  âpre», 
da,'  »a  ;ajaran.ati,pu.,  au.,i  f.i.uu-,  ^>],r;^^^,^' 
»ilaut  que  jamai».  PMcynelle  e.t  mort,  vrve  Pohch.nMe. 
"  Ch.  Nodier. 


Î,E  GLAS»  ET  I.A  ClTHOlItl-E 

Dieu  fait  bien  ce  qu'il  fait.  San»  en  chercher  la  preuve 
En  tout  cet  univers,  et  l'aller  parcourant, 
Dan»  les  citrouilles  je  la  treuve. 
Un  rillageoi»,  considérant 
Combien  ce  fn.it  est  gros  et  sa  tige  menue  : 
"  A  quoi  songeait,  dit-il,  l'auteur  de  tout  celai 
Il  a  bien  mal  placé  cette  citroudle-là  ! 
Eh  !  parbleu  !  je  l'aurais  pendue 
A  l'un  des  chênes  que  voiU  ; 
C'eût  été  justement  l'affaire  : 
Tel  fruit,  tel  arbre,  pour  bien  faire. 
C'est  dommage,  Garo,  que  tu  n'es  point  entré 
Au  conseil  de  celui  que  prêche  ton  curé  ; 
Tout  en  eût  été  mieux;  car  pourquoi,  par  exempl^ 
Le  gland,  qui  n'est  pas  gros  comme  mon  petit  doigt. 
Ne  pend-il  pas  en  cet  endroit  t 
Dieu  s'est  mépris;  plus  je  contemple 
Ces  fruits  ainsi  placés,  plus  il  semble  à  Garo 

Que  l'on  a  fait  un  quiproquo." 
Cette  réflexion  embarrassant  notre  homme  : 
"  On  ne  dort  point,  dit-il,  quand  on  a  tant  d  esprit. 
Sous  un  chêne  aussitôt  il  va  prendre  son  somme. 
Un  gland  tombe:  le  nez  du  dormeur  en  pàtit. 


MORCEAUX  CHOISIS 


217 


I  »  fve.lle;  et,  portant  la  mai.,  sur  .,o.,  visage 
trouve  e„cor  le  «Ia,.d  ,.is  .u  ,«■,,  ,,„  „„„«,'„ 
hon  nez  ,„e„rtri  le  for-e  à  changer  de  langage. 

h  .1  fnt  toinlK,  ,1e  l'arbre  une  n.a^se  ,,1»,  lourde, 

fit  que  ce  gland  eût  été  gourde  ! 
D'OU  ne  l'a  pas  voulu  :  mm  doute  il  eut  rai,„„  • 

•)  en  vo.»  bien  à  présent  la  cause." 

fin  louant  Dieu  de  toute  chose, 

Ciuro  retourne  à  la  niai.son. 

L.\  Fontaine, 


FILS  1)K  CROISÉS  ET  FII.S  »K  TOlTAIRE 

-  qu'il  y  a  de  plu.  i„«e.ible  au  nÎ;::^  '^^î'^  :^;7- 

peru,ettet:::'r::::^::rs,:tt.^;'T'"^"^ 

vous  une  génération  d'I.n^    ''«.  •"isS'iems,  d  sest  levé  parmi 

Qu'on  ^^^%S:zt^z::::zz  :^~  ^-• 

couune  on  voudra,  le  no.n  n'.lit  rien    I  c    Ltit    ""0^ 
génération  prendrait  volontiers  no„r  d  .vis/  1  î^  ^ 


218 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


I    'I  m 

5-1 

*' IL 


nous  sonmies  étranger»  à  tonte»  vo»  e..al.t.ons,  à  toute»  vo. 
récrimination»,  à  toute»  vo»  lutte»  de  cabinet,  du  part.»  ;  n<m» 
n'avou»  été  ni  à  Oand  ni  à  Belgrave-Siv.are  ;  nou»  n  avon»  été 
eu  pèlerinage  .jn'au  tombeau  de»  apûtre»,  de»  iK.ntife»  et  de» 
nmrtyrs.     Nou»   y  avon»  appri»,  avec  le  re.pect  chrétien  et 
légitime  de»  imuvoirs  établi»,  comment  on  leur  ré»..tc  quand 
ils  n.an(iue«t  à  Wur»  devoir»,  et  comment  on  leur  survit.    >é» 
et  élevé»  au  »ein  de  la  liberté,  de»  institution»  représctat.ve» 
et  constitutionnelle»,  nous  y  avon»  trempé  notre  ftme  iH.ur 
toujours.    On  nou»  dit  :    Mai»  la  liberté  n'est  pa»  pour  von» 
elle  e»t  contre  vous;  ce  n'e.st  pa»  vous  qui  l'avez  faite.    Il  est 
vrai  que  la  liberté  n'e»t  pa»  notre  leuvre,  mais  elle  est  notre 
propriété,  et  qui  oserait  nou»  l'enlever  1    A  ceux  qm  n<ms 
Lnnent  ce  langage,  nou»  répondrons:    Mai»  vous,  avez-vous 
fait  le  soleil?    Cependant  vous  en  jouissez.    Avez-vou»  fait  la 
Krance  î  Cepen  lant  vous  êtes  fiers  d'y  vivre .. . 

Dan»  cette  Krance  accoutumée  à  n'enfanter  que  de»  gen»  de 
,œur  et  d'esprit,  nou»  seul»,  nous  catholiques,  nous  consenti- 
rions à  n'être  que  de»  imbéciles  et  de»  lâche»!    Nous  nous 
reconnaîtrions  à  tel  point  abâtardis,  dégénères  de  no»  père», 
qu'il  nous  faille  abdiquer  notre  rai»on  entre  le»  main»  du 
rationalisme,   livrer  notre  conscience  »  .''U-'V^-'-t/.  "° ^^ 
dignité  et  notre  liberté  aux  main»  de  ces  légiste»,  dont  la  haine 
Jur  la  lil«rté  de  l'Eglise  n'est  égalée  que  par  1  ignorance 
protonde  de  ses  dogme»!    Quoi!  parce  que  nous  sommes  de 
'•eux  qu'on  confe»»e,  eroit-on  que  nou»  noua  relev.on»  de» 
pieds  de  nos  prêtre»,  tout  di»p<«és  à  tendre  les  mains  aux 
menotes  d'une  légalité  anticonstitutionnelle»  Quoi!  parce  que 
le  sentiment  de  la  foi  domine  dan»  no»  cœur»,  cro.t-on  que 
l'honneur  et  le  courage  y  aient  péril  .      ,      . ,  „ 

Ah'  qu'on  »edétroin,«.  On  von»  dit:  Soyez  implacables. 
Kh  bien  !  8oyez-le  ;  faite»  tout  ce  que  vous  voudrez  et  tout  ce 
que  vou»  pourrez:  l'Egli»e  vous  réixmd  par  la  bouche  de 
-Tertullien  et  du  doux  Fénelon:  "Nous  ne  somme»  pa»  a 
craindre  pour  vous,  mai»  nou»  ne  vou»  craignons  pa». 

Et  moi,  j'ajoute  au  nom  des  catholique»  ùque»  comme 
moi,  catholiques  du  XIXe  siècle  :  Au  milieu  d  un  peuple  libre. 


MORCEAUX  CHOISIS  219 

nou,  ne  voulons  ,»,  être  de»  ilotes;    nous  »„„„„es  le,  «ucc.k 

»eurs  de  Julien  lA,H«tat;  nous  somme,  les  fils  des  Croisé,  et 
"..us  ne  reculerons  p„.  devant  les  fils  de  Voltaire. 

MoNTALBaBKKT. 


LA  CAMPAUME 


ras!:"  j;;::,^!;:  i^;;^  ^^7T- ■  •  ^-^  - ''-^ 

..-vais. .  .des  oiseau'  nui    o'uTtn;;:  '^^  'T  "^"'™' 
l'artie  de  plaisir  que  je  fais  li'   1  '*'  ""^ 

~...  ,rt„  ,i,.m.  „,.w,  d„;„r,™  ,'ir. 
~u.«,„.,  M.i...ti';.'rrb.v..":'""  '• 


220 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


VoilA  un  giuMix  .le  .Lie.,  (lui  aboie  tout  au  loin,  un  autre  qui 
lui  réiK,na  plus  l-rK  et  .••■lui  .'e  k  m»i«.n  .,«i  repique  «.us 
ma  fenêtre,  et  une  eonversation  .le»  tn.is  a  .leven.r  fou 
Q„au.l  il»  «c  :...nt  t.ait  dit,  je  n,c  ren.lorn  encore  et  .-ette  f.>.. 
tLutà  fait.  Ab!  oui,  va  te  i.ron.enerl  Je  suis  veveiUe  en 
sursaut...  C<«orie,.  ! . . .  C'e..t  le  chahtro  du  mafn  qui 
m' avertit  .(ue  le  soleil  se  li*e.  Et  qu'est  ec  que  ^a  ine  fait,  a 
moi,  que  le  soleil  se  lève!. . .  Je  fais  eomn.e  lui,  bors  de  mo,, 
enragé,  et  donnant  au  diable  la  cami»ig"e  et  toutes  les  M.es 
qui  l'babitcnt  '  y  ^abdoi-. 


LE  CWt'HE  ET  LA  MOlt'HE 

1i'i,,un  chemin  montant,  sablonneux,  malaisé, 
Kt  de  tous  les  c.*>tés  au  soleil  cxiiosé, 

Kix  forts  chevaux  tiraient  un  eoebe. 
Femmes,  moines,  vieillard-,  tout  était  descendu: 
L'attelage  suait,  soufflait,  était  rendu. 
Une  mouche  survient  et  des  chevaux  s'apiMoebe, 
Prétend  les  animer  \mr  son  bourdonnement, 
Pique  l'un,  pique  l'autre,  et  pense  à  tout  moment 

Qu'elle  fait  aller  la  machine  ; 
S'assied  sur  le  timon,  sur  le  nez  du  cocher. 
Aussit.U  que  le  char  chemine, 
Et  qu'elle  voit  les  gens  marcher. 
Elle  s'en  attribue  uniquement  la  gloire. 
Va  vient,  fait  l'empressée;  il  semble  que  ce  soit 
Un  sergent  de  bataille  allant  en  chaque  endroit 
Faire  avancer  ses  gens  et  hftter  la  victoire. 

La  mouche,  en  ce  commun  besoin. 
Se  pbiint  qu'elle  agit  seule,  et  qu'elle  a  tout  le  soin  ; 
Qu'aucun  n'aide  aux  chevaux  à  se  tirei  d'affaire. 

Le  moine  disait  son  bréviaire  : 
Il  prenait  bien  son  t«mps!  une  femme  chantait: 
C'était  bien  de  chansons  qu'alors  il  s'agissait  ! 


221 


MoncEAi'x  niroisis 

IMmem„„H,e»V.„VH..ha,,t,.rAlc.,,r,nr..ilK 
/r' ^"  "'•"  """i*M«mllr.s. 

^■ntro<l„i.sont,lHn»l.,Hftaires: 
Ils  f„„t  |,a,,„ut  I,.,  „ért.»,ai,.es. 

U  partout  i,„,.on„„.,  devraient  être  clm-.é«. 

l'A  Fontaine. 


l'E  nBAPEAU 

Voyez-vous,  disiiit  siinvi.nt  i„    • 

'a  table,  vous  „e  »:?;,::  ,v::trr'^'""'"'^"''''""'""^ 

P"au.  ri  faut  avoir  ,;to  luL  il ,  T'  '""  """■  '""'  ''^  ^ra- 
■"«rch^  sur  dos  cl.e  nin,  1  l,,  ,  "'""  '"'''^  '"  f"'""^™  ^t 
inautHvoirétc^,,o,;7;:  ;;/-;  P-  TT  '^'  '*  ''™"'=<'^ 
parlée  depuis  l'enfanee;  il  fa  ,t':C  rf'  '  /  ""-"'^  ^"''•"  » 
d'éta,«set  de  fatigue,    le  t„n  '•"'"'"^""""''J"""'^'' 

abse„te,c'estleIaXa;  de  s  i  u"?"'  "T  '''  '"  >"^'"'= 
■lui  elapote,  là-bas,  au  centre  ch  1  M™'"  "?"''""  '^^"î"''*'' 
dans  la  fumfe  du  00,0(1?  h"  '""'  ''  '""'  "'"^'«if  eu. 

■norceau  d'étoffe  ,l 'S 'r"  >"'"' '^''  -'"-™'  1"e  ce 
ce  que  renferme  d::^::  XZuTZ  ''  '"'"  '"''"'  *""' 
le  drapeau.  Ledraneau  me!  !  '"^■''''''  ''"  °»  "PPelle 

c'est,  contenu  ZTnlZZT"'''  """--che.-Ie bien, 
objet,  tout  oe  qui  ut  ^  ,"'?„:  '"'':  ^"''"''"''  '"''-  ""«  «eu 
'e  foyer  où  Ton  na.^  '  e:  ..t  T'  ''  ^" ,f^  ""''™"  "«  ""-  ^ 
■nier  sourire  d'enfant  là  Lr„  f  ""  '  ""  ^'''""'i'.  '«  Pre- 

le  premier  a„.i.  la    VeX  l~,''""''^'''^<'''"'«-^e, 

^"--^dard5:R~^^ 
o"u.v,..d:s.ie^r:;^Si;:::^^rs^:ïï 


m 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


d»  riKimcnt,  ««  «loire.  .t  ^.  titre»  flumboyant  en  l«tt.^"  »  «r 
.„r»c.  couleur,  fané...  qui  .«rtent  1.-»  nom.  de-  v^to.re 
cW  comme  la  con«ience  .le.  brave»  gen.  .lui  marchent  à  la 
mort~»  pli.  ;  c'e.t  le  devoir  dan.  ce  ..«Hl  a  de  P  "•  «"«"" 

«ne  idée  flottant  dan.  un  étendard.  Au..i  bien,étonne«^v.>u. 
"u'o  l'aime,  ™  dr«p..«u  parfoi,  en  haillon-,  et  .,u  "n  «  fa-  . 
Xu  1  u^  tro  .er  la  poitrine  ou  broyer  le  cr»ne.  Il  «--mble  que 
delc.vur.du  Jégiment  tiennent  i  «  hampe  par  de.  hl. 

'"  U  ÏlTdre,  c'e.t  la  honte  éternelle.    Autant  vaudrait  «.uffle - 
ter  unT  n  ce.  millier»  d'homme»,  que  leur  arracher,  d'un  «=ul 
Ip,  'eu    drapeau.     Non,  non,  vous  ne  comprendre,  jay,    . 
rè  que  peut  Ssrn  un  ho«m.e  qui  «ùt  que  .on  drapeau  e.t 
demeura  comn.e  une  partie  intégrante  du  .«y.  aux  n.«,n.  de 
rrncmi     C'e.t  une  .dée  fixe  qui  dé.  lor.  'e  '"rture  et  e 
déchire-  "l.e  drapeau  e.tliba..  11.  l'ont  pn»;  d.  le  gardent 
Nuit  et  jour,  i,  ylge.  H  en  rAve.il  en  -«P^^'-.^-;  ; 
ce  qu'un  drai>eau1  medirezvwu»  ;  un  .ymbole. .  .tt  qu  importe 
quMHgure  ici  ou  là-ba.,  dan,  une  revue  ou  une  apothéo« 
HM  «.it;  mai.  tant  que  l'e.pèce  humaine  aura  be«>.n  de 
«^tùchrr  à  quelque  croyance  »ainte,  m&le  et  vraie,  d  lui  en 
Ldrencore  de  ce,  .ymbole.  dontlavue«=ule  remue  en  nous 

u^Îi^au  pXd  de  mre.  tous  le.  K*"^--.r""™rll"n 
r^ùi  nous  porfe  ver. le  dévouement,  1.  «icnfice.  labnégat.on 

et  le  devoir  !  j„^jg  CLARrriï. 


LE  HASSETON 

C'était  le  temp,  de,  hanneton..     Il,  m'avaient  bien  diverti 
au^relot  mai,  ifcommençai.  à  n'y  prendre  plus  de  plai.ir. 

%"::tefo"i.:ÏÏndant  que,  .eul  dan,  ma  chambre,  j'y  fai.ai. 
Jlt's^vec  un  mortel  ennui,  je  ne  dédaigna..  P^  a 
compagnie  de  quelqu'un  de  ce.  animaux.     A  la  venté,  .1 


MORCEAUX  CHOISIS  228 

.•agij.it  pl,„  de  1'attach.r  *  „„  (Il  p.,,,,  ,«  ,«)„  ,„,,,,    ,„^  j, 

ce  ««t  là  tout  ce  q„  „„  ,K.ut  faire  d'un  Imnnct..n  ?  KrreurRrande 
n  re  ...  jc.,x  enfantin,  et  le,  e^tu.le,  .éri.u^,  d     n  tnm  .t' 
il  y  a  une  multitude  de  degrf,  à  r„,rco„rir.  '"'"'™""«''. 

•I  en  tenais  un,  ».ms  im  verre  renv.Ts/      T  '.-•      i      • 

;-..*...„. ...  n.™  ,„„  ™xï.i  r  i™?;; 

toujours  déy.,  de  »  iiccr„cl,er  k  m  corps  ,,„!  n'y  est  „«.,    "  (".^t 
vm,  ,,ue  les  hannetons  sont  Wtes  '.  "  ine  disais  je 

Le  plus  souvent,  je  le  tirai»  d'affaire  en  lui  présentant  le 
bout  de  „,a  plume,  et  e'est  ce  qui  me  conduisit  à  il  plus  «r  „dc 
"'M.lusl.ourense  découverte:    de  telle  sorte  qu'on  p    "a  ^ 

^  ^Z^'^nT  ""t'""""  "'"""  •■"  ^-'^  ^"-'-- 
l'iime,  e  je  1  y  laissais  reprendre  ses  sens,  .«ndant  nue  i'Icri 
vais  nue  ligne,  plus  attentif  à  ses  faits  et  glstcs     u'AcVu;  de 

.  ,  ;''™";'' J;:  1""«  de  la  Plumeî  A  quoi  tiennent  pour- 
* .  h  11  avait  pris  le  premier  parti,  c'était  fait  de 
'.  -«vJf  ne  1  entrevoyais  même  p.as.  Bien  lieuren 
seme„t  .,  ,e  nit  à  descendre.  Quand  je  le  vis  qui  Ir  Zi 
d  encre  J'eus  des  avant-courenrs,  j'eus  des  pressât  11 
mil  allait  se  passer  de  grandes  choses.  Ainsi  C'o  „mb,  sans  vo  ' 
la  cote,  pre3.sentait  son  Amériime     A'oici  «n  ««■  ♦  i   ',      '^°" 

La  tarière  arrive  sur  le  papier,  dépose  l'encre  sur  sa  trace 
-t    abaisse,  tout  en  cheminant;  il  en  résulte  une  série  de  points. 


'U\ 


224 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


„„  travail  d'unedélicatessemerveillense.  D'autres  fo.8,  chan 
lant  d'idée,  il  «e  détourne,  puis,  changeant  d'.dée  encore  ,1 
devient;    o'^st  une  S!...  A  cette  vae,  un  trait  de  lumière 

■"je'déiLe  l'étonnant  animal  sur  la  première  P-^e  de  mon 
cahier,  la  tarière  bien  pourvue  d'encre,  puis,  arme  d  un  brm  de 
paille  pour  diriger  ses  travaux  et  barrer  les  passages,  je  It 
C  à  se  prou,ener  de  telle  façon  qu'il  éenve  luwneme  mon 
nom  !  11  fallut  deux  heures  :  mais  quel  che  -d  .«uvro 

La  plus  noble  conquête  que  l'homme  ait  janm.s  fa.te,  d,t 
Buffon,  c'est.    .  c'est  bien  certainement  le  hanneton. 

KODOLPIIE  TOPPFEK. 


I,E  VOLEUR  ET  LE  SAYAST 

L'abbé  de  Molières  était  un  homme  simple  et  pauvre;  il 
n'avait  i«int  de  valet,  et  travaillait  dans  son  ht  fautedebo.s, 
"a  cite  sur  sa  tête  par-dessus  son  bonnet,  les  deux  cote, 
pend  nt  V  droite  et  à  gauche.  V«  matin,  11  entend  frapper  a  sa 
porte  :  "  Qui  va  làî-Ouvrez. . ."  H  tire  un  cordon  et  la  porte 

''°L"bbé  de  Molières  ne  regardant  point  :  "  Qui  êtes-vous?- 
Donnez-moi  de  l'argeut.-De  l'argent  Î-Ou,  de  l'argent.-Ah 

Ventends,  vous  êtes  un  voleur.-Voleur  ou  non  .1  n.e  aut  de 
'  g  nt.-Vraiment  oui,  il  vous  en  faut?  hé  Uen  cherche, 
àledans. . ."  H  tend  le  cou,  et  présente  un  des  cotés  de  la 
cuh-tteTle  voleur  fouille:  "  Hé  bien  !  il  n'y  a  pomt  d'argent. 
_Vr^;en.  non,  mais  il  y  a  ma  clef.-Hé  bien  !  cet  e  clef. . . 
-cérclef,  prene.-la.-Je  latiens.-AUe.-vous-en  à  ce  secre- 

'^Le'vXur  mei  la  clef  à  un  autre  tiroir.  "  Laissez  donc,  ne 
dérangez  pas!  ce  sont  mes  papiers  :  finirez-vousl  ce  sont  mes 
S^rsjl'autre  tiroir,  vous  trouverezdei;arge,;t.--^e^^^^^^^ 
_Hé  bien!  prenez.    Fermez  donc  le  tiroir. . .       Le  voleui 


MORCEAUX  CHOISIS  32  5 

en  P.ed.  va  fermer  la  p„rte,  et  revient  se  me tïre  àt„  w"? 
.an,  penaer  peut-.tre  ,„.,  „Wt  pas  <i.  ,:Z'yZ:7:^. 

Champfokt. 


lE  MONT  DES  OLIVIERS 

Alors  a  é..it  nuit,  et  Je™,  marchait  seul, 


Vêtu  de  blanc  ainsi  qu'un  mort  dans  soniinceul  • 
Les  d.sc.ples  dormaient  au  pied  de  la  colline       ' 

Jésus  marche  à  grands  pas  en  frissonnant  comme  eux 
Tnste  jusqu'à  la  mort,  l'œil  sombre  et  ténébreux         ' 
Le  front  ba.ssé,  croisant  les  deux  bras  sur  sa  roL 
Comme  un  voleur  de  nuit  cachant  ce  qu     dérobe 
Connaissant  les  nx-hers  mieux  qu'un  sentier  uT 
sarrete  en  „„  lieu  nommé  Gethsémani  ' 

I  se  courbe,  à  genoux,  le  front  contre  la  terre 
^.^  regarde  le  ciel  en  appelant:  "  Mon  Père   " 
Ma.s  le  cel  reste  noir,  et  Dieu  ne  répond  pas  • 

I  se  lève  étonné,  marche  encore  à  grands  na, 
*ro,ssant  les  oliviers  qui  tremblent'    îr^ir^  lente 
Découle  de  sa  tête  une  sueur  sanglante.  "' 

II  recule,  ,1  descend,  il  crie  avec  effroi- 

Ne  pouvie^-vous  veiller  et  prier  avec  moi  ?  " 
Ma,s  un  sommeil  de  mort  accable  les  apôtres 

e  rus  ae  I  homme  alors  remonte  lentement 
Comme  un  pastc.r  d'Egypte,  il  cherche^uLament 
S  lange  ne  luit  pas  au  fond  de  quelque  é  die 
Ma.s  un  nuage  en  deuil  s'étend  comme  le  vc^Te 
I)  une  veuve,  et  ses  plis  entourent  le  déserl 
Jfeus,  se  rappelant  ce  qu'il  avait  .ouffert 


i    i 


W' 


226  MANUEL  DE  LA  PAROLE 

Depuis  trente-trois  ans,  devint  homme,  et  la  crainte 

Serra  son  cœur  mortel  d'une  invincible  étreinte. 

Il  eut  froid.    Vainement  il  api>ela  trois  fois  : 

"  Mon  Père  !  "    Le  vent  seul  répondit  à  sa  voix. 

lûomba  sur  le  sable  assis,  et,  dans  sa  peine 

Kut  sur  le  monde  et  l'homme  une  pensée  humame. 

Et  la  terre  trembla,  sentant  la  pesanteur 

Du  Sauveur  qui  tombait  aux  pieds  du  Créateur. 

AURED  DE  VlliSY. 


lE  CID 


Un  soir,  dans  la  Sierra,  passait  Campéador; 

Sur  sa  cuirasse  d'or  le  soleil  mirait  l'or 

Des  derniers  flamboiements  d'une  soirée  ardente 

Et  semblait  du  héros  la  splendeur  flamboyante  ! 

Il  n'était  <pi'or  partout,  du  cimier  aux  talons  ; 

L'or  des  cuissards  froissait  l'or  dos  caparaçons; 

Des  rubis  grenadins  faisaient  feu  sur  son  casque. 

Mais  ses  yeux  en  faisaient  plus  encor  sous  son  masque . . . 

Superbe,  et  de  loisir,  il  allait  sans  pareil, 

Et  n'ayant  rien  à  battre,  il  battait  le  soled  ! 

Et  les  pâtres  perché»  aux  rampes  des  montagnes. 

Se  le  montraient  flambant,  au  loin  dans  les  campagnes, 

Comme  une  tour  de  feu,  ce  grand  cavalier  d'or,  ^ 

Et  disaient  :  "  C'est  saint  Jacques  ou  bien  Campéador, 

Confondant  tous  les  deux  dans  une  même  gloire, 

L'un  pour  mieux  l'admirer,  l'autre  pour  mieux  y  croire. 

Or,  comme  il  passait  là,  magnifique  et  puissant. 

Et  calme,  et  grave,  et  lent,  le  radieux  passant 

Entendit  dans  le  creux  d'un  ravin  solitaire. 

Une  voix  qui  semblait,  triste,  sortir  de  terre  ! 

Et  c'était,  étendu  sur  le  sol,  un  lépreux. 

Une  immondice  humaine,  un  monstre,  un  être  affreux, 


MORCEAUX  CHOISIS 

Comme  s'il  eût  comnril  „,  '"/T^""'  «"  trière, 
S'il»  touchaien  Icet  é  J   '"  ''"  "^^  ^«^  P'«l« 
Et  qu'il  ne  pourra  tplt  ;      ''"'™''"'  '«""■"^'' 
Cependant  le  Zol  da ,        '7'"  '"  '""««J 
^ennant  son  ïïr:,^t.aTa?a;tr '^'"^^^^^^ 

A  ce  lépreux  impt  e IT       """""  ^'"^  ''*'°«' 
Oui  la  In!  T       1  :  """'«g'eux  maudit, 

-Ve  pas  montrer  l'hor^,  „   '   "'  ''?'"""^  doux 
Kt  ne  pas  l'écarté   Ik- ^^ '"T™"  "'  t^^^^»™ 
Et  toudhé  dlns  !  ^"  ''"  ''"  '"  '''"^''; 

n»„o       j         '    "ff'eux.  riiumilié 

I*  malheureux  savait  r.„',i 
S-sluidonnerriTlT^rar-- 

^t^uidorn^nr^tSiTaifr- 

Vautra  »n  front  dartreux  sVrtr;;  ^r:' 

De  so^ca"  ."e  r"T-"""  '^«"""«^  ^'or 

Que.  sen?::  t7i::t  d  ^'  ^^"^  -''-' 
Mais  il  fi,a  lonXZrï;;!^  «J"'™»-'-  •  • 
"  --ha  son  gant  e't  lui  dtna  ia~m:;:'  "'"''""■ 

16  T    D 

•I-  Babbev  D'AuRïvatv. 


227 


MANUEL  DE  U.  PAROLE 


L»EXISTESCE  DE  DIEU 

Qu'a  est  grand,  qu'il  est  beau,  le  spectacle  que  présente  la 
nature  !   Et  qui  de  nous  peut  rester  indifférent  à  cet  ensen^blo 
de  merveille»  dont  elle  ne  cesse  de  frapper  nos  regards! 
Même  parmi  les  athées,  en  est-il  un  seul  qui  n'en  soit  quel- 
quefois profondément  ému,  et  qui,  dans  ces  moments  ou  les 
passions  sont  plus  calmes,  où  la  raison  semble  briller  dune 
lumière  plus  pure,  ne  soit  effrayé  de  se»  propres  systèmes,  et. 
par  un  sentiment  plus  fort  que  tous  les  soph.smes,  ne  soit, 
comme  malgré  lui,  rappelé  i  l'Etre  souverain,  qu.l  nest  pas 
plus  en  notre  pouvoir  de  bannir  de  la  jiensée  que  de  cet  um- 
versl  Nous  bornant  à  parler  ici  d.  ces  choses  qui,  pour  être 
senties,  ne  demandent  ni  science,  ni  pénibles  efforts,  et  qui 
malheureusement  nous  frappent  d'autant  moins  quelles  nous 
«,nt  plus  familières,  quel  enchaînement  de  phénomènes  merveil- 
leux, si  propres  à  nous  élever  jusqu'à  la  Divinité,  n  offre  pas  le 
monde  planétaire  auquel  nous  appartenonsi   ces  globes  lumi- 
neux qui,  depuis  tant  de  siècles,  roulent  majestueusement  dans 
l'espace,  sans  jamais  s'écarter  de  leur  orbite  m  se  choquer 
dans  leurs  révolutions;  ce  soleil  suspendu  a  la  voûte  céleste, 
comme  une  lampe  de  feu,  qui  vivifie  toute   »."»»";«■  '\^ 
trouve  placé  à  la  distance  convenable  pour  écUirer,  échauffer 
la  terre,  sans  l'embraser  de  ses  ardeurs;  cet  astre  qui  préside 
à  la  nuit  avec  ses  douces  clartés,  ses  phases,  son  cours  incons- 
tant et  pourtant  régulier,  dont  le  génie  de  l'homme  a  su  tirer 
tant  d'avantages;    cette  terre  si  féconde,  »"'  l'^^";  °" 
voit  se  perpétuer  par  des  lois  constantes  une  multitude  d  êtres 
vivants,  avec  cette  proportion  de  morts  et  de  °»'««»"«^ 
qui  fait  qu'elle  n'est  jamais  déserte  ni  surc-hargéed  habi- 
tants; ces  mers  immenses  avec  leurs  agitations  pénodiqu^es  et 
si  mystérieuses;  ces  éléments  qui  se  mélangent  se  m<^ihent 
se  combinent  de  manière  à  suffire  aux  besoins,  à  la  vie  de  cette 
multitude  prodigieuse  d'êtres  qui  sont  si  variés  dans  leur  struc^ 
ture  et  leur  grandeur  ;  enfin  ce  cours  si  bien  réglé  des  saisons 
qui  reproduit  sans  cesse  la  terre  sous  des  formes  nouvelles  ;  qui. 


un  tnaemble  de  parties,  dnnf  '"""e-t-'i  pas  an  concert, 

-le  s^  ro^p^ri  rj-^J  ~  «".^her  uni 
»e  pas  remonter  au  princiJ  .!?  "''  '**  '*<  comment 

«dmi«ble  unité,  à  13^,2^.'  "  '»"'«"'''«"  *>  cette 
«  vaste  Pr^vo,anoe.7.Tt  Ct T^rr^'r^*  *°"'  «J"» 
de  fo«»  que  de  sa«èssef  ""'""  *  "**  "■«  «»<«  «utant 


Fbayssinous. 


PHOSPHORESCENCES 

Un  vieux  matelot  m'a  conté 
t^tte  histoire,  une  nuit  d'été 
Que  nous  voguions  sous  les  étoiles. 
A««.s  sur  le  gaillard  d-avant, 
Tous  deux  nous  écoutions  le  vent 
Chanter  sa  chanson  dans  les  voile* 

Tout  à  coup  la  mer  s'embrasa. 
Chaque  vague  se  divisa 

En  d'incalculables  parcelles 
Bnllantes  comme  un  firmament; 
Cefutunéblouissement 
De  myriades  d'étincelles. 

"Matelot!  mon  bon  matelot I 
Bis-moi  donc  pourquoi  le  flot 

Uis-moi  donc  pourquoi  la  „er 
A  fa.t  place  au  grand  feu  d'enfer» 
D>eu  prenne  pitié  de  notre  Ame'-; 


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230  MANUÏX  DE  LA  PAROLE 

Kt  je  treiiiMais,  tout  l'iœrdu. 

Lf  matelot  m'a  répondu  : 

"  Va,  petit  mousse,  Dieu  nous  garde; 

Ke  tremble  pas,  mon  iMUvre  gars, 

Car  ce  feu-là  ne  bi-ûle  pas. 

Ne  crains  rien,  enfant,  et  regarde. 

"  A  ce  que  m'a  dit  un  savant, 

Avec  qui  je  causais  souvent. 

Du  temps  que  je  faisais  la  pêche. 

Tout  ça,  ce  sont  des  animaux. 

Même,  il  avait  d'étranges  mots 

Pour  les  nommer  ;  mais,  ça  n'empêche, 

"  Ma  mère,  je  crois,  m'a  conté. 
Bien  mieux  que  lui,  la  vérité, 
Et  sans  chercher  trente-six  sortes; 
Croire  sa  mère,  c'est  vertu. 
Ces  feux-li,  moussaillon,  vois-tu. 
Sont  des  morceaux  d'étoiles  mortes. 
"  As-tu  vu,  parfois,  dans  la  nuit, 
Passer  une  lueur  qui  fuit, 
Rayant  le  ciel,  comme  une  bombe  T 
Et  même,  à  ce  que  l'on  prétend, 
Il  est  des  moments  qu'on  l'entend. 
Eh  bien  t  c'est  un  astre  qui  tombe. 
"  Mais  le  bon  Dieu  n'a  pas  voulu 
Qu'après  sa  mort,  il  fut  exclu 
De  son  paradis  de  lumière  ; 
Il  le  fait  revivre  pour  nous. 
L'astre  dont  le  rayon  si  doux 
Berça  longtemps  notre  paupière. 

"  Puisqu'il  aime  les  matelots. 
Le  Seigneur  a  donné  les  flots 
Comme  cimetière  aux  étoiles  ; 
Aussi,  parfois,  quand  il  fait  beau, 


MORCBAUX  CH0IS18 

Hle,  brillent  dans  leur  tombeau. 
Sou»  les  clarté»  du  ciel  s«„,  voile.. 

"Et  sur  ce,  mousse,  assez  causé! 
J  en  ai  déjà  trop  digoùi; 

Va  te  remiser  dans  tes  toiles, 
^ar  notre  quart  est  achevé.  " 
Et,  cette  nuit-là,  j'ai  rêvé 
Que  nous  voguions  sur  des  étoiles. 


331 


A.  Vercbix. 


AHA8VÉBCS 

C.nq  sous  tintaient  dans  son  esca,.X  d"   „"   ' 
Un  jou,  ,1  gravissait  une  côte,  en  Norwl      ' 

Et  lmm.t  son  manteau  sur  répaulerlrchant 
Cela  fait  il  s'assit,  et  mourut  sur-le-cha^p. 

16*  Catcub  Mbnoés. 


I   I 


232 


MANUEL  DI  LA  PAKOLK 


YABUT1058  S«R  ««  TB^""  ^^^*^ 

A  travCT»  champs,  certain  gendarme. 
Vers  le  soir,  entre  chim  et  loup, 
Grave  et  prudent,  en  bon  gendarme, 
Marchait,  marchait. ..  à  pas  de  loup, 
lorsque  ses  bottes  de  gendarme 
Entrèrent  dan»  un  piige  i  loup. 
Clac  !  Voilà  l'honnête  gendarme 
Pris  par  les  pattes  comme  un  loupt 
Et  jugez  du  «me  du  gendarme, 
Be  trouvant  vis-à-vis  d'un  loup 
Pincé  juste  avant  lui,  gendarme  I 
"  Je  suis  k  la  gueule  du  loup; 
Je  suis  flambé,"  dit  le  gendarme. 
Hérissant  sa  t(U  de  loup,  ^ 

"  C'est  en  vain  que  je  me  gendarme  ! 

Or,  il  faut  croire  que  le  loup. 
Interdit,  craignait  le  gendarme; 
Car,  sauf  '■îs  regards  de  ce  loup 
Plus  luisants  que  ceux  du  gendarme. 
Luisants  comme  à  travers  un  loup 
De  velours  noir,  loup  et  gendarme 
Restaient  tous  deux,  gendarme  et  loup. 
Au  port  d'arme,  ainsi  que  gendarme  ; 
Et,  même,  il  semblait  que  le  loup 
Eût  plus  d'effroi  que  le  gendarme. 
"  Dame  !  en  hurlant  avec  le  loup, 
On  s'entend,  "  pensait  le  gendarme  ; 
Tandis  que  c'était,  pour  le  loup. 
Bête  nouvelle  qu'un  gendarme ... 
"  C'est  peut-être  plus  fort  qu'un  loup  7 
Il  n'était  donc  pour  le  gendarme 
Nul  danger  de  1»  dent  du  loup. 


IrORCEXDX  CHOISIS 

5f  "."''  P*™'  '""Koe  «u  gendarme, 
■Car  il  faiM.t  „„  f„id  j^  ,„„ 

iJaniwn  coin  resta  le  gendarme, 
"ans  «on  coin  demeura  le  loup, 

*^  loup  want  peur  du  gendarma, 
J^  gendarme  ayairt  peux  du  louix 

Au  jour,  en  tirant  le  gendarme, 
""  '*"<«  décamper  le  loup  ! 

Au  quwtier  rentre  le  gendarme. 
i)an8  ses  foyers  revient  le  loup 

Comme  il  e.t  flambant,  le  gendarme! 
Comme  il  se  pavane,  le  loup  I 

Un  brave  à  trois  poils,  le  gendarme! 
l;n  lapin,  le  loup  I    "  Foi  de  louu 

t..  antsj ai soup^  d'un  gendarme; 
<- était  bon  pour  mn  faim  de  loup" 
-    Décorez-moi,  dit  le  gendarme: 
<«tte  nuit,  j'ai  tué  deux  loups!» 

JvLsa  Tbuwik». 


tu  FtEcrs 

'eA^'et  it  boS  S^'  '"  Ti"''  "»"'  "--<•  P^™l 
profond  tapisls  feuniës  1^7".'""  P'"'  "*'»««''"^.  <"  '« 
Plit  sous  le^  pa,  du  l^  '"cet:""  "'"r^  ''''^•'■ 
la  forêt  n'est  pas  bien  loin  nlù  ^*'^'"«'"«"«.  '»  "«ère  de 
'■reux  où  fleurit  lal^e  Ihfla  h  "*r*"  "'"'  '"  '*™'"  P»- 
«évère  et  silencieuT    Ou' mÏ   'a  bniyère;  ce  „'e.t  pl„,  u  fo^j 

le  taillis,  d'un  vmteÏÏ     s        ,  ''?™^'    Onentredan, 
1- herbes  folles  sont  Sushau^riL  vtl     "!!'^'  ^""^"^'^'• 

--•^»3d.ies,z:^^inerri2:înr 


238 


I':  < 


234  KANUKL  M  U  PAROLE 

,      .  —  <.  «<ùU  le  «oleil     Fiiuvette»  et  innuon»  w 

Chut  !  un  nuago  a  voilé  le  »o  en.     t 
t.i«,nt  un  moment.     N'entendeï-vou*  p*.  ce  bruit    mi  ,  ce 
taiiHsnl  un  m      p,    ,.        „„,  boi,.     Gare  aux  branclie»!  ht 

Vniifi  V  Me-*  c'est  la  source. 

"■  trS  oiiC™  "-»■"■'■-■  ■■••"•-'■'^ 

Z;iL.-*;astvrt2eme„t  ,.v.  <-..  ..née  et  de  v.r- 
■^"cetndant,  tout  en  de«=endant  la  c.Ue  dans  sa  fuite  de 
s'est  grosa.de  »°7«%'"7  p,^„^' i^  eoutbe  harmonieuse. 


MoncEAux  cHorsw  233 

l'ont  Heuleineiit  nuflniie»  liVii»»  ,.1.,^  i  • 
"■Jole»cent,  „„e  1.,  vieux  ,K,„r.I       ■       •'"'".f^' M>.'u»  fleuve 

io«tou:t .:'  ;  '  z:::r^:':::^':r'-- ,"  --^  -» 

rau,c.a„x,  et  sur  s„„  eu.  Zl       .  ,  •'"•'''■''".■"■'t    leurn 

les  buis..„s  ,1..  .le  X      .:    ^  ^::     ''r;'""^"'  »■•"  «".  ''""H 
cl.«nte„t  tou,  le,,  virtu;»es  ll'^  '"  '"'  '"  '"""'"'"  '>"" 

T.';t  CTiu!!'  ir"  "r"""!''  '"'™^'^'  ^'^  '^^^  """""- 

Mais  II  devient  raiiidcmeiit  adulte  le  mL..  « 

le  bief  du  ."oui      o,,t  eTe't  "'""T  '™?""  ""'"  ""'^'^  <<""» 

Soudiiin,   au   détour  d'un   coteau    il    ™    •» 
affluent.    Deui  foi,  n.,     i  ,  '        ™î°"   ™''    l'i-emier 

Ueux  fois  plus  large  et  plus  profond,  il  mérite  luaiu- 


S86 


MANUEL  VK  LA  HAROLB 


i< 


tenant  d'être  »(>iieW  fleuve.  Il  va,  calme  et  l.ilKirieux  ;  car 
dëMirinui»  il  i)orte  bateau.  Sur  »«  berge,  le  long  île»  |icu|)lier» 
fréniisnantis  le»  chevaux  de  lialage  tirent  a  plein  collier,  eu 
■ni'Mit,  le»  chaland»  videi;  et,  «ur  le»  i)ënlchcf>  aux  vive»  cou- 
leur», qui  desccinlcnt  en  aval,  le»  mariniers  chantent.  Il  va. 
traçant  .le  gracieux  méandre»,  iwrl.ii»  »erré  entre  le»  coteaux 
k  vigne,  imrfoi»  «'attardant  et  prenant  «w  aise»  i\  travers  lua 
herlMge».  Le  long  de  «e»  rive»  fécsuide»,  nv  niultiplient  le» 
village»,  et  lu»  clocher»,  tran.iuille»  comme  de  vieux  bon»- 
honime»,  le  regardent  passer. 

Il  va.  11  abiH>rbe  une  rivière,  pui»  une  autre  encore.  PlU'» 
loin,  U  où  se  <le«8ine  sur  le  ciel  la  «ilhouitte  d'un  éclusier,  un 
canal  l'enrichit  de  «on  torrent  captif.  Il  va,  le  noble  fleuve. 
Il  traverse  de»  cité»  illustre».  Encombré  de  iwntons  et  d'eni- 
biircation»  de  toute»  sorte»,  il  coule  avec  plu»  d'imiiétuositu 
entre  de»  pierre»  historiiiue»,  se  rue  en  grondant  .tou»  Wh  arclii» 
Honores  de»  ponts  œonumentiiux;  et,  i«rde»8U»  le»  (luai» 
plein»  do  foule  et  de  tumulte,  Us  flèche»  à  jour  des  vieille» 
églises  jettent  sur  ses  flot»  leur  reflet  tremblant. 

Puis  il  s'élance  de  nouveau  dan»  la  libre  tamiiagne,  et  pré- 
sente son  miroir  à  toutes  les  féerie»  du  ciel.  Mou»  lardente 
lumière  de  l'été,  il  pétille  d'étintviles.  L'aurore  le  jonche  de 
rose.%  le  soleil  couchant  le  crible  de  topaze»  et  d'escarboucles  ; 
et,  par  les  nuit»  bleues,  il  semble  suivre  un  rêve  enchanté 
dan»  la  mélancolie  du  clair  de  lune. 

Le  fleuve  est,  i  présent,  dans  toute  sa  force  et  dans  toute  sa 
majesté.  Mais  qu'est  devenue  l'eau  claire  et  pure  de  sa  source» 
Depuis  le  premier  lavoir  dont  il  a  entraîné  la  mousse  salie, 
chacun  de  se»  contacts  avec  l'homme  lui  fut  une  souillure 
Combien  d'égouts  se  sont  dégorgés  dans  se»  flots  de  leurs  fange»  ! 
Los  usines  des  faubourgs,  qui  dressent  au  bord  de  l'eau  leurs 
hautes  cheminées  de  briques,  ont  lentement  et  constamment 
dirigé  vers  lui  des  ruisseaux  de  jwison.  A  d'anciennes  pièces 
d'or,  à  de  vieux  bijoux,  à  des  armes  rouillées,  qu'il  a  remué», 
en  [Kuwant,  dans  sa  vase,  il  a  reconnu  le»  traces  de  meurtre» 
vieux  de  plusieurs  siècles.     La  nuit,  du  haut  des  ponts  soli- 


MOKCEAUX  (.-HOISIS  237 

l-"-|i'm.o  nau»^.,  il  von.it  »ur  k    triJà^^""'"'''  '"""" 

hontes,  ,1..,  dé«.,„i„  etlTtilr      ''  ''*"  """""""^  ''- 

bt,hn  le  fleuve  e.t  nu  terme  ,1e  mh  eour»o      V  •  •  .. 
*t  .1  e-t  »>  v,«te  ,,ue  lA-hu.,  tout  là-L  "l  V„        "'"'  '""'"»'''• 
v»KUo  e,  lointaine,  le»  ..«;ire    qui  ont  fltri ''""-'  '*  '"' 
«eux  qui  ont  ,i|lonné  de,  uJT.ll  "■■''"  """"'•'■ 

flamme,  et  ceux  dont  la  dûr^  e  r.'""^?/"""  ''«»  «'«'«  d» 
".ilieu  daffreu^e,  ténu,  rc^^/.vel  /tr  "' .'",  •"*^""'  »" 
«tean-er.,,  parai,,.o„t  ,1e  fr,.;,|  '  '1;,  '"" t"*'"'  '""  ''"'«'"'tH 
8-'^es.  U  .lernière  bali„e t  t  "lin  '" *''^''"  ''"  '"""»  '''"^i' 
cOtcKri.e.  le,  tourelle bland,  7  f  ""'""«"''"''  "'.  »"'  •» 
A  l*i"e  vi-ible.,.  LWm"  Il  f"T'  """"  I*"'--  «"'» 
de.  marée,  re,K.„iT«  ,«^,74  r'''''  ""''  '"  ■"""^-"™' 
K'titen  vague,  irrit  J^  '  U  ,  „  °":' 'T' "  '"^""*  «« 
-antavec  le  «li,«,^e„'t  d'  rlpL  aH  ""  Î-T'"""*  "'" 
apporte  une  confu,e  clameur  }T,  ^     *"■»"•  ''  "''  '"  *""» 

chevelu™  d'&ume  accou  t"  '  k  ""'"  '''  '""''•  "«'=""»"'  '«>" 
etdegrande,m,^'tte:au:ll"  '"?'"  ''•"•■•'■-"  «-"""eux; 
d'aiK"-.  cri.,  et  semblent  leinûr,';'''""'  ""'  ">  «--  avec' 
va  l'engloutir. ....  "'"'  '"««««ers  de  l'abîme  qui 

-tdi r„:T:r':™''r ™^-  ^« •"^-.«■i. va 

a»e  lui,  en  appr^CV^tl™ '*"/''  "'°'^-  ^-' 
«on  paa«S,  et  elle  e.,t  profonde  «rkll  '""',  ^'""■'^  '*"  '""' 
"«S.nioire,  amère  comme  "Jr  nef  V  """^^"""''  '" 
<<«■  fut.  en  somme,  paisible  TZtôt  hf  f ''  "*"''''"'  ""  ^'«' 
'l"e  de  8<,ui!lures  n'a  t-elle  ni  !  '"«"fa-'ante.  Pourtant, 
pauvre  âme,  et  em^Vtée  à^!^  ^"'^  '*""''  '°"  '^'"'""■"-  «^-^"e 
»urt  et  pour  n^ZeZ'tZTr  '""  ^""  ''-"  0- 
i'-t^  ab«.,ue,  K  source   Se  ,.;  Jal^'^  rm^TI'^i 


•238 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


r„„k.  et  cacbo,  dans  les  fanges  de  so,.  Ut,  dos  immondices  et 
des  cadavre»,  Vftme-même  chez  les  moins  coui«l.le»  -est 
oléine  de  lionteux  secrets. 

'Rester  pur  en  ce  monde,  cV.  l'iraposssible  et  désest^rant 
effort-   le  redevenir  dans  une  vie  nouvelle,  qnel  .deal  quell. 
,„blime  esiiérancel  Ce  Heuve,  que  la  mer  qui  descend  aspire 
avec  de  profonds  râles,  se  purifiera  dans  le  sel  de  l'immense 
océan      Pauvre  ftme,  flétrie  i«r  l'existence  et  profondement 
troublée  au  seuil  du  grand  mystère,  tu  oses  rêver,  toi  au»»., 
d'innocence  immortelle  !  C'est  i»uniuoi  tu  songes  a^^o«rd  hui, 
itous  ce»  vieux  clochers  d'églises  et  de  cathédrales  que  le 
fleuve  a  réfléchis  dans  se»  ondes  et  que  tu  as  si  souvent  rencon- 
trés sur  ta  route  sans  obéir  à  leur  geste  solennel,    t.  e»t  Pom- 
,„oi  tu  réponds  en«n  au  signal  de  ces  antiques  flèches  de 
pierre,  qui  te  montrent  le  ciel  avec  confiance  et  t'ordonnent  la 
prière  et  la  foi.  François  Coppék. 


LA  CHANSOS  »C  FEB 

Le  Fer  est  posé  sur  l'enclume. 
Et,  prêt  au  lalœur  journalier, 
D^à  le  forgeron  allume 
Le  feu  rouge  de  l'atelier; 
Puis,  joyeux,  l'ouvrier  commence 
La  chanson  qu'il  dit  en  cadence, 
Au  bruit  du  marteau  régulier  : 

"  O  Ferl  tu  possèdes  une  &me. 
Car  j'entends  souvent  ton  sanglot! 
Quand  tu  sortiras  de  la  flamme, 
Ic'.-bas,  quel  sera  ton  lot?. . ." 
— Forgeron  1  que  ma  voix  répondel 
Tu  forges  le  malheur  du  monde. . . 
La  guerre  éclatera  bientôt. 


MORCEAUX  CHOISIS 

"  O  Ferl  une  moisson  parue 
D'un  pays  solde  la  rançon  : 
Te  mettra-t-on  à  la  charrue 
Comme  soc  ou  comme  étançon?. . ." 
— ForRBronl  l'erreur  est  vulgaire  •  ' 
Tu  forges  la  faux  de  la  guerre 
Qui  détruira  toute  moisson. 
"  O  Fer!  seras-tu  la  croix  sainte 
Où  Dieu  saigne  éternellement, 
Que  les  mères,  folles  de  crainte. 
N'implorent  jamais  vainement?. . ." 
-Forgeron!  Pourquoi  ces  chimères  » 
Tu  forges  les  larmes  des  mères 
Qui  suppliront  le  ciel  clément. 
"  O  Ferl  sois  clocher  de  village I 
Le  temps  est ,  ...ir,  l'air  embaumé. 
Tu  chanteras  dans  un  nuage 
Le  doux  retour  du  mois  ,:e  mai  1  " 
—Forgeron!  l'orient  frissonne! 
Tu  forges  le  battant  qui  sonne 
Le  long  tocsin  de  l'opprimé. 
"  O  Fer!  tu  serviras  sans  doute 
Au  savant  qui  trace  un  chemin, 
Pour  faire  une  nouvelle  route 
Ouverte  à  tout  le  genre  humain  ! ...  » 
—Forgeron  I  Dieu  seul  est  le  maître. 
Tu  forges  un  boulet  rieut-être. 
Qui  tûra  ce  savant  demain. 
"  O  Fer!  dans  sa  bonté  profonde. 
Dieu  te  garde  un  destin  plus  beau: 
Au  nouveau-né  qui  vient  au  monde. 
Tu  pourras  servir  de  bercef  u  I . .  " 
-Forgeron!  la  bataille  est  proche; 
Hélas!  tu  forges  la  pioche 
Qui  creusera  plus  d'un  tombeau. 

Albebt  Delpit. 


140 


MANUEL  DI  LA  PAKOLS 


LES  PLAIDECBS,  A.  I,  SC.  I. 


IITIT-JEAM 

Ma  foi,  sur  l'avenir  bien  fou  qui  se  flra  : 

Tel  qui  rit  vendredi,  dimanche  pleurera. 

Un  juge,  l'an  passé,  me  prit  à  son  service  ; 

Il  m'avait  fait  venir  d'Amiens  pour  être  suisse. 

Tous  ces  Normands  voulaient  se  divertîi-  de  nous  : 

On  apprend  à  hurier,  dit  l'autre,  avec  les  lonj». 

Tout  Kcard  que  j'étais,  j'étais  un  bon  apCtre, 

Kt  je  faisais  claquer  mon  fouet  tout  comme  un  autre. 

Tous  les  plus  gros  messieurs  me  parlait  chapeau  bas  ! 

Monsieur  de  Petit-Jean,  ah!  gros  comme  le  brasi 

Mais  sans  argent  l'honneur  n't.t  qu'une  maladie. 

Ma  foi,  j'étais  un  franc  portier  de  comédie  ; 

On  avait  beau  heurter  et  m'ôter  son  chapeau. 

On  n'entrait  pas  chez  nous  sans  graisser  le  marteau. 

Point  d'urgent,  point  de  sui*»  ;  et  ma  jiorte  était  close. 

Il  est  vrai  qu'à  monsiem  j'en  rendais  quelque  chose. 

Nous  comptions  iiuelquefois.  On  me  donnait  le  soin 

De  fournir  la  maison  de  chandelle  et  de  foin  ; 

Mais  je  n'y  perdais  rien.  Enfin,  vaille  que  vaille. 

J'aurais  sur  le  marché  fort  bien  fourni  la  paille. 

C'est  dommage  :  il  avait  le  coeur  trop  au  métier, 

Tous  les  jours  le  premier  aux  plaids,  et  le  dernier  ; 

Et  bien  souvent  tout  seul,  si  l'on  l'eût  voulu  croire. 

Il  s'y  serait  couché  sans  manger  et  sans  boire. 

Je  lui  disais  parfois  :  "  Monsieur  Perrin-Dandin, 

"  Tout  franc,  vous  vous  lever  tous  les  jours  trop  matin. 

"  Qui  veut  voyager  loin  ménage  sa  monture  ; 

"  Buvez,  mangez,  dormez,  et  faisons  feu  qui  dore.  " 

Il  n'en  a  tenu  compte.  Il  a  si  bien  veillé 

Et  si  bien  fait,  qu'on  dit  que  son  timbre  est  brouillé. 

Il  nous  veut  tous  juger  les  uns  après  les  autres. 

Il  marmotte  toujours  certaines  patenôtres 


MORCEAUX  CHOISIS 
Ou  je  ne  comprends  rien.  Il  veut  h^^  .^       ,      , 

Po,.r  l'avo,r  éveillé  plu,  tard  qu'à  l'ordi  aire- 
Il  disait  qu'an  plaideur  dont  l'aCaire  alla'    ma. 
Avait  graissé  la  patte  à  ce  pauvre  l^imd 
Depu.,  ce  bel  arrêt  le  pauvre  hommratau  faire 

ip-:es:::^uKd^S- 

Ma.     veille  qu,  voudra,  voici  mon  oi^iller. 

'trirrr^r,::;;"oiir^*'"'^"^--' 

/)ormons.  '         "^^""^  Personne. 

J-  Racine. 


241 


lA  (MUTE 

II»  avaient  adossé  leur  baraque  au  vieux  mur 

Tout  autour,  les  enfants,  curieux  et  rôdeur^ 

Se  Wjent  sur  les  pieds  pour  r^haumëut  taille 


li 


842  MANUEL  DE  LA  PAROLE 

Entraient,  fumant,  chacun  déposant  sa  monnaie. 

Hélas  !  tous  ces  gens-là  n'avaient  l'ftme  ni  gaie 

Ni  triste  :  on  en  voyait  b&iller  nonchalamment  ; 

D'autres  suivaient  des  yeux  avec  étonnement 

Une  femme  habillée  en  reine  de  théitre, 

Grande  et  maigre,  au  teint  mat,  d'une  pâleur  d'alMtre, 

Cachant  ses  cheveux  noirs  sous  un  bandeau  duré  ; 

Tandis  que  l'homme,  avec  son  visage  cuivré 

Par  le  soleil,  robuste  enïant  des  races  fières, 

Le  col  nu,  les  cheveux  retombant  en  lanières, 

Paraisjult  à  l'étroit  dans  son  justaucorps  blanc. 

Il  ravivait  l'éclat  fumeux  et  vacillant 

D'une  torche,  en  fixant,  non  sans  inquiétude, 

Ce  trapèze  élevé  plus  haut  que  d'habitude. 

Qui  rayait  d'un  trait  noir  le  ciel  gris  et  glacé. 

Tout  à  coup,  du  tambour  le  roulement  pressé, 

Bref  et  clair,  retentit;  puis  les  tuiles  s'ouvrirent. 

Et  les  badauds,  ravis,  tout  au  fon<l  découvrirent 

Un  jeune  enfant,  .Igé  de  douze  ans  à  peu  près  ; 

Il  se  tenait  dans  l'ombre,  indifférent,  auprès 

De  l'escalier  vieilli  de  la  grande  voiture. 

Courbant,  en  ce  moment,  sa  blonde  chevelure 

Sur  la  tête  d'un  chien  qu'il  caressait  encor. 

La  tunique,  où  brillaient  mille  paillettes  d'or. 

Serrait  la  taille  souple  et  frêle  et  sans  entrave 

De  ce  petit,  bien  jeune. . .  et  pourtant  déjà  grave  ; 

Un  de  ces  doux  enfants  qu'on  voit  par  nos  chemins, 

L'hiver,  braver  le  froid  en  soufflant  dans  leurs  mains  ; 

Ils  vont. . .  insouciants,  sans  joie  et  sans  patrie. 

Avec  l'étonnement  d'une  enfance  flétrie; 

Car  ils  apprirent,  même  avant  que  de  prier, 

Que  l'on  doit  avant  tout,  dans  leur  rude  métier. 

Respecter  les  messieurs. .  .et  les  sergents  de  ville. 

— Le  petit  s'avança,  rougissant  et  débile. 

S'approcha  de  sa  mère  et  lui  parla  tout  bas. 

Puis  attendit. — Malgré  son  visible  embarras. 


MORCEAUX  CHOISIS 


I".  fntiguo. .  .et  nui»  „•  ™    •  ••"'""  "«''«'=. 

■w;ueii,it  tout  d-HWd  :  ;:irr  ■:  '''"""«"™ 

t'est  «musant,  dn  tr,  ■  i      •  ^™'"'  "'e"-'"' 

^^"«''"««r^i: '':,"'' '"'''•''«''«■'''- ici..... 
;),  'i^ite,  au  P^njrrj:  ;:::^r  '^  »*  "'-- 

"«t«  et  OTHsi».  ,1^  .  '''Hiant  une  face 

Ktp.i»ndit..'"-pj;i:r!'''-?''''^ 

t'èreuient  rejeta  If  ,  /V      .       """  '*  '^»e. 

«•'  put  le  voir  d'en  L    ."  '"  ™'^«  '^"'l"-. 

Jît  ia  corde  cSer     ^  rr"'  '""  '''™'^-- 
Soudain,  ,„n  petit  1     .  '?"''  """'"a"'  ;  •  •  • 

l'an,  le  vide  XluZV^'f"'.-  "  "  "  '«-noie 

If  tein|>e  avait  frappé  denr  f      i  '      ''    "*»'  affreml 

o'e  caillou  ,..,a:tiitii:'r'^"^ 

•;  n  «ang  p„r  s'échapmit  A  H,l  /  ,      ^'"*'' 
I^  '«ère,  au  ciel  poussa  «.Z^  "  "oment, 
"""'■' »"<••«'"»«  fut  déserte 

|"«  était  là.  d,iH,«t,  t,„a„;  h;;;^r  ■■■■■■■ 


Ha 


?  i 


244 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 

Il  ert  de  ces  douleurs  qu'on  ne  fonsole  r<v»' 
Si  vous  avez  l«rdu  ce»  cliers  ,«tit»  quon  yleure 
tJ^ZI  vous  comprendre,  l'an^cnsse  de  cette  heure. 
Les  tortures  sans  nom  de  ce  cœur  déchire. 
lAM.fant,  r&le.  semblait,  contre  son  »e,n  serré, 
Donnir  ^'n.me  autrefois  ;  et  des  ,««,.,ires  creuses 
Ue  la  femme,  je  vis,  grosses,  silencieuses, 
Des  larme»  qui  glissaient  sur  l'or  <  -;">;^;"''- 
Pour  l'homme,  il  se  tenait  assis  i-res  des  tréteaux, 
La  tête  dans  ses  mains  larges  et  frémissantes. 
Morne,  regardant,  près  des  torches  palissantes, 
Brille   les  quelques  sous  des  badauds  .lisperses. . . 
Les  ombres  de  la  nuit,  bientôt,  ,.es  ceux  glaces 
Sur  ce  groupe  éploré  lentement  descendirent. 
Les  bruits  de  la  cité  tout  là-lm»  se  perdirent, 
Et  l'on  n'entendit  plus  de  sanglots,  .que  les  miens. 
-Mon  Dieu,  prenez  pitié  des  petits  bohemiensl 

AMÉDÉE   BÉE.SAU. 


LGeUÉ 

Ils  tombent  épuisés,  la  bataille  était  nide 

Près  d'un  fleuve,  au  hasard,  sur  le  dos.  sur  le  flanc, 

Ils  gisent,  engourdis  par  tant  de  lassitude 

Qu'Us  sont  bfen  dans  la  boue  et  dans  leur  propre  «ing. 

T,eurs  grandes  faux  sont  U,  luisantes  d'un  feu  rouge, 

En  plein  midi.  Le  chef  est  un  vieux  ,.aysan, 

I  vaille.  Or  il  croit  voir  un  pli  du  so  qui  bouge^  •  •    „ 
Les  Eusses    II  tressaille  et  crie  :  "  AUe.-vous-en  . . . 

II  les  rousse  du  pied.  "  Ho!  mes  fils,  qu'on  se  lèvel  " 
Vt  chacun,  se  dressant  d'un  effort  fatigué 

Le  Sein  de  sommeil,  et  l'esprit  plein  de  rêve, 

T&te  l'onde  et  s'y  traîne  à  la  faveur  d  un  gué. 


MORCEAUX  CHOISIS 

^  i"d  que  e  ,«a«age  au  lK,urreau  qui  |.«  ,uU 

ttquH,„«  leur  «U.,t  ne  doviem,e  leur  ,«rte 
II»  souffrent  aa„»  «é.nir,  et  ,e  hâte.,t  «a,,.,  bruit 

-Mrtw  tou8,  niêni»  les  morts,  mit  fi.r  i.,      .       .' 

te  c,.ef.  de„,eu„.  .ui.  z:T::ci:z''"'"''- 

C  e,t  trop  tard.  Une  „.,i„,e,etie„,pri,<.„„i„. 

I^^.Io««e  lentement  jusque,  à  la  poitrine,         '      ' 
Car  Ie8  pâle»  ble»,é.s  vont  lentement  Ik-bL. 

UWhe  close,  il  sent  monter  à  «,„  oreille 
Un  lugubre  nmrnmre,  un  munnure  de  flux  : 
Xe  front  blanc  d'une  écume  à  ses  cheveux  pareille 
Il  est  sur  se,  genoux.  Itien  ne  surnage  pluf         ' 

Du  reste  de  son  souffle  il  vit  une  seconde, 

A^rs,  ô  fo,  subhme!  un  bras  qui  sort  de  l'onde 
Ebauche  dans  l'air  vide  un  grand  signe  de  lix. 

JVidmir^s  le  soldat  qui  dans  la  mort  s'ékhce 
F.er.  debout,  plein  du  bruit  des  claironslirt^n,,, 
De  quelle  race  es-tut  toi  qui,  seul,  en  silence 
Te  batsses  pour  mourir  et  sais  mourir  longtempsl 

Spiiv  PtVDBOUiU, 


245 


tw 


MANtTfX  bK  LA  PAROLE 
PIERROT  8TATCE 


Vn  jour,  L'n  digérant,  IcH  coudes  sur  la  table, 
Piernit,  l'ami  Pierrot,  aprùn  un  coup  de  vin, 
D'un  vin  (lu  Jurançon  qu'il  trouva  détestable 
(Il  en  iiiiniit  moins  bu  qu'il  l'eût  trouvé  divin), 
Donc  nu  beau  jour,  Pierrot,  cet  esprit  famélique. 
Ayant  de  ses  deux  mains  frotté  ses  deux  gros  yeux. 
Après  un  b&illement  pre^ine  mélancolique, 
He  tint  à  lui  tout  seul  ce  langage  ennuyeux  : 

"  Qui  »uis-je,  moi)  Pierrot,  — un  enfant  d'Italie, 

Mais  un  enfant  gâté,  très  ccmnn,  très  aimé  ; 

Mon  nom,  comme  un  grelot  qui  sonne  la  folie, 

Kéveille  le  plaisir  par  le  rire  embaumé. 

Que  je  montre  ou  mon  nez,  ou  mon  d(vs,  ou  ma  face  ; 

Que  je  lève  le  pied,  que  je  croise  les  bras  ; 

Que  je  sois  immobile,  agité  ;  que  je  fasse 

De  modestes  saints  ou  de  grands  enibarriis  ; 

"  Que  j'aille  à  droite,  à  gauelie,  en  Allemagne,  en  Chine  ; 
Que  je  veille  la  nuit,  que  je  dorme  le  jour  ; 
Que  je  donne  aux  passants  de  grands  coups  sur  l'échiné. 
Que,  de  même,  parfois  j'en  reçoive  à  mon  tour  ; 
Que,  sans  aucun  respect,  sims  la  table  je  roule, 
Timjour»  on  est  heure' ^x,  et  ma  franche  gaîté. 
Comme  un  phare  éclatant  illumine  la  foule. 
Cet  imiiosant  berceau  de  ma  célébrité. 

"  Or,  je  suis  un  héros,  —  le  héros  du  sourire  ; 
in  héros  sans  valeur,  rien  n'est  mieux  constaté. 
La  valeur,  qu'est-CBl  un  mot,  et  bien  souvent  c'est  i>ire  : 
Un  mensonge,  —  un  habit  plus  ou  moins  mal  p^rté. 
D'ailleurs,  c'est  i  mon  sens  avoir  un  grand  courage. 
Que  d'oser  franchement  dire  qu'on  n'en  a  pas. 
Que  de  gens  aujourd'hui  qu'en  public  on  outrage. 
Sont  plus  l&ches  que  moi  sans  reculer  d'un  pas! 


V 


MORCEAUX  CBOISIS 


247 

Mai.  «„,  b^irs    „"  îatLVtu"""  "?"'""«"'^ 

Et,  «ur  «  bouche  en  cœTflr     ^  ""^^  "''"'»"•  ■  ■ 

H  redit:  "  Aide»  moi  Z  *'"^''  "^  '""«»«. 

Aiaei-moi,  mon  cerveau,  a'il  vou,  platt.  » 

Soudain  aplatiwant  «  coiffure  pointue 

f  7°"»  f""'  de  l'oreille  et  de,  yeux 

tt  sur  mon  DiMn«f<ii  «-  •  • 

muu  pieaestal,  encor  mieux  on'an  tUAài 
^entendrai  lee  récit,  que  l'on  fait™'"  mou^utr» 

To,',r-''"°'  ''""°''  '°"*  «"P"  de  farine 

Tout  p.mp.„,  tout  goniié  d'orgueil  et  de  Wo  vie«. 


u» 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


Se  fit  un  piédeatal  d'une  borne  en  ruine. 

Et  sur  ce  dur  tréteau  s'élança  radieux  ; 

Pui»,  pour  ae  mieux  complaire  en  «a  métamorphose. 

Se  drapant  dans  les  plis  de  sou  %)usteroent. 

D'un  vieux  consul  romain  il  prit  la  noble  pose 

Et,  d'aplomb  sur  ses  pieds,  se  campa  ftirement 

Dès  qu'il  fut  bien  posté  sur  ce  trône  rustique. 
Ferme  et  droit  comme  un  pieu  dans  la  terre  enfoncé. 
Immobile  surtout  comme  un  pilier  gothique, 
Ou  bien  comme  un  pantin  dont  le  (il  est  cassé, 
Notre  héros,  ce  niais,  ce  bélttre,  cet  »ne. 
Attendit  plein  d'espoir  et  pressé  d'en  finir. 
Le  bonhomme  eût  touIu  connaître  la  sœur  Anne, 
Pour  lui  dire:  "  Ma  sœur,  ne  vois-tu  rien  venirl" 

Enfin  quelqu'un  passa  ;  c'était  le  beau  l,éandre. 

Ce  burlesque  Narcisse,  après  s'être  admiré, 

Jeta  sur  la  statue  un  regard  doux  et  tendre 

Que  pour  sa  chère  image  il  avait  préparé. 

Quant  à  l'ami  Pierrot,  il  aspirait  d'avance 

L'encens  de  la  louange  et  d^à  s'enivrait 

De  ce  parfum  d'orgueil  dont  l'homme  abuse  en  France, 

Et,  pour  s'en  mieux  repaître,  il  se  tenait  tout  prêt 

"  Oh!  s'écria  Léandre,  ajustant  sa  frisure, 

Quel  est  donc  le  maraud,  le  cuistre,  le  pendard. 

Qui  fit  effrontément  une  pareille  ordure? 

Cet  artiste,  i  coup  sûr,  ne  savait  point  son  art. 

Son  bonhomme  est  fort  laid  ;  le  plus  pauvre  invalide 

Est  cent  fois  mieux  bâti  dans  sa  difformité. 

Le  torse  est  ridicule,  et  la  tête  est  stupide. 

Pour  une  telle  horreur,  que  de  marbre  gâtél 

"  Adieu,  maigre  statue,  il  faudra  te  refaire.  " 
Et  Léandre  partit  après  ce  dernier  mot. 
Quant  à  Pierrot,  ma  foi,  messieurs,  en  cette  affaire. 
Je  vous  laisse  à  penser  ce  que  pensa  Pierrot. 


HOBCBAUX  CHOISIS 

Sur  cet  md«„„  iront  cou„„„,  d.i„,„,„„^' 
^  rouge  uepmp^  et  Pierrot  re«tabknc 
h2  il  fut  tout  honteux  d'un,  telle  chicane 

«>1  '"'"'^^  ""  '''"'"'  »"»'te  la  garde. 

<-ommc  un  vrai  rhion  /...>;i     »  «arae, 

Et  «met  aussitôt  à  lui  japper  au  nez. 

La  conversation  fut  vite  intermœpue 

fterrot  en  les  voyant  fit  un  pen  la  gri««:e, 
^  •*"«^»"'  "  «prit  «.n  immobUibi    ^ 


M9 


tso 


MAXUEL  DE  LA  PAROLE 


"  Tubleu  I  dit  Arlaquin,  je  coniikii  cette  («ce  t 
— Je  U  coniuii  ■mai,  Ht  Cummlre  irrité. 

Ce«t  l'horrible  Pierrot.— Sungodemi  I  brau-pèro. 
Reprit  mona  Arlequin,  {nrloni  bao,  n'il  voua  platt. 
Nous  allona  tnna  lea  deux  rire  avec  le  compère. 
Et  ton»  deux  le  traiter  comine  uu  rustre  qu'il  est.  " 
Puis,  tout  haut.  Arlequin  tgoute  d'un  air  tendre  : 
"  Beau-père,  voyez  donc  ce  chef-d'œuvre  parlant, 
Ce  portrait  de  Pierrot.— C'est  vrai,  répond  Caaaandre, 
L'artiste  qni  l'a  fait  avait  un  fier  talent. 

Certe,  il  est  évident  que  ce  chef-d'œuvre  rare 
Eat  taillé  dans  l'albàtro.— Oh  !  non,  dit  Arieqnin, 
C'est  du  marbre  tout  pur,  du  marbre  de  Carrare  j 
Voyeï  aa  dureté.  "  Notre  ni«é  coquin 
Accompagne  ces  mots  d'un  grand  coup  de  sa  batte, 
Que  notre  iimi  reçoit  tout  en  »e  consolant  ; 
Mais  Caseandre  aossitOt  d'un  coup  de  poing  constate 
Que  Pierrot  est  d'nib&tre  et  non  de  marbre  blanc. 

"  Non,  reprend  Arlequin,  non,  moins  lisse  est  l'albâtre  ;  ' 
Et,  paf  I  k  la  statue  il  donne  deux  souffleta. 
Puis  Caaaandre,  affirmant  qu'elle  doit  être  en  pUtro, 
D'un  large  coup  de  pied  lui  meurtrit  les  mollets. 
Enfin,  pour  en  finir,  dans  leur  ardeur  guerrière. 
Ferme,  sur  ce  grand  corpa  d'outrage  éclabouaaé, 
Ils  diacutent  tous  deux  de  ai  bonne  manière. 
Que  de  son  piédeatal  Pierrot  eat  renversé  I 

Tel  est  le  dernier  mot  de  ce  récit  burlesque, 
D'où  la  moralité  surgit  sans  accident. 
Voua  la  dire,  meaaieura,  serait  trop  pédantesque  ; 
Ne  voua  en  point  parler  est  peut-être  imprudent. 
Néanmoins,  sana  remords  je  me  tais  pour  ma  gloire; 
Mais  si,  par  grand  hasard,  vous  connaissiez  un  sot. 
En  deux  mots  aeulement  contet-lui  mon  hiatoire, 
Et  souvenei-voui  bien  de  notre  ami  Pierrot 

LÉoiK>u>  LalotjL 


MORCKAUX  CHOISIS 
ENFiRCE  UBORievSE 


S51 


«suit  né  4  N»„cy,  le  „  j.„vi,M7"  ,     ,        ,^"  '""'  ""^^"••• 

métier  de  la  boulangerie.  Dieu  I  .r  .  „,  i,  ' l"  •  ''"  '  ''"  '""l- 
Antoine  Drouo.  éuit  le  troi.:;,,,,.  I  ,  j  ,  '"^""  t  '^■'«"'•i 
P»r  de,  parenta  chrétien.,  il  vi,  .V  Li ,,  ,  ,  ;""  '     ''*"'''• 

Paternelle  un  «peCade  qui,  lui  ,k.w  ii  d.!''  '  ''■•  '  '  r""" 
du»  autre  eort,  ni  le  regret  ,l,  „e  ,        '  ""■   "'  "'""*'* 

v^t  IWre.  la  paix,  le'coL  t  .J  -^  li'^Tr""''  "  •' 
partager  avec  de  plu,  pauvre,,  une  foi'on  '""  ™'"" 

»  D.e„  élevait  tout  ju.,„'A  lu  ,  la  «^M  i  l'T'""  *'"" 
noblewe  de  l'Ame  et  il  Ln^,  À       •      '         '  '"  «'^"«"«ité.  la 

«ein  d'une  po,i"on  e  j^e  fl  V"'*'""'^"'''"''"*"'^^^ 
pour  l'homL  quand  idel„.r  *"'■'*•  "'"'  '""'  ''"'•°«  '«"' 
deurà  la  religir  jlaU  L 1  "  ""  T  "*'""  ""  »  «""• 
de  «,u  âge  „e*.'effa„  d^  U  «rjT  1'  7  .T'""'  **'"'- 
laKlorieuMfuméedeabat!ill  •*"  «^"^™'  D^uot;  dan. 
qui  tenait  toute  l'Eu^tÏa^SrV"'  "'*'""'  ''*  '"'""»«'<' 

-ur  et  „u  «nti.e„xi::"rir;'c„r  ""  ^^  '*" 

avait  abrité,  avec  le,  v«rtn.  j  ,  """"ble  niaïKin  qui 

ei«  de  ^  tro^: 'Z:T  tZÙT  '"  '".'"*"''  '«  «"■ 
en.en.ble  toute,  le,  pha«,  d!"  ■.     ^°'"""'  '»n'P«™nt 

connu  le  véritable  bonir'd"  ",'t'"*"'.  "  ^'ivait:  "J'ai 
pauvreté  de  me,  Î^i'ri"^"^"'  """'"^"'^  «'  '» 
charme  qui  rappelai,  le  hé^  vë„t.  «0^17  '''  '*""  " 
même,  approchons-en  de  plu,  S,  ™  ?"'"7"'«™c"t,  de  lui- 
ve,tige,  ,ub,i,U„t,  ce  quïl  y  ava  1?  ? ' ''"' '•"^'''"'« 
cette  enfance  demeurée  ,?  chère  '  "  ""»'''«  «" 

un'rri:;rrr::;:::r7;;r'^*''^'"''''''-'-'-pa^ 

•a  porte  de.  Wre,  de,  L^f,^''   .■:;  »'''•  "  «^'«it  frapper  à 

refu«it  I-entrA,  pa„»  qÏu  é  ait  Ir  ?'  '^~"""•  ""  '"'  "" 

«--coup.    OuTreîut    „  r'C'^L?J:r''"  "'•""»" 
Y       "nn.    aea  parents^  témoin,  de  Km 


i: 


S52 


HANUEL  DK  LA  FAROLI 


■ppliciition  tonte  volontaire,  lui  permirent,  avec  l'&ge,  de  fré- 
quenter des  levons  plus  élevées,  mais  sans  lui  rien  épargner  des 
devoirs  et  des  gSnes  de  leur  maison.  Rentré  de  l'école  ou  du 
collège,  il  lui  fallait  |)o;'ter  le  pain  chez  les  clients,  se  tenir 
dans  la  chambre  publique  avec  tous  les  siens,  et  subir  dans  !«« 
oreilles  et  sim  esprit  les  inconvénient»  d'une  perpétuelle 
distraction.  Le  soir,  on  éteignait  la  lumière  de  bonne  heure 
par  économie,  et  le  pauvre  écolier  devenait  ce  qu'il  pouvait, 
heureux  lorsque  la  lune  favorisait  par  un  éclat  plus  vif  la 
prolongation  de  sa  veillée.  On  le  voyait  profiter  ardemment 
de  ces  rares  occasions.  Dès  les  deux  heures  du  matin,  quel- 
quefois plus  tôt,  il  était  debout  ;  c'était  le  temps  où  le  travail 
domestique  recommençait  à  la  lueur  d'une  seule  et  mauvaise 
lampe.  Il  reprenait  aussi  le  sien;  mais  la  lampe  infidèle, 
éteinte  avant  le  jour,  ne  tardait  point  de  lui  manquer  de 
nouveau  ;  alors  il  s'approchait  du  four  ouvert  et  enflammé,  et 
continuait,  &  ce  rude  soleil,  la  lecture  de  Tite-Live  ou  de 
César. 

Telle  est  cette  enfance  do.it  la  mémoire  poursuivait  le 
général  Drouot  jusque  dans  les  splendeurs  des  Tuileries.  Vous 
TOUS  en  étonnerez  peut-être;  vous  vous  demanderez  quel 
charme  il  y  avait  à  cela.  Il  voua  l'a  dit  lui-même  :  c'était  le 
charme  de  l'obscurité,  de  l'innocence  et  de  la  pauvreté. 

R.  P.  Lacobdaibe. 


LÀ  FOBÊT 

Séjour  mystérieux,  solitude  profonde, 
Forêt  qu'avec  efiroi  l'œil  du  poète  sonde, 
Dans  tes  ravins  obscurs  jamais  le  jour  ne  luit, 
Et  le  pied  du  chasseur  marche  seul  dans  la  nuit. 

Sinistre  labyrinthe,  image  de  ce  monde, 
Toqioars  une  rumeur  dans  ton  silence  gronde, 
Et  la  voix  dw  torrents  et  du  vent  qui  bruit 
Etouffe  les  chansons  des  oiseaux  par  son  brait. 


MORCEAUX  CHOISIS 

Dé^lZ  f  '','~."'^'''  ""'  »"'  '"  •«  maîtres 
Dérobent  le  ,ole.l  aux  ramille,  dea  hêtres      ^ 

Et  prennent  aux  gazon,  l'air  pur  et  la  clarté. 

Quw.vou.aiter;oSdets:tr^'' 

Andbé  Va»  Hassklt. 


253 


tA  FIllK  »E  JAÏRE 

Elle  était  morte,  héla^!  la  brune  jeune  fille 

"«  "'«"^  fossoyeur,  préparaient  ,on  tombeau 

con,med-un,:;\r;:nttrrr:r''°""''''' 

Un  homme  vint,  portant  au  front  une  auréole 
Que  le  nche  incrédule  avait  déjà  proscrit, 
^ont  le  pauvre  écoutait  la  touchant:  pa"l 
Et  que  ceux  ,ui  l'aimaient  appe,aient'jé,u;.Chri,t. 
Et  le  père  priait  et  pleurait  àaa  porte; 

Et^fzTu\r^^4t:tIr- 

^^orteUt.vou^vouïXrrfi'irr."^ 
Du  marbre  de  «  tombe  un  aatelau  s;igneur.  " 


264  MANUXL  DB  LA  PAROLK 

C'était  bien  ane  morte  k  sa  couche  liée, 
Une  fleur  abattue  au-dessous  du  ciel  bleu! 
C'était  bien  la  statue  où  l'âme  est  oubliée, 
A  qui  l'art  donne  tout,  hors  le  souffle  de  Dieu. 

Eh  bien  I  le  divin  Maître  anima  la  statue  ; 
n  fit  rentrer  son  ftme  en  son  corps  épuisé  ; 
n  rendit  le  parfum  à  la  fleur  abattue  ; 
Il  rattacha  la  coide  à  ce  beau  luth  brisé. 

Et  chacun  le  chanta  dans  son  &me  ravie, 
Implorant  un  rayon  de  ce  divin  flambeau  ; 
Alors  il  dit:  "  Croyeil  la  foi,  c'est  l'autre  vie. 
Qu'étouffe  bien  souvent  le  doute,  autre  tombeau." 

Puis  il  alla  semer  cette  loi  qu'on  révère, 
Au-dessus  de  tout  bruit  faire  entendre  sa  voix. 
Et  remontant  au  ciel,  en  passant  au  Calvaire, 
Abriter  ses  bourreaux  à  l'ombre  de  sa  croix. 


HISTOIRE  DU  CHIEN  DE  BBISqtET 

En  notre  forêt  de  Lions,  vers  le  hameau  de  la  Ooupillière, 
tout  pris  d'un  grand  puits-fontaine  qui  appartient  k  la  chapelle 
Saint-Mathnrin,  il  y  avait  un  bonhomme,  bâcheron  de  sop  état, 
qui  s'appelait  Brisquet,  ou,  autrement,  le  fendeur  k  la  bonne 
hache,  et  qui  vivait  pauvrement  du  produit  de  ses  fagots,  avec 
sa  femme,  qui  s'appelait  Brlsquette.  Le  bon  Dieu  leur  avait 
donné  deux  jolis  petits  enfants,  un  garçon  de  sept  ans,  qui  était 
brun,  et  qui  s'appelait  Biscotin,  et  une  blondine  de  six  ans, 
qui  s'appelait  Biscotine.  Outre  cela,  ils  avaient  un  chien  à 
poil  frisé,  noir  par  tout  le  corps,  si  ce  n'est  au  museau,  qu'il 
avait  couleur  de  feu  ;  et  c'était  bien  le  meilleur  chien  dn  pays 
pour  son  attachement  k  ses  maîtres. 

On  l'appelait  ta  Bichonne,  parce  que  c'était  une  chienne. 


MORCEAUX  CHOISIS  355 

le.  pauvrc-s  «..„.  cure"    si  "  ,.  h  "       '^«'''"'^''«"«'«««'.•lue 
terrible  désolation,,;;:,;;,":"'''''*'''^'  »  »'"^-    Ce  fut  le 

l-w  le«  ,ou,,s,à  cause  rfi    '„  V       T"*' """'' "^' "-•™'>"''it 

l'H"  venu.    1,  V  aurait  d,  *"'"'"'  '""^"•i'''-  ■'"  "em 

<.uoima..ehe/ent::th        'rr^Cdr-  "  ""'  ""■^'^^  "^ 

Bi«h"nue,  qui  nedeiuande'qu'IXl:'^.'"'"  ''"^^"   '-'^  '" 
'■risquct  (lisait  tims  !.. »■      1 

''■•  «-,  il  nwriv  z  ,c  r  V  ■'"  '■'•""^  ''  «■•'^'""■"<'- 

«■r  le  pas  de  la  ,wu- te  Ve,  t  al      J      :''.''"     ^^'■'"''"'-'"^'  menait 
- '"t  le.s  uuvins  :  ""'  "'-"'"^'''  <"  disait,  en  se  croi- 

"  Mon  ,)ieu,  qu'il  est  attarde'» 

•••''^-"'xS;rP'''''-'^''^^-''----i,o. 

B.seoti„,  ,ui.,  le  ehenun  au  Iml         r ■      '■''"™'  ''*"•   ^-^  '«i. 
«a"ie.'iln'ya  p^s  depi;  ,"',''  ''^'""«- ""  •— *  bien 

Bn^uet|Bri,quet^J,CM:i:r"'^"'="^^-^ 
butte:  ''   '  '•'*"»  ''«"t  couper  eelui  de  la 

""'"t::;tSrr^-^"^-"*'"- .-repère, 

che^  Jean  Paqûier  ""''  ''""^  «^^  «""^t^  à  fourX 


r'iî" 


256 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


^^;i 


"  As-tu  vu  110»  enfants!  lui  dit  Brisquett^. 

— Nos  enfanta?  dit  Brisiiutt.  X<w  enfant»?  mon  Dieu! 
»ont-i)s  sortis? 

— Je  les  ni  envoyés  à  ta  rencontre  jus4|u'à  la  hutte  et  à 
l'étanK;  mais  tu  as  pris  |iar  un  autre  clieuiin.  " 

Brisquet  ne  {tusa  pas  sa  bonne'  bâche.  11  se  mit  à  courir  du 
eùté  de  la  butte. 

"  Si  tu  menais  la  Bichonne?"  lui  cria  Urisiiuette. 

La  Bichonne  était  déjà  bien  loin. 

Elle  était  .si  k»in,  i^ne  Brisquet  la  jierdit  lûentût  de  vue.  Kt 
il  avait  beau  crier:  "  Biscotin  !  Biscotine!  "  on  ne  lui  répon- 
dait |iaH. 

Alors  il  se  )irit  à  pleurer,  parce  i|u'il  s'imaKinu  que  ses 
enfants  étaient  ]rt*rdus. 

A|irts  avoir  couru  lon),'temps,  longtenip-s,  il  lui  senilila 
reconnaître  la  voix  de  la  Bichonne.  11  nmrcha  droit  dans  le 
fourré,  à  l'endroit  oii  il  l'avait  entendu^,  et  il  y  entra,  .-^a 
bonne  hache  levée.  La  Bichonne  était  arrivée  \k  au  moment 
où  Biscotin  et  Biscïrtine  allaient  être  dévoré»  par  un  gros  loup. 
Elle  s'était  jetée  devant,  en  aboyant,  |Kinr  que  .■«es  abois  aver- 
tissent Brisipiet.  Brisquet,  d'un  coup  de  sa  bonne  hache, 
renversa  le  loup  roide  mort,  mai»  il  était  trop  tard  i>our  la 
Bichonne.  Elle  ne  vivait  déjà  plus. 

Brisquet,  Biscotin  et  Biseotine  rejoignirent  Brisquette. 
C'était  un»  grande  joie,  et  cejiendant  tout  le  monde  pleura. 
Il  n'y  avait  jias  un  regard  (|ui  ne  cherchât  la  Bichonne. 

Brisquet  enterra  la  Bichonne  au  fond  de  son  petit  TOurtil, 
sous  une  grosse  pierre  sur  laquelle  le  maître  d'école  écrivit  en 

latin: 

C'est  ici  qu'wt  la  Bichonne, 
Le  pauvre  chien  de  Brisquet. 

Et  c'est  depuis  ce  temps-là  qu'on  dit  en  commun  proverbe: 
Malheurett-r  comme  le  chien  à  Kritq^iel,  qui  n'ul/il  ijuitnr  foi/ 
au  buis,  et  que  le  Imip  tiuiwjit. 

C.  XODIEB. 


MORCEAUX  CHOISIS 

lA  VIE  AIX  «HAMPS 

î:'  ""'■■•  '■'  ':;  ' "'«'■«.  0"  "ort,  o„  se  pron.ène 

I*  pauvre  dan»  scn  iliiinm  1<.  r;„i  . 

f"'  ■";  ^'"-^  '^^■^*"t  '»"'  ^  1^  poite  en  tout  lieu 

•Se  sent  chez  lui,  «.ntun,  ,,u'il  „.,  p,„,„„t  ,^  ,„.^,^, 

Je  va,s  vol„„t>er.,  «eul.  Je  n.e.lite  ou  jW„u te 

'  ."epte.  Chacun  a  ,|uel,|ue  chose  en  IVsprit 
K   t.,ut    on,n,eestunlivreo,W,i„,|,,i,,.^;,,^,^i, 
.'-,uef,ns,prennu.n«in»nndeeeslivrt    ,    : 
ol-e.,uv,tuneanu.et,,.eseellelanJ:         ' 
•  Jl's.  (ha,p,eso,rd„ne,.j,.„,envais,iai,.„n«é 
■  e  sors.  J  ..„tre  en  pas..»,,.  eh«  ,,es  a.ni    ,p,    "*? 

'""^■■■.'""f'-r-f Un  jardin,  en  ;  '■ 

L  ;»ere,„  „.„„,lle  un  peu  les  Unes  s  ,„,  U     ,",.,„,    . 
N   ".porte:    e  n, 'assieds,  .tje  ne  sais  pour,,."' 

«    les, .t„s  enfants  vi,.nnen,„nto,^  de.: 
^-  est  c,u  Ils  savent  ,|ue  'a    leurs  .-ont»  -il., 

irs=:~--i;;==: ' 

'-ner,  ta.re  du  bruit,  |«rle,-  à  haute  voix  • 
yue  je  riam  conune  eur  et  ,,lu.s  ,,u'eux  autrefois 
Y  qu  aujourd'hui,  sitôt  ,,ua  leurs  ébat,  j'ass     e 
e^r.,„r.encoUnen„uejesoisp|j;^- 

Mt  fâcher;  qu'on  s'amu,,e  avec  moi;  ,,ue  je  fai, 
'  ""  ^'""'""•''.  l™  fi>-r  et  fort  instruit. 


257 


fil 


Aus>i.  de 


ris 


llUilf.Mlt 


'l"'""mavu.  /e  voilà  !  tous  accourent 
■'•""•.■■uxet;,ali,.s,  il,  m'entourent 


258 


MANCEL  DE  bA  PAROLE 


Avec  leurs  beaux  grands  youx  d'unfiint»,  aana  i>eur,  hhii»  fiel 

Qui  semblent  toujou»  bleu»,  tAnt  (m  y  voit  le  ciel  ! 

Lea  petiU  — ■  quand  on  e.4t  |)etit,  «m  est  trè»  brave  — 

Grimpent  sur  mes  genoux  ;  les  grands  ont  un  air  grave  ; 

Ils  m'apiHirtent  des  nids  de  merles  ifirils  ont  pris, 

Des  albi'HW,  des  crayons  (pii  viennent  de  Paris  ; 

On  me  consulte,  on  a  cent  choses  à  nie  dire, 

On  iwrle,  on  caus»;,  on  rit  surtout  ;  j'aime  le  rire, 

Non  le  rire  ironiciue  aux  sarcasmes  niisjueurs, 

Mais  le  doux  rire  honnête  ouvrant  bouches  et  cœurs, 

Qui  montre  en  m£me  temps  des  Ames  et  des  perles. 

.r admire  les  crayons^  l'album,  les  nids  de  merles, 
Kt  ({Ueltjuefois  on  dit,  quand  j'ai  bien  admiré  ; 
"  11  est  du  même  avis  que  monsieur  le  curé.  " 
Puis,  lorsqu'ils  ont  jasé  tous  ensendile  à  leur  aise. 
Ils  font  soudain,  les  grands  s'appuyant  à  ma  chaise. 
Et  les  (letits  toujours  gnm)és  sur  mes  genoux, 
tin  silence,  et  cela  veut  dire  :  l'arle -nous. 

Je  leur  parle  de  tout.  Mes  discours  en  eux  sèment 

Ou  l'idée  ou  le  fait.  Comme  ils  m'aiment,  ils  aiment 

Tout  ce  que  je  leur  dis.  .le  leur  montre  du  doigt 

Le  ciel.  Dieu  qui  s'y  cache,  et  l'a.stre  qu'on  y  voit. 

Tout ,  jusqu'à  leur  regard,  m'écoute.  Je  dis  comme 

Il  faut  penser,  rêver,  chercher.  Dieu  bénit  l'homme, 

Non  pour  avoir  trouvé,  mais  jiour  avoir  cherché. 

Je  dis  :  Donnez  l'aumône  au  pauvre  hunible  et  penché. 

Recevea  doucement  la  leçon  ou  le  blâme. 

Donner  et  recevoir,  c'est  faire  vivre  l'&me. 

Je  leur  conte  la  vie,  et  que,  dans  nos  douleurs. 

Il  faut  «lue  la  bonté  soit  au  fond  de  nos  pleurs, 

Et  que,  dans  nos  Ismheurs,  et  que,  dans  nos  délires. 

Il  faut  que  la  bonté  soit  au  fond  de  nos  rires  ; 

Qu'être  bon,  c'est  bien  vivre  ;  et  que  l'adversité 

Peut  tout  chasser  d'une  &me,  excepté  la  bonté. 

V.  HuQO. 


MORCEAUX  CHOISIS 
LE  DISTRAIT 


250 


il  î^'S:;^7:'zr  "m'  ""-^  -^  '«'"=  »«•"  «-^^ 

menant  à  «"euVvxan?       •>         "'  '"  *"'"'"'  "^^  ""''-  ^^ 

.ue  so„  .:n:t  :r  s;' j:;^r  rr  "■"'''  ^  "  ^'^ 

-r  ..  u,on.  et  que  sa  chen.i  e^^;';:,' I,  ^  T'  -"•""- 
•S'il    marche  dan»  les  m,.,  il  =  "'  chausse». 

rude„,ent  à  l'estoJa  ."'  u  '  i  .r';  :'"  '^  ""  ^-O  f™PP^ 
J.e  ce  peut  .tre,  ,!«,,„•,  ej  ^Iw^  t  ^^r  ^n"'  ™ 
«levant  un  timon  ,1e  cliarrett,.    ,.„    i      ••  '        "  '''""^'' 

>"enui,erie  ,,ne  porte  un  o  ,v  ''■""■'  ""   '""«  "i"  <!« 

Mue  porte  un  ouvner  sni  ses  éiwiilpa      fi„  r 

'luel,iuefo,s  heurter  du  front  contre  celui     ',„  ?     'î  '" 

-arrasser  dans  ses  jan.be.  et  tond^r  a         \T ^h'    '  """" 

11  dierebe,  il  l.rouille  il ,  rie  il  .",.1     V  ■,  renverse. 

l'"n  après  l'autre  ■    ô„   1,  ?  ""'^''  ''  "f'"^""  ««»  valets 

demandeses"  l'uuVrd'  ■"•.""  '"'  ''•'"'  '"-'•    *■ 

n<ints,  i|u  11  a  dans  ses  ma  ns     II  ^nt-^  A  n 

M.na,ue  reS^us^:  ^:  ;;riir  r  I  ■'■"  " ''^■''• 

cherche  des  yeux  dans  toute  VaLll^'^VlVcr-'  '•' 
montre  ses  oreilles,  et  ^  „ui  il  mau,,ae  une  ,™  ,  1     s'i'"' 

-i:::t;:^tZd:iv::t:-::r:'^ 

»én,ent  le  non,  de  sa  rue;  i  lut  !  „  [  da,  "  "'"  ''^'"■ 
il  -t  précipitamment,  c;oyant^;;"t  tl^ "nl'^'l 
cl«  pala.s,  et,  trouvant  au  bas  <lu  «rand  de<J^^Z   '  ""' 

prend  ,K,ur  le  sien,  il  se  n.et  dedart  Iher  o  'X"::  ""> 
ramener  son  maître  dans  sa  ,„„ison     \fTT  '  "°" 

de  la  portière,  traverse  Z  o  r  mont!-  !'"^■"  ^"^'"^  ''"'' 
l'antichambre,  la  chambre,  ^^.^^'1^^^  ZT 
rien  ne  lui  est  nouveau    fl  Vas,l^  ,1  .        '«""l'er, 

I-  maître  arrive,  celu" 01";^*;:,  ^  'Z:;^  ''\  f  «  - 
•ort  civilement,  le  prie  de  aWeoi'r,  et  oh  fl  i;,'  ,  ^  """ 
de  .a  chambre;  i,  parle.il  rêve,  il  reprend  ,aZ         '     Z 


860 


MANUEL  DK  LA  PAROLE 


s'ennuie  et  demeure  étonné;  Ménalque  ne  l'eat  pan  moina, 
et  il  ne  dit  [lus  ce  qu'il  eu  iienite.  1!  u  affaire  i  u»  fârlieux,  & 
un  oisif,  qui  »c  retirera  i,  lit  6n  ;  il  l'espère,  et  il  prend  imtience  ; 
U  nuit  arrive  qu'il  est  à  peine  détrompé. 

La  Beuvère. 


LE  COR 
I 


J'aime  le  son  du  cof,  le  soir,  an  fond  des  bois. 
Soit  qu'il  chante  les  pleurs  de  la  biche  aux  abois. 
Ou  l'adieu  du  chasseur  que  l'écho  faible  accueille, 
Kt  que  le  vent  du  nord  porte  de  feuille  en  feuille. 

Que  de  fois  setd,  dans  l'ombre,  à  minuit  demeuré. 
J'ai  souri  de  l'entendre,  et  plus  souvent  pleuré! 
Car  je  cniyais  ouïr  de  ces  bruits  prophétiques 
Qtti  précéflaient  la  mort  des  paladins  antiques. 

O  montagnes  d'azur!  ô  (>ays  adoré! 
Rocs  de  la  Frazona,  cirque  du  Marboré, 
Cascades  qui  tombez  des  neigc-s  entraînées, 
Sources,  gaves,  ruisseaux,  torrents  des  Pyrénées, 

Monts  gelés  et  fleuris,  trône  des  deux  saisons, 
Dont  h:  front  est  de  glace  et  les  pieds  de  gazons  ! 
C'est  là  (|u'il  faut  s'asseoir,  c'est  là  qu'il  faut  entendre 
Les  airs  lointains  d'un  cor  mélancolique  et  tendre. 

Souvent  un  voyageur,  lorsque  l'air  est  sans  bruit, 
De  cette  voix  d'airain  fait  retentir  la  nuit  ; 
A  ses  chants  cadencés  autour  de  lui  se  mêle 
L'harmonieux  grelot  du  jeune  agneau  qui  bêle  ; 

l'ne  biche  attentive,  au  lieu  de  se  cacher. 
Se  sus|teiid  immobile  au  somnu-t  du  rocher; 
Kt  la  cascade  unit,  dans  une  chute  immense. 
Son  éternelle  plainte  au  chant  de  la  romance. 


HORCBACX  CHOISIS 

Ames  (]er«  cIievuIiniHi  - 

II 

III 

Tranquilles,  cependant  fh.-p 

A  l'homon  déjÀ  part^       "*  P"'*'™'  *""^  eux. 

^'--M.^xr„irerx 

P""i-^au,tena>,Ue,  sainte.,  amulette,: 


261 


S63 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


"  Sire,  on  vuit  dans  le  ciol  des  nuafiGi)  de  fen. 
SuHpendez  votre  iimrchu  ;  il  ne  faut  tenter  Dieu  ; 
Par  inoniiieur  Haint  Ucnis,  certeii,  ce  wnt  den  Iniex 
Qui  passent  dans  le»  airs  Hur  ce»  vajieurH  de  Hammen. 

Deux  éclair»  ont  relui,  puiH  deux  autre»  encor.  " 
Ici  l'on  eittemlit  le  mol  lointain  du  cor  ; 
L'Enijwreur  étonné,  8e  jetant  en  arrière, 
Huspcnd  du  destrier  la  marche  aventurière: 

"  Entendez- v»U8  ?  dit-il. — Oui,  ce  sont  de»  pasteurs 
Rappelant  les  troujik-aux  opars  »ur  le»  hauteur». 
Lui  répondit  Turpin,  ou  In  voix  étouffée 
Du  nain  vert  Obéren  ijui  parle  avec  sa  Fée.  " 

Et  l'Empereur  [loursuit  ;  mai»  »on  front  soucieux 
Est  plu»  sombre  et  plu»  noir  que  l'orage  des  cieux. 
Il  craint  la  trahison,  et,  tandis  qu'il  y  songe. 
Le  cor  éclate  et  meurt,  renaît  et  »e  prolonge. 

"  Malheur  !  c'est  mon  neveu  !  Malheur  !  car  si  Roland 

Apiielle  à  son  »ecour»,  ce  doit  être  en  mourant. 

Arrière,  chevaliers  !  repayons  la  montagne  ! 

Tremble  encore  sous  no»  pied»,  sol  trompeur  de  l'Esiiagne  1  '' 

IV 


Sur  le  plus  haut  de»  mont»  s'avrétent  les  chevaux  ; 
L'écuiio  les  blanchit;  sou»  leurs  pieds  Itoncevaux 
Der  ftnix  mourants  du  jour  &  \m\ie  se  colore  ; 
A  l'horizon  lointain  fuit  l'étendard  du  More  : 

"  Turpin,  n'.\s-tu  rien  vu  dans  le  fond  du  torrent? 
—  J'y  vois  deux  chevaliers,  l'un  mort,  l'autre  expirant. 
Tous  deux  sont  écrasés  sous  une  roche  noire  ; 
Le  plus  fort  dan»  sa  main  élève  an  cor  d'ivoire; 
Son  âme  en  s'exhalant  nous  appela  deux  foi».  " 

Dieu  !  que  le  son  du  cor  est  triste  au  fond  des  bois  ! 

A.  De  Vwnv. 


«"WCKAUX  CHOISIS 
"»»A,  A.  V,  NC.  I. 

Ai;oi;sTE,  Citisx 

AVUHHTK 

H»„Jt  """t^'.iitrt.  «loil,.  „me„  ,  1., 
"  "  fiH  im.i,  ,  „„i.,i,i  „„•.„,  ""'"• 

^-".^'i...i:::i::;:,:l'r,:;™™-"'- 
:-■■■■-.« «'-^....e:"::!;::  ,::•;,. 

<  "ur  lut  ta  prison,  ,nm  faveur»  »,.«  Il, , 
•^e  te  restituai  d'abord  ton  ,.eri„,?^ir.'""^^ 
^      .nr,cl„sa,.rÙH,le,,dép„uilK.,d-A;„i,„ 
i-t    usa., uo  depuis,  à  ol,a,,ueo..as,:'"' 

Aurès  t»nf  ,J„  »  '"PPeiant  Jlecene 

Ette^h».apre,iui,„onpIu«eherco„fidel't. 


263 


sfï 


MICROCOFY   lESOlUTION   TEST   CHAUT 

(ANSI  and  ISO  TEST  CHART  No.  2) 


^  APPLIED  INA^GE     Inc 

^Sr  165Î   East    Main   Street 

^^  Rochesler.   Ne*   "ork         lifiOQ       USA 

'.^^  (716)   482  -  03uO  -  Phone 

a^  (716)   288-  5989  -  Fo- 


264 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


Alyourd'hui  même  encor,  mon  âine  irrésolue 

Me  pressant  de  quitter  ma  puissance  absolue. 

De  Maxime  et  de  toi  j'ai  pris  les  seuls  avis, 

Et  ce  sont,  malgré  lui,  les  tiens  que  j'ai  suivis. 

Bien  plus,  ce  même  jour,  je  t    ^onne  Kmilie, 

Le  digne  objet  des  vieux  de  toute  l'Italie, 

Et  ((n'ont  mise  si  haut  mon  amour  et  mes  soins, 

t^u'en  te  couronnant  roi  H'  t'aurais  donné  moins. 

Tu  t'en  souviens,  C'inna;  tant  d'heur  et  tant  de  gloire 

Ne  peuvent  pas  sitôt  sortir  de  ta  mémoire  ; 

Mais,  ce  qu'on  ne  pourrait  jamais  s'imaginer, 

Cinna,  tu  t'en  souviens,  et  veux  m'assassiner, 

(JlNUA 

Moi,  Seigneur  !  moi,  que  j'eusse  une  âme  ai  traîtresse. 
Qu'un  si  l&che  dessein. . . 

AuousTE 


Tu  tiens  mal  ta  promesse  ; 
Sieds-toi  ;  je  n'ai  pas  dit  encor  ce  que  je  veux  j 
Tu  te  justifieras  après,  si  tu  le  peux. 
Ecoute  cependant,  et  tiens  mieux  ta  parole. 
Tu  veux  m'assassiner  demain,  au  Capitole, 
Pendant  le  sacrifice,  et  ta  main  pour  signal 
Me  doit,  au  lieu  d'encens,  donner  le  coup  fatal; 
La  moitié  de  tes  gens  doit  occuper  la  porte, 
L'autre  moitié  te  suivre  et  te  prêter  main-forte. 
Ai-je  de  bons  avis,  ou  de  mau .  ais  soupçons  1 
De  tous  ces  meurtriers  te  dirai-je  les  noms? 
Procule,  Glabrion,  Virginian,  Kutile, 
Marcel,  Plante,  Lénas,  Pompone,  Albin,  Icile, 
Maxime,  qu'après  toi  j'avais  le  plus  aimé  ; 
Le  reste  ne  vaut  pas  l'honneur  d'être  nommé; 
Un  tas  d'hommes  perdus  de  dettes  et  de  crimes. 
Que  pressent  de  mes  loi»  les  ordres  légitimes, 


MORCEAUX  CHOISIS 


I  lus  Diir  cniifi,  •  »'"ues  ie  silence. 

Après  „,'avoir  au  te  "1  aT  '"'^'«''dais.tu, 
Affranchi,  ton  Z  "uni       "''"'  "'"'""' 

Q'"  P"ur  t,.ut  conser  JT        ""  *"»<''^i". 

Kt  .^i  .^a  lil.cr,é  te   :  ;t   "T""  """  '"  «"  '"-n; 
Tn  i,r.  ■„■  ■"'  ""'''■t-prendre 

'  "    '^  "•  <■"*'-'«  jan,ai,  en.néchi  ri»  1  , 

Tu  l'aurais  a«-H„f^,  "l'*-c'ie  de  la  rendre  ; 

Q-'^tait,i:,::r";'rdv:'"^"'"^'- 

l>  "■'  «traufe^e  n.alhcur  son  l^Z^"  '""  "''"'' 
•'^'  l'our  raonter  au  tr.m,. ,  M  "'""'^' 

Tuuetrouvosda,H      "'"'"""" '"W 

Que  tu  sois  Hprès  n,„;  l      ,  ''eplwable, 

^">-ee,j,7;^:;:^^p-;^^-bi, 

^  e  puisse,  après  m»  „     .         ^  "^^  ■■""""" 
Apprends  'à  te To     ,  ^  J  ';-^- ""eux  „u'eu  ta  ,„ai„. 
On  t'honore  dans  «  le  ^.f  "•"'  *"'-"^«- 
Clmcun  tremble  sou   to''  ch      '"T'^"'  ""  ''"'»«. 

a.i..i„i"  ";*'Tr '"•'"*"  i 


SO'Ô 


266 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


Et  pour  te  faire  ^hoir,  je  n'aurais  aiyourd'hui 
Qu'à  iitirer  la  main  qui  seule  est  ton  appui. 
,1'aiine  mieux  toutefois  cédei-  à  ton  envie  ; 
Rèpne,  si  tu  le  j.eux,  aux  dépens  de  ma  vie  ; 
Mais  (ises-tu  penser  que  les  Serviliens, 
Les  Cosses,  les  Métels,  les  Pauls,  les  Fabiens, 
Kt  tant  d'autres  enfin  de  qui  les  grands  ronrages 
Des  héros  de  leur  sang  sont  les  vives  images, 
Quittent  le  noble  orgueil  d'un  sang  si  généreux 
Jusqu'à  pouvoir  souffrir  que  tu  règnes  sur  eux? 
Parle,  parle,  il  est  temps. 


COBNEILLE. 


l'iHt 


MOISSON  D'ÉPÉES 

Dans  un  bourg  sur  la  Loire,  on  conte  iiue  naguère 

La  Pucelle  passa  sur  sa  jument  de  guerre 

Et  dit  aux  habitants:  "  Armez-vous  et  venez.  " 

Un  éclievin,  suivi  Je  vieillards  consternés. 

Lui  répondit  :  "  Hélas  !  pauvres  gens  que  nous  sommes  ! 

Les  Anglais  ont  tué  les  meilleurs  de  nos  hommes. 

Hier  ils  étaient  ici.  Le  cheval  de  Talbot 

Dans  le  sang  de  nos  fils  a  rougi  son  sabot. 

Seuls,  nous  leur  .survivons,  vieux,  orjihelins  et  veuves, 

Et  notre  cimetière  est  planté  de  croix  neuves.  " 

Mais  la  brave  Lorraine,  aux  regards  triomphants. 

S'écria  :  "  Venez  donc,  les  vieux  et  les  entants  !  " 

L'homme  reprit,  les  yeux  aveuglés  par  les  larmes  : 

"  Hélas  !  les  ennemis  ont  pris  toutes  nos  armes, 

La  dague  avec  l'estoc,  les  flèches  avec  l'arc. 

Nous  voudrions  vous  suivre,  ô  bonne  Jeanne  d'Arc  ! 

Mais  nous  n'avons  plus  même  un  couteau.  "  La  Pucelle 

Joignit  alors  les  main.s,  tout  en  restant  en  selle. 

Et,  quand  elle  eut  prié  :  "  Tu  m'as  bien  dit,  je  crois, 

Que  votre  cimetière  était  rempli  de  croix  ? 

— Je  l'ai  dit.— Eh  bien  donc,  allons  au  cimetière.  " 


MORCEAUX  CHOISIS 

Kt  la  vierKo,  entraînant  la  foule  tont  entière 

u  ,lc.,H  ,,lM  d  un  front  rougissait  de  remords 
I  qua  sa  jument  blanche,  et  vint  au  chamrde;  mort, 
O  ,  monteur  samt  Michel  exauça  la  prière 

hi  Men  ,iuen  ce  moment  chaque  tombe  avait  l'air 

Avec  1  ordre  du  ciel  ^tant  d'intelligence 

De  présenter  une  arme  et  d'implorer  vengeance 

Ca    D,eu  fera  cesser  par  moi  votre  souffrance 
i^t  la  grande  pitié  du  royaume  de  France." 

r.  CoppÉ». 


267 


i 


NAPOLÉON  I 

O  Corse  à  cheveux  plats,  q„e  la  Fmnce  était  belle 

Au  grand  soleil  de  Messidor  1 
( 'était  une  cavale  indomptable  et  rebelle 

hans  freins  d'acier  ni  rênes  d'or 
l- ne  jument  sauvage,  à  la  cr«upe  rustique, 

Fumante  encor  du  sang  des  rois, 
Ma,s  hère,  ,td'un  pied  fort  heurtant  le  sol  antique 
Libre  pour  h  première  fois  """que, 

Jamais  aucune  main  n'avait  pa.,sé  sur  elle 

Jour  la  flétrir  et  l'outragsr- 
Jan,ais  ses  larges  flancs  n'avaient  porté  la  selle 
i-t  les  harnais  de  l'étranger. 


268 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


Tout  son  poil  était  vierge,  et  telle,  vagalxiiulo, 

L'iuil  haut,  la  croujie  en  mouvement. 
Sur  ses  jarrets  dressée,  elle  effrayait  le  mon  Je 

Du  bruit  de  son  hennissement. 
Tu  parus,  et  sitôt  que  tu  vis  son  allure, 

Ses  reins  si  souples  et  dispos. 
Centaure  impétueux,  tu  pris  sa  chevelure. 

Tu  montas  botté  sur  son  dos. 
Alors,  comme  elle  aimait  les  rumeurs  de  la  «ucrre, 

La  iwudre  et  les  tambours  battants. 
Pour  champ  de  course,  alor-s,  tu  lui  donnas  la  terri,  • 

Et  des  combats  pour  passe-temps. 
Alors,  plus  de  repos,  plus  de  nuit,  plus  de  sinnine  ; 

T(mjour3  l'ait,  toujours  le  travail. 
Toujours  comme  du  sable  écraser  des  corps  d'homme. 

Toujours  du  sang  jusqu'au  poitrail. 
Quinze  ans,  son  dur  sabot,  dans  sa  course  rapide, 

Broya  les  générations  ; 
Quinze  ans,  elle  passa,  fumante,  à  toute  bride, 

Sur  le  ventre  des  nations. 
Enfin,  lasse  d'aller  sans  finir  sa  carrière. 

D'aller  sans  user  son  chemin. 
De  pétrir  l'univers,  et  comme  une  jioussière 

De  soulever  le  genre  humain. 
Les  jarrets  épuisés,  haletante  et  sans  force. 

Prête  à  fléchir  à  chaque  pas. 
Elle  demanda  grâce  à  son  cavalier  corse  ; 

Mais,  bourreau,  tu  n'écouta-s  pas. 
Tu  la  pressas  plus  fort  de  ta  cuisse  nerveuse 

Pour  étouffer  ses  cris  ardents  ; 
Tu  retournas  le  mora  dans  sa  bouche  baveuse  ; 

De  fureur  tu  brisas  ses  dents. 
Elle  se  releva.  Mais,  un  jour  de  bataille, 

Ne  pouvant  plus  mordre  ses  freins. 
Mourante,  elle  tomba  sur  un  lit  de  mitraille 

Et  du  coup  te  cassa  les  reins. 

A.  Bakbike. 


MORCEAUX  CHOISIS 
U'  PETIT  SOMBRE  «E»  ÉI.I.S 


269 


-  l'HWe  „1,„  Uu  re»te  des  l.o,„ml  '    r"'''  '"  '^"'^^^''-    J» 

-  vou»  éeie.  seuls  sur  U  terre      t'ion  """'  '■'^'"■'^*'  '"'"""' 
l^^t  'lui  .n'épouvante.     Je  sun, ,'  ,    '"'"""'^  '"»  "'"ccupe 

-  ten,ple,  et  ,p,e  vous  ,,'y  IZ^l^f"'  ^»  «'■-«  "-  -iiieu  de 
connue  des  eriu.inels  trZbZTT;  ''""  """  ''"«''"''■*. 
"nesenteueede«r«,.e,ouu,     ;,,'"'  '""  ^"  P-n""oer,  ou 
-- l,eau  vous  flatter  vou,~^^^^^^^ 
'I  '"".     Tous  ces  désirs  de  olmnl?    .      '/"'  '"'"  ^^' '^'mu. 

-"";-;ontjuscp,.aulitd    S""'    ?";/™^^ 
'-  -eoles.     Tout  ce  „uo  v<l  t  "uver"     ^'^'^"-'''^  d"  tous 
veau,  sera  peut-être  u  ,  eo„p  e  ™  ^  ""  ">"'  "^  "<»>- 

•1-  — .-rieza^^^ourd•l.ui    Lt"':  '"""  «"""^  •.-  celui 
••"  Ion  venait  vous  jm-er  dan.  '  ^''"'•'■•«'l''e  vous  seriez. 

,-iéeider  de  ce  „„;  vour:,^:::::;:.'"' -^  """^^  f-  - 

î«  demande,  et  je  vous  le  demandé  l  '"  ''"■  "^^'i"  ^ous 

rant  pas  en  ce  point  „,o„  sort  du  iv'"*  '^'^  '«"""'.  "«  »^Pa- 
'a  disposition  où  je  so.  ai,!  ^"'*'  ^'  "'«  mettant  dan, 

donc:  Si  JésuslC;  Xrr"'™^-  •^-''- delanl 
do  cette  assemblée,  la  ™"' '""^  ?f  '«"•?'"-  «-^  milieu 
juger,  pour  faire  le  terrible  H  "  '  ""'™™'  ?»'•■•  nou, 

brebis,  eroye.-vous  que  le   'L'^^r™''"'  '^"^  •"««=«  et  des 
noussom„.es  ici  fût  placé  ÎZT      T""'"'  '^^  «""t  ee  que 
cho-Mu  moins,  f„ss™i,''r      ^^~^-— -.«e  1 
«euloment  dix  justes,  que  Tsete     ''''-''°'''  ^"'"  »>  trouvât 
e«e.„„  villes  tout  entières  Uvote;'  ""!.  "■""''''  """-«f-' 
ot  je  l'.gnore  moi-même.     Vous  ,ë n    ^^^^^^t  ^'""^  '''>"''^e'. 
«eux  qu.  vous  appartiennent      fl^'i     """  ^''""  ""'""^' 
;^«  .1".  lui  appartiennent    nous  s         "' ""  ^°""''''«<>"«  Pa.s 
J^cheurs  ne  lui  appartiennent  Z     ( v"'  •""  '"'""«•  1"=  '- 
assemblés!  Les  titres  et  les  d  II,      '  ?""  '""'  '«««dèlesici 


870 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


sont-ils?  Beaucoup  de  pëclieur»  (jui  ne  veulent  iianiH'  convertir  ; 
encore  plus  qui  le  voudraient,  mais  qui  diffèrent  leur  conver- 
sion ;  plusieurs  autres  qui  ne  se  convertissent  jamais  iiue  [lour 
retomber  ;  enfin  un  grand  nombre  qui  croient  n'avoir  pus  besoin 
de  conversion  :  voilà  le  parti  des  réprouvés.  Uetranchez  ces 
quatr*  sortes  de  jiécheurs  de  cette  assemblée  sainte  :  car  ils  en 
seront  retranchés  au  grand  jour.  I^araissez  maintenant,  Justes. 
Où  êtes-vousl  Restes  d'Israël,  passez  à  la  droite  !  l'roinent  de 
Jésus-Christ,  démêlez-vous  de  cette  paille  destinée  au  feu!  <) 
Dieu,  où  sont  vos  élusî  Et  que  reste-t-il  [mur  votre  partage  ! 

Massillon. 


LA  BATAILLE  UE  WATERLOO 


Le  soir  tombait  ;  la  lutte  était  ardente  et  noire  ; 

11  avait  l'offensive  et  presque  la  victoire  ; 

11  tenait  Wellington  accul':  sur  un  boif. 

La  lunette  à  la  main,  il  observait  parfois 

Le  centre  du  combat,  point  obscur  où  tressaille 

La  hiêlée,  effroyable  et  vivante  broussaille, 

lit  parfois  l'horizon,  sombre  comme  la  mer. 

Soudain,  joyeux,  il  dit:  "Orouchy!  " — C'était  Blùcher. 

L'espoir  changea  de  camp,  le  combat  changea  d',1me. 

La  mêlée,  en  hurlant,  grandit  comme  une  flamme. 

La  batterie  anglaise  écrasa  nos  carrés. 

La  plaine,  où  fris.sonnaient  les  drapeaux  déchirés, 

Ne  fut  plus,  dans  les  cria  des  mourants  qu'on  égorge, 

Qu'un  gouffre  flamboyant,  rouge  comme  une  forge  ; 

Oouffre  où  les  régiments,  comme  des  pans  de  murs, 

Tombaient,  où  se  couchaient  comme  des  épis  mûi-s 

Les  hauts  tambours  majors  aux  panaches  énorr  .s, 

Où  l'on  n'entrevoyait  que  blessures  difformes  ! 

Carnage  affreux  !  moment  fatal  !  L'homme,  inquiet. 

Sentit  que  la  bataille  entre  ses  mains  pliait. 


MORCEAUX  CHOISIS 

!!:Sx:'"  ■""""''''"■ '''«-'-tait  „,.,,, 

.   Ia„e,ers,  grenadiers  aux  guêtre»  de  eo„t  | 

l;.n.,eeux,leFriedla„deteeuxdeli     ii 

^•""P.-ona„.„u'il..  allaient  mourir  dans  eùefétc 
.^Hlnerent  eur  dieu,  debout  dau.s  la  ten,,  •  ' 

i-eur  bouche,  d'un  seul  cri  dit-  "  vt      J 

^;;.^7ients,„.usi,,u;;;:':ae,   Sr-'" 

Tnu  „ndle,  souriant  à  la  n,itrailleangh,'e' 

Htlas!   Napoléon,  ..„r  sa  garde  penché, 
iîe«arda,t,  et,  sitôt  ,u'ils  avaient  déboiehé 

pt    '"'  f".  ''"•""5'>  '":'»i'ait  sur  leurs  ce  n, 
Eegarda,t  mourir  la  garde.  C'est  alors 

Qu^eva..ttoutàconp.,Hv„ixdésespéée 
La  Déroute,  géante  .i  la  face  effarée,"       ' 
Qm.  pâle  épouvantint  les  ,  h,,  fiers  bataillons 
Changeant  subitement  les  drapeaux  en  Im  Un: 
A  de  certains  moment,  spectre  fait  de  fumt  ' 
Se  levé  grandissante  au  milieu  des  armleT 

Ft         Z"  ""'""'  ""  *'''^'  1"i  «'émeut 
■e-t  se  tordant  es  bras  cri»  •  "  ù  .  ' 

Comme  si  quej,,ue  so„ffle'a;ai:';'a:^::t  'e  7"        ' 
Parm:  les  lourds  cai.o„s  et  Ie«  fourgons  Zdretu, 


271 


S7S 


MANUEL  DE  LA  l'AKOLE 


Iloulant  dan*  Icm  foiméH,  »e  citclmiit  dariK  le»  seiKK'», 

Jetant  «hakoH,  manteaux,  fusil»,  joLiii.t  le»  uIkIi''*, 

.Sou»  le»  »abre»  pri.  liens,  ces  vétéiin»,  n  deuil! 

Tremblaient,  hurlaient,  |ileiiraient,  cnuraiintl    -Kii  un  illn 

CommR  s'envole  au  vent  une  [litiUc  enfiainniée,  [il'œil, 

S'évanouit  ce  bruit  qui  fut  la  grande  année. 

Et  cette  plaine,  héla»  !  où  l'on  râve  aujourd'hui. 

Vit  fuir  ceux  devant  qui  l'univer»  avait  fui  ! 

Quarante  an»  sont  passé»,  et  ce  coin  de  la  terre, 

Waterloo,  ce  plateau  funèbre  et  solitaire, 

Ce  champ  »inistre  où  Dieu  niêia  tant  de  néant». 

Tremble  encor  d'avoir  vu  la  fuite  des  géant». 

Victor  Huc;o. 


DON  JUAN,  A.  IV,  se.  «. 

Don  Louis,  IXin  Juan. 


Il 


DON    LOUIS 

.le  vois  bien  que  je  vou»  embarrasse,  et  que  vous  vous 
passeriez  fort  aisément  de  ma  venue.  A  dire  vrai,  nous  non» 
incommodons  étrangement  l'un  ;'t  l'autre  ;  et,  «i  vous  4tes  las 
de  me  voir,  je  suis  bien  las  aussi  de  vos  dépcTterne.ita.  iéla»! 
que  noua  savons  peu  ce  que  nous  faisons,  quand  nous  ne 
laissons  pa.s  au  ciel  le  soin  des  cho.ses  qu'il  nous  fi,ut,  quand 
nous  voulons  être  pl''.s  avisé»  que  lui,  et  que  nou»  venons  à 
l'importuner  par  nr  s  souhait»  aveugles  et  nos  demande»  incon- 
sidérées! J'ai  soûl  aité  un  fil»  avec  des  ardeur»  nonpareillea  ; 
je  l'ai  demandé  sait»  relâche  avec  des  transports  incroyables  ; 
et  ce  lil»,  que  j'obtien»  en  fatiguant  le  ciel  de  vœux,  est  le 
chagrin  et  le  supplice  de  cett<î  vie  même  dont  je  croyais  qu'il 
devait  être  la  joie  et  la  consolation  De  quel  œil,  à  votre  r.vis 
pensez-voua  que  je  puisse  voir  cet  amas  d'actions  indignes 
dont  on  a  peine,  aux  yeux  du  monde,  d'adoucir  le  mauvais 


rvtl 


'"'""'t  n  t„ute  l,,.„r..  A 


MORCEAUX  CHOISM 

""'e  contit,uclIe  ,1,.  i„A,i,„,„„      ,  . 


'""«er  ,e» 


273 

lui  nous 
in,  ctijiii 


"o,t   <i.U.s...,:„i,  ,,.,„  tirer, irr       '"""/r"'   ^''--«'"'  en 

«';;-  .,,tre  sortis  H',.„  ,":™:v'''"^™»--»"it!,„e 

'"f '."■"'  -^«n.  ■"",  l«..aiss„,feJ   •      h'"'".'^;  """»  vivons  en 

;-  --  nous  om.r,!,„s .  .'i^t""  ■  ";r  '"""'"■''  ""•'"■'-'■ 

-"•-u.,„ns,„,,,,\ ,..„r    /,r";7 '-'■;   c-t  ce.  éclat  de 

«'■•■'ont  de  leur  f.ire  le  n,è,„e  I,    „       "'  T"  '"""'»''  "n  en«a- 
"■'"»  "■'"•'■■'<,  et  de  ne  „o         ,      "  '"'  ''^  ""'"'^'  '-»  i«..  qn^  1, 
;"•"■-  ^tre  e,tin,.s  ^Z^",^Z:7  ""  l^'"'  ^"'•'  ^  - 
''"—'"^  .■■>  vain  des  aïeux  r^'f-'f""'""'^-     "'^'"^i  v„.„ 
"""•n    ,,„n,.  ,.,,„  ,„       ^.,         "  •  ;    êtes  „é;  i,,  ,„„, 

^""«'lonne  aucun  avantage    a,      ^       •  '""  '"''  '''"'»■•"".•  no 

vivrait  comme  vous.               ^      ^"  "'"  "I  »"  '«ûnar,,ue,  qui 
JIOUÈHE. 

tA  C«».St'lEiVfE 

Cain  se  fut  enfni  ,i     i  «mpêtes, 

Comn.e  1  "  ''''""'  J'Shoval,, 


S74 


MANUEL  DE  LA  PAKOLE 


8a  feitimo  fntigiive  t>t  rwa  fil»  linn*  d'IuiltMiie 

Lui  dirent;  "  Ouclionnnous  «iir  lit  terre  et  ilormons.  " 

Caïii,  ne  donnant  ])a.-<.  Honj^i'ait  au  |iioit  des  niitntH. 

Ayant  leviS  la  têtp,  au  fond  dcH  cieux  fui>ùlirt« 

Il  vit  un  tctl,  tout  f^niud  ouvert  <lanH  le.4  ténèbro:** 

Kt  qui  le  re;{artlnit  dans  l'ondtre  tixeniont. 

"  Je  huIh  trop  près,  "  dit-il  avec  un  trenildenient. 

Il  réveilla  hoh  tiU  dormant,  sa  fennne  lasse, 

Kt  so  remit  h  fuir,  sinistre,  danv  l'espace. 

Il  marcba  trente  jinirs,  il  niareha  trente  nuits. 

Il  allait,  muet,  jiftle  et  frémissant  aux  bruits, 

Furtif,  san»  regarder  derrière  lui,  sans  trêve. 

Sans  reiHW,  sans  sonuneil.     Il  atteignit  la  grève 

Des  mers  dans  le  (uys  ipii  fut  de|>ui9  Assur, 

"  Arrêtons-nous,  dit-il,  ear  ne*  asile  est  sûr. 

Re.ston»-y.     Nous  avoua  du  monde  atteint  les  home».  " 

Et,  comme  il  s'as.seyait,  il  vit,  dans  les  cieux  mornes, 

L'œil,  îi  la  même  place,  au  fond  de  Thorizon. 

Alor»  il  tressaillit,  en  proie  au  noir  frisson. 

"  Cachez-raoi,  "  cria-t-il  ;  et,  le  Joigt  sur  la  bouclie, 

Tous  ses  fils  regardaient  tremliler  l'aïeul  farouche. 

Gain  dit  à  .label,  père  do  ceux  ()ui  v  nt 

Sous  des  tentes  de  poil  dans  le  désert  profond  : 

"  Etends  de  ce  côté  la  toile  de  la  tente.  " 

Et  l'on  dévelopi»  la  muraille  flottante  ; 

Et,  quand  on  l'eut  fixée  avec  des  poids  de  plomb  : 

"  Vous  ne  voyez  plus  rien  ?  "  dit  Tsilla,  l'enfant  Llond, 

La  fille  de  ses  fils,  douce  comme  l'aurore  ; 

Et  Cain  répondit  :  "  Je  vois  cet  œil  encore  I  " 

Jubal,  père  de  ceux  qui  passent  dans  les  bourgs 

Soufflant  dans  des  clairons  et  frappant  des  tambours, 

'Jria:  "Je  saurai  bien  construire  une  barrière.  " 

Il  fit  un  mur  de  bronze  et  mit  Caïn  derrière. 

Et  Caïn  dit  :  "  Cet  œil  me  regarde  toujours  !  " 

Hénoch  dit  :  "  Il  faut  faire  une  enceinte  de  tours, 

Si  terrible  que  rien  ne  puisse  approi  er  d'elle. 

BAtissons  une  ville  avec  sa  citadelle. 


MOUCEAUX  CHOISIS 


^^t '" 'i"«  »™.l,lait  une  ville  ci'     f   ^"• 

K  ^:r::r;^-^--;:^""'■• 
I-'œil  a-t-il  disparu  ?  "  rfi.       .         ^  ""'"  "«re, 

Alo«  il  dit:  "  Je  veux  IK-.'  ""«""^  '*•" 
Con>™e  dan,  son  Jnu^i     'l'  '"""  '"  '«"«. 

On  fit  donc  une  fos,e  1  !-       T'  P'""  """•" 
Pui»  il  de.«endît  aeul'  '"     '•'  "  ^''•''  ^en  M- 

Quand  il  s,7ut  alT,  rrr**-  '"'"'  "''""'^''• 
Et  qu'on  eut  «ur  s^  Zt  f     "^f'  '""^  ''"'"''«'. 

--^taitda„,,;:ï--^-ut.™^^^ 

ViCTOB  Huoo. 


275 


l'A  CUASTEUSE 


MenTalt'Tetra!:^'^- •-'''- ««Uboi.. 
Et  d'un  air  hlble  et  I  *"""'  ''"'^'''«'' '• 
E.le«ap.^1r»trS--«-'^o«ts. 


'»»r-: 


276 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


De  longs  clieveiix  touffus  chargeaient  son  front  hftié  ; 
Ses  talons  étaient  gris  de  poussière,  et  sa  robe 
N'était  qu'un  vieux  jupon  A  sa  taille  enroulé, 
Où  la  nudité  maigre  à  peine  se  dérobe  ! 

Elle  allait  aux  passants,  les  suivait  pas  à  pas. 
Et  disait,  sans  changer  un  mot,  la  même  histoire, 
De  celles  qu'on  écoute  et  que  l'on  ne  croit  pas  : 
Car  notre  conscience  aurait  trop  peur  d'y  croire  ! 

Elle  voulait  ui'  sou,  du  pain, — rien  qu'un  morceau  ! 
Elle  avait,  je  ne  sais  dans  quelle  horrible  rue. 
Des  parents  sans  travail,  des  frères  au  berceau, 
La  famille  du  pauvret  à  peine  Mccourue  ! 

Puis,  qu'on  donnât  ou  non,  elle  essuyait  ses  pleurs 
Et  s'en  retournait  vite  aux  gazons  pleins  de  mousses, 
S'amusait  d'an  insecte,  épluc'  lit  quelques  fleurs, 
Des  taillis  printaniers  brisait  les  jeunes  pousses. 

Et  chantait  !  le  soleil  riait  dans  sa  chanson  ! 
C'était  quelque  lambeau  des  refrains  jjopulaires. 
Et,  pareille  au  linot,  de  buisson  en  buisson. 
Elle  lançait  au  ciel  ses  notes  les  plus  claires  ! 

O  souffle  des  beaux  jours  !  mystérieux  pouvoir 
D'un  rayon  de  soleil  et  d'une  fleur  écloss  ! 
Ivresse  d'écouter,  de  sentir  et  de  voir  ! 
Enchantement  divin  qui  sort  de  toute  chose  ! 

L'enfant,  au  renouveau,  peut-il  gémir  longtemps? 
Le  brin  d'herbe  l'amuse  et  la  feuille  l'attire? 
Sait-on  combien  de  pleurs  peut  sécher  un  printemps, 
Et  le  peu  dont  le  pauvre  a  besoin  pour  sourire  ? 

Je  la  regardais  vivre  et  l'entendais  de  loin. 
Comme  un  fardeau  que  pose  un  enfant  qui  s'arrête, 
Elle  allégeait  son  cœur,  se  croyant  sans  témoin, 
Et  les  senteurs  d'avril  lui  montaient  à  la  tête  ! 


MORCEAUX  CHOISIS 


Puis,  bienWt  s'éveillanL  nrl^  j> 

Plio  .  .  "'' Pfe  a  un  souvenir 

oon  visage  i  1  mstant  savait  se  rembrunir 
tt  sa  VO.X  se  traînait  et  JannoyaitdoIenL 

Je  te  suivais    i  II       "  '  "'  '^  *""  «'"""in  ! 
__        «-"vais .  ,1  faut  pour  tromper  plus  d'adresse. 

'--— ..ueJeehante.etpLre::-,,ejepIeure.» 

Eugène  Manuel. 


277 


l'A  CHASSE 

Sur  le  sable  j'H,  vu  .,es  pas  appesanti, 

S':^î:::Sirïr''f''^-'^-p-ita...-- 
fpHsiwetirtCrcrbr^:,-"^^^^' 

Je -V.S  la  lionne.  Elle  avlittravtr'* '^"^• 
pf,  '^''  ^  .f  "'^"'e  adroit  qu'elle  je  le  p,assHi  • 

'ën:;rre«\:x::r-'^ 

Comme  elle  fatigu,  je  m'y  couchaSomme  elle... 


ffilRr       ' 


278 


MANUEL  DE  LA  PAEOLB 


Comme  elle  je  repris  ma  course,  et  jusqu'au  soir 

Mon  pas  pressa  son  pas  ;  puis  je  cessai  d'y  voir, 

Immobile,  implorant  un  seul  bruit  saisissable 

Qui  vînt  h  moi,  flottant  sur  cette  mer  de  sable. 

J'écoutai,  retenant  mon  souffle. . .  Par  moments, 

On  entendait  au  loin  de  sourds  rugissements; 

Vers  eux,  comme  un  serpent,  je  me  glissai  dans  l'ombre. 

Sur  mon  chemin  un  antre  ouvrait  sa  gueule  sombre 

Et  dans  ses  profondeurs  j'aperçus  sans  effroi 

Deux  yeux  étincelants  qui  se  fixaient  sur  moi. 

Je  n'avais  pas  besoin  ni  de  bruit  ni  de  trace  : 

Car  la  lionne  et  moi,  nous  étions  face  à  face. 

Ah  !  ce  fut  un  combat  terrible,  hasardeux. 

Où  l'homme  et  le  lion  rugissaient  tous  les  deux. 

Mais  les  rugissements  de  l'un  d'eux  s'éteignirent. 

Puis  du  sang  de  l'un  d'eux  les  sables  se  teignirent. 

Et,  quand  revint  le  jour,  il  éclaira  d'abord 

Un  enfant  qui  dormait  auprès  d'un  lion  mort. 


atuàlie,  a.  IV,  se.  8. 

JOAD,  JOAS. 


JOAD 

O  mon  fils,  de  ce  nom  j'ose  encor  vous  nommer. 
Souffrez  cette  tendresse,  et  pardonnez  aux  larmes 
Que  m'arrachent  pour  vous  de  trop  justes  alarmes  ■ 
Loin  du  trône  nourri,  de  ce  fatal  honneur, 
Hélas!  vous  ignorez  le  charme  empoisonneur; 
De  l'absolu  pouvoir  vous  ignorez  l'ivresse, 
Et  des  lâches  flatteurs  la  voix  enchanteresse 
Bientôt  ils  vous  diront  que  les  plus  saintes  lois. 
Maîtresses  du  vil  peuple,  obéissent  aux  rois  ; 


MORCEAPX  CHOISIS 


^""'"' TOI  „a  d'autre- fr,- 

J,<"'"»|.»nt  de  vos  ra*' tir  ""  '"«""'^> 
''-  '-s  feront  en«„  h^L  r'.™:.'"''  '^''■'^• 
^  ^'"»  peindront  1.  .,^7         ""'"^ 

'/'■motte,  s,,,  ee  j,-,^^  tf'^  '"  l'I»«  sage. 
^''"''  l'ien  fera  ,„„•    '' V  ''^'"""  ^'e--  témoin.^ 

;.""■»  -..venant,  n,on  fij"  .f""",-'  ^'''•'  "-'"'' Ju«o 
«^-""-e  e«  vous  lùt^I^Z  T     '""'  "  ''•"• 

''■'«"«- et  conane  eux  or,,J,eli,, 


279 


i 


■■»  ram  «mBu,, 


,     partout  son  pain  • 

^a  grande  route  p<it  i      • 
E'.«"roeaol"^ri.L"""r' 
19»  rançais,  Dieu  mercil  ■' 


I 


Êtl 


280 


MANUEL  DE  LA  PAKOLF 


Un  jour,  non  loin  de  la  frontière, 
Dra)>eaux  an  vent,  ttinilmur  battmt, 
i\  vit  passer  un  régiment  ; 
11  entendit  parier  tU-  gustre. 
On  acdanwut  les  l)«t»ill(iiis. 
Tous  le»  yeux  brillaieiit  d'e»[)érance, 
Kt  l'on  criait  :  "  Vive  la  France  !  " 
il  cria,  lui,  sous  se»  baillons. 
"  Pauvre  (letit,  dans  ta  nvisère. 
Que  te  fait  la  ymix  ou  la  guerre  1  " 
Lui  dit  tin,  sceptique  endurci. 
L'enfant  leva  son  oiil  sévère  ; 
^  .Te  n'ai  jamais  connu  ma  mère  ; 
Mais  je  suis  Français,  I>ieu  merci  !  '"■ 

Aux  jours  de  deuil,  sur  la  ruine 

D'un  incendie  encor  fumant, 

L"nnerai  saisit  un  enfant 

Qui  tenait  une  carabine. 

*  Que  vient  faire  ici  ce  gamin  ? 

Tu  veux  donc  qu'on  te  fusille? 

Ton  nomt — Je  ne  sais.  — Ta  famille? 

— .Je  mendie  et  suis  orphelin. 

— Un  vagabond  !  Sous  (luelque  pierre 

Ecrasez-moi  cette  vipère. 

Kst-ce  un  Français?  Kst-ce  un  bandit? 

— Quand  vous  passâtes  la  frontière. 

Cria  l'enfant,  à  ma  colère. 

J'étais  Français,  je  l'ai  senti  !  " 

Le  lendemain,  dans  les  décombres 
Cherchant  les  débris  de  leurs  toits. 
Quelques  paysans  aux  abois 
Se  promenaient  comme  des  ombres. 
Auprès  d'un  vieux  mur  chancelant. 
Couché  dans  sa  gloire  enfantine, 
Un  coup  de  feu  dans  la  poitrine. 


Morceaux  choisis 


ils  virent  le  ,«tit  enfant 

«•SA  le  trépas  de  son  aiJe 
'enveloppait  sa  tête  frélp 
Qui  donc  e«-tu,  pau„re  j,et:, 

L  enfant  .,„,,va  .sa  paupière 
Je»"«  *«.nc.i3,  je  voudrai  dit  t 


"  WÈTE  CT  lES  PAWtioSS 


Ml 


ï-bcUre. 


.••-^''r^!r''^;---^-iiu.,,„.^„ 

-«.s  faire  .,Ua,  tout  p  t^l    t  r"  ™'';'""--    <i"'«"- 

-f---n„„.s  découle.  ;;rH,rv™"'"' 
<!"«  ceux  dont  on  a  coutume.    O.Lf     '"  """''l'autre,  jeu* 
--t»  pas  ,„e  ,e  fie,  Jt^,  ï^'' ""  -'  '"-^  d"  miel,  ne 

-'Vais  de»  fleur,  ,,„„.  ^''""""amertume? 

P-     On  „„.  trol:   :     urjjr/-"--  --  -'en  aure. 

reux  vous  ,„ourre.,,e  ventre  or  ix  sr;!':"  '"'"'  ""*"'«- 

-O    'ennuyeux   raisonneur,  „uT  ™  t         ""'  *'  '""'»''^ 

iete,«„„,rd'avisu,orosesîNe;o?s   u         '"  ""'''  '"'"''eur 

-n^d,aprd,  de  lis,  d'^illets  et  de  rlsT  ""^  "•'  ^'^  """^e, 

;e:^..r:::r:::::rj-r-'^.™'e"-de.vous, 

'e  Pr.nte,„ps  dan.  un  jardin  de "i:::™:""^""""*^  '"'"  "^'o- 

liiez,  voun  dvez  rasoi.      c 
vœux  portent  leur  offrande  '  Por"".  '""''  "  '''"'^'^O"  -nés 
«-  tourbillon,  tout  pe.its'sur  il  ter  g^nde  ! '"'  ""'""'  ■=" 

Jean  Hichepin. 


282 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


AflTHRIDATE,  À.  III,  tX.  1. 

MlTHIUDATE,    PHARNAfE,   XU'HAKts. 
MlTHRIl)  ITK 

Approchez,  ni03  enfants.  Knfin  l'heure  «at  venue 
(Ju'il  faut  (juo  mon  secret  éclate  ù  votre  vue  ; 
A  nies  miWes  projeta  je  vois  tout  conspirer  ; 
Il  ne  me-restt  plus  qu'à,  vous  le*  déchirer. 
Je  fuis  ;  ainsi  le  ïeut  la  fortuive  ennemie. 
Mais  vous  savez  tro^i  bien  lliistoire  île  ma  vie 
Pour  croire  que  totigtemps,  soiftiieux  de  me  «uliei; 
J'attende  en  cc«  déserts  (lu"!!»  nie  vieime  irlierdiur. 
La  gnerre  a  ses  faveurs,  ainsi  (|iie  ses  disiçrâces  : 
Déjà  |>lus  d'une  fois,  retournant  sur  mes  traces, 
Tandis  que  l'ennemi,  jwr  ma  fuite  trompé. 
Tenait  après  son  char  un  vain  peniile  occupé, 
Kt,  gravant  en  airain  ses  frêles  avantages. 
De  me»  Etats  conquis  enchaînait  les  images, 
Le  Bosphore  m'a  vn,  par  de  nouveaux  apprêts, 
lîamener  la  terreur  du  fond  de  .ses  marais, 
Kt,  chassa'  t  les  Itomains  de  l'Asie  étonnée, 
Kenverser  en  un  jour  l'ouvrage  d'une  année. 
D'autres  temps,  d'autres  soiii.s.     L'Orient  aocalilé 
Ne  iHîUt  plus  soutenir  leur  effort  redoublé  : 
11  voit  plus  que  jamais  ses  campagnes  couvertes 
De  Romains,  que  la  guerre  enrichit  de  no.s  pertes. 
De»  biens  des  nations  ravisseurs  altérés. 
Le  bruit  de  nos  trésors  les  a  tous  attirés; 
Ils  y  courent  en  foule,  et,  jaloux  l'un  de  l'autre, 
Désertent  leur  jiays  pour  inonder  le  nôtre. 
'.\îoi  seul,  je  leur  résiste  ;  ou  lassés,  ou  .soumis. 
Ma  funeste  amitié  pèse  à  tous  mes  amis  ; 
Chacun  à,  ce  fardeau  veut  dérober  sa  tête. 
Le  grand  nom  de  Pomfiée  assure  sa  conquête  : 


MORCEAUX  CHOISIS 

•'e  .sais  tous  c..,  cl,„,„:„„  ,         ,   .      "J'uiee. 
Kt,  m  la  „,„rt  bi™t-        '      "" ^' ''"'"  "»«*'; 

Contre  ces  ,nè  «.'Z.  '  'V?''"'"  '-  Ga»loi«, 

Par  de»  an.Ussîden,         '  ''     ""  """''  '"  «rèce, 
il»  savent  .,,7  ""■'""  '""  f'^^'^^'^ ; 

Guider  <i.L7ltXl'  '"^'""""'*  ■^o"  '-■««". 
C'est  là  „u'e.  a  H  !,    "7""  T"  ^'''^■'^' 

vo-stroiver:;:;:  jt:;;:---'eehe™i„, 

n     îe:C^"^"'V""--'•^^-""'™"'^'"• 
Que  V' m  et'it:e;ttt'"M  ""  """"  "^  ''"--- 


283 


M 


■*"  -^•r'^"';■  it^v. :■•■'.- 


284 


MANUEL  DI  LA  PAROLE 


Ah  !  s'ils  ont  [lU  choisir  pour  leur  libérateur 

Spartacus,  nn  esclave,  un  vil  gladiiteur  ; 

S'il»  suivent  au  combat  des  brigands  qui  les  vengent. 

De  quelle  noble  ardeur  pcnsez-vtms  qu'il»  se  rangent 

Sous  les  drapeaux  d'un  roi  loiigteniiw  victorieux, 

Qui  voit  jusqu'à  Cyrus  remonter  ses  aïeux  t 

Que  dis-jeî  Eu  quel  état  croyez-vous  la  »urj)rendreî 

Vide  de  légion»  ijui  la  puissent  défendre, 

Tandis  que  tout  s'occnpe  à  me  iiersécutcr, 

Leurs  femmes,  leurs  enfant»  ix)urront-iIs  m'arrêterî 

Marchons,  et  dans  son  sein  rejetons  cette  guerre 

Que  sa  fureur  envoie  aux  deux  bouts  de  la  terre  : 

Attaquons  dans  leurs  murs  ces  conqui^riiits  si  fiers  ; 

Qu'ils  tremblent,  à  leur  tour,  jiour  leurs  propres  foyers. 

Annibal  l'a  prédit,  croyez-en  ce  grand  homme  : 

Jamais  on  ne  vaincra  les  Romains  que  dans  Home. 

Noyons-la  dans  son  sang  justement  répandu; 

Brûlons  ce  Capitole,  où  j'étais  attendu  ; 

Détruisons  ses  honneurs,  et  fai.sons  dispariître 

La  honte  de  cent  rois,  et  la  mienne  jwutètre  ; 

Et,  la  flamme  à  la  main,  effaçons  tous  es  noms 

Que  Rome  y  conmcrait  à  d'éternels  «{fronts. 

lî.VCINE. 


MAHOniDT 


Six  siècles  s'étaient  écoulés  depuis  la  prédication  de  l'Evan- 
gile. A  ce  moment,  dans  un  coin  du  globe  séparé  de  tout  le 
reste  par  des  solitudes  de  sable,  entre  l'Egypte  et  la  Palestine, 
au  sein  d'une  race  qui  descendait  d'Abraham  et  ((ni  en  avait 
conservé  la  glorieuse  tradition,  à  l'ombre  du  nom  le  plu»  gra- 
cieux qui  ait  jamais  désigné  à  l'oreille  de  l'homme  une  patrie, 
dans  l'Arabie  enfin,  un  homme  naquit.  Il  venait  tard  pour 
fonder  une  doctrire;  car  il  vena't  après  le  Christ,  lorsque  déjà 
tout  l'empire  romain  obéissait  à  la  croix,  et  que  les  branches 


MORCEAUX  CHOISIS  jSS 

que  celui  .le.  fi,|èle,  il  ,e La  entl      '""•'f""'"l"«  «"««i  bien 

™"«  >es  éera..r  tous  l^'X  o  f  I  il  "^'  T""  '""•'»•  ""f^" 
le  l'réocptem-  dernier  et  1.  I      •  ''  ""■"  '''"''  ''""''le  ruine 

1' fondait  J::  'St"  "'?"^ '•"«-- •■"^^^^^^ 

de  certaine»  ■•es.sen.hlL.i  '""'■"    ?"- '"'■'-'^''^' * '»«« 
■'"'i»  ...i  n'en  .^„are  ;„  r  "  là  I       t'"^  '"  "^•''^""'  '-•''^'"«". 
de  la  divinité  de  Jé.suM'hri-^'"".'  "'"'"'"^  '^''  '"  Trini.é  e 
traditionnel  ayant  pou   tv^,  1"     "  "'  ""  '""'^  -l"''"  ^éiame 
et  les  „.„„  ,,  i44:XJ:;- -  --»  e,.. ,.  croyance, 

à  .ré™,s-(;i,ri.,t  ■  c'est  narî  T  •^''''""""' "  voulu  substituer 
foi»  le  ehristianV::  'e  di:'" ;,'  '''r  ^""^^  — -  *  '» 
que  les  premiers  siècles  wt,  f  T  "  '^'^  "<'"'■  '"'  ee 
Mahomet  s'était  retou  né  v  r?  L';^  '''".  '''"^  ""^  P»"'  Luther, 
point  ,,u'il  estimait  le  vrai  n,^    d.T''  ''  '  ''™''  <""''»'  «" 

Il  réussit,  Messieurs    î  fnnH  ?'""  "'  ''"-"  '»  ^^^té. 

cents  ans,  plusieurs   ^ûpLinT  "T  ^'^  ""'^^  <''"-« 
son   hégire   victorieux      Zw  ''  ''^"'  '"■^'°i'«  f«r 

■nœur,?  Quel  a  étr^ous  e  Ir;'',  T"''  '"^-''^  P»"  ^ 
cette  mé„,orable  fondation  è  .'1  ^  k  '^''"'"-'  '^  '""'  ^c 
Messieurs  ;  vous  connai  s  ,  IZlTZ  °'"  '''  ^""^  '«  "^''c, 
■nahométans,  tombés  au-d  L„ufd  7 j'''"'':""°''  "^cs  peuples 
Rome,  vivant,  en  vertu  de  kur  loi  d  f"  "^^  '"  "'^"^  "t  de 
effrénée,  ayant  abaissé  la  t ,  n  e'daT'  ""'''""'"  '''  P'»' 
''onte  plus  grandes  que  ne  les  luîavat  f"',  ''"""'^''  «'  »"« 
et  amohant  des  excè^  .p,  Xë  r  f;  - '--ié^ 

Et  ne  croyez  pas  que  Mahomet  7       "^  «"Ura.t  retracer. 
Mahomet  ne  l'a  pas'Zlu     Slmo   '""'"■  ^'""'  ■'''^-'-"- 
a  voulu  élever  »„n  peuple  et  nva'  ™"""'  *""'  '""'^«"'ur, 
1   "P'e,  et  ,1  y  a  reuss.  ,,„us  certains  rap' 


-:,»-.. 


286 


MANUEL  DE  LA  PAROLE 


port».  Il  ent  in««ife«te  ,,,a.  »o„  intcnti.m  H  -m  oiKneil  ét«ii.«t 
de  rapi,  er  i  1h  vi.,  la  ciïili»«ti.,„  tmn»itoiri.  di.«  patrinrehe, 
et  la  polyg«„,ie  (.„  CM  »»t  (lémoimtrati.H,,  a,m,i  |,,.„  ,,„„" 

I  eaprit  d  hotpitalit^  qui  rf»ime  d,,.,»  le  (  V.m,,.     M„| ,.,  „• , 

pa»  voulu  corrompre  l'Anhie,  mai»  la  riKÙ.iir,.,-,  la  rameuir 
au  teniiw  de  «c»  télùbre-.  et  pieux  a„cOtre«.  l>.,ur,,u„i  ne la-t-il 
pas  f«,t  en  roalitél     Parce  qu'il  ua  |««  pu.     Ni  «,„  .,,.ur  „'a 
été  ,i^i  pur,  ni  »a  n.ain  n'a  été  a»»../  f„rte  ,H,„r  im,.,.,*,-  aux 
populations  qu'il  ,,rëtendait  régir,  la  saintoté  et  la  chasteté 
I.  Arabe,  comme  un  cimval  indompté,  a  bien  oWiason  maître 
quand  ce  maître  l'a  lancé  par  le  nmn.le,  avec  „n  ,■„„„  .ié;,er.,n" 
qui  lui  promettait  la  victoire  ;  il  .s'c.t  bien  jeté,  la  tète  ardente 
le»  jarreta  souples,  le  fH-il  hérissé,  ,K,«r  niveler  les  iHuples  ,„„s 
«on  puissant  passage;    mais  quand  il  a  fallu  lui  mettre  à  la 
bouclie  le  frein  de  la  pureté,  il  en  a  broyé  le.  anneaux  dacier 
et  11  s  est  •  ouvé  .,ue  la  doctrine  qui  le  ,K.us.sait  ^  In  conquête 
du  monde  était  une  d,M..trine  moins  fortement  tremmu^  que  «es 
musc:?  '  et  son  jioitrail. 

lî.  P.  LACDKUAtRK. 


LE  PÉLH'AS 

Lorsque  le  pélican,  lassé  d'un  long  voyage. 

Dans  les  brouillards  du  soir  retourne  à  ses  roseaux. 

Ses  petits  affamés  courent  sur  le  rivage. 

En  le  voyant  au  loin  s'abattre  sur  les  eaux  ; 

Déjà  croyant  saisir  et  partager  leur  proie. 

Ils  courent  à  leur  jière  avec  des  cris  de  joie, 

En  secouant  leurs  becs  sur  leurs  goîtres  hideux. 

Lui,  gagnant  à  pso  lents  une  roche  élevée. 

De  son  aile  pendante  abritant  sa  couvée 

Pêcheur  mélancoliciue,  il  regarde  les  cieux. 

Le  sang  coule  à  longs  Hots  de  sa  poitrine  ouverte  ; 

En  vain  il  a  des  mers  fouillé  la  profondeur  ; 

L'océan  était  vide  et  la  plage  déserte  ; 


MORCBAUX  CHOISIS 


Ivre  de  voliinW  H.  .    j  '  oouleur, 

•M«i«  parfo  ^aj  ,„  ."""V^T  '''  ''''""">"'• 

"  cmint  que  ^  e^t,  "    T    ""  *"""'"''<'• 
^'ors  il  ™  -omève  ouvre"»    at™"'  ^'^''"'•• 

Qu.  les  ,.i,eauT  H  '""''''™  "dieu 

f.ue,eU::e::v;:::;t:t:i"''-- 

«entant  pa.sHer  la  mrrf  ^^   **"• 

l'cite.  cW  ainsi ,,::;;;:  .r"""?'"^^  *  Dieu. 
Il"  laissent  s'dgayerceû,         ^"""''  '~*""'- 
•Wai«  les  festinfhuma  n«  ^"V"'"'  ""  """P"-- 
Ressemblent  la  irt  IT     f"^'"*  *  '^"'^  '«te, 
Q"«nd  ils  parlent  X:ir;  "^^^  '^"'='">»- 
De  tristes,;  et  d-o.^bHd'     '"''"'''''  '^'""P^''- 
'^^  n'est  pas  un  oonc    1 1  dTat'  1  '"  ""'"'^"^• 

A.  DE  MU88«T. 
«SOUS-PHÉFETArXCIUKPs 

fement  au  concours  rL  ôna, ,  "7  -       '  ''""""^^  '     '  ■  -eu 
Jo-née  Mémorable,  S:ou'^':,^7''-««-Fées.  Pour  ce  te 
«on  petit  claque,  sa  eulott   colla  tT'r"^""''""'-' 
^P^e  de  gala  à  poignée  de  nac"      S  ''  '''"■««'"  ^'  'oa 


287 


S88 


MANCEI,  DK  LA  PAROUC 


M.  le  «om-préfet  regarde  trUtproent  m  serviette  ;n  chagrin 
K«ufrti  ;  il  iH>nge  au  fameux  diêcouri  iju'il  va  falloir  prononcer 
tout  k  l'heure  devant  le»  habitant»  do  la  Conibe-aux-Fie».. 
"  McHHioun.  et  cher»  adminiatréa. . ."  Mai»  il  u  beau  tortiller  là 

«oiu  blonde  de  ne»  favori»  et  ri!|K)ter  vingt  foi»  de  «uite 

"  Meaaiour»  et  cher» adniiniatré» "la »uite du  di»cour» ne 

vient  pa«. 

U»uiti  dudiacoura  no  vient  pa«.  Il  fait  »i  chaud  dan» 
cette  calèche!  A  |icrte  de  vue,  la  route  de  la  (;oiulie-aux-Kée8 
poudroie  »ou»  le  soleil  du  Midi.  L'air  est  enibraao,  et  »ur  le» 
ormeaux  du  bord  du  oheniin,  tout  couvert»  de  |M.u»«ière  blan- 
che, de»  millier»  do  cigale»  »e  ii!|Kindent  d'un  arl)re  à  l'autre 
Tout  à  coup  M.  le  8ou«-|iréfet  tre»»Hille.  U-ba»,  au  pied  Juu 
coteau,  il  vient  d'aiiercevoir  un  petit  boi»  de  chêne»  vert»  qui 
semble  lui  faire  signe. 

Le  iKitit  boi»  de  chêne»  vert»  semble  lui  faire  signe  :  "  Venez 
donc  par  ici,  monsieur  le  sous-préfet,  |)our  com|x)»er  votre 
discour»,  vous  »erez  bien  mieux  sou»  me»  arbre»..."  M.  le 
sons  jircifet  est  styuit  ;  il  saute  K  bas  de  sa  calèche  et  dit  à  »es 
KOf,  de  l'attendre,  qu'il  va  composer  son  discour»  dan»  le 
)«tit  bois  de  chêni's  verts. 

Dans  le  jwtit  bois  de  chêne»  verts  il  y  a  des  oiseaux,  de» 
violette»,  et  do»  source»  »i)us  l'herbe  fine.  Quand  il»  ont  ajiervu 
M.  le  sous-préfet  avec  sa  Iwlle  culotte  et  sa  serviette  en  chagrin 
gaufré,  les  oiseaux  ont  ea  peur  et  se  sont  arrêtés  de  chanter; 
les  sources  n'ont  plus  osé  faire  de  bruit,  et  le»  violette»  se  sont 
cachées  dans  le  gazon...  Tout  ce  petit  monde-là  n'a  jamais 
vu  de  sous-préfet,  et  se  demande  i  voix  ba-sse  quel  est  ce  beau 
seigneur  qui  se  promène  on  culotte  d'argent. 

A  voix  basse,  sous  la  fouillée,  on  se  demande  quel  est  ce 
beau  soigneur  en  culotte  d'argent...  "endant  ce  temps-li, 
M.  le  sous-préfot,  ravi  du  silence  et  de  la  fraîcheur  du  b)is, 
relève  les  pans  de  son  habit,  pose  son  claque  sur  l'herbe,  et 
s'assied  dans  la  mousse  au  pied  d'un  jeune  chêne  ;  puis  il  ouvre 
sur  ses  genoux  sa  grande  serviette  en  chagrin  gaufré  et  en  tire 
une  large  feuille  de  papier-ministre.    "  C'est  un  artiste  I  "  dit 


MOBCEAUS  CH(JI.SM 


1«  feiivctte.    "  V,„|  ,1:,  ,     , 

p"^"."-!  H  ,..,c  c„i„.'to  Jl^"::T':',  "'""'  >*"  ""  »'«i"t^ 

'"  »"  Prinoe.  („„■•..,'„,.  u,  '  i'^"^"""    -.-^i  "■'  H,ti„,. 
•">«  «-ii«.n  ,l.u,„  leHJ,.„|i,„  le  r    "*"'«""' T'iacl'anW  toute 

chuchotant:    "  ,,'W  .■,.«,„;,„.■,  h    ,""     '"   ''"'"   ''"'«   va 

'  ''"""""  il  .«  chKuve  !  '^  :,:,  1      '    '"",""  »-"  VrélHl  " 

'•um.  U.,vi„,..„,,„„„,„,     ";'■:>"«  "'.0  alouette  ..  «™„d, 

veux  ro.,«„„,  ^,.„„  ^';r  Î;  ;  7""'f-" J-  violette,.    Le 

«nce.  les  oi„,..„,  ',„  reu.ett',?, à    ,    "  ''"'  "'"  "«"«  «-'« 

-  violette»  à  eu,l,au™:        1  ''::'t  '""  —  '^courir, 

'*•••  l...,«,«,ible  au  milieu  ,;«     ".       '",.""'"""""  "'^««it  I«« 

--  .le  céré.„::i:'':'^r^™ir''^»"..<Jlt  ,e,ou...^„t  Je.. 

"'tourne  et  ue  voit  rien  .u'un  •""'  ""'^■'•^'"■'I.t  ;   il  ^ 

7"t,  perché  «ur«,n  a  :;"jr,  "'r  "•"  '"^  '■'■««^''  e" 
;  veut  continuer  .son  dil^r.r^^:  ""„  ;''f '^V''''"- '- ^r«.ule, 
«"»re  et  lui  crie  dn  loin:  "Tôuo  h  ,  """'  '''"tor-^mpt 
*»"  '  "  dit  le  »ou.s-,.r<<'et  ooi  A  '"  ""  '-^'""■"'ent  !  à  quoi 
.  'un  ,e,te  cette   ht'X  tl™:"' r""  "J'*"^  ^'-'--' 

MeM,eu,«etchersudnn„i.,tré;  »         "''""  "'^   "'"«  l-olle: 

p'u»  bXTru:!:ritrs:;:  ^  t'^  '--p..fetde 

vo-  lu  »ur  le  bout  de'  leur   t  ^  "t  oui',"''!,'"  ""'  "^ ''""«-« 

J^onx.eur  le  .sou»-p,.Sfet,  ««.^1?       ''"'""^'"'^«'"«'■t: 

^""?"  Et  le»  .source,  lui  f, ,  t  «,«?     '""'"'  ""^^  «-""''»"' 

d'v.ne,et  da„.s  le,  branche  lu  '\'"°""»'"  ""e  n,u.ique 

-vettes  viennent  h,  chan  t'r     „t  T  ''•^"  ''}^'  "-'  t»»  .^e 

I>eW  b„,«  con.spire  pour  l'etni^cher  /e       ^"''"  *'"'  "'  '»«  '« 

Tout  le  petit  boi,  eonspi  ëluH'etl^TT  """  '"-"""-• 

<'---.M.ie.ous.pr4t,r/d^^Xr;.tT'"-''-" 

F~""iis,  ifru  de  musjque, 


290 


MANUEL  DI  LA  PAROLB 


essaye  vainement  de  résister  au  charme  nouveau  qui  l'envahit. 
II  s'accoude  sur  l'herbe,  dégrafe  son  bel  habit,  balbutie  encore 
deux  ou  trois  fois  :  "  Messieurs  et  chers  administrés. . .  Mes- 
sieurs et  chers  admi. .  .Messieurs  et  cher». . ."  Puis  il  envoie 
les  administrés  au  diable,  et  la  muse  des  comices  agricoles 
n'a  plus  qu'à  se  voiler  la  face. 

Voile-toi  la  face,  ô  muse  des  comices  agricoles  !  Lorsque,  au 
bout  d'une  heure,  les  gens  de  la  sous-préfecture,  inquiets  de 
leur  maître,  sont  entrés  dans  le  petit  bois,  ils  ont  vu  un  spec- 
tacle qui  les  a  fait  reculer  d'horreur.  M.  le  sous-préfet  était 
couché  sur  le  ventre,  dans  l'herbe,  débraillé  comme  un  bohème. 
Il  avait  rais  son  habit  bas,  et,  tout  en  mâchonnant  des  violettes, 
M.  le  sous-préfet  faisait  des  vers. 

A.  Daudet. 


INDEX  ALPHABÉTIQUE 


Articulation  (moiwr' 
Art  oratoire.. 

Aspiration . .    

)  Aspiration  (demi'.)  .■.";;;;  f,,^ 


Accent  tonique.  264  26'.  mr 
»■  mécanisme  vocal... .       'l'a  AShr"""»'^-     •         267 

A.  gymnastique  vocale    ftn  f  »  '  rf/'^^' , , 

f  mécanisme  vocal    "  ^°'  |?   4  ^  ^"5™^ ■  ■'  •"     20 

gymnastique  vocai;!  '  "  Art  oratoire  ^'"°"*''"'^>-  96,  97 

«,  «,  a,  valeur  phonétîqie  "'  "^  '  -''•'™«°"  -  '  ■  •  '  ' 
règle  générale..    '  i,, 
exceptions '  ,{^ 

isio^*"'^^  canadiennes  1 1 5 
«•-valeur' phonétique.';"  iIr 
'«,  valeur  phonétique  , 

règle  générale. .. .    un  L  „.       . 
exceptions.  ui      '  ""^^n'sme  vocal, 

fautes  canadiennes  U9  /   «^^nastique  vocale 
A-",  mécanisme  vocal  ^f   *'  '"''™''  Phonétique      '  ' 

.» .  ••..     d4|  règle  générale. . .     i», 

exception....  ,?■; 

redoublé..          "■   ,„* 
faute."-— J- "*•'* 


a,  élision. 


AN,  gymnastique  vocale 
««,  valeur  phonétique 
règle  générali 


206 


.■J8 
77 


7.3 


163 


exceptions.    164   «,  liai,o„  "        ''"'""'""*^''  1S6 

fautes  canadienne    157    p?i''"*'*'"«"t  (remède),     mr 
«y,  valeur  phonétique,  B^g--'iement '  ^^f 

règle  générale.    .     143   fc'^'"''"' d'habitude. .   29? 
exceptions....      •     4!  Sff !«'"«»' organique.         ^"^ 


fautes  cana'diennes  Ù1iatem™t'/^»'«e). 


20 


293 
293 
294 
104 


« 


292 


INDEX  ALPHABÉTIQUE 


Bléifement  (remède) 106 

Breduuillement »  297 

Bredouillenient  (remède).  208 
Brèves  (syllabes) 263 


c,  c,  valeur  phonétique, 

règle  générale 187 

exceptions 188 

redoublé i . .   189 

fautes  canadiennes  190 

c,  liaison 280 

CH,  mécanisme  vocal 62 

OH,  gymnastique  vocale..     91 
ch,  valeur  phonétique, 

règle  générale 280 

exceptions ..  251 

fautes  canadiennes  252 

ch,  liaison 280 

Caractères  du  français 

13,  14,  15 

Chant 9 

Chuintement 108 

Chuintement  (remède).  .   109 

Cttnsonnes 20 

Consonnes  (classification)    21 

■Construction 281 

Construction  (principes) .   286 
Construction  (règles  par- 
ticulières)    287 

Correction 3,  10 

Crachement 102 

Oachement  (remède) 103 


No8  jjo, 

d,  valeur  phonétique, 

règle  générale 191 

exceptions 182 

redoublé 193 

fautes  canadiennes  194 

d,  liaison 280 

Demi-aspiration 205 

Diction 2,  4 

Diérèses igl 

Diphtongues 175 

Diphtongues  (tableau) ...   1 79 
Diphtongues   (prononcia- 
tion)    180 

fautes  canadiennes  182 
Durée  des  sons 262,  263 


o,  mécanisme  vocal 

D,  gymnastique  vocale . . . 


E,  mécanisme  vocal 31 

E,  gymnastique  vocale ...     70 
e,  valeur  phonétique, 

règle  générale 121 

règles  particulières  122 

exceptions 123 

fautes  canadiennes  1 24 

e,  élision 271 

k,  mécanisme  vocal 24 

È,  gymnastique  vocale...     63 
è,  ê,  e,  valeur  phonétique, 

règle  générale 116 

exceptions 117 

fautes  canadiennes  118 

É,  mécanisme  vocal 25 

É,  gymnastique  vocale. . .     64 
é,  valeur  phonétique, 

règle  générale 119 

fautes  canadiennes  120 
eau,  valeur  phonétique.. .  158 
fautes  canadiennes  159 
ei,  valeur  phonétique, 

règle  générale 150 

exceptions..; 151 

fautes  canadiennes  152 


. .  191 
. .  192 
. .  193 
es  194 
. .  280 
. .  205 
..2,4 
..  181 
, .  178 
. .   179 


tNDEX  ALPHABiStiQUE 


Noa 
«»,  m,  valeur  phonétique, 

règle  générale.    . .   igg 
exceptions j-f^ 

fautes  eanadioiiiR.s  171 
su,  méuanisiue  vocal 

«UiSym. .astique  vocale" 
Ey,  mécanisme  vocal . 
KU,  gymniiatique  vocale 
•«-  ea,  V    enr  phonétique', 

règle  générale.... 

exceptions {gj 

«y,  valeur  phonétique, 

règle  générale. .       103 

Elision""""""^ •   l^i 


31 

70 
32 
71 


. .   160 


ff,  liaison 

"N,  mécanisme  vocal 
«",  gymnastique  vocale  ' 
r/«,  valeur  phonétique    ' 

règle  générale.. 

exceptions Jg^ 

nr,.=.  '*•"««  "anadiennes  25.^ 
Urasseyement. ...  „!; 

Grasseyement  (remède)'  '   u  j 


29â 

X08 

280 

55 

94 

253 


Expressi( 


871 
3 


niecani.sme  vocal. 
H>  gymnastique  vocale 
/'.  valeur  phonétique, 

règle  générale. . . 


5fl 
95 


203 


exceptions 204 

,Harmo„l?,'.".''."''.'"^"»^^206 

V,  mécanisme  vocal  ao   S?"'^"''  <''"«>°  •  • .  ".  '■  '■  '. .' .'      rt 

^,  gymnastique  vocale.' .' .'  |f  """"« 27" 

/,  valeur  phonétique, 
règle  générale 


195 


exceptions jj- 

redoublée..  1' 

/,liaison."!'.".''."'!^'r""^^i?? 
Figuration  des  sons.' 


mécanisme  vocal..., 
gymnastique  vocale 
«.  ï,  valeur  phonétique' 
règle  générale. 


Gi  mécanisme  vocal.... 
«■  gymnastique  vocale 
l/,  valeur  phonétique,  ' 
règle  générale. 


199 


fautes 


201 


28 
66 


générale los 

exceptions i^H 

fautes  canadiennes  127 
»,  élwion ''' 

IN,  mécanisme  vocal Il 

IN,  gymnastique  vocale"     7d 

«»■  valeur  phonétique,   " 

règle  générale...      ifta 

exceptions jg" 

Ictus.  '""'^^  «^«"ad'ennes  1G8 


cana-liennes  202  !  Intensit'é'du'son ^" 

6 


294 


INDEX  ALPHABÉTIQUE 


J,  mécanisme  vocal 51 

J,  gymnaitique  vocale  ...     90 

i,  valeur  phonétique 20" 

fautes  canadiennes  208 


K,  mécnr.isme  vocal 54 

K,  gymnastique  vocale . .       ns 
i,  valeur  phonétique 209 


L,  mécanisme  vocal 4s 

I,  gyniniistique  vocale. . .     87 
/,  valeur  phonétique, 

règle  générale 210 

exceptions 211 

redoublée 212 

fautes  canadiennes  21.3 

'.  liai.son agg 

LL  (1  mouillée),  mécanisme 

vocal 49 

LL  (1  mouillée),  gymnas- 
tique vocale 88 

Liimbdacisme 100 

Lambdacisme  (remède) . .    101 

Langage  articulé g 

Langue  (gymnastique).. .     58 

Lecture  et  récitation 4 

Lettres 13,  14,  15 

Lèvres  (gyni  nastique) 59 

Liaison  des  syllabes 261 

Liaison  des  mots.  269, 270, 273 
Liaison  en  poésie 279 


Nos 
Liaison,    règles    particu- 

Hères  à  chaque  lettre.  280 
Liaison  de  deux  voyelle».  271 
Liaison  proprement  dite. 
.  .  .  272,  276 

Liaison  naturelle. . .  274,  275 
Liaison  artificielle. 
^        ,  274,  275,  277 

Local  (mouvement) 291 

Longues  (syllabes) 263 


M,  mécanisme  vocal 40 

M,  gymnastique  vocale.. .     79 
m,  valeur  phonétique 

règle  générale.    . .   214 

exceptions 215 

redoublée 2I6 

fautes  canadiennes  217 

m,  liaison 280 

Sfollesse  d'articulation...     98 
Mollesse  d'articulation 

(remède) 97 

Mot 257 

Mots  (liaison) 269 

Mouvement 288 


N 

K,  mécanisme  vocal 47 

N,  gvmnastique  vocale. . .  86 
n,  valeur  phonétique, 

règle  générale 218 

exceptions 219 

redoublée 220 

fautes  canadiennes  221 

n,  liaison 280 

Notation  des  sons 22 

Nuances  de  diction 284 


INDEX  ALPHABÉTIQUE 


2D5 


o,  mériinisme  vocal ss 

<'.  JOinriiisti^uc  vocale.! 'br  «7 

<_',  niecuriisme  vochI.  'g,, 
",  Ryriiria<ti,,ne  vocale  "  nul 
",",  valeur  phonétique,"  V 

règle  générale...  13] 

exceptions.    13^  ( 

fautes  canadiennè.s  133! 
"-,  valeur  phonétique,  '/, 

rùale  générale ....    1 47  |  Quantité 
«'xceptioun jjjj  ' 

-/.éii^i!^,'!';'!';;'"''""'^"'''''^  ji» 

"■\  méi.-anisnie  vociil 
"N.  A;.Vmn«.stique  vocah' 
"«,  "/«,  valeur  phonétique, 
règle  générale.... 

exception.s 

fauttes  canadieniié.s 

niecani.srne  vocal 

i,'ynina.sti(|ue  voca'h' 
laleur  phonétique, 
■■«Kle  générale 


Prononciation...  ,,    ."^ 


""leur  iihonéti(|ue 

règle  générale..,,    .joa 

exception». .  ^-'T 

|.^.Jaute,  canadienne;  :i.-8 

:J8() 

262,  :!63 


.W 


ou. 


17-2 
173 
174 
.30 
«9 


1.37 


f^ùT''"""-'-.- 138    Ke.sp,ration 

mutes  canadienntd  139 


"'  mecauLstne  vocal  ,„ 

«,  gymnastique  vocale.'  '  '     ro 
'■,  valeur  phonétique,      '  ' 

règle  générale. . .      ■>2a 
exception.^. . .  J..,, 

redoubi,:,...      ■•••  ^3,* 

^|._^. fautes  canadienne.;  232 
Hécitation  et  lecture.  .■.';:   ^*? 


8 


i*,  niecani.<me  vocal 

'■•  »''n"a.stiqie  vocale    ' 

}',  valeur  phonétique, 

règle  générale.... 

exceptions 

redoublé '  ' 

,   f''Ute3  canadiennes 
7',  liai.siin 

p/i,  valeur  phonétb 

rtuse-s 

Période 

l'hi-use , 

Ponctuation... ... 

20» 


2H1 


s,  niécani.si..evo<'al. 
«,  gymnastique  vocale  ' 
■S  valeur  phon,4ti(|ue, 

règle  générale... 

exceiitions 

redoubler  ■. .... 

•'ii'il.  i;,-    '""'«^seanadiMués  Me 
-*:«J   ■%  liaison . . 

-W|. Sifflement.. '^J" 

A.8  j  Sifflement  (rem.-de) ** 

-!»2  )  .Silences 


39 
7«, 

22i! 
223; 
22-tl 


44 
H3 

233 
234 
23,-, 


281, 


9» 

282 


268   Son.H  du  langage  rfl 

268   Son  vocal  '^'  '^ 

2831  Syllabe..    <* 

258 


206 


INDEX  ALPHABÉTIQUE 


No. 
Syllabes  (classification). .  250 

Syllabts  (liaison) 261 

Syllabes  (quantité). .  262,  2(13 
Syllabes  longues  et  brèves  263 
Sylliilws  accentuée» 264 


T,  mécanisme  vocal 46 

T,  gynina.stique  vocale ...  85 
*,  valeur  phonétique,    ' 

règle  générale ....  237 

exceptions 238 

redoublé 239 

fautes  canadiennes  240 

t,  liaison 280 

Temps 281 

Timbre 6 


C 

U,  mécanisme  vocal 33 

u,  g.vinnastique  vocale ...  72 
«I  «,  lî.  H,  valeur  phonétique, 

règle  généra?"     . .  134 

exceptions 1,35 

fautes  canadiennes  136 

UN,  mécanisme  vocal ...  37 

UN,  gymnastique  vocale. .  76 
un,  uni,  valeur  phonétique, 

règle  générale. ...  175 

e.xceptions )  76 

fautes  canadiennes  177 

Usage 12 


V,  mécanisme  vocal 41 

V,  gymnastique  vocale. . .  80 
",  valeur  phont'titiuc, 

règle  générale 241 


fautes  canadiennes  242 

Vers  (construction) 28"> 

Vers  (liaison  dans  lu») .    .   27i) 

Voix .'i 

Voile  du  palais  (gymnus- 

,     tique) 57 

Voyelles 18 

Voyelles  orales  et  nasales     lu 


w,  valeur  phonétique . . .  '.  243 
X 

X,  valeur  phonétique, 

règle  générale   . . .  244 

exceptions 245 

fautes  canadiennes  246 

X,  liaison 280 


y,  valeur  phonétique, 

règle  générale. ...  128 

exceptions 129 

fautes  canadiennes  130 


Z 

z,  mécanisme  vwal 43 

z,  gymnastique  vocale 82 

2,  valeur  phonétique, 

règle  générale ....   247 

exceptions 248 

redoublé 249 

z,  liaison 280 

Zézaiement 106 

Zézaiement  (remède) ... .   107 


'^'ABLE  DES  MATIÈRES 


43 

82 


introduction Pages 

L'ART  OKATOIRE ' 

l^ICTION ' 

CuRREcrrcv,,,,,,^^,;^^, ^ 

Chac  I._Le,,  ,ons  ^ 

SKC.I.__Les^™è««  et,.  .;«,•,„  f^„:       5 

Aht.    I-L;^  caractères ^ 

AUT.  II.__Us  sons 5 

§  1— Les  voyelles ......'.'. ^ 

/V,./  f       ,      ^•~I'>-'''  consonnes .         ^ 

Voyflb'H "' 12 

(^onn;,n,tex 13 

Sec  IL^Le  niécvnisme"  voca' ^^ 

AHT.I.-Exereicespo„rdiscipii;,rle;     '' 

'    ■    *  *  ^O 


298 


TABLE  DE8  MATIÈRES 


T'Hge» 

}  2. — La  langue 2-t 

i  3. — Les  lèvivN 25 

Ar.T.    II. — Exercice»  Kur  chuque  non  en 

particulier •>{> 

Art.  IIL — Exercice»  pour  hb  corrigei-  des 

défauts  d'articulation 3G 

i  1.— La  mollesse  d'articulation 36 

J  2. — L^  nifflement 3!) 

J  3. — Le  lainbducisnie 4() 

i  4. — Le  crachement 41 

§  5. — Le  blésement 41 

§  (i. — Le  zézaiement 42 

J  7. — Le  chuintement 43 

§  H. — le  grasseyement 44 

Seo.  IV. — Valeur  phonétique  des  caractères.  47 

Art.  I. — Les  voyelles 4» 

§    1. — a,  à,d ^ 

§    2.—i,é,ë []][  52 

§    S.-é. 54 

*    4-« 55 

§    5. — i,  î,ï g4 

§    <>•— 2/ 67 

§    7.— o,  d 69 

§    8. — u,  n.  d,  û 72 

§    9.— oit 75 

§  10.— ai 76 

in.—ay 78 

J  12. — ce 70 

§13.— œ ,][  79 

§  14.— ei 80 

§  n.—ey 81 


TABI,E  DES  MATIÈRES 


S99 


16. 


■<HI  , 


§11 

i  V.). 
§20. 
Ml. 
M2.- 
i  23.- 
Art.    II. 

Aht.  III 
*    1.- 

i  3.- 

§  4.- 

*  5.- 
§  «.- 

*  7.- 

J  a—/ 

*  10.-, 

*  n.~r 

4  12.—^ 

$  ia_y 

§14.— r 
§  15.— 8. 
§  I6.~t. 
§  17.— y. 
§  18— TO 
§  19.— a:. 
§  20.— ^ 


re.se.s 

es  consonnes. 


Paires 

■ .  .  81 

• .  .  83 

...  83 

■ . .  8fl 

. ..  86 

.  ..  87 

.  ..  88 

. .  89 

..  »0 

..  93 

..  93 

..  94 

. .    ne 

.     97 

.  98 
.  99 
.  lOS 
.  102 
.  102 
105 

106 

108 

109 

110 

112 

115 


fOO 


TABLE  DEtt  MATltRE» 


H                                          i2\.-,h 

P«W» 

191 

H                                          ♦22.-sr« 

15  . 

■                                          i  2%—ph 

I"'+ 

^1                     Chap.  II.— Les  mots 

|.>.'j 

^H                            Sec.     I. — I.A  liaiNon  den  HyllalxiN 

^B                              Sbc.    II.— La  i|Uiiiititi'>  des  syllabe» 

^B                              Sec.  III.— L'accentuation  des  syllabes.. 

^1                     Chap.  III.— Les  phrases 

^m                              Sec.      I.— La  liaison  des  mots 

...    127 
...    MX, 
...  i:«> 
. . .   i:}:{ 
.   .   13» 

WM                            Sec.    II. — Iji  eoMstiuction 

l-t;i 

Sec.  III. — Le  mouvement. 

l.j-t 

l                              Sec.  IV.— Les  défauts  de  la  parole 

AUT.     I.— Le  béjjaie!nent 

1                                        Art.    II.— Le  Wbutiement 

...    l.-)7 

...    1.57 

I.5H 

Art.  III— Le  bredouillement 

Note 

...    1-.H 

Wt  1 

MORCEAUX  CHOISIS 

li,                                 Phiases  détachée.s.  (La  Fo.vr.\I.\E.) 

HE                              Phra.ses  détachées.  (Divers.) 

...    103 

...    10.3 
16.5 

Wt                              Phrases  détachées.  (Divers.).   . 

167 

K'                              Le  porte-drapeau.  (P  DÉRm'i.ÈDE.) 

tt:                            Le  lapin  de  La  Fontaine.   (Le  Prince 

Wk                                              LlONE.) 

. ..   170 

DE 

171 

K                              Après  la  bataille.  (V,  Hu(i().) 

ffifl                            La  bible.  (DoNoso  Cortès  ) 

. ..    172 
17'i 

Au  pain  sec.  (V.  Hugo.) 

174 

^                            Le  Misanthrope,  a.  I,  se.  1.   (Molière.)  .  . 

H                              Rapidité  de  la  vie.  (BossuEï.) 

H                              Les  pauvres.  (Bourdaloue.) 

H                              L'âne.  (R.  Topffer.) 

..   175 
..    I7C 
..   177 
..   178 

TABLE  DM  MATlfeRw  3^, 

MoHCEA.X  CH01.N,.s._,SV,7«. 

L'ours  ft  IcM  rluii»  -«  I'«wsi 

;;«;'^u.wmL^-^;;--) ]^ 

i-i  cliansoii  du  v,iniil,..-   ,  a   t      "*'' 

L.Mlormeur,  (I^„:,.s  VEnu.,T.): î!" 

Lof..v,n.wd.„ii.  (V.  H,-,»,)       '^^ 

;"'  r"!*^"'  «^^t  1  «c..r«„ii.  (Pu  R,  .'n-  i " 

f^n  enterrement.  fR  P  v   i»„, '^' 

'  ^■>T,bIe  Instoire.   (K.  ïoPfTfR  ) ^°' 

iA-H    cimetières    ri,.    «„„  204 

.m.AX,,).  .  .''""P"'^'"^'-     (CHATEAU- 

Le  lion  (le  Xémiîe  t\i\„..^      U' ^"5 

La;«"'e.  (CHAm.EssÉOAB;,):: ^"^ 

oll,„.n,a.lWd.  (Jha.a,caro.): '?? 

Polichinelle.  (C.  X„,„erV    218 

Le  glanl  et  la  citrouille.  (La  Fo.VTAmE  )' '  "   !,'.' 

217 


80*  TABLE  DB  MATltRI» 

Morceaux  cHoisw.—SuiU. 

fugut 

La  campagne.  (V.  Sariwit.) 21!> 

Iaj  coch»!  et  la  mouche.  (La  Fontaine.) 220 

Le  drapeau.  (J.  Claretie.) -iil 

Le  hanneton.  (R.  Toi'Kkek.) 222 

Le  voleur  et  le  «avant.  (Champfoht.) 224 

l*'  mont  «les  Oliviers.  (A.  DE  Viijny.) 22.'i 

Le  Ciil.  (J.  Bariiey  ii'At'HEvaLY.) 22(1 

L'existence  de  Dieu.  (Fravs.sin()Us.) 22H 

l'hoHphoreNCenoes,  (A.  Veuchin.) 22!» 

AhiisvéruH.  (Catulle  M    ,i)ts.) 2:u 

Variations  sur   un    thème    connu.     (Jile.s 

TllUKKIEB.) 2'.i-2 

Le  fleuve.   (FltANrois  Coci'iiE.) 2.'l;i 

La  chanson  du  fer.  (Alheht  Deli-it.).  . .      .   2;W 

Les  Plaideurs,  a.  I,  se.  1.  (J.  Racine.) 240 

La  chute.  (AmédÉE  BéEsai'.) 241 

Le  gué.  (Sully  Prui)H().m.me.) 244 

Pierrot  statue.  (Léopold  Laluyé.) 24(> 

Enfance  laborieuse.   (R.  P.  Lacoriiaire.).  .  .   2.il 

La  forêt.  (André  Van  Has.selt.) 2.î2 

La  fllle  de  Jaïre 2.5M 

Histoire  du  chien  de  Bri.s(|uet.   (C.  Xodiek.)  254 

La  vie  aux  champs.  (V.  Huuo.) 257 

•Le  distrait.  (La  Bruyère.). 25!) 

Le  cor.  (A.  de  Vigny.) 260 

Cinna,  a.  V^,  se.  1.  (Corneille.) 2(W 

Moisson  d  epées.   (F.  Coi-PÉE.) 2(i(i 

Napoléon  I.  (A.  Barbier.) 267 

Le  petit  nombre  des  élus.  (Ma.>ssilL(>n.) 26!» 

La  bataille  de  Waterloo.   (Victor  Huoo.).. .   270 
Don  Juan,  a.  IV,  .se.  6.  (Molière.) 272 


TABLE  UEH  MATIÈRES  jq, 

MoncEAux  cHoiMiM._Stt.7^ 

Lo  conscience    (V.  Huoo.).  ^ 

U  ch«„teu8o.  (K.  Manuel). ■;. "l 

Atl-aliç,,  a.  IV,  "se.  3.'  (R.ci,;^: ; _ J" 

Ije  |Kx.t.  et  le,  papillonn.  (J.  R,c„b;,;  r'   "? 

Mahomet.  (R.  P.  Lacorda.re.)..      Sf 

-<^  I)ehcan.  (A.  i,e  Mus,set  )  ff * 

r>e  HouH.pr.fet  aux  champ,.   (A." Daudet.)!  !   SJ 

JM'EX    ALI'HAHÉTIOUE 

^  291 

l'AIlLE  DES  .MATIÈRES 

297