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Full text of "Les noms populaires de nos insectes [microforme] : causerie faite devant la Société du parler français au Canada à sa séance solennelle du 20 mars 1919"

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m* 


CIHM 
Microfiche 
Séries 
(Monographs) 


ICMH 

Collection  de 
microfiches 
(monographies) 


Canadian  Instttute  for  Historical  Microreproduction*  /  Institut  canadien  de  microreproductions  historiq 


ues 


Technical  and  Bibliographie  Notes  /  Notes  techniques  et  bibliographiques 


The  Institute  has  attempted  to  obtain  the  best  original 
copy  available  for  filming.  Features  of  this  copy  which 
may  be  bibiiographicaily  unique,  which  may  aiter  any  of 
the  images  in  the  reproduction,  or  which  may 
significantly  change  the  usuai  method  of  filming  are 
checked  below. 


D 


Coloured  covers  / 
Couverture  de  couleur 


I      I    Covers  damaged  / 


Couverture  endommagée 


□    Covers  restored  and/or  laminated  / 
Couverture  restaurée  et/ou  pelliculée 

Cover  title  missing  /  Le  titre  de  couverture  manque 

I I   Coloured  maps  /  Cartes  géographiques  en  couleur 

□    Coloured  ink  (i.e.  other  than  blue  or  black)  / 
Encre  de  couleur  (i.e.  autre  que  bleue  ou  noire) 

I      I    Coloured  plates  and/or  illustrations  / 


Planches  et/ou  illustrations  en  couleur 


D 
D 
D 


D 


Bound  with  c'    r 
Relié  avec  d'- ,' 


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al/ 
jments 


D 


Only  édition  ava  ?'    .  ' 
Seule  édition  dispo.uj.e 

Tight  binding  may  cause  shadows  or  distortion  along 
interior  margin  /  La  reliure  serrée  peut  causer  de 
l'ombre  ou  de  la  distorsion  le  long  de  la  marge 
intérieure. 

Blank  leaves  added  during  restorations  may  appear 
within  the  text.  Whenever  possible,  thèse  hâve  been 
omitted  from  filming  /  Il  se  peut  que  certaines  pages 
blanches  ajoutées  lors  d'une  restauration 
apparaissent  dans  le  texte,  mais,  lorsque  cela  était 
possible,  ces  pages  n'ont  pas  été  filmées. 

Additional  comments  / 
Commentaires  supplémentaires: 


L'Institut  a  microfilmé  le  meilleur  exemplaire  qu'il  lui  a 
été  possible  de  se  procurer.  Les  détails  de  cet  exem- 
plaire qui  sont  peut-être  uniques  du  point  de  vue  bibli- 
ographique, qui  peuvent  modifier  une  Image  reproduite, 
ou  qui  peuvent  exiger  une  modification  dans  la  métho- 
de normale  de  filmage  sont  indiqués  ci-dessous. 

I      I   Coloured  pages  /  Pages  de  couleur 

j I   Pages  damaged  /  Pages  endommagées 

□   Pages  restored  and/or  laminated  / 
Pages  restaurées  et/ou  pelliculées 

□    Pages  discoloured,  stained  or  foxed  / 
Pages  décolorées,  tachetées  ou  piquées 

I     I   Pages  detached  /  Pages  détachées 

I  y/]   Showthrough  /  Transparence 

□   Quality  of  print  varies  / 
Qualité  inégale  de  l'impression 

Includes  supplementary  matériel  / 
Comprend  du  matériel  supplémentaire 

Pages  wholly  or  partially  obscured  by  errata  slips, 
tissues,  etc.,  hâve  been  refilmed  to  ensure  the  best 
possible  image  /  Les  pages  totalement  ou 
partiellement  obscurcies  par  un  feuillet  d'errata,  une 
pelure,  etc.,  ont  été  filmées  à  nouveau  de  façon  à 
obtenir  la  meilleure  image  possible. 

Opposing  pages  with  varyinq  colouration  or 
discotourations  are  filmed  twice  to  ensure  the  best 
possible  image  /  Les  pages  s'opposant  ayant  des 
colorations  variables  ou  des  décolorations  sont 
filmées  deux  fois  afin  d'obtenir  la  meilleure  image 
possible. 


D 
D 


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This  item  is  filmed  at  the  réduction  ratio  checked  below  / 

Ce  document  est  filmé  au  taux  de  réduction  indiqué  ci-dessous. 


lOx 


14x 


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Bibliothèque  scientifique. 
Université  Laval, 
Québec,  Québec 


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Harthe  Naheux  Biais 


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Université  Laval, 
Québec,  Québec 


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du  détenteur  des  droits: 

Marthe  Maheux  Biais 


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last  page  with  a  printed  or  illustrated  impression,  or 
the  back  cover  when  appropriate.  Ail  other  original 
copies  aie  filmed  beginning  on  the  first  pago  with  a 
printed  or  illustrated  impression,  and  ending  on  the 
last  page  with  a  printed  or  illustrated  impression. 


The  last  recorded  frame  on  each  microfiche  shall 
contain  the  symbol  -*(meaning  "CONTINUED"),  or 
the  symbol  V  (meaning  "END"),  whichever  applies. 

Maps,  plates,  charts,  etc.,  may  be  filmed  at 
différent  réduction  ratios.  Those  too  large  to  be 
entirely  included  in  one  exposure  are  filmed  begin- 
ning in  the  upper  left  hand  corner,  left  to  right  and 
top  to  bottom,  as  many  frames  as  required.  The 
following  diagrams  illustrate  the  method: 


1 

2 

3 

Les  images  suivantes  ont  été  reproduites  avec  le 
plus  grand  soin,  compte  tenu  de  la  condition  et  de 
la  netteté  de  l'exemplaire  filmé,  et  en  conformité 
avec  les  conditions  du  contrat  de  filmage. 

Les  exemplaires  originaux  dont  la  couverture  en 
papier  est  imprimée  sont  filmés  en  commençant 
par  le  premier  plat  et  en  terminant  soit  par  la 
dernière  page  qui  comporte  une  empreinte  d'im- 
pression ou  d'illustration,  soit  par  le  second  plat, 
selon  le  cas.  Tous  les  autres  exemplaires  origin- 
aux sont  filmés  en  commençant  par  la  premiè  e 
page  qui  comporte  une  empreinte  d'impression  ou 
d'illustration  et  en  terminant  par  la  dernière  page 
qui  comporte  une  telle  empreinte. 

Un  des  symboles  suivants  apparaîtra  sur  la 
dernière  image  de  chaque  microfiche,  selon  le  cas: 
le  symbole  -»  signifie  "A  SUIVRE",  le  symbole  V 
signifie  "FIN". 

Les  cartes,  planches,  tableaux,  etc.,  peuvent  être 
filmés  à  des  taux  de  réduction  différents.   Lorsque 
le  document  est  trop  grand  pour  être  reproduit  en 
un  seul  cliché,  il  est  filmé  à  partir  de  l'angle 
supérieur  gauche,  de  gauche  à  droite,  et  de  haut 
en  bas,  en  prenant  le  nombre  d 'images 
nécessaire.  Les  diagrammes  suivants  illustrent  la 
méthode. 


1 

2 

3 

4 

5 

6 

MICROCOPY    RESOLUTION    TEST   CHART 

(ANSI  and  ISO  TEST  CHART  No    2' 


1.0 


l.l 


1.25 


|3,2 
136 


L4 


m 

2.2 

12.0 

1.8 
1.6 


_J  APPLIED  INA^GE     Inc 

^5^_  'hbi  Has-i  Ml-  S'-eer 

S^S  •'ocheste'.    Nt  «    tort>         146Q9        USA 

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Sciences        '^     ^ ,..  .    r         / ^ 

476 
M214 

""    NOMS  POPULAIRES 


-      DE  — 

NOS  INSECTES 

Causerie  faite  devant  la  Société  du  Parler  français 
AU  Canada  à  sa  séance  solennelle   du 

20  MARS  1919 


OKOROIS  MAHinX 

Entomologiste  provincial 
Professeur  à  r  Université  Laval 


QUtBIC,  Tom  Mit 


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Imprimé  par 

L'ACTION  SOCIALE  Ltée 

103,  rue  Ste-Anne,  103 


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LES 


NOMS  POPULAIRES 


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—  DE  — 


NOS  INSECTES 


Causerie  faite  devant  la  Société  du  Parler  français 
AU  Canada  à  sa  séance  solennelle  du 

20  MARS    1919 


OSOROKS   MAHEUX 

Entomologiste  provincial 
Professeur   à   l'Université   Laval 


QafBKC,  JDIH  lUI 


Imprimé  par 
L'ACTION  SOCIALE  Liée 
103,  rue  Ste-Anne,  103 


AU  LECTEUR 


Faite  dans  le  but  dmiércsser  le  public  à  une  partie  de  la 
zoologie  encore  peu  connue  chez  nou.^,  celte  cawerie  n'a  aucune 
prétention    scientijic,ue.     L'auteur    ne    se    réclame    d'aucune 
espèce  d'infaillibilité.     Il  a  visé  à  donner  de  nos  insectes  les 
noms  les  plus  typiques  sous  une  forme  qui  plaise  à  l'auditeur 
nullement  préparé  à   écouter   une  trop  longue  ou  trop  sèche 
nomenclature.     Pour  cela  il  a  dû  laisser  de  côté  plusieurs  noms 
qui  devraient  trouver  place  dans  une  liste  complète.       Celte 
liste  reste  à  faire  ;    et  il  serait  bon  qu'un  entomologiste  entre- 
prit de  la  dresser.     On  se  rendra  compte  alors  que  certains 
noms  désigne,,      '        nsectes  différents  selon  les  région.^,  tels 
"crève-T'>,eux'\-f,  ippe  rt' abord",  ''taon         -te.     L'auteur 
espère  .     un  nul,     :lu1e  .       .,,  a...ez  de  loisir,  pour  parcourir 
la  pr...nce  iraiu,  'lera  er  st.  compatriotes  d'un  glossaire 

entomoloijique. 


LFS  NOMS  PIIPULAIIIES  DES  IMSKCTKS 
Al  CANADA  • 


r/histoire  naturelle  fait  la  renommée  et  la  bonne  fortune 
(le  notre  ville  :  voilà  hitn  une  chose  «Jont  nous  étions  loin 
de  nous  douter.  Depuis  je  ne  suis  combien  d'années,  elle 
contribue  à  attirer  chez  nous,  des  milliers  de  voya^jeurs,  de 
touristes,  de  millionnaires,  avides  de  distractions  et  en  quête 
de  curiosités.  L'objet  principal  de  leur  visite  à  la  vieille 
cité  n'est  pas,  comme  on  le  croit  généralement,  d'admirer  un 
site  idéal,  ou  de  faire  un  pèlerinage  jjatriotique  à  divers 
endroits  historiques.  Non,  ces  richards  viennent  à  Québec 
pour  voir,  avant  tout  et  par-dessus  tout,  le  placi<le  repré- 
sentant de  la  race  canine  qui  monte  la  parde  au-dessus  de  la 
porte  centrale  du  bureau  de  poste  ;  le  reste  n'est  qu'acces- 
soire. Songez  bien  que  Québec  est  la  ville  du  Chini  d\,r  et 
que,  de  ce  fait,  elle  exerce  sur  t(,iis  ciux  qui  ont  lu  le  roman 
de  Kirby  l'attraction  d'une  min*  au  i  loins  ('orée. 

Québec  n'es,  toutefois  pas  la  seule  ville  ni  possède  un 
animal  mystérieux.  Sans  parler  du  Sphyiu,  TÉgypte  attire, 
paralt-il,  de  partout  les  météorologistes  qui  vont  y  admirer 
ces  nuées  d'un  genre  très  original  que  sont  les  nur'es  de  sav- 
ierelles.     Le  visiteur  à  peine  débarqué  à  Mexico  recherche 

•  Ce  travail  a  été  lu  à  la  séance  solennelle  de  la  Société  du  Parler 
Français,  le  20  mars.  1919.  —  N.  D.  L.  B.  ^«leie  uu  rarier 


G  — 


avidemnientle  Fulgora  porte-lanfenie  et  épingle  à  son  chapeau, 
avec  une  satisfaction  non  dissimulée,  cet  insecte  tellement 
luntineux  qu'il  sert  habituellement  de  guide  dans  les  ténè- 
bres et  pourrait  régler,  à  l'avantage  de  tous,  la  <iuestion  de 
l'éclairage  domesti<iue.  Xe  voulant  i)as  rester  en  arrière,  les 
gens  du  Brézil  ont  découvert,  toujours  dans  le  royaume  des 
hôtes,  une  façon  peu  banale  de  soigner  la  réclame  de  leur 
patrie.  La  prodigue  nature  les  a  dotés  d'insectes  aux  formes 
élégantes  et  aux  riches  couleurs,  que  d'habiles  joalliers 
enchâssent  dans  l'or  et  l'argent,  montent  en  épingles,  pen- 
dentifs et  colliers.  Cette  mode  .  naturelle,  si  l'on  peut 
dire,  a  traversé  l'océan  et  trouvé  à  Paris  les  élégantes  qui 
pouvaient  la  faire  valoir.'  Certains  buprestes  aux  reflets 
d'azur  ou  d'émeraude,  de  magnifiques  charançons  écarlates 
ou  dorés,  brillent  au  cou  de  ces  dames  d'un  éclat  très  fascina- 
tcur.  A  ce  coin])te,  on  peut  affirmer  sans  crainte  d'erreur, 
<iue  les  insectes  sont  bien  portés. 

Chez  nous,  nous  nous  sommes  contentés  de  les  porter  sur 
la  main  ;  et  c'est  surtout  vrai  de  ces  sortes  de  papillons 
dont  nos  salons  regorgent.  Depuis  que  le  terrible  Kissing- 
hvg,  d'accablante,  mémoire,  est  complètement  disparu  des 
colonnes  des  journaux  et  des  esi)rits  superstitieux,  la 
po{)u]arité  des  insectes  a  pris  de  telles  proportions  qu'elle 
ferait  envie  à  plus  d'un  aspirant  aux  honneurs  municipaux, 
provinciaux  et  autres,  ("est  à  ce  point  que  notre  lan- 
gage est  rempli  de  leurs  noms  :  ce  sont  tantôt  des  ternies 
d'admiration,  tantôt  des  termes  de  mépris  :    mais  toujours 

ils   constituent    des   superlatifs   difficiles   à   enfoncer et 

Dieu  sait  si  nous  sommes  passés  maîtres  dans  l'art  d'outrer 
les  complinicnts  aussi  bien  q*ue  de  pousser  à  l'extrême  les 
opprobres. 

Crojcz-en  le  ténioiirnage  de  certaine  maman  :  son  fils  est 
fin  comme  une  mouche,  rif  comme  un  taon,  traiailleur  comme 
une  frcmille.  Le  garçon  du  voisin  est  haut  comme  ça  et  on 
ne  se  gène  pas  de  dire  <iu'il  est  gron  comme  un  pou.     Par 

(1)  Cf.  .Iac(|ues  Boyer,  In«prtos   utilisés  en  bijouterie,  litrue  française 
politique  et  littéraire.  Sème  année,  no  23, p.  632. 


contre,  trop  généreusement  doté  d'organes  de  locomotion,  le 
monsieur  d'en  face  est  irrévérencieusement  qualifié  d'araignée 
à  grandes  pattes.  La  petite  fille  qu'on  n'aime  pas  plus  qu'il 
ne  faut  a-t-elle  le  teint  légèrement  barbouillé  qu'on  la 
déclare  noire  comme  une  puce  ;  mais  de  la  demoiselle  de  la 
maison,  qui  tend  habilement  ses  filets  autour  du  célibataire 
récalcitrant,  on  dira  avec  conviction  qu'elle  est  une  fine 
mouche.  Malheur  à  celle  dont  le  cœur  est  en  équilibre 
instable,  on  chuchotera  avec  un  air  de  i)itié,  que  c'est  un 
papillon  qui  hutine  de  fleur  en  fleur  et  jamais  ne  se  pose. 

Par  ailleurs,  nos  Nemrods  pèchent  à  la  mouche  ;  et  com- 
bien d'autres  qui  jamais  ne  prennent  le  frétillant  poisson, 
prennent  facilement  la  mouche.  Un  ami  est  plutôt  irascible 
et  on  lui  demande  :  Mais  quelle  mouche  vous  pique  ?  D'au- 
tres se  contentent  d'être  dans  la  position  fort  désagréable 
d'avoir  la  puce  à  l'oreille  ;  on  dit  même  que  cela  leur  rend 
service.  Enfin,  certains  noms  d'insectes  sont  employés  à 
de  moins  louables  usages  :  ils  servent  à  souligner  des  défauts 
déjà  suffisamment  déplorables.  Ainsi  on  dit  au  monsieur 
obséquieux  qu'il  est  collant  comme  une  guêpe  ;  et  à  l'individu 
hir.sute  on  répète  qu'il  est  laid  ou  velu  comme  une  chenille. 
Le  dernier  terme  du  mépris,  entre  gamins,  c'est  de  se  traiter 
mutuellement  de  petit  ver. 

Il  ne  faudrait  i)as  conclure  de  ces  expressions  usuelles  que 
les  noms  populaires  des  insectes  sont  nombreux  au  Canada 
français.  Non,  notre  glossaire  entomologique  n'a  pas  la 
richesse  des  formes  qu'il  est  appelé  à  désigner.  En  fouil- 
lant tous  les  recoins  de  notre  i>rovince.  il  n'est  pas  certain  que 
nous  puissions  trouver  plus  de  cinquante  expressions  insec- 
tologiques,  si  on  me  permet  ce  mot.  A  la  pauvreté  évi- 
dente de  cette  nomenclature,  on  peut  apporter  comme  raison 
principale,  l'absence  de  leçons  spéciales  sur  les.  insectes  dans 
nos  diverses  maisons  d'enseignement. 

Du  reste,  l'insecte  se  charge  de  jeter  la  confusion  dans  les 
esprits,  en  se  dissimulant,  dans  son  enfance,  sous  les  nippes 
d'un  ver  ou  d'une  chenille.  Tout  le  monde  ne  peut  pas 
découvrir  un  futur  insecte  aux  ailes  agiles  dans  ce  que  l'illus- 


s  — 


tre  Fabre  appelle  un  bout  irinlestiri  qui  chemine.'  Tant  pis 
pour  l'insecte,  senihle-t-or.  dire,  s'il  n'est  jamais  (|u'un  misé- 
rable saucisson  qu'on  écrase  avec  mépris  ;  il  ne  tient  «(u'à 
lui  de  ne  pas  se  montrer  sous  cette  livrée  de  va-nu-picds  ! 
A  vrai  dire,  ce  ne  sont  pas  les  noms  qui  manquent,  mais 
nous  n'avons  pas  l'occasion  de  les  apprendre.  La  langue 
française  est  riche  en  noms  d'insectes  qui  ne  peuvent,  en 
aucune  fa(.on,  effarouclu  r  le  sens  musical  de  qui  que  ce  soit. 
Mais  on  a  généralement  peur  qu'un  excès  de  connaissances 
n'amène  à  sa  suite  un  déploiement  intempititif  de  haroqueric 
scientifique,  comme  disait  Provancher.' 

Ce  danger  n'est  pas  imminent,  puisqu'il  faudra  toujours 
avoir  recours  aux  termes  poi)ulaires  pour  se  faire  comi)ren- 
dre.  Jugcz-en  vous-mêmes.  Que  je  vous  parle  du  I.acli- 
nosterna  fusca,  de  la  ^Vralacosoma  americana,  ou  encore 
du  Culex  pipiens  et  vous  aurez  raison  de  i)ousser  les  hauts 
cris  et  de  réclamer  contre  ce  vain  étalage  de  jargon  tech- 
nique. Cei  ondant,  vous  me  comprendrez  parfaitement  si 
je  parle  du  (jos  barbeau  noir,  Aeja  chenille  à  tente,  et  du  marin- 
goidn  commun.  Les  noms  vulgaires  ont  donc  leur  utilité,  et 
c'est  à  bon  droit  que  notre  peuple,  pour  se  venger  sans  doute 
des  méchants  insectes  qui  le  dévorent  vivant,  leur  a  donné 
des  noms. 

Tout  d'abord,  il  existe  dans  notre  parler  populaire  des 
termes  qui  servent  à  désigner  la  classe  entière  des  hexapodes, 
c'est-à-dire  des  insectes.  Ain.si,  on  dira  :  les  bibite.s,  les 
petites  bêtes,  les  insectes,  et  parfois  aussi,  les  inscques.  En 
général,  on  appelle  mouche  tout  insecte  qui  vole.  Je  retrouve 
dans  La  Minerve,  celle  de  naguère  bien  entendu,  cette  défini- 
tion plaisante  du  mot  mouche  :  "  Le  mot  mouche  en  français 
s'applique,  dit-elle,  à  tout  insecte  qui  n'est  pas  désigné  par 
un  autre  nom  vulgaire  ".*  En  cela,  le  rédacteur  de  la 
^Minerve,  l'ancienne  toujours,  se  montre  excellent  disciple 


(2)  Cf.  Fabre,  Soutenira  entomologiquea,  4ème  série,  p.  300. 

(3)  Cf.  Naturaliste  canadien,  IX.  p.  383. 

(4)  Cf.  La  Minerve,  17  décembre  1877,  dans  une  réponse  à  l'abbé  Pro- 
vancher. 


—  9  — 

dance,  comme  autrefois  la  manne  des  Hébreux,  et  qu'elles 
s'évanouissent  avec  une  étrale  rapidité. 

L'ordre  des  Orthoptères  est  un  des  moins  riches  en  espè- 
ces ;  par  contre,  ses  individus  aiment  à  faire  parler  d'eux  et 
manquent  tout  à  fait  de  savoir-vivre.  Nous  rencontrons 
ici  des  voyageurs  turbulents,  grands  amateurs  de  sauts  en 
longueur,  et  tournant  sans  répit  la  manivelle  de  quelqu'invisi- 
ïïë  Plin«  le  J«tne  qui  donne  le  nom  vulgaire  '^ê^oitâhe  nn.v 
divers  insectes  plus  ou  moins  bons  voiliers.'  Cette  parenté 
scientifique,  au  premier  degré,  était  probablement  insoup- 
çonnée de  part  et  d'autre  ;  mais  il  est  tout  de  même  intéres- 
sant de  noter  comment  les  grands  esprits  se  rencontrent  à 
travers  les  sièf>'"s. 

Pénétrons  plus  avant  dans  le  royaume  df  la  gent  ailée  et 
étudions  de  plus  i)rès  les  noms  les  plus  typi([iies,  rrés  sou- 
vent de  toutes  pièces  par  nos  gens,  pour  désigner  certains 
animaux  à  six  pattes. 

Par  galanterie,  plutôt  que  par  ordre  d'importance,  nous 
commencerons  notre  revue  chez  les  Xévroptères.  Les  plus 
gros  individus  de  cet  ordre,  insectes  au  corp»  long  de  deux 
pouces,  aux  yeux  démesurés  et  aux  ailes  de  gaze  finement 
réticulées,  sont  les  élégantes  libellules  dont  le  nom  popu- 
laire est  demoiselle,  ou,  plus  rarement,  et  je  ne  sais  par  quel 
excès  d'indélicatesse,  demoiselhs  galeuses.  Les  sœurs  cadet- 
tes des  libellules  portent  bien  leur  nom  d'éphémères,  tant 
elles  sont  délicates,  inoffensives,  secouées  par  la  moindre 
brise  ;  les  ailes  frémissantes,  l'abdomen  retroussé  en  une 
courbe  gracieuse  et  portant  coquettement  trois  fils  longs  et 
ténus,  elles  semblent  venir  se  mirer  dans  nos  fenêtres  en 
attendant  la  mort  prochaine.  Pour  le  peuple,  ce  sont  les 
manne»,' peut-être  parce  qu'elles  tombent  du  ciel  en  abon- 

(5)  Cf.  Pline  le  Jeune,  Histoire  naturelle,  livre  XI  :  "  Dans  les  forges  de 
Chypre  on  voit  voler  au  milieu  des  flammes  une  grosse  mouche  de  quatre 
pieds.  On  l'appelle  pyrale  ;  d'autres  la  nomment  pyrauste.  Elle  vit 
tant  qu'ellereste  dans  le  feu  :  si  elle  s'envole  à  quelque  distance,  elle  meurt." 
Il  s  agit  ici  d'un  papillon  nocturne  et  non  d'une  mouche.  Cité  par  Bouvier, 
La  tie  psychique  des  insectes,  p.  7. 

(6)  Cf.  Provancher.  Les  noms  vulgaires  des  insectes,  dans  le  Natura- 
liste  Canadien,  III.  p.  139. 


L 


^v. 


*< 


]ll  — 


l)le  crécelle.  Notre  :uvatcrcV.c  est  le  type  de  ce  {jroupeineiit  ; 
son  nom  français  est  crùjuet."  A  côté  des  aanter  des  pren- 
nent jdace  de  soinljres  musiciens  qui  nous  chantent  au  cré- 
I)i:scule  leurs  aiirres  sérénades.  Dans  l'orchestre  des  hctes. 
où  les  «.'rcnouilles  tiennent  l'archet  d'une  ronflante  contre 
l)asse.  les  firillon;:,  ciue  notre  i)euple  dénomme  à  tort  cri- 
ijiicl.i  ou  criquets  noirs,  radont  avec  enthous.asme  les  cordes 
d'un  violon  criard  ;  ils  en  tirent  des  sons  cjui  ne  sont  nulle- 
ment comparahles  à  ceux  que  vous  venez  d'entendre. 

Ce  sont  ià  deux  groupes  d'Ort  ioi)tères  <iui  aiment  les 
larf,'cs  esi)aces  et  la  liberté.  Il  en  est  d'autres  (|ui  préfèrent 
le  voisinage  de  l'homme,  la  chaleur  de  du  foyer,  l'abondance 
de  son  garde-nuinger.  Je  veux  i)arier  de  deux  insectes 
c]iar;iés  des  anathèmes  de  tout  l'univers,  mais  «pii  ne  s'en 
])ortent  ni  niicux.  ni  pire.  Vous  avez  deviné  qu'il  s'agit  du 
harhcau  de  cuisine  (ou  blatte  orientale)  et  de  sa  sceur  honnie 
et  oxécrée  :  la  blatte  germanique,  la  (Irgoûtautc  coqicrclle 
(le  noire  pays.^  D'où  vient  ce  nom  à  rude  consonnance  ? 
Kst-ce  dû  à  l'origine  hoelir  de  la  l)ête  ?  On  croit  générale- 
ment que  c'est  une  corruption  audacieuse  du  mot  cockroacli 
par  lecjuel  les  Anglo-saxons  dé.signent  cet  insecte,  v^e  ne 
serait  donc  (ju'un  anglicisme  de  plus  !  Pourtant,  le  mot 
CDiinr relie  appartient  au  vieux  français  :  c'est  le  nom  qu'on 
donnait  autrefois  dans  les  abbayes,  aux  femmes  chargées 
de  veiller  les  chanoinesses,  dejjuis  l'extrême-onction  jusqu'A 
leur  enterrement.^  Entre  le  rôle  de  ces  coquerelles  et  celui  <les 
nôtres,  je  ne  jtnis  voir  qu'un  i)oi;it  de  ressendilance  :  \c  ites 
deux  i)assent  h',  nuit  éveillées,  l?s  unes  auprès  des  a  'onisantes, 
les  autres  autour  des  plats  convoités.  Les  Canadiens  u  eut 
certes  pas  demandé  à  ces  dames  la  permission  d'employer 


(<  J  I,a  véritalilc  s.iuterelli'  est  peu  connue  <iu  peuple.  Ses  représentants 
sont  très  rares  eomparés  aux  eri(|nets.  Elle  .se  .listingue  «ie  ceux-ci  par  sa 
couleur  verte  et  par  ses  aiitenn-s  fort  longues. 

(Si    /!liih-ll(i  girma:iic<i  ou  F.ctdliid  ■jirmanira. 

(9)  Cf.  Itescherelle  .Aine.  Sourcait  i1ictioiniai,-r  national,  toiue  I,  p. 
0t)2  :  ■•  |,a  doyenne  «lu  chajjitre  a  le  droit  «le  nomuier  le  solliciteur  «lu  clia- 
P'tre  et  I  écolâtre.  «le  [)lacer  l'intiriuière  e'  le.s  coqucrAlca  et  ilf»  1  vs  «leslituer 
«luaui!  il  y  a  cause  ".      (.1.  «le  la  IIoussuvo'. 


—  11   - 

leur  nom  à  aussi  vi'  usaj/e.  En  France,  on  dira  le  caiirrelal,  le 
cafard,  bien  que  la  '.laite  n'ait  rien  ù  faire  avec  les  fiens  qui 
ont  le  cafard. 

Chez  les  insectes  colorés  de  rouL'e,  de  brun  ou  de  noir,  et  aux 
ailes  supéri-ures  fortement  «•ornées  (leur  nom  leclinique  est 
Colcoptcrc.s),  nous  trouvons  quelc)ues  prétendues  mouches 
bien  connues  de  tous  :  la  inoiicfic  à  feu,  munie  d'un  systènie 
d'éclairajie  intermittent,  e'  à  liKiiielle  les  Français  donnent 
le  joh  noni  de  luciole  ;  la  mouche  à  patali  dont  la  iourdeui 
et  l'embonpoint  rappellent  tout  autre  cliose  «jue  l'éléRance 
d'une  mouche. 

11  existe,  en  i)lus,  dans  cet  ordre,  plusieurs  familles  d'insec- 
tes de  proie  qui  font  ripaille  d'espèces  nuisibles  et  nous 
rendent  ainsi  de  grands  services  ;  travaillant  pour  leur 
nor-riture.  la  question  ouvrière  ne  se  pose  pas  pour  ei-x,  mais 
ils  appliquent  certaines  théories  bolchévistes  à  leurs  con- 
frères moins  bien  armés." 

Une  espèce  entre  toutes  se  fait  remarquer  parla  multitude 
de  ses  individu?  :  c'est  une  jjctite  bestiole  hémisphérique, 
à  livrée  rouvre  tachée  de  deux  points  noirs.'  Nos  gens  n'ont 
pas  manqué  d'e.\i)loiter  ce  costume  ori^^'inid  -uix  dépens  de  nos 
miliciens  d'avant-guerro  ;  par  analogi':  de  co  ileurs.  îa  minus- 
cule moitiée  de  bouîe  -ouge  est  devenue  un  petit  .soldat. 
Le  nom  est  bien  trouvé  quand  on  voit  avec  quel  entrain  le 
petit  /soldat  charge  l'ennemi  et  le  passe  au  61  de  ses  mandi- 
bules acérées. 

Un  hôte  de  nos  armoires,  le  dermeste  du  lard,''  porte  le 
nom  de  petit  cador,  sans  allusion  politique,  car  sa  robe  n'est 
ni  rouge,  ni  bleue,  mais  d'un  noir  semé  de  gris.  Il  fera  plaisir 
aux  amateurs  de  musique  d'apprendre  qu'il  y  a  des  accidents 
musicaux  jusque  dans  les  noms  d'irnsectes  ;     ainsi,  le  petit 


{10)  Leptinolama   dccemlincita.     On   l'-ippelle   généralement   doryphore 
ou  liiirbiiiu  de  lu  jm^nnu-  de  t'~rre. 

(11)  Ces  VoUn,,lèrr«  app.-irtiennent  aux  familles  suivantes  :   Ckindelida. 
tarahid(F.  Staplwhiiidœ  et  VocrineUidœ. 

(12)  .IdaHa  bipuiictaly.. 

(13)  Dermestes  lardarius. 


■    12  -- 

-^'entionnoiis  encore  pnrn.i  !p,  i      , 
c-es  sortes  de  tauhes  nui  sur  ni         ''"'''^••'"^-  »»  c-oléoptères 

^^^  "-  tôtes  :  pour  Just  fier  '"  1  '''^  'T'"'  ""■^— 
combat,  ils  se  laissent  hXZnZfT  ''  '''"""'.•«"es  ,,e 
d-^  'an.pes.     On  les  appelle  .""î  ^^^''"'"'-^  '<"=»  autour 

'^"^  convient  ,u-àdenne"rs.i{";''"''  ''"'"""'"  ^  ""'"  ^e 
P-tensuUe.etaussno:,::;    ;:;i'^'7"*   '''"!--^-  ^'s  frap! 
Q->'  neconnnit  les  ..^.i,^;',''^ '?'•''•;•'- ">«tpaséteinte. 
«"X  Jon,.ues  cornes  nui  doi       !         f'  ""'"'■'"'-  ^es  insectes 
-e  ressen„.,auce  i^Jn^r^:l^^'f^^^^^^^^  'eur  non,  ï 
nos  ^rrand-n!ères  faisaient     n.  '""■'"'  ''^»'"^'Jeuse  oue 

7"tes.     Et  ces  barheax  *;'""?  "  """•^"^   'J--  ' 
^-  -nts  prodigieux    ors  X:"?'7 ''"^'^ '''''^ '''"-"'- 
sont  des  ra..c.tr,e  pour  les  1  "'"'''^'^  ''''  ^'  ^^^s  :    ee 

pour  les  autres..»  "  ""•'•  ^'^^  •^•""'^^-"''•r  ou  des  .«./.^L 

^^"nX;^^  n^auvaise  réputation  et  ie 

^'«es.   u,.   plaidoyer  en   leur        '  .'         '  '""*  ^''^^  "'"'Pro- 
I>"  reste,  la  conduite  de  rel  "'   ■^^""''•'"■t   ^i>   r  e„ 

âge  les  punaises  l,runes  q«  seeactT  '^'"'^'■"'  "^^  ^'•'^■'«n- 
a  lran.hoise  que  Ion  cro  ûe  T.  ■."^«"«'^érément  dans 
oute  a  pan,n,e  des  pou.v  des  tl  """"  ""^"  "^'"-»'«»t 
ndn.dus  aux  mœurs  douteu  es  ""'^T  ""'^,  ^*  ^-  P-es,  tous 

""■'■l'"-     fc- effet.  s-„git-il 


—  13  — 

de  remplir  nos  demeures  d'insectes  bourdonneurs,  malpro- 
pres à  l'excès,  dangereux  pour  la  santé  de  tous  et  dej  bébés 
surtout,  inca])ables  de  manger  .^ans  mettre  les  pieds  dans 
les  plats  :  les  Diptères  nous  fournissent,  avec  une  prodi- 
galité excessive,  les  mouches  tout  court,  ou  les  mouches  de 
maison.  Le  citadin  s'avise-t-il  d'aller  chercher  le  bon  air 
et  le  repos  à  hi  campagne,  qu'il  est  chaque  soir  assailli  par 
des  nuées  d'ennemis  invisibles  qui,  après  un  léger  murmure 
d'avertissement,  viennent  puiser  le  sang  de  ses  veines  et 
laissent  une  cuisante  blessure  :  tel?  sont  les  insidieux  cou- 
sins nos  trop  fameux  maringouins,  bêtes  d'ombre  et  de  sang. 
La  larve  du  maringouin  vit  dans  l'eau  où  elle  se  livre  à  des 
exercices  d'acrobate  et  plante  de  façon  impeccable  le  somer- 
set  :  notre  parler  populaire  la  dénomme  culbuteux,  lève-cul  ou 
ctilbutun  ;  en  cela,  il  est  permis  de  penser  que  Jean-Baptiste 
brave  pour  le  moins  les  règles  du  bon  goût  ;  du  reste,  vous 
«avez  qu'il  n'y  va  pas  de  main  rte  quand  il  croit  trouver  un 
nom  approprié.  Par  con'  ^,  certaine  mouche  dorée  qui  se 
nourrit  de  fumier  est  dite  poliment  mouche  jaune.  Je  n'insiste 
pas  sur  les  miser  \bles  brûlots,  sur  les  taons  ou  guêpes  à  cheval, 
et  autres  parasites  de  l'homme  et  des  animaux.»' 

Chez  les  papillons  ou  Lépidoptères,  aux  couleurs  si  riches 
et  si  variées,  nous  connaissons  les  petits  anges,  nom  que  le 
perple  donne  aux  papillons  de  petite  taille  et  habillés  de 
bla  ic.  Bien  canadien  aussi  le  mot  mite  que  nous  appli- 
quons à  tous  les  papillons  dont  la  chenille  se  fabrique  des 
habits  à  même  nos  vêtements.''  On  leur  donne,  en  France,  le 
nom  de  teigne,  il  y  a  la  teigne  des  pelleteries,  des  vêtements, 
etc  ;  consolons-nous,  car  nous  avons  des  teignes  :  teigne  du 
chou,  teigne  de  Voignon,  et  combien  de  gens  collants  comme 
une  teigne. 


(17)  Mouche  de  maison.  Musea  domcttica  ;  maringouin,  Culex  p  pisien; 
taons,  famille  des  Tabanidœ  ;  brûlots,  famille  des  Simulid(r. 

(18)  On  nnsidère  souvent  le  mot  mite  comme  un  anglicisme.  Cepen- 
dant le  mot  anglais  '"  mite  "  désigne  des  Acariens,  sortes  d'Arthropodes 
à  8  pattes  de  la  classe  des  .Arachnides.  Ces  animaux  n'ont  aucun  rapport 
avec  les  teignes,  appelées  en  anglais  clothet  moths,  etc.  Du  reste,  les  Aca- 
riens sont  inconnus  au  peuple. 


—  14  — 

Toutes  les  larves  des  papillons  sont  des  chenilles  :  che- 
nille de  ci.  chenille  de  ça,  chenille  de  toutes  couleurs,  che- 
nilles de  tout  ce  que  vous  voudrez.  Il  y  a  toutefois  quelques 
exceptions,  connue  le  ver  à  chou,  les  cern  tjrù,  etc.  N'ou- 
blions j)as  la  vache  à  Hyron,  nom  donné  quelquefois  à  la 
chenille  fortement  puhescente  et  hérissée  du  Spilcsoraa  '»  ; 
et  je  m'en  voudrais  de  passer  sous  silence  les  arpente  uses,  et 
puis  les  petits  mùiOM.'*,  bruns  et  noirs,  que  l'on  voit  du  prin- 
teiiii)s  à  l'automne,  trottiner  comme  des  «ens  affairés. 

Enfin,  n«.s  mouches  à  miel,  ou  al)eilles,  sont,  avec  les  guêpes, 
les  bourdons  et  hsfréviilles,  les  seuls  individus  que  le  peuple 
connais.se  chez  les  hyménojjtères. 

Tels  sont.  Mesdames,  ^fessieurs.  rapidement  et  incom- 
plètfment  énumérés  les  principaux  noms  populaires  de  nos 
insectes.  Avais-je  raison  de  dire  dès  le  début  que  la  moisson 
n'en  est  pas  abondante  ?  Elle  voisine  le  dénuement,  si 
nous  songeons  qu'il  existe  thi  is  notre  province  plu.sieurs 
milliers  d'insectes  nuisibles  et  qui  mériteraient  bien  d'avoir 
un  nom.  IMais  pour  en  arriver  là,  il  faudra  faire  une  guerre 
acharnée  ù  ces  deux  terribles  insectes  dont  parlait  autrefois 
le  regretté  monseigneur  Laflamme.  et  (lu'il  nommait  plai- 
samment :  hjnorantia  vulgaris  et  indifercidia  jntblicn.^  Ce 
sera  alors  l'âge  d'or  pour  le  collectionneur  d'insectes  qui 
n'entendra  i)lus  les  gens  dire,  en  sourdine,  autour  de  lui,  en 
se  i)ortant  une  main  à  la  tête  :  Pauvre  homme,  c'est  là  qu'il 
(sl  malade  !  Et  francheinent,  les  entomologistes  ne  seraient 
pas  fâchés,  si  la  bouteille  du  collectionneur  devenait  un 
article  indispensable  à  la  toilette  de  toute  personne  bien 
élevée. 


(19)  Provanrlier,  toe.  cit.,  III,  p,  14U. 

(20)  Dans  une  conférence  faite  devant  l'.\ssociation  forestière  du  Canada 
en  190-1.