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Full text of "Collection complète des oeuvres ..."

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f 









V 



COLLECTION 

COMPLETE 

3DES ŒUVRES 

D E 

J, J. RO US S EA U, 



TOME DIXIEME, 



. PUBLIC ilBlUllY 

TlLDiiN FOUNUATIONS 



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EMILE 



O V 



DE uéducation; 



TOME IV. 



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EMILE, 



O U 



DE VEDUCATION. 

Par J. J. ROUSSEAU, 
K^ttoven ae Genève, 



TOME IV. 




GENEVE. 



i\L Dec. LXXX. 



E M I L E, 

U 

DE L'EDUCATION. 



Suite du Livre Cinjiuieme, 



mm 



J 



E me fuis propofé dans ce Livre de 
dire tout ce qui fe pouvoit faire, laid 
font à chacun le choix de ce qui eit à 
fa portée dans ce que je puis avoir 
dit de bien, J'avois penfé dès le com- 
mencement à former de loin la corn- 
pagne d'Emile, &.àles élever Tun pour 
l'autre & Tun avec Tautre. Mais en y 
léfiéchifTant , j'ai trouvé que tous ces 
arrangemens trop prématurés étoient 
mal-entendus , & qu'il étoit abfurde 
de deftiner deux enfans à s'unir, avant 
de pouvoir connoicre fi cette union 
étoit dans l'ordre de la Nature, & s'ils 
auroient entre eux lés rapports conve- 
nables pour la former. Il ne faut pas 
confondre ' ce qui eft naturel à l'état 
fauvage & ce qui eft naturel à l'état 
«ivil. Dans le premier état t toutes les 
JBmik. Tome IV.j K 



lions fodales , & chaque 
teqa fii forme propre &' 
non de Tédocadon feule , 
cours bien ou mal ordonr 
& de réducation , on ne 
^ffortir qu'en les prérentai 
ttc pour voir s'ils fe convî 
^rards , ou pour préféré 
ènoix qui donne le plus ( 

nances. 

Le mal eft qu*«i dévelc 
faâeres , Tétat fodal 
ran^,&que rnndçcc 
n'étant point fembtable a 
on diftingue les conditi 
confond les caraderes. 1 
riases mal aflbrtis Se tous 



L T V R E V. î 

nî Pefclave n'ont plus de famille , cha- 
cun des deux ne voit que fon ctat. 

Voulez - vous prévenir les abus & 
faire d'heureux mariages ; étouffez les 
préjugés , oubliez les inftitutions hu- 
maines, & confultez la Nature. N'unif- 
fez pas des gens qui ne fe conviennent 
que dans une condition donnée , & qui 
ne fe conviendront plus , cette condî. 
tîoii venant à changer ; mais des gens 
qui fe conviendront dans quelque fiiua* 
tion qu'ils fe trouvent , dans quelque 
pays qu'ils habitent , dans quelque 
rang qu'ils puiffent tomber. Je ne dis 
pas que les rapports conventionnels 
foient Indifférons dans le marigge , 
mais je dis que l'influence desrap« 
ports natureb l'emporte tellement fur 
la leur , que c'eft elle feule qui décide 
du fort de la vie , & qu'il y a telle 
convenance de goûts , d'humeurs , de 
fentimens, de caradteres , qui devroit 
engager un père fage , fôt • il Prince « 
fut-il Monarque , à donner fans balan* 
cer à fon fils la fille avec laquelle il 
auroit toutes ces convenances , fût-elle 
jiée dans une famille déshonnéte , fût- 
elle la fille du Bourreau. Oui, je fou« 
tiens que , tous les malheurs imagina- 
Ues duSent^ik tomber fur deux époux 



nion des cœurs. 

AQlîeudoQcdedeftîo 

uneepoureèmonEmil 

de connortre celle qui li 

n cft point moi qui fefc 

tton, c'eftlaNawrc;! 

de tronrer le dhoix qu'c 

'«tmire, je dis la mienne 

-peré; car en met»>nfian 

•cède & place , H fubftîi 

an fien ; tfeft moi qui (1 

dlijiiiie, c^eftmoi qui V\ 

«Tacrofs rcfiifé'de félevf 

ipasetcdfl: maître de lé 

î j*d» , : c^ft-'à-dîi^ tttilnu 

[Iciifaifir dè«iÎK un heurt 

Tayctaqo'il eircodteft 

' If omifae en état de J* rf*^; 



L I V R E V. S 

cire Emile Tart*]! déjà vue ; mais il ne 
la reconnoitraque quand il en fera tems. 

Quoique l'égalité des conditions ne 
foit pas nécefTaire au mariage , quand 
cette égalité Te joint aux autres conve- 
nances , elle leur donne un nouveau 
prix *, elle n'entre en balance avec au* 
cune ) mais la fait pencher quand tout 
eft égal. 

\jn homme, à moins qu'il ne foie 
]\lonarque« ne peut pas chercher une 
femme dan^ tous les états ; car les pré- 
jugés qu'il n'agira pas il les trouvera 
dans les autres , & telle fille lui cun. 
viendroit peut - être qu'il ne Tobtien- 
droit pas pour cela, il y a donc des 
maximes de prudence qui doiv^t bor* 
ner les recherches d'un perejucficieux. 
Il ne doit point vouloir donner à Ion 
£lcvc un établiflement au - deflus de 
fon rang , car cela ne dépend pas de 
lui. Quand il le pourroit , il ne devroic 
pas le vouloir encore ; car qu'importe 
Ifi rang au jeune homme , du moins au 
mien : & cependant , en montant, il 
s'expofe à mille maux réels qu'il fen* 
tira toute fa vie. Je dis même qu'il ne 
doit pas vouloir compenfer des biens 
de différentes natures , comme la no- 
blçlfc & rafgeijt, paicç que Lchacui: 

A l 






pare la difcorde entre de 
& fouvent entre deux ép 
Il eft encore fort différ< 
lire du mariage , que Th 
'4iu*de(rus ou au-deiTous d( 
mkr cas eft tout- à- fait o 
laifon , le fécond y eft pli 
Comme la famille ne tient 
que par fbn chef, c'eft l'ét 
qui règle celui de la fai 
Quand il s'allie dans un 
il ne defcend point, il éle 
fe ; au contraire , en pren 
me au^deflus de lui , il s 
s*élever : ainfi , dans le ] 
y a du bien fans mal , & d 
du mal fans bien. De pic 



L I V R E V. t 

ingrat ou méprifé* Alors la femme, 
prétendant à Tautoricé, fe rend le ty- 
ran de Ton chef ; & le maître devenu 
Tefclave fe trouve h plus ridicule & 1 1 
plus mifjrable des créatures. Tels font 
ces maiheureox favoris que les Roîs do 
rAfre honorent & tourmentent de leur 
alliance , & qui, dit-on , pour coucher 
avec leurs femmes , n'ofent entrer dans 
le lit que par le pied. 

Je m'attends que beaucoup de Lee. 
leurs , fe focveoant que je donne à la 
femme un talent naturel pour gouver- 
ner l'homme , m'accuferont ici de con- 
tradiction; ils fe tromperont pourtant. 
li y a bien de la différence entre s*ar- 
roger le droit de commander , & gou- 
verner celui qui commande. L'empire 
de la fernm^ cft un empire de douceur , 
d'adreflc 6c de complaifance ; fes or- 
dres font des carefles, fes menaces 
font des pleurs. Elle doit régner dans 
la maifon comme unMiniftre dans TE- 
tat , en fe faifant commander ce qu'elle 
veut faire. En ce fens > il eft confiant 
que les meilleurs ménages font ceux 
où la femme a le plus d'autorité. Mais 
quand elle méconnoit la voix du chef, 
qu'elle veut ufurper fes droits & com- 
mander elle-même, il né réfulte iai. 

A4 



'«••»•• te • te ••« .tes.*. 



te. Mkâ..7 >^ ..^ ^^ .'tea.-ate ■»..* 

— - Cte -te ««C .^..te Jw te .'-._ tafc. •* 






.<..... w ^. .'^ .te? »>te-..>tea> .^--^> % 

ê:e • i C'je i'ir.îiLicce de? au: 
îi: vcit a cciui-d là :u:::ce 
ices laéxes. 

ueres. Peni'er cf: nr. art « 
:eni ccmie :ous ie> 2u:res 
'.LS dinciiener.:. Je ne cc.n' 
:5 deux fexcs Q'ct ceux cîaiT 
:e-t dÎKir.;îuee< ; lu ne des 



L I ▼ R E V. ^ 

ment la vie entière à travailler pour 
vivre , n'ont d'autre idée que celle de 
leur travail ou de leur intérêt, & tout. 
leur efprit femble être au bout de leurs 
bras. Cette ignorance ne nuit ni à la 
probité ni aux mœurs ; fouvent même 
elle y fcrt ; fouvent on compofe avec 
fes devoirs à force d'y réfléchir, & Ton 
£nit par mettre un jargon à la place: 
des chofes. La confcience eft le plus 
€claîré des Philpfophes : on n'a pas 
befoin de favoir les offices de Cicé- 
ton pour être homme de bien ; & la 
femme du monde la plus honnête fait 
peu^être le moins ce que c'eft qu'hon- 
nêteté. Mais il n'en eft pas moins vrai 
qu'un efprit cuUivé rend feul le cum. 
merce agréable , & c'eft une trifte chofe 
pour un père de famille qui fe plaît 
dans fa maifon , d'être forcé de s'y 
renfermer en lui-même , & de ne pou« 
voir s'y faire entendre à perfonne. 

D'ailleurs , comment une femme qui 
n'a nulle habitude de réfléchir élevera- 
t-eiiefes enfans-^ Comment difcernera- 
t-elie ce qui leur convient? Comment 
les difpofera-t-elle aux vertus qu'elle 
ne connoit pas, au mérite dont elle 
n'a nulle idée ? Elle ne faura que les 
flatter ou ks menace; , les rendre, in* 

- As 



î^^uent dans un ra?"'" 
Witen avoir m" ?.°' 

«^"t fois SLf "** J "'■• 
^«f éren,ennw?r J 

*"« dont pI i r ^'î ^'''ui: 
Une femmfbif ,ê«« ^ 

Î?'e,e]ledéda?/„1T„.''V 
femme , & c„m^^ '«us fe, 



L I V R E V. II 

plume ou le pinceau quand elles tra* 
vaillent. On fait quel eft le difcret 
homme de lettres qui leur didte en fe- 
cret leurs oracles. Toute cette charla- 
tanerie eft indigne d'une honnête fem- 
me. Quand elle auroît de vrais talens , 
fa prétention les aviliroit. Sa dignité 
eft d'être ignorée ; fa gloire eft dans 
Teftime de fon mari ; fes piaifirs font 
dans le bonheur de fa famille. Lee* 
teur , je m'en rapporte à vous-même : 
foyez de bonne-foi. Lequel vous donne 
meilleure opinion d'une femme en en- 
trant dans fa chambre , lequel vous la 
ïait aborder avec plus de refpedt , de 
la voir occupée des travaux de fon 
fèxe, des foins de fon ménage , envi- 
ronnée des hardes de fes en^ns , ou 
de la trouver écrivant des vers fur fa 
toilette, entourée de brochures de 
toutes les fortes , & de petits billets 
peints de toutes les couleurs ? Toute 
fille lettrée reftera fille toute fa vie, 
quand il n'y aura que des hommes fen« 
lés fur la terre : 

Ojaseris cur noiim te ducere , GaUa ? diferta es. 

Après ces confidérations vient celle 
de la figure ; c'eft la première qui frappe 
Se la dernière qu'on doit faire , mais 

A é 



4H.O V.HW II eu \)njb ncn po 

Aur , mais Tes dangers d 

qu'elle. A moins qu'une 

aie foit un ange , fon mai 

malheureux des hommes ; 

feroîtun ange, comment 

celle qu'il ne (bit fans c 

d'ennemis ? Si Tex crème la 

pas dégoûtante, je la préfi 

irème beauté ; car en peu c 

& l'autre étant nulle pouj 

beauté devient un înconv 

laideur un avantage : ma 

çuî produit le dégoût eft l 

des malheurs : ce fentimei 

s'effacer, augmente fans 

tourne en haine.* C'eft un 

pareil mariage ; il vaudroii 



L I V R E V. i| 

tageten tourne au profit commun. Les 
grâces ne s'ufent pas comme la beauté ; 
elles ont de la vie , elles fe renouvel- 
lent fans cefle ; & au bout de trente 
ans de mariage , une honnête femme 
avec des grâces plait à fon mari comme 
le premier jour. 

Telles font les réflexions qui m'ont 
déterminé dans le choix de Sophie. 
Elevé de la Nature, ainfi qu'Emile , 
elle eft faite pour lui plus qu'aucune 
autre ; elle fera la femme de f homme. 
Elle eft fon égale par la naiffance & 
par le mérite , fon inférieure par la for- 
tune. Elle n'enchante pas au premier 
coup-d'œil , mais elle plait chaque jour 
davantage. Son^ plus grand charme 
n'agit que par degrés , il ne fe déploie 
que dans Tintimité du commerce, & 
fon mari le fentira plus que perfonne 
au monde ; fon éducation n'eft ni brik 
lante ni négligée; elle a du goût fans 
écud.e , des talens fans art, du juge« 
ment fans connoîilance. Son efprit ne 
fait pas , mais il eft cultivé pour ap- 
prendre ; c'cft une terre bien préparée 
qui n'attend que le grain pour rappor- 
ter. Elle n'a jamais lu de livre que Bar- 
rême , & Télémaque qui lui tomba par 
hsLZUd dstxi^ les mains » mais une W» 



celles qui lui ccoxer.: a c 
gre de loa impatience cel 
paroienc du uoznenc deii: 
la moide de la vie à fe rer. 
à Verialîles , de Verlaîiies 
la ville à la camra^r.e, 
}^agne a la ville , «S: d*u 
Taucre , qui feroic fort en 
fes heures s'il n*avo:c le i 
perdre ainfi , & qui s*ebigi 
fes affaires pour s*occupe 
chercher : il croit gagner 1 
y met de plus , & dont au:; 
fauroit que faire; ou bu 
traire, il court pour cour: 
en pofte fans autre objet q'j 



L 1 V R E V. 17 

la ne Feftimcra point trop courte. Vu 
vre. & jouir feront pour lui la même 
chofe ; & dût-il mourir jeune , il ne 
mourra que raflafié de jours. 

Quand je n'aurois que cet avantage 
dans ma méthode , par cela feul il la 
fkudroit préférer à toute autre. Je n'ai 
point élevé mon Emile pour defirer ni 
pour attendre , mais pour jouir ; 6c 
quand il porte res dedrs au-delà du pré- 
fent , ce n*eft point avec une ardeur 
aOez impétueufe pour être importuné 
de la lenteur du tems. Il ne jouira pas 
feulement du plaiûr de defirer , mais 
de celui d'aller à l'objet qu'il defire ; 
Se (es paflions font tellement modé- 
rées ^ qu'il eft toujours plus où il eft» 
qu'où il fera. 

Nous ne voyageons donc point en 
courriers, mais en voyageurs. Nous 
ne fongeons pas feulement aux deux 
termes , mais à Fintervalle qui les fc- 
pare. Le voyage même eft un plailir 
pour nous. Nous ne le faifons point 
triftement aflis & comme emprifonnés 
dans une petite cage bien fermée. Nous 
ne voyageons point dans la molleife & 
dans le repos des femmes. Nous ne 
nous ôtons ni le grand air , ni la vue 
de$ objets qui nous environnât;, ai U 



{)reire? D'une feule ch( 
a vie. Ajouterai-je , & 
quand il ie peut? non, 
cft jouir de la vie. 

Je ne concjois qu'u 
▼oyager plus agréable q 
▼al ; c'eft d'aller à pied 
moment , on s'arrête à 
fait tant & fi peu d'exen 
On obferve tout le pa 
tourne à droite, àgaucl 
tout ce qui nous flatte 
tous les points de vue 
Bne rivière? Je la côi 
touffu ? je- vais fous fo 
grotte ? je la vifite ; une 
mine les minéraux. Pai 



L I V R 1 V ; li 

jôdis de toute la liberté dont un homr 
me peut jouir. Si le mauvais tems m*ar-* 
îête & que l'ennui me gagne , alors je 
prends des chevaux. Si je fuis las ... • 
mais Emile ne fe lafle guercs; il eft 
robufte ; & pourquoi fe lafferoitil ? Il 
n'eft point prefle. S'il s'arrête, com- 
ment peut -il s'ennuyer? Il porte par- 
tout de quoi s'amufer. Il entre chez un 
maître , il travaille ; il exerce fes bras 
pour repofer fes pieds. 

Voyager à pied , c'eft voyager comme 
Thaïes , Platon , Py thagore. J'ai peine 
à comprendre comment un Philolophe 
peut fe réfoudre à voyager autrement, 
& s'arracher à l'examen des richelTes 
qu'il foule aux pieds ^ & que la terre 
prodigne à fa vue. Qui eft - ce qui , 
aimant un peu l'agriculture, ne veut 

Î>as connoitre les productions partîcu- 
ieres au climat des lieux qu'il traverfe , 
& la manière de les cultiver ? Qui eft- 
ce qui, ayant un peu de goût pour 
l'hiftoire naturelle , peut fe réfoudre à 
paffer un terrein fans l'examiner , un 
rocher fans l'écorner , des montagnes 
fans herborifer , des cailloux fans cher- 
cher des foffiles? Vos Philofophes de 
ruelles étudient l'hiftoire naturelle dans 
des cabinf t6 ; ils ont des colifichets , 



%.a«uic y eit a la plac 
qui en prend foin a ra 
un fort bel ordre ; d'Ai 
pai mieux. 

Combien de plaifirs 
femble par cette agréa 
voyager ! fans comptt 
s-affermit , l'humeur qi 
toujours vu ceux qui vc 
de bonnes voitures bie 
veurs , trilles ^ gronda n 
& les piétons toujours g 
contens de tout. Comb 
quand on approche du g 
un repas grofTier paro 
avec quel plaifir on fe r 
Qpel bon fommeil on 
mauvais lit ! Quand on 
river , on peut courir en c 
mais quand on veut vc 
aller à mVri 



L I V R E y. 2i 

tant de connoiiTances élémentaires , il 
eft difficile qu'il ne foit pas tenté d'en 
acquérir davantage. On n'eft curieux 
qu'à proportion qu'on eft inftruit ; il 
fait précifément aflez pour vouloir ap« 
prendre. 

Cependant un objet en attire un 
autre , & nous avan(;ons toujours. J'ai 
mis à notre première courfe un terme 
éloigné : le prétexte en eft facile ; en 
fortant de Paris , il faut aller chercher 
une femme au loin. 

Quelque jour , après nous être éga- 
rés plus qu'à l'ordinaire dans des val- 
lons , dans des montagnes où l'on n'ap- 
perçoit aucun chemin , nous ne favons 
retrouver le nôtre. Peu nous importe , 

■ tous chemins font bons pourvu qu'on 
arrive : mais encore faut-il arriver quel- 
que part quand on a faim. Heureufe* 
ment nous trouvons un payfan qui 
nous mené dans fa chaumière ; nous 
mangeons de grand appétit fon maigre 
dîné. En nous voyant fi fatigués, fi 
affamés > il nous dit : fi le bon Dieu 

' vaus eût conduits de l'autre côté de la 
collfne , TOUS euffiez été mieux rc(;us... 
vous auriez trouvé une maifon de paix... 
des gens (i charitables de fi bonnes 

^ sens l ...•• Us n'ont pas meilleur cœui 



AiiMUictuue, ou du 
fite , entrer ckez el 
cet âge. 

On fait hâter le foi 
de nous. En entrai 
mangtr nous voyon 
nous nous placions , il 
Une jeune perfonne 
grande révérence , & 
ment fans parler. En 
faim ou de fes réponfe 
& mange. Le princi] 
voyage eft aufTi loin d 
iè croit lui-même enc( 
L'entretien roule fur 
nos voyageurs. Mon 
maître de la maifon , \ 
«n jeune homme aims 



I I VR « V- ÎÇ 

ft n'a point lu Télémaque ; il ne fait 
ce que c'eft qu'Eucharis. Pour la jeune 
perlbnne , je la vois rougir jufqu'aux 
yeux , les bailTer fur Ton aihecte , & 
ji'ofer fouffler. La mère , qui remarque 
Ion embarras , fait figne au père , Se 
celui-ci change de converfation. En 
parlant de fa ^litude , il s'engage in- 
ienfiblement dans le récit des événe- 
mens qui l'y ont confiné ; les malheurs 
de fa vie, la confiance de fon époufe , 
les confolations qu'ils ont trouvées dans 
leur union, la vie douce & paifible 
qu'ils mènent dans leur retraite, & 
toujours fans dire ua mot de la jeune 
perfonne ; . tout cela forme un récit 
agréable & touchant , qu'on ne peut 
entendre fans intérêt. Emile ému , at- 
tendri 9 ceife de manger pour écouter. 
Enfin , à l'endroit où le plus honnête, 
des hommes s'étend avec plus de plai« 
fîr fur l'attachement de la plus digne 
des femmes , le jeune voyageur hors 
de lui ferre une main du mari qu*il a 
faifie , & de l'autre prend aufli la main 
de la femme , fur laquelle il fe perche 
avec traniport en Tarrofant de pleurs. 
La naïve vivacité du jeune homme en- 
chante tout le mondie : mais la fille, 
plus fenfible que perfonne à cette mar« 
JSmik. Tomeiy. B 



i 



~'^ "y f rouie ■ 

prêts 
«•il e'( 
mii/e. 

7°'t fa col*/?''? de 
^«nvoya« f?*»^» . «S 



L I V R B V. 27 

Vil trcflaillîr Emile. Frappé d'un nom 
ficher, il fe réveille en furiàut, & 
jette un regard avide fur celle qui Tofe 
porter. Sophie, ô Sophie! eil-ce vous 
que mon cœur cherche ? efi - ce vous 
que mon cœur aime ? il t'obferve , il, 
la conte«i|»le avec une ibrted« crainte 
6c de défiafice. Il ne voit point exac- 
tement la fif^e quMl s'étoit peinte i il 
ne fait fi oeUe «|ju*il vtoit vaut-mlcux ou 
moins. Il étudie chaque: trait , M épie 
chaque* mouvement , chaque gefte, il 
trouve atout «liUe interprétations con- 
fufes ; il donneroit la mfoitié de fa vie 
pour qu'elle voulût dire unifeul mot. 
IL me regarde inquiet & troublé; fes 
yeux me font à la fois cent queftions , 
cent reproches. Il femble médire à 
chaque regard ; guidez - moi , tandis 
qu'il eft tems ; fi mon cœur fe livre & 
fe trompe , je iCea reviendrai de mes 
jours. 

Emile èft l'homme du monde qui fait 
fe moins fe dégui&r. Comment fe dé- 
gurferoi&il dans le plus frand trouble 
de fa. vie , eûtrequatre fpeétateurs qui 
l'examinent , & dont le plus diftrait 
eir apparence eft en eiFetk plus atten- 
tif ?. Son défordre' n'échappe point aux 
if«QZ pénétians de Sophie ; les flens 

B » 



ferojt trop tard pour s'e 
...^ eft alors gae le^J! 

ion cœur, & „,.';i .^^ 



L I V R E V. t9 

changé dans peu d'inftans! Ce n'eft 
plus, le tour de Sophie .de trembler, 
c'eil; celui d*£mile. Adieu la liberté , 
la naïveté , la franchife. Confus , em- 
barraffé , craintif, il n'ofeplus regar* 
^cr amour de lui , de peur de voir 
qu'on le regarde. Honteux de fc laifTec 
pénétrer, il voudroit fe rendre in vi fi- 
ble H tout le monde ^ pour fe raflaâer 
de la contempler fans être obfervé. So- 
phie \ au contraire , fe raffure de la 
crainte d'Emile ; elle voie (bn triom- 
phe , elle en jouit. 

> ■ • 

Nol moilra già , bea ché in fuo cor ne rida. 

Elle n'a pas changé de contenance ; 
mais malgré cet air modefte , & ces 
yeux baifles , fon cendre cœur palpite 
de joie , & lui dit que Télémaque e(l 
trouvé. 

Si j'entre ici dans Thiftoire ttop naïve 
& trop (impie , peut-être , de leurs in- 
nocentes amours , on regardera ces dé- 
tails comme un jeu frivole ; & Pon 
aura tort. On ne confîdere pas aflez 
rinfluence que doit avoir la première 
liaifon d'un homme avec une femme 
dans le cours de la vie de Tun <& de 
l'autre. On ne voit pas qu'une première 
imprcffion , aulir vive que celle de Ta- 

^ B i 



Si J'»' pu rendre c« 
*l'^'t„V£Su'fort au 1 

*^ ' lîTceitt wtteprtl 
îr*éSS^. ni cffr 
?^r«ltés de langue. Si 



fhTt peu d 



L I V 1 1 T. }t 

(brçe la pcctniete , eft qu'il ht s'agit 
ps. jld. dfuQ jcuriç hiomoifi livité dès 
reiilance à la crainte , à la convoitife , 
à l^nvie, a l'brgueii » & à toutes les 
pafnons qui fetvent d'infiniment aux 
c^uca.iiio&s communes; qu'il s'agit d'un 
jeune )K>m!](ie dont cVft ici , non.feu- 
leinevtt tejpreibier aâiour , mais la pre- 
miere piwon de toute çfpiece ; que de 
c«tce jp^{&on , l'unique , peut - être , 
qu'îi (eatirai Vivemeiit dans toute h 
tie , dépend la dernière forme que 
doit preridce Toa c^radere. Ses manie- 
Tes de penfer , fes fentimeos , fes goïits 
fix^ par une pftfljoh dura^Je^ vont ac« 
quérir uoe eonfiftanc^ qui ne leur per- 
mettra plus de s'akérer^. 

Oa cdiiqoifc qu'entre Emile Se moi , 
}a liûit qui fuit une pareille foirée ne 
fe paffe pas toute à dormir ? Quoi donc? 
la feule conformité d'i^Q norfi doit-elle 
^voir umt de pouvoir fur . un homme 
iàge? N'y a-til qu'une Soiphiè au pionr 
de ? S& reffemblent-relks toutes d'ame 
comnie de nom ? Toutes celtes qu'il 
veirra font-elles *la fienne ? Eft-il fou , 
de ^e pafTiQnnet ainfi pour une incon- 
nue à laquelle il n'a jamais parlé ' At- 
tendez, jeune homme ; examinez, ob- 
lèrvez. Vousncfavezpas même encore 

B4 



El """^ «"> non 
*^P^e , par j^ j^ ° 

penchant. Ce «ppil 
5fJ! ^f'Pe "e font q, 

-" « y manque pas • mai 
ae la maifon. Je pénètre 
parant des reftitotioDs . S 



L I ▼ it Ë V. •!>% 

table amour eft plus rafinée ; 'elle ^ 
bien d'autres prétentions.. Sophie eft 
mife encore plus iimplement que la 
^ilFc , & même plus négligemment , 
^uoiqu*avec une propreté toujours fcru- 
pnleofe. Je ne vois de la coquetterie 
dans cette négligence , que parce que 
j'y vois de Taffed^tion. Sophie fait bien 
qu'une parure plus recherchée eft une 
déclaration , mais elle ne fa^t pas qu'une 
parure plus négligée en eft une autre ; 
elle montre qu'on ne fe contente pas 
de plaire par rajuftement , qu'on veut 
plaire auffi par la perfonne. Eh ! qu'im- 
porte à l'amant comment on foit mife, 
pourvu qu'il voye qu'on s'occupe de 
Juî ' Déjà fûre de fon empire , Sophie 
ne fe borne pas à frapper par fes cnar- 
mes les yeux d'Emile , fi fon cœur ne 
Và les chercher ; il ne lui fuftit plus 
qu'il les voye , elle veut qu'il les fup- 
pofe. N'en a-t-il pas aflez vu pour être 
obligé de deviner le refte ? 

Il eft à croire que durant nos entre- 
tiens de cette nuit , Sophie & fa mère 
n'ont pas non plus refté muettes. Il y 
a eu des aveux arrachés , des inftruc- 
tions données. Le lendemain on fe raf- 
femble bien préparés. 11 n'y a pas douze 
heures que nos jeunes gens fe font vus ; 



s'éviter , & cda m 
d^intelligenoc : ik « 
concert ; îk ftnieill 
nyftere mwwnt de s'c 
jutftact^ novs denanc 
de Tenir nouc-aiénes 
nous emportons. L« 
demande cette permîi 
b mère , tandis que fi 
tournés fur la fille , k 
beaucoup pics inftâmn 
dit lien , ce iàtt aucun 
lien vo:r> rien enten 
rougit , & cette rou^ 
pocfe encore plus claî 
firsparens. 
On nous permet de 



L I V E 1 V. îç 

plus Toifine li}i fçmblf déjà trop éloi- 
gnée. U voudrpit coucher dans les 
fp(Tés du Ch(iteau. Jeune étourdi ! lui 
dis-i9> d'un ton de pitié ; quoi ! dijà 
la |>airion vou^ aveugle ^ Vous ne voye2 
déjà élus ni les bienféances ni la rai- 
fon 1 ftUlheureus | Vous croyez aimer , 
^ voun voulez déshonorer, votre maii* 
treiTe ! Qû^ dir^-t- on d'elle , quand 
on Aura qu'un jeune horadle qui fort 
de ft .maifon couche aux -ei? virons ? 
Vous Taimez , diteis^voui ! E(tce donc 
à vous de la perdre de réputation ? ÉiU 
ce U le prix de rhorpicali^é que fe^ 
parens vous ont accordée : Fer^z-vous 
l'opprobre de celle dont yopa attendez 
yotrc boçheut ? Eh ! qu'importent , 
réf^ond-U avec vivacité, les vains diC 
çoùfs des > hommes & leurs injuftes 
fo\)pqoqs ! Ne m'ave.z-VouS pa^ appris 
Ypul*t9éme à n'^tn faire aucun cas? 
Qui (kit mieux que moi combien j'ho- 
iidre Sûfihie « combien je la yeux réf.. 
jie^er Aton ^ttachetnenl n^ fera point 
Ài honte, f il fera ùl gfoire , il fera digne 
d'elle. .Qjiaod mon opeur & mes (oins 
lui rendront par*tout l'hommage qu'elle 
mérite , e& quoi puis - je rovtrager l 
Cher Emile , reprends - je en l'einbraf^ 
ftot f voul liSfonnez poiyr.vcrua ^ ap« 

B 6 • 



« «cme vertu qn* „, 
l»«w Too» les cWbo,;„ 
▼ous-obllge i ]« „22 

«Wlkreflè. V<îre^!** 
feni • Â il r ^ /"Mine 

iw,& le fien dépend. 
T^o. ne voo» rendez pj 

aeluï rende pas ce quiî 
«ra mfetence» , je Ui fej 

i^«*f 00 ies parons ont, 



L I V R B V. 37 

Vhomme fenfible qui veut perdre celle 
qu'il aime ? Quel eft l'honnête homme 
qui veut faire pleurer «à jamais à une 
infortunée le malheur de lui avoir plû ? 

Le jeune homme , effrayé des con« 
féquences que je lui fais envifager , & 
toujours extrême dans Ces idées , croit 
déjà n'être jamais aflez loin du féjour 
de Sophie : il double le pas pour fuir 
plus promptement ; il regarde autour 
de nous fi nous ne fommes point écou- 
tes ; il facrifieroit mille fois Ton bon- 
heur à l'honneur de celle qu'il aime ; 
il aimeroit mieux ne la revoir de fa vie 
que de lui caufer un feul déplaifir. 
C*eft le premier fruit des foins que j'ai 
pris dés fa jeunefTe de lui former un 
cœur qui fâche aimer. 

11 s'-agit donc de trouver un afyle 
éloigné, mais à portée. Nous cher- 
chons , nous nous informons : nous 
apprenons qu'à deux grandes lieues eft 
tine ville ; nous allons chercher à nous 
y loger , plutôt que dans des villages 
plus proches où notre féjour devlen- 
*droit fufpedt. C'eft-là qu'arrive enfin 
le nouvel amant plein d'amour , d'e& 
poir , de joie, & fiir-tout de bons fen- 
timens; & /w>ilà comment dirigeant 
péo-àpeu fà palfioD naiflante vers ce 



grandes difficultés ft 

les grands obftacJcf 

u tie me refte pins 

faire ^ne de ne pas ^ 

en me hèttnt de le i 

linccrtîtode de la i 

tons fiir.tout te fiwfl 

tnoltr ïé préfent à Ti 

vent irtmoler ce qu 

fera point Rendent 

dans tous Jes âf^s , , 

bien des foînfc a ne m 

voir été. Or, t'St c 

iôikir de la vte , c'eft 

de l'açMefcenoc, oi 

^»rps t& de rame ont 

grande Wgttcur, Axrii 

licti de fa courfc reit 



L I V R B T. ^9 

Confidérez mon Emile )l ïl vmgt ans 
piffés , ' bien fiotmé , bieh conftîtoé 
d'^rprit & de corps , fotl , fa^ , di& 
pos ) adroit , roboite , plein éè fens « 
de faifon , de bontés d'humanité « 
ayant des mœurs , dn go^ , aimant le 
beau ^ faîfant k -imn , libre de l'em« 
pire des faisons Groèfle»^^ e^eempt du 
joug de ropihroh , fmttn tœafara à la 
loi de h fegefle , & dtràtle è la voix de 
l'amitic ^ pofledant tous tes taiens uti- 
les, & pmfteuTS tàlens agréables, fe 
fouciant peu des riciTcffcs , portant fa 
reiïburce au biMit de fes bras , ^ n'ayant 
pas peur de manquer de pain « quoi« 
^u'il arriva. Ëe voi4^ma!At^naint enivré 
d'urte paflion naiiTante : fon ceeufr s'ou- 
vre aux prémkrs feux de Famoui'; fes 
douces ilkiiions lui font un nouvel uni- 
vers de délice & de jouiffance v4^ aime 
un objet aimable , & plus aimable en- 
core par fon carat^ére que piftr (a per- 
fonne ^ il efpere , il attend un rétour 
qu'il fent hii étr« du ; e*eft du rapport 
des ooeuHi ^ «'eft du ^b^cours des fen- 
tlmehs honnêtes <, que s*c(l formé leur 
premier penchant Ge paiehant doit 
être durable : il k livre avec confiance, 
avec raifôn tnéme , au plus charmant 
délire , fans craiate y faxis itgret» fans 



"Vt^tés d^édocation de | 
litnu^os & pédaiiùefqtK 
iri[^<9B «le^oirs des enfs 
4tot!« dit pasun OKft de 
^portitiite & k plus c 
4fédMcdldon ; favoir, la 
«piifoge de l'enfance à i 
Si j'ai pu rendre ces t 
quelque endroit , ce fe 
m'y être étendu fort a 
^partie effisniieile otnife 
Hl/tts ) & pfl(ur ne m'étre 
bifter dsrft cette entFep 
fes délioaatedës , ni e( 
difficultés de langue. S 
fautfaiDe , j'ai dit ce q 
îl ifï'importe fort peu 



t 1 V 1 1 T. |t 

force la pttmittt , cft qu'il ne s'agit 
n^s. jd. dfuQ jeune hooioifi livcé dès 
renfance à la crainte , à la con?oitire « 
à lenviie, a Vbrgueii , & à toutes les 
payions qui fervem d^nftniment aux 
éducations commiioes; qu'il s*agit d'un 
jeune komite dont ccû ici « non - feu- 
leinett lisjprediiet ^Qiour , œais la pre. 
miere piffion de toiiee çfpece ; que de 
cette p^ffion , l'unique , peut - être , 
qu'il leatira Vivenaent dans toute Ci 
vie , dépend la dernière forme cfue 
doit prendre foa orad^re. Ses manie- 
Tes de pcnfer , fes fentimeos , fes goûts 
ftJiài par un^ pAfljoh duri^bje , vont ac- 
quérir une eojnfi&anc^ qui ne leur per- 
mettra plus de s'akérer^ 

Oa conçoit qu'entre Emile Sr moi « 
la nuit qui fuit une pareille foirèe ne 
ié paffe pas toute à dormir ? Quoi do tic? 
la feule conformité d^-uu noitï doit-elle 
avoir umt éc pouvoir fur . un homme 
ikge? N*y a-til qu'une Sophie au mon- 
de ? Sb reffemblentrelks toutes d'ame 
comnic de nom ? Toutes celtes qu'il 
verra font-elles #la fienne ? Eft-il fou , 
de fe paffionnet aiufi pour une incon- 
nue à laquelle il n'a jamais parlé ^ At- 
tendez, jeune homme ; examinez, ob- 
(krvez. Vousncfavezpas même encore 

B4 



telles, ci ne font pas f 

écoulées. Elles ne font 

jeune homme un noov 

Sophie , par le defir 

penchant. Ce rapport « 

rencontre qu'il croit t 

ferve même ne font ^ 

cité: déjà Sophie lui 

mable pour qu'il ne lo: 

la faire aimer. 

Le matin, je me dou 

fon mauvais habit de 
tâchera de fe mettre a 
M n'y manque pas : n 
emprcffement à s'acco 
delamaifon. Jepenc 

lis avec plaifir qu il ch 



L I ▼ It » V. *s% 

table amour eft plus rafinée ; elle ** 
bien d'autres prétentions.. Sophie eft 
mife encore plus (implement que la 
^ilTe , &. même plus négligemment ^ 
<qiioiqu*avec une propreté toujours fcru* 
puleofe. Je ne vois de la coquetterie 
dans cette négligence , que parce que 
j'y vois de l'afFedation. Sophie fait bien 
qu'une parure plus recherchée eft une 
déclaration , mais elle nefa't pas qu'une 
parure plus négligée en eft une autre ; 
elle montre qu'on ne fe contente pas 
de plaire par Tajuttcment , qu'on veut 
plaire auffi par la perfonne. Eh ! qu'int- 
porte à l'amant comment on foit mife , 
pourvu qu'il voye qu'on s'occupe de 
lui ' Déjà fûre de fon empire , Sophie 
ne fe borne pas à frapper par fes char- 
mes les yeux d'Emile , fi fon cœur ne 
Va les chercher ; il ne lui fufHt plus 
qu'il les voye , elle veut qu'il les fup- 
pofe. N'en a-t-il pas aflez vu pour être 
obligé de deviner le refté ? 

Il eft à croire que durant nos entre- 
tiens de cette nuit , Sophie & fa mère 
n'ont pas non plus refté muettes. Il y 
a eu des aveux arrachés , des inftruc 
tîons données. Le lendemain on fe raf- 
femble bien préparés. 11 n'y a pas douze 
ikeuies que nos jeunes gens fe font vus ; 



s'éviter , & cela itiéi 

d%telligenc« : ik Vc 

concert ; ils ftnteift d 

myftere a?irnt de s'ét 

partant, novs demafid 

de venir nou^-inémes 

nous emportons* La 

demande cette permif 

la mère , tandis que {) 

tournés fur la ûile , la 

beaucoup plus inftamn 

dit rien , ne fait aucun 

lien voir, rien enteti 

rougit, & cette rouj 

ponfe encore plus clai 

fès parens. 

On nous permet de 

nous învîfpr a rpfl-pr. 



L 1 V 1 1 V. ^ç 

s yoiflne lai fembU déjà trop éloi- 
ie» H voudTpit côacher dans les 
'es du Ch&ceau. Jeune étourdi ! lui 
- 19 , d'un ton de pîdé ; quoi ! dijà 
taliion vous aveugle ? Vous ne voye2 
î plus ni les bienfcances ni la rai- 
! ftlfilheureux ! vous croyez aimer , 
rou$ youiez déshonorer votre maU 
(Te ! Qâe dîrg - 1 - on d'elle ^ quand 
Aura qu'un jeune homme qui fort 
fn maifon couche aux environs ? 
JS Taimez , dîtes-vpui ! EitCe donc 
ovis de la perdre de réputation ? EiU 
là le prix de rhorpîtalt^â que feç 
ens vous ont accordée ! Ferçz-vous 
3probre de celle dont yops attendez 
re bonheut ? Eh ! qu^importent , 
ond-il avec vivacité, les vains diC* 
ti^ des ..hommes & leurs injuftes 
pqons ï Ne m'avez-vous paç appris 
iS*i9éme à n'en faire aucun cas? 
f fait mieux que moi combien )'ho« 
e Sc|phie , combien je la yeux re(^ 
1er Alon gttachefneni ne fera point 
lont^ , il fera (a gloire , il fera digne 
lie. Qjiaod mon croeur & mes (oins 
rendront par-tout Thommage qu'elle 
rite , eti quoi puis - je lovtrager l 
er Emile , reprends - je en Te^ibraf^ 
tf youl riCiibnnez pour voua î ap« 

B 6 



iivenc également de 
la même vertu qui 
pour vous les ctifco 
TOUS oblige à les re 
jnaîtreiTe. Votre hor 
feul ; & b Gen d«pei 
gliger ferott blelTer 1 
TOUS ne vous rendez 
TOUS devez, ftvous 
ne lui rende pas ce q 
Alors liii expliqua 
ces difFérence» , je tu 
injuftice it y aurot 
dompter pour rîen. 
a dit qu'il fera Fépou 
dont il Ignore les fent 
le cd^iir ou les parens 
ei%agemenls dntérien 
connoit point , & c 
avec lui pàè une des 



L I V R E V. .37 

Vhomme fenfible qui veut perdre celle 
qu'il aime ? Quel eft Thonnéte homme 
qui veut faire pleurer* à jamais à une 
infortunée le malheur de lui avoir plû ? 

Le jeune homme , effrayé des con- 
féquences que je lui fais envifager , Se 
toujours extrême dans fes idées , croit 
déjà n'être jamais aflez loin du féjour 
de Sophie : il double le pas pour fuir 
plus prompcement ; il regarde autour 
de nous fi nous ne fommes point écou- 
tes ; il facrifieroic mille fois fon bon- 
heur à l'honneur de celle qu'il aime ; 
il aimeroit mieux ne la revoir de fa vie 
que de lui caufer un feul déplaifir. 
C*eft le premier fruit des foins que j'ai 
pris dés fa jeunefTe de lui former un 
cœur qui fâche aimer. 

11 s''agit donc de trouver un afyle 
éloigné, mais à portée. Nous cher- 
chons , iK)us nous informons :. nous 
apprenons qu'à deux grandes lieues eft 
une ville ; nous allons chercher à nous 
y loger , plutôt que dans des villages 
plus proches où notre féjour devien* 
droit fufpeék. C'eft-là qu'arrive enfin 
le nouvel amant plein d'amour , d'ef^ 
poir , de joie, & fur-tout de bons feur 
timens; & \>oilà comment dirigeant 
pèii-àpeu ta paUion naiffante vers ce 



granaes oitticultês i\ 

les grands ofaftadc 

ii n« me refte plus 

iatre ^oe de ne pas ; 

en me hàcintdele 

Tincerittiide de It 

tons fiir-tottt ta fin 

moler It prêtent à 1 

vent Hâmoier ce q 

feirtponic. Reodom 

dans lOQs tes âges , 

bien des foins U ne i 

▼oîr été. Or, s'H 

fôitir de la vie , c'ef 

de Fadolefcenoe , c 

corps éè de l'ame oc 

grande l^gntar , &c 

lieii de fa coo^ wk 

âem ttrmts ^ lu 

briévfllé: Si Tiaipn: 



L ft^lr m r. T. %% 

CMfidèfes fiiOQ Bmik\ à !i4âgtans 
fâÉBéf^'b/kn fmmii. htehowâtué 
d'«rpffit êi et 'iotf9^ fa^ « Mn^ dîf^ 
po8% tdmt^ r0bmev,4>icffi tlè fens « 
tte.«ufea, de boirtéit fl*btiliiÉntfeé ^ 
aymtiÉM nëbiin v *d0 iote^ oiiiîa.nt le 
beM 9 firifiiat le %ien 4 ttWc tte 4'emx 
lpii«éwMffim»eniM«eY èwijii]^ dlu 

loi deb ftffcfle^ A ftecnleià ie wîx de 
raoAMvimréihrit ^tteke ttieat vttu 
les« & i^wfieuf f Ment e^i^édèles^ Te 
fouoiant (mil «hs^ rjclicffes ^ ptorfiaet fa 
feffcmfcir âa facetdè fet brte , A n'ayant 
paa pcor de «latoaiertk ^pdtd v^iiok 

Îo'îlianiftt. ihe Teîl Jk^mifiàtânalitenivré 
'utfe f W Sau :natflBirite rfeç: oèoiÉr t-'ou*. 
vil? mol Mtn&rs^ieox 4e' Famoiif'v fe9 
doBCte Hlofidnf Im fotit un nouvel uni» 
Vemdedâieei&dejoiriffimeevIÛ aime 
un ofajel! aimaMe , & ^Ivs ainiable en- 
tore yar ftn caraftrfft qiié 0r la pe^- 
fiôlm I il^^it V î) amftd* tt# fétour 
^'jt fcm M^éCJk dé-; «feft du #ap]Mft 
dies itanHi^' tfeft de ^Éékicoote lîcê fen- 
âaMe hônnétsa, qve-reft fonaé' leur 
Minnief jieiieiia9t Ge ^penellaiit doit 
wecdomUe : Hlk lif«r aiw^eeiÂmce» 
àtetc rtiAn îMliiie, an l>liit dîBfnafit 
diOice^ jateiCëaiitte » iîi08Dêfret> ittu 



d 



accorder avec ce qi 
les biens qu'on pei 
on n'y en peut ajc 
dépens d'un autre ; 
tant qu'un homme 
en ce moment ab 
doux ? Irai-je troi 
pure ? Ah ! tout l 
dans la- félicité qu'i 
rois-je lui rendre q 
lui aurois ôté? M 
comble à fon bonh 
le plus grand chari 
préme eft cent fois 
qu'à obtenir ; on ei 
-en l'attend que q 
<) bon Emile , ai 
Jouis lonR-tems a' 



Livi'B ▼. 41 

-finille enpeo de tems; mais je ferai da 
jnoint qu'il dore toujours dans ta mé* 
jBoir^, & que tu ne te tepentes jamads 
4e Kavoir «eâté. 

' Emile h oublie pas<. que nous avons 
des reftkutions à taire. Si-tAt qu'elles 
font prêtes, nous prenons des che- 
Vaox , nous allons grand- train ; pour 
cette fbis , en partait il voudroit être 
^mriyé. Qpandlecœurs'otivreaulKpaC> 
fions ,^il s'ouvre à l'ennui de la vie. Si 
je n'ai pas perdu mon tems , la fienne 
entière ne le pailèra pas ainfi. 
, Malheureufemefit la route eft fort 
çoôptc-^ $ le {Miys difficile. Nous notas 
^rans^ il s'en apperçoit le prànier , 
&, fins- s'impatienter, fans (b plain» 
dre, i) met toute fon attention à're» 
trcfuver ton chendn ; il erre lon^^tems 
flvàia^ de fe recoonc^tre ; & toujours 
avec.ile mteie*lang-froid. Ceci, n'eft 
rien pour vous, mais c'eft beaucoup 
poiir moi qui connois fon naturel em« 
porté: je voisleftuit des foins que 
j'sd mis dis ion enfimce à l'endurcir 
aux coups de la néceffité. 

Nous arrivons enfin. La réception 
qqfon nous fait éil bien plusfimple'& 
pliis obligeante c^ue la première fois ; 

nmn. foiamea déjà d'aneienneig coto^ 



Von i^ promené dut 
dm a pojui; parten» u 
entendu, ppur pai 
iiect de grands & bç 
Tfe toiitc efpeoe , çç 
-oe johs ruiifeaux , . 

ÎI.CMieç de fleurs. Le 
mile , plein die foi 
ipnrsdan«,l'enthoufiî 
je jardin d'Alcinoûs. 
lav«f ce que c'cft ( 
mère le demanda. A 
je , etoit un Roi de 
jardin décrit par Ho 
par les gens dcgoèt. 
pie & trop peu paré 



L I V R E V. 4| 

iioSs avoît un fille aimable , qui ,^ hi 
Teille qu'un étranger requt rhofpîta- 
lité , fongea qu'elle auroit bientôt un 
mari. Sophie , interdite , rougit, baiffie 
les yeux, fe mord la langue; on ne 

£eut imaginer une pareille confufion. 
e père , qui fe plait à Taugmencet , 
S rend la parole & dit , que la jeune 
rincefle alloit elle-même laverie linge 
à la rivière; croyez- vous, pour fuit-il, 
qu'elle eût dédaigné de toucher aux 
ferviettes fuies , en difant qu'elles fen- 
toieht le graillon ? Sophie , fur qui le 
coup porte , oubliant fa timidité na- 



.„ voit la poire & la pomme vieillir A Técher (Vir 
^» leur arbre, la figue fur le figuier &la grape 
,, fur la ibuclie. La vigne inépuirahie he ceub 
M d*y porter de liouveafix raifins; on fait cuire 
„ & oooftre lès uns au frleH ftir une ake, tandis 
,, qu^om en vendante d'atftres, laluant fur la 
,, pluiite ceux qui font encore en ficors , tfn Yet- 
,, jnfi , ou qui commeircent à noircir. A IHin des 
^ bt/uts , deux quarrés bien cultivés & couverts 
„ de ikurs toute Tannée font orné<; de deux fun- 
„ taines , dont Tune eft diilribuée de^is tout le 
^l jardin • êc Tautre , après avoir traverfé le Pa- 
„ Inis , eft conduite à un bâtiment élevé dans la 
„ ville pour abreuver les Citoyens ,,. 

Telle eft ia defcription du jar^Mn royal d'Alci- 

.voUs au fepticme livre de rOdyflée . dans lequel « 

i la hoate de ce vieux rêveur d*Èomere & des 

princes de fon ieni$, on ne voit ni creiUagts« ni 

IUiii«g , ni cafcadss » ni bouliagrias. 



-- — - •«•- «.ub \/iu«jijiicr* uut 

elle me regarde à la dtfrol 

inquiétude dont je ne puis 

de rire en lifant dans for 

nu les alarmes qui la font 

pcre a la cruauté de relevei 

derie , en lui demandant d 

leur à quel propos elle p 

elle, & ce qu'elle a de co 

la fille d'AIcinoùsf Honte 

Wante elle n'ofe plus fou 

garder perfonne. Fille chî 

n cft plus tems de feindre ; 

déclarée en dépit de vous. 

Bientôt cette petite fcene 
ou paroît fêtre; très-he 
pour Sophie , Emile eft le i 
a rien compris. La promen 



L I V R B V. 4^. 

for la lenteur de notre marche ; 
iblement ils nous précèdent , ils' 
ocbent , ils s'accoftént à la fin , 
Hsies voyons affez loin devant 
Sophie femble attend ve & po« 
rmîle parle & gefticole avec feu : 
paroic pas que l^entretien les en* 
Au bout d'une grande heure on 
ne, on les rappelle , ils revien* 
mais lentement à leur tour , Se 
>ic qu'ils mettent le tems à profit. - 
i tout-à-coup leur entretien cefle 
qu'on foit à portée de les enten* 
& ils doublent le pas pour nous 
dre. Emile nous aborde avec un 
vert & carcffant ; fes yeux pédl- 
ï joie ; il les tourne pourtant avec 
1 d'inquiétude vers la mère de 
: pour voir la récepuon qu'elle 
a. ' Sophie n'a pas , à beaucoup 
un maintien fi dégagé ; en ap- 
nt elle femble toute confufe de 
tête-à-téte avec un jeune hom« 
Ile qui s'y eft fouvent trouvée ^ 
autres fans çn être embarrafTée» • 
qu'on l'ait jamais trouvé mau» • 
Jle fe hâte d'accounr à fa mère > 
I effoufilje, en difant quelques 
ui ne fignifient pas grand'chofè , 

pour avoir raii d'étce là depuis : 
ms. 



nètaeé de^w «»«».« 
ter t« y»* . «!!«w 1 

elte me:p»rto "«*'*î 



L I V R E V. 47 

jeune ami m'a fait entrer pour beau- 
coup dans Ton premier entretien avec 
ik maitrefTe , je jouis du prix de ma 
peine ; Ton amitié m'a tout pa/é. 

Les vifites fe réitèrent. Les conver« 
lacions entre nos jeunes gens devien- 
nent plus fréquentes. Emile enivré 
d'amour croit déjà toucher à Ton bon« 
lieur. Cependant il n'obtient poinK 
d'ai^eu formel de Sophie ; elle l'écoute 
& ne lui dit rien. Emile connoit toute 
Ta n^od^ftie > tant de retenue Tétonne 
peu :; il fèrtt qu'il n'eâ pas mal auprès 
d'elle ^ il fait que ce font les pères qui 
marient lêsenfans ; il fuppofe que So« 
phie attend un ordre- de fes parens ^ il 
lui dernandela permiflTion de le follici- 
ter ; elle ne s'y oppofe pas. Il m'en 
purle-, j':en: parle en fon nom , même 
en (a .préfence. Quelle furprife pour lui 
d'apprendre- que Sophie dépend d'eHe. 
fetile.) & que pour le rendre heureux 
elle, a'd qu'à le vouloir ! 11 commence 
à. ne plus rien, comprendre à fa con« 
diiîte. Sa -^confiance diminue. Il s'a- 
larme*, il fe voit moins avancé qu'il ne 
pcofoit l'être, & c^eft'alots que l'amour 
le-:pius tendre employé fon langage .le 
plus touchant pour la fléchir. 
Emile n'efifaa fait pour detiner ce^ 



les leçons de fes 
Yrc ; Emile eft ricl 
bien il a befoin 
d'elle ! Quel mérit 
pour effacer cette i 
ment fongeroic-il à 
iàit-il s'il eft ridie 
s*en informer f Gra 
befoin de Tétre ^ il 
fans cela. Il tire 1 
fon Cœur & non.dc 
aux malheureux ( 
(es affeâions , fa 
Teftimation de fes 
ofe-til compter ) 
l'argent qu'il répai 
Ne (achantà qu 



L ï V R E y. 4*9 

n^erpcre plus la toucher par la ten- 
sffe , il cherche à la fléchir par 

pitié. Quelquefois fa patience le 
îc ; le dépit eft prêt à lui fuccéder. 
phie fcmble prefTentîr ces emportc- 
ms , & le regarde. Ce feul regard fe 
farine & Tinthiiide z il eft plus fou* 
j qu'auparavant. 
Trouble de cette réfiftance obftinée 

de ce filence invincible , il épanche 
1 coeur dans celui de fon ami. Il y 
pofe les douleurs de. ce cqiut navré 
: triftelTe ; il implore fon afiiftance & 
s confeils. Quel impénétrable itiyÂè- 

! Elle s'intérefle à mon fort , je n'cii 
lis douter : loin de m'évitcr elle fe 
ait avec moi. Quand j'arrive elle mar- 
ie de la joie , & du regret quand je 
jrs ; elle reçoit mes foins avec bonté ; 
es icrviccs paroiflent lui plaire ; elle 
ignc me donner des avis , quelque. 
s même des ordres. Cependant elle 
ette mes follicitations , mes prières, 
land j'ofe parler d'union , elle m'im- 
fe împcrieufement filence , & fi j'a- 
ite un mot , elle me quitte à Tint 
it Par quelle étrange raifon veut- 
e bien que je fois à elle fans vouloir 
tendre parler d'être à moi? Vous 
'elle honore , vous qu'elle aime âz 
Emile. Tome IV. C 



Il vous n'avtiev 
Je patli; à S 
avec peu de pi 
Tui) avant qu' 
tiens plus diS 
d'en inltruiie t 
& i'çn ufe. Ce 
dans un étoniw 
ic^nir. Il n'c 
cateffci il n'ii 
écus de plus 01 
rad-îfc s su « 
. eateii(L*e ce q^ 
U le mifC à rite 
il veut paitir à 
chirer, tout j 



four I 



li-hc 



vreque Sophie 
tte Ton époox. 
Hé quoi ! i\ 



L I V R E V. 51 

{>t5 qu'en fuivant votre infenfé projet > 
TOUS allez empirer votre Gtuation éc 
rendre Sophie plus intraitable ? Ceft 
Un petit avantage d'avoir quelques 
biens de plus qu'elle ^ c'en feroit un 
très-grand de les lui avoir tous facri- 
fiés , & fi fa fierté ne peut fe réfoudre 
à vous avoir la première obligation , 
comment feréfoudroit-elle à vous avoir 
fautre ? Si elle ne pdut fouffrir qu*un 
mari puifTe lui reprocha de l'avoir en- 
richie, (buffrira-t-elle qu'il puiife lui 
S rocher de s'être appauvri pour elle? 
malheureux ! tremblez qu'elle ne 
vous (bup<;onne d'avoir eu ce projet. 
Devenez au contraire économe & lbi« 
.gneoi pour Pamour d'elle , de peur 
qu'elle ne vous aCcufe de vouloir la 
gagner par adrefiTe , & de lui facrifier 
volontairement ce que vous perdrez par 
négligence. 

Crovta-vous au fcmd que de grands 
\nens lui fàflent peur, & que fes oppo- 
fitions viennent précifémentdes richefl 
fes ? iSton , cher Emile, elles ont une 
cau(è plus folide & plus grave dans 
feffec que ptoduifent ces richeâes dans 
l'ame do pofTeftéur. Elle fait que. les 
biens de la fortune font toujours pré* 
£érés à tout par ceux qui les ont. Tous 



de refte quand < 
ferïir en mangea 
vous donc à faîr 
ralTurer fur fes c 
bien connoitre à 
faire d'un jour, '. 
tréfors de votre 
cheter ceux dont 
d'être partagé. R 
detemsfurniont< 
' de fentiraens gra 
cez-lfl d'oublier 
la , fervez-la , fe 
parens, Prouvez- 
Ibnt pas l'effet c 

fafTagere , mais i 
les gravés au I 
-Honorez dignem 

Îiar la fortune ; < 
e récondlier âv. 



L I V H È V. çj 

ft félicite d'avoir à faire ; pour plaire^ 
à Sophie , tout ce qu'il feroit de lui- 
même quand Sophie n'exifteroit pas , 
ou ^'ii ne feroit pas amoureux d'elle. 
Pour peu qu'on ait compris fon carac- 
tère y qui eft'Ce qui n'imaginera pas fa 
conduite en cette occafion. 
■ Me voilà donc le confident dé mes 
deux bonnes gens & le médiateur de 
leurs amours ! Bel emploi pour un gou- 
verneur ! fi beau que je ne fis de ma 
vie rien qui m*élevât tant à mes pro- 

Sres yeux , & qui me rendit (i content 
e moi-même. Au relie , cet emploi ne 
laifle pas d'avoir fes agrémens : je ne 
fins pas mal venu dans la maifon ; l'on 
8*7 fie à moi du foin d'y tenir les amans 
dans Tordre : Emile , toujours trem- 
blant de me déplaire , ne fut jamais fi 
docile. La petite perfonne m'accable 
d'amitiés dont je ne fuis pas la dupe, 
& dont je ne prends pour moi que ce 
qui m'en revient. C'elt ainfi qu'elle fe 
dédommage indiredtement du refpeâ: 
dans lequel elle tient Emile. Elle lui 
fait en moi mille tendres careffes, 
qu'elle aimeroit mieux mourir que de 
lui faire à lui - même ; & lui qui fait 
4ue je ne veux pas nuire à fes intérêts , 
eft charmé dç ma bonne intelligence 

C î 



g 



& de i'œi) : an 
r.dus fuit des 
cbç dt lire no 
ges , & d'iatei 
nos geftes : ÎM 
dû entre not 
lionne Sophie 
fincete eft à f 
entendue de 1 
vous entteteni 
quetle aimable 
lice dans ce t 
s'y pade ! Avt 
montrez tout 
Ïleve-Javecqt 
vous lui laifle 
plus douTi ! a 
vous renvoyeï 
patience le fo 
avec quel chai 



L I V R B V. 95- 

Ainfi parvenu à fe faire fooSrir corn- 
ue amant déclaré , Emile en fait va* 
oir tous les droits; il parle , il prefle^ 
I follîcite , il importune. Qu'où lui 
tarie durement, qu'on te maltraite , 
>eu lui importe pourvu c^o'il fer fafle 
coûter. Enfin , il obtient > non fans 
leine , que Sophie de Ion c6té veuille 
>ien prendre ouvertement fur lut Tau- 
oricé d'une maitrefSs , qu'elle lui prêt 
rive ce qu'il doit faire , qu'elle corn* 
nande au lieu de prier, qu'elle accepte 
lU lieu de remercier , qu'elle règle le 
lontbre & le tems des vifices ^ qu'elle 
ui défende de venir jnfqu'à cel jour 
i^ de refter pa(fé telle heure. Tout cela 
\t fe fait point par jeu ,. mais très- 
érieufement, & fi eil« accepta ces 
Iroits avec peine , elle en ufe avec une 
i^eur qui jéçluit fouvent le pauvre 
Smile au regret de les lui avoir don* 
lés. Mais quoi qu'elle ordonne , il ne 
éplique point, & fouvent en partant 
>our obéir, il me regarde avec des 
eux pleins de joie qui medirent:vou8 
oyez qu'elle a pris poiTelFion de moi. 
Cependant rorguellleufe rubferve en 
leiTous , & fouric en fecrec de lafierté 
le fon efolave, 

Albane & Raphaël , prêtez.- moi le 

C 4 



I I 



tBrc. Ayez fedeme 
bles , des amcs ho 
errer votre imagina 
fsr les tranfpons de 
qui foas les yeux de 
leurs guides , fe iiv 
la doQce ilîu&oa qui 
rîTreiTe des defirs s*: 
▼ers le terme , entre 
de guirlandes llieu 
les unir jufqu'au toi 
gcs charoiantes m'ei 
je les raflèmUe C 
fuite , le délire qi 
m'empécke de les ii 
qui a un cœur , & 
^re en lui-même le 
des iîniacions diver( 
mère , de la fîUe , ci 
l'Elevé , & du cono 



L' I V R E V. s: 

commence à fendr le prix des talens 
agréables qu'il s'eft donnés. Sophie 
aime à chanter , il chante avec elle ; 
il fait plus , il lui apprend la mufique. 
Elle eft vive & légère, elle aime à 
fauter, il danfe avec elle ; il change 
fes fauts en pas, il la perfectionne. 
Ces leçons font charmantes , la gaieté 
folâtre les anime , elle adoucit le timi- 
de refpedt de Tamour ; il efl permis à 
un amant de donner ces leçons avec 
volupté ; il eft permis d'être le maître 
de fa maitreHe. 

On a un vieux clavecin tout déran- 
gé. Emile l'accommode & Taccorde. 
Il eft (àdteur , il e(l luthier auffi-bien 
que menuilier ; il eut toujours pour 
maxime d'apprendre à fe palier du 
fecours d'autrui dans tout ce qu'il pou- 
voit faire lui-même. La maifoneft dans 
une (ituation pittorefque , il en tire diu 
férentes vues auxquelles Sophie a quel- 
quefois mis la main, & dont elle orne 
le cabinet de fon père. Lès cadres n'en 
font point dorés & n'ont pas befoin 
de l'être. En voyant deffiner Emile, en 
l'imitant, elle fe perfeétionne à fon 
exemple, elle cultive tous les talens , 
& fon charme les embellit tous. Son 
père & fa mère k rappellent leur ai;* 

c s 



firs qu'ils n'y rflfTexnblo 
qu'à force d'argent & d'e 
Comme Tidolàtre enr: 
fors qu'il eftime l'objet < 
& pare fur l'autel le Die 
l'amant a beau voir fa 
fEiite , il lui veut fans c< 
nouveaux ornemens. El 
feefoin pour lui plaire; n 
lui de la parer : c'eft un 
jnage qu'il croit lui rei 
fiouvel intérêt qu^il do 
de la contempler. 11 li 
rien de beau n'eft à (a f 
n'orne pas la fupréme b 
fpeétacle à la fois touch 
de voir Emile empreffii 



Jîi n.:< 



L I V B. B V. ç9 

elle ; il regarde comme inutile tout 
Tacquis qu'il ne peut point étaler à ies 
yeux : il rougît pcefque de favoir quel- 
que chofe qu'elle ne fait pas. 

Le voilà donc lui domiant leçon de 
philorophie , de phyCique, de mathé- 
matique , d'hiftoire y detout en un mot* 
Sophie fe prête avec plaidr à fpn zèle 
& tâche d'en profiter. Quand il peut, 
obtenir de donner (es leçons à genoux, 
devant elle, qu'Emile eft content ! Il 
croit voir les Cieux ouverts. Cepeiv- 
dant cette fituation plus gênante pour 
Tecoliere que pour le.maicre., n'eft pas 
la plus, favorable à l'inflrudion. L'on 
ne fait pas trop alors que faire de Tes 
yeux pour éviter ceux qui. les pourfui- 
vent , S quand ils fè rencontrent la 
leçon a'en va pas mieux. 

L'art de penfer n'edpas étranger aux 
femmes, mais elles ne doivent faire 
qu'effleurer les (ciences de raifonne- 
ment. Sophie conçoit tout & ne re- 
tient nas grand' choie. Ses plus grands 

Î|rogres font dans la morale &'Ies cho- 
es de goût ; pour la phyfiqiie , elle 
n'en retient que quelque idée des T^ix. 
générales & du fyftéme du monde ; 
quelquefois dans leurs promenades en 
contemplant les merveilles Hfi la N^ 

C6 



^^jAKJi i ucux amans da 
rage emploient leur tête 
1er de Religion ! Us palTt 
à dire leur catéchifme ! < 
vîlîr ce qui eft fublinie \ 
dpute , ils le difent dans 
les charme ; ih fe voient 
s'aiment, ils s^entretienn 
thoufiaCme de ce qui donne 
vertu. Les facrifices qu'il 
kur rendent chère. Dan 
ports qu'il faut vaincre, 
quelquefois enfemble des 
pures que la rofée du Ci 
douces larmes fontPencha 
leur vie ; ils font dans le 
nant délire qu'aient jama 
des âmes humaines. Les 



t 1 V R E V. *l 

diflentions , même des querelles ; la 
jnaitreiTe n'ell pas fans caprice , ni Ta^ 
mant fans emportement ; mai? ces pe« 
tits orages pafTent rapidement & ne 
font que raffermir Funion ; Fexpérience 
même apprend à Emile à ne les plus 
tant cramdre , les raccommodemens 
lui font toujours plus avantageux que 
les brouilleries ne lui font nuifibles. 
Le fruit de la première lui en a fait et 
pérer autant des autres ; il s*eft trompé : 
mais enfin , s'il n'en rapporte pas tou- 
jours un profit auffi fenfible , il y gagne 
toujours de voir confirmer par Sophie 
l'intérêt fmcere qu'elle prend à foft 
cœur. On veut favoir quel eft donc ce 

Ï>rofit. J'y confens d'autant plus Vo- 
ontîers que cet exemple me donnera 
Keu d'expofer une maxime très-utile , 
& d'en combattre une très'-funefte. 
■ Emile aime ; il n'eft donc pas témé- 
raire ; & l'on conçoit encore mieux 
que l'impérieufe Sophie n'eft pas fille à 
lui pafTer des familiarités. Comme la 
fagefle a fon terme en toute chofe , on 
la taxeroit bien plutôt de trop de du- 
reté que de trop d'indufgence , & fon 
Îîere lui-même craint quelquefois que 
on extrême fierté ne dcgénere en hau- 
teur.. Dans les tête-à-tête les plus fe^ 



droit , à peine ofc-t-il , 
ibupirant, preller ce 
poitrine. Cependant , 
eue contrainte , il fc l 
fiirtivement fa robe , i 
il eft affez heureux pou 
bien ne s'en pas apperc 
qu'il veut prendre un 
tement la même liberté 
le trouver très-mauvatî 
elle s'irrite , le dépit lu 
mots piquans ; Emile 
pas £ans réplique : le r 

Safle en bouderie , & 
'ès-mécontcns. 
Sophie eft mal à for 
cft fa confidepte; com 
roit-elle fon chagrin ? C 
brouillerie ; & une b 
Kpiire eft une fi erande 



L I V R E V. 6% 

avfli dans la même chambre : Emile 
entre avec refpedt, mais d*un air trille. 
A peine le père & la mère Tont-iU fa- 
lue , que Sophie fe retourne ; & luî 
préfentant la main , lui demande , d*un 
ton careifant ^ comment il Te porte. Il 
cft clair que cette jolie main ne s'avance 
ainft que pour être baifce : il la reçoit 
(k ne la baife pas. Sophie , un peu 
honteufe , la retire d'auûi bonne grâce 
qu'il lui eft poflible. Emile , qui n'eit 
pas fai£ aux m^ieres des femmes , & 
qui ne fait à quoi le caprice eil bon , 
ne l'oublie pas aifément , & ne s'ap- 
paife pas fi vite. Le père de Sophie la 
vo/ant embarrafTée , achevé de la dé- 
concerter par des rsilleries. La pauvre 
fille , confufe , humiliée , ûe fait plus 
ce qu'elle fait , & donneroit tout au 
inonde pour ofer pleurer. Plus elle fe 
contraint , plus fon cœur fe gonBe ; une 
larme s'échappe enfin malgré qu'elle en 
ait. Emile voit cette larme , fe prcci- 

J)ite à fes genoux , lui prend la main , 
a baife plufieurs fois avec faîrilTement. 
Jtta foi , vous êtes trop bon, dit le père 
en éclatant de rire ; i'aurois mains d'in- . 
dulgence pour toutes ces folles ^ & je 
punirois la bouche qui m'aurolt oiFenfé, 
^mile ^ enhardi par ce difcours > tourAe 



fauvcr la bouche , expofe 
rofes. L'indifcret ne s'en c 
on réfifte foiblement. Qui 
n'ctoic pas pris fous les 
mère ! Scvcrc Sophie , pi 
TOUS : on vous demandera 
tre robe à baifer , à condii 
la lefuferez quelquefois. 

Après cette exemplaire 
pere foit pnur quelque afi 
envoie Sophie fous quel( 
puis elle adrelTe la paroi 
lui dit d'un tun ajfez férî 
„ fieut , je crois qu'un 
„ aulTi-bien né , aufli-I 
„ vous , qui a des (en 
„ mœurs , ne voudroit 

■'-'•'•'"'"»" r d'une (âr 



L I V R 1 V. ^6 

3rife , & les libertés qu'on prend 
i d'eux en abufant de leur con« 
ce ^ & tournant en pièges les 
nés faveurs qui , fous leurs yeux , 
ont qu'innocentes. Il vous dira, 
nGeur, que ma fille n'a eu d'au- 
tort avec vous , que celui de ne 
voir ,- dès la première fois , ce 
ïlle ne de voit jamais fouffrir : il 
s dira que tout ce qu'on prend 
r faveur, en devient une, & 
1 eft indigne d'un homme d'hon« 
r d^abufer de la fimplîcité d'une 
ne fille , pour ufurper en fecret 
mêmes libertés qu'elle peut fouf- 
devant tout le monde. Car on 
ce que la bienféance peut tolé- 
en public ; mais on ignore où 
réte dans l'ombre du myftere , 
li qui fe fait feul juge de fes fàn« 
ies „. 

'es cette jufte réprimande , bien 
idrefTée à moi qu'à mon Élevé , 
fage mère nous quitte , & me 
dans l'admiration de fa rare pru« 
I y qui compte pouiL peu qu'on 
devant elle 1^ bouche de faillie , 
: s'effraye qu'on ofe baîfer fa robe 
rticulier. En réfléchiffant à la fo* 

nos msiximes , ^ui facrifient tou« 



i 



•pVûVldés font dau»! 
^e ceux qui les or 
lM)nnêtes. , 

En pénétrant , a c 
cœur dEmile , des d. 
dû plutôt lui di«cr 
réflesion nouve.le, 
le plus d'honneur a 
me garde pourtant l 
ou et à Can anant. 
eue cette fretendi 
Kproche.neftqu»; 
fa«e pour fc gara: 
Avant le malheur c 
pcrament coïnbnhJ 
première étincelle . 
fon pouvoir, te 
...•„!i<. t-n fevere ; 



L I V R E V. 67 

craint plus d'ea faire à autrui i 
ft-ce qui a moins de prétentions 
it genre , hors la vertu f Encore 
.e pas de fa vertu qu'elle eft fiere , 
e Teft que pour la conferver ; & 

elle peut fe livrer fans rif^ue aa 
ant de fon cœur , elle carefTe 
k fon amant Mais fa difcrete mère 
t pas tous ces détails à fon père 

: les hommes ne doivent pas 
avoir. 

n même qu'elle femble s'enor- 
ir de fa conquête , Sophie en eft 
ue encore plus affable, & moins 
inte avec tout le monde , hors 
;tre le feul qui produit ce chan* 
it. Le fentiment de l'indépen- 

n'enfle pas fon noble cœur. Elte 
phe avec modeftie d'une vidloire 
i coûte fa liberté. Elle a le main* 
loins libre & le parler plus timi* 
depuis qu'elle n'entend plus le 
'amant fans rougir. Mais le con* 
rient perce à travers fon embar- 
Sc cette honte elle-même n'elt pas 
ntiment ftcheux. C'eft fur - tout 
es jeunes furvenans que la difFé- 
de fa conduite eft le plus fenfi* 
)epuis qu'elle ne les craint plus , 
Une réfervc qu'elle avoit avec eux 



i 



toujours afTez ai 
qui ne lui feront 
Si le véritable 
de coquetterie , 
Toir quelques tr; 
dont Sophie fe c 
préfence de fon a 
non contente de 
elle J'embrafe pa 
de réfetve & de c 
fichée encore d'i 
fion par un peu i 
roît qu'égayant à 
tes, elle deftîne 
les grâces d'un en 
avoir avec lui : 
attentive, trop b( 



i qu'il ne foit jamais alTez en* 



.> 



^uel efFet,ce pedt manège fera, 
imite ? Sera - 1 - il jaloux , ne 
t - il pas ? C'eft ce qu^l faut 
r ; car de telles digreffions en- 
(fi dans Tobjet de mon livre i 
ignent peu de mon fujet 
fait voir précédemment corno- 
ns les chofes qui ne tiennent 
linion, cette paillon s'intrpduit 
cœur de l'homme^ Mais en 
'e^ autre chofe ; la jalouGe pa- 
8 tenir de fî près à la Nature" , 
bien de la peine à croire qu'elle 
;nne pas , & l'exemple même 
naux, dont plu fieurs font ja« 
qu'à la fureur , femble établir 
lént oppofé fans réplique. E(U 
lion des hommes qui apprend 
s à fe mettre en pièces ^ & 
reaux à fe battre jufqu'a la 

fiori contfe totat eequt trouble 
it noi'plaifîrs eftun mouvement 
cela èft încontcftable. Jufqu'à 
)oint le defir -de pofTéder exclu. 
t ce qui rtoiîs plak eft encore 
même cas. Maïs quand ce do- 
lu paflioh & transforme en fiu 



i 



L'exemple tire 
devant examiné < 
rinégalité ; & ma 
chis d« nouveau . 
roit affez folide 
les Lecteurs. Taji 
diftia^ons que 
écrie, que la jal 
nature tient bea 
du fexe , & que 
eft ou parok étr 
louGe eft à fon 
alors mefurant 
foiis , ne peut ; 
mâle que coinm< 
tent. O^ns ces ra 
les obéiCfont tov 



r^^M,<*Mfc 



Ir I ;V R r V. TiC 

iâonné, fe rcfuTe communément à touc 
autre , & le mâle ayant pour garant de 
fa fidélité cette affedion de prcKcrence 
s'inquiète aufli moins de la vue des au- 
tres Diàles, & vie plus paifiblement 
^vec eux. Dans ces efpeces le mâle 
partage le foin des petits , & par une 
de ces loix de la nature qu'on n'ob- 
Ferve point fans auendriifement , il 
fenible que la femelle rende au père 
rattachement qu'il a pour fes enfans. 

Or ■) à confidcxer Tefpece humaine 
dans fa f:mplicicé primitive, il ei^ aifc 
de voir par la puiiTance bornée du 
mâle , & par la tempérance de fes de- 
£rs , qu'il eil àeStïné par la nature à fe 
contenter d'une feule femelle ; ce qui 
fe confirme par régalité numérique 
des individus des deux fexes , au moins 
dans nos climats \ égalité qui n*a pas 
lieu , à beaucoup prè^ ^ dans les efpe* 
ces où la plus grande force des mâles 
réunie plufieuis femelles à uafeul. Et, 
bien que Thomme ne couve pas comme 
le pigeon, & que, n'ayant pas non 
plus des mamelles pour allaiter, il foie 
a cet égard dans la claiTedes quadrupè- 
des ; Its enfans font fi long-tems rare- 
l>aiis & foiblea » que la mère & eux fc 

«I- 



donc i pTouver qo 
des mâles dans quel 
maux ne conclue 
l'homme ; & l'exccp 
mats méridionaux i 
établie 1 ne fait qin 
le principe , puifqi 
lité des femmes, qi 
que pr^ution de« 
fentiment de fa pr 
l'homme à recouri 
pour éluder les loi? 
Parmi nous , o& 
etla moin éludée 
fens contraire & pi 
fie a fon motif dai 
les , plus que -dar 
Tianç ta Dtupaft de 



L I V R E V. 7? 

mes fidiffimulécs fis ), & ont fi fort 
allumé leurs appétits, qu'on peut à 
peine compter fur leur attachement le 
mieux prouvé , & qu'elles ne peuvent 
plus marquer de préférences qui raffu- 
rènt fur la crainte des concurrens. 

Pour l'amour véritable , c'eft autre 
chofe. J'ai fait voir dans l'Ecrit déjà 
cité » que ce (èntiment n'eft pas aufTi 
naturel que Ton penfe; & il y a bien 
de la différence entre la douce habi- 
tude qui affedtionne Thomme à fa com- 
pagne , & cette ardeur effrénée qui Ten- 
ivre des chimériques attraits d'un objet 
qu'il ne voit plus tel qu'il eft. Cette 
paflion , qui ne refpire qu'exclu fions 
& préférences , ne diffère en ceci de 
la vanité , qu'en ce que la vanité exi- 
geant tout & n'accordant rien , efl tou- 
jours inique; au lieu que l'amour don- 
nant autant qu'il exige , eft par lui- 
même un fentiment rempli d'équité. 



( i^ ) L^efpece de diflïmulation que j'entends 
ici , eft oppofée à celle qui leur convient & qu'el- 
les tiennent de la Nature ; Tune confifte à dé- 
suifer les fentimenc qu'elles ont, & Tautre à 
mndre ceux qu'elles n'ont pas. Toutes les fem- 
mes du monde paflent leur vie à faire trophée 
de leur prétendue fenfibilité , & n'aiment janiiits 
ricJi qu'elles - mêmes. 

ijRile.. Tome. IV. D 



l'amoui t.. ...,- 
fiante ; & jatnari l'amo 
n'exilta dans un ctcur I 
^ue nul n'aime dans ce 
Kl qualités dont il fait 
Tout ceci bien ccU 
dire ï coup fûr, de tjui 
ioufie Emile fera capab 
peine cette pafilon •-) 
dans le coeur hamain , 
terminée aniquement 
Emile amoureux & jair 
colère , ombrageux , n 
licat. fcnfible ftcraii 
«lamé qu'irrite; il 
plus à gagner fa malt 
fier toa tirai ; ï) I ec: 
comme un obftacle , ( 



L I V R B V. yj 

eft dans te fiiccès , il redoublera 
ins pour fe rendre aimable, & 
biement il réuflira. La généreufe- 
e^ en irritant fon amour par 
lies alarmes , faura bien les ré* 
l'en dédommager ; & ces con- 
18, qui n'étoient foufierts que 
le mettre à répreuFe , ne tarde- 
MIS d'^dre écartes. 
Is où me (èns - je infenfiblement 
né ? O Emile ! qu'es-tu devenu? 
e reconn<^tre en toi mon Elevé l. 
»ien je te'vois déchu ] Où eft ce 
homme formé fi durement, qui 
it les rigueurs des faifons , qui 
t fon corps aux plus rudes tra» 
I & fen ame aux feules loix de la 
s ; inacceflîble aux préjugés , aux 
ns ; qui n'aimoit qire la vérité , 
le cédoit qu'à la raifon , & ne 
: à rien de ce qui n^étoit pas lui ? 
senant amolli dans une yie oifive, 
laide gouverner par des fem* 
leurs amufemens font lès occu» 
is , leurs volontés font fes loix ; 
eune filie eft l'arbitre de fa defti. 
il rampe & flédiit devant elle ; 
ve Emile dk le jouet d'un enfant 1 
l eft le changement des ftenes de 
i chaque ftfe a fesfeflbrts qui le 



par l'avarice : quand i 
f rés ia fageflc ? Heui 
y conduit maigre lui 
quel guiiJe on fc fct' 
le mené au but ? Le 
ges eux - mêmes ont 
à la fûibleffe humaîi 
les doigts ont caffé di 
fut pas pour cela moi 
Voiilex vous étend 
tiere i'effetd'unehcu 
Prolongez durant la ; 
ncs habitudes de l'et 
votre Elevé eft ce qu 
tes qu'il foit le mér 
tems. Voilà ladcrniei 
vous refte à donner 
C'cft pour cela fur-tt 



L. I V » B V. '77 

n eft grand , on doit renoncer à 
oe qu'on feifoit étant petit. Si cela 
, à quoi ferviroît de foigner Ven- 
s y puifque le bon ou le mauvais 
3 qu'on en feroit s'cvanouiroit 

elle, & qu'en prenant des ma- 
is de vivre abfolument différentes ^ 
)rendroit nccefifairement d'autres, 
is de penfer ? 

)nime il n'y a que de grandes ma- 
;s qui fafTent folution de contl- 
: dans la mémoire , il n'y a gueres 
de grandes pafTions qui la faitent 
les mœurs. Rien que nos goûts & 
inclinations changent , ce charige- 
c , quelquefois affez brufque , eit 
ici par les habitudes. Dans la fuc-i 
^n de nos penchans , comme dans 
bonne dégradation de couleurs, 
lile Artifte doit rendre les paffages 
Tcepcibles , confondre & mêler les 
es , & pour qu'aucune ne tranche , 
:endre plufienrs fur tout fon tra« 
Cette règle eft confirmée par Tex- 
;nce : les gens immodérés chan- 

tous les jours d'affedions , de 
s , de fentimens , & n'ont pour 
; conftance que l'habitude du chan- 
înt ; mais l'homme réglé rcvieiH 
>urs à fes anciennes pratiques , Sz 



vent point en mépris 
cédé \ qu'en contraj 

tnciennf«,.&q«^« 
faire ce qm cft oie 
tems 00 as ont coia 
Icmcnt vous aurei Iî 

E, & volis ferez te 
de leurs jours : y 
plus à craindre , cï 
lequel vous veillez» 
on le regrette tcuû 
cilement dans la lu 
» a conferves : ai 
font interrompus , 

de la vie. 

La plupart des 
croyez faire conti 
aux jeunes Rçns 
!l;«hles habitue 



L 1 V s i y. 7^ 

ts. B n'tn eft pas aînfi d'Emile , qui 
n'ayant rien £àh dans fon enfance que 
volontairement & avec plaifir , ne fait , 
€n continuant d*agir de même étant 
homme , qu'ajouter l'empire de Thabi- 
tude aux douceurs de la liberté. La 
vie aâive , le travail des bras , Texer- 
cice y le mouvement lui font tellement 
devenus néceflaires , qu'il n'y pourroit 
renoncer fans fouffrir. Le réduire tout-^ 
à-coup à une vie molle & fédentaire , 
feroit Temprifonner , Tenchalner, le 
tenir dans un état violent & contraint ^ 
je ne doute pas que fon humeur & fa 
ianté n'en fuflent également altérées. 
A peine peut-il refpirer à fon aife dans 
une chambre bien fermée; il lui faut 
le grand air, le mouvement , la fatî- 
gue. Aux genoux même de Sophie , il 
ne peut s empêcher de regarder quel- 
quefois la campagne du coin de l'œil , 
& de defurer de la parcourir avec elle. 
Il refte pourtant quand il faut refter ; 
mais il eft inquiet, agité ; il femble fe 
débattre ; il refte , parce qu'il eft dans 
les fers. Voilà donc , allez-vous dire , 
des befoins auxquels je Fai fournis, des 
aflujettiflemens que je lui ai donnés : 
&tout cela eft vrai; jeTai aiTujetti à 
l'état d'homme. 



phîes'cft.eltemifef 
lentimenB qui font 
de fon amant. L'efti 
ja fiugalité , la Timp 
défintéreffement , 1 
& des richeffes. En 
avant que l'amour 
fées. In quoi don 
tahienient changé ? 
laiCons d'être lui ■ i 
point où il foit di 
cl oit. 

Je n'imagine pa 
vre avec quelque ; 
p'jifTe croire que t 
ces de la fituatîon 
fuient ainfi ralTem 
par hazard. Eft-ce 
vnifs fo'trniHant ■ 



L r V R E V. gi 

V^ht loger dans le même lieu ? Eft - ce 
par hazard qu'il ne trouve un afylc que 
îî Içih^d'elle ? Eft*ce par hasard qu'il la 
Toit fi rarement, & qu'il eft forcé d'a- 
dheter par tant de fatigues le plaifir 
ée la voir quelquefois ? 11 s'efFémine , 
dites - vous ? 11 s'endurcit , au contrai- 
re ) il faut qu'il foit auffi robufte que 
je l'ai fait , pour réfifter aux fatigues 
4ue Sophie lui fait fupporter. 

Il loge à deux grandes lieues d'elle. 
Cette diftance eft le foufflet de la forge ; 
C'eft par elle que je trempe les traits 
de l'amour. S'ils logeoient porte à 
porte , ou qu'il pût l'aller voir molle- 
ment aftis d^ns un bon carroHe , il 
l'aimeroit à fon aife , il l'aimeroit en 
Parifien. Léandre eût-il voulu mourir 
pour Héro , fi la mer ne Teût féparé 
d'elle ? Ledteur , épargnez - moi des 
jsaroles v fi vous êtes fart pour m'enten- 
dre , vous fuivrez allez mes règles dans 
ines détails. . « ^ 

- Les premières fois que nous fommes 
tllcs voir Sophie , nous avons pris des 
chevaux pour -aller plus vite. Nous 
trouvons cet expédient commode , & 
3i- la cinquième fois nous continuons de 
prendre des chevaux; Nous étions at- 
tendus ; à plus d'une demi - li^ue de U 

D s 



cneraui ; le lien c 
bre , il s'écliippe 
jelefuu, jerattei 
«amené. Malhean 
peur des chevaux , 
d'elle. Emile ne voi 
l'avertit à l'or^lle 
lailTé prendre à ron 
tout honteux , pren 
ea arrière : il eft ji 
foo tour. Il part I 
débarrafTer de nos 
ûnt ainfi Sophie i 
trouve plus le i^ev; 
commode. Il terier 
rencontte à moitîi 
Au vovage fuivai 
plus de (scvaui. Pi 



L I V R ï V. S} 

ftoble horpîtalité de rindigence. Lçs 
TÎchcs , avares dans leur faftc , ne lo- 
gent que leurs amis : mais Jes pauvres 
logent «ufTi les chevaux dé leurs amis. 
Allons à pied , dit-il \ n'en avez - vous 
pa3 le courage , vous qui partagez d(B 
f] bon c<sur les fatigans plaifirs de vo. 
tre enfant ? Très-volontiers , reprends* 
jf i rinftant ; aulfi bien l'amour , i ce 
qu'jl me îembl^ » ne yçut pas être fait 
9vec tant de bruit. 

£n apprpcbant , nous trouvons la 
mère îk. k fille plus loin çncore que 
la preiQJ^rç fois, NouiS fommes venus 
CPinme un trait* Emile eft tout en nage : 
.une main cbérie daigne lui paiTer u;i 
mouchoir fur les j<Hje6. Il y aurpit bien 
4ç$ chçvftux au tponde , avant que 
OPMS f^ffipjofi déformais tentés de nous 
enfervir. 

Cependant il eft affez cruel de ne 
|)p0VQir jamais pafler la foirée enfem* 
Me. L'été s*avance , les jpurs commen- 
cent i diminuer. Quoi que nous puiil 
fions dire , on ne îiqus permet jamais 
de nous en retourner de ni^it , .& qi^anid 
noua ne venons pas dès le matin , jl 
fiiui çrçfque r-epaf tir aufTi-tât qu*pn ejl 
jurivé. A force de nous pùiodre & de 
flnquiéter de aouâ^la mère penfe enfio 




î«;=i &ïop"),°, 

"n peu pins f, 
5» 'Ile a tronvi 

;e dm plus , . 

"e ? H mV„-„, 

.'"'/'«tolrâtres 

11 lait bien que /e 

fes intérêts. Aaref 

'.M'"}!' »« répai 

,S»8urt,n ttj,, '..' 



L rv R É V. a 

kux règles que je lui dide en fccrec. 

• Un jour qu'il eft allé feul , & que je 
ne l'attends que le lendemain, je le 
vois arriver le foir-mcme , & je lu! dis 
en l'embrafTanc ; quoi ! cher Emile , tu 
reviens à ton ami ! Maii au lieu de 
répondre à mes carefles , 9 me dit avec 
bn peu d'humeur ; ne croyez pas que 
je revienne fi-tôt de mon gré , je viens 
malgré moi. Elle a voulu que je vinfTe ; 
je viens p(>ur elle & non pas pour vous. 
Touché de cette naïveté , je rémbraffe 
derechef, en lui difant ; ame franche, 
ami fmeere , ne me dérobe pas ce qui 
m'appartient. Si tu viens pour elle , 
'c'eft pour moi qve tu le dis ; ton re« 
tour eft fon ouvrage : mais ta franchife 
eft le mien. Garde à jamais cette noble 
rcandeur des belles âmes. On peut laiC- 
fer pcnfcr aux îndifFérens ce qu'ils veu- 
lent : mais c^eft un crime de fouffrir 
^qu'un ami. nous faHe un mérite de ce 
que nous n'avons pas fait pour lui. 

Je rtie garde bien d'avilir à fes yeux 
le prix de cet aveu , en y trouvant plus 
*d'amour que de générofité , & en lui 

* difant qu'il veut moins s'ôtcr le mérite 
•de ce retour ," que le donner à Sophie; 
"Mais Voici comment il me dévoile le 
4(nid*dê*fott cœur fans y loDgier :<s'ilcft 



On voit par et 
jeane homme el 
fa vie auprèt de 
atinnt qu'il von 
deux par feinaint 
fioiii qu'il icqait 
vent d'une Teulc à 
dentrareiaencauli 
bien pigs de tenis 
ou i Te tèliciter de 
voir en efiet. Dans 
doiiDe à fei voyaget 
auprès d'elle qu'à i 
i'çn éloigner. Se» p 
délicieux . , oiait me 
naires , irritent foo 
Bcr Ton œur. 

les jowri qu'il n 
n'cfi pM otfif & fédi 
li , c'«4 Emile •"•- 
à» »— 



L I Y R E V* 87 

tra? tui qu'il voit à ceux qu'il connçit ; 
ij cherche les raifons des difFérences ; 
quand il juge d'autres méthodes préfé- 
rables à celles du lieu , il les donne 
MX cultivateurs ; s'il propofe une 
meilleure forme de charrue , il en fait 
fkire fur fes deflins; s'il 'trouve une 
carrière de marne , il leur en apprend 
l'ofage inconnu dans le pays ; (ou vent 
il met lui-même la main à Tœuvre; ils 
Ibnt tous étonnés de lui voir manier 
leurs outils plus aifément Qu'ils ne 
fcrnt eux-mêmes , tracer des filions plus 

g'ofonds & plus droits que les leurs , 
mer avec plus d'égalité , diriger des 
ados. avec plus dlntelligence. Ils ne fe 
moquent pas de lui comme d'un beau 
difevr d'agriculture ; ils voient qu'il la 
fait en effet. En un mot il étend font 
;Kle & fes foins à tout ce qui eft d^utî^ 
lité première & eénërale ; même il ne 
«'y borne pa«. Ilvifite les maffens d«a 

eyfiins, s'informe de leur état, de 
irs familles , do nombre de kura 
cnfiins, de la quantité de leurs terres 9 
àe la nature du produit , de leurs dé- 
bouchés , de leurs focultés , de leurs 
charges^ de leurs dettes , &c. 11 donne 
]>ev d'argent <• fâchant aue pour Pot» 
idkudre H eft mal employé i mais & ea 



Al laiL relever ou cou\ 
à demi tombée , à V: 
cher fa terre abandi 
moyens , à Tautrc il fo 
tin cheval , du bétail i 
la place de celui qu'il 
Toifins font près d'ent; 
les gagne , il les accomi 
tombe malade^ il le F. 
ibigne lui-même ( i6 , 
vexé par un voifin puî 
tege & le reconimand 

Î'eunes gens fe recherc 
es marier ; une bonne 
fou enfant chéri , il v 



(16) Soigner un payfan n 
le puit^er , lui donner des dr 
vn Chirurgien. Ce n^eft pas 
befoin ces pauvres gens dans 1 



de nourritïirp tw- 



Livre "V. tf 

«Oflfole , il ne fort point aufli-tôt qu'il 
cfi entré ; il ne dédaigne point les in- 
cLigens , il n'eft point preifé de quitter 
les malheureux ; il prend fouvent Ton 
repas chez les payfans qu'il afiiile , il 
l'accepte aufli chez ceux qui n'ont pas 
befoin de lui ; en devenant le bien* 
iaidteur des uns 6c Tami des autres. /, il 
ne cefTe point d'être leur égal. Enén , 
il fait toujours de fa perfonne autant 
de bien que de fon argent. 

Quelquefois il dirige fes tournées du 
côte de l'heureux fejour : il pourroit 
efpérer de voir Sophie à la dérobée , 
de la voir à la promenade fans en être 
vu. Mais Emile eft toujours fans dé^ 
touj dans fa conduite , il ne -fait & ne 
veut rien éluder. II a cette aimable dé- 
licatefTe qui flatte & nourrit l'amour- 
propre du bon témoignage de foi. il 
garde à la rigueur fon ban , & n'ap- 
proche jamais aHez pour tenir du ha- 
iKard ce qu'il ne veut devoir qu'à So- 
phie. En revanche il erre avec plaifir 
ilans les environs, recherchant les tra- 
ces des pas de fa mairreife , s'atten- 
driflant fur les peines qu'elle a prifcs. 
& fur les courfes qu'elle a bien voulu 
&Jre par complaifance pour lui. La 
yeilU dçs. jours qu'il doit la voir^ U 



(^^> «ielaeréne. 
ft^fiot volontieit Jmi 

«ompliment , n'en ei 
foin qui VuAt- '. «>^ 



SI» J»i l'»ttlfe ; Vrf 
Vte fille ponr^tte mol 

sotie eft de rëcofr d 
JfBwwgMtpenrTOli 
M de crème oé k « 
Ht treiBpé» 

ApràpofdegAMau] 
}«J ft« «tacîennee o( 

n lemliqnAt on eoK 
JwofeVUifcftooarirw 
2*«««»Vdpond.ajje« 



l 1 V K s V. f s 

, & pour mieux imiter les ancien» 
: , en met un gàttau fur le but ; 
nin Te tient prêt ; le papa donne le 
il en frappant des mains. L^agile 
le fend Pair , & fe trouve au bout 
I carrière qu*à peine mes trois louN 
L8 font partis. Emile re<^oit le prit 
mains de Sophie , & non moins 
sreux qu'Enée , iàit des préfena à 
; les vaincus. 

U milieu de l'éclat du triomphe, 
hie ofe défier le vainqueur , & fe 
te de courir aufli-bien que lui. II 
refufe point d'entrer en lice avec 
; & , tandis qu'elle s'apprête à Ten. 
! de la carrière , qu'elle retroufTe fa 
t des deux côtés , & que , plus eu* 
ife d'étaler une jambe fine aux yeux 
mile que de le vaincre à ce combat ^ 
regarde fi fes jupes font aflez cour* 
, il dit un mot à Toreilie de la mère ; 
fourit & fait un figne d'approba* 
L'*I1 vient alors fe placer i c6té de 
concurrente , & le fignal n'eft pas 
tôt donné qu'on la voit partir & 
»r comme un oifeau. 
>es femmes ne font pas faites pouf 
rir ; quand elles fuient , c'eft pou^ 
i atteintes. La courfe n'eft pas la 
le chofc qu'elles Jbflent miUadroite» 



jucbées , les for 
faiiterelks qui v 
£111 ter. 

Emile n'imagit 
coure mieux qu' 
daigne pat fouîr 
partir avec un fc 
Sophie eft léger 
bas ; elle n'a M! 
paroitre avoir le 
Tes devans d'uni 
pour atteindre ( 
te, il n'a que 
quaiid il l'appert; 
11 part donc à 
l'aigle qui fond ï 
fuit, ia talonne 
eiToufflée, pafle 
gauche autour c 
une plume, & 



L I V R B V. 9t 

ces occupations diverfes fe joint 
du métier que nous Hvons apprît, 
loîns un jour par femaine , & tous 
où le mauvais tems ne nous per- 
pas de tenir la campagne , nous 
iS Emile & moi travailler chez utl 
•e. Nous n'y travaillons pas pour la 
e , en gens au-delTus de cet état , 
tout de bon & en vrais ouvriers, 
crc de Sophie nous venant voir 
trouve une fois à l'ouvrage, & 
anque pas de rapporter avec ad« 
ion à fa femme & à fa fille ce qu'il 
. Allez voir , dit - il , ce jeune 
ne à Tattelier , & vous verrez s'il 
ife la condition du pauvre ! On 
imaginer fî Sophie entend ce dit 
avec plaifir ! On en reparle , ont 
roit le furprendre à Touvrage. 
le quedionne fans faire femblane 
;n , & après s'être afTurées d'uiï 
s jours , la mère & la fille pren<^ 
une calèche & viennent à la ville 
Jmc jour. 

entrant dans Tattelfer Sophie ap. 
it 4 l'autre bout un jeune homme 
le , les cheveux négligemment at«' 
5 , & fi ocoupé de ce qti'il fait* 
ne la voit point ; elle s'arrête &< 
pe à fa mère. Emile ua . cifeaii. 



chef; c'cftlui 
qui teçignetc 
Toilà l'homme. 
' Tandis qu'el 
fcrver , je les 
par la mandi 
voit, jette Tei 
un cii ck joie ; 
premiers tranf] 
reprend fon ti 
pCDt refter alCl 
vacité , parce 
les fnitils , tou< 
tamafle des c 
garde à nos m 
aime w métie 
La folâtre elTai 
De fa biancii 
pdufletn rab 



L I V R E V. * 9f 

Cependant la mère queftionne lo 
IHaicre. Monfieur ^ combien payez- vous 
ces garqons là i Madame , je leur donne 
A chacun vingt fols par jour & je les 
nourris ; mais fi ce jeune homme vou« 
loit il gagneroit bien davantage ; car « 
C^eft le meilleur ouvrier du pays. Vingt 
ibis par jour, & vous les nourriflez ! 
dit la mère en nous regardant avec 
attendriflement Madame, il eft ainfi , 
Tcprend le Midtre. A ces mots elle 
court à Emile , l'embrafle , le prefle 
contre fon fein en verfant fur lui des 
larmes , & fans pouvoir dire autre cho* 
le que de répéter plufieurs fois ; mon 
fils ! A mon fils ! 

Après avoir paflfé quelque tems & 
CEitirer avec nous, mais fans nous dé* 
tourner : allons-nous en , dit la mère à 
la fille ; il fe &it Urd , il ne faut pas 
nous faire attendre. Puis s'approchant 
d*Emile , elle lui donne un petit coup 
fur la ioue en lui difant : Hé bien , bon 
ouvrier , ne voulez- vous pas venir avec 
nous t II lui répond d'un ton fort trifl 
te , je fuis engagé , demandez au Mal« 
trc. On demande au Maître s'il veut 
bien fe pafTer de nous. 11 répond qu'il 
«e peut. J'ai , dit-il , de Touvrage qui 
preue & qu'il fitut rendre après4e« 



^! mis. La mère ne rc 

1 attend qu'Emile parl< 

f tête & fe tait Monfie 

peu fu Tarife de ce file 
rien à dire à cela ? E 
drement la fille & ne 
mots; vous voyez fa 
je relie. Là - delTus le 
& nous laifTenL Emil 
jufqu'à la porte , les 
tant qu'il peut, fou[ 
mettre au travail fan 
En chemin , la nu 
fa fille de la bizarrer 
Quoi ! dit-elle , ctoi 
contenter le Maître 
de refter , & ce jeur 
digue qui verfe Targc 
n'en fait-il plus trou 
fions convenables ? ( 



L I V R K V. 97 

fais qu'il dédommageroît aifcment Tou- 
vrier du léger préjudice que lui caufe* 
rott fon abfence ; mais cependant il 
ïifferviroit fon ame aux richcffes , il 
s'accoutumeroit à les mettre à la place 
de Ces devoirs , & à croire qu'on eft 
dtfpenfé de tout pourvu qu'on paye. 
Emile a d'autres manières de penler, 
ft j'erpere de n'être pas caufe qu'il en 
change. Croyez- vous qu*il ne lui en 
ait rien coûté de refter i Maman , ne 
vous ,y trompez pas ; c'eft pour moi 
qu'il relie ; je l'ai bien vu dans fes 
yeux. 

Ce n'eft pas que Sophie foît indul- 
gente fur les vrais foins de l'ampur. 
Au contraire , elle eft impérîeufe , exi- 
geante ; elle aimeroît mieux n'être 
Îoint aimée .que de l'être modérément. 
lie a le noble orgueil du mérite qui 
fe fent , qui s'eftime , & qui veut être 
honoré comme il s'honore. Elle dé- 
daigneroit un cœur qui ne fentiroit pas 
tout le prix du fien > qui ne i'aiineroic 
pas pour (es vertus, autant ;& plus que 
pqur fes charmes;. un cœur qui ne lui 
préfcrcroît pas Ton propre devoir , & 
qui ne la jpréféreroît pas à toute autre 
cho(è. Elfe n'a point voulu d'amant 
qui ne connût de loi que la ficnae ; 
Rnilc. Tome lY. £ 



.J^«<X droit 
«« volontés , „; 



LIT»» T. 99 

lendenudn nacin. Le mefTagcinvient 
accompagné d'an aoCie de notre part 
qui fait nos excufei de -beuche & dît 
que nous nous poitens bien. Un ma* 
ment après noaa {nrolfTens nous- nté* 
ines. Alors la Ibcoe change ; Sophie 
«fluie Tes pleura , du fi «ileea veife, 
ils font de rage. S»o coeur altier n'a 

fis gagné à (% ntHum îat nom yie : 
mile vie & s^ fait attendre inutile- 
snent. 

A notre arrivée «lie veut s'ei^rmer. 
On veut qu'elle refte; H&titreAer ; 
mais prenaiit il Cinfhint fon pvci, alUt 
alï^âe un air tnuiquÔ}e & content qui 
«n impoferoit i d'autres. Le père vienl; 
au - devant de noas ft Ddns dit : toux 
avez tenu vo) amîs en peine ; il y « 
ici des gens qui ne v«ub le pardonne* 
7ont pas aiféneot. Qui donc , mon 
Fapa ? die Sojibie avec une mjuikfe dt 
Iburire le plul gracicox qu'we.^ut^' 
affe-aer. Q.oe row in^porW, répond ta 
perc , pourvu çue ce qe feit rtri ïio'wst 
Soi^ene te^qvepc^ A'bljRelet 
yeux fur fon oqnMe. IJA tfitV non? 
iei;oit d'un airfrela ^compote- EmU* 
embarralTé n'm (tb^rdcr Sophie; EUc 
lui parle la ^tioilfn; , lui ^c^and 
cMuneiit il ft pfM^ 1 Himtei t'aflpoic . 



t -yai^s^^ 



la retire "^^"'^ ^liérem 
^'rS mouSent in. 
*l"f ^ vTnftant aux yeu 

S^°f'fc contraint n 
ftoirapP^^lJ^^ Jl tnc 

V°"iKar^e moU 
loi dit Pr„ i^nte & va. 

t;Svind^<";; 

tfeffrol la legarde a 
îhc de Vengager a 
lesftns,n'iy;: 



Livre V. lot 

ia colère , elle ne lui eût jamais paN 
donné. 

Voyant alors que c'cft mon tour , & 
qu'il eft tems de s'expliquer ^ je reviens 
k Sophie. Je reprends fa main qu'elle 
.ne retire plus , car elle eft prête à fe 
trouver mal. Je lui dis avec douceur : 
chère Sophie , nous fommes malheu- 
reux , mais vous êtes raifonnable & 
jufte ; vous ne nous jugerez pas fans 
nous entendre : écoutez- nous# Elle ne 
répond rien , &. je parle ainii. 

" Nous fommes partis hier à quatre 
,, heures ; il nous étoit prefcrit d'arriver 
5^ à fept, & nous prenons toujours plus 
„ de tems qu'il ne nous eft nécerfaire , 
„ afin de nous repofer en approchant 
,, d'ici. Nous avions déjà fait les trois 
„ quarts du chemin quand des jamen- 
„ tations douloureufes nous frappent 
„ l'oreille ; elles partoient d'une gorge 
„ de la colline à quelque diftance de 
9, nous. Nous accourons aux cris ; nous 
„ trouvons un malheureux payfan, qui 
„ revenant de la ville un peu pris de 
„ vin fur fon cheval , en étoit tombé 
5, fi lourdement qu'il s'étoit caiTé la 
„ jambe. Nous crions , nous appelions 
„ du fecours , perfonne ne répond ; 
^ sous elfayons de remettra le bleCTé 

E i 



récart , poB « 

«inosbraS, nws 

le portons w ■ 

_ fur la toQK <V 

a, aUei *e7 lui. 

-, il falut nous 

„ Nous anivons 

gas ; nous ti 

r, prife ftmcte < 

déjà la mB"Oi 

„ que nous raj 

peine , étoit 

, fi cordialcme 

', première «rri 

' où MUS elic 

'„ étions poiO' 

'ment. 

.. 11 n'avoit 



Livre V. loj 

i, pouvoît cfpércr aucun fecours ? Emi- 
,, le prit le parti d'aller prendre le 
„ cheval que nous avions laifle dans 
^ le bois ) de le monter , de courir à 
„ toute bride chercher un chirurgien 
yy à la ville. 11 donna le cheval au 
„ chirurgien , & n'ayant pu trouver 
^, allez tôt une garde , il revint à pied 
5, avec un doraeflique , après vous 
^, avoir expédié un exprès ; tandis 
„ qu'embarraiTé , comme vous pouvez 
j, croire, entre un homme ayant une 
„ jambe caffée & une femme en tra- 
,, vail , je préparois dans la maifon 
„ tout ce que je pouvois prévoir être 
yy néceffaire pour le fecours de tous 
,9 les deux. 

5, Je ne vous ferai point le détail du 
yy refte ; ce n'eft pas de cela qu'il eft 
,, queflion. Il étoit deux heures après 
^ minuit avant que nous ayons eu ni 
„ l'un ni l'autre un moment de relà- 
„ che. Enfin nous fommes revenus 
^j avant le jour dans notre afyle ici 
,, proche , où . nous avons attendu 
„ Vheure de votre réveil pour vous 
,, rendre compte de notre accident,,. 

Je me tais (ans rien ajouter. Mais 
avant que perfonne parle , Emile s'ap- 
proche de fa maitrefle , élevé la voix , 

E 4 



^irc oublier les ar 

as me font plus fac 

îc n'y renoncerai ja 

Sophie , à ces m 

pondre fe levé , lu 

tour ducou, lui i 

)a joue , puis lui t< 

une grâce inimiw 

Emîle , prends cet 

toi. Sois quand tu 

& mon maître. Je 

cet honneur. 

ApeineVa.t-e 

père enchante ti 
criant bis , bis , & 
preffer lui donne 
îur l'autre joue -, i 
inftant, effrayée 
vient de faire ^ e 
• -_ a« fo mpre 



t I V R E V. loç 

fiuTOÎt trop loin pour aller voir ces 
pauvres malades. Sophie ie defire, & 
c'«ft une bonne! œuvre : on y va. On 
les trouve dans deux lits féparés ; 
Emile en avoir fait apporter un : on 
trouve autour d'eux du monde pour 
■les fouUger ; Emile y avoit pourvu. 
JYlais au furplus tous deux font fi mal 
en ordre , qu'ils foufFrent autant du 
mal-aife que de leur état Sophie fc 
fait donner un tablier de la bonne 
femme, & va la ranger dans fon lit ; 
elle en fait enfuite autant à Thamme ; 
fa main douce & légère fait aller cher- 
cher tout ce qui les bleflfe, $l fiiirc 
pofer plus mollement leurs membres 
endoloris. Ils fe fentent déjà foulages 
à fon approche , on diroit qu'elle de- 
irine tout ce qui leur fait mal. Cette 
fille fi délicate ne fe rebute ni de la 
mal-propreté ni de la mauvaife odeur , 
& fait faire difparoitre l'une & Tautre 
fans mettre perfonne en œuvre , & fans 
que les malades foient tourmentés. Elle 
qu'on voit toujours fi modefte & quel- 
quefois fi dédaigneufe , elle qui pour 
tout au monde n'auroit pas touché du 
bout du doigt le lit d'un hommes., 
retourne & change le blefle fans aucun 
içnipule 9 & le met dans une fituation- 



fV 



dreire qu'il refcm 
.■«te app'i'ï» 1^ 
femme & l',"""' 
"aimable 6 le q' 

Su Ciel que»,"», 
a la figure SU 
^hioueeu'*" 
'dri la comcmpK 
aimeBeunPfS 
■k foulée' dan 
«iéinme. 

On feit tapti 
•dcu» amans le 
lfo„adeleui»ç 
»'61re id?»' 
huent defitc; 
innnlesfe"P" 
v«,Biiles mien 



reriez-vous fi Ton vous apprerioît que 
Sophie efl morte ? il faic un grand cri , 
fe levé en frappant des mains , & , (ans 
dire an fcul mot j me regarde d'un oeil 
égaré. Réponde2 donc , pourfuis - je 
aveu la même tranquillité. Alors irrité 
de mon fang- froid, il s'approche les 
yeux enflammés de colère , & s'arrêtant 
dans-^ne attitude prefque menaçante; 
ce que je ferois .... je n'en fais rien ; 
mais ce que je fais , c'eft que je ne 
teverrois de ma vie^ celui qui me Tau- 
toit appris. Raffurez-vous , réponds-je 
en fouriant : elle vit, elle fe porte 
bien , elle pcnfe à vous , & nous fom- 
nies attendus ce foîr. Mais allons faire 
un tour de promenade , & noua cau« 
ferons. • 

La paflTion dont il eft préoccupé ne 
lui permet plus de fe livrer comme au* 
paravant à des entretiens purement 
raifonhés ; il faut Tîntéreffer par cette 

{^affion même à fe rendre attentif à mes 
cqons. C'eft ce que j'ai fait par ce ter- 
rible préambule ; je fuis bien fur main- 
tenant qu'il m'écoutcra. 

" II faut être heureux , cher Emile ; 
j, c'eft la fin de tout être fenfible ; c'eit 
„ le premier defir que nous imprima la 
yV'Nature , *& lefeul qiii ne nous quitte^ 

£ 6 



,, teint, i^iori jcunv ...... 

„ naiflance je te pris di 
„ & qu'attelhntrRtrefu 
„ gagement que j'ofai 
„ vouai mes jours au 
„ tiens , favoîs - je moi 
„ je m'engageois^ Non 
^ lement qu'en te rer 
„ j'étoîis fur de Têtre. I 
„ toi cette utile recjierc 
,, dois commune à tous 
,, Tant que nous ig 
^ nous devons faire , la 
„ à reder dans rinadli| 
„ tes les maximes celle 
^ a le plus grand befoi 
„ f?ît le moins fuivre. C 
y, heur fans favoîr où i 
„ pofer à le fuir y c'c 
5, de rifques con train 



L T T R ï V. lef 

9, pour le chercher , & fortis tine.fuis 

„ de la place où nous pouvons le con* 

^ nokre, dous n'y (avons plus revenfr. 

^ Avec la même ignorance j'eflayat 

\, d'éviter la même au te. En prenant 

,, (bin de tos, je réfolus de ne pas 

„ fifiire un pas inutHe & 'de trempé- 

„ cher d'en faire. Je me tins dans la 

.^ route de la nature, en attendant 

„ qu^elle me montrât celle du bon. 

. ^ heur. U s'eft trouvé qu'elle étoit la 

^ même ^ Sl qu'en n'y penfani pas je 

.„rayois fuiyie;. . 

,, Sois mon témoin, fofs mon juge, 

^ je ne te lécuferai jamais. Tes pre- 

\, mîers ans n'ont point été facrifiés à 

■ „ ceux qui les dévorent fuivre ; tu as 

y, joui de tous les biens que la nature 

^^ Vavoit donnés» Des maux auxquels 

^.elle l'aflujettit,^ & dont j'ai pu te 

^gars^ntir, tu. n'as Centi que cesx.qui 

,,pouyotent t^epdurcir aux autres. Tu 

.^n'en- as jamais IbuiFert aucun que 

jf pour en éviter un .çlus grand. Tii 

^ n'as connu ni h bame, ni Telcla. 

.yr y^l^ Libre & content, tu es refté 

.^ iuue & bon : car la peine àc le vice 

.y, font infeparables ,;& jamais, l'homme 

'^ne devient méchant que.lorfqu'il éd 

4»««ft«Bias..ïK^ de: 



1! E M I l -E. 

„ Tu fjis fouffrir & mourir ; 
endurer la loi de la nécefiin 
let maux phjfii^ues. mais 
. pdiiu encore impofé de loix a 
, petits de ion cccur, & c'ett » 
, affedions , bien plus que de q 
, Clins, que nait le trouble de 
vie. Xiis defirs font étendus^ 
, force elV prefque noHe, L'h 
tient par Ces vœux à mille d 
& par lui-même H ne dent £ 
pas même à fa propre vie ; ] 
augmente fes attachemens, | 
multiplie fes peines. Tout n 
que palTer fut la terre : tout c 
mus aimons nous échappera ) 
tard, & nous y tenons comfl 



I, I vil V. 141 

. '„ Tonjonrs" dei prîvadont , toujours 
- ^, des pcices , toujours des alarmes ; 
t- .„ tu ne jouiris pas même de ce qui te 
% f, fera lailTé. La craint^dc tout perdre 
I' „ t'empêchera de rien polTédci ; pour 
g ^ B^avoir voulu fuivre que tes paflions, 

f-„ jamais tû ne [es pourras (atlsfàire. 
tf. Tu chercheras toujours le repos, it 
■ f, fqira toujours devant toi ; tu feras 
-'^,iniréiable& tu deviendras méchant; 
y, & comment pouriois tu ne pas l'être, 
^ ■ j, n'ayant de loi que tes deCtE efiénés ? 
■) . ■,, Si lo ne peux fnpporter des priva, 
k f, tions involontaires . comment t'en 
I ■ „ impoferas-tn volontairement 7 Corn- 
I „ ment faiiras - ru facrilier le penchant 

!„ au devoir , & réfifter à ton cœot 
t „ pour écouter ta laifon • ' Toi qui ne 
i „ veux déjà plus voit celui qui t'ap- 
-, „ prendra la mort deta maltreffe, com. 
t - , „ ment verrois-tu celui ^ui voudroit te 
■ ' „ r^ter vivante ? celui qui t'ofcroit 
'_ „ dire ; elle cft morte çtur toi , la vertu 
„ ce fépare d'elle t S'il faut vivre avec 
„ elle quoi qu'il arrive, que Sophie 
), foit mariée ou roii , que tu fois libre 
„ ou ne le fois pas , qn'eth t'aime on 
„ te haïlfe, qu'oD te l'accorde oa 
„ qu'on te la refufe,' n'importe , tu 1& 
j^ fpv^ t il k but pofledet à quel^jo* 



delitc i 

„ Mon enfant 

-, bonheur fans c 

, fans combat. L 

„dejforcCilafor 

vertu. La ïettD 

„ étte foibic par 

j. Ta volonté ; tfe 

^ le mérite de ï'i 

„ que nous appel 

„ ne l'appelions 

qu'il n'a pas 

„ bien faire. P< 

^ fi profané , j'ai 

„ en état de me 

,, vertu ne coi'itt 

a peu befoin 

jjbefoin vient S 

■ veillent : il e 

En l'élevan 



L 1 V R B V. IIÇ 

^, ce qui lui appartient qu'à ne te fou- 
„ cîer que de ce qui eft à toi. Je t'ai 
„ fait plutôt bon que vertueux ; mais 
j, celui qui n'eft que bon , ne demeure 
^ tel qu'autant qu'il a du plaifir h 
„ Têtre : la bonté fe brîfe & périt fous 
,, le choc des pafTions humaines ; 
„ rhomme qui n'eft que bon , n'eft 
,, bon que pour lui. 

„ Qu'eft-ce donc que l'homme ver- 
„ tueux ? C'eft celui qui fait vaincre 
■,, fes affedtions. Car alor« il fuit fa rai- 
„ fon ^ fa confcience , il fait fon de- 
„ voir , il fe tient dans Tordre , & rient 
„ ne l'en peut écarter» Jufqu'ici tu 
„ n'étois libre qu'en apparence ; tu 
„ n*avois que la liberté précaire d'un 
,, efclave à qui l'on n'a rien commandé. 
„ Maintenant fors libre en effet ; ap- 
„ prends à devenir ton propre maître ; 
^ commande à ton cœur, ô Emile ! & 
^ tu feras vertueux. 

,, Voilà donc un autre apprentîflage 
„ à faire , & cet apprentiffage eft plus 
^ pénible que le premier : car la na- 
„ ture nous délivre des maux qu'elle 
,, nous impofe , ou nous apprend à les 
„ fupporter ; mais elle ne nous dit 
„ rien pour ceux qui nous viennent de 
M nous i elle nous abandonne à nous^ 



" C ett ici ta pr 

„ la feule, peut-* 

, toi. Si lu la f 

«lie fera la der 

' toutes les autre 

" celle Je la «n 

, Celle patlioi 

je If fais bien ; 

les âmes qui 1 

' teié la forma 

„ rie. Heureux ; 

la vertB ne fo' 

" à ceux de l'a 

□ni vous attc 

, prix de votre 

voue atiach' 

homme Tmct 

" t'en a.l.elle 



r . L 1 V It E V. iff 

^f s'exerce point au combat devant 
9, l'ennemi ; on s'y prépare avant la 
ii guerre ; on s*y préfente déjà tout 
il préparé. 

' y, C'eit une erreur de diftinguer les 
^'paffions en permifes & défendues , 
* pour fe livrer aux premières & fe 
^ refufer aux autres. Toutes font bon- 
^, nés quand on en rqfie lé maître « 
^ toutes font mauvaifes quand on s'y 
^ lailfe affujetcir. Ce qui nous eft dé- 
^ fendu par la nature , c'eft d'étendre 
1^ nos attachemens plus loin que nos 
,; forces ; ce qui nous eft défendu par 
,yliî ralfon , c'eft.de vouloir ce que 
^ nous ne pouvons obtenir ; ce qui 
^ nous eil défendu par la confcience , 
^ ti'eil pas d'être tentés , mais de noutf 
^ laifler yâincré^ux tentations. 11 n^ 
,', dépend pas de nous d'avoir ou dç 
^ n'avoir pas des payions : mais il dé- 
^ pend de nous de ^régner fur elles. 
^VTbus teff fentimens 'que nous doihi^ 
,,.nonsi font légitimés , tous'ceui^' qtfi 
û nous dominerft tc^nt Criminel. j(Jn 
^ homme li'eft pas coupable d*aïihe» It 
,^ femme 'd'autrul , s^U tient cette pa(4 
^ £ôn malheurenfe aifervie à la loi .dû 
^devoir : il eft coupable d'aimer fk 
^f^pfre femme' ao point d'immoler 
fi, tout k, cet amoQc» 



„ conastion. iltuclie ^ c 
„ nés ; quelque étroites 
jj on n'eft point maiheui 
n s'y renièrnio : on ne 
^, on veut les paflcr ; c 
,, dans fes defirs infenfi 
,, rang des poflibles ce q 
)) on Teft quand on oi 
„ d*homme pour s'en f 
yi naîres, defquels on rel 
^ dans le fien. tes fcuL 
99 privatioR coûte , font 
yj, on croit avoir droit, 
^ poflîbiucé de les obter 

V les fouhaits fans efpoii 
„ tent point Un guèi: 
yj tourmenté du dqlir d 

V Roi ne veut étné Dieu 
^ croît n'être pli^ç h'emn 

^ I^es iUufions de l'o 



L I V R E V. 119 

,, point inutilement fes farces pour 
„ jouir de ce qu'il ne peut conferver , 
„ & les employant toutes à bien pof* 
„ féder ce qu'il a , il eft en effet plus 
„ puiflant & plus riche de tout c8 
y, qu'il defire de moins que nous. Etre 
„ mortel & périffable , irai- je me for- 
3, mer des nœuds éternels fur cette 
„ terre , où tout change , où tout paife, 
^ & dont |e difparoitrai demain ? O 
^, Emile , ô mon fils , en te perdant 
„ que me refteroit-il de moi ? Et pour- 
,, tant il faut que j'apprenne à te per- 
,, dre : car qui fait quand tu me feras 
f ) oce • 

„ Veux - tu donc vivre heureux & 
^, (âge ? N'attache ton cœur qu'à la 
)^. beauté qui ne périt point : que ta 
^ condition borne tes defirs , que tes 
^, devoirs aillent avant tes penchans ; 
^, étends la loi de la néceflité aux cho* 
^, Tes morales : apprends à perdre ce 
„ qui peut t'étre enlevé ; apprends à 
,y tout quitter quand la vertu lordon. 
^ ne , à té mettre au-deffus des événe- 
1^, mens . à détacher ton cœur fans 
,, qu'ils le déchirent, à être courageux 
^ dans Tadverfité , afin de n'être ja* 
^^ mais miférable ; a être ferme dans 
^wxx dey<)ir,. afin de n'être gainais 



■ potïemon meii". 
" une volupté que 
" blcr 1 tu les por 
' poffedcnc , & 1 

„ de ce quil l 

ras point , " * 

" pUilirs imagin 

■" aulïi les doo 

V, fcuic Tu ga; 

échange , cai 

Clientes & ï=< 

" rares & vaii 

' d'opinions t 

!' encore de ce! 

' prix à la vie 

fans ttoubl* 

''effroi: tut; 

toutes chol 

d'horreur , 



1 î V R E V. IZl 

ÎI preffent qu'en lui montrant la nc- 
yceflitéid'exercer la force de l'ame , je 
veux le foumettreà ce dur exercice , & 
comme un blefTé qui frémît en voyant 
Upprocher le Chirurgien > il croit déjà 
fentir fur fa plaie la main douloureufe v 
mais (alutaîre, qui Tempéche de tom- 
ber en corruption. 

Incertain , troublé , preite de favoir 
où j*en veux venir , au lieu de répon- 
dre, il m'interroge ^ mais avec crainte. 
Que faut-il faire , me dit-il , prefqu'en 
tremblant , & fans ofer lever les yeux? 
Ce qu'il Biut faire , réponds - je d*un 
^ ton ferme ! il faut quitter Sophie. Que 
* ■ dites - vous ? s'écrie-t-il avec emporte- 
ment : quitter Sophie i la quitter , la 
tromper , être un traitre , un fourbe , 
un parjure ! . • • . Quoi ! reprends - je , 
en l'interrompant; c'eft de moi qu'E- 
mile craint d'apprendre à mériter de 
pareils noms ? Non ^ continue-t-il avec 
la même impétuoiité , ni de vous ni 
d'un aiitre : je faurai , malgré vous , 
conferyer votre ouvrage ; je faurai ne 
ics pas mériter. 

Je me fuis attendu à cette première 

furie : ie la lai(fe pafTer fans m'émou- 

. voir. Si je n'avois pas la modération 

que je lui prêche ^j'aurois bonne gracê 

Emile. Tome IV. F 



ddnc enfin que 
je reprends moi 
" Croyez-voi 
„ïioViîlrfie , en 
„ fe tïtriive , p 
„ que Tûns Vêt 
„ vous te ctoj 
„ Avant de gbû 
■„ vous en aVe; 
■y, n'y a rien i 
-„ avCî fetitî. 1 
•„ palTagere. t' 
„ perd toujou 
„ par refpéran 
„ jamais en rç 
„ pare ce qu' 
„ dans la poffi 
„ exiftant par 
,„ de beau que 



L I y R s V. I2J 

,, tlureroît fans cefle , l'habitude d'en 
y, jouir nous en ôteroit le goût. Si rien 
,, ne change au-dehors, le cœur chan* 
)9 ge ; le bonheur nous quicte , ou nous 
9, le quictons. 

„ Le tems que vous ne mefuriec 

,, pas , s'écouloit durant votre délire. 

„ L'été finit, l'hiver s'approche. Quand 

^y nous pourrions continuer nos cour* 

yj €c8 dans une faifon fi rude , on ne 

3, le foufiriroit jamais. Il faut bien , 

,, malgré nous , changer de manière de 

jy vivre ; celle - ci ne peut plus dure r. 

„ Je vois dans vos yeux impatiens que 

„ cette difficulté ne vous embarraffc 

yy gueres : l'aveu de Sophie & vos pro« 

„ près defirs vous fuggerent un moyen 

,, &cile d'éviter la neige , & de n'avoir 

,, plus de vovage à faire pour l'aller 

^volr. L'eicpedient eft commode fans 

,, doute ; mais le printems venu , It 

„ neige fond &1e mariage refte ; il y 

,, faut penfer nour toutes les faifons. 

- „ Vous voulez époufer Sophie, & il 

9t n'y a pas cinq mois que vous la con- 

„ noiflez ! Vous voulez l'époufer , non 

^ parce qu'elle vous convient, mais 

„ parce qu'elle vous plait ; comme (i 

^ rsunour ne fe trompoit jamais fur les 

^P convenances » & que ceux qui coiu« 

F z 



^ convenir '■ ce n 
'I je mets en doul 
' Celui d'une fen 
''un iourî Save 
^ de fituations il 



connoitre i 



for 



*" tre mois datt< 

\dent-ils de M 

V deux mois dai 

''oublier d'elle 

\^ n'attend - il j^ 

.pour vousep 

'' être à votre i 

'*, auffi indiff« 

' trouvée fenlil 

'jfentimens n 

'. principes ; e 

''nétc, &cer 

'^ fera conttani 

'' le cioite % 



L ï V R E V. ni 

,, Sophie n'a pas dix - huit ans , à 

,5 peine en paffez-vous vingt-deux ; cet 

„ âge eft telur de lamour , mais non 

5, celui du mariage, Quel père & quelle 

,5 mère de femilhe ! Eh ! pour favoir 

^ élever des enfians , attendez au moin»^ 

,, de ceffer de l'être ! Savez - vous à 

^ combien de jeunes perfonnes les fati- 

„ gués de la groflefle fupportées avant 

„ l'Âge ont aiFoibli la conftitution , 

,y ruiné la fanté , abrégé la- vie ? Savez- 

„ vous combien d'enfons fout refté* 

,^ languiflans & foibies , faute d -avoir 

^ été nourrie dans un corps affez for- 

), mit Quand la merc & l'enfant jcroit 

V, fent à la fois, & que la fubftance 

„ néccflaire à Faccroiffement de cha- 

,') cun des deux fe partage , ni l'un ni 

^ Taufre n'a ce que lui deilinoit la na- 

„ ture : comment fe peut- il que tous 

„ deux n'ert fouffrent pas ? Ou je con- 

^ nois fort mal Emile , ou il aimera 

,^ mieux avoir une femme & des en- 

^ fxms robuiles , que de contenter foti 

,, impatience aux dépens de leur vie & 

,, de leur fanté. 

,, Parlons de vous. En afpîrantàré- 
„ tat d'époux & de père , en avezvoils 
,, bien médité les devoiis ? En deve- 
n nant chef de famille , vous allez de-r 

F i 



1 1 V R E V. la» 

lui-même A non encoce accontomé à 
ddBrer une chofe & à en vouloir un€ 
notre , le jeune hooune ne fe tend pas'; 
il réGfte , il difpote. Pourquoi fis leBi. 
Ibroit-il au tx>ntoir qui l'attend f Ne 
feroit-oe pat dédûgncar la main qui lui 
cft offerte que de tarder à Taccepter ?• 
Qp'eft - il befoin .de s!élatgner d'elle 

E[|ur s'inftruire de ce qu'il doit favoir T 
t quand cela ferojt nceeflaire, pour- 
quoi ne lui laifleroit-il pas dans des 
nœuds indtflblubles le ^age afifuré de 
ibn retour f Qp'il doit (on époux , & il 
çft prêt à me fuivre ; qu'ils fuient unis , 
&:il la quitte fans orainte • • . . Vous 
vnir pour yous quitter- , cher Emile , 
quelle, contradiifÔon I II eft beau qu'un 
amant puiffis vivre fans màkreffe , mais 
un mari ne doit jamais quitter fa (em« 
me fans nêceffité. Poup guérir vos fcru- 
pôles, je vois que vos dâais doivent 
être involontaires : il feot que vous- 
j^ifliezxltre à Sophie qiie vous la quit- 
ter jnalgré vous. Hé bien , (oyez eon- 
taatvftpuifquevous lî-obéifltz ps^à 
lasaifoa, leconnoîfÇîzuh autre mni- 
ire. Vous p'ayex pas oubiîé l'engage- 
mekit qôe vo'iis avez pris ^vec' 'moi. 
Emile., il^ut qukter SopÛetljé le 
veux.^ 

F4 



àis - je ; il «ut pk^i 
départ. Les femmes 
on leur doit des mer 
.bfence n'étant pat 
elle, comjne pour 
permis de la fuppo 

eoutage. , 

3c lefuis qoe 1 
longeriufquàlalet 
nés gens le )ournal 
mais j'abufe depms 
dutgeiKe des Ugc 
finir une fois. Em 
,ux pieds de fa Ma 
lance qu'il vient de 

Pour m&i » je " ®" 
siéme de fon a™ 
cette afTiHance. 1 
devant elle » s i 
de la quitter; il I 



Livre V. '^uj 

me le change fur le motif qui le dé- 
line. Il femble lui dire à chaque 
ird : ô Sophie ! iis dans mon cœur , 
bis fideiie ; tu n'as pas un amant 
vertu. 

a fiere Sophie, '^de fon côté , tâche 
upporter avec dignité le coup im- 
ru qui la frappe. Elle s'efforce d*y 
)itre infenfible ; mais comme elle 
pas, ainfi qu'Emile, l'honneur du 
ibat & de la vidoire , fa fermeté 
>u tient moins. Elle pleure , elle gé- 
en dépit d'elle , & la frayeur d'é* 
oubliée , aigrit la douleur de la fé* 
ition. Ce n eft pas devant fon amant 
lUe pleure , ce n'eft pas à lui quelle 
itre fes frayeurs; elle étoufferoit 
;6t , que de laiifer échapper un fou- 
cn fa préfcnce; c'eft moi qui re- 
fes plaintes , qui vois fes larmes , 
îlle affeéte de prendre pour confi- 
t. Les femmes font adroites & fa- 
t fe déguifer : plus elle murnTtire 
fecret contre ma tyrannfe, plus 
eft attentive à me flatter; elle fent 
fon fort eft dans mes mains. 
? la confole , je la raffure , je lui 
)nds de fon amant , ou plutôt de 
époui^;^ qu'elle lui garde la même 

F s 



la confiance de leurs paren 
ralfure ; mais que fert la i 
tre ta fbiblefTe .' Ils Ce Tcpan 
s'ils ne dévoient plus fe voi: 

C'eft alors que Sophie 
les regrets d'Euchatis , i 
léeLIeinent à fa place. Ne lai 
durant l'abfence réveilier 
ques amours. Sophie , lui 
iour , faites avec Emile un ( 
livres. Donnez- lui votre T 
afin qu'il apprenne à lui rell 
qu'il vous donne le Speiftat 
TOUS aimcTla leilure. Ètudii 
voirs dts honnêtes ferames , 
que dans deux ant ces devc 

]es «Arrra Cet ^frhariop ni: 



L I V R E y. ifi 

, U nie dit -ces mots d'un ton 
& du0 ^ccyf\ ^^ pçjy §pppyé. 
togt fait pqpr .v<)ii^ ÇfWpfeîrç ; 
jvois que if 4§aiïWI ^eç.pii 
me d'hom\f??r. : }\ s^f ig,q r^ . 

que vp^^ J^WV^. PJg^, fo/i. 
rat de maf j^g^ (^r fe b^^tf hp cW/ 

lie différence daj)sI^(^nJt^.^CC. 
ix amans ? Emile impétueux , 

y agité , hors de lui , pouffe 
is , verfe des torrens de pleurs 

mains du pcre , de la mère , de 

, embrafle en fanglotant tous 
iS de la maifon , & répète mille 
s mêmes çbQfes avec un défor- 
i feroît rire'éd^ioute autre oc- 
Sophie morjie;, pâle, Tœil 
, le regatd fomfcre , refte en re- 
le dit rien , ne pleure point , ne 
lerfonne , pas même £mtle. Il 
j lui prendre les mains , la pred 
is fes bras ; elle refte immobile ^ 
ble à fes pleurs, à fes careffes, 

ce qu'il fait ; il eft déjà parti 
îUe. Combien cet objet efl plus 
mt que la plainte importune & 
;reti bruyans de fon amant 1 It 

F 6 



eit tcQtê aoubiier ce qa 
phie , ea la lui rappetlant 
vit aa moment de ton dëp 
qu'il ait le cœur bien ali( 
ramené pas à cUe. 



X 



iVA 




^/i 



•V* 
•.V 






L î V R B V. IJî 



DES VOTAGES. 

yj N demande s'il eft bon que les 
jeunes gens voyagent , & Ton difpute 
beaucoup là • deflbs. Si Toti - propofoit 
autrement la queftion , & qu^on de- 
mandât s'il eft bon que les hommes 
aient voyagé , peut-être ne difp^teroit* 
on pas tant. 

L'abus des livres tue la fctence-. 

Croyant favoir ce qu'on a lu , on fe 

croit difpenfé de l'apprendre. TVop de 

leéture ne fert qu'à èdre de |>réfomp« 

tueux ignorans. De tous les fiecies de 

Ikeérature^ iln'y en a point eu où 

l'on lot tant que dans celui-ci, & point 

oà l'on fttt moins favant : de tous les 

t>ays de l'Europe , il n'y en a point où 

l'on imprime tant d'hiftoires » d^ rela- 

tîons , de voyages , qu'en France , & 

point où l'on connoifie moins le génie 

& les mœurs des autres Nations. Tant 

de livres nous font négliger le livre du 

monde, ou fi nous y lifons encore , 

chacun s'en tient à fon feuillet» Quand 

le mot ptiU'On être Perfan me Ie;:oit 



mais pour etuaier i 
il parcourir la terre e 
aller au Japon obfervc 
Four connoitre Tefpec 
noitre tous les indivi 
a des hommes qui fe r 
que ce n'eft pas la pei 
féparément. Qui a vu 
a tous vus ; quoiqu'on 
dire autant des Anglô 
autres peuples ^ il eft 
que chaque Nation a f 
pre & fpécifique qui f< 
tîon , non de l'obfer 
de fes membres-, m 
Celui qui a comparé ( 
noit les hommes , co 
vu dix François conn< 

Il ne fuffit pas , poi 
courir les pays ; il fau 



L I V it E V. lyy 

t de penfer , que dans la ledlure leur 
rit eft au moins guidé par TAuteur , 
que dans leurs voyages , ils ne fa^ 
nt rien voir d'eux-mêmes. D'autres 
s'inflruifent point parce qu'ils ne 
aillent pas s'inftruire. Leur objet eft 
différent que celui^à ne les frappe 
aères ; c'eft grand' h|zafd fi Ton voie 
xa<ftement ce qu'on ne fe foucie point 
iC regarder. De tous les peuples du 
nonde , le Franqois eft celui qui 
voyage le plus , mai» plein de fes ufa-. 
ges , il confond tout ce qui n'y refTem* 
ble pas. 11 y a des François dans tous 
les coins du monde. 11 n'y a point de 
pays où l'on trouve plus de gens qui 
aient voyagé , qu'on en trouve en 
France. Avec cela pourtant , de tous 
les peuples de TËurope celui qui en 
voit le plus^les connoit le moins. L'An- 
glois voyage aufli , mais d'une autre 
manière ; il faut que ces deux peuples 
foient contraires en tout. La noblefTe 
Angloife voyage^ la NoblefTe Franqojfe 
ne voyage point : le peuple Franqoi» 
voyage ,. le peuple Anglois ne voyage 
point. Cette différence me parole ho- 
norable au dernier. Les Franqois ont 
prefque toujours quelque vue d'intérêt 
dans leurs voyages : mais les AngloîS' 



ils font trop tiers pc 

hors de chez eux. Ce 

s'inftruifent miçux ch 

ne font les François 

autre objet en tête. 

pourtant auffi leurs pr 

ils en ont même pli 

mais ces préjugés t 

Tignorancc qu'à la pa 

les préjugés de Torgi 

ijois ceux de la vanitî; 

Comme les peuple 

Tés font généralcmer. 

ceux qui voyagent le 

le mieux ; parce quN 

ces que nous dans n 

voles , & moins occi 

notre vaine curioruô 

leur attention à ce qu 

utile. Je ne conno 



I 1 V K E V. 1^^ 

chez tons les Savans, rEfpagnol étudie 
en Aience le gouvernement , les mœurs, 
la police , & il eft le feul des quatre 
qui de retour chez lui , rapporte de ce 
qu'il a vu quelque remarque utile à 
fon pays. 

Les Anciens voyageoicnt peu , lî- 
foîent peu , faifoient peu de livres , 
& pourtant on voit dans ceux qui nous 
reltent d*eux, qu'ils s'obferv^ient mieux 
les uns les autres que nous n'obfervons 
nos contemporains. Sans remonter aux 
écrits d'Homère « le feul Poëte qui nous 
tranfporte dans les pays qu'il décrit , 
on ne peut refufer à Hérodote ITion- 
neur d'avoir peint les mœurs dans fon 
Hifloire , quoiqu'elle foit plus en nar« 
rations qu'en réflexions , mieux que ne 
font tous nos Hiftoriens , en chargeant 
leurs livres de portraits & de caradlc- 
res. Tacite a mieux décrit les Ger- 
mains de fon tems qu'aucun Ecrivain 
n'a décrit les Allemands d'aujourd'hui. 
Inconteftablf ment ceux qui font verfés 
dans l'hifloire ancienne connoiflent 
mieux les Grecs , les Carthaginois , les 
Fvomains , les Gaulois , les Perfes , 
qu'aucun peuple de nos jours ne con- 
noit fes voifins. 
Il faut avouer aufli , que les carac« 



r 



t t ^ R E V- I4f 

fîtes le regardant la plupart comme Aur 
iMcbthoUes , ou originaires de leur pro- 

Ce pays , Poccupoient depuis mez 
Dg-tems , pour «avoir perdu la mé- 
'ifMk^edes fiecks reculés où leurs ancê» 
I ffr étoient établis i & pour avoir 
ré le tems au c^mat de faire (ur eux 
.imp^ffions durables ; au lieu quç 
ini nous^ après les invafions de^ 
»9MÛns , les récentes émigrations des 
traues -ont tout mêlé, tout confon« 
„_. Les François d*aujourd^htii , nq 
ftot plus ces grands corps blonds 6c 
blancs d'aucreibis ; les Grecs ne font 
I plus ces beaux hommes faits pour fer- 
Tir de modèle à l'art j h £gurcde& Ko* 
fluiias etnum.éipes a changé de carac- 
tère, ainfi que leur naturâ : les fer- 
janst originaire^ de la Tartarie, per« 
dent chaque jour de leur laideur pri- 
aûtife^par le mélange du-ûmg Cir- 
caflieo. Les Européens nç font plu^ 
Gaulois^ Germains, Ibériens, Allo- 
broges ; ils nie font tous que des Scy- 
thea «diverlement dégénérés quant à 
la figure , & «ncofe plus quant' aux 
mœurs. 

Voilà pourquoi les antiques diftinc- 
lions des races , les qualités de Taiç 
lk<4D Jterroiry.'mafquoient plus, forte- 



tcrelle le tems de fai 
6c où les forêts aba 
defféchés , la terre p 
quoique plus mal eu 
plus , même au pV 
diiFérencc de terre i 
à pays.* 

Peut-être avec de 
xions fe preffcroit - 
ner eh ridicule^ H< 
Pline , pour avoir r 
tans de divers pays, 
ginaux & des diffère 
nous ne leur voyor 
tetrouver les mêm 
rcconnoitre en eux 
il feudroit que rien 
pour qu'ils fuffent r 
nous pouvions conlî 

lac linmme.Q OUI C 



t î T It K V. I4J 

deviennent plus difficiles , elles fc font 
jlus négligemment & plus mai ; c'elt 
une autre raiibn du peu de fucccs de 
nos recherches dans l'Hiftoire nacu* 

- - Telle du genre humain. L'itiftrudlion 
^ qu'on retire des voyages fe rapporte 

- à l'objet qui les fait entreprendre, 
«c Quand cet objet eft un fyftéme de Phi. 
F lofoj>We 5 le voyageur ne voit jamais 
^ <|ue ce qà'H veut vbïv : quand cet ob« 
^ jet eil rfhtérêt-, il abforbe totite l'at* 

tcfrtîoTi dfe ceux qui s'y livrent. Le 
r commerce & les arts , qui mêlent & 
confondent les peuples , lés empêchent 
ïùfli de s'étudier. Quand ils favent Ifc 
profit Qu'ils ()cuvent faire Tun avec 
rautre, ^u'cmd-ilsde plus à favoir ? 

Il eft utile à Thomitie de connoître 
touis lés Héux 011 Ton peut vivre , afin 
'de choifir enfuite ceux où l'on peut 
vivre le plus comAiodémènt. Si cha* 
cun fe fuflfifoît à lui-même, il ne lui 
importeroit de connoitre que le pays 
qui peut le nourrir. Le Sauvage qui 
n'a befoin de perfonne, &ne convoite 
rien au monde , ne connoit & né cher- 
che à connoitre d'autres pays que le 
fien. S*il eft forcd de s'étendre pour fub- 
iîfter , il fuit les lieux habités par les 
hommes \ il n'en veut qu'aux béie$> 



^uenter les pays oi 

plus. Voilà po»rqu< 

mc^ à Paris, à I 

jours dans les Capit; 

main fe vend a mei 

l'on ne connoit qi 

pies , & les grandi 

|)lent tous. . 

Nous av^ns , di 

qui voyagent pour 1 

«rreur. Les Savans 

jrêt comme les autr 

îythagores, ne fe 

«'il y en a , tfeft 

Nos Savans ne vo^ 

de la Cour ; on 1 

défraie, on les pa 

tel objet , qui , ti 

Îias un objet mw 
eur tems à cet ob 



L I V R E V. T4Ç 

trûire. Ccn'eft pas de fcîence qu'ils ont 
befoin , mais d'odentation. Comment 
apprendroient-ils dans leurs voyages 
à (ecouer le joug de l'opinion ? ils ne 
les font que pour elle. 

11 y a bien de la différence entre 
voyager pour voir du pays , ou pour 
voir des peuples. Le premier objet eft 
toujours celui des curieux , Taucre 
n^eft pour eux qu'accefloire. Ce doit 
être tout le contraire pour celui qui 
veut philofopher. L'enfant obferve les 
chofes , en attendant qu'il puifTe ob- 
ferver les hommes. L'homme doit corn* 
mencer par obferver fes femblables , 
& puis il obferve les chofes s'il en a 
le tems. 

C'eft donc mal raifonner, que de 
conclure que les voyages font inutiles, 
de ce que nous voyageons mal.- Mais 
Tutilité des voyages reconnue, s'en- 
fuivra-t-il qu'ils conviennent à tout le 
monde? Tant s'en faut; ils ne con- 
viennent , au contraire , qu'à très-peu 
de gens : ils ne conviennent qu'aux 
hommes affez fermes fur eux-mêmes , 
pour écout'er les leçons de l'erreur fans 
le laifTer féduire , & pour voir l'exem- 
ple du vice fans fe laiffer entraîner. 
les voyages pouffent le naturel vers 
Brnile, Tome IV, G 



L I V R E V. Î47 

Ybyagcr , c*eft errer , être vagabond ; 
voyager pour ^'inftruire , eft encore 
un objet trop vague : l'indrudion qui 
n'a pas un but déterminé, n'eft rien. 
Je voudrois donner au jeune homme 
on intérêt fenfibie à s'inftruire , & cet 
intérêt bien choifi fixeroit encore la 
fiature de Tinfiruétion. C'eft toujouirs 
la fuite de la méthode que j'ai tâché 
de pratiquer. 

Or , après s'être confidéré par fes 
rapports phyfiques avec les autres 
êtres , par fes rapports moraux avec 
les autres hommes , il lui relie à fe 
confidérer par fes rapports civils avec 
lès concitoyens. Il faut pour cela , 
qu'il commence par étudier la nature 
du gouvernement en général , les di- 
yerfes formes de gouvernement, & 
enfin le gouvernement particulier fous 
lequel il eft né, pour favoir s'il lui 
convient d'y vivre ; car par un droit 
que rien ne peut abroger , chaque hom- 
me en devenant majeur & maître de 
lui-même, devient maître aufli de re- 
noncer au contrat par lequel il tient à 
la communauté , en quittant le pays 
dans lequel elle eft établie. Ce n'eft 

3ue par le féjour qu'il y h\t après l'âge 
e mon ^ qu'il eft ççnfé confiigxer 

G z 



g ture , cede-t-on du lien 

Far le droit rigoureux 
relie libre à Tes rifques 
qu'il naifTe , à moins c 
mette volontairement 
acquérir le droit d'en é 
Je lui dirois donc , 
jufqu'ici vous avez vc< 
redÔon , vous étiez hor 
gouverner vous-même, 
prochez de Tâge où les 
fant la difpofition de v 
rendent maître de \ 
Vous allez vous trouv 
focrété , dépendant de 
votre patrimoine. Voi 
un éubliflement. Cette 
elle eft un des devoir 
mais avant de vous ma 

Il voir quel homme vous 



L I V R E V. 149 

il y faut pourtant fonger une fois. 
Youiez-vous vous engager dans la dé*- 
pendance des hommes que vous nié* 
prifez ? Voulez-vous établir votre for- 
lune & fixer votre état par des relations 
civiles qui vous mettront fans cefle à la 
difcrétion d'autrui , & vous forceront, 
pour échapper aux fripons , de de- 
venir fripon vous-même. 

Là-defTus je lui décrirai tous les 
moyens polTibles de faire valoir fon 
bien , foit dans le commerce , foit dans 
les charges , foit dans la finance , & 
je lui montrerai qu*il n'y en a pas un 
qui ne lui laifle des rifques à courir , 
qui ne le mette dans un état précaire 
& dépendant , éS: ne le force de régler 
fes mœurs , fes fentimens , fa con- 
duite , fur l'exemple & les préjugés 
d'autrui. 

11 y a , lui dirai. je , un autre moyen 
d'employer fon tems & fa perfonne ; 
c^eft de fe mettre au fervice, c'eft.à< 
dire de fe louer à trcs-bon compte , 
pour aller tuer des gens qui ne nous 
ont point fait de mal. Ce métier eil 
en grande eftime parmi les hommes , 
& ils font un cas extraordinaire de 
cenx qui ne font bons qu'à cela. Au 
furplus } loin de vous difpenfer des 



même infenfiblemc 

comme dans les aut 

^u'ea vous expliq 

prennent pour cela 

je vous rende curie 

Vous Ëiurez enc( 

tier même U ne s'a 

ni de valeur , 6 ce 

près des femmes ; 

plus rampant, lep 

vile eft toujours h 

fi vous vous avifez 

de bon votre met 

prile, haï, chafle 

moins accablé de 

plaaité par tous v 

avoir feit votre f 

tandis qu ils fiaifo: 

lette. 



t 1 V R t V. i(;i 

m'importent tous ros beaux emplois , 
& toutes les fottes opinions des hom- 
mes ? Je ne connois point d'autre gloi- 
re que d'être bîenfaifant & jufte ; je ne 
connois point d*autre bonheur que de 
vivre indépendant avec ce qu'on aime, 
en gagnant tous les jours de Tappétît 
& de la fanté par fon travail. Tous ces 
embarras dont vous me parlez ne me 
touchent gueres. Je ne veux pour tout 
bien qu'une petite métairie dans quel- 
que coin du monde. Je mettrai toute 
mon avarice à la faire valoir , & je 
vivrai fans inquiétude. Sophie & mon 
champ , & je ferai riche. 

Oui , mon ami , c'eft aflez pour le 
bonheur du fage d'unt femme & d'un 
champ qui foient à lui. Mais ces tréfors , 
bien que modeftes , ne font pas fi com- 
muns que vous penfez. Le plus rare eft 
trouvé pour vous ; parlons de l'autre. 

Un champ qui foit à vous , cher 
Emile ! & dans quel lieu le choifirez- 
vous ? En quel coin de la terre pour- 
reT-vous dire ; je fuis ici mon maître 
& celui du terreîn qui m'appartient. 
On fait en quels lieux il eft aifé de fc 
faire riche , mais qui fait où l'on peut 
fe paffer de letre 1 Qui fait où Ton 
peut vivre indépendant & libre , ^us 

G4 



àtrouver: •* " "-. .-IT 
prime & ftr de fnbuft 
Tans afEaire , fans aep 
j'en conviens , de vr 
fcsmMBs,enculavan 

BBÎs où cft VEtat oo 

la tcrte que je foule < 

de choifir cette heure' 

Yous bien d'y uouvei 

chcrchei ; gardez qu 

violent, qu'une telif 

qoe des mœurs pci 

Tiennent cioubler. W 

des impôts fensmcUi 

le fruit de vos peine 

fin qui conuimeroi 

Faites en forte qu'ei 

TOUS n'ayez point a 

des Intendans , a 

des]uges,àdesPr 



L I V R E V. ïç? 

both. Si votre malheur vetit qu'un 
homme en place aclititte ou bàcifle une 
maifon près de votre chaumière , ré- 
pondez-vous qu'il ne trouvera pas le 
moyen , fous quelque prétexte, d'en- 
vahir votre héritage pour s'arrondir ^ 
ou que vous. ne verrez pas , dès demain 
peut-être , abforber toutes vos reflbur- 
ces dans un large grand chemin. Que 
fi vous confervez du crédit pour parer 
i tous ces inconvéniens , autant vaut 
conferver aulFi vos richeiTes , car elles 
ne vous coûteront pas plus à garder. 
La richefle & le crédit s'ctayent mu- 
.tuellement ; Tun fe foutient toujours 
mal fans l'autre. 

J'ai plus d'expérience que vous, cher 
Emile , je vois mieux la diRicultc de 
votre projet II eftbeau, pourtant, il 
cft honnête , il vous rendroit heureux 
en effet ; eiïbrqons-nous de l'exécuter. 
J'ai une propofition à vous faire. Con« 
facrons les deux ans que nous avons 
pris jufqu'à votre retour , à choifir un 
afylc en Europe où vous puiflTiez vivre 
heureux avec votre famille à labri de 
tous les dangers dont je viens de vous 
parler. Si nous réufllflbns , vous aurez 
trouvé le vrai bonheur vainement cher- 
ché par tant d'autres , & vous n'aures 



V 



Je ne fais fi tous me 

cevront jufqu'où va n 

recherche ainfi propo 

bien que fi , au retoï 

commencés & cont 

vue , Emile n'en revi 

toutes les matières d 

de mœurs publiques 

d'Etat de toute efpe< 

Qu moi foyons bien 

d'intelligence ,& l ai 

Le droit î>ohu(jue 

tre,&il eftàprefiî 

jamais. Grotius-, le 

Savans en cette part 

fent , & qui pîs eft > 

vaife foi. Qpand j e 

tius jurqu'aux^ nues 

tfexécrationvJe vo 

mes fenfés Ufent ov 



Livre V. iç; 

Grotîus fur des Poètes : tout le rcfte 
leur eft commun. 

Le feul moderne ^ en état de crcer 
cette grande 6c inutile fcience v eût été 
l'illuftre Montefquieu. Mais il n'eut 
garde de traiter des principes du droit: 
politique ; il fe contenta de traiter du 
droit pofitif des gouvememens établis ; 
& rien ai> monde n'eft plus difFérenc 
que ces deux études. 

Celui pourtant qui veut juger faine* 
ment des gouvememens tels qu'ils 
oxiftent , eft obligé de les réunir tou- 
tes deux ; il faut favoir ce qui doit 
itre pour bien juger de ce qui eft. La 
^lus grande difficulté pour éclaircir ces 
importantes matières , eft d'intérefler 
un particulier à les difcuter, de répon* 
dre à ces deux queftions ; que m'im- 
porte ? & , qu'y puis - je faire ? Nous 
avons mis notre Emile en état de fo 
répondre à toutes deux. . 

La deuxième difficulté vient des 
préjugés de l'enfance, des maximes 
dans le(quelles on a été nourri , fur^ 
tout de la partialité des Auteurs , qui y 
parlant toujours de la vérité dont iU 
ne fe foucient gueres , ne fongent qu'il 
leur intérêt dont ils ne parlent point. 
Qtj le peuple ne donne ni chaires v 

G 6 



™j a q»« S™'" 
îhofc q«i V "°S 
3e, livres, S')™ 
ne fera pui* f" 
Poiirwces , mai» P" 
de Vhuoianite. 

11 lelte ""VÏÏ: 

fpécieufc que fcUle 

niréfoudte, m pn 

„„-ell« o-eftaye po 

fi, qo'en de» reci 

peoa,il«8'»"'"î* 

ielTalre» q»»» ".' 

lu«to & »n y"' 

,Ué. Si don» '" 

jement pe»"=»' 

Kaltées , et. vol» 

ouiamats. 



I I V R E V. ÎÇ7 

Nos élémens feront clairs , fimples , 
pris immédiatement dans la nature 
des chofes. Us fe formeront des quef- 
dons difcutées entre nous , & que 
J10U8 ne convertirons en principes 
que quand elles feront fuffifamment 
réfolues. 

Par exemple , remontant d'abord à 
rétat dé nature , nous examinerons fi 
les hommes naiflent efclaves ou libres , 
affociés ou indcpendans , s'ils fe réunif- 
fent volontairement ou par force ; (i 
jamais la force qui les réunit peut for- 
mer un droit permanent , par lequel 
cette force antérieure oblige , même 
quand elle eft furmontée par une au« 
tre ; en forte que depuis la force du 
Roi Nembrot, qui, dit-on , lui foumit 
les premiers Peuples , toutes les autres 
forces qui ont détruit celle-là foient 
devenues iniques* & ufurpatoires , & 
qu'il n'y ait plus de légitimes Rois que 
les defcendans de Nembrot ou fes 
ayans-caufe ? ou bien {\ cette première 
force venant à ceffer , la force qui lui 
fuccede oblige à fon tour» & détruit 
Tobligation de l'autre , en forte qu'on 
ne foît obligé d^obéir qu'autant qu'on 
y eft forcé , & qu'on en foit difpenfé 
£/*tôt qu'on peut faire réfiftance : droit 



S)ieM , & s'il s'enfv 
ce foit un crime < 
decin? 

Nous examineror 
eft obligé ea «ionfc' 
bourfe à un bandi 
mande fm le pan' 
même on pourroit 
enfin, W f'^mn 
«ne puiffiance. 

Sr ce mot de pui 
eafion veut dire i 
puiffance légitime 
foumife aux lois 
*"e ? ^, . 

Soppolc quon 
force , & qu'on adi 
turc ou l'autorîie 
principe des fociel 
,nn< la mefnre de 



L I T R l V. >^-(> 

te (k raifon à mûrir, il ne devient pas 
feul juge naturel de ce qui convient à 
fa confervadon , par. conféquenc Ton 
propre maître , & indépendant de tout 
autre homme , même de Ton père ? car 
il eft encore plus fur que le fils s'aime 
lui-même^ qu'il n'sfl fur que le père 
aime le iils. 

Si , le père mort, les en fans font 
tenus d-obéir à leur aine , ou à queU 
que autre qui n'aura pas pour eux Tat* 
tachement naturel d'un père ; & fi , de 
race en race , il y aura toujours un 
chef unique , auquel toute la facuille 
foit tenue d'obéir ? Auquel cas on cher* 
cheroit comment l'autorité pourroit 
îaniais être partagée, & de quel droit 
il y auroit (ur la terre entière , plus 
d'un chef qui gouvernât le genre hu«> 
main l 

Suppiofc que Tes peuples fe fuflent 
formés par choix , nous didinguerons 
alors le droit ,- du fait ; 6c nous de-^ 
manderons, fi s' étant ainfi foumis à 
leurs frères , oncles eu parens , non 
qu'ils y fuflent obligés, mais parce 

gu'ik Tônt bien voulu , cette forte de 
)ciétc. ne rentre pas toujours dans 
l'aflociation libre & volontaire ? 
f aflant ei;fuite au droit d'efclavage ,> 



licé dans fes aâion: 

mot d'cxifter -avant 

nature qui le charge 

fa propre confervat 

confcience & (à raî 

vent ce qu'il doit 

doit s'abftenir f 

(W &ii y a quel 

quereftriâion dans 

nous difcuterons fi ( 

pas alors un vrai co 

chacun des deux co 

point en cette qua 

commun Ci?) » re 

juges quant aux con* 

par conféquent libre 

partie , & maîtres ( 
_..»îi »-.iiî ^ 11-. 



L 1 V R E V. l6t 

ler fans réferve à Ton maître , corn- 
nt un Peuple peut- il s'aliéner fans 
;rve à fon chef ; & fi Tcfclave refte 
e de Tobfervation du contrat par fou 
itre , comment le peuple ne reliera- 

pas juge de Tobfervation du con- 
t par fon chef? 

Forcés de revenir ainfi fur nos pas > 
confidérant le fens de ce mot collée- 
de peuple , nous chercherons (i pour 
tablir il ne faut pas un contrat , au 
uns tacite , antérieur à celui que 
us fuppofons f 

Puifqu'avant. de s'élire un Roi, le 
iple eft un peuple, qu'eft-ce qui Ta 
t tel finon le contrat focial f Le con- 
t focial eft donc la bafe de toute (b- 
té civile, & c'eft dans la nature de 

aéte qu'il faut chercher celle delà 
îété qu'il forme. 

^^ous rechercherons quelle eft la te- 
ar de ce contrat , & Ci l'on ne peut 
5 à-peu. près l'énoncer par cette for- 
lie : Chacun de nous met en œnir 
fil fes biens , fa perfonne , fa vie 
toute fa puijjance fous la fuprê^ 
■ direàion delà volonté générale^ 

nous recevons en corps chaque 
'fnbre , comme partie indioijîbk dii 






"' & coJle«aif , 

membres que Va 

*'«te perfonne p, 

ncralJenomdeco 
«ft appelle par i 
fiuand il eft paffif 

l fes femblablesT à 
ores eux. mêirte». 
de Patple colledlî, 
«nt en particulier 
membres de la Qte 
I autorité foureraim 
fournis à la même a 

Nous remarquerof 
foc.at.on, renfermt 

rcaproque du publi 



L I ▼ R K V. Ï6i 

fcant tenu aux engagemens qu'on n'a 
s qu'avec foi, la délibération publi- 
; qui peut obliger tous les fujets en- 
8 le Souverain , à caufe des deux 
trens rapports fous lefquels chacun 
nx eft envifagé, ne peut obliger 
at envers lui - même. Par où Ton 
t qu'il n'y a ni ne peut y avoir d'au- 
loi fondamentale, proprement dite> 
ï le feul paâe focial. Ce qui ne figni- 
pas que le corps politique ne puiffe^ 
certains égards, s'engager enver" 
Tui ; car par rapport à l'Etranger , 
devient alors un être fimpie, un 
îvidu. 

iCs deux parties contraâ:ante$ ; (a- 
r, chaque particulier & le public , 
yant aucun Supérieur commun qui 
(Te juger leurs différends , nous 
minerons fi chacun des deux refte 
(naître de rompre le contrat quand 
ai plait ; c'eft - à - dire , d'y renon- 
pour fa part fi - tôt qu'il fe croit 

i9 

V}ur éclaircir cette queftion, nous 
srverons que , félon le pa(fle focial , 
Souverain ne pouvant agir que par 

volontés communes & générales y 
aétes ne doivent de même avoir que 

objets généraux & communs ^ d'où 



foetal n*a jamaii 
que la force pi 
léfion ne peut 
particuliers , & 
pour cela libres 
^naÎE punis de 1': 
■^ Pour bien dé 
tiqns fembUblet 
nous rappcller 
focial eft d'une i 
propre à lui feuL 
ne contrade ou' 
i-dire le peuple 
Terain , avec le 
fnjets. Conditio 
£cc & le jeu de 
& qui feule ten 
nables & fans i 
mens qui fans et 
tyranniques , St 



L I V R E V. I^î 

)mme obéiiTant au Souverain , 
qu'à lui-même, & comment on 
! libre dans le padte focial , que 
*tat de Nature. 

s avoir fait la comparaîfon de 
té naturelle avec la liberté cj. 
ant aux perfonnes, nous ferons 
aux biens, celle du droit de 
té avec le droit de fouverai- 
iu domaine particulier avec le 
e émînent. Si c'eft fur le droit 
priété qu*eft fondée Pautorité 
îne , ce droit eft celui qu'elle 
! plus refpe(fter; il eft in viola- 
acre pour elle , tant qu'il de- 
un droit particulier & indivi- 
î-tAt qu'il eft confidéré comme 
n à tous les Citoyens , il eft 
à la volonté générale , & cette 
: peut l'anéantir. Aînfi le Sou- 
l'a nul droit de toucher au bien 
rticulier , ni de plufieurs ; mais 
légitimement s'emparer du bien 
î , comme cela fe fit à Sparte 
; de Lycurgue ; au lieu que l'a- 
i des dettes par Solon , fut un 
igîtime. 

ue rien n'oblige les fujets aue 
ité générale , nous recherche» 
»mment fe manifefte cette Vo« 



A l'înftant qi 

patticulier un ■ 

bies , le peiipl 

entre le tout 6 

qui en feit deu 

partie eft l'un 

partie cttram 

une partie n'e 

ce rapport Tul 

de tout , mais 

Au contraii 

Itatuc fur tôt 

dere que lui-t 

rapport, c'ef 

point de vue 

autre point d 

fion du tout. 

ftatue eft gé 

ftatuc eft au 

«..rnns s'il 



L I y R E T. 167 

; il s'enfuit que le Souverain n'a 
nais le pouvoir de rien (latuer fur un 
jec particulier ; & comme il importe 
pendant à la confervation de 1 État y 
*il foit auffi décidé des ehofes parti- 
Ueres , nous rechercherons comment 
La fe peut faire ? 

Les aétes du Souverain ne peuvent 
re que des adles de volonté générale , 
8 loix : il faut enfuite des ades dé- 
rminans , des aétes de force ou de 
•wernement pour l'exécution de ces 
êmes loix , & ceux-ci , au contraire , 
-peuvent avoir que des objets par- 
oliers. Ainfi ra(fte par lequel le Sou« 
M^in ftatue qu'on élira un chef, eft 
\t loi f & l'adte par lequel on élit ce 
Uf en exécution de la loi , n'eft qu'un 
te de gouvernement. 

Voici donc un trolfîeme rapport fous 
quel le peuple aifemblé peut être 
infidéré ; favoir , comme Magiftrat ou 
cécuteur de la loi qu'il a portée corn- 
efbuverain ( i8)* 

I I I I I !■ ■— — — < 

C 18 ) Ces queftions & propofitions font la plu. 
it extraites du contrat foetal , extrait lui-même 
IB jplus grand ouvrage entrepris fans confnlter 
•s forces , & abandonné depuis long-tems. Le 
tit traité que j'en ai détaché , & dont c*eft ici 
Ibmmaire , ièra publié à part. ^•U fMH 



aftc le peuple 
lui-même , on i 
alors il paît t 
n'a pas. 

L'effence de 
tant dans la vc 
voit point non 
s'aniireT qu'ui 
fera toujours i 
lonté générale 
préfumer qu'e 
traire ; car l'in 
aux préKrenc 
l'égalité ; & q 
poffible , il Tu) 
ceffaire & int 
droit fouveraii 
Nous reche 
paftc focial, 1 



L I V R E V. 169 

imes aux loix qu'ils font chargés de 
re obferver ? 

Si le peupte ne peut aliéner fon droit 
srémc , peut - il le confier pour ua 
ns ? s'il ne peut fe donner un mai* 
: , peut - il fe donner des repréfen^ 
is ? Cette quedion eft imporcante ^ 
îrite difcuiÛoQ. 

Si le peuple ne peut avoir ni Souv&- 
in ni repréfentans , nous exartiîne- 
ns comment il peut porter fès loix 
Uméme ; s*il doit avoir beaucoup de 
U , s'il doit les changer fouvent ; s*il 
^ aifé qu'un grand peuple foit fou 
opre Légiflateur f 

Si le Peuple Romain n'étoit pas un 
and Peuple f 

S'il e(l bon qu'il y ait de grands 
îuples? 

11 fuit des confidérations précéden* 
s , qu'il y a dans l'Etat un corps 
^termédiaire entre les Sujets & le 
c>uverain \ & ce corps intermédiaire 
>rmé d'un ou de plufieurs membres 
K chargé de l'adminiftration publique, 
e l'exécution des loix , & du maintien 
e la liberté civile & politique. 

Les membres de ce corps s'appellent 
îagijirats ou Rois^ c*eft*à-dire. Gou- 
erneurs. Le corps entier confideré pu 
Emile. Tpme lY. H 



enper agman 
dite , le rapt 
du Souverain 
comparer ce 
mes d'une pr 
le gouverneiT 
me. Le mag 
les ordres qi 
tout conipcn 
fance eft au 
duit ou la p 
font fujetsc 
l'auae. On 
des trois tet 
la proportii 
■gouverner, 
des loix , 01 
le défordrc '. 



l I V R E V. 171 

tain eft au Sujet comme dix mille à 
i : c*eft-à^dire , que chaque membre 

TEtat n'a pour fa part que la di>: 
illieme partie de Tau ton té fouveraine, 
loiqu'il lui foit fournis tout entier. 
pe le peuple foit compofé de cent 
ille hommes ; l'état des Sujets ne 
lange pas , & chacun porte toujours 
>ut Tempire des loix , tandis que fou 
iSrage réduit à un cent - millième a 
X fois moins d'influence dans leur 
dadion. Ainfi le fujet reftant toujours 
i , le rapport du Souverain augmente 

raifon du nombre des Citoyens. 
où il fuit , que plus l'Etat s'agrandit , 
îs la liberté diminue, 
3r, moins les rolontcs particulières 
rapportent à la volonté générale , 
ft-à-dire les mœurs aux loix , plus la 
ce réprimante doit augmenter. D'un 
^c côté, la grandeur de l'Etat don^ 
m aux dépofitaires de l'autorité pu- 
que plus de tentations & de moyens 
T\ abufer , plus le Gouvernement a 
ibrce pour contenir le peuple , plus 
Souverain doit en avoir à fbn tout 
Ur contenir le gouvernement. 
Il fuit de ce double rapport que la 
^portion continue entre le. Souve* 
«1 , le Prince & le Peuple neft point 

H Z 



,4e fol»; 
^ cette confct 
"„e co»»»n"> 
•^ & abtotoi 

Mtore il«'H 

„ote te "' 
loi», ""i.; 

fentuo""»^™ 



L I V R E V. 17Î 

it au profit du Prince ; volonté 
Dn peut appeller volonté de corps y 
jelle efl générale par rapport au 
ivernement , & particulière par rap- 
t à l'Etat dont le gouvernement fait 
tie ; en troifieme lieu , la volonté 
peuple ou la volonté fouveraine , 
uelle cft générale , tant par rapport 
Etat conlidcré comme le tout , que 
rapport au gouvernement confidcré 
nme partie du tout. Dans une ic- 
lation parfaite , la volonté particu- 
re & individuelle doit être prefque 
lie , la volonté de corps propre au 
uvernemcnt très - fubordonnée , & 
r conféquen^la volonté générale & 
iveraine elè la règle de toutes les 
:res. Au contraire , félon Tordre na- 
el , ces différentes volontés devien- 
U plus adives à mefure qu'elles fe 
•centrent ; la volonté générale eft 
jours la plus fbible ; la volonté de 
Ps a le fécond rang , & la volonté 
ticuliere efl préférée à tout. En forte 
• chacun eft premièrement foi * mé- 
9 & puis Magiftrat, & puis Citoyen, 
^dation direâement oppofée à celle 
^xîge l'ordre focial. 
^ela pofé , nous fuppoferons le gou* 
aement entre les mains d'un feul 

Hî 



dépend l'ufâgc de 
force abfolue du j 
toujours celle du pe 
il s'enfuit que le pi 
netnens ell celui d' 

Au contraire , ut 
ment à l'autorité ( 
Prince du Souverai 
autant de Magiltrai 
de corps partàttem 
ja volonté général 
d'adiviié qu'elle , i 
particulière dans Ci 
le gouvernenuetit . 
même force abfol 
minimum d'atlivitf 

Ces règles Tonl 
d'autres confidérai 
confirmer. On voit 
les MaRiftrats Toni 



Livre V. 17^ 

LÎculiere de gouvernement ; au lieu que 
chaque Citoyen pris à part n'a aucune 
Fon<âîon de la fouveraineté. D'ailleurs 
plus l'Etac s'étend, plus fa force réelle 
lugmente, quoiqu'elle n'augmente pas 
en raifon de fon étendue : mais l'Etat 
reftancle même, les Magiftrats ont 
beau fe multiplier , le gouvernemenc 
ri'en acquiert pas une plus grande force 
réelle , parce qu'il eft dépofitaire de 
qille de l'Etat que nous fuppofons tou- 
jèurs égale. Ainfi, par cette pluralité , 
Pad:ïvité du gouvernement diminue , 
(ans que fa force puilfe augmenter. 
■ Apres avoir trouvé que le gouver-' 
nenent fe relâche à mefure que les 
Miàgiftrats fe multiplient, & que, plus 
lé peuple eft nombreux, plus la force 
réprimante du gouvernement doit aug- 
menter , nous conclurons que le rap- 
port des iMagîftrats au gouvernement 
doit être inverfe de celui des Sujets au 
Souverain : c'efl-à-dire , que plus TEtat 
s'agrandit , plus le gouvernement doit 
fe reflerrer , tellement que le nombre 
des chefs diminue en raifon de Taug- 
mentation du peuple. 

Pour fixer enfuite cette dîverfité de 
Formes fous des dénominations plus 
précifes, nous remarquerons en pre- 

M4 



i:mples particulier 
de DémociaiJc à t 
verneraent. 

Ou bien il peut 
r.ement entre les n 
nombre , en forte 
jîmples Ciroyens qi 
£' cette foime portt 
cr:itîc. 

Enfin , il peut ce 
f n'jvernement entre i^ 
(;iftrat unique. Cette 
eft la plus commune, 
iiarchie ou gouvernen 

Nous reniarqueron: 
formes , ou du moii 
mieres , font Tufcepl 
di moins- *' ' 



L I V R Ë V. 177 

foit entre te père & le fils , foie 
deux frères , foit autrement. 11 
ic toujours deux Rois à Sparte , 
I a vu dans 1 Empire Romain juf- 
huit Empereurs à la fois , fans 

pût dire que T Empire fût dîvîfé. 
i un point où chaque forme de 
ornement fc confond avec laTui- 
: ; & fous trois dénominations fpé- 
les le gouvernement ell réellement 
)le d autant de formes que TEtac 
Citoyens. 

y a plus ; chacun de ces gouver- 
:ns pouV4nt à certains égards fe 
ivifer en direrfes parties , Tune 
Iniilrée d'une manière & l'autre 
e autre , il peut rcfulter de ces 

formes combinées une multitude 
)rmes mixtes dont chacune eftmuU 
able par toutes les formes fimplès. 
n a de tout tems beaucoup dilputé 
la meilleure forme de Gouverne-^ 
it^ fans confidérer que chacune eft 
leilleure en certains cas , & la pire 
Tautres. Pour nous , fi dans les dif* 
ns Etats le nombre des Magiftrats 
doit être in^erfe de celui des 

19- ) On fe fouviendra que je n*entends par- 
eil qu« «^e^agiitrats ruprêmes ou Chefs de U 

Hs 



i 



que nous paiviei 
font les devoirs 
toyens ; St fi l'oi 
des autres? Ceq 
en quoi précirémi 
quoi chacun peut 
patrie ou s'il n'en 
Apres avoir a: 
efpece de fociété 
nous les coin par< 
ver les divers raf 
des , les autres pï 
les aatres foibles 
faut, s'entre-dcti 
aftion & réaaio) 
pins de miférabi 
à plus d'hommes 
gardé leur premi 
minerons fi l'on i 



L IVRE V. 179 

liemmes , tandis que les fociétcs gar- 
dent entre elles rindépendance de la 
nature, ne relient pas expofés aux 
maux des deux états, fans en avoir les 
avantages , & s'il ne vaudroit pas mieux 
qu'il i n'y eût point de fociété civile 
au monde , que d'y en avoir plu (leurs ? 
N'ed - ce pas cet état mixte qui parti- 
cipe à tous les deux, & n'aiTure ni 
Fun ni Pautre , per quem neutruni lU 
cet , nec tanqttam in bcllo paratum 
cjje , nec tanquam in pacefecurum ? 
N'eiî-ce pas cette anbciadon partielle 
& imparfaite, qui produit la tyrannie 
& la guerre ; & la tyrannie & la guerre 
ne font-elles pas les plus grands Âéaux 
de rhumanité ? 

Nous examinerons enfin Tefpece de 
remèdes qu'on a cherchés à ces incon* 
véniens, par les ligues & confcdéra* 
tions, qui, laifTant chaque Etat fon 
maître au - dedans , l'arme au - dehors 
contre tout aggrefTeur injufte. Nous re* 
chercherons comment on peut établir 
une bonne aflbciation féderative , ce 
qui peut la rendre durable , & jufqu'à- 
quel point on peut étendre le droit de 
la confédération , fans nuire à celui dq 
la fouveraineté ? 

L'Abbé de S, Pierre avoit propof4 

H 6 




toutes les qu 
qui peovent i 
du droit politi 

Enfin nous 
pts du droit c 
minerons poi 
très n'en ont 

Je ne feroii 
de tous nos r 
homme , qui 
m'interrompa 
bàtiflbns not 
& non pas 
nous alignon! 
à la règle ! 1 
fongez que le 
pâmons des } 



L I V R E V. 1 ji 

ntre nous d'établir d'abord les vrais 
principes du droit politique. A pré- 
snt que nos fondemens font pofés, 
enez examiner ce que les hommes 
ihC bâti deflus , & vous verrez de bel* 
es chofes ! 

Alors je lui fais lire Télémaque , & 
kourfuivre fa route : nous cherchons 
'heureufe Salentc, & le bon Idomenée 
endu fage à force de malheurs. Che- 
nîn faifant nous trouvons beaucoup 
le Protéfiias , & point de Phiioclcs. 
Idraile Roi des Dauniens n*eft pas non 
;>lus introuvable. Mais laifTons les Lee- 
ceurs imaginer nos voyages, ou Içs 
Faire à notre place un Télémaque à 
It main , & ne leur fuggérons point 
des applications affligeantes , que l'Au- 
teur même écarte , ou fait malgré lui. 
Au refte , Emile n'étant pas Roi , ni 
moi Dieu , nous ne nous tourmentons 
point de ne pouvoir imiter Teléma- 

Î|ue & Mentor , dans le bien qu'ils fai- 
oient au^c hommes : perfonne ne fait 
mieux que nous fe tenir à fa place , & 
ne defire moins d'en fortir. Nous fa- 
vons que la même tâche eft donnée à 
tous ; que quiconque aime le bien de 
tout fon cœur , & le fait de tout fon 
pouvoir y Ta remplie. Nous favons que 



''' dt Pa,:. °"»™lc 
"'onument "' ? foui 



L I y R E V. ii% 

Couru TEurope , livrés aux frivolités. 
ou à l'ennui, ils reviennent fans avoir 
rien vu de cç qui peut les intérelTer, 
ni rien appris de ce qui peut leur être 
Utile. 

Toutes les Capitales fe réfTemblent ; 

tous les Peuples s'y mêlent , toutes les 

tuœurs s'y confondent ; ce n'ed pas là 

qu'il faut aller étudier les Nations. Pa-i 

ris & Londres ne font à mes yeux que 

la même ville. Leurs habitans ont queU 

ques préjugés difféfiens , mais ils n'en 

ont pas moins les uns que les autres ^ 

& toutes leurs maximes pratiques font 

les mêmes. On fait quelles efpeces 

d'hommes doivent fe raflembler dan» 

les cours. On fait quelles mœurs l'en- 

taflement du peuple 6c l'inégalité des 

fortunes doit par-tout produire. Si-t6c 

qu'on me parle d'une Ville compofée 

de deux cent mille âmes, je (ais d'a« 

vance comment on y vit. Ce que je 

faurois de plus fur les lieux , ne vaut 

pas la peine d'aller l'apprendre. 

C'eft dans les Provinces reculées^ 
où il y a moins de mouvemens , de 
commerce , où les Etrangers voyagent 
moins , dont les habitans fe déplacent 
moins , changent moins de fortune <Se 
d'état , qu il faut aller étudier le génis 



cle r, "'S^des 
clt ft'is méiMge ■ , 

r "" Pl"s S'und ,a 



•0* 



L I V a E V. i8ç 

ifoit par des colonies , ou par d'au- 
es voies accidentelles & pafTageres , 
ors elles prouveroient le mal par le 
inede. Quand Augufte porta des loix 
intre le célibat, ces loix montroient 
ïjà le déclin de l'Empire Romain. 11 
.m que la bonté du gouvernement 
orte les Citoyens à fe marier, & non 
as que la loi les y contraigne; il ne 
lut pas examiner ce qui ie fait par 
>rce, car la loi qui combat la coniH. 
ation , s*élude & devient vaine , mais 
e qui fe fait par Finfluence des mœurs 
i^ par la pente naturelle du gouvcrne- 
»icnt; car ces moyens ont feuls un 
^et conftant. C'étoit la politique du 
>on Abbé de S. Pierre , de chercher 
oujours un petit remède à chaque mal 
particulier , au lieu de remonter à leur 
oorce commune , & de voir qu'on ne 
^ pouvoit guérir que tous à la foi?, 
' ne s'agît pas de traiter fcrarément 
'haque ulcère qui vient fur le corps 
fun malade , mais d'épurer la maflc 
'u fang qui les produit tous. On dit 
lo'il y a des prix en Angleterre pour 
^agriculture ; je n'en veux pas davan- 
âge ; cela feul me prouve qu'elle n'y 
)rillera pas long-tems. 
la feconie marque de la bonté rc« 



incgaux en fbice 
des deu;t , eil toi 
ha bi tans font le 
pandus fur le terri 
pas de fi grandes 
iéquent brille le 
iouTs l'aucre. Ce 
les qui épuilem 
fnibleiTe ; la rïch 
fent , eft une rie 
lufoirc : c'en beai 
d'effet. On die q 
vaut une Ptovinc 
ce; moi je crois 
plufieurs , que c' 
que Paris eft no 
ces , & que la i 
nus fe verfent t 
reftenc fans t^mai 
ni ail Roi. Il eft i 



Livre T. i87^ 

iple mal diflribué n'eft pas avanta* 
IX k l'Etat , mais il eft plus rui- 
IX que la dépopulation même , en 
:)ue la dépopulation ne donne qu'un 
duit nul , & que la confommation 
1 entendue donne un produit néga- 

Quand j'entends un Francjois & un. 
glois , tout fiers de la grandeur de 
rs Capitales , difputer entre eux , 
oel de Paris ou de Londres con« 
at le plus d'habitans , c*èft pour qioi 
nme s'ils difputoient enfemble , le* 
z\ des deux peuples a Thonneur d'être 
plus mal gouverné. 
Etudiez un Peuple hors de fes Villes^ 

n'eft qu'aînfi que vous le connoU 
z. Ce n'eft rien de voir la forme ap-; 
rente d'un gouvernement , fardée par 
^pareil de radmîniftration Se par 1& 
gon des Adminiftrateurs , fi l'on n'en 
idie aufii la nature par les effets 
'il produit furie Peuple, & dans 
]$ les degrés de l'adminiftration. La 
Férence de la forme au fond , fe trou*^ 
it partagée entre tous ces degrés , 

n'eft qu'en les embraffant tous ,; 
on connoît cette différence. Dans 

pays , c'eft par les manœuvres des 
bdélégués qu'on cottimence à fentir 
jpiit dujy^niftere^ dans telautre^ 



cft jamiii le 
pour la canjj 
pagne qui ft| 
pie de ia can 
Cette étud. 
isurs Provini 
limplicicé deJ 
ine obfervati 



bic 



a mon ep 



lante pour le 
toutes les Nat 
roiflTctit en vali 
•elles fe rappi 
plus la bonté 
terc ; ce n'cJl , 
«s Villes , ce 
force de cultut 
& qu'elles cha 
blés & pernici 

DIus «rn/Tt^-c . 



L 1 V R E V. lt9 

randes Villes où règne une horrible 
Drraption , font moins expoies à la 
>ntracter, & confervent parmi des 
ommes plus fiitnples , & dans des fo« 
iétés moins nombreufes , un juge- 
lent plus fur., un goût plus fain , des 
lœurs plus honnêtes. Mak au relie , 
ette contagion n'eft gueres à craindre 
our mon Emile ; il a tout ce qu'il 
iut pour s*en garantir. Parmi toutes 
es précautions que j'ai prifes pour cela, 
e compte pour beaucoup rattachement 
itt'il a dans le cœur. 

On ne fait plus ce que peut le vc- 
itable amouî: fur les inclinations des 
eunes gens , parce que ne le connoiC- 
ànt^pas mieux qu'eux, ceux qui les 
;ouvernent les en détournent. 11 feut 
)ourtant qu'un jeune homme aime ou 
in'il foit débauché. 11 eft aifé d'en im- 
)ofer par les apparences. On me citera 
nille jeunes gens qui , dit- on , vivent 
brt chafteraent fans amour ; mais q'i*on 
ne cite un homme fait, un véritable 
îomme qui dife avoir ainfi pafTé fa 
leuneHe , & qui foie de bonne foi. Dans 
:outes les vertus , dans tous les de- 
voirs on ne cherche que l'apparence ; 
moi je cherche la réalité; & je fuis 
trompé , s'il j a , pour y parvenir ^ 



J'étois à Vei 
Gouverneur d'il 
ea hiver , nau 
Le Gouverneur 
pB&i. II les li( 
tout haut à fa 
Anglois ; je n'y 
rant la ledure . 
déchirer de tr< 

foinC qu'il pori 
une après l'ai 
qu'il put afin 
pas : furpris d 
garde au vilàge 
tion ; mais les 1 
fions, quoiqn'af 
les hommes, < 
tionales , fur l 
fe tromper. Le! 
gagea fur le vil 



Livre V. içt 

Le Gouverneur voyant ce qui s'étoit 
)afle , fe mit à rire , embraffa fon Ele- 
re d*un air de fatisfadtion , & aprc» 
ivoir obtenu fon confentement , il me 
lonna Te^piicacion que je fouhaitois. 

Les manchettes , me dît-il , que M. 
fohn vient de déchirer , font un pré- 
sent qu'une Dame de cette Ville lui a 
iît il n'y a pas long-tems. Or , vous 
!aurez que M. John eft promis dans 
Ton pays à une jeune Dcmoifelle pour 
laquelle il a beaucoup d'amour , & qui 
în mérite encore davantage. Cette Let- 
tre eft de la mère de fa maîtrefle , & 
ic vais vous en traduire l'endroit qui a 
2aufé le dégât dont vous avez été le 
;ëmoin. 

" Luci ne quitte point les manchet- 
,9 tes de Lord John. MiffBettî Rold- 
„ ham vint hier paffer laprès - midi 
», avec elle & voulut à toute force tra- 
», vailler à fon ouvrage. Sachant que 
I, Luci s'étoit levée aujourd'hui plutôt 
>, qu'à l'ordinaire , j'ai voulu voir ce 
I) qu'elle faifoit , & je Tai trouvée oc- 
I, cupée à défaire tout ce qu'avoit fait 
>, hier Miff Betti. Elle ne veut pas qu'il 
p, y ait dans fon préfent , un feul point 
», d'une autre main que la fienne-,,. 

M. Johnfortitun moment après povr 



point un expedi 

tre la Dame ac 

me dit-il * la cl 

pas' mis tant d 

mis de la fimpl 

a béni mon tu 

Le ttait de 

poîni forti de i 

pas propre à n 

tête d'un rêve 

Ilefttems d 

John à Miir 1 

à Sophie. Il lu 

non moins tei 

vin eftirit plus 

dans Ion pays 

les gouvernen 

& les peuple; 

j'ai même pi 



L I V R E V. I9J 

ujours* agréable d'avoir dee corref- 
ndtt^s dans les pays éloignés , c'eft 
e oBellente précaution contre l'em- 
e des préjugés nationaux , qui , nous 
aquant toute la vie, ont tôt ou tard 
elque prife fur nous. Rien n'eft plus 
jprc à leur ôter cette prife que le 
mmerce défintcreffé de gens fenfés 
'on eftîme, lefquels n'ayant point 
j préjugés & léS' combattant par les 
irs , nouTS donnent les moyens d'op- 
fer fans cefTe les uns aux autres , & 
nous garantir aînfi de tous. Ce n'eft 
int la même chofe de commercer 
5C les Etr^gers chez nous ou chez 
X. Dans le premier cas , ils ont tou« 
irs pour'le pays où ils vivent un me- 
gement qui leur fait déguifer ce qu'ils 
penfeht ou qui leur en fait penfer' 
durablement , tandis qu'ils y font : de 
:our chez euy ils eh rabattent & ne 
it que jùftes. Je feroîs bien aîfe que 
tranger que je confulte eût vu mon- 
vs , mais je ne lui en demanderai fou 
[8 que dans le fien. 



Emile. Tome. IV, 




Euu de l'Eu) 
petits ; après 
ou trois pTÎn 
avoir vu ce i 
rieux , foit ( 
en Gouvenw 
en Hommes 
Ucnce m'avi 
proche. Alor; 
ami , vous 
pal objet df 
TU , vous a^ 
leréfultatdc 
vous fixez-v 
dans ma m 
pondre à^pe 
" A quoi 



L ï V R É V. If ^ 

mémeca vains efforts poux l'aflurer. 
Pour ne pas céder au torrent des 
chofes , ils fe font mille attachemens; 
puis fi-côt quils veulent faire un pat 
ils ne peuvent , & font étonnés de 
tenir à tout. li me femble que poi|C 
JlC Tendre libre on n'a rien à faire^ 
II fiiffit de ne pas vouloir céder de 
f être. C'eft vous , à mon maître , 

rii^ m'avez lait libre en m'apprenant 
céder à la nécelGté. Qji*elle vienne 
juaad il lui plait , je m'y laiiTe «n- 
Cxaîner fans contrainte , éc comme îc 
ne veux pas la combattre, je ne 
n'attache à rien pour me retenir. 
l'ai cherché dans nos voyages fi je 
trouverois quelque coin de terre ou 
je pufle être absolument mien ; mais 
en quel lieu parmi les hommes ne 
dépend - on pâus de leurs paffions ?. 
Tout bien examiné^ î'ai trouvé que 
i&on fouhait même étoit contradic- 
toire ; car duffé-je ne tenir à autre 
diofe, je tiendrols au moins k la 
rterre où je me ferois fixé : ma vie 
rfecoft attachée à cette terre com^ 
ime celle des Dryades Tétoit à leurs 
Itrbres; j'ai trouvé qu'empire & li- 
jberté étant deux mots incompati- 
(Ues , je ne pou vois être maître d'une 

I 2 



„ tei^t la CMue Qt nos 
,t prouviez' tics.- folîi 
,i poDTois gaidec à li 
„ &.ma:Uber*é , mais 
,^li«a qi«. je fuffe^à 
,» fans befoins, vovfl ' 
,t £«G in compati bite^ , 
,hine tiiec deiadépe: 
„ met;., qu'en leiKrai 
„ nature. Quci ferai ' 
„ fortune, que mes f 
,ifée,T Je s;mT)inenc« 
,„.dép:epdi:ei.ietej8Ct 
...qjjiift'y .attachent.: 
„ le, elle me rcfteua 
,,-.ofli n^: m'eniraiçern 
,, Je î>iÀ nie, tourmerti 
„retenir.. mais. je te 
,,. plaçai E-iclieou pat 
„ Je ne Je; ferai .point 



Livre V. 1^7 

5, fance & je les porterai jufqU'à la 
.^^ mort , car je fuis homme ; & pour* 
„ quoi ne faurois- je pas les porter 
,,, étant libre , puiG;iu'étant efclave il 
„ les faudrait bien porter encore s & 
5, <:elles de Tefclavage pour furcroît ? 

„ Qpe m'importe ma condition fuf 

„ la terre? que m'importe où que je 

^, fois ? par-tout où il y a des hommes, 

^ "je fiils « chez inés • Frères ; par-tout où 

.^ il ny en a pas,jfe fuis chez moi. 

.,, Tant que je pourrai refter indipen- 

„ dant &' riche , j'aidu bien pour vi- 

„'Vre & je vivrai. Quand mon bien 

.,, m*alTujettira . je Tabandonnerai fans 

j, peine ; j'ai <les bras pour travailler, 

. ,, & je vivrai. X^irand mes bras me 

^'manqueront , je vivrai fi Ton me 

„ nourrît, Je mourrai fi Ton ni'aban- 

„ donne ; je mourrai bien auffî quoi- 

„ quon ne m'abandonne pas, caria 

„ mcnrt n'eft pas une peine de ia pau- 

^ vreté , mais une loi de la nature. 

Dans quelque tems que . la mort 

vienne , je ia défie ; elle ne me fur- 
^, prendra jamais faifant des prépara- 
^, tifs pour vivre ; elle ne m'enipéchera 
„ jamais d*avoir vécu* 

„ Voilà, mon père, à quoi je me 
9^ fixe. -Si j'étois lans paflions , je fe^ 



9> 
9î 



tmee. nu » 

„ M j c'eft la 

„ mas, & J' 

„ nez donc , 

„ fuis libre, 

„ Cher Ew 

J, tcnckc fon 

^ cours d'ho 

^ limens da 

J, leffement 

„ ton âge. 1 

^ des enfon! 

,, rcment ce 

' de familU 

„ tes voyag' 

Fcffct ; j' 

près n»5 

'' éloigné 

„ qu'cHes 

vain qn't 



L î Y R t V. 199 

y) & de Tordre exiftent. Elles tiennent 
^, lieu de loi pofidve au fage; elles 
y, font écrites au fond de fon cœur par 
^, la cenfcience & par ]a raifon ; c^eil: 
^, à celles-là qu'il doit s'aflervir pour 
^, être libre , & il n'y a d'efclave que 
y, celui qui fkit mai , car il le fait tou- 
^ jours malgré loi. La liberté n'eft dans 
^, aucune forme de gouvernement , 
^y elle eft dans le cœur de l'homme H* 
^y bre ^ il la porte par-tout avec lui. 
^, L'-homme vil porte par-tout la fervi- 
j, tudc. L'un feroit efclave à Genève, 
y^ & l'autre libre à Paris. 

„ Si je te parlois des devoirs du Ci- 
,, toyen, tu me demanderois peut-être 
,, où efl: la patrie > & tu croirois m'a* 
,^ voir confondu. Tu te tromperois , 
^, pourtant , cher Emile , car qui n'a 
,, pas une patrie a du moins un pays. 
3^ il y a toujours un gouvernement & 
,, des fimulacres de loix fous lefquels 
,, il a vécu tranquille. Que le contrat 
,, focial n'ait point été obfervé, qu'im- 
^j porte , il l'intérêt particulier Ta pro« 
^, tégé comme auroit fait la volonté 
99 générale , fi la violence publique l'a 
yj garanti des violences particulières , 
^, fi le mal qu'il a vu niire lui a fait 
yj aimer ce qui écoit bien , & fi nos inf- 

I 4 



" précieux pour 1 
, de tes adions S 
* Né dans le fo 

vécu plus he; 
*; mais n'ayant jj 
", fuivre Tes per 
*, Tans métite, il 
' tueux , & ""3 
,, malgré fes_ pa 

, rence de Voià 

, noître.. à Vair 
j, fliii.ne :fect ^u 

, .trCS 1 £" .pûûr 
'„31apprendàr« 

, cre , à faerine 
commun. 11 ' 

j, tlte aucun pf 
, donnent le 

', même parmi 1 

.. vrai qu'elles 



L I V R E V. 2V\ 

y^ &, Tun de ces devoirs ell l*attachvi- 



„ Tu dois vivre au milieu d'eux , ou 
„ du moins en lieu d'où tu puiiFes leur 
„ être utile autant que tu peux l'être, 
„ ôc où ils fâchent où te prendre fi 
„ js^mats ils ont befoîn de toi. 11 y a 
„ telle circonftanceoù un homme peut 
y^ être plus utile à Tes concitoyens hors 
^, de fa patrie, que fi*îl vivoit dans Ton 
„ fein. Alors il doit n*ccouter qucfon: 
,, zèle & fupportcr fon exil fans mur- 
j, mure; cet exil même tft un defes. 
devoirs. Mais toi , bon Emile, à qui 
rien n'im{K)fe ces douloureux facrl- 
fices , toi qui n'as pas pris le trifte 
^ emploi de dire la vérité aux hom« 
jl mes , va vivre au milieu d'eux y cul- 
.^, tîveleur amitié dans un doux corn- 
merce, ibis leur bienfaiteur, leur 
itK)dcle : ton exemple leur fervira 
plus que tous nos livres , & le bien 
^, qu*ib te verront faire les touchera 
^, plus que tous nos vains difconrs. 
„ Je ne t^e^horte pas pour cela d'al- 
ler vivre dans les grandes Villes ; au 
,, contraire , un des exemples que les 
M bons ^doivent donner aux autres câ 

1 S 



99 



99 

59 



99 



' cocronipu. ncuitu^ 
" le pays où l'on n a 
" chercher la paix 
*; Mais où cft ce p 

" au milieu ctes viHç 

"prefquc il exercer I 

des intrigms ou 

'' L'accueil qu'on y 

' qui viennent ^ cn< 

*■ fait qu achCT-er * 

'' qu'au contratt* « 

'* aux dépens deyri 

', mes qui fe i"*te 

' ciété font unies 

' qu'ils s'en rettrcr 

' vices lui vienne 

' bteufe. Ils font 

'' qu'ils peuvent ra 

''âcfcttslaviejlî 



L I V R E V. 205 

„ rînfortnné villageois. Je croîs voi^ 
,, ic peuple fc multiplier , les chanip^ 
„ fe fertilifer, la terre prendre une 
^, nouvelle parure, la multitude ôc l'a^ 
,, bondance transformer les travaux en 
„ fêtes , les cris de joie & les bénédic- 
9, tions s'élever du milieu des jeux au* 
^ tour du couple aimable qui les a 
„ ranimJs. On traite Tâge d'or dé chi- 
„ mère, & c'en fera toujours une pour 
,, quiconque a le cœur & te goût gâ« 
„ tés. Il n*€ft pas même vrai qu'on le 
„ regrette , puifque ces regrets font 
„ toujours vains. Que faudroit-il donc 
„ pour le faire renaître? Une feule chofe, 
,, maïs impolfible ; ce feroit de Taimer. 
yy II fenible déjà renaître autour de 
^ l'habitation de Sophie ; vous ne ferez 
„ qu'achever enfemble ce que fes di- 
„ gnes parens ont commencé. Mais , 
„ cher Emile , qu'une vie fi douce ne 
„ te dégoûte pas des devoirs pénibles , 
„ il jamais ils te font impofés : fou- 
„ viens-toi que les Romains paflbient 
„ de la charrue au Confuiat Si le 
,, Prince ou l'état t'appelle au fervice 
„ de la patrfe , quitte tout pour aller 
,, remplir , dans le pofte qu'on t'àffigne» 
„ l'honorable fondtîon de Citoyen, Si 
9, cette fonâion t'eft onéreufe , il eit 

I 6 



„ charge : tant qi 
„ mes de ce fiec 
„ qu'on vienata • 
„ l'Etat,,. 

Qiienem€it-H 
retour d'Emile au 
fin de leurs anioM 
menccment de 1 
les unit î Amo^' 
dure autant que 
qui ne s'efiàceni 
té , fm les convt 
qui Tendent le 
crobngent dans 
de la première 
détails pooiroici 
les, &jul^«>'<^ 
de détails agréa 
cru ïoirVutilit 
teele à la- fin < 



L I V R B V. 20Ç 

Enfin , je vois nakre le plus char- 
mant des jours d'Emile & le plus heu< 
reux des miens ; je vois couronner 
mes foins & je commence d'en goûter 
le fruit. Le digne couple s'unit d'une 
chaîne indiffoluble ^ leur bouche pro- 
nonce & leur cœur confirme des fer- 
mens qui ne feront point vains : ils 
font époux. En revenant du Temple 
ils fe lai&nt conduire ; ils ne favent 
■où ils font^ où ils vont, ce qu'on fait 
autour d^eux. Ils n'entendent point , 
ils ne répondent que des mots confus , 
leurs yeux troublés ne voient plus rien. 
O délire l à foiblefTe humaine ! Le fen- 
timent du bonheur écrafe Thomme ; il 
ji'eft pas affez fort pour le fuppbrter. 

Il y a bien peu de gens qui Utchent , 
un jour de. mariage, prendre un ton 
convenable avec les nouveaux époux. 
La morne décence des uns & le propos 
léger des autres me femblent également 
déplacés. J'aimerois mieux qu'on laif- 
làtçes ieunes coeurs fe replier fur eux- 
mêmes , & fe livrer à une agitation qui 
' n^eft pas Tans charme , que de les en 
! dîfbraire fi cruellement pour les attrifter 

{lar .mç feufle. bienféance^^ 941 pour 
. es embar^^K(Içf^ ?¥.At mauaaifes plai- 
\ fatttexics 4|l4 '^ â^i^aatrel^ Ijeur plaire 



L I V R B V. 207 

teftations que teurs yeux fe font ffln« 
mellement de &*adorer jufqu^au dernier 
ibapir? Je les htile Bifte, & pois je 
■éprends. 

- J^at fourent penfê que fî Ton pomroit 
nrolon^er te bonheur de Tamour dao» 
le manage, on durait le paradis fur ta 
terre.. Q^ta ne s'eft jamais ra jufqoffei. 
Mais (r la chofe nTeft pas tout>à-firie 
bnpoffible , vous êtes bien dignes Pun 
ft Vautre de donner un exemple, que 
Vdos n^aurez re<^ de perfonne, & que 
peu d'époux auront imiter. Toulez- 
TOUS , mes enfans , que je vous dife 
«n moyen que j^imagfhe pour cela , & 
fue je crois être fe leul poffible T 

Ils fe regardent, en Ibnrfant ft fe 
moquant de ma fimplicité. Eniile me 
rfemercfe nettement de n» recette , en 
difant qu'B croit que Sopbie en a onr 
Bitiileure, &, que, quant à hi*, celle- 
là lui fuffit. Sophie approuve, & pa. 
fOit tout anffi confiante. Cependant à 
travers foQ air de raillerie je crois dé« 
mêler un peu de curiofité. f examinie 
Ibmit r (n yeux ardens dévorent lés 
charmes de fon époufe : c'eft te ftuk 
chofê ddnt il fbit curîeux , ft tous.mes 
propos ne rembarraflent gueves. Jb 
HQiisà AM IQW en- difint ai nofc 



L I V Jt E V. .209 

Les nœuds qu'on veut trop ferrer 
tompent. Voila ce qui arrive à celui 
du mariage , quand on veut lui donner 
plus de force qu'il n'en doit avoir. La 
ndélitc qu'il impofe aux deux époux 
cft le plus faint de tous les droits , 
.mais le pouvoir qu'il donne à chacun 
ides deux fur l'autre eft de trop. La 
contrainte & l'amour vont mal en- 
jfemble , d: le plaifir ne fe commande 
jas. Ne rougiflez point, ô Sophie ,& 
ne fongez pas à Fuir. A Dieu ne plaife 
gne je veuille offenfer votre modeftie \ 
^mais il s'agit du dcftin de vos jour,9. 
'Pour .un fi grand objet fouffrez entre 
'qn époux & un père , des difcours que 
vous ne fuppoEteriez pas ailleurs. 

Ce c'cft pas tant la pofTeffiDn que 

TafTujettiflement qui rafiafie , & Ton 

^garde pour une fille entretenue un bien 

plus long attachement que pour une 

femme. Comment a-t-on pu faire un 

dévoir des plus tendres cnrefTes , &: un 

droit des plus doux témoignages de Ta» 

mour ? C'eft le defir mutuel qui fait le 

droit , la nature n'en connoic point 

d'autre. La loi peut reftrcindre ce 

droit , mais elle ne fauroit l'étendre. 

La volupté eft fi douce par elle-même ! 

doit^elle recevoir de la triite gène la 



«re qu'à 
ne doit é 
loi plait. 
S'il eft . 
TOUS vouli 
ne, qu'c 
trèfle « 
rcux, ma 
de l'amou 
& <ïue les 
jamaïs poi 
grâces. Ji 
«veux ftirn 
eue ; mais 
Wricable a 
il fur la 1 
quand le < 
ce que la b 
chacun de; 
M Derfonnc 



L 1 V R K T, tir 

•ft partagé. Ne craignez pas , mes en- 
fens , que cette loi vous tienne éloi- 
gnés ; au contraire y elle vous rendm 
lous deux plus attentifs à vous plaire > 
li^ préviendra la fatiété. Bornés uni- 

Ïaement l'un à l'autre , la Nature & 
amour vous rapprocheront aflez. 
A ces propos & d'autres femblables 
Emile fe iache , fe récrie ; Sophie hon- 
tcufe tient fon éventail fur fcs yeux & 
ne dit rien. Le plus mécontent des 
deux, peut-être , n'eft pas celui qiai 
Je plaint le plus. J'infifle impitoyable- 
ment : ie fais rougir Emile de fon peu 
de délicatc(Te \ je me rends caution 
pour Sophie qu'elle accepte pour fa 
part le traité. Je la provoque à parler, on 
le doute bien qu'elle n'ofe me démen- 
tir. Emile inquiet confulte les yeux de 
ÙL jeune époufe : il les voit , à travers 
leur embarras , plein d'un trouble vo- 
luptueux qui le ra(Ture contre le riC- 
que de la confiance. Il fe jette à fes 
pieds , baife avec tranfport la main 
qu'elle lui tend , & jure qu'hors la fidé- 
Ûté promife , il renonce à tout autre 
droit fur elle. Sois , lui dît-il , chère 
époufe , l'arbitre de mes plaifirs com- 
me tu l'es de mes jours & de ma de& 
tînce. Pût ta cruauté me coûter la vie a 



Jer mourir t 
I* foir, p 
■dis , du (on i 
pollible : Tou 
^ous êtes lil 
■^ueftion des 
mot, point di 
■veux-ru venir 
«n fureur i-oi 
Sophie , qu'er 
je l'eminene '. 
Jànt dira qu'i 
(nenrcnge , i 
■ vérité' 

Le lenderaai 
Jicicé ne flatte 
luprioT] du vit 
leur -goût que 
«nt pius fent 
m voir ce oui 



LIVRE' V; «rj 

lux attraits de la. volupté n'y font 
Hnt. O qui de vous .n'a Jamais vu 
MiX j'cuMSsépoiix unis fousd'beurei^x 
l(pice8 fortant du , lit nuptial , &. por- 
M^.k U fois.dans. leurs regards lan- 
MJTaus &. chaftes rivrefle des doux 
•sGrs qu'ils viennent de goûter , T^i- 
Able fécurieé de rinnocencc, & la cer« 
Uidfi:alors {t<;harniante deicouler en« 
IVihle le: reAe. de leurs jours? Voilà 
ll^ct le pius: ravidant qui.puiife être 
jfeft' au cœur .'de: l'homme ; voilà le 
si j tableau. de.la. volupté.! vous Ta- 
ïg.vu cent fois fans le reconnoitre; 
y cœurs endurcis ne ' font; plus faits 
Tut Taimer. Sophie heureufe 6c pai- 
lie pafle le jour dans les bras de fa 
ndre. mère ; c'efl; un repos- bien doux 
prendre , après avoir pafl^ la nuit 
jis ceux d'un époux. 
If furléndemain , j'apperqois déjà 
istqae changement de fcene. Emile 
41 1 -paroitre un peu mécontent : mais 
favers -cette affedation je remarque 
, rempreflement fi : tendre^ & mérrte -* 
it-dafoumilTion, que je n'en augure^ 
a.' de bien fScheux. Pour Sophie, 
e eft plus gaie que la veille ; je vois 
LUer dans Tes yeux un air fatisfàît 
beieil çhacmante avec. Emile 4 elle Jifi 



„ chérif par T' 
„ pac vos lefw 
„ iné de fa-f 
„ plaindre de 
";, C'ert ainfi 
„ donnera Tac 
„ vos àtis , qi 
„-fes affaires-, 
„ en délibérer 
„ vous pome 
„ fe , quand'! 
„ une douce 
„ HÏmablé' pi 
„ employer h 
„ de ia vertn 
„ la raifon. 

,, Ne croye 
„ cet art Ittén 
„ jours. 0(1 
,, puilTe' pi*n 



L I V R E V. 2T7 

,, la paflion. Les enfans forment entre 
„ ceux qui leur ont donné Tétre , une 
„ lîaiTon non moins douce & fouvent 
„ plus forte que Tamour même. Quand 
„^ vous cefTerez d'être la maitrefle d'E* 
^ mile , vous ferez fa femme Se fon 
y, amie ; vous ferez la mère de fes en« 
,, fans. Alors y au lieu de votre pre- 
,, miere réferve , établiffez entre vous 
„ la plus grande intimité ; plus de lit* 
y, à-part, plus de refus, plus de ca- 
^ price. Devenez tellement fa moitié , 
I, qu'il ne puiiTe plus fe pafTer de vous , 
^' & que (i-tôt .qu'il vous quitte , il fe 
y, fente loin de lui-même. Vous qui 
^ fîtes fi bien régner Jes charmes de 
,, la vie domeflique dans la maifon pa- 
„ temelle , faites les régner ainfi dans la 
„ vôtre. Tout homme qui fe plait dans 
1^- fa maifon , aime fa Femme. Souvenez* 
,, vous que fi votre époux vit heureux 
,, chez lui , vous ferez une femme heu« 
», reufe. 

,, Quant à préfent , ne foyez pas fi 
„ fevere à votre amant : il a mérité plus 
,,-de complaifance ; il s'offenferoit de 
„• vos alarmes ; ne ménagez plus fi fort 
„ fa fanté aux dépens de fon bonheur , 
„ & jouifTez du vôtre. 11 ne faut point 
», attendre le dégoût , ni rebuter le de» 
Smile. Tome IV. K 



-j 



fuppcwter le ji 
Méritez qu'il 
Sur-tout , facr 
magineipas v 
en boudant. 1 
i faire, &ch 
des conditions. 
baifer ; après « 
Cher Emile, u 
fa vie de conf 
de mon miei 
préreni ce dev 
ma longue tàc 
d'un autre, ]'a 
tûrité que vc 
voici déformai 
Peu-à-peu li 
& leur laîlTe g« 
de leur nouve 
dignes époux 





L I V R Ë V. ttii 

^leiljdte fois je joins levirs ifiains dunfi* 
ibb$ miâsiteà^eit bémflkntla Provid^nûe y 
[#^ peoffiuit ^ardens fotipirsj ^t M 
'~ ~ irs fà|>pGq[tie lîit-ces deux vAtàiti 
fe {èh«nt ! de combien dë4aMttes 
J0ie ils me teb ftenteat arrdfer ! l't 
flènt à leur tonf , en parta* 
mes tvktdpam. Lem«te(peâablts 
jomffimteh(îbre ane fets db leur 
(j«iiuci/e dântbètiê dé léttrs.enikns ;ilg 
riccommencentv iràtiraSnfidiTe,'dè vi» 
|;vre en eux , ou plutèt ils x^onnoiflent 

Eur la première fois le prit de la vie : 
maudiflfent leurs andennes richef- 
pfet, qui les empêchèrent ,.^0 mémt 
l égê ) de goûteïun fort fi charmant. S*il 
I y a du bonheur fur la terre , c'eft dans 
rafyle où nous vivons qu'il faut le 
' «herdier. 

Au bout de quelques mois , Emile 
tntre un matin dans ma chambre ^ & 
jae dit en m'embra(&nt : mon^naitre , 
ielicitez votre enfant, il efpere avoir 
Wentôt Thonneur d'être père. O quête 
ibios vont être impofés à notre zele^ 
& me nous allons avoir befom de vous ! 
A Dieu ne plaife que je vous laifle en- 
core élever le fils, après avoir élevé le 
père. A Dieu ne plaife qu*un devoir fi 
tàat & fi dojx ibit jamais rempli par 



J'en ai plus bi 
nant qucjncE 
mencenL Vo 
Euidez-moi p< 
Icz-fous : if 



EMILE 



E T 



S OP HIE, 

o u 

LES S04ITAIRES. 



/ V 



Avis des Editeurs. 22; 

tution en aurait été aitJJ! intcrejjantc 
qu'utile s c'était mettre en a^ian La. 
morale rf Emile , lajuftifier Sf ia faire 
aimer : mais la mort ne permit pas à 
M. Rousseau délever ce nouveau 
monument à fa gloire , gf de repren-- 
dre cet Ouvrage, qu'il avait inter» 
rompu pour fes ConjeJJtons. 

'Nous donnons au Public lefeulmor- 

çeau qu'il en ait écrit , gf nous le di- 

Jbnsjans détours nous k donnons avec 

une forte de répugnance. Plus le ta- 

. bleau qu'il nous préfente ejl empreint 

du génie defonfublime Auteur , gff 

plus ilçfl révoltant, Emile défefpéré , 

.Sophie avilie! Qui pourrait fupporter 

ççs odiedjCes images ! J'ai du moins la 

rcffbwrce des larmes i quand je vois la 

vertu malheur eufe gémir ,• mais que 

me reJle^tM quand elle ejt en proie aux 

remords ? Et puis , quelk confiance 

pf endroit - on dans des préceptes qui 

ri ont abouti qu'à faire une femme 

adultère ? S'il eJl vrai cependant que 

les éducations aufleres ne font que des 

hypocrites de vertu , H éducation feule 

4e Sophie doit faire des filles vertueu-^ 

Jtfs i mais des filla vertueufes deviens 

nent - elles, des époufes perfides ^ par- 

^juref ? Gardons-nous dimputcr à M* 

K 4 



à impruacntei 
f^fcs malhet 
yfjaloufe de 
Jbn anie pure 
un breuvage 
Jins qu'en tro: 
tunée codait à 
au vil féduS 
innocence ; eU 
titk.^ferCi 
Maisji Emile 
dii malheur , . 
phic/fic injidc 
voit-il être mi 
voit tenfépar 
mort . . . Non 
Pourquoi M 
aciievé ces tri 
loris tiffu (fob 
fes, de ca/am 



Avis des Editeurs. 225 

zillans de vertus^ auroienty loin des 
imains & dans le calme de Viiin&m 
nce , retrouvé le bonheur de ïciitj 
remiers ans. 

Qu,el cœur jlétri par lefentîmeni de 
urs peines , ne fe fer oit pas ranimé 
ux doux accens de Iclw félicite i 

Oui , ma Sophie , rett^fiçons le cours 
*rtuné de nos beaux Jours , n'en lai/l 
ms point effacer la mémoire , après 
s avoir rendus Jt cliarmans, RappeL 
ns leurs tranfports , leurs délices ^ 
ppethns jufqu^ à leurs traverfes yjujl 
ià ces tems cruels de ta faute & de 
on défejpoir. Tems de douleurs ï^dt 
rmes^ que tamour^ les vertus , le 
^nheur ont fi bien rachetés / Oh ! 
li voUdroit à ce prix n^ avoir pas 
uffert , rC avoir pas gémi , n'avoir 
is détejiéfa vie ô? n^ avoir, pas vécuJ 
Fleurs de douleur Êf de rage^qu^êm 
sjvous dans ces torrens de joie gf de 
aiprs qui vous ont al f orbes ! 

Souvenirs amers Ë? délicieux^ ne 
ms dérobez jamais à nos cœurs y dont 
en ne peut plus troubler lapaix, 
Tenez-nous lieu de tout maintenant 
te , bornés à jamais F un à P autre , 
*us fommesfeuls fier la terre , g/ 



gçùctr maft 



EMILE 



£ T 



SOPHIE^ 

o u 

LES SOLITAIRES. 



■I n 



JL E T T RE Première* 



j 



,_ 'E T o I s liWe , f étors hetireus: , 4 
fHon maître I Vous m'aviez Paie un cœur 
propre à goûter le bonheur , & vou^ 
Jli'aviez donné Sophie. Aux délices de 
l'amour , aux épan$:hemens de Tamitié 
une famille n ai (Tante ajoutoit les char- 
•mes de 1^ tendreffe paternelle : tout 
sn'annonqoit une vie agréable , tout 
jne promettait urxe douce vielHefTe & 
nnç more paifible dans les bras de mes 
^n&rts. Hélas ! qu'eft devenu ce tems^ 
heureux de jouilTance &. d'efpérance , 
«10Ù f avenk eiiibelU0Qic le préfent i oè 

K 6 



cœur a clé déc 
ctemens ; il ne 
die de tous , au 
fans plaifirs , rns 
Si je furvis lor 
non fort eft de 
fans jamais revi 
& la feule Proi 
yeuTt- 

En cet état , 
core à prendre 
que l'ai fi peu ' 
fouvenir8,& la 
l'ordre en ce f 
tant fans mur 
nels. je fuis 
m'étoit cher : j 
& ùaa crainte 



Ll^ RI V. la^ 

Hélas ! bi que vous foyéz vous êtes 
mort pour moi , mes yeux ne ▼qo$ 
verront pins ; m^ mon -cœmr s*ooeu- 
pàEade yoos fans œfle. Jamais je n^ai 
odeux connu le prix de vos foint ^a« 
wèa que la dure néceffité ià*jk fi «roeU 
«ment fiiit lentir lès coups & m*a tout 
6té excepté moL Je fuis feol , fai tout 
pordu-finais jeme reftcb & le deferpoic 
ae m*a point anéanti. Ces papiers ne 
vous parviendront pas , je ne puis l'eC 
pérec r Sans dootd ils périfmt fims 
•voir été vua d*àoGun komme : maie 
s*teporte , ils font écrits y je les rat 
femble , je les lie » je les centinue , & 
cfcft à vous que je les adreiTe: c'eft.à 
véns: que je veux tracer, ces iprédcux 
fiypvenirtqui noorriflent & navrent 
mon cceur ; c'eft:è vous queiîe :Teux 
rendre compte ^e moi,-de,mes'£eoti* 
men^i de ma conduite , de ee oonir 

Sie vous m'av^ donnée Je^ind tout» 
Uen y le mal , mes douleurs y, met 
phiGrs , mes dotes ; mais . je crois e'»- 
^^oir rieti & dire 4ui puifie déiboiMfei 
^rottfe ouvxaffe; ^. -r , : 

-t . tton bofiEeur a été précoce ; il couw 
«neoqa dès ma naifliince; it âfifck fink 
nvant^: mort^ :Tous let jowfi de m(m 
«fieioè eut été.'des jouii^ ftÉtnaés t 



quand j,e lent 
mes 1 tout ce q 
de lavilTant di 
mienne d'un fe 
ne peut exprin 
premières ami 

Î[ue ne pouv 
ans ccfTe & 
mon étze ! je 
trc éternité. 

Vains regi 
Tout eft difpa 
retour . . . Ap 

furent combii 
amant , je tr 
poffeffion un 
pece , mais n 
le délire des c 
rrnirp?. avoir ' 



I I V R e V. «n 

- pece étoient inépuifables , chaque înC 
' tant fembloît les renou veller , & Itf der* 
' nier jour de fa vie , m'en montra que 
' je n'avois pas connus. 

Déjà père de deux enfans , je parta« 
= gecis mon tems entre une époufe ado- 

- Tce & les chers fruits de fa tentreffe ; 
= TOUS m'aidiez à préparer à mon fils une 
' éducation femblable à la mienne, & 

- ma fille, fous les yeux de fa mère eût 
' appris à lui reffembler. Toutes mes 
^' affaires fe bornoîent au foin du patri- 
moine de Sophie; j'avois oublie ma 
ibrtune pour jouir de ma félicité. Trom- 
feufe félicité ! trois fois j'ai fenti ton 
inconftance. Ton terme neft qu'un 
point , & iorfqu^on eft au comble il faut 
bientôt décliner. Etoit - ce par vous , 
père cruel , que devoit commencer ce 
déclin ? Par quelle fatalité pûtes-vous 
quitter cette vie paifible que nous me- 
nions enfemble , comment mes em- 
preflemens vous rcbuterent-ils de moi ? 
Vous vous complaifiez dans votre ou- 
vrage ; je le voyoîs , je le fentois , j'en 
^tois fôr. Vous paroifliez heureux de 
mon bonheur ; les tendres careffes de 
Sophie fembleient fiatter votre cœur 
paternel ; vous nous aimiez \ vous vous 
pUûfiez avec nous, & vous nous qui^ 



3ui m'a liv 
e mon fo 
yeux le cri 
approché d 
liant vous 
que vous n 
toute ma V 
Bientôt 1 
ma ({on qu 
maux , les 
&ns rdàch 
dîmes le p 
enfin fa gLl 
avoit tant 
qu'elle voi 
coup fa co 
l'abandonr 
.tente & pa 
iivoit ignoi 
■lie n'avoil 




X t ▼ K B ▼. ^ 

^«Si lUktjKs. Rien, ne pou voit- tarir fiçf 
leurs f la mort de (à fille lot fit lentif 
19» vivement ceQe de fa mère :. elle 
^pellok fans œfle Tune ou Tautre en 
^ IflTant; elle fàifoit retentir de leurs 
s & de les regTiÇi^ tous les lieux 
jadis elle 9^ç^t içeçu leurs innocea- 
carefles : tous les objets qui les lut 
ïUpient aûri^içnt fi^ douleurs ; 
blus de yeioignet de cet trxftes 
J'avôis daula çapi^lc ce qu'on 
•lie des a&ures ^ qui n'en avoient 
lis été pour moi ju{qu'aiors : je lut 
^jpofiii d'y fiÛYre une amie Qu'elle 
fçtoit faite au voHtnfige & qui étoi(r 
»lig^e de s'y rendre avec (bn inari« 
lie 7 confentit four ^e pçÂnt (è Tépar 
:di moi , ne pénétrant pas mon nto. 
Son afQiâion hû étdt trop çherç 
»fioiiir cher(^ ji la cafauer. Partager &s 
^Wgrets , pleurer avçc elle étpit 1^ fe^l» 
^Mlfolatien qu'on pût lui donner. 
/!:?$» .approcinaot qe la capitale je m« 
43 fiÎHPP^ ^^^^. impreffion fpaeftf^ 
je A'a^ojs jmais éprouvée anp^ra^t 
t tes piqt ftriftes preffijBtimfos s^é- 
iiett dans mm fân : loBt ce ^e 

tois m , tout oe que vous m'aviêi. 
dei%itndet vâles me iâubtt ttem-> 
bkr («% «Imr 4f çdhh^ i« %^%^. 




dans ce gou 

tiocence & I 
Ccpcndan 
méprifots ce 
je prenois p< 
en m'en laiO 
tois de chim 
pas le voir f 
tifié. Je ne f 
lois pat chei 
taie , mais q 
Comment 
que nous p 
Ville, )S de r 
ame & fur n 
fonné? Vou. 
catalbophcs 
dans des jour 
jourd'hui red 



Livre V. . »n 

tation contre lefquels vous aviez fi bien 
armé mon cœur Tamenerent-ils infen» 
fiblement à ces goûts frivoles que» 
plus jeune , j*avois fqu dédaigner ? 
Qp'il eft différent de voir les chofes 
dlftrait par d'autres objets ou feule- 
ment- occupé de ceux qui nous frap» 
i>ent ! Ce n'étoit plus le tenis où mon 
magination échauffée ne cherchoit que 
Sophie , & rebutoit tout ce qui n'étoit 
pas elle. Je ne la cherchois plusv, je la 
poffédoîs, & fon charme embellifToît 
alors autant les objets qu'il les avoit 
défigurés dans ma première jeuneffe. 
Mais bientôt ces mêmes objets affoi. 
blirent mes goûts en les partageant. 
TJfé peu-à-peu fur tous ces amufemens 
frivoles , mon cœur perdoit infenfible- 
ment fon premier reflbrt & devenoit 
incapable de chaleur Se de force k j'er* 
rois avec inquiétude d'un plaifir à l'au* 
tre ; je recherchois tout & je m'en- 
nvyois de tout ; je ne me plaifois qu'où 
je n'étois pas , & m'étourdiffoîs pour 
m'amufer. Je fentois une révolution 
dont je ne voul ois point me convain« 
cre ; je ne me laiflois pas le tems de 
rentrer en moi , crainte de ne m'y plus 
retrouver. Tous mes attachemens s'é- 
tpient relâchés , toutes mes aSFections 



changèrent i 
deux penfoi 
de la petfoni 
tionuiilui.- 
étions deuï 
avoit divifé 
pto choient 
Toifins de i 
qui nous t 
^mme , ap' 
agaceries ai 
toujours Tai 
tachant toi 
iniéparaWe. 
avec foa t 
avec la "> 
lieure étoii 
leurs raaxi! 
Lear bonti' 
d'un vérita 



fie s'ofFenfaAl point de n'en être pa« 
bjet Qfie mon mari vWt heureux , 

tonte diote , difoic la femme; que 
fc ma femme pour amie , je fuis con- 
it , difoit le m»rk Nos fentimens> 
urfirivoient-ils , ne dépendent pas de 
us, mais nos procédés en dépen- 
nt : chacun met du fien tout ce qu'il 
ut au bonheur de Tautre. Peut- on 
;eux aimer ce qui nous eft cher , que 

vouloir tout ce qu'il defite? On 
ite îa cruelle néceffité de fe tuir. 
Ce fyftéme ainfi mis à découvert 
at d'un coup nous eût fait horreur^ 
lis on ne fait pas combien les épat^ 
emens de l'amitié font palTer de cho^ 
; qui révolteroient fans elle; on ne 
t pas combien une philotophie fi biea 
aptée aux vices du cœur humain , 
« phiiofophîe qui n'olFre au fieu det 
itimens qu'on n'eft plus maître d'a>- 
ir ,au lieu du devoir caché qui tour» 
snte , & qui ne profite à perfonne.^ 
e foins , procédés , bienféances , at* 
irions, que franchife, liberté, fia* 
rite , confiance ; on ne fait pas , d\u 
V, combien tout ce qui maintient 
inioïi entre lés perfonnes quand tet 
enrs ne font plus unis , a d attrait 
kur les meilleurs naturels !-& 
Mmile. Tome IV« L 



montrer un 
n'avions plu 
fubjtigués s' 
& cToyoic s' 
peu Vun po 
vlons vaina 
ppuf noue o 
^tre- mutu( 
ûtions plus 
qui ne fe c 
j'ivicer qu: 
fôrs de ne 1 
Mais au 
entre nous 
changea de 
Tout-i-cou 
taire & red 
ju (qu'ai ors. 
pas toujou 
ment ttifte 



L I V R F V. £4^ 

le le lui dit & la reçut mai fans la 

buter : elle me pria plus d'une fois de 

délivrer : d'elle. Je lui fis la. guerre 

ce caprice donc j'accufois un peu de 

ioufie ; je le lui dis même un jour en 

aifantant. Non , Monûeur -, )e ne fuis 

int jaloufe , me dioelle d'un air froid 

réfolu : siais j'ai cette femme ea 

erreur : je ne vous demande qu'une 

ace-; c'eft que je ne la revoie jamais. 

appéde ces mots, je voulus favoir 

raifon de fa baine : elle refufa de ré« 

»ndre. Elle avoit déjà fermé fa porte 

mari ; je fus obligé de la fermer à 

femme , & nous ne les vîmes plus. 

Cependant fa triileffe continuoic & 

venoit inquiétante. Je commençai 

: m*en alarmer; mais comment en fa^ 

lir la caufe qu'elle s'obftinoit à taire ^ 

i n'étoit pas à cette ame fiere qu'on 

i pouvoit impofer par l'autorité : nous 

ions celTé depuis fi long-tems d'être 

î confidens l'un de l'autre , que je fus 

v fuq>ris qu'elle dédaignât de m'ou- 

ic'fon cœur; il faloit mériter cette 

nfitnoc^ & (bit que fa touchante mé- 

Qcoiie eût réchauSis le mien, foit qu'il 

ï moins guéri qu'il n'avoit cru l'être, 

(entis qu'il m'en coûtoit peu pour 

L % 



je vit ave 

rien. Je\ 
poux , trt 
j'éprouvai 
Ce n'étoic 
bits pour 
ce qu'on 
non pins < 
JnaiR abfol 
A qu'il h 
toient Ici 
dccid^ 01 
ter d'elle. 
les engage 
fence. 0)1 
ibitveJlc,» 
même et 
d'Emile. I 
fKtintà via 



L I V R E V. 24$ 

efforts îrrîtoîent à la fois mon amour 
te mon amour -propre Les difficultés 
enflammoient mon cœur, & je me fai- 
fois lin polnt-d'honneur de les furmon- 
1er. Jamais peut-être après dix ars de 
■lariage , après un fi long refroidilfe- 
Bent , ia padlôn d*un Epoux ne fe ral- 
luma fi brûlante & fi vive ; jamais du- 
rant mes premières amours je n avois 
Cane verfé de pleurs à Tes pieds : tout 
fiit inutile , elle demeura inébranlable. 
Pétois auffi furpris qu'affligé , fa- 
chant bien que cette dureté de cœur 
if écoit pas dans fon caraâere. Je ne 
ne rebutai point, .& fi je ne vainquis 
pas Ibn opiniâtreté, j'y crus voir tn^ 
moins de fécherefle. Quelques fignes 
de liegret & de pitié tempéroient l'ai- 
greur de lès refus, je jugeois quelquefois 
fu'ils lui coôtoient ; fes yeux éteints 
laifToient tomber (br moi quelques re- 

Erds non moins triftes , mais moins 
roudies , A qui (èmbloient portés à 
f attendriflement. Je penfiû que la hon- 
te cfnn caprice auffi outré Fempéchoit 
d'en revenir , qu*elle le foutenoit faute 
de pouvoir Texcufer , & qu'elle n'ac- 
tendoît peut-être qu'un peu de con- 
trainte pour paroitre céder à la force 
«S 4B*dIfi n'plbit plus accorder de boa 



Un jour qu' 
ports je joiitno 
plicstions les 
>e la »îs émue 
vidloiie. Oppri 
ctojt prête à f 
à- coup chaneea 
dcyifage, die 
promptitude , 
croyable , St i 
que hfunati 
eiFrayant-, un 
die , & Tachez 
rien. Un ant 
lîiis enceinte ; 
dcma vie;&fi 
bvec iinpétuoi 
dont die ferme 
Je denreure 
Mon maiae . 



Livre V, 047 

Les grandes plaies du corps & de 
.'ame ne faignent pas à Tinftant qu'elles 
ont faîtes ; elles n'impriment pas fi-tôt 
eurs plus vives douleurs. La nature fe 
'«cueille pour en foutenir toute la 
nolence , & fouvent le coup mortel eft 
)orté long-tems avant que la blefTure 
e fàfle fentir. A cette fcene inattendue, 
I ces mots que mon oreille fembloit 
repoufTer , je rede immobile^ anéanti ; 
nés yeux fe ferment , un Troid mortel 
:ourt dans mes veines ; fans être cva- 
aoui 1 je fens tous mes fens arrêtés ^ 
•eûtes mes fondtions fufpendues ; mou 
ime bouleverfée eft dans un trouble 
Dnîverfel , femblable au cahos de la 
[cène au moment qu'elle change , aa 
moment que tout fuit & va prendre 
un nouvel afpeél. 

J'ignore combien de tems je demeu- 
rai dans cet état, à genoux comme 
i'étois , & fans ofer prefque remuer , de 
peur de m'alTurer que ce qui fe pafToit 
n'ctoit point un fonge. J'aurois voulu 
que cet étourdiiTement eût duré tou» 
jours. Mais enfin , réveillé malgré moi , 
la première impreffion que je fentis fut 
un fâififlement d'horreur pour tout ce 
qui m'envîronnoit Tout-à-coup je me 
levé , je m'élance hors de la chambre ) 

L 4. . 




dans Ion o: 
Je couii 
nlentÎT mi 
din public 
m'ctoic à (, 
tité fou) le 
hors d'hal 
demi- mort 
jcî Que( 
tendu t Q 
quelle ch 
Amour, h( 

TOUS ï U 
n*cft qu'ui 
don que n 
fiiivie d'ui 
qu'opjJieff 
fois ni ni 
ft l'empoi 
faififlcmen 



L I y R E V. 24.9 

fe décrire. L'épanouifTemenc de 
ime joie « qui d'un mouvement 
•rme femble étendre & raréfier tout 
! étte V fe conçoit , 8'imagine aifé- 
. Mais quand l'exceflive douleur 
iible dans le fein d'un miférable 
s les furies des enfers ; quand 
tiraillemens oppofés le déchirent 
^u'û puifle en diftinguer un feul i 
d il fe fent mettre en pièces par 
forces diverfes qui l'entrainent en 
contraire , il n'eft plus un , il eft 
entier à chaque point de douleur, 
able fe multiplier pour foufFrir. 
Itoit mon état, tel il fut durant 
surs heures ; comment en (aire le 
au f Je ne dirois pas en deç volu- 
zc que je fentois à chaque inftant. 
mes heureux , qui dans une ame 
:e & dans un cœur tiède ne con- 
sz de revers que ceux de la for. 
, ni de paillons qu'un vil intérêt > 
lez-vous traiter toujours cet horri. 
tat de chimère & n'éprouver ja- 
les tourmens cruels que donnent 
us dignes attachemens , qu^nd ils 
mpent y aux cœurs faits pour les 
r. 

is forces font bornées & tous ks 
ports violens ont des inteirvjalkl» 



mal ai-je recju dan!i msr^nïi 
crime aï - je commis ? Qi 

de moi ? Si dans cet inft 
}e fuis , je tombois des nu 
mencer d'exifter , ferois-je 
heureux -' Ccite réfiexion , 
te qu'un éclair , jetca d> 
un inftant de lueur que 
bientôt , mais ^ui me ft 
reconnoître. Jemcviscla 
place : & l'uTage de ce mi 
fon Fut de m'apprendre q 
capable de raifonner. L'h 
t>nn qc! régnoîi dans n 
laifToit à nul objet le ten 
appercevoir : j'écois hor* 
voir , de rien compare» ,' 
de réfoudre , de juger de 
dune mc*e«rm6nier^ain 



L I V R E V. 2$I 

c'eft le feul parti que vous auriez pu 

Î>rendre vous-même, fi vou$ euffiez été 
à. pour me guider. 

Rcfolu de iaiffer exhaler la fougue 
des tranfports que je ne pouvois vain- 
cre , je m'y livre- avec une furie em- 
preinte de je ne fais quelle volupté, 
comme ayant mis ma douleur à Ton 
aife. Je me levé aveo précipitation ; je 
me mets à marcher comme auparavant, 
f^ins fuivre de route déterminée : je 
cours , j'erre de part & d'autre , j'aban- 
donne mon corps à toute l'agitation de 
mon cœur ; j en fuis les imprefFions 
fans contrainte ; je me mets hors d'ha- 
leine , & mêlant mes (buplrs trançbans 
9 ma refpiration gênée , je me feiitois 
quelquefois prêt à fuifoquer. 

Les fecoulFes de cette marche préci- 

oitée fembloient m'étourdir & me fow- 

ager. L'inftind; dans les pallions vîo- 

^ntes didte des cris, des mou vemens, 

es gefles , qui donnent un cours aux 

pries & font diverfion à la paflion : 

nt qu'on s'agite on n'èft qu'emoorté; 

morne tepos efl plus à craindre , il 

voifin du défefpoir. Le même foie 

îs de cette différence une épreuVe 

fque rifible , fi tout ce qui montre 

blie & la mifere humaine devôit ia« 

L <J 



T 



t]\\ rue où il y en avoît 

;. • f tcrafé dans Tembarras 

?- if tirant par le bras , ne 

. danger : je me jette da 
verte ; c'étoît un Café, 
far des gens de ma c 
me parle , on m'entrai: 
Frappé d'un bruit d*ini 
éclat de lùftiîeres , je 
l'ouvre les yeux , je 
trouve dans la (aile ( 
jour de première repréf 
par la foule, & dans 1 
for tir. 

Je frémis ; mais je pi 
ne dis rien , je me tins t 
qtie cher que me coâ 
rente tranquillité. On i 
bruit, on parloit beauco 
loit'; n'entendant rien , 



L I V R Ê Y. tçj 

femblée & caufa quelque rumeur. Je 
me remis promptemenc , & tout s'ap« 
paifa. Cependant ayant atdré par c^ 
cri l'attention de ceux qui m'environ- 
noient, je cherchai le moment de m'é- 
Tader , & m'approchant peu- à- peu de 
la porte , je fortis en&i avant qu'on eût 
achevé. 

En entrant dans la rue & retirant 
machinalement ma main , que j'avois 
tenue dans mon fein durant toute la 
repréfentadon , je vis mes doigts plein» 
de fang , & j'en crus fentir couler fuf 
ma poitrine. J'ouvre mon fein , je re- 
garde , je le trouve fanglant 61: déchiré 
comme le cœur qu'il enfermoîc. On 

S eut penfer qu'un (peétateur tranquille 
ce prix , n'étoit pas fort bon juge de 
la Pièce qu'il venoit d'entendre. 

Je me hâtai de fuir , tremblant d'être 
encore rencontré. La nuit favorifant 
mes courfes , je me remis à parcourir 
les rues , comme pour me dédomma- 
ger de la contrainte que je venois d'c- 
Î)rouver ; je marchai plufieurs heures 
ans me repofer un moment : enfin ne 
pouvant prefque plus me foutenir 6c 
me trouvant près de mon quartier , je 
rentre chez moi , non fans un affreux 
battement de cgeur : je demande cf 



d.r,ter fans «M 

Jfahonoté, 6" 
;r, je o'ai P» 

rttoU,*?'* 



L I V R B V. 5çy 

enée m'avoit garanti de cette affreufe 
iée ; je ne fongeois à rien qu'à fouC 
ir. Mais à mefure que le lentiment 
e mes maux s'arrangeoît pour ainfi 
ire au fond de mon cœur , forcé de 
^monter à leur fource , je me retra* 
ois malgré moi ce fatal objet. Les mou- 
emens qui m'étoîent échappés en for* 
int ne marquoient que trop l'indigne 
snchant qui m'y ramenoit. La haine 
ue je lui devois me coûtoit moins que 
dédain qu'il y falbic joindre , & ce 
aime déchiroit le plus cruellement 
étoit pas tant de renoncer à elle que 
être forcé de la méprifer. 
Mes premières réflexions fur elle fii« 
lit ameres. Si Tinfidélité d'une femme 
rdinaire eft un crime , quel nom faloiu 
donner à la (Senne ? Les âmes viles 
e s'abailTent point en faifant des bad 
fles , elles relient dans leur état ; il 
'y a point pour elles d'ignominie 
irce qu'il n y a point d'élévation, 
es adultères des femmes du monde 
e font que des galanteries ; mais So« 
lie adultère eft le plus odieux de 
\us les monftret : la diftanoe de ce 
i'elle eft à ce qu'elle fîit «ft immenfe | 
on , il n'y a point d'abailSsmem ^ 

»lat dç çdk» pvçU au fi«n» 



'i- . -Il 



n 



» , 



• 



I! 



iij juger fi fcvérement 

* jugé moi - même , ; 

que je dois me repr 
Tu Taccufes de n*ê 
îî ; O Emile, & toi n'as 

Combien je t'ai vu 
ville différent près c 
fus jadis ! Ah ! fon i 
vrage de la tienne, 
t'être fidelle ; & toi 
de l'adorer toujour 
nés ) & tu veux qu 
méprifes , & tu vc 
honoré I C'eft ton r 
oubli, tonindiffén 
ché de Ton cœur ; 
fer d'être aimable 
toujours aimé. £11 
mens qu'à ton ex' 
la point négliger 



l 1 ▼ R E V, dç4 

ans fa tendrelTe? E(t-ce elle qui fa 
rié de la tirer de ce lit u fortuné ? Ta 
s fais > elle l'a quitte avec le plus 
lortel regret. Les pleurs qu'elle y ver» 
jit lui écoient plus doux que les folâ- 
res jeux de la ville. Elle y paflbit fon 
inocente vie à faire le honneur de la 
ienne : mais elle c'aimoît mieux que 
i propre tranquillité; après t'avoir 
ou lu retenir , elle quitta tout pour te 
uivre : c'eft toi qui du fein de la paix 
c de la vertu l'entrainas dans l'abyme 
le vices & de miferes où tu t'es toi- 
ticme précipité. Hélas ! il n'a tenu 
lu'à toi feul qu'elle ne fût toujours 
àge^yfif qu'elle ne te rendit toujours 
levfeux. 

O Emile ( tu l'as perdue , tu doîfl 
é baïr & la plaindre ; mais quel droit 
ts-tu de la méprifbr ? Es - tu reflé tou 
aéme. irréprochable ? Le monde n'a- 
wîl rien pris fur tes mœurs ? Tu n'a^ 
)0Înt partagé fon infidélité, mais ne 
'aà^tu pas excufée , en ceflant d'hono- 
er fa vertu? Ne l'as-tu pas excitée en 
rivant dans des lieux où tout ce qui 
!ft honnête e(l en dérifion , où les 
'emmesr rougiroient d'être chafles , où 
e feul prix des vertus de leur fcxe e(l 
a raillerie & rincrédulicé ? La foi qjue 



î '!'i tbrme par i amour, 

>j -'f périls par tes charmes 

^ ; par Tes fens.' O que ! 

femmç eft à plaindre 
ii*a-uelle point à rend 
fans ceffe , contre au 
même '? Quel cou 
quelle opiniâtre rcfif 
roïque fermeté lui 
Que de dangcreufes ^ 
pas à remporter cou 
autre témoin de fes 
Ciel & Ton proj[)re en 
de belles années air 
frîr, combattre & ' 
ment , un inftant de 
inftant de relâche & 
jamais cette vîe irrép 
honore tant de verti 
tunée? hélas! un i 



1)fes d^une femme ricieufe & faloufe 
le Tes vertus a pu furprendre fon inno-' 
:ente fimpUcité ? N'ai-je pas vu fes te* 
prêts 9 fon repentîr dans fes yeux ? 
^'eft-ce pas fa trifteife qui m'a ramené 
noi-méme à fes pieds ^ N'eft-ce pas fil 
touchante douleur qui m'a rendu toute 
na tendrefle ? Ah ! ce n'eft pas là la 
;onduite artificieufe d'une infidelle qui 
rompe fon mari & qui fe complaifc 
lans fa trahifon ! 

Puis venant enfuite ii réfléchir pluf 
m détail fur fa conduite & fur fon éton- 
lante déclaration , que ne fentoîs - je 
>oînten voyant cette femme timide ft 
nodefte vaincre la honte par la fran- 
:hife ^ rejetter une eflime démentie par 
on cœur , dédaigner de conferver m« 
:onfiance & fa réputation en cachant 
me faute que rien ne la forqoît d'»- 
rouer, en W couvrant des careflea 
lu'elle a rejettées , & crainte d'^ufur- 
ler ma tendreffe de père pour un en- 
ant qui n'étoit pas de mon fang ? 
Quelle force n'admirois - je pas dans^ 
tette invincible hauteur de courage 
|ui, même, au prix de Thonneor ôcàc 
a "Vte , ne pou voit s'abaiffer è la fau(^ 
été & portoit jufques dans le crime 
Intrépide audace de la vertu ? Oui» 



fends l'crprit»lt« 
délibérer fur ce 
Mais c'éwit ici 
•inB qne la iJus c 
\ic. Tous me» 
rompus on »'wre 
Soient changéi \ 
fîea de 1« même 
Tant , je deTcnoii 
nouvel ètte. U ff 
Ter miirement le 
prendre. 3'cn pris 
jne donner le m 
cheni le chemin 
qu'à la yille la i 
ttaL chez un m 
travailler de mor 
que la féimental 
tout à fait appai 
voir les objets te 



L I V R B V. 26% 

h les premiers momens cédés à U 
urC) je me trouvai maître de moi'* 
ne & capable de confidérer ma fi- 
tion avec autant de fang-froid que 
e d^un autre. Soumis à la loi de la 
leflîté je ceflai mes vains murmures , 
pliai ma volonté fous l'inévitable 
g , je regardai le pafle comme étran- 
à moi , je me fuppofai commen- 
de naître , & tirant de mon état 
lent les règles de ma conduite, en 
mdant que j'en fufle aflez inftruit« 
me mis paifiblement . à Touvrage 
nme fi j'euiTe été le plus content dei 
urnes. 

[e n'ai rien tant appris de vous des 
m enfance qu'à être toujours tout 
jer où je fuis, à ne jamais faire 
e chofe & rêver à une autre ; ce qui 
)prement eft ne rien faire & n*êti:e 
it entier nulle part. Je n'étois donc 
entif qu'à mon travaÛ durant la jour? 
e : le (oir jereprenois mes réflexions , 
relayant ainfi l'efprit & le corps l'un 
r l'autre , j'en tirois le meilleur parti 
'tl m'étoit poiTible fans jamais fati-i 
er aucun des deux. 
Des le premier foir, fuivant le .61 dt: 
»' idées de la veille, j'examinai ft 
Bt^étre je ne prenois point trop à 
JBmilc. Tome IV. M ^ 



ment. 11 ëft ce 
ear-tout oit les 
les inficlilitéB i 
ks maris : mais 
toutes les grant 
oA les hommes 
«oient plus éc 
opinion pour i 
I/honneur d'un 
dépend-il de fa 
doit - it faire fa 
déshonoré des v 
morale a beau et 
pareil plus confo 
D'ailleurs , qui 
portât de mes pr 
■far mes principe 
Mon publique -' 
qu'on pcnferoit 
dans mon propr 



L î V R E V. 26^ 

nés pour lui iàcrifier enfin mon 
eur? % 

lis quand ce préjugé feroît fondé , 
e InAuence peUiî||ju|vôir dans un 
Il différent des v^Kb ^ Quel rap* 
d'une infortuneWni défefpoir à 
e remords feul arrache Taireu do 
rime , à ces perfides qui couvrent 
ar du menfonge & de ta fraude , 
li mettent Peffronterie à la place 
i firanchife & fe vantent de leur 
>nncur ? Toute femme vîcicufe , 

femme qui méprife encore plut 
evoir qu'elle ne TofFenfe efl indi- 
le ménagement ; c'eft partager fon 
lie que la tolérer. Mais celle à qui 
reproche plutôt une faute qu'un 

& qui Texpie par fes regrets , eft 
digne de pitié que de haine ; on 
la plaindre 8: la pardonner £ms 
; ; lé malheur même qu'on lui té- 
le éft garant d^jelle pour l'avenir, 
le f eftée elHmable jufques dans le 
! fera refpedlable dans fon repen- 
ïlle fera d'autant plus fidelle que 
œur fait pour la vertu a fenti ce 
en coûte à l'offenfer'; elle aura 
i la fois la fermeté qui la conferve 

modeftîe qui la rend aimable ; 
iiliation du remords adoucira cette 

M z 



i 



IdUlC l.|UC Hu^Hp^l^ 

Qiiand iss pSnîonsB 

raincre à vifage décala 
nent le maCque de li fy 
furprendre , & c'eft eit 
gage de la ratfon qii'el!| 
renoncer. Tous ces Top 
inipofoient que parce,rf 
mon pe a chant. J'auroiR 
revcoic Ji Sopliie iniî^t 
lois avec complaifanoBJ 
bloit autocircr ma I4çi| 
beau faire , ma raironi 
(;ue mon cœur ne pUC, 
lies. Je ne pus me éà 
Taironiuiis pour m'abi^ 
m'éclairer. .]e me Uirpi 
mais avec ftirce , que i 
monde ne font point Itf 
vivre pour Cfii-niême ,-^; 
pour pTéiugâi ceux dM 



L I T;RE V. t6^ 

exemple de la juflice de cette imputa^ 

tion , & que , fi Emile ent été toujours 

fage ) Sophie n'eût jamais failli ; qu'on 

a droit de prefumer que celle qui ne fe 

refpeffte pas elle-même» refpedte au 

• moins fon mari s'il en eft digne, & 

: 8*11 fait conferver fon autorité ; que le 

. tort de tie pas prévenir le dérégliement 

d'une femme eft aggrave par 1 infamie 

de le foufFrir ; que les conféquences 

de l'impunité font enrayantes, 6:^u'en 

{>areil cas cette impunité marque dans 
'oflenfé une indifférence pour les 
moeurs honnêtes , & une bafleife d'aine 
indigne de tout honneur. 

Je fentois fur-tout en mon fait par- 
ticulier , que ce qui rendoît Sophie en- 
core eftîmable en étoit plus défefpé- 
rant pour moi : car on peut foutenir 
DU renforcer une ame foible , & celle 
]ue l'oubli du devoir y fait manquer , 
peut être ramenée par la railon ; 
lais comment ramener celle qui garde 
1 péchant tout fon courage , qui fait 
oir des vertus dars le crime & ne 
t le mal que comme il lui plaitf 
ti , Sophie. eft coupable parce qu'elle 
oulu Tétre. Quand cette ame hau- 
te a pu vaincre la honte , elle a pu 
icre toute autre paQion; il ne lui 



"Vf*- H"' ma 1 

metoit lî chcre 

ma Sophie a pi 

nœuds de Ton ce 

Ms a pu violer 1 

«nt'MB, ft les 

ncn-n'avoit offi 

gueil d'une veni 

tcrée n'ont pn 

faute, qu'eft-ce 

rechutes qui ne i 

premier pas vers 

l'Ole ; on poutft 

pi. Elle n'a plus 

ni eftime à ménag 

a perdre en m'ofiB 

regret de m'otFenfi 

cœur, elle m'a n 

heureux que je pu 

«Kltera plus «en 



L I V R E V. 2^1 

grand crime : j'aurois pu tout pardon- 
ner^ hors celui-là. 

Hélas ! reprenois-je avec amertume , 
je parle toujours de pardonopr , fins 
fonger que fouvent rolFenré pardonne, 
mais que TofFenfeur ne pardonne ja- 
mais. Sans doute elle me veut tout le 
mal qu*elle m'a fait. Ah ! combien elle 
doit me haïr ! 

Emile , que tu t'abufes quand tu ju- 
gcs de l'avenir fur le paffé ! Tout eft 
changé. Vainement tu vivrois encore 
•vec elle, les jours heureux qu elle t*a 
donnés ne reviendront plus. Tu ne re- 
trouverois plus ta Sophie , & Sophie 
ne te retrouveroit plus. Les fituations 
dépendent des affections qu'on y por- 
te : quand les cœurs changent tout 
change ; tout a beau demeurer le mê- 
me , quand on n'a plus les mêmes yeux 
on ne voit plus rien comme auparavant. 

Ses mœurs ne font point défcrpé* 
fées , je le fais bien : elle peut être en- 
core digne d'eftime , mériter toute ma 
tendrefTe , elle peut me rendre Ton 
cœur, mais elle ne peut n'avoir point 
failli , ni perdre & m oter le fou venir 
de fa faute. La fidélité , la vertu , Ta- 
mour , tout peut revenir , hors la con- 
fiance » & fans la confiance il n'y a 

M 4 



.1 — 



êire heureux que de fon i 
feul me décide ; j'aime i 
loin d'elle que par elle ! 
la regretter qu; la tourti 

Oui , tvus nos liens i 
ils lu font par elle. En ^ 
gagemens cite m'atFrancli 
Elle ne m^eft plus rien , n 
dît encore ? Eilc n'eft pk 
h reïerrois-je comme ett 
je ne la reverrai jamais.! 
au moins je dois l'être : K 
ne l'eil-il autant que mai 

Mais quoi! mon atfra 
impunie Si l'infidelle en i 
quel nul lui fais-je en la 
moi ? C'cft moi que je 
pas elle : je remplis fej 
liiipens. Eft-ce là le r^l 
l'honneur outragé? Où'l 



Livre V, 27; 

\îdl*nne de ta vengeance. Fais-lui , s'il 
fe peut, quelque ^lifal que tu ne fentes 
pas. U cft des crimes qu*il faut .aban- 
donner aux remords des coupables ; 
c'eft prefque les autorifer que les pu. 
nir. Un mari cruel mérite- 1 -il une 
£:mme fidelle? D*ailleurs, de quel droit 
b punir, à quel titre? Efr-tu fon juge, 
n*et9nt même plus fon époux ? LoïC 
qu*elle a violé fes devoix» de- femme , 
elle ne s en eft point confervé.les droits. 
Dès rinf^^nt qu-elle a.:formà -d^autres 
noeuds elle a brife les tiens & ne s'en 
ift. point cachée; elle ne s'eft point 
parée à tes yeux d'une fidélité qu'elle 
la'Âvoit plus, i elle ne t'a ni trahi , ni 
Dienti ).en çeflantid'étre à.tprXeul die 
ft'déçlarç.ne t'ctre.^lus^ rien .' quelle 
jiMtprité .peut te leflier fur et(e ? ù'u t'en 
teftoic l'tuidevcois ('abdiquer pour ton 
propre avantage. Crois-mbi , fois boa 
oar fagefle & clément par vengeance, 
^çfie-toi de .laxoicre; crains qu'elle 
iÇ: tc-ramçne k f^ .pieds. . 
Alc.fi .fente. par Taxnpur qui me rap- 
«Uoit 9|v- pax ^ :(^épit qui vouloit me 
iuir-^ ., /ifiÇ fi'éuS: .de çumbats-i j-endre 
antdiéue^bijsuiidcterniiniét; &'quand 
crus rçtr,e , une rcnexton nouvelle 
anla toyt. L'idée de mon fils m'au 




ïeferit m'embr 
Telle 1 toptei !- 



L I V R E V. 2*7^ 

mente jufqu'alors. Dès cet inftant je me 
décidai fans retour , & pour ne iaifTer 
plus de prife au doute je cefTai de dé« 
libérer. 

Cette réfolution bien formée éteignit 
tout mon relTentiment. Morte pour moi 
je ne la vis plus coupable ; je ne la vis 

Î^Ius qu'eflimable & malheureufe ., & 
ans penfer à fes torts , je me rappel- 
lois avec attendrilTement tout ce qui 
me la rendoit regrettable. Par une fuite 
de cette dirpofition , je voulus mettre 
à ma démarche tous les bons procédés 
qui peuvent confoler une femme aban- 
donnée ; car , quoique j'eufle afFeélé 
d'en penfer dans ma colère^ & quoi- 
qu'elle en eût dit dans fon défefpoir , 
je ne doutois pas qu'au fond du cœur 
elle n'eût encore de rattachement pour 
moi , & qu'elle ne fentit vivement ma 
perte. Le premier effet de notre fépa- 
ration devoit être de lui ôter moA fils. 
Je frémis feulement d'y fonger , & après 
avoir été tant ,en peine d'une vengean- 
ce , je pouvois à peine fupporter lidée 
de celle-là. J'avois beau me dire en 
m'irritant que cet enfant feroit bientôt 
remplacé par un autre y j'avois beau 
appuyer avec toute la force de la ja- 
loufic. fur ce cruel fupplément; tout 

M 6 



jegafdant comme 
de la première 
bien raifonné , je 
exécutée malgré i 
cïénemenE impte 
i la mieux exam 
Il me «ftoit à 
béntion ijue je ( 
chofe après cel 
me tirer. Mon 
«apport à Soplri* 
prendre par «pf 
ce que jevoulois 
fcul. 11 y av«ît 1< 
plus ua étr« îfc 
cœur tenoit , o 
■prédit , aux atc 
donnéi , il s'etoi 

Îu'un avec n» 
ittfitrr . du in 



L I Y » E 7. 277 

foi , ou qui pis eft , à ce qui nous fait 
fentir incefTamment le détachement du 
relie. J'avois à chercher fi j'étois cet 
homme encore, qui fait remplir fa place 
dans Ton efpece , quand nul individu 
ne s*y intérefle plus. 

Mais où eft-elle cette place pour ce* 
lui dont tons les rapports font détruits 
ou changés ? Que faire , que devenir , 
où porter mes pas , à quoi employer 
une vie qui ne devoir plus faire mon 
bonheur ni celui de ce qui m'étoit 
cher , & dont le fort m'ôtoit jufqu'à 
l'eQpoir de contribuer au bonheur de* 
perfonne f Car fi. tant d'inftrumens pr&» 
parés pour le mien n'avoient fait que 
ma mifere, pouvois-je efpérer d'être 

1>lus heureux pour autrui que vous tic 
'aviez été pour moi? Non, j'àimois 
mon devoironcorev niais jeneldvoyois 
plus. En rappelle! les principes & les 
fegles, les appliquer à mon nouvel, 
état , n'étoit pas Taffaire d'un moment ,. 
& mon efprit fatigué avoit befoii\ d'uii 
peu deic;lâche pour ft; licier à de nou^ 
Telles méditations. — i- J 

J'avoi^-fait-uii grand pas vei)sJe:re* 
po& Délivré de l'inquiétude de i'efpé- 
tance , & fur de perdre ainfi peu*à-peu 
«elle du defir , en voyant que le paffc 



L I V R 1 V. st^f 

en comparant mon état à celui qui 
»ft précédé , j'étois dans le caL 
c'eft l'avantage que procure indé« 
iamment des événemens toute con* 
e conforme à la raifon. Si Ton n'eft 
heureui malgré la fortune, quand 
ait maintenir fon cœur dans Tor* 
, on cft tranquille au moins en dé- 
du fort. Mais que cette tranquiU 
tient à peu de chofe dans une ame 
ible ! Il eft bien aifé de fe mettre 
s. Tordre , ce qui eft difficile c*eft 
refter. Je faillis voir renverfer tou- 
rnes réfolutions au moment que je 
croyois le plus affermies, 
etois entré chez le maître fans m'y 
e beaucoup remarquer. J'avois tou* 
rs Qonferve dans mes vécemens la 
piicité qvie vous m'aviez fait aimer; 
) manières n'étoient pas plus recher» 
es y & Tair aifé d'un homme qui fe 
t par-tout à fa place étoit moins 
larquable chez. un menuifier qu'il ne 
it\été chez. un>:Grand* On' voiyoîfc 
irtant3bien' quismon éqm'pagem'é- 
('.pas sdelui. d*ua QuVr&r ; miûs.idia 
niere de me mettre à l'ou-vragev on 
ra qiiaic' Valois été ^ &^tt'enfl)>te 
incé à quelque petit piofie j'en étfh 
hu pour rentrer dans moo premier 



UfemiUe. U I 
rffc.ve , on » 

,„eietaito»a! 




Livre ,V. sgi 

|ui les loi rend en quelque forte plus 
ntéreflans* Je ne pouiTois pas un coup 
réchope qu'elle ne parût effrayée , êc 
e la voyois toute furprife de ce que 
e ne m'étoîs pas blefle. Madame , lui 
lis- je une (bis , je vois que vous vous 
léfiez de mon adrefle ; avez^vous peur 
ue je ne fâche pas mon métier? Mon. 
eur , me dit - elle , je vois que vous 
ivez bien le nôtre ; on diroic que vous 
'avez fait que cela toute votre vie. 
ce mot je vis que j'étois connu : 
t voulus favoir comment je Tétois. 
près bien des myfteres , j'appris qu'une 
;une Dame étoit venue , il y avoit 
eux jours , defcendre à la porte du 
laicre , que fans permettre qu'on m'a« 
srtit elle avoit voulu me voir , qu'elle 
étoit arrêtée derrière une porte vitrée 
où elle pouvoit m'appercevoîr au fond 
5 l'attelier , qu'elle s^étoit mife à ge- 
oux à cette porte , ayant à côté d'elle 
n petit enfant qu'elle ferroit avec 
anfport dans fes bras par Intervalles. 
)uflant de longs fanglots à demi.étou& 
5 , verfant des torrens de larmes , & 
mnant divers fignes. d'une douleur 
mt tous les témoins avoient été vlve- 
ent émus : qu'on l'avott vue plufîeurt 
U fur le point de s'élancer dans Tai^i 



1 



■ Il 

■•l!fll 



ë'un-coup , & , colla: 
fant fur le fien , el 
detni-voix ; non ^Jcl 
fôter ta mere^ vie 
rien à faire ici. A c 
fortie avec précipit; 
avoir obtenu qu'on 
rien , remonter da; 
partir comme un éch 
tile que TafFaire d*ui 
Ils ajoutèrent que 
ils ne pouvoient fe d 
aimable Dame , les s 
les à la promeiTe qu'i 
& qu'elle avoit exigé 
tances , qu'ils n'y m: 
fret , qu'ils voyoien 
équipage & plus enct 
c'étoit une perfonne 
& qu'ils ne pouvoier 



L I V it E V. 2SJ 

ce récit !. Que de chofes tout 
îpofoit ! Quelles inquiétude» 
il pas fallu avdir » quelles re- 
s n'avoît-il point fallu faire 
:rouvcr ainfi mes traces ! Tout 
il de quelqu'un qui n'aime plus l 
oyage ! quel motif Tavoic pa 
treprendre ! dans quelle occu- 
pe m'avoit furpris î Ah ! ce n'é. 
la première fois : mais alort 
:oit pas à genoux , elle ne fon- 
s en larmes. O tems 9 tems 
: ! Qu'eft devenu cet ange du 
. . . Mais que vient donc faire 
t femme .... elle amené foi^ 
mon fils . . .> & pourquoi ? . . . . 
•elle me voir, me parler? Pour* 
rifuir ? . . . . me braver ? . . . . 
>i ces larmes ? Que me veut* 
perfide? vient -elle infulter à 
;re ï A-t-elle oublié qu'elle ne 
us Hen ? Jccherchois en quel^ 
:e à m'irriter de ce voyage pour 
Tattendriflement qu'il me eau- 
»our réfifter aux tentations de 
près rinfortunée qui m'agitoient 
moi. Je demeurai néanmoins, 
jue cette démarche ne prou voit 
ihofe finon que fétois encore 
i cette fuppoûtioft même étant 



ws<a«.MIi 




pefant lur-touc les 
iJK .;.fi^ «voit prononcés e 

démêler le motif q 
celui qui Tavoit fai 
coup (ans s'être 1 
parloit fimplement: 
le difoit portoife d 
traits de lumière , 
ce peu de mots. Ji 
mrrc , avoit-elle di 
crainte qu'on ne la 
amenée , & c'étoit 
cela n*arriveroit pas 
partir ; & d'où la 
perfuafion ? qu'avoi 
en paix , Emile ai 
preuve pouv.oit-elle 1 
iinon qu'Emile en ce 
fubjugué par fes pail 
cjue des réfciliit^nnc *-" 



L I V K E V. 2g^ 

; « cela pouvoi^îl même être 
doute ? Je n*avois envîfagé que 
: 6té à la mère , & il &lloit erv- 
la mère ôtée à Tenfbnt. J'avoig 
3rt. Oter une mère à Ton fils « 
î ôter plus qu'on ne peut lui 
fur-tout à cet âge ; c'eft facrifier 
t pour fe venger de la mcre : 
acte de paflion , jamais de rai- 
moins que la mère ne foie folle 
laturce* $lais Sophiç eft celle 
ludroit defirer.à moi^fils quand 
iroit une; autre. Il faut que nous 
n$ elle ou moi ne pouvant plus 
enfemble , ou bien pour cofi- 
na colère il faut le rendre or« 
Mais que ferai-je d'un enfant 
kat oà je fuis ?i Jfai affez de rai«. 
ir voir ce que je puis ou ne puit^ 
non pour faire ce que je doi9«> 
ai-je un çn&nt de cet âge en: 
i contrées , ou le tiendrai-je fous 
K de fa mece ^ pour braver une 
que je dois fuir? Ah ! pour. ma 
5 ne ferai jamais afTez loin d'elle ! 
i-lui reniant de peur qu'il n^ 
lenc à la fin le père. Qu'il lui 
ul pour ma vengeance ; qwc* 
jour de fa vie il rappelle à Tin- 
s .t)Onheur dont il fat le gi^e & 
qu'elle s'eft ôté. 



^o": Si ma (àmi 
tenuons, Sophie c 
* Pcuuétre vivre 
peut-être auŒ dès 
•'le morte pour n 
Cfftte chère moitié 
n eût plus fong^ 4^ 
J lOToh perdu Jc9 p 
œavie. Quededou 
««re expier nos hu\ 
«union nous les Rt 



Nom 



nous conno 



toellcment qu'il ne i 
Tiner le motif de I 
Sneftncir qu'elle a. 
icroitarripéfinolisn 
J ctois raifonnafale m 
fi/oit; ajefairoiseï 
- "'M cette amc fuWin 



L f V K E V. f 8t 

àît pour elle ; la punition même 
iiToit moins à Ton gré. Elle croyoît 
3uvoir eiFacer fa £iute qu'en Tex* 
, ni s'acquitter avec la jufticc 
i foufiîrant tous les maux qu'elle 
mérités. C'eft pour cela qu*intré- 
& barbare dans (a franchife elle 
»n crime à vous , à toute ma fa- 
, taifant en même tems oe qui 
ifoit , ce qui la juftifioit peut-être « 
tchant , dis-je , avec une telle 
uition , qu'elle ne m'en a jamaîf 
1 mot à moi-même , & que je ne 
1 qu'après fa mort 
iilleurs raifurée fur la crainte de 
e fon fils elle n'avoit plus rien k 
T de moi pour elle-même. Me 
r eût été m'ayilir , & elle étbît 
ant plus jaloufe de mon Non. 
qu'il ne lui en reftoit point d^aiw 
Sophie pouvoit être criminelle» 
l'époux qu*ellé s*étoit choifi de* 
:tre au • deiTus d'une lâcheté. Cet 
;mens de fon amour - propre ne 
oieiit convenir qu'à elle ,.& peut- 
l'appartenoît- il qu'à moi de les 
:rcr. 

lui eus encore cette obligation , 
î après m'être fépàré d'elle , de 
>2r ramené d'u a parti peu ndfoimi 



contidérant que i'inti 
vis qu^il faloît le lai 
je m'y déterminai. D 
dans mes fentimens . 
gner fon maiheureu?i 
qu'il venoit de courî 
afTez loin d'elle , pui 
plus m'en rapprocb 
encore, c'étoit fon 
de me donner cett 
m'importoit pour la 
refter dans le cas de 
(oh. 

11. faloît fuir ; c'é 
ai&ire , & la conféqi 
précédens raifonnem' 
C'étoit à cette déli 
étois demeuré, & 
que rien n'étoit plus 
choix du lieu , pour 



L I V R E V. 289 

oujours toute la nature intérei- 
IX petits événemeos de notre vie i 
; . on pas die à me voir délibérer 
Lon féjour qu'il importoit beau- 

au genre humain que j^allafTe 
er un ^ays plutôt qu un autre , â: 
e poids de mOn corps alloit rom* 
équilibre du globe? Si je n*efli. 
mon exiftence que ce qu'elle vaut 
mes femblables , je m'inquiète* 
Boins d'aller chercher des devoirs 
iplir , comme s'ils ne me fuivoient 
;n quelque lieu que je fuflè , & 
ne s'en préftntât pas toujours au- 
qu'en peut remplir celui qui les 
; je me dirois qu'en quelque lieu 
e vive , en quelque fituation que 
îs, je trouverai toujours à faire 
:à«he d'homme , & que nul n'au- 
jefoîn des autres fi cha<îun vivoit 
enablement pout foi. 

fage vit au jour la journée , & 
'e tous fes devoirs quotidiens au- 
de lui. Ne tentons rien au - delà 
3S forces &.ne nous portons point 
irant de notre exîftence. Mes de- 

d'aujourd'hui font ma feule tâ- 

ceux de demain ne font pas en- 
venus. Ce que je dois faire à pré- 
eft de m'éloigner de Sophie , & le 
Bmilt:. Tome IV. N 



on 



que je laiirois en arrien 
vis , j'écrivis à ma iair 
Sophie elle-même. Je 
n'oubliai que les foins 
regarder ma perfonne ; 
toit nécedaire , & fan; 
gent , fans équipage , 
& fans foins je partis 
Chez Idk Peuples où j* 
mers que j'ai parcourue 
ferts que j'ai traverfés 
tant d'années , je n'ai 
feule chofe,& c'étoit 
à fuir. Si mon cœur r 
quille ; mon corps n' 
rien. 



^%f. 



^ y b z Y 

in 



^opprobre «,v °"*-' «^^O's U Dr!.- 
°n pays ,^ i?^* ^"' «'attai;- ^'» 

. "^^n ceflant d'être /"• "^«nt cïu« 
" remarqué rfa„ ^ ^'««'>en 

'us. fi A. • Pourquo/ J , "" 
ïn. ï ^"t dv moJLTJ"^^ on 



dire , une atniofph 
dîs lieux où ils foni 
tl'autres mondes dii 
François voutlroit p 
h France ; fi-tôt q 
lie ce qu'il avoit lui, 
pour lien les équiv 
perdu. Toujours c 
liouve à ce qu'il ; 
être mal quand il n' 
nianicrc, & ne fa 
Indes li fon Ut n'eil 
à Paiis. 

Pour moi , je fu 
contraire à l'objet q 
comme autrefois j'av 
de l'ombre dans la f 
rencj. La vitclîe qi 
pas à mes courfes 1 
la ferme réfolutinn rf 



Livre V. zj^ 

marchois plus â mon aîfe a mer^rc 
le j'échappoîs au danger. Borne posr 
ut projet à celui que j'esicuco'^ , je 
îvois le même aîi de vent pour toute 
gle; je marchois taniôt vite 6: tantôt 
ntement félon ma comm xlicé ^ ma 
nté , mon humeur , mes forces. Pour- 
i , non avec moi , mais en moi , de 
us de reflburces que je n'en avois be- 
in pour vivre , je n'écoîs erabarralTé 

de ma voiture , ni de ma fubriflance. 
; ne craignois point les voleurs ; ma 
>urfe & mon paffe-port étoient dans 
es bras : mon vêtement formoit toute 
a garderobe ; il étoît commode & 
)n jjour un ouvrier. Je le renouveU 
is fans peine à mefure qu'il s'ufoit. 
omme je ne marchois ni avec Pappa- 
îl ni avec l'inquiétude d'un voya- 
;ur , je n'excitois l'attention de per- 
nne ; je pafTois par - tout pour un 
)mme du pays. Il étoit rare qu'on 
'arrêtât fur des frontières , & quand 
lia m'arrîvoit, peu m'importoit ; j« 
ftois là fans impatience , j'y travail- 
is tout comme ailleurs; j'y auroîs 
ns peine pafle ma vie fi l'on m'y eAt 
ujours retenu , & mon peu d'empref- 
ment d'aller plus loin m'ouvroît en- 
i tous les paffages. L'air affairé ft 

Nj 



»s 



\ 

4 • 

• • 

t 



Qiiand je ne trou 
1er de irion métier 
j'en faifoîs d'autrei 
acquérir rinftrumer 
pavlan, tant6t arti 
quelquefois même 
j^avois par-tout qt 
de mife, & je me 
leur ufage par me 
iïiQnt à les montre 
mon éducation étoi 
fur ce que je me de 
rien de plus ; parc 
en toute chofe , é 
un pofte je n'en br 
AinCi j'étois toujou 
m'y laiffoit toujoui 

Si ie tombois ma 
rare à un homme d 
Qui ne fait excès r 



L I V R K V. 29Ç 

trouvois bien. Si je me fulTc 
\ de mon état , fi j'euirc impor. 
: gens de mes craintes & de 
jntes, ils fe feroient ennu/^ 
, j'eufTe infpiré moins d'intê- 
l'empreiTement que n'en don- 
\ patience. Voyant que je n'in* 

perfunne, que je ne me la* 
: point , on me prévenoit par 
s qu'on m'eût refufés peut-être 
eu (Te implorés. 

:enc foi» obfervé que plus on 
ger des autres , plus on les diC» 

refus : ils aiment agir lîbre- 
& quand ils font tant que d é- 
\ , ils veulent en avoir tout le 
Demander un bienfait c'eft y 
• une efpece de droit , l'accor- 
prefque un devoir , & Tamour* 
ime mieux faire un dongratuijC 
cr une dette. 

ces pèlerinages, qu'on eût bia- 
is le monde comme la vie d'uft 
id, parce que je ne les fallûis 
: le fafte d'un voyageur opu* 
quelquefois.jp me demandoiSf 
-je? où vais-jei'quel eft mon 
î me répondois ; qu'ai - ]t fait 
mtque de commencer un voya- 
e doit fink qu'à ma mort ? Je 

N4 



ÎbiiM en pourvoyant 
ên.&iu jamtia leur 
dbniie ràemple (fttie 
Ëm» foins & &tii ftij 
mon panimoine , &J! 
doi d'injaftet & }e vi 
ie point FaçmAne* i 
donc ndle m% nitte 
de ma (bbSfbnce : on 
donnait rien poni rien 
Comnie ie n'entn^ 
tente de mcsToyi^ea, 
qui n'efi qu'événement 
fcïlle :poor furrrè'to' 
diie£Kon je m'eatbafqi 
ili'Bgtt de payer mon 
y aviec poniro «i ou 
âré U manoenvre : d1 
di^ileTur h 'Médite 
rOcibn , ^l^et tu 



L I V R 1 V. 297 

)ît s'être échappé de leurs mains 
s avoir été reconnu. Des marchands 
politains lui avoîent confié un autre 
[Teau & il fàifoit fa féconde courfe 
luis ce rétablilfement. Il contoit fa 
à qui vouloit Tentendre , & favoic 
)îen fe feire valoir qu'en amufant 
donnoit de la confiance. Ses goûts 
ienc auinj^izarres que fes aventures, 
le fongeoit qu*à divertir fon équi- 
e : il avoit fur fon bord deux me- 
ns pierriers qu'il drailloit tout le 
r ; toute la nuit il tiroît des Fufées ; 
n'a jamais vu patron de navire 
fi gai. 

*our moi je m'amufois à m'exercer 
is la marine , àc quand je n'étoÎ9 
de quart , je n'en demeuroî» pas 
Ins à la manœuvre ou au gouvernail, 
ttention me tenoit lieu d'expérience» 
je ne tardai pas à juger, que nous 
ivions beaucoup à l'oueft. Le corn- 
étoit pourtant au rumb convena. 
; mais le cours du foleil Sl des étoi. 
, me fembloît contrarier (î fort fa 
îiftîon qu'il falloit félon moi , que 
quille déclinât prodigieufement. Je 
dis au Capitaine ; il battit fa cam- 
ne en fe moquant de moi , & comme 
ner devint haute & le tems nébu» 



c'étoit. Il me dit , terr 
TJn matelot foutint que 
de Sardaîgne ; il fut hu; 
cette faqon fa bienvenue 
vieux matelot, il étoît 
fur ce bord , aînfi que m 
H ne m*importoit gi 
nous fuflîons ; mais ce qi 
homme ayant ranimé ma 
me misa fureter autour d 
pour voir fi quelque fer n 
garde ne faîfoit point déc 
le. Quelle fut ma furprifi 
un gros aimant caché d 
En Tôtant de fa place , je 
en mouvement reprendre 
Dans le même inftant quî 
Voile. Le Patron regarde 
nette , & dit que c'étoit i 
ment francois ; comme il 



Ce/ L'!"î l'°""erent cJe°?-'''*-~ fout 
/>/-/i' ^. * Patron ff ^ ^ lui dis 

«^-'feTe L^'^'"" ordre. 

de poudra ' * "«"S avion/ P^* °ie 
■^"r der;'""^^^ . à pe?ne .""'"' '^''ar. 
« Portée . ' "'t^àz oup „ "^ "ïeme 

fii-nes ab„"S T v'*'^'"^""' T' ^"^ 

'Je défiance. '^"•"'''èrvoftaVec *? 
«î'-rafres da„V '"«'s « tôt qu'w 'l.l"»'-- 

lire attenril "°^'^ t»ord ;/ !J.' ^«î» 



7 J- 



'\ : 



.1 



■ *ï 






:. .j^jj lui prcfentant le fabre p 

''^ ' tiens , Capitaine , lui c 

gue franque , Je viens 
ce ,• ^z^ peux la faire à 
prit le labre, il le lev; 
j'actendis le coup en file 
. & me tendant la mair 

1 qu'on me mît aux fers a 

mais il ne me parla poii 
tion qu'il m'avoit vu 
me confirma qu'il en fav 
fon. Cette diftindîon , ai 
que jufqu'au port d'Algi 
mes envoyés au bagne e 
couplés comme des chi 
Jufqu'alors , attentif 
je voyois , je m'occupo: 
Mais enfin la première i 
me lai (Ta réfléchir fur me 
d'état, & le fentimentc 



L 1 V R E V. }oi 

ibre qu'auparavant. Emile efcla- 
eprenois- je , eh dans quel fens l 
.)e perdu de ma liberté primi- 

Ne naquis- je pas efclave de la 
Sté ? Quel nouveau joug peuvent 
)ofer les hommes ? Le travail ? 
availlois-je pas quand j'étoîs h'. 
La faim ? combien de fois je Tai 
Tte volontairement l La douleur ? 
$ les forces humaines ne m'en 
!ront pas plus que ne m'en fit fen- 
1 grain de fable. La contrainte ? 
elle plus rude que celle de mes 
[ers fers ? & je n'en voulois pas 
. Soumis par ma naiffance aux pa(l 
humaines ; que leur joug me foit 
ré car un autre ou par moi ; ne 
il pas toujours le porter , & qui 
e quelle part il me fera plus fup-^ 
ble ? J'aurai du moins toute ma 
i pour l^s modérer daos un autre y. 
ien de fois ne m*a.t-elle pas aban- 
é dans les miennes i Qui pourra 
aire porter deux chaînes? N'en 
is-je pas une auparavant .' Il n'y 
ervitude réelle que celle de la na- 

Les hommes n'en font que les 
imens^ Qu'un maître m'aflomme 
^u'un rocher m'écrafe , c'eft le 
e événement à mes yeux y & tout 



1^1 oeiom d'être animi 

a un autre au défaut c 

Je tirai de ces rtifle 

quence que mon cha 

étoit plus apparent (lue 
liiîerté confiltoit à faire 
nu! homme ne fer oit 1 
font foibles , dépendai 
«e la dure njcertîté ; qt 
le mieux vouloir tout 
donne eft le plus libre , 
jamais forcé de faire ce qt 
Oui , mon père, je p 
temj de ma fervîtude fut 
•^Sne, & jamais je n'eu 
me fur moi que quand 
^rs des barbares. Soum 
Hons fans les partaRer, j" 
connoicre les miennes. Le 
rerft pour moi des indrui! 



Je n'éprouvai pas pourtant dans leur 

srvitude tontes les riguerrs que j*en 

ttendois. J'elTuyai de mauvais traîte- 

nens , maïs moins , peut-être , qu'ils 

l'en euflent effuyés parmi nous, 6< je 

onnus que ces noms de Maures & de 

Irates portoient avec eux des préjuge» 

lont je ne m'étois pas aflez défendu, 

Is ne font pas pitoyables , mais ils 

ont juftes , & s'il fout n'attendre 

["eux ni douceur ni clémence , on n'enr 

oit craindre non plus ni caprice ni 

îéchanceté. Ils veulent qu'on feflc ce 

u'on peut ftiire , mais ils n'exigent 

ien de plus , & dans leurs châtimen$ 

s ne punîflent jamais l'impnilTance , 

laîs feulement la mauvaife volonté. 

?s Nègres feroîent trop heureux en 

nérique , fi l'Européen les traitoit 

ec la même équité ; mais comme il 

voit dans ces malheureux que des 

Tumcns de travail , fa conduite en- 

5 eux dépend uniquement de Tutî- 

qu'il en tire ; il mefore fa juftice 

^on profit. 

' changeai plufieurs fois de Patron : 

appelloit cela me vendre, comme 

laîs ow pouvoit vendre un hommt*,. 

îndoît le travail de mes mam^;, 

ma volonté , mon entendement^. 



vainqueur. Cet évéi 
raconté. 

Je fus d'abord al 
té y l'on comptoii 
je vécus plufieure 
tion qui m'eût et 
connoitre l'ennui, 
que je n'întriguo 
Confuls Européen: 
peifonne ne parle 
que je ne pajoilToi 
même, on voulut 
quelque manière . 
vaîller. Ce change 
ni ne me fâcha. . 
travaux pénibles 
mieux de plus ar 
moyen d'entrer d 
le maître ne tart 
niie i'étois le fie 



L I V R E V. }oç 

J'ayois vu difperfcr prcfquc tous mes 
anciens camarades da bagne, ceux qui 
pouvoîent être rachetés l'avoient été* 
Ceux qui ne pouvoient l'être avoient 
eu le même fort que moi , mais tous 
n'y avoient pas trouvé le même adou- 
ciflement. Deux chevaliers de Malte 
entre autres avoient été délaiOes. Leurs 
Rcimilles étoient pauvres. La Religion 
om racheté point Tes captifs , & les Pe- 
res ne pouvant racheter tout le monde ^ 
donnoient ainfi que les Confuls une 
préférence fort naturelle & qui n'eft 
pas inique à ceux dont la reconnoif- 
fance leur pouvoit être plus utile. Ces 
deux chevaliers , Tun jeune & Tautrc 
vieux, étoient infiruits & ne man- 
Quoient pas de mérite ; mais ce mérité 
etoit perdu dans leur fituation préfente. 
Us favoient le génie , la tactique , le 
latin , les belles-lettres. Ils avoient des 
talens pour briller, pour commander, 
qui n*étoient pas d'une grande reffour. 
ce à des efclaves. Pour furcroît, ils 
portoient fort impatiemment leurs fers; 
& la philolbphîe dont ils fe piquoient 
extrêmement, n'avoit point appris à 
ces fiers gentilshommes à fervir de 
bonne grâce des pieds -plats & des 
bandits ; car ils n'appelloient pas au« 



' f ?e PUS fj°«au.d 



*'ép/de ffe "'.'"«« a 
:°l^« & de con?'^'^ «n 

**ecuter 1 ""^Pwatioi 

n» C/. . ' * ouf ,«..-• 






H'^^^ il m7âP. '''' Plus 



L I V R E V. ;-- 

Sioble âc fenfible ; mais qui ne lui firent 
pas goûter mes vues, il continua fcs 
trames pour le procurer la liberté par 
un coup hardi , mais Ton efpric remuant 
lafTa la patience de ion mairre qui Ltoit 
le mien. Cet hoiqme fe d.frc de lui ^ 
de moi , nos liaifons lui avoier.t paru 
fufpedes , & il crut que jemployois à 
l'aider dans Tes manœuvres les entre- 
tiens par lelquels je tàchois de l'en dé- 
tourner. Nous fûmes vendus à un en- 
trepreneur d'ouvrages publics , & cnn- 
daninés à travailler Tous les (rdres d'un 
Surveillant barbare ^ efclave comme 
flous , mai» qur pour fe faire valoir à 
ibn maître nous accabloit de plus de 
travaux , que la force humaine n'en 
pouvoit porter. 

Les premiers jours ne furent pour 
inoî que des jeux. Comme on nous 
pariageoit également Je travail & que 
jétois plus robuite & plus ingambe 
que tous mes camarades, javois fuit 
ma tache avant eux , après quoi jaiduis 
les plus foi blés & les allogeois d'une 
partie de la leur. Alaîs notre pîqueur 
ayant remarque ma dilijîence & la fu- 
f ériorité de mes forces , m'empêcha 
de le*: employer pour d'autres en dou- 
blaat ma tadie, & , toujours augmcn^ 



qae tbibles , nu 
traités dépéiilT 
travail. 

Cet état devj 

Sottable , je lé 
tout rî(<]ue, 
qui je commun 
partagea viven 
homme de cow 
tance pourvu 
des hommes , 
d'aftes brillans 
je me tenois 1 
ces néanmoln! 
même Se je n'a 
de perfonne i 
jet; mais il e 
avoir un cffct 
geux , exécut 
compagnons d 



L I V R E V. . 309 

le tems du repas où nous étions plus 
raâbmblés & moins furveiliés. Je m'a- 
dreflai d'abord dans ma langue à une 
^topzaine de compatriotes que j'avois 
U , ne voulant pas leur parler en lan. 

Sue &anque de peut d'être entendu 
ei g^ns du pays. Camarades , leur 
dis-)e, écoutez -moi. Ce qui merefte 
de force ne peut fuffire à quinze jours 
encore du travail dont on me furchar- 

e, & je fuis un des plus robuftes de 
troupe ; il faut qu'une lituation fi 
ÎFlolcnte prenne une prompte fin , foit 
^gr un épuifement total , foit par une 
réfolotion qui le prévienne. Je choifis 
le d«iiier pard , & je fu}6 déterminé 
à me refufer dès demain à tout travail 
éli péril de ma vie , & de tous les trai. 
ttjneas oue doit m'attirer ce refus. 
mpj^ cfaoïx eft une affaire de calcul. Si 
je. fcfte coipo^e je fuis , il ^ut périr in- 
iSllIblement en très - peu de tems  
jQuift aucuae reQburce ; je m'en mé« 
nage une par ce facrifice de peu de 
l^ajpBf Le parti que ie prends peut e& 
mïef lîofire linfpeAeùr & éckurer foa 
mjuftfi]Rxx' (in véritable intérêt. Si cela 
j^nrÎTeipaSymQn fort oûoi qu'âccé- 
JenS'iô'praiiroit être empiré. Cette réC^ 
loBrée feroit taidive & nùUe . quaml 



I 



patj;ner ma roiirrhutt 
donc de chuHir le mor 
en eft encore une po 
qu^un d'encre wous en 
bonnes , & veut , à 
tiomai: lie couta^je p 
parti que moi , noire i 
d'effet & rendra nos tj 
fcies. Mais fuîlîons - i 
moi , nous n'en fon 
réiulus à perlîderdanj 
nous vous prenons to 
la hi^on donc il fera fci 
Ce difcours fimplt 
prononcé , fut écouté 
d'éniodon. Quatre ou 
me dirent cependant 
eax à qu'ils fctoient i 
aucres ne dirent mot S 
Le Chevalier méconte 
quiliicé parla aut lien 



Livre V. ^n 

Çnaiîon par la peinture de notre avilif- 
l'emcnt , & leur iirdeur par refpoir de 
la vengeance : enfin il enflamma tcile^ 
ment leur courage par Tadmiraiion de 
la fbrce dame qui faitT braver Icstour- 
mens & qui triomphe de la puitTance 
même , qu'ils Tincerrompircr^t par dt^ 
cris , & tous jurèrent de nous imiter ck, 
d'être inébranlables jufqu'à la mort. 

Le lendemain fur notre refus de tra* 
vailler , nous fûmes, comme nous 
nous y étions attendus, très- mai trai- 
tés les uns &: les autres , inutilement 
■'tDutef()is quant à nous deux & âmes 
trois ou quatre compagnons de la veil- 
le, à qui nos bourreaux n'arracheient 
pas même un feul cri. Mais Toeuvre 
du Chevalier ne tint pas fi bien. La 
confiance de Tes bouillans compatrio« 
es fut épuifée en quelques minutes « 
k bientôt à coups de nerf de bœuf, 
n les ramena tous au travail, doux 
Dmme de^ agneaux. Outré de çettç 
cheté , le Ciievalier tandis qu'on le 
urmentoit lai- même , les charjçeoit 
reproches & d'fn jures qu'ils n'écoi:- 
ent pas. Je tâchai cie Tappaifer fur 
îdéiertion quej'avois préf^ue&que 
lui ayois prédite. Je favois Que les 
es de 1 éloquence font *vli3 mais 



ne , & l'eftt iû'i 

(llllB. 

La foibleflè de < 
ptoduilîe un utre ' 
{«j uteods , ft ( 
rivalité nationale j 
ic notre figm eté . 
pûriotes qni ne m' 
lei voyant revenir 
rent , le quittem 
comme pour lofidt 
Tinrent Te nnçet : 
compte en encndi 
tôt U lévolte dev 
lemaifEssteiré'^ 
vint lui-même pon 

Vous comprenez 
teu pat lui diic pt 
riiriter cpntiie nou 
ife me dâjgner co; 



L I V R E V. JIJ 

-' viens d'entendre Taccufation. Si tt as 
.' onelque cho£è à répondre , parle. Je 
j tu8 frappé de cette modération dans le 
D' premier 4Bmportement d'un homme 
Ig {pie au gain menacé de fii ruine ; dans 
un moment où xout maître Européen ^ 
~- touché iufqu'au vif par fon intérêt eû^ 
^commencé bm vouloir m'jentendre , 

Er me condamner à mille tourmens. 
tron , lui dis- je £n langue franque ; 
tv se peux nous hajfr^ tu ne nous con« 
sois pas même; nous ne te faaïflbns 
jias non plus , tu n^es pas Tauteur de 
fiosmauz, tu les ignores. Nous ikvons 
piMtcr le joug de la néceffité qui nous 
" Ji ibumii à -toL Nous ne refufons point 
4* empbyer nos forces pour ton fer- 
"vice , puilque le Coxt nous f condam. 
SIC ; mais en les excédant ton dclave 
: 'làom lea 6te & va te ruiner par notre 
perte. Croîs • moi , tranfporte à un 
te iommeplus làge l'autorité dont il abufe 
E à ton piéjudic&t Mieux diftribué toiL 
ouvrage ne fe fera pas moins , & tu 
oopfivveras des jefclaves laborieux dont 
tu tireras avec le tems un profit beau- 
coup plus grand que celui qu'il te veut 
procurer en nous accablant Nos plain. 
tes font juftes; nos demandes font mo- 
^d^ées. Situ ne les écoutes pas, notre 
JBmik. Tome. lY. 



fi piTCOuriit des yfen 
dont le temthdv^ft 
«DÏfcnt h vérité de m 
dont la contenance 
aoncoit point du to 
ihidés. Enfuîtc m'a- 
rechef. Tu parois , 
ftiiK : je TÉM ravo 
To tipcei 1« condtii 
Voyons ta tienne i 
doqne & le mets i h 
i ordonna qu'on ic 
qu'on les mit Ji notr 
^l à l'inftànt. 

Jcn'ai pasbefoîn; 
ment je me conduMi) 

Îofle , & ce n'eft p». 
:ï. Mon aTentnre fî 
qu'il prit de la répi 
j . tin» ■ I* Tin 



L î V R E V. ^îç 

Les règles fur lefqueiles j'avois iAt 
Conduire dans ce nouteau pofte , dé» 
couloient de principes qui ne tn'étoienc 
pas inconnus^ Nous les avions difcutés 
durant «es voyages ^ & leur applica- 
tion bieaqu'impar&ite & très^en petite 
dans le cas où' je me trou vois ^ étoic 
(Are & infaillible dans fes eBets. Je ne 
*¥ous entretiendrai pas de ces menus 
détail» Y ce n'eft pas de cela qu'il s'a^ 
^t ièntre vous £: moi. Mes fuccès 
m^ftttîrerent la confidéradon de mon 
Patron^. 

Aflèm Ogiou étoit parvenu à la fu- 

Eréme puilTance par la route la plus 
onorable qui puiiTe v conduire : car 
de fimple matelot paflant par tous l«s 
grades de la marine & de la milice , 
U s'étoit fucceflivement éle^ré aux pre« 
snieres places de l'Etat ^ & après h 
mort de Ton prédécefleur il fut élu pour 
lui fuccéder par les fuffrages unanimes 
des Turcs & des Maures , des gens de 

Suerre & des gens de loi. II y avoic 
ouze ans qu'il rempliflbit avec bon* 
neur ce pofte difficile, ayant à gou* 
verner un peuple indocile & barbare , 
une foldatefque inquiète & mutine , 
avide dt défordre & de trouble , qui , 
lâchant ce qu elle defiroit elle-mé« 

0% 




adminiitranon, ' 
dit pas à l'cfpet 
conijoe. I1"0>' 
affei uanqume : 
état qu'aupaiavi 
l'agficultuie aile 
étoit en «igueu 
pain. Mais pn 
opérations celai 



TABLE 

D6S MATIERES, 

Pour les deux derniers Volumes, 



III. Défigne le Tome troifieme. 

IV. le Tome quatrième. 
». les noces. 



A 



Bel (poëme d'). m. 548 n. 
Académies^ inutiles. III. 24,8 

Adoltfcence (la fin de T), l'âge le 

plus heureux. IV. ^g 

Adolefcens ne doivent pas être traités 

en enfans. III. 168 

Inftruits des myileres qu'on leur a 

cachés. Voyez Emile. III. 174 
Adultère , commencement des défor- 

dres de la jeuneffe. III. 211 

Ses conféquences. III. 292 

Age r chaque âge a fes refTorts qui le 

font mouvoir. . ÏV. 7 c 

Age dor fera toujours une chîmerc 

pour ceux qui ont le cœur & le 

goût gâtés, IV. 20} 

0} 



DES MATIERES. 519 

Antoine^ comment il émat le peuple à 
la mort de Céfar. III. ig6 

Apelks. lîl. ;26 

Apicius. III. 2SÎ 

Apparence ( on ne cherche que V ) 
dans les devoirs & les Vertus. 

IV. 189 

Argent , tue l'amoun IH. 26% 

Ariflide, III. 142 

Ariflocratic. IV. 176 

Convient aux Etats médiocres. IV. 

178 
Arts agréables , conviennent aux jeu- 

nés filles. 111. ^29 

^Athiijme , fes effets comparés à ceux 

du fanatifme. III. 1^6 n. 

Atomes, III. 41 

Aubenton ( M. d' \ ^ IV. 20 

Aurelius Viôîor ^ cité. III. 19; 

Auteurs , leur converfatîon plus inC- 

trucftive que leurs livres. III. 24; 
Qui confultenc les favantes , mal 

confeillés. III. 24.1 

Autoditones , ce que c'eft. IV. 141 



B 



Atle.^ III. 1^6 n. 

Babil :1e grand) , d'où il vient. HI. 226 
Babil des petites filles , par quelle in- 

terrogation doit être retenu. III. 

04 



nage 

Brille par 

Bible, fonl, 

Bibliot/tequi 

Bienfe'ances 

les fem 
Bieni l, les ) 



On ne do 
voir où 

Sa route c 
Bon ( il ne I 
Bonté, natu 
BoJTiiet. 
Brantôme. 
Buccntaure. 



DES MATIERES, izi 

" Campagne , quelle fociété y convient. 

III. 270 
-Catéchipne. UL.Hi 

• Ses reponfes à contre-fens. III* 54; 
Modèle d'introduétion \ la Bonne & 
la Petite. III. ^44 ^fuiv. 

Catholiques , font grand bruit de l'au- 
torité de TEglife. III. 150 
■ Catilina. III. %z 
Càton. III. ga 
C^ar. : Ibid. 
Giarron ^ cité/ III. log a?» 
tShqfJe^ ( quel eft pour les jeunes gcna 
le vrai tem» de la )• , III. 17.9» 
' Ennemie de Tamour. III. 180^ 
( Le droîtexclufif de la ) , fource de 
peines. • ' III. 27? 
Chajje Ubn , Ces plalCrs». IH. 27 ^ 
•C^o^^/v les fruits. m. 192 
^ Vertu délicicufe pour une belle fèni- 
nie, III. i84 
Chrétiens^ n'examinent pas ce- que 
les - Juife sdléguent contre esax. 

ni. 13a 

Chriftianijbie , (on - influence fur les 
Gouvernemens. . III. t%%n. 

A outré lès devoirs. III. ^^o 

ChyrhifieSj ( abfurdités de quelques ) 
» ^ IIL 4d IL. 

CkerôtK III, z^S 

Os 



Tifé qu'ca i 
CUopatre. 
Combinaifbns di 
tiiude des 
monïe du 
Compilateurs. 
Co/ido/rune ( M- 

Confcience. 
Sera U foun 
plaifiTS d 

. Eftie meiU«i 

Dépofe pour ^ 

" Fait l'excellet 

, fourquoi nou 

jours fa vo 



DES MATIERES, ui 

Contrat , n*a jamais befoin d*autre f;a. 

rant que de la force publique. IbiJ^ 

Rend rhomme plus libre qu'il ne fe. 

roit dans Tétat de nature. IV. 16^ 

Convenances , il y en a de deux for* 

tes. in. 408 

Les naturelles font feules les heu* 

reux mariages. IV. j 

Voyez Mariage. 

Coquetterie^ change de forme &: d*ob* 

jet félon fes vues. III. ^04 

Tenue dans fes limites devient une 

loi de l'honnêteté. lîl. \66 

Difcernement qu'elle exige. HI. ^6z 

Coquettes, leur manège entre deut 

hommes avec chacun defquels 

elles ont des liaifons fecretes. 

m. ;6j 

Sans autorité fur leurs amans dans 
les çho(és importantes. IW. îSl 

Coriolan. III. 582 

Corps , qu'eft • ce que j'appelle des 
corps ? m. 29 

Cùrps intermédiaire entre les fujets 
.& te Souverain : fes différens 
noms félon fes différentes reb- 
tions« IV. 169 

Corps politique , & fes dîfFérens noms 

par rapport à.fi:s différentes fonc« 

tkms. IV. \6% 

06 



Culte , princ 

je rends 

Que Dieu 

CuUe cxtér 

Cuzéy minif 



D. 



' Ali . 

Darius en ! 

qoit de 

Se'cenmirs. 

Démocratit. 

ConvL'nt 

Demof/icnr, 

De/cartes. 

BeJJln , à qi 

jeunes I 

Deutéronom 



DES MATIERES, jiç 

Devoirs , comment on apprend à les 

ainier. ► III. 369 

Diane , pourquoi on Ta faite ennemie 

de l'amour. III. igo 

Dieu y ( quel eft l'Etre que j'appelle ). 

m. 49 

Inconlprehenfible. Ibid. 

Bon , jufte , Fuiffant III. 6ç 

Immatériel. III. 71 

Eternel , Intelligent. III. 74 

L'idée d'un Dieu , fource de courage 
& de confolation. ^ III. 95; 

Diogene. III. i8ç 

Difputes , ( Tinutilîté des ). . III. ici 
Dijji'mulation , quelle eft celle qui con- 
vient aux femmes. IV. 7; n» 
Dogmes , ne font pas tous de la même 
importance. HI. ^^z 

Les feuts utiles font ceux qui tien* 
hent à la morale. III j 54 

Domeftiques, Voyez Laquais. 
Douceur, la plus importante qualité 
d'une femme. ^ Ht. ^ 1 9 

Droit politique , eft à naître. IV. 1 54 
Difficultés qui naiifent à i'édaircilfe. 
ment de cette matière. IV. 15 f 
Comment il faut s'y prendre pour 
l'étudier. > IV. içy 

Droit de force , jeu de mots. IV, 158 
Droit de nature ou autorité paternelle» 



-étendre Vt 
Différente pi 

Det femmes 
hommes. 

Des femmes 

deux reg 

rieur & 1' 

Jïnifc , . vertui 

. qu'il com 

L'âge de lie 
pour lui 
vient oeit 

Adulte, fer: 

Sa franchlfe 



DES MATIERES. )37 

(où imagination. IH. 178 

Emile ^ occupations pour le didraire* 

III* 179 

Précautions dont je me fers pour lui 

donner les premières inftruétions 

fur les myfteres qu'on lui avoit 

cachés, III. 187 &fuivm 

Me conjure lui • même de relier fon 

maître. ni. 194 

Difcours où je lui fats fentir le, 

poids de fes engagemens & des 

. miens. III. 195 

Comment je gagne fa confiance. ni« 

198 

Je Tinvite à chercher avec moi la 

compagne qui lui convient. III. 

. 204 

Bien: afmé contre tout ce qui peut 

attaquer fes mœurs. III. 210 

Xéeqon que je lui donne contre les 

fidudeurs. HL 215 9ifaiv^ 

S6n entrée dans le monde. lït. 224 

Sa manière de s'y comporter, ni, 

• i IbiiL ^fuiv, 

' : Sa icontenanfie 'Jcrinte & non fuiE* 

' fante. . :;- .: III. izg 

. Ses: miakrêis tmprés ida fexe. HI. 

.-. :/^\ ■■: .■ •■ '. .'. * ■ . • . [2^0 

v'Exatft.à tQVS les égards fondés /fur 
l'ordre^ de la nature. Ibid. 



S'égare d: 
£11 bien 

Sur qnoi 
Comtneni 

phie. 
Devient a 
ConTerfai 

S'emprefT 

de Un 

Demande 

Fixe fon I 

Tableau > 
Revient c 
Demande 



DES MATIERES. }29 

Emile j amant déclaré. IV. çç 

Donne différentes leçons à Sophie. 

Brouillerie , a quel fujet. IV. 6z 
Raccommodement , à quel prix. IV. 

La nature de fa jaloufîe. IV. 74 
Eft fait pour la vie active. IV. 79 
Pourquoi ne va plus voir Sophie à 

cheval. IV. 8z 

N eft point efféminé par l'amour. IVii 

80 
Ses occupations , les jours où il ne 

va pas voir Sophie. IV. 86 

Sa conduite avec les payfans. IV. 87 
Vaincu à la courfe par Sophie. IV. 

92 

Eft vifité à Tattclier par le père de 

Sophie. IV. 9; 

Enfuite par Sophie & fa mère. 

Ibid. 

Refufe de les fuivre & par quel mo. 

tiF. ^ IV. 9ç 

Juftifié de fon refus par Sophie. IV. 

96 

Attendu chez Sophie ne s'y étoit pas 

rendu. IV. 98 

Pourquoi. IV. loi 

: Préfente avec Sophie un enfant au 

baptême. lY* io4 



Re<;oît lordr 
tems Sophi 
Sa Gtuatioo 



Trait qui m 
rendre am 
faire voya 

Sendmens qi 

ges. 
Son retour ai 
Son mariage. 
Conleils que 

venir le 



DES MATIERES, n* 

Empédocle ^ cité. IIT. 2sS 

fnc/oj ,( Mlle. Ninon de P ). III. 368 
Enfans , s'ils ne font pas de leurs gou- 
verneurs leurs confidens , c'eft la 
faute de ceux-ci. III. 174. 

Ont des amufemens communs & des 
goûts particuliers. III. 310 

Ennui ( r ) , par où commence. III. 

2s6 
Grand fléau des riches. III. 267 
Dévore les femmes fous le nom de 
vapeurs. Ibid. 

Epitaphcs des anciens & des moder- 
nes. III. 24c 
^poux , c'eft à eux à s'aflbrtir. III. 409 
Doivent continuer d*être amans. IV. 

2cS 
( Jeunes } , tableau de leur volupté. 

IV. 21J 
^fpagnole, III. 415 

EJpagnûls^ voyagent utilement. IV. 

jEfpcrance , fait plus jouir que la réa- 
lité. IV. 122 

Efprit(V). m. n4 

Etats , fens de ce mot .«n politique. 

IV. 16Z 
Eternitjé, ( l'idée de Y ) jie fôuroît s'ap- 
pliquer aux générations humaines. 

111,35X71, 



% 



Exijie (.}'). 

Exifience (1 
UoDS , 

M As A 1 



Ses effets 

théifm» 

Ftmeîki de 



Leur rcfii 

Accoupl' 

efpect 

Femme , C 



DES MATIERES, n? 

falres pour la confervatîon du 

genre humain. III. 2^4 

Femmes , font gloire de leur foibleffe 

& pourquoi. III. 288 

Leur empire. III. 290 

Conféquenccs. de leurs infidélités 

' dans le mariage. III. 29 ^ 

Haifons qui mettent l'apparence -m^ 

me au nombre de ktirs devoirs* 

III. 295 
; Plus fécondes dans les "campagnes 
que dans les villes. HX 294 

, Ne peuvent. pas être fucceffivcment 
nourrices & guerrières. Ibid. 
Ht doivent pas avoir la même édu- 
. . cation que les hommes. III. • 297 
Ont tort de fe plaindre que nous les 
élevons pour être vaines & co- 
quettes. III. 29g 
. Ne doivent pas refter dans igno- 
rance. III. ?oo 
La dépendance mutuelle des hommes 
& des femmes n'eft pas égale. IIL 

Ne dorvent pas chercher à plaire à 

de petits agréables , mais à Thom- 

me de mérite. 111. 90^ 

• Leur plusîmportante qualité. IIL 9 19 

Doivent avoir des talens agréables. 



niuniféetqi 

Doivent «PI 

blés. 
Leur faut-il < 

treffês. 
Ont plut6t 

ceace qut 

Doivent itt 
que des 

Filles ( les jei 
cer poui 
HteBt. 

Leur politef 
gênée. 

Se carcfTent 
vaut les i 

Pourquoi il 



DES MATIERES. ??7 

^Eilles^ pourquoi défirent de fe marie!*. 

IH. n<5 

Comment il faut leur préfenter leurs 

devoirs. III. ^9 

' Gêne apparente qu'on leur impole 

& dans quel but. III. 375 

D'où naît la facilité de céder à leurs 

penchans. . IH. ^g^^ 

Moyen de les rendre vraiment fages. 

in. 386 

Ce qvî les rend médîfantes. III. 402 
Flogijiique^ ce que c'eft félon les 

chymîftes. III. ^^ n. 

Fontenellt , fophifme qu'il faifoit dans 

la difpute des anciens & des mo* 

dernes. III. 24.7 

Forces , il faut les cffayer avant le 

péril. ^ IV. 116 

Leur développement eft l'objet de 

l'éducation des hommes par rap- 

port au corps. lll. 90c 

Frangois , qui eii a vu dix les a tous 

vus. IV. 156 

François & Anglovi comparés par rap- • 
^ ^ poi^t itïX VÔyifges;; ^ 'Jy. 137 



G 



■ . i 



^'AXAMTERiE , fon origine. 

ni. -990 
Galerie. 'lit «çg 

Emile. Tome IV. P 



Cermams « < 

neffe. 

Gourmandifr 

Goîtt-, «qi 

Ce qi» Kl 

tes. 
Bans que 
poui le 
Ou font ! 

Cooimen 

Différem 

des m 

Où doit 

Couoernei 

ceux 

DoWen' 

que 

âeur. 



Des MATIERES. ÎÎ9 

iSbIivt acment , Tes diffiîrentes ibrmes. 

Deux règles Faciles pour juger de leur 
beué relative. IV^ i84 & fuiv* 

€frecs , en quoi leur éducation étoit 
bien entendue. ïlï. 307 

€rrecqaes ( les femmes ) , une fois ma- 
riées ne paroiflfoient plus en pu«. 
blic. Ibid. 

Crqffeffcs , leur danger avant Tàge. 

IV. 12? 

Crotlus. t7. i;4 , igo 

Kji/mnqftique^ comment les Grecs cher* 
choient à en balancer les mau- 
vais effets. ÏII. 507 



H. 



ÂÈiT u DES de Tenfancc doi^ 
vent être prolongées dans la jeu- 
nclfe. IV. 76 

Leur effet ÏV. 77 

On n*en fait pas contracter de vé- 
ritables aux jeûnes gens ni aux 
cn&ns. lY. 78 

BAiUuk de jouir en été le goût. 



il "' 



Berctdt. lll. z^o 

Héro. IV. 81 

Hérodott , a pdnt les môâurs. tV. 1)9 

Ke doit p«8 être tourné tti ridicule 

k ce fvjet, IV« 142 

p a 



tiomert. 

Homme, la fo 

hommes. 

■ Malheureux 

de fes fa' 

Compbfé di 

Auteur du i 
Bon naretel 
Son mérite 

Dépend à 

Hommes ilta 
(ordres d 

I\'e doivent 

' catirtil <ii 

In dépends 

mes & de 



DES MATIERES. h» 

^animes , tiennent par leurs vœux j^^ 
mille chofes & par eux-méipes lie 
tiennent à rien. IV. iia 

On ne les connoit qu'après avoir 
voyagé. IV. îjs 

onnêteté (la véritable ) eft toujours 
facrifiée à la décence. IV. 66 

or ace. in. .278 

oJj)italite\ ce qui la détruit. IV. ,aj 

r •..-:•* 

DÉAListKS^ leurs diftindtions 
font des chimères. HI. 29 

lées , comparatives & numériques ne 
font pas des fenfatîons. tll, 30 

Abftraites, fources d'erreurs. ÏH. 41 

Acquifes , diftinguées des fentimëns, 
naturels. lïl. 87, 

norancCj ne liuit pas atfi moeurs. 

é0^ IV. 9 

litation de la nature , fburce uni-, 
que du beau dans les travaux des 
hommes. III. ^^9 

telligence ( il exifte une ). - III. 4? 

térêt , n'agit^on que par intérêt. III. 

tolérons^ arguiherif auquel, fls ne 
peuvent répondre. III. 1 3 8 

^piré ( dialogue de T ) & du raifon. 
n€ur. HI, 119» 

HniK m. fi.n. 



■jje doivent 

paifaks é 

ves. 

, Ce qui lest 

Jàhujie, de 

Explisatiot 

Neftpaan 
Son otipp 
A- telle IK 

le goût 



•"""S 



Êrdref 
Exemple 
La foUtu 



DES MATIERES, uî 

Juifs ^ n ofent dire leurs raifons contre 
le chriftianifme. HI. 131 

Ju/ks , leur bonheur dans l'autre vie 

fur quoi fondé. lï. 70 

Leur férénité. III. 8| 

Jujhce , fa notion la même chez tous 
les peuples. Ibi(L 



L 



An GV E Frangoife , Qbfcene» 

III. 190 
Langues , à quoi mené leur étude. 

III. 244. 

Lan. m. 1.84 

Lcujuais ^ il en faut peu pour être bien 

fervi. m. 2^ç 

Nuifent à la gaieté de3 repas. III. 

271 

Léandrt. ■ IV. 81 

Legons , leurs mauvais effets quand 

elles font trifles. III. ^79 

Législation parfaite ^ ce qui la conf- 

tîtue. IV. 175 

JJonidas, IIL 142 

IjAfrf^, je fuis libre. III. 586? f^tiv. 

■: Son principe immatériel. III. 60 

Comment elle anoblie Thomme. 

m. 61 

Liberté ( la ) politique diminue à ii»e- 

furc que l'Etat s^agrandit. IV. 171 

P4 



veit à tous les 
LioTU , ne fuffifent 
goùc. 
Leur abus. 
l^ckt, quand il qui! 

Réfuté fur ce qu!U 
madère. 
Loi , fa déiinition cl 

Quel afte p«ut por 

Lucr ece. 

Luxe , inféparable c 

Comment s'établit. 

M 



CES MATIERES, u^ 

il phi/Jique\, ne feroit rien fans^ 

tios vices. in. 6z 

il moral y ouvrage deTilommè. Ibid. 

ilheurcux , dans quel cas oh ' rdl. 

. ' tv: 118 

irccl III. 2^% 

iriage , la plus fainte înftîtution. 

m. rrr 
^e plus faint des contrats. III. 192 
Jne des caufes de ce qu'ils font niai 
affortis. IV^ 2 

loyen d'en faire d'heureux. IV-/. % 
Igaiité des conditions doit (aire pen- 
cher la balance quand tout eft. 
égal. IV. ç 

laifons pour qu'un homme ne s'allier' 
ni au-defTus ni au-defTous de lui. 

IV. 6 
ïoyeh de prévenir le refrbîdiflfe. 
ment de l'amour dans le mariage. ^ 

IV. 2o^ ^ fuiv: , 
ris ^ pourquoi font indifiEereûs. III. 

ourquoi ont moins d'attachemenC 
pour leurs femmes que pour une 
fille entretenue. IV. 209 

tcrialifics , leurs diitin Aîpiis font 
des chimères. ' Ht. 29 

omparés à des fourds qui nient 
Texiftencc des fons. lïr. ^7^ 



pas eflcn 
île peut p( 

ment pi 
Se craigne 

Quand il 
font m 

Jtïtres , ne 

blesa> 

Doivent 

filles r 

Mètaphyp 

Miracles, 

en tu 



DES MATIERES. U7 

Modes , quelles font les femmes qui lc« 

amènent. 11^. 526 n. 

Molécule vivante ^ inconcevable. III. 

Monarchie^ coquec'cft. .IV. i/iî 

Convient aux grands Etats. IV. 17B 

Montaigne. ni. g-^ 

Continence de fon perc HI. 171 

Cité. ^ ni. 23Z 

Alontefquieu. , . ' IV. i^ç 

Morale \ précepte de) qui les contient 

tous. , • ' ÏV. iig 

Jforatitd des 'avions. IH. 79 ^fuiv. 

Mort ( Ta ). lU. 6 j 

Ce qii'felie eft par rapport au jufte & 

au méchant. IV. 120 

Mothe ( la ) , fijppoftit fauffement un ' ' 

ôrogrès de. raifpn dans Tefeece hu. 

^ niai ne. III. 24.? 

Mouvement * il y en » deux fortes. 

Ses caufês rie font pas dans la ma-« 

tiefe. ^ III. j g 

ITeftpas néceffatre & la matière. in.4o 




'..-.r:; i ;. '- 



r 4fl^ ^^ •> chacune a un OEiracw • 

*jte|rç fpéc^ve. . IVi i^S 

CuD|mtnent lés âifierénces hatîbnàtei 

plyà^iFrapjKante^ chez les anciens 

s'ieffacent de jour en' jour/lV).;.i4t 




o, 



( aveo d'un 
Omphale. 
Opin,ions C dife 

font les eau 
Qnn'di«ra da 

Iià plus con 

. fioiple. 
Opinion '(!'), 
j aux femme 
À bean.cpup i 
V^B fiUep, 

P'eft pai çll 
'rement de 
èhafle le.bai 

n^Ari- du mom 



DES MATIERES. ^49 



P 



Ag A NI S ME^ fes Dieux abomî- 
nables. HI. 34 

Paix de Famé , en*quoî confifte. III. 14 
Paladins^ connoiflbient ramour.III, ; g 3 
Palais. m. 257 

Paracel/e. III. 46 n. 

Paris , nulle part le goût général n'cft 
plus mauvais. HI, 241 

C'efl:- là que le bon goût fe cultive. 

Ibid. 
Coûte plufieurs Provinces au Roi, - 

IV. 186 
Les jeunes Provinciales viennent s'y. 
corrompre. III. 377 

Parure, incommode à mille égards. 

- Ilf 261 

Moyen d'en diminuer le gpût dans 

les jjeunes' filles. . III. ^iç • 

Supplément aux grâces. ' • Ipid, 

Rùineufe ; vanité dû rang.' Ibid. ' 

PaJJions déréglées , leurs peines* IV- 

iiz 

Scurccf de èrimes. IV. 114 

JP^ftuîie erreur .de les diftin^er en. 

"^ • pçmî{?s'& en défèhaùéOV. ié7 • 

F£^ï.( ôh doit toujours àftm);lV.' 200. 

i\ajr/6ar, • comment on doit (bigilfer ^ 

" '*ceii)rqui font malades. IV* ^8*^» 




Puberté, influe 
ment fur le 

Pudeur , diftin 
tinfldes a 
à réfpecc 

Puiffance, fen 
que. 



R. 



_ i~AlMOS 

Raillerie , ( qu 

bleàla). 
Eaifonner , oi 

chcmenti 
Baifonrteur { c 

pire. 
R^exion., for 
Religion , co 

gnei aux 
Qjiel mal 1 



DES MATIERES. Hf 

jRcponfe d'un vieux gentilhomme à 
Louis XV. in. 231 

Heuchlin. III. ijo n. 

Réoélations , ne donnent pas une plus* 
grande idée de Dieu que la rai- 
fon. ni. 104. 

Sont la caufe de la diverfité des cul-"^ 
tes loin de la prévenir. III. loç 
Là raifon feule dl juge de leur vé-- 
rité. III. ii8 

Quelle doit être te dodlrîne d'une 
révélation qui vient de Dieu. 

III. 116 
Quels doivent être fes dogmes. IH. 

; . 117' 
Les trois principales font écrites en 
deS' langues qui font inconnues 
aux peuples qui lesfuivent. IH.'^ 

128 

Sichejfes , leyr effet fur Famé du pof- 

(effeur. IV. 5 1 

Miches , ce qu'ils font. III. 25 1* 

Toujours ennuyés. III. 267 

Tableau d'un riche qui fait ufer de 

fes richeffes. III. 252 t^ fuiv. 

Il n'eft pas nécelfaire de Fétre pour 

être heureux. III. 278 

Ridicule , moyen de i'évîter. m. 268 • 

Toujours i côté de^ l'opinion, m. 



Ro^uié , fufceptible d« 

Rtlfe, talent naturel ; 

DcdammagemcnC à& 
a de moiM. "I. 



kJAlSons , ne poin 
eUes pour le feryU 

SjlcrtH , ( HIC autre ) ol 
chcs d'Emile. 

Somfon. 

Sar,lajiapak , fon epit: 

£aivpages , leur cnfanC' 

lelcence. ^ 

Différence de l'etat 

l'état fdciiiL 



DES MATIERES, j^ç. 

nfations , diftindes de i'obiet qui 

les fait nakre. Iir. 28 

Comment di(Unguées par Tétre fen- 

fitiF. m. M 

ns^ dans leur ufage nous ne fom. 

mes pas purement paffifs. III. ^z 
m ( le piège des ) eft le plus dange* 

reux. m. 4x2 

ntir & juger ne font pas la même 

chofe. in. 24) 

ntimcns naturels qu^on doit dîftin|uer 

des idées acquifes. III. $^7 &fidv. 
rmons , raifoa qui les rend inutiles. 

m. 177 

*rvjce , ( ce que c'eft que le ), IV. 149 

Il ne s'agit plus de valeur dins ce 

métier. ^ IV. iço 

teSj ( conformité & diSEérence des )• 

m. zh 

viles influent fur le moraL ^ aga, 
ont également parfaits. III. 281 
ans leur union, chacun concourt 
différemment à Tobjet commun» 

Bid. 
!miere différence entré les rapports 
moraux de Tun & de Tautre* ibiîi, 
plus fort maitre en apparence dép- 
end en effet du plus foible. ^III. 

Y a nulle parité entre eux quaafc 



Ce qui les 

pcftéda 
Leur leizt 

Signes , Ung: 

litige quf 

dam la 

nneiit. 

Dans l'élc 

Sociécifs. ci»; 

qu'elles 

Socrate, à 

Sojpn , aâc 

Sophix , co 

Son port 
Aime la- 
A des ta 



DES MATIERES. ]ft 
Mais non lafince. HI, {94 

■Sophie , d'abord go'uimande , mais cor- 
rigée. III. )9Ç 
La tournure de Ton efprit. III. i^S 
Sa fenfibilité ne dégénère pas en Bn- 
meur. III. ^97 
. A des caprices, Ci manière de les 
réparer. III. 398 
Sa religion. III. 199 
Aime la vertu. Rid. 
Dévorée du befoin d'aimer. IH. 400 
' Connoît les devoirs & les droits de 
fon fe^e & du nôtre. III. 401 
Sa réferveà juger. III. 402 
Point médifante. Ibid. 
Sa politeffe ne tient pas aux formes , 
mais au defir déplaire. IH, ^bj 
IJ'eft point aflervie aiù lîmagrées de 
l'ufage franqois. III. 404 
Son refpeifï pour les droits de Fâge, 
Ibid. 
Sa Conduite ' a vee les jeunes gens. 
Ibid. 
• Manière dont elle reçoit les propos 
d&uceieux. ' ■' HI. 40c 
Aime les louanges de ceux qu'elle 
' eRime. . IIl. 4c5 
Difcours que lui fait fon père fur le 
mariage. UI. 4*7 




enluifi 

ardent. 

W'eft pas» 

AyjU été 



cens. 
Rc vient c 
Sa btigue 

fa meti 

Kaifsns < 

te choi 

Rivale d' 

pour 1 
Viftinie i 
Rendue i 
N'eft pas 



CES MATÎE^RES. H9 " 

Sàp/iic , quelle difficulté Tarréte poDt 

époufer Emile. IV. 50 

Prend ouvertement fur lui Fâutorité 

d'une maitrefle. IV. 5^ 

D'où vient fa fierré. .^ \V. 6& 

Gracicufe aux indifférens. IV. 68 
Irrite la paflion d'Emile par im pca 

d'inquiétude. Ibid. 

Sa courfe & fa victoire. IV. 92 

Le vifite-avec fa merc à Tattelier* 

IV. 95 
Y effaye ^'imiter Em^le. IV. 94. 
N'eft pas indulgente fur les vrais 

foins de Fartiour: IV. 97 

In}u(le foupqon qu^elle éon<;oit de ce 

qu'Emile attendu n'elt pas arrivé. 

Veyez Emile. . IV. 9S 

L'accepte pour époux. IV. lOi^ 
Va voir le payfa'n elïropîé. IV. loç 
Fréfente avec Emiie un enfant au 

baptême. IV. 166 

5es clouleurs fecretes quand elle eft 

préparée à Tabfence de fon ainant. 

^ Sa 'fittt9tioa,^ môBifén^ du ^épai^k^ 

7 .•/-."■;■ ■ -' \- ■ ■ ;■•- -IV..!;!* 
. Voit revenir Enlîlc ^ repoufc/,Vôye2 

Emile. . . , 

Confeils que jip loi donne '& fur quoi* 



mœurs. 
S:ûlàens , 1' 
Subfiances , 



^fttmes., I 

 ACIT 

Taltns ag 

Lequel 

l'art d 
Tarqnin. 
Tentation. 



DES MATIEfRES. J5x 

Tfiéologiem y ne k piquent pas de 
bonne-foî. • III. 126 

Thermopyks , infcrîptions qti'on y lî- 
fott. Ilî. 246 

Toîktte , d'où en vient l*abtis. IH. 527 

Tolérance civile^ ne peut pas être 
diftinguée de la tolérance th^olo- 
gique, , m. 147 n. 



V, 



EkiSk^ pourquoi fbn gouver- 
nement fans autorité eft refjpeâé 
du peuple. ni. 1(4. n* 

Vérité (la) morale, ce que c'eft; lit. 

Vertu ^ fl y en a un principe inné dans 

les coBurs.^ III. ^g gVf yî*i^. 

Comparée au Protée de la &ble« 

in. 9, 

Eft aimable , mais ît faut en jouir 

pour la trouver telle. ' Ihïd* 

On ne peut pas rétablie par fe ra?- 

fon feuie^ I ifeiVt 

.Eft une» m. 265 

' Eft* Eafyor^k à Tamoàn III. \%z 

^'^Etymologie de ce mot. IV,. ija 

* ^Qji- èlt . ce* qQ« 4-lioflflt» y trtueiix \ 

Vitemtm- diet ftniinei%«àcquMLv«^ieux 
V entendus que le» nôtres. III. toSt 

Mmilc. Tome IV, Q ^ 



.FMI fa ptofci 

Pourquoi defti 

Son tefpeA p 

de fa çeri 

Son incicdu 

.Défagrcmcnt 

difpofition 

Son premici 

de borner 

IlconfuUeli 

■ Ne prie pas 

. Son fcepdci 

Sa méthod< 

t)tè- 
De quelle 
fttTÎce d 



DES MATIERES. ^6^ 

VilUiy C i^s grandes } épuifent un Bbat, 

IV. 186; 

Les jeunes gens y doivent peu fé- 

JDurner dans leurs vayages.lV. i88 

( Dans les grandes ) , il n'y a point 

d'éducation privée. III. ;7ç. 

Violence , ne petit pas avoir lieu dans 

l'union des fexes. HL agy 

Pourquoi Ton en cite moins d'aftes 

à pré(ent que dans les anciens 

tcms. . IlL z89 

Volonté , il ;&ut recourir à une vo^ 

lonté pour expliquer lé inotiVé- 

ment. III. .59 

Connue par fes adtes , non par fa 

nature^ S)idm 

VolfqiKS. ÏIL %iz 

f^oluptu^ux ( talsleau d'un ) qwi met 

à part Topinion & ne cherche que 

.la volupté réellev . lU. 351 

I Refte toujours aufli près de la nàtuïe 

qu'il lui eft pofTiWe. t^. ZS^ 

Voyager, non en courriers mais en 

voyageurs, v . ^ Vf- ^1 

i Jl^ljere dont Tes ,aoçièi^„ri^lo^ 

phes voyageoienU I^* ^9 

Il feut favoîr voyager. IV. *?^ 

-•3pi]flKfencc de voyager pif^/fM fe 

pays ou des peuples. ÎV. i4S 



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