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V
COLLECTION
COMPLETE
3DES ŒUVRES
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J, J. RO US S EA U,
TOME DIXIEME,
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EMILE
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DE uéducation;
TOME IV.
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DE VEDUCATION.
Par J. J. ROUSSEAU,
K^ttoven ae Genève,
TOME IV.
GENEVE.
i\L Dec. LXXX.
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DE L'EDUCATION.
Suite du Livre Cinjiuieme,
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J
E me fuis propofé dans ce Livre de
dire tout ce qui fe pouvoit faire, laid
font à chacun le choix de ce qui eit à
fa portée dans ce que je puis avoir
dit de bien, J'avois penfé dès le com-
mencement à former de loin la corn-
pagne d'Emile, &.àles élever Tun pour
l'autre & Tun avec Tautre. Mais en y
léfiéchifTant , j'ai trouvé que tous ces
arrangemens trop prématurés étoient
mal-entendus , & qu'il étoit abfurde
de deftiner deux enfans à s'unir, avant
de pouvoir connoicre fi cette union
étoit dans l'ordre de la Nature, & s'ils
auroient entre eux lés rapports conve-
nables pour la former. Il ne faut pas
confondre ' ce qui eft naturel à l'état
fauvage & ce qui eft naturel à l'état
«ivil. Dans le premier état t toutes les
JBmik. Tome IV.j K
lions fodales , & chaque
teqa fii forme propre &'
non de Tédocadon feule ,
cours bien ou mal ordonr
& de réducation , on ne
^ffortir qu'en les prérentai
ttc pour voir s'ils fe convî
^rards , ou pour préféré
ènoix qui donne le plus (
nances.
Le mal eft qu*«i dévelc
faâeres , Tétat fodal
ran^,&que rnndçcc
n'étant point fembtable a
on diftingue les conditi
confond les caraderes. 1
riases mal aflbrtis Se tous
L T V R E V. î
nî Pefclave n'ont plus de famille , cha-
cun des deux ne voit que fon ctat.
Voulez - vous prévenir les abus &
faire d'heureux mariages ; étouffez les
préjugés , oubliez les inftitutions hu-
maines, & confultez la Nature. N'unif-
fez pas des gens qui ne fe conviennent
que dans une condition donnée , & qui
ne fe conviendront plus , cette condî.
tîoii venant à changer ; mais des gens
qui fe conviendront dans quelque fiiua*
tion qu'ils fe trouvent , dans quelque
pays qu'ils habitent , dans quelque
rang qu'ils puiffent tomber. Je ne dis
pas que les rapports conventionnels
foient Indifférons dans le marigge ,
mais je dis que l'influence desrap«
ports natureb l'emporte tellement fur
la leur , que c'eft elle feule qui décide
du fort de la vie , & qu'il y a telle
convenance de goûts , d'humeurs , de
fentimens, de caradteres , qui devroit
engager un père fage , fôt • il Prince «
fut-il Monarque , à donner fans balan*
cer à fon fils la fille avec laquelle il
auroit toutes ces convenances , fût-elle
jiée dans une famille déshonnéte , fût-
elle la fille du Bourreau. Oui, je fou«
tiens que , tous les malheurs imagina-
Ues duSent^ik tomber fur deux époux
nion des cœurs.
AQlîeudoQcdedeftîo
uneepoureèmonEmil
de connortre celle qui li
n cft point moi qui fefc
tton, c'eftlaNawrc;!
de tronrer le dhoix qu'c
'«tmire, je dis la mienne
-peré; car en met»>nfian
•cède & place , H fubftîi
an fien ; tfeft moi qui (1
dlijiiiie, c^eftmoi qui V\
«Tacrofs rcfiifé'de félevf
ipasetcdfl: maître de lé
î j*d» , : c^ft-'à-dîi^ tttilnu
[Iciifaifir dè«iÎK un heurt
Tayctaqo'il eircodteft
' If omifae en état de J* rf*^;
L I V R E V. S
cire Emile Tart*]! déjà vue ; mais il ne
la reconnoitraque quand il en fera tems.
Quoique l'égalité des conditions ne
foit pas nécefTaire au mariage , quand
cette égalité Te joint aux autres conve-
nances , elle leur donne un nouveau
prix *, elle n'entre en balance avec au*
cune ) mais la fait pencher quand tout
eft égal.
\jn homme, à moins qu'il ne foie
]\lonarque« ne peut pas chercher une
femme dan^ tous les états ; car les pré-
jugés qu'il n'agira pas il les trouvera
dans les autres , & telle fille lui cun.
viendroit peut - être qu'il ne Tobtien-
droit pas pour cela, il y a donc des
maximes de prudence qui doiv^t bor*
ner les recherches d'un perejucficieux.
Il ne doit point vouloir donner à Ion
£lcvc un établiflement au - deflus de
fon rang , car cela ne dépend pas de
lui. Quand il le pourroit , il ne devroic
pas le vouloir encore ; car qu'importe
Ifi rang au jeune homme , du moins au
mien : & cependant , en montant, il
s'expofe à mille maux réels qu'il fen*
tira toute fa vie. Je dis même qu'il ne
doit pas vouloir compenfer des biens
de différentes natures , comme la no-
blçlfc & rafgeijt, paicç que Lchacui:
A l
pare la difcorde entre de
& fouvent entre deux ép
Il eft encore fort différ<
lire du mariage , que Th
'4iu*de(rus ou au-deiTous d(
mkr cas eft tout- à- fait o
laifon , le fécond y eft pli
Comme la famille ne tient
que par fbn chef, c'eft l'ét
qui règle celui de la fai
Quand il s'allie dans un
il ne defcend point, il éle
fe ; au contraire , en pren
me au^deflus de lui , il s
s*élever : ainfi , dans le ]
y a du bien fans mal , & d
du mal fans bien. De pic
L I V R E V. t
ingrat ou méprifé* Alors la femme,
prétendant à Tautoricé, fe rend le ty-
ran de Ton chef ; & le maître devenu
Tefclave fe trouve h plus ridicule & 1 1
plus mifjrable des créatures. Tels font
ces maiheureox favoris que les Roîs do
rAfre honorent & tourmentent de leur
alliance , & qui, dit-on , pour coucher
avec leurs femmes , n'ofent entrer dans
le lit que par le pied.
Je m'attends que beaucoup de Lee.
leurs , fe focveoant que je donne à la
femme un talent naturel pour gouver-
ner l'homme , m'accuferont ici de con-
tradiction; ils fe tromperont pourtant.
li y a bien de la différence entre s*ar-
roger le droit de commander , & gou-
verner celui qui commande. L'empire
de la fernm^ cft un empire de douceur ,
d'adreflc 6c de complaifance ; fes or-
dres font des carefles, fes menaces
font des pleurs. Elle doit régner dans
la maifon comme unMiniftre dans TE-
tat , en fe faifant commander ce qu'elle
veut faire. En ce fens > il eft confiant
que les meilleurs ménages font ceux
où la femme a le plus d'autorité. Mais
quand elle méconnoit la voix du chef,
qu'elle veut ufurper fes droits & com-
mander elle-même, il né réfulte iai.
A4
'«••»•• te • te ••« .tes.*.
te. Mkâ..7 >^ ..^ ^^ .'tea.-ate ■»..*
— - Cte -te ««C .^..te Jw te .'-._ tafc. •*
.<..... w ^. .'^ .te? »>te-..>tea> .^--^> %
ê:e • i C'je i'ir.îiLicce de? au:
îi: vcit a cciui-d là :u:::ce
ices laéxes.
ueres. Peni'er cf: nr. art «
:eni ccmie :ous ie> 2u:res
'.LS dinciiener.:. Je ne cc.n'
:5 deux fexcs Q'ct ceux cîaiT
:e-t dÎKir.;îuee< ; lu ne des
L I ▼ R E V. ^
ment la vie entière à travailler pour
vivre , n'ont d'autre idée que celle de
leur travail ou de leur intérêt, & tout.
leur efprit femble être au bout de leurs
bras. Cette ignorance ne nuit ni à la
probité ni aux mœurs ; fouvent même
elle y fcrt ; fouvent on compofe avec
fes devoirs à force d'y réfléchir, & Ton
£nit par mettre un jargon à la place:
des chofes. La confcience eft le plus
€claîré des Philpfophes : on n'a pas
befoin de favoir les offices de Cicé-
ton pour être homme de bien ; & la
femme du monde la plus honnête fait
peu^être le moins ce que c'eft qu'hon-
nêteté. Mais il n'en eft pas moins vrai
qu'un efprit cuUivé rend feul le cum.
merce agréable , & c'eft une trifte chofe
pour un père de famille qui fe plaît
dans fa maifon , d'être forcé de s'y
renfermer en lui-même , & de ne pou«
voir s'y faire entendre à perfonne.
D'ailleurs , comment une femme qui
n'a nulle habitude de réfléchir élevera-
t-eiiefes enfans-^ Comment difcernera-
t-elie ce qui leur convient? Comment
les difpofera-t-elle aux vertus qu'elle
ne connoit pas, au mérite dont elle
n'a nulle idée ? Elle ne faura que les
flatter ou ks menace; , les rendre, in*
- As
î^^uent dans un ra?"'"
Witen avoir m" ?.°'
«^"t fois SLf "** J "'■•
^«f éren,ennw?r J
*"« dont pI i r ^'î ^'''ui:
Une femmfbif ,ê«« ^
Î?'e,e]ledéda?/„1T„.''V
femme , & c„m^^ '«us fe,
L I V R E V. II
plume ou le pinceau quand elles tra*
vaillent. On fait quel eft le difcret
homme de lettres qui leur didte en fe-
cret leurs oracles. Toute cette charla-
tanerie eft indigne d'une honnête fem-
me. Quand elle auroît de vrais talens ,
fa prétention les aviliroit. Sa dignité
eft d'être ignorée ; fa gloire eft dans
Teftime de fon mari ; fes piaifirs font
dans le bonheur de fa famille. Lee*
teur , je m'en rapporte à vous-même :
foyez de bonne-foi. Lequel vous donne
meilleure opinion d'une femme en en-
trant dans fa chambre , lequel vous la
ïait aborder avec plus de refpedt , de
la voir occupée des travaux de fon
fèxe, des foins de fon ménage , envi-
ronnée des hardes de fes en^ns , ou
de la trouver écrivant des vers fur fa
toilette, entourée de brochures de
toutes les fortes , & de petits billets
peints de toutes les couleurs ? Toute
fille lettrée reftera fille toute fa vie,
quand il n'y aura que des hommes fen«
lés fur la terre :
Ojaseris cur noiim te ducere , GaUa ? diferta es.
Après ces confidérations vient celle
de la figure ; c'eft la première qui frappe
Se la dernière qu'on doit faire , mais
A é
4H.O V.HW II eu \)njb ncn po
Aur , mais Tes dangers d
qu'elle. A moins qu'une
aie foit un ange , fon mai
malheureux des hommes ;
feroîtun ange, comment
celle qu'il ne (bit fans c
d'ennemis ? Si Tex crème la
pas dégoûtante, je la préfi
irème beauté ; car en peu c
& l'autre étant nulle pouj
beauté devient un înconv
laideur un avantage : ma
çuî produit le dégoût eft l
des malheurs : ce fentimei
s'effacer, augmente fans
tourne en haine.* C'eft un
pareil mariage ; il vaudroii
L I V R E V. i|
tageten tourne au profit commun. Les
grâces ne s'ufent pas comme la beauté ;
elles ont de la vie , elles fe renouvel-
lent fans cefle ; & au bout de trente
ans de mariage , une honnête femme
avec des grâces plait à fon mari comme
le premier jour.
Telles font les réflexions qui m'ont
déterminé dans le choix de Sophie.
Elevé de la Nature, ainfi qu'Emile ,
elle eft faite pour lui plus qu'aucune
autre ; elle fera la femme de f homme.
Elle eft fon égale par la naiffance &
par le mérite , fon inférieure par la for-
tune. Elle n'enchante pas au premier
coup-d'œil , mais elle plait chaque jour
davantage. Son^ plus grand charme
n'agit que par degrés , il ne fe déploie
que dans Tintimité du commerce, &
fon mari le fentira plus que perfonne
au monde ; fon éducation n'eft ni brik
lante ni négligée; elle a du goût fans
écud.e , des talens fans art, du juge«
ment fans connoîilance. Son efprit ne
fait pas , mais il eft cultivé pour ap-
prendre ; c'cft une terre bien préparée
qui n'attend que le grain pour rappor-
ter. Elle n'a jamais lu de livre que Bar-
rême , & Télémaque qui lui tomba par
hsLZUd dstxi^ les mains » mais une W»
celles qui lui ccoxer.: a c
gre de loa impatience cel
paroienc du uoznenc deii:
la moide de la vie à fe rer.
à Verialîles , de Verlaîiies
la ville à la camra^r.e,
}^agne a la ville , «S: d*u
Taucre , qui feroic fort en
fes heures s'il n*avo:c le i
perdre ainfi , & qui s*ebigi
fes affaires pour s*occupe
chercher : il croit gagner 1
y met de plus , & dont au:;
fauroit que faire; ou bu
traire, il court pour cour:
en pofte fans autre objet q'j
L 1 V R E V. 17
la ne Feftimcra point trop courte. Vu
vre. & jouir feront pour lui la même
chofe ; & dût-il mourir jeune , il ne
mourra que raflafié de jours.
Quand je n'aurois que cet avantage
dans ma méthode , par cela feul il la
fkudroit préférer à toute autre. Je n'ai
point élevé mon Emile pour defirer ni
pour attendre , mais pour jouir ; 6c
quand il porte res dedrs au-delà du pré-
fent , ce n*eft point avec une ardeur
aOez impétueufe pour être importuné
de la lenteur du tems. Il ne jouira pas
feulement du plaiûr de defirer , mais
de celui d'aller à l'objet qu'il defire ;
Se (es paflions font tellement modé-
rées ^ qu'il eft toujours plus où il eft»
qu'où il fera.
Nous ne voyageons donc point en
courriers, mais en voyageurs. Nous
ne fongeons pas feulement aux deux
termes , mais à Fintervalle qui les fc-
pare. Le voyage même eft un plailir
pour nous. Nous ne le faifons point
triftement aflis & comme emprifonnés
dans une petite cage bien fermée. Nous
ne voyageons point dans la molleife &
dans le repos des femmes. Nous ne
nous ôtons ni le grand air , ni la vue
de$ objets qui nous environnât;, ai U
{)reire? D'une feule ch(
a vie. Ajouterai-je , &
quand il ie peut? non,
cft jouir de la vie.
Je ne concjois qu'u
▼oyager plus agréable q
▼al ; c'eft d'aller à pied
moment , on s'arrête à
fait tant & fi peu d'exen
On obferve tout le pa
tourne à droite, àgaucl
tout ce qui nous flatte
tous les points de vue
Bne rivière? Je la côi
touffu ? je- vais fous fo
grotte ? je la vifite ; une
mine les minéraux. Pai
L I V R 1 V ; li
jôdis de toute la liberté dont un homr
me peut jouir. Si le mauvais tems m*ar-*
îête & que l'ennui me gagne , alors je
prends des chevaux. Si je fuis las ... •
mais Emile ne fe lafle guercs; il eft
robufte ; & pourquoi fe lafferoitil ? Il
n'eft point prefle. S'il s'arrête, com-
ment peut -il s'ennuyer? Il porte par-
tout de quoi s'amufer. Il entre chez un
maître , il travaille ; il exerce fes bras
pour repofer fes pieds.
Voyager à pied , c'eft voyager comme
Thaïes , Platon , Py thagore. J'ai peine
à comprendre comment un Philolophe
peut fe réfoudre à voyager autrement,
& s'arracher à l'examen des richelTes
qu'il foule aux pieds ^ & que la terre
prodigne à fa vue. Qui eft - ce qui ,
aimant un peu l'agriculture, ne veut
Î>as connoitre les productions partîcu-
ieres au climat des lieux qu'il traverfe ,
& la manière de les cultiver ? Qui eft-
ce qui, ayant un peu de goût pour
l'hiftoire naturelle , peut fe réfoudre à
paffer un terrein fans l'examiner , un
rocher fans l'écorner , des montagnes
fans herborifer , des cailloux fans cher-
cher des foffiles? Vos Philofophes de
ruelles étudient l'hiftoire naturelle dans
des cabinf t6 ; ils ont des colifichets ,
%.a«uic y eit a la plac
qui en prend foin a ra
un fort bel ordre ; d'Ai
pai mieux.
Combien de plaifirs
femble par cette agréa
voyager ! fans comptt
s-affermit , l'humeur qi
toujours vu ceux qui vc
de bonnes voitures bie
veurs , trilles ^ gronda n
& les piétons toujours g
contens de tout. Comb
quand on approche du g
un repas grofTier paro
avec quel plaifir on fe r
Qpel bon fommeil on
mauvais lit ! Quand on
river , on peut courir en c
mais quand on veut vc
aller à mVri
L I V R E y. 2i
tant de connoiiTances élémentaires , il
eft difficile qu'il ne foit pas tenté d'en
acquérir davantage. On n'eft curieux
qu'à proportion qu'on eft inftruit ; il
fait précifément aflez pour vouloir ap«
prendre.
Cependant un objet en attire un
autre , & nous avan(;ons toujours. J'ai
mis à notre première courfe un terme
éloigné : le prétexte en eft facile ; en
fortant de Paris , il faut aller chercher
une femme au loin.
Quelque jour , après nous être éga-
rés plus qu'à l'ordinaire dans des val-
lons , dans des montagnes où l'on n'ap-
perçoit aucun chemin , nous ne favons
retrouver le nôtre. Peu nous importe ,
■ tous chemins font bons pourvu qu'on
arrive : mais encore faut-il arriver quel-
que part quand on a faim. Heureufe*
ment nous trouvons un payfan qui
nous mené dans fa chaumière ; nous
mangeons de grand appétit fon maigre
dîné. En nous voyant fi fatigués, fi
affamés > il nous dit : fi le bon Dieu
' vaus eût conduits de l'autre côté de la
collfne , TOUS euffiez été mieux rc(;us...
vous auriez trouvé une maifon de paix...
des gens (i charitables de fi bonnes
^ sens l ...•• Us n'ont pas meilleur cœui
AiiMUictuue, ou du
fite , entrer ckez el
cet âge.
On fait hâter le foi
de nous. En entrai
mangtr nous voyon
nous nous placions , il
Une jeune perfonne
grande révérence , &
ment fans parler. En
faim ou de fes réponfe
& mange. Le princi]
voyage eft aufTi loin d
iè croit lui-même enc(
L'entretien roule fur
nos voyageurs. Mon
maître de la maifon , \
«n jeune homme aims
I I VR « V- ÎÇ
ft n'a point lu Télémaque ; il ne fait
ce que c'eft qu'Eucharis. Pour la jeune
perlbnne , je la vois rougir jufqu'aux
yeux , les bailTer fur Ton aihecte , &
ji'ofer fouffler. La mère , qui remarque
Ion embarras , fait figne au père , Se
celui-ci change de converfation. En
parlant de fa ^litude , il s'engage in-
ienfiblement dans le récit des événe-
mens qui l'y ont confiné ; les malheurs
de fa vie, la confiance de fon époufe ,
les confolations qu'ils ont trouvées dans
leur union, la vie douce & paifible
qu'ils mènent dans leur retraite, &
toujours fans dire ua mot de la jeune
perfonne ; . tout cela forme un récit
agréable & touchant , qu'on ne peut
entendre fans intérêt. Emile ému , at-
tendri 9 ceife de manger pour écouter.
Enfin , à l'endroit où le plus honnête,
des hommes s'étend avec plus de plai«
fîr fur l'attachement de la plus digne
des femmes , le jeune voyageur hors
de lui ferre une main du mari qu*il a
faifie , & de l'autre prend aufli la main
de la femme , fur laquelle il fe perche
avec traniport en Tarrofant de pleurs.
La naïve vivacité du jeune homme en-
chante tout le mondie : mais la fille,
plus fenfible que perfonne à cette mar«
JSmik. Tomeiy. B
i
~'^ "y f rouie ■
prêts
«•il e'(
mii/e.
7°'t fa col*/?''? de
^«nvoya« f?*»^» . «S
L I V R B V. 27
Vil trcflaillîr Emile. Frappé d'un nom
ficher, il fe réveille en furiàut, &
jette un regard avide fur celle qui Tofe
porter. Sophie, ô Sophie! eil-ce vous
que mon cœur cherche ? efi - ce vous
que mon cœur aime ? il t'obferve , il,
la conte«i|»le avec une ibrted« crainte
6c de défiafice. Il ne voit point exac-
tement la fif^e quMl s'étoit peinte i il
ne fait fi oeUe «|ju*il vtoit vaut-mlcux ou
moins. Il étudie chaque: trait , M épie
chaque* mouvement , chaque gefte, il
trouve atout «liUe interprétations con-
fufes ; il donneroit la mfoitié de fa vie
pour qu'elle voulût dire unifeul mot.
IL me regarde inquiet & troublé; fes
yeux me font à la fois cent queftions ,
cent reproches. Il femble médire à
chaque regard ; guidez - moi , tandis
qu'il eft tems ; fi mon cœur fe livre &
fe trompe , je iCea reviendrai de mes
jours.
Emile èft l'homme du monde qui fait
fe moins fe dégui&r. Comment fe dé-
gurferoi&il dans le plus frand trouble
de fa. vie , eûtrequatre fpeétateurs qui
l'examinent , & dont le plus diftrait
eir apparence eft en eiFetk plus atten-
tif ?. Son défordre' n'échappe point aux
if«QZ pénétians de Sophie ; les flens
B »
ferojt trop tard pour s'e
...^ eft alors gae le^J!
ion cœur, & „,.';i .^^
L I V R E V. t9
changé dans peu d'inftans! Ce n'eft
plus, le tour de Sophie .de trembler,
c'eil; celui d*£mile. Adieu la liberté ,
la naïveté , la franchife. Confus , em-
barraffé , craintif, il n'ofeplus regar*
^cr amour de lui , de peur de voir
qu'on le regarde. Honteux de fc laifTec
pénétrer, il voudroit fe rendre in vi fi-
ble H tout le monde ^ pour fe raflaâer
de la contempler fans être obfervé. So-
phie \ au contraire , fe raffure de la
crainte d'Emile ; elle voie (bn triom-
phe , elle en jouit.
> ■ •
Nol moilra già , bea ché in fuo cor ne rida.
Elle n'a pas changé de contenance ;
mais malgré cet air modefte , & ces
yeux baifles , fon cendre cœur palpite
de joie , & lui dit que Télémaque e(l
trouvé.
Si j'entre ici dans Thiftoire ttop naïve
& trop (impie , peut-être , de leurs in-
nocentes amours , on regardera ces dé-
tails comme un jeu frivole ; & Pon
aura tort. On ne confîdere pas aflez
rinfluence que doit avoir la première
liaifon d'un homme avec une femme
dans le cours de la vie de Tun <& de
l'autre. On ne voit pas qu'une première
imprcffion , aulir vive que celle de Ta-
^ B i
Si J'»' pu rendre c«
*l'^'t„V£Su'fort au 1
*^ ' lîTceitt wtteprtl
îr*éSS^. ni cffr
?^r«ltés de langue. Si
fhTt peu d
L I V 1 1 T. }t
(brçe la pcctniete , eft qu'il ht s'agit
ps. jld. dfuQ jcuriç hiomoifi livité dès
reiilance à la crainte , à la convoitife ,
à l^nvie, a l'brgueii » & à toutes les
pafnons qui fetvent d'infiniment aux
c^uca.iiio&s communes; qu'il s'agit d'un
jeune )K>m!](ie dont cVft ici , non.feu-
leinevtt tejpreibier aâiour , mais la pre-
miere piwon de toute çfpiece ; que de
c«tce jp^{&on , l'unique , peut - être ,
qu'îi (eatirai Vivemeiit dans toute h
tie , dépend la dernière forme que
doit preridce Toa c^radere. Ses manie-
Tes de penfer , fes fentimeos , fes goïits
fix^ par une pftfljoh dura^Je^ vont ac«
quérir uoe eonfiftanc^ qui ne leur per-
mettra plus de s'akérer^.
Oa cdiiqoifc qu'entre Emile Se moi ,
}a liûit qui fuit une pareille foirée ne
fe paffe pas toute à dormir ? Quoi donc?
la feule conformité d'i^Q norfi doit-elle
^voir umt de pouvoir fur . un homme
iàge? N'y a-til qu'une Soiphiè au pionr
de ? S& reffemblent-relks toutes d'ame
comnie de nom ? Toutes celtes qu'il
veirra font-elles *la fienne ? Eft-il fou ,
de ^e pafTiQnnet ainfi pour une incon-
nue à laquelle il n'a jamais parlé ' At-
tendez, jeune homme ; examinez, ob-
lèrvez. Vousncfavezpas même encore
B4
El """^ «"> non
*^P^e , par j^ j^ °
penchant. Ce «ppil
5fJ! ^f'Pe "e font q,
-" « y manque pas • mai
ae la maifon. Je pénètre
parant des reftitotioDs . S
L I ▼ it Ë V. •!>%
table amour eft plus rafinée ; 'elle ^
bien d'autres prétentions.. Sophie eft
mife encore plus iimplement que la
^ilFc , & même plus négligemment ,
^uoiqu*avec une propreté toujours fcru-
pnleofe. Je ne vois de la coquetterie
dans cette négligence , que parce que
j'y vois de Taffed^tion. Sophie fait bien
qu'une parure plus recherchée eft une
déclaration , mais elle ne fa^t pas qu'une
parure plus négligée en eft une autre ;
elle montre qu'on ne fe contente pas
de plaire par rajuftement , qu'on veut
plaire auffi par la perfonne. Eh ! qu'im-
porte à l'amant comment on foit mife,
pourvu qu'il voye qu'on s'occupe de
Juî ' Déjà fûre de fon empire , Sophie
ne fe borne pas à frapper par fes cnar-
mes les yeux d'Emile , fi fon cœur ne
Và les chercher ; il ne lui fuftit plus
qu'il les voye , elle veut qu'il les fup-
pofe. N'en a-t-il pas aflez vu pour être
obligé de deviner le refte ?
Il eft à croire que durant nos entre-
tiens de cette nuit , Sophie & fa mère
n'ont pas non plus refté muettes. Il y
a eu des aveux arrachés , des inftruc-
tions données. Le lendemain on fe raf-
femble bien préparés. 11 n'y a pas douze
heures que nos jeunes gens fe font vus ;
s'éviter , & cda m
d^intelligenoc : ik «
concert ; îk ftnieill
nyftere mwwnt de s'c
jutftact^ novs denanc
de Tenir nouc-aiénes
nous emportons. L«
demande cette permîi
b mère , tandis que fi
tournés fur la fille , k
beaucoup pics inftâmn
dit lien , ce iàtt aucun
lien vo:r> rien enten
rougit , & cette rou^
pocfe encore plus claî
firsparens.
On nous permet de
L I V E 1 V. îç
plus Toifine li}i fçmblf déjà trop éloi-
gnée. U voudrpit coucher dans les
fp(Tés du Ch(iteau. Jeune étourdi ! lui
dis-i9> d'un ton de pitié ; quoi ! dijà
la |>airion vou^ aveugle ^ Vous ne voye2
déjà élus ni les bienféances ni la rai-
fon 1 ftUlheureus | Vous croyez aimer ,
^ voun voulez déshonorer, votre maii*
treiTe ! Qû^ dir^-t- on d'elle , quand
on Aura qu'un jeune horadle qui fort
de ft .maifon couche aux -ei? virons ?
Vous Taimez , diteis^voui ! E(tce donc
à vous de la perdre de réputation ? ÉiU
ce U le prix de rhorpicali^é que fe^
parens vous ont accordée : Fer^z-vous
l'opprobre de celle dont yopa attendez
yotrc boçheut ? Eh ! qu'importent ,
réf^ond-U avec vivacité, les vains diC
çoùfs des > hommes & leurs injuftes
fo\)pqoqs ! Ne m'ave.z-VouS pa^ appris
Ypul*t9éme à n'^tn faire aucun cas?
Qui (kit mieux que moi combien j'ho-
iidre Sûfihie « combien je la yeux réf..
jie^er Aton ^ttachetnenl n^ fera point
Ài honte, f il fera ùl gfoire , il fera digne
d'elle. .Qjiaod mon opeur & mes (oins
lui rendront par*tout l'hommage qu'elle
mérite , e& quoi puis - je rovtrager l
Cher Emile , reprends - je en l'einbraf^
ftot f voul liSfonnez poiyr.vcrua ^ ap«
B 6 •
« «cme vertu qn* „,
l»«w Too» les cWbo,;„
▼ous-obllge i ]« „22
«Wlkreflè. V<îre^!**
feni • Â il r ^ /"Mine
iw,& le fien dépend.
T^o. ne voo» rendez pj
aeluï rende pas ce quiî
«ra mfetence» , je Ui fej
i^«*f 00 ies parons ont,
L I V R B V. 37
Vhomme fenfible qui veut perdre celle
qu'il aime ? Quel eft l'honnête homme
qui veut faire pleurer «à jamais à une
infortunée le malheur de lui avoir plû ?
Le jeune homme , effrayé des con«
féquences que je lui fais envifager , &
toujours extrême dans Ces idées , croit
déjà n'être jamais aflez loin du féjour
de Sophie : il double le pas pour fuir
plus promptement ; il regarde autour
de nous fi nous ne fommes point écou-
tes ; il facrifieroit mille fois Ton bon-
heur à l'honneur de celle qu'il aime ;
il aimeroit mieux ne la revoir de fa vie
que de lui caufer un feul déplaifir.
C*eft le premier fruit des foins que j'ai
pris dés fa jeunefTe de lui former un
cœur qui fâche aimer.
11 s'-agit donc de trouver un afyle
éloigné, mais à portée. Nous cher-
chons , nous nous informons : nous
apprenons qu'à deux grandes lieues eft
tine ville ; nous allons chercher à nous
y loger , plutôt que dans des villages
plus proches où notre féjour devlen-
*droit fufpedt. C'eft-là qu'arrive enfin
le nouvel amant plein d'amour , d'e&
poir , de joie, & fiir-tout de bons fen-
timens; & /w>ilà comment dirigeant
péo-àpeu fà palfioD naiflante vers ce
grandes difficultés ft
les grands obftacJcf
u tie me refte pins
faire ^ne de ne pas ^
en me hèttnt de le i
linccrtîtode de la i
tons fiir.tout te fiwfl
tnoltr ïé préfent à Ti
vent irtmoler ce qu
fera point Rendent
dans tous Jes âf^s , ,
bien des foînfc a ne m
voir été. Or, t'St c
iôikir de la vte , c'eft
de l'açMefcenoc, oi
^»rps t& de rame ont
grande Wgttcur, Axrii
licti de fa courfc reit
L I V R B T. ^9
Confidérez mon Emile )l ïl vmgt ans
piffés , ' bien fiotmé , bieh conftîtoé
d'^rprit & de corps , fotl , fa^ , di&
pos ) adroit , roboite , plein éè fens «
de faifon , de bontés d'humanité «
ayant des mœurs , dn go^ , aimant le
beau ^ faîfant k -imn , libre de l'em«
pire des faisons Groèfle»^^ e^eempt du
joug de ropihroh , fmttn tœafara à la
loi de h fegefle , & dtràtle è la voix de
l'amitic ^ pofledant tous tes taiens uti-
les, & pmfteuTS tàlens agréables, fe
fouciant peu des riciTcffcs , portant fa
reiïburce au biMit de fes bras , ^ n'ayant
pas peur de manquer de pain « quoi«
^u'il arriva. Ëe voi4^ma!At^naint enivré
d'urte paflion naiiTante : fon ceeufr s'ou-
vre aux prémkrs feux de Famoui'; fes
douces ilkiiions lui font un nouvel uni-
vers de délice & de jouiffance v4^ aime
un objet aimable , & plus aimable en-
core par fon carat^ére que piftr (a per-
fonne ^ il efpere , il attend un rétour
qu'il fent hii étr« du ; e*eft du rapport
des ooeuHi ^ «'eft du ^b^cours des fen-
tlmehs honnêtes <, que s*c(l formé leur
premier penchant Ge paiehant doit
être durable : il k livre avec confiance,
avec raifôn tnéme , au plus charmant
délire , fans craiate y faxis itgret» fans
"Vt^tés d^édocation de |
litnu^os & pédaiiùefqtK
iri[^<9B «le^oirs des enfs
4tot!« dit pasun OKft de
^portitiite & k plus c
4fédMcdldon ; favoir, la
«piifoge de l'enfance à i
Si j'ai pu rendre ces t
quelque endroit , ce fe
m'y être étendu fort a
^partie effisniieile otnife
Hl/tts ) & pfl(ur ne m'étre
bifter dsrft cette entFep
fes délioaatedës , ni e(
difficultés de langue. S
fautfaiDe , j'ai dit ce q
îl ifï'importe fort peu
t 1 V 1 1 T. |t
force la pttmittt , cft qu'il ne s'agit
n^s. jd. dfuQ jeune hooioifi livcé dès
renfance à la crainte , à la con?oitire «
à lenviie, a Vbrgueii , & à toutes les
payions qui fervem d^nftniment aux
éducations commiioes; qu'il s*agit d'un
jeune komite dont ccû ici « non - feu-
leinett lisjprediiet ^Qiour , œais la pre.
miere piffion de toiiee çfpece ; que de
cette p^ffion , l'unique , peut - être ,
qu'il leatira Vivenaent dans toute Ci
vie , dépend la dernière forme cfue
doit prendre foa orad^re. Ses manie-
Tes de pcnfer , fes fentimeos , fes goûts
ftJiài par un^ pAfljoh duri^bje , vont ac-
quérir une eojnfi&anc^ qui ne leur per-
mettra plus de s'akérer^
Oa conçoit qu'entre Emile Sr moi «
la nuit qui fuit une pareille foirèe ne
ié paffe pas toute à dormir ? Quoi do tic?
la feule conformité d^-uu noitï doit-elle
avoir umt éc pouvoir fur . un homme
ikge? N*y a-til qu'une Sophie au mon-
de ? Sb reffemblentrelks toutes d'ame
comnic de nom ? Toutes celtes qu'il
verra font-elles #la fienne ? Eft-il fou ,
de fe paffionnet aiufi pour une incon-
nue à laquelle il n'a jamais parlé ^ At-
tendez, jeune homme ; examinez, ob-
(krvez. Vousncfavezpas même encore
B4
telles, ci ne font pas f
écoulées. Elles ne font
jeune homme un noov
Sophie , par le defir
penchant. Ce rapport «
rencontre qu'il croit t
ferve même ne font ^
cité: déjà Sophie lui
mable pour qu'il ne lo:
la faire aimer.
Le matin, je me dou
fon mauvais habit de
tâchera de fe mettre a
M n'y manque pas : n
emprcffement à s'acco
delamaifon. Jepenc
lis avec plaifir qu il ch
L I ▼ It » V. *s%
table amour eft plus rafinée ; elle **
bien d'autres prétentions.. Sophie eft
mife encore plus (implement que la
^ilTe , &. même plus négligemment ^
<qiioiqu*avec une propreté toujours fcru*
puleofe. Je ne vois de la coquetterie
dans cette négligence , que parce que
j'y vois de l'afFedation. Sophie fait bien
qu'une parure plus recherchée eft une
déclaration , mais elle nefa't pas qu'une
parure plus négligée en eft une autre ;
elle montre qu'on ne fe contente pas
de plaire par Tajuttcment , qu'on veut
plaire auffi par la perfonne. Eh ! qu'int-
porte à l'amant comment on foit mife ,
pourvu qu'il voye qu'on s'occupe de
lui ' Déjà fûre de fon empire , Sophie
ne fe borne pas à frapper par fes char-
mes les yeux d'Emile , fi fon cœur ne
Va les chercher ; il ne lui fufHt plus
qu'il les voye , elle veut qu'il les fup-
pofe. N'en a-t-il pas aflez vu pour être
obligé de deviner le refté ?
Il eft à croire que durant nos entre-
tiens de cette nuit , Sophie & fa mère
n'ont pas non plus refté muettes. Il y
a eu des aveux arrachés , des inftruc
tîons données. Le lendemain on fe raf-
femble bien préparés. 11 n'y a pas douze
ikeuies que nos jeunes gens fe font vus ;
s'éviter , & cela itiéi
d%telligenc« : ik Vc
concert ; ils ftnteift d
myftere a?irnt de s'ét
partant, novs demafid
de venir nou^-inémes
nous emportons* La
demande cette permif
la mère , tandis que {)
tournés fur la ûile , la
beaucoup plus inftamn
dit rien , ne fait aucun
lien voir, rien enteti
rougit, & cette rouj
ponfe encore plus clai
fès parens.
On nous permet de
nous învîfpr a rpfl-pr.
L 1 V 1 1 V. ^ç
s yoiflne lai fembU déjà trop éloi-
ie» H voudTpit côacher dans les
'es du Ch&ceau. Jeune étourdi ! lui
- 19 , d'un ton de pîdé ; quoi ! dijà
taliion vous aveugle ? Vous ne voye2
î plus ni les bienfcances ni la rai-
! ftlfilheureux ! vous croyez aimer ,
rou$ youiez déshonorer votre maU
(Te ! Qâe dîrg - 1 - on d'elle ^ quand
Aura qu'un jeune homme qui fort
fn maifon couche aux environs ?
JS Taimez , dîtes-vpui ! EitCe donc
ovis de la perdre de réputation ? EiU
là le prix de rhorpîtalt^â que feç
ens vous ont accordée ! Ferçz-vous
3probre de celle dont yops attendez
re bonheut ? Eh ! qu^importent ,
ond-il avec vivacité, les vains diC*
ti^ des ..hommes & leurs injuftes
pqons ï Ne m'avez-vous paç appris
iS*i9éme à n'en faire aucun cas?
f fait mieux que moi combien )'ho«
e Sc|phie , combien je la yeux re(^
1er Alon gttachefneni ne fera point
lont^ , il fera (a gloire , il fera digne
lie. Qjiaod mon croeur & mes (oins
rendront par-tout Thommage qu'elle
rite , eti quoi puis - je lovtrager l
er Emile , reprends - je en Te^ibraf^
tf youl riCiibnnez pour voua î ap«
B 6
iivenc également de
la même vertu qui
pour vous les ctifco
TOUS oblige à les re
jnaîtreiTe. Votre hor
feul ; & b Gen d«pei
gliger ferott blelTer 1
TOUS ne vous rendez
TOUS devez, ftvous
ne lui rende pas ce q
Alors liii expliqua
ces difFérence» , je tu
injuftice it y aurot
dompter pour rîen.
a dit qu'il fera Fépou
dont il Ignore les fent
le cd^iir ou les parens
ei%agemenls dntérien
connoit point , & c
avec lui pàè une des
L I V R E V. .37
Vhomme fenfible qui veut perdre celle
qu'il aime ? Quel eft Thonnéte homme
qui veut faire pleurer* à jamais à une
infortunée le malheur de lui avoir plû ?
Le jeune homme , effrayé des con-
féquences que je lui fais envifager , Se
toujours extrême dans fes idées , croit
déjà n'être jamais aflez loin du féjour
de Sophie : il double le pas pour fuir
plus prompcement ; il regarde autour
de nous fi nous ne fommes point écou-
tes ; il facrifieroic mille fois fon bon-
heur à l'honneur de celle qu'il aime ;
il aimeroit mieux ne la revoir de fa vie
que de lui caufer un feul déplaifir.
C*eft le premier fruit des foins que j'ai
pris dés fa jeunefTe de lui former un
cœur qui fâche aimer.
11 s''agit donc de trouver un afyle
éloigné, mais à portée. Nous cher-
chons , iK)us nous informons :. nous
apprenons qu'à deux grandes lieues eft
une ville ; nous allons chercher à nous
y loger , plutôt que dans des villages
plus proches où notre féjour devien*
droit fufpeék. C'eft-là qu'arrive enfin
le nouvel amant plein d'amour , d'ef^
poir , de joie, & fur-tout de bons feur
timens; & \>oilà comment dirigeant
pèii-àpeu ta paUion naiffante vers ce
granaes oitticultês i\
les grands ofaftadc
ii n« me refte plus
iatre ^oe de ne pas ;
en me hàcintdele
Tincerittiide de It
tons fiir-tottt ta fin
moler It prêtent à 1
vent Hâmoier ce q
feirtponic. Reodom
dans lOQs tes âges ,
bien des foins U ne i
▼oîr été. Or, s'H
fôitir de la vie , c'ef
de Fadolefcenoe , c
corps éè de l'ame oc
grande l^gntar , &c
lieii de fa coo^ wk
âem ttrmts ^ lu
briévfllé: Si Tiaipn:
L ft^lr m r. T. %%
CMfidèfes fiiOQ Bmik\ à !i4âgtans
fâÉBéf^'b/kn fmmii. htehowâtué
d'«rpffit êi et 'iotf9^ fa^ « Mn^ dîf^
po8% tdmt^ r0bmev,4>icffi tlè fens «
tte.«ufea, de boirtéit fl*btiliiÉntfeé ^
aymtiÉM nëbiin v *d0 iote^ oiiiîa.nt le
beM 9 firifiiat le %ien 4 ttWc tte 4'emx
lpii«éwMffim»eniM«eY èwijii]^ dlu
loi deb ftffcfle^ A ftecnleià ie wîx de
raoAMvimréihrit ^tteke ttieat vttu
les« & i^wfieuf f Ment e^i^édèles^ Te
fouoiant (mil «hs^ rjclicffes ^ ptorfiaet fa
feffcmfcir âa facetdè fet brte , A n'ayant
paa pcor de «latoaiertk ^pdtd v^iiok
Îo'îlianiftt. ihe Teîl Jk^mifiàtânalitenivré
'utfe f W Sau :natflBirite rfeç: oèoiÉr t-'ou*.
vil? mol Mtn&rs^ieox 4e' Famoiif'v fe9
doBCte Hlofidnf Im fotit un nouvel uni»
Vemdedâieei&dejoiriffimeevIÛ aime
un ofajel! aimaMe , & ^Ivs ainiable en-
tore yar ftn caraftrfft qiié 0r la pe^-
fiôlm I il^^it V î) amftd* tt# fétour
^'jt fcm M^éCJk dé-; «feft du #ap]Mft
dies itanHi^' tfeft de ^Éékicoote lîcê fen-
âaMe hônnétsa, qve-reft fonaé' leur
Minnief jieiieiia9t Ge ^penellaiit doit
wecdomUe : Hlk lif«r aiw^eeiÂmce»
àtetc rtiAn îMliiie, an l>liit dîBfnafit
diOice^ jateiCëaiitte » iîi08Dêfret> ittu
d
accorder avec ce qi
les biens qu'on pei
on n'y en peut ajc
dépens d'un autre ;
tant qu'un homme
en ce moment ab
doux ? Irai-je troi
pure ? Ah ! tout l
dans la- félicité qu'i
rois-je lui rendre q
lui aurois ôté? M
comble à fon bonh
le plus grand chari
préme eft cent fois
qu'à obtenir ; on ei
-en l'attend que q
<) bon Emile , ai
Jouis lonR-tems a'
Livi'B ▼. 41
-finille enpeo de tems; mais je ferai da
jnoint qu'il dore toujours dans ta mé*
jBoir^, & que tu ne te tepentes jamads
4e Kavoir «eâté.
' Emile h oublie pas<. que nous avons
des reftkutions à taire. Si-tAt qu'elles
font prêtes, nous prenons des che-
Vaox , nous allons grand- train ; pour
cette fbis , en partait il voudroit être
^mriyé. Qpandlecœurs'otivreaulKpaC>
fions ,^il s'ouvre à l'ennui de la vie. Si
je n'ai pas perdu mon tems , la fienne
entière ne le pailèra pas ainfi.
, Malheureufemefit la route eft fort
çoôptc-^ $ le {Miys difficile. Nous notas
^rans^ il s'en apperçoit le prànier ,
&, fins- s'impatienter, fans (b plain»
dre, i) met toute fon attention à're»
trcfuver ton chendn ; il erre lon^^tems
flvàia^ de fe recoonc^tre ; & toujours
avec.ile mteie*lang-froid. Ceci, n'eft
rien pour vous, mais c'eft beaucoup
poiir moi qui connois fon naturel em«
porté: je voisleftuit des foins que
j'sd mis dis ion enfimce à l'endurcir
aux coups de la néceffité.
Nous arrivons enfin. La réception
qqfon nous fait éil bien plusfimple'&
pliis obligeante c^ue la première fois ;
nmn. foiamea déjà d'aneienneig coto^
Von i^ promené dut
dm a pojui; parten» u
entendu, ppur pai
iiect de grands & bç
Tfe toiitc efpeoe , çç
-oe johs ruiifeaux , .
ÎI.CMieç de fleurs. Le
mile , plein die foi
ipnrsdan«,l'enthoufiî
je jardin d'Alcinoûs.
lav«f ce que c'cft (
mère le demanda. A
je , etoit un Roi de
jardin décrit par Ho
par les gens dcgoèt.
pie & trop peu paré
L I V R E V. 4|
iioSs avoît un fille aimable , qui ,^ hi
Teille qu'un étranger requt rhofpîta-
lité , fongea qu'elle auroit bientôt un
mari. Sophie , interdite , rougit, baiffie
les yeux, fe mord la langue; on ne
£eut imaginer une pareille confufion.
e père , qui fe plait à Taugmencet ,
S rend la parole & dit , que la jeune
rincefle alloit elle-même laverie linge
à la rivière; croyez- vous, pour fuit-il,
qu'elle eût dédaigné de toucher aux
ferviettes fuies , en difant qu'elles fen-
toieht le graillon ? Sophie , fur qui le
coup porte , oubliant fa timidité na-
.„ voit la poire & la pomme vieillir A Técher (Vir
^» leur arbre, la figue fur le figuier &la grape
,, fur la ibuclie. La vigne inépuirahie he ceub
M d*y porter de liouveafix raifins; on fait cuire
„ & oooftre lès uns au frleH ftir une ake, tandis
,, qu^om en vendante d'atftres, laluant fur la
,, pluiite ceux qui font encore en ficors , tfn Yet-
,, jnfi , ou qui commeircent à noircir. A IHin des
^ bt/uts , deux quarrés bien cultivés & couverts
„ de ikurs toute Tannée font orné<; de deux fun-
„ taines , dont Tune eft diilribuée de^is tout le
^l jardin • êc Tautre , après avoir traverfé le Pa-
„ Inis , eft conduite à un bâtiment élevé dans la
„ ville pour abreuver les Citoyens ,,.
Telle eft ia defcription du jar^Mn royal d'Alci-
.voUs au fepticme livre de rOdyflée . dans lequel «
i la hoate de ce vieux rêveur d*Èomere & des
princes de fon ieni$, on ne voit ni creiUagts« ni
IUiii«g , ni cafcadss » ni bouliagrias.
-- — - •«•- «.ub \/iu«jijiicr* uut
elle me regarde à la dtfrol
inquiétude dont je ne puis
de rire en lifant dans for
nu les alarmes qui la font
pcre a la cruauté de relevei
derie , en lui demandant d
leur à quel propos elle p
elle, & ce qu'elle a de co
la fille d'AIcinoùsf Honte
Wante elle n'ofe plus fou
garder perfonne. Fille chî
n cft plus tems de feindre ;
déclarée en dépit de vous.
Bientôt cette petite fcene
ou paroît fêtre; très-he
pour Sophie , Emile eft le i
a rien compris. La promen
L I V R B V. 4^.
for la lenteur de notre marche ;
iblement ils nous précèdent , ils'
ocbent , ils s'accoftént à la fin ,
Hsies voyons affez loin devant
Sophie femble attend ve & po«
rmîle parle & gefticole avec feu :
paroic pas que l^entretien les en*
Au bout d'une grande heure on
ne, on les rappelle , ils revien*
mais lentement à leur tour , Se
>ic qu'ils mettent le tems à profit. -
i tout-à-coup leur entretien cefle
qu'on foit à portée de les enten*
& ils doublent le pas pour nous
dre. Emile nous aborde avec un
vert & carcffant ; fes yeux pédl-
ï joie ; il les tourne pourtant avec
1 d'inquiétude vers la mère de
: pour voir la récepuon qu'elle
a. ' Sophie n'a pas , à beaucoup
un maintien fi dégagé ; en ap-
nt elle femble toute confufe de
tête-à-téte avec un jeune hom«
Ile qui s'y eft fouvent trouvée ^
autres fans çn être embarrafTée» •
qu'on l'ait jamais trouvé mau» •
Jle fe hâte d'accounr à fa mère >
I effoufilje, en difant quelques
ui ne fignifient pas grand'chofè ,
pour avoir raii d'étce là depuis :
ms.
nètaeé de^w «»«».«
ter t« y»* . «!!«w 1
elte me:p»rto "«*'*î
L I V R E V. 47
jeune ami m'a fait entrer pour beau-
coup dans Ton premier entretien avec
ik maitrefTe , je jouis du prix de ma
peine ; Ton amitié m'a tout pa/é.
Les vifites fe réitèrent. Les conver«
lacions entre nos jeunes gens devien-
nent plus fréquentes. Emile enivré
d'amour croit déjà toucher à Ton bon«
lieur. Cependant il n'obtient poinK
d'ai^eu formel de Sophie ; elle l'écoute
& ne lui dit rien. Emile connoit toute
Ta n^od^ftie > tant de retenue Tétonne
peu :; il fèrtt qu'il n'eâ pas mal auprès
d'elle ^ il fait que ce font les pères qui
marient lêsenfans ; il fuppofe que So«
phie attend un ordre- de fes parens ^ il
lui dernandela permiflTion de le follici-
ter ; elle ne s'y oppofe pas. Il m'en
purle-, j':en: parle en fon nom , même
en (a .préfence. Quelle furprife pour lui
d'apprendre- que Sophie dépend d'eHe.
fetile.) & que pour le rendre heureux
elle, a'd qu'à le vouloir ! 11 commence
à. ne plus rien, comprendre à fa con«
diiîte. Sa -^confiance diminue. Il s'a-
larme*, il fe voit moins avancé qu'il ne
pcofoit l'être, & c^eft'alots que l'amour
le-:pius tendre employé fon langage .le
plus touchant pour la fléchir.
Emile n'efifaa fait pour detiner ce^
les leçons de fes
Yrc ; Emile eft ricl
bien il a befoin
d'elle ! Quel mérit
pour effacer cette i
ment fongeroic-il à
iàit-il s'il eft ridie
s*en informer f Gra
befoin de Tétre ^ il
fans cela. Il tire 1
fon Cœur & non.dc
aux malheureux (
(es affeâions , fa
Teftimation de fes
ofe-til compter )
l'argent qu'il répai
Ne (achantà qu
L ï V R E y. 4*9
n^erpcre plus la toucher par la ten-
sffe , il cherche à la fléchir par
pitié. Quelquefois fa patience le
îc ; le dépit eft prêt à lui fuccéder.
phie fcmble prefTentîr ces emportc-
ms , & le regarde. Ce feul regard fe
farine & Tinthiiide z il eft plus fou*
j qu'auparavant.
Trouble de cette réfiftance obftinée
de ce filence invincible , il épanche
1 coeur dans celui de fon ami. Il y
pofe les douleurs de. ce cqiut navré
: triftelTe ; il implore fon afiiftance &
s confeils. Quel impénétrable itiyÂè-
! Elle s'intérefle à mon fort , je n'cii
lis douter : loin de m'évitcr elle fe
ait avec moi. Quand j'arrive elle mar-
ie de la joie , & du regret quand je
jrs ; elle reçoit mes foins avec bonté ;
es icrviccs paroiflent lui plaire ; elle
ignc me donner des avis , quelque.
s même des ordres. Cependant elle
ette mes follicitations , mes prières,
land j'ofe parler d'union , elle m'im-
fe împcrieufement filence , & fi j'a-
ite un mot , elle me quitte à Tint
it Par quelle étrange raifon veut-
e bien que je fois à elle fans vouloir
tendre parler d'être à moi? Vous
'elle honore , vous qu'elle aime âz
Emile. Tome IV. C
Il vous n'avtiev
Je patli; à S
avec peu de pi
Tui) avant qu'
tiens plus diS
d'en inltruiie t
& i'çn ufe. Ce
dans un étoniw
ic^nir. Il n'c
cateffci il n'ii
écus de plus 01
rad-îfc s su «
. eateii(L*e ce q^
U le mifC à rite
il veut paitir à
chirer, tout j
four I
li-hc
vreque Sophie
tte Ton époox.
Hé quoi ! i\
L I V R E V. 51
{>t5 qu'en fuivant votre infenfé projet >
TOUS allez empirer votre Gtuation éc
rendre Sophie plus intraitable ? Ceft
Un petit avantage d'avoir quelques
biens de plus qu'elle ^ c'en feroit un
très-grand de les lui avoir tous facri-
fiés , & fi fa fierté ne peut fe réfoudre
à vous avoir la première obligation ,
comment feréfoudroit-elle à vous avoir
fautre ? Si elle ne pdut fouffrir qu*un
mari puifTe lui reprocha de l'avoir en-
richie, (buffrira-t-elle qu'il puiife lui
S rocher de s'être appauvri pour elle?
malheureux ! tremblez qu'elle ne
vous (bup<;onne d'avoir eu ce projet.
Devenez au contraire économe & lbi«
.gneoi pour Pamour d'elle , de peur
qu'elle ne vous aCcufe de vouloir la
gagner par adrefiTe , & de lui facrifier
volontairement ce que vous perdrez par
négligence.
Crovta-vous au fcmd que de grands
\nens lui fàflent peur, & que fes oppo-
fitions viennent précifémentdes richefl
fes ? iSton , cher Emile, elles ont une
cau(è plus folide & plus grave dans
feffec que ptoduifent ces richeâes dans
l'ame do pofTeftéur. Elle fait que. les
biens de la fortune font toujours pré*
£érés à tout par ceux qui les ont. Tous
de refte quand <
ferïir en mangea
vous donc à faîr
ralTurer fur fes c
bien connoitre à
faire d'un jour, '.
tréfors de votre
cheter ceux dont
d'être partagé. R
detemsfurniont<
' de fentiraens gra
cez-lfl d'oublier
la , fervez-la , fe
parens, Prouvez-
Ibnt pas l'effet c
fafTagere , mais i
les gravés au I
-Honorez dignem
Îiar la fortune ; <
e récondlier âv.
L I V H È V. çj
ft félicite d'avoir à faire ; pour plaire^
à Sophie , tout ce qu'il feroit de lui-
même quand Sophie n'exifteroit pas ,
ou ^'ii ne feroit pas amoureux d'elle.
Pour peu qu'on ait compris fon carac-
tère y qui eft'Ce qui n'imaginera pas fa
conduite en cette occafion.
■ Me voilà donc le confident dé mes
deux bonnes gens & le médiateur de
leurs amours ! Bel emploi pour un gou-
verneur ! fi beau que je ne fis de ma
vie rien qui m*élevât tant à mes pro-
Sres yeux , & qui me rendit (i content
e moi-même. Au relie , cet emploi ne
laifle pas d'avoir fes agrémens : je ne
fins pas mal venu dans la maifon ; l'on
8*7 fie à moi du foin d'y tenir les amans
dans Tordre : Emile , toujours trem-
blant de me déplaire , ne fut jamais fi
docile. La petite perfonne m'accable
d'amitiés dont je ne fuis pas la dupe,
& dont je ne prends pour moi que ce
qui m'en revient. C'elt ainfi qu'elle fe
dédommage indiredtement du refpeâ:
dans lequel elle tient Emile. Elle lui
fait en moi mille tendres careffes,
qu'elle aimeroit mieux mourir que de
lui faire à lui - même ; & lui qui fait
4ue je ne veux pas nuire à fes intérêts ,
eft charmé dç ma bonne intelligence
C î
g
& de i'œi) : an
r.dus fuit des
cbç dt lire no
ges , & d'iatei
nos geftes : ÎM
dû entre not
lionne Sophie
fincete eft à f
entendue de 1
vous entteteni
quetle aimable
lice dans ce t
s'y pade ! Avt
montrez tout
Ïleve-Javecqt
vous lui laifle
plus douTi ! a
vous renvoyeï
patience le fo
avec quel chai
L I V R B V. 95-
Ainfi parvenu à fe faire fooSrir corn-
ue amant déclaré , Emile en fait va*
oir tous les droits; il parle , il prefle^
I follîcite , il importune. Qu'où lui
tarie durement, qu'on te maltraite ,
>eu lui importe pourvu c^o'il fer fafle
coûter. Enfin , il obtient > non fans
leine , que Sophie de Ion c6té veuille
>ien prendre ouvertement fur lut Tau-
oricé d'une maitrefSs , qu'elle lui prêt
rive ce qu'il doit faire , qu'elle corn*
nande au lieu de prier, qu'elle accepte
lU lieu de remercier , qu'elle règle le
lontbre & le tems des vifices ^ qu'elle
ui défende de venir jnfqu'à cel jour
i^ de refter pa(fé telle heure. Tout cela
\t fe fait point par jeu ,. mais très-
érieufement, & fi eil« accepta ces
Iroits avec peine , elle en ufe avec une
i^eur qui jéçluit fouvent le pauvre
Smile au regret de les lui avoir don*
lés. Mais quoi qu'elle ordonne , il ne
éplique point, & fouvent en partant
>our obéir, il me regarde avec des
eux pleins de joie qui medirent:vou8
oyez qu'elle a pris poiTelFion de moi.
Cependant rorguellleufe rubferve en
leiTous , & fouric en fecrec de lafierté
le fon efolave,
Albane & Raphaël , prêtez.- moi le
C 4
I I
tBrc. Ayez fedeme
bles , des amcs ho
errer votre imagina
fsr les tranfpons de
qui foas les yeux de
leurs guides , fe iiv
la doQce ilîu&oa qui
rîTreiTe des defirs s*:
▼ers le terme , entre
de guirlandes llieu
les unir jufqu'au toi
gcs charoiantes m'ei
je les raflèmUe C
fuite , le délire qi
m'empécke de les ii
qui a un cœur , &
^re en lui-même le
des iîniacions diver(
mère , de la fîUe , ci
l'Elevé , & du cono
L' I V R E V. s:
commence à fendr le prix des talens
agréables qu'il s'eft donnés. Sophie
aime à chanter , il chante avec elle ;
il fait plus , il lui apprend la mufique.
Elle eft vive & légère, elle aime à
fauter, il danfe avec elle ; il change
fes fauts en pas, il la perfectionne.
Ces leçons font charmantes , la gaieté
folâtre les anime , elle adoucit le timi-
de refpedt de Tamour ; il efl permis à
un amant de donner ces leçons avec
volupté ; il eft permis d'être le maître
de fa maitreHe.
On a un vieux clavecin tout déran-
gé. Emile l'accommode & Taccorde.
Il eft (àdteur , il e(l luthier auffi-bien
que menuilier ; il eut toujours pour
maxime d'apprendre à fe palier du
fecours d'autrui dans tout ce qu'il pou-
voit faire lui-même. La maifoneft dans
une (ituation pittorefque , il en tire diu
férentes vues auxquelles Sophie a quel-
quefois mis la main, & dont elle orne
le cabinet de fon père. Lès cadres n'en
font point dorés & n'ont pas befoin
de l'être. En voyant deffiner Emile, en
l'imitant, elle fe perfeétionne à fon
exemple, elle cultive tous les talens ,
& fon charme les embellit tous. Son
père & fa mère k rappellent leur ai;*
c s
firs qu'ils n'y rflfTexnblo
qu'à force d'argent & d'e
Comme Tidolàtre enr:
fors qu'il eftime l'objet <
& pare fur l'autel le Die
l'amant a beau voir fa
fEiite , il lui veut fans c<
nouveaux ornemens. El
feefoin pour lui plaire; n
lui de la parer : c'eft un
jnage qu'il croit lui rei
fiouvel intérêt qu^il do
de la contempler. 11 li
rien de beau n'eft à (a f
n'orne pas la fupréme b
fpeétacle à la fois touch
de voir Emile empreffii
Jîi n.:<
L I V B. B V. ç9
elle ; il regarde comme inutile tout
Tacquis qu'il ne peut point étaler à ies
yeux : il rougît pcefque de favoir quel-
que chofe qu'elle ne fait pas.
Le voilà donc lui domiant leçon de
philorophie , de phyCique, de mathé-
matique , d'hiftoire y detout en un mot*
Sophie fe prête avec plaidr à fpn zèle
& tâche d'en profiter. Quand il peut,
obtenir de donner (es leçons à genoux,
devant elle, qu'Emile eft content ! Il
croit voir les Cieux ouverts. Cepeiv-
dant cette fituation plus gênante pour
Tecoliere que pour le.maicre., n'eft pas
la plus, favorable à l'inflrudion. L'on
ne fait pas trop alors que faire de Tes
yeux pour éviter ceux qui. les pourfui-
vent , S quand ils fè rencontrent la
leçon a'en va pas mieux.
L'art de penfer n'edpas étranger aux
femmes, mais elles ne doivent faire
qu'effleurer les (ciences de raifonne-
ment. Sophie conçoit tout & ne re-
tient nas grand' choie. Ses plus grands
Î|rogres font dans la morale &'Ies cho-
es de goût ; pour la phyfiqiie , elle
n'en retient que quelque idée des T^ix.
générales & du fyftéme du monde ;
quelquefois dans leurs promenades en
contemplant les merveilles Hfi la N^
C6
^^jAKJi i ucux amans da
rage emploient leur tête
1er de Religion ! Us palTt
à dire leur catéchifme ! <
vîlîr ce qui eft fublinie \
dpute , ils le difent dans
les charme ; ih fe voient
s'aiment, ils s^entretienn
thoufiaCme de ce qui donne
vertu. Les facrifices qu'il
kur rendent chère. Dan
ports qu'il faut vaincre,
quelquefois enfemble des
pures que la rofée du Ci
douces larmes fontPencha
leur vie ; ils font dans le
nant délire qu'aient jama
des âmes humaines. Les
t 1 V R E V. *l
diflentions , même des querelles ; la
jnaitreiTe n'ell pas fans caprice , ni Ta^
mant fans emportement ; mai? ces pe«
tits orages pafTent rapidement & ne
font que raffermir Funion ; Fexpérience
même apprend à Emile à ne les plus
tant cramdre , les raccommodemens
lui font toujours plus avantageux que
les brouilleries ne lui font nuifibles.
Le fruit de la première lui en a fait et
pérer autant des autres ; il s*eft trompé :
mais enfin , s'il n'en rapporte pas tou-
jours un profit auffi fenfible , il y gagne
toujours de voir confirmer par Sophie
l'intérêt fmcere qu'elle prend à foft
cœur. On veut favoir quel eft donc ce
Ï>rofit. J'y confens d'autant plus Vo-
ontîers que cet exemple me donnera
Keu d'expofer une maxime très-utile ,
& d'en combattre une très'-funefte.
■ Emile aime ; il n'eft donc pas témé-
raire ; & l'on conçoit encore mieux
que l'impérieufe Sophie n'eft pas fille à
lui pafTer des familiarités. Comme la
fagefle a fon terme en toute chofe , on
la taxeroit bien plutôt de trop de du-
reté que de trop d'indufgence , & fon
Îîere lui-même craint quelquefois que
on extrême fierté ne dcgénere en hau-
teur.. Dans les tête-à-tête les plus fe^
droit , à peine ofc-t-il ,
ibupirant, preller ce
poitrine. Cependant ,
eue contrainte , il fc l
fiirtivement fa robe , i
il eft affez heureux pou
bien ne s'en pas apperc
qu'il veut prendre un
tement la même liberté
le trouver très-mauvatî
elle s'irrite , le dépit lu
mots piquans ; Emile
pas £ans réplique : le r
Safle en bouderie , &
'ès-mécontcns.
Sophie eft mal à for
cft fa confidepte; com
roit-elle fon chagrin ? C
brouillerie ; & une b
Kpiire eft une fi erande
L I V R E V. 6%
avfli dans la même chambre : Emile
entre avec refpedt, mais d*un air trille.
A peine le père & la mère Tont-iU fa-
lue , que Sophie fe retourne ; & luî
préfentant la main , lui demande , d*un
ton careifant ^ comment il Te porte. Il
cft clair que cette jolie main ne s'avance
ainft que pour être baifce : il la reçoit
(k ne la baife pas. Sophie , un peu
honteufe , la retire d'auûi bonne grâce
qu'il lui eft poflible. Emile , qui n'eit
pas fai£ aux m^ieres des femmes , &
qui ne fait à quoi le caprice eil bon ,
ne l'oublie pas aifément , & ne s'ap-
paife pas fi vite. Le père de Sophie la
vo/ant embarrafTée , achevé de la dé-
concerter par des rsilleries. La pauvre
fille , confufe , humiliée , ûe fait plus
ce qu'elle fait , & donneroit tout au
inonde pour ofer pleurer. Plus elle fe
contraint , plus fon cœur fe gonBe ; une
larme s'échappe enfin malgré qu'elle en
ait. Emile voit cette larme , fe prcci-
J)ite à fes genoux , lui prend la main ,
a baife plufieurs fois avec faîrilTement.
Jtta foi , vous êtes trop bon, dit le père
en éclatant de rire ; i'aurois mains d'in- .
dulgence pour toutes ces folles ^ & je
punirois la bouche qui m'aurolt oiFenfé,
^mile ^ enhardi par ce difcours > tourAe
fauvcr la bouche , expofe
rofes. L'indifcret ne s'en c
on réfifte foiblement. Qui
n'ctoic pas pris fous les
mère ! Scvcrc Sophie , pi
TOUS : on vous demandera
tre robe à baifer , à condii
la lefuferez quelquefois.
Après cette exemplaire
pere foit pnur quelque afi
envoie Sophie fous quel(
puis elle adrelTe la paroi
lui dit d'un tun ajfez férî
„ fieut , je crois qu'un
„ aulTi-bien né , aufli-I
„ vous , qui a des (en
„ mœurs , ne voudroit
■'-'•'•'"'"»" r d'une (âr
L I V R 1 V. ^6
3rife , & les libertés qu'on prend
i d'eux en abufant de leur con«
ce ^ & tournant en pièges les
nés faveurs qui , fous leurs yeux ,
ont qu'innocentes. Il vous dira,
nGeur, que ma fille n'a eu d'au-
tort avec vous , que celui de ne
voir ,- dès la première fois , ce
ïlle ne de voit jamais fouffrir : il
s dira que tout ce qu'on prend
r faveur, en devient une, &
1 eft indigne d'un homme d'hon«
r d^abufer de la fimplîcité d'une
ne fille , pour ufurper en fecret
mêmes libertés qu'elle peut fouf-
devant tout le monde. Car on
ce que la bienféance peut tolé-
en public ; mais on ignore où
réte dans l'ombre du myftere ,
li qui fe fait feul juge de fes fàn«
ies „.
'es cette jufte réprimande , bien
idrefTée à moi qu'à mon Élevé ,
fage mère nous quitte , & me
dans l'admiration de fa rare pru«
I y qui compte pouiL peu qu'on
devant elle 1^ bouche de faillie ,
: s'effraye qu'on ofe baîfer fa robe
rticulier. En réfléchiffant à la fo*
nos msiximes , ^ui facrifient tou«
i
•pVûVldés font dau»!
^e ceux qui les or
lM)nnêtes. ,
En pénétrant , a c
cœur dEmile , des d.
dû plutôt lui di«cr
réflesion nouve.le,
le plus d'honneur a
me garde pourtant l
ou et à Can anant.
eue cette fretendi
Kproche.neftqu»;
fa«e pour fc gara:
Avant le malheur c
pcrament coïnbnhJ
première étincelle .
fon pouvoir, te
...•„!i<. t-n fevere ;
L I V R E V. 67
craint plus d'ea faire à autrui i
ft-ce qui a moins de prétentions
it genre , hors la vertu f Encore
.e pas de fa vertu qu'elle eft fiere ,
e Teft que pour la conferver ; &
elle peut fe livrer fans rif^ue aa
ant de fon cœur , elle carefTe
k fon amant Mais fa difcrete mère
t pas tous ces détails à fon père
: les hommes ne doivent pas
avoir.
n même qu'elle femble s'enor-
ir de fa conquête , Sophie en eft
ue encore plus affable, & moins
inte avec tout le monde , hors
;tre le feul qui produit ce chan*
it. Le fentiment de l'indépen-
n'enfle pas fon noble cœur. Elte
phe avec modeftie d'une vidloire
i coûte fa liberté. Elle a le main*
loins libre & le parler plus timi*
depuis qu'elle n'entend plus le
'amant fans rougir. Mais le con*
rient perce à travers fon embar-
Sc cette honte elle-même n'elt pas
ntiment ftcheux. C'eft fur - tout
es jeunes furvenans que la difFé-
de fa conduite eft le plus fenfi*
)epuis qu'elle ne les craint plus ,
Une réfervc qu'elle avoit avec eux
i
toujours afTez ai
qui ne lui feront
Si le véritable
de coquetterie ,
Toir quelques tr;
dont Sophie fe c
préfence de fon a
non contente de
elle J'embrafe pa
de réfetve & de c
fichée encore d'i
fion par un peu i
roît qu'égayant à
tes, elle deftîne
les grâces d'un en
avoir avec lui :
attentive, trop b(
i qu'il ne foit jamais alTez en*
.>
^uel efFet,ce pedt manège fera,
imite ? Sera - 1 - il jaloux , ne
t - il pas ? C'eft ce qu^l faut
r ; car de telles digreffions en-
(fi dans Tobjet de mon livre i
ignent peu de mon fujet
fait voir précédemment corno-
ns les chofes qui ne tiennent
linion, cette paillon s'intrpduit
cœur de l'homme^ Mais en
'e^ autre chofe ; la jalouGe pa-
8 tenir de fî près à la Nature" ,
bien de la peine à croire qu'elle
;nne pas , & l'exemple même
naux, dont plu fieurs font ja«
qu'à la fureur , femble établir
lént oppofé fans réplique. E(U
lion des hommes qui apprend
s à fe mettre en pièces ^ &
reaux à fe battre jufqu'a la
fiori contfe totat eequt trouble
it noi'plaifîrs eftun mouvement
cela èft încontcftable. Jufqu'à
)oint le defir -de pofTéder exclu.
t ce qui rtoiîs plak eft encore
même cas. Maïs quand ce do-
lu paflioh & transforme en fiu
i
L'exemple tire
devant examiné <
rinégalité ; & ma
chis d« nouveau .
roit affez folide
les Lecteurs. Taji
diftia^ons que
écrie, que la jal
nature tient bea
du fexe , & que
eft ou parok étr
louGe eft à fon
alors mefurant
foiis , ne peut ;
mâle que coinm<
tent. O^ns ces ra
les obéiCfont tov
r^^M,<*Mfc
Ir I ;V R r V. TiC
iâonné, fe rcfuTe communément à touc
autre , & le mâle ayant pour garant de
fa fidélité cette affedion de prcKcrence
s'inquiète aufli moins de la vue des au-
tres Diàles, & vie plus paifiblement
^vec eux. Dans ces efpeces le mâle
partage le foin des petits , & par une
de ces loix de la nature qu'on n'ob-
Ferve point fans auendriifement , il
fenible que la femelle rende au père
rattachement qu'il a pour fes enfans.
Or ■) à confidcxer Tefpece humaine
dans fa f:mplicicé primitive, il ei^ aifc
de voir par la puiiTance bornée du
mâle , & par la tempérance de fes de-
£rs , qu'il eil àeStïné par la nature à fe
contenter d'une feule femelle ; ce qui
fe confirme par régalité numérique
des individus des deux fexes , au moins
dans nos climats \ égalité qui n*a pas
lieu , à beaucoup prè^ ^ dans les efpe*
ces où la plus grande force des mâles
réunie plufieuis femelles à uafeul. Et,
bien que Thomme ne couve pas comme
le pigeon, & que, n'ayant pas non
plus des mamelles pour allaiter, il foie
a cet égard dans la claiTedes quadrupè-
des ; Its enfans font fi long-tems rare-
l>aiis & foiblea » que la mère & eux fc
«I-
donc i pTouver qo
des mâles dans quel
maux ne conclue
l'homme ; & l'exccp
mats méridionaux i
établie 1 ne fait qin
le principe , puifqi
lité des femmes, qi
que pr^ution de«
fentiment de fa pr
l'homme à recouri
pour éluder les loi?
Parmi nous , o&
etla moin éludée
fens contraire & pi
fie a fon motif dai
les , plus que -dar
Tianç ta Dtupaft de
L I V R E V. 7?
mes fidiffimulécs fis ), & ont fi fort
allumé leurs appétits, qu'on peut à
peine compter fur leur attachement le
mieux prouvé , & qu'elles ne peuvent
plus marquer de préférences qui raffu-
rènt fur la crainte des concurrens.
Pour l'amour véritable , c'eft autre
chofe. J'ai fait voir dans l'Ecrit déjà
cité » que ce (èntiment n'eft pas aufTi
naturel que Ton penfe; & il y a bien
de la différence entre la douce habi-
tude qui affedtionne Thomme à fa com-
pagne , & cette ardeur effrénée qui Ten-
ivre des chimériques attraits d'un objet
qu'il ne voit plus tel qu'il eft. Cette
paflion , qui ne refpire qu'exclu fions
& préférences , ne diffère en ceci de
la vanité , qu'en ce que la vanité exi-
geant tout & n'accordant rien , efl tou-
jours inique; au lieu que l'amour don-
nant autant qu'il exige , eft par lui-
même un fentiment rempli d'équité.
( i^ ) L^efpece de diflïmulation que j'entends
ici , eft oppofée à celle qui leur convient & qu'el-
les tiennent de la Nature ; Tune confifte à dé-
suifer les fentimenc qu'elles ont, & Tautre à
mndre ceux qu'elles n'ont pas. Toutes les fem-
mes du monde paflent leur vie à faire trophée
de leur prétendue fenfibilité , & n'aiment janiiits
ricJi qu'elles - mêmes.
ijRile.. Tome. IV. D
l'amoui t.. ...,-
fiante ; & jatnari l'amo
n'exilta dans un ctcur I
^ue nul n'aime dans ce
Kl qualités dont il fait
Tout ceci bien ccU
dire ï coup fûr, de tjui
ioufie Emile fera capab
peine cette pafilon •-)
dans le coeur hamain ,
terminée aniquement
Emile amoureux & jair
colère , ombrageux , n
licat. fcnfible ftcraii
«lamé qu'irrite; il
plus à gagner fa malt
fier toa tirai ; ï) I ec:
comme un obftacle , (
L I V R B V. yj
eft dans te fiiccès , il redoublera
ins pour fe rendre aimable, &
biement il réuflira. La généreufe-
e^ en irritant fon amour par
lies alarmes , faura bien les ré*
l'en dédommager ; & ces con-
18, qui n'étoient foufierts que
le mettre à répreuFe , ne tarde-
MIS d'^dre écartes.
Is où me (èns - je infenfiblement
né ? O Emile ! qu'es-tu devenu?
e reconn<^tre en toi mon Elevé l.
»ien je te'vois déchu ] Où eft ce
homme formé fi durement, qui
it les rigueurs des faifons , qui
t fon corps aux plus rudes tra»
I & fen ame aux feules loix de la
s ; inacceflîble aux préjugés , aux
ns ; qui n'aimoit qire la vérité ,
le cédoit qu'à la raifon , & ne
: à rien de ce qui n^étoit pas lui ?
senant amolli dans une yie oifive,
laide gouverner par des fem*
leurs amufemens font lès occu»
is , leurs volontés font fes loix ;
eune filie eft l'arbitre de fa defti.
il rampe & flédiit devant elle ;
ve Emile dk le jouet d'un enfant 1
l eft le changement des ftenes de
i chaque ftfe a fesfeflbrts qui le
par l'avarice : quand i
f rés ia fageflc ? Heui
y conduit maigre lui
quel guiiJe on fc fct'
le mené au but ? Le
ges eux - mêmes ont
à la fûibleffe humaîi
les doigts ont caffé di
fut pas pour cela moi
Voiilex vous étend
tiere i'effetd'unehcu
Prolongez durant la ;
ncs habitudes de l'et
votre Elevé eft ce qu
tes qu'il foit le mér
tems. Voilà ladcrniei
vous refte à donner
C'cft pour cela fur-tt
L. I V » B V. '77
n eft grand , on doit renoncer à
oe qu'on feifoit étant petit. Si cela
, à quoi ferviroît de foigner Ven-
s y puifque le bon ou le mauvais
3 qu'on en feroit s'cvanouiroit
elle, & qu'en prenant des ma-
is de vivre abfolument différentes ^
)rendroit nccefifairement d'autres,
is de penfer ?
)nime il n'y a que de grandes ma-
;s qui fafTent folution de contl-
: dans la mémoire , il n'y a gueres
de grandes pafTions qui la faitent
les mœurs. Rien que nos goûts &
inclinations changent , ce charige-
c , quelquefois affez brufque , eit
ici par les habitudes. Dans la fuc-i
^n de nos penchans , comme dans
bonne dégradation de couleurs,
lile Artifte doit rendre les paffages
Tcepcibles , confondre & mêler les
es , & pour qu'aucune ne tranche ,
:endre plufienrs fur tout fon tra«
Cette règle eft confirmée par Tex-
;nce : les gens immodérés chan-
tous les jours d'affedions , de
s , de fentimens , & n'ont pour
; conftance que l'habitude du chan-
înt ; mais l'homme réglé rcvieiH
>urs à fes anciennes pratiques , Sz
vent point en mépris
cédé \ qu'en contraj
tnciennf«,.&q«^«
faire ce qm cft oie
tems 00 as ont coia
Icmcnt vous aurei Iî
E, & volis ferez te
de leurs jours : y
plus à craindre , cï
lequel vous veillez»
on le regrette tcuû
cilement dans la lu
» a conferves : ai
font interrompus ,
de la vie.
La plupart des
croyez faire conti
aux jeunes Rçns
!l;«hles habitue
L 1 V s i y. 7^
ts. B n'tn eft pas aînfi d'Emile , qui
n'ayant rien £àh dans fon enfance que
volontairement & avec plaifir , ne fait ,
€n continuant d*agir de même étant
homme , qu'ajouter l'empire de Thabi-
tude aux douceurs de la liberté. La
vie aâive , le travail des bras , Texer-
cice y le mouvement lui font tellement
devenus néceflaires , qu'il n'y pourroit
renoncer fans fouffrir. Le réduire tout-^
à-coup à une vie molle & fédentaire ,
feroit Temprifonner , Tenchalner, le
tenir dans un état violent & contraint ^
je ne doute pas que fon humeur & fa
ianté n'en fuflent également altérées.
A peine peut-il refpirer à fon aife dans
une chambre bien fermée; il lui faut
le grand air, le mouvement , la fatî-
gue. Aux genoux même de Sophie , il
ne peut s empêcher de regarder quel-
quefois la campagne du coin de l'œil ,
& de defurer de la parcourir avec elle.
Il refte pourtant quand il faut refter ;
mais il eft inquiet, agité ; il femble fe
débattre ; il refte , parce qu'il eft dans
les fers. Voilà donc , allez-vous dire ,
des befoins auxquels je Fai fournis, des
aflujettiflemens que je lui ai donnés :
&tout cela eft vrai; jeTai aiTujetti à
l'état d'homme.
phîes'cft.eltemifef
lentimenB qui font
de fon amant. L'efti
ja fiugalité , la Timp
défintéreffement , 1
& des richeffes. En
avant que l'amour
fées. In quoi don
tahienient changé ?
laiCons d'être lui ■ i
point où il foit di
cl oit.
Je n'imagine pa
vre avec quelque ;
p'jifTe croire que t
ces de la fituatîon
fuient ainfi ralTem
par hazard. Eft-ce
vnifs fo'trniHant ■
L r V R E V. gi
V^ht loger dans le même lieu ? Eft - ce
par hazard qu'il ne trouve un afylc que
îî Içih^d'elle ? Eft*ce par hasard qu'il la
Toit fi rarement, & qu'il eft forcé d'a-
dheter par tant de fatigues le plaifir
ée la voir quelquefois ? 11 s'efFémine ,
dites - vous ? 11 s'endurcit , au contrai-
re ) il faut qu'il foit auffi robufte que
je l'ai fait , pour réfifter aux fatigues
4ue Sophie lui fait fupporter.
Il loge à deux grandes lieues d'elle.
Cette diftance eft le foufflet de la forge ;
C'eft par elle que je trempe les traits
de l'amour. S'ils logeoient porte à
porte , ou qu'il pût l'aller voir molle-
ment aftis d^ns un bon carroHe , il
l'aimeroit à fon aife , il l'aimeroit en
Parifien. Léandre eût-il voulu mourir
pour Héro , fi la mer ne Teût féparé
d'elle ? Ledteur , épargnez - moi des
jsaroles v fi vous êtes fart pour m'enten-
dre , vous fuivrez allez mes règles dans
ines détails. . « ^
- Les premières fois que nous fommes
tllcs voir Sophie , nous avons pris des
chevaux pour -aller plus vite. Nous
trouvons cet expédient commode , &
3i- la cinquième fois nous continuons de
prendre des chevaux; Nous étions at-
tendus ; à plus d'une demi - li^ue de U
D s
cneraui ; le lien c
bre , il s'écliippe
jelefuu, jerattei
«amené. Malhean
peur des chevaux ,
d'elle. Emile ne voi
l'avertit à l'or^lle
lailTé prendre à ron
tout honteux , pren
ea arrière : il eft ji
foo tour. Il part I
débarrafTer de nos
ûnt ainfi Sophie i
trouve plus le i^ev;
commode. Il terier
rencontte à moitîi
Au vovage fuivai
plus de (scvaui. Pi
L I V R ï V. S}
ftoble horpîtalité de rindigence. Lçs
TÎchcs , avares dans leur faftc , ne lo-
gent que leurs amis : mais Jes pauvres
logent «ufTi les chevaux dé leurs amis.
Allons à pied , dit-il \ n'en avez - vous
pa3 le courage , vous qui partagez d(B
f] bon c<sur les fatigans plaifirs de vo.
tre enfant ? Très-volontiers , reprends*
jf i rinftant ; aulfi bien l'amour , i ce
qu'jl me îembl^ » ne yçut pas être fait
9vec tant de bruit.
£n apprpcbant , nous trouvons la
mère îk. k fille plus loin çncore que
la preiQJ^rç fois, NouiS fommes venus
CPinme un trait* Emile eft tout en nage :
.une main cbérie daigne lui paiTer u;i
mouchoir fur les j<Hje6. Il y aurpit bien
4ç$ chçvftux au tponde , avant que
OPMS f^ffipjofi déformais tentés de nous
enfervir.
Cependant il eft affez cruel de ne
|)p0VQir jamais pafler la foirée enfem*
Me. L'été s*avance , les jpurs commen-
cent i diminuer. Quoi que nous puiil
fions dire , on ne îiqus permet jamais
de nous en retourner de ni^it , .& qi^anid
noua ne venons pas dès le matin , jl
fiiui çrçfque r-epaf tir aufTi-tât qu*pn ejl
jurivé. A force de nous pùiodre & de
flnquiéter de aouâ^la mère penfe enfio
î«;=i &ïop"),°,
"n peu pins f,
5» 'Ile a tronvi
;e dm plus , .
"e ? H mV„-„,
.'"'/'«tolrâtres
11 lait bien que /e
fes intérêts. Aaref
'.M'"}!' »« répai
,S»8urt,n ttj,, '..'
L rv R É V. a
kux règles que je lui dide en fccrec.
• Un jour qu'il eft allé feul , & que je
ne l'attends que le lendemain, je le
vois arriver le foir-mcme , & je lu! dis
en l'embrafTanc ; quoi ! cher Emile , tu
reviens à ton ami ! Maii au lieu de
répondre à mes carefles , 9 me dit avec
bn peu d'humeur ; ne croyez pas que
je revienne fi-tôt de mon gré , je viens
malgré moi. Elle a voulu que je vinfTe ;
je viens p(>ur elle & non pas pour vous.
Touché de cette naïveté , je rémbraffe
derechef, en lui difant ; ame franche,
ami fmeere , ne me dérobe pas ce qui
m'appartient. Si tu viens pour elle ,
'c'eft pour moi qve tu le dis ; ton re«
tour eft fon ouvrage : mais ta franchife
eft le mien. Garde à jamais cette noble
rcandeur des belles âmes. On peut laiC-
fer pcnfcr aux îndifFérens ce qu'ils veu-
lent : mais c^eft un crime de fouffrir
^qu'un ami. nous faHe un mérite de ce
que nous n'avons pas fait pour lui.
Je rtie garde bien d'avilir à fes yeux
le prix de cet aveu , en y trouvant plus
*d'amour que de générofité , & en lui
* difant qu'il veut moins s'ôtcr le mérite
•de ce retour ," que le donner à Sophie;
"Mais Voici comment il me dévoile le
4(nid*dê*fott cœur fans y loDgier :<s'ilcft
On voit par et
jeane homme el
fa vie auprèt de
atinnt qu'il von
deux par feinaint
fioiii qu'il icqait
vent d'une Teulc à
dentrareiaencauli
bien pigs de tenis
ou i Te tèliciter de
voir en efiet. Dans
doiiDe à fei voyaget
auprès d'elle qu'à i
i'çn éloigner. Se» p
délicieux . , oiait me
naires , irritent foo
Bcr Ton œur.
les jowri qu'il n
n'cfi pM otfif & fédi
li , c'«4 Emile •"•-
à» »—
L I Y R E V* 87
tra? tui qu'il voit à ceux qu'il connçit ;
ij cherche les raifons des difFérences ;
quand il juge d'autres méthodes préfé-
rables à celles du lieu , il les donne
MX cultivateurs ; s'il propofe une
meilleure forme de charrue , il en fait
fkire fur fes deflins; s'il 'trouve une
carrière de marne , il leur en apprend
l'ofage inconnu dans le pays ; (ou vent
il met lui-même la main à Tœuvre; ils
Ibnt tous étonnés de lui voir manier
leurs outils plus aifément Qu'ils ne
fcrnt eux-mêmes , tracer des filions plus
g'ofonds & plus droits que les leurs ,
mer avec plus d'égalité , diriger des
ados. avec plus dlntelligence. Ils ne fe
moquent pas de lui comme d'un beau
difevr d'agriculture ; ils voient qu'il la
fait en effet. En un mot il étend font
;Kle & fes foins à tout ce qui eft d^utî^
lité première & eénërale ; même il ne
«'y borne pa«. Ilvifite les maffens d«a
eyfiins, s'informe de leur état, de
irs familles , do nombre de kura
cnfiins, de la quantité de leurs terres 9
àe la nature du produit , de leurs dé-
bouchés , de leurs focultés , de leurs
charges^ de leurs dettes , &c. 11 donne
]>ev d'argent <• fâchant aue pour Pot»
idkudre H eft mal employé i mais & ea
Al laiL relever ou cou\
à demi tombée , à V:
cher fa terre abandi
moyens , à Tautrc il fo
tin cheval , du bétail i
la place de celui qu'il
Toifins font près d'ent;
les gagne , il les accomi
tombe malade^ il le F.
ibigne lui-même ( i6 ,
vexé par un voifin puî
tege & le reconimand
Î'eunes gens fe recherc
es marier ; une bonne
fou enfant chéri , il v
(16) Soigner un payfan n
le puit^er , lui donner des dr
vn Chirurgien. Ce n^eft pas
befoin ces pauvres gens dans 1
de nourritïirp tw-
Livre "V. tf
«Oflfole , il ne fort point aufli-tôt qu'il
cfi entré ; il ne dédaigne point les in-
cLigens , il n'eft point preifé de quitter
les malheureux ; il prend fouvent Ton
repas chez les payfans qu'il afiiile , il
l'accepte aufli chez ceux qui n'ont pas
befoin de lui ; en devenant le bien*
iaidteur des uns 6c Tami des autres. /, il
ne cefTe point d'être leur égal. Enén ,
il fait toujours de fa perfonne autant
de bien que de fon argent.
Quelquefois il dirige fes tournées du
côte de l'heureux fejour : il pourroit
efpérer de voir Sophie à la dérobée ,
de la voir à la promenade fans en être
vu. Mais Emile eft toujours fans dé^
touj dans fa conduite , il ne -fait & ne
veut rien éluder. II a cette aimable dé-
licatefTe qui flatte & nourrit l'amour-
propre du bon témoignage de foi. il
garde à la rigueur fon ban , & n'ap-
proche jamais aHez pour tenir du ha-
iKard ce qu'il ne veut devoir qu'à So-
phie. En revanche il erre avec plaifir
ilans les environs, recherchant les tra-
ces des pas de fa mairreife , s'atten-
driflant fur les peines qu'elle a prifcs.
& fur les courfes qu'elle a bien voulu
&Jre par complaifance pour lui. La
yeilU dçs. jours qu'il doit la voir^ U
(^^> «ielaeréne.
ft^fiot volontieit Jmi
«ompliment , n'en ei
foin qui VuAt- '. «>^
SI» J»i l'»ttlfe ; Vrf
Vte fille ponr^tte mol
sotie eft de rëcofr d
JfBwwgMtpenrTOli
M de crème oé k «
Ht treiBpé»
ApràpofdegAMau]
}«J ft« «tacîennee o(
n lemliqnAt on eoK
JwofeVUifcftooarirw
2*«««»Vdpond.ajje«
l 1 V K s V. f s
, & pour mieux imiter les ancien»
: , en met un gàttau fur le but ;
nin Te tient prêt ; le papa donne le
il en frappant des mains. L^agile
le fend Pair , & fe trouve au bout
I carrière qu*à peine mes trois louN
L8 font partis. Emile re<^oit le prit
mains de Sophie , & non moins
sreux qu'Enée , iàit des préfena à
; les vaincus.
U milieu de l'éclat du triomphe,
hie ofe défier le vainqueur , & fe
te de courir aufli-bien que lui. II
refufe point d'entrer en lice avec
; & , tandis qu'elle s'apprête à Ten.
! de la carrière , qu'elle retroufTe fa
t des deux côtés , & que , plus eu*
ife d'étaler une jambe fine aux yeux
mile que de le vaincre à ce combat ^
regarde fi fes jupes font aflez cour*
, il dit un mot à Toreilie de la mère ;
fourit & fait un figne d'approba*
L'*I1 vient alors fe placer i c6té de
concurrente , & le fignal n'eft pas
tôt donné qu'on la voit partir &
»r comme un oifeau.
>es femmes ne font pas faites pouf
rir ; quand elles fuient , c'eft pou^
i atteintes. La courfe n'eft pas la
le chofc qu'elles Jbflent miUadroite»
jucbées , les for
faiiterelks qui v
£111 ter.
Emile n'imagit
coure mieux qu'
daigne pat fouîr
partir avec un fc
Sophie eft léger
bas ; elle n'a M!
paroitre avoir le
Tes devans d'uni
pour atteindre (
te, il n'a que
quaiid il l'appert;
11 part donc à
l'aigle qui fond ï
fuit, ia talonne
eiToufflée, pafle
gauche autour c
une plume, &
L I V R B V. 9t
ces occupations diverfes fe joint
du métier que nous Hvons apprît,
loîns un jour par femaine , & tous
où le mauvais tems ne nous per-
pas de tenir la campagne , nous
iS Emile & moi travailler chez utl
•e. Nous n'y travaillons pas pour la
e , en gens au-delTus de cet état ,
tout de bon & en vrais ouvriers,
crc de Sophie nous venant voir
trouve une fois à l'ouvrage, &
anque pas de rapporter avec ad«
ion à fa femme & à fa fille ce qu'il
. Allez voir , dit - il , ce jeune
ne à Tattelier , & vous verrez s'il
ife la condition du pauvre ! On
imaginer fî Sophie entend ce dit
avec plaifir ! On en reparle , ont
roit le furprendre à Touvrage.
le quedionne fans faire femblane
;n , & après s'être afTurées d'uiï
s jours , la mère & la fille pren<^
une calèche & viennent à la ville
Jmc jour.
entrant dans Tattelfer Sophie ap.
it 4 l'autre bout un jeune homme
le , les cheveux négligemment at«'
5 , & fi ocoupé de ce qti'il fait*
ne la voit point ; elle s'arrête &<
pe à fa mère. Emile ua . cifeaii.
chef; c'cftlui
qui teçignetc
Toilà l'homme.
' Tandis qu'el
fcrver , je les
par la mandi
voit, jette Tei
un cii ck joie ;
premiers tranf]
reprend fon ti
pCDt refter alCl
vacité , parce
les fnitils , tou<
tamafle des c
garde à nos m
aime w métie
La folâtre elTai
De fa biancii
pdufletn rab
L I V R E V. * 9f
Cependant la mère queftionne lo
IHaicre. Monfieur ^ combien payez- vous
ces garqons là i Madame , je leur donne
A chacun vingt fols par jour & je les
nourris ; mais fi ce jeune homme vou«
loit il gagneroit bien davantage ; car «
C^eft le meilleur ouvrier du pays. Vingt
ibis par jour, & vous les nourriflez !
dit la mère en nous regardant avec
attendriflement Madame, il eft ainfi ,
Tcprend le Midtre. A ces mots elle
court à Emile , l'embrafle , le prefle
contre fon fein en verfant fur lui des
larmes , & fans pouvoir dire autre cho*
le que de répéter plufieurs fois ; mon
fils ! A mon fils !
Après avoir paflfé quelque tems &
CEitirer avec nous, mais fans nous dé*
tourner : allons-nous en , dit la mère à
la fille ; il fe &it Urd , il ne faut pas
nous faire attendre. Puis s'approchant
d*Emile , elle lui donne un petit coup
fur la ioue en lui difant : Hé bien , bon
ouvrier , ne voulez- vous pas venir avec
nous t II lui répond d'un ton fort trifl
te , je fuis engagé , demandez au Mal«
trc. On demande au Maître s'il veut
bien fe pafTer de nous. 11 répond qu'il
«e peut. J'ai , dit-il , de Touvrage qui
preue & qu'il fitut rendre après4e«
^! mis. La mère ne rc
1 attend qu'Emile parl<
f tête & fe tait Monfie
peu fu Tarife de ce file
rien à dire à cela ? E
drement la fille & ne
mots; vous voyez fa
je relie. Là - delTus le
& nous laifTenL Emil
jufqu'à la porte , les
tant qu'il peut, fou[
mettre au travail fan
En chemin , la nu
fa fille de la bizarrer
Quoi ! dit-elle , ctoi
contenter le Maître
de refter , & ce jeur
digue qui verfe Targc
n'en fait-il plus trou
fions convenables ? (
L I V R K V. 97
fais qu'il dédommageroît aifcment Tou-
vrier du léger préjudice que lui caufe*
rott fon abfence ; mais cependant il
ïifferviroit fon ame aux richcffes , il
s'accoutumeroit à les mettre à la place
de Ces devoirs , & à croire qu'on eft
dtfpenfé de tout pourvu qu'on paye.
Emile a d'autres manières de penler,
ft j'erpere de n'être pas caufe qu'il en
change. Croyez- vous qu*il ne lui en
ait rien coûté de refter i Maman , ne
vous ,y trompez pas ; c'eft pour moi
qu'il relie ; je l'ai bien vu dans fes
yeux.
Ce n'eft pas que Sophie foît indul-
gente fur les vrais foins de l'ampur.
Au contraire , elle eft impérîeufe , exi-
geante ; elle aimeroît mieux n'être
Îoint aimée .que de l'être modérément.
lie a le noble orgueil du mérite qui
fe fent , qui s'eftime , & qui veut être
honoré comme il s'honore. Elle dé-
daigneroit un cœur qui ne fentiroit pas
tout le prix du fien > qui ne i'aiineroic
pas pour (es vertus, autant ;& plus que
pqur fes charmes;. un cœur qui ne lui
préfcrcroît pas Ton propre devoir , &
qui ne la jpréféreroît pas à toute autre
cho(è. Elfe n'a point voulu d'amant
qui ne connût de loi que la ficnae ;
Rnilc. Tome lY. £
.J^«<X droit
«« volontés , „;
LIT»» T. 99
lendenudn nacin. Le mefTagcinvient
accompagné d'an aoCie de notre part
qui fait nos excufei de -beuche & dît
que nous nous poitens bien. Un ma*
ment après noaa {nrolfTens nous- nté*
ines. Alors la Ibcoe change ; Sophie
«fluie Tes pleura , du fi «ileea veife,
ils font de rage. S»o coeur altier n'a
fis gagné à (% ntHum îat nom yie :
mile vie & s^ fait attendre inutile-
snent.
A notre arrivée «lie veut s'ei^rmer.
On veut qu'elle refte; H&titreAer ;
mais prenaiit il Cinfhint fon pvci, alUt
alï^âe un air tnuiquÔ}e & content qui
«n impoferoit i d'autres. Le père vienl;
au - devant de noas ft Ddns dit : toux
avez tenu vo) amîs en peine ; il y «
ici des gens qui ne v«ub le pardonne*
7ont pas aiféneot. Qui donc , mon
Fapa ? die Sojibie avec une mjuikfe dt
Iburire le plul gracicox qu'we.^ut^'
affe-aer. Q.oe row in^porW, répond ta
perc , pourvu çue ce qe feit rtri ïio'wst
Soi^ene te^qvepc^ A'bljRelet
yeux fur fon oqnMe. IJA tfitV non?
iei;oit d'un airfrela ^compote- EmU*
embarralTé n'm (tb^rdcr Sophie; EUc
lui parle la ^tioilfn; , lui ^c^andÂ
cMuneiit il ft pfM^ 1 Himtei t'aflpoic .
t -yai^s^^
la retire "^^"'^ ^liérem
^'rS mouSent in.
*l"f ^ vTnftant aux yeu
S^°f'fc contraint n
ftoirapP^^lJ^^ Jl tnc
V°"iKar^e moU
loi dit Pr„ i^nte & va.
t;Svind^<";;
tfeffrol la legarde a
îhc de Vengager a
lesftns,n'iy;:
Livre V. lot
ia colère , elle ne lui eût jamais paN
donné.
Voyant alors que c'cft mon tour , &
qu'il eft tems de s'expliquer ^ je reviens
k Sophie. Je reprends fa main qu'elle
.ne retire plus , car elle eft prête à fe
trouver mal. Je lui dis avec douceur :
chère Sophie , nous fommes malheu-
reux , mais vous êtes raifonnable &
jufte ; vous ne nous jugerez pas fans
nous entendre : écoutez- nous# Elle ne
répond rien , &. je parle ainii.
" Nous fommes partis hier à quatre
,, heures ; il nous étoit prefcrit d'arriver
5^ à fept, & nous prenons toujours plus
„ de tems qu'il ne nous eft nécerfaire ,
„ afin de nous repofer en approchant
,, d'ici. Nous avions déjà fait les trois
„ quarts du chemin quand des jamen-
„ tations douloureufes nous frappent
„ l'oreille ; elles partoient d'une gorge
„ de la colline à quelque diftance de
9, nous. Nous accourons aux cris ; nous
„ trouvons un malheureux payfan, qui
„ revenant de la ville un peu pris de
„ vin fur fon cheval , en étoit tombé
5, fi lourdement qu'il s'étoit caiTé la
„ jambe. Nous crions , nous appelions
„ du fecours , perfonne ne répond ;
^ sous elfayons de remettra le bleCTé
E i
récart , poB «
«inosbraS, nws
le portons w ■
_ fur la toQK <V
a, aUei *e7 lui.
-, il falut nous
„ Nous anivons
gas ; nous ti
r, prife ftmcte <
déjà la mB"Oi
„ que nous raj
peine , étoit
, fi cordialcme
', première «rri
' où MUS elic
'„ étions poiO'
'ment.
.. 11 n'avoit
Livre V. loj
i, pouvoît cfpércr aucun fecours ? Emi-
,, le prit le parti d'aller prendre le
„ cheval que nous avions laifle dans
^ le bois ) de le monter , de courir à
„ toute bride chercher un chirurgien
yy à la ville. 11 donna le cheval au
„ chirurgien , & n'ayant pu trouver
^, allez tôt une garde , il revint à pied
5, avec un doraeflique , après vous
^, avoir expédié un exprès ; tandis
„ qu'embarraiTé , comme vous pouvez
j, croire, entre un homme ayant une
„ jambe caffée & une femme en tra-
,, vail , je préparois dans la maifon
„ tout ce que je pouvois prévoir être
yy néceffaire pour le fecours de tous
,9 les deux.
5, Je ne vous ferai point le détail du
yy refte ; ce n'eft pas de cela qu'il eft
,, queflion. Il étoit deux heures après
^ minuit avant que nous ayons eu ni
„ l'un ni l'autre un moment de relà-
„ che. Enfin nous fommes revenus
^j avant le jour dans notre afyle ici
,, proche , où . nous avons attendu
„ Vheure de votre réveil pour vous
,, rendre compte de notre accident,,.
Je me tais (ans rien ajouter. Mais
avant que perfonne parle , Emile s'ap-
proche de fa maitrefle , élevé la voix ,
E 4
^irc oublier les ar
as me font plus fac
îc n'y renoncerai ja
Sophie , à ces m
pondre fe levé , lu
tour ducou, lui i
)a joue , puis lui t<
une grâce inimiw
Emîle , prends cet
toi. Sois quand tu
& mon maître. Je
cet honneur.
ApeineVa.t-e
père enchante ti
criant bis , bis , &
preffer lui donne
îur l'autre joue -, i
inftant, effrayée
vient de faire ^ e
• -_ a« fo mpre
t I V R E V. loç
fiuTOÎt trop loin pour aller voir ces
pauvres malades. Sophie ie defire, &
c'«ft une bonne! œuvre : on y va. On
les trouve dans deux lits féparés ;
Emile en avoir fait apporter un : on
trouve autour d'eux du monde pour
■les fouUger ; Emile y avoit pourvu.
JYlais au furplus tous deux font fi mal
en ordre , qu'ils foufFrent autant du
mal-aife que de leur état Sophie fc
fait donner un tablier de la bonne
femme, & va la ranger dans fon lit ;
elle en fait enfuite autant à Thamme ;
fa main douce & légère fait aller cher-
cher tout ce qui les bleflfe, $l fiiirc
pofer plus mollement leurs membres
endoloris. Ils fe fentent déjà foulages
à fon approche , on diroit qu'elle de-
irine tout ce qui leur fait mal. Cette
fille fi délicate ne fe rebute ni de la
mal-propreté ni de la mauvaife odeur ,
& fait faire difparoitre l'une & Tautre
fans mettre perfonne en œuvre , & fans
que les malades foient tourmentés. Elle
qu'on voit toujours fi modefte & quel-
quefois fi dédaigneufe , elle qui pour
tout au monde n'auroit pas touché du
bout du doigt le lit d'un hommes.,
retourne & change le blefle fans aucun
içnipule 9 & le met dans une fituation-
fV
dreire qu'il refcm
.■«te app'i'ï» 1^
femme & l',"""'
"aimable 6 le q'
Su Ciel que»,"»,
a la figure SU
^hioueeu'*"
'dri la comcmpK
aimeBeunPfS
■k foulée' dan
«iéinme.
On feit tapti
•dcu» amans le
lfo„adeleui»ç
»'61re id?»'
huent defitc;
innnlesfe"P"
v«,Biiles mien
reriez-vous fi Ton vous apprerioît que
Sophie efl morte ? il faic un grand cri ,
fe levé en frappant des mains , & , (ans
dire an fcul mot j me regarde d'un oeil
égaré. Réponde2 donc , pourfuis - je
aveu la même tranquillité. Alors irrité
de mon fang- froid, il s'approche les
yeux enflammés de colère , & s'arrêtant
dans-^ne attitude prefque menaçante;
ce que je ferois .... je n'en fais rien ;
mais ce que je fais , c'eft que je ne
teverrois de ma vie^ celui qui me Tau-
toit appris. Raffurez-vous , réponds-je
en fouriant : elle vit, elle fe porte
bien , elle pcnfe à vous , & nous fom-
nies attendus ce foîr. Mais allons faire
un tour de promenade , & noua cau«
ferons. •
La paflTion dont il eft préoccupé ne
lui permet plus de fe livrer comme au*
paravant à des entretiens purement
raifonhés ; il faut Tîntéreffer par cette
{^affion même à fe rendre attentif à mes
cqons. C'eft ce que j'ai fait par ce ter-
rible préambule ; je fuis bien fur main-
tenant qu'il m'écoutcra.
" II faut être heureux , cher Emile ;
j, c'eft la fin de tout être fenfible ; c'eit
„ le premier defir que nous imprima la
yV'Nature , *& lefeul qiii ne nous quitte^
£ 6
,, teint, i^iori jcunv ......
„ naiflance je te pris di
„ & qu'attelhntrRtrefu
„ gagement que j'ofai
„ vouai mes jours au
„ tiens , favoîs - je moi
„ je m'engageois^ Non
^ lement qu'en te rer
„ j'étoîis fur de Têtre. I
„ toi cette utile recjierc
,, dois commune à tous
,, Tant que nous ig
^ nous devons faire , la
„ à reder dans rinadli|
„ tes les maximes celle
^ a le plus grand befoi
„ f?ît le moins fuivre. C
y, heur fans favoîr où i
„ pofer à le fuir y c'c
5, de rifques con train
L T T R ï V. lef
9, pour le chercher , & fortis tine.fuis
„ de la place où nous pouvons le con*
^ nokre, dous n'y (avons plus revenfr.
^ Avec la même ignorance j'eflayat
\, d'éviter la même au te. En prenant
,, (bin de tos, je réfolus de ne pas
„ fifiire un pas inutHe & 'de trempé-
„ cher d'en faire. Je me tins dans la
.^ route de la nature, en attendant
„ qu^elle me montrât celle du bon.
. ^ heur. U s'eft trouvé qu'elle étoit la
^ même ^ Sl qu'en n'y penfani pas je
.„rayois fuiyie;. .
,, Sois mon témoin, fofs mon juge,
^ je ne te lécuferai jamais. Tes pre-
\, mîers ans n'ont point été facrifiés à
■ „ ceux qui les dévorent fuivre ; tu as
y, joui de tous les biens que la nature
^^ Vavoit donnés» Des maux auxquels
^.elle l'aflujettit,^ & dont j'ai pu te
^gars^ntir, tu. n'as Centi que cesx.qui
,,pouyotent t^epdurcir aux autres. Tu
.^n'en- as jamais IbuiFert aucun que
jf pour en éviter un .çlus grand. Tii
^ n'as connu ni h bame, ni Telcla.
.yr y^l^ Libre & content, tu es refté
.^ iuue & bon : car la peine àc le vice
.y, font infeparables ,;& jamais, l'homme
'^ne devient méchant que.lorfqu'il éd
4»««ft«Bias..ïK^ de:
1! E M I l -E.
„ Tu fjis fouffrir & mourir ;
endurer la loi de la nécefiin
let maux phjfii^ues. mais
. pdiiu encore impofé de loix a
, petits de ion cccur, & c'ett »
, affedions , bien plus que de q
, Clins, que nait le trouble de
vie. Xiis defirs font étendus^
, force elV prefque noHe, L'h
tient par Ces vœux à mille d
& par lui-même H ne dent £
pas même à fa propre vie ; ]
augmente fes attachemens, |
multiplie fes peines. Tout n
que palTer fut la terre : tout c
mus aimons nous échappera )
tard, & nous y tenons comfl
I, I vil V. 141
. '„ Tonjonrs" dei prîvadont , toujours
- ^, des pcices , toujours des alarmes ;
t- .„ tu ne jouiris pas même de ce qui te
% f, fera lailTé. La craint^dc tout perdre
I' „ t'empêchera de rien polTédci ; pour
g ^ B^avoir voulu fuivre que tes paflions,
f-„ jamais tû ne [es pourras (atlsfàire.
tf. Tu chercheras toujours le repos, it
■ f, fqira toujours devant toi ; tu feras
-'^,iniréiable& tu deviendras méchant;
y, & comment pouriois tu ne pas l'être,
^ ■ j, n'ayant de loi que tes deCtE efiénés ?
■) . ■,, Si lo ne peux fnpporter des priva,
k f, tions involontaires . comment t'en
I ■ „ impoferas-tn volontairement 7 Corn-
I „ ment faiiras - ru facrilier le penchant
!„ au devoir , & réfifter à ton cœot
t „ pour écouter ta laifon • ' Toi qui ne
i „ veux déjà plus voit celui qui t'ap-
-, „ prendra la mort deta maltreffe, com.
t - , „ ment verrois-tu celui ^ui voudroit te
■ ' „ r^ter vivante ? celui qui t'ofcroit
'_ „ dire ; elle cft morte çtur toi , la vertu
„ ce fépare d'elle t S'il faut vivre avec
„ elle quoi qu'il arrive, que Sophie
), foit mariée ou roii , que tu fois libre
„ ou ne le fois pas , qn'eth t'aime on
„ te haïlfe, qu'oD te l'accorde oa
„ qu'on te la refufe,' n'importe , tu 1&
j^ fpv^ t il k but pofledet à quel^jo*
delitc i
„ Mon enfant
-, bonheur fans c
, fans combat. L
„dejforcCilafor
vertu. La ïettD
„ étte foibic par
j. Ta volonté ; tfe
^ le mérite de ï'i
„ que nous appel
„ ne l'appelions
qu'il n'a pas
„ bien faire. P<
^ fi profané , j'ai
„ en état de me
,, vertu ne coi'itt
a peu befoin
jjbefoin vient S
■ veillent : il e
En l'élevan
L 1 V R B V. IIÇ
^, ce qui lui appartient qu'à ne te fou-
„ cîer que de ce qui eft à toi. Je t'ai
„ fait plutôt bon que vertueux ; mais
j, celui qui n'eft que bon , ne demeure
^ tel qu'autant qu'il a du plaifir h
„ Têtre : la bonté fe brîfe & périt fous
,, le choc des pafTions humaines ;
„ rhomme qui n'eft que bon , n'eft
,, bon que pour lui.
„ Qu'eft-ce donc que l'homme ver-
„ tueux ? C'eft celui qui fait vaincre
■,, fes affedtions. Car alor« il fuit fa rai-
„ fon ^ fa confcience , il fait fon de-
„ voir , il fe tient dans Tordre , & rient
„ ne l'en peut écarter» Jufqu'ici tu
„ n'étois libre qu'en apparence ; tu
„ n*avois que la liberté précaire d'un
,, efclave à qui l'on n'a rien commandé.
„ Maintenant fors libre en effet ; ap-
„ prends à devenir ton propre maître ;
^ commande à ton cœur, ô Emile ! &
^ tu feras vertueux.
,, Voilà donc un autre apprentîflage
„ à faire , & cet apprentiffage eft plus
^ pénible que le premier : car la na-
„ ture nous délivre des maux qu'elle
,, nous impofe , ou nous apprend à les
„ fupporter ; mais elle ne nous dit
„ rien pour ceux qui nous viennent de
M nous i elle nous abandonne à nous^
" C ett ici ta pr
„ la feule, peut-*
, toi. Si lu la f
«lie fera la der
' toutes les autre
" celle Je la «n
, Celle patlioi
je If fais bien ;
les âmes qui 1
' teié la forma
„ rie. Heureux ;
la vertB ne fo'
" à ceux de l'a
□ni vous attc
, prix de votre
voue atiach'
homme Tmct
" t'en a.l.elle
r . L 1 V It E V. iff
^f s'exerce point au combat devant
9, l'ennemi ; on s'y prépare avant la
ii guerre ; on s*y préfente déjà tout
il préparé.
' y, C'eit une erreur de diftinguer les
^'paffions en permifes & défendues ,
* pour fe livrer aux premières & fe
^ refufer aux autres. Toutes font bon-
^, nés quand on en rqfie lé maître «
^ toutes font mauvaifes quand on s'y
^ lailfe affujetcir. Ce qui nous eft dé-
^ fendu par la nature , c'eft d'étendre
1^ nos attachemens plus loin que nos
,; forces ; ce qui nous eft défendu par
,yliî ralfon , c'eft.de vouloir ce que
^ nous ne pouvons obtenir ; ce qui
^ nous eil défendu par la confcience ,
^ ti'eil pas d'être tentés , mais de noutf
^ laifler yâincré^ux tentations. 11 n^
,', dépend pas de nous d'avoir ou dç
^ n'avoir pas des payions : mais il dé-
^ pend de nous de ^régner fur elles.
^VTbus teff fentimens 'que nous doihi^
,,.nonsi font légitimés , tous'ceui^' qtfi
û nous dominerft tc^nt Criminel. j(Jn
^ homme li'eft pas coupable d*aïihe» It
,^ femme 'd'autrul , s^U tient cette pa(4
^ £ôn malheurenfe aifervie à la loi .dû
^devoir : il eft coupable d'aimer fk
^f^pfre femme' ao point d'immoler
fi, tout k, cet amoQc»
„ conastion. iltuclie ^ c
„ nés ; quelque étroites
jj on n'eft point maiheui
n s'y renièrnio : on ne
^, on veut les paflcr ; c
,, dans fes defirs infenfi
,, rang des poflibles ce q
)) on Teft quand on oi
„ d*homme pour s'en f
yi naîres, defquels on rel
^ dans le fien. tes fcuL
99 privatioR coûte , font
yj, on croit avoir droit,
^ poflîbiucé de les obter
V les fouhaits fans efpoii
„ tent point Un guèi:
yj tourmenté du dqlir d
V Roi ne veut étné Dieu
^ croît n'être pli^ç h'emn
^ I^es iUufions de l'o
L I V R E V. 119
,, point inutilement fes farces pour
„ jouir de ce qu'il ne peut conferver ,
„ & les employant toutes à bien pof*
„ féder ce qu'il a , il eft en effet plus
„ puiflant & plus riche de tout c8
y, qu'il defire de moins que nous. Etre
„ mortel & périffable , irai- je me for-
3, mer des nœuds éternels fur cette
„ terre , où tout change , où tout paife,
^ & dont |e difparoitrai demain ? O
^, Emile , ô mon fils , en te perdant
„ que me refteroit-il de moi ? Et pour-
,, tant il faut que j'apprenne à te per-
,, dre : car qui fait quand tu me feras
f ) oce •
„ Veux - tu donc vivre heureux &
^, (âge ? N'attache ton cœur qu'à la
)^. beauté qui ne périt point : que ta
^ condition borne tes defirs , que tes
^, devoirs aillent avant tes penchans ;
^, étends la loi de la néceflité aux cho*
^, Tes morales : apprends à perdre ce
„ qui peut t'étre enlevé ; apprends à
,y tout quitter quand la vertu lordon.
^ ne , à té mettre au-deffus des événe-
1^, mens . à détacher ton cœur fans
,, qu'ils le déchirent, à être courageux
^ dans Tadverfité , afin de n'être ja*
^^ mais miférable ; a être ferme dans
^wxx dey<)ir,. afin de n'être gainais
■ potïemon meii".
" une volupté que
" blcr 1 tu les por
' poffedcnc , & 1
„ de ce quil l
ras point , " *
" pUilirs imagin
■" aulïi les doo
V, fcuic Tu ga;
échange , cai
Clientes & ï=<
" rares & vaii
' d'opinions t
!' encore de ce!
' prix à la vie
fans ttoubl*
''effroi: tut;
toutes chol
d'horreur ,
1 î V R E V. IZl
ÎI preffent qu'en lui montrant la nc-
yceflitéid'exercer la force de l'ame , je
veux le foumettreà ce dur exercice , &
comme un blefTé qui frémît en voyant
Upprocher le Chirurgien > il croit déjà
fentir fur fa plaie la main douloureufe v
mais (alutaîre, qui Tempéche de tom-
ber en corruption.
Incertain , troublé , preite de favoir
où j*en veux venir , au lieu de répon-
dre, il m'interroge ^ mais avec crainte.
Que faut-il faire , me dit-il , prefqu'en
tremblant , & fans ofer lever les yeux?
Ce qu'il Biut faire , réponds - je d*un
^ ton ferme ! il faut quitter Sophie. Que
* ■ dites - vous ? s'écrie-t-il avec emporte-
ment : quitter Sophie i la quitter , la
tromper , être un traitre , un fourbe ,
un parjure ! . • • . Quoi ! reprends - je ,
en l'interrompant; c'eft de moi qu'E-
mile craint d'apprendre à mériter de
pareils noms ? Non ^ continue-t-il avec
la même impétuoiité , ni de vous ni
d'un aiitre : je faurai , malgré vous ,
conferyer votre ouvrage ; je faurai ne
ics pas mériter.
Je me fuis attendu à cette première
furie : ie la lai(fe pafTer fans m'émou-
. voir. Si je n'avois pas la modération
que je lui prêche ^j'aurois bonne gracê
Emile. Tome IV. F
ddnc enfin que
je reprends moi
" Croyez-voi
„ïioViîlrfie , en
„ fe tïtriive , p
„ que Tûns Vêt
„ vous te ctoj
„ Avant de gbû
■„ vous en aVe;
■y, n'y a rien i
-„ avCî fetitî. 1
•„ palTagere. t'
„ perd toujou
„ par refpéran
„ jamais en rç
„ pare ce qu'
„ dans la poffi
„ exiftant par
,„ de beau que
L I y R s V. I2J
,, tlureroît fans cefle , l'habitude d'en
y, jouir nous en ôteroit le goût. Si rien
,, ne change au-dehors, le cœur chan*
)9 ge ; le bonheur nous quicte , ou nous
9, le quictons.
„ Le tems que vous ne mefuriec
,, pas , s'écouloit durant votre délire.
„ L'été finit, l'hiver s'approche. Quand
^y nous pourrions continuer nos cour*
yj €c8 dans une faifon fi rude , on ne
3, le foufiriroit jamais. Il faut bien ,
,, malgré nous , changer de manière de
jy vivre ; celle - ci ne peut plus dure r.
„ Je vois dans vos yeux impatiens que
„ cette difficulté ne vous embarraffc
yy gueres : l'aveu de Sophie & vos pro«
„ près defirs vous fuggerent un moyen
,, &cile d'éviter la neige , & de n'avoir
,, plus de vovage à faire pour l'aller
^volr. L'eicpedient eft commode fans
,, doute ; mais le printems venu , It
„ neige fond &1e mariage refte ; il y
,, faut penfer nour toutes les faifons.
- „ Vous voulez époufer Sophie, & il
9t n'y a pas cinq mois que vous la con-
„ noiflez ! Vous voulez l'époufer , non
^ parce qu'elle vous convient, mais
„ parce qu'elle vous plait ; comme (i
^ rsunour ne fe trompoit jamais fur les
^P convenances » & que ceux qui coiu«
F z
^ convenir '■ ce n
'I je mets en doul
' Celui d'une fen
''un iourî Save
^ de fituations il
connoitre i
for
*" tre mois datt<
\dent-ils de M
V deux mois dai
''oublier d'elle
\^ n'attend - il j^
.pour vousep
'' être à votre i
'*, auffi indiff«
' trouvée fenlil
'jfentimens n
'. principes ; e
''nétc, &cer
'^ fera conttani
'' le cioite %
L ï V R E V. ni
,, Sophie n'a pas dix - huit ans , à
,5 peine en paffez-vous vingt-deux ; cet
„ âge eft telur de lamour , mais non
5, celui du mariage, Quel père & quelle
,5 mère de femilhe ! Eh ! pour favoir
^ élever des enfians , attendez au moin»^
,, de ceffer de l'être ! Savez - vous à
^ combien de jeunes perfonnes les fati-
„ gués de la groflefle fupportées avant
„ l'Âge ont aiFoibli la conftitution ,
,y ruiné la fanté , abrégé la- vie ? Savez-
„ vous combien d'enfons fout refté*
,^ languiflans & foibies , faute d -avoir
^ été nourrie dans un corps affez for-
), mit Quand la merc & l'enfant jcroit
V, fent à la fois, & que la fubftance
„ néccflaire à Faccroiffement de cha-
,') cun des deux fe partage , ni l'un ni
^ Taufre n'a ce que lui deilinoit la na-
„ ture : comment fe peut- il que tous
„ deux n'ert fouffrent pas ? Ou je con-
^ nois fort mal Emile , ou il aimera
,^ mieux avoir une femme & des en-
^ fxms robuiles , que de contenter foti
,, impatience aux dépens de leur vie &
,, de leur fanté.
,, Parlons de vous. En afpîrantàré-
„ tat d'époux & de père , en avezvoils
,, bien médité les devoiis ? En deve-
n nant chef de famille , vous allez de-r
F i
1 1 V R E V. la»
lui-même A non encoce accontomé à
ddBrer une chofe & à en vouloir un€
notre , le jeune hooune ne fe tend pas';
il réGfte , il difpote. Pourquoi fis leBi.
Ibroit-il au tx>ntoir qui l'attend f Ne
feroit-oe pat dédûgncar la main qui lui
cft offerte que de tarder à Taccepter ?•
Qp'eft - il befoin .de s!élatgner d'elle
E[|ur s'inftruire de ce qu'il doit favoir T
t quand cela ferojt nceeflaire, pour-
quoi ne lui laifleroit-il pas dans des
nœuds indtflblubles le ^age afifuré de
ibn retour f Qp'il doit (on époux , & il
çft prêt à me fuivre ; qu'ils fuient unis ,
&:il la quitte fans orainte • • . . Vous
vnir pour yous quitter- , cher Emile ,
quelle, contradiifÔon I II eft beau qu'un
amant puiffis vivre fans màkreffe , mais
un mari ne doit jamais quitter fa (em«
me fans nêceffité. Poup guérir vos fcru-
pôles, je vois que vos dâais doivent
être involontaires : il feot que vous-
j^ifliezxltre à Sophie qiie vous la quit-
ter jnalgré vous. Hé bien , (oyez eon-
taatvftpuifquevous lî-obéifltz ps^à
lasaifoa, leconnoîfÇîzuh autre mni-
ire. Vous p'ayex pas oubiîé l'engage-
mekit qôe vo'iis avez pris ^vec' 'moi.
Emile., il^ut qukter SopÛetljé le
veux.^
F4
àis - je ; il «ut pk^i
départ. Les femmes
on leur doit des mer
.bfence n'étant pat
elle, comjne pour
permis de la fuppo
eoutage. ,
3c lefuis qoe 1
longeriufquàlalet
nés gens le )ournal
mais j'abufe depms
dutgeiKe des Ugc
finir une fois. Em
,ux pieds de fa Ma
lance qu'il vient de
Pour m&i » je " ®"
siéme de fon a™
cette afTiHance. 1
devant elle » s i
de la quitter; il I
Livre V. '^uj
me le change fur le motif qui le dé-
line. Il femble lui dire à chaque
ird : ô Sophie ! iis dans mon cœur ,
bis fideiie ; tu n'as pas un amant
vertu.
a fiere Sophie, '^de fon côté , tâche
upporter avec dignité le coup im-
ru qui la frappe. Elle s'efforce d*y
)itre infenfible ; mais comme elle
pas, ainfi qu'Emile, l'honneur du
ibat & de la vidoire , fa fermeté
>u tient moins. Elle pleure , elle gé-
en dépit d'elle , & la frayeur d'é*
oubliée , aigrit la douleur de la fé*
ition. Ce n eft pas devant fon amant
lUe pleure , ce n'eft pas à lui quelle
itre fes frayeurs; elle étoufferoit
;6t , que de laiifer échapper un fou-
cn fa préfcnce; c'eft moi qui re-
fes plaintes , qui vois fes larmes ,
îlle affeéte de prendre pour confi-
t. Les femmes font adroites & fa-
t fe déguifer : plus elle murnTtire
fecret contre ma tyrannfe, plus
eft attentive à me flatter; elle fent
fon fort eft dans mes mains.
? la confole , je la raffure , je lui
)nds de fon amant , ou plutôt de
époui^;^ qu'elle lui garde la même
F s
la confiance de leurs paren
ralfure ; mais que fert la i
tre ta fbiblefTe .' Ils Ce Tcpan
s'ils ne dévoient plus fe voi:
C'eft alors que Sophie
les regrets d'Euchatis , i
léeLIeinent à fa place. Ne lai
durant l'abfence réveilier
ques amours. Sophie , lui
iour , faites avec Emile un (
livres. Donnez- lui votre T
afin qu'il apprenne à lui rell
qu'il vous donne le Speiftat
TOUS aimcTla leilure. Ètudii
voirs dts honnêtes ferames ,
que dans deux ant ces devc
]es «Arrra Cet ^frhariop ni:
L I V R E y. ifi
, U nie dit -ces mots d'un ton
& du0 ^ccyf\ ^^ pçjy §pppyé.
togt fait pqpr .v<)ii^ ÇfWpfeîrç ;
jvois que if 4§aiïWI ^eç.pii
me d'hom\f??r. : }\ s^f ig,q r^ .
que vp^^ J^WV^. PJg^, fo/i.
rat de maf j^g^ (^r fe b^^tf hp cW/
lie différence daj)sI^(^nJt^.^CC.
ix amans ? Emile impétueux ,
y agité , hors de lui , pouffe
is , verfe des torrens de pleurs
mains du pcre , de la mère , de
, embrafle en fanglotant tous
iS de la maifon , & répète mille
s mêmes çbQfes avec un défor-
i feroît rire'éd^ioute autre oc-
Sophie morjie;, pâle, Tœil
, le regatd fomfcre , refte en re-
le dit rien , ne pleure point , ne
lerfonne , pas même £mtle. Il
j lui prendre les mains , la pred
is fes bras ; elle refte immobile ^
ble à fes pleurs, à fes careffes,
ce qu'il fait ; il eft déjà parti
îUe. Combien cet objet efl plus
mt que la plainte importune &
;reti bruyans de fon amant 1 It
F 6
eit tcQtê aoubiier ce qa
phie , ea la lui rappetlant
vit aa moment de ton dëp
qu'il ait le cœur bien ali(
ramené pas à cUe.
X
iVA
^/i
•V*
•.V
L î V R B V. IJî
DES VOTAGES.
yj N demande s'il eft bon que les
jeunes gens voyagent , & Ton difpute
beaucoup là • deflbs. Si Toti - propofoit
autrement la queftion , & qu^on de-
mandât s'il eft bon que les hommes
aient voyagé , peut-être ne difp^teroit*
on pas tant.
L'abus des livres tue la fctence-.
Croyant favoir ce qu'on a lu , on fe
croit difpenfé de l'apprendre. TVop de
leéture ne fert qu'à èdre de |>réfomp«
tueux ignorans. De tous les fiecies de
Ikeérature^ iln'y en a point eu où
l'on lot tant que dans celui-ci, & point
oà l'on fttt moins favant : de tous les
t>ays de l'Europe , il n'y en a point où
l'on imprime tant d'hiftoires » d^ rela-
tîons , de voyages , qu'en France , &
point où l'on connoifie moins le génie
& les mœurs des autres Nations. Tant
de livres nous font négliger le livre du
monde, ou fi nous y lifons encore ,
chacun s'en tient à fon feuillet» Quand
le mot ptiU'On être Perfan me Ie;:oit
mais pour etuaier i
il parcourir la terre e
aller au Japon obfervc
Four connoitre Tefpec
noitre tous les indivi
a des hommes qui fe r
que ce n'eft pas la pei
féparément. Qui a vu
a tous vus ; quoiqu'on
dire autant des Anglô
autres peuples ^ il eft
que chaque Nation a f
pre & fpécifique qui f<
tîon , non de l'obfer
de fes membres-, m
Celui qui a comparé (
noit les hommes , co
vu dix François conn<
Il ne fuffit pas , poi
courir les pays ; il fau
L I V it E V. lyy
t de penfer , que dans la ledlure leur
rit eft au moins guidé par TAuteur ,
que dans leurs voyages , ils ne fa^
nt rien voir d'eux-mêmes. D'autres
s'inflruifent point parce qu'ils ne
aillent pas s'inftruire. Leur objet eft
différent que celui^à ne les frappe
aères ; c'eft grand' h|zafd fi Ton voie
xa<ftement ce qu'on ne fe foucie point
iC regarder. De tous les peuples du
nonde , le Franqois eft celui qui
voyage le plus , mai» plein de fes ufa-.
ges , il confond tout ce qui n'y refTem*
ble pas. 11 y a des François dans tous
les coins du monde. 11 n'y a point de
pays où l'on trouve plus de gens qui
aient voyagé , qu'on en trouve en
France. Avec cela pourtant , de tous
les peuples de TËurope celui qui en
voit le plus^les connoit le moins. L'An-
glois voyage aufli , mais d'une autre
manière ; il faut que ces deux peuples
foient contraires en tout. La noblefTe
Angloife voyage^ la NoblefTe Franqojfe
ne voyage point : le peuple Franqoi»
voyage ,. le peuple Anglois ne voyage
point. Cette différence me parole ho-
norable au dernier. Les Franqois ont
prefque toujours quelque vue d'intérêt
dans leurs voyages : mais les AngloîS'
ils font trop tiers pc
hors de chez eux. Ce
s'inftruifent miçux ch
ne font les François
autre objet en tête.
pourtant auffi leurs pr
ils en ont même pli
mais ces préjugés t
Tignorancc qu'à la pa
les préjugés de Torgi
ijois ceux de la vanitî;
Comme les peuple
Tés font généralcmer.
ceux qui voyagent le
le mieux ; parce quN
ces que nous dans n
voles , & moins occi
notre vaine curioruô
leur attention à ce qu
utile. Je ne conno
I 1 V K E V. 1^^
chez tons les Savans, rEfpagnol étudie
en Aience le gouvernement , les mœurs,
la police , & il eft le feul des quatre
qui de retour chez lui , rapporte de ce
qu'il a vu quelque remarque utile à
fon pays.
Les Anciens voyageoicnt peu , lî-
foîent peu , faifoient peu de livres ,
& pourtant on voit dans ceux qui nous
reltent d*eux, qu'ils s'obferv^ient mieux
les uns les autres que nous n'obfervons
nos contemporains. Sans remonter aux
écrits d'Homère « le feul Poëte qui nous
tranfporte dans les pays qu'il décrit ,
on ne peut refufer à Hérodote ITion-
neur d'avoir peint les mœurs dans fon
Hifloire , quoiqu'elle foit plus en nar«
rations qu'en réflexions , mieux que ne
font tous nos Hiftoriens , en chargeant
leurs livres de portraits & de caradlc-
res. Tacite a mieux décrit les Ger-
mains de fon tems qu'aucun Ecrivain
n'a décrit les Allemands d'aujourd'hui.
Inconteftablf ment ceux qui font verfés
dans l'hifloire ancienne connoiflent
mieux les Grecs , les Carthaginois , les
Fvomains , les Gaulois , les Perfes ,
qu'aucun peuple de nos jours ne con-
noit fes voifins.
Il faut avouer aufli , que les carac«
r
t t ^ R E V- I4f
fîtes le regardant la plupart comme Aur
iMcbthoUes , ou originaires de leur pro-
Ce pays , Poccupoient depuis mez
Dg-tems , pour «avoir perdu la mé-
'ifMk^edes fiecks reculés où leurs ancê»
I ffr étoient établis i & pour avoir
ré le tems au c^mat de faire (ur eux
.imp^ffions durables ; au lieu quç
ini nous^ après les invafions de^
»9MÛns , les récentes émigrations des
traues -ont tout mêlé, tout confon«
„_. Les François d*aujourd^htii , nq
ftot plus ces grands corps blonds 6c
blancs d'aucreibis ; les Grecs ne font
I plus ces beaux hommes faits pour fer-
Tir de modèle à l'art j h £gurcde& Ko*
fluiias etnum.éipes a changé de carac-
tère, ainfi que leur naturâ : les fer-
janst originaire^ de la Tartarie, per«
dent chaque jour de leur laideur pri-
aûtife^par le mélange du-ûmg Cir-
caflieo. Les Européens nç font plu^
Gaulois^ Germains, Ibériens, Allo-
broges ; ils nie font tous que des Scy-
thea «diverlement dégénérés quant à
la figure , & «ncofe plus quant' aux
mœurs.
Voilà pourquoi les antiques diftinc-
lions des races , les qualités de Taiç
lk<4D Jterroiry.'mafquoient plus, forte-
tcrelle le tems de fai
6c où les forêts aba
defféchés , la terre p
quoique plus mal eu
plus , même au pV
diiFérencc de terre i
à pays.*
Peut-être avec de
xions fe preffcroit -
ner eh ridicule^ H<
Pline , pour avoir r
tans de divers pays,
ginaux & des diffère
nous ne leur voyor
tetrouver les mêm
rcconnoitre en eux
il feudroit que rien
pour qu'ils fuffent r
nous pouvions conlî
lac linmme.Q OUI C
t î T It K V. I4J
deviennent plus difficiles , elles fc font
jlus négligemment & plus mai ; c'elt
une autre raiibn du peu de fucccs de
nos recherches dans l'Hiftoire nacu*
- - Telle du genre humain. L'itiftrudlion
^ qu'on retire des voyages fe rapporte
- à l'objet qui les fait entreprendre,
«c Quand cet objet eft un fyftéme de Phi.
F lofoj>We 5 le voyageur ne voit jamais
^ <|ue ce qà'H veut vbïv : quand cet ob«
^ jet eil rfhtérêt-, il abforbe totite l'at*
tcfrtîoTi dfe ceux qui s'y livrent. Le
r commerce & les arts , qui mêlent &
confondent les peuples , lés empêchent
ïùfli de s'étudier. Quand ils favent Ifc
profit Qu'ils ()cuvent faire Tun avec
rautre, ^u'cmd-ilsde plus à favoir ?
Il eft utile à Thomitie de connoître
touis lés Héux 011 Ton peut vivre , afin
'de choifir enfuite ceux où l'on peut
vivre le plus comAiodémènt. Si cha*
cun fe fuflfifoît à lui-même, il ne lui
importeroit de connoitre que le pays
qui peut le nourrir. Le Sauvage qui
n'a befoin de perfonne, &ne convoite
rien au monde , ne connoit & né cher-
che à connoitre d'autres pays que le
fien. S*il eft forcd de s'étendre pour fub-
iîfter , il fuit les lieux habités par les
hommes \ il n'en veut qu'aux béie$>
^uenter les pays oi
plus. Voilà po»rqu<
mc^ à Paris, à I
jours dans les Capit;
main fe vend a mei
l'on ne connoit qi
pies , & les grandi
|)lent tous. .
Nous av^ns , di
qui voyagent pour 1
«rreur. Les Savans
jrêt comme les autr
îythagores, ne fe
«'il y en a , tfeft
Nos Savans ne vo^
de la Cour ; on 1
défraie, on les pa
tel objet , qui , ti
Îias un objet mw
eur tems à cet ob
L I V R E V. T4Ç
trûire. Ccn'eft pas de fcîence qu'ils ont
befoin , mais d'odentation. Comment
apprendroient-ils dans leurs voyages
à (ecouer le joug de l'opinion ? ils ne
les font que pour elle.
11 y a bien de la différence entre
voyager pour voir du pays , ou pour
voir des peuples. Le premier objet eft
toujours celui des curieux , Taucre
n^eft pour eux qu'accefloire. Ce doit
être tout le contraire pour celui qui
veut philofopher. L'enfant obferve les
chofes , en attendant qu'il puifTe ob-
ferver les hommes. L'homme doit corn*
mencer par obferver fes femblables ,
& puis il obferve les chofes s'il en a
le tems.
C'eft donc mal raifonner, que de
conclure que les voyages font inutiles,
de ce que nous voyageons mal.- Mais
Tutilité des voyages reconnue, s'en-
fuivra-t-il qu'ils conviennent à tout le
monde? Tant s'en faut; ils ne con-
viennent , au contraire , qu'à très-peu
de gens : ils ne conviennent qu'aux
hommes affez fermes fur eux-mêmes ,
pour écout'er les leçons de l'erreur fans
le laifTer féduire , & pour voir l'exem-
ple du vice fans fe laiffer entraîner.
les voyages pouffent le naturel vers
Brnile, Tome IV, G
L I V R E V. Î47
Ybyagcr , c*eft errer , être vagabond ;
voyager pour ^'inftruire , eft encore
un objet trop vague : l'indrudion qui
n'a pas un but déterminé, n'eft rien.
Je voudrois donner au jeune homme
on intérêt fenfibie à s'inftruire , & cet
intérêt bien choifi fixeroit encore la
fiature de Tinfiruétion. C'eft toujouirs
la fuite de la méthode que j'ai tâché
de pratiquer.
Or , après s'être confidéré par fes
rapports phyfiques avec les autres
êtres , par fes rapports moraux avec
les autres hommes , il lui relie à fe
confidérer par fes rapports civils avec
lès concitoyens. Il faut pour cela ,
qu'il commence par étudier la nature
du gouvernement en général , les di-
yerfes formes de gouvernement, &
enfin le gouvernement particulier fous
lequel il eft né, pour favoir s'il lui
convient d'y vivre ; car par un droit
que rien ne peut abroger , chaque hom-
me en devenant majeur & maître de
lui-même, devient maître aufli de re-
noncer au contrat par lequel il tient à
la communauté , en quittant le pays
dans lequel elle eft établie. Ce n'eft
3ue par le féjour qu'il y h\t après l'âge
e mon ^ qu'il eft ççnfé confiigxer
G z
g ture , cede-t-on du lien
Far le droit rigoureux
relie libre à Tes rifques
qu'il naifTe , à moins c
mette volontairement
acquérir le droit d'en é
Je lui dirois donc ,
jufqu'ici vous avez vc<
redÔon , vous étiez hor
gouverner vous-même,
prochez de Tâge où les
fant la difpofition de v
rendent maître de \
Vous allez vous trouv
focrété , dépendant de
votre patrimoine. Voi
un éubliflement. Cette
elle eft un des devoir
mais avant de vous ma
Il voir quel homme vous
L I V R E V. 149
il y faut pourtant fonger une fois.
Youiez-vous vous engager dans la dé*-
pendance des hommes que vous nié*
prifez ? Voulez-vous établir votre for-
lune & fixer votre état par des relations
civiles qui vous mettront fans cefle à la
difcrétion d'autrui , & vous forceront,
pour échapper aux fripons , de de-
venir fripon vous-même.
Là-defTus je lui décrirai tous les
moyens polTibles de faire valoir fon
bien , foit dans le commerce , foit dans
les charges , foit dans la finance , &
je lui montrerai qu*il n'y en a pas un
qui ne lui laifle des rifques à courir ,
qui ne le mette dans un état précaire
& dépendant , éS: ne le force de régler
fes mœurs , fes fentimens , fa con-
duite , fur l'exemple & les préjugés
d'autrui.
11 y a , lui dirai. je , un autre moyen
d'employer fon tems & fa perfonne ;
c^eft de fe mettre au fervice, c'eft.à<
dire de fe louer à trcs-bon compte ,
pour aller tuer des gens qui ne nous
ont point fait de mal. Ce métier eil
en grande eftime parmi les hommes ,
& ils font un cas extraordinaire de
cenx qui ne font bons qu'à cela. Au
furplus } loin de vous difpenfer des
même infenfiblemc
comme dans les aut
^u'ea vous expliq
prennent pour cela
je vous rende curie
Vous Ëiurez enc(
tier même U ne s'a
ni de valeur , 6 ce
près des femmes ;
plus rampant, lep
vile eft toujours h
fi vous vous avifez
de bon votre met
prile, haï, chafle
moins accablé de
plaaité par tous v
avoir feit votre f
tandis qu ils fiaifo:
lette.
t 1 V R t V. i(;i
m'importent tous ros beaux emplois ,
& toutes les fottes opinions des hom-
mes ? Je ne connois point d'autre gloi-
re que d'être bîenfaifant & jufte ; je ne
connois point d*autre bonheur que de
vivre indépendant avec ce qu'on aime,
en gagnant tous les jours de Tappétît
& de la fanté par fon travail. Tous ces
embarras dont vous me parlez ne me
touchent gueres. Je ne veux pour tout
bien qu'une petite métairie dans quel-
que coin du monde. Je mettrai toute
mon avarice à la faire valoir , & je
vivrai fans inquiétude. Sophie & mon
champ , & je ferai riche.
Oui , mon ami , c'eft aflez pour le
bonheur du fage d'unt femme & d'un
champ qui foient à lui. Mais ces tréfors ,
bien que modeftes , ne font pas fi com-
muns que vous penfez. Le plus rare eft
trouvé pour vous ; parlons de l'autre.
Un champ qui foit à vous , cher
Emile ! & dans quel lieu le choifirez-
vous ? En quel coin de la terre pour-
reT-vous dire ; je fuis ici mon maître
& celui du terreîn qui m'appartient.
On fait en quels lieux il eft aifé de fc
faire riche , mais qui fait où l'on peut
fe paffer de letre 1 Qui fait où Ton
peut vivre indépendant & libre , ^us
G4
àtrouver: •* " "-. .-IT
prime & ftr de fnbuft
Tans afEaire , fans aep
j'en conviens , de vr
fcsmMBs,enculavan
BBÎs où cft VEtat oo
la tcrte que je foule <
de choifir cette heure'
Yous bien d'y uouvei
chcrchei ; gardez qu
violent, qu'une telif
qoe des mœurs pci
Tiennent cioubler. W
des impôts fensmcUi
le fruit de vos peine
fin qui conuimeroi
Faites en forte qu'ei
TOUS n'ayez point a
des Intendans , a
des]uges,àdesPr
L I V R E V. ïç?
both. Si votre malheur vetit qu'un
homme en place aclititte ou bàcifle une
maifon près de votre chaumière , ré-
pondez-vous qu'il ne trouvera pas le
moyen , fous quelque prétexte, d'en-
vahir votre héritage pour s'arrondir ^
ou que vous. ne verrez pas , dès demain
peut-être , abforber toutes vos reflbur-
ces dans un large grand chemin. Que
fi vous confervez du crédit pour parer
i tous ces inconvéniens , autant vaut
conferver aulFi vos richeiTes , car elles
ne vous coûteront pas plus à garder.
La richefle & le crédit s'ctayent mu-
.tuellement ; Tun fe foutient toujours
mal fans l'autre.
J'ai plus d'expérience que vous, cher
Emile , je vois mieux la diRicultc de
votre projet II eftbeau, pourtant, il
cft honnête , il vous rendroit heureux
en effet ; eiïbrqons-nous de l'exécuter.
J'ai une propofition à vous faire. Con«
facrons les deux ans que nous avons
pris jufqu'à votre retour , à choifir un
afylc en Europe où vous puiflTiez vivre
heureux avec votre famille à labri de
tous les dangers dont je viens de vous
parler. Si nous réufllflbns , vous aurez
trouvé le vrai bonheur vainement cher-
ché par tant d'autres , & vous n'aures
V
Je ne fais fi tous me
cevront jufqu'où va n
recherche ainfi propo
bien que fi , au retoï
commencés & cont
vue , Emile n'en revi
toutes les matières d
de mœurs publiques
d'Etat de toute efpe<
Qu moi foyons bien
d'intelligence ,& l ai
Le droit î>ohu(jue
tre,&il eftàprefiî
jamais. Grotius-, le
Savans en cette part
fent , & qui pîs eft >
vaife foi. Qpand j e
tius jurqu'aux^ nues
tfexécrationvJe vo
mes fenfés Ufent ov
Livre V. iç;
Grotîus fur des Poètes : tout le rcfte
leur eft commun.
Le feul moderne ^ en état de crcer
cette grande 6c inutile fcience v eût été
l'illuftre Montefquieu. Mais il n'eut
garde de traiter des principes du droit:
politique ; il fe contenta de traiter du
droit pofitif des gouvememens établis ;
& rien ai> monde n'eft plus difFérenc
que ces deux études.
Celui pourtant qui veut juger faine*
ment des gouvememens tels qu'ils
oxiftent , eft obligé de les réunir tou-
tes deux ; il faut favoir ce qui doit
itre pour bien juger de ce qui eft. La
^lus grande difficulté pour éclaircir ces
importantes matières , eft d'intérefler
un particulier à les difcuter, de répon*
dre à ces deux queftions ; que m'im-
porte ? & , qu'y puis - je faire ? Nous
avons mis notre Emile en état de fo
répondre à toutes deux. .
La deuxième difficulté vient des
préjugés de l'enfance, des maximes
dans le(quelles on a été nourri , fur^
tout de la partialité des Auteurs , qui y
parlant toujours de la vérité dont iU
ne fe foucient gueres , ne fongent qu'il
leur intérêt dont ils ne parlent point.
Qtj le peuple ne donne ni chaires v
G 6
™j a q»« S™'"
îhofc q«i V "°S
3e, livres, S')™
ne fera pui* f"
Poiirwces , mai» P"
de Vhuoianite.
11 lelte ""VÏÏ:
fpécieufc que fcUle
niréfoudte, m pn
„„-ell« o-eftaye po
fi, qo'en de» reci
peoa,il«8'»"'"î*
ielTalre» q»»» ".'
lu«to & »n y"'
,Ué. Si don» '"
jement pe»"=»'
Kaltées , et. vol»
ouiamats.
I I V R E V. ÎÇ7
Nos élémens feront clairs , fimples ,
pris immédiatement dans la nature
des chofes. Us fe formeront des quef-
dons difcutées entre nous , & que
J10U8 ne convertirons en principes
que quand elles feront fuffifamment
réfolues.
Par exemple , remontant d'abord à
rétat dé nature , nous examinerons fi
les hommes naiflent efclaves ou libres ,
affociés ou indcpendans , s'ils fe réunif-
fent volontairement ou par force ; (i
jamais la force qui les réunit peut for-
mer un droit permanent , par lequel
cette force antérieure oblige , même
quand elle eft furmontée par une au«
tre ; en forte que depuis la force du
Roi Nembrot, qui, dit-on , lui foumit
les premiers Peuples , toutes les autres
forces qui ont détruit celle-là foient
devenues iniques* & ufurpatoires , &
qu'il n'y ait plus de légitimes Rois que
les defcendans de Nembrot ou fes
ayans-caufe ? ou bien {\ cette première
force venant à ceffer , la force qui lui
fuccede oblige à fon tour» & détruit
Tobligation de l'autre , en forte qu'on
ne foît obligé d^obéir qu'autant qu'on
y eft forcé , & qu'on en foit difpenfé
£/*tôt qu'on peut faire réfiftance : droit
S)ieM , & s'il s'enfv
ce foit un crime <
decin?
Nous examineror
eft obligé ea «ionfc'
bourfe à un bandi
mande fm le pan'
même on pourroit
enfin, W f'^mn
«ne puiffiance.
Sr ce mot de pui
eafion veut dire i
puiffance légitime
foumife aux lois
*"e ? ^, .
Soppolc quon
force , & qu'on adi
turc ou l'autorîie
principe des fociel
,nn< la mefnre de
L I T R l V. >^-(>
te (k raifon à mûrir, il ne devient pas
feul juge naturel de ce qui convient à
fa confervadon , par. conféquenc Ton
propre maître , & indépendant de tout
autre homme , même de Ton père ? car
il eft encore plus fur que le fils s'aime
lui-même^ qu'il n'sfl fur que le père
aime le iils.
Si , le père mort, les en fans font
tenus d-obéir à leur aine , ou à queU
que autre qui n'aura pas pour eux Tat*
tachement naturel d'un père ; & fi , de
race en race , il y aura toujours un
chef unique , auquel toute la facuille
foit tenue d'obéir ? Auquel cas on cher*
cheroit comment l'autorité pourroit
îaniais être partagée, & de quel droit
il y auroit (ur la terre entière , plus
d'un chef qui gouvernât le genre hu«>
main l
Suppiofc que Tes peuples fe fuflent
formés par choix , nous didinguerons
alors le droit ,- du fait ; 6c nous de-^
manderons, fi s' étant ainfi foumis à
leurs frères , oncles eu parens , non
qu'ils y fuflent obligés, mais parce
gu'ik Tônt bien voulu , cette forte de
)ciétc. ne rentre pas toujours dans
l'aflociation libre & volontaire ?
f aflant ei;fuite au droit d'efclavage ,>
licé dans fes aâion:
mot d'cxifter -avant
nature qui le charge
fa propre confervat
confcience & (à raî
vent ce qu'il doit
doit s'abftenir f
(W &ii y a quel
quereftriâion dans
nous difcuterons fi (
pas alors un vrai co
chacun des deux co
point en cette qua
commun Ci?) » re
juges quant aux con*
par conféquent libre
partie , & maîtres (
_..»îi »-.iiî ^ 11-.
L 1 V R E V. l6t
ler fans réferve à Ton maître , corn-
nt un Peuple peut- il s'aliéner fans
;rve à fon chef ; & fi Tcfclave refte
e de Tobfervation du contrat par fou
itre , comment le peuple ne reliera-
pas juge de Tobfervation du con-
t par fon chef?
Forcés de revenir ainfi fur nos pas >
confidérant le fens de ce mot collée-
de peuple , nous chercherons (i pour
tablir il ne faut pas un contrat , au
uns tacite , antérieur à celui que
us fuppofons f
Puifqu'avant. de s'élire un Roi, le
iple eft un peuple, qu'eft-ce qui Ta
t tel finon le contrat focial f Le con-
t focial eft donc la bafe de toute (b-
té civile, & c'eft dans la nature de
aéte qu'il faut chercher celle delà
îété qu'il forme.
^^ous rechercherons quelle eft la te-
ar de ce contrat , & Ci l'on ne peut
5 à-peu. près l'énoncer par cette for-
lie : Chacun de nous met en œnir
fil fes biens , fa perfonne , fa vie
toute fa puijjance fous la fuprê^
■ direàion delà volonté générale^
nous recevons en corps chaque
'fnbre , comme partie indioijîbk dii
"' & coJle«aif ,
membres que Va
*'«te perfonne p,
ncralJenomdeco
«ft appelle par i
fiuand il eft paffif
l fes femblablesT à
ores eux. mêirte».
de Patple colledlî,
«nt en particulier
membres de la Qte
I autorité foureraim
fournis à la même a
Nous remarquerof
foc.at.on, renfermt
rcaproque du publi
L I ▼ R K V. Ï6i
fcant tenu aux engagemens qu'on n'a
s qu'avec foi, la délibération publi-
; qui peut obliger tous les fujets en-
8 le Souverain , à caufe des deux
trens rapports fous lefquels chacun
nx eft envifagé, ne peut obliger
at envers lui - même. Par où Ton
t qu'il n'y a ni ne peut y avoir d'au-
loi fondamentale, proprement dite>
ï le feul paâe focial. Ce qui ne figni-
pas que le corps politique ne puiffe^
certains égards, s'engager enver"
Tui ; car par rapport à l'Etranger ,
devient alors un être fimpie, un
îvidu.
iCs deux parties contraâ:ante$ ; (a-
r, chaque particulier & le public ,
yant aucun Supérieur commun qui
(Te juger leurs différends , nous
minerons fi chacun des deux refte
(naître de rompre le contrat quand
ai plait ; c'eft - à - dire , d'y renon-
pour fa part fi - tôt qu'il fe croit
i9
V}ur éclaircir cette queftion, nous
srverons que , félon le pa(fle focial ,
Souverain ne pouvant agir que par
volontés communes & générales y
aétes ne doivent de même avoir que
objets généraux & communs ^ d'où
foetal n*a jamaii
que la force pi
léfion ne peut
particuliers , &
pour cela libres
^naÎE punis de 1':
■^ Pour bien dé
tiqns fembUblet
nous rappcller
focial eft d'une i
propre à lui feuL
ne contrade ou'
i-dire le peuple
Terain , avec le
fnjets. Conditio
£cc & le jeu de
& qui feule ten
nables & fans i
mens qui fans et
tyranniques , St
L I V R E V. I^î
)mme obéiiTant au Souverain ,
qu'à lui-même, & comment on
! libre dans le padte focial , que
*tat de Nature.
s avoir fait la comparaîfon de
té naturelle avec la liberté cj.
ant aux perfonnes, nous ferons
aux biens, celle du droit de
té avec le droit de fouverai-
iu domaine particulier avec le
e émînent. Si c'eft fur le droit
priété qu*eft fondée Pautorité
îne , ce droit eft celui qu'elle
! plus refpe(fter; il eft in viola-
acre pour elle , tant qu'il de-
un droit particulier & indivi-
î-tAt qu'il eft confidéré comme
n à tous les Citoyens , il eft
à la volonté générale , & cette
: peut l'anéantir. Aînfi le Sou-
l'a nul droit de toucher au bien
rticulier , ni de plufieurs ; mais
légitimement s'emparer du bien
î , comme cela fe fit à Sparte
; de Lycurgue ; au lieu que l'a-
i des dettes par Solon , fut un
igîtime.
ue rien n'oblige les fujets aue
ité générale , nous recherche»
»mment fe manifefte cette Vo«
A l'înftant qi
patticulier un ■
bies , le peiipl
entre le tout 6
qui en feit deu
partie eft l'un
partie cttram
une partie n'e
ce rapport Tul
de tout , mais
Au contraii
Itatuc fur tôt
dere que lui-t
rapport, c'ef
point de vue
autre point d
fion du tout.
ftatue eft gé
ftatuc eft au
«..rnns s'il
L I y R E T. 167
; il s'enfuit que le Souverain n'a
nais le pouvoir de rien (latuer fur un
jec particulier ; & comme il importe
pendant à la confervation de 1 État y
*il foit auffi décidé des ehofes parti-
Ueres , nous rechercherons comment
La fe peut faire ?
Les aétes du Souverain ne peuvent
re que des adles de volonté générale ,
8 loix : il faut enfuite des ades dé-
rminans , des aétes de force ou de
•wernement pour l'exécution de ces
êmes loix , & ceux-ci , au contraire ,
-peuvent avoir que des objets par-
oliers. Ainfi ra(fte par lequel le Sou«
M^in ftatue qu'on élira un chef, eft
\t loi f & l'adte par lequel on élit ce
Uf en exécution de la loi , n'eft qu'un
te de gouvernement.
Voici donc un trolfîeme rapport fous
quel le peuple aifemblé peut être
infidéré ; favoir , comme Magiftrat ou
cécuteur de la loi qu'il a portée corn-
efbuverain ( i8)*
I I I I I !■ ■— — — <
C 18 ) Ces queftions & propofitions font la plu.
it extraites du contrat foetal , extrait lui-même
IB jplus grand ouvrage entrepris fans confnlter
•s forces , & abandonné depuis long-tems. Le
tit traité que j'en ai détaché , & dont c*eft ici
Ibmmaire , ièra publié à part. ^•U fMH
aftc le peuple
lui-même , on i
alors il paît t
n'a pas.
L'effence de
tant dans la vc
voit point non
s'aniireT qu'ui
fera toujours i
lonté générale
préfumer qu'e
traire ; car l'in
aux préKrenc
l'égalité ; & q
poffible , il Tu)
ceffaire & int
droit fouveraii
Nous reche
paftc focial, 1
L I V R E V. 169
imes aux loix qu'ils font chargés de
re obferver ?
Si le peupte ne peut aliéner fon droit
srémc , peut - il le confier pour ua
ns ? s'il ne peut fe donner un mai*
: , peut - il fe donner des repréfen^
is ? Cette quedion eft imporcante ^
îrite difcuiÛoQ.
Si le peuple ne peut avoir ni Souv&-
in ni repréfentans , nous exartiîne-
ns comment il peut porter fès loix
Uméme ; s*il doit avoir beaucoup de
U , s'il doit les changer fouvent ; s*il
^ aifé qu'un grand peuple foit fou
opre Légiflateur f
Si le Peuple Romain n'étoit pas un
and Peuple f
S'il e(l bon qu'il y ait de grands
îuples?
11 fuit des confidérations précéden*
s , qu'il y a dans l'Etat un corps
^termédiaire entre les Sujets & le
c>uverain \ & ce corps intermédiaire
>rmé d'un ou de plufieurs membres
K chargé de l'adminiftration publique,
e l'exécution des loix , & du maintien
e la liberté civile & politique.
Les membres de ce corps s'appellent
îagijirats ou Rois^ c*eft*à-dire. Gou-
erneurs. Le corps entier confideré pu
Emile. Tpme lY. H
enper agman
dite , le rapt
du Souverain
comparer ce
mes d'une pr
le gouverneiT
me. Le mag
les ordres qi
tout conipcn
fance eft au
duit ou la p
font fujetsc
l'auae. On
des trois tet
la proportii
■gouverner,
des loix , 01
le défordrc '.
l I V R E V. 171
tain eft au Sujet comme dix mille à
i : c*eft-à^dire , que chaque membre
TEtat n'a pour fa part que la di>:
illieme partie de Tau ton té fouveraine,
loiqu'il lui foit fournis tout entier.
pe le peuple foit compofé de cent
ille hommes ; l'état des Sujets ne
lange pas , & chacun porte toujours
>ut Tempire des loix , tandis que fou
iSrage réduit à un cent - millième a
X fois moins d'influence dans leur
dadion. Ainfi le fujet reftant toujours
i , le rapport du Souverain augmente
raifon du nombre des Citoyens.
où il fuit , que plus l'Etat s'agrandit ,
îs la liberté diminue,
3r, moins les rolontcs particulières
rapportent à la volonté générale ,
ft-à-dire les mœurs aux loix , plus la
ce réprimante doit augmenter. D'un
^c côté, la grandeur de l'Etat don^
m aux dépofitaires de l'autorité pu-
que plus de tentations & de moyens
T\ abufer , plus le Gouvernement a
ibrce pour contenir le peuple , plus
Souverain doit en avoir à fbn tout
Ur contenir le gouvernement.
Il fuit de ce double rapport que la
^portion continue entre le. Souve*
«1 , le Prince & le Peuple neft point
H Z
,4e fol»;
^ cette confct
"„e co»»»n">
•^ & abtotoi
Mtore il«'H
„ote te "'
loi», ""i.;
fentuo""»^™
L I V R E V. 17Î
it au profit du Prince ; volonté
Dn peut appeller volonté de corps y
jelle efl générale par rapport au
ivernement , & particulière par rap-
t à l'Etat dont le gouvernement fait
tie ; en troifieme lieu , la volonté
peuple ou la volonté fouveraine ,
uelle cft générale , tant par rapport
Etat conlidcré comme le tout , que
rapport au gouvernement confidcré
nme partie du tout. Dans une ic-
lation parfaite , la volonté particu-
re & individuelle doit être prefque
lie , la volonté de corps propre au
uvernemcnt très - fubordonnée , &
r conféquen^la volonté générale &
iveraine elè la règle de toutes les
:res. Au contraire , félon Tordre na-
el , ces différentes volontés devien-
U plus adives à mefure qu'elles fe
•centrent ; la volonté générale eft
jours la plus fbible ; la volonté de
Ps a le fécond rang , & la volonté
ticuliere efl préférée à tout. En forte
• chacun eft premièrement foi * mé-
9 & puis Magiftrat, & puis Citoyen,
^dation direâement oppofée à celle
^xîge l'ordre focial.
^ela pofé , nous fuppoferons le gou*
aement entre les mains d'un feul
Hî
dépend l'ufâgc de
force abfolue du j
toujours celle du pe
il s'enfuit que le pi
netnens ell celui d'
Au contraire , ut
ment à l'autorité (
Prince du Souverai
autant de Magiltrai
de corps partàttem
ja volonté général
d'adiviié qu'elle , i
particulière dans Ci
le gouvernenuetit .
même force abfol
minimum d'atlivitf
Ces règles Tonl
d'autres confidérai
confirmer. On voit
les MaRiftrats Toni
Livre V. 17^
LÎculiere de gouvernement ; au lieu que
chaque Citoyen pris à part n'a aucune
Fon<âîon de la fouveraineté. D'ailleurs
plus l'Etac s'étend, plus fa force réelle
lugmente, quoiqu'elle n'augmente pas
en raifon de fon étendue : mais l'Etat
reftancle même, les Magiftrats ont
beau fe multiplier , le gouvernemenc
ri'en acquiert pas une plus grande force
réelle , parce qu'il eft dépofitaire de
qille de l'Etat que nous fuppofons tou-
jèurs égale. Ainfi, par cette pluralité ,
Pad:ïvité du gouvernement diminue ,
(ans que fa force puilfe augmenter.
■ Apres avoir trouvé que le gouver-'
nenent fe relâche à mefure que les
Miàgiftrats fe multiplient, & que, plus
lé peuple eft nombreux, plus la force
réprimante du gouvernement doit aug-
menter , nous conclurons que le rap-
port des iMagîftrats au gouvernement
doit être inverfe de celui des Sujets au
Souverain : c'efl-à-dire , que plus TEtat
s'agrandit , plus le gouvernement doit
fe reflerrer , tellement que le nombre
des chefs diminue en raifon de Taug-
mentation du peuple.
Pour fixer enfuite cette dîverfité de
Formes fous des dénominations plus
précifes, nous remarquerons en pre-
M4
i:mples particulier
de DémociaiJc à t
verneraent.
Ou bien il peut
r.ement entre les n
nombre , en forte
jîmples Ciroyens qi
£' cette foime portt
cr:itîc.
Enfin , il peut ce
f n'jvernement entre i^
(;iftrat unique. Cette
eft la plus commune,
iiarchie ou gouvernen
Nous reniarqueron:
formes , ou du moii
mieres , font Tufcepl
di moins- *' '
L I V R Ë V. 177
foit entre te père & le fils , foie
deux frères , foit autrement. 11
ic toujours deux Rois à Sparte ,
I a vu dans 1 Empire Romain juf-
huit Empereurs à la fois , fans
pût dire que T Empire fût dîvîfé.
i un point où chaque forme de
ornement fc confond avec laTui-
: ; & fous trois dénominations fpé-
les le gouvernement ell réellement
)le d autant de formes que TEtac
Citoyens.
y a plus ; chacun de ces gouver-
:ns pouV4nt à certains égards fe
ivifer en direrfes parties , Tune
Iniilrée d'une manière & l'autre
e autre , il peut rcfulter de ces
formes combinées une multitude
)rmes mixtes dont chacune eftmuU
able par toutes les formes fimplès.
n a de tout tems beaucoup dilputé
la meilleure forme de Gouverne-^
it^ fans confidérer que chacune eft
leilleure en certains cas , & la pire
Tautres. Pour nous , fi dans les dif*
ns Etats le nombre des Magiftrats
doit être in^erfe de celui des
19- ) On fe fouviendra que je n*entends par-
eil qu« «^e^agiitrats ruprêmes ou Chefs de U
Hs
i
que nous paiviei
font les devoirs
toyens ; St fi l'oi
des autres? Ceq
en quoi précirémi
quoi chacun peut
patrie ou s'il n'en
Apres avoir a:
efpece de fociété
nous les coin par<
ver les divers raf
des , les autres pï
les aatres foibles
faut, s'entre-dcti
aftion & réaaio)
pins de miférabi
à plus d'hommes
gardé leur premi
minerons fi l'on i
L IVRE V. 179
liemmes , tandis que les fociétcs gar-
dent entre elles rindépendance de la
nature, ne relient pas expofés aux
maux des deux états, fans en avoir les
avantages , & s'il ne vaudroit pas mieux
qu'il i n'y eût point de fociété civile
au monde , que d'y en avoir plu (leurs ?
N'ed - ce pas cet état mixte qui parti-
cipe à tous les deux, & n'aiTure ni
Fun ni Pautre , per quem neutruni lU
cet , nec tanqttam in bcllo paratum
cjje , nec tanquam in pacefecurum ?
N'eiî-ce pas cette anbciadon partielle
& imparfaite, qui produit la tyrannie
& la guerre ; & la tyrannie & la guerre
ne font-elles pas les plus grands Âéaux
de rhumanité ?
Nous examinerons enfin Tefpece de
remèdes qu'on a cherchés à ces incon*
véniens, par les ligues & confcdéra*
tions, qui, laifTant chaque Etat fon
maître au - dedans , l'arme au - dehors
contre tout aggrefTeur injufte. Nous re*
chercherons comment on peut établir
une bonne aflbciation féderative , ce
qui peut la rendre durable , & jufqu'à-
quel point on peut étendre le droit de
la confédération , fans nuire à celui dq
la fouveraineté ?
L'Abbé de S, Pierre avoit propof4
H 6
toutes les qu
qui peovent i
du droit politi
Enfin nous
pts du droit c
minerons poi
très n'en ont
Je ne feroii
de tous nos r
homme , qui
m'interrompa
bàtiflbns not
& non pas
nous alignon!
à la règle ! 1
fongez que le
pâmons des }
L I V R E V. 1 ji
ntre nous d'établir d'abord les vrais
principes du droit politique. A pré-
snt que nos fondemens font pofés,
enez examiner ce que les hommes
ihC bâti deflus , & vous verrez de bel*
es chofes !
Alors je lui fais lire Télémaque , &
kourfuivre fa route : nous cherchons
'heureufe Salentc, & le bon Idomenée
endu fage à force de malheurs. Che-
nîn faifant nous trouvons beaucoup
le Protéfiias , & point de Phiioclcs.
Idraile Roi des Dauniens n*eft pas non
;>lus introuvable. Mais laifTons les Lee-
ceurs imaginer nos voyages, ou Içs
Faire à notre place un Télémaque à
It main , & ne leur fuggérons point
des applications affligeantes , que l'Au-
teur même écarte , ou fait malgré lui.
Au refte , Emile n'étant pas Roi , ni
moi Dieu , nous ne nous tourmentons
point de ne pouvoir imiter Teléma-
Î|ue & Mentor , dans le bien qu'ils fai-
oient au^c hommes : perfonne ne fait
mieux que nous fe tenir à fa place , &
ne defire moins d'en fortir. Nous fa-
vons que la même tâche eft donnée à
tous ; que quiconque aime le bien de
tout fon cœur , & le fait de tout fon
pouvoir y Ta remplie. Nous favons que
''' dt Pa,:. °"»™lc
"'onument "' ? foui
L I y R E V. ii%
Couru TEurope , livrés aux frivolités.
ou à l'ennui, ils reviennent fans avoir
rien vu de cç qui peut les intérelTer,
ni rien appris de ce qui peut leur être
Utile.
Toutes les Capitales fe réfTemblent ;
tous les Peuples s'y mêlent , toutes les
tuœurs s'y confondent ; ce n'ed pas là
qu'il faut aller étudier les Nations. Pa-i
ris & Londres ne font à mes yeux que
la même ville. Leurs habitans ont queU
ques préjugés difféfiens , mais ils n'en
ont pas moins les uns que les autres ^
& toutes leurs maximes pratiques font
les mêmes. On fait quelles efpeces
d'hommes doivent fe raflembler dan»
les cours. On fait quelles mœurs l'en-
taflement du peuple 6c l'inégalité des
fortunes doit par-tout produire. Si-t6c
qu'on me parle d'une Ville compofée
de deux cent mille âmes, je (ais d'a«
vance comment on y vit. Ce que je
faurois de plus fur les lieux , ne vaut
pas la peine d'aller l'apprendre.
C'eft dans les Provinces reculées^
où il y a moins de mouvemens , de
commerce , où les Etrangers voyagent
moins , dont les habitans fe déplacent
moins , changent moins de fortune <Se
d'état , qu il faut aller étudier le génis
cle r, "'S^des
clt ft'is méiMge ■ ,
r "" Pl"s S'und ,a
•0*
L I V a E V. i8ç
ifoit par des colonies , ou par d'au-
es voies accidentelles & pafTageres ,
ors elles prouveroient le mal par le
inede. Quand Augufte porta des loix
intre le célibat, ces loix montroient
ïjà le déclin de l'Empire Romain. 11
.m que la bonté du gouvernement
orte les Citoyens à fe marier, & non
as que la loi les y contraigne; il ne
lut pas examiner ce qui ie fait par
>rce, car la loi qui combat la coniH.
ation , s*élude & devient vaine , mais
e qui fe fait par Finfluence des mœurs
i^ par la pente naturelle du gouvcrne-
»icnt; car ces moyens ont feuls un
^et conftant. C'étoit la politique du
>on Abbé de S. Pierre , de chercher
oujours un petit remède à chaque mal
particulier , au lieu de remonter à leur
oorce commune , & de voir qu'on ne
^ pouvoit guérir que tous à la foi?,
' ne s'agît pas de traiter fcrarément
'haque ulcère qui vient fur le corps
fun malade , mais d'épurer la maflc
'u fang qui les produit tous. On dit
lo'il y a des prix en Angleterre pour
^agriculture ; je n'en veux pas davan-
âge ; cela feul me prouve qu'elle n'y
)rillera pas long-tems.
la feconie marque de la bonté rc«
incgaux en fbice
des deu;t , eil toi
ha bi tans font le
pandus fur le terri
pas de fi grandes
iéquent brille le
iouTs l'aucre. Ce
les qui épuilem
fnibleiTe ; la rïch
fent , eft une rie
lufoirc : c'en beai
d'effet. On die q
vaut une Ptovinc
ce; moi je crois
plufieurs , que c'
que Paris eft no
ces , & que la i
nus fe verfent t
reftenc fans t^mai
ni ail Roi. Il eft i
Livre T. i87^
iple mal diflribué n'eft pas avanta*
IX k l'Etat , mais il eft plus rui-
IX que la dépopulation même , en
:)ue la dépopulation ne donne qu'un
duit nul , & que la confommation
1 entendue donne un produit néga-
Quand j'entends un Francjois & un.
glois , tout fiers de la grandeur de
rs Capitales , difputer entre eux ,
oel de Paris ou de Londres con«
at le plus d'habitans , c*èft pour qioi
nme s'ils difputoient enfemble , le*
z\ des deux peuples a Thonneur d'être
plus mal gouverné.
Etudiez un Peuple hors de fes Villes^
n'eft qu'aînfi que vous le connoU
z. Ce n'eft rien de voir la forme ap-;
rente d'un gouvernement , fardée par
^pareil de radmîniftration Se par 1&
gon des Adminiftrateurs , fi l'on n'en
idie aufii la nature par les effets
'il produit furie Peuple, & dans
]$ les degrés de l'adminiftration. La
Férence de la forme au fond , fe trou*^
it partagée entre tous ces degrés ,
n'eft qu'en les embraffant tous ,;
on connoît cette différence. Dans
pays , c'eft par les manœuvres des
bdélégués qu'on cottimence à fentir
jpiit dujy^niftere^ dans telautre^
cft jamiii le
pour la canjj
pagne qui ft|
pie de ia can
Cette étud.
isurs Provini
limplicicé deJ
ine obfervati
bic
a mon ep
lante pour le
toutes les Nat
roiflTctit en vali
•elles fe rappi
plus la bonté
terc ; ce n'cJl ,
«s Villes , ce
force de cultut
& qu'elles cha
blés & pernici
DIus «rn/Tt^-c .
L 1 V R E V. lt9
randes Villes où règne une horrible
Drraption , font moins expoies à la
>ntracter, & confervent parmi des
ommes plus fiitnples , & dans des fo«
iétés moins nombreufes , un juge-
lent plus fur., un goût plus fain , des
lœurs plus honnêtes. Mak au relie ,
ette contagion n'eft gueres à craindre
our mon Emile ; il a tout ce qu'il
iut pour s*en garantir. Parmi toutes
es précautions que j'ai prifes pour cela,
e compte pour beaucoup rattachement
itt'il a dans le cœur.
On ne fait plus ce que peut le vc-
itable amouî: fur les inclinations des
eunes gens , parce que ne le connoiC-
ànt^pas mieux qu'eux, ceux qui les
;ouvernent les en détournent. 11 feut
)ourtant qu'un jeune homme aime ou
in'il foit débauché. 11 eft aifé d'en im-
)ofer par les apparences. On me citera
nille jeunes gens qui , dit- on , vivent
brt chafteraent fans amour ; mais q'i*on
ne cite un homme fait, un véritable
îomme qui dife avoir ainfi pafTé fa
leuneHe , & qui foie de bonne foi. Dans
:outes les vertus , dans tous les de-
voirs on ne cherche que l'apparence ;
moi je cherche la réalité; & je fuis
trompé , s'il j a , pour y parvenir ^
J'étois à Vei
Gouverneur d'il
ea hiver , nau
Le Gouverneur
pB&i. II les li(
tout haut à fa
Anglois ; je n'y
rant la ledure .
déchirer de tr<
foinC qu'il pori
une après l'ai
qu'il put afin
pas : furpris d
garde au vilàge
tion ; mais les 1
fions, quoiqn'af
les hommes, <
tionales , fur l
fe tromper. Le!
gagea fur le vil
Livre V. içt
Le Gouverneur voyant ce qui s'étoit
)afle , fe mit à rire , embraffa fon Ele-
re d*un air de fatisfadtion , & aprc»
ivoir obtenu fon confentement , il me
lonna Te^piicacion que je fouhaitois.
Les manchettes , me dît-il , que M.
fohn vient de déchirer , font un pré-
sent qu'une Dame de cette Ville lui a
iît il n'y a pas long-tems. Or , vous
!aurez que M. John eft promis dans
Ton pays à une jeune Dcmoifelle pour
laquelle il a beaucoup d'amour , & qui
în mérite encore davantage. Cette Let-
tre eft de la mère de fa maîtrefle , &
ic vais vous en traduire l'endroit qui a
2aufé le dégât dont vous avez été le
;ëmoin.
" Luci ne quitte point les manchet-
,9 tes de Lord John. MiffBettî Rold-
„ ham vint hier paffer laprès - midi
», avec elle & voulut à toute force tra-
», vailler à fon ouvrage. Sachant que
I, Luci s'étoit levée aujourd'hui plutôt
>, qu'à l'ordinaire , j'ai voulu voir ce
I) qu'elle faifoit , & je Tai trouvée oc-
I, cupée à défaire tout ce qu'avoit fait
>, hier Miff Betti. Elle ne veut pas qu'il
p, y ait dans fon préfent , un feul point
», d'une autre main que la fienne-,,.
M. Johnfortitun moment après povr
point un expedi
tre la Dame ac
me dit-il * la cl
pas' mis tant d
mis de la fimpl
a béni mon tu
Le ttait de
poîni forti de i
pas propre à n
tête d'un rêve
Ilefttems d
John à Miir 1
à Sophie. Il lu
non moins tei
vin eftirit plus
dans Ion pays
les gouvernen
& les peuple;
j'ai même pi
L I V R E V. I9J
ujours* agréable d'avoir dee corref-
ndtt^s dans les pays éloignés , c'eft
e oBellente précaution contre l'em-
e des préjugés nationaux , qui , nous
aquant toute la vie, ont tôt ou tard
elque prife fur nous. Rien n'eft plus
jprc à leur ôter cette prife que le
mmerce défintcreffé de gens fenfés
'on eftîme, lefquels n'ayant point
j préjugés & léS' combattant par les
irs , nouTS donnent les moyens d'op-
fer fans cefTe les uns aux autres , &
nous garantir aînfi de tous. Ce n'eft
int la même chofe de commercer
5C les Etr^gers chez nous ou chez
X. Dans le premier cas , ils ont tou«
irs pour'le pays où ils vivent un me-
gement qui leur fait déguifer ce qu'ils
penfeht ou qui leur en fait penfer'
durablement , tandis qu'ils y font : de
:our chez euy ils eh rabattent & ne
it que jùftes. Je feroîs bien aîfe que
tranger que je confulte eût vu mon-
vs , mais je ne lui en demanderai fou
[8 que dans le fien.
Emile. Tome. IV,
Euu de l'Eu)
petits ; après
ou trois pTÎn
avoir vu ce i
rieux , foit (
en Gouvenw
en Hommes
Ucnce m'avi
proche. Alor;
ami , vous
pal objet df
TU , vous a^
leréfultatdc
vous fixez-v
dans ma m
pondre à^pe
" A quoi
L ï V R É V. If ^
mémeca vains efforts poux l'aflurer.
Pour ne pas céder au torrent des
chofes , ils fe font mille attachemens;
puis fi-côt quils veulent faire un pat
ils ne peuvent , & font étonnés de
tenir à tout. li me femble que poi|C
JlC Tendre libre on n'a rien à faire^
II fiiffit de ne pas vouloir céder de
f être. C'eft vous , à mon maître ,
rii^ m'avez lait libre en m'apprenant
céder à la nécelGté. Qji*elle vienne
juaad il lui plait , je m'y laiiTe «n-
Cxaîner fans contrainte , éc comme îc
ne veux pas la combattre, je ne
n'attache à rien pour me retenir.
l'ai cherché dans nos voyages fi je
trouverois quelque coin de terre ou
je pufle être absolument mien ; mais
en quel lieu parmi les hommes ne
dépend - on pâus de leurs paffions ?.
Tout bien examiné^ î'ai trouvé que
i&on fouhait même étoit contradic-
toire ; car duffé-je ne tenir à autre
diofe, je tiendrols au moins k la
rterre où je me ferois fixé : ma vie
rfecoft attachée à cette terre com^
ime celle des Dryades Tétoit à leurs
Itrbres; j'ai trouvé qu'empire & li-
jberté étant deux mots incompati-
(Ues , je ne pou vois être maître d'une
I 2
„ tei^t la CMue Qt nos
,t prouviez' tics.- folîi
,i poDTois gaidec à li
„ &.ma:Uber*é , mais
,^li«a qi«. je fuffe^à
,» fans befoins, vovfl '
,t £«G in compati bite^ ,
,hine tiiec deiadépe:
„ met;., qu'en leiKrai
„ nature. Quci ferai '
„ fortune, que mes f
,ifée,T Je s;mT)inenc«
,„.dép:epdi:ei.ietej8Ct
...qjjiift'y .attachent.:
„ le, elle me rcfteua
,,-.ofli n^: m'eniraiçern
,, Je î>iÀ nie, tourmerti
„retenir.. mais. je te
,,. plaçai E-iclieou pat
„ Je ne Je; ferai .point
Livre V. 1^7
5, fance & je les porterai jufqU'à la
.^^ mort , car je fuis homme ; & pour*
„ quoi ne faurois- je pas les porter
,,, étant libre , puiG;iu'étant efclave il
„ les faudrait bien porter encore s &
5, <:elles de Tefclavage pour furcroît ?
„ Qpe m'importe ma condition fuf
„ la terre? que m'importe où que je
^, fois ? par-tout où il y a des hommes,
^ "je fiils « chez inés • Frères ; par-tout où
.^ il ny en a pas,jfe fuis chez moi.
.,, Tant que je pourrai refter indipen-
„ dant &' riche , j'aidu bien pour vi-
„'Vre & je vivrai. Quand mon bien
.,, m*alTujettira . je Tabandonnerai fans
j, peine ; j'ai <les bras pour travailler,
. ,, & je vivrai. X^irand mes bras me
^'manqueront , je vivrai fi Ton me
„ nourrît, Je mourrai fi Ton ni'aban-
„ donne ; je mourrai bien auffî quoi-
„ quon ne m'abandonne pas, caria
„ mcnrt n'eft pas une peine de ia pau-
^ vreté , mais une loi de la nature.
Dans quelque tems que . la mort
vienne , je ia défie ; elle ne me fur-
^, prendra jamais faifant des prépara-
^, tifs pour vivre ; elle ne m'enipéchera
„ jamais d*avoir vécu*
„ Voilà, mon père, à quoi je me
9^ fixe. -Si j'étois lans paflions , je fe^
9>
9î
tmee. nu »
„ M j c'eft la
„ mas, & J'
„ nez donc ,
„ fuis libre,
„ Cher Ew
J, tcnckc fon
^ cours d'ho
^ limens da
J, leffement
„ ton âge. 1
^ des enfon!
,, rcment ce
' de familU
„ tes voyag'
Fcffct ; j'
près n»5
'' éloigné
„ qu'cHes
vain qn't
L î Y R t V. 199
y) & de Tordre exiftent. Elles tiennent
^, lieu de loi pofidve au fage; elles
y, font écrites au fond de fon cœur par
^, la cenfcience & par ]a raifon ; c^eil:
^, à celles-là qu'il doit s'aflervir pour
^, être libre , & il n'y a d'efclave que
y, celui qui fkit mai , car il le fait tou-
^ jours malgré loi. La liberté n'eft dans
^, aucune forme de gouvernement ,
^y elle eft dans le cœur de l'homme H*
^y bre ^ il la porte par-tout avec lui.
^, L'-homme vil porte par-tout la fervi-
j, tudc. L'un feroit efclave à Genève,
y^ & l'autre libre à Paris.
„ Si je te parlois des devoirs du Ci-
,, toyen, tu me demanderois peut-être
,, où efl: la patrie > & tu croirois m'a*
,^ voir confondu. Tu te tromperois ,
^, pourtant , cher Emile , car qui n'a
,, pas une patrie a du moins un pays.
3^ il y a toujours un gouvernement &
,, des fimulacres de loix fous lefquels
,, il a vécu tranquille. Que le contrat
,, focial n'ait point été obfervé, qu'im-
^j porte , il l'intérêt particulier Ta pro«
^, tégé comme auroit fait la volonté
99 générale , fi la violence publique l'a
yj garanti des violences particulières ,
^, fi le mal qu'il a vu niire lui a fait
yj aimer ce qui écoit bien , & fi nos inf-
I 4
" précieux pour 1
, de tes adions S
* Né dans le fo
vécu plus he;
*; mais n'ayant jj
", fuivre Tes per
*, Tans métite, il
' tueux , & ""3
,, malgré fes_ pa
, rence de Voià
, noître.. à Vair
j, fliii.ne :fect ^u
, .trCS 1 £" .pûûr
'„31apprendàr«
, cre , à faerine
commun. 11 '
j, tlte aucun pf
, donnent le
', même parmi 1
.. vrai qu'elles
L I V R E V. 2V\
y^ &, Tun de ces devoirs ell l*attachvi-
„ Tu dois vivre au milieu d'eux , ou
„ du moins en lieu d'où tu puiiFes leur
„ être utile autant que tu peux l'être,
„ ôc où ils fâchent où te prendre fi
„ js^mats ils ont befoîn de toi. 11 y a
„ telle circonftanceoù un homme peut
y^ être plus utile à Tes concitoyens hors
^, de fa patrie, que fi*îl vivoit dans Ton
„ fein. Alors il doit n*ccouter qucfon:
,, zèle & fupportcr fon exil fans mur-
j, mure; cet exil même tft un defes.
devoirs. Mais toi , bon Emile, à qui
rien n'im{K)fe ces douloureux facrl-
fices , toi qui n'as pas pris le trifte
^ emploi de dire la vérité aux hom«
jl mes , va vivre au milieu d'eux y cul-
.^, tîveleur amitié dans un doux corn-
merce, ibis leur bienfaiteur, leur
itK)dcle : ton exemple leur fervira
plus que tous nos livres , & le bien
^, qu*ib te verront faire les touchera
^, plus que tous nos vains difconrs.
„ Je ne t^e^horte pas pour cela d'al-
ler vivre dans les grandes Villes ; au
,, contraire , un des exemples que les
M bons ^doivent donner aux autres câ
1 S
99
99
59
99
' cocronipu. ncuitu^
" le pays où l'on n a
" chercher la paix
*; Mais où cft ce p
" au milieu ctes viHç
"prefquc il exercer I
des intrigms ou
'' L'accueil qu'on y
' qui viennent ^ cn<
*■ fait qu achCT-er *
'' qu'au contratt* «
'* aux dépens deyri
', mes qui fe i"*te
' ciété font unies
' qu'ils s'en rettrcr
' vices lui vienne
' bteufe. Ils font
'' qu'ils peuvent ra
''âcfcttslaviejlî
L I V R E V. 205
„ rînfortnné villageois. Je croîs voi^
,, ic peuple fc multiplier , les chanip^
„ fe fertilifer, la terre prendre une
^, nouvelle parure, la multitude ôc l'a^
,, bondance transformer les travaux en
„ fêtes , les cris de joie & les bénédic-
9, tions s'élever du milieu des jeux au*
^ tour du couple aimable qui les a
„ ranimJs. On traite Tâge d'or dé chi-
„ mère, & c'en fera toujours une pour
,, quiconque a le cœur & te goût gâ«
„ tés. Il n*€ft pas même vrai qu'on le
„ regrette , puifque ces regrets font
„ toujours vains. Que faudroit-il donc
„ pour le faire renaître? Une feule chofe,
,, maïs impolfible ; ce feroit de Taimer.
yy II fenible déjà renaître autour de
^ l'habitation de Sophie ; vous ne ferez
„ qu'achever enfemble ce que fes di-
„ gnes parens ont commencé. Mais ,
„ cher Emile , qu'une vie fi douce ne
„ te dégoûte pas des devoirs pénibles ,
„ il jamais ils te font impofés : fou-
„ viens-toi que les Romains paflbient
„ de la charrue au Confuiat Si le
,, Prince ou l'état t'appelle au fervice
„ de la patrfe , quitte tout pour aller
,, remplir , dans le pofte qu'on t'àffigne»
„ l'honorable fondtîon de Citoyen, Si
9, cette fonâion t'eft onéreufe , il eit
I 6
„ charge : tant qi
„ mes de ce fiec
„ qu'on vienata •
„ l'Etat,,.
Qiienem€it-H
retour d'Emile au
fin de leurs anioM
menccment de 1
les unit î Amo^'
dure autant que
qui ne s'efiàceni
té , fm les convt
qui Tendent le
crobngent dans
de la première
détails pooiroici
les, &jul^«>'<^
de détails agréa
cru ïoirVutilit
teele à la- fin <
L I V R B V. 20Ç
Enfin , je vois nakre le plus char-
mant des jours d'Emile & le plus heu<
reux des miens ; je vois couronner
mes foins & je commence d'en goûter
le fruit. Le digne couple s'unit d'une
chaîne indiffoluble ^ leur bouche pro-
nonce & leur cœur confirme des fer-
mens qui ne feront point vains : ils
font époux. En revenant du Temple
ils fe lai&nt conduire ; ils ne favent
■où ils font^ où ils vont, ce qu'on fait
autour d^eux. Ils n'entendent point ,
ils ne répondent que des mots confus ,
leurs yeux troublés ne voient plus rien.
O délire l à foiblefTe humaine ! Le fen-
timent du bonheur écrafe Thomme ; il
ji'eft pas affez fort pour le fuppbrter.
Il y a bien peu de gens qui Utchent ,
un jour de. mariage, prendre un ton
convenable avec les nouveaux époux.
La morne décence des uns & le propos
léger des autres me femblent également
déplacés. J'aimerois mieux qu'on laif-
làtçes ieunes coeurs fe replier fur eux-
mêmes , & fe livrer à une agitation qui
' n^eft pas Tans charme , que de les en
! dîfbraire fi cruellement pour les attrifter
{lar .mç feufle. bienféance^^ 941 pour
. es embar^^K(Içf^ ?¥.At mauaaifes plai-
\ fatttexics 4|l4 '^ â^i^aatrel^ Ijeur plaire
L I V R B V. 207
teftations que teurs yeux fe font ffln«
mellement de &*adorer jufqu^au dernier
ibapir? Je les htile Bifte, & pois je
■éprends.
- J^at fourent penfê que fî Ton pomroit
nrolon^er te bonheur de Tamour dao»
le manage, on durait le paradis fur ta
terre.. Q^ta ne s'eft jamais ra jufqoffei.
Mais (r la chofe nTeft pas tout>à-firie
bnpoffible , vous êtes bien dignes Pun
ft Vautre de donner un exemple, que
Vdos n^aurez re<^ de perfonne, & que
peu d'époux auront imiter. Toulez-
TOUS , mes enfans , que je vous dife
«n moyen que j^imagfhe pour cela , &
fue je crois être fe leul poffible T
Ils fe regardent, en Ibnrfant ft fe
moquant de ma fimplicité. Eniile me
rfemercfe nettement de n» recette , en
difant qu'B croit que Sopbie en a onr
Bitiileure, &, que, quant à hi*, celle-
là lui fuffit. Sophie approuve, & pa.
fOit tout anffi confiante. Cependant à
travers foQ air de raillerie je crois dé«
mêler un peu de curiofité. f examinie
Ibmit r (n yeux ardens dévorent lés
charmes de fon époufe : c'eft te ftuk
chofê ddnt il fbit curîeux , ft tous.mes
propos ne rembarraflent gueves. Jb
HQiisà AM IQW en- difint ai nofc
L I V Jt E V. .209
Les nœuds qu'on veut trop ferrer
tompent. Voila ce qui arrive à celui
du mariage , quand on veut lui donner
plus de force qu'il n'en doit avoir. La
ndélitc qu'il impofe aux deux époux
cft le plus faint de tous les droits ,
.mais le pouvoir qu'il donne à chacun
ides deux fur l'autre eft de trop. La
contrainte & l'amour vont mal en-
jfemble , d: le plaifir ne fe commande
jas. Ne rougiflez point, ô Sophie ,&
ne fongez pas à Fuir. A Dieu ne plaife
gne je veuille offenfer votre modeftie \
^mais il s'agit du dcftin de vos jour,9.
'Pour .un fi grand objet fouffrez entre
'qn époux & un père , des difcours que
vous ne fuppoEteriez pas ailleurs.
Ce c'cft pas tant la pofTeffiDn que
TafTujettiflement qui rafiafie , & Ton
^garde pour une fille entretenue un bien
plus long attachement que pour une
femme. Comment a-t-on pu faire un
dévoir des plus tendres cnrefTes , &: un
droit des plus doux témoignages de Ta»
mour ? C'eft le defir mutuel qui fait le
droit , la nature n'en connoic point
d'autre. La loi peut reftrcindre ce
droit , mais elle ne fauroit l'étendre.
La volupté eft fi douce par elle-même !
doit^elle recevoir de la triite gène la
«re qu'à
ne doit é
loi plait.
S'il eft .
TOUS vouli
ne, qu'c
trèfle «
rcux, ma
de l'amou
& <ïue les
jamaïs poi
grâces. Ji
«veux ftirn
eue ; mais
Wricable a
il fur la 1
quand le <
ce que la b
chacun de;
M Derfonnc
L 1 V R K T, tir
•ft partagé. Ne craignez pas , mes en-
fens , que cette loi vous tienne éloi-
gnés ; au contraire y elle vous rendm
lous deux plus attentifs à vous plaire >
li^ préviendra la fatiété. Bornés uni-
Ïaement l'un à l'autre , la Nature &
amour vous rapprocheront aflez.
A ces propos & d'autres femblables
Emile fe iache , fe récrie ; Sophie hon-
tcufe tient fon éventail fur fcs yeux &
ne dit rien. Le plus mécontent des
deux, peut-être , n'eft pas celui qiai
Je plaint le plus. J'infifle impitoyable-
ment : ie fais rougir Emile de fon peu
de délicatc(Te \ je me rends caution
pour Sophie qu'elle accepte pour fa
part le traité. Je la provoque à parler, on
le doute bien qu'elle n'ofe me démen-
tir. Emile inquiet confulte les yeux de
ÙL jeune époufe : il les voit , à travers
leur embarras , plein d'un trouble vo-
luptueux qui le ra(Ture contre le riC-
que de la confiance. Il fe jette à fes
pieds , baife avec tranfport la main
qu'elle lui tend , & jure qu'hors la fidé-
Ûté promife , il renonce à tout autre
droit fur elle. Sois , lui dît-il , chère
époufe , l'arbitre de mes plaifirs com-
me tu l'es de mes jours & de ma de&
tînce. Pût ta cruauté me coûter la vie a
Jer mourir t
I* foir, p
■dis , du (on i
pollible : Tou
^ous êtes lil
■^ueftion des
mot, point di
■veux-ru venir
«n fureur i-oi
Sophie , qu'er
je l'eminene '.
Jànt dira qu'i
(nenrcnge , i
■ vérité'
Le lenderaai
Jicicé ne flatte
luprioT] du vit
leur -goût que
«nt pius fent
m voir ce oui
LIVRE' V; «rj
lux attraits de la. volupté n'y font
Hnt. O qui de vous .n'a Jamais vu
MiX j'cuMSsépoiix unis fousd'beurei^x
l(pice8 fortant du , lit nuptial , &. por-
M^.k U fois.dans. leurs regards lan-
MJTaus &. chaftes rivrefle des doux
•sGrs qu'ils viennent de goûter , T^i-
Able fécurieé de rinnocencc, & la cer«
Uidfi:alors {t<;harniante deicouler en«
IVihle le: reAe. de leurs jours? Voilà
ll^ct le pius: ravidant qui.puiife être
jfeft' au cœur .'de: l'homme ; voilà le
si j tableau. de.la. volupté.! vous Ta-
ïg.vu cent fois fans le reconnoitre;
y cœurs endurcis ne ' font; plus faits
Tut Taimer. Sophie heureufe 6c pai-
lie pafle le jour dans les bras de fa
ndre. mère ; c'efl; un repos- bien doux
prendre , après avoir pafl^ la nuit
jis ceux d'un époux.
If furléndemain , j'apperqois déjà
istqae changement de fcene. Emile
41 1 -paroitre un peu mécontent : mais
favers -cette affedation je remarque
, rempreflement fi : tendre^ & mérrte -*
it-dafoumilTion, que je n'en augure^
a.' de bien fScheux. Pour Sophie,
e eft plus gaie que la veille ; je vois
LUer dans Tes yeux un air fatisfàît
beieil çhacmante avec. Emile 4 elle Jifi
„ chérif par T'
„ pac vos lefw
„ iné de fa-f
„ plaindre de
";, C'ert ainfi
„ donnera Tac
„ vos àtis , qi
„-fes affaires-,
„ en délibérer
„ vous pome
„ fe , quand'!
„ une douce
„ HÏmablé' pi
„ employer h
„ de ia vertn
„ la raifon.
,, Ne croye
„ cet art Ittén
„ jours. 0(1
,, puilTe' pi*n
L I V R E V. 2T7
,, la paflion. Les enfans forment entre
„ ceux qui leur ont donné Tétre , une
„ lîaiTon non moins douce & fouvent
„ plus forte que Tamour même. Quand
„^ vous cefTerez d'être la maitrefle d'E*
^ mile , vous ferez fa femme Se fon
y, amie ; vous ferez la mère de fes en«
,, fans. Alors y au lieu de votre pre-
,, miere réferve , établiffez entre vous
„ la plus grande intimité ; plus de lit*
y, à-part, plus de refus, plus de ca-
^ price. Devenez tellement fa moitié ,
I, qu'il ne puiiTe plus fe pafTer de vous ,
^' & que (i-tôt .qu'il vous quitte , il fe
y, fente loin de lui-même. Vous qui
^ fîtes fi bien régner Jes charmes de
,, la vie domeflique dans la maifon pa-
„ temelle , faites les régner ainfi dans la
„ vôtre. Tout homme qui fe plait dans
1^- fa maifon , aime fa Femme. Souvenez*
,, vous que fi votre époux vit heureux
,, chez lui , vous ferez une femme heu«
», reufe.
,, Quant à préfent , ne foyez pas fi
„ fevere à votre amant : il a mérité plus
,,-de complaifance ; il s'offenferoit de
„• vos alarmes ; ne ménagez plus fi fort
„ fa fanté aux dépens de fon bonheur ,
„ & jouifTez du vôtre. 11 ne faut point
», attendre le dégoût , ni rebuter le de»
Smile. Tome IV. K
-j
fuppcwter le ji
Méritez qu'il
Sur-tout , facr
magineipas v
en boudant. 1
i faire, &ch
des conditions.
baifer ; après «
Cher Emile, u
fa vie de conf
de mon miei
préreni ce dev
ma longue tàc
d'un autre, ]'a
tûrité que vc
voici déformai
Peu-à-peu li
& leur laîlTe g«
de leur nouve
dignes époux
L I V R Ë V. ttii
^leiljdte fois je joins levirs ifiains dunfi*
ibb$ miâsiteà^eit bémflkntla Provid^nûe y
[#^ peoffiuit ^ardens fotipirsj ^t M
'~ ~ irs fà|>pGq[tie lîit-ces deux vAtàiti
fe {èh«nt ! de combien dë4aMttes
J0ie ils me teb ftenteat arrdfer ! l't
flènt à leur tonf , en parta*
mes tvktdpam. Lem«te(peâablts
jomffimteh(îbre ane fets db leur
(j«iiuci/e dântbètiê dé léttrs.enikns ;ilg
riccommencentv iràtiraSnfidiTe,'dè vi»
|;vre en eux , ou plutèt ils x^onnoiflent
Eur la première fois le prit de la vie :
maudiflfent leurs andennes richef-
pfet, qui les empêchèrent ,.^0 mémt
l égê ) de goûteïun fort fi charmant. S*il
I y a du bonheur fur la terre , c'eft dans
rafyle où nous vivons qu'il faut le
' «herdier.
Au bout de quelques mois , Emile
tntre un matin dans ma chambre ^ &
jae dit en m'embra(&nt : mon^naitre ,
ielicitez votre enfant, il efpere avoir
Wentôt Thonneur d'être père. O quête
ibios vont être impofés à notre zele^
& me nous allons avoir befom de vous !
A Dieu ne plaife que je vous laifle en-
core élever le fils, après avoir élevé le
père. A Dieu ne plaife qu*un devoir fi
tàat & fi dojx ibit jamais rempli par
J'en ai plus bi
nant qucjncE
mencenL Vo
Euidez-moi p<
Icz-fous : if
EMILE
E T
S OP HIE,
o u
LES S04ITAIRES.
/ V
Avis des Editeurs. 22;
tution en aurait été aitJJ! intcrejjantc
qu'utile s c'était mettre en a^ian La.
morale rf Emile , lajuftifier Sf ia faire
aimer : mais la mort ne permit pas à
M. Rousseau délever ce nouveau
monument à fa gloire , gf de repren--
dre cet Ouvrage, qu'il avait inter»
rompu pour fes ConjeJJtons.
'Nous donnons au Public lefeulmor-
çeau qu'il en ait écrit , gf nous le di-
Jbnsjans détours nous k donnons avec
une forte de répugnance. Plus le ta-
. bleau qu'il nous préfente ejl empreint
du génie defonfublime Auteur , gff
plus ilçfl révoltant, Emile défefpéré ,
.Sophie avilie! Qui pourrait fupporter
ççs odiedjCes images ! J'ai du moins la
rcffbwrce des larmes i quand je vois la
vertu malheur eufe gémir ,• mais que
me reJle^tM quand elle ejt en proie aux
remords ? Et puis , quelk confiance
pf endroit - on dans des préceptes qui
ri ont abouti qu'à faire une femme
adultère ? S'il eJl vrai cependant que
les éducations aufleres ne font que des
hypocrites de vertu , H éducation feule
4e Sophie doit faire des filles vertueu-^
Jtfs i mais des filla vertueufes deviens
nent - elles, des époufes perfides ^ par-
^juref ? Gardons-nous dimputcr à M*
K 4
à impruacntei
f^fcs malhet
yfjaloufe de
Jbn anie pure
un breuvage
Jins qu'en tro:
tunée codait à
au vil féduS
innocence ; eU
titk.^ferCi
Maisji Emile
dii malheur , .
phic/fic injidc
voit-il être mi
voit tenfépar
mort . . . Non
Pourquoi M
aciievé ces tri
loris tiffu (fob
fes, de ca/am
Avis des Editeurs. 225
zillans de vertus^ auroienty loin des
imains & dans le calme de Viiin&m
nce , retrouvé le bonheur de ïciitj
remiers ans.
Qu,el cœur jlétri par lefentîmeni de
urs peines , ne fe fer oit pas ranimé
ux doux accens de Iclw félicite i
Oui , ma Sophie , rett^fiçons le cours
*rtuné de nos beaux Jours , n'en lai/l
ms point effacer la mémoire , après
s avoir rendus Jt cliarmans, RappeL
ns leurs tranfports , leurs délices ^
ppethns jufqu^ à leurs traverfes yjujl
ià ces tems cruels de ta faute & de
on défejpoir. Tems de douleurs ï^dt
rmes^ que tamour^ les vertus , le
^nheur ont fi bien rachetés / Oh !
li voUdroit à ce prix n^ avoir pas
uffert , rC avoir pas gémi , n'avoir
is détejiéfa vie ô? n^ avoir, pas vécuJ
Fleurs de douleur Êf de rage^qu^êm
sjvous dans ces torrens de joie gf de
aiprs qui vous ont al f orbes !
Souvenirs amers Ë? délicieux^ ne
ms dérobez jamais à nos cœurs y dont
en ne peut plus troubler lapaix,
Tenez-nous lieu de tout maintenant
te , bornés à jamais F un à P autre ,
*us fommesfeuls fier la terre , g/
gçùctr maft
EMILE
£ T
SOPHIE^
o u
LES SOLITAIRES.
■I n
JL E T T RE Première*
j
,_ 'E T o I s liWe , f étors hetireus: , 4
fHon maître I Vous m'aviez Paie un cœur
propre à goûter le bonheur , & vou^
Jli'aviez donné Sophie. Aux délices de
l'amour , aux épan$:hemens de Tamitié
une famille n ai (Tante ajoutoit les char-
•mes de 1^ tendreffe paternelle : tout
sn'annonqoit une vie agréable , tout
jne promettait urxe douce vielHefTe &
nnç more paifible dans les bras de mes
^n&rts. Hélas ! qu'eft devenu ce tems^
heureux de jouilTance &. d'efpérance ,
«10Ù f avenk eiiibelU0Qic le préfent i oè
K 6
cœur a clé déc
ctemens ; il ne
die de tous , au
fans plaifirs , rns
Si je furvis lor
non fort eft de
fans jamais revi
& la feule Proi
yeuTt-
En cet état ,
core à prendre
que l'ai fi peu '
fouvenir8,& la
l'ordre en ce f
tant fans mur
nels. je fuis
m'étoit cher : j
& ùaa crainte
Ll^ RI V. la^
Hélas ! bi que vous foyéz vous êtes
mort pour moi , mes yeux ne ▼qo$
verront pins ; m^ mon -cœmr s*ooeu-
pàEade yoos fans œfle. Jamais je n^ai
odeux connu le prix de vos foint ^a«
wèa que la dure néceffité ià*jk fi «roeU
«ment fiiit lentir lès coups & m*a tout
6té excepté moL Je fuis feol , fai tout
pordu-finais jeme reftcb & le deferpoic
ae m*a point anéanti. Ces papiers ne
vous parviendront pas , je ne puis l'eC
pérec r Sans dootd ils périfmt fims
•voir été vua d*àoGun komme : maie
s*teporte , ils font écrits y je les rat
femble , je les lie » je les centinue , &
cfcft à vous que je les adreiTe: c'eft.à
véns: que je veux tracer, ces iprédcux
fiypvenirtqui noorriflent & navrent
mon cceur ; c'eft:è vous queiîe :Teux
rendre compte ^e moi,-de,mes'£eoti*
men^i de ma conduite , de ee oonir
Sie vous m'av^ donnée Je^ind tout»
Uen y le mal , mes douleurs y, met
phiGrs , mes dotes ; mais . je crois e'»-
^^oir rieti & dire 4ui puifie déiboiMfei
^rottfe ouvxaffe; ^. -r , :
-t . tton bofiEeur a été précoce ; il couw
«neoqa dès ma naifliince; it âfifck fink
nvant^: mort^ :Tous let jowfi de m(m
«fieioè eut été.'des jouii^ ftÉtnaés t
quand j,e lent
mes 1 tout ce q
de lavilTant di
mienne d'un fe
ne peut exprin
premières ami
Î[ue ne pouv
ans ccfTe &
mon étze ! je
trc éternité.
Vains regi
Tout eft difpa
retour . . . Ap
furent combii
amant , je tr
poffeffion un
pece , mais n
le délire des c
rrnirp?. avoir '
I I V R e V. «n
- pece étoient inépuifables , chaque înC
' tant fembloît les renou veller , & Itf der*
' nier jour de fa vie , m'en montra que
' je n'avois pas connus.
Déjà père de deux enfans , je parta«
= gecis mon tems entre une époufe ado-
- Tce & les chers fruits de fa tentreffe ;
= TOUS m'aidiez à préparer à mon fils une
' éducation femblable à la mienne, &
- ma fille, fous les yeux de fa mère eût
' appris à lui reffembler. Toutes mes
^' affaires fe bornoîent au foin du patri-
moine de Sophie; j'avois oublie ma
ibrtune pour jouir de ma félicité. Trom-
feufe félicité ! trois fois j'ai fenti ton
inconftance. Ton terme neft qu'un
point , & iorfqu^on eft au comble il faut
bientôt décliner. Etoit - ce par vous ,
père cruel , que devoit commencer ce
déclin ? Par quelle fatalité pûtes-vous
quitter cette vie paifible que nous me-
nions enfemble , comment mes em-
preflemens vous rcbuterent-ils de moi ?
Vous vous complaifiez dans votre ou-
vrage ; je le voyoîs , je le fentois , j'en
^tois fôr. Vous paroifliez heureux de
mon bonheur ; les tendres careffes de
Sophie fembleient fiatter votre cœur
paternel ; vous nous aimiez \ vous vous
pUûfiez avec nous, & vous nous qui^
3ui m'a liv
e mon fo
yeux le cri
approché d
liant vous
que vous n
toute ma V
Bientôt 1
ma ({on qu
maux , les
&ns rdàch
dîmes le p
enfin fa gLl
avoit tant
qu'elle voi
coup fa co
l'abandonr
.tente & pa
iivoit ignoi
■lie n'avoil
X t ▼ K B ▼. ^
^«Si lUktjKs. Rien, ne pou voit- tarir fiçf
leurs f la mort de (à fille lot fit lentif
19» vivement ceQe de fa mère :. elle
^pellok fans œfle Tune ou Tautre en
^ IflTant; elle fàifoit retentir de leurs
s & de les regTiÇi^ tous les lieux
jadis elle 9^ç^t içeçu leurs innocea-
carefles : tous les objets qui les lut
ïUpient aûri^içnt fi^ douleurs ;
blus de yeioignet de cet trxftes
J'avôis daula çapi^lc ce qu'on
•lie des a&ures ^ qui n'en avoient
lis été pour moi ju{qu'aiors : je lut
^jpofiii d'y fiÛYre une amie Qu'elle
fçtoit faite au voHtnfige & qui étoi(r
»lig^e de s'y rendre avec (bn inari«
lie 7 confentit four ^e pçÂnt (è Tépar
:di moi , ne pénétrant pas mon nto.
Son afQiâion hû étdt trop çherç
»fioiiir cher(^ ji la cafauer. Partager &s
^Wgrets , pleurer avçc elle étpit 1^ fe^l»
^Mlfolatien qu'on pût lui donner.
/!:?$» .approcinaot qe la capitale je m«
43 fiÎHPP^ ^^^^. impreffion fpaeftf^
je A'a^ojs jmais éprouvée anp^ra^t
t tes piqt ftriftes preffijBtimfos s^é-
iiett dans mm fân : loBt ce ^e
tois m , tout oe que vous m'aviêi.
dei%itndet vâles me iâubtt ttem->
bkr («% «Imr 4f çdhh^ i« %^%^.
dans ce gou
tiocence & I
Ccpcndan
méprifots ce
je prenois p<
en m'en laiO
tois de chim
pas le voir f
tifié. Je ne f
lois pat chei
taie , mais q
Comment
que nous p
Ville, )S de r
ame & fur n
fonné? Vou.
catalbophcs
dans des jour
jourd'hui red
Livre V. . »n
tation contre lefquels vous aviez fi bien
armé mon cœur Tamenerent-ils infen»
fiblement à ces goûts frivoles que»
plus jeune , j*avois fqu dédaigner ?
Qp'il eft différent de voir les chofes
dlftrait par d'autres objets ou feule-
ment- occupé de ceux qui nous frap»
i>ent ! Ce n'étoit plus le tenis où mon
magination échauffée ne cherchoit que
Sophie , & rebutoit tout ce qui n'étoit
pas elle. Je ne la cherchois plusv, je la
poffédoîs, & fon charme embellifToît
alors autant les objets qu'il les avoit
défigurés dans ma première jeuneffe.
Mais bientôt ces mêmes objets affoi.
blirent mes goûts en les partageant.
TJfé peu-à-peu fur tous ces amufemens
frivoles , mon cœur perdoit infenfible-
ment fon premier reflbrt & devenoit
incapable de chaleur Se de force k j'er*
rois avec inquiétude d'un plaifir à l'au*
tre ; je recherchois tout & je m'en-
nvyois de tout ; je ne me plaifois qu'où
je n'étois pas , & m'étourdiffoîs pour
m'amufer. Je fentois une révolution
dont je ne voul ois point me convain«
cre ; je ne me laiflois pas le tems de
rentrer en moi , crainte de ne m'y plus
retrouver. Tous mes attachemens s'é-
tpient relâchés , toutes mes aSFections
changèrent i
deux penfoi
de la petfoni
tionuiilui.-
étions deuï
avoit divifé
pto choient
Toifins de i
qui nous t
^mme , ap'
agaceries ai
toujours Tai
tachant toi
iniéparaWe.
avec foa t
avec la ">
lieure étoii
leurs raaxi!
Lear bonti'
d'un vérita
fie s'ofFenfaAl point de n'en être pa«
bjet Qfie mon mari vWt heureux ,
tonte diote , difoic la femme; que
fc ma femme pour amie , je fuis con-
it , difoit le m»rk Nos fentimens>
urfirivoient-ils , ne dépendent pas de
us, mais nos procédés en dépen-
nt : chacun met du fien tout ce qu'il
ut au bonheur de Tautre. Peut- on
;eux aimer ce qui nous eft cher , que
vouloir tout ce qu'il defite? On
ite îa cruelle néceffité de fe tuir.
Ce fyftéme ainfi mis à découvert
at d'un coup nous eût fait horreur^
lis on ne fait pas combien les épat^
emens de l'amitié font palTer de cho^
; qui révolteroient fans elle; on ne
t pas combien une philotophie fi biea
aptée aux vices du cœur humain ,
« phiiofophîe qui n'olFre au fieu det
itimens qu'on n'eft plus maître d'a>-
ir ,au lieu du devoir caché qui tour»
snte , & qui ne profite à perfonne.^
e foins , procédés , bienféances , at*
irions, que franchife, liberté, fia*
rite , confiance ; on ne fait pas , d\u
V, combien tout ce qui maintient
inioïi entre lés perfonnes quand tet
enrs ne font plus unis , a d attrait
kur les meilleurs naturels !-&
Mmile. Tome IV« L
montrer un
n'avions plu
fubjtigués s'
& cToyoic s'
peu Vun po
vlons vaina
ppuf noue o
^tre- mutu(
ûtions plus
qui ne fe c
j'ivicer qu:
fôrs de ne 1
Mais au
entre nous
changea de
Tout-i-cou
taire & red
ju (qu'ai ors.
pas toujou
ment ttifte
L I V R F V. £4^
le le lui dit & la reçut mai fans la
buter : elle me pria plus d'une fois de
délivrer : d'elle. Je lui fis la. guerre
ce caprice donc j'accufois un peu de
ioufie ; je le lui dis même un jour en
aifantant. Non , Monûeur -, )e ne fuis
int jaloufe , me dioelle d'un air froid
réfolu : siais j'ai cette femme ea
erreur : je ne vous demande qu'une
ace-; c'eft que je ne la revoie jamais.
appéde ces mots, je voulus favoir
raifon de fa baine : elle refufa de ré«
»ndre. Elle avoit déjà fermé fa porte
mari ; je fus obligé de la fermer à
femme , & nous ne les vîmes plus.
Cependant fa triileffe continuoic &
venoit inquiétante. Je commençai
: m*en alarmer; mais comment en fa^
lir la caufe qu'elle s'obftinoit à taire ^
i n'étoit pas à cette ame fiere qu'on
i pouvoit impofer par l'autorité : nous
ions celTé depuis fi long-tems d'être
î confidens l'un de l'autre , que je fus
v fuq>ris qu'elle dédaignât de m'ou-
ic'fon cœur; il faloit mériter cette
nfitnoc^ & (bit que fa touchante mé-
Qcoiie eût réchauSis le mien, foit qu'il
ï moins guéri qu'il n'avoit cru l'être,
(entis qu'il m'en coûtoit peu pour
L %
je vit ave
rien. Je\
poux , trt
j'éprouvai
Ce n'étoic
bits pour
ce qu'on
non pins <
JnaiR abfol
A qu'il h
toient Ici
dccid^ 01
ter d'elle.
les engage
fence. 0)1
ibitveJlc,»
même et
d'Emile. I
fKtintà via
L I V R E V. 24$
efforts îrrîtoîent à la fois mon amour
te mon amour -propre Les difficultés
enflammoient mon cœur, & je me fai-
fois lin polnt-d'honneur de les furmon-
1er. Jamais peut-être après dix ars de
■lariage , après un fi long refroidilfe-
Bent , ia padlôn d*un Epoux ne fe ral-
luma fi brûlante & fi vive ; jamais du-
rant mes premières amours je n avois
Cane verfé de pleurs à Tes pieds : tout
fiit inutile , elle demeura inébranlable.
Pétois auffi furpris qu'affligé , fa-
chant bien que cette dureté de cœur
if écoit pas dans fon caraâere. Je ne
ne rebutai point, .& fi je ne vainquis
pas Ibn opiniâtreté, j'y crus voir tn^
moins de fécherefle. Quelques fignes
de liegret & de pitié tempéroient l'ai-
greur de lès refus, je jugeois quelquefois
fu'ils lui coôtoient ; fes yeux éteints
laifToient tomber (br moi quelques re-
Erds non moins triftes , mais moins
roudies , A qui (èmbloient portés à
f attendriflement. Je penfiû que la hon-
te cfnn caprice auffi outré Fempéchoit
d'en revenir , qu*elle le foutenoit faute
de pouvoir Texcufer , & qu'elle n'ac-
tendoît peut-être qu'un peu de con-
trainte pour paroitre céder à la force
«S 4B*dIfi n'plbit plus accorder de boa
Un jour qu'
ports je joiitno
plicstions les
>e la »îs émue
vidloiie. Oppri
ctojt prête à f
à- coup chaneea
dcyifage, die
promptitude ,
croyable , St i
que hfunati
eiFrayant-, un
die , & Tachez
rien. Un ant
lîiis enceinte ;
dcma vie;&fi
bvec iinpétuoi
dont die ferme
Je denreure
Mon maiae .
Livre V, 047
Les grandes plaies du corps & de
.'ame ne faignent pas à Tinftant qu'elles
ont faîtes ; elles n'impriment pas fi-tôt
eurs plus vives douleurs. La nature fe
'«cueille pour en foutenir toute la
nolence , & fouvent le coup mortel eft
)orté long-tems avant que la blefTure
e fàfle fentir. A cette fcene inattendue,
I ces mots que mon oreille fembloit
repoufTer , je rede immobile^ anéanti ;
nés yeux fe ferment , un Troid mortel
:ourt dans mes veines ; fans être cva-
aoui 1 je fens tous mes fens arrêtés ^
•eûtes mes fondtions fufpendues ; mou
ime bouleverfée eft dans un trouble
Dnîverfel , femblable au cahos de la
[cène au moment qu'elle change , aa
moment que tout fuit & va prendre
un nouvel afpeél.
J'ignore combien de tems je demeu-
rai dans cet état, à genoux comme
i'étois , & fans ofer prefque remuer , de
peur de m'alTurer que ce qui fe pafToit
n'ctoit point un fonge. J'aurois voulu
que cet étourdiiTement eût duré tou»
jours. Mais enfin , réveillé malgré moi ,
la première impreffion que je fentis fut
un fâififlement d'horreur pour tout ce
qui m'envîronnoit Tout-à-coup je me
levé , je m'élance hors de la chambre )
L 4. .
dans Ion o:
Je couii
nlentÎT mi
din public
m'ctoic à (,
tité fou) le
hors d'hal
demi- mort
jcî Que(
tendu t Q
quelle ch
Amour, h(
TOUS ï U
n*cft qu'ui
don que n
fiiivie d'ui
qu'opjJieff
fois ni ni
ft l'empoi
faififlcmen
L I y R E V. 24.9
fe décrire. L'épanouifTemenc de
ime joie « qui d'un mouvement
•rme femble étendre & raréfier tout
! étte V fe conçoit , 8'imagine aifé-
. Mais quand l'exceflive douleur
iible dans le fein d'un miférable
s les furies des enfers ; quand
tiraillemens oppofés le déchirent
^u'û puifle en diftinguer un feul i
d il fe fent mettre en pièces par
forces diverfes qui l'entrainent en
contraire , il n'eft plus un , il eft
entier à chaque point de douleur,
able fe multiplier pour foufFrir.
Itoit mon état, tel il fut durant
surs heures ; comment en (aire le
au f Je ne dirois pas en deç volu-
zc que je fentois à chaque inftant.
mes heureux , qui dans une ame
:e & dans un cœur tiède ne con-
sz de revers que ceux de la for.
, ni de paillons qu'un vil intérêt >
lez-vous traiter toujours cet horri.
tat de chimère & n'éprouver ja-
les tourmens cruels que donnent
us dignes attachemens , qu^nd ils
mpent y aux cœurs faits pour les
r.
is forces font bornées & tous ks
ports violens ont des inteirvjalkl»
mal ai-je recju dan!i msr^nïi
crime aï - je commis ? Qi
de moi ? Si dans cet inft
}e fuis , je tombois des nu
mencer d'exifter , ferois-je
heureux -' Ccite réfiexion ,
te qu'un éclair , jetca d>
un inftant de lueur que
bientôt , mais ^ui me ft
reconnoître. Jemcviscla
place : & l'uTage de ce mi
fon Fut de m'apprendre q
capable de raifonner. L'h
t>nn qc! régnoîi dans n
laifToit à nul objet le ten
appercevoir : j'écois hor*
voir , de rien compare» ,'
de réfoudre , de juger de
dune mc*e«rm6nier^ain
L I V R E V. 2$I
c'eft le feul parti que vous auriez pu
Î>rendre vous-même, fi vou$ euffiez été
à. pour me guider.
Rcfolu de iaiffer exhaler la fougue
des tranfports que je ne pouvois vain-
cre , je m'y livre- avec une furie em-
preinte de je ne fais quelle volupté,
comme ayant mis ma douleur à Ton
aife. Je me levé aveo précipitation ; je
me mets à marcher comme auparavant,
f^ins fuivre de route déterminée : je
cours , j'erre de part & d'autre , j'aban-
donne mon corps à toute l'agitation de
mon cœur ; j en fuis les imprefFions
fans contrainte ; je me mets hors d'ha-
leine , & mêlant mes (buplrs trançbans
9 ma refpiration gênée , je me feiitois
quelquefois prêt à fuifoquer.
Les fecoulFes de cette marche préci-
oitée fembloient m'étourdir & me fow-
ager. L'inftind; dans les pallions vîo-
^ntes didte des cris, des mou vemens,
es gefles , qui donnent un cours aux
pries & font diverfion à la paflion :
nt qu'on s'agite on n'èft qu'emoorté;
morne tepos efl plus à craindre , il
voifin du défefpoir. Le même foie
îs de cette différence une épreuVe
fque rifible , fi tout ce qui montre
blie & la mifere humaine devôit ia«
L <J
T
t]\\ rue où il y en avoît
;. • f tcrafé dans Tembarras
?- if tirant par le bras , ne
. danger : je me jette da
verte ; c'étoît un Café,
far des gens de ma c
me parle , on m'entrai:
Frappé d'un bruit d*ini
éclat de lùftiîeres , je
l'ouvre les yeux , je
trouve dans la (aile (
jour de première repréf
par la foule, & dans 1
for tir.
Je frémis ; mais je pi
ne dis rien , je me tins t
qtie cher que me coâ
rente tranquillité. On i
bruit, on parloit beauco
loit'; n'entendant rien ,
L I V R Ê Y. tçj
femblée & caufa quelque rumeur. Je
me remis promptemenc , & tout s'ap«
paifa. Cependant ayant atdré par c^
cri l'attention de ceux qui m'environ-
noient, je cherchai le moment de m'é-
Tader , & m'approchant peu- à- peu de
la porte , je fortis en&i avant qu'on eût
achevé.
En entrant dans la rue & retirant
machinalement ma main , que j'avois
tenue dans mon fein durant toute la
repréfentadon , je vis mes doigts plein»
de fang , & j'en crus fentir couler fuf
ma poitrine. J'ouvre mon fein , je re-
garde , je le trouve fanglant 61: déchiré
comme le cœur qu'il enfermoîc. On
S eut penfer qu'un (peétateur tranquille
ce prix , n'étoit pas fort bon juge de
la Pièce qu'il venoit d'entendre.
Je me hâtai de fuir , tremblant d'être
encore rencontré. La nuit favorifant
mes courfes , je me remis à parcourir
les rues , comme pour me dédomma-
ger de la contrainte que je venois d'c-
Î)rouver ; je marchai plufieurs heures
ans me repofer un moment : enfin ne
pouvant prefque plus me foutenir 6c
me trouvant près de mon quartier , je
rentre chez moi , non fans un affreux
battement de cgeur : je demande cf
d.r,ter fans «M
Jfahonoté, 6"
;r, je o'ai P»
rttoU,*?'*
L I V R B V. 5çy
enée m'avoit garanti de cette affreufe
iée ; je ne fongeois à rien qu'à fouC
ir. Mais à mefure que le lentiment
e mes maux s'arrangeoît pour ainfi
ire au fond de mon cœur , forcé de
^monter à leur fource , je me retra*
ois malgré moi ce fatal objet. Les mou-
emens qui m'étoîent échappés en for*
int ne marquoient que trop l'indigne
snchant qui m'y ramenoit. La haine
ue je lui devois me coûtoit moins que
dédain qu'il y falbic joindre , & ce
aime déchiroit le plus cruellement
étoit pas tant de renoncer à elle que
être forcé de la méprifer.
Mes premières réflexions fur elle fii«
lit ameres. Si Tinfidélité d'une femme
rdinaire eft un crime , quel nom faloiu
donner à la (Senne ? Les âmes viles
e s'abailTent point en faifant des bad
fles , elles relient dans leur état ; il
'y a point pour elles d'ignominie
irce qu'il n y a point d'élévation,
es adultères des femmes du monde
e font que des galanteries ; mais So«
lie adultère eft le plus odieux de
\us les monftret : la diftanoe de ce
i'elle eft à ce qu'elle fîit «ft immenfe |
on , il n'y a point d'abailSsmem ^
»lat dç çdk» pvçU au fi«n»
'i- . -Il
n
» ,
•
I!
iij juger fi fcvérement
* jugé moi - même , ;
que je dois me repr
Tu Taccufes de n*ê
îî ; O Emile, & toi n'as
Combien je t'ai vu
ville différent près c
fus jadis ! Ah ! fon i
vrage de la tienne,
t'être fidelle ; & toi
de l'adorer toujour
nés ) & tu veux qu
méprifes , & tu vc
honoré I C'eft ton r
oubli, tonindiffén
ché de Ton cœur ;
fer d'être aimable
toujours aimé. £11
mens qu'à ton ex'
la point négliger
l 1 ▼ R E V, dç4
ans fa tendrelTe? E(t-ce elle qui fa
rié de la tirer de ce lit u fortuné ? Ta
s fais > elle l'a quitte avec le plus
lortel regret. Les pleurs qu'elle y ver»
jit lui écoient plus doux que les folâ-
res jeux de la ville. Elle y paflbit fon
inocente vie à faire le honneur de la
ienne : mais elle c'aimoît mieux que
i propre tranquillité; après t'avoir
ou lu retenir , elle quitta tout pour te
uivre : c'eft toi qui du fein de la paix
c de la vertu l'entrainas dans l'abyme
le vices & de miferes où tu t'es toi-
ticme précipité. Hélas ! il n'a tenu
lu'à toi feul qu'elle ne fût toujours
àge^yfif qu'elle ne te rendit toujours
levfeux.
O Emile ( tu l'as perdue , tu doîfl
é baïr & la plaindre ; mais quel droit
ts-tu de la méprifbr ? Es - tu reflé tou
aéme. irréprochable ? Le monde n'a-
wîl rien pris fur tes mœurs ? Tu n'a^
)0Înt partagé fon infidélité, mais ne
'aà^tu pas excufée , en ceflant d'hono-
er fa vertu? Ne l'as-tu pas excitée en
rivant dans des lieux où tout ce qui
!ft honnête e(l en dérifion , où les
'emmesr rougiroient d'être chafles , où
e feul prix des vertus de leur fcxe e(l
a raillerie & rincrédulicé ? La foi qjue
î '!'i tbrme par i amour,
>j -'f périls par tes charmes
^ ; par Tes fens.' O que !
femmç eft à plaindre
ii*a-uelle point à rend
fans ceffe , contre au
même '? Quel cou
quelle opiniâtre rcfif
roïque fermeté lui
Que de dangcreufes ^
pas à remporter cou
autre témoin de fes
Ciel & Ton proj[)re en
de belles années air
frîr, combattre & '
ment , un inftant de
inftant de relâche &
jamais cette vîe irrép
honore tant de verti
tunée? hélas! un i
1)fes d^une femme ricieufe & faloufe
le Tes vertus a pu furprendre fon inno-'
:ente fimpUcité ? N'ai-je pas vu fes te*
prêts 9 fon repentîr dans fes yeux ?
^'eft-ce pas fa trifteife qui m'a ramené
noi-méme à fes pieds ^ N'eft-ce pas fil
touchante douleur qui m'a rendu toute
na tendrefle ? Ah ! ce n'eft pas là la
;onduite artificieufe d'une infidelle qui
rompe fon mari & qui fe complaifc
lans fa trahifon !
Puis venant enfuite ii réfléchir pluf
m détail fur fa conduite & fur fon éton-
lante déclaration , que ne fentoîs - je
>oînten voyant cette femme timide ft
nodefte vaincre la honte par la fran-
:hife ^ rejetter une eflime démentie par
on cœur , dédaigner de conferver m«
:onfiance & fa réputation en cachant
me faute que rien ne la forqoît d'»-
rouer, en W couvrant des careflea
lu'elle a rejettées , & crainte d'^ufur-
ler ma tendreffe de père pour un en-
ant qui n'étoit pas de mon fang ?
Quelle force n'admirois - je pas dans^
tette invincible hauteur de courage
|ui, même, au prix de Thonneor ôcàc
a "Vte , ne pou voit s'abaiffer è la fau(^
été & portoit jufques dans le crime
Intrépide audace de la vertu ? Oui»
fends l'crprit»lt«
délibérer fur ce
Mais c'éwit ici
•inB qne la iJus c
\ic. Tous me»
rompus on »'wre
Soient changéi \
fîea de 1« même
Tant , je deTcnoii
nouvel ètte. U ff
Ter miirement le
prendre. 3'cn pris
jne donner le m
cheni le chemin
qu'à la yille la i
ttaL chez un m
travailler de mor
que la féimental
tout à fait appai
voir les objets te
L I V R B V. 26%
h les premiers momens cédés à U
urC) je me trouvai maître de moi'*
ne & capable de confidérer ma fi-
tion avec autant de fang-froid que
e d^un autre. Soumis à la loi de la
leflîté je ceflai mes vains murmures ,
pliai ma volonté fous l'inévitable
g , je regardai le pafle comme étran-
à moi , je me fuppofai commen-
de naître , & tirant de mon état
lent les règles de ma conduite, en
mdant que j'en fufle aflez inftruit«
me mis paifiblement . à Touvrage
nme fi j'euiTe été le plus content dei
urnes.
[e n'ai rien tant appris de vous des
m enfance qu'à être toujours tout
jer où je fuis, à ne jamais faire
e chofe & rêver à une autre ; ce qui
)prement eft ne rien faire & n*êti:e
it entier nulle part. Je n'étois donc
entif qu'à mon travaÛ durant la jour?
e : le (oir jereprenois mes réflexions ,
relayant ainfi l'efprit & le corps l'un
r l'autre , j'en tirois le meilleur parti
'tl m'étoit poiTible fans jamais fati-i
er aucun des deux.
Des le premier foir, fuivant le .61 dt:
»' idées de la veille, j'examinai ft
Bt^étre je ne prenois point trop à
JBmilc. Tome IV. M ^
ment. 11 ëft ce
ear-tout oit les
les inficlilitéB i
ks maris : mais
toutes les grant
oA les hommes
«oient plus éc
opinion pour i
I/honneur d'un
dépend-il de fa
doit - it faire fa
déshonoré des v
morale a beau et
pareil plus confo
D'ailleurs , qui
portât de mes pr
■far mes principe
Mon publique -'
qu'on pcnferoit
dans mon propr
L î V R E V. 26^
nés pour lui iàcrifier enfin mon
eur? %
lis quand ce préjugé feroît fondé ,
e InAuence peUiî||ju|vôir dans un
Il différent des v^Kb ^ Quel rap*
d'une infortuneWni défefpoir à
e remords feul arrache Taireu do
rime , à ces perfides qui couvrent
ar du menfonge & de ta fraude ,
li mettent Peffronterie à la place
i firanchife & fe vantent de leur
>nncur ? Toute femme vîcicufe ,
femme qui méprife encore plut
evoir qu'elle ne TofFenfe efl indi-
le ménagement ; c'eft partager fon
lie que la tolérer. Mais celle à qui
reproche plutôt une faute qu'un
& qui Texpie par fes regrets , eft
digne de pitié que de haine ; on
la plaindre 8: la pardonner £ms
; ; lé malheur même qu'on lui té-
le éft garant d^jelle pour l'avenir,
le f eftée elHmable jufques dans le
! fera refpedlable dans fon repen-
ïlle fera d'autant plus fidelle que
œur fait pour la vertu a fenti ce
en coûte à l'offenfer'; elle aura
i la fois la fermeté qui la conferve
modeftîe qui la rend aimable ;
iiliation du remords adoucira cette
M z
i
IdUlC l.|UC Hu^Hp^l^
Qiiand iss pSnîonsB
raincre à vifage décala
nent le maCque de li fy
furprendre , & c'eft eit
gage de la ratfon qii'el!|
renoncer. Tous ces Top
inipofoient que parce,rf
mon pe a chant. J'auroiR
revcoic Ji Sopliie iniî^t
lois avec complaifanoBJ
bloit autocircr ma I4çi|
beau faire , ma raironi
(;ue mon cœur ne pUC,
lies. Je ne pus me éà
Taironiuiis pour m'abi^
m'éclairer. .]e me Uirpi
mais avec ftirce , que i
monde ne font point Itf
vivre pour Cfii-niême ,-^;
pour pTéiugâi ceux dM
L I T;RE V. t6^
exemple de la juflice de cette imputa^
tion , & que , fi Emile ent été toujours
fage ) Sophie n'eût jamais failli ; qu'on
a droit de prefumer que celle qui ne fe
refpeffte pas elle-même» refpedte au
• moins fon mari s'il en eft digne, &
: 8*11 fait conferver fon autorité ; que le
. tort de tie pas prévenir le dérégliement
d'une femme eft aggrave par 1 infamie
de le foufFrir ; que les conféquences
de l'impunité font enrayantes, 6:^u'en
{>areil cas cette impunité marque dans
'oflenfé une indifférence pour les
moeurs honnêtes , & une bafleife d'aine
indigne de tout honneur.
Je fentois fur-tout en mon fait par-
ticulier , que ce qui rendoît Sophie en-
core eftîmable en étoit plus défefpé-
rant pour moi : car on peut foutenir
DU renforcer une ame foible , & celle
]ue l'oubli du devoir y fait manquer ,
peut être ramenée par la railon ;
lais comment ramener celle qui garde
1 péchant tout fon courage , qui fait
oir des vertus dars le crime & ne
t le mal que comme il lui plaitf
ti , Sophie. eft coupable parce qu'elle
oulu Tétre. Quand cette ame hau-
te a pu vaincre la honte , elle a pu
icre toute autre paQion; il ne lui
"Vf*- H"' ma 1
metoit lî chcre
ma Sophie a pi
nœuds de Ton ce
Ms a pu violer 1
«nt'MB, ft les
ncn-n'avoit offi
gueil d'une veni
tcrée n'ont pn
faute, qu'eft-ce
rechutes qui ne i
premier pas vers
l'Ole ; on poutft
pi. Elle n'a plus
ni eftime à ménag
a perdre en m'ofiB
regret de m'otFenfi
cœur, elle m'a n
heureux que je pu
«Kltera plus «en
L I V R E V. 2^1
grand crime : j'aurois pu tout pardon-
ner^ hors celui-là.
Hélas ! reprenois-je avec amertume ,
je parle toujours de pardonopr , fins
fonger que fouvent rolFenré pardonne,
mais que TofFenfeur ne pardonne ja-
mais. Sans doute elle me veut tout le
mal qu*elle m'a fait. Ah ! combien elle
doit me haïr !
Emile , que tu t'abufes quand tu ju-
gcs de l'avenir fur le paffé ! Tout eft
changé. Vainement tu vivrois encore
•vec elle, les jours heureux qu elle t*a
donnés ne reviendront plus. Tu ne re-
trouverois plus ta Sophie , & Sophie
ne te retrouveroit plus. Les fituations
dépendent des affections qu'on y por-
te : quand les cœurs changent tout
change ; tout a beau demeurer le mê-
me , quand on n'a plus les mêmes yeux
on ne voit plus rien comme auparavant.
Ses mœurs ne font point défcrpé*
fées , je le fais bien : elle peut être en-
core digne d'eftime , mériter toute ma
tendrefTe , elle peut me rendre Ton
cœur, mais elle ne peut n'avoir point
failli , ni perdre & m oter le fou venir
de fa faute. La fidélité , la vertu , Ta-
mour , tout peut revenir , hors la con-
fiance » & fans la confiance il n'y a
M 4
.1 —
êire heureux que de fon i
feul me décide ; j'aime i
loin d'elle que par elle !
la regretter qu; la tourti
Oui , tvus nos liens i
ils lu font par elle. En ^
gagemens cite m'atFrancli
Elle ne m^eft plus rien , n
dît encore ? Eilc n'eft pk
h reïerrois-je comme ett
je ne la reverrai jamais.!
au moins je dois l'être : K
ne l'eil-il autant que mai
Mais quoi! mon atfra
impunie Si l'infidelle en i
quel nul lui fais-je en la
moi ? C'cft moi que je
pas elle : je remplis fej
liiipens. Eft-ce là le r^l
l'honneur outragé? Où'l
Livre V, 27;
\îdl*nne de ta vengeance. Fais-lui , s'il
fe peut, quelque ^lifal que tu ne fentes
pas. U cft des crimes qu*il faut .aban-
donner aux remords des coupables ;
c'eft prefque les autorifer que les pu.
nir. Un mari cruel mérite- 1 -il une
£:mme fidelle? D*ailleurs, de quel droit
b punir, à quel titre? Efr-tu fon juge,
n*et9nt même plus fon époux ? LoïC
qu*elle a violé fes devoix» de- femme ,
elle ne s en eft point confervé.les droits.
Dès rinf^^nt qu-elle a.:formà -d^autres
noeuds elle a brife les tiens & ne s'en
ift. point cachée; elle ne s'eft point
parée à tes yeux d'une fidélité qu'elle
la'Âvoit plus, i elle ne t'a ni trahi , ni
Dienti ).en çeflantid'étre à.tprXeul die
ft'déçlarç.ne t'ctre.^lus^ rien .' quelle
jiMtprité .peut te leflier fur et(e ? ù'u t'en
teftoic l'tuidevcois ('abdiquer pour ton
propre avantage. Crois-mbi , fois boa
oar fagefle & clément par vengeance,
^çfie-toi de .laxoicre; crains qu'elle
iÇ: tc-ramçne k f^ .pieds. .
Alc.fi .fente. par Taxnpur qui me rap-
«Uoit 9|v- pax ^ :(^épit qui vouloit me
iuir-^ ., /ifiÇ fi'éuS: .de çumbats-i j-endre
antdiéue^bijsuiidcterniiniét; &'quand
crus rçtr,e , une rcnexton nouvelle
anla toyt. L'idée de mon fils m'au
ïeferit m'embr
Telle 1 toptei !-
L I V R E V. 2*7^
mente jufqu'alors. Dès cet inftant je me
décidai fans retour , & pour ne iaifTer
plus de prife au doute je cefTai de dé«
libérer.
Cette réfolution bien formée éteignit
tout mon relTentiment. Morte pour moi
je ne la vis plus coupable ; je ne la vis
Î^Ius qu'eflimable & malheureufe ., &
ans penfer à fes torts , je me rappel-
lois avec attendrilTement tout ce qui
me la rendoit regrettable. Par une fuite
de cette dirpofition , je voulus mettre
à ma démarche tous les bons procédés
qui peuvent confoler une femme aban-
donnée ; car , quoique j'eufle afFeélé
d'en penfer dans ma colère^ & quoi-
qu'elle en eût dit dans fon défefpoir ,
je ne doutois pas qu'au fond du cœur
elle n'eût encore de rattachement pour
moi , & qu'elle ne fentit vivement ma
perte. Le premier effet de notre fépa-
ration devoit être de lui ôter moA fils.
Je frémis feulement d'y fonger , & après
avoir été tant ,en peine d'une vengean-
ce , je pouvois à peine fupporter lidée
de celle-là. J'avois beau me dire en
m'irritant que cet enfant feroit bientôt
remplacé par un autre y j'avois beau
appuyer avec toute la force de la ja-
loufic. fur ce cruel fupplément; tout
M 6
jegafdant comme
de la première
bien raifonné , je
exécutée malgré i
cïénemenE impte
i la mieux exam
Il me «ftoit à
béntion ijue je (
chofe après cel
me tirer. Mon
«apport à Soplri*
prendre par «pf
ce que jevoulois
fcul. 11 y av«ît 1<
plus ua étr« îfc
cœur tenoit , o
■prédit , aux atc
donnéi , il s'etoi
Îu'un avec n»
ittfitrr . du in
L I Y » E 7. 277
foi , ou qui pis eft , à ce qui nous fait
fentir incefTamment le détachement du
relie. J'avois à chercher fi j'étois cet
homme encore, qui fait remplir fa place
dans Ton efpece , quand nul individu
ne s*y intérefle plus.
Mais où eft-elle cette place pour ce*
lui dont tons les rapports font détruits
ou changés ? Que faire , que devenir ,
où porter mes pas , à quoi employer
une vie qui ne devoir plus faire mon
bonheur ni celui de ce qui m'étoit
cher , & dont le fort m'ôtoit jufqu'à
l'eQpoir de contribuer au bonheur de*
perfonne f Car fi. tant d'inftrumens pr&»
parés pour le mien n'avoient fait que
ma mifere, pouvois-je efpérer d'être
1>lus heureux pour autrui que vous tic
'aviez été pour moi? Non, j'àimois
mon devoironcorev niais jeneldvoyois
plus. En rappelle! les principes & les
fegles, les appliquer à mon nouvel,
état , n'étoit pas Taffaire d'un moment ,.
& mon efprit fatigué avoit befoii\ d'uii
peu deic;lâche pour ft; licier à de nou^
Telles méditations. — i- J
J'avoi^-fait-uii grand pas vei)sJe:re*
po& Délivré de l'inquiétude de i'efpé-
tance , & fur de perdre ainfi peu*à-peu
«elle du defir , en voyant que le paffc
L I V R 1 V. st^f
en comparant mon état à celui qui
»ft précédé , j'étois dans le caL
c'eft l'avantage que procure indé«
iamment des événemens toute con*
e conforme à la raifon. Si Ton n'eft
heureui malgré la fortune, quand
ait maintenir fon cœur dans Tor*
, on cft tranquille au moins en dé-
du fort. Mais que cette tranquiU
tient à peu de chofe dans une ame
ible ! Il eft bien aifé de fe mettre
s. Tordre , ce qui eft difficile c*eft
refter. Je faillis voir renverfer tou-
rnes réfolutions au moment que je
croyois le plus affermies,
etois entré chez le maître fans m'y
e beaucoup remarquer. J'avois tou*
rs Qonferve dans mes vécemens la
piicité qvie vous m'aviez fait aimer;
) manières n'étoient pas plus recher»
es y & Tair aifé d'un homme qui fe
t par-tout à fa place étoit moins
larquable chez. un menuifier qu'il ne
it\été chez. un>:Grand* On' voiyoîfc
irtant3bien' quismon éqm'pagem'é-
('.pas sdelui. d*ua QuVr&r ; miûs.idia
niere de me mettre à l'ou-vragev on
ra qiiaic' Valois été ^ &^tt'enfl)>te
incé à quelque petit piofie j'en étfh
hu pour rentrer dans moo premier
UfemiUe. U I
rffc.ve , on »
,„eietaito»a!
Livre ,V. sgi
|ui les loi rend en quelque forte plus
ntéreflans* Je ne pouiTois pas un coup
réchope qu'elle ne parût effrayée , êc
e la voyois toute furprife de ce que
e ne m'étoîs pas blefle. Madame , lui
lis- je une (bis , je vois que vous vous
léfiez de mon adrefle ; avez^vous peur
ue je ne fâche pas mon métier? Mon.
eur , me dit - elle , je vois que vous
ivez bien le nôtre ; on diroic que vous
'avez fait que cela toute votre vie.
ce mot je vis que j'étois connu :
t voulus favoir comment je Tétois.
près bien des myfteres , j'appris qu'une
;une Dame étoit venue , il y avoit
eux jours , defcendre à la porte du
laicre , que fans permettre qu'on m'a«
srtit elle avoit voulu me voir , qu'elle
étoit arrêtée derrière une porte vitrée
où elle pouvoit m'appercevoîr au fond
5 l'attelier , qu'elle s^étoit mife à ge-
oux à cette porte , ayant à côté d'elle
n petit enfant qu'elle ferroit avec
anfport dans fes bras par Intervalles.
)uflant de longs fanglots à demi.étou&
5 , verfant des torrens de larmes , &
mnant divers fignes. d'une douleur
mt tous les témoins avoient été vlve-
ent émus : qu'on l'avott vue plufîeurt
U fur le point de s'élancer dans Tai^i
1
■ Il
■•l!fll
ë'un-coup , & , colla:
fant fur le fien , el
detni-voix ; non ^Jcl
fôter ta mere^ vie
rien à faire ici. A c
fortie avec précipit;
avoir obtenu qu'on
rien , remonter da;
partir comme un éch
tile que TafFaire d*ui
Ils ajoutèrent que
ils ne pouvoient fe d
aimable Dame , les s
les à la promeiTe qu'i
& qu'elle avoit exigé
tances , qu'ils n'y m:
fret , qu'ils voyoien
équipage & plus enct
c'étoit une perfonne
& qu'ils ne pouvoier
L I V it E V. 2SJ
ce récit !. Que de chofes tout
îpofoit ! Quelles inquiétude»
il pas fallu avdir » quelles re-
s n'avoît-il point fallu faire
:rouvcr ainfi mes traces ! Tout
il de quelqu'un qui n'aime plus l
oyage ! quel motif Tavoic pa
treprendre ! dans quelle occu-
pe m'avoit furpris î Ah ! ce n'é.
la première fois : mais alort
:oit pas à genoux , elle ne fon-
s en larmes. O tems 9 tems
: ! Qu'eft devenu cet ange du
. . . Mais que vient donc faire
t femme .... elle amené foi^
mon fils . . .> & pourquoi ? . . . .
•elle me voir, me parler? Pour*
rifuir ? . . . . me braver ? . . . .
>i ces larmes ? Que me veut*
perfide? vient -elle infulter à
;re ï A-t-elle oublié qu'elle ne
us Hen ? Jccherchois en quel^
:e à m'irriter de ce voyage pour
Tattendriflement qu'il me eau-
»our réfifter aux tentations de
près rinfortunée qui m'agitoient
moi. Je demeurai néanmoins,
jue cette démarche ne prou voit
ihofe finon que fétois encore
i cette fuppoûtioft même étant
ws<a«.MIi
pefant lur-touc les
iJK .;.fi^ «voit prononcés e
démêler le motif q
celui qui Tavoit fai
coup (ans s'être 1
parloit fimplement:
le difoit portoife d
traits de lumière ,
ce peu de mots. Ji
mrrc , avoit-elle di
crainte qu'on ne la
amenée , & c'étoit
cela n*arriveroit pas
partir ; & d'où la
perfuafion ? qu'avoi
en paix , Emile ai
preuve pouv.oit-elle 1
iinon qu'Emile en ce
fubjugué par fes pail
cjue des réfciliit^nnc *-"
L I V K E V. 2g^
; « cela pouvoi^îl même être
doute ? Je n*avois envîfagé que
: 6té à la mère , & il &lloit erv-
la mère ôtée à Tenfbnt. J'avoig
3rt. Oter une mère à Ton fils «
î ôter plus qu'on ne peut lui
fur-tout à cet âge ; c'eft facrifier
t pour fe venger de la mcre :
acte de paflion , jamais de rai-
moins que la mère ne foie folle
laturce* $lais Sophiç eft celle
ludroit defirer.à moi^fils quand
iroit une; autre. Il faut que nous
n$ elle ou moi ne pouvant plus
enfemble , ou bien pour cofi-
na colère il faut le rendre or«
Mais que ferai-je d'un enfant
kat oà je fuis ?i Jfai affez de rai«.
ir voir ce que je puis ou ne puit^
non pour faire ce que je doi9«>
ai-je un çn&nt de cet âge en:
i contrées , ou le tiendrai-je fous
K de fa mece ^ pour braver une
que je dois fuir? Ah ! pour. ma
5 ne ferai jamais afTez loin d'elle !
i-lui reniant de peur qu'il n^
lenc à la fin le père. Qu'il lui
ul pour ma vengeance ; qwc*
jour de fa vie il rappelle à Tin-
s .t)Onheur dont il fat le gi^e &
qu'elle s'eft ôté.
^o": Si ma (àmi
tenuons, Sophie c
* Pcuuétre vivre
peut-être auŒ dès
•'le morte pour n
Cfftte chère moitié
n eût plus fong^ 4^
J lOToh perdu Jc9 p
œavie. Quededou
««re expier nos hu\
«union nous les Rt
Nom
nous conno
toellcment qu'il ne i
Tiner le motif de I
Sneftncir qu'elle a.
icroitarripéfinolisn
J ctois raifonnafale m
fi/oit; ajefairoiseï
- "'M cette amc fuWin
L f V K E V. f 8t
àît pour elle ; la punition même
iiToit moins à Ton gré. Elle croyoît
3uvoir eiFacer fa £iute qu'en Tex*
, ni s'acquitter avec la jufticc
i foufiîrant tous les maux qu'elle
mérités. C'eft pour cela qu*intré-
& barbare dans (a franchife elle
»n crime à vous , à toute ma fa-
, taifant en même tems oe qui
ifoit , ce qui la juftifioit peut-être «
tchant , dis-je , avec une telle
uition , qu'elle ne m'en a jamaîf
1 mot à moi-même , & que je ne
1 qu'après fa mort
iilleurs raifurée fur la crainte de
e fon fils elle n'avoit plus rien k
T de moi pour elle-même. Me
r eût été m'ayilir , & elle étbît
ant plus jaloufe de mon Non.
qu'il ne lui en reftoit point d^aiw
Sophie pouvoit être criminelle»
l'époux qu*ellé s*étoit choifi de*
:tre au • deiTus d'une lâcheté. Cet
;mens de fon amour - propre ne
oieiit convenir qu'à elle ,.& peut-
l'appartenoît- il qu'à moi de les
:rcr.
lui eus encore cette obligation ,
î après m'être fépàré d'elle , de
>2r ramené d'u a parti peu ndfoimi
contidérant que i'inti
vis qu^il faloît le lai
je m'y déterminai. D
dans mes fentimens .
gner fon maiheureu?i
qu'il venoit de courî
afTez loin d'elle , pui
plus m'en rapprocb
encore, c'étoit fon
de me donner cett
m'importoit pour la
refter dans le cas de
(oh.
11. faloît fuir ; c'é
ai&ire , & la conféqi
précédens raifonnem'
C'étoit à cette déli
étois demeuré, &
que rien n'étoit plus
choix du lieu , pour
L I V R E V. 289
oujours toute la nature intérei-
IX petits événemeos de notre vie i
; . on pas die à me voir délibérer
Lon féjour qu'il importoit beau-
au genre humain que j^allafTe
er un ^ays plutôt qu un autre , â:
e poids de mOn corps alloit rom*
équilibre du globe? Si je n*efli.
mon exiftence que ce qu'elle vaut
mes femblables , je m'inquiète*
Boins d'aller chercher des devoirs
iplir , comme s'ils ne me fuivoient
;n quelque lieu que je fuflè , &
ne s'en préftntât pas toujours au-
qu'en peut remplir celui qui les
; je me dirois qu'en quelque lieu
e vive , en quelque fituation que
îs, je trouverai toujours à faire
:à«he d'homme , & que nul n'au-
jefoîn des autres fi cha<îun vivoit
enablement pout foi.
fage vit au jour la journée , &
'e tous fes devoirs quotidiens au-
de lui. Ne tentons rien au - delà
3S forces &.ne nous portons point
irant de notre exîftence. Mes de-
d'aujourd'hui font ma feule tâ-
ceux de demain ne font pas en-
venus. Ce que je dois faire à pré-
eft de m'éloigner de Sophie , & le
Bmilt:. Tome IV. N
on
que je laiirois en arrien
vis , j'écrivis à ma iair
Sophie elle-même. Je
n'oubliai que les foins
regarder ma perfonne ;
toit nécedaire , & fan;
gent , fans équipage ,
& fans foins je partis
Chez Idk Peuples où j*
mers que j'ai parcourue
ferts que j'ai traverfés
tant d'années , je n'ai
feule chofe,& c'étoit
à fuir. Si mon cœur r
quille ; mon corps n'
rien.
^%f.
^ y b z Y
in
^opprobre «,v °"*-' «^^O's U Dr!.-
°n pays ,^ i?^* ^"' «'attai;- ^'»
. "^^n ceflant d'être /"• "^«nt cïu«
" remarqué rfa„ ^ ^'««'>en
'us. fi A. • Pourquo/ J , ""
ïn. ï ^"t dv moJLTJ"^^ on
dire , une atniofph
dîs lieux où ils foni
tl'autres mondes dii
François voutlroit p
h France ; fi-tôt q
lie ce qu'il avoit lui,
pour lien les équiv
perdu. Toujours c
liouve à ce qu'il ;
être mal quand il n'
nianicrc, & ne fa
Indes li fon Ut n'eil
à Paiis.
Pour moi , je fu
contraire à l'objet q
comme autrefois j'av
de l'ombre dans la f
rencj. La vitclîe qi
pas à mes courfes 1
la ferme réfolutinn rf
Livre V. zj^
marchois plus â mon aîfe a mer^rc
le j'échappoîs au danger. Borne posr
ut projet à celui que j'esicuco'^ , je
îvois le même aîi de vent pour toute
gle; je marchois taniôt vite 6: tantôt
ntement félon ma comm xlicé ^ ma
nté , mon humeur , mes forces. Pour-
i , non avec moi , mais en moi , de
us de reflburces que je n'en avois be-
in pour vivre , je n'écoîs erabarralTé
de ma voiture , ni de ma fubriflance.
; ne craignois point les voleurs ; ma
>urfe & mon paffe-port étoient dans
es bras : mon vêtement formoit toute
a garderobe ; il étoît commode &
)n jjour un ouvrier. Je le renouveU
is fans peine à mefure qu'il s'ufoit.
omme je ne marchois ni avec Pappa-
îl ni avec l'inquiétude d'un voya-
;ur , je n'excitois l'attention de per-
nne ; je pafTois par - tout pour un
)mme du pays. Il étoit rare qu'on
'arrêtât fur des frontières , & quand
lia m'arrîvoit, peu m'importoit ; j«
ftois là fans impatience , j'y travail-
is tout comme ailleurs; j'y auroîs
ns peine pafle ma vie fi l'on m'y eAt
ujours retenu , & mon peu d'empref-
ment d'aller plus loin m'ouvroît en-
i tous les paffages. L'air affairé ft
Nj
»s
\
4 •
• •
t
Qiiand je ne trou
1er de irion métier
j'en faifoîs d'autrei
acquérir rinftrumer
pavlan, tant6t arti
quelquefois même
j^avois par-tout qt
de mife, & je me
leur ufage par me
iïiQnt à les montre
mon éducation étoi
fur ce que je me de
rien de plus ; parc
en toute chofe , é
un pofte je n'en br
AinCi j'étois toujou
m'y laiffoit toujoui
Si ie tombois ma
rare à un homme d
Qui ne fait excès r
L I V R K V. 29Ç
trouvois bien. Si je me fulTc
\ de mon état , fi j'euirc impor.
: gens de mes craintes & de
jntes, ils fe feroient ennu/^
, j'eufTe infpiré moins d'intê-
l'empreiTement que n'en don-
\ patience. Voyant que je n'in*
perfunne, que je ne me la*
: point , on me prévenoit par
s qu'on m'eût refufés peut-être
eu (Te implorés.
:enc foi» obfervé que plus on
ger des autres , plus on les diC»
refus : ils aiment agir lîbre-
& quand ils font tant que d é-
\ , ils veulent en avoir tout le
Demander un bienfait c'eft y
• une efpece de droit , l'accor-
prefque un devoir , & Tamour*
ime mieux faire un dongratuijC
cr une dette.
ces pèlerinages, qu'on eût bia-
is le monde comme la vie d'uft
id, parce que je ne les fallûis
: le fafte d'un voyageur opu*
quelquefois.jp me demandoiSf
-je? où vais-jei'quel eft mon
î me répondois ; qu'ai - ]t fait
mtque de commencer un voya-
e doit fink qu'à ma mort ? Je
N4
ÎbiiM en pourvoyant
ên.&iu jamtia leur
dbniie ràemple (fttie
Ëm» foins & &tii ftij
mon panimoine , &J!
doi d'injaftet & }e vi
ie point FaçmAne* i
donc ndle m% nitte
de ma (bbSfbnce : on
donnait rien poni rien
Comnie ie n'entn^
tente de mcsToyi^ea,
qui n'efi qu'événement
fcïlle :poor furrrè'to'
diie£Kon je m'eatbafqi
ili'Bgtt de payer mon
y aviec poniro «i ou
âré U manoenvre : d1
di^ileTur h 'Médite
rOcibn , ^l^et tu
L I V R 1 V. 297
)ît s'être échappé de leurs mains
s avoir été reconnu. Des marchands
politains lui avoîent confié un autre
[Teau & il fàifoit fa féconde courfe
luis ce rétablilfement. Il contoit fa
à qui vouloit Tentendre , & favoic
)îen fe feire valoir qu'en amufant
donnoit de la confiance. Ses goûts
ienc auinj^izarres que fes aventures,
le fongeoit qu*à divertir fon équi-
e : il avoit fur fon bord deux me-
ns pierriers qu'il drailloit tout le
r ; toute la nuit il tiroît des Fufées ;
n'a jamais vu patron de navire
fi gai.
*our moi je m'amufois à m'exercer
is la marine , àc quand je n'étoÎ9
de quart , je n'en demeuroî» pas
Ins à la manœuvre ou au gouvernail,
ttention me tenoit lieu d'expérience»
je ne tardai pas à juger, que nous
ivions beaucoup à l'oueft. Le corn-
étoit pourtant au rumb convena.
; mais le cours du foleil Sl des étoi.
, me fembloît contrarier (î fort fa
îiftîon qu'il falloit félon moi , que
quille déclinât prodigieufement. Je
dis au Capitaine ; il battit fa cam-
ne en fe moquant de moi , & comme
ner devint haute & le tems nébu»
c'étoit. Il me dit , terr
TJn matelot foutint que
de Sardaîgne ; il fut hu;
cette faqon fa bienvenue
vieux matelot, il étoît
fur ce bord , aînfi que m
H ne m*importoit gi
nous fuflîons ; mais ce qi
homme ayant ranimé ma
me misa fureter autour d
pour voir fi quelque fer n
garde ne faîfoit point déc
le. Quelle fut ma furprifi
un gros aimant caché d
En Tôtant de fa place , je
en mouvement reprendre
Dans le même inftant quî
Voile. Le Patron regarde
nette , & dit que c'étoit i
ment francois ; comme il
Ce/ L'!"î l'°""erent cJe°?-'''*-~ fout
/>/-/i' ^. * Patron ff ^ ^ lui dis
«^-'feTe L^'^'"" ordre.
de poudra ' * "«"S avion/ P^* °ie
■^"r der;'""^^^ . à pe?ne .""'"' '^''ar.
« Portée . ' "'t^àz oup „ "^ "ïeme
fii-nes ab„"S T v'*'^'"^""' T' ^"^
'Je défiance. '^"•"'''èrvoftaVec *?
«î'-rafres da„V '"«'s « tôt qu'w 'l.l"»'--
lire attenril "°^'^ t»ord ;/ !J.' ^«î»
7 J-
'\ :
.1
■ *ï
:. .j^jj lui prcfentant le fabre p
''^ ' tiens , Capitaine , lui c
gue franque , Je viens
ce ,• ^z^ peux la faire à
prit le labre, il le lev;
j'actendis le coup en file
. & me tendant la mair
1 qu'on me mît aux fers a
mais il ne me parla poii
tion qu'il m'avoit vu
me confirma qu'il en fav
fon. Cette diftindîon , ai
que jufqu'au port d'Algi
mes envoyés au bagne e
couplés comme des chi
Jufqu'alors , attentif
je voyois , je m'occupo:
Mais enfin la première i
me lai (Ta réfléchir fur me
d'état, & le fentimentc
L 1 V R E V. }oi
ibre qu'auparavant. Emile efcla-
eprenois- je , eh dans quel fens l
.)e perdu de ma liberté primi-
Ne naquis- je pas efclave de la
Sté ? Quel nouveau joug peuvent
)ofer les hommes ? Le travail ?
availlois-je pas quand j'étoîs h'.
La faim ? combien de fois je Tai
Tte volontairement l La douleur ?
$ les forces humaines ne m'en
!ront pas plus que ne m'en fit fen-
1 grain de fable. La contrainte ?
elle plus rude que celle de mes
[ers fers ? & je n'en voulois pas
. Soumis par ma naiffance aux pa(l
humaines ; que leur joug me foit
ré car un autre ou par moi ; ne
il pas toujours le porter , & qui
e quelle part il me fera plus fup-^
ble ? J'aurai du moins toute ma
i pour l^s modérer daos un autre y.
ien de fois ne m*a.t-elle pas aban-
é dans les miennes i Qui pourra
aire porter deux chaînes? N'en
is-je pas une auparavant .' Il n'y
ervitude réelle que celle de la na-
Les hommes n'en font que les
imens^ Qu'un maître m'aflomme
^u'un rocher m'écrafe , c'eft le
e événement à mes yeux y & tout
1^1 oeiom d'être animi
a un autre au défaut c
Je tirai de ces rtifle
quence que mon cha
étoit plus apparent (lue
liiîerté confiltoit à faire
nu! homme ne fer oit 1
font foibles , dépendai
«e la dure njcertîté ; qt
le mieux vouloir tout
donne eft le plus libre ,
jamais forcé de faire ce qt
Oui , mon père, je p
temj de ma fervîtude fut
•^Sne, & jamais je n'eu
me fur moi que quand
^rs des barbares. Soum
Hons fans les partaRer, j"
connoicre les miennes. Le
rerft pour moi des indrui!
Je n'éprouvai pas pourtant dans leur
srvitude tontes les riguerrs que j*en
ttendois. J'elTuyai de mauvais traîte-
nens , maïs moins , peut-être , qu'ils
l'en euflent effuyés parmi nous, 6< je
onnus que ces noms de Maures & de
Irates portoient avec eux des préjuge»
lont je ne m'étois pas aflez défendu,
Is ne font pas pitoyables , mais ils
ont juftes , & s'il fout n'attendre
["eux ni douceur ni clémence , on n'enr
oit craindre non plus ni caprice ni
îéchanceté. Ils veulent qu'on feflc ce
u'on peut ftiire , mais ils n'exigent
ien de plus , & dans leurs châtimen$
s ne punîflent jamais l'impnilTance ,
laîs feulement la mauvaife volonté.
?s Nègres feroîent trop heureux en
nérique , fi l'Européen les traitoit
ec la même équité ; mais comme il
voit dans ces malheureux que des
Tumcns de travail , fa conduite en-
5 eux dépend uniquement de Tutî-
qu'il en tire ; il mefore fa juftice
^on profit.
' changeai plufieurs fois de Patron :
appelloit cela me vendre, comme
laîs ow pouvoit vendre un hommt*,.
îndoît le travail de mes mam^;,
ma volonté , mon entendement^.
vainqueur. Cet évéi
raconté.
Je fus d'abord al
té y l'on comptoii
je vécus plufieure
tion qui m'eût et
connoitre l'ennui,
que je n'întriguo
Confuls Européen:
peifonne ne parle
que je ne pajoilToi
même, on voulut
quelque manière .
vaîller. Ce change
ni ne me fâcha. .
travaux pénibles
mieux de plus ar
moyen d'entrer d
le maître ne tart
niie i'étois le fie
L I V R E V. }oç
J'ayois vu difperfcr prcfquc tous mes
anciens camarades da bagne, ceux qui
pouvoîent être rachetés l'avoient été*
Ceux qui ne pouvoient l'être avoient
eu le même fort que moi , mais tous
n'y avoient pas trouvé le même adou-
ciflement. Deux chevaliers de Malte
entre autres avoient été délaiOes. Leurs
Rcimilles étoient pauvres. La Religion
om racheté point Tes captifs , & les Pe-
res ne pouvant racheter tout le monde ^
donnoient ainfi que les Confuls une
préférence fort naturelle & qui n'eft
pas inique à ceux dont la reconnoif-
fance leur pouvoit être plus utile. Ces
deux chevaliers , Tun jeune & Tautrc
vieux, étoient infiruits & ne man-
Quoient pas de mérite ; mais ce mérité
etoit perdu dans leur fituation préfente.
Us favoient le génie , la tactique , le
latin , les belles-lettres. Ils avoient des
talens pour briller, pour commander,
qui n*étoient pas d'une grande reffour.
ce à des efclaves. Pour furcroît, ils
portoient fort impatiemment leurs fers;
& la philolbphîe dont ils fe piquoient
extrêmement, n'avoit point appris à
ces fiers gentilshommes à fervir de
bonne grâce des pieds -plats & des
bandits ; car ils n'appelloient pas au«
' f ?e PUS fj°«au.d
*'ép/de ffe "'.'"«« a
:°l^« & de con?'^'^ «n
**ecuter 1 ""^Pwatioi
n» C/. . ' * ouf ,«..-•
H'^^^ il m7âP. '''' Plus
L I V R E V. ;--
Sioble âc fenfible ; mais qui ne lui firent
pas goûter mes vues, il continua fcs
trames pour le procurer la liberté par
un coup hardi , mais Ton efpric remuant
lafTa la patience de ion mairre qui Ltoit
le mien. Cet hoiqme fe d.frc de lui ^
de moi , nos liaifons lui avoier.t paru
fufpedes , & il crut que jemployois à
l'aider dans Tes manœuvres les entre-
tiens par lelquels je tàchois de l'en dé-
tourner. Nous fûmes vendus à un en-
trepreneur d'ouvrages publics , & cnn-
daninés à travailler Tous les (rdres d'un
Surveillant barbare ^ efclave comme
flous , mai» qur pour fe faire valoir à
ibn maître nous accabloit de plus de
travaux , que la force humaine n'en
pouvoit porter.
Les premiers jours ne furent pour
inoî que des jeux. Comme on nous
pariageoit également Je travail & que
jétois plus robuite & plus ingambe
que tous mes camarades, javois fuit
ma tache avant eux , après quoi jaiduis
les plus foi blés & les allogeois d'une
partie de la leur. Alaîs notre pîqueur
ayant remarque ma dilijîence & la fu-
f ériorité de mes forces , m'empêcha
de le*: employer pour d'autres en dou-
blaat ma tadie, & , toujours augmcn^
qae tbibles , nu
traités dépéiilT
travail.
Cet état devj
Sottable , je lé
tout rî(<]ue,
qui je commun
partagea viven
homme de cow
tance pourvu
des hommes ,
d'aftes brillans
je me tenois 1
ces néanmoln!
même Se je n'a
de perfonne i
jet; mais il e
avoir un cffct
geux , exécut
compagnons d
L I V R E V. . 309
le tems du repas où nous étions plus
raâbmblés & moins furveiliés. Je m'a-
dreflai d'abord dans ma langue à une
^topzaine de compatriotes que j'avois
U , ne voulant pas leur parler en lan.
Sue &anque de peut d'être entendu
ei g^ns du pays. Camarades , leur
dis-)e, écoutez -moi. Ce qui merefte
de force ne peut fuffire à quinze jours
encore du travail dont on me furchar-
e, & je fuis un des plus robuftes de
troupe ; il faut qu'une lituation fi
ÎFlolcnte prenne une prompte fin , foit
^gr un épuifement total , foit par une
réfolotion qui le prévienne. Je choifis
le d«iiier pard , & je fu}6 déterminé
à me refufer dès demain à tout travail
éli péril de ma vie , & de tous les trai.
ttjneas oue doit m'attirer ce refus.
mpj^ cfaoïx eft une affaire de calcul. Si
je. fcfte coipo^e je fuis , il ^ut périr in-
iSllIblement en très - peu de tems Â
jQuift aucuae reQburce ; je m'en mé«
nage une par ce facrifice de peu de
l^ajpBf Le parti que ie prends peut e&
mïef lîofire linfpeAeùr & éckurer foa
mjuftfi]Rxx' (in véritable intérêt. Si cela
j^nrÎTeipaSymQn fort oûoi qu'âccé-
JenS'iô'praiiroit être empiré. Cette réC^
loBrée feroit taidive & nùUe . quaml
I
patj;ner ma roiirrhutt
donc de chuHir le mor
en eft encore une po
qu^un d'encre wous en
bonnes , & veut , à
tiomai: lie couta^je p
parti que moi , noire i
d'effet & rendra nos tj
fcies. Mais fuîlîons - i
moi , nous n'en fon
réiulus à perlîderdanj
nous vous prenons to
la hi^on donc il fera fci
Ce difcours fimplt
prononcé , fut écouté
d'éniodon. Quatre ou
me dirent cependant
eax à qu'ils fctoient i
aucres ne dirent mot S
Le Chevalier méconte
quiliicé parla aut lien
Livre V. ^n
Çnaiîon par la peinture de notre avilif-
l'emcnt , & leur iirdeur par refpoir de
la vengeance : enfin il enflamma tcile^
ment leur courage par Tadmiraiion de
la fbrce dame qui faitT braver Icstour-
mens & qui triomphe de la puitTance
même , qu'ils Tincerrompircr^t par dt^
cris , & tous jurèrent de nous imiter ck,
d'être inébranlables jufqu'à la mort.
Le lendemain fur notre refus de tra*
vailler , nous fûmes, comme nous
nous y étions attendus, très- mai trai-
tés les uns &: les autres , inutilement
■'tDutef()is quant à nous deux & âmes
trois ou quatre compagnons de la veil-
le, à qui nos bourreaux n'arracheient
pas même un feul cri. Mais Toeuvre
du Chevalier ne tint pas fi bien. La
confiance de Tes bouillans compatrio«
es fut épuifée en quelques minutes «
k bientôt à coups de nerf de bœuf,
n les ramena tous au travail, doux
Dmme de^ agneaux. Outré de çettç
cheté , le Ciievalier tandis qu'on le
urmentoit lai- même , les charjçeoit
reproches & d'fn jures qu'ils n'écoi:-
ent pas. Je tâchai cie Tappaifer fur
îdéiertion quej'avois préf^ue&que
lui ayois prédite. Je favois Que les
es de 1 éloquence font *vli3 mais
ne , & l'eftt iû'i
(llllB.
La foibleflè de <
ptoduilîe un utre '
{«j uteods , ft (
rivalité nationale j
ic notre figm eté .
pûriotes qni ne m'
lei voyant revenir
rent , le quittem
comme pour lofidt
Tinrent Te nnçet :
compte en encndi
tôt U lévolte dev
lemaifEssteiré'^
vint lui-même pon
Vous comprenez
teu pat lui diic pt
riiriter cpntiie nou
ife me dâjgner co;
L I V R E V. JIJ
-' viens d'entendre Taccufation. Si tt as
.' onelque cho£è à répondre , parle. Je
j tu8 frappé de cette modération dans le
D' premier 4Bmportement d'un homme
Ig {pie au gain menacé de fii ruine ; dans
un moment où xout maître Européen ^
~- touché iufqu'au vif par fon intérêt eû^
^commencé bm vouloir m'jentendre ,
Er me condamner à mille tourmens.
tron , lui dis- je £n langue franque ;
tv se peux nous hajfr^ tu ne nous con«
sois pas même; nous ne te faaïflbns
jias non plus , tu n^es pas Tauteur de
fiosmauz, tu les ignores. Nous ikvons
piMtcr le joug de la néceffité qui nous
" Ji ibumii à -toL Nous ne refufons point
4* empbyer nos forces pour ton fer-
"vice , puilque le Coxt nous f condam.
SIC ; mais en les excédant ton dclave
: 'làom lea 6te & va te ruiner par notre
perte. Croîs • moi , tranfporte à un
te iommeplus làge l'autorité dont il abufe
E à ton piéjudic&t Mieux diftribué toiL
ouvrage ne fe fera pas moins , & tu
oopfivveras des jefclaves laborieux dont
tu tireras avec le tems un profit beau-
coup plus grand que celui qu'il te veut
procurer en nous accablant Nos plain.
tes font juftes; nos demandes font mo-
^d^ées. Situ ne les écoutes pas, notre
JBmik. Tome. lY.
fi piTCOuriit des yfen
dont le temthdv^ft
«DÏfcnt h vérité de m
dont la contenance
aoncoit point du to
ihidés. Enfuîtc m'a-
rechef. Tu parois ,
ftiiK : je TÉM ravo
To tipcei 1« condtii
Voyons ta tienne i
doqne & le mets i h
i ordonna qu'on ic
qu'on les mit Ji notr
^l à l'inftànt.
Jcn'ai pasbefoîn;
ment je me conduMi)
Îofle , & ce n'eft p».
:ï. Mon aTentnre fî
qu'il prit de la répi
j . tin» ■ I* Tin
L î V R E V. ^îç
Les règles fur lefqueiles j'avois iAt
Conduire dans ce nouteau pofte , dé»
couloient de principes qui ne tn'étoienc
pas inconnus^ Nous les avions difcutés
durant «es voyages ^ & leur applica-
tion bieaqu'impar&ite & très^en petite
dans le cas où' je me trou vois ^ étoic
(Are & infaillible dans fes eBets. Je ne
*¥ous entretiendrai pas de ces menus
détail» Y ce n'eft pas de cela qu'il s'a^
^t ièntre vous £: moi. Mes fuccès
m^ftttîrerent la confidéradon de mon
Patron^.
Aflèm Ogiou étoit parvenu à la fu-
Eréme puilTance par la route la plus
onorable qui puiiTe v conduire : car
de fimple matelot paflant par tous l«s
grades de la marine & de la milice ,
U s'étoit fucceflivement éle^ré aux pre«
snieres places de l'Etat ^ & après h
mort de Ton prédécefleur il fut élu pour
lui fuccéder par les fuffrages unanimes
des Turcs & des Maures , des gens de
Suerre & des gens de loi. II y avoic
ouze ans qu'il rempliflbit avec bon*
neur ce pofte difficile, ayant à gou*
verner un peuple indocile & barbare ,
une foldatefque inquiète & mutine ,
avide dt défordre & de trouble , qui ,
lâchant ce qu elle defiroit elle-mé«
0%
adminiitranon, '
dit pas à l'cfpet
conijoe. I1"0>'
affei uanqume :
état qu'aupaiavi
l'agficultuie aile
étoit en «igueu
pain. Mais pn
opérations celai
TABLE
D6S MATIERES,
Pour les deux derniers Volumes,
III. Défigne le Tome troifieme.
IV. le Tome quatrième.
». les noces.
A
Bel (poëme d'). m. 548 n.
Académies^ inutiles. III. 24,8
Adoltfcence (la fin de T), l'âge le
plus heureux. IV. ^g
Adolefcens ne doivent pas être traités
en enfans. III. 168
Inftruits des myileres qu'on leur a
cachés. Voyez Emile. III. 174
Adultère , commencement des défor-
dres de la jeuneffe. III. 211
Ses conféquences. III. 292
Age r chaque âge a fes refTorts qui le
font mouvoir. . ÏV. 7 c
Age dor fera toujours une chîmerc
pour ceux qui ont le cœur & le
goût gâtés, IV. 20}
0}
DES MATIERES. 519
Antoine^ comment il émat le peuple à
la mort de Céfar. III. ig6
Apelks. lîl. ;26
Apicius. III. 2SÎ
Apparence ( on ne cherche que V )
dans les devoirs & les Vertus.
IV. 189
Argent , tue l'amoun IH. 26%
Ariflide, III. 142
Ariflocratic. IV. 176
Convient aux Etats médiocres. IV.
178
Arts agréables , conviennent aux jeu-
nés filles. 111. ^29
^Athiijme , fes effets comparés à ceux
du fanatifme. III. 1^6 n.
Atomes, III. 41
Aubenton ( M. d' \ ^ IV. 20
Aurelius Viôîor ^ cité. III. 19;
Auteurs , leur converfatîon plus inC-
trucftive que leurs livres. III. 24;
Qui confultenc les favantes , mal
confeillés. III. 24.1
Autoditones , ce que c'eft. IV. 141
B
Atle.^ III. 1^6 n.
Babil :1e grand) , d'où il vient. HI. 226
Babil des petites filles , par quelle in-
terrogation doit être retenu. III.
04
nage
Brille par
Bible, fonl,
Bibliot/tequi
Bienfe'ances
les fem
Bieni l, les )
On ne do
voir où
Sa route c
Bon ( il ne I
Bonté, natu
BoJTiiet.
Brantôme.
Buccntaure.
DES MATIERES, izi
" Campagne , quelle fociété y convient.
III. 270
-Catéchipne. UL.Hi
• Ses reponfes à contre-fens. III* 54;
Modèle d'introduétion \ la Bonne &
la Petite. III. ^44 ^fuiv.
Catholiques , font grand bruit de l'au-
torité de TEglife. III. 150
■ Catilina. III. %z
Càton. III. ga
C^ar. : Ibid.
Giarron ^ cité/ III. log a?»
tShqfJe^ ( quel eft pour les jeunes gcna
le vrai tem» de la )• , III. 17.9»
' Ennemie de Tamour. III. 180^
( Le droîtexclufif de la ) , fource de
peines. • ' III. 27?
Chajje Ubn , Ces plalCrs». IH. 27 ^
•C^o^^/v les fruits. m. 192
^ Vertu délicicufe pour une belle fèni-
nie, III. i84
Chrétiens^ n'examinent pas ce- que
les - Juife sdléguent contre esax.
ni. 13a
Chriftianijbie , (on - influence fur les
Gouvernemens. . III. t%%n.
A outré lès devoirs. III. ^^o
ChyrhifieSj ( abfurdités de quelques )
» ^ IIL 4d IL.
CkerôtK III, z^S
Os
Tifé qu'ca i
CUopatre.
Combinaifbns di
tiiude des
monïe du
Compilateurs.
Co/ido/rune ( M-
Confcience.
Sera U foun
plaifiTS d
. Eftie meiU«i
Dépofe pour ^
" Fait l'excellet
, fourquoi nou
jours fa vo
DES MATIERES, ui
Contrat , n*a jamais befoin d*autre f;a.
rant que de la force publique. IbiJ^
Rend rhomme plus libre qu'il ne fe.
roit dans Tétat de nature. IV. 16^
Convenances , il y en a de deux for*
tes. in. 408
Les naturelles font feules les heu*
reux mariages. IV. j
Voyez Mariage.
Coquetterie^ change de forme &: d*ob*
jet félon fes vues. III. ^04
Tenue dans fes limites devient une
loi de l'honnêteté. lîl. \66
Difcernement qu'elle exige. HI. ^6z
Coquettes, leur manège entre deut
hommes avec chacun defquels
elles ont des liaifons fecretes.
m. ;6j
Sans autorité fur leurs amans dans
les çho(és importantes. IW. îSl
Coriolan. III. 582
Corps , qu'eft • ce que j'appelle des
corps ? m. 29
Cùrps intermédiaire entre les fujets
.& te Souverain : fes différens
noms félon fes différentes reb-
tions« IV. 169
Corps politique , & fes dîfFérens noms
par rapport à.fi:s différentes fonc«
tkms. IV. \6%
06
Culte , princ
je rends
Que Dieu
CuUe cxtér
Cuzéy minif
D.
' Ali .
Darius en !
qoit de
Se'cenmirs.
Démocratit.
ConvL'nt
Demof/icnr,
De/cartes.
BeJJln , à qi
jeunes I
Deutéronom
DES MATIERES, jiç
Devoirs , comment on apprend à les
ainier. ► III. 369
Diane , pourquoi on Ta faite ennemie
de l'amour. III. igo
Dieu y ( quel eft l'Etre que j'appelle ).
m. 49
Inconlprehenfible. Ibid.
Bon , jufte , Fuiffant III. 6ç
Immatériel. III. 71
Eternel , Intelligent. III. 74
L'idée d'un Dieu , fource de courage
& de confolation. ^ III. 95;
Diogene. III. i8ç
Difputes , ( Tinutilîté des ). . III. ici
Dijji'mulation , quelle eft celle qui con-
vient aux femmes. IV. 7; n»
Dogmes , ne font pas tous de la même
importance. HI. ^^z
Les feuts utiles font ceux qui tien*
hent à la morale. III j 54
Domeftiques, Voyez Laquais.
Douceur, la plus importante qualité
d'une femme. ^ Ht. ^ 1 9
Droit politique , eft à naître. IV. 1 54
Difficultés qui naiifent à i'édaircilfe.
ment de cette matière. IV. 15 f
Comment il faut s'y prendre pour
l'étudier. > IV. içy
Droit de force , jeu de mots. IV, 158
Droit de nature ou autorité paternelle»
-étendre Vt
Différente pi
Det femmes
hommes.
Des femmes
deux reg
rieur & 1'
Jïnifc , . vertui
. qu'il com
L'âge de lie
pour lui
vient oeit
Adulte, fer:
Sa franchlfe
DES MATIERES. )37
(où imagination. IH. 178
Emile ^ occupations pour le didraire*
III* 179
Précautions dont je me fers pour lui
donner les premières inftruétions
fur les myfteres qu'on lui avoit
cachés, III. 187 &fuivm
Me conjure lui • même de relier fon
maître. ni. 194
Difcours où je lui fats fentir le,
poids de fes engagemens & des
. miens. III. 195
Comment je gagne fa confiance. ni«
198
Je Tinvite à chercher avec moi la
compagne qui lui convient. III.
. 204
Bien: afmé contre tout ce qui peut
attaquer fes mœurs. III. 210
Xéeqon que je lui donne contre les
fidudeurs. HL 215 9ifaiv^
S6n entrée dans le monde. lït. 224
Sa manière de s'y comporter, ni,
• i IbiiL ^fuiv,
' : Sa icontenanfie 'Jcrinte & non fuiE*
' fante. . :;- .: III. izg
. Ses: miakrêis tmprés ida fexe. HI.
.-. :/^\ ■■: .■ •■ '. .'. * ■ . • . [2^0
v'Exatft.à tQVS les égards fondés /fur
l'ordre^ de la nature. Ibid.
S'égare d:
£11 bien
Sur qnoi
Comtneni
phie.
Devient a
ConTerfai
S'emprefT
de Un
Demande
Fixe fon I
Tableau >
Revient c
Demande
DES MATIERES. }29
Emile j amant déclaré. IV. çç
Donne différentes leçons à Sophie.
Brouillerie , a quel fujet. IV. 6z
Raccommodement , à quel prix. IV.
La nature de fa jaloufîe. IV. 74
Eft fait pour la vie active. IV. 79
Pourquoi ne va plus voir Sophie à
cheval. IV. 8z
N eft point efféminé par l'amour. IVii
80
Ses occupations , les jours où il ne
va pas voir Sophie. IV. 86
Sa conduite avec les payfans. IV. 87
Vaincu à la courfe par Sophie. IV.
92
Eft vifité à Tattclier par le père de
Sophie. IV. 9;
Enfuite par Sophie & fa mère.
Ibid.
Refufe de les fuivre & par quel mo.
tiF. ^ IV. 9ç
Juftifié de fon refus par Sophie. IV.
96
Attendu chez Sophie ne s'y étoit pas
rendu. IV. 98
Pourquoi. IV. loi
: Préfente avec Sophie un enfant au
baptême. lY* io4
Re<;oît lordr
tems Sophi
Sa Gtuatioo
Trait qui m
rendre am
faire voya
Sendmens qi
ges.
Son retour ai
Son mariage.
Conleils que
venir le
DES MATIERES, n*
Empédocle ^ cité. IIT. 2sS
fnc/oj ,( Mlle. Ninon de P ). III. 368
Enfans , s'ils ne font pas de leurs gou-
verneurs leurs confidens , c'eft la
faute de ceux-ci. III. 174.
Ont des amufemens communs & des
goûts particuliers. III. 310
Ennui ( r ) , par où commence. III.
2s6
Grand fléau des riches. III. 267
Dévore les femmes fous le nom de
vapeurs. Ibid.
Epitaphcs des anciens & des moder-
nes. III. 24c
^poux , c'eft à eux à s'aflbrtir. III. 409
Doivent continuer d*être amans. IV.
2cS
( Jeunes } , tableau de leur volupté.
IV. 21J
^fpagnole, III. 415
EJpagnûls^ voyagent utilement. IV.
jEfpcrance , fait plus jouir que la réa-
lité. IV. 122
Efprit(V). m. n4
Etats , fens de ce mot .«n politique.
IV. 16Z
Eternitjé, ( l'idée de Y ) jie fôuroît s'ap-
pliquer aux générations humaines.
111,35X71,
%
Exijie (.}').
Exifience (1
UoDS ,
M As A 1
Ses effets
théifm»
Ftmeîki de
Leur rcfii
Accoupl'
efpect
Femme , C
DES MATIERES, n?
falres pour la confervatîon du
genre humain. III. 2^4
Femmes , font gloire de leur foibleffe
& pourquoi. III. 288
Leur empire. III. 290
Conféquenccs. de leurs infidélités
' dans le mariage. III. 29 ^
Haifons qui mettent l'apparence -m^
me au nombre de ktirs devoirs*
III. 295
; Plus fécondes dans les "campagnes
que dans les villes. HX 294
, Ne peuvent. pas être fucceffivcment
nourrices & guerrières. Ibid.
Ht doivent pas avoir la même édu-
. . cation que les hommes. III. • 297
Ont tort de fe plaindre que nous les
élevons pour être vaines & co-
quettes. III. 29g
. Ne doivent pas refter dans igno-
rance. III. ?oo
La dépendance mutuelle des hommes
& des femmes n'eft pas égale. IIL
Ne dorvent pas chercher à plaire à
de petits agréables , mais à Thom-
me de mérite. 111. 90^
• Leur plusîmportante qualité. IIL 9 19
Doivent avoir des talens agréables.
niuniféetqi
Doivent «PI
blés.
Leur faut-il <
treffês.
Ont plut6t
ceace qut
Doivent itt
que des
Filles ( les jei
cer poui
HteBt.
Leur politef
gênée.
Se carcfTent
vaut les i
Pourquoi il
DES MATIERES. ??7
^Eilles^ pourquoi défirent de fe marie!*.
IH. n<5
Comment il faut leur préfenter leurs
devoirs. III. ^9
' Gêne apparente qu'on leur impole
& dans quel but. III. 375
D'où naît la facilité de céder à leurs
penchans. . IH. ^g^^
Moyen de les rendre vraiment fages.
in. 386
Ce qvî les rend médîfantes. III. 402
Flogijiique^ ce que c'eft félon les
chymîftes. III. ^^ n.
Fontenellt , fophifme qu'il faifoit dans
la difpute des anciens & des mo*
dernes. III. 24.7
Forces , il faut les cffayer avant le
péril. ^ IV. 116
Leur développement eft l'objet de
l'éducation des hommes par rap-
port au corps. lll. 90c
Frangois , qui eii a vu dix les a tous
vus. IV. 156
François & Anglovi comparés par rap- •
^ ^ poi^t itïX VÔyifges;; ^ 'Jy. 137
G
■ . i
^'AXAMTERiE , fon origine.
ni. -990
Galerie. 'lit «çg
Emile. Tome IV. P
Cermams « <
neffe.
Gourmandifr
Goîtt-, «qi
Ce qi» Kl
tes.
Bans que
poui le
Ou font !
Cooimen
Différem
des m
Où doit
Couoernei
ceux
DoWen'
que
âeur.
Des MATIERES. ÎÎ9
iSbIivt acment , Tes diffiîrentes ibrmes.
Deux règles Faciles pour juger de leur
beué relative. IV^ i84 & fuiv*
€frecs , en quoi leur éducation étoit
bien entendue. ïlï. 307
€rrecqaes ( les femmes ) , une fois ma-
riées ne paroiflfoient plus en pu«.
blic. Ibid.
Crqffeffcs , leur danger avant Tàge.
IV. 12?
Crotlus. t7. i;4 , igo
Kji/mnqftique^ comment les Grecs cher*
choient à en balancer les mau-
vais effets. ÏII. 507
H.
ÂÈiT u DES de Tenfancc doi^
vent être prolongées dans la jeu-
nclfe. IV. 76
Leur effet ÏV. 77
On n*en fait pas contracter de vé-
ritables aux jeûnes gens ni aux
cn&ns. lY. 78
BAiUuk de jouir en été le goût.
il "'
Berctdt. lll. z^o
Héro. IV. 81
Hérodott , a pdnt les môâurs. tV. 1)9
Ke doit p«8 être tourné tti ridicule
k ce fvjet, IV« 142
p a
tiomert.
Homme, la fo
hommes.
■ Malheureux
de fes fa'
Compbfé di
Auteur du i
Bon naretel
Son mérite
Dépend à
Hommes ilta
(ordres d
I\'e doivent
' catirtil <ii
In dépends
mes & de
DES MATIERES. h»
^animes , tiennent par leurs vœux j^^
mille chofes & par eux-méipes lie
tiennent à rien. IV. iia
On ne les connoit qu'après avoir
voyagé. IV. îjs
onnêteté (la véritable ) eft toujours
facrifiée à la décence. IV. 66
or ace. in. .278
oJj)italite\ ce qui la détruit. IV. ,aj
r •..-:•*
DÉAListKS^ leurs diftindtions
font des chimères. HI. 29
lées , comparatives & numériques ne
font pas des fenfatîons. tll, 30
Abftraites, fources d'erreurs. ÏH. 41
Acquifes , diftinguées des fentimëns,
naturels. lïl. 87,
norancCj ne liuit pas atfi moeurs.
é0^ IV. 9
litation de la nature , fburce uni-,
que du beau dans les travaux des
hommes. III. ^^9
telligence ( il exifte une ). - III. 4?
térêt , n'agit^on que par intérêt. III.
tolérons^ arguiherif auquel, fls ne
peuvent répondre. III. 1 3 8
^piré ( dialogue de T ) & du raifon.
n€ur. HI, 119»
HniK m. fi.n.
■jje doivent
paifaks é
ves.
, Ce qui lest
Jàhujie, de
Explisatiot
Neftpaan
Son otipp
A- telle IK
le goût
•"""S
Êrdref
Exemple
La foUtu
DES MATIERES, uî
Juifs ^ n ofent dire leurs raifons contre
le chriftianifme. HI. 131
Ju/ks , leur bonheur dans l'autre vie
fur quoi fondé. lï. 70
Leur férénité. III. 8|
Jujhce , fa notion la même chez tous
les peuples. Ibi(L
L
An GV E Frangoife , Qbfcene»
III. 190
Langues , à quoi mené leur étude.
III. 244.
Lan. m. 1.84
Lcujuais ^ il en faut peu pour être bien
fervi. m. 2^ç
Nuifent à la gaieté de3 repas. III.
271
Léandrt. ■ IV. 81
Legons , leurs mauvais effets quand
elles font trifles. III. ^79
Législation parfaite ^ ce qui la conf-
tîtue. IV. 175
JJonidas, IIL 142
IjAfrf^, je fuis libre. III. 586? f^tiv.
■: Son principe immatériel. III. 60
Comment elle anoblie Thomme.
m. 61
Liberté ( la ) politique diminue à ii»e-
furc que l'Etat s^agrandit. IV. 171
P4
veit à tous les
LioTU , ne fuffifent
goùc.
Leur abus.
l^ckt, quand il qui!
Réfuté fur ce qu!U
madère.
Loi , fa déiinition cl
Quel afte p«ut por
Lucr ece.
Luxe , inféparable c
Comment s'établit.
M
CES MATIERES, u^
il phi/Jique\, ne feroit rien fans^
tios vices. in. 6z
il moral y ouvrage deTilommè. Ibid.
ilheurcux , dans quel cas oh ' rdl.
. ' tv: 118
irccl III. 2^%
iriage , la plus fainte înftîtution.
m. rrr
^e plus faint des contrats. III. 192
Jne des caufes de ce qu'ils font niai
affortis. IV^ 2
loyen d'en faire d'heureux. IV-/. %
Igaiité des conditions doit (aire pen-
cher la balance quand tout eft.
égal. IV. ç
laifons pour qu'un homme ne s'allier'
ni au-defTus ni au-defTous de lui.
IV. 6
ïoyeh de prévenir le refrbîdiflfe.
ment de l'amour dans le mariage. ^
IV. 2o^ ^ fuiv: ,
ris ^ pourquoi font indifiEereûs. III.
ourquoi ont moins d'attachemenC
pour leurs femmes que pour une
fille entretenue. IV. 209
tcrialifics , leurs diitin Aîpiis font
des chimères. ' Ht. 29
omparés à des fourds qui nient
Texiftencc des fons. lïr. ^7^
pas eflcn
île peut p(
ment pi
Se craigne
Quand il
font m
Jtïtres , ne
blesa>
Doivent
filles r
Mètaphyp
Miracles,
en tu
DES MATIERES. U7
Modes , quelles font les femmes qui lc«
amènent. 11^. 526 n.
Molécule vivante ^ inconcevable. III.
Monarchie^ coquec'cft. .IV. i/iî
Convient aux grands Etats. IV. 17B
Montaigne. ni. g-^
Continence de fon perc HI. 171
Cité. ^ ni. 23Z
Alontefquieu. , . ' IV. i^ç
Morale \ précepte de) qui les contient
tous. , • ' ÏV. iig
Jforatitd des 'avions. IH. 79 ^fuiv.
Mort ( Ta ). lU. 6 j
Ce qii'felie eft par rapport au jufte &
au méchant. IV. 120
Mothe ( la ) , fijppoftit fauffement un ' '
ôrogrès de. raifpn dans Tefeece hu.
^ niai ne. III. 24.?
Mouvement * il y en » deux fortes.
Ses caufês rie font pas dans la ma-«
tiefe. ^ III. j g
ITeftpas néceffatre & la matière. in.4o
'..-.r:; i ;. '-
r 4fl^ ^^ •> chacune a un OEiracw •
*jte|rç fpéc^ve. . IVi i^S
CuD|mtnent lés âifierénces hatîbnàtei
plyà^iFrapjKante^ chez les anciens
s'ieffacent de jour en' jour/lV).;.i4t
o,
( aveo d'un
Omphale.
Opin,ions C dife
font les eau
Qnn'di«ra da
Iià plus con
. fioiple.
Opinion '(!'),
j aux femme
À bean.cpup i
V^B fiUep,
P'eft pai çll
'rement de
èhafle le.bai
n^Ari- du mom
DES MATIERES. ^49
P
Ag A NI S ME^ fes Dieux abomî-
nables. HI. 34
Paix de Famé , en*quoî confifte. III. 14
Paladins^ connoiflbient ramour.III, ; g 3
Palais. m. 257
Paracel/e. III. 46 n.
Paris , nulle part le goût général n'cft
plus mauvais. HI, 241
C'efl:- là que le bon goût fe cultive.
Ibid.
Coûte plufieurs Provinces au Roi, -
IV. 186
Les jeunes Provinciales viennent s'y.
corrompre. III. 377
Parure, incommode à mille égards.
- Ilf 261
Moyen d'en diminuer le gpût dans
les jjeunes' filles. . III. ^iç •
Supplément aux grâces. ' • Ipid,
Rùineufe ; vanité dû rang.' Ibid. '
PaJJions déréglées , leurs peines* IV-
iiz
Scurccf de èrimes. IV. 114
JP^ftuîie erreur .de les diftin^er en.
"^ • pçmî{?s'& en défèhaùéOV. ié7 •
F£^ï.( ôh doit toujours àftm);lV.' 200.
i\ajr/6ar, • comment on doit (bigilfer ^
" '*ceii)rqui font malades. IV* ^8*^»
Puberté, influe
ment fur le
Pudeur , diftin
tinfldes a
à réfpecc
Puiffance, fen
que.
R.
_ i~AlMOS
Raillerie , ( qu
bleàla).
Eaifonner , oi
chcmenti
Baifonrteur { c
pire.
R^exion., for
Religion , co
gnei aux
Qjiel mal 1
DES MATIERES. Hf
jRcponfe d'un vieux gentilhomme à
Louis XV. in. 231
Heuchlin. III. ijo n.
Réoélations , ne donnent pas une plus*
grande idée de Dieu que la rai-
fon. ni. 104.
Sont la caufe de la diverfité des cul-"^
tes loin de la prévenir. III. loç
Là raifon feule dl juge de leur vé--
rité. III. ii8
Quelle doit être te dodlrîne d'une
révélation qui vient de Dieu.
III. 116
Quels doivent être fes dogmes. IH.
; . 117'
Les trois principales font écrites en
deS' langues qui font inconnues
aux peuples qui lesfuivent. IH.'^
128
Sichejfes , leyr effet fur Famé du pof-
(effeur. IV. 5 1
Miches , ce qu'ils font. III. 25 1*
Toujours ennuyés. III. 267
Tableau d'un riche qui fait ufer de
fes richeffes. III. 252 t^ fuiv.
Il n'eft pas nécelfaire de Fétre pour
être heureux. III. 278
Ridicule , moyen de i'évîter. m. 268 •
Toujours i côté de^ l'opinion, m.
Ro^uié , fufceptible d«
Rtlfe, talent naturel ;
DcdammagemcnC à&
a de moiM. "I.
kJAlSons , ne poin
eUes pour le feryU
SjlcrtH , ( HIC autre ) ol
chcs d'Emile.
Somfon.
Sar,lajiapak , fon epit:
£aivpages , leur cnfanC'
lelcence. ^
Différence de l'etat
l'état fdciiiL
DES MATIERES, j^ç.
nfations , diftindes de i'obiet qui
les fait nakre. Iir. 28
Comment di(Unguées par Tétre fen-
fitiF. m. M
ns^ dans leur ufage nous ne fom.
mes pas purement paffifs. III. ^z
m ( le piège des ) eft le plus dange*
reux. m. 4x2
ntir & juger ne font pas la même
chofe. in. 24)
ntimcns naturels qu^on doit dîftin|uer
des idées acquifes. III. $^7 &fidv.
rmons , raifoa qui les rend inutiles.
m. 177
*rvjce , ( ce que c'eft que le ), IV. 149
Il ne s'agit plus de valeur dins ce
métier. ^ IV. iço
teSj ( conformité & diSEérence des )•
m. zh
viles influent fur le moraL ^ aga,
ont également parfaits. III. 281
ans leur union, chacun concourt
différemment à Tobjet commun»
Bid.
!miere différence entré les rapports
moraux de Tun & de Tautre* ibiîi,
plus fort maitre en apparence dép-
end en effet du plus foible. ^III.
Y a nulle parité entre eux quaafc
Ce qui les
pcftéda
Leur leizt
Signes , Ung:
litige quf
dam la
nneiit.
Dans l'élc
Sociécifs. ci»;
qu'elles
Socrate, à
Sojpn , aâc
Sophix , co
Son port
Aime la-
A des ta
DES MATIERES. ]ft
Mais non lafince. HI, {94
■Sophie , d'abord go'uimande , mais cor-
rigée. III. )9Ç
La tournure de Ton efprit. III. i^S
Sa fenfibilité ne dégénère pas en Bn-
meur. III. ^97
. A des caprices, Ci manière de les
réparer. III. 398
Sa religion. III. 199
Aime la vertu. Rid.
Dévorée du befoin d'aimer. IH. 400
' Connoît les devoirs & les droits de
fon fe^e & du nôtre. III. 401
Sa réferveà juger. III. 402
Point médifante. Ibid.
Sa politeffe ne tient pas aux formes ,
mais au defir déplaire. IH, ^bj
IJ'eft point aflervie aiù lîmagrées de
l'ufage franqois. III. 404
Son refpeifï pour les droits de Fâge,
Ibid.
Sa Conduite ' a vee les jeunes gens.
Ibid.
• Manière dont elle reçoit les propos
d&uceieux. ' ■' HI. 40c
Aime les louanges de ceux qu'elle
' eRime. . IIl. 4c5
Difcours que lui fait fon père fur le
mariage. UI. 4*7
enluifi
ardent.
W'eft pas»
AyjU été
cens.
Rc vient c
Sa btigue
fa meti
Kaifsns <
te choi
Rivale d'
pour 1
Viftinie i
Rendue i
N'eft pas
CES MATÎE^RES. H9 "
Sàp/iic , quelle difficulté Tarréte poDt
époufer Emile. IV. 50
Prend ouvertement fur lui Fâutorité
d'une maitrefle. IV. 5^
D'où vient fa fierré. .^ \V. 6&
Gracicufe aux indifférens. IV. 68
Irrite la paflion d'Emile par im pca
d'inquiétude. Ibid.
Sa courfe & fa victoire. IV. 92
Le vifite-avec fa merc à Tattelier*
IV. 95
Y effaye ^'imiter Em^le. IV. 94.
N'eft pas indulgente fur les vrais
foins de Fartiour: IV. 97
In}u(le foupqon qu^elle éon<;oit de ce
qu'Emile attendu n'elt pas arrivé.
Veyez Emile. . IV. 9S
L'accepte pour époux. IV. lOi^
Va voir le payfa'n elïropîé. IV. loç
Fréfente avec Emiie un enfant au
baptême. IV. 166
5es clouleurs fecretes quand elle eft
préparée à Tabfence de fon ainant.
^ Sa 'fittt9tioa,^ môBifén^ du ^épai^k^
7 .•/-."■;■ ■ -' \- ■ ■ ;■•- -IV..!;!*
. Voit revenir Enlîlc ^ repoufc/,Vôye2
Emile. . . ,
Confeils que jip loi donne '& fur quoi*
mœurs.
S:ûlàens , 1'
Subfiances ,
^fttmes., I
 ACIT
Taltns ag
Lequel
l'art d
Tarqnin.
Tentation.
DES MATIEfRES. J5x
Tfiéologiem y ne k piquent pas de
bonne-foî. • III. 126
Thermopyks , infcrîptions qti'on y lî-
fott. Ilî. 246
Toîktte , d'où en vient l*abtis. IH. 527
Tolérance civile^ ne peut pas être
diftinguée de la tolérance th^olo-
gique, , m. 147 n.
V,
EkiSk^ pourquoi fbn gouver-
nement fans autorité eft refjpeâé
du peuple. ni. 1(4. n*
Vérité (la) morale, ce que c'eft; lit.
Vertu ^ fl y en a un principe inné dans
les coBurs.^ III. ^g gVf yî*i^.
Comparée au Protée de la &ble«
in. 9,
Eft aimable , mais ît faut en jouir
pour la trouver telle. ' Ihïd*
On ne peut pas rétablie par fe ra?-
fon feuie^ I ifeiVt
.Eft une» m. 265
' Eft* Eafyor^k à Tamoàn III. \%z
^'^Etymologie de ce mot. IV,. ija
* ^Qji- èlt . ce* qQ« 4-lioflflt» y trtueiix \
Vitemtm- diet ftniinei%«àcquMLv«^ieux
V entendus que le» nôtres. III. toSt
Mmilc. Tome IV, Q ^
.FMI fa ptofci
Pourquoi defti
Son tefpeA p
de fa çeri
Son incicdu
.Défagrcmcnt
difpofition
Son premici
de borner
IlconfuUeli
■ Ne prie pas
. Son fcepdci
Sa méthod<
t)tè-
De quelle
fttTÎce d
DES MATIERES. ^6^
VilUiy C i^s grandes } épuifent un Bbat,
IV. 186;
Les jeunes gens y doivent peu fé-
JDurner dans leurs vayages.lV. i88
( Dans les grandes ) , il n'y a point
d'éducation privée. III. ;7ç.
Violence , ne petit pas avoir lieu dans
l'union des fexes. HL agy
Pourquoi Ton en cite moins d'aftes
à pré(ent que dans les anciens
tcms. . IlL z89
Volonté , il ;&ut recourir à une vo^
lonté pour expliquer lé inotiVé-
ment. III. .59
Connue par fes adtes , non par fa
nature^ S)idm
VolfqiKS. ÏIL %iz
f^oluptu^ux ( talsleau d'un ) qwi met
à part Topinion & ne cherche que
.la volupté réellev . lU. 351
I Refte toujours aufli près de la nàtuïe
qu'il lui eft pofTiWe. t^. ZS^
Voyager, non en courriers mais en
voyageurs, v . ^ Vf- ^1
i Jl^ljere dont Tes ,aoçièi^„ri^lo^
phes voyageoienU I^* ^9
Il feut favoîr voyager. IV. *?^
-•3pi]flKfencc de voyager pif^/fM fe
pays ou des peuples. ÎV. i4S
»' ^ : \ ,:\ .w Q^-;^
S„ oooiP'8"'""
tanee. ^
w
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:;.fr'.
f ^ ■
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