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Full text of "Compte rendu"

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POUR  L'AVANCEMENT   DES  SCIENCES 


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6e  SESSION 


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LE  HAV 


ASSOCIATION 

FRANÇAISE 


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L'AVANCEMENT   DES  SCIENCES 


IMPRIMERIE    CENTRAL!']    PF.S    CHEMINS    DE   FKR.     —    A.    CHAIS    ET    C" 
RCE   BERGÈRE,   20,   A   PARIS.  —   18878-8. 


ASSOCIATION 


FRANÇAISE 


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POUR 


L'AVANCEMENT    DES    SCIENCES 


COMPTE    RENDU    DE    LA    6E   SESSION 


LE    HAVRE 


—  1877    — 


LIBRARY 
NEW  YORK 
BOTANICAL 

QARDEN 


PARIS 

AU    SECRÉTARIAT   DE    L'ASSOCIATION 

76,     RUE     DE    RENNES,     76 

1878 


y\ 


ASSOCIATION  FRANÇAISE 

POUR  L'AVANCEMENT  DES  SCIENCES 


Reconnaissance  d'utilité  publique. 


■  MINISTERE 

de 

l'Instruction   publique 

et 

DES  BEAUX-ARTS 

CABINET 
BUREAU 

de  l'Enregistrement 

général 
et  des  Archives. 

N°  7970 


DÉCRET. 


Le  Président  de  la  République  française, 

Sur  le  rapport  du  Ministre  dé  l'Instruction  publique  et  des 
Beaux-ArLs, 

Vu  le  procès-verbal  de  la  séance  tenue  à  Lille,  le  27  août  1874, 
par  l'Assemblée  générale  de  l'Association  française  pour  l'avance- 
ment des  sciences,  et  la  demande  formée  par  cette  société,  le 
5  décembre  1873,  à  l'effet  d'être  reconnue  comme  établissement 
d'utilité  publique; 

Vu  les  statuts  de  ladite  société,  l'état  de  sa  situation  financière 
et  les  autres  pièces  fournies  à  l'appui  de  sa  demande; 

Le  Conseil  d'État  entendu, 

Décrète  : 

Art.  1er.  —  L'Association  française  pour  l'avancement  des 
sciences  est  reconnue  comme  établissement  d'utilité  publique. 

Art.  2.  —  Les  statuts  sont  approuvés  tels  qu'ils  sont  annexés 
au  présent  décret. 

Aucune  modification  ne  pourra  y  être  apportée  sans  l'autori- 
sation du  gouvernement. 

Art.  3.  —  Le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux- 
Arts  est  chargé  de  l'exécution  du  présent  décret. 

Fait  à  Paris,  le  9  mai  1876. 

Signé  :  Maréchal  de  Mac-Mahon. 


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Par  le  Président  de  la  République  : 

Le  Minisire  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts, 
Signé  :  Waddington. 

Pour  ampliation  : 
Chef  du  Cabinet  et  du  Secrétariat, 
Signé  :  L.  de  Lasteyrie. 


STATUTS  ET  RÈGLEMENT 


STATUTS. 


TITRE  Ier.  —  But  de  l'Association. 

Art.  1er.  —  L'Association  se  propose  exclusivement  de  favoriser  par  tous 
les  moyens  en  son  pouvoir  le  progrès  et  la  diffusion  des  sciences  au  double 
point  de  vue  du  perfectionnement  de  la  théorie  pure  et  du  développement  des 
applications  pratiques. 

A  cet  effet,  elle  exerce  son  action  par  des  réunions,  des  conférences,  des 
publications,  des  dons  en  instruments  ou  en  argent  aux  personnes  tra- 
vaillant à  des  recherches  ou  entreprises  scientifiques  qu'elle  aurait  provoquées 
ou  approuvées. 

Art.  ±  —  Elle  fait  appel  au  concours  de  tous  ceux  qui  considèrent  la 
culture  des  sciences  comme  nécessaire  à  la  grandeur  et  à  la  prospérité 
du  pays. 

Art.  3.  —  Elle  prend  le  nom  d'Association  française  pour  l'avancement  des 
sciences. 

TITRE  II.  —  Organisation. 

Art.  4.  —  Les  membres  de  l'Association  sont  admis,  sur  leur  demande, 
par  le  Conseil. 

Art.  5.  —  Sont  membres  de  l'Association  les  personnes  qui  versent  la 
cotisation  annuelle.  Cette  cotisation  peut  toujours  être  rachetée  par  une  somme 
versée  une  fois  pour  toutes.  Le  taux  de  la  cotisation  et  celui  du  rachat  sont 
fixés  par  le  Règlement. 

Art.  6. —  Sont  membres  fondateurs  les  personnes  qui  ont  versé  à  une 
époque  quelconque  une  ou  plusieurs  souscriptions  de  500  francs. 

Art.  7.  —  Tous  les  membres  jouissent  des  mêmes  droits.  Toutefois,  les 
noms  des  membres  fondateurs  figurent  perpétuellement  en  tête  des  listes 
alphabétiques,  et  ces  membres  reçoivent  gratuitement  pendant  toute  leur  vie 
autant  d'exemplaires  des  publications  de  l'Association  qu'ils  ont  versé  de  fois 
la  souscription  de  500  francs. 


IV  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

Art.  8.  —  Le  capital  de  l'Association  se  compose  des  souscriptions  des 
membres  fondateurs,  des  sommes  versées  pour  le  rachat  des  cotisations,  des 
dons  et  legs  faits  à  l'Association,  à  moins  d'affectation  spéciale  de  la  part  des 
donateurs. 

Art.  9.  —  Les  ressources  annuelles  comprennent  les  intérêts  du  capital,  le 
montant  des  cotisations  annuelles,  les  droits  d'admission  aux  séances  et  les 
produits  de  librairie. 

Art.  10.  —  Chaque  année,  le  capital  s'accroît  d'une  retenue  de  10  0/0  au 
moins  sur  les  cotisations,  droits  d'entrée  et  produits  de  librairie. 

TITRE  III.  —  Sessions  annuelles. 

Art.  11.  —  Chaque  année,  l'Association  tient,  dans  l'une  des  villes  de 
France,  une  session  générale  dont  la  durée  est  de  huit  jours  :  cette  ville  est 
désignée  par  l'Assemblée  générale  au  moins  une  année  à  l'avance. 

Art.  12.  —  Dans  les  sessions  annuelles,  l'Association,  pour  ses  travaux 
scientifiques,  se.  répartit  en  sections,  conformément  à  un  tableau  arrêté  par  le 
Règlement  général. 

Ces  sections  forment  quatre  groupes,  savoir  : 
1°  Sciences  mathématiques, 
2°  Sciences  physiques  et  chimiques, 
3°  Sciences  naturelles, 
•4°  Sciences  économiques. 

Art.  13.  —  11  est  publié  chaque  année  un  volume,  distribué  à  tous  les 
membres,  contenant  : 

1°  Le  compte  rendu  des  séances  de  la  session  ; 

2°  Le  texte  ou  l'analyse  des  travaux  provoqués  par  l'Association,  ou  des 
mémoires  acceptés  par  le  Conseil. 

COMPOSITION  DU  BUREAU. 

Art.  14.  —  Le  Bureau  de  l'Association  se  compose  : 
D'un  Président, 
D'un  Vice-Président, 
D'un  Secrétaire, 
D'un  Vice-Secrétaire, 
D'un  Trésorier. 

Tous  les  membres  du  Bureau  sont  élus  en  Assemblée  générale. 

Art.  13.  —  Les  fonctions  de  Président  et  de  Secrétaire  de  l'Association  sont 
annuelles;  elles  commencent  •immédiatement  après  une  session  et  durent 
jusqu'à  la  fin  delà  session  suivante. 

Art.  fil.  —  Le  Vice-Président  et  le  Vice-Secrétaire  d'une  année  deviennent 
de  droit  Président  et  Secrétaire  pour  l'année  suivante. 

Art.  17. —  Le  Président,  le  Vice-Président,  le  Secrétaire  et  le  Vice-Secrétaire 
île  chaque  année  sont  pris  respectivement  dans  les  quatre  groupes  de  section, 
et  chacun  d'eux  est  pris  à  tour  de  rôle  dans  chaque  groupe. 


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Art.  18.  —  Le  Trésorier  est  élu  par  l'Assemblée  générale;  il  est  nommé  pour 
quatre  ans  et  rééligible. 

Art.  19.  —  Le  Bureau  de  chaque  section  se  compose  d'un  Président,  d'un 
Vice-Président,  d'un  Secrétaire,  et  au  besoin  d'un  Vice-Secrétaire  élu  par  cette 
section  parmi  ses  membres. 

TITRE  IV.  —  Administration. 

Art.  20.  —  Le  siège  de  l'Administration  est  à  Paris. 

Art.  21.  —  L'Association  est  administrée  gratuitement  par  un  Conseil 
composé  : 

1°  Du  Bureau  de  l'Association,  qui  est  en  même  temps  le  Bureau  du 

Conseil  d'administration; 
2°  Des  Présidents  de  sections  : 

3°  De  trois  membres  par  section,  élus  à  la  majorité  relative  en  Assem- 
blée générale,  sur  la  proposition  de  leurs  sections  respectives, 
renouvelables  par  tiers  chaque  année. 

Art.  22.  —  Les  anciens  Présidents  de  l'Association  continuent  à  faire  partie 
du  Conseil. 

Art.  23.  —  Les  Secrétaires  des  sections  de  la  Session  précédente  sont  admis 
dans  le  Conseil  avec  voix  consultative. 

Art.  24.  —  Pendant  la  durée  des  Sessions,  le  Conseil  siège  dans  la  ville  où 
a  lieu  la  Session. 

Art.  25.  —  Le  Conseil  d'administration  représente  l'Association  et  statue 
sur  toutes  les  affaires  concernant  son  administration. 

Art.  26.  —  Le  Conseil  a  tout  pouvoir  pour  gérer  et  administrer  les  affaires 
sociales,  tant  actives  que  passives.  11  encaisse  tous  les  fonds  appartenant  à 
l'Association,  à  quelque  titre  que  ce  soit. 

11  place  les  fonds  qui  constituent  le  capital  de  l'Association  en  rentes  sur 
l'Etat  ou  en  obligations  de  chemins  de  fer  français,  émises  par  des  compagnies 
auxquelles  un  minimum  d'intérêt  est  garanti  par  l'État;  il  décide  l'emploi 
des  fonds  disponibles;  il  surveille  l'application  à  leur  destination  des  fonds 
votés  par  l'Assemblée  générale,  et  ordonnance  par  anticipation,  dans  l'inter- 
valle des  Sessions,  les  dépenses  urgentes,  qu'il  soumet  dans  la  Session  sui- 
vante à  l'approbation  de  l'Assemblée  générale. 

Il  décide  l'échange  ou  la  vente  des  valeurs  achetées  ;  le  transfert  des 
rentes  sur  l'État,  obligations  des  compagnies  de  chemins  de  fer  et  autres 
titres  nominatifs  sont  signés  par  le  Trésorier  et  un  des  membres  du  Conseil 
délégué  à  cet  effet. 

Il  accepte  tous  dons  et  legs  faits  à  la  Société  ;  tous  les  actes  y  relatifs  sont 
signés  par  le  Trésorier  et  un  des  membres  délégué. 

Art.  27.  —  Les  délibérations  relatives  à  l'acceptation  des  dons  et  legs,  à  des 
acquisitions,  aliénations  et  échanges  d'immeubles  sont  soumises  à  l'appro- 
bation du  gouvernement. 

Art.  28.  —  Le  Conseil  dresse  annuellement  le  budget  des  dépenses  de  l'As- 
sociation ;  il  communique  à  l'Assemblée  générale  le  compte  détaillé  des  recettes 
et  dépenses  de  l'exercice. 


VI  ASSOCIATION   FRANÇAISE    POUR    L  AVANCEMENT  PES  SCIENCES 

Art.  29.  —  11  organise  les  Sessions,  dirige  les  travaux,  ordonne  et  sur- 
veille les  publications,  fixe  et  affecte  les  subventions  et  encouragements. 

Art.  30.  —  Le  Conseil  peut  adjoindre  au  Bureau  des  commissaires  pour 
l'étude  de  questions  spéciales  et  leur  déléguer  ses  pouvoirs  pour  la  solution 
d'affaires  déterminées. 

Art.  31.  —  Les  Statuts  ne  pourront  être  modifiés  que  sur  la  proposition  du 
Conseil  d'administration  et  à  la  majorité  des  deux  tiers  des  membres  votants 
dans  l'Assemblée  générale,  .sauf  approbation  du  gouvernement. 

Ces  propositions,  soumises  à  une  Session,  ne  pourront  être  votées  qu'à  la 
Session  suivante  :  elles  seront  indiquées  dans  les  convocations  adressées  à  tous 
les  membres  de  l'Association. 

Art.  32.  —  Un  Règlement  général  détermine  les  conditions  d'adminis- 
tration et  toutes  les  dispositions  propres  à  assurer  l'exécution  des  Statuts.  Ce 
Règlement  est  préparé  par  le  Conseil  et  voté  par  l'Assemblée  générale. 

TITRE  V.  —  Dispositions  complémentaires. 

Art.  33.  —  Dans  le  cas  où  la  Société  cesserait  d'exister,  l'Assemblée  géné- 
rale, convoquée  extraordinairement,  statuera,  sous  la  réserve  de  l'approbation 
du  gouvernement,  sur  la  destination  des  biens  appartenant  à  l'Association. 
Cette  destination  devra  être  conforme  au  but  de  l'Association,  tel  qu'il  est. 
indiqué  dans  l'article  1er. 

Les  clauses  stipulées  par  les  donateurs,  en  prévision  de  ce  cas,  devront  être 
respectées. 

Les  présents  Statuts  ont  été  délibérés  et  adoptés  par  le  Conseil  d'État  dans 
sa  séance  du  12  avril  1876. 


Le  Maître  des  Requêtes, 
Secrétaire  général  du  Conseil  d'État, 

Signé  :  A.  Fouquier. 


Vu  à  la  Section  de  l'Intérieur, 
le  29  mars  1876. 

Le   Rapporteur. 
Signé  :  de  Marchevii.le. 


Pour  copie  conforme  : 

Le  Chef  du  Cabinet  du  Ministre  de  F  Instruction  publique, 
Sii.rné  :  L.   de  Lasteviue. 


REGLEMENT. 


TITRE  I.  —  Dispositions  générales. 

Article  Ie*.  —  Le  taux  de  la  cotisation  annuelle  des  membres  non  fonda 
teurs  est  fixé  à  20  francs. 

Art.  2.  —  Tout  membre  a  le  droit  de  racheter  ses  cotisations  à  venir  en 
versant  une  fois  pour  toutes  la  somme  de  200  francs.  11  devient  ainsi  membre 
à  vie. 

Les  membres  ayant  racheté  leurs  cotisations  pourront  devenir  membres  fon- 
dateurs en  versant  une  somme  complémentaire  de  300  francs.  11  sera  loisible 
de  racheter  les  cotisations  par  deux  versements  annuels  consécutifs  de 
100    francs. 

La  liste  alphabétique  des  membres  à  vie  est  publiée  en  tête  de  chaque 
volume  immédiatement  après  la  liste  des  membres  fondateurs. 

Art.  3.  —  Dans  les  Sessions  générales,   l'Association  se  répartit  en  quinze 
sections  formant  quatre  groupes  conformément  au  tableau  suivant  : 
1er  croupe  :  Sciences  mathématiques. 

1.  Section  de  mathématiques,  astronomie  et  géodésie; 

2.  Section  de  mécanique; 

3.  Section  de  navigation; 

4.  Section  de  génie  civil  et  militaire. 

2e  groupe  :  Sciences  physiques  et  chimiques. 

5.  Section  de  physique  ; 

6.  Section  de  chimie  ; 

7.  Section  de  météorologie  et  physique  du  globe. 

3e  groupe  :  Sciences  naturelles. 

8.  Section  de  géologie  et  de  minéralogie; 

9.  Section  de  botanique; 

10.  Section  de  zoologie  et  de  zootechnie; 

11.  Section  d'anthropologie; 

12.  Section  des  sciences  médicales. 

4e  groupe  :  Sciences  économiques. 

13.  Section  d'agronomie; 

14.  Section  de  géographie; 

15.  Section  d'économie  politique  et  statistique. 

Art.  4.  —  Tout  membre  de  l'Association  choisit  chaque  année  la  section 
à  laquelle  il  désire  appartenir.  Il  a  le  droit  de  prendre  part  aux  travaux  des 
autres  sections  avec  voix  consultative. 

Art.  5.  —  Les  personnes  étrangères  à  l'Association,  qui  n'ont  pas  reçu 
d'invitation  spéciale,  sont  admises  aux  séances  et  aux  conférences  d'une  Sec- 


vm  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

tion,  moyennant  un  droit  d'admission  fixé  à  10  francs.  Ces  personnes  peuvent 
communiquer  des  travaux  aux  Sections,  mais   ne  peuvent  prendre  part  aux 

votes. 
Art.  5  bis.  —  Le  Président  sortant  fait  de  droit  partie  du  Bureau  pendant 

les  deux  semestres  suivants. 

A_RT.  6.  —  Le  Conseil  d'administration  prépare  les  modifications  réglemen- 
taires que  peut  nécessiter  l'exécution  des  Statuts,  et  les  soumet  à  la  décision 
de  l'Assemblée  générale. 

11  prend  les  mesures  nécessaires  pour  organiser  les  Sessions  de  concert  avec 
les  comités  locaux  qu'il  désigne  à  cet  effet.  11  fixe  la  date  de  l'ouverture  de 
chaque  Session.  11  nomme  et  révoque  tous  les  employés  et  fixe  leur  traite- 
ment. 

Art.  6  bis.  —  Dans  le  cas  de  décès,  d'incapacité  ou  de  démission  d'un 
ou  de  plusieurs  membres  du  Bureau,  le  Conseil  procède  à  leur  remplacement. 

La  proposition  de  ce  ou  de  ces  remplaçants  est  faite  dans  une  séance  convo- 
quée spécialement  à  cet  effet  :  la  nomination  a  lieu  dans  une  séance  convoquée 
à  sept  jours  d'intervalle. 

ART.  7.  _  Le  Conseil  délibère  à  la  majorité  des  membres  présents.  Les  dé- 
libérations relatives  au  placement  des  fonds,  à  la  vente  ou  à  l'échange  des 
valeurs  et  aux  modifications  statutaires  ou  réglementaires  ne  sont  valables  que 
lorsqu'elles  ont  été  prises  en  présence  du  quart  au  moins  des  membres  du 
Conseil  dûment  convoqués.  Toutefois,  si,  après  un  premier  avis,  le  nombre  des 
membres  présents  était  insuffisant,  il  serait  fait  une  nouvelle  convocation 
annonçant  le  motif  de  la  réunion,  et  la  délibération  serait  valable,  quel  que 
fût  le  nombre  des  membres  présents. 

TITRE  II.  —  Attributions  du  Bureau  et  du  Conseil 
d'administration. 

ART.  8.  —  Le  Bureau  de  l'Association  est  en  même  temps  le  Bureau  du 
Conseil  d'administration. 

ART.  9.  _  Le  Conseil  se  réunit  au  moins  quatre  fois  dans  l'intervalle  de 
deux  Sessions.  Une  séance  a  lieu  en  novembre  pour  la  nomination  des  Com- 
missions  permanentes  ;   une  autre  séance   a   lieu    pendant    la  quinzaine  de 

Pâques. 

Art.  io.  —  Le  Conseil  est  convoqué  toutes  les  fois  que  le  Président  le  juge 
convenable.  Il  est  convoqué  extraordinairement  lorsque  cinq  de  ses  membres 
en  font  la  demande  au  Bureau,  et  la  convocation  doit  indiquer  alors  le  but  de 
la  réunion. 

Art.  11.  —  Les  commissions  permanentes  sont  composées  des  cinq  membres 
du  Bureau  et  d'un  certain  nombre  de  membres  élus  par  le  Conseil  dans  sa 
séance  de  novembre.  Elles  restent  en  fonctions  jusqu'à  la  fin  de  la  Session 
suivante  de  l'Association.  Elles  sont  au  nombre  de  quatre  : 

1°  Commission  de  publication  ; 

2°  Commission  de  Gnances; 

3°  Commission  (l'organisation  de  la  Session  suivante; 

4°  Commission  des  récompenses  ri  encouragements. 


POUB    I.'  Il  v^1  KM1  N  l     DES    SCIENI  l  S  lx 

Art.  12.  —  La  Commission  de  publication  se  compose  du  Bureau  et  de 
quatre  membres  élus,  auxquels  s'adjoint,  pour  les  publications  relatives  à 
chaque  section,  le  Président  ou  le  Secrétaire,  ou,  en  leur  absence,  un  des 
délégués  de  la  section. 

Art.  13.  —  La  Commission  des  finances  se  compose  du  Bureau  et  de  quatre 
membres  élus. 

Art_  14.  _  La  Commission  .l'organisation  de  la  Section  se  compose  du 
Bureau  et  de  quatre  membres  élus. 

Art#  13.  _  Pendant  la  durée  de  la  session,  chacune  des  sections  qui  n'est 
pas  représentée  dans  le  Bureau  par  le  Vice-Président  et  le  Vice-Secrétaire 
général,  désignera  un  de  ses  délégués  pour  faire  partie  de  la  Commission  des 
subventions:  ces  nominations  seront  considérées  comme  non  avenues  pour  les 
sections  qui  se  trouveraient  représentées  dans  le  Bureau  par  suite  de  la  nomi- 
nation en  Assemblée  générale  du  Vice-Président  et  du  Vice-Secrétaire  général 
de  la  session  suivante. 

Art.  16.  —  Le  Conseil  peut  en  outre  désigner  des  Commissions  spéciales 
pour  des  objets  déterminés. 

Art.  17.  —  Pendant  la  durée  de  la  Session  annuelle,  le  Conseil  tient  ses 
séances  dans  la  ville  où  a  lieu  la  Session. 

TITRE  III.  —  Du  Secrétaire  du  Conseil. 
Art.  18.  —  Le  Secrétaire  du  Conseil  reçoit  des  appointements  annuels  dont 
le  chiffre  est  tixé  par  le  Conseil. 

Art.  49.  —  Lorsque  la  place  de  Secrétaire  du  Conseil  devient  vacante,  il 
est  procédé  à  la  nomination  d'un  nouveau  Secrétaire  dans  une  séance  précédée 
d'une  convocation  spéciale  qui  doit  être  faite  quinze  jours  à  l'avance. 

La  nomination  est  faite  à  la  majorité  absolue  des  votants.  Elle  n'est  valable 
que  lorsqu'elle  est  faite  par  un  nombre  de  voix  égal  au  tiers  au  moins  du 
nombre  des  membres  du  Conseil. 

Art.  20.  —  Le  Secrétaire  du  Conseil  ne  peut  être  révoqué  qu'à  la  majorité 
absolue  des  membres  présents,  et  par  un  nombre  de  voix  égal  au  tiers  au 
moins  du  nombre  des  membres  du  Conseil. 

Art.  21.  —  Le  Secrétaire  du  Conseil  rédige  et  fait  transcrire  sur  deux 
registres  distincts  les  procès-verbaux  des  séances  du  Conseil  et  ceux  des  As- 
semblées générales.  Il  siège  dans  toutes  les  commissions  permanentes,  avec 
voix  consultative.  Il  peut  faire  partie  des  autres  commissions.  Il  a  voix  con- 
sultative dans  les  discussions  du  Conseil.  Il  exécute,  sous  la  direction  du 
Bureau,  les  décisions  du  Conseil.  Les  employés  de  l'Association  sont  placés 
sous  ses  ordres.  Il  correspond  avec  les  membres  de  l'Association,  avec  les 
présidents  et  secrétaires  des  Comités  locaux  et  avec  les  secrétaires  des  sections. 
11  fait  partie  de  la  Commission  de  publication  et  la  convoque.  Il  dirige  la 
publication  du  volume  et  donwe  les  bons  à  tirer.  Pendant  la  durée  des 
Sessions,  il  veille  à  la  distribution  des  cartes,  à  la  publication  des  program- 
mes et  assure  l'exécution  des  mesures  prises  par  le  Comité  local  concernant 
les  excursions. 


X  ASSOCIATION   FRANÇAISE 

TITRE  JV.  —  Des  Assemblées  générales. 

Art.  22.  —  Il  se  tient  chaque  année,  pendant  la  durée  de  la  Session,  au 
moins  une  Assemblée  générale. 

Art.  23.  —  Le  Bureau  de  l'Association  est  en  même  temps  le  Bureau  de 
l'Assemblée  générale.  Dans  les  assemblées  générales  qui  ont  lieu  pendant  la 
Session,  le  Bureau  du  Comité  local  est  adjoint  au  Bureau  de  l'Association. 

Art.  24.  —  L'Assemblée  générale,  dans  une  séance  qui  clôt  définitivement 
la  Session,  élit,  au  scrutin  secret  et  à  la  majorité  absolue,  le  Vice-Président  et 
le  Vice-Secrétaire  de  l'Association  pour  l'année  suivante,  ainsi  que  le  Trésorier, 
s'il  y  a  lieu.  Elle  nomme,  sur  la  proposition  des  sections,  les  membres  qui 
doivent  représenter  chaque  section  dans  le  Conseil  d'administration.  Elle 
désigne  enfin,  une  ou  deux  années  à  l'avance,  les  villes  où  doivent  se  tenir 
les  Sessions  futures. 

Art.  25.  —  L'Assemblée  générale  peut  être  convoquée  extraordinairement, 
par  une  décision  du  Conseil. 

Art.  26.  —  Les  propositions  tendant  à  modifier  les  Statuts,  ou  le  titre  Ier  du 
règlement,  conformément  à  l'article  31  des  Statuts,  sont  présentées  à  l'As- 
semblée générale  par  le  rapporteur  du  Conseil  et  ne  sont  mises  aux  voix  que 
dans  la  Session  suivante.  Dans  l'intervalle  des  deux  Sessions,  le  rapport  est 
imprimé  et  distribué  à  tous  les  membres.  Les  propositions  sont  en  outre  rap- 
pelées dans  les  convocations  adressées  à  tous  les  membres.  Le  vote  a  lieu  sans 
discussion,  par  oui  où  par  non,  à  la  majorité  des  deux  tiers  des  voix  s'il  s'agit 
d'une  modification  au  Règlement.  Lorsque  vingt  membres  en  font  la  demande 
par  écrit,  le  vote  a  lieu  au  scrutin  secret. 

TITRE  V.  —  De  l'organisation  des  Sessions  annuelles 
et  du  Comité  local. 

Art.  27.  —  La  Commission  d'organisation,  constituée  comme  il  est  dit  à 
l'article  14,  se  met  en  rapport  avec  les  membres  fondateurs  appartenant  à  la 
ville  où  doit  se  tenir  la  prochaine  Session.  Elle  désigne,  sur  leurs  indications, 
un  certain  nombre  de  membres  qui  constituent  le  Comité  local. 

Art.  28.  —  Le  Comité  local  nomme  son  Président,  son  Vice-Président  et 
son  Secrétaire.  Il  s'adjoint  les  membres  dont  le  concours  lui  paraît  utile,  sauf 
approbation  de  la  Commission  d'organisation. 

Art.  29.  —  Le  Comité  local  a  pour  attribution  de  venir  en  aide  à  la 
commission  d'organisation,  en  faisant  des  propositions  relatives  à  la  Session, 
et  en  assurant  l'exécution  des  mesures  locales  qui  ont  été  approuvées  ou 
indiquées  par  la  Commission. 

Art.  30.  —  Il  est  chargé  de  s'assurer  des  locaux  et  de  l'installation  néces- 
saires pour  les  diverses  séances  ou  conférences;  ses  décisions,  toutefois,  ne 
deviennent  définitives  qu'après  avoir  été  acceptées  par  la  Commission.  Il  pro- 
pose les  sujets  qu'il  serait  important  de  traiter  dans  les  conférences,  et  les 
personnes  qui  pourraient  en  être  chargées.  Il  indique  les  excursions  qui 
seraient  propres  à  intéresser  les  membres  du  Congrès,  et  prépare  celles  de  ces 


POUR   L  AVANCEMENT    DES  SCIENCES  XI 

excursions  qui  sont  acceptées  par  la  Commission.  11  se  met  en  rapport,  lors- 
qu'il le  juge  utile,  avec  les  sociétés  savantes  et  les  autorités  des  villes  ou 
localités  où  ont  lieu  les  excursions. 

Art.  31.  —  Le  Comité  local  est  invité  à  préparer  une  série  de  courtes 
notices  sur  la  ville  où  se  tient  la  Session,  sur  les  monuments,  sur  les  éta- 
blissements industriels,  les  curiosités  naturelles,  etc.,  de  la  région.  Ces  noti- 
ces sont  distribuées  aux  membres  de  l'Association  et  aux  invités  assistant  au 
Congrès. 

Art.  32.  —  Le  Comité  local  s'occupe  de  la  publicité  nécessaire  à  la  réus- 
site du  Congrès,  soit  à  l'aide  d'articles  de  journaux,  soit  par  des  envois  de 
programmes,  etc.,  dans  la  région  où  a  lieu  la  Session. 

Art.  33.  —  Il  fait  parvenir  à  la  commission  d'organisation  la  liste  des 
savants  français  et  étrangers  qu'il  désirerait  voir  inviter. 

Le  Président  de  l'Association  n'adresse  les  invitations  qu'après  que  cette 
liste  a  été  reçue  et  examinée  par  la  commission. 

Art.  34.  —  Le  Comité  local  indique  en  outre,  parmi  les  personnes  de  la 
ville  ou  du  département,  celles  qu'il  conviendrait  d'admettre  gratuitement  à 
participer  aux  travaux  scientifiques  de  la  Session. 

Art.  35.  —  Depuis  sa  constitution  jusqu'à  l'ouverture  de  la  Session,  le 
Comité  local  fait  parvenir  deux  l'ois  par  mois,  au  Secrétaire  du  Conseil  de 
l'Association,  des  renseignements  sur  ses  travaux,  la  liste  des  membres  nou- 
veaux, avec  l'état  des  paiements,  la  liste  des  communications  scientifiques 
qui  sont  annoncées,  etc. 

Art.  36.  —  La  Commission  d'organisation  publie  et  distribue  de  temps  a 
autre  aux  membres  de  l'Association  les  communications  et  avis  divers  qui  se 
rapportent  à  la  prochaine  Session.  Elle  s'occupe  de  la  publicité  générale  et 
des  arrangements  à  prendre  avec  les  compagnies  de  chemins  de  fer. 

TITRE  VI.  —  De   la  tenue  des  Sessions. 

Art.  37.  —  Pendant  toute  la  durée  de  la  Session,  le  Secrétariat  est  ouvert 
chaque  matin  pour  la  distribution  des  cartes.  La  présentation  des  cartes  est 
exigible  à  l'entrée  des  séances. 

Art.  38.  —  Tout  membre,  en  retirant  sa  carte,  doit  indiquer  la  section  à 
laquelle  il  désire  appartenir,  ainsi  qu'il  est  dit  article  4. 

Art.  39. —  Le  Conseil  se  réunit  dans  la  matinée  du  jour  oira  lieu  l'ou- 
verture de  la  Session  ;  il  se  réunit  pendant  la  durée  de  la  Session  autant 
de  fois  qu'il  le  juge  convenable.  Il  tient  une  dernière  réunion,  pour  arrêter 
une  liste  de  présentation  relative  aux  élections  du  Bureau  de  l'Association, 
vingt-quatre  heures  au  moins  avant  la  réunion  de  l'Assemblée  générale. 

Le  Président  et  l'un  des  Secrétaires  du  Comité  local  assistent,  pendant  la 
Session,  aux  séances  du  Conseil,  avec  voix  consultative. 

Art.  40.  —  La  Session  est  ouverte  par  une  séance  générale,  dont  l'ordre 
du  jour  comprend  : 

1°  Le  discours  du  Président  de  l'Association  et  des  autorités  de  la  ville  et 
du  déparlement  ; 

2°  Le  compte  rendu  annuel  du  Secrétaire  général  de  l'Association  : 


XII  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

3°  Le  rapport  du  Trésorier  sur  la  situation  financière- 
Aucune  discussion  ne  peut  avoir  lieu  dans  cette  séance. 

A  la  fin  de  la  séance,  le  Président  indique  l'heure  où  les  membres  se  réu- 
niront dans  les  sections. 

Art.  41.  —  Chaque  section  élit,  pendant  la  durée  d'une  Session,  son  pré- 
sident pour  la  Session  suivante  :  le  président  doit  être  choisi  parmi  les  mem- 
bres de  l'Association. 

Art.  42.  —  Chaque  Section,  dans  sa  première  séance,  procède  à  l'élection 
de  son  vice-président  et  de  son  secrétaire,  toujours  choisis  parmi  ses  membres. 
Elle  peut  nommer  en  outre  un  second  secrétaire,  si  elle  le  juge  convenable. 
Elle  procède  aussitôt  après  à  ses  travaux  scientifiques. 

Art.  43.  —  Les  présidents  de  section  se  réunissent  dans  la  matinée  du  se- 
cond jour,  pour  fixer  les  jours  et  les  heures  des  séances  de  leurs  sections  respec- 
tives, et  pour  répartir  ces  séances  de  la  manière  la  plus  favorable.  Ils  décident, 
s'il  y  a  lieu,  la  fusion  de  certaines  sections  voisines. 

Les  présidents  de  deux  ou  plusieurs  sections  peuvent  organiser  en  outre  des 
séances  collectives. 

Une  Section  peut  tenir,  aux  heures  qui  lui  conviennent,  des  séances  supplé- 
mentaires, à  la  condition  de  choisir  des  heures  qui  ne  soient  pas  occupées  par 
les  excursions  générales. 

Art.  44.  —  Pendant  la  durée  de  la  Session,  il  ne  peut  être  consacré  qu'un 
seul  jour,  non  compris  le  dimanche,  aux  excursions  générales.  Il  ne  peut  être 
tenu  de  séances  de  sections  ni  de  conférences  pendant  les  heures  consacrées  à 
une  excursion  générale. 

Art.  43.  —  Il  peut  être  organisé  une  ou  plusieurs  excursions  générales  ou 
spéciales  pendant  les  jours  qui  suivent  la  clôture  de  la  Session. 

Art.  46.  —  Les  Sections  ont  toute  liberté  pour  organiser  les  excursions  par- 
ticulières qui  intéressent  spécialement  leurs  membres. 

Art.  47.  —  Une  liste  des  membres  de  l'Association  présents  au  Congrès 
paraît  le  lendemain  du  jour  de  l'ouverture,  parles  soins  du  Bureau.  Des  listes 
complémentaires  paraissent  les  jours  suivants,  s'il  y  a  lieu. 

Art.  48.  —  11  parait  chaque  matin  un  Bulletin  indiquant  le  programme  de 
la  journée,  les  ordres  du  jour  des  diverses  séances  et  les  travaux  des  Sections 
de  la  journée  précédente. 

Art.  49.  —  La  commission  d'organisation  peut  instituer  une  ou  plusieurs 
séances  générales. 

Art.  50.  —  Il  ne  peut  y  avoir  de  discussion  en  séance  générale.  Dans  le  cas 
où  un  membre  croirait  devoir  présenter  des  observations  sur  un  sujet  traite 
dans  une  séance  générale,  il  devra  en  prévenir  par  écrit  le  Président,  qui 
désignera  l'une  des  prochaines  séances  de  section  pour  la  discussion. 

Art.  51.  —  A  la  fin  de  chaque  séance  de  Section,  et  sur  la  proposition  du 
Président,  la  Section  fixe  l'ordre  du  jour  de  la  prochaine  séance,  ainsi  que 
l'heure  de  la  réunion. 

Art.  52.  —  Lorsque  l'ordre  du  jour  est  chargé,  le  Président  peut  n'accor- 
der la  parole  que  pour  un  temps  déterminé  qui  ne  peut  être  moindre  de  dix 
minutes.  A  l'expiration  de  ce  temps,  la  Section  est  consultée  pour  savoir  si  la 


POUR   L  AVANCEMENT    DES    SCIENCES  XIII 

parole  est  maintenue  à  l'orateur  ;  dans  le  cas  où  il  est  décidé  qu'on  passera  à 
l'ordre  du  jour,  l'orateur  est  prié  de  donner  brièvement  ses  conclusions. 

Art.  53.  —  Les  membres  qui  ont  présenté  des  travaux  au  Congrès  sont 
priés  de  remettre  au  secrétaire  de  leur  section  leur  manuscrit  ou  un  résumé 
de  leur  travail;  ils, sont  également  priés  de  fournir  une  note  indicative  de  la 
part  qu'ils  ont  prise  aux  discussions  qui  se  sont  produites. 

Lorsqu'un  travail  comportera  des  figures  ou  des  planches,  mention  devra  en 
être  faite  sur  le  titre  du  mémoire. 

Art.  5i.  —  A  la  fin  de  chaque  séance,  les  secrétaires  de  section  remettent 
au  Secrétariat  : 

1°  L'indication  des  titres  des  travaux  de  la  séance; 

2°  L'ordre  du  jour,  la  date  et  l'heure  de  la  séance  suivante. 

Art.  55.  —  Les  secrétaires  de  section  sont  chargés  de  prévenir  les  auteurs 
désignés  pour  prendre  la  parole  dans  chacune  des  séances. 

Art.  50.  —  Les  secrétaires  de  section  doivent  rédiger  un  procès-verbal  des 
séances.  Ce  procès-verbal  doit  donner  d'une  manière  sommaire  le  résumé  des 
travaux  présentés  et  des  discussions;  il  doit  être  remis  au  Secrétariat  aussitôt 
que  possible,  et  au  plus  tard  un  mois  après  la  clôture  de  la  session. 

Art.  57.  —  Les  secrétaires  de  section  remettent  au  Secrétaire  du  Conseil, 
avec  leurs  procès-verbaux,  les  manuscrits  qui  auraient  été  fournis  par  leurs 
auteurs,  avec  une  liste  indicative  des  manuscrits  manquants. 

Art.  58.  —  Les  indications  relatives  aux  excursions  sont  fournies  aux  mem- 
bres le  plus  tôt  possible.  Les  membres  qui  veulent  participer  aux  excursions 
sont  priés  de  se  faire  inscrire  à  l'avance,  afin  que  l'on  puisse  prendre  des 
mesures  d'après  le  nombre  des  assistants. 

Art.  59.  —  Les  conférences  générales  n'ont  lieu  que  le  soir,  et  sous  le  con- 
trôle d'un  président  et  de  deux  assesseurs  désignés  par  le  Bureau. 

11  ne  peut  être  fait  plus  de  deux  conférences  générales  pendant  la  durée 
d'une  Session. 

TITRE  VII.  —    Des  comptes  rendus. 

Art.  00.  —  Il  est  publié  chaque  année  un  volume  contenant  :  1°  le  compte 
rendu  des  séances  de  la  Session  ;  2°  le  texte  ou  l'analyse  des  travaux  provo- 
qués par  l'Association,  ou  des  mémoires  acceptés  par  le  Conseil. 

Art.  01.  —  Le  volume  doit  être  publié  dix  mois  au  plus  tard  après  la  Ses- 
sion à  laquelle  il  se  rapporte.  11  est  expédié  aux  invités  de  l'Association. 

L'apparition  du  volume  est  annoncée  à  tous  les  membres  par  une  circulaire 
qui  indique  à  partir  de  quelle  date  il  peut  être  retiré  du  Secrétariat. 

Art.  02.  —  Les  membres  qui  n'auraient  pas  remis  les  manuscrits  de  leurs 
communications  au  secrétaire  de  leur  section,  devront  les  faire  parvenir  au 
Secrétariat  du  Conseil  avant  le  1er  décembre.  Passé  cette  époque,  le  titre  seul 
du  travail  figurera  dans  les  comptes  rendus,  sauf  décision  spéciale  de  la  com- 
mission de  publication. 

Art.  02  bis.  —  Dix  pages  au  maximum  sont  accordées  à  un  auteur  pour 
une  même  question;  toutefois  pour  les    travaux   d'une  importance  exception- 


XIV  ASSOCIATION   FRANÇAISE   POUR   i/ AVANCEMENT   DES   SCIENCES 

nelle,  la  commission  de  publication  pourra  proposer  au  Conseil  d'administra- 
tion de  fixer  une  étendue  plus  considérable. 

Art.  63.  —  La  Commission  de  publication  peut  décider,  d'ailleurs,  qu'un 
travail  ne  figurera  pas  in  extenso  dans  les  comptes  rendus,  mais  qu'il  en  sera 
donné  seulement  un  extrait  que  l'auteur  sera  engagé  à  fournir  dans  un  délai 
déterminé.  Si,  à  l'expiration  de  ce  délai ,  cet  extrait  n'a  pas  été  fourni  au 
Secrétaire  du  Conseil,  l'extrait  du  procès-verbal  relatif  à  ce  travail  sera  seul 
inséré. 

Art.  64.  —  Les  discussions  insérées  dans  les  comptes  rendus  sont  extraites 
textuellement  des  procès-verbaux  des  secrétaires  de  section.  Les  notes  four- 
nies par  les  auteurs  pour  faciliter  la  rédaction  des  procès-verbaux  devront 
être  remises  dans  les  vingt-quatre  heures. 

Art.  65.  —  La  Commission  de  publication  décide  quelles  seront  les  planches 
qui  seront  jointes  au  compte  rendu,  et  s'entend  à  cet  effet  avec  la  Commission 
des  finances. 

Art.  66.  —  Aucun  travail  publié  en  France  avant  l'époque  du  Congrès  ne 
pourra  être  reproduit  dans  les  comptes  rendus  :  le  titre  et  l'indication  biblio- 
graphique figureront  seuls  dans  ce  volume. 

Art.  67.  —  Les  épreuves  seront  communiquées  aux  auteurs  en  placards  seu- 
lement ;  une  semaine  est  accordée  pour  la  correction.  Si  l'épreuve  n'est  pas 
renvoyée  à  l'expiration  de  ce  délai,  les  corrections  sont  faites  par  les  soins  du 
Secrétariat. 

Art.  68.  *—  Dans  le  cas  où  les  frais  de  corrections  et  changements  indiqués 
par  un  auteur  dépasseraient  la  somme  de  15  francs  par  feuille,  l'excédant  cal- 
culé proportionnellement  serait  porté  à  son  compte. 

Art.  69.  —  Les  membres  dont  les  communications  ont  une  étendue  qui 
dépasse  une  demi-feuille  d'impression  recevront  15  exemplaires  de  leur  travail 
extraits  des  feuilles  qui  ont  servi  à  la  composition  du  volume. 

Art.  70. —  Les  membres  pourront  faire  exécuter  un  tirage  à  part  de  leurs 
communications  avec  pagination  spéciale  au  prix  convenu  avec  l'imprimeur 
par  le  Bureau.  Les  tirages  à  part  porteront  la  mention  :  «  Extrait  des  Comptes 
rendus  du  Congrès  tenu  à...  par  V Association  française  pour  V avancement  des 
Sciences.  »  Us  seront  distribués  aussitôt  après  la  publication  des  comptes 
rendus. 


LISTE    DES    MEMBRES 

DE 

L'ASSOCIATION  FRANÇAISE  POUR  L'AVANCEMENT  DES  SCIENCES 

(MEMBRES  FONDATEURS  ET  MEMBRES  A  VIE) 


MEMBRES   FONDATEURS 

PARTS 

Abbadie  (d'),  Membre  de  l'Institut,  120,  rue  du  Bac.  —  Paris 4 

Aimé-Girard,  Professeur  au  Conservatoire  des  Arts-et-Métiers,  5,  rue  du  Bellay. 
—  Paris '. 

Alberti,  Banquier,  17,  rue  de  Londres.  — Paris 

Almeida  (d),  Professeur  au  lycée  Corneille,  31,  rue  Bonaparte.  —  Paris 

Amboix  (d'),  Capitaine  d'état-major,  69,  boulevard  Malesherbes.  —  Paris  ..... 

Andouillé  (Edmond),  Sous-Gouverneur  honoraire  de  la  Banque  de  France,  2,  rue 
du  Cirque.  —  Paris 

André  (Alfred),  Banquier,  49,  rue  Abbatucci.  —  Paris 

André  (Edouard),  158,  boulevard  Haussmann.  —  Paris 

Aubert  (Charles),  Licencié  en  droit,  Avoué  plaidant.  —  Rocroi  (Ardennes) 

Audibert,  Directeur  de  la  Compagnie  de  Paris  à  Lyon  et  à  la  Méditerranée 
(Décédé) 

Aynard  (Ed.),  Banquier,  19,  rue  de  Lyon.  —  Lyon 

Azam,  Professeur  à  l'École  de  Médecine.  —  Bordeaux 

Baille,  Répétiteur  à  l'École  polytechnique,  2,  rue  de  Fleurus.  —  Paris 

Bâillon,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine,  12,  rue  Cuvier.  —  Paris 

Balard,  Membre  de  l'Institut  (Décédé) 

Bamberger,  Banquier,  12,  rue  Boissy-d'Anglas.  —  Paris 

Bartholony,  Président  du  Conseil  d'administration  du  chemin  de  fer  d  Orléans, 
12,  rue  La   Bochefoucauld.   —  Paris 

Béchamp,  Doyen  de  la  Faculté  de  Médecine  de  l'Université  catholique,  8,  rue  Beau- 
harnais.  —  Lille 

Belon,   fabricant,  avenue  de  Noailles.  —    Lyon 

Beral  (E.),  Ingénieur  des  Mines,  60,  rue  Taitbout.  —  Paris 

Bernard  (Claude),  Membre  de  l' Académie  des  sciences  et  de  l'Académie  française, 
(Décédé) 

Billault-Billaudot  et  Cie,  Fabricants  de  produits  chimiques,  place  de  la  Sor- 
bonne.  —  Paris 

Billy  (de),  Inspecteur  général  des  Mines  (Décédé) 

Billy  (Charles  de),  Conseiller  référendaire  à  la  Cour  des  Comptes,  14,  rue  Fran- 
klin. —  Paris 

Bischoffsheim  (L.-R.),  Banquier  (Décédé) 

Bischoffsheim  (Raphaël-Louis),  39,  boulevard  Haussmann.  —  Paris 

Blot,  Membre  de  l'Académie  de  Médecine,  24,  avenue  de  Messine.  —  Paris..   .   . 

Bochet  (Vincent  du)  (Décédé) 

Boissonnet,  Général  du  Génie,  Sénateur,  78,  rue  de  Rennes.   —  Paris 

Boivin  (Emile),  145,  rue  de  Flandre.  —  Paris 

Bondet,  Chargé  de  cours  à  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon,  2,  quai  de  Retz.— Lyon. 

Borie  (Victor),  Membre  de  la  Société  centrale  d'agriculture  de  France,  19,  rue 
Louis-le-Grand.  —  Paris 1 


XVI  r  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

Boudet  (F.),  Membre  de  l'Académie  de  Médecine  [Décédé) 

Bouillaud,  Membre  de   l'instilul,    Professeur  à    la  Faculté  de  Médecine,  32,  rue 

Saint-Dominique-Saint-Germain.  —  Paris 

Brandenburg  (Albert),  Négociant,  1,  rue  de  la  Verrerie.  —  Bordeaux 

Bréguet,    Membre    de   l'Institut   et  du    Bureau    des  Longitudes,    39,    quai    de 

1  Horloge.  —  Paris 

Bréguet  (Antoine),  ancien  élève  de  l'École  polytechnique,  39,  quai  de  l'Horloge. 

—  Paris 

Breittmayer  (Albert),  ancien  Sous-Directeur  des  Docks  et  Entrepôts  de  Marseille, 

8,  place  de  la  Préfecture.  —  Marseille 

Broca  (Paul),  Membre  de  l'Académie  de  Médecine,  Professeur  à  la  Faculté  de  Mé- 
decine, 1,  rue  des  Saints-Pères.  —  Paris 

Broet,  52,  avenue  de  Saint-Cloud.  —  Versailles 

Brouzet  (Ch.),  Ingénieur  civil,  5,  cours  Morand.  —  Lyon 

Burton,  Administrateur  de  la  Compagnie  des  Forges  d'Alais,  24,  rue  Le  Peletier, 
Paris 

Cacheux  (Emile),  Ingénieur  civil  des  Arts  et  Manufactures,  25,  quai  Saint-Michel. 

—  Paris 

Cambefort  (J.),  Banquier,  Administrateur  des  Hospices,  13,  rue  de  Lyon.  —  Lyon. 

Camondo  (Comte  N.  de),  31,  rue  Lafayette.  —  Paris 

Camondo  (Comte  A.  de),  31,  rue  Lafayette.  —  Paris -   .   .   . 

Caperon  père 

Caperon  fils 

Carlier  (Auguste),  Publiciste,  12,  rue  de  Berlin.  —  Paris 

Carnot  (Adolphe),  Ingénieur  des  Mines,  Professeur  à  l'Institut  national  agrono- 
mique, 89,   rue  de  Morny.  —  Paris 

Casthelaz  (John),  Fabricant  de  produits  chimiques,  19,  rue  Sainte-Croix-de-la- 
Bretonnerie.  —  Paris 

Caveistou  père,  Membre  de  l'Académie  de  Médecine  (Décédé) 

Caventoo  fils,  Membre  de  l'Académie  de  Médecine,  51  lis,  rue  Sainte-Anne.  — 
Paris 

Cernuschi  (Henri),  7,  avenue  Velasquez.  —  Paris t.   . 

Chabaud-Latour  (de),  Général  de  division  du  Génie,  Sénateur,  41,  rue  Abbatucci. 

—  Paris 

Chabrières-Arlès,  Administrateur  des  Hospices,  12,  place  Louis  XVI.  —  Lyon.    . 
Chambre  de  Commerce  (la).  —  Bordeaux 

—  —  —  Lyon 

—  —  —         Nantes 

Chantre  (Ernest),  Sous-Directeur  du  Muséum,  37,  cours  Morand.   — r  Lyon..    .   . 
Charcot,  Membre  de  l'Académie  de  Médecine,  Professeur  à  la  Faculté  de  Méde- 
cine de  Paris,  17,  quai  Malaquais.  —  Paris 

Chasles,  Membre  de  l'Institut,  3,  passage  Sainte-Marie-Saint-Germain.  —  Paris.   . 

Le  Chatelier,  Inspecteur  général  des  Mines  (Décédé) 

Chauveau  (A.),  Directeur  de  l'École  vétérinaire,  Professeur  à  la  Faculté  de  Méde- 
cine de  Lyon,  22,  quai  des  Brotteaux.  —  Lyon 

Chevalier,  Négociant,  50,  rue  du  Jardin-Public.  —  Bordeaux 

Clamageran.  Avocat,  57,  avenue  Joséphine.  —  Paris 

Clermont  (de),  Sous-Directeur  du  Laboratoire  de  Chimie  à  la  Sorbonne,  8,  bou- 
levard Saint-Michel.  — Paris 

Cloquet  (Jules),  Membre  de  l'Institut,  19,  boulevard  Malesherbes.  —  Paris.    .    .   . 

Collignon  (Ed.),  Ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  70,  boulevard  Saint- 
Germain.  —  Piris 

Combal,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier 

Combes,  Inspecteur  général  des  Mines,  Directeur  de  l'École  des  Mines  (Décède).. 

Compagnie  des  chemins  de  fer  du  Midi,  54,  boulevard  Haussniann.  —  Paris..  . 

—  —  d'Orléans,  1,  place  Walhubert. —  Paris.   .  .   .     ."> 

—  —  de  l'Ouest,  110,  rue  Saint-Lazare.  —  Paris 5 

—  —  de  Paris  à  Lyon  et  à  la  Méditerranée, 88,  rue  Sainl- 

Lazare.  —  Paris 5 

—  du  Gaz  Parisien,  rue  Condorcet.  —  Paris 4 

—  des  Salins  du  Midi,  84,  rue  de  la  Victoire.  —  Paris 2 

—  des    Messageries    maritimes  ,    28,    rue   Notre-Dame-des- Victoires.    — 

Paris 1 


pour  l'avancement  des  sciences-  Xvt 

Compagnie  des  Fonderies  et  Forges  de  Terre-Noire,  la  Voulte  et  Bességes.  —Lyon. 

—  générales  des  Verreries  de  la  Loire  et  du  Rhône,  à  Rive-de-Gier  (Loire), 

(M.  Hutter,   Administrateur   délégué) 

—  des  Fonderies  et  Forges  de  l'Horme,  8,  rue  Bourbon.  —  Lyon.   .   .  . 

—  du   Gaz   de  Lyon,  rue  de  Savoie.  —  Lyon 

—  de  Roche-la-Molière  et  Firrainy.  —  Lyon 

—  des  Mines  de  houille  de  Blanzy  (Jules  Chagot  et  C"),  à  Montceaux-les- 

Mines  (Saône-et-Loire),  55,  boulevard  Haussmann.  —  Paris 

Conseil    d  administration  de    la  Compagnie   des  Minerais  de  fer  magnétique    de 

Mokta-el-Hadid,  59,  rue  de  la  Victoire.  —Paris 

Conseil  d'administration   de  l'École  Monge,    165,  boulevard  Malesherbes.—  Paris. 

Coppet  (de),  Chimiste.  —    Villa  Irène,    aux    Baumettes.  —  Nice 

Cornu,  Membre  de  l'Institut,  Ingénieur  des  Mines.  Professeur  à  l'École  polytechnique, 

38,  rue  des  Écoles.  —  Paris 

Cosson,  Membre  de  l'Institut  et  de    la  Société  botanique,  7,    rue   Abbatucci.    — 

Paris 

Courtois  de  Viçose,  petite  rue  d'Albade.   —  Toulouse 

Courty,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de   Montpellier.  —  Montpellier.   .   . 

Crouais  (Fernand),  Armateur,  14,  rue  Héronnière.—  Nantes 

Daguin,  ancien  Président  du  Tribunal    de    commerce  de  la  Seine,  4,  rue  Castel- 

lane.  —  Paris 

Dalligny,  Maire  du  8e  arrondissement,  5,  rue  d'Albe.  —Paris 

Dayillier,  Banquier,  14,'  rue  Roquepine.    —  Paris 

Degousée,  Ingénieur  civil,  35,  rue  de  Chabrol.  —  Paris 

Delaunay,  Ingénieur   des    Mines,    Membre    de    l'Institut,  Directeur  de  l'Observa- 
toire. [Décédé) 

Dr  Delore,  Chirurgien    en  chef  de  la  Charité,  Professeur  agrégé    à  la  Faculté  de 

Médecine  de  Lyon,  31,  place  Bellecour.  —  Lyon 

Demarquay,  Membre  de  l'Académie  de  Médecine.  [Décédé] 

Demongeot,    Ingénieur    des    Mines,    Maître    des    requêtes    au    Conseil    d'Etat. 

[Décédé.) 

Dhôtel,  Adjoint  au  maire    du  2°  arrondissement,  107,  boulevard  de  Sébastopol. 

—  Paris 

Dr  Diday,  ex-Chirurgien  en  chef  de  l'Antiquaille,  Secrétaire  général  de  la  Société 

de  Médecine,  rue  de  Lyon.  —  Lyon 

Dollfus  (Mme  Auguste),  53,  rue  de   la    Côte.  —  Le  Havre 

Dollfus  (Auguste),   53,  rue  de  la  Côte.  —  Le  Havre 

Dorvault,  Directeur  de  la  Pharmacie  centrale,  7,  rue  de  Jouy.  —  Paris 

Dumas,  Secrétaire  perpétuel   de  l'Académie  des    sciences,  Membre  de    l'Académie 

française,  69,  rue  Saint-Dominique.  —  Paris 

Dupouy  (E.),  Avocat,  Conseiller  général,  Député  de  la  Gironde.  —  Bordeaux.  .  . 
Dupuy  de  Lôme,  Membre  de  l'Institut,  Sénateur ,  374,  rue  Saint-Honoré.  —  Paris. 
Dupuy  (Paul),  Professeur  à  l'Ecole  de  Médecine,  78,  chemin  d'Eysines.  —  Bordeaux 

Dupuy  (Léon),  Professeur  au  Lycée,  13,   rue  Vital-Caries.  —  Bordeaux 

Durand-Billion,  ancien  Architecte.  [Décédé) 

Duval  (Fernand),  Administrateur  de  la  Compagnie  parisienne,  53,  rue  François  Ier. 

—  Paris   . •  •   • 

Duvergier,  Président  de  la  Société  Industrielle,  35,  rue  Saint-Cyr.  —  Lyon.  .  . 
Eichthal  (d'),    Banquier,    Président  du    Conseil  d'administration  des  chemins  de 

fer  du  Midi,  42,  rue  Neuve-des-Mathurins.  —Paris 

Engel,  Relieur,  91,  rue  du  Cherche-Midi.  —  Paris 

Erhardt-Schieble,  Graveur,  12,  rue  Duguay-Trouin.  —  Paris 

Espagny  (le  comte  d),  Trésorier-payeur  général  du  Rhône.  [Décédé) 

Faure  (Lucien),  Président  de  la   Chambre  de  Commerce.  —  Bordeaux 

Follin  (Mme  veuve),  244,  boulevard  Saint-Germain.  —  Paris. 

Fremy,  Membre  de  l'Institut,  Professeur  au  Muséum  et  à   l'École  polytechnique, 

33,  rue  Cuvier 

Friedel,  Membre  de  l'Institut,  Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences,  60,  boulevard 

Saint-Michel.  —  Paris 

Friedel  (Mme),  née  Combes,  60,  boulevard   Saint-Michel.   —  Paris 

FRossard   (Ch.-L.),   14,  rue  de  Boulogne.  —  Paris 

b 


XVIII  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

Fumouze  (Armand),    Docteur-médecin-pharmacien,    78,  Fau bourg-Sain t-Denis.   — 

Paris 

Galante,  Fabricant  d'instruments  de  chirurgie,  2,  rue  de  l'École-de-Médecine.  — 

Paris 

Galline  (P.),  Banquier,  Président  de  la  Chambre  de  Commerce,  U,  place  Belle- 
cour.  —  Lyon 

Gariel  (C.-M.),  Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées,  Professeur  agrégé  à  la  Faculté 

de  Médecine,  41,  rue  des  Martyrs.—  Paris 

Gaudrt  (Albert),  Professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  7  bis,  rue  des  Saints- 
Pères.  —  Paris 

Gauthier- Villars,  ancien  élève  de  l'École  polytechnique,    Libraire,  55,  quai  des 

Augustins.  —  Paris 

Geoffroy-Saint-Hilairf.  (Albert),  Directeur  du  Jardin  d'acclimatation,  50,  boulevard 

Maillot.  —  Neuilly  (Seine) 

Germain  (Henri),  Député  de  l'Ain,  Président  du  Conseil  d'administration  du  Crédit 

lyonnais,  8,  rue  Murillo.  —  Paris 

Germain  (Philippe),  Directeur  de  l'agence   du  Comptoir  d'escompte  de  Paris,  33, 

place  Bellecour.—  Lyon 

Germer-Baillière,  Libraire,  Conseiller  municipal,  108,  boul.  St-Germain.— Paris. 

Gillet  fils  aîné,  Teinturier,  9,  quai  Serin.  —  Lyon 

Dr  Gintrac  père,  Correspondant  de  l'Institut.  [Décédé) 

Girard  (Ch.),  Manufacturier,  20,  rue  des  Écoles.—  Paris 

Goldschmidt  (Frédéric),  Banquier,  22,  rue  de  l'Arcade.  —  Paris 

Goldschmidt  (Léopold),  Banquier,  8,  rue  Murillo.  —  Paris 

Goldschmidt  (S. -H.),  33,  boulevard  Malesherbes.  —  Paris 

Gounouilhou,  Imprimeur,  11,  rue  Guiraude.  —  Bordeaux 

Gruner,  Inspecteur  général  des  Mines,  84,  rue  d'Assas.—  Paris 

Dr  Gubler,  Membre  de  l'Académie  de  Médecine,  Professeur  à  la  Faculté  de  Méde- 
cine, 18,  rue  du  Quatre-Septembre.  —  Paris 

D'Guérin  (Alphonse),  Membre  de  l'Académie  de  Médecine,  9,  rued'Astorg.—  Paris. 

Guiche  (marquis  de  la),  16,  rue  Matignon.  —  Paris 

Guimet  (Emile),  Négociant,  place  de  la  Miséricorde.  —  Lyon 

Hachette  et  Cie,  Libraires-Éditeurs,  79,  boulevard  Saint-Germain.  —  Paris.  .  .   . 

Hadamard  (David),  14,  rue  Bleue.—  Paris 

Haton  db  la  Goupillière,  Ingénieur  des  Mines,  Examinateur  d'admission  à  l'École 

polytechnique,  8,  rue  Garancière.  —  Paris 

Haussonville  (comte  d'),  Membre  de  l'Académie  française,  109,  rue  St-Dominique. 

—  Paris • 

Hecht  (Etienne),  Négociant,  19,    rue  Le  Peletier.   —  Paris 

Hentsch,  Banquier,  20,  rue  Le  Peletier.  —  Paris 

Hillel  frères,  31,  rue  Lafayette.  —  Paris 

Hottinguer,  Banquier,  38,  rue  de  Provence.  —Paris 

Houel,  Ingénieur,  75,  avenue  des  Champs-Elysées.  —  Paris 

Hovelacque  (Abel),   Professeur    à   l'École  d'anthropologie,    conseiller    municipal, 

35,  rue  de  l'Université.  —  Paris 

Dr  Hureau  de  Villeneuve,  95,  rue  Lafayette.  —  Paris 

Huyot,  Ingénieur  des  Mines,  Directeur  de  la  Compagnie   des    chemins  de  fer  du 

Midi,  10,  rue  du  Cirque.  —  Paris 

Jacquemart  (Frédéric),  58,  Faubourg-Poissonnière.  —  Paris 

Jameson  (Conrad),  Banquier,  38,  rue  de  Provence.  —  Paris 

Javal,  Membre  de  l'Assemblée  nationale.  (Décédé.) 

Johnston  (Nathaniel),  ancien  Député,  Pavé  des  Chartrons.—  Bordeaux.   ..... 

Dr  Jourdanet,  1,  rue  de  Berri.  —  Paris 

Kann,  Banquier,  58,  avenue  du    Bois-de-Boulogne.  —  Paris 

Kœnigswarter  (baron  Maximilien  de),  ancien  Député,  4,  rue  d'Astorg.  —  Paris. 

Kônigswarter  (Antoine),  60,  rue  de  la  Chaussée-d'Antin.  —  Paris 

Kuhlmann  (Frédéric),  Correspondant  de  l'Institut.  —  Lille 

Kuppenheim  (J.),  Négociant,  membre  du  Conseil  des  Hospices,  26,  quai  St-Antoine. 

—  Lyon 

Dr  Lagneau  (Gustave),  38,  rue  de  la  Chaussée-d'Antin.  —  Paris 

Lalande  (Armand),  Négociant,  84,  quai  des  Chartrons.  —  Bordeaux 

Lamé-Fleurï,  Ingénieur  en  chef  des  Mines,  secrétaire    du   Conseil   général    des 
Mines,  62,  rue  de  Verneuil.  —  Paris 1 


POUR    I-  AVANCEMENT    DES    SCIENCES  XIX 

Lamy  (Ernest),  83,  rue  Taitbont.  —  Taris 

Lan,  Ingénieur  en  chef  des  .Mines.  Directeur  des  Forges  de  Châtillon  et  de  Com- 
mentry,  3,  rue  du  Regard.  —  Paris 

Lapparent  (de),  Ingénieur  des  raines,  3,  rue  de  Tilsit.  —  Paris 

Larrey  (le  baron),  Membre  de  l'Institut  et  de  l'Académie  de  Médecine,  Député 
des  Hautes-Pyrénées,   91,  rue  de  Lille.  —  Paris 

Laurencel  (le  comte  de),  26,  rue  des  Écoles.  —  Paris 

Lauth  (Ch.),  Chimiste,  Membre  du  Conseil  municipal,  2,  rue  de  Fleuras.  —  Paris. 

Leconte  ,   Ingénieur  civil  des  mines,  49,  rue  Laffitte.  —  Paris 

Lecoq  de  Boisbaudran,  Correspondant  de  L'Institut,  Négociant.  — Cognac 

Le  Fort  (Léon),  Membre  de  l'Académie  de  médecine,  Professeur  à  la  Faculté, 
96,  rue  de  la  Victoire.  —  Paris 

Le  Marchand  (Augustin),  Ingénieur  géologue,  aux  Chartreux.  —  Petit  Quevilly, 
près  Rouen  

Lesseps  (Ferdinand  de),  Membre  de  l'Institut,  Président-fondateur  de  la  Compagnie 
universelle  du  canal  maritime  de  l'Isthme  de  Suez,  9,  rue  Richepance.  —  Paris. 

Leudet,  Directeur  de  1  École  de  médecine  de  Rouen,  49,  boul.  Cauchoise.—  Rouen. 

Levallois  (J.),  Inspecteur  gén.  des  mines  en  retraite.  [Décédé] 

Lévy-Crémieux,  Banquier,  34,  rue  de  Chàteaudun.  —  Paris 

Loche,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  16,  rue  de  Berlin.  —  Paris 

Df  Lortet,  Doyen  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Lyon,  Directeur  du  Muséum 
d'histoire  naturelle,  i,quai  de  la  Guillottière.  —   Lyon 

Lugol,  Avocat,  11,  rue  de  Téhéran  (parc  Monceaux).  —  Paris 

Lutscher,  Banquier,  43,  rue  La  Bruyère. —  Paris 

Luze  (de)  père,  Négociant,  rue  et  château  Rivière.  —  Bordeaux 

D'  Magitot,  8,  rue  des  Saints-Pères.  —  Paris 

Mangini,  Sénateur,  rue  des  Archers.  —  Lyon 

Mannberger,  Banquier,  59,  rue  de  Provence.  —  Paris 

Mannheim,  Chef  d  Escadrons  d'artillerie,  Professeur  à  l'École  polytechnique,  H,  rue 
de  la  Pompe  (Passy)   Paris »... 

Mares  (Henri).  —  Montpellier , 

Martinet  (Emile),  Imprimeur,  2,  rue  et  hôtel  Mignon.  —  Paris 

Marveille  (de),  château  de  Calviac-Lassalle  (Gard) 

Masson  (G.),  Libraire  de  l'Académie  de  Médecine,  120,  boulevard  St-Germain.— Paris. 

M.  E.  (anonyme).  —  Paris 

Ménier,  Membre  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Paris ,  député  de  Seine-et- 
Marne,  37,  rue  Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie.  —  Paris H 

Merle  (Henri).  —  Salindres  (Gard) 

Meynard  (J.-J.),  Ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées  en  retraite,  3,  quai 
Saint-Clair.  —  Lyon 

MlRABAtJD,  Banquier,  29,  rue  Taitbout.  —  Paris 

Monod  (Charles),  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  12,  rue 
Cambacérès.  —  Paris 

MoNt  (C.)  —  Comraentry  (Allier) 

Morel  d'Arleux  (Charles),  Notaire,  28,  rue  de  Rivoli.  — Paris 

Dr  Nêlaton,  Membre  de  l'Institut.  [Décédé) 

Ollier,  Ex-chirurgien  en  chef  de  l'Hôtel-Dieu  de  Lyon,  Correspondant  de  l'Insti- 
tut et  de  l'Académie  de  Médecine,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de 
Lyon,  5,  quai  de  la  Charité.  —  Lyon 

Oppenheim  frères,  Banquiers,  17,  rue  de  Londres.  —  Paris 

Parran,  Ingénieur  des  mines,  Directeur  des  mines  de  fer  magnétique  de  Mokta- 
el-Hadid,  3,  rue  du  Regard.  —  Paris 

Parrot,  Membre  de  l'Académie  de  Médecine,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine, 
15,  quai  Malaquais.  —  Paris 

PasteUr,  Membre  de  l'Institut,  45,  rue  d'Ulm.  —  Paris 

Perdrigeon,  Agent  de  change,  178,   rue  Montmartre.  —  Paris 

Perrot  (Adolphe),  Docteur  es  sciences,  ancien  préparateur  de  Chimie  à  la  Faculté 
de  Médecine  de  Paris.  —  Genève  (Suisse) ,..,,, 

Peyre  (Jules) ,  Banquier.  —  Toulouse 

Piat  (A.),  Constructeur  mécanicien,  49,  rue  Saint-Maur.  —  Paris 

Piaton,  Président  du  Conseil  d'administration  des  Hospices,  9,  rue  Ravez.  —  Lyon. 

Picciom  (Antoine).  —  Pino  (Corse) 


XX  ASSOCIATION   FRANÇAISE 

Poirrier,  Fabricant  île  produits  chimiques,  49,  rue  Hauteville.  —  Paris 

Potier,  Ingénieur  des  mines,  répétiteur  à  l'École  polytechnique,  l.rue  de  Bou- 
logne. —  Paris 

Poupinel  (Paul),  64,  rue  de  Saintonge.  —  Paris 

Poupinel  (Jules),  8,  rue  Murillo.  —  Paris 

Quatrefages  de  Bréau  (de),  Membre  de  l'Institut,  Professeur  au  Muséum,  36, 
rue  GeofTroy-Saint-Hilaire.  —  Paris 

Bécipon  (Emile),  Propriétaire-Industriel,  47,  avenue  Friedland.  —  Paris 

Beinach,  Banquier,  31,  rue  de  Berlin.  —  Paris 

Benouard  fils  (Alfred),  Filateur,  46,  rue  Alexandre  Leleux.  —  Lille 

Benouvier  (Charles),  à  la  Verdette,  près  le  Pontet,  par  Avignon  (Vaucluse).  .   .  . 

Biaz  (Auguste  de),  Banquier,  10,  quai  de  Betz.  —  Lyon 

Dr  Bicord,  Membre  de  l'Académie  de  Médecine,  6,  rue  de  Tournon.  —  Paris.  .   . 

Biffaut  (le  général),  10,  rue  Garancière.  —  Paris 

Bigaud,  Fabricant  de  produits  chimiques,  8,  rue  Vivienne.  —  Paris 

Bigaud  (Madame),  8,  rue  Vivienne.  —  Paris 

Bisler  (Charles),  Chimiste,  39,  rue  de  l'Université.  —  Paris 

Bochette  (de  la),  Maître  de  forges  (Hauts-Fourneaux  et  Fonderies  de  Givors),  11, 
cours  du  Midi.  —  Lyon 

Bolland,  Membre  de  l'Institut,  Directeur  général  des  Manufactures  de  l'Étal, 
66,  rue  de  Bennes.  —    Paris 

Dr  Bollet  de  l'Yslk.  —  Montmerle-sur-Saône  (Ain) 

Bomilly  (de),  22,  rue  Bergère.  —  Paris 

Bosiers  (des),  Propriétaire,  154,  boulevard   Haussmann.  —  Paris 

Bothschild  (le  baron  Alphonse  de),  2,  rue  Saint-Florentin.  —  Paris 

Dr  Boussel  (Théophile),  Député  de  la  Lozère,    118,    rue    Neuve-des-Mathurins. 

—  Paris 

Bouvière  (A.),  Ingénieur  civil  et  Propriétaire.  —  Mazamet  (Tarn) 

Saint-Paul  de  Sainçay,  Directeur  de  la  Société  de  la  Vieille-Montagne,  19,  rue 

Richer.  —  Paris 

Salet  (Georges),  Préparateur  à  la  Faculté  de  Médecine,  84,  boulevard  St-Germain, 

—  Paris 

Salleron,  Constructeur,  24,  rue  Pavée,  (au  Marais).  —  Paris 

Salvador  (Casimir),  [Décédé). 

Salvador  (Casimir),  2e  souscription.  (Décédé) 

Sauvage,  Directeur  de  la  Compagnie  des  Chemins  de  fer  de  l'Est.  (Décédé)  .  .  . 
Say  (Léon),  Sénateur,  Ministre  des  Finances,  45,  rue  La  Bruyère. —  Paris  .... 

Scheorer-Kestiser,  Sénateur,  84.  rue  Neuve-des-Mathurins.  — Paris 

Schrader  père,   ancien  Directeur  des   classes  de  la  Société  philomathique,  20, 

rue  Borle.  —  Bordeaux 

Sedillot  (C),  Membre  de  l'Institut,  Ex-Médecin   Inspecteur  général,  Directeur  de 

l'École  militaire  de  santé  de  Strasbourg,  131,  boulevard  Saint-Michel.  —  Paris. 

Serret,  Membre  de  l'Institut,  36,  rue  Saint-Martin.  —  Versailles 

Seynes  (dk),  Agrégé  à  la  Faculté  de  Médecine,  63,  rue  de  Varcnnes.  —Paris.   . 

Siébert,  23,  rue  Paradis-Poissonnière.  —  Paris 

Société  anonyme  des  Houillères  de  Montrambert  et  de  la  Béraudière.  —  Lyon. 
Société  nouvelle    des    Forges   et    chantiers  de   la  Méditerranée,  28,  rue  Notre- 

Dame-des-Victoires.  —  Paris 

Dr  Suchard.  —  Lausanne  (Suisse) 

Surell,  Ingénieur  en  chef  des  Ponts   et  Chaussées   en    retraite,     Administrateur 

du  Chemin  de  fer  du  Midi,    54,  boulevard  Haussmann.  —  Paris 

Talabot  tPaul),  Directeur  général  des  Chemins   de  fer   de  Paris  à  Lyon  et  à  la 

Méditerranée,   10,  rue  Saint-Arnaud.  —  Paris 

Thénàrd  (le  baron  Paul),  Membre  de  l'Institut,  6,  place  Saint-Sulpice.  —  Paris. 

Tissié-Sarrus,  Banquier.  —  Montpellier 

Tourasse   (Pierre-Louis),   Propriétaire,  Petit  Boulevard.  —  Pau 

Tourasse  (Pierre-Louis),  2e  souscription 

Tourasse  (Pierre-Louis),  3e  souscription 

Tourasse  (Pierre-Louis),  4e  souscription 

Vautier  (Emile),  Ingénieur  civil,  46,  rue  Centrale.  —   Lyon 

Verdet  (Gabriel),  Président  du  Tribunal  de  commerce.  —  Avignon 

Ykrnus  (Félix),  Banquier,  29,  rue  Tailbout.  —  Paris 


POUR   L  AVANCEMENT  DES   SCIENCES  \KI 

Vernes  d'Arlandes  (Th.),  25,  Faubourg-Saint-Honoré.  —   Paris 1 

Vignon  (J.),  45,  rue  Malesherbes.  —  Lyon 1 

Dr  Voisin  (Auguste),  16,  rue  Séguier.  —  Paris 1 

Wallace  (sir  Richard),  2,  rue  Laffitte.  —  Paris 2 

Wurtz  (Adolphe),  Membre  de  l'Institut,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  et  à 

la  Faculté  des  Sciences,  27,  rue  Saint-Guillaume.  —  Paris 1 

Wurtz  (Théodore),  40,  rue  de  Berlin,   —  Paris 1 


MEMBRES  A  VIE 

Anonyme,  42,  rue  Neuve-des-Mathurins.  —  Paris. 

Baille  (Mme),  2,  rue  de  Fleuras.  —  Paris. 

Bargeaud  (Paul),  Percepteur.  —  Saint-Genis-de-Saintonge  (Charente  Inférieure) , 

Baron,  Ingénieur  de  la  Marine,  rue  du  Ha.  —  Bordeaux. 

Dr  Barrois  (Oh.),  37,  rue  Rousselle,  faubourg  Saint-Maurice.  — Lille. 

Barrois  (Jules),  .17,  rue  Rousselle,  faubourg  Saint-Maurice.  —  Lille. 

Baysellance,  Ingénieur  de  la  Marine,  Président  de  la  région  Sud-Ouest  du  Club  Alpin 
—  Bordeaux. 

Bélime  (Frédéric),  Propriétaire.  —  Vitteaux  (Côte-d'Or). 

Bergeron,  Ingénieur  civil,  26,  rue  de  Penthièvre.  —  Paris. 

Bergeron  (Jules),  Ingénieur  des  Arts  et  manufactures,  75,  rue  Saint-Lazare.  —  l'ari-v 

Bergeron  (Jules),  Membre,  de  l'Académie  de  médecine,  75,  rue  Saint-Lazare.  —  Paris. 

Bertrand  (.1.),  Membre  de  l'Institut,  Professeur  au  Collège  de  France,  9,  rue  des 
Saints-Pères.  —  Paris. 

Bichon,  Constructeur  de  navires.  —  Lormont,  près  Bordeaux. 

Blandin,  Député  de  la  Marne,  maire    d'Epinay,  93,  boulevard  Haussmann.  —  Paris. 

Bonneau  (Théodore),  Notaire  honoraire.  —  Marans  (Charente-Inférieure). 

Bordier  (Henri),  Bibliothécaire  honoraire  à  la  Bibliothèque  nationale,  182,  rue  de 
Rivoli.  —  Paris. 

Dr  Boutin  (Léon),  18,  rue  de  la  Pépinière.  —  Paris. 

Brandenburg  (M™6  veuve),  1,  rue  de  la  Verrerie.  —  Bordeaux. 

Briau,  Directeur  des  chemins  de  fer  Nantais.  —  La  Madeleine-en-Varades  (Loire- 
Inférieure). 

Brocard,  Capitaine  du  génie.  —  Grenoble. 

Brolemann  (Georges),  Administrateur  de  la  Société  générale,  166,  boulevard  Hauss- 
mann. —  Paris. 

Brolemann,  Président  du  Tribunal  de  commerce,  11,  quai  Tilsit.  —  Lyon. 

Caix  de  Saint-Aymour  (Vicomte  Am.  de),  Membre  du  Conseil  général  de  l'Oise, 
de  la  Société  d'anthropologie  et  de  plusieurs  Sociétés  savantes.  —  Château  d'Ognon, 
près  Barbery  (Oise). 

Caperon  père. 

Caperon  fils. 

Cardeilhac,  Négociant,  91,  rue  de  Rivoli.  —  Paris. 

Cassagne  (comte   Antoine  de),  Propriétaire,    membre   de   la    Société    des    Sciences 
industrielles,    Arts    et    Belles-Lettres   de    Paris,    au    château    de    Saint-Jean-de- 
Libron,  près  Béziers  (Hérault). 
'Cazalis    de  Fondouce   (Paul-Louis),  Secrétaire  général  de  l'Académie    des   Sciences 
et  lettres  de  Montpellier,  18,  rue  des  Étuves.  —  Montpellier  (Hérault). 

Cazeneuve,  Directeur  de  l'École  de  médecine,  26,  rue  des  Ponts-de-Comines.  —  Lille. 

Cazenove  (Raoul  de),  Propriétaire,  8,  rue  Sala.  —  Lyon. 

Cazottes  (A.-M.-.I.),  Pharmacien.  —  Millau  (Aveyron). 

Chambre  des  Avoués  au  Tribunal  de  lre  instance.  —  Bordeaux. 

Chambre  de  Commerce  du  Havre. 

Dr  Chatin  (Joannès),  Professeur  agrégé  à  l'École  supérieure  de  pharmacie,  49,  rue 
de  Rennes.  —  Paris. 

Dr  Chil-y-Naranjo  (Grégorio).  —  Palmas  (Grand-Canaria). 

Cleveland  Abbe,  Astronome  et  Météorologiste,  Army  Signal  Office.— Washington  (U.S.). 

Cloizeaux  (des),  Membre  de  l'Institut,  Professeur  au  Muséum, 13,  rue  Monsieur.— Paris. 

Clouzet  (Ferd.),  Conseiller  général,  cours  des  Fossés.  —  Bordeaux. 


XXII  ASSOCIATION   FRANÇAISE 

P.otteau,  36,  boulevard  Saint-Michel.  —  Paris. 

CûUNORD  (F..),  Ingénieur  civil,  127,  cours  du  Médoc.  —  Bordeaux. 

Crespel-Tilloy  (Charles),  Manufacturier,  14,  rue  des  Fleurs.  —  Lille. 

Dr  Dagrève  (E.),  Médecin  du  Lycée  et  de  l'Hôpital.  —  Tournon  (Ardèche). 

Dr  D.uly  (Eugène),  5,  rue  Legendre.  —  Paris. 

Degorce  (E.),  Pharmacien  de  lr*  classe  de  la  marine.  —  Cayenne  (Guyane  française). 

Delattre  (Carlos),  Filateur.  —  Roubaix. 

Delessert  (Edouard),  17,  rue  Raynouard.  —  Paris-Passy. 

Delon  (Ernest),  Ingénieur  civil,  14,  rue  du  Collège.  —  Montpellier. 

Delvaille,  Docteur  en  médecine.  —  Bayonne. 

Depaul  (Henri),  avenue  Drouet-d'Eiion.  —  Reims. 

Detroyat  (Arnaud).  —  Bayonne. 

Dida  (A.),  Chimiste,  9,  rue  Popincourt.  —  Paris. 

Dida,  fils,  9,  rue  Popincourt.  —  Paris. 

Doré-Grasun  (Edmond),  24,  rue  Crébillon.  —  Nantes. 

Douvillé,  Ingénieur  des  Mines,  3,  rue  du  Bac.  —  Paris. 

Dr  Dransart.  —  Somain  (Nord). 

Duclaux  (Emile),  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  29,  avenue  de  Noailles.— Lyon- 

Ducrocq  (Auguste).  —  Niort  (Deux-Sèvres). 

Dr  Dulac.  —  Montbrison. 

Eichthal  (Gustave  d'),  44,  rue  Neuve-des-Mathurins.  —  Paris. 

Eichthal  (Eugène  d'),  44,  rue  Neuve-des-Mathurins.  —  Paris. 

Eichthal  (Georges  d'),  24,  rue  de  l'Arcade.  —  Paris. 

Eichthal  (Louis  d').  —  Les  Bezards,  par  Nogent-sur-Vernisson  (Loiret). 

Elisen,  Ingénieur  administrateur  de  la  Compagnie  générale  transatlantique,  21,  rue 
Abbatucci.  —  Paris. 

Espous  (Auguste  d').  —  Montpellier. 

Faye,  Membre  de  l'Institut,  Inspecteur  général  de  l'Instruction  publique,  9,  chaussée 
de  la  Muette.  —  Paris. 

Fontarive,  Propriétaire.  — Linneville,  commune  de  Gien  (Loiret). 

Fodrment  (le  baron  de),  —  Cercamp-lès-Frévent  (Pas-de-Calais). 

Fournier  (Félix),  3Iembre  de  la  Commission  des  échanges  internationaux,  au  Minis- 
tère de  l'Instruction  publique,  119,  rue  de  l'Université.  —  Paris. 

Dr  Fromentel  (de).  —  Gray. 

Giard,  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  75,  rue  Beauharnais.  —  Lille. 

Dr  Gibert,  41,  rue  Séry.  —  Havre. 

Dr  Gintrac  (Henri),  Directeur  de  l'École  de  médecine.  —  Bordeaux. 

Gobin,  Ingénieur  en  chef  du  service  municipal,  8,  place  Saint-Jean.  —  Lyon. 

Gournerie  (de  la),  Membre  de  l'Institut,    Inspecteur  général  des  ponts  et  chaussées, 
75,  boulevard  Saint-Michel.  —  Paris. 

Guieysse,  Ingénieur  hydrographe  de  la  marine,  42,  rue  des  Écoles.  —  Paris. 

Guy,  Négociant,  29,  quai  Valmy.  —  Paris. 

Héron  (Guillaume),  propriétaire,  11,  rue  Sainte-Ursule.  —Toulouse. 

Hovelacque-Gense,  2,  rue  Fléchier.—  Paris. 

Hovelacque-Khnopff,  88,  rue  des  Sablons.  —  Passy-Paris. 

Humbert  (G.)  45,  rue  Malesberbes.  —  Lyon. 

Jackson  (James),  13,  avenue  du  Bois  de  Boulogne.  —  Paris. 

Jones  (Charles),  chez  M.  R.-P.  Jones,  14,  boulevard  Malesherbes.  —  Paris. 

Jungfleisch,  Conservateur  des  Collections  à  l'École  polytechnique.  —  Paris. 

Kœchlin  (Jules),  avenue  Ruysdaël,  4  (parc  Monceaux).  —  Paris. 

Labrunie.  Négociant,  49,  Pavé  des  Chartrons.  —  Bordeaux. 

Lacretelle,  Ingénieur.  —  Bois-d'Oingt  (Rhône). 

Laennec  ,  Directeur  de   l'École  de  médecine,  13,  boulevard  Delorme.  —  Nantes. 

Lallié  (Alfred),  Avocat,  11,  tenue  Camus.  —  Nantes, 

Dr  Lantier  (E.),  150,  avenue  de  Neuilly.  —  Neuilly. 

Laroche    (Félix) ,   Ingénieur    des  Ponts    et  Chaussées,    118,   avenue    des    Champs- 
Elysées.  —  Paris. 

Laroche  (Mmo  Félix),  118,  avenue  des  Champs-Elysées.  —  Paris. 

Latham  (Lionel),  9,  rue  Escarpée.  —  Havre. 

Laussedat,    Colonel  du    génie,    Professeur  au  Conservatoire    des    Arts-et-Métier* 
15,  rue  Vanneau.  —  Paris. 

Lavalley,  Ingénieur,  18,  rue  Murillo.  —  Paris. 

Lebret  (Paul) ,  22,  rue  Cauraartin.  —  Paris. 


POUR    L  AVANCEMENT    DES    SCIENCES  XXIII 

Lechat  (Charles),  maire  de  Mantes,  place  Launay.  —  Nantes. 

Le  Monnibr,  Professeur  de  botanique  à  la  Faculté  «1rs  sciences.  —  Nancy. 

Lepine,  Professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon.  —  Lyon. 

Lespiault,  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  rue  Michel-Montaigne.  —  Bordeaux. 

Levasseur,  Membre  de  l'Institut,  Professeur  au  Collège  de  France,  26,  rue  Monsieur- 

le-Prince.  —  Paris. 
Lisbonne,  Ingénieur  de  la  marine,  168,  rue  du  Faubourg-Saint-Honoré.  —  Paris. 

Longhamps  (G.  de),  Professeur  de  mathématiques  spéciales  au  Lycée  —  Poitiers. 

Longhaye  (Àug.),  Négociant,  22,  rue  de  Tournai.  —  Lille. 

Loriol  (de),  Ingénieur  civil,  ancien   élève  de  l'École  des  mines,  46,  rue  Centrale.  — 
Lyon. 

Loter  (Henri),  Filateur,  394,  rue  Notre-Dame.  —  Lille. 

Maas,  15,  rue  de  la  Banque.  —  Paris. 

Mahyer,  Ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  102,  rue  de  Grenelle-Saint-Ger- 
main. —  Paris. 

Mangin  (A.),  Directeur  des  constructions  navales,  42,  rue  de  Berri.  —  Paris. 

Marchegay,  Ingénieur  civil  des  Mines,  27,  quai  Tilsit.  —  Lyon. 

Dr  Mares  (Paul),  rue  Babazoun.  —  Alger. 

Makignac  (Charles)  ,   Professeur.  —  Genève  (Suisse). 

Marjolin  ,  Chirurgien  des  hôpitaux,  16,  rue  Chaplal.  —  Paris. 

Martin  (William),  chargé  d'affaires  d'Hawaï,  13, avenue  delà  Beine-Hortense.  —  Paris. 

Masurier  (J.),  Négociant,  3,  place  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Havre. 

Maurel  (Marc),  Banquier,  Conseiller  municipal.  —  Bordeaux. 

Maurel  (Emile) ,  Négociant,  7,  rue  d'Orléans.  —  Bordeaux. 

Maxwell-Lyte  (F.),  Ingénieur  chimiste,  6,  cité  du  Betiro,  30,  Faubourg  Saint-Honoré. 
—  Paris. 

Mbunier  (Madame  Hippolyte).   (Décédée.) 

D'  Micé,  Professeur  à  l'École  de  Médecine.  —  Bordeaux. 

Milne  Edwards  (Alphonse) ,  Professeur  de  zoologie  au  Muséum  et  à  l'École  de  phar- 
macie, rue  Cuvier,  au  Muséum.  —  Paris. 

Mirabaud  (Paul),  29,  rue  Taitbout.  —  Paris. 

Mont-Louis,  Imprimeur,  2,  rue  Barbançon.  —  Clermont-Ferrand. 

Mortillet  (Gabriel  de),  attaché  au  Musée  des   Antiquités  nationales.    —    Saint-Gei 
main-en-Laye. 

Dr  Nicas.  —  Fontainebleau. 

Normand,  Conseiller  général  de  la  Loire-Infér.,  12,  quai  des  Constructions.  — Nantes. 

OniER ,  Directeur-Adjoint   de   la  Caisse  générale  des  Familles,  4,  rue  de  la  Paix.   — 
Paris. 

Œchsner  de  Contnck  (William),  105,  rue  de  Bennes.  —  Paris. 

Parise,  Professeur  à  l'École  de  Médecine,  26,  place  des  Bluets.  —  Lille. 

Parmentier  (le  général),  Membre  du  Comité  des  fortifications,  hôtel  d'Orléans,  17,  rue 
Richelieu.  —  Paris. 

Passy  (Frédéric) ,  Membre    de  l'Académie  des  sciences  morales  et   politiques,  8,  rue 
Labordère.  —  Neuilly-sur-Seine. 

Pereire  (Henry),  35,  Faubourg-Saint-Honoré.  —  Paris. 

Pereire  (Emile) ,  89,  rue  de  Morny.  —  Paris. 

Pereire  (Eugène!,  Administrateur  de  la  Compagnie  générale  transatlantique,  8'»,  bou- 
levard Malesherbes.  —  Paris. 

Perez,  Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences.  —  Bordeaux. 

Perricaud,  Cultivateur.  —  La  Balme  (Isère). 

Dr  Perroud,  Médecin  de  l'Hôtel-Dieu,  chargé  de  cours  à  la  Faculté  de  médecine  de 
Lyon,  6,  quai  des  Célestins.  —  Lyon. 

Philippe  (Léon),  Ingénieur   des    Ponts    et  Chaussées,  80,   rue  Taitbout.  —  Paris. 

Piche  (Albert) ,  Conseiller  de  préfecture,  8,  rue  Mnntpensier.  —  Van 

Dr  Pierrou. —  Chazay-d'Azergues  (Rhône). 

Plassiard,    Ingénieur    des    Ponts  et   Chaussées   en    retraite,  4,  rue  Poissonnière-,  — 
Lorient  (Morbihan). 

Pommery  (Louis),  Négociant  en  vins,  rue  Vauthier-Le-Noir.  —  Beims. 

Prat,  Chimiste,  101,  route  de  Toulouse.  —  Bordeaux. 

Quatrefages  (Madame  de),  36,  rue  Geoffroy-Saint-Hilaire.  —Paris. 

Quatrefages  (Léonce  de),  36,  rue  Geoffroy-Saint-Hilalre.  —Paris. 

Heille  (le  baron),  Député  du  Tarn,  10,  boulevard  de  la  Tour-Maubourg.  —  Paris. 

Dr  Beliquet,  17,  boulevard    de  la  Madeleine.  —  Paris. 


XXIV  ASSOCIATION   FRANÇAISE 

Renouard  (Madame  Alfred),  46,  rue  Alexandre'  Leleux.  —  Lille. 

Rilliet,  8,  rue  de  l'Hôtel-de- Ville.  —  Genève  (Suisse). 

Risler.  —  Calèves,  près  Nyon,  canton  de  Vaud  (Suisse). 

Robin  ,  Banquier,  38,  rue  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Lyon. 

Robin    Ch.),  sénateur,  membre  de  l'Institut  et  de  l'Académie  de  Médecine,   94,  bon 
levard  Saint-Germain.  —  Paris. 

Roger  (Henri) ,  Membre  de  l'Académie  de  Médecine,   Professeur   agrégé   à  la  Faculté 
de  Médecine,  15,  boulevard  de  la  Madeleine.  —  Paris. 

Sabatier  (Armand),  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Montpellier. — Montpellier. 

Saint-Olive  (G.) ,  Banquier,  13,  rue  de  Lyon.  —  Lyon. 

Schlumberger    (Charles),    Ingénieur    des    eonstructions  navales,  30,  rue  du  Plat.  — 
Lyon. 

Segretain  ,  Commandant  du  génie,  60,  cours  d'Aquitaine.  —  Bordeaux. 

Servier  (Aristide-Edouard) ,    Ingénieur    des  arts  et    manufactures,    Directeur  de  la 
Compagnie  du  gaz  de  Metz,  21,  rue  Baudin.  —  Paris. 

Seynes  (Léonce  de),  58,  rue  Calade.  —  Avignon. 

Siégler  (Ernest),  Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées.  —  Bar-le-Duc. 

Société  académique  de  la  Loire-Inférieure.  —  Nantes. 

Société  philomathique  de  Bordeaux. 

Société  industrielle  d'Amiens.  —  Amiens. 

Société  centrale  de  Médecine  du  Nord.  —  Lille. 

Stengelin,  maison  Évèque  et  Cie,  31,  rue  Puits-Gaillot.  —  Lyon. 

Dr  Teillais,  place  du  Cirque.  —  Nantes. 

Dr  Teissier,  Professeur  à  la  Faculté    de    médecine    de    Lyon,    16,    quai    Tilsitt.  — 
Lyon. 

Terquem  (Alfred),  Professeur  à  la  Faculté    des    Sciences,    116,    rue    Nationale.    — 
Lille. 

Dr  Thulié,  31,  boulevard  Beauséjour.  —  Paris. 

Trélat  (Ulysse),    Membre   de    1  Académie   de    Médecine,  Professeur  à  la  Faculté  de 
Médecine,  33,  rue  Jacob.  —  Paris. 

Turenne  (le  marquis  de)  ,  26,  rue  de  Berri.  —  Paris. 

Dr  Vaillant    (Léon),  Professeur  au  Muséum,  5,  rue  Médicis.  —  Paris. 

Vanev  (Emmanuel),  Conseiller  à  la  Cour  dappel,  14,  rue  Duphot.  —  Paris. 

Van  Iseghem  (Henri),  avocat,  conseiller  général  de   la   Loire-Inférieure,    1,    rue   de 
l'Hôtel-de- Ville.  —  Nantes. 

Vassal  (Alexandre).  —  Montmorency  (Seine-et-Oise). 

Vautier  (Théodore) ,  étudiant,  46,  rue  Centrale.  —  Lyon. 

Verneuil.  Membre  de   l'Académie  de  Médecine,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine 
11,  boulevard  du  Palais.  —  Paris. 

Vbvrin  (Emile),  fondé  de  pouvoir  au  Crédit  lyonnais,  Secrétaire  de  la  Société  d'éco- 
nomie politique.  —  Lyon. 

Vieillard  (Albert),  77,  quai  de  Bacalan.  —  Bordeaux. 

Vieillard  (Charles),  77,  quai  de  Bacalan.  —  Bordeaux. 

Viellard  (Henri),  Manufacturier.  —  Morvillars  (Haut-Rhin). 

Willm,  Chef  des  travaux    chimiques   à   la  Faculté  de  Médecine,  82.  boulevard  .Mont- 
parnasse. —  Paris. 


POUR    I.  \\ WCKMKNT    DES    SCIENCES  XXV 


MEMBRES  ANNUELS 


Les  noms  des  membres  Fondateur*  sont  suivis  de  la  lettre  Tel  ceux  des  membres  à  vie 
île  lu  lettre  R.  —  Les  asl,-risi/ues  indiquent  les  membres  ont  ont  assiste  au  Congrès 
itu  Havre.) 


Abaoie  père.  Vétérinaire,  5,  rue  Franklin.  —  Nantes. 

Abbadif.  (n'),  Membre  de  l'Institut,  12(1,  nu-  ilu  Bac.  —  Paris.  —  F 

Abria,  doyen  de  la  Faculté  des  Sciences,  quai  de  Bacalan.  —  Bordeaux. 

Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  ci  Arts   —  Bordeaux. 

Adam  (Paul),  place  Bichelieu.  —  Bordeaux. 
•Adam  (A.).  Directeur  de  tissage.  —  Le  Thillot  (Vosges). 

Admyrauld  (Gabriel).  —  La  Rochelle  (Charente-Inférieure). 

Agache  (Edouard),  .Manufacturier,  47.  boulevard  de  la  Liberté.  —  Lille 

Agache  (Edmond),  49,  boulevard  de  la  Liberté.  —  Lille. 

Agache  (Alfred),  square  de  Jussieu.  —  Lille. 

Aimé-Girard.  Professeur  au  Conservatoire   des  Arts  .-t  Métiers,  ">.  rue  du  Bellay,  — 

Paris.  —  F 
*Aimry,  place  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Havre. 

Alanore,  Pharmacien  de  ire  classe,  Président  de  la  Société  médicale,  Membre  de  la 
Société  botanique  de  France.  —  Clermont-Ferrand. 

Alauze,  Avoué,  rue  Ferrère.  —  Bordeaux. 

Albenque,  Pharmacien.  — Bodez  (Aveyron). 

Alberti,  Banquier,  17,  rue  de  Londres,  —  Paris.  —  F 

Alexandre,  Pharmacien,  20,  cours  du  Chapeau-Bouge.  —  Bordeaux. 
Wlglave  (Em.),  Directeur  de  la  Revue  scientifique,  Villa  de  la  Réunion,  122,  route  de 
Versailles.  —  Paris  (Auteuil) . 

Alicot  (Mme  veuve),  rue  Sainte-Foix.  —  Montpellier. 

Dr  Alix,  Médecin  principal  de  lre  classe  à  l'Hôpital  militaire.  —  Toulouse. 

Allard  (Henri),  conseiller  municipal,  rue  Bonne-Louise.  —  Nantes. 

Allezard,  Juge  d'instruction.  —  Issoire  (Puy-de-Dôme). 

Alliot,  Ingénieur,  filature  Péan,  rue  Miséricorde.  —  Nantes. 

"Alluard  (E.),  Doyen  de  la  Faculté  des    sciences,  Directeur  de  l'Observatoire  météo- 
rologique du  Puy-de-Dôme.  —  Clermont-Ferrand. 

Almeida  (d'),  Professeur  au  lycée  Corneille,  31,  rue  Bonaparte.  —  Paris.  —  F 

Alphandery,  Membre  du  Tribunal  de  commerce,  4,  rue  de  la  Licorne.  —  Alger. 

Amboix  (d'),  Capitaine  d  état-major,  69,  boulevard  Malesherbes.  —  Paris.  —F 

Amé  (G.),  attaché  au  chemin  de  fer  du  Midi,  7,  rue  Naujac.  —  Bordeaux. 

Amenc  (Léon),  place  Delille,  maison  Jarton.  —  Clermont-Ferrand. 

Andouard,  Pharmacien,  Professeur  à  l'École  de  Médecine  et  de  Pharmacie,  1,  rue  du 
Calvaire.  —  Nantes. 

Andouillé  (Edmond),  Sous-Gouverneur  honoraire  de  la  Banque  de  France,  2,  rue  du 
Cirque.  —  Paris.  —  F 

André  (Fréd.),  Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées.  —  Bayonne. 

André  (Charles),  Astronome,  Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences.  —  Lyon. 

André  (Alfred),  Banquier,  49,  rue  Abbatucci.  —  Paris.  —  F 

André  (Edouard),  158,  boulevard  Haussmann.  —  Paris.  —  F 
*Angot  (Alfred),  Professeur  au  Lycée  Fontanes,  9,  rue  Berthollet.  —  Paris. 

Anonyme,  42,  rue  Neuve-des-Mathurins.  —  Paris.  —  R 

Arbaumont  (Jules  d'),  Membre  de  l'Académie  de  Dijon,  43,  rue  Sermaise.  —  Dijon. 

Dr  Ariza.  —  Madrid. 

Dr  Arles,  4,  rue  des  Trésoriers  de  la  Bourse.  —  Montpellier. 

Ablès-Dufour  (Armand),  12,  place  Louis  XVI.  —  Lyon. 

Armaingaud,  Docteur  en  Médecine,  61,  cours  de  Tourny.  —  Bordeaux. 


XXVI  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

Vrmilhon  (L.),  Maire  d'Ambert,  Conseiller  général  du  Puy-de-Dôme.—  Ambert  (Puy- 
de-Dôme), 

A  un  \  in,  Vétérinaire,  52,  place  de  Jaude.  — Clermont-Ferrand. 

Arnoult   (Jules),   Chef  du  bureau  de    la  voie  au  chemin  de  1er    des  Charcutes.  — 

Saintes, 
*Akquenbourg  (Charles),  Ingénieur  civil.  —  Pont-de-Metz  par  Amiens. 

Arosa  (A,),  Membre  de  la  Société  de  géographie,  42,  rue  Bassano.  —  Paris. 
*Arson,    Ingénieur   en    chef    de   la    Compagnie   du    gaz,    40,  rue  de  Bourgogne.  — 

Paris.  « 

'Asselin,  Courtier,  5,  place  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Havre. 

Astaix,  Conseiller  général  du  Puy-de-Dôme,  6,  rue  de  Mézières.  —  Paris. 

Aubergier,  Doyen  de  la  Faculté  des  sciences  de  Clermont-Ferrand.   —    Clermont- 
Ferrand. 
*D'  Aubert,  33,  rue  Bourbon.  —  Lyon. 

Aubert  (Charles),  Licencié  en  Droit,  Avoué  plaidant.  —  Rocroi  (Ardennes).  —  F 
*Audin  (Emile),  Chimiste,  176,  rue  du  Temple.  —  Paris. 

Aubry,  Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées.  —  Milhau  (Aveyron). 

Dr  AunÉ,  —  Fontenay-le-Comte  (Vendée). 
"Audenet,  Ingénieur  en  chef  de  la  Compagnie  transatlantique.  —  Havre. 

Aurilhon,  chef  de  section  de  la  Compagnie  Paris-Lyon-Méditerranée.  —  Thiers  (Puy- 
de-Dôme)  . 

Avenard  (Alfred),  Négociant.  —  Pouliguen  (Loire-Inférieure). 

Aynard  (Ed.),  Banquier,  19,  rue  de  Lyon.  —  Lyon.  —  F 

Azam,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine.  —  Bordeaux.  —  F 

Azambre  (F.),  Notaire.  —  Fourmies  (Nord). 

Dr  Bachelot-Villeneuve.  —  Saint-Nazaire  (Loire-Inférieure). 
*Bachelu  (Louis),  Ingénieur  civil,  49,  rue  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Lyon. 

Bâclé  (Louis),  Ingénieur,  137,  boulevard  Magenta.  —  Paris. 

Dr  Baelde.  —  Marcq-en-Barceul  iNord). 
*Bailhache,  Régisseur  de  biens,  29,  rue  de  l'Orangerie.  —  Havre. 

D'    Baillarger,   Membre  de  l'Académie    de  Médecine,    8,    rue   de  l'Université.   — 

Paris. 
*Baille,  Répétiteur  à  l'Ecole  polytechnique.  2,  rue  de  Fleurus.  —  Paris.  —  F 
"Baille  (M-0),  2,  rue  de  Fleurus.  —  Paris.  —  R 

Bâillon,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine,  12. r rue  Cuvier.  —  Paris.  —  F 

Bâillon  (MraB  H.),  12,  rue  Cuvier.  —  Paris. 
"Baillou  (A),  Propriétaire.  —  Vérac  (Gironde). 

Balguerie  (Edmond),  25,  allées  de  Chartres.  —  Bordeaux. 

Balguerie  (Raoul),  Consul  ottoman,  26,  cours  du  Chapeau-Rouge.  —  Bordeaux. 

Balguerie  (Mra°  Raoul),  26,  cours  du  Chapeau-Rouge. —  Rordeaux. 

Bail,  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris.  3,  Faubourg-Saint-Honoré, 

--  Paris. 
"Ball  (Allen),  3,  rue  de  l'Orangerie.  —  Havre. 
*Ball.  —  Sainte- Adresse  (Seine-Inférieure). 

Bamherger,  Banquier,  12,  rue  Boissy  d'Anglas.  —  Paris.  —  F 

Baour  (Abel),   Membre  de   la  Chambre  de   Commerce,   cours  du  Chapeau-Rouge.  — 

Bordeaux. 
*Dr  Baraduc  (Léon),  Médecin  des  mines  de  Saint-Éloi.—  Monlaigut-en-Combraille,  par 

Saint-Éloi  (Puy-de-Dôme). 
"Barascud  (Hippolyte),  Pharmacien,  57,  rue  du  Cherche-Midi.  —  Paris. 

Dr  Baratier.  —  Bellenave  (Allier). 

Baruedette  (Frédéric),  12,  rue  Réaumur.  —  La  Rochelle. 

Dr  B\rhat  (Antoine).  — Charlieu  (Loire). 

Barbier  (Ernest),  Pharmacien,  rue  des  Quatre-Églises.  —  Nancy. 

"Barbier,  Docteur  ès-sciences,  54,  rue  Hélène.  —  Havre. 
*Barbier,  Peintre,  rue  Édouard-Larue.  —  Havre. 

*Barbot,  Constructeur-Mécanicien,  impasse  Liard.  —  Havre. 

"Barbulée  (Edmond),  rentier,  63,  rue  d'Orléans.  —   Havre. 

Bardoux.  Député  du  Puy-de-Dôme,  Ministre  de  l'Instruction  publique.  —  Paris. 

Barge  (Henry),  Architecte,  élève  de  l'École    des    Beaux-Arts,  maire.    —    Jeanneyrias 

(Isère). 
*Bargeaud  (Paul),  Percepteur.  —  Saint-Genis-de-Saintonge  (Charente-Inférieure).  —  R 
Bargoin,  Négociant,  27,  rue  Balainvillers.  —  Clermont-Ferrand. 


POUR   h  AVANCEMENT  DES  SCIENCES  XXVII 

Barmont  (de),  2,  rue  de  Salorges.  —  Nantes. 
Baron,  Ingénieur  de  la  Marine,  rue  du  Ha.  —  Bordeaux.  —  R 
'Baron,  Ingénieur,  Directeur  des  Tabacs.  —  Havre. 
Barral  (J.-A.),  Secrétaire  perpétuel   de  la  Société  centrale  d'agriculture  de  France. 

66,  rue  de  Rennes.  —  Paris. 
Barrois  (Th.),  Filateur,  113,  rue  Launoy.  —  Lille-Fives. 
*Dr  Barrois  (Ch.),  37,  rue  Rousselle,  faubourg  Saint-Maurice.  —  Lille.  —  R 
•Barrois  (Jules),  37,  rue  Rousselle,  faubourg  Saint-Maurice.  —  Lille.  —  R 
Bartholony,  Président   du    Conseil  d'administration  du  chemin  de  fer  d'Orléans,  12. 

rue  La  Rochefoucauld.  —  Paris.  —  F 
Dr  Barudel,  Médecin    en    chef    de    l'hôpital  militaire,  11,    rue    de    Paris.  —  Vichy 

(Allier). 
Basset  (Charles),  Négociant,  34,  rue  des  Merciers.  —  La  Bochelle. 
Dr  Basset,  Médecin  inspecteur  des  eaux  de  Royat,  2,  cité  Trévise.  —  Paris. 
Basset  (Henri),  Étudiant  en  médecine,  2,  cité  Trévise.  —  Paris. 
'Basset,  Négociant,  19,  rue  Mare.  —  Havre. 
*Bassot,  Capitaine  d'état-major,  15,  rue  Tronchet.  —  Paris. 
Bastide  (Etienne),  Pharmacien,  4,  rue  de  la  Citadelle.  —  Bézièrs. 
Bastide  (Henri),  Pharmacien,  27,  place  Francheville.  —  Périgueirx. 
Batilliat  (Sisoï),  Pharmacien,  25,  rue  Pont-Laguiche.  —  Màcon. 
Baud,  Conseiller  municipal,  6,  rue  Saint-Louis.  —  Clermont-Ferrand. 
Dr  Baudet.  —  Cadillac,  par  Cérons  (Gironde). 
Baudoin  (Edouard),  Négociant,  28,  place  Notre-Dame.  —  Étampes. 
Baudouin,  Marchand  de  fer.  —  Pons  (Charente-Inférieure). 
Baudrimont  père,  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences.  —  Bordeaux. 
Dr  Baudrimont  lils.  —  Bordeaux. 

*Baudry,  Agent-Voyer  en  chef,  14,  rue  Lemaistre.  —  Havre. 
Baumgartner,  Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées,  rue  de  la  Verrerie.  —  Bordeaux. 
Baumevielle  (Aristide),  4,  rue  de  l'Échiquier.  —  Paris. 
*Bayard,   Pharmacien,     ancien  interne    des     hôpitaux    de    Paris,    Secrétaire    de   la 

Société  des  pharmaciens  de  Seine-et-Marne.  —  Fontainebleau. 
Baysellance,  Ingénieur  de  la  Marine,  Président  de  la  région  sud-ouest  du  club  Alpin. 

—  Bordeaux.  —  R 
Bazaine,  Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées  en  retraite,  94,  rue  d'Amsterdam.  —  Paris. 
Bazaine  (Achille),  Ingénieur  civil,  ancien  élève  de  l'École  polytechnique,  42,    rue  de 

Bruxelles.  —  Paris. 
Bazaine  (Mrae  Achille),  42,  rue  de  Bruxelles.  —  Paris. 
*Bazan,  ancien  Avoué,  169,  boulevard  de  Strasbourg.  —  Havre. 
Beau-Delince,  Propriétaire.  —  Saintes  (Charente-Inférieure). 
Beaudin  (Léon),  Architecte,  8,  rue  Plantey.  — Bordeaux. 
'Beaufort  (de),  Sous-Chef  de  l'exploitation  de  la  Compagnie  transatlantique,  35,  quai 

d'Orléans.  —  Havre. 
*DP  Beauregard  (Henri),  38,  rue  d'UIra.  —  Paris. 
Béal  (l'abbé),  Professeur  de  mathématiques.  —  Pléaux  (Cantal). 
*Dr  Béchamp  (Joseph),  Professeur  de  chimie  à  la  Faculté  de  médecine   de    l'Université 

catholique,  8,  rue  Beauharnais.  —  Lille. 
*Béchamp,  Doyen  de  la  Faculté  de  Médecine  de  l'Université  catholique,  8,  rue  Beau- 
harnais.  —  Lille.  —  F 
*Béchamp  (Mlle  Thérèse),  8,  rue  Beauharnais.  —  Lille. 
Bechi  (E.),  Professeur  à  l'Institut  technique.  —  Florence  (Italie). 
Béclard,  Membre  de  l'Académie  de  Médecine,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine. 

65,  boulevard  Saint-Michel.  —  Paris. 
Bedorez,  Professeur  de  physique  au  Lycée  du  Mans,  60,  rue  de  Flore;  —  Le  Mans. 
Béer  (Guillaume),  88,  rue  des  Mathurins*  —  Paris. 
Beigbeder  (D.),  ancien  Ingénieur  des*  manufactures  de   l'État,   13,    rue   d'Arcet.  — 

Paris . 
Bélime  (Frédéric),  Propriétaire.  —  Vitteaux  (Côte-d'Or).  —  R 
Belaigne  de  Bughas,  Consul  de  France.  —  Newcastle  (Angleterre). 
'Bellet,  Notaire.  —  Montferrand  (Puy-de-Dôme). 
'Bellet  (M"").  —  Montferrand  (Puy-de-Dôme). 
Bellier,  Ingénieur  civil,  101,  cours  d'Alsace-Lorraine.  —  Bordeaux. 
'Belloc,    Ingénieur,    ancien    élève  de   l'École  polytechnique.  —  LTsIe-sur-le-Serein 
(Yonne). 


XXVIII  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

*Bellot,  Docteur-Médecin,  5,  rue  des  Pincettes.  —  Havre. 

*Bellot,   Ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  11,  place  de  PHôlel-de-Ville.  _ 

Havre. 
Belon,  fabricant,  avenue  île  Noailles.  —  Lyon.  —  F 
Dr  Benoit,    Docteur   ès-sciences,    Ingénieur    civil,    4,   passage  des    Eaux.  —    Paris 

(Passy). 
Benoit  (Léon).  —  Le  Croisic  (Loire-Inférieure). 
Beral  (E.),  Ingénieur  des  Mines,  GO,  rue  Taitbout.  —  Paris.  —  F 
Dr  Berchon,  Médecin  principal  de  1"  classe  de  la  marine,  Directeur  du  service  sani- 
taire de  la  Gironde.  —  Pauillao  (Gironde). 
Berchon  (M™»).  —  Pauillac  (Gironde). 

Berdoly  (H.),  Avocat.  —  Château  d'Uhuart-Mixe,  près  Saint-Palais  (Basses-Pyrénées). 
Berge,  Avocat,  20,  rue  Malher.  —  Paris. 

'Bergeron,  Ingénieur  civil,  26,  rue  de  Penthièvre.  —Paris.  —  R 
*Bergeron  (Jules),  Ingénieur  des    arts   et    manufactures,    75,    rue    Saint-Lazare.    — 

Paris.  —  R 
*Bergeron  (Jules),  Membre  de  l'Académie  de  Médecine,  75,  rue  Saint-Lazare.  —  Paris. 

—  R 

Bergis-Dounous  (Èm.),  17,  rue  Villebourbon.  —  Montauban. 

Bergis  (Léonce),  Propriétaire.  —  Tempe,  près  Montauban. 

Berluc-Pérussis    (L.  de),    Sous-Directeur  de   l'Institut   des  provinces.    —  Aix-en- 
Provence. 

Bernadac  (A.),  ancien  élève  de  l'École  polytechnique, ancien  lieutenant  de  vaisseau, 
10,  rue  de  Borne.  —  Paris. 

Bernard  (Bémy),  Conseiller  municipal,  boulevard  Saint-Aignan.  —  Nantes. 

Bernard,  Contrôleur  des  Contributions  directes,  5,  rue  de  l'Escale.  —  La  Bochelle. 

Bernard  (Auguste),  Percepteur  des  Contributions  directes.  —  Saint-Martin-de-Bé. 
"Bernal,  Consul  britannique,  15,  rue  Edouad-Larue.  —  Havre. 

Berne,  Chargé  de  cours  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Lyon,  14,  rue  Saint-Joseph.  

Lyon. 

Berrens.  Manufacturier.  —  Barcelone. 

"Berteloot,  Clerc  principal,  24,  rue  de  la  Comédie.  —  Havre. 
"Bertèche  (G.).  —  Saint-Amand-les-Eaux  (Nord). 
"Berthaut,  Professeur  à  l'École  Monge,  19,  rue  Jouffroy.  —  Paris  (Batignolles). 

Berthier  (Camille),  Ingénieur  civil.  —  La  Ferté-Saint-Aubin  (Loiret). 
*Dr  Bertillon,  20,  rue  Monsieuc-le-Prince.  —  Paris. 

Dr  Bertin  (Georges),  Professeur  suppléant  à  l'École  de   Médecine,    2,    rue  Franklin. 

—  Nantes. 

"Bertin,  Sous-Directeur  de  l'École  normale,  45,  rue  d'Ulm.  —  Paris. 

Bertrand  (J.),   Membre  de  l'Institut,  Professeur  au  Collège   de  France,   9,  rue  des 

Saints-Pères.  —  Paris.  —  R 
"Besnard,  Pharmacien,  175,  rue  de  Normandie.  —  Havre. 

Besselièvre    (Ch.),    Manufacturier,  Conseiller   général    de    la    Seine-Inférieure.    — 
Maromme,  près  Bouen. 

Bethmann  (Edouard),  5,  rue  de  la  Verrerie.  —  Bordeaux. 
'"Bethouard  (Emile),  Beceveur  des  Domaines.  —  Doullens  (Somme). 

Beurier,  Professeur,  2,  rue  Brochant.  —  Paris. 

Beylot,  Vice-Président  du  Tribunal  civil.  —  Bordeaux. 

Bézineau,  31,  rue  des  Argentiers.  —  Bordeaux. 

Bibliothèque  de  l'École  Fénelon,  23,  rue  Malesherbes.  —  Paris. 

Bichon,  Constructeur  de  navires.  —  Lormont,  près  Bordeaux.  —  R 

Bidard  (L.),  Membre  de  la  Société  géologique  de  Normandie.  —  Havre. 
*Dr  Biehmonî  (de),  10,  rue  Marengo.  —  Bordeaux. 

Bignon  (Jean),  Élève   à  l'École  centrale,  1,  rue  Le  Peletier.  —Paris. 

Billault-Billaudot  et  Cie,  Fabricants  de.  produits  chimiques,  place,  de  la  Sorbonne. 

—  Paris.   —  F 

Dr  Billon,  Maire.  —  Loos  (Nord). 

Billy   (Charles  de),  Conseiller  référendaire  à  la  Cour  des  Comptes.   14.  rué  Franklin. 

—  Paris.  —  F 

Billy  (Alfred  de),  Inspecteur  des  Finances,  2,  rue  Corvelto.  —  Paris. 
•Bimar  (Auguste),  rue  Édouard-Adam.  —  Montpellier. 
'Binet,  Maison  Perquer.  —  Sainte- Adresse  (Havre). 
•Biochet,  Notaire.  —  Caudebec  (Seine-Inférieure). 


POUR   L  AVANCEMENT    DES   SCIENCES  XXIX 

'Bmghoffshbim  (Raphaël-Louis),  39,  boulevard  Haassmann.  —  Paris.  —  F 
D'  Bitot,  Professeur  à  1  École  de  Médecine.  —  Bordeaux. 

'Riais,  Courtier,  5,  place  de  l'Hôtel-de- Ville.  —  Havre. 

Dr  Blanchet.  —  Le  Montet-aux-Moines  (Allier). 

Bi.andin,  Député  de  la  Marne,  Maire  d'Epinay,  93,  boulevard  Haussmann.  —  Paris.— R 

'Blavet,    Négociant,    Président    de    la    Société    d'horticulture    de    l'arrondissement 
d'Étanipes,  10,  1:2  et  14,  rue  de  la  Juiverie.  —  Étampes  (Seine-et-Oise). 

♦Blbszynski  (Félicien),  Ancien  officier  d'artillerie,  21,  rue  Mogador.  —  Havre. 
Blondeau  (Charles),  15,  boulevard  du  Roi-René.  —  Ai\. 
Bi.iit,  Membre  de  l'Académie  de  Médecine,  24,  avenue  de  Messine.  —  Paris.  —  F 

Bobierre,  Directeur  de  l'École  supérieure  des  Sciences,  12,  rue  Voltaire.  —  Nantes. 

Boca  (Alcide),    ancien  Membre  de  la  Chambre  de  commerce.  —  Valènciennes. 

Boca  (Léon).  —  Valènciennes. 

Boeswilwald,  Chimiste,  92,  rue  de  Maubeuge.  —  Paris. 

Bœswilwald,  Négociant,  30,  rue  du  Chilou.  —Havre. 

D'  Bogros.  —  Latour-d  Auvergne  (Puy-de-Dôme). 

Boire,  Ingénieur  civil,  143,  rue  Beauharnais.  —  Lille. 

*Boissellier,  Agent  administratif  de  la  marine.  —  Rochefort  (Charente-Inférieure). 

Boisson  (Alphonse),  manufacturier,  186,  route  de  Toulouse.  —  Bordeaux. 

Boissonnet,  Général  du  Génie.  Sénateur,  78.  rue  de  Rennes.  —  Paris.  _  F 

BorviN  (Emile),  145,  rue  de  Flandre.  —  Paris.  —  F 
*Dr  Bommy  (J.-B.-Marie-Ferdinand  de). —  Neuchàtel-en-Bray. 

"Bondet,  Chargé  de  cours  à  la  Faculté    de   Médecine  de  Lyon,  2,  ipiai  de  Retz.  — 
Lyon.  —  F 

Dr  Bonnal.  —  Arcachon. 

Bonneau  (Théodore),  Notaire  honoraire.  —  Marans  (Charente-Inférieure.)  —  R 

Bonnet,  Teinturier,  6,  rue  Bugeaud.  —  Lyon. 

Bonnet  (Mmo  Léonie),  chez  M.  F.  Robert.  —  Le  Puy-en-Velay. 

Bonté  (Ad.),  Négociant,  25,  boulevard  delà  Liberté.  —  Lille. 

Bontems  (Georges),  Ingénieur  civil,  11,  rue  de  Lille.  —  Paris. 

Bonzon,  Pharmacien.  —  Ariane  (Puy-de-Dôme). 

Boquien,  Chef  d'escadron  d'artillerie  en   retraite,  19,  rue  du  Calvaire.  —  Nantes. 

Bordier  (Henri),  Bibliothécaire   honoraire   à    la    Bibliothèque  nationale.  182,  rue  de 
Rivoli.  —  Paris.  —  R. 

Bordet  (Adrien),  Avocat  défenseur,  4,  rue  Neuve-du-Divan.  —  Alger. 

Borel,  5,  quai  des  Brotteaux.  —  Lyon. 

Borelli   (le  vicomte   de),    premier    Secrétaire    d'ambassade  à  Athènes,    41,    rue    de 

l'Université.  —  Paris. 
'Borély,  28,  place  de  l'Hôtel-de- Ville.  —  Havre. 

Borie    (Victor),   Membre   de   la   Société  centrale   d'agriculture    de   France,  19,  rue 
Louis-le-Grand.  —  Paris.  —  F 

Borson,  Général  chef  d'état-major.  —  Clermont-Ferrand. 
*Bossière    (Emile)  Armateur,  1,  rue  des  Noyers.  —  Havre. 

'Botelho  (Caries-José),  Étudiant  en  médecine,  27,  rue  Saint-Firmin.  —  Montpellier. 
*Botkine  (Léon),  Rentier,  6,  rue  des  Noyers.  —  Havre. 

Dr  Boucaumont.  —  Royat  (Puy-de-Dôme) . 

Boude  (Paul),  Raffineur  de  soufre,  52,  rue  Saint-Ferréol.  —  Marseille. 

Boudet  (F1.),  Membre  de  l'Académie  de  Médecine,  30,  rue  Jacob.  —  Paris.  —  F 
*Bougarel  (Charles),  Pharmacien,  8,  rue  F'avart.  —  Paris. 

Bouillaud,  Membre  de  l'Institut,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine,  32,  rue  Sainl- 
Dominique-Saint-Germain.  —  Paris.  —  F 

Bouilly,  ancien    Interne  des  hôpitaux,  aide    d'anatomie  à  la  Faculté  de  Médecine  de 

Paris,  22,  quai  de  Béthune.  —  Paris. 
*Boulé,  Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées,  23,  rue  Abbatucci.  —  Paris. 
"Boulland,  58,  rue  Monsieur-le-Prince.  —  Paris. 

Bouquet,  Membre  de  Unstitut,  22,  rue  Soufflot.  —  Paris. 

Bourdelles,  Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées.  —  Lorient. 
'Bourdet  (Désiré),  archéologue,  97,  rue  aux  Dames.  —  Havre. 
•Bourquin  (Henri).  —  Havre. 

*Bourquin  (G.),  Rentier,  67,  rue  des  Gobelins.  —  Havre. 
*Boudet  de  Bardon,  Conseiller  général  du  Puy-de-Dôme.  —  Riom. 
*Bourdil,  Ingénieur  des  Arts  et  Manufactures,  13,  boulevard  Haussmann.  —  Paris. 

Bourdon  (C),  87,  boulevard  Voltaire.  —  Paris. 


XXX  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

Bourgade,  Professeur  à  l'École  de  médecine  et  de  pharmacie,     rue  des  Grands-Jours . 
—  Clermont-Ferrand. 

*Dr  Bourgeois,  12,  boulevard  Poissonnière.  —  Paris. 

Bourget  (Léon),  Courtier,  6,  place  Boyale.  —  Nantes. 

Bouriaud,  Défenseur,  34,  rue  Duquesne.  —  Alger. 

Dr  Bourlier  (Charles),  Professeur  à  l'École  de  médecine.  —  Alger. 

Dr  Boursier,  1,  rueAusone.  —  Bordeaux. 

Boussuge  (V.),  Avocat,  1,  rue  Soufflot.  —  Lyon. 

*Dr  Bouteiller    (.).),  Médecin  des  Épidémies,  Membre  du  Conseil    central    d'hygiène 
publique  de  la  Seine-Inférieure,  31,  rue  Saint-Nicolas.  —  Bouen. 

Boutet,  Propriétaire.  —  Sainte-Hermine  (Vendée). 

D'  Boutin  (Léon),  18,  rue  de  la  Pépinière.  —  Paris.  —  R 

Boutmy,  Maître  de   forges,    Conseiller    général   des   Ardennes.  —  Messempré,    par 

Carignan. 
*Bouvet,  51,  rue  de  la  Bourse.  —  Lyon. 

Bouzique  (Emile),  Pharmacien.  —  Saint-Amand  (Cher). 

Boyenval,   Ingénieur  des  manufactures   de  l'État,  à  la  manufacture  des  Tabacs.  — 
Lyon. 

BoYer  (François).  — Volvic  (Puy-de-Dôme). 

Boyer,  Naturaliste,  15,  rue  Desaix.  —  Clermont-Ferrand. 

D'  Boymier.  —  Saint-Foy  (Gironde). 

Dr  Brachet.  —  Aix-les-Bains. 
*Dr  Brame  (Ch.),  Professeur  de  chimie  à  l'École  de  médecine.  —  Tours. 

Brandenburg  (Albert),  Négociant,  1,  rue  de  la  Verrerie.  —  Bordeaux.  —  F 

Brandenburg  (Ma'e  veuve),  1,  rue  de  la  Verrerie.  —  Bordeaux.  —  R 

Dr  Brandza,  Professeur  à  l'Université.  —  Bucharest  (Roumanie). 

Brandza  (Mrae).  —  Bucharest  (Roumanie). 
*Brault,  Lieutenant  de  vaisseau,  13,  rue  de  l'Université.  —  Paris. 

Dr  Breen  (James),  2,  rue  Notre-Dame.  —  Bordeaux. 

Bréguet,  Membre  de  l'Institut  et  du  Bureau  des  Longitudes,  39,  quai   de  l'Horloge. 
—  Paris.  —  F 

Bréguet  (Antoine),  ancien  élève  de  l'Ecole  polytechnique,  39,  quai  de  l'Horloge.  — 

Paris.  —  F 
*Breittmayer  (Albert),  ancien  Sous-Directeur  des  Docks   et  Entrepôts  de  Marseille. 
8,  place  de  la  Préfecture.  —  Marseille.  —  F 

Breton  (Paul),  Étudiant  en  pharmacie,  51,  rue  Pouchet.  —Paris. 
*BreuL  (Charles),  Avocat  à  la  cour  d'appel,  40,  rue  des  Écoles.  —  Paris. 

Brezol  (Charles),  Industriel.  —  Mohon  (Ardennes). 

Briau,  Directeur  des  chemins  de  fer  Nantais.  —  La  Madeleine-en-Varades  (Loire-In- 
férieure). —  R 
*Bricard,  Ingénieur,   Secrétaire  général  de  la  Compagnie  des  forges   et  chantiers  de 
la  Méditerranée,  9,  rue  Picpus.  —  Havre. 

Bricka  (Adolphe);  Négociant,  13,  rue  Maguelonne.  —  Montpellier. 

Bricka  (Scipion)  fils,  13,  rue  Maguelonne.  —  Montpellier. 
*Brière,  Docteur-médecin,  5,  rue  Madame-Lafayette;  —  Havre. 
'Brilinski  (Mme),  1,  rue  Fléchier,  —  Havre. 
•Brilinski  (Mathieu),  Négociant,  1,  rue  Fléchier.  —  Havre. 

Brissaud,  Professeur  d'histoire  au  lycée  Charlemagne,  6,  boulevard  St-Michel.  —  Paris. 

D'  Brisson.  —  Averton,  commune  de  Montils  (Charente-Inférieure). 

Brissonneau,  Industriel,  Adjoint  au  maire,  86,  quai  de  la  Fosse.  —  Nantes. 

Brivet,  Ingénieur  de  la  Société  anonyme  de  produits  chimiques,  établissements  Malé- 

tra,  140,  rue  de  Rivoli.  —  Paris. 
*Broca  (Auguste),  1,  rue  des  Saints-Pères.  —  Paris. 

Broca  (Mme),  1,  rue  des  Saints-Pères.  —  Paris. 

* Broca  (Paul),  Membre  de  l'Académie  de  Médecine,  Professeur  à  la  Faculté  de  Méde- 
cine, 1,  rue  des  Saints-Pères.  —  Paris.  —  F 

Broca  (de),  Capitaine  de  port,  rue  de  l'Ermitage.  —  Nantes. 

Brocard,  Capitaine  du  génie. —  Grenoble.  —  R. 

Brœmer  (Gustave),  Chimiste,  9,  quai  Serin.  —  Lyon. 

Broet,  52,  avenue  de  Saint-Cloud.  —  Versailles.  —  F 

Broglie  (le  nue  db),  Sénateur,  10,  rue  de  Solférino.  —  Paria. 

Brolemann  (Georges),  Administrateur  de  la  Société  Générale,  166,  boulevard  Hauss- 
mann.  —  Paris.  —  R 


POUR    I,  A\  WC.KMKM'    DKS    Mll.NCES  \\\l 

Bhouhann,  Présidenl  du  Tribunal  de  commerce,  11,  quai  Tilsit.  —  Lyon.  —  R 
Brongniaht  (Charles),  dea  Sociétés   entomologiqaea  de  France  et  de  Belgique,  des 
Sociétés  géologiques  de    France  el    de  Manchester  el  de  I  Lcadémie  des  sciences 
naturelles  de  Philadelphie, au  Muséum  d'histoire  naturelle,  et  7,  rue  Guy-La-Brosse. 

—  Paris. 

'Brostrom,  négociant  —  Havre. 

Brouaroel,  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine,  6,  rue  Bonaparte.  —  Paris. 

Brciusskt  (Jules),  Banquier,  11,  rue  des  Cadeniers.  — Nantes. 

Brouzet  (Ch.),  Ingénieur  civil,  ■"..  cours  Morand.  —  Lyon  —  F 

Dr  Bruch  (Edmond  ,  Professeur  à  l'École  de  médecine.  —  Alger. 

Mm  ki.,  ancien  Constructeur  île  machines  agricoles.  —  Moulins  (Allier). 
'Brunschvicg  (Léon),  Avocat,  8,  rue  Marceau.  —  Nantes. 

Bruyère,  Négociant,  J7.  me  de  Béthune.  —  Lille. 
"Blcaille.  —  Bouen. 

Buc.hin.  —  Lons-le-Saulniei'. 

Buffet  (Charles),  Fabricant,  rue  Sainte-Marguerite.  —  Beims. 

Buhan  (Pascal),  place  des  Quinconces.  —  Bordeaux. 

Buhlmeyer,  Libraire,  15,  rue  des  Beaux-Arts.  —  Paris. 

Buisson,  Président  du  consistoire  protestant,  1,  place  Saint-Clair.  —  Lyon. 

Dr  Bureau  (E.),  Professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  24, quai  de  Béthune. — Paws 

Bureau  (B.),  Graveur,  6,  rue  Esquermoise.  —  Lille. 

Bureau  (Léon),  Négociant,  15,  rue  Gresset.  —  Nantes. 

Bureau  (Etienne) ,  Négociant,  15,  rue  Gresset.  —  Nantes. 

Bureau  père  (Louis),  Propriétaire,  15.  rue  Gresset.  —  Nantes. 

Dr  Bureau  (Évariste),  3,  rue  Piron.  —  Nantes. 

IV  Bureau  (Louis).  15,  rue  Gresset.  —  Nantes. 

Burton,  Administrateur  de   la    Compagnie  des  Forges  d'Alais,  l't,  rue   Le  Peletier. 

—  Paris.  —  F 

'Dr  Buttura,  de  Cannes,  20,  rue  Vital.  —  Passy-Paris. 
Dr  Butz.  —  Caudéran,  près  Bordeaux. 
Cabanes  (J.-J.),  17,  rue  Fondaudège.  —  Bordeaux. 
Cacheux  (Emile),  Ingénieur  civil  des  Arts  et  Manufactures,  25,  quai  Saint-Michel.  — 

—  Paris.  —  F 

cahours,  Membre  de  l'Institut,  à  la  Monnaie,  rue  Guénégaud.  —  Paris. 

Gaillard  (Frédéric),  Négociant,  9,  rue  Cambronne.  —  Nantes. 

Gaillard  (Arthur),  Courtier  maritime,  33,  quai  de  la  Fosse.  —  Nantes. 

Cailliot,  Professeur,  48,  rue  Monsieur-le-Prince.  —  Paris. 

Caix  de  Saint-AymoUr  (Vicomte  Am.  de),  Membre  d;i  Conseil  général  de  lOise,   de 

la  Société  d'anthropologie  et  de  plusieurs  Sociétés  savantes.  —  Château   d'Ognon, 

près  Barbery  (Oise).  —  R 
Callot  (Ernest),  Directeur  de  la  Société  d'assurances  mutuelles  Aunis  el  Saintonge, 

10,  rue  Béaumur.  —  La  Bochelle. 
Calvé  (Jules),  Avocat,  14,  rue  Foy.  —  Bordeaux. 
Cambefort  (G.),  15,  quai  de  l'Est.  —  Lyon. 
Cambefort  (Ch.),  5,  place  Saint-Clair.  —  Lyon. 
Cambefort    (J.),    Banquier,  Administrateur   des    Hospices  ,   13,   rue   de     Lyon.    — 

Lyon.  —  F 
•Caméré,  Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées.  —  Vernon  (Eure). 
Camondo  (Comte  N.  de),  31,  rue  Lafayette.  —  Paris.  —  F 
Camondo  (Comte  A.  de),  31,  rue  Lafayette.  —  Paris.  —  F 
Dr  Camus.  — Montmarault  (Allier). 
Candolle  (Casimir  de),  Botaniste.  —  Genève  (Suisse). 
Dr  Cany  (G.),  Ancien  président  et  doyen  actuel  de  la  Société  de  médecine,  4,  plate 

Saint-Pantaléon.  —  Toulouse. 
*Capelle,  Ingénieur,  7,  rue  Bonivet.  —  Havre. 
Caperon  père.  —  F 'et  R 
Caperon  fils.  —  F  et  R 

*Capron,  Négociant,  130,  boulevard  de  Strasbourg.  —  havre. 
Caqué,  Professeur  de  mathématiques,  83,  rue  Notre-Dame-des-Champs.  —  Paris. 
Carcaradec  (de),  Ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  1,  rueBoyale.  —  Nantes 
Cardeilhac,  Négociant,  91,  rue  de  Bivoli.  —  Paris.  —  R 
Carême,  Ingénieur  civil,  67,  boulevard  Montmorency.  —  Auteuil. 


XXXII  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

Carles,  Pharmacien,  30,  quai  des  Chartrons.  —  Bordeaux. 
Carlier  (Auguste),  Publiciste,  12,  rue  de  Berlin.  —  Paris.  —  F 
"Carnot  (Adolphe),   Ingénieur    des  Mines,  Professeur  à  l'Institut  national  agronomi- 
que, 89,  rue  de  Morny.  —  Paris.  —  F 
'Caron  (Auguste),  Négociant,  22,  rue  de  Joinville.  —  Havre. 
*Caron-Landrieu,  Négociant,  100,  rue  de  Paris.  —  Havre. 

Carrère  de  Meynard,  Avocat,  Docteur  en  droit,  3,  rue  Peyralière.  —  Tolilouse. 
Carron  (C),  Ingénieur,  21,  rue  Trécloître.  —  Grenoble. 
Cartailhac,  Directeur  de  la  Revue  des  matériaux  pour  l'Histoire  de  l'homme,  5,  rue 

de  la  Chaine.  —  Toulouse. 
Dr  Cartaz,  Rédacteur  de  la  Gazette  hebdomadaire,  58,  rue  Neuve-Saint-Augustin.  — 

Paris. 
Carton  (Louis),  Professeur  de  sciences  au  collège  Notre-Dame.  —  Valenciennes. 
Cassagne  (comte  Antoine  de),  Propriétaire,  membre  de  la  Société  des  Sciences  indus- 
trielles, Arts  et  Belles-Lettres  de  Paris,  au  château  de  Saint-Jean-de-Libron,  près 
Béziers  (Hérault).  —  R 
Castanier    (Jacques),  Constructeur  mécanicien,  Conseiller    général    du    Bhône,   rue 

de  Condé.  —  Lyon. 
Casthelaz    (John),  Fabricant    de    produits    chimiques,    19,    rue    Sainte-Croix-de-la- 
Bretonnerie.  —  Paris.  —  F 
*Catalan,  Professeur  d'analyse  à  l'Université.  —  Liège. 
"Catalan  (Mmc).  —  Liège  (Belgique). 
*Catel  (Mme).  —  Fontenay-le-Comte. 

Catel-Béghin,  Maire  de  Lille,  11,  rue  Beauharnais.  —  Lille. 
*D'  Caubet,  ancien  Interne    des  hôpitaux   de    Paris,    aide   de   clinique    et   professeur 

suppléant  à  l'École  de  médecine.  —  Toulouse. 
*Caubet  (Mrae).  —  Toulouse. 

Causse  (Scipion),  Propriétaire,  32,  quai  Jays.  —  Lyon. 
Cavaglion  (Emmanuel),  Rentier,  12,  rue  d'Albe.  —  Paris. 
Caventou  fils,    Membre    de    l'Académie   de   Médecine,  51   bis,  rue  Sainte-Anne.  — 

Paris.  —  F 
Cazalis  de  Fondouce  (Paul-Louis),  Secrétaire  général  de   l'Académie  des  sciences  et 

lettres  de  Montpellier,  18,  rue  des  Étuves.  —  Montpellier  (Hérault).  —  R 
'Cazavan,  Directeur  des  forges  et  chantiers  de  la  Méditerranée,  31,  rue  d'Harfleur. — 

Havre. 
Cazeneuve,  Directeur  de  l'École  de  Médecine,  26,  rue  des  Ponts-de-Comines.  —Lille. 
—  R 
*Dr  Cazeneuve  (Paul),  26,  rue  de  la  Lanterne.  —  Lyon. 
Cazenove  (Raoul  de),  Propriétaire,  8,  rue  Sala.  —  Lyon.  —  R 
D1  Cazin.  —  BouIogne-sur-Mer. 

Cazottes  (A.-M.-J.),  Pharmacien.  —  Millau  (Aveyron).  —  R 
*Celliez,  Ingénieur,  24,  rue  Royale.  —  Paris. 

Cercle  d'Alger  de  la  Ligue  de  l'Enseignement,  1.  rue  de  Bône.  —  Alger. 
Cercle  Girondin  de  la  Ligue  de  l'Enseignement,  16,  rue  Mably.  —  Bordeaux. 
Cercle  philharmonique  de  Bordeaux. 
Cernuschi  (Henri),  7,  avenue  Velasquez.  —  Paris.  —  F 
♦César-Fischer  (les  fils),  Négociants,  35,  rue  Bernardin-de-Saint-Pierre.  —  Havre. 
Cézard  (Louis),  Raflineur.  —  Chantenay  (Loire-Inférieure).. 
•Chabanais,  Peintre,  4,  rue  Picpus. —  Havre. 
Chabaud-Latour  (de),  Général   de  division  du  génie,  sénateur,  41,  rue  Abbatucei.  — 

Paris. —  F 
Dr  Chabrely,  à  la  Bastide.  —  Bordeaux. 

*Chabrier,  Ingénieur  civil,  89,  rue  Saint-Lazare  (avenue  du  Coq).  —  Paris. 
Chabrières-Arlès,  Administrateur  des  Hospices,  12,  place  Louis  XVI.  —  Lyon.  —  F 
Dr  Chaigneau,  Maire  de  Floirac,  allées  de  Tourny.  —  Bordeaux. 
Chaignon   (vicomte  de).  —  Condal  (Jura). 

Chambre  des  Avoués  au  Tribunal  de  l*8  instance.  —  Bordeaux.  —  R 
Chambre  de  Commerce  (la).  —  Bordeaux.  —  F 

—  —  —         Lyon.  —  F 

—  —  —  Nantes.  —  F 
—           —         Havre.  —  R 

Champlouis  (le  baron  de),  8,  boulevard  Lalour-Maubourg.  —  Paris. 
Champonnois,  45,  rue  Neuve-des-Petits-Champs.  —  Paris. 


POUR   i, 'avancement  des  SCIENCES  XXXIII 

uimpvALLiER  (deI,  Lieutenant-colonel  d'artillerie,  directeur  de  l'École  d'artillerie. — 

Clermont-Ferrand. 
(  hvnal  (F.),  ancien  négociant,  107,  rue  de  Vendôme.  —  Lyon. 
Chancel,  Doyen  de  la  Faculté  des  sciences.  —  Montpellier. 
Chansseixs   (Jules),    Ingénieur    principal    de    la    Société  des  Houillères   de    Saint- 

Ëtienne.  —  Méons. 
Chante-Grellet    (Albert),    Avocat    a  la  Cour  d'appel    de  Paris,  61,  rue    Neuve-des- 

Petits-Champs.  —  Paris. 
Chantre    [Ernest),  Sous-Directeur  du    Muséum,   37,  cours   Morand.  —  Lyon.  —  F 
Chapelle  (de),  Docteur  en  médecine,  pont  de  la  Maye.  —  Bordeaux. 
Chaperon  [Charles),  27,  rue  Borie. —  Bordeaux. 
Chaplain-Duparc  (G.),  Capitaine  au  long  cours,  Ingénieur  civil,  4,  rue  des  Minimes. 

—  Le  .Man-. 

Chapon  (Jules),  16,  impasse  Sainte-Catherine.  —  Bordeaux. 

ùiappellier  (Georges),  Manufacturier.  —  Màsnières  (Nord). 

Dp  Chappet,  49,  avenue  de  Noailles.  —  Lyon. 

Charcellay,  Pharmacien.  —  Fontenav-le-Comte  (Vendée). 

Charcot,  membre  de  l'Académie  de  médecine,  Professeur    à    la    Faculté  de    méde- 
cine de   Paris,    17,  quai    Malaquais.  —  Paris.  —  F 
*Chardey  (J.),  Négociant,  33,  rue  des  Viviers.  —  Bavre. 

(hakier.  Architecte.  —  Fontenay-le-Comte  (Vendée). 
*Dr  Charpentier,  11,  rue  Champollion.  —  Paris. 
"Charpv  (V.  Adrien),  Chef  des  travaux  anatomiques  à  la  Faculté  de  médecine,  14,  rue 

Laurencin.  —  Lyon. 
*Charropin  (Georges),  Pharmacien  de  1">  classe.  —  Pons  (Charente-Inférieure). 

Dr  Chartier,  Professeur  à  1  École  de  médecine,  22,  rue  du  Calvaire.  —  Nantes. 

Chasles,   Membre    de   l'Institut,    3,   passage    Sainte-Marie-Saint-Germain.  —   Paris. 

—  F 

Dr  Chassagnt,  8,  place  de  la  Miséricorde.  —  Lyon. 

Chasteigner  (le  comte.  Alexis  de),  23,  rue  Monlbazon.  —  Bordeaux. 

Chatard  (Georges),  Fabricant  de  pâtes  alimentaires,  usine  Saint-André.  —  Clermont- 
Ferrand. 

Chatel  (Victor).  —  Valcongrain,  par  Aunay-sur-Odon  (Calvados). 

(hatelperron  (Collas  de),  Propriétaire.  —  Clermont-Ferrand. 

D'  Chatin  (Joannès),  Professeur  agrégé  à  l'École  supérieure    de   pharmacie,   49,  rue 
de  Rennes.  —  Paris.  —  R 

Chaudessolle  (Félix),  Avocat,  3,  montée  de  Jaude.  —  Clermont-Ferrand. 

Chaumeil,  Inspecteur  primaire,  146,  rue  David-Johnston.  —  Bordeaux. 

Chaumeix  (Alexandre),  Fabricant  de  pâtes  alimentaires,  usine  Saint-André.  —Clermont- 
Ferrand. 

Chaurigaud,  Avocat,  4,  rue  Grégoire-de-Tours.  —  Clermont-Ferrand. 

Dr  Chawssat.  —  Lavaveix-les-Mines  (Creuse). 

Chauvassaignes  (Franc),  Conseiller   général  du  Puy-de-Dôme,   Chàteau-Theux  {Puy- 
de-Dôme). 

Chauvassaigne   (Paul),    Conseiller  général   du   Puy-de-Dôme,    63,    rue   Marbeuf.   — 

Paris. 
*Chauveau  (A.),  Directeur  de  lÉcole  vétérinaire,  Professeur  à  la  Faculté  de  médecine 

de  Lyon,  22,  quai  des  Brotteaux.  —  Lyon.  —  F 
*Dr  Chauvel,  15,  rue  de  la  Paix.  —  Havre. 

Chauvet  (G.),  Notaire.  —  Ruffec  (Charente). 

Chauvet  (Made).  —  Ruffec  (Charente). 
*Chauviteau,  9,  rue  d'Anjou-Saint-Hortoré.  —  Paris. 

Chaovot,  26,  pavé  des  Chartrons.  —  Bordeaux. 

*Chazelles  (Etienne  de),  ancien  Préfet  du  Cantal,  rue  Grégoire-de-Tours.  —  Clermont- 
Ferrand. 

Chèguillaume  (J.),  13,  rue  Briord.  —  Nantes. 

Chenantais,  Architecte,  10,  rue  Lafayette.  —  Nantes. 

Dr  Chenantais,  22,  rue  de  Gigant.  —  Nantes. 
*Chenel,  52,  rue  du  Champ-de-Foire.  —  Havre. 

Chervin  (Arthur),  Directeur  des  Annales  de   démographie  internationale,  90,  avenue 
d'Eylau.  —  Paris. 

*Cheuret,  Notaire,  16,  chaussée  d'Ingou ville.  —  Havre. 

Cheux  (Albert),  Météorologiste,  9,  rue  Chaperonnière.  —  Angers. 


XXXIV  ASSOCIATION   FRANÇAISE 

Chevalier,   Fabricant   de   produits    chimiques,    3,    rue   Magenta.    —   Villeurbanne 

(Rhône). 
Chevalier   (Victor),    Chimiste  à    l'usine   de  PIon-d'Aren,  par   Istres  (Bouches-du- 

Rhône). 
Chevalier,  Négociant,  50,  rue  du  Jardin-Public.  —  Bordeaux.  —  F 
Dr  Chil-t-Naranjo  (Grégorio).  —  Palmas  (Grand-Canaria)     —  R 
Choisy,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  84  bis,  rue  de  Grenelle.  —  Paris. 
Cholley  (Paul),  Pharmacien,  8,  rue  Favart.  —  Paris. 
"Chouillou  (Albert),  Élève  à  l'École  d'agriculture  de  Grignon,  69,  avenue  Riboudet.  — 

Rouen. 
*Chouillou     (Edouard),    Fabricant    de    produits    chimiques,    13,    quai   du  Havre.  — 

Rouen. 
"Chouillou  (Lucien),  Employé  de  commerce,  13,  quai  du  Havre.  —  Rouen. 
"Clamageran,  Avocat,  57,  avenue  Joséphine.  —  Paris.  —  F 
*Clamageran  (Mme),  57,  avenue  Joséphine.  —  Paris. 
*Claudon  (Emile),  Négociant.  —  Béziers. 
*Claudon  Adolphe),  Négociant.  —  Béziers. 
Cleiftie   (Georges),  Avocat,  vice-président   de   l'Association   polytechnique  nantaise 

15,  rue  Clapeyron.  —  Paris. 
Clément,  Médecin  des  hôpitaux,  53,  rue  Saint-Joseph.  —  Lyon. 
*Clerc,  Pharmacien,  37,  rue  de  Berry.  —  Havre. 
*Clerc  (Camille),  Grande  Rue.  —  Havre. 
*Clerc  (Mmo  Camille),  Grande  Rue.  —  Havre. 
Clercq  ^h.  de),  38,  rue  Vital.  —  Paris-Passy. 
*Clermont  (de),  Sous-Directeur  du  Laboratoire  de  chimie  à  la  Sorbonne,  8,  boulevard 

Saint-Michel.  —  Paris.  —  F 
Clervaux  (le  comte  de).  —  Saintes  (Charente-Inférieure). 
Cleveland  Abbe,  Astronome  et  Météorologiste,    Army  Signal  Office.    —  Washington 

(U.  S.).  -R 
Cloizeaux  (des),  Membre  de  l'Institut,  Professeur  au  Muséum,  13,  rue  Monsieur.   — 
Paris.  —  R 

Cloquet  (Jules),  Membre  de  l'Institut,  19,  boulevard  Malesherbes.  —   Paris.  —  F 
*Clouet  (G.),  Professeur  de  pharmacie  et  de  toxicologie  à  l'École  de  médecine,  52,  rue 

de  la  Grosse-Horloge.  —  Rouen. 
Clouzet  (Ferd),  Conseiller  général,  cour  des  Fossés.  —  Bordeaux.  —  R 
Cochot  (Albert),  Ingénieur-Mécanicien.  —  Gond,  près  Angoulême  (Charente). 
*Cody,  Ingénieur.  —  Havre. 

*Cohendy,  Archiviste  du  département.  —  Clermont-Ferrand. 
*Coindre,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées.  —  Au  Puy  (Haute-Loire). 
Colignon  (Emile),  rue  Percière.  —  Rouen. 
Collet,  Lieutenant  de  vaisseau,  Répétiteur  à  l'École  polytechnique,    151,  boulevard 

Magenta.  —  Paris. 
*Collignon    (Ed.),   Ingénieur  en    chef  des  ponts  et  chaussées,  70,    boulevard  Saint- 
Germain.  —  Paris.  —  F 
*Dr  Coi.lineau,  187,  rue  du  Temple.  —  Paris. 

Colombel  (Georges),  Avocat,  Adjoint  au  maire,  3,  rue  Cambronne.  —  Nantes. 
Dr  Colrat,  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon,  19,  rue  Gentil.  — 

Lyon. 
*Colson  (Mrae),  33,  rue.  des  Viviers.  —  Havre. 

Combal,  Professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier.  —  F 
Comme,  Chef  de  culture,  15,  rue  de  Belleville.  —  Bordeaux. 
Compagnie  des  chemins  de  fer  du  Midi,  54,  boulevard  Haussmann.  —  Paris.  —  F 

—  —  d'Orléans,   1,  place  Walhubert. —  Paris. —  F 

—  —  de  l'Ouest,  110,  rue  Saint-Lazare.  —  Paris.  —  F 

—  —  de  Paris  à  Lyon  et  à    la  Méditerranée,  88,  rue  Saint- 

Lazare.  —  Paris.  —  F 

—  du  Ga/.  Parisien,  rue  Condorcet.  —  Paris.  —  F 

—  des  Salins  du  Midi,  84,  rue  de  la  Victoire.  —  Paris.  —  F 

—  des    Messageries   maritimes,  28,   rue  Notre-Dame-dcs-\  ictoiies.  —  Paris 

—  F 

—  des    Fonderies    et    Forges    de    Terre-Noire,  la    Voulle   et  Bességes.    — * 

Lyon.—  F 


P01  R    l.W  \m  EMEN  l     Dl  -    SOI  Ni  l  s  uu 

Compagnie  générale  des  Verreries  de  la  Loire   et  du  Rhône,  à  Rive-de-Gier  (Loire) 
(M.  IU'tter,  administrateur  délégué).  —  F 

—  des  Fonderies  et  Forgea  de  L'Horme,  s.  pue  Bourbon. Lyon. F 

—  du  Gaz  de  Lyon,  rue  de  Savoie.  —  Lyon.  —  F 

—  de  Roche-la-Molière  «'t.  Firminy.  —  Lyon.  —  F 

—  des  mines  de  houille  de   Blanzj    Jules  Chagot  et   CieJ   à  Montceaux-les- 
Mines  (Saône-et-Loire) ,  55,  boulevard  Baussmann.  —  Paris.  —  F 

Comte  (Hippolyte).  —  SaintrJean-d'Angély  [Charente-Inférieure). 
'Coninck  (William  m  .  Négociant,  1,  rue  de  Boulogne.  —  Havre. 

Conseil  d'administration  de  la  Compagnie  des  Minerais  de  fer  magnétique  de  Mokta- 
el-Hadid,  59,  rue  de  la  Victoire.  —  Paris.  —  F 

Conseil  d'administration  de  1  École  Monge,  165,  boulevard  Malesherbes.  —  Paris.  —  F 
*Dr  Constantin.  —  Saint-Barthélémy  (Lot-et-Garonne). 

Constantin,  Membre  de  la  Société  géologique  de  Normandie.  —  Ha\re. 

Coppet  (de).  Chimiste;  villa  Irène,  aux  Baumettes.  —  Nice.  —  F 
'Corenwinder,  Chimiste,  61,  rue  Solférino.  —  Lille. 

Cornil,  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris.  Député  de  l'Allier,  G,  rue 

de  Seine.  —  Paris. 
'Cornu,  membre  de  l'Institut,  Ingénieur  des  Mine*,  Professeur  à  l'École  polytechnique, 

38    rue  des  Écoles.  —  Paris.  —  F 
'Cornu  (Mmc),  38,  rue  des  Écoles.  — Paris. 

Cornu  (Max),  Aide  naturaliste  au  Muséum,  chargé  du  cours  de  botanique,  5,  place 
Monge.  —  Paris. 

Cornulier    (de),  Conseiller  général  de   la  Loire-Inférieure,    13,  rue   du  Lycée.   — 
Nantes. 

Cornut,  Ingénieur  civil,  71,  rue  d'Isly.  —  Lille. 
"Corpet,  Ingénieur-Mécanicien,  119,  avenue  Philippe-Auguste.—  Paris. 

CossÉ  (Victor),  Raflineur,  1,  rue  Daubenton.    —  Nantes. 

Cosson,  Membre  de  l'Institut   et  de  la  Société    de   botanique,   7,    rue  Abbatucci.  — 

Paris.  —  F 
'Cotteau,  36,  boulevard  Saint-Michel.  —  Paris.  —  R 

Dr  Coudereau,  13,  Galerie  Vivienne.  —  Paris. 

Counord  (E.),  Ingénieur  civil,  27,  cours  du  Médoc.  —  Bordeaux.  —  R 
"Coup,  2*  Capitaine  du  paquebot  la  Ville-de-Paris.  —  Havre. 

Coupelon,  Notaire.  —  Clermont-Ferrand. 
"Courant,  Filateur,  42,  rue  Demidoff.  —  Havre. 
'Courant  (Edmond),  Négociant,  75,  rue  de  la  Côte.  —  Havre. 

Courcières,  Inspecteur  d'académie,  66,  rue  de  Lyon.  —  Lyon. 

'Courtois  (Henri),  Licencié  es  sciences  physiques.—  Au  château  de  Muges,  par  Damazan 
(Lot-et-Garonne). 

Courtois  de  Viçose,  petite  rue  d'Albade.  —  Toulouse.  —  F 
'Courty,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier.  —  Montpellier.  —  F 

Courty  (Mlle  Marie).  —Montpellier. 

Courty  (Mlle  Mathilde).  —  Montpellier. 
*Cousinard,  Constructeur,  53,  rue  de  Saint-Quentin.  —  Havre. 

Dp  Coutagne  (Henri),  79,  rue  de  Lyon.  —  Lyon. 

Coutanceau,  Ingénieur  civil,  rue  de  la  Concorde.  — Bordeaux. 

Coutereau  (Léon),  Banquier.  —  Branne  (Gironde). 
'Couvert  (Joannès),  Négociant,  1,  rue  Joinville.  —  Havre. 

Crapon.  —  Pont-1'Évêque  (Isère). 

Crepeaux  (Virgile),  98,  rue  Neuve-des-Mathurins.  —  Paris. 

Crépy  (Paul),  Négociant,  Membre  du  Tribunal  de  commerce.  —Lille. 

Crespel-Tilloy  (Charles),  Manufacturier,  14,  rue  des  Fleurs.  —  Lille.  —  R 
'Croizier  (Eugène),  Licencié  en  droit,  2,  rue  Sainte-Ursule.  — Moulins  (Allier). 
'Croppi,  Constructeur,  57,  rue  du  Champ  de  Foire.  —  Havre. 

Crouan  (Fernand),  Armateur,  14,  rue  Héronnière.  —  Nantes.  —  F 

Cruzel  (Pierre),  ancien  Pharmacien.  —  Miramont  (Lot-et-Garonne). 

Cuisin  (Charles).  Dessinateur  d'histoire  naturelle,  20,  avenue  d'Orléans.  —  Paris. 

Cureyras  (G.),  Licencié  en  droit,  Notaire.  —  Cusset  (Allier). 

Curie  (Jacques),  Préparateur  de  chimie  à  la  Sorbonne,  2,  rue  de  la  Visitation.  —  Parisi 
*Currie  (J.-M.),  Négociant,  2,  rue  aux  Cailloux.  —  Havre. 

Cusset,  Imprimeur,  membre  du  Conseil  municipal,  123,  rue  Montmartre. Paris. 

'Dagrève  (E.),  Médecin  du  Lycée  et  de  l'Hôpital.  —  Tournon  (Ardèche).  —  R. 


XXXVI  ASSOCIATION   FRANÇAISE 

*Dr  Daguillon.  —  Joze  par  Maringues  (Puy-de-Dôme). 
Daguin,  ancien  Président  du  Tribunal   de  commerce  de  la  Seine,  4,  rue    Castellane, 

—  Paris.  —  F 

"Daleau  (François).  —  Bourg-sur-Gironde. 

Dalléas,  Propriétaire,  4,  cours  de  Tournon.  —  Bordeaux. 

Dalligny,  Maire  du  8e  arrondissement,  5,  rue  d'Albe.  —  Paris.  —  F 
*Dr  Dally  (Eugène),  5,  rue  Legendre.  —  Paris.  —  R 

Damour,  Médecin-dentiste,  1,  Montée  de  Jaude.  —  Clermont-Ferrand. 

Danel,  Imprimeur,  93,  rue  Nationale.  —  Lille. 

Daney,  Négociant.  —  Bordeaux. 

Dan  D\wson,  Milesbridge  chemical  Works  near  Huddersfleld  (Angleterre). 
*Dan,  Pharmacien,  23,  place  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Havre. 
*Dardel,  Percepteur,  29,  rue  de  la  Côte.  —  Havre. 

Darlu  (A.),  Professeur  agrégé  de  philosophie,  2,  rue  Église-Saint-Martin. — Angoulême. 

Daubrée,  Membre  de  l'Institut,  Directeur  de  l'École  des  mines,  62,  boulevard  Saint- 
Michel.  —  Paris. 

D1"  David  (Ph.),  rue  Amelot.  —  La  Rochelle. 
*David,  Pharmacien,  23,  rue  des  Pincettes.  —  Havre. 

Davillier,  Banquier,  14,  rue  Roquépine.  —  Paris.  —  F 
*Davioud,  Négociant,  24,  place  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Havre. 
*Daymard,  Ingénieur  de  la  Compagnie  Transatlantique,  11,  place  de  l'Hôtel-de-Ville. 

—  Havre. 

Debize,  Lieutenant-Colonel  d'état-major,  42,  quai  de  la  Charité.  —  Lyon. 

*Decamps,  Pharmacien,  1,  place  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Havre. 

Dbcazes  (le  duc),  Député,   château  de  Lagrave,  par  Saint-Denis-de-Pile  (Gironde). 

Décès  (A.),  72,  rue  du  Faubourg-Saint-Denis.  —  Reims. 

Dr  Dechambre,  Membre  de  l'Académie  de  médecine,  91,  rue  de  Lille.  —  Paris. 

Decharme,  Docteur  es  sciences,  Professeur  de  physique  à  l'École  supérieure  et  au  lycée 
d'Angers,  11,  rue  de  Bellay.  —  Angers. 

Dr  Decrand  (J.),  ancien  Chef  declinique  à  la  Faculté  de  Montpellier  ,17,  cours  Lavieu- 
ville.  —  Moulins-sur-Allier. 

Decroix  (Jules),  Banquier,  42,  rue  Royale.  —  Lille. 

Decroix,  Conseiller  général  de  la    Loire-Inférieure.  —  Cap-Choux,    par   Boulay-des- 

Mines  (Loire-Inférieure). 
*Defodon,  Rédacteur  en  Chef  du  Manuel  général  de    l'Instruction  primaire,  79,  bou- 
levard Saint-Germain.  —  Paris. 

Degorce  (E.),   Pharmacien  de  lre  classe  de  la  marine,  à  Cayenne  (Guyane  française) 

—  R 

Degousée,  Ingénieur  civil,  35,  rue  de  Chabrol.  —  Paris.  —  F 

Degoutin,  Avocat,  rue  d'Alliance.  —  Nancy. 

Degrange-Touzin,  Avocat,  24  bis,  rue  du  Temple.  —  Bordeaux. 
*Deguerre  (Mme  Ve  A.),  1,  boulevard  François  Ier.  —  Havre. 

•Dehérain  (P.-P.),  Professeur  de  chimie  à  l'École  de  Grignon,  15,  rue  de  Madrid.  — 
Paris. 

Delabrosse,  Conseiller  général    de    la    Loire-Inférieure,    place    de    la    Monnaie.  — 

Nantes. 
*Deladerrière,  Avocat.  —  Valenciennes. 

Dr  Delage,  18,  rue  des  Fleurs.  —  Lille. 

Delahaye  (Victor),  Ingénieur,  ancien  élève  de  l'École  polytechnique  et  de  l'École  des 
mines,  34,  rue  Hôpital.  —  Rouen. 

Dr  Delamare,  Officier  de  l'Instruction  publique.  Professeur  à  l'École  de  plein  exercice 

de  médecine,  3,  place  Graslin.  —  Nantes. 
*Delaroche,  Négociant,  57,  rue  de  la  Côle.  —  Havre. 

Delattre  (Carlos),  Filateur.  —  Roubaix.  —  R 

Delaunay  (Gaston),  Sous-Inspecteur  des  Eaux  et  Forêts.—  Vitry-le-Franoois. 

Delavaud,   Pharmacien  en  chef  de  la  marine,  10,  rue  des    Fonderies."—  Rochefort 

(Charente-Inférieure). 
*Dr  Delbarre  (Dis).  —  Cambrai  (Nord). 

Delbruck  (.].).  —  Langoiran  (Gironde). 

Delecroix  (Emile),  Avocat,  36,  rue  de  Roubaix.  —  Lille. 

Delesalle  (Alfred),  Filateur.  —La  Madeleine  (Nord). 

Delessert  (Edouard),  17,  rue  Raynouard.  —  Paris-Passy,  -"•  R 

Dr  Delmas,  1,  rue  David-Johnston.  —  Bordeaux. 


POUR    [/AVANCEMENT    DES    SCIENCES  KXWII 

Delocrk,  Ingénieur  en   chef  des   ponts  et    chaussées,   38,    rue    de   la  Reine.   — 

Lyon. 
•Delon   Ernest),  Ingénieur  civil,  14,  rue  du  Collège.  —  Montpellier.  —  R 
l>r  Delohe,  Chirurgien  en   chef  de    la  Charité,    Professeur   Bgrégé   à   la  Faculté  do 

médecine  de  Lyon,  31,  place  Bellecour.  —  Lyon.  —  F 
Delrif.i;.  Banquier.  —  Marmande  [Lot-et-Garonne). 
Delvaille,  Docteur  en  médecine.  —  Bayonne.  —  R 
Dekanbl,  Professeur  au  Lycée,  23,  rue  de  Strasbourg.  —  Nantes. 
Dr  Démons.  15,  rue  Michel-Montaigne.  —  Bordeaux. 
Denoybl  (Antonin),  Propriétaire,  't.  rue  des  Deux  Maisons.  —  Lyon. 
Dbnucb,  Professeur  à  l'Ecole  de  médecine.—  Bordeaux. 
•Depaul  (Henri),  avenu.'  Drouet-d  Erlon.  —  Beims.  —  R 
Depodi  li    Ernesl  .  I  nimiste,  87,  rue  des  Pètes.  —  Paris. 
•Deprbz  (Marcel  ,  ingénieur,  1",  rue  Cassini.  —  Paris. 
Dequot,  Filateur,  27,  rue  de  Wazemmes.—  Lille. 

•Derenbouhg  (Hartwig),  Chargé  du  cours  de   grammaire  arabe  à   l'Ecole  des  langue* 
orientales  vivantes,  3,  place  du  Théâtre-Français.  —  Paris. 

*Dero,  Docteur-médecin,  69,  r lu  Champ-de-Foire.  —  Havre. 

*Deronde,  Pharmacien,  86,  rue  d'Etretat.  —  Havre. 
Deroo,  Pharmacien,  119,  rue  de  Paris.  —  Lille. 
*Deros  (A.),  Ingénieur.  —  Grigny    lihône). 
Deroulèoe,  Propriétaire.  —  Bouscat,  près  Bordeaux. 
Dertelle  (Gustave),  Propriétaire.   —  Charleville    Lrdennes). 
•Deruelle.  Propriétaire,  199,  rue  de  Vaugirard.  —  Paris. 
•Desaii.i.y.  Exploitation  de  phosphate  de  chaux  fossile.  —  Granpré    Lrdennes), 
Desbonnes    F.  .  Négociant,  18,  allées  de  Chartres.  —  Bordeaux. 
Desbbjbbbs,  Secrétaire  du  comité  des  Porges,  56,  rue  de  Provence.  —  Paris. 
Dr  Descamps.  —  An/.in  (Nord). 

•Descamps  (Ange),  Pilateur,  31,  rue  de  Thionville.  —  Lille. 
•Descamps  (Auguste),  31,  rue  de  Thionville.  —  Lille. 
Descat  (Constantin),  Maire  de  Roubaix,  Député  du  Nord.  —  Roubaix  (Nord). 
Deschamps,  Pharmacien.  — Riom. 

•Deschamps,  Négociant,  34,   boulevard  de  Strasbourg.  —  Havre. 
•Deschamps,  Négociant.  2,  rue  Madame  Lafayette.  —  Havre. 
•Deschamps,  Directeur  des  bateaux  de  Honneur,  Grand-Quai.  —  Havre. 
Deshates,  ingénieur  civil  des  Mines,  aux  Fonderies.—  Terre-Noire  (Loire). 
Deslandes  (Arthur),  Armateur.  —  Dieppe. 
•Deslongchamps.  Professeur  à  la  Faculté  «les  sciences.  —  Caen. 
Dr  Desmaisons-Dupallans.  —  Castel-d'Andorte,  près  Bordeaux. 
*Desmaroux,  Pharmacien.  —  Havre. 
Desmetd-Wallaert,  2,  rue  Sans-Pavé.  —  Lille. 
Desmettre  (Ant.  .  Négociant.  —  Tourcoing  (Nord  . 
•Desnoyers  (Alfred),  Ingénieur,  36,  rue  GeolTroy-Saint-Hilaire.  —  Paris. 
•Dessolins,  Négociant,  13,  rue  Corneille.   —  Havre. 
Detroyat  (Arnaud).  —  Bayonne.  —  R 
•Devat  (F.),  —  Condé-sur-Vesgres  (Seine-et-Oise). 
•Devé.  Négociant,  14,  rue  Caligny.  —  Havre. 
Dhôtel,  Adjoint  au  maire  du   2e   arrondissement,  107,   boulevard  de  Sébastopol.  — 

Paris.  —  F 
Diacon,  Professeur  à  l'Ecole  de  pharmacie.  —  Montpellier. 
Dida  (A.),  Chimiste,  9,  rue  Popincourt.  —  Paris.  —  R 
Dida  fils,  9,  rue  Popincourt.  —  Paris.  R 
Dr  Diday,  ex-Chirurgien  en  chef  de  l'Antiquaille,  Secrétaire  général  de  la  Société  de 

médecine,  rue  de  Lyon.  —  Lyon.  —  F 
•Dieppedale,   Constructeur,  54,  rue  Hélène.  —  Havre. 
Dietz  (.1.),  4,  rue  de  la  Monnaie.  —  Nancy. 
Dr  Dieulafoy  (Georges),   Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,   16, 

rue  Caumartin.  —  Paris. 
*Dion  (de),  Ingénieur  civil,  Vice  Président  de  la  Société  des  ingénieurs  civils, 68,  rrre 
de  Babylone.  —  Paris. 
DmN  (Ph.),  Rédacteur  à  la  Gironde,  8,  rue  Cheverus.  —  Bordeaux. 
Dollfus  (Mme  Auguste),  53,  rue  de  la  Côte.  —  Havre.  —  F 
Dollfus  (Auguste),  53,  rue  de  la  Côte.  —  Havre.  —  F 


XXXVIII  ASSOCIATION   FRANÇAISE 

Dollfus  (Auguste),  Président  de  la  Société  industrielle.  —  Mulhouse. 
*Dollfus  (Adrien),  29,  avenue  Montaigne.  —  Paris. 
Dollfus  (Charles),  1,  rue  Spontini.  —  Paris. 

*Dombre  (Louis),  Ingénieur,  Sous-Directeur  des  mines.  —  Aniche  (Nord). 
Donnadieu,  Professeur  au  Lycée  de  Lyon.  —  Lyon. 
D?nc:,  de  Cannes,  ancien  Élève  de  l'École  des  mines,  248,  Faubourg-Saint-Honoré. 

—  Paris. 
Dont,  Ingénieur  civil,  21,  rue  de  Lodi.  —  Marseille.    . 
Dor  (Eugène).  —  La  Rochelle  (Charente-Inférieure). 
Doré-Graslin  (Edmond),  24,  rue  Crébillon.  —  Nantes.  —  R 
Dormer  (Lord),  Grove-Park,  Warwich.  —  Londres  (Angleterre). 
Dormoy.  Conseiller  municipal,  rue  Vilaris.  —  Bordeaux. 

*Dorvault,  Directeur  de  la  Pharmacie  centrale,  7,  rue  de  Jouy.  —  Pans.  —  F 
Dr  Douaud,  rue  Notre-Dame.  —  Bordeaux. 
Douhet    (le    comte    de),    Sénateur,    40,    rue    Saint-Dominique-Saint-Germain     — 

Paris. 
Douillard  de  la  Mahautière,  Propriétaire,  cours  du  Jardin-Public.  —  Bordeaux. 
Dr  Douillet.  —  Lamballe  (Côtes-du-Nord). 
Doumerc,  Ingénieur  civil.  10,  rue  Copenhague.  —  Paris. 
Doumerc  (Jean),  Ingénieur  civil  des  mines,  membre  de  la  Société  géologique  de  France, 

1,  rue  Corail.  —  Montauban. 
Doumerc   (Paul),    Ingénieur  civil,   Membre  de  la  Société  géologique  de  France.  — 

Montauban. 
Dourif,  Professeur  à  l'École  de  médecine.  —  Clermont-Ferrand. 
*Dourt,  Avoué,  6,  boulevard  de  Strasbourg.  —  Havre. 
Douvillé,  Ingénieur  des  mines,  3,  rue  du  Bac.  —  Paris.  —  R 
Dr  Doyon,  Médecin  des  eaux.  —  Uriage  (Isère), 
*Dr  Dransart.  —  Somain  (Nord).  —  R 

Drée  (le  comte  de)  ,  Sous-Directeur  du  haras.  —  Annecy  (Haute-Savoie). 
Drevon  (Henri),  67,  cours  d'Herbouville.  —  Lyon. 
Dron    (Achille),  Chirurgien  en  chef   de  l'Hospice   de  l'Antiquaille,  Professeur  agrégé 

à  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon,  5,  rue   Pizay.  —  Lyon. 
*Drouault  (Mme  Ch.ï,  76,  rue  de  Rennes.  —  Paris. 
*Drouaux,   Négociant,  Trésorier    de   la    Société   géologique    de    Normandie,  16,  rue 

Corneille.  —  Havre. 
*Dr  Drouet,  47,  rue  d'Etretat.  —  Havre. 
*Droz  (Alfred),  Avocat,  48,  rue  Jacob.  —  Paris. 
*Dubar,  Rédacteur  de  l'Écho  du  Nord,  Grande-Place.  —  Lille. 
Dr  Dubest  (Hippolyte).  —  Pont-du-Chàteau  (Puy-de-Dôme). 
*Dubois.  —  Fécamp  (Seine-Inférieure). 

Dubois  (E.),  Professeur  de  physique  au  Lycée,  33,  rue  Voiture.  —  Amiens 
Dubois  (Emile).  —  Saint-Jean-d'Angély  (Charenle-Inférieure). 
*Duuoc,  Constructeur,  19  et  21,  rue  Dicquemare.  —  Havre. 
*Dubhscq,  Constructeur  d'instruments  d'optique,  21,  rue  de  l'Odéon.  —  Paris. 
Dcbouché  (Adrien),  Négociant.  —  Jarnac  (Charente). 
Dr  Duboué.  —  Pau. 

Dubourg,  Avoué,  27,  rue  du  Temple.  —  Bordeaux. 
*Dr  Dubreuilh  (Ch.),  12,  rue  du  Champ-de-Mars.  —  Bordeaux. 
Dubuisson  (Edmond).  Ingénieur  civil,  8,  rue  de  Bouille.  —  Passy. 
*Dubus,  Econome  de  l'hospice,  7,  rue  Bonivet.  —  Havre. 
*Duchaufour  (Georges),  Négociant  en  métaux,  52,  rue  de  Paris.  —  Lille. 
*Duchaufour  (Eugène),  Négociant  en  métaux,  52,  rue  de  Paris.  —  Lille. 
Duchemin  (E.).  33,  place  Saint-Sever.  —  Rouen. 
Duchesne  (Armand).  9  bis,  rue  Pigalle.  —  Paris. 
Duclaux   (Emile),  Professeur  à  la  Faculté    des    sciences,  29,  avenue  de  Noailles.  — 

Lyon.  —  R 
Ducretet     (E.),    Fabricant    d'instruments   de    physique,    21,    rue    des   Ursulines.— 

Paris. 
*Ducrocq  (Auguste).  —  Niort  (Deux-Sèvres).  —  R 
Dr  Dudon,  10,  rue  Huguerie.  —  Bordeaux. 
*Dufaitf.lle,  Rentier,  Hôtel  de  Bordeaux.  —  Havre. 

Dufaure  (Gabriel),  Ingénieur  civil  des  mines.  —  Royan  (Charente-Inférieiuv  . 
Dr  Dufay.  Député  de  Loir-et-Cher,  76,  rue  d'Assas.  —  Paris. 


pnl  i;    l'AVANI  I  Ml  M     Dl  9    81  ll\<  l  S  \\\l\ 

agrégé  préparateur  a  l'École  normale    supérieure,  23,  rue  de  Vau- 
girard.  —  Paris. 

,  ii i  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  6,  rue  Héronnière.  —  Nantes. 
Poi  \.  (i  rédéric  .  10,  place  Dauphine.  —  Bordeaux. 
Dr  Ddlac.  —  Montbrison.  —  R 

'Dumas,  S  crétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  sciences,  Membre  de  l'Académie  fran- 
çaise, 69,  rue  Saint-Dominique.  —  Paris.  —  F 
'Dumas  '    rue  Saint-Dominique-SaintrGermain.  —  Paris. 

*Dr  Dimimi.  i">.  rue  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Rouen. 
•Dumint,  Ingénieur,  30,  rue  de  la  Comédie.  —  Bavre. 
•Ium/mit.  Consul  il  •  Danemark,  2.  rue  Edouard-Larue.  —  H 
il,    Pasqui     .  Négociant,  6,         Bernardin-de-Samt-Pierre.  —  Havre. 
Di    Pasqoieb    James),  Nég  ciant,  Î6,  rue  delà  Côte.  —  Havre. 
Dup  schbl,  Ingénieur  en  chef  des  ponts  el  chaussées.        Montpellier. 
Dupont,  Vétérinaire,  s,  rue  d'Orléans.—  Bord»  iux. 

h,  Conseiller  général,  Député  de  la  Gironde.  —  Bordeaux.  —  P 

Dupri     Lnatole),  Préparateur   I  -'•">.  rue  d'Dlm.  —  Paris. 

Dl    i  ,,.!,    sén  teui    Mem  re  de  l'Institut,  374, rue  Saint-Honoré.  —  Paris.  —  F 
q,  Ptn    i',,n  ,  Professeur  à  l'École  de  Médecin  .  78,  chemin  d'Eysines.   —  Bordeaux. 

-  F 
1m,.,  j    Léon),  Professeur  au  Lycée,  13,  rue  Vital-Caries.  —  Bordeaux.—  F 
Dupiy,  Pharmacien.  —  Branne  [Girond 

,    Ed.  ,  Pharmacien  de  lr"  classe,  ex-interne  des  hôpitaux  de  Paris.  —  Château- 
neuf    I  liaivnte). 

•Durand,    Membre  de   la   -  ologiq le   Normandie,   48,  rue  de  1  Aima. — 

Havre. 
'Durand  (Edouard),   Professeur  des  scienci  iphiques  à  l'Université  catholique, 

'tii.  rue  d'Assas.  —  Paris. 
•Durand  (Th.),  iO,  rue  d'  Lssas.  —  Taris. 
Durand-Claye  (Alfred),  Ingénieur  des  ponts   el    chaussées,    85,    rue    Richelieu.    — 

Paris. 
ï)r  Durand-Fardel,  36,  rue  de  Lille.  —  Paris. 

Durand-Gasselin,  Banquier,  6,  rue  Jean-Jacques  Rousseau.  —Nantes. 
Durando    Gaétan),  Bibliothécaire  de  l'École  de  médecine.  —  Alger. 
Durassier,  Chimiste,  24,  avenue  de  Wagram.  —  Paris. 
Dureau  (Alexis),  Archiviste   de  la   Soci.Hr  d'anthropologie    de    Paris,    Bibliothécaire 

adjoint  àl'Académie  de  médecine,  16,  rue  de  la  Tour-d'Auvergne.  —  Paris. 
Duret  (P.-H.),  père,  Propriétaire,  59  bis,  rue  de  Condillac.  —  Bordeaux. 
D1'  Duriau,  rue  de  Soubise.  —  Dunkerque. 
Du  Rieux,  Ingénieur  civil.  6,  rue  Brigode.  —  Lille. 
Durillon  (E.).  —  Château  de  la  Gontière-Anse  (Rhône). 
Durozier,  Pharmacien,  58,  boulevard  Saint-Michel.  —  Paris. 
Durros,  Négociant,  7.3,  cours  d  Alsace-Lorraine  —Bordeaux. 
Durrwell  (Eug.),  Chimiste,  chez  M.  Ed.  Carrey.  —  Saïda,  près  Oran  (Algérie). 
Dussaut  (Mlle  Caroline),  aux  Ruches.  —  Fontainebleau. 
*Ddtaillt  (G.),  63,  rue  des  Saints-Pères.  —  Paris. 
Duval  (Antonin),  Manufacturier,  31,    ue  du  Puits-Gaillot.  —  Lyon. 
Duval  (Fernand).  Administrateur  de  la  Compagnie  parisienne  du  gaz,  53,  rue  Fran- 
çois Ier.  —  Paris.  —  F 
*Duval,  Banquier,  19,  place  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Havre. 

*Duvergier,  Président  delà  Société  Industrielle,  35,  rue  Saint-Cyr.  —  Lyon.  —  F 
*Duvergier  (Mme),  35,  rue  Saint-Cyr.  —  Lyon. 
*Ebran,  Propriétaire,  14,  rue  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Havre. 
*Eichthal  (d),  Banquier,  Président  du  Conseil  d'administration  des  chemins  de  fer  du 

Midi,  42,  rue  Neuve-des-Mathurins.  —  Paris.  —  F 
Eichthal  (Gustave  d'),  44,  rue  Neuve-des-Mathurins.  —  Paris.  —  R 
^Eichthal  (Eugène  d'),  44,  rue  Neuve-des-Mathurins.  —  Paris.  —  R 
Eichthal  (Georges  d'),  24,  rue  de  l'Arcade.  —  Paris.  —  R 
*Eichthal  (Louis  d').  —  Les  Bezards,  par  Nogent-sur-Vernisson  (Loiret).  —  R 
Élie  (Eugène),  Propriétaire,  22,  rue  Berthelot.  —  Elbeuf. 
*Elisen,  Ingénieur  administrateur  de  la  Compagnie  générale  Transatlantique,  21,  rue 

Abbatucci.  —  Paris.  —  R 
*Eloi,  Propriétaire,  9,  place  des  Écoles.  —  Havre. 


XL  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

*Engel  (Arthur),  29,  rue  Marignan.  —  Paris. 

Engel,  Relieur,  91,  rue  du  Cherche-Midi.  —  Paris.  —  F 

Engel  (Eugène),  chez  MM.  Dollt'us,  Mieg  et  O,  9,  rue  Saint-Fiacre.  —  Paris. 

Erhardt-Schieble,  Graveur,  12,  rue  DugiwTv-Trouin.  —  Paris.  —  F 

Ernest,  Négociant,  rue  de  Strasbourg.  —  Nantes. 

Dr  Escande.  —  Sarlat  (Dordogne). 

Escarraguel,  Propriétaire,!,  allée  de  Tourny.  —  Bordeaux. 
*Espous  (Auguste  d').  —  Montpellier.  —  R 

Estor,  Professeur  d'anatomie  pathologique  et  d'histologie  à  la    Faculté  de  médecine 
de  Montpellier.  —  Montpellier. 

Estor  (Mme).  —  Montpellier. 

Estor  (Louis).  —  Montpellier. 

Estor  (Eugène).  —  Montpellier. 

Estor  (André).  —  Montpellier. 

Etienne,  Négociant  raffineur,  36,  rue  Grande-Biesse.  —  Nantes. 

Etiennez  (Etienne),  Avoué,  1,  rue  de  l'Échelle.  —  Nantes. 

Eudel  (Emile),  Capitaine  au  long  cours,  rue  du  Chemin-des-Poules.  —  Nantes. 

Eyssartier  (.Maurice),  Pharmacien.  —  Uzerches  (Corrèze). 

Eymard  (Albert),     Fabricant   de   produits   chimiques,    15,    chemin    de    Cerland.    — 

Lyon . 
•Eymard  (Paul),  Membre  de  la  Société  d'agriculture  et  arts  utiles,  22,  rue  Constantine. 

—  Lyon. 

Fabre  (Charles),  Propriétaire,  24,  rue  des  Petits-Hôtels,  place  Lafayette.  —  Paris. 
Fabre  (Ernest),    Ingénieur-Directeur  de   l'usine  de  l'Homme-d'Armes.  —  L'Homme- 

d'Armes,  près  Montélimart  (Drôme), 
Faget  (Marius),  Architecte.  —  Bordeaux. 

*Faguet  (L.-Auguste),  Préparateur  de  botanique  à  la  Faculté  des  Sciences  et  au  labo- 
^  ratoire  de  la  Faculté  de  Médecine,  22,  rue  des  Boulangers.  —  Paris. 
Faivre,  Doyen  de  la  Faculté  des  sciences,  27,  rue  Gentil.  —  Lyon. 
Falateuf  (Oscar),  Avocat,  Membre  du  Conseil  de  l'ordre,   8,  rue  du  Conservatoire. 

—  Paris. 

Falières,  Pharmacien.  —  Libourne. 

^Falsan  (Albert),  Géologue.  —  Collonges-sur-Saône  (Rhône). 
*Farge,  Directeur  de  l'École  de  médecine.  —Angers. 

Fargeix,  Conseiller  général  du  Puy-de-Dôme.  —  Clermont-Ferrand. 

Fargues  de  Taschereau,  Professeur  de  physique  au    lycée   Henri  IV,  13.  rue  Bois- 
sière  (Trocadéro). — Paris. 

Fasci,  Professeur  d'hydrographie,  Officier  d'académie.—  Saint-Tropez. 

Faure  (Lucien),  Présidant  de  la  Chambre  de  commerce,  —  Bordeaux.  —  F 

Faure  (Jules),  16,  cours  d'Alsace-Lorraine.  —  Bordeaux. 

Faure  (Ernest),  Propriétaire.  —  Tresses  (Gironde). 
*Faure  (Félix),  Négociant,  121,  boulevard  François  Ier.  —Havre. 

Faure  (Fernand),  16,  rue  du  Palais-de-Justice.°—  Bordeaux. 

Faure,  Ingénieur  civil,  Fabricant  de  produits  chimiques,    35,  rue    Sainte-Claire.  — 
Clermon  t-Ferrand . 

Faure  (M»«  Antoinette),  53,  rue  de  Vaugirard.  —  Paris. 
'Eauvel,  Docteur-médecin    64,  rue  Bapaume.  —  Havre. 

Dr  Fauvelle,  Président  de  la  Société  de  médecine  de  l'Aisne.  —  Laon  (Aisne). 

Favier.    Professeur  de   mathématiques    au    Collège,    16,    rue    de    la    Juiverie.  — 
Étampes. 

D'  Favre,  Médecin  consultant  de   la    Compagnie    P.-L.-M.,    1,    rue   du    Peyrat.  — 
Lyon . 

Favreuil  (de),  Géomètre  expert,  25,  rue  du  Molinel.  —  Lille. 

Faye,  Membre  de    l'Institut,   Inspecteur   général  de  l'instruction  publique,  9,  chaus- 
sée de  la  Muette.  —  Paris.  —  R 
*Fayol,  Ingénieur  en  chef  des  houillères  de  Commentry  (Allier). 

Fée  (Félix),  Médecin  en  chef  de  l'hôpital  militaire,  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de 

.Médecine  de  Nancy.  —  Bougie  (Algérie). 
•Féligonde  (de),  ancien  Dépulé,  rue  Savaron.  —  Clermont-Ferrand. 

Dr  Fkréol  (Félix),  8.  rue  des  Pyramides.  —  Paris. 
•Ferère  (G.),  Armateur,  8,  rue  Âufray.  —Havre. 

Féret  (Edouard),  Libraire,  coins  de  l'Intendance.  —  Bordeaux. 

Ferrand  (Eusèbe),  Pharmacien,  !»3,  rue  Saint-Honoré.  —  Paris. 


POUR    L  AVANCEMENT    DES    SCIENCES  XLI 

Perrière    Gabriel),  rue  du  Réservoir.  —  Bordeaux 

Fbrrouillat  (Prosper),  Fabricant  « I * ■  produits  chimiques,  1,  rue  d'Egypte.—  Lyon. 
Pessenko    Ivan,  Bipowitzch).  —  Charkow  (Russie). 

Février    le  Général  ,  I  ommandant  la  place,  34,  quai  de  la  Charité.  —  Lyon. 
Fibre  [Paul),  Archéologue.  —  Voiron  (Isère). 
*Dr  Fieuzal,  93,  rue  du  Faubourg-Saint-Honoré.  —  Paris. 
Fiévet,  Fabricant  de  sucre.  —  Masnj     Nord). 
Filhol,  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences.  —  Toulouse. 
Filhol,  Interne  des  Hôpitaux  de  Paris,  16,  rue  Cuvier.  —  Paris. 
Fillon,  Propriétaire.  —  Saint-Cyr-en-Talmondais  (Vendée). 
Filloux.  Pharmacien.  —  Arcachon. 
I'im.t  (Etienne),   Préparateur  de  chimie  à   la  Faculté  des    sciences.  —  Clermont- 

Ferrand. 
Flamant,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées.  —  Nice. 
Fi.ament  (Henri),  Ingénieur  civil,  94,  rue  Hauteville.  —  Paris. 
Fleury;  Recteur  de  l'Académie.  —  Douai. 

Fleury,  Directeur  de  l'École  de  médecine.  —  Clermont-Ferrand. 
Fleury    Victor),  Propriétaire.  —  La  Drouétière,  commune   de  .Mauves   (Loire-Infé- 
rieure). 
Florand    Maurice),  Pharmacien  de  I"  classe.  —  Guéret  (Creuse). 
•Flourf.ns    (('..),   Ingénieur  chimiste,    Membre  de   la  Société  industrielle  du  Nord.  — 

Haubourdin,  près  Lille. 
l'm.LiN  (M",e  veuve),  2'i4.  boulevard  Saint-Germain.  —  Paris.  —  F 
Foincin,  Professeur  d'histoire  et  de  géographie   au  Lycée  de  Bordeaux,  Membre  de  la 

Société  de  géographie.  —  Bordeaux. 
*Fontanès,  Pasteur,  153,  boulevard   de  Strasbourg.   —  Havre. 
Fontannes  (F.),  Géologue.  4,  rue  de  Lyon.  —  Lyon. 
Fontariye.  —  Linneville,  commune  de  Gien  (Loiret).—  R 
Fonteneau  (Félix),  Propriétaire,  rue  du  Gommier.  —  Nantes. 
Fontoynont,  Pharmacien,  9,  rue  Lévis.  —  Batignolles-Paris. 
*Fonvielle    W.  de),  Homme  de  lettres,  50.  rue  des  Abbesses.  —  Paris. 
Fort  fils,  Négociant,  coins  du  Jardin-Public.    —  Bordeaux. 
Dr  ï'ortineau,  65,  rue  de  Rennes.  —  Nantes. 

Dr  Foulhouze  (P.  de  la),  4,  glacis  de  la  Poterne.—  Clermont-Ferrand. 
Fouque  (Charles),  Archiviste  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Toulouse,  64,  rue  de 

la  Pomme.  —  Toulouse. 
Fourcam),  Sénateur.  —  Bordeaux. 
Fourcand  (Léon),  Négociant.  Membre  du   Conseil    municipal,  34,  rue  Saint-Remy.  — 

Bordeaux. 
Foureau  (Fernand),  Membre  de    la  Société    de  géographie   de  Paris.  —  Fredière-St- 

Barbant,  par  Mézières  (Haute-Vienne) . 
*Fouret,  Ingénieur,  10,  rue  Billault.  — Paris. 

*Fourment  (le  baron  de).  —  Cercamp-lès-Frévent.  —  (Pas-de-Calais).  —  R 
Fourmond  (L.),  Négociant,  4,  avenue  de  Paris  ila  Bastide).  —  Bordeaux. 
Fournereau    (l'abbé),    Professeur    de    sciences    à    l'institution   des    Chartreux.    — 

Lyon. 
Fournet,  place  Tourny.  —  Bordeaux. 

•Fournie  (Victor),  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  46,  rue  Madame.  —  Paris. 
Dr  Fournier  (Alban). —  Rambervilliers  (Vosges). 
Fournier  (Félix),  Membre  de  la  Commission  des  échanges  internationaux  au  Ministère 

de  l'Instruction  publique,  119,  rue  de  l'Université.  —  Paris.  —  R 
*Fourmer-Latouraille.  —  Brioude  (Haute-Loire.) 
Frachon  (E.),  Ingénieur  civil  des  mines.  —  Annonay  (Ardèche). 
Francezon  (Paul),  Chimiste  et  industriel.  —  Alais  (Gard). 
*Dr  Franck    (F.),   Préparateur     au    Collège    de    France,  111,     rue  Notre-Dame-des- 

Champs.  —  Paris. 
•Frantzen.  Fabricant  de  fleurs,  8,  cour  des  Petites-Écuries.  —  Paris. 
D'  Frat  (Victor),  23,  rue  Maguelonne.  —  Montpellier. 
Fréchou,  Pharmacien.  —  Nérac. 
*Dl  Fredet.  — Clermont-Ferrand. 

Frémenville  (de),  Géologue,  23,  rue  Sainte-Hélène.  —  Lyon. 

*Fremy,  Membre  de  l'Institut,  Professeur  au  Muséum  et  à  l'École  polytechnique,  33,  rue 
Cuvier.  —   Paris.  —  F 


XLH  ASSOCIATION   FRANÇAISE 

*Fremy  (Mœe),  33,  nie  Cuvier.  —  Paris. 

Freyssinge,  Pharmacien  de  lre  classe,  97,  rue  de  Rennes.  —  Paris. 
Friedel,    membre  de  l'Institut,    Professeur    à    la  Faculté    des  sciences,    60,   boule- 
vard Saint-Michel.    —  Paris.  —  F 
Friedel  (Mrae),  née  Combes,  60,  boulevard  Saint-Michel.  —  Paris.  —  F 
Friederich,  Négociant.  —  Fontenay-le-Comte  (Vendée). 
Froment,  Agent- Voyer,  Conducteur  en  retraite.  —  Aa  Cheylard  (Ardèche). 
*D"  Fromentel  (de).  —  Gray.  —  R 
Frossard  (Ch.-L.),  14,  rue  de  Boulogne.  —  Paris.  —  F 
Frouin  (André).  —  Celles,  canton  d'Archiac   (Charente-Inférieure). 
Fulcrand    (Charles),    Colonel-Directeur  du   génie,    2,    rue    Boussairolles.  —  Mont- 
pellier. 
Fcmouze     (Armand),    Docteur-Médecin-Pharmacien,    78,    Faubourg-Saint-Denis.    — 

Paris.  —  F 
*Gachassin-Lafite  (Léon),  Avocat,  1,  rue  Castillon.  —  Bordeaux. 
Gachassin-Lafite  (Paul),  Négociant,  73,  rue  de  la  Course.  —  Bordeaux. 
*(',ache  (Henri),  181,  avenue  d'Eylau.  —Paris. 
*Gagu,  Architecte,  4,  rue  du  Lycée.  —  Havre. 
Gaillard,  ancien  Élève  de  l'École  polytechnique,    Adjoint   au  maire.    —  Clermont- 

Ferrand. 
*Dr  Gairal   père.  —  Carignan  (Ardennes). 
Galante,   Fabricant    d'instruments    de   chirurgie,  2,    rue  de  l'École-de-Médecine.  — 

Paris.  —  F 
Dr  Galdo  (Manuel  M.-J.  de),  Professeur    d'histoire  naturelle  à  l'Université,  ex-maire 

de  Madrid,  sénateur  du  royaume,  rue  Hortaleza.   —  Madrid. 
Gal,  Répétiteur  à  l'École  polytechnique,  60,  boulevard    Saint-Germain.  —  Paris. 
*Dr  Galezowski,  25,  boulevard  Haussmann.  —  Paris. 
Galibert  (Paul),  Avoué,  1.  rue  Cheverus.—  Bordeaux. 
*Dr  Gauppe,  Préparateur  d'histoire  naturelle  à  l'École  de  pharmacie,  Aide  de  clinique 

à  la  Faculté  de  médecine,    48,  rue  Sainte-Anne.  —  Paris. 
*Gallard,  Médecin  des  hôpitaux.  7,  rue  Monsigny.  —  Paris. 
Gallard,  Banquier.  —  Guéret  (Creuse). 
Gallé-Reinemer,  1,  rue  de  la  Faïencerie.  —  Nancy. 

Galline  (P.),  Banquier,  Président  de  la  Chambre  de  commerce,  11,  place    Bellecour. 

—  Lyon.  —  F 

Galos  (Robert),  103,  rue  Croix-Blanche.  —  Bordeaux. 

Gandriau  (Raoul),  Manufacturier.  —  Fontenay-le-Comte  (Vendée). 

Garcia  (Manuel),    Ingénieur  du  service   de  la  voie  du  Chemin  de  fer  des  Charentes. 

—  Saintes  (Charente-Inférieure). 

*Gariel  (C.-M.),    Ingénieur    des  ponts    et  chaussées,     Agrégé    libre  à  la  Faculté  de 
médecine,  41,  rue  des  Martyrs.  —  Paris.  —  F 

Gariel  (M01*  Marguerite),  41,  rue  des  Martyrs.  —Paris. 
*Garlandat  (Mlle  H.).  —  Saint-Jean-d'Angély  (Charente-Inférieure). 
*Garnaud,  rue  Peyronet.  —  Neuilly. 

Garnier  (Paul).  Ingénieur  mécanicien,  16,  rue  Taitbout.  —  Paris. 
*Garreau,  ancien  Capitaine  de  frégate,  1,  rue  de  Floirac.  —  Agen. 

Dr  Carreau.  —  Laval  (Mayenne). 

Dr  Garrigou.  38,  rue  A'alade.  —  Toulouse. 

Garrisson  (Gaston),  Étudiant.  —  Montauban. 

Gassies,  Directeur  du  Musée  préhistorique,  allées  de  Tourn.v.  —  Bordeaux. 

Gaudefroy,  8,  rue  de  la  Montagne-Sainte-Ceneviève.  —Paris. 

Gaudin,  Conseiller   général  de   la   Loire-Inférieure.    112,    Faubourg-Saint-Honoré.  — 

Paris. 
*Gaudon,  Négociant,  156,  boulevard  de  Strasbourg.  —  Havre. 
*Gaudry   (Albert),    Professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  7  bis,  rue  des  Saints 

Pères.  —  Paris.  —  F 
*Gauthier,  Propriétaire,  18,  rue  Guillaume-le-Conquérant.  —  Havre. 

Gauthier-Villars,  Libraire,  55,  quai  des  àugustins.  —  Paris.  —  F 

Gautié,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées.  —  Clermont-Perrand. 

Gautier  (AntoineL  —  Château  de  Piquayne,  près  Gazères  (Haute-Garonne 


POl'R    LAVANCEMEN1    DES   SCIENCES  XUII 

Gautier,  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine,  105  6is,  boulevard  d'Enfer.  — 

Paris. 
•Gautrbac    (Louis),   Administrateur  de  La  Compagnie  générale  Transatlantique,  124, 

rue  Saint-Lazare.  —  Paris. 
Gavarret,  membre  de  l'Académie  de  médecine,  Professeur  a  la  Faculté  de  médecine, 

73,  rue  de  Grenelle-Saint-Germain.  —  Paris. 
Gavellb  Emile),  Filateur,  275,  rue  de  Solférino.  —  Lille. 
Dr  Gay.  —  Jarnac. 
•Gay  (Henri),  Professeur  de   physique   au    lycée   d'Amiens,  1,  rue  Basse-Notre-Dame. 

—  Amiens. 

Dr  Gatat,  10,  rue  de  la  Barre.  —  Lyon. 
•D'Gayet,  Chirurgien  titulaire  de  l'Hôtel-Dieu,  Professeur  à  la  Faculté  du  médecine 

de  Lyon,  1,  rue  de  la  Barre.  —  Lyon. 
•Geay,  Directeur  des  Constructions  navales,  7::.  quai  Colbert.  —  Havre. 

Dr  G  ELUE,  33,  me  Neuve.  —  Bordeaux. 

Genajllb.  Ingénieur  civil,  •'>:<.  rue  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Lyon. 

Cen.un.  Chimiste,  1,  rue  de  la  Charité.  —  Arras 

•Geneix-Martin  (l'abbé  .  Professeur  a  l'École  Albert-le-Grand.  —  Arcueil. 
•Gé.nestal,  170.  boulevard  de  Strasbourg.  —  Havre. 
•Génestai    H.  .  Négociant.  —  Bavre. 

Geneste  (Eugène),  Ingénieur  civil,  42,  rue  du  Chemin  Vert.  —  Paris. 

Gknevier  (Gaston),  Pharmacien,  83,  quai  de  la  Fosse.  —  Nantes. 

Gf.nevoix  (Emile),  Pharmacien,  14,  rue  des  Beaux-Arts.  —  Paris. 

Génibrel  (Charles),  Négociai)! .  —  Béziers. 

Gensoxjl  (Paul  .  Ingénieur  civil,  42,  rue  Yaubecourt.  —  Lyon. 

Geoffroy  Saint-Hii.aire    (Alberl  .  Directeur  du  Jardin  d'acclimatation,  50,  boulevard 

Maillot.  —  Neuilly  (Seine).  —  F 
•George,  Architecte,  23,  rue  de  1  Hùtel-de-Yille.  —  Havre. 

l)r  Gérard,  2,  rue  Constantine.  —  Lyon. 

Germain  (Henri),  Député  de  l'Ain.  Président  du  conseil    d'administration    du   Crédit 
lyonnais,  8,  rue  Murillo.  —  Paris.    —   F 

Germain  (Philippe),   Directeur  de  l'agence   du  Comptoir  d'escompte  de  Paris,  33, 

place  Bellecour.  —  Lyon.  —  F 
♦Germer-Baillikre,    Libraire,    Conseiller    municipal,    108,  boulevard   Saint-Germain. 

—  Paris.  —  F 

Gessler  (Charles  de),  au  château  du  Chesnay-sur-Ecos  (Eure). 
•Giard,  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  75,  rue  Beauharnais.  —  Lille.  —  R 

Giat,  Pharmacien.  —  Cusset  (Allier). 
*Dr  Gibert,  41,  rue  de  Séry.  —Le Havre.  —  R 

Gibiard  (l'abbé),  Professeur  de  Sciences  physiques  et  naturelles.  —  Pléaux  (Cantal). 

Gibon,  Ingénieur  directeur  des  forges  de  Commentry.  —  Commentry  (Allier). 

Giffard  (Henri),  Ingénieur,  14,  rue  Marignan.  —  Paris. 
*Giffard  (Emile),  Pharmacien  de  première  classe,  place  du  Ralliement.  —  Angers. 

Gillet  (François),  Teinturier,  9,  quai  de  Serin.  —  Lyon. 

Gillet-Paris,  Ingénieur,  41,  rue  de  la  Reine.  — Lyon. 

Gillet  fils  aîné,  Teinturier,  9,  quai  Serin.  —  Lyon.  —  F 

Gillon,    Serrurier-Mécanicien,    11    et   13,    rue    du    Départ    (gare    Montparnasse). 

—  Paris. 

Ginoux  de  Fermon  (le  comte),  Député  et  Conseiller  général  de  la    Loire-Inférieure, 

48,  rue  de  Bourgogne.  —  Paris. 
D'  Gintrac  (Henri),  Directeur  de  l'École  de  médecine.  —  Bordeaux.  —  R 
*Girard  (Ch.).  Manufacturier,  20,  rue  des  Écoles.  —  Paris.  —  F 
Girard,  Directeur  de  la  Manufacture  des  tabacs.  —  Lyon. 
Girard  père,  3,  rue  des  Jeûneurs.  —  Paris. 

Dr  Girard,  Conseiller  général  du  Puy-de-Dôme.  —  Riom  (Puy-de-Dôme). 
Girard  de  Rialle  (Julien),  ancien  Préfet  de   la  République,  64,  rue   de  Clichy.  — 

Paris. 
Girardon,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  1,  cours  Lafayette.  —  Lyon. 
Giraud  (Dominique),  Négociant.  —  Saint-Peray  (Ardèche). 

D'  Giraud-Teulon,  Membre  de  l'Académie  de  médecine,  53,  rue  de  Rome.  —  Paris. 
Dr  Girin,  24,  rue  de  Lyon.  —  Lyon. 
Giroud,  27,  rue  des  Petits-Hôtels.  —  Paris. 
Glotin,  ancien  Officier  de  la  marine,  11,  rue  de  la  Devèse.  —  Bordeaux. 


XLIV  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

Gobert,  Pharmacien-Chimiste.  —  Montferrand  (Puy-de-Dôme). 

*Gobin,  Ingénieur  en  chef  du  service  municipal,  8,  place  Saint-Jean.  —  Lyon.  —  R 

*Gobin  (Madame),  8,  place  Saint-Jean.  —  Lyon. 

Goblet,  Chimiste.  —  Croix  (Nord). 

Godard  (Camille),  Négociant,  106,  façade  des  Chartrons.  —  Bordeaux. 

Godchadx  (Auguste),  éditeur,  10,  rue*  de  la  Douane.  —  Paris.  —  R 

Godefroy    (l'abbé),   Professeur    de    sciences    au    Petit- Séminaire.   —    La   Chapelle 
(Loiret). 

*Godefrot,  Assureur,  20,  rue  de  la  Comédie.  —  Havre. 

Goldschmidt  (Frédéric),  22,  rue  de  l'Arcade.  —  Paris.  —  F 

Goldschmidt  (Léopold),  Banquier,  8,  rue  Murillo.  —  Paris.  —  F 

Goldschmidt  (S.-H.),  33,  boulevard  Malesherbes.  —  Paris.  —  F 

*Gondouin,  Propriétaire,  5,  rue  des  Brindes.  —  Havre. 

Gonet  (Georges  de),  Percepteur  des  Contributions  directes.  —  Saint-Fort-sur-Gironde. 

Gonindard  (l'abbé),  Directeur  de  l'institution  des  Chartreux.  —  Lyon. 

Gonnard  (F.),  Ingénieur  des  hospices,  54,  quai  Saint- Vincent.  —  Lyon. 

Gordon  (Richard),  Bibliothécaire-adjoint,  à  l'École  de  médecine.  —  Montpellier. 

Dr  Gosse.  —  Genève. 

Gosselet,  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  18,  rue  d'Antin.  —  Lille. 

Gosselin,  Membre   de   l'Institut,    Professeur   à    la   Faculté  de  médecine,  3,  rue  des 
Pyramides.  —  Paris. 

Gouget,  Archiviste  du  département.  —  Bordeaux. 
"Goujon  (Gabriel),  131,  boulevard  Saint-Germain.  —  Paris. 

Goullin  (Gustave),  Vice-consul  de  Belgique,  13,  rue  Gresset.  —  Nantes. 
"Goumin  (Félix),  Propriétaire,  3,  route  de  Toulouse.  —  Bordeaux. 
"Goumois  (Just  de),  Négociant,  71,  Grand'Rue.  —  Besançon. 

Gounouilhou,  Imprimeur,  11,  rue  Guiraude.  —  Bordeaux.  —  F 

Goupilleau,  Président  de  la  section  d'agriculture  de   la    Société  académique,  3,  rue 
Cambronne.  —  Nantes. 

Gourdon  (Camille),  Professeur  de  l'école  La  Martinière.  —  Lyon. 

Gournerie  (de  la),  Membre  de  l'Institut,  Inspecteur  général  des   ponts  et  chaussées, 
75,  boulevard  Saint-Michel.  —  Paris.  —  R 

Goussard,  Président  de  section  au  Conseil  d'État.  —  Watten,  près  Saint-Omer. 

Gousset,  Inspecteur  d'académie,  13,  rue  des  Cadeniers.  —  Nantes. 

Gozzadi.m  (Comte   J.),   Sénateur  du  royaume  d'Italie,   ancien  Président  du   Congrès 
international   d'anthropologie   et   d'archéologie   préhistoriques.  —  Bologne  (Italie). 

Grad    (Charles),   Secrétaire   du  Comité    de  statistique   de  la   Société    industrielle  de 
Mulhouse.  —  Logelbach  (Alsace). 

Grand'Eury,  Ingénieur,  rue  de  Paris.  —  Saint-Etienne. 

Grandidier,  14,  rue  de  Berry.  —  Paris. 

Grandville,  Propriétaire.  —  Port-Saint-Père  (Loire-Inférieure). 

Grayelle,  Pharmacien.  — Nevers. 

Gremailly,  Directeur  de  l'hôtel  de  la  Paix.  —  Bordeaux. 

Grenier  (0.),  Ingénieur-constructeur  de  la  maison  veuve  Chevalier-Grenier,  60,  quai 

de  Perrache.  —  Lyon. 
*Grenier,  Pharmacien,  61,  rue  des  Pénitents.  —  Havre. 

Grimaux,  Professeur  de  chimie  générale  à  l'Institut    national    agronomique,    Répéti- 
teur à  l'École  polytechnique,   104,  rue  d'Assas.  —  Paris. 

Grissac     (de).    —    Bel-Air-les-Cartes,    par    Mortagne-sur-Gironde    (Charente-Infé- 
rieure). 

Groc,  Directeur  du  service  des  eaux.  —  La  Rochelle  (Charente-Inférieure). 
*Grolous,  Ancien  élève  de  l'École  polytechnique,  1!),  Faubourg-Saint-Eloi.   —  Choisy- 
le-Roi. 

Gros  (Camille),  Professeur  à  l'École  de  médecine.  —  Alger. 

Dr  Gros-i.lrin,  Député  de  l'Ain.  —  Gex  (Ain  . 

Gross.  Professeur  cgrégé  à  la  Faculté  de  Médecine,  17,  quai  Lsabey.  —  Nancy. 

Grossard  (Hippolyte),  Négociant.  —Bordeaux. 

*Grosseteste  (William),  Ingénieur,  ancien  élève  de   l'École  centrale,   quai  de  la  Suire. 
—  Mulhouse. 

Grottes    Comte  Jules  des  .  Conseiller  général,  11,  place  Dauphinc.  —  Bordeaux. 
*Groult.  Fondateur  des  musées  cantonaux.  —  Lisieux. 

Gruner,  Inspecteur  général  des  mines,  <S4.  nie  d'Assas.  —  Paris.   —  F 


PODB    L  AVANCEMENT    l>KS   SCIENCES  XLV 

D'  Gubler,  Membre  de  l'Académie  de  médecine,  Professeur  à  la  Faculté  de  méde- 
cine,  18, me  du   Quatre-Septembre.  —  Paris.  —  F 

Dr  Gubpin,  rue  Thiac.  —  Bordeaux. 

Dr  Gl-krin    Alphonse] .  Membre  de  l  académie  de  médecine,  9,  rue  d'Astorg. —  Paris. — F 

Guérir  (Jules  .  Ingénieur  civil,  106,  boulevard  Saint-Germain.  —Paris. 

Gubrin,  Proviseur  du  lycée  Biaise-Pascal.   —  Clermont-Ferrand. 

Guernb  (J.  de),  Étudiant.  !t.  i m-  Lewarde.  —  Douai. 
•Gobrout,  Préparateur  au  Muséum,  2î.  rue  des  Fossés-Saint-Jacques.  — Paris. 

Gobrrand,   avocat,  29,  rue  Gustave  Gazavan.  —  Bavre. 

1,1  esnd,  Percepteur.  —  Saint-Georges-de-Cubillac,  canton  de  Saint-Genis-de-Saintonge. 

Gcestier  (Daniel),  Membre  de  la  Chambre  de  commerce.  —  Bordeaux. 

(Iuestier  (Gaston),  Propriétaire,  40,  cours  du  \\\  Juillet.  —  Bordeaux. 

Guézard,  7,  rue  du  Rond-Point.  —  Montrouge  [Seine). 

Guiard,  Ingénieur  des  ponts  e(  chaussées. —  Corbeil. 

Guiberteau  (Emile),  rue  du  Cir.  —  Saint-Jean-d'Angélj  (Charente-Inférieure). 

Guiche  (marquis  de  la  ,  16,  rue  Matignon.  —  Paris.  —  F 

Guiet  (Gustave),  95,  avenue  .Montaigne.  —  Paris. 

Guieysse,  Ingénieur  hydrographe  de  la  marine,  42,  rue  des  Écoles.  —  Paris.  —  R 

Guillaume  (Léon).  —  Baraucourt-les-Forges.  (Ardennes). 
'Guillemard,  Conseiller  municipal.  — Havre. 

Guillemet  (Gabriel).  —  Fontenay-le-Comte   [Vendée). 

(Iuilley,  Président  du  Cercle  des  Beaux-Arts,  27,  rue  de  Gigant.  —  Nantes. 

Dr  (iuiLLAUD,  Licencie  es  sciences  naturelles,  11,  boulevard  Henri  IV,  à  .Montpellier. 

Dr  Guillon  père,  25,  rue  Gaillon.  —  Paris. 
'Guillot,  Entrepreneur,  4,  rue  Madame  Lafayette.  —  Havre. 

Guillotin,  76,  rue  de  Lourmel.  —  Paris. 

Guimet  (Emile),  Négociant,  place  de  la  Miséricorde.  —  Lyon.  —  F 

Dr  Guiraui).  —  Montauban. 

Guy,  Négociant.  2!t.  quai  Valinv.  —  Paris.  —  R 
"Guyerdet  (A.).  Attaché  aux  collections  géologiques  de  l'École  des  mines,  16,  rue  Gay- 

Lussac.  —  Paris. 
*Guyot-Lav aline, Vice-Président  du  Conseil  général  du  Puy-de-Dôme. — Clermont-Ferrand. 

Hachette  et  C'",  Libraires-Éditeurs,  79,  boulevard  Saint- Germain.  —  Paris.  —  F 

Hadamard  (David).  14,  rue  Bleue.  —  Paris.  —  F 
*Hallaure,  Propriétaire,  Maire  de  Bléville,  20,  place  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Havre.    . 

Hai.lez  (Paul),  Pharmacien  de  lre  classe,  62,  rue  de  Gand.  —  Lille. 

Hallopeau  (P.-F.-A.),  Inspecteur  principal  au    chemin   de  1er  de  Lyon,  Répétiteur  à 
l'École  centrale  (Métallurgie),  3,  rue  de  Lyon.  —  Paris. 

Halphen  (Constant),  11,  rue  Tilsit.  —  Paris. 

•Halphen    (G.),  Capitaine    d'artillerie,   Répétiteur   à    l'École    polytechnique,    51,   rue 
Sainte-Anne.  —  Paris. 

Dr  Hameau,  Docteur  en  médecine.  —  Arcachon. 
*Dr  Hamy,  129,  boulevard  Saint-Michel.  —  Paris. 

Hanappier  (Mme),  57,  rue  du  Jardin-Public.  —  Bordeaux. 
*Harel,  Négociant,  15,  rue  de  la  Comédie.  —  Havre. 
*Harembert  (Armand),  Propriétaire.  —  Verneuil  (Eure). 
*Haraucourt  (C),  Professeur  au  Lycée.  —  Rouen. 

Haton  de  la  Goupillière,  Ingénieur  des  Mines,   Examinateur  d'admission    à  l'École 
polytechnique,  8,  rue  Garancière.  —  Paris.  —  F 

Hatt,  Ingénieur  hydrographe,  9,  rue  Madame.  —  Paris. 
•Hauguel,  Négociant,  35,  rue  Hilaire-Colombel.  —  Havre. 
•Hauser,  Négociant,  83  rue  Tourneville.  —  Havre-. 

Haussonville  (comte  d'),  Membre  de  l'Académie  française,  109,  rue  St-Dominique. — 
Paris.  —  F 

Hauterive  (Georges  d').  —  Issoire  (Puy-de-Dôme). 

Hayès,  Pharmacien,  12,  avenue  de  la  Grande-Armée.  —  Paris. 

Hébert,  Professeur  de  géologie  à  la  Faculté  des  sciences,  10,  rue  Garancière.— Paris, 

Hecht  (Etienne),  Négociant,  19,  rue  Le  Peletier.  —  Paris.  —  F 

Hedelin  (Mrae),  2,  rue  de  Villiers.  —  Paris  (Ternes). 

"Henninger,  Préparateur  à  l'École  de  médecine,  13,  rue  Daguerre.  —  Paris. 

Henriet,  Vétérinaire,  44,  place  de  Jaude.  —  Clermont-Ferrand. 

Henrivaux,  Manufacture  de  glaces  et  produits  chimiques.  —  Saint-Gobain    (Aisne). 


XLVI  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

*Dr  Henrot  (Adolphe).  —  Reims. 

*Henrot  (Jules),  Président  du  Cercle  pharmaceutique  de  la  Marne,  75,  rue  Neuve.  — 

Reims. 
"Henrot  (Mme  Henri),  73,  rue  Neuve.  —  Reims. 

Dr  Henrot  (Henri),  Professeur  suppléant  à  l'École  de  médecine,  73,  rue  Neuve.  — 
Reims. 

Dr  Henry,  39,  rue  de  Béthune.  —  Lille. 

Henry,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées.  —  Dunkerque. 

Henry  (Edmond),  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  2,  rue  de  l'Oriflamme.  —  Orléans. 

Hentsch,  Banquier,  20,  rue  Le  Peletier.  —  Paris.  —  F 

Herbault-Nemours,  Agent  de  change,  12,  rue  Port-Mahon.  —  Paris.' 

Hérilier  (Charles),  26,  quai  Jayr.  —  Lyon. 

*Héron  (Guillaume),   Propriétaire,  11,  rue  Sainte-Ursule.  —  Toulouse.  —  R 
*HÉRONi  7,  place  de  Tourny.  —  Bordeaux. 

*Hérouard  (Julesi,  ancien  Elève  de  l'École  centrale,  23,  rue  Saint-André.  —  Saint- 
Quentin  (Aisne). 

Herrenschmidt,  Négociant,  44,  rue  Bernardin-de-Saint-Pierre.  —  Havre. 

Herscher  (Charles),  Ingénieur  civil,  42,  rue  du  Chemin-Vert.  —  Paris. 
*Hervé-Mangon,  Membre  de  l'Institut,  6!),  rue  Saint-Dominique.  —  Paris. 
*Heuzey,  Banquier,  7,  rue  de  la  Paix.  —  Havre. 
*Heuzey  (Jules),  fils.  —  Havre. 

Hillel  frères,  31,  rue  Lafayette.  —  Paris.  —  F 
*Himely,  Négociant,  38,  rue  de  la  Côte.  —  Havre. 

*Hippeau  (C),  Secrétaire  du  Comité  des  travaux  historiques  au  Ministère  de  l'instruction 
publique,  8,  rue  de  la  Pompe.  —  Paris-Passy. 

Hirsch,  Architecte  en  chef  de  la  ville,  17,  rue  Centrale.  —  Lyon. 

Hirsch,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  63,  boulevard  Suchet.  —Paris  (Auteuil). 

Dr  Hoggan  (M""*  Francès,  Elisabeth),  Membre  des  British  Association  for  the  Advan- 
cement  of  Science  et  British  Médical  Association,  13,  G-randville  place,  Portman 
square.  —  Londres.  W. 

Dr  Hoggan  (George),  Membre  des  British  Association  for  the  Advancement  of  Science 
et  British  Médical  Association,  13,  Grandville  place,  Portman  square.  —  Londres.  W. 

Holstein  (P.),  Agent  de  change,  20,  rue  de  Lyon.  —  Lyon. 

Hottinguer,  Banquier,  38,  rue  de  Provence.  —  Paris.  —  F 

Houdoy  (J.),  Propriétaire,  square  Jussieu. —  Lille. 

Houel,  Ingénieur,  75,  avenue  des  Champs-Elysées.  —  Paris.    —  F 
*Houzé  de  l'Aulnoit  (Alfred),  Professeur  à  l'École  de  médecine.  —  Lille. 
*Houzé  de  l'Aulnoit,  Avocat.  —  Lille. 

«Hovelacque  (Abel),  Professeur  à  l'École  danthropologie,  conseiller  municipal,  35,  rue 
de  l'Université.  —  Paris.  —  F 

Hovelaque-Gense,  2,  rue  Fléchier.  —  Paris.  —  R 

Hovelacque-Khnopff,  88,  rue  des  Sablons.  —  Passy-Paris.  —  R 

Hovelacque-Mahy,  99,  rue  Royale.  —  Lille. 

Hubert  (Pierre),  Industriel,  6,  rue  Scribe.  —  Nantes. 
*Huchon,  Architecte,  33,  rue  Casimir-Périer.  —  Havre. 

Dr  Huette.  —  Montargis. 

Huguet,  Professeur  adjoint  à  l'École  de  médecine  et  de  pharmacie.  —  Clermont- 
Ferrand. 

Humbert  (G.),  45,  rue  Malesherbes,  —  Lyon.  —  R 
*Dr  Hureau  de  Villeneuve,  95,  rue  Lafayette.  —  Paris.  —  F 
"Hureau  de  Villeneuve  (M"e),  95,  rue  Lafayette.  —  Paris. 

Huret  (E.),  24,  avenue  des  Champs-Elysées.  —  Paris. 
*Huriez  (L.).  Professeur,  hôtel  des  Phares.  —  Havre. 

HussoN,  Maire  de  Viry-Chàtillon.  —  Viry-Chàtillon. 

Huyot,  Ingénieur  des  mines,  Directeur  de  la  Compagnie  des  chemins  de  fer  du 
Midi,  10,  rue  du  Cirque.  —  Paris.  —  F 

Dr  de  Hysern  (Joachini),  ancien  Professeur,  Conseiller  royal,  Inspecteur  général  de 
l'instruction  publique  d'Espagne,  20,  rue  du  Prado.  —  Madrid. 

Dr  Icard,  Secrétaire  général   de  la  Société    des  sciences  médicales,  48,  rue  de  Lyon. 

—  Lyon. 
*Icard  (J.),  Pharmacien,  24,  cours  Belsunce.  —  Marseille. 

Illaret  (A.),  Vétérinaire.  —  Saint-Ferme,  par  Monségur  (Gironde). 


POUB    l    \\wriMi\i    DES  SCIENCES  M, Vil 

♦Irasoit..  Négociant,  169,  boulevard  de  Strasbourg.  —  Havre. 
•Iselin,  Négociant,  51,  rue  <le  la  Côte.  —  Eavre. 
•Jablonski,  [nstituteur,  rue  d'Épréménil.  —  Havre 

Jàccoud,  Membre  de  l  académie  de  médecine,    Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de 
médecine,  62,  boulevard  Baussmann.  —  Paris. 

Jackson,    James  ,  L3,  avenue  du  Bois-de-Boulogne.  —  Paris.  —  R 

Jacquet,  Directeur  de  l'usine  de  la  Voulte.  —  La  Voulte  (Ardèche). 

Jacquemart  (Frédéric),  58,  Faubourg-Poissonnière.  —  Paris.  —  F 
'Jalard,  Pharmacien,  526,  rue  Sainte-Anne. —  Narbonne. 
"Jalard  (Justin),  Avocat.  Juge  de  paix  suppléant.  —  Narbonne. 

Jallandb-Crovillb,  Propriétaire,  11,  rue  des  Cadeniers.  —  Nantes. 

Jaloustre  tils,  4gentvoyer.  —  Clermont-Ferrand. 

Jameson  (Conrad),  Banquier.  38,  rue  de  Provence.  —  Paris.  —  F 

Jamin  (Léon),  Ingénieur,  96,  rue  de  Rennes.—  Nantes. 

Jangot,  Propriétaire,  7,  rue  Montée-des-Anges.  —  Lyon. 

Mwm.ttaz  (Edouard),  Aide  au  Muséum,  Directeur-adjoint  du  laboratoire  de.  minéra- 
logie à  l'École  des  hautes  études,  9,  rue  Linnée.  —  Paris. 
"Janssen,  Membre  de  l'Institut,  Directeur  de  l'Observatoire  physique.  —  Meudon  (Seine- 
et-Oise). 

Jaquiné,  Inspecteur  général  honoraire  des  Ponts  et  Chaussées.  —  Nancy. 
Mardel-Gekai  i)    M":,  31,  cours  du  XXX-.luillet.  —Bordeaux. 
"Jardin,  Conseiller  municipal,  20,  impasse  Saint-Thibault.  —  Havre. 
Maumes,  Professeur    agrège    à    la    Faculté  do   médecine  de   Montpellier.     —   Mont- 
pellier. 

Jean,  Interne  des  hôpitaux  de  Paris,  66,  nie  d'Alésia.  —  Paris. 

.Ieanjean.  Professeur  à  l'École  de  pharmacie.  —  Montpellier. 

Dr  Jeannin  (0.).  —  Montceaux-les-Mines    s,n' -et-Loire  . 

Jennepin,  Chef  d'institution.  —  Coulsore  (Nord). 

Joanne  (Ad.),  Présidenl  du  Clup  Alpin  français,  20,  rue  de  Vaugirard.  —  Paris. 

Johannot  (IL),  Fabricant  de  papiers.  —  Annonay  (Ardèche). 

Johnston  (H.),  Négociant,  25,  rue  Vauban.  —  Bordeaux. 

Johnston  (Nathaniel),  ancien  Député,  pavé  des  Chartrons.  —  Bordeaux.  —  F 

Joly,  Ingénieur  des   ponts  et  chaussées,  19,  rue  Colbert.  —  Nantes. 
*Joly   (Charles),   Vice-Président    de   la    Société    centrale    d'horticulture    de    France. 

11,  rue  Boissy-d'Anglas.  —  Paris. 
Moly  (Ambroise),  Entrepreneur,  44,  boulevard  François  Ier.  —  Havre. 

Jones  (Charles),  chez.  M.  R.  P.  Jones,  14,  boulevard  Malesherbes.  —  Paris.  —  R 

Jordan  (A.),  Professeur,  40,  rue  de  l'Arbre-Sec.  —  Lyon. 

Jouet  (Daniel),  élève  à  l'Institut  national  agronomique,  27,  cours  du    Jardin^Public. 

—  Bordeaux. 
"Jouffroy  (Ch.),  1,  rue  Childebert.  —  Lyon. 

Dr  Jouon,  23,  rue  du  Moulin.  —  Nantes. 

Dr  Jourdanet,  1,  rue  de  Berry.  —  Paris.  —  F 

Jourdain i:,  Pharmacien,  52,  quai  de  la  Fosse.  —  Nantes. 

Jousset  de  Bellesme,  Professeur  de  physiologie  à  l'École  de  médecine,  ex-Professeuf 
à  l'École  Turgot.  —  Nantes. 

*Jouvin,  Négociant,  12,  chaussée  d'Ingouville.  —  Havre. 

"Joyau,  Professeur  de  philosophie  au  Lycée  de  Limoges.  —  Limoges. 

Juglard  (Mme  J.),  1,  rue  Lavoisier.  —  Paris. 

Julien,  Professeur  de  géologie  à  la  Faculté  des  sciences.  —  Clermont-Ferrand. 

Jullien,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées.  —  Béziers. 

*Jullien  (Jean),  Chimiste,  18,  rue  des  Écoles.  —  Paris. 

*Jung,  Négociant,  rue  de  la  Côte.  —  Havre. 

Jungleisch,  Conservateur  des  Collections  à  l'École  polytechnique.  —  Paris.  —  R 

*Jusselin,  Propriétaire,  8,  rue  Madame  Lafayette.  —  Havre. 

*Juteau,  Négociant,  6,  rue  de  Bourgogne.  —  Havre. 
Kann,  Banquier,  58,  Avenue  du  Bois-de-Boulogne.  —  Paris.  —  F 
Dr  Kastus,  Professeur  de  chimie  à  l'école  La  Martinière,  9,  rue  Constantine.  —  Lyon. 

*Kerdyck,  Négociant,  33,  boulevard  François  Ier.  —  Havre. 

*Kessler,  Fabricant  d'engrais  chimiques,  cours  Sablon,  maison  Taburier. —  Clermont- 
Ferrand. 
Dr  Kirchberg,  Professeur  suppléant  à  l'École  de  médecine,  1,  rue  Basse-du-Chàteau. 
—  Nantes. 


XLVIII  ASSOCIATION   FRANÇAISE 

*Klipffel  (Auguste),  Négociant.  —  Béziers. 
Dr  Kloz,  36,  cours  de  Tourny.  —  Bordeaux. 
Kœchlin  (Jules),  avenue  Ruysdaël,  4  (parc  Monceaux).  —  Paris.  —  R 

"Kœchlin  (Emile),  85,  boulevard  Saint-Michel.  —  Paris. 

"Kœchlin,  Négociant,  17,  rue  Marie-Talbot.  —  Sainte-Adresse  (Seine-Inférieure). 

"Kœchlin,  Négociant.  —  Sainte-Adresse  (Seine-Inférieure).' 

"Kœhler  (Léon),  Employé,  53,  rue  d'Orléans.  —  Havre. 

Kœnigswarter  (baron  Maxim ilien  de),  ancien  Député,  4,  rue  d'Astorg.  — Paris.  —  F 
Kônigswarter  (Antoine),  60,  rue  de  la  Chaussée-d'Antin.  —  Paris    —  F 
Korosi  (Joseph),  Directeur  du   bureau  municipal  de  statistique,  Membre  de  la  Com- 
mission internationale  de  statistique.  —  Budapest  (Autriche-Hongrie). 
Kovalski,  Professeur  à  l'École  supérieure  de  commerce  et  d'industrie,  18,  rue  Ravez. 

—  Bordeaux. 

*Krafft  (Eugène),  Professeur  de  mathématiques,  au  Lycée.  —  Nice. 
Kuhlmann  (Frédéric),  Correspondant  de  l'Institut.  —  Lille.  —  F 
Kuppenheim  (J.),  Négociant,  Membre  du  conseil  des  hospices,  26,  quai  Saint-Antoine. 

—  Lyon.  —  F 

Labat,  Professeur  à  l'École  de  médecine.  —  Bordeaux. 
*Dr  Labbé,  65,  rue  des  Feuillantines.  —  Paris. 

Labrunie,  Négociant,  49,  Pavé  des  Chartrons.  —  Bordeaux.  —  R 

Lacaze-Duthiers   (de),  Membre  de   l'Institut,   Professeur  à  la  Faculté  des  sciences. 
7,  rue  de  la  Vieille-Estrapade.  —  Paris. 

Lachaize  (Laurent),  Peintre-Verrier,  —  Rodez. 

Dr  Lachaud.  —  Lugon  (Gironde). 

*Lachesnez,    Sous-chef  de    l'économat    à    la    Compagnie    générale    transatlantique. 
35,  quai  d'Orléans.  —  Havre. 

Lacretelle,  Ingénieur.  —  Bois-d'Oingt  (Rhône).  —  R 

Lacroix,  Propriétaire.  —  Saint-Loubès  (Gironde). 
"Ladcreau,  Directeur  du  laboratoire  de  1  État  et  de  la  Station  agronomique  du  Nord. 

—  Lille. 

Laennec,  Directeur  de  l'École  de  médecine,  13,  boulevard  Delorme.  —  Nantes.  —  R 

Laère  (G.  de),  9,  rue  Saint-Charles.  —  Paris. 

Lafargue    (Georges),  Sous-Préfet.  —  Oloron. 

Lafargue,  Industriel.  —  Manufacture  de  Laprade,  par  Aubeterre  (Charente). 
*Dr  Lafaurie,  25,  rue  de  Joinville.  —  Havre. 
*Dr  Lafitte,  Médecin  consultant.  —  Coutras  (Gironde). 

Lafitte  (Paul),  6,  rue  Castellane.  —  Paris. 

Lafon,  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  2,  place  Louis  XVI.  —  Lyon. 

Lafont  (Georges),  Architecte,  17,  rue  Rosière.  —  Nantes. 

Lafont,  Propriétaire.  —  Le  Puy-en-Velay. 
*Dr  Lagneau  (Gustave),  38,  rue  de  la  Chaussée-d'Antin.  —  Paris.  —  F 

Lagneau  (.Mme),  38,  rue  de  la  Chaussée-d'Antin.  —  Paris. 

Dr  Lagout,  Aigueperse  (Puy-de-Dôme). 

Lagrange,  Directeur  de  la  raffinerie  Guillon,  45,  quai  Bourbon.  —  Paris. 
•Lagrave,  Magistrat,  27,  cours  de  l'Intendance.  —  Bordeaux. 
"Lagrené  (de),  Ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées.  —  Mantes  (Seine-et-Oise). 

Lagrolet,  Négociant,  124,  cours  d'Alsace-Lorraine.  —  Bordeaux. 

Dr  Lahens  (Th.),  49,  cours  du  Jardin-Public.  —  Bordeaux. 

Dr  Lailler,  22,  rue  Caumartin.  —  Paris. 
*Lair  (Charles),  18,  rue  Lascases.  —  Paris. 

Laisant,  Député  et  Membre  du  Conseil  général  de  la  Loire-Inférieure,  16,  avenue  de 
Villiers.  —  Paris. 

Lalande  (de),  22,  rue  d'Enfer.  —  Paris. 

Lalande  (Armand),  Négociant,  84,  quai  des  Chartrons.  —  Bordeaux.  —  F 

Lalanne,  23,  rue  Doidy.  —  Bordeaux. 

Lalanne,  Propriétaire.  —  Castillon  (Gironde). 

Dr  Lalesque  (Jules).  —  La  Teste  (Gironde). 

Lallemand  (A.),  Doyen  de  la  Faculté  des  sciences.  —  Poitiers. 
"Lallemant,  Lieutenant-colonel  du  génie,  74,  rue  du  Champ-de-Foire.  —  Havre. 

Dr  Lallement  (Ed.),  Professeur  suppléant  à   l'École  de   Nancy,  28,  rue  Saint-Dizier. 

—  Nancy. 

Lallié  (Alfred),  Avocat,  11,  tenue  Camus.  —  Nantes.  —  R 
Lalouette,  Directeur  de  l'Omnium,  13,  rue  de  Lyon.  —  Lyon. 


PODH    l.'.W  WCK.MENT   DES^SCIENCES  [xr.!\ 

l  wK-l'i.KiRY.  Ingénieur  en  chef  des  mines,  secrétaireTdu  Conseil  général  des  mines, 
63,  rue  de  Verneuil.  —  Paris.  —  F 

Lamotte  (Martial),  Directenr  du  Jardin  botanique.  —  Clermont-Ferrand. 

I  iHODBJtox,  Imprimeur  en  taille-douce,  38,  rue  Lacépède.  —  Paris. 

I  moOROUX,  Chef  de  bataillon  en  retraite,  186,  boulevard  de  Strasbourg.  —  Havre. 

I.\my   Ernest),  83,  rue  Taitbout.  —  Paris.  —  F 

I  \mv  (A.),  Professeur  à  l'École  centrale,  77,  boulevard  Saint-Michel.  —  Paris. 

I.amy  (Ed.),  Élève  à  l'Ecole  centrale,  77,  boulevard  Saint-Michel.  —  Paris. 

Lan,  Ingénieur  en  chef  des  mines,  Directeur  des  Forges  de  Châtillon  et  de  Commen- 
try,  3,  rue  du  Regard.  —  Paris.  —  F 
'Lancereai'x,    Membre  de  l'Académie  de  nie.lerine.  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de 

médecine  de  Paris,  •').  rue  Saint-Arnaud.  —  Paris. 
'Landa,  Rédacteur  du  Progrès  de  Saône-et-Loire.  —  Chalon-sur-Saône  (Saône-et-Lcire). 

i  \mi\rii,  Sous-Préfet  —  Harmande. 

Dr  Lande,  Chef  interne  de  l'hôpital  Saint-André,  rue  Vital-Caries.  —  Bordeaux. 

*Dr  I.AMumsM,  31,   rue  Chaptal.  —   Paris. 

I  wi.itiKi  .  Négociant,  100,  rue  de  Paris.  —  Havre. 
'Landrir,  Chimiste,  25,  rue  Michel-le-Comte.  —  Paris. 
Landron,  Pharmacien.  —  Dunkerque. 

1)-  Lanbssaw  de  ,  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine,  13,  r les  Halles.— Paris. 

Lan»;,  Directeur  de  la  Société  d'enseignement  professionnel,  7,  rue  des  Marronniers 

—  Lyon. 

'Langer  (Edouard),  Négociant,  rue  Marie-Talbot.  —  Havre.  (Sainte-Adresse. 

*I.\m;f.r  (Paul),  Négociant,   lit;,  ru.»  Saint-Thibault.  —  Havre. 

"Dr  Langbvin,  131,  rue  de  Paris.  —  Havre. 

'Langlet  (Mrae),  67,  rue  Véronèse.  —  Reims. 

•Dr  La.m.i.kt.  t)7.  rue  \i-n>u>^r     _  Reims. 

•Lannelongub,  Professeur  à  l'École  de  médecine,  24,  rue  du  Temple.  —  Bordeaux. 

Lanoire  (Albert),  8,  rue  Hustin.  —  Bordeaux. 

I)r  Lantibr  (E.),  150,  avenue  de  Neuilly.  —  Neuilly.  —  R 

Landssb  lils,  Négociant,  13,  rue  du  Temple.  —  Bordeaux. 

'Lapeyrière  (Gabriel  de  ,  Propriétaire,  château  de  Riencazé  par  Saint-Gaudens  (Haute- 
Garonne). 

Laporte,   Professeur  du  cours  municipal  de    géométrie  et   de   mécanique,  71,    rue 
Mouneyra.  —  Bordeaux. 

Laporte  (Maurice),  Négociant.  —  Jamac  (Charente). 
"Laporte,  Constructeur,  .">,  rue  Saint-Louis.  —  Havre. 

Laporte  (Gaston),  Avocat.  —  Ne  vers. 

Lapparent  (de).  Ingénieur  des  mines,  3.  rue  de  Tilsil.  —  Paris.  —  F 

Dr  Larauza,  Médecin  en  chef  des  Thermes.  —  Dax  (Landes). 

Laroche  (Félix),  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  118,  avenue  des  Champs-Elysées 

—  Paris.  —  R 

Laroche  (Mrae  Félix),  118,  avenue  des  Champs-Elysées.  —  Paris.  —  R 
La  Roche-Tolay  (H.   de).    Ingénieur    en    chef    des    ponts    et    chaussées.    —    Bor- 
deaux. 
Laroque,    Professeur   de    mathématiques     spéciales    au    lycée,     rue    Malherbe.    — 

Nantes. 
Dr  Laroyenne,  Chirurgien  en  chef  de  la  Charité,  chargé  de  clinique  complémentaire  à 

la  Faculté  de  médecine  de  Lyon,   110,  rue  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Lyon. 
Laroze  (Alfred),  Avocat,  17,  rue  Montméjan.  —  Bordeaux. 
Laroze  (Numa),  Négociant,  18,  quai  des  Chartrons.  —  Bordeaux. 
Larré,  Avoué,  rue  Vital-Caries.  —  Bordeaux. 
Larrey,  Négociant  industriel,  50,  quai  de  la  Fosse.  —  Nantes. 
Larrey  (le  baron) ,    Membre  de   l'Institut  et   de  l'Académie  de  médecine,  Député  des 

Hautes-Pyrénées,  91,  rue  de  Lille.  —  Paris.  —  F 
Larronde  (E.),  Conseiller  municipal,  9  rue  Vauban.  —  Bordeaux. 
Lartet,  Docteur  es  sciences,  chargé  de  cours  à   la   Faculté    des    Sciences.   —  Tou- 
louse. 
*Larue  et  Cie,  Négociants,  37,  rue  Bernardin-de-Saint-Pierre.  —  Havre. 
Lataste,  Maire  de  Libourne.  —  Libourne. 
"Latham  (Ed.),  Négociant,  41,  rue  de  la  Côte.  —  Havre. 
*Latham  (Lionel),  9,  rue  Escarpée.  —  Havre.  —  R 
Laubenheimer,  Brasseur.  —  Nérac 

d 


L  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

Laubenheimer  (M"°).  —  Nérac. 

Laumer  (de  Saint-),  ancien  Maire.  —  Chartres  (Eure-et-Loir;. 

Laurencel  (le  comte  de),  26,  rue  des  Écoles.  —  Paris  — .  F 

Laurent,  Directeur  de  la  fabrique  de  produits  chimiques.  —  Loos  près  Lille. 

Laurent,  Négociant,   cours  de  l'Intendance.  —  Bordeaux. 

Laurent  (de  Saint-),  Avocat,  68,  rue  David-Johnston.  —  Bordeaux. 

Laurière  (de),  15,  rue  des  Saints-Pères.  —  Paris. 

*Laussedat,  Colonel  du  génie,  Professeur  au  Conservatoire  des  arts  et  métiers,  15,  rue 
Vanneau.  —  Paris.  —  R 

Dr  Laussedat  (L.),  Député  de  l'Allier,    Membre   honoraire  de  l'Académie  de  méde- 
cine de  Belgique,  114,  rue  du  Bac.  —  Paris. 

Laussedat  (Henri),  Étudiant  en  médecine,  15,  rue  Vanneau.  —  Paris. 

Lauth  (Ch.),  Membre  du  Conseil  municipal,  Chimiste,  2,  rue  de  Fleurus.— Paris.  — F 

Lavalley  (Etienne),  Propriétaire,  6.  rue  de  Rome.  —  Paris. 
*Lavalley,  Ingénieur,  18,  rue  Murillo.  —  Paris.  —  R 

Lavaud  de  Lestrade,    Directeur    du    grand    séminaire.    —    Montferrand     (Puy-de- 
Dôme). 

Lawrence-Smith,  Président  du  Congrès  scientifique  américain.  —  Louisville  (Kentucks, 

United  States.) 

Lawton  (William),  Négociant,  Pavé-des-Chartrons.  —  Bordeaux. 

Lebeault  (P.),  53,  rue  Réaumur.  —  Paris. 

Le  Blanc  (Victor),  Négociant,  rue  de  Vertou.  —  Nantes. 

Le  Blanc  (Paul).  —  Brioude  (Haute-Loire). 

•Le  Blanc  (Félix),  Professeur  à  l'Ecole  centrale  des  arts  et  manufactures,  9,  rue  Vieille- 
Estrapade.  —  Paris. 

Dr  Le  Blaye  (J.),  9,  cours  de  Gourgues.  —  Bordeaux. 

Le  Bouvier,  Entrepreneur,  au  Pont-Rouge.  —  Rochefort. 

Le  Bouvier  (Mme),  au  Pont-Rouge.  —  Rochefort  (Charente-Inférieure). 

Lebrët  (Paul),  22,  rue  Caumartin.  —  Paris.  —  R 
*LE  Bris,  Négociant,  56,  rue  du  Lycée.  —  Havre. 
"Lebrun,  Entrepreneur  de  travaux,  7,  rue  Caligny.  —  Havre. 
*Dr  Lbcadre  (A.),  13,  rue  Fontenelle.  —  Havre. 
*Lecadre  (E.),  Négociant,  21,  place  de  l'Hôtel- de-Ville.  —  Havre. 
*Dr  Lecadre  (neveu),  2,  rue  de  l'Orangerie.  —  Havre. 

Lechat  (Charles),  maire  de  Nantes,  place  Launay.  —  Nantes.  —  R 

Le  Chatelier  (Henry),  Ingénieur  des  mines.  —  Besançon. 

Le  Chatelier  (Mra«).  —  Besançon. 

Lechevrel  (Marcel),  Étudiant.  —  Chanu  (Orne). 

Lechin.  —  Courtenay  (Loiret). 

Lechin  (Mn,e).  —  Courtenay  (Loiret). 

Le  Cler   (Achille),  Ingénieur  civil,  Maire  de  Bouin   (Vendée),  47,  rue  Bonaparte.  — 
Paris. 

Dr  Leclerc  (Alfred).  —  Rouillac  (Charente). 

Dr  Le  Clerc  (J.-B.),  12,  rue  Ratisbonne.  —  Lille. 

Leconte,  Ingénieur  civil  des  mines,  49,  rue  Laffitte.  —  Paris.  —  F 

Lecoq  de  Boisbaudran,  Correspondant  de  l'Institut,  Négociant.  —  Cognac.  —  F 
♦Lecureur,  Rédacteur   du   journal    le  Havre,    Membre   de   la    Société  géologique  de 

Normandie,  5,  rue  de  Berry.  —  Havre. 
♦Dr  Lécuyer  (H.).  —  Beaurieux  (Aisne). 
*Ledanois,  ancien  Référendaire  au  Sceau,  14,  rue  de  Maubeuge.  —  Paris. 

Ledoux  (Samuel),  Négociant,  29,  quai  de  Bourgogne.  —  Bordeaux. 

Ledru  Professeur  à  l'École  de  médecine.  —  Clermont-Ferrand. 

Ledru'  Architecte,  Président  de  la  Commission  départementale.  —  Clermont-Ferrand. 

Dr  Leenhardt  (René).  —  Montpellier. 

'Leenhardt  (Frantz),   Professeur  à  la  Faculté.  —  Montauban    (Tarn-et-Garonne). 
*D'  Lefébure,  5,  rue  Escarpée.  —  Havre. 

Lefebvre  (Jules),  Agrégé  de  l'Université,  Professeur  au  Lycée.  —  Nancy. 

Lefèvre  (Léon),  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées.  —  Abbeville  (Somme). 

Lefort  (Jules),  Membre  de  l'Académie  de  médecine,  87,  rue  Neuve-des-P&tits-Charaps. 

—  Paris. 
•Lefort  (Joseph) ,  Avocat  à  la  Cour  d'appel,  44,  rue  Lafayette.  —  Paris 
'Lefort  (M"'  J./,  44,  rue  Lafayette.  —  Paris. 

Lefort  (Pierre),  Étudiant  en  droit,  21,  boulevard  Rochechouart.  —  Paris. 


POUR  L'AVANCEMENT    DF.S   SCIENCES 


i.l 


'I.EKORT  (Gustave),  87,  rue  Neuve-des-Petits-Champs.  —  Taris. 

Le  KoRT(l.éon),  Membre    'le    L'Académie    de   médecine,   Professeur   à  la   Faculté   de 

médecine,  96,  rue  de  la  Victoire.  —  Paris.  —  F 
*Lefranc,  Pharmacien,  112,  rue  d'Etretat.  —  Havre. 

Lefranc  (Edmond) ,  14,  quai  Louis  XVIII.  —  Bordeaux. 

Dr  Le  Gendre,  103,  rue  Porte-Dijeaux.  —  Bordeaux. 
*Legrano,  Négociant,  3  et  5,  rue  Naude.  —  Havre. 

'Legris  (Georges),  Ingénieur  mécanicien.  —  Maromme  (Seine-Inférieure). 
*Legris  (Edouard),  Ingénieur  mécanicien.  —  Maromme  (Seine-Inférieure). 

Leguay  (Louis),  Architecte  expert,  3,  rue  de  la  Sainte-Chapelle.  —  Paris. 

Leloir,  Interne  des  Hôpitaux,  17,  rue  Monge.  —  Paris. 

Lelong,  Capitaine  au  36e  rég.    d'artillerie,  13.    place  Delille.  —    Clermont-Ferrand. 

Lemale,  Imprimeur,  3,  rue  de  Bapaume.  —  Havre. 

'I.kmarchand  (Abel) ,  Constructeur  de  navires,  29,  rue  du  Perrey.  —  Havre. 
*Le  Marchand  (Augustin),  Ingénieur   géologue,  —  aux  Chartreux,  Petit-Quevilly,  près 

Bouen.  —  F 
'I.emarié  (Eugène),  Naturaliste.  —  Saint-Jean-d'Angély  (Charente-Inf.). 

Lemercier  (le  comte  Anatole),  Président  du  Conseil  d'administration  du  chemin  de 
fer  des  Charentes.  —  Saintes  (Charente-Inférieure). 

Le  Mesle  (G.),  Géologue,  6,  rue  du  Grain-d'Or.  —  Blois. 
*LeMierre,  Négociant,  20,  rue  de  la  Comédie.  —  Havre. 
'Lkmoine  (Emile),   Ingénieur  civil,  ancien  Élève  de  l'École  polytechnique,  55,  rue  du 

Cherche-Midi.  —  Paris. 
*LeMoîne  (G.),  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  70,  rue  d'Assas.  --  Paris. 
Le  Monnier,  Professeur   d'histoire   naturelle    à    la  Faculté  des    sciences.  —  Nancy. 

Lemut,  Ingénieur  civil,  6.  rue  de  l'Entrepôt.  —  Nantes. 

Leneveu  (Ernest),  Ingénieur  civil,  41,  chaussée  de  la  Madeleine.  —  Nantes. 
•Lennier  (G.),   Directeur   du  Musée  d'histoire   naturelle,   2,  rue    Bernardin-de-Sainl- 
Pierre.  —  Havre. 

Lenoir,  Négociant,  Membre  du  Conseil  municipal.  9,  cours  d'Alsace-Lorraine.  — 
Bordeaux. 

Lenoir  (Léon),  Architecte,  11,  rue  Contrescarpe.  —  Nantes. 

Lenoir,  Avoué,  Adjoint  au  maire.  —  Clermont-IYrrand. 

Df  Léon,  Professeur  à  l'École  de  médecine  navale.  —  Bochefort. 

Léon  (Adrien)  ,  Député  de  la  Gironde,  5,  rue  Foy.  —  Bordeaux. 

Léon  (Alexandre),  Administrateur  de  la  Compagnie  du  Midi,  Armateur  U  cours  du 
Chapeau-Bouge.  —  Bordeaux. 

Léon  (Anselme),  Négociant,  22,  rue  Fondaudège.  —  Bordeaux. 

Dr  Léon-Dufour  (A.).  —  Saint-Sever-sur-Adour  (Landes). 
*Lepaute,  Constructeur  de  phares,  6,  rue  Lafayette.  —  Paris. 
*Lepine,  Professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon.  —  Lyon.  —  R 
*Lerch,  Négociant,  24,  rue  de  Joinville.  —  Havre. 

Leroux,  Capitaine  au  81e  de  ligne.  —  Bodez  (Aveyron). 

Leroux,  Conseiller  général  de  la  Loire-Inférieure.  —  Saint-Julien-de-Vouvantes 
(Loire-Inférieure) . 

Dr  Leroux  (Armand).  —  Ligny-le-Chàtel  (Yonne). 

Le  Boux  (Henri),  chef  du  Cabinet  du  Préfet  de  la  Seine,  au  Luxembourg.  —  Paris. 

Leroy  (L.j,  Ingénieur  civil,  entrepreneur  de  travaux  publics,  10,  boulevard  de  Calais. 

—  Argenteuil. 

*Leroy,  Pharmacien,  137,  rue  de  Paris.  —  Havre. 

Lescarret,  Président  delà  Société  philomathique,  rue  Montméjan. Bordeaux. 

*Lesidaner,  Propriétaire,  boulevard  de  Strasbourg.  —  Havre. 

Lesmarie    (l'abbé),  Professeur.  —  Pléaux  (Cantal). 

Lesmaris,  Notaire,  23,  rue  Pascal.  —  Clermont-Ferrand. 

LesnIer  (Frédéric),  Conseiller  général   de  la  Gironde.  —  Carbon-Blanc  (Gironde). 

Lespiault.   Professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  rue  Michel-Montaigne.  —  Bordeaux 

—  R 

Lesseps  (Ferdinand  de),  Membre  de  l'Institut,  Président-Fondateur  de  la  Compagnie 
universelle  du  canal  maritime  de  l'Isthme  de  Suez,  9,  rue  Bichepance.  •— Paris.  —F 

*Lessert  (Alex,  de),  15,  rue  de  Bordeaux.  —  Havre. 

*Lestrange  (le  vicomte  de).  —  Saint-Julien,  par  Saint-Genis-de-Saintonge  (Charente- 
Inférieure). 


LII  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

Dr  Lesure  (Alfred).  —  Attigny  (Ardennes). 
•Letellier  (Georges),  15,  rue  Thibaut.  —  Havre. 
"Letellier,  Directeur  de  la  Société  française  des  archives  photographiques,  historiques 

et  monumentales.  —  Havre. 
*Letellier  (M-"),  Rentière,  32,  rue  de  Joinville.  —  Havre. 
•Letellier-Ferard  (Ed.),  Rentier,  14,  rue  d'Etretat.  —  Havre. 
*Letellier-Ferard,  Rentier,  14,  rue  d'Etretat.  —  Havre. 
Dr  Letessier.  —  Lormont-Bordeaux. 
Létiévant  (le  Professeur  E.),  Chirurgien  en  chef  de  1  Hôtel-Dieu,  de  Lyon,  16,  place 

Bellecour.  —  Lyon. 
Letourneux  ,  Président  honoraire  du  Tribunal  de  Fontenay,  5,  rue  Jean-Jacques.  — 

Nantes. 
Letrange  (Edouard),  ancien  Maire.  —  Charleville  (Ardennes). 
*Leudet  ,   Directeur  de    l'École    de  médecine  de  Rouen,   49,  boulevard  Cauchoise.  — 

Rouen.  —  F 
*Leudet  (Mrae),  49,  boulevard  Cauchoise.  —  Rouen. 
*Leudet  (Ollivier),  Étudiant,  49,  boulevard  Cauchoise.  —  Rouen. 
*Leudet  (Robert) ,  Étudiant,  49,  boulevard  Cauchoise.  —  Rouen. 
*Leudet,  Propriétaire,  Grande-Rue.  —  Havre. 
*Leudet,  Pharmacien,  20,  place  de  l'Hôtel-de-ville.  —  Havre. 

*Leureau  (Louis) ,  Manufacturier,  ex-préparateur    adjoint    de  chimie  à  l'École  indus- 
trielle la  Martinière.  —  Chalon-sur-Saône. 
"Levasseur,  Membre  de  l'Institut,  Professeur  au  Collège  de  France,  26,  rue  Monsieur- 

le-Prince.  —  Paris.  —  R 
Levi-Alvarès  (Albert),  Ingénieur  civil,  94,  rue  Miroménil.  —  Paris. 
Dr  Levieux,  Vice-président  du  Conseil  d'hygiène  et  de  salubrité  de   la   Gironde.  — 

Bordeaux. 
Lévt-Crémieux,  Ranquier,  34,  rue  de  Chàteaudun.  —  Paris.  —  F 
*Dr  Leyad,  148,  cours  de  la  République.  —  Havre. 
Leydet,  33,  rue  Ausone.  —  Rordeaux. 
Lhéritié   (Lucien! ,    Constructeur-Mécanicien,    15,    rue    Sainl  -Louis.   —   Clermont- 

Ferrand. 
L'Hôte,  Chimiste,  19,  boulevard  Magenta.  —  Paris. 
Libaudière,  1,  rue  Duplessis.  —  Rordeaux. 
"Ltchteinstein,  Négociant,  6,  rue  des  Ormeaux.  —  Havre. 
Liès-Bodard,    Inspecteur   de   l'Académie.  —  Paris. 
Liguine  (V.),  Professeur  à  l'Université.  —  Odessa  (Russie). 
Lilienthal,  Membre  de  la  Chambre  de  commerce,  13,  quai  de  l'Est.  —  Lyon. 
Limur   (Comte  de),  Membre  de  la  Société  géologique  de  France,  hôtel  de  Limur.  — 

Vannes. 
•Linder,  Ingénieur  en  chef  des  mines.  —  Alais. 
"LioNNETi  Courtier,  Membre  de  la  Société  géologique  de  Normandie,  17,  rue  Escarpée. 

—  Havre. 

•Liouville,  Député  de  la  Meuse,  Agrégé  à  la    Faculté  de  médecine  de  Paris,  9,  rue 

Mazarine.  —  Paris. 
Lisbonne,  Ingénieur  de    la  marine,  168,    rue  du    Faubourg-Saint-Honoré.  —    Paris. 

—  R 

•Livache,  Ingénieur  civil,  24,  rue  de  Grenelle-Saint-Germain.  —  Paris. 

Locard  (Arnould),  Ingénieur  civil,  59,  rue  de  la  Reine.  —  Lyon. 

Locard,  Membre  de  la  Société  d'agriculture,  59,  rue  de  la  Reine.  —  Lyon. 

Loche,   Ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  16,  rue  de  Berlin.  —  Paris.  —  F 

Lœvy  (Maurice),  Astronome  à  l'Observatoire.  6,  rue  Cassini.  —  Paris. 

Loir,  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  54,  avenue  de  Noailles.  —  Lyon. 
*Loisnel,  Maire  de  Neufchàtel  (Seine-Inférieure). 

L'Olivier  (Victor),  ancien  Ingénieur  des  manufactures  de  l'État,  208,  rue  de  Grenelle. 

—  Paris. 

Lombard  (Louis),  Ligénieur  civil,  4,  rue  Constantine.  —  Lyon. 

Longchamps  (G.  de), Professeur  de  mathématiques  spéciales  au  Lycée. —  Poitiers. —  R 

Loncke,  Directeur  particulier  de  la  Compagnie  d'Assurances  générales,  13,  boulevard 

de  la  Liberté.  —  Lille. 
Longhaye  (Aug.),  Négociant,  22,  rue  de  Tournay.  —  Lille.  —  R 
Lopez-Dubec  (Félix),  Armateur,  28,  place  Dauphine.  —  Bordeaux. 
Lordereau,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées.  —  Clermont-Ferrand. 


I'i.ik  l'avancement  des  sciences  '-m 

Lorenti  cadet.   Secrétaire  général  de  la  Société  d'agriculture,  22,  cours  Morand.    — 

l.\on. 
Lorieux  (Edmond),  Ingénieur  des  naines,  3  Ws,  rue  Bonne-Louise.—  Nantes. 

Lorin,  Préparateur  de  chimie  industrielle  et  de  physique  générale.  Chef  de  manipu- 
lation de  physique  à  l'École  centrale  des  arts  et   manufactures,  i,  rue  des  Coutu- 
res-Saint-Gervais.  —  Paris. 
'Loriol  (P.  deï,  Géologue.  —  Fontenex,  près  Genève  (Suisse 
Lorioi.  (de).  Ingénieur  civil,  ancien  élève  de  l'École  des  mines,  46,  rue  Centrale.  — 

Lyon.  —  R 
D'  Lortet,  Doyen  de  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon,  Directeur  du  Muséum  d  histoire 
naturelle.  1.  quai  de  la  Guillotière.  —  Lyon.  —  F 

Lory  (Charles),  Doyen  de  la  Faculté  des  sciences.  —  Grenoble. 

Loste,  Notaire.  50,  rue  Ferrère.  —  Bordeaux. 

Lottin.  —  Noyers  (Loir-et-Cher). 

I.otz-Brissonneau,  Ingénieur  civil,  86.  quai  de  la  Fosse.  —  Nantes. 
"Louer  (Ernest),  81,  rue  de  Normandie.  —   Havre. 
•Louer  (Jacques),  Brasseur,  20,  rue  d  Étretat.  —  Havre. 
•Lougnon  (Cyr),  Étudiant,  48,  rue  C.ay-Lussac.  —  Paris. 
•Lougnon  (Victor).  48.  rue  Gay-Lussac.  —  Paris. 

Saint-Loup.  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences.  —  Besançon 

Loyer  (Henri),  Filateur.  394,  rue  Notre-Dame.  —  Lille.  —  R 

Loyson,  Président  honoraire  en  Cour  d'appel,  42,  rue  Vaubécour.  —  Lyon. 
•Lucas  (Edouard),  Professeur  au  Lycée  Charlemagne,  56,  rue  Monge.  —Paris. 

Lucas-Championnière,  Chirurgien  des  hôpitaux,  13,  rue  Bonaparte.  —  Paris. 

Lugol,  Avocat,  H,  rue  de  Téhéran  (parc  Monceaux).  —  Paris.  —  F 

Luneau,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées.  —  Arras. 

'Dr  Lunikk.  Inspecteur  général  des  asiles  d'aliénés  de  France,  6,  rue  de  l'Université. 
—  Paris. 

Lutschek,  Banquier,  43,  rue  La  Bruyère.  —  Paris.  —F 

Luuyt,  Ingénieur  en  chef  des  mines,  2,    rue  de  la  Chaussée-d'Antin.  —  Pari* 

Luze  (de)  père,  Négociant,  rue  et  château  Rivière.  —  Bordeaux.  —  F 

Lykiardopoulos,  32,  rue  des  Écoles.  —  Paris. 

Maas,  15,  rue  de  la  Banque.  —  Paris.  — R 

Mabit,  Professeur  à  l'École  de  médecine.  —  Bordeaux. 

Macé,  Professeur  à  l'École  de  médecine.  —  Rennes. 

Machelard,  Pharmacien,  142,  rue  Notre-Dame.  —  Lille. 

Madelaine  (Joachim).  —  Evian-les-Bains  (Haute-Savoie). 

Madelaine,  Inspecteur  du   service  de  la   voie  au   chemin   de   fer  des  Charentes.  — 
Saintes  (Charente-Inférieure) . 

Dr  Magitot,  8,  rue  des  Saints-Pères.  —  Pans.  —  F 

Magné.  Négociant,  12,  rue  de  Sèze.  —  Bordeaux. 

Magnien  (A.-G.)  —  Trémont,  par  Tournus  (Saône-et-Loire). 

Mahaut,  Négociant,  rue  de  la  Poissonnerie.  —  Nantes. 
*Mahéraux,  Couvreur,  40,  rue  Saint-Quentin.  —  Havre. 

Mahieu  (Aug.),  Filateur.  —  Armentières  (Nord). 

Mahmoud-Bey,  Directeur  de  l'Observatoire  du  Caire,  Vice-Président  de  l'Institut  Égyp- 
tien.—  Alexandrie  (Egypte). 

Mahue  (Louis).—  Anizy-le-Château  (Aisne). 

Mahyer,  Ingénieur  en  chef  des   ponts  et  chaussées,  102,  rue  de  Grenelle-Saint-Ger- 
main. —  Paris.  —  R 

Mailho,  Pharmacien,  9,  cours  des  Fossés.  —  Bordeaux. 

*Dr  Maire,  33,  rue  de  Berry.  —  Havre. 

Mairet,  Constructeur-Mécanicien,  41,  rue  Centrale.  —  Lyon. 

Malafosse  (Gaston  de),  Avocat,  Docteur  en  droit,  13,  Grand'Rue  Nazareth.— Toulouse. 

Malézieux  (E.),  Ingénieur  en  chef,  Secrétaire  du  Conseil  général  des  ponts  et  chaus- 
sées, 108,  rue  du  Bac.  —  Paris. 

Dr  Malherbe  père,  Professeur  à  l'École  de  médecine,  rue  Affre.—  Nantes. 

Malingre,  Ingénieur  civil,  rue  Cervantes.  —  Madrid. 

*Mallard,  Entrepreneur  de  travaux  publics,  21,  rue  Lemaistre.   —  Havre. 

Mallay  (Emile),  Architecte,  Secrétaire  de  l'Académie  des    Sciences,  belles-lettres  et 
arts,  1,  rue  du  Port.  —  Clermont-Ferrand. 

Mallet,  Propriétaire,  6,  place  de  la  Madeleine.  —  Paris. 

*Mallet  (F.),  Négociant,  25,  rue  de  l'Orangerie.  —  Havre. 


LIV  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

Dr  Mallez,  6,  rue  du  Vingt  -Neuf-Juillet.—  Paris. 

Malvezin  (Th.),  5,  place  Dauphine.  —  Bordeaux. 

Manès,  Ingénieur  civil,  Directeur  de  l'École  supérieure  de   commerce  et  d'industrie. 
20,  rue  Judaïque,  —  Bordeaux, 

Manès  (Mme),  20,  rue  Judaïque.  —  Bordeaux. 

Mangin  (A.),  Directeur  des  constructions  navales,  42,  rue  de  Berry.  —  Paris.  —  R 

Mangini,  Sénateur,  rue  des  Archers.  —  Lyon.  —  F 

Mannberger,  Banquier,  59,  rue  de  Provence.  —  Paris.  —  F 
♦Mannheim,  Chef  d'escadron  d'artillerie,  Professeur  à  l'École  polytechnique,  11,  rue  de 

la   Pompe.  —  Passy-Paris.   —   F 
♦Maquenne,  Licencié  es  sciences.  —  Grignon  (Seine-et-Oise). 

Dr  Marcé,  1,  rue  de  l'Écluse.—  Nantes. 
♦Marchand  (fils),  Pharmacien.  —  Fécamp. 

'Marchand  (Eugène),  Correspondant  de    l'Académie  de  médecine.  —  Fécamp  (Seine- 
Inférieure). 

Marchegay,  Ingénieur  civil  des  mines,  27,  quai  Tilsit.  —  Lyon.  —  R 

D'  Marduel,  23,  rue  de  Bourbon.  —  Lyon. 

Maréchal,  25,  rue  du  Manège.  —  Bordeaux. 

Mares  (Henri).  —  Montpellier,  —  F 

Mares  (Mme  veuve),  rue  Salle-l'Évêque.  —  Montpellier. 

Dr  Mares  (Paul),  rue  Babazoun,  —  Alger.  —  R 

Dr  Marey,  Professeur  au  Collège  de  France,  13,  rue  Duguay-Trouin. —  Paris. 
*D'  Marguerite,  3,  rue  de  la  Comédie.  —  Havre. 

Mariage  (J.),  Fabricant  de  sucre.  —  Thiant,  par  Denain  (Nord). 
'Marical,  Pharmacien,  112,  rue  de  Paris.  —  Havre, 

Marie,  Avocat,  1,  rue  du  Calvaire. —  Nantes. 

Marié-Davy,  Astronome,  Directeur  de  l'Observatoire  de  Montsouris. 

Marignier,  Ingénieur  civil.—  Joze,  par  Maringues  (Puy-de-Dôme). 

Marignac  (Charles),  Professeur.  —  Genève  (Suisse).  —  R 
*Marjoun,  Chirurgien  des  hôpitaux,  16,  rue  Chaptal.  —  Paris.  —  R 

Dr  Marmisse,  49,  rue  Saint-Sernin.  —  Bordeaux. 

Marmorat,  Négociant,  21,  rue  Centrale.  —  Lyon. 

Dr   Marmottan,    Député  de  la  Seine ,    31,    rue   Desbordes-Valmore. —  Paris. 

Marnas  (J.-A.),  11,  quai  des  Brotteaux.  —  Lyon. 
*Marsy  (le  Comte  Arthur  de),  Membre   de  la  Commission  centrale   de  la  Société  de 

géographie.  —  Compiègne  (Oise). 
♦Marteau,  Bédacteur  en  chef  du  Journal  du  Havre,  46,  rue  Vivienne.  —  Paris. 

Martel  (Alexandre),  château  de  Cassan,  par  Roujan  (Hérault). 

Martin  (Albert),  7,  rue  du  Puits-Gaillot.  —  Lyon. 
♦Martin  (André),  Étudiant  en  médecine,  1,  rue  Perdonnet.  —  Paris. 
♦Martin  (Ferdinand),  3,  rue  de  la  Cité.  —  Havre. 

Martin,  Greffier  au  Tribunal  de  commerce.  —  Paris. 

♦Martin  (William),  Chargé   d'affaires   d'Hawaï,  13,  avenue  de  la    Reine-Hortense.  -- 
Paris.  —  R 

Martin-Barbet,  Pharmacien,  21,  cours  de  Tourny.  —  Bordeaux. 

Martineau,  Avoué,  4,  rue  de  Feltre.  —  Nantes. 

Martinet  (Ludovic). —  Château  de  la  Roche,  commune  de  Craray  (Cher). 

Martinet  (Emile),  Imprimeur,  2,  rue  et  hôtel  Mignon.  —  Paris,  —  F 

Martins  (Charles),  Professeur  à  la  Faculté  de  médecine.  —  Montpellier. 

Marveille  (de),  château  de  Calviac-Lasalle  (Gard).  —  F 

♦Marviesse,   Ingénieur    des  forges   et    chantiers    de    la   Méditerranée,   27,    place   de 
l'Hôtel-de-  Ville.  —  Havre. 

Marx  (Armand),  Négociant,  18,  rue  du  Calvaire.  —  Nantes. 

Marx  (Raoul),  Négociant.  18,  rue  du  Calvaire.  —  Nantes. 

Mascart,  Professeur  au  Collège  de  France,  7,  rue  Malebranche.  —  Paris. 

Masfrand,  Pharmacien,  rue  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Aurillac  (Cantal). 

Masquelez,  Ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées,  Directeur  des  travaux  munici- 
paux, 128,  rue  Nationale.  —  Lille. 
•Masquelier,  Négociant,  7,  quai  d'Orléans.  —  Havre. 
♦Masquelier  (Em.),  Négociant,  7,  quai  d'Orléans.  —  Havre. 
"Dr  Massart.  —  Honfleur. 

Masse  (E.),  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine    de  Montpellier,   Chef  des 
travaux  anatomiques,  6,  rue  Saint-Firmin.—  Montpellier. 


Pont    LAVAM.KMKYI     l»KS    SCIENCES  LV 

Dr  Massé.  —  Pelle-grue  (Gironde). 
MaSSBNAT  (Élie). —  Brive  (Corrèze). 

Massehon,  Directeur  des  douanes,  38,  quai  de  la  Fosse.  —  Nantes. 
•\I\ssmn  (Georges),  Libraire  de  l'Académie  de  médecine,  120,  boulevard  Saint-Germain. 

—  Paris.  —  F 

Masbon  (Lucien),  employé,  53,  rue  d'Orléans, —  Havre. 
M.  E.  (anonyme).  —  Paris.  —  F 
Dr  Masurel,  18,  rue  de  la  Barre. —  Lille. 

Masurel  jeune,  Inventeur  mécanicien,  29,  rue  Inkermann. —  Lille. 
*Masurier  (J.),  Négociant,  3,  place  de  lHôtel-de-Ville.  —  Havre.  —  R 
Matharel  (de),  Trésorier  général.  —   Clcrmont-Ferrand. 
Mathias,  Ingénieur  de  la  traction  au  chemin  de  1er  du  Nord,  28,  rue  des   Fossés. 

—  Lille. 

Maublanc  (Amédée  de),  rue  Saint-Denis.  —  Nantes. 

Maukras  (E.),  Notaire.  —  Pons  (Charente-Inférieure). 
'Maugbr  (Emile),  Étudiant,  11,  rue  de  Coude.  —  Paris. 
'M  m  mur,  Secrétaire  général  de  la  Société  de  géographie,   l'i,   rue  .lacob.  —  Paris. 

Maurel  (Marc),  Banquier,  Conseiller  municipal.  —  Bordeaux.  —  R 

Maurel  (Emile),  Négociant,  7,  rue  d'Orléans.  —  Bordeaux.  —  R 
'Mauxion,  Externe  des  hôpitaux,  34, rue  Saint- Jacques.  —  Paris. 
'Maxwell-Lyte    (F.),    Ingénieur-Chimiste,    ti,    cité    du    Retire-,    30,    Faubourg-Saint- 
Honoré.  —  Paris.  —  R 

Mater,  .Négociant,  20.  rue  Saint-Georges.  —  Paris, 
*Maze  (abbé).  —  Harfleur. 
♦Médinger,  Professeur  au  collège.  —  Châlons-sur-Marne. 

Mbhc,  Pharmacien  de  première  classe.  —  Villefranche  (Rhône). 

Dr  Mbioe,  —  Moulin.-.  [AHiei 

Meigné,  Ingénieur  des  arts  et  manufactures,  Directeur  propriétaire  de  l'usine  à  gaz. 

—  Saintes  (Charente-Inférieure), 

Meissas,  81,  boulevard  Saint-Germain.  —  Paris. 

Mekarski,  Ingénieur  civil,  96,  avenue  de  Clichy.  —  Paris. 

Mellac,  notaire.  —  Nérac. 

Mellac  (André),  Étudiant  en  droit.  —  Nérac. 

Meller  père.  Négociant,  43,  Pavé-des-Charlrons.  —  Bordeaux. 

Mellerio,  Élève  de  l'École  des  hautes  éludes,  18,  rue   Neuve-des-Capucines.—  Paris. 

Mellinet,  Propriétaire,  88,  quai  de  la  Fosse.  —  Nantes. 

Menche  de  Loisne,  Ingénieur  en  chef  des  ponts   et  chaussées.  —  Laon. 

Mencière,  Chef  de  section  au  Chemin  de  fer  des  charentes.  —  Saint-Genis  de  Sain- 
tonge. 

Menier,  Membre  de  la  Chambre  de  commerce  de  Paris,  député  de  Seine-et-Marne,  37, 

rue  Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie.  —  Paris.  —  F 
♦Mercadier,  Répétiteur  à  l'École  polytechnique,  85,  rue  Legendre.—  Paris. 

Dr  Mercier  (Anatole) .  —  Fontenay-le-Comte  (Vendée). 

Merget,  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  5,  rue  de  l'Hôtel-de- Ville.  —  Lyon. 

Mérijot,  Industriel.  —  Bourdon  (Puy-de-Dôme). 

Merle  de  Massonneau  (Antoine),  Vice-Président  du  Comité   agricole.  —  Nérac. 

Merle  (Henri).  —  Salindres  (Gard).  —  F 

Merlin,  110,  rue  Bonaparte.  —  Paris. 
'Merville  (Jules),  1,  rue  de  la  Paix. —  Havre. 
*Merville  (Mme  Jules),  1,  rue  de  la  Paix.  —  Havre. 

Meschinet  de  Bichemond  (Louis-Marie).  Archiviste  de  la  Charente -Inférieure, 
Officier  d'académie,  correspondant  du  Ministre  de  l'instruction  publique  pour  les 
travaux  historiques,  23,  rue  Verdière.  —  La  Rochelle. 

D"  Mesnard  (P.  des),  186,  sur  le  Cours.  —Saintes  (Charente-Inférieure). 

Messimt,  Notaire,  13,  rue  de  Lyon.  —  Lyon. 

Mestrezat,  Négociant,  Consul  suisse,  rue  du  Parlement.  —  Bordeaux. 

D1'  Métadier,  allée  d'Orléans.  —  Bordeaux. 
*Metgé  (L.),  Professeur,  5,  rue  de  la  Cité.  —  Havre. 
*Metteil,  Pharmacien,  20,  rue  de  Normandie.   —  Havre. 

Metzger,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées.  —  Saint-Flour. 

Meunier  (Fernand),  ancien  Élève  de  l'École  de  Grignon,  engagé  conditionnel  au 
121e  de  ligne.  —  Saint-Etienne  (Loire). 

D^  Meunier  (Valéry).  —  Pau. 


LVI  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

'Meunier,  Négociant,  83,  rue  de  la  Côte.  —  Havre. 

'Meurdra  (H.),  Directeur  de  la  Compagnie  des  Eaux  du  Havre,  91,  rue  de   Montivil- 
liers.  —  Havre. 

Meure,  Pharmacien,  147.  rue  Notre-Dame.  —  Bordeaux. 

Meurein,  Pharmacien,  30,  rue  de  Gand.  —  Lille. 

Meynard  (J.-J.),  Ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées  en  retraite.  3,  quai  Sainl- 
Clair.  —  Lyon.  —  F 

Meyran  (Octave),  39,  rue  de  l'Hôtel- de- Ville.  — Lyon. 

Dr  Micé,  Professeur  à  l'École  de  médecine.  —  Bordeaux.  —  R 

Micé  (Louis),  79,  rue  Turenne.  —  Bordeaux. 

Michaud  (ils,  Notaire.  —  Tonnay-Charente  (Charente-Inférieure). 

Michel  (Charles),  Avoué,  23,  cours  de  l'Intendance.  — Bordeaux. 

Dr  Mignot,  Lauréat  de  llnstitut.  —  Chantelle  (Allier). 

Dr  Millet-Lacombe.  —  Miallet  (Dordogne). 

Millet-Lacombe  (Mme).  —  Miallet  (Dordogne). 

*Millot  (Arthur).  Professeur  à  l'École    nationale    de    Grignon,  11,  rue    Mazarine.  — 
Grignon  (Seine-et-Oise). 

Milne  Edwards    (Alphonse),    Professeur   de    zoologie  au    Muséum    et  à   l'École  de 
pharmacie,    rue  Cuvier,  au  Muséum.  —  Paris.  —  R 

Min  Barabraham,  Banquier,  12,  place  Puy-Paulin.  —  Bordeaux. 

Mirabaud  (Paul),  29,  rue  Taitbout.  —  Paris.  —  R 

Mirabaud,  Banquier,  29,  rue  Taitbout.  —  Paris.  —  F 

Missonnier,  Pharmacien.  —  Saint-Flour  (Cantal). 

Moinier,  Avocat,  Maire  de  Clermont-Ferrand.  —  Clerinont-Ferrand. 

Moitessier,  Professeur  à  la  Faculté  de  médecine.  —  Montpellier. 

Molle  (F.),  Pharmacien.  — Gannat  (Allier). 

Mollins  (S.  de),  Ingénieur  civil.  —  Croix  (Nord). 

Monchy  (de).  Propriétaire,  52,  rue  des  Remparts.  —  Bordeaux. 

Mondiet,  Professeur  au  Lycée.  —  Mont-de-Marsan. 

Mongeaud,  Chef  du  bureau  de  la  voie  au  chemin  de   fer  des   Charentes,    —  Saintes 
(Charente-Inférieure) . 

D'  Monnereau.  — Saintes  (Charente-Inférieure). 
"Monod  (Charles),    Professeur  agrégé  à    la    Faculté  de    médecine    de   Paris.    12.     rue 

Cambacérès.  —  Paris.  —  F 
*Monod  (Julien),  Négociant,  61,  rue  de  la  Côte.  —  Havre. 
*Monod  (Ed.),  Négociant,  3,  rue  Escarpée.  —  Havre. 
*Monod  (Philippe),  Négociant,  61,  rue  de  la  Côte.  —  Havre. 
*D'  Monod  (Louis),  5,  rue  des  Écuries  d'Artois.  —  Paris. 
*Montargis.  chez  M.  Daymard,  Ingénieur,  11,  place  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Havre. 

Montaut,  Avocat.  —  Marmande  (Lot-et-Garonne). 

Montcourt,  Professeur  de  mathématiques  au  lycée,  1,  rue  Pré-Nian.  —  Nantes. 

Dr  Montfort,    Professeur  à   l'École    de    médecine,    19,    rue    Voltaire.  —  Nantie. 

Mont-Louis,  Imprimeur,  2,  rue  Barbançon.  —  Clermont-Ferrand.  —  R 

Mony  (C).  — Commentry  (Allier).  —  F 

*Morandière,  Ingénieur  de  la  Compagnie  de  l'Ouest,  27,  rue  Notre-Dame-des-Champs. 
—  Paris. 

Dr  Moreau  (E.),  7,  rue  du  Vingt-Neuf-Juillet.  —  Paris. 
*Dr  Moreau  (Armand),  Membre  de  l'Académie  de  médecine,  55,  rue  de  Vaugirard. —  Paris 

Moreau  (Benjamin),  Conseiller  municipal,  52,  rue  de  Rennes.  —  Nantes. 

Mobel  d'Arleux  (Charles),  Notaire,  28,  rue  de  Rivoli.   —  Paris.  —  F 
'.Morière,  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences.  —  Caen. 

Moritz,  Directeur  de  l'Observatoire.  —  Tiflis  (Russie). 

D'  Morlot,  Docteur  en  médecine,  24,  rue  Saint-Philibert.  —  Dijon. 

Mortillet  (Gabriel  de),  attaché  au    Musée    des    Antiquités   nationales.  —  Sainl-Ger- 
main-en-Laye.  —  R 

I)1   Mory  (Gustave),  5,  rue  Thomas.  —  Clermont-Ferrand. 

U'  Muser,  14,  rue  des  Petits-Hôtels.  —  Paris. 

Mosneron-Dupin,  Président  de  la  Sociélé  industrielle,  14,  rue  Voltaire. —Nantes. 
•Mossé  (Alp.),  Interne  des  hôpitaux  à  l'Hôtel-Dieu.  —  Paris. 

Motelay  (Léonce),  Rentier,  cours  de  Gourgues.  —  Bordeaux. 
*Dr  Motta-Maïa  de  Rio-Janeiro,  17,  rue  de  Téhéran.  —  Paris. 

Mouchez  (le  commandant  ,  Membre  de  l'Institut,  Directeur  de  l'Ub-ervatoire,  2,  rue  de 
Tournon   —  Paris. 


POl'It    L  AVANCEMENT    DES    SCIENCES  LVH 

Moulan,  Négociant.  75,  rue  du  Molinel.  —  Lille. 
-  \l,.i  i  iv.  Négociant,  169,  boulevard  de  Strasbourg.  —  Havre. 
*Dr  Mourgues.  —  La  Sale  (Gard). 
Mourlan-Descudé,  Propriétaire.  —  Nérac. 
Dr  Modssous,  38,  nie  d'Aviau.  —  Bordeaux. 
Moussous  fils.  38,  rue  d'Aviau.  —  Bordeaux. 

Mulsant,  Président  de  la  Société  linnéenne,  Correspondant  de  l'Institut,  25,  quai  Saint- 
Vincent.  —  Lyon. 
•Mundler.  Négociant,  48,  rue  des  Gobelins.  —  Havre. 
Mure  (Auguste),  Chimiste  à  la  Faculté  des  sciences.  —  Clermont-Fcrrand. 
Murray.  Économiste,  membre  honoraire  du  Cobden  Club,  11,  boulevard  Bonne-Nou- 
velle. —  Paris. 
\ai.ullac  (le  marquis  de),  13,  rue  d'Anjou  Saint-Honoré.  —  Paris. 
*Dr  Nadaud.  —  Angoulème. 
\\nsouty  (le  général  de).  —  Bagué res-de-Bigorre. 

Wansouty  (Max  de),  Ingénieur,  Préparateur  des  cours  de  chimie  analytique  et  tech- 
nologique ;i  l'École  centrale,  2,  rue   Saint-Martin.  —   Paris. 
Narjot  de  Toucy,  Administrateur  de  la  Compagnie  du  chemin  de  fer  de  Clermont  à 

Tulle,  19,  rue  Tronchet.  —  Paris. 
D'  Négkié,  Médecin  des  hôpitaux,  cours  Potal.  —  Bordeaux. 
*Dr  Nepveu,  24,  rue  d'Enghien.  —  Paris. 
Névrezé,  Avocat,  28,  rue  Saint-Sulpice.  —  Paris. 
Dr  Nicas.  —  Fontainebleau.  —  R 
Nicodème,  Ingénieur  civil   de  la   maison  Lloyd  et    Lloyd,    38,   Crande-t '.haussée.  — 

Lille. 
Nicolas,  ancien  Pharmacien.  —  Saint-Amand-Tallende  (Puy-de-Dôme). 
Nidelet  (Urbain),  Notaire,  14,  rue  Crébillon.  —  Nantes. 
Ni vet.  Ingénieur  civil.  —  Echoisy  (Charente). 
Nivet  (M"").  —  Echoisy  par  Luxé  (Charente  . 
"Nivoit  (Edmond),  Ingénieur  des  mines.  —  Mé/ieres  (Ardennes). 
Noack,  Ingénieur,  4,  rue  Constantine.  —  Lyon. 
*Noel,  Ingénieur  de  la  marine,  45,  quai  d'Orléans.  —  Havre. 
Noël,  Négociant  en  bois  du  Nord,  85,  cours  de  la  République.  —  Havre. 
Normand,  Conseiller  général  de  la  Loire-Inférieure,  12,  quai    des    Constructions.    — 

Nantes.  —  R 
"Normand  (A.),  Constructeur  de  navires,  67,  rue  du  Perrey.  —  Havre. 
"Noroy  (Ch.),  Chimiste,  63,  rue  Mexico.  —  Havre. 
"Nottelle,  Secrétaire  du    Syndicat  général  des  Chambres    syndicales,  Membre  de  la 

Société  d'économie  politique,  49,  rue  Réaumur.  —  Paris. 
Nougaret,  Contrôleur  du  service   de  la    voie    au    chemin   de   fer  des   Charentes.  — 

Saintes  (Charente-Inférieure) . 
"Noury,  Professeur  de  dessin,  2,  rue  de  Joinville.  —  Havre. 
Nouvel,  Pharmacien  de  lre  classe.  —  Rodez  (Aveyron). 
Nugues  (A.),  Raffineries  de  potasse  et  de  soude.   —  Saint-Saulve,    près  Valenciennes 

(Nord). 
Oberkampf  (E.),  Ministre  du  saint  Évangile,  69,  avenue  de  Saxe.  —  Lyon. 
Odier,  Directeur  -  Adjoint  de   la  Caisse  générale  des    familles,  4,  rue  de  la  Paix.  — 

Paris.  —  R 
*Odinet,  Négociant,  9,  rue  de  l'Orangerie.  —  Havre. 
"Œchsner,  Rentier,  33,  rue  de  la  Côte.  —  Havre. 
"Œchsner  de  Coninck  (William),  105,  rue  de  Rennes.  —   Paris.  —  R 
*Œchsner  de  Coninck,  Rentier,  37,  rue  de  la  Côte.  —  Havre. 
Olivier  (Ernest),  Membre  des    Sociétés  botanique  et   entomologique  de   France.  — 

Moulins  (Allier). 
Olivier  de  Landreville,  (Arsène),  112,  boulevard  Voltaire.  —  Paris. 
"Ollier  de  Marichard,  Archéologue.  —  Vallon  (Ardèche). 

*Ollier,  Ex-Chirurgien  en  chef  de  PHôtel-Dieu  de  Lyon,  Correspondant  de  l'Institut 
et  de  l'Académie  de  médecine,    Professeur   à  la  Faculté   de   médecine   de   Lyon, 
5,  quai  de  la  Charité.  —  Lyon.  —  F 
Onésime  (le  frère), /24,  montée  Saint-Barthélemi.  —  Lyon. 
Dr  Onimiis,  7,  place  de  la  Madeleine.  —  Paris. 
Oppenheim  frères,  Banquiers,  17,  rue  de  Londres.  —  Paris.  —  F 
Dr  Oré.  Professeur  à  l'École  de  médecine,  rue  du  Palais-de-Justice.  —  Bordeaux. 


LVIII  ASSOCIATION   FRANÇAISE 

Ortlieb,  Chimiste.  —  Croix,  près  Roubaix  (Nord). 

Ozil  (Achille),  Secrétaire  du  Journal  de  l'Académie  nationale  agricole  et  de  statistique, 

41,  rue  de  Chàteaudun.  —  Paris. 
*Pabst  (Albert),  41,  boulevard  Saint-Michel.  —  Paris. 
Pagnoux,  Professeur  de  chimie,  Directeur  de  la  Station  agricole  du  Pas-de-Calais.  — 

Arras. 
Pajot,  Directeur  de  l'Enregistrement,  14,  rue  Fontgève.  —  Clermont-Ferrand. 
Palharey  (Alfred),  Ingénieur  civil.  —  Saintes  (Charente-Inférieure). 
Papillaud  (Mme).  —  Saujon  (Charente-Inférieure). 
Taquier  (J-B.),  Docteur  es  lettres,  Professeur  d'histoire  et  de  géographie  au  Lycée, 

3,  avenue  de  Saint-Cloud.  —  Versailles. 
Parise,  Professeur  à  l'École  de  médecine,  26,  place  des  Bluets.  —  Lille.  —  R 
Parisse  (Eugène),  Ingénieur  des  arts   et    manufactures,  49,  rue  Fontaine-au-Roi.  — 

Paris. 
'Parmentier   (le  général),  Membre  du  Comité  des  fortifications,  hôtel  d'Orléans,  17,  rue 

Richelieu.  —  Paris.  —  R 
•Parquet  (Mrae),  22,  rue  de  Douai.  —  Paris. 
*Parquet,  22,  rue  de  Douai.  —  Paris. 
Parrain,  Ingénieur  des  mines,  Directeur  des  mines  de   fer  magnétique   de  Mokta-el- 

Hadid,  3,  rue  du  Regard.  —  Paris.  —  F 
"Parrot,  Membre  de  l'Académie  de  médecine,  Professeur  à    la  Faculté  de  médecine, 

15,  quai  Malaquais.  —  Paris.  —  F 
*Partridge  (Will.),  Archiviste  de  la  Société  géologique  de  Normandie.  —  Havre. 
*Partridge  (James),  rédacteur  au  Journal  du]Havre.  —  Havre. 
Pascault,  Avoué,  25,  rue  du  Temple.  —  Bordeaux. 
*Passy  (Frédéric),    Membre  de  l'Académie    des   sciences  morales  et  politiques,  8,  rue 

Labordère.  —  Neuilly-sur-Seine.  —  R 
*Passy  (Paul),  8,  rue  Labordère.  —  Neuilly  (Seine). 
Pasteur,  Membre  de  l'Institut,  45,  rue  d'Ulm.  —  Paris.  —  F 
*Paul  (Constantin),  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de   Paris,  48.  rue  de 

Luxembourg.  —  Paris. 
*Peau,  Constructeur,  59,  rue  Augustin-Normand.  —  Havre. 
Peaucellier,  Lieutenant-Colonel  du  génie.  —  Toul. 
Péchiney  (A.),  Ingénieur-Chimiste.  —  Salindres  (Gard). 
*Peligot,  Membre  de  l'Institut,  à  l'hôtel  des  Monnaies.  —  Paris. 
*Peligot  (Maurice),  Hôtel  des  Monnaies.  —  Paris. 
Pellerin,  Agrégé  des  Lycées,  9,  rue  Richebourg.  —  Nantes. 
Pelliot  (Charles),  Négociant,  26,  rue  du  Roi-de-Sicile.  —  Paris. 
Penel,  capitaine  d'Etat-major,  75,  avenue  de  Neuilly.  —  Neuilly  (Seine). 
*Dr  Pennetier,  Directeur    du    Muséum    d'histoire   naturelle.    Professeur  à  1  École  de 

médecine.  —  Rouen. 
Penot    (Achille),    Directeur    de    l'École    de  commerce,    34,    rue  de  la  Charité.  — 

Lyon. 
Perdrigeon,  Agent  de  change,  178,  rue  Montmartre.  —  Paris.  —  F 
Pereire  (Henry),  35,  Faubourg-Saint-Honoré.  —  Paris.  —  R 
Pereire  (Emile),  89,  rue  de  Morny.  —  Paris.  —  R 
*Pereire    (Eugène),  Administrateur  de    la   Compagnie  Transatlantique,  84,  boulevard 

Malesherbes.  —  Paris.  —  R 
*Dr  Pereton.  —  Commentry  (Allier). 

Dr  Perez  (Victorl.  —  Laguna-Ténériffe.  —  Ténérilfe  (îles  Canaries). 
Perez,  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences.  —  Bordeaux.  —  R 
Perot,  Banquier,  51,  rue  Nationale.  —  Lille. 
Perrégaux  (Louis),  Manufacturier.  —  Jallien  (Isère). 
Perret,  Député  du  Rhône.  —  Collonge  (Rhône). 
"Perret  (Emile),  Pharmacien.  — Moret-sur-Loing. 
Perret  (Auguste),  Négociant,  49,  quai  Saint-Vincent.  —  Lyon. 

"Perret  (Marius),  Étudiant  en  médecine,  46,  boulevard  Saint-Michel.  Paris. 

"Perret  (Constant),  Négociant.  _>.'{.  quai  d'Orléans.  —  Havre. 
Perricaud,  Cultivateur.  —  La  Balme  (Isère).  —  R 
*D'  Perrichot,  5,  rue  de  la  Communauté.  —  Havre. 
"Perrier,  Chef    d'escadron  d  elat-major,  Membre  du  bureau  des  longitudes,  106,  rue 

du  Bac.  —  Paris. 
Dr  Pebjun,  Professeur  au  Val-de-Gràce,  51,  rue  Saint-Placide.  —  Paris. 


POUR    L  AVANCEMENT    DES    SCIENCES  MX 

*Dr  Pebriquet.  —  Beuzevillf  (Seine-Inférieure 
Perrot  (Ernest),  7,  rue  du  Lycée.  —  Laval    Mayenne). 

Perrot  (MB,e),  43,  rue    Saint-Lazare.  —  Paris. 

Perrot  (Adolphe),  Docteur  es  sciences,  ancien  Préparateur  de  chimie  à  la  Faculté 

de  médecine  de  Paris.  —  Genève  (Suisse).  —F 
•D'  Perruui),    Médecin    de    l'Hôtel-Dieu,    chargé    de  clinique    complémentaire   à    la 
Faculté  de  médecine  de  Lyon,  6,  quai  des  Célestins.  —  Lyon.  —  R 

Dr  Pery,  médecin  des  hôpitaux,  67,  rue  d'Aquitaine.  —  Bordeaux. 

I'esier  (Edmond),  Chimiste.  —  Valenciennes. 

Peslouan  (Lucas  db),  Avocat,  Conseiller  général,  s.  rue  Jean-Jacques.   -  Nantes. 
'Petit,  Pharmacien,  8,  rue  Favart.  —  Paris. 
'Petit  (M"0).  8,  rue  Favart.  —  Paris. 

Petit,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  33,  rue  de  larente.  —Lyon  [Rhône). 

Dr  Petit  (Henri),  3,  rue  de  Grenelle-Salnt-Germain.  —  Paris. 
•Petit  (M"c  Rosine),  17,  rue  Foubert.  —  Havre. 
•Petit  (M"*  Emma),  17,  rue  Foubert.  —  Havre. 
'Petit  (M"'  M.),  ±2,  rue  de  la  Coiderie.  —  Havre. 
'Petit  (Jules),  ±1,  rue  de  la  t'.orderie.  —  Havre. 
'Petit  (M"'  Jules),  ±2,  rue  de  la  Corderie.  —  Havre. 

Petiton  (A.),  Ingénieur    des  raines,  63,  rue  de  Seine  —  Paris. 

Dr  Peyraud.  —  Libourne  (Gironde). 

Peyraud  (M'"").  —  Libourne  (Gironde). 

Peyee  (Jules),  Banquier.  —Toulouse,  —  F 

Peysonneau,  Fabricant  de  papier,  Membre  de  la  Chambre  de  commerce  de  Clermont- 
Ferrand.  —  Saint-Amand-Tallende    Puy-de-Dôme). 

Pezat  (Albert),  Négociant,  171.  rue  Sainte-Catherine.  —  Bordeaux. 

Phklip  (Henry),    Étudiant  en    médecine,  chez   M.  Ollier,  5,   quai  de    la  Charité.  — 

Lyon. 
•Philippe  (Léon),  Ingénieur  des   ponts  et  chaussées,  80,  rue  Taitbout.  —  Paris.   —  R 
'PhillippeIM'"»),  80,  rue  Taitbout.  —Paris. 
•Piarron  de  Montdésir,    Ingénieur  en    chef  des  ponts  et  chaussées,  178,    avenue  de 

Neuilly.  —  Neuilly  (Seine). 
*Dr  Piasecki,  35,  rue  Bernardin-de-Sainl-Piene.  —  Havre. 

PlAT  (A.),  Constructeur-Mécanicien,  49,  rue  Saint-Maur.  —  Paris.  —  F 

Piaton,    Président   du    Conseil  d'administration    des   Hospices,  9,    rue   Ravez.   — 
Lyon. —  F 

Piault  (Jules),  68,  rue  Turbigo.  —  Paris. 

Dr  Piberet,  54,  Faubourg-Montmartre.  —  Paris. 

Picard,  Général  de  division  commandant  le  13e  corps   d'armée.  —  Ciermont-Ferrand. 

Picciom  (Antoine).  —  Pino  (Corse).  —  F 

Piche  (Albert),  Conseiller  de  préfecture,  8,  rue  Montpensier.  —  Pau.  —  R 

Pichou  (Alfred),  Géomètre,  305,  route  de  Toulouse.  —  Bordeaux. 

'Picquet  (H.),  Capitaine  du  génie,   Répétiteur  à   l'École  polytechnique.  101,    boule- 
vard Saint-Michel.  —  Parts. 

Pierre  (Dominique),  Homme  de  lettres,  72,  rue  du  Bois-de-Cros.  — Ciermont-Ferrand. 

Pierret  d'Étrœungt  (C),  Imprimeur,  16,  rue  Tivoli.  —  Charleville. 
*Dr  Pierrou.  —  Chazay-d'Azergues  (Rhône).  —  R 
*Piéton,  Propriétaire,  7,  chaussée  d'Ingouville.  —  Havre. 

Piette  (Ed.),  Juge  de  paix.  —  Craonne  (Aisne). 

Pillet,  18,  rue  Saint-Sulpice.  —  Paris. 

Dr  Pinet,  60,  rue  Saint-Joseph.  —  Lyon. 

Piketty  (Charles),  Élève  à  l'Ecole  centrale  des  arts^et  manufactures,  30,  boulevard  de 
la  Contrescarpe.  —  Paris. 

Dr  Pm  (Paul).  —  Alais  (Gard). 

Pitrat  aîné,  Imprimeur,  4,  rue  Gentil.  —  Lyon. 

Planchon,  Correspondant  de  l'Institut.  —  Montpellier. 

Planeix  (Guillaume-Victor),  Notaire.  —  Murols  (Puy-de-Dôme). 

Planté,  Ingénieur   du  service   télégraphique   au  chemin  de  fer   des   Charentes.  — 
Saintes  (Charente-Inférieure). 

Planté  fils,  Contrôleur  de  l'exploitation  au  chemin  de   fer  des  Charentes.  —  Saintes 
(Charente-Inférieure) . 

Planté  (Gaston),  Licencié  es  sciences,  56,  rue  des  Tournelles.  —  Paris. 

Dr  Planteau,  36,  rue  Monge.  —  Paris. 


Lx  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

Plassiard,   Ingénieur  des   ponts  et  chaussées  en    retraite,   4,  rue   Poissonnière.  — 
Lorient  (Morbihan).  —  R 

Platet,  Étudiant,  1,  rue  de  Penthièvre.  —  Lyon. 

Dr  Plumeau  (A.),  84,  cours  de  Tourny.  —  Bordeaux. 

*Pochet  (Emile),  Négociant.  47,  rue  de  la  Côte.  —  Havre. 

Poincarré,    Professeur    adjoint    à    la    Faculté    de    médecine,    9,    rue  de    Serre.  — 
Nancy. 

Poirier  (P.),  Ingénieur  civil  des  Mines,  5,  rue  Cassini.  —  Nantes. 

Poirrier,  Fabricant  de   produits  chimiques,  49,  rue  Hauteville.  —  Paris.  —  F 

Poisson  (Jules),  Aide  naturaliste  au  Muséum,  69,  rue  Buffon.  —  Paris. 

Poitiers,  Avocat.  —  Saintes  (Charente-Inférieure). 

Poizat,  Colonel  au  36e  régiment  d'artillerie.  —  Germon t-Ferrand. 

D'  Pojolat,  29,  rue  Saint-Genès.  —  Clermon t-Ferrand. 

Pollet,  Vétérinaire,  20,  rue  Jeanne-Maillotte.  —  Lille. 
'Polony,  Ingénieur  des  ponts   et  chaussées.  —  Rocheforl. 
*Pomel  (A.),  Sénateur  d'Oran,  43,  rue  de  Fleurus.  —  Paris. 

Pomier-Layrargues  (Georges),  Ingénieur.  —  Montpellier. 

Dr  Pommerol.  Conseiller  général  du  Puy-de-Dôme.  —  Gerzat  (Puy-de-Dôme). 

Pommerol  (Mme).  —  Gerzat  (Puy-de-Dôme). 

Pommerol,  Avocat,  36,  rue  des  Écoles.  —  Paris. 

Pommery  (Louis),  Négociant  en  vins,  rue  Vauthier-Le-Noir.  —  Reims.  —  R 
*Dr  Poncet  (Antonin),  45,  rue  Centrale.  —  Lyon. 

Ponchon,  Sous-Ingénieur  des  ponts  et  chaussées.  —  Ambert  (Puy-de-Dôme). 

Poncin,  Chef  d'institution,  7,  quai  des  Brotteaux.  —  Lyon. 
*Dr  Pons.  —  Nérac  ^Lot-et-Garonne) . 

'Ponsart  (l'abbé  A.),  Professeur  à  l'École  Fénélon,  8,  rue  de  Lisbonne.  —  Paris. 
'Pornin  (Raymond),  Professeur,  3,  rue  de  Toul.  —  Havre. 

Potain,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris,  240,  boulevard  Saint-Germain. 

—  Paris. 

'Potier,  Ingénieur  des  Mines,  répétiteur  à  l'École  polytechnique,  1,  rue  de  Boulogne. 

—  Paris.  —  F 

Poucbain  (V.),  Maire  d'Armentières,  rue  du  Faubourg-de-Lille.  —  Armentières. 

*Dr  Pouchet,  5,  rue  Médicis.  —  Paris. 

Pouget,  37,  rue  Poyenne.  —  Bordeaux. 

Poupinel  (Paul),  64,  rue  de  Saintonge.  —  Paris.  —  F 

Poupinel  (Jules),  8,  rue  Murillo.  —  Paris.  —  F 
* Poupon  (M-e),  63,  rue  de  Rivoli.  —  Paris. 
*Poupon,  Étudiant  en  médecine,  63,  rue  de  Rivoli.  —  Paris. 

Dr  Pourtier  (Michel).—  Québec  (Canada). 

Dr  Pozzi,  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  131,  boulevard  Saint- 
Germain.  —  Paris. 

Pozzy  (Georges),  Négociant,  8,  place  de  Tourny.  —  Bordeaux. 

Prarond    (Ernest),    Président  de    la   Société  d'émulation   d'Abbeville.     —  Abbeville 
(Somme).  • 

Prat,  Chimiste,  111,  route  de  Toulouse.  —  Bordeaux.  —  R 

Dr  Pravaz,  Licencié  es  sciences,  46,  quai  des  Étroits.  —  Lyon. 

Preler,  Négociant,  18,  allées  de  Chartres.  —  Bordeaux. 

Prévost  (Charles),  26,  rue  de  Thionville.  —  Lille. 

Prœsamlé,  Brasseur.  —  Nérac. 

Prœsamlé  (M-6).  —  Nérac. 

Prosper  (Henri),  Maître  de  forges.  —  Charleville  (Ardennes). 

Prudon  (le  général),  77,  boulevard  Haussmann.  —  Paris. 
♦Prunier,  Juge  suppléant  de  la  justice  de  paix  de  Saint-Hilaire.—  Brizambourg.  can- 
ton de  Saint-Hilaire  (Charente-Inférieure). 
""Prunier  (L.).  —  Brizambourg,  canton  de  Saint-Hilaire  (Charente-Inférieure). 
*Dr  Prunières.  —  Marvcjols  (Lozère). 
*Prunières  (M-').  —  Marvejols  (Lozère). 

♦Puaux  (Franck),  Pasteur,  32,  boulevard  de  Strasbourg.  —  Havre. 
*Puaux  père,  Pasteur,  rue  Tourtain.  —  Havre. 

Puerari,  3,  rue  Tronchet.  —  Paris. 

Puigsech,  née  Chanal  (Madame)  artiste  peintre,  107,  rue  de  Vendôme.  —  Lyon 

Pujos,  19,  allées  de  Chartres.  —  Bordeaux. 
♦Pulligny  (le  vicomte  de),  au    château  du  Chesnay-sur-Ecos  (Eure). 


POUR    L  AVANCEMENT   DES    SCIENCES  LXI 

Dr  Pupier,  rue  Strauss.  —  Vichy. 
*Putz  (Gabriel),  Vernon  (Eure)i 

Putz  (H.),   Lieutenant-colonel   d'artillerie,   Commandant   Le  parc  des  équipages  mili- 
taires. —  Vernon  [Eure  . 

Puyferrat  (le  marquis  de),  29,  rue  du  Temple.  —  Bordeaux. 

Pyrent  de  la  Prade  (Edgar).  —  Clermont-Ferrand. 
•Quatrbfages    DE   Brbau    [de),  Membre  de  l'Institut,  Professeur   au  Muséum,  36,  rue 

Geoffroy-Saint-Hilaire.  —  Paris.  —  F 
•Quatrefages  [M"'  de),  36,  rue  Geoffroy-Saint-Hilaire.  —  Paris.  —  R 
"Ouatrefages  (Léonce  de).  36,   rue  (icoffroy-Saint-LIilaire.  —  Paris.  —  R 
•Quesnel  (Ch.j,  Négociant,  82,  rue  de  Tourneville.  —  Havre. 
•Queval,  Pharmacien,  65,  rue  de  Montivilliers.  —  Havre. 

(Jueyrens,  .Mécanicien,  à  la  Monnaie.  —  Bordeaux. 

*Quin  (Ch.),  Vice-Président  de  la  Société  géologique  de  Normandie,  1K.  place  Louis- 
Philippe.  —  Havre. 

Quinette,  Confiseur,  rue  Blatin.  —  Clermont-Ferrand. 
"Quinette  de  Rochemont,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  35,  boulevard  François  Ier, 

—  Havre. 

Quivogne,  Vétérinaire,  16,  place  Perrache.  —  Lyon. 
"Rabot,  Docteur  es  sciences,  Pharmacien.  —  Versailles. 
*Dr  Bafaillac.  —  Margaux  ^Gironde). 

Raillard,  Ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées.  —  Lille. 

Dr  Raillard.  —  Dax  (Landes). 

Raimbault  (Paul),  Pharmacien  de  1"  classe,  rue  des  Lices.  —  Angers. 

Dr  Raingeard,   Professeur  suppléant   à    L'École    de  médecine,   8,    rue  Jean-Jacques. 

—  Nantes. 

Rambourg  (Charles),  Propriétaire.  —  Châteauvert  (Nièvre). 
Bames  (J.-B.),  Pharmacien  et  Géologue.  —  Aurillac  (Cantal). 
Ramié  (Jules),  101.  rue  de  l'Hôtel-de-Ville  [Maison  cale  Morel).  —  Lyon. 
Ramon,  Chef  du  dépôt  au  chemin  defer  desCharentes.  —  Saintes  (Charente-Inférieure). 
"Ramsay  (William),  Professeur.  —  Glascow  (Angleterre). 
Dr  Ranse  (de),  4,  place  Saint-Michel.  —  Paris. 
Dr  Ranvier,  105,  boulevard  Saint-Michel.  —  Paris. 
Rapet,  Inspecteur  honoraire   de  l'instruction  publique.  91.   rue  Saint-Dominique.  — 

Paris. 
Raveaod,  Conseiller  à  la  Cour,  116,  rue  de  l'Église-Saint-Seurin.  —  Bordeaux. 
Raynal,  Négociant,  12,  place  des  Quinconces.  —  Bordeaux. 
*D'  Bebatel  (Fleury),  29,  rue  Gasparin.  —  Lyon. 
Beiioux,  Archéologue,  3,  rue  Montenotte.  —  Paris  (Ternes). 
Bécipon  (Emile),  Propriétaire.  Industriel,  47,  avenue  Fricolaud.  —  Paris.  —  F 
*Dr  Beclus,  Aide  d'anatomie  à    la     Faculté   de  médecine,  à  l'hôpital  de  la  Pitié.  — 

Paris. 
'Redier  (Louis),  8,  passage  des  Petites-Écuries.  —  Paris. 
'Redier  (A.),  Constructeur  d'instruments  de  précision,  »,  cour  des  Petites-Écuries.  — 

Paris. 
Redon  (le  baron).  —  Brioude  (Haute-Loire). 
Reech,    ancien    Directeur   des    constructions    navales,    10,    rue   du    Pont-Carré.    — 

Lorient. 
Regnablt,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  rue  de  Pessac.  —  Bordeaux. 
Dr  Régnier.  —  Mantes  (Seine-et-Oise). 
Régnier,  Capitaine  d'artillerie.  —  Charleville  (Ardennes). 
Rehm  (L).  —  Pagny-sur-Moselle. 
Reich  (Louis),  Agriculteur.  —  Arles-sur-Rhône. 
Dr  Reignier  (Alexandre),  Médecin  consultant,  place  Rosalie.  —  Vichy. 
Reille  (le.  baron),  Député  du  Tarn,  10,  boulevard  de  la  Tour-Maubourg. —  Paris. —  R 
Reimonenq  (Charles),  ex-chef  de  section  de  la  voie  au  Chemin  de  fer  du  Midi,  domaine 

du  Bastard.  —  La  Tresne  (Gironde). 
Reinach,  Banquier,  31,  rue  de  Berlin.  —  Paris.  —  F 
•Reinhart  (Em.),  Négociant,  169,  boulevard  de  Strasbourg.  —  Havre. 
*Reinhart  (Louis),  Négociant,  19,  rue  Corneille.  —  Havre. 
*Reinwald,  Libraire,  15,  rue  des  Saints-Pères.  —  Paris. 
Dr  Reliquet,  17,  boulevard  de  la  Madeleine.  —  Paris.  —  R 
Remerand,  Pharmacien.  —  Fontenay-le-Comte  (Vendée). 


LXI1  ASSOCIATION   FRANÇAISE 

*Renard,  Capitaine  du  génie,  au  haras  du  Chaiet.  —  Meudon  (Seine-et-Oise). 

Renard  et  Villet,  Teinturiers,  cité  Lafayette.  —  Lyon. 
•Renaud,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  64,  rue  aux  Dames.  —  Havre. 
•Renaud  (Georges),  Professeur   d'économie  politique,  lauréat   de    l'Institut,  secrétaire 
adjoint  de  la  Société  de  statistique  de  Paris,  37,  rue  Scheffer.  —  Passy-Paris. 

Renaud,  Pharmacien.  —  Saint-Nazaire  (Loire-Inférieure). 

Renaud  (Paul),  Constructeur-Mécanicien,  prairie  de  Mauves.  —  Nantes. 

Rénier,  Receveur  des  finances.  —  Issoire  (Puy-de-Dôme). 
•Renouard,  fils  (Alfred),  Filateur,  46,  rue  Alexandre-Leleux.  —Lille.  —  F 
•Renouard  (Mrae  Alfred),  46,  rue  Alexandre-Leleux.  —  Lille.  —  R 

Renouard-Béghin,  Filateur  et  Fabricant  de  toiles,  3,  rue  à  Fiens.  —  Lille. 

Renouvier  (Charles),  à  la  Verdette,  près  le  Pontet,  par  Avignon  (Vaucluse).  —  F 
'Renvkrsé,  Sous-Inlendant  militaire  en  retraite,  49,  rue  Naujac.  —  Bordeaux. 

Rérolle  (Louis),  44,  quai  de  la  Guillotière.  —  Lyon. 

Resal,  Membre  de  l'Institut,  Ingénieur  des  mines,  Professeur  à  l'École  polytechnique. 
58.  rue  Saint-André-des-Arts.  —  Paris. 

Revouy  (J.-A.),  Médecin  vétérinaire.  —  Vienne  (Isère). 

Rexès,  Membre  de  la  Société  des  agriculteurs  de  France.  —  Jarnac  (Charente). 

Rey-Lescure,  Membre  de  la  Société  géologique  de    France,  8,  Faubourg-du-Moustiei . 
—  Montauban. 

Rhône  (Raoul),  25,  quai  Voltaire.  —  Paris. 

Dr  Riant,  Médecin    de    l'École  normale   du    département  de   la  Seine,  138,  rue  du 
Faubourg-Saint-Honoré.  —  Paris. 

Riaz  (Auguste  de),  Banquier,  10,  quai  de  Retz.  —  Lyon.  —  F 

Dr  Riban,  Directeur-adjoint  au    laboratoire  d'enseignement  chimique   et   des  hautes 
études  à  la  Sorbonne.  —  Paris. 

Riberolles  (Charles  de).  —  Bulhon  par  Lezoux  (Puy-de-Dôme). 
*Rich,  Ingénieur  civil,  17,  rue  des  Raffineries.  —  Havre. 

Richard,  Chimiste,  17,  rue  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Rouen. 

Richard  (Félix),  Chef  d'escadron  d'artillerie  en  retraite,  12,  passage  Saint-Louis.    — 

Batignolles-Paris. 
•Richard  (J.),  Entrepreneur.  —  Au  Buisson-de-Cabans  (Dordogne). 

Dr  Ricord,  Membre  de  l'Académie  de  médecine,  6,  rue  de  Tournon.  —  Paris.  —  F 

Rieffel  (Prosper),  Négociant.  —  Béziers. 
*Dr  Riégé,  30,  rue  Hauteville.  —  Paris. 

RieUmal,  Négociant,  6,  rue  de  Mulhouse.  —  Paris. 

RiffauT  (le  général),  10,  rue  Garancière.  —  Paris.  —  F 

Rigal  (Camille),  Conseiller  à  la  Cour  d'appel.  22,  rue  Croisier.  —  Riom. 

Rigaud  (Charles).  —  Pons  (Charente-Inférieure). 

Rigaud  (Ad.),  Négociant,  Conseiller  municipal,  49,  quai  de  Réthune.  —  Lille. 

•Rigaud,  Fabricant  de  produits  chimiques,  8,  rue  Vivienne.  —  Paris.  F 

Rigaud  (Mme),  8,  rue  Vivienne.  —  Paris.  F 

Rigaut  (E.),  Filateur,  102,  rue  Saint-Sauveur.  —  Lille. 

Rigel  (Jérôme),  17,  rue  de  Lancry.  —  Paris. 
•  Rigout,  Chimiste  à  l'École  des  mines,  60,  boulevard  Saint-Michel.  —  Paris. 

Rilliet,  8,  rue  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Genève  (Suisse).  —  R 

Risler.  —  Calèves,  près  Nyon,  canton  de  Vaud  (Suisse).  —  R 

"Risler  (Charles),  Chimiste,  39,  rue  de  l'Université.  —  Paris.  —  F 

•Rispal,  Négociant,  200,  boulevard  de  Strasbourg.  —  Havre. 

Rivatz,  Professeur  à  l'Ecole  normale.  —  Cluny  (Saône-et-Loiiv  . 

Robert,  Ingénieur  des  ateliers  au  Chemin  de  fer  des  Charentes.  —  Saintes  (Charente- 
Inférieure)  . 

•Robert  (Félix),  Conservateur  du  Musée  d'histoire    naturelle.   —  Au    Puy    (Haule- 
Loire). 

Robert  (de),  Directeur  de  l'Établissement  d'Indret  (Loire-Inférieure). 

Robin  (Alphonse),  12,  quai  des  Célestins.  —  Lyon. 

Robin,  Banquier,  38,  rue  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Lyon.  —  R 

Robin  (Ch.),  Sénateur,  Membre  de  l'Institut  et  de  l'Académie  de  médecine,  94,  bou- 
levard Saint-Germain.  —  Paris.  —  R. 

'Robineaud,  Pharmacien,  62,  rue  Notre-Dame.  —  Bordeaux. 

*Robineaud,  Étudiant  en  médecine,  62,  rue  Notre-Dame.  —  Bordeaux. 
Roche,  ancien  Notaire.  —  Beaumont  (Puy-de-Dôme). 


POUR   L'AVANCEMENT    !»Es   SCIENCES  LXII1 

Rochbtte  (de  la),  Maître  de  forges  (Hauts-Fourneaux  et  Fonderies  de  Givors),  11, 
cours  du  Midi.  —  Lyon.  —  F 

Dr  Rodet,  Président  de  la  Société  de  médecine,  26,  cours  Morand.  —  Lyon. 

•Rœderer  (Léon).  —  Mulhouse  (Alsace). 

'Rœderer  (J.),  Négociant,  55,  rue  de  la  Côte.  —  Havre 

•Rœderer  (J.  fils),  Négociant,  55,  rue  de  la  Côte.  —  Havre. 

•Roehrio,  Professeur  à  l'École  de  commerce  et  d'industrie,  66,  rue  Saint-Sernin.  — 
lîordeaux. 

•Roessler,  de  la  Société  d'astronomie,  7,  place  de  l'Hotel-de-Ville.  —  Havre. 

•Roessler  (Ch.),  Négociant,  23  .quai  d'Orléans.  —  Havre. 

Roger  (Henri),  Membre  de  l'Académie  de  médecine,  Professeur  agrégé  à  la  Faculté 
de  médecine,  15,  boulevard  de  la  Madeleine.  —  Paris.  —  R 

•Roland  (H.),  Ingénieur  en  chef  de  l'Association  normande  des  propriétaires  de  machines 
à  vapeur,  3,  rue  Jeanne-d'Arc.  —  Rouen. 

Rolland,  Directeur  de  la  Société  Générale  pour  favoriser  le  développement  du  com- 
merce et  de  l'industrie  en  France,  7,  place  de  l'Helvétie.  —  Lyon. 

Rolland,  Membre  de  l'Institut,  Directeur  général  des  Manufactures  de  l'État,  66,  rue 
de  Rennes.  —  Paris.—  F 

Rolland-Banks,  Ingénieur  civil,  Adjoint  au  maire,  27.  rue  Sainte-Adresse.  —  Havre. 

D1  Rollet,  3,  rue  Michel-Montaigne.  —  Bordeaux. 

Dr  Rollet,  Professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon,  41,  rue  Saint-Pierre. 
—  Lyon. 

Dr  Rollet  de  l'Ysle.  —  Montmerle-sur-Saône  (Ain).  —  F 

Rollez  (G.),  24,  boulevard  de  la  Liberté.  —  Lille. 

*Rollhaus,  Courtier,  impasse  Massieu-de-Clerval.  —  Havre. 

Roman  (E.),  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  rue  Muine-Biran.  —  Bergerac. 

Romilly  (de),  22,  rue  Bergère.  —  Paris.  —  F 

Rondet,  Pharmacien,  100,  rue  Vieille-du-Temple.  —  Paris. 

Ronna  (A.),  Ingénieur,  Secrétaire  du  comité  de  l'Association  autrichienne  I.  R.  P. 
des  Chemins  de  fer  de  l'Est,  25,  boulevard  Haussmann.  —  Paris. 

'Roquen'COUrt,  Imprimeur,  12,  rue  Madame-Lafayette.  —  Havre. 

Dr  Rodet,  Président  de  la  Société  de  médecine,  26,  cours  Morand.  —  Lyon. 

Rosiers  (des),  Propriétaire,  154,  boulevard  Haussmann.  —Paris.  — F 

Ross  (Alexander-Milton),  M.  Dr.;  M.  A.,  Membre  des  Associations  anglaise  et  amé- 
ricaine pour  l'avancement  des  sciences,  de  la  Société  impériale  des  naturalistes 
de  Moscou  et  de  la  Société  entomologique  de  France,  —  Toronto  (Canada  . 

Rothschild  (le  baron  Alphonse  de),  2,  rue  Saint-Florentin.  —  Paris.  —  F 
"Rotig,  51,  rue  de  Paris.  —  Havre. 

Rouart  (H.),  ancien  Élève  de  l'École  poljtecùnique,  149,  rue  Oberkampf.  —  Pan> 

Rooby,  Chef  d'escadron  d'état-major,  13,  avenue  Duquesne.  —  Paris. 
"Rouchy  (l'abbé),  Vicaire.  —  Ségur-les-Villas  (Cantal). 

Roudier,  Député,  Conseiller  général  de  la  Gironde.  —  Pessac  de    Gensac    (Gironde]. 

Rouffet  (Pierre),  Pasteur,  rue  Mescloaguen.  —  Quimper  (Finistère). 

Rouget  (Ch.),  Professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  12  ,  rue  du  Cairé-du-Roy.  — 
Montpellier. 

Dr  Rougier.  —  Arcachon. 

Rouher  (Gustave),  10,  rue  du  Cirque.  —  Paris. 

Rouit,  Ingénieur  en  chef  de  la  Compagnie  du  Médoc.  —Bordeaux. 

Roujou,  Professeur  de  zoologie  et  de  botanique  à  la  Faculté  des  sciences,  maison 
Dionet.  —  Chamalières,  près  Clermont-Ferrand. 

Roumazeilles,  Vétérinaire.  —  Bernos,  près  Bazas  f Gironde). 

Roumieu,  Négociant,  cours  de  l'Intendance.  —  Bordeaux. 

Rousse,  Conseiller  général  de  la  Loire-Inférieure.  —  Chàteaubriant  (Loire-Inférieure). 

Roussel  (Victor),  Fabricant  de  produits  chimiques.  — Bailly-le-Bel  prèsClermont  (Oise). 

Dr  Roussel  (Théophile),  Député  de  la  Lozère,  118,  rue  Neuve -des- Ma  thurins.  — 
Paris.  —  F 

Roussel  (Jules),  Négociant.  —  Béziers. 

Rousselet  (L.),  Archéologue,  5,  rue  Médicis.  —  Paris. 

Rousselier,  Ingénieur  civil,  2,  rue  frrignan.  —  Marseille. 

Roussille  (Albert),  Professeur  à  l'École  nationale  d'agriculture  de  Grand-Jouan.  — " 
Nozay  (Loire-Inférieure). 

Roussille  (Mme).  —  Nozay  (Loire-Inférieure). 

Dr  Roustan,  7,  rue  Bivouac.  —  Cannes. 


LXIV  ASSOCIATION    FltANÇAISE 

•Rouvière  (A.),  Ingénieur  civil  et  Propriétaire.  —  Mazamet  (Tarn).  —  F. 
Roux,  Imprimeur,  21,  rue  Centrale.  —  Lyon. 
Roux  (Henii),  Propriétaire,  11,  place  Bellecour.  —  Lyon. 
Roux  (Ch.),  iN'égociant,  2  bis,  boulevard  du  Temple.  —  Paris. 
Roux  (Ph.),  138,  rue  Amelot.  —  Paris. 
Dr  Rouxeau,  Médecin  adjoint  des  prisons,  Suppléant    des   hôpitaux,  1,    rue   Paré.  — 

Nantes. 
Roter,  12,  boulevard  Bonne-Nouvelle.  —  Paris. 
*Rozy  (H.),  Avocat,  Professeur  à  la  Faculté  de  droit,  10,    rue  Saint-Antoine-du-T.   — 

Toulouse. 
Ruillié,  Sous-Inspecteur  des  forêts,  15,  rue  Auvray.  —  Le  Mans. 
Dr  Sabatier,  rue  de  la  Coquille.  —  lîé/.iers  (Hérault). 
"Suiatier    (Armand),  Professeur    à    la    Faculté     des    sciences    de    Montpellier.     — 

Montpellier.  —  R 
Sabouraud  (Fernand).  —  Salidieu,  par  Mareuil-sur-Lay  (Vendée). 
Sagnier  (Henri),  Secrétaire  de   la  rédaction    du    Journal   d'agriculture.    152,  rue   de 

Rennes.  —  Paris. 
Sainte-Claire  Deville  (Henri),  Membre  de  l'Institut,  7,  rue  Taranne.  —Paris. 
Swnte-Colombe   (Fernand    de),    Propriétaire,  château    des    Touches,    commune    de 

Villars,  près  Pons  (Charente-Inférieure). 
Saint-Exupéry  (le  comte  de),  Membre  de  la  Société    de  géographie,  36.  rue  de  l'Ar- 
chevêché. —  Tours. 
Saint-Joseph  (le  baron  de),  23,  rue  François  Ier.  —  Paris. 

Saint-Martin,  ancien  Capitaine  au  long  cours,  13,  Grande-Rue.  —  Saint-.Iean-de-Luz. 
Saint-Olive  (G.),  Banquier,  13,  rue  de  Lyon.  —  Lyon.  —  R 
Saint-Paul    de   Sainçay,    Directeur  de  la  Société  de   la  Vieille-Montagne,    19,    rue 

Richer.  —  Paris.  —  F 
Saint-Sadd  (Aymar  d'Arlo'  baron  de),  Avocat,    Membre  de  la  Société  archéologique 
du    Périgord,  secrétaire   général  de  la  section  sud-ouest  du  Club  Alpin.  —  Château 
de  la  Valouze,  par  la  Roche-Chalais  (Dordogne). 
Saint-Vidal  (de),  Directeur  particulier  à    Bordeaux    de    la  Compagnie  d'Assurances 

générales,  cours  de  Tourny.  —  Bordeaux. 
Salle  (Adolphe),  Négociant,  61,  pavé  des  Chartrons.  —  Bordeaux. 
Salet  (Georges),  Préparateur  à  la  Faculté  de  médecine,  84,  boulevard  Saint-Germain. 

—  Paris.  —  F 
Salet  (Mmc).  84,  boulevard  Saint-Germain.  —  Paris. 
Salleron,  Constructeur,  24,  rue  Pavée  (au  Marais).  — Paris.  —  F    . 
Salve  (de),  Recteur  de  l'Académie.  —  Alger. 

Samazeuilh  (Fernand),  Avocat.  60,  cours  de  l'Intendance.  —  Bordeaux. 
Samuel  (André).  Chimiste  manufacturier.  —  Neuville-sur-Saône  (Rhône 
Saporta  (le  comte  de),  correspondant  de  l'Institut.  —  Aix  (Bouches-du-Rhône). 
'Saporta  CM'ae  la  comtesse  de).  —  Aix-en-Provence. 
Sarazin  (Edmond),  Licencié  ès-sciences.  —  Genève. 
Sarcet  (Francisque),  59,  rue  de  Douai.  —  Paris. 
Dr  Sarrouille.  —  Marmande  (Lot-et-Garonne). 
"Saiquit,  Négociant,  23,  place  Louis  XVI.  —  Havre. 
Dr  Saurel,  1,  rue  Savaron.  —  Clermont-Ferrand. 
Saudeau  (Antoine).  —  Saint-Jean-d'Angély  (Charente-Inférieure). 
Dr  Sauvage  (Emile),  2.  rue  Monge.  —  Paris. 
'Save,  Pharmacien.  —  Ancenis  (Loire-Inférieure). 

S\\    Léon),  Sénateur,  Ministre  des  finances,  15,  rue  l.a  Bruyère.   —  Paris.  —  F 
Schacbeb  (Georges),  Négociant,  1">.  allées  de  Chartres.  —  Bordeaux. 
Scheorer-Kestner,  Sénateur,  84,  rue  Neuve-des-Mathurins.  —  Paris.  —  F. 
"Si  hlumberger  (Charles),  Ingénieur   des  constructions  navales,     30,    rue    du    Plat.  — 

Lyon.  —  R 

""SCHLUMBERi.ER      liolierl  .    .'5H.    Ille    du    Plat.    —    L.\OII. 

Schmol  (Charles),  132,  rue  de  Turenne.  —  Paris. 
"Schneider  (S.),  Négociant,  10,  rue  Fouache.  —  Havre. 
•Schneider  (P.),  Négociant,  10,  rue  Fouache.  —  Havre. 

Schneider-Bouchez,  Négociant,  rue  des  Ponts-de-Commines.  —  Lille. 

Schoengrun,  Membre  de  la  Chambre  de  commerce,  place  Dauphine.  —  Bordeaux. 

Schrader  père,   ancien  Directeur    de     classes  de  la  Société  philomathiquo,   20,  rue 
Borie.  —  Bordeaux.  —  F 


POUR   L  AVANCEMENT    DES   SCIENCES  LXV 

Schrader  (Frantz),  IMeinbro  de  la  Direction  centrale  dn  club  Alpin,  46,  rued'Assas. 
—  Paris. 

ScHREiiiER  (Théodore),  Ingénieur-Constructeur.—  Saint-Quentin. 

Schultz  (E.  et  Cic),  Fabricants,  8,  rue  du  Griffon.  —  Lyon. 
*Schutzenberger,  Professeur  au  Collège  de  France,  75,  rue  No tre-Dame-des- Champs. 

—  Paris. 

Schwaeblé,  ancien  Élève  de  l'École  polytechnique,  Directeur  de  l'École  supérieure 

du  commerce,  102,  rue  Ame  lot.  —  Paris. 
Scrive  (Désiré),  Négociant,  1,  rue  des  Lombards.  —  Lille. 
Scrive-Loyer,  iManufacturier,  292,  rue  Notre-Dame.  —  Lille. 
Secrestat,  Négociant,  Membre  du  Conseil  municipal.  —  Bordeaux. 
Sédillot  (C).   Membre  de   l'Institut,    Ex-Médecin    Inspecteur  général,  Directeur   de 

l'École  militaire  de  santé  de  Strasbourg,  131,  boulevard  Saint-Michel.  —  Paris.  —  F 
Sée  (Marc),  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  iMédecine  de  Paris,  7,  rue  de  l'École- 

de-Médecine.  —  Paris. 
Sée  (Edmond),  Ingénieur,  121,  boulevard  de  la  Liberté.  —  Lille. 
Segrestaa  (Maurice),  25,  allées  de  Chartres.  —  Bordeaux. 
Segretain,  Commandanl  du  génie,  60,  cours  d'Aquitaine.  —  Bordeaux.  —  R 
Siii, lier  (Jean- Joseph-Alfred  de),  Conseillera  la  Cour  d'appel.  —  Orléans.  —  R 
Séguin  (Paul),  Ingénieur,  4,  rue  des  Deux-Maisons.  —  Lyon. 
Séguin  (L.),  Directeur  de   la   Compagnie  du   Gaz  du   Mans,  Vendôme  et  Vannes,  à 

l'usine  à  gaz.  —  Le  Mans. 
Séguin  (François),  Naturaliste,  2,  boulevard  de  la  Pyramide.  —  Clermont-Ferrand. 
Seilder  (Charles),  Négociant,  12,  rue  Scobrée.  —  Nantes. 
Seiler  (Antonin),  Juge  au  Tribunal  civil.  —  La  Châtre  (Indre). 
*Seiler  (Albert),  Ingénieur,  17,  rue  Martel.  —  Paris. 
Seignouret  (P.-E),  24,  pavé  des  Chartrons.  —  Bordeaux. 
Dr  Selsis.  —  Nérac. 

*Senecart  (A.),  Courtier,  16,  rue  Molière.  —  Havre. 
*Senecart  (Madame  A.),  16,  rue  Molière.  —  Havre. 
Serpette,  Négociant.  Industriel,  13,  rue  de  l'Entrepôt.  —  Nantes. 
Serre  (Gaston  de),  Membre  de  la  Société  géologique   de  France,  8,  rue  Las  Cases. 

—  Paris. 

Serret,  Membre  de  l'Institut,  36,  rue  Saint-Martin.  —  Versailles.  —  F 
*Serrurier,  Directeur  de  l'École  Sainte-Marie,  rue  Dumé-d'Aplemont.  —  Havre 
Dr  Servantie,  Pharmacien,  31,  rue  Margaux.  —  Bordeaux. 

Servier  (Aristide-Edouard),  Ingénieur  des  arts  et  manufactures,  Directeur  de  la  Com- 
pagnie du  gaz  de  Metz,  21,  rue  Baudin.  —  Paris.  —  R 
Sévenne,  Membre  de  la  Chambre  de  commerce,  1,  rue  de  Lyon.  —  Lyon. 
Sévérac  (Paul),  Maître  de  forges,  1,  boulevard  Macdonald  (la  Villette).  —  Paris. 
Seynes  (Léonce  de),  58,  rue  Calade.  —  Avignon.  —  R 
Seynes    (de),   Agrégé    à  la  Faculté  de   Médecine,  63,  rue   de  Varennes.    —  Paris. 

—  F 

*Sibille  (Maurice),  Avocat,  3,  rue  Racine  —  Nantes. 
Sicard,  Chef  de  section  au  chemin  de  fer  des  Charentes.  —  Rochefort. 
Sicard  (H.),  Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences,  2,  place  Kléber.  —  Lyon. 
Siébert,  23,  rue  Paradis-Poissonnière.  —  Paris.  —  F 
*Siegfkied  (Jules),  Négociant,  1,  rue  Saint-Michel.  —  Havre. 
*Siegfried  (Emile),  Négociant,  153,  boulevard  de  Strasbourg.  —  Havre. 
*Siegfried  (Jacques),  Banquier,  13,  rue  Monsigny.  —  Paris. 
Siégler  (Ernest),  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées.  —  Bar-le-Duc.  —  R 
*Silva  (R.-D.),  Chef  des    travaux   de  chimie  analytique  à  l'École  centrale,  33,   rue 

Monsieur-le-Prince.  —  Paris. 
Simon,  Directeur  de  l'exploitation  du  chemin  de  fer  du  Midi,  rue  du  Réservoir.  — 

Bordeaux. 
Simon  (Pierre),  Propriétaire,  12,  quai  de  Turenne.  —  Nantes. 
Simon  (J.),  Ingénieur,  Membre  de  la  Société  géologique  de  France.  —  Redon  (Ille- 

et-Vilaine). 
Simon   (Fidèle),  Député  de  la  Loire-Inférieure.  —  Plessis-Bardoul-Messac.  —  (Ille-et- 

Vilaine). 
Dr  Sinéty  (de),  10,  rue  de  la  Chaise.  —  Paris. 

Siret  (Eugène),  Rédacteur  du   Courrier  de   la  Rochelle,  place  de  la  Mairie.  —  La 
Rochelle. 


LXYI  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

Sirodot  (Simon),  Doyen  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Rennes.  —  Rennes. 

Société  anonyme  des  Houillères    de  Montrambert   et    de    la    Béraudière.  —    Lyon. 

—  F 

Société  nouvelle  des  Forges  et  Chantiers  de  la  Méditerranée,  28,  rue  Notre-Dame-d es- 
Victoires.  —  Paris.  —  F 

Société  Académique  de  la  Loire-Inférieure.  —  Nantes.  —  R 

Société  Philomathique  de  Bordeaux.  —  R 

Société  centrale  de  Médecine  du  Nord.  —  Lille.  —  R 

'Société  des  Sciences  naturelles  de  la  Charente-Inférieure,  représentée  par  M.  Beltre- 
mieux.  Maire  de  la  Rochelle,  Officier  de  l'instruction  publique.  —  La  Rochelle. 

Société  Pharmaceutique  de  l'Indre.  —  Châteauroux. 

Société  d'Agriculture  de  l'Indre,  place  du  Marché  aux  blés.  —  Châteauroux. 

Société  d'Histoire  naturelle  de  Toulouse,  rue  de  la  Pomme.  —  Toulouse. 
*Société  Géologique  de  Normandie.  —  Havre. 

Société  de  Médecine  de  Saint-Étienne  et  de  la  Loire.  —  Saint-Étienne  (Loire). 

Société  d'Emulation  des  Cùtes-du-Nord.  —  Saint-Brieuc. 

Société  d'Émulation  du  Dcubs.  —  Besançon. 

Société  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  Bordeaux. 

Société  de  Médecine  et  de  Chirurgie.  —  La  Rochelle. 

*Société  de  Médecine  de   Saintes,   représentée  par  M.    le  docteur   Papillaud.  —  Sau- 
jon  ^Charente-Inférieure). 

Société  de  Médecine  et  de  Chirurgie  pratiques  de  Montpellier. 

Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles,  rue  Montbazon.  —  Bordeaux. 
*Société  Havraise  d'études  diverses.  —  Le  Havre: 
'Société  libre    d'Émulation    du  commerce  et  de  l'industrie   de    la    Seine-Inférieure 

—  Rouen. 

Société  Académique  d'Architecture  de  Lyon,  palais  des  Arts.  —  Lyon. 

Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  la  Sarthe.  —  Le  Mans. 

Société  des  Sciences  médicales  de  Lyon. 

Société  des  Sciences  et  Arts  de  Vitry-le-Français. 

Société   des  Sciences  physiques  et  naturelles    de   Toulouse,  5,  rue  Moulin-Bayard. 

—  Toulouse. 

'Société  d'Agriculture,  Industrie,  Sciences,  Arts,  Belles-Lettres  du  département  de  la 

Loire.  —  Saint-Étienne. 
Société  Polymathique  du  Morbihan.  —  Vannes. 
Société  d'étude  des  Sciences  naturelles.  —  Nîmes. 
Société    d'Agriculture,    Commerce,    Sciences  et  Arts   du  département  de  la  Marne. 

—  Châlons. 

Société  Ramond,  représentée  par  M.  le  Pasteur  Frossard.  —  Bagnères-de-Bigorre. 

Société  d'études  des  Sciences  naturelles.  —  Béziers. 
'Société  Industrielle  d'Amiens.  —  Amiens. —  R. 

Société  d'Agriculture,  Belles-Lettres,  Sciences  et  Arts.  —  Poitiers. 
'Société  des  Voyages  d'études  autour  du  monde,  8,  place  Vendôme.  —  Paris. 

Dr  Solles,  Conseiller  municipal,  rue  Sainte-Catherine.  —  Bordeaux. 
*Soret   (Louis),  Bédacleur  des  Archives  des   Sciences  naturelles,  1,  promenade  du  Pin. 

—  Genève  (Suisse). 
*Soret  (Charles).  —  Genève. 

Soi:verbie    (Saint-Martin),    Conservateur  du   Muséum    d'histoire  naturelle.   —   Bor- 
deaux. 

Souvestre  (MUc  Marie),  aux  Ruches.  —  Fontainebleau. 

Stéhélin  (E.),  Conseiller  municipal,  rue  Vauban.  —  Bordeaux. 

Stengelin,  maison  Évoque  et  Cu,  31,  rue  Puits-Gaillot.  —  Lyon.  —  R 

Dr  Stœber,  Aide  de  clinique   à    la    Faculté    de    Médecine,    34,    rue    Saint-Jean.  — 

Nimcy. 
•Stœcklin,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées.  —  Boulogne-sur-Mer. 

Storck,  Ingénieur  civil,  78,  rue  de  l'Hôtel-de-Ville.  —  Lyon. 

Storck  (Justin),  Graveur,  24,  rue  des  Missions.  —  Paris. 

Strobl,  6,  rue  Saint-Géry.  —  Valenciennes. 

Sturel  (Emile).  Etudiant,  22,  rue  des  Frontières.  —  Pont-à-Mousson. 
'Sue  (Charles),  Etudiant  en  médecine,  9,  place  du  Panthéon.  —  Paris. 

Dr  Suchard.  —  Lausanne  (Suisse).  —  F 

*Surei.l,  Ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées  en  retraite.  Administrateur  du  Chemin 
de  fer  du  Midi,  ô\,  boulevard  Haussmann,  —  Paris.  —  F 


POUR    l    AVANCEMENT    DES   SCIENCES  LXVI1 

'SWAGNB,  Ministre  protestant,  Maître  de  l'Université  d'Oxford,  impasse  des  Noyers.  — 

Havre. 
Taine  (Albert),    Pharmacien    de    lre   classe,    Membre    de   la   Société  géologique  de 

France.  —  Fourmies  (Nord). 
Talabot  (Paul),  Directeur  général  des  Chemins  de  fer  de  Paris  à  Lyon  et  à  la  Médi- 
terranée, 10,  rue  Saint-Arnaud.  —  Paris.  —  F 
Talrich  (Jules),  Statuaire,    modeleur    d'anatomie  des  Facultés  de  Médecine  de  Taris 

et  de  Nancy,  41,  rue  de  lÉcole-de-Médecine.  —  Paris. 
Tamberuck,  Artiste  Ij  rique. 

Tanret  (Charles),  Pharmacien  de  lre  classe,  6,  rue  du  Bois,  —  Troyes. 
Tarrade  (A.),  Pharmacien,  05,  avenue  du  Pont-Neuf.  —  Limoges  (Haute-Vienne). 
*Dr  Tarral.  170,  boulevard  de  Strasbourg.  —  Havre. 
*Tarry  (IL),  Inspecteur  des  Finances,  46,  boulevard  Magenta.  —  Paris. 
Tastet  (Edouard),  Négociant,  60,  façade  des  Chartrons.  —  Bordeaux. 
•Tatin  (Victor),  Ingénieur-Mécanicien,  9,  rue  Casimir-Delavigne.  —  Paris. 
Taupier,  Propriétaire,  rue  du  Calvaire.  —  Nantes. 
Taylor  (Paul),  Étudiant.  —  Mas-d'Azil  (Ariége). 
Tchebichef,  Membre  de  l'Académie.  —  Saint-Pétersbourg  (Russie). 
Tcherniach,  77,  rue  de  Seine.  —  Paris. 

Téallier,  Secrétaire  général  de  la  Société  d'Agriculture  du  Puy-de-Dôme.  —  Clermont- 
Ferrand. 
Dr  TEILLAIS,  place  du  Cirqiu\  —  Nantes.  —  R 

Teisset  (Jules),  Ingénieur  des  Arts  et  Manufactures,  6,  rue  des  Jeûneurs.  —  Paris. 
*Dr  Teissier  (Joseph),  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon,  1G,  quai 

Tilsit.  —  Lyon. 
+Dr  Teissier,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Lyon,  16,  quai  Tilsit.  —  Lyon. 

—  R 

Terquem,  Professeur  d'hydrographie.  —  Dunkerque. 

Terquem  (Alfred),  Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences,  116,  rue  Nationale.  —  Lille. 

—  R 

*Terreil,  Aide  naturaliste,  11,  rue  Royer-Collard.  —  Paris. 

Terrier  (Léon),  Professeur  de  rhétorique.  —  Montpellier. 
"Terrier,  Architecte,  110,  rue  Bonaparte.  —  Paris. 

Terrier,  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  22,  rue  Pigale.— Paris. 

Tertereau  (Stanislas),  Professeur  de  mathématiques  au  Lycée.  —Saint-Quentin. 

Dr  Testelin  (Achille),  Sénateur,  16,  rue  de  Thionville.  —  Lille. 

Tesseire  (Albert),  26,  cours  du  Jardin-Public.  —  Bordeaux. 

Tesseire  (Orner),  26,  cours  du  Jardin-Public.  —  Bordeaux. 

"Teulade  (Marc),  Avocat,    Membre    de    la   Société  de    géographie  et    de    la    Société 
d'histoire  naturelle  de  Toulouse,  10,  rue  Pevrat.  —  Toulouse. 

Texier  (Louis) ,  Directeur  de  l'École  de   Médecine,    Président   de   l'Association   des 
médecins  de  l'Algérie.  —  Alger. 

Teytard  (l'abbé  Jean-Baptiste),  Curé.  —  Aubière  (Puy-de-Dôme). 

Tezenas,  percepteur.  —  Issoire  (Puy-de-Dôme). 

Thénard  (le  baron  Paul),  Membre  de  l'Institut,  6,  place  Saint-Sulpice.  —  Paris.  —  F 

Thért,  Conseiller  général.  —  Langon  (Gironde). 

Thibault,  Ingénieur,  Entrepreneur.  —  Saintes. 

Thomas  (Louis),  Professeur  suppléant  à  l'École  de  Médecine  de  Tours,  19,  boulevard 
Heurteloup.  —  Tours. 

Thonier  (Gilbert),  ancien  Élève  de  l'École  de  Grignon.  —  Château  de  Lavaux,  canton 

de  Chantelle  (Allier). 
*Dr  Thorens,  10,  rue  de  Penthièvre.  —  Paris. 

Thorillon,  Manufacturier.  —  Chamalières,  près  Clermont-Ferrand  (Puy-de-Dôme). 

Dr  Thulié,  31,  boulevard  Beauséjour.  —  Paris.  —  R 

Thurnetssen  (Emile),  Étudiant,  35,  Faubourg-Saint-Honoré.  —  Paris. 
*Dr  Tison,  Docteur  ès-sciences  naturelles,  31,  rue  des  Missions.  —  Paris. 
"Tissandier  (G.),  Chimiste,  3,  rue  Neuve-des-Mathurins.  —  Paris. 

Tissandier  (Albert),  3,  rue  Neuve-des-Mathurins  .  —  Paris. 

Tisserand,  Percepteur,  3,  cours  Sablon.  —  Clermont-Ferrand. 

Tisseur  (Clair),  Architecte,  10,  rue  de  la  Reine.  —  Lyon. 

Tisseyre   (Albert),    Archiviste    de   la    section  sud-ouest    du    club  Alpin,    26,    cours 

du  29  Juillet.  —  Bordeaux. 
Tissié-Sarrus,  Banquier. —  Montpellier.  —  F 


LXVIII  ASSOCIATION   FRANÇAISE 

Tixier,  Professeur  à  l'École  de  Médecine,  4,  rue  Barbançon.  —  Clerraont-Fcrrand. 
Toffart  (Auguste),  Secrétaire  général  de  la  mairie.  —  Lille. 
Tondut  (Albert),  Procureur  de  la  République.  —  Blaye. 
*Dr  Topinard  (Paul),  Préparateur  au  Laboratoire  d'anthropologie  de  l'École  des  hautes 

études,  97,  rue  de  Rennes.  —  Paris. 
Touchalaune,  Avocat,  rue  de  Strasbourg.  —  Nantes. 
Toulan,  Pasteur.  —  Castillon  (Gironde). 
Toulon  (Paul),  Élève  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  Licencié  ès-lettres,  Licencié 

es  sciences,  74,  rue  Bonaparte.  —  Paris. 
Tourasse  (Pierre-Louis),  Propriétaire,  Petit  Boulevard.  —  Pau.  —F 
Dr  Tournadre.  —  Saint-Germain-Lembron  (Puy-de-Dôme). 
Tournaire,  Ingénieur  en  chef  des  Mines,  34,  rue  Cassette.  —  Paris. 
Tourtoulon  (le  Baron  de),  Propriétaire.  —  Montpellier. 
Toussaint,  Chef  de  service  à  l'École  vétérinaire.  —  Lyon. 
*Dr  Toussaint.  —  Mézières  (Ardennes). 
Dr  Toutant.  —  Marans  (Charente-Inférieure). 

Travelet,  Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées.  —  Vesoul  (Haute-Saône). 
"Trélat  (Emile),  Architecte,  Directeur  de  l'École  spéciale  d'architecture,  17,  rue  d'Enfer. 

—  Paris. 
Trélat  (Gaston),  Architecte,  17,  rue  d'Enfer.  —  Paris. 
Trélat   (Ulysse),  Membre   de  l'Académie    de  médecine,  Professeur  à  la   Faculté  de 

Médecine,  33,  rue  Jacob.  —  Paris.  —  R 
*Dr  TRiriER    (Léon),  chargé  de  cours  complémentaires  à  la  Faculté  de  Médecine  de 

Lyon,  17,  rue  Childebert.  —  Lyon. 
"Trocmé,  Négociant,  34,  rue  Dicquemare    —  Havre. 

*Tromelin  (Gaston  le  Goarant  de),  Membre  de  la  Société  géologique  de  France.  —  Châ- 
teau de  Rosulien,  près  Quimper  (Finistère). 
Troubetskoï  (MŒe  la  Princesse  de).  —  Bellefontaine,  près  Fontainebleau. 
Truchot,  Directeur  de  la  station  agronomique  du  Centre,  Professeur  de  chimie  à  la 

Faculté  des  Sciences,  4,  barrière  d'Issoire.  — Clermont-Ferrand. 
Trutat  (Eugène),  Conservateur  du  Musée  d'histoire  naturelle,  3,  rue  des  Prêtres,  — 

Toulouse. 
Trystram,  Conseiller  général.  —  Dunkerque. 
*Tucskiewicz,  170,  boulevard  de  Strasbourg.  —  Havre. 
Turenne  (le  marquis  de),  26,  rue  de  Berry.  —  Paris.  —  R 
Dr  Vaillant  (Léon),  Professeur  au  Muséum,  5,  rue  Médicis.  —  Paris.  —  R 
Vaillant  (V.-J.),  12,  rue  Tour-Notre-Dame.  —  Boulogne-sur-Mer. 
Valat,  Professeur,  ancien  Recteur,  38,  rue  de  Cursol.  —  Bordeaux. 
Dr  Valcourt  (de).  —  Cannes  (Alpes-Maritimes). 
Vallée,  Maire  de  Saint-Père-en-Retz  (Loire-Inférieure). 
Vallée  (Alfred),  Propriétaire.  —  Haute-Goulaine  (Loire-Inférieure). 
Vaney  (Emmanuel),  Conseiller  à  la  Cour  d'appel,  14,  rue  Duphot.  —  Paris.  —  R. 
Van-Iseghem   (Henri),  Avocat,  Conseiller   général  de  la  Loire-Inférieure,  1,  rue  de 

l'Ilôtel-de-Ville.  —  Nantes.  —  R 
Van  Tiéghem,  Membre  de  l'Institut,  Maître  de  conférences  à  l'École  normale  supérieure, 

20,  rue  de  l'Odéon.  —  Paris. 
"Varigny  (Henry  de),  53  bis,  quai  des  Augustins.  —  Paris. 
Variot,  Ingénieur  civil,  13,  rue  de  Constantine.  —  Lyon. 
Vassal  (Alexandre),  Montmorency  (Seine-et-Oise).  —  R 
Dr  de  Vauréal.  —  Biarritz. 

Vaurigaud,  Président  du  Consistoire,  2,  passage  Saint-Yves.  —  Nantes. 
*Vauthier  (L.-L.),  Conseiller  municipal  de  la  Ville  de  Paris,  13,  rue  Bréda.  —  Paris. 
Vautier  (Théodore),  Étudiant,  46,  rue  Centrale.  —  Lyon.  —  R 
Vautier  (Emile),  Ingénieur  civil,  46,  rue  Centrale.  —  Lyon.  —  F 
D'  Vayron.  —  Lavallette  (Charente!. 
Vée  (Amédée),  24,  rue  Vieille-du-Tcmplc.  —  Paris. 

Vélain  ,  Répétiteur  des  hautes  études  à  la  Sorbonne,  9,  rue  de  Verneuil.  —  Paris. 
Verdet  (Gabriel),  Président  du  Tribunal  de  commerce.  —  Avignon.  —  F 
Dr  Verdier.  — Thiers  (Puy-de-Dôme). 
Dr  Vergely,  rue  Castéja.  —  Bordeaux. 

Vergne  (Comte  de  la),  Propriétaire,  1,  rue  de  Poissac.  —  Bordeaux. 
Yerly,  Rédacteur  en  chef  de  l'Echo  du  Nord.  —  Lille. 
*Vermeil  (Alf.),  Interne  des  hôpitaux,  à  la  Pitié.  —  Paris. 


P01  R    I    w  W<  TMI\  l    DES    SCIEN(  I  S  IAI\ 

Vbrnes  (Félix),  29,  rue  Taitbout.  —  Paris.  —  F 

Vernes  d'Arlandes  (Th.),  -■'».  faubourg  Saint-Honoré.  —  Paris.  —  F 
•Verneoil,  Membre  de  l'Académie  de  Médecine,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine, 
11.  boulevard  du  Palais.  —  Paris.  —  R 

n    (Antoine),  Ex-préparateur   adjoint   do   chimie   à    l'École   La  Martinière  de 
Lyon;  chez  M.   Mniinet,  fabricant  de  couleurs.  —  La  Plaine,  prés  Genève  (Suisse). 
'Véron  (Gaston),  ingénieur  des  Arts  et  .Manufactures,  46,  rue  Madame.  —  Paris. 

Veyrin  [Emile),  Fondé  de  pouvoir  au  Crédit  lyonnais,  Secrétaire  de  la  Société  d'éco- 
nomie politique.   —  Lyon.  —  R 

Veissière    Marcelin),  32,  rue  Saint-Dominique.  —  Paris. 

Vezin,  Conseiller  général  de  la  Loire-Inférieure.  —  Saint-Nazaire. 

Vi\l.  Pharmacien,  1,  rue  Bourdaloue.  —  Paris. 

Vial,  Capitaine  du  »énie.  —  Clermont-Ferrand. 
"Vial,  Agent  principal  de  la  Compagnie  des  Transatlantiques.  —  Havre. 

Dr  Viala  (Jules).  —  Rodez  (Aveyron  . 

Viaud-Grand-Marais  ,  Professeur  à  l'École  de  Médecine.  —  Nantes. 

Dr  Yibert.  —  Puy-en-Velay. 
'Vidal  (Robert),  199,  boulevard  de  Strasbourg.  —  Havre. 

Vieillard  (Albert),  77,  quai  de  Bacalan.  —  Bordeaux.  —  R 

Vieillard  (Charles),  77,  quai  de  Bacalan.  —  Bordeaux.  —  R 
"Vieillard  (Emile),  Propriétaire,  39,  rue  des  Gobelins.  —  IIa\  t *■. 

Vieillard  (Henri),  Manufacturier.  —  Morvillars  (Haut-Rhin).  —  R 

Dr  Viennois  ,  39,  quai  de  la  Charité.  —  Lyon. 

Vic.ERAL,  Conseiller  général  du  Puy-de-Dôme,  Maire.  —  Vertaison  (Puy-de-Dôme). 

Vignard    (Charles  .   Négociant,  Licencié  en  droit,  6,  rue  Drvoy-de-Saint-Bédan.  — 

Nantes. 
•Vignes  (Emile),  Ingénieur,  15,  rue  Rougeraont.  —Paris. 

Vignon  (Léo),  Docteur  ès-sciences,  4,  place  des  Jacobins.  —  Lyon. 

Vignon  (J.),  45,  rue  Malesherbes.  —  Lyon.  —  F 

Vignon  (M™*),  45,  rue  Malesherbes.  —  Lyon. 

I)1  Viguier,  Pharmacie  centrale,  3,  rue  Sainte-Marie.  —  Lyon. 

Villat  (Victor),  Propriétaire,  quai  Saiut-Julien.  —  ïournon. 

Dr  Villeneuve,  24,  rue  Sénac.  —  Marseille. 

Villette  (Ch.),  Négociant,  allées  Damour.  —  Bordeaux. 

Vinaï  (Henri),  ancien  Député.  —  Au  Puy  (Haute-Loire). 

Vinat,  Négociant,  15,  rue  Neuve-Corneille.  —  Havre. 

Vincent  (Auguste),  9,  rue  d'Orléans.  —  Bordeaux. 

Vinchon,  Propriétaire,  rue  Traversière.  —  Roubaix. 

Vinot,  Directeur  du  Journal  du  Ciel,  cour  de  Rohan.  —  Paris. 

Violle,  Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences.  —  Grenoble. 
"Vissière,  Constructeur  d'instruments  de  précision,  15,  rue  de  Paris.  —  Havre. 
*Vix,  Négociant,  22,  place  Louis  XVI.  —  Havre. 
*Vizien,  Chef  des  travaux  à  la  Compagnie  Transatlantique,  35,  quai  d'Orléans.  —  Havre. 

Vogt  (G.),  Ingénieur,  14.  rue  de  Rivoli.  —  Paris. 

Dr  Voisin  (Auguste),  16,  rue  Séguier.  —  Paris.  —  F 

Voruz,  Industriel,  2,  rue  Linnée.  —  Nantes. 

Voruz  fils  (Antony),  Ingénieur  civil,  52,  rue  de  Gigant.  —  Nantes. 

Vourloud,  Ingénieur  civil,  38,  rue  de  la  Reine.  —  Lyon. 

Vuillemin,  Directeur  des  Mines.  —  Aniche. 

*Vuillemin  (Georges),  Ingénieur  civil  des  Mines,  Secrétaire  du  Conseil  d'administra- 
tion de  la  Compagnie  des  Mines  d'Aniche.  —  Aniche  (Nord). 

Wallace  (sir  Richard),  2,  rue  Laffitte.  —  Paris.  —  F 

Wallaert  (Auguste),  Filateur,  28,  boulevard  de  la  Liberté.  —  Lille. 

Wallaert  (Edouard),  Propriétaire,  rue  Notre-Dame.  —  Lille. 

Dr  Walzynski    5,  rue  Bonne-Louise.  —  Nantes. 

*Wantin,  Constructeur,  82,  rue  du  Lycée.  —  Havre. 

*Dr  Warmont  (Aug.),  Ancien  interne  des  hôpitaux   de  Paris,  médecin  honoraire  de  la 
Manufacture  de  Saint-Gobain,  50,  rue  du  Four  Saint-Germain.  —  Paris. 

*Warmont  (Paul),  Elève  au   Lycée  Louis-le-Grand,   50,    rue  du  Four  Saint-Germain- 
—  Paris. 

Wartelle,  Blanchisserie  de  fils  et  tissus,  191,  rue  de  Paris.  —  Herrin  (Nord). 
Wattier,  Négociant,  62,  rue  de  Douai.  —  Lille. 

*Weber,  Pharmacien,  64,  Grande-Rue.  —  Havre. 


LXX  ASSOCIATION    FRANÇAISE 

Dr  Wecker  (de),  55,  rue  du  Cherche-Midi.  —  Paris. 

Weil,  Ingénieur  des  manufactures  de  l'État,  à  la  Manufacture  des  tabacs.  —  Nantes. 
'Westphalen,  Négociant,  29,  rue  de  la  Terme.  —  Havre. 

Wheeler  (Silbert),  Professeur  de  chimie,  Chicago   University.  —  Chicago  (Illinois), 
United  States. 

Willm,  Chef  des  travaux  chimiques  à   la  Faculté  de  médecine ,  82,  boulevard  Mont- 
parnasse. —  Paris.  —  R 

Woj.f,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  rue  Paulin.  —  Bordeaux, 
*Dr  Wollaston  (J.). 

Worms  (Fernand) ,  14,  rue  Royale.  —  Paris. 

Worms  (Simon),  13,  rue  de  la  Chaussôe-d'Antin.  —  Paris. 

Dr  Worthin'gton  (L.-S.),  36,  rue  des  Écuries  d'Artois.  —Paris. 
'Wouters,  Rentier,  2,  rue  Pleuvry.  —  Havre. 

Wurth,  64,  rue  Saint-Sernin.  —  Bordeaux. 

*Wurtz  (Adolphe),  Membre  de  l'Institut,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  et  à  la 
Faculté  des  Sciences,  27,  rue  Saint-Guillaume.  —  Paris.  —  F 

Wurtz  (Théodore),  40,  rue  de  Berlin.  —  Paris.  —  F 

Wyrouboff  (G-.).  Docteur  ès-sciences,  9,  rue  de  Lille.  —  Paris. 
*Xambeu,  Professeur  au  Collège.  —  Saintes  (Charente-Inférieure). 

Dr  Yarrow  (H.-C),  Smithsonian  Institute.  —  Washington  (United-States). 
Tundt,  Négociant.  —  Havre. 

Yver  I^P.),  ancien  Élève  de  l'École  polytechnique,  62,  rue  Saint-Lazare.  —  Paris. 

Vver.  —  Briarre  (Loiret). 

Yvernès,  Avocat.  Sous-Préfet.  —  Sainte-Affrique  (Aveyron) . 

Zeiller  (René),  Ingénieur  des  Mines,  43,  rue  de  Rennes.  —  Paris. 

Zurcher  (Philippe),  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  attaché  au  service  de  la  marine, 
faubourg  du  Morillon,  7,  rue  Saint-François.  —  Toulon  (Yar). 


POUR   L  AVANCEMENT    DES   SCIENCES  TAXI 

LISTE    DES    SAVANTS    ÉTRANGERS 

AYANT   ASSISTÉ  AU   CONGRÈS   DU    H.WRE. 

MM. 

Alvin  (L.),  Président  de  l'Académie  royale  de  Belgique. 

Baehr,  Professeur  à   l'Ecole  polytechnique  de  Delft. 

Bauermann,  Membre  dii  Conseil  de  la  Société  géologique  de  Londres. 

Broadbent  (Dr),  de  Londres. 

Cannizaro,  Professeur  à  l'Université  de  Borne. 

Catalan,  Professeur  d'analyse  a  l'Université  de  Liège. 

Fol  (Dr.  IL),  Professeur  d'anatomie  à  l'Université  de  Genève. 

Glaisher  (James),  F.  11.  S.,  Directeur  du  service  météorologique  à  l'Observatoire   de 

Greenwich. 
Glaisher  (J.  W.  L.),  Professeur  à  Trinily  collège,  Cambridge. 
Grinwis  [C.  H.  C),  Professeur  a  l'Académie  d'Utrecht. 
Gtjnning,  Professeur  de  chimie  à  l'Université  d'Amsterdam. 
Hampel  (Dr),  Conservateur  adjoint  du  Musée  de  Budapest.  —  (Hongrie). 
Huggins,  F.  B.  S.,  Correspondant  de  l'Académie  des  sciences  de  France,  à  Londres. 
Magens  Mu  in.  Délégué  de  la  Société  géologique  de  Londres. 
Marriott  (William),  Secrétaire  de  la  Société  météorologique  de  Londres. 
Maxweix-Ltte  (F.),  Ingénieur  chimiste. 
Médina  (C),  Consul  général  du  Guatemala. 

Milet  (Henrique-Auguste  ,  Ingénieur  civil  à  Pernambuco.  —  Brésil. 
Motta-Maïa  (le  Dr),  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Bio-de-Janeiro. 
Ragona  (Domenico), Directeur  de  l'Observatoire  de  Modène. 

SEDAfa-WORTINGTON    lDr   L.). 

Seguin  (Dr  Edouard),  Délégué  de  l'Américan  médical  association,  de  New-York. 
Shoolbred  (James  N.),  Ingénieur  civil  de  Londres. 
Southey  (Dr.  BeginaldJ,  de  Londres. 
Sylvester,  Membre  de  la  Société  Boyale  de  Londres. 

Trigueros  (Dr).  Avocat,  Président  de  la  Cour  suprême  de  justice  du  Guatemala. 
Vry  (D.  J.  E.    de),  Ancien   Inspecteur    pour    les    recherches    chimiques  aux    Indes 
Néerlandaises. 


LXXII  ASSOCIATION    FRANÇAISE    POUR   L  AVANCEMENT    DES    SCIENCES 

LISTE   DES   SOCIÉTÉS   SAVANTES 

QUI  SE  SONT  FAIT  REPRÉSENTER  AU  CONGRÈS  DU  HAVRE. 


Académie  des  Sciences  et  Lettres  de  Montpellier,  représentée  par  M.   le   Professeur 

Courly. 
Académie    des  Sciences,    Agriculture,    Arts   et  Belles-Lettres   d'Aix,   représenté.'  par 

M.  le  Comte  de  Saporta. 
Académie  des  Sciences,  Lettres  et  Arts  de  Lyon,  représentée  par  M.  le  Dr  Teissier. 
Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  l'Aveyron,  représentée  par  M.    Caries  (P.), 

père. 
Société  de  géographie  commerciale  de  Paris,  représentée  par  M.    Coquelin    (Alfred), 

négociant-armateur  au  Havre,  et  par  M.  Hertz,  son  secrétaire  général. 
Société  havraise  d'Études  diverses,  représentée  par  M.  Leminiln. 
Société  de  Géographie  de  Paris,  représentée  par  M.  Maunoir,  son  secrétaire  général. 
Société  des  Sciences  médicales  de  Gannat,  représentée  par  M.  le  Dr  Victor  Pereton. 
Société  d'Émulation,  représentée  par  M.  Bongare  (Ch.) 
Société  des  Sciences  et  Arts  de  Vitry-le-Français,   représentée   par  M.    Barbât    de 

Bignicourt,  son  président. 
Société  d'Émulation  des  Vosges,  représentée  par  M.  le  Dr  Fournier. 
Société  d'Archéologie,  Sciences,  Lettres  et  Arts  de  Seine-et-Marne  à  Melun,  représentée 

par  M.  Leclerc,  professeur. 
Société  des  Sciences  Naturelles  de  la  Charente-Inférieure,  à  la  Bochelle,  représentée 

par  M.  Boulland. 
Société  d'Études  des  Sciences  naturelles   de  Béziers,    représentée  par   M.  Auguste 

Klipffel. 
Société  d'Agriculture  de  Pont-1'Évêque,  représentée  par  MM.  Planque-  Mathieu. 
Société  Linnéenne  de  Bordeaux,  représentée  par  M.  Daleau. 
Société  des  Amis  des  Sciences  naturelles  de  Bouen,  représentée  par  M.  Debray. 
Société  industrielle  de  Mulhouse,  représentée  par  M.  Grossetéli'. 
Société  Nationale  de  médecine  de  Lyon,  représentée  par  M.  le  Dr  Teissier. 
Société  Polymathique  du  Morbihan,  représentée  par  M.  Le  Conte,  Inspecteur  d'Aca- 
démie. 
Société   d'Agriculture,    Commerce,  Sciences  et  Arts  de  la  Marne,    représentée    par 

M.  Doutté. 
Société  d  Émulation  du  département  de  la  Somme,  représentée  par  M.  Prarond,  son 

président. 
Société  industrielle  d'Amiens,  représentée  par  M.  le  baron  de  Fourment. 
Société  Académique   d'Agriculture,  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres   de   l'Aube, 

représentée  par  M.   le  Dr  Vauthier. 
Société  de  Médecine  et  de  chirurgie  pratique  de  Montpellier,  représentée  par   M.  le 

Dr  Boustan,  agrégé  de  la  Faculté. 
Société  libre  d'Emulation  du  Commerce  et  de  l'Industrie,  représentée  par  M.  le  Dr 

Le  Plé. 
Société  d'Agriculture,  Histoire  naturelle    et   Arts  utiles    de  Lyon,  représentée    par 

MM.  P.  Eymard  et  Schlumberger. 
Société  des  Sciences  naturelles  de  Seine-et-Oise  représentée  par  .M.    E.   Babot,    son 

président. 
Société  Linnéenne  de  Normandie,  représentée  par  M.  Morière. 


ASSOCIATION    FRANÇAISE 


L'AVANCEMENT  DES  SCIENCES 


ASSEMBLÉES   GÉNÉRALES 


ASSEMBLÉES  GÉNÉRALES 

Tenues  au   Havre  les  24  et  SO  août  1S77. 

Présidence  de  M.  P.  BROCA.   Membre  de  l'Académie  de  médecine 

Professeur  a  la  Faculté  de  médecine  de  Paris, 

Président  de  l'Association. 


—  Extraits  des  procis-verbaux  — 


Première  Assemblée,  24  août  48T1. 

Le  Président  fait  savoir  à  l'Assemblée  que  M.  Kuhlmann,  Vice-Président,  a 
envoyé  sa  démission,  craignant  que  sa  santé  ne  lui  permette  pas  de  présider 
la  session  de  1878  :  comme  preuve  de  l'intérêt  qu'il  porte  à  l'Association,  il 
lui  fait  don  de  5,000  francs  et  promet  de  donner  annuellement  la  somme  de 
1,000  francs  sa  vie  durant.  Après  avoir  exprimé,  d'une  part,  les  regrets  et, 
d'autre  part,  les  remercîments  du  Conseil  d'administration,  regrets  qu'il  est 
convaincu  que  l'Assemblée  partage  et  remercîments  auxquels  elle  s'associera 
certainement,  le  Président,  au  nom  du  Conseil  d'administration  propose  de 
compléter  le  bureau  de  l'Association  pour  parer  aux  éventualités  qui  pourraient 
se  présenter  pendant  la  session,  en  procédant  immédiatement  à  la  nomina- 
tion d'un  Vice-Président  qui  devra  être  choisi  dans  le  deuxième  groupe. 

l 


2  ASSOCIATION     FRANÇAISE 

L'Assemblée  ayant  décidé  qu'il  sera  procédé  immédiatement  à  l'élection 
d'un  Vice-Président,  le  scrutin  est  ouvert. 

M.  Fremy,  membre  de  l'Institut,  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle, 
est  nommé  Vice-Président. 


Deuxième  Assemblée,  30  août  1811. 


Le  Président  annonce  à  l'Assemblée  que  diverses  villes  ont  adressé  des 
invitations  à  l'Association  pour  les  prochaines  sessions  et  ont  envoyé  des 
délégués  chargés  de  les  représenter  et  d'appuyer  leurs  demandes  :  La 
Rochelle,  Toulouse,  Montpellier  et  Reims.  Le  Conseil  d'administration,  après 
avoir  étudié  la  question,  propose  de  désigner  pour  1878  Paris  comme  lieu  de 
réunion  du  Congrès,  cette  ville  étant  choisie  exceptionnellement  à  cause  de 
l'Exposition  universelle,  et  pour  1879,  Montpellier. 

Ces  propositions  sont  adoptées. 

Il  est  procédé  au  vote  pour  l'élection  d'un  Vice-Président  et  d'un  Vice- 
Secrétaire  général  qui  doivent  être  pris  respectivement  dans  le  quatrième  et 
le  troisième  groupe. 

M.  Bardoux,  conseiller  général  du  Puy-de-Dôme, est  nommé  Vice-Président; 
M.  le  comte  de  Saporta,  correspondant  de  l'Institut,  est  nommé  Vice-Secré- 
taire général. 

Le  Président  annonce  à  l'Assemblée  que  deux  articles  additionnels  à  intro- 
duire dans  le  titre  I  du  règlement,  proposés  à  l'Assemblée  générale  en  1875  et 
qui  auraient  dû  être  soumis  au  vote  de  l'Assemblée  générale  de  1876,  ont  été 
omis  par  le  Bureau  à  l'Assemblée  de  Clermont  :  il  propose  de  voter  l'accep- 
tation des  articles,  qui  sont  ainsi  libellés  : 

Art.  5  bis.  —  Le  Président  sortant  fait  de  droit  partie  du  Bureau  pendant  les 
deux  semestres  suivants. 

Aiit.  G  bis.  —  Dans  le  cas  de  décès,  d'incapacité  ou  de  démission  d'un  ou  de 
plusieurs  membres  du  Bureau,  le  Conseil  procède  à  leur  remplacement. 

La  proposition  de  ce  ou  de  ces  remplaçants  est  faite  dans  une  séance  convoquée 
spécialement  à  cet  effet  :  la  nomination  a  lieu  <lans  une  séance  convoquée  à  sept 
jours  d'intervalle. 

Ces  articles  sont  adoptés  par  l'Assemblée. 

Le  Président  fait  connaître  à  l'Assemblée  la  modification  suivante  à  l'ar- 
ticle 15  du  règlement  qui   a  été  adoptée  par  le  Conseil  d'administration. 

Art.  15.  —  Vendant  la  durée  de  la  session,  chacune  des  sections  qui  n'est 
pas  représentée  dans  le  Bureau  pur  le  Vice-Président  et  le  Vice-Secrétaire  général, 


pouh  l'avancement  des  sciences  3 

désignera  un  de  ses  délégués  pour  faire  partie  de  la  Commission  des  sub- 
ventions :  ecs  nominations  seront  considérées  comme,  non  avenues  pour  les 
sections  qui  se  trouveraient  représentées  dans  le  Bureau-par  suite  de  la  nomination 
en  Assemblée  générale  du  Vice-Président  et  du  Vice-Secrétaire  général  de  la 
session  suivante. 


L'Assemblée  générale  a  approuvé  les  vœux  suivants  : 

La  section  de  géographie,  désireuse  de  s'associer  autant  qu'il  dépend  d'elle 
à  la  pensée  toute  de  science  et  d'humanité  qui  a  présidé  à  la  fondation  de 
l'Association  internationale  africaine,  émet  le  vœu  que  l'Association  française 
pour  l'avancement  des  sciences,  en  témoignage  de  son  entière  sympathie, 
s'inscrive  sur  la  liste  des  souscripteurs  de  l'Association  internationale  africaine 
fondée  en  187G  par  S.  M.  Léopold  II,  roi  des  Belges. 

La  section  de  météorologie  et  physique  du  globe  émet  le  vœu  :  1°  que  les 
grandes  compagnies  de  paquebots  prennent  des  mesures  pour  que  des  obser- 
vations météorologiques  régulières  soient  faites  sur  leurs  navires; 

2°  Que  le  ballon  captif  construit  par  M.  Giffard ,  à  l'occasion  de  l'Exposition 
universelle  de  1878,  soit  utilisé  à  faire  des  observations  météorologiques; 

3°  Qu'un  congrès  météorologique  international  libre  ait  lieu  l'an  prochain 
à  Paris. 

4°  Que  le  service  météorologique  français  soit  amélioré  de  manière  à 
marcher  de  pair  avec  ceux  des  autres  nations  de  l'Europe  et  de   l'Amérique. 


L'Assemblée  adopte  les  propositions  faites  par  les  diverses  sections  pour  la 
nomination  des  délégués  (Voir  ci-après  la  composition  du  Conseil  d'adminis- 
tration). 

Le  Président  propose  au  nom  du  Conseil  d'administration,  et  l'Assemblée 
vote,  à  l'occasion  de  la  session  du  Havre,  des  remerciements  à  la  ville  du 
Havre,  au  Maire  et  au  Conseil  municipal  de  cette  ville,  au  Comité  local,  à  la 
Compagnie  générale  transatlantique  et  à  la  Société  des  chargeurs  réunis,  à  la 
Société  géologique  de  Normandie  pour  sa  magnifique  exposition,  à  la  Société 
de  photographie,  aux  industriels  qui  ont  reçu  les  membres  dans  leurs  usines, 
ainsi  qu'aux  municipalités  des  villes  où  l'Association  a  été  accueillie  d'une 
manière  sympathique  dans  ses  excursions,  et  aux  Compagnies  de  chemins  de 
fer  qui,  par  les  facilités  qu'elles  ont  accordées  aux  membres  de  l'Association, 
ont  contribué  à  l'éclat  de  la  session. 

Le  Président  déclare  close  la  session  du  Havre. 


ASSOCIATION   FRANÇAISE 


CONSEIL    D'ADMINISTRATION 

BUREAU   : 

MM.  FREMY,  Membre  de  l'Institut,   professeur   au  Muséum Président. 

BARDOUX,  Ministre  de   l'Instruction  publique,  Député  du  Puy-dc- 
Dome Vice-Président. 

PERHIER,  Commandant  d'Etat-major,  Membre  du  bureau  des  lon- 
gitudes  Secrétaire  général. 

SAPORTA  (le  comte  de),  Correspondant  de  l'Institut,  à  Aix  ....  Vice-Secrétaire  général. 

MASSON  (G.),  Libraire-Éditeur Trésorier. 

GARIEL    (C.-M.),  Ingénieur   des    ponts   et  chaussées,    professeur 

agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris Secrétaire  du  Conseil. 


PRÉSIDENTS,   SECRÉTAIRES  ET   DÉLÉGUÉS  DES  SECTIONS 


lre  et  2    Section. 

6e  Section. 

9e  Section. 

Citalan,  Président. 

Schutzenberger,  Président. 

Bullon,  Président. 

Lucas,  Secrétaire. 

Sii.VAj  Secrétaire. 

Dutailly,  Secrétaire. 

Perrier. 

WOKTZ. 

DUTAILLY. 

Mannheim. 

Gruner. 

De  Seynes. 

Em.  Lkmoinb. 

Friedel. 

Tison. 

Collignon, Président  pour  1878. 

Wurtz,  Président  pour  1878. 

Bâillon,  Président  pour  1878. 

3e  et  4e  Section. 

7e  Section. 

10'    Section. 

Bel lot,   Président. 

ALLCARD,  Président. 

Joisset  de  Belles  MB,  Prt 

s. 

Renadd,  Secrétaire. 

Angot,  Secrétaire. 

J.  Barrois,  Secrétaire. 

ARSON. 

D'ABBADIE. 

L.  Bureau. 

Marchegay. 

PlCHE. 

POUCHET. 

AUDENKT. 

Angot. 

J.  Chatin. 

Reynaud,  Président  pour  1878. 

HervÉ-Mahgon,  Prés,  pour  1878 

De  Quatrbfages,  /'.  pour 

1878 

5°   Section. 

8e  Section. 

11e  Section. 

Cornu,  Président . 

De  Saporta,  Président. 

LAGNBAC,  Président. 

Mercadibr,  Secrétaire. 

BrïLINSKI,    Secrétaire. 

CoLLINEAU,  Secrétaire. 

D'ALMEIDA. 

Des  Cloizeadx. 

PKI  NIÈRES. 

Gavarret. 

Chantre. 

Hovblacque. 

I. ALLEMAND. 

Cotte au. 

Db  Mortillet. 

Cornu,  Président  pour  1878. 

De  Saporta,  Prés,   pour  1878. 

Bektillon,  Présider!  pont 

1878 

POUR    L  AVANCEMENT    DES  SCIENCES 


12e  Section. 

13''  Section. 

14'1  Section. 

Coirtï,  frétillent. 

I'eligot,  Président 

LBVASSBOR,  Président. 

F.  Franck,  Secrétaire. 

Livache,  Secrétaire. 

Hireau  de  Villeneuve, .Secret. 

MAREY. 

UolslBRHB. 

De  Marsy. 

YERNEUIL. 

L'HOTE. 

Durand  (l'abbé). 

l'OTUN. 

Peligot. 

Bureau  de  Villeneuve. 

TeissibR  père,  l'r.  pour  1878. 

B°"  Tiikn  ard,  Prêt,  pour  1878. 

Miunoir,  Président  pour  18;8. 

15e  Section. 

Clamagkran,  Président. 

Bouvet. 

J.  Lefori,  Secrétaire. 

Alclave. 

Goullin. 

Fréd.  Passy,  Président  pour  1878. 

ANCIENS  PRESIDENTS, 
MEMBRES  DE  DROIT  DU  CONSEIL  D'ADMINISTRATION 


MM.  BERNARD  (Claude),  Membre  cie  l'Institut  et  de  L'Académie  française  [Bordeaux,  1872). 
DE  QUATREFACES  DE  BREAU,  Membre  de  l'Institut,  professeur  au  Muséum  [Lyon  1873). 

AVURTZ  [Ad.  i,  Membre  de  l'Institut,    doyen    honoraire    de    la  Faculté  de    Médecine  de  Paris 
(Lille  1874) . 

D'EICHTHAL  (Ad.),  Président  du  Conseil  d'administration  des  chemins  de  fer  du  Midi  [Nantes 
1873) . 

DUMAS,  Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des   Sciences,  membre  de  l'Académie    française 
[Clermont-Fcrrand,  1876). 

BROCA  (Paul),  Membre  de   l'Académie  de  Médecine,  professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de 
Paris  [Le  Havre,  1877). 


ASSOCIATION    FRANÇAISE 


CONGRÈS  DU  HAVRE 


PROGRAMME  DE  LA  SESSION 

23  Août.  —  A  10  heures  du  matin,  Conseil  d'administration.  —  A  2  heures 

et  demie  du  soir,  Séance  d'ouverture  au  Grand-Théâtre.  —  A  8  heures 
et  demie,  Réception  à  l'Hôtel  de  Ville. 

24  Août.  —  A  8  heures  et  demie  du  matin,  Séances  de  sections.  —A  2  heu- 

res, Assemblée  générale.  —  A  2  heures  et  demie,  Séance  générale  : 
MM.  Lennier,  Quinette  de  Rochemont,  Vial.  —  A  8  heures  et  demie  du 
soir,  Conférence  :  Les  anciens  climats  considérés  dans  leurs  relations 
avec  la  marche  et  les  variations  de  la  végétation  européenne,  par 
M.  le  comte  de  Saporta,  correspondant  de  l'Institut. 

23  Août.  —  A  8  heures  et  demie,  Séances  de  sections.  —  Dans  la  journée, 
Visite  du  paquebot  la  France  ;  Réception  des  membres  du  Congrès  par 
l'Administration  de  la  Compagnie  Générale  Transatlantique.  — Visite  du 
paquebot  le  Bclgrano  (Compagnie  des  Chargeurs  Réunis).  —  A  5  heures, 
Visite  des  travaux  de  l'avant-port. 

2G  Août.  —  Excursion  à  Fécamp  et  à  Étretat. 

27  Août.  —  A  8  heures  et   demie,    Séances    de    sections.  —  A  9   heures    et 

demie,  Lancement  de  l'aviso  le  Hussard;  Visite  des  chantiers  Normand 
—  Dans  la  journée,  Visites  industrielles  :  Société  des  constructions 
navales;  Usine  de  désargentation  du  plomb,  de  M.  Trotteux;  Extraction 
de  la  teinture  des  bois,  de  M.  Sapiéha;  Filature  de  M.  Courant. 

28  Août.  —  Excursions  à  Tancarville,  Lillebonne  et  Bolbec. 

29  Août.  —  A  8  heures  et  demie,  Séances  de  sections.  —  A  2  heures,  Séance 

générale  :  MM.  G.  Biard,  Cotteau.  —  A4  heures,  Visite  aux  Forges  et 
Chantiers  de  la  Méditerranée,  aux  Cités  ouvrières  et  au  Cercle  Frank- 
lin. —  A  8  heures  et  demie  du  soir,  Conférence  :  Du  sol  et  des 
richesses  des  Etats-Unis  ,  par  M.  Levasseur,  membre  de  l'Institut, 
professeur  au  Collège  de  France. 

30  Août.  —  A  8  heures   et    demie,  Séances   de  section.  —    A  2   heures   et 

demie,  Assemblée  générale;  Clôture  delà  session. 


polit    LAVANCEMEN1     lU.s   SCIENCES 


La  session   de  1X77  ;i  été  préparée  au  Havre  par  les  soins  d'un  comité  local 
dont  nous  donnons  ici  la  composition» 


MEMBRES  HONORAIRES  : 

MM.  Le  Sous-Préfet  du  Havre. 

Barbette,  Procureur  de  la  République. 

Baveux,  Président  da  tribunal  de  lro  instance. 

Léon  Brindeau,  Président  du  Tribunal  de  commerce. 

Le  colonel  Bernard,  Commandant  d'armes. 

L'abbé  Doval,  Curé-doyen  de  Notre-Dame. 

Le  Fràper,  Commissaire  général,  cbefdu  service  de  la  marine. 

Julien,  Directeur  des  douanes. 

Mallet,  Président  de  la  Chambre  de  commerce. 

Vasselin,  Inspecteur  des  Écoles  primaires  de  l'arrondissement. 

Vive,  Agent  général  de  la  Compagnie  transatlantique. 


BUREAl    : 

MM.  Masuriek,  Maire  du  Havre,  Président  d'honneur. 
Dr  Lecadre,  oncle,  Président. 

Bellot,  Ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées,  Vice -Président. 
Dr  Gibert,  Secrétaire  général. 
George,  architecte,  Secrétaire-adjoint. 


MEMBRES  : 

MM.  Bernal,  Consul  d'Angleterre. 

Borély,  Président  de  la  Société  des  arts  et  sciences  agricoles. 
Brylinski,  Membre  de  la  Société  géologique  de  Normandie. 
Brunschyicg  (Léon),  Avocat. 
Courant,  Négociant,  adjoint  au  Maire. 
Dr  Dero,  Président  de  la  Société  d'horticulture. 
Dollfus  (Auguste) . 

Lennier  (G.),  Président  de  la  Société  géologique  de   Normandie,  Conser- 
vateur du  Musée  d'histoire  naturelle. 
Leudet,  Président  delà  Société  de  pharmacie. 
Dr  Maire,  Président  de  la  Société  havraise  d'éludés  diverses. 
Marchand  (E.),  à  Fécamp,  Correspondant  de  l'Académie  de  Médecine. 


ASSOCIATION     FRANÇAISE 

Normand  (A.),  Constructeur  de  navires. 

Œchsner  de  Coninck,  Négociant. 

Quin  (Ch.),  Vice-Président  de  la  Société  géologique  de  Normandie. 

Kolland-Banès,  Adjoint  au  Maire,    • 


MM.  Masurier,  Maire  du  Havre. 
Rolland-Banès,  adjoint. 
Bazan,  Conseiller  municipal 
Berchut,  — 

Brindeau  (Gustave), — 
Brostrom, 


COMMISSION   MUNICIPALE. 
MM 


Faure,  Conseiller  municipal. 
Guerrand,  — 

Marion,  — 

Peulevey, 
Siegfried,  — 


SÉANCES   GÉNÉRALES 


SÉANCE  D'OUVERTURE 

21   août  1877. 


I'ki  BIDBNI  I.     DE     M.     P.     BROC  V 


assistaient  à  la  séance  :  MM.  Masurier,  Maire  de  la  ville  du  Havre;  Le 
Roux,  Sous-Préfel  du  Havre;  Le  Fraper,  Commissaire  généra]  de  la  Marine; 
Julien,  Directeur  des  douanes;  Bernard,  Colonel  d'artillerie;  I. allemand, 
Lieutenant-Colonel  du  génie;  Brindeau,  Président  du  Tribunal  de  commerce; 
Bellot,  Ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées;  Mallet,  Président  de  la 
Chambre  de  commerce;  D1'  Lecadre,  Présidenl  du  Comité  local;  Rolland- 
Banès,  Huchon,  Courant,  Adjoints  au  Maire  du  Havre;  Bazan,  Peulevey, 
Membres  du  Conseil  général  de  la  Seine-Inférieure;  le  Conseil  municipal 
du  Havre;  Dr  Maire,  Président  de  la  Société  Havraise  d'études  diverses;  Lennier, 
Président  de  la  Société  géologique  de  Normandie;  Dr  Dero,  Président  de  la 
Société  d'horticulture  ;  Borély,  Présidenl  de  la  Société  des  arts  agricoles  et 
industriels;  DrLefébure;  Quinette  de  Rochemont  et  Renaud,  Ingénieurs  des 
ponts  et  chaussées;  Vasselin,  Inspecteur  de    l'Instruction  primaire;   Winslow, 

Président  des  régates,  etc.,  etc. 

MM.  P.  Broca,  Président  de  l'Association;  Fremy,  Membre  de  l'Institut; 
de  Quatrefages,  Membre  de  l'Institut  ;  Janssen,  Membre  de  l'Institut  ;  Wurtz, 
Membre  de  l'Institut  ;  Mouchez,  Membre  de  l'Institut  ;  Peligot,  Membre  de 
l'Institut;  F.  Passy,  Membre  de  l'Institut;  Levasseur,  Membre  de  l'Institut; 
Bréguet,  Membre  de  l'Institut;  Ollier,  Correspondant  de  l'Institut;  de  Saporta, 
Correspondant  de  l'Institut;  Alglave,  Directeur  de  la  Revue  scientifique; 
Alluard,  doyen  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Clermont-Ferrand  ;  Béchamp, 
doyen  de  la  Faculté  de  Médecine  de  l'Université  catholique  de  Lille;  Chau- 
veau,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Lyon  ;  Clamageran,  Conseiller 
municipal  de  Paris;  A.  Cornu,  Professeur  à  l'Ecole  Polytechnique; 
Courty,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier;  Dehérain, 
professeur  à  l'École  de  Grignon  ;  Germer -Baillière,  Conseiller  muni- 
cipal  de  Paris;  Gobin,    Ingénieur   du  service  municipal  de   Lyon;  Hippeau, 

Professeur    honoraire    de    Faculté;    de    Lagrené,    Ingénieur    en    chef    des 


10  SÉANCES   GÉNÉRALES 

ponts  et  chaussées;  Dr  Laussedat,  Député  de  l'Allier;  Lavalley,  Ingénieur 
civil;  Dr  Leudet,  Directeur  de  l'Ecole  de  Médecine  de  Rouen;  Liouville,  Député 
de  la  Meuse;  Mannheim,  Professeur  à  l'Ecole  Polytechnique;  Marchand,  de 
Fécamp,  Correspondant  de  l'Académie  de  Médecine  de  Paris;  Maunoir,  Secré- 
taire général  de  la  Société  de  Géographie  de  Paris;  le  Général  Parmentier; 
Perrier,  Chef  d'escadron  d'état-major,  Membre  du  Bureau  des  longitudes; 
Parrot,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris;  Potain,  Professeur  à  la 
Faculté  de  Médecine  de  Paris;  Schutzenberger,  Professeur  au  Collège  de 
France;  Dr  Teissier,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Lyon;  E.  Trélat, 
Directeur  de  l'Ecole  spéciale  d'architecture;  Dr  Verneuil,  Professeur  à  la 
Faculté  de  Médecine  de  Paris  ,  etc.,  etc. 

Parmi  les  étrangers  qui  avaient  accepté  l'invitation  de  la  municipalité  et 
qui  assistaient  à  l'ouverture  du  Congrès,  on  remarquait  : 

MM.  Alvin,  Président  de  l'Académie  royale  de  Belgique;  Baehr,  Professeur  à 
l'Ecole  Polytechnique  de  Delft;  Bauerman,  Membre  du  Conseil  de  la  Société 
géologique  de  Londres;  Dr  Broadbent,  de  Londres;  Cannizaro  (Stanislas), 
Professeur  à  l'Université  de  Rome;  Catalan,  Professeur  à  l'Université  de 
Liège;  Glaisher  (U.)  Directeur  du  service  météorologique  à  l'Observatoire  de 
Greenwich;  Glaisher  (J .  W.  L.),  professeur  au  Trinity  collège,  Cambridge; 
Grinwis  (C.  H.  C),  Professeur  à  Utrecht;  Gunning,  Professeur  de  chimie  à 
l'Université  d'Amsterdam  ;  D1'  Hampel,  Conservateur-Adjoint  au  musée  de 
Budapest;  Huggins,  Membre  de  la  Société  Royale  de  Londres,  Correspondant 
de  l'Académie  des  Sciences  de  France;  Lyte  (F.  Maxwell),  Ingénieur  chimiste, 
Magens-Mello,  Délégué  de  la  Société  géologique  de  Londres;  Mariott  (William), 
Secrétaire  de  la  Société  météorologique  de  Londres;  Médina  (C),  Consul 
général  de  Gualemala  en  France  ;  Milet  (Henrique  Auguste-),  Ingénieur  civil  à 
Pernambuco;  Dr  Motta  Maïa,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Rio-de- 
Janeiro;  Bagona  (Dominique),  Directeur  de  l'Observatoire  de  Modène;  Dr  Sé- 
guin, Délégué  de  l'Association  médicale  américaine  de  New-York  ;  Shoolbred 
(James  N.),  Ingénieur  civil  de  Londres;  Sylvester,  Membre  de  la  Société 
Royale  de  Londres;  Dr  Trigueros,  Avocat,  Président  de  la  Cour  suprême  de 
justice  au  Guatemala;  Yry  (Dr  J.  E.  de),  ancien  Inspecteur  pour  les  recher- 
ches chimiques  aux  Indes  Néerlandaises  ;  Dr  Worthington  (L.  Sedam). 


M.  P.  BEOCA 


LES  RACES  FOSSILES  DE  L'EUROPE  OCCIDENTALE. 

Mesdames,  messieurs, 

Il  y  a  cinq  ans  à  peine  que  l'Association  française  pour  l'avancement  des 
sciences  a  tenu  à  Bordeaux  sa  première  session,  et  elle  compte  déjà  au  nombre 
des   institutions   scientifiques  les    plus  importantes  de  notre  pays.  Fondée  au 


p.   BROCA     —LES    RACES    FOSSILES    DE    L'EUROPE   OCCIDENTALE  11 

Lendemain  de  dos  désastres,  au  sortir  d'une  crise  terrible,  où  cette  centrali- 
sation si  vantée,  qui  devait  Eure  notre  force,  s'était  révélée,  au  contraire, 
comme  une  faiblesse  el  un  danger,  elle  fut  avant  tout,  dans  la  pensée  de  ses 
premiers  promoteurs,  une  œuvre  de  décentralisation  scientifique,  et  cette 
pensée  répondait  si  bien  aux  aspirations  de  La  partir  éclairée  du  public,  que 
les  adhésions  se  produisirent  par  centaines  avant  même  que  l'Association  eût 
H'ncé  ses  travaux.  Le  jour  de  notre  première  réunion,  à  Bordeaux,  nous 
comptions  près  de  800  membres.  Ce  début  était  plein  de  promesses.  Pourtant 
quelques  esprits  inquiets  doutaient  encore  de  l'avenir.  Ils  se  demandaient  si 
L'on  n'allait  pas  voir  une  fois  de  plus  que  dans  notre  pays  les  impressions 
ont  plus  de  vivacité  que  de  durée,  après  des  malheurs  inouïs,  après  la  défaite, 
l'invasion,  Le  démembrement,  la  guerre  civile,  la  nation  avait  fait  un  retour 
sérieux  sur  elle-même.  Elle  avait  senti  que,  parmi  les  forces  sociales,  la 
science  tient  le  premier  rang,  que  l'industrie,  l'agriculture,  le  commerce,  la 
puissance  militaire,  seraient,  sans  elle,  condamnés  à  la  décadence,  et  elle 
avait  accueilli  avec  confiance,  avec  élan,  une  association  vouée  au  dévelop- 
pement el  à  la  diffusion  des  sciences.  Mais  ce  mouvement,  auquel  le  sentiment 
patriotique  avait  pris  une  grande  part,  n'allait-il  pas  se  ralentir  à  mesure 
que  s'éloignerait  et  s'affaiblirait  le  souvenir  des  mauvais  jours?  Voilà  ce  que 
craignaient  quelques  person  es;  et  elles  ajoutaient  que,  dans  ce  pays  habitué 
à  ne  compter  que  sur  le  gouvernement  pour  tout  ce  qui  concerne  les  intérêts 
publics,  une  entreprise  comme  la  nôtre,  émanée  exclusivement  de  l'initiative 
privée,  ne  pourrait  se  développer  que  bien  difficilement. 

Je  constate  avec  joie,  messieurs,  que  l'événement  n'a  pas  justifié  ces  craintes. 
Chaque  année,  au  contraire,  nous  avons  vu  l'Association  française  pousser 
plus  profondément  ses  racines  et  étendre  plus  loin  ses  rameaux.  Le  nombre 
de  nos  membres,  qui,  la  première  année,  n'était  que  de  800,  s'est  élevé  à 
1,200  après  la  seconde  session,  à  1,500  après  la  troisième,  à  1,950  après  la 
quatrième,  à  2,234  après  la  cinquième.  Cet  accroissement  rapide  et  soutenu, 
nous  le  devons  sans  doute  pour  beaucoup  à  l'intérêt  que  vos  travaux  ont 
donné  à  nos  sessions,  et  à  l'importance  incontestée  des  volumes  où  ils  sont 
consignés;  mais  nous  le  devons  surtout  à  l'opinion  publique,  qui,  de  toutes 
parts,  nous  encourage  et  nous  soutient.  Ce  ne  sont  pas  seulement  les  popu- 
lations des  grandes  villes  qui  nous  manifestent  leur  zèle  pour  le  progrès  des 
sciences;  nous  recevons  un  accueil  moins  brillant  sans  doute,  mais  non  moins 
significatif,  dans  tous  les  lieux  où  nous  conduisent  nos  excursions,  parfois 
jusque  dans  d'humbles  villages,  où  les  paysans  endimanchés  viennent  témoi- 
gner sur  notre  passage  de  leur  respect  pour  les  choses  scientifiques.  L'illustre 
président  de  la  session  lyonnaise,  M.  de  Quatrefages,  me  disait  en  descendant 
la  rue  escarpée  du  village  de  Solutré  et  en  me  montrant  les  chaumières  ornées 
de  verdure  :  «  Ces  guirlandes  de  feuillage  font  plus  d'impression  sur  moi  que 
les  splendides  décors  de  l'hôtel  de  ville  de  Lyon  !  »  Pensée  juste  et  profonde, 
car  c'est  un  heureux  présage  lorsque  ceux-là  même  qui  n'ont  pas  reçu  les 
bienfaits  de  l'instruction  rendent  hommage  à  la  grandeur  de  la  science. 
Puisque  cette  notion  a  pénétré  jusqu'à  eux,  n'est-ce  pas  la  preuve  que  l'opinion 
publique  est  avec  nous  tout  entière?  Le  zèle  des  premiers  jours,  loin   de  se 


12  SÉANCES   GÉNÉRALES 

refroidir  comme  quelques-uns  le  craignaient,  s'est  affirmé  de  plus  en  plus,  et 
s'il  était  nécessaire  "de  l'exciter  quelque  part,  ce  ne  serait  pas  dans  cette  belle 
et  intelligente  cité,  qui  fut  une  des  premières  à  nous  offrir  l'hospitalité. 

Je  puis  donc  me  dispenser  d'insister  aujourd'hui  sur  le  but  de  l'Association 
française  et  sur  les  services  qu'elle  est  appelée  à  rendre  à  la  science  et  au 
pays.  Les  hommes  éminents  auxquels  j'ai  l'honneur  de  succéder  ont  traité  ce 
sujet  dans  leurs  discours  d'inauguration  avec  un  talent  et  une  autorité  que  je 
ne  saurais  égaler.  L'un  d'eux  cependant,  M.  Wurtz,  se  conformant  à  l'usage 
adopté  dans  l'Association  britannique,  sœur  aînée  de  la  nôtre,  a  consacré  la 
séance  d'ouverture  de  la  session  lilloise  à  l'exposé  d'une  des  grandes  questions 
de  la  science  contemporaine.  Je  suivrai  son  exemple  et  j'.essaierai  de  résumer 
devant  vous  les  faits  anthropologiques  qui  concernent  les  races  humaines 
fossiles  fie  l'Europe  occidentale. 


I. 


Les  plus  anciens  souvenirs  des  hommes  nous  reportent  à  une  époque  où  les 
sociétés  étaient  déjà  organisées,  et  où  quelques  nations  avaient  déjà  acquis  un 
certain  degré  de  civilisation.  Les  peuples  sauvages  n'ont  pas  d'histoire;  leurs 
traditions  orales  s'altèrent,  se  dénaturent  à  chaque  génération,  puis  elles 
s'éteignent  enfin  pour  faire  place  à  d'autres  traditions  tout  aussi  passagères,  et 
les  événements  les  plus  considérables  sont  ainsi  tôt  ou  tard  voués  à  l'oubli. 
L'écriture  seule  fixe  les  souvenirs  sur  le  monument  ou  sur  le  livre.  Les  récits 
plus  ou  moins  historiques  ne  sauraient  donc  remonter  bien  au  delà  de  l'in- 
vention de  l'écriture,  et  cette  invention,  qui  implique  l'idée  d'une  culture  assez 
avancée,  a  été  nécessairement  très-tardive. 

Quelques  peuples  de  l'antiquité  se  vantaient,  il  est  vrai,  de  compter  dans 
leur  passé  d'immenses  suites  de  siècles;  ils  étalaient  dans  leurs  chronologies 
des  périodes  de  dix  mille  et  de  cent  mille  ans;  mais  la  critique  a  aisément 
fait  justice  de  leurs  prétentions.  Aujourd'hui,  même  après  la  découverte  de 
Champollion,  même  après  les  travaux  des  Lepsius  et  des  Mariette,  qui  ont 
rendu  plus  de  vingt  siècles  aux  archives  de  la  vieille  Egypte,  on  ne  connaît 
aucun  fait  qui  puisse  faire  reculer  au  delà  de  six  à  sept  mille  ans  le  début 
de  la  période  historique. 

Ainsi,  à  ne  consulter  que  l'histoire,  on  pourrait  croire  que  l'homme  est 
presque  récent  sur  la  terre,  et  bien  postérieur  aux  derniers  phénomènes  géo- 
logiques qui  ont  modifié  les  conditions  de  la  vie,  et  amené,  avec  le  change- 
ment des  clirhats,  celui  des  flores  et  des  faunes.  Cette  opinion  était  partout 
acceptée  lorsque  les  géologues  entreprirent  l'œuvre  grandiose  de  reconstituer 
le  passé  de  la  planète,  lorsque  notre  illustre  Cuvier  créa  la  méthode  paléon- 
tologique,  lorsque  son  génie  ranima  les  espèces  éteintes  et  fit  comparaître 
devant  h:  tribunal  de  la  science  ces  témoins  muets  mais  éloquents  des  phases 
successives  de  notre  globe.  Quoique  sacrifiant  encore  à  l'hypothèse  des  révo- 
lutions subites  et  des  cataclysmes  universels,  Cuvier  savait  quel  immense  laps 
de   temps    représente   une   époque   géologique,  et  puisque   la  brièveté  de  la 


p.   BROGA.    —    LES    RACES    FOSSILES    DE  L'EUROPE  OCCIDENTALE  \'o 

période  historique  contrastait  à  tel  point  avec  l'incalculable  antiquité  des  ani- 
maux fossiles,  n'élait-il  pas  naturel  de  croire  que  L'homme  n'avait  paru  que 
bien  longtemps  après  eux  1  Ce  fui  la  conclusion  de  Cuvier,  el  elle  était  si 
conforme  aux  idées  reçues,  qu'elle  devint  aussitôl  classique.  On  alla  même 
plus  loin  que  Cuvier  :  l'auteur  du  Discours  sur  les  révolutions  du  gkbe  (1825) 
s'était  borné  à  dire  que  rien  ne  prouvai  l'existence  de  l'homme  fossile  et  à 
ajouter  qu'elle  était  invraisemblable;  cela  ne  parut  pas  suffisant,  et  de  toutes 
parts  on  ajouta  qu'elle  était  impossible. 

Pourtant,  bon  nombre  de  faits  contraires  à  ce  verdicl  prématuré  ne  tar- 
dèrent pas  à  se  produire,  mais  ils  ne  rencontrèrent  que  la  méfiance  et  le 
dédain.  C'était  en  vain  que  l'on  découvrait,  soil  dans  le  sol  des  cavernes,  soit 
dans  les  terrains  paléontologiques,  les  ossements  de  l'homme  mêlés  et  con- 
fondus avec  ceux  des  animaux  de  l'époque  quaternaire;  on  se  heurtait  toujours 
à  des  objections  systématiques  :  le  sol  avait  dû  être  remanié  par  des  soulè- 
vements, des  affaissements,  des  glissements;  l'homme  avait  pu  y  creuser  des 
fosses  pour  y  déposer  les  morts;  il  avait  pu  chercher  un  abri  dans  des  cavernes 
où  des  éboulements  l'avaient  enseveli;  il  avail  pu  tomber  par  accident  au 
fond  d'une  fente  étroite  et  profonde;  ses  os,  roules  dans  les  torrents,  avaient 
pu  être  déposés   au  hasard  dans  des  couches  plus  anciennes  labourées  par  les 

eaux Heureux  lorsqu'on  ne  mettait  pas  en  doute  L'authenticité  du  gisement, 

la  compétence  ou  la  sagacité  de  l'observateur!  Ainsi  furent  repoussées  les 
découvertes  faites  en  1828  par  Tournai,  de  Narbonne,  dans  la  grotte  de  Bize 
(Aude),  en  1829  par  Christol,  de  Montpellier,  dans  les  cavernes  du  Gard, 
puis  par  Emilien  Dumas  et  par  le  Dr  Pilore  dans  deux  cavernes  du  Gard  el 
de  l'Hérault,  el  par  M.  Ami  Boue,  de  Vienne,  dans  Les  terrains  quaternaires 
de  la  Basse-Autriche.  Les  grandes  recherches  de  Smerling  dans  les  cavernes 
des  environs  de  Liège  (1833),  et  notamment  dans  cette  grotte  d'Engis  aujour- 
d'hui si  célèbre,  ne  reçurent  pas  un  meilleur  accueil.  Le  crâne  remarquable 
du  mont  Denise  (Haute-Loire),  trouvé  par  M.  Aymard,  en  1844,  dans  une 
couche  de  laves  boueuses  qui  recèle  les  restes  de  plusieurs  espèces  perdues, 
obtint  enfin  quelque  attention,  mais  on  objectait  toujours  que  ce  débris 
humain  avait,  pu  glisser  au  fond  d'une  brèche,  à  la  faveur  de  quelque  dislo- 
cation du  sol. 

Les  faits  de  ce  genre,  quelque  décisifs  qu'ils  nous  paraissent  maintenant, 
ne  faisaient  donc  alors  aucune  impression.  Ils  étaient  pour  ainsi  dire  récusés 
à  l'avance.  Pour  vaincre  tant  de  résistance,  il  fallait  un  surcroit  d'évidence. 
Il  fallait  constater  la  présence  de  l'homme  non  plus  dans  les  cavernes  de 
l'époque  quaternaire,  ou  dans  des  brèches  osseuses,  ou  dans  des  terrains  en 
pente  plus  ou  moins  susceptibles  de  glissement,  mais  dans  le  sol  des  grandes 
vallées,  dans  des  couches  horizontales  encore  en  place,  ayant  conservé  tous 
leurs  rapports  de  stratification,  et  présentant  des  dispositions  telles  que  l'hy- 
pothèse d'un  remaniement  quelconque,  naturel  ou  artificiel,  fût  rendue  tout  à 
fait  impossible.  Les  grandes  couches  de  sable  et  de  graviers,  déposées  dans  le 
fond  des  vallées  actuelles  par  les  puissants  cours  d'eau  de  l'époque  quaternaire, 
réunissent  le  plus  souvent  ces  conditions.  Ce  fut  là  que  Boucher  de  Perthes 
alla  chercher  les  preuves  de  l'antique   existence  de  l'homme.  Ce  fut  là  qu'il 


44  SÉANCES   GÉNÉRALES 

découvrit,  gisant  pêle-mêle  au  milieu  des  ossements  du  rhinocéros  et  du 
mammouth,  les  armes  de  silex  dont  l'homme  s'était  servi  pour  combattre  ces 
monstres  d'une  autre  époque,  et  les  innombrables  outils  façonnés  par  ses 
mains  pour  les  besoins  de  la  vie. 

Boucher  de  Perthes  n'était  pas  un  savant  à  diplôme,  et  pendant  bien  long- 
temps ses  assertions  n'obtinrent  aucune  créance.  On  souriait  de  ses  illusions; 
on  plaignait  le  rêveur  qui  dépensait  sa  vie  à  la  poursuite  d'un  but  impossible. 
Mais  ce  rêveur  avait  la  conviction  qui  donne  le  courage,  et  la  persévérance 
qui  conduit  au  succès.  De  1840  à  1858,  il  lutta  patiemment  contre  l'indiffé- 
rence des  uns,  contre  les  railleries  des  autres.  11  ne  demandait  qu'une  chose  : 
l'examen  et  le  contrôle;  mais  cela  même  il  ne  pouvait  l'obtenir,  car  la  seule 
adhésion  qu'il  eût  pu  conquérir,  celle  du  Dr  Rigollot,  n'avait  pas  été  prise  au 
sérieux.  Enfin,  après  dix-huit  années  d'efforts,  il  vit  se  lever  le  jour  de  la 
justice.  Le  célèbre  paléontologiste  anglais,  Falconer,  voulut  bien  se  rendre  à 
Abbeville,  en  1858,  pour  étudier  à  la  fois  les  gisements  explorés  par  notre 
infatigable  compatriote,  et  la  riche  collection  de  silex  taillés  et  d'ossements 
fossiles  qui  en  provenaient.  D'autres  savants  anglais,  MM.  Prestwich,  Evans, 
Flower  et  Lyell,  le  suivirent  de  près;  ils  firent  eux-mêmes,  en  divers  points 
de  la  vallée  de  la  Somme,  notamment  à  Saint-Acheul,  près  d'Amiens,  dans 
un  gisement  déjà  signalé  en  1854  par  Rigollot,  des  recherches  couronnées  de 
succès.  Stimulés  par  cet  exemple,  les  savants  français  arrivèrent  à  leur  tour  : 
M.  Gaudry,  M.  Georges  Pouchet  purent,  de  leurs  propres  mains,  extraire  du 
dépôt  quaternaire  de  la  Somme,  des  haches  de  silex  taillé.  Les  faits  découverts 
par  Bouclier  de  Perthes  se  trouvaient  ainsi  pleinement  confirmés.  Il  ne  leur 
manquait  plus  que  la  sanction  de  la  discussion  publique  :  la  Société  d'an- 
thropologie de  Paris  la  leur  donna.  Là,  un  savant  dont  la  prudence  égalait  la 
bonne  foi,  Isidore-Geoffroy  Saint-Hilaire,  put  déclarer  que  les  dernières  objec- 
tions contre  l'antiquité  de  l'homme  venaient  de  s'évanouir.  En  quelques 
séances  la  question  fut  examinée  sous  toutes  ses  faces,  et  toutes  les  hésitations 
furent  levées.  Ce  débat,  rendu  public  par  les  journaux,  même  avant  l'appari- 
tion des  Bulletins  de  la  Société,  eut  un  grand  retentissement.  L'homme  fossile 
avait  désormais  droit  de  domicile  dans  la  science  positive,  et  le  nom  glorieux 
de  Boucher  de  Perthes  fut  acclamé  dans  toute  l'Europe. 

Ce  nom  restera  attaché  à  une  découverte  qui  compte  parmi  les  plus  grandes. 
L'histoire  doit  ses  hommages  à  tous  ceux  qui  ont  lutté  pour  le  progrès,  à  tous 
ceux  qui  ont  préparé  l'avènement  d'une  vérité  importante,  à  ceux  qui  l'ont 
seulement  entrevue,  comme  à  ceux  qui  ont  apporté  des  preuves  à  l'appui  ; 
mais  elle  réserve  une  place  plus  haute  à  celui  qui  a  su  la  faire  triompher. 
Elle  dira  qu'avant  Boucher  de  Perthes,  l'existence  de  l'homme  fossile  reposait 
déjà  sur  des  faits  parfaitement  authentiques;  elle  signalera  tout  particulière- 
ment ceux  que  le  savanl  et  courageux  Schmerling  découvrit  dans  les  cavernes 
du  pays  de  Liège,  et  qu'il  publia  dans  un  ouvrage  de  premier  ordre;  aux 
noms  que  j'ai  déjà  cités,  die  joindra  ceux  du  duc  Eberhardt  de  Wurtemberg, 
d'Esper,  de  John  Frère  qui,  au  xvme  siècle,  avant  la  détermination  des  épo- 
ques géologiques,  exhumèrent  des  restes  humains  ou  des  silex  taillés  reconnus 
aujourd'hui  comme  quaternaires;  elle  rendra  justice  à  Jœger  qui,  en  1835,  sut 


P,    BROGA.    —   LES    RACE;-    FOSSILES    DE    L'EUROPE    OCCIDENTALE  15 

reconnaître  la  hante  antiquité  du  crâne  de  Canstadt,  recueilli  plus  d'un  siècle 
auparavant  et  longtemps  dédaigné  comme  apocryphe;  mais  après  avoir  loué 
les  travaux  de  l'avant-garde,  elle  saluera  en  Bouclier  de  Perthes  le  vaillant 
lutteur  qui  a  soutenu  le  combat  décisif  el  remporté  la  \ietoire. 

L'année  1859,  qui  vit  la  doctrine  de  l'antiquité  de  l'homme  éclater  dans  la 
science  avec  une  force  irrésistible,  marqua  le  début  d'une  ère  féconde  entre 
toutes.  Des  horizons  nouveaux  et  illimités  s'ouvrirent  aux  regards  des  sa- 
vants ;  dans  toute  l'Europe,  les  géologues,  les  archéologues,  les  anthropologistes, 
se  mirent  à  l'œuvre  avec  une  activité  étonnante.  Dix  huit  ans  seulement  se 
sont  écoulés  depuis  lois,  et  jamais  peut-être,  dans  un  temps  aussi  court,  on 
ne  vit  aussi  riche  moisson.  Qui  pourrait  oublier  ces  jours  de  renaissance  où, 
des  entrailles  du  sol  et  du  fond  des  cavernes,  sortit  la  voix  du  passé,  où  les 
sociétés  fossiles  se  ranimèrenl , 

Où  le  vieil  univers  fendit,  comme  Lazare 
De  son  front  rajeuni  la  pierre  «lu  tombeau. 

Boucher  de  Perthes  n'avail  soulevé  qu'un  coin  du  voile  mystérieux  qui  cache, 
les  origines  humaines.  Il  avait  prouvé  que  l'homme  a  vécu  pendant  toute 
l'époque  quaternaire,  qu'il  a  été,  sur  notre  sol,  le  contemporain  du  renne  et 
des  animaux  émigrés,  du  mammouth  et  des  animaux  éteints;  mais  était-ce 
tout?  et  l'humanité  n'était-elle  pas  plus  vieille  encore?  Cette  autre  question, 
plus  grave  même  que  la  première,  se  posa  aussitôt;  plus  grave,  ai-je  dit,  car 
la  durée  de  chacune  des  trois  périodes  de  l'époque  tertiaire  a  été  incompara- 
blement plus  longue  que  celle  de  l'époque  quaternaire.  Je  ne  me  propose  pas  de 
vous  entretenir  ici  des  recherches  qui  concernent  l'homme  tertiaire;  les  dé- 
couvertes faites  par  M.  Desnoyers  à  Saint-Prest,  dans  les  environs  de  Chartres, 
et  par  M.  le  professeur  Capellini  dans  plusieurs  gisements  tertiaires  de  la 
Toscane,  tendent  à  établir  l'existence  de  l'homme  pendant  la  période  pliocène; 
celles  de  M.  l'abbé  Bourgeois  dans  la  commune  de  ïhenay  (Loir-et-Cher) 
reporteraient  même  jusqu'à  la  période  mioeène,  c'est-à-dire  jusqu'à  l'âge  ter- 
tiaire moyen,  l'existence  d'un  être  intelligent  qui  savait  tailler  le  silex,  et  qui 
ne  pouvait  être  que  l'homme.  Mais  ces  faits,  bien  que  recueillis  par  des  ob- 
servateurs d'une  haute  compétence,  et  qu'acceptés  après  mûre  discussion  par 
plusieurs  savants  éminents,  ne  sont  pas  encore  assez  nombreux,  assez  incon- 
testés pour  constituer  une  preuve  définitive.  L'homme  tertiaire  n'est  jusqu'ici 
que  sur  le  seuil  de  la  science  ;  il  y  tient  la  place  qu'occupait  il  y  a  vingt  ans 
l'homme  quaternaire.  Sera-t-il  donné  à  un  autre  Boucher  de  Perthes  de  le  dé- 
montrer avec  ce  degré  d'évidence  qui  s'impose  à  tous  les  esprits?  C'est  le 
secret  de  l'avenir. 

L'homme  quaternaire,  au  contraire,  est  entré  aujourd'hui  dans  le  cadre 
classique.  Il  a  été  retrouvé  dans  une  grande  partie  de  l'Europe  et  sur  plusieurs 
points  du  Nouveau-Monde  ;  ses  armes  et  ses  outils,  déposés  dans  un  grand 
nombre  de  musées  et  de  collections  particulières,  se  comptent  par  centaines  de 
mille,  les  fouilles  pratiquées  en  Belgique  dans  la  vallée  delà  Lesse  ont  fourni, 
à  elles  seules,  80,000  silex  taillés.  Ces  innombrables  débris  de  l'industrie 
quaternaire  ont  été  extraits  tantôt  du  soi  des  vallées  où  la  superposition  des 


46  SÉANCES   GÉNÉRALES 

couches  suffît  pour  les  dater,  tantôt  des  gisements,  riches  en  silex,  naturels, 
où  l'homme  avait  installé  ses  ateliers  de  fabrication,  tantôt  des  abris  sous 
roche  où  il  campait,  tantôt  enfin  des  cavernes  où  il  habitait.  C'est  surtout 
dans  ces  cavernes  d'habitation  que  la  récolte  a  été  abondante  et  instructive; 
c'est  là  qu'on  a  pu  étudier  jusqu'aux  détails  de  la  vie  d'une  tribu,  les  restes 
des  festins,  les  engins  de  la  chasse  ou  de  la  pêche,  les  outils  de  la  couture, 
tous  les  produits  de  la  taille  du  silex,  auxquels  vinrent  se  joindre  à  une  cer- 
taine époque  de  beaux  instruments  en  os  et  en  bois  de  renne,  —  puis  les 
insignes  du  commandement,  les  ornements,  les  objets  de  commerce,  et  enfin, 
chose  merveilleuse,  les  œuvres  des  artistes,  tantôt  naïves  et  grossières,  tantôt 
pleines  de  grâce,  de  mouvement  et  de  vérité,  représentant,  par  la  gravure  ou 
par  la  sculpture,  les  animaux  que  l'on  chassait  alors,  le  bœuf,  le  cheval, 
l'aurochs,  le  renne,  le  grand  ours  des  cavernes  et  jusqu'au  gigantesque 
mammouth . 

Giàce  à  tant  de  découvertes,  dont  les  auteurs  sont  trop  nombreux  pour  que 
je  puisse  même  les  énumérer  ici,  l'homme  quaternaire  est  mieux  connu  au- 
jourd'hui que  beaucoup  de  peuples  mentionnés  dans  l'histoire.  Il  a  sa  chrono- 
logie, non  pas  une  chronologie  par  années  ou  par  siècles,  comme  les  nôtres, 
mais  par  périodes  archéologiques  et  paléontologiques,  périodes  immenses, 
datées  à  la  fois  par  les  diverses  espèces  fossiles  qui  prédominèrent  successive- 
ment autour  de  lui,  et  par  les  divers  types  d'instruments  qui  marquèrent  la 
lente  évolution  de  son  industrie.  —  Il  a  aussi  son  histoire,  non  pas  politique 
mais  anthropologique,  non  pas  celle  des  peuples  et  des  chefs  qui  purent  se 
rendre  célèbres,  mais  celle  des  races  qui  se  superposèrent  et  se  succédèrent 
Tune  à  l'autre  sur  un  même  sol.  Ces  races  sont  caractérisées  par  les  crânes 
et  ossements  humains  qui  ont  été  retrouvés  dans  des  gisements  quaternaires. 
Nous  ne  pouvons  nous  flatter  de  les  bien  connaître,  ni  même  d'en  déterminer 
exactement  le  nombre;  car  les  restes  précieux  qui  les  représentent  sont  trop 
rares  encore  et  souvent  aussi  trop  mutilés  pour  servir  de  base  à  des  descrip- 
tions complètes.  Nous  en  savons  assez  néanmoins  pour  constater  avec  certi- 
tude la  multiplicité  et  la  grande  diversité  des  races  quaternaires,  et  quoique 
les  régions  explorées  jusqu'ici  ne  comprennent  que  l'Europe  occidentale  et  une 
partie  de  l'Europe  centrale,  nous  pouvons  dès  aujourd'hui,  sur  ce  petit  coin 
du  globe,  reconnaître  et  distinguer  au  moins  trois  races  humaines  fossiles, 
qui  se  rapportent  à  deux  types  essentiellement  différents.  Je  dirai  d'abord 
quels  sont  ces  deux  types;  je  dirai  ensuite  quelles  sont  ces  trois  races. 


II. 

On  désigne  sous  le  nom  de  dolichocéphales,  qui  signifie  tête  longue,  les 
crânes  dont  la  forme  est  allongée,  el  sous  le  nom  de  brachycéphales,  qui  signifie 
tête  courte,  ceux  dont  la  forme  est  arrondie. 

La  circonférence  horizontale  du  crâne,  dont  on  peut  se  faire  une  idée  appro- 
ximative en  examinant  l'entrée  d'un  chapeau,  est  une  sorte  d'ovale  toujours 
plus  long  que  large,  el  dont  la  forme,  d'ailleurs  Hvs-variable,  dépend  princi- 


IV    BROC  A.    —   LES   RACES   FOSSILES   HE   [/EUROPE   OCCIDENTALE  (7 

paiement  de  L'étendue  relative  de  ses  deux  diamètres.  Lorsque  la  longueur 
esl  beaucoup  plus  grande  que  la  largeur  ou  lorsque,  en  d'autres  termes,  le 
diamètre  antéro-postérieur  est  beaucoup  plus  grand  que  le  diamètre  trans- 
versal, la  forme  du  crâne  est  allongée  ou  dolichocéphale;  elle  est,  au  contraire, 
arrondie,  ou  brachycéphale,  lorsque  la  différence  des  deux  diamètres  est  peu 
considérable.  Entre  ces  deux  types  extrêmes  il  y  a  une  forme  moyenne,  dé- 
signée sous  le  nom  de  mésaticéphale,  qui  signifie  crâne  intermédiaire.  Pour 
donner  à  ces  dénominations  une  signification  précise,  on  mesure  au  compas 
les  deux  diamètres,  on  divise  le  second  par  le  premier  et  l'on  obtient  une 
fraction  décimale  qu'on  appelle  ['indice  céphalique.  Les  deux  premiers  chiffres 
de  cette  fraction  donnent  la  caractéristique  de  l'indice.  On  ramène  ainsi  à  une 
expression  numérique  la  description  de  la  forme  plus  ou  moins  allongée,  plus 
ou  moins  arrondie  de  la  Imite  crânienne.  Les  dolichocéphales  sont  ceux  dont 
l'indice  céphalique  esl  plus  petit  que  la  fraction  7/9,  ou  77,7  pour  100;  les 
bràchycéphales  sont  ceux  dont  l'indice  est  plus  grand  que  la  fraction  \  ,'i,  ou 
80  pour  100,  et  ceux  dont  l'indice  est  compris  entre  ces  deux  limites  sont 
mésaticéphalcs.  .Mais  les  variations  de  l'indice  céphalique  sont  si  étendues 
qu'il  a  paru  utile  de  distinguer  deux  degrés  dans  le  type  dolichocéphale,  sa- 
voir :  les  dolichocéphales  proprement  dits,  dont  l'indice  descend  au-dessous  de 
7.*)  pour  100,  et  les  sous-dolichocéphales,  dont  l'indice  reste  au-dessus  de  cette 
limite;  de  même,  parmi  les  brachycéphale*,  on  distingue  les  sous-brachycéphalcs 
et  les  brachycèphales  proprement  ilits,  suivant  que  l'indice  est  inférieur  ou  su- 
périeur à  la   fraction  5/G  ou  83,3  pour  J00. 

Par  suite  de  nombreux  mélanges  de  races  qui  se  sont  produits  avant  ou 
pendant  la  période  historique,  ces  diverses  formes  crâniennes  existent  au- 
jourd'hui, avec  un  degré  variable  de  fréquence,  dans  presque  toutes  les  popu- 
lations de  l'Europe.  Le  plus  souvent,  néanmoins,  il  y  a  un  certain  type 
céphalique  qui  l'emporte  sur  tous  les  autres  et  qui  accuse  l'influence  prépon- 
dérante de  telle  ou  telle  race.  En  France,  par  exemple,  la  bràchycéphalie  pré- 
domine des  Alpes  à  la  Bretagne,  dans  la  région  occupée  au  temps  de  Jules 
César  par  la  célébré  confédération  des  Celtes  ;  tandis  qu'au  nord  de  la  Seine 
et  de  la  Marne,  dans  l'ancienne  Gaule  helgique,  la  population  est  en  majorité 
sous-dolichocéphale.  De  cette  élude  et  des  recherches  de  même  ordre  qui  ont 
été  faites  dans  les  autres  pays,  on  peut  conclure  avec  certitude  que  les  peuples 
de  l'Europe  sont  issus  de  plusieurs  races  caractérisées  par  des  formes  crâ- 
niennes très-différentes. 

L'illustre  anatomiste  suédois  Retzius,  qui  établit  le  premier,  en  1842,  la 
distinction  des  brachycéphales  et  des  dolichocéphales,  pensa  que  cette  répar- 
tition des  types  céphaliques  pouvait  être  attribuée  à  l'intervention  de  deux 
races  seulement,  l'une  brachycéphale,  l'autre  dolichocéphale.  A  cette  époque, 
l'existence  de  l'homme  fossile  n'était  pas  encore  admise,  mais,  depuis  plusieurs 
années  déjà,  Thomsen  avait  découvert  la  succession  des  âges  de  l'industrie,  et 
l'on  n'ignorait  plus  qu'avant  l'ère  des  migrations  indo-européennes,  l'Europe 
avait  eu  des  populations  autochlhoncs.  Combinant  cette  notion  avec  ses  obser- 
vations crâniologiques,  Retzius  supposa  que  la  race  primitive  de  l'Europe  était 
brachycéphale  et   que   le  type  dolichocéphale  nous    avait  été  apporté  pour  la 


18  -LANCES   GÉNÉRALES 

première  fois  par  la  race  des  conquérants  asiatiques.  Le  problème  obscur  et 
compliqué  des  origines  européennes  se  trouvait  ainsi  ramené  à  une  simplicité 
et  à  une  clarté  séduisantes,  et  jamais  hypothèse  n'eut  un  succès  aussi  général 
et  aussi  rapide.  Pendant  près  de  vingt  ans,  la  doctrine  ethnogénique  de 
Retzius  fut  admise  sans  contestations;  un  petit  nombre  de  faits,  interprétés 
avec  complaisance,  semblaient  lui  prêter  quelque  appui,  mais  lorsqu'on  se 
décida  enfin  à  y  regarder  de  plus  près,  on  vit  ces  faits  s'évanouir  l'un  après 
l'autre,  et  cette  brillante  théorie,  déjà  très-ébranlée,  fut  définitivement  renversée 
par  lii  découverte  des  races  humaines  fossiles. 

La  diversité  des  races  d'Europe  ne  date  pas  de  l'ère  presque  récente  des  in- 
vasions asiatiques  ;  elle  ne  date  pas  non  plus  de  cette  longue  période  de  la 
pierre  polie  qui  précéda  l'introduction  des  métaux  et  qui  succéda  à  l'âge  du 
renne;  elle  remonte  jusqu'aux  temps  quaternaires.  Par  là,  l'hypothèse  de 
ReUius  perdrait  déjà  une  grande  partie  de  son  importance  ;  mais  il  y  a  plus  : 
le  type  dolichocéphale,  loin  d'être  le  dernier  venu  parmi  nous,  est  le  plus 
ancien  de  tous;  les  migrations  et  les  mélanges  de  races,  loin  de  le  développer, 
n'ont  fait  que  l'atténuer  ;  et  ces  brachycéphales,  que  l'on  considérait  naguère 
comme  une  race  autochthone,  vaincue  et  dépossédée  par  des  races  plus  fortes 
et  plus  civilisées,  ont  été,  au  contraire,  des  envahisseurs  étrangers  dont  l'im- 
migration lente  et  progressive  modifia  d'une  manière  aussi  profonde  que  du- 
rable l'ethnologie  de  l'Europe  occidentale.  Ils  n'apparurent  que  dans  les  der- 
niers temps  de  l'époque  quaternaire.  Avant  eux,  d'autres  races  du  type 
dolichocéphale  avaient  successivement  occupé  le  sol,  et  le  moment  est  venu 
d'exposer  les  principaux  caractères  distinctifs  de  ces  trois  races,  retrouvées  par 
la  science  après  tant  de  siècles  d'oubli. 


111. 

Sous  quels  noms  les  désignerons-nous'?  Une  race  à  laquelle  ne  se  rattache 
aucun  souvenir  ne  peut  recevoir  qu'un  nom  de  convention.  Le  nom  le  plus 
convenable  est  celui  du  lieu  où  a  été  recueilli  le  premier  fait  authentique 
et  caractéristique.  D'après  ce  procédé,  emprunté  aux  géologues,  MM.  de  Qua- 
trefages  et  Hamy  ont  donné  aux  trois  principales  races  fossiles  les  noms  de 
races  de  Canstadt,  de  Cromagnon  et  de  Furfooz. 

La  rare  de  Canstadt  est  la  plus  ancienne  de  toutes;  c'est  celle  dont  les  restes 
sont  le  plus  rares;  le  hasard  a  voulu  cependant  qu'elle  ait  été  exhumée  la 
première.  En  l'an  1700,  le  due  Eberhard  de  Wurtemberg,  grand  amateur 
d'antiquités,  lit  faire  des  fouilles  à  Canstadt,  près  Stuttgart,  dans  un  oppidum 
de  l'époque  romaine.  Les  ouvriers  poussèrent  leur-  pioches  jusque  dans  le 
terrain  subjacent  et  y  recueillirent  une  certaine  quantité  de  eûmes  et  d'osse- 
ments fossiles  parmi  lesquelsse  trouvai!  un  grand  fragment  de  crâne  humain. 
Mais  on  ne  fit  aucune  attention  à  ce  précieux  débris.  Ce  fut  seulement  cent 
trente-cinq  ans  plus  tard,  c'est-à-dire  eu  1835,  que  le  savant  paléontologiste 
Fred.  Jœger  le  retrouva  dans  la  collection  des  princes  de  Wurtemberg  et  en 
reconnut  l'importance.  11  osa  en  conclure  que  l'homme  avait  été  le  contemporain 


P.    BROCA.    —    LES    BACES    FOSSILES    DE    L'EUROPE   OCCIDENTALE  19 

des  grands  animaux  quaternaires  :  on  lui  répondit  alors  que  des  fouilles  aussi 
anciennes  ne  méritaient  aucune  confiance;  mais  aujourd'hui,  l'authenticité  du 
crâne  de  Canstadt  n'est  plus  en  contestation,  et  ce  crâne,  si  longtemps  dédaigné, 
a  eu  l'honneur  de  donner  son  nom  à  la  première  race  fossile. 

Six  ou  sept  autres  crânes  très-incomplets,  quelques  fragmente  de  mâchoires 
et  quelques  fragments  d'os  longs  sont  jusqu'ici  les  seuls  restes  connus  de  la 
race  de  Canstadt.  Deux  de  ces  débris  ont  dû  une  grande  célébrité  aux  discus- 
sions qu'ils  ont  soulevées  :  ce  sont  le  crâne  découvert  en  18o7,  par  le 
Dr  Filhlrott,  dans  la  caverne  de  Néanderthal,  près  de  Dûsseldorf ,  et  la  mâchoire 
•nt'éiieiiiv  recueillie  en  186o,  par  M.  Dupont,  dans  la  caverne  de  laNaulette, 
sur  la  vallée  de  la  Lesse  (Belgique).  La  mâchoire  de  la  Naulette  réunit  un 
ensemble  de  traits  d'infériorité  vraiment  surprenant,  et  la  l'orme  générale  du 
crâne  de  Néanderthal,  son  Iront  bas  et  fuyant,  l'énorme  saillie  de  ses  arcades 
sourcilières,  qui  rappelle  celle  des  singes  anthropoïdes,  n'excitent  pas  moins 
d'étonnement.  Il  est  bon  d'ajouter,  toutefois,  que  les  caractères  de  la  race  de 
Canstadt  exislent  sur  ces  deux  pièces  à  l'état  d'exagération. 

L'examen  des  fragments  d'os  longs  qui  ont  été  retrouvés  montre  que  la  race 
de  Canstadt  était  très-robuste,  mais  d'une  taille  peu  élevée,  qui  ne  dépassait 
probablement  pas  lm,68  à  lm,70.  Les  crânes,  pour  la  plupart  très-mutilés,  ne 
se  prêtent  pas  à  des  éludes  complètes;  ils  permettent  toutefois  de  distinguer 
nettement  cette  race  de  toutes  celles  qui  lui  ont  succédé.  Un  seul  mot  suffit  pour 
la  caractériser;  elle  est  dolichoplatycéphale ,  c'est-à-dire  qu'elle  est  à  la  fois 
dolichocéphale  et  platycéphale.  Sous  ce  nom  de  platycéphale,  dont  l'étymologie 
n'est  pas  très-correcte,  on  désigne  les  crânes  dont  la  voûte  est  très-surbaissée 
et  dont  le  diamètre  vertical  est  par  conséquent  très-petit. 

La  dolichocéphalie  des  hommes  de  Canstadt  atteint  un  degré  qui,  depuis 
longtemps,  n'existe  plus  en  Europe  comme  caractère  de  race,  et  qui,  parmi 
les  races  modernes,  ne  s'observe  que  chez  les  Australiens  et  les  Esquimaux. 
Une  dolichocéphalie  presque  aussi  forte  se  retrouve  dans  la  seconde  race  fos- 
sile, ou  race  de  Cromagnon,  et  même  dans  l'une  des  races  de  l'époque  de  la 
pierre  polie,  mais  elle  coïncide  chez  elles  avec  une  voûte  crânienne  beaucoup 
plus  relevée,  qui  contraste  d'une  manière  frappante  avec  la  platycéphalie  de  la 
race  de  Canstadt. 

Cette  platycéphalie  est  due  principalement  à  la  grande  obliquité  du  front, 
qui,  au  lieu  de  décrire  au-dessus  de  la  région  faciale  une  belle  courbe  ascen- 
dante, fuit  rapidement  en  arrière,  laissant  à  découvert  la  région  sus-orhitaire, 
et  faisant  ressortir  davantage  encore  le  volume,  d'ailleurs  très-grand,  des 
arcades  orbitaires,  qui  sont  très-cintrées,  des  bosses  sourcilières  et  de  la  gla- 
belle, qui  sont  très-saillantes;  toute  la  région  frontale  se  trouve  ainsi  considé- 
rablement réduite;  en  arrière,  au  contraire,  la  région  occipitale  fait  une  saillie 
très-considérable;  mais,  malgré  cette  compensation,  la  capacité  crânienne  reste 
encore  très-petite  et  paraît,  inférieure  même  à  celle  des  Hottentots  et  des  Aus- 
traliens. J'ajoute  que  la  grande  épaisseur  des  parois  crâniennes  tend  encore 
à  réduire  cette  capacité. 

D'autres  caractères  d'infériorité  se  remarquent  sur  la  mâchoire  inférieure  : 
ce  sont  la  proclivité    des    dents   incisives,    le   grand   volume    des    molaires 


20  SÉANCES    GÉNÉRALES 

l'absence    totale  de  la  saillie  du   menton,  et  la  forme    elliptique    de    l'arcade 
alvéolaire,  qui  tend  à  se  rétrécir  en  arrière  comme  un  1er  à  cheval. 

La  face  n'a  pu  être  étudiée  dans  son  ensemble  que  sur  un  seul  crâne,  trouve 
dans  la  carrière  Forbes,  près  de  Gibraltar.  Je  pense,  comme  MM.  de  Quatre  - 
fages  et  Hamy,  que  ce  crâne  appartient  à  la  race  de  Canstadt;  il  s'y  rattache 
manifestement  par  la  conformation  des  bosses  soureilières,  du  front,  de  l'oc- 
ciput, par  l'épaisseur  des  parois,  par  la  petitesse  de  la  boîte  cérébrale; 
malbeureusement,  l'absence  de  fossiles  caractéristiques  n'a  pas  permis  de 
déterminer  la  date  du  gisement.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  crâne  de  la  carrière 
Forbes  présente  dans  sa  région  faciale  des  caractères  extrêmement  curieux  : 
la  ligne  du  profil  Irès-oblique ,  l'ouverture  nasale  très-large  et  très-basse,  les 
pommettes  très-écartées,  l'orbite  arrondie  et  vraiment  immense,  dépassant  de 
plus  de  100  millimètres  carrés  la  plus  grande  aire  orbitaire  qu'on  ait 
mesurée  jusqu'ici  sur  tout  autre  crâne  humain,  enfin,  chose  plus  étrange 
encore,  une  forte  convexité  remplaçant  la  fosse  canine  :  tels  sont  les  traits 
principaux  de  cette  région  faciale,  qui  n'a  point  d'analogue  dans  les  autres 
races  connues,  et  dont  il  faudrait  faire  un  type  à  part  si  l'on  refusait  de  la 
rapporter  au  type  de  Canstadt. 

La  race  de  Canstadt  était  certainement  très-sauvage,  plus  sauvage  sans  doute 
qu'aucune  race  actuelle;  elle  n'avait  que  des  instruments  très-grossiers,  et  ses 
tribus  errantes  luttaient  péniblement  contre  les  difficultés  de  la  vie,  sur  un  sol 
que  lui  disputaient  les  puissants  mammifères  quaternaires,  le  grand  ours,  le 
rbinocéros,  le  mammouth.  Néanmoins,  son  extension  géographique  fut 
grande.  On  l'a  retrouvée  à  Brux,  en  Bohème;  à  Canstadt,  dans  le  Wurtem- 
berg; à  Xéanderthal  dans  la  province  Rhénane;  à  la  Naulette,  en  -Belgique; 
à  Eguisheim,  en  Alsace;  à  Paris,  dans  les  graviers  les  plus  inférieurs  de 
Grenelle  et  de  Clichy;  à  Arcy-sur-Cure,  dans  l'Yonne;  au  mont  Denise,  dans 
la  Haute-Loire;  à  l'Olmo,  près  Arezzo,  en  Toscane;  et  probablement  enfin 
jusqu'à  Gibraltar.  Elle  occupait  donc  une  grande  partie  de  l'Europe  occidentale 
et  de  l'Europe  centrale,  et  elle  s'y  maintint  depuis  le  début  de  l'époque  quater- 
naire jusque  vers  le  milieu  de  cette  époque.  Mais  alors  apparut  une  autre  race 
plus  forte  et  plus  perfectible,  qui  s'empara  de  son  domaine,  et  qui  ne  lui 
succéda  sans  doute  qu'après  l'avoir  à  peu  près  exterminée. 

Cette  seconde  race  fossile  est  la  race  de  Cromagnon.  Elle  tire  son  nom  d'un 
abri  sous  roche  découvert  en  1808,  près  du  village  des  Eyzies,  dans  la  vallée 
de  la  Vézère  (Dordogne).  Le  célèbre  crâne  d'Engis,  recueilli  par  Schmerling  en 
183 i,  se  rapporte  à  la  même  race,  ainsi  que  les  deux  crânes  trouvés  eu  1867 
[Kir  M.  Brun  sous  l'abri  de  Lafaye,  près  deBruniquel;  mais  Schmerling  avait 
rattaché  l'homme  d'Engis  au  type  nègre  ou  négroïde,  et  les  crânes  de  Lafaye 
n'étaient  pas  assez  bien  caractérisés  pour  révéler  l'existence  d'une  race  spéciale. 
C'est  donc  la  découverte  de  Cromagnon  qui  a  permis  pour  la  première  fois  de 
distinguer  et  de  décrire  la  seconde  race  fossile,  retrouvée  depuis  dans  une  foule 
de  stations. 

Cette  race,  représentée  dans  nos  musées  par  une  vingtaine  de  crânes,  dont 
quelques-uns  sont  entiers,  par  quelques  squelettes  presque  complets  et  par  un 
très-grand  nombre  d'os  plus  ou  moins  isolés,  celte  race,  dis-je,  est  aujourd'hui 


P.    BROC  A. —    LES   RACES   FOSSILES   DE    L'EUROPE   OCCIDENTALE  21 

bien  connue.  Elle  est  dolichocéphale  comme  la  race  de  Canstadt,  et  elle  l'est 
presque  au  même  degré,  mais  elle  en  diffère  d'ailleurs  complètement.  Sa  taille 
rst  beaucoup  plu>  haute;  le  squelette  de  Menton,  que  M.  Rivière  ;i  pu 
recueillir  en  entier,   mesure  lm,8S;  le  vieillard  de  Cromagnon  dépasse lm,80, 

et  la  taille  moyenne  des  hommes  s'élève  à  lm,78.  Elle  est  supérieure  d'environ 
0m,10  à  celle  des  hommes  de  Canstadt.  Le  crâne  est  très-grand;  sa  capacité  es 
au  moins  égale,  sinon  supérieure  à  celle  des  Parisiens  modernes.  Cette  forte 
saillie  sourcilière  qui  caractérise  la  race  de  Canstadt  n'existe  plus  ici  ;  le  front 
n'est  plus  fuyant;  il  est,  au  contraire,  droit  et  haut,  décrivant,  jusqu'au 
bregma,  une  belle  courbe,  au-dessous  de  laquelle  les  bosses  sourcilières  et  la 
glabelle,  réduites  à  un  volume  médiocre,  ne  se  détachent  plus.  Le  diamètre 
vertical  est  bien  développé,  et  la  voûte  élevée,  bien  cintrée,  contraste  avec  la 
voûte  platycéphale  des  crânes  de  la  première  race.  La  région  occipitale  est 
toujours  très-ample  et  fait  encore  parfois  une  voussure  assez  prononcée,  mais 
elle  ne  se  prolonge  plus  que  modérément  en  arrière  des  pariétaux. 

La  région  faciale  présente  des  caractères  distinctifs  tout  aussi  remarquables 
que  les  précédents.  Le  menton ,  au  lieu  d'être  fuyant  comme  celui  des 
mâchoires  de  la  Naulette  et  d'Arcy,  fait  une  forte  saillie,  et  les  incisives  infé- 
rieures sont  devenues  verticales.  Les  arcades  orbitaires  supérieures  ne  sont  plus 
fortement  cintrées;  elles  sont ,  au  contraire,  très-surbaissées  et  l'ouverture 
orbitaire,  considérablement  développée  en  largeur,  n'a  qu'une  très-faible  hau- 
teur. La  région  nasale,  longue  et  étroite,  revêt  la  forme  leptorrhinienne, 
commune  à  toutes  les  races  du  type  caucasique.  Néanmoins,  les  pommettes 
sont  très-écartées  et,  quoique  la  face  dans  son  ensemble  soit  peu  inclinée  ,  lu 
région  des  incisives  supérieures  présente  une  obliquité  notable. 

La  race  de  Cromagnon  n'est  pas  caractérisée  seulement  par  la  conformation 
du  crâne  et  de  la  face,  elle  l'est  encore  par  celle  des  principaux  os  des  mem- 
bres. 11  serait  trop  long  de  décrire  ici  les  fémurs  à  pilastre,  les  tibias  aplatis 
ou  platycnémiques,  les  i>rr<>nés  cannclcs ,  les  cubitus  arqués;  ces  dispositions 
spéciales,  qui  se  retrouvent  encore  aujourd'hui  chez  quelques  individus,  non 
pas  réunies,  mais  isolées  et  d'ailleurs  plus  ou  moins  atténuées,  étaient 
normales  dans  la  race  de  Cromagnon,  qui  se  distingue  par  là  de  toutes  les 
races  modernes. 

Ceux  qui  considèrent  le  volume  du  cerveau  comme  l'un  des  éléments  de  la 
valeur  intellectuelle,  ceux  qui  savent  qu'il  y  a  sous  ce  rapport  des  différences 
moyennes  de  130,  de  150  centimètres  cubes  et  au  delà  entre  les  races  supé- 
rieures et  les  races  inférieures ,  ont  éprouvé  quelque  surprise  en  constatant 
que  le  caractère  de  la  capacilé  moyenne  du  crâne  place  les  gens  de  Cromagnon 
sur  le  même  niveau  que  nous.  Mais  il  faut  remarquer  qu'il  ne  s'agit  ici  que 
des  moyennes,  car  l'étude  des  cas  individuels  montre,  an  contraire,  que  nos 
maxima  l'emportent  sur  les  leurs.  Les  sociétés  civilisées  maintiennent  dans 
leurs  rangs  les  faibles,  les  chétifs ,  les  infirmes  de  corps  ou  d'esprit.  Ces 
déshérités  de  la  nature  ne  peuvent  soutenir  le  combat  de  la  vie  dans  les 
sociétés  rudimentaires,  où  l'individu  ne  peut  compter  que  sur  lui-même  et  où 
son  existence  de  chaque  jour  dépend  de  sa  force,  de  sa  sagacité,  de  sa  pré- 
voyance; à  chaque  génération,  l'impitoyable  loi  de  la  sélection  les  élimine,  et 


22  SÉANCES   GÉNÉRALES 

c'est  leur  absence  qui  donne  une  supériorité  apparente  non-seulement  à  la  race 
de  Cromagnon,  mais  encore  à  l'une  des  races  qui  lui  succédèrent  pendanl  la 
période  de  la  pierre  polie.  En  outre,  si  Ton  étudie,  suivant  la  méthode  de 
l'abbé  Frère,  le  développement  relatif  du  crâne  antérieur  et  du  crâne  postérieur, 
on  trouve  que  le  crâne  antérieur,  qui  loge  la  partie  la  plus  noble  du  cerveau, 
est  notablement  moindre  dans  ces  races  préhistoriques  que  dans  nos  races 
modernes,  perfectionnées  par  l'éducation. 

A  la  faveur  de  ces  remarques,  le  grand  volume  cérébral  de  la  race  de  Cro- 
magnon cesse  de  nous  paraître  paradoxal,  mais  il  conserve  toujours  une  haute 
importance.  I]  nous  annonce  que  cette  race  devait  être  très-intelligente,  et  nous 
savons  qu'elle  l'était  en  effet.  C'est  à  elle  que  furent  dus  les  perfectionnements 
remarquables  de  l'industrie  du  silex;  ce  fut  elle  qui,  la  première,  apprit  à 
travailler  le  bois  de  renne,  l'os,  l'ivoire;  ce  fut  elle  qui,  s'élevant  jusqu'à  la  con- 
ception de  l'art,  inventa  le  dessin,  la  gravure  et  la  sculpture.  De  pareils  progrès, 
à  une  pareille  époque,  témoignent  de  l'intelligence  de  la  race  qui  sut  les  réaliser. 

Cette  race  ne  paraît  pas  s'être  étendue  vers  l'est  aussi  loin  que  celle  de 
Canstadt.  On  a  retrouvé  sa  trace  dans  l'Italie  méridionale  et  probablement 
aussi  dans  la  Grande-Bretagne  ;  mais  elle  occupai!  surtout  la  France  et  la  Bel- 
gique. La  région  sud-ouest  de  la  France,  entre  le  Périgord  et  les  Pyrénées, 
semble  avoir  été  son  principal  apanage.  Sa  chronologie  embrasse  environ  la 
deuxième  moitié  de  l'immense  époque  quaternaire;  ses  plus  anciens  gisements 
correspondent  aux  moyens  niveaux  des  vallées,  c'est-à-dire  à  Yâge  dit  intermé- 
diaire, et  ses  stations  les  plus  récentes  nous  conduisent  jusqu'à  la  fin  de  Yâge 
du  renne,  qui  fut  le  troisième  et  dernier  âge  quaternaire.  Cet  âge  du  renne 
fut  l'époque  de  sa  prospérité,  je  dirais  presque  de  sa  splendeur.  Mais  lorsque 
la  disparition  graduelle  du  renne,  conséquence  de  l'adoucissement  du  climat, 
marqua  la  fin  des  temps  paléontologiques  et  le  début  de  l'époque  géologique 
actuelle,  la  race  de  Cromagnon  entendit  sonner  l'heure  fatale  de  la  décadence. 
C'était  la  chair  du  renne  qui  lui  fournissait  sa  principale  subsistance.  C'était 
le  bois  du  renne  qui  lui  fournissait  la  matière  première  de  son  industrie  et  de 
ses  arts.  Le  genre  de  vie  des  tribus,  le  choix  de  leurs  résidences,  la.  division 
du  travail,  la  constitution  sociale,  tout  cela  reposait  sur  l'exploitation  des 
territoires  de  chasse,  et  quand  cette  exploitation  devint  insuffisante,  la  société 
des  chasseurs  de  rennes  fut  profondément  désorganisée.  La  (-liasse,  désormais, 
ne  pouvait  plus  subvenir  aux  besoins  d'une  population  nombreuse;  l'avenir 
était  aux  peuples  pasteurs  et  agricoles,  et  les  hommes  de  la  pierre  polie,  qui 
étaient  parvenus  à  ce  degré  de  civilisation,  ne  tardèrent  pas  à  supplanter  la 
race  de  Cromagnon. 

Si  l'on  ne  consultait  que  l'arebéologie,  on  pourrait  croire  que  cette  dernière 
race  a  disparu  en  même  temps  (pie  le  renne,  et  il  est  certain,  en  effet,  que 
les  stations  qui  la  caractérisent,  l'industrie  et  les  arts  auxquels  son  nom  est 
attaché  ne  se  retrouvront  pas  à  l'époque  de  la  pierre  polie,  dite  époque  néoli- 
thique.  Mais  la  race  elle-même,  quoique  considérablement  affaiblie,  n'avait  pas 
entièrement  péri.  Quelques  tribus,  comme  celle  de  la  caverne  de  l'Homme- 
Mort,  dans  la  Lozère,  se  soutinrent  longtemps  encore  au  milieu  des  popula- 
tions néolithiques.  Ailleurs,  comme  à  Solutré,  les  survivants  se  mêlèrent  aux 


P.    BROGA, —    LES    RACES    FOSSILES    DE    L'EUROPE   OCCIDENTALE  23 

races  nouvelles,  et,  dans  ce  croisement,  leur  influence  fut  assez  grande  pour 
laisser  une  empreinte  anthropologique  durable.  Leurs  caractères  anatomiques, 
atténués  sans  doute,  mais  toujours  reconnaissables,  persistèrent  pendant  un 
certain  nombre  de  générations;  et,  aujourd'hui  même,  on  les  voit  reparaître 
encore,  suivant  les  lois  de  cette  hérédité  éloignée  qui  porte  le  nom  d'atavisme. 

La  race  de  Cromagnon  nous  a  conduits  jusqu'aux  temps  néolithiques. 
L'étude  de  la  troisième  race  fossile,  ou  race  de  Furfooz,  va  nous  ramener  à 
l'âge  du  renne. 

La  race  5e  Furfooz  a  été  découverte  en  1866  el  Incû,  par  M.  Dupont,  dans 
plusieurs  cavernes  situées  sur  la  rive  droite  de  la  Lesse,  près  du  village  de 
Furfooz  (Belgique).  Une  caverne  sépulcrale  a  fourni  les  crânes  et  ossements 
qui  caractérisent  la  race,  et  les  cavernes  d'habitation  ont  permis  d'étudier  l'in- 
dustrie et  les  mœurs  de  la  population. 

La  race  de  Furfooz  diffère  entièrement  de  la  grande  race  de  Cromagnon. 
La  taille,  incomparablement  plus  petite,  varie  entre  lm,53  el  lm,62  et  descend 
presque  au  niveau  de  celle  des  Lapons.  Les  os  des  membres  ne  présentent  dans 
leur  conformation  aucun  des  caractères  si  remarquables  qui  distinguent  les 
hommes  de  Cromagnon.  Les  fémurs,  les  tibias,  les  péronés,  les  cubitus,  sont 
exactement  semblables  aux  nôtres,  et  la  seule  particularité  qu'il  \  ait  à  signaler 
concerne  le  degré  de  fréquence  de  la  perforation  olécrânienne  de  l'humérus. 
Cette  perforation,  que  l'on  a  considérée  à  tort  comme  un  caractère  simien, 
ou  au  moins  comme  un  caractère  d'infériorité,  n'a  aucune  signification 
hiérarchique  ni  chez  l'homme  ni  chez  les  singes.  Elle  n'est  constante 
dans  aucune  race  et  se  retrouve  plus  ou  moins  commune  ou  plus  ou 
moins  rare  chez  presque  toute-.  Elle  est  aujourd'hui  assez  exception- 
nelle en  Europe,  mais  elle  l'était  beaucoup  moins  autrefois.  Ainsi  elle 
n'existe  qu'environ  quatre  fois  sur  cent  dans  les  cimetières  de  Paris, 
tandis  qu'elle  atteint  une  fréquence  de  15  pour  100,  de  20  et  même  de 
25  pour  100  dans  certaines  sépultures  de  l'époque  néolithique.  Dans  la  race 
de  Furfooz,  enfin,  cette  fréquence  s'élève  à  28  et  30  pour  100.  Il  est  digne  de 
remarque  que  la  perforation  olécrânienne  n'a  pas  encore  été  observée  dans 
les  deux  premières  races  fossiles.  Si  elle  existait  chez  elles,  ce  n'était  donc  qu'à 
l'état  d'exception,  et  tout  permet  de  croire  que  ce  caractère  intéressant  a  été 
introduit  dans  l'Europe  occidentale  par  la  race  de  Furfooz. 

Mais  c'est  surtout  par  la  forme  du  crâne  que  cette  race  diffère  de  celles  qui 
l'ont  précédée.  Avec  elle  apparaît  pour  la  première  fois  un  type  crânien  arrondi, 
qui,  n'est  pas  encore  la  brachycéphalie  vraie,  mais  qui  annonce  l'arrivée  des 
brachycéphales.  Le  crâne  dans  son  ensemble  est  petit,  il  l'est  surtout  dans  * 
ses  parties  antérieures  ;  le  front  est  étroit,  bas  et  fuyant,  la  voûte  peu  élevée  ; 
par  ces  caractères,  les  crânes  de  Furfooz  se  placent  bien  au-dessous  de  ceux  de 
Cromagnon  et  se  rapprochent  quelque  peu  du  type  de  Canstadt.  La  face, 
comparée  à  celle  de  Cromagnon,  est  plus  petite,  les  pommettes  moins  écartées, 
les  orbites  moins  larges  et  plus  hautes,  l'ouverture  nasale  moins  allongée  eu 
égard  à  sa  largeur,  les  mâchoires  inférieures  moins  grandes  et  moins  épaisses. 
Cela  suffirait  amplement  pour  distinguer  les  deux  races,  quand  même  l'indice 
céphalique  n'établirait  pas  entre  elles  une  différence  décisive. 


24  SÉANCES   GÉNÉRALES 

Dans  la  race  de  Cromagnon,  qui  est  très-dolichocéphale,  cet  indice  n'est  que 
de  73  en  moyenne,  tandis  que  les  deux  crânes  entiers  de  Furfooz,  avec  leurs 
indices  de  79  et  de  81,  dont  la  moyenne  est  de  80,  se  placent  sur  la  limite  de 
la  mésaticéphalie  et  de  la  sous-brachycéphalie ;  et  il  paraît  même  assez  pro- 
bable que  sur  ces  deux  crânes  l'indice  céphalique  avait  été  amoindri  par  suite 
d'un  croisement  de  races,  car  auprès  d'eux,  dans  la  même  sépulture  se  trou- 
vait un  crâne  moins  complet,  mais  très-dolichocéphale  et  appartenant  évidem- 
ment au  type  de  Cromagnon. 

La  race  de  Furfooz  n'arriva  en  Belgique  que  dans  les  derniers  temps  de  l'âge 
du  renne.  On  n'a  retrouvé,  dans  les  débris  de  ces  festins,  aucune  trace  des 
grands  mammifères  contemporains  du  mammouth.  Le  renne  même  y  est  assez 
rare  et  il  est  clair  que  cet  animal  était  sur  le  point  de  disparaître.  Les  gens 
de  Furfooz  ne  vivaient  que  de  chasse  et  habitaient  les  cavernes.  Ils  avaient 
cela  de  commun  avec  la  race  de  Cromagnon,  mais  ils  lui  étaient  d'ailleurs  bien 
inférieurs.  Ils  ne  connaissaient  ni  le  dessin  ni  la  sculpture;  leur  industrie 
était  très-arriérée,  leurs  sillex  taillés  sans  soin,  leurs  armes  en  bois  de  renne 
façonnées  sans  goût  ;  rien  qui  rappelât  les  beaux  poignards  et  les  flèches  bar- 
belées des  Troglodytes  de  la  Vézère.  On  se  demande  même  s'ils  savaient  se 
servir  de  l'arc.  Mais  ils  savaient  fabriquer  des  poteries,  très-grossières  il  est 
vrai,  qui  ne  se  trouvent  pas  dans  les  vraies  stations  de  la  race  de  Cromagnon 
et  qui  indiquent  une  date  peu  antérieure  à  l'époque  de  la  pierre  polie. 

A  la  même  date,  pendant  que  vivait  en  Belgique  cette  race  mésaticéphale  ou 
sous-dolichocéphale,  des  hommes  au  crâne  plus  arrondi,  de  vrais  brachycé- 
phales,  avec  des  indices  de  83,  de  85  et  au-delà,  pénétrèrent  en  France  par  la 
frontière  de  l'est.  A  Solutré,  dans  le  Maçonnais,  ils  vinrent  se  mêler  à  ceux 
qu'on  ne  pouvait  guère  plus  appeler  les  chasseurs  de  rames,  car  le  renne  était 
déjà  rare,  et  c'était  maintenant  la  chair  du  cheval  qui  formait  la  base 
principale  de  l'alimentation.  Dans  cette  station,  où  la  taille  du  silex  pré- 
sente un  perfectionnement  remarquable,  on  trouve,  à  côté  des  crânes  de  la 
race  de  Cromagnon,  quelques  crânes  tout  à  fait  brachycéphales.  Les  crânes 
•  recueillis  par  Emile  Martin  dans  les  sables  supérieurs  de  (irenelle  tendent  à 
établir  que  les  brachycéphales  se  seraient  avancés  alors  jusque  dans  la  région 
parisienne,  mais  il  reste  quelques  doutes  sur  le  degré  d'ancienneté  de  ce  gise- 
ment, où  Emile  Martin  n'a  trouvé  les  restes  d'aucun  animal  quaternaire.  Quoi 
qu'il  en  soit,  la  découverte  faite  dans  le  lœss  de  Nagy-Sap,  près  de  Gran  (Hon- 
grie), prouve  que  la  race  des  vrais  brachycéphales  existait  déjà  sur  le  Danube 
^en  pleine  époque  quaternaire.  Il  est  aisé  de  comprendre  qu'ils  aient  pu,  vers  la 
fin  de  cette  époque,  pousser  quelques  pointes  vers  l'Occident,  mais  leur 
influence  ethnogénique  fut  alors  très-restreinte.  Leur  immigration  ne  s'effectua, 
en  réalité,  que  pendant  les  périodes  suivantes,  qui  appartiennent  à  l'époque 
géologique  actuelle  et  qui  ne  rentrent  pas  dans  notre  sujet. 

Faut-il  considérer  ces  brachycéphales  comme  constituant  une  quatrième 
race  fossile?  Oui,  sans  doute,  si  on  donne  au  mot  race  une  acception 
purement  morphologique,  mais  si  l'on  y  joint  l'idée  de  filiation,  la  conclusion 
pourra  être  différente.  Il  n'est,  en  effet,  ni  impossible,  ni  invraisemblable  que 
la  race  de  Furfooz  fut  affiliée  de  près  à  celle  des  vrais  brachycéphales,  qu'elle 


jii.es  masurier  2S 

en  lut  un  premier  essaim,  modifié  par  le  croisement,  à  la  suite  d'un  séjour 
prolongé  au  milieu  des  dolichocéphales  de  la  Belgique,  e!  d'une  cohabitation 
effective  que  la  communauté  des  sépultures  rend  incontestable. 

Depuis  les  temps  quaternaires  dont  je  viens  de  vous  entretenir,  bien  des 
siècles  se  sont  écoulés,  bien  des  peuples,  bien  des  races  sonl  venus,  avant  et  pen- 
dant la  période  historique,  se  heurter  et  se  superposer  sur  notre  sol,  et  ce  n'est 
pas  la  moindre  tâche  de  L'anthropologie  de  démôler,  parmi  les  caractères  phy- 
siques, intellectuels  et  moraux  des  populations  actuelles,  l'influence  respective 
de  tant  d'éléments  divers.  Les  peuples,  comme  les  familles,  aiment  à  dresser 
la  liste  de  leurs  aïeux,  à  vieillir  leur  généalogie,  à  considérer  l'antiquité  de 
leur  origine  comme  un  titre  de  noblesse.  Notre  nation  complexe,  qui  a  dû  son 
nom  moderne  à  un  peuple  germanique,  sa  civilisation  aux  Latins,  sa  pre- 
mière gloire  aux  Gaulois,  peut  maintenant  ajouter  à  son  passé  une  incalcula- 
ble suite  de  siècles.  Si  elle  ne  rougit  pas  de  la  barbarie  des  Celles,  pourquoi 
rougirait-elle  de  compter  parmi  ses  ancêtres  ces  Triptolèmes  néolithiques  qui 
surent  féconder  le  sol  par  l'agriculture,  ces  rudes  chasseurs  quaternaires  qui 
surent  le  conquérir  sur  des  animaux  plus  terribles  et  plus  réels  que  les  mons- 
tres combattus  par  Hercule,  — et  surtout  ces  intelligents  Troglodytes  de  la 
Vézère,  qui  les  premiers  dans  le  monde,  bien  longtemps  avant  les  Assyriens  et 
les  Égyptiens,  surent  allumer  le  flambeau  i\v<,  arts?  Barbares,  ils  Tétaient 
sans  doute,  mais  ne  le  sommes-nous  pas  encore  un  peu,  nous  qui  ne  savons 
régler  nos  différends  que  sur  les  champs  de  bataille?  Ils  ne  connaissaient  ni 
l'électricité,  ni  la  vapeur;  ils  n'avaient  ni  les  métaux,  ni  la  poudre;  mais, 
chétifs,  avec  des  armes  de  pierre,  ils  soutinrent  contre  la  nature  une  lutte  qui 
ne  fut  pas  sans  grandeur,  et  les  progrès  qu'ils  réalisèrent  lentement  au  prix  de 
tant  d'efforts  préparèrent  le  terrain  sur  lequel  devait  grandir  la  civilisation. 


M.  Jules  MASÏÏBJEB, 

Maire  du  Havre. 


Messieurs, 

L'honorable  président  de  ce  Congre,  vient,  dans  un  remarquable  discours  et 
avec  un  langage  élevé,  de  vous  entretenir  de  hautes  questions  scientifiques, 
et  de  dérouler  à  vos  yeux  toutes  les  richesses  de  son  esprit  fécond. 

Vous  ne  vous  attendez  pas,  messieurs,  à  me  voir  suivre  mon  honorable  préo- 
pinant dans  la  voie  qu'il  a  parcourue  avec  tant  de  distinction  et  à  entre- 
prendre devant  vous  un  cours  scientifique. 

Non,  messieurs,  une  autre  ligne  de  conduite  est  en  ce  moment  tracée  au 
maire  du  Havre,  et  il  est  heureux  de  venir,  au  nom  de  l'administration  muni- 


26  SÉANCES   GÉNÉRALES 

cipale,  vous  souhaiter  la  bienvenue  dans  cette  ville  hospitalière,  et  vous  remer- 
cier de  l'avoir  choisie  pour  y  tenir  en  1877  les  assises  de  la  science. 

La  ville  du  Havre,  messieurs,  est  une  ville  essentiellement  commerçante  et 
industrielle.  ;  il  a  donc  pu  paraître  surprenant  à  certains  esprits  que  vous  ayez 
consenti  à  tenir  vos  savantes  réunions  dans  celte  ville  où  le  coton  est,  dit-on, 
le  dieu  adoré,  et  où,  en  définitive,  on  ne  songe  qu'au  commerce,  on  ne  s'oc- 
cupe que  de  questions  commerciales. 

Mais,  messieurs,  permettez-moi  de  vous  faire  observer  que  la  ville  du  Havre, 
berceau  de  Bernardin  de  Saint-Pierre,  de  Casimir  Delavigne,  de  Dicquemare, 
de  Lesueur  et  d'autres  célébrités  dans  les  sciences,  les  lettres  et  les  arts,  ne 
peut  rester  étrangère  à  rien  de  ce  qui  tend  à  élever  l'esprit;  elle  a  possédé  et 
possède  en  effet  des  sociétés  littéraires  et  artistiques,  et  en  ce  moment  même  nous 
avons  des  sociétés  dont  les  travaux  et  les  études  se  font  remarquer  par  leurs 
heureux  résultats.  Nous  comptons  des  cercles  d'arboriculture  justement  appré- 
ciés, des  sociétés  musicales  qui  par  leurs  succès  ont  acquis  un  rang  hono- 
rable ; 

Une  société  de  géologie  dont  vous  irez  admirer  l'exposition  toute  normande, 
et  qui  vous  prouvera  par  ses  nombreuses  collections  le  zèle  infatigable  de  son 
président  et  de  ses  membres  ; 

Une  société  de  photographie  qui,  dans  son  exposition,  va  vous  faire  passer 
en  revue  tous  les  monuments  intéressants  de  la  Normandie  et  de  la  France. 

Je  ne  vous  parlerai  qu'en  passant  de  notre  lycée,  établissement  remarquable 
et  appelé  à  un  bel  avenir;  de  nos  conférences,  de  nos  nombreux  cours 
publics  si  fréquentés,  nos  écoles  communales,  des  écoles  industrielles  et  d'ap- 
prentissage, enfin  de  notre  musée,  de  notre  muséum  d'histoire  naturelle,  de 
notre  vaste  aquarium,  où  vous  pourrez,  messieurs,  vous  livrer  à  l'étude  des 
mystères  sous-marins. 

Ainsi,  messieurs,  je  pourrais  opposer  aux  contradicteurs  que  la  science  est 
l'alliée  obligée  de  l'industrie,  du  commerce  et  de  la  navigation  :  à  ce  titre, 
messieurs,  permettez-moi  de  saluer  de  nouveau  votre  présence  dans  nos  murs, 
et  d'espérer  que  les  discussions  qui  vont  surgir  dans  vos  séances  pourront  avoir 
de  précieux  résultats  pour  notre  marine,  notre  commerce  et  notre  industrie. 

Dans  les  visites  auxquelles  vous  allez  vous  livrer  dans  notre  ville,  il  vous 
arrivera  probablement  d'inspecter  notre  magnifique  forme  de  radoub  et  la  ca- 
rène d'un  de  nos  grands  steamers  ;  ce  sera  pour  vous,  messieurs,  une  étude 
bien  intéressante  et  vous  rendriez  un  grand  service  à  la  navigation,  si  vous 
pouviez  la  doter  d'un  enduit  préservateur  à  bon  marché.  L'application  du 
pétrole  au  chauffage  de  nos  machines  est  encore  une  question  de  la  plus  haute 
importance,  qui  mérite  vos  investigations,  aussi  bien  que  l'emploi  de  l'électri- 
cité, tant  comme  torce  motrice  que  comme  application  à  l'éclairage  de  nos 
navires. 

Vous  êtes,  messieurs,  je  vous  l'ai  dit  en  commençant,  dans  une  ville  d'af- 
faires, et  vous  pardonnerez  à  son  maire  de  vous  entretenir  de  ces  questions 
si  intéressantes  pour  son  commerce  et  sa  navigation;  il  souhaite  que  votre 
session  de  1877  ait  pour  résultat  de  doter  notre  pays  d'une  de  ces  merveil- 
leuses  découvertes,  fruit   de  patientes  recherches,   qui   sont  l'honneur  de  la 


P. -P.    DEHÉRAIN.  —   L'ASSOCIATION    FRANÇAISE    EN    JsTC.  27 

science,  l'alimenl  de  L'industrie,  el  par  suite  viennent  ajouter  à  la  fortune  et 
à  la  prospérité  publiques. 

C'esl  le  vœu  que  je  forme  eu  terminant,  vous  renouvelant,  messieurs,  l'ex- 
pression  de  la  vive  satisfaction  (pie  nous  avons  de  vous  posséder  dans  notre 
ville. 


M.    P. -P.  DEHERA1T 

Secrétaire  général. 


L'ASSOCIATION   FRANÇAISE   EN    1876. 


Mesdames,  messieurs, 

Si  l'un  des  plus  illustres  entants  de  la  ville  du  Havre,  Bernardin  de  Saint- 
Pierre,  était  encore  de  ce  monde,  je  ne  sais  trop  comment  il  accueillerai  l'ar- 
rivée dans  sa  ville  natale  de  notre  nombreuse  association.  S'il  avait  du  goût 
pour  les  sciences  naturelles,  il  n'épargnait  guère  les  savants  et  vous  vous 
rappelez  de  quels  sarcasmes  il  crible  les  académies  dans  sa  charmante  Chau- 
mière indienne.  Peut-être,  en  assistant  aujourd'hui  à  cette  brillante  réunion,  en 
y  voyant  accourir  des  hommes  de  science  appartenant  à  plusieurs  pays  étran- 
gers et  à  toutes  les  parties  de  la  France,  ne  pourrait-il  dissimuler  un  sourire 
ironique,  et  son  esprit  se  reporterait  sans  doute  sur  les  péripéties  du  bon 
docteur  qu'il  envoie,  jusque  dans  l'Inde,  chercher  la  réponse  aux  trois  mille 
cinq  cents  questions  posées  par  l'Académie  de  Londres. 

bientôt,  cependant,  une  réflexion  nouvelle  réconcilierait  avec  nous  Bernardin 
de  Saint-Pierre  ;  de  ses  longues  traversées  son  voyageur  rapporte  dans  sa 
patrie,,  non-seulement  une  instruction  plus  étendue,  mais  encore  le  touchant 
souvenir  d'une  cordiale  hospitalité  et  le  plus  précieux  de  tous  les  biens,  une 
amitié  solide.  Il  en  sera  de  même  pour  nous,  messieurs  ;  dans  huit  jours, 
quand  sonnera  l'heure  du  départ,  nous  connaîtrons  mieux  les  hôtes  bienveil- 
lants qui  nous  accueillent  aujourd'hui,  et,  si  je  ne  me  trompe,  des  amitiés 
durables  survivront  au  rapide  passage  de  l'Association  dans  la  ville  du 
Havre. 

Il  y  a  quelque  dix  ans,  deux  hommes  de  science  habitant  des  villes  diffé- 
rentes n'avaient  que  peu  de  chance  de  se  connaître  ;  on  était  en  correspon- 
dance, on  ne  se  voyait  guère. 

Aujourd'hui,  grâce  à  l'initiative  de  quelques  esprits  élevés,  grâce  à  votre 
empressement  à  répondre  à  leur  appel,  grâce  surtout  à  la  générosité  des  villes 
qui  se  font  un  honneur  de  nous  recevoir,  nous  sommes  certains,  à  jour  fixe, 
de  nous  rencontrer,  et  cela  dans  les  conditions  les  meilleures  pour  féconder 
nos  idées,  je  ne  veux  pas  dire  par  la  discussion,  mais  par  la  causerie. 

Tous,  nous  tirons  de  nos  réunions  de  grands  avantages,  le  travail  de  toute 


2S  SÉANCES   GÉNÉRALES 

l'année  s'en  ressent,  chacun  s'efforce  de  contribuer  à  l'œuvre  commune  :  à 
L'avancement  de  la  science;  on  ne  veul  pas  arriver  dans  sa  section  les  mains 
vides,  on  redouble  d'attention,  on  précise  ce  qui  restait  vague,  on  démontre 
ce  qui  n'était  que  pressenti,  et  votre  studieuse  activité  se  traduit  chaque  an- 
née par  une  importante  publication.  Vous  avez  reçu,  depuis  quelques  jours, 
notre  dernier  volume,  vous  y  avez  trouvé  la  preuve  du  travail  accompli  pen- 
dant votre  dernière  session. 

Aux  mauvais  jours,  aux  heures  de  lassitude,  de  doute, quand  on  se  demande 
si  l'on  n'a  pas  l'ait  fausse  route  et  si  les  minces  résultats  obtenus  ne  sont  pas 
disproportionnés  aux  grands  efforts  qu'ils  ont  coûtés,  le  souvenir  de  l'Association 
vient  encore  ranimer  les  courages.  On  se  rappelle  les  sympathies  qu'on  y  a 
rencontrées,  les  marques  d'estime  qui  sont  venues  de  collègues  inconnus  la 
veille,  et  l'on  reprend  confiance  en  soi.  Les  somptueuses  réceptions  que  vous 
prodiguent  les  villes  que  vous  visitez  sont  pour  vous  un  puissant  encourage- 
ment ;  votre  modestie  n'a  pas  à  en  souffrir,  car  c'est  bien  plutôt  le  drapeau 
que  les  soldats  qu'on  acclame,  et  elles  vous  montrent  que  le  pays  est  attentif  à 
vos  travaux,  qu'il  partage  la  passion  qui  vous  anime,  que,  comme  vous,  il  a 
le  respect  et  l'amour  de  la  science. 

Le  devoir  de  votre  secrétaire,  messieurs,  est  de  vous  tracer  l'histoire  de 
l'Association  pendant  et  depuis  la  dernière  session.  Comme  toutes  les  histoires, 
la  nôtre  comporte  des  tristesses  et  des  joies;  nous  avons  la  douleur  de  perdre 
quelques-uns  de  nos  collègues,  nous  avons  le  plaisir  d'inscrire  les  récompenses 
qui  viennent  encourager  les  jeunes  gens  au  début  de  la  carrière  ou  celles  qui 
sanctionnent  une  longue  série  de  découvertes. 

La  session  de  Clermont-Ferrand  a  été  la  fête  de  la  météorologie,  et  M.  Charles 
Sainte-Claire  Deville,  qui  était,  chargé  d'organiser  en  France  le  service  des 
observations,  ne  pouvait  y  manquer. 

Ce  savant  éminent  avait  consacré  la  première  partie  de  sa  vie  à  l'étude  de 
la  géologie  et  particulièrement  des  phénomènes  volcaniques;  son  exploration 
des  Antilles,  sa  patrie,  est  restée  célèbre;  ses  travaux  sur  le  Vésuve  ne  le 
sont  pas  moins;  aussitôt  qu'une  éruption  était  signalée,  il  accourait, -et,  en 
18G7,  il  ne  craignait  pas  d'entreprendre  un  voyage  pénible  aux  Açores  avec 
un  observateur  dont  la  réputation  est  aujourd'hui  européenne,  avec  notre 
collègue  M.  Janssen. 

Déjà,  depuis  quelques  années,  cependant,  M.  Deville  avait  un  peu 
délaissé  la  géologie;  une  autre  science  naissante  l'attirait;  il  s'était  jeté  avec 
passion  dans  l'étude  de  la  météorologie;  il  arrivait  d'Algérie,  où  l'avait  appelé 
son  service,  pour  assister  à  notre  réunion  de  Clermont,  quand  il  fut  atteint 
parla  maladie;  il  revint  très-souffrant  à  Paris,  et  en  quelques  jours  il  suc- 
comba. Son  voyage  à  Clermont  était  le  dernier  qu'il  devait  entreprendre,  et, 
en  rappelant  ici  la  perte  cruelle  qu'a  faite  notre  Association,  nous  n'obéissons  qu'à 
un  sentiment  de  stricte  justice,  puisque  c'est  à  vous  que  M.  Charles  Sainte- 
Claire  Deville  a  consacré  ses  dernières  heures  d'activité  scientifique. 

Tous  les  ans,  nos  corps  savants  décernent  dans  une  de  leurs  séances  solen- 
nelles des  prix  aux  travailleurs  dont  les  efforts  ont  été'  couronnés  de  succès  et 
qui  ont  ajouté  quelques  faits  nouveaux  à  la  science,  à  ce  grand  patrimoine  de 


P. -P.    DEHÉRAIN.    —   L'ASSOCIATION    FRANÇAISE    EN    1876  20 

L'humanité,  que  chaque  génération  doit  laisser  à  celle  qui  la  suit  plus  vaste  et 
mieux  ordonné. 

MM.  Ch.  André,  Bertillon,  Duboué,  Perrin,  Planchon,  Toussaint,  Violle  et 
Vélain,  membres  de  l'Association,  ont  participé  aux  récompenses  décernées  par 
l'Académie  des  sciences. 

MM.  les  docteurs  Bertillon,  TopinarJ  et  Voisin  ont  été  lauréats  de  l'Aca- 
démie et  de  la  Faculté  de  médecine. 

Quelques-uns  de  nos  confrères  ont  eu  dans  leur  carrière  u\\  avancement 
justement  mérité. 

M.  Truchot,  qui  a  bien  voulu  faire  devant  l'Association  la  conférence  rem- 
plie d'intérêt  qui  a  précédé  les  visites  aux  usines  de  Clermont,  a  été  nommé 
professeur  titulaire  de  la  chaire  de  chimie  dans  laquelle  il  suppléait,  depuis 
plusieurs  années,  M.  Aubergier,  dont  quelques-uns  d'entre  nous  se  rappellent 
la  généreuse  hospitalité;  notre  confrère,  M.  Alluard,  est  devenu  doyen  de  cette 
même  faculté  de  Clermont. 

M.  Grimaux,  après  un  brillant  concours,  a  conquis  la  chaire  de  chimie  à 
l'Institut  agronomique. 

S'il  nous  est  doux  de  rappeler  les  récompenses  décernées  à  quelques-uns  de 
nos  confrères  par  des  corps  savants  français,  notre  joie  est  plus  grande  encore 
quand  ces  distinctions  sont  accordées  par  les  Académies  étrangères,  car  une 
part  de  la  gloire  que  recueillent  nos  confrères  revient  à  la  patrie  tout 
entière. 

Celte  gloire,  messieurs,  nous  l'avons  cette  année  aussi  complète  que  nous 
pouvions  l'espérer  :  M.  Grimaux,  dont  nous  venons  de  prononcer  le  nom,  a 
reçu  de  l'Académie  des  sciences  de  Belgique  une  grande  médaille  d'or  pour 
ses  beaux  travaux  sur  la  série  urique,  et  la  Société  royale  de  Londres  a  décerné 
à  deux  membres  de  notre  Association  les  [dus  hautes  récompenses  dont  elle 
dispose  :  la  médaille  de  Bumfort  a  été  donnée  à  M.  Janssen,  et  celle  de  Copley 
à  M.  Claude  Bernard. 

Enfin,  messieurs,  la  Société  de  Londres  pour  l'avancement  des  arts,  des 
manufactures  et  du  commerce,  a  voulu  rendre  hommage  cette  année  à  notre 
illustre  président  de  J87G,  M.  Dumas.  Elle  a  voulu  rappeler  que  si  cette  belle 
carrière  a  été  vouée  surtout  aux  travaux  scientifiques,  les  applications  de  la 
ecience  y  ont  trouvé  également  une  large  place;  M.  Dumas  a  reçu  la  médaille 
du  prince  Alhert  en  témoignage  des  grands^services  qu'il  a  rendus  à  l'industrie 
rar  ses  découvertes  scientifiques. 

Notre  jeune  Association  est  loin  de  posséder  encore  les  ressources  de  son 
aînée,  l'Association  britannique  ;  aussi  ce  n'est  pas  comme  elle  une  trentaine 
de  mille  francs  qu'elle  emploie  chaque  année  à  favoriser  le  mouvement 
scientifique;  vous  n'avez  pu  distribuer  depuis  notre,  dernière  réunion,  en  sub- 
ventions et  encouragements,  que  6,000  francs  environ.  Quelque  faible  que 
soit  encore  la  somme  qui  a  reçu  une  si  utile  destination,  il  est  de  mon 
devoir  de  vous  rappeler  comment  elle  a  été  employée. 

M.  Le  veau,  de  l'Observatoire  de  Paris,  a  reçu  200  francs  comme  complé- 
ment de;  allocations  que  vous  lui  aviez  déjà  votées  pour  l'aider  à  poursuivre 
ses  calculs  sur  la  marche  des  comètes.  Il  y  a  quelques  jours,  arrivait  à  Paris 


30  SÉANCES   GÉNÉHALES 

une  lettre  de  M.  Julius  Schmidt,  de  L'Observatoire  d'Athènes,  annonçant  que  le 
13  juillet  il  avait  observé  la  comète  de  d'Arrest,  et  ajoutant  :  «  Je  l'ai  trouvée 
à  l'aide  de  l'excellente  éphéméride  de  M.  Leveau.  J'éprouve  la  plus  vive  admi- 
ration pour  l'exactitude  du  travail  de  l'astronome  français.  » 

De  la  fidélité  des  instruments  d'optique  dépend  l'exactitude  des  observations 
astronomiques.  M.  Ch.  André  avait  été  frappé  pendant  ses  travaux  à  Nouméa, 
au  moment  du  passage  de  Vénus,  de  l'influence  fâcheuse  qu'exerce  la  diffrac- 
tion des  rayons  lumineux  sur  la  netteté  des  images  ;  revenu  à  Paris,  il  a 
imaginé  une  série  d'expériences  qui  lui  ont  permis  de  préciser  cette  influence 
de  la  diffraction  et  d'éviter  à  l'avenir  les  erreurs  qu'elle  peut  occasionner; 
vous  avez  voté  800  francs  à  M.  André  pour  l'aider  à  faire  construire  ses 
appareils. 

M.  Poulain  s'efforce  de  perfectionner  son  appareil  destiné  à  la  taille  des 
verres  toriques;  vous  lui  avez  voté  une  subvention  de  200  irancs. 

Vous  avez  visité,  pendant  votre  séjour  à  Clermont,  l'intéressante  collection 
laissée  à  la  ville  par  M.  Lecoq;  vous  avez  voulu  contribuer  à  son  accroisse- 
ment en  attribuant  au  Musée  Lecoq  une  petite  somme  de  300  francs.  M.  Rames, 
géologue  à  Aurillac,  qui  a  guidé  ceux  d'entre  vous  qui  ont  parcouru  la  haute 
Auvergne  pendant  leur  excursion  finale,  a  entrepris  la  publication  d'une 
carte  géologique  du  Cantal;  vous  lui  avez  voté  une  subvention  de  500  francs; 
enfin,  vous  savez  avec  quel  succès  se  sont  développées  depuis  quelques  an- 
nées les  études  anthropologiques,  vous  avez  attribué  à  M.  le  Dr  Pommerol,  à 
Gerzat  (Puy-de-Dôme),  400  francs,  pour  l'aider  à  continuer  ses  fouilles  dans 
les  vieilles  cités  en  pierres  sèches  de  l'Auvergne. 

Une  cruelle  expérience  nous  a  appris  de  quelle  importance  étaient  pour 
nous  tous  les  travaux  qui  touchent  à  l'art  de  la  guerre.  Un  ancien  officier  de 
marine,  M.  de  Broca,  capitaine  de  port  à  Nantes,  s'est  donné  depuis  plusieurs 
années  la  mission  d'étudier  le  pointage  des  bouches  à  feu  et  des  fusils.  Il  vous 
a  communiqué  ses  recherches  à  la  session  de  Nantes;  vous  les  avez  jugées  du 
plus  haut  intérêt,  et  vous  avez  ajouté  aux  indemnités  accordées  à  ce  savant 
chercheur  par  la  Guerre  et  la  Marine  l'obole  de  l'Association  :  300  francs  ont 
été  Votés  à  M.  de  Broca. 

L'histoire  naturelle  comporte  deux  ordres  d'étude  différents  ;  nous  voulons 
connaître  l'immense  variété  d'êtres  vivants  qui  peuplent  notre  globe;  on  ana- 
lyse, on  nomme,  on  classe  les  espèces  nouvelles  que  les  voyageurs  adressent 
à  nos  musées;  ce  travail  gigantesque,  cet  inventaire  colossal  des  richesses  que 
présentent  la  terre  et  l'océan,  est  déjà  avancé;  aussi  beaucoup  de  naturalistes 
s'engagent-ils  aujourd'hui  dans  une  autre  voie,  ils  ne  se  contentent  plus  de 
connaître  la  forme  extérieure  des  animaux  et  des  plantes,  ni  même  de  scruter 
la  disposition  de  leurs  organes  intérieurs  :  ils  veulent  découvrir  le  mode 
d'action  de  ces  machines  délicates,  ils  veulent  les  observer  pendant  que  la  vie 
les  anime;  ils  s'appliquent  à  l'étude  de  la  physiologie. 

S'il  est  une  science  qui  réclame  des  installations  coûteuses,  c'est  précisément 
celle  dont  je  viens  de  prononcer  le  nom  ;  les  physiologistes  mettent  en  jeu 
les  appareils  les  plus  délicats  de  la  physique  et  de  la  chimie,  et,  pour  lutter 
contre  ceux  des  universités  allemandes,  nos  laboratoires  ont  besoin  de  fortes 


P. -P.    DEHÉRÀIN.    —    L'ASSOCIATION    FRANÇAISE    EN    1876  3i 

subventions.  Leur  nécessité  a  dé  reconnue  par  l'administration  de  l'instruction 
publique,  et  c'est  à  la  fondation  des  laboratoires,  au  perfectionnement  de  leur 

outillage,  qu'elle  a  porté  ses  plus  grands  efforts;  les  laboratoires  construits, 
il  a  fallu  les  peupler;  de  là,  la  création  de  trois  cents  bourses  de  l'enseigne- 
ment supérieur  qui  seront  distribuées  à  la  rentrée  prochaine;  il  faut  enfin 
que  les  jeunes  gens  qui  voudront  travailler  dans  ces  laboratoires  soient  guidés 
dans  leurs  recherches  :  les  répétiteurs,  dont  le  nombre  va  considérablement 
s'augmenter,  y  pourvoiront. 

Si,  depuis  nos  désastres,  l'État  a  fait  beaucoup  pour  le  développement  de 
l'instruction  publique,  et  si  nous  devons  le  proclamer,  ne  commettons  pas 
la  faute  rie  nous  reposer  sur  lui  des  progrès  qu'il  reste  à  accomplir;  plus  nous 
ferons  d'efforts,  plus  on  en  fera  au-dessus  et  à  côté  de  nous.  Jamais  le  mot 
du  fabuliste  ne  fut  mieux  à  sa  place  : 

Aide-toi,  le  ciel  t'aidera. 

Les  recherches  physiologiques  qui  portent  sur  les  animaux  terrestres  peuvent 
se  poursuivre  dans  les  grands  établissements  que  comptent  les  villes  univer- 
sitaires, au  Collège  de  France,  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  dans  les 
Facultés.  11  n'en  est  plus  de  même  pour  les  travaux  qui  ont  trait  aux  animaux 
marins,  qu'on  ne  peut  étudier  utilement  que  dans  leur  élément,  sur  les  entes. 
La  France  possède  aujourd'hui  plusieurs  de  ces  laboratoires  maritimes;  ils  ne 
sont  encore  dotés  que  très-incomplétement,  et  le  directeur  de  celui  de  Roscoff, 
M.  Lacaze-Duthiers,  a  été  obligé  de  créer  à  ses  risques  et  périls  les  Archives 
de  zoologie  expérimentale;  vous  avez  voulu  prendre  votre  part  de  ces  dépenses 
en  votant  une  subvention  de  (300  francs  au  laboratoire  de  Roscoff. 

11  existe  sur  les  côtes  de  la  Manche  un  autre  laboratoire  de  zoologie  mari- 
time; il  a  été  établi  à  Wimereux  par  M.  Giard ,  professeur  à  la  Faculté  de 
Lille.  L'Association  l'a  visité  pendant  sa  session  de  187i  et,  depuis  cette  époque, 
n'a  cessé  ses  encouragements;  jamais  ils  ne  furent  mieux  placés.  M.  Giard 
n'est  pas  de  ceux  qui  avancent  méthodiquement  et  qui  ne  font  un  pas  que 
lorsqu'ils  se  sentent  solidement  appuyés  par  les  gros  bataillons  du  budget  ; 
il  a  compté  sur  lui,  sur  ses  élèves;  peut-être  maintenant  compte-t-il  un  peu 
sur  vous.  Vous  aimez  les  audacieux  et  vous  continuerez  à  le  soutenir;  cette 
année,  vous  avez  voté  au  laboratoire  de  Wimereux  une  allocation  de  1,200 
Irancs. 

11  n'est  pas  un  physiologiste  qui  ne  connaisse  les  ingénieux  appareils  de  M.  le 
professeur  Marey,  du  Collège  de  France;  ses  recherches  sur  le  vol  des  oiseaux 
sont  restées  célèbres.  Un  de  ses  élèves,  M.  Tatin ,  s'inspirant  des  travaux  de 
son  maître,  a  réussi  à  réaliser  un  appareil  capable  de  progresser  dans  l'air 
en  le  frappant  par  la  face  inférieure  d'appendices  figurant  des  ailes  et  de 
planer  suspendu  dans  l'air  quand  il  a  acquis  une  vitesse  suffisante;  votre 
commission  a  voté  à  M.  Tatin  000  francs  pour  l'aider  à  faire  construire  ses 
coûteux  appareils. 

Parmi  les  savants  qui  ont  apporté  à  vos  réunions  les  expériences  les  plus 
délicates  et  les  plus  ingénieuses,  vous  avez  remarqué  depuis  longtemps 
M.  Merget,  de  Lyon;  il  vous  a  rendus  témoin  de  quelques-uns  de  ses  résultats; 


32  SÉANCES   GÉNÉRALES 

vous  avez  voulu  lui  faciliter  la  poursuite  de  ses  importantes  études  sur  la 
thermo-diffusion  des  gaz  dans  les  végétaux,  en  lui  volant  une  subvention  de 
1,000  francs. 

Enfin,  messieurs,  pour  Ja  première  fois  pendant  cette  session,  nous  aurons 
parmi  nous  plusieurs  jeunes  gens  de  nos  grandes  écoles,  invités  par  l'Asso- 
ciation, qui  fait  les  frais  de  leur  voyage.  Sur  l'initiative  d'un  de  nos  anciens 
présidents,  bientôt  soutenu  par  linéiques  confrères  généreux,  cette  année  cinq 
bourses  ont  été  votées;  celles  qui  seront  maintenues  par  la  suite  seront  suc- 
cessivement offertes  à  tous  nos  grands  établissements  d'instruction  supérieure 
ou  spéciale,  entre  lesquels  s'établira  un  roulement  régulier. 

Celle  année,  nous  avons  parmi  nous  un  élève  de  l'Ecole  du  génie  maritime, 
un  élève  de  l'École  de  médecine  de  Paris,  un  élève  de  l'Ecole  centrale  des  arts 
et  manufactures,  un  de  l'École  d'agriculture  de  Grignon,  un  de  l'École  supé- 
rieure du  commerce  de  Lyon. 

Ces  jeunes  hommes  trouveront  dans  leur  séjour  parmi  nous'  un  puissant 
stimulant;  ils  approcheront  quelques-uns  des  savants  célèbres  qui  ont  répondu 
à  votre  appel,  et,  en  voyant  de  quelle  respectueuse  déférence  vous  entourez  les 
illustrations  de  la  science,  nos  jeunes  confrères  sentiront  s'enraciner  plus  avant 
dans  leur  cœur  le  désir  de  servir  le  pays  par  leur  travail  et  de  contribuer, 
par  un  labeur  assidu,  à  la  grandeur  de  la  patrie. 

Jusqu'à  présent,  messieurs,  l'Association  a  trouvé  des  villes  qui  lui  ont 
offert  généreusement  l'hospitalité  ;  cependant  à  Nantes,  il  y  a  deux  ans,  nous 
avons  été  quelques  instants  un  peu  embarrassés  pour  désigner  le  lieu  de  notre 
prochaine  réunion.  Clermont,  accablé  par  la  construction  de  son  Observatoire, 
et  qui,  depuis,  nous  a  si  brillamment  accueilli,  hésitait.  Un  de  nos  confrères 
du  Havre,  M.  le  docteur  Lecadre,  ne  voulut  pas  nous  laisser  dans  cette  pénible 
incertitude;  une  dépêche  fut  envoyée,  le  Conseil  municipal  réuni  d'urgence, 
et  l'invitation  nous  fut  adressée;  pendant  ce  temps-là,  on  se  décidait  à  tenir 
li  session  de  J87G  à  Clermont.  Mais  vous  aviez  été  touchés  de  l'empressement 
du  Havre,  et  vous  avez  voté,  deux  ans  à  l'avance,  que  la  session  de  1.S77  se 
tiendrait  dans  cette  ville,  que  son  immense  mouvement  industriel  et  commer- 
cial ne  détourne  pas  du  culte  de  la  science.  Au  nom  de  l'Association  française, 
je  remercie  la  ville  du  Havre  de  la  brillante  hospitalité  qu'elle  nous  offre  aujour- 
d'hui et  de  l'empressement  qu'elle  a  mis,  en  1875,  à  nous  adresser  sa  géné- 
reuse invitation. 

Les  circonstances,  au  reste,  nous  ont  bien  servis  :  la  session  du  Havre 
succède  de  la  façon  la  plus  agréable  à  celle  de  Clermont,  car  les  plaisirs  qui 
vous  attendent  contrastent  heureusemenl  avec  ceux  que  vous  avez  goûtés 
l'an  dernier. 

En  LS7(i,  vous  ('liez  en  plein  cœur  de  la  France;  cette  année,  vous  êtes  sur 
la  frontière;  l'an  dernier,  votre  horizon  était  borné  par  de  hautes  montagnes, 
vos  promenades  étaient  des  ascensions,  vos  excursions  finales  des  courses  dans 
un  pays  tourmenté  par  les  éruptions  volcaniques;  celte  année,  votre  regard 
s'étend  sur  de  vertes  prairies  ou  sur  l'immensité  de  l'Océan,  et  dans  le  pro- 
gramme de  nos  excursions  figurent  plusieurs  promenades  en  mer. 

Les  charmes  du  beau  pays  que  vous  allez  parcourir  sont  faits  pour  séduire; 


P.-P.    DEHÉRAIN.    —     L'ASSOCIATION    FRANÇAISE    EN    187(1  ;>;> 

et  bientôt  les  attraits  de  l'opulente  Normandie  vous  feront  oublier  ceux  de  la 
pittoresque  Auvergne.  Avant  que  vos  souvenirs  se  soient  complètement  effacés, 
nous  essaierons,  si  vous  le  voulez,  de  nous  rappeler  ensemble  quelques-uns 
des  traits  saillants  de  la  session  de  Clermont. 

Nous  avons  eu,  en  isTii,  l'honneur  d'être  présidé  par  une  des  gloires  les 
plus  liantes  de  la  science  française,  par  un  des  secrétaires  perpétuels  de  l'Aca- 
démie des  sciences,  par  M.  Dumas.  L'Association  gardera  toujours  à  l'illustre 
chimiste  une  profonde  reconnaissance,  car  c'est  sous  sa  présidence  qu'elle 
a  été  déclarée  d'utilité  publique. 

Il  m'en  coûte  de  ne  rappeler  que  par  un  rapide  souvenir  la  chaleureuse 
conférence  de  M.  Frédéric  Passy,  immédiatement  suivie  de  la  belle  leçon  de 
M.  Claude  Bernard;  mais  le  temps  me  presse,  et  cependant  vous  ne  me  per- 
mettrez pas  de  passer  sous  silence  la  soirée  que  M.  Wurtz  a  consacrée  aux 
matières  colorantes  extraites  de  la  houille. 

Chacun  sait  que,  pendant  la  fabrication  du  gaz  de  L'éclairage,  on  recueille 
des  composés  liquides,  des  carbures  d'hydrogène,  qui,  soumis  à  une  série  de 
réactions  délicates,  fournissent  de  belles  matières  colorantes. 

Qu'il  suit  possible,  pendant  la  durée  rapide  d'une  leçon,  de  les  employer 
à  teindre  des  étoffes  des  nuances  les  plus  variées  et  les  plus  éclatantes,  per- 
sonne n'en  doute  ;  mais  ce  n'était  pas  seulement  les  applications  de  ces  composés 
que  M.  Wurtz  avait  l'intention  de  vous  faire  connaître  ;  il  voulait  rendre 
claire,  palpable,  la  constitution  de  ces  matières  complexes;  il  voulait,  en 
quelque  sorte,  construire  devant  vous  l'édifice  compliqué  de   leurs  molécules. 

Vous  vous  rappelez,  messieurs,  quel  succès  a  rencontré  cette  audacieuse 
tentative  ;  vous  avez  encore  devant  les  yeux  ces  boules  ingénieusement  dis- 
posées qui  vous  représentaient  le  carbure  d'hydrogène  fondamental,  point  de 
départ  de  la  matière  complexe  qu'il  fallait  obtenir;  vous  l'avez  vu  se  compli- 
quer peu  à  peu  et  finir  par  vous  représenter  une  de  ces  triamines  dont  le  nom 
seul  était  fait  pour  effrayer. 

Les  boules  se  succédaient  les  unes  aux  autres  si  facilement,  elles  étaient 
enlevées  avec  tant  de  dextérité  et  si  adroitement  remplacées  par  d'autres,  que 
peut-être  un  autre  orateur,  opérant  si  prestement,  eût  pu  voir  quelques  sou- 
rires sceptiques  s'esquisser  sur  la  physionomie  de  ses  auditeurs. 

M.  Wurtz,  messieurs,  n'avait  rien  de  semblable  à  craindre;  on  savait  que 
ce  n'est  pas  seulement  à  l'aide  d'atomes  figurés  qu'il  réalise  les  combinaisons 
dont  ses  puissantes  conceptions  lui  font  pressentir  l'existence,  mais  que  la 
parole  entraînante  du  professeur  s'appuie  sur  l'habileté  d'un  chimiste  consommé, 
que  la  découverte  des  ammoniaques  composés  et  des  glycols  rendra  à  jamais 
célèbre. 

Les  excursions,  mesdames  et  messieurs,  sont  toujours  un  des  grands  attraits 
de  nos  réunions;  au  plaisir  de  parcourir  une  contrée  nouvelle  pour  beaucoup 
d'entre  nous,  se  joint  la  satisfaction  d'être  accueilli  avec  l'empressement  le 
plus  flatteur;  partout  où  nous  sommes  allés,  à  Vichy,  à  Issoire,  à  Volvic 
à  Riom,  àThiers,  des  fêtes  étaient  préparées,  et  pour  nos  excursions  finales 
dans  le  Cantal,  au  mont  Dore,  au  Puy-en-Yelay,  nous  avons  rencontré  des 
guides  aimables,  dont  l'érudition  nous  a  été  d'un  puissant  secours. 

3 


34  SÉANCES    GÉNÉRALES 

C'est  plutôt  cependant  vers  notre  belle  journée  au  sommet  du  Puy-de-Dôme 
que  se  reportent  nos  souvenirs.  Malheureusement,  quelques  jours  avant 
l'ascension  projetée,  le  temps  changea;  à  une  longue  sécheresse  succédèrent 
la  pluie  et  les  orages,  qui  sont  très  à  craindre  dans  les  montagnes  et  qui 
pouvaient  rendre  inutile  tous  les  apprêts  de  la  fête. 

La  veille  du  départ,  pendant  la  soirée  que  M.  le  commandant  Perrier  a  consa- 
crée à  l'étude  du  grand  réseau  géodésique  qui  couvre  la  France,  arrivaient 
de  nombreuses  dépêches  qui  nous  donnaient  une  idée  exacte  de  l'état  du  ciel 
au-dessus  de  l'Observatoire  que  nous  devions  atteindre.  Enfin,  au  moment 
où  le  commandant  allait  clore  la  séance,  arrive  une  dernière  dépêche  du  puy 
de  Dôme.  C'est  d'elle  que  notre  sort  dépend  :  si  les  probabilités  sont  pour  le 
beau  temps,  on  se  mettra  gaiement  en  route;  si  elles  sont  pour  la  pluie,  il 
faudra  se  résigner  et  regarder  de  la  ville  les  nuées  courir  sur  le  flanc  de  la 
montagne  ;  la  fête  sera  remise,  la  partie  manquée. 

M.  Perrier  prend  sa  dépêche;  tout  va  se  décider.  Est-ce  la  pluie?  est-ce 
le  soleil?  Le  silence  est  complet,  toutes  les  respirations  sont  suspendues.  11  lit  : 
«  Temps  probable  pour  demain  :  incertain.  »  La  prophétie  n'était  pas  compro- 
mettante, et  cette  dépêche  si  impatiemment  attendue  nous  laissait  toutes  nos 
inquiétudes. 

On  paya  d'audace ,  et,  à  la  première  heure ,  nous  étions  tous  réunis  sur  la 
place  de  Jaude,  où  venaient  nous  prendre  les  fourgons  de  l'artillerie. 

Sans  l'aide  bienveillante  de  l'armée,  notre  course  n'eût  pas  été  possible; 
une  année  écoulée  ne  nous  l'a  pas  fait  oublier,  et  je  crois  être  l'interprète 
des  sentiments  de  l'Association  en  adressant  aujourd'hui  aux  artilleurs  du 
13e  corps  d'armée  un  souvenir  reconnaissant. 

L'inauguration  de  l'Observatoire  était  le  but  de  la  réunion  à  laquelle  nous 
avait  généreusement  convié  le  Conseil  général  du  Puy-de-Dôme;  nous  allions 
assister  au  couronnement  d'une  œuvre  patiemment  continuée  pendant  de  lon- 
gues années  ;  l'auteur  y  avait  consacré  bien  des  soins,  bien  des  démarches, 
bien  des  peines;  il  avait  fallu  convaincre  ses  concitoyens,  des  préfets,  des 
ministres,  obtenir  des  fonds  et,  quand  ils  étaient  épuisés,  en  trouver  encore; 
enfin,  soutenu  par  le  Conseil  général,  M.  Alluard  avait  réussi  :  son  œuvre 
était  là,  palpable,  complète,  achevée  ! 

La  joie  de  notre  confrère  était  grande;  tous,  vous  la  partagiez,  et  elle  devint 
plus  vive  encore,  quand  M.  Janssen annonça  que  la  Société  météorologique 
de  France  avait  décerné  sa  grande  médaille  d'or  à  M.  Alluard,  fondateur  de 
l'Observatoire  du  Puy-de-Dôme. 

Enfin,  messieurs,  il  était  un  souvenir  qui  sans  cesse  revenait  à  notre  esprit  : 
sur  cette  montagne,  deux  cent  trente  ans  avant  notre  réunion,  avait  été  faite 
la  célèbre  expérienee  du  baromètre.  Vous  vous  rappelez  avec  quel  éclat  l'élo- 
quent président  du  conseil  général  du  Puy-de-Dôme  a  évoqué  la  grande  image 
de  Pascal.  Laissez-moi  transcrire  ici  les  belles  paroles  de  M.  Bardoux  et  vous 
laire  ressentir  une  fois  encore  l'émotion  qui  vous  a  saisis  en  l'écoutant. 

y  Que  dirait-il,  s'il  vivait  parmi  nous,  cet  immortel  génie  qui,  dès  1647,  faisait 
exécuter  sur  le  puy  de  Dôme  les  expériences  dont  l'histoire  des  sciences  se 
souvient?    Je   me  le   demandais   en  gravissant  ces  pentes,    au  milieu  de  ces 


G.    HASSON.    —   LES   FINANCES  DE    L' ASSOCIATION  35 

espaces  infinis,  dont  l'éternel  silence  l'effrayait,  et  je  croyais  voir  planer  sur 
nous  la  grande  ombre  de  Biaise  Pascal. 

»  L'Auvergne,  si  fière  de  vous  offrir,  en  ce  jour,  l'hospitalité,  ne  pouvait 
oublier  le  plus  illustre  de  ses  enfants,  celui  qui  marche  seul,  sans  rivaux, 
dans  son  attitude  austère  et  mélancolique,  en  tête  de  ses  grands  hommes.  C'est 
qu'aussi  il  est  le  plus  moderne  d'eux  tous,  c'est  qu'il  nous  appartient  par 
un  côté  que  notre  temps  comprend  mieux  que  les  siècles  passés,  je  veux  dire 
par  sa  poursuite  continue  et  désintéressée  de  la  vérité.  Pendant  toute  sa  vie 
ardente  et  douloureuse,  il  fut  affamé  de  certitude.  11  la  chercha  partout;  en 
religion  comme  en  philosophie,  trouvant,  partout  où  se  jetait  son  esprit  géo- 
métrique, quelque  chose  d'original  et  de  nouveau.  » 

L'heure  s'avançait,  il  fallait  redescendre.  Bientôt  nous  étions  installés  de 
nouveau  sur  nos  voitures  et,  lentement,  nous  nous  acheminions  vers  Cler- 
mont;  à  nos  pieds,  la  Limagne  était  toute  resplendissante  de  soleil;  derrière 
nous,  le  puy  de  Dôme  s'enveloppait  de  brouillards,  tandis  que  le  plateau  de 
Gergovie  dessinait  son  arête  horizontale  sur  le  ciel  radieux.  Nos  malheurs 
nous  attachent  chaque  jour  davantage  aux  gloires  de  la  patrie,  et,  en  saluant 
du  regard  le  lieu  témoin  d'un  des  combats  heureux  de  notre  vieil  aïeul  Ver- 
cingétorix,  nous  nous  souvenions  que  sa  victoire  d'un  jour  devait  être  suivie 
bientôt  de  la  terrible  défaite  d'Alesia. 

Malgré  des  prodiges  de  valeur,  les  Gaulois  ont  succombé;  leur  bravoure, 
leur  mépris  de  la  mort,  n'ont  pu  les  sauver;  leur  ignorance  de  l'art  de  la 
guerre  leur  a  été  fatal,  et,  s'ils  ont  été  vaincus,  c'est  que  la  science  leur 
manquait. 

Que  de  rapprochements  surgissaient  dans  notre  esprit  entre  leurs  malheurs 
et  ceux  que  nous  pleurons  encore!  Comme  nos  aïeux,  nous  avons  montré, 
pendant  ces  cruelles  années  qui  sont  encore  si  près  de  nous,  du  courage,  de 
la  constance  dans  les  revers;  ce  n'était  pas  assez,  et  la  victoire  est  restée  à 
ceux  qui  avaient  appelé  à  leur  aide  toutes  les  ressources  de  la  science. 

Ainsi,  partout,  dans  les  luttes  fécondes  de  la  paix,  comme  aux  époques  ter- 
ribles où  la  guerre  est  déchaînée,  la  science  conduit  le  monde,  elle  le  domine, 
et  c'est  elle  aujourd'hui  qui  fait  les  victorieux.  Cherchons,  messieurs,  cher- 
chons toujours  le  royaume  de  la  science  pure,  et  le  reste  nous  sera  donné  par 
surcroit! 


M.  G-.  MASSON 

Trésorier. 


LES  FINANCES  DE  L'ASSOCIATION. 


Mesdames,  messieurs, 

J'ai  l'honneur  de  vous  présenter,  au   nom   du  Conseil   d'administration,  lés 
résultats  de  l'exercice  financier  de  1876. 


36  SÉANCES   GÉNÉRALES 

RECETTES 

Nos  recettes  annuelles  se  sont  élevées  à  48,76i  IV.  05. 
Ce  chiffre  se  décompose  comme  suit  : 

Reliquat  de  l'année  1875 Fr.       1,571  59 

Intérêts  du  capital  placé 11,148  45 

en  augmentation  de  883  fr.  15  sur  l'année  précédente. 

Les  cotisations  annuelles  ont  été  de Fr.     33,100    s 

en  augmentation  de  3,440  francs,  c'est-à-dire  de  172  membres  an- 
nuels sur  1875. 

Les  sommes  qui  nous  ont  été  remises  avec  attributions  spéciales 
à  des  subventions  scientifiques  se  sont  élevées  à Fr.      1,700    » 

Enfin  la  vente  des  volumes,  jointe  à  quelques  menues  recetles,  a 
produit Fr.       1,244  01 

Total  égal.    .    .Fr.     48,764  05 


DEPENSES. 

Nos  dépenses  ont  monté  à  44,181  fr.  7(i. 

Sur  cette  somme,  le  volume  consacré  aux  travaux  de  la  session  de  Nantes, 
le  plus  étendu  que  nous  ayons  encore  publié  puisqu'il  a  plus  de  1,500  pages,  a 
absorbé Fr.     23,878  26 

Les  impressions  diverses 749  10 

Les  frais  de  la  session  de  Clermont-Ferrand 1,581  70 

Les  frais  généraux  et  l'administration 11,611  70 

Enfin   les   subventions  s'élèvent  à  6,361  fr.,  dont  voici  le 
détail  : 

M.  Tatin,  de  Paris  :  construction  d'appareil  et  expériences 
sur  la  reproduction  mécanique  du   vol  des  oiseaux.    .    .Fr.       000 

M.  Leveau,  de  l'Observatoire  de  Paris  :  pour  faciliter  la 
continuation  de  ses  calculs  sur  la  marche  des  comètes  (com- 
plément de  la  somme  de  1,000  francs  volée  en  1874)   .Fr.       200 

M.  de  Broca,  capitaine  de  port  à  Nantes  :  pour  contribuer 
aux  dépenses  occasionnées  par  ses  recherches  sur  le  pointage 
des  bouches  à  feu Fr.       300 

M.  Merget,  de  Lyon  :  pour  faciliter  la  continuation  de  ses 
recherches  sur  la  thermo-diffusion  gazeuse  et  sur  divers 
points  de  physiologie  botanique Fr.   1,000 

M.  André,  astronome  adjoint  à  l'Observatoire  de  Paris  : 
pour  contribuer  aux  dépenses  occasionnées  par  ses  recher- 
ches sur  la  diffraction Fr.       800 

M.  Poulain  :  pour  améliorer  l'installation  d'un  appareil 
destiné  à  la  taille  des  verres  toriques Fr.       200 

M.  Rames,  géologue,  à  Aurillac  :  pour  contribuer  aux 
dépenses  occasionnées  par  la  publication  de  la  carte  géologi- 
que du  Cantal Fr.      500 

M.  Lamotte,  directeur  du  Jardin   botanique  de  Clermont- 

I    reporter.   .   .   .  3,000    37,820  70 


li.   MASSON.    —    I.F.S    FINANCES   DE    L'ASSOCIATION  37 

Report.  .  .  3,600    37,820  76 
Ferrand  :    pour    l'aider  à  augmenter   les  collections   et   la 
bibliothèque  du  Musée  Lecoq Fr.      300 

M.  Giard,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Lille  : 
pour  contribuer  aux  dépenses  d'entretien  et  de  recherches 
du  laboratoire  de  Wintereux Fr.    1,200 

M.  de  Lacaze-lHithiers,  membre  de  l'institut  :  pour  con- 
tribuer aux  dépenses  d'entretien  et  île  recherches  du  labora- 
toire de  Roscoff Fr.       G00 

M.  Tremaux  de  Hochebrune,  médecin  de  L'hôpital,  à 
Saint-Louis  (Sénégal)  :  pour  envoi  d'instruments  divers  de 
mesures  anthropométriques Fr.        <;i 

M.  le  Dr  Pommerol,  à  Ger/.at  (Puy-de-Dôme)  :  pour  aider 
aux  recherches  et  fouilles  dans  les  rites  en  pierres  sèches 
d'Auvergne Fr.       100 

pour  une  bourse  de  session. Fr.      200 

Soit  au  total.   .    .Fr.  6,361      6,361     •> 

Laissant  un  excédant  de  4,582  fr.  29  qui  a  été  employé  comme 
suit  : 

Réserve  statutaire Fr.       3,436  40 

A  compte  nouveau Fr.       1,145  80 

Total  égal  aux  recettes'.    .    .Fr.     48,7iii  05 


CAPITAL. 

Au  31  décembre  1875,  le  capital  réalisé  s'élevait  k Fr.  100,871  i8 

Pendant  l'année  1870,  il  s'est  augmenté  comme  suit  : 

10  rachats  de  cotisation • Fr.  2,000  » 

8  membres  fondateurs 4,000  * 

Réserve  statutaire 3,436  iO 

Don  de  M.  d'Eichthal,  ancien  président  de  l'Association.   .    .Fr.  10,000  » 

11  était  donc  au  31  décembre  1876  de Fr.  510,307  88 

Cette  somme  est  représentée  par  10,875  francs  de  rente  5   pour  100  et  800 

francs  de  rente  3  pour  100  ayant  coûté  ensemble Fr.  209,660  07 

11  reste  donc  à  placer 647  81 

Total  égal.   .    .Fr.  210,307  88 


L'exercice  1877  s'annonce  comme  devant  être  favorable.  Le  nombre  des 
membres  de  l'Association  n'a  cessé  de  s'accroître;  plusieurs  membres  fonda- 
teurs nouveaux  se  sont  fait  inscrire;  bon  nombre  de  cotisations  ont  été  rache- 
tées; enfin,  notre  vice-président,  M.  Kuhlmann,  adressait,  il  y  a  quelques 
jours,  à  votre  trésorier,  un  chèque  de  5,000  francs  à  titre  de  (loti  à  l'Associa- 
tion française.  Celte  généreuse  offrande  n'est  pas  la  seule  preuve  que  M.  Kuhl- 
mann nous  ait  donnée  de  sa  sympathie  pour  notre  Société  et  de  sa  volonté 
d'en  augmenter  les  movens  d'action  et  l'influence;  M.  Kuhlmann  nous  annon- 


38  SÉANCES   GÉNÉRALES 

çait  en  même  temps  que  désormais,  et  sa  vie  durant,  il  destinait  à  l'Associa- 
tion un  don  annuel  de  1,000  francs. 

De  tels  actes,  messieurs,  n'honorent  pas  seulement  les  bienfaiteurs  qui  sa- 
vent acquérir  de  pareils  titres  à  notre  reconnaissance;  ils  témoignent  de  la 
vitalité  de  notre  œuvre  et  des  sentiments  qu'elle  inspire  à  ceux  qui,  ayant 
contribué  à  la  fonder,  en  ont  constamment  suivi  la  marche  et  les  progrès. 


SÉANCE  GÉNÉRALE 

Du  24  août  1877. 


Présidence  de  M.  BROCA. 


Dans  cette   séance,    MM.   Lennier,    Quinette   de   Rochemont    et    Vial   ont 
pris  successivement  la  parole  et  ont  présenté  les  communications  suivantes  : 


M.  LENNIER 

Président  de  In  Société  géologique  de  Normandie. 


LA  GÉOLOGIE  NORMANDE.  —  L'EMBOUCHURE  DE  LA  SEINE. 


La  richesse  paléontologique  de  nos  côtes  normandes,  les  coupes  nom- 
breuses qu'elles  présentent  dans  le  terrain  jurassique  et  dans  la  série 
crétacée,  ont,  depuis  longtemps,  attiré  l'attention  des  savants: 

Les  de  La  Bêche,  de  Caumont,  Bunckland ,  de  Buch,  Cuvier,  Dufré- 
noy,  Ëlie  de  Beaumont,  Passy,  Eudes  Deslongchamps  ont  tour  à  tour 
interrogé  nos  falaises  et  les  roches  qui  les  composent,  et  les  nombreuses 
publications  auxquelles  ces  recherches  ont  donné  lieu  ont  fait  de  la 
Normandie  la  terre  classique  de  la  géologie. 

Cette  région  de  la  France  ,  justement  célèbre  par  la  beauté  de  ses 
sites,  par  la  richesses  de  ses  cultures,  par  l'importance  archéologique 
de  ses  monuments,  doit  tous  ses  avantages  à  la  constitution  géologique 
du  sol,  au  relief  qu'il  a  reçu  des  différents  soulèvements  qui  s'y  sont 
faits. 

Ces  soulèvements  ont  rompu  la  fatigante  uniformité  du  terrain,  et, 
en  amenant  à  la  surface  les  parties  inférieures,  ont  mis  en  quelque 
sorte  sous  la  main  des  travailleurs  les  matériaux  qui  ont  permis  de 
réaliser  les  conceptions  du  génie  que  nous  admirons  surtout  dans  les 
monuments  religieux  de  Bouen  et  de  Caen. 


< 


LEXMER.    —    LA    GÉOLOGIE    NORMANDE  39 

Il  y  a  ,  croyons-nous,  messieurs,  de  nombreuses  et  bien  intéressantes 
études  à  faire  sur  les  rapports  qui  existent  entre  la  composition  du  sol 
et  la  civilisation  des  peuples. 

La  civilisation  naît  dû  bien-être,  el  le  bien-être  nous  vient  directe- 
ment du  sol.  En  effet,  si  une  agglomération  humaine  habite  sur  un  sol 
fécond,  où  se  trouvent  répandus  non-seulement  les  éléments  nécessaires 
à  la  vie  alimentaire,  mais  encore  les  roches  et  les  minéraux  propres  à 
la  construction  des  grands  monuments,  cette  agglomération  grandira, 
deviendra  un  peuple,  et  construira  des  villes  comme  Paris,  Londres, 
Vienne,  qui  sont,  comme  presque  toutes  les  capitales  de  l'Europe, 
placées  sur  un  sol  qui  a  lui-même  fourni  les  matériaux  nécessaires  aux 
constructions. 

Si,  au  contraire,  une  branche  de  la  famille  humaine  est  jetée  par  le 
hasard  dans  un  climat  malsain,  sur  un  sol  stérile,  là  où  les  matériaux 
manquent,  comment  admettre  qu'elle  puisse  grandir'.'  Elle  restera  sta- 
tionnais comme  les  sauvages,  fatalement  arrêtes  sur  le  sentier  du  pro- 
grès par  la  lutte  âpre  et  toujours  renaissante  que  créent  chaque  jour 
les  implacables  nécessités  de  la  vie. 

La  Normandie  est  baignée  par  la  Manche  depuis  le  mont  Saint- 
Michel  jusqu'au  Tréport ,  sur  une  distance  d'environ  quatre-vingt-dix 
lieues  marines.  Cette  longue  cote  est,  sur  un  grand  nombre  de  points, 
attaquée  et  fortement  ravagée  par  la  mer.  Le  choc  séculaire  des  vagues 
a  taillé  dans  les  roches  calcaires  de  hantes  falaises  qui,  de  loin,  res- 
semblent à  de  gigantesques  murailles ,  coupes  verticales  qui  rendent 
particulièrement  facile  l'étude  de  la  géologie  que  je  me  propose  d'es- 
quisser très-rapidement. 

Les  roches  azoïques,  le  granité,  en  Normandie,  ne  se  trouvent  que  dans 
les  départements  de  la  Manche, de  l'Orne  et  du  Calvados;  elles  sont  la 
continuation  des  couches  qui  forment  le  sol  armoricain. 

Au-dessus  du  granité,  dans  les  mêmes  départements,  on  rencontre  les 
schistes  cambriens  et  les  quartzites  du  Silurien ,  le  plus  ancien  terrain 
sédimentaire  de  notre  région  et  dans  lequel  on  trouve  de  nombreux 
et  remarquables  fossiles.  Puis  viennent,  en  se  dirigeant  vers  le  nord- 
est  dans  le  Calvados  et  dans  la  Manche,  les  calcaires  du  Dévonien,  au- 
dessus  duquel  on  rencontre  le  terrain  houiller ,  exploité  autrefois  sur 
deux  points,  à  Littry  et  au  Plessis.  Depuis  longtemps,  la  mine  du  Pies- 
sis  est  envahie  par  les  eaux  ;  celle  de  Littry,  au  contraire,  fait  l'objet 
d'une  bonne  exploitation  et  le  charbon  qu'elle  fournit  est,  en  grande 
partie,  employé  pour  l'éclairage  au  gaz  de  la  ville  de  Paris. 

Le  terrain  carbonifère  est  recouvert  par  des  assises  importantes 
appartenant  au  Trias. 

Les    terrains    jurassiques    occupent    une    très-vaste    étendue  dans  la 


40  SÉANCES    GÉNÉRALES 

Manche,  dans  l'Orne  et  dans  le  Calvados.  Ils  s'appuient,  vers  le  sud  et 
le  sud-ouest,  aux  terrains  anciens  du  Bocage  normand  et  ils  ont  une 
pente  assez  régulière  vers  le  nord-est.  Dans  la  Seine-Inférieure,  les 
couches  jurassiques  se  montrent  encore  au  pied  du  cap  de  la  Hève, 
dans  le  Bray  et  à  Villequier,  par  suite  d'une  dislocation  résultant  d'une 
t'aille. 

Les  terrains  jurassiques  sont  particulièrement  riches  en  fossiles.  On  y 
compte  des  milliers  d'espèces  de  mollusques,  d'échinides,  de  polypiers  ; 
mais  ce  qui  rend  surtout  ces  couches  remarquables,  c'est  le  nombre 
considérable  de  grands  reptiles  qui  y  ont  été  rencontrés.  Ce  sont  des 
plésiosaures  au  long  cou,  des  ichthyosaures  de  taille  gigantesque,  des 
crocodiles  cuirassés  de  plaques  osseuses  logées  dans  la  peau  et  qui  de- 
vaient les  rendre  invulnérables.  Tous  les  débris  de  ces  êtres  disparus 
depuis  tant  de  siècles  sont  enfouis  dans  le  sol,  et  l'action  lente  du 
temps  les  a  transformés  en  pierre,  pour  qu'ils  puissent,  contemporains 
des  générations  éteintes,  raconter  l'histoire  du  passé  aux  générations  de 
l'avenir. 

Au-dessus  des  terrains  jurassiques,  les  assises  crétacées  ont  pris  un 
très -grand  développement  dans  notre  région.  Les  falaises  qui  bordent 
la  Manche,  depuis  l'embouchure  de  la  Dives  jusqu'au  cap  Blanc-Nez, 
dans  le  Boulonnais  ,  sont  presque  exclusivement  formées  par  le  terrain 
crétacé  qui  repose  sur  les  couches  moyennes  et  supérieures  du  terrain 
jurassique.  Nous  avons  observé,  en  effet,  les  couches  suivantes  en  con- 
tact :  à  Dives,  la  craie  glauconienne  avec  les  couches  supérieures  de 
l'Oxfordien;  à  Villers-sur-Mer,  la  craie  glauconienne  avec  le  calcaire 
jaune  du  Corallien  supérieur;  à  Trouville,  le  Gault  et  le  Kimméridge; 
à  Villerville  et  à  Honileur,  les  sables  ferrugineux  (néocomien  supérieur) 
avec  le  Kimméridge.  Dans  le  pays  de  Bray,  ces  mêmes  couches  de 
sables  ferrugineux  sont  en  contact  avec  les  calcaires  jaunes  portlan- 
diens.  Le  développement  du  terrain  crétacé  est  considérable  :  il  pré- 
sente une  épaisseur  totale  d'environ  200  mètres. 

Le  terrain  tertiaire  ,  suite  du  bassin  parisien  ,  se  voit  dans  les  dépar- 
tements de  l'Eure  et  de  la  Seine-Inférieure. 

Un  lambeau  de  ce  même  terrain  occupe  le  centre  du  département 
de  la  Manche,  et  forme  une  bordure  autour  des  marais  tourbeux. 

La  carte  géologique  de  notre  région  normande,  que  j'ai  dressée,  vous 
permettra;  mieux  que  je  ne  saurais  le  faire  par  une  courte  description, 
de  suivre  la  succession  des  couches  qui  forment  notre  sol.  Il  est,  ce- 
pendant, un  point  sur  lequel  je  désire  fixer  votre  attention,  avant  de 
passer  à  l'élude  des  phénomènes  contemporains. 

Si  nous  suivons  les  affleurements  des  terrains  jurassiques,  en  mar- 
chant du  sud-ouest  au  nord-est,  nous  verrons  que  les  limites  de  ce  ter- 


LENNIER.    —    IV    GÉOLOGIE    NORMANDE  il 

raiii,  les    anciens    rivages,  sont   toutes  placées    les  unes  en  dedans  des 
autres,  ce  qui  indique  une  longue  période  de  retrait  de  la  mer. 

Pendant  l'époque  suivante  ,  au  contraire,  pendant  l'époque  crétacée, 
les  anciens  rivages  débordent  tous  les  uns  sur  les  autres,  ce  qui  indique 
une  longue  période  d'envahissement  de  la  nier. 

Sans  entrer  plus  complètement  dans  la  description  de  nos  assises 
normandes  et  des  nombreux  animaux  qui  se  sont  suceédé  aux  diffé- 
rentes époques  géologiques,  nous  allons  maintenant,  pour  terminer  ce 
court  expos,',  examiner  les  faits  géologiques  de  la  période  quaternaire, 
et  ceux  qui  s'accomplissent  chaque  jour  sous  nos  yeux  et  qui  modifient 
constamment  les  rivages  de  la  mer,  en  augmentant  les  atterrissements 
et  en  attaquant   les  falaises. 

Les  dépôts  quaternaires,  dans  nos  régions,  ont  sur  les  plateaux  une 
épaisseur  très-variable.  Cette  épaisseur  augmente  en  raison  des  dénuda- 
tions  sous-jacentes  :  ainsi,  sur  la  craie  blanche,  les  argiles  à  silex,  qui 
sont  la  partie  la  plus  ancienne  des  dépôts  quaternaires,  ont  peu  d'épais- 
seur. Elles  en  ont  davantage  lorsqu'elles  reposent  sur  la  craie  turo- 
nienne,  et  enfin  elles  atteignent  leur  maximum  lorsqu'elles  s'étendent 
directement  sur  la  craie  verte,  comme  c'est  ](!  cas  au  cap  de  la  Heve 
et  jusqu'à  Octeville.  On  constate  encore  le  maximum  d'épaisseur  des 
argiles  à  silex  dans  le  voisinage  des  lignes  de  taille,  sur  la  lèvre  non 
relevée. 

Les  argiles  à  silex  ne  se  trouvent  que  sur  les  plateaux.  Les  silex 
proviennent  presque  toujours  du  sol  sous-jacent  et  contiennent  les 
mêmes  fossiles;  ils  sont  anguleux  et  empâtés  dans  une  argile  quelque- 
fois très-sableuse,  toujours  ferrugineuse.  Les  sables  remplacent  quelque- 
fois les  argiles  et  forment  le  remplissage  entre  les  silex.  Il  est  souvent 
facile  de  reconnaître  que  les  argiles  à  silex  ont  puisé  les  éléments  qui 
les  constituent  dans  la  destruction  des  terrains  tertiaires  inférieurs.  Les 
sables  et  les  argiles  suessoniens  remaniés  forment  le  ciment  qui  remplit 
les  vides  entre  les  silex. 

Au-dessus  des  argiles  à  silex  s'étend  un  dépôt  argilo-sableux,  limo- 
neux, qui  acquiert  dans  certaines  localités  une  très-grande  épaisseur.  Ce 
dépôt  est  souvent  désigné  sous  le  nom  de  limon.  11  est  très-employé 
pour  la  fabrication  de  la  brique. 

Si,  maintenant,  nous  étudions  la  topographie  de  notre  contrée  pen- 
dant l'époque  quaternaire,  nous  verrons  qu'elle  différait  beaucoup  de  ce 
qu'elle  est  aujourd'hui.  Avant  d'être  une  dernière  fois  recouverte  par  la 
mer,  le  sol  était  beaucoup  plus  accidenté  qu'il  ne  l'est  maintenant.  Au- 
dessus  du  cap  de  la  Heve  s'élevait  une  montagne  formée  par  la  craie 
marneuse  et  la  craie  blanche.  Les  dénudations  quaternaires  n'ont  res- 
pecté que   la   base,  qui    forme    aujourd'hui    le  cap   de  la  Heve.  Entre 


42  SÉANCES   GÉNÉRALES 

Fécamp,  Lillebonne  et  Villequier  s'élevait  une  énorme  masse  de  roches 
crayeuses  dénudées,  formant  une  chaîne  aride,  qui  s'étendait  sur  la  lèvre 
soulevée  de  la  faille  et  s'élevait  de  80  a  100  mètres  au-dessus  des  pla- 
teaux actuels.  A  Bouen,  à  Pavilly,  partout  où  des  failles  ont  été  signa- 
lées, la  roche  crayeuse  disloquée,  soulevée  au-dessus  de  la  plaine,  for- 
mait des  arêtes  incultes  ,  arides  ,  et  qui,  en  répandant  sur  toute  la 
contrée  un  aspect  de  désolation ,  rappelaient  les  dernières  commotions 
dont  le  sol  avait  été  le  théâtre. 

Tel  est,  en  résumé,  messieurs,  l'exposé  très-sommaire  de  l'histoire 
géologique  de  notre  région  normande ,  histoire  qui  se  continue  encore 
sous  nos  yeux,  chaque  jour,  ainsi  que  je  puis  le  démontrer  par  quelques 
exemples. 

Il  y  a  quelques  années,  une  lacune  immense  existait  entre  les  révéla- 
tions de  la  science  et  les  leçons  de  l'histoire.  Les  monuments,  les  tra- 
ditions, les  plus  anciennes  traces  du  travail  humain  nous  montraient 
l'homme  non  à  l'état  sauvage,  mais  formant  de  grandes  nations.  La 
science,  qui  avait  arraché  à  la  terre  tant  de  secrets,  qui  avait  suivi  les 
phases  de  ses  diverses  transformations,  qui  avait  décrit  les  animaux  et 
les  plantes  qui,  à  chaque  époque  géologique,  ont  habité  notre  planète; 
la  science,  il  y  a  un  demi-siècle,  ne  connaissait  presque  rien  sur  l'ori- 
gine et  le  développement  intellectuel  de  l'homme. 

La  première  découverte  d'ossements  humains  de  l'époque  quaternaire 
remonte  à  1774.  Ces  ossements  furent  recueillis  par  J.-F.  Esper,  dans 
la  caverne  de  Gaileureuth,  en  Bavière  ;  ils  étaient  mélangés  avec  des  os 
appartenant   à  des  mammifères  d'espèces  alors  inconnues. 

Au  Musée  britannique,  on  voit,  à  côté  de  dents  d'éléphants,  une 
hache  de  pierre  qui  fut  dessinée  et  décrite  en  1715.  Cette  hache  a  été 
trouvée  dans  Londres  même. 

Plus  tard,  M.  John  Frère  découvrit  dans  le  comté  de  Suffolk,  en  1797, 
des  armes  en  silex  mélangées  à  des  ossements  ayant  appartenu  à  des 
espèces  perdues.  Esper,  après  avoir  étudié  ces  armes  en  silex,  en  conclut 
que  les  hommes  qui  les  avaient  fabriquées  étaient  antérieurs  à  la  for- 
mation du  terrain  d'où  on  les  avait  retirées. 

Pendant  un  demi-siècle,  les  découvertes  se  succédèrent  et  donnèrent 
lieu  à  un  grand  nombre  de  publications  sur  la  coexistence  de  l'homme 
et  des  animaux  antédiluviens. 

En  1839,  la  question  était  encore  très-discutée  et  les  avis  très-parta- 
ges. Il  appartenait  à  M.  Boucher  de  Perthes  de  trouver  la  solution  du 
problème.  Par  des  recherches  savantes  et  longtemps  poursuivies  dans 
les  environs  d'Abbeville,  ce  savant  arriva,  après  de  longues  luttes,  à 
faire  admettre  par  la  science  la  coexistence  de  l'homme  et  des  animaux 
de  l'époque       a  ernaire. 


QUINETTE   DE    ROCHEMONT.    —   LE   PORT   DU   HAVRE  43 

Cette  question  est  aujourd'hui  résolue;  elle  a  été  l'objet  de  publica- 
tions importantes  trop  connues  pour  que  nous  retracions  dans  cette 
communication  les  phases  successives  du  développement  de  l'intelligence, 
de  l'industrie  bumaine  et  de  la  formation  des  sociétés.  Ces  questions, 
d'ailleurs,  se  rattachent  autant  à  l'archéologie  qu'à  la  géologie,  et  leur 
étude  exige  des  développements  que  ae  comporte  pas  le  programme  que 
nous  nous  sommes  tracé. 

En  terminant,  messieurs  les  membres  de  l'Association  française,  per- 
mettez-moi de  me  faire  l'interprète  des  géologues  normands,  pour  vous 
remercier  d'être  venus  nous  encourager,  par  de  grands  exemples,  dans 
la  réalisation  de  l'œuvre  scientifique  que  nous  poursuivons. 

Pour  la  Société  géologique  de  Normandie,  l'année  1877,  année  du 
congrès  de  l'Association  française  au  Havre,  restera  toujours  une  date 
heureuse,  et  grâce  à  vous,  messieurs,  elle  marquera,  nous  l'espérons, 
notre  première  étape  dans  la  voie  du  succès. 


M.   QUINETTE  DE   ROCHEMONT 

Ingénieur  îles  ponts  et  chaussées  au  Barre. 


LE  PORT  DU  HAVRE. 


Le  Havre,  fondé  en  1516  par  François  1er,  n'eut  d'abord  qu'un  port 
d'échoùage.  En  1628,  le  cardinal  de  Richelieu  fit  creuser  et  entourer  de 
quais  le  bassin  du  Roi,  lequel  fut  amélioré  et  transformé  en  bassin  à 
flot  en  1667. 

Les  jetées  furent  prolongées  à  diverses  reprises  afin  de  prévenir  l'en- 
vahissement du  chenal  par  le  galet.  Dans  le  même  but,  divers  épis 
furent  établis  sur  la  plage  Ouest ,  et  trois  écluses  de  chasse  successive- 
ment construites. 

En  1787,  l'agrandissement  du  port  fut  décidé  et  le  plan  de  Lamandé 
adopté  ;  il  consistait  dans  la  création  des  deux  bassins  de  la  Barre  et 
du  Commerce,  le  prolongement  de  l'avant-port,  l'établissement  d'une 
écluse  et  d'une  retenue  de  chasse  au  sud  du  port. 

L'exécution  complète  de  ce  programme  ne  fut  terminée  qu'en  1834. 
A  cette  époque,  le  Havre  comprenait  un  avant-port,  trois  bassins  à  flot 
et  trois  écluses  de  chasse.  L'avant-port  avait  10  hectares  et  demi  de 
superficie  avec  650  mètres  de  quais  et  8,000  mètres  carrés  de  terre- 
pleins  ;   les  bassins  à  flot,  d'une  surface  totale  de  12  hectares,   étaient 


\\  SÉANCES    GÉNÉRALES 

entourés  <le  3,800  mètres  de  quais  et  de  42,100  mètres  carrés  de  terre- 
pleins. 

Les  écluses  donnant  accès  dans  les  bassins  à  flot  avaient  leurs  seuils 
à  la  cote  lm,15  (18  mètres)  (1),  ce  qui  donnait  un  tirant  d'eau  de 
5  mètresen  mortes-eaux  et  de  6m,70  en  vives-eaux  ordinaires.  Le  chenal, 
dans  l'avant-port,  avait  à  peu  près  la  même  profondeur;  mais  le  reste 
de  l'avant-port,  les  bassins  et  le  chenal  extérieur  resserré  entre  les  pou- 
liers,  étaient  moins  creux. 

De  1835  à  1839,  il  était  entré,  en  moyenne,  par  année,  4,524  navires 
jaugeant  ensemble  549,202  tonneaux. 

Les  deux  lois  des  9  août  1839  et  5  août  1844  autorisèrent  la  création 
des  bassins  Vauban  et  de  l'Eure,  l'établissement,  dans  la  retenue  de  la 
Floride,  d'un  bassin  provisoire  pour  les  bateaux  à  vapeur,  la  construc- 
tion d'une  forme  de  radoub,  le  creusement  et  l'amélioration  de  l'avant- 
port. 

L'écluse  de  la  Floride,  dont  le  haut-radier  est  à  la  cote  0,n,15  (19  mè- 
tres), soit  à  un  mètre  au-dessous  des  seuils  des  écluses  Notre-Dame  et 
de  la  Barre,  tut  livrée  à  la  navigation  le  14  octobre  1847.  Dès  le  len- 
demain, un  des  navires  à  vapeur,  mis  par  le  gouvernement  à  la  dispo- 
sition du  commerce  pour  établir  un  service  postal  entre  la  France  et 
les  États-Unis,  entrait  dans  le  bassin  de  la  Floride. 

Le  creusement  du  port,  commencé  en  1846,  était  en  bonne  voie 
d'exécution.  Les  travaux  avaient  pour  but  d'amener  l'avant-port  à  la  cote. 
—  0'",35  (19m,50)  et  le  chenal  à  la  cote,  —  lm,35  (20n,,5<>);  toutefois 
ce  résultat  ne  fut  pas  acquis  d'une  manière  définitive  ;  mais,  dès  ce 
moment,  on  put  enlever  le  galet  en  assez  grande  quantité  au  nord  de 
la  jetée,  pour  que  l'on  ne  craignit  plus  de  le  voir  pénétrer  dans  le 
chenal.  De  1848  à  1852,  il  était  entré  en  moyenne,  par  année,  4,509 
navires  jaugeant  ensemble  581,476  tonneaux. 

La  loi  du  22  juin  I85i  accepta  l'offre  que  fit  la  Ville  d'avancer  une 
somme  de  8  milions  pour  la  création  du  bassin  Dock ,  l'approfondisse- 
ment et  l'amélioration  de  l'avant-port.  L'avant-port  ne  fut  cependant 
pas  agrandi,  comme  il  devait  l'être. 

En  janvier  1864,  l'écluse  des  Transatlantiques  fut  livrée  à  la  naviga- 
tion, et  la  grande  forme  de  radoub  reçut  un  navire  pour  la  première 
fois.  Antérieurement,  les  seuls  moyens  de  carénage  consistaient  en  un 
gril,  en  pontons  d'abatage  et  en  un  dock  flottant  établi,  en  1844,  par 
l'industrie  privée. 

L'écluse  des  Transatlantiques  a  son  radier  à  la  cote  —  2"', 85  (22,n,00) 


(1)  Les  cotes  sont  rapportées  au  zéro  îles  cartes  marines  et  au  plan  de  comparaison 
du  port;  celles  qui  sont  relatives  à  ce  dernier  sont  entre  parenthèses; 


QUINETTE    DE    R0CHEM0NT.    —    LE    PORT    DU    HAVRE  45 

et  une  largeur  de  30m ,50,  dimension  qui  a  paru  nécessaire  pour  recevoir 
facilement  les  grands  steamers  à  roues. 

Le  Havre  possédait  alors  toutes  les  installations  qui  conviennent  à  un 
grand  port.  L'avant-port  conservait  une  superficie  de  11  hectares,  mais 
la  surface  des  bassins  avait  atteint  47  hectares  10  ares;  la  longueur  des 
quais  était  de  7,160  mètres,  dont  6,295  accostables  par  les  navires,  et 
la  surface  des  terre-pleins  était  de  119,200  mètres  carrés. 

La  forme  de  radoub  avait  130  mètres  de  longueur  sur  tins;  elle  pou- 
vait même  recevoir  des  navires  de  150  mètres  de  longueur.  L'écluse 
d'entrée  avait  30  mètres  de  largeur;  on  trouvait,  sur  le  haut-radier, 
7   mètres  d'eau  en   mortes-eaux   et  8m,70  en  vives-eaux  ordinaires. 

La  largeur  du  chenal,  au  droit  du  musoir  de  la  jetée  du  Sud,  était 
de  75  mètres  ;  au-delà,  cette  largeur  qui,  autrefois,  ne  dépassait  pas 
32  mètres,  en  certains  endroits,  avait  été  portée  à  80  mètres  par  la  sup- 
pression des  tours  Vidame  et  François  Ier. 

L'avant-port  était  creusé  à  la  cote  —  lm,65  (20m,80),  et  le  chenal  au 
large  des  jetées  était  à  la  cote  —  2n,,15  (21'",30)  sur  une  longueur  de 
400  mètres  et  une  largeur  de  100  mètres. 

Les  chasses  étaient  complètement  abandonnées:  elles  ne  pouvaient 
plus  servir  à  entretenir  de  pareilles  profondeurs  dans  le  port  et  dans  ses 
abords  au  large;  pour  y  parvenir,  on  avait  recours  à  des  dragages.  De 
1864  à  1868,  il  était  entré,  en  moyenne,  chaque  année,  6,015  navires 
jaugeant  ensemble  1,086,991  tonneaux. 

En  1864,  la  Chambre  de  commerce  pensa  qu'il  était  utile  de  créer  un 
bassin  à  flot  spécialement  destiné  aux  caboteurs  à  vapeur;  elle  présenta 
au  Gouvernement  un  plan  indiquant  les  principales  dispositions  à  adop- 
ter pour  aménager,  dans  ce  but,  les  terrains  provenant  de  l'ancienne 
citadelle.  Cette  combinaison  fut  agréée,  et,  par  la  loi  du  14  juillet  1865, 
la  Chambre  de  commerce  fut  autorisée  à  concourir  aux  dépenses  jusqu'à 
concurrence  de  la  somme  de  4,800,000  francs.  L'inauguration  du  nou- 
veau bassin,  du  sas  et  des  trois  formes  de  radoub,  eut  lieu  le  5  dé- 
cembre 1871. 

Quelque  temps  auparavant,  un  décret  du  18  juillet  1870  avait  déclaré 
d'utilité  publique  l'agrandissement  de  Y  avant-port ,  l'achèvement  des 
bassins  de  l'Eure  et  de  Vauban,  la  construction  de  la  digue  Saint-Jean 
et  quelques  autres  ouvrages  de  moindre  importance.  Tous  ces  travaux 
sont  terminés,  sauf  l'agrandissement  de  l'avant-port  et  l'achèvement  du 
bassin  Vauban. 

Pour  l'exécution  de  ces  travaux,  la  Chambre  de  commerce  a  fourni 
une  subvention  de  7  millions  (loi  du  22  juillet  1870)  et  a  avancé  à 
l'État  une  autre  somme  de  6  millions  (loi  du  5  août  1874). 

La  Chambre  de  commerce  se  couvre  des  sommes  qu'elle  a    données 


46  SÉANCES   GÉNÉRALES 

pour  les  travaux  et  de  la  perte  d'intérêt  qu'elle  subit  sur  les  avances 
*  au  moyen  de  la  perception  d'un  droit  de  péage.  Ce  droit  est  fixé  à 
75  centimes  par  tonneau  de  jauge  pour  les  navires  français  ou  assimilés,  et 
à  90  centimes  pour  les  autres.  Une  réduction  de  30  centimes  est  accor- 
dée aux  navires  chargés  de  houille,  de  glace  ou  -de  bois  de  sapin,  dans 
la  proportion  de  plus  des  neuf  dixièmes.  Sont  affranchis  de  la  taxe  les 
caboteurs  français  et  les  navires  ne  faisant  pas  d'opérations  commer- 
ciales dans  le  port. 

En  dehors  de  ces  travaux,  quelques  améliorations  ont  été  introduites 
dans  les  installations  du  port  ;  l'on  peut  notamment  citer  la  transfor- 
mation des  anciens  ponts  en  ponts  tournants  à  deux  voies. 

Dans  son  état  actuel,  le  port  du  Havre  se  compose  d'un  chenal  compris 
entre  deux  jetées,  d'un  avant-port,  de  huit  bassins  à  Ilot,  d'un  sas,  de 
treize  écluses  de  navigation  et  de  quatre  formes  de  radoub. 

L'avant-port  présente  une  superficie  de  11  hectares  21  ares  et  un 
développement  de  quais  de  1,664  mètres;  mais  il  n'y  a  d'utilisé  pour  la 
manutention  des  marchandises  qu'une  longueur  de  654  mètres  et  une 
superficie  de  terre-pleins  de  8,000  mètres  carrés. 

Les  huit  bassins  à  flot  ont  ensemble  une  surface  de  53  hectares 
10  ares  :  ils  présentent  un  développement  de  quais  qui  atteint  8,950 
mètres,  dont  8,030  seulement  sont  utilisables  par  le  commerce.  La  super- 
ficie des  terre-pleins  est  de  176,700  mètres  carrés. 

Cinq  bassins  seulement  débouchent  directement  dans  l'avant-port  ;  ils 
communiquent  entre  eux,  et  avec  les  trois  autres  bassins,  au  moyen  de 
sept  écluses  intermédiaires.  Le  sas  a  pour  but  de  prolonger,  pendant 
sept  ou  huit  heures,  la  durée  de  la  marée  qui,  aux  autres  écluses,  est 
de  trois  heures  environ  ;  il  permet  aux  navires  arrivés  après  la  ferme- 
ture des  autres  bassins  d'entrer  dans  celui  de  la  Citadelle  ;  il  sert  aussi 
à  primer  la  marée  en  donnant  aux  bâtiments  la  faculté  de  quitter  le 
port  dès  que  la  mer  a  atteint  la  cote  3m,65  (15m,50),  cote  à  laquelle  se 
manœuvrent  les  portes  de  l'écluse  d'aval. 

La  plus  grande  forme  est  située  dans  le  bassin  de  l'Eure;  les  trois 
autres  sont  placées  dans  le  bassin  de  la  Citadelle;  toutes  quatre  sont 
fermées  au  moyen  de  bateaux-portes.  Les  petites  formes  ont  45 ,  55  et 
70  mètres  de  longueur  sur  tins;  les  écluses  de  lf,  13  et  16  mètres  de 
largeur  ont  leur  haut-radier  aux  cotes  2m ,15  (17  mètres),  l'",6o  (17»',50) 
et  lm,15  (18  mètres).  En  1876,  les  formes  ont  reçu  402  navires  jau- 
geant ensemble  177,622  tonneaux. 

Le  tirant  d'eau  des  navires,  que  peul  recevoir  le  port  du  Havre,  est 
limité  par  la  profondeur  que  l'on  trouve  à  pleine  mer  sur  h-  plateau 
à  peu  près  horizontal  qui  s'étend  à  l'ouvert  du  port,  à  une  distance 
de  près  de  2  kilomètres.  Comme  la  montée  de  la  mer,   dans  les  plus 


QUINETTE   DE   R0CHEM0NT.   —    LE   PORT   DU   HAVRE  17 

faibles  mortes-eaux,  ne  dépasse  pas  5m,90,  et  que  ce  plateau  est  coté 
2  mètres  sur  les  cartes,  il  en  résulte  que  les  navires  calant  au-delà  de 
7  mètres  ne  doivent  pas  essayer  de  pénétrer  dans  le  port  pendant  ces 
marées. 

La  décision  du  4  décembre  1866  a  approuvé  l'organisation  d'un 
système  de  dragages  d'entretien.  Les  dépenses  annuelles  s'élèvent  à 
200,000  francs.  L'avant-port  et  le  chenal,  au  large  des  jetées,  jusqu'à 
une  distance  de  oOO  mètres  du  musoir  de  la  jetée  du  Nord,  sont  main- 
tenus à  une  profondeur  constante  d'au  moins  2  mètres  au-dessous  du 
zéro  des  cartes;  le  plafond  des  bassins  est  périodiquement  ramené  à 
0m,o0  en  contre-bas  du  niveau  des  hauts-radiers  des  écluses  d'entrée. 

Les  apports  sont  d'environ  35,000  mètres  cubes  dans  l'avànt-port  et 
de  20,000  mètres  au  large  des  jetées.  Dans  les  bassins  communiquant 
directement  avec  l' avant-port,  la  hauteur  'Ivs  dépôts  annuels  est  d'envi- 
ron 0m,05;  elle  n'est  que  de  0"'.02o  dans  les  autres. 

Vingt-six  grues  et  trois  machines  à  mater,  dont  l'une  de  la  force  de 
100  tonnes,  ont  été  installées  sur  les  quais;  on  y  a  construit  également 
un  certain  nombre  de  hangars  et  magasins  privés. 

La  Compagnie  du  Dock  a  pourvu  de  hangars  les  quais  du  bassin 
Dock  et  le  quai  Vauban. 

Le  tableau  suivant  donne,  pour  les  cut<|  dernières  années,  le  résumé 
du  mouvement  de  la  navigation  et  le  montant  du  droit  de  péage  perçu 
au  profit  de  la  Chambre  du  commerce. 


NAVIRES 

POIDS 

ENTRÉS      ^  I       HAVRI 

pour    v   effectuer 

IiKS    MA  lu  11  1NDIS]   - 

D  II  O  I  T 

ANNÉES. 

des  opérations. 

(en  tomi' ■  - 

de  1000  kilogrammes  . 

de 

Nombre. 

Tonnage 

(Jange  légale;. 

A 

l'entrée. 

A 

la  sortie. 

Total. 

PÉAGE. 

Tonnes. 

Tonnes. 

Tonnes. 

Tonnes. 

Francs. 

1872 

5.487 

1.467.117 

1.010.629 

707.479 

1  .718.108 

889.177 

1873 

5-047 

1.490. 102 

1.118.073 

595-977 

1.714.050 

848.925 

1874 

6.026 

1.708-947 

1.149.130 

611.294 

1.760.424 

1.041.432 

1873 

5.935 

1.670.260 

1.127.624 

609  802 

1.737.426 

975.288 

1876 

5.979 

1.848.588 

1-418.556 

649-109 

2.067.665 

1 .1 12.132 

Moyenne. 

5.815 

1.637.010 

1.164.802 

634.732 

1.799.535 

973.395 

L'agrandissement  de  l'avant-port  du  côté  Sud  a  pour  but  de  faciliter 
les  évolutions  des  grands  navires  et  de  créer,  en  dehors  des  routes 
d'accès  aux  écluses,  un  nouvel  avant-port  où  se  tiendront  les  remor- 
queurs et  les  relâcheurs. 

Au  moment  de  leur  entrée  dans  le  port,   les  navires   sont  soumis  à 


48  SÉANCES   GÉNÉRALES 

l'action  de  laVerhaule,  qui  porte  au  N.-O.;  ils  sont  contraints  d'attaquer 
le  port  par  le  S.,  lorsqu'ils  onl  l'avant  masqué  par  la  jetée  «lu  Sud  et 
que  le  courant  n'agit  plus  que  sur  leur  arrière  ;  les  navires  ont  alors 
une  tendance  à  venir  se  jeter  sur  les  écluses  de  chasse. 

Ce  danger  écarté,  et  les  bâtiments  se  trouvant  à  peu  près  parallèles 
aux  jetées,  ils  doivent  revenir  au  S.-E.  pour  gagner  l'écluse  des 
Transatlantiques.  Cette  manœuvre  est  d'autant  plus  difficile  que  les 
navires,  n'ayant  que  peu  de  vitesse  et  peu  d'eau  sous  la  quille,  obéissent 
mal  au  gouvernail.  Pour  éviter  d'échouer  en  avant  du  grand  quai,  tous 
les  grands  steamers,  depuis  longtemps  déjà,  sont  remorqués  à  l'entrée 
et  à  la  sortie. 

Lorsque  l'avant-port  aura  été  élargi,  les  difficultés  actuelles  n'existe- 
ront plus  et  les  navires  pourront  décrire  un  arc  de  cercle  de  plus  de 
000  mètres  de  rayon. 

La  création  d'un  nouvel  avant-port  donnera  aux  relacheurs  et  aux 
remorqueurs  un  lieu  de  stationnement  qui  leur  a  manqué  jusqu'à  pré- 
sent. Ces  bateaux,  dont  le  nombre  est  souvent  assez  grand  (on  en  a  vu 
parfois  plus  de  quatre-vingts  ensemble),  n'entraveront  plus  la  marche 
des  navires  entrant  dans  les  bassins. 

Le  quai  courbe  et  la  jetée  du  Sud,  jusqu'au  point  de  raccordement 
avec  le  mur  d'enceinte,  seront  démolis.  Le  bassin  de  la  Floride  sera 
divisé  en  deux  parties  par  une  traverse  ;  la  plus  petite,  à  l'est,  sera 
transformée  en  bassin  de  mi-marée,  tandis  que  l'autre  sera  réunie  à 
l'avant-port.  Une  passe  de  80  mètres  de  largeur  donnera  accès  dans  ce 
nouvel  avant-port,  qui  sera  séparé  de  l'ancien  par  un  môle  en  maçon- 
nerie. La  jetée  du  Sud,  rétablie  en  arrière  de  sa  position  actuelle,  se 
raccordera  avec  le  mur  de  quai  construit  au  sud  de  l'ancien  bassin  de 
la  Floride.  Dans  l'espace  compris  entre  le  mur  d'enceinte,  la  nouvelle 
jetée  du  Sud  et  les  fortifications  qui  dominent  l'entrée  du  port,  on  con- 
struira un  grand  brise-lames  et  une  rampe  pour  descendre  sur  le  pou- 
lier  Sud. 

La  largeur  de  l'ancien  avant-port,  dans  sa  partie  centrale,  sera  portée 
de  00  à  185  mètres;  l'annexe  aura  environ  200  mètres  de  longueur  sur 
100  mètres  île  largeur.  Le  môle  intermédiaire  aura  345  mètres  de  lon- 
gueur ei  une  largeur  variant  de  20  à  63  mètres;  il  sera  terminé  par  un 
musoir  en  maçonnerie.  L'estacade  du  brise-lames  aura  105  mètres  de 
longueur. 

La  surface  de  l'avant-port  sera  portée  de  11  hectares  21  ares  à  21  hec- 
tares 34  ares.  La  longueur  des  quais  utilisables  pour  les  navires  atteindra 
1,790  mètres  et  la  surface  des  terre-pleins  sera  de  30,000  mètres 
carrés. 

Les  murs  de  quai  auront  une  hauteur  qui  ne  sera  jamais  moindre  de 


QUINETTE    DE    R0< .iikmi  >.\  l  .    —    LE    PORT    m     HAVRE  i'1 

12  mètres  et  qui  dépassera  parfois  L3U,,S0;  ils  seront  fondés  à  la  cote 
3m,10  (22m,25).  Le  seuil  i\u  luise-lames  sera  établi  à  la  cote  2m,15 
(17  mètres).  La  chambre  aura  une  largeur  moyenne  de  ol  mètres.  Le 
plafond  sera  un  plan  gauche  dont  l'inclinaison  variera  de  0,n,08  à  0m,27. 
L'estacade  sera  entièrement  métallique,  sauf  le  tillae;  elle  se  composera 
de  fermes  espacées  de  <>  mètres  d'axe  en  axe  avec  poteaux  de  remplage 
intermédiaires  distants  de  I    ."20. 

La  rampe  d'accès,  sur  le  poulier  Sud,  sera  rétablie  le  long  du  fossé 
des  fortifications;  une  voie  pavée  contournera  le  brise-lames  et  permettra 
aux  voitures  d'arriver  jusqu'au  musoir  de  la  jetée.  Ces  doux  chaussées 
seront  établies  sur  voûtes  alin  d'éviter  les  tassements. 

Le  volume  total  des  déblais  atteindra  975,000  mètres  cubes,  dont 
"294,000  seront  dragués;  celui  des  démolitions  sera  de  85,950  mètres, 
sur  lesquels  66,060  seront  enlevés  à  la  marée.  11  sera  battu  3,97o  pieux 
dont  la  longueur  de  fiche  atteindra  25,140  mètres.  Le  cube  des  char- 
pentes provisoires,  pour  étalement  et  rigoles  d'écoulement  des  eaux, 
sera  d'environ  3,3oo  mètres.  Les  maçonneries  de  toute  nature  attein- 
dront un  volume  de  84,900  mètres,  dont  25,500  exécutés  à  la  marée. 
La  dépense  sera  de  7  millions  et  demi. 

Les  déblais  généraux,  jusqu'à  la  cote  0"',lo  (19  mètres),  ont  été  exé- 
cutés à  l'abri  de  batardeaux,  ainsi  que  les  murs  de  quai  du  môle  et  de 
l'annexe,  et  la  culée  Est  du  brise-lames.  A  cet  effet,  l'on  a  commencé 
par  construire  la  traverse  en  terre  qui  divise  en  deux  le  bassin  de  la 
Floride,  et  par  fermer  les  écluses  de  chasse  au  moyen  de  deux  murs  en 
maçonnerie. 

Le  complément  du  brise-lames,  quelques  terrassements,  la  démolition 
du  quai  courbe,  des  écluses  de  chasse  de  la  Floride  et  des  brise-lames 
d'Harcourt  et  Vidame,  s'exécuteront  en  prise  à  la  mer.  Le  creusement 
de  la  surface  annexée  à  l'avant-port  se  fera  à  la  drague. 

Les  déblais  ont  été  exécutés  dans  d'excellentes  conditions,  après  drai- 
nage complet;  au  moyen  d'appareils  d'épuisement  très-puissants.  Le 
terrain  était  formé,  à  la  partie  supérieure,  de  sable  et  galet  provenant 
de  l'ancienne  plage,  puis,  au-dessous,  de  sables  plus  ou  moins  argileux 
traversés  par  des  bancs  de  tourbe.  Ces  sables  argileux,  d'épaisseur  très- 
variable,  reposaient  sur  la  couche  de  galet  que  l'on  trouve  sous  toute 
la  ville  du  Havre  à  des  profondeurs  différentes.  Dans  le  chantier,  l'alti- 
tude de  cette  couche  a  varié  de  la  cote  —  2m,40  (21m,55)  à  la  cote 
—  14m,10  (33m,25).  Au  sud,  le  sable  argileux  disparaissait  en  certains 
endroits,  et  il  était  remplacé  par  du  sable  fin  fl lient  comme  de  l'eau. 

Les  murs  du  môle  et  le  mur  Est  de  l'annexe  ont  été  fondés  en  touille 
blindée  et  sur  pilotis.  Les  terrassements  généraux  ayant  atteint  la  cote 
3m,lo  (16  mètres),  on  a  ouvert,  sur  l'emplacement  du  mur,  une  fouille 


oO  SÉAÎNCES   GÉNÉRALES 

dont  les  parois,  à  peu  près  verticales,  étaient  maintenues  au  moyen  d'un 
revêtement  en  madriers  et  de  termes  en  charpente  composées  (l'étais 
horizontaux  et  de  montants  verticaux. 

Les  ouvrages  longeant  les  fortifications  et  le  brise-lames  n'ont  pu  être 
fondés,  d'après  le  même  système,  par  suite  de  la  présence  des  sables 
bouillants;  il  a  fallu  recourir  à  l'emploi  de  cadres  ou  puits  en  maçon- 
nerie. 

Deux  lignes  de  pieux  ont  été  battues,  l'une  en  avant,  l'autre  en  arrière 
de  l'emplacement  que  devait  occuper  le  mur  ;  les  pieux  étaient  distants 
de  Jm,5'0  dans  chaque  file.  Des  madriers  cloués  sur  les  pieux  mainte- 
naient le  terrain  en  place  pendant  la  fouille.  Le  déblai  était  arrêté  un 
peu  au-dessus  du  niveau  auquel  on  rencontrait  les  sables  bouillants  ; 
puis  l'on  plaçait,  au  fond  de  la  fouille,  un  cadre  en  charpente  de  dimen- 
sions variables  en  plan,  mais  de  section  constante.  Ces  cadres  étaient 
formés  de  trois  cours  de  madriers  superposés;  ils  avaient  0m,24  de  hau- 
teur et  étaient  taillés  en  biseau;  leur  largeur  était  de  0'",30  à  la  partie 
inférieure  et  de  0m,60  à  la  partie  supérieure.  Au-dessus  de  cette  char- 
pente, l'on  montait  une  couronne  en  maçonnerie  de  briques;  chaque 
rang  de  briques  était  placé  de  O'",0o  en  saillie  sur  le  précédent  jusqu'à 
ce  que  le  puits  eût  atteint  son  épaisseur  normale. 

Les  mortiers  ayant  acquis  une  résistance  suffisante,  des  ouvriers 
déblayaient  à  l'intérieur  du  cadre  en  même  temps  que  l'on  épuisait.  Le 
puits  s'enfonçait  alors,  et  lorsqu'il  était  arrivé  au  fond  de  la  fouille,  on 
montait  une  seconde  couronne  de  maçonnerie.  L'opération  était  ainsi 
poursuivie  jusqu'à  ce  que  la  couche  de  sable  bouillant  eût  été  traversée 
et  que  l'on  eût  atteint  tout  au  moins  la  cote  —  2m;8o  (22  mètres)  ;  le 
puits  était  alors  rempli  en  béton. 

Afin  d'éviter  les  soutirages  de  sable  en  arrière  des  murs  de  quai,  il 
était  nécessaire  de  bétonner  également  les  entre-cadres  dont  la  largeur 
était  d'environ  0m,80.  Pour  y  arriver,  on  enfonçait  en  avant  et  en  arrière 
des  panneaux  en  charpente,  et  l'on  déblayait  dans  l'espace  compris 
entre  ces  panneaux  et  les  cadres.  En  certains  endroits,  le  terrain  étaii 
si  fluent  qu'il  a  fallu  calfater  les  joints  des  panneaux. 

Les  cadres  avaient,  en  général,  6  mètres  sur  0;  ceux  de  la  culée  Esl 
du  luise-lames  ont  eu  jusqu'à  (i  mètres  sur  8,  tandis  que  ceux  du  seuil 
de  ce  brise-lames  n'avaient  que  3'", 70  sur  om,70.  La  largeur  de  la  cou- 
ronne de  maçonnerie  a  varié  de  0"',80  à  1'",  I  4  ;  elle  était  généralement 
de  1*03. 

Dans  la  partie  courbe  de  la  jetée,  les  cadres  ont  été  déformés;  les 
deux  faces  latérales  ont  été  dirigées  suivant  les  rayons  de  la  courbe,  et 
la  face  antérieure,  composée  de  deux  parties  droites,  faisant  un  angle 
très-ouvert. 


QUINETTE    DK    ROCHEMONT.    —  LE    TOUT    DU    HAVRE  ôl 

La  traversée  des  fortifications  a  présenté  des  difficultés  toutes  spéciales. 
Le  aouveau  mur  de  quai  se  trouvait  en  partie  sur  l'emplacement  de  la 
culée  Sud  des  canaux  de  chasse;  il  a  dû  alors  être  construit  en  deux 
parties  cl  dans  des  conditions  très-délicates. 

L'arrière  du  mur  a  été  exécuté  le  premier  en  fouille  blindée,  à  partir 
de  la  cote  7m,7o  (li"\40)  et  fondé  sur  cadres  à  la  cote  0m,65  (18m,50). 
Les  puits  ont  été  descendus  jusqu'à  la  cote  —  2,u,85  (22  mètres),  soit  à 
3m;90  au-dessous  des  tondations  des  canaux  de  chasse  et  à  2om,6o  en 
contre-bas  de  la  crête  du  cavalier  de  la  Floride. 

Les  canaux  de  chasse  ont  été  ensuite  démolis,  et  la  partie  antérieure 
de  la  jetée  construite  sur  cadres.  Mais,  par  suite  du  peu  de  largeur  dont 
on  disposait,  les  puits  n'ont  été  maçonnés  que  sur  trois  côtés;  le  qua- 
trième était  formé  par  trois  poutres  en  bois.  Une  palplanche  empêchait 
l'introduction  du  sable  par  l'espace  resté  libre  entre  le  cadre  et  l'arrière 
du  mur  déjà  construit.  Grâce  aux  précautions  prises,  ce  mur  s'est  très- 
bien  comporté  ;  il  ne  s'y  est  produit  aucun  mouvement. 

Le  volume  des  déblais  extraits  des  puits  a  dépassé,  en  moyenne,  de 
24  à  2o  pour  100  le  cube  des  matériaux  employés  pour  la  construction 
et  le  remplissage  des  cadres  et  des  entre-cadres.  Cette  différence  repré- 
sente le  foisonnement  des  déblais  et  les  apports  latéraux. 

Antérieurement  au  8  octobre  1876,  date  à  laquelle  l'eau  a  été  intro- 
duite dans  le  chantier,  les  épuisements  étaient  faits  au  moyen  de  trois 
appareils  comprenant  chacun  deux  locomobiles  et  deux  pompes.  La  con- 
struction d'une  partie  des  murs  du  môle  a  nécessité  l'emploi  d'un  relais 
composé  d'une  machine  et  d'une  pompe.  En  outre,  une  locomobile  et 
une  pompe  ont  été  spécialement  employées  aux  cadres. 

Les  locomobiles  de  la  force  nominale  de  18  chevaux  avaient  déve- 
loppé plus  de  30  chevaux  aux  essais. 

Dans  les  conditions  normales,  quatre  locomobiles  et  quatre  pompes, 
au  moins,  étaient  constamment  en  marche  ;  elles  ne  pouvaient  être 
arrêtées  qu'une  demi-heure  environ  à  chaque  basse  mer.  Les  autres 
engins  servaient  de  rechange,  mais  il  fallait  parfois  une  ou  deux  machines 
de  renfort,  notamment  pendant  les  grandes  marées  de  vives-eaux  ou 
lorsque  la  mer  sautait  par-dessus  les  fortifications. 

Des  dispositions  avaient  été  prises  pour  réduire,  autant  que  possible, 
la  hauteur  d'ascension  des  eaux  d'épuisement;  cette  hauteur  a  varié  de 
5  mètres  à  13m,10;  mais  le  plus  souvent  elle  était  de  8  à  10  mètres. 

Le  nombre  d'heures  de  chauffe  des  locomobiles  a  été  de  94,948  ; 
pendant  ce  temps,  les  pompes  ont  fonctionné  durant  89,718  heures.  Si 
donc  l'on  admet  pour  le  débit  moyen  de  chaque  pompe  4  mètres  cubes 
à  la  minute  (chiffre  plutôt  inférieur  à  la  réalité),  le  volume  total  des 
eaux  d'épuisement  aurait  dépassé  21  millions  de  mètres  cubes. 


52  SÉANCES   GÉNÉRALES 

La  construction  des  ouvrages  restant  à  exécuter  à  la  marée,  et  la 
démolition  des  anciens  ouvrages,  se  font  à  l'abri  de  batardeaux  de 
marée.  Ce  sont  des  batardeaux  arasés  entre  les  cotes  2  et  3  mètres 
il"  à  16  mètres)  noyés  à  la  pleine  mer  et  en  arrière  desquels  on  épuise 
rapidement,  dès  que  le  niveau  de  la  mer  est  inférieur  à  relui  de  la 
crête  du  batardeau. 

Quelques  autres  travaux  ne  tarderont  pas  à  être  entrepris  alin  de 
compléter  les  installations  du  port  du  Havre. 

Des  hangars  et  des  voies  terrées  vont  être  établis  sur  les  quais  du 
bassin  de  la  Citadelle  et  sur  le  quai  Ouest  du  bassin  de  l'Eure.  Par 
décret  du  5  juillet  dernier,  la  Chambre  de  commerce  a  été  autorisée  à 
construire  ces  hangars.  D'autre  part,  la  Compagnie  de  l'Ouest  a  récem- 
ment soumis  à  l'Administration  le  projet  relatif  aux  voies  ferrées. 

La  largeur  de  l'entrée  du  port,  qui  n'est  actuellement  que  de  75 
mètres,  sera  portée  à  100  mètres.  Cet  élargissement,  qui  a  été  déclaré 
d'utilité  publique  par  décret  du  11  novembre  1875,  réduira  la  force  des 
courants  et  facilitera  le  remplissage  du  port;  il  complétera  utilement 
l'agrandissement  de  Pavant-port  et  permettra  d'en  tirer  tout  le  prolit 
possible. 

L'établissement  d'une  nouvelle  forme  de  radoub  a  été  décidée  en 
principe.  La  forme  aura  140  mètres  de  longueur  sur  tins;  elle  pourra 
même  recevoir  des  navires  de  150  mètres  en  ajoutant  quelques  tins 
mobiles.  L'écluse  d'entrée,  qui  a  été  construite  en  même  temps  que  les 
quais  du  bassin  de  l'JEure,  a  20  mètres  de  largeur;  son  haut-radier  est 
à  la  cote  —  0m,85  (20  mètres). 

Enfin,  pour  augmenter  le  fret  de  sortie,  l'on  a  reconnu  la  nécessité 
de  mettre  le  Havre  en  communication  directe  avec  le  réseau  des  voies 
navigables  de  la  France.  Les  bateaux  de  rivière,  dans  les  conditions 
actuelles,  ne  peuvent  arriver  jusqu'à  ce  port;  ils  ne  sauraient,  en  effet, 
s'aventurer  dans  l'embouchure  de  la  Seine,  en  aval  des  digues. 

Toutes  les  marchandises  à  destination  ou  de  provenance  du  Centre  et 
du  Nord  de  la  France  sont  alors  transbordées  à  Rouen  ou  à  Paris  sui- 
des chalands  d'une  construction  plus  robuste  et  pouvant  affronter  la  mer. 
Ce  transbordement  et  l'emploi  de  ces  bateaux  spéciaux  occasionnent  des 
frais  assez  considérables  pour  détourner  du  Havre  une  partie  des  produits 
qui  devraient  y  arriver.  Il  importe  donc  «le  remédier  à  celte  situation 
et  de  mettre  ce  port  à  même  de  soutenir  la  concurrence  des  ports  rivaux 
et,  notamment,  d'Anvers.  C'est  dans  ce  but  que  l'on  a  étudié  le  tracé 
d'un  canal  du  Havre  à  Tancarville. 

Ce  canal,  de  25  kilomètres  de  longueur,  recevrait  des  bateaux  calant 
3  mètres;  la  dépense  est  évaluée  à  21  millions.  L'avant-projet  va  être 
soumis,  sous  peu  de  jours,  à  des  enquêtes  nautique  et  d'utilité  publique. 


QUINETTE    DR    R0CHEM0NT.    —    LE    PORT    DU    HAVRE  53 

Après  avoir  t'ait  connaître  les  développements  successifs  du  Havre, 
les  travaux  que  l'on  y  exécute  en  ce  moment  et  ceux  que  l'on  projette, 
nous  terminerons  en  disant  quelques  mots  des  changements  qui  se  sont 
produits  clans  les  fonds  et  dans  le  régime  des  courants  et  des  marées  à 
l'embouchure  de  la  Seine.  Ces  perturbations,  qui  pourraient  n'être  pas 
sans  influence  sur  l'avenir  du  port,  paraissent  tenir  aux  travaux  d'endi- 
guement  de  la  Seine  maritime.  Au  Havre,  la  durée  de  la  montée  de  la 
mer  a  été  réduite  de  près  de  40  minutes  en  vives-eaux,  et  de  7  à  8 
minutes  en  mortes-eaux;  l'établissement  du  port  est  alors  de  9\15'"  au 
lieu  de  9ll;53m.  Le  courant  de  Verhaule  commence  à  se  taire  sentir  de 
23  à  30  minutes  plus  tôt  qu'autrefois  et  la  vitesse  est  notablement  plus 
considérable  ;  la  différence  est  de  0n,7  (0m,35  par  seconde)  pour  les 
marées  dont  le  coefficient  est  de  100.  La  vitesse  atteint  alors  2n,5 
(lm,2o  par  seconde!  ;  elle  est  de  3  nœuds  (lm,50  par  seconde)  lors  des 
vives-eaux  d'.éijuinoxe.  A  Honfleur  et  dans  la  partie  Est  de  la  baie,  les 
heures  des  pleines  mers  ont  avancé,  à  peu  près  uniformément,  de  2(J 
minutes.  La  forme  spéciale  qu'affectait  la  courbe  de  marée  aux  syzygies 
s'est  généralisée  et  accentuée  davantage. 

Des  atterrissements  considérables  se  sont  formés  sur  les  deux  rives 
de  la  Seine,  ainsi  qu'au  nord  et  au  sud  de  la  baie.  Plus  de  8,600  hectares 
ont  été  soustraits  à  l'action  des  eaux;  le  volume  des  eaux  entrant  et 
sortant  à  la  marée  a  été  réduit  de  plus  de  100  millions  de  mètres  cubes. 
Les  alluvions  se  sont  d'abord  déposées  en  amont  et,  peu  à  peu,  elles 
ont  gagné  en  aval. 

Aucun  relèvement  ne  s'est  encore  produit  aux  abords  immédiats  du 
Havre.  Il  ne  semble  donc  pas  qu'il  y  ait  de  danger  prochain  à  craindre 
pour  le  port.  Il  importe  toutefois  de  suivre  de  près  la  marche  des 
atterrissements  dans  la  baie  et  de  s'assurer  que  les  alluvions  ne  se 
l'approchent  pas  trop  des  jetées. 

Si  le  Havre  était  menacé,  il  faudrait  aviser.  Nous  n'avons  pas  besoin 
de  dire  qu'un  sujet  d'une  pareille  gravité  est,  pour  les  ingénieurs  du 
port,  le  sujet  de  constantes  préoccupations;  leurs  idées  sont  dès  h 
présent  fixées  sur  les  dispositions  qu'il  y  aurait  lieu  de  prendre.  Aussi, 
quoi  qu'il  arrive,  l'avenir  du  Havre  ne  saurait  être  compromis.  Ce  port 
continuera  à  progresser,  à  se  développer,  et  il  prendra  un  nouvel  essor 
dès  qu'il  aura  été  mis  en  communication  directe  avec  le  réseau  des 
voies  navigables  de  la  France. 


•Vi  SÉANCES  GÉNÉRALES 


M.  P.  YIAL 

Capitaine  de  frégate,  agent  principal  de  la  Compagnie  Transatlanti  |  le. 


LA  NAVIGATION  TRANSOCÉANIENNE. 

Mesdames ,  messieurs , 

Votre  gracieuse  visite  au  Havre  nous  montre  tout  l'intérêt  que  vous 
portez  à  nos  industries  spéciales  ;  c'est  donc  avec  confiance  que  je  viens 
soumettre  à  votre  bienveillante  attention  une  étude  rapide  sur  la  navi- 
gation transatlantique. 

Elle  s'est  développée  progressivement  avec  les  sciences  modernes,  dont 
vous  êtes  les  dignes  représentants,  et  elle  attend  de  vos  généreux  efforts 
les  moyens  d'accroître,  dans  une  mesure  que  nous  n'oserions  indiquer, 
le  rôle  si  considérable  qui  lui  est  attribué  au  sein  de  notre  société 
actuelle. 

Autrefois,  les  relations  entre  les  peuples  étaient  lentes  et  difficiles. 
Des  siècles  s'écoulaient  avant  que  les  idées  ou  les  découvertes  exploitées 
dans  un  pays  fussent  adoptées  dans  des  contrées  assez  rapprochées. 

Néanmoins,  les  hommes  les  plus  dénués  de  ressources  ont  toujours 
fait  des  efiorts  persévérants  pour  communiquer  avec  leurs  semblables, 
malgré  les  barrières  placées  entre  eux  par  la  nature.  J'ai  vu,  dans 
l'Océanie,  des  familles  nombreuses  s'entasser  dans  les  pirogues  légères, 
avec  une  petite  provision  d'eau  et  de  fruits,  pour  aller  visiter  des  îles 
éloignées  de  plusieurs  centaines  de.  lieues. 

Se  guidant  par  les  étoiles,  souffrant  de  la  faim  et  de  la  soif,  battus 
par  les  orages  qui  dévastent  quelquefois  les  solitudes  de  l'océan  Pacifique, 
ces  hardis  navigateurs  atteignent,  généralement,  le  but  de  leurs  voyages, 
après  avoir  épuisé  leurs  faibles  ressources  et  avoir  déployé  une  énergie 
que  nos  pères  montraient  autrefois  aussi,  lorsqu'ils  allaient  à  la  recherche 
des  limites  du  monde. 

Ces  courageux  voyageurs  bravent  toutes  les  privations,  tous  les  périls, 
dans  le  but  de  maintenir  des  relations  séculaires. 

Quelquefois,  il  est  vrai,  on  rencontre»  loin  des  terres  des  pirogues 
désemparées,  rejetées  au  large  par  les  courants  et  les  vents;  la  soif,  la 
faim  et  le  soleil  dt-s  tropiques  ont  courbé  les  passagers  sous  leur  étreinte 
dévorante;  le  démon  des  voyages  a  fait  de  nouvelles  victimes.  Mais  ce 
dénoùment  redoutable  ne  décourage  point  les  autres  voyageurs  ;  on 
croirait  plutôt  que  le  danger  constitue  un  attrait  irrésistible  pour  les 
urnes  courageuses  qui  sont  toujours  disposées  à  se  précipiter,  à  travers 
les  obstacles,  à  la  recherche  de  l'inconnu. 


P.    VIAL.    —    LA    NAVIGATION    TRANSOCÉANIENNE  Sfô 

Telle  est  la  grande  navigation  chez  les  peuples  primitifs.  Ils  se  confient 
à  des  embarcations  fragiles  formées  de  troncs  d'arbres  creusés  par  le 
moyen  du  feu,  ou  à  des  planches  cousues  avec  des  libres  de  latanier; 
ils  ajoutent  quelquefois  à  leurs  barques  des  balanciers  attachés  avec  des 
liens  d'écorce,  et  ces  vaillants  explorateurs  parcourent  ainsi  des  distances 
effrayantes.  On  a  rencontré  en  Nouvelle-Zélande,  à  <S()0  lieues  de  Taïti, 
les  types,  la  langue  et  les  usages  de  l'archipel  de  la  Société. 

Jadis,  en  Europe,  la  navigation  n'était  guère  pins  perfectionnée.  Les 
expéditions  si  connues  des  Grecs,  des  Romains  et  des  Scandinaves, 
s'accomplirent  avec  des  moyens  tout  aussi  imparfaits. 

Des  navires  plus  grands  et  mieux  construits  naviguent  de  temps  immé- 
morial le  long  des  côtes  de  l'Asie.  Ils  tendent  de  nos  jours  à  disparaître 
devant  les  navires  européens  et  devant  les  navires  à  vapeur.  Tous  les 
marins  de  notre  époque  ont  rencontré  en  Orient  des  boutres  arabes, 
qui  doivent  avoir  conservé  la  structure  antique  des  vaisseaux  tyriens, 
ils  font  de  longues  traversées  dans  la  mer  Rouge ,  dans  le  golfe 
Persique  et  dans  l'Inde;  des  pins  malais,  qui  parcourent,  avec  leurs 
immenses  voiles,  leur  archipel  et  les  cotes  de  l'Indo-Chine;  des 
jonques  chinoises  et  japonaises,  dont  quelques-unes  sont  grandes  comme 
d'anciennes  frégates,  puisqu'elles  atteignent  l^OO  tonnes,  solidement 
construites,  ayant  des  cloisons  ('tanches  en  bois;  elles  descendent  des 
cotes  de  leur  pays  jusqu'à  Singapore,  on  à  .lava  et  dans  l'Inde,  avec  les 
moussons,  et  font  des  trajets  de  cinq  à  six  cents  lieues  chargées  de 
passagers  et  de  riches  marchandises. 

Nos  pères  ne  furent  ni  moins  hardis  ni  inoins  entreprenants  que  ces 
marins  de  races  et  d'origine  si  diverses,  quand,  au  moyen  âge,  ils  riva- 
lisaient d'énergie,  d'activité  et  d'imagination  avec  les  marins  espagnols, 
portugnais,  hollandais,  italiens  et  anglais,  cherchant  en  même  temps 
qu'eux  de  nouvelles  terres  à  connaître  et  à  conquérir. 

Le  génie  des  découvertes  et  des  aventures  maritimes  apporté  par  les 
compagnons  de  Rollon  sur  les  côtes  normandes  ne  s'est  jamais  éteint 
chez  nous.  La  part  des  Français  dans  les  grandes  entreprises  maritimes 
du  XVe  et  du  xvr  siècle  aurait  été  bien  plus  grande  si  toutes  les  forces 
vives  du  pays  n'avaient  pas  été  engagées  dans  une  effroyable  lutte  conti- 
nentale, car  une  nation  est  amenée  à  renoncer  à  la  navigation  et  à  la 
création  des  colonies  lorsque  son  indépendance  et  sa  tranquillité  inté- 
rieures sont  menacées. 

Bien  que  les  moyens  d'affronter  les  fureurs  de  l'Océan  aient  été 
singulièrement  perfectionnés,  l'audace  et  le  courage  des  marins  sont 
restés  aussi  grands  que  dans  les  temps  anciens;  plusieurs  fois  des  navi- 
gateurs ont  franchi  l'Atlantique  dans  de^frêles  embarcations,  différant 
bien  peu  de  celles  qui  servent  à  circuler  dans  notre  port. 


56  SÉ  WCF.s   GÉNÉRALES 

L'année  dernière,  deux  de  nus  paquebots,  l'Amérique  et  le  Sairit- 
Lùurent,  aperçurent  successivement  à  l'horizon  mie   petite  embarcation 

qui  paraissait  abandonnée.  Mus  par  un  sentiment  d'humanité  bien 
naturel,  ils  tirent  route  vers  cette  épave.  In  homme  seul,  debout  sur 
les  quelques  planches  qui  le  séparaient  de  l'abîme,  les  remercia  du 
peste  et  les  invita  à  continuer  leur  traversée*  Il  voulait  tout  seul  achever 
son  voyage. 

Le  mois  dernier,  nous  avons  lu  que  la  barque  pontée  le  New-Bedfort, 
ayant  quitté  le  port  de  Cbatham,  aux  États-Unis,  le  2  juin,  pour 
Falmouth,  était  arrivée  à  destination  à  Mount's-Bay,  après  quarante- 
neuf  jours  de  voyage.  Elle  était  montée  par  deux  personnes  seulement, 
le  capitaine  Craps  et  Mme  Craps.  Pendant  la  traversée,  le  capitaine 
n'avait  ni  dormi  ni  abandonné  le  gouvernail  pendant  plus  de  soixante- 
dix  heures. 

Ce  bâtiment  n'a  que  20  pieds  de  long,  et  les  deux  cabines  ou  com- 
partiments de  l'avant  et  de  l'arrière  n'ont  que  'à  pieds. 

Ces  exploits  d'un  autre  âge  ne  prouvent  rien  matériellement.  Ils  nous 
fortifient  dans  celle  pensée  que  ni  nos  esprits  ni  nos  corps  n'ont  dégé- 
néré et  qu'ils  sont  encore  susceptibles   d'accomplir  de  grandes  choses  ' 

Bien  avant  notre  ère,  les  progrès  des  sciences  avaient  permis  d'assurer* 
graduellement  le  développement  de  la  navigation. 

Les  navires  n'étaient  plus  chevillés  en  bois,  mais  en  ter  ou  en  cuivre; 
on  les  avait  mieux  liés  tout  en  les  taisant  plus  grands;  de  lourdes  ancres 
en  fer  avaient  été  substituées  de  bonne  heure  aux  pièces  de  bois  alourdies 
par  des  pierres  qui  servaient  dans  les  temps  primitifs  à  fixer  les  vaisseaux 
loin  du  rivage. 

La  voilure  et  la  l'orme  des  coques  turent  étudiées  avec  soin  et  établies 
avec  une  grande  précision. 

Au  xviif  ^siècle,  on  commença  à  revêtir  les  carènes  de  feuilles  de 
cuivre  pour  les  proléger  contre  l'action  destructive  des  eaux  et  des 
insectes.  Les  membrures  furent  peu  à  peu  renforcées  par  des  armatures 
en  ter. 

En  même  temps,  les  calculs  des  astronomes  permirent  aux  marins  tic 
suivre  leur  route  sur  les  immensités  de  la  mer  et  de  se  reconnaître  loin 
des  côtes.  La  boussole,  qui  nous  vient  de  l'extrême  Orient,  avait  donné 
aux  pilotes  le  moyeu  <lr  suivre  leur  chemin,  alors  même  que  le  ciel 
leur  dérobait  la  clarté  des  (Huiles. 

Hue  de  courage,  que  de  persévérance  il  a  fallu  aux  navigateurs  de 
toutes  les  nations,  pendant  cette  longue  suite  de  siècles  pour  continuer, 
entre  les  divers  pays  du  monde,  celte  chaîne  non  interrompue  de  voyages, 
d'échanges  et  de  relations  qui  ont  tant  contribué  à  préparer  le  dévelop- 
pement ,i  la  grandeur  de  notre  civilisation  actuelle! 


P.    VIAL.    —   LA    NAVIGATION    TRANSOCÉANIENNE  î>  / 

Dès   les    premiers  jours    de    notre    marine,    les   embouchures  de  la 

Seine,  qui  avaient  vu  passer  autrefois  les  Hottes  normandes  et  les  expé- 
ditions anglaises,  étaienl  désignées  pour  l'emplacement  de  l'un  de  nos 
ports  les  plus  importants.  Le  Havre  fut  créé  et  devint  naturellement  le 
port  de  la  capitale. 

Tous  nos  souverains,  depuis  Charles  IX  et  François  Ier,  vinrent  le 
visiter  et  se  préoccupèrent  d'assurer  les   relations   maritimes  de  Paris. 

A  peine  l'Amérique  eut-elle  été  découverte  que  les  marins  normands, 
déjà  célèbres  par  leurs  exploits  dans  les  îles  de  l'Atlantique  et  dans  la 
Méditerranée,  allèrent  explorer  les  rivages  du  nouveau  monde.  Ils  lais- 
sèrentdes  souvenirs  impérissables  dans  toutes  ces  colonies  florissantes  que 
nous  avons  perdues,  mais  qui  garderont  l'empreinte  de  notre  génie 
national. 

Nos  ports  de  l'Océan  et  de  la  Manche  prirent  alors  une  grande 
extension  et  se  virent  appelés  à  un  rôle  considérable. 

Tous  les  efforts  de  n  ts  ingénieurs  et  de  nos  marins  se  portèrent  sur 
le  perfectionnement  de  nos  navires.  Ce  n'est  point  dans  cet  aperçu 
rapide  que  je  pourrais  mentionner  toutes  les  transformations  de  noire 
flotte  marchande ,  les  premiers  encouragements  qu'elle  reçut  de  Riohelieu 
et  de  Colbert,  ni  raconter  l'existence  glorieuse  île  nos  vieux  navires  à 
\oiles,  qui  tantôt  taisaient  la  course  contre  les  navires  ennemis,  tantôt 
allaient  trafiquer  avec  nos  colonies. 

Tour  à  tour  guerriers  ou  marchands,  nos  marins  surent  illustrer  leur 
noble  profession. 

Nous  nous  faisons  difficilement  une  idée  aujourd'hui  de  ce  qu'était 
autrefois  la  vie  maritime,  des  privations  que  supportaient  alors  gaie- 
ment des  hommes  appartenant  à  la  société  la  plus  élégante  et  la  plus 
distinguée  de  notre  pays. 

Les  bâtiments  faisaient  de  longues  campagnes,  étaient  rarement  ravi- 
taillés et  réparés.  On  vivait  littéralement  en  plein  air.  On  ne  faisait  pas 
de  pain  à  bord,  on  mangeait  du  biscuit  et  des  viandes  salées.  Ces  vivres 
étaient  détestables  au  bout  de  peu  de  temps.  Mais,  chose  plus  pénible, 
l'eau  avait  mauvais  goût  et  elle  était  parcimonieusement  distribuée.  Les 
boissons  saines  et  fortifiantes,  le  thé  et  le  café,  dont  les  particuliers  les 
plus  modestes  connaissent  l'emploi  aujourd'hui,  constituaient  alors  un 
grand  luxe  et  paraissaient  rarement  sur  les  vaisseaux. 

En  se  reportant  à  cette  situation,  on  comprend  l'ivresse  des  premiers 
navigateurs  qui  abordèrent  aux  îles  de  l'Océanie.  Ils  y  éprouvèrent  des 
sensations  que  nos  marins  actuels  ne  connaîtront  plus. 

Un  compagnon  de  l'amiral  Dumont  d'Urville  me  racontait  qu'ayant 
été  plus  prévoyant  que  ses  camarades,  il  avait  fait  une  bonne  provision 
de  sucre  blanc.  Tous  les  soirs,  dans  l'océan  Pacifique,  les  autres  officiers 


08  SÉANCES   GÉNÉRALES 

venaient  passer  la  soirée  avec  lui.  Il  leur  offrait  pour  rafraîchissement 
un  verre  d'eau  sucrée,  chacun  apportait  sa  ration  d'eau  et  il  leur  donnait 
généreusement  un  morceau  de  sucre.  Telle  était  la  simplicité  de  la  vie 
de  bord,  sur  un  navire  amiral,  il  y  a  trente  ans. 

Mais  un  nouvel  agent,  une  nouvelle  puissance,  la  vapeur  faisait  son 
apparition  dans  le  inonde  maritime. 

Les  navires  à  vapeur,  dédaignés  d'abord,  furent  employés  primitive- 
ment pour  les  courtes  traversées  ou  pour  la  navigation  tluviale.  Quelques 
bâtiments  suis" importance  et  sans  vitesse  portaient,  en  prenant  leur 
temps,  des  voyageurs  d'Angleterre  en  France,  de  Rouen  au  Havre,  de 
Châlon  à  Avignon  par  la  Saône  et  le  Rhône.  Ils  marchaient,  malgré 
les  brises  contraires  et  malgré  le  calme;  c'était  un  grand  progrès! 

Précédemment,  on  avait  navigué  contre  le  calme  et  les  petites  brises, 
au  moyen  de  rames  sur  les  galères  et  les  trirèmes  antiques,  dont  les 
formes  générales  se  rapprochaient  un  peu  des  proportions  de  nos 
steamers.  Leur  longueur  était  de  huit  à  dix  fois  leur  largeur.  On  dit 
également  que  les  Carthaginois  avaient  essayé  de  diriger  des  navires 
contre  le  vent,  au  moyen  de  roues  latérales  mises  en  mouvement  par 
des  bœufs. 

Les  meilleurs  navires  à  rames  ne  marchaient  que  5  à  6  nœuds  par 
calme;  ils  n'avançaient  pas  contre  une  forte  brise  et  dérivaient  à  l'aven- 
ture sous  l'effort  de  la  tempête. 

Leur  navigation  consistait  à  aller  d'un  cap  à  un  autre,  afin  de  pouvoir 
se  mettre  à  l'abri  du  gros  vent  et  de  la  grosse  mer. 

Récemment  encore,  les  petits  navires  de  guerre,  les  bricks,  les  goélettes 
et  même  les  frégates  de  troisième  rang  avaient  des  avirons  de  galère  et 
pouvaient  filer  3  nœuds,  5,555  mètres  à  l'heure,  contre  du  calme. 

Les  navires  de  commerce  d'une  certaine  grandeur  ne  pouvaient 
employer  ce  moyen,  qui  exige  des  bras  nombreux. 

Quoique  les  moyens  de  transport  fussent  lents,  coûteux  et  insuffisants, 
l'Amérique  s'était  peuplée  d'Européens;  elle  renfermait  des  richesses  in- 
calculables; un  immense  besoin  de  multiplier  et  d'activer  nos  relations 
avec  elle  se  faisait  ressentir  dans  l'ancien  monde,   surtout  en  Angleterre. 

Quand  un  besoin  général,  universel,  se  manifeste  impérieusement,  il 
arrive  souvent  que  l'on  trouve  à  bref  délai  les  moyens  de  le    satisfaire. 

En  1840,  un  homme  d'énergie  et  d'initiative,  un  armateur  anglais, 
M.  Cunard,  eut  l'audace  d'expédier  un  premier  paquebot  à  vapeur  de 
Liverpool  pour  l'Amérique,  (l'était  VUnicorn,  capitaine  Douglas,  qui 
appareilla  le  16  mai  pour  Halifax  et  Boston,  avec  vingt-cinq  passagers. 
Ce  petit  navire  ne  continua  pas  ce  service,  et  le  Britannia,  spécialement 
construit  pour  les  traversées  transatlantiques,  quitta  Liverpool,  pour  la 
première  fois,  le  4  juillet   1  Si(),  avec  soixante-trois  passagers. 


p.    MAI..    —    LA    NAVIGATION    TRANSOCÉANIENNE  89 

Le  Britannia  jaugeait  1,200  tonnes,  comme  quelques-uns  de  nos  char- 
bonniers actuels. 

La  ligue  Cunard  eut  successivement  des  navires  de  1,800  tonnes,  de 
2,200  tonnes,  comme  YAsia  et  VAfrica,  et  de  3,600  tonnes  comme  le 
Persia.  La  plupart  <le  ces  bâtiments  étaienl  de  bois  et  tous  étaient  à 
roues.  Le  dernier  construit  dans  ce  système  fut  Le  Scotia,  en  1862,  mais 
il  était  en   1er. 

Jusqu'à  celte  époque,  on  avait  préféré  les  bâtiments  à  roues  pour  le 
service  des  passagers. 

Mais  l'hélice,  acceptée  d'abord  pour  les  navires  de  combat,  fut  mise 
en  essai  sur  plusieurs  navires  de  commerce  et  adoptée  pour  la  première 
t'ois  sur  YAustralasian,  par  l'Amirauté  anglaise,  pour  le  transport  des 
dépêches. 

Peu  à  peu  les  grandes  Compagnies,  après  avoir  eu  tous  leurs  paquebots 
à  roues,  leur  substituèrent  des  navires  ù  hélice. 

Aujourd'hui,  notre  Compagnie  ne  possède  plus  un  seul  navire  à  roues 
sur  ses  grandes  lignes. 

Le  dernier  paquebot  à  roues,  qui  soit  allé  à  New-York,  est  le  Scotia, 
de  la  ligne  Cunard. 

Au  moment  de  la  fondation  de  la  ligne  Cunard,  le  Havre  était  relié 
à  l'Amérique  par  plusieurs  lignes  de  paquebots  à  voiles. 

C'étaient  des  navires  américains  qui  desservaient  la  ligne  des  États- 
Unis,  et  des  paquebots  français  qui  faisaient  des  voyages  réguliers  entre 
notre  port  et  le  Brésil,  la  Plata  et  les  Antilles. 

Tout  le  monde,  ici,  se  souvient  des  beaux  navires  l'Achille,  le  Havre. 
la  France-et-Chili,  le  Carioca,  le  Saint-Pierre,  la  Reine-du-Monde,  le 
Pétropolis,  la  Normandie,  V  Union-des-Chargeurs,  etc.,  etc. 

En  1840,  le  gouvernement,  voulant  aider  aux  progrès  de  notre  marine 
marchande,  avait  fait  construire  quatre  grands  paquebots  à  roues  pouvant 
au  besoin  être  utilisés  comme  frégates  à  vapeur  par  l'État. 

Ces  navires  firent  un  petit  nombre  de  voyages  et  eurent  un  certain 
succès.  Mais  ils  n'étaient  pas  assez  rapides  comme  paquebots,  et  trop 
faibles  de  construction  pour  porter  des  canons.  Ils  furent  repris  par 
l'État  en  1848  et  servirent  longtemps  comme  transports.  Celait  le. 
Canada,  le  Darien,  le  Vauban  et  VOrénoque. 

En  1849,  les  Américains  mirent  sur  la  ligne  du  Havre  à  New- York  le 
Franklin  et  le  Humboldt,  qui  furent  très-populaires.  La  découverte  des 
mines  de  Californie  avait  accru  le  mouvement  entre  l'ancien  et  le  nouveau 
monde.  Tous  les  yeux  étaient  tournés  vers  l'Amérique,  redevenue  le  pays 
de  l'or  et  des  fortunes  merveilleuses,  Ces  deux  bâtiments  se  perdirent, 
et  leur  service  fut  continué  par  le  Fullon  et  YArugo. 

Ils  eurent  pour   concurrents  de   splendides    steamers,    armés    par  le 


'»  SÉANCES    GÉNÉRALES 

célèbre  M.    Vanderbilt  :  ['Ariel,  le  Vanderbilt,  ['Océan  Queen,  ['Illinoù 

et  le  North-Star. 

Les  constructeurs  et  les  marins  américains  se  signalaient  par  leur  ini- 
tiative heureuse  et  hardie. 

Ils  avaient  perfectionné  singulièrement  la  marine  à  voiles;  ils  avaient 
armé  des  paquebots  splendides;  ils  avaient  donné  à  la  navigation  flu- 
viale un  développement  inouï.  Leurs  bateaux  de  rivière  sonl  des  modèli  s 
d'élégance  e1  de  grandeur.  Ce  .sont  des  palais  flottants  qui  transportent 
plusieurs  centaines  de  passagers  sur  leurs  beaux  fleuves,  avec  fies  vi- 
tesses variant  de  li  à  17  nœuds,  26  à  32  kilomètres  à  l'heure. 

Les  paquebots  transatlantiques  américains  cessèrent  leurs  services  pen- 
dant la  guerre  de  sécession.  Lorsque  la  paix  fui  rétablie,  celte  indus- 
trie était  passée  entre  les  mains  des  Anglais,  des  Français  et  des  Alle- 
mands. 

En  d8oo,  après  que  les  transports  de  la  guerre  de  Crimée  eurent  pro- 
voqué la  construction  d'un  grand  nombre  de  navires  à  vapeur,  la  Corn* 
pagnie  Gautier  entreprit  un  service  de  correspondance  entre  le  Havre  et 
les  ports  d'Amérique.  Plusieurs  voyages  d'essai  lurent  effectués  par  les 
beaux  paquebots  l'Aima,  le  Lyonnais,  le  Franc-Comtois,  le  Barcelone. 

A  la  suite  de  ces  tentatives,  uuv  Compagnie  puissante,  la  Compagnie 
générale  maritime,  devenue  transatlantique,  s'engagea  à  constituer  une 
Hotte  suffisante  pour  desservir  en  même  temps  les  Antilles  et  l'Amé- 
rique du  Nord. 

Son  contrat  avec  le  gouvernement  fut  signé  en  INii-i.  et,  en  1864, 
elle  était  en  mesure  de  tenir  ses  engagements.  Le  premier  départ  fut 
effectué  par  le  Washington  ,  commandé  par  M.  Duchesne  ,  le  15  juin 
1864. 

En  1865,  son  service  mensuel  sur  New-York  fut  doublé;  elle  possédait 
les  plus  beaux  navires  connus  et  avait  toutes  les  préférences  d'une 
clientèle  choisie. 

Pendant  nos  dernières  guerres,  sa  Hotte  a  prêté  un  concours  important 
pour  le  transport  des  troupes  et  du  matériel  du  gouvernement  français. 
.Nous  ne  mentionnerions  pas  ces  services  si  nous  n'avions  point  à 
cœur  de  rappeler,  chaque  fois  que  nous  eu  trouvons  l'occasion,  combien 
la  France,  qui  a  des  ports  sur  les  trois  mers  les  plus  fréquentées  du 
globe,  a  besoin  de  maintenir  une  marine  marchande  puissante  et  pros- 
père. 

A  ce  sujet,  devant  un  auditoire  qui  possède  à  fond  la  connaissance 
des  questions  économiques,  je  crois  pouvoir  appeler  votre  attention  sur 
quelques  anomalies  qui  ont  provoqué  des  réclamations  dans  notre  port. 
\u  besoin,  je  pense  que  nous  trouverions  chez  vous  plus  d'un  défen- 
seur dévoué. 


P.    VIAL.    --    LA    NAVIGATION    rRANSOCÉANIENNE  61 

Parmi  les  obstacles  qui  peuvent  ouire  à  la  prospérité  de  notre  marine 
marchande,  je  citerai  l'élévation  des  droits  divers  et  des  trais  qui  pèsent 
sur  les  navires  qui  fréquentent  le  port  du  Havre.  Ils  sont  plus  forts  que 
ceux  établis  dans  les  ports  étrangers. 

Pour  un  voyage  du  Labrador,  les  droits  de  quai,  de  navigation,  de 
tonnage,  de  péage,  sanitaire,  etc.,  se  sont  élevés  au  port  du  Havre  à  la 
somme  de  9, "H  IV.  {Xi  c,  el  de  3,238  IV.  60  c,  à  New-York.  Si  l'on 
considère  qu'aux  États-Unis,  l'argenl  a  moins  de  valeur  qu'en  France, 
on  voit  que  che/.  nous  les  bâtiments  sont  imposés  dans  une  proportion 
six  l'ois  plus  grande. 

Lorsque  notre  Compagnie  se  tondait,  personne  n'aurait  songé  à  pie- 
voir  1rs  charges  qui  allaient  peser  sur  notre  marine. 

Elles  ne  l'ont  point  empêchée  de  s'associer  à  toutes  les  innovations 
utiles.  Elle  a  été  soutenue  dans  celle  voie  par  des  esprits  éminents  dans 
la  science  et  dans  l'industrie,  elle  a  toujours  clé  la  première  à  adopter 
tout  ce  qui  pouvait  augmenter  le  bien-être  et  la  sécurité  des  nombreux, 
clients  qui  lui  confient  leurs  fortunes  et  leurs  existences. 

De  grands  sacrilices  lui  furent  imposés  par  l'obligation  où  elle  s'est 
trouvée,  au  bout  de  peu  d'années,  de  transformer  sa  flotte  en  adoptant 
l'hélice. 

Elle  a  obtenu  un  premier  succès  en  faisant  débuter  deux  paquebots, 
le  Pereire  et  la  Ville-de-Paris,  qui  sont  élégants  comme  des  yachts,  so- 
lides comme  des  frégates  et  rapides  comme  les  meilleurs  coureurs  de 
l'Océan.  Sa  flotte  a  été  complétée  par  des  navires  plus  grands,  plus 
vastes,  comme  la  France,  l'Amérique,  le  Labrador  et  le  Canada,  qui  ré- 
pondent à  de  nouveaux  besoins  de  notre  commerce,  car  le  mouvement 
entre  les  Étals-Unis  et  la  France  s'est  modifié  plusieurs  fois. 

Au  lieu  d'un  petit  nombre  de  voyageurs  aisés  et  de  quelques  marchan- 
dises de  luxe,  nous  sommes  amenés,  comme  tous  nos  concurrents,  à 
rechercher  la  quantité,  beaucoup  de  passagers  des  classes  moyennes,  et 
les  vastes  espaces  qui  ont  servi  à  les  loger  reçoivent,  au  retour,  les  pro- 
duits du  sol  américain.  Nos  grands  navires  peuvent  porter  600  passa- 
gers d'entrepont  à  l'aller,  et  ramener  sur  nos  quais  3,000  tonnes  de 
marchandises  :  bois,  lard,  saindoux,  huile,  salaisons. 

De  nouvelles  et  nombreuses  Compagnies  se  sont  établies  en  Angleterre 
et  en  Allemagne  pour  exploiter  la  mine  si  riche  qui  était  ouverte  à 
toutes  les  marines.  —  Xous  n'avons  pas  eu  assez  de  fret  et  de  passagers 
pour  tous  ces  navires,  et  la  concurrence  a  amené  récemment  un  grand 
avilissement  des  prix  de  transport. 

On  a  vu  des  marchandises  qui  étaient  portées  en  Amérique,  tous  frais 
payés,  pour  3  ou  4  shillings,  pas  plus  cher  que.  d'ici  à  Rouen  ;  des  pas- 
sagers ont  été    engagés    au    Havre    pour  New-York    (via    Liverpool)  à 


62  SÉANCI  S    GÉNÉRALES 

oO  francs.   En    défalquant  les  trais,  il  pouvait  bien  revenir  10  francs  au 
navire . 

11  existe,  aujourd'hui,  vingt  et  une  lignes  de  paquebots  entre  l'Eu- 
rope et  l'Amérique  du  .Nord,  représentant  une  flotte  de  plus  de  230  bâ- 
timents, dont  les  plus  forts  jaugent  5,000  tonnes  et  ont  des  machines  de 
1,000  chevaux  comme  la  France,  et  dont  les  moindres,  ce  sont  les  plus 
rares,  jaugent  1,200  tonnes. 

Cette  flotte  représente  bien  400,000  tonnes  de  jauge,  une  force  de 
machines  de  100,000  chevaux,  et  pourrait  facilement  en  une  fois  porter 
150,000  passagers  de  l'autre  côté  de  l'Océan. 

A  cinq  voyages  par  bâtiment  et  par  an,  elle  pourrait  transporter  d'un 
rivage  à  l'autre  1,500,000  voyageurs  et  4,000,000  de  tonnes  de  mar- 
chandises. 

Ces  chiffres  sont  loin  d'être  atteints,  du  moins  quant  au  nombre  des 
passagers.  Dans  les  années  les  plus  prospères  ,  on  a  transporté  environ 
400,000  passagers  à  New- York.  Actuellement  ,  ce  nombre  a  été  réduit 
des  deux  tiers. 

Espérons  que  les  circonstances  deviendront  meilleures  et  que  la 
prospérité  de  nos  sympathiques  voisins  d'Amérique  offrira  de  nouveau 
des  perspectives  sérieuses  de  fortune  aux  colonisateurs  européens. 

A  côté  de  nos  lignes  transatlantiques,  dont  le  matériel  représente  un 
chiffre  effrayant,  près  d'un  milliard,  dit-on,  existent  sur  les  divers  océans 
des  lignes  également  prospères  et  actives,  qui  sur  toutes  les  mers  ont 
engagé  la  même  lutte  pacifique. 

Les  unes,  correspondant  avec  les  nôtres,  sillonnent  l'océan  Pacifique, 
vont  de  San-Francisco  à  Yokohama  en  vingt-deux  jours,  et  nous  relient 
avec  les  Messageries  maritimes  et  la  Compagnie  péninsulaire,  qui  vont 
par  Suez,  dans  l'Inde  et  l'extrême  Orient,  se  partager  le  trafic  de  ces 
riches  contrées. 

D'autres  Compagnies,  partant  de  Panama,  font  notre  correspondance 
avec  tous  les  points  de  l'Amérique  occidentale.  Deux  autres  lignes  s'y 
rendent  directement  par  le  détroit  de  Magellan ,  après  avoir  touché  à  la 
Plata. 

J'ai  parlé  des  Messageries.  Leur  Hotte  splendide  ne  le  cède  à  aucune 
autre,  ni  pour  le  nombre,  ni  pour  les  qualités  des  navires.  Elles  desser- 
vent, avec  une  régularité  ('gale  à  la  nôtre,  l'Inde,  la  Chine,  le  Japon, 
le  bassin  de  la  Méditerranée,  la  Plata  et  le  Brésil. 

Plusieurs  lignes  françaises  partagent  avec  elles  le  trafic  de  ces  deux 
pays.  Parmi  elles,  nous  mentionnerons  la  Compagnie  des  Chargeurs 
réunis,  dont  les  beaux  steamers  appartiennent  à  notre  port  et  font  le 
plus  grand  honneur  à  nos  constructeurs,  à  nos  armateurs  et  à  nos  ma- 
rins. 


1>.    VIAL.    —   LA    NAVIGATION    TRANSOCÉANIENNE  63 

Quand  on  jette  les  veux  sur  une  carte  du  globe,  on  voit  que  tous  les 
grands  ports  sont  reliés  entre  eux  par  des  lignes  nombreuses  et  directes, 
tracées  a  travers  les  océans  comme  des  voies  de  chemins  de  fer. 

Quels  progrès,  quels  immenses  changements  se  sont  accomplis  depuis 
que  Colomb  a  franchi  l'Atlantique  pour  la  première  t'ois  sur  une  mo- 
deste caravelle  de  100  tonneaux  ! 

Mon  cadre  n'est  pas  assez  étendu  pour  embrasser  dans  tous  ses  dé- 
tails cet  immense  réseau  si  coûteux,  mais  si  utile,  si  nécessaire  à  l'hu- 
manité. 

Permettez-moi  de  terminer  par  quelques  renseignements  plus  précis 
sur  notre  flotte,  dont  quelques-uns  des  plus  beaux  navires  sont  pré- 
sents au  Havre. 

Ceux  des  autres  Compagnies  sont  à  peu  près  semblables. 

Les  plus  grands,  comme  la  France,  ont  12o  mètres  de  long;  nous  eu 
avons  trois  pareils;  les  machines  sont  de  DUO  chevaux  et  développent 
habituellement  une  force  moyenne  de  5,000  chevaux,  en  consommant 
de  60  à  80  tonnes  de  charbon  par  jour. 

Tous  possèdent  des  sirèues  à  vapeur,  instruments  puissants,  mais  peu 
harmonieux,  qui  servent  par  les  temps  de  brume  à  signaler  leur  appro- 
che. Nous  sommes  encore  les  seuls  qui  ayons  adopté  celte  utile  inven- 
tion. 

Deux  navires,  la  France  et  l'Amérique,  ont  à  l'avant  des  feux  élec- 
triques qui  servent  à  les  l'aire  voir  de  loin  par  des  nuits  obscures. 
Cette  innovation  est  l'objet  d'une  étude  approfondie,  qui  est  poursuivie 
avec  le  plus  grand  soin. 

Nos  grands  paquebots,  tout  chargés,  pèsent  de  0  à  7,000  tonnes  ,  ils 
ont  140  hommes  d'équipage  et  peuvent  loger  à  l'aise  800  passagers. 

On  se  représente  difficilement  ces  masses  énormes,  contenant  la  popu- 
lation d'un  grand  village,  des  vivres  pour  deux  mois,  des  marchandises 
pour  une  valeur  de  plusieurs  millions  et  se  mouvant  sur  l'Océan  avec 
une  vitesse  de  13  à  15  milles,  24  à  28  kilomètres  à  l'heure. 

Ces  machines  monstrueuses,  que  n'arrêtent  ni  les  vents  ,  ni  les  vagues, 
ni  les  brumes ,  ni  les  ombres  jie  la  nuit,  arrivent  à  date  fixe  dans  le 
port,  rapportant  à  ceux  qui  les  attendent  avec  anxiété  des  nouvelles  des 
amis  ou  des  parents  bien-aimés. 

Quelles  scènes  touchantes  ont  lieu  sur  nos  quais  et  sur  nos  jetées 
lorsqu'on  a  pu  reconnaître  à  bord  du  bâtiment  qui  rentre  le  visage  d'un 
parent  ou  d'un  ami  ! 

Ceux-là  seuls  qui  ont  connu  les  déchirements  des  longues  sépara- 
tions peuvent  apprécier  le  charme  de  ces  moments  si  rares  dans  la  vie 
humaine  ! 

Et  pendant  le  voyage  à  bord,  quel  ordre,  quel  calme  régnent  parmi 


l'ii  SÉANCES   GÉNÉRALES 

ces  populations  de  voyageurs  qui    sont  isolés  du  reste    du  monde  dans 
un  espace  si  restreint! 

Les  marins  aiment  et  respectent  leurs  vaillants  capitaines;  les  liens 
étroits  du  devoir  et  de  l'affection  résultant  d'uue  responsabilité  com- 
mune, d'une  confiance  et  d'une  estime  réciproques,  unissent  les  officiers 
à  leurs  matelots. 

Au  bout  de  quelques  heures  de  séjour  à  bord,  les  passagers  se  sentent 
gagnés  par  l'influence  qui  rayonne  de  ces  âmes  fortement  trempées 
qu'aucun  péril  ne  saurait  émouvoir. 

Alors  commence  celle  existence  intime  du  bord,  toute  de  rêverie, 
d'études  et  de  causeries  intimes;  les  rivalités  mondaines  se  sont  effacées, 
on  se  sent  solidaires  les  uns  des  autres,  on  ne  forme  plus  qu'une  grande 
famille  dont  tous  les  membres  ont  les  mêmes  désirs,  craignent  les  mêmes 
dangers,  et  l'on  s'unit  franchement  pour  combattre  le  plus  menaçant 
de  tous,  l'ennui,  qui  pourrait  se  glisser  au  milieu  d'une  vie  trop  mono- 
tone et  trop  facile. 

On  a  alors  de  bonnes  causeries,  en  contemplant  les  spectacles  si  variés 
qu'offre  sans  cesse  l'horizon  de  la  mer;  il  est  bien  rare  que  des  dis- 
tractions imprévues  ne  viennent  point  rompre  l'uniformité  de  l'existence 
commune  ;  au  moment  d'arriver,  de  renoncer  aux  habitudes  qui  com- 
mençaient à  l'envahir,  plus  d'un  passager  soupire  avec  effroi  en  son- 
geant aux  soucis  qui  peuvent  l'attendre  sur  le  rivage. 

Je  vous  ai  parlé  avec  joie,  trop  longuement  peut-être,  de  nos  paque- 
bots, des  navires  du  port.  Ce  sont  pour  nous  des  amis,  des  intruments 
dociles  et  dévoués,  que  nous  aimons  comme  les  êtres  les  plus  chers. 

Vous  dirai-je  quelles  inquiétudes  nous  assaillent  quelquefois  lorsque 
l'un  d'eux  est  en  retard,  quels  tourments  nous  avons  ressentis  dans  cette 
ville  lorsqu'un  bâtiment  a  couru  quelque  danger  !  et  notre  joie  ,  notre 
bonheur,  lorsqu'il  est  entré  dans  nos  jetées  par  un  beau  soleil,  tous  ses 
pavillons  déployés! 

Un  nombreux  personnel,  comptant  environ  3,000  individus,  collabore 
avec  nous  et  partage  nos  émotions.  Un  tiers  de  ces  hommes  sont 
d'anciens  serviteurs  de  la  Compagnie  et  vivent  sur  ces  bâtiments  depuis 
plusieurs  années. 

Je  ne  saurais  rendre  leur  esprit  de  courageux  dévouement,  le  zèle 
avec  lequel  chacun  d'eux  se  consacrée  ses  modestes  et  laborieuses  fonc- 
tions. 

Xos  paquebots  de  la  ligne  de  .New-York  fonl  de  six  à  huit  voyages 
par  an  chacun,  soit  25,720  milles,  ou  8,540  lieues  marines  dans  l'an- 
née, ou  plutôt  encore  47,440  kilomètres.  Ce  serait  130  kilomètres  par 
jour,  s'ils  marchaient  toute  l'année  d'une  vitesse  égale. 

En  réalité,  ils  doivent  effectuer  leur  voyage  avec  une  vitesse  minimum 


p.    MAI..    —   i.\    NAVIGATION     rRANSOCÉANIENNE  65 

de  11  nœuds  5,  et  ils  donnent  une  moyenne  variant  de  12  à  15  nœuds 
à  l'heure,  "2-2  à  2o  kilomètres  à  l'heure,  suivant  les  circonstances. 

Tout  un  personnel  d'ouvriers,  organisés  en  ateliers  sous  la  direction 
de  nos  habiles  ingénieurs,  est  occupé  a  Saint-Nazaire  et  au  Havre  à 
l'entretien  de  nos  navires.  Leur  nombre  varie  suivant  nos  besoins  et 
dépasse  rarement  six  cents.  Beaucoup  d'entre  eux  ont  commencé  par 
naviguer  à  bord  dans  le  service  des  machines.  A  l'arrivée  au  port  de 
chaque  paquebot,  nos  ouvriers  aident  les  équipages  à  démonter,  visiter 
et  réparer  tous  nos  appareils,  tous  les  organes  de  la  machine,  ('/est  un 
gros  travail  qui  réclame  des  soins  minutieux. 

En  outre  de  nos  ouvriers,  nous  avons  les  employés  de  nos  agences, 
les  gardiens,  les  commis,  les  gardes-magasins.  Les  uns  accomplissent 
un  travail  régulier  et  identique  tous  les  jours,  les  autres  ont  un  coup 
de  feu  de  temps  en  temps  à  chaque  arrivée  ou  expédition  de  navire. 
Ils  travaillent  jour  et  nuit  pour  que  tout  soit  en  règle  ,  pour  que 
outes  les  marchandises  soient  bien  embarquées  et  enregistrées;  lorsque  la 
besogne  est  finie,  ils  tombent  de  sommeil  et  restent  vingt-quatre  heures 
sans  reparaître. 

Enfin,  à  Paris,  toute  notre  administration,  tous  nos  services  sont  cen- 
tralisés. C'est  de  là  que  part  l'impulsion  donnée  à  cette  grande  Compa- 
gnie qui  embrasse  par  ses  agences  tout  notre  pays,  tous  les  ports  de 
l'Amérique  du  Nord,  de  l'Amérique  centrale  et  des  Antilles,  et  par  ses 
correspondants,  la  plupart  des  grandes  places  de  commerce  du  monde. 

Elle  est  une  des  grandes  entreprises  de  notre  époque. 

Elle  fait  le  plus  grand  honneur  à  ceux  qui  l'ont  conçue,  à  ceux  qui 
l'ont  organisée  et  aux  hommes  éminents  qui  la  dirigent  encore  avec 
toute  l'autorité  de  leur  savoir  et  de  leur  expérience. 

Je  vous  rappellerai  qu'à  côté  de  nos  grandes  Compagnies  de  steamers, 
nos  ports  possèdent  un  grand  matériel  de  navires  à  voiles,  qui  effec- 
tuent des  voyages  réguliers  entre  nos  côtes  et  les  ports  étrangers. 

Les  navires  à  vapeur  leur  ont  enlevé  la  plupart  de  leurs  passagers  et 
certaines  catégories  de  marchandises;  mais  ils  ont  conservé  le  fret  lourd, 
encombrant  et  de  peu  de  valeur,  qui  ne  pourrait  supporter  de  grands 
frais  de  transport.  Ils  répondent  à  des  besoins  sérieux,  leur  rôle  est  loin 
d'être  terminé,  et  longtemps  encore  ils  nous  rappelleront  les  grands 
souvenirs  de  notre  vieille  marine. 

En  terminant  cet  exposé  bien  rapide  et  bien  incomplet  de  l'une  des 
branches  de  notre  industrie  maritime,  permettez-moi,  messieurs,  de 
vous  exprimer  mon  opinion  personnelle  sur  ses  destinées  et  sur  sou 
avenir. 

Oui,  la  marine  a  beaucoup  souffert  à  la  suite  des  changements  impie  - 
vus   et  rapides  qui   l'ont  affectée  si  profondément,  Elle  a  besoin  d'en- 


66  SÉANCES   GÉNÉRALES 

couragements  et  de  secours  qui,  j'en  suis  convaincu,  ne  lui  manque- 
ront pas. 

Elle  jouit  d'une  vitalité  incontestable;  elle  renferme  de  précieux  élé- 
ments de  prospérité  ;  elle  reprendra  certainement  le  rôle  qui  lui  appar- 
tient dans  nos  ports,  lorsqu'elle  sera  placée  vis-à-vis  de  ses  concurrents 
sur  le  pied  d'une  équitable  réciprocité,  lorsque  ses  charges  ne  seront 
pas  plus  fortes  que  les  leurs. 

Elle  est  d'autant  plus  assurée  des  sympathies  de  la  nation,  que  la 
population  qui  s'adonne  au  périlleux  métier  de  la  mer  représente  au 
plus  haut  degré  le  travail  laborieux  et  dévoué,  les  idées  d'ordre,  d'éco- 
nomie et  de  devoir,  tous  ces  sentiments  que  vous  aimez  et  auxquels 
vous  avez  bien  voulu  vous  associer  en  venant  passer  quelques  jours  au 
milieu  de  nous. 

Nous  vous  répéterons  donc  que  les  marins  doivent  beaucoup  à  la 
science,  qu'ils  aiment  les  savants  et  qu'ils  leur  demandent  la  réciprocité. 


SÉANCE  GÉNÉRALE 

Du  29  août  1877. 


Présidence  de  M.  BROCA 


Dans  cette  séance,  MM.  Cotteau  et  Biard  ont  pris  la  parole  et  présenté  les 
communications  suivantes. 

M.  COTTEAU 

Ancien  président  de  la  Société  géologique  de  France. 


L'EXPOSITION  GÉOLOGIQUE  ET  PALÉONTOLOGIQUE  DU  HAVRE. 


Je  veux  vous  entretenir  quelques  instants  de  la  belle  exposition  géo- 
logique et  paléontologique  que  vous  avez  tous  visitée  à  l'ancien  Palais- 
de-Justice. 

Spéciale  aux  cinq  départements  compris  dans  l'ancienne  province  de 
Normandie,  cette  exposition,  admirablement  installée,  classée  avec  beau- 
coup   de  méthode   et  de   savoir,    est  due    à  l'initiative   de    la   Société 


COTTBAU.    —    L'EXPOSITION   GÉOLOGIQUE    DU    HAVllE  07 

géologique  de  Normandie  ;  elle  a  été  organisée  en  quelques  mois.  Grâce 
au  zèle  et  à  l'activité  des  hommes  dévoués  qui  ont  accepté  cette  tâche 
difficile,  grâce  également  au  concours  de  tous  les  collectionneurs  de 
Normandie,  elle  présente  un  ensemble  vraiment  remarquable  et  cons- 
titue un  des  plus  grands  attraits  du  Congrès. 

La  Normandie,  par  la  disposition  de  son  sol,  par  la  variété  de  ses 
terrains  si  riches  en  fossiles,  se  prêtait  merveilleusement  à  une  Expo- 
sition de  cette  nature.  En  quelques  heures,  le  géologue  peut  parcourir 
la  série  presque  complète  des  terrains  qui  forment  l'écorce  du  globe, 
depuis  le  granité  qui  sert  de  base  aux  dépôts  sédimentaires  jusqu'au 
terrain  quaternaire  et  actuel,  en  passant  par  presque  tous  les  étages 
intermédiaires. 

N'était-ce  pas  une  bonne  fortune  pour  le  géologue  venu  d'autres 
pays,  aussi  bien  que  pour  le  géologue  normand,  de  pouvoir  étudier 
dans  leur  ensemble  et  réunis  dans  les  mêmes  salles,  les  tossiles  prove- 
nant des  localités  classiques  de  Baveux,  de  Luc,  de  Langrune,  de  Ran- 
ville,  de  Dives,  de  Villers-sur-Mer,  de  Trouville,  du  cap  de  la  Hève, 
de  Fécamp,  etc.,  et  d'avoir  sous  les  yeux  le  résultat  de  milliers  d'ex- 
cursions faites  au  pied  de  ces  magnifiques  falaises  qui  bordent  les  côtes 
de  la  Normandie  et  qui,  sans  cesse  rongées  et  démantelées  par  les  Ilots, 
fournissent  aux  chercheurs  intrépides  une  mine  inépuisable  et  sans  cesse 
renouvelée. 

J'ai  passé  de  longues  heures  à  examiner  cette  splendide  collection  et 
je  vous  demande  la  permission  de  vous  signaler  brièvement,  autant  que 
le  permet  le  cadre  de  ce  rapport,  les  objets  les  plus  précieux  et  les  sé- 
ries qui  m'ont  paru  les  plus  complètes. 

Je  suivrai  l'ordre  stratigraphique,  adopté  du  reste  dans  l'exposition. 
Ce  sont  d'abord  au  dessus  du  granité  les  grès  de  l'étage  cambrien,  schis- 
tes des  environs  de  Cherbourg,  dans  lesquels  la  vie  organique  se  mani- 
feste pour  la  première  fois  et  sous  des  formes  encore  bien  rudimentaires 
et  bien  indécises. 

C'est  ensuite  la  série  des  terrains  paléozoïques,  les  étages  silurien  el 
devonien  avec  leurs  Trilobites,  crustacés  étranges,  bien  différents  de 
ceux  que  nous  connaissons  aujourd'hui  et  qui  renferment  en  outre  des 
céphalopodes,  des  brachiopodes  aux  espèces  variées,  et  des  polypiers  : 
le  terrain  carbonifère,  représenté  par  des  empreintes  végétales  essen- 
tiellement caractéristiques  et  qui  ne  peuvent  laisser  aucun  doute  sur  les 
affleurements  de  ce  terrain  dans  la  contrée. 

La  formation  jurassique  se  développe  ensuite  : 

A  la  base,  c'est  l'infralias  de  Valognes,  avec  ses  cardinies,  ses  limes, 
ses  peignes.  C'est  le  lias  supérieur  avec  la  série  des  Ammonites,  des 
gastéropodes  et  des  brachiopodes  qui  le  caractérisent  ;  signalons    dans 


68  SÉANCES   GÉNÉRALES 

cet  étage  une  des  concrétions  calcaires  connues  sous  le  nom  de  miches, 
provenant  de  la  carrière  de  la  Caine  qui  présente  au  milieu  un  cépha- 
lopode voisin  des  Seiches,  du  genre  Loligo,  muni  encore  de  son  rostre 
et  de  sa  poche  à  encre. 

Au-dessus,  c'est  l'étage  bajocien  avec  les  nombreux  fossiles  de  Bayeux 
et  de  Sully,  si  admirablement  conservés  ;  la  série  est  fort  belle  :  les 
gastéropodes,  surtout  les  pleurotomaires,  se  font  remarquer  par  leur 
nombre,  leur  beauté,  la  richesse  et  la  variété  de  leurs  ornements. 

L'étage  bathonien  qui  le  surmonte  ne  le  cède  en  rien  pour  le  nom- 
bre et  la  belle  conservation  des  échantillons  :  les  riches  localités  de 
Lue  et  de  Langrune  ont  fourni  presque  toutes  leurs  espèces,  et  notam- 
ment une  importante  série  d'échinides,  provenant  en  grande  partie  de 
la  collection  de  M.  Meurdra,  et  parmi  laquelle  je  citerai  le  C.  Blain- 
villei,  espèce  fort  rare  représentée  par  un  exemplaire  de  petite  taille, 
mais  complet  et  parfaitement  conservé.  Notons  également  dans  cet  étage 
de  beaux  exemplaires  de  Patelles  et  d'élégants  bryozoaires. 

L'étage  oxfordien  qui  lui  succède  est  plus  pauvre  en  échinides,  mais 
beaucoup  plus  riche  en  céphalopodes.  Les  Ammonites  Lamberti,  Jason, 
Duncani,  athleta,  perarmatus  et  beaucoup  [d'autres,  abondent  et  sédui- 
sent les  yeux  par  leur  aspect  pyriteux,  métallique  et  souvent  irisé. 
Notons  un  magnifique  exemplaire  du  Belemnites  hastatus,  appartenant 
à  la  collection  Meurdra.  Signalons  également  dans  cet  étage  des  crus- 
tacés intéressants  du  genre  Eryma,  des  dents  et  des  vertèbres  d'Ichthyo- 
saures. 

L'étage  coralien  vient  ensuite,  et  nous  y  trouvons  une  belle  série 
d'échinides  provenant  de  Trouville  et  de  Bénerville,  parmi  lesquels  le 
Pygaster  Gresslyi,  très-rare  partout  ailleurs,  le  Pygaster  umbrella,  le 
Cidaris  florigemma,  l'Hemicidaris  crenularis,  types  classiques  du  corallien, 
l'Acrosalenia  décora  ta  que  la  forme  et  la  disposition  de  ses  tubercules 
rendent  si  gracieux,  un  exemplaire  admirablement  conservé  du  Pseu- 
dodiadema  hemisphericum.  N'oublions  pas,  dans  la  série  corallienne, 
la  localité  de  Glos,  qui  a  fourni  à  l'Exposition  ses  belles  trigonies  aussi 
nettement  dégagées  que  des  coquilles  tertiaires  et  toutes  les  précieuses 
espèces  de  petits  gastéropodes,  de  Corbules,  d'Astartes,  etc.,  qui  accom- 
pagnent les  Trigonies. 

Au-dessus  du  corallien  se  montrent  les  couches  puissantes  du  Kini- 
meridge,  et  la  série  exposée  est  certainement  la  plus  riche  et  la  plus 
complète  qui  existe  au  monde.  Partout  où  il  a  été  observé,  l'étage 
kimmeridgien  ne  présente  ordinairement  qu'un  nombre  restreint  d'es- 
pèces, presque  toutes  à  l'état  de  moules  intérieurs  et,  par  cela  même, 
souvent  difficiles  à  déterminer.  Ici,  tout  est  admirable:  la  plupart  des 
coquilles,  les  acéphales  aussi  bien  que  les   gastéropodes,    sont    revêtues 


COTTEAU.   —    L'EXPOSITION    GÉOLOGIQUE   DU   HAVRE  69 

de  leur  test  et  d'une  conservation  qui  ne  laisse  absolument  rien  à 
désirer.  La  série  des  échinides,  avec  ses  magnifiques  exemplaires  de 
Rhabdocidaris  Orbignyana  au  nombre  de  plus  de  trente,  de  Cidaris 
Poucheti,  d'flemicidaris  aux  espèces  variées,  de  Stomechinus  semi-pla- 
centa, de  Pygaster,  d'Holectypus  et  de  Pygurus,  attire  surtout  les  yeux, 
et  je  vous  avoue  que  lorsque  je  suis  arrêté  devant  cette  superbe  vitrine, 
je  m'en  arrache  bien  difficilement,  que  d'espèces  rares  et  précieuses 
dans  la  série  des  mollusques!  Uue  de  types  nouveaux,  et  combien  il 
serait  à  désirer  que  la  Société  géologique  de  Normandie,  comme  elle 
en  a  conçu  le  projet,  pût  en  faire  l'objet  d'une  publication  spéciale  et 
nous  laisser  ainsi  un  souvenir  plus  durable  encore  de  cette  Exposition  ! 

Indépendamment  des  mollusques  nombreux,  on  remarque  dans  les 
vitrines  des  débris  de  poissons  très-abondants,  des  dents,  des  palais, 
des  rayons  dorsaux  aux  espèces  variées,  et,  notamment,  un  Lepidotus, 
le  Lepidotus  laevis  complet.  Les  ossements  de  reptiles  sont  plus  abon- 
dants encore  el  remplissent  plusieurs  vitrines  ;  un  grand  nombre  de 
têtes  et  de  mâchoires  encore  munies  de  leurs  dents  triangulaires  et 
acérées  se  font  remarquer  par  leur  forme  bizarre  et  leurs  dimensions 
colossales.  On  est  arrivé  à  force  de  recherches  et  de  patience  à  recons- 
tituer ces  êtres  étranges,  ces  sauriens  gigantesques  qui,  pendant  la 
durée  de  la  période  jurassique,  ont  établi  leur  redoutable  souveraineté 
dans  toutes  les  mers  qui  couvraient  la  .Normandie;  ils  paraissent  avoir 
atteint  le  maximum  de  leur  développement  à  l'époque  kimmeridgienne. 
Le  Polyptychodon,  à  en  juger  par  les  débris  qui  figurent  à  l'Exposition, 
et  notamment  parle  membre  antérieur  (ou  main)  presque  complet,  exposé 
par  M.  Chesnel,  et  rapproché  de  la  mâchoire  inférieure  et  du  fémur 
gigantesque  qui  sont  au  31  usée,  devait  dépasser  quinze  mètres. 

L'étage  portlandien,  peu  développé  en  Normandie,  fournit  les  espèces 
caractéristiques,  Hemicidaris  Holïmanni,  Echinobrissus  Brodiei,  Trigônia 
gibbosa  et  l'Ammonites  gigas  aux  énormes  proportions  et  qui  occupe, 
autour  du  bassin  de  Paris,  un  si  vaste  horizon. 

Le  terrain  crétacé  n'est  pas  moins  intéressant  que  le  terrain  juras- 
sique. Le  terrain  néocomien  n'existe  pas  en  Normandie,  il  est  représenté 
par  les  sables  ferrugineux  de  la  Hève  et  du  pays  de  Bray,  qui  renfer- 
ment de  précieuses  empreintes  végétales,  des  troncs  de  cycadées,  des 
fruits  de  conifères,  analogues,  ou  à  peu  près,  à  ceux  qui  ont  été  ren- 
contrés sur  d'autres  points  de  la  France,  dans  la  Haute-Marne,  par 
exemple,  et  qui  prouvent,  ainsi  que  l'indique  M.  le  comte  de  Saporta 
dans  sa  très-remarquable  conférence,  qu'au  commencement  de  la  période 
crétacée,  les  terres  émergées  étaient  couvertes  d'arbres  verts  voisins  des 
Abies  et  croissant  en  même  temps  que  des  cycadées  sur  les  bords  des 
bassins  d'eau  douce. 


70  SÉANCES   GÉNÉRALES 

L'étage  aptien,  dont  certains  affleurements  seulement  ont  été  constatés 
en  Normandie,  présente  quelques  fossiles  caractéristiques  ot  notamment 
l'Ostrea  aquila  ;  au  même  niveau  a  été  recueillie  une  tête  d'un  croco- 
dilien  probablement  nouveau. 

L'étage  albien  est  beaucoup  plus  riche  en  fossiles,  et  nous  retrouvons 
une  intéressante  série  d'échinides  au  milieu  desquels  se  distinguent  de 
magnifiques  exemplaires  des  Holaster  bicarinatus,  latissimus  et  même 
suborbicularis,  présentant  encore  adhérents  au  test  leurs  radioles 
iins  et  délicats  comme  des  soies.  Remarquons  en  passant  que  plusieurs 
des  échinides  recueillis  à  ce  niveau,  Holaster  suborbicularis,  Epiaster 
distinctus  et  crassissimus,  etc.,  se  retrouvent  dans  l'étage  cénomanien 
et  établissent  entre  les  deux  étages,  dans  cette  partie  de  la  France,  un 
lien  patéontologique  qu'on  ne  saurait  contester.  Les  mollusques,  les 
gastéropodes,  les  céphalopodes  surtout,  sont  plus  caractéristiques.  Les 
Ammonit:s  inflatus,  splendens,  etc.,  ne  peuvent  laisser  de  doute  sur  la 
place  que  l'étage  occupe  dans  la  série. 

L'étage  cénomanien  remplit  plusieurs  salles  :  pour  le  nombre  et  la 
beauté  des  fossiles  je  ne  puis  le  comparer  qu'à  l'étage  kimmeridgien. 
Je  ne  crois  pas  qu'il  existe  ailleurs  un  ensemble  cénomanien  plus  com- 
plet et  représenté  par  des  exemplaires  plus  parfaits.  J'ai  examiné  plus 
spécialement  les  échinides  :  la  série  régionale  m'a  paru  à  peu  près  com- 
plète ;  de  toutes  ces  jolies  espèces  de  Pseudodiadema,  de  Glyphocyphus, 
de  Cottaldia,  de  Peltastes,  de  Salenia,  de  Goniophorus,  aucune  ne  man- 
que à  l'appel,  et  toutes,  sauf  de  très-rares  exceptions,  m'ont  paru  par- 
faitement nommées.  Je  citerai  parmi  les  espèces  les  plus  rares,  le 
Cidaris  Dixoni,  et  le  Pseudodiadema  Normania\  Parmi  les  mollusques, 
que  d'objets  précieux,  quelles  belles  séries  de  brachiopodes,  quels  beaux 
exemplaires  d'Ostrea  carinata,  de  Pinna  Dehayesi,  de  Peignes,  de  Limes, 
de  Turrilites,  de  Scaphites  et  d'Ammonites  ! 

Les  étages  qui  viennent  au-dessus,  turonien,  sénonien  et  danien  ont 
fourni  un  nombre  d'échantillons  plus  restreint,  mais  ils  n'en  offrent 
pas  moins  un  grand  intérêt,  parce  qu'ils  complètent  la  série  crétacée 
et  que  chacun  nous  montre  les  fossiles  les  plus  caractéristiques. 

Les  terrains  tertiaires  sont  représentés  par  des  fossiles  du  Gotentin, 
de  l'Eure  et  des  confins  de  la  Normandie.  Les  sables  et  grès  du  phare 
d'Ailly,  près  Dieppe,  ont  fourni  de  beaux  exemplaires  de  l'Ostrea  Bel- 
lovacina. 

Le  terrain  quaternaire  nous  olFre  ses  ossements  habituels  et  caracté- 
tisliques,  des  débris  d'éléphant,  de  rhinocéros,  de  cerf,  de  cheval  et  de 
bœuf;  des  fragments  de  côtes  de  baleine  ont  été  recueillis  dans  la  pres- 
qu'île de  Jumiéges. 

La  série  patéontologique  est  complétée  par  deux  collections    parti  eu- 


COTTEAU.    —    L'EXPOSITION    GÉOLOGIQUE    Dr    HAVRE  71 

lières,  qui  n'ont  point  été  confondues  avec  les  autres.  Je  citerai  notam- 
ment la  collection  d'Échinides  Normands  de  M.  Bucaille,  série  très- 
oombreuse,  très-intéressante,  renfermant  un  grand  nombre  de  types 
rares  el  d'autant  plus  précieux  qu'ils  onl  été  décrits  dans  le  remarquable 
travail  que  l'auteur  a  publié  dans  le  Bulletin  de  la  Société  géologique 
de  Sormandie,  sur  les  Oursins  crétacés  de  la  région.  M.  Bucaille  a 
exposé,  en  outre,  une  série  de   Brachiopodes  très-digne  d'être  signalée. 

Deux  salles  sont  en  grande  partie  consacrées  à  l'exposition  de  roches 
de  tous  les  terrains  de  la  Normandie,  depuis  le  granité  jusqu'à  l'époque 
actuelle.  Ces  roches,  exposées  par  la  Société  géologique,  dont  elles  sont 
la  propriété,  complètent  les  séries  paléontologiques. 

Le  temps  me  presse  ;  cependant  avant  de  descendre  dans  les  salles 
de  l'Exposition  préhistorique,  je  voudrais  vous  dire  quelques  mots  de 
toutes  les  cartes,  des  plans,  dessins,  photographies,  sondages  qui  entou- 
rent les  salles  que  nous  venons  de  parcourir.  Je  me  bornerai  à  men- 
tionner la  grande  carte  géologique  de  la  Normandie,  de  M.  Lennier, 
dont  nous  n'avons  encore  qu'un  essai,  mais  qui,  si  elle  peut  être  mis.* 
complètement  à  exécution,  grâce  aux  encouragements  des  Conseils  gé- 
néraux, sera  un  véritable  monument  pour  la  géologie  de  la  .Normandie. 

Mentionnons  encore  de  M.  Lennier  sa  coupe  géologique  de  Villerville 
au  cap  la  Hève,  et  son  plan  géologique  en  relief  de  l'embouchure  de 
la  Seine,  travaux  considérables  et  qui  t'ont  le  plus  grand  honneur  à 
leur  auteur.  Citons  également  les  deux  cartes  géologiques  bien  connues 
des  départements  de  l'Eure  et  de  'a  Seine-Inférieure,  par  M.  Antoine 
Passy;  les  cartes,  les  tableaux,  les  coupes  et  les  sondages  de  M.  Rol- 
land-Banès,  relatifs  à  la  recherche  si  utile  de  la  houille  en  Normandie; 
la  carte  géologique  du  Perche,  par  M.  Bizet  ;  celle  du  canton  de  Dom- 
front,  par  M.  Letellier,  et  dans  une  vitrine  spéciale,  les  nombreux 
ouvrages  de  M.  Eugène  Deslongchamps,  et  notamment  les  deux  pre- 
mières livraisons  de  son  Jura  normand,  œuvre  colossale,  destinée  à 
faire  connaître  successivement  les  stations  fossilifères  jurassiques  les  plus 
intéressantes  de  la  Normandie. 

Au  rez-de-chaussée,  à  droite  en  entrant,  deux  salles  renferment  les 
objets  préhistoriques  recueillis  en  Normandie  et  nous  montrent  que, 
sous  ce  rapport,  la  région  qui  nous  occupe  ne  le  cède  en  rien  aux 
autres  parties  de  la  France  et  que,  dès  l'époque  quaternaire,  elle  était 
habitée  par  des  hommes  qui  ont  laissé  dans  les  couches  du  sol  les  dé- 
bris de  leur  industrie. 

Parmi  les  silex  les  plus  anciens  et  certainement  quaternaires,  nous 
citerons  des  haches  aux  formes  lancéolées  exposées  par  le  musée  de 
Rouen  et  recueillies  dans  la  station  de  Sotteville-lès-Rouen  et  de  Fou- 
carmont,  au  sein  du  terrain  quaternaire  et  du  Lœss.  Je  signalerai   éga- 


74  SÉANCES   GÉNÉRALES 

lement  de  très-belles  haches  taillées  à  grands  éclats,  la  plupart  de 
forme  lancéolée,  trouvées  par  M.  Costard,  à  Olendon,  près  Falaise.  Dans 
cette  même  station  d'Olendon,  se  rencontrent  un  grand  nombre  de 
haches  de  l'époque  néolithique  destinées  à  être  polies,  et  qu'il  est 
toujours  facile,  suivant  M.  de  Mortillet,  de  distinguer  des  haches  qua- 
ternaires, à  leur  forme  plus  étroite,  plus  allongée,  plus  épaisse  et  sur- 
tout à  l'absence  de  patine. 

L'une  de  ces  haches,  à  moitié  polie  et  à  l'état  de  fragment,  présente 
un  trou  subcirculaire  creusé  à  l'aide  d'un  silex  ;  les  pièces  de  cette 
nature  sont  excessivement  rares  en  France. 

Les  silex  de  l'époque  néolithique  ou  de  la  pierre  polie  sont  plus 
abondants,  —  les  deux  centres  de  fabrication  qui  paraissent  les  plus 
importants  sont:  1°  celui  des  Marettes,  près  Londinières,  découvert  par 
M.  Cahingt.  Les  silex  qu'on  y  a  recueillis  se  comptent  par  milliers,  et 
se  composent  en  grande  partie  de  haches  destinées  à  être  polies.  La 
seconde  station  est  celle  de  Lammerville,  près  Bacqueville,  arrondisse- 
ment de  Dieppe.  Là  également  il  existait  un  centre  important  de  fabri- 
cation, mais  les  haches  sont  moins  fréquentes,  et  ce  qui  domine  ce  sont 
les  grattoirs,  les  couteaux,  les  perçoirs,  les  marteaux  qui  servaient  sans 
doute  à  l'écrasement  du  grain.  Beaucoup  d'autres  silex  plus  ou  moins 
polis,  trouvés  isolément  ou  dans  des  stations  moins  importantes  com- 
plètent la  série  et  forment,  au  point  de  vue  préhistorique,  un  ensemble 
très-remarquable. 

Une  vitrine  tout  entière  est  occupée  par  les  ossements  de  cerfs,  de 
bœufs,  de  chevaux,  de  moutons,  trouvés  dans  les  tourbières  relativement 
récentes  de  l'embouchure  de  la  Seine. 

Une  carte,  fort  intéressante,  indiquant  les  stations  paléolithiques  et 
néolithiques  signalées  jusqu'ici  en  Normandie,  des  dessins  parfaitement 
exécutés,  représentant  d'une  manière  très-pittoresque  les  dolmens,  les 
menhirs,  les  allées  couvertes,  dus  à  M.  Bourdet,  aussi  savant  archéo- 
logue qu'habile  dessinateur,  couvrent  les  murs  des  deux  salles  préhis- 
toriques. 

En  face,  à  gauche,  s'ouvre  la  salle  de  la  géologie  appliquée.  Cette 
collection,  qui  n'est  ni  la  moins  intéressante,  ni  la  moins  utile,  renferme 
les  minerais  de  fer  trouvés  en  Normandie,  les  pierres  de  construction 
et  de  pavage,  les  pierres  à  chaux,  les  pierres  à  meules  et  à  repasser, 
les  pierres  lithographiques,  les  terres  à  (tôlerie,  les  terres  employées  à 
la  fabrication  des  produits  céramiques,  avec  des  spécimens  de  fabrica- 
tion à  l'appui,  les  eaux  minérales,  les  roches  exploitées  comme  amen- 
dements pour  les  terres,  etc.,  les  phosphates  de  chaux,  les  engrais 
minéraux,  etc.,  etc. 

Cette  série  de  matériaux  utiles  nous  démontre  une  fois  de  plus    l'im- 


B1AIU». 


VOYAGES    D'ETUDES    AUTOUR    DU    MOND1  73 


portance  el  l'intérêt  de  la  géologie,  et  combien  cette  science  a  des  rap- 
ports étroits  et  constants  avec  le  développement  et  les  progrès  de  l'in- 
dustrie et  Me  l'agriculture. 

J'oubliais  de  signaler  les  cinq  grands  tableaux  paléontologiques  qui 
ornent  l'escalier  de  l'Exposition.  Peints  avec  beaucoup  de  verve  et  de 
talent,  par  M.  Noury,  ils  représentent,  suivant  les  données  actuelles  de 
la  science,  des  scènes  et  des  paysages  de  l'ancien  inonde.  Peut-être 
paraîtront-ils  uu  peu  fantaisistes  aux  géologues,  mais  il  ne  faut  pas 
oublier  qu'une  Exposition  est  faite  pour  tous,  et  qu'avant  de  s'adresser 
à  l'esprit,  il  est  souvent  nécessaire  de  parler  aux  yeux. 


M.  Georges  BIAftD 

]  ieutenont  de  vaisseau,  directeur  de  la  Société  des  voyages  d'études  autour  du  monde 
LA  SOCIÉTÉ  DES  VOYAGES  D  ÉTUDES  AUTOUR  DU   MONDE. 


Messieurs, 

On  s'occupe  beaucoup  de  répandre  l'instruction  élémentaire  dans  les 
classes  inférieures,  et  les  esprits  les  plus  distingués  de  notre  époque 
étudient  cette  importante  question.  Ils  ne  sauraient,  assurément,  s'ap- 
pliquer à  une  tàcbe  plus  noble  ni  plus  utile,  car  c'est  peut-être  de  la 
solution  de  ce  problème  difficile  de  l'enseignement  primaire  que  dépend 
la  stabilité  des  sociétés  modernes.  Cependant,  le  mode  d'instruction  des 
classes  supérieures  a  son  importance  aussi.  Sans  doute,  de  grands  pro- 
grès ont  été  réalisés  dans  celte  voie  ;  mais,  s'il  était  vrai  que  l'éducation 
classique  ne  comportât  pas  tous  les  éléments  d'une  instruction  complète, 
bien  en  harmonie  avec  le  mouvement  actuel  des  idées,  et  s'inspirant 
des  besoins  mêmes  du  pays,  on  viendrait  alors  à  se  demander  s'il  n'y 
aurait  pas  quelque  chose  à  faire  pour  l'amélioration  intellectuelle  des 
classes  élevées. 

Or,  ce  que  l'éducation  classique  ne  donne  pas,  ou  ne  donne  que  bien 
imparfaitement,  c'est  une  certaine  virilité  d'intelligence  qui  amène  les 
réflexions  des  jeunes  gens  à  se  porter  vers  ce  qu'on  appelle  «  les  choses 
sérieuses  »  ;  l'éducation  classique  orne  l'esprit  plus  qu'elle  ne  le  forme, 
elle  ne  fournit  pas  la  transition  nécessaire  entre  la  préparation  à  la  vie 
et  la  vie  elle-même. 

Il  faudrait  donc  créer  un  complément  d'instruction  qui  fût  cette  tran- 


i4  SÉANCES   GÉNÉRALES 

sition,  et,  dans  notre  pensée,  ce  complément  doit  être  un  grand  voyage 
intelligemment  accompli. 

Une  Société  .s'est  formée  récemment  pour  l'organisation  de  ces  voya- 
ges instructifs.  Elle  se  propose  d'exécuter  chaque  année  un  voyage  au- 
tour du  monde  et  a  pris  en  conséquence  la  dénomination  de  Société 
des  Voyages  d'études  autour  du  monde.  L'initiative  de  sa  constitution 
appartient  à  un  groupe  de  fondateurs,  parmi  lesquels  un  certain  nombre 
de  personnes  d'une  haute  notoriété  ont  puissamment  contribué  à  faire 
considérer  cette  tentative  comme  ayant  un  caractère  tout  à  fait  sérieux. 
Il  suffit,  en  effet,  pour  affirmer  ce  caractère,  de  citer  comme  promoteurs 
de  l'entreprise,  MM.  Ferdinand  de  Lesseps,  Dupuy  de  Lôme,  Hipp.  Passy, 
le  vice-amiral  de  la  Roncière,  Alex.  Lavalley  et  Em.  Levasseur,  que 
nous  avons  l'honneur  d'avoir  comme  président  de  notre  section  de  géo- 
graphie pour  cette  session,  et  que  la  Société  des  voyages  d'études 
s'honore  d'avoir  à  la  tête  de  son  Conseil  d'administration. 

Notre  œuvre  n'est  pas,  à  proprement  parler,  une  œuvre  scientifique, 
mais  plutôt  une  vulgarisation  scientifique.  A  ce  titre,  elle  n'intéresse 
peut-être  qu'indirectement  l'Association  française  pour  l'avancement 
des  sciences;  cependant,  il  nous  a  paru  que  les  conséquences  de  sa 
création  pouvaient  être  considérables,  même  au  seul  point  de  vue  de  la 
science  :  c'est  ce  qui  nous  a  engagé  à  vous  en  entretenir. 

Il  nous  faut  remarquer,  d'ailleurs,  que  les  œuvres  de  vulgarisation 
prennent  à  notre  époque  une  place  de  plus  en  plus  grande.  Jamais  l'art 
de  mettre  la  science  à  la  portée  des  gens  du  monde  n'a  été  plus  cultivé 
qu'aujourd'hui.  Peut-être  cette  tendance  a-t-elle  parfois  quelques  incon- 
vénients ;  cependant  ses  bienfaits  sont  tels  que  tous  les  esprits  éclairés 
sont  assurément  d'accord  pour  l'encourager.  C'est  à  cet  égard  qu'on 
pourrait,  en  mutilant  un  mot  célèbre,  dire  :  «  Apprenez  toujours,  il  en 
restera  bien  quelque  chose.  » 

Vous  avez  saisi,  messieurs,  quel  est  l'objet  de  nos  efforts,  quelle  est 
la  pensée  qui  a  conduit  à  la  formation  de  notre  Société. 

J'exposerai  maintenant  d'une  manière  sommaire  le  programme  d'exé- 
cution de  nos  voyages,  et,  pour  fixer  les  idées,  de  celui  que  nous  nous 
proposons  d'entreprendre  en  1878. 

Un  bâtiment,  du  type  de  ces  paquebots  à  grande  vitesse  qui  sillon- 
nent aujourd'hui  toutes  les  mers  du  globe,  sera  armé  spécialement  pour 
être  prêt  à  partir  le  15  juin,  c'est-à-dire  six  semaines  après  l'ouverture 
de  l'Exposition  universelle.  Il  aura  été  pourvu  d'un  matériel  complet 
d'instruction,  sous  forme  de  livres,  cartes,  vues,  instruments,  etc.,  et 
des  professeurs  spéciaux,  chargés  de  cours  ou  de  conférences,  auront  été 
embarqués. 

De  Marseille    il   se  rendra  à  Gibraltar,  puis  à  Madère   et   à  Dakar  ;  à 


G.   BIAIU).  —   VOYAGES   u'kiudes   AUTOUR   l)L    MONDE  75 

partir  de  ce  point,  poursuivant  sa  route;  vois  le  sud,  il  se  rendra  au 
Brésil  et  à  la  Plata,  franchira  le  détroit'de  Magellan,  relâchera  au  Chili, 
au  Pérou,  à  Panama,  et  remontera  jusqu'à  San  Francisco.  Après  une 
longue  relâche  dans  ce  dernier  port,  il  traversera  l'océan  Pacifique 
dans  sa  plus  grande  largeur,  et  abordera  eu  Australie,  ayant  visité  sur 
sa  route  les  îles  Sandwich,  l'Archipel  Fidgi  et  la  Nouvelle-Zélande;  de 
Melbourne,  il  se  rendra  à  Sydney,  à  la  Nouvelle-Calédonie,  puis  au 
Japon:  il  verra  alors  Yokohama,  Osaka,  la  mer  Intérieure;  de  là,  des- 
cendant dans  les  mers  de  Chine,  il  s'arrêtera  à  Shang-Haï,  Hong-Kong, 
Batavia.  La  route  de  retour  est  toute  tracée  :  par  Singapore  et  le  dé- 
troit de  Malacca,  il  atteindra  Calcutta,  fera  le  tour  de  la  péninsule 
Indienne,  relâchant  à  Madras,  Pointe-de-Galle  et  Bombay,  enfin  reviendra 
à  Marseille  par  Aden,  la  nier  Rouge,  le  canal  de  Suez,  Alexandrie  et 
Naples. 

Du  lo  juin  1878  au  1S  mai  1  sTi*,  près  de  quatorze  mille  lieues  au- 
ront été  parcourues.  Cinq  mois  auront  été  employés  par  le  navire  en 
relâches  dans  les  points  les  plus  remarquables  du  monde  entier. 

Quant  aux  voyageurs,  profitant  des  grandes  excursions  organisées  par 
la  Société,  lesquelles  permettent  de  quitter  le  bâtiment  en  un  point  pour 
le  reprendre  plus  loin,  comme  en  Amérique,  dans  l'Inde  et  l'Egypte,  ils 
auront  passé  environ  six  mois  et  demi  à  terre  sur  un  voyage  de  moins 
de  onze  mois. 

La  Société  n'admet  qu'une  seule  classe  de  voyageurs.  Cependant,  les 
prix  de  passage  ne  sauraient  être  les  mêmes  pour  ceux  qui  désirent 
jouir  seuls  de  leur  chambre,  et  ceux  qui  consentent  à  la  partager  avec 
un  ami  ou  compagnon  qu'ils  ont  agréé.  Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue 
que  ces  chambres  sont  presque  toutes  disposées  pour  recevoir  à  l'habi- 
tude quatre  passagers  de  lre  classe,  et  par  conséquent  sont  parfaitement 
confortables  pour  deux  personnes. 

Les  prix  ont  été  fixés  à  23,000  francs  pour  les  voyageurs  retenant 
une  chambre  pour  eux  seuls,  et  17,000  francs  pour  ceux  qui  partagent 
leur  cabine.  Un  petit  nombre  de  chambres  plus  grandes  encore  peuvent 
être  exceptionnellement  occupées  par  trois  personnes,  et  dans  ce  cas  le 
prix  est  de  14,000  francs  par  voyageur. 

Dans  ces  conditions,  la  Société  prend  à  sa  charge  toutes  les  dépenses 
du  voyage,  à  l'exception  de  celles  qui  ont  un  caractère  personnel,  et 
dans  le  détail  desquelles  elle  ne  pourrait  entrer. 

Pour  que  le  voyage  soit  exécuté  dans  de  bonnes  conditions,  il  est 
nécessaire  de  réunir  un  minimum  d'environ  trente  personnes;  quant  au 
maximum,  il  est  surtout  imposé  par  des  conditions,  pour  ainsi  dire  mo- 
rales. La  Société  pourrait  tenir  ses  engagements  en  embarquant  jusqu'à 
une  centaine  de  passagers,   mais  notre  Conseil  est  d'avis  que  le  chiffre 


76  SÉANCES   GÉNÉRALES 

de  70  ne  saurait  être  sensiblement  Mépassé  sans  qu'il  en  résultat  certains 
inconvénients. 

Bien  que  neuf  mois  nous  séparent  encore  de  l'époque  du  départ  et 
que  nos  prospectus,  pour  cette  année,  soient  encore  sous  presse,  la  tête 
de  liste  de  nos  voyageurs  est  déjà  formée,  et  nous  avons  lieu  de  croire 
que,  sous  l'action  d'une  publicité  suffisamment  étendue,  un  nombre  assez 
considérable  d'adhésions  nous  parviendra  prochainement. 

Ayant  constitué  notre  Société  dans  le  courant  du  mois  de  janvier 
dernier,  nous  avons  tout  d'abord  songé  à  partir  cette  année  au  mois 
de  mai;  mais,  ainsi  qu'on  pouvait  le  prévoir,  l'achèvement  définitif 
des  programmes  d'organisation  a  pris  trop  de  temps,  la  déclaration 
de  guerre  en  Orient,  survenue  à  la  fin  d'avril,  a  motivé  une  sérieuse 
appréhension  de  la  part  de  beaucoup  de  personnes  disposées  à  prendre 
part  à  cette  première  expédition,  et  malgré  un  certain  nombre 
d'engagements  reçus,  nous  avons  dû  remettre  notre  départ  à  la  date 
que  je  viens  d'indiquer. 

Je  n'ai  pu,  messieurs,  vous  donner  que  le  cadre  de  l'exécution  de  ces 
voyages,  qui  embrasse  une  infinité  de  détails,  et  a  nécessité  de  longues 
et  sérieuses  études. 

Notre  Société  tient  à  la  disposition  des  membres  du  congrès  scienti- 
fique tous  les  renseignements  qui  peuvent  les  intéresser,  ainsi  que  le 
programme  très-détaillé  des  conditions  du  voyage  de  1878. 

J'aurais  voulu  parler  de  l'intérêt  qui  s'attache  aux  renseignements 
industriels  et  commerciaux  recueillis  dans  cette  grande  tournée  dont, 
à  ce  point  de  vue,  la  rapidité  est  compensée  par  une  organisation  toute 
spéciale.  Je  me  bornerai  à  signaler  l' intérêt  des  collections  d'objets 
d'histoire  naturelle  qui  seront  faites  à  bord,  des  observations  météoro- 
logiques exécutées  dans  des  conditions  particulièrement  favorables,  des 
relations  à  établir  entre  les  sociétés  savantes  de  France  et  celles  de 
certains  pays  éloignés,  enfin,  du  coté  artistique  de  ces  expéditions,  qui, 
s'aidant  en  même  temps  du  crayon  et  de  la  photographie,  auront  créé 
en  quelques  années  un  album  complet  et  exact  des  vues,  des  types 
et  des  monuments  des  pays  visités.  Tout  cela  a  été  étudié,  messieurs, 
mais  le  temps  me  manque  pour  vous  en  entretenir. 

J'appellerai  votre  attention  sur  les  avantages  directs,  immédiats,  de 
voyages  ainsi  organisés,  avantages  dont  la  réalité  assure  le  succès  de 
l'entreprise,  et  je  terminerai  en  indiquant  les  conséquences  que  nous  en 
attendons  dans  un  avenir  prochain,  et  que  vous  avez  assurément  déjà 
pressenties. 

D'une  manière  générale,  et  en  quelque  sorte  positive,  au  point  de 
vue  du  seul  touriste,  l'accomplissement  d'un  voyage  autour  du  monde, 
dans  les  conditions  que  nous  avons  étudiées,  l'emporte  de  beaucoup  sur 


G.    BIARI).    —    VOYAGES    D'ÉTUDES   AUTOUR    DU    MONDE  77 

tout  autre  mode  de  voyage  :  tous  les  éléments  qui  peuvent  assurer  le 
confortable  et  la  sécurité  sont  prévus,  et,  dans  chaque  pays,  les  meil- 
leures recommandations  ainsi  que  les  plus  exacts  renseignements  seront 
mis  à  la  disposition  des  passagers.  Les  soucis  les  plus  fréquents  d'un 
grand  voyage  sont  supprimés  par  la  suppression  des  transbordements, 
des  fatigues,  des  pertes  de  temps  et  des  erreurs  de  toute  nature.  Le 
voyageur  se  sent  entouré,  protégé,  éclairé;  partout  il  va  droit  où  il 
faut  aller  sans  avoir  à  s'occuper  d'autre  chose  que  de  retirer  de  sa  lon- 
gue pérégrination  tout  le  fruit  et  tout  l'agrément  possibles. 

Dans  une  organisation  semblable,  il  trouve  les  bienfaits  et  les  avan- 
tages de  l'association,  sans  avoir  cependant  aliéné  son  indépendance;  car, 
en  chaque  endroit,  il  est  absolument  libre  de  ses  mouvements,  L'hospi- 
talité du  navire  est  toujours  là,  mais  non  plus  banale  et  froide  comme 
celle  d'un  hôtel  ou  même  d'un  paquebot  :  c'est  sa  maison,  son  home, 
comme  disent  nos  voisins  ;  il  en  profite  comme  il  veut  et  quand  il  veut. 

Quels  résultats  auront  ces  voyages? 

J'insisterai  peu  sur  ce  point.  N'est-il  pas  de  toute  évidence  qu'après 
l'achèvement  de  l'éducation  classique,  surtout  dans  un  pays  comme  le 
nôtre,  où  l'habitude  un  peu  trop  invétérée  de  l'internat  prolonge  indé- 
finiment l'enfance,  l'accomplissement  d'un  grand  voyage  constitue,  pour 
un  jeune  homme  destiné  à  jouer  un  certain  rôle  dans  la  société,  la 
meilleure  des  transitions  entre  la  vie  de  collège  et  la  vie  du  inonde  ?  Et 
les  fruits  de  ce  voyage  ne  seront-ils  pas  exceptionnellement  heureux, 
s'il  a  été  exécuté  dans  des  conditions  telles  que  son  jeune  esprit  a 
assez  d'initiative  pour  se  former  un  peu  par  lui-même,  tout  en  lui  im- 
posant un  milieu  assez  sérieux,  une  tutelle  morale  assez  efficace  pour  le 
préserver  des  hasards  et  des  aventures? 

S'il  pouvait  être  nécessaire  de  vous  convaincre,  il  suffirait  sans  doute, 
messieurs,  de  faire  appel  à  vos  propres  souvenirs.  Qui  de  vous  n'a 
connu,  soit  dans  sa  famille,  soit  dans  ses  relations,  un  jeune  homme 
riche,  plutôt  bien  doué  que  mal,  ayant  fait  ses  classes,  incapable  peut- 
ètre'd'une  vilaine  action,  et  cependant  léger,  faible  de  caractère,  entraî- 
nable  comme  le  sont  tous  les  jeunes  gens,  passant  les  plus  belles  années 
de  sa  jeunesse  à  faire  des  sottises  et  déployer  pour  cela  autant  d'in- 
telligence et  d'activité  qu'il  en  eût  fallu  pour  entrer  de  plain-pied  dans 
une  vie  sérieuse  et  honorable?  N'est-il  pas  vrai  que  si,  avant  d'entrer 
dans  cette  existence  de  frivolités  ruineuses;  on  avait  envoyé  ce  jeune 
homme  faire  un  voyage  autour  du  monde  à  la  fois  agréable  et  instructif, 
voyage  qu'il  eût  fait  alors  avec  enthousiasme,  il  fût  revenu  avec  de 
tout  autres  idées,  de  tout  autres  habitudes,  et  prenant  en  pitié  la  mo- 
notonie des  plaisirs  inintelligents  ainsi  que  la  naïveté  de  ceux  qui  s'en 
contentent  ? 


18  SÉANCES  GÉNÉRALES 

Je  m'arrête,  messieurs,  pour  ne  pas  abuser  de  vos  instants.  Je  veux, 
toutefois,  vous  remercier,  en  mon  nom  et  au  nom  de  mes  collègues,  de 
la  bienveillance  avec  laquelle  vous  avez  entendu  cette  communication. 
C'est  une  grande  joie  et  un  grand  honneur  pour  nous  d'avoir  pu,  à 
l'occasion  du  Congrès  scientifique  du  Havre,  vous  faire  connaître  le  but 
vers  lequel  tendent  nos  efforts.  Nous  espérons  qu'ils  vous  paraîtront 
dignes  de  votre  sympathie  ;  car,  dans  une  sphère  plus  modeste,  ils  con- 
courent aussi  à  l'avancement  des  sciences  et  sont,  ainsi  que  les  vôtres, 
uniquement  inspirés  par  une  pensée  de  moralisation,  de  progrès  et  de 
patriotisme. 


SÉANCES    DE    SECTIONS 


1er  Groupe 
SCIENCES  MATHÉMATIQUES 


lrt'  et  2e  Sections 

MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE 
ET  MÉGANIQUE 


Président  d'honneur.  ...    M.  SYLVESTER,    Membre  de  la  Société  Royale    de  Londres,    Profes- 
seur à  l'Université  de  John  H»pkins,  à  Baltimore  (États-Unis). 

Président M.  CATALAN,  Professeur  d'analyse  à  l'Université  de  Liège. 

Vice-Président M.  E.  COLLIGNON,  Ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées. 

Secrétaire M.  Éd.  LUCAS,  Professeur  au  Lycée  Charlemagne. 


:.  HAMOtf  Dl  MOIDESIU 


SUR  LES  NOMBRES  PREMIERS, 


FORMULES  POUR  LE  CALCUL  EXACT  DE  LA  TOTALITÉ  DES  NOMBRES  PREMIERS 
COMPRIS  ENTRE  O  ET  UN  NOMBRE  PAIR  QUELCONQUE  2N. 


—  Séance  du  24  août   1877.  — 


Je  vais  me  proposer  tout  d'abord  d'établir  une  formule  générale  qui 
me  permettra  de  calculer  exactement  et  aussi  rapidement  que  possible 
la   quantité    totale    S  des  nombres    premiers    comprise    entre  O  et  un 


81)  MATHÉMATIQUES,   ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

nombre  quelconque  2N,  en  ne  luisant   intervenir  dans  le  calcul  que  les 
premiers  termes  de  la  suite  des  diviseurs  premiers. 

(a)  3,  5,  7,  11,  13,  17, g, 

q  étant  le    nc  ternie  cle  cette  suite  et   en    même    temps  le    plus  grand 
nombre  premier  contenu  dans  ^N. 
Je  considère  la  suite  des  nombres  impairs  de  1  à  2N  —  1  : 

(b)  1,  3;  5,  7,  9,  11,  13,  15,  17, 2N  —  1, 

dont  le  nombre  de  termes  est  égal  à  N,  et  qui  se  compose  de  nombres 
premiers  et  de  multiples.  Les  multiples  d'un  nombre  premier  quelconque 
p  forment  deux  catégories.  Tout  multiple  de  p  qui  est  divisible  par  un 
nombre  premier  plus  petit  que  p  appartient  à  Ja  catégorie  des  multiples 
inférieurs  de  p.  Tout  multiple  de  p,  qui  n'admet  pas  de  diviseur  pre- 
mier plus  petit  que  p,  est  un  multiple  supérieur  de  p. 

Je  désignerai  par  les  notations  N3,  N5,   X7 Np  ,    la   totalité  des 

multiples  supérieurs  de   3,  de  5,   de  7,  et  en  général  de  p. 

Je  remarque  maintenant  que  la  suite  (b)  ne  contient  aucun  multiple 
supérieur  d'un  nombre  premier  plus  grand  que  q,  que  chacun  des  pre- 
miers de  la  suite  (a)  se  trouve  compris  dans  les  valeurs  de  N3,  Ns,  N7, 

Ng  ,    et  qu'enfin  le   nombre  premier   2    ne  ligure  pas   dans    la 

suite  (a). 

Je  pose  alors  pour  la  valeur  de  S  la  formule  générale  suivantes  : 

(A).         S  =  X-(\3-hN5+N;+ Nq  )  +  n  -f- 1  = 

en  désignant,  pour  abréger,  par  V*  Nq    la  somme  entre  parenthèses. 

Elle  me  donnera  le  nombre  total  des  premiers  compris  entre  U  et  2N, 
y  compris  le  nombre  pair  2. 

Cette  première  formule  ne  pourra  toutefois  être  considérée  comme  une 
solution  du  problème  que  je  me  suis  proposé,  qu'autant  que  je  parvien- 
drai à  calculer,  d'une  manière  sûre  et  rapide,  chacune  des  quantités  qui 

composent    V*    \  . 

Pour  cela  je  vais  développer  le  ternie  général  -\,  en  fonction  du 
nombre  N  et  des  différents  nombres  premiers  qui  précèdent  /;  dans  la 
suite  (a). 

Je  dis  d'abord  que  le  nombre  total  des  multiples  de  p,  contenu  dans 
la  suite  (6),  est  égal  au  nombre  entier  dont   la  valeur  se  rapproche  le 

plus  du  quotient ,  nombre  entier    que   je  désignerai    par    la  nota- 

N 

lion  (  — 

P 


PIARRO.N  DE  MO.NDES1R.  —  SUR  LES  NOMBRES  PREMIERS  Ni 

En  effet,  en  examinant  la  suite  (b),  je  remarque  que  le  premier  mul- 
tiple de  p,  c'est-à-dire  le  nombre  p  lui-même,  y  occupe  le(i— - — ) 

rang,  et  que  les  rangs  occupés  par  les  divers  autres  multiples  de  p,  tels 
que    S.p,     S.p,    l.p.    etc.,    etc.,    sont    représentés     par    les    nombres 

,+fcti,  *+£+!,*+££!,' *,,^ 

Si  donc  je  partage  la  suite  (b)  en  tranches  de  p  termes,  à  partir  de 
la  gauche,  j'obtiendrai  un  certain  nombre  P  de  ces  tranches,  plus  une 
tranche  incomplète  dont  le  nombre  des  termes  sera  R. 

p-f-1 

Si  R  égale  ou  surpasse  — ^ —  ,  il    est    clair  que  la  dernière   tranche 

incomplète    comprendra    le  (P  -f-  l)eme  multiple  de  p,    et  que  si    R    est 

p  + 1 

inférieur  à  ,   cette  dernière  tranche  ne  contiendra  pas  de    mul- 

tiple  de  p. 

Dans  le  premier  cas,  la  valeur  de  l'entier  (  —  ]  sera  P  -|-  1,  et  P  seu- 
lement dans  le  second.  Cet  entier  représente  donc  exactement  le 
nombre  total  des  multiples,  intérieurs  et  supérieurs,  de  p,  contenu  dans 
la  suite  (b). 

Si,  au  lieu  d'un  nombre  premier  p,  je  considère  le  produita.  b.c p, 

a,  b,  c,  etc.,  etc.,  étant  des  nombres  premiers  qui  précèdent  p  dans  la 
suite  (a),  je  démontrerai  par  le  môme  raisonnement  que  la  totalité  des 
multiples  du  produit  a.  b.  c p,  contenu  dans  la  suite  (b),  est  repré- 
sentée par  l'entier  (  — ; ). 

\a.bx p) 

Ceci  posé,   il  est  clair  que  j'aurai,  tout  d'abord, 

puisque  tous  les  multiples  de  3  -sont  des  multiples  supérieurs. 

J'obtiendrai  Ns  en  retrancha  ni,  de  (-^-),  tous    les  multiples  intérieurs 

/  N  \ 
de  5,  c'est-à-dire  l'entier  f  ——  J. 

Je  poserai  donc  en  second  lieu, 

Ns  =  ("B")  ~~  \Sl} 
J'obtiendrai  N7  en  retranchant  d'abord  de   (-i=—  )    tous    les    multiples 

inférieurs  à  deux  facteurs,  c'est-à-dire  la  somme  (-q-^)  4-  (*-«-)•  Mais 

je  remarque  que,  par  le  tait  de  cette  première   opération,  les  multiples 

c, 


84  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  (,É0DÉSIE,  MÉCANIQUE 

de  3,  o,  7  se  trouvent  retranchés  deux  (ois  au  lieu   d'une,  puisque  ces 

/  N  \  /  N  \ 

multiples  sont  contenus  à  la  fois  dans  (-5-^-)  et  dans(-^r).  11  convient 

donc,  pour   rétablir  l'exactitude  de  la  valeur  de  N7,   d'ajouter   l'entier 

N     \ 

),  ce  <jui  donnera  en  définitive  : 


3"    ".-(4-)-(A)-(rr)  +  (i5r> 

Le  nombre  Nu  sera  donné  par  la  formule  : 

MS-fâ+&)+(oî)l 

+  |U.SJl/  +  \3T7TïTy  +  V57rïTj\_  \3.5.7.1lJ' 

/  N\ 
En  eflet,  je  dois  d'abord  retrancher  de  (-rr)  tous  les  multiples  inté- 
rieurs de  11  à  deux  facteurs,  c'est-à-dire  la  somme  (-r-rrl  H-Irr-rr) 

\3.11/    '   V5.ll/ 

/  N  \ 
-f-  (  „  .    )•  Mais,  par  le  fait  de  cette  première  soustraction,  la  totalité  des 

/     N     \ 
multiples    inférieurs    à    3    facteurs,    c'est-à-dire    la     somme    (  \ 

(     N     \      /     N     \ 
+    o  -  , ,  )  +   ■>■  -  , .   se  trouve  retranchée  deux  fois  au  lieu  d'une;  ilcon- 
\3.  /.Il/      \o.  /.Il/ 

vient  donc  d'abord  de  rétablir  cette  somme  par  voie  d'addition.  Je  remarque 

enfin  que  la  totalité  des  multiples  à  4  facteurs,  représentée  par  l'entier 

/       N       \ 

n  „  _  , ,  )  ,  se  trouve  retranchée  3  fois  dans  la  somme  des  multiples  à 
\3.5./.ll/  l 

2  facteurs  et  rétablie  3  fois  dans  la  somme  des  multiples  à  3  facteurs  ;  ce 

qui  fait  que  les  multiples  à  4  facteurs  ne  sont  pas  retranchés  en  réalité. 

Il  convient  donc,  pour  l'exactitude  de  la  valeur  de  Nn,  de  porter  le  terme 

(3T54lî)aVeclcsigne-- 

En  appliquant  successivement  ce  raisonnement  aux  nombres  premiers 
supérieurs  à  11,  j'arriverai  à  la  formule  générale: 

»-^-©-s(S)+sC4î)-sfefei) 
+. 


\n .  b.c. . .  .\)j 
dans  laquelle  a,  b,  c,  etc.,  désignent  des  diviseurs  premiers  plus  petits  que 

p<et 2©'  Zfe)  ZOrfc) ctc-  clc>d^"ei11  la  ,ola- 


PIARRON  DE  MONDESIR.  —  SUR  I.KS  ^OMBRES  PHKMiERS  83 

lité  des  multiples  intérieurs  de  p  à  2  facteurs,  à  3  facteurs,  à  4 
facteurs,  etc.,  etc. 

On  voit  que  le  mécanisme  du  calcul  indiqué  par  la  formule  (B)  est 
très-simple. 

On  voit  aussi  qu'au  moyen  des  deux  formules  (A)  et  (B),  on  peut 
arriver  à  calculer  d'avance  le  nombre  total  des  nombres  premiers  com- 
pris entre  0  et  2N;  en  ne  faisant  intervenir  dans  le  calcul  que  les  n 
premiers  termes  de  la  suite  (a). 

Pour  calculer  N3  une  seule  opération  est  nécessaire.  Il  en  faut  2  pour 
N8,  4  pour.N7,  8  pour  Nu,  et  en  général  2"~<  pour  N,  ,  n  étant  le  rang 
du  diviseur  premier  q  dans  la  suite  (a). 

Le  nombre  des  opérations  va  donc  en  augmentant  suivant  les  termes 
de  la  progression  géométrique  : 

1  :  2  :  22:  23  :  2*  : 2«-<, 

et  croît,  par  conséquent,  très-rapidement  avec  la  valeur  de  n. 

Au  premier  abord,  les  calculs  paraissent  inextricables;  mais  en  fait, 
ils  vont  se  trouver  considérablement  réduits  par  l'évanouissement  de 
tous  les  entiers  dont  la  valeur  est  inférieure  à  l'unité. 

Pour  en  donner  tout  de  suite  un  exemple,  je  citerai  le  résultat  de 
l'application  de  la  formule  (B)  au  cas  de  2N  =  1,000,  application  qu'on 
trouvera  plus  loin.  Dans  ce  cas  n  =  10,  et  le  nombre  total  des  termes  de 

X]  N?   serait   égal  à  1,023,  si  aucun    terme    ne   s'évanouissait.  Or,  en 

fait,  le  nombre  des  entiers,  égaux  ou  supérieurs  à  l'unité,  qui  entrent 
dans  le  calcul,  se  trouve  réduit  à  86. 

Une  observation  très-importante  à  faire,  au  point  de  vue  de  la 
rapidité  des  calculs,  tels  qu'ils  sont  indiqués  dans  la  formule  (B),  est 
celle-ci  : 

Si   P   est  l'entier   représenté  par  (— -),  l'entier  ( )  -sera  égal  à 

l'entier  i ),  a  étant  un  nombre  impair  quelconque. 

En  effet,  on  a  exactement  : 

i  =  p+-2-, 

p  p 

H  étant  un  nombre  positif  ou  négatif  plus  petit  que 
On  aura  aussi  exactement  : 

2L  =  -L  +  JL=£J\1JL+'JL 

ap  a  ap  \  a  /  a      '      ap 


p  +  1 


B'  étant  un  nombre  positif  ou  négatif  plus  petit  que 


a  +  t 


84  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GEODESIE,   MÉCANIQUE 

11    s'agit   ici  de  démontrer   que  la  somme 1 —  est  toujours 

1 

plus  petite  que  —,  quels  que  soient  les  signes  de  R  et  de  R'. 

Il   est  évident  que  le  maximum  positif  ou   négatif  de  cette  somme 
correspond  au  cas  où  R  et  R'  sont  de  mêm»1  signe  et  prennent  leurs 

valeurs  maxima,  qui  sont  :  R  =        . et  IV  = . 

1  2  2 

Le  maximum  de  la  somme  considérée  est  donc  en  valeur  absolue  : 

a  —  1      ,      p  —  1  ap  —  1  4  1     • 

2a        ~l         2ap  2a/>  ~2  2ap~' 

1 

c  est-à-dire  moindre  que  — . 

Il  résulte  de  là  que  l'entier  ( )  est  bien  celui  qui  se  rapproche  le 

N 

plus  de  la  valeur  exacte  du  quotient . 

a.p 

Donc,  si  (  —  J  =  P,  on  aura  exactement  : 

Cette  relation  a  son  importance  au  point  de  vue  des  calculs.  On 
comprend,  en  eiïet,   que  l'entier  P  étant  calculé  d'abord,  le  calcul  de 

(  —  J  sera  beaucoup  plus  rapide  que  celui  de  ( j. 

Pour  mettre,  tout  de  suite,  ce  fait  en  évidence,  je  prends  le  cas  de 
N  =  100,000  et  de  p  =  13.  J'obtiendrai  successivement  en  appliquant 
la  formule  (c)  : 


)= 7,692, 


100,000 

13 
100,000  \        /  7,092 


/  100,000  \         /  7,092  \ 
V    11   13    )~'Z\      Il 

(- 


699, 


100,000  \        ,   G99 


t. M.  13  J        \    7    ) 
I    100,000    \__(  n>()  \  _  o0 

\  o. 7. 11. 12  )  "  \    S    )  ~ 

/       100,000      \         /_20  \  _  7 

\  3.5.7.11.13  )"\   3    )  ~ 
Je  vais   maintenant  faire  quelques  applications  des  formules  (A),  (B) 
et  (C). 

1te  application, 
m  =  100;  N  =  50;  q  =  ";  n .  =  3. 


PIARRON  DE  MONDE  SIR.  —  SUR  LES  NOMBRES  PREMIERS  85 

Formule  (A)  S  =  50  -  ^Sq  +  3  +  1  =  54  -  Vn, 


'?• 


M4-)= ri 

N.=  (4.)_(^)  =  ,o-a= ; 

^-m-(À)-(&)-Ka,H-?«-.^--_4 

ZN*= 28 

Donc  :  S  =  54  —  ^\\7  =  54  —  28  =  26. 

On    trouve  ainsi  26    nombres  premiers  entre  0  et   100,   ce    qui   est 
conforme  aux  tables. 

2e  application. 
2N  =  1,000;  N  =  500;  7  =  31  ;  n  =  10. 

Formule  (A)       S  =  500  —  ^>\\7  +  10  +  1  =  511  —  ^q  . 

N,  .=  .' 16"i 

N3  =100—  33  = 67, 

N,  =  71  —  (24  +  14)  +  5  = 38, 

NljL  =  45  —  (15  +  9  -f  6)  +  (3  +  2  +  1)  = 21. 

N13  =  38  —  (13  +  8  +  5  +  3)  +  (3  +  2  -f  1  -f-  1  +  1)  =  17, 

N„=  29  —(10  +  6+  4  +3  +  2)  +(2  +1+1  +1  +  1  +  1)=  11, 

N19  =  26  _(9+5+4+2+2+2)+(2  +  l  +1+1+1  +  1)=  9, 

N23=  22 -(7 +  4  +  3  +  2+2+ 1+1+ (1+1  +  1  +  1+1)  =  7, 

X,„  =  17  -((3  +  3  +  2+2  +  1  +  1  +  l  +  l)  +  (l+l+l)=  3, 

NS1  =  16 -(5  +  3  +  2  +  1 +1+1+  !  +  l  +  l)+(l+l)  = 2, 

2^7 342. 

Donc  :  S  =  511  —  2N<?  =  511  -  342  =  m 

Le  calcul  donne  ainsi  169  nombres  premiers  entre  0  et  1,000,  ce  qui 
est  d'accord  avec  les  tables. 

3e  application. 
2N  =  10,000;  N  =  5,000;  q  =  97  ;  n  =  24. 

Formule  (A)      S  =  5,000  —  ^N?  +  24  +  1  =  5,025  —  ^N?  ■ 

Le  calcul  de  VN,  ,  suivant  les  formules  (B)  et  (C),  est  résumé  dans 
le  tableau  ci-après  : 


MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 


V 

(t) 

Zj\  a.p  ) 

w    N  \ 

y(  N  ï 

Np 

Zj\  a. b 

v) 

^\  a.b.c.p  J 

+ 

— 

+ 

— 

3 

1,667 

» 

» 

» 

1,667 

5 

1,000 

333 

» 

» 

667 

7 

714 

381 

48 

» 

381 

il 

455 

308 

65 

4 

208 

13 

385 

295 

79 

9 

160 

17 

294 

249 

78 

12 

111 

19 

263 

238 

83 

13 

95 

23 

217 

207 

79 

12 

77 

29 

172 

171 

68 

9 

60 

31 

161 

166 

70 

8 

57 

37 

135 

143 

60 

5 

47 

41 

122 

131 

55 

4 

42 

43 

116 

131 

57 

4 

38 

47 

106 

121 

52 

3 

34 

53 

94 

109 

45 

2 

28 

59 

85 

101 

42 

2 

24 

61 

82 

98 

39 

1 

22 

07 

75 

91 

35 

1 

18 

71 

70 

84 

31 

1 

16 

73 

68 

85 

31 

1 

13 

79 

63 

80 

28 

1 

10 

83 

60 

77 

27 

1 

9 

89 

56 

72 

24 

1 

7 

97 

52 

68 

20 

» 

4 

* 

S*  •    . 

3,795 

Donc  :  S  =  5,025  —  3,795  =  1 ,230. 

On  trouve  ainsi  1,230  nombres  premiers  entre  0  et  10,000,  résultat 
d'accord  avec  les  tables  de  Burckardt. 

J'ai  poussé  plus  loin  les  applications;  mais,  comme  les  opérations 
indiquées  par  la  formule  (B)  deviennent  assez  laborieuses  au  fur  et  à 
mesure  que  2N  augmente,  j'ai  reconnu  qu'il  était  alors  avantageux  de 
transformer  la  formule  (A),  comme  je  vais  maintenant  l'indiquer. 


PIARR0N  DE  MONDESIR.  —  SUB  LES  NOMBRES  PREMIERS  87 

Première  transformation.  —  On  peut  écrire  cette  formule  de  la 
manière  suivante  : 

(A)  S  =  N  -  S  (JL)  +  Q  +  V  +  n  +  1. 

On  commence  ainsi  par  retrancher  de  la  valeur  de  N  la  totalité  des 
multiples  à  une  seule  lettre. 

Il  en  résulte  que  chaque  multiple  de  2  lettres  se  trouve  retranché 
2  fois,  chaque  multiple  de  3  lettres  3  fois,  et  ainsi  de  suite,  tant  qu'on 
ne  fait  entrer  dans  la  formation  de  ces  multiples  aucun  nombre  premier 
supérieur  à  q. 

Pour  rétablir  l'exactitude  de  la  valeur  de  S  en  ce  qui  concerne  cette 
première  catégorie  de  multiples,  on  représente  leur  somme  par  Q. 

On  représente  d'autre  part  par  V  la  somme  des  multiples  dans  la  for- 
mation desquels  entre  un  nombre  premier  plus  grand  que  q.  Cette 
dernière  catégorie  ne  comprend  que  des  multiples  de  3  lettres  au  moins. 

La  valeur  de  Q  s'obtient  en  faisant  le  calcul  de  tous  les  multiples, 
dont  la  valeur  est  inférieure  à  2N,  et  qu'on  peut  obtenir  en  permutant 
ensemble  les  n  nombres  premiers  de  la  suite  (a). 

On  divise  ces  multiples  en  séries  : 

2e  degré.  —  Série  unique a';>' 

(Tous   les  termes    de    cette    série    entrent  dans  le  calcul  de  Q;  leur 

nombre  est  n  (n —  Q- 

9. 


3e  degré.  —  Série fl2&>" 

Id abc- 

4e  degré.   —  Série..  ' "'''•' 

id ^; 

id «2^c; 

Id abcd; 

5e  degré.  —  Série a4"> 

Id «3&2; 

Id asbc; 

Id aWc; 

Id a^bcd: 

Id. abcde: 

(je  degré.  —  Série a*°l 

Id. ■    •  «462; 


Le  nombre  des  termes  des  séries  de  3  lettres  doit  être  multiplié  par 
2;  celui    des    séries   de  4  lettres  par  3,  et  ainsi  de  suite.  En  général, 


88  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,   GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

chaque  multiple  de  y.  lettres  se  trouvant  retranché  x  fois  dans    sa  va- 
leur de   *y\{  —  ),  doit  être  rétabli  a— I    fois  dans  la  valeur  de  Q. 

La  valeur  de  V  s'obtient  en  permutant  les  n  nombres  premiers  de  la 
suite  (a)  avec  un  certain  nombre  de  premiers  plus  grands  que  q.  Ces 
permutations  sont  de  3  lettres  au  moins,  telles  que  a,  b,  r,  a  et  6  re- 
présentant deux   premiers   de  la  suite  (a),  et  r  un  premier  plus  grand 

que  q.   Ce  multiple   a.    b.    r   existe    à  la    fois    dans    ( — )    et    dans 

/  N  \ 

(  — - — 1;  il   se  trouve   donc   retranché  deux   lois  au  lieu  dune,  et  c'est 

pour  cette  raison  qu'il  convient  de  le  rétablir  dans  la  valeur  de  V. 

S'il  existait  entre  1  et  2  N  —  1  un  multiple  à  4  lettres  tel  que  a.  b.  c.  r, 
il   faudrait  le  porter  deux  fois  dans  la  valeur  de  V,   attendu    qu'il   se 

trouverait  compris  trois  fois  dans  la  valeur  de   ^  (  —  ) . 

Il  est  clair  d'ailleurs  que  les  divers  premiers  supérieurs  à  q  ne  peu- 
vent entrer  dans  le  calcul  qu'un  à  un,  puisque  le  carré  de  celui  de  ces 
nombres  qui  suit  immédiatement  q  dans  la  suite  des  nombres  premiers 
est  supérieur  à  2  N. 

Tel  est  le  mécanisme  de  cette  première  transformation  qui,  du  reste, 
ne  saurait  offrir  aucun  avantage  pour  la  simplification  des  calculs,  et 
que  j'ai  décrite,  avec  quelques  détails,  uniquement  dans  le  but  de  bien 
fixer  le  lecteur  sur  le  rôle  des  deux  quantités  Q  et  V. 

Deuxième  transformation.  —  On' l'obtient  en  écrivant  la  formule  (X) 
ainsi  qu'il  suit  : 

(A,)  S  =  N-2(4)  +  Z(£r)  +  0  +  V  +  »  +  1. 


Il  résulte  de  cette  seconde  transformation  qu'on  a  d'abord  retranché 
tous  les  multiples  à  une  seule  lettre  de  la  valeur  de  N,  et  qu'on  a  ensuite 
rétabli  tous  les  multiples  de  3,  lesquels  se  trouvaient  retranchés  2  fois. 

Les  valeurs  de  Q  et  de  V  ne  doivent  plus  comprendre  dès  lors  les 
combinaisons  dans  lesquelles  entrait  le  facteur  3.  Leur  calcul  se  trouvera 
donc  simplifié  d'autant. 

Toutefois,  cette  seconde  tranformation  n'offre  pas  encore  d'avantages 
appréciables  pour  la  simplification  des  calculs. 

Troisième  transformation.  —  On  peut  éliminer  des  calculs  de  Q  et 
de  V,  les  deux  facteurs  3  et  o,  en  écrivant  : 

w.=«-Z(î)  +  Z(£)  +  Z(£) 


P1AKK0N  Dh   MONDESIB     —  SUB  LES  SOMBRES  PRE.MIEBS  <S9 

Quatrième  transformation.  —  On  peut  éliminer  les  3  facteurs  3,  •>  et 


+  Z(ra)+°+v+"+r 


Dans  cette  dernière  formule,  a  prend  successivement  les  3  valeurs  3, 
S  e1  7,  et  le  produit  ab  les  3  valeurs  3.5,  3.7  et  o.7. 

On  peut  ainsi  transformer  la  formule  (A)  à  volonté,  en  faisant  dispa- 
raître du  calcul  de  Q  et  de  V  autant  de  facteurs  premiers  qu'on  vou- 
dra, en  commençant  par  la  gauche  de  la  suite  (a). 

Aucun  premier  supérieur  à  q  n'intervient  dans  le  calcul  de  Q;    mais 

une  série  plus   ou    moins  longue  de  premiers  supérieurs  à  q  intervient 

dans    le  calcul    de    Y.    Le  dernier  v   de   ces  nombres  supplémentaires 

-2  \ 
est  le  plus  grand  premier  contenu  dans  — .,   pour  la  formule  (AJ,  dans 

■ > .  •  > 

2  N  2  N 

z-=,  pour  la  formule  iA,i,  dans  =ttt,  pour    la    formule    (A8),    et  dans 

o .  /  /.il 

2N 

— — — ,  pour  la  formule  (A4). 
11.13 

C'est,  du  reste, comme  on  le  comprend  a  priori,  l'intervention  de  ces 
nombres  premiers  supplémentaires  qui  simplifie  les  calculs  dans  le  cas 
où  2N  devient  très-grand. 

La  formule  (A3)  m'a  permis  de  calculer  la  totalité  des  nombres  pre- 
miers compris  entre  0  et  100,000.  La  formule  (At)  m'a  permis  d'aborder 
le  même  calcul  entre  0  et  1,000,000. 

Je  donne  ci-après  les  résultats  de  ces  deux  applications. 

4aw  application. 

2  N  =  100,000;  N  =  o0,000;  q  =  313;  «  =  1,297;  n=64. 

Formule  (A3). 
Les  calculs  donnent  : 

N 


E{j)  = ™-m 

Z(t?)  = ,9'819 

Z(£)= 9-891 

E{zh)  =  -    ••' 'Jfl 

29,710  79,420 
49,710 


90  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉGANIQUE 

La  formule  (A3)  devient  ainsi  : 

S  =  50,000  — .49,710+ Q  +  V  + 64+1  =  355  + Q  +  V. 

Calcul  de  Q.  —  Série  ab.  —  ^  X  61  = 1,891 

2 

Id.     a2b 487 

ïd.     abc— 2,578X2= 5,156 

Id.     asb 92 

Id.     a2b2 17 

Id.     a26c  — 273x2  = 546 

Id.     abcd  —  106x3= 318 

Id.     a'b 9 

Id.     asb2 4 

Id.     à?bc  —  6X2  = 12 

M.     a-b-c  —  2x2  = 4 


Total  de  Q 8,536 

Calcul  de  V.  —  Série  abc • 702 


Total  de  Q+V 9.238 

Ce  qui  donne  en  résumé  : 

S  =  355  +  9,238  =  9,593. 
pour  le    nombre   des  premiers  compris  entre  O  et  100,000.  J'ai  trouvé 
ce  résultat  conforme  à  la  table  de  Burckardt;  toutefois  Legendre,  dans 
sa  Théorie  des  nombres,  donne  le  chiffre  de  9,592. 

5""'  application. 

2 N  =  1,000,000;  N  =  500,000;  g  =  997;  v  =  0,991;  n  =  I67. 

Formule  (At). 
Les  calculs  donnent  : 

2(y)  = m-m 

Z(£)  = 116-483 

Z(£)  = • ^,000 

2(ïfc)  = 38'828 

2(07)  = 24'34° 


PIARRON  I)i:  MONDESJR.  —  SUR  LES  NOMBRES  PREMIERS  91 

Z(e£?)  = 14'60"2 

Z(ixW)= _^.7 

421,827  926.856 

La  formule  (A4)  devient  alors  : 

S  =  500,000  — 505, 029  + Q  +  V+ 167  +  1  =  —  4,861  +  Q  +  V. 

Calcul  de  Q.  —  Série  ab — = 13,366 

Id.  a?b 2,212 

1,1.  abc— 25,474x2.  .       50,948 

Id.  a*b 318 

Id.  a26! 56 

Id.  a26c— 1,867x2  = 3,734 

Id.  abcd— 4,646x3  = 4,938 

Id.  a'b 21 

Id.  a*b2.  .    .* 10 

Id.  tfbc  —  35x2 70 

1,1.  a-b-r  —  19x2 38 

Id.  a2bcd  —  17X3 51 

Total  de  Q 75,762 

Calcu    de  V.  —  Série  abc 7,589 

Total  de  Q-j-V 83,351 

Ce  qui  donne  en  définitive  : 

S  =  —4,861+83,351  =  78,490, 
pour  la  totalité  des  nombres  premiers  compris  entre  O  et  1,000,000. 

J'avoue  qu'après  avoir  eu  la  patience  de  faire  les  calculs  dont  je  donne 
ici  le  résumé  et  de  les  vérifier  avec  tout  le  soin  possible,  je  n'ai  pas  eu 
celle  de  compter,  dans  la  table  de  Burckardt,  la  totalité  des  nombres 
premiers  contenus  dans  le  premier  million. 

Je  constate  seulement  que  le  chiffre  de  78,490,  que  je  donne  ici,  est 
inférieur  de  3  unités  au  chiffre  de  78,493  donné  par  Legendre  dans  sa 
Théorie  des  nombres. 

Je  n'ai  pas  poussé  plus  loin  les  applications  ;  mais  j'estime  qu'on 
pourrait  le  faire  facilement  en  transformant  convenablement  la  formule 
générale  (A). 

Cette   étude   date    de    1864.  Je   l'ai   gardée  jusqu'à  ce  jour  en  porte- 


92  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSJE.  MÉCANIQUE 

feuille,  n'y  attachant  pas  plus  d'importance  qu'elle  n'en  mérite.  C'est 
l'hospitalité  libérale  qu'offre  aujourd'hui  Y  Association  française  pour 
l'avancement  des  sciences  aux  ouvrages  les  plus  importants,  comme  aux 
œuvres  les  plus  modestes,  qui  m'a  déterminé  à  lui  soumettre  mon 
travail. 


M.   Edouard  COLLIOON 

Ingénieur  en  cher  des  ponts  et  chaussées. 


RECHERCHES  SUR  LE  MOUVEMENT  ÉPICYCLOIDAL. 


—  Séance  du  :J  !  août   Isa.  — 

Le  problème  que  nous  nous  proposons  de  résoudre  consiste  à  réaliser 
le  mouvement  donné  d'un  point  dans  un  plan,  à  l'aide  d'un  mou- 
vement épicycloïdal  satisfaisant  à  l'une  des  deux  conditions  suivan- 
tes :  ou  bien,  que  la  vitesse  angulaire  de  la  courbe  roulante  soit 
constante,  on  bien,  que  la  courbe  roulante  applique,  en  temps  égauùc  des 
arcs  égaux  sur  la  courbe  fixe  qui  lui  sert  de  directrice,  ce  qui  revient 
à  assigner  une  vitesse  linéaire  constante  au  point  géométrique  par  lequel 
ces  deux  courbes  se  touchent. 

Rappelons,  en  commençant,  comment   on  résout    le  problème  inverse 
des  épicycloides,    qu'on   peut    formuler   en    ces    termes  :   trouver    une 
courbe  R  telle,  qu'en  la  faisant  rouler  sur  une  courbe  fixe  donnée  D.   un 
point  A  invariablement  lié  à  la  courbe  mobile  engendre 
une  autre  courbe  donnée  L.  La  courbe  R  est  la  courbe 
roulante,   la  courbe  D  est  la  directrice,  enfin  la  ligne 
L  est  Y  épicycldide .    La  solution  consiste  à  mener  les 
normales  AB  à  la  ligne  L;  chacune  passe  par  le  centre 
Fig.  i.  instantané  correspondant  de  la  courbe  roulante,  c'est- 

à-dire  par  le  point  de  contact  B  des  lignes  R  et  D  ; 
on  exprimera  ensuite  la  longueur  du  segment  AB  =  r  en  fonction  de 
l'angle  \i.  =  ABC,  que  ce  segment  fait  avec  la  tangente  commune,  BC, 
aux  deux  courbes.  Si  l'on  exprime  par  l'équation 

tang  \).  =  f  (r) 

la  relation    qui    lie   L'angle  p  à  la   Longueur  /•.  l'équation    de  la  courbe 
cherchée  sera,  en  coordonnées  polaires, 


E.  COL!  [GNON.  —  RECHERCHES  SUR  LE  MOUVEMENT  ÉPICYCLOIDAL  A3 

r 

Le  point  A  qui  décrit  la  courbe  L  est  le  pôle  du  système  de  coor- 
données auquel  est  rapportée  la  courbe  cherchée  R.  Il  est  aisé  de  recon- 
naître, d'après  cette  équation,  L'égalité  des  arcs  correspondants  des 
courbes  R  et  D. 

Etant  donné  le  mouvement  du  point  A  qui  parcourt  la  trajectoire 
plane  L,  nous  aurons  à  chercher  quelle  courbe  directrice  D  il  faut 
y  associer  pour  satisfaire  à  la  condition  imposée  au  mouvement 
épicycloïdal .  Cette  courbe  D  une  fois  connue,  on  en  déduira  la 
courbe  roulante  en  appliquant  la  méthode  que  nous  venons  de 
rappeler . 

Occupons-nous  d'abord  de  faire  décrire  au  point  A  une  ligne  droite 
0\,  en  laissant  de  côté  toute  considération  de  temps  et  de  vitesse. 
Alors  toute  courbe  D  peut  servir  de  directrice.  Prenons  la  droite  décrite 
par  le  point  A  pour  axe  des  .v,  et  rapportons  la  courbe  D  aux  axes 
rectangulaires  OX,  OY;  soit 

(1)  F  (x,  y)=o 

sou  équation.  Suivons  la  régie  :  pour  cela,  menons    les  normales  AB  à 

l'épicycloïde    OX,    ce  seront    les  ordonnées  de   la  courbe  D;   l'angle  p. 

doc 
correspondant  est  l'angle  dont  la  tangente  est  — .  On  a  donc  à   la  fois 

dy 

r  =  y-, 

et 

rdb         d.r 
dr         dy' 
d'où  l'on  déduit  rdQ  =  ydH  =  d.r. 

Différentions  l'équation  (1),  ce  qui  donne 

(2)  Tx  d,  +  Tydy=  o. 

Dans  cette  équation  (2),  remplaçons  dx  par  ydb,  puis  éliminons  x 
entre  l'équation  résultante  et  l'équation  (1).  L'équation  finale,  qui  ne 
contiendra  plus  que  y  et  0,  sera  l'équation  différentielle  de  la  courbe 
roulante,  équation  dans  laquelle  y  désignera  le  rayon  vecteur  et  6  l'angle 
polaire;  il  restera  à  l'intégrer. 

Le  résultat  de  cette  recherche  est  donc  une  courbe  R  rapportée  à  ses 
coordonnées  polaires,  dont  les  arcs  sont  égaux  à  ceux  de  la  courbe 
donnée  D,  et  dont  la  rectification  s'opérera  par  la  même  formule 
analytique . 

Les  rayons  de  courbure  de  ces  deux  courbes  R  et  D  sont  liés  ensem- 


Fie.  2. 


94  MATHÉMATIQUES.   ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,   MÉCANIQUE 

ble  par  la  construction  de  Savary  (1).  Soient  P  le  rentre  de  cour- 
bure au  point  B  de  la  courbe  fixe  1),  situé  quelque  part  sur  la  nor- 
male B\ 

P'  le  centre  de  courbure  au   môme  point  de  la    courbe  mobile,  situé 
sur  la  même  normale; 
A  le  point  décrivant; 

x  le  centre  de  courbure  en  ce  point  de  l'épiey- 
cloïde  ; 

BS  une  droite  élevée  au  point  B  perpendiculaire- 
ment à  la  droite  BA,  qui  joint  le  point  mobile  A 
au  centre  instantané  B. 

La  construction  de  Savary  se  résume  dans  cette 
propriété  que  les  droites  AP  ,  Pa  et  BS  concourent 
en  un  même  point. 

Ici  l'épicycloïde  étant  une  droite,  son  centre  de 
courbure  a  est  rejeté  à  l'infini  dans  la  direction  BA 
prolongée.  La  droite  Pa  est  donc  parallèle  aux 
ordonnées  de  la  courbe.  Elle  coupe  la  droite  BS  en  un  point  S,  qu'il 
suffit  de  joindre  au  point  A  ;  la  droite  SA,  prolongée  s'il  est  nécessaire, 
coupera  la  normale  BN  au  point  P',  centre  de  courbure  de  la  courbe 
roulante. 

Exemples.  —  1"  parabole,  y2=ia.r. 

On  difïérentiera  l'équation  de  la  courbe,  ce  qui  donne 

ydy  =  2adx, 
ou  bien,  en  remplaçant  dx  par  ydb  et  en  supprimant  le  facteur  y, 

<ly=2adl) 

ou  enfin 

y  =  2a(6  — 60), 

équation  qu'on  peut  réduire  à  >-=r:2a0,  et  qui  représente  une  spirale 
d'Archimède;  la  sous-normale  polaire  de  cette 
courbe  est  constante  et  égale  à  "2a,  sous-normale 
de  la  parabole.  Pour  avoir  le  rayon  de  courbure 
de  la  spirale  d'Archimède  BA,  on  commencera  par 
déterminer  le  centre  de  courbure  P  de  la  para- 
bole; par  la  construction  connue  ;  puis  on  mènera 
BS  parallèle  à  l'axe  de  la  courbe,  PS  perpendi- 
culaire, et  joignant  AS,  on  aura  le  point  P',  cen- 
tre de  courbure  de  la  spirale. 


Fig.  :i. 


i    Rappelons  ici  que    la  construction  dite      <   Saoary  est  on  réalité  due  a    i  uler.  n  us  nous 
informons  à  l'usage  en  l'appelant  construction   de  Savary, 


£.  COLLIGNON.   —  RECHERCHES  SUR  LE  MOUVEMENT  ÉPICVCLOIDAL  Oo 

2°  Chainette, 
L'équation  correspondante  sera 


a2      y*d& 


r    y 


ou  bien 


Si  l'on  fait  n  — on  en  déduit  d%  7=d^ 

cos  -r , 

et,  par  suite,  on  aura  l'équation  de  la  ligne 
roulante  en  posant  Fig.  >>■ 

a 
^      cos  0. 

Cette  ligne  est  donc  une  droite  éloignée  à  la  distance  a  du  pôle  ou  du 
point  décrivant.  C'est  la  droite  IK,  tangente  au  sommet  l  de  la  courbe, 
qu'il  faut  faire  rouler  sur  la  chaînette  ;  elle  entraîne  le  point  0, 
qui  lui  est  invariablement  lié,  et  qui  décrit  dans  son  mouvement  la 
droite  OX. 

Ce  mode  de  génération  fait  retrouver  des  propriétés  de  la  courbe. 
Quand  l'angle  droit  OIK  est  arrivé  dans  une  position  quelconque  BFA, 
on  a  BF  =  arcIB,  et  FA  =  Ol:=a.  Pour  déterminer  le  centre  de  cour- 
bure P  de  la  chaînette  au  point  B,  on  observera  que  le  centre  de  cour- 
bure P'  de  la  courbe  roulante,  qui  est  ici  une  droite,  est  éloigné  à  l'in- 
fini sur  la  normale  BN;  donc  la  droite  AP'  est  parallèle  à  BN,  et  le 
point  S  est  situé  à  l'intersection  des  droites  BS,AS,  menées  par  les 
points  B  et  A  parallèlement  à  l'axe  des  abscisses  et  à  la  normale.  On 
n'aura  plus  qu'à  mener  SP  parallèle  à  l'ordonnée.  On  en  déduit 


PB  =  SA 


\t       a. 


On  trouverait  de  même  qu'à  la  cycloïde  allongée,  représentée  par  les 
équations 

cc  =  a(0  —  csin  6), 

y  =,  a  (1  —  c  cos  6) , 

correspond  la  courbe  roulante  r  =  a  (1  —  c  cos  6);  qu'à  Y  exponentielle 
y  =  Aex,  correspond  la  spirale  hyperbolique  rh  =  —  1;  qu'à  la  loga- 


96  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

rithmique  y  =lx,    correspond    la    courbe    représentée  en  coordonnées 

polaires  par  l'équation 

er  dr 

rfG=  » 

r 

ou  par  l'ensemble  des  deux  équations 

r  =  L  ce, 

'dx 

Ix 


=  f- 

J   l 


expression  dont  l'intégrale  ne  saurait  être  exprimée  en  termes  finis; 
qu'à  la  ligne  droite  y  =  ax  correspond  la  spirale  logarithmique  y=  ea6; 
la  construction  de  Savary,  appliquée  à  ce  dernier  cas  particulier,  rejette 
à  l'infini  les  trois  points  P,  a  et  S,  et  montre  que  le  point  P,  centre  de 
courbure  de  la  spirale  logarithmique,  coïncide  avec  l'extrémité  N  de  la 
sous-normale  polaire . 

Ces  préliminaires  posés,  revenons  à  nos   problèmes  de  mouvement. 

§  1er.  —  Mouvement  rectiligne.  —  Premier  problème. 

l\ous  chercherons  d'abord  à  réaliser  au  moyen  d'un  mouvement  épi- 
cycloïdal  un  mouvement  rectiligne  donné,  défini  par  l'équation 

il)  x=f(t). 

Nous  prendrons  la  droite  parcourue  parle  point  mobile  pour  axe  des 
abscisses  ;  et  le  problème  consistera  à  chercher  une  courbe  directrice  D 
telle  que  le  pôle  de  la  courbe  roulante  correspon- 
dante suive  l'axe  des  x  en  satisfaisant  à  la  loi  du 
mouvement  donné.  Appelons  y  l'ordonnée  MP  de  la 
courbe  directrice  cherchée.    Quand    le   point  mobile 

— oi k~s.     ;.       de  la  courbe  roulante  décrit  l'élément  UM'=zdx,  le 

Fig.  5.  centre  instantané  de   rotation   de  la   ligure   mobile 

parcourt  l'arc  PP'  =  (/s;  si  donc  on  impose  au  point 
de  contact  une  vitesse  V  uniforme,  l'équation  de  la  directrice  sera 

(2)  ds=Vdt, 

où  V  représente  une  constante.  La  solution  consistera  à  éliminer  t  entre 
les  équations  (1)  et  (2).  Si  l'on  peut  résoudre  l'équation  (1)  par  rapport 
au  temps  t,  et  qu'on  en  déduise 

on  aura  aussi 

dt=  o  (x)da  . 
et  l'équation  (2)  deviendra 

(3)  ds  =  sldx^dtf*  =  V  9'  (x)  dx, 
équation  différentielle  qui  restera  à  intégrer. 


É.   COLLIGNON.  —  RECHERCHES  SUR  LE  MOUVEMENT  ÉPICYCLOIDAL  07 

L'équation  différentielle  de  la  courbe  roulante,  entre  les  coordonnées 
polaires  y  et  0,   sera 

(4)  \  if  f/02  -f  dy2  =  V  o '  (x)  y  d<) , 

saut'  à  en  chasser  x  au  moyen  de  l'équation  de  la  courbe  fixe. 
Exemple*  divers.  —  1°  Mouvement  uniforme,  x=at. 
On  en  déduit  dx=adt 

et  ds=\dt. 

(L  T*         (L 

Dont  — =— ,  quantité  constante;  la  courbe  directrice   est  donc    une 
a  s      V 

a        T 
droite,  faisant  avec  la  droite  donnée  l'angle  dont  le  cosinus  est  —  •     La 

courbe  roulante  est  la  spirale  logarithmique  qui  coupe  ses  rayons  vec- 
teurs sous  l'angle  dont  —  est  la  cotangente. 

1 

2°  Mouvement  uniformément  varie,  x=jt  gl2 . 

Résolvons  par  rapport  à  t  :  il  vient  : 

~x 


hlx 


et  dt 


t- 

dx 


\/2gx 
substituant  dans  l'équation  (2),  on  a  : 

Vdx 

ds  =  -— , 
S<2gx 

ou  bien,  en  élevant  au  carré, 

V2dx2 

dx*4-dy*  =  -s 

1     J  *2g  x 

et,  en  séparant  les  variables, 


dy=zdx\  I —  1 . 

1  %gx 

V2 

Soit  l  la  hauteur  due  à  la  vitesse  V;  on  aura  1  =  ^  e    l'équation  pré- 
cédente devient  : 


dy  =  dx  k  /  L  —  1 


V 


Pour  intégrer  cette  équation,  nous  ferons  x  =  /sin2  9,  ce  qui  est  per- 
mis, car  pour  que  y  soit  réel,  il  faut  que  x  soit   au  plus  égal  à  l.  La 

7 


!)<S  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,    MÉCANIQUE 

réalisation  du  mouvement  uniformément  varié  ne  peut  donc  pas  s'appli- 
quer à  la  suite  indéfinie  de  ce  mouvement,  mais  bien  à  un  parcours  fini, 
aussi  grand  qu'on  voudra,  et  qui  dépend  de  la  vitesse  V  arbitrairement 
choisie. 
De  l'équation  x  =  /  sin2ç,  on  tire  : 

dx  =  2/  sincp  cosçefrp, 


donc 


/  /  /      l  cos<? 

et  i  /  i  -1  =  i  /  ■— 1  =  -r—'  ■ 

x  y     soi-  9  sin  ç 


cos 


oh/— 2/  sin?  cos 9 (Le X    '.      i  =  2/cos2idci 
sin  9 

=Z(1+  cos  2  9)  d<?  . 

D'où  l'on  tire,  en  intégrant  : 

y==i(<p-|-£sm2<p), 
sans  ajouter  de  constante  si  l'on  veut  avoir  y  =  o  pour  x=.o.  Les  équa- 
tions de  la  courbe  D  sont  donc,  en  conservant  la  variable  auxiliaire  9, 

x=-  /sin2ç/ 

y  =  2(<p  +  -5-sin2<p). 

On  aura  tout  le  long  de  la  courbe  : 

dy         2 /cos2  9 

-2  =  —-. —  =cot  œ, 

rfa;      2  (  sin  9  cos  9 

de  sorte  que  l'angle  9  est  le  complément  de  l'angle  que  t'ait  la   tangente 
à  la  courbe  avec  l'axe  des  abscisses. 

La  courbe  roulante  correspondante  a  pour  rayon  vecteur  y,  et  l'angle 
polaire  6  est  donné  par  l'équation 

yd    =d.r; 

, .       dx      2/sin©cosœdcp      2 sin  9 cos mdv 
donc  rfO=  — 


?/       /(9+vsin29)    "   cp-j-i-sm29  ' 
Posons  29=6;  nous  pourrons  exprimer  rfô  au  moyen  de  l'équation 

plus  simple 

sin&diL 

•i-j-sm  6 
Les  limites  de  9  sont  0  et-^-,  puisque  x  ne  peut  surpasser  /;  celles  de 
ty  sont  donc  0  et  r.. 

L'intégrale     / — —  ne  paraît  pas  exprimable  en   termes  finis. 

s         J   0  <V  +  sM  -1  1 

Maison  peut  en  déterminer  un  certain  nombre  de  valeurs  à  l'aide  d'une 


I  .  COLLIGNON.  —  RECHERCHES  SLR  LE  MOUVEMENT  ÉPICYCLOIDAL  99 

méthode  graphique    de  quadrature.  Il  suffit  pour  cola  de  construire  la 
courbe 

s  i  1 1  •!/ 


<b-\-  si  a  à 

entre  les  abscisses  <b  =  o  al  à=r..  Si  Ton  divise  par  ty  les  deux  termes 
de  la  fraction  et  qu'on  multiplie  par  un  facteur  arbitraire  a,  on 
aura  aussi  : 

sin  <b 


a-\-a 


sin  0 


Décrivons  une  circonférence  OA  avec  un  rayon  égal  ;\  a  ;  puis  cons- 
truisons le  lieu  des  centres  de  gravité,  G,  des  arcs 
de  cercle  qui  commencent  en  A.  Nous  obtiendrons 
une  courbe  AGIO,  tangente  en  A  au  cercle  donné, 
et  en  0  au  rayon  OA,  et  dans  laquelle  le  rayon 
vecteur  OG  =  r  est  donné  par  l'équation 


sin^ 


Fig.   G. 


La  valeur  de  l'ordonnée  %  de  l'épure  à  construire  est  donc  égale  à 
r  .  a  OA 


a  +  r 


i 


a+r 


i 


OA  +  OG 


OA 

GN' 


La  courbe  auxiliaire  AGIO  étant  très-facile  à  tracer,  la  courbe  des 
valeurs  de  z  s'en  déduira  sans  difficulté,-  et  la  quadrature  de  cette 
courbe  fera  connaître  les  valeurs  de  l'angle  polaire  0  de  la  courbe  rou- 
lante cherchée. 

La  figure  1  (pi.  II),  représente  la  courbe  fixe  et  la  courbe  roulante. 

Si  l'on  prend  une  très-grande  valeur  de  V  ou  de  l,  et  qu'on  cher- 
che seulement  à  réaliser  le  mouvement  uniformément  varié  pendant 
ses  premiers  instants,  on  pourra  faire  l'angle  'b  très-petit,  ce  qui  donne 
simplement  s  =  i,  et  6  =  £  <i  =  cp  ;  de  sorte  que  la  courbe  roulante, 
dans  la  région  qui  correspond  aux  premiers  instants  du  mouvement  qu'il 
s'agit  de  produire,  a  pour  équation  polaire 

?y  =  Z  (6  +  J:  sin  2  0)  ; 

cette  courbe,    dans   cette  même  région,   diffère   très-peu  de   la  spirale 
d'Archimède, 

y  =  2/0. 


100  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

En  même  temps,  la  courbe  fixe  diffère  très-peu  de  la  parabole 

y2  =  Alx; 

de  sorte  que  le  roulement  uniforme  de  la  spirale  d'Archimède  sur  la 
parabole  correspondante,  dans  les  premiers  instants  à  partir  de  l'époque 
où  le  pôle  de  la  courbe  mobile  a  quitté  le  sommet  de  la  courbe  fixe, 
assure  au  pôle  un  mouvement  uniformément  varié:  chose  évidente  a 
priori,  le  point  mobile  partant  en  effet  du  repos,  et  tout  mouvement 
naissant  étant  un  mouvement  uniformément  varié. 

3°  Mouvement   rectiligne   oscillatoire,   défini  par   l'équation    différen- 
tielle du  second  ordre 

—  =  —  A  2x, 
dt2 

ou  par  l'équation  en  termes  finis 

œ  =  R  cos  Kt, 

où  R  désigne  la  longueur  de  la  demi-oscillation. 
On  déduit  de  la  seconde  équation 

dx  =  —  RA'  si n  Ktdt, 

dx  1         dx 


et;  par  conséquent,    dt. 


RA  sin  Kt  RA 


V  l       R* 


Élevant  au   carré,  et  multipliant  par  V2,   puis    égalant  à  dx2~\-dy2, 
on  aura  pour  l'équation  de  la  courbe  cherchée 

7i7         ^2     dx* 

dx2  -\-  dy2  ■ 


A2  R2  —  x2 
ou  bien 

+  dx    /V*  —  ^(R2  —  oc2) 


*=±*y 


K    V  R2  — x-2 

Si  nous  posons   œ  =  Rcoscf-,    ce  qui  revient   à  appeler  o  l'angle  Kt, 

AR 

on  en  déduit,  en  laissant  de  côté  le  signe,  et  en  faisant  —  ==c, 

dy  =  — [  y  1  —  c2  sin  2  tp 

ou  y=-   !  i d-j  y  1  _ c2 sin2<p, 

de  sorte  que  y  est  donné  par  un  arc  d'ellipse. 
La  courbe  roulante  s'obtiendra  en  intégrant  l'équation 

i/ilO  =  dx  =  —  R  sin  cp  d-j . 


É.  COL]  [GNON.  —  lU'XHKHi  HES  SUR  LE  MOUVEMENT  ÉPICYGLOIDAL         101 

Si  l'on  est  maître  de  la  vitesse  V,  on  simplifiera  lu  problème  en  pre- 
nant V  =  A*R,  ou  c  =  d  ;  alors  il  vient 


.'/ 


=  R  rVu>\/l—  sins<p=Rsin<p, 


et  d0  =  —  (h,  d'où  l'on  tire  6-j-cp  =  constante;  faisant  cette  constante 
égale  à  t.,  on  aura  y  =  Rsinôpour  équation  de  la  courbe  roulante. 

Cette  solution  revient  à  prendre  pour  directrice  la  circonférence  de 
rayon  K,  et  pour  courbe  roulante  une  circonférence  de  rayon  moitié 
moindre. 

§  2.  —  Suite  des  exemples  de  mouvement  rectiligne. 
Second  problème. 

Supposons,  en  second  lieu,  qu'on  impose  au  mouvement  épicycloïdal 
la  condition  de  s'opérer  avec  une  vitesse  angulaire  constante,  o>.  Repor- 
tons-nous à  la  tigure  5. 

Soit  D  la  directrice,  MM 'l'élément  décrit  par  le  point  mobile  pendant 
le  temps  dt,  P  le  centre  instantané  correspondant  à  cet  élément.  On 
aura  : 

MM'  =  fk  =  wxPM^ 

et,  par  suite,  l'équation  de  la  directrice  D  est 

dx 

ainsi  la  solution  de  la  première  partie  du  problème  n'exige  pas  d'inté- 
gration. 

Si  l'on  se  donne  la  courbe  D,  représentée  par  une  équation  entre 
x  et  ij,  à  cette  courbe  correspondra  suivant  l'axe  des  x  le  mouvement 
d'un  point  qu'on  peut  considérer  comme  entraîné  par  une  courbe  rou- 
lant sur  la  courbe  donnée  avec  une  vitesse  w  constante.  La  loi  de  ce 
mouvement  est  donnée  en  intégrant  l'équation 

dx  i 

dt  =  — ; 
iùij 

les  valeurs  du  temps  t  sont  donc  proportionnelles  aux  aires  de  la  courbe 

1 
y'=.— ,  qu'on  déduit  de  la  courbe  donnée  au  moyen  de  la  transforma- 
tion par  ordonnées  réciproques. 

1°  Au  mouvement  uniforme  x=  al,  correspond  la  ligne 

dx        a 


y 


dt       o) 


102  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

c'est-à-dire  une  parallèle  à  l'axe  ;   la    courbe  roulante  est  le   cercle  de 

rayon  —,  et  le  point  décrivant  en  est  le  centre, 
a) 

2°  Au  mouvement  uniformément  varié 

x=i  gf\ 

correspond  l'équation 

dx       yt 

w  dt      o)  ' 

éliminant  le  temps  t  entre  ces  deux  équations,  il  vient  l'équation  d'une 

parabole 

2r/x- 

V2=  —, 
J  w2' 

à  laquelle  correspond  comme  courbe  roulante  la  spirale   d'Archimède 

—  £? 
r~ ~w2' 

3°  Le  mouvement  oscillatoire  défini  par  l'équation 

x  =  R  cos  K  t 

donnera  lieu  à  la  courbe  directrice 

dx  RK    .    rr 

y  —  — r  = sin  À  t. 

(o  dt  (o 

L'équation  de  la  courbe  s'obtiendra  en  éliminant  t  ;  c'est  une  ellipse 

x*       (o2//2 


R2  '  R2tf2 


I 


et,  comme  cas  particulier,  un  cercle  si  l'on  l'ait  iù  =  K. 

La  courbe  roulante,  dans  le  cas  général,  s'obtiendra  en  remplaçant  dx 
par  yc/ô  dans  l'équation  précédente  dilïérentiée  ;  ce  qui  donne 

x  y  dO  -\-  —  ydy  =  o 


ou  bien 

d(i=z  — 

K2  x  A'2 


_       w"  dy  w2  dy 


on  en  déduit,  en  intégrant, 

0  =  0„  -f  -arc  cos  -£ 
A  Al! 

ou  encore 

A'R        A 

?/  =  ?•=:  COS  -     (  0  —  0„    I . 

W  (i) 

Cette  courbe  devient  un  cercle  de  diamètre  U  lorsque  l'on  l'ait  u)  =  K. 
On  retrouve  alors  le  cercle  de  rayon  moitié  moindre  qui    roule  ;\  Fin- 


É.  COLLIGNON.  —  RECHERCHES  su;  LE  MOUVEM1  NT  ÊPICYCLOIDAL         103 

térieur  du  cercle  de  rayon  I»,  de  sorte  que,  dans  cette  solution,  les 
deux  problèmes  cinématiques,  V  constant  et  w  constant,  sont  à  la  fois 
résolus.  La  même  solution  assure  également,  dans  les  mêmes  condi- 
tions cinématiques,  la  description  d'une  ellipse  par  un  point  <lu  plan 
du  cercle  mobile,  avec  une  vitesse  aréolaire  constante  autour  du 
centre  de  la  courbe. 

§  3. 

MOUVEMENT    CURVILIGNE.  —    PREMIER    PROBLÊME. 

Deux  méthodes  principales  peuvent  être  suivies  pour  mettre  en  équa- 
tion le  premier  problème,  celui  où  la  vitesse  V  reste  constante. 

La  première  consiste  à  rapporter  le  mouvement  du  point  M  à  deux 
axes  rectangulaires  :  soient 

x  =  f(t) 

y  z=  ç  (t)  (  I  ) 

les  équations  de  ce  mouvement  projeté  sur  les  deux  axes. 
La  normale  à  la  trajectoire  au  point  M  aura  pour  équation  : 

dx       , 

y  —y  =  —  -fa  (x'  ~~  x)' 

en  appelant  x'  et  y  les  coordonnées  d'un  point  quelconque  de  cette 
droite;  l'équation  peut  se  mettre  sous  la  forme 

y'  =  A  x  -f  B,  (2) 

A  et  B  désignant  deux  fonctions  du  temps  l,  déduites  des  équations 
du  mouvement. 

Regardons  x  et  y'  comme  les  coordonnées  du  point  P  de  la  courbe 
directrice  qui  correspond  au  point  M  de  la  trajectoire,  considérée  comme 
une  épicycloïde.  La  vitesse  V  de  ce  point  (x,  y')  devant  être  constante, 
on  aura  : 

dx'2  -j-  dy*  =  V2  dt\ 

et,  en  remplaçant  dy   par  sa  valeur  tirée  de  l'équation  (2), 

dx*  -f  (Mx  +  x'dk  +  dB)2  =  V2  dt\  (3) 

équation  différentielle  entre  les  variables  x  et  t,  dont  l'intégration  con- 
duit à  exprimer  x  en  fonction  de  t  et  d'une  constante.  Ensuite  l'équa- 
tion (2)  fera  connaître  y'  en  fonction  de  t  et  de  la  même  constante,  et 
le  problème  sera  résolu. 

Dans  la  seconde  méthode,  on  fait  usage  d'un  système  particulier  de 
coordonnées,  parfois  employé  par  les  géomètres. 

Soit  AB  la  courbe  parcourue  par  le  point  mobile.  Prenons  sur  cette 
courbe  un  point  A  pour  origine  des  arcs  s,  comptés  positivement  dans 


104  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

le  sens  AB,  par  exemple;  le  mouvement  du  mobile  sera  défini  par  l'équa- 
tion 

(4)  s  =  f  (t). 

A  chaque  position  M  du  point  mobile  correspond  un  point  P  sur  la 
courbe  directrice,  à  l'intersection  de  cette  courbe  avec  la  normale  MP  a 
la  courbe  donnée.  Désignons  par  r  la  longueur  du  segment  MP  compris 

sur  la  normale  entre  les  deux  courbes.    Nous 

attribuerons  à  ce  segment  le  même  signe  qu'au 

rayon  de  courbure  p  de  la  courbe  donnée,  s'il 

est  porté  en  prolongement  de  ce  rayon  ou  sur 

la  normale  extérieure,   et   un   signe   contraire 

s'il  est  porté  sur  la  normale  intérieure.  A  l'arc 

MM'  =  ds  de  la  trajectoire  correspond   sur  la 

courbe  cherchée  l'arc  PP  =  da,  compris  entre  les 

normales  MP,  MP',  et  satisfaisant  à  la  relation 

da  =  Vdt. 

Soit  C  le  centre  de  courbure  de  l'élément  MM',  point  de  rencontre  des 

deux  normales  voisines  MP,  M' P'.  De  ce  point  comme  centre,  décrivons 

un  arc  de  cercle  PQ  avec  CP  pour  rayon  ;  nous  aurons 

QP'  =  dr, 
et  la  longueur  PQ  sera  donnée  par  la  proportion 

PQ  CP 

MM'  =  ~~  CM" 


ou 

ds 


PQ  P  +  r 


'■ds* 


Donc  da  =  sj  PQ2  -f  QP'2   =   t  /  (/r2  +  (p  +  r 


L'équation  de  la  courbe,   rapportée  aux  coordonnées  s  =  arc  AM  et 
r  =  MP,  sera  donc  : 

"p  +  n, 


(5)  fy*  +  [^^l2  ^2  = 


V2  dr1 

p 

Il  faudra  éliminer  le  temps  t  entre  les  équations  (4)  et  (5)  ;  l'équation 
finale  sera  une  relation  entre  les  quantités  s,  r,  et  p,  dont  l'une,  p,  est 
exprimable  en  fonction  de  s;  ce  sera  donc  une  équation  différentielle  entre 
s  et  r. 

Si  la  courbe  AB  est  la  trajectoire  décrite  par  un  mobile  obéissant  à 
la  loi  des  aires  égales  en  temps  égaux,  le  centre  des  aires  étant  un  point 
0'  quelconque,  on  pourra  substituer  à  l'équation  (1)  la  condition  d'une 
vitesse  aréolaire  constante,  c'est-à-dire  l'équation 

p  ds  =:  A  dt , 


É.  CQLLIGNON.  —  RECHERCHES  SUR  LE  MOUVEMENT  ÉPICYCLOIDAL         105 

en  appelant  A  une  constante,  et  p  la  distance  OH  du  centre  des  aires  à 
la  tangente  à  la  trajectoire  ;  alors  le  temps  dt  est  facilement  éliminé  de 
l'équation  (5),  qui  devient  : 

"P    +     >\    rfo*    -    Vf**. 

7~  A2 


(6) 


<//■' 


+m 


p  et  p  représentent  dans  cette  équation  des  fonctions  connues  de  l'arc  .s. 
L'intégration  de  ces  équations  est  inexécutable  dans  la  plupart  des  cas, 
et  nous  nous  bornerons  ici  à  étudier  certains  cas  particuliers  simples  du 
problème. 


Mouvement  uniforme  sur  la  spirale  logarithmique. 


0. 


Soit  AB  une  spirale  logarithmique,  représentée  par  l'équation  r= A 
elle    est    parcourue    par    un    point  M     animé   d'un  mouvement    uni- 
forme. Dans   le  temps   dt   infiniment  petit,    le 
point  M  parcourt  un  arc  MM'  =  ds  qui  est  pro- 
portionnel  à    la    différentielle  dr  du  rayon  vec- 
teur ;  on  a,  en  effet  : 


ds  = 


yf 


dr    , 

dr-  4-  r2  do2  =  — V  14- m2. 
m 


Fig.  8. 


La  normale  MC    enveloppe  en    même   temps 
une  seconde  spirale  DC,  égale  à  la    première,   et  qui   est    le    lieu    des 
points  G   d'intersection  de  la  normale  avec  la  sous-normale  OC.    On  a 
donc 


MC 


V0M"  +  0Ci=Y/r-+(g).=  Wi  + 


Donc  dp  =  dr\i  4- m2. 

La  différentielle  dp  représente  l'arc  décrit  par  le  point  C  sur  la 
seconde  spirale  logarithmique.  On  voit  que  dp  est  proportionnel  à  dr, 
qui  est  lui-même  proportionnel  k  ds;  donc  les  vitesses  des  points  M  et 
G  sont  dans  un  rapport  constant  quand  la  tangente  MC  roule  sans 
glisser  sur  la  spirale  directrice  DC.  Si  le  premier  mouvement  est  uni- 
forme, le  second  l'est  donc  aussi,  et  plus  généralement,  si  le  premier 
mouvement  est  défini  par  l'équation  ds  =  f(t)dt, 
le  second  l'est  par  l'équation 

dp  =  mf  (t)  dt. 


100  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

MOUVEMENT    PARABOLIQUE. 

On  considère  en  dynamique  deux  mouvements  paraboliques  princi- 
paux :  1°  celui  d'un  corps  pesant  lancé  dans  le  vide  obliquement  à 
l'horizon  ;  "2°  celui  d'un  corps  attiré  par  le  foyer  proportionnellement  à 
l'inverse  du  carré  de  sa  distance  à  ce  point. 

1"  Mouvement  parabolique  d'un  point  pesant. 

Prenons  pour  axes  coordonnés  l'axe  de  la  parabole,  qui  sera  vertical, 
et  la  tangente  en  son  sommet;  nous  appliquerons  la  première  méthode 
au  mouvement  défini  par  les  deux  équations 

1 

On  en  déduit  dx  =  v0dt, 
dy  =  (jt  dt. 

La  normale  à  la  trajectoire  a  donc  pour  équation  : 


ou  bien  : 


y.-y=--(x-x) 


Donc 


gt'  J         g* 

Le    problème   est  ramené    à   déterminer   x     en    fonction   de   /   par 
'équation 


gt 


v0  x'      Vo  dx'V      (dx'Y  __  ys 


</i-       gt  dt  J  .     \dt 

Sans   chercher  à    intégrer    cette    équation,    ce    qui    présenterait    de 

grandes  difficultés,  observons  que  le  problème  n'admet  pas  pour  solution 

une  ligne  droite.  Si  le  point  (a;',  y')  parcourait  une  droite,  comme  son 

.„  ,  dx'    du'    .     .  _. 

mouvement   est   uniforme,    les    composantes  -=— ,  -y-,  de   la   vitesse   V 

d  x' 
seraient   constantes;    or   l'hypothèse   de  -j—  constant  est  incompatible 

avec  l'équation  précédente,  qui  fait  x  fonction  de  /. 


É.  COLLIGNON.  —  RECHER<  m  S  SI  R  LE  «01  CEMENT  ÊPICYCLOIDAL  107 

On  peut  observeraussi  qu'aucune  solution  réelle  nés'  applique  indétinûrient 
au  problème,  de  sorte  qu'il  arrive  une  époque  où  le  mouvement  épicy- 

cloïdal  est  forcément  interrompu.  La  composante  -77-  de  la  vitesse  V  est 

toujours  moindre  que  V  :  donc  l'abscisse  x'  grandit  moins  vite  que  la 
fonction  Vf  -f  »,  où  a  désigne  une  constante.  On  a,  par  suite,  eu  valeur 
absolue, 

"^F^-     gt2 

^  r,X       v0a 

OU  <C       -~\ 77" 

Le  second   membre  de  cette  inégalité  décroit  indéliniment  à  mesure 
que  t  augmente;  il  en  est  donc  de  même  du  premier,  et  la  parenthèse 

(q  t  +  —  —  -  —Y  se  réduit  sensiblement  à  q-  t-  pour  les  très-grandes 
V    ~  g  t-         gt   dt  J 

valeurs  de  t.  Or  ce  résultat  est  impossible,  puisque  le  premier  membre 
de  l'équation  grandirait  indéliniment  avec  t,  tandis  que  le  second  est 
constant  et  égal  à  V2.  La  représentation  indéfinie  du  mouvement  est 
donc  impossible.  Nous  avions  déjà  constaté  ce  fait  pour  le  mouvement 
uniformément  varié  rectiligne. 

w2"  Mouvement  parabolique  des  comètes. 

Nous  avons  indiqué  dans  la  séance  du  23  août  1N7(>,  au  Congrès  de 
Clermont,  que   l'on   trouvait  une  solution    de    cette   question    particu- 
lière en  prenant  pour  courbe  directrice  la  direc- 
trice   même   de   la   parabole.    Il   est  aisé  de  le 
vérifier. 

Soit  0  le  foyer  de  la  courbe,     OX    son    axe, 
OA  =  a  la   distance  du  foyer  au  sommet. 

L'aire  AOM  est  égale  à  l'aire  ASM    moins    le 
triangle  OSM  ;  on  a  donc, 

aire  AOM  =  ?  A  S  x  S  M  —  i  0  S  X  SM.  Fig.  9. 

Rapportons   la   courbe  aux   axes   OX,    OY,  menés  par  le  foyer.   Elle 
aura  pour  équation  : 

U"-  =  Aa  {x  -f-  «)  =  4aœ  -j-  4a2. 

On  en  déduit  :  AM  =  x  -\-a  =  |-, 

1  Aa 

u°-  a2  — 4  a2 

0S  =  x  =  4 a—  l—, . 

4â  Aa 


108  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE.   MÉCANIQUE 

et,  par  conséquent, 

aireA0M=3éX?/-2^-X^ 

_  l!_  i  nJL 

24a  "■"  2  * 


D'un  autre  côté,  la  normale  31 N  à  la  courbe  a  pour  équation 

y  —  y  = 

ce  qui  donne,  en  observant  que 


dx  .   , 
y  —  y  =  —  —  (x  —  x), 


ydy  =  2a  dx,  ou  que  —  =  -^-, 
dy       2a 

.    xxi       x'y 
remplaçons  a?  par  j a  ;  il  viendra 

i    y3      y     x'y 

J       J~8a2       2       2a 

=  l_i_f_     x'y 

2    '"Sa2        2a' 

Cela  posé,  faisons  x'=— 2a,  équation  de  la  directrice  RP.  Nous 
aurons  : 

w'_y_Lj/l    i    „  — ?„4_   ^  -V^     i    q-'A_  3XaireAOM 
2/  -  2  +  8  a2  "*"  ?/  -  2  y  +  8^  -  â  \^  +  T  J  ""  â " 

Si  donc  l'aire  AOM  croît  proportionnellement  au  temps,  il  en  sera  de 
même  de  l'ordonnée  y'  du  point  P;  et  ce  point  se  mouvra  uniformément 
sur  la  directrice. 

La  courbe  roulante  est,  comme  on  le  sait,  l'enveloppe  du  côté  d'un 
angle  droit  dont  le  sommet  parcourt  la  parabole,  le  second  côté  passant 
constamment  par  le  foyer  0  :  c'est  la  courbe  représentée  en  coordonnées 

polaires  par  l'équation  rcos3-=a. 

o 


MOUVEMENT    CIRCULAIRE. 

Le  mouvement  circulaire  est  défini  parla  valeur  de  l'angle  au  centre  9 
en  fonction  du  temps  t.  Appelons  a  le  rayon  du  cercle;  soit  M  la  posi- 
tion du  point  mobile  au  bout  du  temps  t,  P  la  position  correspondante 
du  centre  instantané  de  rotation,  PP'  l'arc   élémentaire  de  directrice, 


É.  COLLIGNOtf.  —  RECHERCHES  SUR  LE  MOUVEMENT  ÉPICYCLOIDAL  109 

/•  la  longueur  Ml*,  et  p.  l'angle  que  la  directrice  fait  au  point  P  avec 
le  rayon  vecteur  PO.    Là  distance    OP  sera  égale    à 
a-f-r,  quantité  que  nous  appellerons  h  pour   abréger. 
On  aura  donc  pour  l'arc   élémentaire  PP'  de   la    di- 
rectrice 


dc=J  dh2  +  h\do\ 

et  l'équation  différentielle*  de  la  directrice,  rapportée 
aux  coordonnées  polaires  h  et  tp,  sera 


Fig.  10. 


dh*-\-hidf  =  \-<lt1y 

V  étant  une  constante.  Nous  supposerons  d'abord  que  le  mouvement 
circulaire  soit  uniforme,  c'est-à-dire  nous  poserons; 

d<o 

dï=n- 

quantité  constante.  L'équation  devient  alors  : 

v 

b  étant  un  nombre  donné,  égal  à  — . 

Cette  équation  est  très-facile  à  intégrer,  puisque  les  variables  s'y 
séparent.  On  arrive  aussi  au  résultat  en  suivant  la  marche  que  nous 
allons  exposer. 

Élevons  en  P  une  perpendiculaire  PQ  sur  le  rayon  vecteur  OP.  Quand 
le  point  P  suit  la  directrice  cherchée,  la  droite  PQ  enveloppe  une  cer- 
taine courbe  SS',  dont  la  directrice  PP'  est  la  podaire  par  rapport  au 
point  0.  La  distance  PQ  entre  le  point  P  et  le  point  de  contact  de  PQ 

ri  h 

avec  son  enveloppe  est  égale  à  la  dérivée  — r— .  Cela  posé,    différentions 

l'équation  (1)  ;  il  vient  : 

d  h    /d2  h   .    ,  \ 

7Z  {dy  +  h)=0' 

équation  qui  se  décompose  en  deux  autres, 

dh  . .      d%  h    ,   . 

~— -  —  o,  ou  bien  -; \-  h  =  o  . 

do  d  <p*    ' 

d  h 
Si  l'on  fait  —  =  o,  ou  h  constant,  l'équation  (1)  montre  que  h  est,  en 
d  o 

effet,  égal  à  une  constante,  savoir  à  la  quantité  b. 

On  obtient  d'autres  solutions  en  posant 

h  h  =  o 

dz*~ 


110  MATHÉMATIQUES;  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

Or  la  fonction  - — -  -f-  h  représente  le  rayon  de  courbure  de  la  courbe 

SS'  au  point  Q;  si  ce  rayon  de  courbure  est  constamment  nul,  la  courbe 
SS'  se  réduit  à  un  cercle  de  rayon  nul,  c'est-à-dire  à  un  point,  et  par 
suite  le  lieu  du  point  P  est  le  lieu  du  sommet  d'un  angle  droit  QPO, 
dont  les  côtés  passent  respectivement  par  deux  points  tixes,  0  et  P  ; 
c'est  donc  la  circonférence  décrite  sur  OQ  comme  diamètre.  L'équa- 
tion (1)  montre  d'ailleurs  que  le  diamètre  de  cette  circonférence  est 
égal  à  b. 

La  première  solution  est  la  solution  particulière  de  l'équation  (1); 
la  seconde  renferme  toutes  les  intégrales  comprises  dans  l'intégrale  gé- 
nérale. 

Ainsi,  lorsque  le  mouvement  circulaire  est  uniforme,  la  courbe  direc- 
trice est,  soit  un  cercle  concentrique  au  cercle  donné,  soit  un  cercle 
passant  par  son  centre,  ce  qu'il  est  aisé  de  vérifier  géométriquement. 

Dans  le  premier  cas,  la  courbe  roulante  est  un  second  cercle;  dont  le 
centre  a  le  mouvement  voulu.  Dans  le  second  cas,  il  y  a  lieu  de  chercher 
l'équation  de  cette/xiurbe  roulante. 

Soit  OÀ  le  cercle  donné,  OB  le  cercle  qui  sert  de  courbe  directrice. 
Nous  aurons,  en  menant  un  rayon  OM  quel- 
conque 


P  M  =  r    et    l'angle    ja    sera    égal   à 


2         ?' 


/%         \  rd<) 

Donc  tang  [i  =  tang  (  —  —  o  )  =  cot  -j  =  -r    • 

Soit   OB  =  c  le  diamètre  du  cercle  intérieur; 
on  aura  : 

r  =  a  —  c  cos  y  =  a  —  c 

d'où  l'on  déduit  successivement  : 


l?ig.  il. 


r  d  0 


v'  r2  </02  +  dr*  "' 


c  r  d  0 


a  —  r 


\!  r-  d()-  -f  dr-  '• 


et  enfin 


d  8  =  ± 


c2  r2  tZO2  =  (a  —  r'1)  f1  dV  -f  (a  —  r  )2  d  r2  . 
(a  —  r)  dr  (a  —  r)  dr 


r\  c-  —  (a—  r)2  ' 


V  S  r2  —  (a  —r)*r* 

fonction  intégrable. 

Si  l'on  exprime  r  en  fonction  de  cp,  il  vient 

,    c  cos  ©  d  o 

d0  =  ± ■ - 

a  —  c  cos  tp   • 

Nous  sommes  maîtres  du  signe  à  attribuer  à  rfO,  et  nous   prendrons 

le  signe  :  moins  ;  il  viendra  : 


É.  COLLIGNON.  —  RECHERCHES  SUR  LE  MOUVEMENT  ÊPICYCLOIDAL  M1 

—  C  COS  cp  .7  a        a  —  c  cos  cp  —  a    , 

d  0  = ! ■  = s d  cp 

a  —  c  cos  cp  a  —  c  cos  p 

=  ./  - 


</  C  COS   Cp 

Pour  intégrer  le  second  terme,  il  convient  de  prendre  pour  variable 
tang  —■ ,  et  l'on  parvient  à  l'équation  : 

«  =  C+9-  f=  arc-  tang  [\/-£±-°  >»„,  |]  . 

Cette  équation,  jointe  à  la  relation 

r  =  a  —  c  cos  cp; 
définit  la  courbe  roulante. 

La  construction  de  Savary,  appliquée  à  la  courbe  roulante,  à  la  direc- 
trice OPB  et  à  l'épicycloïde  A  M.  donne  le  rayon  de  courbure  de  la 
courbe  roulante  au  point  P  (fig.  42.) 

Le  point  I,  milieu  de  0  B,  est  le  centre  de  courbure  de  la  courbe  di- 
rectrice; le  point  0  est  le  centre  de  courbure  de  l'épicycloïde.  Soit  C  le 
centre  de  courbure  de  la  courbe  roulante.  Si  l'on 
mène  P  P>  perpendiculaire  à  la  droite  P  M,  cette 
droite  ira  passer  par  le  point  B.  Les  droites  C  M, 
01,  PB  concourant  en  un  même  point,  passent 
toutes  les  trois  par  te  point  B,  qui  est  fixe.  Le 
point  C  cherché  est  donc  à  l'intersection  des 
droites  PI  et  MB. 

L'équation    qui    donne  0    n'apprend  plus  rien 

quand  on  fait  c  =  a,  ou  lorsqu'on  prend  pour  cercle  directeur  le  cercle 

décrit  sur  le  rayon  du  cercle  donné  comme  diamètre.  Dans  ce  cas,  on 

reprendra  l'équation  différentielle 

c  cos  cp  d  cp 

d  6  = — S 

a  --  c  cos? 

et  y  faisant  c=  a,  on  la  réduit  à  la  l'orme 

1  —  2sin2^ 
cos  o  2. 

d  0  = : —  d  o  = a  9 

1— COS?  o  „:..,? 


L'intégrale  de  cette  équation  est 


2  siii'r 
2 

do 


2  sin2~ 

•2 


=  9  + cos  |, 


I  12  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

équation  à  joindre  à  la  suivante 

CD 

r  =  a  —  a  cos  ?  =  2  a  sin2  ^ , 

La  ligure  2  (pi.  Ilj  représente   la  courbe  roulante  dans    cette  hypo- 
thèse de  c  =  a. 


Mouvement  circulaire  satisfaisant  à  la  loi  des  aires  égales 
autour  d'un  point  donné. 

Soit  C  le  centre  des  aires; 
OC  =  c  l'excentricité  ; 

OA  =  a  le  rayon  du  cercle  décrit  par  le  mobile; 
MOA  =  cp  l'angle  qui  définit  la  position  du  mobile  à  un  instant 
donné  ; 

P  le  point  correspondant  au  point  M  sur   la  directrice  cherchée; 
OP  =  h,  le  rayon  vecteur  de  cette  dernière  courbe. 
L'aire  élémentaire   décrite   par   le  rayon  CM  dans  le  temps  dt  sera 

1 

égale  à  —  ar/cp  (a  —  c  cos  cp), 

et  si   l'on  appelle  A  le  double  de   la    vitesse 

aréolaire  constante,  on  aura 

d<s> 
a  —  (a  —  c  cos  cp)  =  A. 
dt   v  ,; 

La  vitesse  du  point   P  doit  être  aussi   con- 
stante :  on  aura  donc  l'équation. 

dh?  +  /i2  df  =  Y2  dt*  ; 
éliminant  dt  entre  ces  deux  équations,  il  vient 
l'équation  différentielle 

fdh?  \  ,     ,  V2a2  , 

C)       (  rfr)+  h*  =  ~jr  («-ccos?j2, 


Fig.  13. 

équation  de  la  forme 


(£>+—'«■ 


On  peut  déduire  de  cette  équation  certaines  propriétés  de  la   courbe 
cherchée  PP',  qui  peuvent  aider  a  la  construire. 

1°   Le  rapport  —  représente  la  sous-normale  polaire  OF  de  la  courbe 

/  il  h  Y- 
PP;  la  somme  f  — J    -f  A2  est  le  carré  de  la  normale  PF.  On  voit  que 

la  normale  de    la  courbe   est   proportionnelle  à   a   —  c  cos  cp,   ou    au 
segment  IM,  I  étant  la  projection  du  point  C  sur  le  rayon  031. 


É.  COLLIGNON.  —  UIXIll  i;<  HES  SUB   LE  MOI  VEMEN1    ÉPICYGLOIDAL  113 

2°  L'arc  élémentaire  de   la  courbe  PP'  esl  égal  à  Wdt,  ou  à 
—  ^a  — c  cos  o)  rfcp  ;    l'arc  de   la   courbe   cherchée   esl    l'intégrale   de 

cette  différentielle,  c'est-à-dire,  il  a  pour  expression 

Va 

— ■  (aoi  —  c  sm  »). 

A 


3°  Différentions  l'équation  (1).  Il  vient: 

d'il  \     ,  d-ll  \    ,: 

—  )     -—  4-  h)  =  -—  (a  —  c  cos  »)    <  c  sm  s. 
cfo  ,/   \ao2  .v 


Considérons,  comme  tout  à  l'heure,  l'enveloppe  HH'  des  perpendiculaires 
PQ  élevées  an  point  Psur  le  rayon  OP.  Soit  Q  le  point  de  l'enveloppe  qui 
correspond  au  point  P  de  la  courbe  cherchée;  en  ce  point  Q,  l'enve- 
loppe a  un  rayon  de  courbure  QL  égal  à  la  somme  h  -\ — —  ;   d'ailleurs 

IL  ' 

-= —  est  représenté  sur  la  figure  par  la  distance  PQ.  Donc  l'équation  pré- 
cédente équivaut  à  celle-ci  : 

po  x  ql  =  n-^  x  m  X  ic. 

A 

•  en  observant  que  IG  est  égal  à  c  sin  o.  En  d'autres  termes,  le  rapport 
des  surfaces  des    deux   triangles   rectangles   PLQ,  CIM.    est  constant   et 

égal  à  — 
4°  Si  l'on  joint  OQ,  l'angle  OQP,  qui  a  pour  tangente  —  =  -r^-,    est 

égal  à  l'angle  ;x  que  t'ait  la  courbe  directrice  avec  son  rayon  vecteur.  Si 
l'on  connaissait  cet  angle,  on  en  déduirait  l'angle  QOP  qui  en  est  le 
complément,  et  on  aurait  la  direction  dans   laquelle   il    faut    porter   la 

AT 

longueur  connue  OQ  =  PF  =  -—  {a  —  c  cos  o),  pour  obtenir  le  point  Q. 

A 

Cette  direction  est  en  effet  déterminée  par  l'angle  QOA  égal  à  la  somme 

tp  -f-  \x.  Le  problème  serait  donc  résolu  si  l'on  connaissait  \x  en  fonction 

de  ¥. 

Faisons  OQ  =  %  ;  nous  aurons  : 

OP  =  z  sin  ^  =  h, 

on  dh 

PQ   =  Z   COS    [A   —    — . 

do 
La  première  équation  difîérentiée  donne  : 

dh  ■=.  dz  sin  \),  -f-  z  cos  [a  d[J.  ; 

substituant  à  dh  sa  valeur  zqos\j4^  tirée   de  la  seconde,  puis  à   z    sa 

8 


114  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,   MÉCANIQUE 

Va 

valeur —  (a  — c  cos  cp),  il  vient  l'équation  différentielle  suivante  entre 
A 

les  variables  cp  et  ;;.  : 

(a  —  c  cos  cp)  cos  ;j.  (cfcp  —  d[j.)  =  c  sia  ;j.  siu  a    dep, 
ou  bien 

2)  -f-  -^ !—  tang  ;x  —  1. 

Otp  r/ — CCOScp 

Cette  équation,  une  lois  intégrée,  fera  connaître  \t.  en  fonction  de  cp, 
et  conduira,  par  conséquent,  soil  à  l'équation  de  la  courbe  roulante, 
qui  est  renfermée  dans  les  deux  relations 

r  ==  MP  =  h  —  a 

rd() 
et  tang  \j.  =  —  , 

soit  au  tracé  de  la  courbe  directrice  par  l 'intermédiaire  de  la  courbe  HH  , 
dont  elle  est  la  podaire  par  rapport  au  point  0. 

o°  Le  rayon  de  courbure  p  =  QL  de  la  courbe  HH'  est  encore  donné 
par  l'équation 

~-dz 
"=~dh~; 

si  l'on  y  remplace  clk  par  sa  valeur  zcosy.do,  il  vient  : 

r  d  s  d:- 

z  cos  \).  d-Sf         cos  y.  do 

D  un  autre  cote,  a;  =  — —  sm  cp  d-j  . 
A 

Donc 

\ac    siu  cp 

A      COS    [/.' 

.  .  Va 

ou  bien  p  cos  ^  ^r  — —  c  sin  cp. 

A. 

Le  produit  p  cos  \i  est  représenté  sur  la  ligure  par  la  distance  LR  du 
centre  de  courbure  L  au  rayon  OQ  ;  et  c  siu  cp  est  la  distance  CI  du 
point  fixe  C  au  même  rayon.  Un  voit  que  le  rapport  de  ces  deux  dis- 

-     ,  Va 

tances  est  constant  et  égal  au  rapport  — . 

L'intégration  des  équations  (1)  et  (2)  ne  paraît  pas  possible  en  termes 
finis.  Mais  on  peut  en  trouver  des  intégrales  approximatives  pour  le  cas 

où  le  rapport  -  est  une  petite  fraction  dont  les  puissances  supérieu- 
res à  la  seconde  soient  négligeables.  OCcupons-nous  spécialement  de 
l'équation 


E.  COLLIGNON.  —  RECHERCHES  sri;  LE  MOI  \  KMKNT  ÊPICÏGLOIDAL  LIS 

dhy     ,        vaoa 

I  lj")"T"  *    =   ~T^~'a —  ccos/f)2. 

..      ,    .  ...  .        Va2 

Si  cetait  mil,  on  y  satisferait  en  posant  /;  =  — — ,  quantité  constante . 

Un  peut  regarder  cette  solution  comme  constituant  une  première 
approximation,  et  la  compléter  par  deux  fonctions  de  o  multipliées  res- 
pectivement par  c  et  par  c'-.  Après  quelques  essais,  on  découvre  une 
solution  convenable  qui  consiste  à  poser 


Va"      Vac  V 

*=   A   -    A    l'°^-±V 


c-  sin- 


siu 


cos 


On  a,  en  effet,  en  prenant  la  dérivée  par  rapport  à  ■-,, 

dh  _     Vac    .  Y 

d-j   "A  i         A 

Elevant  au  carré  et  ajoutant  à  h2,  il   vient,  en   négligeant  les  termes 
en  c3  et  c*  : 


©"+* 


V-a4 

A2 


-2  Y2  a3  c 

Â7- 


COS   Cp   + 

+ 


V2 

a2 

c2 

A2 

V2 

a- 

c2 

A2 

V2 

a2 

r" 

COS,' 


sur  cp 


A2 


sm- 


V2  a2 

=  — Y7  («2  —  2ac  cos  cp  -j-  c2  cos2  cp) 


V 


A.2 


(a  —  c  cos  ci)2, 


c'est-à-dire  l'équation  (1)  elle-même. 

On  voit  sur  la  iig.  3,  pi.  ll;  les  formes   de  la  courbe   fixe  et  de    la 
courbe  qui  doit  rouler  sur  elle. 

Cette  solution  approximative  s'applique  au  mouvement  elliptique  des 
planètes  lorsqu'elles  ont  une  faible  excentricité.  Si 
l'on  parvient  à  régler  le  mouvement  d'un  point  M 
le  long  du  cercle  OA  suivant  la  loi  des  aires  éga- 
les en  temps  égaux  autour  du  point  C ,  il  suffit 
d'une  transformation  très-simple  pour  réaliser  le 
mouvement  dans  une  ellipse  ayant  le  point  C  pour 
foyer.  Le  rayon  OA  devient  le  demi-grand  axe 
de    l'ellipse;    le    demi-petit    axe    OB    est  égal    à 

yOA3 OO  •    Cela    P°sé,    prenons  sur  OM   une  longueur  constante 

OA  4-  OB 
OK  =  -J-— , 


I  10  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQJ  E 

et  articulons  en  K  une  tige  KL,  égale  à  OK,  et  dont  l'extrémité  L  soit 
assujettie  à  glisser  sur  la  droite  fixe  OÀ.  Prenons  ensuite  sur  cette  tige 
un  point  S  tel  qu'on  ait 

KS  =  KM  =  0A  ~  0B 


Le  point  S  décrira  l'ellipse  AB,  en  restant  toujours  sur  la  perpendi- 
culaire JV1R  abaissée  du  point  M  sur  OA,  ce  qui  suffit  pour  que  les 
aires,  MCA,  SCA,  décrites  par  les  rayons  CM,  CS,  soient  constamment 
proportionnelles. 

On  obtient  géométriquement  une.autrc  solution  approximative  du  même 
problème  par  la  méthode  qui  suit,  pour  le  cas  où  l'excentricité  c  est 
très-petite  par  rapport  au  rayon  a. 

L'aire  élémentaire  décrite  par  le  rayon  CM  dans  le  temps  dl  a  pour 
mesure  la  moitié  du  produit 

a  (a  —  c  cos  cp)  dtp, 
et  l'aire  totale,  MCA,  est  l'intégrale  de  cette  différentielle  entre  les  limi- 
tes 0  et  ç.  On  a  donc  : 

a'1  cp  —  ac  sin  cp  —  A/, 

et,  en  divisant  par  a2, 


sin 


_A_ 


A 

a1 
donc 


—  est  le  mouvement  moyen,  que  nous   représenterons   par  n;    on   aura 
a" 


9 sm 

a 


nt. 


Par  le  point  0  menons  une  droite  OxM  faisant  avec  l'axe  OA  l'angle 
M'OA  =  nt.  Le  point  M  où  elle  coupe  la  circonférence  est  situé  sensi- 
blement sur  une  droite  CM'  menée  par  le  point 
C  parallèlement  àOM.  En  effet,  si  Ton  mène  par 
le  point  C  une  parallèle  CM'  à  OM,  la  dislance 
du  point  M'  à  la  droite  OM  sera  égale  à  la  dis- 
tance CI,  c'est-à-dire  à  c  sin  cp.  Cette  distance 
est,  dans  le  cercle  donné,  le  sinus  de  l'arc  MM'. 
Donc  MM' est  l'arcdont  le  sinus  est  égala  csino, 
dans  le  cercle  de  ravon  a,  et  l'angle  MOM'  est 

l'angle  dont  le  sinus  est  —sin  v.     Comme  c   est 
a 

très-petit,    on     peut   remplacer    le    sinus    par    l'arc,     en    commettant 
une    erreur  moindre    que   le    sixième    du    cube  de  l'arc.  On    a    donc, 

1  c3 

avec  une  erreur  au  plus  égale  à  —  -  siu;  s», 


I).   COLLWNON,  —  UEC.UEHCHES  SUR  LE  MOUVEMENT  ÉPICVCLOIDAL  1  17 

Q 

angle  MOM'=-sin  ». 
a 

L'angle  M'OA,   égal  à  »  — -sin  »,  est,  par  suite,  égal  à  ni,  au  même 

degré   d'approximation.  On  voit  par  là  que  le  mouvement  du  point  W 
sur  la  circonférence  donnée  est  uniforme. 

Par  le  point  M',  menons  M'P  parallèle  à  CO,  jusqu'à  la  rencontre  du 
rayon  OM.  On  aura  M'P  =  CO,  et  le  lieu  du  point  Pest,  par  conséquent, 
une  circonférence  égale  à  la  circonférence  donnée,  déplacée  vers  la 
gauche  de  la  quantité  OC  =c.  Le  point  P  a  sur  cette  circonférence 
un  mouvement  sensiblement  uniforme,  et  connue  ce  point  appartient 
aussi  à  la  normale  OM,  à  la  trajectoire  du  point  mobile,  la  circonférence 
C'A'  peut  servir  de  courbe  directrice  à  une  courbe  roulante  qui,  en  y 
appliquant  en  temps  égaux  des  aies  égaux,  réalise  le  mouvement  du 
point  M  suivant  la  loi  des  aires  égales  autour  du  point  C.  Le  problème 
est  ainsi  résolu  en  déplaçant  la  circonférence  donnée  d'une  quantité  égale 
à  l'excentricité. 

Pour  déterminer  la  courbe  roulante  correspondante,  on  aura  à  intégrer 

les  deux  équations 

r  =  a  —  /;. 

et 

rdè  _       hdy 

dr  ~        dk  ' 

La  seconde  devient,  en  tenant  compte  de  la  première, 

rdô  =  h(h  ; 
or  h  est  donné  en  fonction  de  »  par  l'équation 

a-  =  h-  -f- *""  -f-  %ch  cos  », 
qui,  résolue  par  rapport  à  h,  conduit  à  la  relation 


h=  — ccoscp  Jr\'i-  —  c-  sin'--;. 
Comnie  c  est  supposé  très-petit,  on  a  sensiblement 

1  c-   .  c'1     ,    c2 


h 


=z  —  c  cos  »  -4-  a  — -  —  sin2»  =  a  —  c  cos  »  — ; — f-  -,—  cos  -1^, 
2  a  '       An    '    4« 


avec  une  erreur  du  4me  ordre  en  -.  Il  en  résulte 

a 


,   1  c2   .  c     .  c 

'  =  C  COS  »  +  -  -  SmZ  »  =  -: h   COS  » ,-  COS'' 


et,  par  suite 


!  IN  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  (iî'.oDÉSIE.  MÉCANIQUE 

dh  =  -  do 


,    1  c* 

a  dcp 

c  le 

ros  cp  4-  -  -  sin2 
1       2a 


c  cos  cp  -J-  ^  —  sin2  cp 


r/-. 


Donc 


6  = 


:-> 


cos  4-  -  sin'2 

1      2a 


sans  ajouter  de  constante,  pour  que  6  et  cp  s'annulent  en  même  temps. 
L'angle 0  varie  très-rapidement  en  valeur  absolue, et  la  courbe  est  une  sorte 
de  spirale,  qui  fait  une  infinité  de  circuits  autour  du  pôle.  (Fiç.4,  pi.  II). 
La  construction  de  Savary  en  donne  le  rayon  de  courbure: le  point  C'est 
le  centre  de  courbure  de  la  courbe  directrice  en  un  point  donné  P  ;  le 
centre  de  courbure  de  l'épicycloïde  au  point  correspondant  M  est  le 
point  0.  Le  centre  de  courbure  cherché  de  la  courbe  roulante  est  situé 
quelque  part  sur  la  normale  commune  CP;  il  est  donc  au  point  F,  à 
l'intersection  de  CP  avec  la  droite  MS  qui  joint  le  point  décrivant  M  à 
l'intersection,  S,  de  la  droite  C'O  avec  la  perpendiculaire  PS,  élevée  au 
point  P  sur  PM  :  la  distance  FP  est  le  rayon  de  courbure  de  la  courbe 
roulante. 

M- 

MOUVEMENT  CURVILIGNE.  SECOND    PROBLÈME. 

Le  second  problème  consiste  à  assurer  à  la  courbe  roulante  une  vi- 
tesse angulaire  constante,  w,  autour  du  centre  instantané.  Le  tracé  de 
la  directrice  n'exige  pas  d'intégration  :  il  suffit,  en  effet,  de  porter  sur  la 
normale  à  la  trajectoire,  dans  un  sens  ou  dans  l'autre,  mais  toujours 
dans  le  même,  une  longueur  r  déterminée  par  l'équation 

iùr  =  v, 

v  étant  la  vitesse  linéaire  du  point  mobile.  Il  restera  ensuite  à  chercher 
la  courbe  roulante  qui  correspond  à  la  directrice  ainsi  construite. 

Appliquons  cette  construction  au  mouvement  parabolique  des  corps 
pesants. 

Soit  0  le  point  le  plus  haut  de  la  trajectoire,  sommet  de  la  parabole: 
les  équations  du  mouvement  seront  : 

PM  =  x  =  iy, 


É.  COLLI0NON.  —  RECHERCHES  suit  LE  MOUVEMENT  ÉPICYCI.OIDAL  11°- 

la  trajectoire  aura  pour  équation 

g    •'''■ 

La  sous-normale  PN  de  cette  courbe  est  constante  et  égale  à  —  ,  on 

.7 
au  double  de  la  hauteur  due  à  la  vitesse  y0. 

La    vitesse    v   du    mobile   eu  un    point  M 

quelconque  est    donnée    par    l'équation    des 

forces  vives, 

fj-  r- 

y*==Uo*  +  2^  =  V  +  ^T    • 
Donc  il  faudra    porter  sur   la  normale   MN 

IV 

dans   le    sens  MX    par    exemple,    une    lon- 
gueur r,  égale  à 


„>    V  r,,-  >    u>2    '    <•>-/•„- 


i  i      iG 


La  vitesse  angulaire  u>  étant  arbitraire,  faisons  m=— .  11  viendra 


#  + 


'V 


==  MN. 


On  peut  donc  prendre  pour  ligne  directrice  l'axe  de  la  parabole. 
L'équation  de  la  courbe  roulante  RR    correspondante    s'obtiendra  en 
intégrant  l'équation  différentielle 


lfl,n        rdd         x         gx 
tang  MNP  =  —  = — -  =~m  = 


dv 


9 


V0-' 


ou,  en  séparant  les  variables  et  en  faisant  %a— — , 


dr 


d0  = 


orY^     an/L-i, 


Nous  poserons  r  = • 

COSv 


"20  MATHÉMATIQUES,    ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQU] 

On  en  déduit  —  =  tangco, 


y  4a 


—-  —  l=tango>, 
//  o  =  tang2  cp  »<d = — (h 

'      '         COS2cp 

=  dtang(p —  d«p , 
et  enfin  0  =  tango  —  y, 

Pour  a>=  0,  rp=2a,  ce  qui  correspond  au  sommet  0  de  la  parabole; 
on  peut  taire  aussi  6  =  0,  et  ne  pas  ajouter  de  constante.  La  courbe 
voulante  a,  eu  définitive,  pour  équation 


r2 —  4a-  2« 

—  arc  cos  — . 


\/        ^a  r 

("est  une  courbe  BANB,  symétrique  par  rapport  à  l'axe  polaire  MA, 
qu'elle  coupe  une  infinité  de  fois,  et  qu'elle  touche  au  point  0  =  0, 
rs=2a,  où  elle  a  un  rebroussement.  Elle  coupe  ses  rayons  vecteurs 
sous  l'angle  œ.  Les  valeurs  de  r  croissent  indéfiniment  à  mesure  que  cp 

s'approche  de  -.  L'arc  s  de  la  courbe  compris  entre  le  rebroussement  et 

le  point  situé  à  la  distance  r  du  pôle  est  donné  par  la  formule 

r2  =  2a(2a-f2s); 

il  est  égal  à  l'abscisse  x  du  point  correspondant  de  la  parabole.  Enfin 
la  construction  de  Savary,  appliquée  à  cette  courbe  roulante,  t'ait  con- 
naître le  rayon  de  courbure  p  =  2a tang cp sin  cp. 

Supposons,  en  second  lieu,  que  le  point  mobile  parcourant  la  para- 
bole soit  assujetti  à  décrire  en  temps  égaux  des  aires  égales  autour 
du  foyer. 

Soit  F  le  loyer  de  la  parabole,  M  un  point  de  la  courbe,  FB  la  par- 
pendiculaire  abaissée  du  foyer  sur  la  tangente,  perpendiculaire  qui  coupe 
la  tangente  en  un  point  B  appartenant  à  la 
tangente  au  sommet  OY.  La  normale  MN  esl 
parallèle  à  FB.  La  sous-normale  PN  esl  cons- 
tante et  égale  au  double  delà  distance  OF.  En- 
lin  les  angles  OFB,  BFM,  ONM,  FMN  sont  égaux 
entre  eux. 

La  vitesse   r  du  mobile  au  point  }\  satisfait  à 
la   loi  des  aires,  c'est-à-dire  à  l'équation 
v  p  =  A  , 
en  appelant  p  la  distance  FB,  et    A  le  double    de    l'aire  décrite  par  le 
rayon  vecteur  FM  dans  l'unité  de  temps. 


É.  COLLIGNON.  —  RECHERCHES  SUR  LE  MOUVEMENT  ÉPICYCLOIDAL         121 

La  courbe  directrice  cherchée  s'obtiendra  en  portant  sur  MN,  dans  le 
sens  MN  par  exemple,  une  longueur  r  telle  qu'on  ait  : 

A 

c'est-à-dire  une  longueur  r  =  — , 

et  comme  31N  =  2BF,  on  aura  aussi  : 

(*) 
2A  _IV      U 

r  =  rj^ ,  ou  /•  X  MN  =  — . 

MN  X  w  w 

Du  point  N  abaissons  NQ  perpendiculaire  sur  FM  ;  nous  aurons 
MQ==NP  =  2a;  abaissant  encore  Ql  perpendiculaire  sur  MN,  le  triangle 
rectangle  MQN  donne  l'égalité 

MI  x  MN=MQ2  =  4a2. 

Divisant  ces  deux  équations  l'une  par  l'autre,  il  vient  ; 

_r_         A 
MF- 2a-w' 

de  sorte  que  r  est  proportionnel  à  Ml.  On  peut,  par  conséquent ,' faire 

A 

r  =  MI,  en  prenant  <o  =^— ;• 

La  courbe  directrice  est  donc  le  lieu  des  projections,  I,  des  points  U 
sur  la  normale  correspondante  MN. 

Si  l'on  appelle  a  l'angle  BFO;  les  coordonnés  x  et  y  du  point  I  seront 
données  par  les  équations 

x  =  a  taug2  a  -f-  2  a  cos2  a, 
i/  =  2(i  tang  x  —  2  (/  cos  a sin  x. 
L'élimination  de  x  entre  ces  équations  ferait   connaître  l'équation  de 
la  courbe,  qui   est   du    G"10  ordre.  Pour  des   valeurs  de  a  très-voisines 

de  ~t  les  premiers   termes  des  valeurs  de  x    et    de    y    surpassent    les 

A 

seconds,  qui  tendent  vers  zéro;  la  courbe  roulante  tend,  par  conséquent, 
à  se  confondre  avec  la  parabole,  dont  les  coordonnées  sont  définies  par 
ces  premiers  termes  pris  isolément. 

Si  l'on  transporte  l'origine  au  point  G  défini  par  l'abscisse  0  Ci  =:  2  a, 
les  équations  de  la  courbe  se  simplifient  et  deviennent 

x  =  —  a  tang-  a  cos  2  a, 
ij  =  2  a  tang  a  sin2  a. 

Le  rapporta  est  égal  à  —  tang  2  x.  C'est   le   coefficient  angulaire  de 


[*)  Ainsi,  dan>  te  mouvement  des  comètes,  r  doit  être  inverseinenl  proportionnel  à  ta  normale 
MN;  dans  le  mouvement  des  corps  pesants,  r  doit  être  proportionnel  a  MN. 


122  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

te  droite  GI  lorsque  l'origine  est  transportée  au  point  G.  On  en 
déduit  que  l'angle  OGI  est  égal  à  2  x,  ou  au  double  de  l'angle  ON  M; 
done,  dans  le  triangle  GIN,  les  angles  en  N  et  I  sont  égaux,  et  par 
conséquent  les  cotés  opposés  GN,  GL  le  sont  aussi. 

L'équation  en  coordonnées  polaires  de  la  courbe  lieu  des  points  I,  en 
prenant  le  point  G  pour  pôle  et  l'axe  GO  pour  axe  polaire,  résulte 
aisément  de  cette  remarque.  On  a,  en  appelant  r  le  rayon  vecteur  et  w 
l'angle  polaire  0 <",  I, 

u  =  2  œ, 
r  —  Gl  =  G  N  —  0  N  —  0  G  =  OP  +  PN  —  OG  =  OP, 

puisque  les  longueurs  OG  et  PN  sont  toutes  deux  égales  à  2r/.  Ainsi 
le  rayon  vecteur  r  de  la  courbe  roulante  est  égal  à  l'abscisse  0  P  du 
point  correspondant  de  la  parabole. 

Si  donc  on  appelle  r  le  rayon  vecteur  F  31  de  la  parabole  rapportée 
à  son  foyer,  rayon  qui  t'ait  l'angle  2  x  avec  l'axe  F  0,  on  aura  à  la  t'ois  : 

r'  =  x  ==a  —  r  cos  2  x, 

et  r  cos  2  %  =  a. 

Remplaçons  a  par  — ,  puis  éliminons  r  entre  les  deux  dernières  équa- 
tions ;  il  viendra  pour  l'équation  polaire  du  lieu  des  points  I, 

w 

r  =  a  tan  g2  —  . 

La  tangente  trigonométrique  de  l'angle  ;j.',  que  t'ait  cette  courbe  avec 
son  rayon  vecteur  au  point  I,  est  donnée  par  l'équation 

r'  d  w 

tanff  u 


d  r 

1 

On  en  déduit  tan^  \i.'=  —  sin  to.  L'angle  ;a,  que  t'ait  la  normale  31 1  à  la 

parabole  avec  cette   même  courbe  au  même  point  1,  se  déduit  de  l'an- 
gle y.'  en  observant  qu'on  a  : 

V-  +  \j:  +  *  =  ~ 
Donc 


tang  \x  =  —  tang  a  (  1  -] —  ), 

\  cos2  y. 


D'ailleurs  311  est  le  rayon  vecteur  de  la  courbe  roulante.  Appelons  rt 
ce  rayon  vecteur,  et  0  l'angle  polaire  correspondant  ;  nous  aurons  : 

311  =  rl  =  2  a  cos  a, 
d  1\  =  —  2  a  sin  xd  a; 
et,  par  conséquent. 


É.  COLLIGNON.  —  RECHERCHES  SUR  LE  MOUVEMENT  ÉPICYCLOIDAL 

?•.  r/0  2  c/cos  7.-/0 


123 


tan»  ;x 
Donc 

ou,  en  intégrant, 


dri 


—  "i  a  sin  x  d  x 


tans  y. 


\         cos-a 


/  1    \ 

(1 0  =  tang2  7.  (  1  -j )  rfa, 

\        cos2a/ 


.    1 
0  =  tang  a  -j-  —  tang3  a  —  a, 
o 

équation  qui,  jointe  à  l'équation 

r,  =  2acosa, 

définit  la  courbe  roulante. 

Cherchons,  pour  finir,  une  courbe  directrice  correspondante  à  un 
mouvement  circulaire  qui  satisfait  à.  la  loi  des 
aires  égales  autour  d'un  point  C  donné.  La  let- 
tre a  désignant  le  rayon  du  cercle,  c  la  distance 
OC,  o  l'angle  au  centre  MOA  qui  définit  la  po- 
sition du  point  mobile  M,  on  aura  : 

dm 


tùr  =  a 


dt' 


d 


? 


Fig.  18. 


et  a -j1  (a  —  ccoso)  =  A,  quantité  constante. 

(Xi  l 

Il  faudra  donc  prendre  sur  le  rayon  M  O,  à  partir  du   point  M,  dans 
un  sens  ou  dans  l'autre,  une  longueur  r  donnée  par  l'équation. 


m( a  — c  eoso) 


c'est-à-dire  une  longueur  inversement  proportionnelle  au  segment  IM 
compris  entre  le  point  M  et  la  projection  du  point  C  sur  le  rayon  O  M. 
Posons  A=uR;  le  facteur  K  sera  une  quantité  constante,  homogène 
au  carré  d'une  longueur,  et  à  laquelle  on  peut  attribuer  un  signe  sui- 
vant qu'on  porte  r  en  dedans  ou  en  dehors.  Nous  aurons  pour  l'équation 
polaire  de  la  directrice  : 

h  =  a  4-  r  =  a  4-  . 

a  —  c  cos  cp 

Les  équations  de  la  courbe  roulante  correspondante  seront  : 

K 


et 


a — c  cosep 
rdH  =hdv. 


1:24  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

On  tire  de  cette  dernière 


(      i  K 

li  aœ  \  a  —  ccos© 

/-  K 


ch 


H  —  CCOS  CD 

(a'2-f-K — accos<p)dcp        /         aa\  ac 


K 
et,  en  intégrant. 


(1  +  x)^~ïï^C0S  — ' 


"=(d+r)î-Ts"'^ 

Lorsque  l'excentricité  c  est  très-petite  par  rapport  à  a,  on  peut,  en 
donnant  à  K  une  valeur  négative,  obtenir  une  courbe  directrice  qui 
diffère  très-peu  d'une  circonférence.  Faisons  en  effet  K  ;=  —  a'1;  il 
vient  : 

—  ac  cos  cp 


/i  — 


a  —  c  cos 


courbe  qui,  pour  les  très-petites  valeurs  de—,  se  confond  sensiblement 

avec  le  cercle 

h  =  —  c  cos  ©, 

c'est-à-dire  avec  le  cercle  symétrique  par  rapport  au  point  0  du  cercle 
décrit  sur  OC  comme  diamètre.  Au  point  31  correspond  alors  le  centre 
instantané  P  sur  le  prolongement  du  rayon  M  0.  On  peut  le  vérifier 
géométriquement  en  menant  par  le  point  C  une  parallèle  M'  N'  à  OM. 
Si  le  point  C  est  très-voisin  du  point  0,  CM'  est  sensiblement  égal  à  IM, 
et  l'on  a  ainsi  IN  =  PM=CN'.  Donc  le  produit  PM  X  IM  est  sensi- 
blement constant  et  égal  à  CM'xCN',  ou  à  a2  —  c'-.  ou  enfin  à  a2, 
puisque  c-  doit  être  négligé,  au  degré  d'approximation  dont  nous  nous 
sommes  contentés. 


A.   VIANNHEIM.  —  PLANS  TANGENTS  DE  LA  MUFACE  DE  L  ONDE 


I2S 


M.  À.  MAMHEIM 

Chef  d'escadron  d'artUlerie3  professeur  a  l'École  polytechnique. 


SUR  LES  PLANS  TANGENTS  SINGULIERS  DE  LA  SURFACE  DE  L'ONDE 

ET  SUR  LES  SECTIONS  FAITES  DANS  CETTE  SURFACE  PAR  DES  PLANS  PARALLELES 

A  CES  PLANS  TANGENTS. 


-■  Séance  tin  S  i  août    lui'.  — 


La  surface  de  l'onde  coupe  chacun  de  ses  plans  principaux  et  le  plan 
de  l'infini  suivant  une  conique  et  un  cercle. 

Dans  chacun  de  ces  plans,  ce  cercle  et  cette  conique  donnent  lieu  à 
quatre  points  d'intersection  qui  sont  des  points  coniques  de  la  surface  de 
l'onde. 

Nous  allons  montrer  qu'il  est  facile  de  déduire  de  ces  résultats  bien 
connus  que  la  surface  de  ronde  touche  certains  plans  le  lony  de  circon- 
férences de  cercles  cl  qu'elle  est  coupée  par  des  plans  parallèles  à  ceux-ci 
suivant  des  anallagmatiques  du,  -V  ordre. 

Figurons  les  traces  de  la  surface  de  l'onde    sur  ses  plans   principaux 
en  ayant  soin  de  tracer  les  circonférences  en  traits  ponctués   et  en    in- 
diquant les  extrémités  des  axes  par 
la  lettre  qui  servira  à  indiquer  leurs 
longueurs  (fig.  19). 

Dans  le  plan  des  yz,  les  points 
coniques  sont  imaginaires,  mais  ils 
sont  sur  les  cordes  communes  réel- 
les du  cercle  et  de  la  conique  con- 
tenus dans  ce  plan.  L'une  de  ces 
cordes  el  est  parallèle  à  l'axe  des 
y  et  est  à  une  distance  de  cet  axe 


égale  à 


De  même,  dans 


Fig.  19. 


le  plan  des  xy,  on  a  la  corde  dm  parallèle  à  l'axe  des  y  et  distante  de  cet 

i(i  - g2 

axe  d'une  longueur  égale  à  6w  — — -%. 

Tout  plan  mené  par  l'une  ou  l'autre  de  ces  droites  coupe  la   surface 
de  l'onde  suivant  une  courba  ayant  deux  points  double,-.    Cette  surface 


126  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,   UÉCANIQ1  l. 

est  alors  coupée  par  le  plan  des  deux  droites  el,  dm,  suivant  une  courbe 
du  A"  ordrw  qui  a  quatre  points  doubles,  c'est-à-dire  une  courbe  qui  se 
décompose  en  deux  coniques. 
Mais  il  résulte  des    valeurs    de  oe  et    de   od,    ('(-rites  plus  haut,  que 

_L _l_L   -i. 

oc-       od2       b-  ' 

et.  par  suite,  que  ed  est  une  tangente  à  la  circonférence  dont  le  centre 
est  o  et  le  rayon  ob. 

Le  plan  (el,  dm)  est  donc  aussi  tangent  en  <j  à  la  surfa  e  de  l'onde 
et  le  point  g  est  alors  un  point  double  de  la  section  faite  par  ce  plan 
dans  cette  surface.  Mais  cette  section  se  compose  de  deux  coniques  ;  ces 
courbes  doivent  alors  avoir  en  commun  le  point  y;  elles  ont  donc  cinq 
points  communs  et  doivent  se  confondre. 

Le  plan  (el,  dm)  touebe  alors  la  surface  de  l'onde  le  long  de  ces 
coniques. 

Je  dis  que  ces  courbes  sont  des  circonférences  de  cercles. 

Coupons  la  surface  de  l'onde  par  un  plan  perpendiculaire  au  plan 
des  xz.  Ce  plan  coupe  le  plan  des  xz  suivant,  une  droite  qui  est  un 
axe  de  la  section  qu'il  détermine  dans  la  surface  de  l'onde  et  il  coupe 
le  plan  (el,  dm)  suivant  une  perpendiculaire  à  cet  axe.  Lorsqu'on  trans- 
porte ce  plan  sécant  parallèlement  à  lui-même  à  l'infini,  la  courbe 
d'intersection  se  compose  d'une  circonférence  et  d'une  conique  concen- 
triques et  la  trace  du  plan  (el,  dm)  sur  le  plan  de  l'infini,  qui  est,  d'a- 
près ce  que  nous  venons  de  dire,  perpendiculaire  à  un  axe  de  ces 
courbes,  ne  peut  être  une  de  leurs  tangentes  communes,  mais  doit  être 
une  de  leurs  cordes  communes. 

Ainsi  les  plans  tangents  singuliers  de  la  surface  de  l'onde  coupent 
le  plan  de  l'infini  suivant  des  cordes  communes  au  cercle  et  à  la  coni- 
que situés  sur  ce  plan.  Par  suite,  les  coniques  suivant  lesquelles  ils 
touchent  la  surface  de  l'onde  passent  par  des  points  situés  sur  le  cercle 
imaginaire  de  l'infini  et  sont  alors  des  circonférences  de  cercles. 

La  surface  de  l'onde  ayant  un  centre,  ses  plans  tangents  singuliers 
sont  symétriques  deux,  à  deux.  Il  y  a  alors  (Ivux  [dans  tangents  singu- 
liers pour  chacune  des  cordes  communes  au  cercle  cl  à  la  conique 
situés  dans  le  plan  de  l'infini,  c'est-à-dire  que  lu  surface  de  l'onde  a 
douze  plans  tangents  singuliers. 

Parmi  ces  plans  tangents,  il  n'y  en  a  (pu-  quatre  réels,  puisque,  sur 
le  plan  de  l'infini,  il  n'y  a  que  deux  cordes  communes  réelles.  Des 
plans  parallèles  aux  plans  tangents  singuliers  passent  par  les  cordes 
communes  au  cercle  et  à  laconique  situés  sur  le  plan  de  l'infini;  ils 
coupent  alors  la    surface    de    l'onde    suivant   des    courbes    ayant   pour 


E.  CATALAN.  —  SUR  LA  SOMME  DES  DIVISEURS  D'UN   NOMBRE  t"27 

points  doubles  les  points  coniques  situes  sur  ces  cordes.  Et  comme  ces 
points  doubles  sont  sur  le  cercle  de  l'infini,  nous  voyons  que  : 

Des  plans  parallèles  aux  plans  tangents  singuliers  d'une  surface 
de  l'onde  coupent  cette  surface  suivant  des  anallagmatiques  du 
Y  ordre  (*). 


M.  E.   CATALAN 

l'rofessuur  d'analyse  à  II  Diversité  de  Luge. 


SUR  LA  SOMME  DES  DIVISEURS  D'UN  NOMBRE    il 


—  Séance  du  -' î  août    is77.  — 


Dans  le  dernier   Bulletin   de   la   Société   mathématique,   M.   Halphen 
donne  le  théorème  exprimé  par  l'équation 


f  „=3  I  (n— 1)  — S  /  (w  —  3)  +  7  An  —  6)—..., 


(A) 


et  analogue  au  célèbre  théorème  d'Euler. 

Il  est  facile  de  former  d'autres  propositions  du  même  genre. 
Soit,  par  exemple,  l'égalité  connue  (**)  : 

[(i.—  x)  (1  — œ2)  (1  —  as3)  ....]»  =  4+L1a;—  ..+LBojn+..    (1) 

Si  l'on  opère  comme  Labey  i        i  et  M.  Halphen,  on  trouve  la  relation 

/tt-f-L,  At.-1)  +  La  An  — 2)+...+L»-<=s  — ^L»,     ^ 

analogue  à  (A),  mais  moins  simple. 

Relativement  aux  coefficients   Lu  ,    nous  rappellerons  seulement  cette 
propriété  : 

La  fonction 

L/t  —  L„_i  —  L„_2  -f~  Ln_s  -f-  La—^  —  . . .  , 

X  i 

nulle sinn'estpas triangulaire, égale (2X.-p-l)( —  1)  quand  n=  -À  (X-J-l). 

"    Par  une  tout  autre  voie,  j'ai    déjà  démontré  un  cas  particulier    de  ce    théorème    dans  une 
communication  que  j'ai  faite  à  Nantes. 
(**)  Recherches  sur  quelques  produits  indéfinis,  p.  39. 
(***)  Recherches  sur  quelques  produits  indéfinis,  p.  8- 


128  MATHÉMATIQUES,  ASTItONOMIK.   I,K<  >I».SIK.   MKCAMOI  K 

II. 

Soit  maintenant  la  formule  de  Jacobi  : 

[M  —  x)  (1  — œ2)(l— œ3)  ...y 
=  1  —  Sx  -j-  o  œs  —  7  œ6  +  9  ce10  —  1 1  .r1  '  -f  . . ,  (2j 

d'où  résulte,  comme  l'a  remarqué  M.  Halphen  : 

x  -\-  S x'1  -\-  4 x'  -j-  . . .   /  n.  xa  -)-... 
x  —  »x-+  lia;6  —  30xi0+oox1-—  . 


1  —  3œ  +  S  .rJ  —  7  «6  -f-  9  a;10  —  1 1  xi:i  -f 

Supposons  : 

1 


(  ,.      (3) 


1  —3a; -f  5x3  —  7a,-6  -f-  9a;1"  —  . . . 
=  l+A1a;  +  A2a32+...+A„a;»  +  ...,  (4) 

de    manière   que    les    nombres   entiers   A„    sont    donnes   par   la   loi   de 
récurrence  : 

A(î — 3A„_1-|-oA,i_3  —  7A,i-o+9A,,-io—  ...  =0.      (S) 
Alors,  d'après  l'égalité  (4)  : 

in  =  An-1  -  oA„_3+  14An-6  —  30An-.io  +  ^A"-i3  —  •  •  •     (c) 

III. 

J'ignore  si  l'on  a  fait  attention  que  l'on  peut  ramener  la  détermina- 
tion de     /  n,  au  problème  de  la  décomposition  d'un  nombre  entier,  en 

parties  entières,   aclditives.   Pour   arriver  à  ce  résultat  curieux,  il  suffit 
de  modifier  légèrement  la  méthode  employée  ci-dessus. 
Soit  la  célèbre  formule  d'Euler  : 

(I  —x)  (l  —  œ*)  (1  — ai3)  .... 
=  1—  a;  —  x*  +  x> -\- x'1  —  x1-  —  xVo -\-  .  . .  (0) 

On  en  conclut,  comme  Labey  : 

r 

x -{- 'S  x-  ~\- 1  x3  +•••+/  n  .x  -(-.... 

Jx  +  %xn~  —  5'ar>  —  "tx'-\-  12a;12  +  15a;13—  . . . 

1  —  x  —  x-  -f-  x:'  -f-  x~  —  xVi  —  xVi  -f-  •  •  . 

I*)  Recherches   sur    quelques    produits  indéfinis,  p.  39  et  suiv.  —   Il  est  visible  que,  dans  le 

n(n-H) 

numérateur,   le  coefficient  de  x  est,         aaleui  n  so  «e,    la    sotnnié  des  carresdes  n  })>c 

miers  nombres  entiers. 


LEVEAU.   —  NOTE  SUR  LA  COMÈTE  PÉRIODIQUE  DE  D'ARREST  129 

La  fraction 

I  1 


i  —  x  —  x*  +  x"  -f  x6  —  ...        ([—x)({—  x2)  (i  —  x*)  ...' 
développée  en  série,  devient  V     <|»(n)a3  ,  <W»)  représentant  /e  nombre 
flfeà"  décompositions  de  n  en  parties  entières,    positives,    égales    ou    jné- 

Par  conséquent, 

f- 

K«— 1)  +  2(j-  (n— 2)  —  56  (n— 5)  —  76(n— 7)  +  12«|i  (»— 12)  +. . .     (D) 
Exemple.  Si  n  =  12,  on  doit  trouver: 

j  12  =  6(11)  +  26  (10)  —  06  (7)  —  76  (5)  +  1-2  6(0); 


ou 


As  =  56  +  2. 12  —  5.  lô  —  7.7  -f- 12=  28, 

ce  qui  est  exact  (     ). 


M.  GROLOUS 

Ancien  Élève  'le  l'École  polytechnique. 


ETUDE  SUR  LA  VARIATION  DE  FORCE  VIVE  DES  PLANÈTES. 


—  S  vu  a  ce  du  S  4  août   IS77.    — 


M.  LEVEAU 

Astronome  adjoint  à  l'Observatoire  de  l'aris. 


NOTE  SUR  LA  COMÈTE    PÉRIODIQUE    DE    D'ARREST. 


—  .S' eu, ace  du  ii  aoû     1 87  7.  — 


En  ne  considérant,  d'après  la  haute    autorité   du  Bureau  des   longi- 
tudes,   comme  comètes    périodiques,  que    celles    dont  le    retour    a  été 


(*)  Recherches  sur  quelques  produits  aidé  finis,  p.  il. 
v**)  Recherches  sur  quelques  produits  indéfinis,  table  H'. 


tâO  MATHÉMATIQUES.   ASTRONOMIE.  GÉuDKSIK.   MÉCA.MOl  L 

constaté,  on  voit  par  le  tableau  donné  dans  l'annuaire  publié  par  ce 
corps  savant,  que  ces  astres,  désignés  par  les  noms  des  auteurs  de 
leur  découverte,  sauf  celle  d'Kneke,  sont  au  nombre  de  9  ;  savoir  : 
Encke,  Brorsen,  AYinneckc,  Tempel,  d'Arrest,  Biéla,  Faye,  l'utile, 
Halley. 

Sur  la  proposition  de  M.  Faye,  l'Association  française  a  bien  voulu 
témoigner  l'intérêt  qu'elle  porte  à  l'étude  des  mouvements  des  comètes 
et  me  permettre,  par  ses  libéralités,  de  terminer  en  temps  utile  les  re- 
cherches que,  depuis  1866,  j'avais  entreprises  sur  l'une  d'elles,  la 
comète  périodique  de  d'Arrest. 

Je  demande  la  permission  de  rendre  succinctement  compte  de  ce 
travail. 

Découverte  en  1851,  la  comète  périodique  de  d'Arrest  a  été,  dès  cette 
époque,  l'objet  d'études  intéressantes  de  31.  Yvon  Villarceau,  membre 
de  l'Institut,  et  de  J\l.  Oudemans,  directeur  de  l'Observatoire  de  Ba- 
tavia. 

Observée  seulement  par  M.  3Iaclear,  du  Cap  de  Bonne-Espérance,  à 
son  retour  de  1858,  elle  n'a  pu  l'être  en  1864  à  cause  de  sa  proximité 
du  soleil. 

Prenant  pour  point  de  départ  les  éléments  déduits  par  M.  Villarceau 
des  observations  faites  en  1851  et  1858,  j'ai  calculé,  en  tenant  compte 
des  perturbations  produites  par  les  principales  planètes  du  système 
solaire,  une  éphéméride  qui,  en  Septembre  1870,  a  permis  à  M.  Vin- 
necke  de  retrouver  la  comète  et  à  M.  Schmidt,  directeur  .de  l'Obser- 
vatoire d'Athènes,  d'en  faire  des  observations  jusqu'à  la  fin  de  la  même 
année. 

Le  but  du  travail  actuel  a  été  de  relier  ers  dernières  observations  à 
celles  qui  ont  été  faites  en  1851  et  1858  et  d'en  déduire  des  positions 
exactes  pour  le  retour  de  1877.  La  grandeur  des  perturbations  de  cette 
comète  par  Jupiter  dont  elle  s'est  approchée  des  trois  dixièmes  de  la 
distance  de  la  terre  au  soleil,  a  compliqué  le  problème  et  n'a  pas  per- 
mis de  calculer  analyliquement,  comme  d'ordinaire,  les  coefficients 
des  équations  différentielles  qui  expriment  les  variations  d'ascension 
droite  et  de  déclinaison  en  fonction  des  variations  des  éléments  ellip- 
tiques. 

J'ai  été  obligé  de  supposer  six  systèmes  d'éléments  peu  différents  de 
ceux  dont  on  recherche  la  correction  et  de  déterminer,  en  calculant 
les  perturbations  pour  chaque  système,  les  variations  en  ascension  droite 
et  en  déclinaison  produites  sur  les  positions  primitivement  obtenues 
pour  1870. 

J'ai  alors  déduit,  pour  1870,  des  éléments  qui  satisfont  ainsi  aux  ob- 
servations qui  ont  servi  à  les  déterminer. 


LEVEAT.  —  MHK  si  i;   i.\  (  nMi.  |  K  pÉHhihinuK  DE  d'aM\EST  131 

(iR0  -  ^Ro  )  eos  l)        D0   -  Dc 

1X51  Juillet  3  .    .    .        .    .  —    3",0  —      4",5 

Juillet  31 —    6,0  +      7,4 

Août  29 +    4 ,7  +    10  ,0 

.    Septembre  29 -f    2 ,8  +10,8 

1857  Décembre  12 —    1,0  -f-      6,1 

Décembre  29 —    3 ,2  6 ,9 

1858  Janvier  14 —    4,6  +      3,6 

1870  Septembre  21 —5,2  —  4,9 

Octobre   18 +1,6  +  2,1 

Novembre  19 —    -i,'»  —  8,6 

Décembre  13 —    0,1  —  15,6 

En  ajoutant  aux  éléments  de  1870  les  perturbations  par  Vénus,  la 
Terre,  Mars,  Jupiter  et  Saturne,  depuis  cette  époque  jusqu'en  1877,  j'ai 
obtenu  les  éléments  suivants  : 

HUments  oscillateurs  de  lu  comète  périodique  de  d'Arrêt 
pour  1877  Janvier   lt,0:  temps  moyen  de  Paris. 

Longitude  moyenne t  =    30l°50  .51",  12 

"  y    .rMjum.  et 

Longitude  du  périhélie w ■  =z     319.   9.l4,/0  f,    . 

°  ,             ,,-,-.,  /*'<  lrpt.  moyens 

Longitude  du  nœud  ascendant  .  0  =     140.  9.2/  ,03  l           4«80  0 

Inclinaison  sur  l'écliptique  .    .    *    <j}    =       15.43.  9,22   j 

Angle  (sin  =  excentricité).    .    .    .    r,     =      38.53.18,04 

Moyen  mouvement  diurne   .    .    .    n    =        532", 41003 

Je  suis  heureux  d'annoncer  à  l'Association  française  qu'à  l'aide  de 
l'éphémérkle  déduite  de  ces  éléments  et  que  j'ai  publiée  au  commen- 
cement de  cette  année,  M.  Coggia,  dans  la  nuit  du  8  au  9  Juillet  et 
M.  Tempel  dans  la  nuit  du  9  m  10,  ont  retrouvé  la  comète. 

La  comparaison  avec  l'éphéméride  des  observations  laites  jusqu'à  ce 
jour  a  montré  que  le  travail  entier  jouit  d'une  grande  exactitude.  En 
effet,  la  correction  en  ascension  droite  n'est  que  de  10  secondes  de 
temps  et  celle  en  distance  polaire  de  25  secondes  d'arc.  Ces  différences 
sont  relativement  faibles,  vu  l'incertitude  qui  règne  sur  les  observations 
d'astres  aussi  faibles  que  celui-ci,  la  grandeur  des  perturbations  pro- 
duites de  1851  à  1870  (—52514"  en  ^R  et  +  27433"  en  D),  le  petit 
nombre  d'observations  qui  ont  concouru  à  la  détermination  des  élé- 
ments et  le  grand  intervalle  qui  sépare  ces  observations  faites  en  1851. 
1858  et  1870. 


132  MATHEMATIQUES,  ASTRONOMIE.  GÉODÉSIE,  MECANIQUE 

J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Association  française  le  mémoire 
(|iii  contient  le  détail  des  calculs  entrepris  sur  cette  comète.  Ce  mé- 
moire a  été  imprimé  dans  le  tome  XIV  des  Annales  de  l'Observatoire 
de  Pans. 


M.  HALPHEN 

Répétiteur  à  l'École  polytechnique. 


SUR    LES  POINTS  SINGULIERS  DES  COURBES  GAUCHES  ALGEBRIQUES. 


—  Séance  du  21  aoâl   /#7  7.  — 

Dans  beaucoup  de  questions  concernant  les  courbes  planes,  l'influence 
des  points  singuliers  se  manifeste  simplement  par  l'introduction  de  deux 
nombres  relatifs  à  chacune  des  branches  superlinéaires  des  courbes  en- 
visagées.  D'une  manière  analogue,  dans  la  théorie  des  courbes  gauches, 
la  connaissance  de  trois  nombres  pour  chaque  branche  superlinéaire 
suffit  à  résoudre  beaucoup  de  problèmes,  (l'est  de  tels  problèmes  que  je 
m'occupe  ici. 
Je  rappelle  d'abord  brièvement  quelques  principes  : 
i.  Soit  0  un  point  singulier  d'une  courbe  plane  algébrique.  Les  di- 
verses branches  de  la  courbe,  qui  passent  en  0,  se  répartissent  en 
groupes  distincts  en  vertu  de  la  proposition  suivante:  Aux  environs  du 
point  0,  pris  pour  origine,  toutes  les  positions  d'un  point  mobile  sur  la 
courbe  sont  définies  par  un  ou  plusieurs  systèmes  d* équation,  tels  que 

11)  œ  =  tn,y  =  f(t), 

n  étant  un  entier  positif  et  f  (t)  un  développement  procédant  suivant  les 
puissances  entières,  positives  et  ascendantes  de  t.  Ces  équations  sont  va- 
lables dans  les  limites  de  convergence  de  f  (t). 

L'ensemble  des  branches  représentées  par  (I)  a  été  appelé  par 
M.  Cayley  branche  super  linéaire.  Pour  plus  de  brièveté,  j'emploierai  ici 
le  nom  de  cycle. 

A  chaque  valeur  de  x  répondent  //  valeurs  de  t,  par  suite  aussi,  n 
valeurs  de  y,  à  moins  que/'  ne  contienne  que  des  puissances  entières  de 
lk  ,  /,•  étant  un  diviseur  de  n.  S'il  en  est  ainsi,  en  prenant  tk  pour  nou- 
velle variable  au  lieu  de  /,  on  fera  disparaître  cette  restriction.  Ainsi,  à 
chaque  râleur  de  \  répondent  n  valeurs  de  y. 

il  est  visible  que  toutes  les  branches  de  la  courbe  II)  ont  la  même 
tangente  en  0  et  que  si  cette  tangente  ne  coïncide  avec  aucun  des  deux 


HALPHEN.  —  POINTS  M\t,l  LIERS  DES  COURBES  GAUCHES  ALGÉBRIQUES      133 

axes,  f  (t)  CQmdience  par  un  terme  de  degré  n.  Si  la  tangente  coïncide 
avec  l'axe  des  x,  f{t)  commence  par  un  tenue  de  degré  supérieur  à  n. 
Soit  »-)-v  le  degré  de  ce  ternit'.  Les  deux  nombres  n,  v  sont  ceux  dont 
j'ai  parlé  pins  liant,  et  ([ni  traduisent,  dans  beaucoup  de  questions, 
l'influence  du  cycle  (1).  .l'appelle  le  nombre  n,  Yordre,  et  le  nombre  v, 
la  classe  du  cycle,  que  je  désignerai  à  l'occasion  par  ces  mots  :  le 
cycle  (n,  v). 

2.  Il  me  parait  inutile  de  rappeler  la  démonstration  de  la  proposition 
précédente,  non  plus  que  celle  du  théorème  suivant  : 

Théorème  I.  Si  deux  courbes  planes  algébriques  C,  G  se  correspondent 
point  par  point,  à  un  cycle  de  C  correspond  un  cycle  de  G  et  réciproque- 
ment. Si  0  et  (Y  sont  les  origines  de  deux  cycles  correspondants,  et  que 
n  et  n'  soient  leur*  ordres  respectifs,  à  un  point  placé  sur  le  premier 
cycle  à  distance  infiniment  petite  d'ordre  n  de  0,  correspond  sur  Vautre 
cycle  un  point  a  distance  in  f  aiment  petite  d'ordre  n'  de  0   (*). 

3.  En  supposant  l'axe  des  ./•  coïncidant  avec  la  tangente  de  (I), 
on  a: 

.r=t,  j/=A*«+V+ 

En  un  point  a,  infinimenl  voisin  de  (I,  le  coefficient   angulaire  de  la 

tangente  est"         \f  + Donc  en  un  point   du  cycle, (n,  v),  à  dis- 

n 

tance  infiniment  petite  d'ordre  n  de  Vorigine  de  ce,  cycle,  lu  tangente  (ait 
arec  la  tangente  n  cette  origine  un  angle  infiniment  petit  d'ordre  v. 

Soit  C,  une  courbe  à  laquelle  appartienne  le  cycle  envisagé,  et  soit 
C  une  courbe  corrélative.  D'après  le  théorème  I,  an  cycle  (n,  v)  corres- 
pond sur  G  un  antre  cycle.  D'après  le  résultat  précédent  et  le  théorème 
l,  on  voit  que  ce  cycle  a  pour  ordre  le  nombre  v.   Donc: 

A  un  cycle  (n,  v)  correspond  dans  une  courbe  corrélative  un  cycle 
(v,  n). 

J'ai  ici  terminé  le  rappel  des  notions  utiles  pour  l'intelligence  de  la 
note  actuelle,  et  j'aborde  mon  sujet  principal. 

4.  Soit  G  une  courbe  gauche  algébrique.  Parallèlement  à  nue  direc- 
tion arbitraire,  il  n'y  a  qu'un  nombre  fini  de  droites  rencontrant  G  en 
plus  d'un  point.  Si  donc  on  projette  G  suivant  deux  d'rections  arbi- 
traires, les  projections  G',  G"  correspondent  point  par  point  à  G,  et, 
par  suite,  se  correspondent  aussi  entre  elles  point  par  point.  Soient  0, 
a.  deux  points  infiniment  voisins  pris  sur  G,  les  projections  0'  a,  0" a" 
de  Oa  sont  des  infiniment  petits  d'un  même  ordre.  Donc,  d'après  le 
théorème  f,  les  cycles  correspondants  dont  0' et  0"  sont  les  origines,  ont 
le  même  ordre.  Supposant  0,  pris  pour  origine  des  coordonnées,  et   les 

[*]  Bulletin  de  la  Société  mathématique.  \.   TV.   p    32. 


131  MATHÉMATigiES.  ASTRONOMIE,  liti  iDKME.   MÉCANIQUE 

directions  des  projetantes  prises  pour  celles  des  axes  des  3  et  de    y,  je 
puis  donc    à  la  t'ois  représenter  les  dm\   cycles  plans  par  les  équations 

(2)  œ=tn ,  y  =  f(D,  =  =  ?(/>, 
où  f  et  ç  commencent  par  des  termes  de  degré  n. 

Les  équations  (2)  définissent  un  cycle  de  la  courbe  gauche  f..  Chan- 
geons les  plans  y  =  0  et  z  =  0,  de  manière  à  faire  disparaître  les 
ermes  d'ordre  n  dans  /'  et  dans  9.  11  est  visible  qu'on  astreint  ainsi  ces 
plans  à  passer 'par  une  certaine  droite.  C'est  la  tangente  du  cycle.  On 
peut,  en  outre,  achever  de  déterminer  le  plan  z  =  0,  de  manière  à 
élever  encore  le  degré  du  premier  terme  de  «5?.  Le  plan  ainsi  obtenu 
est  le  plan  oscillateur  du  cycle.  Je  poserai  donc  : 

(3)  x=  tn  ,  y  =  A/"+'+  ....,  z=  Br"+'+v  -f. .  . . 

Les  nombres  n,  t,  v  seront  dits  Yordre,  le  rang,  la  chu»  du  cycle 
(n,  t,  v).  La  raison  de  ces  dénominations  va  apparaître  immédia- 
tement. 

5.  Je  considère,  comme  précédemment,  le  point  a  situé  sur  G  a 
distance  infiniment  petite  d'ordre  n  de  0,  c'est-à-dire  que  je  prends  t 
comme  infiniment  petit  principal.  Désignant  par  des  accents  les  dérivées 
prises  par  rapport  à  t,  j'ai  pour  le  sinus  de  l'angle  que  fait  avec  l'axe 
des  x  la  tangente  en  a  : 

si,u.=  J  ^""t,5,"    „  • 

C'est  un  infiniment  petit  d'ordre  »,  Ainsi  : 

Théorème  II.  Le  rang  d'un  cycle  est  égal  à  Vordre  infinitésimal  de 
'angle,  dont  tourne  la  tangente  quand  de  l'origine  de  ce  cycle  on  passe  a 
un  point  dont  la  distance  à  cette  origine  est  Un  infiniment  petit  d'ordre 
égal  à  l'ordre  du  cycle. 

Le  plan  osculateur  en  a  fait  avec  le  plan  des  xy  un  angle  dont  le 
sinus  est  : 


Sin  (5  =  V/Vftf 


"z  =  liz"  —  z  y",  rl  =  z'y"  —  xz",  l=x'  y'  —  y'x". 

Or.  les  degrés  des  premiers  termes  de  ç,  yj,  £,  sont  respectivement 
2»-f-2i'-|-v  —  3,  2?î -f- ?  -f- v  —  3,  2n-j-î  —  8.  Par  suite,  l'ordre  infinité- 
simal de  6  est  égal  à  v.  Donc  : 

Théorème  III.  La  classe  d'un  cycle  est  égale  à  l'ordre  infinitésimal 
dont  tourne  le  plan  oscillateur  dans  les  mêmes  conditions  que  précédem- 
ment (Th.  II). 

Par  des  calculs  analogues  on  peut  prouver  que: 


HALPHEN.  —  POINTS  -INGlUKlts  m;  s  COtfaBES  G  U'cHKs  ALGÉWUQl'ES       1  3o 

la  distance  de  0  Ô  /a  tangente  en  a  m/  rf*  l'ordre  n  -j-i. 
l'angle   de  cette   tangente  avec    le    plan  oscillateur  en    0   ksî  ffè 
l'ordre  v  -f-  i, 

///  distance  de  la  tangente   en   a    e/    de    /"  tangente  en    0   es/  rfe 

l'ordre  n  -f-  i  -(-  v. 

G.  Une  courbe  gauche  G  t'ait  partie  d'une  figure  composée  de  points 

O,  dont  la  suite  constitue  la  courbe  &,  de  droites  D,  tangentes  de  (1  el 

génératrices  d'une  développable    S,    et    de    plans  p,    tangents  à   s  et 

oscillateurs  à  (i. 

Une  figure  corrélative  se  compose?  1°  d'une  courbe  gauohe  f,  corré- 
lative de  S,  iieu  des  pointe  a,  corrélatifs  du  plan  p,  ayant  pour  tan- 
gentes et  pour  plans  oscillateurs  les  droites  A,  corrélatives  des  droites 
D,  et  les  plans  -,  corrélatifs  des  points  a;  2e  d'une  développable  2,  cor- 
rélative de  G,  et  ayant  pour  génératrices  les  droites  A. 

Sur  F,  au  cycle  0  correspond  un  cycle  iî,  puisque  <i  et  V  se  corres- 
pondent point  par  point.  Quand  Va  est  d'ordre  »,  le  plan  p  tourne  de 
0  en  a  d'un  angle  infiniment  p  dit  d'ordre  v  (Th.  III).  Donc  Û  varie 
d'un  Infiniment  petit  d'ordre  v.  Donc  (Th.  1),  l'ordre  du  cycle  Q  est  égal 
à  v.  Les  angles  dont  tournent  les  droites  D  et  A  sont  des  intinhnent 
petits  d'un  même  ordre.  Donc  . 

Théorème  IV.  A  un  cycle  (n,  i.  si)  correspond  dans  une  figure  corréla- 
tive un  cycle  (v,  i,  n). 

7.  Au  lieu  de  coordonnées  parallèles,  on  peut  faire  usage  de  coor- 
données tétraédrales.  Il  est  visible  qu'alors  les  équations 

,4,  ^=/%  — 2=A/»+'  + ^=B/»-M+v-fa... 

définissent  de  même  un  cycle  (n,  t,  y),  dont  l'origine  est  le  point 
x1=ûc,^=x3=^o,  dont  la  tangente  est  la  droite  xi  =  x2  =  o,  et  le  plan 
osculateurle  plan  xz  =  o.  Pour  abréger,  je  désigne  simplement  par  cct 
le  plan  xl  =  o,  et  par  s{  le  sommet  opposé  du  tétraèdre,  et  ainsi  des 
autres.  Le  sommet  s,  est  entièrement  arbitraire. 

Les  deux  premières  équations  (4)  définissent  la  perspective  du  cycle 
gauche  faite  du  point  s3.  Donc  : 

1°  La  perspective  d'un  cycle  (n,  i,  v),  faite  d'un  point  quelconque  est 
un  cycle  (n,  i) . 

La  première  et  la  troisième  équation  (4)  conduisent  à  cet  autre 
résultat  : 

2°  Faite  d'un  point  quelconque  du  plan  osculateur,  la  perspective  est 
un  cycle  (n,  i  +  v)- 

La  deuxième  et  la  troisième  équation  (4)  conduisent  à  ce  dernier- 


136  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

3°  Faite  d'un  point   quelconque  de  la  tangente,  lu  perspective  est  un 
cycle  (n  -j-  i,  v) . 
Enfin  de  (4)  je  déduis  : 

=  Afi -\-...  ;  Bf»'+v -{_... 


Xi  xt 


Donc,  d'après  le  théorème  I,  4°  faite  de  l'origine  du  cycle  (n,  i,  v), 
la  perspective  est  un  cycle  (i.  v). 

Cette  analyse  suppose  que  chaque  perspective  correspond  point  par 
point  à  G.  Si  le  point  de  vue  est  le  sommet  d'un  cône  dont  chaque 
génératrice  rencontre  G  en  k  points,  cette  supposition  cesse  d'être  exacte. 
Les  résultats  se  modifient,  et  l'on  peut  les  obtenir  au  moyen  d'une 
proposition  dont  le  théorème  I  est  un  cas  particulier  (*).  Je  m'abstiens 
ici  de  l'examen  de  ces  cas. 

8.  Les  perspectives  de  G  sont  des  courbes  planes  corrélatives  'des 
sections  planes  de  la  surface  Ï.  Les  résultats  du  nn  7  fournissent  donc, 
en  vertu  des  résultats  du  nn  3,  les  ordres  et  les  classes  des  cycles  de  ces 
sections.  En  y  changeant  ensuite  les  nombres  n,  v  entre  eux,  j'obtiens 
les  ordres  et  les  classes  des  cycles  des  sections  de  S.  Voici  les  ré- 
sultats : 

Au  cycle  (n,  i,  v)  correspond  dans  une  section  de  S  : 

1°  Par  un  plan   quelconque,  le  cycle  (i,  v  |; 

2°  Par  un  plan  passant  ii  V origine,  le  cycle  (i-j-n,  v)  ; 

3°  Par  un  plan  tangent  de  G,  le  cycle  (n,  v  — | —  î ]  : 

4°  Par  le  plan  oscillateur,  le  cycle  (n,  i). 

Par  exemple,  je  suppose  n=?=v  =  1.  Les  trois  derniers  résultats 
fournissent  ceux-ci  : 

En  un  point  ordinaire  d'une  courbe  gauche^  la  section  faite  par  un 
plan  quelconque  dans  la  développable  dont  elle  est  l'arête  de  rebrousse- 
ment,  a  un  rébroussement  ordinaire  (2,  1)  ;  par  un  plan  tangent,  une 
inflexion  ordinaire  (i,  2);  par  le  plan  osculateur,  une  branche  ordinaire 

(i,  '!)• 

9.  Entre  le  degré,  la  classe  d'une  courbe  plane  et  les  ordres  et  les 
classes  de  ses  divers  cycles  il  existe  une  relation  qui  est  la  suivante  : 

i.'ii  S(v— -n)  =  3  (j*  —  m), 

dans  laquelle  \j.  et  m  sont  la  classe  et  le  degré  de  la  courbe.  De  cette 
relation,  les  points  ordinaires  (1,1)  s'éliminent  d'eux-mêmes,  comme  on 
voit.  Si  l'on  connaît  les  nombres  v,  n  pour  tous  les  cycles  dont  l'ordre 
diffère  de  l'unité,  l'équation  (5)  fournit  le  nombre  des  points  simples 
d'inflexion  (1,2),  chaque  cycle  (l,v)  étant  compté  pour  v  inflexions. 

Bulletin  de  la  Société  mathématique,  i    V.,  p.  8 


HALPHEN.  —   POINTS  SINGULIERS  DES  COURBES  GAUCHES  ALGÉBRIQUES       137 

Si  l'on  applique  l'équation  (5)  à  une  section  quelconque  de  S,  et  à  une 
section  quelconque  de  -,  on  obtient  deux  relations  entre  les  ordres,  les 
rangs,  les  classes  des  cycles  de  G,  el  le  degré,  le  rang,  la  classe  de  cette 
courbe. 

Le   degré  m  de  G  est  le  nombre  des  points  où  G  rencontre  un  plan. 

Sa  classe  \j.  est  le  degré  de  F,  ou  le  nombre  des  plans  oscillateurs 
que  l'on  peut  mener  à  G  par  un  point. 

Le  rang  r  commun  à  G  et  à  F  est  le  nombre  des  droites  1)  on  A  qui 
rencontrent  une  droite  arbitrairement  choisie. 

Une  section  de  S  a  le  degré  \j.  et  la  classe  r.  Son  plan  rencontre  (i 
et  m,  points  dont  chacun  est  l'origine  d'un  cycle  (2,  li.  Pour  ce  cycle 
le  (v—  m  est  égal  à  —  1.  Donc,  en  vertu  du  Ier  résultat  du  n"  x, 
l'équation  (5)  appliquée  à  cette  section  donne  : 

(6)  S(v  —  *)  —  m  =  3  (\>.  —  r). 

De  même,  pour  une  section  de  ï,  ou  aura  l'équation  : 

(7)  i:  (n  —  ï)  —  [j.  =  H  du  —  r) . 
Les  deux  équations  combinées  mènent  à  celle-ci  : 

iXl  S  (v  —  n)  =  2  (\).  —  un. 

qui,  comme  (5),  est  symétrique  par  rapport  aux  deux  courbes  G  et  F. 
L'équation  (8)  fournit  le  nombre  des  plans  oscillateurs  stationnaires  de 
G(l,   I,  2),  comme  (5)  le  nombre  des  inflexions  d'une  courbe  plane. 

Kl.  Je  me  propose  maintenant  la  recherche  des  degrés,  classes,  rangs 
de  quelques  courbes  ou  surfaces  liées  à  une  courbe  gauche  algébrique 
offrant  des  singularités  quelconques.  Pour  y  parvenir,  j'appliquerai  la 
proposition  suivante,  que  je  rappelle  ici  sans  démonstration (i). 

Thkokème  V.  —  Le  nombre  des  zéros  <ï<nu>  fonction  rationnelle  des 
coordonnées  d'un  point  d'une  courbe  algébrique  est  égal  ou  nombre  de  ses 
infinis. 

La  manière  dont  ce  théorème  s'applique  se  comprendra  aisément  sur 
un  exemple.  Aussi  traiterai-je  en  détail  une  première  question  et  les 
autres  plus  succinctement. 

11.  Je  considère  une  courbe  gauche  G  et  une  surface  de  2f/  degré  q. 
Soient  x  un  point  de  G,  et  D  la  tangente  en  x.  Soit  aussi  y  le  point 
où  D  rencontre  le  plan  polaire  de  x  par  rapport  à  q.  Le  point  y  en- 
gendre une  courbe  Y  dont  je  vais  chercher  le  degré. 

J'emploie  des  coordonnées  tétraédrales,  liées  par  la  relation 

(9)  À  =  Xj  xt  -f-  À2.x-,  -f-  X3a?3  -f-  liXf=i  . 

Dénotant    par  q  =  o  l'équation  de  la   surface  q,  prenant  x{  pour  va- 

1    Bulletin  Je  lu  Société  mathématique;  l.  IV,  p.  tj2. 


13N  \i\iiM\i\  i  [QOfes,  AsniiiMiMii:.  ckoim-.sii-:.  mkc.wioii: 

rfablé  Indépendante,  e!  cherchant  la  condition  pour  que  le  point  \j  soit 
dans  mi  plan  a  333  &x  =^  Uy  =  o,  je  trouve  aisément  l'équation  ration- 
nelle 

fini  U  =  Q*  —j-t 0 

J'applique  maintenant  le  théorème  V  à  la  l'onction  /./,  et  je  cherche 
ses  zéros  et  ses  infinis. 

12.  J'examine  d'abord  ce  qui  concerne  les  valeurs  infinies  des  x, 
correspondant  aux  intersections  de  C,  et  du  plan  À  =  o. 

Je  change,  pour  un  instant,  les  coordonnées  en  posant 

xi  =  — - — /  —  ]   2  3  1 

De  cette  manière,  aux  valeurs  infinies  des  x  correspondent  des  valeurs 
finies  des  A'.  En  faisant  cette  substitution,  j'ai  suivant  des  notations  qui 
se  comprennent  d'elles-mêmes  : 


(1)  u 


3  _  i 

Q2  <*(AQ    2) 


"A(AdXr- X,dA)' 
En  un  point  d'intersection  de  G  et  de  l,  A  s'évanouit  et  j'ai 

1  _  1 

,.     Q2    d(kÙ   h 

Um  u  A  =  —  Itm.  -^r-  - — •  . 

X,        il  A 

Le  plan  À  étant  arbitraire  et  sans  lien  avec  les  données  a  et  q,  le 
second  membre  a  une  limite  finie,  différente  de  zéro.  Donc,  au  point 
considéré  correspond  un  infini  simple  de  u.  Le  nombre  de  tels  infinis 
est  égal  à  celui  des  intersections,  de  G  et  de  >.,  c'est-à-dire  au  degré 
m  de  \.  J'ai  donc,  de  ce  fait,  m  infinis. 

13.  Secondement,  j'examine  ce  qui  concerne  les  points  pour  lesquels 
dx{  s'évanouit,  c'est-à-dire  ceux  en  chacun  desquels  la  tangente  de  G 
rencontre  l'intersection  des  plans  X  et  xi=o.  La  formule  (11)  conduit, 
pour  un  pareil  point,  à  celle-ci  : 

i  - 1 

b'«    u   A^a, -X,r/A       ..      Q2rf(AQ    2) 

'"»■  «   rr =  //m.  — . 

rfX,  d\t 

Le  second  membre  a  une  limite  finie.  Par  suite,  le  point  envisagé 
donne,  on  le  voit  encore,  Un  infini  simple  de  u.  Le  nombre  de  tels  infinis 
est  égal  à  celui  des  tangentes  de  G  qui  rencontrent  l'intersection  des  plans 
\etxl  =  o.  C'est  le  rang  r  de  G. 

Donc,  de  ce  fait,  u  possède  r  infinis. 


IIAJ.PHKN.  —  POINTS  6ING1  I.IKIts  DES  COURBES  GAUCHES  M.i.KlîlUQUKS      139 
44,  —  Pour  tout  autre  point  ./•  de  G,  les  .r  ont  des  valeurs  Unies,  et 
les  rapporte  de  tir.,,  <l.r:<,  <l.r.   à  '/./,,  ne  sont   pas  intinis. 

Je  suppose  d'abord  un  point  x  dont  1rs  coordonnées  ne  tassent  pas 
évanouir  q.  Alors  le  second  membre  de  (10)  a  une  limite  finie  dépendant 
de  ces  derniers  rapports,  c'est-à-dire  de  la  direction  de  la  tangente  I) 
en  x,  et  nullement  des  autres  données  du  cycle  de  (>,  dont  l'origine  est 
au  point  x.  Si  cette  limite  s'évanouit,  c'est  qu'alors  le  point  y  est  dans 
le  plan  a.  Donc  les  points  de  (1,  autres  que  ceux  précédemment 
examinés,  et  qui,  en  outre,  ne  sont  pas  sur  q,  donnent  lieu  à  des  zéros 
de  u,  et  le  nombre  de  ces  zéros  est  le  degré  y  de  la  courbe  Y. 

Reste  à  examiner  ce  qui  concerne  'les  points  de  G  pour  lesquels  q 
s'évanouit.  Soit  n  l'ordre  d'un  cycle,  ayant  son  origine  en  un  tel  point, 

et  —  l'ordre   du  contact   de  chaque  branche   de  ce  cycle  avec  q.  La 

n 

quantité  q  est  infiniment  petite  de  l'ordre  n  -\-  l>.  quand  x{  est  infini- 
ment petit  de  l'ordre  n.  D'ailleurs  a  a  une  limité  finie.  Donc  aq       '  est 

n  4-  k 
de    l'ordre ^ .   Sa   dérivée  par   l'apport  à    ;i\    est  de  Tordre 

3n  +  ft         .         ,   .           |         .    „     ,     3(n  +  />)       3/1+ fr 
^ ,  et  le  produit  par  q*  est  de  1  ordre  — 3 3 —  =  /t. 

Donc  les  rencontres  de  G  et  de  q  donnent  lieu  à  des  zéros  de  w,  et  le 
nombre  de  ces  zéros  est  égal  à  la  somme  des  ordres  des  contacts  des 
branches  de  G  avec  q.  Soit  K  cette  somme,  j'ai  finalement  : 

ij  =  m  +  r  —  K 

Le  degré  de  la  ligne  Y  est  égal  à  la  somme  de  l'ordre  et  du  rang  de  G 
diminuée  de  la  somme  des  ordres  des  contacts  de  G  et  de  q. 

45.  —  On  peut  mettre  ce  résultat  sous  une  autre  forme.  Je  considère 
encore  un  cycle   de  rencontre  de  G  et  de  q.   Prenons   tous  les  cycles 

analogues,  j'ai  : 

S  (n  +  k)  =  2m  =  N  +  K, 

N  désignant  maintenant  la  somme  des  ordres  de  ces  cycles.  Je  puis  donc 

écrir 

y  =  r  —  m  +  N 

Le  degré  de  la  ligne  Y  est  égal  à  l'excès  du  rang  de  G  sur  son  degré 
augmenté  de  la  somme  des  ordres  de  multiplicité  des  points  de  G  qui 
appartiennent  en  même  temps  à  q. 

Cet  énoncé  offre  l'avantage  de  s'accommoder,  sans  ambiguïté,  au  cas 
où  q  est  un  cône  dont  le  sommet  est  sur  G.  Je  fais  maintenant  cette 
supposition,  et  je  forme  une  figure  corrélative  de  telle  sorte  que  la 
conique,  corrélative  du  cône  q,  soit  le  cercle   de  l'infini.  Cela  étant,  le 


140  MATHÉMATIQUES.  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉGANIQUE 

point  y  a  pour  corrélatif  le  plan  rectifiant  de  T,  c'est-à-dire  le  plan 
mené  par  la  tangente  de  Y  perpendiculairement  au  plan  oscillateur. 
Prenant  donc  le  dernier  énoncé  et  y  Taisant  la  transformation  indiquée, 
j'ai  ce  résultat  : 

La  classe  de  la  sut-face  rectifiante  d'une  courbe  gauche  algébrique  est 
égale  à  l'excès  du  rang  de  celle  courbe  sur  sa  classe,  augmentée  de  la 
somme  des  classes  des  cycles  de  celle  courbe  pour  chacun  desquels  le  plan 
oscillateur  est  isotrope  ou  à  l'infini. 

Dans  le  cas  le  plus  simple,  le  plan  oscillateur  est  isotrope  en  des 
points  ordinaires,  dont  le  nombre  est  double  de  la  classe.  Alors  la  classe 
de  lu  surface  rectifiante  est  la  somme  du  rang  et  de  la  classe  de  la  courbe. 

16.  —  En  suivant  le  même  procédé,  on  peut  déterminer  le  rang  delà 
courbe  Y  et  sa  classe.  Je  me  contente,  pour  abréger,  d'indiquer  seule- 
ment les  fonctions  à  envisager  el  d'écrire  les  résultats  dans  l<>  cas  où  la 
courbe  proposée  G  rencontre,  sans  contact,  la  surface  q  en  des  points 
simples.  Les  autres  cas,  sans  offrir  des  difficultés,  introduisent  un  peu 
de  complication  dans  les  résultats. 

En  désignant  par  a  et  b  les  premiers  membres  des  équations  de  deux 
plans  et  dénotant  les  dérivées  par  des  accents,  on  aura  à  considérer, 
pour  déterminer  le  rang  de  Y,  la  fonction 


b 

'/ 

// 

(9 

//" 

(» 

'I1 


lui  éga.ant  cette  fonction  à  zéro,  on  exprime,  en  effet,  que  la  tan- 
gente de  Y,  au  point  qui  correspond  à  ce,  rencontre  la  droite  commune 
aux  plans  a  et  b.  On  trouvera,  sans  peine,  pour  le  rang  cherché  p  de  Y  : 

p  =  Sr  +  S  (n  —  i). 

11        1 

Le  signe  sommatoire  s'appliquant  exclusivement  aux  cycles  de  (i,  pour 
chacun  desquels  l'ordre  surpasse  le  rang. 

17.  —  En  désignant  par  a,  b,  c  les  premiers  membres  des  équations 
de  trois  plans,  on  déterminera  la  classe  de  V  par  la  fonction 


6 

c           c,  _ 

b 

-•'  (,*)' 

b"     < 

•"  {,*)' 

b      t 

d*y 

52 


HALPHEN.  —  POINTS  SINGULIERS  DES  COURBES  GAUCHES  ALGÉBRIQUES      141 

On  trouve  pour  la  classe  r,  de  Y  : 
r,  =  6r  —  om  +  2  {Sri  —  2i'  —  v')  +  2  (2n"~  i")  +  ï:  (ri"  —  v"') 

Dans  cette  formule,  les  signes  somma toires  s'appliquent  respectivement 
aux  cycles  de  G,  pour  lesquels  on  a  entre  l'ordre,  le  rang  et  la  classe, 
l'une  des  relations  : 

ï  -j-  v'    <  ri, 

i"  _|_V"  >  n"  et  n"  diffèrent  de  i'\ 

r=ri"  et  v'"   <  /('". 

Passant  de  ces  formules  à  leurs  corrélatives,  j'obtiens  les  résultats 
suivants  : 

Pour  une  courbe  gauche  de  rang  v  et  de  classe  \>.,  dont  aucun  plan 
oscillateur  n'est  à  l'infini  et  dont  les  plans  oscillateurs  isotropes  sont 
relatifs  à  des  points  ordinaires, 

1°  l.e  degré  de  la  surface  rectifiante  est  égal  a 

Sr  +  S  (v  —  i)  ; 

la  sommation  s  étendant  a  Ions  les  cycles  de  la  courbe  pour  chacun  des- 
quels la  classe  v  surpasse  le  rang  i. 

2"  Le  degré  de  l'arête  île  rebrousse  ment  de  la  surface  rectifiante  est 
égal  à 

6r  —  3m  +  2  (3v'  —  2i'  —  n)  +  2  rh"  —  i")  +  2  (v'"  —  ri"); 

les  sommations  s  étendant  savoir  : 

La  première  à  tous  les  cycles  pour  chacun  desquels  la  somme  n'  -f-  i'  de 
l'ordre  et  du  rang  est  inférieure  à  la  classe  v'; 

La  seconde  à  tous  les  cycles  pour  chacun  desquels  la  classe  v"  diffère 
du  rang  i",  si  en  même  temps  la  somme  de  l'ordre  et  du  rang  n"  -|-  i" 
surpasse  ou  égale  la  classe  v"  ; 

La  troisième  à  tous  les  cycles  pour  chacun  desquels  l'ordre  ri"  est  infé- 
rieur à  la,  classe  v'",  si  en  même  temps  le  rang  est  égal  à  la  classe. 

Par  exemple,  pour  une  courbe  gauche  sans  aucune  singularité  ponc- 
tuelle, le  degré  de  la  surface  rectifiante  est  douze  fois  l'excès  du  rang 
sur  le  degré  ;  le  degré  de  l'arête  de  rebroussement  est  quinze  fois  le 
même  excès. 

18.  —  Pour  terminer  cette  communication,  je  citerai  encore  les  résul- 
tats suivants,  que  j'ai  obtenus  par  la  même  méthode  et  qui  sont  d'une 
entière  généralité. 

Le  nombre  des  plans  que  l'on  peut  mener  normalement  à  une  courbe 
par  un  point  arbitraire  est  égal  à  la  somme  du  rang  et  du  degré  de  cette 
courbe,  diminuée  de  la  somme  des  ordres  de  ses  contacts  avec  le  plan  de 


14:2  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉ ->!K.   MÉCANIQUE 

l'infini  et  du  nombre  de  ses  intersections  à  l'infini  avec  une  sphère 
quelconque. 

Soit  une  courbe  gauche,  de  degré  m  et  de  classe  \).,  contenant  : 

1°  Des  cycles  dont  chacun  ait  son  origine  à  l'infini  sur  une  sphère,  avec 
plan  oscillateur  isotrope,  différent  du  plan  de  Vinjini  : 

2°  Des  cycles  dont  chacun  ai!  son  plan  oscillateur  à  l'infini  ; 

31  Des  cycles  dont  chacun  ait  son  origine  ii  l'infini  sur  une  sphère,  son 
plan  oscillateur  à  fm/nn'  et  ses  plans  tangents  isotropes. 

Pour  chacun  des  cycles  de  la  première  catégorie,  je  considère  le  plus 
petit  des  deux  nombres  ordre  ou  classe  :  soit  a  la  somme  des  nombres 
analogues  pour  ces  cycles. 

Pour  chacun  des  cycles  de  la  deuxième  catégorie,  je  considère  la  classe; 
soit  Jî  la  somme  des  classes  de  ces  cycles. 

Pour  chacun  des  cycles  de  la  troisième  catégorie,  je  considère  la  classe 
augmentée  du  plus  petit  des  deux  nombres,  ordre  ou  rang  :  soit  y  la 
somme  des  nombres  analogues  pour  tous  ces  cycles. 

Le  degré  de  la  surface  formée  par  les  binormalcs  de  la  courbe  est  égal 
à  m  -j-  [).  —  a  —  p  —  y- 


M.   FOLIE 

Professeur  à  l'Université  de  Liège. 


THÉORÈME   CONCERNANT    LES  SEGMENTS   D'UNE  TRANSVERSALE  TRACÉE 
DANS  LE  PLAN  DE  DEUX  TRIANGLES  HOMOLOGIQUES. 


—  S  en  née  d  a  $4  a  où  t   1 85 


M.  C.-A.  LAISANT 

Ex-àéimt'1,  .ni'  ica  <  I    .  •  '!>■  1  École  [lolylcchuuiue. 


SUR  QUELQUES  PROPRIÉTÉS  DES  POLYGONES  [\ ... 


—  Séante  J  n  %  î  otoAl   IS77.  — 

\.  —  Le  but  principal  de  cette  note  consiste  dans  fa  recherche  des 
relations  <|ui  e\i>lnit  entre  un  polygone  plan  et  celui  qu'on   obtient  en 

i'in-  cette  application  de   la   métlioJt  deé   tiquijplUnce     le   signe  partjculiei  représentanl 
l'équipolience  de  deux  droites  est  constamment  remplacé  f»ai  h  signe  d'égalîfë'  ordtnah-Bfer.  Rtftis 


C.-A.   LAlSAiNT.  —  SIR  QUELQUES  PROPRIÉTÉS  KES  POLYGONES  1 4o 

construisant,  sur  ohacun  des  côtés  du  premier,  un  triangle  semblable  à 
un  triangle  donne;  en  sorte  que  les  troisièmes  sommets  de  ces  triangles 
forment  un  polygone,  ou  tout  au  moins  un  système  de  points  dont  le 
nombre  est  égal  à  celui  des  sommets  du  premier  polygone. 

Je  ne  crois  pas  que  le  problème,  envisagé  ainsi  d'une  façon  générale, 
ait  fait  jusqu'à  présent  l'objet  de  recherches  suivies,  et  il  est  probable 
que,  par  les  procédés  ordinaires,  il  serait  difficile  à  résoudre.  La  mé- 
thode des  Équipollences,  cependant,  fournit,  comme  nous  allons  le  voir, 
une  solution  tout  à  fait  naturelle. 

.    .        RQ 

2.— Soit  un  triangle  PQR;  appelons  p  le  rapport  géométrique  ^. 

De  l'équipollence  — -  =  [>.,  nous  déduisons 
Kl 

()|>_;J,_1 

OR"     (a 

1 

et,   par  conséquent  [/.=  j — — . 

3.  —  Considérons  maintenant  un  polygone  quelconque  AjA^..  A„  de 
n  côtés,  et  supposons,  pour  lixcr  les  idées,  qu'en  le  parcourant  dans  le 
sens  Aj.V.Aj...,  on  ait  toujours  à  sa  gauche  l'intérieur  du  polygone. 
Sur  chacun  des  côtés  de  ce  polygone,  nous  construisons  des  triangles 
AjA'jA^j,  AjA'jA^....  AnA'nAj,  directement  semblables  au  triangle  PQR 
ci-dessus. 

Ces  triangles  seront  extérieurs  au  polygone  si  i  angle  du  rapport  —  est 

compris  entre  zéro  et  tï  ;et  intérieurs,  si  cet  angle  est  compris  entremet 
2-.  Les  résultats  que  nous  allons  obtenir  sont  d'ailleurs  applicables  aussi 
bien  aux  sommets  intérieurs  qu'aux  sommets  extérieurs. 

Puisque  le  triangle  AjA'jA,  est  directement    semblable  à   PQR,  nous 
avons  : 

A2A't  __  RQ  __ 
A2At  —  RP  —  V' 

d'où  A2A'1=n.AaAi  ;  c'est-à-dire,  0  étant  un  point  quelconque  du  plan* 
(1  )  QA'i  =  |*0A,  +  (1 — |j.)  0A8  =  [*  (ÔA,  —  X.0A3) 

u.  —  1     ,  A\A,       , 

Le  coefficient  géométrique  h  — n  est  autre  que    v  .  .  L  angle 

[X  A  jA2 

de  ce  coefficient  est  Compris  entre  zéro  et  z,  si  le  triangle  est  extérieur, 
On  passe,  du  reste,  des  triangles  extérieurs  aux  intérieurs,  et  inverse- 
ment, en  changeant  \j.  et,  par  suite,  X;  en  leurs  conjugués. 

avons  dû  obéir  en  cela  à  des  nécessités  typographiques,  et  ngas  croyons  que  les  de\  eloppoiiioul.- 
n'y  perdront  rien  en  clarté,  pour  tout  lecteur  attentif,  un  peu  initié  à  la  méthode. 


144  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,   MÉCANIQUE 

4.  —  La   relation  générale  (1),  appliquée  successivement  à   tous  les 
côtés  du  polygone,  nous  donne  : 

/    OÀ'i  =  [x(OA,  —  X.0A2) 

l   0A'2  =  |x(OA,  —  X.OAs) 

(2)  OA',  =  |x(OA3  —  a.OA4) 


\   0A'„  =  [j.(OAn  —  X.OAt) 

L'addition  de  ces  équipollences  montre  que 

ZOA'  =  [j.  (1  —X)  20  A  =  20  A 

c'est-à-dire  que  le  centre  des  moyennes  distances  des  points  A',,  A',,.. 
est.  le  même  que  celui  des  points  A,,  A2,.  . . 

De  ces  relations  on  conclut  aussi  par  soustraction,  quels  que  soient 
les  points  A',,,  A'g  : 

A',, A',,  =  [j.iAj.X,  —  X.Ap+1Aa  +1)  ; 

c'est-à-dire  que,  si  par  un  point  quelconque  U,  nous  menons  US,  UT, 
équipollentes  aux  diagonales  Ap  A(/ ,  kp  +  tA7  + ,,  respectivement,  et  si  nous 
construisons  le  triangle  SXT,  directement  semblable  à  PQR,  la  droite 
IX  sera  équipollente  à  la  diagonale  A'^A',,  du  second  polygone. 

o.  —  Le  système  (2)  va  nous  permettre  de  résoudre  le  problème 
inverse  de  la  construction  que  nous  venons  d'indiquer;  c'est-à-dire, 
étant  donnés  les  points  A't,  A'2, ...  A'„,  de  construire  le  polygone  pri- 
mitif A1A2. . .  A„. 

Il  suffit,  en  effet,  de  multiplier  la  seconde  relation  (2)  par  X,  la  troi- 
sième par  X2,  etc.  la  dernière  par  Xn_1,  et  d'additionner,  pour  obte- 
nir OA,  en  fonction  de  OA',,  OA'2. . .  OA'„ . 

[x(l—  X»)  OA,  =     ~  ^OA,  =  OA',  +  X.OA'2-f . . .  +  À""'.  OA  „ 

(3)  0A1  =  ^^(OA'l+X.0A'2+...H-X»-1.  OA'.). 

Celte  relation  peut  encore  s'écrire  sous  la  forme  : 

A,A,+X.A,A2  +  ...  +  X-1.  AtA;>=o 

La  formule  (3)  permet  d'obtenir  la  valeur  de  OA,  en  choisissant  arbi- 
trairement le  point  0,  par  de  simples  constructions  successives  de 
triangles  semblables  ;  car  les  diverses  puissances  de  X  sont  des  rapports 
géométriques  résultant  de  ces  constructions.  Avec  la  règle  et  le  compas 
on  pourra  donc,  en  général,  résoudre  le  problème  proposé. 

6.  —  11  y  a  pourtant  une  exception.  Si  '/."  =1,  la  valeur  de  OA  ne 
peut  plus  se  construire  ;  mais  alors,  à  cause  de  l'indétermination  du 
point  0,  il  faut  que  nous  ayons  aussi,  quel  que  soit  ce  point, 


C.-A.  LAISANT.  —  SUR  QUELQUES  PROPRIÉTÉS  DES  POLYGONES  143 

(4)        OA,  +  X.OA  2  +  . . .  -f  X"  -  l.OA'n  =  o 

Cette  relation  donne  une  propriété  de  la  ligure.  Quant  à  l'hypothèse 
X=l,  elle  est  impossible;  car  elle  exigerait  que  le  point  Q  tût  à  l'in- 
fini, dans  le  triangle  PQR. 

iktc 

Ce  cas  exceptionnel  Xn=l  correspond  à  X  =  s  "  ;  c'est-à-dire  que 
le  triangle  PQH  doit  être  isoscèle.  et  que  l'angle  en  Q,  multiplié  par  n, 
doit  donner  un  nombre  entier  de  circonférences.  C'est  ce  qui  arrive  en 
particulier  si  les  points  A\,  A'2.  .  .  A„  sont  les  centres  de  polygones  régu- 
liers de  n  côtés,  construits  sur  les  côtés  du  polygone  primitif. 

Ainsi,  on  ne  peut  pas  se  donner  arbitrairement  les  centres  des 
triangles  équilatéraux  construits  sur  les  côtés  d'un  triangle  ;  des  carrés 
construits  sur  les  côtés  d un  quadrilatère  :  et,  en  général,  des  polygones 
réguliers  de  n  côtés  construits  sur  les  côtés  d'un  polygone  de  n  côtés.  Ces 
points  doivent  satisfaire  à  la  relation  (4)  ;  cette  condition  étant  remplie, 
on  peut  se  donner  arbitrairement  l'un  des  sommets  A,  du  polygone 
primitif,  et  les  relations  (2)  permettront  alors  d'en  déduire,  successive- 
ment, tous  les  autres. 

7. —  Nous  n'avons  fait  aucune  hypothèse  sur  le  polygone  AjA^-An  en 
ce  qui  concerne  la  convexité.  Si  nous  admettons  maintenant  qu'il  soit 
convexe,  le  polygone  A^AV--  A'„,  que  nous  avons  supposé  obtenu 
par  la  construction  de  triangles  extérieurs,  le  sera  aussi.  Nous  pourrons 
alors  répéter  sur  ce  polygone  la  même  construction  que  sur  le  premier. 
Il  sera  même  possible  de  répéter  celte  construction  sur  la  série  des 
points  A'jjA'jj,..  indépendamment  de  toute  hypothèse,  pourvu  qu'on  ait 
soin  de  faire  la  construction  de  chaque  triangle  dans  le  sens  convenable, 
en  suivant  le  parcours  A'tA  , . . . 

Nous  obtiendrons  ainsi  de  nouveaux  points  A"t,  A"2, ...  qui  nous 
seront  donnés  par  l'application  des  mêmes  formules  (2).  Ainsi 

0A"t  =  [i.  (OA'j  —  X.OA'2) 

c'est-à-dire,  en  remplaçant  OA't  et  OA'2  par  leurs  valeurs  (2), 

(o)  Ok'\  =  [x2  (QA,  —  2X.OA2  +  X2.OAs) 

On  trouverait,  en  répétant  la  même  construction  sur  les  points 
OA"t,  0A\,... 

(6)  OA"i  s=  [«,«  (OA,  —  3X.UA,  +  3X2.OA3  —  X'.OA,) 

et  ainsi  de  suite.  La    formule  donnant  un  point  A1^1  quelconque   petit 
s'exprimer  ainsi  sous  une  forme  symbolique: 

(7)  0A<?»  =  [i.p[OAt  (1  —  X.OA0*] 

en   convenant  de    traiter    les   indices  comme  des  exposants,   à  l'inté- 
rieur des  crochets,  et  de  transformer  les  exposants  de  OAi  en  indices. 

10 


146  .MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GEODESIE.   MECANIQUE 

Il  est  évident  que  les  points  A",  ,  A".,.  ..  A"„  ont  le  même  centre  des 
moyennes  distances  que  A,,  A,...  A„  ;  et  qu'il  en  est  de  même  des 
points  AjIp),  A2  "'>,.••  A,//',  en  général. 

8.  —  Reprenons  les  valeurs  (2)  de  0A'1;  OA2,   et   calculons    par  la 

formule  habituelle -j-  (OA^c/O A  2  —  cjOA\.OA!J  (*)  l'aire  du  triangle 

OA'jA',.  Nous  trouvons  ainsi 

OA,A2  = 

\kcj\i  [oAiA,—  -  ((k  —  cfk)  OA2.c/OA2  +  ciX.OA1.c/OA3—  X.c/OA.-OA^ 

-f-  Xc/X.  OA2A3   , 
formule  qui  peut  s'écrire 

OAj'A'2  =  \wj\i.   OAjAjj  -|-  Xç/XOA2A3 

-  -^  OÀA  +\^^  (20A2c/OA2  -  OA1ç/OA3  -  cjOA1.OA3)] 

w         r  x  4-  cfk 

=  \).cj\).  [^0A1A2+ ac/aOA2A3 L^i-  OA^ 

+  \    ^^  (20A2cyOA2-OA1cyOA1-OA3.C70A3:+A1A3.cjA1A3!] 

On  passe  de  là  au  triangle  Oo'^'j  forme  par  les  points  a\,  a'2,  cons- 
truits vers  l'intérieur,  en  remplaçant  dans  cette  formule  \).  et  X  par  leurs 
conjugués,  et  réciproquement. 

En  ajoutant  les  expressions  , 'semblables  OA^A'.,...  OA'nA'j ,  désignant 
par  S'  l'aire  de  K\A.'2. . .  A'„  ,  par  S  celle  de  AiA2. . .  A„,  on  a 

•  r .  .  *  •>  .-,     x-j-c/x   v.         ,i   x — ci\  ,  T 

S  s  m  [(1  -f  XcjX)S  -  ^EX-sOA,AH,+  -    — -i-HigrA, A„+,r-J 

Pour  l'aire  s'  de  a^a*,,,,  a'n,  il  vient 
6"=  K?>  [d  +VM8-  ^j^  SOApA^+j  -  i  1=^  S(^ApAp+2)*]: 

De  là, 

[S'-j-,'  fc=  ;,(■>  [2  (1  +XciX)S-(X-f-c/-X)SOApA;,+î] 

1        .  X  —  c/X     . 

s  —  s=  —  [j.cjix ^-  S^rApAp+j)' 

4  7 

La  somme  ïlOApA})+2  est  évidemment  indépendante  dans  tous  les  cas 
du  choix  du  point  0. 

*  Voii  BELLAVITIS;  Exposition  de  lu  méthode  des  Bqiàpollences,  traduction  française,  p.  4i>. 
Nous  employons  ici,  pour  plus  de  commodité  typographique,  le  coefficient  i  à  la  place  du  signe 
particulier  nommé  ramun  qu'a  introduit  M.  Bcllavitis. 


C.-A.  LAISANT.  —  8UB  QUELQUES  PROPRIÉTÉS  DES  POLYGONES     147 

On  peut  enfin  donner  aux  expressions  de  S'  et  de  s   ci-dessus,  en  y 
ntroduisant  les  angles  mêmes  du  triangle  PQR,  la  forme  qui  va  suivre. 


Il  suffit  pour  cela  de  remplacer  ;j.  par  —  £     et  X  par  —  ;     ,  en 


-  e  R  et  X  Dar  -  -  £     .en    utili- 
sant, en  outre,  la  relation  JjLp  =  ^SL  =  ~-  On  trouve  ainsi 

sin  P  sin  R  r/sin  P    ,    sin  R\  0 

in 
I 


sin  P  sin  R  r/sin  P        sin  IA         ^a^,    v 

S'  = ^— ^ —     -r— ïï  +  -r— n    S— cosQ.lOA,,  A,,+2 

sin2  Q      L\sin  R        sin  P/ 

_|_         sinQ.S^rAp.Ap+a)8]- 

sin  P  sin  R  f/sin  P         sin  R\  nvnA    » 

.s'  =  •  a  n       ("— û  ~  ■  ~ — 5    S—cosQ.SOApAp+a 

sin2  Q     LVsin  R        sin  P/ 

sin  Q.2((/rApA7,+2)2J. 

„  sin  P  sin  R  f/sin  P     .    sin  R\  n  vn\    \      1 

S'-W=2  — — ^-    (— u  +   t— n)S—  cos  Q.lOApAp+2 
1  sin2  Q       L\sin  R         sm  P/  -1 

i    sin  P  sin  R     ,     â    à      . 

en  appelant  h  la  hauteur  du  triangle  PUR. 

Nous  avons  donc  le  théorème  suivant  :  On  construit  des  triangles  sem- 
blables vers  l' extérieur,  puis  vers  l'intérieur,  sur  les  côtés  d'un  polygone 
donné  ;  la  différence  des  aires  des  deux  nouveaux  polygones  ainsi  obte- 
nus est  à  la  somme  des  carrés  des  diagonales  joignant  de  deux  en  deux 
les  sommets  du  polygone  donné,  comme  la  hauteur  d'un  quelconque  des 
triangles  semblables  est  au  double  de  sa  base. 

9,  —  Les  résultats  que  nous  avons  obtenus  jusqu'à  présent  sont 
généraux.  Il  suffit  de  faire  varier  y.  (ou  a)  de  toutes  les  manières  pos- 
sibles, pour  avoir  toutes  les  formes  possibles  du  triangle  PQR. 

Par  exemple,  si  ce  triangle  se  réduit  à  une  droite,  c'est-à-dire  s'il  s'agit 
tout  simplement  d'une  division  proportionnelle  des  côtés  du  polygone, 
et  non  plus  de  triangles  proprement  dits,  il  suffit  de  supposer  que  X  et 
y.  sont  algébriques. 

Si  le  triangle  PQR  est  isoscèle  de  base  PR,  alors  1  =  ea  . 

S'il  est  rectangle  en  Q,  on  aX  =  h',  /  étant  algébrique. 

S'il  est  rectangle  en  Q  et  isoscèle  en  même  temps,  a  =  i. 

■K 

S'il  est  équilatéral ,  X=  \x  =  e  3   . 


148  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

S'il  s'agit  du  centre  d'an  polygone  régulier  de  p  côtés,  construit  sur 

air 

chacun  des  côtés  du  polygone  At  A2...,  on  a  X  =  £    ''    . 

Nous  ne  pousserons  pas  plus  loin  l'examen  de  ces  cas  particuliers,  et 
nous  allons  maintenant  faire  quelques  applications  des  divers  résultats 
obtenus,  au  triangle  principalement. 

10.  —  Triangle.  —  Nous  changerons  un  peu  notre  notation,  pour  la 
symétrie  des  résultats,  et  nous  désignerons  ici  par  A'3  (et  non  A',),  le 
troisième  sommet  du  triangle  construit  sur  A1A2.  Les  équipollences  (2) 
deviendront  alors 

OA'a  =  y.  (OA,  —  X.  0A2) 
OA',  =  |&  (0A2  —  a.  0A3) 
UA'2  =  h.  (OA3  -  X.  OA4) 

On  déduit  de  là  (n°  5) 

0A*  =  *  Z£  (0A'3  + x* 0Ai  +  xa,0A2) 

relation  qui  peut  encore  s'écrire 

A.A'3  +  X.  AtA',  +  X*.  AdA'2  =  o 
ou,  en  divisant  par  X, 

X-».  AtA'3  +  A,A',  +  X.  A,A'2  =  o 

formule  d'une  facile  interprétation  géométrique. 

11.  —  Si  les  points  A',,  A'2,  A'3  sont  les  centres  de  triangles  équilaté- 

raux  construits  sur  les  côtés  du  triangle,  X  =  e  "  ,  et  nous  tombons 
sur  le  cas  exceptionnel  du  n°  6.  La  condition  à  laquelle  les  points 
A'i,  A'2,  A's  doivent  satisfaire,  est  alors 

OA'3  -j-  X.  OA',  +  X2.  0A'2  =  o 

ou,  en  faisant  coïncider  O  avec  A'2, 

A'2A'3  -\-  X.  A'2A'i  =r  o 

c'est-à-dire  que  le  triangle  A.\A.\k'a  doit  être  équilatéral,  propriété  bien 
connue. 

Les  puissances  successives  de  X,  savoir  : 

■in  .su  .._  sic 


sont  alors  respectivement 


C.-A,  LAISANT.  —  SUE  QUELQUES  PROPRIÉTÉS  DES  POLYGONES  '149 

X        ,         —  (X-f   1)   ■      ,     •   1  ,  > 


1 

et  on  a  \>-  : 


En  substituant  ces  valeurs  dans  les  expressions  qui  donnent  les  points 
A",,  A"2,  A"3,  A'",,....  on  reconnaît  sans  peine  que  le  triangle  A'^A^A", 
s'obtient  en  taisant  tourner  A ',A'2A'3  de  180°  autour  de  son  centre,  que 
A^A^A",  coïncide  avec  A'tA'tA't,  et  ainsi  de  suite;  en  sorte  que  les 
constructions  successivement  répétées  ne  feront  jamais  tomber  que  sur 
les  deux  triangles  A^A^A^  et  k'\A."2X"9. 

Cherchons  l'aire  OA'3A'f  en  appliquant  les  formules  du  n"  8.  Elle  se 
réduit,  si  nous  choisissons  pour  le  point  0  celui  d'où  les  trois  côtés  du 
triangle  A,A2Aa  sont  vus  sous  le  même  angle,  à 

OA'3A',  =  -|~(  0A'A*  +  "T  °K  °j  °Aa  +  °AaA3  )' 

En  écrivant  les  valeurs  analogues  de  0A'2A'3,  OA',,A'3,  et  ajoutant,  il 
vient 

A'.A'.A',  =  -y-  A^A,  +  q|-(  (gr  OAt)2  +  (gr  0A2)«  +  (gr  OA3)*  ) 

Pour  le  triangle  intérieur  a»',,  on  trouve,  eu  suivant  la  mardi.' 
indiquée  au  n°  8,  et  substituant  les  valeurs  ci-dessus, 

a\a,a3  =  -A-  AtA2A3  -  ^-  (  (gr  OAt)a  +  (gr  0A2)«  +  gr  OA,)«) 

L'addition  de  ces  deux  valeurs  donne 

A'tA'2A'3  -f-  a^a^a^  =  A^A, , 
et  leur  différence  est 

1 

AjA.A'.j  —  a\a\as  =   —  AjA^Aj 

-f  ^L(  (9r  OA()»  +  (gr  0A2)*  +  (gr  OA3)2  ) 

Ces  formules  qui  sont  soumises,  bien  entendu,  aux  conventions 
habituelles  sur  les  signes  des  aires,  correspondent  a  deux  théorèmes 
facilement  exprimables  en  langage  ordinaire,  et  dont  le  second  donne 
une  propriété  caractéristique  assez  remarquable  du  point  0,  d'où  l'on 
voit  sous  le  même  angle  les  trois  côtés  d'un  triangle. 

Les  formules  du  n°  8  nous  permettent  encore  d'écrire  les  aires  dont 
il  s'agit  sous  la  forme  suivante,  en  appelant  alf  a2,  a3,  les  trois  côtés 
du  triangle  primitif  : 


A',A'2A'3  =  4"  M 2A,  +  A=  (a?  +  »i  +  aD 


180  MATHEMATIQUES.  ASTRONOMIE.  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

y 
\  i 

a'ja'sja'a  =  —  A,A.2A,  —  — =  (aj  +  a|  +  al) 

42.  __  Supposons  maintenant  <iue  A',,  A'2,  A'3,  soient  les  centres  de 
carrés  construits  sur  les  côtés  du  triangle  AiA2A3.  On  aura  dans  ce  cas 

X  =  i    \).  =  . e*    .  et  on  trouve  immédiatement 

A, A',  =  i.  A'2A':, 
ce  qui  montre  que  les  deux  droites  A^,  A'2A'3  sont  égales  en  longueur 
et  rectangulaires  entre  elles,  d'où  résulte  une  construction  géométrique 
des  plus  simples  pour  trouver  Je  triangle  primitif,  connaissant  A'.A '2A ',. 
Si  l'on  cherche  les  points  obtenus  par  la  même  construction  successi- 
vement répétée  (n°  7),  on  trouve 

3  i     . ,  . ,  3     .    . , 

'A, A'",  =  -g-  A2A3  a=  —  AjA», 

résultats  géométriques  qui  peuvent  encore  s'interpréter  sans  peine. 
En  évaluant  les  aires  OA'jA',,...  (nn  8)  et  ajoutant,  on  obtient  : 

A'jA'.A',  =  AtA2A;!  +  -i-  (a?  +  a|  +  af) 

et  pour  les  triangles  intérieurs 

\ 
a\a\as  =  AiA2A3 —  (a?  -f  a|  +  a|) 

13.  —  Prenons  enfin   pour  A'lt  A'2,  A'3,  les  sommets  de   triangles 


équilatéraux.    Alors   \x  ==  X  ==  e 3    .  Les  puissances  successives  de  X 
sont 

X,    X  —  4,     -  1,    —  à,     1  -  X,    1,    X, 

Les  valeurs  de  OA',,  OA'a,  OA'3  peuvent  se  mettre  sous  la  forme 

OA',  =  X.  OA2  +  X-1.  OA3 
OA'2  =  X.  OA3  -f  X-'.  OA, 
OA'3  =  X,  OA,  +  X-1.  OA2 

et  l'on  reconnaît,  en  déduisant  de  là  A, A',,  A„A'2,  A3A'3,  que 

A2A'2    _    A3A'3    _    A,A't    _     2 
A,A't  A2A'2  A3A'3 

propriété  connue. 


C.-A.  LAISVN'T.  —  SUR  QUELQUES  PROPRIÉTÉS  DES  POLYGONES      1o1 

L'expression  «Je  OA,  est 

OA,  =  -i-  (OÀ'1+X.QA'fi+X-*.OA'3) 

Le  poinl  A",  est  donné  par  la  relation 

OA",  =  X*  (OA,  —  2X,  OA,  +  X2.  0A2) 
=  20  At  —  0A'„ 

ni       0A'*  +  0À"* 

dou  UAj  =  s ; 

formule  qui  nous  montre  que  le  point  A,  est  le  milieu  de  A',A"„  et  qui 
fournit  ainsi  pour  ce  point  une  construction  d'une  extrême  simplicité. 
L'aire  A^A^A',  est  

A  ,V,V;!  =  A  A,A,At  +  -|-  (a?  +  tg  +  Ȥ) 

et  celle  du  triangle  intérieur  a\a\as 

a\a\a\  =  -|-  A,A2A.,  -  -g-  (a?  +  »î  +  ai  '• 

14.  _  Quadrilatère.  —  Revenons  maintenant  à  nos  notations  géné- 
rales. Si  l'on  considère  les  centres  A',,....  des  triangles  équilatéraux  con- 

struits  sur  les  côtés  d'un  quadrilatère   A,  A.,  A3  A4,  il  faut  faire  X  =  s 
dans  les  formules  générales.   On  trouve    alors    que   A,  se   détermine, 
connaissant  A',  A'2  A',  A'4,  par  la  relation. 

OA,  =  OA',  +  X.  0 A'2  -  (X  + 1  )  0A'8  +  0A'4 
d'où  A',  A,=  A'3  A'4  — X.  A'2A'3. 

Pour  les  centres  de  carrés  construits  sur  les  côtés,  il  faut  faire  X  =  t; 
on  voit  alors  que  la  condition,  à  laquelle  les  points  A'1}...  sont  assujettis, 
est  OA',  +  1.  0A'2—  0A'3—  i.  0A't=o 

ou  A',  A's  + 1.  A'a  A'4  =  o, 

en  sorte  que  les   deux  droites  A',  A'3,  A'2  A'4  sont  d'égales  longueurs, 
et  perpendiculaires  l'une  sur  l'autre. 

En  répétant  la  même  construction  pour  avoir  le  point  A"„  on  trouve 

A,  A  ,   =  — -A3A,; 

â*A'\+A4A"a=o, 

propriétés  géométriques  très-simples  encore. 

il 

3 

Pour  les  sommets  de  triangles  équilatéraux,  X==[j.  =  s        et 


1 0"^  MATHÉMATIQUES,   ASTRONOMIE.  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

0A1===~^(X-'.A,A'1+0A'2+X.0A'a) 
A'ijAj-f-À.AVAj  =X"l.A4Ai'. 
Pour  l'aire  du  quadrilatère  k\  A'2  A'8  A'4;  on  a,  quel  que  soit  a, 

A  i  A  ,  A  3  A  ,j  = 

;a cj \>.  |a,  A2  A8  A4  (1  +  a cj  X)  +  -  '-^  (iqrAt  A8)s  +  (gr  As  A4)SY|, 
et,  pour  les  points  intérieurs, 

o'1o',o',o'4= 

j*c/|*  [a,A2A8  A4  (l-f-Xç/X)  __-lfL  ((jrA1A1)*+(9rA1A4)»)] 

Il  suffit  de  substituer  telle  valeur  de  X  qu'on  jugera  lion,  pour  obtenir 
par  cette  formule  les  aires  des  quadrilatères  construits. 

45.  —  Hexagone.  —  Pour  l'hexagone,  nous  ne  dirons  qu'un  mot, 
relativement  aux  sommets  des  triangles  équilatéraux  construits  sur  les 
côtés.  Ces  sommets  doivent  satisfaire  à  la  condition 

OA'1+X.OA'2+Xî.0A's-f-X3.0A'4+X*.0A'5+Xs.0A'6=o 

ou,  X  étant  égal  à  s      , 

A',  A'4-j-X.  A'a  A'5+X2.  A',  A'a  =o 
X-*.À'tA'4-1-A'iA',+X.A'ïA'(=o. 
Si  on  considère  les  centres  des  triangles   équilatéraux    ci-dessus,    au 
lieu  de  leurs  sommets,  on  trouve  pour  condition 

OD+X.OE— (X+l)OF=o 

a  étant  ici  z  "   ,  et  D,  E,  F  étant  respectivement  les  milieux  des  diago- 
nales A,  A  .,  A'2A'8,  A', A',. 
De  là 

FD+XFE=o, 

c'est-à-dire  que  les  trois  points  D,  E,  F  forment  un  triangle  équi- 
latéral. 

16. — Octogone.  —  Soient  A', les  centres  des  carrés  construits  sur 

les  côtés  d'un  octogone.   Ces  points  devront  satisfaire  à  la  condition 

OA'1+OA'l+t(OA'1+OA'i)  —  (OA'.+OA',  — f)(OA'4+OA',)=o, 

de  sorte  que  ies  milieux  D,  E,  F,  H  des  droites  A'jA'jjA'jA'^A'jA',, 
A'4A'8,  sont  tels  que  les  deux  droites  EF,  EH  sont  égales  en  longueur, 
et  perpendiculaires  entre  elles. 


C.-A.  LAISANT.  —  si  ti  QUELQUES  PROPRIÉTÉS  DES  POLYGONES  153 

17.  —  Nous  ne  pousserons  pas  plus  loin  les  applications  particulières 
de  la  méthode  que  nous  avons  indiquée.  Il  est  clair  qu'on  pourrait  les 
multiplier  autant  qu'on  le  voudrait,  el  obtenir  ainsi  dos  propriétés 
nombreuses  de  figures,  dont  quelques-unes  ne  seraient  sans  doute  pas 
faciles  à  établir  par  les  procédés  habituels;  tandis  qu'elles  sont  ici  des 
conséquences  toutes  naturelles  du  calcul,  et  parfois  même  intuitives. 
Il  nous  semble  que  ceci  est  une  preuve  de  plus  de  l'utilité  et  de  la 
fécondité  de  la  méthode  des  Équipollences. 

Pour  terminer,  nous  ferons  une  remarque  générale  relativement  à  la 
condition  (4) 

0A'1  +  à.0A'2+Xs.0A's+ +  a'<-'.OA'„  =  o 


•2TZ 


qui  doit  être  réalisée  lorsque  X  =  e  "  .  Si  le  sommet  A«  du  polygone 
primitif  vient  à  coïncider  avec  At,  alors  le  point  A',,  coïncide  ausbi 
avec  Ai,  et  la  condition  devient 

OA',  +  a.  OA'2  +  ....+X«-2.OAVI  +  X'l-«  0A,  =  o 
Si  deux,  trois,...  p  sommets  en  général,  coïncident  avec  A,,  on  a 
OA'i-J-A.  0A'2  +À2.OA'3  + _f/."-j>-i<)A'"-P 

.^Qn-p  +  Xn-p+l^ +  À""1)  OA1=0, 

ce  qui  donne  une  propriété  du  polygone  de  n-p  côtés. 

Au  fond,  cette  relation  ne  diffère  pas   de  celle  (3)  qui  donnerait  OA, 

en  fonction  de  0A'1; 0k'n-P  dans   le   polygone  de    n-p  côtés;   mais 

elle  est  peut-être  d'une  interprétation  géométrique  plus  facile  dans  cer- 
tains cas. 

La  concordance  des  deux  formules  résulte  de  l'identité 

1  —  1  1 

1  —),"-/'  ~~  ~~  A"-/»  -j-X"-/'+1  -f- -f-A"-1 

dans  l'hypothèse  À  =  £  " 

Si  nous  supposons,  par  exemple,  n=  6,  ;>  =  l,nous  avons  la  condi- 

tion  suivante,  X  étant  e     , 

OA'.-L-X.OA^-HX  —  l)OA'3— OA'4—  X.OA'5  —  (),- l)OA1=  o. 
On  peut  lui  donner  la  forme 

At  A',  +At  A'4— Aj  A't=  a (At  A'3+  At A'2— A,A'5), 
c'est-à-dire  qu'on  peut  énoncer  ce  théorème  : 

Soient  A^A^As  un  pentagone;  At  A't  A2,  A2A'2AS, AgA'gAj  des 

triangles  équilaléraux  construits  sur  les  côtés  de  ce  pentagone. 


154  MATHÉMATIQUES.  ASTRONOMIE.  GÉODÉSIE.  MÉCANIQUE 

Traçons  A',  A,,  A',,  A,,  et  prolongeons  ces  lignes  de  longueurs  êgaîhs  à 
elles-mêmes,  en  A,  A",,  A,  A" 3  respectivement.  Appelons  G  le  centre  de 
gravité  du  triangle  A'3A'tA",;  K  celui  du  triangle  A.' 3  A'.,  A" 5  : 

Le  triangle  A,  G  K  est  équiïatéraî. 


PIAREON  DE  M01OESR 


SUR  UNE  NOUVELLE  FORMULE  ALGÉBRIQUE. 

—   Séance  du  25  août    1877.  — 

1.  —  Soient  a,  b,  c,  d t,  n  quantités  dont  je  désigne  la 

somme  par A, 

la  somme  des  produits  deux  à  deux  par S2, 

la  somme  des  produits  trois  à  trois  par S3, 

et  en  général  la  somme  des  produits  p  à  p  par Sp  . 

Il  est  clair   que   les  n  quantités  dont  il  s'agit  sont   les  n  racines   de 
l'équation  : 

(1)  an  —  Aan~l  -f-  S2a"-2  -  S;,a»-*-f ±  S„  =  0. 

Je  tire  de  l'équation  (1)  : 

(2)  A  =  a  +  -2  —  -3  + ±  — . 

1     a         a2    '  a"-1 

J'élève  maintenant  à  la  puissance  m,  m   étant   un   nombre  entier   et 

positif  plus  grand  ou  plus  petit  que  n,  les  deux  membres  de  l'équation  (2), 

en  considérant  le  second  membre  comme   un  binôme  dont  le  premier 

S         S 

terme  serait  a,  et  le  second  terme  le  polynôme  — 4- 

a         a"*- 

±  *- 

J'obtiens  aussi,  en  appliquant  la  formule  du  binôme  de  Newton  : 

'S.,        S3    ,  \    .   m(m—i) 


■a' 

2 


(3)    A"  =  am  -f  ma*  - l  p  —  -*  +  .   .   .  \  + 

S8  _  Ss  \s        m  (m— 1)  (m— 2)   m  3/S2        S3  \3 

a  "a*  '    '   '   )    "T"  2.  3  °      U        a^---;"1"  "•• 

2.  —  Le  développement  complet  de  la  formule  (3)  me  donnera  des 
termes  entiers  et  des  termes  fractionnaires  ayant  successivement  pour 
dénominateurs  les  diverses  puissances  de  à. 


iv  ni:  K0NDE8TR.  — BOB  l'NF.  NOUVELLE  FORMULE  ALGÉBRIQUE     155 

J'extrais  d'abord  les  termes  entiers,  opération  qui  n'offre  aucune  diffi- 
culté, je  les  ordonne  par  rapport  aux  puissances  décroissantes  de  a,  et 
j'obtiens  la  formule  suivante  : 

(4)  A'"  =  am    -f  wS,a"1-2  —  roSja*"3  -f  roSt   [am-« 

■   m(m—\) 

o  2  I 


m  (m — 1) 


m  S, 

X  ZS.,S; 


±  vw  +  z, 


+ 


wS6 


.    m  (m— 1)  (m— 2) 

+ 2^ Sî 


i«i— o 


Dans  la  formule  (4),  le  terme  ±  Um  est  le  terme  indépendant,  c'est- 
à-dire  le  coefficient  de  a0,  avec  le  signe  -|-  pour  m  pair  et  le  signe  — 
pour  m  impair. 

Quant  au  dernier  terme  Zw  .  il  représente  la  somme  de  tous  les  nom- 
bres fractionnaires  provenant  du  second  membre  de  la  formule  (3).  Ce 
terme  est  de  la  forme  : 


(3) 


y  Vffl-fl  ,  '   m    + 


H- 


S„< 


7m  [n  —  1) 


3.  —  Je  remarque  maintenant  que  Am  est  une  fonction  symétrique  des  n 

lettres  a,  b,  c, t,  et  que,  par  conséquent,  si  je  trouve  dans 

la  formule  (4)  un  terme  tel  que  \k  X  am~k,  je  dois  y  rencontrer  égale- 
ment les  71  -  1  termes  :  V*  (bm'k  -j-  cm~k  +  .  .  .+  'm~k)>  lesquels 
proviendront  du  développement  complet  de  la  série  Zw. 

Si  donc  je  désigne  en  général  la  somme 

a*  +  b*  +  c*  +  ...   +  P 

par  la  notation  Pjj.,  je  puis  remplacer  a?  par  P|x,  dans  la  formule  (4), 
laquelle  prend  alors  la  forme  suivante  : 


(M)    A*   =   Pm    +   ™S2  Pm  -  2  — 
+ 
+ 


m  (m — 1) 


± 


mS3 
mSt 


Pm  —  3 

*m  —  \ 

P 

*  m  —  ~j 


m  (m — 1 


X     2b«03 


IS6 


MATHÉMATIQUES.  ASTRONOMIE.  GÉODÉSIE.  MÉCANIQUE 


+ 
+ 


mS, 


m  (m — I  ) 


(V  +  2S,Sj 


m  i  m— A)  (m — 2)     s 


2.3 


p 

1   m   —  G 


mS, 


m  (m — i) 


(2S2S5  +  2S3S4) 


+ 
+ 


m  (m— i)(m— 2) 

— ~ X  OS2-o3 

mS8 

m  (m — i)(m — 2) (m— 3)  ,  , 

■ S  * 

2.3.4 


p 


?»  I/M 1) 


mS9 

Ï2S2S7  +  2SaS0  +  2S4SS) 

■m(^(m-2)(S33+3VS8+6S2S3S4) 


/// 


(m — 1)  (m — 2)  (m— 3) 


2.3.4 


X  4S23S5 


p 

1  m  —  U 


+  • 


Telle  est  la  nouvelle  formule  que  je  me  proposais  d'établir  pour  expri- 
mer la  mme  puissance  d'un  polynôme,  composé  de  n  lettres  au  moyen  des 
fonctions  symétriques  simples  S2,  S,,. . .  S„,  et  des  sommes  de  puissances 
semblables  Plt  P2,. .  .  Pm  _■>  et  P,„  . 

La  loi  de  formation  des  coefficients  est  des  plus  simples  et  peut  s'expri- 
mer ainsi  :  pour  former  le  coefficient  de  Pm_fc,  prendre  dans  le  développe- 
ment du  second  membre  de  l'équation  (3)  tous  les  termes  entiers  du 
degré  k,  qui  se  trouvent  multipliés  par  a'"-k. 

4.  —  Je  tire  de  la  formule  (M), 


(G)     P,n  =  A'"  —  mS2Pm  _  2  +  mS3PTO  _  3 


wS, 


m(m—\)     2 


Pm  -H- 


+ 


mS, 


K  -  ;  - 


+      =JÈ|=±)  X  2S2Sa 


P.  DE  M0NDES1R.  —  SUR  U.NE  NOUVELLE  FORMULE  ALGÉBRIQUE      157 

En  remplaçant  dans  la  formule  (6)  m  par  m  —  "2,  j'obtiendrai  P,„  _  2 
en  fonction  de  Am  -  2  et  des  sommes  l\„  _  4,  P,„_5, 

En  y  remplaçant,  en  même  temps,  m  par  m  —  3,  j'obtiendrai  Pm_3  en 
fonction  de  Am  ~  3  et  des  sommes  Pm  _  5,  P,„  -  e, 

Cette  première  opération  me  donnera  une  première  formule  trans- 
formée (M^  qui  contiendra  A'n  ~ 2,  Am  "" 3,  Pm  -  i,  Pm  -  .-„ 

En  éliminant  de  la  formule  (M,),  Pm  -  t  et  Pm  _ 5,  à  l'aide  de  la  for- 
mule (6),  j'obtiendrai  une  deuxième  transformée  (M2)    contenant  A"1"-, 

Am  -3     Am--4     Am— 5     U  „    P  .         ... 

En  continuant  cette  opération,  toujours  à  l'aide  de  la  formule  (6), 
j'obtiendrai  une  transformée  définitive  qui  ne  contiendra  plus  que  les 
diverses  puissances  de  A,  et  dont  tous  les  indices  de  P  auront  été  succes- 
sivement éliminés. 

Cette  dernière  formule  sera  précisément  la  magnilique  formule  de 
Waring,  qui  se  trouvera  ainsi  déduite  de  la  formule  (M),  et  que  je  trans- 
cris ici  en  la  poussant  jusqu'à  l'exposant  m  —  9. 

(W)  A"1  =  P,„  +  roSa      A»-2 

__  >/(S3      A"'-3 

-J-  roS,      A"1-1 


+ 
+ 

+ 
+ 

+ 

+ 


2 

-s, 

m  (m— 

2 

-4) 

X 

2SaS 
m  S 

Ï^OV  +  MA) 

m  {m — 4)  (m — 5)      „ 
2~T3 S'2 

ïfcfB  (2S2SS  +  2S3S4) 
^ x  o»2  Oj 


^«t  -  7 


wi(?n — /. 
2 


(S4*+  2S.S,  +  2S,SS 


m(m-6)(w-7i(8S2%+3S32S 


2  .  3 

ru  (m — o)  (m — 6)  (m — 7j  „ 
2.3.4  2 


158  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

—  mS9 

+        ZS^S  dSA  +' 2S8S8  +  2S,S8) 

_a(^y)(S|,  +  3S|lSt+6SiSA) 

m  (m— 6)  (m— 7)  (ro— 8)         .«  3~3 
+  -2.3.4 X       2 

5.  _  On  voit  que  les  deux  formules  (M)  et  (W)  présentent  entre  elles 
la  plus  grande  analogie. 

J'ai  déjà  donné  la  loi  de  formation  de  la  première.  Pour  passer  de  la 
première  à  la  seconde,  il  suffit  :  1°  de  remplacer  la  somme  Pw_*  par 
la  puissance  A"l_/C;  2°  de  remplacer,  dans  les  coefficients  numériques  de 
Pm_ kt  m  —  1  par  —  (m  —  /■;  -f  1  ),  m  —  2  par  —  (m  —  k  +  2),  m  —  3 
par  —  (m  —  k  -J-  3)  et  ainsi  d3  suite. 


M.  Em.  LEMOINE 

Ancien  élève  de  l'École  polytechnique. 


SUR  QUELQUES  QUESTIONS  DE  PROBABILITES. 

[EXTRAIT    DD    PROCÈS-VERBAL.] 


—  Séance  du  2S  août  1877.  — 

M.  Emile  Lemoine    expose  des  résultats  fort    intéressants   sur  le  calcu 
probabilités.  Voici  les  énoncés  des  questions  résolues  par  M.  Lemoine: 

1°  On  prend  au  hasard  deux  points  sur  une  barre  de  longueur  donnée; 
quelle  est  la  probabilité  pour  que  la  distance  de  ces  deux  points  ne  surpasse 
pas  une  longueur  donnée;  2°  on  prend  au  hasard  deux  points  dans  l'intérieur 
d'un  cercle  ou  d'une  sphère  ;  quelle  est  la  probabilité  pour  que  leur  distance 
ne  surpasse  pas  une  longueur  donnée  ;  3°  une  barre  jetée  en  l'air  se  brise  en 
trois  morceaux;  quelle  est  la  probabilité  pour  que  ces  trois  morceaux  soient 
les  côtés  d'un  triangle  quelconque,  —  d'un  triangle  acutangle;  -4°  on  casse  une 
barre  en  deux  morceaux,  puis  l'un  d'eux  en  deux  autres;  quelle  est  la  pro- 
babilité pour  que  ces  trois  morceaux  soient  les  côtés  d'un  triangle  quelconque, 
—  d'un  triangle  acutangle;  S0  on  prend  au  hasard  trois  points  sur  une  cir- 
conférence; quelle  est  la  probabilité  pour  que  le  triangle  ayant  ces  points 
pour  sommets  soit  acutangle.  —  Extension  à  une  courbe  quelconque  à  centre 


É.    LUCAS.  —  SUR  LA  THÉORIE  DES  NOMBRES  PREMIERS,  ETC.  159 

et  telle  que  toute  droite  passant  par  le  centre  ne  rencontre  la  courbe  qu'en 
deux  points;  t>°  on  jette  n  points  au  hasard  sur  une  circonférence;  quelle  est 
la  probabilité  que  ces  n  points  seront  tous  situés  du  même  côté  d'un  même 
diamètre  que  l'on  n'a  pas  tracé  préalablement. 


M.   GOHIEREE  DE  LOMCHAMPS 

Professeur  de  mathématiques  spéciales  au  Lycée  de  Poitiers. 


SUR  LA  SURFACE  DE  STEINER. 

(EXTRAIT   DO  PROCES-VERBAL.) 


—  Si:ti,iie  il  n  :'.'.'  août   ls'~. — 


M.  Ci.  de  Longchami'S  expose  des  propriétés  nouvelles  de  la  surface  de 
Steiner,  et  annonce  qu'il  a  trouvé  le  centre  de  gravité  de  la  surface.  Il  emploie 
dans  cette  étude  la  méthode  de  géométrie  connue  sous  le  nom  de  transforma- 
tion quadratique,  dans  laquelle,  à  un  point  du  plan  correspond  un  autre 
point,  à  une  droite  correspond  une  conique  et  à  un  plan,  une  quadratique. 
On  sait  que  cette  méthode  comprend,  comme  cas  particulier,  la  méthode  d'in- 
version ou  de  transformation  par  rayons  vecteurs  réciproques. 


M.   Edouard  LUCAS 

Professeur  au  Lycée  Cluirlemagne. 


CONSIDÉRATIONS  NOUVELLES  SUR  LA  THÉORIE  DES  NOMBRES  PREMIERS 

ET  SUR  LA   DIVISION  GÉOMÉTRIQUE  DE  LA  CIRCONFÉRENCE 

EN  PARTIES  ÉGALES. 


—  Séance  du  25  doût  1877.  — 

La  doctrine  des  nombres  premiers  a  été  ébauchée  par  Euclide  et  par 
Eratosthêne.  On  doit  à  Euclide  la  théorie  des  diviseurs  et  des  mul- 
tiples communs  de  deux  ou  plusieurs  nombres  donnés,  la  représentation 
des  nombres  composés  au  moyen  de  leurs  facteurs,  et  la  démonstration 
de  l'infinité  des  nombres  premiers,  que  l'on  peut  étendre  facilement  à 
la  preuve  de  l'infinité  des  nombres  premiers  des  formes  linéaires  Ax  +  'à 


100  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

et  6cc-f-§.  Nous  avons  donné  aussi  une  démonstration  élémentaire 
de  l'infinité  des  nombres  premiers  de  la  forme  mx-\-\,  quelle  que  soit 
la  valeur  de  m.  On  sait  aussi  que,  par  l'emploi  des  séries  infinies, 
Lejeune-Dirichlet  est  parvenu  à  démontrer  l'infinité  des  nombres  pre- 
miers delà  forme  ax-{-b,  dans  laquelle  a  et  b  sont  deux  entiers  quel- 
conques et  premiers  entre  eux  i  1 1. 

On  doit  à  Eratosthène  une  méthode  ingénieuse  connue  sous  le  nom 
de  Crible  Arithmétique,  qui  conduit  à  la  formation  de  la  table  des  nom- 
bres premiers,  et  des  nombres  composés;  on  possède,  depuis  les  tra- 
vaux de  Chernac,  de  Bcrckhardt  et  de  Dase,  les  tableaux  des  neuf  pre- 
miers millions;  Lebesgue  a  indiqué  un  procédé  qui  permet  de  réduire 
le  volume  de  ces  (aides,  et  le  jeune  et  savant  M.  Glaisher,  de  Cam- 
bridge, a  évalué  la  multitude  des  nombres  premiers  compris  dans  ces 
tables  (2). 

Les  principes  d'EucLiDE  et  d'ERATOSTHÈNE  conduisent  ainsi  à  une  pre- 
mière méthode  de  vérification  des  nombres  premiers  non  compris  dans 
les  Tables,  et  de  décomposition  des  nombres  très-grands  en  leurs  fac- 
teurs premiers,  par  l'essai  successif  de  la  division  d'un  nombre  fixe',  le 
nombre  donné,  par  tous  les  nombres  premiers  inférieurs  à  la  racine 
carrée.  Mais  c'est  là  une  méthode  indirecte,  qui  devient  absolument  im- 
praticable, dès  que  le  nombre  donné  a  10  chiffres. 

En  suivant  cette  voie,  M.  Dormoy(3)  est  arrivé  par  des  considérations 
ingénieuses,  déduites  de  la  théorie  de  certains  nombres  qu'il  appelle 
objectifs,  et  dans  lesquels  on  retrouve,  sous  le  nom  d'objectifs  de  l'unité, 
la  série  de  Léonard  de  Pise,  à  l'établissement  d'une  formule  générale 
des  nombres  premiers.  Malheureusement,  même  pour  des  limites  peu 
élevées,  cette  formule  contient  des  coefficients  considérables  qui  en  ren- 
dent l'application  illusoire. 

Les  nombres  premiers  sont  distribués  fort  irrégulièrement  dans  la 
suite  des  nombres  entiers  ;  e'est  qu'en  effet,  d'une  part,  il  est  facile  de 
démontrer  que  l'on  peut  trouver  m  nombres  entiers  consécutifs  et  non 
premiers,  quelle  que  soit  la  grandeur  de  m  ;  d'autre  part,  l'examen  de 
la  table  des  nombres  premiers  permet    de  constater  l'existence  de  deux 

dj  Lbjedne-Dirjchlet.  -  Abhandltmgen  der  liai, un-  Akademie.  Berlin.  1x37.  —  Vorleswngen 
Qber  Zahlentheorie,  herausgegebm  von  Dedehind,  Braunschweig,  1871. 

2    Chersac.  —  Cribrum  arithmeticum.  de  o  à  1,200,000.  —  Deventer,  1811. 

BuRCMARDr.  —  Tables  des  diviseurs,  jusqu'à  3,036,000.  -  Paris,  1814-1817. 

Dase.  -  Factoren-Tafeln,  de  6,000,000  à  9,000,000.  -  Vienne,   1862-1865. 

Lebbsgub.  —  Tables  diverses  pour  la  décomposition  des  nombres  en  facteurs  premiers.  — 
Paris,  I864. 

.1.  \v.  !..  Glaisher.  —  Preliminary  accouni  of  the  résulte  of  an  enumeration  of  the  primes  in 
Doses  uii,l  Burckhardt's  table*.—  Cambridge,   1876-1877. 

3)  E.  Doruoy.  —  Formule  générale  des  nombres  premier,  et  Théorie  des  objectif*.  -  Pari3, 
I867. 


É.  LUCAS.  —  SUR  LA  THÉORIE  DES  NOMBRES  PREMIERS,  ETC.  161 

nombres  impairs  consécutifs,  très -grands  et  premiers.  En  outre,  on  sait 
encore  démontrer  qu'une  fonction  rationnelle  de  p 

N=i(p), 

ne  peut  continuellement  donner  des  nombres  premiers  N,  puisque  l'on 
a,  pour  N  premier 

¥(p  +  KN)  =  o,    (Mod.  N). 

Il  est  donc  difficile  d'arriver  à  la  loi  de  distribution  des  nombres  pre- 
miers dans  la  série  ordinaire.  Cependant  il  paraît  bien  naturel  d'étudier 
les  nombres  premiers ,  d'après  leur  loi  de  formation  ;  aussi  l'étude 
approfondie  de  la  méthode  d'Eratosthène  a  conduit  le  prince  A.  de 
Polignac  à  d'intéressantes  propriétés  des  suites  diatomiques  (1)  ;  à  la 
même  époque,  M.  Tciiebichef  arrivait,  par  des  considérations  différentes 
à  la  démonstration,  de  ce  théorème  remarquable  (2)  : 

Pour  a>3,  il  y  a  au  moins  un  nombre  premier  compris  entre  a  et 
2a— 2. 

On  déduit  immédiatement  de  là  que  le  produit  des  n  premiers  nom- 
bres ne  saurait  cire  une  puissance,  ni  un  produit  de  puissances,  ainsi  que 
l'a  montré  M.  Liouville  (3).  En  résumé,  toutes  ces  recherches  sont 
basées  sur  la  considération  des  progressions  arithmétiques. 

On  doit  à  l'illustre  Fermât  des  recherches  profondes  sur  la  doctrine 
des  nombres  premiers  et  basées  sur  la  considération  des  progressions 
géométriques.  Dans  cet  ordre  d'idées,  différent  de  celui  qui  précède,  la 
vérification  des  nombres  premiers  très-grands  de  la  forme  a'1  —  bn  ,  et 
la  décomposition  des  nombres  de  cette  forme  en  facteurs  premiers,  se 
trouve  considérablement  simplifiée  par  l'introduction  d'un  calcul  sem- 
blable au  calcul  logarithmique,  ainsi  que  nous  l'avons  fait  voir,  dans 
notre  communication  au  Congrès  de  Clermont-Ferrand.  Cette  nouvelle 
méthode  repose  sur  l'inversion  du  théorème  de  Fermât.  En  désignant 
par  a  un   nombre  inférieur  à  p,  on  sait  que  l'on  a,  pour  p  premier,    la 

congruence 

ap-i  _1  =  0,  (Mod.p); 

mais  ce  théorème  n'est  pas  exclusif,  comme  celui  de  Wilson;  ainsi,  par 
exemple,  on  a  : 

236=1,  (Mod.  37)  et  2»?  =  1,  (Mod.  73)  ; 

et,  par  conséquent  : 

237x73-1  =4,  (Mod.  37X73). 

Cependant,  on  peut  énoncer  le  théorème  suivant,  que  l'on  doit  consi- 
dérer comme  la  proposition  réciproque  du  théorème  de  Fermât  : 

(1)  A.  de  Polignac,  Recherches  nouvelles  sur  les  nombres  premiers.  Paris,  1851. 

(2)  Journal  de  Liouville,  t.  XVII.  Paris. 

(3)  Journal  de  Liouville,  2e  série,  t.  II. 

Il 


162  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

Si  ax  —  1  est  divisible  par  p,  lorsque  x=p — 1,  et  n'est  pas  divisible 
par  p;  pour  x  diviseur  de  p — 1,  le  nombre  p  est  premier. 

On  sait  que,  dans  ce  cas,  a  est  une  racine  primitive  de  p;  d'ailleurs 
cette  proposition  rentre  dans  le  théorème  fondamental,  démontré  dans 
le  recueil  de  l'année  dernière. 

Cette  méthode  conduit  encore  à  la  démonstration  des  théorèmes  sui- 
vants : 

Théorème  I.  —  Si  A  et  Q  désignent  deux  nombres  quelconques  pre- 
miers entre  eux,  la  série 

I*o»  l'i>  1*2»  •  .  •  •  l*n  ,  •  •  • 

dans  laquelle  on  a 

r0=A,  r1  =  A2  +  2Q,  rn+1  =rn2  —  2Q2"  , 
contient,  comme  diviseurs,  des  nombres  premiers  tous  différents. 

Théorème  II.  —  Soit  le  nombre  p  =  A.2''  —  l,  et 

\o  q=0>  (Mod.  4),  et  A  =  3  ou  A  =9,  (Mod.  10), 

2°  qHI,  (Mod.  4),  et  A  =  7  ou  A  =  9,  (Mod.  10;, 

3°  q  =  2,  (Mod.  4),  et  A  =  l  ou  A  =  7,  (Mod.  10), 

40  q  =  3,  (Mod.  4),  et  A^l  ou  A =3,  (Mod.  10); 

on  /orme  tes  q  premiers  termes  de  \p,  série 

r4,  r2,r3,  r*,... 

par  la  relation  de  récurrence 

j.u+i  —  ^  __2? 

te  nombre  p  esd  premier,  lorsque  le  rang  du  premier  terme  divisible  par 
p  est  égal  à  q;  si  a<p  désigne  le  rang  du  premier  terme  divisible  par 
p,  les  diviseurs  de  p  sont  de  la  forme  2a  AK-f- 1,  combinée  avec  celle  des 
diviseurs  de  x2 —  2y2  et  de  x2 — 2Ay2. 

Exemple  .  —  Soit  le  nombre  p  =  3 .  211  —  1  =  6i  43  ;  on  forme  la  série 
des  résidus 

4, 18, 322,  —  749, 1986, 388, 3110, 3016, 4614, 499,  0  ; 
donc  p  =  6143  est  premier. 

Théorème  III.  —  On  obtient  un  théorème  analogue  au  précédent,  en 

prenant 

p=A.2<i-f-l, 
avec  les  valeurs 

1°  q=Eo,  (Mod.  4),  et  A  =  5,  ou  A=3,  (Mod.  10); 
2°  q==i,  (Mod.  4),  et  A=§,  oit  A  =  9,  (Mod.  10); 
3°  q=2,  (Mod.  4),  c£  A  =  5,  ou  A  =  7,  (Mod.  10); 
4°  q=3,  (Mod.  4),  e£  A  =  5,  ou  A  =  l,  (Mod.  10); 


Ë.   LUCAS.  SUR  LA  THÉORIE  DES  NOMBRES  PREMIERS,  ETC.  163 

Théorème  IV.  —  Soit  le  nombre  pr=A.3''  —  1 
avec  les  ni  leurs 

1°  q  =  0,  (Mod.  A),  et  A  =  4  ou  A  =  8,  (Mod.  10), 
2°  q  =  l,  (Mod.  4),  et  A=6  ou  A  =  8,  (Mod.  10), 
3°  q  =  2,  (Mod.  4),  e*  A  =  2  ou  A  =6,  (Mod.  10), 
4°  q  =  3,  (Mod.  4),  c/  A  =  2  ou  A =4,  (Mod.  10); 

on  forme  les  q  premiers  termes  de  la  série 

ro> rn  r2,  . . .  Tn  ,. . . 
par  /a  formule  de  récurrence 

rwH  =  r£+  3rf,  —3, 
déduites  de.  la  triplication  des  [mictions  numériques,  avec  les  conditions 
initiales 

r°  -  âAv/H  '     Fl    (i+^A-ji-^A  ' 

le  nombre  p  es£  premier,  lorsque  le  rang  du  premier  terme  divisible  par 
p  occupe  le  rang  q  ;  si  a  <  q  désigne  le  rang  du  premier  terme  divisible 
par  p,  /es  diviseurs  de  p  .son/  de  /a  /&me  linéaire  3aAlv-f  1  combinée 
avec  celles  des  diviseurs  quadratiques  correspondants. 
Exemple.  —  Pourp  =  2.37  —  l  les  résidus  sont 

2,17,1404,0,... 
donc  p  est   premier,  puisqu'il  n'a  pas  de  diviseur  inférieur  à  sa  racine 
carrée . 

Théorème  V.  —  Un  a  un  théorème  analogue  au  précédent  en  suppo- 
sant p  =  A.3?  -\-i,  avec  les  valeurs 

q=0,  (Mod.  4),  et  \~ 0,  ou  A ^5,  (Mod.  10), 
q.=  i,  (Mod.  4),  et  A=0,  ou  A=6,  (Mod-  10), 
q=2,  (Mod.  4),  e*  A  =  0,  ou  A  =  2,  (Mod.  10), 
q  =  3,  (Mod.  4),  et  A  =  0,  ou  A  =  4,  (Mod.  10), 

et  la  relation  de  récurrence 

vn+i  =  v«3  —  3  vu2-}-  3. 
TfJêorème  VI.  —  Soit  le  nombre  p  =  2  A.  5<i  +  1  ;  on  forme  la  série 
limitée  à  q  termes 

v0,  vt,  v2;   v« 

auec  la  relation  de  récurrence 

v„  +  i  =  vn  s  -f  5  v„  4  -f-  5  v„  , 

et  les  conditions  initiales 

(1  ^^Ty-H-M'  (1  +  js>  -  (i  -  y/si"*  , 

v-=- — rw~ ''"-        i^r       ' 

le  nombre  p  est  premier  lorsque  le  rang  du  premier  terme  divisible  par 


164  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

p  est  égal  à  q;  il  est  composé  si  aucun  des  termes  n'est  divisible  par  p, 
enfin  si  a  <  q  désigne  le  rang  du  premier  résidu  nul,  les  diviseurs  pre- 
miers de  p  S07it  de  la  forme  2  A.  S  a  R  ±  1. 

Dans  ces  théorèmes,  nous  n'avons  considéré  que  la  série  de  Fibonacci  ; 
les  autres  séries  donnent  lien  à  des  théorèmes  analogues. 

Nous  avons  donné  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences 
(10  juillet  1877),  l'application  de  cette  méthode  à  la  recherche  des  nom- 
bres premiers,  delà  forme  22'1  -f-  1,  et  dans  lesquels  on  peut  diviser 
géométriquement  la  circonférence  en  parties  égales.  Le  P.  Pépin  a  pré- 
senté à  l'Académie  des  sciences  (Comptes  rendus,  Q  août  1877),  une  au- 
tre méthode  que  nous  allons  discuter.  La  première  partie  du  théorème 
énoncé  par  le  P.  Pépin  se  déduit  de  notre    théorème  fondamental  :  Si 

le  nombre  entier  ; est   divisible   par   p,   sans  nu  un   seul 

a  —  b  r  ' 

des  nombres  de  même  forme  dont  l'exposant  est  un  diviseur  de  p  ±  { 
le  soit,  le  nombre  p  est  premier  (Comptes  rendus,  o  juin  1876);  il  suffit  de 
supposer,  avec  les  signes  inférieurs, a  =  5,  6  =  1  et  p  =  an  ==  2'2"  -f-  1. 
Quant  à  la  seconde  partie  du  théorème  du  savant  P.  Pépin,  elle  résulte 
immédiatement  de  la  forme  de  an  —  1,  et  de  la  loi  de  réciprocité,  dans 
l'hypothèse  de  an  premier.  Il  est  d'ailleurs  facile  de  donner  une  série  de 
théorèmes  analogues  non-seulement  pour  les  nombres  an  ,  mais  dans  la 
recherche  de  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'un  nombre 
2n  a  p  rb  1  soit  premier,  lorsque  a  désigne  un  produit  de  facteurs 
premiers  donnés,  et  p  un  nombre  premier  arbitraire.  On  a,  par  exem- 
ple, les  théorèmes  suivants  : 

Théorème  VII.  —  Lorsque  p  =  10  q  -f  7  ou  10  q  -f-  9  est  premier, 
le  nombre  2  p  —  1    est  premier,  si  l'on  a  la  congruence 

et  réciproquement. 

Théorème  VIII.  —  Lorsque  p  =  4  q  -f-  3  est  premier,  le  nombre 
2  p  -f  1  est  premier,  si  l'on  a  la  congruence  2p  —  1  =  O,  (Mod.  2  p  -f-  1), 
et  réciproquement. 

Théorème  IX.  — Lorsque  p=4  q  +  3  est  premier,  le  nombre 2p — 1 
est  premier,  si  l'on  a  la  congruence 

—[  (1  +  3")  P-  (i  _s/^  /J]=o,     (Mod.2   ,4-1), 
et  réciproquement. 


É.  LUCAS.  —  SUB  LA  THÉORIE  DES  NOMBRES  PREMIERS,  ETC.  165 

On  effectue  les  calculs  par  les  formules  d'addition  et  de  multiplica- 
tion des  fonctions  numériques. 

On  doit  cependant  observer  que  si  la  voie  indiquée  par  le  P.  Pépin 
conduit  à  une  forme  plus  claire  et  plus  précise,  donnant,  comme  le 
théorème  de  Wilson,  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  le 
nombre  an  soit  premier,  il  paraît  cependant  préférable  de  s'en  tenir, 
dans  l'application,  à  la  forme  ambiguë  et  indécise  que  nous  avons  laissée 
aux  théorèmes  énoncés  précédemment.  En  effet,  ces  théorèmes  reposent 
sur  une  hypothèse,  celle  de  supposer  premier  un  nombre  pris  arbitrai- 
rement dans  une  forme  donnée;  mais  il  est  plus  probable  de  supposer 
le  nombre  composé,  même  dans  le  cas  de  cette  forme  transcendante  de 
(in.  Par  conséquent,  au  lieu  de  reculée  l'affirmation  que  l'on  cherche, 
jusqu'à  l'extrême  limite,  par  l'emploi  des  non-résidus  quadratiques,  il 
serait  plus  pratique  d'employer  l'un  des  y  (2"-')  nombres  qui  appar- 
tiennent à  l'exposant  2"-'  pour  ie  module  a„  supposé  premier.  On  abré- 
gerait l'opération  de  moitié,  mais  cette  recherche  directe  est  fort  dilli- 
cile.  On  s'assurera  cependant  que;  par  notre  procédé,  il  suffit,  pour 
démontrer  que  a.2,  a3,a^,  sont  premiers,  d'exécuter  respectivement  3,0,12 
opérations  au  lien  du  nombre  maximum  4,  S,  16,  qui  lui  correspond 
dans  l'autre  méthode;  quant  aux  nombres  as  et  a,.,  ils  sont  composés. 

Dans  la  Prœfatio  generalis  des  Cogitala  pkysico-mathematica  (p.  11), 
le  P.  Mersenne  affirme  que  les  nombres  premiers  de  la  forme  2" —  1, 
n  étant  premier,  correspondent  aux  valeurs 

n  =  1,  %  3,  5,7,  13,  17, 10,  31,  67, 127,  257  , 
et  qu'il    n'existe    pas   d'autres   nombres    premiers  de  cette  forme  pour 
n    inférieur    à    257.  Au   moyen   d'une  méthode  fort  simple,  M.  Landry 
vient  de  vérifier   en  partie  l'assertion  du  P.  Mersenne,  en  donnant  la 
décomposition  des  nombres  de  cette  forme  pour  les  valeurs  de  n 

n  =  37,  41,  43,  47,  53,  59  (1); 
ces  valeurs,  à  l'exception  de  n  =  61,  représentent  toutes  celles  qui  sont 
comprises  dans  l'intervalle  de  31  à  67.  Il  résulte  de  ce  passage  remis 
en  lumière  par  M.  Genocchi,  que  le  P.  Mersenne  était  en  possession 
d'une  méthode  importante  dans  la  théorie  des  nombres  ;  mais,  malheu- 
reusement, cette  méthode  ne  nous  est  point  parvenue. 

Nous  ajouterons  encore  que  273  —  1  est  divisible  par  439,  279  —  1 
par  2G87,  2113  —  1  par  3391,  et  que  le  théorème  suivant  vient  ajouter 
de  nouvelles  preuves  à  l'appui  de  l'assertion  de  Mersenne  : 

Théorème.  —  Si  A  q  -{-  S  et  8  q  -j-  7  sont  des  nombres  premiers,  le 
nombre  2'-fv+3  _  \  est  divisible  par  8  q  +  7. 

(1)  La  décomposition  de  231  —  1  avait  été  donnée  antérieurement  par  Fermât,  et  celle  de  241  —  1 
par  Plana. 


166  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE.  GÉODÉSIE.  MÉCANIQUE 

En  effet,  d'après  le  théorème  de  Fermât,  on  a  : 
2sï+6  =  it  (Mod.  8  q  +  7  ) 
et,  par  conséquent, 

(2*<H-s  _|_l)  (249+3  _  1)  =  o,     (Mod.  8  7  +  7); 

mais  on  sait  que  le  nombre  2  est  résidu  quadratique  de  tous  les  nom- 
bres premiers  de  l'une  des  formes  8  n  -f-  1  et  8  n  -f-  7;  par  consé- 
quent, 

2^+3  _  1=  o5     (Mod.  8  </  -f-  7). 

En  consultant  la  table  des  nombres  premiers,  on  en  conclut  que 
pour  les  valeur  de  w,  successivement  égales  à 

11,  23,  83,  131,  179,  191,  239,  251,  359,  419,  431,  443,  491, 
les  nombres  2"  —  1  sont  respectivement  divisibles  par  les  facteurs 
23,  47,  167,  263,  359,  383,  479,  503,  719,  839,  863,  887,  983. 

Quant  à  l'assertion  qui  concerne  le  nombre  2257 —  1,  et  que  Mersenne 
suppose  premier,  on  doit  observer  que  ce  nombre  a  78  chiffres,  que  sa 
racine  carrée  en  a  39  ;  par  conséquent,  en  supposant  que  ce  nombre 
soit  premier  et  en  admettant  que  l'on  n'ait  à  essayer  qu'un  nombre 
premier  pour  chaque  million  de  nombres  consécutifs,  et  que  chacune 
des  divisions  du  nombre  essayé  de  78  chiffres  se  fasse  en  une  heure, 
il  faudrait  à  l'humanité  tout  entière  un  temps  supérieur  à  un  million 
de  millions  de  siècles. 

Il  nous  reste  à  indiquer  la  méthode  à  suivre  pour  arriver  à  la  vérifi- 
cation des  nombres  de  la  forme  p  =  2^+' —  1,  tels  que  261  —  1,  et 
2257 —  1.  En  supposant  p  premier,  —  1  est  non  résidu  de  p,  et  2  est 
résidu;  donc  —  2  est  non  résidu    de  p;   par  conséquent,   la  série  pour 

laquelle 

P  =  2,  Q=  3,  A  =  22X(— 2) 

est  propre  à  la  vérification  des  grands  nombres  premiers  de  cette  forme. 
Mais  les  formules  de  duplication  donnent  : 

v2x+1  =  [va?  -  2  Q2* , 

et,  puisque  l'on  a  Q  =  —  3,  le  calcul  successif  des  résidus  comporte 
deux  opérations  à  faire,  au  lieu  d'une.  11  est  donc  préférable  de  pren- 
dre pour  point  de  départ  l'équation 

x2  =  4  x  —  1 , 
dans  laquelle 

a  =  2  -f  s/37  &  =  2  —  N/37  A  =  22  x  3. 

Par  la  loi  de  réciprocité,  on  voit   que   si  p  =  2^+1  —  1  est  supposé 

premier,  on  a  : 


A.  MANMIEIM.  —  SUR  LA  SURFACE  DE  L'ONDE.  167 

puisque  les  nombres  3  et  p  donnent  3  pour  résidu  suivant  le  module  4. 
Mais,  par  le  théorème  de  Fermât  : 

24«-H  —  1  =  1,     (Mod.  3); 

donc  3  est  non  résidu  de  p,  et  si  pest  premier,  Up-n  est  divisible  par  p. 
D'ailleurs,  les  diviseurs  de  p  -f  1  sont  toutes  les  puissances  de  2  jus- 
qu'à 2*?+<  .  On  formera  donc  la  suite  des  résidus 

%  7,  97,  . . . 

tels  que  chacun  d'eux  soit  égal  au  double  du  carré  du  précédent  dimi- 
nué de  l'unité,  et  on  conclura  comme  dans  les  cas  précédents. 


M.  A.  MAMHEIM 

Chef  d'escadron  d'artillerie,  professeur  A  l'École  polytechnique. 


SUR  LA  SURFACE  DE  L'ONDE 


—  Séance  du  9 S  a  uni   Is 7 7.  — 

Cette  surface  s'obtient,  en  menant  des  plans  diamétraux  d'un  ellip- 
soïde (E),  en  élevant  du  centre  o  de  cette  surface  des  perpendiculaires 
à  ces  plans  et  en  portant  sur  ces  droites,  à  partir  de  o,  des  longueurs 
égales  aux  demi-axes  des  sections  déterminées  dans  l'ellipsoïde  par  ces 
plans  diamétraux. 

Cette  définition  de  la  surface  de  l'onde  peut  encore  s'énoncer  ainsi  : 

m  étant  un  point  de  l'ellipsoïde  et  mn  la  normale  en  ce  point,  on 
élève  à  om  dans  le  plan  normal  o  m  n,  la  perpendiculaire  om^  sur  la- 
quelle on  porte  le  segment  omu  égal  à  om  :  lorsque  le  point  m  décrit 
l'ellipsoïde,  le  point  ml  décrit  la  surface  de  l'onde.  C'est  en  faisant 
usage  de  ces  deux  formes  sous  lesquelles  on  peut  présenter  la  généra- 
tion de  la  surface  de  l'onde  (S0)  que  nous  allons  répondre  à  cette 
question  : 

Quelle  est  la  définition  d'une  ligne  (m,)  tracée  sur  la  surface  de 
fonde  (S0)  et  dont  les  différents  points  correspondent  aux  points  d'une 
ligne  de  courbure  (m)  de  l'ellipsoïde  (E)? 

Ou,  en  d'autres  termes  : 

Quelle  est  la  transformée  d'une  ligne  de  courbure  de  l'ellipsoïde? 

Pour  résoudre  ce  problème  nous  allons  employer  la  propriété  sui- 
vante : 


168  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

Si  du  centre  o  de  (E)  on  mène  des  plans  parallèles  aux  plans  tangents 
à  cette  surface  menés  des  différents  points  d'une  ligne  de  courbure  (m), 
ces  plans  enveloppent  un  cône  du  2e  degré  qui  coupe  (E)  suivant  une 
courbe  sphériquc  (1). 

Le  plan  mené  du  point  o  parallèlement  au  plan  tangent  en  m  à 
(E)  coupe  cette  surface  suivant  une  courbe  au  moyen  de  laquelle  on  dé- 
termine des  points  de  (S0).  Pour  cela  on  élève  de  o  une  perpendicu- 
laire au  plan  de  cette  courbe  et  l'on  porte  sur  cette  droite,  à  partir  de 
o  des  segments  oa,  ob,  égaux  aux  demi-axes  de  cette  section.  Si  le  point 
m  décrit  une  ligne  de  courbure  de  (E),  il  résulte  de  la  propriété  que 
nous  venons  d'énoncer  que  les  demi-diamètres  de  (S0)  tels  que  oa,  par 
exemple,  sont  égaux  entre  eux. 

Mais  le  diamètre  oa  est  perpendiculaire  à  la  normale  m^n  à  la  sur- 
face de  l'onde,  normale  qui  est  issue  du  point  m^  appartenant  à  la 
transformée  de  (m).  Nous  obtenons  donc  cette  réponse  à  notre  question  : 

Sur  la  surface  de  l'onde  (S0)  dérivant  de  (E),  la  transformée  d'une  ligne 
de  courbure  de  cette  surface  est  telle  que  les  normales  à  (S0)  issues  des  dif- 
férents points  de  cette  ligne  sont  respectivement  perpendiculaires  à  des 
diamètres  de  (S0)  égaux  entre  eux. 

Cette  définition  de  (m^  est  tout  à  fait  analogue  à  cette  définition  de 
(m)  qui  résulte  de  celle  précédemment  donnée. 

Sur  l'ellipsoïde  (E)  la  ligne  de  courbure  (m)  est  telle  que  les  normales 
à  cette  surface,  issues  des  différents  points  de  cette  ligne,  sont  respective- 
ment perpendiculaires  aux  plans  tangents  à  un  cône  formé  par  des  dia- 
mètres de  (E)  égaux  entre  eux. 


M.  PIAREON  DE  MOOESIK, 


SUR  LA  RÉSOLUTION  DE  L'ÉQUATION  TRINOME  DE  DEGRÉ  IMPAIR 

X'"  ±  X  =  R 

AU  MOYEN  D'UN  NOUVEAU  SIGNE  ALGÉBRIQUE. 

EXTRAIT. 


—  Séance  à  u  29  août  1877.  ■- 

Dans  ce  travail,  passablement  étendu,  l'auteur  s'est  proposé  de  trouver,  au 
moyen  d'un  nouveau  signe  algébrique,  au  moins  une  des  racines  de  l'équa- 
tion trinôme, 

(1)  xm  ±  x  =  r. 

H)  Voir  Lamaile,  Expose  géométrique  du  Calcul  différentiel  et  intégral,  p.  535. 


P.  DE  MONDESin.  —  ÉQUATION  TRINOME  1G9 

dans  laquelle  m  est  un  exposant  entier,  positif  el  impair,  et  r  une  quantité 
réelle  ou  imaginaire. 

L'auteur  commence  par  résoudre  l'équation  binôme  de  degré  impair, 

(2)  -/)  -f  q  v7  —  1     =  r. 

Une  racine  quelconque  de  l'équation  (2)  est  représentée  par  la  fonction 
A  -f-  lt  \     -  I  .  A  et  B  y  prenant  successivement  m  valeurs  réelles. 

Soient:  A,,.   \(.  A, les  m  valeurs  réelles   de  A.  rangées  par   ordre   de 

grandeur  absolue.  \„  étant  la  plus  grande.  Soient  également,:  Bn.  B4,  M, 

les  m  valeurs  réelles  de  15.  rangées  par  ordre  de  grandeur  absolue,  B0  étant  la 
plus  petite.  Les  m  racines  de  l'équation  (-2)  sont  classées  et  spécifiées  dans  le 
tableau  ci-après  : 


(A) 


I""  racine 


3e 


\     >e      - 


.  a„  -|-  Ba  \'  -  1     =R; 
.  A,  +  B,  s'^T  =  H,; 


A,  +  B,  y/  —  4      ~r  H,; 


•  A3  +  B3  v 


I     =  B, 


A4  +  B,  v;  -  I     =  R*î 


Le  signe  -f-  placé  au-dessus  de  la  lettre  A  veut  dire  :  de  même  signe  que/», 
et  le  signe  —,  de  signe  contraire  à  p.  Le  signe  -f-  placé  au-dessus  de  la  lettre  B 
veut  dire  :  de  même  signe  que  </.  et  le  signe  — .  de  signe  contraire  à  7. 

La  première  racine  B  est  celle  qui  devienl  réelle,  quand  q  est  nul.  Dans  le  cas 
particulier  de  p  =  1  et  de  q  =  0,  le  tableau  (A)  se  transforme  ainsi  qu'il  suit  : 


lre  racine 

2e      

3e      — 
4e      _ 

5e      — 


R 


I 


R,  =  -  a    -  -  b     V  —  1  = 
B2  =  —  a 

+  «1 


b    V  —  1  = 


B 


b,  \ 


j    _   em  - 


Ri  -=  +  ««  +  fh  v-  ' 


La  3e  racine  de  l'équation  binôme  de  degré  impair,  .r  m  =  \ ,  que  l'auteur  désigne 
ici  par  e,  est  celle  des  racines  de  la  forme  —  a  —  b  V  —  \,  pour  laquelle  a 
est  un  maximum  et  b  un  minimum.  Cette  racine  e  jouit  des  propriétés  sui- 

9  ui  _i_  1 

vantes  :  1°  s  est  toujours  racine  primitive;  2°  toute  puissance  impaire  e 
est  de  la  forme  —  a  —  b  \ —  4,  et  toute  puissance  impaires   ^est  de  la  forme 
_|_a  _t_  b  J  —  4,  pourvu  que  2{jl  -f-  4  et  2{i  soient  compris  dans—. 
L'auteur  complète  alors  le  tableau  (A)  ainsi  qu'il  suit  : 


170 


MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 


lre  racine 

•••      A0  +  B„  \l  -\  =  R    =  e"  R; 

9e         

.   .   .   -      X*  -J-  Bj  V7  —  1  =  R4  =  »«  -  i  R; 

3e       — 

...       A,  +  B2  \     -1  =  R2  =  e  R; 

¥       — 

•   •   •      A3  +  B3  v  -  j  =  R3  =  .«-a  R; 

5e       — 

...         A,   +  J,    V;-  J    =  R,   =  62   R; 

Les  m   racines   de   l'équation   (2)    se    trouvent  ainsi  classées,  spécifiées    et 
exprimées  en  fonction  des  deux  quantités  déterminées,  R  et  e. 

Après  avoir  posé  ces  préliminaires  indispensables,  l'auteur  considère  d'abord 
la  première  forme  de  l'équation  trinôme  : 

(3)       xm  —  x  =  p  +  q  \/  —  1  =  r. 

11  démontre  que  la  fonction 


2]1 


\/ ,.  +  £^  7  ,.  +  e2fi  7  r  + 


contenant   un    nombre    infini    de  radicaux,   et  qu'il  désigne  par   la    notation 
abrégée, 

(P)  e      V  r 

donnera  autant  de  racines  de  l'équation  (3),    que  l'exposant  2|i  sera  compris 

111 

de  fois  dans  —,  en  faisant  successivement,  [i  —  0  =  1=2 

L'auteur  considère  ensuite  la  seconde  forme  de  l'équation  trinôme  : 

(-4)        xm  -|-  x  =  p  -J-  q  y--  1  =  t. 
Il  démontre  que  la  fonction 


e2lX  +  '  \/  r  -  eV  +  i  7  r  _  ^  +  i    *T=T7  •    . 
contenant  un  nombre  infini  de  radicaux,  et  qu'il  désigne  par  la  notation  abrégée 

_£2t*     +1 

donnera  autant  de  racines  de  l'équation  (4),  que  l'exposant  2ji  -f-  4  sera  corn- 

11X 

pris  de  fois  dans  —,  en  faisant  successivement,  p '  =  0  =  1  =  2 

Ainsi  pour  l'équation  (3)  on  aura  les  racines 


-|-  e° 


i 


m  /  m  i  m  j' 

^o  =  £°  V  r        ;     ^2  =  e'2  V  *■         ;     »4  =  e4  y 

et  pour  l'équation  (4),  les  racines, 


JL 


P.  DE  MONDESIR.  —  ÉQUATION  TRINOME  171 

—   E3  _   P5 


ml  '"  /  ">  ' 

xt  =  •  \  r  ;      o-3  =  e3  y    '•  ;      a?5  =  «5  y   ♦"  ;   .    .  .  . 

jusqu'aux  plus  grands  exposants  pairs  ou  impairs  contenus  dans  — . 

Équation  du  3e  degré.  —  Toute  équation  générale  du  3e  degré,  à  coefficients 
réels,  peut  être  ramenée  à  l'une  des  deux  formes  : 

(6)       as3  —  x  =  r:  (7)      n?3  -J-  x  =  r; 

r  étant  une  quantité  réelle. 
Le  signe  (P)  nous  donnera  pour  l'équation  (6)  : 

+  e°  +j 

^o  =  e°  y      r     =  y      r- 

Ce  sera  la  plus  grande  des  racines  réelles  en  valeur  absolue. 
Le  signe  (I)  nous  donnera  pour  l'équation  (7)  : 

—    £ 

tfi  = e  y     r . 
Ce  sera  la  racine  imaginaire  de  la  forme  —  a  —  b  \J—  1.  Par  suite,  sa  conju- 
guée —  a  -+-  b  \  —  1  sera  connue. 

Equation  du  5e  degré.  —  On  sait  qu'au  moyen  d'une  transformation  ingénieuse 
due  au  géomètre  anglais  Jerrard,  l'équation  générale  du  ;>e  degré,  à  coefficients 
réels,  peut  toujours  être  ramenée  à  l'une  des  deux  formes 

(8)     ce5  —  x  =  r  ;       (9)     x5  -\-  x  =  r  ; 

r  pouvant  être  réel  ou  imaginaire. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  signe  (P)  nous  donnera  pour  l'équation  (8) ,  les  deux 
racines, 

,±J  ±J'J 

Ko  =  y  r  ;     xt  =  e2  y/     r  ; 

tandis  que  le  signe  (I)  nous  donnera  pour  l'équation  (9),  la  racine, 

_  e 
x±  =  e  y      r. 
On  sait  d'ailleurs  que  pour  le  5e  degré  on  a  : 


y/S-i     ,   \f 


l~JT 


10  +  2  y'  S 


+'    «     y-*- 

L'équation  générale  du  5e  degré   se  trouverait  ainsi  résolue,  grâce    à  la 
transformation  Jerrard,  et  avec  l'emploi  des  deux  notations  nouvelles  (P)  et  (1). 


172  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE.  MÉCANIQUE 


M.  SYLYESTEE 

Membre  de  la  Société  Royale  île  Londres. 


APPLICATION  DE  LA  NOUVELLE  MÉTHODE  POUR  TROUVER  LES  DÉRIVÉES 
INVARIANTIVES  IRRÉDUCTIBLES. 

(EXTRAIT  DU   PROCÈS- VERRAI.) 


—     éance  du  27  août  1877.  — 

M.  Sylvester,  président  d'honneur,  donne  l'application  de  la  nouvelle  mé- 
thode pour  trouver  les  dérivées  invariantives  irréductibles  appartenant  aux 
systèmes  de  formes  algébriques  pour  le  cas  d'un  système  d'une  forme  quadra- 
tique et  d'une  forme  cubique.  L'éminent  professeur  fait  la  comparaison  de  la 
méthode  et  des  résultats  auxquels  elle  conduit  avec  ceux  qui  ont  été  obtenus 
par  M.  Gordan,  professeur  à  l'Université  de  Gôttingen. 


M.  J.-W.-I.  (tLAISHEE 

Trinity  Collège,  Cambridge. 


THÉORÈME  D'ARITHMÉTIQUE  SUR  LA  SOMME  DES  INVERSES  DES  PUISSANCES 
SEMBLABLES  DES  NOMBRES  PREMIERS. 


—  Séance  du  27  août  4877.   — 

On  sait  par  un  théorème  de  Môbius  (Journal  de  Crelle,  t.  IX  p.  105) 
que  si 

F(x)=f(x)+±-f(x*)+±-f(x*)  +~f(x^)  +1- /•(*»)  + etc. 

alors 

f(x)  =  F  (x) |-  F  (ae»)  —  -i-  F  (x>)  -  i-  F  (œ8)  +  ~  F  (x«) 

où  lu  loi  est  que  les  nombres  qui  contiennent  un  l'acteur  carré  n'entrent 


J.-W.-L.  GLAISHEB.  —  DES  .NOMBRES  PREMIERS  173 

pas,  et  que  le  signe  est  positif  ou  négatif  selon  que  le  nombre  de  fac- 
teurs premiers  du  nombre  est  pair  ou  impair. 

Appliquons  ce  théorème  à  la  série 

—  l(\  -x)  =  x+-ërx*-\-  ~x3  -f—i-  xi  +4-  x6  +  etc. 
1  o  4  o 

on  obtient  : 

x  =  —  l(i  —  x)  -f-  --  /  (1  —  x-)  -\-—l(i  —x3)  +  —  l (1  —  £CS) 
£  o  o 

~-  Z  (1  — x*) —  etc. 

I        1        I 
Posant  successivement -rr-  ,  -77— , -=-  •  ••>  au   lieu   de  x  (2,  3,  o   ... 

2n      3"      .)"  v 

étant  les  nombres  premiers),  on  a  : 

i  =  -<('-^)+4-'(1-^)  +  M'-ir 

+4'(l-^)-ctc- 


4-=- 

3» 


+4-'('-3^)-ctc- 

4r=-'(1-v)  +  4-i(1-^)+l-'(1-^ 

+  4- /fi—  tjM  —  etc. 

et,  en  ajoutant  ces  équations,  on  trouve  : 

1,1,1,  ,  1 

^ — \--r> — h -s-  +etc.=  Z 

)»     '      -ire     l      Mn     1 


V        22"A        32»/\        52« 

- — —  L ■ etc. 

23*A        33n)       \53»  ' 


0r;  on  sait  que  : 


i"4  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

1  1111 


(*-tX4-*X4-t)- 

de  sorte  que,  si 

1111        î 

Alors 

1  4  1  l  1 

En  =  /  S» —  l S2» —  lS3n û- l S8n ~j — ^-  ^ S6n —  l  S7u  -|-  etc. 

ce  qui  donne  la  valeur  de  Sn  exprimée  en  série  régulière  de JSn,  lS%n 
etc.  :  c'est  le  théorème  auquel  se  rapporte  le  titre  de  cette  note. 

On  a: 

_     1       (2*)*»  Bw 

2"  ~   2    1.2.3...2»  ' 

où  B„  dénote  le  nme  nombre  de  Bernoulli,  de  sorte  que  si  n  est  pair, 
le  théorème  donne  la  valeur  de  Sn  en  fonction  des  logarithmes  des 
nombres  naturels,  des  nombres  de  Bernoulli,  et  de  %. 

J'ai  calculé  avec  vingt-quatre  décimales  les  valeurs  de  l  Sa,  /S4...  /S80, 
et,  au  moyen  de  ce  théorème,  j'ai  déduit  les  valeurs  de  Sa,  S4...  £80, 
aussi  avec  vingt-quatre  décimales.  L'exactitude  de  ces  valeurs  fut  vérifiée 
par  substitution  dans  la  formule 

qui  est  facilement  démontrée,  en  prenant  les  logarithmes  des  deux 
membres  de  l'équation 

I  1  i  \ 

=  *+-*+-$■  +  -?  +  «<■ 


('-tX'-tX'-t) 


L'accord  était  parfait  jusqu'à  la  24,ne  décimale. 

Dans  son  Jntroduclio  in  Analysin  Infinitorum,  t.  I,  §  282,  Euler  a 
donné  une  table  des  valeurs  de  22,i]4...  à  quinze  décimales,  et  comme 
cette  table  contient  plusieurs  inexactitudes,  je  donne  ici  les  vraies  va^ 
leurs  avec  ce  nombre  de  décimales. 


A.  MANNHE1M.  —  SLR  LES  NORMALES  DE  LA  SURFACE  DEL  ONDE 


175 


n 

V 

—  Il 

2 

0.452 

247 

420 

041 

065 

4 

0.076 

993 

139 

764 

247 

6 

0.017 

070 

086 

850 

637 

8 

0.004 

061 

405 

366 

518 

10 

0.000 

993 

603 

574 

437 

12 

0.000 

246 

026 

470 

035 

14 

0.000 

061 

244 

396 

725 

16 

0.000 

015 

282 

026 

219 

18 

0.000 

003 

817 

278 

703 

20 

0.000 

000 

953 

961 

124 

22 

0.000 

000 

238 

450 

446 

24 

0.000 

000 

059 

608 

185 

26 

0.000 

000 

014 

901 

555 

28 

0.000 

000 

003 

725 

334 

30 

0.000 

000 

000 

934 

327 

32 

0.000 

000 

000 

232 

831 

34 

0.000 

000 

000 

058 

208 

36 

0.000 

000 

000 

014 

552 

Les  valeurs  de  S2  et  de  210  turent  données  par  Euler  comme  étant 
0.452  247  420  041  222  et  0.000  993  603  573  633,  mais  les  autres 
erreurs  (au  nombre  de  douze)  n'excèdent  jamais  cinq  unités  dans  le 
dernier  chiffre.  Euler  a  employé  pour  ses  calculs  la  formule 


S„=  S„— 1 


-4- 


^ 


+_L_J L_  etc 


M.  A.  MAMHEIM 

Chef  d'escadron  d'artillerie,  professeur  à  l'École  polytechnique. 


SUR  LES  NORMALES  DE  LA  SURFACE  DE  L'ONDE. 


Séance  du  27  août   1877.  — 


On  sait  que  les  normales  à  un  ellipsoïde  sont  partagées  par   les  plans 
principaux  de  cette  surface  en  segments  proportionnels.  Je  me  propose 


176  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

de  faire  connaître  la  propriété  correspondante  pour  la  surface  de  l'onde 
qui  dérive  de  cet  ellipsoïde.  Prenons  comme  plan  de  la  ligure  (que  le 
lecteur  est  prié  de  tracer)  le  plan  diamétral  omn  normal  en  m  à  l'ellip- 
soïde (E)  de  centre  o  et  normal  au  point  correspondant  mt  de  la  sur- 
face de  l'onde  (S0)  • 

Les  surfaces  (E)  et  (S0)  ont  les  mêmes  plans  principaux.  Appelons  e,  f,  g, 
les  traces  de  la  normale  en  m  à  (E)  sur  ces  plans  principaux.  Les 
droites  oe,  of,  og  sont  alors  les  traces  de  ces  plans  principaux  sur  le 
plan  omn.  Les  segments  me,  mf,  mg  sont  proportionnels;  par  suite,  en 
élevant  du  point  o  dans  le  plan  omn  des  perpendiculaires  à  oe,  of, 
og,  on  obtient  des  droites  qui  rencontrent  la  normale  en  ml  à  (S0)  en 
des  points  i\,  f\,  gv  tels  que  mv  el}  m,  j\,  ml  gx  sont  aussi  proportion- 
nels. On  peut  dire  alors  que  :  Les  plans  diamétraux  d'une  surface  de 
Fonde  (S0),  menés  perpendiculairement  aux  traces  des  plans  principaux 
de  celte  surface  sur  le  plan  diamétral  normal  au  point  m,  de  (S0),  dé- 
terminent sur  la  normale  en  ce  point  des  segments  proportionnels. 

En  considérant  sur  le  plan  omn  le  faisceau  formé  par  des  perpendi- 
culaires élevées  de  o  aux  droites  omy,  oeA,  of\,  og^  et  à  la  droite  qui  va 
de  o  au  point  à  l'infini  sur  m,e,  et  en  coupant  ce  faisceau  par  la  nor- 
male m,et  à  (S0),  on  voit  qu'il  résulte  du  théorème  précédent  que  :  Les 
points  de  rencontre  d'une  normale  à  une  surface  de  l'onde  avec  les  plans 
principaux  de  cette  surface,  le  pied  de  la  perpendiculaire  abaissée  du 
centre  de  cette  surface  sur  celte  normale,  le  point  où  cette  normale  est 
rencontrée  par  le  diamètre  perpendiculaire  à  celui  qui  passe  par  son 
pied,  déterminent  cinq  points  :  les  cinq  points  analogues  qu'on  a  sur 
chacune  des  normales  de  la  surface  de  l'onde  forment  sur  ces  droites  des 
divisions  homograph iques, 

En  ne  considérant  que  quatre  de  ces  points,  on  a  ce  théorème  pré- 
sentant une  certaine  analogie  avec  le  théorème  relatif  à  l'ellipsoïde  : 

Les  points  où  une  normale  quelconque  de  la  surface  de  l'onde  ren- 
contre les  plans  principaux  de  cette  surface,  et  le  pied  de  la  perpendi- 
culaire abaissée  du  centre  sur  cette  normale,  déterminent  quatre  points 
dont  le  rapport  anharmonique  est  constant  ,  quelle  que  soit  cette 
normale. 

Ces  théorèmes  permettent  de  construire  très-simplement  les  centres 
de  courbure  principaux  de  la  surface  de  l'onde  qui  correspondent  aux 
points  de  cette  surface  appartenant  aux  coniques  situées  dans  les  plans 
principaux. 


J.-W.-L.  GLAISHER.   —  SUR  UN  DKTERM1NANT 


177 


M.   PICQUET 

Répétiteur  »  L'École  polytechnique. 


SUR  LE  SYSTEME  DE  N  EQUATIONS  DU  PREMIER  DEGRE    A  N  INCONNUES. 

EXTRAIT   IW   PKOc'.ÈS-YEHIlAL.) 


—  Séance  du  :JT  août  /  s  7 7.  — 

M.  Picquet,  répétiteur  à  l'École  polytechnique,  présente  une  discussion  nou- 
velle et  plus  complète  d'un  système  de  n  équations  du  premier  degré  à  n  in- 
connues ,  il  prend  comme  point  de  départ  un  théorème  donné  dernièrement 
par  M.  Rouehé,  examinateur  d'admission  à  l'Ecole  polytechnique,  et  parvient 
à  de  nouveaux  résultats  importants  dans  celte  théorie. 

Le  mémoire  qui  doit  consigner  ces  résultats  n'ayant  pu  être  terminé  à 
temps  sera  publié  prochainement. 


M.   BAEHR 

Professeur  à  l'École  polytechnique  de  Delft. 


SUR  LA  CINÉMATIQUE  DES  FLUIDES. 

(EXTRAIT  DU   PROCÈS-VERBAL.) 


Séance  du  97  août   1877.  — 


M.  Baëhu,  professeur  à  l'École  polytechnique  de  Delft  (Hollande),  commu- 
nique la  suite  des  recherches  qu'il  a  présentées  l'année  dernière  a  Clermont- 
Ferrand  sur  la  cinématique  des  fluides. 


M.  J.-W.-L.   GLAISHER 

Trinity  Collège,  Cambridge. 


SUR  UN  DETERMINANT. 


On  sait  que 


—  Séance  du  25   août   1877. 


a, 

b, 

c 

h 

c, 

'/ 

c, 

<i, 

b 

—  {a  -f       b  +         C) 

(a  -f-  wi  &  +  wi2  c) 
(a  -f  b)J>  -f  w,2  c) 


12 


a,  l>. 

c,  d 

b,  c, 

d.  a 

c,  d, 

a,  b 

d,  a, 

b,  r 

Î7(S  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQ1  E 

où  1,  tùlf  (.).,  soni  les  racines  cubiques  <lr  l'unité, 

(a  -f    6  -f-     c  4-     d) 

(a  —  6  -j-  c  —  (,) 
(a  +  ib  -Y  i*c  +  i*d) 
(a  —  ib  -\-  i2c  —  i3d) 

>ù  1,  — I,  i,  — i  sont  les  4mc  racines  de  l'unité;  et  ainsi  de  suite.  J'ai 
été  porté  à  considérer  les  déterminants  où  les  éléments  de  la  diagonale 
principale  sont 

a  —  x,  c —  x,  b  —  x 
a  —  x,  c  —  ce,  a  —  x,  c  —  x 

et  ainsi  de  suite,  et  j'ai  trouvé  que 

a  —  x,  b,  c      =  —  \x  —  (a  -|-       b  -\-        c)\ 

b,  c  —  x,  a  \x- —  (a  -)-  (à±b  -j-  w^c) 

c,  a,  b —  ce  (a  -f-  (o.,6  4~  w22c)  ' 

a  —  x,  6,  c,  d  =  \  x  —  (a  -)-  6  -|-     c  -j-     d)  \ 

b,  c  —  ce,  r/,  a  ce  —  (a  —  b  -\-     c  —     d)\ 

c,  d,  a —  x,  b  i  ce2 —  (a  -f-  ib  -{-  i-c  -f-  <3^) 
(/,  o,  6,  c  —  x  (a  —  z'6  -f-  isc  —  t8d)  ! 

où  la  loi  générale  est  évidente.  En  effet,  il  y   a   toujours    un   on   deux 
facteurs  linéaires,  et  les  facteurs  quadratiques  sont  de  la  forme 

ce2  —  (r/-f /uo-f  cw2-f  etc.  )  (a4-&w-1+C(i)-2-f-etc.  l 

où  o)  indique  une  /t"10  racine  de  l'uni  Lé. 
Par  exemple, 

\x—(a  +        b  +        c+        d  + 

i 


a  —  ce,  &,  c,  d,  c 

6,  c  —  x,  r/,  /•,  a 

c,  rf,  e  —  ce,  ci,  b 

d,  e,  a,  b  —  x,  c 

e,  '/,  &,  c,  d  —  x 


e)\ 
-(a  4      «1&+  «i*c+  <Vd-|-   w/e) 

(a  +  oj,-'/)  -f-  w,--c  -f-  «,-w -f-  (°rv i  i 
J  x2 —  (a  -f    œa6  -f-  wa2ç  -f-    to28d  +   w2*ej 
i  a  -f-  (o.r'6  -j-  wi  ~2c  4~  wa-3d  4-  w2_v  '  ' 


ou 


tf- 


9-ÎT 


cn.s-  V4-;x'"  TT» 

0  •> 


2*       .   .   2* 

'  =  COS  -r, /  Sîïl 


4w  .    .    .    4- 
(o.,    =  cas  —  4-  ?  si  n  — - 

.  A  t.       .  .   4  fi 

m..-  —  co.v  -s-  —  a  stn  -=- 
5  5 


o  5' 

Ainsi   le  déterminant  de  nme  ordre   a   toujours  un  ou  deux  facteurs 


i  H.  Il  CAS.  —  SUR  LE  CALCUL  RAPIDE  DES  FRACTIONS  CONTINUES  479 

linéaires  selon  que  n  est  impair  ou  pair,  et   en   chassant   ces   facteurs, 
le  résultat  n'est  qu'une  fonction  de  ce2.  Par  exemple  : 

1,  6,    c,     d,    e 

1,  c — ce,  d,  e,  </ 

1,  <7,  e — ce,  r/,  & 

I,  e,  o,  6  —  ce,  c 

I,  a,  6,  c,  d — x 

n'est  qu'une  lonction  de  x2. 


M,  L.   BOTKOE 

Du  Havre. 


CHANGEMENTS  HYPOTHÉTIQUES  SURVENUS  A  LA  SURFACE  DE  LA  LUNE 


—   Sêa  a fc  il  h.  'g1}  n  o  i'i  i   l S7  7 . 


M.   Ed.  LUCAS 

Professeur  au    Lyeée  Gbarlemagne. 


SUR  LE  CALCUL  RAPIDE  DES  FRACTIONS  CONTINUES 

(EXTRAIT   HU  PROCÈS  VEIIHAL.) 


—  Séance  du  27  août   1877.  — 

M.  Ed.  Lucas  indique  de  nouvelles  formules  qui  permettent  de  calculer  di- 
rectement  les  réduites  des  fractions  continues  périodiques  dont  les  rangs  crois- 
sent en  progression  géométrique.  Au  moyen  de  cette  méthode  qui  réunit  à  la 
fois  les  avantages  du  calcul  par  logarithmes  et  du  calcul  par  les  fractions 
continues,  il  développe  les  irrationnelles  du  second  degré  en  séries  très-rapi- 
dement convergentes  de  fractions,  ayant  pour  numérateurs  l'unité,  et  pour  dé- 
nominateurs, les  produits  de  nombres  entiers  croissants  et  premiers  entre  eux 
deux  à  deux.  Il  donne,  comme  exemple,  le  développement  de  la,  racine  carrée 
de  2,  en  séries  de  fractions  telles  que  pour  écrire  le  dénominateur  de  la 
soixante-quatrième,  il  faudrait  plus  de  deux  cents  millions  de  siècles.  11  indique, 


1 80  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,   GÉODÉSIE,   MÉCANFQUE 

en   outre,    l'application   de  ces  formules  à  la  démonstration  du  théorème  de 
Lejeune-Dirichlet. 

On  trouvera,  en  partie  ,  le  développement  de  ces  formules  dans  les 
Comptes  rendus  île  VAcadêmic  (juillel  1877),  et  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
mathématique,  t.  V,  p.   ITiS. 


M.   EOURET 

Répétiteur  à  l'École  polytechnique 


SUR  UNE  LOI  GEOMETRIQUE  DONNEE  PAR  M.  CHA3LIS. 


-  Séance  du  ~'7  août  1877. 


M.   SYLVESTER 

Membre  fie  la  Société  Royale  de  Londres. 


SUR  LE  THEOREME  DE  BRING. 
(extrait  du  procès-verbal.] 


—  Séance  du  27  aot'tt   1877.  — 


M.  SylVESTER  apporte  un  perfectionnement  au  théorème  de  Bring,  attribue 
à  tort  à  Jerrard.  11  démontre  que  l'on  peut  ramener  l'équation  complète  du 
cinquième  degré  à  la  forme  trinôme  x5  -+-  px  -+-  q  =  0,  au  moyen  de  subs- 
titutions toujours  réelles. 


M.   L.   LOTTIÎf 


SUR  UNE  NOUVELLE  MÉTHODE  DE   LEVÉ  A   LA  PLANCHETTE. 

(extrait) 


S éa  n  '  e  du  87  août   (877. 


M.  I.  Lottin  propose  l'emploi  d'une  sorte  de  compas   formé  de    trois    ali- 
dades mobiles  autour  d'un    même   point   que  l'on   fixe  sur   la   planchette  et 


P.  GUIEYSSE.  —  NOTE  SUR  LES  SONDAGES   \  GRANDE  PROFONDEUR  181 

portant  des  pinnules  propres  à  déterminer  des  lignes  de  visée;  une  quatrième 
règle,  divisée  en  parties  égales,  tourne  autour  d'un  point  de  l'alidade 
moyenne. 

Pour  faire  un  levé,  on  [liante  des  jalons  aux  sommets  du  polygone  et,  en 
outre,  on  en  plante  trois  sur  chaque  côté  également  espacés.  On  vise  avec 
les  alidades  les  trois  jalons  d'un  même  côté,  et  on  cherche  la  position  de  la 
quatrième  règle  telle  que  les  divisions  comprises  de  part  et  d'autre  de  la. 
règle  moyenne  jusqu'aux  alidades  extrêmes  soient  égales.  On  est  assuré  alors 
que  cette  règle  est  parallèle  au  côté  dont  on  s'occupe,  et  on  peut  tracer  sur 
la  planchette  la  ligne  qui  le  représente  et  qu'on  limite  aux  lignes  de  visées 
que  l'on  mène  sur  les  jalons  placés  aux  sommets  correspondants.  On  opère 
successivement  ainsi  pour  chaque  côté  et  l'on  [trace  de  proche  en  proche  les 
lignes  qui  les  représentent. 


M.   Paul  aiJIEYSSE 

Ingénieur  hydrographe  'le  la  marine,  Répétiteur  à  l'Ecole  Polytechnique 


NOTE  SUR  LES  SONDAGES  A  GRANDE  PROFONDEUR, 
—  Séance  du  27  août   1X77.  — 

Le  procédé  employé  pour  obtenir  Les  sondes  à  grande  profondeur, 
consiste  à  laisser  liler  librement  un  fort  plomb  de  sonde  au  bout  d'une 
ligne  de  petit  diamètre,  et  à  mesurer  la  longueur  de  la  ligne  filée,  quand 
on  croit  le  fond  atteint. 

Ce  moment  s'apprécie  quand  on  observe  une  différence  brusque  dans  la 
vitesse  de  descente  de  la  ligne,  en  mesurant  avec  un  compteur  à  secon- 
des le  temps  quela  ligne  met  à  filer  des  longueurs  de  100'"  par  exemple; 
il  est,  en  effet,  évident  que  quand  le  plomb  de  sonde  touche  le  fond, 
la  force  motrice  change  brusquement  et  produit  par  suite  un  change- 
ment de  vitesse  ;  mais  bien  des  causes  d'erreur  peuvent  masquer  ces 
résultats,  et  tous  les  marins  connaissent  les  difficultés  éprouvées  dès  que 
les  longueurs  de  ligne  filées  dépassent  6  à  7,000  mètres.  L'on  sait  que 
les  observations  faites  dans  ces  dernières  années,  dans  le  but  d'étudier 
la  constitution  physique  de  l'Océan,  ont  mis  hors  de  doute  l'existence  de 
grands  courants  sous- marins  à  diverses  profondeurs;  avant  que  le  fond 
soit  atteint,  supposons  le  plomb  de  sonde  entraîné  par  un  de  ces 
courants  :  la  loi  de  la  vitesse  en  sera  modifiée,  ou  bien  le  fond  sera 
atteint,  et  la  ligne  continuera  à  filer  avec  une  vitesse  plus  grande  que 
si  le  courant  n'existait  pas,  et  le  résultat  sera  encore  inexact. 


182  MATHÉMATIQUES.  ASTRONOMIE.  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

Nous  nous  proposons  de  donner  ici  des  formules  suffisamment  rigou- 
reuses pour  que,  dans  la  pratique  des  sondages,  on  puisse  reconnaître 
immédiatement  si  le  fond  est  atteint  et  même  apprécier  l'épaisseur  des 
couches  de  courant  et  leur  vitesse. 

La  ligne  de  sonde  étant  enroulée  sur  un  treuil  et  filant  librement  sous 
l'action  du  plomb,  nous  considérons  l'action  du  treuil  comme  produi- 
sant une  résistance  constante,  qui  diminue  l'action  du  plomb;  ce  plomb 
est  généralement  une  masse  allongée,  que  nous  supposerons  pour  le  mo- 
ment cylindrique. 

Soient  P  son  poids  dans  l'eau  de  mer,  w  sa  section  droite,  ç  sa  surface 
latérale,  à  le  coefficient  de  frottement  sur  l'eau. 

Soient  p  et  s  le  poids  et  la  surface  du  mètre  courant  de  la  ligne  de 
sonde,  ep  son  coefficient  de  frottement,  et  x  les  ordonnées  verticales 
comptées  en  mètres  à  partir  de  la  surface  de  la  mer. 

A  un  instant  donné,  la  force  motrice  P  -j-  px  est  diminuée  de  la 
résistance  due  aux  frottements,  qui,  d'après  les  règles  de  l'hydraulique,  et 
en  assimilant  le  mouvement  de  la  ligne  dans  l'eau  à  celui  de  l'eau  dans  un 
tuyau  est  proportionnelle  au  carré  de  la  vitesse,  et  est  représentée  pour 

dx~ 
le  plomb  de  sonde  par  (mw  -j-  ç  o)  —  ,  m    étant   un    coefficient     con- 
stant, dépendant    de  la  forme  de   la  section    du    plomb,  et    pour  la 

M./"" 

ligne,  par  styx  ——,  de  sorte  que  l'équation    du    mouvement    est,    en 

posant  : 

a  =  moi  -j-  ç<p  et  b  =  siL 

P  -j-  px   d*x  dx2 

H  »  -tt  =  P  4-  px  —  (a  4-  bx)  -r—. 

g         dp  '    '  ;  dt2 

n        f  dx        ,T  d2x        _.  dV     .,  , 

Posant  -j-  =  V,  nous  avons  — —  =  V  -y-,  d  ou  : 
dt  dt  dx 

.7  d\   ,        a  4-  bx  lT„ 
équation  linéaire  du  1"'  ordre,  en  Y'-,  dont  l'intégrale  est  : 


o  c bx  + a  i       /   -»  r bx  + a  i 

(2)V2=c  [_2gJ      e  rfœ-fCJ 

Calculons    J                   dx  ;  nous  avons  identiquement  : 
bx  -\-  a b         1  \yb  —  pu 


px  -\-  P       p        p  px  -\-  P 


M    f-^±^D  dx  =  b-œ-  Pb  ~  l>"  /  (  1  +  Ç 

J      px  -f  P  p  p2  \  P 


P.  (.1  ŒYSSEi  —  NOTE  SI  II  LES  SONDAGES  A  GRANDE  PROFONDEUR  183 

(a)  En  nous  plaçant   dans  les  conditions  de  la  pratique,  P  =  280k, 
p  =  ok  007  ulans  L'eau), de  s,. ne  que  ^  =       Q     . 

En  restant  d'abord   dans  des  profondeurs  plus  petites  que  4,00()m,  le 

w.c  1 

rapport       -    sera    plus    petit   que   —,   et    dans   le    développement  de 


(*+$. 


M    I 


/'•' 


pas 


/>./• 


//J./- 


-r  P  y  -       p    ^         2P  T  ;^p, 

nous  pourrons  nous  arrêter  au  premier  terme,  en  ne  commettant  qu'une 

I 
erreur   <   —  devant   i,  el  la  valeur  de   l'intégrale    cherchée  se  réduira 

à  -— ,  don   : 


Zgax 


-1U 


2gaa 


el  V2  =  e 


-li/ii.  r 


"lijil.r 


—   c 
il 


dx  -j-  C 


J 


\ 


Or,  pour  cc=  0,  V=  0;  doue  G  = -,  et  finalement  : 


zgax 


(3) 


V2  =  -       I    —  e 


Dans  cette  formule,  et  dans  le  cas  des  petites  profondeurs  où  nous 
nous  sommes  placés,  la  nature  de  la  sonde  est  sans  influence  sur  le 
mouvement;  il  n'en  sera  plus  de  même  pour  des  profondeurs  plus  grandes. 

(&)  Supposons  que  nous  atteignions  des  profondeurs  de  10,000'",  alors 

px         1  .    p'2x2        1 

Sr  =  -,  mais  — — -  =-7-  ;  nous  pourrons    négliger  ce   terme    et    les 
P         4  3  P  2       48 

suivants  dans  le  développement  de  /  (l  -J-  —  ],  et  nous  aurons  : 


J 


''"  bx  4-  a   ,  h  P6  —  pa  px  (  ,         px 

— -  dx  =  —  x —    ——    1  —  ^— - 

px  -f  P  p  f  P    V  2  P 


/ 


bx-\-  a    ,  a  Pb  —  pa     „ 

px  +  P         ~  p      ^        <2P2 


184  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

/    Pô  —  pa 


2(PÔ  — pa) 


_   (   ^  p  PU    *  +  a)2-«!    ] 


.'/ 


d'où  :  V2  =  Ce 

_     <j 
pi)— pu 


Vb  —  pa 


(— F^  +  a)2-"2], 


Pô  —  pa 
et,  en  posant  — ~—  x  -j-  a  =  //, 

0  ft2  0 


1*6  —  pa'         Pô  —  pa 

V2  =  C  e  e 


+  p 


2  r/  P       ~pù  -p« 


2        /»_ £. 


% 


Pô  —  pa 

Cette  intégrale  se  calcule  facilement  en  posant  y2  =  z,  ce  qui  ramène 
le  second  terme  de  V2  à  : 


.'/ 


j  Pô  —  pa 

2  e 


Pi  —  pa 


dz. 


Or,  on  a  en  général 


/"  az .  e         "       n    «  -  <  .    w  (w  —  1  )     »  -  2 

a     L  a  f/2  J 


d'où 


/ 


Pô  — 


/"' 


dz 


r      i 


PÔ 

9 

—  pa 

e 

Pô 

—  pa 

.9 

z 

{  (Pô  - 

-  pa)2 

5 

■ 

et  pour  le  2e  terme  de  V-.  en  revenant  aux  notations  premières  : 


Pô  —  /Xf 

2<y 


(  Pô  —  yjfl  ) 
~P~ 


r-f~  " 


PÔ  1_ 

u2  r/  /(  Pô  —  pa  ) 
P 


;r  -j-  Q 


r  + 


et  enfin  pour  Y-  : 


V2  =  C  e 


.'/  "~ 


—    g      f  Pô  —  pa 
Vh  —  pa      Pô  — pa  \         P- 


P.  GUIEYSSE. —  NOTI    SUR  LES  SONDAGES    V  GRANDE  PROFONDEUR  18") 


+  P 


+ 


V  h 


(Vb—pii)        .         '   2o   /  (Pb—pa) 

■r  +  «  '      ( ÏT—  x+a 


P 


P 


+ 


I 


Comme  nous  sommes  dans  le  cas  de  grande  profondeur,  nous  pou- 
vons nous  contenter  du  premier  terme  de  la  parenthèse,  et  déterminant 
G  comme  plus  haut,  nous  aurons  pour  V-  : 


(4) 


Y-  —  - 


IV 


.'/" 


Pb—pa)  ./•  -L-  Pr/, 
Pb—pa 


Pb  —  pu  VI  i  —  pa 

e  e. 


■>■  4-a  r 


et  nous  voyons  <pie  la  vitesse  va    toujours  en  diminuant  à  mesure  que 
la  profondeur  augmente. 

(c)  Cherchons  maintenant  la  vitesse  propre  de  la  ligne  quand  le  fond 
est  atteint  :  l'équation  du  mouvement  se  réduit  à  : 


,:>. 


rfx2 


px  d*x  dx* 

n    dt  -        '  ili  - 

ll.l-  (I  .I' 


00  5ï -*'-»» -j?.  *«P«*»'  h 


U,  nous  avons  une  équa- 
tion  différentielle,  qui  s'intègre  comme  la  première  et  donne  : 


U2  =  e 


dx  +  C  /  =]-+Ce 


Zbg 

P 


.'/ 


Pour  x  =  0.  U  =  V0,  vitesse  quand  le  fond  est  atteint,  d'où 

%6  „ 


(6) 


^f  +  ^-f),      F 


Calculons  maintenant  les  temps  de  la  descente. 
Nous  avons  avec  notre  première  valeur  de  la  vitesse  : 


dx 
~dt' 


I8(j  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

D'où  l'on  déduit  aisémenl  : 

Si  notre  ligne  esl  divisée  de  I00m  en   L00m  et  que  ces  points  de  divisions 

soient  successivement    numérotés  0,  1,2 n  —  l,n,n-\-  1,  

ce  que  nous   observerons    au  compteur  à  seconde,  ce  seront  les  durées 
/,,  L, /„_i,  tn,  ta+\ ;  et  nous  aurons  en  général 

-  -f-  KHI  h 
100  -f  te         ' 

pour  le  dernier  intervalle  de   temps  mesuré  dans   la  descente  avec  le 
plomb  de  sonde,  si  le  fond  est  à  la  profondeur  100  n. 

A  partir  de  cet  instant,  les  intervalles  devront  se  déduire  de  la  valeur 
de  t  déduite  de  (6),  qui  est  en  général  : 

2  rjbx 


1 

(l-l> 

% 

p 

en  y  remplaçant  \;,  par  sa  valeur  approchée  -,  dans  le  second  terme  qui 

est  très-petit  ;  cette  formule  nous  donne  comme  la  précédente,  pour  l'in- 
tervalle de  temps   correspondant  à  100  n  et  100  (n  -\-  1)  : 

.—  2  gb  100  n    /  2gf&100\ 

,=mdVï+4S-3'~     v-~~ï 

Pour  que  l'on  puisse  constater  que  le  fond    est   atteint,  il  faut  que  la 

6 


différence  6 — t,  qui  est  très-sensiblement  égale  à  loo  , 

p     V 

soit  assez  notable. 

Les  calculs  des  intervalles  déduits  de  la  2e  valeur  de  la  vitesse  sont 
plus  compliqués,  mais  mènent  encore  à  une  différence  des  temps,  dont 
le  terme  le  plus  important  est  le  même  que  précédemment.  —  Comme 

conséquence  pratique,  nous  voyons  donc  que  la  quantité  -   doit  être  la 

plus  grande  possible,  et  -  la  plus  petite  possible  :  c'est-à-dire    qu'il    faut 

augmenter  6  et    P  et  diminuer  p  et  a,  c'est-à-dire    prendre   la  ligne  la 
plus  légère  possible  et  ayant  le  plus  grand  frottement,  avec  le  plomb  de 


P.  GUIEYSSE.  —  NOTE  SI  lt  LES  SONDAGES    \  GRANDE  PROFONDEUR  1  S7 

sonde  le  plus  lourd  ei  ayant  la  moindre  résistance  à  la  descente;  ces 
choix  sont  limités  parce  que,  d'une  part,  la  ligne  doit  avoir  une  résistance 
suffisante  pour  supporter  le  plomb,  et  que  de  l'autre,  pour  le  hâl'age  de  la 
ligne,  il  y  a  avantage  à  diminuer  le  frottement.  En  nous  rapportant  donc 
aux  conditions  reconnues  les  plus  avantageuses  pour  les  soudes  à  grande 
profondeur,  en  prenanl  d'après  les  conseils  de  M.  l'ingénieur  hydrographe 
Bouquet  «le  la  Grye,  un  plomb  de  280  kil.  et  une  ligne  de  sonde  en 
chanvre  de  21mni  de  circonférence  et  bien  suifée,  nous  n'avons  plus 
qu'à  déterminer  la  forme  du  plomb  pour  que  lecoefficient  a  soit  minimum. 

Nous  avons  a  =  m<.>  -+-  s<s>  =  -3 h  so, 

'         ~fl 

r.  étant  la  densité  de  l'eau  de  mer  et  x  un  coefficient  qui,  variant  dans  des 
limites  très-restrèintes,  esl  environ  de  1 ,35,  d'où  m=  0,07. 

Supposons  le  plomb  de  sonde  cylindrique  de  rayon  r,  de  longueur 
I;  le  minimum  de  a  =  mvr%  -\-  SroprÈ,  avec  la  condition  r.r-\)l  =  P,  I) 
étant  la  densité  du  plomb  de  sonde,  répondra  aux  valeurs  : 


r=    - 


m/    \JÙ%) 

1 

|3    et  l  = 

©«' 

©* 

d'où  : 

r        0 
l       m 

En  prenant  pour  o  la  valeur  0,0005,  coefficient  de  frottement  de  l'eau 
dans  un  tuyau,  nous  aurons/  =  140/-,  c'est-à-dire  que  nous  avons  avan- 
tage à  prendre  un  câble  métallique  pour  plomb  de  sonde;  quelle  que 
soit  la  valeur  exacte  de  i,  comme  elle  est  toujours  très-faible,  cette  con- 
clusion est  rigoureuse. 

Avec  les  données  numériques  que  nous  avons  adoptées,  il  faudrait  une 
barre  cylindrique  de  plomb  de4,nmde  rayon  et  de  5m50  de  long  environ.— 
Avec  la  ligne  de  sonde  adoptée,  M.  Bouquet  de  la  Grye  a  déduit  de  nom- 
breuses expériences  <b  =  0,65  par  mètre  carré,  d'où  6=0,0013;  nos  vites- 
ses avant  et  après  que  le  fond  est  atteint  ont  alors  des  premiers  termes 
respectivement  égaux  à  6'"30  et  2m  30  par  seconde. 

Quand,  dans  le  sondage,  on  observe  des  intervalles  de  temps  qui  ne  s'ac- 
cordent pas  avec  ceux  de  la  formule,  on  a  un  indice  certain  que  le  plomb 
a  rencontré  des  zones  de  courant  dont  l'épaisseur  est  mesurée  par  la 
durée  de  l'irrégularité  de  la  descente. 


18K  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE.  MÉCANIQUE 


M,   JABLONSKI 

Instituteur  au  Havre. 


SUR  UNE  CLASSE  D'EQUATIONS  DIFFÉRENTIELLES. 


—  Séance  du  27  août  1877.  — 

En  étudiant  les  équations  différentielles  de  la  forme 

Mx  +  Ydji  =  0 

où  X  et  Y  sont  des  fonctions  algébriques  entières  et  du  second  degré  en  x 
et  y,  Euler  et  d'autres  géomètres  après  lui  ont  été  conduits,  pour  pouvoir 
intégrer  ces  équations,  à  restreindre  la  généralité  des  polynômes  X  et  Y, 
et,  en  particulier,  ils  ont  considéré  le  cas  où  l'équation  peut  être  mise 
sous  la  forme: 

L  (xdij  —  ydx)  —  Mdy  -f  Mx  =  0 

où  L,  M,  N  sont  des  fonctions  linéaires  de  x  et  de  ij.  Jacobi  a  donné  le 
premier  une  méthode  d'intégration  pour  ces  équations  en  laissant  aux 
fonctions  linéaires  L,  M,  N  toute  leur  généralité  et  cette  méthode  se  trouve 
reproduite  dans  le  Cours  de  Calcul  différentiel  et  intégral  de  M.  J.  A.  Serret 
(t.  II,  p.  425). 

Il  m'a  paru  que  cette  équation  et  plus  généralement  un  système  d'équa- 
tions de  la  même  forme  pouvaient  être  ramenés  à  un  système  d'équations 
linéaires  et  par  suite  être  résolu  par  un  moyen  plus  simple.  C'est  cette 
réduction  qui  fait  l'objet  du  présent  travail. 

Remarquons  d'abord  que  l'équation  proposée  se  met  aisément  sous  la 
forme 

(Lx  —  M)dy  —  (Ly  —  K)dx  =  0 

dx  du 

ou  : 


Lœ  —  M       Ly  —  N 
et  considérons,  en  général,  le  système  : 

dyi  dij2  dys  dyn 


Pyt  -  P,        !>//,  -  P2  -  !>,, ,  -  1>, '     Pyn  -  Pn 

où  Vu  //•••  ll.i, yn  son!  des  variables  et  P,  P,,  P2,  P3,  .  .  .  P„ 

es  fonctions  linéaires  quelconques  de  ces  mêmes  variables.  Nous  poserons  : 

P    =  A,.'/.     +  A,y,     -f-  ksy3    + +  A„  yn 

»'    =  A^  +  AtMy,  +  A/l^-f +A„  ■// 

les  quantités  A  étant  des  constantes  quelconques. 


i  kBLONSKI.  —  SI  H  UNE  I  i  iSSl    lu  ftl  \  I  IONS  DU  I  ÉREN  I  lli  i  I  S  189 

Soil  x  une  variable  auxiliaire  donl  la  différentielle  dx  soit  égale  au 

du,  ,  .  • , .   .  . 

rapport  constant  - — î-,  le  système  considère,  pourra,  -race  a  cette 

Vy,  —  I* 

supposition,  se  mettre  nous  la  forme  très-simple  : 

(1) — r-  =  dx 

où  l'indice  i  peut  acquérir  toutes  les  valeurs  entières  depuis  I  jusqu'à 
n.  Cherchons  si,  en  donnant  aux  coefficients  x  des  valeurs  convenables, 
ou  ne  peut  pas  satisfaire  aux  équations  (1)  par  ils  intégrales  de  la 
tonne  : 

(2)  a,//,  -f.a,//.,  4.  xaya  -f +  *„»/„  +  a  =  0 

A  cet  effel  dilférentions  celte  équation,  nous  aurons  : 

*,<///,   +   7./h/:  --  y.'hi;  +   ....+   %ndyn  -f  //,</*,   -f-  ijM,  +  ;/,</z 
-(-....  yndan  -\-  da.  =  0 

ou  en  remplaçant  les  dy  par  leur  valeur  tirée  de  (1)  : 

t     P(«iî/i   +   Ma  +  "Wi  +-...+   *#»)  ^''  —  (Piai  +  P2a*) 

]  +  Ps«8  +  ....+  Pa«„)  dx  +  /,,</*,  +  //.//a,  +  y,ck,  -fJ  =  0 

( -f-  >J'fy-n  +  da.  } 

ou,  enfin,  à  cause  de  l'équation  (2)  : 

(— Pa  —  P.a,  —  !>,?.,  — --  V„x„)  dx  +  //,</*,  +  y  M..  + 

-f  //„(/x„  -}-  da  =  0 

pour  satisfaire  à  cette  équation  quels  que  soient  //,,  ;/,   ....   ;/„,  an- 
nulons les  coefficients  de  ces  inconnues,  nous  aurons  : 

-   EL  +  A,a  +  A,"  a,  +  A^a,  +....+  A,<"'a„  =  0 
dx 

(3)  |~  £  +  A2a  +  A2.%  +  A  «%  +.    .    .    .+A2,)«ft  =  0 

-  ■—  +  Ana  +  AJ'la,  +  A,/%-,  +  ....+  A,,"'  a„  =  0 

Ces  équations  sont  linéaires  et  du  1er  ordre,  il  est  aisé  d'en  avoir  les 
intégrales  générales.  Si  l'on  désigne  par  s,  s±,  s2  ....  sn  les  n  -j-  1 
solutions  de  l'équation  algébrique  : 

s+A,  A/»  A,- V1'! 

A2         —s  +  A,i'i  A/) A2"<> 

Aa  A,»i        -s  +  A^ A3""  j  =0 

An  A,,'1'  A.'2' —  1b  +  A«'.< 

on  aura,  en  général  : 


190  MATHÉMATIQUES,   ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQJ  I. 

%i  =  CM,-e"  +  C.M/1;"1  -f  C2Mt<V>*  -f -f  CM.'V^ 

où   C,  C1}  Ca, C„  son!  dos  constants  arbitraires  et  M,-,  M»11', 

M 31,'"  des  fonctions  algébriques  entières  et  semblables  des 

quantités  respectives  s,  su  s.,  .    .   .  sn. 

La  théorie  des  équations  différentielles  linéaires  apprend  à  calculer  ces 
fonctions,  nous  n'insisterons  donc  pas  sur  ce  point.  Mais  remarquons 
que  pour  notre  objet,  il  n'est  pas  nécessaire  de  connaître  la  valeur  géné- 
rale des  auxiliaires  x,  une  valeur  particulière  nous  suffit.  On  obtient  la 
valeur  particulière  la  plus  simple  possible  en  annulant  toutes  les  arbi- 
traires C,  à  l'exception  d'une  seule,  par  exemple,  en  taisant  : 

x  —  CMeSI  ,  xx  =  C3I,esr  ,   ...  a,  =  CM,-e*x , 

mais,  ces  valeurs  portées  dans  l'équation  (2),  le  l'acteur  e$x  disparaîtrait 
et,  par  conséquent,  le  choix  de  ces  valeurs  reviendrait  à  supposer  que 
l'équation  (2)  pût  être  satisfaite  par  des  valeurs  constantes  données  aux 
a  ou  que  le  système  (3)  pût  admettre  ces  constantes  pour  solutions  ou 
enfin  que  l'équation  en  6'  admît  une  racine  nulle.  Cette  condition  se  tra- 
duit sans  peine,  il  suffit  d'effacer  s  dans  l'équation  qui  donne  cette  quan- 
tité et  d'écrire  que  le  déterminant  obtenu  ne  cesse  pas  d'être  nul.  Comme 
cette  condition  n'est  pas  généralement  satisfaite,  il  faut  prendre  deux 
termes  pour  former  les  valeurs  particulières  des  a,  par  exemple  : 

x  =  CMe**  +  CÏPV'*  a,  =:  CM,<?"  -f  Œi^e™. 

alors  l'intégrale  (2)  prend  la  forme  : 

CJM  +  Mtf,  +M2i/2+  ...    +M»y,.)«"+  C(M  '  -j-M/%  +M,Wy,+ 
...  +  M«wiyB)  cs"  =0. 

actuellement  soit  y\  une  valeur  particulière  de  y,  et  soient  aussi  y'2,  y'3, 
....  y'n  les  valeurs  correspondantes  des  autres  variables,  nous  pouvons 
supposer  que  celle  de  x  est  0  et  alors  nous  aurons  : 

CfM  -f  M,//,  +  M,'/',  +  •  •  •  +  M„  y'n  )  +  C,  (M  "  +  M,<»  y\  +  M2">  y  , 

+  ...  +-Mm<V.)  =  0 
d'où  : 

M  +  M^+M^-f  ...+  31,,,./,, 

M  +  M1i/'1+May'2  +  ...-fMn2/'n 

M'"  -f  M,  "//,  +  M,'"?/„  -f  ...  -f  M,,"1//,, 

en  associant  successivement  le  premier  terme  dépendant  de  s,  avec  chacun 
des  autres,  nous  formerons  n  valeurs  particulières  dc<,  y.  d'où  nous  tire- 
rons n  équations  intégrales  semblables  à  la  précédente,  qui  permettront 
d'exprimer  le*  //,,//.  .  .  .  //„  en  fonction  des  exponentielles  c  ,  rS|J  .  ..  c"'»  x  . 
Si  l'on  veut  éliminer  l'auxiliaire  .r  et  obtenir  les   intégrales  entre  les 


JABLONSKI.  —  SI  l.  I  NE  I  LASSE  D*]  Ql  VIIONs  DIFFÉRENTIELLES  MM 

.seules  variables  y,  il  est  avantageux  de  représenter  la  valeur  commune  de 
chaque  membre  par  II,  alors  si  on  désigne 

M  "   +  M.:,:  .'/.  +  Ma:'>  ?/g  +  ■  . .  +  M„y„         ^  , 
MM  +Mt<'  y'1  +  «.w  .'/'.  +  •  ■  •  +  M-  '  V'n    Pai"    ' 

le  système  des  intégrales  pourra  s'écrire  :  \t  ==  He-*'  '  . 

où  i  peut  prendre  toutes  les  valeurs  depuis  (l  jusqu'à  n,  V„  et  sQ  étant 

simplement  Y  et  s. 
/  étant  une  de  ces  valeurs  différente  de  »,  on  aura  aussi: 

V<  Ci  -  *  )■' 

par  conséquent  : 


ou  :  (4)  \  /      -77-     =  ex. 


les  différences  -v,  —  s,  (où  s,  reste  le  même)  étanl  au  uombre  de  n,  ou 
obtiendra  (ri)  équations  de  la  tonne  (4)  et  en  éliminant  entre  elles  ex , 
on  aura  les  n  —  1   intégrales  dégagées  de  toute  variable  auxiliaire. 

Il  est  plus  simple,  en  général,  et  tout  aussi  avantageux  de  conserver 
l'auxiliaire  ce,  mais  alors  il  est  nécessaire  de  chercher  la  valeur  de  H,  ce 
que  l'on  fera  sans  peine  en  éliminant  //,,  //.,...  •  yn  entre  les  n  -\-  I 
équations  linéaires  :  V  =  Ile—",  V  =  Ile  — v  ....  V„  =  lie  ~  s  "  r  et 
égalant  à  zéro  l'équation  résultante  qui  est  linéaire  par  rapport  à  II. 

Telle  est,  dans  le  cas  le  plus  général,  la  méthode  de  résolution  du  sys- 
tème proposé;  il  reste  à  examiner  les  cas  particuliers. 

D'abord  si  l'équation  en  s  admet  une  solution  nulle,  il  semblerait  que 
puisque  le  système  (3)  peut  être  satisfait  par  des  valeurs  constantes,  il 
y  eût  une  intégrale  de  la  forme  : 

M  +  Miyl  +  M2//2  -f +  Mnyn  =  0 

les  valeurs  des  M  étant  celles  qui  correspondent  à  la  racine  nulle,  mais 
cela  implique  la  condition  : 

M  +  MlV\  +  M,y',  +  ....+  Mny'n  =  0 
qui  n'est  pas  nécessairement  satisfaite.  Il  faut  donc  encore  associer  deux 
termes  de  la  valeur  générale  de  a, ,  par  exemple  celui  qui  correspond  à 
la  racine  nulle,  avec  chacun  des  autres  et  alors  on  retombe  sur  les  for- 
mules générales  dans  lesquelles  on  aurait  annulé  une  des  racines. 

Les  formules  générales  ne  sont  donc  pas  en  défaut  dans  le  cas  pré- 
cédent, mais  elles  le  sont,  lorsque  deux  valeurs  de  s  deviennent  égales 
entre  elles,  puisque  la  valeur  particulière  de  x,   formée  en  prenant  les 


192  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

deux,  termes  correspondants  à  la  même  tonne  que  si  l'on  avait  pris  un 
seul  de  ces  termes. 

Il  faut  employer  alors  un  artifice  analogue  à  celui  que  d'Alembert  a 
imaginé  pour  les  équations  linéaires.  Soit  s  la  racine  double,  supposons 
que  s,  soit  colle  qui  devient  égale  à  s  et  taisons  sl  =  s  -{-  h;  les  formules 
étant  applicables  dans  ce  cas,  il  suffira  de  chercher  ce  qu'elles  deviennent 
à  la  limite  lorsque  h  =  0.  Or  on  a  : 

M  -f  Ml!h  +  May8  +  ....  +  M„y „     sr   _ 
M  +  M1t/'1+M2i/'2  +  .   .   .   .  +  Mny'n  e 

M"i  +  M1<"yH-M,<»y8+ +  M„<"y,l      ,„ 

MW  +  M1<«y'1+ +  MJ"y'„ 

donc  si  l'on  remplace  : 

Mi(1)  par  M,    -] —  h  +  — - -L.  ^  4.  etc.    .    . 

as  1 . 2        as 

es,x  par  eSI  (  j  _j_  ^x^  on  obtiendra  en   ne  conservant  que  les  termes 

en  h  : 

M  +  Miy,  +  M,y,  + -f  M„y„      m  _ 

M  +  M,//,  +  m,,/,  -f +  Mny'n    C     ~ 

M  +  M1y1+fe+..+Mnyn+  h  |"(.;-M  -j-^-f^+^^+etc] 

—  ■■■■'  —  -  ■  1   psx 

M  +  Miy\  +  ....+  M«2/'n  +  ft  [f  +  ^y-l.--  etc.] 

et  comme  /;  est  arbitraire,  on  en  tirera  : 

M  +  M,!,,  +  M,//,  +  .  .  .  +  M„y„    sc 


x\\l 


M  +  M1^+M2y'2-r-...+M„y',I 

rfai    ,  /  „       m.  \  /  . 


d!M  dM,      ,  dMfl      , 

qui  remplacera  l'équation  que  l'on  avait  fait  évanouir  en  supposant  ^  =  5. 
Le  procédé  employé  fait  pressentir  le  moyen  d'obtenir  plus  simplement 
le  résultat,  Désignons  en  général  : 

M'  +M/.V.  + +  Myy„      w 

M'+  M/^-h +  M\y'„  C  '    Par  *  <*  }' 

le  système  intégral  prend  la  forme  : 

F(s)  =  Y(Si)  =  F(s2)  =  .   .    .    .  =  F(s„), 

Cela  posé,  faisons  s,  =  s  -f-  h 


IABLONSKI.  —  SIU  UNE  CLASSE  D'ÉQUATIONS  DIFFÉRENTIELLES  193 

nous  aurons  Ki.v  -f-  h)  —  F(s)  =  0 

et  par  suite  si  h  tend  vers  0  : 


ds 


=  (l 


et  cette  équation  est  celle  par  laquelle  on   doit   remplacer  la    relation 

F  (s)  =  F(s±)  qui  s'évanouit  pour  s4  =  s. 

Si  5X  et  5,  tendent  en  même  temps  vers  s,  c'est-à-dire  si  l'équation  en  5 

admet  une  racine  triple,  on  peut  imaginer  que  sa  tende  d'abord  vers  $t  ce 

.     dF(s±) 
qui  tournit      ,/  1;   =  0. 

»(Sl) 

Si  l'on  imagine  ensuite  que  5,,  tende  vers  s,  et  que  l'on  tienne  compte 
de  l'équation  — - —  =  0,  on  en  tirera  : 


tP¥ 

ds2 

—  0, 

dF 

ds 

=:    Il 

qui  jointe  à 

formera  un  système  apte  à  remplacer  les  équations  : 

F(s)=F(s1)  =  V(si) 

qui  se  sont  évanouies  par  la  supposition  .s  =  st  =  s2. 

En  général,  si  l'équation  en  s  admet  m  racines  égales,  on  aura,  en  dési- 
gnant par  sitss *,._,„,  les  racines  distinctes: 

F(s)  =  Fis,)  =  F{s2)  = =  F(sn_,n) 

dF  A      d*F  dm~lF         ,      , 

et  — - —  ==  0,  — - —  =  0 — ; r-  =0,  à- étant  la  racine 

ds  ds2  dsm'i 

multiple  et,  dans  le  cas  particulier  où  toutes  les  racines  sont  égales,  le 
système  intégral  aura  la  forme  : 

iL  =  o  -*L  =  „  *L  =-o 

ds      .      '    ds1  ds" 

Alors  l'exponentielle  esx  qui  sera  en  facteur  dans  les  premiers  mem- 
bres pourra  être  supprimée  et  le  système  deviendra  algébrique  par 
rapport  à  x.  On  pourra  donc  exprimer  toutes  les  inconnues  y,  yz 
....  y„  en  fonctions  algébriques  de  x  et  par  l'élimination  de  cette 
variable  on  obtiendra  des  intégrales  algébriques  par  rapport  aux  incon- 
nues, ce  qui  n'a  lieu,  dans  le  cas  général,  que  tout  autant  que  toutes 
les  racines  de  l'équation  en  s  sont  commensurables,  comme  on  le  voit 
sur  l'équation  (4). 


13 


194  MATHEMATIQUES,  AMIUh\oM!E.  GÉODÉSIE,   MÉCANIQUE 


M.  aOHIEREE  DE  LOMCHAMPS 

Profe u  âe  mathématiques  spéciales  an  Lycée  <le  l'oitiers. 


NOTE  SUR  L'INTÉGRATION   DUNE  ÉQUATION  AUX   DIFFERENCES  FINIES. 


—  Séance  du   89  août   1877.  — 

1.  L'équation,  dont  nous  voulons  parler,  a  été  rencontrée,  pai  nous, 
dans  une  étude  §ur  les  nombres  de  Bemoulli,  étude  qui  paraîtra  pro- 
chainemenl  dans  les  Annales  de  l'École  normale.  Cette  équation  est  : 

(1)  (x  +  1)  F  (x)=l+(x— 1)  F  (x  —  i) 

La  fonction  F,  ainsi  définie,  jouit  de  cette  propriété  curieuse,  savoir  : 
que  si  deux  termes  consécutifs  de  la  suite, 

F(l),  F(2),  F(3),   F  (as) 

sont  égaux,  la  fonction  F  est  une  constante  . 

En  effet  de  (1),  on  déduit  : 

(2)  x¥  {x  —  l)  =  l+(ac  —  2)  F  U-  —  2) 

Retranchant  (1)  et  (2),  il  vient  : 

(<i;_L-i)  F  (ir)  =  (2.r— 1)  F  (x—  1;  — (a— 2)  F  (as— 2) 

et  si  Ton  suppose, 

F  (a;  — 1,)  =  1  («—2) 

on  a  bien, 

F  (ce)  =  F  (a  —  1) 

Ainsi  toutes  les  fonctions 

F(ae— 1),  F  (05),  F(œ+1),   

sont  égales.  Un  voit  de  même,  que  si, 

F  (ce)  ==J(x—  1) 

on  a,  _, . 

F  (ce — 1)  =  ¥{x—  ) 

donc  toutes  les  fonctions, 

Yi.r—i),  F  (ce— 2),  F  (a;— 3),     .- 

sont  égales  :  c'est  la  propriété  annoncée. 

2.  Pour  intégrer  cette  équation,  nous  posons 

F  ,.n  =  V(.r.  —  l)-fç(jc); 

L'équation  CI ).  devient  : 

2F(.r—  l)=l—  (•'•+1 )"■?<  ■'■> 

et  par  conséquent, 

1  2F  (ob)=  !—(*+*)?(*+*) 

2<p(o;)  =  (o;+l)?(o;)— (oj+2)  ?  (jj+ 1) 


G.  DE  LONGCHAMPS. —  INTÉGRATION  D'UNE  ÉQUATION  105 

OU, 

?(x-\-\) X —  1 

De  celte  relation,  on  tire  successivement: 

9  (ce)       _  x — 2 

..*»..• 

9  (3)  _  1 
?  (2)  ~  4 
Multi|)lions,  membre  à  membre,  ces  égalités,  on  trouve  : 

?te+')=?ta.»x.(j+i'^+8) 

3.  La  Ibnction  9,  étant  déterminée,  nous  écrirons  la  suite  d'égalités: 

F(x)=o(x)  +  F(x- 1) 
F(œ— l)  =  ç(a;— 1)  +  F(ic— 2) 


F(2)  =  9(2)  +  F(l) 
et,  en  Les  ajoutant, 

F^=F("+l-8-8^a(rô+ôi+ •-  +(,-1^+1,] 

La  constante  arbitraire  F  (4),  dépend  de  la  constante  arbitraire  9  (2) 
déjà  introduite  par  l'intégration  de  la  fonction  9  ;  on  a  en  effet  simul- 
tanément : 

F(x)  =  F{x— l)-f-9(a?) 
et, 

(J5+4)F^;  =  4  +  (J5— 4)F(jc—  1) 
pour  toute  valeur  de  x  :  faisons  x  =  %  on  aura  : 

F(2)=F(l)  +  <p(2) 

3F(2,  =  1  +  F(4) 
et  par  conséquent, 

3?(2)  +  2F(4)  =  4 

on  a  donc  définitivement  : 

1 — 3K  r     1  1  11 

F(x-)  =  —T-  +  4.2.3R  Lqp  +  ^jj  +  .  •  •  •  (x_i)x{x+i}\ 

4.  C'est,  d'ailleurs,  un  résultat  connu  (.*)  que  la  série  : 

1  1  1 

4.2.3"'"  2.3.4"^  ""  ~^  (x-l)x(x-j-l) 

*)  Catalan.  Manuel  des  Candidats  à  l'École  Polytechnique,  p.  61. 


196  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE.  MÉCANIQUE 

est  susceptible  d'être  sommée.  Il  suffit,  de  partir  de  l'identité  : 

i  !• 

1  _  2 2_ 

(as — l)as(as-|-l)       (x — l)x      x{x-\-ï) 

et  l'on  trouve  : 

I  1  1  1  1 

1.2.3  ~^~  2.3.4  +'•••+  (x—i)x(x+l)  ~1~  "2x(x-\-\) 

On  a  donc  pour  l'intégrale  cherchée  : 

F  (x)  =  t=£*  +  l  .2.3K  [i  -  .    /.J 

2  L4      2jc(as-|-l)J 

ou  enfin  : 

cw  !  C 


2       x  (cc+1  ) 
dans  laquelle  C  est  une  constante  arbitraire.  Quant  on  choisit, 

C  =  o 
alors  F  (x),  est  constant.  C'est  le  cas  singulier  que  nous  avons  signalé 
au  début  de  cette  note. 

5.  La  marche  que  nous  avons  suivie,  dans  cette  intégration,  nous 
semble  susceptible  d'être  appliquée  à  un  grand  nombre  d'équations  aux 
différences  finies.  Sans  entrer  dans  de  plus  longs  développements,  nous 
ferons  seulement  comprendre;  d'une  façon  générale  et  superficielle,  cette 
méthode  que  nous  croyons  nouvelle,  méthode  qui  a  pour  but,  l'inté- 
gration des  équations  aux  différences  finies  \    i. 

Considérons  l'équation  très-générale  : 

1 1  )  («œ+p)  F  (x)  +  («  ac4-p')  F  (ce— 1)  =  ?(as) 

et  posons,  à  l'imitation  de  ce  que  nous  avons  fait  tout  à  l'heure, 

«F(as)  +  a  F(x—\)  =  à(x) 
on  aura , 

p  F  (x)  -\-^'V  (x—i)-\-x'b(  x)  =  <f  [x) 
par  conséquent, 

pF  (x  —  1)  +  p'  F  (x— 2)  +  (as  —  1)  <|»  (as— 1)  =  ?  (as— 4  ) 

Multiplions  ces  deux  dernières  égalités,  respectivement,  par  a  et  a'  et 
ajoutons,   il   vient  : 

(2)       (p-J- ocas)  <]<  (as)  -|-  (P'-f-oc'as — a')  ^  (x  —  l)=a$  (as)  +  a'  r  (œ — *) 

Dans  cette  équation,  <j>  est  la  fonction  qu'il  faut  intégrer;   le  second 

membre, 

a  <p  (as) -f- «  ?  (a; — 1), 

(*)  "Voyez  sut"  cette  question.  Laplacb;  Œuvres,  t.   7;    £tvr<  premier,   p.    163.    —    Lagrangi 
Œuvres,  t.  4  :  Sur  les  mites  récurrentes  ;  p.  1S1.  —  am>hk  ;  Thèse  d'A  nalyse,  Gauthier-  Villars,  \sn. 


G.    DE  LONGCHAMPS. —  INTÉGRATION  u'ilNE  ÉQUATION  197 

est  une  fonction  connue;  en  comparant  les  équations  (1)  et  (2),  on 
reconnaît  que  cette  dernière  est  de  même  forme  que  l'équation  propo- 
sée; pourtant,  et  il  convient  de  souligner  cette  remarque,  le  coefficient 
de  ù(x — 1)  n'est  pas  égal  au  coefficient  de  F  (x — 1),  et  ce  dernier  a 
été  diminué  de  a.  En  répétant  K  t'ois  cette  transformation,  on  arrivera 
à  une  fonction  M  (as),  qu'il  faudra  intégrer  et  qui  sera  donnée  par  l'équa- 
tion aux  différences  Unies. 

1 3)  (xx  +  S)  M  (x)  +  (a'a;  +  p-Ra']  M  < x  - 1)  =  F  (œ)  > 

dans  laquelle,  K  est  arbitraire,  mais  entier.  On  a  donc  ainsi  introduit 
une  constante  arbitraire  dont  on  pourra  disposer  pour  simplifier  l'inté- 
gration de  l'équation  (3).  Par  exemple,  si  l'on  suppose, 

a  =  a 
en  prenant, 

a 

et  en  supposant  ' -,  nombre  entier,  l'équation  (3)  deviendra  : 

F  (ce) 
M(cc)+M  ce— 1  = — — 7- 

'       a  x  -f-  (J 

d'où  l'on  déduira  l'intégrale 

lla,,"L+«O!+0       «œ  +  p  — a^aœ  +  p— 2« 

La    fonction   M    étant    déterminée   on   n'aura   plus   qu'à    intégrer  des 
équations  différentielles  à  coefficients  constants  telles  que, 
aF(cc)-|-a'F(ce— l)=<|>(ce) 

Notre   procédé  permet  donc,   rfr/»\   les  conditions  que  nous  venons  de 
définir,  de  ramener  l'intégration  de  l'équation, 

(a  ce  +  6)  F  (ce)  +  (a  x  -f  fi')  F  (.x  —  1  )  =  ?  (a?) 
à  celle  d'une  équation,  de  même  genre,   mais  dans  laquelle,   les  coeffi- 
cients de  F  (ce)  et  de  F  (ce  —  1),  sont  des  constantes.  Dans  un  prochain 
travail,  nous  appliquerons  les  idées  précédentes;   à  quelques  équations 
différentielles  et  particulièrement  à  l'équation, 

ce  F  (ce)  +  (a  —  1)  F'(x  + 1)  =  a 
considérée  par  Laplaee  (*). 

(*)  L.APL4CE.  Œuvres.  Livre   VII,  p.  463. 


IM  MATHÉMATIQUE-   AsTIti  iNnMlE.  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 


M.   JABLONSKI 

Directeur  âe  l'École  Casirafr  Delavigne,  au  Havre. 


MÉMOIRE  SUR  L'EXISTENCE  DE  L'INTÉGRALE. 


—  Séance    lit  25  août  IH~~.  — 

(>  mémoire  ;i  pour  objet  une  démonstration  nouvelle  de  l'existence  de  l'inté- 
grale ou  du  système  intégral,  dans  le  cas  le  plus  général. 

Il  se  compose  de  trois  parties  : 

•1°  Dans  la  première  on  démontre  que  tonte  fonction  bolomorphe  u  d'une 
variable  z  peut,  par  le  seul  principe  de  l'intégration  par  parties,  être  misesous 
la  l'orme  : 


1  (*      _  d"  +  ■    u 


m 


V  étant  la  fonction  entière  donhée  par  la  formulé  de  Mae-Laurin. 
2°  Dans  la  seconde  partie,  on   l'ai!  voir  que  l'on   peut  étendre  aux  fonctions 

holomorph.es  (l'une  variable  imaginaire  cette  proposition  connue  pour  les  fonc- 
tions réelles  d'une  variable  réelle,  à  savoir  que  :  Si  X  conserve  le  même  signe 
entre  les  limites  d  et  x",  on  a  : 


/X  -•»; 

XY  .  dx  =  Yi     /       X 


X  dx 


Yi    étant  une  valeur  moyenne  de  V  entre  les  mêmes  limites. 
Il  en  résulte  la  possibilité  de  mettre  la  fonction  u  et  général  — ,      ■■■  ,sons  lit 

forme 

<l>'  Y       .  I  A 


dzP        '      1.2...  (n  —  p)     F  ' 

e/(  étant,  comme  on  ledémontrë,  iihe  fonctibn  holomorphe  de  z  .  L'indicé  p  peut 
prendre  tbutès  les  \aleurs  entières  jusqu'à  n. 

3°  Ces  formules  permettent  de  changer  [[ne  fonction  F  lu.   — ; — ■  ,  — y— —  . 

J  °  x    '         </;  dz1 

dP  u  d"  u  ,  i  ■   •  ,  - 

...,  — : .....    — : .  s)  lioloniorpbe  par  rapport  a  u.  a  ses  dérivées  cl  a  z. 

dzP  dzn 

en  une  autre  4*  (U,  9,  81, . . .  0/( ,...  8„  ,  z)  holomorphe  par  rapport  à  U  el  à  z; 
l'équation  F  0  est  donc  ramenée  à  u>  0  el  comme  celle-ci  admet  toujours 
pour  solution,  c'est-à-dire  pour  valeur  de  U,  au  moins  une  fonction  holomorphe' 
par  rapport  à  z,  il  s'ensuit  que  F  0 admet  au  moins  u\\i'  intégrale  u,  holo- 
morphe aussi  par  rapport  à  z. 

Les  mêmes  transformations  appliquées  à  un  système  d'équations  différentielles 
a  une  seule  variable  indépendante  le  changenl  en  un  système  d'équations  ordi- 


J.-A.    MHIM  \M>.  —  M  II   II  -  OCl  l  II  VttÛRS  l>'l   UUI.l'.s   p\H   MARS  199 

oaires  donl  les  premiers  Membres  sonl  holomorphes  él   qtti   patf  conséquetli 
admettenl  au  moins  un  système  de  solutions^ 

S'il  B'agil  d'une  équation  différentielle  on  d'un  système  de  pareilles  équations 
à  m  variables  indépendantes,  on  peut,  par  le  même  moyen,  le  transformer  en 
un  autre  où  les  différeociations  sont  faites  parrapporl  à  m  —  I  variables  seule- 
ment; donc,  si  l'existence  de  l'intégrale  ou  du  système  intégral  esl  établie  pour 
m— \  variables  indépendantes, elle  esl  vraie  pour  m,  mais  elle  a  été  établie  pour 
m  =  I  ;  donc  elle  esi  aussi  démontrée  pour  m  quelconque. 


M.  J.-A.  flORMAO 

r.dnstnutciir  au  Havre. 


SUR  LES  OCCULTATIONS  D'ÉTOILES  PAR  MARS,  OBSERVABLES 
PENDANT  L'OPPOSITION  DE  1877. 


—  Séa  "  ce  d  •■■  1877.  — 

J'ai  cherché  récemment  à  prouver  que  l'observation,  en  plusieurs 
points  de  la  terre,  des  occultations  d'étoiles  par  Mars,  constitue  un 
moyen  très-exact  de  déterminer  la  parallaxe  solaire. 

Cette  observation  fournit  en  effet  la  différence  <\*'s  vitesses  de  Mars 
et  de  la  terre,  et,  comme  le  rapport  de  ces  mêmes  vitesses  est  connu 
avec  une  précision  extrême,  il  est  facile  d'en  déduire  les  valeurs  abso- 
lues* de  ces  vitesses. 

L'opposition  actuelle,  extrêmement  favorable  à  l'emploi  de  la  nou- 
velle méthode  au  point  de  vue  de  la  faible  distance  de  la  planète,  l'est 
fort  peu  sous  le  rapport  du  nombre  probable  d'occultations.  Ce  nombre 
est  en  effet  10  fois  moindre  qu'en  1875,  Mars  occupant  une  des  fégidns 
du  ciel  les  moins  riches  en  étoiles. 

Les  catalogues  de  Lalande,  Weisse ,  Schjeîlerûp,  Santini  et  Lamont 
n'en  fournissent  qu'une  seule  qui  a  eu  lieu  le  26  juin  dernier. 

Celui  de  Markree  en  fournit  cinq  ;  les  quatre  premières  ont  eu  lieu  les 
25  et  28  juin  et  les  1er  et  2  juillet,  la  cinquième  se  produira  le  20  oc- 
tobre prochain. 

Aucune  de  ces  six  Occultations  ne  se  présente  dans  des  conditions 
favorables  à  l'observation. 

Le  catalogue  de  Markree  indique  en  outre  une  appulse  d'étoile  de 
grandeur  9  1/2  pour  le  8  novembre,  à  7  h.  2o  m.,  t.  th.  ast.  de  Paris, 
soit  un  peu  avant  le  passage  de  la  planète  au  méridien.  La  position  de 
l'étoile  n'étant  pas  connue  bien  exactement,  il  pourrait  y  avoir  occulta- 


-200  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

lion,  et  comme  le  phénomène  se  présentera  dans  des  conditions  favo- 
rables à  l'observation,  il  serait  désirable  qu'il  ne  passât  pas  inaperçu.  Il 
ne  s'agirait  pas,  bien  entendu,  d'en  déduire  une  valeur  de  la  parallaxe, 
mais  d'en  tirer  quelques  données  relatives  à  l'instantanéité  du  phéno- 
mène. 

La  valeur  de  la  méthode  proposée  est  en  ellet  proportionnelle  à  l'in- 
tervalle de  temps  qui  s'écoule  entre  les  observations  extrêmes,  et  au 
degré  d'instantanéité  de  l'occultation. 

L'intervalle  de  temps  peut  atteindre  près  d'une  heure,  soit  une  valeur 
au  moins  double  de  celle  fournie  par  le  passage  de  Vénus  sur  le  disque 
du  soleil. 

Quant  à  l'instantanéité,  on  peut  affirmer,  à  priori,  qu'elle  sera  au 
moins  aussi  grande  que  celle  des  observations  de  Vénus.  Rien  ne  prouve 
qu'elle  ne  soit  pas  absolue  comme  dans  les  occultations  d'étoiles  par  la 
lune. 

L'instantanéité  absolue  n'existera  pas  : 
1°  Si  la  planète  est  entourée  d'une  atmosphère  épaisse; 
2°  Si  l'épaisseur  du   croissant  d'ombre  au  point   de  contact   est  trop 
petite  pour  que,  par  un  effet  de  diffraction,  l'instrument  ne  soit  pas  assez 
puissant  pour  séparer  la  lumière  de  l'étoile  de  celle  de  la  planète. 

En  ce  qui  touche  l'atmosphère  de  Mars,  il  est  généralement  admis 
aujourd'hui  qu'elle  est  peu  épaisse.  On  a  pu  dresser  des  cartes  approxi- 
matives de  l'astre  et  rien  n'indique,  à  sa  surface,  l'existence  de  ces 
nuages  et  de  ces  tempêtes  qui  dérobent  généralement  la  vue  de  la  sur- 
face même  de  Jupiter. 

Quant  à  la  séparation  de  la  lumière  de  l'étoile  de  celle  de  la  planète, 
il  est  facile  de  prouver  que,  excepté  dans  le  voisinage  de  l'opposition, 
la  séparation  peut  être  observée  avec  un  instrument  de  dimensions  mo- 
dérées. 

Je  rappellerai  d'abord  que  pour  un  objectif  d'un  diamètre  donné,  il 
existe  une  distance  angulaire  qui  ne  peut  pas  être  séparée.  Les  recher- 
ches de  Dawes  et  de  Foucault  et,  plus  récemment,  de  MM.  Wolf  el 
André  ont  montré  qu'un  objectif  de  treize  centimètres  environ  sépare  des 
points  lumineux  distants  d'une  seconde  angulaire. 

Dans  une  occultation  parla  lune,  l'épaisseur  du  croissant  d'ombre  est 
toujours  notablement  supérieure  à  une  seconde;  aussi  les  plus  petits 
instruments  capables  de  fournir  la  vue  de  l'étoile  permettent-ils  de 
constater  l'occultation. 

Dans  les  occultations  par  le  bord  lumineux,  la  distance  de  l'étoile  au 
bord  éclairé  est  nulle;  aussi  l'observation  est-elle  toujours  erronée, 
quelles  que  soient  la  perfection  el  la  puissance  de  l'instrument. 

Pour  Mais,    l'épaisseur  du  croissanl   d'ombre  est   pratiquement  nulle 


J.-.V.   NORMAND.  —  Mit  LES  OCCULTATION!)  D'ÉTOILES  l'Ait  \i\iin  :>()| 

au  moment  de  l'opposition  ;  10  joins  après  et  auparavant,  elle  atteint 
0"20  environ;  20  jours  après  ou  auparavant,  0"55;  à  un  mois  de  dis- 
tance du  moment  de  L'opposition  L'épaissem  atteint  i";  et  à  un  mois  et 
demi  de  distance,  1'  1/2  (ces  chiffres  se  rapportent  à  l'opposition 
actuelle.) 

Il  en  résulte  que  la  séparation  de  l'étoile  de  la  planète  exigerait  les 
diamètres  d'objectifs  suivants  : 

10  jours  avant  ou  après  l'opposition,  l)"',0o; 

20    —  —  O'Vii; 

1  mois  —  —          0mJ3; 

I   mois  1/2  —  0m,08a . 

Avec  un  instrument  de  0œ,o0  de  diamètre,  on  est  donc  à  peu  près  sûr 
de  séparer  les  étoiles  du  bord  obscur  de  la  planète,  excepté  pendant  un 
mois  dans  le  voisinage  de  l'opposition,  à  moins  que  l'occultation  ne  se 
produise  très-loin  du  milieu  du  croissant  d'ombre. 

A  une  plus  grande  distance  du  moment  de  l'opposition,  on  pourrait 
en  outre  employer  un  moyen  très-simple  de  soustraire  l'œil  à  l'éclat  de 
la  planète  ;  ce  moyen  consisterait  à  régler  l'équatorial  sur  l'étoile,  et  à 
placer  au  foyer  de  l'oculaire,  une  glace  recouverte  du  côté  de  la  pla- 
nète, d'une  couche  argentée,  suffisamment  transparente  pour  permettre 
de  constater  l'approche  de  la  planète,  tandis  que  l'image  de  l'étoile 
serait  transmise,  non  affaiblie  à  l'œil. 

Dans  les  occultations  d'étoiles  par  les  planètes  supérieures  autres  que 
Mars,  l'épaisseur  du  croissant  obscur  n'est  jamais  suffisante  pour  per- 
mettre la  séparation.  Ainsi,  au  commencement  de  IS'o,  je  signalai  à 
M.  Leverrier  une  occultation  par  Jupiter  qui  devait  se  produire  le  10  mars 
de  la  même  année.  Après  avoir  vérifié  mon  calcul,  le  savant  directeur 
de  l'Observatoire  me  promit  de  faire  observer  le  phénomène  si  les  cir- 
constances le  permettaient.  L'observation  fut  faite  par  M.  Wolt  et 
MM.  Henry. 

Or,  bien  que  l'opposition  n'eut  lieu  que  35  jours  plus  tard,  l'épais- 
seur maxima  du  croissant  obscur  était  alors  de  0"13  seulement,  ce  qui 
eût  nécessité  un  objectif  de  1  mètre;  mais,  au  point  où  l'occultation  se 
produisait,  l'épaisseur  du  croissant  n'était  que  0 '01  ;  il  était  donc  abso- 
lument impossible  d'éviter  les  effets  de  la  diffraction. 

En  outre,  la  planète  était  très-peu  élevée  au-dessus  de  l'horizon  et, 
d'après  une  lettre  que  je  reçus  de  M.  Leverrier  après  l'observation,  le 
temps  était  très-peu  favorable. 

Cette  observation  ne  présentait  donc  aucun  des  caractères  que  l'on  est 
en  droit  d'attendre   d'une  occultation    par  Mars;    aussi,  existe-t-il    une 


^02  MATHÉMATIQUES.  ASTItONOMIR,   ÔË0DË8ÏE,   MÉCANIQl'K 

différence  de  2  minutes  dans  les  temps  notés  par  les  différents  observa- 
teurs. 

Cette  différence  est  fcrês-grande  mais  celles  qui  résultent  des  observa- 
tions au  bord  lumineux,  de  la  lune,  donnent  lieu  h  des  erreurs  de 
plusieurs  secondes,  tandis  qu'au  bord  obscur  l'exactitude  est  pratique- 
ment absolue. 

Je  pense  avoir  prouvé  que  les  occultations  par  Mars  doivent  présent;  r 
des  caractères  beaucoup  plus  favorables  que  celles  produites  par  Jupiter, 
et  il  serait  très-désirable  que  le  fait  pût  être  constaté,  dès  que  L'occasion 
se  présentera  de  le  faire. 


M.  SYLYESTER 

Membre  de  la  Société  Boyalo  de  Londres, 


FRACTIONS  GÉNÉRATRICES  POUR  LES  DEUX  CAS  D'UN  NOMBRE  INDÉFINI 

DE    FORMES    LINÉAIRES    ET    DE    FORMES    QUADRATIQUES    BINAIRES   ET    LIAISON 

ALGÉBRIQUE  ENTRE  LES  DEUX  NUMÉRATEURS. 


—  Séance   à  h   85   noi'it    IS77.  — 


M.  Marcel  DEPEEZ 

Ingénieur  civil. 


APPAREIL  A  TIGES  POUR  LA  COMPOSITION  DES  MOUVEMENTS. 


—Séance   du   29   août   4877. 


BAEHR. —  MOYEU  MK>  VNIQ1  I    M.  DÉT1  RMW1  R  &ES  RAYONS  DE  COURBURE     203 


M.  &.-F.-W.  BAEHR 

ilyt«  bnique  de  Delft. 


SUR  UN   MOYEN   MÉCANIQUE  DE  DÉTERMINER  LES  RAYONS  DE  COURBURÔ 

DES  DIFFÉRENTES  SECTIONS  NORMALES 

EN  UN  POINT  QUELCONQUE  DUNE  SURFACE,    PAR    L'OBSERVATION    DU  TEMPS 

D'OSCILLATION  DUNE  RÈGLE  PLACÉE  SUR  LA  SURFACE. 


_  Séa  »u  e  d  u  29  août   l s::.  — 

Soit  en  A  le  plan  tangent  horizontal,  el  CAD  une  section  normale, 
laquelle  dans  la  proximité  de  A  peut  être  considérée  comme  un  arc  de 
cercle    décrit   avec  le    rayon    de   courbure  A0  =  r. 

Soient  FG==Z  la  denii-lOngueùr 
et  BG  =  d  la  demi-hauteur  de  la 
règle  homogène;  alors  dans  la 
position  d'équilibre  I»'  poinl  1» 
tombe  sur  A,  et  si  une  position 
quelconque  de  la  règle,  pendant 
qu'elle  fait  des  oscillations  très- 
petites,  est  déterminée  par  l'angle 
AOG  =  6;  on  aura,  en  admettant 
que  le  frottement  empêche  la 
règle  de  glisser, 

CB=ArcCA=r8, 
tandis  que  la  hauteur  du  centre  de  gravité  G  au-dessus  de  l'horizontale 
qui  passe  par  0  est  évidemment 

(r-j-d)CosÔ  +  rÔSin8. 

Le  travail  du  frottement  étant  alors  zéro,  ainsi  que  celui  de  la  résis- 
tance normale  de  la  surface,  le  théorème  des  forces  vives,  donne  immé- 
diatement : 

de2 


Fig.  20. 


dV' 


Er2m  -j-  %M  [(r  +  d)  cos  6  +  rO  sin  6]  ==  Constant, 


où  M  est  la  masse  et  ^m  le  moment  d'inertie  de  la  règle  par  rapport 
à  un  axe  perpendiculaire  au  plan  de  la  figure  et  passant  par  C,  en 
sorte  que 

S  >-2  m  =  o  M  f|(/2  +  d2)  +  (d*  +  r2Ô2)]. 


"204  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉGANIQUE 

Si  y.  esl  la  valeur  initiale  de  0,  el  si  aucune  vitesse  initiale  n'est  im- 
primée à  la  règle  après  que,  par  roulement  sur  la  surface,  elle  a  été 
écartée  de  sa  position  d'équilibre,  l'équation  précédente  devient,  en  y 
déterminant  la  constante  par  les  données  initiales  : 

3  (/2+  Ad*)  -f  r202J  ^=2g  [(r+d)(cos  a— cos6)-f-r  (a  sina—  0  sin  0)], 

laquelle  pour  des  oscillations  très-petites  peut  se  réduira  à 

1  r202 

z(l2  +  W)^  =  9(>--d)(z>-0*) 

d'où 


,  /3q(r—d) 

donc  il  faudra  avoir  d  <  r,  ce  qui  est  aussi  la  condition  pour  que  l'é- 
quilibre de  la  règle  sur  la  surface  soit  stable,  et  que  le  mouvement  soit 
oscillatoire. 

Dans  ce  cas,  le  temps  t  d'une  oscillation  sera  donné  par 


s/% 


r      Ar-d) 


l'  +  Ad*  "~    ' 

d'où  l'on  tire,  pour  déterminer  r  si  t  est  donné  par  l'observation, 

*2(/2+4d2) 


=  </  + 


3r//2 


M.  FLEÏÏRY 

Uu  Havre. 


PRESENTATION  D'UN  APPAREIL  ÛE  SAUVETAG. 


•-  Séance  Ju  39  août  '1877.  — 


G.  FOURET.  —  SLR  LES  NORMALES  AUX  SURFACES  ALGEBRIQUES  20"> 


M.  G.  FOTTRET 

Ancien  élève  de  l'École  polytechnique. 


THÉORÈMES  SUR  LES  NORMALES  AUX  SURFACES  ALGEBRIQUES. 


—  béance  du  29  août  1877.   — 

1.  —  Le  point  de  départ  du  présent  travail  a  été  puisé  dans  une  note 
de  M.  Mannheim,  publiée  en  1871  dans  les  Comptes-rendus  de  l'Acadé- 
mie des  sciences,  et  avant  pour  titre  :  «  Quelques  résultats  obtenuspar  la 

considération  du  déplacement  infiniment  petit  d'une  surface  algébrique  (1  ).  » 
La  surface  considérée  par  M.  Mannheim  est  définie  uniquement  par  son 
ordre  ;  et  par  suite  les»  théorèmes  établis,  malgré  leur  grande  généralité, 
ne  s'appliquent  pas  immédiatement  aux  surfaces  d'un  ordre  quelconque 
présentant  des  singularités.  Je  me  propose  ici,  en  reprenant  la  démons- 
tration des  théorèmes  de  M.  Mannheim  par  une  voie  différente,  de  les 
étendre  à  ce  dernier  cas.  Dans  ce  but,  je  considérerai  une  surface  algé- 
brique définie  par  son  ordre  m,  sa  classe  n  et  son  rang  r  (classe  des 
sections  planes),  et  soumise  à  la  seule  restriction  de  ne  pas  contenir  la 
conique  située  à  l'infini,  et  commune  à  toutes  les  sphères  (Ombilicale). 

2.  — Je  m'appuierai  sur  le  théorème  suivant,  relatif  aux  contacts 
d'une  surface  algébrique  d'ordre  m,  de  classe  n  et  de  rang  r,  avec  les 
surfaces  d'un  système  défini  par  trois  caractéristiques  [a,  v,  p,  qui  sont 
respectivement  les  nombres  de  ces  surfaces  qui  passent  par  un  point 
quelconque,  touchent  un  plan  quelconque  et  touchent  une  droite  quel- 
conque. 

Théorème.  —  Le  nombre  des  points  de  contact  des  surfaces  d'un  système 
(  \j.,  v,  p)  avec  une  surface  algébrique  d'ordre  m,  de  classe  n  et  de  rang  r, 
indépendante  des  surfaces  du  système,  est  égal  a  mv-j-n;;.  — [—  i'p  - 

Ce  théorème  a  été  donné,  pour  la  première  fois,  par  M.  de  Jon- 
quières,  pour  le  cas  des  systèmes  de  surfaces  algébriques  (2).  Je  l'ai 
ensuite  étendu  aux  systèmes  de  surfaces  quelconques  (3).  La  démons- 
tration la  plus  simple  et  la  plus  générale  que  l'on  ait  jusqu'ici  de  ce 
théorème,  est  celle  qui  a  été  publiée  par  M.  Brill  (4)  :  elle  est  fondée 
sur  le  principe  de  correspondance  dans  le  plan,  dû  à  M.  Zeuthen  (5) 

(1)  Comptes  rendus,  t.  LXX,  p.  1025-1028. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  LX1,  p.  440-443  (1865). 

(3)  Ibid    t.  LXXX,  p.   170   (1875). 

(4)  Mathematischen  Annalen,  VIII  Kand,  ',  Heft  (1875). 

(5)  Comptes  rendus,  t.  LXXVIII,  p.  i5S:i  (1874  ,  —  Salmon.  Géométrie  à  trois  dimensions. 
Art.  63S. 


"206  MATIJK.M MloLES.  ASTRONOMIE,  GÉOPÉSJF,   MÉCANIQUE 

3.  —  Considérons  une  surface  algébrique  S,  d'ordre  m,  de  classe  n, 
de  rang  r,  ne  contenant  pas  l'ombilicale,  et  cherchons  le  nombre  des 
normales  abaissées  d'un  point  quelconque  0  sur  cette  surface. 

L'ensemble  des  sphères  ayant  leur  centre  en  0  forme  un  système  dont 
les  caractéristiques  sont  évidemment  y.=v=p  —  i.  En  appliquant  à  ce 
système  et  à  la  surface  S  le  théorème  rappelé  plus  haut,  on  obtient  pour 
le  nombre  des  points  de  contact  de  ces  sphères  avec  S  :  m-]-n-\-r.  Or 
ces  points  de  contact  ne  sont  autre  chose  que  les  pieds  des  normales 
abaissées  de  0  sur  S.  On  peut  donc  énoncer  le  théorème  suivant  : 

I.  —  ]x  nombre  des  normales  abaissées  d'un  point  quelconque  sur 
une  .surface  algébrique  S,  d'ordre  m,  de  classe  n  et  de  ranq  r,  est 
m-\-n-\-\\ 

Ce  théorème  est  bien  connu  :  il  est  dû  à  M.  Salinon  (1) 

4.  —  Cherchons  maintenant  le  nombre  des  normales  à  la  surface  S, 
situées  dans  un  plan  quelconque  P.  A  cet  effet,  considérons  le  cylindre 
circonscrit  à  8,  dont  les  génératrices  sont  perpendiculaires  àP  :  la  courbe 
de  contact  de  ce  cylindre  avec  S  est  une  courbe  d'ordre  r,  de  même 
que  la  courbe  de  contact  de  tout  cône  circonscrit  :  elle  coupe  le  plan  P 
en  r  points,  qui  sont  évidemment  les  pieds  des  normales  à  S  situées 
dans  le  plan  P.  Par  suite: 

II.  —  Le  nombre  des  normales  à  la  surface  S,  situées  dans  un  plan 
quelconque  est  égal  à  r. 

Remarque.  —  Les  normales  à  la  surface  S  forment  une  congruence  : 
l'ordre  et  la  classe  de  cette  congruence  sont  respectivement  fournis  par 
les  théorèmes  I  et  II. 

5.  —  Considérons  une  droite  D  quelconque  :  tout  plan  passant  par 
cette  droite  contient  r  normales  à  S  (II).  D'ailleurs  D  rencontre  8  en 
m  points.  De  là  le  théorème  suivant  : 

III.  —  Le  lieu  des  pieds  des  normales,  abaissées  des  divers  points  d'une 
droite  quelconque  sur  la  surface  S,  est  une  courbe  d'ordre  m-j-r,  qui 
coupe  D  en  m  points. 

Dans  le  cas  où  S  estime  surface  générale  de  l'ordre  m,  r==m(m — 1), 
et  l'ordre  du  lieu  précédent  est  m2.  C'est  un  des  résultats  trouvés  par 
M.  Mannheim  (2). 

En  faisant  tourner  la  surface  S  autour  de  D,  on  engendre  une  surface 
de  révolution  enveloppe  de  S,  dont  la  caractéristique  est  évidemment 
la  courbe  définie  parle  théorème  III;  par  suite  la  section  de  cette  sur- 
lace par  un  plan  perpendiculaire  à  l'axe  de  révolution  se  compose  de 
m-j-r  cercles  ;  d'où  l'on  conclut  : 

D  journal  du  Cambridge,  t.  ni,  p.  /s  (ms). 
2]  Loc.  eit. 


G.   FQURET.  —  SLTll  l.KS  NORMALES  UN.  SURFACES  ALGÉBRIQlKs  201 

IV.  —  La  surface  S.  en  tournant  autour  d'une  droite  quelconque, 
engendre  une  surface  de  révolution  dont  le  degré  est.  2  (m  -j-r). 

Ou  retrouve  2m-,  pour  le  cas  étudié  par  M.  Mannheim. 

(i.  —  l,.s  normales  abaissées  des  divers  points  de  D  sur  S  forment 
une  surface  gauche  (normalie).  Tout  plan  passant  par  />  contient  r  nor- 
males (II),  génératrices  de  cette  surface  gauche.  D'autre  part,  de  chaque 
point  de  D  partent  m+n-{-r  normales  (I) ,  qui  sont  également  des 
génératrices  de  la  même  surface.  En  observant  d'ailleurs  que  les  divers 
plans  passant  par  D  ne  peuvent  couper  la  normalie  que  suivant  des 
droites,  on  conclut  le  théorème  suivanl  : 

V.  —  Le  lieu  des  normales  abaissées  des  divers  points  d'une  droite  D 
sur  la  surface  S,  est  une  surface  gauche  (normalie)  d'ordre  m  +  n-fu2r; 
dont  I)  est  une  droite  multiple  d'ordre  m-\-\\-\-\\ 

En  faisant  n=m(m—l)2,  r=m(m— 1),  on  obtient  m3  pour  l'ordre  du 
lieu  précédent,  dans  le  cas  où  S  esl   une  surface  générale  d'ordre  m 
résultat  trouvé  par  M.  Mannheim  par  une  voie  différente. 

9. —  Le  nombredes  normales  à  S,  qui  rencontrent  1)  et  une  deuxième 
droite  A,  est  évidemment  égal  au  nombre  des  points  d'intersection  de  A 
avec  la  normalie  (V.).  D'où  l'on  conclut  que 

VI.  —  Le  nombre  des  normales  a  S,  qui  rencontrent  deux  droites  don- 
nées, est  m-|-n-{-2r. 

Plus  généralement,  et  par  un  raisonnement  analogue,  on  établit 
que 

Vil.  —  Le  nombre  des  normales  à  S  qui  rencontrent  une  droite  cl  une 
courbe  d'ordre  p  données ,  est  p  (m  +  n  -f-  2r) . 

De  là  on  conclut  immédiatement  cet  autre  théorème  : 

Vlll.  —  Le  lieu  des  normales  abaissées  des  divers  points  d'une 
courbe  d'ordre  p  sur  la  surface  S,  est  une  surface  gauche  (.normalie) 
d'ordre  p[m-j-n-|-2r|,  dont  m+n-{-  r  nappes  passent  par  la  courbe  con- 
sidérée. 

D'où  résulte  encore  le  théorème  suivant  : 

X.  —  Le  nombre  des  normales,  à  S  qui  rencontrent  deux  courbes, 
d'ordre  respectivement  égal  à  p  et  à  q,  est  pq[m-(-n-|-2r]. 

10.  —  Considérons  maintenant  l'ensemble  des  normales  à  la  surface  S 
aux  divers  points  de  la  courbe  d'intersection  de  S  avec  une  surface  V 
d'ordre  l.  Ces  normales  engendrent  une  normalie  dont  l'ordre  est  donné 
par  le  nombre  de  ses  points  de  rencontre  avec  une  droite  D  quelconque. 
Mais  les  normales  à  S  qui  rencontrent  D  ont  leur  pied  sur  une  courbe 
d'ordre  m  +  r  (III),  et  cette  dernière  courbe  rencontre  la  surface  V  en 
l(m-\-r)  points.  Tel  est  l'ordre  de  la  normalie  considérée.   Par  suite  : 

X.  —   La  normalie  à  la  surface  S,  qui  a  pour  directrice  la  courbe 


208  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

d'intersection  de  S  par  une  surface  d'ordre  1,  est  d'un  ordre  égal  à 
Km  +  r). 

Remarque.  —  Les  théorèmes  VI  à  X  inclusivement  ont  été  donnés 
par  M.  Mannheim,  pour  le  cas  de  la  surface  générale  du  mi,me  ordre- 
On  retrouve  les  résultats  de  ce  savant  géomètre,  en  introduisant  dans 
nos  énoncés  l'hypothèse  :  n=m(m —  if,  r=m(m — 1). 

Voici,  pour  terminer,  un  dernier  théorème  qui  comprend  comme  cas 
particulier  le  théorème  III. 

XI.  —  Le  lieu  des  pieds  des  normales  à  la  surface  S,  abaissées  des 
divers  points  d'une  courbe  K  d'ordre  p,  est  une  courbe  d'ordre 
p(m-)-r)  qui  coupe  K  aux  mp  points  d'intersection  de  cette  courbe 
avec  S. 

Pour  démontrer  ce  théorème,  cherchons  en  combien  de  points  le  lieu 
est  coupé  par  un  plan  quelconque  P.  A  cet  effet,  considérons  la  nor- 
malie  formée  des  normales  à  S,  le  long  de  la  courbe  d'intersection  de  S 
avec  P.  Cette  normalie  est  d'ordre  m-\-r  (X),  et  par  suite  elle  rencontre 
K  en  p  (m-\-r)  points.  Ces  points,  à  l'exclusion  de  tout  autre,  sur  la 
courbe  K,  jouissent  de  la  propriété  que  l'une  des  normales  à  S  issues 
de  chacun  d'eux,  tombe  à  l'intersection  de  cette  surface  avec  P.  Par 
suite,  le  lieu  a  p(m-\-r)  points  dans  le  plan  P,  c'est-à-dire  qu'il  est  de 
l'ordre  p  (m-\-r). 

Remarque.  —  On  peut  remarquer  que  pour  étendre  les  résultats 
contenus  dans  cette  note  au  cas  d'une  surface  possédant  comme  ligne 
simple  ou  singulière  l'ombilicale,  il  suffirait  de  connaître,  dans  ces  cas 
spéciaux,  les  nombres  de  normales  à  la  surface  considérée,  issues  d'un 
même  point  quelconque,  ou  situées  dans  un  même  plan  quelconque  : 
les  raisonnements  que  nous  avons  employés  permettraient  ensuite  d'en 
déduire  les  autres  résultats.  Il  y  a  là  une  question  intéressante,  qui,  à 
notre  connaissance,  n'a  pas  encore  été  résolue  pour  une  surface  d'ordre 
quelconque. 


M.  CATALAN 

Professeur  ;i  l'Université  de  Liège. 


EVALUATION  DES  NOMBRES  PREMIERS  COMPRIS  ENTRE  DES  LIMITES  DONNÉES. 


—  Séance   </»  29  au  fil   IS77.  — 


i.   GROLOUS.  —  NOTE  SLR  LÀ  CONVERGENCE  DES  SÉRIES         209 


M.  Jules  GROLOUS 

Ancien  Élève  de  l'École  polytechnique. 


NOTE  SUR  LA  CONVERGENCE  DES  SÉRIES. 


—  Séance  dit  89   août  /S7  7.  — 


Soit  la  série y  dont  le  terme  général  est 

'"  .      W- 

Si  <?"(n)  tend  vers  une  limite  différente  de  0  lorsque  n  tend   vers  x  , 
la  série  (1)  est  convergente. 

Je  ne  donne  la  démonstration  que  pour  le  cas  de  lim  y"{n)  positif, 
et  soit  : 

lim  <p"(»)  =  a. 

À  partir  d'une  valeur  de  n  convenablement  choisie,  on  a  toujours  : 

tp"(n)  >  <*' 
tt  étant  pris  positif  et  inférieur  à  a.  Posons  donc  : 
(2)  f(n)  =  a  +  <}>(n), 

i|<(n)  étant  positif  pour  toutes  valeurs  de  n  supérieures  à  \j.  par  exemple. 
De  la  relation  (2)  on  déduit  : 

ç'(n)  =  *'n  -f  c  +    /  <Kn)d» 

et  : 

tp  (n)  =  i  aV  +  Cn  -J-  C  -f-  /       /  ^(w)rfn2 

H-         F- 

et  le  terme  général  de  la  série  devient  : 

1 


i  an*  -f  Cn  -f  G'  +     /       /  <J>(n) 


rfn5 


N'oublions  pas  que  a'  est  positif  et  remarquons  que 

/       /  (J»(n)  t//i2 


i*       H- 

14 


210  MATHÉMATIQUES.  ASTRONOMIE;  GÉODÉSIE.  MÉCANIQUE 

est  essentiellement  positif  pour  toutes  valeurs    de    n   supérieures  à  [x, 
puisque  tous  les  éléments  engagés  sous  le  double  signe  /  sont   posilits. 

Les  termes  de  la  série 

1 

■    •    •    •+  r     r +■    •    • 

~  a ri-  -f-  C/i  -f"  ^   -f"  /       /     ty{n)dn- 

sont  donc  respectivement  inférieurs  à  ceux  de  la  série 

+ ! + 

que  nous  savons  convergente. 

Cas  d'exception.  Si  l'équation  :  o(n)  =  0  a  des  racines  entières,  la 
série  présente  des  termes  infinis. 

lre  Remarquée  Si  y"(n)  tend  vers  0,  la  série 

est  en  général   divergente.  C'est   qu'en    effet   le   ternie   général   ditfère 
infiniment  peu  de 


An  +  B 


et  nous  retombons,  par  une  transformation  facile,  sur  le  cas  de  la  série 
harmonique. 

"2e  Remarque.  Les  résultats  ci-dessus  obtenus  s'interprètent  facilement 
au  moyen  de  courbes. 

3e  Remarque.  D'après  ces  résultats  il  semble  que  les  séries  soient  le 
plus  souvent  convergentes,  puisqu'il  est  rare  que 

lim  cp"(w)  =  0. 

Mais  il  est  fréquent  aussi  que  <f"(ri)  n'ait  pas  de  limite  fixe.  Tel  est  le 
cas  pour  la  série  : 

^      I  +  sin  u      r       ' 


Ji-W.-Li  GLAISHBH.  —  THÉORÈME  DE  TRIGONOMÉTRIE  ^î  i 


M.   J.-W.-L.   GLAISÏÏEE 

Irinity  Collège,  Cambridge. 
THÉORÈME  DE  TRIGONOMÉTRIE. 


—  Scaucc  du  ïi>  'tout    1X77.  — 

Théorème.  —  Si 

A  + A  =  (^  +  «^(0,4-^)  (a,  +  $,)... 
où  le  nombre  de  facteurs  est  arbitraire,  alors 

arc/o  -  3=  arc  /;/  — (-  arc  /r/  —  -j-  arc  ///  '—  -f-  <xc. 

La  démonstration  est  facile,  car  si 

A  +  iB  =  II(a-f  ip) 

alors 

A  —  t"B  =  fl(a—  /,i) 

et,  par  conséquent 

qui,  en  vertu  de  l'équation, 

,  B       I7/A  +  tB\ 

arc  ta  -  =  ■—([  - — 

JA      2a   VA— iBj 

donne 

B     *  3 

aretg-r  =  Sarcfgr- 
ce  qui  est  le  théorème. 
Comme  cas  particulier,  on  voit  que,  si 

»w-0+!)(i+Ç)(i^..  =A+iB 

alors 

arc  ty  -  +  arc  /f/  -  -f-arc^ f-  &  c=  arc  tg  - 


Je  donne  ici  quelques  exemples  de  ce  résultat 

</3 


Mettez  ■     _    ■  au  lieu  de  œ  dans  l'équation 


cos 
on  trouve 


COS|^=(I-^)(l  +  ^(l+^)... 


212  MATHÉMATIQUES.  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

dont  le  premier  membre 

r..r        ,   r.x     .     .   .     7CX   .    .    r..r 
—  cos  SHÔ  cosh  5T/9  +  7  sm  .7T,slIlh  ââ 

et,  par  conséquent, 

arc  ty(j )+  arc  tg(^  +  are  ty  (~  )  +  &c=  are  tg  (tg  ^ tyA  ||) 

où  sinh,   cosh,  tgli  dénotent  le  sinus,  le  cosinus,  la  tangente  hyperbo- 
liques. De  la  même  manière,  on  déduit  du  produit  pour  le  sinus,  que 

(7KC          ,  ~xs 
tg-^  —  tgh— 
— m 

et,  comme  cas  particuliers  de  ces  équations,  on  a 

aiC  t<J [p]  +  aiC  t9  LVJ  +  ai'C  t(J fë]  "^  & °  =  I  " 
arc  tg  [p]  +  arc  ty  [jj  +  arc  ty  [-]  -j-  &  c  =  ^  % 

Par  un  procédé  semblable  on  peut  obtenir  les  sommations 

urc  t(J  \jl]  +  ai'c  *9  [|ï]  +  arc  l(.l  [|i]  +  &  c 

rtgatgha — tgfitghp —  tgatg$  —  tgh  cl  tgh  [u 
J  Ug  y.  tgh  a  —  tg  [i  tgh  $-\-tga.  tg  jî  -|-  tgh  a  tgh  (Jj 


ou 


1       ,  1 

a  =  7:0:  cos  -  r.,  ;i  =  :xsm-, 

arc  /y  ['|r]  +  arc  tg  [~y4  j  -f  arc  ty  j^J  -f-  & 

tg  v  /'///  s  —  tg  s  /.'/A  r 


arc 


tg[ 


l  +  tgitg'ètgh'itghl 


ou 


1  1.4  I 

V  =  g  wc  cos  g  ^,  c = o2  iras  sm  -  -. 

11  y  a  beaucoup  d'identités  dans  la  théorie  des  fonctions  elliptiques 
auxquelles  le  théorème  précédent  s'applique  :  par  exemple,  en  mettant 
iq  au  lieu  de  q  dans  les  résultats 


i.  in  kS.  — sdr  l'échiquier  anallagmatique  de  m.  sylvester      213 

1 1  —  7'-)  il  —  7M1I  —  76).  .  .  „ 

,     '      , -—. -—-  =1+7+7  +  7e  +  7,n  +  7,5  +  &c 

il  — r/)  (I  — r/Mll  —  g8).. 

ll-qm-fKl-^).  •  ■  =  ,  _  2      ,   g     _  2  .    ,    2  M  _  ft  c 
(<-fg)(l-f  g*)(l-|-g»)...  '^ 

|(1— g)(i  —  g")(l— $«)..■  i»=l—  3g  +  5g8  —  7g«  +  9g10  —  &c 
on  voit  toul  de  suite  que 

arc  tgq—SLTC  tgq3  +  arc  tg  g8  — arc  Égg1  +  &  r 

a  '/-?"- 7,5  + 9" +?"--& '' 

-dl  '  '»  1  _  q*  _  g»  _(_  g»  ^_  r/..c  _  &  C 

I  fr/  +  %»  +  3g'»  +  2g"'+&r 

—  2  a  • c  '.7    t  _j_  2r/ 1  _j_  wr/ .  i  _|_  2çsa  _^_  &  c 

_  1  3.? +  or/3  —  1  le/'  ■  —  13  g*1  +  &f_ 

-  3  arc  t(-l  \  _|_  7ço  _  9^10  _  ,  ^o  _j_  1 79sa  _|_  &  c 


M.   Ed.  LUCAS 

Professent  au  Lycée  Charlemaene. 


SUR  L'ÉCHIQUIER  ANALLAGMATIQUE  DE  M.  SYLVESTER. 

EXTRAIT   DC  PROCÈS-VERBAL. 


Séa  ru  <■   du   29  ao  &t   18"i 


M.  Lucas  fait  remarquer  l'analogie  qui  existe  entre  Véchiquier  anallagma- 
tique de  M.  Sylvester,  et  les  formules  qui  donnent  la  décomposition  du  produit 
de  sommes  de  4,  8,  16...  carrés,  en  une  somme  de  4,  8,  16...  carrés.  On 
sait  que  cette  formule  a  été  donnée  par  Léonard  de  Pise  pour  2  carrés,  par 
Euler  pour  4,  par  MM.  Prouhet  et  Cayley  pour  8,  et  par  M.  Genocchi,  l'émi- 
nent  professeur  de  l'Université  de  Turin,  pour  2n  carrés.  Quant  à  l'idée  de 
l'échiquier  anallagmatique,  elle  a  été  déduite  par  M.  Sylvester  de  la  dé- 
monstration qu'il  a  donnée,  le  premier,  d'un  théorème  énoncé  par  Newton 
dans  l'Arithmétique  universelle.  Préférable  à  celui  de  Descartes,  ce  théorème 
fournit  une  limite  supérieure  du  nombre  des  racines  réelles  d'une  équation 
numérique  par  la  considération  de  la  succession  des  signes  dans  l'ensemble 
des  coefficients  de  trois  termes  consécutifs.  L'échiquier  anallagmatique  est  un 
carré    formé    par   un  nombre  égal  de  cases  noires  et  blanches,  de  telle  sorte 


214  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE.  GÉODÉSIE.  MÉCANIQUE 

que,  pour  deux  ligues  ou  deux  colonnes  quelconques,  le  nombre  de  variations 
de  couleurs  est  toujours  égal  au  nombre  des  permanences.  Voici,  par  exemple, 
l'échiquier  anallagmatique  de  seize  cases  : 


En  remplaçant  les  cases  blanches  par  le  signe  -f->  et  les  cases  noires  parle 
signe  — ,  on  a  ainsi  pour  le  produit  des  sommes  : 

fl2  _|_  52  _j_  c2  _j_  $  et   p2_|_g2_|_r2_|_s2   de  quatre  carrés,  la  décomposition  for- 
mée par  la  somme  des  quatre  carrés  : 

(  -f~  aP  —  &?  ' —  cr  —  ds  )'2i 

(+  as  —  br -\-cq-\-  dp)2, 

(  +  a'l  ~\~  bp  —  es  -j-  dr  )-, 

(  —  ar  —  bs  —  c  p  -f-  dq)  - . 
Nous  engageons  le  lecteur  à  rechercher  les  figures   des  échiquiers  anallag- 
matiques  de  64  cases  et  de  256  cases.  Il  existe  un  pavage  anallagmatique  de  ce 
genre,  en  marbre  blanc   et    rose,   dans   l'une   des   cours   d'un   établissement 
public  de  Londres. 


M.   CATALAN 

Professeur  il'Analyse.  à  l'Université  de  I.ié^e. 


SUR  QUELQUES  DÉVELOPPEMENTS  DE  L'INTÉGRALE  ELLIPTIQUE 
DE  PREMIÈRE  ESPÈCE. 


—  Séance  du  29  août   187' 


Soit 


r,  ,n=  /    »     — T_ 

J      \  I  —  f2  sius 


il 


CATALAN.  —  m:  L'iMTÉGRALB  ELLIPTIQUE  T)K  PREMIÈRE  ESPÈCE  "il'i 

Prenons  la  formule  de  transformation  : 


Il  en  résulte 

Ft(c 


l 


(2) 


.(t 

J    vri  —  61 — - 


<K> 


b)  cos26]  [  I  —  (1  — 6)  sin'-O]-        ;%\ 
On  a,  par  la  formule  du  binôme  : 

00     r(2n+l 


h  i  cOS-  0 


I  —  j  I  —  6)sin2  0 


^-Ti    4"  [11/1+1  )p 

r(2P+i) 


^W)    i'J 


(j  —6)"  sin-/'  0. 


Au  moyen  de  ces  valeurs,  et  d'une  transformation  connue,  on  change 
la  formule  (3)  en 

(A) 


10 
pourvu  que  l'on  suppose  n-{-p  =  s,  el 

"^[(«4-i)i»+a)...3ii.i/i+i)(p+3)...!2pT 

On  verra,  tout  à  l'heure,  que  l\  est  un  nombre  entier  (    ). 

II. 

Le  développement  de  Ft(c),    ordonné  suivant  les  puissances  du  mo- 
dule, est 

<+ttR©!  *■(&$ «H-  ■ 

—  6  =  2cc,  on  a 

F1(c)=—  V      Q.r\ 


Si  l'on  fait  I — b  =  ^x,  on  a 


ou 


(6) 


[*]  Cette  propriété  résulte  aussi  du  théorème  suivant: 

ta  +  M  fa+2)...  2d.   (6-)-l)  (64-2) . . .  2&  ,. 

! — ! — ' — — —  entier, 

1.2.3...    \a-\-b) 
i  a  et  b  fo»e  rfes  nombre*  entier*.     tSur  quelque*  questions  relatives  uux  fonctions  elliptiques. 
Seconde  note,  p.  U,  187'/). 


216  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

en  posant 

Q .  =  Z  [G2*-2p,,-J  c*-»Mf  (y)'      a)  (°  <  p  <  *)■ 

\ i)      x  /l 6  V 

On  a  -      -  =  -  .  Dans  le  développement  (6),  le  coefficient  de  I  -— -  l 


est  donc 


P.  =  Q,  *  =  *  £  [C»-*..-p]  Cs-p,pI-J-  0) 

Cette   troisième  valeur  de    P.,  doit   être   identique  avec    la   première. 
Ainsi  Ps  est  un  nombre  entier,  divisible  par  2*  . 
Donc,  si  l'on  fait 

T'==ij|       2v— 2/>,n— i>J       s-p.j,[-i)'  >  (8) 

on  a,  finalement, 

GO  /i i  \   s- 


m. 


De  la  relation  (9),  on  conclut,  en  multipliant   par  —  cdc  —  -\-bdb, 
puis  intégrant  : 

*p  f/i — r^~rT  —  -  vxA    /    (\-bybdb. 

sin>Lvl-cslI1H~2  2jo   32<J 
Le  premier  membre  a  pour  valeur 

sin2cp  ?/       1  -fcoscp  "  /      ros^0  = 

0  0  0 

-[»*»£= -4' 

un  autre  côté, 

/     (i—b)bdb=l     (\—b)db—j    il— 6)      dô== 


1 


5-f-l)  (s  +  2) 


I  \i  M. an.    —  DE  L'INTÉGRALE  ELLIPTIQUE  DE  PREMIÈRE  ESPÈCE  217 

Ainsi 

2         x- x  T, 


V=S. 


'o  32«  (s+1)  (s+2) 

IV. 
Reprenons  la  formule 


I 
t<R  =  --l(A  (2) 


b 


plus  simple  <pie  celle  de  Lag 

■ange  : 

'.7 

(yi—y)  =  btgw 

En  l'écrivant  ainsi  : 

ty<pi  =  \  b  tgy, 

et  en  supposant 

1—6 

'  '       1+6  ' 

valeur  d'où  résulte,  comme 

l'on  sait, 

>._^. 

1       1+6 
on  trouve  aisément 


(10) 
(11) 

(12) 


puis 


Fi(c,)=^P1(c),  (13) 


Mc»)  =  r  VJ,M,.,F,(e), 


(14) 


6„ 

Quand  71  augmente  indéfiniment,  le  premier  membre  tend  vers  —  .   La 
limite  de  bn  est  4.  Donc 


\(c)\=  '-iimibtlhb,...).  (15) 

_l        Ah 


Soit  6  =  -^.  La  formule  (12)  devient  6,  —      v/?     .    Faisons,  comme 
9  v<P+7> 

Gauss  : 

Pi  =  v/Wi  ?i  =  £  (P+Ç).  Vi  =  sWli>  q%  —  t(Pi-Ni) (i6' 

De  là  résulte,  au  lieu  de  l'équation  (15), 


^IN  MATHÉMATIQUES,    ASTRONOMIE,    GÉODÉSIE,   MÉCANIQUE 


VI. 


Les  nombres  pn  ,  qn ,  toujours  compris  entre  p  et,  q,  tendent,  évidem- 
ment, vers  une  limite  commune  \.  Pour  déterminer  cette  limite,  d'abord 
trouvée   par  (iauss,  écrivons  ainsi  les  équations  (16),  de  rang   impair  ; 

Vi  =pq, ?V=^i7iv ••  P»~=  P»-i-  7"-i- 
11  résulte,  do  celles-ci  et  de  la  relation  (17 1, 

q    _jt_ 

2  F,  (c)  • 


(18) 


VII. 


Les  valeurs  de  qr„  q......  qn  (16)  donnent,  par  un  calcul  aussi   simple 

que  le  premier, 

q„  ='i  [p  +  q  —  qt  -f  ;j,  —  r/,  +;;,  —  .  —  r/„_,  -f  p»^]  (  *  ) 

La  limite  du  premier  membre  est  A;  donc 
1 

*  =  %[p  +  <i  —  f/i+i^i— fy2+i^— ••— r/»-i+p»-i— ••!    (t9) 

Ainsi  ///  quantité  À.  donnée  par   la   formule   (18),   es/  £a  //////7  c  n)/«- 


mune    :    I"    de    n„  ;    2°    ûfe   r/„  :    ;•>"  r/^  \  nq 

y  î 

40  de  -  [p  +  7  —  q,  4- p,  -  f/2  -f  p2  —  . .  1 . 


VII 


Des  équations  (18),  (19),  on  conclut 

ïjâ  =  \fr+.q-q>+p>-i.+p.-"l 

La  fonction  — — .  déjà  décomposée  en  un  produit    indéfini    (17),   est 

donc  développée  en  série.  En  outre,  les  numérateurs  el  les   dénomina- 
teurs de  ce  produit 

•v/lv/Sv/t-- 

qui  précède,  le  nombre  des  termes  esl   pair.  Si   on  le  supposait,  à  tort,  alternatlve- 
menl  pair  et  impair,  \d   série   sérail    indéterminée  . 


A.  DUYERGIER.  —  PERFECTIONNEMENT   \   !.'i\i.h  ITEUR  RICHARD  "2\^ 

ou  plutôt   leurs  carrés,  sonl  les  termes  mêmes  de  la  série;  ce  qui  est 
assoz  remarquable. 


IV 


Les  relations  (16)  ont  une  grande  analogie  avec  d'Iles  que  l'on   ren- 
contre dans  le  calcul  de  rc,  par  la  méthode  des  isopérimètres)  savoir  : 

r1==i(r  +  R),  R,  =  vr7T.  r.^yfa  +  R,),  R8=n/r^\... 

Aussi,  ces  dernières  formules  conduisent   aux  <lcu\  expressions  sui- 

1 

vantes  de  -  ,    dont  la  première,  au  moins,  nous  paraît  nouvelle  : 

I=*[r+R-r1  +  R1-r2-hR2-..]< 
1        \\       Tj.       rj_      r^ 

7.  ~  ï  '  a;  '   n,'  iv, 


M.   A.   DïïYEÏlGrIER 

Ingénieur  con^trneteur  à  Lyon. 
PERFECTIONNEMENT  A  L'INDICATEUR  RICHARD. 


—  Séance  <'«  20  août  1877.  — 

Parmi  les  divers  genres  d'appareils  construits  depuis  Watt  pour  enre- 
gistrer l'action  de  la  vapeur  sur  les  pistons  des  machines  au  moyen 
d'un  diagramme,  j'ai  eu  à  en  essayer  un  certain  nombre  qui  tous  pré- 
sentaient à  côté  de  leurs  avantages,  des  inconvénients  réels  dans  leur 
emploi. 

De  tous  ces  derniers,  l'appareil  Richard,  m'a  paru  être  le  plus  ma- 
niable et  le  plus  commode  pour  l'usage.  Or,  il  est  constant  que  plus  les 
expériences  seront  faciles  et  plus  elles  seront  multipliées,  plus  aussi  les 
comparaisons  entre  ces  différentes  expériences  seront  nombreuses  et 
permettront  d'en  tirer  des  déductions  utiles  pour  le  bon  emploi  de  la 
vapeur  dans  les  machines. 

Mais  l'appareil  Richard,  tel  qu'il  est  livré  par  les  constructeurs,  pré- 
sente le  grave  inconvénient  dans  la  presque  totalité  des  cas,  de  nécessi- 
ter un  agencement  cinématique  spécial  pour  chaque  machine  que  I  on 


220  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE,  GÉODÉSIE,  MÉGANIQUE 

veut  soumettre  à  l'expérience,  afin  d'établir  un  rapport  convenable  entre 
la  course  de  l'indicateur,  et  colle  de  la  pièce  de  la  machine  «ur  laquelle 
on  prend  le  mouvement. 

Le  perfectionnement  que  j'ai  apporté  à  cet  appareil  a  pour  objet  de 
supprimer  l'agencement  intermédiaire  que  je  viens  de  citer. 

Le  dessin  qui  accompagne  cette  notice  représente  : 

Figure  21,  l'ensemble  de  l'appareil  Richard  modifié; 

Figure  22,  le  plan  d'ensemble  de  la  modilication. 

Je  ne  parlerai  pas  de  l'ensemble  de  l'appareil,  que  connaissent  très- 
bien  les  personnes  que  la  question  peut  intéresser,  je  n'entrerai  que 
dans  quelques  détails  de  la  modification  en  elle-même  pour  la  taire 
comprendre  aussi  bien  (pie  possible  et  permettre  d'en  apprécier  les 
avantages. 

Elle  consiste  dans  la  substitution  de  la  pièce  A  avec  ses  accessoires  à 
la  pièce  portant  les  deux  poulies  guides  de  la  corde  a  de  traction. 

La  pièce  A  porte  deux  supports  hb  et  un  guide  c  pour  la  corde 
de  traction  du  barillet  portant  le  papier  sur  lequel  doit  se  tracer 
le  diagramme  ;  le  guide  c  a  son  ouverture  concentrique  avec  la 
corde  o,  tangente  à  la  gorge  de  la  poulie  du  barillet  dont  le  centre  est 
en  o  de  la  pièce  A;  les   deux  supports   bb  soutiennent  un  arbre  B  per- 


i<jff,  -I 


pendiculàire  à  la  corde  a  et  à  '.nie  hauteur  telle  que  celle  même  corde 
pass<>  tangentiellement  à  la  génératrice  supérieure  de  l'arbre  B;  les  di- 
rections de  la  corde  a  et  de  l'arbre  I»  sont  parallèles  au  plan  de  la 
poulie  du  barillet. 

L'arbre  B  sert  de  treuil  d'enroulemenl  à  la  corde  a,  il  porte  à  l'une 
de  ses  extrémités  la  poulie  G  recevant  le  mouvement  alternatif  de  la 
machine  à  expérimenter  au  moyen  de  la  corde  m  ;  l'autre  extrémité 
porte  une  partie  filetée  à  un  pas  égal  aux  diamètres  des  cordes  a  et  m. 
Celte  partie  se  meut  dans  une  douille  également  filetée  et  détermine 
ainsi  un  mouvement  de  va  et  vienl  de  l'arbre  I!  toujours  en  rapport 
avec    son  mouvement  de  rotation.  Un  guide  d,  mobile  autour  de  l'axe 


A.  DUVEHGIER.  —  PERFECTIONNEMENT  A  L'INDICATEUR  RICHARD  221 

B  est  fixé  à  un  secteur  à  coulisse  au  moyen  d'une  vis  de  pression  aux 
différentes  hauteurs  doul  on  a  besoin  pour  atteindre  a  direction  de  la 
corde  m  qui  varie  avec  les  différents  diamètres  qu'il  convient  de  donner 
à  la  poulie  C. 

La  pince  de  serrage  au  moyen  du  bouton  D  permet  de  fixer  lu  pièce 
A  dans  la  direction  qui  convient  pour  opérer. 

On  comprend  facilement,  d'après  ce  qui  vient  d'être  dit,  «pie  les  cordes 
a  et  m  ayant  le  même  diamètre  s'enrouleront  respectivement  sur  l'arbre 
treuil  B  et  sur  la   poulie  C  suivant  des  hélices  d'un  pas  égal   à  ce  dia- 


mètre, c'est-à-dire  au  pas  de  la  partie  filetée  de  l'arbre  B;  or  l'arbre  B 
se  déplaçant  horizontalement  d'une  quantité  égale  et  de  sens  contraire 
à  celle  dont  se  déplaceraient  les  cordes  a  et  m,  ces  dernières  conser- 
vent leurs  directions  primitives  quelles  que  soient  les  amplitudes  des 
oscillations  de  la  machine  et  maintiennent  ainsi,  dans  toutes  les  positions 
les  rapports  respectifs  des  mouvements  de  la  machine  et  du  barillet 
portant  les  diagrammes;  ce  qui  n'est  pas  rigoureusement  observé  dans 
l'indicateur  de  Paul  damier,  qui  comporte  des  dispositions  a  peu  près 
analogues,  à  cause  de  l'obliquité  que  prend  la  corde  qui  meut  le  barillet 
en  s'enroulant  sur  son  treuil. 

Il  est  d'usage,  pour  éviter  toute  rectification,  de  prendre  directement 
sur  la  course  du  piston  le  mouvement  qui  doit  faire  tourner  le  barillet 
de  l'indicateur;  on  cherche  aussi  généralement  à  avoir  des  diagrammes 
aussi  développés  que  possible  dans  le  sens  de  l'axe  des  abcisses  ;  cette 
dernière  longueur,  d'après  les  dispositions  de  l'appareil,  est  limitée  à  une 
fraction  du  développement  du  barillet  et  par  conséquent  n'est  suscepti- 
ble que  de  faibles  variations.  La  course  du  piston  peut  varier  de  quali- 
tés considérables  suivant  les  machines  à  expérimenter.  L'enroulement 


22§|  MATHÉMATIQUES,  ASTRONOMIE)  GÉODÉSIE,  MÉCANIQUE 

de  la  corde  a  sur  l'arbre  B  représente  sensiblement  la  longueur  des 
diagrammes;  l'enroulement  de  la  corde  m  sur  la  poulie  C,  représente 
la  course  du  piston;  cette  dernière  «'tant  seule  variable,  il  suffira  d'avoir 
des  poulies  G  en  quantité  suffisante  et  de  diamètres  différents  pour  cor- 
respondit' aux  diverses  courses  de  pistons  sur  lesquelles  on  a  à  expéri- 
menter. 11  va  sans  dire  que  les  longueurs  des  diagrammes  n'étant  pas 
rigoureuses,  les  rapports  des  diamètres  des  poulies  C  et  de  l'arbre  B 
n'ont  pas  besoin  de  l'être  non  plus. 

Telles  sont  les  modifications  que  je  considère  comme  un  complément 
et  un  perfectionnement  à  l'indicateur  Richard.  Mon  seul  désir  c'est 
qu'il  puisse  être  de  quelque  utilité  aux.  expérimentateurs  et  faciliter  les 
recherches  sur  l'utilisation  de  la  vapeur  dans  les  machines,  en  révélant 
d'une  manière  aussi  exacte  que  possible  les  imperfections  de  son  mode 
d'action. 


M.  Ed.  LTJCAS 

Professeur  nu  Lycée  Charlemagni'. 


SYSTÈME  DES  COORDONNÉES  TRICIRCULAIRES  ET  TÉTRASPHÉRIQUES  (1 

EXTRAIT    IIU    PROCÈS- VERBAL. 


—  Séances    île*   29   <•/  30  août   1877.— 

Ai.  Llcas  indique  de  nouveaux  développements  sur  le  système  des  coordon- 
données  tricirculaires  et  trétrasphériques  ;  il  donne  les  équations  et  les  rayons 
du  cercle  orthogonal  à  trois  cercles  quelconques,  et  de  la  sphère  orthogonale 
à  quatre  sphères;  les  équations  et  les  rayons  des  cercles  inscrits,  circonscrits 
et  conjugués  au  triangle  formé  par  trois  cercles,  et  des  sphères  inscrites,  cir- 
conscrites et  conjuguées  à  la  tigure  formée  par  quatre  sphères.  Il  montre, 
eu  outre,  l'analogie  de  cette  géométrie  tricirculaire  et  tétrasphérique  avec  la 
géométrie  trilinéaire  et  tétraédrique. 

Il  l'ait  l'application  des  principes  de  cette  géométrie  aux  propriétés  focales 
des   quartiques   bicirculai res    et  anallagmatiqucs  du  quatrième  ordre  linéaire. 


M.   BAEHE, 

1  i  Die  i"ii\  technique 


FIGURATION  DES  INVERSES  D!£S  NOMBRES  ENTIERS  ET  DÉS  INVERSES 
DES  PRODUITS  DE  DEUX  NOMBRES  ENTIERS  CONSÉCUTIFS. 

—  Séance  'in  30  août    IS77.  — 
i;  Voir  fjoùbei     :  jue  et    Innali    ■    \fa 


HENRY-LEPAUTE.  —  PHARES  LENTICULAIRES  A  DEUX  ÉTAGES       233 


.    3"  et  4e  Sections 
NAVIGATION  —  GÉNIE   CIVIL    ET  MILITAIRE 


Présideni Mi  bellot.  Ingénieur  en  cHef  des  Poùts  et  Chaussées,  au  HaVrë. 

Vice-Président M.  lallemant,  Lieutenant-Colonel  du  G 

Secrétairb M.  RENAUD,  Ingénieur  des  Ponts  >'t  Chaussées,  an  Havre 

StcRÉTAiRE  adjoint  ....  M.  TEKRÉ,  Sous-Ingénieur  du  Génie  maritime. 


M.  HEIEY-LEPAÏÏTE  fils 

Ingénieur  constructeur  ii  Paris. 


DISPOSITIONS  NOUVELLES  D'APPAREILS  DE  PHARES  LENTICULAIRES 
ET  DE  PHARES  FLOTTANTS  CATADIOPTRIQUES. 


Si- ii  ,i  ce  d  u  S  !  a  <>ûl  187' 


l"   PHAKES  A   DEUX    ÉTAGEJ 


La  nécessité  de  perfectionner  et  de  multiplier  les  indications  fournies 
par  les  phares,  rend  de  plus  en  plus  insuffisants  les  caractères  adoptés 
jusqu'ici  pour  distinguer  les  feux  les  uns  des  autres. 

On  cherche  donc  par  tous  les  moyens  possibles  à  varier  les  appa- 
rences, mais  la  plupart  du  temps  on  ne  peut  atteindre  ces  résultats 
qu'en  diminuant  l'intensité  et  la  portée  des  phares. 

L'électricité,  dont  l'emploi  jusqu'ici  se  borne  à  quelques  cas  particu- 
liers, présente,  par  son  excessive  puissance,  l'inconvénient  de  troubler  la 
loi  universellement  adoptée,  suivant  laquelle  les  intensités  et  les  portées 
des  phares  doivent  être  proportionnelles  aux  dangers  que  la  côte  présente 
aux  navigateurs. 

Sans  entrer  dans  la  discussion  des  causes  qui  semblent  militer  en 
laveur  du  système  d'éclairage  des  appareils  de  phares  au  moyen  d'huiles, 
soit  végétales,  soit  minérales,   on   peut  cependant  reconnaître   que    les 


224  .NAVIGATION.  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

flammes  obtenues  à  l'aide  de  ces  liquides  se  trouvent,  par  la  prédomi- 
nance des  rayons  rouges ,  dans  des  conditions  plus  favorables  que  la 
lumière  électrique  pour  tenter  de  percer  la  brume,  à  intensité  égale  bien 
entendu. 

Le  soleil  lui-même  étant  éteint  par  le  brouillard,  il  est  bien  certain 
que  nous  ne  devons  pas  espérer  trouver  une  lumière  capable  de  traverser 
la  brume. 

Reprenant  une  idée  émise  par  l'illustre  François  Arago,  il  y  a  plus  de 
50  ans  dans  une  conversation  avec  notre  père,  nous  avons  cherché  à 
superposer  deux,  appareils  de  phares  l'un  à  l'autre. 

On  a  construit  en  Irlande  dans  ces  dernières  années  des  appareils 
dits  «  triform  liijlithouses  »  composés  de  3  tambours  dioptriques  annu- 
laires et  lenticulaires  superposés,  au  foyer  de  chacun  desquels  est  placé 
un  bec  à  gaz. 

Ces  becs  à  gaz  ne  sont  pas  munis  de  cheminées  de  cristal,  et  les  pro- 
duits de  la  combustion  d'un  bec  traversent  les  becs  supérieurs.  Cette 
disposition  est  très-critiquable,  et  si  les  résultats  obtenus  ont  été  à  peu 
près  satisfaisants,  ce  dont  il  est  permis  de  douter,  cela  peut  tenir  à  la 
facilité  avec  laquelle,  on  peut  à  distance,  au  moyen  de  robinets  spé- 
ciaux régler  et  modérer  la  combustion  du  gaz  dans  chacun  des  3  becs 
ainsi  superposés. 

Xous  avons  cherché  à  résoudre  la  question  d'une  façon  plus  complète 
et  nous  nous  sommes  posé  le  problème  suivant  : 

«  Etant  donnée  une  lanterne  d'enveloppe  de  la  dimension  de  celles 
»  utilisées  dans  les  phares  de  France,  y  installer  deux  optiques  super- 
»  posées,  aussi  complètes  et  aussi  puissantes  que  possible,  et  illuminer 
»  chacune  d'elles  au  moyen  d'un  bec  alimenté  à  l'huile  minérale.  » 

Nos  expériences  commencées  en  octobre  1876  furent,  par  prudence, 
faites  dans  les  premiers  jours  en  employant  l'huile  de  colza. 

Expériences.  —  Dans  la  cour  de  nos  ateliers,  139,  rue  deVaugirard, 
nous  avions  organisé  une  lanterne  octogonale  de  lm,60  de  diamètre  inté- 
rieur surmontée  d'une  couverture  tronc  conique  de  2  mètres  environ  de 
hauteur. 

La  distance  entre  les  deux  becs  était  de  l"';8o  ;  c'est  celle  adoptée 
dans  un  phare  de  deuxième  ordre,  iig.  5,  pi.  III,  que  nous  avons  projeté; 
il  en  est  de  même  de  la  disposition  et  des  dimensions  des  fumivores. 

Les  2  becs  à  o  mèches  munis  de  l'appendice  hénéchaux  et  du  cou- 
rant d'air  extérieur,  étaient  alimentés  par  une  seule  lampe  à  mouvement 
d'horlogerie  et  à  poids,  système  à  cames  et  pompes  à  valvules  en  cuir. 
Le  débit  était  réglé  par  un  robinet  spécial  à  chacun  des  deux  becs. 

La  cheminée  du  bec  inférieur  est  surmontée  d'un  obturateur  à  boule 
dont  la  valvule  se    manœuvre  au  moyen  d'un  renvoi    d'engrenages,  et 


HENRY-LEPAUTE.  —  PHARES  LENT1CI  LAIRES  A  DEUX  ÉTAGES  223 

celui-ci  conduit  les  produits  de  la  combustion  dans  un  fumivore  d'une 
disposition  tout  à  t'ait  spéciale,  lequel,  tout  en  laissant  un  passage  suffi- 
sant à  la  fumée,  ne  doit  pas  occulter  le  phare  plus  que  le  t'ont  les  mon- 
tants de  la  lanterne.  A  cet  effet,  le  fumivore  se  compose  d'une  boite  en 

0n,,03 
forme  de  poire,  d'où  partent  quatre  tubes  ovales-—^—   qui    se  prolongent 

eu  se  contournant  suivant  les  exigences  de  la  construction  et  celles  du 
service  du  second  bec,  puis  s'élèvent  en  face  certains  montants  de  la 
lanterne  jusqu'en  dehors  de  la  coupole. 

Us  sont  terminés  extérieurement  par  des  chapeaux  à  nombreux  retours 
d'air  afin  d'éviter  l'action  des  coups  de  vent. 

Le  bec  du  haut  supporté  par  une  armature  indépendante  de  celle  qui 
soutient  le  fumivore,  afin  d'éviter  réchauffement  par  conductibilité,  est 
surmonté  d'un  obturateur  à  boule  comme  ci-dessus  et  du  fumivore  ordi- 
naire des  lanternes  de  deuxième  ordre. 

Une  double  enveloppe  entoure  le  fumivore  inférieur,  aiiu  d'atténuer 
l'effet  du  rayonnement. 

Les  expériences  faites  les  12,  13  et  14  octobre  donnèrent  des  résultats 
très-satisfaisants,  car,  malgré  l'exiguïté  de  la  lanterne  et  les  conditions 
mauvaises  de  l'appel  d'air  froid  à  la  partie  inférieure,  la  température  à 
la  hauteur  du  bec  supérieur  ne  dépassa  pas  32  degrés. 

Du  18  au  23  octobre,  essai  de  2  becs  à  2  mèches  alimentés  au  pétrole. 
On  supprima  2  des  4  fumivores  ovales.  Excellent  résultat.  Au  bout 
de  o  heures,  la  température  ne  dépassait  pas  24°,  la  température  initiale 
étant  de  19°.  Les  flammes  se  comportaient  admirablement,  étaient  très- 
lixes  et  très-blanches. 

En  essayant  successivement  des  becs  de  plus  en  plus  gros,  alimentés 
dorénavant  à  l'huile  minérale,  nous  réussîmes  à  faire  brûler  dans  cette 
trop  petite  lanterne  2  becs  à  5  mèches.  Pendant  plusieurs  jours,  la  tem- 
pérature au  niveau  du  bec  supérieur  ne  dépassa  jamais  34°  au  bout  de 
six  heures  d'allumage. 

Les  flammes  se  maintenaient  très-blanches,  très-fixes  et  n'exigeaient 
pas  plus  de  soins  que  celles  d'un  bec  de  même  ordre  placé  dans  un 
phare  où  toutes  les  conditions  de  ventilation  ,  de  fumivorité  seraient 
réunies  à  souhait. 

Ces  expériences  durèrent  jusqu'à  la  fin  de  novembre  187b'  et 
furent  reprises  en  juin  1877  par  une  température  extérieure  de  30  à  32 
degrés. 

La  combustion  fut  aussi  bonne,  et  jamais  on  n'eut  à  redouter  ni  à 
constater  aucun  inconvénient. 

Nous  osons  donc  affirmer  que  le  problème  est  complètement  résolu, 
et  cependant  le  volume  d'air  renfermé  dans  notre  lanterne  d'essai  n'était 

15 


226  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

que  l  de  celui  de  la  lanterne  de  deuxième  ordre  représentée  sur  le 
dessin. 

II  est  certain  que,  dans  le  phare,  tel  <|u<'  nous  en  avons  étudié  le 
projet,  on  obtiendra  une  combustion  excellente  et  <|ue  la  température 
à  l'intérieur  de  la  lanterne  ne  s'élèvera  pas  à  beaucoup  près  aussi  haut. 

Pour  terminer  la  série  des  expériences,  nous  arrivâmes  à  placer  et  à 
taire  brûler  2  becs  à  une  seule  mèche  alimentés  chacun  parune  lampe  à 
réservoir  inférieur.  Le  volume  d'air  avait  été,  au  moyen  de  cloisons  , 
réduit  à  1  2  mètre  culte.  Les  deux  becs  séparés  de  0m,60,  la  combus- 
tion a  été  excellente. 

Nous  venons  de  réussir  à  faire  brûler  2  becs  à  3  mèches,  a  l"',lo 
d'intervalle,  distance  qui  permet  de  placer  deux  optiques  de  troisième 
ordre  dans  une  lanterne  ordinaire. 

Nouvelles  apparences.  —  Le  problème  étant  ainsi  complètement  résolu, 
nous  avons  cherché  les  nouvelles  apparences  que  l'on  pourrail  obtenir 
par  la  superposition  de  2  phares. 

On  pourrail  d'abord  si;  borner  à  superposer  deux  optiques  identiques 
cl  n'allumer  le  feu  supérieur  que  lorsque  l'état  d'opacité  de  l'atmo- 
sphère exigerai  I  une  intensité  double  de  celle  ordinaire.  Mais  ce  ne  sérail 
là  qu'un  avantage  peut-être  hors  de  proportion  avec  la  dépense. 

Lue  autre  disposition  (  li;U.  5  à  7,  pi.  III)  permet  d'obtenir  de  nou- 
veaux  caractères,  dont  l'utilité  nous  paraît  incontestable. 

Alin  de  pouvoir  renfermer  dans  une  lanterne  telle  que  (elle  que  nous 
venons  d'installer  an  phare  de  deuxième  ordre  du  Pilier  (Loire-Inférieure) 
deux  optiques  très-puissantes,  nous  a\ons  dû  supprimer  les  coupoles 
supérieures  de  prismes  catadioptriques;  ainsi  qu'une  des  deux  couronnes 
de  prismes  inférieurs.  Mais  aussi  avons  nous  adopté  les  nouvelle  len- 
tilles du  tambour  dioptrique,  calculées  pour  ce  même  phare  par 
M.  E.  Allard,  Ingénieur  en  chef  du  service  des  phares;  ces  lentilles  ont 
lm,20,  au  lieu  de  0,n,87  de  hauteur. 

L'intensité  d'une  de  ces  lentilles  de  45°  d'amplitude  éclairée  par  un 
bec  à  5  mèches  donnant  36  becs  Carcel  esl  de  1,000  becs.  L'intensité 
de  la  couronne  de  prismes  intérieurs  est  de  4S0  becs.  L'éclat  produit 
par  les  deux  optiques  ainsi  superposées  sera  donc  de  8,450  becs,  c'est-à- 
dire  g    <\<-  celui   que  produiraient   deux  panneaux  complets   du  même 

ordre. 
(.race  ii  la  divergence,  les  (\r[\\  optiques,  bien  que  séparées  l'une  de 

l'autre  de  0m,30,  donneront  à  l'observateur  l'apparence  d'un   seul  l'eu 

Les  deux  optiques  sont  supportées  dans  le  cas  présent  par  une  seule 
armature,  roulant   sur  un  chariot  à  galets  de   premier  ordre,  afin  d'ob- 


HENRY-L1  PA1  I  E.  —  PHARES  l.l  \  I  II  l  LA1RES  A  DEUX  ÉTAG]  -  227 

tenir  plus  de  stabilité;  le  poids  de  Ja  partie  mobile  de  ce  nouvel  appareil 
iif  dépassera  pas  1,400  kilos,  et  il  pourra  très-facilement  être  mis  en 
mouvement  par  une  machine  de  rotation  ordinaire,  placée  dans  le 
piédestal. 

Une  armature  spéciale,  fixée  sur  la  table  de  service,  supporte  le  bec 
supérieur  ainsi  que  le  petit  plancher  destiné  à  permettre  au  gardien  de 
régler  e1  surveiller  ce  bec.  Une  armature  distincte  fixée  également  sur 
la  table  de  service,  supporte  le  f'umivore  du  bec  inférieur.  Les  4  tubes 
ovales  de  ce  fiimivore  sont  groupés  dans  une  même  demi-circonférence 
de  façon  à  laisser  un  plus  libre  passage  pour  le  service  du  bec  du  haut. 
I  ne  échelle,  rentrant  à  coulisse  dan  la  partie  lixe  du  tambour  de  la 
table  de  service,  sert  à  monter  sur  la  plate-forme  précitée.  Lesfumivores 
ovales  se  rapprochent  à  partir  de  la  partie  supérieure  de  l'optique  du 
haut,  afin  «le  sortir  au  travers  du  manchon  de  centrage,  el  s'élèvent 
ensuite  jusque  dans  le  piédouche  surmontant  la  lanterne,  et  donnent 
libre  issue  aux  produits  de  la  combustion. 

La  disposition  qui  présenterait  les  avantages  les  plus  sérieux  consiste 
à  excentrer  l'optique  supérieure  de  toul  l'angle  de  divergence,  soit  S0,  par 
rapport  à  l'optique  inférieure.  On  doublera  ainsi  la  durée  de  l'éclal  e1 
on  diminuera  d'autant  la  durée  de  l'éclipsé.  L'intensité  de  l'éclat  sera 
encore  de  plus  de  4,000  becs.  La  trop  courte  durée  des  éclats  produits 
par  les  leux  actuels  dont  les  panneaux  ont  45°  d'amplitude  nous  parait 
un  si  grave  inconvénient  pour  le  marin,  que  nous  croyons  la  présente 
disposition  susceptible  de  rendre  <le^  services  considérables. 

On  peut  aussi, par  une  division  différente  des  deux  optiques,  accouple] 
les  deux  feux  pour  produire  «les  éclats  rouges  qui  alterneraient  avec  les 
éclats  blancs  produits  par  un  seul  des  appareils,  et  pourraient  avoir  une 
intensité-  égale  à  ceux-ci. 

Une  apparence  peu  connue,  bien  que  deux  phares,  l'un  de  deuxième 
ordre  pour  Svenska  Hœgarne  (mer  Baltique,  Suède),  l'autre  de  troisième 
ordre  pour  Varberg  (Kattégatt,  Suède),  aient  été  exécutés  par  nous,  de- 
puis LS74,  dans  ce  système,  est  celle  des  feux  présentant  des  éclats 
blancs  rouges  suivis  d'éclipsés  totales.  Ce  caractère  très-net  et  très- 
apprécié  des  marins  est  obtenu  en  taisant  produire  les  éclats  blancs  par 
la  coupole  supérieure  seule,  et  les  éclats  rouges  par  le  tambour  dioptri- 
que  additionné  des  prismes  de  la  couronne  inférieure.  La  coupole  est 
excentrée  de  5°  par  rapport  au  panneau  produisant  l'éclat  rouge,  de 
telle  façon  que  celui-ci  commence  avant  que  l'éclat  blanc  soit  terminé  ; 
il  en  résulte  un  éclat  blanc  qui  devient  rouge  sans  éclipse. 

2 
L'éclat  blanc  n'est  que  —  de  l'intensité  d'un  panneau  du  même  ordre 

complet,  c'est  un  grave  inconvénient.  La  superposition   de  deux  optiques 


±2N  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

permettra  très-facilement  d'obtenir  un  éclat  blanc  de   —  au  moins  d'in- 

10 
tensité. 

Pour  répondre  à  une.  objection  qui    pourrait  être  faite  au    sujet  de  la 

suppression  des  coupoles  caladioptriques,  nous  avons  esquissé  un  appareil 

de  premier  ordre  à  deux  étages,  où  le.s  coupoles  subsistent.  Nous  n'avons 

18 
retranché  que  les  prismes  inférieurs,  ce  oui  laisse  encore  — -  d'intensité 

20 

à  l'éclat  double. 

La  lanterne  doit  alors  être  d'un  modèle  plus  grand  que  celles  ordi- 
naires, niais  dans  certains  cas  l'énorme  puissance  d'un  tel  phare  pourra 
être  d'un  très-utile  secours. 

Nous  exécutons  un  appareil  de  sixième  ordre  à  deux  étages  (fig.  I  à 
4,  pi.  III)  qui  offre  un  spécimen  d'un  feu  fixe  renforcé  par  un  réflecteur 
catadioptrique  et  varié  par  des  éclats  blancs  rouges. 

Ces  éclats  sont  produits  par  l'appareil  inférieur,  qui  est  annulaire  et 
composé  de  huit  panneaux.  Les  prismes  de  la  coupole  sont  excentrés 
dans  les  crémaillères  elles-mêmes.  C'est  la  première  fois  que  cette  dispo- 
sition du  verre  est  exécutée;  elle  offre  l'avantage  de  supprimer  l'entre- 
toise  horizontale  et  par  suite  toute  occultation  transversale.  Les  deux 
appareils  sont  contenus  dans  une  lanterne  cylindrique  de  0m,60  de 
diamètre  et  de  lm,20  de  hauteur,  surmontée  d'une  coupole  avee  boule 
d'aérage.  Le  piédestal  renferme  la  machine  de  rotation  donnant  le  mou- 
vement à  l'appareil  inférieur,  ainsi  que  la  lampe  à  mouvement  d'hor- 
logerie, destinée  à  alimenter  les  deux  becs  à  une  mèche,  et  à  appendice 
Denechaux,  placés  au  foyer  des  deux  appareils. 

On  pourrait  ainsi  employer  avec  succès  des  lampes  à  réservoir  inté- 
rieur pour  éclairer  les  appareils. 

Ce  phare  figurera  à  l'Exposition  de  1878. 

La  facilité  avec  laquelle  se  règle  la  flamme  de  chacun  des  becs  super- 
posés, la  fixité,  la  blancheur  et  l'accroissement  de  durée  des  éclats  et 
de  l'intensité,  nous  paraissent  offrir  des  avantages  tels,  que  nos  phares 
à  deux  étages  pourront  être  employés  dans  un  grand  nombre  de  cir- 
constances. La  dépense  de  l'huile  sera  doublée,  mais  les  frais  d'entretien, 
de  service  resteront  les  mêmes,  on  n'aura  pas  besoin  de  gardiens  sup- 
plémentaires, et  l'accroissement  des  dépenses  de  premier  établissement 
sera,  croyons-nous,  largement  compensé  par  les  services  rendus.  Cet 
accroissement  de  dépense  ne  portera,  en  effet,  que  sur  l'optique,  l'arma- 
ture et  les  fumivores;  il  sera  donc  loin  d'être  proportionnel  à  l'augmen- 
tation de  puissance  et  de  durée  (\r>  éclats 


henry-lepaute .  —  phares  flottants  catàdioptriques  229 

2°  Phares  flottants  catadioptriques. 

Les  phares  flottants  jusqu'en  1872  étaient  composés  d'une  série  do 
réflecteurs  paraboliques,  disposés  symétriquement  autour  du  mât  d'un 
ponton  et  renfermés  dans  une  lanterne  unique.  Ces  réflecteurs  sont 
portés  par  leurs  lampes  et  le  tout  suspendu  à  la  Cardan;  afin  d'être 
soustrait  à  l'action  des  oscillations  du  navire.  La  Lanterne  ainsi  que  Les 
réflecteurs  peuvent  glisser  le  long  du  mât  et  être  hissés  pendant  la  nuii 
à  son  sommet. 

Dans  quelques  autres  circonstances,  on  disposait  trois  feux  de  port 
dioptriques  renfermés  chacun  dans  une  Lanterne  spéciale  suspendue  à 
la  Cardan.  Quelle  que  fût  celle  de  ces  dispositions  que  l'on  adoptât,  on 
rencontrait  toujours  une  grande  difficulté  à  régler  bien  égalemenl  la 
combustion  des  lampes  séparées,  et  on  avait  à  redouter  la  prompte 
oxydation  des  réflecteurs  métalliques. 

Diverses  autres  circonstances  nous  firent  penser  que  l'on  obtiendrait 
plus  d'avantage  et  de  simplicité  par  l'emploi  d'un  appareil  unique  en- 
tièrement catadioptrique  suspendu  à  la  Cardan  au  centre  d'une  lanterne; 
mais  pour  cela  il  fallait  supprimer  le  mal  central  du  ponton  et  Le  rem- 
placer par  une  sorte  de  tourelle  à  jour  au  centre  de  laquelle  la  lanterne 
put  être  montée  ou  descendue  au  moyen  d'un  treuil  (fîg.  8,  pi.  Ilî). 

Cette  disposition  a  été  approuvée,  et  depuis  1874  un  appareil  de  ce 
genre  est  allumé  en  Suède.  Le  directeur  du  service  des  phares  de  ce 
pays  nous  a  informés  des  bons  résultats  obtenus. 

L'appareil  dont  il  s'agit  est  de  quatrième  ordre;  l'optique  a  0"',2'j  de 
distance  focale.  Il  éclaire  tout  l'horizon. 

Le  lanterne  est  octogonale;  elle  a  1,10  de  diamètre  entre  deux  mon- 
tants opposés,  les  portes  de  cette  lanterne  s'ouvrent  à  coulisse  (fig.  9  et 
10,  pi.  III).  La  ventilation  a  été  l'objet  d'études  et  d'expériences  nom- 
breuses. Grâce  à  des  cloisons  multipliées  brisant  le  courant  d'air,  nous 
avons  réussi  à  empêcher  les  coups  de  vent,  ainsi  que  les  dépressions 
et  compressions  produites  par  les  oscillations  du  navire  d'avoir  une 
action  fâcheuse  sur  la  flamme. 

L'appareil  est  illuminé  au  moyen  d'une  lampe  à  pétrole  à  réservoir 
inférieur,  avec  bec  à  deux  mèches.  L'intensité  du  bec  est  de  2b,2  becs 
Carcel.  Celle  du  feu  blanc  est  de  60  becs  environ,  mais  la  coloration 
en  rouge  la  réduit  dans  l'appareil  dont  il  s'agit  à  12  becs;  l'intensité 
obtenue  à  l'aide  des  feux  catoptriques  dont  les  réflecteurs  avaient  0,29 
d'ouverture  étaient  de  39  becs,  réduits  à  8  parla  coloration. 

La  puissance  de  ce  feu  flottant  est  donc  supérieure  à  celle  obtenue 
•usqu'ici. 

La  lanterne  est  guidée  dans  sou  mouvement  à  l'intérieur  de  la  loin-  au 


•230  NAVIGATION.  — GÉNIE  CIVIL  1. 1    MILITAIRE 

moyen  de  galets  ou  mieux  de  glissières  en  bronze  roulant  ou  trottant  le 
long- de  quatre  rails  verticaux.  La  tour  se  prolonge  par  le  bas  jusqu'au 
tond  de  la  cale,  où  elle  doit  être  solidement  boulonnée.  En  outre,  sur 
le  pont  du  navire,  est  ménagée  tout  autour  de  la  base  de  la  tour  une 
chambre  octogonale,  au  milieu  de  laquelle  descend  la  lanterne  pendant 
le  jour  et  dans  laquelle  on  peut  facilement  faire  le  service  d'entretien 
•  't  d'allumage  du  l'eu. 

On  peut  construire  dans  ce  système  des  appareils  don!  l'optique  pour- 
rait avoir —  0,35  — O.^i 0,18  —  0,15  de    distance  focale.  Nous 

savons  que  la  stabilité  du  ponton  ne  serait  pas  sensiblement  modifiée 
par  la  substitution  de  cette  tour  à  jour  au  mât  central. 

Nous  voyons  donc  dans  ce  système  un  progrès,  tant  au  point  de  vue 
de  la  puissance  qu'à  celui  de  la  durée  du  phare  et  de  la  facilité  du 
service. 

Le  coût  de  l'appareil  cité  plus  haut  a  été  de  12,000  francs,  et  celui 
de  la  tour,  de  9,500  francs,  transport  compris. 


MM.  Jules  &  Théophile  DUCOUSSO  frères. 


SYSTEME   DE  TRANSMISSION  DE  SIGNAUX  ÉLECTRIQUES  AUX  TRAINS  EN  MARCHE 


—  S  en  nce   dit    24  a  nul    1877.   — 

Ce  système  a  pour  but  de  transmettre  un  signal  d'arrêt  à  un  train  en 
marche  entre  deux  stations,  et  cela  de  l'une  quelconque  des  deux  stations 
et  quel  que  soit  le  sens  de  la  marche. 

Il  est  établi,  le  long  de  toute  section  à  voie  unique,  deux  lils  conduc- 
teurs s'arrêtant  à  chaque  station. 

Il  est  établi  sur  la  voie  tous  les  500  mètres,  à  300  millimètres  de  l'axe 
à  droite  et  à  gauche,  des  bornes  de  contact  se  composant  d'une  laine  de 
ï'vv  doublée  d'une  lame  en  cuivre  rouge,  de  1  mètre  «le  longueur  sur 
5  centimètres  de  largeur,  fixée  avec  une  inclinaison  de  *2  centimètres,  et 
au  moyen  de  deux  pieds  en  ter,  à  une  pièce  de  bois  fixée  elle-même  à 
deux  traverses  de  la  voie:  le  tout  dépassant  la  hauteur  des  rails  de 
10  centimètres. 

Ces  bornes  sont  réunies  :  celles  de  droite  à  l'un  des  lils  conducteurs, 
et  celles  de  gauche  à  l'autre,  et  ce  au  moyen  de  fils  entourés  de  gutta- 
percha,  descendant  le  lonj4  des  poteaux  et  passant  sous  la  voie. 

A  l'avant  de  chaque  machine  à  gauche,  à  300  millimètres  de  l'axe, 
nous  établissons    une    deuxième   pièce    de  contact    se   composant   d'une 


DUCOUSSO.    —  SIGNAUX   ÉLEI  TOQUES   \l\  TRAINS  IN   MARCHE  '2A\ 

traverse  de  bois  de  dimensions  convenables,  fixée  à  la  traverse  des  tam- 
pons et  terminée  par  une  lame  de  laiton  recourbée  à  ressort,  et  à  l'élas- 
ticité de  laquelle  vient  s'ajouter  celle  d'une  lame  en  acier.  La  longueur 
totale  de  cette  pièce  est  telle  que,  lorsque  la  locomotive  passe  au-dessus 
d'une  des  bornes  de  la  voie,  il  s'exerce  un  léger  frottemenl  qui  suffit 
pour  permettre  le  passage  du  courant  électrique. 

A  coté  du  mécanicien,  renfermée  dans  une  boîte  où  elle  est  suspen- 
du.' el  soutenue  dans  chaque  sens  par  des  ressorts  ù  boudin,  afin  d'évi- 
ter le  fonctionnement  qui  aurait  lieu  par  suite  de  la  trépidation,  nous 
établissons  une  sonnerie  électrique  à  rouages  communiquant,  au  moyen 
d'un  til  entouré  de  gutta,  à  la  pièce  établie  à  l'avant  de  la  machine;  un 
autre  til  partant  de  la  sonnerie  et  aboutissant  à  un  des  coussinets  de  la 
machine,  conduit  le  courant  à  la  (erre,  par  l'intermédiaire  des  roues  et 
des  rails. 

Un  voit  facilement  que  si,  par  la  volonté'  des  deux  chefs  de  station, 
les  bornes  de  la  voie  d'un  même  côté  se  trouvent  chargées  de  courant  et 
que  la  pièce  de  contact  d'une  locomotive  vienne  les  toucher,  il  y  aura 
chaque  fois  communication  entre  la  pile  de  la  gare  et  la  sonnerie  du 
mécanicien  qui  fonctionnera. 

D'une  manière  générale,  la  station  qui  donne  le  signal  de  départ  à  un 
train  lance  le  courant  sur  le  lil  communiquant  avec  les  bornes  qui  doi- 
vent être  touchées  par  un  train  venant  vers  elle:  de  cette  façon,  et  en 
admettant  la  violation  de  tous  les  règlements  et  même  l'oubli  de  l'un 
des  deux  chefs  de  station,  je  dis  qu'une  collision  est  impossible,  car.  si 
au  moment  de  donner  le  signal  de  départ  à  un  train,  le  chef  de  station 
lance  le  courant  aux  bornes  rencontrées  par  un  train  de  sens  contraire, 
ce  dernier  va  être  arrêté  au  premier  contact  et  si  le  chef  de  station  qui 
a  lancé  le  premier  train  a  opéré  de  la  même  façon  le  deuxième  train  sera 
arrêté  à  la  sortie  de  la  gare  de  départ. 

Des  commutateurs  établissent  la  communication  entre  la  pile  et  le  til 
de  ligne;  ces  appareils  sont  trop  connus  pour  que  nous  en  donnions  la 
description.  Pendant  la  nuit  ils  servent  à  établir  la  communication  directe 
entre  les  gares  en  service. 

Dès  qu'un  train  est  arrivé  en  gare,  le  chef  de  station  prévient  son  col- 
lègue de  retirer  le  courant,  atîn  (pie  la  voie  redevienne  libre. 

La  marche  à  suivre,  en  cas  d'arrêt,  est  réglementée  au  gré  des  com- 
pagnies de  chemins  de  fer. 

DISCUSSION. 

M.  Jules  Mokandièke  pense  que  l'essai  fait  à  titre  d'expérience  isolée  ne 
suffit  pas  pour  démontrer  que  le  système  proposé  puisse  être  admis  dans  la 
pratique  courante.  L'étude   de  cette   question  et  la  communication   des  trains 


332  NAVIGATION.  —   GÉNIE  CIVIL   ET  MILITAIRE 

avec  les  gares  sont  d'ailleurs  tout  à  fait  à  l'ordre  du  jour.  M.  Morandière  a 
eu  récemment  l'occasion  d'examiner  le  système  de  M.  de  Baillehache,  essayé 
sur  la  ligne  de  Glos-Montfort  à  Pont-Audemer.  Le  principe  est  le  même  que 
dans  la  combinaison  précédemment  citée;  toutefois  la  communication  est  obte- 
nue au  moyen  d'un  til  de  fer  placé  entre  les  rails.  La  lame  élastique  qui  éta- 
blit le  contact  en  frottant  sur  le  til  est  fixée  soit  à  la  machine,  soit  au  four- 
gon; dans  ce  dernier  cas,  l'électricité  fait  non-seulement  marcher  une  sonnerie, 
mais  encore  un  télégraphe  à  cadran,  de  telle  sorte  qu'une  véritable  conversa- 
tion peut  s'engager  entre  le  train  et  Ja  gare  voisine,  ou  même  entre  deux 
trains  circulant  sur  la  même  section. 

La  mise  en  communication  permanente  d'un  train  en  marche  avec  les  gares 
ou  les  trains  par  l'intermédiaire  de  la  voie  a  déjà  été  essayée  il  y  a  une  ving- 
taine d'années,  mais  sans  succès.  Elle  a  contre  elle  :  1°  la  difficulté  d'assurer 
son  bon  fonctionnement,  et  2°  le  prix  d'établissement  ainsi  que  d'entretien. 

Des  dispositions  tendant  au  même  but,  c'est-à-dire  à  l'emploi  de  l'électricité 
pour  avertir  le  mécanicien  de  l'approche  du  danger,  sont  en  voie  d'application 
sur  le  réseau  du  Nord.  A  500  mètres  environ  du  disque  signal,  se  trouve  placée 
une  pièce  de  bois  revêtue  de  tôle,  reliée  au  signal  par  un  fil  dans  lequel  l'élec- 
tricité circule  lorsque  le  disque  est  tourné  au  rouge.  La  locomotive  porte  une 
brosse  métallique  qui  vient  frotter  sur  la  tôle,  et  le  courant  agissant  sur  un 
électro-aimant  Hughes  fait  déclencher  un  petit  sifflet  spécial  d'avertissement. 
Ce  sifflet  est  dû  à  MM.  Lartigue  et  Forest. 

MM.  Tesse  et  Lartigue  ont  également  fait  admettre  sur  le  réseau  du  Nord 
un  autre  emploi  de  l'électricité.  La  ligne  est  partagée  en  sections  de  3  ou  4 
kilomètres,  couvertes  chacune  par  un  signal  d'arrêt  (en  forme  de  sémaphore). 
Lorsqu'un  train  passe,  le  gardien  ferme  son  signal,  et  en  même  temps  il  ou- 
vre électriquement,  par  le  même  mouvement,  le  signal  précédemment  dépassé 
par  le  train.  Le  mécanisme  est  tellement  disposé,  qu'une  fois  mis  au  ronge, 
le  signal  ne  peut  pas  être  défait  par  celui  qui  l'a  fait,  mais  il  ne  peut  être 
remis  à  la  voie  libre  que  par  le  gardien  du  poste  voisin. 

Pour  compléter  ces  combinaisons,  M.  Lartigue  a  étudié  l'application  aux  li- 
gnes à  voie  unique.  Lorsqu'un  train  part  d'une  gare,  son  départ  serait  signalé 
à  tous  les  postes  par  le  déclenchement  d'une  sonnerie  et  d'un  petit  bras  de 
sémaphore.  Si,  par  mégarde,  un  train  est  lancé  de  l'autre  gare  voisine,  les 
gardiens  entendront  une  deuxième  sonnerie  et  verront  un  deuxième  bras. 
Dans  ce  cas,  tout  agent  doit  fermer  son  signal  et  arrêter  le  premier  train  sur- 
venant pour  l'avertir.  Ce  système,  qui  peut  être  complété  encore  par  l'addition 
du  sifflet  d'avertissement  sur  la  machine,  n'a  pas  encore  été,  que  nous  sa- 
chions, appliqué  sur  un  chemin  de  ïcr,  mais  nous  croyons  qu'il  ne  tardera 
pas  à  l'être. 


VUbF.NET. —  AVANTAGES  DES  NOUVELLES  SfAGHINES  MARINES  233 

M.  AÏÏDEOT 

[ng    i  I  jnie  Générale  Transatlantique,  au  n 


BÉNÉFICES  OBTENUS  PAR   L'EMPLOI   DES  NOUVELLES   MACHINES   MARINES. 


—  Se a  n  '  6  il  •<  :'  i   n  lût    l  s~  ! 


Messieurs,  —  notre  Compagnie,  donl  vous  allez  visiter  les  paquebots, 
peul  réclamer  l'honneur  d'avoir  été  la  première  en  France  à  appliquer  sur 
une  grande  échelle  le  condenseur  à  surface  el  le  système  de  machine  dit 
Compound  ou  composé,  dans  lequel  lavapeur  employéeà  haute  pression 
fonctionne   successivement  dans  un  petit,  puis  dans  un  grand  cylindre. 

Nous  croyons  intéressant  de  donner  des  chiffres  authentiques,  résultats 
d'une  assez  longue  expérience,  sur  les  économies  de  combustible  qui  on  l 
été  la  conséquence  de  l'application  de  ces  perfectionnements.  Mais  avant 
nous  rappellerons  succinctement  en  quoi  consistent  les  avantages  obtenus. 

Dans  les  anciennes  machines  marines,  la  condensation  se  taisait  par  in- 
jection, c'est-à-dire  par  mélange  de  la  vapeur  avec  l'eau  de  mer  destinée 
à  la  condenser,  et  l'eau  employée  à  l'alimentation,  étant  puisée  dans  le  con- 
denseur, contenait  presque  autant   de  sels  que  l'eau  de  mer  elle-même. 

Il  fallait,  dès  lors,  pour  empêcher  des  dépôts  trop  considérables,  ex- 
traire, de  temps  à  autre,  l'eau  saturée  des  chaudières  el  jeter  à  la  mer 
de  l'eau  déjà  chauffée,  c'est-à-dire  du  charbon. 

D'après  les  expériences  laites  sur  le  Cher  (1),  la  dépense  de  combus- 
tible, en  alimentant  exclusivement  aveede  l'eau  douce,  qui  n'exigé  pas 
le  recours  aux  extractions,  esl  de  15  à  v20  0/0  plus  faible  qu'en  alimen- 
tant avec  de  l'eau  de  mer. 

En  pratique,  l'économie  donnée  par  le  condenseur  à  surface  n'est  pas 
tout  à  fait  aussi  considérable,  parce  que  l'on  introduit  toujours  un  peu 
d'eau  de  mer  dans  la  chaudière  pour  réparer  les  pertes  et  qu'il  faut 
dès  lors  faire  de  temps  à  autre  des  extractions  ;  mais  l'avantage  est 
encore  de  12  à  15  0/0  environ. 

Le  condenseur  à  surface,  en  fournissant  de  l'eau  douce  pour  l'alimen- 
tation, a,  par  ailleurs,  permis  l'usage  de  la  haute  pression,  qui  était 
tout  à  fait  impossible  avec  l'eau  de  mer,  celle-ci  donnant  des  dépots 
trop  considérables  quand  elle  est  portée  à  une  haute  température.  Mais 
cet  emploi  de  la  haute  pression  n'aurait  pas  fourni  de  résultats  entiè- 
rement satisfaisants  sans  les  machines  du  système  Compound. 

L'avantage  théorique  de  la  haute  pression  et  des  grandes  détentes  est, 
en  effet,  balancé,  dans  la  pratique,  par  les  imperfections  physiques  et 
mécaniques  des  appareils. 

il  Transport  de  la  marine  militaire.  Expériences  faites  en.,1865. 


»>34  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

Les  métaux  employés  à  la  confection  des  cylindres  et  pistons  ne  sont 
pas  indifférents  à  la  chaleur  ;  ils  s'échauffent  pendant  l'admission,  par 
la  condensation  d'une  certaine  quantité  de  vapeur,  et  ils  se  refroidissent, 
pendant  l'évacuation,  par  la  vaporisation  à  nouveau  de  cette  vapeur,  qui 
est  ainsi  envoyée,  sans  effet  utile,  au  condenseur. 

Les  pertes  produites  de  cette  manière  peuvent  atteindre  un  chiffre 
considérable,  et  il  suffit,  pour  s'en  convaincre,  d'observer  (pie  le  cylindre 
recouvert,  à  l'intérieur,  d'une  mince  couebe  d'eau,  et  mis  en  commu- 
nication avec  le  condenseur  et  la  pompe  à  air,  reproduit  exactement  les 
dispositions  employées  dans  les  appareils  à  taire  de  la  glace. 

Dans  la  machine  à  cylindres  successifs,  les  températures  extrêmes  aux- 
quelles sont  soumis  chacun  des  cylindres,  sont  plus  rapprochées  que  si 
l'on  opérait  avec  un  seul,  et,  par  suite,  la  quantité  de  calorique  absorbée 
et  rendue  par  les  parois  sans  produire  de  travail  est  sensiblement  moindre. 

D'autre  part,  les  joints  des  pistons  avec  les  cylindres  et  des  tiroirs 
avec  les  plaques  frottantes  sont  rarement  parfaits.  Ils  s'altèrent,  d'ailleurs, 
par  l'inégalité  de  l'usure  et  aussi  par  l'effet  de  la  chaleur  qui  déforme 
toujours  les  pièces  de  structure  un  peu  compliquée.  Il  en  résulte  des 
pertes  de  vapeur  d'autant  plus  élevées,  que  les  différences  de  pression 
d'un  côté  à  l'autre  du  piston  ou  du  tiroir  seront  plus  grandes. 

Il  est  évident  qu'on  diminuera  encore  ce  genre  de  pertes,  si,  comme 
dans  la  machine  Compound.  on  vient  à  recueillir  le  travail  dans  des 
capacités  successives,  de  manière  à  réduire  la  différence  des  pressions 
exercées  sur  les  deux  faces  d'un  même  piston. 

Nous  pouvons  citer  un  fait  d'expérience  qui  confirme  parfaitement 
cette    manière  de  voir. 

Il  y  a  plusieurs  années,  on  a  transformé,  au  port  de  Cherbourg,  la 
machine  à  haute  pression  d'une  petite  canonnière,  en  lui  ajoutant  un 
condenseur  à  surface  et  une  pompe  à  air.  Cette  modification  n'a  ap- 
porté aucun  changement  sensible  à  la  puissance  de  l'appareil  ni  à  sa 
consommation  de  charbon.  Les  accroissements  de  pertes  par  refroidis- 
sement intérieur  et  par  fuites  à  travers  les  joints  imparfaits  avaient 
balancé  l'avantage  résultant  de  l'emploi  de  la  condensation  de  la  vapeur; 
il  est  évident  que  si  on  avait  laissé  la  machine  évacuera  la  même  pres- 
sion qu'avant  la  transformation,  eu  recueillant  cette  vapeur  dans  un 
nouveau  cylindre  évacuant  aux  condenseurs,  on  n'aurait  rien  changé  aux 
conditions  de  fonctionnement  du  premier  cylindre,  et  on  aurait  eu. 
comme  bénéfice,  tout  le  travail  obtenu  dans  le  second. 

.Nous  venons  de  résumer  en  quelques  mots  les  causes  qui  l'ont,  selon  nous, 
la  supériorité  des  machines  Compound:  nous  donnons,  dans  le  tableau  ci- 
après,  les  résultats  obtenus  dans  la  Compagnie  transatlantique  par  la  trans- 
formation, dans  cet  ordre  d'idées,  des  appareils  moteurs  des  paquebots: 


M  DIM  I  ,  —   W  \M  MïES  DES  Nul  VK|  l.K.s  MACHINES  MARINES  -2,3^ 

LIGNE    DE   NEW-YORK, 


AVANT   TRANSFORMATION 


5YST!  ME    DE   MACHINE 


Dépense 
par 

mille 

à 

1 1  n-'"  '/> 


M'RI  ÏS    l'RANSFnRMATlON 


S^fl  ME    Dl     MAI  HINE 


Dépense 

par 

mille 

à 

11  n,uY> 


Écono- 
mie 

de 

charbon 

pour 

cent. 


Machine  à  pilon,  construite  chez 
M.  Napier  en  1865:  deux  cylin- 
dres à  moyenne  pression  el  con- 
denseurs à  surface. 


Machine  identique  à  relie  dui 
Pereire,  construite  chez  M.  Na- 
pier en  isiri. 


Machine  horizontale  à  retour  de 
bielle,  construite  au  Creusot  en 
ixt;:;  el  186U,  à  moyenne  pression 
el  à  engrenage,  a^  ec  condenseur 
a  surface. 


Pereire. 

Transformé  en  1873  par  l'addi- 
tion   d'un     troisième    cylindre   à 
haute  pression  placé   sur   l'avant 
286  kil.  (des  deux  autres  212  kil. 

Ville-de-Paris. 

Cransformé  en  i*7i   par  l'addi- 
tion  de    deux   cylindres    à    haute 
326  kil .  I  pression  placés  sur  le<  anciens.       246  kil. 

Saint. Laurent. 

En  i87o,  remplacé  l'ancien  ap- 
pâreil  par  une  machine  aj  ant  deux 
i  ylindres  à  haute  pression,   deux 
\  lindres  à  liasse  pression  el  oon 
389  kil.  denseur  à  surfaco,   construite  au 

Creusol    i  .  223  kil. 


'•3    D'il 


il  L'importance  de    l'économie    réalisée   est  due    en  partie  à  la  substitution  des  cylindres 
irticaux  aux  cylindres  horizontaux. 


LIGNE    DES   ANTILLES. 


AVANT  TRANSFORMATION 


SYST1  ME    DE    MACHINES 


Dépense 

par 

mille 

à 

10  nJ*l/) 


APRÈS    TRANSFORMATION 


-Ml  MF,    DE    MACHINE 


Machine  inclinée  à  deux  cy- 
lindres, construite  chez  MM.  Faw- 
eettet  Preston  en  is.ï">.  à  moyenne 
pression  et  condenseurs  par  in- 
jection. 


Identique  à  la  machine  Marti- 
nique, construite  en  is;;:;. 


Machine  à  pilon,  à  moyenne 
pression,  construite  chez  M.  Ca  ird, 
à  Greenock,  en  18652,  et  à  laquelle 
on  avait  ajouté  plus  tard  un  con- 
denseur à  surface. 


Deux  machines  horizontales  à 
moyenne  pression  et  condenseur 
à  surface,  construite  en  1868  par 
le  Creusot. 


Deux  machines  verticales  du 
système  à  pilon,  à  moyenne  pres- 
sion et  condenseur  à  surface, 
construites. en  18H7  par  M.  Na- 
pier. 


Dépense 

par 

mille 

à 

1  n  nu  y*i 


Écono- 
mie 

de 

charbon 

pour 

cent. 


Martini  q',u  e . 

La  machine  a  élé  complètement 
<  h  ingée  en  I869  ;  le  nouvel  appa- 
reil, construit  chez  M.  Elder,  se 
^impose  d'un  cylindre  à  haute 
21 6 kil.  pression  et  d'un  cylindre  à  basse 
pression  avec  condenseur  à  sur- 
face. 

Guadeloupe. 

I     Identique  à  la  nouvelle  machine  I 
217  kil .  {Martinique,  construite  en  1869-70-1 

Colombie. 

En  1874,  on   a  enlevé   les  deux 
cylindres  pour  les  remplacer  par 
un  cylindre  à  haute  pression  et  un 
cylindre    à    basse    pression,    avec 
243  kil.  condenseur  à  surface. 

Lafay  ette. 

F.n  1873,  on  a  remplacé  les  qua- 
tre cylindres  à  basse  pression  par 
deux  cylindres  à  haute  pression  et 
319  kil.  deux  cylindres  à  basse  pression. 

Washington. 

En  1873,  on  a  enlevé  les  quatre 
cylindres  pour  les  remplacer  par 
deux  cylndres  à  haute  pression  el 
deux  cylindres  à  basse  pression 
371  kil 


10d  kil. 


49.6  0/0 


114kil.  47.5  0/0 


158  kil. 


225  kil. 


24  3'  kil. 


30  0/0 


33  0  0 


236  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

Les  consommations  par  mille,  indiquées  sur  ce  tableau,  ont  toutes 
été  rapportées  aux  vitesses  réglementaires  de  11  nœuds  1/2  pour  la 
ligne  de  New-York,  et  de  10  nœuds  1/2  pour  celle  des  Antilles,  en 
admettant,  dans  les  calculs,  que  les  consommations  variaient  comme 
les  carrés  des  vitesses  pour  les  mêmes  circonstances  de  vent  et  d'état  de 
la  mer;  ce  qui  se  vérifie  suffisamment,  lorsque  les  vitesses  comparées 
ne  sont  pas  très-éloignées  les  unes  des  autres. 

En  examinant  ce  tableau,  ou  arrive  aux  conclusions  suivantes: 

L'application  du  système  Compound  à  haute  pression,  à  une  machine 
à  moyenne  pression  déjà  munie  d'un  condenseur  à  surface,  procure 
une  économie  de  30  à  35  0  0,  et  la  substitution  d'une  machine  à 
haute  pression  Compound  avec  condensateur  par.  surface,  à  une  ma- 
chine à  moyenne  pression  avec  condenseur  par  injection,  donne  un 
avantage  de  45  à  50  0/0.  La  différence  de  ces  deux  séries  de  chiffres, 
qui  est  de  15  0/0,  correspond  bien  à  l'économie  que  procure  à  lui 
seul  le  condenseur  à  surface. 

Aujourd'hui,  les  appareils  moteurs  des  paquebots  de  la  Compagnie 
transatlantique  sont  tous  du  système  perfectionné  et  les  détails  des  ma- 
chines et  chaudières  étant  en  bon  état  d'entretien,  la  consommation  en 
service  courant,  par  heure  et  par  cheval  indiqué,  en  employant  du  char- 
bon Cardin"  tout  venant,  n'est  que  de  I   kil.  à  1   kil.  10. 

C'est  à  peu  près  la  moitié  de  ce  que  dépensaient  les  anciennes  ma- 
chines marines,  ce  qui  confirme  les  conclusions  auxquelles  nous  étions 
arrivées  puis  naut  par  une  autre  voie. 


M.  DAYMAED 

Ingénieur  de  la  Compagnie  Générale  Transatlantique,   m  Havre. 


ÉTUDE  SUR  LES  DIMENSIONS  DES  PAQUEBOTS  TRANSATLANTIQUES 

ET  SUR  QUELQUES  PROGRÈS  NOUVEAUX 

A  RÉALISER  DANS  LES  APPAREILS  MOTEURS, 


-    Séance  du  SS  août   IS77.  — 

J'ai  pensé.  Messieurs,  qu'après  vous  avoir  donné  les  détails  sur  les 
modifications  qui,  dans  ces  dix  dernières  années,  ont  amené  une  réduc- 
tion de  moitié  dans  la  consommation  du  combustible  sur  les  machines 
marines,  il  pourrait  être  intéressant  de  traiter  devant  vous  quelques- 
unes  des    questions   que  soulève    le   choix    des  dimensions  d'un  navire. 


DAYMARD.  —  ÉTUDE  Ml;  LES  PAQUEBOTS  TRANSATLANTIQUES     237 

en  prenant  pour  exemple  un  paquebot  transatlantique,  d'exposer  l'in- 
Huence  qu'exerce  à  cet  égard  le  perfectionnement  du  moteur,  et  cnliu 
de  signaler,  à  coté  des  résultats  acquis,  quelques-uns  des  progrès  nou- 
veaux qu'on  tente  de  réaliser  et  dont  la  conquête  définitive  quoique 
très-probable  à  courte  échéance,  exige  encore  l'intervention  et  le 
secours  de  la  science  pure  et  appliquée 

On  sait,  et  un  raisonnement  simple  démontre  combien  il  est  com- 
mercialement avantageux,  sous  certaines  conditions  dont  nous  reparle- 
rons, d'augmenter  les  dimensions  des  navires. 

En  effet,  l'emplacement  et  le  poids  disponibles  pour  le  chargement  et 
les  machines  croissent  comme  le  cube  des  dimensions,  tandis  que  la  ré- 
sistance à  la  propulsion  ne  croit  (pie  comme  le  carré  ;  souvent  même, 
l'agrandissement  ne  portant  que  sur  la  longueur,  l'augmentation  de 
résistance  ne  grandit  elle-même  que  dans  des  proportions  beaucoup 
plus  faibles,  relativement  aux  capacités  disponibles. 

L'exemple  de  deux  paquebots-postaux  de  la  Compagnie  transatlanti- 
que, que  vous  êtes  à  même  de  voir  en  ce  moment  au  Havre,  va  nous 
fournir  des  chiffres  tout  à  fait  significatifs. 

Ce  sont  la  France  et  le  Pereirc,  dont  voici  les  dimensions  principales 
respectives  : 


Longueur Mètres 

Largeur » 

Profondeur  ou  creux a 

Tirant  d'eau  en  charge » 

du  navire  complet Tonneaux  3.800 

de  la  machine  et  des  chaudières » 

Poids  l  du  charbon » 

du  chargement  comprenant  l'eau  douce  et  les 

vivres » 

Poids  total  de  l'ensemble  ou  déplacement » 

x      ,        ,  .    ,         l  de  chambre « 

.Nombre  de  couchettes    ] 

[  a  entrepont 

Volume  des  cales  à  marchandises » 

Surface  plongée  du  M.  C M.  carrés. 

Puissance  développée     J  aux  essais 

en  chx  de  75  kgm.      )  en  service 

aux  essais  à  mi-chargement.  Nœuds 


Vitesse  réalisée. 


moyenne  en  service. 


FRANCE 

PEREtRE 

1:23  » 

105  » 

13  40 

13  33 

10  85 

8  10 

7  305 

ti  s:, 

3.800  » 

2.550  » 

690  » 

690  » 

1.200  » 

1.000  » 

2.025  » 

945  » 

7.715  » 

5.185  » 

-230  » 

216  » 

420  » 

30  » 

2.700  » 

1.160  » 

85  02 

75  2 

3.300 

2.600  à 

2.800 

14  54 

12  30 

* 

Ce  qui  frappe   dans   la    comparaison  de  ces  chiffres,  c'est  que,   par 
un  accroissement  relativement  modéré  des  dimensions, 
On  gagne  : 
En  déplacement  oO  0/0  : 


Ï3X  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  El   MILITAIRE 

En  disponible  pour  le  chargement  :  135  0/0  en  poids;  150  0/0 
en  volume, 

Alors  que  la  surface  submergée  n'augmente  pas  de  13  0/0. 

Aussi,  bien  que  les  appareils  moteurs  soient  de  même  poids  et 
sensiblement  de  même  force,  la  différence  des  vitesses  ne  dépasse-t-elle 
pas  6  à  8  dixièmes  de  nœuds,  c'est-à-dire  moins  de  6  0/0. 

Les  frais  d'exploitation  ne  s'étant  pas  trouvés  augmentés,  il  en  ré- 
sulte que  les  navires  comme  la  France  et  le  Labrador  peuvent  réaliser 
et  réalisent,  en  effet,  des  bénéfices  doubles  de  ceux  du  Pereire  ou  de 
la  Ville-de-Paris,  au  moins  en  ce  qui  concerne  les  marchandises  dans 
les  voyages  de  retour,  un  seul  voyage  des  premiers  amenant  au  Havre 
plus  de  produits  que  deux  voyages  des  seconds. 

Tel  est  l'avantage  dû  à  l'augmentation  des  dimensions. 

Il  n'est  pas  cependant  possible  d'agrandir  indéfiniment  les  navires. 
On  est,  en  effet,  limité  par  les  conditions  suivantes  : 

1°  Ne  pas  atteindre  des  capacités  telles  que  les  chances  de  les  remplir 
soient  par  trop  diminuées,  comme  cela  est  arrivé  pour  le  Great-Eastern; 

2°  Ne  pas  sortir  des  proportions  qui  garantissent  de  bonnes  qualités  a 
la  mer  et  des  poids  de  coque  modérés; 

Les  résultats  du  Great-Eastern  avec  ceux  de  quelques  paquebots 
anglais  plus  récents,  où  l'exagération  de  longueur  a  conduit  à  de  trop 
lourdes  consolidations,  viennent  encore  nous  indiquer  des  limites  en 
deçà  desquelles  il  est  nécessaire  de  se  tenir; 

3°  11  faut  enlin  pouvoir  avec  sécurité,  j'ajouterai  sans  trop  de  difficul- 
tés, entrer  dans  le  port  et  en  sortir,  manœuvrer  dans  les  bassins.  Sous 
ce  rapport,  le  beau  travail  qui  s'exécute  en  ce  moment  pour  l'élargisse- 
ment de  l'avant-port  du  Havre  va  nous  donner  des  facilités  nouvelles. 

L'étude  de  la  question,  sous  ses  diverses  faces,  nous  a  montré  que, 
tout  en  remplissant  les  trois  conditions  :  de  capacités  n'excédant  pas  les 
besoins  du  trafic,  de  proportions  assurant  de  bonnes  qualités  nautiques 
et  des  coques  bien  rigides  sans  poids  exagéré,  de  longueur  et  de  tirant 
d'eau  compatibles  avec  la  fréquentation  du  port  du  Havre,  il  serait  pos- 
sible d'accroître  encore  un  peu  les  dimensions  de  la  France,  si  la  néces- 
sité de  mettre  en  chantier  un  nouveau  paquebot  pour  New- York,  venait 
à  se  produire. 

Les  dimensions  que  je  proposerais  seraient  à  peu  près  les  suivantes  : 

Longueur Mètres  130 

Largeur »  I  :>  80 

Creus  sur  V »  10  50 

Tirant  d'eau. ■. »  7  32 

Déplacement  en  charge Tonneaux  s.ôOO    » 

Surface  du  M.  C Mètres  carres  88  02 


DAYMARD.  —  ÉTUDE  SUR  LÉS  PAQUEBOTS  TRANSATLANTIQUES     239 

Le  petit  modèle  et  les  dessins  au  centième  que  j'ai  l'honneur  de 
vous  présenter  figurent  à  peu  près  les  dispositions  et  les  formes  que 
j'aurais  en  vue. 

Examinons  quels  seraient  les  avantages  de  eettc  augmentation,  que 
je  crois  pouvoir  qualifier  de  prudente  et  modérée. 

Supposons  d'abord  qu'il  ne  soit  réalisé  dans  le  moteur  aucun  progrès 
sur  les  machines  actuelles. 

Relativement  à  la  France,  le  projet  présente  une  augmentation  de 
capacités  de  800  mètres  cubes  e1  une  augmentation  de  déplacement  de 
790  tonneaux. 

Il  y  a  lieu  tout  d'abord  de  défalquer  de  ce  chiffre  200  tonneaux  né- 
cessaires et  suffisants  pour  l'accroissement  du  poids  de  coque;  sur  les 
590  tonneaux  restant,  il  faudrait  prélever  le  poids  additionnel  nécessaire 
pour  avoir  une  machine  capable  de  développer  4,300  chevaux  aux  essais 
et  à  3,800  en  service.  Ce  poids  serait  de  230  tonneaux,  ce  qui  porte  le 
poids  total  du  moteur  à  920  tonneaux. 

Avec  cette  puissance,  on  atteindrait  des  vitesses  franchement  supé- 
rieures à  celles  du  Perdre  et  des  paquebots  actuels  les  plus  rapides.  On 
réaliserait  au  minimum  10  nœuds  aux  essais,  et  plus  de  14  nœuds  de 
moyenne  en  service. 

La  consommation  du  charbon  par  vingt-quatre  heures  serait  portée 
de  78  à  104  tonnes;  mais  en  tenant  compte  de  la  moindre  durée  du 
trajet,  on  reconnaît  qu'un  approvisionnement  de  charbon  de  1,400  ton- 
neaux assurerait  une  réserve  suffisante.  C'est  donc  seulement  200  ton- 
neaux de  plus  que  lu  France  qu'il  faudrait  prendre  en  combustible. 

En  résumé,  l'augmentation  de  puissance  absorberait  4o0  tonnes  et  en- 
viron 400mc.  Il  resterait  encore  disponible  pour  l'augmentation  du  fret 
160  tonnes  en  poids  et  350mc.  Ce  serait  largement  suffisant  pour  payer 
et  au-delà  l'excédant  des  frais  d'exploitation.  Nous  ne  tenons  pas  compte 
de  ce  fait,  qu'une  vitesse  plus  grande  et  qu'un  nouveau  développement 
de  confort,  résultant  des  dimensions  plus  grandes,  seraient  assurément 
de  nature  à  amener  une  augmentation  sérieuse  dans  les  recettes  de 
passagers . 

Dans  tout  ce  qui  précède,  je  n'ai  supposé  aucun  progrès  nouveau 
dans  l'appareil  moteur. 

Mais  il  est  possible  d'affirmer  qu'il  n'en  serait  pas  ainsi,  et  tout  en 
restant  dans  le  domaine  des  faits,  nous  allons  indiquer  trois  points  im- 
portants sur  lesquels  des  perfectionnements  ne  manqueraient  pas  de  se 
produire  sur  des  appareils  neufs  et  conçus  de  toutes  pièces. 

1°  La  consommation  par  cheval  indiqué  pourrait  être  abaissée  à  900  ou 
950  grammes.  Un  des  moyens  sur  lesquels  il  y  a  lieu  de  compter  et  déjà 
appliqué  consisterait  à  élever  la  pression  de  régime  à  o  et  même   à  o 


-40  NAVIGATION.  —  GÉME  CIVIL  ET  MILITAIRE 

atmosphères  absolues.  Avec  cette  pression,  il  est  plus  que  probable  qu'il 
deviendrait  pratiquement  avantageux  de  taire  travailler  la  vapeur  succes- 
sivement dans  trois  cylindres,  ainsi  que  cela  a  été  préconisé  et  appliqué 
par  M.  B.  Normand,  du  Havre,  notamment  sur  le  J.-B.  Say,  essayé  à  la 
fin  de  l'année  dernière.  M.  Benjamin  Normand  a  obtenu  aux  essais  une» 
consommation  de  Okil.  870  par  cheval  et  par  heure,  ce  qui  conduit  à 
penser  qu'en  service  courant,  la  même  machine  ne  dépassera  pas  sensi- 
blement Okil.  900.  Avec  de  plus  hautes  pressions  et  une  disposition  un 
peu  différente  des  trois  cylindres,  M.  Perkins  annonce  des  consomma- 
tions de  0  kil.  6o0  par  heure  et  par  cheval.  Mais  ses  expériences  ne 
sont  pas  encore  aussi  probantes  que  celles  de  M.  Normand.  Je  crois  que 
la  triple  détente  réussira  avec  certaines  dispositions  accessoires,  à  la 
condition  que  les  chaudières  nouvelles  fonctionnent  à  une  pression  de 
5  à  6  kilogrammes  pour  centimètre  au  lieu  de  4  kilogrammes,  ce  qui, 
actuellement,  est,  en  général,  la  limite  pour  les  grosses  machines  mari- 
nes. Le  calcul  indique  qu'on  doit,  dans  ces  conditions,  réaliser  une 
économie  de  12  à  15  0/0.  Contentons-nous  toutefois  d'espérer  1/J0.  On 
rendrait  déjà  disponibles  sur  l'approvisionnement  de  charbon  140  ton- 
neaux de  poids  et  le  volume  correspondant. 

2°  Le  second  perfectionnement  dont  je  veux  dire  un  mot  consiste- 
rait à  diminuer  le  poids  des  chaudières  en  y  rendant  la  combustion 
plus  active. 

Sur  les  920  tonneaux  que  nous  avons  comptés  pour  J'appareil  moteur, 
les  chaudières  représentent  464  tonneaux,  c'est-à-dire  plus  de  la  moitié. 

Il  est  permis  de  penser  qu'on  gagnera  bientôt  quelque  chose  sur 
un  poids  aussi  élevé,  lorsqu'on  sait  que,  dans  les  chaudières  marines 
actuelles,  on  brûle  inoins  de  1  kilogramme  par  décimètre  carré  de  grilles 
et  par  heure,  tandis  que,  dans  les  locomotives,  on  atteint  4  et  5  kilo- 
grammes. 

Bien  des  raisons  s'opposent  à  ce  que,  sur  mer,  on  arrive  à  ce  der- 
nier chiffre;  mais  la  question  de  rendre  la  combustion  plus  active  a 
déjà  été  étudiée  dans  de  nombreux  mémoires  d'ingénieurs.  Dès  18b'K, 
elle  a  été  traitée  par  Flachat  et,  tout  récemment,  dans  un  remarquable 
travail,  M.  de  Maupeou,  ingénieur  à  Cherbourg,  indique  le  tirage  forcé 
et  l'emploi  de  ventilateurs  aspirants  comme  devant  amener  la  solution 
du  problème.  Il  y  a,  en  outre,  des  faits  d'expérience,  notamment  sur 
certains  bateaux  du  Rhône. 

Tout  en  restant  loin  du  chiffre  des  locomotives,  supposons  qu'on 
arrive  seulement  à  2  kilogrammes  par  décimètre  carré  et  par  heure,  il 
en  résulterait  que  le  poids  des  chaudières  pourrait  déjà  être  diminué 
d'environ  150  tonneaux.  Admettons  toutefois  le  chiffre  de  100  tonneaux 
seulement.  Je  dois  dire  ici  que  la  condition  de  réussite  complète  d'une 


DAYMARD,  —  ÉTUDE  SUR  LES  PAQUEBOTS  TRANSATLANTIQUES     241 

marche  à  une  pression  plus  élevée  et  d'une  combustion  plus  active, 
réside  dans  la  perfection  du  travail  d'exécution  des  chaudières,  qui 
devraient  être  laites  comme  des  pièces  d'ajustage  proprement  dites,  ce 
qui,  d'ailleurs,  n'a  rien  d'impossible,  et  c'est  un  point  que  je  recom- 
mande tout  particulièrement  à  MM.  les  constructeurs. 

3°  Si  nous  envisageons  le  combustible  lui-même,  il  y  a  aussi  des  pro- 
grès à  atteindre. 

Sans  aller  jusqu'à  compter  sur  l'emploi  du  pétrole  liquide,  dont 
M.  l'ingénieur  Mangin  a  pu  cependant,  en  utilisant  les  travaux  de 
M.  Sainte-Claire  Deville,  se  servir  avec  succès  sur  un  petit  bateau  porte- 
torpilles  que  j'ai  vu  fonctionner  à  Hochefort,  on  doit  espérer  obtenir,  à 
poids  et  à  volume  égal,  des  combustibles  marins  d'une  plus  grande  puis- 
sance calorifique  que  ceux  usités  aujourd'hui  ;  je  puis  même,  à  ce  sujet, 
vous  donner  mieux  que  des  espérances  et  citer  des  résultats  déjà  obtenus 
par  notre  Compagnie. 

Dans  l'usine  d'agglomérés  de  Saint-Nazaire,  sur  l'initiative  d'un  des 
administrateurs,  M.  E.  Pereire,  on  a  fabriqué  avec  des  menus  de  Car- 
dif  des  briquettes  additionnées  de  pétrole  ou  d'huiles  lourdes,  qui,  à 
poids  égal,  ont  présenté  un  pouvoir  calorifique  supérieur  de  près  de  un 
cinquième  à  celui  des  meilleurs  charbons. 

Le  prix  du  kilogramme  est  augmenté,  il  est  vrai,  dans  la  même  pro- 
portion; mais  en  attendant  mieux,  il  reste  pour  la  navigation  le  béné- 
fice de  la  diminution  du  poids  et  du  volume. 

Au  lieu  du  chiffre  de  1/5  indiqué  par  de  premières  expériences,  bor- 
nons-nous à  celui  de  1/10. 

Ce  bénéfice,  cumulé  avec  l'abaissement  de  1/10  dans  la  consommation 
par  cheval,  amènerait  une  diminution  de  266  tonneaux  dans  le  char- 
bon nécessaire  à  notre  traversée  transatlantique  et  réduirait  l'approvi- 
sionnement de  1,400  à  1,134  tonnes. 

C'est  donc  en  tout  266  tonneaux  et  le  volume  correspondant  qu'on 
peut  légitimement  espérer  rendre  disponibles  pour  le  chargement,  ou 
qui  permettraient  encore  une  nouvelle  augmentation  de  vitesse,  s'il  était 
jugé  utile  et  prudent  de  dépasser  seize  nœuds  dans  la  navigation  spé- 
ciale qui  nous  occupe. 

Messieurs,  je  résume  cette  question  des  perfectionnements  nouveaux 
possibles  dans  les  machines  marines,  en  proposant,  comme  but  à  vos 
recherches  théoriques  et  pratiques,  les  moyens  de  les  affirmer  et  de  les 
étendre.  Ce  qu'il  faut^pour  cela,  c'est  : 

1°  Améliorer  la  construction  ou  les  dispositions  des  chaudières  de 
manière  à  rendre  choses  courantes  l'emploi  d'une  pression  de  5  à  6  ki- 
logrammes par  centimètre  et  une  combustion  de  2  kilogrammes  par 
décimètre  carré  de  surface  de  grille  et  par  heure; 

16 


242  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

2°  Rechercher  et  fabriquer  au  besoin  un  combustible  doué  d'une 
grande  puissance  calorifique,  dût  son  prix  de  revient  être  proportionné 
et  même  légèrement  supérieur  à  cette  puissance. 

Enfin,  je  termine  en  signalant  à  ceux  d'entre  vous  qui  sont  disposés 
à  rechercher  des  perfectionnements  aux  navires,  ce  principe  d'architec- 
ture navale  dont  l'importance  ressort  de  tout  ce  qui  précède;  il  faut 
tendre,  par  tous  les  moyens,  à  obtenir  un  effet  d'Hermine  avec  le  moindre 
poids  et  sous  le  plus  petit  volume  possibles. 


M.  G.  FLOÏÏKENS 

Ingénieur  Chimiste. 


PROCÉDÉ  DE  CLAIRÇAGE  POUR  LA   FABRICATION  DU  SUCRE  RAFFIN 
EN   MORCEAUX  RÉGULIERS  (1). 


Séance  du  -'■')  août   1877.  — 


M.  Pierre  GELLIEZ 

îcnieur,  inspecteur  du  Contrôle  Je  l'exploitation  coi erciale  des  tramway. 

des  départements  de  Seine  et  de  Seine-et-Oise. 


DE  L'EXPLOITATION  DES  TRAMWAYS  A  PARIS. 


—  Séance  du  29  août   1877.  — 

Les  tramways  ont  été  introduits  à  Paris  vers  1855,  à  un  moment  où, 
depuis  plusieurs  années,  cette  voie  de  transport  fonctionnait  déjà  en 
Amérique,  aussi  leur  donna-t-on  à  cette  époque  le  nom  de  chemin  de 
fer  américain. 

Le  concessionnaire  de  la  première  ligne  établie  dans  Paris  fut  M.  Lou- 
bat,  pour  une  durée  de  trente  années,  pour  des  voies  ferrées  desservies 
par  des  chevaux,  à  établir  de  Vineennes  au  pont  de  Sèvres  et  au  rond 
point  de  Boulogne.  (Concession  du  18  lévrier  1854.) 

Cette  seule  concession  fut  exploitée  jusqu'en  1870  de  la  place  de  la 
Concorde  vers  Sèvres  et  Boulogne. 

Après  la  guerre  de  1870-71  la  voie  fut  prolongée  jusqu'au  Louvre. 

lit  Bulletins  de  la  Soeielé  industrielle  du  nonl  de  la  France,  a-  20,  année  1877- 


P.    CELLIE/..    —   DE    L  EXPLOITATION    DES    TRAMWAYS    A   PARIS  243 

Le  9  août  1873,  un  décret  d'utilité  publique  concéda  au  département 
de  la  Seine  l'autorisation  d'établir  un  réseau  de  voie  terrée. 

Le  18  octobre  1873  un  décret  approuvait  les  traités  passés  par  le 
département  de  la  Seine  :  1"  Avec  la  compagnie  des  Omnibus,  2°  avec 
la  compagnie  des  Tramways  extérieurs  du  nord  pour  l'exploitation  d'un 
réseau  de  voies  ferrées  à  traction  de  chevaux  dans  Paris  et  la  banlieue. 

Le  o  juin  l8~o,  un  décret  approuvait  le  traité  passé  entre  le  départe- 
ment de  la  Seine  et  la  compagnie  des  Tramways  de  Paris  pour  l'éta- 
blissement et  l'exploitation  du  réseau  extérieur  du  sud  des  voies  ferrées 
à  traction  de  chevaux  dans  Paris  et  la  banlieue. 

La  voie  adoptée  aujourd'hui  pour  les  tramways  a  ln\ii  d'éeartement 
entre  les  rails.  L'ancienne  concession  Loubat  porte  seule  un  écartement 
de  lm,oi  du  Louvre  vers  Sèvres  et  Saint-Clond. 

Voie.  —  Je  ne  dirai  rien  ici  de  la  construction  de  la  voie  que  le  lecteur 
trouvera  en  détail  dans  les  publications  techniques;  si  ce  n'est  pour 
signaler  une  disposition  ingénieuse  adoptée  à  Paris  par  la  Compagnie 
des  Omnibus. 

L'emploi  des  plaques  tournantes  sur  la  voie  publique  n'étant  pas 
encore  rendu  pratique,  la  voiture  doit  être  symétrique  pour  pouvoir 
circuler  dans  les  deux  sens. 

La  Compagnie  des  Omnibus  a  résolu  le  problème  d'une  autre  ma- 
nière, qui  permet  d'employer  des  voilures  à  avant-train  mobilisable, 
fermées  complètement  à  l'avant.  Pour  cette  solution,  elle  place  aux  tètes 
de  ligne  ce  qu'elle  appelle  des  boucle*  de  braquement.  La  boucle  de  bra- 
quement  est  une  partie  quasi-circulaire  qui  relie  les  voies  d'aller  et  de 
retour  en  traçant  séparément  dans  cette  partie  les  chemins  parcourus  par 
les  roues  d'avant  et  par  celles  d'arrière  de  la  voiture  ;  plus  simplement  : 
la  boucle  comprend  deux  voies  :  une  pour  l'essieu  d'avant  et  l'autre 
pour  celui  d'arrière. 

Cette  combinaison  permet  de  diminuer  le  rayon  de  courbure  et  de 
pouvoir  ainsi  circuler  assez  facilement  dans  presque  tous  les  cas  diffi- 
ciles qui  peuvent  se  présenter  avec  une  voiture  non  symétrique. 

Matériel  roulant.  —  Les  voitures  omnibus  destinées  au  transport  sur 
les  tramways  à  Paris  appartiennent  à  trois  types  généraux. 

La  Compagnie  des  Omnibus  a  adopté  une  voiture  à  une  seule  entrée, 
à  avant-train  mobilisable,  qui  peut  contenir  48  voyageurs,  à  savoir  : 
20  à  l'intérieur,  6  sur  la  plate-forme  et  22  à  l'impériale.  L'intérieur  et 
la  plate-forme  sont  de  lre  classe,  et  l'impériale  seule  est  de  2e  classe. 
L'entrée  de  la  voiture  est  placée  en  arrière  à  droite. 

La  Compagnie  des  Tramways  Sud  a  adopté  une  voiture  symétrique  à 
deux  entrées^  deux  plates-formes.  Elle  peut  contenir  46  voyageurs,  sa- 
voir :  16  à  l'intérieur,  12  sur  les  plates-formes  et  18  à  l'impériale.  L'in- 


244  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

teneur  et  les  plates-formes  sont  de  lre  classe  et  l'impériale  seule  est  de 
2e  classe. 

La  Compagnie  du  Sud  pour  les  lignes  comportant  la  traction  à  vapeur 
a  été  tenue  de  couvrir  les  impériales  pour  éviter  la  projection  de  flam- 
mèches, escarbilles  ou  vapeur  sur  les  voyageurs. 

La  Compagnie  des  Tramways  Nord  a  adopté  un  type  de  voitures 
symétrique,  sans  impériale,  qui  contient  seulement  32  voyageurs,  sa- 
voir :  16  voyageurs  de  lre  classe  à  l'intérieur  et  16  voyageurs  de 
2°  classe  sur  les  plateformes. 

Freins.  —  Les  freins  adoptés  sur  ces  voitures  sont  :  le  frein  à  chaînes 
et  à  enroulement,  pour  les  compagnies  du  Nord  et  du  Sud,  et  le  frein 
à  levier  manœuvré  par  une  vis  à  filets  carrés  et  un  volant  pour  la  Com- 
pagnie des  Omnibus.  Le  premier  de  ces  systèmes  donne  de  très  bons 
résultats  et  le  cocher  est  maître  d'arrêter  dans  un  espace  de  temps 
suffisamment  court,  9  à  12  mètres  ordinairement. 

11  n'en  est  pas  de  même  du  frein  adopté  par  la  Compagnie  des  Om- 
nibus; les  dimensions  en  sont  trop  faibles  et  la  manœuvre  trop  lente. 
Tous  les  freins  des  deux  systèmes  sont  en  fonte  et  les  roues  sont  en 
acier  ou    en   fonte,  ce  qui  met  ces  appareils  dans  de  mauvaises  condi- 
tions. 

Aérage  et  chauffage.  —  L'aérage  des  voitures,  principalement  en  été, 
et  le  chauffage  en  hiver,  sont  deux  questions  connues  qui  n'ont  pas 
encore  reçu  de  solutions  satisfaisantes. 

L'aérage  n'est  pas  réglé  et  le  chauffage  coûte  trop  cher  avec  des 
appareils  trop  compliqués. 

Traction.  —  La  traction  est  faite  soit  par  des  chevaux  soit  à  vapeur. 

Traction  par  chevaux.  —  La   traction    par   chevaux   est   appliquée  à 

Paris,  suivant  deux  systèmes    différents  :  La  Compagnie  des  tramways 

Nord   attelle  sans  timon,    et   la    Compagnie    des   Omnibus  et  celle  des 

tramways  Sud  ont  un  timon. 

Dans  le  système  de  voitures,  adopté  par  la  Compagnie  des  Omnibus, 
le  timon  est  indispensable  à  raison  de  l'avant  train  mobile.  Il  n'en  est 
pas  de  même  dans  les  voitures  symétriques. 

Le  timon  a  ses  avantages  et  ses  inconvénients.  Suivant  nous  dans  les 
tramways  le  rôle  du  timon  doit  être  beaucoup  moins  important  que 
dans  les  voitures  ordinaires.  Dans  les  tramways,  il  ne  doit  servir  que 
pour  l'attelage  des  chevaux  et  non  pour  l'arrêt  de  la  voiture  qui  doit 
toujours  être  fait  avec  le  frein.  Aussi  sommes-nous  d'avis  qu'un  timon 
sera  toujours  trop  faible  pour  retenir  seul  la  voiture,  et  que  c'est  un 
faux  calcul  que  de  chercher  sur  une  voie;  ferrée  à  retenir  avec  un  timon 
et  2  chevaux,   une  voiture  qui  pèse  vide,  environ  2,o00  lulogr. 

Dans  les  voitures  de  la  Compagnie  des  Omnibus,  le  timon  est  fixé  à 


P.    CELLIEZ.   —    DE    [/EXPLOITATION    DES  TRAMWAYS   A   PARIS  245 

l'avant  train.  Dans  celles  delà  Compagnie  des  tramways  Sud,  le  timon 
et  les  palonniers  forment  un  ensemble  mobile  pour  permettre  de  chan- 
ger facilement  l'attelage  de  bout. 

La  Compagnie  des  tramways  Sud  emploie  dans  ses  écuries,  la  litière 
eu  sciure  de  bois,  système  qui  a  été  inauguré  à  Paris  par  la  Compa- 
gnie des  petites  voitures.  Elle  donne  comme  nourriture  une  ration 
composée  de  5  kil.  d'avoine,  2  kil.  500  de  maïs,  0\300  de  faverolles 
concassées  et  1  kil.  de  paille  hacher. 

Le  nombre  des  chevaux  affectés  à  une  voiture,  varie  avec  la  longueur 
de  la  ligne;  il  est  généralement  compris  entre  8  et  12,  et  calculé  de 
telle  manière  <pie  le  trajet  parcouru  par  un  cheval  soit  de  20  à  24  kilo- 
mètres par  jour. 

Traction  à  vapeur.  —  La  traction  à  vapeur  qui  a  été  autorisée  à  titre 
d'essai,  sur  la  ligne  de  Montparnasse  à  la  Bastille,  a  donné  des  résul- 
tats satisfaisants  au  point  de  vue  :  I"  de  la  possibilité  de  l'application 
de  ce  système  sur  des  voies  publiques  fréquentées  par  de  nombreuses 
voitures,  2°  des  services  qui  peuvent  Atre  rendus  par  ce  mode  de  trac- 
tion   lorsqu'une  ligne  est  appelée  à  un  grand  trafic. 

Le  matériel  avec  lequel  cet  essai  a  été  pratiqué  n'a  malheureusement 
pas  été  suffisamment  étudié  pour  l'usage  auquel  il  est  destiné. 

La  machine  employée  par  M.  Harding,  construite  chez  MM.  Merry- 
weather,  habiles  constructeurs  anglais  qui  ont  doté  les  pompiers  des 
pompes  à  vapeur,  est  trop  faible  de  constitution  générale  et  pèche  par 
deux  points  capitaux  :  le  foyer  et  le  réservoir  de  vapeur  sont  trop  exigus; 
en  outre  la  masse  de  l'eau  et  la  quantité  de  combustible  que  l'on  peut 
avoir  en  service  dans  cette  machine,  sont  trop  faibles  pour  le  travail 
qui  lui  est  demandé  d'une  manière  permanente.  Le  mécanicien  obligé 
de  manœuvrer  constamment,  et  le  chauffeur  de  corner  avec  la  trompe 
pour  avertir  du  passage  de  la  voiture  sur  la  voie  publique,  n'ont  pas  le 
temps  nécessaire  pour  donner  à  cette  machine  tous  les  soins  qu'elle 
exigerait  pour  fonctionner  utilement  et  économiquement. 

La  machine  Harding  est  une  machine  de  la  force  de  5  chevaux  en- 
viron. Elle  a  la  forme  d'une  petite  locomotive  à  quatre  roues  couplées; 
elle  est  enveloppée  d'une  cage  en  tôle  montant  à  hauteur  de  la  cein- 
ture et  est  surmontée  d'un  toit  que  traverse  la  cheminée;  l'avant  et 
l'arrière  sont  munis  de  vitrages  pour  garantir  les  conducteurs  de  la 
pluie  et  de  la  poussière. 

Cette  machine  est  la  seule  qui  ait  été  essayée  d'une  manière  complète  ; 
c'est-à-dire  qu'elle  a  été  employée  exclusivement  pour  la  traction  de  la 
ligne  de  Montparnasse  à  la  Bastille,  depuis  bientôt  un  an. 

Deux  autres  machines  vont  être  essayées,  ce  sont  celles  de  MM.  Mé- 
karski  et  celle  de  M.  Franck. 


240  NAVIGATION.  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

La  première  a  pour  principe  l'emploi,  dans  un  cylindre,  d'air  com- 
primé mêlé  à  de  la  vapeur  d'eau;  à  cet  effet,  la  machine  qui  fait  corps 
avec  la  voiture  est  alimentée  par  des  réservoirs  d'air  comprimé  chargés 
aux  stations  terminus.  Cet  air  traverse  un  appareil  nommé  bouillotte 
qui  renferme  de  l'eau  à  une  température  de  lô'O0  environ,  correspondant 
à  4  ou  5  atmosphères  de  pression,  et  ensuite  un  régulateur  dépression. 
Cette  addition  de  vapeur  d'eau  évite  les  inconvénients  ordinaires  de 
l'air  comprimé  employé  comme  force  motrice  dans  un  cylindre,  consis- 
tant dans  la  formation  du  grésil  produit  par  le  refroidissement  causé 
par  la  détente  de  l'air  comprimé. 

La  machine  de  Franck  est  une  locomotive  sans  foyer,  soit  un  réservoir 
de  vapeur  comprimée,  séparé  de  sa  chaudière,  auquel  est  joint  un  mé- 
canisme. Le  principe  est  celui-ci  :  on  part  d'une  station,  où  se  trouve 
une  chaudière  fixe,  à  l'aide  de  laquelle  on  introduit  dans  le  réservoir 
de  la  machine,  1,700  litres  d'eau  à  la  température  de  200°  environ, 
sous  la  pression  de  15  atmosphères;  cette  vapeur  est  détendue  dans  un 
régulateur  très-ingénieux,  qui  permet  de  l'employer  dans  les  cylindres  à 
une  pression  variant  de  une  atmosphère  à  la  pression  intérieure  du 
réservoir. 

Cette  machine  contient  une  provision  de  vapeur  suffisante  pour  pou- 
voir fonctionner  sur  un  parcours  de  14  kilomètres  environ,  dans  des 
conditions  moyennes.  Le  réservoir  de  vapeur  est  protégé  contre  le  refroi- 
dissement par  une  couche  d'air  de  30  centimètres,  une  couche  de  liège 
de  lo  centimètres  et  une  couche  de  bois  de  cèdre  de  15mm. 

La  difficulté  d'avoir  une  chaudière  fixe  donnant  de  la  vapeur  à  lo  at- 
mosphères n'a  pas  encore  permis  de  faire  d'essais  complets  de  cette  ma- 
chine, dont  le  principal  avantage  est  de  permettre  la  production  de 
vapeur  dans  des  conditions  très-économiques,  et  d'éviter  le  transport  sur 
la  voie  publique  d'un  foyer  produisant  de  là  vapeur.  Elle  a  des  combi- 
naisons très-ingénieuses  pour  éviter  le  refroidissement  ainsi  que  l'échap- 
pement de  la  vapeur  sur  la  voie  publique,  et  pour  recueillir  par  un  con- 
denseur à  surface,  la  vapeur  d'échappement. 

Enfin,  un  seul  homme  suffit  pour  la  conduire.  Un  système  complet 
de  manœuvre  se  trouve  à  chaque  extrémité,  et  le  conducteur  est  tou- 
jours ainsi  à  l'avant  de  la  machine.  Un  toit  léger  protège  la  machine  et 
le  conducteur  contre  les   intempéries. 

Les  dimensions  "principales  des  machines  Harding  et  Franck  sont  les 
suivantes  : 


I'.    CELLIEZ.    —    DE    L'EXPLOITATION    DKS    TBAMWAYS    A    PARIS  247 

HARDING.  FRANCK. 

Longueur  de  la  cage 2"\700  2"l,900 

Largeur 2»200  2m,100 

Hauteur  au-dessus  du  sol 2"',700  2">,800 

—      de  la  cheminée.   .   .   .  i"V200  3m,000 

Diamètre 0™,220  x 

Longueur  de  la  chaudière 1"\"00  2'»,000 

Longueur  du  foyer 0m,450  » 

Largeur 0"\<>00  » 

Hauteur 0"\600 

Écartement  des  essieux !m/*00  l"\300 

Longueur lm,450  l"1/*-" 

Diamètre 0»,090  x 

Diamètre  des  roues 0m,620  0»',7o0 

Épaisseur  de  la  jante 0ra,012  x 

Diamètre  intérieur  des  cylindres 0m,l.'»"i  0m,230 

Course  du    piston 0"\2i0  0-«,250 

Hauteur  du  plancher 0m.OC,:i  i»",070 

Hauteur  du  garde-fou 0m,085  i»"',085 

Poids  maximum  d'eau  chaule »  1,100 

Poids  de  la  machine  vide 2,000*  3,200* 

_               _        en    service 6,000*  7,700k 

Hauteur  du  dôme »  lm,000 

Diamètre »  °nN700 

Épaisseur  de    la  tôle    du  dôme »  0m,01-* 

Tube  réservoir   (diamètre) »  0m,lb0 

—            (épaisseur  de  la  tôle).   .   .  »  0""\00<> 

Bâche  à   eau  froide  (contenance) 0mr,200 

Consommation  de  coke  (par  12  h.).    .    .    .  200kà250*  se 

Timbre  de  la  chaudière l°k  ™ 

La  traction  à  vapeur,  transportant  le  public  plus  rapidement,  et  per- 
mettant au  moteur  de  s'arrêter  pour  ainsi  dire  instantanément,  exige 
(pour  en  retirer  tous  les  avantages)  la  présence  d'un  serre-frein,  ou 
second  conducteur  sur  la  voiture.  La  recette  devant  se  faire  plus  rapi- 
dement, un  seul  conducteur  suffit  difficilement,  pour  faire  monter  et 
descendre  les  voyageurs ,  et  surtout  pour  empêcher  le  public  de  descen- 
dre imprudemment. 

Jusqu'à  ce  jour,  la  Compagnie  du  Sud  a  employé  deux  conducteurs; 
elle  se  propose  d'en  supprimer  un  incessamment. 

Statistique.  —  Les  lignes  actuellement  en  exploitation  à  Paris,  dans  le 
département  de  la  Seine,  sont  les  suivantes  : 


248  NAVIGATION.  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

Par  la  Compagnie  des  Omnibus  : 

Longueur. 

Louvre  à  Saint-Cloud 10\057 

Louvre  à  Sèvres llk,30o 

Louvre  à  Yincennes 8k,045 

Étoile  à  la  Yillette 6k,065 

La  Yillette  au  Trône.    .       4k.5G8 

Par  la  Compagnie  du  Sud  : 

Saint-Germain-des-Prés  à  Fontenay 8k,700 

Saint-Germain-des-Prés  à  Yanves Gk,500 

Cluny  àYiHe^uif 5k,800 

Le  Trône  à  Montreuil 3k,37,"j 

Étoile  à  Montparnasse 4k,lG0 

Montparnasse  à  la  Bastille lk,909 

Par  la  Compagnie  du  Nord  : 

Suresnes  à  l'Étoile 7k,000 

Neuilly  à  Saint-Augustin 4k,000 

Gennevilliers  à  la  place  Moncey Gk,300 

Saint-Denis  à  la  place  Moncey Gk,500 

Saint-Denis  à  la  place  Jessaint 5k,800 

Aubervilliers  au  Château-d'Eau Gk,000 

Pantin  au  Château-d'Eau 5\200 

Le  trafic    sur  ces  lignes  s'est  élevé,    pondant  les  six  premiers  mois 
de  1877,  aux  chiffres  suivants  : 

Nombre  des  Voyageui 

Louvre  à  Saint-Cloud 1,220,649 

Louvre  à  Sèvres 519,584 

Louvre  à  Vincennes. 4,976,945 

Étoile  à  la  Yillette 1,859,604 

La  Yillette  au  Trône 2,469,175 

Saint-Germain-des-Prés  à  Fontenay 1,236,039 

Saint-Germain-des-Prés  à  Yanves  (3  mois).   .  222,21;) 

Cluny  à  Yillejuif 1,049,328 

Château-d'Eau  à  Pantin 517,389 

Aubervilliers  au  Château-d'Eau 1,003,713 

Saint-Denis  à  la  place  Jessaint 1,417,525 

Saint-Denis  à  la  place  Moncey 1,013,229 

Gennevilliers  à  la  place  Moncey 1,306,764 

Neuilly  à  Saint-Augustin 1,656,516 

Courbevoie  à  Saint-Augustin 999,668 

Suresnes  à  l'Étoile 2,151,055 

De   l'Étoile  à  Montparnasse 1,688,945 

De  Montparnasse  à  la  Bastille 1,54  i,i~:> 

2M..V;2.K22" 


P.   CELLIEZ.   —   DE    L  EXPLOITATION    DES    lUAMWAYs   A   PARIS  249 

Le  trafic  des  voyageurs  dans  les  Tramways  à  Paris,  d'après  ces  chiffres, 
s'élève  actuellement,  en  moyenne,  à  environ  : 

60  millions  de  voyageurs  par  an. 
5        —  —        par  mois. 

165,000  —        par  jour. 

La  ligne  la  plus  fréquentée  est  celle  de  l'Étoile  à  la  Villette,  qui  trans- 
porte dans  les  mois  d'été  plus  d'un  million  de  voyageurs  par  mois  sur 
un  parcours  de  cinq  kilomètres,  ce  qui  donne  35,000  voyageurs  par 
jour  : 

7,000  voyageurs  par  kilomètre,  par  jour. 

Le  tratie  sur  cette  ligne  est  le  quadruple  de  ce  qu'il  était  par  les 
Omnibus  ordinaires  autrefois. 

Ces  quelques  aperçus  montrent  avec  quelle  faveur  les  Tramways  ont 
été  accueillis  par  le  public  à  Paris.  C'est  à  peine  s'ils  sont  nés,  et  cer- 
taines lignes  ne  suffisent  presque  plus  au  transport  des  voyageurs  qui  se 
présentent! 

Le  recrutement  des  chevaux,  principalement  de  ceux  nécessaires  pour 
les  lourds  véhicules  de  la  Compagnie  des  Omnibus,  se  fait  déjà  difficile- 
ment; aussi  croyons-nous  que,  dans  un  avenir  prochain,  la  traction  se 
fera  à  vapeur,  surtout  pour  les  lignes  de  banlieue,  qui  ont  de  longs  espaces 
à  parcourir  sans  arrêt. 

La  traction  à  vapeur  offrira  en  outre  des  avantages  certains,  entre 
autres  :  la  facilité  de  monter  en  vitesse  de*  rampes  que  les  meilleurs 
chevaux  ne  pourront  jamais  franchir  qu'au  pas;  la  possibilité  d'avoir  en 
magasin  un  matériel  (moteur  et  voitures)  qui  ne  coûte  presque  rien 
d'entretien,  et  qui,  un  jour  d'affluence  du  public,  permettra  d'augmen- 
ter les  moyens  de  transport  sans  augmentation  sensible  de  personnel,  en 
donnant  des  facilités  de  pouvoir  atteler  deux  voitures  (et  même  peut- 
être  plus  de  deux)  sur  le  même  moteur. 

Au  moment  de  mettre  sous  presse  ces  quelques  notes,  six  nou- 
velles lignes  viennent  de  faire  l'objet  d'un  décret  de  concession,  à 
savoir  : 

1°  Une  ligne  du  cimetière  Saint-Ouen  à  la  Bastille,  par  les  boulevards 
Ornano,  Magenta,  Voltaire  et  Richard-Lenoir  ; 

"2"  Une  ligne  du  Louvre  à  Charenton,  parles  rues  de  Rivoli  et  Saint- 
Antoine  et  le  boulevard  Contrescarpe  et  les  quais  ; 

3°  Une  ligne  de  la  Chapelle  au  square  Monge,  par  le  faubourg  Saint- 
Denis,  les  boulevards  de  Strasbourg,  Sébastopol  et  Saint-Michel  et  la  rue 
des  Ecoles; 


250  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

4°  Une  ligne  de  la  porte  de  Montrouge  à  la  gare  de  l'Est  (ancien 
Omnibus)  ({)  ; 

5°  Une  ligne  du  cours  de  Vincennes  à  la  rue  aux  Ours,  par  le  boule- 
vard Voltaire  et  la  rue  Turbigo  (2)  ; 

6"  Une  ligne  du  Louvre  à  Passy  (Beauséjour),  par  les  quais,  l'avenue 
du  Trocadéro  et  la  Muette. 


M.  REMÏÏD 

Ingénieur  des  ponts  et  chausse';  au  Havre 


NOTE  SUR  LES  TRAMWAYS  DU  HAVRl. 


—  Séance  du  29  août  1877.  — 

Description  du  réseau.  —  Le  réseau  des  tramways  du  Havre,  actuel- 
lement en  exploitation,  comprend  deux  lignes  : 

La  première  part  de  Graville,  et  va  à  Frascati,  en  passant  par  l'Hôtel- 
de-Ville;  elle  suit  la  rue  de  Normandie,  la  grande  rue  d'Ingouville  et 
la  rue  de  Paris. 

La  seconde  ligne  se  sépare  de  la  première  au  rond  point  du  cours 
de  la  République  ;  elle  passe  également  sur  la  place  de  l'Hôtel-de-Ville, 
pour  aboutir  à  Sainte- Adresse.  Elle  emprunte  le  Cours,  le  boulevard  de 
Strasbourg,  la  rue  d'Etretat  et  la  rue  de  Sainte-Adresse. 

La  ligne  de  Sainte-Adresse  s'arrête  aujourd'hui  à  l'octroi  du  Havre  ; 
elle  sera  prochainement  prolongée  jusqu'au  centre  du  village  de  ce 
nom. 

La  ville  du  Havre  a  été  également  déclarée  concessionnaire  d'une 
ligue  de  tramways,  destinée  à  desservir  le  quartier  de  l'Eure  et  les  prin- 
cipaux entrepôts  du  Havre. 

Mais  diverses  circonstances  en  ont  fait  ajourner  la  construction  jus- 
qu'à ce  jour. 

L'ensemble  du  réseau  a  été  rétrocédé  à  la  Compagnie  générale  fran- 
çaise de  tramways,  qui  l'exploite  aujourd'hui. 

Les  premières  voitures  ont  circulé  le  1er  février  1874. 

Au  31  décembre  dernier,  la  longueur  livrée  à  la  circulation  était  de 
8,207  mètres. 

H)  Ouverte  le  27  décembre  1877- 
(2)  Ouverte  le  i"  décembre  \  877. 


RENAUD.  —    NOTE    SUB   LES  TRAMWAYS    DU    HAVRE  251 

Résultats  de  l'exploitation.  —  L'exploitation  a  donné  en  1877  les 
résultats  suivants  : 

Les  ears  ont  transporté  3,379,038  voyageurs,  ayant  produit  une 
recette  brute  deo69.4II  t'r.Oo,  ce  chiffre  correspond  à  un  produit  moyen, 
par  voiture  et  par  jour  de  104  fr.  Le  rapport  des  dépenses  journalières 
aux  recettes  brutes  a  été  de  0,65.  Les  frais  de  traction  sont  rassortis  à 
0,27  par  kilomètre  parcouru. 

La  Compagnie  possède  25  voitures;  15  sont  en  service  chaque  jour; 
ce  chiffre  est  porté  ù  21  les  dimanches  et  les  fêtes. 

Chaque  voiture  pèse  1,500  kilogrammes  et  porte  30  voyageurs  dont  8 
en  première  classe,  autant  en  seconde  classe,  et  7  sur  chacune  des 
plateformes.  ' 

La  cavalerie  se  compose  de  1L6  chevaux,  et  le  personnel  comprend 
82  agents.  Chaque  cheval  travaille  en  moyenne  2  heures  1/2  par  jour, 
et  parcourt  de  19  à  20  kilomètres. 

Voie.  —  La  voie  a  une  largeur  de  lm,44de  dehors  en  dehors  des  rails  ; 
dans  les  parties  à  double  voie,  l'entrevoie  est  de  1"\I0. 

Les  lignes  exploitées  actuellement  ont  été  construites  avec  des  rails 
en  fer,  pesant  16  kilog.  par  mètre  courant,  posés  sur  des  longrines  en 
sapin,  que  relient  des  traverses  de  même  essence. 

Les  rails  ont  été  fixés  à  l'origine  avec  des  vis,  puis  avec  des  bou- 
lons. 

La  Compagnie  a  reconnu  que  ces  voies  étaient  trop  faibles,  et  le  mode 
d'attache  insuffisant. 

Elle  adopte  aujourd'hui  le  rail  d'acier,  pesant  21  kilog.  par  mètre,  et 
l'essence  de  chêne  pour  les  longrines  et  les  traverses.  Elle  substitue  aux 
vis  et  aux  boulons  d'attache,  des  crampons  posés  latéralement. 

Là  où  cela  était  possible,  la  voie  a  été  doublée,  ou,  tout  au  moins, 
les  garages  ont  reçu  des  longueurs  considérables  de  manière  à  éviter 
les  arrêts  dans  le  service. 

Les  rues  et  les  boulevards  empruntés  par  les  tramways  ont  générale- 
ment de  grandes  largeurs  et  de  faibles  pentes. 

La  ligne  de  Graville  à  Frascati  a  dû,  toutefois,  passer  dans  la  rue 
d'Ingouville,  où  la  largeur  entre  trottoirs  tombe  à  5m,70;  sur  210'"  de 
longueur,  la  voie  longe  un  des  trottoirs. 

La  ligne  de  l'Hôtel-de-Ville  à  Sainte- Adresse  a  emprunté  sur  477 
mètres  la  rue  d'Etretat;  la  largeur  entre  trottoirs  est  de  7  mètres,  et 
celle  entre  les  façades  de  10  mètres.  La  voie  est  au  milieu  de  la  chaus- 
sée ;  dans  ce  passage,  les  rampes  atteignent  0m,044. 

La  plus  petite  courbe  a  un  rayon  de  20  mètres,  elle  se  trouve  dans  la 
rue  d'Ingouville. 

Voitures.  —  Les  voitures  sont  d'un  type  léger  et  commode.  Construi- 


2o2  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

tes  d'abord  avec  une  roue- folle  par  essieu,  elles  ont  aujourd'hui  toutes 
roues  fixes,  avec  boîtes  d'essieu  du  système  Delettrez.  Elles  sont  munies 
à  chacune  de  leurs  extrémités  d'un  frein  à  treuil.  Elles  vont  indifférem- 
ment dans  un  sens  ou  dans  l'autre. 

Tarifs.  —  Les  prix  sont,  pour  une  première  section  ou  fraction  de 
section  parcourue,  de  0,15'  en  lro  classe;  on  paie  uniformément  0,10 
pour  toute  section  ou  fraction  de  section  suivante,  quelle  que  soit  la 
classe. 

La  longueur  des  sections  varie  de  1,500  à  2,000  mètres. 

Exploitation.  —  La  Compagnie  a  établi  ses  écuries  et  ses  remises 
au  terminus  de  Gra ville;  l'installation  en  est  bien  entendue. 

Des  kiosques  d'attente  ont  été  posés  aux  principales  stations. 

Les  cars  partent  chaque  matin  de  (ii  avilie  pour  se  répandre  dans  la 
ville. 

Le  service  commence  le  matin  à  7  heures  en  été,  et  à  8  heures  en 
hiver;  il  finit  suivant  la  saison,  à  10  ou  11  heures  du  soir. 

La  vitesse  moyenne  des  voitures  ressort  à  9  kilom.  par  heure. 

La  traction  est  faite  par  un  seul  cheval  en  dehors  des  points  à  forte 
pente,  où  un  cheval  de  renfort  devient  nécessaire. 

La  Compagnie  essaie  depuis  quelque  temps  d'atteler  des  mules  d'Es- 
pagne ;  cette  expérience  paraît  devoir  donner  de  bons  résultats  au  point 
de  vue  des  dépenses  de  traction. 


M.  A.   LAÏÏSSEMT 

Colonel  'lu  sn'-nie. 


LES  PROGRÈS  RÉCENTS  DE  L'AÉRONAUTIQUE. 


—  Séance  ■/«  m  août  ls~7.  — 


lout  le  monde  sait  avec  quel  enthousiasme  fut  accueillie  la  décou- 
verte de  Montgolfier  presque  aussitùl  perfectionnée  par  le  physicien 
Charles,  mais  restée  pendant  de  longues  années  dans  le  même  état, 
entre  les  mains  des  aéronautes  de  profession.  Ce  que  l'on  sait  moins, 
c'est  qu'un  illustre  ingénieur  militaire  qui  fut  un  des  meilleurs  géo- 
mètres et  physiciens  de  son  temps,  le  général  Meusnier,  mort  de  ses 
blessures,  à  Mayence,  en  1793,  à  l'âge  de  quarante  ans,  avait  consacré 
près  de  dix  années  de  sa  trop  courte  existence  à  la  solution  du  problème 


A.    LAUSSEDAT.    —    LES   PROGRÈS  RÉCENTS   DE    i/ AÉRONAUTIQUE  253 

si  délicat  de  la  navigation  aérienne  el  qu'il  avait  approché  du  but  au- 
tant qu'on  le  pouvait  taire  de  son  temps. 

Les  mémoires  de  Meusnier,  que  nous  possédons  heureusement  dans 
leur  entier,  sont  si  peu  connus  que,  tout  récemment,  une  commission 
académique  chargée  d'apprécier  l'œuvre  d'un  autre  éminent  ingénieur, 
31.  Dupuy  de  Lôme,  n'a  t'ait  allusion  qu'à  la  poche  à  air  imaginée  par 
Meusnier  pour  taire  monter  ou  descendre  son  aérostat,  sans  perte  de 
gaz  ni  de  lest,  et  que  M.  Dupuy  de  Lomé  emploie  pour  tenir  l'étoile  du 
ballon  constamment  tendue.  11  est  même  dit  positivement  dans  le  rap- 
port au  ministre  de  l'instruction  publique  que  Meusnier  ne  s'était  pas 
occupé  de  diriger  les  ballons.  Or  les  mémoires  dont  j'ai  parlé  plus 
haut  contiennent  un  projet  d'aérostat  dirigeable  dans  lequel  la  forme 
allongée  du  ballon,  l'emploi  de  l'hélice  et  celui  du  gouvernail  sont  non- 
seulement  indiqués,  mais  élucidés,  illustrés,  comme  on  dirait  aujourd'hui; 
par  des  dessins,  des  calculs  et  les  devis  nécessaires  pour  en  arriver  à 
l'exécution. 

L'illustre  physicien  n'avait  à  sa  disposition  que  des  moteurs  animés 
pour  faire  tourner  ses  hélices,  mais  il  avait  eu  soin  de  recommander 
aux  aéronautes  de  sonder  l'atmosphère,  en  s'y  élevant,  et  de' rechercher 
les  courants  qui  pouvaient  les  aider  à  avancer  dans  la  direction  qu'ils 
avaient  en  vue  ou  ceux  qui  s'en  éloignaient  le  moins.  11  avait  égale- 
ment pressenti  les  progrès  que  l'aérostation  est  appelée  à  faire  Taire  à 
la  météorologie. 

Les  travaux  de  Meusnier  n'ont  cependant  pas  été  ignorés  de  tout  le 
monde,  car  c'est  en  les  prenant  pour  point  de  départ  qu'un  auteur  dis- 
tingué, M.  Marey-Monge,  a  proposé  le  premier  de  faire  progresser  des 
ballons  allongés  munis  d'une  hélice  et  d'un  gouvernail,  à  l'aide  de 
machines  à  vapeur.  Le  mémoire  de  M.  Marey-Monge,  sur  lequel  un  rap- 
port très-détaillé  avait  été  fait  à  la  Société  d'encouragement  par  le 
regretté  professeur  du  Conservatoire,  M.  Alcan,  fut  publié  chez  Mallet- 
Bachelier  en  1847. 

En  1851  et  en  1855,  deux  tentatives  hardies  furent  faites  par 
M.  H.  Giffard  pour  diriger  un  ballon  allongé  au  moyen  d'une  petite 
locomobile  à  cheminée  renversée  ;  mais  les  conditions  clans  lesquelles 
expérimentait  cet  ingénieur  étaient  peu  favorables,  el  l'on  ignore 
s'il  est  parvenu  à  mesurer  la  vitesse  imprimée  à  son  ballon  par 
le  moteur  et  la  déviation  qui  en  résultait  par  rapport  à  la  direction 
du  vent. 

A  l'époque  où  Marey-Monge  proposait  l'emploi  de  la  vapeur,  les 
machines  connues  atteignaient  un  tel  poids,  par  force  de  cheval,  qu'il 
eût  fallu  accroître  prodigieusement  le  volume  des  ballons  pour  pouvoir 
enlever   les    machines   et  pour  compenser  par  la  puissance  de  ces  der- 


-oi  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

nières  la  résistance  de  l'air  au  mouvement  du  système.  Il  en  était  en- 
core de  même  en  1851  et  en  185o  ;  aussi  les  aéronautes  de  l'école  de 
Marey-Mongc  sont-ils  restés  sous  cette  impression  et  parlent-ils  toujours 
d'aérostats  colossaux,  tandis  qu'il  est  bien  préférable  et  très-possible 
aujourd'hui  de  recourir  à  des  aérostats  d'un  faible  volume,  suffisants 
pour  enlever  des  machines  déjà  assez  puissantes  pour  les  entraîner  dans 
la  plupart  des  circonstances  atmosphériques. 

M.  Dupuy  de  Lôme,  à  qui  l'on  est  redevable  de  l'étude  la  plus  com- 
plète et  la  plus  savante  qui  ait  été  faite  sur  les  aérostats  dirigeables,  n'a 
pas  voulu  recourir  aux  machines  et  s'est  contenté  de  la  force  muscu- 
laire d'un  certain  nombre  d'hommes  pour  mettre  son  hélice  en  mou- 
vement. J'ai  déjà  dit  que  le  célèbre  ingénieur  avait  pensé  à  assurer  la 
rigidité  de  l'enveloppe  de  l'aérostat  au  moyen  d'une  poche  ou  ballonet 
intérieur,  dans  lequel  un  ventilateur  manœuvré  de  la  nacelle  permettait 
d'introduire  de  l'air  au  fur  et  à  mesure  de  la  déperdition  du  gaz.  Enfin, 
il  faut  ajouter  que  personne  avant  M.  Dupuy  de  Lôme  n'avait  résolu 
avec  autant  de  succès  le  problème  de  la  suspension  de  la  nacelle  au 
ballon  allongé,  ce  à  quoi  il  est  parvenu  à  l'aide  de  deux  filets  disposés 
de  la  manière  la  plus  ingénieuse  et  qui  assurent  la  solidarité  parfaite 
des  différentes  parties  du  système. 

Quand,  le  2  février  1872,  M.  Dupuy  de  Lôme  lit  l'essai  de  son  aéros- 
tat, le  vent  était  d'une  violence  extrême  et  la  force  motrice  dont  il  dis- 
posait était  insuffisante  pour  lui  permettre  d'obtenir  une  déviation  bien 
sensible.  Aussi,  dans  le  public  ordinaire,  considère-t-on  cette  expérience 
comme  un  échec,  tandis  qu'en  réalité,  elle  a  tenu  tout  ce  qu'il  était 
raisonnable  d'en  attendre.  Le  calcul  montre  en  effet  de  la  manière  la 
plus  simple  qu'avec  un  vent  de  16  à  17  mètres  par  seconde,  les  huit 
hommes  qui  faisaient  tourner  l'hélice  ne  pouvant  imprimer  au  ballon 
qu'une  vitesse  de  2m,80,  la  déviation  devait  être  de  douze  degrés  envi- 
ron t  et  c'est  cette  déviation  qui  fut  constatée  par  M.  Dupuy  de  Lôme 
et  par  son  collaborateur,  31.  l'ingénieur  Zédé,  toutes  les  fois  que  les 
hommes  faisaient  tourner  l'hélice. 

M.  Dupuy  de  Lôme  était  donc  en  droit  d'affirmer,  comme  il  l'a  fait, 
que  si  l'on  substituait  huit  chevaux-vapeur  aux  huit  hommes  d'équipe, 
on  parviendrait,  avec  le  même  aérostat  «  à  se  dévier  du  lit  du  vent 
d'un  angle  considérable,  par  les  vents  ordinaires,  et  même  assez  sou- 
vent à  faire  route,  par  rapport  à  la  terre,  dans  toutes  les  directions 
qu'on  voudrait  suivie  ». 

A  peu  près  dans  le  même  temps  que  M.  Dupuy  de  Lôme  étudiait 
avec  une  si  grande  supériorité  la  question  de  la  direction  des  aérostats, 
un  ingénieur  autrichien,  M.  llaenlein,  parvenait  à  réunir  les  fonds 
nécessaires  pour  construire  un  ballon  allongé  qu'il  se  proposait  de  cou- 


A.   LAUSSEDAT.    —    LES    PROGRÈS    RÉCENTS    DE    L* AÉRONAUTIQUE  25o 

duire  à  l'aide  d'un  moteur  à  gaz.  L'expérience  a  été  tentée  à  Brùnn, 
en  Moravie,  en  1N"3,  mais  le  poids  de  l'étoffe  et  l'emploi  du  gaz  de 
l'éclairage  an  lieu  de  gaz  hydrogène  ont  contribué  à  empêcher  le  ballon 
d'avoir  une  l'orée  ascensionnelle  suffisante  et  il  a  fallu  se  contenter, 
quand  le  moteur  a  été  soulevé  à  une  assez  faible  hauteur,  de  le  l'aire 
fonctionner,  tout  en  maintenant  le  ballon  à  l'état  captif,  et  de  constater 
la  tendance  de  celui-ci  à  progresser  dans  une  direction  différente  de 
celle  du  vent. 

Tel  était  l'état  de  la  question  des  aérostats  dirigeables,  quand  M.  le 
ministre  de  la  guerre  institua  une  commission  spéciale  pour  examiner 
le  parti  (pie  l'on  pouvait  tirer  des  ballons  dans  les  opérations  mili- 
taires. 

Je  m'abstiendrai  d'entrer  ici  dans  des  détails  qui  n'auraient  aucun 
intérêt  pour  la  section  et  je  me  bornerai  à  parcourir  rapidement  les 
principaux  sujets  qui  ont  été  étudiés  par  cette  commission  que  des  jour- 
nalistes mal  intentionnés  ou  mal  renseignés  n'ont  pas  craint  d'accuser 
publiquement  de  négligence  ou  d'insuffisance,  en  réservant  leurs  éloges 
pour  des  étrangers  dont  personne  n'a  vu  les  œuvres. 

Cette  énumération,  qui  sera  suivie  d'explications  verbales  données 
par  un  des  officiers  qui  ont  le  plus  étudié  la  question  de  l'aérostation, 
est  d'autant  plus  nécessaire  que  d'autres  personnes  publient  aujourd  hui 
des  procédés  entièrement  analogues  à  ceux  imaginés  il  y  a  deux  ans  et 
plus,  par  les  membres  de  la  commission  qui  s'efforçaient  de  les  tenir 
secrets,  mais  qui,  ne  le  pouvant  plus,  sont  obligés  de  les  l'aire  connaître 
pour  ne  pas  se  trouver   exposés  à  être  taxés  de  plagiat. 

Je  commencerai  par  une  remarque  dont  l'importance  ne  saurait  vous 
échapper. 

En  attendant  que  les  expériences  nécessaires  aient  été  faites  et  conti- 
nuées aussi  longtemps  qu'il  le  faudra  avec  les  ballons  dirigeables,  il 
était  prudent  de  ne  pas  renoncer  aux  ballons  libres  qui  ont  été  si  utiles 
pendant  le  siège  de  Paris,  mais  il  était  indispensable  de  perfectionner 
leurs  organes  restés  pour  la  plupart  tels  que  Charles  les  a  imagines, 
c'est-à-dire  dans  un  état  tout  à  fait  imparfait  et  peu  digne  des  progrès 
récents  de  la  mécanique. 

Enfin,  il  était  intéressant  de  reprendre  les  essais  des  ballons  captifs 
si  brillamment  inaugurés  par  les  aérostiers  de  la  première  République 
et  bientôt  abandonnés  sans  qu'on  ait  jamais  bien  su  pourquoi. 

Les  études  à  entreprendre  devaient  donc  embrasser  les  ballons  cap- 
tifs, les  ballons  libres  ou  ballons-poste  et  les  ballons  dirigeables. 

Ballons  captifs.  —  il  n'y  avait  rien  de  mieux  à  faire  que  de  reprendre 
ies  errements    des  Conté    et    des  Coutelle  dont    nous  avions  entre  les 


256  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  .MILITAIRE 

mains  les  mémoires  et  les  remarquables  dessins.  Nous  avons  donc 
entrepris  l'étude  de  la  résistance  des  étoffes  et  reconnu  la  nécessité 
d'employer  d'excellente  soie.  x\Tous  avons  étudié  de  même  la  résistance 
des  cordages  et  choisi  ceux  qui,  sous  le  moindre  poids,  offraient  le  plus 
de  garantie  de  solidité.  Des  appareils  spéciaux  et  très-précis  ont  été 
construits  pour  faire  ces  essais. 

L'imperméabilité  de  l'aérostat  au  gaz  hydrogène  avait  été  obtenue  par 
l'application  d'un  vernis  dont  Conté  avait  indiqué  assez  vaguement  la 
composition.  MM.  le  commandant  Delambre  et  le  capitaine  Renard, 
après  d'assez  longues  recherches  parfaitement  conduites,  ont  retrouvé  ce 
vernis  et  nous  sommes  certains  que  les  ballons  dont  l'étoffe  en  est 
recouverte  se  conserveraient,  comme  les  ballons  des  armées  de  Sambre- 
et-Meuse  et  du  Rhin,  gonflés  pendant  des  mois  entiers.  Un  appareil 
très-délicat  a  été  construit  par  les  mêmes  officiers  pour  constater  l'im- 
perméabilité des  étoffes  enduites  de  vernis,  sous  des  pressions  déterminées 
et  supérieures  à  celles  qui  existent  dans. les  ballons. 

Au  lieu  de  cordages  nombreux  tenus  par  des  hommes,  on  a  adopté 
un  seul  câble  manœuvré  à  l'aide  d'un  cabestan  muni  d'un  frein  très- 
simple  et  très-sûr.  Le  mode  de  suspension  de  la  nacelle  a  été  l'objet 
d'une  étude  particulière  de  la  part  de  M.  le  capitaine  Renard. 

Enfin,  ce  même  officier  avait  trouvé  un  procédé  rapide  et  économique 
de  fabrication  de  l'hydrogène  par  la  voie  humide.  L'idée  de  ce  procédé, 
que  Thénard,  membre  d'une  commission  d'aérostation  militaire  instituée 
sous  la  Restauration,  n'a  pas  eue  en  1828,  paraît  être  venue,  à  peu  près 
en  même  temps,  à  M.  Renard  et  à  un  ingénieur  bien  connu  qui  l'a  fait 
communiquer  ici  même  à  la  section  de  chimie.  Il  est  de  mon  devoir 
toutefois  de  déclarer  que  tous  les  membres  de  la  commission  et  M.  le 
ministre  de  la  guerre  lui-même  connaissaient  ce  procédé  depuis  le  mois 
d'août  187o,  date  du  dépôt  du  mémoire  de  M.  Renard  au  ministère  et 
dans  les  archives  de  la  commission,  d'où  il  n'est  sorti  que  du  mois  de 
novembre  1875  au  mois  d'avril  1876,  pour  être  confié  au  constructeur 
Flaud. 

Ballons-poste.  —  Les  organes  essentiels  qui  ont  été  perfectionnés  par 
la  commission  sont  au  nombre  de  trois  :  la  soupape,  le  lest  et  les  appa- 
reils d'arrêt. 

En  comparant  la  soupape,  dont  la  description  sera  donnée  de  vive  voix 
par  M.  le  capitaine  Renard  qui  l'a  imaginée,  avec  celle  qui  est  en  usage 
dans  les  ballons  ordinaires,  on  pourra  se  faire  une  idée  de  la  différence 
de  leur  fonctionnement  et  de  la  sécurité  qui  en  résulte  pour  les  aéro- 
nautes. 

Au  lieu  de  lest  solide,  on  a  eu  recours  au  lest  liquide  et  l'on  a  cherché 


A.  LAISSEDAT.  ^-  LES  PROGRÈS  RÉCENTS  DE  L'AÉRONAUTIQUE     257 

un  fluide  qui  ne  puisse  pas  se  congeler  aux  plus  basses  températures  de 
l'atmosphère  accessible.  La  soupape  et  le  vide-lest  peuvent  fonctionner 
automatiquement  et  maintenir  le  ballon  ù  une  hauteur  déterminée  à 
l'avance,  sans  que  l'aéronaute  ait  besoin  d'intervenir  constamment  lui- 
même. 

Parmi  les  moyens  d'arrêt  expérimentés  par  la  commission,  se  trouvent 
l'ancre-javelot  de  Meusnier  et  une  sorte  de  herse  en  ter  imaginée  par 
M.  le  capitaine  d'infanterie  de  La  Haye. 

Les  expériences  ne  sont  pas  terminées,  mais  les  résultats  qu'elles  ont 
déjà  donnés  au  dynamomètre  t'ont  prévoir  que  ceux  auxquels  on  arrivera 
dans  la  pratique  seront  satisfaisants.  Il  y  a  là  toutefois  des  difficultés 
sérieuses  et  la  commission  ne  se  tlatte  pas  de  les  avoir  toutes  sur- 
montées. 

Enfin  quiconque  a  mis  le  pied  dans  la  nacelle  d'un  ballon  ordinaire  a 
pu  remarquer  la  confusion  qui  y  régne  le  plus  habituellement.  A  l'excep- 
tion des  savants  qui,  depuis  Gay-Lussac  jusqu'à  M.  Glaisher,  ont  dû, 
pour  faire  leurs  observations,  disposer  leurs  appareils  avec  soin,  on  peut 
dire  qu'en  général  les  aéronautes  négligent  absolument  de  mettre  de 
l'ordre  dans  l'aménagement  de  la  nacelle. 

Une  étude  attentive  de  cet  engin  a  permis  de  disposer  sous  la  main  et 
sous  les  yeux  des  aéronautes  les  instruments  et  les  moyens  de  manœuvre 
dont  on  a  besoin  à  chaque  instant  et  spécialement  au  moment  de  la 
descente  qui  est  toujours  une  opération  critique. 

Ballons  diriyeables.  —  Les  principes  qui  ont  servi  de  guides  à  M.  Uu- 
puy  de  Lôme  ont  été  adoptés  pour  la  plupart  par  la  commission.  Toute- 
fois, pour  diminuer  les  résistances  passives  et  pour  augmenter  la  vitesse 
propre,  on  a  simplifié  considérablement  le  réseau  formé  parles  filets. 

Au  lieu  de  placer  l'hélice  dans  la  nacelle,  c'est-à-dire  à  une  assez 
grande  distance  du  point  d'application  de  la  résistance  de  l'air,  on  a 
construit  le  ballon  de  telle  manière  que  l'hélice  puisse  fonctionner  au 
centre  même  de  l'aérostat.  Pour  cela,  il  a  fallu  aménager  un  tube  dans 
l'axe,  problème  nouveau  qui  n'a  pu  être  résolu  que  par  l'emploi  d'un 
certain  nombre  de  cloisons  rayonnantes  attachées  d'une  part  à  h  sur- 
face extérieure  et  de  l'autre  à  celle  du  tube.  Un  modèle  d'une  grandeur 
suftisante  a  montré  l'exactitude  des  prévisions  de  l'auteur  du  projet. 

La  commission  n'a  plus  qu'à  se  décider  sur  le  choix  du  moteur  et  elle 
a  déjà  arrêté  le  programme  des  expériences  qu'elle  doit  faire  à  ce  sujet. 


258 


NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 


M.    RENAED 

Capitaine  du  «énic 


DESCRIPTIONS  D'APPAREILS  NOUVEAUX  RELATIFS  A  L'AÉRONAUTIQUE. 

[EXTRAIT   OU  l'ROCÈS-VEKDAL) 


—  Séance  du  29  août  181~.   — 

M.  Renaud  met  sous  les  yeux  de  la  section  un  modèle  et  des  dessins  de  la 
soupape  et  du  vide-lest,  ainsi  que  les  plans  du  ballon  tubulaîre  dont  a  parlé 
M.  le  colonel  Laussedat,  et  il  en  donne  une  description  détaillée. 

Il  s'occupe  ensuite  de  l'appareil  destiné  à  la  fabrication  rapide  de  l'hydro- 
gène. Nous  reproduisons  ici,  fîg.  23  et  2i,  les  dessins  d'ensemble  et  quelques 
détails,  ainsi  que  la  légende  explicative  et  la  description  du  mode  de  fonc- 
tionnement. 


Fig.  -23.  —  Coupe  du  générateur  du  vase  de  mélange 
et  du  réservoir  d'acide  sulfurique. 

I    belle  tle  j/53     . 


Coupe  transversale  du  vase 

tic  mélange. 


RENARD.    —   APPAREILS   NOUVEAUX    RELATIFS  A    L*  AÉRONAUTIQUE         259 


Coupes  du  robinet  <le  mélange.   Echelle  do  i  ':;" 


A.  Tuyau  d'arrivée  de  l'eau.  —  B.  Tuyau  d'arrivée  de  l'acide  sulfurique.  —  C.  Vase 
de  mélange  de  l'eau  et  de  l'acide.  — 1).  Dégagemenl  de  l'hydrogène.  —  R.  Robinet 
de  mélange.  —  R'.  Robinet  d'arrêt.  —  b.  Bielle  manœuvrant  automatiquement  le 
robinet  R.  —  m.  Volant  de  réglage  de  la  bielle!  —  V.  Conduites  du  mélange  dans 
le  générateur.  —  0.  Trop-plein  du  générateur.  —  X.  Réservoir  d'acide  sulfurique 
fonctionnant  par  l'air  comprimé  au  moyen  de  l'appareil  Z.  —  ».  Levier  comman- 
dant le  boisseau  du  robinet  de  mélange.  — ■  U.  Tuyau  d'arrivée  de  l'air  dans  le 
réservoir  d'acide  sulfurique. 

Fonctionnement  de  l'appareil.  —  Le  générateur  contient  de  la  tournure  de  fer  jus- 
qu'aux deux  tiers  environ  de  sa  hauteur,  et  c'est  silr  cette  tournure  qu'est  projeté 
le  mélange  d'eau  et  d'acide  sulfurique.  Ce  mélange  s'opère  automatiquement  de  la 
manière  suivante  par  un  robinet  à  trois  voies  :  le  vase  de  mélange  C  est  supporté 
par  quatre  ressorts  étantes  r,  réglés  de  telle  sorte  que  sous  le  poids  du  mélange 
au  degré  convenable,  il  occupe  une  certaine  position  d'après  laquelle,  on  règle  Ja 
longueur  de  la  bielle  b  pour  que  l'arrivée  de  l'eau  et  de  l'acide  se  fasse  convenable- 
ment. Si  le  mélange  cesse  de  se  faire  dans  la  même  proportion,  en  raison  de  la 
différence  de  densité  des  deux  liquides,  la  densité  du  mélange  varie  et  alors  la 
bielle  6,  attachée  directement  au  vase,  ouvre  ou  ferme,  suivant  le  cas,  l'un  des  deux 
orifices  du  robinet  par  l'intermédiaire  de  la  manivelle  u  calée  sur  le  boisseau. 


260  NAVIGATION.  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 


M.    Cli.   BEftG-ERON 

Ingénieur  civil,  à  Paris. 


QUESTIONS  DIGNES  D'INTÉRESSER  L'ASSOCIATION   FRANÇAISE 

ET  QUI  ONT  ÉTÉ  TRAITÉES  AU  CONGRÈS  DE  L'ASSOCIATION  BRITANNIQUE 

DE  PLYMOUTH. 


—  Séance  du  39  août  1877.— 

I"  Phare  d'Eddystone. 

M.  Douglass,  ingénieur  chargé  de  la  reconstruction  du  phare  d'Eddy- 
stone, a  raconté  l'histoire  de  ce  remarquahle  ouvrage. 

Le  premier  était  en  bois,  construit  par  Whostanley.  Il  tut  emporté 
par  une  tempête.  Le  second,  également  en  bois,  a  été  brûlé,  et  la  tour 
actuelle,  œuvre  remarquable  de  l'ingénieur  anglais  Smeaton,  se  main- 
tient encore  très-bien  malgré  la  violence  des  tempêtes.  Cependant  il  a 
fallu  relier  verticalement  les  pierres  bori/ontales  au  moyen  de  bandes 
en  Ici'  encastrées  dans  la  maçonnerie  à  partir  du  sommet  jusqu'à  la 
base  de  la  tour. 

A  la  grande  surprise  de  l'auditoire,  M.  Douglass  est  venu  annoncer 
qu'on  allait  être  obligé  de  démolir  bientôt  ce  remarquable  ouvrage  et  de 
le  remplacer  par  un  nouveau  phare  plus  haut,  plus  grand  et  fondé  sur 
un  rocher  très  solide  à  environ  120  pieds  ou  40  m.  de  distance  du 
phare  actuel.  Les  vagues  frappaient  la  corniche  de  la  tour  et  mena- 
çaient de  la  renverser,  malgré  sa  hauteur  à  plus  de  100  pieds  ou  30  m. 
au-dessus  de  la  fondation. 

La  tour,  par  elle-même,  est  encore  bien  solide,  mais  le  rocher  de 
gneiss  sur  lequel  elle  est  fondée,  a  été  affouillé,  les  couches  fendillées 
du  gneiss  ont  été  peu  à  peu  désunies  par  la  violence  des  vagues,  et  des 
cavités  se  sont  formées  au-dessous  de  la  base  de  fondation. 

La  nouvelle  tour  sera  plus  élevée  parce  qu'il  arrive  qu'avec  la  tour 
actuelle,  les  vagues  s'élèvent  quelquefois  tellement  au-dessus  de  la  lan- 
terne qu'on  n'aperçoit  plus  la  lumière  du  phare. 

Elle  sera  aussi  pins  vaste  el  devra  renfermer  les  appareils  les  plus 
puissants  connus  pour  transmettre  la  lumière  ù  de'  grandes  distances. 
L'intensité  de  la  lumière  devra  être  ('gale,  sinon  supérieure  à  celle  des 
phares  les  plus  puissants  et  1rs  mieux  outillés.  Il  faudra  aussi  pouvoir  y 
introduire  les  appareils   pour  les  signaux  en  temps  de  brouillards. 

On  espère  pouvoir  entretenir  une  communication  télégraphique  cons- 
tante entre  le  phare  et  les  bateaux  de  sauvetage,   toujours  prêts  à  pren. 


CH.    BERGERON.  —   LE    PHARE   D'EDDYSTONE.    LE    TÉLÉPHONE  2(11 

dre  La  mer  ([tii  seront  dans  le  port  de  Plymouth,  afin  que  les  obser- 
vateurs dans  le  phare,  puissent  indiquer  les  points  où  les  secours  doivent 
être  dirigés. 

Aujourd'hui,  quatre  employés  allument  et  font  le  service  du  phare. 
Trois  sont  constamment  dans  la  tour,  un  sur  le  rivage  en  rotation. 

La  dépense  pour  l'entretien  du  phare  est,  par  année,  de  585  liv,  st. 

(14,620  fr.) 

M.  Douglass  espère  que  la  tour  de  Smeaton,  devant  être  démolie,  la 
nation  anglaise  la  fera  reconstruire  sur  un  autre  point  du  territoire 
anglais  comme  monument  à  la  mémoire  d'un  grand  ingénieur, 
devant  se  perpétuer  auprès  des  générations  futures  comme  l'aiguille  de 
Cléopâtre. 

On  espère  que  le  nouveau  phare  sera  construit  rapidement  et  répon- 
dra à  toutes  les  exigences  des  perfectionnements  apportés  dans  les 
travaux  de  ce  genre. 

Téléphone. 

Le  professeur  Graham  Bell,  de  Boston,  esl  venu  mardi,  21  août,  exposer 
l'histoire  de  sa  découverte  devant  la  section  des  sciences  mécaniques  de 
l'Association  britannique. 

Il  est  venu  raconter  que  depuis  plusieurs  années  son  attention  s'était 
dirigée  sur  les  vibrations  causées  dans  l'air  par  l'émission  du  son  et  en 
particulier  par  l'organe  de  la  voix. 

Probablement  très-peu  de  personnes  se  sont  livrées  à  cette  étude  et  à 
ces  observations . 

Pendant  qu'il  parlait,  ses  paroles  frappant  l'air  le  mettaient  en  vibration, 
et  ce  sont  ces  vibrations  qui  se  transmettaient  aux  oreilles  des  auditeurs. 

De  toutes  manières,  c'est  un  mouvement  de  l'air  qui  produit  l'au- 
dition. 

Pour  produire  un  son,  il  suffit  d'agiter  l'air  et  de  le  mettre  en  mou- 
vement de  la  même  manière  que  le  fait  la  voix  qui  parle  et  transmet  à 
distance  les  paroles. 

M.  Bell  ne  peut  pas  dire  comment  l'idée  lui  est  venue  de  transmettre 
ces  vibrations  au  moyen  de  l'électricité,  mais  il  peut  affirmer  qu'elle 
avait  frappé  son  esprit  depuis  un  grand  nombre  d'années. 

Il  pensa  que  s'il  pouvait  faire  varier  l'intensité  d'un  courant  électri- 
que dans  la  même  proportion  que  la  densité  de  l'air  varie  dans  la  pro- 
duction des  sons,  il  aurait  résolu  en  partie  le  problème.  En  poursuivant 
ses  expériences,  il  reconnut  qu'une  lame  ou  membrane  complètement 
plane  ne  rendrait  pas  exactement  la  vibration  de  l'air,  et  il  crut  possible 
d'employer  une  surface  concave  analogue  à  celle  de  l'oreille. 

Il  était  convaincu   que    dans    cette   forme    son   appareil  finirait   par 


262  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

reproduire  les  vibrations  de  l'air.  Il  consulta  le  docteur  Blake  sur  le 
mécanisme  de  l'oreille  humaine  qu'il  voulait  essayer,  et  le  docteur  lui 
répondit  qu'il  ferait  mieux  d'essayer  sur  une  oreille  elle-même.  Le  doc- 
teur Blake  lui  remit  l'oreille  d'une  personne  morte,  et  il  se  mit  a  faire 
avec  cette  oreille  des  expériences  nombreuses. 

En  parlant  à  cette  oreille  il  put  observer  des  parties  se  mettant  en 
vibration.  Il  fut  naturellement  surpris  de  la  disproportion  énorme  qui 
existe  entre  la  masse  osseuse  transmettant  les  sons  au  cerveau  et  la 
membrane  délicate  qui  devait  transmettre  les  vibrations.  La  membrane 
était  très-petite,  très-mince,  comme  une  feuille  de  papier,  ou  pour 
mieux  dire  comme  la  membrane  flexible  d'un  mirliton,  et  les  os  étaient 
massifs  et  solides,  et  cependant  ces  os  se  mettaient  en  vibration  eux- 
mêmes  par  suite  des  vibrations  de  la  seule  membrane,  comme  le  fait  le 
tuyau  en  bois  du  mirliton  quand  le  son  de  la  voix  humaine  vient  à 
agiter  la  lame  mince  de  baudruche  qui  couvre  sa  cavité.  Il  reconnut 
que  puisqu'une  aussi  faible  lame  pouvait  faire  vibrer  les  os  d'une 
oreille,  on  obtiendrait  les  mêmes  résultats  sur  un  appareil  construit  de 
la  même  manière  que  l'oreille  humaine.  Il  se  mit  à  construire  cet  appa- 
reil en  fer,  et  il  pensa  que  s'il  établissait  un  appareil  semblable  et 
s'il  les  mettait  en  communication  par  un  fil  électrique,  les  vibrations 
d'une  oreille  se  transmettraient  à  l'autre,  et  que  la  voix  humaine  pourrait 
ainsi  être  transmise  à  distance  par  le   moyen  d'un  courant  électrique. 

En  conséquence,  il  plaça  un  instrument  au  sommet  de  la  maison  qu'il 
habitait,  et  un  autre  semblable  au  bas.  Il  se  mit  à  crier  bien  haut  dans 
la  concavité  de  l'un  d'eux,  et  son  assistant,  qui  était  à  l'autre  bout, 
lui  déclara  avoir  entendu  quelque  chose. 

Quant  à  lui,  il  lui  fut  impossible  de  percevoir  aucun  son  quand  son 
assistant  voulut  crier  à  son  tour.  Il  construisit  ensuite  un  autre  ins- 
trument en  fer  plus  léger  et  plus  solide,  et  quand  il  l'essaya  d'abord, 
il  n'obtint  pas  plus  de  succès  que  la  première  fois;  mais  il  resta  con- 
vaincu que  l'insuccès  ne  tenait  pas  à  un  défaut  de  principe,  mais  à  la 
nature  des  substances  employées. 

Il  en  construisit  un  autre  dans  lequel  il  apporta  des  changements 
dans  les  dimensions  des  fils  métalliques  et  dans  leurs  dispositions,  et  il 
finit  par  obtenir  un  appareil  au  moyen  duquel  il  put  entendre  parfaite- 
ment des  sons  articulés. 

Quoique  ces  sons  fussent  encore  bien  confus,  il  n'en  resta  pas  moins 
persuadé  plus  que  jamais  qu'il  était  dans  une  bonne  voie  et  qu'il  fini- 
rait par  réussir.  Il  pensa  qu'en  introduisant  dans  la  membrane  vibrante 
une  pièce  en  fer  ou  en  acier  reliée  au  fil  télégraphique,  et  en  chantant 
dans  l'autre  appareil  placé  à  l'autre  bout,  la  vibration  se  transmettrait 
au  premier  appareil  et  se  ferait  parfaitement   entendre.  Il    pria  un  de 


CH.  BERGERON.  —  LE  TÉLÉPHONE  263 

ses  amis  d'aller  à  l'autre  extrémité,  et  parlant  lui-même  dans  l'appareil, 
lui  demanda  :  «  Entendez-vous  ce  que  je  vous  dis  ».  La  réponse  fut: 
«  J'entends  parfaitement  ce  que  vous  me  dites  ». 

Ce  résultat  fut  sans  doute  la  première  expérience  un  peu  sérieuse  de 
son  invention,  et  il  fut  plus  convaincu  que  jamais  qu'il  se  trouvait  sur 
la  voie  d'un  succès  assuré. 

Quand  une  question  préparée  d'avance  était  faite,  on  pouvait,  jusqu'à 
un  certain  point,    douter  de    la  sincérité    d'une  réponse   laite  dans  de 
semblables  conditions  ;  mais   il  n'y  eut  plus  de  doute   quand  on  obtin 
des  réponses  tout  à    l'ait   improvisées  à  des   questions  qui  l'étaient  éga- 
lement. 

Dans  les  commencements,  certaines  voyelles  s'entendaient  très-bien, 
mais  les  consonnes  avaient  de  la  peine  à  être  bien  rendues. 

Sa  découverte  en  était  à  ce  point,  et  il  put,  après  un  grand  nombre 
d'épreuves  plus  ou  moins  réussies,  exposer  son  système  à  l'Exposition 
centennale  de  Philadelphie,  et  sir  William  Thomson  put  emporter  en 
Angleterre  un  de  ces  instruments  qu'il  montra  à  l'Association  britanni- 
que l'année  dernière. 

Bien  convaincu  que  tôt  ou  tard  il  finirait  par  taire  entendre  les 
accents  de  la  voix  humaine  bien  marqués  et  bien  distincts,  il  se  mit  à 
travailler,  à  améliorer  constamment  les  appareils, et  quoiqu'il  les  ait  per- 
fectionnés d'une  manière  sensible  à  chaque  nouvel  essai,  il  est  convaincu 
qu'il  lui  reste  beaucoup  à  faire  encore  pour  arriver  à  la  perfection,  e 
il  projette  encore  de  nouveaux  arrangements  plus  satisfaisants  que  eux 
qui  servent  aujourd'hui  à  démontrer  sa  découverte. 

Après  le  départ  de  sir  William  Thomson  d'Amérique,  il  se  mit  à 
varier  les  formes,  les  dimensions  de  toutes  les  parties  de  son  appareil 
et  à  en  observer  les  effets.  A  force  de  tâtonnements  il  espérait  arriver 
à  découvrir  la  capacité  et  le  pouvoir  de  chaque  partie  du  téléphone,  et 
par  là,  à  produire  un  appareil  aussi  parfait  que  possible. 

Il  reconnut  qu'en  élargissant  le  disque  circulaire  en  fer  attaché  à  la 
membrane,  les  sons  produits  à  un  bout,  se  faisaient  bien  mieux  enten- 
dre à  l'autre  et  étaient  plus  lucides. 

Quelque  temps  après,  il  put  aisément  soutenir  une  conversation  avec 
son  employé. 

Ils  se  mirent  ensuite  à  converser  au  moyen  d'un  fil  télégraphique 
qui  avait  deux  milles  ou  plus  de  trois  kilomètres  de  long,  et  leur  con- 
versation se  fit  sans  la  moindre  difficulté.  Les  effets  obtenus  furent 
tels,  qu'après  avoir  bien  médité  sur  la  nature  et  le  mérite  du  télé- 
phone,   il  finit  par  s'apercevoir  qu'il   n'y  comprenait  rien  du  tout. 

Maintenant  il  croit  que  les  vibrations  sont  moléculaires  et  ne  tiennent 
nullement  aux  vibrations  de  la  membrane. 


"264  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

Il  possède  quatre  sortes  d'appareils  el  il  ne  sait  pas  encore  quel  esl 
le  meilleur  et  c'est  pour  s'éclairer  à  cet  égard,  qu'il  poursuit  en  ce 
moment  de  nouvelles  études  et  fait  de  nouvelles  recherches.  Il  se 
borne  à  dire  que  son  appareil  a  fait  une  évolution  à  partir  de  l'étude 
d'une  oreille  humaine;  mais  qu'il  doit  y  avoir  un  moyen  de  transmettre 
la  vibration  de  l'air  sans  l'emploi  d'une  membrane.  Quelle  .sera  la 
forme  définitive  de  son  instrument?  Il  n'en  sait  rien! 

L'invention  qu'il  vient  soumettre  à  l'examen  des  membres  de 
l'Association  britannique  n'est  encore  qu'à  l'état  embryonnaire.  Mais  il 
espère  qu'à  la  prochaine  réunion  de  l'Association  britannique  il 
pourra  présenter  des  instruments  beaucoup  plus  complets  et  mieux 
réussis. 

Il  doit  exprimer  sa  reconnaissance  envers  un  grand  nombre  de  ses 
amis  d'Amérique  qui  lui  ont  permis  d'apporter  à  son  invention  tous  les 
changements  désirables.  C'est  à  eux  qu'il  doit  de  les  avoir  construits 
tels  qu'ils  sont  et  tels  qu'il  va  les  faire  fonctionner  devant  l'auditoire. 

Il  a  apporté  d'Amérique  un  petit  orgue  téléphonique,  et  quoi- 
qu'il ignore  dans  quel  état  le  voyage  a  pu  le  mettre,  il  se  propose 
néanmoins  de  faire  entendre  à  l'auditoire  un  peu  de  musique. 

Le  mérite  consiste  à  faire  de  la  musique  au  moyen  d'un  courant 
électrique.  C'est  un  orgue  de  cabinet,  boite  à  musique  dont  les  tuyaux 
sont  en  contact  avec  une  batterie.  Quand  un  tuyau  était  soufflé  par  l'air, 
il  vibrait  à  partir  d'un  point,  en  sorte  que,  lorsqu'un  contact  avait 
lieu,  un  courant  électrique  traversait  le  fil  télégraphique  et  arrivait 
dans  le  téléphone.  L'orgue  était  à  Guildhall  et  était  réuni  par  un  fil 
télégraphique  avec  la  salle  de  lecture  et  le  Post  office,  la  batterie  étant 
placée  dans  ce  dernier  endroit. 

M.  Preece  assistant  M.  Bell  commença  alors  les  expériences.  Il  com- 
mença par  demander  :  «M.  Panis  est-il  au  Post  office'?»  La  réponse  ne 
se  fit  pas  attendre,  et  tout  le  monde  entendit  :   «  Oui,  monsieur.  » 

M.  Preece  ajouta  :  «  Mettez  le  lil  en  communication  avec  Guildhal,  et 
priez  l'organiste  de  nous  jouer  un  air.  » 

Réponse  :  «  Très-bien,  je  vais  le  faire  de  suite.  »  Après  quelques 
moments,  le  motif  de  God  save  the  queen  fut  distinctement  entendu  de 
tout  le  monde,  et  quand  le  chant  fut  fini,  un  applaudissement  formi- 
dable éclata  dans  toute  la  salle.  On  constata  cependant  de  temps  en 
temps  des  notes  muettes,  et  d'autres  dont  le  son  était  extrêmement 
faible,  on  fit  entendre  ensuite  un  autre  air  qui  produisit  les  mêmes 
applaudissements. 

On  demanda  ensuite  à  M.  Panis  de  donner  lecture  à  haute  voix  d'un 
article  de  journal,  mais  le  bruit  était  confus  et  il  fut  impossible  de 
rien  entendre  de  précis. 


CH.   BERGERON.    —   MOYEN  D'EMPÊCHER    l' OXYDATION    DU   FEU  265 

M.  Bell  raconta  qu'un  téléphone  avait  été  placé  au  milieu  d'un 
orchestre  de  musiciens  et  relié  à  son  laboratoire  par  un  fil  télégra- 
phique. Il  put  entendre  les  musiciens  accorder  leurs  instruments,  et 
enfin  l'orchestre  entier,  mais  les  notes  arrivaient  avec  des  intensités 
différentes.  Les  notes  basses  étaient  celles  qui  se  taisaient  entendre  le 
mieux. 

Il  est  parfaitement  vrai  qu'on  peut  reconnaître  la  voix  d'un  chanteur 
ou  celle  de  la  personne  avec  qui  l'on  converse. 

Il  pouvait  parfaitement  reconnaître  la  voix  d'un  ami  après  quelque 
temps  d'exercice. 

Moyen  d'empêcher  l'oxydation  du  fer  par  le  professeur  Barff. 

Le  professeur  Baril',  professeur  de  chimie  à  l'Académie  Royale,  a 
découvert  un  moyen  d'empêcher  le  fer  de  se  rouiller  en  le  couvrant 
d'une  couche  de  peroxyde  magnétique. 

Les  raisons  qu'il  a  données  et  les  objets  qu'il  a  fait  voir  ont  démontré 
que  cet  éminent  professeur  avait  fait  une  découverte  d'une  très  grande 
importance,  puisqu'il  parvient  à  rendre  inattaquable  à  la  rouille  toute 
espèce  de  fer  préparé  par  son  procédé  lors  même  qu'on  le  met  dans 
l'eau  de  mer,  dans  des 'lieux  humides  ou  exposé  aux  vapeurs  acides. 

Quand  la  surface  d'une  barre  de  fer  est  exposée  à  l'action  de  l'eau  ou 
de  l'air  humide,  elle  se  couvre  bientôt  d'une] légère  couche  de  protoxyde 
qui  contient  environ  56  parties  de  son  poids  en  métal  et  16  en 
oxygène.  L'oxyde  de  fer  continue  à  tirer  de  l'oxygène  de  l'atmosphère 
et  graduellement  il  se  convertit  en  un  autre  oxyde  qui  est  le  sesqui- 
oxyde  et  qui  est  composé  de  2  fois  les  06  parties  de  fer,  et  3  fois  les  16 
parties  d'oxygène. 

L'oxyde  de  fer  qui  est  au-dessus  cède  à  son  tour  une  partie  de  son 
oxygène  au  fer  situé  au-dessous,  qui  n'est  pas  encore  oxydé,  et  l'oxyde 
ferrugineux  formé  ainsi  est  graduellement  converti  en  oxyde  de  fer  par 
l'accès  de  l'air  qui  passe  à  travers  la  couche  spongieuse  de  la  rouille  qui 
recouvre  sa  surface.  De  cette  manière,  la  première  couche  de  rouille  expose 
à  l'action  de  l'atmosphère  la  surface  du  fer  qu'elle  recouvre,  et  ainsi  la 
rouille  devient  un  véhicule  d'oxygène  jusqu'aux  plus  grandes  épaisseurs 
du  fer  et  jusqu'à  ce  que  celui-ci  soit  entièrement  rouillé  et  décomposé. 
On  a  fait  de  nombreux  essais  pour  protéger  le  fer  contre  la  rouille  au 
moyen  d'une  peinture  ou  d'un  vernis.  Quelques  expériences  ont  réussi  ; 
d'autres  ont  complètement  échoué.  Ces  enduits  ne  font  pas  absolument 
corps  avec  le  métal  sur  lequel  ils  sont  étendus  et  tendent  peu  à  peu 
à  s'écailler  ou  à  périr  à  la  longue  par  beaucoup  de  causes.  Même 
quand  l'enduit  est  bien  solide  et  de  bonne  qualité,  la  plus  petite  lacune 


266  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET   HILITAIR1 

dans  sa  continuité  donne  admission  à  l'ennemi  ;  et  la  rouille,  sur  un 
endroit,  ne  tarde  pas  à  se  répandre  graduellement  sous  l'enduit  et  peut, 
devenir  d'autant  plus  dangereuse  et  destructive,  que  ses  effets  ont  été 
plus  longtemps  dissimulés. 

Il  est  évident  que  les  inconvénients  résultant  de  la  rouille  sont 
entièrement  dus  à  l'état  d'instabilité  des  deux  oxydes  décrits  plus  haut 
qui  se  forment  spontanément  dans  les  conditions  climatériques  ordinaires. 

Il  y  a  toutefois  un  autre  oxyde  qui  possède  des  propriétés  d'un  tout 
autre  caractère  et  qui  est  à  l'abri,  non-seulement  de  l'action  d'un  air 
humide,  mais  encore  des  acides  ou  de  toutes  autres  substances 
corrosives. 

C'est  l'oxyde  noir  ou  magnétique  qui  contient  trois  fois  56  portions 
de  son  poids  en  fer  et  quatre  fois  46  parties  de  son  poids  en  oxygène. 

Le  professeur  Barff  a  découvert  que  si  un  morceau  de  fer  est  exposé 
à  une  haute  température,  à  l'état  de  rouge  blanc,  à  l'action  d'un  jet 
de  vapeur  surchauffée,  il  se  couvrira  d'une  couche  d'oxyde  noir  dont 
l'épaisseur  variera  en  raison  de  la  température  et  du  temps  de  son 
exposition  au  jet  de  vapeur. 

L'oxyde  est  bien  plus  dur  que  le  fer  lui-même  et  il  adhère  aux 
molécules  du  fer  plus  fortement  que  les  molécules  du  fer  entre  elles,  en 
sorte  qu'il  offre  des  avantages  non-seulement  au  point  de  vue  chimique, 
mais  encore  à  celui  de  sa  résistance  mécanique. 

Si  le  four  à  réverbère  dans  lequel  le  fer  est  chauffé  seulement  à 
500  degrés  Fahrenheit  (280  cent.)  et  si  la  durée  de  l'expérience  est  seu- 
lement de  5  heures,  on  obtient  une  surface  unie  qui  résistera  longtemps 
à  l'action  de  l'émeri  et  qui  ne  rouillera  pas  dans  l'intérieur  d'une 
maison  ou  s'il  n'est  pas  exposé  longtemps  à  l'humidité  de  l'air  extérieur. 
Si  le  procédé  d'oxydation  se  maintient  pendant  6  ou  7  heures  avec  un 
jet  de  vapeur  surchauffée  à  1,200  degrés  Fahrenheit,  la  surface  résis- 
tera à  la  lime  et  subira  sans  s'altérer,  toute  atteinte  de  l'air  extérieur. 
L'oxydation  ne  change  en  aucune  façon  la  surface  extérieure  du  fer  si 
ce  n'est  qu'elle  lui  donne  une  couleur  noire. 


Le  professeur  Baril'  a  jusqu'à  présent  limité  ses  opérations  aux  pièces 
de  1er  pouvant  être  renfermées  dans  les  fours  à  réverbère  qu'il  a 
employés,  ces  articles  sont  des  écrous,  rivets,  boulons,  canons  de  fusil, 
tuyaux,  quincaillerie  en  fer,  etc. 

Il  les  a  exposés  dans  son  jardin  pendant  plus  de  six  semaines  à 
l'action  de  l'atmosphère  et  il  n'a  reconnu  aucune  détérioration. 

Parmi  les  applications  les  plus  importantes  du  professeur  Barff,  on 
peut  signaler  les  tôles  de  chaudières  et  les  plaques  des  navires  en  fer. 


CH.   BERGER0N.   —  SONDAGE   SUR    DES   NAVIRES    EN   MARCHE  267 

Le  docteur  Baril'  pense  qu'avec,  des  procédés  spéciaux  on  pourra 
opérer  sur  des  pièces  de  grandes  dimensions  sans  avoir  à  les  enfermer 
dans  des  fours  à  réverbère  assez  grands  pour  les  contenir. 

MM.  Penn  et  Ci0  de  Greenwich  se  proposent  de  commencer  des  expé- 
riences sur  une  grande  échelle  afin  de  démontrer  l'efficacité  de  ce  pro- 
cédé sur  des  pièces  de  ponts  ou  de  bâtiments  de  grandes  dimensions. 

SONDAGE  EN   MEP.   SUR    DES   NAVIRES   MARCHANT   A   GRANDE     VITESSE, 
PAR    SIR   WILLIAM    THOMSON. 

La  sonde  se  compose  d'une  barre  de  fer  galvanisé,  d'un  mètre  envi- 
ron de  longueur,  attachée  à  une  corde  de  chanvre  qui  n'a  pas  plus  de 
2  mètres  de  long  et  un  demi-centimètre  de  diamètre.  Elle  pèse  22  livres 
ou  environ  10  kilogrammes. 

La  corde  fait  suite  à  un  fil  métallique  en  acier,  de  la  nature  d'une 
corde  de  piano-forté,  enroulé  sur  un  tambour  de  60  centimètres  environ 
de  diamètre. 

Le  fil  pèse  environ  U  livres  par  mille,  et  il  peut  résister  facilement 
à  une  tension  de  220  livres.  Celui  qui  a  servi  à  sir  William  Thomson 
pour  faire  ses  expériences  sur  deux  des  plus  beaux  et  des  plus  rapides 
paquebots  de  la  ligne  de  White  Star,  avait  plus  de  12  milles  de  lon- 
gueur ou  environ  20  kilomètres  et  ne  pesait,  par  conséquent,  que 
168  livres. 

La  barre  de  fer  portait  à  son  extrémité  un  bourrelet  en  cire,  comme 
de  la  poix,  sur  lequel  restaient  attachées  toutes  les  substances  que  la 
sonde  rencontrait  au  fond  de  l'eau. 

Avec  cet  appareil,  on  a  pu  descendre  à  des  profondeurs  de  deux 
cents  brasses  (fathoms)  et  même  davantage.  La  sonde  ne  touchait  pas 
toujours  le  fond;  mais  on  pouvait  savoir  d'une  manière  rigoureuse  jus- 
qu'à quelle  profondeur  la  sonde  était  descendue,  ce  qui  est  la  seule 
chose  intéressante  pour  le  navigateur  ;  car  il  ne  se  sert  ordinairement 
de  cet  appareil  que  pour  reconnaître  s'il  est  près  ou  s'il  est  encore  loin 
de  la  terre  qu'il  doit  aborder. 

Dans  le  système  ordinaire,  on  ne  peut  mesurer  la  profondeur  de  la 
mer  que  par  la  longueur  de  la  ligne  à  laquelle  est  attaché  le  plomb  de 
la  sonde. 

Pour  opérer  un  sondage,  il  faut  aujourd'hui  arrêter  le  navire  en  marche, 
au  grand  effroi  des  passagers,  qui  s'inquiètent  toujours  du  moindre 
changement  apporté  dans  les  allures  de  Ja  machine  à  vapeur  du  navire. 
On  perd  quelquefois  un  quart  d'heure  pour  sonder  seulement  par  60  ou 
80  brasses  d'eau.  On  perd  deux  fois  plus  de  temps  quand  on  veut  faire 
descendre  la  sonde  à  150  ou  200  brasses. 


208  NAVIGATION.   —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

Avec  le  système  de  sir  William  Thomson,  usité  aujourd'hui  sur  la 
Germania  et  la  Britannia,  de  la  White  Star  Une,  on  a  sondé  à  plus  de 
200  brasses  sans  rien  changer  à  l'allure  du  navire,  qui  filait  quelque- 
fois quinze  nœuds  à  l'heure. 

Le  moyen  de  se  rendre  compte  de  la  profondeur  à  laquelle,  la  sonde 
est  descendue  est  bien  simple  et  bien  ingénieux. 

Au  bout  de  corde  qui  relie  la  barre  de  1er  servant  de  sonde  au  fil 
d'acier  ou  corde  de  piano-forté,  est  attaché  un  tube  de  cuivre,  bouché 
à  l'une  de  ses  extrémités  et  ouvert  à  l'autre. 

Dans  ce  tube  on  en  met  un  autre  en  verre,  pareil  à  celui  d'un  baro- 
mètre ordinaire  et  ayant  à  peu  près  la  même  longueur. 

La   partie  ouverte   du  tube  en  verre  est  plongée  dans  le 
tube  métallique,  comme  le  fait  voir  la  ligure  25  : 

A  B,   tube  métallique  en  cuivre,    d'un    mètre  environ  de 
longueur,  ouvert  en  A  et  fermé  en  B. 

a  b,  tube  en  verre  de  baromètre,   fermé    en    a  et  ouvert 
en  b. 

11  est  évident  que,  lorsque    la    sonde  ou  barre  de  fer  C  1) 
descendra  profondément  dans  la  mer,  l'eau    de  mer  entrera 
dans  le  tube  A  B   et  viendra  presser  la  colonne  d'air  conte- 
nue dans  le  tube  de  verre.  Ce  tube  est  enduit,  dans  l'inté- 
rieur,   d'un  vernis    transparent    qui    a    la  propriété  de   se 
décomposer  et  de  changer    de    couleur  par  le  contact    de 
l'eau  de  mer  :  il  devient  tout  à  fait  rouge,    et   il  est  facile, 
lorsqu'on  relève  la  sonde,  de  voir  jusqu'à  quelle  profondeur 
elle  est  descendue,  en  mesurant  la  hauteur  où  l'eau  de  nier 
est  montée  dans   l'intérieur  du  tube  où  la   colonne    d'air   a  été  com- 
primée. La  mesure  de  cette  compression  donne  exactement  celle  de  la 
profondeur  où  le  tube  est  parvenu. 


fl 

tu 
A 

il 

v  ! 

b 

C 

11'.  -j.-,. 


M.  BUISSON 


TUBE-TUNNEL  POUR  LA  TRAVERSEE  DE  LA   MANCHE. 
AÉRATION  DES  MINES  ET  DES  PAQUEBOTS. 


Sé<t)ici>  d  a   :■>.'/   août   /.s'77.  — 


EMILE    TRÉLAT.    —  LA  RIGIDITÉ    DANS   LES    COMBLES  269 


M.  Emile  TRELAT 

Pirertcmr  de  l'École  spéciale  d'architecture,  profa  reur  an  Conservatoire  des  Arts  ri  Métiers. 


LA   RIGIDITÉ   DANS  LES  COMBLES. 


—  S é a  h  c e  </  u  Jti  août   I 8 7 7.  — 

Voici  une  poutre  métallique  qui  s'attache  à  deux  murs  solides  et  dont 
les  dimensions  sont  justement  proportionnées  aux  efforts  qu'elle  doit 
subir  sous  les  charges  qui  agissent  transversalement  sur  elle  de  haut  en 
bas,  elle  fournira  sûrement  les  réactions  suffisantes  à  lui  conserver  la 
permanence  apparente  de  sa  figure.  Mais  si  l'on  suppose  la  poutre  soli- 
dement scellée  en  ses  appuis,  et  si  l'on  imagine  qu'à  un  moment  donné 
elle  soit  éprouvée  par  des  efforts  verticaux  de  même  intensité  que  les 
premiers,  mais  agissant  en  sens  inverse,  c'est-à-dire  de  bas  en  haut, 
elle  sera  encore  capable  de  persister  avec  la  même  efficacité  dans  sa 
ligure  première.  D'un  autre  côté,  si  ou  considère  les  forces  qui  peuvent 
solliciter  sa  défiguration  longitudinale  telles  que  celles  qui  pousseraient 
les  murs  l'un  vers  l'autre  et  comprimeraient  la  poutre,  ou  celles  qui 
écarteraient  les  murs  l'un  de  l'autre  et  tireraient  la  poutre,  on  constate 
que  la  pièce  résistera  avec  un  égal  succès  dans  les  deux  cas.  Un 
organe  qui  porte  ces  avantages  dans  les  constructions  prend  le  nom 
d'organe  rigide.  Il  est  pourvu  de  la  double  capacité  de  transmettre  à 
ses  appuis  soit  les  efforts  régulièrement  prévus,  soit  des  efforts  inverses. 
La  rigidité  des  organes  constructifs  accroît  singulièrement  la  stabilité 
des  édifices.  Aussi  le  constructeur  moderne  ne  saurait-il  trop  appesantir 
son  attention  sur  cette  propriété.  Elle  devient  la  ressource  la  plus  effi- 
cace des  constructions  qu'on  veut  édifier  économiquement  sans  rien 
sacrifier  de  leur  durée. 

Pour  épuiser  l'idée  fondamentale  sur  laquelle  je  veux  établir  cette 
courte  communication,  j'ajouterai  qu'avant  l'introduction  du  fer  dans 
les  constructions,  il  était  difficile  de  se  faire  une  idée  exacte  de  la  rigi- 
dité d'un  organe.  Ce  serait,  par  exemple,  une  erreur  de  considérer  les 
poutres  de  bois  comme  des  organes  essentiellement  rigides.  L'instabilité 
de  la  matière  elle-même  ne  le  permettrait  pas  d'abord.  Ensuite,  aussitôt 
que  les  portées  ou  les  charges  prenaient  de  l'importance,  les  poutres  se 
composaient  de  plusieurs  pièces  soi-disant  assemblées.  En  réalité,  les 
assemblages  de  bois  étant  nécessairement  des  points  affaiblis,  ces  pièces 
n'étaient  que  très-incomplétement  attachées  les  unes  aux  autres  et  la 
poutre  n'était  pas  fixe  en  sa  figure.  Celle-ci  s'altérait  promptement  sous 


270  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

la  charge  prévue  en  perdant  ses  résistances  efficaces  aux  efforts  inver- 
ses. Aussi,  loin  de  compter  sur  ces  poutres  pour  accroître  l'assiette  de 
l'édifice,  devait-on  les  considérer  comme  des  organes  pendus  aux  murs 
et  leur  empruntant  une  part  de  la  stabilité  inhérente  à  leur  massi- 
vité (1). 

A  l'inverse  du  bois,  le  fer  possède  la  propriété  de  s'assembler  parfai- 
tement, c'est-à-dire  de  constituer  des  ensembles  de  pièces  solidaires  ne 
présentant  pas  de  points  faibles,  quel  que  soit  le  nombre  des  morceaux 
réunis.  La  rivure  et  les  couvre-joints  permettent  donc  de  faire  des  pièces 
absolument  rigides.  Aussi,  lorsque  nous  établissons  aujourd'hui  des 
poutres  métalliques  et  que  nous  utilisons  correctement  toutes  les  pro- 
priétés mécaniques  du  fer,  introduisons-nous  en  même  temps  dans  nos 
édifices,  et  les  résistances  voulues  pour  que  l'organe  porte  charge  sur 
le  vide  et  une  importante  condition  de  stabilité  inhérente  à  sa  fixité  de 
ligure.  En  d'autres  termes,  et  pour  parler  un  langage  plus  précis,  une 
poutre  métallique  est  un  élément  constructif  dont  la  capacité  de  résis- 
tance s'oppose  avec  une  égale  efficacité  aux  efforts  positifs  pour  lesquels 
il  est  préparé  et  aux  efforts  négatifs  que  des  désordres  voisins  ou  des 
circonstances  quelconques  pourront  faire  naître. 

On  voit  le  point  de  vue  auquel  je  me  place.  Je  me  demande  mainte- 
nant si,  lorsque  nous  employons  le  fer  dans  la  constitution  de  nos  com- 
bles, nous  l'utilisons  avec  la  même  Correction  d'idée,  si  nous  prenons 
l'attention  d'y  développer  systématiquement  toutes  les  ressources  que  je 
viens  de  signaler;  si,  au  contraire,  nous  ne  les  laissons  pas  en  oubli, 
et  si  par  défaut  de  méthode  nous  ne  plaçons  pas  trop  souvent  des  appa- 
reils sans  rigidité  au  sommet  de  nos  édifices,  là  où  les  forces  non  équi- 
librées sont  d'autant  plus  dangereuses  qu'elles  agissent  sur  des  bras  de 
leviers  considérai  îles  et  produisent  de  puissants  moments  de  renverse- 
ment'.' 

Je  ne  saurais  mieux  présenter  la  déviation  que  j'entends  signaler  qu'en 
rappelant  les  applications  des  nombreuses  Fermes  métalliques  qu'on  a 
pris  l'habitude  de  nommer  Fermes  Polonceau  et  qu'on  n'aurait  jamais 
dû  assimiler  à  la  charmante  solution  imaginée  il  y  a  trente-huit  ans  par 
cet  habile  ingénieur,  Afin  d'approprier  un  arbalétrier  de  bois  de  faible 
équarrissage  à  une  portée  qui  excédait  sa  capacité  de  résistance  a  la 
llexion,  Polonceau  l'armait  d'une  contrefiche  qu'un  gros  lil  de  1er  écroué 
aux  extrémités  de  la  pièce  bandait  en  son  milieu.  Deux  arbalétriers 
semblables  butés  en  tête  et  rattachés  par  1rs  pieds  des  contrefiches  avec 
Un  autre  fil   de   fer.   Constituaient    une  Ferme    d'une  rare   économie    et 

i  je  me  place  ici  au  point  de  vue"  exclusii  de  la  stabilité  éoonomiqui  61  ji  poursuis  une  idée! 
définie.  Mais  je  n'entends  nullement  critiquer  en  elle-même  la  massivité,  qui  esl  une  dés  plus 
puissai  i  plus  légitimés  rësaburces  de  l'architecture. 


EMILE    ir.ll  VI.  —    LA    RIGIDITÉ    DANS    LES    COMBLES  271 

qu'on  a  eu  raison  d'employer  souvent.  Elle  a  rendu  et  rend  encore  de 
grands  services.  C'est  une  solution  parfaitement  appropriée  aux.  capaci- 
tés des  matériaux  utilisés;  elle  a  t'ait  à  son  auteur  un  grand  et  légitime 
honneur.  Mais  en  introduisant  le  fer 
dans  les  combles,    on    s'est  mis    à 
copier  de  point  en  point  cet  agence- 
ment, dont  on  a    l'ait  une    solution 

commune    dans   nos    constructions.  Kg. 26. 

Tout    ce    qu'il    y    avait    de   louable 

dans  la  vraie  Ferme  Polonceau  est  devenu  contradiction  dans  la  ternie 
eh  1er  à  tirants  flexibles.  La  Ferme  Polonceau  n'était  pas  du  tout 
rigide  et  rien  n'autorisait  à  exiger  d'elle  qu'elle  le  lut.  Mais  quand  on 
ne  pourvoit  pas  de  rigidité  un  organe  constructif  en  fer,  on  annule  en 
pure  perte  une  précieuse  condition  de  stabilité  dans  les  édifices.  On 
fausse  le  fer  dans  son  emploi.  C'est  l'observation  que  suggère  Un  très- 
grand  nombre  de  combles.  Je  précise  ma  pensée  en  opposant  aux  dispo- 
sitions défaillantes  que  je  viens  de  décrire  des  arrangements  utilisant 
toutes  les  ressources  constructives  du  fer. 

L'élément  important  d'un  comble,  c'est  la  Ferme.  La  Ferme  est  aU 
comble  ce  qu'est  la  poutre  au  plancher.  Les  poutres  sont  efficacement 
pourvues  de  rigidité  ;  il  faudrait  faire  des  Fermes  pourvues  de  rigidité. 
Mais  par  quel  dispositif  une  poutre  devient-elle  rigide?  Par  une  répar- 
tition du  métal,  qui  développe  en  chacune  de  ses  sections  transverses  un 
moment  de  résistance  égal  ou  supérieur  au  moment  fléchissant  qui 
menace  cette  section. 

Qu'est-ce  qu'une  Ferme  ?  C'est  un  organe  de  soutènement  sur  le  vide 
dont  l'étoffe,  continue  ou  discontinue,   est  limitée  transversalement  par 
deux  périmètres  imposés  en  haut  et  en  bas,  le  périmètre  abc  qui  termine 
les  locaux    utilisables,    le  périmètre 
d  e  f  qui  iixe  la  ligure  du  toit.  C'est 
une  poutre  compliquée,  qui  n'est  plus 
recti ligne,    dont   la    ligure    présente 
des  hauteurs  différentes  eu   tous  les 
points  de  son  développement,   mais 
qui  garde  toujours  la  capacité  d'oppo- 
ser en  chaque  section  une  résistance 
suffisante  au  fléchissement. 

Supposons  que  le  problème  ainsi  posé  ait  été  résolu  en  tenant  compte 
de  tous  les  efforts  menaçants  et  que  nous  soyons  en  possession  de  cette 
poutre  à  section  variable  qni.nous  servira  de  Ferme.  Supposons  encore 
que  les  différentes  fermes-poutres  qui  soutiendront  le  comble,  soient  rat-* 
tachées  entre  elles  par  un  pannelage  invariablement  assemblé  sur  leurs 


272  NAVIGATION.  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

lianes,  nous  devrons  évidemment  considérer  ce  comble  comme  un  organe 
pourvu  d'une  grande  rigidité  et  apportant  au  sommet  de  notre  édifice 
des  conditions  de  stabilité  bien  favorables.  Que  les  poids,  p,p,p,  charge; 
fixes  ou  prévues  du  toit,  agissent  seules,  ou  qu'elles  se  compliquent 
d'efforts  accidentels  inclinés  V,  V,  ou  que  les  réactions  des  appuis  Q  Q' 
faiblissent,  notre  comble,  devenu  une  carcasse  rigide,  opposera  aux 
désordres  de  figure  ou  à  des  avaries  plus  graves  des  résistances  d'autant 
plus  efficaces  qu'elles  ne  feront  que  changer  des^ne  aux  points  éprouvés 
et  que  le  fer  est  un  matériau  à  résistances  symétriques  (1).  On  aura 
remarquablement  accru  la  stabilité  de  l'édifice,  et  cette  conquête  sera 
le  résultat  de  l'utilisation  simultanée  de  toutes  les  ressources  constructives 
du  fer. 

Ces  considérations  paraissent  concluantes  et  il  semble  qu'on  ne  doive 
pas  hésiter  à  condamner  la  pratique  générale  des  fermes  en  fer  à  tirants 
flexibles.  Je  ne  veux  pas  dire  qu'il  faille  absolument  ne  plus  construire 
de  pareilles'  fermes.  Cette  règle  n'aurait  aucun  sens  dans  un  champ 
d'application  aussi  varié  que  celui  des  constructions.  Mais  je  pense  et  je 
professe  qu'au  point  de  vue  des  améliorations  des  procédés  de  construc- 
tions, il  faut  systématiquement  adopter  la  ferme  en  fer  rigide  comme 
la  solution  correcte,  et  qu'à  ce  titre  on  doit  viser  à  l'appliquer  avant 
toutes  autres. 

Faut-il  parler  de  la  question  économique  et  répondre  par  avance  aux 
objections  qui  pourraient  surgir  de  ce  côté  ?  Je  pourrais  dire  que  je 
n'ai  pas  entendu  me  placer  à  ce  point  de  vue  en  présentant  cette  note. 
Considéré  de  haut  et  dans  son  ensemble,  l'art  des  constructions  montre 
que  ses  progrès  sont  bien  plutôt  des  améliorations  de  fait  motivant  des 
accroissements  de  dépense  que  des  acquisitions  diminuant  le  coût  des 
édifices.  N'est-ce  pas,  d'ailleurs,  le  caractère  de  tous  les  vrais  progrès? 
Je  ne  saurais  mieux  traduire  cette  pensée  qu'en  appropriant  ici  le  mot 
de  l'un  de  nos  ministres  à  propos  de  nos  budgets  nationaux  :  «  Une 
construction  économique  n'est  pas  toujours  une  construction  économe.  » 
Cependant,  dans  un  très-grand  nombre  de  cas,  la  solution  méthodique 
que  j'ai  indiquée  n'est  pas  en  elle-même  plus  coûteuse  que  les  autres  (2); 
et  dans  les  circonstances  où  elle  donne  un  comble  plus  cher,  l'excédant 
de  dépense  est  pins  que  compensé  par  les  économies  que  la  rigidité 
de  l'organe  permet  de  retrouver  à  la  rigueur  dans  L'amaigrissement 
des  appuis. 

Les  combles    rigides   soulèveront    une  objection  plus   réelle  dans  les 

i  j'appelle  matériaux  à  résistances  symétriques  les. matériaux  qui  oui  des  coefficients  do 
résistance  pratique  égaux,  à  la  traction  et  à  la  compression. 

_,  m.  de  Dion,  ingénieur  en  dur  des  constructions  métalliques  de  L'Exposition  universelle  de 
1 878  vient  d'exécutei  forl  économiquement  les  deux  très-beaux  combles  rigides  de  la  galerie  os 
mai  hines  et  de  son  annexe. 


DE    DION.    —   DÉFORMATION    ET    CALCUL    DES    PIÈCES   COURBES  273 

difficultés  que  le  constructeur  rencontre  à  fixer  la  quantité  et  la  répar- 
tition du  métal  qui  doivent  constituer  une  ferme-poutre.  Il  faut  recon- 
naître en  effet,  qu'autant  il  est  aisé  d'établir  les  points  d'application,  les 
directions  et  les  valeurs  des  efforts  qui  agissent  sur  les  pièces  d'une  ferme 
à  tirants  flexibles  et  d'y  proportionner  la  matière  résistante,  autant  il 
est  délicat,  long  et  compliqué  de  mener  à  fin  certaine  les  calculs  qui 
permettront  de  distribuer  l'étoffe  variable  suffisant  au  développement  de 
l'organe.  Mais  ce  problème  vient  d'être  remarquablement  éclairé  par 
M.  de  Dion.  Il  l'a  doté  d'une  solution  qui  rendra  certainement  de 
grands  services;  et  je  crois  que  ma  communication  gagne  de  l'intérêt 
en  devenant  la  préface  du  travail  qu'il  va  vous  exposer. 


M.   de  DION 

Ingénieur  civil,  ;'t  Paris. 


DE  LA  DÉFORMATION  ET  DU  CALCUL  DES  PIECES  COURBES. 

—  Séance  du  30  août  i877.  — 

La  détermination  de  la  résistance  des  pièces  courbes  est  un  problème 
compliqué,  parce  que  les  réactions  des  points  d'appuis  dépendant  de  la 
déformation  des  pièces,  il  faut  que  le  calcul  de  la  déformation  précède 
le  calcul  de  la  résistance,  ou  s'y  introduise  sous  forme  de  conditions. 
C'est  sous  cette  dernière  forme  qu'on  a  abordé  plusieurs  de  ces  pro- 
blèmes ;  on  a  étudié,  par  la  méthode  analytique,  un  certain  nombre  de 
cas,  en  supposant  un  arc  circulaire  ou  parabolique,  de  section  constante 
et  en  faisant  des  hypothèses  restreintes,  relativement  à  la  répartition  des 
charges.  Ces  études  ont  donné  lieu  à  de  savants  mémoires,  qui  ont  jeté 
un  grand  jour  sur  la  résistance  des  pièces  courbes,  mais  elles  ne  répon- 
dent que  bien  incomplètement  aux  besoins  de  l'ingénieur. 

Ainsi  il  n'était  pas  question  de  tenir  compte  dans  ces  formules  de 
l'action  des  tympans,  et  encore  moins  de  les  appliquer  à  une  pièce  de 
forme  irrégulière,  comme  une  ferme  faisant  corps  avec  les  colonnes  qui 
la  supportent,  car  comment  dans  ces  cas-là  obtenir  des  formules  inté- 
grables  ? 

Quand  on  voulait  aborder  ces  problèmes,  on  cédait  à  la  tendance  de 
subordonner  la  forme  de  la  construction  à  la  formule,  de  rendre  chaque 
partie  calculable  indépendamment  de  sa  voisine  ;  ou  bien  si  on  ne  renon- 
çait pas  au  bénéfice  de  la  liaison  des  différentes  parties,  on  commençait 

is 


274  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

par  supposer  la  construction  réduite  à  un  squelette  géométrique,  au 
moyen  d'hypothèses  qui  éloignent  considérablement  la  forme  calculée 
de  celle  qu'on  se  propose  d'exécuter,  alin  de  pouvoir  appliquer  des  for- 
mules rigoureuses. 

Ces  formules  sont  si  longues  et  si  pénibles  à  calculer,  qu'un  ingé- 
nieur ne  saurait  se  fier  à  leurs  résultats  qu'après  des  vérifications  de 
toute  nature  que,  souvent,  il  n'a  pas  le  temps  de  faire.  Cependant  ces 
problèmes  complexes  se  posent  chaque  jour,  et  avec  une  instance  de 
plus  en  plus  pressante  à  mesure  que  l'emploi  du  fer  se  multiplie  et 
qu'avec  l'importance  des  ouvrages,  et  leur  hardiesse  croissante,  on  éprouve 
le  besoin  de  se  rendre  un  compte  plus  exact  de  leur  résistance  réelle, 
et  aussi  alors  que  l'on  sort  des  ponts  de  chemins  de  fer  pour  aborder 
des  constructions  plus  architecturales. 

Ces  problèmes  cependant  peuvent  être  résolus  avec  toute  la  précision 
désirable,  sans  introduire  des  hypothèses  qui,  éloignant  considérable- 
ment de  la  vérité,  jettent  dans  l'incertitude  et  troublent  les  résultats 
dans  une  mesure  qui  échappe  à  notre  appréciation. 

Pour  cela  il  faut  poser  les  équations  d'équilibre  dans  toute  leur  géné- 
ralité, en  mettant  en  évidence  les  inconnues.  Les  équations  ainsi  posées 
comprennent  des  inconnues  au  premier  degré  et  des  intégrales  qui  con- 
stituent une  constante,  et  les  coefficients  des  inconnues. 

Ces  intégrales  dépendent  des  données  du  problème  et  peuvent  par 
conséquent  être  calculées  analytiquement  si  les  données  s'y  prêtent  et 
graphiquement  si  leur  intégration  n'est  pas  possible. 

Pour  séparer  les  intégrales  des  inconnues,  il  faut  distinguer  dans  la 
réaction  des  appuis  l'influence  des  moments  d'encastrement;  du  même 
coup  on  introduit  dans  les  équations  les  moments  fléchissants  qui  se 
produiraient  pour  une  poutre  posée  et  qui  sont  des  quantités  qu'on 
obtient  facilement  dès  que  la  répartition  des  charges  est  déterminée. 
Toutes  les  données  sont  prises  sur  l'épure  de  la  construction,  aussi  bien 
pour  les  lignes  courbes  que  pour  les  coordonnées. 

Êijuntiom  d'équilibre  d'une  pièce  courbe . — Pour  exposer  la  méthode, 
on  va  l'appliquer  au  cas  particulier  d'une  ferme  composée  de  fers  rivés 
ensemble  et  qui  peut  ainsi  être  considérée  comme  ne  formant  qu'une 
seule  pièce  courbe.  Les  forces  extérieures  qui  agissent  sur  la  ferme  sont 
les  poids  P'  P"  P'",  etc.,  et  les  réactions  des  appuis  qui  maintiennent  les 
pieds  de  la  ferme  à  une  dislance  constante  l. 

Soif  :  A  et  B  les  axes  neutres  des  sections  en  contact  avec  les  points 
d'appuis; 

d'  d"d"\  etc.,  les  distances  des  poids  P  P"P',  etc.,  à  la  surface  ver- 
ticale passant  par  le  point  À.  • 

Les  points    d'appuis  exercent    sur  les  pieds  de  la  ferme  des  efforts 


DE   DION.    —   DÉFORMATION    ET    CALCUL    DES    PIÈCES   COURBES  275 

qu'on  peut    toujours    décomposer   en   un  moment,  que  l'on   appellera 
moment  d'encastrement,  et  en  deux   forces  passant  par  l'axe  neutre  de 
la  section,   l'une   horizontale    et    l'autre    vertical»1.  Au   point  A  agit  le 
moment  y.  et  les  forces  N'  hori- 
zontale et  F'  verticale;;  au  point 
B,  le  moment  \j.'  et  les  forces  N" 

et  F". 

Les  équations  d'équilibre  pour 
l'ensemble  de  la  ferme,  sont  : 

N'+N"=o  (1) 

F'-fF"  =  2P  (2) 

[a  —  [/.'—Y  Pd  +  F'l  =  o,    (3) 


S 


l'équilibre  d'une  partie  comprise 
entre  A  et  une  section  S  dont 
l'axe  neutre  est  à  une  distance 
horizontale  x  du  point  A,  donne, 
pour  le  moment  fléchissant  \j. 
en  S  : 


! 


d" 


d' 


jjL=^-j-F'a> 


Pd  —  Xy.     (4) 


V" 


J 


r 


Q" 


Fig.   20. 


Dans  ces  équations,  F'  et  F" 
sont  des  fonctions  des  poids  P 
et  des  moments  d'encastrement 
p  et  \x 

Pour  déterminer  ces  fonctions  on  compare  les  équations  d'équilibre 
de  la  ferme  à  celles  d'une  poutre  posée  de  même  longueur  l  et  portant 
les  poids  P'  P",  etc.,  aux  mêmes  distances  d'  d",  etc.  En  appelant  Q' 
et  Q"  les  réactions  des  points  d'appui,  et  <J6\q  moment  fléchissant  pour 
une  section  S,  on  a  : 

,,=  ^_Ny  +  f^  +  _.  (5) 

Telle  est  la  valeur  du  moment  fléchissant  y.  pour  une  section  S  quel- 
conque de  la  pièce  courbe. 

Dans  cette  valeur,  on  connaît  <J6,  qui  dépend  uniquement  des 
charges  verticales  P;  tandis  que  les  quantités  N,  [x,  y/ ,  dépendent  des 
déformations  delà  pièce,  et  des  déplacements  de  certains  de  ses  points. 


276  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

Les  déformations  sont  produites  : 
1°  Par  les  moments  fléchissants,  et 

2°  Par  les  efforts  normaux  et  tangentiels  en  chaque  section;  les  effets 
de  ces  deux    actions    se    superposent,  elles  peuvent  donc  être  étudiées 

séparément. 

Le  déplacement  de  chacune  des  sections  dépend  de  la  déformation  de 
toutes  les  parties  de  la  pièce  combe.  Tout  déplacement  se  décompose 
en  un  mouvement  de  translation  et  un  mouvement   angulaire   sur  son 

axe  neutre. 

Déforma  lion  par  flexion.  —  Soient  S  et  S'  deux  sections  de  la 
pièce  courbe  AB,  normales  à  l'axe  neutre,  et  séparées  par  la  dis- 
tance  da  comptée  sur  cet  axe  neutre;  s'il  se  produit  un  moment 
fléchissant  y.  sur  la  longueur  da,  entre  ces  deux  sections  S  et  S',  elles 
éprouveront  l'une  par  rapport  à  l'autre  un  mouvement  angulaire  dz. 

Supposons  que  la  section  S  est  lixe,  alors  la  section  S'  vient  en  S", 
et  les  deux  sections  S'  et  S"  se  couperont  sur  Taxe  neutre  en  ri. 

La  pièce  n'ayant  éprouvé  aucun  effort  de  S'  en  B,  ne  sera  pas  défor- 
mée, elle  aura  seulement  été  en- 
traînée dans  le  mouvement  angu- 
laire de  S',  de  sorte  que  la  section 
B  sera  venue  en  B'. 

Appelons  :  G  la  distance  de  l'axe 
neutre  ri  à  l'axe  neutre  B  de  la 
section  extrême,  et  df  le  dépla- 
cement B  B'; 
on  aura  : 

df=Cdx.  (6) 

Pour    calculer    le    mouvement 
angulaire  dx,  appelons  : 
i  l'allongement  produit  sur  l'unité  de  longueur   et  l'unité  de  section, 
par  une  force  I»; 

Y    la  distance  à  l'axe  neutre  d'une  fibre; 
B  le  coefficient  de  résistance  de  cette  libre;  ; 
E  le  coefficient  d'élasticité  ; 
I  le  moment  d'inertie  «le  la  section  S  •. 
on  aura  les  équations  connues  : 

Il  H  I 


l  =—         el 


— ,       d'où  : 


El' 


or, 


;t  le    mouvement    angulaire  qui  se  produit   pour   l'unité  de 


longueur.  J'appellerai  la  quantité    -    ,  qui  lui  est  égale,  l'infléchissement. 


DE   DION.    —   DÉFORMATION    ET    CALCUL   DES   PIÈCES    COURBES  277 

En  ne  tenant  pas  compte  de  la  petite  différence  qui  résulte  clans  le 
pièces  courbes  du  non-parallélisme  des  sections  S  et  S'  et  du  déplace- 
ment de  l'axe  neutre,  on  a  : 

d%=—da,  (7) 

le    mouvement    angulaire   est   égal   à    L'infléchissement  multiplié  par  la 
longueur  sur  laquelle  il  se  produit. 
Pour  la  déformation,  on  a  : 

d/"=|jCda,  (8) 

lorsque  toute   la  pièce  courbe  est  soumise  à   la  flexion,  le  mouvement 
angulaire  de  B,  par  rapport  à  A,  est  : 

A 

j.dn 


r  \j.da 
!    "ET 


Kl  ' 

B 

et  le  déplacement  total  de  B  par  rapport  à   A   en   le    mesurant  sur  la 
courbe  décrite  par  le  point  B,  est  : 

A 


Ç  V-da 

1  wL- 


B 

Pour  avoir  les  déplacements,  suivant  deux  axes  rectangulaires,  proje- 
tons C  et  df  sur  ces  axes  ;  on  aura  deux  triangles  semblables  qui  don- 
nent : 

K=Sl    et    M-=  —  ,  (9) 

<lj  r  Lry  Clfy  Lix 

d'où  : 

df=^=Ç%L;  (10, 

remplaçant  dans  l'équation  (8)  df  successivement  par  ces  valeurs,  on  a  : 

dfx=^da,  (11) 

dfy=^da;  (12) 

alors   le  déplacement  total   de  C  par  rapport  à  S  est,  suivant  l'axe  des 
œ,  de  : 

u=riiida'        (i3) 


et  suivant  l'axe  des  y  de 


fy=fX^da  (14) 


"278  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

Ces  formules  sont  identiques  à  celles  de  Bélanger,  d'où  il  tire  des  appli- 
cations à  des  cas  géométriques  peu  nombreux.  La  difficulté  qui  restreint 
les  applications  de  ces  formules  vient  de  la  préoccupation  des  auteurs 
de  les  ramener  à  une  seule  variable  pour  les  rendre  intégrables. 

Dans  ces  équations,  toutes  les  valeurs  varient,  excepté  le  coefficient  E, 
si  toutefois  on  a  employé  le  même  métal  pour  toute  la  construction.  La 
valeur  du  moment  d'inertie  varie  généralement  d'une  manière  qu'on  ne 
peut  représenter  par  une  formule;  il  en  est  souvent  de  même  de  la 
longueur  de  l'axe  neutre  et  de  la  projection  de  C. 

Déformation  par  compression  et  glissement.  —  Indépendamment  des 
déplacements    des   mouvements  angulaires  occasionnés  par  la  flexion,  il 

se  produit  dans  l'intérieur  de  la  pièce 
courbe  des  déplacements  dus  à  l'action 
d'une  force  Q  résultante  de  la  pression  F 
normale  à  la  section  et  de  l'effort  tran- 
chant T. 

Dans  ses  formules,  Bélanger  a  toujours 
projeté  les  forces  suivant  une  normale  à 
la  section;  il  néglige  l'effort  tranchant  et 
introduit  dans  ses  formules  la  poussée  N 
multipliée  par  un  cosinus. 

On  simplifie  les   équations  par  les  corn» 
sidéra tions  suivantes  : 
Pour  l'unité   de  longueur,   le    raccour- 
cissement produit  par  une  force  normale  est  la  moitié  du   glissement 
transversal   que  produirait   cette    même    force   agissant   comme    effort 
'  tranchant. 

La  résultante  Q  ne  déplace  donc  pas  la  section  suivant  sa  direction, 
mais  comme  l'effort  tranchant  T  produit  des  déplacements  très-faibles 
relativement  à  ceux  dus  à  la  flexion  dans  les  fermes  et  comme  cet 
effort  est  aussi  très-faible  relativement  à  la  compression  dans  les  arcs  de 
pont,  on  peut  admettre  sans  erreur  sensible  que  la  force  Q  produit  sui- 
vant sa  direction  et  sur  une  longueur  da  un  raccourcissement  di. 
On  a  alors  : 

m  (15, 


Fig.  31. 


di= 


QE  * 


Décomposant  Q  en  une  force  horizontale  N  et  une  force  verticale  tc,  et 
projetant  le  raccourcissement  di  horizontalement  en  dï  et  verticalement 
en  di",  on  a  des  triangles  semblables  qui  donnent  : 

yda 


dï= 


QE 


(16) 


DE    DION.    —    DÉFORMATION    il     CALCUL    !>i  S    PIÈCES    COURBES  270 

''>  =ââ-  (17) 

La  projection  horizontale  du  raccourcissement  i  de  la  pièce  est  donc 
égal  au  raccourcissement  que  prendrait  la  pièce  suivant  son  axe  neutre, 

en  la  supposant  comprimée  par  la  force  N, 

■  Nda 


'=  /te-  (18> 


La  projection  verticale  du  raccourcissement  est  égale  à  la  diminution 
de  longueur  de  la  pièce  si  la  force  r.  agissait  normalement  sur  ses  sec- 
tions. 

/izda 
m- 

Ayant  ainsi  indiqué  les  formules  générales,  il  reste  à  écrire  les  équa- 
tions de  conditions  qui  résultent  des  déformations  ou  des  non-déforma- 
tions de  certains  points  de  la  pièce. 

Équations  de  condition.  —  L'équation  générale  (o)  du  moment  lléchis- 
sant  qui  se  produit  en  un  point  quelconque  de  l'axe  neutre  d'une  pièce 
courbe,  que  nous  avons  supposée  être  une  ferme,  est  : 

[J.'X 

v-=  a*  -Ny+f^n^+V ■  (19) 

Quand  la  ferme  ne  subit  aucun  effort  extérieur,  ce  qui  a  lieu  lors- 
qu'elle est  posée  à  plat  sur  le  sol,  elle  a  la  forme  que  lui  a  donnée  le 
constructeur.  Mais  si,  ensuite,  on  la  met  en  place  dans  des  conditions  un 
peu  différentes  de  celles  qui  avaient  d'abord  été  prévues,  elle  se  déforme. 
Si  on  suppose  que  l'écartement  des  points  d'appui  soit  plus  grand  d'une 
quantité  g  ;  que  le  point  d'appui  en  B  soit  plus  élevé  que  celui  en  A 
d'une  quantité  h;  et,  enfin,  que  les  plans  de  ces  points  d'appui  fassent 
des  angles  a0  et  a0'  avec  les  plans  formant  les  sections  extrêmes  de  la 
ferme  avant  toute  déformation,  et  que,  par  un  moyen  ou  par  un  autre, 
ou  amène  les  sections  extrêmes  de  la  ferme  a  coïncider  avec  les  plans 
des  points  d'appui,  alors  on  a  les  équations  de  conditions  suivantes  : 

4°  Le  mouvement  angulaire  entre  les  deux  sections  extrêmes  est  : 


/* 


da:  (20) 


"2°  L'accroissement  de  la  corde  par  rapport  à  des  axes  entraînés  dans 
le  mouvement  de  la  section  A  est  :  g  —  l  (1  —  cos.  a0)  ;  ce  dernier  terme 
est  presque  toujours  extrêmement  petit  et  absolument  négligeable.  On 
aura  donc,  pour  la  variation  de  la  corde,  l'équation  suivante  : 


280  NAVIGATION.  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 


»=■  /*»*-  /"S"  <21> 


El 

B  B 

Les  y  sont  comptés  à  partir  de  l'horizontale  passant  par  le  point  A. 

3°  Le  relèvement  du  point  B  par  rapport  à  des  axes  entraînés  dans 
le  mouvement  de  la  section  A  est  égal  à  :  /;  —  l  sin.  <x0. 

En  raison  de  la  petitesse  de  l'angle,  nous  pouvons  prendre  l'angle 
lui-même  au  lieu  de  son  sinus,  et  écrire  l'équation  suivante  : 

A 

h-h0  =  J  LA___rfa  +  y  _  (22) 

B 

en  comptant  les  x  depuis  la  verticale  passant  par  le  point  A. 

Dans  toutes  ces  formules,  les  moments  sont  positifs  quand  ils  tendent 
à  ouvrir  l'arc. 

C'est  dans  ces  trois  équations  (20),  (21)  et  (22)  qu'il  faut  introduire 
la  valeur  de  y.  donnée  par  l'équation  (5). 

On  a  ainsi  : 

A  A  A  A 

/~4%>  rv  i    ,      rd — x)  rx 

— -*  -Xj  md°  +  »J  y-^-  da+ïj  Wlda   (23) 

B  B  B  B 

B  B  B  B  B 


B 


EU 


B 
A  A 

'  X  (l x)  ,_    ,      f  rAa 

QË 


m 


B  B 

Dans  ces  trois  équations,  les  inconnues  sont  N,  \j.  et  \j!  .  Les  intégrales 

O  0 

sont  toutes  des  quantités  déterminées  dès  que  les  dimensions  de  la  pièce 
courbe  et  les  charges  qu'elle  porte  sont  connues;  elles  entrent  dans 
l'équation  soit  comme  constantes,  soit  comme  coefficients. 

Ainsi,  et  c'est  une  remarque  bien  importante  sur  laquelle  il  est  utile 
d'insister,  parce  qu'elle  n'a  pas  encore  été  suffisamment  mise  en  lumière, 
le  problème  général  conduit  à  3  équations  du  1"  degré  à  3  inconnues; 
les  coefficients  qu'affectent  ces  inconnues  sont  des  intégrales  qui  dépen- 
dent de  la  forme  et  des  dimensions  de  la  pièce,  indépendamment  des  efforts 


DE    DION.    —    DÉFORMATION    li    CALCUL    DES    PIECES  COURBES  281 

quelle  peut  avoir  à  supporter;  la  constante  est  une  intégrale  dépendant 
des  dimensions  de  la  pièce  et  <lr  la  répartition  des  charges  qu'elle  sup- 
porte. 

On  voit  donc  tout  de  suite  que  si  la  forme  de  la  pièce  et  la  répartition 
des  charges  sont  définies  par  des  lois  géométriques  assez  simples,  on 
peut  intégrer  exactement  Les  équations;  s'il  en  est  autrement,  on  peut 
toujours  résoudre  ces  équations  avec  l'approximation  qu'on  voudra  à 
l'aide  de  constructions  graphiques. 

La  simplicité  sous  laquelle  la  constante  se  présente  résulte  de  l'intro- 
duction des  moments  fléchissants  ,  //>  qui  se  produiraient  pour  une  poutre 
simplement  posée. 

Voici  comment  on  peut  disposer  les  calculs  graphiques  de  ces  inté- 
grales : 

1°  Sur  une  ligue  ab,  dont  la  longueur  esl  égale  à  celle  de  l'axe  neutre 
développé,  on  porte  en  ordonnées   les   infléchissements  en  chacun  des 


Fi£.  32. 


points,  et  la  surface  comprise  entre  la  courbe  des  infléchissements  et  la 
ligne  ab  donne  le  mouvement  angulaire  en  comptant  comme  positives 
les  surfaces  au-dessus  de  la  ligne,  et  négatives  celles  qui  sont  en  dessous. 

jfé      y    l  —  x    x 

~EF'  ET  "ËîT'ÊTz' 


En  traçant  ainsi  la  courbe  des  infléchissements  : 


on  obtient  les  surfaces  A,  B,  C,  D,  et  la  première  équation  de  condition 
devient  : 

a0  —  a0'  =  A  —  BN  -f-  C;;.  +  D[j/.  (26) 

O  0 

2°  Sur  les  surfaces  précédentes,  et  dans  un  plan  perpendiculaire,  on 
porte  les  valeurs  des  y  correspondantes  à  chaque  section  ,  on  obtient 
ainsi  des  volumes  qui  ont  les  surfaces  A,  B,  C,  D  pour  bases,  et  pour 
hauteur  les  ordonnées  y.  Ces  volumes  sont  positifs  quand  ils  correspon- 


282  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

dent  aux  mouvements  angulaires  positifs  et  à  des  ordonnées  positives. 
La  somme  des  volumes  pour  une  courbe  d'infléchissement  donne  le 
déplacement  horizontal  qui  en  résulte. 

On  obtient  donc  ainsi  des  volumes  A',  B  ,  C,  et  D',  qui  représentent 
les  intégrales  de  l'équation  (24). 

Quant  à  la  valeur  de    j  -^-,  on  la  construit  de  la  même  manière, 

en  portant  sur  une  ligne  a 6,  développement  de  l'axe  neutre,  des  ordon- 
nées égales  à  .  La  surface  de  cette  dernière  épure  représente  entre 
12  Jii 

deux  points  de  l'axe  neutre  le  raccourcissement  produit  par  la  compres- 
sion de  1  kil.  La  surface,  entre  les   deux   extrémités  a  et  b,   donne  le 
raccourcissement  total  pour  1  kil.  de  compression  elle  est  égale  à  —  G . 
Introduisant  ces  valeurs  dans  la  seconde  équation  de  condition,  elle 

devient  : 

g  =  A'  —  (B'  +  G')  N  +  G'  p  +  D'  ;;/.  (27) 

o  o 

3°  Enfin,  en  portant  sur  les  surfaces  des  mouvements  angulaires  les 
valeurs  de  x,  on  obtient  des  volumes  qui  représentent  les  coefficients  A", 
B",  G"  et  D",  qui  remplaceront  les  intégrales  dans  l'équation  n°  (25). 

La  valeur  de     /     ''",,     se  construit  en  portant  sur  l'axe  neutre  ab  des 

ordonnées  représentant  .  La  surface  totale  est  égale  à  W. 

Introduisant  ces  valeurs  dans  la  troisième  équation  de  condition,  elle 

devient  : 

h  —  U0  =  A"  +  (H"  —  B")  N  +  C>0  +  D>'0.       (28) 

Les  valeurs  de  N;  ;->.„,  ;V,  tirées  des  trois  équations  (26),  (27)  et  (28), 
sont  reportées  dans  l'équation  générale  (5),  qui  se  trouve  ainsi  résolue. 

On  remarquera  combien  cette  forme  de  calcul  est  commode  dans  la 
pratique.  Arrivé  à  ce  point,  on  peut  modifier  les  hypothèses  des  mouve- 
ments angulaires  a0  et  a'o,  et  des  déplacements  h  et  g,  sans  avoir  à 
changer  ni  la  constante,  ni  les  coefficients  qu'on  vient  de  calculer.  Et, 
si  même  on  change  la  distribution  et  la  valeur  des  charges,  il  suffit  de 
calculer  à  nouveau  l'intégrale  contenant    ^   ,  qui  constitue  la  constante. 

Tous  les  ingénieurs  qui  savent  par  expérience  combien  il  est  souvent 
intéressant  et  utile  de  changer  les  hypothèses  qu'on  a  faites,  suivant  les 
indications  données  par  le  calcul,  seront  certainement  frappés  de  la 
simplicité  avec  laquelle  ces  modifications  peuvent  être  introduites  dans 
une  étude  qu'on  a  toujours  considérée  comme  longue  et  laborieuse. 

Conclusions.  —  La  méthode  qui   vient  d'être  exposée  fait  ressortir, 


SHOOLBRED.       -    l\    MARCHE    DES    JURÉES    DANS    LA    Mil;    D'IRLANDE      283 

comme  on  l'a  déjà  dit,  que,  dans  le  calcul  des  pièces  courbes,  les  incon- 
uues  u'entrenl  qu'au  premier  degré,  e1  que  1rs  intégrales  à  calculer 
sonl  des  constantes  ou  des  coefficients  qui  dépendent  entièrement  des 
formes  de  la  pièce  et  des  charges  qu'elle  doit  supporter. 

Toute  pièce  matérielle  a  des  propriétés  mécaniques  qui  sont  :  l'élas- 
ticité de  la  matière  qui  la  compose,  élasticité  <|ni  peul  varier  d'un  point 
à  l'antre;  la  forme  «le  la  section  qui  est  définie  au  poinl  de  vue  de  la 
flexion  par  le  moment  d'inertie,  et  au  point  de  vue  de  la  compression 
et  de  l'effort  tranchant,  par  la  superficie  de  la  section  et  ses  éléments  de 
continuité;  ta  for de  l'axe  neutre,  dont  la  position  doit  être  déterminée. 

Les  calculs  nécessaires  pour  faire  ce  qu'on  pourrait  appeler  la  des- 
cription mécanique  de  la  pièce,  c'est-à-dire  pour  déterminer  l'axe  neutre, 
le  moment  d'inertie  et  la  section  en  chaque  point  sont  longs,  surtout 
quand  la  pièce  a  des  formes  très-variées. 

Une  fois  les  propriétés  mécaniques  figurées  par  des  courbes,  ce1  qui 
est  le  moyen  le  plus  exact  de  les  représenter,  on  procède  au  calcul  des 
coefficients  soit  des  moments  d'encastrement,  soit  de  la  poussée  N; 
enfin  on  trace  les  différentes  courbes  des  moments  fléchissants  dus  aux 
différentes  hypothèses  de  surcharge. 

Les  équations  de  condition  sont  alors  fort  simples  à  écrire  et  rapide- 
ment résolues. 

L'équation  générale  (o)  donne  les  moments  p  en  chacun  des  points  de 
la  pièce.  En  reportant  ces  valeurs  dans  les  équations  ("20),  (21)  et  (22) 
et  intégrant  entre  deux  points  donnés,  on  détermine  les  mouvements 
angulaires  et  les  déplacements  de  ces  points  l'un  par  rapport  à  l'autre. 
Ces  quantités  se  trouvent  représentées  par  des  portions  de  surface  repré- 
sentant les  mouvements  angulaires  entre  les  points  extrêmes  et  par  des 
portions  des  volumes  directs  ou  complémentaires  qui  donnent  les  mou- 
vements des  points  extrêmes. 

Mais  l'heure  avancée  ne  permet  pas  d'entrer  dans  des  développements 
à  cet  égard. 


M.  James  I.  SHOOLBRED 

Membre  fie  l'Institution  des  Ingénieurs  civils  de  Londres. 


NOTE  SUR  LA  MARCHE  DES  MARÉES  DANS  LA  MER  D'IRLANDE 
ET  DANS  LA  MANCHE. 


—  Séance  du  30  août  1877.  — 

La  transmission  de  la   vague   marée  dans  l'Océan,  où  elle  se  pro- 
page librement  sans  rencontrer  d'obstacles,  présente  le  caractère  d'une 


284  NAVIGATION.  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

marche  régulière;  elle  suit  en  premier  lieu  une  direction  de  l'est  à 
l'ouest  comme  le  soleil  et  produit  ensuite  des  embranchements  à  droite 
et  à  gauche  selon  la  conformation  des  côtes  le  long  desquelles  elle  passe. 

Dans  les  baies  ou  les  criques  de  ces  côtes,  son  progrès  est  arrêté  par 
l'élévation  graduelle  du  fond  de  la  mer;  lorsqu'elle  passe  autour  des 
terres  isolées  ou  îles,  les  deux  vagues  allant  dans  des  sens  opposés 
peuvent  se  rencontrer,  et  alors  la  marche  de  chacune  d'elles  est  arrêtée. 
Dans  ce  dernier  cas, le  choc  de  la  rencontre  se  fait  sentir  en  arrière  sur 
chaque  portion  et  produit  une  série  de  phénomènes  connus  sous  le 
nom  de  marée  stationnaire,  tandis  que  la  désignation  de  marée  pro- 
gressive indique  la  marche  normale  de  la  marée. 

Les  phénomènes  de  la  marée  stationnaire  comprennent,  non-seulement 
le  choc  dont  l'effet  s'étend  sur  les  deux  directions,  et  qui  est  la  cause 
que  les  moments  de  la  haute  mer  sont  à  peu  près  les  mêmes  sur  toute 
l'étendue  atteinte  par  le  choc,  et  de  même  pour  ceux  de  la  basse  mer, 
mais,  encore  la  formation  d'un  point  ou  nœud  (node)  sur  chaque  portion 
de  la  marée,  juste  à  la  limite  de  la  zone  stationnaire  près  du  point  de 
rencontre  de  la  portion  progressive  avec  celle  qui  est  stationnaire.  C'est 
à  ce  point  aussi  que  peuvent  s'observer  à  certaines  époques  des  marées 
doubles;  c'est-à-dire  que  dans  l'intervalle  de  douze  heures  la  mer  monte 
et  descend  deux  fois. 

Ces  phénomènes  des  marées  stationnaires  sont  trop  bien  connus,  pour 
qu'il  y  ait  lieu  d'en  donner  ici  la  description  ;  il  suffit  de  nommer  deux 
endroits  où  ils  sont  bien  indiqués  :  la  mer  d'Irlande  et  la  Manche. 

La  vague  marée  venant  de  l'océan  Atlantique  côtoie  l'ouest  de  l'Ir- 
lande, après  avoir  projeté  une  branche  entre  la  France  et  l'Angleterre, 
et  une  autre  entre  l'Irlande  et  l'Angleterre.  Au  delà  du  nord  de  l'Ir- 
lande, la  vague  fait  descendre  une  autre  branche  vers  le  sud  entre 
l'Ecosse  et  l'Irlande,  qui  va  bientôt  rencontrer  celle  qui,  venant  du 
midi,  est  montée  entre  l'Irlande  et  l'Angleterre,  en  suivant  le  canal 
Saint-George.  La  zone  des  phénomènes  stationnaires,  qui  en  résulte,  est  à 
peu  près  identique  avec  le  gonflement  qu'on  appelle  la  mer  d'Irlande  ;  et 
la  ligne  de  rencontre  s'y  trouve  à  peu  près  entre  Dundalk,  en  Irlande, 
et  Fleetwood  en  Angleterre,  passant  un  peu  au  sud  de  l'île  de  Man. 
Les  nœuds  (nodes),  ou  points  de  rencontre  entre  la  portion  progressive 
et  celle  qui  est  stationnaire,  se  trouvent  l'un  près  de  l'île  de  Rathlin,  au 
nord-est  de  l'Irlande,  et  l'autre  à  Courtown,  à  quelque  distance  au  sud 
de  Dublin.  Ainsi,  tous  deux  sont  à  la  partie  occidentale  du  chenal;  et 
c'est  au  dernier  nommé,  le  plus  au  sud,  qu'arrivent  les  marées  doubles. 

Dans  la  Manche,  la  marée  venant  du  sud-ouest  rencontre ,  près  du 
détroit  du  pas  de  Calais,  une  autre  portion  qui,  ayanj;  fait  le  détour 
par  l'ouest  de  l'Irlande   et  par  le  nord  de   l'Ecosse,  descend  de  la  mer 


SHOOLBRKD.    —   LA    MARCHE    DES    MARÉES    DANS    LA    MER   D'ltU,ANDE       28o 

du  Nord.  Les  phénomènes  qui  résultent  de  cette  rencontre  sont  ceux  des 
marées  station naires,  mais  ils  ne  sont  pas  aussi  simples  que  ceux,  de  la 
mer  d'Irlande.  Les  nœuds  (nodes)  sonl  pour  la  mer  du  Nord  près 
de  Yarmoutb,  en  Angleterre,  et  pour  la  Manche  à  Swanage,  près  >\<- 
Portland ,  dans  le  même  pays.  Ainsi,  les  deux  points  sonl  à  la  partie 
occidentale  du  chenal,  comme  pour  la  mer  d'Irlande,  et  c'est  encore 
près  du  nœud  au  sud,  à  Swanage,  que  se  produisent  les  marées 
doubles. 

Il  existe  plusieurs  autres  points  de  ressemblance  entre  la  mer  d'Irlande 
et  la  Manche,  que  M.  le  capitaine  Beeche}  (de  la  marine  royale  d'Angle- 
terre) fait  ressortir;  et  il  donne  beaucoup  d'autres  détails  sur  leurs 
marées,  qu'on  peutliredans  les  Philosophical  Transactions  of  the Royal 
Society,  1848  et  1851. 

En  liSTo,  un  certain  nombre  d'observations  ont  eu  lieu  simultanément 
sur  les  deux  côtes  opposées  de  la  mer  d'Irlande,  et  leur  résultat  (voir 
le  tableau  plus  loin)  a  été  présenté  à  l'Association  britannique  pour 
l'avancement  des  sciences.  Celle-ci  l'a  trouvé  assez  important  pour 
nommer  au  Congrès  de  Plymoulh  une  commission,  avec  sir  William 
Thomson  pour  président,  dans  le  but  d'obtenir,  si  c'est  possible,  des 
observations  d'une  nature  à  peu  près  semblable  dans  la  Manche  et  dans 
la  mer  du  Nord,  et  d'inviter  à  y  coopérer  l'Association  française  pour 
l'avancement  des  sciences. 

C'est  dans  ce  but  que  l'auteur  (qui  est  le  secrétaire  de  la  Commission 
anglaise),  présente  cette  courte  notice,  dans  l'espoir  que  l'Association 
française  voudra  bien  donner  ses  sympathies  et  son  appui  à  ce  travail 
scientifique,  qui  servira  à  lier  dans  un  travail  commun  les  deux  Asso- 
ciations. 

MARÉES      DANS      LA     MER      !)'lRLANDE. 

Vives  eaux  du  S  avril  1875. 


{Angleterre.) 
Whitehaveo. 
Barrow..... 

Fieetwood  . 

Liverpool. .. 

Holyhead. .. 

(Irlande.) 

Belfast 

Dundalk 

Dublin....  .. 

Kingstown. . 


BASSE    >1KK 


Heure.      Hauteur 


6.45mut. 

8 .  30  » 

7.1:'»  » 

6.45  * 

5.15  » 

6     »  » 

7.50  » 


M  \l    II       'Il    lï 


Sauteur. 


BASSE    >IKR 


Hauteur. 


Mètres. 
26-23 
25.70 
26.46 
25.67 
27  33 

29.23 

.  28-57 

28.41 

28 .  24 


12.45  soir 
1.30     » 
12.45     » 
1 2    «midi 
11 .30mat. 

12.15  soir 
12.15    » 
12.45    » 
12.41»     » 


Mètres. 

34.46 
35. n:; 
35.27 
34.74 
33     » 

32.27 
32.94 
32  38 

32.  05 


7.15  soir 
9     »     » 
7.45      a 
7.15     » 
5.45     » 


6.15 

G  15 


Mètres. 
26.23 
25.50 
26-53 
25.50 
27.17 

28.92 
28-62 
28.26 

28.03 


OBSERVATIONS 


llariim 
m.  m. 


Vent. 
N.-N.-O.  Fort. 
N.  Léger    757 

N.  Temp.  749 

N.-N.-E.  Fort.     755 
N.-E.        Fort. 


N.-E 
N.-E. 

N.-E. 
31. -II. 


Fort. 
Fort 
Fort. 
Fort. 


767 
702 


286 


NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

Mortes  eaux  du  31  mars  4816. 


b*ssi-;  Mi:it 


Heure.      Hauteur. 


Il  MITE    MEB 

Heure.      Hauteur. 


isvssi;    mi  H 

Heure.       Hauteur. 


OBSERVATIONS 


[Angleterre.) 
Whitehaven 
Barrow — 

Fleetwood . 
Liverpool  .. 
Holyhead. . 

(Irlande.) 

Belfast 

Dundalk  . . . 
Dublin 


Mètres. 

Mètres. 

Mètres. 

12.15  soir 

28.90 

6.15 

soir 

31.59 

I  »  mat. 

29.17 

12  15    » 

28.46 

y> 

» 

31  .51 

»        » 

28.73 

12    «midi 

28.82 

» 

» 

31.80 

»          n 

29     » 

11 ,45mat. 

28    16 

V 

» 

31.31 

»          » 

28.70 

11     »    » 

29.17 

5.43 

» 

30.95 

12    «min. 

29.43 

12    «midi 

29.  84 

G     » 

» 

31.36 

12.  I5mat. 

30.12 

»       » 

29.20 

7     » 

» 

31.31 

»              3> 

29.58 

7     » 

» 

31. 1G 

B.iroro 
m. m. 


Vent. 

Léger. 

N.-O.       Frais.  777 

N.-O       Calme.  77:i 

N.-N.-O.  Léger.  777 

N.-N.-O.  Léger.  77* 

N  -N.-O.  Léger.  777 
N  -N.-O.  Léger.  777 
N.  Très-frais. 


L'heure  de  Greenwich  a  été  observée  partout. 

L'heure  de  Dublin  est  de  25  minutes  21  secondes  en  retard  de 
Greenwich. 

Le  plan  de  comparaison  des  niveaux  du  tableau  est  30nl,48  (100  pieds 
anglais)  au-dessous  de  celui  du  plan  cadastral  d'Angleterre. 

Le  plan  de  comparaison  du  plan  cadastral  d'Irlande  se  trouve  à 
28m,19  en  dessus  de  celui  du  tableau,  en  supposant  que  le  niveau 
moyen  de  la  mer  soit  uniforme  entre  les  deux  pays. 


M.  STŒCKLII       &        M.  YÉTILLAO 

Ingénieur  en  chef  des  ponts  el  i  iiau    ées,  à  ingénieur  d"s  ponts  et  chaussées,  à  Calais. 

Boule- gne-sur-Mer. 


NOTE  SUR  UN  NOUVEAU   SYSTÈME  DE  FONÇAGE  DES  PIEUX 
PAR  INJECTION  D'EAU. 


—  Séance  du  30  août    1877.  — 

Des  battages  de  pieux  faits  à  Berck  pour  la  défense  du  grand  hôpital 
de  l'assistance  publique,  et  les  premiers  battages  exécutés  à  Calais  pour 
les  travaux  d'agrandissement  du  port,  nous  avaient  fait  reconnaître  l'im- 
mense difficulté  que  l'on  éprouve  à  enfoncer  des  pieux  et  des  palplan- 
ches  dans  le  sable  fin  et  humide  qui  constitue  nos  plages  de  la  Manche 
et  de  la  mer  du  Nord.  Nous  étions  frappés,  non-seulement  de  la  grande 
dépense  que  nécessitait  ce  battage,  mais  surtout  du  temps  considérable 
qu'il  exigeait.  Comme   la   rapidité    d'exécution  était  pour  nous  une  des 


STOECKLIH    ET    VÉTILLARD. —  FONI  LG1     DES    PIEU5    PAR   INJECTION    D'EAU     287 

conditions  essentielles  de  la  réussite,  dous  nous  sommes,  dès  le  principe, 
préoccupés  de  chercher  un  moyen  d'améliorer  le  système  de  battage 
employé  jusqu'à  ce  jour. 

Nous  fondions  notre  espoir  de  réussir  dans  nos  recherches  sur  plu- 
sieurs laits  techniques  qui  étaient  arrivés  à  notre  connaissance.  Ainsi, 
nous  savions  que  le  fonçage  des  piles  du  ponl  de  Kehl  et  celui  des 
colonnes  en  fonte  des  jetées  de  l'Adour  à  Bayonne  s'étaient  effectués 
assez  facilement,  parce  que  l'air  comprimé,  en  remontant  à  l'extérieur 
le  long  <l<s  parois,  avait  beaucoup  diminué  les  frottements.  Nous  avions 
appris  également  par  M.  Bergeron,  qu'un  ingénieur  anglais,  .M.  Brunless, 
avait  enfoncé  un  grand  nombre  de  colonnes  eu  fonte,  en  faisant  passer 
dans  leur  intérieur,  et  déboucher  au-dessous  d'elles,  un  tube  qui  lan- 
çait un  jet  d'eau. 

Il  y  avait,  dansces  faits,  le  point  de  départ  d'essais  utiles.  Mais  nous 
étions  pressés  par  le  temps;  notre  personnel  était  absorbe  par  les  tra- 
vaux, et  nous  n'avions  ni  le  moyen,  ni  le  loisir  d'établir  un  atelier 
d'expérience  sur  ia  plage  de  Calais,  qui  ne  découvre  souvent  (pie  six 
heures  par  marée. 

Nous  avons  donc  commencé  nos  essais  par  les  moyens  les  plus  élé- 
mentaires, avec  deux  petites  pompes  de  jardin  mues  chacune  par  un 
homme,  et  refoulant  l'eau  dans  un  tuyau  en  caoutchouc  terminé  par  un 
tube  en  fer  (1)  formant  lance.  On  amenait  l'eau  le 
long  du  pieu  à  enfoncer  à  0m,20  ou  0"\30  au-dessous 
de  sa  pointe  inférieure.  En  général,  on  plaçait  un 
tube  par  devant,  un  autre  par  derrière.  L'opération 
est  du  reste  très-simple  en  elle-même,  et  la  seule  pré- 
caution qu'elle  exige  est  de  tenir  le  tube  dans  une 
position  aussi  verticale  que  possible,  et  de  le  remuer 
continuellement  pour  l'empêcher  d'être  étreint  par  le 
sable,  qui  redevient  compacte  dès  que  le  courant  d'eau 
s'interrompt  ou  cesse  de  remonter  le  long  de  la  lance 
d'injection.  Le  résultat  a,  dès  le  premier  essai, 
dépassé  toutes  nos  espérances,  et  nous  avons  pu  terminer  ainsi, 
dans  les  meilleures  conditions  d'économie  et  de  rapidité,  une  enceinte 
de  474  mètres  de  longueur.  Nous  avons  seulement  remplacé  nos  petites 
pompes,  qui  étaient  insuffisantes,  d'abord  par  une  petite  pompe  à  incen- 
die que  nous  a  prêtée  la  ville,  et  ensuite  par  deux  pompes  à  main  un 
peu  plus  puissantes  que  les  premières,  et  dont  les  manivelles,  en  forme 
de  volant,  étaient  mues  par  deux  bommes. 

Nous   sommes  certainement  loin   encore    d'être  arrivés  à  tirer  de  ce 


Fie.   33. 


[1    On  se  servait  de  petites  conduites  pour  gaz  ayant  de  2n\,.J0  à  3ra,50  de  longueur  et  un  diamè- 
tre de  om,027. 


288  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

système  tout  le  profit  qu'on  peut  en  attendre,  et  les  premiers  résultats 
obtenus  ne  seront  pour  nous  que  le  point  de  départ  d'expériences  plus 
complètes,  que  nous  comptons  faire  dès  que  nous  pourrons  dispo- 
ser de  quelques  moments  de  loisir.  Il  sera  intéressant,  en  effet,  de 
rechercher  le  meilleur  mode  d'action,  la  profondeur  à  laquelle  on  pourra 
foncer  au  moyen  de  ce  système,  la  nature  des  terrains  dans  lesquels  il 
pourra  trouver  son  application,  et  la  force  qu'il  faudra  développer  sui- 
vant les  sols  différents  dans  lesquels  on  agira.  Mais  les  essais  ne  seront 
pas  forcément  resserrés  dans  ces  limites  étroites.  D'une  part,  il  est 
évident  que  le  système  par  injection  facilite  le  fonçage  en  désagrégeant 
le  sol  par  le  moyen  d'un  courant.  D'autre  part,  l'expérience  semble 
prouver  que  le  sable  fin,  agité  par  un  courant  continu,  acquiert  la  pro- 
priété de  se  maintenir,  pour  ainsi  dire,  en  suspension  dans  l'eau,  et  de 
former  une  véritable  masse  liquide. 

Il  sera  donc  intéressant  de  rechercher  aussi,  d'abord,  si  le  principe  du 
système,  c'est-à-dire  la  désagrégation  du  sol  que  doit  traverser  le  pieu, 
ne  pourrait  pas  trouver  son  application  dans  d'autres  terrains  et  avec 
des  moyens  différents,  et  ensuite  s'il  ne  serait  pas  possible  de  tirer,  dans 
certaines  circonstances,  un  parti  utile  de  cette  manière  d'être  spéciale  au 
sable  lin  mis  en  mouvement  par  un  courant  d'eau. 

Il  y  a  là  un  vaste  champ  d'expériences  ouvert  à  tous  les  hommes 
d'étude. 

Mais,  si  modestes  que  soient  les  premiers  résultats,  ils  nous  ont  paru 
mériter  d'être  portés  à  la  connaissance  des  ingénieurs,  à  cause  de  leur 
utilité  pratique.  Pour  nous  déjà,  ils  avaient  une  importance  capitale, 
puisque  les  travaux  d'amélioration  du  port  de  Calais  comportent  à  eux 
seuls  pour  350,000  fr.  de  battages. 

Pour  faire  comprendre  l'importance  du  profit  que  l'on  peut  tirer  de  ce 
système,  il  suffira  que  nous  citions  les  chiffres  suivants  obtenus  à  Calais. 

Nos  pieux  avaient  un  équarrissage  de  0m,22/0m,22  et  une  fiche  de 
3  mètres  ;  ils  étaient  espacés  de  2  en  2  mètres. 

Les  pal  planches  avaient  2IU,50  de  fiche,  leur  épaisseur  avait  dû  être 
portée  de  0"',08  à  0m,12,  pour  éviter  de  trop  fréquentes  ruptures. 

Le  mouton  de  nos  sonnettes  pèse  600  kilog.  et  peut  s'élever  jusqu'à 
2  mètres. 

Avec  l'ancien  système  (le  système  des  sonnettes),  il  fallait  en  moyenne 
18")  coups  de  mouton  pour  battre  un  pieu,  900  coups  pour  battre  un 
panneau. 

La  mise  en  fiche  et  le  battage  d'un  panneau  exigeaient  de  5  h.  50  m. 
à  14  h.  15;  en  moyenne  8  h.  36  m. 

Avec  le  système  nouveau  (par  injection  d'eau), le  nombre  de  coups  de 
mouton  par  panneau  a  varié  de  0  à  50. 


STOECKLIN.    —    LES    COURANTS   ALTERNATIFS   DU    PAS-DE-CALAIS  289 

Malgré  nos  moyens  imparfaits,  la  mise  en  fiche  et  le  battage  d'un 
panneau  n'ont  plus  exigé,  en  moyenne,  que  1  h.  0  m.;  la  durée  a  varié 
de  14  m.  à  1  h.  48;  plusieurs  panneaux  n'ont  demandé  que  lo  à  16 
minutes.  Avec  un  outillage  approprié,  et  un  personnel  un  peu  exercé, 
on  arriverait  certainement  à  généraliser  ces  résultats  favorables. 

On  commençait  en  général  le  fonçage,  en  posant  le  mouton  sur  la 
palplanche  et  en  exerçant  sur  lui,  au  moyen  de  la  sonnette,  une  pres- 
sion qui  doublait  son  poids;  on  terminait  par  quelques  coups  de  mou- 
ton. 

Outre  la  grande  économie  de  temps  et  d'argent,  le  système  par  injec- 
tion a  encore  l'avantage  de  faciliter  beaucoup  la  mise  en  fiche,  en  per- 
mettant de  préparer  à  l'avance,  sur  50  ou  00  centimètres  de  hauteur,  la 
poche  dans  laquelle  doit  se  loger  le  pieu,  et  de  permettre,  d'autre- part, 
le  fonçage  de  panneaux  beaucoup  plus  étanches. 

L'arrachage  des  palplanches  et  des  pieux  déviés  ou  tendus,  arrachage 
qui  présentait  avec  l'ancien  système  des  difficultés  considérables,  se  fait 
avec  la  plus  grande  facilité  dans  le  nouveau  système. 

Nous  ajouterons  enfin,  à  titre  de  renseignement,  qu'un  essai,  encore 
unique,  a  prouvé  que  l'on  pouvait  enfoncer,  même  dans  un  terrain 
de  sable  assez  fortement  mêlé  d'argile,  un  madrier  de  o  mètres  de  lon- 
gueur et  de  0,08  d'épaisseur,  rien  qu'en  pressant  sur  sa  tête  au  moyeu 
de  deux  palans  mis  en  action  par  quatre  hommes. 

En  terminant  cette  courte  notice,  nous  tenons  à  constater  que,  dans 
ces  essais,  nous  avons  été  très-heureusement  secondés  par  M.  Delannoy, 
conducteur  des  ponts  et  chaussées  à  Calais,  qui  a  conduit  les  essais 
avec  beaucoup  d'intelligence,  et  qui  a  largement  contribué  à  en  assurer 
les  heureux  résultats. 


M.   STCECKLIÏT 

Ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées,  à  Boulogne-sur-Sler 


QUELQUES  CONSIDERATIONS  SUR  LES  COURANTS  ALTERNATIFS 
DANS  LE  DÉTROIT  DU  PAS-DE-CALAIS. 


—  Séance  du  30  août  1877.  — 

Les  études  que  j'ai  eu  à  faire  récemment,  en  vue  de  la  création  d'un 
port  en  eau  profonde  au  devant  de  Boulogne,  m'ont  conduit  à  étudier, 
d'une  façon  spéciale,  le  régime,  et  à  chercher  la  cause  des  courants 
alternatifs  qui  balaient  le  détroit  du  Pas-de-Calais. 

19 


290  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

Tous  les  marins  et  les  hydrographes  ont  constaté  ces  phénomènes  si 
curieux,  et  M.  Plocq,  actuellement  ingénieur  en  chef  à  Dunkerque,  en 
a  fait,  pour  ainsi  dire,  la  monographie  dans  un  remarquable  mémoire 
inséré  aux  annales  des  Ponts  et  Chaussées  (année  1863,  page  103).  Mais 
toutes  ces  études  sont  restées,  en  général,  dans  le  domaine  de  la  science 
transcendante. 

Je  voudrais  essayer  de  la  mettre  à  la  portée  de  tous;  c'est  là  le  but 
de  cette  courte  notice. 

Si  l'on  cherche  avec  l'annuaire  des  marées,  et  à  l'aide  d'une  carte  de 
l'Europe,  et  plus  spécialement  de  la  car  Le  de  M.  Delesse  (lithologie  du 
fond  des  mers,  carte  2),  à  se  rendre  compte  de  la  propagation  de  la 
marée  dans  la  Manche  et  dans  la  mer  du  Nord,  on  doit  admettre  d'abord, 
comme  point  de  départ,  —  que  ces  mers  sont  toutes  deux  trop  étroites 
et  trop  peu  profondes,  pour  que  la  marée  s'y  produise  par  l'attraction 
directe  de  la  lune;  —  que  la  marée  ne  s'y  développe  dès  lors  que  par 
simple  transmission  de  l'onde  venue  des  profondeurs  de  l'Océan,  —  et 
que  le  régime  de  ces  deux  mers  est  à  peu  près  indépendant  l'un  de 
l'autre,  puisque  ces  mers  ne  sont  en  communication  entre  elles  que  par 
le  détroit  du  Pas-de-Calais,  c'est-à-dire  par  un  canal  d'une  section 
relativement  très-faible  (environ  3o  mètres  de  profondeur  moyenne  et 
28  kilomètres  de  largeur). 

Ceci  posé,  on  remarque  que,  tandis  que  l'onde  de  marée  s'engouffre 
directement  dans  la  Manche,  et  met  sept  heures  et  demie  pour  aller  de 
Brest  au  fond  du  détroit,  cette  onde  n'entre,  en  grande  partie  du  moins, 
dans  la  mer  du  Nord,  que  par  déversement  latéral  ;  et,  après  avoir  mis 
quatre  heures  pour  atteindre  le  nord  de  l'Ecosse,  elle  a  encore  1,000 
kilomètres  à  parcourir  pour  arriver  au  détroit. 

Si  l'on  suppose  dès  lors  un  écran,  un  barrage,  placé  de  Douvres 
au  cap  Gris-Nez,  on  conçoit  qu'il  doit  y  avoir  une  différence  de 
niveau  sensible,  entre  l'onde  au  nord  de  cet  écran  et  l'onde  au  sud 
de  cet  écran,  et  cela,  non-seulement  parce  que  l'onde  de  la  mer  du 
Nord,  ayant  plus  de  chemin  à  faire  et  plus  d'espace  pour  s'épanouir, 
doit  arriver  plus  déprimée,  mais  encore  parce  que,  tout  au  moins  sous 
de  certaines  influences  de  vent,  il  peut  y  avoir  retard  d'une  marée 
sur  l'autre.  Et,  en  effet,  la  mer,  au  moment  des  vives  eaux,  monte  à 
Boulogne  1  mètre  ou  lm,50  plus  haut  qu'à  Calais,  et  descend  1  mètre 
plus  bas. 

De  là  des  courants  alternatifs  comme  ceux  qui  se  produiraient  entre 
deux  vases  communiquants,  dont  chacun  aurait,  tour  à  tour,  son  niveau 
plus  élevé  que  celui  de  l'autre  vase. 

On  peut  se  rendre  un  compte  très-exact  des  diverses  circonstances  qui 
concernent  ces  courants,  en  plaçant  sur  la  courbe  des  marées  de  Bou- 


STCBCKLIN.  —   LES   COURANTS  ALTERNATIFS  DU  PAS-DE-CALAIS  291 

logne,  qui  bsI  Immédiatement  au  sud  de  L'écran,  la  courbe  dos  marées 
de  Calais,  qui  est  immédiatement  au  nord  de  cet  écran,  après  avoir 
superposé  les  lignes  de  niveau  moyen. 


MAREE  DE  VIVE  EAU 


MARÉE  DE  MORTE  EAU 


Fig.  34  et  35.  —  L;i  courbe  des  marées  de  Boulogne  est  représentée 
par  la  plus  grosse  ligne. 


Chaque  fois  que,  par  rapport  à  la  ligne  horizontale  AB,  l'eau  à  Bou- 
logne sera  plus  élevée  qu'à  Calais,  le  déversement  se  fera  de  la  Manche 
vers  la  mer  du  Nord,  et  la  vitesse  du  courant  dépendra  de  la  différence 
des  niveaux.  Le  déversement  se  fera  au  contraire  de  la  mer  du  Nord 
vers  la  Manche,  lorsque  l'eau  sera  plus  élevée  à  Calais  qu'à  Boulogne. 
Le  moment  de  renversement  des  courants  correspondra  au  point  de 
croisement  des  deux  courbes. 

Cette  ligure  explique  ainsi  de  la  façon  la  plus  simple  et  la  plus 
naturelle,  les  faits  suivants  constatés  par  les  hydrographes  et  les 
ingénieurs  : 

Le  courant  montant  (du  sud  au  nord)  commence  deux  heures  et  demie 
ou  trois  heures  après  l'heure  de  la  basse  mer  ; 

Il  dure  cinq  heures  et  demie  ou  six  heures  ; 

Son  maximum  correspond  à  peu  près  à  l'étalé  de  flot; 

Le  courant  descendant  (du  nord  au  sud)  commence  trois  heures  ou 
trois  heures  et  demie  après  l'heure  de  la  pleine  mer  ; 

Il  dure  six  heures  ou  six  heures  et  demie; 

Il  est  plus  faible  que  le  courant  montant; 

Son  maximum  correspond  à  peu  près  à  l'étalé  de  jusant; 

Les  courants  sont  moins  forts  en  morte  eau  qu'en  vive  eau; 

Le  courant  est  très-sensiblement  influencé  par  la  force  et  la  direction 


292  NAVIGATION.  —  GÉNIE  CIVIL  ET  MILITAIRE 

du  vent,  puisque  tel  vent,  par  exemple  celui  du  sud-ouest,  arrête  et 
déprime  l'onde  de  la  mer  du  Nord,  tandis  qu'il  pousse  et  gonfle  l'onde 
de  la  Manche. 

Et  ce  qui  est  digne  de  remarque,  c'est  que  si  l'on  fait  glisser  la 
courbe  de  Calais  sur  celle  de  Boulogne,  en  faisant  toujours  coïncider  les 
lignes  de  niveau  moyen,  et  de  manière  à  représenter  des  retards  de  la 
marée  de  la  mer  du  Nord  allant  de  zéro  à  douze  heures,  on  trouve  que 
les  conditions  relatives  aux  époques  et  à  la  durée  des  courants,  ne 
varient  que  peu,  et  dans  des  limites  qui  ne  dépassent  pas  les  variations 
constatées  par  les  ingénieurs  hydrographes.  La  hauteur  de  chute  et  par 
conséquent  la  force  du  courant,  sont  seules  modifiées  d'une  façon  sen- 
sible. Ce  sont  là  les  faits  qu'on  constate  par  expérience. 

Ces  courants  alternatifs,  tout  à  fait  spéciaux  au  Pas-de-Calais,  et  qui 
proviennent,  je  le  répèle,  de  ce  que,  par  suite  de  l'étranglement  du 
détroit,  la  marée  s'élève  et  s'abaisse  plus  du  côté  de  la  Manche  que  du 
côté  de  la  mer  du  Nord,  permettent  d'affirmer  que  le  canal  du  Pas-de- 
Calais  n'est  pas  encore  arrivé  à  son  état  d'équilibre,  qu'il  tend  sans 
cesse  à  s'élargir  et  à  s'approfondir,  et  qu'en  choisissant  les  points 
convenables,  on  peut  espérer  y  créer  des  ports  dont  les  entrées  ne  s'en- 
sableront pas. 

Ces  courants  de  déversement,  que  l'on  désigne,  peut-être  à  tort,  par 
les  mots  courant  de  flot,  courant  de  jusant,  atteignent  au  cap  Gris-Nez  une 
vitesse  de  trois  nœuds  (lm,  50  par  seconde)  et  dépassent  souvent  ce 
chiffre  sous  l'influence  des  vents.  Leur  action  ne  s'étend  pas  à  une 
grande  distance  du  détroit.  Bientôt,  en  effet,  ils  se  combinent  avec  d'autres 
courants  produits  par  des  causes  diverses. 

Par  suite  de  l'existence  du  déversoir  du  détroit  du  Pas-de-Calais  et 
par  suite  des  formes  tourmentées  des  côtes  dans  les  deux  mers  qui  y 
confinent,  les  effets  de  la  marée  y  sont  variables  en  chaque  point. 
Chaque  localité,  chaque  baie  est  soumise  à  des  conditions  spéciales  et 
doit  être  étudiée  à  part,  sans  qu'il  soit  possible  de  lui  appliquer  des  lois 
générales. 

Sans  vouloir  refaire  ici  l'histoire  des  modifications  multiples  que 
subissent  les  courants  et  les  marées  dans  la  Manche  et  dans  la  mer  du 
Nord,  je  rappellerai  seulement  quelques  faits  qui  pourront  donner  une 
idée  de  la  grande  variété  des  phénomènes.  Ainsi,  sur  les  côtes  de  Hol- 
lande, à  la  hauteur  d'Amsterdam  et  de  Rotterdam,  on  constate  deux 
marées  ou  plutôt  un  ressaut  dans  la  marée,  ressaut  qui  provient  très- 
probablement  de  ce  que  l'onde  de  marée,  après  s'être  fait  sentir  le  long 
de  la  Hollande,  en  venant  directement  de  la  côte  anglaise  vis-à-vis  de 
Vainiuuth,  y  revient  de  nouveau  après  avoir  touché  au  fond  du  détroit 
et  y  avoir  recueilli  le  courant  de  la  Manche; 


M  i\.    —    LES   COURANTS    ALTERNATIFS   DU    PAS-DE-CALAIS  293 

A  Saint-Mulo,  l'amplitude  des  marées  dépasse  treize  mètres,  tandis 
qu'elle  atteint  à  peine  sept  mètres  à  Cherbourg; 

D'autre  part  les  courants  présentent  une  extrême  variété,  suivant  l'heure 
et  les  points  où  onles observe.  M.  Plocq,  dans  le  mémoire  précité,  divise 
ces  courants,  en  courants  a  directement  alternatifs  dans  la  région  du 
»  large,  giratoires  directs  dans  la  zone  du  littoral  anglais,  giratoires 
«  inverses  dans  la  zone  du  littoral  français.  » 

Les  courants  principaux  sont  en  général  des  courants  de  rempliss 
Ainsi  le  courant  très-marqué  que  l'on  constate  au-devant  de  Cherbourg, 
est  le  résultat  direct  du    remplissage  de  la  grande  cuvette  que  tonne  U 
Manclie  entre  le  détroit  et  la  presqu'île  du  Cotentin. 

Mais  il  faut  remarquer  que  ces  courants,  qui  sont  en  général  le 
résultai  du  mouvement  de  transmission  de  l'onde  de  marée,  ne  s'iden- 
tifient pas  avec  ce  mouvement  ;  cette  onde  se  propage  en  effel  dans  la 
Manclie  avec  une  vitesse  d'environ  vingt  mètres  par  seconde,  et  jamais 
on  n'a  constaté  dans  cette  nier,  de  courant  approchant  de  ce  chiffre. 

Pour  se  faire  une  idée  approximative  de  la  différence,  ou  de  la  diver- 
gence qui  existe  entre  la  vitesse  de  propagation  de  l'onde  de  marée  et 
la  vitesse  des  courants  de  remplissage  qui  en  sont  la  conséquence,  sup- 
posons un  canal  rectangulaire  MM»,  dans  lequel   la   marée  se   propage 


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suivant  une  courbe  abc  de;  cette  courbe  correspondant  à  un  intervalle 
de  douze  heures,  se  trouvera,  au  bout  de  six  heures,  remplacée  par  la 
courbe  pointillée  a  b'c  d'e,  c'est-à-dire  que  sur  la  longueur  NP  du  canal, 
et  dans  l'intervalle  de  six  heures,    tout    le    cube    d'eau   correspondant 
à    la   surface   c  d  e  d\  aura  dû  être  introduit  par  la  section  transver- 
sale cN. 
Si  l'on  l'on  désigne  par 
V  la  vitesse  de  propagation  de  la  marée, 
v  la  vitesse  moyenne  du  courant  de  remplissage  en  c  N, 

1  la  largeur  du  canal, 

p  la  profondeur  au-dessous  du  niveau  de  basse  mer, 

2  H  l'amplitude  de  la  marée, 

c  e  représentera  la  longueur  parcourue  par  l'oncle  de  marée  pendant 
six  heures,  soit  V  X  G  X  3600, 
et  l'on  aura  approximativement  l'équation  suivante  : 


294  NAVIGATION.   —  GÉNIE   CIVIL   ET    MILITAIRE 

2XjXVx6X  3600  Xl=l(pT  f)  «XGX  3600 

ou  v  =  V  — ;    0  u   ;  donc 

2 
plus  p  sera  grand,  plus  v  sera  petit  par  rapport  à  V. 

Dans  la  Manche,  V  =  20m  environ,  p  =  50m,  2  H  =  6m;  on  en 
tire  v  =  lm,  12,  ce  qui  se  rapproche  beaucoup  de  ce  que  l'on  observe, 
par  exemple,  au  droit  de  Cherbourg. 

Mais,  je  le  répète,  ce  n'est  là  qu'un  simple  calcul  approximatif,  qui 
permet  de  se  rendre  compte  de  la  différence,  au  premier  coup  d'œil 
assez  anormale,  qui  existe  entre  la  vitesse  de  propagation  de  la  marée, 
et  la  vitesse  de  déplacement  de  l'eau. 

Pour  en  revenir,  en  terminant,  au  détroit  du  Pas-de-Calais,  si  l'on 
supposait  que  l'on  fermât  momentanément  ce  détroit,  comme  il  l'a  été 
probablement  jadis,  on  peut  affirmer,  que  la  marée  s'élèverait  plus  haut 
au  fond  des  entonnoirs  de  Boulogne  au  sud,  de  Calais  au  nord,  mais 
que  les  courants  y  seraient  à  peine  sensibles,  et  que  l'eau  n'aurait  guère 
qu'un  mouvement  d'oscillation  dans  le  sens  vertical.  Les  courants  très- 
marqués  qu'on  constate  actuellement  dans  le  détroit,  sont  donc  la 
conséquence  directe  de  la  percée  de  ce  détroit,  et  ne  pourront  se  modifier 
dans  leur  ensemble  qu'avec  une  extrême  lenteur,  lorsque,  par  une  longue 
suite  de  siècles,  le  canal  se  sera  assez  élargi,  par  la  corrosion  des  rives 
et  du  fond,  pour  que  la  section  du  déversoir  se  soit  sensiblement 
modifiée,  et  que  la  hauteur  de  chute  soit  réduite  presqu'à  zéro.  Mais 
c'est  là  un  résultat  peu  probable,  car  ni  la  France,  ni  l'Angleterre  ne 
voudra  se  laisser  entamer,  et  l'on  saura  consolider  et  défendre  à  temps 
les  rives  de  ce  magnifique  déversoir. 


M.  Marcel  DEPREZ 

Ingénieur  civil. 


DE  L'EMPLOI  DES  FREINS  ELECTRIQUES. 


—  Séance  du  3.0  août,   1 S 7 7 .  — 


LADVOCAT.   —   RENSEIGNEMENTS  SLR   LA  VOIRIE   URBAINE   DU   HAVRE      295 


M.  Alpli.  LADVOCAT 

Architecte-Toyer  de  li  Ville  du  Havre. 


RENSEIGNEMENTS  SUR  LA  VOIRIE  URBAINE  DU  HAVRE. 


—  Séunce  du  30  août   1877.  — 

La  ville  du  Havre  est  actuellement  dans  sa  troisième  période  de 
transformation. 

Aperçu  rétrospectif. —  Fondée  en  1516  par  François  Ier,  elle  se  déve- 
loppa jusqu'à  la  fin  du  règne  de  Louis  XIII.  A  cette  dernière  date 
(1643),  elle  occupait  déjà  une  surface  d'environ  30  hectares;  elle  pos- 
sédait un  port,  un  bassin  à  flot  (le  bassin  du  Roi),  une  citadelle  élevée 
par  Richelieu,  et  elle  était  entourée  d'une  enceinte  fortifiée. 

Louis  XVI,  en  1786,  dans  une  visite  qu'il  fit  au  Havre,  décida  l'agran- 
dissement de  la  ville,  conformément  aux  plans  de  l'ingénieur  Lamandé. 

Les  travaux,  reçurent  un  commencement  d'exécution  ;  mais,  la  Révo- 
lution étant  survenue,  ils  demeurèrent  longtemps  interrompus. 

Repris  lentement  sous  le  Consulat  et  l'empire  ,  ils  ne  reçurent  d'im- 
pulsion sérieuse  qu'après  la  paix  de  1815. 

L'enceinte  fortifiée  fut  démolie  et  reportée  bien  au  delà  de  ses  pre- 
mières limites.  De  nouveaux  quartiers  furent  créés  sur  l'emplacement 
des  anciennes  fortifications.  La  surface  territoriale  de  la  ville  fut  portée 
à  200  hectares.  En  même  temps,  l' avant-port  recevait  lui-même  un 
notable  agrandissement,  et  l'établissement  maritime  se  trouvait  doté  des 
•deux  nouveaux  bassins  de  la  Barre  et  du  Commerce. 

Dans  une  telle  situation,  le  Havre  vit  alors  son  commerce  s'étendre 
et  sa  prospérité  s'accroître. 

Les  nouveaux  quartiers  ne  tardèrent  pas  à  être  complètement  bâtis, 
et  la  population,  ne  trouvant  plus  à  se  loger  dans  l'enceinte,  fut  obligée 
de  chercher  asile  au  dehors. 

C'est  ainsi  que  se  créèrent,  aux  portes  mêmes  de  la  ville,  les  trois 
communes  du  Bas-Sanvic,  d'Ingouville  et  de  Graville-l'Eure. 

Mais,  si  activement  que  l'on  travaillât  à  satisfaire  tous  les  besoins,  une 
nouvellle  transformation  du  Havre  devenait  de  plus  en  plus  indispen- 
sable. 

Elle  fut  enfin  décidée  par  Napoléon  III,  qui,  par  un  décret  impérial 
du  9  juillet  1852,  ordonna  la  suppression  de  la  triple  enceinte  des  for- 
tifications et,  par  l'annexion  des  parties  agglomérées  d'Ingouville,  du 
Bas-Sanvic  et  de  Graville ,  lit  le  Havre  de  nos  jours. 


296  NAVIGATION.    —    GÉNIE    CIVIL    ET    MILITAIRE 

Par  suite  de  cette  extension,  les  nouveaux  bassins  :  Vauban,  du  Dock 
et  de  l'Eure,  que,  faute  de  place,  on  avait  dû  construire  en  dehors  des 
fortifications,  se  trouvèrent  incorporés  dans  la  nouvelle  ville. 

Depuis,  l'établissement  maritime  du  Havre  s'est  encore  augmenté  de 
plusieurs  docks,  sas,  écluses,  formes  de  radoub,  etc.,  etc.,  créés  sur 
l'emplacement  de  l'ancienne  citadelle;  l'avant-port  lui-même  a  subi  une 
tranformation  considérable. 

La  description  complète  et  savante  de  ces  importants  travaux  a,  du 
reste,  fait  l'objet  d'une  conférence  spéciale  de  M.  Quinette  de  Roche- 
mont,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  lors  de  la  première  séance 
générale  du  Congrès  scientifique  à  l'hôtel  de  ville  du  Havre,  le 
24  août  1877. 

Nous  renfermant  donc  dans  le  cadre  que  nous  nous  sommes  tracé, 
nous  allons  passer  en  revue  la  voirie  urbaine,  proprement  dite,  du 
Havre,  telle  qu'elle  est  ressortie  de  la  troisième  transformation  de  la 
ville. 

Extension  des  voies  urbaines.  —  Et  d'abord,  à  la  suite  du  décret  im- 
périal de  18o2  qui  supprimait  la  triple  enceinte,  l'administration  muni- 
cipale arrêta  un  plan  d'ensemble  des  nouveaux  quartiers  à  créer.  Pour 
son  exécution,  il  était  nécessaire  que  la  Ville  s'entendît  avec  l'Etat,  que 
des  conditions  fussent  débattues  à  propos  des  occupations  de  terrain  par 
les  nouvelles  places  et  voies  publiques;  qu'enfin  des  concessions  fussent 
faites  de  part  et  d'autre,  suit  en  nature,  soit  en  argent. 

Alors  intervinrent  deux  traités,  relatifs,  l'un  à  la  suppression  des 
fronts  nord-est,  et  l'autre  à  la  suppression  des  fronts  ouest  de  la  ville. 

Par  le  premier  traité,  que  sanctionna  la  loi  du  22  juin  1854,  l'Etat 
contribuait  pour  une  somme  de  1,500,000  francs  aux  frais  de  démoli- 
tion des  fortifications  et  de  création  d'un  nouveau  quartier,  avec  égouts, 
éclairage,  plantations,  y  compris  les  expropriations  nécessaires  pour  le 
raccordement  des  nouvelles  rues  avec  celles  de  l'ancienne  ville. 

C'est  sur  ce  quartier  qu'ont  été  établis  le  boulevard  de  Strasbourg  et 
la  place  de  l'Hôtel-de-Ville,  dont  le  sol  était  abandonné  gratuitement  à 
la  Ville,  ainsi  que  celui  nécessaire  à  la  construction  de  l'hôtel  de  ville 
lui-même,  du  jardin  public,  de  la  place  et  de  l'hôtel  de  la  Sous-Pré- 
fecture. 

La  superficie  totale  de  ces  abandons  était  d'environ  169,340  mètres 
carrés. 

La  loi  du  22  juin  18o4  stipulait  toutefois  l'obligation  pour  la  Ville  de 
racheter  à  l'État,  moyennant  80,000  francs,  les  matériaux  à  provenir 
de  la  démolition  des  murs  qui  constituaient  la  première  enceinte 
fortifiée. 


I   LDVOCAT.  —    RENSEIGNEMENTS    SIR    LA    VOIRIE    URBAINE    DU    HAVRE      297 

Les  travaux  furent  exécutés  sur  les  plans  et  sous  la  direction  de 
31.  E.  Bellot,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  spécialement  autorisé  à 
cet  effet  par  arrêté  ministériel,  et  ayant  pour  aide  M.  Alph.  Ladvocat, 
architecte.  Leur  dépense  s'est  élevée  à  3,300,000  francs. 

D'après  le  deuxième  traité,  qui  fut  sanctionné  par  la  loi  du  11  juin 
1854,  l'État  allouait  à  la  Ville,  pour  le  comblement  des  fronts  ouest  de 
la  place,  sur  l'emplacement  desquels  on  devait  élever  le  quartier  Fran- 
çois Ier,  avec  égouts,  éclairage,  plantations  et  expropriations  nécessaires 
pour  la  jonction  des  rues  du  vieux  Havre  et  du  Perrey,  une  subvention 
de  850,000  francs.  Il  cédait  en  outre  à  la  Ville,  au  prix  de  cinq  cen- 
times le  mètre  superficiel,  les  89,131  mètres  carrés  environ  de  terrain 
à  occuper  par  le  boulevard  et  les  rues  adjacentes. 

La  dépense  totale  de  ces  travaux,  qui  furent  exécutés  sur  les  plans 
et  sous  la  direction  de  31.  Alph.  Ladvocat,  l'architecte  voyer  actuel  de 
la  ville  du  Havre,  s'éleva  à  1,185,000  francs. 

Le  Havre  actuel.  —  La  surface  territoriale  du  Havre,  résultant  de  la 
suppression  des  fortifications  et  de  l'adjonction  des  parties  agglomérées 
des  communes  suburbaines,  telle,  en  un  mot,  qu'elle  a  été  délimitée 
par  le  décret  impérial  du  9  juillet  1852,  est  actuellement  de  1,006  hec- 
tares 1  are  46  centiares. 

A  titre  de  comparaison,  disons  que  la  superficie  de  la  ville  de  Rouen 
est  d'environ  1,800  hectares  et  que  celle  de  Paris  atteint  aujourd'hui 
7,800  hectares. 

La  plus  grande  longueur  du  Havre,  mesurée  du  nord  au  sud,  est  de 
2,300  mètres.  Sa  plus  grands  largeur,  de  l'est  à  l'ouest,  est  de  3,500 
mètres. 

La  ceinture  totale  de  la  ville,  est  d'environ  14  kilomètres,  dont  8  du 
côté  de  la  terre  et  6  baignés  par  la  mer. 

Dans  la  superficie  de 1,006  h.   1  a.  46  c. 

dont  se  compose  la  ville  du  Havre,  le  port,  les 
bassins,  les  routes  nationales  et  départementales 
entrent  pour  environ 152  heci. 

Il  reste  donc 854  h.  1  a.  46  c 

qui  se  répartissent,  savoir  : 

750  hectares  environ  pour  terrains  bâtis  ou  à  bâtir  (*) 
et  104  hectares  environ   pour    la    voirie    urbaine,  qui    se   compose  de 
430  rues,  boulevards,  etc. 

La  longueur  totale  de  ces  diverses    voies  est  d'environ  96  kilomètres. 

(*)  Le  nombre  des  maisons  est  actuellement  de  8,243. 


298  NAVIGATION.    —   GÉNIE    CIVIL   ET    MILITAIRE 

Celles   pavées  occupent  une  superficie  de   (y  compris  les 

trottoirs) 19  hect. 

Celles  macadamisées  (y  compris  les  trottoirs)    ....      51    — 
Enfin,  les  rues  privées,  les  allées,  impasses,  cités,  les  trot- 
toirs, les  promenades  et  places  sablées,  etc 34    — 


Total  éeal  à  celui  ci-dessus   énoncé 104  hect. 


Les  dépenses  d'entretien  des  voies  municipales,  y  compris  l'alimenta- 
tion des  fontaines  publiques,  l'éclairage  au  gaz  et  les  plantations  des 
promenades,  sont  calculées  pour  l'année  courante  à  651,000  francs. 

Les  plantations  des  boulevards  et  promenades  comprennent  environ 
deux  mille  pieds  d'arbres  d'essences  diverses  (platanes,  sycomores,  mar- 
ronniers). Les  platanes  sont,  en  général,  les  plus  usités. 

Eaux  du  Havre.  —  La  ville  du  Havre  est  approvisionnée  d'eau  par 
une  Compagnie,  suivant  un  traité  d'une  durée  de  quatre-vingt-dix-neuf 
ans,  dont  le  point  de  départ  remonte  au  1er  mars  1856. 

Une  clause  de  ce  traité  stipule  toutefois  des  conditions  de  rachat  au 
bout  des  vingt-huit  premières  années,  soit  au  1er  mars  1884. 

11  est  plus  que  probable  que  la  Ville  usera  du  bénéfice  de  cette 
clause,  car  elle  pourra  tirer  un  parti  plus  avantageux,  au  point  de  vue 
de  l'hygiène  et  de  l'alimentation  publique,  des  eaux  qu'elle  prend 
actuellement  en  location  à  la  Compagnie. 

Il  convient  de  dire,  en  eifet,  que,  d'après  le  traité,  les  fontaines 
publiques  sont  assujetties  à  un  écoulement  d'eau  régulier  et  per- 
pétuel. 

Or,  il  est  aisé  de  comprendre  que  si  la  Ville  pouvait  emmagasiner 
l'énorme  quantité  d'eau  inutilement  perdue  par  ce  mode  d'écoulement, 
il  lui  serait  dès  lors  facile  de  substituer  aux  minces  filets  d'eau  qui 
coulent  dans  les  ruisseaux,  des  volumes  importants  qui,  s'échappant 
pendant  quelques  heures  par  des  bouches  de  lavage  spéciales,  permet- 
traient alors  de  laver  à  pleine  eau  les  ruisseaux  et  même  les  chaussées 
des  voies  publiques.  On  pourrait  également  installer  des  fontaines  monu- 
mentales sur  plusieurs  places  et  carrefours. 

Le  service  de  la  voie  publique  paye  actuellement  à  la  Compagnie  des 
Eaux  une  somme  de  114,000  francs  pour  la  location  d'un  volume  jour- 
nalier de  4,735  mètres  cubes. 

Ce  volume  est  réparti  entre  259  bornes  fontaines  à  écoulement  con- 
tinu, 8  bouches  de  lavage,  8  bouches  d'incendie  et  70  bouches  d'arrosage. 

Tous  les  appareils,  bornes,  bouches  de  lavage  et  d'arrosage  sont  dis- 
posés pour  être  utilisés  en  cas  d'incendie. 


LADVOGAT.  —   RENSEIGNEMENTS   SUR   LA    VOIRIE    URBAINE   DU    HAVRE      299 

Les  eaux  proviennent  des  sources  de  la  vallée  de  Gournay-Saint-Lau- 
rent,  à  12  kilomètres  environ  du  Havre. 

L'altitude  de  ces  sources  est  à  environ  30  mètres  au-dessus  du  niveau 
des  quais  du  Havre.  Les  abonnés  peuvent  avoir  facilement  de  l'eau  aux 
quatrièmes  et  cinquièmes  étages  des  maisons. 

Les  tarifs  d'abonnement  depuis  3  hectolitres  jusqu'à  400  hectolitres 
par  jour,  varient  pour  un  an,  de  50  à  2,500  francs. 

Pour  les  quantités  supérieures,  la  Compagnie  traite  de  gré  à  gré. 

Les  eaux  pour  les  fontaines  publiques  et  les  abonnements  particuliers 
sur  la  côte  d'Ingouville  sont  élevées  à  l'aide  d'une  pompe  à  feu.  — 
Leur  prix  de  location  est  le  même  que  dans  la  partie  basse  de  la  ville. 

L'importance  des  livraisons  d'eau,  faites  dans  les  maisons  et  établis- 
sements industriels  s'élève  actuellement  à  plus  de  1,300  mètres  cubes. 

Egouts  du  Havre.  —  La  Ville  du  Havre  possède  un  réseau  d'égouts 
qui  atteint  aujourd'hui  un  développement  d'environ  23  kilomètres.  Dans 
ce  développement  se  trouve  compris  le  grand  collecteur,  d'une  longueur 
de  près  de  5  kilomètres,  dont  les  eaux  se  déversent  pour  partie  sur  le 
rivage  ouest  et  pour  autre  partie  sur  le  rivage  sud  de  la  mer. 

Le  sol  de  la  ville  du  Havre  étant  pour  ainsi  dire  de  niveau  dans  toute 
la  plaine,  le  problème  de  construction  d'égouts  et  surtout  de  pentes  à 
leur  donner  était  assez  délicat  à  résoudre. 

D'un  autre  côté  ce  sol  ne  se  trouvant  guère  à  plus  de  lm  au- 
dessus  des  hautes  marées,  et  la  mer  devant  être  le  récipient  naturel  des 
eaux,  il  devenait  dès  lors  impossible  de  vider  les  égouts  autrement  qu'à 
marée  basse. 

Ces  différents  obstacles  furent  surmontés  de  la  manière  suivante  : 

On  résolut  de  construire  un  grand  collecteur  en  maçonnerie,  capable 
par  ses  dimensions  de  hauteur,  de  largeur  et  de  longueur,  de  pouvoir 
recueillir  les  eaux  de  tous  les  autres  égouts  et  de  les  conserver  sans 
apporter  de  trouble  au  fonctionnement  de  ces  derniers,  pendant  la 
durée  du  plein  de  la  mer. 

Ce  n'est  pas  tout,  atin  de  pouvoir  donner  quelque  pente  au  réseau 
des  égouts,  on  décida  d'établir  le  collecteur  le  plus  profondément 
possible,  sans  toutefois  que  son  radier  descendît  en  contre-bas  des 
niveaux  de  la  plage  à  basse  mer;  et  afin  d'éviter  cet  inconvénient  on 
dut  alors,  vers  le  milieu  de  la  longueur  du  collecteur,  établir  un  point 
culminant  ou  de  partage  des  eaux,  permettant  à  celles-ci  de  s'écouler 
les  unes  vers  l'ouest,  les  autres  vers  le  sud. 

Tel  est  le  grand  égout  collecteur  du  Havre,  d'une  longueur,  comme 
il  a  été  dit  ci-dessus,  de  près  de  5  kilomètres. 

Il  est  exécuté  en  maçonnerie  de  briques  et  mortier  de  chaux  hydrau- 


300  NAVIGATION.    —    GÉNIE    CIVIL    ET    MILITAIRE 

lique  de  0m,3i  d'épaisseur.  Il  est  recouvert  intérieurement  d'un  enduit 
en  ciment  de  0ra,03  d'épaisseur  sur  le  radier  et  les  piédroits.  La  voûte 
est  rejointoyée  en  mortier  de  ciment. 

Sa  hauteur  est  de  2  mètres  et  sa  largeur  est  de  2  mètres  également. 

Les  types  des  autres  égouts  varient  depuis  1  mètre  jusqu'à  4m,60  de 
hauteur.  Leur  forme  est  ovoïde.  Ils  sont  tous  ou  presque  tous  construits 
en  maçonnerie  de  hriques  rouges  grésées  de  0m,22  d'épaisseur  et  mor- 
tier de  ciment  de  Vassy. 

Un  nombre  considérable  de  bouches  de  regards  est  établi  au-dessus 
des  voûtes,  afin  d'assurer  la  ventilation  intérieure  des  galeries. 

Le  nettoiement  de  ces  égouts  est  journellement  effectué  par  trois  bri- 
gades d'égoutiers.  Les  matières  sont  extraites  par  les  regards,  chargées 
dans  des  tombereaux  et  transportées  aux  décharges  publiques.  Quelques- 
unes  sont  abandonnées  à  des  jardiniers  ou  maraîchers. 

Des  chasses  d'eau  sont  fréquemment  effectuées  dans  ces  égouts  au 
moyen  de  petites  vannes  mobiles  qui  s'ouvrent  sous  la  pression  de  l'ac- 
cumulation des  eaux. 

Quant  au  grand  collecteur,  son  nettoiement  s'effectue  tous  les  quinze 
jours  aux  marées  basses  de  vive  eau,  à  l'aide  de  deux  prises  d'eau  de 
mer  importantes,  dans  deux  bassins  du  Havre. 

Disons  en  terminant,  qu'un  grand  nombre  de  maisons  particulières 
écoulent  directement  dans  les  égouts,  leurs  eaux  pluviales,  ménagères 
et  même  de  fosses  d'aisances,  lorsque  celles-ci  sont  construites  à  système 
diviseur. 

Gaz  d'éclairage.  —  Le  gaz  d'éclairage  au  Havre  est  fourni  par  une 
Compagnie  anglaise,  seule  concessionnaire. 

Le  traité  qui  lie  la  Ville  à  cette  Compagnie,  dite  Européenne,  dont  le 
siège  est  à  Londres,  a  été  fait  pour  une  durée  de  50  ans. 

La  mise  à  exécution  du  traité  remonte  au  1er  janvier  1857,  son  expi- 
ration aura  lieu  le  31  décembre  1906. 

Par  ce  traité,  la  Compagnie  s'engage  à  livrer  du  gaz  de  houille  pour 
l'éclairage  public  et  particulier,  sur  tel  point  et  en  telle  quantité  qui 
lui  sera  demandée. 

Les  conditions  de  qualité  du  gaz,  son  pouvoir  éclairant  et  son  degré 
d'épuration,  sont  définis  audit  traité. 

Pour  assurer  l'entière  exécution  de  ces  conditions,  la  Ville  a  chargé 
l'architecte-voyer  d'installer  un  service  spécial  de  contrôle  qui  fonctionne 
chaque  soir. 

Un  cabinet  d'expérience  est  établi  à  l'Hôtel-de-Ville  et  les  opérateurs 
procèdent  aux  vérifications  du  pouvoir  éclairant  et  de  la  qualité  du  gaz 
livré  aux  consommateurs. 


I.ADVOCAT.    —    RENSEIGNEMENTS    SUR   LA    VOIRIE    URBAINE    DU    HAVRE      301 

En  outre,  des  rondes  ont  lieu  chaque  nuit  pour  surveiller  l'éclairage 
des  lanternes  publiques. 

Ces  lanternes  atteignent  le   chiffre  de 1,960 

sur  les  voies  publiques  municipales,  et  de 433 

sur  les  quais  et  ouvrages   du  port  dépendant  du    service  des 
Ponts  et  Chaussées. 

Soit  en  tout 2,393 


Le  prix  du  gaz  pour  les  habitants  est  fixé  à  0  fr.  2S  du  mètre  cube. 

Le  Havre  est  une  des  rares  villes  de  France  où  le  gaz  est  à  si  bon 
marché. 

Le  prix  du  gaz  livré  aux  établissements  municipaux  n'est  que  de 
0  fr.  10  le  mètre  cube. 

L'éclairage  des  lanternes  publiques  est  payé  à  forfait  à  raison  de 
50  francs  par  an  et  par  lanterne. 

Moyennant  ce  dernier  prix,  la  Compagnie  se  charge  de  toutes  les 
canalisations,  fournitures  et  pose  des  candélabres,  consoles,  lanternes  à 
gaz.  ainsi  que  des  frais  d'entretien  de  ces  appareils,  de  leur  allumage 
et  de  leur  extinction. 

La  somme  à  verser  par  la  Ville  à  la  Compagnie  en  1877  pour  les 
dépenses   de  l'éclairage  public   municipal  s'élève  à  112,500  francs. 

Enfin,  la  ville  du  Havre  participe  dans  les  bénéfices  de  la  Compagnie 
du  gaz  par  un  prélèvement  de  quatre  centimes  et  demi  par  mètre  cube 
de  gaz  sur  l'excédant  de  3  millions  de  mètres  cubes  livrés  par  an  à  la 
consommation  particulière. 

Ce  prélèvement  sera  élevé  à  0,0o  centimes  à  partir  du  31  mars  1880, 
jusqu'à  l'expiration  du  traité  en  1906. 

La  part  de  la  ville  dans  les  bénéfices,  encaissée  en  1876,  a  été  de 
31,000  francs. 

Il  resterait  beaucoup  à  dire  encore   sur  la  voirie   urbaine  du  Havre. 

Ainsi  le  mode  de  nettoiement  des  voies  publiques,  la  nature  et  la 
qualité  des  matériaux  employés  à  leur  entretien,  les  divers  systèmes 
d'arrosage,  la  construction  des  trottoirs  en  compte  à  demi  avec  les  pro- 
priétaires, l'exécution  du  plan  d'alignement  général  de  la  Ville,  enfin 
l'application  des  règlements  sur  les  constructions  sont  autant  de  sujets 
se  rattachant  directement  à  la  voirie. 

Il  ne  serait  pas  moins  intéressant  également  d'exposer  les  dilférents 
projets  d'ouverture  et  de  confection  de  nouvelles  voies,  d'établissements 
de  nouveaux  égouls,  etc.,  étudiés  en  vue  de  poursuivre  l'embellissement 
et  l'assainissement  du  Havre  actuel.  Ces  projets  sont  compris  dans  l'em- 
prunt de  9,500,000  francs,  que  cette  Ville  demande  en  ce  moment  à 
l'Etat  l'autorisation  de  contracter. 


302  NAVIGATION.    —   GÉNIE    CIVIL    ET   MILITAIRE 

Mais  ce  serait  trop  élargir  le  cadre  de  renseignements,  pour  ainsi  dire 
généraux,  dans  lequel  nous  avons  tenu  à  nous  renfermer. 

Terminons,  toutefois,  en  disant  que  la  population  de  la  ville  du  Havre 
s'élève,  d'après  le  dernier  dénombrement  opéré  en  1875,  à  85,407  ha- 
bitants (dont  41,357  du  sexe  masculin  et  44,050  du  sexe  féminin),  et 
que  si  l'on  y  ajoute  les  étrangers  et  marins  de  passage,  cette  population 
atteint  actuellement  plus  de  92,000  âmes. 


M.  E.-J.  MAEET 

Professeur  au  Collège  de  France. 


LOCH  A  CADRAN.  —  ODOGRAPHE. 


—  Séance  du  30  août  1877.  — 

J'ai  apporté,  dans  l'intention  de  les  soumettre  à  la  section  de  navi- 
gation et  de  génie  civil  et  militaire,  deux  instruments  destinés  à  l'étude 
des  mouvements.  L'un  est  un  loch  à  cadran  pouvant  être  transformé 
au  besoin  en  instrument  enregistreur,  l'autre  est  un  odographe,  instru- 
ment qui  inscrit  le  chemin  parcouru  sur  terre  en  voiture  ou  à  pied. 

LE    LOCH  A  CADRAN. 

Le  loch  a  déjà  été  présenté  par  moi  à  la  session  de  Nantes;  à  cette 
époque  ce  n'était  qu'un  instrument  théorique  ;  aujourd'hui  la  construc- 
tion est  entièrement  satisfaisante.  Les  détails  insérés  dans  les  bulletins 
de  l'Association  sur  le  principe  du  loch  me  dispensent  de  le  décrire  de 
nouveau,  je  me  borne  à  rappeler  qu'il  consiste  en  deux  tubes  de  Pitot, 
orientés  l'un;  dans  le  sens  de  la  marche,  l'autre,  en  sens  inverse  ; 
que  ces  deux  tubes  aboutissent  à  deux  capsules  manométriques  dont  les 
membranes  reliées  l'une  à  l'autre  par  une  pièce  rigide  font,  lorsqu'elles 
se  déplacent,  tourner  une  aiguille  sur  un  cadran. 

Quant  les  tubes  sont  immergés  dans  l'eau  et  que  le  bateau  se  met  en 
marche,  on  voit  l'aiguille  entrer  en  mouvement  et  s'arrêter  lorsque  la 
vitesse  est  devenue  uniforme.  Une  graduation  à  trois  échelles  concentri- 
ques permet  de  lire  la  vitesse  en  nœuds  marins,  en  kilomètres  à  l'heure 
ou  en  mètres  par  seconde. 

Cet  instrument  a  été  gradué  théoriquement  d'après  les  formules  de 
Pitot  et  de  Darcy  qui  supposent  que  la  pression  de  l'eau  dans  les  tubes 
de  l'appareil  croît  comme  le  carré  des  vitesses. 


E.-J.  MAREY.  —  LOCH  A  CADRAN  303 

Des  expériences  pratiques  ont  été  faites  pour  savoir  si  les  indications 
de  l'instrument  répondaient  à  la  théorie,  ou  si  elles  s'en  écartaient 
d'une  manière  notable. 

Une  première  série  d'expériences  fut  faite  sur  un  des  lacs  du  bois  de 
Boulogne  au  moyen  d'un  petit  canot  à  vapeur,  dont  la  vitesse  estimée  au 
moyen  de  bases  prises  au  rivage,  n'a  pas  dépassé  deux  mètres  par 
seconde.  Les  indications  de  l'instrument  étaient  de  1/10  en  dessous  de 
cette  vitesse  qui,  du  reste,  n'a  pu  être  mesurée  avec  sûreté. 

Une  autre  série  d'expériences  faite  sur  les  bateaux  Mouches  de  la 
Seine  a  donné  un  maximum  de  cinq  mètres  par  seconde  en  remontant 
le  courant;  sous  les  arches  des  ponts,  ces  maxima  étaient  sensiblement 
plus  élevés  à  cause  de  la  vitesse  du  courant. 

Il  n'a  pas  été  possible  de  contrôler  la  vitesse  au  moyen  de  mesures 
prises  sur  le  rivage,  parce  que  la  vitesse  du  courant  de  la  rivière 
s'ajoutait  dans  les  indications  de  l'instrument  à  celle  du  bateau  lorsqu'on 
remontait  la  Seine  et  s'en  retranchait  pendant  la  descente. 

Je  viens  de  faire  une  troisième  série  d'expériences  dans  le  bassin  de 
l'Eure,  en  eau  calme,  avec  le  canot  de  la  Compagnie  Transatlantique. 
M.  Tinette  de  Beaufort,  ingénieur  de  la  Compagnie,  et  M.  Piérard,  capi- 
taine aux  armements,  attaché  à  la  maison  Quesnel  du  Havre,  m'ont 
aidé  à  ces  expériences  avec  une  obligeance  dont  je  les  remercie. 

D'après  l'appréciation  de  M.  de  Beaufort,  la  vitesse  du  canot  devait 
être  de  7  nœuds  1/2  ou  7  3/4  ;  le  loch  a  indiqué  dans  une  première 
expérience  7  et  1/5,  dans  la  seconde  G  et  dans  la  troisième  6  1/2.  Des 
bases  prises  sur  le  quai  du  bassin  et  distantes  de  720  mètres  ont  été 
parcourues  en  un  temps  moyen  de  3ra,  14  variant  de  une  à  deux  secon- 
des d'une  expérience  à  l'autre. 

La  vitesse  réelle  était  donc  de  7  nœuds  3.  Ces  variations  données 
par  le  loch  s'expliquent  par  la  manière  dont  il  a  été  appliqué. 

Dans  la  première  expérience,  les  tubes  portés  par  un  aviron  bien  fixé 
au  canot  étaient  peu  immergés.  Dans  la  seconde  et  la  troisième,  l'ex- 
trémité des  tubes  a  été  enfoncée  dans  l'eau  à  une  profondeur  d'environ 
80  centimètres.  Il  en  résultait  une  grande  résistance  de  l'eau  contre  la 
partie  immergée  de  l'aviron,  ce  qui  le  faisait  fléchir  et  altérait  la  bonne 
orientation  des  tubes. 

Ces  causes  de  déchet  dans  la  vitesse,  indiquées  par  le  loch  nous  ont 
empêché  de  constater  l'existence  d'une  autre  cause  à  laquelle  je  m'atten- 
dais :  le  léger  entraînement  de  l'eau  voisine  des  flancs  du  bateau. 

On  voit  qu'en  somme  les  indications  de  l'instrument  sont  très-voisines 
de  celles  que  la  théorie  leur  avait  assignées. 

Le  loch  à  manomètre  différentiel  transformé  en  instrument  inscrip- 
teur,  permettrait  de  totaliser  les  chemins  parcourus.  Mais  la  principale 


30- 


NAVIGATION.    —    GÉNIE    CIVIL    ET    MILITAIRE 


qualité  de  l'instrument  semble  devoir  être  la  rapidité   avec    laquelle    il 
signale  tout  changement  dans  la  vitesse  du  navire. 

J'ai  appliqué  le  même  instrument  à  un  usage  tout  autre  :  la  mesure 
de  vitesse  du  liquide  à  l'intérieur  des  conduites  d'eau  (1).  Les  tubes  de 
Pitot  étant  immergés  dans  un  conduit  où  l'eau  circulait  sous  pression, 
on  tournait  le  robinet  d'écoulement  de  manière  à  faire  varier  la  vitesse 
du  liquide.  Un  vase  à  capacité  constante  recueillait  l'eau  versée  ;  une 
montre  à  secondes  servant  à  estimer  la  durée  d'écoulement. 

En  réglant  le  robinet  de  façon  que  le  loch  (devenu  compteur)  mar- 
quât 5m,  on  nota  tiO  secondes  pour  que  le  vase  fût  rempli.  Réglant  en- 
suite l'écoulement  pour  2m  1/2  de  vitesse  lue  sur  le  cadran,  il  fallut 
124  secondes  pour  remplir  le  vase  ;  les  résultats  dans  ces  conditions 
étaient  donc  tout-à-fait  satisfaisants.  Ils  furent  modifiés  par  une  série 
d'épreuves  à  différentes  vitesses  d'écoulement  et  donnèrent  toujours  des 
résultats  exacts. 

Un  instrument  de  ce  genre  placé  sur  le  trajet  d'une  conduite  d'eau 
permettrait  donc  d'estimer  en  tout  temps  la  variation  dans  la  consom- 
mation, que  l'on  ne  peut  calculer  d'après  la  perte  de  charge,  à  moins 
que  le  réservoir  n'ait  une  hauteur  invariable. 

Ces  dernières  expériences  peuvent  être  considérées  comme  une  preuve 
de  la  fidélité  de  l'instrument,  quand  il  sera   employé    comme  loch,   et 

doivent  faire  admettre  qu'une  bonne  fixation 
de  tubes  sur  les  parois  d'un  navire,  permettra 
d'estimer  la  vitesse  avec  une  précision  très- 
suffisante,  avec  cet  avantage  que  l'indication 
des  vitesses  sera  continue,  et  au  besoin  ins- 
crite en  permanence. 

L'autre  appareil  que  je  désirais  présenter  à 
l'Association  est  Yodographe,  inscripteur  du 
chemin  parcouru. 

odogiiaphe  . 

Un  cylindre  mû  par  une  horloge  bien  réglée 
tourne  avec  une  vitesse  d'un  millimètre  par 
minute.  Parallèlement  à  la  génératrice  du 
cylindre,  un  style  marche  avec  une  vitesse 
qui  est  fraction  de  celle  du  véhicule.  A  cet 
effet,  s'il  s'agit  de  mesurer  la  vitesse  d'une 
voiture,  chaque  tour  de  roue  provoque,    au   moyen    d'une    came,    une 


(1)  C'est  à  la  solution  de  ce  genre  de  problème  que  l'appareil  était  primitivement  destiné,  car 
il  m'a  servi  à  inscrire  la  vitesse  du  sang  dans  les  artères  [Voir  Marey.  Travaux  <lu  laboratoire 
de*  haute*  études  au  Collège  de  France  1873). 


E.-J.     MAltEY.    ODOCRAPIIE 


30Î 


soufflerie  d'air  qui  se  transmet  à  l'appareil  moteur  du  style  et  le  fait 
avancer  d'une  petite  quantité.  Plus  le  nombre  de  tours  de  roue  sera 
grand  en  un  temps  donné,  plus  le  style  aura  fait  de  chemin.  L'appareil 
est  représenté  fi  g.  37. 


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306  NAVIGATION.    —   GÉNIE    CIVIL   ET  MILITAIRE 

Au  bout  d'un  certain  temps  de  marche,  on  voit,  écrite  sur  le  papier, 
une  ligne  plus  ou  moins  inclinée  suivant  la  rapidité  du  véhicule.  Les 
arrêts  et  leur  durée  se  traduisent  par  des  lignes  horizontales.  Tout 
enfin  se  traduit  comme  dans  les  graphiques  que  l'administration  des 
chemins  de  fer  construit  d'après  le  système  de  l'ingénieur  Ibry  pour 
représenter  le  mouvement  des  trains  sur  une  ligne. 

La  figure  38  montre  la  marche  d'une  voiture  avec  arrêts  multiples. 
Pour  estimer  les  espaces  parcourus,  il  suffit  de  lire  sur  l'axe  des  ordon- 
nées le  nombre  de  divisions  parcourues. 

Une  graduation  préalable  doit  être  faite  sur  une  route  kilométrée  pour 
chaque  voiture  à  cause  de  l'extrême  variabilité  de  périmètre  des  roues, 
suivant  la  voiture  dont  on  se  sert. 

En  adaptant  dans  la  chaussure  une  petite  semelle  creuse  en  caout- 
chouc, on  peut  obtenir  la  soufflerie  qui  actionne  le  style,  à  chaque  pas, 
comme  elle  l'actionnait  tout  à  l'heure  à  chaque  tour  de  roue. 

Un  petit  modèle  d'odographe  construit  à  cet  effet  et  pouvant  se  porter 
en  bandouillère,  inscrit  non-seulement  le  nombre  des  pas,  mais  en 
exprime  la  fréquence  plus  ou  moins  grande.  Des  expériences  préalables 
faites  sur  une  route  kilométrée  permettent  de  fixer  pour  chaque  marcheur 
la  longueur  des  pas  ;  on  peut  ainsi  déterminer  la  variation  que  la  lon- 
gueur des  pas  éprouve  suivant  qu'on  marche  en  plaine,  en  montée  ou 
en  descente. 

Le  même  appareil  inscrivant  la  fréquence  des  tours  d'une  roue  ou 
d'un  arbre  sur  une  machine  quelconque,  traduit  le  nombre  de  ces  tours 
en  fonction  du  temps,  et  exprime  conséquemment  toutes  les  variations 
de  vitesse  qu'a  éprouvées  la  machine  en  un  temps  donné. 

Une  plume  chargée  d'encre  à  la  glycérine,  peut  tracer  pendant  plusieurs 
jours  sans  qu'on  ait  à  se  préoccuper   de  la  charger   d'encre    nouvelle. 

Enfin  quand  le  style  a  parcouru  toute  la  longueur  du  cylindre,  il 
rétrograde  de  nouveau  et  recommence  une  nouvelle  ligne. 

Appliqué  aux  usages  physiologiques  cet  instrument  traduit  par  des 
courbes  à  pentes  variées  les  différences  de  fréquence  des  mouvements 
du  cœur  et  de  la  respiration.  Comme  dans  ces  cas,  les  phénomènes  dont 
on  inscrit  la  fréquence  ont  trop  peu  de  force  motrice,  on  se  sert  d'un 
relai  électro-magnétique  dont  la  force  est  aussi  grande  qu'il  est  néces- 
saire. 


VICTOB    TATIN.    —    ÉTUDB    SDR   LE   VOL   MÉCANIQUE  307 


M.   Victor  TATIN 

Ingénieur  mec  micien  ,i  P  iris. 


ÉTUDE  SUR  LE  VOL  MÉCANIQUE. 


Séunci'   du   30  août    18" 


J'ai  continué  cette  année  les  travaux  que  j'avais  entrepris  les  années 
précédentes  sur  la  physiologie  et  la  synthèse  du    vol    des  oiseaux,   afin 
de  trouver  quel  sera  le  type  qui  devra   être  préféré  pour  une  construc- 
tion sur  une  plus  grande  échelle  et  susceptible  d'une   application  prati- 
que. Dans  ces  études,  qui  ne  sont  pas  encore  terminées,  j'ai  pu  recon- 
naître  que  certainement   la  force  ne  manquera  pas,  quoique  l'on  croie 
assez  généralement  que  ce  point  sera  toujours    l'écuei]  principal.  C'est 
surtout  à  la  fonction  de  l'aile,  à  sa  façon  d'attaquer  l'air,  à  son  orien- 
tation et  aux  détails  de  la  relevée  que  le  succès  paraît  subordonné.  Les 
remarques  que  j'ai  pu  faire   sur  les  oiseaux    et   les  chéiroptères  m'ont 
conduit  à  essayer  quelques  modifications  de  mes  appareils  primitifs,  et 
enfin,  à  en   construire   d'autres   sur   des  données  nouvelles.    Ainsi,  la 
courbure  de  l'aile,  que  l'on    considère  généralement    comme  une  sur- 
face gauche  hélicoïdale   et  qui  paraît    divisible  en  deux  parties,  l'une 
active,  l'autre  passive,   cette  courbure,    dis-je,    a   peut-être    sa    raison 
d'être.    En  effet,    il    est  bien  évident   que    lorsqu'un  oiseau  abaisse  ses 
ailes,  son  corps  doit  s'élever  à  une  certaine  hauteur,  relativement  à  l'air 
ambiant,  et  les  parties  de    l'aile  les  plus  voisines  du  corps  suivant  ce 
mouvement,  l'aile  aura  en  ce  point  une  action  sur  l'air  par  sa  face 
dorsale,    ce    qui   serait  une  mauvaise    condition;     c'est  certainement 
pour  éviter  cette  action    nuisible  que  les  plumes  de  la  partie    dite  pas- 
sive sont  fortement  inclinées  en   bas  et   en  arrière;  quant    aux   autres 
plumes,  on  leur  a  souvent  attribué  un  effet  de  clapets  dans  leur  fonc- 
tion. A  la  vérité,   cet  effet  paraît  exister,  et  puisqu'il   est   à  peu   près 
impossible  de  saisir  le  mouvement  de  cette  partie  de  l'aile  par  l'obser- 
vation, et  que  son   changement  de  plan  dans   l'ensemble    est   presque 
nul,  c'est   en  vertu  de  considérations  théoriques    qu'on   l'admet  assez 
généralement.  Cependant,  des  schémas  ou  appareils  artificiels  destinés  à 
reproduire  le  phénomène  du  vol  dans  lequel  ce  mouvement  de  torsion 
existe,  ne  donnent  plus  de  bons   résultats  lorsqu'on  veut  dépasser  une 
certaine  grandeur.  J'ai  voulu  me  rendre  compte  de  la  raison  d'un  phé- 
nomène aussi  bizarre  et  je  crois  l'avoir  trouvée  dans   la   considération 
suivante  : 


308  NAVIGATION.     —    GÉNIE    CIVIL    ET    MILITAIRE 

Lorsqu'une  aile  trappe  l'air,  la  partie  de  cette  aile  qui  rencontre  le 
plus  de  résistance  est  le  bord  antérieur  (l'oiseau  étant  supposé  en  plein 
vol  normal),  l'air  déplacé  ne  prête  plus  ensuite  le  même  point  d'appui 
aux  parties  postérieures  du  voile,  à  moins  d'une  grande  courbure  des 
plumes  en  bas  et  en  arrière,  ce  qui  devient  alors  un  obstacle  à  la 
translation.  Si  cette  aile  est  formée  d'un  voile  plein  comme  chez  les 
chéiroptères,  on  comprend  alors  qu'il  y  aura  une  limite  à  sa  largeur, 
et  par  conséquent,  à  la  grandeur  totale  de  l'animal  ou  du  schéma.  Si 
au  contraire,  comme  dans  l'oiseau,  cette  aile  peut  être  comme  subdi- 
visée en  plusieurs  petites  ailes  représentées  chacune  par  une  des 
grandes  plumes,  il  s'en  suivra  un  effet  utile  de  toute  la  surface,  aussi 
bien  pendant  l'abaissée  que  pendant  la  relevée,  où  chaque  plume 
pourra  faire  séparément  son  petit  effet  de  cerf-volant  ;  de  là,  une  tor- 
sion très-faible  de  l'ensemble  et  une  grandeur  illimitée  de  l'organe. 

Dans  mes  dernières   expériences  sur  un  grand  appareil  de  la  gran- 
deur d'un   aigle,  j'ai  pu  constater  une   modification  avantageuse    des 
résultats  obtenus,  en  employant  des  ailes  fonctionnant  comme  je  viens 
de  le  dire.  Il  est  encore  une   observation  de  la  plus  grande  importance 
et  qui  fait  aujourd'hui  le  sujet   de  mes  études.    J'ai  supposé  que,  puis- 
que lorsqu'une  aile    arrive   en  bas  de  sa  course  sa   face  inférieure  est 
tournée  en  avant,  la  translation  doit  rendre  la  relevée  entièrement  pas- 
sive, peut-être  même  faut-il  que  l'aile  soit  retenue   par  un  effort  mus- 
culaire afin  d'éviter    une  relevée  trop    brusque.    Je  me  mis    aussitôt  à 
construire  un  schéma  devant  fonctionner  sur  ces  données;  l'appareil  ter- 
miné, je  le  suspendis  à  un  léger  manège  et  je  pus  constater  qu'en  effet 
l'aile  se  relève  seule  et  assez  rapidement  pour  faire  admettre  que  peut- 
être  l'oiseau  fait  pendant  la  relevée  un  effort    dans  le  même  sens   que 
pour  l'abaissée.    Les  expériences   que  je  me  propose  de    faire   encore 
pour  vérifier  ce  fait  me  permettront  bientôt,  je  n'en  doute  pas,  d'affir- 
mer que  l'oiseau  ne  fait  d'effort  pour  relever  ses  ailes  qu'au  départ  et 
lorsqu'il  n'a  pas  encore  de   vitesse  acquise.  J'introduis  peu  à  peu    ces 
modifications  dans    la  construction   du    grand  appareil    dont  j'ai  parlé 
plus  haut  et  j'espère  en  faire  ainsi  un  schéma  qui  sera   le  type  parfait 
du  vol   artificiel.    L'appareil    ainsi  modifié   pourra   servir  a  toutes  les 
études    et    recherches  qui  doivent   nous  conduire  à  la  construction   de 
machines    plus    grandes  que  l'on    pourra  alors    entreprendre  sans  les 
regrettables  tâtonnements  qui  ont  fait  échouer  jusqu'à  ce  jour  les  ten- 
tatives analogues. 


NAVIGATION.    —   GÉNIE    CIVIL    ET    MILITAIRE  309 


L'ordre  du  jour  de  la  section  comprenait  plusieurs  autres  travaux 
qui  n'ont  pu  être  communiqués  en  séance,  faute  de  temps.  Nous  en 
reproduisons  les  titres  ci-après  : 

MM.   Borgnet.  —  .Nouvel  enduit  préservatif  des  carènes  de  navires. 

Fasci.  —  Nouvelle  méthode  analytique  de    la    déviation   du  compas.  — 
La  nouvelle  navigation;  règles  pratiques. 

Guitard.  —  Étude  sur  un  nouveau  système  de  chauffage  des  wagons. 

Knapp3  de  New-York.  —  Améliorations  dans  les  procédés  pour  renflouer 
les  vaisseaux. 

Koosen.  —  Théorie  du  moulin  à  vent. 

J.  Le  Grand.  —  Gaffe  de  sauvetage.  —  Bitumide  pour  le  calfatage  des 
ponts  de  navires. 

A.  Olivier  de  Landreville.  —  Note  sur  un  nouveau  surchauffeur.  —  Le 
nausol  ou  navire  Olivier. 

Saint-Martin.  —    Exposé    de   quelques   considérations    sur    la    marine 
marchande. 


2    Groupe 
SCIENCES  PHYSIQUES  ET  CHIMIQUES 


h"  Section 
PHYSIQUE 


Président  d'honneur.       .        M.  GRINWIS,  Professeur  à  l'Université  d'Utrecht. 

Président M.  A.  CORNU,  Ingénieur  des  Mines,  Professeur  à  l'École  polytechnique. 

Secrétaire.  .......    M.  MERCADIER,    Ingénieur    des    Télégraphes,    Répétiteur   à   l'École 

polytechnique. 


M.   MEMET 

Professeur  à  Lyon. 


NOTE  SUR  LA  THERMO-DIFFUSION  GAZEUSE  DE  LA  FONTE. 


—  Séance  du  2i  août  i877.  — 

Quand  j'avançai  l'année  dernière  dans  une  communication  faite  à  la 
section  de  physique,  que  la  fonte  jouissait  des  propriétés  de  thermo-dif- 
fusion gazeuse,  je  ne  pouvais  apporter  à  l'appui  de  cette  assertion  qu'un 
petit  nombre  de  faits  particuliers,  trop  insuffisants  pour  me  permettre 
de  la  généraliser. 

En  continuant  mes  études  sur  ce  sujet,  je  suis  arrivé  à  des  résultats 
pleinement  confirmatifs  de  ceux  de  mes  premières  recherches,  et  qui, 
réduits  à  ce  qu'ils  ont  de  plus  essentiel,  peuvent  se  formuler  comme  il 
suit  : 

La  fonte  étant  poreuse ,  si  l'on  prend  un  bloc  de  cette  substance  qui 
n'ait  séjourné  ni  dans  l'eau  ni  dans  un  lieu  humide ,  et  qu'on  le 
chauffe,  il  y  a  sortie,  par  les  pores  superficiels,  d'une  portion  de  la 
masse  gazeuse  intérieure  qui  se  dilate;  l'autre  portion,  restant  librement 


31:2  PHYSIQUE 

en  communication  avec  J'air  atmosphérique,  se   maintient  en  équilibre 
de  pression  avec  lui. 

Si  on  recommence  cette  expérience  après  avoir  mouillé  le  bloc  en  le 
laissant  pendant  un  temps  assez  long  dans  l'eau  ou  dans  un  lieu  humide, 
c'est  la  vapeur  de  l'eau  d'imbibition  qui  se  dégage  par  les  pores  super- 
ficiels; et,  pendant  toute  la  durée  de  son  mouvement  de  sortie,  les  gaz 
extérieurs  s'introduisant  en  sens  contraire  par  les  mêmes  pores,  pénè- 
trent à  l'intérieur  sous  pression. 

C'est  là,  incontestablement,  un  phénomène  de  thermo  -  diffusion 
gazeuse  tout  à  fait  identique  à  celui  que  présentent  les  corps  poreux 
mouillés  lorsqu'on  les  chauffe,  et  voici  comment  je  l'ai  démontré  expé- 
rimentalement. 

Je  me  suis  servi  de  cylindres  de  fonte  dont  les  dimensions  ont  varié  ; 
pour  la  hauteur  de  46  à  8  centimètres,  pour  le  diamètre  de  9  à  4  cen- 
timètres. Ils  étaient  munis  de  tubes  de  fer  de  S  millimètres  de  diamètre 
intérieur  qui  avaient  été  introduits  dans  leur  masse  pendant  qu'elle 
était  en  fusion,  et  qui  faisaient,  par  conséquent,  exactement  corps  avec 
elle. 

Si  l'on  prend  un  de  ces  cylindres,  au  sortir  du  moule,  qu'on  le  laisse 
refroidir,  et  qu'on  le  porte  alors  progressivement  au  rouge,  en  le  chauf- 
fant sur  un  feu  de  charbon  ,  un  manomètre  adapté  à  l'extrémité  libre 
du  tube  de  fer,  n'accuse  qu'une  faible  élévation  de  pression  due  à  ré- 
chauffement de  l'air  du  tube.  Si  celui-ci ,  séparé  du  manomètre ,  est 
plongé  dans  l'eau  par  son  extrémité  libre  ,  le  même  échauffement 
détermine  la  sortie  de  quelques  centimètres   cubes  de  l'air  intérieur. 

Il  n'en  est  plus  ainsi  quand  le  bloc  est  soumis  à  l'action  de  la  cha- 
leur, après  avoir  été  mouillé  par  un  séjour  préalable  de  plusieurs  heures 
dans  l'eau. 

Dans  ce  cas,  si  le  tube  de  fer  est  employé  comme  tube  abducteur,  il 
se  dégage,  par  son  extrémité  immergée,  un  volume  de  gaz  qui  a  été 
d'environ  3/4  de  litre,  pour  mes  cylindres  de  grand  modèle. 

Ce  dégagement  commence  à  une  température  de  très-peu  supérieure 
à  100°,  sa  vitesse  se  maintient  uniforme  tant  que  la  température  reste 
constante,  elle  augmente  avec  l'élévation  de  température,  et  peut  deve- 
nir considérable,  puisque  j'ai  recueilli  jusques  à  60  centimètres  cubes  de 
gaz  par  minute. 

Cette  émission  gazeuse  est  intimement  liée  au  départ  de  l'eau  d'im- 
bibition à  l'état  de  vapeur,  elle  cesse  dès  que  cette  eau  s'est  entière- 
ment vaporisée  ;  les  principaux  gaz  recueillis  sont  l'azote ,  l'hydrogène 
et  l'oxyde  de  carbone. 

Quand  l'expérience  est  terminée,  si  on  laisse  refroidir  le  bloc  dans 
un  lieu  bien  sec  et  qu'on  le  reporte  sur  le   feu ,  le  tube  abducteur  ne 


A.   GUÉROUT.    —   SUR    L'ÉLECTROLYSE  DE   L'ACIDE  SULFUREUX  313 

donne  que  quelques  bulles  de  gaz  provenant  de  l'air  qu'il  contient  ; 
mais  le  dégagement  recommence  avec  les  caractères  précédemment 
décrits,  si  l'on  échauffe  la  fonte  après  l'avoir  préalablement  mouillée, 
et  l'on  peut  reproduire  indéfiniment  ces  alternatives  avec  le  même  bloc. 

Si,  au  lieu  d'employer  le  tube  de  fer  comme  tube  abducteur,  on 
adapte  un  manomètre  à  son  extrémité  libre  et  qu'on  chauffe  alors  le 
bloc  préalablement  mouillé  les  gaz  qui  pénètrent  à  l'intérieur  par  les 
pores  superficiels  s'y  condensent  sous  des  pressions  qui  dépendent  de 
la  température  d'échauffement ,  et  qui  ont  atteint,  au  rouge,  dans  mes 
expériences,  la  limite  supérieure  de  douze  atmosphères. 

Ces  pressions  disparaissent  dès  que  l'eau  d'imbibition  s'est  vaporisée. 
De  l'ensemble  de  ces  faits  établis  par  des  expériences  nombreuses  et 
toujours  concordantes,  il  résulte  que  la  fonte  possède  les  propriétés  de 
thermo-diffusion  gazeuse;  on  les  retrouve  aussi,  mais  à  un  degré  moin- 
dre, dans  le  fer,  et,  par  elles,  on  peut  facilement  se  rendre  compte  de 
particularités  jusqu'à  présent  inexpliquées  des  expériences  de  MM.  Sainte- 
Claire-Deville  et  Cailletet  et  sur  la  perméabilité  du  fer  aux  gaz,  à  des 
températures  élevées. 


M.  A.  GÏÏÉROÏÏT 

Préparateur  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 


RECHERCHES  SUR  L'ÉLECTROLYSE  DE  L'ACIDE  SULFUREUX. 

EXTKAIT    Dl    PROCÈS-VERBAL.] 


—  Séance  du  2î  août    1877.   — 

M.  A.  Guérout  expose  ses  recherches  sur    l'électrolyse  de   l'acide  sulfu- 


reux. 


Cette  opération  donne  généralement  de  l'oxygène  au  pôle  positif  et  du 
soufre  au  pôle  négatif.  M.  Guérout  trouve  que  si  l'on  opère  avec  une  pile 
faible  sur  une  solution  aqueuse  de  l'acide,  il  se  forme  d'abord  à  l'électrode 
négative  de  l'acide  hydrosulfureux,  et  le  dépôt  de  soufre  ne  se  produit  en- 
suite, quand  on  emploie  une  pile  forte,  que  par  suite  de  la  décomposition  de 
cet  acide  hydrosulfureux. 

Quant  à  l'hydrogène  qui  entre  dans  la  composition  de  ce  dernier,  il  pro- 
vient de  la  décomposition  de  l'hydrate  d'acide  sulfureux  qui  se  comporterait 
en  quelque  sorte  comme  un  sulfite  d'eau. 


314  PHYSIQUE 

M.  Guérout  fait  remarquer  que  Félectrolyse  de  l'acide  sulfureux  avec  une 
pile  faible  fournit  ainsi  un  moyen  de  préparer  une  solution  d'acide  hydrosul- 
fureux pur  (1). 


M.   MERCADIER 

Ingénieur  des  Télégraphes,  Répétiteur  à  l'École  Polytechnique. 


NOUVELLE  METHODE    DE  COMPARAISON  DES  MOUVEMENTS  VIBRATOIRES. 

(EXTRAIT   Dl'   PROCES-VERBAL.) 


—  S <; an.ce  du  J  !  août   I H 7  7  .  — 

M.  Mercadier  expose  une  nouvelle  méthode  pour  comparer  entre  eux  deux 
mouvements  vibratoires  d'amplitude,  de  période  et  de  phase  quelconques. 

Elle  consiste  à  armer  les  corps  vibrants  de  styles  disposés  de  façon  que 
leurs  mouvements  soient  parallèles,  et  à  les  projeter  à  l'aide  d'un  faisceau 
lumineux  cylindrique  sur  un  plan  parallèle  aux  deux  mouvements.  Les  équa- 
tions des  mouvements  projetés  sont  identiques  à  celles  des  mouvements  eux- 
mêmes;  mais  alors  il  y  a  superposition  des  deux  mouvements  et  ils  se  croi- 
sent un  certain  nombre  de  fois  par  seconde.  Le  phénomène  physique  qui  en 
résulte  consiste  dans  l'apparition  d'un  certain  nombre  de  raies  noires  sur  un 
fond  éclairé. 

M.  Mercadier  montre  que  si  le  rapport  des  périodes  des  2  mouvements  est 

-  (h  étant  le  plus  grand  des  deux  termes)  le  nombre  des  raies  est  toujours 
n 

égal  à  2  n.  Ce  nombre  et  la  position  des  raies  caractérisent  donc  l'intervalle 
musical  correspondant  aux  deux  mouvements.  En  particulier,  dans  le  cas  de 
l'unisson  on  a  deux  raies,  pour  l'octave  4,  pour  la  quinte  6,  pour  la  quarte  8, 
pour  la  tierce  majeure  10,  pour  la  tierce  mineure  12. . .  etc. 

D'ailleurs,  en  étudiant  la  question  analytiquement,  on  trouve,  en  supposant 
les  amplitudes  égales,  des  formules  extrêmement  simples  qui  permettent  de 
calculer  la  différence  de  phase  des  deux  mouvements  en  fonction  de  l'ampli- 
tude et  de  la  distance  d'une  raie  quelconque  à  la  position  d'équilibre  commune 
aux  deux  styles.  Or  il  est  facile  de  mesurer  ces  quantités  avec  une  grande 
précision  en  examinant  les  images  des  deux  styles  au  foyer  d'une  lunette 
munie  d'un  micromètre.  C'est  en  cela  que  consiste  principalement  l'avantage 
de  cette  méthode  de  comparaison  de  deux  mouvements  vibratoires  sur  celles 
qui  sont  déjà  en  usage. 


i,  Voir  C.-R.  de  l'Ac.  des  Se.  t.  LXXV  p.  225. 


CORNU.    —    SUR   LA    PARTIE    ULTRA-VIOLETTE   DU   SPECTRE  SOLAIRE       315 


M.  JABLOCHKOPP 


NOTE  SUR  LES  ÉCLAIRAGES  ÉLECTRIQUES. 


Si  ''  a  ce  du  2  4  août    i877 


M.  J.-J.  ROMIGÏÏES 

Chef  du  Service  photographique  du  G  luvemement  portugais,  Membre  de  l'Académie  des  Sciennes 

de  Lisbonne. 


DESCRIPTION   DU  SERVICE  PHOTOGRAPHIQUE  DU  pOUVERNEMENT  PORTUGAIS. 

EXTRAll    Dl     PROCÈS-VERBAL.) 


—  Séance  du  .'  i  août    (877.  — 

M.  J.-J.  Rodrigues  adresse  à  l'Association  des  renseignements  sur  l'instal- 
lation du  service  photographique  en  Portugal  avec  une  collection  d'épreuves 
photographiques  complétant  ces  renseignements.  Il  adresse  également  un  cer- 
tain nombre  d'épreuves  de  reproduction  par  la  photogravure  typographique 
d'un  ancien  livre  manuscrit. 


M.  A.   COMÏÏ 

Ingénieur  des  Mines,  Professeur  à  l'École  polytechnique. 


RECHERCHES  SUR  LA  PARTIE  ULTRA-VIOLETTE  DU  SPECTRE  SOLAIRE. 
[extrait  du  procks-verbal.) 


—  Séance   du   25  août    1877     — 

M.  A.  Cornu  expose  la  suite  de  ses  travaux  sur  la  partie  ultra-violette  du 
spectre  solaire.  Il  s'agit  d'obtenir  une  photographie  très-nette  de  la  partie  qui 
se  trouve  au-delà  de  la  raie  correspondant  à  la  longueur  d'onde  3i0. 

Pour  avoir  de  la  netteté  il  faut  :  1°  éviter  autant  que  possible  la  perte  de 
lumière  par  absorption.  Pour  cela,  M.  Cornu  remplace  le  miroir  argenté  de 
l'héliostat  par  un  prisme  de  quartz  à  réflexion  totale  qui  n'absorbe  pas  sensi- 


316  PHYSIQUE 

blement  les  radiations,  au  moins  jusqu'à  la  longueur  d'onde  290.  2°  Eviter  les 
aberrations  :  pour  cela,  on  calcule  le  rapport  des  rayons  de  courbure  de  l'ob- 
jectif en  quartz  du  goniomètre  pour  avoir  le  minimum  d'aberration  :  on  trouve 
4/10,  et  pour  simplifier,  on  prend  un  objectif  plan-convexe,  la  courbure  étant 
en  dehors.  3°  Enfin  il  faut  éviter  les  effets  de  la  biréfringence  des  quartz; 
dans  ce  but,  on  prend  les  quartz  dans  la  direction  de  l'axe,  ce  qui  supprime 
la  biréfringence  rectiligne,  et  on  accole  un  quartz  gauche  à  un  quartz  droit 
pour  supprimer  la  biréfringence  rotatoire. 

En  outre,  pour  bien  mettre  au  point  la  partie  du  spectre  à  photographier 
et  qu'on  ne  voit  pas,  M.  Cornu  se  sert  des  oculaires  fluorescents  de  M.  Soret; 
puis  cet  oculaire  est  remplacé  par  une  plaque  de  collodion  humide. 

A  l'aide  de  ces  perfectionnements  nouveaux,  on  peut  obtenir  des  images 
qui  supportent  un  grossissement  de  150  fois  au  microscope,  et  on  peut  aller 
jusqu'à  la  raie  correspondant  à  la  longueur  d'onde  290. 


M.  EEDIEE 

Constructeur  d'instruments  de  précision. 


THERMOMÈTRE    ENREGISTREUR. 

(extrait  du   PROGKS-VERBAL.) 


—  Séance  du  25  août  i%H~.  — 

M.  Rédier  présente  un  thermomètre  enregistreur  qui  fonctionne  sous  les 
yeux  des  membres  de  la  section.  Il  est  fondé  sur  la  différence  de  dilatation 
d'un  tube  d'acier  très-mince  de  70  centimèlres  de  longueur  et  d'un  tube  de  zinc 
qui  entre  dans  le  premier  à  frottement  dur.  Cette  différence  est  d'environ 
0m,01  pour  une  variation  de  température  de  1  degré.  Elle  se  produit  très- 
rapidement,  ce  qui  est  nécessaire  pour  la  sensibilité  de  l'instrument.  Pour 
enregistrer  les  indications  de  cette  tige,  on  multiplie  ses  variations  de  longueur 
par  500,  à  l'aide  d'un  système  de  multiplicateur  dont  il  est  impossible  de 
donner  une  idée  sans  dessins,  et  qui  est  identique  à  celui  du  baromètre  enre- 
gistreur du  même  constructeur  :  un  degré  de  variation  de  température  se 
trouve  ainsi  représenté  par  une  longueur  de  5  millimètres. 


C.-H.-C.    GRINWIS.    —    SUR    I. 'ÉNERGIE    DES    CORDES    VIBRANTES  317 


M.  C.-H.-C.  GRINWIS 

Professeur  »  l'Université  d'Utrecht. 


SUR  L'ABSORPTION  DE  LA  LUMIÈRE  D'APRÈS  LA  THÉORIE  DE   M.  MAXWELL   (1). 


—   Se  il  il  ce   du   23  uoùt    IS77.   — 


M.  C.-H.-C.  CrRINWIS 

Professeur  à  l 'Université  d'Utrecht. 


SUR  LES   ONDES  SONORES  CYLINDRIQUES   (2) 


Séance  du  25  août   ls,~. 


Soit 


M.  C.-H.-C.  GBJirWIS 

Professeur  à  l'Université  d'Utrecht. 
SUR  L'ÉNERGIE  DES  CORDES  VIBRANTES. 

—   Séance  du  25  août   1 877.  — 


CO  .  .       . 

sin  — t—  (  Ai  cos  — h  B<  sin  —J- 

i 


l'équation  de  la  corde  vibrante. 
Posons 


donc 


tTZOt  .         mat 

qi  =  A*  cos  — h  Bi  sin   — p 


da  îtm     f  irM      .     _  ir.al  \ 

1r  =  -T-  (" A' s,n  -T-  + B' cos  -r) 


(1)  Voir  Archives  néerlandaises,  t.  XII. 

(2)  Voir  Archives  néerlandaises,  t.  XI. 


(D 


318 

PHYSIQUE 

et 

.'/  = 

oo 

</< 

sin 

i-.i- 

1 

En  cherchant  l'expression  pour  l'énergie  totale  de  la  corde,  formule 
déjà  trouvée  par  M.  Donkin  (I  ),  la  méthode  indiquée  pari/.  Rayleigh  (2) 
donne  pour  l'énergie  actuelle  T,  quand  p  est  la  masse  de  l'unité  de 
longueur, 

'  =  T'/(4-),*  =  x"£(* 

^  1 

il 

c'est-à-dire,  quand  M  est  la  masse  de  la  corde  entière, 

t  -  4-  «  £  ( l)2  (^ 

i 

Une  première  approximation  donne  pour  l'énergie  potentielle  V  de  la 
corde,  quand  rl\  est  la  tension 

V  =  T, /(*-*»)  =4-1, /(£)**.= 

o  n 

oc 

1      „     ,    \n    /  72-2 


T.^Zl* 


/« 


et  comme  (1)  est  l'intégrale  de  l'équation  différentielle 

d'y  „     d'y 

dt'  '/.;•- 

il  en  suit,  comme  on  sait,  T1  —-  a-p;  donc,  puisque  M  =  pi 

1J.  =  a*M 

et 

GO 

1     „    ri    i'a'%' 

i 

Si  U  est  l'énergie  totale  de  la  corde  vibrante,  on  aura  donc 


x 


1      *r    V  \f  d(ii    Y     i        <""'-J 


t  +  v  =  tm2»)+^Î 


oo 


?- 


i«Z^A.  +  ft 


1 

2/ 
et  comme  la  durée  d'oscillation  du  ie   ton  partiel    t*=  — — 

m 

(1)  Donkin,  .•1p.i/s7/Vv.  Oxford,  1810,  p.  126H30. 

(•2)  Rayleigh,  Z7te  Theory  of  Sound.  London,  1877,  p.  IMH43. 


C.H.C.    GRINWIS.    —  SUR   L  ÉNERGIE    DES   CORDES   VIBRANTES  319 

U==T  +  V  =  =*sMVJ^l  (4) 


c'est  l'expression  donnée  par  M.  Donkin. 
Soit  U»  l'énergie  totale  du  z°  ton  partiel,  on  aura 

u  = ,.  M  A''  +  B'' 

U  =   2  Ui 


(5) 


Nous  considérons  spécialement   l'énergie  des  cordes  pincées;  comme 
dans  ce  cas  la  vitesse  initiale  est  nulle,  on  a  B,  =  0. 


i-at  dq{ 

Qi  =  A.-cos  — —  ~j~    = 

/  dt 


i-a  .       i-at 

— —  A(  sin  — — 


t=4-mZ 


1---OT 


G© 


^=t»2-^ 


A,-  sin2 


A,2  cos2 


i-<it 
l 

i-a  I 


CO  \ 


1         v-«     ?-z2a2  „     <^    A,2 


tandis  que 


(6) 
(?) 

>(8) 


U,=  -2M 


A,2 


Fig.  39. 


Si  y  est  l'ordonnée  dans  la  position  initiale  d'un  point  quelconque  de 
la  corde,  on  aura,  puisque 


co 


=  Za. 


sin 


en  multipliant  par r^  -  dx  et  intégrant 


2 


A<=-r<y  « 

0 


sin    — - —  dx 


320  PHYSIQUE 

Donc  en  posant  t  —  0  ,  CE  =  6,  EK  =  7  et  —  =  p,  on  a  pour  y 

de  x  =  0  jusqu'à  x  =  b    y  =  —  x 

—             y 
de  x  =  b  jusqu'à  x  =  l    y  =  —, r-  (l  —  x) 

et 

±{    (     Pb  x      .      i%x     .       .       r'  l—x     .       izx  ) 

a, .  =  —  y  —  s,n  -^  *»  +  y  T-rv  m  —  d.r  1. 

0  b 

sm 


T.'i-b(l—b)  l     ' 

mettant  pour  ~,  sa  valeur  — —  la  formule  (8)  devient, 

m 

U.  =  -,m  —  ï;  Sin» 


rMW  {l—by  l 


Tt         ,  * 

ou,  a  cause  de  </2  = et  0  =  — , 

P  P 


U<  =  -    — — -7-^ — 7T r  •  sin2  — 

TC2    .   ?2   .    (p    —    l)2   .  p 


>-\     2 


Cherchons  la  valeur  dey  en  fonction  de  l'allongement  M  de  la  corde. 

On  a  /,  -f  l2  —  l  =  M 


et  (9)  devient 


2(AQ  /  (p  —  1)         y2  p2  rt/   , 

_i_^ ^ L    OU   ^r    .    — l ■   =2lA/l 

p1  l      p  —  I 


/J   —    I  \  HT        f  p  —   1 


C.-H.-C    GRINWIS.    —   SUR   i/ÉNERGIE   DES  CORDES    VIBRANTES  321 

ri 


tandis  que  Y  =  1\   I   fds  —  dx) 

«A 
donne  pour  t  =  0 


2u*  =  (Ai)Tl  (11) 


donc 


D,  =   —  -R< 

SUi       P  -     1  \     ™     I         V  - 

Pour  la  forme  initiale  nous  avons 

-  .     ir.x 

yi  =-  A,- s  m  — 

2yp2  .      i~b    .     i~,r 

sm   — -  sin 


TC2t'2(p    —    1)  /  / 

et  si  yi  est  l'ordonnée  initiale  pour  x  =b 


y«  =  r^r  I 


p-  1 

donc  à  cause  de  (12) 

D,  =  ^  =  -|  (14) 

i 

L'énergie  relative  du  ?e  ton  partiel  (c'est-à-dire  le  rapport  de  son 
énergie  à  l'énergie  totale)  est  donc  égale  au  rapport  de  l'ordonnée  de 
la  courbe  du  ton  i&  du  point  E  {x  =  b)  à  l'écartement  y  ou  EF. 

Ou,  si  l'on  considère  l'intensité  proportionnelle  à  l'énergie,  on  pourra 
dire  :  «  L'intensité  relative  d'un  ton  partiel  a  pour  valeur  h  rapport 
de  l'ordonnée  de  sa  courbe  initiale  au  point  où  la  corde  est  pincée  au 
plus  grand  écartement  de  ce  point.  » 

On  voit  que  cette  règle  générale  donne  comme  cas  particulier  le  ré- 
sultat connu,  que  les  tons  partiels  manquent,  qui  ont  leurs  nœuds  au 
point  où  la  corde  est  pincée. 

On  peut  remarquer  que  la  formule  (11)  se  déduit  immédiatement  de 
(12)  comme  on  pourrait  le  présumer.  En  effet  la  formule  (10)  donne 

GO 


2(AZ)F1 
V 

21 


Z«'  =  SZ* 


physique 

go 


la  valeur  (11)  suit  directement  en  observant  que  la  valeur  de  X.R.— 
v  \  v  —  l 

—    I  est  égale  à  — - — . 


co    /  sin  — 


P 
On  a,  comme  chacun  sait, 


V.  an  sin2  n?  =  a,  sin2  <p  +  o2  sin2  2?  -|-  a3  sin*  3cj>  -f-  etc-   = 


q(2  • fl"  ~~  2a"c0SW:p 


1         1 

V .  o„  cos  ncp  =  cos  ?  +  -j  cos  2?  -f-  -q  cos  %  +  •  •  •  • 

donc 

Il  1 

sin2  9  +  —  sin2  29+7-  sin-  3<p  +  •    •    •    •  =  -s  ?(*  —  't) 

1   '    4  »  2s 


et 


sin  2cp\2         /sin  3cp\2  _  û  —  9 


(^)"+(^y+(^fy+-=- 


2* 


GO 


enfin  2>=Xf 

P 

Notre  méthode  a  le  double  avantage  de  conduire  à  la  règle  générale 
mentionnée  plus  haut  [formule  (14)],  puis  de  donner  l'énergie  relative 
des  tons  partiels,  non-seulement  en  rapport  à  l'énergie  du  ton  fonda- 
mental, mais  en  môme  temps  en  rapport  à  l'énergie  totale. 

La  première  quantité  qu'on  calcule  ordinairement  est  donnée  par  la 
formule 

tandis  que  la  seconde,  prise  en  rapport  h  l'énergie  totale  est  donnée 
par  (12) 

D ._  JL-JL  = 

'  "  SU,        S*        P 

1  1 


C.-H.-C.    GRINWIS.    —    Sl'll    I.'knf.RGIE   DES  CORDES  VIBRANTES  323 

La  seconde  valeur  se  déduit  de  la  première  par  la  formule 

°<  =  (^>'  ("> 

ou 

Quand  J,  est  calculé,  comme  il  est  fait  pour  p  =  7  par  M,  Helm- 
holtz  dans  son  livre  remarquable,  la  formule 

D, :  =  CpJ< 

peut  servir  avec  grand  avantage  pour  calculer  l'énergie  relative  en  rap- 
port à  l'énergie  totale;  tout  calcul  se  réduit  à  une  simple  multiplication 
de  J,  par  le  facteur  Cp. 
Or  ce  facteur 

Cp  =  r         sm  - 

%  (/)—  1)  y; 


devient  pour  p  =  7,  c'est-à-dire  pour  une  corde  pincée  en    un  point 
i 

7 


E  situé  à  —  de  sa  longueur  / 


C„  =  -L  sin  J-  =  0,322234. . . . 

3-  / 

HelmhoUz  indique  l'énergie  ii  du  1er  ton  partiel  (le  ton  fondamental) 
par  100;  nommons  100  l'énergie  totale,  nous  aurons  pour  l'énergie 
relative  D» 


partiel 

h 

D,       (énergie  totale 

=  100) 

1 

100 

32.2 

2 

81.2 

26.2 

3 

56.1 

18.1 

4 

31.0 

10.2 

5 

13.0 

4.9 

6 

2.8 

0.9 

7 

0.0 

0.0 

La  somme  des  énergies  de  ces  7  premiers  tons  partiels  est  91.7  donc 

11 
à  peu  près  —  de  l'énergie  totale. 


324  PHYSIQUE 


M.  iiuaG-os 

Membre  de  la  Sociétr-  Royale  île  Londres,  Correspondant  de  l'Institut  de  France. 


NOTE  SUR  LE  SPECTRE  PHOTOGRAPHIQUE  DES  ETOILES. 


—   Séance  d  u  2  S  a  oui   7*77.  — 

M.  Miller  et  moi  avons  obtenu  en  1863,  la  photographie  du  spectre 
de  Sirius. 

«  Le  27  janvier  1863  et  le  3  mars  de  la  même  année,  on  obtint  un 
spectre  intense  de  la  partie  la  plus  réfrangible  en  faisant  tomber  le 
spectre  de  cette  étoile  (Sirius)  sur  une  surface  de  collodion  sensible. 
Quoique  suffisamment  limité  sur  ses  bords,  le  spectre  ne  présente  pas 
d'indications  de  raies,  soit  par  suite  d'une  disposition  mauvaise  de  l'ap- 
pareil, soit  parce  que  le  mouvement  de  l'étoile  n'était  pas  exactement 
compensé  par  l'horloge,  soit  par  suite  de  troubles  dans  l'atmosphère. 
D'autres  recherches  nous  ont  empêché  de  continuer  ces  expériences, 
mais    nous  n'avons  pas  abandonné  l'intention  de  les  poursuivre.  »  (1). 

J'ai  repris  ces  recherches  à  l'aide  d'un  télescope  muni  d'un  miroir  de 
18  pouces,  appartenant  à  la  Société  royale.  Un  long  temps  s'est  écoulé 
avant  d'avoir  pu  obtenir  le  mouvement  uniforme  nécessaire  à  ces  obser- 
vations. Pour  y  arriver,  M.  Howard  Grubb  a  appliqué  avec  succès  au 
rouage  moteur,  le  contrôle  d'une  pendule  à  secondes  en  connexion  élec- 
trique avec  une  horloge  sidérale  :  ce  système  fonctionne  d'une  manière 
satisfaisante. 

Les  prismes  employés  sont  en  spath  d'Islande,  les  lentilles  en  quartz. 
Après  essai  des  divers  procédés  photographiques,  on  s'est  arrêté  à  l'em- 
ploi des  plaques  sèches. 

L'appareil  est  arrangé  de  telle  sorte  qu'un  spectre  fourni  par  le  soleil 
ou  par  la  lumière  électrique,  peut  être  obtenu  sur  la  même  plaque 
pour  servir  de  comparaison  avec  le  spectre  de  l'étoile.  Les  spectres  sui- 
vants ont  déjà  été  obtenus  :  Sirius,  Vega,  Vénus,  la  lune,  etc. 

Je  ne  puis  dans  cette  note  décrire  en  détail  les  dispositions  de  l'appa- 
reil qui  a  été  construit  spécialement,  ni  présenter  les  résultats  obtenus 
dont  nous  nous  bornerons  à  citer  un  extrait  : 

La  plaque  sèche  ayant  été  exposée  à  l'action  de  la  lumière  de  Véga 
(a  de  la  Lyre)  resta  en  place  dans  l'appareil  jusqu'au  malin  suivant 
où  sur  la  seconde  moitié  de  la  plaque  on  put  obtenir  l'image  d'un 
spectre    solaire.    L'épreuve  montre    sept  fortes  lignes  toutes  légèrement 

Hi  Pkilosophical  transactions.  1S64,  p.  428. 


Dr  CH.   BRAME.    —   SUR   LA    CORRÉLATION  DES    FORCES   PHYSIQUES         325 

estompées  sur  les  bords.  Les  deux  lignes  les  moins  réfrangibles  coïnci- 
dent avec  deux  des  lignes  connues  de  l'hydrogène  dans  le  spectre  so- 
laire. 

L'emploi  d'appareils  en  cours  de  construction  (1876)  permettra  sans 
doute  d'obtenir  des  lignes  plus  fines  et  d'étendre  la  méthode  aux  étoiles 
moins  brillantes  que  celles  sur  lesquelles  on  a  opéré  (i). 


M.  VINOT 

Directeur  du  Journal  du  Ciel. 


PROPOSITION    DE    CREATION 

DUNE    COLLECTION    CIRCULANTE    D'INSTRUMENTS    DE    PHYSIQUE 

A  L'USAGE  DES  MEMBRES  DE  L'ASSOCIATION   FRANÇAISE. 


Séance  du  iï  août   1871.  — 


M.  le  D'  Charles  BRAME 

De  Tours. 


SUR  LA  CORRÉLATION  DES  FORCES  PHYSIQUES. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


#  —  Séance  du  87  août  1 877.  — 

1°  Plus  ou  moins  condensée,  la  matière  diffuse  moléculaire  produit  tous  le 
corps  admis.  Ces  corps  sont  composés  de  particules  noyaux,  enveloppées  de 
particules  atmosphères  (2).  Dans  les  corps  simples  ou  élémentaires,  l'atmos- 
phère et  le  noyau  sont  homogènes,  ils  sont  hétérogènes  dans  les  corps  com- 
posés: et  dans  la  première,  comme  dans  la  seconde,  ils  sont  susceptibles  d'in- 
terversion (Allotropie.  Isomérie).  Il  existe  la  plus  grande  analogie  entre  la 
combinaison  chimique  (Atmosyn thèse,  Ch.  B.)  et  la  condensation  des  vapeurs 
et  entre  la  décomposition  chimique  (Atmolyse),  la  tension  et  le  dégagement  ou 
émission  de  vapeur. 

2°  La  matière  est  tout  ce  qui  se  meut  sensiblement.  Les  vibrations  simulta- 

(1)  Proceedinçjs  of  the  Royal  Society. 

(2)  De  la  loi  des  proportions  multiples  de  Dalton  et  des  atmosphères  particulaires.  Ch.  Brame. 
Société  philomatique,  1853  (séance  du  21  mai). 


326  PHYSIQUE 

nées  de  noyaux  et  d'atmosphères  homogènes  ou  hétérogènes,  si  leur  direction 
est  dans  le  même  sens,  engendrent  la  chaleur  et  la  lumière  ensemble  ou  sépa- 
rément; l'électricité  est  produite  par  la  vibration  en  sens  inverse  des  noyaux 
et  des  atmosphères. 

3°  Les  particules  les  plus  ténues  de  la  matières  sont  des  vésicules,  c'est-à- 
dire  de  petits  sphéroïdes  entièrement  clos,  remplis  de  vapeur  condensée  et  en- 
tourés d'une  atmosphère  de  vapeur.  En  s'agrégeant,  les  vésicules  forment  des 
utricules  dont  l'occlusion  périphérique  s'établit  de  la  même  manière.  Certaines 
vésicules  cristallisent.  En  se  volatilisant,  la  vapeur  est  absorbée  par  une  vési- 
cule centrale,  tandis  que  les  vésicules  persistantes  (Encyclide),  décrivent  autour 
de  la  première  un  cercle  qui,  par  conjugaison  peut  passer  à  l'ellipse  ou  à  telle 
autre  courbe  fermée  (Cyclide). 

4°  Lois  des  Cyclides.  a.  La  raison  delà  cyclide  par  rapport  à  un  axe  du  cristal 

central  engendré  est  comme  1,2,  3,  4,  5,  etc.,  ou  comme  1  £,  2  £,  3  £,  etc.  1. 

b  Dans  l'intérieur  de  la  Cyclide  l'adhésion  ou  gravitation  particulière  est  comme 

S  .     ,.. 

-.  c  Sur  la  limite  circulaire  et  en  dehors  de  la  cyclide  la  gravitation  particulière 

S 
est  comme  -^  (S  représente  le  volume  produit  ;  ft  représente  le  rayon  de  la 

cyclide).  Ces  lois  sont  applicables  au  système  céleste  (Seguin  et  Brame). 


M.  le  F  Charles  BEAME 


SUR  LES  DENSITES  DU  SOUFRE. 
(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  2  7   août    IS 77.  — 

M.  le  Dr  Ch.  Brame  essaye  d'expliquer  les  différents  nombres  attribués  par 
les  observateurs  au  soufre  dans  les  divers  états  où  on  le  trouve  naturellement 
et  dans  ceux  où  on  l'amène  artificiellement.  L'auteur  attribue  ces  différences 
principalement  à  l'insuffisance  des  moyens  employés,  à  l'interposition  entre 
les  molécules  de  petites  quantités  du  dissolvant,  d'air,  de  matières  étrangères. 


J.    JANSSBN,   —   SUR  LA   PHOTOGRAPHIE   SOLAIRE  327 


M.  J.  FERMER 

Commandant  d'Étnt-Mnjor,  Membre  du  Bureau  des  Longitudes. 


DÉTERMINATION  DES  LONGITUDES,  LATITUDES  ET  AZIMUTS  TERRESTRES 
EN   FRANCE  ET   EN  ALGÉRIE. 

(iaiiuii    lit    PKOC&S-YBMAIu) 


—  Séa  net  d  »  :'.'/  a  oui   /s  77.  — 

M.  le  commandant  Periukr  présente  des  renseignements  détaillés  sur  la 
détermination  des  longitudes,  latitudes  et  azimuts  terrestres  en  France  et  en 
Algérie  :  il  fait  connaître  la  méthode  de  calcul  adoptée  pour  la  détermination 
de  l'heure  absolue  d'une  station  ainsi  que  le  mode  de  discussion  des  erreurs 
systématiques  ou  accidentelles;  enfin,  il  indique  le  degré  de  précision  des 
longitudes  obtenues. 


M.   J.  JANSSEN 

Membre  de  l'Institut,  directeur  de  l'Observatoire  physique  de  Meudon. 


SUR  LA  PHOTOGRAPHIE  SOLAIRE  ET  LES   FAITS  QU'ELLE  NOUS  RÉVÈLE 
TOUCHANT  LA  CONSTITUTION   DE  LA  PHOTOSPHÈRE. 


—  .Séance  du  29  août  1877.  — 

J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  section,  une  photographie  solaire  où 
le  disque  de  l'astre  a  30  centimètres  de  diamètre. 

Ce  n'est  pas  principalement  en  vue  de  ce  grand  diamètre  que  cette 
photographie  présente  de  l'intérêt,  c'est  surtout  au  point  de  vue  des 
phénomènes  qu'elle  révèle. 

Jusqu'ici,  cet  art  n'avait  été  envisagé  dans  ses  applications  à  l'astrono- 
mie, que  comme  un  moyen  d'obtenir  des  phénomènes,  des  images  fidèles 
et  indépendantes  de  toute  intervention  de  la  main  humaine. 

Aujourd'hui,  la  photographie  est  en  état  de  rendre  des  services  encore 
plus  importants,  et  devient  un  moyen  de  découvrir  des  phénomènes 
qui  eussent  échappé  à  l'investigation  par  nos  instruments  d'optique. 

A  l'égard  du  soleil,  la  photographie  est  en  voie  de  nous  révéler  des 
faits  de  la  plus  haute  importance. 

Avant  de  parler  de  ces  faits,  disons  quelques  mots  des  procédés  pho- 
tographiques qui  ont  permis  de  les  découvrir. 


328  PHYSIQUE 

Il  s'agit  de  la  surface  du  soleil.  Or,  on  sait  que  jusqu'ici,  la  photo- 
graphie avait  été  impuissante  à  reproduire  les  détails  donnés  par  les 
instruments  puissants. 

Les  photographies  les  plus  remarquables  du  soleil  obtenues  jusqu'ici, 
et  parmi  lesquelles  il  faut  citer  en  première  ligne,  celles  de  l'éminent 
M.  Warren  de  la  Rue,  un  des  fondateurs  de  la  photographie  céleste, 
celles  de  M.  Rutherfurd,  etc.,  donnaient  très-bien  les  taches  et  lesfacules, 
mais  pour  la  surface  solaire  proprement  dite,  elles  ne  montraient  que 
des  marbrures  sans  aucun  des  détails  de  granulations,  dont  les  instru- 
ments d'optique  nous  ont  révélé  l'existence. 

Il  faut  dire  qu'on  ne  cherchait  même  pas  à  obtenir  ces  détails  si  dé- 
licats, entrevus  dans  des  circonstances  atmosphériques  très-favorables, 
et  que  les  procédés  photographiques  paraissaient  absolument  impuissants 
à  reproduire. 

En  méditant  sur  la  question,  j'ai  été  amené  à  penser  que  cette  infé- 
riorité avait  sa  source  dans  le  mode  suivi  jusqu'ici,  et  non  dans  l'es- 
sence même  de  la  méthode  photographique. 

J'ai  même  reconnu,  en  comparant  très-attentivement  les  deux  métho- 
des, que  la  photographie  devait  avoir  sur  l'observation  optique,  des 
avantages  qui  lui  étaient  absolument  propres,  pour  mettre  en  évidence, 
des  effets  et  des  rapports  de  lumière  que  la  vue  est  impuissante  à  per- 
cevoir ou  à  estimer. 

Notre  organe  visuel  possède  l'admirable  faculté  de  pouvoir  fonctionner 
dans  les  conditions  d'éclairement  les  plus  différentes;  mais  aussi, la  vue 
ne  nous  permet  pas  de  juger  des  rapports  d'intensité  lumineuse,  surtout 
quand  ces  intensités  sont  extrêmement  considérables. 

L'image  solaire  est  dans  ce  cas.  Malgré  l'intervention  des  verres  co- 
lorés, des  hélioscopes,  etc.,  l'œil  doit  saisir  des  détails  dans  un  milieu 
éblouissant,  et  fonctionner  dans  des  conditions  tout  à  fait  anomales  pour 
lui.  Les  vrais  rapports  d'intensité  lumineuse  des  diverses  parties  de 
l'image  ne  peuvent  plus  être  perçus,  et  les  apparences  ne  répondent 
plus  à  la  réalité  des  choses.  C'est  là  ce  qui  explique  les  opinions  si 
différentes  qui  ont  été  émises  sur  les  formes  et  les  dimensions  des  gra- 
nulations et  des  parties  constitutives  delà  surface  solaire. 

L'image  photographique,  quand  elle  est  obtenue  dans  des  condition^ 
bien  réglées  de  l'action  de  la  lumière,  est  affranchie  de  ces  défauts, 
et  elle  exprime  d'une  manière  très-approchée,  les  vrais  rapports 
d'intensité  lumineuse  des  diverses  parties  de  l'objet  qui  lui  donne 
naissance. 

Pour  que  ce  précieux  résultat  soit  réalisé,  ii  faut  que  pendant  l'action 
lumineuse,  la  couche  sensible  reste  sensiblement  semblable  à  elle-même, 
condition  qui  exige  que  la  portion  de  la  substance  photographique,  in- 


J.  JANSSBN.    —   SUR  LA   PHOTOGRAPHIE   SOLAIRE  329 

fluencée  pendant  la  pose,  ne  soit  qu'une  faible  partie  de  la  quantité  en 
présence  sur  la  plaque. 
J'aurai  à  revenir  sur  ce  point  important. 

Ainsi,  en  dosant  rigoureusement  le  temps  de  l'action  lumineuse,  de 
manière  à  ne  pas  avoir  de  surpose  pour  les  parties  les  plus  brillantes  du 
disque  solaire,  on  aura  une  image  qui  nous  présentera,  non-seulement 
les  détails  dans  la  vérité  de  leurs  contours,  mais  qui,  en  outre,  nous  ins- 
truira sur  les  rapports  très-approchés  de  leurs  véritables  intensités  lumi- 
neuses. 

La  photographie  possède  encore  sur  la  vue,  un  autre  avantage  pré- 
cieux, surtout  quand  il  s'agit  de  courtes  poses.  J'ai  reconnu,  en  effet, 
que  le  spectre  photographique,  quand  l'action  lumineuse  est  courte,  au 
lieu  d'avoir  l'étendue  qu'on  connaît,  se  réduit  à  une  bande  étroite  située 
près  de  G. 

Cette  curieuse  propriété  montre  qu'on  pourrait  obtenir  des  images 
photographiques  très-tolérables  du  soleil ,  avec  des  lentilles  simples  à 
long  foyer.  Elle  montre  surtout  que  l'achromatisme  chimique  est  in- 
comparablement plus  facile  à  réaliser  que  l'achromatisme  optique,  et 
que  les  images  solaires  notamment,  obtenues  en  ayant  égard  à  cette 
propriété,  peuvent  avoir  une  netteté  incomparablement  plus  grande 
que  celle  des  images  optiques. 

Tels  sont  les  avantages  que  j'appellerai  avantages  de  méthode,  que  la 
photographie  présente  sur  l'optique  oculaire. 

L'infériorité  des  images  photographiques  solaires  obtenues  jusqu'ici 
tenait  donc  uniquement  aux  conditions  défavorables  dans  lesquelles 
elles  étaient  obtenues. 

En  premier  lieu  ,  il  faut  placer  les  circonstances  de  durée  exagérée 
dans  l'action  lumineuse. 

En  effet ,  quand  l'action  lumineuse  est  [trop  prolongée  relativement 
à  son  intensité,  l'image  photographique  s'agrandit  rapidement  et  perd 
toute  netteté  de  contours.  Ce  phénomène  qu'on  pourrait  nommer  l'irra- 
diation photographique  (sans  rien  préjuger  de  sa  cause)  est  très-frappant 
dans  les  photographies  d'éclipsés  totales  qui  ont  été  obtenues  depuis 
1860.  Sur  ces  photographies,  on  voit  l'image  des  protubérances  empié- 
ter sur  le  disque  lunaire  d'une  quantité  qui  s'élève  à  10",  15"  et  plus. 
On  comprend  que,  quand  il  s'agit  de  granulations  solaires  qui  ont 
un  diamètre  moyen  de  2  à  3",  on  ne  pouvait  les  obtenir  sur  des  images 
où  l'irradiation  photographique  avait  une  valeur  très-supérieure  à  leurs 
propres  dimensions. 

J'ai  donc  étudié  avec  le  plus  grand  soin,  et  en  conformité  avec  les 
principes  posés  précédemment,  le  temps  de  l'action  lumineuse,  de  ma- 
nière à  combattre  cet  obstacle  capital, 


330  PHYSIQUE 

J'ai  combiné  la  diminution  de  temps  de  l'action  lumineuse  avec 
l'agrandissement  des  images. 

Les  dimensions  des  images  ont  été  portées  à  12,  lo,  20,  30  centi- 
mètres. 

Le  temps  de  l'action  lumineuse  qui  est  ici  la  condition  exclusive  du 
succès  (car  on  a  obtenu  des  portions  d'images  solaires  répondant  à  des 
disques  de  plus  de  1  mètre  de  diamètre  et  qui  ne  montrent  pas  la  gra- 

1 

nidation),  a  été  abaissée  jusqu'à  de    seconde  en  été  (1).    Il   faut 

o .  uuu 

un  mécanisme  tout  spécial  et  très-parfait  pour  régler  ainsi   une  durée 

aussi  courte,  et  donner  pour  les  diverses  parties  de  l'image  une  égalité 

1 

d'action  lumineuse  qui  doit  être  réalisée  à  ._  ,,AA  de  seconde. 

10.000 

Quand  la  durée  d'action  lumineuse  est  si  courte ,  l'image  est  beau- 
coup plus  latente  encore  que  dans  les  circonstances  ordinaires;  il  faut 
lui  appliquer  un  développement  lent  qui  se  termine  ensuite  par  le  ren- 
forcement à  l'acide  pyrogallique  et  au  nitrate  d'argent. 

Je  n'ai  pas  besoin  d'ajouter  que  les  opérations  photographiques  doi- 
vent être  conduites  avec  le  plus  grand  soin  quand  il  s'agit  d'images  des- 
tinées à  révéler  de  si  délicats  détails.  En  particulier,  disons  que  le 
coton-poudre  doit  être  préparé  à  haute  température  pour  donner  une 
couche  d'une  finesse  suffisante.  Ces  conditions  réalisées,  on  obtient  alors 
des  images  solaires  qui,  par  rapport  aux  anciennes,  constituent  un 
monde  nouveau  et  montrent  des  phénomènes  sur  lesquels  nous  allons 
nous  arrêter  un  instant. 

Mais  auparavant,  je  dois  dire  que  la  lunette  photographique  qui  m'a 
servi  dans  ces  recherches,  a  été  construite  pour  ma  mission  du  Japon, 
par  M.  Prazmowski,  le  savant  opticien  qui  prend  actuellement  une  place 
si  honorable  dans  l'optique  française.  M.  Prazmowski  avait  basé  les 
calculs  de  l'objectif  sur  les  indications  spectrales  que  je  lui  ai  fournies 
touchant  le  maximum  d'action  dont  j'ai  parlé. 

Pour  les  opérations  photographiques  ,  j'ai  été  très-habilement  secondé 
par  M.  Arents,  artiste  photographe  attaché  à  l'observatoire  de  Meudon. 

Disons  maintenant  un  mot  des  phénomènes  que  nous  montrent  ces 
photographies  solaires. 

On  a  beaucoup  étudié  la  surface  photographique  dans  les  grands  ins- 
truments d'optique.  Cette  étude  a  conduit  à  admettre  dans  cette  couche 
solaire,  la  présence  d'éléments  granulaires  sur  la  forme  et  les  dimensions 
desquels  on  n'est  pas  encore  d'accord.  Nos  lecteurs  se  rappellent  les 
discussions  qui  se  sont  élevées  sur  des  formes  rappelant  les  grains  de 

H)  Le  chiffre  sp  rapporte  à  l'action  do  la  lumière,  solaire  naturelle  qui  n'aurait  passé  par 
aucun  milieu  réfringent. 


J .   JANSSEN .  —  SUIl   LA   PHOTOGRAPHIE   SOLAIRE  331 

riz,  les  feuilles  de  saule,  etc.  Nous  ne  reprendrons  pas  cette  discussion. 
La  photographie  est  maintenant  en  état  de  résoudre  la  question.  Aussi, 
dans  le  travail  que  nous  poursuivons,  et  dont  nous  donnons  seulement 
ici  les  prémisses,  nous  attachons-nous  surtout  à  l'étude  des  clichés,  qui 
sont  désormais  les  documents  les  plus  importants  à  consulter. 

Nos  photographies  montrent  la  surface  solaire  couverte  d'une  fine 
granulation  générale.  La  forme,  les  dimensions,  les  dispositions  de  ces 
éléments  granulaires  sont  très-variés.  Les  grandeurs  varient  de  quelques 
dixièmes  de  seconde,  à  3  et  4  secondes.  Les  formes  rappellent  celles  du 
cercle  et  de  l'ellipse  plus  ou  moins  allongée,  mais  souvent  ces  formes 
régulières  sont  altérées. 

Cette  granulation  se  montre  partout,  et  il  ne  paraît  pas  tout  d'abord 
qu'elle  présente  une  constitution  différente  vers  les  pôles  de  l'astre.  Il 
y  aura  cependant  à  revenir  sur  ce  point. 

Le  pouvoir  éclairant  des  éléments  granulaires  considérés  séparément 
est  très-variable  ;  ils  paraissent  situés  à  des  profondeurs  différentes  dans 
la  couche  photosphérique. 

Les  éléments  granulaires  les  plus  lumineux,  ceux  dans  lesquels  réside 
surtout  le  pouvoir  lumineux  de  la  photosphère  n'occupent  qu'une  petite 
fraction  de  la  surface  de  l'astre. 

Mais  le  résultat  le  plus  remarquable,  et  qui  est  dû  exclusivement  à 
l'intervention  de  la  photographie,  c'est  la  découverte  du  réseau  pho- 
tosphérique. 

En  effet,  l'examen  attentif  de  ces  photographies  montre  que  la  pho- 
tosphère n'a  pas  une  constitution  uniforme  dans  toutes  ses  parties;  mais 
qu'elle  se  divise  en  une  série  de  ligures  plus  ou  moins  distantes  les 
udes  des  autres,  et  présentent  une  constitution  particulière. 

Ces  figures  ont  des  contours  généralement  arrondis,  souvent  assez 
rectilignes  et  rappellent  des  polygones. 

Les  dimensions  de  ces  figures  sont  très-variables.  Elles  atteignent 
quelquefois  une  minute  et  plus  de  diamètre. 

Tandis  que  dans  les  intervalles  des  figures  dont  nous  parlons,  les 
grains  sont  nets,  bien  terminés,  quoique  de  grosseur  très-variable,  dans 
l'intérieur,  les  grains  sont  comme  à  moitié  effacés,  étirés,  tourmentés; 
le  plus  ordinairement  même,  ils  ont  disparu  pour  faire  place  à  des 
traînées  de  matière  qui  remplacent  la  granulation.  Tout  indique  que, 
dans  ces  espaces,  la  matière  photosphérique  est  soumise  à  des  mouve- 
ments violents  qui  ont  confondu  les  éléments  granulaires. 

Je  ne  toucherai  point  aujourd'hui  aux  conséquences  de  ce  fait  qui 
nous  éclaire  sur  les  formes  de  l'activité  solaire  et  montre,  comme  je  le 
disais  il  y  a  quelque  temps,  que  cette  activité  dans  la  photosphère  est 
toujours  très-grande,  bien  qu'il  ne  se  montre  aucune  tache  à  la  surtace. 


332  PHYSIQUE 

Le  réseau  photosphéiique  ne  pouvait  être  découvert  par  les  moyens 
optiques  qui  s'adressent  à  la  vision  du  soleil. 

En  effet,  pour  le  constater  sur  les  épreuves,  il  faut  employer  des 
loupes  qui  permettent  d'embrasser  une  certaine  étendue  de  l'image 
photographique.  Alors,  si  le  grossissement  est  bien  approprié,  si  l'épreuve 
est  bien  prise,  et  surtout  si  elle  a  reçu  rigoureusement  la  pose  conve- 
nable, on  voit  que  la  granulation  n'a  pas  partout  la  même  netteté,  que 
les  parties  à  grains  bien  tonnés  dessinent  comme  des  courants  qui  cir- 
culent de  manière  à  circonscrire  des  espaces  où  les  phénomènes  pré- 
sentent l'aspect  que  nous  avons  décrit.  Or,  pour  constater  ce  fait,  il  faut, 
comme  nous  disons,  embrasser  une  notable  portion  du  disque  solaire, 
et  c'est  ce  qu'il  est  impossible  de  réaliser  quand  on  regarde  l'astre  dans 
un  instrument  très-puissant,  dont  le  champ  est  par  le  fait  même  de 
sa  puissance,  très-restreint.  Dans  ces  conditions,  on  peut  très-bien  cons- 
tater qu'il  existe  des  portions  où  la  granulation  cesse  d'être  nette  ou 
même  visible;  mais  il  n'est  pas  possible  de  soupçonner  que  ce  fait  se 
rattache  à  un  système  général. 

Déjà  l'examen  des  photographies  embrassant  un  petit  nombre  de  mois, 
montre  des  différences  dans  la  constitution  du  réseau  photosphérique, 
différences  qui  vont  nous  instruire  sur  les  variations  dans  les  formes 
de  l'activité  solaire. 

Ainsi,  la  photographie  solaire  est  placée  dès  maintenant  dans  les 
conditions  où  elle  peut  nous  révéler  les  faits  les  plus  importants  sur  la 
constitution  du  soleil.  C'est  une  méthode  nouvelle  qui  s'ouvre  devant 
nous,  et  dont  nous  pouvons  associer  les  efforts  à  ceux  de  l'analyse 
spectrale  et  de  l'ancienne  optique,  pour  résoudre  enfin  définitivement 
les  grands  problèmes  que  soulève  l'astre  du  jour  (1). 


M.  HTJGrGINS 

Membre  de  la  Société  Royale  de  Londres,  Correspondant  de  l'Institut  de  France. 


RECHERCHES  DE  M.  DRAPER  SUR  LE  SPECTRE  SOLAIRE. 
(extrait  du  procès- verbal.) 


—  Séance  du  i'.)  août   1877.  — 

M.  Huggins  communique  des  résultats  obtenus  par  M.  Draper  dans  le  cours 

(l)  Voir  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Académie,  séance  du  31  décembre  1877,  une  communica- 
tion qui  contient  de  nouveaux  détails  sur  la  constitution  de  la  photosphère  solaire. 


A.  ANGOT.  —  SUR  LA  FORMATION  DES  IMAGES  PHOTOGRAPHIQUES    333 

de  ses  recherches  sur  le  spectre  solaire.  11  s'agit  de  raies  brillantes  découver- 
tes dans  ce  spectre  et  qui,  d'après  M.  Draper,  appartiendraient  à  l'oxygène. 
Toutefois,  cette  affirmation  a  besoin  d'être  confirmée  par  de  nouvelles  études. 


M.  A.  AMOT 

Professeur  au  Lycée  Fontanes. 


RECHERCHES  SUR  LA  FORMATION  DES  IMAGES  PHOTOGRAPHIQUES. 


—  Séance  du  29  août   1877.  — 


On  sait  depuis  longtemps  que  l'image  photographique  d'un  objet  très- 
lumineux  est  dilatée  et  empiète  sur  les  parties  obscures.  Jusqu'à  ce 
jour  on  s'est  borné  à  constater  cet  effet,  en  l'attribuant  à  une  sorte 
à' irradiation,  à  un  cheminement  de  proche  en  proche  de  l'action  chi- 
mique. Les  tentatives  récentes  d'appliquer  la  photographie  aux  mesures 
astronomiques  de  précision  rendaient  nécessaire  l'étude  approfondie  de 
ce  phénomène. 

Le  travail  qui  suit  a  été  effectué  dans  les  caves  de  l'Ecole  normale 
supérieure.  Grâce  à  la  bienveillance  de  M.  H.  Sainte-Claire-Deville,  j'ai 
pu  mettre  à  profit  les  ressources  de  son  laboratoire,  et  m'installer  dans 
une  cave  de  90  mètres  de  longueur  en  ligne  droite,  à  côté  des  appareils 
qui  servaient  à  la  même  époque  à  M.  André,  pour  ses  études  sur  la 
diffraction  clans  les  instruments  d'optique.  Le  résumé  présent  de  mes 
recherches  se  divise  naturellement  en  deux  parties,  l'étude  théorique  et 
expérimentale  du  phénomène,  et  les  conséquences  qu'on  en  peut  déduire 
relativement  à  quelques  applications  de  la  photographie  à  l'astronomie. 

§  1er.  —  Étude  expérimentale. 

1°  Marche  des  expériences.  —  Les  images  photographiques  ont  été 
obtenues  directement,  sans  grossissement,  au  foyer  d'une  lunette  que  la 
Commission  du  Passage  de  Vénus  a  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition, 
et  qui  m'avait  servi  à  l'observation  même  du  passage  à  Nouméa  (Nou- 
velle-Calédonie). L'objectif,  de  13  centimètres  d'ouverture  et  d'environ 
3m>80  de  distance  focale,  était  achromatisé  par  l'écartement  des  verres 
qui  le  composent  et  donnait  de  bonnes  images,  au  moins  au  point  de 
vue  de  l'achromatisme,  bien  que  son  pouvoir  optique  laissât  un  peu  à 
désirer. 


334  PHYSIQUE 

Les  épreuves  ont  été  mesurées  avec  une  des  machines  construites  par 
MM.  Brùnner  pour  la  Commission  du  Passage  de  Vénus,  et  qui  permet- 
tent d'évaluer  avec  certitude  le  l/o00e  de  millimètre,  ce  qui  représen- 
tait sur  les  images  une  valeur  angulaire  de  0",1  environ.  J'ai  jugé  inu- 
tile d'essayer  de  dépasser  cette  limite,  qui  m'a  paru  être  tout  ce  que  le 
système  optique  employé  pouvait  donner  dans  les  circonstances  où 
j'opérais. 

L'objet  photographié,  disposé  à  environ  87  mètres  de  l'objectif,  est 
formé  de  deux  rectangles  lumineux  égaux,  séparés  par  une  bande 
obscure.  Ces  rectangles  sont  découpés  dans  une  lame  métallique  que  l'on 
applique  sur  une  plaque  de  verre  dépoli,  éclairée  par  derrière  avec  une 
lampe  Drummond  ou  la  lumière  électrique.  On  réalise  ainsi  un  éclaire- 
ment  uniforme  de  l'objet  photographié,  condition  absolument  indispen- 
sable. 

Grâce  à  cette  disposition  on  peut  observer  très-facilement  le  fait  même 
de  l'irradiation  supposée;  mais  surtout  on  peut  mesurer  l'effet  en  va- 
leur absolue.  L'augmentation  de  dimensions  de  chaque  rectangle  lumi- 
neux est,  en  effet,  nécessairement  égale  à  la  diminution  de  l'intervalle 
obscur  compris  entre  eux;  la  somme  des  largeurs  d'un  des  rectangles 
lumineux  et  de  l'intervalle  obscur  est  donc  constante  et  égale  à  ce  qu'elle 
serait  si  l'image  se  formait  d'après  les  lois  de  l'optique  géométrique. 

Les  mesures  faites  sur  les  épreuves  font  ainsi  connaître  cette  somme; 
une  mesure  directe  prise  sur  l'objet  lui-même  donne  le  rapport  des  in- 
tervalles obscur  et  lumineux.  Connaissant  leur  somme  et  leur  rapport  on 
calcule  leur  valeur  absolue  pour  l'image  géométrique  théorique,  et  la 
comparaison  de  ces  valeurs  avec  les  résultats  des  mesures  effectuées  sur 
les  épreuves  donne,  dans  chaque  cas,  la  grandeur  absolue  de  l'augmen- 
tation de  l'image,  attribuée  à  l'irradiation.  En  outre,  la  constance  de  la 
somme  des  intervalles  obscur  et  lumineux  fournit  une  excellente  vérifi- 
cation, qui  permet  d'apprécier  sûrement  le  degré  de  précision  des  expé- 
riences. 

Pour  ne  pas  allonger  inutilement,  je  ne  rapporterai  pas  ici  de  nom- 
bres. Ils  seront  publiés  avec  détail  dans  le  mémoire  original  ;  les  résultats 
sont,  du  reste,  évidents  sur  les  épreuves  photographiques  à  la  simple 
vue  et  sans  aucune  mesure,  comme  on  a  pu  le  constater  sur  les  épreuves 
qui  ont  été  présentées  au  Congrès  du  Havre.  11  suffira  d'ajouter  que 
l'erreur  moyenne  sur  la  somme,  qui  doit  être  constante,  ne  dépasse  pas 
0ram,00i  (0"0o),  et  que  rarement  les  écarts  individuels  des  expériences 
s'élèvent  à  2/o00  de  millimètre  (0",2). 

2°  Résultats  obtenus.  —  En  faisant  varier  successivement  les  condi- 
tions de  l'expérience,  on  a  obtenu  les  résultats  suivants  qui  ont  été  vé- 
rifiés successivement  sur  des  épreuves  photographiques  au  collodion  sec 


A.  ANGOT.    —    SUR   LA   FORMATION   DES   IMAGES  PHOTOGRAPHIQUES         335 

et  au  collodion  humide,  aussi  bien  que  sur  des  plaques  daguerriennes 
préparées  à  l'iode  seul  ou  au  brome  et  à  l'iode. 

1°  Influence  de  l'intensité.  Toutes  choses  restant  égales,  la  dimension 
de  l'image  d'un  objet  lumineux  augmente  avec  l'intensité  de  la  lumière. 
L'image  obtenue  est  généralement  plus  grande  que  l'image  géométrique  ; 
mais  pour  une  intensité  assez  faible  on  peut  obtenir  une  image  plus  pe- 
tite, (dans  une  expérience,  par  exemple,  l'intensité  ayant  varié  de  1  à 
i/38,  l'excès  de  l'image  vraie  sur  l'image  géométrique  a  varié  de 
+  12"7  à  —2". 5). 

2°  Influence  de  la  durée  de  pose.  —  La  durée  de  pose  a  une  influence 
de  même  ordre  que  l'intensité;  l'image  obtenue  croît  avec  elle,  mais 
moins  rapidement  que  pour  l'intensité.  Ainsi  une  durée  de  pose  2  avec 
une  intensité  1  donne  une  image  moins  grande  qu'une  durée  de  pose  1 
avec  une  intensité  2. 

3°  Influence  de  la  sensibilité  de  la  plaque.  —  Pour  une  même  durée 
de  pose  et  une  même  intensité  lumineuse,  les  phénomènes  croissent  avec 
la  sensibilité  de  la  plaque,  sans  qu'il  soit  cependant  possible  de  donner 
une  loi  numérique,  la  sensibilité  n'étant  pas  définie  rigoureusement. 
Mes  expériences  pourraient,  au  contraire,  permettre  de  mesurer  numé- 
riquement, au  point  de  vue  de  la  photographie,  la  sensibilité  des  diverses 
couches  impressionnables  en  la  représentant,  par  exemple,  par  l'inverse 
de  l'intensité  lumineuse  qui  donnerait, avec  une  durée  dépose  constante 
d'une  seconde,  une  image  égale  à  l'image  géométrique. 

4°  Influence  du  diamètre  de  l'objectif.  —  Dans  ces  expériences,  on 
comparait  la  grandeur  des  images  obtenues  successivement  sur  la  même 
plaque  et  avec  la  même  durée  de  pose,  avec  l'objectif  entier  et  l'objectif 
diaphragmé  à  moitié;  mais  on  quadruplait  alors  l'intensité  de  la  lu- 
-mière,  de  façon  que  l'éclat  de  l'image  fût  constant.  L'image  se  dilatait 
d'une  façon  très-notable  quand  l'ouverture  de  l'objectif  diminuait. 

5°  Influence  de  l'exposition  antérieure  à  la  lumière.  —  Dans  cette  sé- 
rie, j'exposais  à  la  lumière  diffuse  une  moitié  de  chaque  plaque  et  je 
faisais  ensuite  sur  les  deux  moitiés  une  série  d'épreuves  avec  la  même 
durée  de  pose  et  la  même  intensité,  de  façon  que  toutes  les  conditions 
fussent  identiques  de  part  et  d'autre,  sauf  l'exposition  antérieure  à  la 
lumière.  L'expérience  a  montré  constamment  que  l'image  obtenue  sur  la 
moitié  intacte  était  plus  grande  que  sur  celle  qui  avait  préalablement  été 
impressionnée  par  la  lumière  diffuse. 

§  2.  Théorie  des  phénomènes  précédents. 

L'hypothèse  généralement  admise,  au  moins  dans  le  langage,  d'une 
irradiation  photographique,  d'un  cheminement  de  proche  en  proche  de 
l'action    chimique  ne  saurait  rendre    compte  des  faits  observés.  S'il  y 


336  PHYSIQUE 

avait  cheminement,  il  devrait  être  plus  grand  sur  une  plaque  ayant 
déjà  subi  l'action  de  la  lumière  diffuse,  fait  contredit  par  l'expérience; 
en  augmentant  la  durée  de  pose,  il  est  probable  également  que  le  che- 
minement croîtrait  plus  facilement  qu'en  augmentant  l'intensité,  ce  qui 
est  en  opposition  avec  les  résultats  des  deux  premières  séries  ci-dessus. 
Enfin,  et  c'est  là  l'objection  principale,  la  théorie  de  l'irradiation  ne 
peut  absolument  pas  rendre  compte  de  ce  fait  qu'on  puisse,  en  rédui- 
sant convenablement  l'intensité  de  la  lumière  ou  la  durée  de  pose,  obte- 
nir des  images  plus  petites  que  l'image  géométrique. 

Les  théories  ordinaires  des  phénomènes  lumineux  donnent,  au  con- 
traire, une  explication  très-simple  de  tous  les  faits  observés. 

L'étude  de  la  diffraction  au  foyer  des 
lentilles,  faite  d'abord  par  Schwerd  (Beu- 
gungserscheinungen),  simplifiée  et  étendue 
par  M.  André  (Annales  de  l'école  normale 
supérieure,  1876.  V.  p.  275),  conduit  aux 
résultats  suivants  :  l'intensité  lumineuse  de 
l'image  d'un  objet  uniformément  éclairé 
n'est  pas  constante  près  des  bords  de  cet 
objet.  Elle  décroît  en  dedans  même  de 
l'image  géométrique  et  est  réduite  exacte 
ment  à  moitié  au  bord  même;  enfin,  en 
dehors  de  l'image  géométrique  on  trouve 
encore  de  la  lumière  dont  l'intensité  dé- 
croît progressivement  en  tendant  vers  zéro. 
La  loi  de  décroissance  de  la  lumière  est 
exprimée  par  une  courbe  analogue  à  celle 
de  la  iig.  40.  Enfin  pour  un  objectif  par- 
fait, rigoureusement  aplanétique,  la  lar- 
geur angulaire  de  la  zone  où  ces  phéno- 
mènes de  diffraction  sont  sensibles,  varie  en  raison  inverse  de  l'ouverture 
de  l'objectif. 

Le  défaut  d'aplanétisme,  les  aberrations  de  l'objectif  produisent  des 
effets  analogues,  qui  se  superposent  aux  précédents  et  augmentent  beau- 
coup l'étendue  de  la  zone  d'intensité  variable,  sans  cependant  changer 
le  sens  des  phénomènes.  Seulement,  quand  on  réduit  l'ouverture  de 
l'objectif  on  a  à  tenir  compte  de  deux  effets  inverses  :  celui  de  la  dif- 
fraction qui  augmente,  et  ceux  de  l'aberration  qui  diminuent. 

Cette  loi  suffit  à  expliquer  tous  les  faits  observés.  Quand  on  augmente 
l'intensité  de  l'objet  photographié,  l'intensité  croît  proportionnellement 
en  chacun  des  points  de  l'image  et  de  la  zone  variable;  la  plaque  pho- 
tographique   qui  reste   sensible  pour  des  intensités  supérieures  à   une 


Fig.  40. 


A      ANGÛT.  SUR    LA    FORMATION    DES    IMAGES   PHOTOGRAPHIQUES         337 

limite  donnée,  doit  alors  présenter  des  images  de  plus  en  plus  grandes. 
Si  au  contraire,  l'intensité  décroît  assez  pour  que,  avec  la  durée  de 
pose  employée,  la  plaque  ne  soit  plus  sensible  à  la  moitié  de  l'intensité 
maxima,  on  aura  des  images  plus  petites  que  l'image  géométrique. 

L'intensité  restant  invariable,  on  peut  faire  changer  la  durée  de  pose  ; 
on  aura  des  variations  analogues  à  celles  du  cas  précédent,  mais  moins 
rapides.  En  augmentant  la  durée  d'exposition,  la  plaque  est  sensible  à 
des  lumières  de  plus  en  plus  faibles,  mais  cette  sensibilité  tend  vers  une 
limite,  et  l'expérience  semble  prouver  que  toute  intensité  qui  tombe  au 
dessous  d'une  certaine  valeur,  variable  avec  la  nature  de  la  plaque,  ne 
peut  plus  produire  d'impression,  même  avec  un  temps  de  pose  consi- 
dérable. 

L'influence  des  dimensions  de  l'objectif  est  aussi  simple  à  expliquer, 
puisque  la  zone  diffractée  augmente  d'étendue  quand  l'ouverture  de 
l'objectif  diminue.  L'expérience  a  montré  cette  augmentation,  mais  un 
peu  moins  rapide  que  ne  le  veut  la  théorie,  ce  qui  est  dû  aux  aberra- 
tions de  l'objectif  dont  l'effet  varie  en  sens  inverse  de  celui  de  la  dif- 
fraction. 

Enfin,  quand  on  soumet  la  plaque  sensible  à  la  lumière  diffuse  avant 
d'y  imprimer  l'image,  celle-ci  vient  se  faire  sur  un  champ  déjà  éclairé, 
et  cet  éclairement  général  masque  une  partie  de  l'agrandissement  dif- 
fractionnel.  On  doit  donc  obtenir  des  images  plus  petites  que  dans  le 
cas  ordinaire. 

En  résumé,  les  faits  observés  sont  en  parfait  accord  avec  la  théorie 
que  je  propose.  La  dimension  des  images  photographiques  varie  avec 
toutes  les  conditions  de  l'expérience;  mais  pour  expliquer  ces  variations 
il  suffit  d'avoir  recours  aux  théories  ordinaires  de  l'optique  et  non  à 
l'hypothèse  d'une  irradiation  mal  définie,  d'un  cheminement  mystérieux 
des  actions  chimiques. 

§  3.  Application  a  l'observation  photographique  du  passage 

de  Vénus. 

Les  phénomènes  précédents  ont  été  étudiés  dans  un  cas  très-simple  et 
qui  a  permis  facilement  des  mesures  exactes.  J'ai  alors  essayé  d'appli- 
quer les  résultats  obtenus  à  un  phénomène  plus  complexe,  à  l'observa- 
tion photographique  du  passage  de  Vénus,  et  j'ai  considéré  dans  la  pre- 
mière partie  de  ce  travail  le  cas  théorique  le  plus  simple,  celui  d'une 
planète  sans  atmosphère,  passant  devant  un  corps  uniformément  lumi- 
neux en  tous  ses  points. 

Pour  ne  pas  compliquer  cette  exposition  un  peu  longue,  je  ne  con- 
sidérerai que  deux  positions  de  la  planète,  celle  qui  correspond  au  mo- 
ment des  contacts  internes  et  une  position  voisine  du  milieu  du  passage. 


338  PHYSIQUE 

1°  Contact  interne.  —  La  théorie  précédente  permet  de  prévoir  com- 
plètement le  phénomène.  Dans  l'intérieur  même  de  la  partie  géomé- 
trique de  l'image,  l'intensité  décroît  quand  on  s'approche  des  bords,   et 

forme  une  zone  de  lumière 
M  !  |  estompée  qui  s'étend  bien  au 

delà  de  l'image  géométrique 
(fig.  41).  Dans  cette  zone,  on 
peut  déterminer  une  série 
de  courbes  de  niveau  pour 
ainsi  dire,  tout  le  long  des- 
quelles l'intensité  lumineuse 
est  une  fraction  déterminée 
de  l'intensité  dans  les  parties  centrales  de  l'image.  On  peut  même  déter- 
miner exactement  ces  courbes  par  une  construction  graphique  et  des 
quadratures,  en  admettant  que  l'on  n'ait  à  considérer  que  des  phéno- 
mènes de  diffraction,  l'objectif  étant  supposé  aplanétique.  Des  aberrations 
de  l'objectif  ne  feraient  qu'augmenter  la  zone  de  lumière  variable. 

La  ligure  40  représente  grossièrement  l'épure  du  phénomène  corres- 
pondant au  moment  du  contact  interne.  La  courbe  AA',  tout  le  long 
de  laquelle  l'intensité  est  la  moitié  de  l'intensité  maxima,  se  confond 
avec  le  bord  géométrique  du  soleil  dans  les  parties  un  peu  éloignées 
du  point  de  contact;  dans  les  régions  de  Vénus,  distantes  du  même 
point,  la  courbe  est  concentrique  à  l'image  géométrique  et  un  peu  in- 
térieure (elle  ne  coïncide  pas  avec  le  bord  géométrique  parce  que  le 
rayon  de  courbure  de  Vénus  n'est  pas  très-grand  par  rapport  à  l'éten- 
due de  la  zone  d'intensité  variable).  Enfin,  aux  environs  du  point  de 
contact,  les  deux  courbes  se  raccordent  de  façon  à  reproduire  exacte- 
ment l'apparence  désignée  sous  le  nom  de  goutte  noire  ou  de  ligament. 
La  figure  représente  en  outre  les  courbes  de  niveau  d'intensité  7/8,  3/4, 
1/4  et  1/8.  On  obtiendrait  des  tracés  analogues  pour  chaque  instant 
du  passage. 

Une  plaque  photographique  exposée  à  la  lumière  pendant  un  temps 
déterminé  donne  une  image  qui  s'arrête  évidemment  à  l'une  ou  l'autre 
des  courbes  de  niveau  représentées  plus  haut,  selon  la  durée  de  pose, 
la  sensibilité  de  la  plaque,  etc.  On  pourra  donc  avoir  pour  un  même 
objet  des  images  d'apparence  très-variable  suivant  les  conditions  de 
l'expérience. 

Ces  prévisions  ont  été  complètement  confirmées.  En  opérant  avec 
l'appareil  à  passages  artificiels  qui  avait  servi  à  M.  André  pour  l'étude 
optique  du  passage  de  Vénus,  j'ai  obtenu  en  faisant  varier,  par  exemple, 
la  durée  de  pose  seulement,  des  images  extrêmement  différentes  quoique 
l'objet  photographié  restât  invariable.  Il  est  même  frappant  de  voir  la 


A.  ANGOT.  —  SUR  LA  FORMATION  DES  IMAGES  PHOTOGRAPHIQUES   339 

fidélité  avec  laquelle  l'expérience  reproduit  les  formes  successives  que 
la  théorie  permet  de  prévoir.  La  même  expérience  a  été  répétée  en  don- 
nant à  la  planète  les  positions  qu'elle  occupe  de  10  en  10  ou  de  15  en 

10  secondes  pendant  les  cinq  minutes  qui  précèdent  le  contact  interne  et 
pendant  les  deux  minutes  qui  le  suivent.  3Iême  alors  que  la  planète  est 
complètement  entrée  sur  le  soleil,  l'apparence  de  la  goutte  noire  peut 
être  obtenue  surtout  avec  des  durées  de  pose  faibles,  tant  que  le  filet 
lumineux  compris  entre  Vénus  et  le  bord  du  soleil  n'a  pas  une  dimen- 
sion au  moins  égale  à  celle  de  la  zone  de  lumière  d'intensité  variable. 

Avec  la  lunette  que  j'employais,  l'incertitude  sur  l'époque  du  contact 
interne  pouvait  s'élever  jusqu'à  trois  minutes,  selon  que  la  durée  de 
pose  ou  l'intensité  de  la  lumière  variaient  d'une  expérience  à  l'autre. 

2°  Milieu  du  passage.  —  Quand  la  planète  est  complètement  entrée 
sur  le  soleil,  son  diamètre  paraît  diminué,  celui  du  soleil  augmenté; 
mais  la  distance  des  centres  des  deux  astres  n'est  aucunement  altérée. 

11  n'y  a  donc  pas  d'erreur  à  craindre  de  ce  côté.  Il  n'en  est  pas  tout  à 
fait  de  même  pour  la  somme  des  rayons  des  deux  astres,  qui  ne  doit 
pas  être  absolument  égale  à  ce  qu'elle  serait  pour  une  image  géométri- 
que. La  diminution  du  diamètre  de  Vénus  ne  saurait  être,  en  effet,  égale 
exactement  à  l'augmentation  du  soleil,  la  courbure  de  Vénus  n'étant  pas 
assez  faible  pour  qu'on  puisse  assimiler  son  bord  à  une  ligne  droite. 

Telle  est  la  seule  cause  d'erreur  qui  se  présentait  dans  mes  premières 
expériences.  Dans  la  nature,  le  phénomène  doit  être  encore  plus  com- 
pliqué pour  deux  raisons  au  moins.  Le  soleil  n'est  pas  également 
lumineux  en  tous  ses  points,  et  l'atmosphère  qui  entoure  probable- 
ment Vénus  doit  amener  de  nouvelles  perturbations  dans  les  phéno- 
mènes. 

Je  ne  désespère  pas  de  reprendre  un  jour  ces  expériences,  interrom- 
pues pour  des  raisons  de  santé,  et  de  réaliser  expérimentalement  un 
disque  d'intensité  décroissant  vers  les  bords,  comme  est  le  soleil,  et 
une  planète  entourée  d'une  atmosphère.  Mais  le  prochain  passage  de 
Mercure  (Mai  1878)  fournira  une  excellente  occasion  de  vérifier  sur  un 
phénomène  naturel  les  conclusions  de  ce  travail.  J'espère  être  assez 
heureux  pour  présenter  au  prochain  congrès  les  résultats  nouveaux  que 
cette  observation  pourra  amener. 


340  PHYSIQUE 


M.  MERCADIER 

Ingénieur  dos  Télégraphes,  Répétiteur  à  l'École  Polytechnique. 


ÉTUDE  DE  LA  PROPAGATION  DE  L'ÉLECTRICITÉ;  MESURES  DE  PETITES 
DIFFÉRENCES  DE  TEMPS. 

[EXTRAIT    DD    PROCÈS-VERBAL.) 


—  Séance  du  29  août  -1877.  — 

M.  Mercadier  expose  une  méthode  qu'il  a  imaginée  depuis  plusieurs  années 
dans  le  but  de  mesurer  les  retards  qui  se  produisent  dans  la  propagation  de 
l'électricité  à  travers  les  conducteurs,  et  en  second  lieu  de  mesurer  des  diffé- 
rences de  temps  très-petites  séparant  deux  phénomènes  mécaniques  successifs. 

Cette  méthode  est  fondée  sur  les  faits  suivants:  i°  Deux  électro-diapasons 
dont  les  périodes  sont  très-peu  différentes  peuvent  entretenir  l'un  l'autre 
leur  mouvement  de  façon  à  conserver  une  différence  de  phase  nulle  ;  2°  si 
dans  le  trajet  qui  sépare  l'électro-aimant  du  premier  instrument  de  celui  du 
second,  on  introduit  un  conducteur  d'une  certaine  longueur,  il  en  résulte  un 
retard  dans  le  moment  où  le  second  instrument  est  mis  en  mouvement,  et  ce 
retard  se  traduit  par  une  différence  de  phase  qui,  mesurée,  donne  en  fraction 
de  la  durée  de  la  période  commune  aux  diapasons  la  grandeur  même  du 
retard.  Pour  mesurer  cette  différence  de  phase,  M.  Mercadier  emploie  la  mé- 
thode qu'il  a  exposée  dans  la  séance  du  24  août,  et  il  indique  les  dispositions 
expérimentales  et  les  précautions  nécessaires  pour  arriver  à  des  résultats  précis. 

Pour  appliquer  cette  méthode  à  la  mesure  de  l'intervalle  entre  deux  phéno- 
mènes mécaniques  successifs,  il  suffit  de  pouvoir  fermer  le  courant  de  l'électro- 
aimant  qui  entretient  le  mouvement  du  premier  diapason  au  moment  où  le 
premier  phénomène  se  produit,  et  de  fermer  le  courant  de  l'électro-aimant  du 
second  diapason  à  l'instant  du  second  phénomène;  on  mesure  ensuite  la  diffé- 
rence de  phase  qui  en  résulte  dans  le  mouvement  des  deux  instruments. 


M.  C-M.  GARIEL 

Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées,  Professeur  agrégé  de  physique 
à  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris. 


APPAREIL  POUR  DOSER  LA  LUMIERE. 

(  ËXTIUIT.) 


Séance  du  30  août  li>7  7.  — 


M.  Gaiuel,  dans  une  suite  de  recherches   qu'il  a  entreprises  sur   les  cou- 
leurs et  dont  il  communiquera  les  résultats    à  l'un  des  prochains  congrès,  a 


DELAHAYE.    —  NOTE    SUR  INAPPLICATION  DE    L'ÉCLAIRAGE   ÉLECTRIQUE      341 

employé  pour  doser,  pour  ainsi  dire,  les  lumières  diverses,  un  appareil,  sorte 
de  photomètre,  qui  est  la  réalisation  d'une  idée  signalée  par  Bouguer.  La 
source  de  lumière  émet  des  rayons  qui,  passant  à  travers  une  lentille,  vont 
donner  une  image  réelle  sur  un  écran  :  l'intensité  de  cette  image  peut  varier 
en  interceptant  une  partie  de  la  lentille  par  un  diaphragme  en  forme  de  sec- 
teur, et  cette  intensité  est  proportionnelle  dans  ce  cas  à  la  partie  découverte 
ou  à  l'arc  correspondant. 

L'appareil  décrit  par  M.  Gariel  comprend  deux  pièces  égales  présentant 
alternativement  des  secteurs  pleins  et  découpés:  l'une  est  fixe  et  placée  devant 
la  lentille  à  laquelle  elle  est  concentrique  et  le  plus  près  possible;  l'autre, 
appliquée  sur  la  première,  peut  tourner  autour  de  son  centre.  On  conçoit  que 
le  mouvement  de  cette  pièce  mobile  découvrira  une  partie  de  la  lentille  qui 
peut  varier  de  0  à  la  moitié  de  la  surface  totale  :  un  vernier  permet  d'appré- 
cier le  déplacement. 

Une  première  série  d'expériences,  faite  comme  vérification,  a  donné  des 
résultats  satisfaisants. 


.      M.  DELAHAYE 

Ingénieur,  ancien  élève  de  l'École  polytechnique  et  de  l'École  des  mines. 


NOTE  SUR  L'APPLICATION  DE  L'ECLAIRAGE  ELECTRIQUE  AUX  SALLES  BASSES 
DE  FILATURE  ET  DE  TISSAGE. 


—  Séance  du  30  août  1877. 


Le  fait  que  je  désire  signaler  à  la  section,  plus  pratique  que  théorique, 
eût  peut-être  été  plus  à  sa  place  dans  la  section  du  génie  industriel. 
Voici  en  quoi  il  consiste  : 

Le  seul  moyen  de  produire  économiquement  la  lumière  électrique 
dans  l'état  actuel  de  la  question  réside  dans  l'emploi  de  la  machine  de 
Gramme  et  d'un  régulateur.  Mais  cette  lumière  ne  peut  être  elle-même 
produite  économiquement  que  par  faisceaux  puissants.  Cette  puissance 
même  du  foyer  lumineux  s'est  opposée  longtemps  à  son  emploi  dans 
les  salles  basses,  où  le  foyer  trop  rapproché  de  l'œil  du  spectateur  pro- 
duisait une  fatigue  intolérable,  sans  compter  l'inconvénient  de  l'étendue 
des  ombres  produites  par  les  moindres  obstacles.  Cette  difficulté  est 
aujourd'hui  complètement  tournée  par  l'artifice  suivant  : 

La  lumière  directe  est  complètement  cachée  et  toute  la  lumière  est 
envoyée  sur  le  plafond  au  moyen  de  réflecteurs  convenables,  c'est  alors 
le  plafond    qui   renvoie  de  la    lumière  diffuse  et  produit   un  éclairage 


342  PHYSIQUE 

absolument  comparable  à  celui  du  jour.  Les  ombres  sont  à  peu  près 
complètement  annulées,  beaucoup  moindres  qu'avec  les  becs  de  gaz. 

Je  suis  en  mesure  de  montrer  aux  membres  de  l'Association  un 
atelier  de  tissage  de  1,000  mètres  carrés  où  160  becs  de  gaz  sont  rem- 
placés par  6  foyers  électriques  en  produisant  un  éclairage  bien  supé- 
rieur au  gaz  et  une  économie  de  30  0/0. 

Cet  atelier  situé  à  Rouen  ,  rue  de  Tanger,  sera  à  la  disposition  des 
membres  que  la  question  intéresse,  le  vendredi  31  courant. 


M.   l'Abbé  GrEraX-MAETII 

Professeur  à  l'École  Albert-le-Grand,  à  Arcueil. 


SUR  UN  NOUVEAU   MODÈLE  DE  MACHINE  ÉLECTRIQUE. 


—   Séance  du   30  août   1877.  — 

J'ai  modifié  la  machine  électrique  de  M.  Carré,  de  manière  à  la  ren- 
dre d'un  usage  plus  commode  pour  les  expériences  de  cours. 

L'expérience  m'a  appris,  en  effet,  que  la  machine  de  M.  Carré  offre 
plusieurs  inconvénients,  dont  les  principaux  sont  les  suivants  : 

1°  L'opérateur  qui  agit  sur  la  manivelle  pour  mettre  les  plateaux  en 
mouvement,  a  forcément  la  tête  à  la  hauteur  du  gros  conducteur,  et 
peut,  dans  un  moment  de  distraction,  recevoir  des  étincelles  qui  ne  sont 
pas  sans  danger  avec  les  grands  modèles. 

2°  Cette  machine,  ne  présentant  pas,  par  elle-même,  une  assez  grande 
stabilité,  l'opérateur  doit  appuyer  sur  le  socle  avec  la  main  gauclie,  en 
même  temps  qu'il  agit  sur  la  manivelle  avec  la  main  droite.  Dans  cette 
position,  au  départ  de  chaque  étincelle,  il  reçoit  dans  le  bras  gauche 
une  secousse  des  plus  désagréables. 

3°  L'expérience  apprend  que  les  étincelles  de  cette  machine  ont  un 
très-faible  éclat  lorsqu'on  ne  met  pas  le  petit  conducteur  en  communi- 
cation avec  le  sol.  L'établissement  de  cette  communication  devient  par- 
fois un  embarras;  et,  du  reste,  une  machine  destinée  adonner  les  deux 
électricités,  positive  sur  un  premier  conducteur,  négative  sur  un  deuxième, 
ne  doit  pas  nécessiter  cette  communication.  L'étincelle  doit  être  le  ré- 
sultat de  la  combinaison  des  électricités  de  nom  contraire  qui  chargent 
les  deux  conducteurs. 

4°  Par  un  temps  humide,  la  machine  Carré  ne  fonctionne  pas.  On  ne 
saurait  lui  en  faire  un  reproche,  car  ce  défaut  est  commun  à  toutes  les 


ABBÉ  GEMEIX-MÀRTIN .  —  NOUVEAU  MODÈLE   DE  MACHINE   ÉLECTRIQUE      343 

machines  électriques.  Mais  elle  a  le  tort  d'être  disposée  de  façon  qu'on 
ne  peut  pas  employer  un  réchaud  pour  la  dessécher. 

5«  Cette  machine  ne  permet  pas  de  disposer  rapidement  et  facilement 
les  appareils  à  travers  lesquels  elle  doit  faire  passer  les  étincelles  élec- 
triques. 

6°  Enfin,  le  condensateur,  suspendu  au  gros  conducteur,  oscille  en 
faisant  entendre  une  série  de  chocs,  et  se  brise  parfois  par  suite  [d'un 
choc  plus  violent. 


La  figure  42  représente  une  machine  que  j'ai  fait  construire  pour 
le  cabinet  de  physique  de  l'École  Albert-le-Grand,  à  Arcueil,  et  dans 
laquelle  ces  inconvénients  sont  évités. 

Légende  explicative  : 

A.  Manivelle. 

B.  Poulie  à  deux  gorges  recevant  le  mouvement  de  la  manivelle  et 
le  transmettant  au  plateau  de  verre. 

C.  Plateau  de  verre  tournant  entre  une  paire  de  coussins. 

D.  D.  Coussins  en  cuir  recouverts  d'or  massif. 

E.  Deuxième  poulie  à  deux  gorges,  recevant  le  mouvement  de  la 
poulie  B,  par  l'intermédiaire  d'une  courroie  sans  fin,  et  le  transmettant 
au  disque  F. 


344  PHYSIQUE 

F.  Disque  d'ébonite. 

G,  G'  peignes  métalliques  supportés  par  les  conducteurs. 
H,  I.  Conducteurs. 

J.  Tiges  en  laiton,  avec  poignées  d'ébonite,  pouvant  glisser  dans  deux 
étuis  et  tourner  autour  d'axes  verticaux,  comme  les  tiges  de  l'excitateur 
universel. 

K.  Condensateur  fixe. 

L.  Table  en  bois  servant  de  support  à  la  machine. 

Le  plateau  de  verre  C  se  charge  positivement  en  frottant  contre  les 
coussins  D,  et  agit  par  influence,  à  travers  le  plateau  F  sur  le  peigne 
G  ;  le  conducteur  H  reste  ainsi  chargé  positivement.  Le  plateau  F  chargé 
négativement  va  agir  par  influence  sur  le  peigne  G',  et  le  conducteur 
/  se  charge  positivement.  De  brillantes  et  puissantes  étincelles  jaillissent 
entre  les  deux  tiges. 

Avec  cette  machine,  on  fait  très-facilement  et  très-vite  toutes  les 
expériences  de  cours.  11  suffit  de  placer  sur  la  table  servant  de  support 
les  appareils  qu'on  veut  faire  fonctionner,  et  de  les  mettre  au  contact 
des  deux  tiges.  On  peut  suspendre  à  ces  tiges  les  tubes  de  Geissler,  si 
longs  qu'ils  soient,  et  obtenir  de  beaux  effets. 

Dans  les  temps  humides,  on  place  un  réchaud  sur  la  table. 

M.  Salleron  pense  qu'il  y  aurait  avantage  à  diminuer  le  diamètre  du 
conducteur  H,  et  à  augmenter  celui  du  conducteur  /. 

Pour  donner  une  idée  exacte  de  notre  machine,  nous  donnons  une 
vue  d'ensemble  en  perspective  (fig.  42), 


M.  MABJE-MVY 

Directeur  de  l'Observatoire  de  Montsouris 


NOUVEAUX  INSTRUMENTS  ENREGISTREURS. 

[EXTRAIT   1)1'   PROCÈS-VERBAL. 


—  Séance  du  30  août   M77.  — 

M.  Marié-Davy  donne  des  indications  sur  les  nouveaux  instruments  enre- 
gistreurs installés  récemment  à  l'Observatoire  de  Montsouris.  Il  décrit  notam- 
ment le  procédé  d'enregistrement  du  degré  actinométrique  et  l'évaporomètre 
enregistreur  destiné  à  l'étude  de  la  transpiration  des  plantes.  Il  indique  entre 
autres  résultats  que  le  rapport  entre  la  quantité  d'eau  évaporée  et  le  degré 
actinométrique  paraît  constant. 


MARCEL  DEPREZ.    —  INDICATEUR   OPTIQUE   DE   VITESSE      ■  345 

Il  insiste  d'ailleurs  sur  l'importance  des  mesures  actinométriques  qui  sont 
en  rapport  direct  avec  la  formation  et  la  quantité  des  produits  végétaux,  tandis 
que  la  température  influe  surtout  sur  leur  qualité. 


M.   Marcel  DEPREZ 

Ingénieur  civil. 


INDICATEUR  OPTIQUE  DE  VITESSE. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  30  août  1877.  — 

M.  M.  Deprez  expose  les  recherches  qu'il  a  faites  dans  le  but  de  mesurer 
les  vitesses.  Il  donne  notamment  le  principe  d'un  indicateur  optique  de  la 
vitesse  d'un  arbre  tournant,  comme  un  essieu  de  locomotive,  ou  un  disque 
quelconque.  Ce  principe  a  de  l'analogie  avec  celui  de  la  composition  optique 
des  mouvements  vibratoires.  Un  rayon  lumineux  se  réfléchit  sur  un  miroir 
porté  par  un  ressort  qui  tombe  lorsqu'une  came  portée  par  le  disque  vient 
presser  une  détente,  et  la  position  du  point  lumineux  sur  une  lame  de  verre 
dépoli  donne  à  chaque  instant  la  mesure  de  la  vitesse  du  disque  :  c'est  ce  qui 
résulte  de  la  composition  du  mouvement  du  ressort  et  de  celui  du  disque. 


6e  Section 
CHIMIE 


Présidents  d'honneur    .       •     MM.  CANNIZZARO,  Professeur  a  l'Université  de  Rome. 

J.-W.  GUNNING,  Professeur  à  l'Université  d'Amsterdam. 

le  Dr  E.-J.  DE  VRY,  ancien  Chargé    des    recherches    chimiques 
aux  Indes  Néerlandaises. 

Président M.  P.  SCHUTZENBERGER,  Professeur  au  Collège  de  Fiance. 

Vice-Présidents MM.  A.  BÉCHAMP,  Doyen  de  la  Faculté  libre  de  Médecine  de  Lille. 

E.  MARCHAND,  de  Fécamp,    Correspondant   de   l'Académie    de 

Médecine. 
E.  PERRET,  Chimiste,  de  Moret. 

Secrétaire M.  R.-D.  S1LVA,  Chef  des    Travaux    d'analyse    chimique    à   l'École 

centrale  des  Arts  et  Manufactures. 


M.  A.  BECHAMP 

Doyen  de  la  Faculté  libre  de  Médecine  de  Lille. 


SUR  L'INULINE  ET  SUR  LA  LEVULINE. 
[extrait  dd  procès-verbal.) 


—  Séance  du  24  août  1877.  — 

M.  A.  Béchamp  entretient  la  section  de  résultats  de  recherches  sur  l'inuline 
et  sur  la  lévuline.  M.  Béchamp  signale  d'abord  les  erreurs  que  l'on  trouve 
dans  certains  ouvrages  élémentaires,  relatives  aux  propriétés  de  l'inuline.  En 
effet,  ce  principe  immédiat  ne  réduit  pas  la  liqueur  cupro-potassique  et  n'existe 
pas  dans  les  végétaux  sous  forme  de  granules  analogues  à  ceux  de  la  fécule, 
contrairement  à  l'assertion  de  quelques  auteurs. 

L'inuline,  qui  existe  en  solution  dans  le  suc  des  tubercules  du  dahlia,  au 
printemps,  est  néanmoins  insoluble  dans  l'eau  froide,  mais  soluble  dans  ce 
liquide  à  la  température  de  70  à  80  degrés.  Elle  est  lévogyre  et  possède  un 
pouvoir  rotatoire  [a]  =  42°  \.  La  zymase  de  la  levure  de  bière  ne  l'altère 
pas  plus  que  la  diastase.  L'eau,  après  une  ébullition  prolongée,  transforme 
l'inuline  en  deux  substances  :  l'une  soluble  dans  l'alcool  à  94  degrés  centi- 
grades, l'autre  insoluble  dans  ce  liquide.  L'auteur  désigne  cette  substance 
particulière  sous  le  nom  de  lévuline. 


Dr   CH.   BRAME.      —  SUR  LE    SOUFRE   INSOLUBLE  347 

La  lévuline,  produit  cristallisable  dans  certaines  conditions,  et  soluble  dans 
l'eau  dans  toutes  proportions,  réduit  la  liqueur  cupro-potassique;  son  pouvoir 
rotatoire,  lévogyre,  est  [a]  =  52°,3  ^.  Les  analyses  de  cette  substance 
desséchée  à  130  degrés  et  à  l'air,  à  la  température  ordinaire,  conduisent  aux 
formules  (en  équivalents)  : 

C12  hio  O10 

C12  Hio  Qio,  3  ho. 

Après  ces  indications  sommaires  sur  la  lévuline,  M.  Béchamp  étudie  l'action 
de  quelques  agents  sur  l'inuline. 

.1°  Action  de  l'acide  sulfurique.  —  A  la  température  de  l'ébullition,  comme 
à  la  température  ordinaire,  l'acide  sulfurique  transforme  l'inuline  en  une 
substance  sucrée;  mais  si,  à  la  température  ordinaire,  on  modère  l'action  de 
l'acide  sulfurique,  on  donne  naissance  aussi  à  une  inuline  soluble,  douée  du 
même  pouvoir  rotatoire  que  l'inuline  elle-même. 

2°  Action  de  la  chaleur.  —  Dans  les  ouvrages  de  chimie,  on  dit  que  sous  l'in- 
fluence de  la  chaleur,  l'inuline  se  transforme  en  une  substance  soluble  dans 
l'eau,  identique  avec  la  dextrine  :  analysant  les  phénomènes  avec  soin, 
M.  Béchamp  arriva  encore,  dans  cette  partie  de  son  travail,  à  des  résultats 
plus  intéressants  :  à  254  degrés,  l'inuline  entre  en  fusion  et  perd  en  même 
temps  de  l'eau.  Il  se  forme  alors  un  produit  soluble  dans  l'eau  et  doué  d'une 
saveur  sucrée.  La  solution  concentrée  de  ce  produit,  traitée  par  l'alcool  à  93 
degrés  centigrades,  s'y  dissout  en  partie.  On  sépara,  ainsi,  deux  substances, 
l'une  soluble  dans  l'eau,  lévogyre,  l'autre  soluble  dans  l'alcool,  dextrogyre.  Le 
pouvoir  rotatoire  de  cette  dernière  substance  était  [a]  =  5°,8  \.  Ce  laible 
pouvoir  rotatoire  conduisit  à  supposer  que  ce  produit  n'était  pas  homogène, 
mais  bien  un  mélange  de  sucre  d'inuline,  déviant  à  gauche  et  d'une  nouvelle 
substance  dextrogyre.  Cette  nouvelle  substance  a  été,  en  effet,  séparée  après 
que  l'inuline  fut  détruite  par  la  fermentation.  On  l'a  désignée  sous  le  nom 
d'inulosane,  et  trouvé  que  son  pouvoir  rotatoire  est  [a]  =  30°,3  / 


M.  le  Dr  Ch.  BRAME 


SUR  LE  SOUFRE  INSOLUBLE. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


Séance  du  24  août   187'. 


M.  le  Dr  Brame,  de  Tours,  lit  un  mémoire  sur  le  soufre  insoluble.  Dans 
son  travail,  M.  Brame  fait  voir  que  le  soufre  insoluble  découvert  par  Charles 
Deville  n'est  autre  chose  que  le  soufre  vésiculaire  ou  à  utricules  vidées, 
signalé  par  lui  quelques  années  avant  la  découverte  de  Deville. 


348  CHIMIE 

Ayant  étudié  les  conditions  les  plus  favorables  à  la  formation  du  soufre 
insoluble,  M.  Brame  a  pu  constater  que  l'origine  de  cette  curieuse  modification 
n'est  pas  précisément  celle  attribuée  par  Charles  Deville.  En  effet,  M.  Brame 
obtient  du  soufre  insoluble  en  versant  du  soufre  fondu  et  maintenu  à  des 
températures  très-élevées  dans  un  bain  de  sulfure  de  carbone,  soit  à  la  tem- 
pérature ordinaire,  soit  à  la  température  de  l'ébullition. 

Le  maximum  de  produit  (73  pour  cent)  a  été  obtenu  en  versant  le  soufre 
bouillant  dans  un  bain  de  sulfure  de  carbone  bouillant.  Le  refroidissement  du 
mélange  se  faisant,  dans  ces  conditions,  le  plus  lentement  possible,  il  en  ré- 
sulte, d'après  les  vues  de  l'auteur,  que  la  formation  du  soufre  insoluble  n'est 
pas  l'effet  d'un  refroidissement  brusque  du  soufre  fondu,  comme  le  supposait 
Ch.  Deville. 

L'auteur  passe  ensuite  en  revue  les  recherches  de  M.  Berthelot  sur  le  soufre, 
et,  avec  M.  Cloëz,  il  combat  les  opinions  émises  par  l'éminent  professeur  du 
Collège  de  France,  sur  les  soufres  électro-positif  et  électro-négatif. 

Insistant  sur  les  différentes  circonstances  qui  accompagnent  la  production 
du  soufre  insoluble,  il  en  énumère  les  quantités  fournies  par  différentes  va- 
riétés de  soufre,  notamment  par  les  soufres  provenant  des  hyposulfites,  des 
sulfures  et  des  chlorures  de  soufre.  Il  revendique,  en  passant,  la  découverte 
du  soufre  blanc,  attribuée  à  M.  Berthelot. 

M.  Brame  résume  son  travail  en  disant  que  le  soufre  se  présente  sous  deux 
formes  essentiellement  différentes:  l'une  cristalloïde,  entièrement  soluble  dans 
le  sulfure  de  carbone,  l'autre  colloïde  ou  utriculaire,  insoluble  dans  le  même 
liquide. 


M.  le  Dr  ¥,  RAMSÀY 

Professeur  adjoint  à  l'Université  rie  Glasgow. 

SYNTHÈSE  DE  LA  PIRIDINE.  -  LA  PICOLINE  ET  SES  DÉRIVÉS. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  S  4  août  4 877.  —  , 

M.  le  docteur  W.  Ramsay,  professeur  adjoint  à  l'Université  de  Glasgow,  en- 
tretient la  section  de  recherches  sur  la  piridine,  la  picoline  et  ses  dérivés. 

Rappelons  d'abord  qu'il  existe  dans  l'huile  animale  de  Dippel,  ainsi  que  dans 
le  goudron  de  la  houille,  une  série  de  bases  homologues  de  la  formule  générale 
CnH2n-5Az,  dont  le  premier  terme  est  la  piridine  Cr,IIr,Az.  Cette  base  se  trouve 
aussi  parmi  les  produits  delà  combustion  du  tabac. 

Les  recherches,  dont  nous  allons  rendre  un  compte  très-sommaire,  ont  porté 
sur  les  deux  premiers  termes  de  cette  série  homologue,  à  savoir  :  la  piridine 
et  la  picoline. 


Dr   W.    RAMSAY.    —   LA    PIRIDINE.  —    LA   PICOLINE  ET   SES  DÉRIVÉS         349 

là]  Synthèse  de  la  piridine.  —  Eu  faisant  passer  un  mélange  d'acétylène  et 
d'acide  cyanhydrique  à  travers  un  tube  chauffé  au  rouge  sombre,  M.  Ramsay 
a  obtenu  une  base  qui,  par  ses  propriétés  et  par  la  composition  de  son  chlo- 
roplatinate,  s'est  montrée  être  la  piridine.  Elle  s'est  donc  formée  d'après  les 
réactions  : 

2(C*h*)  +  chaz     cnv-Œki-cmi. 

Cette  belle  synthèse,  qui  est  une  synthèse  totale,  confirme  l'opinion  d'un 
savant  chimiste  anglais,  M.  le  professeur  Dewer,  qui  considérait  la  piridine 
comme  étant  la  benzine,  dont  un  groupe  (CH)  serait  remplacé  par  un  atome 
d'azote  triatomique. 

[6]  Dérivés  de  la  picoline.  —  Entre  autres  composés  de  cette  base,  M.  Ramsay 
prépara  l'hydrocyanate,  en  faisant  agir  le  chlorydrate  de  picoline  sur  le  cyanate 
d'argent. 

L'hydrocyanate  de  picoline  est  peu  stable.  Si  l'on  cherche  à  le  distiller,  il  se 
dédouble   en  picoline  et   en  cyamélide,    un   dérivé  de  l'acide  cyanurique. 

Le  chloroplatinate  de  picoline  chauffé  avec  de  Peau  entre  150  et  200  degrés, 
donne  deux  produits  :  l'un,  d'un  jaune  de  soufre,  est  identique  avec  le  corps 
(C6H7Az)'2PtCl'',  découvert  par  le  professeur  Anderson,  de  Glasgow  ;  l'autre,  d'un 
jaune  sale,  dont  la  composition  répond  à  la  formule 

(C6IFAz)PtCl* . 

Ces  deux  composés  se  comportent  d'une  manière  toute  particulière  à  l'égard 
de  la  soude  caustique. 

Ils  ne  fournissent  pas  la  picoline  comme  tous  les  autres  composés  du  chlorure 
de  platine  avec  les  bases  organiques. 

Ce  fait  ne  permet  pas  de  dire  en  quel  état  le  platine  se  trouve  dans  ces 
combinaisons. 

Oxydation  de  la  picoline.  —  En  traitant  cette  substance  par  le  permanga- 
nate de  potasse,  comme  l'avait  déjà  fait  le  professeur  Dewer,  l'auteur  obtient 
l'acide  dicarbopiridénique 

P5H3A,    ^  CO.OH 

C*H3Az  <^  CO.OH 

découvert  par  le  savant  professeur  de  Cambridge. 

Cet  acide  se  présente  sous  trois  formes  distinctes  :  à  l'état  anhydre,  en 
aiguille  ou  en  lames  larges  et  brillantes  comme  les  cristaux  de  naphtaline;  à 
l'état  hydraté  en  prismes  courts  et  transparents. 

M.  le  Dr  Ramsay  prépara  un  grand  nombre  de  sels  de  cet  acide,  notamment 
ceux  des  métaux  alcalins  et  terroso-alcalins,  de  plomb,  cuivre,  cadmium,  zinc 
et  manganèse. 

Parmi  les  réactions  de  l'acide  dicarbopiridénique,  l'auteur  mentionne  une 
belle  coloration  produite  par  les  sels  de  ferrosum,  sur  l'acide  comme  sur  ses 
sels  solubles. 

Cette  coloration  est  d'un  rouge  intense,  semblable  à  celle  engendrée  par  le 
sulfocyanate  de  potassium  sur  les  sels  ferriques.  Le  sel  d'argent,  presque  inso- 
luble dans  l'eau,  est  le  plus  favorable  à  l'obtention  de  l'acide  à  l'état  de  pureté, 


350  CHIMIE 

soit  qu'on  le  traile  par  l'hydrogène  sulfuré,  soit  qu'on  le  décompose  par  l'acide 
chlorhydrique. 

En  traitant  l'acide  dicarbopiridénique  par  le  perchlorure  de  phosphore,  on 
en  obtient  le  chlorure,  corps  blanc,  cristallisable,  fusible  à  G0°,5 — Gl°,  et  dont 
le  point  d'ébullition  est  situé  à  25  i  degrés. 

Chauffé  avec  l'ammoniaque,  il  donne  l'amide 

CO.A'zH* 


r,„o.,  I  CO.AzfL 
L  H°Az  |  CO.AzHS 


fusible  de  295°,5  à  297°  et  soluble  dans  beaucoup  d'alcool. 

Chauffée  à  une  haute  température,  cette  amide  fournit  un  produit  cristalli- 
sable,  fusible  au  dessus  de  360  degrés,  que  l'auteur  suppose  être  une  imide. 

M.  le  Dr  Ramsay  prépara  l'éther  méthyldicarbopiridénique  en  traitant  le  chlo- 
rure d'acide  par  l'alcool  méthylique,  ou  le  sel  d'argent  par  l'iodure  de 
méthyle. 

L'aldéhyde  correspondant  à  cet  acide  a  été  obtenu  par  la  méthode  de  Piria. 
L'étude  de  cette  aldéhyde  n'a  pas  été  faite  en  raison  de  la  faible  quantité  de 
produit  obtenu. 

L'acide  dicarbopiridénique  se  dédouble  à  une  haute  température,  en  anhy- 
dride carbonique  et  en  piridine  : 

C5H3Az  <^  m' ou  =  C5H3ÀzH2+2C02. 

Poursuivant  ses  recherches  intéressantes,  l'auteur  s'est  demandé  si  l'éther 
méthyldicarbopiridénique, 

C5H3W  <<CO.O.CH3 
Lti  Az  <^  CQ.O.CH3 

exposé  à  une  température  élevée,  en  présence  de  la  chaux  sodée,  ne  subirait 
pas  une  transformation  semblable  à  celle  de  l'acide  ;  et  si  dans  ce  cas,  on 
n'obtiendrait  pas  le  reste  C5H3Az  additionné  des  deux  résidus,  CH3  de  la 
molécule  : 

T5H3A,   ^  CH3     ,     arna  r5TJ3A»   ^  CO.OCH.3 

GWAz  <^  CH3  +  2C02  =  (?H»àï  <^  C0.OCH3 

L'expérience  n'a  pas  confirmé  ces  vues  théoriques. 

11  en  résulte  que  la  lutidine,  C7H'JAz,  un  des  homologues  de  la  piridine, 
n'est  pas  la  diinéthylpiridine. 

D'ailleurs,  la  conclusion  tirée  de  l'essai  précédent  est  confirmée  par  un  autre 
fait  expérimental  :  nous  voulons  parler  de  l'oxydation  de  la  lutidine,  laquelle 
donne,  non  pas  l'acide  dicarbopiridénique,  mais  bien  un  acide  dont  le  poids  molé- 
culaire est  égal  à  257. 

Revenant  sur  les  produits  d'oxydation  de  la  picoline,  l'auteur  fait  remarquer 
que  parmi  ces  produits,  on  trouve  les  acides  acétique  et  oxalique,  et  aussi  un 
peu  d'un  acide  azoté  C6H7AzO'2,  corps  cristallisable  et  fusible  à  217  degrés. 

Polymères  de  la  picoline.  —  Comme  la  piridine,  la  picoline  donne,  sous  l'in- 
fluence du  sodium,  des  composés  polymériques,  dont  l'étude  sera  poursuivie 
par  l'auteur. 

Actions  physiologiques  des  composés  de  picoline.  —  Avec  la  collaboration  du 


J.  BÉCHAMP.  —  BASES  ANHYDBES  ET  ACIDES  ANHYDRES        351 

docteur  Mackendrick,  M.  le  professeur  Ramsay  constata  que  les  dérivés  de  la 
picoline  sont  très-vénéneux,  et  que  d'une  manière  générale,  l'intensité  de 
l'action  augmente  avec  la  complexité  de  la  molécule. 

Les  bases  et  les  sels  ont  une  action  peu  marquée  ;  mais  les  dérivés  à  radicaux 
alcooliques  (les  éthers  méthylique,  éthylique,  allylique)  sont  des  poisons  très- 
violents.  Ils  irritent  les  centres  cérébraux  et  paralysent  les  membres  in- 
férieurs. 

La  dipiridine  et  la  dipicoline  sont  douées  de  propriétés  plus  intenses  encore. 
L'acide  dicarbopiridénique,  dont  la  saveur  est  un  peu  sucrée,  possède  des  pro- 
priétés excitantes  des  plus  exagérées  :  0?,08  de  ce  corps  font  mourir  un  lapin 
en  dix  minutes. 

DISCUSSION 

A  la  suite  de  cette  importante  communication,  M.Wurtz  fait  observer  à  M. 
le  docteur  Ramsay  que  les  autres  hydrocarbures  acétyléniques,  l'allylène,  le 
crotonylène,  par  exemple,  pourraient  bien  se  prêter  à  la  synthèse  des  bases 
homologues  de  la  piridine. 


M.  J.  BECHAMP 

Professeur  à  la  Faculté  libre  de  Médecine  de  Lille. 


ACTION  DES  BASES  ANHYDRES  SUR  LES  ACIDES  ANHYDRES. 

(extrait  du  procès  verbal.) 


—  Séance  du  2f  août  1877.  — 

M.  J.  Béchamp,  professeur  à  l'Université  catholique  de  Lille,  décrit  une 
série  d'expériences  sur  Faction  des  bases  et  des  acides  anhydres  : 
,1.  Actions  des  acides  minéraux  anhydres  sur  les  bases  minérales  an- 
hydres. —  Deux  expériences  sont  rapportées  par  l'auteur  :  la  combinaison 
de  l'anhydride  sulfurique  avec  l'oxyde  de  baryum  et  celle  de  l'anhydride 
borique  avec  la  chaux. 

II.  —  Action  des  acides  organiques  anhydres  et  des  bases  minérales  an- 
hydres. —  Dans  cette  partie  de  son  travail,  M.  Béchamp  a  essayé  l'action  des 
anhydrides  acétique,  butyrique  et  caproïque  sur  les  oxydes  de  baryum,  de  cal- 
cium, de  plomb  et  de  mercure. 

En  décrivant  très-sommairement  les  conditions  expérimentales  de  ses  essais, 
l'auteur  ajoute  avoir  obtenu  des  quantités  de  sel  correspondant  presque  exac- 
tement aux  quantités  de  bases  employées. 

III.  —  Action  des  acides  minéraux  anhydres  sur  les  oxydes  des  radicaux  orga- 
niques anhydres.  —  Pour  ces  composés  M.  Béchamp  cite  les  combinaisons  des 


352  CHIMIE 

oxydes  de  méthyle  et  d'éthyle  effectuées  par  MM.  Dumas  et  Péligot,  et  par 
M.   Yetherill. 

IV.  —  Action  des  acides  organiques  anhydres,  sur  les  oxydes  des  radicaux 
organiques  anhydres.  —  On  a  produit,  quoique  très-difficilement,  de  l'acétate  et 
du  butyrate  d'éthyle  en  traitant  l'oxyde  d'éthyle  par  l'anhydride  acétique,  ou 
par  l'anhydride  butyrique. 

M.  Béchamp  cite  encore  l'exemple  de  la  combinaison  directe,  effectuée  par 
M.  Wurtz,  de  l'oxyde  d'éthylène  et  de  l'anhydride  acétique. 

De  l'ensemble  de  ces  expériences,  M.  J.  Béchamp  conclut  : 

1°  Que  dans  un  sel  il  y  a  deux  éléments  :  un  acide  anhydre  et  une  base 
anhydre  ; 

2°  Que  de  ces  deux  éléments  s'unissant  pour  former  un  sel,  la  théorie  de 
Lavoisier,  qui  ne  considère  que  des  acides  et  des  bases  anhydres  se  trouve 
confirmée. 

DISCUSSION 

A  la  suite  de  la  communication  précédente,  M.  Wurtz  fait  observer  que  le 
fait  de  l'union  directe  de  certains  acides  anhydres  avec  les  oxydes  est  bien 
connu.  Il  conçoit  qu'on  l'ait  invoqué  comme  un  argument  en  faveur  de  la  cons- 
titution dualistique  des  sels,  selon  l'idée  de  Lavoisier.  Mais  il  ne  croit  pas  que 
l'argument  soit  bon.  Il  ne  faut  pas  oublier,  en  premier  lieu,  que  Lavoisier  ne 
connaissait  ni  les  hydracides,  ni  les  acides  hydratés,  et  qu'en  tout  cas  on  ne 
tenait  aucun  compte,  de  son  temps,  de  la  formation  de  l'eau  dans  l'action  des 
uns  et  des  autres  sur  les  oxydes  ou  sur  les  hydrates  métalliques.  La  facilité 
et  l'énergie  avec  lesquelles  s'accomplissent  ces  dernières  réactions  semblent 
indiquer  qu'elles  représentent  le  mode  de  formation  normal  des  sels.  Au 
contraire,  on  remarque  que  l'union  des  acides  anhydres  avec  les  bases  anhy- 
dres s'effectue  avec  une  certaine  difficulté,  ce  qui  semblerait  extraordinaire 
dans  l'hypothèse  où  une  simple  juxtaposition  suffirait  pour  la  formation  d'un 
sel. 

On  sait  que  l'union  de  l'acide  sulfurique  anhydre  avec  la  baryte,  union  qui 
donne  lieu  à  un  si  brillant  phénomène  d'incandescence,  n'a  lieu  qu'avec  le 
secours  de  la  chaleur,  et  qu'à  une  température  peu  élevée,  les  vapeurs  de» 
l'anhydride  sulfurique  passent  sur  la  baryte  sans  s'y  combiner. 

En  second  lieu,  il  ne  faut  pas  oublier  que  l'action  des  hydracides  sur  les  oxydes 
et  sur  les  hydrates  métalliques  est  tellement  semblable  à  celle  des  acides  oxy- 
génés ordinaires  (hydratés)  sur  les  mêmes  oxydes  et  hydrates,  qu'il  est  bien 
difficile  de  ne  pas  rapprocher  ces  deux  genres  de  réactions,  comme  il  est  diffi- 
cile de  rayer  de  la  liste  des  sels  le  sel  marin,  qui  a  donné  son  nom  à  tous  les 
autres.  Davy  et  Dulong  l'ont  bien  compris,  et  leur  théorie,  plus  générale  que 
celle  de  Lavoisier,  doit  être  considérée  comme  un  progrès  sur  cette   dernière. 

M.  J.  Béchamp,  ayant  fait  observer  que  l'acide  acétique  anhydre  s'unit  plus 
facilement  à  l'oxyde  de  plomb  anhydre,  que  l'acide  acétique  hydraté,  fait  qui 
semble  contraire  à  l'opinion  soutenue  par  M.  Wlrtz,  ce  dernier  répond  que  le 
contraire  a  lieu  avec  l'oxyde  d'argent.  L'acide  acétique  hydraté  s'y  unit  immé- 


G.  TISSANDIER.    — -    PRÉPARATION    EN    GRAND    DE    L,'lIYDROGÈNE  353 

diatemetit  avec  dégagement  de  chaleur,  pour  former  de  l'acétate  d'argent,  tan- 
dis que  l'acide  acétique  anhydre  ne  s'y  unit  que  très-lentement,  du  jour  au 
lendemain. 

Pour  débarrasser  autant  que  possible  l'acide  acétique  anhydre  des  traces  d'a- 
cide hydraté  qu'il  peut  renfermer,  on  l'a  chauffé  pendant  quelque  temps  avec 
le  zinc,  puis  on  l'a  distillé. 

Que  si,   d'après  M.  Béchamp,  l'anhydride  acétique  s'unit    plus   facilement  à 
l'oxyde  de  plomb,  qu'il  ne  fait,  d'après  M.  Wurtz,  à  l'oxyde  d'argent,  on  pourrait 
expliquer  ce  fait,  en  tenant  compte  de  la  constitution  différente  des  deux  oxydes, 
l'un  formant  une  seule  molécule  d'acétate  de  plomb  avec  une  seule   molécule 
d'anhydride  acétique.  Dans  le  premier  cas,  il  y  a  combinaison  pure  et  simple: 
dans    le  second   cas,  combinaison  avec  dédoublement  de  l'acide  et  de  l'oxyde  : 
(C'^OpO-j-PbO        (C2H302)2Pb. 
(C2H30)-20-j-Ag'^0        SC^iWAg. 
D'autres    membres  de   la   section,  MM.  A.    BÉCHAMP,  Terreh,,   Cazeneuve, 
ont  pris   part  à  la   discussion   Rattachant  plus  particulièrement  à  interpréter 
l'action  des  acides  anhydres  sur  le  papier  de  tournesol,  action  invoquée  par  M. 
A.  Béchamp.  M.  le  professeur   Gunning,   d'Amsterdam,   appelle  l'attention  sur 
un  autre  point,  et  prend  la  parole  en  ces  termes  : 

«  La  question  du  dualisme  des  sels,  sur  laquelle  on  est  en  désaccord,  sem- 
ble, au  premier  abord,  appuyée  par  l'expérience,  et  je  suis  heureux  de  voir  à 
quel  point  on  s'attache  ici  aux  faits  expérimentaux.  Mais,  si  l'on  remarque  que 
des  faits  sont  invoqués  de  part  et  d'autre,  il  semble  qu'il  faut  chercher  la 
cause  de  cette  discussion  dans  la  divergence  des  opinions  théoriques.  Or, 
ajoute  M.  Gunning,  pour  assister  aujourd'hui  à  une  discussion  relative  à  la 
théorie  ancienne  et  à  la  théorie  actuelle,  il  faut  venir  en  France. 

Revenant  aux  expériences  de  M.  A.  Béchamp,  M.  Gunning  croit  qu'elles 
ne  sont  pas  à  l'abri  delà  critique;  car  il  suffit  de  la  présence  d'une  trace  d'eau 
pour  changer  totalement  la  nature  de  la  réaction  :  une  faible  quantité  d'eau 
donne  lieu  à  la  formation  d'une  certaine  quantité  d'acide  hydraté  :  celui-ci,  en 
se  transformant  en  sel,  met  une  nouvelle  quantité  d'eau  en  liberté,  laquelle 
recommence  le  cycle  des  réactions. 


M,  G.  TISSAOIEK, 


PRÉPARATION  EN  GRAND  DE  L'HYDROGENE. 
NOUVEAUX  APPAREILS  DE  M.  GIFFARD. 

(extrait  du  procès-verbal.) 

—  Séance  du  2 S  août   1877.   — 

M.  G.  Tissandier  fait  connaître  les  nouveaux  appareils  de  M.  H.  Giffard  pour 
la  préparation  en  grandde  l'hydrogène. 
Toutle  monde  sait  que  par  sa  faible  densité,  l'hydrogène  est,  de  tous  les  gaz. 

23 


354  CHIMIE 

le  plus  favorable  au  gonflement  des  ballons,  sa  force  ascensionnelle  étant  cinq 
fois  plus  grande  que  celle  du  gaz  de  l'éclairage,  que  l'on  emploie  habituel- 
lement, en  raison  de  la  difficulté,  d'obtenir  l'hydrogène  en  grand. 

Après  de  longues  et  laborieuses  recherches,  un  éminent  ingénieur  a  résolu 
le  problème  de  la  préparation  industrielle  de  l'hydrogène  :  M.  Giffard  a  ima- 
giné deux  systèmes  d'appareils,  l'un  pour  employer  le  procédé  de  la.  voie  humide, 
l'autre  pour  un  procédé  tout  nouveau  et  fondé  sur  l'expérience  de  Lavoisier 
de  la  décomposition  de  la  vapeur  d'eau  par  le  fer  métallique. 

Pour  les  dispositifs  et  les  détails  de  ces  appareils,  nous  sommes  forcés  d'en- 
voyer aux  publications  de  l'auteur. 


M.  CAIIIZZÀEO 

Professeur  à  l'Université  de  Rome. 


RECHERCHES  SUR  L'ACIDE  SANTONIQUE. 

(EXTRAIT   DU    PROCÈS-VLRBAL) 


—  Séance   il  a  S  S  août  1877.  — 

M.  le  professeur  Cannîzzaiio  rend  compte  de  ses  dernières  recherches  sur 
l'acide  santonique  qui  est,  comme  on  le  sait,  un  des  trois  acides  isomériques 
dérivés  de  la  santonine.  Le  but  principal  des  recherches  de  M.  Cannizzaro 
était  de  découvrir  la  constitution  de  cet  acide,  dont  ses  premières  expériences 
avaient  déjà  révélé  la  nature  monobasique  et  l'existence  de  4  atomes  d'oxygène 
dans  la  molécule.  Ainsi,  outre  le  groupe  C.O.OH,  l'acide  santonique  pouvait, 
contenir  deux  résidus  oxhydryles  (OH).  Dans  ce  cas,  l'action  ménagée  de  l'acide 
iodhydrique  pourrait  conduire  au  composé: 

C14H19 

CO.OII 
et    celle  du  chlorure    d'acétyle    donner  également  des   indications  précieuses 
relatives   à   ce   mode    d'envisager   la   constitution  du  corps  qui  nous  occupe. 

Si,  en  tin,  les  deux  atomes  d'oxygène,  que  l'on  considère,  se  trouvent  autre- 
ment disposés  dans  la  molécule,  alors  cette  autre  disposition  pourrait  très-bien 
être  révélée  par  l'action  du  perchlorure  de  phosphore. 

Guidé  par  ces  considérations  théoriques,  l'auteur  essaya  sur  l'acide  san- 
tonique : 

1°  L'action  de  Vacille  iodhydrique.  —  Dans  des  conditions  très-différentes, 
l'action  de  l'acide  iodhydrique  sur  l'acide  santonique  a  toujours  donné  lieu  à 
la  production  d'une  même  substance  huileuse  de  laquelle  on  a  retiré  un  liquide 
passant  à  110-112°,  et  un  iodure  bouillant  à  143-1  io°,  dans  le  vide.  On  a 
trouvé  que  la   formule  de  cet  iodure   était   Ci5H25l,   et  qu'il  se   décomposait, 


CANNIZZARO.    —   SUR   LES    DENSITÉS  DE   VAPEUR   ANOMALES  355 

quand  on  essayait  de  le  distillera  l'air,  eu  acide  iodhydrique  et  en  hydrocar- 
bure C15H«. 

L'hydrocarbure,  qui  avait  passé  dans  le  vide  entre  110-182  degrés,  ne  distil- 
lait pas  d'une  manière  constante  dans  l'air.  Par  distillations  fractionnées,  on  a 
séparé  ce  liquide  en  deux  portions,  l'une  passant  de  233-247°,  l'autre  de  242- 
244°.  L'analyse  de  la  première  portion  a  conduit  à  la  formule  C15H-°,  résultat 
confirmé  par  la  densité  de  la  vapeur  ;  l'analyse  de  la  seconde  portion  s'accor- 
dait avec  la  formule  C,:iH-4. 

D'après  M.  Cannizzaro,  il  se  formerait  d'abord  l'iodure  C15H-5I,  lequel  don- 
nerait l'hydrocarbure  C15H2*,  par  perte  de  HL;  une  partie  de  cet  hydrocarbure 
serait  hydrogénée  par  HI  :  de  là,  formation  de  C15H26. 

Les  résultats  de  ces  expériences  ont  conduit  M.  Cannizzaro  à  admettre  que 
dans  l'acide  santonique,  l'un  des  deux  atomes  d'oxygène  se  trouve  à  l'état 
d'oxhydryle,  et  l'autre  dans  un  état  particulier,  le  tout  formant  le  groupe  : 


«>< 


C 

C-OH 


dont  Wislicenus  suppose  l'existence  dans  1  acide  hydro-acrylique. 

2"  L'action  du  chlorure  d'acétijle  et  des  chlorures  de  phosphore.  —  Le  chlorure 
d'acétyle  transforme  l'acide  santonique  en  chlorure  d'acide,  en  même  temps 
qu'il  se  forme  de  l'acide  acétique  : 

CHH19  C'<H19 

|  +  C*H30C1  =    I  +  G2H*02. 

CO.OH  CO.C1 

Le  même  chlorure  d'acide  se  produit  quand  on  traite  l'acide  santonique  par  le 
protochlorure  de  pbosphore. 

Le  perchlorure  de  phosphore  transforme  l'acide  santonique  en  des  produits 
cristallisables  contenant  du  phosphore. 

Ainsi,  ni  l'action  des  chlorures  de  phosphore,  ni  celle  du  chlorure  d'acélyle 
n'ont  rien  révélé  sur  la  disposition  des  atomes  d'oxygène  de  la  molécule  de 
l'acide  santonique  non  compris  dans  le  groupe  (CO.OH). 


M.  CAOIZZARO 

Professeur  à  l'Université  de  Rome. 


SUR  LES  DENSITÉS  DE  VAPEUR  ANOMALES. 

(extrait  do  procès-verbal.) 


—  Séance  du  25  août    1877. 


M.  le  professeur  Cannizzaro  appelle  l'attention  de  la  section  sur  les  questions 
relatives  aux  densités  de  vapeur  anomales.  La  densité  de  vapeur  de  l'hydrate  de 
chloral,  dont  l'Académie  des  sciences  de  Paris  a  été  saisie  dernièrement,  1  a 
occupé  d'une  manière  particulière. 


356  CHIMIE 

Pour  démontrer  que  l'hydrate  de  chloral  se  dédouble,  à  une  certaine  tempé- 
rature, en  eau  et  en  chloral  anhydre,  il  faudra,  dit  M.  Cannizzaro,  avoir 
recours  à  des  moyens  physiques.  Conformément  à  cette  idée,  il  se  propose  de 
construire  la  courbe  de  tension  de  la  vapeur  de  ce  composé  à  diffé- 
rentes températures. 

Relativement  au  point  d'ébullition  de  ce  corps,  M.  Cannizzaro  rappelle  une 
idée  émise  par  Mendelejeff,  au  congrès  de  Carlsruhe,  avant  les  travaux  de 
Marignac  sur  l'acide  sulfurique,  idée  confirmée  depuis  par  les  recherches  du 
savant  professeur  de  Genève. 

Les  oscillations  du  thermomètre  pendant  l'ébullition  de  l'acide  sulfurique 
concentré  avaient  conduit  Mendelejeff  à  supposer  qu'à  la  température  de  son 
ébullition,  cet  acide  se  décompose. 

Avec  l'hydrate  de  chloral,  M.  Cannizzaro  vient  d'observer  un  fait  anomal  et 
assez  significatif.  Quand  ce  corps  est  en  pleine  ébullition,  sa  vapeur  distille  à 
97°,S,  pendant  que  le  liquide  non  vaporisé  est  à  la  température  de  103 
degrés. 

Dans  cinq  expériences  faites  à  des  pressions  différentes  et  moindres  que  la 
pression  ordinaire,  on  constate  que  le  point  d'ébullition  du  liquide  est  toujours 
supérieure  à  celui  de   sa  vapeur. 


M.  Ad.  WÏÏRTZ 

Membre  de  l'Institut,  Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  et  à  la  Faculté  de  Médecine 

de  Paris. 


SUR  LES  DENSITÉS  DE  VAPEUR  ANOMALES. 


•-  Séance  du  ïii  août   /S77.  — 


J'ai  démontré  par  des  expériences  antérieures  que  l'oxalate  de  potas- 
sium hydraté  ne  perd  pas  son  eau  de  cristallisation  lorsqu'on  le  chaude 
à  79  degrés  ou  à  100  degrés  dans  une  atmosphère  de  chloral  hydraté, 
dans  laquelle  la  vapeur  d'eau  possède  une  tension  égale  ou  un  peu 
supérieure  à  la  tension  de  dissociation  du  sel  hydraté  à  ces  tempéra- 
tures. Depuis,  j'ai  institué  des  expériences  inverses,  et  j'ai  démontre 
que  l'oxalate  de  potassium  déshydraté  reprend  son  eau,  quoique  lente- 
ment, lorsqu'on  le  chauffe  dans  une  atmosphère  de  vapeur  de  chloral 
hydraté,  dans  laquelle  la  vapeur  d'eau  possède  une  tension  notable- 
ment supérieure  à  celle  de  la  tension  de  dissociation  du  sel  hydraté. 
On  a  opéré  à  100  degrés,  dans  deux  tubes  de  Holmann,  qu'on  chauf- 
fait simultanément  pendant  le  môme  temps,  l'un  renfermant  de  la 
sapeur  de  chloral  hydraté  sous  une  tension  déterminée  P,   l'autre   un 


AD.    WURTZ.    —    SL'n    LES   DENSITÉS   DE    VAPEUR    ANOMALES  3o" 

mélange  à  volumes  égaux,  d'air  et  de  vapeur  d'eau,  chacun  de  ceux-ci 

P 

sous  une  tension  -. 

Dans  ces  deux  atmosphères  également  humides,  l'oxalate  de  potas- 
sium sec  s'est  hydraté  de  la  même  façon,  lentement  et  sans  qu'on  pût 
atteindre  la  limite  correspondant  à  la  tension  de  dissociation  du  sel 
hydraté. 

Et  cela  se  comprend  :  un  sel  qui  a  été  déshydraté  complètement  à 
100  degrés  ne  doit  absorber  que  difficilement  de  la  vapeur  d'eau  à  la 
même  température,  lorsque  la  tension  de  cette  vapeur  d'eau  s'approche 
de  la  tension  de  dissociation  du  sel  hydraté. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  d'exposer  le  mode  d'opération,  les  précautions 
prises,  les  détails  numériques.    Qu'il  me  suffise  d'indiquer  les  résultats. 

I. 

Durée  de  l'expérience 11  heures. 

Vapeur 
de  chloral  Air 

hydraté.  humide 

Millim.  Millim. 

Hauteur  du  mercure  nu  commencement.  218,0  -!_?<!, o 

à  la  tin 231,2  236,2 

Différence 13,2  16,2 

II. 

Dures  de  l'expérience 33  heures. 

Vapeur 

de  chloral  Air 

hydraté.  humide. 

Millim.  Millim. 

HiuLeur  du  mercure  au  commencement.  168,5  168,0 

à  la  On 203,0  205,3 

Différence  ....  35,5  37,3 

On  voit  que  le  mercure  s'est  élevé  sensiblement  à  la  même  hauteur, 
dans  le  tube  renfermant  de  la  vapeur  de  chloral  hydraté  et  dans  celui 
qui  contenait  l'air  humide;  ce  qui  prouve  que  les  mêmes  quantités  de 
vapeur  d'eau  ont  été  absorbées  d'un  côté  et  de  l'autre.  On  a  fait  une 
autre  expérience  dans  laquelle  on  a  remplacé  l'air  par  un  volume  égal 
de  vapeur  de  chloroforme.  On  avait  donc,  d'un  côté,  de  la  vapeur  de 
chloral  hydraté;  de  l'autre,  un  mélange  de  quantités  équivalentes  de 
chloroforme  et  de  vapeur  d'eau,  dans  lequel  la  tension  de  cette  der- 
nière était  égale  à  la  moitié  de  la  tension  de  chloral  hydraté.  Le 
résultat  a  été  le  même.  Au  bout  de  dix  heures,  le  mercure  avait 
remonté  de  20mm,9  dans  un  des  tubes,  de  21mm,3  dans  l'autre. 


358  CHIMIE 

Il  résulte  de  ces  expériences  que  l'oxalate  de  potassium  sec  s'hydrate 
de  la  même  manière  dans  la  vapeur  de  chloral  hydraté  et  dans  une 
atmosphère  humide,  la  pression  de  la  vapeur  d'eau  étant  la  même  dans 
les  deux  tubes.  Il  semble  que  ces  expériences  comparatives  permettent 
de  conclure  à  l'existence  de  la  vapeur  d'eau  dans  la  vapeur  de  chloral 
hvdraté. 


M.  GlTOINGr 

Professeur  à  l'Université  d'Amsterdam. 


CAUSES  DE  LA  PRODUCTION  DES  MELASSES  DE  BETTERAVE. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance   du  23  août   i877.  — 

M.  Gunning  entretient  la  section  des  causes  de  production  de  la  mélasse  de 
betterave. 

Diminuer  la  quantité  de  mélasse  qui  se  forme  pendant  la  fabrication  du 
sucre,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  la  quantité  de  sucre  immobilisé,  c'est  à 
quoi  tendent  les  efforts  des  fabricants  et  des  raffineurs  de  sucre.  11  est  clair 
cependant  que  le  mal  ne  pourra  être  détruit  —  si  tant  est  qu'il  peut  l'être, 
—  qu'à  la  condition  que  l'on  en  connaisse  la  cause.  La  recherche  de  cette 
cause  a  été  l'objet  de  longues  et  intéressantes  investigations  faites  par  le 
savant  professeur  d'Amsterdam,  et  dont  nous  donnons  ici  le  résumé. 

On  suppose  ordinairement  que  la  mélasse  est  une  solution  sursaturée  de 
saccharose,  où  le  sucre  se  trouve  retenu  en  solution  par  des  matières  étran- 
gères, qui  en  empêchent  la  cristallisation. 

De  fait,  une  quantité  de  mélasse  qui   renferme  100   parties  d'eau,  contient 

aussi  environ  : 

150  parties  de  matières  étrangères, 
250  parties  de  sucre. 

Cela  veut  dire  que  100  parties  d'eau,  déjà  chargées  de  150  parties  de  matières 
étrangères,  tiennent  en  dissolution  250  parties  de  sucre. 
Examinons  maintenant  les  faits  suivants  : 

a.  100  parties  d'eau  pure  ne  dissolvent,  à  la  température  ordinaire,  que 
200  parties  de  sucre  pur; 

b.  Il  existe  un  principe  connu  sous  le  nom  de  principe  du  coefficient  des  sels, 
applicable  au  sucre,  d'après  les  expériences  de  Feltz  et  autres  chimistes,  et 
d'après  lequel  l'eau,  tenant  déjà  des  sels  en  solution,  ne  dissout  pas  une  quan- 
tité aussi  grande  de  sucre  que  l'eau  pure; 

c.  Le  principe  du  coefficient  des  sels  fait  exception  pour  la  potasse  caus- 


GUNNING.  CAUSES  DE  LA  PRODUCTION  DES  MÉLASSES  DE  BETTERAVE   350 

tique,  le  carbonate,  le  formiate  et  l'acétate  de  potassium,  dont  les    solutions 
dissolvent  le  sucre  en  plus  grande  quantité  que  l'eau  elle-même. 

Ayant  en  vue  les  faits  qui  viennent  d'être  rappelés,  ayant  constaté  que  les 
propriétés  de  la  mélasse  ne  se  confondent  pas,  en  tous  points,  avec  celles  du 
sucre  en  cet  état  bien  connu  de  sucre  incristallisablc.  M.  le  professeur  Gunning 
ne  s'est  pas  contenté  de  l'explication  donnée  relative  à  l'immobilité  du  sucre 
dans  la  mélasse.  Après  avoir  cherché  la  cause  de  la  formation  de  ce  produit 
dans  l'influence  exercée  sur  le  sucre  par  certains  sels  alcalins  à  base  dépotasse, 
il  démontre  : 
1°  Qu'il  n'existe  pas  de  sucre  incristallisable  dans  la  mélasse; 
2°  Que  tout  le  sucre  contenu  dans  ce  produit  est  engagé  en  des  combinai- 
sons chimiques  définies.  Ces  combinaisons  sont  incristallisables  et  forment, 
avec  une  certaine  quantité  d'eau,  des  sirops  d'où  il  est  impossible  de  séparer 
l'eau. 

L'auteur  n'a  pas  cru  nécessaire  de  multiplier  les  arguments  tendant  à  prou- 
ver la  première  proposition.   11  rappelle  : 

1°  Que  les  opérations  qui  comportent  la  fabrication  et  le  raffinage  du  sucre 
ne  produisent  l'état  incristallisable  du  saccharose  que  d'une  manière  très-pas- 
sagère :  l'opération  de  la  cristallisation  rend  au  saccharose,  qui  peut  être 
modifié  physiquement,  sa  propriété  de  cristalliser  d'une  manière  intégrale; 

2°  Que  le  sucre  incristallisable  qui  peut  se  former  sous  l'influence  simulta- 
née de  la  chaleur  et  de  l'eau,  est  au  moins  deux  fois  et  demie  plus  soluble 
dans  l'alcool  à  85  degrés  centigrades,  à  la  température  ordinaire,  que  le  sac- 
charose cristallisable.  La  solution  de  sucre  incristallisable  dans  l'alcool  à 
85  degrés  centigrades  laisse  déposer,  en  quelques  heures  et  sous  formes  cris- 
tallines, le  surcroît  de  sucre. 

Si  l'on  agite  la  mélasse  avec  de  l'alcool  à  85  degrés  centigrades,  il  s'en  dis- 
sout une  grande  quantité;  mais  la  solution  alcoolique  ainsi  obtenue  ne  laisse 
jamais  déposer  des  cristaux,  ni  par  le  repos,  ni  par  l'addition  d'alcool  plus  fort, 
dont  un  grand  excès,  au  contraire,  y  produit,  la  formation  d'un  liquide  sirupeux. 
D'après  M.  Gunning,  ce  sirop  est  du  saccharosate  de  potasse,  mélangé  avec 
des  quantités  plus  ou  moins  grandes  de  saccharosate  de  formiate  et  d'acétate 
potassiques. 

La  présence  du  saccharosate  potassique  (G12  H21  KO11)  est  due  à  l'action  de  la 
potasse  caustique  sur  le  sucre,  la  potasse  provenant  elle-même  de  l'action  de 
la  chaux  sur  des  sels  potassiques,  pendant  la  défécation.  Cette  .manière  d'envi- 
sager les  choses  nous  semble  très-rationnelle;  car  le  saccharosate  de  potasse 
est  un  composé  très-stable,  contrairement  à  ce  que  l'on  supposait  autrefois.  Il 
peut  traverser  les  différentes  phases  du  travail  du  sucre  jusqu'à  la  cristallisa- 
tion. La  stabilité  du  saccharosate  de  potasse  et  quelques  autres  de  ses  pro- 
priétés, autorisent  l'auteur  à  le  considérer  comme  partie  constituante  de  la 
mélasse.  Mais  la  quantité  de  ce  composé  que  l'on  y  trouve  ne  représente  que 
le  dixième  du  sucre  qu'il  contient.  Le  reste,  ou  les  neuf  autres  dixièmes,  se 
trouve  à  l'état  de  saccharosate  de  sels  potassiques  à  acides  organiques,  ces 
composés  étant,  eux  aussi,  incristallisables  et  capables  de  former  des  sirops 
avec  très-peu  d'eau. 


3G0  CHIMIE 

Continuant,  l'auteur  fait  remarquer  que  l'existence  de  ces  sortes  de  combi- 
naisons n'est  pas  en  désaccord  avec  la  nature  alcoolo-aldéhydique  du  saccha- 
rose; il  indique  quelques-unes  de  leurs  propriétés,  les  moyens  de  les  produire 
et  d'en  constater  la  formation. 

Dans  l'intérêt  de  l'industrie  sucrière,  nous  demandons  la  permission  de  pro- 
longer encore  l'exposé,  déjà  long,  de  ce  résumé. 

Les  saccharosates  sont  des  sels  très-stables  et  ne  se  décomposent  qu'autant 
qu'on  parvient  à  en  séparer  la  base  sous  forme  de  sel  insoluble.  Dans  ce  cas, 
on  peut  en  retirer  le  saccharose  non  altéré.  La  dialyse  parvient  à  en  séparer 
une  partie  du  sel  alcalin,  et,  partant,  à  mettre  en  liberté  une  quantité  corres- 
pondante de  saccharose,  qui  cristallise  par  l'addition  d'un  peu  d'alcool.  L'auteur 
indique  ensuite  un  moyen  pour  reconnaître  si  un  sel  donné  quelconque  a  la 
propriété  de  former  avec  le  saccharose  une  combinaison  de  la  nature  de  celles 
que  nous  étudions.  On  dissout  le  sel  avec  environ  le  double  de  son  poids  de 
sucre  dans  l'eau  à  la  température  ordinaire,  et  à  cette  solution  on  ajoute  assez 
d'alcool  de  façon  à  ce  qu'elle  contienne  83  0/0  d'alcool  absolu.  Après  quelque 
temps  de  repos,  on  voit  se  former,  suivant  les  cas,  soit  des  cristaux,  soit  un 
sirop,  soit  un  mélange  de  cristaux  et  de  sirops. 

Cette  méthode  est  en  défaut  dans  les  cas,  très-rares  d'ailleurs,  où  les  com- 
binaisons sirupeuses  sont  solubles  dans  l'alcool  fort,  et  ceux  où  les  sels  eux- 
mêmes  sont  précipités  de  leurs  solutions  aqueuses,  sous  forme  de  sirops,  par 
l'alcool. 

En  employant  ces  méthodes,  M.  Gunning  s'est  assuré  que  presque  tous  les 
sels  de  potasse  à  acides  organiques  sont  capables  de  se  combiner  avec  le  sucre, 
propriétés  qui  font  défaut  à  la  plupart  des  sels  de  soude  correspondants. 

D'après  l'auteur,  sont  exempts  de  cette  propriété  :  le  formiate  et  l'acétate  de 
soude;  les  sulfates  de  potasse  et  de  soude,  les  chlorures  de  mêmes  métaux,  le 
phosphate  et  le  nitrate  de  potasse,  le  carbonate  de  soucie  et  chlorure  de 
baryum. 

Cette  nouvelle  manière  d'envisager  les  choses  explique  un  grand  nombre  de 
faits  chimiques  et  industriels  relatifs  aux  opérations  de  la  fabrication  du  sucre. 
Entre  autres  faits,  elle  explique  : 

■1°  La   présence   d'une  grande  quantité   de    carbonate  de   potasse  dans  les 
cendres  de  la  mélasse; 
2°  La  difficulté  d'évaporer  l'eau  de  la  mélasse  ; 
3°  L'utilité  Hmitée  de  la  dialyse  ; 

4°  La  faculté  mélassigène  attribuée  à  certains  sels  et  même  le  paradoxe  de 
M.  Anthon,  —  à  savoir  qu'un  sel  peut  être  à  la  fois  mélassigène  positif  et 
mélassigène  négatif. 

En  terminant,  l'auteur  explique  d'après  ses  vues  comment  un  même  sel 
peut  être  à  la  lois  mélassigène  positif  et  négatif.  Une  solution  de  saccharose, 
saturée  à  la  température  ordinaire,  laisse  déposer  des  cristaux  de  sucre  quand 
on  y  dissout  une  petite  quantité  de  chlorure  de  calcium;  elle  laisse  déposer, 
au  contraire,  des  cristaux  de  chlorure  de  calcium,  lorsqu'on  y  dissout,  à  chaud, 
une  quantité  considérable  de  ce  sel. 
Le  premier  cas  est  celui  où  une  partie  du  sucre,  changé  en  saccharosate  de 


Dra   CAZENEUVE    ET   LIVON.  —FERMENTATION    AMMONIACALE    DE    L'URINE      301 

chlorure  de  calcium,  a  besoin,  pour  acquérir  sa  constitution  sirupeuse,  d'une 
plus  grande  quantité  d'eau  (pie  celle  qu'il  a  exigée  pour  se  dissoudre  à  l'état 
libre  :  du  sucre  doit  nécessairement  se  déposer.  Le  second  cas  est  celui  où 
tout  le  sucre,  étant  changé  en  sacebarosate  de  chlorure  de  calcium,  l'excès  de 
ce  sel  ne  trouve  pas  assez  d'eau  pour  rester  en  solution. 

DISCUSSION. 

M.  Fremy  ayant  rappelé  que  le  sucre  se  combine  avec  le  chlorure  de  sodium, 
M.  Gunning  fait  observer  qu'il  s'agit  de  combinaisons  incristallisables,  le  com- 
posé de  saccharose  avec  le  chlorure  de  sodium  étant  cristallisable. 


MM,   les  Drs  P.   CAZENEUYE  et  Th.  LIVON 


NOUVELLES  RECHERCHES  SUR  LA  FERMENTATION  AMMONIACALE 
DE  L'URINE  ET  LA  GÉNÉRATION  SPONTANÉE. 


Sèa  a  ce  d  n   25  a  <>  û  i    f877.  — 

On  connaît  toutes  les  discussions  qui  ont  eu  lieu  sur  ce  sujet  dans  les  Aca- 
démies entre  les  hommes  de  science  :  leur  manière  différente  d'interpréter  les 
faits  est  connue  de  tous;  aussi,  sans  revenir  sur  cet  historique,  allons-nous  ex- 
poser les  nouvelles  expériences  que  nous  avons  faites  sur  l'urine  contenue 
dans  la  vessie,  dans  le  réservoir  normal  lui-même,  et  cela  à  l'aide  de  vivisec- 
tions pratiquées  sur  des  chiens  de  la  manière  suivante:  »  On  prend  un  chien 
de  forte  taille,  on  jette  une  ligature  sur  le  prépuce  de  l'animal,  afin  qu'il  garde 
ses  urines.  Cinq  heures  après,  on  fait  une  incision  abdominale  de  20  centimè- 
tres le  long  du  fourreau  de  la  verge  et  à  1  centimètre  de  ce  fourreau.  On  en- 
toure les  muscles  abdominaux,  on  pénètre  dans  le  péritoine.  Avec  l'index  on 
détermine  la  hernie  de  la  vessie  à  travers  l'orifice  de  la  plaie.  On  jette  une 
ligature  sur  les  uretères  et  sur  le  canal.  On  incise  au-dessous  de  la  ligature. 

»  Première  expérience.  —  La  vessie  suspendue  par  la  ligature  est  aban- 
donnée à  l'air.  L'eau  transsude  lentement  à  travers  la  paroi  vésicale,  mais 
l'évaporatiou  suit  la  transsudation. 

y  Aussi  la  surface  externe  est-elle  bientôt  sèche,  brillante,  comme  parcheminée, 
l'expérience  est  faite  le  10  juillet  ;  le  12  juillet,  c'est-à-dire  48  heures  après 
l'opération  et  cette  exposition  à  l'air,  nous  ponctionnons  la  vessie  avec  une 
canule  capillaire  préalablement  passée  au  feu.  Nous  trouvons  :  liquide  sans  odeur 
putride,  acide,  ne  présentant  au  microscope  aucune  trace  d'organismes  vivants 
(température  ambiante  27  degrés.) 

»  Deuxième  expérience.  —  Une  autre  vessie  abandonnée  à  l'air  du  10  au 


362  CHIMIE 

15  juillet.  Toujours,  à  l'examen  du  liquide  intérieur,  aucun  phénomène  de  putri- 
ditè,  de  fermentation  ammoniacale,  aucun  organisme  vivant. 

(Température  ambiante  27  degrés.) 

»  Troisième  expérience.  —  Une  troisième  vessie  est  abandonnée  douze  jours 
à  l'air.  Au  bout  de  ce  laps  de  temps,  nous  ouvrons  la  vessie  avec  précaution; 
nous  trouvons  un  liquide  urinaire  concentré,  ayant  l'aspect  de  la  mélasse,  sans 
odeur  ammoniacale.  Nous  trouvons  l'acidité  franche  :  au  microscope  pas  d'or- 
ganismes vivants.  Sur  les  parois  de  la  muqueuse  fontsaillie  des  cristaux  d'urée 
de  i  centimètre  environ  (température  ambiante   variant  de  25  à  28  degrés.) 

»  Dans  ces  premières  expériences,  nous  voyons  que  les  cellules  épithéliales, 
les  corpuscules  muqueux,  la  matière  organisée  ou  demi-organisée,  les  soi-di- 
sant microzymas  ne  jouent  aucun  rôle:  aucun  vibrionien  n'apparaît. 

»  Nous  avons  alors  modifié  la  constitution  chimique  du  milieu.  Nous  avons 
rendu  l'urine  alcaline  par  la  soude  ou  la  potasse,  soit  en  administrant  des 
médicaments  à  nos  chiens,  soit  en  leur  faisant  une  lésion  nerveuse.  L'urine 
alcaline  est  des  plus  favorables  à  la  génération  spontanée  (Dr  Bastian). 

»  Quatrième  expérience.  —  Nous  administrons  du  bicarbonate  de  soude  à 
un  chien  (4  grammes)  ;  cinq  heures  après  l'urine  rendue  est  reconnue  alcaline. 
Nous  jetons  une  ligature  sur  le  prépuce  :  quatre  heures  après,  nous  enlevons 
la  vessie,  suivant  notre  méthode.  Nous  la  portons  à  l'étuve  chauffée  à 
la  température  de  50  degrés  cent.  (Cette  température  est  celle  nécessaire  pour 
la  génération  spontanée  des  vibrioniens,  d'après  le  Dr  Bastian  (Comptes  rendus, 
31  juillet  1876).  Après  cinq  heures  de  chauffe  à  50  degrés  cent,  nous  abandon- 
nons notre  vessie  à  l'air  (température  27  degrés)  jusqu'au  lendemain.  Une  ponc- 
tion pratiquée  alors  avec  les  précautions  ordinaires,  nous  donne  une  urine  très- 
claire  (urine  de  diurèse),  alcaline  par  la  soude,  sans  trace  de  fermentation  am- 
moniacale ;  pas  de  torulacée,  pas  de  vibrioniens. 

»  Afin  de  nous  rendre  compte  du  degré  d'alcalinité  de  cette  urine,  nous 
avons  effectué  un  dosage  alcalimélrique  sur  celle  retenue  par  le  repli  prépu- 
tial,  toujours  gonflé  d'urine  par  les  efforts  d'expulsion  de  l'animal. 

»  Nous  avons  trouvé  une  richesse  correspondant  à  5?r,58  de  soude  par 
litre. 

»  Cinquième  expérience.  —  Nous  administrons,  le  \  août  au  matin,  2 
grammes  d'acétate  de  potasse  à  un  chien.  Le  soir  nous  lui  administrons  cette 
même  quantité.  Le  lendemain,  nous  renouvelons  l'administration  d'acétate  à 
la  dose  de  4  grammes.  Le  soir  nous  enlevons  la  vessie  de  l'animal.  Elle  reste 
dix  heures  au  sein  de  l'atmosphère  de  notre  laboratoire,  puis  elle  est  portée 
à  l'étuve  (température  50  degrés  cent.)  pendant  six  heures. 

»  L'alcalinité  de  l'urine  recueillie  dans  le  repli  préputial  correspondait  à 
9cr,IO  de  potasse  par  litre. 

»  L'urine  intra-vésicale,  examinée  après  cette  action  d'une  température  de 
50  degrés,  ne  renfermait  aucune  trace  d'organismes  vivants.  Nous  ne  consta- 
tons aucun  dégagement  d'ammoniaque. 

»  Sixième  expérience.  —  M.  Cl.  Bernard  a  remarqué  que  les  lésions  ner- 
veuses, chez  les  chiens,  amenaient  fréquemment  l'alcalinité  des  urines.  Nous 
faisons  une  large  lésion  du  plancher  du  quatrième  ventricule,  chez  un  chien  ; 


Drs   CAZENBUVE   ET   LIYON.  —  FERMENTATION  AMMONIACALE  DE   L'URINE      363 

nous  jetons  comme  toujours  une  ligature  sur  le  prépuce  de  l'animal;  cinq 
heures  après,  nous  enlevons  la  vessie.  L'urine  préputiale  qui  nous  sert  toujours 
de  critérium,  nous  offre:  alcalinité,  présence  de  l'albumine  et  du  sucre.  Après 
sept  heures  d'étuve  (température  50  degrés),  nous  ne  trouvons  aucune  trace 
d'organismes  vivants,  aucun  caractère  ammoniacal. 

»  Septième  expérience.  —  Dans  cette  expérience  nous  avons  exposé  pendani 
six  jours,  à  la  température  de  50  degrés  C,  une  vessie  contenant  une  urine 
de  lésion  nerveuse  (alcaline,  albumineuse,  sucrée).  Ouvrant  la  vessie,  nous 
trouvons  un  liquide  alcalin  par  la  soude, sans  odeur  d'ammoniaque,  des  cristaux 
d\irée  se  sont  formés  sur  la  muqueuse  vésicule.  Il  n'y  a  aucune  trace  d'organismes 
vivants.  Cette  vessie  était  très-volumineuse:  elle  pesait  238  grammes.  Dans 
les  autres  expériences,  nos  vessies  pesaient  de  30  à  40  grammes. 

»  Une  question  se  pose  :  le  terrain  sur  lequel  nous  opérions  est-il  bien  favo- 
rable à  la  fermentation  ammoniacale  et  à  la  génération  des  vibrioniens?  Les 
expériences  suivantes  répondrons. 

»  Tout  d'abord,  nous  avons  soumis  à  l'expérimentation  les  urines  retirées 
du  repli  préputial  dans  toutes  nos  extractions  de  vessies.  Nous  avons  vu  que 
ces  liquides  devenaient  ammoniacaux  au  sein  de  notre  laboratoire,  où  four- 
millent les  germes,  et  que  les  bactéries  y  apparaissaient  souvent  au  bout  de 
quelques  heures  d'exposilion  à  l'air,  preuve  que  le  terrain  est  propice. 

»  Huitième  expérience.  —  Nous  reprenons  la  vessie  de  la  sixième  expérience 
qui  contient  une  urine  alcaline  et  albumineuse.  Nous  faisons  une  fenêtre  à  la 
partie  supérieure;  douze  heures  après,  odeur  manifeste  de  putréfaction,  les 
vibrioniens  pullulent. 

»  Mais  l'oxygène  ne  joue-t-il  pas  un  rôle  fondamental  dans  ces  expériences, 
dira-t-on  ? 

»  Les  expériences  suivantes  prouvent  l'inutilité  d'un  excès  d'oxygène. 

La  trace  d'oxygène  dissous  dans  l'urine  suffit. 

»  Neuvième  expérience.  —  Le  7  août,  nous  enlevons  la  vessie  d'un  chien 
et  l'exposons  à  l'air  vingt-quatre  heures  dans  notre  laboratoire,  où  beaucoup 
de  liquides  animaux  sont  en  putréfaction.  Nous  plongeons  cette  vessie  dans 
la  parafine  à  -450  degrés,  afin  de  recouvrir  sa  surface  d'une  enveloppe  imper- 
méable aux  liquides,  et  s'opposant  à  toute  évaporation.  Le  liquide  transsude, 
comme  à  l'ordinaire,  à  travers  la  paroi  vésicale:  mais  la  couche  protectrice 
de  paraffine  empêche  son  évaporation  ;  il  s'accumule  entre  la  paroi  externe  de 
la  vessie  et  la  paraffine.  Vingt-quatre  heures  après  (température  27  degrés),  nous 
enlevons  la  paraffine.  Elle  contient  un  liquide  trouble,  putride,  alcalin,  four- 
millant de  vibrioniens  et  d'articles  de  torulacée.  Le  liquide  intérieur  de  la  vessie 
est  acide,  sans  trace  d'organismes  vivants. 

»  M.  Pasteur,  expliquera  les  faits  rapportés  dans  nos  expériences  par  le  rôle 
des  germes  de  l'air.  Notre  dixième  expérience  confirme  ses  vues. 

»  Dixième  expérience.  —  Une  vessie  laissée  à  l'air  vingt-quatre  heures, 
dans  l'atmosphère  de  notre  laboratoire,  comme  dans  la  neuvième  expérience, 
est  plongée  une  minute  dans  la  paraffine  à  110  degrés  C;  retirée  de  ce  bain, 
elle  est  plongée  dans  la  paraffine  à  45  degrés  dépouillée  elle  même  des  germes, 
par  l'action  préalable  de  la  chaleur.  Trois  jours  après,  nous  l'enlevons  du  sein 


364  CHIMIE 

de  cette  paraffine.  Le  liquide  transsude  toujours  à  travers  la  paroi  vésicale;  il 
est  clair,  sans  odeur  anormale,  acide,  -privé  de  tout  organisme  vivant.  Cette  même 
vessie,  laissée  à  l'air  cinq  heures,  dans  notre  laboratoire,  est  replongée  dans 
la  paraffine  à  45  degrés;  vingt-quatre  heures  après,  -putréfaction,  fermentation 
ammoniacale,  présence  de  la  torulaccc  et  des  vibrioniens. 

»  Comme  ont  le  voit,  ces  expériences  corroborent,  d'une  façon  éclatante, 
les  idées  de  M.  Pasteur.  Nous  les  poursuivons  dans  le  but  de  voir  si  des  lésions 
amenant  des  troubles  dans  la  sécrétion  urinaire,  et  dans  la  composition  de 
l'urine,  ne  pourraient  déterminer  la  fermentation  ammoniacale  de  l'urine,  par  des 
causes  indépendantes  de  l'action  de  la  fameuse  torulacée  (1).   » 


M.  le  D'  Cli.  BEAME 


SUR  LE  SOUFRE  UTRICULAIRE. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance   du   2o    août    1877.   — 

M.  le  docteur  Brame  lit  un  mémoire  sur  le  soufre  utriculaire  disséminé 
dans  les  autres  formes  du  soufre.  Après  avoir  étudié  les  propriétés  du  soufre 
mou  et  celles  du  soufre  cristallisé  par  fusion,  l'auteur  conclut  qu'il  y  a  iden- 
tité entre  le  soufre  mou,  une  partie  de  la  matière  des  aiguilles  de  fusion  et 
le  soufre  utrkxdairc,  état  du  soufre  découvert  par  lui  et  qui  est,  d'après  l'ex- 
pression même  de  M.  Dufrenoy,  un  étal  intermédiaire  entre  l'état  de  vapeur 
et  l'état  de  fusion. 


M.  BAEBIEE 

Dort'ur  ès-sciences.' 


METHODE  RAPIDE  DE  DOSAGE  DES  FERS  CHROMES. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  .s.- •/,/,,'   ,/ ./   s$   août   1877.  — 

M.  Damner  décrit  une  méthode  rapide  de  dosage  des  fers  chromés  :  on 
opère  sur  0?r,r>0  de  matière  finement  pulvérisée,  que  l'on  divise  encore  en  la 

(i)  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  physiologie  de  M.  Ch.  Livon  (Ecole  de  médecine  de 
Marseille);  on  trouvera  de  plus  amples  renseignements  sur  nos  expériences  dans  le  mémoire  in 
extenso.  [Revue  mensuelle  de  médecine  et  de  chirurgie,  octobre  1»77). 


BOUGAREL.  —  PRODUITS  NOUVEAUX  DES  FEUILLES  DES  VÉGÉTAUX   365 

broyant  avec  une  petite  quantité  de  chlorate  de  potasse.  La  poudre  obtenue 
est  mélangée  très-intimement  avec  cinq  ou  six  fois  son  poids  du  mélange 
dont  on  indique  plus  loin  la  composition.  On  chauffe  dans  un  creuset  d'argent 
pendant  une  heure.  On  épuise  par  l'eau  la  masse  fondue  et  pulvérisée,  on  filtre 
et  on  précipite  la  solution  par  l'ammoniaque.  La  teneur  en  oxyde  de  chrome 
calciné,  Cr-O2,  donne  la  richesse  du  minerai. 
Voici  la  composition  du  mélange  dont  il  a  été  question  plus  haut  : 

Magnésie  calcinée 3  parties. 

Potasse  caustique 10 

Chlorate  de  potasse 5 


M.  Georges  LEMOINE 

Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées,  Répétiteur  ù  l'École  Polytechnique. 


ÉQUILIBRES  CHIMIQUES  ENTRE  L'HYDROGÈNE  ET  L'IODE  GAZEUX  (1). 

(EXTRAIT   DU   PROCÈS-VERBAL.) 


—   Séance   du  2  S  août    1877.  — 

Les  premiers  résultats  de  ces  recherches  ont  été  présentés  à  l'Association 
française  pour  l'avancement  des  sciences  dans  sa  session  de  Lille,  le  26  août 
1874. 

Le  mémoire  complet,  publié  postérieurement  à  la  session  du  Havre,  est  inséré 
dans  les  Annales  de  chimie  et  de  physique  (n°  d'octobre  1877,  de  la  page  145  à 
la  page  253). 


M.  011=   BOUGAREL 


SUR  DEUX  PRODUITS  NOUVEAUX  CONTENUS  DANS  LES  FEUILLES 
D'UN  CERTAIN  NOMBRE  DE  VÉGÉTAUX. 

(extrait) 


—  Séance  du  25  août  1877.  — 
ACIDE  PHYLLIQUE. 

Fort  peu  de  recherches  ont  été  faites  sur  les  principes  gras  ou  résineux  conte- 
nus en  petite  proportion  dans  les  organes  verts  des  végétaux.  —  En  cherchant 
à  extraire  l'amygdaline  d'un  certain  nombre  de  plantes  de  la  famille  des  rosa- 

(i)  Voir  C,  R.  de  l'Ac.  des  Se. ,  2  et  6  juillet  1877. 


366  CHIMIE 

cées,  et  en  particulier  du  laurier  cerise,  j'ai  rencontré  et  isolé  un  principe 
immédiat  que  des  expériences  plus  étendues  m'ont  montré  renfermé  dans  des 
végétaux  appartenant  à  d'autres  familles. 

En  traitant  des  feuilles  par  l'alcool  bouillant,  on  obtient  une  teinture  alcoo- 
lique qui  par  refroidissement  laisse  précipiter  une  petite  quantité  de  cire 
végétale. 

Si  l'on  chasse  l'alcool  par  distillation,  et  si  l'on  reprend  l'extrait  par  l'éther, 
ce  véhicule  dissout  la  matière  colorante  et  des  principes  désignés  par  les  auteurs 
sous  le  nom  de  matières  grasses  ou  résineuses.  Traitée  par  le  charbon  animal, 
cette  solution  éthérée  abandonne  la  matière  colorante  verte,  mais  retient  d'une 
façon  assez  persistante  une  matière  jaune  unie  à  de  la  substance  grasse.  Ayant 
distillé  l'éther  j'ai  eu  comme  résidu  un  produit  formé  de  petits  grains  cristallins, 
amorphes,  incolores,  mais  souillés  par  un  liquide  jaune  huileux,  dont  je  me 
suis  débarrassé  en  partie  par  des  lixiviations  à  l'eau  bouillante. 

Ces  grains  sont  solubles  dans  l'alcool,  l'éther,  le  chloroforme,  le  sulfure  de 
carbone,  les  essences  et  les  corps  gras,  complètement  insolubles  daus  l'eau. 

Par  plusieurs  précipitations  de  la  solution  éthérée,  je  suis  parvenu  à  les  ob- 
tenir entièrement  blancs  et  purs.  Us  forment  alors  une  poudre  très-fine,  sans 
odeur  et  sans  saveur,  n'offrant  au  toucher  aucune  sensation  spéciale,  ils  sont 
plus  lourds  que  l'eau,  leur  densité  est  environ  1,014.  Vus  au  microscope,  ils 
rappellent  l'apparence  de  petits  polyèdres  à  facettes  sphériques.  Ils  réfractent 
assez  fortement  la  lumière.  Leur  pouvoir  rotatoire  moléculaire  pris  dans  la 
solution  alcoolique  est  <xj  =  -f-  28° 

Ce  corps  soumis  à  l'action  de  la  chaleur  fond  vers  170°  en  un  liquide  lim- 
pide qui,  par  refroidissement,  se  prend  en  une  masse  vitreuse;  cette  masse 
fait  bientôt  entendre  un  crépitement  et  se  divise  en  une  multitude  d'écaillés  à 
cassure  conchoïdale. 

Si  la  fusion  a  été  opérée  sur  une  surface  étendue  et  en  couche  mince,  au 
lieu  des  écailles  précédentes,  le  produit  donne  naissance  à  de  jolis  cristaux, 
prismes  aplatis  terminés  par  des  pointements  dont  l'angle  est  d'environ   120° 

Si  l'on  pousse  l'action  de  la  chaleur  au-dessus  de  180°,  il  se  forme  d'abon- 
dantes fumées  blanches,  à  odeur  balsamique  agréable,  se  condensant  sous  la 
forme  de  gouttelettes  huileuses.  Au-dessus  de  200°,  le  liquide  grimpe  le  long 
des  parois  du  tube  à  expérience,  brunit  peu  à  peu  et  fournit  des  produits 
empyreumatiques. 

La  glycérine  dissout  une  très -petite  proportion  de  ce  principe.  Si  l'on  en 
chauffe  une  certaine  quantité  tenue  en  suspension  dans  ce  véhicule,  les  grains 
se  prennent  en  une  masse  pâteuse  et  par  refroidissement,  il  se  forme  des  cris- 
taux semblables  à  ceux  que  produit  la  fusion. 

Les  acides  étendus  sont  sans  action  sur  ce  corps  ;  même  à  l'ébullition 
l'acide  chlorhydrique  ne  produit  aucune  modification. 

Mis  à  froid  en  contact  avec  une  solution  alcaline  de  potasse  ou  de  soude, 
ces  grains  ne  s'y  dissolvent  pas  tout  d'abord,  mais  après  quelques  heures,  on 
peut  voir  à  leur  place  des  aiguilles  prismatiques  à  base  carrée  qui  sont  une 
combinaison  du  corps  nouveau  et  de  l'alcali.  Ces  aiguilles  sont  peu  solubles 
dans  l'eau  froide,  solubles  dans  une   solution   légèrement  acidulée,  insolubles 


DOUGAREL.    —   PRODUITS    NOUVEAUX   DES  FEUILLES   DES  VÉGÉTAUX       367 

dans  une  solution  alcaline  concentrée,  solublesdans  l'alcool,  l'éther,  le  chloro- 
forme qui  par  évaporation  laissent  un  dépôt  cristallisé. 

La  solution  aqueuse  de  ces  cristaux,  traitée  par  l'acide  chlorhydrique  fournit 
un  dépôt  blanc  pulvérulent  qui  après  lavage  et  dessication,  présente  les  pro- 
priétés du  corps  générateur. Cependant  le  pouvoir  polarimétrique  est  différent. 
Avant  la  combinaison  aj  -j-  28  ;  en  sortant  de  la  combinaison  aj  =  -\~  53  ; 
et  le  pouvoir  rotatoire  du  sel  potassique  pris  à  l'aide  d'une  solution  alcoolique 
est  aj  =  -j-  56. 

La  chaleur  aide  rapidement  à  la  solution  des  grains  amorphes  dans  la 
potasse  ;  mais  si  l'on  vient  à  concentrer  la  liqueur  ou  si  l'on  y  ajoute  un  excès 
d'alcali  il  y  a  immédiatement  précipitation  de  la  combinaison  saline. 

Me  basant  sur  tous  ces  faits,  je  prépare  maintenant  le  produit  de  la  façon 
suivante  : 

La  masse  de  grains  jaunes  encore  souillés  de  matières  grasses  qui  constitue 
le  résidu  de  la  distillation  de  la  liqueur  éthérée  primitive  est  additionnée  de 
potasse  étendue  et  le  tout  chauffé  jusqu'à  solution  complète.  Le  liquide  brun 
est  filtré  et  concentré.  Au  bout  de  peu  de  temps,  on  aperçoit  des  gouttes  hui- 
leuses qui  viennent  nager  à  la  surface  et  se  rassemblent  en  une  couche  uni- 
que. Par  refroidissement,  il  se  forme  une  couche  noirâtre  assez  consistante  qui 
peut  être  enlevée  tout  d'une  pièce  de  la  capsule  qui  la  renferme.  Le  liquide  al- 
calin qui  y  reste  est  peu  coloré  ;  une  analyse  m'a  montré  qu'il  contient  en 
solution  de  la  substance  grasse  saponifiée. 

La  croûte 'brunâtre  est  additionnée  d'eau  distillée,  où  elle  se  divise  facile- 
ment, le  liquide  est  porté  à  l'ébullitionet  la  solution  étant  parfaite  on  ajoute  goutte 
à  goutte  une  solution  alcaline,  jusqu'à  ce  que  le  précipité  formé  par  l'arrivée  de 
chaque  goutte  ne  se  dissolve  plus  que  difficilement.  On  abandonne  alors  au  refroi- 
dissement, et  au  bout  de  quelques  minutes,  le  liquide  se  prend  en  une  masse  cris- 
talline formée  par  les  aiguilles  indiquées  plus  haut,  transparentes  et  nettes,  mais 
emprisonnant  un  liquide  brun  foncé,  il  suffit  alors  de  les  recueillir  dans  un 
appareil  à  déplacement  :  l'eau  mère  s'écoule,  et  après  un  ou  deux  lavages  à 
l'eau  distillée  froide  le  produit  est  complètement  pur  ;  une  seconde  cristallisa- 
tion permet  de  l'obtenir  à  l'état  de  pureté  absolue.  La  solution  de  ces  cristaux, 
traitée  par  un  acide  étendu,  fournit  l'acide  résineux. 

J'ai  retiré  ce  principe  immédiat  des  feuilles  de  cognassier,  de  pommier,  de 
pêcher,  d'amandier,  de  sycomore,  de  lilas,  de  jaborandi  ;  j'espère  donc  le  ren- 
contrer dans  un  grand  nombre  de  feuilles  de  la  série  végétale. 

L'analyse  du  sel  potassique  donnerait  pour  l'équivalent  de  cet  acide  624. 
L'analyse  élémentaire  donne  pour  cent. 

Carbone        =  69,08 

Hydrogène    ==  10,36 

Oxygène       =  20,56 

La  formule  que  je  serais,  par  là,  tenté  de  lui  assigner  serait 

C12H64016.  (0  =  8) 

mais  je  ne  la  présente  que  sous  toutes  réserves,  un  plus  grand  nombre  d'ana- 


368  CHIMIE 

lyses  nie  semblant  nécessaires.  J'ai  obtenu  de  la  même  façon  un  sel  sodique 
cristallisant  facilement. 

Le  sel  ammoniacal  se  prépare  en  faisant  agir  l'ammoniaque  sur  une  solu- 
tion élhérée  de  l'acide  et  abandonnant  à  Févaporation,  il  se  forme  ainsi  des 
touffes  de  très-fines  et  très-longues  aiguilles.  Je  poursuis  la  préparation  de 
quelques  autres  sels. 

Les  propriétés  de  ce  corps  et  son  existence  dans  les  organes  verts  d'un  cer- 
tain nombre  de  végétaux  m'ont  engagé  à  lui  assigner  le  nom  d'acide  phyllique. 

FOLIRUBRINE. 

Pendant  que  je  poursuivais  les  recherches  précédentes,  j'ai  observé  les  faits 
suivants  : 

Si  on  plonge  dans  de  l'éther  des  feuilles  fraîches  de  cognassier,  de  pêcher, 
d'amandier,  on  voit  l'eau  de  végétation  tomber  au  fond  du  vase  et  l'éther  se 
charger  de  plus  en  plus  de  chlorophylle.  Si  on  vient  alors  à  retirer  ces  deux 
liquides  et  à  verser  de  l'alcool  à  95°  sur  les  feuilles  encore  imprégnées  d'éther, 
on  remarque  au  bout  de  peu  de  temps  que  au  fur  et  à  mesure  que  l'alcool 
dissout  de  la  matière  colorante  verte,  il  se  dépose  sur  les  feuilles  et  les  parois 
du  flacon  une  multitude  d'écaillés  miroitantes.  Dans  l'alcool  décanté  nagent  un 
grand  nombre  de  ces  mêmes  lamelles.  Recueillies  et  lavées  à  l'éther  elles  pré- 
sentent les  propriétés  suivantes: 

Elles  sont  formées  par  la  réunion  de  3  ou  4  cristaux,  prismes  aplatis  à  base 
triangulaire,  d'un  très-joli  rouge  à  la  lumière  transmise,  et  donnant  à  la  lu- 
mière réfléchie  un  éclat  verdâlre  analogue  à  celui  que  fournissent  les  cristaux  de 
fuchsine. 

Elles  sont  complètement  insolubles  dans  l'eau  et  les  acides  étendus,  insolu- 
bles dans  l'éther,  très-peu  soluble  dans  l'alcool,  très-soluble  dans  le  chloro- 
forme et  la  benzine  qui  se  colorent  en  jaune  orange,  dans  le  sulfure  de  car- 
bone qui  prend  une  coloration  d'un  rose  vif. 

Ces  véhicules  par  évaporation  lente  laissent  se  former  les  cristaux  primitifs. 

Ayant  traité  comme  précédemment  des  feuilles  fraîches  de  sycomore,  je  n'ai 
pas  vu  se  former  les  lamelles  cristallines  que  je  viens  de  décrire;  mais  ayant  . 
abandonné  à  l'air  le  liquide  vert  alcoolique  dans  une  large  capsule,  j'ai  bientôt 
observé  à  la  surface  la  formation  d'une  couche  rose.  Le  liquide  ayant  été  agité, 
à  l'aide  d'une  tige  de  verre,  j'ai  vu  un  dépôt  rose  partout  où  était  passé  l'agitateur 
Après  quelques  heures,  l'alcool  a  été  enlevé  et  tout  le  fond  de  la  capsule  s'est 
montré  couvert  de  ce  même  dépôt  qui  se  présente  au  microscope  sous  la  forme 
d'une  poudre  rouge.  La  capsule  a  été  lavée  à  l'éther  qui  s'empare  d'une  ma- 
tière colorante  jaune,  la  Chrysophylle  de  Hartsen.  La  poudre  rouge  a  été  dis- 
soute dans  de  la  benzine,  et  par  évaporation  lente,  il  se  forme  des  cristaux 
à  reflets  verdâtres,  mais  souillés  encore  par  de  la  matière  colorante  jaune. 
Un  lavage  à  l'éther  et  une  nouvelle  cristallisation  dans  le  sulfure  de  carbone 
m'ont  permis  de  les  obtenir  purs  et  en  tout  semblables  à  ceux  que  m'ont  fournis 
les  feuilles  des  diverses  amygdalées. 

Des  recherches  ultérieures  sont  nécessaires  pour  connaître  les  propriétés 
chimiques  et  la  composition  de  cette   nouvelle  matière  colorante.    Cependant 


A.    L4DUREAU.   —  SUR   LA  COMPOSITION  DE  LA  LAINE  3G9 

les   caractères  signalés  montrent  qu'elle  est  absolument  différente    des  autres 
matières  rouges   végétales    connues  et  je  crois  devoir  lui  donner  le  nom  de 

folirubrine. 


M.   A.   LADUREAÏÏ 

Directeur  Je  la  Station  agronomique  du  Nord. 


NOTE  SUR  LA  COMPOSITION  DE  LA  LAINE. 


—  Séance  du  83  août   1877. — 

Ayant  eu  l'occasion,  il  y  a  quelques  années,  de  faire  des  recherches 
assez  nombreuses  sur  la  nature  et  les  propriétés  de  la  laine,  nous  avons 
été  à  même  de  reconnaître  une  erreur  qui  s'est  propagée  de  livre  en 
livre  dans  un  grand  nombre  d'ouvrages  de  chimie,  dont  les  auteurs  ne 
peuvent  pas  certainement  vérifier  par  eux-mêmes  toutes  les  allégations 
qu'ils  renferment.  Cette  erreur  a  trait  à  la  proportion  des  sels  minéraux 
de  la  laine,  que  l'on  croit  généralement  en  renfermer  de  3  à  5  ou  C  0/0 
de  son  poids,  et  qui  n'en  renferme  réellement  pas  de  traces,  quand  elle 
est  à  l'état  de  pureté  chimique.  Lorsque  l'on  a  procédé  aux  premières 
analyses  de  laine,  il  y  a  quarante  ou  cinquante  ans,  et  peut-être  même 
davantage,  l'industrie  de  ce  textile  était  loin  d'avoir  encore  acquis  le 
degré  de  perfection  qu'elle  possède  aujourd'hui. 

C'est  donc  sur  des  laines  très-impures,  très-imparfaitement  dessuintées. 
que  ces  analyses  ont  été  faites,  et  dès  lors  il  n'y  a  rien  d'étonnant  à  ce 
que  nos  ancêtres  en  analyse  chimique  y  aient  trouvé  une  proportion  de 
cendres  qui  pouvait  varier  entre  3  et  6  0/0.  Mais  aujourd'hui,  il  n'en 
est  plus  de  même,  l'industrie  du  peignage  et  de  la  filature  de  la  laine 
s'est  perfectionnée  au  point  que  les  produits  qu'elle  travaille  et  qu'elle 
livre  à  la  fabrication  des  étoffes,  sont  presque  chimiquement  purs.  Nous 
avons  analysé  un  grand  nombre  d'échantillons  de  laines  peignées  et 
filées  de  provenances  différentes,  et  croyons  devoir  vous  présenter  les 
résultats  de  ces  analyses,  au  seul  point  de  vue  des  sels  minéraux,  afin 
de  mettre  un  terme  à  une  erreur  qui  pourrait  peut-être  se  reproduire 
longtemps  encore. 

Nous  avons  été  déterminé  à  publier  ces  résultats,  d'abord  en  voyan 
un  agronome  extrêmement  distingué  affirmer  dans  ses  écrits  que  la  laine 
n'est  pas  seulement  un  engrais  azoté,  mais  encore  un  engrais  potassique, 
et  qu'elle  renferme  environ  1  0/0  de  son  poids  de  potasse;  puis  en  lisant 
dans  le  remarquable  Dictionnaire  de  Chimie  de  M.  Wûrtz,  notre  illustre 
ex-président,  ouvrage  que  l'on  peut  regarder  à  bon  droit  comme  l'expos 

24 


370  CHIMIE 

complet  des  connaissances  chimiques  à  ce  jour,  en  y  lisant,  dis-je,  que 
la  laine  renfermait  3,  23  0/0  de  son  poids  de  cendres,  parmi  lesquelles 
M.  Gorup-Besanez  avait  reconnu  0,  29  0/0  de  silice. 

Or,  comme  l'agriculture  du  Nord  emploie  chaque  année  des  millions 
de  kilogrammes  de  déchets  de  laine,  qu'elle  enfouit  comme  engrais, 
soit  tels  quels,  soit  après  leur  torréfaction,  il  m'a  semblé  intéressant  de 
rechercher  si  réellement  cet  engrais  rendait  au  sol  une  certaine  quantité 
de  potasse,  et  si  par  suite,  les  cultivateurs  pouvaient  compter  sur  la 
présence  de  cet  élément  et  se  dispenser  de  l'introduire  sous  une  autre 
forme. 

Voici  quel  fui  le  résultat  de  mes  recherches  à  ce  sujet  :  il  est  consigné 
dans  le  tableau  ci-après,  renfermant  la  proportion  centésimale  de  cendres 
q  e  j'ai  trouvée  dans  une  vingtaine  d'échantillons  de  laines  filées  et 
peignées. 


N«  1.  —  Cendres  0/0  :     ii',24 

]\o  2.  —  —               l*r,19 

N»  3.  -  -              0«',99 

N«  4.  -  0  ',88 

N°  5.  —  —               (l  '■*'• 

N»  6.  —  —               0sr.83 

N"  7.  —  <>-".Ts 

N»  8.  —  —               i     ,74 

N"  9.  —  0s\72 

N»  10.  —  Os',09 


Nu  11.  —  Cendres  0/0  :    0^,67 

V  12.  —  0sr,63 

N°  13.  —  0s%54 

iV  14.  —  0^,49 

N»  15.  —  0e%38 

N°  16.  —  0?%33 

N»  17.  —  0ïr,19 

N»  18.  —  0s%12 

N«  19.  -  0s',02 

Moyenne  :  0sr,645. 


Les  échantillons  17  et  18  étaient  des  filés  anglais  destinés  à  la  passe- 
menterie, en  laine  assez  grosse,  assez  dure,  présentant  une  grande 
élasticité. 

L'échantillon  n°  19  provenant  d'un  fort  beau  lot  de  laine  peignée 
blanche  que  nous  avons  soumise  au  laboratoire  à  un  traitement  chimique 
complet,  par  les  acides,  l'eau,  le  savon,  l'alcool  et  l'éther,  dans  le  but 
de  le  dépouiller  autant  que  possible  de  toute  substance  étrangère. 

On  voit  par  ces  exemples  que  la  laine  traitée  actuellement  par  l'in- 
dustrie est  presque  chimiquement  pure,  et  qu'elle  ne  renferme  en  moyenne 
que  :  un  peu  plus  de  1/2  0/0  de  son  poids,  de  substances  minérales. 

Voulant  voir  quelle  était  la  nature  de  ces  sels,  nous  les  avons  mis 
soigneusement  de  côté,  après  chaque  incinération,  et  en  avons  fait  une 
analyse  collective.  Nous  y  avons  trouvé  : 

Carbonate  de  potasse 48-r.30 

Carbonate  de  soude 17*'  ,27 

Chlorure  de  potassium 14sr,25 

Sull'ate  de  potasse 9 

Carbonate  de  chaux 6sr,07 

Sulfate  de  chaux 2sr,06 

Phosphate  de  chaux 0'r,73 

Silice,  alumine,  etc 2s'.28 

Total 100s%00 


A.    BÉCHAMP.    RECHERCHES    SUR    LA    GOMME  ARABIQUE  371 

On  voit  par  ces  chiffres  que  les  cendres  de  la  laine  industrielle  sont 
composées  d'environ  70  0/0  de  sels  de  potasse,  et  que  l'acide  phospho- 
rique  y  fait  presque  complètement  défaut.  Il  est  donc  impossible  que  la 
laine  renferme  i  0/0  de  potasse  et  nos  agriculteurs  feront  bien  à  l'avenir 
de  considérer  les  déchets  de  laine  provenant  du  peignage  et  des  fila- 
tures, comme  un  engrais  uniquement  azoté,  auquel  il  faut  absolument 
adjoindre  de  la  potasse  et  de  l'acide  phosphorique  si  l'on  veut  lui  faire 
produire  un  effet  réellement  utile. 

Tel  est,  après  le  point  de  vue  purement  scientilique,  le  côté  pratique 
de  la  petite  communication  que  nous  venons  d'avoir  l'honneur  de  vous 
faire. 


M.   A.   BECHAMP 

Doyen  de  la  Faculté  libre  de  Médecine  de  Lille. 


RECHERCHES  SUR  LA  GOMME  ARABIQUE. 

(EXTRAIT   DU   PROCÈS-VERBAL.) 


—  Séance  du  25  août  1877.  — 

M.  A.  Béchamp  rend  compte  de  ses  recherches  sur  la  gomme  arabique, 
recherches  entreprises  à  cause  d'une  discordance  constatée  dans  le  pouvoir 
rotatoire  de  cette  substance,  selon  qu'elle  est  à  l'état  naturel  ou  qu'elle  a  été 
purifiée  par  le  procédé  de  M.  Fremy.  En  effet,  tandis  que  le  pouvoir  rotatoire 
de  la  gomme  du  Sénégal  est  de  [a]  =  28°,4  ^,  celui  de  la  gomme  purifiée 
varie  de  34°  à  17°,86. 

M.  Béchamp  a  soumis  la  gomme  pure,  douée  de  son  pouvoir  rotatoire 
maximum,  [a]  =  34°  ^,  à  l'action  de  différents  agents,  et  a  constaté  : 

1°  Que,  sous  l'influence  de  la  sialozymase,  son  pouvoir  rotatoire  baisse  de  34° 
à  18",9; 

2°  Que,  par  l'action  de  l'acide  sulfurique  elle  acquiert  la  propriété  de  réduire 
la  liqueur  cupro-potassique  et  de  fermenter  quand  on  la  met  en  contact  avec 
la  levure  de  bière. 

Le  sucre  qui  se  produit,  dans  ces  conditions,  et  que  l'on  croyait  identique 
avec  la  galactose,  est,  d'après  l'auteur,  un  produit  complexe:  une  partie  se  dis- 
sout dans  l'alcool  à  90°,  une  autre  y  est  insoluble.  La  partie  insoluble  est 
un  mélange  de  plusieurs  substances  dextrogyres  et  dont  les  pouvoirs  rotatoi- 
res  varient  depuis  53°  à  3%5. 

La  partie  soluble  dans  l'alcool,  étant  convenablement  traitée,  fournit  des 
cristaux  semblables  à  ceux  du  glucose.  Ces  cristaux  desséchés  à  140  degrés 
ont  une  composition  représentée  par  la  tormule  C12  H12  O12  (en  équivalents). 
Le  pouvoir  rotatoire  de  ce  produit,  pris  rapidement,  et  rapporté  à  la  formule 


37u2  CHIMIE 

C12H12  012  est   de  [a]  =  149°,3  \.   Quel([ue  temps   après,   le   pouvoir   rota- 
toire  diminue  et  atteint,  après  48  heures,  une  limite  [*]=  95°7  *y 

Cette  substance  fermente  sous  l'influence  de  la  levure  de  bière  ;  elle  donne 
de  l'acide  mucique  comme  la  galactose,  mais  elle  en  diftère  par  son  pouvoir 
rotatoire,  celui  de  cette  dernière  substance,  à  sa  limite  inférieure,  étant 

[a]  =  83o,3  \. 

M.  Béchamp  assigne  à  ce  corps,  qu'il  suppose  être  une  espèce  nouvelle,  le 
nom  de  gummicose. 

Outre  le  gummicose,  l'auteur  signale  encore  dans  la  partie  sucrée,  soluble 
dans  l'alcool,  une  nouvelle  matière  incristallisable,  qui  est  un  mélange  de 
deux  produits  dextrogyres  doués  des  pouvoirs  rotatoires  [a]  =  92°,5  et 
[a]  =  57°,2. 


M.  À.  BECHAMP 

Duven  de  la  Faculté  libre  de  Médecine  de  Lille. 


SUR  LES  FERMENTATIONS. 


—  Séance  du  n7  août  -1877.   — 


M.   MÏÏLDEE 

Professeur  à  L'Université  d'Utrecht. 


ACTION  RÉCIPROQUE  DE  L'ANHYDRIDE  HYPOCHLOREUX  ET  DE  L'ETHYLENE. 
(extrait  du  procès-verbal.) 


—   Séance  du  27  août  1877.   — 

M.  Mulder  fait  connaître  les  résultats  de  recherches  sur  l'action  réciproque 
de  l'anhydride  hypochloreux  et  de  lYlhvlène.  L'auteur  a  obtenu  un  liquide 
qui  était  un  mélange  de  plusieurs  produits.  Par  distillation  fractionnée,  il  en 
a  séparé  une  petite  quantité,  qui  passait  avant  100  degrés  et  qui  n'était  que 
du  chlorure  d'éthylène,  C2  IF  Cl2,  puis  une  très-grande  quantité  de  produit 
qui  distillait  entre  480  et  210  degrés,  et  dont  la  composition  répondait  à  la 
formule  C4  A6  Cl2  O2. 

En  chauffant  ce  corps  avec  l'oxyde  d'argent,  il  y  a  eu  réduction  et  forma- 
tion de  cristaux  de  monochloro-acétate  d'argent.  Ce  même  sel  d'argent  a  été 
obtenu  en  saponifiant  par  l'eau  le  produit  passant  vers  200  degrés  et  traitant 
ensuite  le  liquide  saponifié  par  le  carbonate  d'argent. 


A.    HBNNINGER   ET   G.    VOGT.   —  SUR   UN  ISOMÈRE   DE  LORCINE  373 

Une  autre  portion  de  ce  liquide  saponifié,  agité  avec  de   l'éther,  a  fourni  de 
la  monoehlorhydrine  du  glycol. 
M.  Mulder  croit  que  le  composé  C4HG  C1202  a  la  constitution  suivante  : 
C  H2  Cl         C  H2  Cl 
C  0  -  0  -  C  B2 
et  donnerait  lieu,  avec  l'eau,  aux  réactions  : 

C  0  —  0  —  C  H2  C  0.0 11     C H2C1 

Cil2  Cl  CH2Cr^IIi°  =  CH:!Cl     +CH2OH 

L'auteur  suppose  que  les  réactions  qui  ont  lieu  entre  l'anhydride  hypochlo- 
reux  et  l'éthylène  se  produisent  en  deux  phases,  ainsi  que  les  représentent  les 
équations  suivantes  : 

CH2     CM2      n  CH2-0  —  CH2 

4-1       4-  U 
C 

CH2  — 0-  Cil2 

Cil2  Cl         Cil2  Cl       u  CH2C1        CH2C1 

Le  composé  qui  se  forme  dans  cette  dernière  phase  de  réactions  et  qui  s'est 
prêté  aux.  métamorphoses  dont  il  a  été  question  serait  la  monochloro-acétate 
d'éthyle  monochloré. 

Quant  au  chlorure  d'éthylène  trouvé  parmi  les  produits  de  la  réaction,  on 
s'en  rend  facilement  compte  si  l'on  se  rappelle  que  l'acide  chlorhydrique 
décompose  l'anhydride  hypochloreux  en  formant  de  l'eau  et  mettant  du  chlore 
en  liberté.  Ce  chlore  libre  s'unit  directement  à  l'éthylène. 


[a]  |       4-  I       4-  rî  >  0  =  I  I 

CH2^CIl2^Cl  CH2C1  CH2C1 

—  0—  Cil2  ci  CO  — 0— CH2 

L  J  min  ni>  ri    '    W  rmn         rn>n 


MM.  A.  HEMIKER  et  G.  VOGT 


SUR   UN  ISOMERE  DE  L'ORCINE. 

(extrait  DU   PROCKS-VEKBAL.) 


—  Séance  du  37  août  -1877.  — 

M.  A.  Henninger  présente  en  son  nom  et  au  nom  de  M.  G.  Yogt,  un  tra 
vail  sur  un  isomère  de  l'orcine. 

Après  avoir  rappelé  la  synthèse  de  l'orcine  elle-même  qu'ils  ont  réalisée  il 
y  a  plusieurs  années,  il  entre  dans  quelques  détails  sur  la  constitution  pro- 
bable de  cette  substance,  et  fait  voir  que  l'introduction  d'un  groupe  oxhydrile 
OH  dans  le  paracrésol, 

C«H«<™3 

doit  conduire,  théoriquement,   à  un  isomère   de  l'orcine.  C'est  ce  que  l'expe- 


374  CHIMIE 

rience  est  venue  confirmer,  démontrant  une  fois   de  plus  la  fécondité  de  la 
belle  théorie  des  composés  aromatiques,  dont  M.  Kékulé  est  l'auteur. 

Le  paracrésol,  dissous  dans  le  chloroforme,  a  été  traité  par  une  molécule  de 
brome.  On  a  obtenu  le  dérivé  monobromé. 

C6H3Br  <  ™ 

cristallisable,  fusible  à  35  degrés  et  bouillant  à  218-220  degrés. 

Ce  composé,  fondu  avec  la  potasse  et  chauffé  à  200-210  degrés,  se  trans- 
forme en  un  diphénol  du  toluène,  par  substitution  de  Br  par  (OH).  Ce  dernier 
composé,  cristallisable,  fusible  à  104-105  degrés,  et  dont  les  réactions  sont  dif- 
férentes de  celles  de  son  isomère  l'orcine,  a  été  nommé,  par  les  auteurs, 
lulorcine. 

La  lutorcine  semble  aussi  différer  des  isomères  de  l'orcine  décrites  par- 
MM.  Senhofer  et  Blomstrand. 


M.  E.-D.  SILYA 

Chef  des  travaux  des  analyses  chimiques  à  l'École  centrale  des  Arts  et  Manufacture». 


SUR  QUELQUES  COMPOSÉS  BENZYLIQUES  ET  ANISIQUES. 

(EXTRAIT  du  procès-verbal.) 


—   Séance  du  27  août  1877.  — 

M.  R.  D.  Silva,  en  traitant  l'éther  C6H5.CH2.O.CH3  par  le  gaz  iodhydrique 
a  obtenu  l'iodure  de  benzyle  CRH5.CH2I,  lequel,  sous  l'influence  de  la  potasse 
caustique  fondue,  donne  l'oxyde  de  benzyle  CfiH5.CH2.O.C6H5.CH'2  passant 
vers  305  degrés. 

L'action  de  l'acide  chlorhydrique  sur  l'alcool  anisique 

L  H    ^  CH2.0H 

a  donné,  outre  le  chlorure  correspondant,  une  substance  très-épaisse,  bouil- 
lant à  une  haute  température,  que  l'auteur  croit  être  l'oxyde  : 

r6H4^0.CH3         CH30^f6H,_  9  /r6H.^  OCH3     \        „,n 
L  H    <CH2-0-  CH2     >C    H  _  _  ^H4<CH10HJ  -H20. 


FRIEDEL  ET  CRAFTS.  —  SYNTHÈSE  d'hYDROCARBVRES.  n'ACÉTONE,  ETC.       375 


MM.  Ch,  FRIEDEL  et  J.-M.  CRAETS 


NOUVELLE  MÉTHODE  GÉNÉRALE  DE  SYNTHÈSE  D'HYDROCARBURES, 
D'ACÉTONES,  ETC. 

(EXTRAIT    DU   PROCÈS- VERBAL.) 


—  Séance  du  ?7  août  187".  — 

M.  Silva,  au  nom  de  MM.  Ch.  Fiuedel  et  J.-M.  Crafts,  fait  connaîlre  une 
nouvelle  méthode  générale  de  synthèse  d'hydrocarbures,  d'acétones,  etc. 

Vu  l'importance  de  la  méthode  qui  va  nous  occuper,  il  est  bon  de  faire 
connaître  par  quelle  suite  de  circonstances  elle  a  été  découverte  parles  savants 
chimistes  qui  en  ont  doté  la  science. 

Voulant  étudier  l'action  de  l'aluminium  sur  certains  chlorures  de  radicaux 
alcooliques,  MM.  Friedel  et  Crafts  ont  constaté  que,  par  leur  contact,  ces  com- 
posés organiques  et  l'aluminium,  en  feuilles  ou  en  limaille,  donnent  lieu  à 
une  réaction,  lente  tout  d'abord,  mais  qui  s'accélère  et  devient  tumultueuse  à 
l'aide  d'une  faible  chaleur.  L'addition  d'un  peu  d'iode  accélère  également  la 
réaction  et  la  rend  plus  vive.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  elle  est  accompagnée 
d'un  fort  dégagement  d'acide  chlorhydrique.  Pour  le  chlorure  d'amyle,  par 
exemple,  outre  l'acide  chlorhydrique,  il  s'échappait  des  carbures  d'hydrogène 
et  il  se  formait  en  même  temps  des  hydrocarbures  liquides  bouillant  à  des 
températures  très-élevées.  Parmi  les  produits  de  la  réaction,  on  trouvait  du 
chlorure  d'aluminium  en  quantité  d'autant  plus  grande  que  l'action  avait  été 
plus  violente. 

Ces  premiers  faits  constatés,  on  n'a  pas  tardé  à  reconnaître,  par  des  expé- 
riences directes,  que  la  réaction  est  due  à  la  présence  du  chlorure  d'alumi- 
nium, et  que  les  hydrocarbures  qui  se  forment  ne  sont  pas  absorbables  par  le 
brome. 

Interprétant  le  mode  de  formation  des  hydrocarbures  saturés,  Cn  H2n  +  2, 
MM.  Friedel  et  Crafts  ont  pensé  que  les  éléments  de  l'acide  chlorhydrique 
étaient  fournis  par  des  molécules  différentes  de  chlorure  d'amyle.  Cette  heu- 
reuse interprétation  faisait  espérer  que,  dans  les  mêmes  conditions  d'expé- 
rience, le  chlorure  du  radical  alcoolique  et  un  hydrocarbure  pouvaient,  tous 
les  deux,  concourir  à  la  formation  de  l'acide  chlorhydrique  et  à  celle  d'un 
carbure  d'hydrogène. 

Ces  prévisions  ont  été  confirmées  par  l'expérience  :  du  chlorure  d'amyle  et 
de  la  benzine,  en  présence  du  chlorure  d'aluminium,  ont  fourni  l'amylbenzine, 
les  choses  se  passant,  au  fond,  comme  l'indique  l'équation  : 

C5H"  Cl  +  C6H6  =  C6  H5.C3  H1»  +  H  Cl. 

Remplaçant  le  chlorure  d'amyle  par  le  chlorure  de  méthyle,  on  a  obtenu 
successivement  : 


376  CHIMIE 

le  toluène,  C8H5CH3, 

le  xylène,  C6H*(CH3)2, 

le  mésytilène,  CGH3(CH3)J 

le  durol,  C6H2(GII3)*, 
déjà  conn 

Puis  deux  autres  dérivés  méthylés  : 

la  pentaméthylbenzine,  C6H(GH3)5, 

rhexaméthylbenzioe,  C,!  (Cil3)6, 

qui  n'étaient  pas  connus. 

Le  chlorure  de  benzyle  s'est  comporté  comme  les  précédents  :  on  a  obtenu 

le  diphénylmélhane  : 

r<>  tr> 

LH  <C6H5 

Les  dérivés  chlorés  des  radicaux  alcooliques  à  plusieurs  atomes  de  chlore 
agissant  de  même,  avec  le  chloroforme  et  le  perchlorure  de  carbone  on  a 
obtenu  le  triphényl  et  le  tétraphénylméthane,  CII(CCII5)3  et  G  (C6I15)4- 

Les  chlorures  d'acides  ont  conduit  à  des  résultats  non  moins  intéressants  : 
les  chlorures  de  benzoïle  et  d'acétyle,  C6H5.GO.Gl  et  CH3CO.Cl,  ont  fourni 
la  benzophénons  et  la  méthyl-phénylacétone  :  CG  H>  C  0 .  C6  H5  et  CH3CO.CGH5. 

A  ces  acétones  il  faut  ajouter  une  autre  obtenue  avec  le  chlorure  de  l'acide 
phlalique, 

C«H*<COC|, 

la  phtalophénone  : 

f6H4    .  CO.CHP 

C  H  <  CO:C«H5. 
La  même  réaction    avec  le  chlorure  phtalique  a  fourni   un  autre  composé 
identique  avec  l'anthracène  : 

C6H<     ;^>C,!I1'<. 

Enfin,  avec  le  gaz  phogène,  on  est  arrivé  également  à  produire  la  benzo- 
phénone. 

Ajoutons  que  les  bromures  el  iodures  de  radicaux  alcooliques  se  prêtepl 
aussi  à  la  synthèse  des  hydrocarbures. 

Jo  m'arrête  ici  après  l'énumération  rapide  des  principaux  composés  obtenus 
à  l'aide  de  cette  admirable  méthode,  qui  est  sans  contredit  l'une  des  plus  inté- 
ressantes et  des  pms  fécondes  qui  ait  été  découvertes  en  chimie  organique. 
Nous  ajoutons  en  terminant  que  MM.  Friedel  et  Crafts  admettent  la  formation 
d'un  composé  organo -métallique  au\  dépens  de  l'hydrocarbure  et  du  chlorure 
d'aluminium  Al2Cl5CnH2n — 7,  composé  suc  lequel  viendrait  ensuite  agir  le 
chlorure  du  radical  alcoolique  pour  former  l'hydrocarbure  mixte  et  régénérer 
le  chlorure  d'aluminium,  qui  commence  une  nouvelle  phase  de  réactions. 

^vec  la  benzine  par  exemple  on  aurait  : 

A12C1«  +  C6H«  =  A12C15.  C6fl5+  HC1; 
Al2 Cl5  C6H5+CnH2n+1Cl  =  Al2Cl6+C6H5.CnH2n+i 


É.  PERRET.  —  DOSAGE  DU  TANNIN  DES  ÉCORGES  DE  CHÊNE     377 


M.  Emile  PEÏtïtET 

Chimiste  >'i  ttoret-sur-Loing. 


DOS-AGE  DU  TANNIN  DES  ÉCORCES  DE  CHÊNE  AU  POINT  DE  VUE  INDUSTRIEL. 


—  Séance  'lu  29  août   1877.   — 


Important  en  France  d'Italie  2,500  à 3,000  tonnes  d'écorces  de  chênes 
divers  de  ce  pays,  il  m'a  paru  de  la  plus  haute  importance  pour  mes 
commettants  de  leur  mettre  le  plus  souvent  possible  sous  les  yeux  le 
titre  exact  du  tannin  actif  qu'elles  contenaient.  Le  procédé  par  évapora- 
tion  de  la  dissolution  décodée  de  l'écorce,  procédé  dont  je  me  servais 
de  préférence  aux  autres,  est  long  et  minutieux.  Celui  de  MM.  Munz  et 
Kamspacher   ne  réussit  pas  toujours  et  souvent  aussi  est  fort  long. 

J'ai  eu  l'idée  de  l'aire  servir  leur  tannomètre  à  un  procédé  mixte  qui 
me  réussit  bien  et  peut  très-facilement  être  suivi  dans  la  pratique  in- 
dustrielle. 

Il  est  basé  sur  l'emploi  du  tannomètre  Mûnz   comme  densimètre,  la 
décoction  de  l'écorce  et  la  précipitation  du  tannin  parle  blanc  d'œuf  et 
le  sulfate  d'alumine. 
Voici  comment  j'opère  : 

10  grammes  d'écorce  à  titrer  sont  épuisés  par  100  d'eau  bouillante 
et  successivement,  en  sorte  que  les  dernières  parties  de  la  décoction 
coulent  incolores. 

On  filtre  la  dissolution  froide,  et  on  en  prend  le  litre  sur  le  tannomètre 
Munz  qui   est  marqué. 
Alors,  pour  les  écorces  du  centre  de  la  France,  on  mélange  vivement 

celte  disssolution  avec 6  grammes  d'albumine. 

Pour  celles  d'Italie 8  — 

Pour  les  lièges 10  —  — 

Le  tannin  forme  une  crème  avec  l'albumine,  on  porte   à  l'ébullition 

et  on  ajoute  :  pour  les  premières Gouttes    iii 

pour  les  deuxièmes. —  iv 

pour  les  troisièmes —         Vl 

d'une  solution  à  volume  égal  de  sulfate  d'alumine. 

Immédiatement  ce  précipité  se  laque,  la  solution  devient  claire  et  est 
dépouillée  entièrement  de  son  tannin  actif.  On  filtre  et  on  repèse  à 
froid;  la  différence  entre  le  titre  primitif  et  celui-ci  donne  le  titre 
du  tannin  plus  3,  4,  G  degrés  représentés    par  l'albumine  ajoutée. 


378 


CHIMIE 


Exemple  : 

Une  solution  à  18°  pèse  au  tannomètre 13° 

Après  la  précipilation  et  addition  de  3  gouttes  de 
sulfate   d'alumine,    nous  avons 6° 


Auxquels   il   faut  ajouter 3° 

pris  sur  le  sulfate  d'alumine  


10°  =  10  0/0 

ce  qui  concorde  parfaitement  avec  ics  résultats  du  procédé  par  évapo- 
ration.  Il  faut  donc  avoir  soin  de  faire  toujours  sa  solution  de  sulfate 
d'alumine  exactement  poids  pour  poids 

50  grammes  sel  d'alumine 
50  grammes  eau  distillée 

J'ai  fait  l'expérience  comparative  des  trois  procédés  Mûnz,  Evaporation 
et  Perret.  Les  moyennes  des  résultats  ont  été  presque  identiques,  sauf 
des  différences  absolument  inappréciables  dans  l'industrie. 

Voici  ce  que  ces  écorces  diverses  soumises,  contiennent  en  tannin 
actif  : 


France  :  Bourgogne,  Nièvre,  etc., 

1877 Jeunes  arbres,  écorce  choisie 

Italie.    Chêne  blanc. Jeunes  arbres,  tout  venant  . 

—  —        — Haute  futaie  — 

—  —       vert Fin  taillis 

—  —        — Haute  futaie 

—  —       liège Toscan 


9.25  0/0 
16.80  0/0 
10.50  0/0 
21.05  0/0 
15.50  0/0 
21  à  23  0/0 


M.  Emile  PERRET 

Chimiste  à  Moret-sur-Loinp. 


ACTION  DÉSINFECTANTE  ANTIFERMENTESCIBLE  DU  CHLORURE  DE  ZINC  BASIQUE 
EN    SOLUTION  CONCENTRÉE. 


—   Séance   'lu   S 9  août   1877.  — 

J'attire  l'attention  des  chimistes,  qui  peuvent  être  à  chaque  instant 
appelés  à  donner  leur  avis  dans  la  question  d'assainissement  de  grands 
espaces  habités  ou  non,  ou  môme  dans  des  cas  spéciaux  de  moindre  im- 
portance, j'appelle,  dis-je,  leur  attention  sur  l'emploi  du  chlorure  de 
zinc  en  solution  concentrée,  qui  agit  avec  une  énergie  toute  spéciale, 
et  dont  l'action  durable  est  remarquable. 


É  .     PERRET  . 


ACTION    DÉSINFECTANTE    DU    CHLORURE    DE    ZINC  370 


J'insiste  sur  ce  point,  parce  que  la  vogue  qui  nous  entraîne  vers 
l'emploi  des  produits  bas  du  goudron  de  houille,  qui  sont  loin  de  pré- 
senter une  sécurité  d'action  comparable  à  celle  du  chlorure  de  zinc, 
prend  de  plus  en  plus  possession  de  l'esprit  public  au  détriment  de  ce 
produit  qui  lui  est  infiniment  supérieur. 

Calvert,  en  4873,  dans  ses  recherches  sur  les  antiseptiques  et  anti- 
putrides, mettait  l'acide  crésylique  en  tête  de  sa  nomenclature  et  le 
chlorure  de  zinc  dans  la  2e  classe.  La  première  n'était  composée  que 
par  l'acide  crésylique  seul.  C'est  cet  isolement  qui  m'a  suggéré  l'idée  de 
contrôler  la  réalité  des  propriétés  rie  cet  acide,  et  m'a  permis  de  recon- 
naître d'une  manière  indubitable  la  supériorité  du  chlorure  de  zinc. 

Voici  le  résumé  comparatif  de  mes  expériences,  très-faciles  à  vérifier. 

Le  liqu'de  qui  a  servi  —  le  même  pour  tous  les  réactifs,  consistait  en  un  lavage 
de  caillettes  de  veau  en  putréfaction,  la  liqueur  est  passée  à  travers  un  linge, 
et  chaque  éprouvette  en  reçoit  une  charge  de  150  grammes. —  Les  vases  sont 
déposés  sur  le  même  rang  et  dans  la  même  salle. 

Voici  ce  que  j'ai  constaté  : 

I.  Le  chlorure  de  zinc.    Tout  mouvement   vibrionique  cesse,  la  solution  est 
1    gramme.  absolument  désinfectée  et  se  conserve  sans  chan- 

gement pendant  tout  le  mois  de  l'expérience. 

II.  L'acide  crésylique  et    L'odeur   change   de  nature,  (le  mouvement  vibrio- 
la  créosote.  nique  cesse,  l'odeur  se  transforme,  s'affaiblit,  en- 

fin le  19e  jour  la  putréfaction  recommence. 

III.  L'acide    phénique    et    Même  réaction  que  la  précédente,  le  liquide  recom- 
les  Phénates.  mence   son   travail  vers  le  11e  jour  pour  l'acide 

et  le  8e  et  le  9e  pour  les  sels,  phénates  de  soude, 
etc. 
La  réaction  est  plus  lente,  l'odeur  disparaît  peu 
à  peu  et  incomplètement,  au  bout  du  18e  jour 
des  végétations  mucédiniformes  paraissent  dans 
la  liqueur. 

L'action  n'est  pas  très-marquée,  petit  à  petit  sur- 
tout pour  l'agitation,  les  vibrions  sont  anéantis, 
la  liqueur  perd  son  odeur  mais  pas  complète- 
ment, moins  qu'avec  les  réactifs  précédents,  vers 
le  9e  jour  un  travail  reparaît,  vers  le  25e  il  est 
pleinement  reconstruit. 
VL  Salycilate  de  soude.  L'action  est  plus  immédiate,  plus  stable,  la  désin- 
fection plus  prononcée,  vers  le  30e  jour  des  vé- 
gétations inférieures  se  laissent  apercevoir,  et  la 
liqueur  infecte. 


IV.     Sulfate  de   quinine. 


V.    L'acide    salycilique, 
Salycilates.  1  gramme. 


380 


CHIMIK 


Enfin  comme  force  désinfectante  et  antiseptique,  j'ai  pu  établir  le 
tableau  suivant  : 

Pour  une  partie  de  chlorure  de  zinc  il  faut  :  Pour  Zn  Cl2,  3p  : 

Comme    désinfectant.  Comme  antiseptique. 

Acide  phonique 10  p 4  p. 

Phénates 9   » 6  » 

Crésylique.    .........     8   » 3  moins  durable 

Sulfate  de  quinine 17   » 9  » 

—     d'alumine 6  »     10  » 

Hypochlorite  de  chaux  ....   11  ^     II  peu   durable. 

Acide  salycilique 1 1  » 4  » 

Salycilates  alcalins 10  » 5  » 

Acide  sulfophéuique 13  » 8  » 

Sulfate  de  fer 8  » 5  » 

Chlorure  de  zinc.  3  » 

Toutes  mes  expériences  ont  été  faites  : 

Initialement  avec  du  ZnCl2  pur,  rendu  basique  en  le  laissant  en 
contact  avec  des  lames  de  zinc  en  solution,  à  1,C50  densité  et  sous  une 
légère  pression. 

Ensuite,  une  usine  de  Paris,  par  son  directeur  M.  Pottier,  l'usine 
Saint-Luc,  en  a  mis  à  ma  disposition  telle  quantité  que  je  désirais  pour 
faire  mes  essais  en  grand. 

La  solution  industrielle,  moins  pure  naturellement  que  celle  du  labo- 
ratoire, pesait 

Du  1,600  —  =  55'  0/0  de  sel  sec  et  fondu. 

Rougissant  à  peine  le  tournesol  elle  ne  rouille  pas  le  fer,  ceci  est  très- 
important  et  pour  le  but  que  je  me  propose,  et  pour  la  facilité  de 
de  l'emploi;  ce  qui  a  fait  négliger  un  peu  la  vieille  solution  qu'a  faite 
Burnett  Chevalier,  c'est  justement  l'acidité  de  sa  liqueur. 

Celle  mise  à  ma  disposition  par  l'usine  Pottier,  remplit  exactement 
le  but,  et  j'engage  les  chimistes  qui  voudraient  répéter  mes  expériences 
à  ne  se  servir  que  de  celle-là. 

J'ai  tenté  de  l'appliquer  à  5U  Be  au  pansement  des  plaies  :  jusqu'à 
présent  j'ai  des  résultats  satisfaisants,  mais  pas  assez  patents  pour  me 
prononcer . 

Pendant  une  épidémie  de  petite  vérole,  en  arrosage  des  rues,  lavages 
des  linges,  planchers  et  ustensiles  de  ménage,  comme  pour  la  toilette 
même,  je  crois  avoir  obtenu  de  sérieux  résultats  que  j'ai,  du  reste,  constatés. 

Il  est  donc  utile  de  relater  ces  faits,  et  de  ne  pas  laisser  aller  à  l'ou- 
bli le  chlorure  de  zinc,  que  l'on  peut  se  procurer  à  bon  prix,  en  tout 
temps  et  partout. 


F.  MAXWELL  LYTE.  —  PROCÉDÉ  DE  CHLORURATION  HUMIDE      381 


M.  l'abbé  GEOIX-MAETIN 

Professeur  à  l'École  Albert-le-Grand  à  Arcueil. 


PRODUIT  D'ACTION  DU  PERCHLORURE  DE  PHOSPHORE  SUR  L'ÉTAIN. 

(EXTRAIT.) 


—  Séance  du  29  août   IS77.    — 

M.  l'abbé  A.  Geneix-Martin  a  fait  agir  directement,  en  tubes  scellés,  le 
perchlorure  de  phosphore  sur  l'élain  ;  il  a  obtenu  et  isolé  de  la  sorte  une  subs- 
tance cristallisée,  blanche,  volatile  à  200J,  de  formule  PCI5,  SnCl*.  L'auteur 
exprime  la  réaction  par  la  formule  : 

Sn+  3PC15  =PC15,  SnCl*  +  2PC13. 

Casselmann  avait  obtenu  un  corps  identique  par  d'autres  procédés,  et  il 
l'a  décrit  dans  les  Annales  de  Licbig.  M.  l'abbé  A.  Geneix-Martin  a  constaté 
que  ce  corps  agit  vivement  sur  les  alcools  monoatomiques,  avec  dégagement 
d'acide  chlorhydrique ,  en  donnant  des  éthers  dont  la  grande  instabilité  rend 
l'analyse  difficile. 


M.  GUOIÏG 

Professeur  à  l'Université  d'Amsterdam. 


PRÉSENTATION  DE  PRODUITS  DIVERS 
SE  RATTACHANT  A  L'ÉTUDE  SUR  LA  FORMATION  DE  LA  MÉLASSE. 


Séance  du  29  août  1877.  — 


M.  MAXWELL  LYTE 

Ingénieur-Chimiste. 


PROCÉDÉ  DE  CHLORURATION  HUMIDE. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


Séance  du  29  août  4877.  — 


M.  F.  Maxwell-Lyte,  ingénieur  chimiste,  lit  un  mémoire  sur  la  séparation 
d'un  mélange  de  plomb,  zinc  ou  argent,  ou  plutôt  sur  un  procédé  industriel, 
dit  de  chloruration  humide,  de  traitement  des  minerais  qui  contiennent  ces  trois 
métaux. 


382  CHIMIE 

C'est  un  fait  connu  que  le  traitement  métallurgique  des  minéraux  contenant 
le  plomb,  le  zinc  et  l'argent  a  été  entouré,  jusqu'à  présent,  de  difficultés  assez 
grandes  pour  que  de  tels  produits  aient  été  considérés  non-seulement  comme 
des  non-valeurs,  mais  encore  comme  un  empêchement  à  l'exploitation  des 
mines,  d'ailleurs  nombreuses,  qui  en  sont  très-riches.  Nous  croyons  que  le  pro- 
cède de  M.  Lyte  est  appelé  à  remplir  les  conditions  souhaitées  depuis 
si  longtemps  par  l'industrie  minière.  L'étendue  de  ce  compte  rendu  ne  per- 
mettant pas  de  décrire  ses  détails,  nous  tâcherons  d'en  suivre  seulement  les 
phénomènes  chimiques  pendant  le  cours  des  préparations  qu'elle  comporte. 

Le  minerai  finement  broyé  et  calciné  est  traité  par  l'acide  chlorhydrique 
dilué.  Ce  traitement  se  fait  dans  des  bacs  en  bois  résineux,  où  l'on  favorise 
l'attaque  par  l'acide,  en  y  ajoutant  des  barboteurs,qui  doivent  être  alimentés 
par  de  la  vapeur. 

Par  ce  traitement,  on  transforme  le  zinc,  le  plomb  et  l'argent  à  l'état  de 
chlorures  :  le  chlorure  d'argent  et  une  partie  du  chlorure  de  plomb  restent 
mélangés  avec  la  gangue.  La  solution  chlorhydrique  de  ce  premier  bac  est 
transvasée,  encore  chaude,  dans  un  second  bac  où  elle  se  refroidit  et  laisse 
déposer  la  presque  totalité  du  chlorure  de  plomb  tenu  en  dissolution.  Le 
liquide  clair  qui  se  sépare  et  qui  contient  encore,  outre  du  chlorure  de  zinc, 
un  très-grand  excès  d'acide  chlorhydrique,  est  ramené  dans  le  premier  bac  par 
un  siphonage  et  chauffé  de  nouveau.  Par  là,  on  dissout  une  nouvelle  quantité 
de  chlorure  de  plomb  et  du  chlorure  d'argent.  On  transvase  alors  cette  solution 
dans  le  bac  où  elle  doit  se  refroidir.  L'expérience  démontre  que  la  gangue  est 
épuisée  après  trois  décantations  successives.  Mais  alors  il  convient  de  la  laver 
à  l'eau  bouillante  :  les  eaux  de  lavage  sont  ajoutées  à  la  solution  acide  du  second 
bac.  Dans  ce  dernier,  qui  contient  la  totalité  des  chlorures  formés,  on  ajoute 
du  zinc  en  barreaux,  en  plaques  ou  en  menus  morceaux,  et  cela  en  propor- 
tion de  la   quantité  de  plomb  que  le  minerai  contient. 

La  réaction  qui  a  lieu  dans  cette  partie  du  travail  produit  la  réduction  des 
chlorures  de  plomb  et  d'argent,  et  la  dissolution  du  zinc  sous  forme  de  chlorure. 
Le  plomb  et  l'argent  se  déposent  à  l'état  d'épongé  métallique.  Il  est  bon  de 
rappeler  que  tout  l'argent  du  minerai  se  trouve  dans  le  mélange  soumis  à 
l'action  réductrice  du  zinc,  grâce  à  la  solubilité  du  chlorure  d'argent  dans  une 
solution  concentrée  du  chlorure  de  plomb.  L'éponge  métallique  est  lavée, 
comprimée  en  briquettes  et  ces  briquettes  sont  fondues  avec  2  ou  3  0/0  de 
soude  caustique  et  un  peu  de  charbon.  On  obtient  alors  un  plomb  argenti- 
fère, que  l'on  soumet  à  la  coupellation. 

11  reste  maintenant  à  précipiter  le  zinc  du  minerai,  lequel  se  trouve  à 
l'état  de  chlorure,  comme  celui  employé  à  la  réduction.  On  ajoute  à  cette  solu- 
tion de  chlorure  de  zinc  du  lait  de  chaux  jusqu'à  presque  complète  précipi- 
tation du  zinc  à  l'état  d'oxyde. 

L'oxyde  de  zinc  lavé  et  desséché»  est  ramené  lui  aussi  sous  forme  de  bri- 
quettes, que  l'on  vend  aux  fabriques  de  zinc.  Ces  briquettes  renferment  géné- 
ralement de  oo  à  70  0/0  de  zinc  métallique. 

L'exposé  très-sommaire  que  nous  donnons  du  procédé  de  M.  Lyte,  montre 
combien  il  est  rationnel  et  d'une  exécution  relativement  facile.  Il  nous  reste  à 


FRIEDEL    ET    SARRAZIN.    —  PRODUCTION    DE    QUELQUES   ARSÉNIATES       383 

ajouter  que,  d'après  son  auteur,  il  permet  d'exploiter  avec  de  grands  bénéfices 
des  minerais  non  utilisés  jusqu'à  présent.  Ainsi  la  tonne  de  minerai  traitée  par 
le  nouveau  procédé  revient  à  208  fr.  97  et  produit  236  fr.  27,  soit  un  béné- 
fice de  47  fr.  30.  Une  usine  qui  en  traiterait  20  tonnes  par  jour  peut  compter 
sur  un  bénéfice  de  283,000  francs  par  année  de  300  jours. 


MM.  Ch.  EKIEDEL  et  J.-M.  CRAFTS 


SYNTHÈSE  DE  LA  BENZO-PHÉNONE. 

[EXTRAIT  DU  PROCÈS-VERBAL.) 


—  Séance  du  29  août  -Z877.  — 

M.  Silva  décrit,  au  nom  de  MM.  FuiEDELet  Crafts,  les  expériences  exécutées 
par  ces  chimistes  dans  le  but  de  réaliser  la  synthèse  de  la  benzo-phénone,  en 
partant  de  l'oxychlorure  de  carbone  et  de  la  benzine,  conformément  à  la 
réaction  : 

CO  <^"  £{  +  2C6H6  =  CO  <^  §{{5  +  2HC1 


MM.  Ch.  EBIEDEL  et  E.  SAEEASIN 


PRODUCTION  DE  QUELQUES  ARSENIATES. 

(EXTRAIT    DU  PROCÈS-VERBAL.) 


—  Séanee  du  29  août  /S77.  — 

MM.  Friedel  et  E.  Sarasin  font  connaître  la  production  de  quelqnes 
arséniates  de  cuivre  et  d'arséniates  doubles  de   cuivre  et  de  soude  : 

1°  L'olivenite,  As04Cu(CuOH),  qui  se  produit  lorsque  l'arséniate  tribasique 
de  cuivre  est  chauffé  en  tubes  scellés,  en  présence  d'un  grand  excès  d'eau; 

2°.  L'arséniate  basique  de  cuivre  (As04)2Cu3,  en  cristaux  anhydres,  clino- 
rhombiques,  d'un  vert  bleuâtre,  qui  se  forme  quand  on  chauffe  des  quantités 
convenables  d'acide  arsénique  et  d'oxyde  ou  de  carbonate  de  cuivre  en  présence 
de  l'eau; 

3°  L'arséniate  double  de  cuivre  et  de  soude  (As04)3Cu4  Na,  qui  se  forme  quand 
on  chauffe  en  tubes  scellés  entre  150  et  200  degrés  le  précipité  que  l'on  obtient 
en  décomposant  une  solution  de  sulfate  de  cuivre  par  de  l'arséniate  de  soude. 


384  CHIMIE 

MM.  Friedel  et  Sarazin  attribuent  à  ce  sel  double  la  constitution  : 

As  0S  =  Cu 
>Cu 
AsO*  -Na 
>Cu 
AsO4  =Cu. 
4°  Enfin  un  arséniate  double,  As04CuNa,  d'un  vert  très-clair,  cristallisable 
en  aiguilles  anbydres  et  longues.  Cet  arséniate  s'est  formé  en  précipitant  du 
sulfate  de  cuivre  et  de  l'arséniatc  de  soude,  en  proportions  différentes  de  celles 
employées  pour  le  composé  précédent. 


M.  le  D'  J.-L.  de  YRY 

Ancien  Cbargé  de  recherches  chimiques  aux  Indes  néerlandaises. 


PRINCIPE  AMER  DU  CITRUS  DECUMANA. 

(EXTRAIT  Dl'  PROCÈS-VERBAL.) 


—  Séance  du  29  août  1877.  — 

M.  le  docteur  J.  deYry  signale  la  présence  d'une  substance  amère  cristal- 
lisable, retirée  des  pétales  du  citrus  decumana,  arbre  qui  croit  dans  l'Inde,  l'Indo- 
Chine  et  dans  les  îles  de  la  Sonde. 

D'après  un  examen  trés-som maire  de  quelques-une  des  propriétés  de  cette 
substance  amère,  elle  ne  serait  pas  identique,  comme  on  l'avait  supposé  en 
1864,  avec  Yhespéridine  de  M.  Lebreton. 


M.  À.  BECHAMP 

Doven  de  la  Faculté  libre  de  Médecine  de  Lille. 


DÉRIVÉS  TRINITRÉS  DE  L'INULINE. 

(EXTRAIT  du  procès-verbal.) 


—   Ncance  du  S9  août  1877.  — 


M.  A.  Béchamî»  décrit  un  dérivé  lrinitré  de  l'inuline.  Ce  corps,  d'abord  en 
consistance  pâteuse,  devient  dur  quand  on  le  dessècne  sur  l'acide  sulfurique. 
M.  Béchamp  lui  assigne  la  formule  C12H707,3AzOr'  (équivalents). 

En  solution  élbéro-alcooliquc,  l'inuline  triuitrée  est  dextrogyre  et  a  uu  pouvoir 


DE    CLERMONT    ET    GUIOT.  SUR   LES   COMPOSÉS   DU   MANGANÈSE         385 

rolatoire  [a]  =  13°,6^*.  Soumis  à  l'action  de  l'eau  de  baryte,  ce  corps  se 
décompose  :  il  se  forme  du  nitrate  de  baryum,  sans  que  l'inuline  se  régénère. 
Le  produit  organique  obtenu  dans  ce  dédoublement  n'a  pas  été  étudié  ;  on  a 
constaté  seulement  qu'il  est  lévogyre. 


MM    de  CLEMONT  et  GrïïIOT 


SUR  LES  COMPOSÉS  DU  MANGANÈSE. 
SUR  LA  DISSOCIATION  DES  SELS  AMMONIACAUX  [H] 

(EXTRAIT  DU  PROCÈS-YERBAL.) 


—  Séance  du   29  août    1877.  — 

Transformation  du  sulfure  de  manganèse  rose  en  sulfure  vert.  —  Le  sulfure 
de  maganèse  rose  se  transforme  en  sulfure  vert  : 

1°  Quand  on  le  chauffe,  en  vase  clos,  à  la  température  de  303  degrés,  en 
présence  d'un  peu  d'eau,  ou  à  la  température  de  220  degrés  en  présence  d'un 
peu  d'ammoniaque  ou  d'hydrogène  sulfuré; 

2°  Quand  on  le  chauffe  à  une  certaine  température  avec  un  mélange  de 
faibles  quantités  de  suif  hydrate  d'ammoniaque  et  de  sulfure  de  potassium 
ou  de  sodium  ;  ou  bien  quand  on  le  soumet  à  l'action  d'un  courant  d'acide 
carbonique  ou  d'ammoniaque. 

D'après  MM.  de  Clermont  et  Guiot,  le  corps,  vert,  obtenu  dans  une  de  ces 
réactions,  n'est  pas  l'oxysulfure  comme  le  suppose  M.  Miick,  mais  bien  du 
sulfure  de  manganèse,  dans  un  état  d'hydratation  différent  de  celui  du  sulfure 
rose.  Ainsi,  tandis  que  le  sulfure  rose  desséché  à  105  degrés,  contient  9  pour  100 
d'eau,  le  sulfure  vert  desséché  dans  les  mêmes  conditions  est  anhydre  ;  tandis 
que  desséché  dans  le  vide  et  à  la  température  ordinaire,  le  sulfure  rose  re- 
tient 16,84  pour  100  d'eau,  le  sulfure  vert,  dans  les  mêmes  conditions,  n'en 
conserve  que  10,39  pour  100. 

Les  deux  sulfures  se  comportent  encore  différemment  à  l'égard  du  sel  am- 
moniac :  1000cc  d'une  solution  de  chlorhydrate  d'ammoniaque  saturée  à 
15  degrés,  dissolvent  0e,4260  de  sulfure  rose  et  0^0884  de  sulfure  vert. 

Oxydation  de  certains  sulfures  métalliques.  —  Quand  on  pulvérise  avec  les 
doigts  du.  sulfure  de  manganèse  rose,  qui  a  été  comprimé  et  un  peu  desséché 
entre  des  doubles  de  papier  «buvard,  il  se  produit  une  oxydation  rapide  et  tel- 
lement violente,  que  la  température  s'élève  de  15  à  60  degrés,  en  même  temps 
qu'il  se  dégage  de  la  vapeur  d'eau.  Les  sulfures  de  fer  et  de  nickel  se   com- 

(1)  Voir  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  T.  LXXXV,  p.  37,  73,  404. 


38G  CHIMIE 

portent  de  même  ;  tandis  qu'il  n'en  est  rien  avec  les  sulfures  de  cobalt,  de 
cuivre  et  de  zinc. 

La  grande  oxydabilité  du  sulfure  de  manganèse  se  manifeste  d'une  manière 
plus  intéressante.  Ayant  desséché  le  sulfure  de  manganèse  rose  dans  le  vide  et 
sur  l'acide  sulfurique,  MM.  de  C  1er  mont  et  Guiot  ont  constaté  que  le  sulfure 
s'échauffe  au  contact  de  l'air,  devient  incandescent  et  brûle  même  le  papier. 
Ce  pbénomène,  que  l'un  peul  comparer  avec  L'effet  du  pyrophore  de  Gay-Lus- 
sac,  ne  se  produit  pas  avec  les  sulfures  de  fer  et  de  nickel. 

L'oxydabilité  du  sulfure  de  manganèse  rose  est  entièrement  détruite,  si  on 
le  fait  bouillir  longtemps  avec  un  peu  de  chlorhydrate  d'ammoniaque  dans  le 
liquide  même  au  sein  duquel  il  s'est  produit.  Le  sulfure  vert,  traité  de  la 
même  façon,  conserve  encore  un  peu  île  cette  curieuse  propriété  :  seule  la 
surf;  ce  exposée  à  l'air  est  légèrement  oxydi 

Dissociation  des  sels  ammoniacaux  en  présence  de  certains  sulfures  métal- 
liques.  —  Une  solution  de  chlorhydrate  dissout,  à  la  température  ordinaire,  le 
sulfure  de  manganèse  précipité,  sans  qu'il  semblese  manifester  aucun  autre 
pbénomène;  mais,  si  l'on  chauffe  à  l'ébullition  le  mélange  île  ces  corps,  il 
y  a  dissociation  du  sulfure;  il  se  produit  du  chlorure  de  manganèse  et  du 
sulfhydrate  d'ammoniaque.  La  dissociation,  qui  tend  vers  une  limite  dans  les 
conditions  ordinaires,  continue  avec  Tébullition,  si  on  a  le  soin  de  remplacer 
l'eau,  au  fur  et  à  mesure  qu'elle  s'évapore.  De  cette  façon,  on  parvient  à  dis- 
socier une  quantité  considérable  de  eblorhydrate  d'ammoniaque. 

Les  auteurs  ont  constaté  que  les  autres  sels  ammoniacaux,  aussi  bien  à 
acides  inorganiques  qu'à  acides  organiques,  se  comportent  d'une  manière 
semblable  avec  les  sulfures  de  manganèse  et  de  fer,  mais  il  n'en  est  rien  avec 
le  sulfure  d'argent. 

Double  décomposition  des  sulfures  métalliques  par  l'eau.  —  En  chauffant,  dans 
un  appareil  distillatoire,  à  100  degrés,  du  sulfure  de  manganèse  rose,  en 
suspension  dans  l'eau,  il  s'échappe  une  solution  d'hydrogène  sulfuré. 

Ou  arrive  à  constater  dans  cette  solution  une  quantité  d'acide  sulfbydrique, 
représentant  la  40e  partie  du  soufre  contenu  dans  le  sulfure  employé.  Les 
sulfures  de  fer,  d'argent  et  les  deux  sulfures  d'antimoine  subissent  une  dé- 
composition  semblable,  quoique  moins  fortement.  Seul,  le  sulfure  de  plomb 
ne  semble  pas  être  attaqué. 

La  plupart  de  ces  sulfures  sont  également  décomposés  sous  l'influence  d'un 
courant  d'acide  carbonique. 

11  est  à  peine  nécessaire  de  faire  remarquer  la  grande  importance  des  faits 
que  nous  venons  d'énumérer,  et  au  point  de  vue  de  la  dissociation,  et  plus 
particulièrement  encore,  au  point  de  vue  de  leurs  applications  dans  les  ques- 
tions relatives  à  l'analyse  chimique. 


DE   CLERMONT.    —   PRÉPARATION   DES   SL'LFO-URÉES   COMPOSÉES  387 


M.  de  CLEMONT 

Sous-Directeur  du  laboratoire  de  chimie  à  la  Sorbonne. 


NOUVELLE  MÉTHODE  DE  PRÉPARATION  DES  SULFO-URÉES  COMPOSÉES- 

!  \1  H  Ul    M    l'Un  ÈS-VERBAL.) 


—  Séance  du  -'!)   août   1877.  — 

M.  de  Clermont  adresse  un  mémoire  sur  une  nouvelle  méthode  de  prépara- 
tion des  sulfo-urées  composées  de  la  série  aromatique  et  de  la  sulfo-urée. 

En  chauffant  à  100  degrés  un  mélange  de  solutions  aqueuses  de  chlorhydrate 
de  phénylamine  et  de  sulfocyanure  d'ammonium  ou  de  potassium,  il  se  pro- 
duit à  la  fois  la  double  décomposition  et  la  transformation  du  sulfocyanate  de 
phénylammonium  en  sulfophényiurée.  Ces  réactions  seront  mieux  comprises 
en  examinant  les  termes  des  deux  équations  suivantes  : 

(1)  Az  H2  C6  II'  II  Cl  +  C  Az-  S- Az  II' 
=  C  Az  -S- AzH3C6H3  +  AzHMICl 

(2)  Az  H2  C6  H5  H  Cl  +  C  Az  -  S  Az  H* 

Az.  H.  II       ^ 

Ainsi  qu'il  est  énoncé  plus  haut,  le  phénomène  que  l'on  saisit  est  celui 
représenté  parla  seconde  équation.  Cette  sulfo-urée  composée,  qui  est  cristalli- 
sable  et  qui  fond  à  iS-4  degrés,  chauffée  à  139-140  degrés,  en  vase  clos,  avec 
de  l'ammoniaque,  se  transforme  en  sulfo-urée  et  en  phénylamine  : 

CS<AzUHHG+AzH3  =  CS<AzS+AzH2C6H7 

Par  cette  même  méthode,  MM.  de  Clermont  et  Wehrlin  ont  préparé  deux 
sulfo-urées  composées  —  la  crésylsulfo-urée  et  la  naphtylsulfo-urée  : 

r  C/AzH.  C7H7   ,  „c     AzH.  C10H7 
LÏ5^AzH.  H       etLb<AzH.  H. 

Dans  le  courant  de  son  travail,  M.  de  Clermont  a  constaté  que  les  chlorhy- 
drates d'éthylamine  et  d'amylamine  ne  se  prêtent  pas  à  la  transformation  iso- 
mérique,  que  l'on  vient  de  signaler  pour  les  composés  de  la  série  aroma- 
tique :  l'action  se  limite  à  la  double  décomposition  que  représentent  les  termes 
de  la  première  équation. 


388  CHIMIE 


M.   SÉEÏÏLLAS 


SUR  UN  GLUCOSIDE  NOUVEAU  CONTENU  DANS  L'AVOINE. 


—  Séance  du  39  août  1877.   — 

Vers  le  commencement  du  siècle,  Bomare,  Parmentier,  Deslauriers  et 
Vogel,  à  propos  de  leurs  recherches  sur  les  céréales,  avaient  successive- 
ment signalé,  dans  la  décoction  des  graines  d'avoine,  la  présence  d'un 
arôme  analogue  à  celui  de  la  vanille.  Toutefois  ces  chimistes  s'étaient 
bornés  à  le  constater. 

Ce  fut  seulement  quelques  années  après,  que  M.  Journet  essaya  d'isoler 
le  corps  odorant  des  extraits  d'avoine,  mais  sans  pouvoir  y  réussir, 
ainsi  qu'il  l'a  reconnu  dans  son  unique  note  sur  ce  sujet  (Bulletin  de 
Pharmacie,  tome  VI,  p.  337).  C'est  donc  par  erreur,  que  le  traité  de 
Pharmacie  de  Soubeiran  lui  en  attribue  la  découverte. 

Plus  tard,  M.  Sacc,  se  basant  exclusivement  sur  ce  que  l'odeur  déga- 
gée par  les  extraits  d'avoine  offrait  un  rapprochement  avec  celle  des 
gousses  de  vanille,  en  a  conclu  que  le  parfum  de  l'avoine  se  retrouvait 
à  l'état  d'acide  hippurique  dans  l'urine  des  chevaux  ;  opinion  inadmis- 
sible, puisque  l'urine  des  vaches  fournit  une  proportion  beaucoup  plus 
considérable  de  cet  acide. 

Il  est  à  remarquer,  d'ailleurs,  que  les  observations,  les  essais  et  l'opi- 
nion, que  je  viens  de  relater,  remontent  à  une  époque  où  l'on  confon- 
dait encore  avec  l'acide  benzoïque  non-seulement  l'arôme  de  la  vanille, 
mais  les  parfums  de  tous  les  végétaux  exhalant  une  senteur  balsamique, 
plus  ou  moins  voisine  de  celle  du  benjoin. 

Quant  aux  analyses  de  l'avoine,  effectuées  depuis,  notamment  par 
M.  Pelouze,  elles  n'ont  décelé  la  présence  d'aucun  principe  aromatique. 

Il  ne  préexiste  pas,  en  effet,  de  principe  odorant  dans  l'avoine,  mais 
celle-ci  renferme  un  principe  immédiat  neutre,  qui  jusqu'à  présent  avait 
échappé  à.  l'analyse  et  qui  sous  l'influence  des  acides  dilués  ou  des  fer- 
ments solublcs,  se  dédouble  en  glucose  et  en  un  produit  d'odeur 
vanillique. 

On  peut  obtenir  ce  glucoside,  en  traitant  par  l'eau  bouillante,  dans 
un  appareil  à  déplacement  continu,  le  péricarpe  de  l'avoine  séparé 
complètement  des  gruaux  mondés  et  de  l'enveloppe,  grâce  à  des  moyens 
mécaniques  récemment  découverts.  On  précipite  la  solution  aqueuse  par 
l'acétate  neutre  de  plomb  et  on  reprend  la   liqueur  filtrée  par  l'acétate 


SÉRULLAS.    —   SUR    UN    GLUCOSIDE   NOUVEAU    CONTENU   DANS   L'AVOINE      389 

triplombique.  Le  précipité  qui  se  forme  est  recueilli,  lavé,  puis,  maintenu 
eu  suspension  dans  l'eau  chaude,  il  est  décomposé  par  un  courant 
très-lent  d'hydrogène  sulfuré.  Le  liquide,  séparé  par  la  tlltration  et 
évaporé  au  l/10c,  laisse  déposer  après  refroidissement  une  masse  cris- 
talline, susceptible  d'être  purifiée  par  de  nouvelles  cristallisations  dans 
l'eau. 

Purs,  les  cristaux  ainsi  obtenus  se  présentent  en  aigrettes  d'une  blan- 
cheur parfaite,  ils  sont  inodores,  insolubles  dans  l'alcool  absolu  et  dans 
l'éther,  peu  solubles  dans  l'eau  froide  et  très-solubles  dans  l'eau  bouil- 
lante, ainsi  que  dans  l'alcool  faible.  Ils  fondent  vers  220°,  au-delà  de 
celte  température,  ils  se  caramélisent  sans  donner  de  sublimé  cristallin. 
Ils  ne  sauraient  être  confondus  avec  les  cristaux,  de  coniférine,  car  en 
dehors  de  leur  point  de  fusion,  qui  est  de  beaucoup  inférieur,  ils  ne 
donnent  pas  avec  l'acide  sulfurique  concentré  cette  coloration  en  violet 
foncé,  caractéristique  du  glucoside  des  conifères. 

J'ai  trouvé  pour  leur  formule  condensée,  G14  H20  O8,  en  notation  ato- 
mique. Le  corps  que  j'ai  isolé  de  l'avoine  est  donc  un  glucoside  nouveau 
pour  lequel  je  propose  le  nom  à'avénéine  (1). 

Ayant  entrepris  l'étude  complète  de  ce  corps  et  de  ses  dérivés,  que  je 
me  propose  de  poursuivre  au  laboratoire  de  l'École  pratique  des  hautes 
études,  à  la  Sorbonne,  il  me  semble  préférable  d'attendre  d'avoir  ter- 
miné cette  étude  et  repris,  dans  une  nouvelle  série  d'expériences,  tous 
mes  résultats  analytiques,  avant  de  publier  les  formules  de  constitution 
des  dérivés  que  j'ai  déjà  obtenus. 

Je  me  bornerai  aux  indications  précédentes;  j'y  ajouterai  seulement 
que,  par  une  oxydation  ménagée  le  produit  de  dédoublement  du  gluco- 
side de  l'avoine,  donne  naissance  à  un  nouveau  corps,  susceptible  d'être 
enlevé  par  agitation  à  diverses  reprises  avec  l'éther  et  possédant,  outre 
la  forme  cristalline,  exactement  l'odeur  et  le  point  de  fusion  80°  —  81° 
de  l'aldéhyde  méthylprotocatéchique  ou  aldéhyde  vanillique,  principe 
aromatique  des  gousses  de  vanille. 

En  terminant,  je  signalerai  les  deux  faits  suivants  : 

1°  Si  l'acide  hippurique  de  l'urine  des  chevaux  ne  provient  pas  de 
transformations  successives  subies  par  l'avénéine,  j'ai  du  moins  rencontré 
probablement  ce  glucoside  sous  forme  de  l'un  de  ses  dérivés  vanilliques 
dans  le  lait  des  juments.  Ayant  agité  de  ce  lait  fraîchement  tiré,  avec 
quatre  fois  son  volume  de  sulfure  de  carbone  pur,  j'ai  obtenu  par  éva- 
poration,dans  le  vide,  de  ce  dissolvant  un  résidu  onctueux,  fort  minime, 
possédant  l'odeur  suave  de  la  vanille.  Le  résultat,  il  est  vrai,  n'a  pas  été 
constant,    car  il  m'est    arrivé  de   n'aboutir  qu'à   un  résidu    graisseux 

(1)  Le  rendement  du  péricarpe  en  avénéine  est  de  1.5  0/0  pour  les  avoines  noires. 


390  CHIMIE 

d'exhalaison  rance,  mais  cette  divergence  doit  tenir  aux  qualités  plus 
ou  moins  bonnes  des  avoines  données  comme  nourriture. 

2°  31.  Tiemann  a  affirmé  qu'il  n'existait  dans  les  gousses  de  vanille, 
eu  égard  à  leur  parfum  que  de  la  vanilline  et  un  peu  d'acide  vanillique. 
L'aldéhyde  vanillique  se  trouve  pourtant  —  d'après  les  propres  analyses 
de  M.  Tiemann  —  dans  ces  gousses  eu  proportion  inverse  de  leur  valeur 
commerciale.  D'autre  part  celles-ci  sont  inodores  quand  elles  viennent 
d'être  cueillies.  Il  y  a  là,  l'objet  de  recherches  que  je  compte  également 
pouvoir  effectuer. 


M.  LORIN 

Chef  des  manipulations  de  physique  à  l'École  centrale  des  Arts  et  Manufactures. 


L'ACIDE  OXALIQUE  DÉSHYDRATÉ  PEUT  SERVIR  A  CARACTÉRISER  LES  ALCOOLS 
POLYATOMIQUES.    -    FONCTION  CHIMIQUE  DE  L'INOSITE. 


—  Séance  'lu  29  août   /.S'77.  — 

1°  Dans  des  communications  aux  Congrès  de  Nantes  et  de  Clermont  sont 
indiqués  :  les  résultats  de  l'action  d'un  certain  nombre  d'alcools  polyatomiques 
proprement  dits  et  de  l'acide  oxalique  déshydraté,  la  préparation  de  l'acide 
formique  presque  à  son  maximum  de  concentration  qui  a  été  la  conséquence 
de  celte  étude,  et  enfin  les  limites  de  cette  action  qui  ont  fait  connaître  des 
sources  nouvelles  d'oxyde  de  carbone.  Ces  résultats  ont  été  généralisés  par 
leur  extension  à  d'autres  alcools. 

2°  Les  phénomènes  que  la  dulcite  présente  avec  l'acide  oxalique  ordinaire 
sont  identiques  à  ceux  qu'ont  présentés  les  autres  alcools  polyatomiques  étu- 
diés, mais  une  différence  se  manifeste  avec  l'acide  déshydraté,  qu'il  s'agisse 
de  la  dulcite  ou  de  sa  formine  brute:  l'oxyde  de  carbone  ai  paraît  immédiate- 
ment, sa  production  étant  plus  restreinte  avec  la  formine,  cas  qui  corres- 
pond à  une  préparation  normale  d'acide  formique  concentré.  Après  une  ving- 
taine d'additions  de  l'acide  oxalique  déshydraté,  la  proportion  d'oxyde  de 
carbone  augmente,  et  si  on  soumet  le  résidu  à  une  chaleur  modérée  et 
continue,  on  a  une  source  constante  d'oxyde  de  carbone  d'une  pureté  presque 
absolue. 

3°  La  quercite  fournit  <ïf>  conclusions  analogues  ,  quoique  moins  faciles  à 
vérifier,  notamment  avec  l'acide  déshydraté.  A  une  température  plus  élevée 
correspond  nécessairement  une  richesse  moindre  pour  l'acide  formique  con- 
centré, et  partant,  une  proportion  plus  grande  d'oxyde  de  carbone,  variant  de 


\.    GAUTIER.    —    SUR    LES    CATÉCHINES  301 

10  à  20  0/0  du  volume  gazeux  total.  Ces  faits,  et  d'autres  qui  sont  dus  à 
M.  Prunier,  tendent  à  fixer  la  place  de  la  quercile  à  la  limite  des  alcools  polya- 
to  iniques. 

4°  Les  sucres  sont  altérés  par  l'acide  oxalique  déshydraté  sans  production 
des  acides  carbonique  et.  formique. 

5°  D'après  son  action  sur  les  acides  oxaliques ,  la  l'onction  chimique  de 
Yinosite,  corps  très-important  en  physiologie,  végétale  ou  animale,  est  celle 
d'un  alcool  polyatomique  proprement  dit.  L'acide  ordinaire  agit ,  mais  à 
lit:»  degrés,  comme  avec  la  glycérine,  le  glycol,  etc.,  les  acides  formiques 
titrant  9,  13,  16,  2<i,  40,  50  et  5:!.  L'acide  déshydraté  a  fourni  encore  de 
l'acide  formique  concentré,  de  l'acide  carbonique  et  une  proportion  d'oxyde  de 
carbone  encore  plus  accentuée  qu'avec  la  quercite.  L'inosite  avait  résisté  à  la 
décomposilinii  après  plusieurs  mois  qu'ont  duré  ces  expériences. 

6°  La  proposition  suivante  résume  cette  note  :  Tous  les  alcools  polyatomiques 
proprement  dits  décomposent  l'acide  oxalique  déshydraté,  avec  production  simulta- 
née des  acides  formique  et  carbonique,  et  de  gaz  oxyde  de  carbone;  l'inosite  est 
un  de  ces  alcools. 


M.  A.  GAUTIER 

Professeur  abrégé  de  In  Faculté  de  Médecine  do  Paris. 


SUR  LES  CATÉCHINES  (1). 
(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  29  août  iSTi.  — 

Il  résulte  des  expériences  de  M.  Gautiek,  que  la  composition  des  catéchines, 
déduite  de  nombreuses  analyses,  est  représentée  par  la  formule  C"2i  H18  O8  ;  mais 
cette  formule  renferme  deux  atomes  de  carbone  de  plus  que  la  somme  des 
atomes  de  cet  élément  contenus  dans  les  produits  de  dédoublement  des  caté- 
chines, sous  l'influence  de  la  potasse  caustique.  Examinant  très-attentivement 
ces  produits  de  dédoublement,  M.  Gautier  y  a  découvert  outre  l'acide  proto- 
catéchique  et  la  fluoglucine  signalés  par  Hlasiwetz,  une  certaine  quantité  d'a- 
cide formique,  que  l'on  peut  considérer  comme  provenant  du  dédoublement  de 
l'acide  oxalique,  dont  la   molécule  renferme  2  atomes  de  carbone. 

L'auteur  retrouve  ainsi,  dans  tous  ces  produits,  le  nombre  d'atomes  de  car- 
bone que  ces  analyses  élémentaires  avaient  révélé  dans  la  molécule  des» 
catéchines. 

Guidé  par  des  considérations  de  haute  théorie  chimique,  M.  Gautier  aborde 

(I)  Voir  Compta  rendus  del'Acad.  des  Se,   t.  LXXXV,  p.  342,  732. 


392  CHIMIE 

la  question  de  la  constitution  des  catéchines.  Il  suppose  que  cette  constitution 
peut  être  représentée  par  la  formule  graphique  suivante  : 

■^  011 

C°IP-  o  11 

^  CO-CH.OH 

G0H3OH.  OH-CII— OH.  0H.C«H3 

Par  la  nature  même  de  ce  compte  rendu,  nous  sommes  forcé  de  renvoyer  le 
lecteur  au  mémoire  original. 


M.  PETIT 

Pharmacien  à  Paris. 


PREPARATION  DE  LA  PILOCARPINE. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—   Séance  du  29  août   1877.   — 

M.  Petit,  pharmacien,  fait  connaître  un  procédé  de  préparation  de  la  pilo- 
carpine.  Les  feuilles  de  jaborandi,  réduites  en  poudre  grossière,  sont  épuisées 
par  de  l'alcool  à  85  degrés.  Cet  alcool  est  soumis  à  la  distillation  pour  séparer 
l'alcool,  et  le  résidu  aqueux  évaporé  jusqu'à  consistance  d'extrait.  Cet  extrait 
est  dilué  dans  de  l'eau  distillée,  pour  séparer  une  matière  résineuse  d'avec  une 
solution  aqueuse  qui  doit  être  filtrée.  A  cette  solution  filtrée,  on  ajoute  un 
excès  d'ammoniaque,  puis  on  agite  le  tout  avec  du  chloroforme,  qui  dissout  la 
pilocarpine.  On  distille  le  chloroforme,  pour  le  faire  servir  à  un  nouvel  épui- 
sement. Trois  traitements  par  le  chloroforme  sont  nécessaires. 

Les  résidus  de  la  distillation  du  chloroforme,  constitués  de  pilocarpine  impure 
sont  saturés  exactement  par  de  l'acide  nitrique  dilué.  Le  produit  obtenu,  après 
avoir  été  additionné  d'un  peu  d'eau,  est  filtré  à  sec,  au  bain-marie.  Parla,  on 
obtient  une  masse  cristalline  de  pilocarpine  encore  impure,  que  l'on  purifie  en 
la  dissolvant  dans  de  l'alcool  à  9o  degrés,  bouillant,  et  filtrant  la  solution 
alcoolique  à  travers  un  peu  de  charbon  animal.  Par  le  refroidissement,  on  a 
des  cristaux  de  nitrate  de  pilocarpine  pure. 

D'après  M.  Petit,  le  rendement  que  l'on  obtient  est  de  5  grammes  par  kilo- 
gramme de  jaborandi. 

Le  nitrate  de  pilocarpine  a  un  pouvoir  rotatoire  de  +  76°,  pour  la  raie  D. 
Il  se  prête  facilement  à  la  préparation  delà  pilocarpine. 

Cette  base  s'unit  aux  acides  chlorhydrique  et  bromhydrique,  en  donnant  des 
sels  cristallisables. 

L'auteur  en  a  préparé  également  un  chloroplatinate. 


DE    VRY.    —   EXTRACTION    DE    LA   QUINIDINE 


M.  de  VRY 

Ancien  Chargé  d^s  recherches  chimiques  aux  Indes  Néerlandaises. 


393 


EXTRACTION  DE  LA  QUINIDINE. 

(EXTRUT  DO  PROCÈS-VERBAt.) 


—    Séance  du  29  août    1877.   — 


M.  le  Dr  J.  E.  de  Vrï  fait  connaître  un  procédé  permettant  d'extraire  la 
quinidine  de  la  quinoïdine  du  commerce. 

Par  sa  grande  autorité  dans  toutes  les  questions  relatives  aux  quinquinas, 
on  nous  saura  gré  de  rendre  très-fidèlement  dans  ce  compte  rendu  tous  les 
renseignements  sur  les  alcaloïdes  des  quinquinas  fournis  par  le  savant  chimiste 

de  La  Haye. 

«  La  quinoïdine  du  commerce  renferme  généralement  une  quantité  plus  ou 
moins  grande  de  quinidine,  alcaloïde  découvert  en  1833  par  Henry  et  Delondre 
et  décrit  en  1853  par  M.  Pasteur.  Plusieurs  observateurs  ont  méconnu  la  pré- 
sencede  la  quinidine  dans  les  quinoïdincs,  malgré  la  facilité  avec  laquelle  cette 
substance  cristallise  et  la  faible  solubilité  de  son  iodhydrate,  qui  exige  non 
moins  de  1200  parties  d'eau  froide  pour  se  dissoudre,  M.  de  Viy  rapporte  un 
fait  constaté  par  lui,  à  savoir  que  dans  une  quinoïdine  de  la  maison  Jobst,  de 
Stuttgart,  achetée  à  raison  de  8  fr.  50  c.  le  kilogramme,  il  a  trouvé  10  pour 
100  de  quinidine.  11  ajoute  que  même  l'éminent  directeur  de  la  fabrique  de 
sulfate  de  quinine  de  la  maison  Jobst,  M.  Hesse,  qui  nie  encore  la  découverte 
de  la  quinidine  faite,  en  France,  en  1833,  par  Henry  et  Delondre,  et  qui  a 
donné  arbitrairement  à  cet  alcaloïde  le  nom  de  conquinine,  a  commis  l'erreur 
de  la  laisser  dans  la  quinoïdine. 

Yoici  la  méthode  d'extraction  recommandée  par  M.  de  Yry  : 

320  grammes  de  quinoïdine  de  commerce  sont  dissous  dans  un  litre  de 
solution  chlorhydrique  normale  (contenant  3Ge,5  de  H  Cl  par  litre).  Si  la  qui- 
noïdine n'est  pas  trop  impure,  on  obtient  une  solution  de  couleur  très-foncée, 
mais  à  réaction  alcaline.  L'auteur  fait  remarquer  en  passant  que  cette  réac- 
tion alcaline  appartient  à  tous  les  sels  neutres  des  alcaloïdes  des  quinquinas,  fait 
important  et  dont  plusieurs  n'ont  tenu  souvent  aucun  compte. 

La  solution  chlorhydrique  de  quinoïdine  est  chauffée  au  bain-marie  et  addi- 
tionnée d'un  demi-litre  de  solution  normale  de  soude  caustique  (contenant  40§r 
de  NaOH  par  litre) .  Par  là,  on  précipite  une  matière  résineuse  noirâtre,  qu'il 
importe  d'éliminer.  On  obtient  alors  une  solution  de  couleur  peu  foncée,  et  dont 
on  peut  extraire  la  quinidine,  soit  au  moyen  de  l'acide  tartrique.  soit  au  moyen 
de  l'iodure  de  potassium. 

[a]  Méthode  de  séparation  par  l'acide  tartrique.  —  On  précipite  tous  les  alca- 
loïdes contenus  dans  la  solution,  en  y  ajoutant  un  excès  de  soude  caustique. 
Le  précipité   obtenu,  lavé,   encore  humide,  est  dissous  à  chaud  dans  une  so- 


39  i  chimie 

lation  concentrée  d'acide  tartriqoe;  contenant  par  litre  un  demi  équivalent,  en 
grammes,  d'acide.  Par  le  refroidissement  et  le  repos,  la  quinidine  se  sépare 
sous  forme  de  tartrate  acide,  sel  peu  soluble  dans  l'eau  froide. 

[6]  Méthode  de  séparation  par  Viodure  de  potassium.  —  Quand  on  veut  em- 
ployer la  méthode  de  séparation  par  l'iodurc  de  potassium,  on  acidulé  par 
l'acide  acétique  la  solution  séparée  de  la  matière  brune  résineuse.  A  ce  liquide 
acétique,  on  ajoute,  peu  à  peu,  de  l'iodure  de  potassium  dissous,  jusqu'à  ce  que 
le  trouble  laiteux,  qui  se  produit  et  qui  disparait  par  l'agitation,  devienne  per- 
sistant. Ce  troulile  laiteux  est  dû  à  la  formation  d'iodhydrate  de  quinidine. 

M.  de  Vry  ajoute  encore  quelques  mots  sur  :  l'action  de  V acide  sulfurique 
sur  une  solution  alcoolique  de  quinoïdine  du  commerce. 

Si,  à  une  solution  aussi  concentrée  que  possible  de  320  grammes  de  quinoï- 
dine du  commerce  dans  l'alcool  à  93°,  on  ajoute  49  grammes  d'acide  sulfu- 
rique dilué  dans  100  grammes  d'alcool  à  4o°,  le  mélange  devient  un  peu 
laiteux  et  se  sépare,  par  le  repos,  en  deux  couches.  La  couche  inférieure, 
sirupeuse,  contient,  outre  une  foule  d'autres  substances,  de  la  cinchonine.  La 
couche  supérieure,  plus  abondante,  moins  colorée,  limpide  et  très-fluide, 
contient,  avec  plusieurs  autres  principes  immédiats,  de  cinchonidine,  de  la 
quinidine  et  quelquefois  aussi  de  la  quinine. 


M.  Eugène  MAECHAO 

Correspondant    de   l'Académie  de  médecine  à  Fécamp. 


ANALYSE  DU  LAIT. 


—  Séance  du  29  août   i 877.   — 

M.  Eugène  Marchand,  de  Fécamp,  appelle  l'attention  de  la  section 
sur  les  divers  procédés  d'analyse  mis  en  œuvre  par  Les  chimistes  pour 
arriver  à  la  connaissance  delà  composition  du  lait.  Il  s'attache  à  mettre 
en  évidence  les  écarts  que  l'on  observe  dans  les  renseignements  four- 
nis par  des  opérateurs  habiles,  agissant  par  des  méthodes  différentes. 
Ainsi,  par  exemple,  dans  le  lait  de  femme,  dont  la  composition  est  si 
utile  à  connaître,  la  proportion  de  lactine  contenue  dans  100  parties 
en  poids,  est  de  5.3  en  moyenne,  selon  M.  A.  Gautier  (1),  d'après 
tous  les  travaux  publiés. 

Les  expériences  de  MM.  Vernois  et  Becquerel  fixèrent  cette  propor- 
tion à  4.36.  Selon  Simon,  elle  oscille  entre  3.92  et  5.76.  Les  analyses 
de  Doyère  la  montrent  comprise  entre  6.9  et  7.5.  Filhol   et   Joly  l'ont 

).  Dictionn.  de  Chimiz  pure  et  appliqu  e,  de  Wurtz.  T.  XII.  p.  191  et  197.  Art.  Lait. 


EUGÈNE  MARCHAND.  —  ANALYSE  DU  LAIT  395 

trouvée  oscillant  de  4.85  à  7.15.  Enfin,  M.  Marchand  lui-même  Ta  trouvée 
comprise  entre  7. 03  el  7. 98,  tandis  que  M.  Charles  Marchand,  son  fils, 
uni  continue  avec  persévérance  ces  sortes  de  recherches,  assure  qu'elle 
varie  entre  6.75  et  8.08  lorsque  la  nourrice  est  en  bonne  santé.  La 
moyenne  des  recherches  tic  ce  dernier  opérateur  donne  7.17. 

Les  chimistes  ne  sont  pas  plus  d'accord  sur  la  richesse;  en  matière 
sucrée  du  lait  fourni  par  les  femelles  des  diverses  espèces  animales. 
Pour  n'en  citer  qu'un  exemple,  le  plus  important  entre  tous,  parce  que 
ce  lait  sert  pour  l'alimentation  des  hommes,  el  qu'on  l'emploie  souvent 
pour  opérer  l'allaitement  artificiel  de  leurs  curants,  le  lait  de  vache  ne 
contient  jamais  moins  de  50  grammes  de  lactine  par  litre,  selon  le  doc- 
teur Rosenthal,  lorsque  les  hèles  qui  le  sécrètent  sont  dans  des  conditions 
normales  de  santé.  M.  Marchand  partage  cette  opinion,  et  il  assure  de 
son  côté  que,  parmi  les  très-nomhreuses  analyses  qu'il  a  eu  l'occasion 
de  faire,  il  ne  s'est  jamais  trouvé  en  (Hat  de  constater  un  seul  t'ait  con- 
tradictoire quand  il  opérait  sur  du  lait  récemment  tiré,  comme  il  n'a 
jamais  rencontré  un  produit  de  sécrétion  normale  qui  contienne  au-delà 
de  5.5  de  matière  sucrée  pour  100,0  de  son  poids.  Il  a  trouvé  que  la 
moyenne  richesse  du  lait  fourni  par  les  vaches  entretenues  dans  le 
pays  de  Caux  est  de  S. 185.   Eh  bien!  cette  proportion  oscille  de  : 

2.8     à  2.95  selon  Simon, 

3.0     à  3.8       —    Lyon  Playfer, 

4.16  à  4.86    —     Millon  et  Commaille, 

4.06  à  5.6      —     Filhol  et  Joly, 

4.7  à  6.30    —    Boussingault  et  Lebel, 
5.3     à  5.95     —    Chevallier  et  Henry. 

Et  elle  est  en  moyenne  de  : 

4.3  selon  Doyère, 
4.037  —  Gorup  Besanez, 
5.w27     —  Poggiale. 

Selon  M.  Marchand,  lorsque  les  proportions  de  la  lactine  sont  au-dessous 
de  5  grammes  pour  un  décilitre  de  lait  dans  l'espèce  bovine,  et  au- 
dessous  de  6.8  pour  100.0  dans  l'espèce  humaine,  la  cause  des  énormes 
différences  mises  en  évidence  par  les  chiffres  posés  ci-dessus  ne  peut 
être  due  qu'à  l'une  de  ces  trois  causes  : 

Ou  le  lait  a  été  examiné  à  une  époque  trop  rapprochée  de  celle  de  la 
naissance  du  jeune  être  auquel  il  est  naturellement  destiné,  ou  bien  l'ana- 
lyse a  été  exécutée  sur  des  échantillons  d'un  produit  altéré  par  son  exposi- 
tion trop  longtemps  prolongée  au  contact  de  l'air.  Cette  altération  se 
produit  d'autant  plus  rapidement  que  la  température  ambiante  est  plus 


396  CHIMIE 

élevée.  Enfin  le  lait  sécrété  par  des  êtres  atteints  de  maladies  graves  ou 
d'une  affection  des  organes  reproducteurs,  est  fort  souvent  moins  sucré 
que  le  lait  normal.  Lorsqu'une  femme  nourrice  est  menstruée,  la  pro- 
portion de  la  lactine  diminue  sensiblement  au  moment  de  l'apparition 
des  règles,  et  pendant  leur  écoulement  ;  elle  se  relève  ensuite  à  son  taux 
normal. 

En  résumé,  lorsque  le  lait  examiné  est  bien  récent,  qu'il  provient 
d'un  être  en  bonne  santé,  et  qu'il  est  tiré  depuis  assez  peu  de  temps 
pour  que  ses  qualités  soient  encore  normales,  c'est  le  procédé  employé 
pour  opérer  le  dosage  de  la  lactine  qui  doit  être  rendu  responsable  des 
écarts  en  plus  et  en  moins,  que  l'analyse  signale  au-dessus  ou  au-dessous 
des  chiffres  indiqués  par  M.  Marchand  comme  normaux. 

Le  dosage  de  la  lactine  est  opéré  en  effet  dans  des  conditions  fort 
diverses,  soit  à  l'aide  du  sa^charimètre,  soit  au  moyen  de  la  liqueur 
cupro-potassique.  Le  saceharimètre  donne  des  résultats  trop  faibles, lors- 
que l'on  ne  prend  pas  le  soin  d'éliminer  du  sérum  soumis  à  l'examen, 
les  matières  protéïques  qu'il  tient  en  dissolution  et  qui  possèdent  des 
qualités  gyratoires  opposées  à  celles  de  la  lactine.  C'est  pour  ne  pas 
avoir  tenu  compte  de  cette  influence  que  les  analyses  publiées  par 
MM.  Vernois  et  Becquerel  sont  toutes  entachées  d'une  erreur  fort  grave, 
qui  les  rend  inutiles  pour  les  études  de  physiologie. 

M.  Marchand  insiste  pour  que  le  dosage  de  la  lactine  dans  le  lait  soit 
exécuté  par  la  méthode  du  docteur  Rosenthal,  en  se  servant  de  la  liqueur 
de  Fehling  (1).  On  opère  en  mélangeant  5  centimètres  cubes  du  lait  à 
examiner  avec  20  centimètres  cubes  d'eau  distillée,  et  l'on  fait  agir  ce 
liquide  (non  coagulé  ni  filtré)  à  l'ébullition,  sur  2V  centimètres  de  liqueur 
bleue  délayée  avec  un  peu  d'eau,  dans  un  tube  d'essai  en  verre  ayant 
au  maximum  2  centimètres  de  diamètre.  Le  liquide  assujetti  à  l'essai 
est  jaugé  dans  une  burette  graduée,  que  le  docteur  Rosenthal  a  fait 
connaître,  et  dont  100  divisions  occupent  une  capacité  de  8C,C.32.  Lors- 
que la  liqueur  de  Fehling  est  convenablement  titrée,  il  suffit  d'employer 
le  lait  étendu  d'eau  contenu  entre  20  de  ces  divisions,  si  ce  lait  contient 
par  litre  50  grammes  de  lactine. 

.M.  Marchand  a  recours  depuis  plus  de  vingt  ans  a  la  méthode  d'essai 
et  aux  instruments  du  docteur  Rosenthal,  qui  lui  fournissent  des  résul- 
tats dont  l'exactitude  est  toujours  confirmée  quand  on  les  contrôle  avec 
soin  par  d'autres  procédés.  Il  insiste  fortement  pour  que  ce  mode  de 
dosage  si  simple,  si  commode,  et  si  rapide  soit  adopté.  En  opérant  à 
l'ébullition  sur  10  centimètres  cubes  de  liqueur  cupro-potassique,  dans 
une  capsule  de  porcelaine  ou  dans  un  ballon,  comme  cela  se  pratique 

H)  Journal  de  pharm.  et  de  chim.,  3e  séné,  t.  XXVI,  année  1854,  p.  2U. 


EUGÈNE  MARCHAND.  —  ANALYSE  bU  LAIT  397 

ordinairement,  l'opération  dure  long-temps;  elle  exige  une  assez  grande 
quantité  de  lait  ou  de  sérum,  et  le  point  juste  où  la  réduction  du  sel 
de  cuivre  est  complète  s'apprécie  si  difficilement  que  souvent  il  s'ap- 
précie mal.  Avec  le  tube  étroit  du  docteur  Rosenthal  le  dosage  est  fait 
en  quelques  instants,  et  la  marche  de  la  réaction  est  si  facile  à  suivre 
que  des  élèves  peu  exercés  arrivent  rapidement  à  saisir  le  moment  juste 
où  elle  est  accomplie  d'une  façon  complète. 

M.  Béchamp  confirme  l'opinion  émise  par  M.  Marchand. 

Maintenant,  du  dosage  de  la  lactine  dépend  celui  de  la  matière  pro- 
téique  contenue  dans  le  lait,  puisque  c'est  toujours  par  différence  que 
cette  matière  est  appréciée  (1).  Aussi  voit-on  encore  les  renseignements 
les  plus  contradictoires  sur  la  richesse  du  lait  en  cette  matière  dans  les 
diverses  espèces  animales,  quand  on  compare  les  résultats  des  analyses 
publiées.  Voici  à  cet  égard  quelques  chiffres  fort  intéressants  : 

LAITS  DE  FEMMES. 

Caséum.      Lactine.     Total. 

Selon  Simon 1.96      5.76        7.7-2 

—  ...     2.20       3.20        7.40 

•       "     *'52      3'92        SAi 
.    .    .     3.55      3.95        7.50 

—  ...     3.  7      4.54        8.24 
...     3.  9      4.  9        8.80 

Selon  Becquerel  et  Vernois 3.92      4.30        8.28 

—  Doyère 1.53      G. 90        8.43 

_  ...     1.17      7.50        8.07 

—  Filhol  et  Joly 1.50      G. 00        8.10 

...     0.89      7.15        8.04 

—  •    •    •     °-83      G-90        7-7:i    , 
_                               ...     0.85      6.80        7.65 
_               ,;  ...     0.85      4.83(!)    5.70(7); 

Selon  Charles  Marchand,  en  moyenne    1.70      7.17       8.87 

—  Eugène  Marchand  —  1.38      7  36        8.74 

LAITS  DE  VACHES. 

Selon  Millon  et  Commaille 3.68      4.24        7.92 

—  Boussingault  et  Lebel 3.  9      4.  7       8.  G    . 

•   •   •    3-  A      s'  3       8-  7       Même  vache, 
_  ...     3.  4      6.  9.  4    ) 

—  LyonPlayfer S.  4      3.  8       9.  2    j 

—  ...     3.  9      3.  6.  9    |  Même  vache. 
_                                    .    .     4.  9      3.  8        8.  7     ) 


(1)  La  mati&re  protéique  se  présente  dans  le  lait  sous  différents  états  :  caséine,  albumine,  lacto- 
protéine,  etc.;  quand  on  la  dose  en  bloc,  on  la  désigne  sous  le  nom  de  caséum. 


398  CHIMIE 

Selon  Simon 7.  2  2.  8  10. 

—                                      ...  G.  8  2.1)5  9.73 

—  Doyère. 4.  2  4.  3  8.  5 

—  Poggiale 3.  8  5.27  9.07 

—  Filhol  et  Joly 4.23  4.7o  9. 

—  ...     4.35  5.   (i  10.15 

—  ...     3.90  1.06  7.96 

—  Chevallier  et  Henrv,  en  moyenne  4.  2  3.  3  9.  5 

—  Gorup  Besanez.    .......     5.  4  4.  0  9.  4 

—  Eugène  Marchand,  en  moyenne    2.38  5.19  7.57 

Ainsi  il  résulte  de  tous  ces  chiffres  que  la  proportion  des  matières 
protéiques  augmente  ou  diminue  en  raison  inverse  de  celle  de  la  lac- 
une, tandis  que  leur  poids  total  reste  constant.  Cette  dernière  proposi- 
tion est  seule  confirmée  par  l'expérience.  L'autre  est  inexacte. 

Il  paraît  probable  à  M.  Marchand  que  dans  beaucoup  de  circonstances 
la  proportion  du  caséum  se  trouve  portée  à  un  chiffre  trop  élevé,  par 
suite  des  difficultés  que  l'on  éprouve  à  opérer  la  dessiccation  parfaite  du 
résidu  de  l'évaporation  du  lait.  Il  est  nécessaire  en  effet  que  la  matière 
à  dessécher  ne  soit  pas  trop  volumineuse,  qu'elle  se  trouve  amenée  à 
un  état  avancé  de  division,  et  que  la  dessication  soit  poussée  jusqu'à 
son  dernier  terme  à  une  température  aussi  voisine  que  possible  de  99° 
mais  ne  la  dépassant  pas,  car  à  100°  le  résidu  commence  déjà  à  prendre 
une  couleur  ambrée. 

Souvent  aussi,  la  proportion  du  caséum  se  trouve  exagérée,  parce 
que  pour  isoler  cette  matière  on  coagule  le  lait,  à  la  température  de 
l'ébullition,  sous  l'influence  de  quelques  gouttes  d'acide  acétique.  On 
recueille  le  magma  solide  sur  un  filtre  ;  on  le  lave  avec  soin;  on  l'épuisé 
du  beurre  qu'il  renferme,  par  l'éther;  on  le  dessèche  et  on  le  pèse. 
M.  Marchand  n'adopte  pas  cette  manière  d'opérer  :  d'abord,  le  caséum 
se  lave  mal;  il  retient  toujours  une  petite  quantité  de  lactine  et  une 
plus  forte  de  sels  terreux  (des  phosphates),  ainsi  que  des  proportions 
encore  sensibles  de  beurre  dont  il  est  impossible  de  le  débarrasser.  De 
là  l'exagération  du  chiffre  qui  lui  est  attribué. 

Il  est  encore  une  autre  cause  d'erreur  qui  se  produit  dans  la  déter- 
mination du  caséum.  C'est  celle  qui  n'est  jamais  évitée  quand  on  opère 
l'analyse  d'un  lait  ayant  déjà  subi  des  modifications  dans  sa  constitution 
par  suite  de  son  exposition  à  l'air.  Alors  une  proportion  variable  de 
lactine  s'est  transformée  en  acide  lactique  dont  le  poids  sensiblement 
égal  au  sien,  et  que  l'on  a  le  tort  de  laisser  toujours  indéterminé,  se 
retrouvant  compris  dans  celui  du  résidu  fixe  obtenu  de  l'évaporation  du 
lait,  se  trouve  ainsi  ajouté  au  poids  des  matières  protéiques  déterminé 
par  différence. 


EUGÈNE    MARCHAND.    —    ANALYSE    DU    LAIT  399 

En  présence  de  ces  laits,  M.  Marchand  a  adopté  le  mode  d'essai  qu'il 
décrit  ainsi  : 

«  Je  dose  la  lactine  par  la  méthode  du  Dr  Rosenthal  qui  est  à  l'abri 
de  tout  reproche,  et  donne  des  résultats  sur  l'exactitude  desquels  on 
peut  compter. 

»  Je  dose  le  beurre  dans  mon  lacto-butyromètre  dont  je  n'ai  plus  à 
faire  connaître  la  construction,  ni  le  mode  d'emploi  (1).  On  a  reproché  à 
cet  instrument  'le  ne  donner  (pie  des  résultats  approchés!  Je  crois  pou- 
voir assurer  que  ceux,  qu'il  fournit  sont  beaucoup  plus  exacts,  en 
moyenne,  que  ceux,  obtenus  par  les  méthodes  d'analyse  directe,  car 
lorsque  l'on  opère  dans  des  conditions  d'expérience  bien  rigoureuses, 
c'est-à-dire  sur  des  volumes  absolument  égaux  de  lait,  d'éther  à  62°  et 
d'alcool  à  86°,  la  séparation  de  la  matière  appréciable  est  toujours 
rigoureusement  proportionnelle  à  la  richesse  en  beurre,  du  lait  intro- 
duit dans  l'instrument.  Il  suflit  donc  de  bien  jauger  ce  lait.  Cela  est 
toujours  facile 

»  Quand  on  veut  opérer  par  l'une  des  méthodes  directes  qui  ont  été 
proposées,  il  est  presque  impossible  d'isoler  toute  la  matière  solublc  dans 
Féther,  et  ce  n'est,  je  puis  l'assurer,  qu'en  lavant  le  lait  lui-même  avec 
de  Féther,  après  l'avoir  convenablement  alcalisé  avec  quelques  gouttes 
de  soude  caustique,  comme  je  l'ai  conseillé  lorsque  j'ai  fait  connaître 
le  lacto-butyromètre  (2),  que  l'on  peut  arriver  à  un  résultat  satisfaisant. 
Mais  alors,  il  faut  employer  des  quantités  d'éther  relativement 
considérables,  et  l'opération  demande  beaucoup  de  temps  pour  être  bien 
faite. 

»  Dans  les  deux  opérations  précédentes,  l'on  a  dosé  deux  éléments, 
le  beurre  et  la  lactine.  Voici  comment  j'opère  pour  déterminer  les  autres  : 
»  D'abord,  5  grammes  de  lait  sont  soumis  à  l'évaporation  lente  dans 
une  petite  capsule  de  porcelaine.  Le  résidu  convenablement  divisé  et 
desséché  est  pesé,  puis  soumis  à  l'incinération  dans  une  capsule  de 
platine  chauffée  à  la  flamme  du  gaz  sur  un  bec  de  Bengel,  ou  à  la  flamme 
d'une  lampe  à  alcool.  Les  matières  organiques  se  détruisent  par  la  cal- 
cination  et  les   cendres  restent  pour  résidu  ;  on  en  prend  le  poids . 

»  M.  A.  Gautier,  dans  le  Dictionnaire  de  chimie  pure  et  appliquée 
(article  Lait),  reproche  à  ce  mode  d'incinération  de  devoir  donner  une 
proportion  de  cendres  trop  faible,  parce  que  selon  lui,  la  matière  saline 
non  mélangée  de  carbonate  de  soude  subit  une  réduction  pendant  la 
calcination.  Cette  réduction  n'est  pas  à  redouter  lorsque  l'on  opère  sur 

(1)  Le  lacto-butyromètre  se  trouve  avec  l'instruction  sur  son  emploi,  chez  MM.  Alvergniat  frères, 
10,  rue  de  la  Sorbonne,  à  Paris.  M.  Marchand  ne  recommande  que  ceux  de  ses  appareils  qui 
sortent  de  chez  ces  habiles  et  consciencieux  constructeurs. 

(2]  Journal  ph.  et  chim.  3e  série,  T.  XXVI,  année  1854,  p.  351.  Ce  procédé  nous  revient  au- 
jiurd'hui  d'Allemagne  sous  le  nom  d'un  chimiste  prussien!!! 


400  CHIMIE 

une  flamme  de  dimension  convenable,  mais  si  elle  venait  à  s'opérer, 
elle  serait  sans  importance,  puisque  les  causes  d'erreur  ne  pourraient 
porter  que  sur  une  élimination  partielle  de  l'acide  carbonique,  dont  la 
disparition  serait  signalée  par  la  présence  dans  le  résidu  fixe  d'un  oxyde 
caustique  lui  donnant  la  propriété  de  rougir  la  teinture  aqueuse  du 
Curcuma. 

«  C'est  un  phénomène  que  je  n'ai  jamais  eu  l'occasion  de  remarquer. 

»  Indépendamment  de  la  caséine,  le  lait  contient  toujours  aussi  d'au- 
tres matières  protéiques,  incapables  de  se  coaguler  spontanément  par  la 
fermentation  lactique,  ni  sous  l'influence  de  l'acide  acétique  ou  de  la 
présure  (1).  Il  est  utile  de  doser  aussi  ces  matières,  que  dans  les  analyses 
ordinaires  l'on  peut  confondre  toutes  ensemble  sous  le  nom  générique 
^albumine. 

»  Voici  comment  ce  dosage  peut  être  opéré  : 

»  A  400  grammes  de  lait,  ou  environ,  j'ajoute  15  à  20  gouttes  d'acide 
acétique  cristallisable,  et  le  mélange  est  porté  dans  un  bain  d'eau  chauf- 
fée à  25°  environ.  Le  caséum  se  coagule  bientôt,  en  entraînant  dans  sa 
masse  tout  le  beurre,  et  une  grande  partie  des  sels  auxquels  il  était 
associé  dans  le  liquide  normal.  On  jette  le  tout  sur  un  filtre,  et  l'on 
recueille  le  sérum  lorsqu'il  passe  bien  limpide. 

»  Ce  sérum  ne  contient  que  de  la  lactine,  de  l'albumine  et  des  sels. 
Son  poids  total  est  régi  parla  quantité  d'eau  contenue  dans  le  lait  normal. 
On  en  prend  5  grammes  que  l'on  évapore  jusqu'à  siccité.  Le  résidu 
desséché  à  99°  et  pesé  est  ensuite  soumis  à  l'incinération.  Après 
déduction  du  poids  des  cendres,  l'on  connaît  en  bloc  celui  de  la  lactine 
et  de  l'albumine  tenues  primitivement  en  dissolution.  Or,  la  quantité 
de  la  lactine  peut  être  connue  avec  facilité.  Pour  cela  il  suffit  d'établir  ce 
rapport  : 

»  Le  poids  de  l'eau  contenue  dans  100  grammes  de  lait  est  à  la  quan- 
tité de  lactine  indiquée  par  l'analyse  dans  cejvolume  de  matière  exami- 
née, comme  la  proportion  d'eau  contenue  dans  le  sérum  est  à  celle 
de  la  lactine  contenue  aussi  dans  celui-ci.  La  différence  des  poids 
indique  ensuite  celui  de  l'albumine. 

»  Arrivé  à  ce  point  de  l'opération  ,  il  ne  reste  plus  qu'à  totaliser 
la  somme  du  poids  des  matières  déjà  pesées  ou  déterminées  ;  beurre, 
lactine,  albumine  et  sels,  et  de  déduire  cette  somme  du  poids  connu 
aussi  des  éléments  fixes  obtenus  de  l'évaporation  du  lait.  L'écart  repré- 

(1)  La  proportion  des  matières  protéiques  contenues  dans  le  lait,  reste  assez  constante  dans  le 
produit  sécrété  par  chaque  nourrice  et  par  chaque  animal,  mais  les  quantités  relatives  delà  caséine 
et  des  principes  albuminoïdes  varient  singulièrement  sous  un  certain  nombre  d'influences  diver- 
ses :  la  caséine  augmente  quand  l'albumine  diminue,  et  inversement.  On  conçoit  combien  il  est 
nécessaire,  pour  certaines  industries,  et  au  point  de  vue  de  la  physiologie,  de  déterminer  l'inten- 
sité de  ces  variations. 


EUGÈNE  MARCHAND.  —  ANALYSE  DU  LAIT  401 

sente  avec  une  grande  exactitude  le  poids  du  caséum  lui-même,  consi- 
déré comme  principe  immédiat  bien  pur. 

»  M.  Gautier  a  encore  reproché  à  ce  mode  d'agir  de  n'amener 
qu'une  imparfaite  coagulation  du  caséum,  par  suite  de  cette  double 
circonstance  que  l'acide  acétique  serait  employé  en  excès,  et  que  la 
coagulation  s'accomplirait  à  une  trop  basse  température.  Ce  reproche 
ne  me  paraît  pas  plus  fondé  que  le  précédent  :  le  caractère  spécifique 
du  caséum  est  d'être  coagulé  par  l'acide  acétique  faible,  tandis  que 
l'albumine  reste  en  dissolution  au  contact  du  même  agent.  Or,  l'acide 
acétique  employé  se  trouve  dilué  dans  plus  de  80  fois  son  poids 
d'eau,  presque  90  en  moyenne,  et  dans  cet  état  de  dilution  il  est  im- 
puissant à  dissoudre  des  quantités  sérieuses  de  caséine.  D'un  autre  côté, 
l'albumine  du  lait,  comme  toutes  les  albumines  connues,  est  coagulable 
par  la  chaleur.  Il  est  donc  indispensable,  pour  la  séparer  du  caséum,  de 
ne  p^s  soumettre  le  lait  acétifié  qui  la  renferme  à  une  température 
trop  élevée.  Il  y  a  avantage,  par  conséquent,  à  opérer  à  une  tempé- 
rature aussi  basse  que  possible.  Celle  de  25°  est  bien  convenable,  mais, 
en  définitive,  si  l'on  opérait  à  o0°  et  même  à  60°  (mais  pas  plus, 
car  à  6o°  se  trouve  le  point  critique  du  passage  de  l'albumine  de  l'état 
liquide  à  l'état  solide),  le  résultat  définitif  de  l'analyse  ne  serait  pas 
modifié   d'une  manière  sensible. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  la  méthode  d'analyse  du  lait  que  je  viens  d'in- 
diquer est  fort  simple.  Je  la  recommande  à  l'attention  des  chimistes, 
parce  qu'elle  leur  permet  d'exécuter  en  quelques  heures  une  analyse 
complète  et  très-exacte  du  précieux  produit  sécrété  par  les  glandes 
mammaires  de  tous  les  animaux  dont  les  petits  sont  assujettis  à  l'allai- 
tement. 

)>  Si  cette  méthode,  ou  une  autre  atteignant  au  même  degré  d'exacti- 
tude, était  adoptée  et  mise  en  pratique  dans  tous  les  laboratoires,  elle 
offrirait  ce  précieux  avantage  de  fournir  des  résultats  toujours  compa- 
rables entre  eux,  et  pouvant,  en  toute  sécurité,  servir  de  base  aux  dis- 
cussions dont  le  lait  devient  l'objet  quand  il  s'agit  de  déterminer  la 
valeur  des  rations  alimentaires  offertes  aux  enfants  auxquels  l'allaite- 
ment materne]  fait  défaut  en  partie  ou  en  totalité. 


2(5 


402  CHIMIE 


M.  Léon  BIDAED 

Chimiste,  Membre  de  la  Société  géologique  de  Normandie. 


NOTE  SUR  LES  EAUX  SULFUREUSES  ET  FERRUGINEUSES. 


—  Séance  du  29  août  1877.  — 

Mon  but  dans  ce  travail  est  d'exposer  très-sommairement  mon  opinion 
sur  les  eaux  ferrugineuses  et  sulfureuses.  Je  ne  crains  pas  de  me  sou- 
mettre à  la  critique,  trop  heureux  si  j'ai  pu  apporter  ma  part  de 
lumière  sur  une  question  aussi  importante. 

Cette  question  comporte  trois  parties  différentes,  ou  mieux  se  divise 
en  trois  points. 

1°  Toutes  les  eaux  ferrugineuses  ont  pour  base  le  bicarbonate  de 
protoxyde  de  fer.  Il  n'existe  pas  d'eau  ferrugineuse  par  le  sulfate  de 
protoxyde  de  fer  ; 

2°  Les  eaux  sulfureuses  ont  pour  base  le  sulfure  de  calcium  et  non 
le  sulfure  de  sodium; 

3°  Les  eaux  sulfureuses  sont  le  résultat  de  la  décomposition  des  eaux 
ferrugineuses.  Dans  cette  circonstance,  le  sulfate  de  chaux  est  réduit  en 
sulfure  de  calcium  par  le  protoxyde  de  fer.  Enfin  je  terminerai  cette 
note  par  quelques  mots  sur  le  puits  artésien  de  Sotteville-lès-Rouen. 

1°  Comment  se  forment  les  eaux  ferrugineuses. 

Toutes  les  eaux  ferrugineuses   sont  caractérisées  par  la   présence  de 
deux  sels  auxquels  elles  doivent  toutes  leurs  propriétés,  ce  sont  : 
Le  bicarbonate  de  fer; 
Le  sulfate  de  chaux  ou  plâtre. 

Partout  où  il  existe  des  sources  ferrugineuses,  on  trouve  dans  le  sol 
où  ces  sources  prennent  naissance  de  la  tourbe  ou  de  l'argile  tourbeuse 
noire,  grise  ou  verdâtre;  ces  différents  produits  contiennent  du  sulfure 
de  fer. 

Dans  certains  pays  on  rencontre  le  sulfure  de  fer  en  très-grande 
abondance.  A  Forges-1  es-Eaux,  il  est  exploité  pour  la  fabrication  de  la 
couperose  verte  par  une  usine  située  à  côté  de  l'établissement  thermal. 
On  rencontre  le  même  produit  à  Varengeville,  à  Longmesnil  et  à  Sot- 
teville-lès-Kouen.  C'est  le  banc  d'argile  ferrugineux  de  Sotteville  qui  donne 
naissance  aux  sources,  autrefois  célèbres,  de  la  Marequerie  et  de  Saint- 
Paul  à  Rouen. 

A  Aumale,  dans  le  N.-O.   de  la  Seine-Inférieure,  il  existe  des  sources 


LÉON   BIDARD.    —   EAUX  SULFUREUSES   ET   FERRUGINEUSES  403 

ferrugineuses  dont  M.  Girardin  indique  la  naissance  sur  des  fonds  tour- 
beux à  base  d'argile  plastique. 

Il  n'y  a  qu'une  seule  réaction  qui  puisse  donner  naissance  aux  eaux 
ferrugineuses.  Pour  bien  la  comprendre ,  il  faut  se  rappeler  que  toutes 
les  eaux  courantes  contiennent  du  bicarbonate  de  chaux,  sel  nécessaire 
à  toute  eau  potable.  L'eau  de  Fontaine-sous-Préaux,  qui  alimente  la 
ville  de  Rouen,  en  contient  22  à  25  grammes  par  hectolitre. 

Dans  les  terrains  contenant  du  sulfure  de  fer,  il  se  forme  sous  l'in- 
fluence de  l'air  du  sulfate  de  fer  ou  couperose  verte  qui  dans  l'eau  des 
sources  rencontre  du  bicarbonate  de  chaux. 

Du  contact  des  deux  sels  il  résulte  : 

Du  bicarbonate  de  fer, 
Et  du  sulfate  de  chaux, 

d'après  la  loi  des  doubles  décompositions. 

Ces  deux  sels  sont  assez  solubles  dans  l'eau  pour  ne  pas  en  troubler 
la  transparence. 

Voilà  donc  de  l'eau  ferrugineuse  produite  par  une  réaction  chimique 
des  plus  simples.  Il  est  donc  bien  important  de  noter  que  le  sulfate  de 
chaux  est  le  compagnon  forcé  du  bicarbonate  de  fer,  en  d'autres  ter- 
mes que  ces  deux  sels  se  rencontrent  toujours  ensemble  dans  les  eaux 
ferrugineuses,  puisqu'ils  ne  peuvent  pas  se  former  l'un  sans  l'autre. 

Exemples  divers  cités  dans  l'Annuaire  des  eaux  de  la  France,  publié 
en  1854. 

Par  litre,  les  eaux  ferrugineuses  ci-dessous  désignées  contiennent  : 

Bicarbonate  de  fer.  Sulfate  de  chaux. 

Valmont 0.0056  0.0167 

Bleville 0.1142  .0.1713 

Saint-Paul  (Rouen)...   .  0.069  0.0080 

La  Marequerie  (Id.)....  0.094  0.012 

Forges-les-Eaux,   source 

cardinale.     0.098  0.040 

—  Royale...     0.067  0.024 

—  Remette..     0.022  0.010 

—  Nouvelle.    0.058  0.014 

Fontaine-de-Jouvence    à 
Gournay 0.093  0.077 

So  tteville-lès-Rouen 0 .  023  1 .  816 

Enfin,  dans  le  môme  ouvrage  on  trouve  une  série  d'analyses  d'eaux 
ferrugineuses  de  diverses  localités.  On  voit  que,  partout  où  il  y  a  du 
bicarbonate  de  fer,  il  y  a  du  sulfate  de  chaux.  Voilà,  Messieurs,  com- 
ment se  forment  les  eaux  ferrugineuses  naturelles,    si  précieuses  parce 


404  CHIMIE 

qu'elles  joignent  les  propriétés  toniques  du  fer  aux  propriétés  légèrement 
laxatives  du  plâtre,  sans  lequel  elles  seraient  constipantes  et  indigestes. 
Cette  réaction  peut  se  reproduire  dans  les  laboratoires;  maintes  et 
maintes  fois  je  l'ai  faite,  préparant  alors  une  eau  ferrugineuse  artificielle, 
identique  à  celle  de  la  nature,  tant  par  sa  composition  que  par  ses 
propriétés;  cette  réaction  consiste  à  préparer  une  eau  chargée  de  bi- 
carbonate de  chaux  en  faisant  passer  un  courant  de  gaz  acide  carboni- 
que dans  de  l'eau  de  chaux  jusqu'à  redissolution  du  précipité.  On 
ajoute  du  sulfate  de  fer  et  il  produit  la  double  décomposition  de  : 

Bicarbonate  de  fer, 
Sulfate  de  chaux. 

L'eau  ferrugineuse  naturelle  ou  artificielle,  faite  dans  ces  conditions, 
reste  limpide  pendant  très-peu  de  temps  ;  bientôt  la  décomposition  du 
bicarbonate  de  fer  se  produit,  et  l'eau  laisse  déposer  de  l'oxyde  de  fer 
rougeâtre. 

Ce  dépôt  se  fait  très-lentement.  D'abord,  à  la  surface,  il  se  forme  une 
pellicule  miroitante  qui  peut  a  priori  être  confondue  avec  celle  due  aux 
matières  goudronneuses  ;  bien  souvent  j'ai  eu  l'occasion  de  l'observer. 
A  Deville-lès-Rouen,  il  existe  une  source  appartenant  à  un  M.  Varin, 
laquelle  possède  au  plus  haut  point  cette  propriété.  Malheureusement, 
des  personnages  assez  haut  placés,  mais  peu  versés  dans  les  questions 
scientifiques,  ont  attribué  au  goudron  d'une  distillerie  de  bois  avoisi- 
nante  la  pellicule  duc  à  l'oxyde  de  fer.  Cette  question  si  simple  menace 
de  ruine  un  industriel  innocent  ;  mais  il  est  à  espérer  qu'il  se  trouvera 
des  hommes  assez  éclairés  pour  démontrer  jusqu'à  l'évidence  que  la  na- 
ture seule  est  coupable  de  ces  dépôts  rouges  et  de  ces  pellicules 
irisées. 

Ce  fait  est  signalé  par  Lepecq  de  la  Clôture  en  1773.  Ce  savant  dit 
qu'il  suffit  de  soulever  un  pavé  à  5  ou  600  mètres  de  la  côte  Sainte- 
Catherine,  à  Rouen,  pour  voir  une  eau  d'opparence  huileuse. 

M.  Ossian  Henry,  le  célèbre  chimiste  des  eaux  minérales,  exprime  les 
mêmes  idées  à  propos  des  eaux  de  Bagnoles  de  l'Orne  ;  il  est  enfin  une 
réaction  sur  laquelle  j'appelle  l'attention  de  tous  les  chimistes. 

Le  bicarbonate  de  fer  est  instable  ;  il  se  décompose  en  oxyde  de  fer 
au  minimum,  composé  éminemment  réducteur  ;  ce  composé  réduit  le 
sulfate  de  chaux  en  sulfure  de  calcium  et  en  sulfure  de  fer  noir,  qui 
forment  cette  boue  noirâtre  et  nauséabonde  qu'on  rencontre  dans  les 
eaux  ferrugineuses,  celle  de  Deville,  par  exemple;  cette  réaction-là, 
aussi,  elle  est  très-facile  à  reproduire  artificiellement. 

Jacques  Duval,  médecin  à  Evreux,  dit  que  ces  boues  sont  imbues  de 
foëteur. 


LÉON   BIDARD.    —   EAUX   SULFUREUSES   ET   FERRUGINEUSES  405 

Enfin,  messieurs,  quelques  mots  sur  les  eaux  sulfureuses. 

Ces  boues  noires  dont  je  vous  parlais  tout  à  l'heure,  et  qui  sentent  si 
fort  l'hydrogène  sulfuré  ou  les  œufs  en  putréfaction,  m'ont  porté  à 
chercher  plus  avant  dans  la  question.  Ce  sera  peut-être  de  la  témérité 
d'affirmer  nettement  que  les  eaux  sulfureuses  résultent  de  la  décompo- 
sition des  eaux  ferrugineuses  ;  si  j'avance  un  fait  aussi  important,  c'est 
que  je  suis  convaincu  que  ce  que  j'avance  est  la  vérité  ;  je  me  base  sur 
des  expériences  faciles  à  répéter. 

Si  je  prends  une  eau  ferrugineuse  préparée  par  la  méthode  ci-dessus 
indiquée  et  que  je  la  laisse  5  ou  6  jours  dans  un  flacon  bien  bouché, 
c'est-à-dire  si  je  la  mets  à  l'abri  de  l'air,  condition  qui  se  trouve  cer- 
tainement réalisée  au  sein  de  la  terre,  il  se  forme  un  sulfure  de  fer 
noir  qui  se  dépose,  du  sulfure  de  calcium,  qui  est  lui-même  décom- 
posé par  l'acide  carbonique  en  carbonate  de  chaux  et  en  hydrogène 
sulfuré  qui  donne  à  l'eau  l'odeur  des  Eaux-Bonnes,  l'odeur  des  œufs 
putréfiés,  qui,  en  un  mot,  forme  l'eau  sulfureuse  :  c'est  ainsi  que  je 
prouve  que  le  sulfure  de  calcium  est  seul  l'agent  sulfurant  des 
eaux  minérales.  Le  sulfure  de  sodium  ne  pourrait  provenir  que  du 
sel  marin  ou  de  la  réduction  du  sulfate  de  soude,  deux  sels  éminem- 
ment indestructibles  par  les  agents  chimiques  de  la  nature  et  qui  ne 
cèdent  leurs  éléments  que  dans  des  fours  où  la  température  s'élève  à 
12  ou  1,500  degrés  et  encore  en  présence  d'autres  agents  chimiques  très- 
énergiques. 

Voilà,  messieurs,  les  opinions  que  j'ai  voulu  émettre  devant  vous  et 
présenter  à  votre  discussion,  trop  heureux  si  j'ai  pu  ajouter  quelque 
chose  à  la  monographie  des  eaux  minérales. 

Sondage  de  Sotteville. 

Vers  1848,  une  Société  se  fonda  pour  rechercher  la  houille  dans  la 
Seine-Inférieure  ;  on  parvint  à  réunir  70,000  francs,  on  décida  qu'on 
ouvrirait  un  trou  de  soude  sous  la  direction  de  M.  Degousée,  de  Paris. 
On  devait  aller  à  une  profondeur  de  1,000  pieds;  le  trou  fut  fait  dans 
la  propriété  de  M.  Lemoine,  rue  des  Marettes,  14,  à  Sotteville  ;  les  tra- 
vaux furent  poursuivis  régulièrement  jusqu'à  320  mètres.  Alors  la  sonde, 
après  avoir  traversé  un  terrain  dans  lequel  elle  pouvait  à  peine  faire 
un  centimètre  par  jour,  s'enfonça  tout  à  coup,  au  mois  de  mars  1852, 
de  80  centimètres  :  au  même  instant  jaillit  une  source  d'eau  salée  chaude. 
On  continua  un  peu  les  travaux  de  sondage  ;  le  débit  alors  s'accrut  au 
point  d'arriver  à  500  litres  par  minute  à  une  hauteur  de  15  mètres 
au-dessus  du  sol.  L'analyse  de  cette  eau  fut  faite  par  M.  Bidard  père, 
Boutan  et  Morin  ;  voici  les  résultats  qu'ils  ont  trouvés  : 


406  CHIMIE 

Carbonate  de  chaux 0.136 

—  de  magnésie 0.038 

—  de  fer 0.023 

Sulfate  de  chaux 1.816 

—  de  magnésie 0.290 

Nitrate  de  chaux 0.021 

Chlorure  de  sodium 12.047 

—  de  magnésium 0.628 

—  de  calcium 0.033 

Iodure  et  bromure 0.016 

Acide  silicique  et  alumine ■ 

Oxyde  de  manganèse 

Phosphate  et  sels  de  potasse ^   0.102 

Sel  ammoniacal 

Matière  organique 


15.150 


On  essaya  de  tuber  le  puits  pour  empêcher  cette  eau  saumâtre  de 
se  répandre  à  travers  les  sables  poreux  dans  les  puits  du  voisinage  ;  un 
tube  en  fer  fut  descendu  à  une  grande  profondeur  et  on  le  boucha  avec 
une  pièce  de  chêne  de  2  mètres  de  long,  chassée  à  grands  coups  de 
mouton  ;  au  bout  de  quelques  jours,  l'eau  avait  rongé  le  tube  et  le 
bouchon  remontait.  On  descendit  une  sonde  et  on  s'aperçut  que  le 
tube  était  en  zig-zag  :  impossible  de  songer  à  le  boucher.  Les  consé- 
quences de  ce  fait  sont  terribles,  car  un  des  agents  qu'elle  contient,  le 
chlorure  de  magnésium,  est  un  ennemi  terrible  des  générateurs  à 
vapeur.  Le  puits  coulant  toujours,  l'eau  gagne  de  proche  en  proche  et 
aujourd'hui  elle  est  arrivée  jusqu'à  la  filature  de  M.  Pouyer-Quertier,  à 
la  Foudre.  Plus  on  se  rapproche  de  Sotteville,  plus  les  puits  contien- 
nent le  terrible  sel,  et  aujourd'hui  c'est  pour  le  pays  presque  une  ruine. 
En  six  mois,  à  la  Foudre,  un  bouilleur  est  percé  et  mangé;  avant  il 
durait  deux  ans  et  plus. 

Il  y  a  donc  toute  nécessité  de  capter  de  nouveau  cette  source  pour 
la  dériver  et  empêcher  l'aggravation  des  maux  qu'elle  a  causés.  Ensuite 
il  y  a  la  question  médicale  :  je  ne  vous  mènerai  pas  sur  ce  terrain, 
messieurs,  je  ne  suis  pas  assez  compétent  pour  cela  ;  que  des  voix  au- 
torisées par  leur  science  s'élèvent  pour  démontrer,  d'après  l'analyse 
que  j'ai  placée  sous  vos  yeux,  que  cette  source  a  vraiment  des  propriétés 
bienfaisantes  que  l'on  va  bien  loin  chercher  à  prix  d'or  ;  la  puissance 
de  cette  eau  serait  plus  manifeste  pour  les  malades  portant  le  cachet 
de  l'asthénie  ou  afïection  strumeuse  ;  c'est  contre  le  lymphatisme,  les 
diverses  formes  de  scrofules,  le  goitre,  le  rachitisme,  les  affections  rhu- 
matismales et  la  chloro-anémie,  que  cette  eau  bromo-iodurée-salée 
pourrait  être   employée    avec  succès.   D'autres   sondages  ont  été   faits, 


TRUCHOT  ET  FINOT.  —  SUR  LES  EAUX  GAZEUSES  DU  PUY  DE  DOME   407 

mais  la  couche  d'argile  du  kimmeridge,  sous  laquelle  elle  se  trouve, 
forme  un  mamelon  très-pointu  qui  s'enfonce  à  droite  et  à  gauche  ;  son 
point  culminant  est  justement  le  lieu  où  le  puits  a  été  creusé.  Je  ter- 
mine, messieurs,  en  souhaitant  que  bientôt  l'attention  se  trouve  appelée 
sur  ce  puits  trop  délaissé  et  trop  inconnu.  Si  je  réussis  à  ce  qu'un 
jour  quelques  malheureux  recouvrent  la  santé,  ce  sera  une  bien  douce 
récompense,  car  cette  source  et  moi  nous  sommes  nés  à  quelques  pas 
l'un  de  l'autre  et  à  quelques  jours  de  distance.  Pour  ce  fait,  il  ne  fau- 
drait qu'un  capitaliste  audacieux  qui,  bien  sûr  de  son  fait,  mît  à  la  tête 
de  cette  affaire  des  gens  éclairés  et  dévoués  ;  je  suis  sûr  qu'alors,  la 
réussite  serait  pleine  et  entière.  Je  désire  qu'il  soit  consigné,  au  procès- 
verbal  qu'à  cette  date,  le  congrès  scientifique,  réuni  au  Havre,  a  reçu 
cette  communication,  afin  qu'un  jour  à  venir,  si  nous  pouvons  faire 
déserter  par  nos  baigneurs  les  eaux  allemandes  au  profit  d'une  ville 
française,  il  soit  constaté  que  c'est  au  Havre,  ma  patrie  d'adoption, 
qu'on  en  a  parlé  la  première  fois. 


MM.  TEUCHOT  &  FI50T 

Directeur  de  la  Station  agronomique  du  Centre,  Préparateur  à  la  Faculté  des  sciences 

Professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Clermont-Ferrand.  de  Clermont-Ferrand. 


SUR  LES  EAUX  GAZEUSES  DU  PUY  DE  DOME. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  29  août  1877.   — 

MM.  Truchot  et  Finot  donnent  les  chiffres  suivants  déduits  des  recherches 
qu'ils  ont  faites  sur  les  quantités  d'acide  carbonique  que  renferment  les  princi- 
pales eaux  minérales  de  l'Auvergne  : 

Quantités  d'acide  carbonique  par  litre  d'eau. 

ls,008  dans  l'eau  de  la  source  Vercingétorix  à  Royat. 

ls,400  dans  l'eau  de  la  source  Sainte-Marguerite  ,  au  Monl-Dore. 

ls,950  dans  l'eau  de  la  source  de  la  Fayolle,  à  Saint- Armand-Roche- Savine. 

2s, 350  dans  l'eau  de  la  source  Thérèse,  à  Besse. 

Les  quantités  des  principes  minéralisateurs  de  ces  eaux  étant  très-faibles 
la  presque  totalité  de  l'acide  carbonique  s'y  trouve  à  l'état  libre. 


408  CHIMIE 


M.  J.-W.  GÏÏOIM 

Professeur  à  l'Université  d'Amsterdam. 


SUR  LA  FERMENTATION. 

(extrait.) 


—  Séance  du  29  août  1877.  — 

Existe-t-il  chez  les  microorganismes  une  vie  sans  oxygène?  en  d'autres 
termes  :  la  distinction  entre  des  êtres  aérobies  et  anaërobies  est-elle  fondée? 
L'ancienne  théorie  de  Lavoisier  est  devenue  un  dogme  fondamental  :  les  fonc- 
tions des  êtres  vivants  dérivent  de  la  combustion  de  l'oxygène  libre. 

Mais,  fort  heureusement,  il  est  vrai  que,  dans  la  science,  ni  la  tradition,  ni 
le  dogme  ne  font  autorité  :  une  théorie  nouvelle  ne  peut  naître  que  de  l'ex- 
périence et  prétendre  au  droit  de  prépondérance  qu'à  la  condition  que,  par 
l'expérience  même,  elle  soit  au  moins  aussi  solidement  établie  que  celle  qu'elle 
veut  remplacer. 

Pour  prouver  l'existence  de  la  vie  sans  air,  il  faut  disposer  de  milieux 
exempts  d'oxygène.  Or,  les  moyens  fournis  par  la  balance,  puis  ceux  plus 
puissants  encore  que  fournissent  les  réactifs,  ne  sont  pas  suffisants  pour 
prouver  l'absence  totale  de  l'oxygène  dans  un  milieu  donné. 

M.  Gunning  prouve  l'insuffisance  des  moyens  ordinaires  pour  se  procurer  un 
milieu  exempt  d'oxygène  en  y  constatant  le  changement  de  couleur  du  précipité 
blanc  que  le  cyanure  jaune  de  potassium  produit  dans  les  solutions  de  ferro- 
sum .  Les  appareils  mis  en  œuvre  pour  cette  expérience  sont  : 

1°  Des  tubes  de  verre  vidés  à  la  pompe  à  mercure  et  scellés  à  la  lampe: 

2°  Des  tubes  de  verre  d'une  capacité  de  28  à  50cc,  où  l'on  avait  mis  du  phos- 
phore humide,  qui  ont  été  vidés,  scellés  à  la  lampe  et  exposés  ensuite  pendant 
trois  ou  quatre  semaines  à  une  température  de  25  à  30  degrés; 

3°  Des  marteaux  d'eau  faits  à  la  manière  ordinaire  ou  dans  le  vide  ; 

4°  Des  courants  continus  d'acide  carbonique  et  d'hydrogène  de  3  à  400 
litres,  dans  la  préparation  desquels  on  avait  mis  en  œuvre  tous  les  moyens 
connus  pour  éviter  la  présence  ou  le  mélange  de  l'air  atmosphérique; 

5°  Enfin,  des  tubes  de  verre,  scellés  à  la  lampe,  ou  bien  remplis  d'azote  ou 
d'hydrogène  aussi  purs  que  possible,  et  dans  lesquels  on  avait  préalablement 
mis  des  solutions  d'hydrogène  sulfuré  ou  d'acide  sulfureux. 

Si,  dans  tous  les  dispositifs  précédents,  l'auteur  a  constaté  la  présence  d'oxy- 
gène, il  a  réussi,  par  contre,  à  avoir  des  milieux  privés  de  cet  élément,  ou 
dans  lesquels  les  mêmes  moyens  qui  le  décelaient  dans  les  appareils  précités 
étaient  impuissants  à  le  découvrir.  Ces  milieux  étaient  formés  de  tubes  vidés 
ou  remplis  de  gaz  purs,  et  ils  contenaient  en  même  temps  des  mélanges  de 
glucoses  ou  de  sels  ferreux  avec  de  la  potasse  :  on  y  a  vu  se  produire  et  rester 
blanc  le  précipité  des  sels  de  ferrosum  par  le  cyanure  jaune.  Ce  point  fut 
atteint  pendant  des  périodes  qui  variaient  de  un  jour  à  plusieurs  semaines. 


J.-W.    G1  V\l\<i.    —    SUR    LA    FERMENTATION  409 

Tenant  compte  de  ces  résultats,  M.  Gunning  croit  que  l'on  ne  peut  plus  con- 
sidérer comme  décisives  les  expériences  sur  lesquelles  a  été  basée  la  théorie 
des  anaërobies.  En  effet,  dans  aucune  de  ces  expériences,  les  précautions  pour 
se  débarrasser  des  dernières  traces  d'oxygène  n'ont  été  poussées  aussi  loin  que 
dans  les  siennes,  où,  pourtant,  le  ferrocyanure  de  ferrosum  bleuissait. 

Il  n'est  rien  qui  autorise  à  objecter  que  les  microorganismes  ont  besoin,  pour 
fonctionner,  des  quantités  plus  grandes  d'oxygène  :  ni  le  poids  de  leur  corps, 
ni  leur  mode  de  nutrition,  ni  aucune  autre  circonstance,  relative  à  leur  exis- 
tence, n'est  connu  de  façon  à  nous  mettre  en  état  d'apprécier  le  minimum 
d'oxygène  suffisant  à  l'entretien  de  leurs  fonctions. 

Pour  résoudre  désormais  la  question  des  anaërobies,  dit  M.  Gunning,  il 
faut  partir  de  ce  point  de  vue,  —  à  savoir  que  la  préparation  de  milieux 
parfaitement  exempts  d'oxygène  est  pratiquement  impossible. 

Alors,  ajoute-t-il,  la  méthode  suivante  se  présente  :  que  l'on  mette  des 
matières  fermentescibles  et  putrescibles,  infectées  des  bactéries  qui  leur  con- 
viennent, en  contact  avec  l'hydrogène  ou  l'azote  aussi  pur  que  possible,  dans 
des  tubes  scellés  à  la  lampe,  ayant  soin  que  la  quantité  des  matières  organi- 
que soit  aussi  grande  et  la  quantité  de  gaz  pur  aussi  petite  que  possible. 

Qu'arrivera-t-il  alors?  Si  les  organismes  peuvent  exister  et  fonctionner 
comme  anaërobies,  les  matières  organiques  continueront  à  se  décomposer  et 
les  organismes  à  se  multiplier  comme  dans  les  conditions  ordinaires.  Si,  au 
contraire,  les  organismes  ne  peuvent  se  passer  d'oxygène  libre,  les  phénomènes 
de  changement  organique  et  de  vie  microscopique  ne  peuvent  se  présenter 
que  d'une'  manière  passagère.  Après  un  temps  plus  ou  moins  long,  les  orga- 
nismes, faute  d'oxygène,  cessent  de  fonctionner  et  la  matière  organique  rentre 
dans  un  état  de  repos  complet. 

L'auteur  décrit  plusieurs  expériences,  établies  d'après  le  principe  annoncé 
plus  haut.  Les  résultats  de  ces  expériences  ont  été  constamment  défavorables 
à  l'hypothèse  des  fonctions  physiologiques  anaërobies. 


DISCUSSION. 


A  la  suite  de  cette  intéressante  communication,  quelques  objections  ayant 
été  soulevées  par  M.  Béchamp,  M.  Gunning  s'explique  sur  les  deux  points  sui- 
vants : 

1°  Les  dispositions  expérimentales  mises  en  œuvre  pour  résoudre  la  ques- 
tion des  anaërobies  semblent  de  nature  à  faire  croire  que  ce  n'est  pas  l'absence 
d'oxygène  qui  fait  cesser  les"phénomènes,~  mais  bien  l'accumulation  des  pro- 
duits de  désassimilation  des  êtres  microscopiques,  lesquels  produits  pourraient 
nuire  à  la  vie,  comme  cela  a  lieu  chez  les  êtres  supérieurs. 

2°  Le  fait  que  l'absence  totale  ou  presque  totale  de  l'oxygène  change  com- 
plètement les  fonctions  physiologiques  des  microorganismes  ne  prouve-t-il  pas 
qu'il  y  a  véritablement  deux  modes  de  vie  exprimés  dans  l'antithèse  :  aérobie 
etanaërobie? 

Quant  à  la  première  objection,  M.  Gunning  ne  la  croit  pas  fondée.  D'abord 


410  CHIMIE 

parce  que  la  disposition  de  plusieurs  de  ses  expériences  se  prête  très-peu  à 
l'application  de  l'hypothèse  que  l'on  a  faite. 

Ensuite,  parce  que,  si  l'accumulation  des  matières  dont  il  a  été  question 
était  nuisible,  elle  devrait  avoir  pour  conséquence  un  ralentissement  graduel 
du  phénomène,  tandis  qu'il  a  toujours  observé  une  fermentation  très-courte, 
suivie  d'une  cessation  presque  subite. 

A  la  seconde  objection,  M.  Gunning  répond  que  la  notion  de  «  fonction 
physiologiqne  »,  qui  est  peut-être  très-propre  à  caractériser,  d'une  manière 
provisoire,  des  phénomènes  complexes  de  la  vie,  lui  paraît  inadmissible  dans 
le  sens  de  cause  de  phénomènes  chimiques  déterminés.  Il  y  a  d'ailleurs  entre 
ces  «  soi-disant  »  modes  de  vie  une  différence  essentielle  qui  ne  réside  pas 
dans  les  organismes  :  c'est  précisément  la  présence  d'une  quantité  plus  ou 
moins  grande  d'oxygène.  Cette  différence  suffit  pour  expliquer  les  changements 
que  les  substances  organiques  subissent  dans  l'un  et  dans  l'autre  de  ces  cas. 
La  fermentation,  qui  est  corrélative  de  la  vie  sans  air,  n'est  autre  chose,  au 
point  de  vue  chimique,  que  la  scission  d'une  molécule  très-complexe  en  des 
molécules  moins  complexes,  appartenant  à  deux  catégories  :  l'une  très-oxygé- 
née (c'est  ordinairement  celle  de  l'acide  carbonique)  ;  l'autre,  plus  ou  moins 
hydrogénée  (alcools,  acides  gras  supérieurs,  ammoniaque,  hydrogène  ou  car- 
bures d'hydrogène).  On  comprend  aisément  que,  lorsque  cette  scission  s'opère 
en  l'absence  totale  ou  presque  totale  de  l'oxygène,  ces  matières  hydrogénées 
puissent  devenir  libres;  qu'elles  persistent  dans  les  liquides,  ou  s'en  dégagent 
sous  forme  de  gaz  ;  tandis  que,  dans  le  cas  où  cette  scission  a  lieu  en  présence 
d'un  excès  d'oxygène,  ces  matières,  au  moment  même  de  leur  évolution,  à 
l'état  naissant,  sont  brûlées  par  l'oxygène  et  n'existent  donc  plus  que  sous 
forme  d'acide  carbonique  et  d'eau.  C'est  la  vie  à  l'air.  Voilà  la  fonction  physio- 
logique, qui  dans  ce  cas  n'est  qu'un  mot,  remplacée  par  des  fonctions  chimi- 
ques bien  connues. 

M.  Gunning  ajoute  que  cette  explication  n'est  que  l'évolution  naturelle  des 
idées  de  MM.  Liebig  et  Hoppe-Seyler  sur  ce  sujet. 


M.  A.  BÉCHAMP 

Doyen  de  la  Faculté  libre  de  médecine  de  Lille. 


SUR  DES  GLUCOSES  ISOMERES. 

(extrait  du  procès-verbal) 


—  Séance  du  29  août  1877.  — 


M.  A.  Béchamp  décrit  une  série  de  phénomènes  observés  avec  le  glucose. 
Le  pouvoir  rotatoire  du  glucose  de  la  fécule  est  variable,  quand  ce  sucre 
est  cristallisé  et  qu'il  a  pour  formule  C12HuOu   (en  équivalent).  Son  pouvoir 


A.  BÉCHAMP.  —  SUR  DES  GLUCOSES  ISOMÈRES  411 

rotatoire  maximum  est  [a]  =  103°,li  gf  .  Son  pouvoir  rotatoire  minimum 
[a]  =  51°,6  /;  ce  qui  fait  pour  la  formule  C12H*20«  les  pouvoirs  maximum 
et  minimum  :  [a]  —  H3°,5  /  et  [a]  =  5G°,7  / . 

Le  glucose  cristallisé  perd  facilement  une  molécule  (2  équivalents)  d'eau  et 
la  déshydratation  du  glucose  peut  s'effectuer  à  une  basse  température  (45  à  50 
degrés)  ou  à  100  degrés.  Dans  ce  dernier  cas,  elle  est  accompagnée  de  fusion 
de  la  matière.  Le  produit,  qui  est  alors  déliquescent,  après  avoir  absorbé  une 
quantité  quelconque  d'eau,  a  un  pouvoir  rotatoire  :  [a]  =  56°,7  / . 

Lorsque  la  déshydratation  a  lieu  à  une  basse  température,  le  produit  que  l'on 
obtient  (C12H12Oi2)  n'est  pas  fusible  à  100  degrés,  pas  même  à  115  degrés.  Il 
n'est  pas  déliquescent,  et,  dans  un  air  saturé  d'humidité,  il  reprend  peu  à  peu 
une  molécule  d'eau.  Il  a  alors  le  pouvoir  rotatoire  [a]  =  113°,6  / ,  le  même 
que  celui  du  glucose  cristallisé.  Ce  pouvoir  rotatoire  diminue  jusqu'au  minimum 
[a]  =  56°,7  /  .  Ces  faits  prouvent  d'une  manière  évidente  deux  états  molécu- 
laires différents  du  glucose  C12H12012  (équivalents).  M.  Béchamp  rapporte  cet 
état  isomérique  à  Yallotropie. 

Les  faits  qui  viennent  d'être  énumérés  expliquent,  d'après  M.  Béchamp,  le 
pouvoir  rotatoire  variable  du  glucose  :  le  glucose  cristallisé  renfermerait  le 
produit  anhydre  non  fusible  à  100  degrés  ;  la  diminution  du  pouvoir  rotatoire 
proviendrait  de  la  formation,  au  sein  de  l'eau,  du  produit  fusible  à  100  degrés. 

L'auteur  a  fait  également  des  expériences  de  thermo-chimie  avec  ce  glucose. 


7°  Section. 
METEOROLOGIE  ET  PHYSIQUE  DU  GLOBE 


Président  d'honneur.  .      .     M.  D.  RAGONA,  Directeur  de  l'Observatoire  météorologique  de  Modène. 

Président M.  ALLUARD,  Doyen  de  la  Faculté  des  sciences  de  Clermont-Ferrand. 

Vice-Président M.  le  Général  DE  NANSOUTY,  Directeur  de  l'Observatoire   du    Pic  du 

Midi. 
Secrétaire M.  ANGOT,  Professeur  au  Lycée  Fontanes. 


M.  D.  RAllONA 

Directeur  de  l'Observatoire  île  Modène. 


VARIATIONS  ANNUELLES  DE  LA  PRESSION  ATMOSPHÉRIQUE. 

(EXTRAIT.) 


—  Séance  du  24  août  1877.  — 


Le  professeur  Ragona  présente  à  la  section  un  travail  sur  les  variations 
annuelles  de  la  pression  atmosphérique.  Il  montre  que,  à  Modène,  la  courbe 
barométrique  annuelle  a  trois  maxima  et  trois  minima,  que  les  trois  maxima 
coïncident  avec  la  plus  grande  fréquence  des  vents  d'ouest  (vents  de  terre  pour 
Modène)  et  les  trois  minima  avec  les  plus  grandes  fréquences  du  vent  d'est 
(vents  de  mer);  de  plus,  que  les  trois  maxima  coïncident  avec  les  plus  faibles 
vitesses  de  vent  et  les  trois  minima  avec  les  plus  grandes  vitesses.  La  présence 
de  la  vapeur  d'eau  dans  l'atmosphère  agit  sur  les  variations  barométriques, 
comme  sur  les  variations  thermométriques,  en  les  restreignant. 

L'auteur  dit  ensuite  que,  dans  toute  l'Italie,  d'une  extrémité  à  l'autre  de 
la  péninsule,  il  y  a  trois  maxima  et  trois  minima  annuels  presque  partout  à 
la  même  époque.  A  Bruxelles  et  à  Genève,  il  n'y  en  a  que  deux  bien  dis- 
tincts, le  second  maximum  manquant  ainsi  que  le  second  minimum,  tandis 
que,  dans  beaucoup  de  stations  de  l'empire  d'Autriche,  il  se  manifeste  un  état 
intermédiaire,  c'est-à-dire  qu'à  la  place  du  second  maximum  et  du  second 
minimum  italiens,  la  courbe  présente  une  inflexion   sensible.    Ces    études  se 


RAGONA.    —    VARIATIONS    DIURNES   DE   l'HTJMTOITÉ   DE   l' ATMOSPHÈRE      413 

font  toujours  dans  dos  circonstances  identiques,  c'est-à-dire  en  prenant  pour 
base  les  valeurs  correspondant  à  chaque  demi-décade  et  en  les  employant  à 
établir  la  formule  de  Bessel,  qui  donne  l'équation  de  la  courbe  annuelle. 


M.  D.  RAGrOîïA 

Directeur  de  l'Obsurratoire  de  Hudène. 

VARIATIONS  DIURNES  DE  L'HUMIDITÉ  DE  L  ATMOSPHÈRE. 

(extrait). 

—  Séance  du  94  août  1877.  — 

Le  professeur  RAGONA  présente  un  travail  inédit  sur  la  variation  diurne  de 
L'humidité  relative  et  absolue.  Pendant  huit  années,  l'auteur  a  exéculé  des 
observations  météorologiques  sept  fois  par  jour  :  à  midi,  à  3,  4  et  9  heures 
du  soir,  à  minuit,  à  8  et  9  heures  du  matin,  heures  dont  le  choix  est  jus- 
tifié par  des  considérations  théoriques.  En  employant  les  résultats  fournis 
dans  chacune  des  quatre  saisons,  il  put  établir  des  formules  périodiques  et 
tracer  exactement  les  courbes  diurnes  qui  en  résultent  pour  la  pression  atmo- 
sphérique, la  température,  la  tension  de  la  vapeur  d'eau  et  l'état  hygromé- 
trique. Comme  les  courbes  ainsi  obtenues  pour  la  pression  atmosphérique  et 
la  température  coïncident  avec  celles  que  l'on  trouve  par  d'autres  moyens,  on 
doit  conclure  que  les  diagrammes  se  rapportant  à  l'humidité  sont  aussi 
exacts.  L'observation  de  ces  derniers  conduit  aux  principes  suivants  : 

La  courbe  diurne  de  la  tension  de  la  vapeur  d'eau  est  la  même  que  celle 
du  baromètre; 

La  courbe  diurne  de  l'état  hygrométrique  est  la  même  (inversement)  que 
celle  du  thermomètre. 

L'auteur  donne  les  raisons  physiques  de  ces  deux  coïncidences  et  explique 
les  petites  différences  qui  se  manifestent  en  hiver,  tandis  que  la  concordance 
est  parfaite  en  été.  Une  partie  de  ces  différences  provient  non-seulement  des 
conditions  atmosphériques  (l'hiver  étant  l'époque  des  agitations  et  des  anoma- 
lies de  l'atmosphère,  tandis  que  l'été  est  celle  du  calme  et  de  la  régularité 
des  variations),  mais  aussi  de  ce  que  l'on  ne  peut  compter  absolument  sur 
les  indications  fournies  par  le  psychromètre,  lorsque  l'air  est  très-humide  et 
la  température  très-basse. 


MÉTÉOROLOGIE   ET   PHYSIQUE   DU   GLOBE 


M.  ALLUARD 

Doyen  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Clermont-Ferrand. 


L'OBSERVATOIRE  DU  PUY-DE-DOME 

(extrait  du  procès-yerbal.) 


Séance  du  24  août  4877. 


M.  Alluard  annonce  à  la  section  que  l'Observatoire  du  Puy-de-Dôme  va 
devenir,  dans  quelques  mois,  Observatoire  national  et  propriété  de  l'Etat,  ce 
qui  lui  assure  définitivement  les  ressources  nécessaires. 


M.  J.  VINOT 

Directeur  du  Journal  du  Ciel. 


PROJET  D'ORGANISATION   DU  SERVICE  AGRICOLE  DES  PRÉVISIONS  DU  TEMPS. 

(EXTRAIT.) 

—  Séance  du  24  août  1877.  — 

M.  Joseph  Vinot  dit  que,  pour  chaque  commune  des  départements  où  ne 
se  trouvent  pas  d'hommes  spéciaux,  on  pourrait  tenir  au  courant  un  registre 
contenant  chaque  jour  la  copie  textuelle  de  la  dépêche  de  l'Observatoire  de 
Paris,  la  hauteur  barométrique  du  jour  même  et  l'état  du  ciel  du  lendemaiu 
dans  la  localité. 

Lorsque  ce  registre  aurait  fonctionné  pendant  quelques  années,  une  table 
bien  faite  permettrait  au  premier  venu  de  trouver  rapidement,  à  la  réception 
d'une  nouvelle  dépêche,  le  jour  où  une  dépêche  semblable  est  arrivée  dans  la 
même  saison  de  l'une  des  années  précédentes.  En  s'appuyant  ainsi  sur  des 
observations  antérieures,  la  personne  la  plus  étrangère  à  la  météorologie 
pourrait,  avec  de  grandes  chances  de  probabilité,  risquer  une  prédiction  pour 
le  lendemain. 

DISCUSSION  : 

M.  Alluard  combat  le  projet  de  M.  Vinot  et  décrit  le  mode  de  fonctionne- 
ment du  service  agricole  dans  les  départements  du  Puy-de-Dôme,  de  la  Vienne 
et  de  la  Haute-Vienne,  où  les  résultats  sont  excellents.  Mais  on  ne  trouvera 
pas  partout  des  hommes  d'une  compétence  suffisante  pour  faire  eux-mêmes 
la  prévision   de  chaque  jour.    Actuellement,  on  manque  absolument  de    per- 


ALLUARD.  —  NOUVEL  HYGROMÈTRE  A  CONDENSATION         415 

sonnes  connaissant  assez  la  météorologie  pour  se  charger  de  ce  service,  et  il 
est  indispensable  qu'une  part  soit  faite  à  la  météorologie  dans  l'enseignement 
public,  si  l'on  veut  arriver  à  quelque  résultat. 

M.  Ragona  s'associe  aux  opinions  de  M.  Alluard  et  ajoute  que  le  procédé 
indiqué  par  M.  Yinot,  lui  semble  insuffisant.  La  répartition  des  pressions 
pourrait  bien  être  identique  à  deux  époques  différentes,  sans  que  le  temps  fût 
le  même,  surtout  si  les  températures  ne  se  reproduisaient  pas  de  la  même 
façon. 


M.  ALLUARD 

Doyen  de  la  Faculté  des  sciences  de  Clennont,  Directeur  de  l'Observatoire  météorologique 
du  Puy-de-Dome. 


NOUVEL  HYGROMÈTRE  A  CONDENSATION. 


—  Séance  du  25  août  18T7.  — 


J'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  section  un  nouvel  hygromètre  à  con- 
densation (fig.  43).  11  se  distingue  de  tous  ceux  qui  ont  été  employés  jus- 
qu'ici par  les  deux  points  suivants  :  1°  la  partie  sur  laquelle  le  dépôt  de 
rosée  doit  être  observé  est  une  face  plane,  bien  polie,  en  argent  ou  en 
laiton  doré  ;  2°  cette  face  plane  est  encadrée  dans  une  lame  d'argent 
ou  de  laiton  dorée  et  polie  elle-même,  qui  ne  la  touche  pas,  et  qui, 
n'étant  jamais  refroidie,  conserve  toujours  tout  son  éclat.  Il  résulte  de 
cette  disposition  que  le  dépôt  de  rosée  s'observe  avec  la  plus  grande 
facilité,  de  telle  sorte  qu'on  ne  trouve  presque  aucune  différence  entre 
les  températures  des  instants  où  la  rosée  commence  et  finit  de  paraître 
sur  l'instrument  convenablement  refroidi  par  l'évaporation  de  l'éther. 

La  forme  de  l'appareil  est  celle  d'un  parallélipipède  droit  à  base  car- 
rée. Sa  hauteur  a  8  centimètres  et  sa  base  5  centimètres  carrés.  Trois 
petits  tubes  de  cuivre  traversent  le  couvercle  supérieur  :  le  premier 
pénètre  jusqu'au  fond,  et  les  deux  autres,  dont  l'un  est  surmonté  d'un 
petit  entonnoir  servant  à  introduire  l'éther,  débouchent  seulement  en 
haut.  Deux  petites  fenêtres  permettent  de  juger  de  l'agitation  de  l'éther 
par  l'aspiration  ou  le  refoulement  de  l'air  destiné  à  produire  le  refroi- 
dissement en  évaporant  le  liquide  volatil.  Le  mieux  est  d'opérer  avec 
un  aspirateur  dont  on  règle  l'aspiration  suivant  les  besoins.  Une  tubu- 
lure centrale  permet  l'introduction  d'un  thermomètre  qui,  se  trouvant 
placé  au  milieu  du  liquide  en  évaporation,  donne  la  température  à  la- 
quelle se  fait  le  dépôt  de  rosée.  Un  petit  thermomètre  fronde,  fixé  à  côté 


416  MÉTÉOROLOGIE  ET  PHYSIQUE  DU  GLODE 

sur  un  support  en  laiton,  permet  de  déterminer  avec  précision  celle  de 
l'air  dont  on  veut  avoir  l'état  hygrométrique. 
L'hygromètre  a  condensation  de  Daniell  a  été  modifié  autrefois  par 
l'un  des  membres  éminents  de  l'Académie 
des  sciences,  par  M.  Victor  Regnault.  Il  en  a 
fait  un  instrument  de  précision,  mais  son 
appareil  ne  s'est  pas  répandu  à  cause  de  sa 
manœuvre  délicate.  Le  dépôt  de  rosée  se  fai- 
sant sur  un  cylindre  d'argent  poli  est  diffi- 
cile à  saisir.  Dans  l'hygromètre  à  face  plane 
que  je  présente ,  ce  dépôt  se  voit  très-facile- 
ment par  contraste,  même  à  quelques  mètres 
de  distance,  surtout  si  l'on  a  le  soin  de  se 
placer  de  manière  à  éviter  toute  réflexion  sur 
les  faces  dorées,  ce  qui  les  fait  paraître  d'un 
beau  noir  d'ébène.  Son  emploi  étant  très- 
simple;  sans  rien  perdre  de  sa  précision, 
rien  ne  s'oppose  plus  à  ce  que  son  usage 
devienne  général. 

Depuis  que  les  observations  météorologi- 
ques se  sont  multipliées  de  tous  côtés,  l'hy- 
grométrie a  pris  une  importance  qu'elle 
n'avait  pas  autrefois.  L'hygromètre  qui  est 
presque  exclusivement  employé  est  le  psy- 
chromètre.  Or,  tous  les  physiciens  savent 
qu'à  partir  de  zéro,  pour  toutes  les  basses 
températures,  on  ne  peut  pas  compter  sur 
les  résultats  qu'il  donne;  qu'il  en  est  de 
même  dans  un  air  très-agité.  Et  cepen- 
dant, presque  partout,  l'on  continue  à  s'en  servir  dans  ces  condi- 
tions-là. Nous  espérons  que  l'hygromètre  à  face  plane,  si  facile  à 
observer,  et  muni  pendant  les  froids  de  l'hiver  d'un  aspirateur  rempli 
de  glycérine,  ou  d'un  mélange  d'eau  et  d'alcool,  pourra  donner  des  ré- 
sultats précis  et  dignes  d'être  enregistrés  à  tous  ceux  qui  ne  craindront 
pas  de  consacrer  deux  ou  trois  minutes  à  sa  manœuvre.  Il  pourra  de 
plus  servir  à  contrôler,  en  maintes  circonstances,  toute  installation  hy- 
grométrique dans  les  observatoires  météorologiques. 


ANGOT.  —  LE  SERVICE  MÉTÉOROLOGIQUE  EN  ALGÉRIE        417 


M.   REDIEB, 

Constructeur  d'instruments  Je  précision. 


NOUVEAU  THERMOMÈTRE  ENREGISTREUR. 

(EXTRAIT  PU  PRorKS-VBRBAL.) 


—  Séance  du  25  août  1877.  — 

M.  Bédier  présente  un  Ihermomètre  enregistreur,  dans  lequel  la  tempéra- 
ture est  mesurée  par  l'allongement  différentiel  de  deux  tubes  concentriques 
de  zinc  et  de  fer.  L'inscription  est  produite  par  un  crayon  ordinaire,  mû  par 
un  fort  mouvement  d'horlogerie  indépendant,  de  sorte  qu'on  n'emprunte  au 
thermomètre  que  la  force  très-petite  nécessaire  pour  opérer  le  déclenchement 
du  rouage  auxiliaire.  Les  indications  du  nouvel  instrument  sont  beaucoup 
plus  rapides  et  plus  précises  que  celles  des  thermomètres  à  mercure.  Sur  les 
courbes  obtenues  avec  cet  instrument,  et  que  M.  Rédier  présente  à  la  section, 
un  degré  de  température  est  représenté  par  une  longueur  de  0m,003,  et 
l'on  observe  des  variations  rapides  de  température  que  les  thermomètres 
à  mercure  auraient  été  impuissants  à  mettre  en  évidence,  à  cause  de  la  len- 
teur ordinaire  de  leur  marche. 


M.  ANGOT 

Professeur  nu  Lycée  Fontanes. 


LE  SERVICE  MÉTÉOROLOGIQUE  EN  ALGÉRIE. 

(EXTRAIT  DU  PROCÈS- VERBAL.) 


—  Séance  du  25  août  1877.  — 

M.  Angot  présente  les  publications  du  service  météorologique  qui  fonctionne 
en  Algérie  par  les  soins  du  gouvernement  général  et  qui  a  été  organisé  en 
1874  par  M.  G.  Sainte-Claire  Deville.  Les  observations,  après  avoir  servi  cha- 
que jour  à  la  prédiction  du  temps  dans  notre  colonie,  sont  ensuite  centralisées 
à  Paris  et  publiées  par  les  soins  de  M.  Angot.  Le  volume  pour  1875,  qui  sera 
incessamment  terminé,  comprend  les  observations  de  trente  stations  de  pre- 
mier ordre  et  de  sept  secondaires.  La  publication,  retardée  un  instant  par  la 
mort  de  M.  C.  Sainte-Claire  Deville  est  aujourd'hui  poussée  activement  et  sera 
prochainement  mise  au  courant.  On  en  déduira  d'importants  résultats  sur 
le  climat  si  intéressant  de  l'Algérie.  .  . 


27 


418  MÉTÉOROLOGIE   ET   PHYSIQUE   DU    GLOBE 


M.  L.  TEISSERENC  DE  BORT 

Secrétaire  de  la  Société  météorologique. 


LA  QUINZAINE  MÉTÉOROLOGIQUE.  -  PRÉSENTATION. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  27  août  1877.  — 

M.  Angot  présente,  au  nom  de  M.  L.  Teisserenc  de  Bort,  une  nouvelle 
publication  intitulée  la  Quinzaine  météorologique,  éditée  aux  frais  et  par  les 
soins  de  M.  Teisserenc  de  Bort,  sous  le  patronage  de  la  Société  météorologique 
de  France.  Cette  publication  comprend  les  observations  intégrales  faites  dans 
une  vingtaine  de  stations  réparties  sur  toute  la  surface  de  la  France.  Elle 
donne  en  outre  une  analyse  des  principaux  phénomènes  météorologiques  ob- 
servés et  les  courbes  barométriques  complètes  des  stations  qui  possèdent  un 
baromètre  inscripteur  ou  qui  font  des  observations  en  nombre  suffisant.  Quatre 
fascicules  ont  déjà  paru  ;  dans  le  dernier  (deuxième  quinzaine  de  juin),  on  a 
commencé  à  donner  des  résumés  mensuels  et  des  moyennes. 


M.  Eugène  MARCHAND 

De  Fécamp, 
Correspondant  de  l'Académie  de  médecine. 


UR  L'ABSORPTION  ATMOSPHÉRIQUE  DES  FORCES  CONTENUES  DANS  LA  LUMIÈRE 
ET  SUR  LE  CALCUL  DE  CETTE  ABSORPTION. 


—  Séance  du  27  août  1877. 


Dans  un  Mémoire  (1)  que  j'ai  eu  l'honneur  de  publier  en  mars  1875, 
grâce  au  bienveillant  appui  de  la  Société  nationale  Havraise  d'études 
diverses,  sur  la  force  chimique  contenue  dans  la  lumière  du  soleil,  la  me- 
sure de  sa  puissance  et  la  détermination  des  climats  qu'elle  caractérise, 
je  me  suis  appliqué  à  mettre  en  évidence  la  loi  qui  préside  à  la  distribu- 
tion de  cette  force  au  travers  de  notre  atmosphère,  selon  les  positions 
occupées  au-dessus  de  l'horizon  par  l'astre  qui  eu  est  le  générateur. 

J'avais  été  devancé  dans  celte  étude  par  MM.  Bunsen  et  Roscôe,  qui, 
en  opérant  avec  un    mélange   de  chlore  et   d'hydrogène,    étaient  déjà 

H)  Etude  sur  la  force  chimique  contenue  dans  la  lumière  du,  soleil,  etc.,  par  Eugène  Marchand. 
Paris,  Gautbier-villars. 


E.    MARCHAND.   —   ABSORPTION   ATMOSPHÉRIQUE  DE   LA  LUMIÈRE         419 

arrivés  à  des  résultats  dont  tous  les  physiciens  connaissent  l'importance, 
et  que  mes  recherches  ont  pleinement  confirmés  en  ce  sens  que  les 
courbes  de  développement  de  l'énergie  antitupique  sur  les  diiFérenls 
points  du  globe,  dans  une  belle  journée  d'équinoxe,  qui  se  déduisent  de 
leurs  observations  et  des  miennes,  suivent  une  marche  que  l'on  doit 
considérer  comme  identique  sur  les  zones  tempérées  et  glaciales,  et  qui  ne 
s'écarte  que  de  quelques  degrés  sur  l'équateur,  quand  on  les  ramène 
à  un  type  similaire  d'appréciation.  Cela  est  facile  à  reconnaître  lorsque 
l'on  jette  les  yeux  sur  le  premier  des  diagrammes  joints  à  ce  ménioir  e 

Dans  ce  diagramme  (fig.  44),  le  tracé  en  lignes  brisées  représente  la 
courbe  déduite  des  observations  de  MM.  Bunsen  et  Roscôe  (1).  Cette 
courbe  est  sinueuse;  elle  présente  une  dépression  anormale  et  bien 
singulière  entre  le  60e  et  75e  le  degré  de  latitude,  qui  ne  peut  s'expliquer 
que  par  des  modifications  théoriques  apportées  par  les  auteurs  dans  les 
valeurs  des  coefficients  employés  dans  leurs  calculs. 

Je  suis  autorisé  à  émettre  cette  opinion,  car  l'examen  des  deux  autres 
courbes  du  diagramme  fait  voir  deux  développements  différents  de  la 
même  force  selon  que  l'on  adopte  un  coefficient  variable  (ligne  pleine), 
ou  un  coefficient  constant  (ligne  pointillée),  ainsi  que  je  l'ai  fait  dans 
mon  mémoire  précité,  pour  mettre  en  évidence  les  conclusions  aux- 
quelles j'arrivais.  En  effet,  pour  l'équateur  et  les  régions  voisines,  la 
courbe  de  MM.  Bunsen  et  Roscoe  se  confond  presque  avec  celle  qui  se 
déduit  de  mes  observations  calculées  avec  le  coefficient  constant,  tandis 
qu'à  partir  du  50e  degré  de  latitude,  en  s'abaissant  vers  le  pôle,  elle  se 
confond  presque  aussi  avec  celle  dont  j'ai  obtenu  la  direction  en  me 
servant  des  coefficients  variables  (2). 

Les  résultats  sur  lesquels  je  m'appuie  ont  été  obtenus  en  faisant 
agir  la  lumière  du  jour,  la  lumière  solaire  directe  et  diffuse,  sur  un 
mélange  fait  en  proportions  convenables  et  à  équivalents  égaux  de 
sesquichlorure  de  fer  et  d'acide  oxalique.  Lorsque  la  réaction  s'accomplit 
sous  l'influence  de  la  lumière,  le  sel  ferrique  se  réduit  à  l'état  de 
chlorure  ferreux,  tandis  que  l'acide  oxalique  s'oxyde  et  se  transforme 
en  acide  carbonique  dont  le  volume  recueilli  sur  de  la  glycérine  siru- 
peuse, dans  laquelle  il  est  insoluble,  accuse  l'intensité  de  la  réaction 
exercée. 

J'ai  signalé  dans  mon  mémoire,  mais  je  n'ai  point  à  les  discuter  ici, 
les  écarts  considérables  qui  existent  dans  les  quantités  du  calorique  mis 
en  mouvement  pendant  la  même  unité  de  temps  sur  la  même  unité  de 
surface,  selon  que    l'on   opère  avec  les  agents   de   réaction    dont  ont 

(1)  V.  les  éléments  de  cette  courbe  dans  le  Mémoire  indiqué,  et  dans  le  Moniteur  scientifique 
du  Dr  Quesneville,  avril  1867,  p.  281. 

(2)  V.  Mém.  cité,  p.  162  et  165. 


420 


MÉTÉOROLOGIE    ET   PHYSIQUE   DU   GLOBE 


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Cn^épar  J  Justin  Si©**  Pau 

Fig.  U.  —  Action  chimique  exercée  par  la  lumière,  dans  un  jour  d'équinoxe, 
sur  les  différents  points  du  globe. 


l'ait  usage  MM.  Bunsen  et  Roscôe,  ou  bien  avec  ceux  auxquels  j'ai  eu 
recours.  L'intensité  des  effets  produits  dans  les  deux  cas  ne  s'accuse  pas 
sous  l'influence  des  mêmes  rayons  distribués  par  le  prisme  décomposant 
la  lumière  étudiée.  Sous  ce  rapport,  j'ai  peut-être  le  droit  de  me  plaindre 
du  reproche  que  je  me  suis  entendu  adresser  à   Paris,  de  n'avoir  pas 


B.    MARCHAND.    —   ABSORPTION   ATMOSPHÉRIQUE   DE   LA    LUMIÈRE  421 

accompli  un  travail  nouveau  et  d'être  entré  en  lice  après  mes  savants 
devanciers.  J'ai  opéré  par  une  méthode  plus  simple  et  facile  à  suivre, 
qui  peut  être  introduite,  mieux  que  la  leur,  dans  tous  les  observatoires, 
et  qui  donne  avec  autant  d'exactitude  des  résultats  proportionnels  à 
l'intensité  de  l'énergie  mise  en  jeu. 

Maintenant,  si  j'ai  eu  le  bonheur  d'arriver  ainsi  à  des  résultats  confir- 
mant, quant  à  la  direction  des  courbes,  les  résultats  qu'ils  ont  obtenus,  l'on 
devrait  ne  pas  oublier  que  leur  travail  ne  pouvait  me  servir  de  guide, 
vu  les  différences  de  nos  procédés  d'observation!  Cela  me  donne  le  sujet 
d'espérer  que  l'on  me  tiendra  compte  de  mes  longs  efforts,  au  lieu  de 
me  témoigner  une  hostilité  qui  découragerait  de  plus  habiles  et  de  plus 
infatigables.  A  cet  égard,  je  confie  mes  plaintes  aux  membres  de  l'As- 
sociation qui  s'est  imposé  la  mission  d'exciter,  en  le  développant,  le 
goût  des  études  scientifiques  en  province,  et  je  garde  la  confiance  que 
ces  plaintes  seront  entendues. 

L'intensité  des  réactions  chimiques,  dont  on  suit  avec  attention  le  dé- 
veloppement ,  a  .toujours  pour  mesure  la  quantité  de  chaleur  qui  se 
dégage  ou  s'absorbe  tandis  qu'elles  s'accomplissent  ;  mais  on  sait  que 
cette  quantité  est  variable  pour  chaque  cas  spécial  envisagé  par  rapport 
aux  autres.  J'ai  dû,  je  le  répète,  signaler  le  fait  sans  le  discuter  autre- 
ment. C'est  aux  habiles  expérimentateurs,  qui,  dans  des  laboratoires 
spéciaux,  richement  dotés  en  instruments  de  précision,  se  livrent  avec 
tant  de  succès  aux  études  de  la  thermo-chimie,  qu'il  appartient  de 
résoudre  ces  questions  délicates  destinées  à  exercer  la  plus  heureuse 
influence  sur  les  progrès  de  la  philosophie  chimique,  et  je  leur  en 
laisse  le  soin.  On  conçoit  bien  que,  abandonné  à  mes  propres  ressources 
dans  mon  très-modeste  laboratoire,  je  ne  pouvais  et  ne  puis  poursuivre 
la  solution  d'un  problème  aussi  délicat. 

Je  dis  ceci,  parce  que  l'on  m'a  fait  aussi  le  reproche  de  ne  pas  m'être 
livré  à  cette  étude  et  de  ne  pas  l'avoir  accomplie  pour  compléter  celle 
que  j'avais  entreprise. 

Le  but  de  la  communication  que  j'ai  l'honneur  de  faire  en  ce  mo- 
ment à  l'Association  est  tout  autre  :  je  veux  appeler  l'attention  des 
physiciens,  des  météorologistes  et  des  chimistes  sur  ce  fait  remarquable 
et  singulier,  à  savoir  que  l'absorption  de  la  force  chimique  pendant  le 
trajet  parcouru  par  chaque  rayon  émané  du  soleil,  au  travers  de  notre 
atmosphère,  diffère  extraordinairement  de  celle  éprouvée  par  la  lumière 
et  le  calorique  dont  elle  se  trouve  accompagnée  au  moment  où  elle 
touche  aux  premières  molécules  gazeuses  placées  sur  son  chemin,  et 
qui  forment  obstacle  à  son  arrivée  jusqu'au  sol.  Il  était  permis  de  le 
supposer,  et    M.   Radau,   en  particulier,  dans  son  beau   Mémoire   sur 


422  MÉTÉOROLOGIE   ET   PHYSIQUE  DU   GLOBE 

l'importance  climatologique  de  la  lumière  (1),  a  signalé  l'indépendance 
des  intensités  optique  et  chimique  du  faisceau  lumineux  échappé  du 
soleil;  mais  ce  fait,  si  important  par  ses  conséquences  générales,  n'a 
point  été  démontré  d'une  manière  aussi  complète,  ni  aussi  saisissable 
qu'il  me  semble  utile  de  le  faire  maintenant. 

Qu'il  me  soit  permis,  avant  d'essayer  de  le  faire,  de  dire  un  mot  des 
méthodes  employées  pour  calculer  la  dispersion  de  la  lumière,  et  de 
son  compagnon  de  voyage,  le  calorique,  au  travers  des  diverses 
tranches  de  l'atmosphère.  C'est  un  point  sur  lequel  il  est  devenu  utile 
d'appeler  l'attention  des  météorologistes. 

Bouguer,  dans  son  précieux  Traité  d'optique  sur  la  gradation  de  la 
lumière,  a  donné,  au  siècle  dernier,  la  loi  selon  laquelle  la  lumière 
des  astres  s'affaiblit  en  traversant,  sous  desj  incidences  diverses,  les 
différentes  couches  de  l'atmosphère.  Pouillet,  dans  ses  belles  recherches 
de  pyrhéliométrie,  a  démontré  que  cette  même  loi  préside  aussi  à  l'ab- 
sorption du  calorique  allié  à  cette  lumière.  Et,  dans  ces  derniers  temps, 
le  savant  directeur  de  l'Observatoire  de  Montsouris ,  M.  Marié-Davy, 
adoptant  le  mode  de  discussion  employé  par  Pouillet,  a  calculé  à  son 
tour,  par  la  même  méthode,  les  valeurs  relatives  de  l'actinisme  qu'il 
mesure  à  chaque  instant  du  jour  en  comparant  les  indications  four- 
nies par  deux  thermomètres  à  mercure,  l'un  à  boule  noircie,  l'autre  à 
boule  translucide,  conjugués  dans  le  vide  (2). 

Toutefois,  avant  d'aller  plus  loin,  je  dois  faire  observer  que  pour  ses 
calculs  Bouguer  a  admis  une  atmosphère  hypothétique,  uniformément 
dense,  identique  par  sa  composition  et  sa  richesse  en  molécules  nor- 
males à  celle  que  l'on  peut  étudier  à  la  surface  de  la  mer,  et  dont  la 
pression  sur  le  baromètre  fait  équilibre  à  une  colonne  de  mercure 
ayant  76  centimètres  de  hauteur. 

L'atmosphère  hypothétique,  selon  le  calcul  de  Bouguer,  doit  avoir  une 
épaisseur  de  7,944  mètres.  Mes  calculs  portent  cette  épaisseur  à  8,018 
mètres.  Quoi  qu'il  en  soit,  c'est,  je  crois,  cette  atmosphère  uniformé- 
ment dense  qu'il  faut  adopter  pour  servir  de  base  à  des  calculs  ayant 
une  valeur  indiscutable.  Pouillet  et  M.  Marié-Davy,  en  faisant  l'épais- 
seur atmosphérique  normale  égale  à  1/80  de  l'étendue    du  rayon  de  la 

(1)  Le  mémoire  do  MM.  Bunsen  et  Rosc'de  n'est  bien  connu  en  France  que  par  l'analyse  qui  en 
a  été  donnée  par  M.  Radau  dans  le  Moniteur  scientifique  du  Dr  Quesnevllle.  C'est  là  seulement 
que  j'ai  pu  prendre  connaissance  des  résultats  auxquels  sont  arrivés  ces  deux  savants.  C'est  là 
aussi,  et  seulement  là,  que  j'ai  pu  puiser  mes  éléments  de  comparaison. 

(2)  Ce  mode  d'observation,  qu'il  me  soit  permis  de  le  dire  en  passant,  a  besoin  d'être  étudié; 
car  l'on  est  encore  bien  loin,  en  ce  moment,  d'être  iixé  sur  la  nature  et  la  valeur  des  renseigne- 
ments qu'il  fournit.  Il  semble  donner  avec  exactitude  la  valeur  des  radiations  actiniques, 
mais  il  ne  saurait  mettre  en  évidence  le  développement  de  l'intensité  des  radiations  chimiques, 
fort  distinctes  de  celles-là,  et  qui,  en  venant  agir  sur  le  sol  après  avoir  traversé  l'atmosphère 
sous  des  incidences  solaires  différentes,  obéissent  à  des  lois  d'absorption  fort  différentes  aussi  de 
celles  qui  président  à  la  distribution  du  calorique  et  de  la  lumière,  ainsi  que.  cela  est  démontré 
dans  ce  mémoire. 


E.    MARCHAND.   —   ABSORPTION    ATMOSPHÉRIQUE   DE   LA   LUMIÈRE         423 

terre,  attribuent  à  cette  épaisseur  une  hauteur  de  80,000  mètres  (1). 
Dans  de  pareilles  conditions,  il  est  évident  que  chaque  rayon  de  lumière, 
avant  de  venir  frapper  le  sol,  ou  les  instruments  de  mesure  qui  reposent 
sur  lui,  traverse  des  couches  dont  les  épaisseurs  et  les  consistances 
relatives  sans  cesse  décroissantes  de  bas  en  haut,  varient  à  chaque  ins- 
tant, et  ne  sauraient  être  exactement  déterminées  par  le  calcul  dans 
leurs  valeurs  réelles. 

Cela  ne  présente  pas  d'inconvénients  lorsque  le  foyer  irradiant  est 
situé  à  plus  de  25  ou  30  degrés  au-dessus  de  l'horizon  ;  mais  les  écarts 
donnés  par  le  calcul  prennent,  entre  les  deux  méthodes,  une  importance 
véritablement  considérable,  lorsque  la  source  de  lumière  se  rapproche 
de  l'horizon.  C'est  ainsi  que  si  l'on  calcule  les  intensités  calorifiques  des 
rayons  lumineux  lorsque  le  soleil  est  à  10  degrés  d'élévation,  l'on  a 

dans  l'hypothèse  de  Bouguer  avec  l'épaisseur  8.018  mètres.     2°. 12 
et  dans  celle  de  Pouillet  avec  l'épaisseur  80,000  mètres.    .     2°. 53 

et  quand  l'astre  est  élevé  seulement  de  3  degrés 

Bouguer  trouverait 0°.25 

tandis  que  le  calcul  de  Pouillet  accuserait 1°.09 

De  même  le  calcul  de  l'actinisme,  dans  les  mêmes  circonstances, 
donne  pour  le  soleil  à  10  degrés 

hypothèse  de    Bouguer 0.31 

—  de  M.  Marié  Davy 0.52 

et  pour  le  soleil  à  3  degrés 

hypothèse  de  Bouguer 0.045 

—  de  M.  Marié-Davy 0.293 

Cela  est  dû  à  ce  que  les  rapports  des  épaisseurs  atmosphériques,  consi- 
dérés dans  ceux  qui  les  rattachent  à  l'épaisseur  initiale,  varient  selon 
une  loi  décroissante  à  mesure  que  le  soleil  s'élève  au-dessus  de  l'hori- 
zon; et  ils  varient  d'une  façon  extrêmement  considérable  au  moins  pour 
les  premiers  degrés  du  parcours  de  l'astre,  ainsi  que  cela  est  indiqué 
dans  le  tableau  suivant: 


|SH)  Dans  un  mémoire  récemment  pubiié  par  la  Société  météorologique  de  France,  sous  ce  titre: 
Mesure  de  l'intensité  calorifique  des  radiations  solaires,  et  de  leur  absorption  par  l'atmosphère, 
M.  Crova  a  admis,  sans  en  faire  connaître  la  base,  un  mode  de  détermination  de  la  relation  des 
épaisseurs  atmosphériques,  différent,  à  coup  sûr,  de  celui  admis  par  Bouguer  ou  par  Pouillet.  En 
effet,  pour  des  hauteurs  semblables  du  soleil,  le  physicien  de  Montpellier  donne  des  rapports 
d'épaisseur  qui  s'écartent  de  ceux  posés  par  ces  savants.  C'est  ainsi  que  l'on  a  pour  exprimer  les 
mêmes  relations  : 

Bouguer.    Pouillet.      Crova. 
Hauteur  du  soleil  24"»,7'  Rapports  des  épaisseurs 2.44  2.38  2.76 

—  —    30.44     —        —     i.  95     1.93     2.« 

—  —    35.47     —        —     1.71      1.69     1-80 

—  —    66.30     r?       —     1.09     1-09     !•«> 


424  MÉTÉOROLOGIE  ET  PHYSIQUE  DU  GLOBE 

Rapport  des  épaisseurs 

à    l'épaisseur  normale  dans 

l'hypothèse  de 

Bouguer         Pouillet,  etc. 

Épaisseur  initiale 8,018 mètres.     80,000  mètres. 

Soleil  à  l'horizon,  rapports.  .  :  39.86  12.69 

—  lo 28.35  11.37 

—  2° 20.84  10.20 

_        3° 16.03  9.18 

—  4° 12.85  8.28 

—  5° 10.66  7.51 

—  6° 9.08  6.83 

—  7° 7.89  6.25 

—  8° 6.97  5.75 

—  9° 6.24  5.31 

—  10° 5.65  4.92 

—  11° 5.16  4.59 

—  12° 4.74  4.29 

—  13° 4.39  4.02 

—  14° 4.09  3.79 

—  15° 3.83  3.58 

_  16° 3.60  3.39 

_  17° 3.40  3.22 

—  18° 3.22  3.07 

—  19° 3.05  2.93 

—  20° 2.91  2.80 

£n  présence  de  ces  chiffres,  que  je  ne  multiplie  pas  davantage  ici, 
parce  qu'ils  seront  reproduits,  avec  toutes  les  séries  dont  ils  font  partie, 
à  la  suite  de  ce  mémoire,  —  en  présence,  dis-je,  de  ces  chiffres,  l'on 
conçoit  la  variabilité  des  résultats  auxquels  conduit  la  formule  de 
Bouguer,  la  formule  k  =  ap  ,  et  il  devient  indispensable,  aujourd'hui 
que  les  calculs  de  l'actinisme  entrent  pour  une  plus  large  part  dans 
les  préoccupations  des  météorologistes,  de  déterminer  avec  exactitude 
les  conditions  de  consistance  et  d'étendue  de  l'atmosphère  que  l'on 
doit  adopter  pour  arriver  à  des  résultats  vraiment  dignes  de  confiance, 
c'est-à-dire  concordant  toujours  avec  les  données  fournies  par  l'observa- 
tion directe. 

Je  ne  puis  cependant  quitter  ce  sujet  sans  faire  remarquer  que  le 
soleil  étant  à  l'horizon  verserait  dans  le  pyrhéliomètre,  si  l'hypothèse 
de  Bouguer  est  exacte,  seulement  0Ml,00065,  tandis  que,  d'après  l'hypo- 


E.    MARCHAND.    —    ABSORPTION    ATMOSPHÉRIQUE    DE   LA    LUMIÈRE         425 

thèse  de  Pouillet,  i!  fournirait  0 Ml,1421.  Dans  le  premier  cas,  le  ther- 
momètre s'élèverait  de  0°0025,  tandis  que,  dans  le  second,  il  s'allon- 
gerait de  0°542.  Ce  dernier  effet  ne  saurait  se;  produire,  ni  être  observé 
dans  des  conditions  normales. 

J'ai  dit  que  la  force  chimique  est  absorbée  par  l'atmosphère  avec 
plus  d'intensité  que  la  lumière  et  le  calorique  contenus  avec  elle  dans  la 
constitution  normale  de  chaque  rayon  du  soleil.  J'ajouterai  qu'elle 
n'est  point  absorbée  suivant  la  même  loi,  et  que  la  formule  de  Bouguer 
ne  saurait  être  employée  pour  le  calcul  de  son  absorption.  La  preuve 
s'en  trouve  sur  le  second  de  nos  diagrammes  (fig.  45). 

J'y  indique  : 

1°  Par  la  courbe  supérieure,  la  distribution  centésimale  de  la  lumière, 
du  calorique  et  de  l'actinisme  selon  les  hauteurs  du  soleil  dans  l'hypo- 
thèse de  Bouguer.  L'intensité  maximum  100  (basée  sur  l'absorption  par 
la  tranche  atmosphérique  normale  de  18  centièmes  des  forces  initiales), 
s'accuse  en  une  minute  à  midi  sur  l'équateur,  au  niveau  de  la  mer, 
dans  un  très-beau  jour  d'équinoxe; 

2°  La  seconde  courbe  représente  le  développement  de  l'actinisme  dans 
l'hypothèse  de  M.  Marié-Davy,  en  admettant  avec  cet  habile  observateur 
que  l'absorption  par  l'atmosphère  normale  dans  la  direction  zénithale  est 
égale  seulement  aux  13  centièmes  de  la  force  éclairante 

Cette  courbe  se  bifurque  et  s'infléchit  dans  deux  directions  différentes 
à  mesure  que  le  soleil  se  rapproche  de  l'horizon,  à  partir  du  35e  degré 
d'élévation.  La  courbe  noire  est  celle  qui  résulte  les  calculs  opérés 
comme  le  voulait  Bouguer,  avec  l'atmosphère  uniformément  dense.  La 
bifurcation  pointillée  est  celle  qui  se  déduit  en  attribuant  à  l'atmosphère 
l'épaisseur  de  80,000  mètres. 

3°  La  courbe  placée  au-dessous  des  deux  précédentes  représente  l'in- 
tensité de  la  lumière  et  celle  du  calorique  qui,  dans  l'hypothèse  de 
Pouillet,  doivent  s'absorber  de  la  même  façon.  Cette  courbe  est  calculée 
à  l'aide  des  éléments  fournis  par  l'atmosphère  uniformément  dense, 
épaisse  de  8,018  mètres  dans  sa  tranche  zénithale,  et  en  admettant 
avec  Bouguer  que  l'absorption  normale  opérée  par  cette  couche  de 
matière  gazeuse  est  égale  aux  18  centièmes  de  la  force  initiale,  consi- 
dérée au  moment  de  son  entrée  dans  l'atmosphère. 

4°  La  quatrième  courbe  représente  en  degrés  du  thermomètre  centi- 
grade la  valeur  des  radiations  calorifiques,  telles  qu  elles  se  déduisent 
des  observations  de  Pouillet.  Elle  occupe  le  milieu  du  tableau.  Ici,  comme 
pour  la  courbe  n°  2,  l'on  remarquera  que  le  tracé,  en  descendant  vers 
les  points  où  le  soleil  se  lève  ou  se  couche,  se  bifurque  encore.  Le  tracé 
noir  est  celui  qui  indique  les  résultats  du  calcul  opéré  dans  l'hypothèse 
de  Bouguer.  Le  tracé  pointillé  est  indiqué  lorsque  l'on  admet  avec  Pouillet 


4m 


MÉTÉOROLOGIE   ET   PHYSIQUE   DU  GLOBE 


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Intensité  des  effets  produits . 

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E.    MARCHAND.    —   ABSORPTION    ATMOSPHÉRIQUE   DE   LA    LUMIÈRE  427 

l'épaisseur  normale  de  80,000  mètres.  Dans  les  deux  cas,  le  calcul  a  été  fait 
en  admettant,  avec  l'inventeur  du  pyrhéliomètre,  dans  la  formule  de  Bou- 
guer  ainsi  exprimée  : 

t  =  A/  ,  A  =  6o.72.  et  p  =  0.76. 

5°  Les  deux  courbes  jointes  par  leurs  extrémités,  qui  viennent  ensuite, 
et  dont  la  direction  est  si  différente  des  précédentes,  représentent  le 
diagramme  de  la  force  chimique  dans  un  antitupimètre  dont  la  surface 
active  est  toujours  maintenue  parallèle  au  soleil,  et  dans  un  autre 
instrument  dont  la  surface  active  aussi  est  toujours  maintenue  dans 
une  situation  horizontale. 

6°  Enfin,  au  bas  et  sur  le  côté  gauche  du  diagramme,  j'ai  tracé 
les  courbes  qui  représentent,  pour  chaque  degré  d'élévation  du  soleil,  la 
valeur  relative  des  épaisseurs  atmosphériques ,  ou,  ce  qui  revient  au 
même,  le  nombre  des  molécules  normales  dont  chaque  rayon  actif  a  à 
vaincre  la  résistance  pour  arriver  jusqu'au  sol,  selon  que  l'on  admet 
l'hypothèse  de  Bouguer  (ligne  noire  continue),  ou  l'hypothèse  de  Pouillet 
et  de  M.  Marié-Davy  (ligne  noire  se  prolongeant  à  partir  du  35°  degré 
selon  le  tracé  pointillé).  Pour  rendre  les  épaisseurs  plus  appréciables, 
elles  ont  été  recouvertes  par  des  hachures. 

Je  n'ai  pas  besoin  de  m'appesantir  sur  l'importance  des  résultats  mis 
en  évidence  par  ce  tableau.  Us  font  bien  voir  les  différences  énormes 
qui  existent  dans  l'action  absorbante,  exercée  par  l'atmosphère  sur  les 
forces  alliées  dans  chaque  rayon  de  lumière  solaire  qui  la  traverse. 
Tandis  que  la  lumière  elle-même,  l'actinisme  et  le  calorique,  acquièrent 
rapidement  après  le  lever  du  soleil,  une  intensité  considérable  en  ve- 
nant frapper  le  sol,  et  que  vers  le  35e  degré  d'élévation  de  l'astre,  cette 
intensité  est  égale  déjà  aux  neuf  dixièmes  de  ce  qu'elle  peut  être  quand 
les  rayons  actifs  tombent  perpendiculairement  sur  le  lieu  éclairé,  on 
voit  que  la  force  chimique,  la  photantitupie,  comme  je  l'ai  appelée, 
ou  plus  simplement  l'antitupie,  prend  lentement  son  intensité  selon  des 
courbes  dont  le  développement  s'accélère  sans  cesse  jusqu'à  ce  que 
le  soleil  ait  atteint  son  maximum  de  hauteur. 

En  prolongeant  idéalement  ces  courbes  jusqu'aux  théoriques  limites 
supérieures  de  l'atmosphère,  conformément  aux  lois  de  leur  déve- 
loppement, j'ai  trouvé,  depuis  la  publication  de  mon  mémoire,  que  la 
force  chimique  de  la  lumière  du  soleil,  dont  le  maximum  d'intensité 
sur  un  centimètre  carré  de  surface  au  niveau  de  la  mer  doit  s'accu- 
ser dans  mon  antitupimètre,  en  une  minute,  à  midi,  à  l'équateur, 
dans  les  très-beaux  jours  d'équinoxe  par  la  production  de  0C,C,,1418  de 
gaz  carbonique,  en  produirait  0C,C', 55300  sur  le  même  point  et  pen- 
dant le  même  temps   si   l'atmosphère  n'existait  pas. 


428  MÉTÉOROLOGIE  ET  PHYSIQUE  DU  GLODE 

Il  résulte  donc  de  ceci  que  la  tranche  zénithale  de  la  masse  gazeuse 
qui  enveloppe  la  terre,  prise  dans  sa  richesse  normale  en  vapeur  d'eau, 
absorbe,  à  elle  seule,  les 744  millièmes  de  la  force  de  réaction  rayonnée 
vers  nous  par  le  soleil  quand  elle  est  éclairée  verticalement.  On 
sait  par  les  travaux  de  Bouguer,  de  Pouillet  de  M.  Marié-Davy,  etc., 
que  la  tranche  d'air  d'épaisseur  normale  n'absorbe,  dans  les  mêmes 
conditions,  que  les  10  à  2o  centièmes  de  la  lumière  et  du  calorique 
dont  elle  subit  l'action,  pendant  tout  le  temps  où  l'antitupie  solaire 
réagit  aussi  sur  elle.  Comme  on  le  voit,  la  différence  est  grande. 

A  mesure  que  l'épaisseur  de  la  tranche  atmosphérique  augmente,  la 
puissance  relative  d'absorption  de  l'antitupie  disponible  diminue,  ainsi 
que  cela  est  indiqué  au  tableau  suivant,  dans  lequel  l'intensité  de  la 
force  mesurée  est  exprimée  en  centimètres  cubes  de  gaz  acide  carbo- 
nique produit  par  minute  dans  l'antitupimètre  pour  chaque  centimètre 
carré  de  surface  impressionnée.  Les  calculs  ont  été  opérés  pour  le  cas 
d'une  atmosphère  uniformément  dense  ayant  8,018  mètres   d'épaisseur. 


VALEUR 

RAPPORTS  CENTÉSIMAUX 

HAUTEUR 

ÉPAISSEUR 

de  kifurce  quand 

ANT1TUPIE 

de  la 

du 
Soleil. 

de 
l'atmosphère 

elle 
pénètre  dans  la 

couche 
d'air  indiquée. 

absorbée  par  la 

précédente 
couche    d'air. 

FORCE   LIVRÉE 

Utilisable. 

A  LA   FORCB. 

Absorbée. 

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0 

0e-c-55300 

0C,£-  »    » 

0    »  y 

0    »  » 

90°   » 

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0       14148 

0      41152 

0.2558 

0.7442 

29.52 

2 

0       04337 

0       09811 

0  4478 

0.5522 

19.27 

3 

0       02773 

0       01564 

0.6394 

0.3006 

14.20 

4 

0       02035 

0       00738 

0.7339 

0.2661 

11.15 

5 

0       01608 

0       00427 

0.7902 

0.2098 

9.23 

6 

0       01325 

0       00283 

0.8240 

0.1760 

7.58 

7 

0       01122 

0       00203 

0.8468 

0.1532 

6.54 

8 

0       00970 

0       00152 

0.8645 

0.1355 

G. 3 

9 

0       00849 

0       00121 

0.8752 

0.1248 

5.25 

10 

0       00753 

0      0009G 

0.S869 

0.1131 

Maintenant  il  résulte  des  expériences  de  MM.  Bunsen  et  Boscoë  que, 
dans  les  beaux  jours  d'équinoxe,  à  midi,  et  en  une  minute,  les  rayons 
solaires  seuls  traversant  une  atmosphère  suffisamment  étendue  de  leur 
réactif,  par  une  ouverture  ayant  un  centimètre  carré  de  surface,  pro- 
voqueraient la  formation  de 

39  centimètres  cubes  de  gaz  acide  chlorhydrique  sur  le  75e  parallèle 
33G  —  —  —  —  60e      — 


E.    MARCHAND.    ABSORPTION    ATMOSPHÉRIQUE   DE    LA    LUMIÈRE         429 

656  centimètres  cubes  de  gaz  acide  chlorhydriquesurle49e  parallèle 
H69  —  —  —  —  30B      — 

1983  —  —  —  —      sur  l'équateur 

3530  —  —  —  —     sur  l'équateur   si 

l'atmosphère  terrestre  n'existait  pas. 

On  doit  donc  tirer  de  ces  résultats  la  conclusion  que  l'atmosphère 
normale,  considérée  dans  sa  tranche  verticale  dans  les  lieux  où  elle  est 
éclairée  perpendiculairement  par  le  soleil,  absorbe  seulement  les  44 
centièmes  de  la  force  de  réaction  contenue  dans  les  rayons  actifs  agis- 
sant sur  un 'mélange  de  volumes  égaux  de  chlore  et  d'hydrogène,  au 
moment  où  ces  rayons  rencontrent  les  molécules  les  plus  subtiles  du 
globe  sur  lequel  nous  les  observons.  Toutefois  je  dois  dire  que  M.  Bun- 
sen a  renversé  les  termes  de  la  proportion  et  que  l'absorption  est  égale, 
selon  lui,  aux  56  centièmes  de  la  force  antitupique  contenue  dans  la 
lumière  normale. 

Gomme  on  le  voit,  l'un  et  l'autre  de  ces  chiffres  d'absorption  est  bien 
éloigné  de  celui  que  je  suis  amené  a  poser  moi-même!  L'écart  est-il 
dû  à  la  différence  des  réactifs  employés  ?  Cela  est  possible,  mais  je  ne 
le  pense  pas,  car,  si  les  courbes  du  déploiement  de  la  force  ne  se 
développent  pas  sur  les  mêmes  points  du  spectre,  elles  se  développent 
parallèlement  en  offrant  une  même  étendue  aux  manifestations  mesu- 
rables de  l'énergie  mise  en  jeu. 

Quoi  qu'il  en  soit,  et  malgré  ces  divergences,  il  me  semble  qu'en 
persistant  à  admettre  le  chiffre  0,74  pour  indiquer  la  puissance  d'ab- 
sorption exercée  par  l'atmosphère,  dans  le  cas  où  l'on  se  sert  du  réactif 
dont  j'ai  fait  usage,  je  n'exagère  rien.  En  effet,  l'antitupie  transportée 
par  la  lumière  du  soleil  se  dépose  sur  les  nuages  blancs  qu'elle  rencon- 
tre avant  d'arriver  jusqu'à  nous.  Elle  s'accumule  sur  eux,  et  ils  nous 
la  renvoient  en  augmentant,  souvent  d'une  façon  bien  appréciable, 
l'intensité  des  effets  concomitants  de  l'acte  d'illumination.  D'ailleurs,  il 
s'accomplit  sans  cesse,  au  sein  de  la  masse  aérienne,  une  multitude  de 
réactions  dont  nous  ne  connaissons  sans  doute  aujourd'hui  qu'un  petit 
nombre,  telles  que  la  formation  de  l'ozone,  la  production  des  nitrites, 
la  combustion  des  matières  organiques,  etc.,  tous  phénomènes  dans  le 
développement  desquels  la  photantitupie  intervient  d'une  façon  incon- 
testable, et  dans  les  conditions  les  plus  énergiques. 

On  trouvera  dans  les  tableaux  suivants  tous  les  renseignements  justi- 
ficatifs des  propositions  formulées  dans  ce  mémoire,  et  les  éléments  qui 
ont  servi  à  tracer  les  courbes  figurées  sur  le  second  diagramme. 


430  MÉTÉOROLOGIE   ET   PHYSIQUE   DU    GLOBE 

ÉPAISSEURS   ATMOSPHÉRIQUES   TRAVERSÉES   PAR   LE   RAYON    DE   LUMIÈRE. 


HAUTEUR 

ÉPA1SSEUK 

L'UNITÉ 

L'UNITÉ 

HAUTEUR 

ÉPAISSEUR 

L'UNITÉ 

L'UNITÉ 

du 

en 

d'épaisseur 
est 

d'épaisseur 
est 

du 

en 

d'épaisseur 

d'épaisseur 

soleil 

mètres 

dc8.018m 

de80.000m 

soleil 

mètres 

=  8.018m 

=  80.000m 

E. 

E. 

0 

319.604 

39-86 

12.69 

E. 

E. 

1 

227. 2S9 

28-35 

11.37 

46 

11.140 

1.39 

1.38 

2 

167.060 

20.84 

10.20 

47 

10.956 

1.37 

1.36 

3 

128.514 

16.03 

9.18 

48 

10.782 

1.34 

1.34 

4 

103.066 

12.85 

8-28 

49 

10.619 

1.32 

1.32 

5 

85.464 

10.66 

7.51 

50 

10.463 

1.30 

1.30 

6 

72.775 

9.08 

6.83 

51 

10.313 

1   29 

1.28 

7 

63-237 

7. 89 

6.25 

52 

10.171 

1.27 

1.26 

8 

55.893 

6.97 

5.75 

53 

10.036 

1.25 

1.25 

9 

50.032 

6.24 

5.31 

54 

9.907 

1.24 

1.23 

10 

45.2S3 

5.65 

4.92 

55 

9.784 

1.22 

1.22 

h 

41.337 

5.16 

4.59 

56 

9.667 

1.21 

1.20 

12 

38.040 

4.74 

4.29 

57 

9 .  557 

1.19 

1.19 

13 

35.238 

4.39 

4-02 

58 

9.452 

1.18 

1.18 

14 

32-806 

4.09 

3.79 

59 

9-353 

1.17 

1.17 

15 

30.715 

3.83 

3.58 

60 

9- 257 

1.15 

1.15 

16 

28.871 

3.60 

3-39 

61 

9.166 

1.14 

1-14 

17 

27.243 

3.40 

3.22 

62 

9.078 

1.13 

1.13 

18 

25.801 

3.22 

3.07 

63 

8-995 

1.12 

1.12 

19 

24.492 

3.06 

2.93 

64 

8.919 

1.11 

1.11 

20 

23.334 

2.91 

2.80 

65 

8.845 

1.10 

1.10 

21 

22.278 

2.78 

2.68 

66 

8.776 

1.09 

1.09 

22 

21.323 

2.66 

2.58 

67 

8.710 

1.095 

1.08 

23 

20.450 

2.55 

2.48 

68 

8-647 

1.08 

1.08 

24 

19.655 

2.45 

2.  39 

69 

8-587 

1.07 

1.07 

25 

18.915 

2.36 

2.30 

70 

8.530 

1.00 

1.06 

26 

18.241 

2.28 

2.23 

71 

8.479 

1.06 

1.06 

27 

17.620 

2.20 

2.15 

72 

8.430 

1.05 

» 

28 

17.045 

2.13 

2.09 

73 

8.3s4 

1.05 

1.05 

29 

16.501 

2.06 

2.02 

74 

8.340 

1.04 

7> 

30 

16-008 

2.00 

1.96 

75 

8.301 

1.04 

1.04 

31 

15.540 

1.94 

1.91 

76 

8.262 

1.03 

» 

32 

15.105 

1.88 

1.86 

77 

8.229 

1   03 

1.03 

33 

14.708 

1.83 

1.81 

78 

8.197 

1.02 

» 

34 

14.318 

1.79 

1.77 

79 

8.169 

1.02 

» 

35 

13.963 

1.74 

1.72 

80 

8.142 

1.015 

5) 

1.02 

36 

13.616 

1.70 

1.68 

81 

8.119 

1.013 

37 

13.308 

1.66 

1.65 

82 

8.096 

1.010 

» 

38 

13.003 

1.62 

1.61 

83 

8.077 

1.007 

» 

39 

12.729 

1.59 

1.58 

84 

8.061 

1.005 

» 

40 

12.462 

1.55 

1.54 

85 

8.048 

1.004 

s 

41 

12.211 

1.52 

1.51 

86 

8.038 

1.0025 

a 

42 

11. 973 

1.49 

*.49 

87 

8.030 

1.0015 

» 

43 

11.747 

1.47 

1.46 

88 

8.025 

1.0009 

s 

44 

11.535 

1.44 

1.43 

89 

8.021 

1.0004 

s 

45 

11.333 

1.41 

1.41 

90 

8.018 

1.0000 

1.00 

E.    MARCHAND.    ABSORPTION    ATMOSPHÉRIQUE   DE    LA    LUMIÈRE  431 

DISTRIBUTION   DE   LA   LUMIÈRE   SELON   BOUGUER  ET   DE  L'ACTIMSME 
SELON    M.    MARIÉ-DAVY. 


HiCTBDR 

BOUGUER 

MARIÉ-DAVY           H1WMR 

BOUGUER 

MARIÉ-DAVY 

du 

Épaisseur 

Épaisseur 

Épaisseur    I 

Épaisseur 

du 

Épaisseur 

Épaisseur 

Épaisseur 

Épaisseur 

soleil   a 

Imospheriq .   3 

tniosphenq .    a 

Imospheriq .   a 

Imospheriq. 

soleil    Jloospheriq.    almosphériq.   alœosphériq . 

Imospheriq. 

=  7.623m  ; 

=  8.018m  = 

-8.018m  - 

=80.000ra 

=  7.623m  = 

-  8.018m  = 

=  8.018"' 

— 80.000m 

0 

0 

6 

3 

49 

1.837 

46 

a 

7.506 

8.307 

8.317 

1 

47 

29 

180 

2.191 

47 

s 

7.542 

8.332 

8.339 

2 

192 

136 

619 

2.561 

48 

s 

7-576 

8-356 

8.362 

3 

454 

366 

1.176 

2.935 

49 

» 

7.608 

8.379 

8.384 

4 

802 

704 

1.797 

3-309 

50 

7.624 

7.638 

8-401 

8.407 

5 

1.201 

1.107 

2.409 

3.668 

51 

9 

7.668 

8-422 

8.429 

6 

1.616 

1.535 

2.975 

3.926 

52 

s 

7-696 

8.442 

8.451 

7 

2.031 

1.963 

3.490 

4.242 

53 

a 

7.723 

8.461 

8-463 

8 

2.423 

2.371 

3.942 

4.640 

54 

9 

7.748 

8.479 

8.485 

9 

2.797 

2.757 

4.346 

4-921 

55 

7.759 

7.773 

3.497 

8.497 

10 

3-149 

3.116 

4.704 

5.184 

56 

D 

7.796 

8-513 

8.519 

11 

3.472 

3.449 

5.024 

5.418 

57 

9 

7.819 

8.529 

8.531 

12 

3.773 

3.755 

5.307 

5.640 

58 

» 

7.840 

8.543 

8.550 

13 

4.050 

4.036 

5.561 

5.846 

59 

S 

7.860 

8.558 

8.560 

14 

4.301 

4.297 

5.791 

6.029 

60 

7.866 

7.879 

8.571 

8.577 

15 

4-525 

4-534 

5.995 

6.200 

61 

a 

7.898 

8.584 

8.587 

16 

4.763 

4.755 

6.183 

6.359 

62 

» 

7.915 

8.597 

8.599 

17 

4.964 

4.958 

6.353 

6.505 

63 

a 

7.932 

8-609 

8.611 

18 

5.143 

5.146 

6.507 

6.637 

64 

a 

7.948 

8.620 

8.622 

19 

5.316 

5.322 

6-650 

6.762 

65 

7.951 

7.963 

8.630 

8.634 

20 

5.474 

5.484 

6.780 

6.881 

66 

9 

7.978 

8.640 

8.643 

21 

s 

5.635 

6.900 

6.992 

67 

a 

7.991 

8.650 

8.645 

22 

a 

5.775 

7. OU 

7.0S0 

68 

a 

8.004 

8-659 

8.657 

23 

9 

5.906 

7.114 

7.181 

69 

a 

8.016 

8-667 

8.668 

24 

i> 

6.028 

7.209 

7.268 

70 

8-016 

8.028 

8.676 

8.680 

25 

6-136 

6.144 

7.298 

7.355 

71 

9 

8.038 

'          "T.  683 

1     26 

a 

6.252 

7.380 

7.425 

72 

m 

8.049 

8.690 

1     21 

a 

6.354 

7.457 

7.511 

73 

» 

8.058 

8.697 

28 

a 

6-447 

7.529 

7.565 

74 

» 

8.067 

8.703 

29 

» 

6.538 

7.597 

7.636 

75 

a 

8.076 

8.709 

30 

6.613 

6-622 

7.660 

7.697 

76 

9 

8.084 

8.714 

31 

a 

6-702 

7.720 

7.749 

77 

» 

8.091 

8-719 

32 

» 

6.778 

7.776 

7.801 

78 

a 

8.097 

8.724 

33 

» 

6.848 

7.828 

7.842 

79 

9 

8.103 

8-728 

34 

a 

6.916 

7.878 

7.895 

80 

8.098 

8.109 

8.732 

35 

6.953 

6.980 

7.925 

7.948 

81 

» 

8.113 

8.735 

36 

a 

7.039 

7.969 

7.990 

82 

» 

8.118 

8.739 

37 

» 

7.099 

8.012 

8-623 

83 

» 

8.122 

8.741 

38 

a 

7.153 

8.052 

8.066 

84 

» 

8.126 

8-744 

39 

» 

7.205 

8.090 

8.098 

85 

» 

8.128 

8.746 

40 

7.237 

7.255 

8.126 

8.142 

86 

» 

8.130 

8.747 

41 

a 

7.302 

8.160 

8.174 

87 

» 

8.132 

8.748 

42 

9 

7.347 

8.192 

8.196 

88 

9 

8.133 

8.749 

43 

9 

7.390 

8.223 

8.229 

89 

» 

8.134 

8.749-5 

1     44 

a 

7.430 

8.352 

8.262 

90 

8-123 

8.135 

8.750 

1     45 

7.454 

7.469 

8.280 

8.284 

Hors 
l'atmos 

10.000 

10000 

10.000 

432  MÉTÉOROLOGIE   ET    PHYSIQUE   DU   GLOBE 

DISTRIBUTION   THÉORIQUE   DU   CALORIQUE,    CALCULÉE   D'APRÈS   POUILLET    (p  =  0.82). 


HAUTEUR 

du 
soleil 

ÉPAISSEUR  ATSIOSFIIÉRIQIB  DBHSK 

=  8.018» 

Valeurs 

en  fractions 
de  l'unité 

ÉPAISSEUR  ATMOSPHÉRIQUE  KOHMAI.B 

=  80.000™ 

.Marche 

du 

thermomètre 

Calories 
actives 

Marche 

(lu 

thermomètre 

Calories 
actives 

Valeurs 

en  fractions 

de  l'unité 

Cal. 

Cal. 

Cil. 

Cal. 

0 

0.0025 

0.00065 

0.0004 

0.342 

0.1421 

0-0806 

1 

0.0240 

0.00640 

0.0036 

0.704 

0.1847 

0.1049 

2 

0.1073 

0.02S2 

0.0100 

0.888 

0.2329 

0.1321 

3 

0.255 

O.OGGS 

0.0379 

1.087 

0.2832 

0.1617 

/, 

0.524 

0.1375 

00780 

1.300 

O.34I0 

0.1934 

5 

0.810 

02126 

0-1200 

1.514 

0.3972 

0.2253 

6 

1.109 

0.2911 

0.1651 

1.733 

0.4516 

0.2378 

7 

1.405 

0.3686 

0.2091 

1.944 

0.5101 

0 • 2893 

8 

1.685 

0.4421 

0-2507 

2.082 

0.5462 

0.3098 

9 

1.948 

0.5111 

0.2889 

2.272 

0.5960 

0.3380 

10 

2.124 

0.5574 

0.3161 

2.531 

0.6642 

0.3707 

11 

2.41G 

0.6339 

0-3595 

2.703 

0.7091 

0.4022 

12 

2.621 

0.6878 

0.3900 

2.868 

0.7520 

0.4268 

13 

2.810 

07373 

0.4181 

3.026 

0.7941 

0.4304 

14 

2.984 

0.7829 

0.4440 

3.168 

0.8312 

0.4714 

15 

3.142 

0.8245 

0.4076 

3.302 

0.8065 

0.49I4 

1G 

3.289 

0.8630 

0.4894 

3. 429 

0.8998 

0.5103 

17 

3.424 

0.8985 

0.5095 

3.547 

0.9307 

0.5278 

18 

3.548 

0.9311 

0.5280 

3-654 

0.9388 

0.5438 

19 

3.665 

0.9616 

0.5514 

3.757                  0.9858 

0.5591 

20 

3.772 

0.9897 

0.5013 

3.855                  1.0116 

0.5737 

21 

3.872 

1.0159 

0.5761 

3.948 

1.0360 

0.5875 

22 

3.964 

1.0402 

0.5899 

4.027 

1.0568 

0.5993 

23 

4.051 

1.0630 

0.6028 

4.108 

1.0779 

0.6113 

2'. 

4.132 

1.0841 

0.6148 

4.182 

1.0974 

06223 

25 

4.208 

1.1041 

0.0262 

4.258 

1.1172 

0.6335 

20 

4.278 

1.1228 

0.0367 

4-317 

1.1328 

0-0424 

27 

4.345 

1.1401 

0.0406 

4.380 

1.1319 

0.6327 

28 

4.407 

1.1564 

0.6558 

4.438 

1  .1648 

0.6005 

29 

4.467 

1.1721 

0.6W7 

4.501 

1.1809 

0.6697 

30 

4.522 

1.1863 

0.0729 

4.553 

1.1961 

0-6777 

31 

4.574 

1.2003 

0.6806 

4.600 

1.2070 

0.6845 

32 

4 .  624 

1.2133 

0.0881 

4.646 

1.2191 

0.6914 

33 

4.670 

1.2254 

0.6930 

4 .  692 

1.2312 

0.6982 

34 

4.713 

•1.2371 

0.7016 

4.730 

1.2410 

0.7038 

I         3i 

4.757 

1  .2481 

0.7070 

4-777 

1.2534 

0.7108 

3G 

4.797 

1 .2589 

0.7139 

4.815 

1.2634 

0.7165 

37 

4.823 

1.2656 

0.7194 

4.844 

1.2709 

0.7208 

38 

4.870 

1  .2778 

0.72 '.7 

.'..SS2 

1.2811 

0-7265 

39 

4.90'i 

1.2S68 

07298 

4.911 

1.2887 

0.7309 

40 

4.936 

1.2953 

O-73'.O 

4.950 

1.2990 

0.7366 

41 

4.967 

1.3035 

0.7392 

4.980 

1.3063 

0.7411 

\1 

4.997 

1.3111 

0.7436 

5.000 

1.3119 

0.7440 

43 

5.025 

1.3184 

0.7477 

5.030 

1.3198 

0.7485 

44 

5.051 

1.3254 

o .  7  :;  t  G 

5.0G0 

1.3278 

0.7529 

45 

5.076 

1.3320 

0  7534 

5.080 

1.3329 

0.7559 

E.    MARCHAND.    —   ABSORPTION    ATMOSPHÉRIQUE   DE   LA   LUMIÈRE 


433 


DISTRIBUTION   THÉORIQUE    DU   CALORIQUE,   CALCULÉE    D'APRÈS  POUILLET 

(/>    =  0.82)  (Suite). 


BAUIEUR 

du 
soleil 

11Q01  DBRSB 

!   ■ 

\  aleurs 

en  fractions 

de  l'unité 

i:  iTUOSPHÉRlQUE  MHilllLt 

=z  80.000™ 

Marche 

du 
thermomètre 

actives 

Marche 

du 

thermomètre 

Calories 

actives 

Valeurs 

en  fractions 

de  l'unité 

40 

a. 101 

Cal. 
1.3385 

Cal. 

5.110 

Cal. 

1.3409 

Cal. 
0.7604 

.'.7 

5.124 

1.3*45 

0.7623 

...  i  10 

1.3462 

8.7635 

48 

5.146 

0.765S 

5.151 

1.3516 

0.7665 

49 

:,.  167 

1.355 

0.7089 

5.172 

1.3570 

0.7695 

50 

5.187 

1.3610 

0.7718 

5.192 

1.3624 

0.7726 

51 

5.206 

1  .3661 

0.7747 

5.212 

t .3678 

0  77:.T 

52 

5.224 

1.3709 

0.7775 

5.333 

1.3723 

0.7788 

53 

5 .242 

0   7 

3 .244 

I     I759 

0   7803 

5  'i 

5.259 

1 .3799 

.  825 

5.271 

1.3814 

0.7834 

55 

5.275 

I .3842 

0.785  i 

Si) 

I .3842 

0.7850 

56 

5.290 

i .3881 

0.7872 

3.293 

1.3389 

0.7880 

57 

5.303 

i    1916 

0.7892 

3.307 

1.3921 

0.7897 

58 

5.318 

I .3955 

0.7914 

5.328 

l      1 52 

0.7912 

59 

5.331 

1.3989 

5.337 

1.3978 

0.7927 

60 

5.344 

1.4023 

0.7933 

5.349 

1.4033 

0.7959 

61 

5.336 

1  .4084 

0.7970 

5.3G0 

1 .4003 

0.7975 

1,2 

5.368 

1.4085 

0.7988 

5.370 

1  .  ',  I  0  I 

0.7991 

63 

5.379 

1 .  '.  1 1  3 

0.8000 

5.381 

1 . 41 1 9 

0.8007 

64 

5.3S9 

1.4140 

0.8019 

5.391 

1  .4147 

0.8023 

Gr, 

5.399 

1 .41 07 

0.8034 

5.  102 

1  .  ',173 

0.8039 

66 

5.408 

1.4190 

0.8048 

5.410 

1  . 1203 

0.8053 

(37 

3.417 

I.  1214 

0.8061 

-, .  ;  1 8 

1.4213 

0.8059 

68 

'.', .  125 

1.4236 

0.8073 

3.423 

1 .4235 

0.8071 

69 

5.433 

1 .4237 

0.8083 

5.434 

1.4230 

0.8087 

70 

71 
72 
71 

5  •  4  '<  1 
5.448 
5.4K0 

1.4277 

1.4295 
1  .4313 
1.4327 

0.8097 

0.8107 
0 .  ;s  M  7 
0.8125 

5.443 

1.4278 

0.8098 

Kés 
à  ceux 

ultats  compare 

de  la  série  pr 

blés 
scédente. 

7-'. 

3   167 

! . 1344 

0.8135 

75 

5.475 

1.4367 

0.8143 

70 

5.477 

1.4372 

0.8151 

77 

3.482 

0.8157 

78 

5.486 

1.4396 

0.8164 

79 

5.490 

1.4406 

0.8109 

80 

5.494 

1.4415 

0.8175 

81 

5.497 

1.4423 

0.8179 

82 

5.500 

1.4432 

0 .  81 84 

83 

5.503 

1.4438 

0.8188 

84 

5.505 

1  . 4  1 S  S 

6.8191 

83 

5.50G 

1.4449 

0.8194 

se 

5.308 

1.4452 

0.8196 

87 

5.509 

1.4455 

0.8198 

88 

5.509 

1.4457 

0.8199 

89 

5.510 

1.4459 

0.8199 

90 
Hors  l'almos 

5.510 
0.72 

1.4460 
1.7630 

0.8200 
1.0000 

6.72 

1.703 

1.0000 

28 


434 


MÉTÉOROLOGIE    ET   PHYSIQUE    DU    GLOBE 


DISTRIBUTION  THÉORIQUE  DE   LA   LUMIÈRE,   DE    L'ACTINISME,    DU   CALORIQUE  ET  DE   LA 
FORCE   CHIMIQUE  AU   TRAVERS  DE  L'ATMOSPHÈRE    CONSIDÉRÉE   COMME    UNIFORMÉMENT  DENSE. 


BAUTEtR 

du 

ÉPAISSEUR 

de 

Il  BIÈRE 

actinisme 

FORCE  CHIMIQUE 

DANS   L'APPAREIL 

HAUTEUR 

du 

EPAISSEUR 

de 

IUUIÈKE 

actinisme 

FORCE  CHIMIQUE 
DANS   L'APPAREIL 

soleil 

l'atmosphère 
dense 

calorique 

hori- 
zontal 

parallèle 

au  soleil 

soleil 

l'atmosphère 
dense 

calorique 

hori- 
zontal 

p.il.illrle 

au  soleil 

Horizon. 

39.86 

56 

» 

y> 

1° 

28.35 

206 

65 

99 

46 

1.39 

9.493 

4.007 

4.825 

2 

20.84 

707 

131 

198 

47 

1.37 

9-522 

4.180 

4.937 

3 

16.03 

1  .  344 

200 

297 

48 

1.34 

9.550 

4.294 

5.048 

4 

12.  So- 

2.054 

201 

396 

49 

1.32 

'.i  576 

4 .  409 

5.160 

5 

IO. 66 

2.753 

336 

496 

50 

1.30 

9.601 

4.524 

5.273 

G 

9.08 

3.400 

407 

595 

51 

1.29 

9.023 

4. 6  VI 

5  385 

7 

7.S9 

3.987 

479 

090 

52 

1.27 

9.648 

4-759 

5.498 

8 

0.97 

4.505 

551 

790 

53 

1.25 

9.670 

4.878 

5.611 

9 

G.24 

1.967 

624 

897 

54 

1.24 

5.011 

5.725 

10 

5.65 

5.376 

699 

998 

55 

1.22 

9.71(1 

5.119 

5.839 

11 

5. 16 

5.741 

774 

1   099 

50 

1.21 

9.729 

5.240 

5.953 

12 

4.74 

6.065 

850 

1.201 

57 

1.19 

9.747 

5.363 

6.007 

13 

4.39 

6.355 

928 

1.203 

58 

1  .1S 

9.704 

5.487 

6.182 

14 

4.09 

6.618 

1.007 

«.405 

59 

1.17 

9.780 

5.611 

6.297 

15 

3.83 

6.853 

1.087 

1.507 

60 

1.15 

9.7'.i6 

5.737 

6.412 

10 

3.60 

7.006 

1.108 

1.011 

01 

1.14 

9  .81 1 

5.865 

6.529 

17 

3.40 

7.260 

1.250 

1.714 

62 

1.13 

'.i  825 

5.993 

6.043 

18 

3. 22 

7.437 

1.332 

1.817 

63 

1.12 

9.838 

G. 123 

6.760 

19 

3.00 

7.000 

1.416 

1.920 

64 

1.11 

9  .£51 

0.253 

6.876 

20 

2-91 

7.749 

1.501 

2.024 

65 

1.10 

9.863 

6.384 

6.992 

21 

2.78 

7.866 

1.587 

2.128 

00 

1.09 

9.874 

6.516 

7.111 

22 

2.66 

8.011 

1.673 

2   23  : 

07 

1.08 

9.885 

6.650 

7  227 

23 

2.55 

8.130 

1.761 

2.338 

68 

1.085 

9.896 

6.784 

7.344 

24 

2.45 

8.238 

1.850 

2.  \i:\ 

69 

1.07 

9.906 

6-919 

7.462 

25 

2.30 

8.340 

1.940 

2.548 

70 

1.06 

9.915 

7.035 

7.580 

26 

2.28 

8.435 

2.031 

2.654 

71 

1.00 

9. 92 3  -3 

7.192 

7.698 

27 

2.20 

8.522 

2.123 

2.759 

72 

1.05 

9.932 

7.331 

7.817 

28 

213 

8.604 

2.21  5 

73 

1.03 

9.939 

7.470 

7.936 

29 

2.00 

8.083 

2.310 

2.972 

74 

1.04 

9.946 

7. OH 

8.055 

30 

2.00 

8.754 

2.406 

3.079 

75 

I  .  0  ', 

9.95! 

7.773 

8.174 

31 

1  .94 

8.823 

2.501 

3.186 

76 

1.03 

9.959 

7.S93 

8.294 

32 

1  .88 

8.887 

2.599 

3.293 

77 

1  .03 

9.905 

8.038 

8.414 

33 

1   83 

8.94G 

2.097 

3.401 

78 

1.02 

9.970 

8.183 

8.534 

34 

1.79 

9.004 

2.796 

3.509 

79 

1.02 

9.975 

8.32S 

8.655 

3a 

I  .74 

9.057 

2.877 

3.617 

80 

1.015 

9.980 

8.473 

8.776 

36 

1.70 

9.  107 

2.998 

3.725 

81 

1  .013 

9.983 

8.623 

8.899 

37 

1.06 

9.157 

3.100 

3.834 

82 

1.010 

9.987 

8.772 

9.018 

38 

I  .62 

9.202 

3.204 

3.943 

83 

1.007 

9.990 

8.922 

9.140 

39 

1.59 

9.245 

3.307 

4  .  052 

s'. 

1.005 

9.992-5 

9.072 

9.214 

40 

1  .  55 

9.287 

3.414 

4 . 1  02 

s  5 

1.004 

9.221 

9.3S5 

.'il 

1.52 

9.326 

3.520 

'..271 

86 

1.0025 

9 .  997 

9.377 

9.507 

A  2 

1  .49 

9.363 

3.627 

4.382 

87 

1.0015 

9.998 

9.531 

9.630 

43 

1.47 

9.398 

3.736 

4.492 

88 

1.0009 

9.999 

9.685 

9.733 

4', 

1  .4'. 

9   131 

3.845 

4.603 

89 

1.0004 

9.999-5 

9.841 

9.876 

45 

1.41 

9.403 

3.936 

4.714 

90 

1.0000 

10.000* 

10  000 

10.000 

ALLUARD.    —   VARIATIONS    DE    LA    PRESSION   ATMOSPHÉRIQUE  435 


M.  ALLÏÏAO 

Doyen  de  la  Faculté  des  sciences  de  Clermont,  Directeur  cle  L'Observatoire  météorologique 
.lu  Puy-de-Dôme. 


DES  VARIATIONS  DE  LA  PRESSION  ATMOSPHERIQUE  A  DIFFERENTES  ALTITUDES, 

CONSTATÉES    A    L'OBSERVATOIRE    DU    PUY-DE-DOME, 

PENDANT  LES  BOURRASQUES  DE  L'HIVER    1877. 


—  Séance  du  27  août  1877.  — 

Les  deux  stations  météorologiques  de  l'observatoire  du  Puy-de-Dôme, 
celle  de  la  Plaine  établie  à  Clermont  et  celle  de  la  Montagne  placée  à 
la  cime  du  Puy-de-Dôme,  sont  munies  l'une  et  l'autre  d'un  baromètre 
à  mercure  enregistreur,  construit  par  M.  Redier.  A  côté  de  chacun 
d'eux,  afin  de  les  contrôler,  se  trouvent  deux,  baromètres  de  précision  , 
l'un  du  système  Fortin  ,  et  l'autre  du  système  adopté  par  la  Société 
météorologique  de  France.  On  peut  donc  avoir  confiance  dans  les 
résultats  curieux  que  je  vais  avoir  l'honneur  de  communiquer  à  la 
section. 

Pour  mieux  comparer  les  observations  faites  simultanément  dans  les 
deux  stations,  les  courbes  des  pressions  barométriques  sont  reportées  sur 
une  même  feuille  de  papier  quadrillé.  Ordinairement,  elles  sont  sensi- 
blement parallèles,  ce  qui  indique  que  la  différence  des  pressions  est  à 
peu  près  constante,  résultat  auquel  il  était  naturel  de  s'attendre,  mais , 
ce  qui  dépasse  toute  prévision,  c'est  que,  pendant  les  bourrasques  qui 
ont  sévi  en  Auvergne  dans  le  cours  de  l'hiver  1877,  fréquemment,  au 
moment  où  la  pression  restait  stationnaire  ou  descendait  à  Clermont, 
au  sommet  du  Puy-de-Dôme,  elle  montait  ou  inversement. 

Ainsi,  le  3  janvier,  entre  6  heures  du  soir  et  minuit,  à  Clermont,  le 
baromètre  se  maintient  à  719",m,5;  au  Puy-de-Dôme,  il  descend  de 
633mm,5  à  630mm,5,  c'est-à-dire  de  3  millimètres.  Le  6  du  même  mois, 
entre  9  heures  du  matin  et  1  heure  30  minutes  du  soir,  le  baromètre 
tombe,  à  Clermont,  de  4mra,9,  de  72om,n,5  à  720mm,6,  et  il  monte,  au 
Puy-de-Dôme,  de  lram,7,  de  636  à  637mm,7  ;  puis,  le  même  jour,  pen- 
dant qu'il  reste  à  peu  près  stationnaire,  à  710  millimètres  entre  6  heures 
du  soir  et  minuit  à  Clermont,  il  descend,  au  Puy-de-Dôme,  de  634  mil- 
limètres à  628mm,5,  c'est-à-dire  de  5ram,5. 

Nous  n'indiquons  ici  que  les  principales  discordances  ;  les  tracés  gra- 
phiques que  j'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  des  membres  de  la 
section ,  et  dont  l'un  d'eux  est  reproduit  ci-contre  (fig.  46),  peuvent 
seuls  donner  une  idée  exacte  de  ces  variations  de  pression  qui  s'exer- 
cent en  sens  contraire. 


436  MÉTÉOROLOGIE  ET  PHYSIQUE  DU  GLOBE 

Ce  phénomène  nous  a  paru  si  différent  de  ce  que  l'on  admet  ordi- 
nairement, que,  avant  de  le  publier,  nous  avons  cru  devoir  le  vérifier. 
Sa  confirmation  n'a  pas  tardé  à  se  produire. 


s  M  ans 

fîrivépa  3.  Jusun  Stnrck.Pam 

Fig.  46. 


Dans  la  bourrasque  du  28  au  31  janvier,  entre  [4  et  8  heures  du 
soir  le  30,  le  baromètre  baisse  de  3  millimètres,  de  726  à  723  à  Cler- 
mont,  tandis  que,  au  Puy-de-Dôme,  il  oscille  autour  de  634  avec  un 
écart  de  0mm,5  ;  ensuite  il  reprend  sa  marche  ascendante  une  heure  plus 
tôt  qu'à  Clermont. 

Les  bourrasques  du  18  au  22  lévrier  et  du  7  au  9  mars  ont  donné 
des  résultats  semblables. 

On  peut  donc  admettre  que,  quand  l'atmosphère  est  violemment  agi- 
tée, à  de  petites  distances  horizontales  et  verticales,  comme  celles  qui 
séparent  Glermont  et  le  sommet  du  Puy-de-Dôme,  la  pression  reste  sta- 
tionnais ou  augmente  en  un  point,  pendant  qu'elle  diminue  en  un 
autre,  ou  vice  versa. 

Comment  expliquer  ces  discordances  si  singulières?  Faut-il  supposer 
que,  quand  un  cyclone  traverse  notre  pays,  d'autres  petits  cyclones, 
placés  à  l'intérieur  du  premier,  restent  à  diverses  hauteurs,  sans  attein- 
dre le  sol  ?  ou  bien  est-ce  un  phénomène  local,  tenant  au  relief  de  la 
chaîne  des  Dômes  et  aux  positions  relatives  des  deux  stations  de  l'ob- 
servatoire du  Puy-de-Dôme?  Bien  des  éléments  nous  manquent  pour 
discuter  sérieusement  ce  phénomène  :  il  nous  semble  prudent  d'ajourner 
toute  hypothèse. 

Par  suite  des  difficultés  provenant  de  la  violence  des  vents  à  la  cime 


DE    NANSOUTY.    —   L'OBSERVATOIRE    DU    PIC-DU-MIDI  437 

du  Puy-de-Dôme,  l'anémomètre  enregistreur,  qui  doit  y  être  installé, 
n'est  pas  encore  posé.  Il  le  sera  prochainement.  Comme  un  semblable 
appareil  est  déjà  établi  à  la  station  de  la  plaine,  les  observations  qui 
seront  faites  simultanément  sur  la  direction  et  la  vitesse  du  vent  en 
haut  el  en  bas,  au  moment  de  ces  variations  si  curieuses  dépression, 
apporteront,  à  n'en  pas  douter,  des  renseignements  qui  éclaireront  cette 
question  encore  obscure  aujourd'hui. 

Quelle  qu'en  soit  la  solution,  le  phénomène  intéressant  que  nous  signa- 
lons aux  météorologistes  met  en  évidence  la  nécessité  d'étudier  l'atmo- 
sphère couche  par  couche.  C'est  l'un  des  buts  que  nous  nous  sommes 
proposé  d'atteindre,  en  fondant  l'observatoire  météorologique  du  Puy- 
de-Dôme  . 

DISCUSSION. 

M.  Tarry  trouva  dans  ces  résultais  une  preuve  de  l'incertitude  de  la  cor- 
rection que  l'on  fait  subir  aux  observations  barométriques  pour  les  ramener 
au  niveau  de  la  mer. 

M.  Marié-Davy  fait  observer  que  ces  écarts  peuvent  se  retrouver  à  des  dif- 
férences de  niveau  beaucoup  plus  faibles.  M.  Montigny  a  observé  des  diver- 
gences notables  dans  la  marche  de  deux  baromètres  situés  à  une  distance 
verticale  de  50  mètres  seulement. 


M.  le  Général  de  IAIS0UTY 

Directeur  tic  l'Observatoire  du  Pic-du-Midi. 


L'OBSERVATOIRE  DU  PIC-DU-MIDI. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  %7  août  11 


M.  le  général  de  Nansouty  expose  la  situation  actuelle  de  l'observatoire  du 
Pic-du-Midi,  ses  besoins  et  la  nécessité  d'établir  une  ligne  télégraphique 
entre  l'observatoire  et  Bagnères-de-Bigorre.  Sur  sa  demande,  la  section  émet 
un  vœu  dont  on  trouvera  plus  loin  le  texte. 


438  MÉTÉOROLOGIE  ET  PHYSIQUE  DU  GLOBE 


M.  D.  RAGONA 

Directeur  de  l'Observai  mi"  de  Uodène. 


VARIATIONS  EFFECTIVES  DE  LA  TEMPERATURE. 


—   Si'iniri'    il  u    29    août     IS~7.    — 

Le  professeur  Ragona  présente  un  travail  inédit  sur  les  variations  effectives 
Je  la  température.  De  même  que  le  jour  civil  s'étend  d'un  minuit  à  l'autre 
et  le  jour  astronomique  d'un  midi  à  l'autre,  l'auteur  pense  qu'il  conviendrait 
d'introduire  dans  la  science  le  jour  météorologique,  qui  serait  compris  entre 
deux  levers  consécutifs  du  soleil.  Le  jour  météorologique  commencerait  et 
Unirait  avec  un  minimum  de  température  :  il  est  connu,  en  effet,  que  l'ins- 
tant du  minimum  coïncide  généralement  avec  le  lever  du  soleil.  U  résulte 
d'observations  soigneusement  discutées  que,  en  moyenne,  pour  une  année,  la 
différence  entre  le  lever  du  soleil  et  l'instant  du  minimum  ne  dépasse  pas 
huit  minutes.  En  faisant  la  somme,  pour  les  divers  jours  de  l'année,  de  la 
différence  de  température  entre  le  minimum  et  le  maximum  (c'est-à-dire 
entre  le  lever  du  soleil  et  le  maximum)  et  de  la  différence  entre  la  tempé- 
rature du  maximum  et  celle  de  la  fin  du  jour,  on  obtiendra  un  nombre  qui 
exprimera  le  mouvement  moyen  effectif  de  la  température  en  un  lieu  donné. 
La  comparaison  de  ces  nombres  en  divers  points  conduirait  à  des  déductions 
nouvelles  et  importantes.  A  Modène,  cette  quantité  est  de 

<ii22°,28 

La  moitié  de  cette  quantité  est,  dans  toute  l'année,  employée  à  accroître  la 
température  de  l'air,  et  la  moitié  à  la  diminuer.  Mais  ces  deux  sommes,  en 
plus  et  en  moins,  qui  sont  égales  après  une  année  révolue,  ne  le  sont  pas 
pour  chaque  période  mensuelle,  justement  parce  que  dans  certains  mois,  il  y 
a  une  quantité  déterminée  de  cbaleur  acquise  par  l'air,  ou  perdue  dans  d'au- 
tres mois. 

L'auteur  a  déduit  de  ses  observations  deux  formules  périodiques  donnant 
les  maxima  et  les  minima  normaux  à  Modène  ;  ces  valeurs  sont  données  dans 
le  travail  intitulé  :  Andamento  animale  dclla  temperatura.  On  y  trouve,  par 
exemple,  que  le  20  mai  la  température  minima  normale  est  de  13°, 17  et  la 
température  maxima  normale  de  23°,  37  ;  le  21  mai,  la  température  minima 
normale  est  de  13°,30.  Donc,  entre  ces  deux  minima,  la  température  s'est 
accrue  de  23°,37  — 13°,17  =  10°,20  et  a  diminué  de  23°,37  —  13°,30=  10°,07, 
donnant,  par  suite,  un  bénéfice  normal  de  0°,13.  En  opérant  de  même  pour 
tous  les  jours  de  l'année  et  effectuant  la  sommation,  on  arrive  au  tableau 
récapitulatif  suivant  : 


J..GLAISHER.    —    VARIATIONS    DE    LA    TEMPÉRATURE 


439 


Mois. 


Janvier 

Février.  . 

Mars 

Avril 

Mai 

Juin 

Juillet 

Août. .  .'. 

Septembre . 

Octobre 

Novembre... 
Décembre. . . 


Réchauffe- 
ment. 

180°,72 
1 85°,79 
243°,32 
276°,67 

3 13°,  17 

:;rf'\:;i 

33o°,10 
333",67 
291°,64 
237°,20 
178°,51 
168°,82 


Refroidis- 
sement. 

180°,20 

182°,82 
239°,18 
272°,85 
309°,27 
311°,26 
333°,95 
337°,70 
293°,96 
242°,66 
I83°,48 
171", s:; 


Différences. 


+  0°,52 
+  2°,97 

+  3o,82 
-|-  3°,90 
+  3o,25 
+  10,15 


—  2°,03 

—  4<>,32 

—  5°,  46 

—  !'.!I7 

—  3°,01 


Sommes. 

360o,92 
3680,61 
482<',50 
549°,52 
622o,44 
625°,77 
669",05 
673°,37 
587o,60 
4798,86 
361o,99 
340°,63 


Pour  l'année.     3,061°,12     3,061°,16      +  19°,75      —  19°,79     6,122°,28 

L'auteur  présente  à  la  section  un  diagramme  dans  lequel,  pour  chaque  mois, 
ses  abscisses  représentent  les  heures  et  les  ordonnées  les  degrés  de  tempéra- 
ture correspondant  aux  moyennes  normales  :  on  a  marqué  sur  ces  courbes 
les  ordonnées  qui  correspondent  au  commencement  et  à  la  fin  de  la  journée, 
celle  qui  correspond  à  la  température  maxima,  et  celle  qui  correspond  au 
coucher  du  soleil.  La  surface  comprise  entre  la  courbe  et  les  ordonnées 
extrêmes  est,  pour  chaque  mois,  blanche  du  lever  au  coucher  du  soleil  et 
noire  de  son  coucher  à  son  lever.  De  cette  manière,  on  aperçoit  d'un  coup 
d'œil  les  relations  des  divers  éléments  des  conditions  thermiques  de  chaque 
mois. 


M.  James  GLAISOB, 

Membre  de  la  Saciétù  Royale  de  Londres. 


VARIATIONS  DE  LA  TEMPÉRATURE  AVEC  L'ALTITUDE 
DANS  LE  VOISINAGE  DU  SOL. 


—  Séance  du  29  août   (877.  — 

Dans  toutes  mes  ascensions  en  ballon  libre,  j'étais  obligé  de  partir 
avec  une  grande  force  ascensionnelle,  pour  éviter  d'aller  heurter  les 
maisons  voisines  ;  c'est  ce  qui  m'a  forcé  de  traverser  les  premières 
couches  de  l'atmosphère  trop  vite  pour  en  déterminer  la  température 
d'une  manière  satisfaisante.  A  de  grandes  hauteurs,  les  observations  ont 
pu  être  répétées  à  volonté,  car  on  pouvait  descendre  ou  monter  à  vo- 
lonté en  lâchant  du  lest  ou  du  gaz. 


440  MÉTÉOROLOGIE  ET  PHYSIQUE  DU  GLOBE 

La  difficulté  où  l'on  se  trouve  de  commencer  aisément  les  obser- 
vations dans  les  premiers  1,000  pieds,  fait  que  nous  en  connaissons 
beaucoup  moins  bien  la  température  que  celle  des  régions  supérieures. 
La  théorie  qui  indique  une  chute  de  température  de  0°o6  pour  100 
mètres  n'a  été  vérifiée  dans  aucune  ascension.  Dans  quelques-unes, 
cette  chute  s'est  produite  dans  le  tiers  seulement  de  la  hauteur,  et  môme 
moins,  malgré  la  rapidité  de  l'ascension.  Je  n'ai  aucun  doute  que  si, 
ces  jours-là,  j'avais  pu  tenir  le  ballon  stationnàire  vers  30  mètres, 
l'abaissement  de  la  température  aurait  été  beaucoup  plus  considérable. 
Dans  d'autres  ascensions,  au  contraire,  la  température  ne  diminuait  au- 
cunement depuis  la  terre  jusqu'à  cette  hauteur. 

Dans  quelques  ascensions,  j'ai  observé  un  abaissement  de  tempéra- 
ture de  5°  à  6°  à  moins  de  1,000  pieds  de  la  terre;  dans  d'autres,  au 
contraire,  la  température  ne  semblait  pas  varier.  Ce  phénomène  a  été 
particulièrement  remarquable  pendant  une  descente,  le  13  juin  1864, 
vers  le  coucher  du  soleil.  Depuis,  j'ai  remarqué  que,  dans  l'après-midi, 
1rs  changements  de  la  température  près  de  la  terri'  étaient  plus  faibles 
pendant  la  descente  qu'au  moment  de  la  montée,  ce  qui  ne  se  présen- 
tait pas  le  matin.  Je  n'ai  fait  que  deux  ascensions  après  le  coucher  du 
soleil:  l'une,  le  2  octobre  180o,  par  un  ciel  clair;  l'autre,  le  2  décembre 
1865,  par  un  ciel  couvert.  Dans  la  première,  par  un  ciel  clair,  la  tem- 
pérature, qui  avait  toujours  été  en  croissant  à  mesure  que  nous  montions, 
commença  à  diminuer  pendant  la  descente,  et  cela  jusqu'à  la  terre;  la 
température,  pendant  la  montée,  étant  un  peu  plus  petite  que  pendant 
la  descente.  Dans  la  seconde  ascension  de  nuit,  le  2  décembre  1865, 
par  un  ciel  nuageux,  la  température  commença  à  décroître,  devint  sta- 
tionnàire, se  mit  à  croître  entre  1,400  et  1,800  pieds,  puis  diminua 
pour  des  altitudes  plus  considérables.  Les  observations  venaient  donc 
prouver  que  la  diminution  de  la  température  près  du  sol  était  très- 
variable,  ne  suivait  pas  de  loi  simple,  et  changeait  avec  l'heure  du  jour. 
Mais,  pour  pouvoir  l'affirmer,  nous  ne  disposions  pas  d'un  nombre  suffi- 
sant de  données,  car  les  ascensions  étaient  trop  peu  nombreuses  et 
rop  dissemblables,  ayant  été  faites  dans  toutes  les  saisons  de  l'année, 
à  toutes  les  heures,  par  tous  les  temps.  Cependant  cela  suffisait  pour 
infirmer  la  loi  généralement  admise,  et  pour  mettre  en  doute  la  valeur 
de  la  correction  de  la  réfraction  atmosphérique,  qu'on  emploie  dans  les 
observations  d'astronomie. 

Le  grand  ballon  captif  installé  au  parc  d'Ashburnham,  Chelsea,  tou- 
jours gonflé  de  420,000  pieds  cubes  d'hydrogène,  et  relié  à  une  puissante 
machine  à  vapeur,  m'offrait  une  occasion  admirable  pour  étudier  cette 
question.  Son  propriétaire,  M.  Gitfard,  eut  l'obligeance  de  le  mettre 
complètement   à  ma  disposition.  Il  pouvait  s'élever,  par  temps  calme. 


J.    GLAISHER.    —    VARIATIONS   DE    LA    TEMPÉRATURE  441 

jusqu'à  2,000  pieds,  avec  une  vitesse  que  l'on  pouvait  régler;  il  était 
également  possible  de  le  tenir  absolument  stationnaire  à  toute  hauteur. 
Les  instruments  étaient  disposés  sur  une  planche  fixée  au  dehors  de  la 
nacelle  circulaire;  ils  étaient  ainsi  soustraits  à  l'influence  des  observa- 
teurs et  garantis  du  soleil  et  du  rayonnement. 

Les  montées  et  les  descentes  étaient  généralement  très-douces  et 
suffisamment  lentes,  et  le  ballon  restait  au  point  le  plus   haut  juste  le 

temps  suffisant  pour  prendre    exacte nt   la  température.  On  lisait  les 

instruments  au  niveau  Au  sol  juste  avant  la  montée  et  après  la  descente; 
la  moyenne  des  deux  observations  donnait  la  température  du  sol  au 
moment  où  le  ballon  était  au  point  culminant.  On  opérait  de  même  de 
100  en  100  pieds  en  montant  et  en  descendant. 

Les  expériences  ont  été  faites  en  1869,  les  5  mai,  12,  17,  23,  24  et 
28  juillet,  4  et  7  août. 

Le  5  mai,  le  ciel  était  presque  sans  nuages,  l'air  brumeux,  et  le  vent 
E.-N.-E.,  beaucoup  plus  fort  à  1,000  pieds  qu'au  niveau  du  sol. 

Le  12  juillet,  le  ciel  était  généralement  nuageux,  le  vent  S.-O. 

Le  17  juillet,  le  ciel  était  nuageux,  le  vent  E.  beaucoup  plus  fort  en 
haut  qu'à  terre. 

Le  23  juillet,  le  ciel  était  couvert,  très-brumeux,  vent  S. -S.-O.,  à 
peine  apparent  sur  le  sol,  mais  d'une  violence  extrême  aussitôt  qu'on 
s'élevait.  L'air  était  très-brumeux  jusqu'à  700  pieds.  Ce  jour-là,  j'ai  fait 
neuf  ascensions  successives  de  3  heures  à  7  h.  30  du  soir.  Au  commen- 
cement, l'air  près  du  sol  était  à  23°, 1  ;  à  la  lin,  à  21°, 0;  la  température 
s'est  donc  abaissée  de  2°,i  pendant  les  expériences.  À  1,000  pieds, 
la  température  était  au  commencement  à  19°, 3  ;  à  la  fin ,  à  18°, 3. 
Au  commencement  et  à  la  lin,  l'air  était  donc  plus  froid  à  1,000  pieds 
que  vers  le  sol,  et  les  différences  étaient  respectivement  de  3°, 8  et  2°,7. 
La  température  a  varié  de  2°,1  à  terre,  tandis  qu'à  1,000  pieds,  elle  n'a 
varié  que  de  1°,  c'est-à-dire  moitié  moins. 

Le  24  juillet,  le  ciel  était  découvert,  l'air  brumeux.  L'air  était  calme 
au  niveau  du  sol,  mais  vers  1,000  pieds  il  soufflait  avec  une  pression 
d'une  livre  par  pied  carré.  On  voyait  la  fumée  se  mouvoir  dans  toutes 
les  directions  près  du  sol,  tandis  qu'en  haut  le  vent  était  violent  et  de 
l'ouest.  Les  expériences  ont  été  faites  ce  jour-là  de  3  heures  à  7  heures 
30  du  soir.  La  température  de  l'air  au  niveau  du  sol  a  varié  de  24°,6  à 
21°,6;  à  1,000  pieds,  elle  a  varié  de  20°,4  à  19°,9.  L'air,  à  1,000  pieds, 
était  donc  plus  froid  de  4°,2  à  1°,7  ;  mais  tandis  que  la  variation  a  été 
de  3°  à  terre,  elle  n'a  été  que  de  0°,5  à  1,000  pieds. 

Cette  différence  de  1°,7  s'est  produite  ainsi  qu'il  suit  : 

0°,6  entre  200  et  500  pieds,  et  1°,1  entre  500  et  1,000  pieds.  Pour 
l'autre  différence  de  4°,2,  on  en  avait  déjà  observé  le  quart  dans  les 


412  MÉTÉOROLOGIE    ET    PHYSIQUE    DU    GLODE 

100  premiers  pieds  ;  dans  la  dernière  expérience,  au  contraire,  la  tem- 
pérature était  la  même  depuis  le  sol  jusqu'à  200  pieds.  Dans  les  deux 
cas,  par  beau  et  mauvais  temps,  la  variation  de  température  a  été 
moindre  à  1,000  pieds  que  près  du  sol.  La  loi  de  décroissance  de  la 
température  avec  la  hauteur  dépend  doue  de  l'heure  du  jour. 

Les  17,  23,  24  et  28  juillet,  de  nombreuses  séries  furent  faites  l'après- 
midi,  et  toujours  la  différence  de  température  a  été  en  diminuant  à 
mesure  que  l'heure  s'avançait.  Les  23  et  24  juillet,  neuf  séries  ont  été 
faites  entre  3  heures  et  7  heures  30  du  soir;  le  ciel  était  couvert  le 
premier  jour,  beau  le  second.  Toujours  la  différence  de  température  a 
été  plus  grande  dans  les  premières  expériences  que  dans  les  dernières. 
Il  faut  donc  grouper  toutes  les  expériences  faites  à  la  même  heure,  et 
seulement  celles-là.  Si  l'on  considère  la  variation  de  température  dans 
les  100  premiers  pieds,  on  voit  qu'elle  est  plus  grande  par  ciel  pur  que 
par  ciel  nuageux.  En  comparant  les  résultats  généraux  obtenus  par  beau 
ou  mauvais  temps,  on  voit  que  la  variation  horaire  est  moindre  dans  le 
second  cas  que  dans  le  premier.  Il  faut  donc  encore  traiter  séparément 
ces  deux  cas.  Le  tableau  suivant  résume  les  expériences  faites  aux 
différentes  heures  par  ciel  beau  ou  couvert. 


HAUTEUR 
au-dessus 

DU  SOL 


Pieds 
0  à 
100  à 
200  à 
300  à 
400  à 
500  à 
600  à 
700  à 
800  à 
900  à 


Pieds 

■100 
200 
300 
400 
500 
600 
700 
800 
900 
1.000 


CIEL  CLAIR 


IIKI'IIE    DR    L  ASCENSION 


10  à 

3  à 

4  à 

5  à 

6  à 

H    m. 

4  soir. 

5  soir. 

6  soir. 

7  soir. 

. 

0.56 

0.85 

0.61 

0.50 

0-2S 

0.50 

0.44 

0.39 

0.33 

0.2S 

0-50 

0.44 

0.39 

0.33 

0.28 

0.50 

0.39 

0.33 

0.33 

0.28 

0.44 

033 

0.33 

0.33 

0.28 

0.44 

0.28 

0.2S 

0.28 

0.22 

0.39 

0.28 

0-28 

0.22 

0-22 

0.39 

0.28 

0-22 

0.22 

0.22 

0.33 

0.28 

0.22 

0  22 

0.22 

0.2S 

022 

0.22 

0.17 

0.17 

7  a 
7  30  s 


0.00 
0.06 
0.17 
0.22 
0.17 
0.17 
0.22 
0.22 
0-17 
0.11 


CIEL  NUAGEUX 


HEIKB   DE   L  ASCBH  ÏIOH 


3  à 

4  à 

5  à 

6  à 

4  soir. 

5  soir. 

6  soir. 

7  soir. 

0-67 

0.67 

0.33 

0.28 

0.50 

0.33 

0.33 

0.33 

0.50 

0.28 

0.33 

028 

0.33 

0.33 

0.33 

0.28 

0.22 

0.22 

0.28 

0.22 

022 

0.22 

0.28 

0.28 

0.22 

0.22 

0.28 

0.22 

0.28 

0.22 

0.28 

0.28 

0.22 

0.22 

0.28 

0.28 

0-2S 

0.2  2 

0.22 

0-22 

7  a 
7.30s 


0.28 
0.28 
0.28 
0.22 
0.28 
0.28 
0.22 
0.28 
0.28 
0.28 


Ce  tableau  prouve  ce  que  les  ascensions  libres  avaient  déjà  montré, 
que  la  loi  de  décroissance  de  la  température  avec  la  hauteur  a  une 
marche  diurne,  et  change  avec  l'heure  du  jour.  La  décroissance  est  la 
plus  rapide  à  midi,  et  aux  heures  qui  suivent,  elle  diminue  vers  le  cou- 
cher du  soleil.  A  ce  dernier  moment,  quand  le  ciel  est  clair,  la  décrois- 


j.    GLAISHER.    —   VARIATIONS   1>K   LÀ   TEMPÉRATURE  443 

sance  de  température  est  nulle  ou  très-petite  dans  les  quelques  premiè- 
res centaines  de  pieds;  quand,  au  contraire,  le  ciel  est  nuageux,  la 
variation  de  température  avec  la  hauteur  est  moins  grande  à  midi,  et, 
vers  le  coucher  du  soleil,  elle  est  d'environ  1  °  pour  200  pieds.  Je  n'ai 
pu  faire  d'observations  après  le  coucher  du  soleil;  ce  serait  cependant 
fort  important.  Il  esl  fort  probable,  en  effet,  que  la  variation  nocturne 
de  température  à  1,000  pieds  ne  serait  pas  plus  grande  que  la  variation 
diurne;  en  ce  cas,  la  température  irait  en  croissant  la  nuit  à  mesure 
qu'on  s'élèverait  du  sol.  Ces  déductions  semblent  confirmées  par  l'as- 
cension que  j'ai  faite  le  2  octobre  1865,  après  le  coucher  du  soleil.  Mais 
il  est  très-important  et  très  à  désirer  que  des  expériences  directes  vien- 
nent les  vérifier. 

La  loi  de  décroissance  pr  un  temps  clair  pourrait  être  ainsi  repré- 
sentée. Prenons  les  hauteurs  connue  ordonnées  d'une  courbe  dont  les 
abscisses  représenteront  la  différence  de  température  avec  le  sol,  avec 
cette  convention  que  des  absisses  positives  représenteront  une  tempéra- 
ture plus  basse  que  celle  du  sol.  La  courbe  ainsi  construite  ressemblera 
à  une  hyperbole,  car  les  variations  sont  les  plus  grandes  dans  le  voisi- 
nage de  la. terre;  la  concavité  de  la  courbe  serait  tournée  vers  l'axe 
des  ordonnées,  et  plus  considérable  quand  elle  représentera  la  loi  de 
variation  de  la  température  vers  midi.  A  mesure  que  la  journée  s'avance; 
la  courbe  se  ferme,  devient  droite  et  coïncide  avec  l'axe  des  ordonnées 
vers  le  coucher  du  soleil.  Après  avoir  dépassé  ce  moment  critique  où  la 
température  est  uniforme  et  égale  à  celle  du  sol  dans  les  1,000  pre- 
miers pieds,  il  est  probable  que  la  courbe  redevient  hyperbolique,  sa 
concavité  restant  toujours  tournée  vers  l'axe  vertical,  mais  elle  a  passé 
de  l'autre  coté  de  cet  axe  et  indique  un  accroissement  de  température 
avec  la  hauteur.  Elle  atteint  sa  position  externe  vers  minuit  et  revient 
ensuite  vers  l'axe.  Son  mouvement  autour  de  l'axe  doit  être  symétrique 
de  part  et  d'autre  et  s'accomplit  certainement  en  24  heures. 

Depuis  1863  jusqu'à  la  lin  de  1874,  j'ai  observé  chaque  jour  la  tem- 
pérature de  4  à  22  pieds  au-dessus  du  sol,  à  9  heures  du  matin, 
midi,  3  heures  et  9  heures  du  soir.  Quelquefois  le  thermomètre  mar- 
quait plus  haut  à  22  pieds  qu'à  4  pieds,  mais  je  n'attachais  à  ce  fait 
aucune  attention  particulière  jusqu'au  moment  où  mes  ascensions  dans 
le  ballon  de  M.  Giffard  m'ont  prouvé  que  la  variation  de  température 
avec  la  hauteur  avait  une  marche  diurne,  la  variation  étant  la  plus 
grande  vers  midi,  la  moindre  vers  le  coucher  du  soleil,  et  que  les  chan- 
gements pouvaient  être  sensibles  à  30  pieds  du  sol.  J'ai  alors  calculé 
toutes  les  différences  de  lecture  des  deux  thermomètres,  leur  donnant 
le  signe  +  quand  la  température  du  thermomètre  supérieur  était  plus 
élevée  et  lé  signe  —  dans  le  cas  contraire. 


MÉTÉOROLOGIE    ET    PHYSIQUE   DU    GLOBE 

En  choisissant  les  plus  grands  nombres  positifs  et  négatifs  dans  chaque 
mois,  j'ai  trouvé  qu'en  hiver,  la  température  à  22  pieds  variait  de  1°  à 
2°  au-dessus,  à  0°5  ou  1°  au-dessous  de  celle  de  4  pieds;  en  été,  les  dif- 
férences variaient  de  2°  à  3°  au-dessus,  à  2°o  à  4°  au-dessous.  Les  diffé- 
rences étaient  toujours  plus  petites  quand  le  ciel  était  nuageux  et  pour  les 
calculer,  il  a  suffi  de  réunir  les  observations  par  ciel  couvert  et  de  les 
calculer  indépendamment.  C'est  ainsi  que  j'ai  formé  le  tableau  suivant  : 


MOIS 

CIEL  COUVERT 

9  h.  matin 

Midi 

3  h.  soir 

9  h.  soir 

Janvier 

+  0.12 

+  0.07 

+  0.03 

0.00 

—  0.28 

—  0.0I 

—  0  21 

—  0.07 

—  0.14 
-r  0.11 
-r-  0.09 
+  0.21 

+  0.06 
+  0.14 

+  o.no 

—  0.02 

—  0.11 

—  0.10 

—  0.37 

—  o.os 

—  0.13 

—  0.04 
+  0.07 
+  0.10 

-f  0.08 
+  0.12 
+  0.02 
+  0.09 

—  0.17 

—  0.02 

—  0.27 
+  0.01 

—  0  18 
+  0.11 
+  0.12 
+  0.13 

+  O.H 
+  0.19 
+  0.12 
+  0.21 
+  0.10 
+  0.15 
+  0.13 
+  0.27 
+  0.34 
+  0.20 
+  0.21 
+  0.14 

Mars 

Avril 

Mai 

Juin 

Juillet 

Août 

Septembre 

Octobre 

Décembre 

I 

Ces  chiffres  montrent  que,  pendant  les  trois  premiers  mois  de  l'année, 
pendant  les  deux  derniers  mois,  et  en  tout  temps  pendant  la  nuit,  la 
température  à  22  pieds  est  un  peu  plus  élevée  qu'à  4  pieds,  quand  le 
ciel  est  couvert. 


MOIS 


CIEL  DECOUVERT 


Janvier.  . 
Février.  . 
Mars.  .  . 
Avril.  .  . 
Mai  .  .  . 
Juin.  .  . 
Juillel .  . 
Août.  .  . 
Septembre 
Octobre  . 
Novembre 
Décembre 


9  h.  matin 


0.54 

0.07 
0.41 
0.91 
0-61 
0-36 
0.53 
1.35 
1.06 
0.35 
0.34 
0.40 


Midi 


+  O.H 

—  0.03 
0.00 

—  0.28 

—  0.31 

—  0.19 

—  0.18 

—  0.23 

—  0.63 

—  0.21 
+  0.01 
+  0.26 


3  h.  soir 

9  h.  soir 

+  0.43 

+  6.60 

+  0.33 

+  0-44 

+  0-20 

0.34 

0 .  08 

+  0.32 

—  0.01 

+  0.44 

+  0.11 

+  0.51 

—  0  12 

+  0.47 

—  0.2'. 

+  0.72 

—   0.02 

+  0.91 

+  0.32 

+  0.87 

+  0.65 

+  0.61 

+  0.53 

+  0.42 

W.    MARRIOTT.    —    SUR    LE  PSYCHROMÈTRE  44o 

En  comparant  le  résultat  de  ces  deux,  tableaux,  on  voit  de  plus,  que  les 
différences  sont  beaucoup  plus  grandes  par  ciel  pur  que  par  ciel  couvert. 

J'ai  également  calculé  la  moyenne  des  différences  entre  les  tempéra- 
tures à  "2-2  pieds  et  à  4  pieds,  en  prenant  toutes  les  observations.  Le 
résultat  est  donné  dans  le  tableau  suivant  : 


MOIS 


Janvier.  . 
Février.  . 
Mars.  .   . 
Avril.  .   . 
Mai..    . 
Juin.   .    . 
Juillet.    . 
Août.  .   . 
Septembre 
Octobre. 
Novembre 
Décembre. 


DIFFERENCES  MOYENNES 


0  h.  matin 


Midi 


+  0.23 
+  0.1J 

—  0.15 

—  Û.Î9 

—  0.4.', 

—  0.23 

—  0.36 

—  0.49 

—  0.49 

—  0M3 
+  0.U 
+  0.23 


+  0.09 
+  0.08 

—  0.11 

—  0.U 

—  0-29 

—  0.25 

—  0.30 

—  0.34 

—  0.2'. 
+  0.11 
-f-  0-03 
+  0.09 


3  h.  soir 


+  0.21 
-f  0.15 
+  0.03 

—  0.03 

—  0.23 

—  0.10 

—  0.26 

—  0.23 
+  0.03 
+  0.18 
+  0.25 
-f-  0.25 


9  h.  soir 


+  0.25 
+  0  26 
+  0.23 
+  0.30 
+  032 
-f-  0.40 
+  0.42 
+  0.40 
+  0.47 
+  0.44 
+  0.34 
+  0.26 


Ce  tableau  met  en  évidence  ce  résultat  tout  à  fait  inattendu  que,  pen- 
dant toute  l'année,  la  température  de  l'air  à  22  pieds  de  hauteur  est  plus 
élevée  le  soir  et  pendant  la  nuit  qu'à  4  pieds  seulement.  Elle  est  égale- 
ment plus  élevée  jour  et  nuit  pendant  les  mois  d'hiver. 

J'ai  commencé  depuis  quelques  années  des  observations  à  la  hauteur 
de  50  pieds.  J'espère  avoir  l'honneur  d'en  communiquer  les  résultats  à 
une  future  réunion  de  l'Association. 


M.  William  MARRIOTT 

Secrétaire  de  la  Société  météorologique  de  Londres. 


SUR  LE  PSYCHROMETRE. 


—  Séance  du  30  août  1877.    — 

Depuis  plusieurs  années  des  doutes  ont  été  émis  en  Angleterre  par  les 
météorologistes  sur  l'exactitude  des  tables  d'hygrométrie  actuellement  en 
usage.  En  réfléchissant  sur  ce  sujet,  je  suis  arrivé  à  cette  conclusion,  que 


h 


à 


S    M         M       M       M 


1 
U 


s* 


Fig.   47. 


MÉTÉOROLOGIE    ET    PHYSIQUE   DU    GLOBE 

les  différences  observées  proviennent  en  grande  partie  de  ce  que  le 
psychromètre  n'est  pas  installé  de  la  même  manière  dans  toutes  les  sta- 
tions et  n'est  pas  employé  convenablement.  La   première  chose  à  faire 

était  de  s'assurer  comment 
le  psychromètre  devait  être 
installé  et  employé.  J'ob- 
tins dans  ce  but  l'assistance 
du  colonel  M.  F.  Ward,  de 
Rossinières  (Suisse),  qui 
entreprit  de  faire  des  ob- 
servations avec  plusieurs  hy- 
gromètres placés  dans  di- 
verses positions  et  observés 
dans  dillerentes  conditions. 
C'est  le  résultat  de  ces  ob- 
servations que  j'ai  l'hon- 
neur de  communiquer  à  la 
section  de  météorologie. 

Dans  ces  recherches,  neuf 
thermomètres    furent    em- 
ployés :  comme  ils  ne  furent  pas  placés  dans  une  môme  position  pen- 
dant toute  la  durée  de  ces  observations,  nous  donnerons  les  résultats 

fournis  par  13  thermomè- 
tres, dont  3  à  réservoir  sec 
et  10  à  réservoir  mouillé. 
Ils  étaient  tous  placés  dans 
les  positions  indiquées  fig. 
47  et  48.  Les  réservoirs 
étaient  à  0m,90  du  sol  et 
à  0m,27  du  plancher  de 
l'étage.  Au  commencement 
des  observations  et  quel- 
quefois pendant  leur  du- 
rée, tous  les  thermomètres  étaient  comparés,  fonctionnant  à  réservoir 
sec,  les  uns  avec  les  autres,  et  avec  un  thermomètre  étalon  et  l'on 
trouva  que  les  indications  étaient  concordantes,  soit  dans  l'air  calme, 
soit  dans  un  air  agité. 

Les  thermomètres  étaient  installés  de  la  manière  suivante  : 
N°  4.  Réservoir  sec  et  réservoir  mouillé.  — Le  réservoir  sec  était  à  0m,15  et 
le  réservoir   mouillé  à  0m, 08  du  réservoir  d'eau  qui  avait  un  col  très-étroit.  Le 
réservoir    mouillé  était  recouvert  d'une  fine  batiste  française,  la  mèche  con- 
ductrice   consistait  en  8  brins  de  coton  à  repriser  qui  étaient  attachés  autour 


Fig.  AS. 


W.    MARIOTT.    SLR    LE   PSYCHROMÈTRE  447 

du  col  du  réservoir  et  inclinés  sous  un  angle  d'environ  Ali0;  ces  instruments 
restèrent  dans  la  même  position  pendant  toute  la  durée  des  observations,  de 
juin  à  décembre  187G. 

NJ  ±  Réservoir  mouillé  :  était  monté  comme  le  n°  1,  mais  la  mèche  con- 
ductrice faisait  un  angle  d'environ  75°. 

N°  3.  Réservoir  mouillé  :  était  monté  comme  les  nos  1  et  2,  mais  le  réser- 
voir d'eau  était  au  niveau  de  la  boule  du  thermomètre,  de  sorte  que  les  fils 
conducteurs  étaient  à  angle  droit. 

N°  4.  Réservoir  mouillé  :  monté  comme  le  n°  1,  mais  la  mèche  conductrice 
contenait  seulement  3  brins  de  coton. 

N°  5.  Réservoir  mouillé  :  monté  comme  le  n°  4,  mais  il  y  avait  autour  de 
la  boule  deux  épaisseurs  de  la  plus  épaisse  mousseline  et  la  mèche  conductrice 
contenait  25  brins  de  coton. 

N°  6.  Réservoir  sec  et  réservoir  mouillé  :  d'abord,  le  réservoir  d'eau  qui 
était  découvert  fut  placé  au-dessous  du  thermomètre  sec  à  0m,015de  la  boule 
et  à  0ni,027  du  thermomètre  mouillé.  Dix  semaines  après,  le  réservoir -d'eau 
fut  placé  à  0m,015  de  la  boule  mouillée  et  à  0m,027  du  thermomètre  sec.  Le 
thermomètre  mouillé  était  installé  comme  le  n°  1. 

N°  7.  Réservoir  mouillé  :  comme  le  n°  4,  si  ce  n'est  que  la  mèche  conduc- 
trice était  enroulée  autour  de  la  mousseline  depuis  le  fond  du  réservoir  jus- 
qu'à la  tige. 

N°  8.  Réservoir  mouillé  :  comme  le  n°  7,  mais  avec  une  épaisse  mousseline 
et  une  mèche  comme  le  n°  5. 

N°  9.  Réservoir  mouillé  :  la  boule  de  ce  thermomètre  était  recouverte  avec 
une  mèche  de  lampe. 

N°  10.  Réservoir  sec  et  réservoir  mouillé  :  ces  thermomètres  étaient  installés 
comme  le  n°  1  sec  et  mouillé,  mais  il  y  avait  pour  l'eau  un  récipient  décou- 
vert à  0ra,040  de  la  boule  du  thermomètre  humide  et  à  0m,080  de  celle  du 
thermomètre  sec. 

Le  n°  1  à  réservoir  sec  et  réservoir  mouillé  fut  pris  comme  étalon  et 
toutes  les  lectures  furent  comparées  à  celles  qu'il  fournissait. 

Les  observations  montrent  que  les  n°3  2  et  3  se  comportent  pratique- 
ment comme  le  n°  1. 

Le  n°  4  s'écarte  peu  du  n°  1,  mais  il  a  une  tendance  à  donner  une 
lecture  un  peu  trop  basse. 

Le  n°  5  donne,  par  contre  des  valeurs  plus  fortes  que  le  n°  1,  il  n'y 
a  que  44  0/0  des  lectures  qui  soient  concordantes. 

Quant  au  n°  6,  le  récipient  d'eau  était  seulement  à  0m,01o  au-des- 
sous du  réservoir  sec,  le  thermomètre  donnait  des  températures  plus 
basses  que  le  n°  1  sec;  il  y  avait  8,5  0/0  où.  la  différence  des  lectures 
atteignait  0,45  degrés  centigrades  et  il  n'y  avait  que  15,7  0/0  où  les 
valeurs  fussent  les  mêmes.  Lorsque  le  récipient  était  au-dessous  du 
thermomètre  mouillé  et  à  0m,027  du  thermomètre  sec,  celui-ci  donnait 
une  température  plus  basse  que  le  n°  1  sec  lorsque  le  temps  était  beau; 


448  MÉTÉOROLOGIE   ET  PHYSIQUE   DU   GLOBE 

mais  lorsque  l'air  était  humide  et  pendant  la  pluie,  ses  indications 
étaient  plus  élevées.  —  Le  n°  6  mouillé  avec  le  réservoir  immédiate- 
ment au-dessous  à  0m,0i5  donnait  des  résultats  un  peu  plus  élevés  que 
le  n°  Y  mouillé  :  c'était  surtout  le  cas  pour  les  temps  humides. 

Le  n°  7  mouillé  donnait  des  résultats  plus  élevés  notablement  que  le 
n°  1.  Plus  tard,  la  mèche  conductrice  ayant  été  simplement  attachée  à 
la  mousseline  au  fond  du  réservoir,  les  indications  concordèrent  exacte- 
ment avec  le  n°  1. 

Le  n°  8  fournit  des  températures  plus  élevées  que  le  n°  1.  Il  en  fut 
de  même  du  n°  9. 

Le  n°  40  ne  fut  observé  qu'à  partir  du  3  novembre  et  pendant  la 
plus  grande  partie  du  temps  l'air  fut  humide  ;  malgré  cela,  il  se  com- 
porta précisément  comme  le  n°  6,  si  ce  n'est  que  les  différences  avec  le 
n°  1  étaient  plus  faibles. 

Le  *2  décembre,  la  température  s'éleva  à  02°  (1)  et  l'atmosphère  étant 
sèche  par  suite  de  l'existence  du  Fœhn  dans  la  vallée,  ce  fut  une  ex- 
cellente occasion  pour  comparer  les  nos  1,  G  et  10  avec  des  différences 
considérables  entre  les  thermomètres  secs  et  mouillés  :  Les  chiffres 
obtenus  furent  les  suivants  : 


t/3 
W 

3 

N  U  M  É  II  0 

1 

Différence 

NUMÉRO 

10 
Diflérence 

N  U  M  É  R  0 

6 

Différence 

VI  \T 

Direction 
et 

Force. 

TEMPS 

Sec.       Monillé. 

Sec.        ilouillé. 

Sec.     I  Mouillé 

Degrés. 

Degrés. 

Degrés. 

Hegrés. 

Degrés. 

Degrés. 

Degrés. 

Degrés 

Degrés. 

1   S. 

62.0 

49.0 

13.0 

61.0 

49.2 

11.8 

60.7 

49.5 

11  .2 

0  W    5 

B 

2     » 

02.0 

48.0 

U.O 

61  .0 

48.2 

12.8 

60.7 

48.5 

12.2 

0  W     5 

B 

3     » 

62.0 

48  0 

1 4. 0 

01. 0 

4S-2 

12.8 

60.7 

48.5 

12.2 

0  W     5 

B 

G     » 

50.0 

43.0 

7.0 

49.7 

43.2 

6.5 

49.5 

43.4 

0.1 

0  W     5 

B 

LES  NOMBRES  SUIVANTS  MONTRENT  COMMENT  LES  THERMOMÈTRES  SE  COMPORTENT 

PENDANT  LA  PLUIE. 


N  U  M  É  K  0     1 

N  U  M  K  KO     10 

NUMÉRO     6 

w 
u 

2 

Sec.       Houille.   Différence 

Différence 

Sec.       Mouillé.   Différence 

VI  NT 

TEMPS 

Sec.     1  Mouillé. 

Degrés. 

Degrés. 

Degrés 

Degrés. 

Degrés. 

Degrés. 

Degrés. 

Degrés. 

Degrés. 

7me 

42.5 

41.4 

1.1 

42.7 

41.'. 

1.3 

43.0 

41.4 

1.6 

i.alme. 

Pluie. 

* 

42.5 

42.2 

0.3 

43.0 

42.6 

0.4 

43.3 

43.0 

0.3 

» 

Pluie 
torrentielle  : 

» 

89.4 

39.0 

0.4 

39.9 

39.5 

0.4 

40.3 

39.8 

0.5 

» 

nuages  has. 

(i)  Toutes  les  températures  sont  données  en  degrés  Fahrenheit. 


W.    MARRIOTT.    —   SUR   LE   PSYCHROMÈTRE  449 

L'eau  de  source  était  employée  au  n°  2  pendant  quelque  temps,  mais 
les  lectures  turent  les  mêmes  que  pour  le  n°  1.  Après  que  la  mousse- 
line eut  servi  pendant  deux  mois,  on  observa  qu'il  s'était  formé  un  dépôt 
calcaire  :  le  thermomètre  commença  à  donner  des  indications  trop  fai- 
bles :  la  différence  avec  le  n°  i,  qui  était  d'abord  de  0°0o,  s'éleva  à 
0°2o  quand  on  y  plaça  de  la  mousseline  propre. 

Ces  expériences  montrent  clairement  que,  à  moins  que  les  observa- 
teurs emploient  la  même  mousseline,  la  même  mèche  conductrice,  et 
qUe  les  réservoirs  d'eau  soient  placés  de  la  même  façon,  leurs  observa- 
tions ne  sont  pas  comparables.  Les  nos  1,  2  et  3  montrent  que  les  lec- 
tures ne  sont  pas  affectées  par  la  position  du  réservoir  d'eau,  pourvu 
que  celui-ci  soit  clos  et  qu'il  ne  soit  pas  trop  rapproché  du  thermomètre. 
Il  n'est  pas  convenable  cependant  de  placer  la  mèche  conductrice  à 
angle  droit  entre  la  boîte  et  le  réservoir  d'eau,  car  elle  agit  comme  un 
siphon  et  vide  le  réservoir,  et,  dans  les  temps  de  grand  vent,  elle  est 
exposée  à  être  jetée  m  partie  hors  du  réservoir  et,  par  suite,  à  amener 
un  écoulement  goutte  à  goutte. 

L'exactitude  de  la  lecture  du  thermomètre  mouillé  dépend  surtout  de 
la  nature  de  la  mousseline  et  de  la  mèche  conductrice.  Si  l'une  et  l'au- 
tre sont  trop  épaisses,  les  températures  observées  sont  trop  élevées  :  c'est 
également  ce  qui  arrive  lorsque  le  fil  est  passé  à  travers  la  mousseline, 
au  fond  de  la  boite.  Plus  épaisse  est  la  mousseline  et  moins  sensible  est 
le  thermomètre. 

L'emploi  d'un  récipient  d'eau  découvert  et  placé  au-dessous  du  ther- 
momètre mouillé  et  trop  près  du  thermomètre  sec  no  fournit  pas  de  bons 
résultats.  Dans  les  temps  secs,  les  températures  sont  trop  faibles  par 
l'action  de  l'évaporation  de  l'eau  du  récipient  ;  mais  pendant  la  pluie  et 
aussi  pendant  les  temps  humides,  les  lectures  sont  trop  élevées.  Les  lec- 
tures du  thermomètre  mouillé  sont  aussi  trop  élevées,  mais  il  est  presque 
certain  qu'il  n'y  a  pas  compensation  et  que  les  indications  d'un  sem- 
blable hygromètre  sont  fautives. 

Je  voudrais  ajouter  les  règles  suivantes  pour  l'emploi  du  psychromètre 
que  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  à  la  Société  météorologique  de 
Londres,  dans  l'espoir  que  l'on  pourra  obtenir  une  uniformité  complète. 
Les  thermomètres  devraient  être  précisément  construits  de  même  et 
n'avoir  pas  de  gros  réservoirs  cylindriques.  (Je  pense  qu'il  est  bon  que 
les  réservoirs  soient  en  verre  dépoli  ;  quand  la  température  est  au-des- 
sous de  0°,  une  couche  de  glace  peut  plus  facilement  se  former  sur  le 
réservoir  que  si  sa  surface  est  lisse.) 

Les  thermomètres  ne  devraient  pas  être  à  moins  de  0m,080  l'un  de 
l'autre  ;  la  boule  mouillée  serait  couverte  d'un  seul  morceau  de  très- 
fine  mousseline,  taillé  de  manière  à  s'adapter  complètement  sur  le  réser- 

29 


450  MÉTÉOROLOGIE  ET  PHYSIQUE  DU  GLOBE 

voir.  Une  mèche  conductrice  formée  de  G  ou  8  brins  de  coton  à  repriser 
serait  fixée  autour  de  la  tige  du  thermomètre  par-dessus  la  mousseline. 
Il  est  désirable  que  la  mousseline  se  prolonge  un  peu  au-dessous  de  l'extré- 
mité du  réservoir  demanière  à  ce  que  les  saletés  qui  pourraient  être 
entraînées  par  l'eau  pussent  s'y  déposer  et  ne  s'arrêtent  pas  sur  le  réservoir. 

La  mousseline  et  la  mèche  conductrice  doivent  être  lavées  à  l'eau  bouil- 
lante avant  d'être  employées,  afin  que  l'apprêt  soit  enlevé  complètement. 

Le  récipient  à  eau  doit  être  couvert,  avec  un  seul  orifice  de  petites 
dimensions,  pour  le  passage  de  la  mèclie  conductrice;  il  doit  être  à 
0m,05i  au  moins  du  réservoir  mouillé  et  à  0m,135  du  réservoir  sec,  et 
il  doit  être  placé  de  telle  sorte  que  la  mèche  fasse  un  angle  d'environ 
4o".  11  conviendrait  d'employer  de  l'eau  de  pluie  propre,  sinon  on  peut 
employer  de  l'eau  de  source. 

La  mousseline  et  la  mèche  doivent  être  changées  tous  les  mois  au 
moins,  et  plus  souvent  s'il  apparaît  des  .saletés  ou  des  dépôts.  (Il  est 
bon  de  plonger  la  boule  du  thermomètre  dans  de  l'acide  sulfurique 
étendu,  avant  d'y  placer  la  mousseline,  afin  que  les  dépôts  qui  auraient 
pu  se  former  soit  enlevés.) 

Dans  les  temps  humides  ouïes  temps  de  brouillard,  les  deux  thermomè- 
tres doivent  être  soigneusement  essuyés  quelque  temps  avant  l'observation. 

Les  lectures  seront  faites  aussi  rapidement  que  possible,  afin  que  les 
thermomètres  ne  puissent  être  influencés  par  le  voisinage  de  l'observateur. 

Lorsque  la  température  est  à  quelques  degrés  au-dessus  ou  au-dessous 
du  point  de  congélation  de  l'eau,  le  thermomètre  mouillé  est  très-délicat 
et  exige  des  soins  spéciaux. 

Si  la  température  est  au-dessous  de  la  congélation  de  l'eau,  l'observa- 
tion ne  sera  pas  correcte  s'il  n'y  a  pas  une  couche  de  glace  autour  du 
réservoir.  De  l'eau,  prise  sur  de  la  place  fondante,  sera  apportée  sur  le 
réservoir  avec  une  brosse  ou  une  plume,  de  sorte  qu'une  mince  couche 
de  glace  puisse  se  former  autour  de  la  boule  ;  si  une  goutte  de  liquide 
reste  suspendue  au  réservoir,  on  l'enlève  avec  le  doigt.  Pendant  les  fortes 
gelées,  on  emploiera  un  réservoir  nu  (c'est-à-dire  sans  mousseline),  si 
l'on  peut  y  déposer  une  couche  de  glace  ;  il  sera  ainsi  plus  sensible  et 
donnera  des  résultats  plus  précis  qu'avec  la  mousseline.  (Dans  les  expé- 
riences à  basse  température,  un  thermomètre  nu  et  recouverL  d'une  couche 
de  glace  indique  une  température  qui,  presque  toujours,  est  inférieure 
de  0°,2  à  celle  donnée  par  le  thermomètre  recouvert  de  mousseline). 

Quand  la  température  est  juste  au-dessus  de  la  congélation  de  l'eau, 
le  réservoir  et  la  mèclie  devront  être  lavés  à  l'eau  chaude  pour  enlever 
les  dernières  particules  de  glace,  sans  quoi  les  lectures  faites  seraient 
trop  peu  élev< 

En  résumé,  je  recommanderais  également  que  de  temps  à  autre  les 


W.    MARRIOTT.    —    SUR    LE    PSYCHROMÈTRE 


451 


deux  thermomètres,  sec  et  mouillé,  tussent  plongés  dans  un  vase  plein 
d'eau  et  comparés  l'un  à  l'autre  pour  voir  s'ils  sont  comparables  et 
s'assurer  si  le  zéro  ne  s'est  pas  déplacé. 

TABLEAU    Ier 

MONTRANT   LES   DIFFÉRENCES   ENTRE   LES  DIVERS   THERMOMÈTRES 
ET    LES   THERMOMÈTRES  SEC   ET   HOUILLLÉ   Nu    1. 


1 

1 

- 

N"2 

N»  3 

N"4 

N"  5 

.V    6 
Réservoir 
■  l'eau  .■-uns  le 
>mètre 

sec 

N«   6 

:  voir 
d'eau  S'ius  le 
iherm 

UIOU 

N«  7 

V  8 

N"  9 

N« 

10 

~ 

Sec.        Houille. 

Sec.     I  ïonillé. 

Jec. 

Houille. 

Fahren- 
heit 
+2»0 

B 

B 

i> 

1 

1 

B 

» 

» 

1.9 

if 

B 

» 

» 

» 

» 

" 

fi 

fi 

« 

B 

1.8 

» 

» 

» 

« 

» 

» 

» 

» 

» 

» 

<> 

fi 

fi 

1.7 
1.6 

» 

• 

» 

1 

» 

» 

» 

fi 

i 

« 

fi 

» 

fi 

» 

» 

« 

B 

» 

■ 

» 

» 

» 

fi 

» 

fi 

1  .5 

» 

» 

■ 

1 

0 

» 

D 

0 

» 

« 

fi 

fi 

' 

1.4 

» 

» 

* 

» 

» 

» 

» 

» 

» 

B 

* 

„ 

1.3 

» 

» 

» 

» 

» 

1 

1 

» 

j> 

fi 

fi 

fi 

» 

l  .2 

1 .1 

B 

* 

B 

g 

,J 

1 

" 

j, 

•» 

» 

„ 

1.0 

» 

2 

16 

H 

7 

3 

1 

» 

4 

1 

» 

0.9 

» 

» 

» 

a 

s 

» 

2 

» 

» 

D 

u 

» 

fi 

!     °  S 

» 

3 

•2 

11 

:; 

5 

4 

2 

2 

2 

s 

fi 

» 

0.7 

» 

s 

» 

11 

2 

2 

9 

3 

^ 

1 

1 

» 

» 

O.rl 

2 

o 

1 

n 

3 

8 

8 

5 

» 

2 

1 

» 

» 

0.5 

.1 

2 

6 

36 

14 

21 

33 

15 

o 

t 

13 

4 

1 

0.4 

1 

1 

2 

19 

7 

13 

16 

8 

1 

2 

1 

3 

1 

0  3 

2 

5 

6 

45 

10 

23 

22 

19 

6 

/, 

8 

13 

* 
12 

0.2 

1 

4 

4 

33 

13 

25 

12 

14 

8 

6 

18 

8 

+0.1 

1 

« 

II 

6 

6 

0 

3 

3 

4 

1 

" 

3 

0.0 

407 

475 

3)4 

180 

35 

86 

201 

325 

37 

37 

7J 

84 

99 

j— 0.1 

» 

» 

» 

5 

0 

1 

1 

fi 

fi 

» 

3 

* 

fi 

!  °*2 

1 

3 

8 

7 

20 

9 

12 

» 

1 

fi 

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1 

fi 

j     0-3 

1 

1 

8 

2 

13 

8 

42 

» 

2 

2 

" 

3 

» 

;    o  4 

» 

1 

2 

2 

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393 

396 

63 

63 

120 

120 

452 


MÉTÉOROLOGIE   ET   PHYSIQUE   DU   GLOBE 


TABLEAU    II 

PROPORTIONS   DES   DIFFÉRENCES  ENTRE    LES   DIVERS   THERMOMÈTRES 
ET   LES   THERMOMÈTRES   SEC  ET   MOUILLÉ   N°    I. 


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N°  3 

N°  4 

N°  5 

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Réservoir 

d'eau   sous  l 

thermomètre 

sec. 

N»    6 

Réservoir 

3  d'eau  sous  le 

thermomètre    N°  "3 

mouillé. 

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n»  g 

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Sec.        «oui.  le 

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TARRY.    —   DESCRIPTION    dYn    TOURBILLON    ATMOSPHÉRIQUE  453 


DISCUSSION 


H,  Anoot  insiste  Mir  quelques  précautions  nécessaires  pendant  les  temps  de. 
^elée.  Mais,  malgré  tout,  les  indications  du  psychromètre  seront  toujours 
erronées  par  les  temps  humides  et  froids. 

M  Marié-Davy,  pour  éviter  ces  incertitudes,  mesure  l'humidité  à  Hontsouris 
nu  moyen  d'un  hygromètre  à  absorption.  Il  espère  pouvoir  installer  bientôt  un 
inscripteur  qui  donnera,  d'une  matière  continue,  la  quantité  de  vapeur  d'eau 
et  d'eau  vésiculaire  contenue  à  chaque  instant  dans  l'atmosphère. 


M.  de  FONYIELLE 

LES  BALLONS  CAPTIFS  ET  LA   MÉTÉOROLOGIE. 

(EXTRUT  DO  PROi'.F.S-YERlUl.) 


—  Séance  du  30  août   1877.  — 

M.  de  Fonvielle  émet  le  vœu  que  l'Association  française  s'intéresse,  comme 
l'Association  britannique,  à  la  question  des  ballons,  qui  peuvent  rendre 
de  grands  services  en  météorologie.  11  croit  que  le  ballon  captif  de  l'Exposi- 
sition  pourra,  notamment,  servir  à  déterminer  facilement  la  hauteur  des 
nuages. 

DISCUSSION 

MM.  Hureau  de  Villeneuve,  Argot  et  Marié-Davy  ne  partagent  pas  complè- 
tement cette  opinion,  et  pensent  qu'il  serait  plus  facile  et  plus  exact  de  déter- 
miner cette  hauteur  par  des  observations  faites  à  terre. 


M.  TAREY 

Inspecteur   dos    finances. 


DESCRIPTION  D'UN  TOURBILLON  ATMOSPHÉRIQUE. 

(EXTRAIT  DU  procès-verbal.) 


—  Séance  du  30  août  1877.  — 


M.  Tarry  décrit  un  petit  tourbillon  atmosphérique  qui  a  été  très-bien 
observé  le  16  juin  dernier,  à  10  kilomètres  environ  de  Cahors.  Du  foin 
était  étendu  sur  une  plaine,  en  couche  de  0m,20  d'épaisseur.  L'air  était  par- 
faitement calme  quand  tout  à  coup  on  a  vu  'le  foin   se  soulever  en    vagues, 


Aïii  MÉTÉOROLOGIE    ET    PHYSIQUE   DU  GLOBE 

se  rouler  sur  lui-môme,  jusqu'à  une  hauteur  de  100  à  ISO  mètres.  A  mesure 
que  la  colonne  s'élevait,  elle  allait  en  s'évasant  par  le  haut  ;  à  une  hauteur 
de  300  mètres,  le  foin  s'est  éparpillé  et  est  retombé  par  son  propre  poids  en 
couvrant  une  surface  de  4  ou  !>  hectares.  Dans  ce  tourbillon,  le  mou- 
vement était  donc  nettement  ascendant.  M.  Tarry  considère  ce  phénomène 
comme  établissant  la  transition  entre  les  petits  tourbillons  de  poussière  que 
l'on  observe  souvent  sur  les  roules,  les  trombes,  les  tornados,  les  cyclones  et 
enfin  les  grands  mouvements  tourbillonnâmes.  Tous  ces  mouvements  auraient 
la  même  marche  et  formeraient  une  échelle  continue. 


L'ordre  du  jour  de  la  section  comprenait  plusieurs  autres  travaux  qui 
n'ont  pu  cire  communiques  en  séance,  faute  de  temps.  Nous  en  repro- 
duisons les  titres  ci-après  : 

M.  Maiudeix,  ancien  maire  à  Beaumonl-lès-Clermont-Ferrand  :  —   Sur  un 
moyen  de  prévenir  les  orages. 

M.  Fjioment,    conducteur   agent    voyer  en   retraite  :  Projet  d'établissement 
d'un  observatoire  au  Mézenc. 


Yœux  émis  par  la  Section  de  Météorologie. 


Dans  ses  séances  des  2o  et  27,  29  et  30  août,  la  Section  a  émis  les 
vœux,  suivants: 

«  Dans  ses  séances  des  25  et  27  août,  la  7e  section,  météorologie  et 
physique  du  globe,  après  avoir  étudié  l'état  des  services  météorologiques 
en  France  et  dans  les  autres  nations,  constate  pour  notre  pays  une  infé- 
riorité très-regrettable.  Elle  manifeste  le  désir  de  voir  la  France  entrer 
dans  une  voie  qui,  à  l'étranger,  a  conduit  à  d'importants  résultats  théo- 
riques el  pratiques. 

»  En  conséquence,  elle  émet  le  vœu  que  M.  le  ministre  de  l'instruc- 
tion publique  nomme  pour  étudier  la  question,  une  haute  commission 
comprenant  des  délégués  des  ministères  de  l'agriculture  et  des  tra- 
vaux publics,  du  commerce,  de  la  guerre  et  de  la  marine,   tous  inlé- 


VOEUX    ÉMIS   PAR  LA    SECTION    DE    MÉTÉOROLOGIE  438 

ressés  au  progrès  de  la  météorologie.  Après  avoir  discuté  la  question  et 
examiné  les  différents  projets  joints  au  dossier,  cette  commission  propo- 
serait finalement  les  grandes  modifications  qu'il  y  aurait  à  apporter  à 
l'état  actuel,  pour  que  le  service  météorologique  français  pût  marcher 
de  pair  avec  ceux  des  autres  nations  d'Europe  et  d'Amérique. 

»  Dans  sa  séance  du  27  août,  la  7°  section,  météorologie  et  physique  du 
globe,  après  avoir  entendu  L'exposé  de  la  situation  du  Pic-du-Midi,  regrette 
d'apprendre  «pie  de  nouveaux  retards  sont  apportés  à  l'établissement  de  la 
ligne  télégraphique  qui  doit  relier  l'observatoire  h  Bagnères.  Elle  renou- 
velle le  vœu  déjà  émis  l'an  dernier  el  demande  qu'on  en  hâte  la  réali- 
sation, de  nouveaux  délais  avant  l'hiver  devant  amener  un  retard  d'une 
année  entière  dans  le  service  des  avertissements  météorologiques  de  cet 
observatoire  »  (1). 

«  Dans  sa  séance  du  30  août,  la  7°  section,  météorologie  et  physique 
du  globe,  émet  le  vœu  que  le  ballon  captif  qui  sera  construit  par 
M.  Gifïard  pour  l'Exposition  universelle  de  l'an  prochain  soit  utilisé  à 
des  observations  météorologiques. 

(i)  Le  Bureau  de  l'Association  française  a  été  informé  officiellement  que  la  ligne  télégraphique 
visée  par  le  vœu  était  ouverte  des  le  ni  -  mbre  1877. 


3e  Groupe 
SCIENCES    NATURELLES 


8e  Section 
GÉOLOGIE    ET    MINÉRALOGIE 


Président M.  le  Comte  DE  SAPORTA,  Correspondant  de  l'Institut,  à  Aix. 

Vice-Présidents MM.  DESLONGCHAMPS,  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Caen. 

LENNEER,  Président  de  la  Société  géologique  de  Normandie. 

MOHIÈRE,  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Caen. 
Secrétaires MM.  BRYLINSKI,  Membre  de  la  Société  géologique  de  Normandie. 

DROUAUX,  Membre  de  la  Société  géologique  de  Normandie. 


M.  E.-E.  DESLONGCHAMPS 

Professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Caen. 


LE  JURA  NORMAND. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  Si  août  i877.   — 

M.  Eug.-Eud.  Deslongchamps  présente  le  premier  fascicule  de  son  travail 
sur  le  Jura  normand  ;  il  analyse  rapidement  les  principaux  sujets  qu'il  a 
traités,  donne  des  détails  intéressants  sur  la  faune  jurassique  normande,  prin- 
cipalement sur  les  Sauriens  et  les  Céphalopodes  (ammonites  et  belemnites). 
L'auteur  s'est  assuré,  par  exemple,  que  le  véritable  niveau  de  Y  Ammonites  Mur- 
chisonœ  est  situé  entre  le  lias  supérieur  et  l'oolithe  inférieure,  ainsi  que  le 
prouve,  par  son  ensemble,  la  faune  de  ce  niveau. 

M.  Deslongchamps  appelle  ensuite  l'attention  sur  la  trouvaille  qui  a  été  faite 
dans  le  lias  supérieur  normand  des  restes  d'un  animal  qu'on  serait  tenté  de 


458  GÉOLOGIE  ET   MINÉRALOGIE 

prendre  pour  un  labyrinthodon.  On  comprend  la  valeur  qu'aurait  cette  dé- 
couverte, au  point  de  vue  de  nos  idées  sur  la  répartition  chronologique  des 
animaux  anciens,  s'il  se  confirmait  que  l'animal  en  question  appartenait  aux 
Labyrinthodontes. 


M.  LEMIER 

Président  de  1  ;  »  S  iciél logiqui  di    Noria  m  lie 


ÉTUDES  GÉOLOGIQUES  ET  Ï'ALÉCNTOLOGIQUES  SUR  L'EMBOUCHURE  DE  LA  SEINE. 


Séance  du  24  août  1877.  — 


M.  LEOIEE 

Président  de  la  Société  géologique  de  Normandie. 


CARTE  GÉOLOGIQUE  DE  NORMANDIE.  -  GÉOLOGIE  NORMANDE. 

(extrait  du  procès-yerbal.) 


—  Séance  du  Si  août   1877.   — 

M.  Lennieb  appelle  l'attention  sur  les  dépôts  littoraux  récents  que  l'on 
rencontre  sur  les  côtes  de  la  Manche  à  une  hauteur  de  plusieurs  mètres  au- 
dessus  du  niveau  actuel  de  la  mer.  Jusqu'ici,  on  a  expliqué  ce  phénomène 
par  l'hypothèse  d'un  exhaussement  du  rivage.  M.  Lennier  repousse  cette  ex- 
plication et  lui  substitue  la  suivante:  selon  lui,  il  n'y  a  pas  eu  de  soulèvement 
et  les  dépôts  en  question  doivent  être  attribués  aux  marées  qui  ont  dû  se  pro- 
duire à  l'époque  où  l'Angleterre  était  réunie  à  la  France  par  l'isthme  du  Pas- 
de-Calais.  En  effet,  les  vagues  arrêtées  par  l'isthme  du  Pas-de-Calais  se  jetaient 
sur  les  côtes  et  les  envabissaicnt  sur  une  longueur  d'autant  plus  grande  que 
leur  inclinaison  était  plus  faible.  Aujourd'hui,  cet  envahissement  n'a  plus  sa 
raison  d'être,  puisque  la  mer  peut  s'échapper  librement  par  le  détroit  qui  a  rem- 
placé l'isthme. 

M.  G.  de  Tromelin  partage  les  idées  ('mises  par  M.  Lennier:  on  a  voulu 
quelquefois  aussi  attribuer  à  une  action  glaciaire  les  dépôts  littoraux  des  côtes 
Nord-Ouest  de  la  France  ;  jusqu'à  présent  rien  ne  prouve  réellement  cette  ori- 
gine ;  des  raz-de-marées  suffisent  pour  expliquer  leur  existence.  M.  G.  de  Tro- 
melin  rappelle  que  les  plus  hautes  marées  du  globe  (San-Francisco  excepté,) 
ont  lieu  à  Saiut-Malo  et  à  Granville;  que  le  golfe  au  fond  duquel  sont  situées 
ces  localités  résulte  d'une  érosion  qui  a  eu  lieu  aux  temps  historiques,  érosion 


ROLLAND-BANÈS.    —  RICHESSE   MINÉRALE  DE    LA   FRANCE  459 

dont  les  îles  anglo-normandes,  l'archipel  de  Chaussey,  Bréhat,  etc.,  sont 
les  témoins. 

Toutefois,  la  côte  méridionale  de  la  Bretagne  semble  avoir  subi  un  mouve- 
ment d'exhaussement  à  un  moment  donné  ;  en  effet,  à  Saint-Caradec  sur  le 
Blavet,  au-dessus  d'Hennebont  (Morbihan)  on  voit  un  banc  d'huîtres]  subfos- 
siles,  à  un  niveau  supérieur  à  celui  des  marées.  M.  G.  de  Tromelin  fera  con- 
naître dans  ses  travaux  sur  la  Basse- Bretagne  divers  faits  analogues  à  ceux 
dont  vient  de  parler  M.  Lennier.  On  ignore  les  raisons  pour  lesquelles  la  Terre 
avant  k  déluge  de  Louis  Figuier  indique  l'extrémité  N.-O.  de  la  presqu'île 
du  Colentin  comme  ayant  subi  l'action  glaciaire. 

M.  Deslongchamps  ne  croit  pas  qu'il  y  ait  eu  de  transports  glaciaires  dans 
la  Basse-Normandie. 


Louis  ROLLAO-BAOS 

Ingénieur  civil  dos  mines  au  Havre,  Membre  le  la  Société  nationale  havraise  d'études  diverses, 
et  ,i,.  La  So  i    de  I  ram  e. 


DES  MOYENS  DE  DÉVELOPPER  ET  D'ACCROITRE  LA  RICHESSE   MINÉRALE 
DE  LA  FRANCE. 


—  Séance  du  21  août   1877.    — 

Introduction. 
La  France  est  sans  contredit  le  plus  beau  pays  du  monde,  tant  par  sa 
situation  topographique  que  par  la  richesse  de  son  sol.  —  Mais  mal- 
heureusement sa  richesse  minérale  connue  jusqu'à  ce  jour,  en  houille 
surtout,  est  loin  d'approcher  de  celle  des  contrées  qui  nous  avoisinent, 
et  dont,  il  faut  bien  le  reconnaître,  notre  industrie  est  entièrement  tri- 
butaire. —  Ainsi  : 

L'Angleterre  produit  1, 200,000,000  de  quintaux  de  iOOkil.  pour  une  population  de  30,000,000  d'habit. 
La  Belgique       —  -130,000,000  5,000,000       — 

L'Allemagne      —  596,000,000  —  —  39,000,000      — 

La  France        —  150,000,000  seulement  —  37,000,000      — 

Cette  infériorité,  dans  notre  production  houillère,  a  quelque  chose  d'ef- 
frayant, car  en  cas  de  guerre,  en  cas  d'un  droit  fiscal  sur  les  houilles 
étrangères,  notre  industrie  pourrait  être  mortellement  atteinte. 

C'est  cette  vérité,  dont  je  suis  préoccupé  depuis  bien  des  années,  qui 
me  fait  dire  que  la  France,  dont  le  sous-sol  n'a  pas  été  suffisamment 
étudié,  doit  chercher  par  tous  les  moyens  possibles  à  développer  ses 
richesses  minérales  de  toutes  sortes,  sa  richesse  houillère  en  particulier. 


460  GÉOLOGIE    ET  MINÉRALOGIE 

Il  y  a  là,  pour  elle,  une  question  de  premier  ordre,  une  question 
vitale. 

Cette  vérité,  en  4848,  avait  frappé  les  éminents  auteurs  de  la  Carte 
géologique  de  la  France,  MM.  Dufrénoy  et  Élie  de  Beaumont,  qui,  en 
traitant  la  question  des  différents  bassins  houillers  de  France  et  en 
parlant  des  terrains  jurassiques,  qui  jouent  un  si  grand  rôle  dans  la 
géologie  de  notre  pays  et  sous  lesquels  se  glissent  le  plus  généralement 
les  formations  triasiques  et  houillères,  s'exprimaient  ainsi  : 

«  La  protubérance  jurassique  du  pays  de  Bray  fournit  de  précieuses 
lumières  sur  l'étendue  et  la  continuité  du  terrain  jurassique  et  sur  le 
rôle  qu'il  joue  dans  la  structure  du  Nord  de  la  France. 

»  En  suivant  dans  toute  son  étendue  le  bord  intérieur  de  la  ceinture 
jurassique  qui  entoure,  presque  de  tous  côtés,  [le.  grand  bassin  parisien, 
on  voit  des  couches  supérieures  s'enfoncer  et  disparaître  de  toutes  parts 
au-dessous  des  couches  plus  modernes  qui  forment  le  sol  de  ce  bassin. 
—  Il  est  naturel  de  se  demander  si  les  couches  jurassiques  se  prolongent 
au-dessous  de  ces  dépôts  modernes  de  manière  à  passer  d'un  bord 
du  bassin  à  l'autre,  et  à  en  occuper  tout  le  fond,  ou  si  au  contraire 
elles  s'interrompent  quelque  part,  et  quelles  seraient  les  formes  des 
lacunes  qu'elles  pourraient  offrir. 

»  Cette  question  n'intéresse  pas  seulement  la  sciem  e. 

»  Les  industries  qui  spéculent  sur  le  gypse  et  le  sel  gemme  que  ren- 
ferment souvent  les  marnes  irisées,  les  industries  plus  nombreuses 
et  plus  importantes  encore  qui  aspirent  si  vivement  après  la  découverte 
de  la  houille,  sont  fortement  intéressées  à  la  solution  de  cette  ques- 
tion, ainsi  que  nous  l'avons  déjà  indiqué.  » 

Telles  sont,  Messieurs,  les  observations  des  deux  savants  géologues, 
qui,  il  y  a  bientôt  30  ans,  indiquaient  à  leurs  concitoyens  la  marche  à 
suivre  pour  le  développement  et  la  richesse  minérale  de  la  France. 

Malheureusement  ces  conseils  n'ont  pas  encore  été  suivis,  soit  qu'on  ait 
trop  compté  jusqu'à  présent  sur  la  richesse  houillère  de  l'Angleterre, 
de  la  Belgique,  etc.,  etc.  ;  soit  que  les  capitaux  aient  manqué  pour 
entreprendre  des  travaux,  qui,  il  ne  faut  pas  se  le  dissimuler,  doivent 
entraîner  à  des  dépenses  considérables,  trop  souvent  inabordables  à  des 
entreprises  particulières. 

Partant  des  principes  exposés  par  ces  deux  illustres  géologues,  je 
vais  étudier  et  passer  en  revue  les  points  principaux  où  des  recherches 
pourraient  être  entreprises,  et  je  parlerai  ensuite  des  moyens  d'exé- 
cution. 

Permettez-moi  d'abord,  Messieurs,  de  vous  dire  quelques  mots  d'un 
travail  auquel  je  me  suis  livré  dans  ces  dernières  années,  et  dont  j'ai 
l'honneur  de  déposer  un  exemplaire  sur  le  bureau,  travail  intitulé  : 


ROLLAND-BANÈS.    —   RICHESSE    MINÉRALE  DE    LA   FRANCE  461 

Notice  sur  la  recherche  de  la  houille  dans  le  département  de  la  Seine- 
Inférieure,  publié  en  vertu  d'un  vote  émis  par  le  Conseil  général  dans 
la  séance  du  28  avril  1873.  (Par  Louis  Rolland-Banès,  ingénieur  civil 
des  mines.) 

Dans  ce  travail,  accompagné  de  plans  et  de  nombreuses  coupes,  après 
avoir  étudié  les  gisements  houillers  de  Sarrebruck,  de  Belgique  et  du 
Nord  de  la  France,  aprèsa  voir  comparé  les  gisements  houillersde  Sarrebruck. 
et  de  la  Moselle,  plongeant  sous  les  terrains  triasiques  etjurassiques  entre 
Thionville  et  Metz,  aux  bassins  houillers  de  l'Ouest  de  la  France  entre 
Coutances  et  Baveux,  et  comprenant  les  mines  du  Plessis,  de  Moon, 
Littry  et  Fumichon,  encouragé  dans  ces  études  par  MM.  Élie  de  Beaumont 
et  de  Lapparent,  j'ai  été  conduit  à  me  demander  si  la  protubérance  et 
la  dénudalion  du  Pays  de  Bray  ne  seraient  pas  l'indice  d'une  série  de 
dislocations  qui  auraient  pu  relever  les  terrains  inférieurs,  comme  le 
terrain  houiller,  par  exemple,  et  dont  la  présence  en  ce  point  s'accorderait 
avec  les  directions  prolongées  des  bassins  houillers  de  Sarrebruck  et  de 
Littry. 

Cette  étude  ayant  été  bien  accueillie  par  le  Conseil  général  de  la  Seine- 
Inférieure,  cette  assemblée  avait  voté,  pour  faire  des  recherches,  par 
sondages,  une  somme  de  500,000  fr.  à  raison  de  100,000  fr.  par  an 
pendant  cinq  ans,  à  la  condition  qu'il  serait  formé  une  Société  au  capital 
de  1,500,000  fr.  pour  opérer  3  sondages. 

Malheureusement,  les  temps  n'étaient  pas  favorables  pour  la  formation 
d'une  semblable  Société.  Les  charbons  étrangers,  qui,  lors  du  vote 
du  Conseil  général,  étaient  à  des  prix  très-élevés,  ayant  subi  de  fort 
importantes  réductions,  l'empressement  des  souscripteurs  s'est  ralenti,  et 
les  projets  de  sondage  ont  été  ajournés. 

Mais  je  dois  rendre  ici  un  éclatant  hommage  à  l'initiative  du  Conseil 
général  de  la  Seine-Inférieure,  qui,  dans  une  question  d'un  si  grand  intérêt 
pour  le  département  et  la  France  entière,  avait  compris  que  le  dévelop- 
pement de  l'industrie  a  surtout  pour  base  l'accroissement  de  la  richesse 
minérale  du  sol. 

Dans  le  département  de  la  Seine-Inférieure,  trois  sondages  avaient  été 
proposés  avec  chances  de  rencontrer  des  gisements  de  gypse  et  sel 
gemme  d'abord  et  de  houille  ensuite. 

Le  premier  projeté  dans  le  Pays  de  Bray,  aux  environs  de  Compain- 
ville,  en  un  point  où  une  dénudation  a  fait  disparaître  de  90  à  100  mètres 
des  formations  supérieures. 

Le  second,  aux  environs  de  Rouen,  au  point  géologique  le  plus  bas, 
non  encore  déterminé. 

Le  troisième  enfin,  aux  environs  du  cap  de  la  Hève,  au  point  géolo- 
gique le  plus  bas  également  de  l'étage  à  gryphée  virgule  du  kimmeridien. 


462  GÉOLOGIE    ET  MINÉRALOGIE 

Depuis  la  publication  de  mon  travail,  notre  honorable  conservateur  du 
musée,  M.  Lennier,  a  découvert  aux  environs  de  Villequier,  sur  les  bords 
de  la  Seine,  un  niveau  géologique  des  argiles  kimméridiennes  où  un  son- 
dage pourrait  être  également  tenté. 

Mais,  en  dernier  ressort,  d'après  les  avis  de  MM.  Elie  de  Beaumont,  de 
Lapparent  et  Fuchs,  ingénieurs  des  mines,  il  serait  prudent  de  ne  taire 
d'abord  qu'un  seul  sondage  dans  le  pays  de  Brag  ;  en  calculant  sur  une 
profondeur  moyenne  de  900  mètres  environ. 

Pendant  que  nous  sommes  dans  la  partie  Ouest  de  la  France,  voyons 
où  des  sondages  d'une  certaine  importance  auraient  la  chance  de  ren- 
contrer le  prolongement  d'un  bassin  houiller. 

Dans  une  notice  très-remarquable  de  M.  E.  Vieillard,  ingénieur  au  corps 
des  mines,  et  intitulée  :  Terrain  houiller  de  la  Basse  Normandie,  ses  res- 
sources, son  avenir,  l'auteur  traite  les  questions  sous  un  double  point  de 
vue,  à  savoir,  sous  celui  des  recherches  industrielles  réalisables  à  peu  de 
Irais,  et  ne  pouvant  donner  qu'une  satisfaction  du  moment  ;  et  sous 
celui  de  recherches  importantes,  pouvant  accroître  d'une  manière  réelle 
la  richesse  minérale  du  département  du  Calvados. 

Ainsi,  en  parlant  de  sondages  à  faire,  M.  Vieillard   s'exprime  ainsi  : 

«  On  sait  que  les  couches  du  Plessis  et  de  Fumiehon  paraissent  plonger 
»  vers  Carentan  et  Isigny,  en  sorte  qu'entre  ces  deux  localités,  les  sondages 
»  seraient  vraisemblablement  plus  profonds  que  si  on  se  plaçait  plus  au 
»  Sud,  par  exemple  entre  Moon,  Saint-Jean-de-Daye  et  le  Plessis. 

»  S'il  devait  s'agir  d'un  sondage  exécuté  par  l'Etat,  au  point  de  vue, 
»  non  d'intérêts  privés,  demandant  la  satisfaction  la  plus  immédiate, 
»  mais  dans  l'intérêt  général,  nous  conseillerions  de  l'entreprendre  à 
»  mi-distance  entre  Moon  et  le  Plessis,  soit  à  Saint-André  de  Bohon,  par 
»  exemple,  presque  au  bord  du  marais,  de  manière  à  gagner  une  trentaine 
»  de  mètres  de  hauteur  dans  la  recherche.  —  En  ce  point,  le  sondage 
»  atteindrait  la  formation  houillère  dans  sa  partie  centrale  peut-être 
»  déjà  profonde  et  puissante.   » 

Par  ce  moyen,  on  pourrait  donner  lieu  à  l'ouverture  de  plusieurs  puits 
entre  Littry  et  le  Plessis,  la  distance  entre  ces  deux  localités  étant  de  plus 
de  3o  kilomètres.  M.  Vieillard  recherche  en  outre  les  points  où  d'autres 
sondages  pourraient  être  faits.  —  Il  indique  la  vallée  de  la  Vire,  au  nord, 
les  environs  d'Engleville,  et  enfin  à  l'est,  à  la  suite  des  affleurements  du 
liuisseau  du  gril,  où  se  montrent  quelques  bancs  de  Lias. 

Quant  à  moi,  à  l'effet  d'obtenir  une  plus  large  reconnaissance  du  terrain 
houiller  vers  l'est,  je  conseillerais  un  sondage  aux  environs  de  Creuilly , 
c'est-à-dire  au  point  où  une  bande  de  Lias  disparaît  sous  les  marnes 
supraliasiques. 

Ce  sondage,  qu    traverserait  tous  les  terrains  du  Trias  avant  d'attein- 


ROLLA.ND-BANÈS.  —   RICHESSE    MINÉRALE  DE    LA  FRANCE  403 

dre  le  terrain  houiller,  aurait  un  double  avantage,  celui  de  se  rappro- 
cher de  la  Seine- Inférieure  et  de  jeter  un  grand  jour  sur  la  géologie 
souterraine  des  plaines  des  environs  de  Caen. 

Si  le  cadre  des  communications  à  taire  était  plus  étendu,  je  pourrais, 
avant  de  quitter  l'Ouest  de  la  France,  démontrer  que  des  sondages  en- 
trepris dans  les  départements  de  la  Vendée  et  des  Deux-Sèvres  pourraient 
conduire  à  un  plus  grand  développement  des  bassins  houillers  de 
Chantonnai/  et  de  Vouvans. 

En  jetant  maintenant  un  coup  d'œil  rapide  sur  les  départements  du 
Nord  et  du  Pas-de-Calais,  je  dois  constater  ici  que  la  richesse  houillère 
du  Pas-de-Calais,  qui  ne  date  que  d'environ  30  à  35  ans,  y  a  été  décou- 
verte par  un  sondage  destiné  a  rechercher  des  eaux  jaillissantes. 

Cette  circonstance  fortuite  ne  doit-elle  pas  être  un  encouragement 
puissant  à  multiplier  en  France  les  sondages,  en  les  basant,  bien  entendu, 
sur  le  progrès  delà  science  géologique"? 

La  fortune  rapide  des  Compagnies  du  Nord  et  du  Pas-de-Calais  leur 
ayant  permis  de  se  livrer  à  de  nombreuses  recherches  par  sondages  et 
autres,  je  me  trouve  dispensé  de  donner  mon  appréciation  sur  le 
sondage  à  faire  dans  ces  riches  contrées,  si  bien  étudiées  par  les  direc- 
teurs des  importantes  exploitations  houillères.  —  Je  crois  cependant 
devoir  insister  ici  pour  faire  remarquer  qu'il  reste  encore  beaucoup  à 
faire  pour  bien  établir  les  relations  entre  le  bassin  des  environs  de  Bou- 
logne et  les  autres  bassins,  ainsi  que  pour  constater  ce  que  devient  le 
terrain  houiller  de  Fiennes  et  Hardingen,  en  se  rapprochant  de  la  mer 
et  en  se  glissant  sous  les  terrains  jurassique  et  crétacé  inférieur, 
constatation  très-importante  au  point  de  vue  des  relations  qui  exis- 
tent entre  nos  bassins  houillers  du  Nord  et  ceux  d'Angleterre. 

Revenant  maintenant  aux  indications  énoncées  par  MM.  Dufrenoy  et 
Elie  de  Beaumont,  en  1848,  à  l'effet  de  savoir  ce  que  deviennent  les 
terrains,  jurassique,  liasique,  triasique,  vosgien  et  carbonifère  au-dessous 
du  bassin  de  Paris,  je  crois  qu'il  serait  bon  de  prendre  d'abord  pour 
ligne  de  base  des  sondages  une  droite  passant  par  le  centre  du  bassin 
houiller  de  Sarrebruck,  par  Metz  et  Bar-le-Duc,  par  exemple. 

L'un  des  sondages  le  plus  rapproché  du  bassin  de  Sarrebruck  pourrait 
être  fait  sur  la  limite  est  du  département  de  la  Meurthe,  aux  environs 
de  Pont-à-Mousson  et  de  Pagny,  par  exemple,  c'est-à-dire  le  plus  rappro- 
ché du  point  où  le  lias  plonge  sous  les  marnes  supraliasiques. 

Ce  sondage,  peu  éloigné  de  Château-Salins,  traverserait,  si  rien  ne 
manquait  à  la  série  géologique: 

1°  Une  petite  épaisseur  de  marnes  supraliasiques  ; 

2°  Le  calcaire  à  gryphées  ou  Lias  ; 

3°  Les  grès  infraliasiques  ; 


464  GÉOLOGIE    ET  MINÉRALOGIE 

4°  Le  terrain  jurassique  modifié; 

„    Le  Trias  avec  les  marnes  irisées  (    avec  chance  de  rencontrer  des 

5°  )     gisements  de  sel  gemme,  comme 

Le  Muscbelkalk  et  les  grès  bigarrés    f    à  château-Salins,  Dieuze,  etc. 

6°  Le  grès  des  Vosges,  sous  lequel  plonge  le  terrain  houillerde  Sarrebruck  ; 

7°  Enfin  le  terrain  houiller. 

Comme  on  le  voit,  ce  sondage  serait  destiné  à  jeter  une  grande  lu- 
mière sur  cette  contrée  de  la  France  entièrement  privée  jusqu'à  ce  jour 
de  reconnaissances  en  bassins  houillers. 

L'autre  sondage  pourrait  être  fait  plus  tard  aux  environs  de  Bar-le-Duc, 
au  point  où  la  formation  jurassique  se  glisse  sous  la  formation  crétacée 
inférieure.  Dans  tous  les  cas  il  serait  prudent  de  n'entreprendre  le  deuxième 
sondage  qu'après  avoir  constaté  la  nature  des  terrains  par  le  sondage 
précédent,  ce  qui  pourrait  indiquer  si  le  deuxième  sondage  devrait  être 
entrepris  soit  au  nord,  soit  au  sud  de  Bar-le-Duc,  soit  en  tout  autre  point 
reconnu  plus  favorable. 

Les  différents  bassins  houillers  de  France  plongeant  en  majeure  partie 
sous  les  terrains  jurassiques,  je  pourrais  citer  un  grand  nombre  d'exem- 
ples qui  me  conduiraient  à  conseiller  des  sondages  dans  bien  des  dépar- 
tements, mais  je  serais  obligé  de  sortir  du  cadre  qui  est  assigné  à  ces 
communications. 

Cependant  je  ne  saurais  passer  sous  silence  le  bassin  houiller  d'Alais 
(Gard)  qui  s'étend  depuis  Alais  jusqu'au  Vans  et  auquel  semblerait  ap- 
partenir un  lambeau  houiller  situé  à  Jaujac,  près  Aubenas. 

Si  je  crois  devoir  mentionner  plus  spécialement  le  bassin  d'Alais,  c'est 
que,  pendant  les  années  1833-1834,  j'ai  fait  moi-même  la  topographie 
tant  supprficielle  que  souterraine  de  ce  riche  bassin,  qui  m'est  assez  bien 
connu. 

Déjà,  en  1832,  MM.  Dufrénoy  et  Élie  de  Beaumont  émettaient  l'idée 
que  le  bassin  houiller  d'Alais  pourrait  bien  se  prolonger  dans  les  dé- 
partements des  Bouches-du-Rhône  et  du  Var,  et  aujourd'hui,  d'après  le 
développement  plus  considérable  des  travaux  dans  les  différents  bassins 
d'Alais,  la  Gd  Combe,  Portes,  Bességes,  etc.,  etc.,  l'opinion  plus  généra- 
lement accréditée  est  que  cette  zone  houillère  qui  plonge  au  sud-est 
sous  les  terrains  liasiques,  et  plus  loin  sous  les  terrains  crétacés  inférieurs 
aurait  réellement  des  affleurements  correspondants  dans  les  lambeaux  de 
terrain  houiller  qui,  dans  le  Var,  apparaissent  dans  les  montagnes  maures 
et  surtout  sur  le  liane  ouest  de  la  montagne  de  VEsterel,  où  un  soulè- 
vement de  porphyres  rouges  quartzifères,  analogue  à  celui  qui  se  montre  à 
l'est  du  terrain  houiller  de  Sarrebruck,  aurait  redressé  et  mis  à  jour  ce 
système  carbonifère. 

D'où  il  résulterait  qu'une  zone  d'environ  60  kilomètres   de  largeur 


HOLLAND-BANÈS.   —   RICHESSE    MINÉRALE   DE    LA    FRANCE  465 

s'étendrait  avec  plus  ou  moins  de  lacunes,  bien  entendu,  depuis  Alais, 
jusqu'à  une  faible  distance  de  la  Méditerranée,  soit  sur  une  longueur 
d'environ  239  kilomètres. 

Pour  s'assurer  de  ce  prolongement  souterrain,  un  point  me  semblerait 
très-favorable  pour  l'établissement  d'un  premier  sondage.  Ce  point,  situé 
à  environ  60  kilomètres  des  affleurements  des  montagnes  de  l'Esterel,  se 
trouve  naturellement  indiqué  par  un  assez  large  lambeau  de  l'assise  ter- 
tiaire de  Muschelkalk  T2  aux  environs  de  Barjols  et  qui  doit  être  évi- 
demment le  prolongement  des  terrains  sur  lesquels  est  construite  la 
ville  de  Draguignan  et  sous  lesquels  plonge  le  terrain  houiller  de  l'Esterel. 
Un  sondage  situé  aux  environs  de  Barjols  se  trouverait  en  un  point  géo- 
logique relativement  bas,  puisque    pour  atteindre  le  terrain  houiller  : 

/  Le  Muschelkalk, 

en    supposant  même   que   toutes    les     l  [jCS  grt\s  bigarrés, 

assises  géologiques  soient  présentes, ce  qui     )  Le  grès  vosgien, 

n'est  pas  probable,  il  n'aurait  à  traverser  :     j  Le  Zechtein, 

que  les  Terrains  ci-contre  :  f  Le  grès  rouge. 

\  Terrain  houiller. 

Par  ce  moyen,  on  aurait  déjà  des  données  sur  plus  d'un  quart  de 
la  distance  séparant  Alais  des  affleurements  de  l'Esterel,  et  si  le  résul- 
tat était  satisfaisant,  on  pourrait,  en  se  rapprochant  vers  Alais,  opérer 
d'autres  sondages  en  des  points  où  quelques  lambeaux  de  terrain  juras- 
sique percent  au  milieu  du  terrain  crétacé  inférieur,  comme  aux  envi- 
rons de  Vauvenargues,  par  exemple,  à  Saint-Paul  et  quelques'autres  points 
du  département  des  Bouches-du-Rhône.  Comme  on  le  voit,  il  y  a  là 
un  vaste  champ  à  explorer. 

Je  pourrais  aussi  vous  entretenir,  Messieurs,  des  richesses  de  Saint- 
Etienne,  St-Chamond,  Rive-de-Gier,  au  milieu  desquelles  j'ai  commencé 
ma  carrière  de  mineur,  et  vous  dire  que  ces  gisements  ont  pour  ainsi 
dire  doublé  de  valeur  lorsque  des  travaux,  exécutés  au-dessous  de  Saint- 
Chamond,  ont  démontré  que  les  grandes  couches  de  Saint-Etienne  se  pro- 
longeaient en  profondeur  jusqu'au-dessous  de  Saint-Chamond. 

Là,  comme  dans  le  Nord  et  dans  le  Pas-de-Calais,  les  habiles  directeurs 
des  mines  acquièrent  tous  les  jours  une  connaissance  de  plus  en  plus 
complète  des  gisements. 


Les  quelques  exemples  que  j'ai  cités  pour  les  bassins  houillers  s'ap- 
pliquent également  aux  terrains  anthracifères,  et  pour  ne  citer  que  deux 
exemples,  sur  des  concessions  que  j'ai  exploitées  moi-même,  je  dirai  : 

Qu'aux  mines  de  Lamure  (Isère),  le  gisement  indiqué  sur  la  carte  géo- 
logique de  France,  comme  appartenant    au  terrain    anthracifère  et  que 

( 


466  GÉOLOGIE   ET   MINÉRALOGIE 

j'ai  exploité  à  1,200  mètres  d'altitude  à  la  mine  de  Peychagnard,  a  été 
retrouvé  par  un  sondage  d'une  profondeur  de  54m,75  dans  la  plaine  de 
Villaret,  au-dessous  des  alluvions. 

Je  dirai  enfin  que,  dans  les  mines  d'anthracites  de  la  basse  Loire,  la 
richesse  minérale  a  pour  ainsi  dire  été  doublée,  de  1840  à  1850,  par  des 
sondages  faits  dans  le  lit  de  la  Loire  et  par  des  puits  pratiqués  dans  les 
sables  d'alluvion  par  l'ingénieux  procédé  de  M.  Triger. 


Comme  vous  le  voyez,  Messieurs,  dans  un  cadre  plus  étendu,  il  serait 
possible  de  faire  ressortir  combien  de  points,  en  France,  pourraient  être 
avantageusement  explorés. 

Et  combien  de  départements  auraient  intérêt  à  se  livrer  eux-mêmes 
à  des  recherches  destinées  à  accroître  la  richesse  publique. 

Le  champ  des  recherches  à  faire  en  France  est  tellement  vaste, 
qu'il  me  faudrait  des  volumes  pour  démontrer  l'importance  des  sondages 
à  exécuter. 

Sondages,  non-seulement  destinés  au  développement  de  la  richesse 
houillère,  mais  de  tous  les  produits  utiles  que  recèle  l'intérieur  du  sol 
de  la  France  :  fer,  plâtre,  sel  gemme,  houille,  anthracite,  lignites  et 
minerais  divers. 

Un  moyen  certain  d'arriver  à  la  solution  de  cet  important  problème 
serait  que  l'État  lui-même,  comme  cela  a  lieu  du  reste  dans  certaines 
contrées  voisines,  entreprît  à  sa  charge  les  principaux  sondages  destinés 
à  constater  la  nature  du  sol  jusqu'à  des  profondeurs  de  1,000  à  1,200 
mètres. 

Et  bien  certainement,  suivant  l'exemple  tracé  par  l'État,  les  départements 
encouragés  par  des  succès,  se  livreraient  eux-mêmes  à  des  sondages  et 
à  des  recherches  de  tout  genre  dans  leur  périmètre,  et  je  mets  en  fait  que, 
par  de  semblables  efforts,  guidés  par  d'habiles  ingénieurs  praticiens, 
la  richesse  minérale  de  la  France  pourrait  être  facilement  doublée. 

Mais,  dira-t-on,  de  semblables  recherches  devront  entraîner  à  des  dé- 
penses considérables.  Cela  est  vrai,  mais  en  présence  de  la  pénurie  des 
bassins  houillers  en  France,  en  présence  des  besoins  toujours  croissants 
des  industries  de  toutes  sortes,  en  présence  de  la  paralysie  dont  les  éta- 
blissements industriels  pourraient  être  frappés  si  une  guerre,  ou  toute 
autre  circonstance  venaient  supprimer  ou  même  restreindre  l'arrivage 
des  charbons  étrangers,  ou  en  augmenter  le  prix  dans  des  propor- 
tions inabordables,  il  n'y  a  pas  à  hésiter  devant  If  s  dépenses  à  faire,  car 
l'argent  dépensé  pour  de  semblables  travaux  de  sondages  et  autres 
recherches  sera  utilement  employé,  puisqu'il  servira  au  développement 
de  l'industrie. 


II.  MEUHDRA. —  ÉTUDE  SUR  LE  RÉGIME  DES  SOURCES  DU  HAVRE     467 

Ne  pouvant  entrer  ici  dans  le  détail  des  dépenses  de  sondage,  je  ren- 
voie, pour  ces  renseignements,  aux  exemples  que  j'ai  cités  dans  mon 
travail  sur  la  houille  dans  la  Seine-Inférieure. 


Une  condition  importante  que  l'État  ou  les  Départements  ne  doivent 
pas  perdre  de  vue,  c'est  que,  sans  se  faire  eux-mêmes  exploitants,  mais 
bien  après  la  découverte  de  nouveaux  gisements  houillers  ou  autres,  et 
après  avoir  tracé  des  limites  de  concessions,  ils  trouveront  facilement 
des  compagnies  qui  ne  demanderont  pas  mieux  que  de  leur  rembourser 
les  avances  faites  pour  des  recherches  qu'elles  n'auraient  osé  entrepren- 
dre elles-mêmes,  par  suite  de  l'aléa  qui  accompagne  toujours  des  tra- 
vaux de  ce  genre. 

Conclusions. 

Ainsi,  l'État  et  les  Départements  n'auraient  réellement  de  pertes  à 
éprouver  que  pour  les  recherches  qui  ne  seraient  pas  accompagnées  de 
succès. 

Mais  je  suis  persuadé  qu'en  s'entourant  de  tous  les  renseignements 
fournis  par  la  science  géologique,  qu'en  confiant  la  détermination  des 
sondages  à  faire  aux  ingénieurs  les  plus  versés  dans  la  science  pratique 
de  la  géologie  et  des  mines,  la  question  des  insuccès  serait  peu  re- 
doutable. 

D'où  il  résulte,  en  un  mot,  que  l'État  et  les  Départements  n'auraient 
pour  ainsi  dire  que  des  avances  à  faire. 

Or,  des  avances  faites  pour  atteindre  un  si  noble  but,  celui  du  dévelop- 
pement des  richesses  minérales  de  toutes  sortes,  recevraient  l'approbation 
unanime  des  populations  entières,  comme  œuvre  éminemment  patriotique, 
devant  concourir,  d'une  manière  certaine,  à  l'accroissement  de  la  Richesse 
(jénérale  de  la  France,  notre  chère  patrie. 


M.  H.  MEÏÏRMÀ 

Lieutenant-Colonel  du  génie  en  retraite,  Directeur  de  la  Compagnie  des  Eaux  du  Havre. 


ÉTUDE  SUR  LE  RÉGIME  DES  SOURCES  DU  HAVRE. 


—  Séance  du,  24   août   1877.   — 


Les  sources  du  Havre,  qui  proviennent  de  la  Gaise  ou  Gault,  ont  un 
régime  tout  à  fait  élémentaire.  En  effet,  la  couche  imperméable  qui  les 
produit,  ayant  sa  pente  vers  le  nord-est  et  son  bord  sud  très-sensible- 


468  GÉOLOGIE    ET    MINÉRALOGIE 

ment  en  relief  par  rapport  à  la   plaine,   ne  peut   être  alimentée  d'eau 
que  par  les  pluies  locales  tombant  sur  le  plateau. 

Le  sol,  qui  leur  sert  de  filtre,  est  classé  comme  perméable,  bien  que 
formé  d'un  argile  rouge  sableuse,  généralement  imperméable  et  empâ- 
tant d'abondants  rognons  de  silex.  La  perméabilité  ne  peut  donc  être 
ni  générale  ni  continue;  elle  ne  doit  exister  que  sur  les  parties  soit 
modifiées,  soit  fendillées  et  là  où  les  aiguilles  très-perméables  de  la 
craie  verte  affleurent  le  sol  et  notamment  sur  les  flancs  des  vallées, 
vallons  et  simples  plissements  qui  sont  de  véritables  coupes  inclinées 
du  terrain. 

Dans  ces  conditions,  l'eau  de  la  pluie  ne  réussit  à  pénétrer  qu'après 
avoir  fait,  comme  eau  sauvage,  de  longs  trajets  et  subi  en  route  des 
pertes  importantes.  La  pluie  ne  peut  être  efficace,  c'est-à-dire  profitable 
aux  sources,  en  proportion  très-variable,  qu'à  la  condition  d'être  suffi- 
samment intense.  Et,  en  définitive,  le  débit  doit  être  faible,  eu  égard  à 
la  hauteur  des  pluies  annuelles  qui  alimentent  les  sources. 

Le  régime  des  sources  du  Havre  est  étudié  au  moyen  :  4°  des  obser- 
vations pluviométriques  recueillies  à  Sanvic  et  dont  la  communication 
est  due  à  l'obligeance  de  M.  l'inspecteur  général  Belgrand,  et  2°  des 
sources  artilicielles  de  Bellefontaine,  captées  à  l'aide  de  tunnels,  débou- 
chant au  pied  du  talus  de  la  côte,  à  l'extrémité  orientale  de  la  ville. 

Les  sources  de  Bellefontaine  ont  été  choisies  pour  cette  étude  à  cause 
de  leur  situation  par  rapport  au  pluviomètre,  de  l'importance  relative 
de  leur  débit  (qui  est  moyennement  de  1,200  mètres  cubes  par  jour), 
de  la  facilité  de  les  observer  régulièrement  et  de  les  jauger  avec  précision. 

Durée  de  pénétration  des  pluies  efficaces.  —  La  durée  de  pénétration 
d'une  pluie  efficace,  c'est-à-dire  le  temps  qui  s'écoule  entre  le  moment 
où  l'eau  tombe  et  celui  oîi  elle  commence  à  reparaître  à  la  source,  est 
le  premier  résultat  certain  que  les  observations  ont  mis  en  évidence. 
Les  pluies  d'automne  qui  précédèrent  la  forte  crue  de  1872-73  (1)  l'ont 
fait  ressortir,  sans  aucun  doute  possible,  à  une  cinquantaine  de  jours. 

Les  observations  subséquentes  ont  confirmé  ce  résultat,  en  donnant, 
suivant  les  circonstances,  des  durées  variables  de  quarante-cinq  à  soixante 
jours.  On  peut  accepter  ces  chiffres  comme  limites  extrêmes  des  varia- 
tions de  cette  durée,  laquelle,  en  plein  hiver  et  dans  un  sol  imbibé, 
doit  être  de  quarante-cinq  jours  et  peut-être  quelquefois  moindre. 

Ce  résultat  est  d'une  importance  capitale  ;  il  sert  véritablement  de 
fondement  aux  déductions  qui  vont  suivre.  Il  est  une  confirmation  des 
données  géologiques  admises. 


(1)  Les  fortes  pluies  commencèrent  le  19  septembre  1872  et  la  crue  ne  fut  constatée  que  le  H  no- 
vembre, c'est-à-dire  quelques  jours  après  son  origine  probable. 


H.  MBURDRA.  —  ÉTUDE  SUR  LE  RÉGIME  DES  SOURCES  DU  HAVRE    469 

Température  cl  époques  des  pluies  efficaces.  —  Les  pluies  commencent 
à  être  efficaces  en  automne,  au  Havre,  lorsque  la  moyenne  de  la  tem- 
pérature, mesurée  à  9  heures  du  matin,  et  pour  quelques  jours  consé- 
cutifs, est  définitivement  tombée  à  -f  13°  centigrades  et  au-dessous. 

En  température  ascendante,  au  printemps,  la  limite  est  plus  difficile 
à  préciser,  surtout  a  cause  de  la  grande  variabilité  de  la  température 
et  de  la  fréquente  sécheresse  du  mois  d'avril  ;  vraisemblablement,  les 
pluies  cessent  d'être  efficaces  dès  que  la  température  moyenne,  mesurée 
de  la  même  manière,  dépasse  définitivement  -\-  il0. 

Ces  limites  correspondent  en  général  au  10  octobre  et  au  10  avril. 
Elles  peuvent  s'étendre  de  1  à  2°  pour  des  pluies  très-intenses;  mais 
alors  la  portion  qui  pénètre  est  d'autant  moindre  que  les  pluies  sont 
plus  précoces  en  automne,  plus  tardives  au  printemps  et  accompagnées 
de  températures  à  variations  brusques  et  de  grandes  agitations  atmo- 
sphériques. 

Les  pluies  des  mois  de  juin,  juillet  et  août  sont  absolument  sans  effet 
sur  les  sources;  celles  du  mois  de  mai  et  de  la  première  moitié  du 
mois  de  septembre  ne  sont  que  très-rarement  et  très-faiblement  efficaces. 
Au  contraire,  les  pluies  d'hiver  du  1er  novembre  au  31  mars  le  sont 
toujours. 

Durée  totale  d'écoulement  des  contingents  annuels  de  la  pluie  efficace. 
—  En  étudiant  attentivement  les  variations  de  débit  des  sources  dans  la 
période  de  décroissance  des  grandes  crues  de  1867  et  de  1873,  on 
reconnaît  :  1°  que  toute  l'eau  provenant  de  la  pluie  de  l'hiver  qui  avait 
occasionné  chacune  d'elles  n'était  pas  encore  entièrement  écoulée  deux 
ans  après  l'origine  de  la  crue,  et  2°  que  l'excédant,  représentant  au 
moins  200  mètres  cubes  d'eau  par  jour,  devait  exiger  encore  au  moins 
six  mois  pour  s'épuiser. 

Donc  l'écoulement  total  de  l'eau  fournie  aux  sources  du  Havre  par  les 
pluies  des  hivers  les  plus  humides  et  les  plus  efficaces  dure  au  moins 
trente  mois. 

On  constate,  en  outre,  pour  la  crue  de  1872-73,  que,  onze  mois  après 
son  origine,  le  débit  de  la  source,  réduit  à  ce  moment  à  environ  2,000 
mètres  cubes  par  jour,  ne  comportait,  pour  ainsi  dire,  plus  que  de  l'eau 
de  l'hiver  précédent. 

Dès  lors,  si  la  source  n'avait  plus  reçu  de  nouvelles  eaux,  son  débit 
journalier  aurait  progressivement  diminué,  suivant  la  même  loi  que  celui 
d'un  réservoir  qui,  débitant  à  l'origine  2,000  mètres  cubes  par  jour,  se 
viderait  en  vingt  mois.  Il  est  facile,  au  moyen  des  formules  de  l'hydrau- 
lique, de  déterminer  ces  débits  décroissants  de  mois  en  mois. 

Nous  avons  fait  ces  calculs  et  dressé  un  tableau  dont  les  volumes 
mensuels  représentent  par  conséquent  les  débits  successifs  qu'on  aurait 


470  GÉOLOGIE  ET   MINÉRALOGIE 

dû  trouver,  de  mois  en  mois,  à  partir  de  novembre  1873,  a  la  source; 
de  Bellefontaine,  si  de  nouvelles  eaux  ne  lui  avaient  pas  été  fournies 
par  les  pluies  de  l'hiver  1873-74.  Donc,  en  rapprochant  ces  chiffres  de 
ceux  effectivement  trouvés  à  la  source,  on  obtiendra  par  différence  les 
contingents  mensuels  de  ce  dernier  hiver  (1). 

Et,  en  thèse  générale,  comme  le  débit  total  de  la  source  ne  comprend 
ordinairement  que  les  contingents  de  deux  hivers  et  môme,  à  un  moment 
donné,  qu'un  seul,  en  septembre,  octobre  ou  novembre,  il  est  aisé  de 
déterminer  chaque  année  ce  moment  et  aussi  le  point  de  départ  de  la 
baisse  de  chaque  contingent.  Puis,  au  moyen  du  tableau  précédent 
appliqué,  comme  un  barème,  à  chaque  contingent  arrivé  à  sa  période 
de  baisse,  on  obtient  ses  volumes  mensuels  et,  par  différence,  les  apports 
mois  par  mois  du  nouvel  hiver. 

En  procédant  de  la  sorte,  on  arrive  à  décomposer  chaque  volume 
successivement  trouvé  à  la  source  en  parties  représentant  la  part  de 
chaque  hiver.  Il  suffit  de  totaliser  ensuite  les  éléments  appartenant  â 
chaque  hiver  pour  connaître  le  volume  d'eau  total  qu'il  a  fourni  à  la 
source  et  le  temps  total  qu'il  a  mis  à  s'écouler. 

Résultats  trouvés  pour  la  période  de  4869  à  1877.  —  En  appliquant 
cette  méthode  aux  observations  recueillies  de  1869  à  1877,  nous  avons 
pu,  pour  cette  période,  dresser  un  tableau  donnant  les  Débits  journaliers 
moyens  de  la  source,  mois  par  mois,  et  leur  décomposition  suivant  les  pluies 
d'hiver  qui  les  ont  produits,  puis  un  second  tableau  totalisant  et  com- 
parant les  résultats  du  premier.  Nous  en  avons  tiré  les  conclusions 
suivantes,  qui  sont  dignes  de  confiance  ;  elles  découlent  en  effet  d'ob- 
servations exactes  et  comparatives;  malheureusement  elles  n'embras- 
sent pas  une  suite  d'années  suffisamment  prolongée  pour  pouvoir  en 
déduire  une  solution  complète  du  problème  du  régime  des  sources  du 
Havre. 

Durée  d'écoulement.  —  La  durée  totale  d'écoulement  de  l'eau  fournie 
aux  sources  de  Bellefontaine  par  chacun  des  hivers  de  la  période  1869- 
1877  a  varié  de  20  mois  1/2  à  31  mois  1/2. 

Crue. —  Le  contingent  d'eau  fourni  par  chaque  hiver  se  décompose  en 
hausse  ou  crue  et  en  baisse. 

La  crue  a  une  durée  totale  variable  de  8  1/2  à  12  1/3  mois,  tandis 
que  les  pluies  efficaces  de  la  même  période  ont  duré  de  o  1/2  à  8  mois 
au  plus,  et  encore  les  plus  longues  ont-elles  fourni  fort  peu  d'eau  au- 
delà  de  6  mois  2/3. 

Maximum  ou  étale. —  Chaque  crue  se  termine  par  une  période  d'étalé, 


(1)  Les  chiffres  de  1867,  quoique  un  peu  différents  et  moins  certains  que  ceux  de  1873,  auraient 
pu  servir  également  de  base  à  des  déductions  et  à  des  calculs  analogues  à  ceux  que  nous  venons 
d'indiquer  et  ils  auraient  donné  des  résultats  concordants. 


H.  MEURDRA.  —  ÉTUDE  SUR  LE  RÉGIME  DES  SOURCES  DU  HAVRE    471 

ou  de  maximum,  qui  dure  trois  mois  environ,  pendant  lesquels  les  varia- 
tions en  hausse  et  en  baisse  sont  très-faibles. 

Baisse.  —  La  durée  totale  de  la  baisse  varie  de  9  à  23  mois. 

Époque  du  maximum.  —  Pour  les  différents  contingents  de  cette 
période,  le  maximum  du  débit  journalier  est  arrivé  en  juillet  pour  1873 
et  1875,  en  septembre  pour  1870,  1871,  1872,  1876  et  1877  et  en 
octobre  pour  1874. 

Sauf  pour  cette  dernière  année,  la  période  d' étale  a  donc  pris  fin,  et 
la  baisse  s'est  accentuée,  avant  l'arrivée  à  la  source  de  l'eau  de  pluie 
de  l'hiver  suivant. 

Composition  du  débit  total.  —  A  un  moment  quelconque,  le  débit  total 
comprend  les  débits  partiels  fournis  par  un,  deux  ou  trois  hivers,  mais 
ordinairement  par  deux,  dont  un  décroissant  et  un  croissant.  Quand  le 
débit  comprend  trois  contingents,  il  n'y  en  a  jamais  qu'un  qui  soit 
croissant. 

Dans  ces  conditions,  le  régime  de  la  source  a  une  tenue  et  une  régu- 
larité qui  n'existeraient  pas  si  les  contingents  d'eau  fournis  par  les  hivers 
successifs  s'écoulaient  plus  rapidement  et  ne  se  superposaient  pas. 

Rapport  entre  la  hausse  et  la  baisse.  —  Tandis  que  les  hivers  secs 
donnent  lieu  à  des  durées  de  hausse  et  de  baisse,  peu  inégales,  la  durée 
de  la  baisse  devient  prépondérante  en  proportion  de  l'humidité  de 
l'hiver. 

Volumes  des  contingents  annuels.  —  En  comparant  les  quantités  totales 
d'eau  qui  ont  été  fournies  aux  sources  de  Bellefontaine  par  les  hivers  de 
la  période  1869-1877,  on  voit  :  que  le  contingent  le  plus  faible,  celui 
de  1873-1874,  a  été  de  158,400  m.  cubes,  et  le  plus  fort,  celui  de  1872-73, 
de  1,037,580  m.  cubes.  Celui-ci  est  égal  à  6,55  fois  celui-là.  —Le 
débit  journalier  maximum  fourni  par  l'hiver  1873-74  a  été  de  505  m. 
cubes,  et  celui  de  l'hiver  1872-73  de  2,290  m.  cubes.  Celui-ci  est  égal  à 
4.53  fois  celui-là.  Les  débits  journaliers  moyens  pris  par  rapport  à  la 
durée  totale  d'écoulement  de  chaque  pluie  d'hiver  donnent  242  m.  cubes 
pour  1873-74  et  1,079  m.  cubes  pour  1872-73;  rapportés  à  la  durée 
d'écoulement  la  plus  courte,  les  débits  moyens  correspondants  seraient 
242  et  1,661  m.  cubes. 

L'apport  total  de  chaque  hiver  étant  partagé  entre  la  hausse  et  la 
baisse,  on  constate  bien  que  la  part  de  la  baisse  est  plus  grande  pour 
les  hivers  pluvieux  que  pour  les  hivers  secs;  toutefois  la  progression 
est  moins  régulière  pour  les  volumes  que  pour  les  durées. 

Pour  les  hivers  dont  le  contingent  ne  met  pas  plus  de  deux  ans  à 
s'écouler,  le  débit  de  la  première  année  consomme  en  général  plus  de 
60  0/0  du  volume  total. 

Si,  au  lieu  d'avoir  des  durées  d'écoulement  variables  de  20  à  31  mois, 


472 


GÉOLOGIE    ET   MINÉRALOGIE 


d'où  résulte  un  débit  journalier  moyen  de  1,230  m.  cubes,  du  1er  no- 
vembre 1869  au  9  novembre  1877,  avec  des  variations  comprises  entre 
665  et  2470  m.  cubes,  le  contingent  des  pluies  de  chaque  hiver  s'écou- 
lait en  une  année,  par  exemple,  le  débit  journalier  varierait  entre  0  et 
3  à  4,000  m.  cubes  et  la  moyenne  annuelle  entre  4-26  et  2,840  m.  cubes 

Le  plus  faible  débit  qui  ait  été  constaté  depuis  1854  est  de  480  m. 
cubes  en  septembre  1859;  le  plus  fort  a  été  de  2,470  m.  cubes  en  août 
1873. 

Le  contingent  d'eau  fourni  par  chaque  hiver  représente  de  20  à 
71  0/0  du  volume  total  que  la  source  débite  pendant  le  temps  que  ce 
contingent  met  à  s'écouler. 

Tableau  récapitulatif  des  hauteurs  pluviométriques  correspondantes 
aux  débits  des  sources  de  bellefontaine. 


HIVERS. 

1 

PLUIES  D'HIVER 

recueillies 

du  1"  novembre 

au  31  mars  suivant. 

Nombres 
propor- 
tionnels. 

2 

PORTION    COMPARABLE 

DB      LA      PLUIE      EFFICACE. 

3 
TOTAL 

des 

colonnes 

1  et  2. 

Nombres 
propor- 
tionnels. 

d'automne. 

du  printemps. 

1873-1874 

205  "/■  50 

1    » 

75  »/" 
5  sept,  à  31  oct. 

10  •/» 
1  à  15  avril. 

290  "■/» 

1     » 

1870-1871 

234     25 

1.14 

90 
9  à  31    octobre. 

16 
1  à  23  avril. 

340 

1.17 

1869-1870                   310     25 

1.51 

50 
16  à  31  octobre. 

» 

360 

1.24 

1871-1872 

302       » 

1.46 

70 
21  sept,  à  31  oct. 

20 

1  à  10  avril. 

392 

1.35 

1874-1875 

4  .'.6       > 

2.17 

75 
1  à  31  octobre. 

7 
1  à   8  avril. 

528 

1.86 

1875-1876 

370    25 

1.80 

115 

21  sept,  à  31  oct. 

10 

1  à  20  avril. 

495 

1-70 

1876-1877   I               458.50 

2.23 

55 

7  sept,  à  31  oct, 

60 
1  avril  à  24  mai. 

573 

1  .98 

1872-1873 

601     40 

2.92 

110           I             10 
19  sept,  à 31  oct.l     1  à  27  avril. 

721 

2.49 

Comparaison  entre  les  débits  de  la  source  et  les  hauteurs  pluviomé- 
triques.—  En  comparant  les  débits  de  la  source  correspondant  à  chaque 
hiver  avec  les  hauteurs  pluviométriques  recueillies  à  San  vie,  du  1er  no- 
vembre au  31  mars,  on  voit  que  non-seulement  les  rapports  ne  sont 
pas  les  mêmes  dans  les  deux  séries,  mais  encore  que  l'ordre  de  classe- 


H.  MEIRDRA.  —  ÉTUDE  SUR  LE  RÉGIME  DES  SOURCES  DU  HAVRE    473 

ment  des  hivers  y  est  différent,  ("est  évidemment  qu'on  a  ou  tort  de 
négliger  les  pluies  efficaces  de  l'automne  et  du  printemps.  Il  faudrait 
done  ajouter  aux  hauteurs  d'eau  recueillies  pendant  les  cinq  mois  d'hiver 
la  hauteur  proportionnelle  de  ces  pluies  efficaces,  précoces,  ou  tardives, 
qui  leur  est  comparable  au  point  de  vue  de  la  pénétration.  La  déter- 
mination de  cette  proportion  est  plus  ou  moins  arbitraire.  Mais  une 
exactitude  absolue  n'est  pas  de  rigueur;  il  suffit  que  les  chiffres  adop- 
tées soient  comparables  et,  pour  cela,  que  dans  chaque  cas  particulier 
on  analyse  avec  soin,  avant  de  les  arrêter,  les  circonstances  particulières 
de  mois,  de  température  moyenne,  de  hausse  ou  de  baisse  du  thermo- 
mètre, de  vent,  de  sécheresse  préalable  ou  postérieure,  et  surtout  d'in- 
tensité plus  ou  moins  durable  de  la  pluie.  C'est  à  la  suite  d'une  étude 
attentive  de  cette  nature  que  nous  avons  adopté  les  chiffres  de  la  colonne 
n°  2  dans  le  tableau  récapitulatif  des  hauteurs  pluviométriques.  Ces 
chiffres,  ajoutés  aux  hauteurs  pluviométriques  de  cinq  mois  d'hiver, 
donnent  les  totaux  de  la  colonne  n°  3. 

Cette  première  rectification  ne  paraissant  pas  suffisante,  nous  avons 
essayé  de  tenir  compte  de  la  gelée,  qui  joue  aussi  un  rôle  important  dans 
le  débit  des  sources  :  en  effet,  par  ses  condensations  latentes,  elle  équi- 
vaut à  une  véritable  pluie,  et,  en  outre,  par  le  froid  manteau  dont  elle 
recouvre  le  sol,  elle  conserve  l'humidité,  empêche  l'évaporation  et  faci- 
lite la  pénétration  de  l'eau  de  la  pluie  ou  du  dégel.  Fixer  la  part  de  ce 
nouvel  élément  est  aussi  passablement  arbitraire;  mais,  de  quelque 
façon  qu'on  y  arrive,  les  rapports  des  chiffres  adoptés  seront  certaine- 
ment moins  variables  que  ceux  des  hauteurs  pluviométriques  admises 
pour  représenter  les  pluies  efficaces  précoces  ou  tardives. 

Nous  avons  relevé,  dans  chaque  hiver,  les  jours  de  petite  gelée  et 
les  jours  de  gelée  à  glace  plus  ou  moins  intense,  tenant  au  moins 
24  heures;  puis,  nous  avons  compté  chacun  des  premiers  comme  équi- 
valant à  un  demi-millimètre  de  pluie  et  chacun  des  seconds  à  1  milli- 
mètre. Nous  avons  ainsi  rectifié  les  hauteurs  pluviométriques  de 
chaque  hiver. 

Nous  avons  enfin  essayé  de  tenir  compte  de  l'intensité  de  la  pluie, 
qui  a  aussi  une  grande  influence  sur  la  pénétration  dans  un  sol  comme 
celui  du  plateau  du  Havre  ;  mais  nous  y  avons  bientôt  renoncé  en  cons- 
tatant que,  malgré  toutes  les  rectifications  essayées,  certaines  anomalies 
n'en  subsistent  pas  moins  entre  les  chiffres  des  hauteurs  pluviométriques 
totales  et  ceux  des  contingents  d'eau  fournis  aux  sources  par  les  hivers 
de  la  période  1869-1877. 
Ces  anomalies  sont  les  suivantes  : 
1°  Les  chiffres  des  contingents   d'eau  croissent  suivant  une  progrès- 


474  GÉOLOGIE   ET   MINÉRALOGIE 

sion  beaucoup   plus    rapide   que    ceux   des   hauteurs    pluviométriques 
totales  ; 

2°  Les  contingents  fournis  par  les  hivers  de  1873-74  et  de  1874-75  sont 
trop  faibles  par  rapport  aux  hauteurs  pluviométriques  totales; 

Et  3°  les  contingents  fournis  par  les  hivers  de  1872-1873  et  de 
1876-1877  sont  trop  forts. 

La  première  anomalie  peut  n'être  qu'apparente  et  s'expliquer  aisément. 
En  effet,  si  l'on  considère  comment  l'imbibition  a  lieu  au  Havre,  on  voit 
que  la  hauteur  totale  des  pluies  efficaces  d'une  année  subit  un  déchet 
qui  doit  être  relativement  plus  grand  pour  les  hivers  secs  que  pour  les 
hivers  humides.  Ce  déchet  représentant  à  peu  près  une  constante  à 
retrancher;  les  restes  forment  une  série  plus  divergente  que  celle  des 
hauteurs  primitives. 

En  second  lieu,  il  suffit  que  le  volume  attribué  dans  le  débit  de  la 
source  à  l'hiver  de  1873-74  soit  trop  faible  et  celui  de  1872-73  trop 
fort  pour  que  leur  rapport  augmente  après  correction.  Nous  allons  voir 
que  le  résultat  général  doit  tenir  à  cette  double  cause. 

Quant  aux  autres  anomalies,  nous  avons  eu  beau  multiplier  nos 
recherches  et  nos  analyses,  nous  avons  été  invariablement  ramené  à 
l'explication  suivante,  qui  nous  paraît  la  seule  admissible. 

Le  bassin  souterrain  des  sources  comprend  nécessairement  des  plans 
inclinés,  des  paliers,  des  ondulations,  des  cuvettes,  des  poches,  des  cou- 
loirs, etc.  Supposons  tout  d'abord  ce  bassin  complètement  à  sec.  Les 
premières  eaux  d'infiltration  commencent  par  imbiber  toute  la  masse 
filtrante,  puis  par  s'épancher  peu  à  peu  dans  le  bassin  souterrain;  une 
première  cavité  les  arrête,  elles  en  surmontent  bientôt  le  seuil  pour  aller 
remplir  la  suivante,  après  celle-ci  une  troisième,  et  ainsi  de  proche  en 
proche  elles  cheminent  vers  l'orifice.  Tant  que  les  eaux  afïluentes  sont 
tranquilles  et  peu  abondantes,  le  débit  reste  faible  et  régulier.  Aussitôt 
qu'une  crue  survient,  le  débit  augmente  ;  mais  plus  le  volume  des  eaux 
affluentes  est  grand  et  leur  marche  rapide,  plus  les  accroissements  de 
débit  de  la  source  sont  relativement  moindres  et  restent  en  retard.  Un 
gonflement  se  produit,  s'accentue  ;  le  niveau  de  l'eau  monte  de  plus  en 
plus  et  atteint  bientôt  la  voûte  des  chambres  et  des  couloirs.  A  l'écou- 
lement par  nappe,  canal  ou  déversoir,  bientôt  se  mêle  et  finalement  se 
substitue  l'écoulement  par  siphon.  Le  débit  de  la  source  croît  sans  cesse, 
devient  très-considérable  et  finit  même  par  vider  et  assécher  des  parties 
qui  seraient  restées  indéfiniment  pleines,  si  les  pluies  n'avaient  pas  cessé 
d'être  régulières  et  modérées.  Dans  ces  conditions,  la  source  débite  non- 
seulement  l'eau  du  dernier  hiver,  qui  sourd  avec  un  excès  de  rapidité, 
mais  encore  de  l'eau  antérieurement  tombée  et  peut-être  emmagasinée 
depuis  des  années.  La  même  activité  persiste  tant  que  les  siphons  fonc- 


11.  MEURDRA.  —  ÉTUDE  SUR  LE  RÉGIME  DES  SOURCES  DU  HAVRE    475 

tionnent;  mais,  dès  qu'ils  sont  désamorcés,  la  pluie  a  beau  être  très- 
abondante,  très-efficace;  elle  est  en  grande  partie  immobilisée  par  la 
reconstitution  des  réserves  disparues  et  le  débit  de  la  source  reste  faible. 

Si  les  choses  se  passent  réellement  ainsi,  toute  anomalie  disparaît  et 
les  observations  deviennent  concordantes.  En  effet,  les  pluies,  excep- 
tionnellement abondantes  de  l'hiver  1872-73  produisent  une  crue  non 
moins  exceptionnelle;  les  siphons  s'amorcent  avant  qu'elle  atteigne 
son  maximum  en  juillet  1873.  La  baisse  survient  en  septembre;  elle 
s'accentue  de  plus  en  plus  parce  que  l'hiver  de  1873-74  donne  fort  peu 
d'eau  (les  3/5  environ  de  la  moyenne  recueillie  ^de  1866  ù  1877).  Les 
siphons  doivent  se  désarmoreer  vers  la  fin  de  1874  et  les  réserves  dis- 
parues se  reconstituer  ensuite  aux  dépens  du  contingent  de  1873-74, 
qui  n'a  pas  encore  achevé  de  s'écouler  et  de  celui  de  1874-75,  qui  com- 
mence à  arriver.  Donc  le  volume  d'eau  total  trouvé  comme  étant  le 
contingent  fourni  par  l'hiver  1872-73  est  trop  fort,  et,  réciproquement, 
les  volumes  trouvés  comme  étant  ceux  de  1873-74  et  de  1874-75  sont 
trop  faibles. 

Le  même  effet  se  produit  à  la  suite  de  la  grande  crue  de  1867,  et 
comme  l'hiver  de  1867-68  est  moins  sec  que  celui  de  1873-1874,  ce 
qui  tend  à  prolonger  la  durée  de  l'effet  du  siphon,  il  est  possible  que 
le  contingent  de  1869-70  soit  légèrement  amoindri  par  la  reconstitution 
des  réserves. 

En  réalité,  les  seuls  contingents  de  1870-71,  1871-72  et  de  1875-76, 
doivent  être  exactement  déterminés,  parce  qu'ils  se  trouvent  seuls 
dans  des  conditions  à  peu  près  normales. 

En  comparant  les  hauteurs  pluviométriques  de  1874-75  et  de  1875-76, 
on  voit  que  le  contingent  d'eau  correspondant  au  premier  de  ces  hivers 
devrait  être  légèrement  supérieur  au  second,  tandis  qu'au  contraire, 
grâce  à  l'effet  du  siphon,  le  contingent  de  1874-75  est  inférieur  à  celui 
de  1875-76  de  4000  x  30  m.  cubes  au  moins. 

Inversement,  tandis  que  le  contingent  de  1872-73  devrait  être  de  40 
à  50  0/0  seulement  supérieur  à  celui  de  1875-76  et  s'élever, par  consé- 
quent, à  27  ou  28,000  m.  cubes  x  30,  il  a  été  trouvé  pour  1872-73  égal 
à  34,500  X  30,  c'est-à-dire  trop  fort  de  6500  x  30  m.  cubes. 

Ce  dernier  volume  représenterait  donc  à  peu  près  le  total  des  réserves 
souterraines  dont  la  dépense  et  la  reconstitution  produisent  les  anoma- 
lies constatées. 

Conséquemment,  le  contingent  trouvé  pour  1873-74  serait  trop  faible 
del,500  à  2,000  mètres  cubesx30,  et  celui  de  1874-75de4  à  5,000  mètres 
cubes  X  30.  Tandis  que  celui  de  1872-73  devrait  être  réduit  de 
6,500  X  30  mètres  cubes  environ,  volume  qui  représente  de  l'eau  souter- 
rainement  emmagasinée  antérieurement  à  cet  hiver. 


76 


GÉOLOGIE    ET   MINÉRALOGIE 


Tableau  des  quantités  d'eau  fournies  aux  sources  de  Bellefontaine 
pau  chaque  pluie  d'hiver. 


HIVERS. 


1873-1874 


VOLUME 

d'eau  total  dû 

à  la 
pluie  de  l'hiver, 


5280"*''  X  30 
=  158.400"13 


Vl 

DURÉE 

H 

SS 

totale 

O 

— 

du 

« 

débit. 

mois 

1      » 

21   1/2 

DECOMPOSITION 

en 

CRl'B     ET     BAISSE. 


mois 
12  1/3  -  2990m:' X  30  ■ 

9  1/6  —  2290      X  30 


56™3.63  0/0 
-  43.37  0/0 


DUREE 
de  la 
pluie 

efficace. 


6  mois 

-f-  1  mois 

peu  intense 


8141 n,i  X  30 
=  244. 230~3 


t   54 


mois 
10  1/? 


21   1/2 


4514m3X30- 
3627      X  30  - 


55m3.45  0/0 
44  55  0/0 


5  mois  2/3 

+  1  mois 

peu  intense, 


1869-1870 


458m3  X  30 
:  253.740ro3 


1.60 


21   1/2 


mois 

10  1/3—  4G47m3  X30 

11  1/6—  3811     X30 


54',-!.94  0/0 
•     45.06  0/0 


5  mois   1/2. 


2.159mi  X  30 

2.30 

24  1/2 

=  364.770nl3 

mois 
10  2/3  -  6100""  X  30—  50m3.16  0/0 

13  5/6—  6059     X  30  —    49.84  0/0 


G  mois  1/3 
-f-  1  mois  1/2 

tr.  p.  intense 


1874-1875 


14-274™5  X  30 

f 

2.70 

24  1/2 

] 

=  427.220'»3 

mois 
8  1/2 


5702ra3X30  — 
-  8572  X  30  - 


401"3  0/0 
60     0/0 


6  mois  1/3 


1875-1876 


18.262°>:!  X  30 

3.46 

27  1/2 

=  547.860D'3 

mois 
10  2/3 


8730""  X  30  - 
6  5/6  —  9532  X  30  - 


47ra3.7  0/0 
52.3    0/0 


6  mois  2/3 


1876-1877 


24.982-3  X30  (■ 
=  749.4G0"13 


4.73 


29  2/3 


(  10  1/3' 
(  19  1/3 


10l38ra3X  30 
-  14844  X  30 


40m3  6  0/0 
-  59.4  0/0 


6  mois  1/2 

-f-  1   mois 

peu  intense 


1872-1873 


34.5S6"'3  X  30 
=  1.037.5S0m3 


31   1/2 


mois 
8  1/2- 


12065013  X30 
-  Î2521   X  30 


34™*. 9  0/0 
65.1   0/0 


6  mois  1/3 
+  1  mois  1/3 
tr.  p.  intense 


Bien  que  les  chiffres  pour  1876-77  ne  soient  encore  qu'approximatifs, 
on  voit  qu'ils  donnent,  par  rapport  à  ceux  de  4875-76,  un  excédant  de 
débit  dont  la  valeur  se  rapproche  beaucoup  de  celle  de  1872-73. 

Bassin  des  sources.  —  Les  sources  qui  sortent  du  plateau  du  Havre 
(sources  naturelles  de  Sain  te- Adresse,  de  Fontaines,  de  Rouelles  et  de  la 
Bouteillerie;  sources  artificielles  de  Bellefontaine  et  autres  comprises 
entre  Graville  et  Sainte-Adresse)  proviennent  du  niveau  imperméable  de 
la  Gaise;  au-delà  de  la  ligne  qui  passerait  par  Gournay  et  Cauville,  les 
sources  appartiennent  au  niveau  de  la  craie  marneuse. 


H.  MEURDRA.  —  ÉTUDE  SUR  LE  RÉGIME  DES  SOURCES  DU  HAVRE    477 

Celles-ci  ont  également  un  régime  tout  à  fait  élémentaire,  car,  dans 
l'espace  compris  entre  la  t'aille  de  Bolbec  à  Fécamp  et  le  Havre,  les  stra- 
tifications de  la  craie  marneuse  sont  parfaitement  concordantes  avec 
celles  de  la  Gaise.  L'eau  qui  les  alimente  provient  donc  exclusivement 
des  pluies  locales. 

Les  sources  de  Bruneval,  de  Notre-I)ame-du-Bec,  de  Saint-Laurent 
sortent  de  la  craie  marneuse. 

Ces  dernières,  situées  à  10  kilomètres  du  Havre,  en  tête  de  la  rivière 
de  Gournay,  le  long  du  chemin  de  ter  de  Rouen,  entrent  pour  les  trois 
quarts  dans  la  distribution  de  la  ville  du  Havre;  depuis  bientôt  vingt- 
deux  ans  qu'elles  sont  exploitées,  elles  ont  fourni  un  débit  moyen 
d'environ  20,000  mètres  cubes  d'eau  par  jour,  représentant  près  de 
moitié  dans  le  débit  totalisé  des  sources  de  la  vallée  de  Gournay,  qui  est 
en  moyenne  de  4o,000  mètres  cubes  par  jour. 

Ainsi,  toutes  les  sources ,  grandes  et  petites,  que  la  compagnie  des 
eaux  du  Havre  exploite  ont  le  même  régime.  Plus  une  source  a  un 
débit  important ,  plus  son  bassin  a  d'étendue  et  plus  le  temps  qui 
s'écoule  entre  l'origine  et  la  lin  d'une  crue  doit  l'emporter  sur  la  durée 
de  la  pluie  efficace  qui  l'a  occasionnée. 

Et,  en  effet,  si  l'on  considère  les  sources  de  Sanvic,  de  Bellefontaine 
et  de  Saint-Laurent,  dont  les  débits  journaliers  moyens  sont  respective- 
ment de  125,  1,200  et  20,000  mètres  cubes,  on  constate  que,  tandis  que 
la  première  a  commencé  à  entrer  en  baisse  au  mois  de  juin  de  la  pré- 
sente année  et  la  seconde  au  mois  d'août,  la  troisième  n'a  encore  rien 
perdu  au  commencement  de  novembre. 

Il  serait  très-intéressant  de  connaître  la  superficie  exacte  du  bassin  de 
chaque  source,  afin  d'en  conclure  les  variations  de  la  perméabilité  du 
terrain  qui  leur  sert  d'udomètre  et  de  filtre,  et,  finalement,  la  portion 
véritablement  efficace  des  pluies  de  chaque  année.  Malheureusement,  les 
éléments  que  nous  possédons  sont  insuffisants  pour  conduire  à  une 
solution  quelque  peu  exacte  de  cette  question  très-complexe. 

Si  les  sources  artificielles  avaient  la  tête  de  leurs  tunnels  exactement 
placée  sur  la  couche  imperméable  aquifère  et  que  celle-ci  fût  intacte,  ni 
fendillée,  ni  rompue,  il  n'y  aurait,  quant  à  la  superficie  du  bassin  et 
au  régime,  nulle  différence  entre  les  sources  artificielles  et  les  sources 
naturelles.  Il  en  doit  être  autrement  pour  Bellefontaine,  par  exemple 
dont  les  tunnels  ont  leur  tête  située  en  contre-bas  de  la  couche  imper- 
méable, dans  un  terrain  d'éboulis,  et  reçoivent  l'eau  souterraine  princi- 
palement par  le  fond  et  par  les  côtés  de  la  galerie.  Donc,  si,  au  moyen 
de  nos  observations,  nous  réussissions  à  déterminer  la  superfieie  du 
bassin  de  Bellefontaine,  il  serait  irrationnel  d'en  rien  conclure  pour  les 
autres. 


478  GÉOLOGIE    ET    MINÉRALOGIE 

Si  seulement  nous  connaissions  le  volume  total  d'eau  qui  est  produit 
chaque  jour  par  le  plateau  du  Havre,  nous  iixerions  sans  peine  les 
limites  de  son  bassin.  En  effet,  entre  le  Havre,  Tancarville  et  Bruneval, 
la  couche  imperméable  aquifère  a  sa  pente  vers  le  nord-est  et  ses  hori- 
zontales parallèles  à  la  ligne  qui  serait  tirée  de  Tancarville  vers  Bruneval. 
Donc,  en  traçant  par  l'étang  de  la  Bouteillerie,  près  de  Rouelles,  une 
ligne  parallèle  à  cette  direction,  on  limiterait  au  nord-est  le  plateau 
qui  alimente  les  sources  et  on  trouverait  que  sa  superficie  est  de 
4,000  hectares  environ.  Sans  doute,  au-delà  de  cette  limite,  le  terrain  su- 
perficiel penche  vers  le  sud  et  pourrait  envoyer  de  l'eau  de  pluie  vers  le 
filtre  des  sources  :  mais,  comme  les  lignes  de  fendillement  du  sol  ont  une 
direction  plus  rapprochée  du  nord  que  la  ligne  Tancarville-Bruneval, 
ces  lignes  de  fendillement  par  compensation  ramèneraient  vers  le  nord 
les  mêmes  eaux  aussitôt  qu'elles  s'infiltreraient  dans  le  sol. 

Malheureusement,  si  nous  connaissons  approximativement  le  volume 
d'eau  fourni  moyennement  par  jour  par  la  vallée  de  Fontaine-Rouelles, 
et  par  les  sources  situées  entre  Graville  et  Sainte-Adresse,  nous  ignorons 
ce  qui  se  perd  le  long  du  talus  d'éboulement  qui  soutient  le  plateau  et 
s'infiltre  dans  le  sous-sol  de  la  plaine  du  Havre;  et  aussi  ce  qui  peut 
se  perdre  souterrainement  sous  le  plateau  dans  la  portion  comprise  entre 
Fontaine,  Bléville  et  Octeville. 

En  résumé,  les  seuls  débits  qu'il  soit  possible  de  mesurer  donnent  en 
moyenne  un  total  de  27,000  mètres  cubes  d'eau  par  jour. 

Au  contraire,  le  débit  total  de  la  rivière  de  Gournay  est,  en  moyenne, 
de  45,000  mètres  cubes  d'eau  par  jour,  tandis  que  le  plateau  circon- 
scrit: l°par  la  ligne  tracée  par  Saint-Laurent  dans  la  direction  nord-ouest- 
sud-est;  2°  par  la  vallée  de  Montivilliers,  au  nord  et  à  l'ouest,  et 
3"  par  le  vallon  qui  descend  de  Saint- Aubin  vers  la  Seine  au  sud, 
n'a  que  2,700  hectares  de  superficie. 

Il  semble  résulter  des  chiffres  précédents  que,  pour  un  même  débit, 
la  superficie  du  bassin  d'une  source  est  plus  grande  sur  le  plateau  du 
Havre  que  sur  celui  de  Gainneville-Saint-Martin  du  Manoir,  et  proba- 
blement aussi  que  la  perméabilité  du  sol  est  plus  grande  sur  celui-ci  que 
sur  celui-là.  Mais  ce  n'est  là  encore  qu'une  conjecture,  une  probabilité. 
A  l'avenir  seul  est  réservé  de  prononcer  définitivement  sur  celte  ques- 
tion, comme  sur  toutes  celles  que,  par  la  présente  élude,  on  a  essayé 
d'élucider. 

Conclusion.  —  En  résumé,  si  la  série  de  nos  observations  n'est  pas 
encore  suffisante  pour  permettre  de  prédire  exactement  et  plusieurs  mois 
d'avance  les  variations  de  débit  que  les  sources  doivent  éprouver,  il 
nous  parait  indubitable,  d'après  ce  qui  précède, qu'on  y  parviendra  dans 
un  petit  nombre  d'années. 


COTTEAU.   —   SUR   LES   CIDARIS   DU   TERRAIN    JURASSIQUE   NORMAND        479 

Tels  qu'ils  sont  déjà,  les  résultats  acquis  ne  sont  pas  sans  impor- 
tance. Ils  nous  ont  permis,  en  effet,  d'annoncer,  dès  le  commence- 
ment d'octobre  1876,1a  fin  de  la  baisse  pour  le  mois  suivant;  puis,  dès 
le  commencement  de  décembre,  la  hausse  du  mois  de  janvier  1877,  et 
enfin,  à  partir  du  mois  de  mars,  d'affirmer  la  persistance  de  la  crue 
jusqu'en  juillet  au  moins. 

Ce  premier  succès,  quelque  modeste  qu'il  soit,  n'est-il  pas  la  démons- 
tration de  l'exactitude  de  nos  principes  et  la  garantie  certaine  de  la  réa- 
lisation de  nos  espérances  ? 


M.  COTTEAU 

Ancien  Président  de  la  Société  géologique  de  France. 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES  SUR  LES  CIDARIS  DU  TERRAIN  JURASSIQUE 
DE  NORMANDIE. 


—  Séance  du  25  août  iSll .  — 

Je  viens  de  terminer,  dans  la  Paléoritologie  Française,  la  description 
des  espèces  jurassiques  du  genre  Cidaris.  Considéré  soit  au  point  de 
vue  géologique,  soit  au  point  de  vue  purement  zoologique,  le  genfe 
Cidaris  est  très-intéressant  à  étudier.  De  tous  les  oursins,  il  est  assuré- 
ment le  plus  riche  en  espèces  et  présente  cela  de  particulier,  qu'il  com- 
mence à  se  montrer  avant  tous  les  autres  échinides,  dans  les  calcaires 
carbonifères  inférieurs,  qu'il  se  développe  dans  le  trias,  qu'il  parcourt  en- 
suite toute  la  série  des  étages  jurassiques,  crétacés  et  tertiaires,  laissant  à 
chaque  niveau  des  espèces  nombreuses,  caractéristiques,  qu'aujourd'hui 
encore,  il  existe  dans  toutes  nos  mers,  et  que*  pendant  ce  long  espace 
de  temps,  il  n'a  éprouvé  dans  les  caractères  qui  le  distinguent,  que 
des  modifications  très-légères. 

Plusieurs  genres  importants  ont  été  successivement  démembrés  des 
Cidaris.  Tel  qu'il  est  aujourd'hui  circonscrit,  ce  genre  nous  a  fourni,  en 
France,  dans  le  terrain  jurassique,  plus  de  cent  espèces.  Je  désire  appe- 
ler un  instant  l'attention  de  la  Section  sur  celles  qui  ont  été  recueillies 
dans  les  cinq  départements  constituant  la  Normandie. 

Les  couches  liasiques  de  May  (Calvados),  m'ont  offert  sept  espèces  : 
Cidaris  armata,  C.Moorei,C.striatula,  C.subondulosa,C.  Deslongchampsi, 
C.  Morierei,  C.  Carabœufi.  Ces  espèces  représentées  par  des  fragments 
de  test  ou  des  radioles  bien  caractérisés  sont  propres  au  terrain  liasique 


480  GÉOLOGIE   ET   MINÉRALOGIE 

et  ne  se  montrent  pas  dans  les  couches  qui  viennent  au-dessus.  Quatre 
d'entre  elles,  C.  subondulosa,  C.Deslongchampsi,  C.  Morierei,  C.  Cara- 
bœufi,  n'ont  pas  été  recueillies  ailleurs  que  dans  la  localité  de  May  et 
sont  par  conséquent  spéciales  à  la  région  qui  nous  occupe. 

Dix  espèces  proviennent  de  l'étage  bajocien.  Cidaris  cucumifera, 
C.  spinulosa.  C.  Sœmanni,  C.  sublœvis,  C.  Bathonica,  C.  Munieri,  C.  Cau- 
monti,  C.  Bajocensis  et  C.  Honorinœ,  sept  sont  propres  à  l'étage;  trois 
C.  Sœmanni,  C.  sublœvis,  C.  Bathonica  remontent  dans  l'étage  batho- 
nien.  Sur  les  dix  espèces  rencontrées  dans  la  Normandie,  trois  seulement 
C.  Caumonti,  C.  Bajocensis  C,  Honorinœ  (i)  n'ont  pas  été  rencontrées 
ailleurs. 

L'étage  bathonien  nous  a  offert  sept  espèces,  C.  Sœmanni,  C.  Batho- 
nica et  C.  sublœvis,  qui  déjà  avaient  été  rencontrées  dans  l'étage  précé- 
dent, et  les  C .  Blainvillei ',  C .  Langrunensis,  C.  Davoustiana,C.  episcopalis, 
qui,  à  l'exception  du  C.  sublœvis  qu'on  rencontre  également  en  dehors 
de  la  Normandie,  dans  l'étage  callovien,  paraissent  spéciales  à  l'étage 
bathonien  et  n'en  franchissent  pas  les  limites.  Deux  espèces,  C.  Blain- 
villei et  C.  Langrunensis,  sont  exclusivement  propres  à  la  région  qui 
nous  occupe. 

Une  seule  espèce  appartient  à  l'étage  callovien  :  le  C.  Desnoyersi,  qui 
n'a  pas  encore  été  rencontré  ailleurs  que  dans  le  département  de  l'Orne. 

Aucune  espèce  de  Cidaris  n'a  été  recueillie  dans  l'étage  oxfordien  pro- 
prement dit. 

L'étage  corallien  nous  a  offert  trois  espèces  :  C.  Blumenbachi,  C.  flori- 
gemma  et  C.  Trouvillensis.  Une  seule,  le  C.  Trouvillensis  est  caractéristi- 
que de  la  région  normande.  —  Sur  d'autres  points  que  la  Normandie, 
le  C.  Blumenbachi  s'était  déjà  montré  dans  l'étage  oxfordien  et  reparaît 
dans  l'étage  kimméridgien. 

L'étage  kimméridgien  renferme  trois  espèces  :  C.  Poucheti,  C.  Kim- 
meridgensis  et  C.  Normanna,  toutes  les  trois  jusqu'ici  spéciales  à  l'étage 
kimméridgien  du  Havre. 

En  résumé,  vingt-cinq  espèces  de  Cidaris,  représentées  soit  par  leur 
radioles,  soit  par  des  tests  plus  ou  moins  complets,  ont  été  recueillies  dans 
les  divers  étages  du  terrain  jurassique  de  la  Normandie.  Si  quelques 
espèces  passent  d'un  étage  dans  l'autre,  c'est  là  un  fait  exceptionnel, 
anormal,  et  l'on  peut  dire  que  presque  toutes  les  espèces  sont  caracté- 
ristiques des  couches  dans  lesquelles  on  les  rencontre. 


(i)  Le  C.  Honorinœ,  recueilli  tout  récemment  dans  l'Oolithe  blanche  de  Sainte-Honorine  de 
Perthes,  nous  a  été  communiqué  par  M.  Carabœuf  et  n'a  été  ni  décrit,  m  ligure  dans  la  Paléonto- 
logie française.  C'est  une  espèce  nouvelle,  voisine  par  la  taille,  la  structure  do  ses  tubercules, 
du  C  Cucumifera,  dont  elle  se  distingue  d'une  manière  positive  par  ses  aires  ambulaciaires  moins 
étroites  et  pourvues,  au  milieu  de  deux  rangées  de  granules,  et  de  quelques  verrues  intermédiai- 
res, par  sa  zone  miliaire  plus  large  et  plus  finement  granuleuse. 


GOTTEAU.  —    :->UR    LES    CIDAK1S    DU    TEKKAIN    JURASSIQUE    NORMAND        481 

Quatorze  espèces  sur  vingt-cinq  sont  jusqu'ici  spéciales  à  la  Norman- 
die; quelques-unes  d'entre  elles,  indépendamment  de  l'intérêt  stratigra- 
phique,  présentent,  au  point  de  vue  de  l'ensemble  de  leurs  caractères, 
un  intérêt  zoologique,  sur  lequel  nous  devons  également  insister. 

Je  citerai  d'abord  le  C.  Blainvillei,  espèce  fort  rare,  recueillie  à  Luc 
et  à  Langrune,  et  qui  se  distingue  nettement  de  ses  congénères  par  sa 
forme  élevée,  ses  aires  ambulacraires  presque  droites,  à  peine  onduleuses, 
garnies  de  six  rangées  de  granules  et  les  tubercules  interambulacraires 
très-nombreux,  égaux  entre  eux,  peu  développés  relativement  à  la  taille 
de  l'espèce.  Placée  par  M.  Desor  dans  le  genre  Rhabdocidanis,  cette  es- 
pèce nous  a  paru,  en  raison  de  la  structure  de  ses  pores,  appartenir  au 
genre  Cidaris.  Par  ses  tubercules  nombreux,  égaux,  et  de  petite  taille, 
le  C.  Blainvillei  se  rapproche  beaucoup  des  Polycidaris  de  Quenstedt  ; 
cette  espèce  suffirait  pour  démontrer  le  peu  de  valeur  des  caractères 
sur  lesquels  repose  ce  genre  que  nous  avons  toujours  refusé  d'adopter. 

Je  citerai  encore  le  C.  Desnoyersi  de  l'étage  callovien  de  Mamers  (Orne), 
type  remarquable  par  ses  aires  ambulacraires,  étroites  et  onduleuses, 
ses  tubercules  interambulacraires,  tantôt  lisses  et  tantôt  crénelés,  la  zone 
miliaire  sinueuse  et  déprimée;  le  P.  Trouvillensis  que  sa  taille  élevée,  ses 
aires  ambulacraires  presque  droites,  ses  tubercules  interambulacraires  nom- 
breux, placent  dans  le  voisinage  du  C.  Blainvillei,  mais  qui  en  dif- 
fèrent essentiellement  par  ses  aires  ambulacraires,  beaucoup  moins  larges 
et  garnies  seulement  de  deux  rangées  de  granules,  ses  tubercules  interam- 
bulacraires, très-rapprochés  des  zones  porifères  et  séparés  au  milieu,  par 
une  zone  miliaire  bien  plus  étendue  et  moins  finement  granuleuse  ;  le 
C.  Poucheti,  très-belle  espèce,  propre  à  l'étage  kimméridgien  du  Havre, 
et  parfaitement  caractérisée  par  ses  aires  ambulacraires,  à  peine  onduleuses, 
très-étroites,  surtout  aux  approches  du  sommet,  pourvues  de  deux  ran- 
gées de  granules,  espacés  et  inégaux,  auxquels  se  mêlent  de  petites  ver- 
rues inégales  et  abondantes,  ses  tubercules  interambulacraires,  très-gros, 
fortement  crénelés,  surmontés  d'un  mamelon  relativement  petit,  sa  zone 
miliaire  étroite,  sinueuse,  lisse  au  milieu.  M.  Chesnel,  jeune  géologue  du 
Havre,  plein  de  zèle,  nous  a  procuré  d'admirables  échantillons  de  cette 
rare  et  belle  espèce. 


H 


482  GÉOLOGIE   ET   MINÉRALOGIE 


M.   MOEJÈRE 

Professeur  de  géologie  à  la  Faculté  des  sciences  de  Caen. 


LE  LIAS  DANS  LE  DEPARTEMENT  DE  L'ORNE.  -  SON  ETENDUE. 
—  SES  FOSSILES. 


—  Séance  du  23  août  7877.  — 

La  formation  liasique  fait-elle  complètement  défaut  dans  le  départe- 
ment de  l'Orne?  La  solution  de  cette  question  a  été  précédée  de  la 
détermination  du  terrain  auquel  doivent  être  rapportés  des  grès  que  l'on 
rencontre  aux  environs  de  Briouze,  et  qui  sont  employés  soit  comme 
matériaux  de  construction,  soit  pour  l'entretien  des  routes. 

Mes  premières  recherches  remontent  à  l'année  1846.  En  revenant  de 
faire  une  fructueuse  herborisation  dans  les  marais  tourbeux  de  Briouze, 
j'aperçus  un  tas  de  moellons  de  grès  qui  étaient  en  quelque  sorte  lardés 
de  térébratules.  Après  avoir  pris  des  informations  sur  l'origine  de  ces 
pierres,  je  ne  manquai  pas  d'aller  visiter,  à  Sainte-Opportune,  les  car- 
rières d'où  elles  avaient  été  extraites,  et  je  fis  alors  une  ample  provi- 
sion de  moellons,  tous  très-riches  en  fossiles,  avec  l'intention  de  les 
étudier  avec  soin  lorsque  je  serais  de  retour  à  Caen. 

Il  existait  alors  à  Sainte-Opportune  deux  carrières  de  grès,  exploitées 
surtout  pour  l'entretien  de  la  route  de  Briouze  à  Fiers  :  la  carrière  dite 
du  Bois-de-Haut  et  celle  de  la  Piquerie.  Cette  dernière  était  probable- 
ment la  seule  qui  fût  ouverte  lorsque  M.  Blavier  visita  Sainte-Opportune 
et  écrivit,  dans  ses  Études  géologiques  sur  le  département  de  l'Orne, 
publiées  en  1840,  les  lignes  suivantes  : 

«  Les  terrains  de  la  Piquerie  sont  des  couches  discontinues,  horizon- 
tales, d'un  grès  blanc  jaunâtre  ou  bien  d'un  blanc  panaché  de  roux, 
tendre,  friable,  placé  au  milieu  d'un  sable  lin,  et  ce  grès  paraît  être 
le  résultat  de  l'agrégation  des  sables  qui  s'est  produite  par  places. 

»  Nous  avons  trouvé  dans  ce  grès  divers  fossiles,  plusieurs  espèces 
de  térébratules,  notamment  le  terebratula  tetraedra,  une  modiole  et  le 
moule  extérieur  bien  conservé  d'une  ammonite. 

»  Il  nous  avait  paru  se  rattacher  à  la  masse  d'argile  sableuse,  sable* 
galets  et  minerai  de  fer  qui  couvre  les  plateaux  des  communes  de  Joué- 
du-Plain,  Saint-Brice,  les  Yveteaux,  etc.,  et  s'étend  à  l'ouest  jusqu'à 
Saint-Hilaire,  non  loin  de  Briouze,  et  nous  avions  été,  tout  d'abord,  et 
par  cela  même,  disposé  à  le  ranger  dans  la  classe  des  terrains  tertiaires 
à  laquelle  nous  pensons  que  ceux-ci  appartiennent.  Mais  la  considération 
des  espèces  paléontologiqiu  s  que   l'on  y  rencontre  a  dû  nécessairement 


MORIÈRE.    —  LE    LIAS    DANS    LE    DEPARTEMENT    DE   L'ORNE  483 

modifier  l'opinion  qne  nous  nous  étions  faite  de  ce  terrain.  L'on  sait, 
en  effet,  que  jusqu'à  présent  on  n'a  pas  trouvé  le  genre  ammonite  dans 
les  terrains  tertiaires,  et  (pie  les  térébratules,  et  en  particulier  le  T. 
tetraedra,  appartiennent  également  à  la  classe  des  terrains  secon- 
daires (1). 

»  11  nous  semble  plus  naturel  de  nous  rattacher  à  la  première  de  ces 
deux  conséquences  des  faits  que  nous  avons  observés,  mais  nous  serions 
charmé  que  les  points  intéressants  que  nous  indiquons;  attirassent  l'at- 
tention de  géologues  dont  les  noms  puissent  faire  autorité,  et  plus  versés 
que  nous  dans  la  science  paléontologique.  Quant  à  la  place  qu'il  con- 
viendrait d'assigner  à  ce  terrain  dans  la  série  secondaire,  comme  il  n'est 
point  recouvert,  il  serait  difficile  de  la  préciser.  » 

La  lecture  de  la  note  de  M.  Blavier  ne  lit  qu'aiguillonner  ma  curio- 
sité, et  j'osai  croire  un  instant  que  les  échantillons  que  j'avais  recueillis 
contiendraient  quelques  fossiles  caractéristiques,  capables  de  lever  les 
doutes  exprimés  par  l'honorable  ingénieur,  relativement  à  l'âge  des  grès 
de  la  Piquerie. 

Invité,  par  mon  ami  M.  de  Caumont,  à  me  trouver,  au  mois  d'oc- 
tobre 1846,  à  une  séance  que  tenait  à  Caen  l'Institut  des  provinces,  et  à 
laquelle  assistaient  l'illustre  géologue  Elie  de  Beaumont  et  le  savant 
paléontologiste  Eudes  Deslongchamps,  je  saisis  avec  empressement  une 
aussi  excellente  occasion  de  satisfaire  au  désir  exprimé  par  M.  Blavier, 
en  soumettant  nies  échantillons  du  terrain  de  Sainte-Opportune  à  des 
juges  si  compétents. 

Il  fut  relaté  dans  le  procès-verbal  de  cette  réunion  que  mes  moellons 
contenaient  : 

1°  Des  empreintes  de  bélemnites  de  différents  âges,  offrant  quelques 
rapports  avec  le  belemnites  abbreviatus  Miller.  La  présence  des  bélemnites 
s'ajoutait  à  celle  des  ammonites  signalées  par  M.  Blavier  pour  exclure 
l'idée  de  rapporter  le  grès  de  Sainte-Opportune  aux  terrains  tertiaires. 

2°  Trois  ou  quatre  empreintes  d'un  peigne  à  surface  lisse*  peut-être 
le  pecten  orbicularis,  Sow  ; 

3°  Un  autre  pecten  très-aplati,  à  surface  couverte  de  côtes  nombreuses, 
petites,  rayonnantes,  scabres  que  M.  Deslongchamps  considéra  comme 
pouvant  être  le  pecten  inflexus  Brong1,  ou  le  pecten  nitidus,  Sowerby, 
appartenant  l'un  et  l'autre  à  la  craie  inférieure; 

4°  Un  très-grand  nombre  d'empreintes  de  térébrûliUes  lisses,  sans 
sinus  à  l'opposite  de  la  ligne  cardinale,  pouvant  se  rapporter  à  plu- 
sieurs espèces  différentes,   les   unes   ressemblant  à  la  T.  carnea,  Sow., 


il)  Celte  conséquence  du  bavant  ingénieur  des  mines  est  inexacte  en  ce  qui  concerne  les  téré- 
bratules qui  se  rencontrent  aussi  bien  dans  les  terrains  tertiaires  que  dans  les  terrains  secondaires. 


484  GÉOLOGIE    ET    MINÉRALOGIE 

d'autres  à  la  T.  omithocephala ,  Sow.,   appartenant,    la  première    à    la 
craie,  la  seconde  au  lias  ;  d'autres  difficiles  à  déterminer  ; 

5°  Quelques  térébratules  plissées,  de  la  section  des  concinnœ,  de  Buch, 
section  à  laquelle  appartenait  le  T.  tetraedra,  cité  par  M.  Rlavier  et  qui 
ne  fut  reconnu  dans  aucun  échantillon  ; 

6°  La  terebratula  pectita,  Sow.,  caractéristique  de  la  craie  intérieure 
et  reconnaissable  à  l'area  triangulaire,  très-grande,  située  sous  le  crochet 
de  la  grande  valve  ; 

7°  Une  valve  d'huître  indéterminable; 

8°  Des  fragments  de  coquilles  indéterminables. 

On  admit  comme  conclusion  que  ma  récolte  était  de  nature  à  faire 
disparaître  une  partie  des  hésitations  de  M.  Blavier  et  à  fournir  des 
données  plus  précises  sur  la  liaison  des  grès  de  Sainte-Opportune  avec 
la  craie  inférieure. 

Ce  fut  surtout  l'opinion  de  M.  Elie  de  Beaumont,  qui  lit  remarquer 
que  la  craie  inférieure  se  trouve  souvent  par  lambeaux  isolés  au  milieu 
des  terrains  anciens,  et  qui  cita,  comme  exemple  de  localité,  le  lambeau 
découvert  par  M.  de  Caumont,  au  Plessis-Grimoult  (Calvados)  et  qui  est 
comme  perdu  au  milieu  des  terrains  de  transition. 

Ainsi,  malgré  l'examen  approfondi  auquel  s'étaient  livrés  deux  de  nos 
plus  éminents  géologues,  toute  espèce  de  doute,  relativement  à  l'âge  du 
grès  de  Sainte-Opportune,  n'avait  pas  encore  été  levé,  et  cette  question 
ne  pouvait  être  considérée  comme  définitivement  résolue. 

Plus  j'examinais  la  carte  géologique  de  l'Orne,  plus  j'avais  peine  à  me 
figurer  que  le  grès  de  Sainte-Opportune  pût  appartenir  à  la  craie.  En 
effet,  dans  le  département  de  l'Orne  on  observe  trois  zones  géologiques 
bien  distinctes,  dirigées  à  peu  près  de  l'ouest  à  l'est  :  une  zone  de  ter- 
rains primordiaux  et  plutoniens  forment  la  partie  occidentale;  les  ter- 
rains secondaires  occupent  la  partie  centrale  et  sont  bornés  à  l'est  pres- 
que exclusivement  par  les  terrains  tertiaires.  —  Dans  la  seconde  zone  le 
terrain  crétacé  est  à  l'est  et  les  terrains  secondaires  qui  longent  les  ter- 
rains primordiaux  appartiennent  à  la  série  jurassique.  —  Il  me  semblait 
donc  plus  naturel  de  voir  dans  le  grès  de  Sainte-Opportune  une  des 
couches  du  terrain  jurassique,  plutôt  que  de  le  rapporter  à  la  craie,  et  je 
conservais  toujours  l'espoir  de  rencontrer  un  jour  quelques  fossiles  net- 
tement caractéristiques  du  terrain  jurassique  ou  de  La  craie. 

Une  seule  coquille,  la  Terebratula  pectita,  paraissait  avoir  décidé  la 
question  en  faveur  de  la  craie  inférieure,  mais  en  examinant  les  nom- 
breux échantillons  provenant  de  mes  nouvelles  excursions,  il  me  fut 
impossible  de  découvrir  une  seule  T.  pectita,  —  de  sorte  que  j'en  vins 
à  douter  que  le  moule  examiné  par  M.  Deslongchamps,  en  premier  lieu, 
appartînt  bien  réellement  à  cette  espèce.  Bien  plus,  les  nouvelles  espèces 


HORIÈRE.    —   LE    LIAS  DANS   LE    DÉPARTEMENT    DE    L'ORNE  485 

extraites  des  fragments  recueillis  dans  mes  derniers  voyages  à  Sainte- 
Opportune  ressemblaient  par  leur  faciès  à  certaines  coquilles  de  la  craie 
très-voisines  d'autres  espèces  du  même  genre  que  renferment  les  ter- 
rains jurassiques  et  ne  pouvaient,  par  suite,  qu'augmenter  encore  ma 
perplexité. 

Enfin,  au  mois  de  novembre  1862,  à  force  de  briser  des  moellons 
provenant  de  diverses  excursions,  j'eus  le  bonheur  de  trouver  deux 
coquilles  qui  me  semblèrent  avoir  complètement  décidé  la  question  en 
faveur  du  Lias;  ces  deux  coquilles,  à  l'état  de  moules,  appartiennent 
aux  genres  Spiriferina  et  Cardinia  :  l'une  est  indubitablement  le  Spiri- 
ferina  oxygona  et  l'autre  me  parut  devoir  être  rapportée  au  Cardinia 
continua . 

Cette  découverte  de  deux  genres  nettement  caractéristiques  du  Lias 
me  donna  l'idée  de  passer  en  revue  tous  les  fossiles  contenus  dans  les 
moellons  de  grès  que  j'avais  rapportés  à  diverses  époques  ;  au  moyen  de 
gutta-percha  je  pris  un  grand  nombre  d'empreintes  afin  de  mieux  faire 
ressortir  les  caractères  des  diverses  espèces;  je  soumis  celles  qui  m'of- 
fraient quelques  doutes  à  mon  savant  doyen,  M.  Deslongchamps,  et  l'exa- 
men auquel  je  me  livrai  et  que  je  cherchai  à  faire  le  plus  scrupuleuse- 
ment possible  me  permit  de  constater  la  présence  dans  le  grès  de  Sainte- 
Opportune  des  espèces  suivantes  : 


1°  Beleranites  niger, 

Lister. 

14° 

Gonomya  V.  scripta, 

Quenst. 

—         acutus, 

Miller. 

15° 

Lyonsia  unioïdes, 

dOrb. 

—         umbilicatus, 

Blainv. 

16° 

Leda  acuminata, 

d'Orb. 

2°  Ammonites,  2  espèces  indéterminées. 

17° 

Astarte  complanata, 

Quenst. 

3*  Chemnitzia  subnodosa, 

d'Orb. 

—      Psilorioli, 

Quenst. 

—         semi-costata, 

d'Orb. 

18° 

Cardinia  concinna, 

Agass. 

—         Zinkeni, 

d'Orb. 

—        philea, 

d'Orb. 

4°  Acteonina  ou  Tornatella,  2 

espèces. 

—         gibbosula, 

d'Orb. 

5»  Tiochus  monoplicus, 

d'Orb. 

19° 

Cardium  truncatum, 

Sow. 

—        nisus, 

d'Orb. 

20° 

Arca  Phœdra, 

d'Orb. 

—        anior, 

dOrb. 

—      inequivalvis, 

Goldf. 

6'  Straparolus  sinister, 

d'Orb. 

21° 

Mitylus  scalprum, 

d'Orb. 

7°  Turbo  nisus, 

d'Orb. 

—        subpulcner, 

dOrb. 

—      Julia, 

d'Orb. 

22° 

Lima  punctata, 

Desh. 

8°  Phasaniella  phasianoïdes, 

d'Orb. 

—    Hermanni, 

Goldf. 

9°  Pleurotomaria  heliciformis, 

E.  D. 

—    gigantea, 

Desh. 

—              mirabilis, 

E.  D. 

—    pectinoïdes, 

Desh. 

10»  Cerithium  precatorium 

E.  D. 

23° 

Pecten  equivalvis, 

Sow. 

—        variculosum, 

E.  D. 

—      disciformis 

Schubl 

—        costulatum, 

E.  D. 

—      priscus, 

Schlot. 

—        reticulatum, 

E.  D. 

—      textorius, 

Goldf. 

11°  Fusus  textus, 

E.  D. 

24° 

Avicula  sinemuriensis, 

d'Orb. 

12°  Helcion  sublœvis, 

d'Orb. 

25° 

Plicatula  Spinosa, 

Sow. 

13°  Pholadomya,  2  espèces  indéterminées. 

Autres  espèces  indéterminées. 

—            —          adoxa, 

E.  D. 

27» 

Carpenteria  pectiniformis. 

E.  D. 

28° 

Spondylus  nidulans 

29° 

Ostrea  subauricularis, 

d'Orb. 

—        irregularis, 

Manot. 

30" 

Rhynconella  telracdra, 

d'Orb. 

—        tetraedra  austriaca, 

Quenst 

—         variabilis. 

d'Orb. 

i<Sb'  GÉOLOGIE    ET   MINÉRALOGIE 

26°HarpaxParkinsoniVceurat)dota,  E.  D.        31°  Spiriferina  oxygona,  E.  D. 

32°  Tcrebratula  indentata,  Sow. 

Sarthaeensis.  d'Orb. 

Dumismalis,  Lamk. 

33°  Diadema  Edwards? 
34°  Thecophyllia  elongata,  d'Orb. 

35°  âxosmilia  multiradiata,  Edw.  etHaira. 
36°  Cyeadeorayclon  Heltangense,    Sap.  , 
37°  Divers  échantillons  de  bois  fossiles. 

Cette  énumération  de  la  faune  du  grès  de  Sainte-Opportune  offre  un 
ensemble  véritablement  liasique.  Si  quelques  genres  s'étendent  dans 
d'autres  étages  de  la  formation  jurassique,  il  en  est  un  certain  nombre, 
tels  que  les  genres  Spiriferina,  Cardinia,  Straparolus,  qui  s'éteignent 
dans  le  lias.  Quelques  espèces  :  Terebratula  numismalis,  T.  indentata, 
Rhynconella  tetraedra,  R.  variabilis,  etc.,  n'ont  aussi  été  rencontrées 
jusqu'à  présent  que  dans  le  lias. 

Il  ne  me  paraît  donc  plus  rester  de  doute  sur  l'âge  du  grès  de  Sainte- 
Opportune  ;  il  est  bien  réellement  un  grès  liasique,  et  si  certaines  parties 
de  la  roche  qui  contiennent  :  belemnites  acutus,  rhynconella  variabilis, 
chemnitzia  semi-costata,  etc.,  peuvent  être  rapportées  au  lias  inférieur; 
d'autres  couches  qui  offrent  des  cérithes ,  desmélanies,  des  fuseaux,  le 
.Straparolus  sinister,  le  Pleurotomaria  heliciformis,  des  tornatelles,  etc., 
nous  ont  tout  à  fait  rappelé  l'aspect  du  lias  moyen  qui  recouvre  le  récif 
de  grès  silurien  de  Fontaine-Etoupefour  et  de  May,  et  qui  est  si  riche 
en  gastéropodes;  enfin,  certaines  portions  qui  renferment  Rhynconella 
tetraedra,  Harpax  Parkinsoni,  Spondylus  nidulans,  des  moules  â'Astartes 
pourraient  bien  appartenir  au  lias  supérieur  ou  à  l'étage  toarcien. 
Les  débris  de  bois,  par  leur  abondance,  annoncent  un  point  littoral 
de  la  mer  liasique. 

Le  grès  de  Sainte-Opportune  forme  une  bande  dirigée  du  N.-O.  au 
S.-E.,  étranglée  et  quelquefois  interrompue  de  place  en  place;  nous 
avons  pu  la  suivre  sur  une  longueur  de  6  à  8  kilomètres;  sa  largeur, 
toujours  assez  faible,  nous  a  paru  comprise  entre  20  et  50  mètres. 

Ce  grès  est  disposé  par  couches  horizontales;  la  plus  voisine  du  sol 
est  tendre  et  friable;  les  autres  possèdent  une  cohésion  et  une  dureté 
qui  augmentent  ordinairement  avec  la  profondeur  et  qui  deviennent 
parfois  tellement  grandes  qu'on  ne  peut  que  très-difficilement  les  enta- 
mer avec  le  marteau.  L'épaisseur  de  cette  formation  est,  en  moyenne, 
de  1  mètre  à  lm,o0,  mais  elle  varie  beaucoup  et  va  presque  toujours 
en  diminuant  du  milieu  de  la  bande  à  ses  bords,  comme  si  le  grès 
avait  nivelé  des  cavités  appartenant  à  la  roche  sous-jacente  (le  granité) 
dont  il  est  séparé  en  plusieurs  endroits  par  un  sable  lin  provenant  de  la 
désagrégation  de  cette  roche  et  contenant  souvent  du  kaolin.  Ce  lambeau 


HOMÈRE.    —   LE    LIAS    DANS    LE    DÉPARTEMENT    DE    L'ORNE  487 

de  grès  se  trouve  situé  à  peu  près  à  la  limite  sud  du  massif  granitique 
le  plus  considérable  et  le  plus  septentrional  du  département  de  l'Orne  (1), 
c'est-à-dire  dans  la  portion  du  terrain  granitique  qui  avoisine  les  schistes 
micacés  siluriens,  lesquels  occupent  une  éten  lue  assez  considérable  vers 
Saint  Gervais  de  Messey  et  Briouze. 

Le  grès  de  Sainte-Opportune  est  un  grès  quartzeux  à  grains  fins  et 
assez  homogène,  de  couleurs  très-variées  ;  la  couche  inférieure  offre 
souvent,  empâtés  dans  la  roche,  des  fragments  disséminés  de  granité  à 
feldspath  décomposé,  des  fragments  arrondis  de  quartz  hyalin  gras  et 
des  galets  de  quartzite. 


Après  avoir  démontré  que  le  grès  de  Sainte-Opportune  est  bien  véri- 
tablement un  grès  liasique,  j'ai  dû  me  demander  si  le  lias  ne  se  ren- 
contrait pas  sur  d'autres  points  du  massif  breton,  reliant  ainsi  la  forma- 
tion liasique  du  Calvados  à  celle  de  la  Mayenne.  La  solution  de  cette 
question  était  d'autant  plus  importante  que  les  illustres  auteurs  de  la 
carte  géologique  de  la  France  avaient  écrit  : 

«  La  bande  de  calcaire  jurassique  dont  la  largeur  depuis  les  environs 
de  Valognes  jusqu'à  l'embouchure  de  la  Seine,  est  à  peu  près  de 
trente  lieues,  se  rétrécit  subitement,  à  son  entrée  dans  le  département 
de  l'Orne,  par  l'empiétement  du  terrain  de  transition  de  la  Bretagne  ; 
elle  se  réduit  à  une  simple  lanière  dont  la  direction  nord-30  degrés 
devient  presque  sud  depuis  Alençon  jusqu'à  Poitiers.  Sur  toute  cette 
étendue,  la  partie  inférieure  des  formations  jurassiques  n'a  jamais 
existé  et  la  partie  supérieure  a  été  presque  dénudée  avant  le  dépôt  du 
grès  vert  »  (2). 

Cette  opinion  avait  été  admise  par  tous  les  géologues.  M.  le  vicomte 
d'Archiac  avait  cependant  émis  quelques  doutes  sur  l'absence  complète 
de  tout  le  groupe  du  lias  dans  le  département  de  l'Orne.  «  Si  jusqu'à 
présent,  dit  M.  d'Archiac,  le  groupe  du  lias  n'a  pas  été  signalé  au-delà 
de  Falaise,  le  long  des  nombreux  méandres  et  des  anfractuosités  qu'af- 
fecte le  terrain  de  transition  dans  le  département  de  l'Orne  où  il  limite 
à  l'ouest  la  formation  jurassique,  peut-être  de  nouvelles  recherches  y 
feraient-elles  découvrir  quelques  rudiments  des  marnes  supérieures  (3)  ?» 

En  1862,  M.  Eugène  Eudes-Deslongchamps  constata  la  présence  du 
Lias  à  Fresnay-la-Mère  (Calvados),  en  deçà  du  récif  silurien  de  Monta- 
bard;  quant  à  ce  qui  se  trouve  au-delà  du  récif,  notre  collègue  et  ami 

H)  Ce  massif  a  la  forme  d'un  ellipsoïde  allongé  dont  le  grand  axe  aurait  la  direction  E  25"  S  et 
25,000  mètres  de  long,  et  le  petit  axe  10,000  mètres  environ.  (Blavier.  Etudes  qéologiques  sur  le 
département  de  l'Orne,  Alençon,  1840.) 

(2)  Explication  de  la  carte  géologique  de  France,  t.  II. 

(3)  D'Archiac,  Histoire  des  progrès  de  la  géologie,   t.  VII,  p.  3A8- 


488  GÉOLOGIE    ET  MINÉRALOGIE 

s'exprimait  ainsi  :  «  Nous  n'avons  remarqué,  depuis  Montabard,  aucune 
trace  ni  d'oolithe  inférieure  ni  de  lias;  on  pourrait  croire  que  ces  dépôts 
sont  simplement  masqués  par  les  autres  sédiments.  Il  n'en  est  rien,  ces 
assises  n'existent  plus  à  partir  du  récif  de  Montabard  qui  a  été  leur 
extrême  limite;  elles  ont  bien  contourné  le  grand  cap  vers  Falaise  et 
se  sont  avancées  jusqu'auprès  d'Ecouché,  à  Fresnay-le-Buffard  et  à 
Habloville,où  le  lias  moyen  est  encore  bien  caractérisé,  pétri  de  belem- 
nites  et  de  terebratula  sarthacensis ,  mais  elles  n'ont  pas  dépassé 
cette  limite.  On  n'en  trouve  nulle  trace  dans  l'arrondissement  d'Argen- 
tan ni  dans  celui  d'Alençon  ;  et  ce  lias  ne  reparaît  vers  le  sud  que  dans 
le  déparlement  de  la  Sarthe,  aux  environs  de  Précigné.  » 

Afin  de  vérifier  si  la  bordure  ouest  des  terrains  jurassiques,  dans  le 
département  de  l'Orne  est  bien  réellement  dépourvue  de  lias,  je  ne 
pouvais  mieux  faire  que  d'étudier  les  tranchées  du  chemin  de  fer  d'Ar- 
gentan à  Granville  qui  était  alors  en  voie  d'exécution. 

Voici  ce  qu'il  nous  fut  permis  d'observer  dans  une  excursion  faite  le 
24  mars  1863,  sur  la  nouvelle  voie  ferrée,  en  compagnie  de  M.  Gaudin, 
ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  chargé  par  la  Compagnie  des  chemins 
de  fer  de  l'Ouest  de  la  construction  de  la  voie. 

La  ligne  d'Argentan  à  Granville  se  branche  sur  celle  de  Mézidon  au 
Mans,  à  peu  près  à  3  kilomètres  d'Argentan  en  revenant  vers  Montabard. 
Au  point  de  jonction  des  deux  lignes,  existe  une  tranchée  dans  YOolithe 
miliaire  (tranchée  Sainte-Anne)  qui  se  poursuit  sur  une  longueur  de 
250  à  300  mètres;  la  voie  traverse  ensuite  en  remblai  un  marais  situé 
sur  la  commune  de  Moulins-sur-Orne  ;  —  puis  on  atteint  une  seconde 
tranchée  qui  offre,  dans  sa  partie  supérieure,  de  l'oolithe  miliaire,  et,  à 
sa  partie  inférieure,  du  Fuller's,  contenant  de  nombreux  échantillons  de 
Hemithiris  spinosa.  Un  remblai  sur  un  marais  tourbeux  succède  à  cette 
seconde  tranchée,  et  à  2  kilomètres  plus  loin  se  trouve  une  troisième 
tranchée  coupant  les  schistes  siluriens  azoïques  que  l'on  rencontre  depuis 
la  commune  de  Goulet  jusqu'à  la  rivière  d'Orne;  les  couches  de  schiste 
ont  subi  un  relèvement  considérable  atteignant  presque  la  verticalité,  et 
elles  offrent,  dans  plusieurs  endroits,  des  incurvations  assez  prononcées, 

Après  avoir  traversé  l'Orne  puis  l'Udon  qui  est  un  de  ses  affluents,  la 
voie  arrive  en  remblai  jusqu'à  Ecouché,  bourg  situé  à  10  kilomètres 
d'Argentan. 

«  Dans  les  20  ou  25  carrières  ouvertes  autour  d'Ecouché,  sur  la  rive 
»  gauche  de  l'Orne,  on  observe  constamment  8  ou  10  couches  d'un  cal- 
->  caire  un  peu  grenu,  peu  distinctement  oolithique,  et  d'un  calcaire 
»  marneux  très-friable.  Au-dessus  il  existe  des  bancs  d'un  calcaire  plus 
»  dur,  qu'on  exploite  pour  pierre  de  taille,  et  qui  sont  séparées  des 
*  bancs  de  marne  et  de  pierre  à  chaux  par  des  silex  noirâtres.  Tout  ce 


MORIÈRE.    —    LE    LIAS   DANS    LE    DÉPARTEMENT    DE    L'ORNE  489 

»  système  de  couches  est  surmonté  par  un  banc  très-épais  d'un  calcaire 
.)  fragmentaire  contenant  un  grand  nombre  de  débris  de  corps  madré- 
»  poriques  cimentés  par  une  pâte  calcaire  plus  ou  moins  cristalline  »  (1). 

Il  est  difficile  de  ne  pas  reconnaître  dans  ce  passage  de  l'ouvrage  de 
M.  Blavier  le  fuller's  qui  repose  probablement  sur  un  calcaire  blanc 
siliceux  analogue  à  celui  de  la  coupe  de  Vignats  près  Montabard  et  qui 
représente  l'oolithe  inférieure;  le  fuller's  est  surmonté  par  le  calcaire 
à  polypiers  des  Normands  (grande  oolitlie  supérieure)  dont  il  est  ailleurs 
séparé  par  l'oolithe  miliaire. 

En  quittant  le  bourg  d'Ecouché,  la  voie  ferrée  ne  tarde  pas  à  offrir 
une  nouvelle  tranchée,  dite  de  la  grande  pièce  du  Poirier,  commune  de 
Sevray.  Cette  tranchée  n'offre  d'abord  que  des  argiles  et  des  marnes 
irisées;  puis  au  piquet  n°  101,  c'est-à-dire  à  12  kilomètres  ouest  d'Ar- 
gentan à  peu  près,  on  aperçoit  à  partir  de  la  surface  du  sol,  la  succes- 
sion des  couches  suivantes  : 

Terre  végétale 10  à  lo  centimètres 

Grès   feuilleté  non  fossilifère 30  à  40  — 

Argiles  et  sables  de  couleurs  variées.     60  à  80  — 

Grès  fossilifère,  alternant  avec  du  minerai  de  fer  limonite,  en  frag- 
ments irréguliers,  allant  jusqu'au  fond  de  la  tranchée  qui  ne  donne  pas 
sa  limite  inférieure;  ces  dernières  couches  reposent  probablement  sur 
des  schistes  siluriens. 

Le  grès  de  cette  tranchée,  très-friable  à  la  partie  supérieure,  augmente 
de  cohésion  avec  la  profondeur;  sa  couleur  est  souvent  d'un  jaune 
ocreux  ;  quelques  couches  passent  à  l'état  de  grès  ferrugineux.  Ce  grès 
nous  a  offert  à  peu  près  les  mêmes  fossiles  que  celui  de  Sainte-Oppor- 
tune, et  en  outre  plusieurs  spécimens  de  Pecten  equivalvis,  coquille 
caractéristique  du  lias  moyen  ;  il  renferme  également  un  grand  nombre 
de  Harpax  Parkinsoni  dans  les  couches  supérieures. 

Les  couches  de  minerai  de  fer  offrent  aussi  fréquemment  les  emprein- 
tes des  mêmes  coquilles  et  surtout  des  moules  de  pecten  equivalvis.  Le 
minerai  alternant  avec  les  couches  de  sables  siliceux  et  de  grès  prove- 
nant de  l'agglutination  de  ces  sables,  il  est  assez  rationnel  d'en  con- 
clure que  les  sables  et  le  minerai  appartiennent  à  l'étage  liasique  (2)  et 
non  pas  à  l'époque  tertiaire  comme  ceux  qui  se  trouvent  à  l'est  du  dé- 
partement. 

Nous  continuons  notre  excursion,  nous  passons  promptement  la  por- 
tion de  la  voie,  qui  eu  quittant  les  grès  fossilifères  du  Poirier,  traverse 

H)  Blavier.  —  Études  géologiques  sur  le  département  de  l'Orne. 

(2)  Peut-être  même  à  une  époque  antérieure;  par  exemple  à  celle  du  Trias  qui  a  été  sur  plu- 
sieurs points  du  globe  très-féconde  en  émissions  ferrugineuses. 


490  GÉOLOGIE   ET   MINÉRALOGIE 

en  remblai  une  vallée,  gagne  une  nouvelle  tranchée  pratiquée  dans  les 
schistes,  coupe  la  route  d'Argentan  à*  Granville,  et  nous  arrivons  à  la 
tranchée  de  la  Picotière,  commune  de  Lougé.  Cette  tranchée,  qui  n'a  pas 
pas  moins  de  12  à  15  mètres  de  hauteur,  est  creusée  à  son  origine  dans 
des  schistes,  puis  elle  ne  laisse  plus  voir  que  des  argiles  et  des  sables 
siliceux  agglutinés  dans  quelques  points,  de  manière  à  former  des  len- 
tilles argilo-siliceuses  de  diverses  grosseurs.  Ces  lentilles  contiennent  tou- 
jours un  certain  nombre  de  fossiles  liasiques  qui  probablement  ont  servi 
de  centre  d'agrégation  à  la  matière  qui  les  constitue. 

La  dernière  tranchée  que  je  pus  visiter  dans  cette  journée  et  sans 
contredit,  la  plus  curieuse  dans  cette  partie  du  département  de  l'Orne, 
est  située  à  18  kilomètres  ouest  d'Argentan  entre  Fromentel  et  les  Yve- 


Fig.  49.  —  Coupe  de  la  tranchée  du  chemin  de  fer  à  300  mètres  en  deçà  île  la  station  de 
Fromentel-les-Yveteaux.  Échelle  de  on,.oo~>,  pour  ira,oo. 

teaux.  Dans  cette  tranchée  dont  la  plus  grande  hauteur  est  de  6  à  7  mètres, 
le  Lias  se  montre  avec  des  caractères  minéralogiques  bien  différents  de 
ceux  que  nous  avons  observé  à  Sainte-Opportune  et  à  la  tranchée  du 
Poirier.  Ce  ne  sont  plus  des  sables  siliceux  et  des  grès,  mais  bien  des 
calcaires  siliceux  et  des  marnes  noirâtres  pénétrés  de  fer  sulfuré.  A  la 
partie  inférieure  de  la  tranchée,  on  remarque  plusieurs  strates  horizon- 
tales de  calcaire  dont  l'ensemble  forme  une  épaisseur  d'environ  2  mètres; 
à  lm,o0  ou  2  mètres  plus  haut  on  voit  encore  quelques  lits  de  calcaire 
séparés  des  premiers  par  une  couche  marneuse;  ces  lits  supérieurs  sont 
eux-mêmes  surmontés  d'une  couche  de  marne  bleuâtre  ou  d'argile  noire 
qui  occupe  toute  la  partie  supérieure  de  la  tranchée.  (La  coupe  ci-jointe 
donne  la  disposition  exacte  de  la  tranchée.)  Les  fossiles  sont  nombreux 
dans  cette  roche  et  tous  pourvus  de  leur  test.  Pendant  quelques  instants 


MOIUÈRE.    —    EE    WAS    D\Nn    LE    DEPARTEMENT    DE    I.'oHNE  491 

(jue  nous  avons  passés  dans  cette  tranchée,  il  nous  a  été  possible  de 
recueillir  plusieurs  fossiles  caractéristiques  du  Lias,  tels  que  Belemnites 
niger,  B.  acutus,  B.  digitalis,  Bhynconella  tetnwdra,  un  grand  nombre 


Fig.  sn.  —  Coupe  de  la  tranchée,  à  700  mètres  de  la  station  de  Fromentel-les-Yveteaux . 
vers  Briouze.  Échelle  de  0m.00">,  pour  im.on. 


de  Harpax  Parkinsoni,  de  magnifiques  échantillons  de  Pecten  equivalvis 
dont  quelques-uns  avaient  conservé  leur  couleur,  une  vertèbre  d'Jch- 
thyosaure.  J'ai  reçu  depuis  un  tronc  de  Dicotylédonée  trouvé  dans  la 
même  tranchée  et  qui  mesure  0m,80  de  hauteur  sur  0m,3a  de  diamètre. 

Les  bancs  calcaréo-siliceux  du  lias  de  la  tranchée  des  Yveteaux 
offrent,  à  leur  base,  un  poudingue  contenant  de  gros  galets  quartzeux 
et  reposant  lui-même  sur  une  couche  argilo-sableuse  qui  surmonte  les 
schistes  anciens.  Cette  disposition  offre  beaucoup  d'analogie  avec  celle 
que  présente  le  lias  sur  divers  points  du  Calvados. 

J'ai  recommencé  plusieurs  fois  l'excursion  géologique  d'Argentan  à 
Briouze,  en  l'étendant  au  delà  des  localités  que  j'avais  déjà  visitées,  et 
toujours  j'ai  eu  la  bonne  fortune  de  découvrir  le  lias  sur  des  points  où 
il  n'avait  pas  encore  été  signalé,  ou  bien  de  rencontrer  des  fossiles  nou- 
veaux. C'est  ainsi  que  j'ai  pu  récemment  acquérir  la  conviction  que  le 


492  GÉOLOGIE    ET   MINÉRALOGIE 

terrain  liasique  occupe  à  l'état  de  grès  une  grande  partie  du  pourtour 
du  massif  granitique  de  Sainte-Honorine  et  que,  sur  la  carte  de  M.  Bla- 
vier,  ce  qui  avait  été  indiqué  comme  terrain  tertiaire  à  l'ouest  d'E- 
couché  doit  être  rapporté  au  terrain  liasique.  J'ai  pu  reconnaître  la  pré- 
sence du  lias  calcaréo-siliceux  ou  gréseux  à  la  Lande-de-Lougé ,  à 
Lougé,  à  Saint-Brice  et  tout  près  de  Rânes. 

Nous  croyons  pouvoir  tirer  de  notre  étude  les  conséquences  sui- 
vantes : 

4°  Le  grès  de  Sainte-Opportune  que  l'on  rencontre  aussi  au  bois  de 
la  Mousse,  à  Briouze,  à  Sevray,  à  Saint-Brice,  etc.,  appartient  à  la  for- 
mation liasique;  ce  grès  ayant  nivelé  en  quelque  sorte  les  inégalités  de 
la  roche  granitique  sur  laquelle  il  repose ,  il  en  résulte  que  le  massif 
granitique  de  Sainte-Honorine  et  probablement  les  autres  massifs  grani- 
tiques de  l'Orne  qui  affectent  tous  à  peu  près  la  môme  direction  E.  25°  S., 
0.  25*°  N.  ont  surgi  à  une  époque  antérieure  à  celle  du  lias  en  disloquant 
probablement  les  couches  déjà  déposées  des  diverses  formations  du  ter- 
rain de  transition;  dans  d'autres  parties  du  département  de  l'Orne, 
l'inclinaison  des  couches  siluriennes  doit  être  attribuée  à  l'éruption  des 
diorites  et  des  porphyres  ; 

2°  Le  minerai  de  fer,  que  l'on  rencontre  sur  les  plateaux ,  dans  les 
communes  de  Joué-du-Plain,  les  Yveteaux,  Saint-Brice,  etc.,  appartient 
également  à  la  formation  liasique  ; 

3°  Le  lias  que  l'on  avait  cru  s'arrêter  en  deçà  du  récit  silurien  de 
Montabard  pour  ne  reparaître  au  midi  que  dans  le  département  de  la 
Sarthe,  se  retrouve  de  l'autre  côté  du  récif  sur  plusieurs  points  que 
nous  avons  signalés  dans  le  cours  de  ce  travail  ; 

4°  Suivant  que  le  dépôt  liasique  a  eu  lieu  sur  le  granité  ou  sur  le 
terrain  de  transition,  il  offre  des  caractères  minéralogiques  différents  : 
des  alternances  de  calcaires,  de  marnes  et  d'argiles  avec  des  fossiles 
pourvus  de  leur  test,  constituent  le  faciès  du  lias,  situé  sur  les  terrains 
de  transition;  le  dépôt  fait  sur  le  granité,  consiste  en  sables  siliceux  et 
en  grès  dont  le  ciment  est  siliceux  ou  ferrugineux  ;  les  fossiles  sont 
presque  toujours  dépourvus  de  leur  test  et  ils  offrent  plusieurs  espèces 
différentes  de  celles  qu'on  rencontre  dans  le  lias  calcaire  ou  marneux. 
On  conçoit,  en  effet,  que  la  faune  des  grès  doive,  dans  beaucoup  de 
cas,  différer  de  celle  des  marnes,  par  la  raison  que  les  espèces  qui  se 
plaisent  dans  le  sable  ne  sont  pas  les  mêmes  que  celles  qui  vivent  dans 
la  vase; 

5°  Dans  la  partie  de  l'arrondissement  d'Argentan  que  nous  avons  plus 
particulièrement  étudiée,  c'est-à-dire  ;dans  une  espèce  de  golfe  resserré 
entre  le  cap  granitique  vers  Batilly,  et  le  cap  silurien  de  la  vallée  de  la 
Cance,  la  largeur  de  la  zone  jurassique  indiquée  sur  les  cartes  géologiques 


Dl    rROMELIK.    —  TKRBAINS   PALÉOZOÏQUES   DE   NORMANDIE  403 

doit  être  augmentée  de  23  à  30  kilomètres  en  largeur  du  côté  ouest;  la  mer 
liasique  s'est  même  étendue  dans  l'arrondissement  de  Domfrontoù  elle  a 
constitué  le  grès  de  Sainte-Opportune,  de  Sainte-Honorine  et  de  divers 
autres  points  placés  sur  le  bord   sud  du  grand  massif  granitique. 

Quelle  que  soit  la  route  suivie  par  la  mer  liasique  pour  venir  baigner 
les  contrées  où  nous  avons  constaté  la  présence  de  ses  sédiments; 
qu'elle  ait  rencontré  des  passes  sur  plusieurs  points  du  récit' silurien  de 
Montabard  ou  qu'elle  ait  contourné  ce  récif,  le  fait  n'en  existe  pas  moins. 
Le  lias  se  rencontre  au  sud  du  récif  comme  au  nord  et  nous  sommes 
convaincu  que  plus  on  multipliera  les  explorations  ,  plus  on  découvrira 
de  gisements  de  lias  qui  relieront  la  formation  de  la  Normandie  à  celle 
du  Maine. 


M.  Ch.  Qïïlïf 

Tire-Président  de  In  Soelété  (téoloffiqne  de  Normandie. 


RÉSUMÉ  D'OBSERVATIONS  NOUVELLES  DE  GÉOLOGIE  ET  D'ETHNOLOGIE 

LOCALES. 


—  Séance   du  23  août    1877.   — 


M.  Gaston  de  TROMELIS 


ÉTUDE  DES  TERRAINS  PALÉOZOIQUES  DE  LA  BASSE-NORMANDIE, 
PARTICULIÈREMENT  DANS  LES  DÉPARTEMENTS  DE  L'ORNE  ET  DU  CALVADOS. 

(BXTRA1T.) 


—  Séance  du  25  août  1877.  — 

Lors  du  Congrès  de  l'Association  française  à  Nantes  (1875),  M.  de  Trome- 
lin  a  présenté,  en  collaboration  avec  M.  Lebesconte,  de  Rennes,  un  travail 
étendu  sur  les  terrains  paléozoïques  de  l'Anjou  et  de  la  Bretagne  auquel  on 
peut  recourir  pour  les  généralités  (Catalogue  raisonné  des  fossiles  silurien»  des 
départements  de  Maine-et-Loire,  de  la  Loire-Inférieure  et  du  Morbihan;  Comptes 
rendus,  p.  601  à  661.  —  Fossiles  paléozoïques  du  département  dllle-et-Vilaine , 
idem.  p.  683  à  681).  On  trouvera  également  diverses  données  dans  l'ouvrage 
des  mêmes  auteurs  :  Observations  sur  les  terrains  primaires  du  nord  du 
département  dllle-et-V Haine  et  de  quelques  autres  parties  du  Massif  Breton  (Bull. 
Soc.  géol.  deFr.  3« série,  t.  IV,  p.  583  à  623).  Aujourd'hui  M.  de  Tromelin  expose 


494 


GÉOLOGIE    ET  MINÉRALOGIE 


ses  vues  sur  les  mêmes  terrains  dans  la  Basse-Normandie  en  rappelant  d'a- 
bord les  travaux  de  ses  prédécesseurs.  Le  département  de  la  Manche  est  le 
mieux  connu  :  Après  les  études  de  M.  de  Caumont  sont  venues  celles  de 
Dalimier,  de  Btnnissent  et  de  M.  de  Lapparent.  Dans  les  départements  du 
Calvados  et  de  l'Orne  il  n'y  a  guère  que  les  études  déjà  anciennes  de  M.  de 
Caumont,  pour  le  premier,  et  de  Blavier,  pour  le  second,  et  quelques  autres 
isolées.  Aussi,  un  travail  d'ensemble  est-il  nécessaire. 

Si  l'on  jette  les  yeux  sur  la  carte  géologique  de  la  France,  on  voit  que  la 
partie  occidentale  de  la  Normandie  est  formée  par  les  terrains  primaires  qui 
constituent  le  bassin  normand  ou  bassin  paléozoique  septentrional  du  massif  armo- 
ricain. Ce  bassin  se  relie,  au  sud-est,  avec  le  terrain  paléozoique  du 
Maine  qui  dépend  du  bassin  de  Rennes  ;  à  l'ouest ,  les  lambeaux  du  terrain 
silurien  du  littoral  des  Côtes-du-Nord  et  la  bande  de  Paimpol  à  Lannion 
sont  la  continuation  du  bassin  Normand,  le  reliant  avec  le  bassin  du  Finis- 
tère ou  bassin  occidental.  (1)  La  région  paléozoique  bas-normande  est  identique  à 
la  Bretagne  par  sa  structure  géologique  :  le  terrain  silurien  bien  développé 
y  présente  un  grand  nombre  de  fossiles.  On  comprendra  que  dans  ce  résume 
il  est  impossible  d'exposer  tous  les  faits  relatifs  à  une  région  aussi  vaste, 
l'auteur  se  borne  donc  à  en  publier  une  analyse  très-sommaire. 

Les  couches  inférieures  à  la  série  dévonienne  offrent  la  succession  suivante 

[Orne  et  Cale  ados)  : 


Faune  seconde  : 


T.  Dévonien  (inférieur  .......    Grauwacke  à  Pleurodictyum  problematicum  de  Glali- 

gny  en  Saint  >'icolas-des-Bois  (Orne). 

i   Calcaire  ampéliteux  (Feuguerolles). 

i.',„n»(,,,;..;i,„n-l  Schistes   et    psammites    à  fuc.oïdes.  —  Schistes  am- 
r  aune  uoisieiue .  <  r 

/      péliteux  (Doinfront,  etc.). 

Grès  culminant  (sans  fossiles)  i 

Grès  de  May,  Feuguerolles,  Jurques, (etc.)  \ 
Grès    à    Calymene    Tristani    des    Moitiers-d'Allonna 

(Manche). 
Schistes  ardoisiers  (Doinfront,  Brieux,  Falaise).  (Mine- 
rai de  fer). 
Grès  armoricain  (=grès  à  Tigillites), 
Schistes    rouges  avec  épais    bancs    calcaires      Laize;  \ 
Vieux, Clécy,  Rônai,  Saint-Philibert-sur-O  rne*  etc.  •  i 

Poudingue  pourpré  de  Fresney-le-Puceux  ,  Clécj'j  / 
Pont-Écrépin,  Livaie,  etc.  — Conglomérat  de  Saint-  \ 
Martinde-Vrigni.   (Sans  t'ossilri  . 

^  Phyllades  du  Passais,  de  Condé-sur-Noireau ,  de  Caii- 
')      mont,  etc. 

T.  Laurentien Micaschistes  et  Gneiss. 


Terrain 
silurien  : 


T.  Cambrien  : 


H)  M.  de  Tromelin  se  réserve  défaire  connaître  ultérieurement  les  résultats  de  ses  explorations 
dans  le  bassin  occidental  auquel  il  a  fait  déjà  de  très-nombreuses  allusions  dans  ses  travaux.  Le.; 
gneiss,  granités  et  syénites  des  environs  d'Alençon  sont  identiques  à  ceux  du  Pinistère. 


DE   TROMELIN .    —    TERRAINS   PALÉOZOIQUES   DE    NORMANDIE  i95 

Le  Gneiss  et  les  Micaschistes  forment  comme  une  auréole  autour  des  gra- 
nités •  on  peut  les  étudier  particulièrement  dans  le  Passais  normand,  dans  la 
contrée  de  Vire  et  dans  la  partie  méridionale  du  département  de  la  Manche. 
Aux  environs  de  Cherbourg,  il  y  a  des  schistes  chloriteux  (talcschistes,  stéas- 
chistes,  aut.),  verts,  satinés,  luisants  avec  quartzites.  Ces  schistes  chloriteux 
sont  identiques  à  ceux  de  Douarnenez  (Finistère),  inférieurs  aux  phyllades 
cambriennes  de  l'âge  des  phyllades  de  Landerneau.  Ils  ressemblent  beau- 
coup aussi  aux  schistes  luisants  de  Belle-Ile  et  de  l'embouchure  de  la  Vilaine 
(Morbihan),  dont  les  analogues  occupent  de  grands  espaces  dans  la  Vendée. 
Nulle  part  ces  schistes  chloriteux  n'ont  fourni  de  traces  de  corps  organises. 

Les  phyllades  et  grauwackes  cambriennes  sont  souvent  maclifères.  Elles  cons- 
tituent la  base  de  la  série  silurienne  de  l'Ouest  de  la  France  prise  dans  son 
sens  le  plus  large.  M.  de  Tromelin  croit  devoir  maintenir  le  terme  de  Cam- 
brien  :  il  se  tonde  d'abord  sur  la  discordance  classique  qui  existe  aux  buttes 
de  Clécy,  entre  les  phyllades  cambriennes  et  les  couches  supérieures  ;  sur  la 
transgressivité  des  assises;  la  différence  de  direction  de  soulèvement  entre 
les  couches  cambriennes  et  les  couches  siluriennes  du  centre  de  la  contrée,  ce 
qui  prouve  que  les  premières  étaient  déjà  émergées,  en  partie ,  lors  du  dépôt 
des  sédiments  siluriens  ;  sur  ce  que  les  poudingues,  les  schistes  rouges  et  le 
calcaire  de  Laize-Clécy  font  défaut  dans  une  grande  partie  de  la  Normandie 
et  de  la  Bretagne,  le  grès  armoricain  reposant  alors  directement  sur  les  phyl- 
lades cambriennes;  (l)enfin,  sur  la  nécessité  d'introduire  une  coupe  dans  une 
série  sédimentaire  pétrographiquement  très- variée,  qui,  sans  cela,  aurait  une 
épaisseur  énorme.  Les  phyllades  cambriennes  de  la  Normandie  n'ont  fourni, 
jusqu'à  présent,  que  des  fossiles  rares  et  mal  conservés,  parmi  lesquels  aucun 
trilobite.  Arenicolites  Kent  a,  Trom.  Lebesc  a  été  trouvé  à  Noron.  —  Cet  étage 
correspond  très-bien  aux  phyllades  satinées,  aux  schistes  de  Rennes  aux  phyl- 
lades avec  veinules  de  quartz  de  Landerneau,  en  Bretagne. 

Les  poudingues  pourprés  s'observent  principalement  dans  le  Calvados  et  aux 
parties  limitrophes  de  l'Orne.  Ils  se  lient  quelquefois  aux  schistes  cambriens 
d'une  part  et  presque  toujours  aux  schistes  rouges  de  l'autre  ;  on  doit  les  con- 
sidérer simplement  comme  la  base  et  une  dépendance  de  l'étage  de  Laize- 
Clécy,  d'autant  plus  qu'ils  n'ont  pas  une  grande  puissance. 

L'étage  de  Laize  est  composé  de  schistes  rouges-lie-de-vin  et  verts,  avec  d'épais 
bancs  calcaires,  qui  souvent  sont  prédominants. —  A  Rosnai  (Orne),  à  Brette^ 
ville-sur-Laize  et  à  Bully  (Calvados),  M.  de  Tromelin  a  rencontré  quelques 
rares  Tigillites  et  A  renicolites.  Il  assimile  cet  étage  à  celui  des  schistes  rouges 
de  la  vallée  de  la  Vilaine,  bien  que  ces  derniers  ne  soient  pas  calcarifères, 
parce  que  leur  place  stratigraphique  est  bien  la  même.  On  doit  remarquer 
que  les  poudingues  pourprés  et  les  schistes  rouges  n'existent  pas  partout  en 
Bretagne   et  en   Normandie:  à  Domfront   et  à  Mortain,   par  exemple. 

Le  grès  armoricain  (grès  à  Tigillites  de  quelques  géologues),  présente  par  places 
beaucoup   de  fossiles,  mais  spécifiquement  peu  variés.    C'est  le  premier  hori- 

(1)  Aux  carrières  de  Baron  (Calvados),  on  voit  les  grès  ferrugineux,  de  1  âge   du  grès  de  May,  et 
es  phyllades  cambriennes  de  Verson  butter  les  uns  contre  les  autres  en  forme  d'un  V  tres-aigu. 


496  GÉOLOGIE    ET    MINÉRALOGIE 

zon  où  les  documents  paléontologiques  soient  abondants.  A  la  Lande-du-Goult 
(Orne),  M.deTromelin  a  rencontré  Asaphus  Armoricanus,Trom.  Lebesc,  des  débris 
de  lllœnus  avec  Lingula  Lesueuri,  Rouault.  Ces  trilobites  démontrent  que  le  grès 
armoricain  appartient  à  la  Faune  seconde  silurienne.  Les  fossiles  les  plus 
communs  en  Normandie,  sont  les  Tigillites  (Scolithus,  Aut.)  ;  l'espèce  la  plus 
abondante  est  T.  Dufrenoyi,  Rou;  M.  de  Tromelin  les  considère  comme  des 
tubes  d'annélides.  A  Bagnoles,  on  trouve  Tigillites  Dufrenoyi,  Rou.  (Cherbourg, 
Falaise,  Mortain,  Domfront,  forêt  d'Halouze,  Le  Chatellier,  Villedieu-lez-Bail- 
leul,  etc.);  T.  Hœninghausi,  Rou.  sp .  Foralites  Pomeli,  Rou.  ;  Dœdalus  Konincki, 
Rou;  D.  Neivtoni,  Rou.;  Lingula  Lesueuri,  Rou.;  L.  Brimonti,  Rou.;  L.  HawJcei, 
Rou;  L.  Salteri,  Davidson;  Frœna  Sainthilairei,  Rou;  Cruziana  rugosa,  d'Orb.; 
C.  Bagnolesensis,  Morière;  C.  Prevosti,  Rou.  sp.  ;  Cfurcifera^d'Orb.;  C.  Lefebvrei, 
d'Orb.  ;  Vexillum.  Halli,  Rou.  connu  aussi  à  la  Brèche-au-Diable.  Aux  Vaux- 
d'Aubin,  près  Trun:  Rysophycus  Barrandei,  Trom.  Lebesc;  — ?  R.  — ?  R- 
Deslongchampsi,  Sait.  —  M.  de  Tromelin  conserve  à  la  formation  dont  il  est 
question  la  dénomination  de  grès  armoricain  qu'elle  peut  porter  aussi  bien  en 
Normandie  qu'en  Bretagne. 

Les  minerais  de  fer  paraissent  se  rattacher  par  leurs  fossiles  au  grès  armo- 
ricain (1).  A  Gouvix,  près  d'Urville  (Calvados),  l'auteur  a  trouvé  Dœdalus  calami- 
tnides,  Trom.  (cf.  :  D.  Ccnomanensis,  Trom.  Lebesc.)  avec  des  Tigillites.  C'est 
surtout  à  Mortain  et  à  Domfront  que  l'on  voit  la  superposition  de  ces  mine- 
rais au  grès  armoricain;  dans  la  forêt  d'Halouze  le  minerai  est  oolithique.  Il 
ne  faut  pas  confondre  ces  minerais  avec  ceux  qui  contiennent  la  faune  troi- 
sième. 

La  faune  des  schistes  ardoisiers  à  Calymene  Tristani  est  nombreuse  et  variée 
et  devra  être  étudiée  en  détail.  Les  trilobites  sont  abondants;  mais  on  y 
trouve  aussi  divers  ostracodes ,  des  cirrhipèdes  ,  des  céphalopodes,  des  ptéro- 
podes,  des  gastropodes,  beaucoup  d'acéphales,  des  brachiopodes,  quelques  cys- 
tidées,  etc.  Des  listes  partielles  de  cette  faune  ont  déjà  été  publiées.  Les  loca- 
lités les  plus  riches  sont  à  Falaise  (Calvados)  ;  Brieux  (Orne)  ;  Mortain  (Manche); 
Domfront  (Orne).  Cette  dernière  est  celle  que  M.  de  Tromelin  a  explorée 
avec  le  plus  de  soin ,  et  il  croit  qu'il  y  a  lieu  d'y  établir  plusieurs  zones  :  la 
proportion  d'espèces  communes  avec  le  grès  de  May  est  considérable  dans  la 
partie  supérieure. 

Voici  une  liste  provisoire  et  partielle  des  fossiles  des  schistes  ardoisiers  de 
la  Normandie: 

A  cette  liste  sont  ajoutées  quelques  espèces  des  schistes  d'Andouillé 
(Mayenne),  côte  de  Bel-Air,  côte  de  la  Pichardière,  communiqués  par  M.  Lebesconte, 
de  Rennes  ;  ces  schistes  d'Andouillé  occupent  par  rapport  au  granité  et  aux 
phyllades  cambriennes  des  Passsais  Normand  et  Manceau  une  position  symé- 
trique à  celle  des  schistes  de  Mortain-Domfront;  leurs  faunes  étant  identi- 
ques, par  suite  de  cette  addition,  on  en  appréciera  mieux  les  caractères  : 

il)  Il  no  paraît  pas  en  être  toujours  ainsi:  à  Mortain,  par  exemple,  le  minerai  de  fer  contient  la 
faune  ries  schistes  ardoisiers.  —  D'ailleurs,  à  Saint-Kémy-sur-Orne,  M.  G.  de  Tromelin  a  rencontré 
des  Linqulex,  Tigillites,  Cruziana,  Spiropht/ton,  Dadalus,  etc., dans  des  couches  schisteux»* infé- 
rieures au  minerai  de  fer  et  dépendant  du  grès  armoricain. 


DE    TROMELIN.    —   TERRAINS  PALÉOZOIQTJES   DE   NORMANDIE  497 

Cahmene  Tristani,  Brong.    Cherbourg,  Sidcville,  Siouvillc,  Falaise,  Brieux, 
Neufbourg  près    Mortain  ,    Domfront,   Andouillé,    etc.   —  C.  Aragoi ,  Rou.  : 
Brieux.  Mortain,  Domfront,  Andouillé, etc. —  C.pulchra,  Barr.  (=C.  Verncuili, 
Rou,    non   d'Orb.)  :    Domfront.    —   C.    Salteri,    Rou.  (=z  C.    transiens,   Vern. 
Barr.)  :  Domfront.  —  Plœsiacomia  brevicaudata,  Desl.  sp.  (  =  P.  rara,  Corda): 
Domfront,  Andouillé.  —  Dalmanitcs  macrophthalmus .  Brong.  sp.   (  =  D.  Vetil- 
larti,  Rou.)  :  Domfront,  Andouillé.  —  D.  incertus,  Dels.  sp.  =  (D.  Dujardini, 
Rou.)  :  Brieux,  Falaise ,  Domfront ,  Andouillé.   —  D.  Mirheli,  Trom.,    1876 , 
Mortain,  Domfront,  Andouillé.  —  Asaphus  nobilis,  Barr.  (=  0.  Edwardsi,  Rou.)  : 
Mortain,  Domfront ,  Andouillé,  Ogygites  glabratus,  Salter  (cf:  0.  Dcsmaresti  , 
Brong.)  :  Mortain,    Domfront,  Andouillé,    minerai  de    fer  de  May.  —  Illœnus 
Sanchesi,    Vern.    Barr.  :    Domfront,   Andouillé.    —   /.   Giganteus,  Burin,  (cf. 
/.  Salteri  Barr.  —  I.  Hispanicus,  Vern.  Barr.,    etc.)  :   Brieux,   Domfront.  — 
/.  docens?  Trom.,   1876:  Domfront,   Andouillé.    —  I.  Viducassianus?  Trom., 
1876.  Andouillé.  —  Placoparia  Tourneminei,  Rou.  :  Domfront ,  Andouillé.    — 
Chirurus  sp.  :  Andouillé.    —  Acidaspis    Buchi,  Barr.  (=  Polyeres  Dufrenoyi , 
Rou.)  :  Domfront,  Andouillé. 

Cf:  Plumulites fraternus,  Barr.  :  Domfront,  Andouillé.  —  Beijrichia  Bussacen- 
sis,  R.  J.  :  Brieux,  Domfront,  Andouillé.  —  B.  Guillieri,  Trom.  1872  :  Dom- 
front. —  B.  reticulata?  Bomemann  :  Andouillé.  —  Primitia  simplex,  R.  J.: 
Domfront,  Andouillé.  --  P.  perforata,  Barr.:  Domfront.  —  Hippula  (Hippa) 
latens,  Barr.:  Domfront. 

Tigillites  Danicloi,  Rou.  (=  T.  prcecylindricus,  Trom.)  :   Domfront. 

Orthoceras  remotum,  Sait.  Domfront.  —  0.  fractum  ?  Barr.  (cf.  :  0.  expec- 
tans,  Barr.):  Domfront.  —Endoceras  Dalimieri.  Barr.  Pont-EUant,  près  Siou- 
ville. 

Conularia  exquisita,  Barr.  :  Domfront.  —  Hyolithes  Beirensis,  Sh.:  Mortain; 
Domfront,  Andouillé.  —  H.  triangularis,  Vern.  Barr.:  Domfront,  Andouillé, 
Brieux. 

Bellerophon  bilobatus,  aut.  (  =  B.  Lhuissieri  Rou.)  Manche.  —  B.  Lebescontei, 
Trom,  1876  :  Domfront,  Andouillé,  May.  —  B.  acutus,  aut.  (  =  B.  Alixi , 
Rou.)  :  Domfront,  Andouillé.  —  B.  trilobatus,  aut.  :  Domfront,  Falaise.  —  Pieu- 
rotomaria  Bussacensis,  Sh.:  Domfront,  Andouillé. 

Redonia  Deshayesi,  Rou.  et  R.  Duvali,  Rou  :  Brieux,  Mortain,  Domfront,  Falaise, 
etc.  —  Ctenodonta Beirensis,  Sh.,  sp.:  Cherbourg.  —  C.  Ciœ,Sh.,  sp.  Cherbourg. 
—  C.  Bussacensis,  Sh.  sp.  Domfront,  Andouillé.  —  C.  Ribeiroi,  Sh.  sp.  (  =  Car- 
diolaria  Barrandei,  M.  Ch.)  :  Brieux,  Mortain  ,  Domfront,  etc.  —  Arca  Naran- 
joana.Vern.  Bar.  (=4.  OrbignyanaRou.  non  Math.):  Domfront.  —  Palœoarca 
{Cypricardia  ?)  Beirensis,  Sh.:  Brieux,  Domfront,  Nucula?  Bohemiea,  Barr.: 
Domfront  Andouillé.  —  Dolabra?  Lusitanica,  Sh.  .-Andouillé.  — Cf.:  Lyro- 
desma  Dufeti,  Trom.  Lebesc.  (1875).  —  Andouillé.  —  Pseudarca  (vel  Siliquarca) 
reticulata,  Trom.  Lebesc.  (1876),  Andouillé.  —  Orthonota  (Lyonsia)  Britannica, 
Rou.  (Sanguinoiites  Pellicoi,  Vern.  Barr.)  :  Siouville,  Brieux,  Domfront,  An- 
douillé, Falaise.  —  Cf.  0.  Kosoviensis,  Barr.  :  Domfront. 

Discina  (obolus)  filosa,Vern.  Barr.:  Domfront.  ■—  Lingula  subgranulata,  Trom- 

32 


498  GÉOLOGIE   ET   MINÉRALOGIE 

Lebesc.  (1876):  Andouillé  (1).  —  Ci'.  /..  fissurai^  Barr.  (L.  attenuata?  Sow.), 
Domfront,  Andouillé.  —  0.  Budleighensis,  Trom.  (1876).  (=0.  rcdux,  aut.  non 
Barr,;  0.  testudinaria,  Y  cm.  Barr.;0.  Filicœrci,  Rou.,  e<c).  Brieux,  Neufbourg 
près  Mortain,  Andouillé,  Domfront,  etc.  —  0.  liibciroi,  Sh.  :  Domfront, 
Brieux. 

Distcichia  reticulata,  Sh.  :  Domfront,  Andouillé.  —  Cf.  G.  atmnulatm? 
Meneghini:  Cherbourg.  —  Crinoides  :  Mortain,  Domfront,  etc.,  Trochocystites 
sp.:  Brieux,  — Prostater  Verneuili  ?  Trom.  Lcbcsc.  (1875):  Brieux. —  Fucoïdes : 
(Lycrophycus  elongatus  ?  Coëmans,  Andouillé),  etc.:  Domfront. 

Cette  liste  sera  certainement  augmentée  par  la  suite.  M.  de  Tromclin  fait 
connaître  qu'il  a  trouvé  dans  les  schistes  de  Domfront  divers  spécimens  qui 
lui  permettront  d'étudier  les  métamorphoses  des  trilobites  du  genre  Illœnus. 
Aucun  fait  de  cette  nature  n'avait  été  constaté  dans  l'ouest  de  la  France 
jusqu'à  ce  jour. 

Le  grès  de  May,  qui  vient  au-dessus  des  schistes  ardoisiers  a  déjà  été  étudié 
par  l'auteur  au  point  de  vue  paléontologique  (Étude  de  la  Faune  du  grès  silu- 
rien de  May,  Jurques,  Campandré,  etc.;  Bull. Soc.  Linn.  de  Normandie,  ïiie  s., 
vol.  1,  p.  5  à  82;  1876).  Malgré  un  certain  nombre  de  formes  communes  avec 
les  schistes  ardoisiers,  la  faune  est  très-contrastante  dans  l'ensemble.  L'auteur 
ajoutera  à  sa  liste  des  fossiles  déjà  cités  à  May  :  Caryon  Bohemicum,  Barr.  ; 
Primitia  simplex,  R.  J.  (minerai  de  fer  de  May);  Dalmanites  mirnus,  Sait.; 
Rouaultia  (Frœna)  Lyclli,  Rouault;  etc.  Belleropkon  trilobatus,  Sow.,  et  des  acé- 
phales du  genre  Cardiomorpha .  On  peut  attribuer  à  l'étage  du  grès  de  May 
le  grès  minéralogiquement  identique,  qui,  à  Domfront,  est  immédiatement  su- 
périeur aux  schistes  ardoisiers,  quoiqu'on  n'y  ait  pas  rencontré  de  fossiles.  Le 
grès  à  Calymenc  Bayani  de  Saint-Germain  et  de  la  Bouxière,  le  grès  à  Modio- 
lopsis  Hcberti  de  Baugé,  dans  le  nord  d'Ille-et-Vilaine,  et  le  grès  de  Thouric, 
dans  le  sud  du  même   département ,  appartiennent  à  cet  horizon. 

Le  grès  supérieur  silurien  ou  grès  culminant  se  voit  au  nord  de  Domfront  ; 
le  grès  généralement  bleu  noirâtre,  sans  fossiles,  supporte  les  schistes  ampé- 
liteux.  M.  de  Tromelin  y  assimile  le  grès  supérieur,  également  sans  fossiles, 
de  la  série  de  May. 

L'ensemble  des  couches  dont  il  vient  d'être  question,  constitue  le  silurien 
inférieur  des  géologues  [abstraction  faite  du  grès  à  Calymenc  Tristani  et  à 
Homahnotus  Vieillard i,  Trom.  Dollf.  des  Moitiers-d'Alonne  et  des  schistes  à 
Trinucleus  ornatus  de  la  Sangsurière  (Manche),  sur  lesquels  il  y  a  lieu  de  pu- 
blier un  travail  étendu]. 

Le  terrain  silurien  de  la  Normandie  se  termine  par  des  couches  d'ampélites 
et  de  calcaires  ampéliteux  :  c'est  le  silurien  supérieur  des  auteurs;  elles  offrent 

(1)  L'existence  de  Lingula  subgranulata,  Trom.  Lebesc.  a  été  reconnue  depuis  le  Congrès  dans  le 
(ires  Armoricain  grossier  de  Saint-Remy-dï-Sillé  (Sarthe),  c'est-à-dire  dans  les  quartzites  inférieurs 
de  M.  Allierl  Guillier.  Cette  forme  linguloïde  est  donc  commune  à  l'étage  du  Grès  Armoricain  et  à 
l'étage  des  Schistes  ardoisiers  ;  soa.  existence  dans  l'un  commi  dans  l'autre  vient  accroître  le  nombre 
déjà  surabondant  des  preuves  données  pai  M.  de  Tromelin  que  le  Grès  armoricain  fait  partie  de 
La  faune  seconde  silurienne.  /..  subgranulata  est  accompagnée,  à  Saint-Rémy-de-Sillé,  par  Lingula 
Brimonti,  Rouault;  L.  Havokei,  Rou .;  Tigillites  Dufrenoyi,  l<»u  .;  T.  (Foralites)  Uœninghausi, 
Rouault,  «/).  déjà  signalé  par  M.  de  Tromelin  dans  ce  même  étage  des  quartzites  inférieures  du 
nord  du  département  de  la  Sarthe. 


DE  TROMELIN.    —   TERRAINS   PALÉOZOIQUES   DE  NORMANDIE  400 

des  tannes  très-différentes  de  celles  des  assises  inférieures.  L'auteur  y  a  distin- 
gué trois  zones,  dont  deux,  au  moins,  pourraient  bien  n'être  qu'une  modifi- 
cation latérale  l'une  de  l'autre  :  les  connexités  spécifiques  sont  plus  nom- 
breuses entre  elles,  en  Normandie,  qu'en  Bretagne  et  que  dans  le  Maine. 

Au  nord  de  Domfront,  ce  sont  des  schistes  ampéliteux.  11  faut  ajouter  aux 
fossiles  de  cette  localité  déjà  mentionnés  ailleurs  :  Ortfioceras  Arion ,  Barr.; 
0.  annulatum,  Sow.,  etc.  Cardium  Bohemicum,  Barr.  et  autres  cardiacés.  Grap- 
tolithus  priodon,  Bronn;  G.  Becki,  Barr.;  G.  Bohémiens,  Barr.;  Diplograpsus 
folium,  Jïts.,  etc.,  accompagnant  G.  colonus,  Barr.,  abondant  partout  sur  cet 
horizon,  qui  se  retrouve  au  Tertre-Bizet  et  à  la  Guerche  près  de  Lonlay- 
l'Abbaye  (Graptolithus  spiralis,  Geinitz  se  rencontre  à  la  Guerche),  au  Chatel- 
lier  avec  Isochilina ,  formosa,  Barr.;  Cardiola  ïnterrupta,  Brod.;  Graptolithus  .\ill- 
soni,  Barr.;  etc.;  Spfuxrococcites  Scharyanus,  Gœpp.  et  autres  fucoïdes, —  et  à 
la  Ferrière-Béchet  près  Séez.  Orthis  caduca,  Barr.  est  citée  à  la  Sangsurière 
(Manche)  et  toujours  avec  G.  colonus. 

A  Feuguerolles  (Calvados),  on  rencontre  immédiatement  au-dessus  des  grès 
des  lits  de  schistes  non  ampéliteux,  constituant  la  zone  des  schistes  et  psam- 
mites  à  fucoides  qui  se  retrouve  à  la  Béguinaie  au  nord  de  Lusanger  (Loire- 
Inférieure),  et  aussi  dans  le  Bas-Languedoc  (1).  Parmi  les  petits  fucoïdes  de 
cette  formation,  quelques-uns  rappellent  les  bilobites  et  les  Nereites.  L'auteur 
a  décrit  le  stelléride  Palasterina  gracilis  de  ces  schistes  de  Feuguerolles  ;  /'.  Mo- 
rierei,  nov.  sp.  l'accompagne  {"2).  Les  graptolites  de  cet  horizon  sont  caracté- 
ristiques de  la  Faune  III  silurienne. 

Viennent  ensuite  les  calcaires  ampéliteux  de  Feuguerolles  et  de  Saint-Sau- 
veur-le-Vicomte,  célèbres  par  leurs  fossiles  ;  il  faut  ajouter  aux  citations  du 
travail  de  1875:  Ceratioca ris  Bohémiens,  liarr.  (Saint-Sauveur);  Bolbozoe,  Bohc- 
mica,  Barr.  (Feuguerolles)  ;  Spirorbis  Lewisi,  Soie.  (Feuguerolles);  de  nombreuses 
Orthokères,  entre  autres  :  0.  styloideum.  Barr.  (Feuguerolles);  0.  Vibraijet,  Barr. 
(Saint-Sauveur)  ;  0.  Bohemicum,  Barr.  (Saint-Sauveur),  etc.,  etc. ;  Cyrtoceras 
sp.  (Feuguerolles);  Hyolithes  simplex  Barr.,  (schistes  de  Saint-Sauveur;  Feu- 
guerolles); Natica?  plebeia,  Barr.  et  autres;  Tubina  subpatula,  Trom.:  espèce 
différente  de  T.  patula  Hall,  sp.,  citée  à  Cabrières  par  le  plus  grand  nombre 
et  la  finesse  de  ses  stries  d'accroissement,  entre  lesquelles  s'en  trouvent  d'au- 
tres plus  fortes  (Feuguerolles);  Murchisonia  sp.  (Feuguerolles);  Capulus?  sub- 
compressus,  Trom.  Lebesc.  (Feuguerolles);  Cardiola  gibbosa,  Barr.  (Feuguerolles); 
C.  fibrosa ,  Sow.  (Feuguerolles,  Saint-Sauveur);  C.  spuria ,  Munster  et 
autres,  qui  accompagnent  C.  interrupta,  Broderip,  dans  presque  toutes  les  lo- 
calités de  l'ouest  de  la  France;  Silurina  sp.;  Cardium  subarcuatum,  Miinst. 
(Feuguerolles)  et  diverses  espèces  du  même  groupe  dont  une  a  été  citée  à  Der- 
val,  Lusanger  et  Martigné-Ferchaud ;  Mytilussp.  E.  Trom.  (Feuguerolles);  Avi- 
culacxjbcle,  Barr.  (id.);  A.  varians,  Barr.  (id.);  et  autres  formes  mytiloïdes  et  avi- 


li) il  faut  citera  Clermont-l'Hérault :  Chondrites fructieulosu»  Gœpp.;  Dictyonema  Bohémien 
Barr.;  des  graptolites;  des  bilobites,  etc. 

(2)  Palesterina  Morierei,  Trom.  est  une  espèce  plus  massive  que  /'.  prima-ra.  Forbes.  et  se  dis- 
tingue, par  conséquent,  avec  facilité,  de  sa  congénère  du  même  gisement,  qui  offre  des  bras  beau- 
coup plus  grêles. 


SOO  GÉOLOGIE  ET  MINÉRALOGIE 

culoïdes;  Atrypa  reticularis,aut.  (Feuguerolles)  ;  A  thyris  compressa,  Sow.  (id.); 
Orthis  mulus,  Barr.  (id.),  etc.;  Favosites  fibrosus,  aut.  (id.)  ;  des  graptolites 
nombreux  comme  individus,  mais  spécifiquement  peu  varies  :  G.  priodon  , 
Bronn  ;  Retiolites  Geinitzianuss,  Barr.  (Feuguerolles)  ;  enfin  des  crinoïdes  et  des 
fucoïdes.  —  L'horizon  dont  il  est  question  constitue  la  partie  la  plus  élevée  du 
terrain  silurien  de  la  Normandie. 

Dans  le  département  de  la  Manche,  on  constate  la  superposition  du  terrain 
devanien  inférieur  présentant  les  grandes  divisions  reconnues  en  Bretagne: 

(  Grauwacke  à  Pleurodictyumproblematicum.  i 
\  Calcaire  à  Athyris  undata  (Nehou,  Beaubigny).  ) 
||  Grès  à  Orthis  Monnieri. 

On  connaît  encore  le  terrain  devonien  inférieur  à  Glatigny-en-Saint-Nicolas- 
des-Bois  (Orne),  d'où  il  paraît  se  prolonger  vers  Radon  ;  il  y  est  représenté  par 
l'horizon  des  grauwackes  supérieures. 

11  faut  mentionner  ensuite  le  calcaire  carbonifère  à  productus  semireticulatus 
de  Régnéville  et  Coutances. 

C'est  au  calcaire  carbonifère  qu'il  faut,  suivant  M.  de  Tromelin,  très-proba- 
blement attribuer  les  calcaires  de  Bahais,  la  Meauffe,  Tessy,  etc.  (Manche)  (1), 
et  non  au  terrain  cambrien,  comme  l'avaient  pensé  les  anciens  auteurs. 

Quant  au  bassin  houiller  de  Littry-Plessis,  il  paraît  devoir  être  rangé  dans 
l'étage  supra-houiller  de  M.  Grand'Eury  ;  il  serait  donc  plus  récent  que  les 
bassins  de  Saint-Pierre-Lacour  (Mayenne)  et  du  Finistère.  On  cite  à  Littry  : 
Pecopterispolymorpha,  Brong.;  P.  dentata  ,  Brong.;  Calamités  pachyderma  ;  Annu- 
laria  longifolia,  etc. 

L'attribution  au  terrain  permien  des  couches  supérieures  aux  couches  houil- 
lères devient  très-vraisemblable  :  il  serait  représenté  par  les  schistes  bitu- 
mineux-pyriteux,  où  M.  Tarnier  a  découvert  des  empreintes  de  poissons. 
Ces  schistes  occupent,  d'ailleurs,  une  position  assez  élevée  dans  l'ensemble  de 
la  série  du  bassin  (2).  Jusqu'à  présent,  la  limite  entre  le  terrain  permien  et 
le  terrain  triasique  n'a  pas  été  bien  définie 

Tel  est  en  thèse  générale,  l'état  de  nos  connaissances  sur  les  terrains  pa- 
léozoiques  de  l'ouest  de  la  France,  particulièrement  dans  les  départements  de 
l'Orne  et  du  Calvados,  Mais  M.  de  Tromelin  a  dû  négliger  de  parler  de  quan- 
tité de  faits  nouveaux,  dans  ce  résumé,  dans  cet  extrait  de  mémoires  destinés 
à  être  insérés  in  extenso  dans  les  publications  de  la  Société  géologique  de  Nor- 
mandie, au  Havre,  et  de  la  Société  linnéenne  de  Normandie,  à  Caen.  Ce  n'est 
que  quand  ces  travaux  auront  été  imprimés  que  l'on  pourra  se  rendre  réelle- 
ment compte  des  résultats  des  recherches  auxquelles  il  s'est  livré.  —  La  par- 
tie historique  a  dû  être  laissée  de  côté  ;  les  listes  de  fossiles  devront  être  com- 
plétées. Quant  aux  roches  plutoniques  de  la  Basse-Normandie ,  les  études  sont 
très-insuffisantes  :  il  y  aurait  des  roches  granitiques  de  plusieurs  âges;  la 
fraidonite  ,  minette,  ou  kersantite  serait  devonienne ,  tandis  que  les  porphyres 

m  Voir  le  iournal  le  Havre,  numéro  du  8  septembre  1*77. 

,\\  rpccrhistes  paraissent  être  identiques  sous  les  rapports  paléontologiques  et  mmeralogiques 
eux  de  la  Muse    près  d'Autun,  sur  la  place  géologtque  desquels  on  n'est  pas  bien  d'accord. 


A.  POMEL.  —  GÉOLOGIE  DE  LA  PROVINCE  DE  GABÈS         SOI 

seraient  houillers;  L'âge  des  roches  dioritiques  est  bien  moins  conDu  ;  celles  qui, 
au  sud  de  Caeu,  sont  si  fréquentes  dans  les  phyllades  cambriennes  ne  paraissent 
pas  pénétrer  dans  le  système  silurien. 

NOTE  ADDITIONNELLE. 

M.  <;.  de  Tromelin  signale  sa  découverte  de  l'existence  de  bilobites,  dans  le 
Grès  de  May,  comme  un  fait  d'une  importance  capitale.  Les  Bilobites  étaient 
considérés  comme  caractéristiques  du  Grès  Armoricain  ;  de  là  le  nom  que  cer- 
tains auteurs  ont  cru  récemment  devoir  lui  imposer.  M.  de  Tromelin  en  a 
d'ailleurs  déjà  signalé  également  dans  les  Schistes  et  psamnistes  à  fucoïdes  de  la 
Faune  III  silurienne. 

Or  l'espèce  du  Grès  de  May  :  Rouaultia  (Frœna)  Lyelli,  Rouault  est  commune 
avec  le  Grès  Armoricain.  Le  genre  Rouaultia  est  établi  pour  des  formes  bilobées 
très-longues,  étroites,  très-souvent  repliées  à  la  surface  de  la  roche  à  la  ma- 
nière des  Myrianites,  mais  toujours  lisses,  et  différentes  par  ce  caractère  des 
vraies  Cruziana.  Le  type  du  genre  est:  Frœna  Lyelli,  Rouault. 

M.  de  Tromelin  a  aussi  rencontré  à  May  une  espèce  du  genre  Palœocorda,  Mac- 
Coy  (  =  ?  Frœna,  Rouault  ;  part.)  ;  enfin,  avec  les  Tigillites,  des  traces  hori- 
zontales qu'il  est  bien  difficile  de  ne  pas  attribuer  à  des  pistes  d'Annélides 
arénicoles . 


M.  A.  POMEL 


GÉOLOGIE  DE  LA  PROVINCE  DE  GABÈS  ET  DU  LITTORAL  ORIENTAL 
DE  LA  TUNISIE. 


—  Séance  du  27  août  i877.  — 


Dès  1872,  dans  un  ouvrage  honoré  d'une  médaille  d'or  au  concours 
de  la  Sorbonne,  j'essayai  de  déduire  de  quelques  renseignements  sur  la 
ttore  et  de  considérations  générales  sur  la  géologie  des  parties  du  Sahara 
que  j'avais  explorées  qu'il  n'y  avait  pas  eu  de  communication  de  la  mer 
avec  les  chotts  et  que  le  seuil  interposé  était  peut-être  une  barre  rocheuse 
formée  par  des  roches  de  l'âge  de  la  Craie  chloritée.  Je  désirais  bien 
vivement  vérifier  par  moi-même  ce  que  ces  prévisions  pouvaient  avoir 
de  conforme  à  la  réalité,  surtout  depuis  l'observation  de  M.  Fuchs  qu'il 
y  existait  en  réalité  une  barre  rocheuse,  mais  formée  par  du  terrain 
tertiaire.   J'ignorais  encore  que  l'on  eût  constaté  par  mesure  directe  que 


502  GÉOLOGIE   ET   MINÉRALOGIE 

le  grand  chott  oriental  n'était  point  au-dessous  du  niveau  de  la  mer,  et 
que  ce  chott,  ainsi  que  je  l'avais  prévu,  était  séparé  des  autres  par  des 
reliefs  importants. 

Au  printemps  de  1877,  une  mission  de  M.  Waddington,  ministre  de 
l'instruction  publique,  m'a  permis  de  faire  avec  toute  la  sécurité  conve- 
nable et  l'appui  très-bienveillant  du  gouvernement  tunisien  une  explo- 
ration du  pays  rendu  fameux  par  le  mythe  du  dieu  Triton  et  de  nos 
jours  par  le  projet  de  mer  intérieure  à  classer  parmi  les  romans  de 
J.  Verne.  Je  n'ai  point  eu  à  m'occuper  d'un  nivellement  déjà  fait;  j'ai 
pu  constater  que  le  terrain  crétacé  venait  en  effet  encadrer  et  modeler  en 
quelque  sorte  le  seuil  ;  mais  que  celui-ci  était  en  réalité  formé  par  un  dépôt 
d'atterrissement  quaternaire,  ou  diluvien,  comme  l'appelait  M.Fuchs;  et 
je  n'ai  point  retrouvé  le  terrain  tertiaire  de  ce  dernier  auteur. 

La  partie  orientale  du  Chott-el-Djerid  est  allongée  entre  deux  rides 
rocheuses  parallèles,  de  300  à  500  mètres  d'altitude,  ayant  une  structure 
et  un  aspect  à  peu  près  semblables  et  très-uniformes,  à  crête  plus  ou 
moins  dentelée  et  presque  dépourvue  de  contre-forts  importants.  Ces  deux 
chaînes  ont  ceci  de  particulier  que  le  versant  au  nord  est  accidenté  de 
corniches  et  d'escarpements  et  montre  en  général  les  tranches  des 
couches,  tandis  que  le  versant  opposé  a  sa  surface  plus  ou  moins  con- 
fondue avec  le  plan  des  couches  supérieures.  On  pourrait  en  conclure 
l'existence  de  failles  parallèles  dont  les  bords  auraient  joué  de  manière 
à  relever  dans  chacune  celui  du  nord  et  d'abaisser  au  contraire  celui  du 
sud  ;  mais  ce  n'est  là  qu'une  apparence  et  en  divers  points  du  versant 
nord  on  retrouve  des  restes  des  couches  supérieures  plus  fortement 
redressées,  par  conséquent  plus  disloquées  et  depuis  lors  démantelées  ; 
en  sorte  qu'il  est  à  peu  près  certain  que  ces  chaînes  sont  dues  à  des 
plissements  dont  un  flanc  est  plus  abrupt  que  l'autre. 

Les  assises  les  plus  inférieures  sont  composées  par  des  alternances 
nombreuses  de  grès  sableux,  d'argiles  bariolées,  de  marnes  et  de  cal  - 
caires  marneux,  dans  lesquels  le  gypse  et  le  sel  sont  très-fréquents,  dissé- 
minés ou  en  masse  (montagnes  de  sel  du  Djebel-Hadifa).  Je  n'ai  observé 
aucun  débris  de  corps  organisé  dans  cette  série  de  couches,  qui,  dans  sa 
partie  visible,  doit  dépasser  100  mètres. 

Au-dessus,  on  voit  se  succéder  des  assises  plus  dures,  plus  rigides,  qui 
donnent  au  paysage  toute  sa  dureté  par  la  succession  des  lignes  abruptes 
ou  même  des  dentelures.  Ce  sont  d'abord  des  grès  d'un  gris  obscur  très- 
rigides,  en  couches  puissantes  se  succédant  sans  alternances  ou  avec 
quelques  minces  lits  argileux;  ils  sont  associés  à  des  dolomies  grenues  de 
couleur  semblable,  avec  lesquelles  on  les  confond  souvent  à  première 
vue.  On  trouve  dans  certains  bancs  des  moules  de  grands  inocérames  qu'il 
est   difficile  d'obtenir   déterminables;  dans  ces  mêmes   bancs  sont  des 


A.  POMEL.  —  GÉOLOGIE  DE  LA  PROVINCE  DE  GABÈS         303 

rognons  de  silex,  souvent  tondus  avec  la  masse.  L'épaisseur  peut  atteindre 
60  à  80  mètres.  Le  sommet  de  la  formation  est  constitué  par  des  cal- 
caires blancs,  sonores,  à  grains  plus  ou  moins  tins,  ou  même  compactes, 
dans  lesquels  sont  disséminés  des  silex.  Les  inocérames  des  couches  gré- 
seuses n'y  sont  pas  rares  et  ces  couches  appartiennent  certainement  à  la 
même  série  et  sont  absolument  concordantes.  Elles  ressemblent  aux  cal- 
caires nummulitiques  du  bassin  de  la  Medjerdah,  qui  sont  en  effet  en 
discordance  avec  le  terrain  crétacé,  mais  elles  ne  leur  sont  pas  iden- 
tiques et  sont  d'âge  crétacé  comme  leur  substratum  immédiat.  Sans 
doute,  M.  Fuchs  aura  été  trompé  par  une  apparence,  comme  celle  de  la 
Kranga  de  El-Hammam  et  n'aura  pu  être  averti  de  son  illusion  par 
l'observation  des  fossiles.  Ces  calcaires  ont  été  exploités  pour  matériaux 
de  constructions  par  les  Romains  et  les  habitants  actuels  transforment 
les  ruines  de  cette  époque  en  carrières  de  pierres  d'appareil.  En  par- 
courant les  rues  de  Gabès  (Menzel),ou  mieux  de  Bordj-Hammam,  qui  est 
bâti  sur  la  roche  même,  on  peut  observer  de  nombreux  exemplaires 
d'empreintes  d'inocérames  sur  les  pierres  des  murailles. 

Je  ne  sais  pas  encore  à  quelle  espèce  peuvent  être  rapportées  ces 
empreintes  d'inocérames  dont  je  n'ai  pu  récolter  que  des  exemplaires 
imparfaits;  je  n'ai  point  été  non  plus  assez  heureux  pour  observer  d'autre 
fossile  déterminable.  Mais,  ainsi  que  je  l'avais  prévu,  on  se  trouve  en 
présence  bien  certainement  de  cette  formation  géologique  développée 
sur  des  surfaces  immenses,  qui  forme  tout  le  plateau  du  Gharian  de  la 
Tripolitaine,  auquel  les  reliefs  du  sud  de  la  province  de  l'Arad  (Gabès ) 
se  rattachent  directement  par  la  chaîne  hérissée  de  pitons  du  Douïrat. 
La  chaîne  du  nord  du  chott  se  rattache  elle-même  aux  terrains  analogues 
du  sud  de  l'Algérie.  C'est  la  craie  cénomanienne  s'étendant  peut-être 
jusqu'au-delà  de  l'étage  turonien. 

On  peut  dire  d'une  façon  très-générale  que,  dans  tout  le  sud  de  la 
Tunisie  au  sud  du  parallèle  de  Sfax,  tous  les  reliefs  sont  des  îlots  plus 
ou  moins  vastes  de  cette  formation  dans  une  mer  de  terrain  quartenaire 
diluvien,  qui  revêt  des  caractères  très-remarquables.  Ce  qui  frappe  surtout 
le  voyageur  géologue,  lorsqu'il  a  contourné  le  massif  montagneux  qui 
de  Hammam-el-Lif  s'étend  à  Hammamet  et  au  Zaghouan,  c'est  l'étendue 
des  surfaces  ondulées  ou  mamelonnées  à  grande  échelle,  où  les  érosions 
des  ravines  sont  rarement  suffisantes  pour  permettre  déjuger  de  la  com- 
position du  sol,  où  abondent  les  dépressions  salées  souvent  très-vastes, 
ordinairement  à  sec  la  majeure  partie  de  l'année  mais  transformées  par 
le  mirage  en  nappes  d'eau  que  l'on  ne  peut  atteindre.  Ces  fonds  de 
sebkhas  sont  formés  de  vases  argileuses  plus  ou  moins  criblées  de  cristaux 
de  gypse  et  sous  ces  marnes  les  fouilles  font  immédiatement  trouver  de 
vraies  couches  de  pierre  à  plâtre.  La  surface  des  ondulations  est  souven 


504  GÉOLOGIE   ET   MINÉRALOGIE 

plus  ou  moins  rocailleuse  et  les  fragments  de  roche  ont  été  désagrégés 
d'une  carapace  concrétionnée  de  calcaire,  dont  l'épaisseur  dépasse  rare- 
ment un  mètre.  Ce  calcaire  est  ordinairement  assez  impur  et  contient 
quelquefois  des  coquilles  d'hélices  peu  différentes  de  celles  qui  vivent 
encore  dans  le  pays.  Cette  croûte  est  de  formation  plus  récente  que  le 
terrain  dans  lequel  elle  s'est  en  quelque  sorte  constituée  par  suite  de 
l'évaporation  successive  des  eaux  que  la  capillarité  fait  monter  à  la 
surface. 

Partout  où  cette  carapace  est  entamée  par  les  ravins  ou  par  les  dénudations 
on  trouve  un  limon  plus  ou  moins  sablonneux,  souvent  rougeâtre,  d'autrefois 
isabelle,  qui  ne  montre  quelquefois  que  des  apparences  très-diffuses  de 
stratification,  et  qui,  d'autres  fois,  par  de  légères  nuances  de  couleur  ou  de 
composition,  paraît  se  diviser  en  couches  plus  ou  moins  épaisses.  Il  y  a  en 
certains  points  devrais  lits  de  sable  toujours  peu  grossier;  dans  les  limons 
des  cristaux  lenticulaires  de  sulfate  de  chaux  sont  disséminés,  ou  se  grou- 
pent en  séries  réticulées,  et  alors  ces  parties  sont  plus  en  saillie  dans  les 
escarpements  et  simulent  des  niveaux  de  stratification;  en  beaucoup  de 
lieux,  la  blancheur  du  sol  décèle  la  présence  de  véritable  bancs  de  gypse 
pulvérulent  ou  granuleux,  qui  s'intercalent,  sous  forme  de  vastes  alter- 
nances lenticulaires,  à  des  niveaux  variés  de  la  masse.  Les  fossiles  sont 
très-rares  dans  cette  formation  et  consistent  en  fragments  de  coquilles 
terrestres,  qui  se  rencontrent  également  dans  les  bancs  de  gypse.  J'y  ai 
observé  le  zonites  candidissimus,  encore  très-commun  dans  le  pays. 

C'est  surtout  sur  les  falaises  de  la  côte  qu'il  faut  étudier  ce  terrain 
pour  se  rendre  compte  de  sa  puissance  et  de  son  homogénéité  en  dehors 
des  variations  que  j'ai  plus  haut  signalées.  Le  plus  bel  exemple  peul  en 
être  donné  entre  le  village  de  Maharès  et  la  tour  de  Nadour,  chez  les 
Mahadeb,  où,  sur  une  longue  étendue,  on  n'observe  pas  d'autre  terrain. 
L'île  de  R'erkena,  en  face  de  Sfax,  en  paraît  être  entièrement  constituée  et 
ce  sont  les  croûtes  calcaires  de  la  surface  que  les  bateaux  transportent 
à  cette  ville  pour  pierre  à  chaux  et  moellons  de  qualité  assez  médiocre; 
là  aussi  il  y  a  des  sebkhas  pour  compléter  l'analogie. 

C'est  le  même  terrain  gypso-limoneux  qui  pénètre  par  le  seuil  de, 
Gabès  entre  les  deux  chaînes  crétacées  qui  longent  le  Chott-el-Fcdjedj . 
Au  seuil  même,  il  atteint  la  cote  maximum  60  mètres,  en  constituant  une 
colline  dirigée N.-S.  qui  reproduit  très-probablement  un  relief  souterrain 
du  terrain  crétacé  allant  du  Djebel-Dissa  au  Djebel-Mida.  Le  long  du 
pied  des  deux  chaînes  crétacées  vers  l'ouest,  ce  terrain  se  relève  sensible- 
ment ,  et  comme  il  est  en  ces  parages  plus  particulièrement  gypseux  et 
blanchâtre,  on  le  distingue  à  distance  par  la  coloration  qu'il  com- 
munique à  la  surface,  surtout  du  côté  du  Djebel  Hadifa  entre  celui-ci 
et  le  Djebel-Aziza  ;  au  bord  même  du  chott,  le  terrain  quaternaire  laisse 


A.  POMEL.  —  GÉOLOGIE  DE  LA  PROVINCE  DE  GABÈS         505 

pointer  un  petit  piton  de  grès  à  inocérames,  qui  porte  le  nom  pittoresque 
de  Bechima  (le  fanal). 

Malgré  des  recherches  attentives  et  répétées,  je  n'ai  observé  dans  cette 
formation  aucune  trace  de  fossiles  marins,  et  les  seuls  fragments  de 
coquilles  terrestres  qu'on  peut  y  voir  attestent  une  origine  continentale, 
sous  l'action  de  phénomènes  dont  il  est  difficile  de  se  faire  une  idée, 
mais  qui  trouvent  peut-être  leurs  similaires  dans  cette  région  des  grands 
lacs  de  l'Afrique  centrale,  où  les  pluies  tropicales  font  épaudre  les  nappes 
liquides  sur  des  surfaces  immenses.  L'âge  quartenaire  de  cette  formation 
éloigne  aussi  l'idée  que  la  mer  ail  pu  pénétrer  à  cette  époque  parle  seuil 
dans  la  région  des  chotts;  et  on  trouve  même  que  ce  seuil  était  ainsi 
constitué  à  une  date  très-ancienne  de  cette  même  période  quaternaire. 
Sur  le  versant  occidental,  on  -constate  çà  et  là  la  présence  de  fragments 
de  poteries  romaines;  on  peut  aussi  récolter  des  instruments  en  silex 
taillé  des  temps  préhistoriques.  On  ne  peut  même  rien  trouver  sur  ce 
seuil  d'attribuable  au  lit  d'un  cours  d'eau  qui  aurait  pu  servir  d'exu- 
toire  aux  bassins  des  chotts  qui  alors  étaient  certainement  fermés. 

Sur  le  versant  de  la  Méditerranée,  la  formation  gypso-limoneuse  s'abaisse 
insensiblement  vers  la  mer  et  s'y  prolonge  de  même,  découvrant  sur  de 
très-grandes  surfaces  à  la  marée  basse.  Elle  présente  sur  ce  versant 
quelques  thalwegs  à  ravin  encaissé  prenant  origine  près  de  sources  qui 
sourdent,  à  la  température  de  22  à  25  degrés  centigrades,  très-proba- 
blement d'un  substratum  du  terrain  crétacé  voisin  de  la  surface.  Ces 
sources  ont  donné  lieu  à  des  dépôts  fluviatiles  ou  de  marais  qui  se 
distinguent  facilement  de  leur  substratum,  malgré  qu'ils  contiennent 
autant  de  cristaux  de  gypse  que  lui.  Depuis  leur  formation,  ces  dépôts  ont 
été  eux-mêmes  ravinés  et  forment  actuellement  les  berges  des  ravins. 
Les  coquilles  y  sont  fréquentes;  ce  sont  des  mélanies,  des  mélanopsides, 
des  bithynies,  des  planorbes,  des  hélices,  et  même  de  petits  et  minces 
cardium  edule,  race  sans  doute  d'eau  saumâtre.  Dans  l'Oued-Akarit  et 
dans  l'Oued-Gabès,  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  à  la  base  de  ce  dépôt 
des  couteaux  en  silex  et  des  flèches  d'un  très-beau  type  à  côté  d'osse- 
ments, débris  de  repas,  en  sorte  qu'on  est  là  en  présence  de  stations 
préhistoriques  sur  un  sol  qui  ne  pouvait  être  alors  immergé.  On  peut 
même  constater  en  suivant  ces  dépôts  quaternaires  récents  jusque  vers 
les  ruines  de  Tacapé  (Gabès  libyen)  de  l'époque  romaine,  ou  peut-être 
même  punique,  que  les  fondations  en  étaient  creusées  dans  ce  terrain 
lui-même,  dont  la  formation  remonte  donc  à  des  temps  comparativement 
très-reculés  ;  infirmant  ainsi  l'ancienne  pénétration  de  la  mer  dans  les 
lacs.  Il  n'y  a,  du  reste,  aucun  indice  d'immersion  sous-marine  depuis 
cette  époque,  et  les  nombreux  exemplaires  de  Murex  trunculus,  que  l'on 
rencontre  dans  les  ruines  de  Tacapé,  sont  des  restes  de  l'industrie  de  la 


506  GÉOLOGIE    ET   MINÉRALOGIE 

pourpre  qui    ilorissait  à  l'époque  romaine;  ils  n'y  ont  point  été  déposés 
par  la  mer. 

A  Gabès,  on  voit  apparaître  dans  le  terrain  quaternaire  ancien  des 
bancs  de  poudingue  dont  les  éléments,  d'abord  de  petit  volume,  grossissent 
ensuite  notablement  et  proviennent  des  terrains  crétacés  du  voisinage. 
La  puissance  en  augmente  vers  l'est  le  long  des  rivages,  et  partout  ils 
semblent  former  le  couronnement  de  la  formation  gypso-limoneuse.  lis 
forment  ainsi  un  repère  stratigraphique  qui  témoigne  que  l'ensemble 
du  terrain  avait  été  soumis  à  des  mouvements  et  à  des  dénudations 
importantes  à  l'époque  où  s'y  sont  formés  les  dépôts  à  mélanies  et  à 
silex  taillés. 

J'ai  des  raisons  de  penser  que  l'île  de  Djerba,  l'ancienne  Méninx,  est 
comme  celle  de  Kerkena,  uniquement  formée  d'atterrissement  quaternaire; 
de  la  disposition  générale  des  côtes  et  des  fonds  on  peut  déduire  que 
tout  le  golfe  de  la  petite  Syrte,  compris  entre  ces  deux  grandes  îles,  a 
pour  fond  le  même  terrain  qui  s'est  insensiblement  déprimé  sous  la  mer, 
et  qu'il  a  été  envahi  seulement  après  l'époque  de  cette  formation. 

Il  paraît  que,  pendant  que  se  produisait  cet  affaissement  dans  le  golfe 
même  de  la  Syrte,  il  s'opérait  un  mouvement  inverse  vers  le  nord,  un 
exhaussement  qui  était  loin  de  compenser  le  premier  par  l'étendue  des 
surfaces  émergées.  En  partant  de  Sfax,  c'est  près  du  Ras-Capoudia 
(Caput  vada)  un  peu  avant  le  village  de  Chebba,  qu'on  trouve  les  pre- 
mières traces  de  plages  émergées  avec  cérites,  bucardes,  pectoncles,  et 
cela  presque  au  niveau  actuel  de  la  mer.  Un  autre  bas-fond,  à  apparence 
de  choit,  formait  également  une  lagune  pénétrant  dans  les  terres  par  une 
anfractuosité  au  sud  et  près  de  Selecta,  ancien  poste  romain.  La  grande 
lagune  à  l'ouest  de  Monastir,  où  Scylax  a  placé  son  Palus  triUmidîs, 
n'est  plus  envahie  par  les  grosses  mers  que  dans  une  faible  étendue  de 
la  vaste  surface  où  gisent  les  mêmes  coquilles  marines.  La  sebkha  des 
Ouled-Mehédra,  au  nord  du  Bordj-Labrégal,  dont  les  sédiments  vaseux 
contiennent  les  mêmes  débris  marins,  est  actuellement  séparée  de  la  mer 
par  un  simple  cordon  littoral  de  dunes  ;  cependant  son  éraersion  remonte 
encore  au-delà  des  temps  romains;  puisque  aux  points  mêmes  où  passe 
actuellement  la  route  d'été  sur  le  bord  de  ce  bas-fond  qui  touche  à  la 
dune,  existe  une  chaussée  romaine. 

Ces  dépôts  marins  sont  relativement  anciens,  mais  cependant  encore 
postérieurs  à  d'autres  plages  émergées  du  golfe  de  Hammamet.  A  Monastir, 
la  trace  se  réduit  à  quelques  coquilles  dans  une  couche  de  quelques 
décimètres,  couronnant  une  plate-forme  de  5  à  6  mètres  d'altitude.  A 
Herguela,  le  dépôt  est  plus  étendu,  plus  puissant,  consistant  en  bancs  de 
grès  très-grossiers  ou  même  de  petits  poudingues;  ils  forment  une  petite 
colline  allant  atteindre  20  mètres  au  village  lui-même  et  séparant  de  la 


A.  POMEL.  —  GÉOLOGIE  DE  LA  PROVINCE  DE  GABÈS         50" 

mer  une  petite  sebkha,  dont  je  n'ai  point  examiné  le  tond.  La  plate- 
forme de  la  ruine  romaine  de  Menara  prolongée  au-delà  de  Bir-Loubeita, 
à  une  altitude  de  12  à  15  mètres,  est  aussi  formée  de  grès  grossiers  et 
de  petits  poudingues  dans  lesquels  les  coquilles  marines  abondent  et 
parmi  elles  une  espèce  de  strombe,  inconnue  dans  la  nier  voisine,  et 
que  j'avais  déjà  rencontrée  dans  une  formation  analogue  de  la  rade 
d'Arzeu. 

C'est  cette  tour  de  iMenara  qui  avait  été  citée  comme  preuve  des  oscilla- 
tions du  sol  autour  du  niveau  de  la  mer  à  une  époque  récente;  mais  ce 
que  l'on  avait  pris  pour  des  coquilles  littiophages,  ce  sont  simplement  des 
fossiles  faisant  partie  de  la  roche  qui  a  fourni  les  matériaux  de  la  cons- 
truction, soit  pris  sur  place  dans  la  roche  quaternaire,  soit  transportés 
des  carrières  qui  ont  fourni  ceux  du  magnilique  amphithéâtre  de  El-Djera 
(Thysdrus). 

Ces  carrières  sont,  à  Ksour-sef  et  près  de  Mahdia,  ouvertes  dans  une 
puissante  succession  d'assises  d'un  calcaire  composé  en  presque  totalité 
île  fragments  de  coquilles  avec  quelques  grains  de  sable;  c'est  en  quelque 
sorte  un  falun  solide,  dans  lequel  l'espèce  la  plus  commune  et  la  mieux 
conservée  est  le  Pect unculus  violaceus.  Les  assises  plongent  vers  le  sud- 
ouest;  elles  supportent  au  sommet  un  lit  d'argile  avec  grosses  huîtres  et 
disparaissent  sous  l'atterrissement  quaternaire  ancien,  particulièrement 
concrétionné  en  ce  point  et  allant  lui-même  passer  sous  les  dépôts  de 
lagune  de  Selecta  signalés  plus  haut.  Ce  falun  se  développe  dans  le 
grand  triangle  compris  entre  Selecta,  cap  Dimas  et  Monastir.  A  Bembla, 
au  sud  de  cette  dernière  ville,  il  y  a  également  au  sommet  un  lit  d'argiles 
avec  grosses    huîtres;  en   ce   point,  la  puissance    totale   doit  a  voisiner 

100  mètres. 

L'âge  de  ce  terrain  me  paraît  être  pliocène  sur  l'horizon  de  l'Astien  ; 
en  effet,  il  repose  sur  une  autre  formation,  qui  constitue  le  cap  de  Mo- 
nastir, comprenant  des  grès  argileux,  de  petits  conglomérats  en  bancs 
alternants  de  2  à  3  mètres  d'épaisseur,  plongeant  vers  le  sud-est  et  con- 
tenant divers  fossiles,  parmi  lesquels  une  térébratule  et  une  rynchonelle 
tous  identiques  à  des  fossiles  fréquents  dans  le  terrain  sahélien  d'Oran, 
qui  doit  correspondre  aux  marnes  subapennines  inférieures. 

Au  nord  de  Souse,  les  collines  de  Couda  montrent  des  grès  grossiers, 
peu  cohérents,  reposant  sur  des  argiles  ou  sur  des  marnes  à  empreintes 
de  coquilles  marines;  une  formation  semblable  reparaît  près  de  Bir-Lou- 
beita et  m'a  fourni  quelques  coquilles  d'huîtres  (0.  foliosa?).  Là,  elle 
forme  tout  le  sol  de  la  Hanga  dans  le  col  qui  fait  communiquer  le 
plateau  de  Goroumbalia  avec  le  golfe  d'Hammamet  entre  des  massits 
néocomiens.  11  ne  serait  pas  impossible  que  ce  terrain  se  prolongeât 
sous  l'atterrissement  de  cette  plaine  jusqu'au  golfe  de  Tunis  et,  près  de 


508  GÉOLOGIE    ET    MINÉRALOGIE 

cette  ville,  je  crois  la  reconnaître  dans  les  dépôts  qui  cnlourentle  massif 
néocomien  du  Djebel-Hamra  et  paraissent  se  prolonger  dans  les  gisements 
à  huîtres  du  cap  Kamart  au  nord-ouest  de  Cartilage.  Dans  ce  cas,  le 
massif  néocomien  du  cap  Bon  aurait  constitué  une  île  distincte  à  l'époque 
pliocène. 

En  résumé,  un  vaste  manteau  d'atterrissement  quaternaire,  percé  dans  le 
sud  par  le  terrain  crétacé  cénomanien  ou  turonien,  sur  le  littoral  nord-est 
par  des  massifs  d'âge  néocomien  et,  sur  le  rivage  même,  par  quelques 
lambeaux  de  terrain  tertiaire  récent.  Dans  les  parties  avoisinant  la 
frontière  algérienne,  se  développent  presque  tous  les  étages  crétacés,  sauf 
le  plus  supérieur  et  le  terrain  nummulitique  y  envahit  le  littoral 
septentrional. 


M.   DES  CLOIZEAÏÏX 

Membre  de  l'Institut. 


SUR  L'EXISTENCE  ET  SUR  LES  CARACTÈRES  OPTIQUES,  CRISTALLOGRAPHIQUES 
ET  CHIMIQUES  DU  MICROCLINE,  NOUVELLE  ESPECE  DE  FELDSPATH  TRICLINIQUE  A  BASE 

DE  POTASSE. 

(EXTRAIT  DU  PROCÈS-VERBAL.) 


.Séance   du  27  août   1877.   — 


Breithaupt,  ayant  mesuré  un  angle  de  90°  22'  entre  les  deux  clivages 
principaux  du  feldspath  à  reflets  chatoyants  bleuâtres  qui  constitue  le 
principal  élément  de  la  syénite  zirconienne  de  Fredrikswern  et  de  Laur- 
vig  en  Norwége,  l'avait  séparé  de  l'orthose  sous  le  nom  de  microcline. 

Le  même  savant  avait  rattaché  à  cette  espèce  de  feldspath  triclinique 
le  feldspath  laminaire  verdâtrc  de  Bodenmais  et  ceux  de  quelques  syé- 
nites  du  Plauen'schen  Grund,  près  Dresde,  de  la  miascite  de  Miask  et 
d'un  certain  nombre  de  localités  de  Silésie,  de  Norwége  et  du  Groen- 
land . 

Or,  j'ai  fait  voir  depuis  plusieurs  années  que  le  feldspath  opalisant  de 
la  syénite  zirconienne  de  Fredrikswern  et  le  feldspath  verdâtre,  associé 
à  l'oligoclase  et  à  la  pyrrhotine  de  Bodenmais  en  Bavière,  sont  des 
orthoses  parfaitement  caractérisés  par  l'orientation  des  bissectrices  de 
leurs  axes  optiques  et  du  plan  qui  les  renferme. 

Mais,  en  passant  en  revue  d'autres  échantillons  regardés  comme 
orthoses  et  choisis  surtout  parmi  ceux  qui  se  laissent  plus  ou  moins  net- 
tement cliver  suivant  une  face  latérale  de  leur  prisme  primitif,  quelque- 


DES    CLOIZEAUX.    —   SUR   L'EXISTENCE    DU    MICROCLINE  o09 

fois  même  suivant  les  deux  faces  de  ce  prisme,  j'ai  reconnu  qu'on 
devait  en  réalité  les  rapporter  à  un  prisme  doublement  oblique,  dans 
lequel  l'angle  des  deux  clivages  principaux  p  et  g1  est  très-voisin  de 
90  degrés,  ce  qui  autorise  à  reprendre  pour  eux  le  nom  de  microcline 
inapplicable,  comme  je  viens  de  le  dire,  aux  variétés  pour  lesquelles  il 
avait  d'abord  été  imaginé  par  Breithaupt. 

Cette  conclusion  s'appuie  surtout  sur  l'observation  de  certains  carac- 
tères optiques  biréfringents,  uniquement  compatibles  avec  une  l'orme  tri— 
clinique. 

Si,  en  effet,  on  examine  sous  un  microscope  grossissant  cinquante 
fois,  par  exemple,  entre  deux  prismes  de  Nicol  croisés  à  angle  droit, 
une  lame  clivée  parallèlement  à  la  base  d'un  échantillon  quelconque  de 
microcline  et  suffisamment  amincie,  on  voit  que  la  direction  suivant 
laquelle  a  lieu  l'extinction  maximum  fait  un  angle  d'environ  15°  27 
avec  l'arête  pgl,  au  lieu  de  lui  être  parallèle,  comme  dans  l'orthose.  On 
remarque  en  même  temps  que  la  structure  de  la  lame  n'est  jamais 
homogène  et  que,  le  plus  souvent,  elle  offre  un  aspect  quadrillé.  Cet 
aspect  est  dû  à  l'entre-croi sèment  de  nombreuses  bandelettes  plus  ou 
moins  étroites,  hémitropes  ou  non  hémitropes,  les  unes  parallèles  au 
clivage  g1,  les  autres  traçant  sur  p  des  lignes  généralement  perpendi- 
culaires à  l'arête  pgl  ou  faisant  avec  elle  un  angle  de  92  à  93  degrés. 
Il  est  également  facile  de  reconnaître  qu'au  milieu  des  bandelettes  où 
l'extinction  maximum  se  fait  à  15  ou  16  degrés  de  l'arête  pg\  il  s'en 
trouve  parfois  quelques-unes  qui  éteignent  la  lumière  polarisée  parallèle- 
ment à  cette  arête,  et  que  la  masse  quadrillée  est  très-souvent  pénétrée 
par  des  liions  transversaux,  étroits,  à  contours  irréguliers,  généralement 
composés  de  deux  séries  de  bandelettes  hémitropes,  dont  le  plan  d'ex- 
tinction maximum  fait,  avec  les  bandes  verticales,  un  angle  très-aigu 
de  3  à  4  degrés,  et  qui  présentent  tous  les  phénomènes  optiques  de 
l'albite.  Au  lieu  de  quadrilles  rectangulaires,  qui  prennent  l'apparence 
d'une  toile  métallique  à  tissu  plus  ou  moins  fin  et  régulier,  certaines 
variétés  offrent  une  structure  tantôt  irrégulièrement  déchirée,  tantôt  plus 
ou  moins  régulièrement  guillochée,  tantôt  comme  plissée  par  suite  de 
la  prédominance  de  longues  bandelettes  horizontales  recoupées  par  de 
petites  bandelettes  verticales  courtes  et  très-étroites,  tantôt  enfin,  mais 
très-rarement,  celle  d'une  masse  presque  homogène  et  mouchetée  seule- 
ment par  de  petites  taches  d'albite  et  d'orthose. 

C'est  principalement  sur  les  cristaux  et  sur  les  masses  laminaires 
d'amazonite  (pierre  des  Amazones),  d'un  vert  plus  ou  moins  pur,  que 
les  diverses  structures  dont  il  vient  d'être  question  peuvent  être  le  plus 
facilement  constatées.  Aussi  peut-on  dire  que  le  feldspath  amazonite, 
qu'il  provienne  des  Monts   Ilmen  et  de   l'Oural,  de  la  mine  d'Utte  en 


810  GÉOLOGIE   ET    MINÉRALOGIE 

Suéde,  de  la  cote  du  Labrador,  du  comté  Delaware  eu  Pennsylvanie,  des 
mines  d'or  de  Pike's  Peak,  État  de  Colorado,  de  Sungangarsoak  au  Groen- 
land ou  d'autres  localités,  appartiennent  toujours  au  microcline. 

11  en  est  de  même  pour  des  feld spaths  blancs,  roses  ou  rougeâtres, 
taisant  partie  des  granités  ou  des  pegmatites  d'une  foule  de  localités 
situées  dans  toutes  les  parties  du  globe,  comme  on  le  verrra  plus  loin 
par  la  liste  des  échantillons  que  j'ai  pu  examiner  jusqu'ici.  Les  résul- 
tats  acquis  par  cet  examen  semblent  prouver  que,  dans  la  nature,  le 
microcline  est  plus  abondamment  répandu  que  l'orthose.  Ils  montrent 
aussi  que  la  pénétration  par  des  filons  d'albite  du  premier  comme  du 
second  de  ces  feldspaths  est  un  phénomène  qui  ne  souffre  que  de  très- 
rares  exceptions. 

Pour  le  microcline,  je  n'ai  jusqu'à  ce  jour  observé  qu'une  seule  variété 
absolument  dépourvue  d'albite;  elle   se  trouve   en   petites    masses  d'un 
blanc   verdâtre,    pénétrée    par  des    cristaux  d'wgirine,  à  Magnet    Cove 
Arkansas.   La  structure   est  assez   régulièrement  guillochée,   et   elle  se 
compose  de  plages  hémitropes  s'enchevêtrant  les  unes  dans   les  autres. 

Pour  l'orthose,  le  nombre  des  échantillons  sans  inclusions  d'albite  est 
moins  rare,  et,  parmi  eux,  on  peut  citer  : 

1°  Le  feldspath  chatoyant  de  la  syénite  zirconnienne  de  Fredrikswern  ; 

2°  Le  sanidine  transparent  de  Rockeskyll  et  de  Wehr  dans  l'Eiffel; 

3°  L'adulaire  transparent  du  Saint-Gothard  et  du  Valais  ; 

4°  Un  adulaire  en  petits  cristaux  mpa>,  tapissant,  avec  cristaux  de 
quartz,  un  gneiss  des  environs  de  Baréges  (Hautes-Pyrénées); 

5°  La  pierre  de  lune  de  Ceylan. 

0n  Le  fedspath  paradoxite  (Breithaupt)  d'Euba,  en  Saxe; 

7°  La  murchisonite  de  Dawlish,en  Devonshire; 

8°  Un  beau  cristal  pénétré   de  pyrile,  trouvé  à  Tunaberg,  en  Suède 
avec  des  cristaux  de  lépolite; 

9°  Un  feldspath  en  larges  lames  rouges,  fortement  aventuriné,  for- 
mant, avec  de  petites  masses  d'albite  blanche,  une  roche  trouvée  par 
M.  .Nordenskiold  à  Hammerfest,  en  1858,  à  l'état  de  bloc  erratique. 

Parmi  les  mélanges  de  microcline  et  d'orthose  où  l'orthose  est  prédo- 
minant, se  trouvent  :  les  cristaux  roses  de  Biveno;  des  cristaux  d'un 
jaune  brun,  de  Schwarzbach,  près  Hirschberg  en  Silésie,  qui  présentent 
la  macle  habituelle  aux  cristaux  de  Baveno,  et  de  petites  masses  lami- 
naire.-, d'un  gris  rosé,  de  Nœskilen,  près  Arendal,  en  Norwége.  Des 
laines  très-minces,  parallèles  au  clivage  basique  de  ces  mélanges,  mun- 
irent une  pâte  d'orthose  grisâtre,  généralement  assez  peu  transparente, 
au  milieu  de  laquelle  sont  disséminées  de  petites  inclusions  d'albite  et 
des  bandes  de  microcline,  d'étendue  et  de  forme  variables,  ordinairement 
disposées  en  deux  séries  hémitropes  l'une  par  rapport  à  l'autre,  et  des- 


DES    CLOIZEAUX.    —   SUK    INEXISTENCE    DU    MICR0CLI1VE  511 

sinant  soit  des  quadrilles  rectangulaires,  soit  des  espèces  de  V  ou  des 
parallélogrammes  de  US  à  116  degrés,  dont  l'arête  p  g1  serait  la  petite 
diagonale. 

Lorsque  les  bandelettes  hémitropes  dont  se  eomposent  presque  tou- 
jours les  liions  d'albite  enchâssés  dans  le  microcline  sont  excessivement 
étroites  ou  manquent  complètement,  il  est  presque  impossible  de  distin- 
guer l'albite  de  l'orthose  à  travers  des  lames  parallèles  à  la  base;  mais 
si  l'on  prend  des  plaques  très-amincies  parallèlement  à  g1,  et  si  on  les 
examine  au  microscope,  on  voit  l'albite  se  dessiner  sous  la  forme  de 
bandes  plus  ou  moins  larges  ou  de  coins  alignés  à  peu  près  parallèle- 
ment à  l'arête  g1  m,  dans  lesquels  la  direction  où  se  produit  l'extinc- 
tion maximum  fait  avec  l'arête  pgl  un  angle  de  18°  à  20°  (1),  tandis 
que  cet  angle  ne  varie  que  de  4°  à  7°  pour  le  microcline. 

Il  est  facile  de  comprendre  que  l'existence  des  lamelles  hémitropes 
et  des  mélanges  physiques  de  microcline,  d'albite  et  d'orthose,  qui  vien- 
nent d'être  décrits,  apporte  à  la  manifestation  régulière  des  propriétés 
optiques  biréfringentes,  et  surtout  à  celle  des  anneaux  colorés,  un  trou- 
ble d'autant  plus  grand  (pie  la  structure  du  feldspath  est  plus  com- 
plexe. 

Ces  propriétés  possèdent  d'ailleurs  une  certaine  analogie,  en  même 
temps  que  des  différences  très-tranchées,  avec  celles  de  l'orthose. 

Ainsi,  en  examinant  dans  l'air  ou  dans  l'huile,  au  microscope  polari- 
sant, des  plaques  minces  parallèles  au  clivage  g1  d'un  microcline  suffi- 
samment homogène,  on  voit  que  le  plan  des  axes  optiques  n'est  que 
faiblement  oblique  à  ce  clivage  (l'inclinaison  est  de  82°  à  83°  environ), 
et  que  sa  trace  sur  g1  coupe  l'arête  obtuse  glp  sous  un  angle  de  5° 
à  6°,  en  s'inclinant  d'avant  en  arrière,  comme  dans  l'orthose  et  dans 
l'albite.  La  bissectrice  obtuse  est  positive  ;  mais,  au  lieu  d'être  perpen- 
diculaire à  g1,  comme  celle  de  l'orthose,  elle  fait  avec  la  normale  à  ce 
plan  un  angle  d'à  peu  près  15°  26'. 

On  opérant  dans  l'huile,  on  peut ,  en  général,  amener  successivement 
dans  le  champ  du  microscope  l'hyperbole  qui,  à  4o°  du  plan  de  polari- 
sation, correspond  à  chacun  des  axes  optiques.  On  trouve  alors  que 
l'une  des  hyperboles  traverse  des  anneaux  très-dilatés  et  qu'elle  est 
située  en  moyenne  à  36°  8'  de  la  normale  à  la  plaque,  tandis  que  l'autre 
traverse  des  anneaux  très-étroits  et  s'écarte  de  cette  normale  d'environ 
67  degrés,  pour  les  rayons  rouges.  La  première  hyperbole,  qui,  seule, 
est  visible  dans  l'air,  y  ferait  avec  la  normale  un  angle  de  59°40'. 

A  io  degrés  du  plan  de  polarisation,  la  dispersion  ordinaire  des   axes 

(1)  Dans  toutes  les  variétés  d'albite  que  j'ai  examinées,  l'extinction  maximum  a  lieu  suivant 
deux  directions  qui  coupent  l'arête  pg\  l'une  sous  un  angle  de  3"  à  h",  à  travers  ;/.  l'autre  sous 
un  angle  de  16°  à  20°,  à  travers  g1.  Ces  angles  sont  différents  pour  l'oligoclase  et  le  labradonte. 


512  GÉOLOGIE    ET   MINÉRALOGIE 

est  assez  faible,  et  les  bordures  des  hyperboles  indiquent  p  <  v,  comme 
dans  l'orthose.  Parallèlement  ou  perpendiculairement  à  ce  plan ,  ils 
manifestent  une  dispersion  tournante  notable. 

En  opérant  sur  une  belle  amazonite  de  Mursinsk  (collection  du  Mu- 
séum), j'ai  obtenu ,  sur  deux  plaques  légèrement  obliques  au  plan  des 
axes: 

Autour  de  la  bissectrice  aiguë  négative;  p>v,  à  45  degrés  du  plan 
de  polarisation. 

_  ,44°  30  d'un  côté, 
~  j  43°  24'  de  l'autre  côté. 
2Ha.r.  =  87°  54'. 

Dispersion  horizontale  notable,  dans  le  plan  de  polarisation. 
Autour  de  la  bissectrice  obtuse  positive  ;  p  <  v,  à  45  degrés    du   plan 
de  polarisation. 

i  50°  48'  d'un  côté, 

{50°  43'  de  l'autre  côté. 

2Ho.r'  =  101°31'. 

Dispersion  tournante  notable ,  parallèlement  ou  perpendiculairement 
au  plan  de  polarisation. 

A  mesure  que  les  inclusions  étrangères  intercalées  dans  le  micro- 
cline  deviennent  plus  abondantes,  et  surtout  à  mesure  que  leur  disposi- 
tion, ainsi  que  celle  des  plages  du  microcline  lui-même  est  moins  régu- 
lière, l'observation  des  anneaux  colorés  devient  plus  difficile  et  conduit 
à  des  résultats  plus  confus. 

Généralement,  la  prédominance  de  l'orthose  tend  à  augmenter  et  celle 
de  l'albite  à  diminuer  l'écartement  des  axes  optiques  du  microcline, 
en  rapprochant  l'un  de  l'autre  les  angles  qui  séparent  chacun  d'eux  de 
la  normale  à  g1. 

Dans  quelques  variétés,  notamment  dans  un  microcline  rouge  de  chair 
des  environs  d'Arendal,  et  dans  quelques  microclines  aventurinés  de 
Minerai  Hill  en  Pennsylvanie,  l'albite  enclavée  dans  le  microcline  se  pré- 
sente à  travers  g1  en  filons  plus  larges  que  d'habitude.  On  peut  alors 
distinguer,  au  microscope  polarisant,  les  deux  systèmes  d'anneaux  de 
l'albite,  disposés  presque  symétriquement  autour  de  la  normale  à  la 
plaque  ,  dans  un  plan  dont  la  trace  sur  g1  fait  avec  l'arête  pgl  un 
angle  d'environ  20°,  tandis  que  ceux  du  microcline,  fortement  dissymé- 
triques à  cette  '  normale,  sont  compris  dans  un  plan  qui  coupe  g1  sui- 
vant une  ligne  inclinée  de  5°  à  7°  sur  pg* . 

La  chaleur  paraît  à  peu  près  sans  influence*  temporaire  ou  perma- 
nente, sur  l'écartement  des  axes  optiques  du  microcline,  qui,  par  là,  s'é- 
loigne de  l'orthose  et  se  rapproche  des  autres  feldspaths  tricliniques. 


DES   CLOIZEAUX.    —   SUR  L'EXISTENCE   DU    MICROCLINE  513 

Les  cristaux  de  microcline  sont  assez  rares ,  et  la  plupart  se  rencon- 
trent parmi  les  amazonites.  Ils  ont,  en  général,  l'apparence  de  cristaux 
simples  ou  maclés  d'orthose  et  les  principales  combinaisons  de   formes 
que  j'y  ai  rencontrées  sont  :   m  tg{pal  ;  mtg{  g*  -gp  a1  oVî  :  m  t  gi  g2  *gp  a1 
aVi  bVi;  m  tgl  g%  2g  p  a1  (M  b]û;  ctë;  quelques-uns  se  composent  de  deux  in- 
dividus principaux  hémitropes  autour  d'un  axe  parallèle  à  l'arête  verti- 
cale mf,et  se  pénétrant  comme  dans  la  macle  de  Carlsbad  ;  d'autres  offrent 
l'hémitropie  autour  d'un  axe  normal  à  la  base,  avec  plan  d'assemblage  pa- 
rallèle à  cette  face,  bémitropie  assez  rare  et  jusqu'ici  particulière  à  cer- 
tains   cristaux  d'orthose  de   l'île  d'Elbe;  d'autres  enfin,    ayant    l'appa- 
rence de  prismes  rectangulaires    plus    ou   moins     allongés,  offrent    la 
macle,  de  Baveno.     Leurs  faces    sont    presque  toujours   ternes    ou    ru- 
gueuses; de  plus,  à  l'exception  des  cristaux  de  chesterlite,  presque  tous 
ont  des    dimensions  considérables,  et  il  est  à   peu  près  impossible  de 
se  procurer  leurs   incidences   avec  quelque  exactitude.  Autant  qu'on  en 
peut  juger,   d'après  un  certain    nombre  de  mesures  prises  sur  des  sur. 
faces   de  clivage,  ces    incidences  doivent  différer  très-peu  de  celles  de 
l'orthose.  J'ai  obtenu  en  moyenne  : 

//i^adjac.  =  H9aii'; 
mg{  sur  t  =  60°58'; 
mt  adjac.  =  U8°31'; 
pg<  à  droite  =  90°16'; 
pm  antér.  =  1  ll°17  à  38'  ; 
pt  antér.    =  H2°1T. 

Le  clivage  qu'on  obtient  quelquefois  suivant  la  face  prismatique  de 
droite  t,  ne  fournit  ordinairement  que  des  surfaces  imparfaitement  ré- 
fléchissantes et,  par  suite  ,  peu  susceptibles  de  conduire  à  des  mesures 
exactes;  celui  qui  se  produit  parallèlement  à  la  face  de  gauche  m,  est 
plus  facile  que  le  précédent,  mais  ses  surfaces   ont  encore  un  éclat  un 

peu  gras. 

Les  données  cristallographiques  du  microcline  ne  pourront  donc  être 
établies  d'une  manière  définitive  qu'à  l'aide  de  petits  cristaux  à  surfaces 
bien  miroitantes.  Quant  à  l'orientation  du  plan  des  axes  optiques  et  de 
leurs  bissectrices,  elle  ne  peut  également  être  donnée  que  d'une  manière 
approximative,  et  ce  n'est  que  par  tâtonnement  qu'on  arrive  à  se  pro- 
curer des  plaques  suffisamment  normales  aux  bissectrices  aiguë  et  obtuse, 

La  variété  de  Magnet  Cove,  dont  il  a  été  question  plus  haut,  pouvait 
seule  nous  fournir  la  composition  exacte  du  microcline  pur  et  sans  mé- 
lange d'orthose  ou  d'albite.  Une  analyse  de  M.  Pisani  a  donné  : 

33 


514  GÉOLOGIE    ET    MINÉRALOGIE 

Silice 64.30 

Alumine 19.70 

Oxyde  ferrique , 0.74 

Potasse 15.60 

Soude 0.48 

Perte  au  feu 0.35 


101.17 
Densité 2.54 


Il  en  résulte  que  le  microcline  est  un  feldspath  Iriclinique  essentiel- 
lement potassique.  Sa  composition  est  d'ailleurs  plus  constante  que 
celle  de  i'orthose;  car  sa  teneur  en  soude  ne  paraît  en  rapport  qu'avec 
les  filons  d'albite  qui  le  pénètrent  habituellement.  Des  analyses  faites  par 
MS\.  Damour  et  Pisani,  sur  une  série  de  dix  échantillons  de  l'Oural,  du 
Massachusetts,  de  Saône-et-Loire,  du  Groenland,  d'Arendal,  de  Sedlo- 
valoi  prèsArkangel.  et  de  Minerai  Hill  en  Pennsylvanie,  montrent  en  effet 
que  la  proportion  de  soude  varie  de  4,2"/  à  3,95  0/0,  en  même  temps 
que  le  nombre  et  l'étendue  des  filons  d'albite  faciles  à  constater  au 
microscope,  à  travers  des  lames  minces  parallèles  aux  clivages  p.  et  g1. 

On  avait  cru  jusqu'ici  que  les  amazonites  devaient  leur  couleur  verte 
à  la  présence  d'une  certaine  quantité  d'oxyde  de  cuivre;  mais  il  n'en 
saurait  être  ainsi;  car  toutes  se  décolorent  par  une  simple  calcination 
au  rouge.  La  perte  au  feu,  légère  et  à  peu  près  constante,  qu'accusent 
leurs  analyses,  semble  indiquer  que  leur  couleur  est  due  à  quelque 
matière  organique  qu'on  voit  parfois  répandue  dans  la  masse,  sous  forme 
de  petits  flocons. 

Le  tableau  suivant  contient  les  noms  des  principales  localités  dont 
les  roches  cristallines,  que  j'ai  examinées  jusqu'à  ce  jour,  ont  le  micro- 
cline pour  principal  élément  feldspathique. 

Miask,  Oural  (Amazonite). 

Mursinsk,  id.  id. 

Lipowaia.  id.  id. 

Monts  Ilmen.  id. 

Piki's  Peak,  État  de  Colorado  (Amazonite). 

Mine  d'Utte,  Suède.  id. 

Kônigshayn  près  Gôrlitz,  Silésic  (Amazonite). 

Côte  du  Labrador  (Amazonite). 

Comté  Delaware,  Pennsylvanie  (Amazonite). 

Sungangarsoak,  Groënlands,  id. 

.Minerai  Hill,  Pennsylvanie    Masses  vertes  et  rouges  aventurinées). 

Arendal  (Masses  rouge  de  chair). 

Everett,  Massachusetts  (Petites  masses  blanches  pénétrées  de  mica). 

Pennsylvanie  (Chesterlite  en  cristaux  blancs). 

Dixon's  Quarries,  comté  de  Newcastle  (belles  masses  blanches  à  cannelures  fines  sur 
la  base. 

Easton,  New-Jersej   (petites  masses  grisâtres). 

Etats-Unis  (pegmatite). 


DES    CLOIZEAUX.  —    SUR    i/EXISTENCE   DU    MICROCLINE  515 

Australie  (belles  masses  laminaires  roses). 

Oural  (granité  graphique). 

Egypte  (Syônite  rose  antique). 

Ile  Sedlovatoi  près  Arkangel  (petites  masses  rouges  aventurinées). 

Ile  d'Ichaboe,  côte  S.-O.  d'Afrique  (masses  d'un  gris  rosé). 

Sillbôle  en  Finlande  (masses  rosées). 

Helgeran,  pri'S  Langesundfjord,  Xorwègc,  (petites  masses  grises  à  structure  déchirée). 

Brevig  en  Norwègc  (petites  masses  grisâtres). 

Utô  en  Suède  (masses  grisâtres). 

Ytterby  en  Suède,        id. 

Environs  de  Stockholm   (petites  masses  engagées  dans  un  oligoclase  vert). 

Kangerdluarsuk,  Groenland  (petites  masses  laminaires  avec  sodalite  et  eucolile). 

Ile  Disko,  Groenland. 

Groenland  (petites  masses  blanches  engagées  dans  l'arfvedsonite). 

Dinanl,   près  Saint-Malo  (granité  à  grands  traits). 

Val  de  Lesponne,  Hautes-Pyrénées  (gneiss  à  grands  traits). 

Broyé,  vallée  de  Marmagne,  Saône-et-Loire    (petites  masses  rosées  dans  une  pegina- 

tite) . 
Born  en  Wermland    (masse  cristalline  à  grandes  lames,  soudée  à  un  pyroxène   gris 

verdàtre). 
Baveno  (cristaux  des  granités). 

Schwarzbach,  près  Hirschberg,  Silésie  (gros  cristaux  maclés  comme  ceux  de  Baveno.) 
Naeskilen  près  Arendal   (petites  masses  d'un  gris  rosé  où  l'orthosc  domine). 
Fredrikswern,  Nonvège  (masses  laminaires  d'un  gris  rosé). 
Trincomalee.  Ceylan  (petites  masses  laminaires  grisâtres). 
Côte  de  Coromandel  (granité  rougeàtre). 
Cayenne  (granité  rougeàtre). 
Rio  de  Janeiro  (granité  rougeàtre). 
Brésil  (masses  roulées,  avec  les  cymophanes). 
Oak  Creek,  Colorado  (petites  masses  rouges). 
Alger  (granité  rougeàtre). 
.Marcognat,  Haute-Vienne  (pegmatites). 
La  Clayette,  Saône-et-Loire  (arkoses). 
Zwiesel  en  Bavière. 
Serdobol  en  Crimée. 
Nil  blanc  (granité  rouge). 
Nouvelle  Hollande  (granité). 
Base  du  mont  Auvers  (gneiss?) 
Glacier  du  Talèfre  (protogine  ?) 
Pormenaz  près  Servoz  en  Savoie  (granité). 
Perth  en  Canada  (perthite). 

La  perthite,  qu'on  rencontre  principalement  à  Perth  et  à  Bathurst,  Ca- 
nada, se  compose  de  couches  alternatives  qui,  sur  certains  échantillons, 
paraissent  appartenir  à  une  albite  blanche  et  à  un  orthose  aventuriné 
rouge  peu  sodifère,  comme  l'a  constaté  M.  Gerhard,  tandis  que  sur 
d'autres  échantillons  les  bandes  rouges  appartiennent  à  un  microcline 
à  structure  quadrillée. 


516  GÉOLOGIE    ET    MINÉRALOGIE 


MM.  BRYLINSKI  et  L 10  M  ET 

Membres  de  la  Société  géologique  de  .Normandie. 


LES  PHOSPHATES  DE  CHAUX  NATIF,  LEURS  GISEMENTS,  LEUR  ORIGINE. 

(EXTRAIT    DU    PROCÈs-VERBAL.) 


—  Séance  du  27  août  1877.  — 

MM .  Brylinski  et  G .  Lionnet  font  connaître  les  résultats  de  leurs  recherches 
sur  les  phosphates  de  chaux. 

Les  auteurs,  préoccupés  de  l'importance  de  l'acide  phosphorique  en  agricul- 
ture, examinent  et  décrivent  tous  les  gisements  de  phosphates,  et  particuliè 
rement  les  gisements  exploitables  en  suivant  l'ordre  chronologique: 

Dans  les  terrain  de  transition  :  les  gisements  d'apatite  de  Norwège,  ceux  de 
l'Estramadure  espagnole  et  de  l'Estramadure  portugaise,  ceux  du  pays  de 
Galles  (Angleterre). 

Dans  les  terrains  jurassiques  :  les  gisements  de  Bourgogne  et  ceux  du  Calva- 
dos à  la  base  de  l'oolithe  ferrugineuse. 

Dans  les  terrains  crétacés  :  les  niveaux  du  gault  et  du  cénomanien  inférieur, 
les  gisements  des  Ardennes  et  de  la  Meuse,  celui  de  Bellegarde,  ceux  de  Bus- 
sie,  ceux  du  Cambridge. 

Dans  les  terrains  tertiaires  et  quaternaires  :  les  gisements  de  la  Caroline  du 
Sud,  ceux  du  Nassau  et  ceux  du  Quercy. 

Pour  chaque  gisement,  les  auteurs  examinent  successivement  l'historique,  la 
géologie,  la  description  topographique,  la  composition  de  la  roche,  et  termi- 
nent par  des  considérations  sur  l'origine. 

A  un  point  de  vue  général,  MM.  Brylinski  et  Lionnet  croient  pouvoir  admet- 
tre  que  les  dépôts  phosphatés  se  rencontrent  à  la  limite  des  étages  des  forma- 
tions géologiques,  presque  constamment  dans  les  strates  argileuses  ou  mar- 
neuses, et  mélangés  à  des  débris  organiques.  L'érigine,  à  leurs  yeux,  est  prin- 
cipalement organique  avec  un  appoint  plus  ou  moins  important,  suivant  les 
gisements,  de  phosphore  provenant  directement  des  profondeurs  du  globe  par 
les  éruptions,  les  sources  minérales,  etc.  Quant  au  processus  de  formation,  il 
est  variable;  il  peut  être  rapporté,  soit  à  une  simple  précipitation  chimique  par 
échange  de  deux  bases,  soit  à  une  action  électro-magnétique  déterminant  une 
précipitation  autour  des  centres  d'attraction  de  débris  organiques. 

La  note  communiquée  par  MM.  Brylinski  et  Lionnet  n'est  qu'un  résumé 
très  succinct  d'un  important  travail  comprenant  l'emploi  des  phosphates  et  des 
superphosphates  en  agriculture,  travail  que  les  auteurs  ont  l'intention  de  publier. 


GKAND'eURY.  —  FORMATION  DE  LA  HOUILLE  517 


M.  GrEAO'EÏÏHY 

Ingénieur  à  Saint-Etienne. 


MÉMOIRE  SUR  LA  FORMATION   DE  LA  HOUILLE. 


—  Séance  du  i^   août   i 8 7 7 .   — 

AI.  le  comte  de  Saporta  communique  une  note  de  AI.  Grand'Eury 
sur  une  importante  question  de  géogénie,  la  formation  des  couches  de 
houille.  Cette  note  n'est  qu'un  fragment  d'un  mémoire  dont  on  se  fera 
une  idée  par  le  sommaire  suivant. 

Chapitre  I.  —  De  la  houille. 

Section  I.  —  Désunion,  mutilation  et  désorganisation  des  organes  de  plantes  ;  modes 
de  fossilisation  de  leurs  débris. 

Section.  II.  —  Gisement  et  dispersion  des  restes  fossiles  dans  les  strates  du  terrain 
bouiller. 

Section  111.  —  Souches  en  place.  —  Forêts  carbonifères. 

Section  IV.  —  Composition  et  structure  végétale  de  la  houille.  —  Formation  des 
couches  de  houille. 

Section  V.  —  Examen  critique  des  théories  mises  en  avant. 

Section  VI.  —  Comparaison  de  la  houille  avec  le  stipite,  le  lignite  et  la  tourbe. 

Section  VII.  —  Conversion  des  substances  végétales  en  houille. 

Chapitre  II.  —  Du  terrain  houiller. 

Constitution  des  eouches  de  houille;   leurs   rapports  de   gisement  avec  les  roches 
encaissantes. 
Formation  du  terrain  houiller. 
Roches  et  dépôts  carbonifères. 
Recherche  des  mines  de  houille. 

Sur  chaque  sujet,  l'auteur  expose  un  grand  nombre  des  observations 
qu'il  a  faites  et  passe  aux  conclusions  qui  en  découlent  naturellement. 

Dans  la  partie  communiquée,  l'auteur  étudie  la  formation  des  couches 
de  houille,  au  point  de  vue  botanique  seulement. 

Voici  quelques-unes  des  conclusions  auxquelles  il  est  parvenu  touchant 
les  forêts  carbonifères  et  la  formation  des  couches  de  houille  : 

Forêts  carbonifères. 

«  En  partant  de  la  connaissance  des  végétaux  debout  et  en  leur  com- 
parant ceux  dont  les  restes,  transportés  par  les  eaux,  se  trouvent  couchés 


518  GÉOLOGIE    ET    MINÉRALOGIE 

dans  les  roches,  voici  l'idée  générale  qu'on  peut  se  faire  des  forêts  car- 
bonifères. 

»  Mœurs  des  arbres  dont  on  retrouve  les  souches  en  place.  —  A  part  les 
Calamités  s  tantes  t  les  Calamodendron  et  quelques  Syringodendron,  la  plu- 
part des  arbres  paraissent  avoir  été  enracinés  peu  profondément;  peut- 
être  même  que  les  Stigmaria,  qui  ont  exigé  des  conditions  spéciales  pour 
croître  souterrainement,  pouvaient  se  développer  en  rampant  sur  la  vase, 
comme  les  rhizomes  spongieux  de  Nymphéa.  Beaucoup  de  tiges  ont 
supporté  des  ensablements  sans  périr,  grâce  à  la  faculté  qu'elles  pos- 
sédaient de  produire  des  racines  adventives  ou  adjuvantes  flottantes, 
comme  celles  des  plantes  d'eau,  semblables  en  cela  aux  végétaux  soumis 
aux  atterrissements  qui  émettent  de  nouvelles  racines  pour  continuer  de 
croître,  malgré  le  recouvrement  des  anciennes.  Les  Psaronius  se  plai- 
saient dans  les  bourbiers,  comme  aujourd'hui  les  fougères  arborescentes 
dans  les  marais.  L'absence  de  feuilles  et  de  graines,  au  pied  dés  arbres 
trouvés  debout,  démontre  que  l'eau  les  baignait  presque  constamment. 
On  ne  voit  pas  que  le  sol  ait  souvent  émergé,  car  si,  comme  l'a  dit 
justement  M.  Bischof,  des  forêts  se  fussent  développées  sur  la  terre 
sèche  dans  l'aire  des  dépôts  houillers,  on  trouverait  des  restes  de  terreau 
végétal,  reconnaissable  aux  branches  et  feuilles  tombées  et  transformées 
en  une  couche  d'humus. 

Or  les  débris  couchés  clans  les  roches  se  rapportent  en  général  à  ceux 
ou  se  rapprochent  de  ceux  dont  on  retrouve  les  souches  en  place.  Donc 
il  est  probable  que  les  plantes  houillères  vivaient  à  peu  près  toutes  dans 
des  conditions  analogues. 

Circonstances  topographiques.  —  La  topographie  botanique  a  rapport 
à  la  station  des  plantes,  c'est-à-dire  aux  conditions  physiques  de  leur 
développement.  Comme  la  flore  fossile  n'est  comparable  à  aucune  de 
celles  vivantes,  nous  ne  pouvons  tirer,  de  sa  nature  comparée,  des  con- 
clusions touchant  la  station  et  la  configuration  du  sol,  lors  de  la  période 
houillère,  de  la  même  manière  que  de  la  connaissance  de  la  flore  des 
hgmtes  du  Tyrol,  on  a  pu  dire  que  ce  pays,  lors  de  la  période  tertiaire, 
présentait  généralement  des  collines  et  des  terres  sèches  comme  aujourd'hui 
la  Nouvelle-Hollande.  Il  faudrait,  pour  dire  ce  que  pouvaient  être  les  cir- 
constances topograpliiques  à  l'époque  houillère,  posséder  la  connaissance 
complète  des  plantes  fossiles  et  les  lois  de  la  distribution  botanique,  c'est- 
à-dire  de  la  dépendance  de  leur  stucture  et  conformation  avec  le  sol  et  le 
milieu,  comme  avec  le  climat.  Heureusement  que  nous  pouvons  suppléer 
à  l'insuffisance  du  peu  que  nous  savons  sur  ces  deux  points  par  des 
observations  directes. 

Les  plantes  houillères  sont  de  terres  basses  ou  inondées.  —  J'ai  reconnu 
que  les  plantes  houillères  avaient  généralement  une  station  de  terre  basse 


GRAND'EURY.    —  FORMATION   DE    LA   HOUILLE  519 

ou  inondée  et  non,  comme  on  l'a  supposé  d'après  les  mœurs  de  leurs  alliées 
actuelles,  le  cachet  d'une  végétation  de  marais,  tout  en  ayant  dû  former, 
par-ci  par-là,  quelques  jungles  marécageuses.  C'étaient  des  plantes  de 
bas  rivage,  baignées  le  plus  souvent  par  les  eaux,  qui  nous  en  ont  con- 
servé les  débris.  La  diffusion,  dans  toutes  les  roches,  des  mêmes  débris 
bien  conservés,  est  bien  de  nature  à  prouver  que  tous  les  végétaux 
vivaient  dans  les  mômes  conditions,  auxquelles  ils  paraissent  avoir  été 
adaptés  également  par  leur  croissance  rapide  et  leur  sociabilité.  Nous  en 
avons  vu  quelques-uns  merveilleusement  doués  pour  avoir  pu  se  déve- 
lopper couramment,  leur  pied  dans  l'eau,  dans  un  sol  soumis  aux  atter- 
rissements.  Mémo  des  tiges  de  Cordaïtes  ont  eu  le  pouvoir  de  pousser 
de  grosses  racines  étagées  en  faux  verticilles,  et  il  a  pu  y  avoir  de  ces 
tiges  surgissant  comme  certaines  touffes  d'arbres,  de  plus  de  o  mètres  de 
profondeur  d'eau;  leurs  branches  paraissent  même  capables  d'avoir  poussé 
des  racines  adjuvantes  rameuses.  On  rencontre,  couchées  dans  les  schistes, 
des  Calamariées  entourées  de  nombreuses  racines  libres.  Les  Aulacop- 
teris  eux-mêmes  sont  souvent  accompagnés  d'un  abondant  chevelu  radi- 
culaire.  L'Odontopleris  Schlotheimii ,  trouvé  au  toit  de  la  huitième 
couche,  vivait  certainement  plongé  en  partie  dans  l'eau. 

//  n'y  a  pas  de  plantes,  pour  ainsi  dire,  ni  de  terre  sèche,  ni  aqua- 
tiques. —  On  a  supposé  qu'en  dehors  des  aires  où  se  formaient  le  ter- 
rain houiller  et  des  terres  basses  de  rivage,  il  y  avait  une  autre  végétation 
de  collines  ou  de  hauteurs. -Nous  avons  déjà  dit  que  presque  toutes  les 
espèces  fossiles  connues  se  rencontrent  ensemble  dans  toutes  les  roches, 
transportées  de  près  et  comme  provenant  d'une  même  végétation  très- 
uniforme.  Il  est  vrai  qu'à  côté  de  plantes  de  marais  ou  de  rivage  ayant 
poussé  trop  vite,  puisqu'elles  ont  du  tissu  lacuneux,  on  trouve  des  tiges 
ligneuses  à  structure  très-dense,  mais  nous  avons  justement  rencontré 
celles-ci  auprès  des  autres  dans  les  forêts  fossiles.  D'un  autre  côté,  rien 
ne  prouve  qu'il  y  ait  eu  des  plantes  aquatiques  dans  l'acception  du 
mot,  c'est-à-dire  dont  la  submersion  continue  aurait  fait  disparaître  les 
vaisseaux  et  les  fibres,  quoiqu'il  y  ait  des  racines  en  place  dans  toutes 
les  roches,  même  dans  celles  qui  paraissent  s'être  trouvées  sous  une 
eau  profonde. 

On  s'était  imaginé  que  les  forêts  fossiles  sont  des  forêts  terrestres  sub- 
mergées ;  mais  indépendamment  qu'on  ne  trouve  pas,  dans  leur  sol, 
trace  de  terre  végétale  mêlée  d'humus,  nous  avons  vu  qu'elles  vivaient 
ou  pouvaient  vivre  au  milieu  des  eaux  courantes. 

Aussi  croyons-nous  qu'il  n'y  a  plus  lieu  de  se  demander  si  la  végé- 
tation houillère  connue  est  seulement  la  partie  de  la  flore  paléozoïque 
qui  était  propre  à  la  formation  de  la  houille,  comme  certaines  plantes 
vivantes  sont  spéciales  à  celle  de  la  tourbe. 


520  GÉOLOGIE    ET    MINÉRALOGIE 

Splendeur  de  la  végétation  houillère.  —  Nous  avons  démontré  ailleurs  (1) 
que  le  climat  houiller  était  éminemment  favorable  au  développement 
des  plantes  par  une  forte  chaleur  humide  jointe  à  une  lumière  qui,  pour 
avoir  été  peut-être  pâle  et  jaunâtre,  n'en  était  que  plus  excitante  lors  de 
la  phase  de  nébuleuse  du  soleil,  éclairant  alors  la  terre  jusqu'au  pôle. 
Sous  l'action  d'une  lumière  très-active,  les  plantes  qui  trouvaient  à  s'ali- 
menter de  potasse  et  de  silice  dans  l'eau  ayant  dégradé  les  roches  préexis- 
tantes, vivaient  largement  d'air-  et  d'eau  comme  les  plantes  inondées. 

La  grande  probabilité  que  la  plupart  des  tiges  du  terrain  houiller 
avaient  une  structure  lâche,  comme  celle  des  Sigillaires  et  des  Lépido- 
dendrons,  de  un  mètre  de  diamètre  et  de  vingt  mètres  de  haut  et 
formées  presque  entièrement  de  tissu  cellulaire,  imprime  à  la  végétation 
un  cachet  d'exubérance  particulier  et  annonce  un  accroissement  exces- 
sivement rapide  de  ces  tiges  à  diamètre  constant,  car,  en  ne  s'appli- 
quant  pas  à  lignifier  les  tissus  formés,  la  substance  nutritive  élaborée 
devait  les  multiplier,  d'autant  plus  que  les  cellules,  dont  l'extension 
n'était  pas  ralentie  et  arrêtée  par  l'incrustation,  s'agrandissaient  davan- 
tage. C'est  pourquoi  les  arbres  qui  poussent  vite,  comme  ceux  des  marais 
des  pays  chauds,  ont  un  bois  très-léger,  comme  celui  des  bombax,  qui 
n'a  pas  plus  de  consistance  que  la  moelle  du  sureau.  Cette  croissance 
rapide  a  exigé  une  forte  action  lumineuse,  pour  avoir  affermi  les 
feuilles  d'ordinaire  coriaces,  et  solidifié  et  carburé  l'écorce  au  point 
qu'elle  paraît  avoir  résisté  toujours  aux  forces  destructives  du  bois 
et  qu'elle  a  éprouvé  un  retrait  insignifiant  par  l'acte  de  la  houilli- 
fication.  On  sait,  en  effet,  que  l'action  de  la  lumière  sur  l'écorce  est 
surtout  d'y  augmenter  la  proportion  de  carbone  et  d'hydrogène  et  d'y 
provoquer  la  formation  d'huiles  essentielles  qui  la  rendent  pour  ainsi 
dire  imputrescible,  grâce  à  la  tixation  corrélative  d'une  plus  grande 
proportion  de  matières  inorganiques,  résultant  d'une  forte  évaporation. 
La  poussée  terminale  des  Arthropitus  qui,  mesurée  au  diamètre  de  la 
colonne  médullaire,  a  pu  dépasser  0m,20;  le  grand  développement  foliaire 
des  Cordaïtes  à  tissu  lacuneux  entre  les  nervures,  par  suite  sans  doute 
d'une  forte  absorption  d'eau  sous  une  haute  température  ;  la  grande 
prépondérance  des  stipes  sur  les  feuilles  des  fougères  herbacées,  lesquels 
stipes  forment  une  importante  partie  de  la  houille  :  tout  témoigne  d'une 
végétation  magnifique,  telle  qu'aucune  de  celles  existantes  n'en  saurait 
donner  qu'un  pâle  reflet.  Le  développement  des  racines  aériennes,  qui 
meurent  dans  un  air  sec,  ne  peut  s'accorder  qu'avec  une  forte  chaleur 
humide,  ayant  régné  dans  les  fourrés  sombres  de  la  végétation  primitive. 

Mort  des  végétaux.  —  On  a  fait  la  remarque  que  la  décrépitude  et  la 

(1)  Flore  carbonifère  du  département  de  la  Loire  et  du  centre  de  la  France,  p.  320. 


GRAND'EURY.    —    FORMATION    DE    LA    HOUILLE  521 

mort  s'attaquent  de  bonne  heure  aux  arbres  qui  grandissent  vite  ou  qui 
ont  un  bois  léger,  comme  c'est  le  cas  de  ceux  du  terrain  houiller,  les- 
quels ne  paraissent  pas  avoir  vécu  longtemps,  même  les  tiges  de  nature 
ligneuse  qui  sont  restées  généralement  d'une  taille  moyenne  et  dans  le 
cœur  desquelles  je  n'ai  pas  vu  de  cavité  résultant  de  la  désagrégation 
intérieure  durant  la  vie  de  la  plante. 

Les  arbres  en  place  avant  dû  être  désorganisés  lorsqu'ils  ont  été 
rompus,  on  ne  peut  pas  attribuer  leur  mort  à  une  cause  violente,  mais 
plutôt  à  une  submersion  plus  ou  moins  complète  :  les  Stigmariopsis , 
les  Calamodendron,  les  Psaronius,  ne  paraissent  pas  toujours  avoir  vécu 
leur  temps;  il  y  en  a  qui  semblent  bien  avoir  été  arrêtés  dans  leur 
développement,  soit  par  un  ensablement  trop  rapide  ou  trop  important, 
soit  par  une  augmentation  de  la  tranche  d'eau.  Mais  il  est  probable 
qu'en  dehors  des  bassins  où  se  formait  le  terrain  houiller,  les  végétaux 
mouraient  bientôt  d'épuisement  en  général. 

Extension  des  forets  fossiles.  —  .l'ai  déjà  écrit  (Flore  carbonifère  du 
déparlement  de  la  Loire)  que  les  forêts  fossiles,  sans  suite,  généralement 
sans  compacité,  sans  importance,  ne  devaient  être  que  le  prolongement 
clair-semé  des  forêts  carbonifères,  car  beaucoup  d'espèces  et  de  tiges 
ne  s'y  sont  pas  encore  rencontrées,  quoique  tous  les  groupes  y 
soient  représentés  ;  il  n'y  a  pas  d'ailleurs  de  proportion  entre  les  végé- 
taux répandus  en  immense  quantité  dans  le  terrain  houiller  et  ceux  dont 
on  retrouve  les  racines  eu  place.  A  Saint-Etienne,  le  rapport  entre  les 
plantes  dont  les  débris  ont  été  transportés  et  les  souches  en  place  est  au 
moins  de  1-^;  dans  le  Roannais,  où  je  n'ai  trouvé  déracines  in  situquk 
Viremoulin  et  Chez-Guetton,  il  est  beaucoup  plus  grand  encore,  et  je  ne 
crains  pas  de  dire  que  les  forêts  qui  ont  formé  les  couches  d'anthracite 
s'étendaient  en  dehors  de  l'aire  de  dépôt  du  terrain.  Au  reste,  de  nom- 
breux débris  transportés  sont  plus  plantureux  que  ceux  qu'auraient  pu 
fournir  les  végétaux  dont  nous  connaissons  les  souches  en  place. 

Il  faut  donc  admettre  que  d'immenses  forêts  denses  s'étendaient  sur 
de  grandes  surfaces  le  long  des  cours  d'eau  jusque,  —  mais  en  petit 
nombre  et  plus  chétifs,  —  sur  les  lits  de  dépôt,  sur  les  emplacements 
sujets  à  dépression  où  ont  pris  naissance  et  se  sont  développés  les  bassins 
houillers  du  centre  et  du  midi  de  la  France. 

Transport  des  débris  végétaux.  —  Le  mode  de  conservation  de  la 
plupart  des  feuilles  implique  leur  chute  dans  l'eau,  celui  des  tiges,  une 
exposition  à  l'air  sous  un  climat  torride  qui  devait  hâter  la  désorganisa- 
tion des  arbres  morts.  Si  une  partie  des  forêts  s'étendait  sur  des  terres  en 
pente,  les  inondations  en  devaient  balayer  presque  au  fur  et  à  mesure 
les  feuilles  tombées  et  les  tronçons  vides,  car  on  trouve  peu  de  menus 


522  GÉOLOGIE   ET   MINÉRALOGIE 

détritus,  comme  ceux  provenant  de  la  pourriture  de  ces  organes,  entassés 
quelque  temps  sur  la  terre  ferme. 

Les  débris  végétaux,  entraînés,  flottaient  avant  de  s'enfoncer  et  de  se 
déposer,  suivant  les  cas,  soit  avec  les  matériaux  terreux  «les  roches,  soit 
seuls,  pour  former  les  couches  de  houille  dont  nous  avons  à  examiner  la 
composition  et  la  structure  végétale,  et  le  mode  d'arrangement  des  débris 
constituants,  avant  d'essayer  d'en  expliquer  la  formation  d'une  manière 
nouvelle  et  telle  qu'elle  ressort  des  faits  bien  constatés  par  nous,  depuis 
plus  de  douze  ans,  dans  le  centre  et  le  midi  de  la  France. 

FORMATION   DES  COUCHES  DE   HOUILLES. 

Je  désirerais  bien,  maintenant,  résumer  mon  opinion  sur  le  mode  de 
formation  de  la  houille,  que  quelques  géologues  ont  considérée  comme 
particulière  à  une  époque  dont  les  conditions  ne  se  sont  plus  représen- 
tées depuis. 

Les  qualités  de  la  houille  sont  celles  d'une  roche  sédimentaire.  —  La 
houille,  d'après  ce  que  j'ai  dit  de  sa  composition,  ne  possédant  que  les 
qualités  qui  résultent  de  la  sédimentation,  peut  être  tenue  pour  une  roche 
sédimentaire  de  dépôt  sous-aqueux  ;  ses  lames  constituantes  sont  parfaite- 
ment stratiliées  ;  elle  passe  aux  schistes  charbonneux  d'une  manière  insen- 
sible ;  il  n'y  a  pas  dans  son  sein  de  souches  ni  de  racines  en  place.  Ce  n'est 
effectivement  que  dans  les  schistes  intercalés  entre  les  bancs  de  houille 
qu'on  peut  trouver  des  souches,  comme  des  stigmaria  dans  la  barre  de  la 
Bâtarde  supre  au  puits  du  Préq  à  Rive-de-Gier.  Les  souches  portées  par 
les  couches  de  houille  ont  évité  d'y  engager  leurs  racines,  avec  un  soin 
qui  prouve  que  les  végétaux  houillers  ne  se  sont  pas  développés  comme 
ceux  nécessaires  à  la  formation  de  la  tourbe,  les  uns  sur  les  débris  des 
autres.  J'ai  bien  trouvé  à  Louisenthal  (près  Sarrebruck)  des  mises  de 
charbons  formées  de  Stigmaria  et  des  Stigmaria  dans  les  joints  argileux  ; 
mais  ne  leur  ayant  point  vu  de  racines  attachées,  sauf  à  ceux  qui  sont  dans 
les  veines  schisteuses,  je  suis  conduit  à  admettre  qu'ils  ont  dû  être  trans- 
portés comme  les  autres  écorces  entre  lesquelles,  du  reste,  on  les  trouve 
quelquefois  isolés  en  empreintes  très-minces. 

Les  couches  de  houille,  indépendantes  de  la  végétation  de  leur  toit 
et  ne  refermant  aucunes  racines  en  place,  sont  également  sans  rapport 
avec  la  végétation  de  leur  mur,  dont  elles  sont  séparées  ordinairement 
par  des  schistes  charbonneux  formant  ce  qu'on  appelle  une  fausse  sole. 
L'underclay  a  stigmaria  n'est,  que  leprélude  <!<■  laformation  des  couches. 
—  L'existence  de  l'underclay  à  stigmaria  ù  La  sole  île  presque  toutes  les  cou- 
ches du  terrain  houiller  moyen,  et  la  nature  minéralogique  variable  du 
toit  renfermant  des  empreintes  diverses,  ont  été  considérés  comme  devant 


GRAND'EURY.    —   FORMATION   DE    LA   HOUILLE  523 

avoir  quelques  rapports  intimes  avec  le  modo  de  formation  des  couches 
de  houille. 

L'underclay  est  un  sol  très-remarquable  par  sa  végétation  uniforme, 
composée  uniquement  de  Stigmaria, soit  qu'un  sol  argileux  (qui  n'est  au- 
jourd'hui  favorable  qu'à  peu  de  plantes  peu  epfoncées,à  cause  de  la  difficulté 
qu'il  oppose  à  la  pénétration  de  l'air)  fût  rebelle  à  tous  autres  végé- 
taux, soit  qu'il  se  trouvât  dans  des  conditions  de  submersion  qui  n'ont 
pas  convenu  à  d'autres  espèces.  Mais  comme,  dans  le  centre  delà  France, 
du  moins,  les  couches  à  sole  de  Stigmaria  en  sont  nettement  séparées, 
cette  sole  ne  répondrait-elle  simplement  qu'à  une  période  de  calme 
ayant  précédé  immédiatement  la  formation  des  couches  et  ayant  permis 
à  la  végétation  de  se  répandre  sur  les  aires  de  dépôts  houillers, 
jusqu'au  renversement,  transport  et  dépôt  à  plat  des  tiges  de  sigillaires 
que  l'on  trouve  sur  la  sole  à  stigmaria,  et  l'apport  des  débris  d'une 
puissante  végétation  plus  éloignée  par  les  eaux  courantes?  » 

Les  théories  admises  sont  contredites  par  les  /ails.  —  Ce  n'est  cependant 
pas  sans  vraisemblance  qu'on  avait  admis  la  formation  surplace.  Mais,  sans 
revenir  sur  les  objections  que  j'ai  opposées,  à  cette  hypothèse,  on  verra  que. 
abstraction  faite  de  tous  les  faits  contraires  rapportés  dans  la  partie  pré- 
cédente de  ce  mémoire,  elle  ne  résiste  pas,  d'un  autre  côté,  à  l'examen  de 
la  constitution  des  couches  de  houille  ou  à  toute  autre  étude  stratigia- 
phique  du  terrain  houiller.  Déjà  les  géologues  anglais  et  américains  qui 
ont  observé  les  couches  de  houille  de  très-près  sont  arrivés  à  cette  con- 
clusion, que  leur  formation  n'est  pas  explicable  par  les  théories  mises 
en  avant  ;  et  l'un  d'eux,  M.  Beete  Jukes,  a  exprimé  que  la  houille  n'a 
pu  être  formée  que  par  le  dépôt  graduel  sous  eau  de  plaques  et  lames 
de  matière  charbonneuse,  sans  s'expliquer  sur  la  nature  de  ces  lames. 

En  effet,  dans  le  centre  de  la  France  plus  souvent  que  dans  les 
terrains  houillers  moyens,  les  couches  reposent  sur  du  schiste  feuilleté 
ou  même  directement  sur  le  grès  sans  aucune  souche  d'arbre  à  la  sole 
non  plus  qu'au  toit.  Et  quand  il  y  a  des  souches,  ce  n'est  que  dans  une 
étendue  restreinte.  Les  forêts  qui  accompagnent  les  couches  de  houille 
se  composent  d'ailleurs  de  souches  clair-semées  comme  les  autres  forêts 
fossiles  et  ne  peuvent  pas  avoir  contribué  à  leur  formation  pour  une 
part  notable. 

Les  couches  formées  de  feuilles,  d'écorces  ont  éprouvé  une  réduction  de 
la  moitié  tout  au  plus  de  leur  épaisseur.  —  Nous  avons  vu  la  houille 
formée  de  feuilles  et  d'écorces  rendues  creuses  et  déposées  aplaties.  On  ne 
distingue  pas  que  leur  entassement  ait  éprouvé  une  forte  réduction  en 
épaisseur  par  la  compression  des  roches  jointe  à  la  houillitication.  Je 
crois  pouvoir  en  donner  plus  loin  des  preuves  convaincantes  et  répondre 


524  GÉOLOGIE    ET    MINÉRALOGIE 

à  l'objection  contre  la  formation  sédimentaire  tirée  des  calculs  de  M.  Elie 
de  Beaumont,  d'après  lesquels  la  réduction  aurait  été  de  1  à  0,225,  soit 
des  3/4environ.  Une  pareille  contraction  aurait  entraîné,  dans  la  houille, 
des  changements  importants  et  inégaux  dans  les  formes  superficielles 
des  empreintes  et  des  ploiements  qui  n'existent  pas  ou  sont  très-peu 
marqués.  Qu'à  ce  sujet,  il  me  soit  permis  de  citer  une  expérience  de 
Petzholdt,  par  Laquelle  il  a  obtenu  d'un  certain  bois  la  moitié  de  son 
volume  en  houille  d'une  densité  de  1,18.  Si,  au  lieu  de  bois,  il  eût  em- 
ployé une  écorce  très-dense,  nul  doute  qu'il  n'eût  obtenu  une  plus 
grande  proportion  de  houille.  Aussi,  ne  doit-on  pas  trop  s'étonner  que 
des  écorces  aussi  carburées  que  l'étaient  celles  des  plantes  houillères  aient 
formé  des  couches  qui  ne  se  sont  pas  plus  réduites  en  épaisseur  que  les 
schistes,  soit  de  1/4  ou  de  la  moitié  tout  au  plus  de  leur  épaisseur 
primitive. 

Les  couches  de  houille  se  sont  formées  beaucoup  plus  rapidement  qu'on 
ne  croit. —  L'étude  attentive  des  couches  de  houilles  suggère  l'idée  que 
leur  formation  était  beaucoup  plus  rapide  qu'on  ne  s'était  complu  à  le 
supposer.  En  leur  attribuant  une  origine  analogue  à  celle  de  la  tourbe, 
on  a  été  forcé  d'admettre  qu'un  temps  immense  a  été  nécessaire  pour 
leur  formation,  d'autant  plus  qu'on  s'est  rallié  à  l'opinion  de  M.  Davvson 
que  les  calamités,  sigillaires  et  conifères  ont  poussé  lentement. 

J'ai  lieu  de  croire  au  contraire  que  certaines  couches  se  sont  formées 
rapidement,  et  cela  pour  deux  raisons  de  premier  ordre: 

1°  Parce  que  la  végétation  houillère  produisait  abondamment  des  écorces 
à  la  fois  très-denses  et  très  épaisses  formant  avec  les  feuilles  une  masse 
incomparablement  plus  grande  que  celle  du  bois  conservé.  Les  Cordaites 
ont  des  écorces  houillifiées  de  0m,02  à  0"',0o  d'épaisseur,  d'autant  plus 
invraisemblables  qu'elles  ne  sont  peut  être  pas  complètes  ;  il  y  a  des 
Psaroniocaulon  et  des  Calamodendron  qui  ont  fourni  des  lames  de  houilles 
de  0m,01  à  0m,02o  ;  les  aulacaptorïs  vers  leur  base  ont  laissé  de  2  à  3 
millimètres  de  houille.  Les  feuilles  de  cordaites  ont  donné  une  pellicule 
sensible  de  charbon  ; 

2°  Parce  que  la  grande  quantité  d'écorces  si  épaisses  et  de  feuilles  si 
nombreuses  que  produisaient  des  forêts  tres-luxuriantes  s'étendant  sur 
de  vastes  espaces,  était  répartie  sur  une  aire  de  dépôt  relativement  res- 
treinte. 

Aussi  certains  bancs  de  houille  ne  paraissent  pas  avoir  mis  plus  de 
temps  à  se  former  que  la  même  épaisseur  de  schiste,  comme  on  en  jugera 
plus  loin. 

En  tous  cas  il  faut  en  rabattre  beaucoup  de  la  durée  que  l'on  a  prêtée 
à  la  formation  des  combustibles  minéraux. 

Preuves  à  l'appui    d'une  formation  sédimentaire. —  L'état  fossile  et  la 


GRAND'EUNY.   —    FORMATION    DE    LA   HOUILLE  525 

forme  plate  des  débris  végétaux  étaient  favorables  à  un  dépôt  plus  régulier 
que  celui  de  n'importe  quelles  roches  très-variables  en  épaisseur  et  en 
nature  à  côté  de  certains  filets  charbonneux  à  l'égard  desquels  il  n'est 
pas  besoin  de  faire  intervenir  les  Fucus  pour  expliquer  leur  régu- 
larité sur  de  grandes  étendues.  Nous  verrons  en  effet  que  la  houille  est 
mieux  stratifiée  que  les  roches;  que  dans  les  couches  de  houille,  les 
moindres  modifications  se  maintiennent  quelquefois  sur  de  grandes 
surfaces. 

Dans  la  coupe  du  terrain  situé  au  toit  de  la  15e  au  cros,  on  peut  voir 
des  mises  de  houille  formées  de  l'épaisseur  ajoutée  de  quelques  lames  de 
Corda ifloy os,  avec  des  noyaux  très-réduits  de  bois  aplatis  et  conjointe- 
ment avec  des  feuilles  de  cordaïtes  mélangées  ou  en  veines  séparées 
certains  filets  charbonneux  résultant  visiblement  d'une  condensation  des 
empreintes  de  Cordaïtes  répandues  à  profusion  dans  les  schistes  sous  et 
sus-jacents;  des  bancs  de  houille  sont  entièrement  formés  de  ces  feuilles 
empilées  très-régulièrement. 

Nous  verrons  que  la  constitution  des  couches  de  houille  s'accorde 
parfaitement  avec  un  mode  de  formation  par  entassement  à  plat  de 
feuilles  et  d'écorces  de  plantes  diverses  charriées  par  les  eaux.  Cela  ne 
saurait  être  mis  en  doute  lorsque  l'on  considère  une  couche,  comme  la 
8e  à  Montieux,  laquelle,  par  l'intercalation  de  plus  en  plus  nombreuse 
de  filets  schisteux,  devient  dans  l'espace  de  100  mètres  si  mélangée  de 
roches  que  les  veines  de  houille  arrivent  à  ne  plus  former  que  la  moitié 
de  l'épaisseur  totale  de  la  couche  et  100  mètres  plus  loin  tout  au  plus 
le  1/3  de  cette  épaisseur  un  peu  réduite;  et  surtout  lorqu'on  considère 
que  les  lames  et  lamelles  de  houille,  devenant  de  plus  en  plus  distinctes, 
y  représentent  toutes  des  feuilles  et  des  écorees  aplaties  parallèlement  à 
la  stratification.  D'ailleurs  l'enchevêtrement  de  lames  et  coins  de  schistes 
et  de  houille  à  l'origine  de  certains  nerfs,  l'association  du  schiste  au 
charbon  dans  quelques  couches  ne  s'expliqueraient  que  par  l'hypothèse 
de  M.  Beete  Jukes,  si  je  n'étais  parvenu  à  reconnaître  que  ces  faits  résul- 
tent positivement  du  dépôt  en  quelque  façon  simultané  de  limons  et  des 
feuilles  et  d'écorces  aplaties  et  de  leur  alternance  répétée. 

Nous  avons  vu  des  couches  de  stipide  et  aussi  de  lignite  formées  à  la 
manière  ou  presque  à  la  manière  de  la  houille. 

On  peut  s'attendre  à  ce  que  des  observations  sur  les  phénomènes  du 
monde  actuel  nous  apprendront  un  jour  que  certains  dépôts  de  matières 
végétales  sont  en  voie  de  naître  par  quelque  procédé  d'entraînement 
dans  des  lagunes,  de  débris  de  plantes  développées  sur  leur  pourtour  et 
le  long  des  cours  d'eau  qui  y  aboutissent. 


526  GÉOLOGIE    ET   MINÉRALOGIE 


M.  E.  YAEAMBÀÏÏX 

Ingénieur  civil. 


GEOLOGIE  DU  CANTON  D'EU. 


—  Séance  du   27  août  1877.    — 

Le  sol  du  canton  d'Eu,  dans  les  parties  qui  couronnent  les  plateaux' 
dont  l'altitude  varie  entre  90  mètres  et  160  mètres,  se  compose  d'une 
couche  de  terre  végétale  d'une  épaisseur  moyenne  de  lm,50. 

Sur  certains  points  se  rencontre  une  couche  d'argile  ayant  environ 
la  même  hauteur. 

Le  sous-sol  est  composé  d'une  forte  couche  de  marne  avec  silex  qui 
repose  sur  de  la  marne  sans  silex,  laquelle  ne  fait  son  apparition  au 
niveau  du  sol  qu'en  dehors  du  canton,  à  quelques  centaines  de  mètres 
avant  d'arriver  à  Blangy  aux  environs  du  moulin  aux  Armures. 

Deux  rivières,  la  Bresle,  et  l'Yères  se  trouvent  dans  le  canton;  elles 
coulent  toutes  deux  dans  la  direction  du  sud-est  au  nord-ouest  et 
forment  des  vallées  ayant  une  largeur  d'environ  800  mètres  en  prairies 
irriguées  :  le  reste,  200  mètres,  ou  300  mètres  de  chaque  côté  en  ter- 
res arables,  très-propices  à  la  culture  du  chanvre. 

L'altitude  de  la  vallée  de  la  Bresle  se  trouve  entre  la    cote  6  mètre 
(en  face  le  Tréport)  et  28  mètres  limites  du  canton  (commune  de  Lon- 
groy).  Celle  de  l'Yères  varie  entre  6m.00  à  Criel  et  41  mètres  à  l'extré- 
mité du  territoire  de  la  commune  de  Villy-le-Bas. 

Le  sol  des  deux  vallées  se  compose  d'une  couche  de  terre  végétale 
de  faible  épaisseur  (0m,2()  à  0m,40  tout  au  plus);  au-dessous  se  trouve 
généralement  de  la  tourbe  sur  un  épaisseur  qui  varie  entre  0m,80etlra,00 
Puis  on  trouve  une  couche  de  cailloux  et  de  gravier  rouge,  d'une  hau- 
teur moyenne  de  3m,50,  dans  laquelle  coule  une  nappe  d'eau  qui  par- 
fois se  fait  jour  et  arrive  jusqu'au  niveau  du  sol. 

Sur  une  longueur  d'environ  6  k.  à  partir  de  la  mer,  on  rencontre 
aussi  de  la  glaise  maritime  :  elle  gît  entre  la  terre  végétale  et  la  tourbe; 
son  épaisseur,  qui  va  jusqu'à  5  mètres  dans  les  3  premiers  kilomètres 
à  partir  de  l'embouchure,  se  termine  par  une  couche  de  0m,50  au  point 
le  plus  éloigné  (6k). 

Le  volume  d'eau  débité  par  seconde  par  chacune  de  ces  rivières  est 
de  6,000  à  8,000  litres  pour  la  Bresle  jaugée  à  Eu,  et  de  1,500  litres 
pour  la  rivière  d'Yères  jaugée  à  Criel. 


E.  VARAMBÀUX.  —  GÉOLOGIE  DU  CANTON  d'eu  527 

De  nombreuses  usines  sont  situées  sur  ces  cours  d'eau;  leur  chute 
moyenne  est  de  lm,50. 

Sur  le  cours  de  la  rivière  de  Bresle,  qui  sert  de  limite  aux  départe- 
ments de  la  Somme  et  de  la  Siene-Inférieure,  trois  puits  artésiens  ont 
été  percés.  Nous  les  citons  quoiqu'ils  se  trouvent  en  dehors  du  canton, 
parce  que  les  sondages  qu'ils  ont  occasionnés  donnent  de  précieux  ren- 
seignements sur  la  composition  du  sous-sol  de  la  vallée. 

Ces  trois  puits  donnent  chacun  un  débit  de  500  litres  par  minute. 

Le  premier  de  ces  puits  se  trouve  à  Gamaches  (Somme),  où  la  nappe 
jaillissante  a  été  trouvée  à  138  mètres  au-dessous  du  sol. 

Le  deuxième  existe  au  mouliu  de  Hollande,  commune  d'Ancennes 
(Somme)  ;  sa  profondeur  est  de  53m,50. 

Enfin  le  troisième  a  été  percé  à  Blangy  et  l'on  a  trouvé  la  nappe 
à  44  mètres. 

Nous  présentons  à  la  Section  la  coupe  qui  a  été  faite  d'après  le  résul- 
tat des  divers  sondages  exécutés  en  1860  par  le  sieur  Beurrier. 

Le  long  de  la  vallée  de  la  Bresle  et  sur  le  côté  normand,  se  trouvent 
plusieurs  soulèvements  maritimes  dont  l'étude  sérieuse  serait  des  plus 
intéressantes. 

Les  deux  premiers  de  ces  soulèvements  se  trouvent  sur  le  territoire 
de  la  commune  d'Eu  :  le  premier  au  hameau  de  Beaumont,  à  l'altitude 
1^3  mètres;  l'autre,  au  hameau  de  la  Madeleine  (forêt  d'Eu;  carrefour 
du  Siége-3Iadame)  à  l'altitude  120  mètres. 

Sur  le  premier  de  ces  soulèvements,  l'on  trouve  en  très-grande  quan- 
tité des  conglomérats  composés  en  très-grande  partie  d'huîtres  et  de 
moules.  On  y  rencontre  aussi  des  huîtres  séparées,  semblables  à  l'échan- 
tillon que  nous  avons  envoyé,  puis  de  la  glaise,  de  l'argile  plastique, 
du  sable  de  diverses  couleurs. 

En  continuant  à  explorer  les  plateaux,  on  arrive  au  Siège-Madame,  où 
se  trouvent  également  de  la  glaise  et  de  l'argile  plastique.  On  trouve 
aussi  sur  ce  même  point  du  sable  jaune. 

Afin  de  rendre  plus  complètes  nos  observations ,  nous  présentons 
aussi  une  carte  du  canton  sur  laquelle  nous  avons  indiqué  par 
un  trait  rouge  les  points  dont  nous  nous  occupons  plus  particulière* 
ment,  et  si  l'on  se  reporte  sur  cette  carte  au  carrefour  "que  nous  avons 
cité  ci-dessus  (Siège  Madame),  on  voit  qu'en  descendant  dans  la  vallée, 
on  passe  au  Mont  d'Orléans.  Là  se  trouvent,  à  la  cote  83  mètres,  de 
magnifiques  carrières  de  grès  de  toutes  couleurs,  superposées  par  cou- 
ches de  grande  épaisseur. 

En  descendant  toujours  jusqu'à  la  rencontre  du  chemin  de  fer,  on 
trouve  une  carrière  de  cailloux  prise  à  même  du  terrain  quaternaire,  de 
laquelle  on  a  extrait  des  huîtres,  des  ossements,  et  aussi  des  silex  taillés. 


528  GÉOLOGIE    ET    MINÉRALOGIE 

Nous  n'avons  pu  nous  procurer  que  quelques  huîtres  et  quelques  silex. 
Nous  avons  t'ait  l'envoi  de  plusieurs  échantillons.  Cette  carrière  se  trouve 
tout  au  bas  du  coteau  à  l'altitude  21  mètres  ;  celle  du  sol  de  la  vallée, 
prise  près  de  ce  point,  est  de  14  mètres. 

En  suivant  le  chemin  vicinal  parallèle  à  la  ligne  du  chemin  de  fer, 
on  arrive  à  Incheville,  commune  dans  laquelle  se  trouve  le  hameau  de 
Mortagne,  situé  sur  le  dernier  soulèvement  apparent.  C'est  sur  ce  pla- 
teau que  nous  avons  trouvé  l'ambre. 

Cette  substance  se  rencontrait  à  la  profondeur  de  0m,40  à  0m,60. 
Le  terrain  est  argileux  et  renferme  une  assez  grande  quantité  de  lignite 
et  de  chlorure  de  sodium.  Ce  minerai  se  trouve  parmi  des  silex.  Il  en 
affecte  la  forme  et  sa  propre  gangue,  excessivement  mince,  en  a  la  cou- 
leur ;  ce  n'est  qu'au  poids  qu'il  est  possible  de  distinguer  une  matière 
de  l'autre. 

Le  sol  de  la  vallée,  au  pied  du  soulèvement,  est  élevé  de  19  mètres  au-des- 
sus du  niveau  de  la  mer,  et  le  gisement  existe  à  l'altitude  de  115  mètres. 

Nous  n'avons  fouillé  que  sur  un  point,  mais  nous  sommes  persuadé 
que  d'autres  gisements  existent. 

Parmi  les  échantillons  que  nous  avons  recueillis,  nous  avons  reconnu 
l'ambre  jaune  pâle,  verdâtre  et  mat  appelé  Kumts;  l'ambre  jaune  citron 
dit  Bastert  ;  l'ambre  couleur  d'os,  d'un  blanc  mat  et  franc;  l'ambre  im- 
pur dit  Schloenbig,  qui  renferme  des  fragments  organiques  amorphes  ; 
l'ambre  nuageux  de  couleur  inégale  Flomig;  l'ambre  transparent  comme 
le  cristal,  dans  lequel  se  trouvent  parfois  des  parties  d'un  jaune  étince- 
lant  ou  d'un  rouge  très-vif. 

En  ayant  travaillé  beaucoup  d'échantillons,  nous  avons  été  à  même  de 
remarquer  que  l'ambre  dont  nous  nous  occupons  est  très-beau,  qu'il 
offre  une  grande  quantité  de  variétés  ;  mais,  jusqu'à  présent,  nous  n'a- 
vons constaté,  en  fait  d'inclusions,  que  des  bulles  d'air,  des  portions 
d'insectes  et  des  feuilles. 

Passant  maintenant  à  la  vallée  de  l'Yères,  nous  constaterons  encore  un 
soulèvement  maritime  situé  sur  le  territoire  de  la  commune  de  Crieil,  au 
lieu  dit  le  Mont  Joli-Bois  (altde  106  mètres.)  Là  se  trouvent  également  des 
conglomérats  composés  d'huîtres  et  de  moules,  ainsi  que  différentes  sortes 
de  sable. 

En  remontant  la  vallée,  nous  trouvons  à  Villy-le— Bas,  sur  la  rive 
gauche,  à    l'altitude   72  mètres,  du  sulfate  ou  du  phosphate  de  chaux. 

Si  nous  ne  précisons  pas  le  nom  technique  entre  ces  deux  dénomina- 
tions, c'est  que  les  résultats  des  diverses  analyses  n'ont  pas  été  iden- 
tiques. Nous  attribuons  ce  fait  à  la  différence  des  échantillons  que  nous 
avons  rencontrés,  et  nous  en  concluons  que  les  deux  minerais  se  ren- 
contrent sur  ce  même  point. 


t.  ROLLAND-BANÈS.  —  RECHERCHE  DE  LA  HOÙTLLE         o29 

Nous  ajouterons,  qu'un  chimiste,  M.  Nonat,  s'est  prononcé  après  analyse 
pour  le  sulfate.  Il  prétend  en  outre  que  l'expérience  qu'il  a  faite  a  donné 
des  résultats  extraordinaires  et  qu'il  n'a  trouvé  une  qualité  équivalente 
et  une  blancheur  aussi  éclatante  que  dans  une  mine  située  en  Espagne. 
Dans  tous  les  cas,  il  est  certain  que  le  minerai  existe  en  quantité 
considérable  et  qu'il  est  de  la  plus  facile  exploitation. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit  au  commencement  de  ce  rapport,  la  marne 
existe  presque  partout  dans  le  canton  comme  sous-sol. 

Les  échantillons  que  nous  avons  envoyés  ont  été  pris  à  diverses  alti- 
tudes et  nous  avons  joint  à  chacun  les  fossiles  qui  s'y  rencontraient- 
Avant  de  terminer,  nous  dirons  que  dans  la  forêt  d'Eu, notamment  à 
Suinte-Catherine,  au  Carrefour  de  la  Mare  Pavée,  ainsi  qu'à  celui  de  Maître 
Jean,  points  situés  à  la  cote  200  mètres  se  trouvent  des  grès  erratiques 
en  si  grande  quantité  qu'ils  forment  des  carrières  d'autant  plus  exploi- 
tables qu'elles  se  trouvent  à  la  surface  du  sol. 

Telles  sont,  au  point  de  vue  géologique,  les  observations  les  plus  inté- 
ressantes que  nous  avons  cru  devoir  consigner  ici. 


MM.  Gaston  de  TROMELIN  et  Charles  de  GRASSET 


ETUDE  SOMMAIRE  DE  LA  FAUNE  PALÉOZOIQUE  DU  LANGUEDOC 
ET  DES  BASSES-PYRÉNÉES  il). 


.Séance  du  28  août   1877.  — 


M.  L.  R0LIAIL-B1MS 

Ingénieur  civil  des  mines,  au  Havre 


SUR  LA  RECHERCHE  DE  LA  HOUILLE  DANS  LE  DÉPARTEMENT 
DE  LA  SEINE-INFÉRIEURE 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  29  août  1877.  — 

M.  Rolland-Banès  analyse  brièvement  la  notice  dont  il  est  l'auteur  sur  la 
recherche  de  la  houille  dans  la  Seine-Inférieure,  et  qui  a  été  publiée  en  vertu 
d'un  vote  émis  par  le  Conseil  général  de  ce  département,  le  28  août  1873. 

(1)  Un  extrait  de  ce  travail  a  été  imprimé  et  distribué  en  octobre  1877. 


330  GÉOLOGIE    ET   MINÉRALOGIE 

La  section  décide  qu'il  sera  inséré  au  procès-verbal  qu'elle  a  vu  avec 
plaisir  le  Conseil  général  s'occuper  de  la  question  si  importante  de  la  houille 
et  l'aire  des  efforts  constants  pour  la  résoudre. 


M.    POTIER 

Ingénieur  des  Mines 


LE  TUNNEL  DU  PAS-DE-CALAIS  AU  POINT  DE  VUE  GÉOLOGIQUE 


—  Séance  du  29  août  1877.  — 

Il  est  universellement  reconnu  qu'en  présence  du  développement  cons- 
tant des  relations  de  toute  nature  entre  l'Angleterre  et  le  continent, 
particulièrement  avec  la  France,  les  moyens  actuels  de  communication 
sont  de  plus  en  plus  insuffisants  ;  il  est  hors  de  doute  aussi  que  nous 
avons  le  plus  grand  intérêt  à  ne  pas  laisser,  par  négligence,  tomber 
entre  les  mains  de  nos  voisins  les  avantages  inhérents  à  notre  position 
géographique,  qui  fait  des  côtes  françaises  le  point  naturel  de  débarque- 
ment des  voyageurs  et  des  marchandises  qui  doivent  traverser  le  conti- 
nent; nous  devons  donc  nous  efforcer  autant  que  possible  d'attirer  vers 
nous,  par  l'amélioration  de  ces  moyens  de  communication,  un  trafic 
qui  nous  est  et  qui  nous  sera  toujours  disputé.  Aussi  ces  dernières 
années  ont-elles  vu  naître  une  foule  de  projets,  pont  fixe,  tube  im- 
mergé dans  la  mer,  tunnel  sous-marin,  port  gigantesque  desservi  par 
des  bateaux  capables  de  porter  des  trains  entiers,  tous  destinés  à 
augmenter  la  rapidité  et  la  commodité  des  voyages  entre  la  France  et 
l'Angleterre. 

Parmi  tous  ces  projets  on  semble  être  généralement  d'accord  pour 
admettre  que  le  tunnel,  s'il  est  praticable,  constitue  le  moyen  le  plus 
suret  le  plus  efficace;  je  viens  vous  rendre  compte  des  recherches  qui 
ont  été  faites  pour  étudier  le  sous-sol  du  détroit,  recherches  qui  ra- 
tionnellement devaient  précéder  toute  tentative,  tout  commencement 
d'exécution. 

La  constitution  du  sol,  sur  les  deux  rives  du  Pas-de-Calais,  a  été  de- 
puis longtemps  l'objet  des  études  des  géologues;  on  sait  qu'il  y  a  non- 
seulement  analogie,  mais  identité  entre  les  assises  qui  constituent  les 
falaises  entre  Folkestone  et  Douvres  d'un  côté,  Wissant  et  Sangatte  de 
l'autre  ;  on    sait  que    c'est  la  mer  qui,  exerçant  dans  les  temps  passés 


POTIER.    —    LE    TUNNEL    DU    PAS-DE-CALAIS  531 

sur  les  falaises    L'action  destructive   qu'elle  exerce    encore  aujourd'hui, 
a  donné  au  détroit  sa   tonne  actuelle;    on  sait  même  que  la  séparation 
entre  l'Angleterre  et  le  continent  est  relativement  récente  et  postérieure 
à  l'apparition  de  la    faune  actuelle,  car,  ainsi  que  le  faisait  remarquer, 
il  y  a  plus  de  deux  cents  ans,  Versteegan,  ce  n'est  pas  l'homme  qui  a 
introduit  en  Angleterre  les  fauves  contre  lesquels  il  avait  une  lutte  per- 
manente à  soutenir.    D'un  autre    côté,  la  région  qui    avoisine  le  détroit 
a  subi,  à  des  époques  bien  postérieures  au  dépôt  de  la  craie  qui    cons- 
titue   les    falaises,    des    mouvements    importants;    les    failles    de   l'île 
de  Wight,    celles  de    l'Artois,    la    présence,  à   loi)   mètres  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer  en  France  et  en  Angleterre,  des  sables  diestiens,  en 
sont  des  preuves  irrécusables;  tout  en  admettant  la  continuité  primitive 
des  couches  de  craie,  il  y  avait  donc  lieu  de  craindre  que  ces  mouve- 
ments   n'eussent    interrompu    cette  continuité,    ou  au  moins  compliqué 
notablement  la  structure    du  détroit,  dont  l'existence,  au  milieu  de    la 
grande  crête  qui  court  d'Arras  à   Folkestone  et   au    delà,  parait  même 
prouver  qu'il  y  avait  là  un  ou  plusieurs  points  particulièrement  faibles, 
plus  facilement  attaquables    par  la  mer.  Il  suftit  d'ailleurs  de  jeter  les 
yeux  sur  une  carte  topographique  pour  véritier  que  cette  grande  crête 
est  loin  d'être  rectiligne,  et  que,  si  le  «  Chalk  escarpment  »,  qui  limite 
la  dépression  de  Weald  à  l'ouest  de  Folkestone ,  est  bien  parallèle  à  la 
ligne  de  Gris-Nez  à  Caftiers  qui  joue  en    France  le  même  rôle,  il  n'en 
est  pas  le  prolongement.  Il  était  donc  nécessaire  d'étudier  directement  le 
fond  du  détroit. 

Dans  ce  but  on  a  recueilli  un  très-grand  nombre  d'échantillons  de  ce 
fond,  dans  une  étendue  limitée  à  peu  près  par  les  lignes  Folkestone- 
Wissant  et  Saint-Margaret-Calais.  Ces  échantillons    étaient    obtenus  au 
moyen  d'un   tube  cylindrique  en  acier  de  0m,02  de  diamètre  intérieur 
surmonté  d'un  plomb  pesant    50  kilogrammes  ;  pendant  que  cet  appa- 
reil était  envoyé    au  fond,  la    position    du  bateau  était  relevée  par  les 
méthodes  ordinaires,  et  la  profondeur  notée  ;  on  avait  ainsi  les  éléments 
d'une  carte  à  la  fois  topographique  et  géologique.  Cette  sonde  a  été  des- 
cendue 7671  fois,  et  l'on  a   obtenu  plus  de    3000  échantillons  du  fond, 
ayant  une  valeur  géologique  ;  les   coups  de  sonde  infructueux  avaient 
porté,  ou  sur  des  cailloux  qui  ébréchaient  la  sonde,  ou  sur  des  sables  et 
argiles  modernes.  Ces  dépôts,  qui  masquent  la  nature  véritable  du  sol, 
ne  sont  pas  répartis  au  hasard  dans  le  détroit,  mais  forment  des  amas 
allongés  dans   le   sens   général  des  courants  qui  laissent  entre  eux  des 
espaces  complètement    dénudés  par    ceux-ci,  et   dans    lesquels  la  craie 
n'est  pas  recouverte  ;  le  plus  considérable  de  ces  amas  constitue  le  banc 
du  Varne.  A  partir  du  point  le  plus  élevé  de  ce  banc,  qui  n'est  qu'à  3 
mètres  au-dessous    du  niveau  des  plus    basses   mers,  on  ne  rencontre, 


532  GÉOLOGIE    ET    MINÉRALOGIE 

sur  une  longueur  de  près  de  5  kilomètres  vers  le  nord-ouest,  que  des 
petits  graviers  et  des  débris  de  coquilles  ;  mais  entre  cet  amas  et  la  côte 
anglaise,  dans  une  zone  parallèle  à  la  côte  d'une  largeur  de  8  kilomè- 
tres, les  dépôts  modernes  sont  absolument  insignifiants  et  les  couches 
crétacées  sont  à  nu  partout,  sauf  en  face  de  l'embouchure  de  la  petite 
rivière  qui  descend  au  port  de  Douvres.  La  côte  française,  au  contraire, 
à  l'ouest  du  méridien  de  Sangatte,  est  complètement  couverte  par  des 
terrains  de  transport  modernes  dont  la  présence  est  une  conséquence 
nécessaire  de  la  forme  des  côtes  et  de  la  direction  des  courants;  à 
l'est  de  ce  méridien  le  fond  est  suffisamment  dépouillé  de  ces  dépôts 
récents. 

Dans  toute  la  région  où  le  sol  est  à  nu,  les  sondages  ont  été  faits  par 
séries  de  lignes  parallèles  entre  elles,  dans  la  direction  des  courants,  du 
sud-est  au  nord-ouest,  et  séparées  par  une  distance  inférieure  à  300 
mètres;  sur  chaque  ligne  la  distance  entre  deux  sondages  successifs, 
toujours  moindre  que  200  mètres,  est  descendue  souvent  à  100,  et  quel- 
quefois à  50  mètres  ;  enfin  près  des  deux  rives,  où  l'on  pouvait  opérer 
même  avec  un  peu  de  brume,  on  a  ajouté  à  ces  lignes  d'autres  lignes 
perpendiculaires,  surtout  dans  les  régions  voisines  des  inflexions  des  li- 
gnes d'affleurement  de  la  base  de  la  craie  proprement  dite.  Ce  nombre 
de  sondages,  quelque  considérable  qu'il  paraisse,  n'a  rien  d'excessif  ;  on 
est  en  effet  privé  dans  ce  genre  d'études  du  secours  que  prêtent  les  fos- 
siles qu'on  rencontre  avec  abondance  à  certains  niveaux  dans  l'épaisseur 
de  la  craie,  et  c'est  uniquement  la  nature  minéralogique  des  échantil- 
lons recueillis  qui  peut  guider  le  géologue  ;  si  pour  quelques  couches, 
comme  l'argile  du  gault,  ou  la  craie  glauconieuse  qui  lui  succède  immé- 
diatement, les  caractères  sont  tellement  tranchés  que  toute  confusion  est 
impossible  ;  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  masse  de  craie  plus  ou  moins 
grise,  plus  ou  moins  argileuse,  qui  leur  est  superposée,  masse  dans 
iiquellela  place  d'un  échantillon  unique  serait  très-difficile  à  fixer, 
tandis  que  la  comparaison  d'une  série  d'échantillons,  dont  l'ordre  est 
connu  a  priori,  avec  les  séries  voisines  et  les  séries  extraites  des  falaises 
permet  d'arriver  à  des  identifications  satisfaisantes  et  d'éviter  les  erreurs 
accidentelles  résultant  de  la  présence  au  fond  de  la  mer  des  fragments 
de  craie  roulés  et  hors  de  place. 

L'examen  des  échantillons  recueillis  a  amené  aux  conclusions  suivantes  : 

1°  Il  y  a  continuité  entre  les  couchesde  craie  des  deux  côtés  du  détroit 
et  l'on  pourrait  sur  le  fond  de  la  mer  passer  de  France  en  Angleterre 
sans  quitter  une  couche  déterminée; 

2°  La  direclion  générale  des  couches  dans  le  détroit  est  parallèle  à  leur 
direction  générale  sur  les  deux  rives,  et  leur  inclinaison  est  aussi  dans 
le  même  sens,  vers  le  nord-nord-est.  11  en  est  ainsi  au  moins  depuis  la 


POTIER.    —    LE    TUNNEL    DU    PAS-DE-CALAIS  533 

limite  des  eaux  anglaises  jusqu'à  1  kilomètre  environ  des  côtes  de 
France;  de  telle  sorte  que  si  l'on  supposait  le  terrain  coupé  par  un 
plan  horizontal,  à  une  certaine  profondeur  au-dessous  du  niveau  de  la 
mer,  la  trace  d'une  des  couches  de  craie  serait  dans  le  détroit  une  ligne 
sensiblement  droite  et  parallèle  aux  lignes  analogues  que  l'on  obtiendrait 
sur  le  continent  et  en  Angleterre  ;  mais  ces  trois  lignes  ne  seraient  pas 
dans  le  prolongement  l'une  de  l'autre  et  formeraient  trois  gradins;  le 
raccordement  entre  ces  lignes  étant  formé  par  des  courbes  d'autant  plus 
adoucies  que  le  plan  idéal  de  section  est  plus  profond. 

Il  ne  résulte  pas  de  là  qu'il  n'y  ait  point  de  failles,  même  impor- 
tantes, dans  le  détroit;  tout  porte  à  croire  au  contraire  que  les  failles 
signalées  depuis  longtemps  dans  le  Boulonnais  et  dans  le  Weald  se  pro- 
longent et  se  raccordent  sous  la  mer;  mais  ces  failles  n'intéressent  que 
la  région  située  au  sud  de  l'étendue  explorée,  et  dans  laquelle  les  cou- 
ches de  la  craie  proprement  dite  ont  été  complètement  enlevées  par  les 
érosions;  cl,  dans  l'étendue  explorée  elle-même,  les  mouvements  qui 
ont  accompagné  ces  failles  n'ont  laissé  d'autres  traces  que  l'inclinaison 
prononcée  et  de  sens  variable  des  couches  crétacées. 

Parmi  les  raisons  qui  militent  en  faveur  de  l'établissement  du  tunnel 
sous-marin  dans  les  couches  crétacées,  et  non  dans  les  assises  qui  les 
supportent  et  forment  le  fond  du  détroit  au  sud  de  la  ligne  tirée  de 
Wissant  à  Folkestone,  nous  devons  précisément  mentionner  l'existence 
de  ces  failles  au  milieu  de  terrains  peu  ou  mal  connus,  qui,  très-deve- 
loppés  en  Angleterre,  ne  sont  plus  représentés  en  France  que  par  des 
lambeaux  insignifiants,  dont  la  nature  même  exclusivement  sableuse  ou 
argileuse,  sans  couches  compactes  et  solides,  rendrait  fort  difficile  et 
tout  à  fait  aléatoire  l'exécution  d'un  pareil  travail  ;  au  contraire  l'exis- 
tence sous  le  sol  du  détroit  d'assises  crayeuses,  dont  la  continuité  est 
établie  et  la  position  constatée  avec  une  très-grande  approximation,  in- 
dique nettement  que  c'est  au  milieu  d'elles  que  doit  être  creusé  le  tun- 
nel ;  mais  ces  assises  sont  assez  différentes  entre  elles,  par  les  propor- 
tions relatives  de  calcaire  et  d'argile  qui  entrent  dans  leur  composition, 
pour  qu'il  y  ait  lieu  d'examiner  s'il  est  indifférent  de  passer  d'une 
couche  dans  une  autre.  On  devait  donc  étudier  spécialement  ces 
couches  au  point  de  vue  de  la  quantité  d'eau  qu'elles  contiennent. 

Les  assises  supérieures  de  la  craie,  qui  sont  sans  consistance  et  se 
fendillent  avec  facilité  à  l'air,  ne  nécessitaient  point  d'études  spéciales;  la 
multitude  des  fentes  qui  les  traversent  offrent  à  l'eau  un  passage  très- 
facile,  qui  les  rend  dangereuses.  C'était  principalement  la  craie  mar- 
neuse à  Inoceramus  labeatus,  le  turonien  de  d'Orbigny,  et  la  craie  de 
Houen,  ou  cénomanien  du  même  auteur,  qui  devaient  être  examinées, 
et     autant    que    possible    dans    le    voisinage   du    tunnel,  afin  qu'on 


o34  GÉOLOGIE    ET   MINÉRALOGIE 

ne    pût  arguer  de  la  variabilité  des  caractères  minéralogiques  dans  une 
même  assise. 

On  a  donc  étudié  le  régime  des  eaux  en  France  dans  la  région  qui 
avoisine  le  littoral,  à  la  surface  et  en  protondeur.  Le  nivellement  des 
eaux,  dans  les  puits  creusés  dans  les  collines  qui  bordent  au  sud  la 
plaine  de  Calais,  a  montré  qu'en  marchant  du  nord  au  sud,  le  niveau 
de  l'eau  au-dessus  de  celui  de  la  mer  s'élevait  progressivement,  sans 
saut  brusque,  et  cependant  les  assises  dans  lesquelles  se  trouvent  les 
eaux  sont  de  plus  en  plus  anciennes.  Tandis  que  sur  le  bord  de  la 
plaine  de  Calais  l'eau  est  prise  dans  la  craie  la  plus  élevée,  à  quelques 
kilomètres  au  sud  elle  est  prise  dans  la  craie  cénomanienne  ou  infé- 
rieure. La  marche  progressive  du  niveau  de  l'eau  prouve  que  l'on  n'a 
pas  affaire  à  une  série  de  couches  aquifères,  mais  que  dans  toute  sa 
masse  la  craie  est  imprégnée  d'eau  qui  s'écoule  lentement  vers  la  plaine. 
Des  petites  sources  sortent  vers  le  tiers  inférieur  de  la  craie  cénoma- 
nienne, sur  les  revers  sud  de  ces  collines,  et  peuvent  se  suivre  sur 
la  falaise,  comme  sur  la  rive  anglaise,  et  au  môme  niveau  géologique; 
d'où  la  présomption  que  le  tiers  inférieur  de  la  craie  cénomanienne  est 
imperméable,  et  qu'il  faut  descendre  jusqu'aux  sables  du  puits  de 
Grenelle,  au-dessous  de  l'argile  du  gault,  pour  trouver  une  nouvelle 
nappe  aquifère. 

Ces  prévisions  ont  été  vérifiées  directement  par  un  sondage  fait  à 
proximité  du  village  de  Sangatte.  L'emplacement  de  ce  sondage  avait 
été  choisi  de  manière  qu'on  eût  à  traverser  la  partie  inférieure  de  la 
craie  marneuse  avant  d'atteindre  la  craie  cénomanienne.  La  craie  mar- 
neuse fut  en  effet  rencontrée,  sous  des  tourbes  et  des  alluvions  mari- 
nes récentes,  à  10  mètres  de  profondeur  environ  ;  à  19  mètres  cette 
craie  devint  tout  à  fait  solide  et  l'aspect  des  échantillons  montra  que 
l'on  était  bien  certainement  dans  la  craie  en  place  et  non  remaniée. 
Pour  traverser  les  alluvions  et  la  partie  supérieure  de  la  craie,  on 
avait  dû  placer  dans  le  trou  de  sonde  deux  colonnes  de  tubes  ;  la  pre- 
mière, partant  du  sol,  s'arrête  à  10ra,26,  la  seconde,  dont  la  tête  est  à 
9"',97,  à  son  pied  à  17m,05  ;  son  diamètre  est  de  0m,38;  pour  isoler 
les  eaux  de  la  craie  marneuse,  des  eaux  superficielles,  on  a  descendu 
une  troisième  colonne  depuis  le  sol  jusqu'à  23ra,30  qui  s'enfonçait  par 
conséquent  de  plus  de  4  mètres  dans  la  craie  bien  solide;  on  coula 
ensuite  du  ciment  dans  les  espaces  annulaires  que  ces  tubes  laissaient 
entre  eux;  on  descendit  deux  jours  après  une  pompe  dans  le  trou  de 
sonde,  l'orifice  d'aspiration  était  à  20m,44  du  sol,  et  on  mesura  le  dé- 
bit du  forage  :  l'eau  étant  maintenue  au  niveau  de  l'orifice  d'aspiration 
ce  débit  était  de  5  litres  par  minute.  Le  sondage  fut  continué  ;  à  36 
mètres  on  rencontra  la    partie  supérieure  de  la  craie  cénomanienne;  à 


POTIEK.   —  LE    TUNNEL   DU   PAS-DE-CALAIS  53S 

44m,25  on  lit  un  nouvel  essai  de  pompe;  la  différence  entre  les  deux 
débits  trouvés  indiquait  la  quantité  d'eau  fournie  par  les  21  mètres  li- 
bres du  trou  de  sonde  ;  la  venue  d'eau  était  si  abondante  qu'on  ne 
put  abaisser  le  niveau  de  l'eau  au-dessous  de  15m,75;  en  maintenant 
l'eau  à  cette  profondeur  le  débit  était  de  196  litres  par  minute;  l'opé- 
ration répétée  quelques  jours  plus  tard,  à  la  profondeur  de  4Gm,54,  on 
put  abaisser  l'eau  à  16,75  avec  un  débit  de  222  litres;  d'autres  essais 
faits  en  maintenant  le  niveau  de  l'eau  à  d'autres  profondeurs  plus  fai- 
bles montrèrent  que  le  débit  n'avait  pas  sensiblement  varié  entre  les 
deux  opérations,  comme  on  pouvait  s'y  attendre  d'après  la  nature  argi- 
leuse de  la  craie  traversée  vers  45  mètres.  En  présence  de  cette 
alfluence,  d'eau,  le  sondage  fut  continué  jusqu'à  50  mètres,  de  nouveau 
tube  et  du  ciment  coulé;  après  la  prise  du  ciment,  il  fut  très-facile 
d'abaisser  le  niveau  de  l'eau  dans  le  forage  jusqu'à  50  mètres  du  sol, 
et  le  débit  à  cette  profondeur  n'était  plus  que  de  4  litres  et  demi; 
ainsi  ce  cimentage,  comme  le  premier,  était  bien  étanche;  au  bout  de 
deux  jours  l'eau  n'était  pas  encore  remontée  à  son  niveau  statique.  De 
nouveaux  essais  de  pompe  furent  faits  aux  profondeurs  de  61"\87, 
71"\46,  79'", 48  pour  étudier  la  partie  moyenne  de  la  craie  cénoma- 
nienne,  au  bas  de  laquelle  se  trouve  le  niveau  des  sources  dont  il  a  été 
parlé  ci-dessus,  puis  à  92", 45  et  enfin  à  100  mètres,  au  moment  où  le 
forage  venait  de  pénétrer  dans  l'argile  du  gault  dont  l'imperméabilité 
est  certaine,  et  de  manière  à  recueillir  l'eau  fournie  par  les  50  mètres 
libres  du  trou  de  sonde.  Le  tableau  suivant  résume  les  résultats  obte- 
nus, l'eau  étant  maintenue  pendant  l'épuisement  tantôt  à  10  mètres, 
tantôt  à  20  mètres,  tantôt  à  40  mètres  du  sol. 


Profondeur 

Eau 

Eau 

Eau 

du  forage. 

à  10 

mètres. 

à  20  mètres. 

à  40  mètres. 

6L87 

16 

33 

55 

71.46 

26 

50 

80 

79,48 

34 

69 

128 

92.85 

38 

71 

128 

100.00 

42 

75 

» 

Ainsi  les  50  mètres  libres  dans  la  craie  cénomanienne  ont  donné 
trois  fois  moins  d'eau  que  21  mètres,  dont  12,6  dans  la  craie  marneuse, 
probablement  seuls  aquifères  ;  il  n'y  a  donc  pas  à  hésiter  à  placer  le 
tunnel  dans  la  craie  cénomanienne,  et  de  préférence  dans  le  tiers  infé- 
rieur, dont  le  débit  est  absolument  négligeable. 

Pour  avoir  une  idée  plus  exacte  de  l'affluence  des  eaux  dans  la  craie 
marneuse,  on  a  prolongé  le  sondage  jusque  dans  les  sables  verts  infé- 
rieurs au  gault;  après  tubage  préalable,  un  essai  de  pompe  fait  dans 
ces  sables  a  donné  un  débit  égal,  mais  non  supérieur,  à  celui  de  la 
craie  marneuse  (67  litres  par  minutes,   pour  5  mètres  de  hauteur,  eau 


536  GÉOLOGIE    ET    MINÉRALOGIE 

à  15  mètres).  Ainsi  la  craie  peut  être  aussi  dangereuse  que  les  sables 
aquifères,  résultat  qui  n'étonnera  pas  les  ingénieurs  au  courant  des 
difficultés  que  présente  parfois  dans  le  Nord  le  passage  des  niveaux. 

On  ne  doit  donc  tenter  le  percement  du  tunnel  sous-marin  qu'à  la 
ondition  de  se  maintenir  dans  la  partie  inférieure  de  la  craie  de  Rouen, 
ou  cénomanienne,  et  sr  conséquent,  de  suivre  à  peu  près  les  ondu- 
lations de  la  surface  de  séparation  de  cette  craie  et  du  gault  sous- 
jacent.  L'étude  de  la  carte  géologique  du  détroit,  mise  sous  les  yeux  de 
la  section  de  géologie  (I),  montre  qu'on  épousera  très-bien  la  forme  de 
cette  surface  sans  employer  des  courbes  d'un  rayon  inférieur  à  1,200 
mètres,  et  encore  une  courbe  de  ce  rayon  ne  sera  nécessaire  que  près 
de  la  côte  française. 

Ce  tracé ,  composé  de  grands  alignements  droits  et  de  courbes  de 
rayon,  ne  doit  inspirer  aucune  inquiétude  au  point  de  vue  du  raccor- 
dement :  il  est  bien  évident  que  si  Ton  part  de  deux  points  situés, 
l'un  en  France,  l'autre  en  Angleterre,  au  même  niveau  et  sur  la  sur- 
face de  séparation  du  gault  et  de  la  craie,  en  s' élevant  des  deux  côtés 
on  doit  forcément  se  rencontrer,  en  ayant  parcouru  des  dislances  éga- 
les si  les  pentes  sont  les  mêmes  des  deux  côtés.  Du  reste,  en  exami- 
nant la  question  en  dehors  de  toute  considération  géologique.  M.  l'in- 
génieur hydrographe  Larousse,  qui  avait  été  chargé  pendant  les  études 
en  mer  de  déterminer  la  position  exacte  de  chaque  coup  de  sonde,  et 
en  tenant  compte  de  la  multiplicité  des  opérations  géodésiques  néces- 
sitées par  les  inflexions  du  tracé,  est  arrivé  à  la  conclusion  que  la 
somme  des  erreurs  serait  toujours  inférieure  au  diamètre  du  tunnel 
projeté. 


D1   Charles  BARROIS 

Do  Lille. 


NOTE  SUR  LE  TERRAIN   DÉVONIEN  DE  LA  PROVINCE  DE  LÉON    (ESPAGNE). 


—  Séance  du  29   août    1877.   — 

Le  terrain  dévonien  de  la  province  de  Léon  a  déjà  été  étudié  à  diverses 
reprises  par  L).  Casiano  de  Prado  et  par  M.  de  Verneuil  ;  l'état  des  con- 
naissances acquises  sur  ce  sujet  a  été  résumé  par  M.  de  Verneuil  (2)  lui- 

■i)  Dressée  par  M.  de  Luppurent  et  par  moi. 

2  De  Verneuil  et  Collomu  :  Coup  d'oeil  «ur  lu  const.  géul.  de  quelques  provinces  de  l'Espagne. 
Bull.  Soc.  Geol.  France,  a*  série,  t.  X,  i8i>2,  p-  127. 


Dr    BARROIS.    —    TERRAIN    DÉVONIEN    UE    LA   PROVINCE   DE   LÉON  537 

même,  de  la  façon  suivante  :  «  Des  grès  rouges  tort  épais  paraissent 
être  à  la  base  du  système  dévonien.  Ils  sont  quelquefois  tellement  im- 
prégnés de  fer,  qu'ils  fournissent  un  très-bon  minerai;  c'est  le  gise- 
ment principal,  d'où  proviennent  les  fers  des  fabriques  de  Mierès  dans 
les  Asturies,  et  de  Sabero  dans  la  province  de  Léon.  Les  grès  rouges, 
accompagnés  de  schistes  de  même  couleur,  sont  surmontés  par  des  cal- 
caires très-puissants  qui  se  dressent  en  pics  aigus  et  déchiquetés,  dont 
les  formes  pittoresques  se  distinguent  de  loin  dans  les  plaines  de  Castille. 

»  La  plupart  des  fossiles  sont  caractéristiques  de  la  base  du  terrain 

dévonien;  ils  représentent  le  calcaire  de  l'Eifel  et  encore  mieux  les  grès 
et  les  schistes  qui  lui  sont  intérieurs.  C'est  l'étage  que  les  géologues 
allemands  appellent  œlterer  (jrauwacke;  c'est  aussi  le  système  rhénan  de 
M.  Dumont,  étage  représenté  principalement  en  France  par  les  grès  et 
les  calcaires  de  Néhou,  de  Viré  et  de  la  rade  de  Brest;  enfin,  c'est  la 
partie  inférieure  du  système  dévonien.  Nous  nous  sommes  appuyés  sur 
l'étude  comparative  des  fossiles  pour  établir  ce  parallélisme,  et  l'on  peut 
voir,  dans  le  compte-rendu  de  la  séance  extraordinaire  du  Mans  (1)  que 
l'un  de  nous  a  reconnu  28  espèces  communes  entre  l'Espagne  et  la 
France. 

»  Outre  les  grès  et  les  calcaires  dont  nous  venons  de  parler,  il  existe 
encore  dans  le  terrain  dévonien  des  montagnes  de  Léon  des  bancs  cal- 
caires plus  élevés  :  ce  sont  les  calcaires  rouges  à  (ioniatites  et  à  Orthoce- 
ratites  de  Puentealba,  près  Robles,  et  de  Buzdongo,  sur  la  route  de  Léon 
à  Oviédo.  Ces  calcaires  sont  tout  à  fait  comparables  aux  marbres  griottes 
des  Pyrénées,  et  semblent  devoir  occuper,  comme  eux  et  comme  les  cal- 
caires rouges  à  Goniatites  des  bords  du  Rhin  et  de  la  \Yestphalie,  la 
partie  supérieure  du  système  dévonien.  M.  Casiano  de  Prado  a  décou- 
vert aussi  à  Llama,  près  de  Sabero,  des  schistes  qui  doivent  également 
être  classés  parmi  les  couches  les  plus  élevées  de  ce  système,  et  dont  le 
fossile  le  plus  caractéristique  est  le  Cardium  palmatum,  Gold.  » 

Les  études  que  j'ai  faites  dans  la  province  de  Léon  m'ont  permis 
d'ajouter  quelques  détails  aux  observations  précédentes. 

La  base  du  terrain  dévonien  de  la  province  de  Léon  est  formée,  comme 
l'avait  indiqué  M.  de  Verneuil,  par  une  épaisse  masse  de  grès;  mais  on 
peut  bientôt  se  persuader  que  les  minerais  de  fer  de  ce  système  occu- 
pent une  position  fixe,  ils  sont  localisés  à  la  partie  supérieure  des  grès. 
On  peut  donc  diviser  ces  grès  en  deux  assises  différentes,  l'inférieure 
formée  de  schistes  et  de  grès,  la  supérieure  beaucoup  moins  épaisse  que 
la  première  et  caractérisée  par  la  présence  du  minerai.  Ces  grès  dévo- 
nieus  de   l'Espagne   ont  des    représentants  en  France  ;  je  crois  devoir 

(1)  Réunion  extraordinaire  au  Mans,  Bull.  Soc.  Géol.  France,  2»  série,  l.  VII,  p.   785- 


538  GÉOLOGIE   ET    MINÉRALOGIE 

comparer  l'assise  supérieure  ferrugineuse  aux  grès  de  Landevennec  qui 
contiennent  aussi  du  minerai  de  fer,  et  l'assise  inférieure  aux  schistes  et 
quartzites  de  Plougastel,  divisions  du  terrain  paléozoïque  de  la  Bre- 
tagne qui  ont  été  définies  dans  les  Annales  de  la  Société  géologique  du 
Nord  (1). 

Les  calcaires  qui  recouvrent  les  grès  et  forment  les  sommets  des  mon- 
tagnes dévoniennes  de  la  province  de  Léon,  correspondent  par  leur  faune, 
comme  M.  de  Verneuil  l'avait  reconnu,  aux  calcaires  de  Néhou,  de  Viré 
et  de  la  rade  de  Brest,  ou,  plus  exactement,  à  la  Gramvacke  du  Faou 
à  Chonetes  sarcinulata.  Mais  tandis  que  le  calcaire  ne  forme  que  des  len- 
tilles au  milieu  de  l'assise  de  la  Grauwacke  du  Faou  en  Bretagne,  il 
domine  sur  les  autres  sédiments  en  Espagne  et  y  forme  presque  entiè- 
rement l'assise.  Les  travaux  de  M.  Gosselet  ont  rendu  familière  cette 
disposition  des  calcaires  dévoniens  dans  i'Ardenne,  on  voit  qu'elle  n'est 
pas  limitée  à  cette  région . 

Au-dessus  des  couches  précédentes  qui  appartiennent  au  terrain  dévo- 
nien  inférieur  se  trouvent  les  dépôts  rapportés  au  terrain  dévonien  supé- 
rieur: les  calcaires  ronges  à  Goniatites  de  Puentealba  et  les  schistes  noirs 
à  Cardium  palmatum  de  la  Collada  de  Llama;  ils  méritent  une  atten- 
tion spéciale.. 

Les  schistes  noirs  de  la  Collada  de  Llama  ont  été  signalés  pour  la 
première  fois  en  1850  par  M.  Casiano  de  Prado  (2);  il  les  considérait 
alors  comme  appartenant  au  terrain  liouiller.  Les  fossiles  recueillis 
étaient  peu  nombreux,  ils  se  trouvent  dans  des  nodules  argilo-ferrugi- 
neux  assez  nombreux  dans  les  schistes;  M.  de  Verneuil  ayant  examiné 
ces  fossiles,  y  reconnut  une  Orthis,  un  Phacops  et  une  Posidonomya.  Le 
genre  Phacops  étant  inconnu  dans  le  terrain  carbonifère  indiquait  ici  le 
terrain  dévonien,  mais  la  Posidonomya  ressemblait  à  une  coquille  carbo- 
nifère et  fournissait  ainsi  une  présomption  en  faveur  de  l'opinion  de 
M.  Casiano  de  Prado.  Cette  Posidonomya  fut  décrite  comme  nouvelle  et 
figurée  par  M.  de  Verneuil  (3),  sous  le  nom  de  Posidonomya  Pargai;  il 
la  comparait  à  la  P.  vetusta  (Inoceramus  vetustus,  Sow.);  cependant  elle 
est  plus  inéquilatérale  et  tient  le  milieu  à  cet  égard  entre  celle-ci  et  la 
P.  Becheri,  dont  elle  diffère  d'ailleurs  par  le  moindre  nombre  de  ses 
rides  ou  plis  transverses  et  par  sa  plus  grande  épaisseur.  M.  de  Verneuil 
la  comparait  encore  à  P.  lateralis  et  aux  autres  Posidonomyes  du  terrain 
liouiller  inférieur  du  Devonshire,  du  Harz  et  des  bords  du  Rhin.  La 
découverte  de  nouveaux  fossiles  vint  modifier  l'opinion  de  M.  Casiano 

(1)  Note  préliminaire  sur  le  terrain  silurien  de  l'ouest  de  la  Bretagne,  i.  IV,  p.  38.  Note  sur  le 
terrain  dévonien  de  la  rada  de  Brest,  t.  IV,  p.   59. 

(2)  Casiano  de  Prado  :  Note  géol.  sur  les  Terrains  de  Sabero  et  de  ses  environs  dans  les  mon- 
tagnes de  Léon  [Espagne  .  Bull    Soc.  Géol.   France,  2e'  série,  t.  VII,  p.   137. 

(3)  Bull.  Soc.  Géol.  France,  a«  série,  t.  VII,  p.  no.  Pi.  3,  Kig.  su.  5b. 


Dr    BARROIS.    —   TERRAIN    DÉVONIEN    DE    LA    PROVINCE   DE    LÉON  539 

de  Prado  au  sujet  de  l'âge  de  ces  couches,  il  écrivait  en  18G0  (1)  que 
Us  schistes  de  la  Collada  de  Llama  contenaient:  «  Cardium  palmatum, 
»  Posidonomga  Pargai,  une  Conularia  et  quelques  autres  espèces  assez 
»  rares  qui  se  trouvent  presque  toujours  dans  de  petits  rognons  ferrugi- 
»  neux.  11  n'y  a  ni  brachiopodes,  ni  crinoïdes.  On  peut  considérer  cette 
«  bande  comme  l'étage  supérieur  du  terrain  dévonien.  On  ne  la  voit 
»  dans  aucun  autre  lieu  de  la  chaîne  cantabrique.  » 

J'ai  observé  ces  schistes  noirs  à  Cardiola  retrostriata  (Cardium  pal- 
matum) de  la  Collada  de  Llama  dans  une  autre  partie  de  la  province  de 
Léon;  ce  nouveau  gisement  est  d'un  accès  plus  facile  que  celui  des 
environs  de  Sabero,  puisqu'il  se  trouve  à  peu  de  distance  de  la  grande 
route  de  Léon  à  Oviédo.  Cette  route  suit  la  vallée  de  la  Bernesga;  lors- 
qu'en  partant  de  Léon  on  est  arrivé  à  Puentealba  sur  les  terrains  paléo- 
zoïques,  et  que  l'on  a  traversé  l'aqueduc  de  la  Bobla  où  les  calcaires 
rouges  à  Goniatites  sont  si  bien  développés,  il  faut  suivre  la  grande 
route  jusqu'au  premier  affluent  de  la  rive  gauche  de  la  Bernesga  pour 
voir  les  schistes  noirs  qui  m'ont  fourni  Cardiola  retrostriata ,  Posido- 
nomxja  Pargai,  etc.  —  Les  gens  du  pays  appellent  ce  petit  cours  d'eau 
le  ruisseau  del  Barrero;  il  montre  de  beaux  affleurements  de  schistes  et 
grauwackes  de  l'époque  houillère,  des  calcaires  rouges  à  Goniatites  et  des 
schistes  noirs  à  Cardiola  retrostriata  :  j'y  ai  reconnu  la  superposition 
des  calcaires  rouges  à  Goniatites  de  Puentealba  aux  schistes  noirs  à 
Cardiola  retrostriata  de  Llama.  Ces  schistes  noirs  à  cardioles  m'ont 
fourni  de  nombreux  fossiles,  notamment  dans  un  ravin  qui  m'a  été 
désigné  sous  le  nom  de  el  fuego;  ces  schistes  sont  fins,  ampéliteux  et 
d'un  noir  très-foncé,  ils  contiennent  des  lits  de  nodules  durs,  discoïdes, 
argilo-ferrugineux;  c'est  en  brisant  ces  nodules  que  l'on  trouve  les  fos- 
siles. Les  caractères  pétrographiques  de  cette  assise  rappellent  au  pre- 
mier abord  les  couches  que  j'ai  décrites  en  Bretagne  sous  le  nom  de 
schistes  de  Porsguen;  la  position  stratigraphique  et  la  faune  de  ces  schistes 
de  Llama  s'accordent  également  pour  montrer  qu'ils  correspondent  exac- 
tement aux  schistes  de  Porsguen  (ardoises  de  Wissenbach),  et  qu'on  ne 
doit  pas  les  ranger  dans  le  terrain  dévonien  supérieur  comme  on  l'a  fait 
jusqu'ici. 

Les  schistes  noirs  à  Cardiola  retrostriata  de  la  Collada  de  Llama  recou- 
verts par  les  calcaires  rouges  à  Goniatites  de  Puentealba,  reposent  sur 
les  calcaires  à  Spirifer  lœvicosta  ;  or,  les  schistes  de  Porsguen  reposent 
sur  l'assise  de  la  grauwacke  du  Faou  que  j'ai  rapprochée  du  calcaire  à 
Spirifer  lœviscosta  du  Léon.  Quant  à  la  faune  des  schistes  de  Llama, 
elle  est  la  même  que  celle  des  schistes  de  Porsguen;  j'y  ai  recueilli  les 

(1)  Casiano  de  Prado  :  Sur  l'existence  de  la  faune  primordiale  dans  la  chaîne  cantabrique,  Bull. 
Soc.  Géol.  France,  2e  série,  t.  XVII,  p.  520. 


540  GÉOLOGIE    ET   MINÉRALOGIE 

espèces  suivantes,  et  je  ne  doute  pas  que  des  recherches  plus  suivies  n'y 
retrouvent  de  nouvelles  analogies  : 

Phacops  latifrons,  Bionn, 
Goniatites  cf.  occultus,  Barr. 
Orthoceras  regulare,  Schet. 
Baclriles  Schlotheimii,  Quensl.  sp. 
Plewrotomaria  subcarinata,  V.  A.  Bn'iu. 
Posidonomya  Par  gai,  de  Vern. 
Cardiola  retrostriata,  v.  Buch. 
Retzia  novermplicata,  Sandb. 

Ces  fossiles  sont  les  plus  communs  des  schistes  de  Porsguen;  parmi 
eux  est  une  espèce  qui  mérite  une  mention  particulière,  c'est  la  Posi- 
donomya Pargai,  non  encore  signalée  en  Bretagne;  j'avais  indiqué  comme 
très-abondante  dans  ce  pays  la  Posidonomya  venusta  (1),  or,  les  diffé- 
rences entre  les  Posidonomya  venusta  et  Posidonomya  Pargai  sont  bien 
légères.  Le  professeur  Ferd.  Rœmer  a  bien  voulu  comparer  mes  Posido- 
nomyes  du  terrain  dévonien  inférieur  de  Bretagne  aux  Posidonomya 
mnusta,  qui  caractérisent  le  terrain  dévonien  supérieur  en  Allemagne 
et  en  Pologne,  et  il  a  aussi  constaté  entre  elles  une  grande  ressem- 
blance. 

Il  faut  donc  admettre  que  le  T.  dévonien  supérieur  à  Cardiola  retros- 
triata  n'existe  pas  en  Espagne  comme  on  l'avait  cru;  on  y  trouve  au 
contraire  un  représentant  des  schistes  de  Porsguen  :  c'est  une  analogie 
de  plus  entre  le  terrain  dévonien  de  l'Espagne  et  celui  de  la  Bretagne. 
La  partie  supérieure  du  terrain  dévonien  du  Léon  est  formée  par  les  cal- 
caires rouges  à  Goniatites  et  à  Orthocératites  de  Puentealba,  que  je  crois 
comparables  aux  calcaires  amygdalins  et  marbres  griottes  des  Pyrénées, 
aux  calcaires  rouges  à  Goniatites  de  la  Westphalie  et  aux  calcaires  du 
Cap-Choux  dans  la  Loire-Inférieure. 


M.   Edouard  JAOETTAZ 

Aide  au  Muséum,  Maître  de  conférences  de  Minéralogie  à  la  Faculté  des  sciences  de  Pans. 


RELATIONS  ENTRE  LES  AXES  D'ELASTICITE, 
CEUX  DE  PROPAGATION  POUR  LA  CHALEUR,  ET  LES  DIRE    TIONS  PRINCIPALES 

Dfc    COHÉSION. 


—  Séance  <lu  3  0  août  1877.  — 

Dans    la  première  série  de   mes  recherches,  j'avais  eu  d'abord  pour 
objet  de  continuer  le  travail  de  de  Senarmont  sur  la  propagation  de  la 

(1)  11  ne  faut  pas  confondre  lu  P.  vetvtta,  Sow.  avec  la  P.  venusta,  Muust. 


E.    JANNETTAZ.    —   ÉTUDES    SUR    LES   CORPS   CRISTALLISÉS  541 

chaleur  dans  les  corps  cristallisés.  Une  plaque  d'un  cristal,  parallèle  à 
une  lace  naturelle  ou  artificielle,  était  enduite  de  cire,  et  traversée  par 
une  tige  métallique,  dont  on  échauffait  une  extrémité.  La  chaleur  de  la 
tige  taisait  fondre  autour  d'elle,  à  la  surface  de  la  plaque,  la  matière 
grasse,  à  des  distances  d'autant  plus  grandes  sur  les  diverses  directions, 
qu'elle  s'y  propageait  mieux.  Après  refroidissement,  un  bourrelet  saillant 
de  la  cire,  indiquait  les  limites  de  la  région  atteinte  par  la  tempéra- 
ture suffisante  pour  la  fusion  de  cette  matière. 

Afin  d'éviter  le  forage  des  plaques,  j'ai  employé  deux  fils  de  platine, 
soudés  à  une  de  leurs  extrémités  dans  une  petite  sphère  de  môme  métal, 
et  communiquant  métalliquement  par  l'autre  extrémité  avec  les  deux 
pôles  d'une  pile  carrée  de  trois  ou  quatre  éléments.  Le  courant  échauffe 
et  fait  rougir  la  petite  sphère  appliquée  sur  la  plaque,  en  un  point  de 
contact  qui  joue  le  rôle  de  source  de  chaleur.  La  plaque  est  recouverte 
de  graisse  colorée  ou  non,  et  le  reste  se  passe  comme  précédemment. 
J'ai  pu  opérer  ainsi  sur  un  grand  nombre  de  substances,  où  le  procédé 
primitif  n'aurait  pu  réussir. 

Je  n'avais  pas  à  vérifier  les  lois   expérimentales  posées  par  de  Senar- 
mont,  qui  démontrent  l'harmonie  de  la  symétrie  cristalline,  et  de  celle 
de  l'ellipsoïde  qui   mesure    dans  les   cristaux  la  conductibilité  thermi- 
que. J'ai    trouvé  une  relation,  vraie  dans  les    corps  cristallisés,  comme 
dans  tous  ceux  dont  les  molécules  présentent  un  arrangement  symétri- 
que, à  quelque  cause  qu'il  soit  dû,  entre  l'énergie  de  la  cohésion,  et  la 
facilité  de  la  propagation  de  la  chaleur,    suivant    une  même  direction. 
On  sait  que  la  disposition  des  éléments  solides  dans  les  corps  cristal- 
lisés, que  la  variation  de  leurs  intervalles  y  déterminent  des  cohésions  va- 
riables aussi  d'une  direction  à  une  autre,  comme  l'attestent  les  clivages. 
Or,  en  perçant   un  trou  dans  une   lame  de   gypse,  ayant  deux  faces 
parallèles  entre  elles  et  au  plan  de  symétrie  des  cristaux  de  cette  matière, 
j'écartai  l'un  de  l'autre  deux  feuillets    contigus  de  la  plaque,   et  je  vis 
se  former  autour  du   trou  des  courbes  irisées,  qui  allaient  grandissant, 
à  mesure  que  j'appuyais  davantage.  Entre  les  deux  feuillets  apparurent 
les  anneaux  colorés  dits  de  Newton,  et   ces   anneaux  avaient  la  forme 
d'ellipses,  dont  le  grand  axe  était  constamment  à  17°  d'une    direction 
facile  à  retrouver.  C'est,  en  effet-,  celle  d'un  clivage  perpendiculaire    à 
celui  qui  m'avait  donné  mes  lames,  et  qui  a   l'aspect    vitreux;   c'est  le 
plan  h1  des  cristallographes  français.  Chose  remarquable,  c'est  en  même 
temps  la  direction  de  l'axe  de  plus  facile  propagation  de  la  chaleur  dans 
le  gypse.  Le  gypse  indiquait  donc  une  relation  entre  l'axe  de  plus  grande 
conductibilité  thermique,  et  celui  de  plus  faible  cohésion.   Car,  en  ana- 
lysant le  phénomène  d'inflexion  des  feuillets  entre  lesquels  apparaissent 
les  courbes  colorées,  j'avais  prouvé  que  l'axe  le  plus  grand  de  ces  roui- 


542  GÉOLOGIE   ET    MINÉRALOGIE 

bes  doit  être  parallèle  à  la  direction  de  plus  faible  cohésion,  celle 
suivant  laquelle  deux  files  de  particules  voisines  s'écartent  le  plus  faci- 
lement l'une  de  l'autre. 

J'ai  pu  constater  la  généralité  de  ce  fait,  et  poser  des  règles,  que  je  ne 
ferai  que  rappeler  en  quelques  mots  :  Dans  les  cristaux  des  systèmes 
rhomboédrique  ou  hexagonal,  et  de  celui  du  prisme  à  base  carrée,  où 
l'on  peut  observer  des  clivages,  la  chaleur  se  propage  moins  facilement 
dans  la  direction  perpendiculaire  au  plan  de  clivage,  et  avec  une  plus 
grande  facilité  parallèlement  à  ce  plan.  L'antimoine  natif,  par  exemple, 
l'eudialyte,  la  pennine,  la  zincite,  qui  appartiennent  au  système  rhom- 
boédrique, l'apophyllite,  qui  cristallise  dans  le  système  quadratique,  se 
clive  suivant  les  bases  de  leurs  cristaux;  l'axe  de  principale  symétrie, 
perpendiculaire  aux  bases,  est  l'axe  de  conductibilité  minimum.  La 
troostite  de  Franklin,  la  pyromorpl'ite,  le  cinabre,  dont  les  cristaux  se 
clivent  parallèlement  aux  faces  d'un  prisme  hexagonal  ;  le  rutile,  la  cas- 
sitérite,  le  zircon,  la  paranthine,  dont  les  clivages  sont  parallèles  aux 
pans  d'un  prisme  à  base  carrée,  tous  ces  cristaux  conduisent  mieux  la 
chaleur  dans  la  direction  de  l'axe  de  principale  symétrie,  axe  de  la  zone 
des  faces  de  clivage  plus  facile. 

Quand  les  cristaux  se  clivent  suivant  des  faces  obliques,  il  faut  cher- 
cher l'angle  de  l'axe  de  figure,  ou  de  plus  grande  symétrie,  et  de  la 
ligne  de  plus  grande  pente  des  faces  de  clivage;  suivant  que  cette  der- 
nière est  plus  rapprochée  de  l'axe  de  figure  de  cristal  ou  de  sa  base, 
elle  joue  le  rôle  d'une  direction  de  clivage  prismatique  ou  basique.  Ainsi, 
dans  la  dolomie,  la  giobertite,  la  sidérose,  le  mésitin^path,  l'argent 
rouge,  l'angle  de  l'axe  de  principale  symétrie  et  d'une  des  faces  de  rhom- 
boèdre de  clivage  est  de  plus  de  45°;  aussi  est-ce  l'équivalent  d'un  cli- 
vage basique;  l'ellipsoïde  de  conductibilité  thermique  est  donc  allongé 
parallèlement  à  la  base.  Dans  la  chabasie,  le  quartz  hyalin,  cet  angle 
est  inférieur  à  45°,  et  l'ellipsoïde  est  allongé  suivant  l'axe  principal. 

Dans  les  cristaux  du  système  orthorhombique,  s'il  y  a  trois  clivages 
rectangulaires  entre  eux,  l'intersection  des  deux  plans  de  clivage  plus 
facile  détermine  la  position  de  l'axe  de  plus  grande  conductibilité  ther- 
mique. Si  les  clivages  sont  également  faciles  et  obliques  l'un  par  rap- 
port à  l'autre,  le  plan  bissecteur  de  leur  angle  dièdre  aigu  est  assimi- 
lable à  un  plan  de  plus  facile  division. 

Dans  les  cristaux  dont  la  base  est  oblique  sur  les  pans,  on  retrouve 
des  lois  analogues. 

Les  espèces  minérales  ne  m'ont  offert  jusqu'ici  que  deux  exceptions 
bien  nettes  à  ces  lois  :  l'une  sur  la  base  des  cristaux  d'orthose,  où 
l'ellipse  thermique  a  son  grand  axe  perpendiculaire  au  plan  de  symé- 
trie, qui  se  clive  très-facilement;   l'autre,  dans  le  calcaire,  où  le  grand 


E.    .IA.WEITA/.    ÉTLDE    SUK    LES    CORPS    CRISTALLISÉS  543 

axe  devrait  être  perpendiculaire  à  celui  de  principale  symétrie,  comme 
dans  les  autres  carbonates  rhomboédriques,  tandis  que  le  contraire  a  lieu. 
Dans  toutes  les  roches  à  texture  schisteuse,  qui  se  divisent  en  lames 
aussi  minces  que  les  cristaux  les  plus  facilement  clivables,  suivant  des 
surfaces  parfaitement  parallèles  les  unes  aux  autres,  j'ai  fait  voir  que  le 
grand  axe  de  conductibilité  thermique  est  toujours  parallèle,  et  le  petit 
axe  toujours  perpendiculaire  au  plan  de  schistosité.  Ces  roches  (ardoi- 
ses, gneiss,  schistes  cristallisés,  schistes  argileux)  doivent  leur  schisto- 
sité à  des  actions  mécaniques;  car  on  sait  maintenant,  grâce  aux  tra- 
vaux de  MM.  Sorby,  Tyndall,  Daubrée,  rendre  schisteuses  des  pâtes  ou 
des  roches  homogènes,  en  les  comprimant.  J'ai  montré  aussi  que  la  stra- 
tification ne  modifie  pas  dans  les  roches  la  manière  dont  la  chaleur  s'y 
propage,  et  que  les  courbes  de  conductibilité  thermique  peuvent  servir 
à  y  dévoiler  la  schistosité,  lors  même  qu'elle  n'y  serait  pas  apparente  à 
première  vue,  en  même  temps  qu'à  la  distinguer  de  la  stratification. 

Or,  la  cohésion  et  les  clivages  se  reliant  à  l'élasticité,  il  était  inté- 
ressant de  comparer  les  courbes  de  conductibilité  aux  lignes  nodales 
qu'on  obtient,  quand  on  ébranle  des  lignes  cristallines,  soit  par  le  centre 
au  moyen  de  fil  d'archet,  en  fixant  deux  points  de  leur  périphérie,  soit 
par  un  point  de  leurs  bords,  en  les  lixant  par  le  contre.  Savart  avait 
commencé  des  études  de  ce  genre  sur  des  disques  circulaires  de  bois, 
de  spath  calcaire,  de  quartz,  de  gypse.  Il  avait  observé  que  dans  l'ébran- 
lement par  les  bords  d'un  disque  de  bois  ou  de  cuivre,  marqué  de 
stries  parallèles  à  une  direction  commune,  on  obtient  pour  lignes  nodales 
deux  branches  d'hyperbole,  dont  l'axe  réel  est  perpendiculaire,  et  l'axe 
imaginaire  parallèle  aux  fibres  du  bois,  et  par  conséquent  à  la  direction 
de  plus  grande  élasticité,  ou  de  plus  grande  résistance  à  la  flexion. 
La  chaleur  se  transmet  plus  intense  parallèlement  que  perpendiculai- 
rement aux  libres  du  bois. 

Dans  le  cristal  de  roche,  Savart  a  trouvé  par  ce  moyen  trois  systèmes 
embrassant  chacun  trois  axes  d'élasticité.  Les  trois  axes  d'élasticité  mi- 
nimum sont  parallèles  aux  arêtes  culminantes,  les  trois  d'élasticité 
maximum  le  sont  aux  diagonales  inclinées  du  rhomboèdre  primitif.  Or 
les  diagonales  inclinées  sont  à  37°  47',  et  les  arêtes  culminantes  à  57°  11 
de  l'axe  de  figure  ou  de  principale  symétrie.  Il  en  résulte  évidemment 
que  ce  dernier  axe  doit  posséder  une  élasticité  plus  grande  que  les  axes 
horizontaux  qui  lui  sont  perpendiculaires.  La  chaleur  s'y  propage  aussi 
plus  facilement. 

Savart  avait  dit  en  outre  qu'en  ébranlant  par  le  centre  un  disque  de 
bois,  dont  on  fixe  les  bords  en  deux  points  situés  sur  une  ligne  perpen- 
diculaire à  ses  fibres,  on  obtient  pour  ligne  nodale  une  ellipse,  dont  le 
petit  axe  est  parallèle  aux  fibres. 


o44  GÉOLOGtE    ET    MINÉRALOGIE 

En  fixant  les  deux  extrémités  du  diamètre  perpendiculaire  à  l'axé 
optique  ou  axe  de  figure  dans  un  disque  de  quartz  taillé  lui-même  paral- 
lèlement à  cet  axe,  puis  en  ébranlant  le  disque  par  le  centre,  Savart 
a  vu  encore  se  dessiner  comme  ligne  nodale  sur  la  plaque  une  ellipse 
dont  le  petit  axe  était  aussi  parallèle  à  l'axe  de  figure. 

Dans  ce  genre  d'ébranlement,  on  produit  donc,  d'après  Savart,  des 
ellipses,  dont  le  petit  axe  est  parallèle  à  la  direction  de  plus  grande 
élasticité. 

Angstrôm  a  formé  des  lignes  nodales  sur  un  disque  de  gypse  parallèle 
au  plan  de  symétrie  g1.  Il  a  obtenu  plusieurs  courbes  fermées,  dont  les 
axes  avaient  des  orientations  différentes,  et  qui  étaient  accompagnées  de 
sons  de  différentes  hauteurs.  Il  a  pensé  que  chaque  son  avait  peut-être 
ses  axes  d'élasticité  propres.  Une  de  ces  courbes  fermées  qui,  d'après 
Angstrôm,  devait  être  du  4me  degré,  avait  son  petit  axe  à  environ  13°  de 
la  trace  du  clivage  vitreux  sur  le  disque. 

Or,  mes  expériences  antérieures  m'amenaient  à  penser  que  la  direc- 
tion de  plus  grande  élasticité  sur  le  plan  g1  du  gypse  devait  être  à  \  7°,  et  non 
à  13°  du  clivage  vitreux.  J'ai  compris  que  cette  divergence  tenait  à  une 
perturbation  occasionnée  par  la  forme  du  contour  du  disque.  Car,  dans  un 
milieu  hétérogène,  où  l'élasticité  varie  avec  la  direction,  il  est  clair  que 
la  forme  circulaire  n'est  plus  convenable,  et  qu'il  faudrait  donner  au 
disque  un  contour  elliptique,  dont  les  axes  ont  malheureusement  une 
position  et  une  grandeur  relative  également  inconnues. 

La  position  des  axes  me  paraissait  cependant  déterminée  par  celle 
des  axes  des  anneaux  colorés  elliptiques,  dont  j'ai  parlé  au  début 
de  cette  note,  et  qui  coïncident,  comme  je  l'ai  dit,  avec  ceux  des 
courbes  de  conductibilité  thermique.  J'ai  donc  taillé  des  disques,  dont 
les  contours  avaient  la  forme  d'ellipses,  celles-ci  ayant  leurs  axes 
situés,  l'un  à  17°  du  clivage  vitreux,  à  49°  du  clivage  fibreux;  l'autre 
axe  à  90°  du  précédent. 

Si  l'on  iixe  le  centre  d'un  disque  elliptique,  dont  le  grand  axe  est 
au  petit  dans  le  rapport  1,44,  et  se  trouve  en  même  temps  parallèle  au 
petit  axe  de  la  courbe  des  conductibilités  thermiques,  on  voit  apparaître, 
en  ébranlant  un  point  du  bord  situé  à  37°  1/2  de  cet  axe,  deux  diamètres, 
l'un  perpendiculaire,  et  l'autre  parallèle  à  cet  axe. 

A  mesure  que  le  rapport  s'éloigne  dans  un  sens  ou  dans  l'autre  de 
cette  limite,  1,44,  les  deux  diamètres  rectangulaires  prennent  la  forme 
d'hyperboles,  dont  une  asymptote  s'éloigne  de  plus  en  plus  du  petit  axe. 

Si  l'on  opère  sur  des  disques  elliptiques,  dont  les  axes  n'ont  plus  l'o- 
rientation que  je  viens  d'indiquer,  les  asymptotes  des  hyperboles 
tendent  néanmoins  vers  les  mêmes  directions,  et  la  perturbation  se 
trahit  surtout  par   l'irrégularité  delà  forme  des  courbes. 


E.    IANNETTAZ.    —    ÉTUDE    SUR    LES    COBPS    CRISTALLISÉS  545 

Quand  on  ébranle  un  disque  circulaire  de  gypse  par  le  centre,  si  on 
fixe  les  deux  extrémités  du  diamètre  parallèle  au  grand  axe  de  la  courbe 
qui  mesure  la  propagation  de  la  chaleur,  on  obtient  une  certaine  note  ; 
si  on  fixe  les  extrémités  du  diamètre  perpendiculaire,  on  donne  lieu  à 
une  note  plus  aiguë  ;  la  différence  musicale  est  de  1,25  : 1,  ou  de  deux 
tons.  Les  lignes  nodales  concomitantes  sont  des  ellipses,  dont  les  axes  ont 
des  positions  inverses,  le  plus  grand  de  l'un  venant  prendre  la  place  du 
plus  petit  de  l'autre.  Le  rapport  des  axes  reste  le  même;  c'est  1,5. 

Conclusions.  —  Dans  les  matières  que  j'ai  pu  étudier  jusqu'ici,  j'ai  ob- 
servé qu'en  les  taillant  sous  la  forme  de  disques  circulaires  et  les  ébranlant 
par  le  centre,  on  obtient  non  pas  une,  mais  plusieurs  ellipses,  dont  les 
grands  axes  sont  parallèles  aux  diamètres,  dont  on  fixe  les  extrémités; 
que  ces  diamètres  doivent  être  choisis  cependant  parallèles  aux  directions 
principales  d'élasticité,  pour  que  ces  courbes  soient  régulières,  et  que  les 
sons  les  plus  aigus  se  font  entendre  quand  on  fixe  les  extrémités  de 
l'axe  d'élasticité  maximum. 

J'avais  donc  à  m'expliquer  pourquoi  Savart  n'avait  cherché  qu'une 
seule  courbe  et  qu'un  son.  C'est  qu'il  avait  pris  pour  point  de  départ 
un  disque  de  cuivre  à  la  surface  duquel  il  avait  fait  graver  des  stries 
peu  profondes,  et  toutes  de  même  direction .  Le  disque  ainsi  modifié  ne 
montre  qu'une  courbe,  et  ne  rend  qu'un  son,  quand  on  l'ébranlé  par 
le  centre,  quel  qu'en  soit  le  diamètre  dont  on  maintienne  fixe  les  extré- 
mités. Mais  j'ai  fait  graver  sur  un  disque  de  laiton  deux  systèmes  de 
stries  :  celles  du  premier  système  étaient  distantes  de  1  millimètre;  celles 
du  second,  perpendiculaires  aux  précédentes,  étaient  éloignées  de  2  mil- 
limètres les  unes  des  autres.  En  fixant  les  deux  extrémités  du  diamètre 
du  second  système,  qu'on  peut  considérer  comme  un  axe  de  plus  petite 
élasticité,  on  a  un  son  plus  aigu  que  lorsqu'on  maintient  fixes  les  extré- 
mités du  diamètre  perpendiculaire,  assimilable  à  un  axe  d'élasticité 
maximum. 

A  chacune  de  ces  directions  principales  d'élasticité  correspond  un 
mode  de  division  de  la  plaque,  qui  donne  lieu  à  des  ligures  nodales,  et 
celles-ci  sont  des  ellipses,  dont  les  axes  conservent  entre  eux  le  même 
rapport  de  grandeur,  mais  prennent  comme  précédemment  des  positions 
inverses  l'un  de  l'autre. 

Il  en  a  été  de  même  sur  un  disque  circulaire  d'ardoise  de  Fumay, 
parallèle  au  plan  de  clivage.  Cette  roche  présente  un  second  clivage  à 
peu  près  perpendiculaire  au  plan  de  schistosité  proprement  dite,  et  qui 
en  rend  assez  difficile  la  division  en  feuillets  un  peu  étendus.  Ce  second 
clivage  a  été  appelé  le  longrain  par  les  ouvriers.  En  maintenant  fixes 
les  extrémités  du  diamètre  parallèle  au  longrain,  et  en  ébranlant  le 
disque  par  le  centre,  j'ai  entendu  un  son  plus  grave,  qu'en  rendant  i-m- 

35 


546  GÉOLOGIE   ET   MINÉRALOGIE 

mobiles  les  extrémités  du  diamètre  perpendiculaire.  Le  longrain  est  en 
effet  la  direction  d'élasticité  maximum.  Les  figures  acoustiques  étaient 
identiques,  bien  que  inverses  l'une  de  l'autre. 

Résumé.  —  1°  Ce  ne  sont  pas  les  courbes  nodales  qui  peuvent  faire 
connaître  les  grandeurs  relatives  de  l'élasticité  sur  la  direction  de  leurs 
axes,  mais  les  sons  qui  les  accompagnent.  L'axe  d'élasticité  maximum 
est  celui  dont  il  faut  immobiliser  les  extrémités,  pour  faire  rendre  au 
disque  circulaire  le  son  le  plus  aigu,  en  l'ébranlant  par  le  centre. 

2°  Les  axes  d'élasticité  sont  parallèles  à  ceux  de  l'ellipsoïde  qui  me- 
sure la  conductibilité  thermique  dans  les  cristaux  et  dans  les  matières 
à  texture  symétrique.  Les  deux  sortes  d'axes  suivent  le  même  ordre  de 

grandeur. 

On  comprend  combien  ces  résultats  sont  intéressants,  soit  pour  l'étude 
de  la  propagation  de  la  chaleur  dans  l'écorce  solide  du  globe  terrestre, 
soit  pour  l'étude  générale  de  la  structure  des  corps,  et  des  causes  qui  ont 
déterminé  cette  structure,  que  ces  causes  soient  les  forces  qui  président 
à  la  cristallisation  d'un  corps,  ou  bien  celles  qui  ont  donné  aux  roches 
leur  texture  particulière. 

BIBLIOGRAPHIE. 

De  Sénarmont.  Ami,  Chimie  et  Physique,  3me  série,  tomes  XXI,  XXII,  XXXIÎI. 

Savart.  Ann.  Chimie,  tome  XL  (1829).  —L'Institut,  7ra«  année  (1839),  p.  382  et  suiv. 

Angstro-u.  Ann.  der  Physik  und  Chemie.  von  Poggendorff,  86me  volume,  p.  206 
(1852). 

Jannettaz.  Ann.  Chimie  et  Physique,    mc  série,    tome  XXIX   (mai  1873). 

Comptes  rendus  Acad.  des  Se.    (27  avril  1874,  20  décembre  1875,  10  avril  1876  . 

Bulletin  Soc.  Géol.  France,  3rae  série  :  tome  III,  p.  499  ;  tome  IV,  p.  116  ;  tome  V, 
p.  410. 


MM.  JULIEN  et  de  SAPOETÀ 


SUR  L'EXISTENCE   DU  TERRAIN  PERMIEN  DANS  LE  DÉPARTEMENT  DE  L'ALLIER 


—  Séance  du    30  août    187  7.  — 
(extrait  du  procès-verbal.) 

M.  de  Saporta  communique,  de  la  part  de  M.  Julien,  une  note  sur  l'exis- 
tence du  terrain  permien  dans  le  département  de  l'Allier.  A  Coulandon,  on 
trouve  superposés  les  étages  suivants,  en  allant  de  haut  en  bas  :  terre  végétale, 
diluvium,  grès  schisteux,  argiles  schisteuses  contenant  beaucoup  de  plantes 
et  ayant  une  puissance  de  5  mètres  environ.  Au-dessous  est  un  grès  massif 
exploité,  dont  le  contact  inférieur  est  invisible.  M.  de  Saporta  a  examiné  les 


LETELL1EK.    —   MUSÉE    D'HISTOIRE    NATURELLE    L>'ALEiN0ON  547 

plantes  recueillies  par  M.  Julien  dans  les  argiles  schisteuses,  et  il  est  parvenu 
à  en  déterminer  une  vingtaine  d'espèces.  L'ensemble  offre  les  caractères  d'une 
flore  houillère,  mais  il  y  a  quelques  espèces  qui  sont  certainement  permiennes. 


M.  LETELLIEB, 

Professeur  nu  Lycée  d  llengon,  Conservateur  du  Muséum  d'histoire  naturelle 

h    i  i  ville. 


NOTICE  SUR  LE   MUSÉE  D'HISTOIRE  NATURELLE  DE  LA  VILLE  D'ALENÇON. 


—  Séance  du  30  août    /s77.  — 

Le  département  de  l'Urne  est  un  des  plus  favorisés  par  la  variété  des 
formations  géologiques  qu'il  renferme.  On  y  trouve,  en  effet,  la  série 
presque  complète  des  terrains,  depuis  les  granits  et  les  gneiss  jusqu'aux 
terrains  tertiaires  moyens.  Il  ne  manque  que  les  roches  volcaniques  et 
quelques  étages  des  terrains  sédimentaires . 

Si  on  le  parcourt  de  l'ouest  à  l'est,  de  Domfront  à  Verneuil,  par 
exemple,  on  traverse  d'abord  de  vastes  étendues  de  terrains  de  cristal- 
lisation :  granit,  gneiss,  porphyre;  —  et  de  terrains  primaires  :  quart- 
zites  et  schistes  siluriens,  jusqu'à  une  ligne  tirée  d'Alençon  à  Ecouché 
et  Falaise.  Ensuite  vient  une  large  bande  de  terrains  secondaires,  jus- 
qu'à la  ligne  qui  joindrait  Vimoutiers  à  Bretoncelles,  près  de  Nogent-le- 
Rotrou.  Enfin,  la  région  au  delà  de  cette  ligne,  comprenant  le  nord-est 
de  l'arrondissement  d'Argentan  et  le  nord  de  celui  de  Mortagne,  est 
tout  entière  recouverte  par  le  terrain  tertiaire,  représenté  par  des  sables, 
des  argiles  ferrugineuses  mêlées  de  silex,  et  contenant  souvent  d'énor- 
mes quantités  de  minerai  de  fer,  exploitées  depuis  des  époques  fort  recu- 
lées C'est  ce  terrain  qui  se  continue  sur  une  partie  notable  du  dépar- 
tement de  l'Eure. 

La  seule  étude  d'ensemble  qui  ait  été  faite  jusqu'ici  des  richesses 
géologiques  du  département,  est  celle  de  M.  Blavier,  chargé,  en  1836, 
d'une  mission  spéciale  par  le  Conseil  général  de  l'Orne. 

A  la  même  époque,  M.  Puillon-Boblaye  travaillait  à  la  carte  de  l'état- 
major,  et  réunissait  de  précieuses  observations  qui  déterminèrent  la 
Société  géologique  de  France  à  se  réunir  à  Alençon  au  mois  de  septem- 
bre 1837. 

Je  ne  puis  m'empêcher  de  rappeler  que  les  excursions  de  la  Société, 
aux  environs  d'Alençon,  furent  dirigées  par  M.  Boblaye,  M.  Triger,  mon 
savant  maître  et  ami,  et  M.  Léon  de  la  Sicotière,  avocat,  aujourd'hui 


548  GÉOLOGIE   ET   MINÉRALOGIE 

sénateur,  et  qui,  à  toutes  les  époques,  a  été  chez  nous  le  promoteur  de 
tout  ce  qui  s'est  fait  d'utile,   et   le  protecteur  de  tous   les    travailleurs 

sérieux. 

C'est  à  cette  réunion  mémorable  de  la  Société  géologique  de  France 
à  Alençon  qu'il  faut  faire  remonter  l'origine  de  notre  musée. 

A  la  dernière  séance,  le  9  septembre  1837,  M.  Buckland  «  s'étonne 
»  qu'un  musée  n'ait  pas  été  ouvert  à  Alençon  pour  recevoir  la  collec- 
»  tion  »  des  minéraux,  des  roches  et  des  fossiles  du  pays.  «  Il  fait  sen- 
»  tir  combien  de  semblables  collections  sont  utiles  à  la  science,  et  cite 
»  pour  exemple  le  riche  musée  de  Caen  qu'il  vient  de  visiter.  La  créa- 
»  tion  de  ce  musée  serait  d'autant  plus  opportune,  que  les  savantes 
»  recherches  de  MM.  Boblaye  et  Triger  viennent  de  jeter  une  vive 
»  lumière  sur  tout  ce  qui  se  rattache  à  la  statistique  géologique  des 
»  environs  d'Alençon.  »  (Procès-verbal  des  séances.) 

Après  M.  Buckland,  M.  de  la  Sicotière,  dans  son  discours  de  remerci- 
ment  à  la  Société,  reprend  le  vœu  de  l'illustre  géologue  : 

«  La  création  d'un  musée  destiné  à  recevoir  des  échantillons  de  tou- 
»  tes  les  roches  et  de  toutes  les  substances  minérales  de  notre  départe- 
»  ment  est  nécessaire.  Ce  n'est  qu'en  ayant  sous  les  yeux  des  objets 
»  d'examen  et  de  comparaison  que  l'on  peut  avancer  dans  la  géologie. 
»  Les  bonnes  dispositions  de  l'autorité,  le  zèle  empressé  de  quelques 
»  habitants  d'Alençon  nous  font  espérer  que  nous  ne  tarderons  pas  à 
»  voir  se  réaliser  le  vœu  que  vous  avez  manifesté  à  cet  égard.  Ce  vœu, 
»  croyez-le  bien,  Messieurs,  n'aura  pas  été  sans  influence  sur  la  déter- 
»  mination  qui  sera  prise  ;  puissiez-vous  un  jour,  en  parcourant  le 
»  musée  qui  sera  votre  ouvrage,  trouver  que  nous  avons  rempli  vos 
»  espérances  et  vos  intentions.  » 

Mais,  hélas  !  qu'il  y  a  loin  du  vœu  le  plus  légitime,  du  projet  le  plus 
utile  et  le  mieux  conçu,  à  sa  réalisation  !  Peut-être  la  fondation  d'un 
musée  géologique  doit-elle  participer  de  la  solennelle  lenteur  des  forces 
qu'il  est  destiné  à  nous  faire  connaître.  Voilà  quarante  ans  que  le  musée 
d'Alençon  est  fondé  en  principe,  et  malgré  toute  la  bonne  volonté  qu'on 
y  a  mise,  il  n'a  pas  encore  de  local  où  il  puisse  sans  crainte  reposer  d'une 
façon  stable  et  prendre  les  développements  qui  le  rendront  réellement 
utile  à  la  science  et  au  pays. 

Il  fallut  plus  de  deux  ans  pour  voter  et  exécuter  l'appropriation  de 
deux  misérables  chambres  situées  dans  les  combles. 

En  1840,  M.  Blavier  donna  la  série  des  roches  et  des  fossiles  recueillis 
dans  son  exploration  ;  quelques  personnes  ajoutèrent  leurs  offrandes  ;  on 
en  remplit  deux  ou  trois  placards,  et  le  tout  fut  abandonné,  pendant 
une  dizaine  d'années,  dans  ce  local  inaccessible. 

C'est  alors  que  le  conservateur  actuel  se  fit  donner  les  clefs  et  parvint 


LETELLIER.    —   MUSÉE    D'HISTOIRE    NATURELLE   D'ALENÇON  549 

à  empêcher  la  dilapidation  de  la  précieuse  collection  de  M.  Blavier,  et  à 
conserver  en  même  temps  le  principe  proclamé  si  haut  de  la  nécessité 
d'un  musée  départemental. 

Ce  fut  seulement  en  1857,  lors  de  la  réunion  à  Alençon  d'une  autre 
société  bien  chère  à  la  Normandie,  l'Association  normande,  que  notre 
petit  musée  fut  établi  dans  le  local  convenable,  mais  trop  resserré,  qu'il 
occupe  actuellement,  et  inauguré  par  le  maire,  le  Conseil  municipal, 
M.  de  Caumont,  et  les  membres  présents  de  l'Association  normande. 

Le  musée  d'histoire  naturelle  d'Alençon  doit  comprendre  deux  séries 
distinctes  de  collections  : 

1°  Toute  l'histoire  naturelle  du  département  de  l'Orne. 

C'est  à  cette  collection  que  nous  consacrerons  tous  nos  efforts,  dès 
qu'un  emplacement  définitif  et  suffisant  nous  aura  été  concédé.  Nous 
ajouterons,  si  le  local  le  permet,  et  comme  M.  Triger  l'a  fait  au  Mans, 
les  produits  industriels  qui  dérivent  de  nos  productions  naturelles. 

2°  Les  objets  d'histoire  naturelle  étrangers  au  pays  et  qui  sont  indis- 
pensables pour  faire  comprendre  les  séries  naturelles,  les  classifications, 
sans  lesquelles  la  science  n'existe  pas. 

Si  nous  entrons  dans  les  détails,  voici  l'état  actuel  de  nos  collections  : 

Zoologie.  —  Les  mammifères,  les  reptiles  et  les  poissons  sont  à  peine 
commencés,  faute  d'emplacement  ;  mais  la  collection  des  oiseaux  du 
département  est  presque  complète.  Je  ferai  aisément  la  collection  des 
mollusques  et  des  insectes  du  pays  avec  mes  propres  efforts.  Nous  avons 
quelques  centaines  de  coquilles  vivantes  et  un  certain  nombre  de  poly- 
piers. 

Botanique.  —  Rien  encore  au  musée.  Mais  mon  herbier  normand  est 
presque  complet,  et  je  n'aurai  pas  de  meilleur  usage  à  en  faire  que  de 
le  transporter  au  musée  dès  que  j'aurai  la  place. 

Minéralogie.  —  La  série  peu  nombreuse  des  espèces  minérales  du 
département  est  disséminée  dans  la  collection  générale  qui  est  déjà 
considérable  et  contient  de  fort  belles  pièces.  Je  l'en  séparerai  aussitôt  que 
possible. 

Géologie.  —  La  série  des  roches  du  département  est  presque  com- 
plète, grâce  à  la  collection  de  M.  Blavier  et  aux  additions  que  j'y  fais 
sans  relâche.  Nous  avons  de  plus  les  roches  étrangères  les  plus  impor- 
tantes. 

La  série  des  fossiles  n'est  pas  encore  séparée  faute  de  place.  J'ai  seu- 
lement conservé  à  part  les  fossiles  de  M.  Blavier,  avec  ses  numéros, 
pour  servir  de  pièces  justificatives  à  son  ouvrage  publié  en  1842  :  Étude 
géologique  sur  le  département  de  l'Orne. 

J'ai  rangé  tout  le  reste  par  terrains,  suivant  la  classification  de  A.  d'Or- 
bigny. 


OfiO  GÉOLOGIE   ET   MINÉRALOGIE 

Nous  avons  environ  400  espèces  des  terrains  primaires,  300  des  ter- 
rains secondaires,  500  des  terrains  tertiaires,  presque  toutes  déterminées 
par  MM.  Hébert  et  Delesse ,  à  qui  nous  devons  beaucoup  d'espèces 
tertiaires  et  par  MM.  Triger,  do  Verneuil,  Coquand,  Morière,  etc. 

Parmi  les  principales  espèces  du  pays,  nous  avons  : 
Silurien  : 


Orthoceratites,  2  ou  3  espèces. 
Orthis. 


LingulaTrigeri,  Barr  (1)  du  quartzite.  RR. 
Scolithus  linearis,Hall,  it. 


Devonien.  —  Nous  n'en   avons  qu'un    petit    lambeau,   à  trois  lieues 
d'Alençon.  J'y  ai  trouvé  : 


Orthis,  2  ou  3  espèces. 
Encrinites. 


Pleurodyctium  problematicum, 
Quelques  trilobites. 


Carbonifère.  —  Ce  terrain  n'existe  pas  dans  l'Orne.  On  n'en  a  pas 
moins  fait,  pour  trouver  de  la  houille,  de  dispendieuses  recherches  au 
siècle  passé  et  jusqu'à  nos  jours,  sans  vouloir  écouter  les  géologues.  — 
J'ai  écrit  à  ce  sujet  un  petit  article  que  la  Société  linnéenne  a  bien  voulu 
insérer  dans  son  Bulletin  de  1875. 

Permien,  trias  et  lias.  N'existent  pas. 

Bajocien.  —  C'est  le  sous-sol  d'Alençon,  où  il  prend  un  faciès  spécial, 
qui  lui  a  fait  donner  le  nom  d'Arkose  d'Alençon.  On  le  prendrait  dans  la 
localité  pour  du  quartzite,  si  on  ne  voyait  pas  les  fossiles. 


On  y  trouve  entre  autres 

Belemnites  giganteus. 
Ceromya  bajociana. 
Lima  antiquata. 
Artarte  excavata. 
Lucina  lvrata. 


Henri thy ris  spinosa. 
Terebratula  maxillata,  perovalis. 
Rhynchon.  Wrigthii. 
Pygaster     semi- sulcatus   et    plusieurs 
autres  échantillons. 


Plus  un  certain  nombre   d'espèces  de  gros  polypiers    transformés  en 
baryte  sulfatée. 


Bathonien  : 

Nerinea. 

Pholadomya  Murchisoni,  bellona. 

Lima,  Ostrea. 

Rhynch.  concinna,  quadriplicata. 

Terebratula  digona, cardium,  coarctata. 


Nucleolites  clunicularis. 
Holectypus  depressus. 
Acrosalonia  spinosa. 
Apiocrinus  Parkinsoni. 
Anabatia  orbulites. 


ii)  Lingula  Lesueuri.  Rnub. 


PELLAT.    —   DES   NIVEAUX    KIMMERIDGIENS   ET    PORTLANDIENS  5*51 

Callovien.  —  C'est  l'étage  le  plus  riche  en  fossiles. 


Belemnites  hastatus. 

Amm.becticus,  macrocephalus,  Herveyi. 

Backeriœ,  Athleta,  Jason,  anceps,  coro- 

natus,  biplex. 
Panopa>a  elca. 
Pholadomya  decussata,   carinata,  cylin- 

drica,  Clytia.  inornata. 
Ceromya  elegans,    concentriea.   Sartha- 

censis. 
Trigonia  elongata,  major. 
Mytilus  gibbosus,  solenoides. 
Lima  proboscidea. 


Avicula  inaequivalvis. 

(îervillia  aviculoides. 

Peraa  mytilodes,  Bachelieri. 

Pocton  fibrosus,  lens,  aequistriatus. 

Ostrea   dilatata.   Marshii,   amor,    amata 

alimena  gregaria. 
Bhynch.  Boyeriana,  quadriplicata,  etc. 
Tereb.    reticulata,  bicanalicnlata,  callo- 

viensis,  etc. 
Disaster  ellipticus. 
Pygurus  dcpressus, 
Monllivaltia  regularis,  etc. 


L'oxfordien  n'est  pas  nettement  séparé  du  callovien. 

Les  espèces  au-dessus  ont  besoin  d'être  revues. 

Le  tertiaire  est  azoïque;  ce  qu'on  y  trouve  dans  les  silex  provient  du 
crétacé,  dont  il  paraît  être  presque  partout  un  remaniement. 

Il  y  a  de  plus  en  caisse  un  grand  nombre  d'échantillons  de  roches  et 
de  fossiles,  car  le  musée  n'a  pas  fini  son  odyssée.  Sous  la  menace  per- 
pétuelle d'un  troisième  déménagement,  je  ne  puis  ni  les  étudier,  ni  les 
ranger  en  ce  moment. 

Malgré  tout,  attendant  des  jours  meilleurs,  je  réunis  des  richesses 
scientifiques  pour  l'avenir,  et  soutenu  par  la  bienveillance  des  savants 
qui  ont  bien  voulu  m'encourager,  j'espère  laisser  à  ma  ville  un  musée 
d'histoire  naturelle  assez  complet  pour  être  utile  à  mes  compatriotes  et 
assez  bien  rangé  pour  être  agréable  aux  savants  qui  voudront  bien  nous 
visiter.  Là  se  borne  toute  mon  ambition. 


M.  PELLAT 


COMPARAISON  DES  NIVEAUX  KIMMERIDGIENS  ET  PORTLANDIENS  AU  HAVRE 
ET  DANS  LE  BOULONNAIS 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—   Séance  du  30  août   1 87', 


M.  Pellat  adresse  une  lettre   dans  laquelle  il  cherche  à  établir    un  paral- 
lélisme entre  les  étages  géologiques  du  Boulonnais  et  ceux  du  Havre. 
M.  Lennier  dit  qu'il  y   a  certainement  des  rapports  entre  la   constitution 


352  GÉOLOGIE    ET    MINÉRALOGIE 

géologique  du  Boulonnais  et  celle  du  Havre,  mais  qu'on  ne  saurait  prétendre 
qu'il  y  ait  parallélisme  absolu.  Pour  n'en  citer  qu'une  preuve,  M.  Lennier 
rappelle  que  des  sondages  ont  permis  de  constater  qu'au  Havre,  immédiatement 
au-dessous  de  Kimmeridge,  existe  le  terrain  oxfordien.  Le  Corallien  manque, 
par  conséquent,  tandis  qu'il  est  très-développé  dans  le  Boulonnais. 


9e  Section 
BOTANIQUE 


Président M.  BAILLON,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris. 

Vice-Président M.  TISON,  Professeur  à  la  Faculté  libre  des  Sciences  de  Paris  (i) 

Secrétaire M.  DUTAILI.Y,  de  Paris. 


M.   EBRAÏÏ 


CATALOGUE  DÉTAILLÉ  DES  PLANTES  PHANÉROGAMES   RARES  OU  CURIEUSES 
DES  ENVIRONS  DU  HAVRE 

(EXTRAIT     du     proces-verbai.  .) 


—  Séance  du  24  août   1877.  — 

M.  Ebuan  lit  un  catalogue  détaillé  de  ces  plantes  et  parle  des  modifications 
éprouvées  par  les  végétaux  qui  changent  de  milieu.  Il  insiste  sur  la  non- 
persistance  d'un  certain  nombre  de  formes  végétales  considérées  comme  espèces 
permanentes  par  les  botanistes  de  l'école  de  M.  Jordan.  11  cite  notamment 
VAnthyllis  sericea,  qui  ne  serait,  en  réalité,  qu'un  Anthijllis  tmlneraria  plus 
velu  que  d'habitude  et  croissant  au  bord  de  la  mer. 


M.   l'abbé  EOÏÏCHY 

à  Ségur-les- Villas. 


LE    JORDANISME    ET    L'ANTIJORDANISME 


—   Séance  du  24  août   1877.   — 


H)  M.  Bâillon,  Président  de  la  Section,  élu  au  Congrès  de  Clermont-Ferrand  (1876),  ayant  été 
empêché  d'assister  au  Congrès  du  Havre,  M.  Tison,  Vice-Président,  a  dirigé  les  travaux  de  la 
Section. 


554  BOTANIQUE 


M.    DÏÏTAILLT 


MORPHOLOGIE  DE  LA  FLEUR  MALE  DU  COUDRIER 

(EXTRAIT   W   PROCÈS-VERBAL. ' 


—    Séance  du  24  août  1877.    — 

M.  Dutailly,  décrivant  spécialement  la  fleur  mâle  du  Coryllus  avellana, 
montre  qu'elle  est  régulière  durant  les  premières  phases  de  son  développe- 
ment. Elle  naît  à  Faisselle  même  d'une  bractée  et  ne  subit  que  plus  tard  un 
entraînement  de  bas  en  haut  sur  cette  même  bractée.  Elle  débute  par  un  ma- 
melon surbaissé,  sur  les  flancs  duquel  naissent  deux  bractéoles  opposées  que 
l'on  considère  généralement  comme  des  stipules  de  la  bractée.  Cette  opinion, 
on  le  voit,  est  erronée  puisque  ces  prétendues  stipules  dépendent,  en  réalité, 
d'un  axe  très-court  et  non  de  l'appendice  qui  le  sous-tend.Le  Coryllus  avellana 
n'a  pas  huit  étamines  uniloculaires,  comme  on  le  dit ,  mais  quatre  éta- 
mines  biloculaires  dont  l'anthère  et  le  filet  sont  divisés  longitudinalement  dès 
la  base.  Ces  quatre  étamines  débutent,  en  effet,  par  quatre  mamelons  simples, 
alternant  par  paires  décussées  et  qui  se  dédoublent  de  très-bonne  heure.  L'ob- 
servation de  ce  fait  explique  la  nature  réelle  des  étamines,  bifurquées  en  Y, 
des  Charmes  et  des  Bouleaux.  Simple  d'abord,  dans  ces  dernières  plantes,  le 
mamelon  staminal  ne  s'est  bifurqué  que  sur  le  tard.  Quant  aux  fausses  stipules 
superposées  à  la  bractée  dans  ces  mêmes  végétaux,  elles  naissent  toujours 
(comme  M.  Bâillon  l'avait  déjà  prouvé  pour  l'Aulne,  et  comme  l'auteur  l'a 
décrit  plus  haut  dans  le  Coudrier),  sur  le  petit  rameau  axillaire  qui,  au-des- 
sus d'elles,  se  transforme  immédiatement  en  une  (Coryllus)  ou  plusieurs  fleurs 
(Betula) 


Visite  au  Jardin  Botanique  et  à  l'École  d'Arboriculture 


(EXTRAIT  DU  PROCES-VERRAT..! 


—   SS    (10  Û  !     I  S7  7. 


Les  Membres  présents  ont  admiré  les  magnifiques  arbres  fruitiers  que  ren- 
ferme l'Ecole  d'Arboriculture, et  passé  soigneusement  en  revue  les  nombreuses 
et  souvent  rares  espèces  du  Jardin  botanique.  Ils  ont  vivement  félicité  MM.  les 
Administrateurs. 


E.    GRENIER.    —   LES   DIATOMÉES   DU    HAVRE    ET    DES    ENVIRONS  OoS 


m.  cii.  Qunr 

Vice-Présidont  do  la  Société  Géologique  do  Normandie. 


SUR  LES  VÉGÉTAUX  FOSSILES  DE  L'ARRONDISSEMENT  DU    HAVRE 

(EXTRAIT  Dl'  PROCÈS-VERBAL.) 


—  Séance  du  27  août  1877.  — 


M.  Ch.  Qitn  lit  un  mémoire  sur  les  végétaux  fossiles  de  l'arrondissement, 
fait  ressortir  leur  importance  paléontologique  et  indique  les  couches  qui  en 
renferment  le  plus  grand  nombre.    ' 


M.  E.  GEEÏÏIEK 

Pharmacien  nu  Havre. 


LES  DIATOMÉES  DU  HAVRE  ET  DES  ENVIRONS. 


—  Séance   du    27  <i>>ût    1877.    — 


Je  n'ai  point  la  prétention  de  vous  offrir  une  étude,  même  abrégée 
sur  les  Diatomées,  cela  m'entraînerait  trop  loin,  et  j'ai  voulu  tout  sim- 
plement, comme  part  contributive  aux  travaux  de  mes  collègues  du  Cercle 
d'horticulture  et  de  botanique  du  Havre,  dresser  un  catalogue  proba- 
blement fort  incomplet  des  espèces  de  diatomées  trouvées  dans  les  eaux 
du  Havre  et  des  environs. 

Avant  de  vous  soumettre  cette  liste,  faite  trop  précipitamment  pour 
que  l'on  y  rencontre  cette  exactitude  rigoureuse,  si  nécessaire  dans  les 
travaux  de  sciences  naturelles,  je  dois  déclarer  cependant  qu'il  ne  faudrait 
pas  m'accuser  d'erreur,  par  la  seule  raison  qu'une  espèce  indiquée  ne 
serait  pas  retrouvée  ;  car,  dans  les  récoltes  faites  par  moi-même  ou  par 
M.  Dalton,  notre  habile  préparateur,  auquel  je  dois  beaucoup  de  celles 
que  je  possède,  il  nous  est  fréquemment  arrivé  de  ne  plus  retrouver  les 
mêmes  diatomées  à  l'endroit  précis  où,  fort  peu  de  temps  auparavant, 
elles  étaient  très-abondantes. 

D'un  autre  coté,  des  espèces  assez  nombreuses  ont  été  recueillies  dans 
cette  partie  de  terrain  que  les  travaux  de  l'avant  port  ont  totalement  bou- 
leversée, et  je  signalerai  spécialement  un  Actinocylus  Ehrenbergii  trouvé 
à  profusion  sur  un  mur  de  la  jetée  sud,  aujourd'hui  disparu,  et  que 
je  n'ai  point  rencontré  ailleurs.  Dans  des  flaques  d'eau  de  ces  terrains 


556  BOTANIQUE 

nous  avions  trouvé  en  quantité  considérable  et  presque  à  l'état  de  pureté 
absolue  le  Pleurosigma  angulatum.  On  retrouve  cette  espèce  dans  les 
llaques  de  l'Eure  mais  mélangée  à  nombre  d'autres  et  le  premier  habitat 
n'existe  plus. 

J'ai  dit  en  commençant  que  les  Diatomées  n'avaient  été  jusqu'alors 
que  fort  peu  étudiées  en  France.  En  effet,  depuis  Bory  de  St-Vincent,  le 
créateur  du  genre  Navicula,  on  ne  rencontre  guère  que  les  noms  de 
Dujardin,qui  considérant  à  tort  ces  êtres  comme  des  animaux,  en  a  fait 
une  revue  très-courte  à  la  fin  de  son  Histoire  des  Infusoires.  M.  de 
Brébisson,  ce  savant  universel,  a  publié  de  trop  courts  travaux  sur  cette 
matière,  qu'il  connaissait  bien  cependant  {Diatomées  de  Cherbourg  et 
Diatomées  de  la  mousse  de  Corse,  ces  deux  opuscules  avec  planches). 
En  1870,  un  élève  de  M.  de  Brébithy,  M.  Ch.  Manoury,  fit  paraître  nne 
étude  sur  les  Diatomées,  au  point  de  vue  spécial  de  l'organisation  et 
de  la  reproduction .  Ce  travail  est  fort  intéressant  et  fort  bien  fait. 

En  dehors  de  cette  courte  nomenclature,  faut-il  parler  des  notices 
puDliées  dans  divers  ouvrages  de  micrographie  ou  de  botanique?  Ce 
sont  de  simples  exposés  généraux  donnant  à  grand'peine  les  éléments 
d'une  classification.  Je  dirai  cependant  que  l'ouvrage  du  Dr  Pelletan  (Le 
Microscope),  contient  quelques  données  fort  utiles  et  des  dessins  bien 
faits.  Le  bel  ouvrage  que  publie  le  savant  président  de  cette  section, 
M..  Bâillon,  mentionne  les  genres  de  Diatomées,  et  c'est,  là  un  pas 
de  fait  puisque,  avant  lui,  les  dictionnaires  de  botanique  se  bornaient  à 
la  nomenclature  des  familles,  quand  ils  allaient  jusque-là.  Dans  aucun 
que  je  sache,  on  ne  trouve  de  descriptions  spécifiques. 

A  coté  de  cette  pénurie,  l'Angleterre  et  l'Allemagne  abondent  en 
ouvrages  de  longue  haleine  sur  cette  classe  si  intéressante  des  algues 
microscopiques  et  ces  livres  sont  splendidement  illustrés.  Je  ne  ferai 
que  citer  les  principaux  :  chez  les  Allemands,  Kritzing  (1849),  Ehrenberg, 
Rabenhorst,  Grunow,  etc. ,  etc.;  chez  les  Anglais,  Hassall,  Grégory,  Twaites 
dans  diverses  publications,  le  Dr  Ralfs  dans  l'ouvrage  de  Pritchard  (Histoire 
des  Infusoires)  ;  William  Smith  dans  son  splendide  Synopsis  des  Diato- 
mées d%  Angleterre  ;  le  Dr  Donkin  dans  son  Histoire  naturelle  des  Dia- 
tomées d'Angleterre,  qu'il  publie  actuellement,  ont  décrit  et  dessiné  des 
quantités  considérables  de  ces  êtres  si  petits  et  d'une  structure  si  merveil- 
leuse. 

Je  cite  pour  mémoire  le  Journal  de  la  Société  micrographique,  de 
Londres,  qui  publie  souvent  des  articles  sur  les  Diatomées,  avec  illus- 
trations. 

Le  docteur  Pelletan.  dont  j'ai  déjà  parlé,  vient  de  fonder  un  journal 
de  micrographie,  que  je  ne  puis  apprécier,  puisque  je  ne  l'ai  point  encore 
vu.  Je  souhaite  qu'il  imite  la  publication  anglaise. 


E.   GRENIER.    —    LES    DIATOMÉES   DU    HAVRE   ET    DES   ENVIRONS  5'57 

Vous  trouverez  ici,  Messieurs,  dans  l'exposition  de  notre  collègue 
M.  Leroy,  les  livraisons  parues  d'un  Atlas  iconographique  de  Diatomées 
publié  en  Allemagne  par  M.  Adolf  Schmidt.  Les  figures  sont  de  grande 
dimension  et  ne  se  bornent  pas  aux  espèces,  mais  vont  jusqu'aux 
variétés.  Soit  dit  en  passant,  l'auteur  pousse  peut-être  un  peu  loin 
la  division  :  multiplier  les  noms  n'est  pas  toujours  apporter  de  la  clarté  et, 
comme  pour  les  phanérogames,  des  circonstances  diverses  influent  sur 
ces  êtres  si  délicats,  de  sorte  que,  et  en  cela  je  suis  d'accord  avec  le 
DrPellctan,d*uu  lieu  à  un  autre,  on  voit  apparaître  de  nombreuses  variétés 
dont  on  a  souvent  fait  des  espèces  distinctes  et  qui  ne  diffèrent  parfois 
que  par  des  caractères  insignifiants  ou  par  la  taille.  Quoi  qu'il  en  soit, 
l'Atlas  de  M.  Schmidt  est  un  bel  ouvrage;  malheureusement,  il  n'a  pas 
de  texte. 

En  résumé,  chez  nous,  absence  presque  totale  de  travaux  sur  les  Dia- 
tomées ;  ouvrages  nombreux  descriptifs  et  iconographiques  chez  nos 
voisins.  L'ouvrage  de  Pritchard,  qui  m'a  servi  de  guide  dans  mes  recher- 
ches, décrit  près  de  3,000  espèces. 

Je  n'ai  pas  la  prétention  de  combler  cette  lacune  dans  la  science  française, 
je  n'ai  ni  les  connaissances,  ni  le  talent  nécessaires,  mais  j'ai  voulu  vous 
la  signaler,  Messieurs,  persuadé  que  les  membres  de  l'Association  fran- 
çaise pour  l'avancement  des  sciences  sauront  bien  stimuler  une  étude  si 
attrayante. 

Pour  rendre  moins  aride  la  lecture  du  catalogue  des  Diatomées  du 
Havre,  j'ai  joint  pour  chacun  des  genres  de  cette  flore  microscopique 
la  photographie  au  grossissement  de  600  diamètres  d'au  moins  une 
espèce.  J'ose  espérer  que  la  fidélité  de  l'image  compensera  son  peu  de 
valeur  artistique. 

J'ai  traduit  de  Pritchard  le  Tableau  synoptique  résumant  la  classifica- 
tion, et  ce  guide  indispensable  précède  la  liste  que  je  vous  soumets. 


DIATOMÉES  DU  HAVRE  ET  DES  ENVIRONS. 

Nota.  —  Les  espèces  marquées  *  ne  sont  pas  décrites  dans  Pritchard,  où  leur  syno- 
nimie  n'a  pas  été  établie  d  une  manière  déflnitive. 
Les  noms  sont  presque  tous  pris  dans  l'ouvrage  de  M.  Wood. 

Eunotiées. 

Cl.   Epithemia    Ep.  argus  (Harfleur)  *  Epith.  inflata  (Havre). 

—  gibba  (Havre  et  Harfleur)  —      sagitta      — 

—  marina  (Harfleur)  —      salina        — 

—  musculus  (Ste-Adresse) 

G.   Himantidium    Him.  pectinale  (Havre)  *  Him.  salinum  (Havre) 


558 


BOTANIQUE 


Mkridiébs. 
Ci.  ileridion    Meridion  chculare  (Rouelles). 

LlCMOPHORÉES. 

Pod.  Erhcnbergii  (Ste-Adres.) 


Pod.  robusta  (Havre). 


U.  Podosphenia 

Ci.  Rhipidiphora    Rhip.  tenella  (Havre). 

G.  Lirmophora  *  Lie.   lurgida  (Havre). 

©  Sceptroneis    Sceptrones  eaduceus  (Estomac  d'un  Pecten). 

Fragilariéhs. 

Ci.  Denticula    Dent,  elegans  (Havre). 

Ci.  Odontidiiim    Od.  hiemale  (Bruneval). 

Ci.   Fragilaria.     Frag.  virescens  (Rouelles). 

Cf.   Dlatoma    Diat.  grande  (Harfleur)  *  Diat.latissimum  (Havre),  niarinum  (Havre) 

CJ.  IVitzchla    N.  Brebissonii  (Havre)  *  Nitzc.  clavata  (Havre). 


—  inflata  — 

—  latestiiata  (Harfleur) 

—  sigma  (Havre) 

—  sigmoidea        — 

—  amphyoxis       — 

—  vivax  — 

—  carinata  — 

CJ.  Amphipleura    Amp.  pellucida  (Jardin  St-Rochj 


SURIRELLÉES. 


Cî.  Baeillaria    B.  cursoria  (Havre) 
Ci.  Synedra  Syn.  acus  — 

—    acuta  — 


Duplex  (Harfleur) 
gracilis  — 

Harrissonii  — 
Hodsonii  — 
intermedians  — 
Serians  — 

Subtilis  — 


H.  paradoxa  (Havre) * 
Syn.  pulchella  (Harfleur). 
—     ulna  — 

L  —     corrugata  (Havre). 
k  —    macrum  — 

'  —    marina  — 


Ci.  Tryblionella 

Q.  Cymatopleura 


fasciculala  — 
fortis  — 

longissima  (Rouelles) 
notabilis  (Havre) 

Tr.  gracilis  (Jardin  St-Roch  et  Harfleur  . 
Cym.  ovum  (Rouelles  et  Havre)  *  Cym.  Salina  (Havre) 

—  solea  (Jardin  St-Roch,  etc.). 

Ci.  Snrlrella    S.  Gemma  (Havre,  etc). 

—  lata  (Harfleur) 

—  minuta  (Jardin  St-Roch) 

—  limosa  (Honfleur) 

—  ovalis  (Havre) 

—  ovata       — 

—  salina      — 
=■  splendida  (Rouellesj 

—  slriatula  (Harfleur). 

Ci.  Campylodiacu»    C.  clypeus  (Huitres  de  la  rade)  C.  cribrosus    (Havre). 

—  decorus  •  —  granulatus  (Harfleur/. 

—  costatus  (Rouelles;  •  —  sollitianus  (Harfleur/. 

—  spiralis  (Cresson  de  Gournay)  *  C.  tortuosus  (Havre/. 


S.  Subsalina  (Havre). 

*  —  Brebisonii  (Harfleur) 
f  —  Danica 

*  —  hyalina  (Graville). 

*  —  iilequalis  (Havre). 

*  —  marina  (Harfleur/. 

*  —  musca  (Havre). 

*  —   punctata  — 
'      -   spiralis?    -=» 


E.    GRENIER.    —    LES    DIATOMÉES   DU    HAVRE    ET   DES    ENVIRONS 


359 


Striatellées. 

«.    Striatella    Striatella  unipunctata  (Havre). 

G.  Rhabdonema    Rh.  arcuatum  (Havre).  Rh.  mirificum  (Harfleurj. 
Cl.  Grammatophoru    Gr.  marina  (Havre,  etc.)  subtilissima  (Havre). 
—  serpentina  (Havre). 

MÉLOSIRÉES. 

G.  ^(cphnnogoniw     Steph.   polygona  (Harileur,  etc.  ). 
Ci.  Podosira     *  Pod.  duplicata  (Havre) 
Cl.  Melogira    M.  arenaria  (Orth.),  (Havre) 

—  nummuloides         — 

—  roseana  — 


—  varians  (Orth.),  (Havre) 

—  sulcata  (Orth.)  (Rouelles) 


M.  Hodsonii  (Havre). 

—  tumida        — 

—  subtilis 

(carapace  d'un  Chiton). 

(Globifera.  —  (Pod  Mon- 
tagnei)  (Havre). 


C.  lirmus  (Hartleur). 

—  major  (Fécamp). 

—  marinus  (Havre). 

—  operculatus  (Harfleur). 

—  undulatus  (Havre). 


COSCINODISCÉES. 

G.  Coscinodlscus    C.  gigas  (Estomac  d'un  Pecten) 

—  oculusiridis  (Havre) 

—  radiatus  — 

—  striatus  (Fécamp) 

—  bombus  (Havre) 
G.  Aetlnocyclas    Act.  Erhenbergii  (Jetée  du  Sud)  *  Act.  centralis  (Havre). 

—  subtilis    (estomac  d'un  Pecten). 

G.  Actinoptychas    Act.  splendens  (Fécamp,  Huîtres)  Act.  undulatus  (Havre,  etc) 

Eupodiscées. 
Ci.  Enpodlscas    Eup.  argus  (Havre)  *  E.  moniliformis  (Havre). 

Riddulphiées. 

G.  Biddulphia    B.leévis         ^Harfleur)  *  B.  constricta  (Harfleur). 

—  pulchella        —  *  —    hyalina  — 

G»  Isthmia    Isth.  inervis  (Bruneval,  Algues). 

Anguliferées. 

U.  Triceratium    T.  favus  (Fécamp,  Havre)  Tr.   spinosum  (Havre). 
Amphitetras    Amp.  antediluviana  (Havre)     *  Am.  hyalina  (Graville). 

ChAÏOCjERÉËS. 

Cl.  fithizosolenia    Rh.  slyliformis  (Havre). 

COCCONÉIDÉES. 

Cl.  Cocconiieis  C.  americana  (Graville) 

—  costata  (Havre) 

—  excentrica  (dev1  Frascati) 

—  fasciola  (Havre) 
-~  gemmata  (est.  d'un  Pecten) 

—  Grevillei  (Havre). 


C.  Plàcentula  (Rouelles) ■ 

—  punctata  (Harfleur). 

—  transversalis  (Havre) 

—  Comberi  (Harfleur). 

—  marina  (Havre). 


560  BOTANIQUE 

ACHNANTÉES. 

G.  Achuanthidium    *  Ach.  fenestralum  (Havre)  * 
G.    tchiianthe»    Ach.  brevipes(Havre) 

—  longipes     — 

—  exilis  (Jardin  St-Roch) 

(Havre). 
*  —    crux  (Havre) 

CtmbelléeS. 

G.  Cocconema    Cocc.  cistula  (Havre) 

—  lanceolatum  (Jardin  St-Roch) 
G  .  Amphora    Amph.    marina  (Harfleur) 

—  membranacea  (bassin  Dock) 

—  ovalis  (Havre). 

GOMPHONÉMÉES. 

G.    Gomphonema     G.  capitatum  (Jardin  St-Roch) 
—    clavatum  — 


*  Ach.  parvura  (Havre). 

*  Ach.  curtum  (Havrej. 

*  —    major  (Harfleur) 

*  —    transversalis 

*  —    vulgaris  (Havre). 


*  C.  littorale  (Havre). 
'  —  normanni      — 
Amph.  asterica  (Havre). 
—  clavata  (Harfleur). 


G.  geminatum  (Havre) 


Naviculées. 

G.  IVaTicnla    N.  amphisbœna 

I    Havre 

—  elliptica         ( 

estomac 

—  cruciformis  i 

de 

—  longa 

|    Pecten 

—  convexa  (Havre) 

—  cuspidata  (Jard.  St-Roch) 

—  crabro  (Fécamp,  huîtres) 

—  décora  (Havre) 


—  entomon  (bassin  Dock) 

—  fusca  (Jetée  du  Sud) 

—  granulata  (Ste-Adresse,  Honfleur) 

—  Hennedyi  (Fécamp,  huîtres) 

—  hnmerosa  (Ste-Adresse,  Honfleur) 

—  liber  (est.  de  Pecten)  N.  (Pinnularia) 


N'.  palpebraiis  (Honfleur). 

—  prœtexta(huitr.  delarade). 

—  pygmaea  (Havre). 

—  subsalina  (est.  de  Pecten). 

—  scopulorum  (Havre). 

—  suborbicularis  — 

—  treveliana 

—  tumida  (Ste-Adresse,  parc 

aux-Huîtres,  embouch. 
delà  Lézarde) 

*  Boreii  (Harfleur). 

*  crystalina  — 

*  Gregoriana        — 

*  Lenormandi  (Havre). 

*  Viole  tta  — 
,  viridis  (commun) 


—  limosa  (Havre)  *  —  —    Ergadiensis  (Havre) 

—  N.  littoralis  (Ste-Adresse,  Honfleur.  etc)      *      Pinnulariaelongata. 

(Harfleur). 


—  lyra  (Ste-Adresse,  Honfleur) 

—  musca  (jetée  du  Sud,  etc.). 

—  fortis  (Ste-Adresse,  Honfleur) 
G.  Stauroneis    St.  aspera  (est.  de  Pecten 

—  granulata  (Harfleur) 
Striata  (Havre). 
G.  Pleurogigma    PI.  acutum  (Havre) 

—  angulatum  — 

—  atténua tum  (Rouelles) 


minuta  (Havre) 


*  St.  cursoria  (Harfleur) 

*  —     elongata  — 

PI.  rigidum  (jetée  du  Sud). 

—  sinuosum  (Havre). 

—  speciosum      — 


balticurn  (flaques  de  l'Eure)  —  strigile  — 

formosum  (Havre)  —  strigosum       — 


H.    HAILLON.    —    ORGANOGÉME    FLORALE    DES   GARRYA  561 

Ci.  Pleurosiffina.  PI.  elongatum  kHartl»;ur;  —  tenuissimum  — 

—  hippocampos    —       *  —  Erhenbergii   (Harfleur) 

—  inliatum  i Havre)         *  —  gracile     (Havre). 

—  littorale  (Harfleur)     *  —  medianum   — 

—  macrum        —  —  pellucidum  — 

—  navieulaceum  (Havre)  *  —  recurvatum(  Jardin  Sl-Roeh). 

—  Parkerii  (Harfleur    *  —  viridt;  (Harfleur). 

—  quailratum  (Havre)    *  —   marinum  (Havre). 
d.  Toxonidea    Tox.  Gregoriana  (Ste-Adresse)  *  Tox.  indontala  (Havre) 
<:    Doukinia    Donk.  Carinata  (Ste-Adresse)  D.  minuta  (Ste-Adresse). 

Ci.  Amptiiprora    Amph.  alata  (Raques  de  l'Eure)  Amph.  macilenta  iHonfleur). 
Ci.  Mchizoïicma    Schiz.  capitatum  (Havre)  *  Sch.  arborescens  (Havre; 

—  Grevillei  (Havre) 
Ci.  Micromega     Micr.   Erhenbergii  (Havre)  *  micr.  ovalis  (Havre) 
*  —      firma  (Harfleur) 

ACTINICÉES 

Ci.   Dictyorha    Dictyoch.  fibula  (Ste-Adresse,  Parc-aux-Huitres  ; 
le  Havre,  estomac  d'un  Pecten). 


M.  H.  BAILLON 

Professeur  à  la  Furulté  île  médecine  de  Paris. 


ORGANOG5NIE  FLORALE  DES  GARRYA 


—  Séance  du  27  août  I8'7.  — 

La  place  des  Garrya  dans  la  classification  naturelle  est  encore  aujour- 
d'hui fort  controversée.  Endlicher  (1)  les  rangeait  à  la  suite  des  Scépacées 
que  nous  avons  ramenées  (2),  ainsi  que  les  Antidesmées,  vers  la  grande 
famille  des  Euphorbiacées.  Lindley  (3)  qui  a  créé  la  famille  des  Gar- 
ryacées  (4),  classe  celle-ci  dans  une  Alliance  spéciale  des  Garryales, 
qui  comprend  en  outre  les  Helwingiacées ,  et  qu'il  interpose  aux.  Ju- 
glandées  et  aux  3Iénispermacées.  M.  J.  G.  Agardh  (o),  s'attachant  en 
première  ligne  aux  caractères  de  l'inflorescence,  considère  les  Garryacées 
comme  «  analogues  aux  Amentacées,  collatérales  aux  Cupulifères  et  aux 
Folhergillées  et  constituant  peut-être  une  forme  inférieure  à  certaines 
Flacourtiées  et  Homaliées.  »  M.  Decaisne  (6)  maintient,  bien  entendu,  la 

(i)  Cm.  -plant.,  288,  n.  1900. 

(2)  In  Bull.  Soc.  but.  de  Fr.,  IV.  993;  Hist.  des  plant.,  V,  244- 

(3)  Vej.  Kingd.  (1846),  295. 

(4)  in  Bot.  Reg.,  XX  (1834!,  t.  1686. 

(5)  Theor.  System,  plant.  (1858),  157. 

(6)  Trait,  yen.  bot.  (1868),  255. 

36 


562  BOTANIQUE 

famille  des  Garryacées,  ce  qui  est  bien  plus  commode  que  de  chercher 
les  véritables  affinités  de  ces  plantes,  et  il  place,  comme  Jussieu,  les 
Garrya  entre  les  Cornées  et  le  Gunnera  qui  est  une  Haloragée.  Il  a 
d'ailleurs  le  tort  de  conserver  dans  sa  famille  des  Garryacées  des  élé- 
ments hétérogènes;  et,  comme  presque  toujours,  il  figure  d'une  façon 
erronée  l'organe  femelle  des  Garrya,  la  disposition  des  ovules  et  de 
l'embryon,  la  situation  des  graines  et  de  leurs  diverses  portions,  etc. 
Il  considère  le  périanthe  mâle  comme  formé  de  «quatre  sépales  linéaires, 
submembraneux,  étalés»,  et  le  périanthe  femelle  comme  «  à  deux  lobes 
sétiformes  ou  sans  lobes  apparents.»  Il  décrit  les  ovules  et  les  figure 
comme  «  géminés.»  Il  donne  à  tort  les  deux  styles  comme  alternant  avec 
ce  qu'il  appelle  les  lobes  du  périanthe  dans  la  Heur  femelle.  Il  attribue 
aux  graines  «  un  testa  mince,  rugueux  transversalement  et  un  raphé 
saillant  latéral  »,  tandis  que  nous  verrons  le  tégument  séminal  exté- 
rieur extrêmement  épais  et  le  raphé  moins  proéminent  que  lui.  Il  croit 
que  les  fleurs  sont  toujours  «  ternées  à  l'aisselle  de  bractées  décussées», 
sans  s'apercevoir  que  c'est  précisément  sur  l'existence  de  fleurs  solitaires 
qu'on  a  fondé  le  genre  Fadyenia,  inséparable  des  autres  Garrya.  Il 
place  sur  un  seul  placenta,  alterne  avec  les  styles,  deux  ovules  collaté- 
raux dont  il  tourne  le  micropyle  du  côté  des  styles;  il  suppose  donc 
qu'il  y  a  dans  chaque  ovaire  quatre  ovules  disposés  par  paires.  Dans  le 
fruit,  il  dispose  deux  graines  en  face  des  styles,  tandis  qu'elles  alternent 
avec  eux.  Sur  la  coupe  longitudinale  de  la  graine,  il  place  l'embryon 
(ou  quelque  chose  qui  lui  ressemble  plus  ou  moins)  du  côté  de  la  cha- 
laze,  tandis  que  vers  le  micropyle  il  figure  l'albumen  seulement;  et 
lorsqu'il  représente,  suivant  ses  expressions,  une  «  coupe  transversale  de 
l'ovaire,  pour  montrer  la  disposition  des  ovules  et  de  l'embryon  »  (comme 
s'il  y  avait  des  embryons  et  un  albumen  développés  dans  l'ovule),  il  des- 
sine l'embryon  (ou  ce  qui  lui  ressemble)  deux  fois  coupé  en  travers* 
comme  s'il  était  arqué  ou  replié  sur  lui-même.  On  voit  qu'il  serait  dif- 
ficile d'accumuler  sur  une  même  question  un  plus  grand  nombre  d'er- 
reurs inconcevables,  et  que  connaissant  si  mal  l'organisation  d'un  genre, 
il  devient  très-difficile  d'arriver  à  la  détermination  de  ses  affinités  (1). 
Ad.  Brongniart  rapprochait  avec  doute  les  Garrya  des  Cornacées.  MM.  Ben- 
tham  et  Hooker  (2)  les  ont  définitivement  insérés  dans  cette  famille, 
entre  les  genres  Aucuba  et  Griselinia  (3). 

Le  développement  des  fleurs  mâles  peut  facilement  être  observé  pen- 
dant l'été  sur  le  Garrya  elliptica,  qui   a  longtemps  été   la  seule  espèce 

(1)  Aussi  l'auteur  change-t-il  souvent  d'opinion  sur  les  rapports  des  Garrya  qu'ailleurs  (in  Bull. 
Soc.  bot.,  XX,  158)  il  rapproche  à  tort  des  Hamamélidées. 

(2)  Gen.  plant.,  I,  'Soi,  n.  8. 

(3)  Qui  sont  presque  inséparables  l'un  de  l'autre  et  auxquels  le  Garrya  ne  doit  pas  être  inter- 
posé. 


II.    BAILLON.  —  ORGANOGÉNIE    FLORALE    DES  GARRYA  563 

qu'on  cultivât  dans  nos  jardins,  mais  dont  l'individu  femelle  est  beau- 
coup plus  rare  et  n'existe  peut-être  même  pas  vivant  en  France.  On 
voit  souvent,  au  sommet  des  rameaux,  poindre  dès  le  mois  de  juin  des 
inflorescences  qui  s'épanouiront  dans  le  courant  de  l'hiver  suivant;  de 
sorte  que  cet  arbuste  ne  se  comporte  pas  à  cet  égard  comme  la  plupart 
de  ceux  qui  sont  cultivés  chez  nous.  L'inflorescence  est  un  épi,  simple 
ou  ramifié,  chargé  de  bractées  décaissées  et  connées  dans  l'aisselle  des- 
quelles les  fleurs  sont  solitaires  ou  groupées  en  cymes  bi-triflores.  Le 
plus  souvent  il  y  en  a  trois,  dont  une  de  première  génération,  et  deux 
plus  jeunes,  appartenant  à  une  deuxième  génération  et  se  développant 
à  droite  et  à  gauche  de  la  première,  sans  bractées  axillantes. 

Chaque  fleur  est  d'abord  représentée  par  un  mamelon  qui  devient  ob- 
conique-surbaissé  et  sur  lequel,  plus  bas  que  le  sommet,  se  montrent 
simultanément  les  quatre  folioles  du  périanthe;  deux  antérieures  et 
deux  postérieures,  plus  tard  concaves  et  valvaires.  Il  est  donc  probable 
que  ce  sont  quatre  pétales.  MM.  Bentham  et  Hooker  et  M.  Decaisne  les 
considèrent  comme  des  sépales.  Leurs  sommets  s'infléchissent  en  une 
petite  clef  pondante  au  niveau  de  laquelle  ils  demeurent  souvent  plus 
ou  moins  étroitement  collés,  pendant  que  leurs  bords  adultes  s'écartent 
les  uns  des  autres.  En  dehors  d'eux  le  réceptacle  s'épaissit  en  un  bour- 
relet marginal  qui  peut  devenir  légèrement  saillant  dans  l'intervalle  des 
pétales,  mais  qui  n'est  probablement  pas  un  véritable  calice.  Peut-être 
n'est-ce  qu'un  renflement  réceptaculaire.,  comme  il  s'en  produit  si  sou- 
vent à  la  base  des  véritables  périanthes;  mais  nous  ne  pouvons  rien 
affirmer  à  ce  sujet.  Les  quatre  étamines  se  montrent  aussi  simultané- 
ment en  dedans  des  pétales  et  dans  leurs  intervalles;  elles  se  composent 
finalement  d'un  filet  libre  et  d'une  anthère  basifixe  ,  introrse,  déhiscente 
par  deux  fentes  longitudinales.  Le  gynécée  est  relativement  volumineux 
dans  les  très-jeunes  fleurs.  11  est  représenté  par  deux  feuilles  carpellaires 
latérales,  en  forme  de  croissants  qui  se  regardent  par  leur  concavité  et 
qui  s'élèvent  connés  pour  limiter  une  petite  fossette  centrale,  seul  rudi- 
ment de  cavité  ovarienne  qu'on  observe  dans  la  fleur  mâle. 

Le  développement  des  fleurs  femelles  a  dû  être  étudié  sur  une  autre 
plante  qui  ne  fleurit  à  Paris  que  depuis  deux  ou  trois  ans  et  qu'on  a 
considérée  comme  un  hybride  des  Garrya  elliptica  ou  macrophylla  et 
du  G.  Fadyeni.  Il  a  tout  à  fait  l'organisation  florale  de  ce  dernier,  et  je 
ne  sais  trop  s'il  en  diffère  véritablement.  Il  a  été  désigné  à  Antibes  par 
un  nom  composé  de  celui  de  ses  parents  supposés,  et  M.  Carrière  l'a 
appelé  G.  Thuretii.  Pas  plus  que  celle  du  G.  Fadyeni,  sa  fleur  femelle 
n'a  normalement  de  périanthe.  Aussi  est-elle  simplement  représentée 
par  un  mamelon  plein  qui  occupe  seul  l'aisselle  des  bractées  de  l'inflo- 
rescence. Sur  le  mamelon  se  montrent  bientôt  à  droite  et  à  gauche  les 


ô6i  BOTANIQUE 

deux  feuilles  carpellaires.  Ce  sont  des  croissants  qui  s'élèvent  en  deve- 
nant connés  par  leurs  extrémités  et  limitent  l'enceinte  ovarienne  que  leurs 
sommets  atténués  couronnent  ensuite,  en  divergeant,  de  deux  branches 
stylaires  latérales,  parcourues  par  un  sillon  longitudinal  médian  de 
chaque  côté  duquel  on  voit  commencer  l'évolution  des  papilles  stigma- 
tiques. 

C'est  sur  la  paroi  de  l'ovaire,  en  avant  et  en  arrière,  que  se  mon- 
trent les  deux  saillies  placentaires  qui  s'avancent  généralement  fort  peu 
dans  la  cavité  unique  de  la  loge  et  qui  produisent  bientôt,  vers  leur 
extrémité  supérieure,  un  seul  mamelon  ovulaire.  Chaque  ovule  devient 
bientôt  descendant,  se  recouvre  d'une  enveloppe  incomplète  et  dirige, 
dans  son  mouvement  anatropique,  son  micropyle  en  haut  et  en  dessous 
du  hile,  de  sorte  que  le  raphé  regarde  celui  de  l'autre  ovule.  Le  funicule 
est  court,  épais  ;  il  s'hypertrophie  bientôt  en  une  sorte  d'obturateur  qui 
vient  entourer  le  hile  et  coiffer  l'ouverture  micropylaire.  On  comprend 
par  ce  qui  précède  que  le  gynécée  d'un  Garrya  représente  assez  bien 
celui  d'une  Cornacée  dont  les  placentas  ne  s'avanceraient  pas  jusqu'à 
l'axe  de  l'ovaire  pour  partager  sa  cavité  en  deux  loges.  De  là  est  venue 
cette  idée,  confirmée  par  l'expérience,  que  les  Garrya  pourraient  être 
avantageusement  greffés  sur  des  Cornées  et  réciproquement.  Nous  avons 
vu  de  très-beaux  Garrya  elliptica  qui  avaient  pris  un  grand  développe- 
ment sur  VA ucuba  japonica. 

Peut-on  d'ailleurs  admettre  que  les  Garrya  autres  que  ceux  de  la 
section  Fadyenia  aient  leur  fleur  femelle  pourvue  d'un  véritable  pé- 
rianthe?  Ce  qu'on  a  considéré  comme  tel  dans  plusieurs  espèces  cali- 
forniennes, nous  semble  être  une  paire  de  bractées  qui  peuvent  prendre 
un  assez  grand  développement,  notamment  dans  la  ileur  qui  termine 
une  inflorescence,  et  qui  sont  exactement  alternes  avec  les  deux  bractées 
axillanles  des  fleurs  précédentes.  Ces  bractées  sont  plus  ou  moins  soule- 
vées et  entraînées  sur  l'ovaire  de  la  fleur  terminale;  elles  peuvent  être 
situées  à  mi-hauteur  sur  sa  paroi,  mais  elles  arrivent  rarement  à  être 
insérées  tout  en  haut,  comme  les  véritables  sépales  d'une  fleur  à  ovaire 
infère.  II  y  a  aussi  des  ovaires  qui  sont  couronnés  d'une  sorte  d'enve- 
loppe florale  encadrant  la  base  du  style,  quelquefois  très-développée  et 
d'apparence  pétaloïde  ;  ces  lames  irrégulières  paraissent  dépendre  d'une 
hypertrophie  morbide  succédant  peut-être  à  la  piqûre  d'un  insecte. 

Les  fruits  des  Garrya  sont  mal  connus;  ils  mûrissent  cependant  dans 
notre  pays,  notamment  ceux  du  G.  Thuretiï.  Quoiqu'on  les  décrive 
comme  des  baies,  leur  péricarpe  est  mince,  à  peu  près  complètement 
sec  à  la  parfaite  maturité;  c'est  une  membrane  alors  dépourvue  de  sucs. 
Il  y  a  cependant  quelque  chose  de  charnu  et  de  pulpeux  dans  ses  fruits; 
c'est  une  portion  des  graines  qui  fournissent  un  des  rares  exemples  con- 


H.    BAILLON.  — ORGANOGÊNIB    FLORALE   DES   GARRYA  565 

nus  d'arille  généralisé.  Pendant  la  maturation,  leur  tégument  superli- 
ciel  se  boursoufle  de  toutes  parts.  Ses  cellules  proéminent  alors  comme 
une  sorte  d'écume  de  liquide  visqueux:  leur  accroissement  est  très-rapide. 
Leur  aspect  rappelle  celui  de  la  substance  des  strophioles  de  certaines 
Papavéracées,  etc.  D'abord  elles  sont  à  peu  près  incolores.  Plus  tard 
elles  deviennent  d'un  pourpre  vineux.  La  saveur  de  leur  contenu  est 
alors  acidulée  et  un  peu  amère.  Elles  vont  s'appliquer  contre  le  péri- 
carpe, dont  l'épaisseur  demeure  peu  considérable.  La  portion  charnue  du 
fruit  dépend  donc  ici  du  tégument  séminal;  et  c'est  celte  couche  épaisse, 
molle,  pulpeuse,  que  M.  Decaisne,  toujours  inexact,  décrit  comme  un 
«  testa  mince,  rugueux  transversalement.  » 


EXPLICATION  DKS  FIGURES. 


PLANCHE    V. 


Les  mêmes  organes  sont  désignés  par  les  mêmes  lettres  :  br.  bractées  axillantes  des 
fleurs;  b.  bourrelet  extérieur  aux  pétales  (calice?);  p.  pétales;  e.  étamines;  c.  car- 
pelles; o.  ovules;  n.  nucelle;  f.   l'unicule;  cm.  embryon  ;  ch.  chalaze  ;  alb.  albumen. 

Fig.  1.  —  Garrya  elliptica  (mâle).  Jeune  inflorescence,  chargée  de  bractées  décus- 
sées  br. 

Fig.  2.  —  Bractée  séparée  br,  vue  par  sa  face  interne;  dans  une  aisselle,  une  seule 
fleur  dont  le  réceptacle  porte  déjà  les  pétales  pp. 

Fig.  3.  —  Jeune  fleur  isolée,  ayant  quatre  pétales  p,  à  peu  près  égaux. 

Fig.  4.  —  Fleur  plus  âgée,  les  quatre  pétales  p  égaux,   plus  grands. 

Fig.  5.  —  Bouton  plus  avancé.  En  dehors  des  pétales  p  qui  portent  déjà  en  haut  et 
en  dehors  quelques  poils,  se  montre  le  bourrelet  b  qui  tient  la  place 
du  calice,  avec  de  légères  saillies  alternes  aux  pétales;  et  en  dedans  d'eux 
quatre  mamelons  staminaux  alternes  e. 

Fig.  6.  —  Bouton  plus  âgé;  le  bourrelet  calicinal  (?),  les  pétales  et  les  étamines  plus 
développés. 

Fig.  7.  —  Coupe  longitudinale  du  bouton  précédent.  Au  centre  du  réceptacle  com- 
mence à  se  montrer  le  gynécée. 

Fig.  8.  —  Bouton  plus  âgé  encore  dans  lequel  les  deux  carpelles  c  se  voient  latérale- 
ment, se  regardant  par  leur  concavité. 

Fig.  9.  —  Bouton  dans  lequel  les  anthères  e  ont  déjà  leur  sillon  médian  interne  vi- 
sible et  les  carpelles'  se  sont  rapprochés  pour  enclore  un  rudiment  de  ca- 
vité ovarienne. 

Fig.  10.  —  Coupe  longitudinale  du  même  bouton.  Mêmes  lettres. 

Fig.  11.  —  Fleur  plus  âgée,  dans  laquelle  le  périanlhep  est  complètement  clos. 

Fig.  12.  —  Coupe  longitudinale  de  la  fleur  précédente. 

Fig.  13.  —  Bractée  florale  br,  dont  l'aisselle  renferme  (comme  c'est  le  cas  le  plus  ordi- 
naire) trois  fleurs,  dont  une  médiane  /i,  et  deux  latérales  p,  de  deuxième 
génération  et  qui  ne  sont  pas  exactement  du  même  âge  l'une  que  l'autre. 

Fig.  14.  — Coupe  longitudinale  de  la  fleur  médiane  représentée  dans  la  figure  précé- 
dente. 


566  BOTANIQUE 

Fig.  15.  —  Garrya  Thuretii  (femelle).  Bractée  florale  br   dans  l'aisselle  de  laquelle  est 
une  seule  fleur  déjà  pourvue  de  deux  carpelles  ce. 

Fig.  16.  —  Bouton  de  la   figure  précédente,  vu  par  le  sommet  pour  montrer  la  forme 
en  croissants  des  deux  carpelles  ce. 

Fig.  17.  —  Fleur  femelle  plus  âgée,  les  deux  carpelles  ce  devenant  connés  sur  les  bords. 

Fig.  18,  19.  —  Ages  successifs  du  gynécée  constituant  à  lui  seul  toute  la  fleur  fe- 
melle. 

Fig.  20.  —  Gynécée  plus  âgé,  la  portion  stylaire  des  carpelles  c  devenue  distincte. 

Fig.  21.  —  Coupe  longitudinale  du  même  gynécée.  Le  placenta,  alterne  avec  les  deux 
styles,  porte  déjà  un  mamelon  ovulaire  o. 

Fig.  22.  —  Gynécée  plus  âgé. 

Fig.  23.  —  Coupe  longitudinale  du  même;  l'ovule  o  s'est  allongé,  et  commence  à  des- 
cendre. 

Fig.  24.  —  Fleur  femelle  dont  l'ovaire  s'est  couvert  de  poils  et  dont  les  deux  styles 
se  touchent. 

Fig.  25.  —  Coupe  longitudinale  bilatérale  de  la  fleur  précédente;  cette  coupe  passe 
par  le  milieu  des  deux  styles  c. 

Fig.  26.  —  Coupe  perpendiculaire  à  la  précédente  (antéro-postérieure)  passant  dans 
l'intervalle  des  deux  styles  c  et  par  l'axe  des  deux  ovules  o. 

Fig.  27.  —  Coupe  longitudinale  antéro-postérieure  d'une  (leur  plus  âgée;  mêmes 
lettres. 

Fig.  28—32.  —  États  successifs  de  l'ovule,  depuis  l'époque  où  le  nucelle  n  est  dis- 
tinct du  tégument  qui  ne  le  recouvre  pas,  jusqu'à  l'âge  où  il  en  est  com- 
plètement enveloppé  et  le  micropyle  recouvert  par  l'obturateur  f  que 
forme  le  funicule  dilaté. 

Fig.  33.  —  Graine  adulte.  Le  tégument  extérieur  est  formé  de  cellules  bosselées,  iné- 
galement saillantes,  charnues,  constituant  un  arille   généralisé. 

Fig.  34.  —  Coupe  longitudinale  de  la  graine  précédente,  passant  par  l'axe  de  l'em- 
bryon em,  de  l'albumen  alb,  de  la  chalaze  rh  et  du  raphé  déprimé  r, 
et  montrant  l'épaisseur  qu'a  prise  le  tégument  cellulaire  externe,  pour 
constituer  Faillie  généralisé  qui  recouvre  toute  la  semence. 


M.   DALTON 


SUR  DES  PREPARATIONS  D'ANATOMIE  VEGETALE 

(f.XTKAII    DU   PROCKS-VERBAI..) 


—  Séance  du  27  août   11 


M.  Dalton  montre  aux  Membres  de  la  Section  des  préparations  d'anatomie 
végétale  habilement  faites,  et  de  nombreuses  Diatomées  qu'il  a  récoltées,  dis- 
posées et  nommées  avec  grand  soin. 


E.    TISON.    LES    PRÉTENDl'S    PHYLLODES    DES    EUCALYPTUS  567 


M.  Edouard  TISON 

Professeur  à  l'Université  catlioln|ui'  de  Paris. 


LES  PRETENDUS  PHYLLODES  DES  EUCALYPTUS. 

[EXTRAIT.] 


—   Séance  du   £7  août    1877.   — 

Les  Eucalyptus  australiens  sont  aujourd'hui  assez  bien  connus  dans  notre 
pays,  surtout  depuis  que  M.  P.  Raniel  a  introduit  Y  Eucalyptus  ylobulus  en 
France  et  en  Algérie,  d'où  on  l'a  propage  dans  les  autres  parties  du  monde. 
Cette  dernière  espèce  est  fréquemment  cultivée  chez  nous  comme  arbuste 
d'ornement,  quoiqu'elle  ne  résiste  pas  au  froid  de  nos  hivers,  mais  dans  la 
région  de  l'Oranger  et  surtout  en  Algérie,  c'est  un  arbre  des  plus  utiles  par 
ses  produits  que  la  médecine  et  l'industrie  emploient  déjà  avec  succès,  et  par 
ses  propriétés  hygiéniques  qui  permettent  d'assainir  et  de  rendre  habitables 
pour  l'homme,  les  endroits  les  plus  exposés  aux  fièvres  paludéennes.  Dans  les 
premières  années  de  leur  accroissement,  les  Eucalyptus  présentent  générale- 
ment les  feuilles  opposées  qui,  sous  beaucoup  d'autres  rapports,  ne  diffèrent 
en  rien  des  mêmes  organes,  dans  un  grand  nombre  de  végétaux.  Plus  tard, 
ces  feuilles  subissent  des  modifications  tellement  profondes  qu'elles  seraient 
méconnaissables  pour  quiconque  n'aurait  pas  suivi  toutes  les  phases  de  leur 
développement.  Elles  deviennent  alternes,  d'opposées  qu'elles  étaient  d'abord  ; 
leur  pétiole  souvent  très-court  sur  les  premiers  rameaux,  s'allonge  plus  tard 
considérablement  ;  leur  limbe  se  rétrécit,  s'agrandit,  devient  falciforme  et 
insymétrique. 

Autre  phénomène  sur  lequel  j'attire  tout  spécialement  l'attention  en  ce 
moment.  Ce  limbe  qui  était  horizontal,  c'est-à-dire  avec  une  face  supérieure 
regardant  le  ciel  et  une  face  inférieure  tournée  vers  la  terre,  prend  une 
situation  verticale  et  ses  deux  faces  regardent  l'une  à  droite,  l'autre  à  gauche. 
En  un  mot,  ces  feuilles  sont  tellement  modifiées  qu'on  ne  saurait,  sans 
l'avoir  constaté,  admettre  qu'elles  proviennent  du  même  arbre  qui  a  produit 
les  premières.  Pour  résumer  cette  description,  les  feuilles  modifiées  des 
Eucalyptus  affectent  définitivement  la  forme  et  la  situation  des  vrais  phyl- 
lodes,  tels  qu'on  les  rencontre  dans  la  plupart  des  Acacia  australiens.  C'est 
cette  apparence  qui  aura  certainement  trompé  M.  Duchartre,  qui  regarde 
comme  de  vrais  phyllodes  les  feuilles  modifiées  des  divers  Eucalyptus.  On  lit, 
en  effet,  à  la  page  400  de  la  seconde  édition  de  ses  Eléments  de  botanique  : 
«  Cette  direction  du  plan  des  phyllodes  se  retrouve  fréquemment,  à  la  Nou- 
velle-Hollande, dans  un  autre  grand  genre  d'arbres,  les  Eucalyptus,  de  la 
famille  des  Myrtacées,  qui  ont  d'abord  les  feuilles  simples,  larges,  situées 
horizontalement,  et  qui,  plus  tard,  ne  forment  plus,  en  général,  que  des 
phyllodes  dirigés  dans  un  plan  vertical,  comme  on  le  voit  sur  la  figure  116.» 
Or,  cette  figure  montre  un  rameau  d'Eucalyptus    (dont    on    ne    désigne   pas 


568  BOTANIQUE 

l'espèce)  présentant    six    feuilles  opposées,  disposées  comme  les  folioles  d'une 
feuille  composée-paripennée. 

Afin  de  vérifier  cette  opinion  qui,  de  prime  abord,  me  paraissait  très-sin- 
gulière, j'ai  fait  l'organogénie  des  feuilles  de  V Eucalyptus  globulus,  et  j'ai  vu, 
en  suivant  les  développements  successifs,  que  ces  prétendus  phyllodes  sont  de 
vraies  feuilles  dont  le  pétiole  a  subi  une  torsion  de  90°  autour  de  son  axe. 
Ce  sont  donc  de  vraies  feuilles  qui  n'ont  de  commun  avec  les  vrais  pbyllodes 
que  la  forme  et  la  situation  dans  un  plan  vertical.  Tout  le  monde  sait,  en 
effet,  qu'on  appelle  pbyllode  une  feuille  dont  le  limbe  a  avorté  et  dont  le 
pétiole  s'aplatit  et  prend  la  forme  d'une  feuille  dont  il  remplit  les  fonctions 
physiologiques.  Ainsi,  un  pbyllode  étant  un  pétiole  modifié,  ne  doit  pas  être 
supporté  par  un  autre  pétiole.  Or,  il  est  facile  de  constater,  sans  le  secours 
d'aucun  instrument  grossissant,  que  les  feuilles  modifiées  de  l'Eucalyptus  glo- 
bulus ont  :  1°  un  long  pétiole;  2°  que  ce  pétiole  est  tordu  sur  lui-même; 
3°  qu'il  porte  à  son  extrémité  un  limbe  allongé,  étroit,  falciforme  et  insymé- 
trique. Un  simple  coup-d'ceil  jeté  sur  un  rameau  feuille  de  cette  espèce  con- 
vaincra tout  observateur  sérienx,  nous  l'espérons,  de  l'erreur  dans  laquelle 
M.  Duchartre  est  tombé. 

Dans  le  cours  de  ces  recherches,  il  a  été  facile  de  constater  que  ce  pétiole 
porte  à  sa  base  une  gaine  bien  apparente,  creusée  en  une  gouttière  étroite  et 
allongée  qui,  dans  le  jeune  âge,  protège  complètement  le  bourgeon  axillaire. 
C'est  une  disposition  analogue  à  celle  qui  a  été  signalée  depuis  longtemps 
dans  le  Platane,  le  Rhus  coriaria  et  quelques  autres  plantes.  Dans  l'Eucalyptus 
globulus,  comme  dans  la  plupart  des  végétaux,  du  reste,  le  bourgeon  axillaire 
n'est  pas  seul  ;  il  est  toujours  accompagné  d'un  second,  situé  en  dehors  de  lui 
sur  le  même  plan  vertical.  C'est  un  bourgeon  de  prévoyance  qui  ne  doit  se 
développer  qu'au  cas  où  le  premier  subirait  quelque  accident. 


M.  J.-L.  de  LAOSSAN 

Professeur  agrégé  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris. 


RECHERCHES  SUR  LE  DÉVELOPPEMENT  DES    FAISCEAUX  DANS  LE    SOMMET    DES    AXES 
ET  DANS  LES  APPENDICES. 


—  Séance  du  27  août  18~~.  — 

Le  travail  dont  je  nie  propose  (Je  donner  ici  un  simple  résumé,  a  été 
entrepris  il  y  a  déjà  quelques  années  dans  le  but  de  vérifier  d'une  part 
l'opinion  de  M.  Nfflgeli  au  sujet  du  point  dans  lequel  apparaissent  en 
premier  lieu  les  faisceaux  fibrovasculaires,  d'autre  par*,  la  théorie  de 
M.   Van  Tieghem  d'après  laquelle  la  disposition  et  les  rapports  affectés 


DE    LANESSAN.  —  DÉVELOPPEMENT   DES   FAISCEAUX  569 

par  les  faisceaux  à  l'état  adulte  permettraient  toujours  de  déterminer  la 
nature  morphologique  des  organes. 

M.  Nsegeli  a  formulé  sa  manière  de  voir  de  la- façon  suivante:  «  Les 
cordons  vasculaires  communs  à  la  tige  et  aux  feuilles  des  jeunes  pousses  des 
Dicotylédones  el  des  Conifères  commencent  à  se  former  au  point  de  jonction 
de  leurs  deux  moitiés,  au  point  où  ils  s'infléchissent  dans  la  feuille,  et  de 
là,  ils  s'allongent  dans  la  tige  de  haut  en  bas,  dans  la  feuille  de  bas  en 
haut.  Cet  allongement  marche  rapidement  ;  mais  on  peut  cependant  le 
suivre  pas  à  pas,  notamment  en  ce  qui  concerne  la  formation  des  vais- 
seaux. 11  y  a  a  l'extrémité  de  la  tige  des  cordons  de  cambium  communs 
dans  lesquels  on  n'aperçoit  d'abord  qu'un  seul  vaisseau,  situé  au  point 
d'infléchissement.  D'autres  faisceaux  qui  dans  leur  extrémité  supérieure 
possèdent  des  vaisseaux  développés,  ne  montrent  plus  bas  qu'un  vaisseau 
ébauché  et  plus  bas  encore  n'ont  plus  que  du  cambium....  Dans  les 
tiges  de  Chamœdorea  et  de  Cordylineiï  y  a  des  cordons  vasculaires  qui 
aussi  commencent  à  se  former  au  niveau  du  point  où  ils  s'infléchissent 
vers  la  feuille  et  continuent  leur  accroissement  pareil  haut  dans  la  feuille, 
par  en  bas  dans  la  tige;  mais  ici  l'allongement  par  en  bas  paraît  se 
faire  beaucoup  plus  rapidement  que  chez  les  Dicotylédones.  Les  cordons 
communs  du  Myriophyllum  commencent  également  au  niveau  du  point 
d'insertion  de  la  feuille,  et  de  là  s'allongent  rapidement,  vers  la  tige  en 
descendant,  vers  la  feuille  en  montant  (1). 

Dans  un  travail  publié  récemment  (2)  et  fait  en  grande  partie  dans  le 
laboratoire  de  M.  Naegeli,  à  Munich,  M.  Guillaud  adopte  à  peu  près 
complètement,  en  ce  qui  concerne  les  Monocotylédoncs,  la  manière  de 
voir  de  M.  Nœgeli,  relativement  à  la  marche  du  développement  lon- 
gitudinal des  faisceaux.  «  D'une  façon  générale,  dit  M.  Guillaud,  on  peut 
dire  des  Monocotylédones,  que  dans  les  faisceaux  courbés  vers  le  centre 
de  la  tige,  les  premiers  vaisseaux  et  le  premier  phloème  apparaissent 
vers  le  milieu  de  la  courbure  et  marchent  de  là,  de  bas  en  haut  vers  la 
feuille,  de  haut  en  bas  vers  la  partie  descendante  du  faisceau....  Pour 
tous  les  autres  faisceaux  non  courbés,  je  ne  puis  me  montrer  que  d'une 
grande  réserve  sur  la  direction  de  la  différenciation,  tout  en  croyant 
cependant,  qu'elle  aussi  reste  soumise  à  l'état  général  de  développement 
des  tissus  ambiants.   » 

Dans  son  Traité  d'Anatomie  végétale,  publié  à  la  fin  de  1877,  M.  de 
Bary  reproduit  simplement  la  manière  de  voir  de  M.  Nœgeli  et  ses  figures. 

Tel  est  le  premier  point  de  vue  que  j'ai  dû  examiner  dans  les  re- 
cherches que  j'ai  faites  sur  le  développement  des  faisceaux. 

(t)  N.egeli,  lieitrœge  zur  wissenschaftliche  Botanik,  I,  34. 

(2)  Recherches  sur  l'anatomie  comparée  et  le  développement  des  tissus  de  la  tige  des  Mononotylê- 
dones,  Paris,  187g  ;  p.  15? 


570  BOTANIQUE 

L'opinion  de  M.  Van  Tieghem  à  laquelle  j'ai  fait  plus  haut  allusion 
et  que  j'ai  dû  également  vérifier  est  formulée  par  lui  de  la  façon  sui- 
vante :  «  L'organogénie  épie  la  première  apparition  extérieure  des  organes 
dans  le  bouton,  alors  qu'ils  ne  sont  encore  que  de  petits  mamelons  cel- 
luleux,  mais  dès  cette  époque,  il  s'établit  dans  leur  profondeur,  entre  eux 
etl'axe  sur  lequel  ils  naissent,  des  liaisons  vasculaires,  dont  l'organogénie 
ne  se  préoccupe  pas  et  qui  sont  dans  une  intime  et  nécessaire  corré- 
lation avec  leur  mode  d'apparition  et  de  développement.  D'ailleurs,  une 
fois  établis,  ces  liens  sont  désormais  invariables.  Il  en  résulte  que  la 
nature  morphologique  d'un  organe  et  ses  rapports  essentiels  avec  les 
autres  seront  connus,  quand  on  y  aura  déterminé,  dans  l'état  adulte,  la 
distribution  des  faisceaux  vasculaires  et  leurs  connexions  avec  ceux  des 
organes  voisins  (1). 

Dans  la  mise  en  application  de  son  principe,  M.  Van  Tieghem  con- 
sidère tout  organe  appendiculaire  dont  les  faisceaux  se  rattachent  à  ceux 
d'un  autre  organe  comme  une  dépendance,  un  véritable  appendice  de 
ce  dernier.  Les  quelques  faits  que  nous  allons  citer,  et  dont  quelques-uns 
ont  été  publiés  antérieurement  par  nous,  dans  les  Bulletins  de  la  Société 
Linnéenne  de  Paris  et  de  l'Association  française  pour  l'avancement  des 
Sciences  montrent  l'erreur  dans  laquelle  sont  tombés  M.  Na^geli  d'une 
part,  et  M.  Van  Tieghem  de  l'autre,  en  formulant  les  principes  absolus 
que  nous  venons  de  rappeler.  Un  simple  coup  d'œil  jeté  sur  nos  planches 
suffit  d'ailleurs  pour  mettre  les  faits  en  évidence  et  nous  serons  aussi 
brefs  que  possible  dans  l'exposé  de  nos  observations,  que  nous  nous  pro- 
posons de  produire  plus  tard  avec  de  plus  grands  détails. 

Nous  étudierons  d'abord  la  façon  dont  se  développent  les  faisceaux  dans 
la  Heur  des  Composées  et  nous  prendrons  pour  type  le  Petasites  vulga- 
ris  (PI.  VI).  Dans  la  fleur  de  cette  plante  (2),  les  grains  de  pollen  sont 
déjà  formés  dans  les  anthères,  et  l'ovule  est  recouvert  d'une  enveloppe 
que  l'on  ne  voit  souvent  encore  dans  les  organes  floraux,  non-seulement 
aucun  vaisseau,  mais  même  aucune  traînée  de  procambium.  Les  éta- 
mines  sont  les  premiers  organes  dans  lesquels  apparaissent  les  faisceaux, 
et  leur  apparition  s'effectue  toujours  dans  la  portion  supérieure  du  con- 
nectifoù  se  forme  un  cordon  médian  longitudinal  d'éléments  procambiaux 
allongés  et  étroits,  qui  parcourt  bientôt  toute  la  longueur  du  filet.  La 
première  trachée  se  montre  plus  tard,  au  niveau  de  la  base  des  loges 
anthériques  ;  et  au-dessous  d'elle  les  cellules  du  procambium  se  trans- 
forment graduellement  en  éléments  trachéens  fusiformes,  unis  bout  à 
bout  pour  constituer  le  cordon  vasculaire  staminal.  Il  ne  se  développe 

(1)  Van  Thieghem,  Recherches  sur  la  structure  du  pistil,  in  Annales  sciences  naturelles,  Botanique 
série  5,  IX,  p.  U7. 

(2)  J'ai  publié  déjà  cette  observation   dans  :   Jlullet,  Soc.  Lvm.  Paris,  1875,  n°   7,  p.  51. 


DE   LANESSAN.     —   DÉVELOPPEMENT    DES    FAISCEAUX  571 

jamais  de  vaisseau  dans  le  connectif  où  les  éléments  procambiaux  con- 
servent toujours  leur  forme  primitive.  Plus  tard,  on  voit  apparaître  dans 
la  portion  supérieure  de  chaque  pétale  deux  bandes  de  trachées  qui 
longent  les  bords  du  lobe  corollaire,  et  se  réunissent  au  niveau  du  point 
d'adhérence  des  deux  lobes  pour  former  un  seul  faisceau  situé  en  regard 
de  l'étamine  correspondante.  Nous  avons  alors  cinq  faisceaux  corollaires 
dont  les  trachées  se  forment  de  haut  en  bas  et  vont  rejoindre  celles  des 
cinq  faisceaux  staminaux,  de  sorte  qu'au-dessous  du  point  d'insertion  des 
étamines  sur  la  corolle  on  ne  trouve  plus  que  cinq  faisceaux.  Quatre 
faisceaux  se  forment  de  la  même  façon  dans  le  style,  c'est-à-dire  de  haut 
en  bas;  les  premiers  éléments  procambiaux,  puis  les  premières  trachées 
de  chaque  faisceau  apparaissant  d'abord  dans  la  partie  supérieure  de  l'or- 
gane. Deux  de  ces  quatres  faisceaux  se  produisent  dans  les  deux  lobes 
du  style  et  les  deux  autres  alternant  avec  eux,  c'est-à-dire  répondant 
au  point  de  jonction  des  lobes  stigmatiques.  Ces  quatre  faisceaux  se  réu- 
nissent vers  la  base  du  style  avec  quatre  des  cinq  faisceaux  staminaux, 
et  dans  les  parois  de  la  coupe  réceptaculaire  on  ne  trouve  toujours  que 
cinq  faisceaux  situés  en  face  des  cinq  étamines.  Enfin,  vers  la  base  du 
réceptacle  ces  cinq  faisceaux  se  réunissent  en  un  seul  qui  occupe  le 
centre  du  pédicule  floral  et  dont  la  structure  est  fort  remarquable.  Il  est 
constitué  au  centre  par  une  vingtaine  de  trachées,  à  paiois  épaisses, 
étroitement  unies  les  uns  aux  autres  et  entourées  d'une  zone  circulaire 
d'éléments  allongés,  rectangulaires,  un  peu  aplatis,  représentant  des 
cellules  procambiales  non  transformées.  Ce  faisceau  unique  va  se  râunir 
aux  faisceaux  du  réceptacle.  Ainsi  tous  les  faisceaux  de  cette  fleur  se 
réunissent  graduellement  les  uns  aux  autres  pour  n'en  former  définiti- 
vement qu'un  seul.  En  appliquant  ici  la  loi  de  M.  Van  Tieghem  citée 
plus  haut,  et  en  se  bornant,  comme  lui,  à  faire  des  coupes  transversales 
de  la  fleur  adulte,  on  devrait  conclure  de  l'examen  de  ses  faisceaux  que 
toutes  les  parties  de  la  fleur  des  Composées  sont  des  dépendances  les  unes 
des  autres,  naissent  les  unes  sur  les  autres.  Je  n'ai  pas  besoin  d'insister  sur 
ce  qu'une  pareille  proposition  offre  de  contradictoire  avec  les  faits.  On  voit 
aussi  combien  les  faits  sont  contraires,  à  la  fois,  à  la  loi  de  M.  Naegeli  et  à 
la  proposition  de  M.  Van  Tieghem,  que  dans  le  bouton,  alors  que  les 
organes  «  ne  sont  encore  que  de  petits  mamelons  celluleux,  dès  cette  épo- 
que, il  s'établit  dans  leur  profondeur,  entre  eux  et  l'axe  sur  lequel  ils 
naissent,  des  liaisons  vasculaires  dont  l'organogénie  ne  se  préoccupe  pas 
et  qui  sont  dans  une  intime  et  nécessaire  corrélation  avec  leur  mode 
d'apparition  et  de  développement.  » 

Nous  avons  vu,  en  effet,  que  dans  la  fleur  du  Petasites,  tous  les  or- 
ganes sont  déjà  formés  depuis  longtemps  et  ont  contracté  entre  eux  leurs 
rapports  définitifs  avant  qu'il  existe,  non  pas  seulement  des  vaisseaux, 


572  BOTANIQUE 

mais  même  du  procambium  dans  leur  épaisseur.  La  (leur  du  Scolymus 
hispanicus  atteint  parfois  six  ou  sept  millimètres  de  long  avant  d'avoir 
un  seul  faisceau  procambial. 

Le  réceptacle  de  la  fleur  des  Composées  offre  encore  un  certain  intérêt 
en  ce  que  fort  souvent  (v.  PI.  Vf,  fig.  22)  les  faisceaux  s'arrêtent  dans  leur 
développement  et  restent  constitués  à  l'état  adulte  par  des  éléments  cambi- 
formes  sans  aucun  vaisseau,  mais  nous  n'avons  pas  à  insister  ici  sur  ces 
faits,  qui  n'entrent  pas  directement  dans  notre  sujet. 

En  s'appuyant  sur  sa  loi,  31.  Van  Tieghem  a  émis  l'opinion  que,  dans 
les  Primulacées,  les  étamines  n'étaient  que  des  appendices  des  pétales, 
et  que  le  placenta  était  formé  de  lames  réunies,  dépendant  des  feuilles 
carpellaires.  Il  appuie  sa  manière  de  voir  sur  la  disposition  des  fais- 
ceaux libro-vasculaires  dans  ces  organes  adultes.  Les  observations  sui- 
vantes que  j'ai  faites  sur  les  Primula  officinalis  et  elatior(l),et  qui  m'ont 
fourni  les  mêmes  résultats  dans  ces  deux  espèces,  me  paraissent  de  na- 
ture à  montrer  que  l'opinion  de  M.  Van  Tieghem  sur  les  organes  de  ces 
plantes  est  aussi  peu  fondée  que  sa  prétention  de  vouloir  toujours  résou- 
dre les  questions  de  morphologie  à  l'aide  de  la  seule  inspection  des  fais- 
ceaux dans  les  organes  adultes. 

Dans  les  deux  plantes  que  je  viens  de  citer,  les  sépales  restent  entiè- 
rement celluleux  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  atteint  la  forme  que  présente- 
ront plus  tard  les  lobes  calicinaux. 

C'est  seulement  lorsqu'ils  ont  acquis  cette  forme,  qu'on  voit  apparaître, 
ver.»  le  sommet  du  sépale,  une  bande  mince,  médiane,  de  procambium, 
dont  les  éléments  se  transforment  peu  à  peu  en  trachées  ;  celles-ci  ap- 
paraissent d'abord  tout  à  fait  en  haut,  puis  augmentent  en  nombre,  de 
haut  en  bas,  et  finissent  par  aller  rejoindre  les  vaisseaux  du  pédoncule 
floral  qui  se  sont  arrêtés  à  la  base  du  placenta.  Les  pétales  et  les  éta- 
mines nous  offrent  des  phénomènes  de  même  nature.  Les  pétales  sont 
déjà  réunis  entre  eux  pour  former  une  corolle  monopétale;  les  étamines, 
d'abord  entièrement  libres,  apparaissent  déjà,  soulevées  sur  le  tube  de 
la  corolle,  ces  organes  ont  déjà  acquis  leurs  formes  définitives,  que  ni 
les  pétales,  ni  les  étamines,  .n'offrent  encore  la  moindre  trace  de  fais- 
ceaux ni  de  procambium.  Ce  dernier  apparaît  enfin,  d'abord  vers  le 
sommet  du  connectif  des  anthères,  où  ne  tardent  pas  à  se  former,  une  à 
une,  des  trachées  courtes  et  fusiformes,  placées  bout  à  bout,  et  augmen- 
tant en  nombre  de  haut  en  bas.  Un  peu  plus  tard,  des  trachées  se  for- 
ment de  la  même  façon,  dans  l'extrémité  supérieure  et  sur  la  ligne  mé- 
diane de  chaque  pétale.  Leur  nombre  augmente,  comme  dans  les  sépales 
et  dans  les  étamines,  de  haut  en  bas.  Plus  tard,  le  faisceau  de  chaque 
pétale  se  réunit  au  faisceau  de  l'étamine  correspondante;   celui-ci,   plus 

(il  J'ai  publia  ms  observations  dans  !<■  liulletin  de  la  Soc.  Linn.  de  Paris,  i  st  ;.  n°  \. 


.    DE   LANES5AN.    —  DÉVELOPPEMENT    DES    FAISCEAUX  573 

prompt  dans  son  développement,  esl  déjà  descendu  jusqu'au  réceptacle, 
où  il  s'est  mis  en  contact  avec  les  vaisseaux  pédonculaires. 

Les  vaisseaux  du  pistil  se  développent  de  la  môme  façon.  C'est  seule- 
ment lorsque  l'ovaire,   le  style  et  le  stigmate  sont  entièrement  formés, 
lorsque  le  placenta  est  déjà  couvert  de  jeunes  ovules,  que  les  vaisseaux 
commencent  à  apparaître  dans   le  pistil.    Les  premiers  se  montrent  au 
■sommet  du  style,  dans   le   voisinage  du  stigmate.  Les  trachées  se  déve- 
loppent ensuite  lentement,  de  haut  en   bas,   pour  gagner   le  réceptacle. 
Enfin,  le  placenta  central  et  libre  de  ces  fleurs    m'a   offert  des  phéno- 
mènes  de  même  ordre.   C'est  seulement  lorsque  le  nucelle  des  ovules 
était  déjà  entouré  à  sa  base  de  ses  deux  bourrelets  tégumentaires,   que 
j'ai    vu  apparaître  des  trachées  dans   le   placenta.    Ici  encore,  les  pre- 
mières formées  se  sont  montrées  vers  le  sommet  du  placenta,  et  leur  dé- 
veloppement s'est  fait  de  haut  en  bas.   Dans   tous  les   organes   de  cette 
fleur,  nous   voyons   les   vaisseaux  ne  se  former  que  lorsque  l'organe  a 
atteint  sa  forme  définitive  et  qu'il  a  contracté   avec  les  organes  voisins 
les  relations  qu'il  doit  offrir  à   l'âge  adulte.  Ils  s'y  forment  toujours  de 
haut  en  bas,    de  sorte  que  la  façon  dont  le  faisceau  de  chaque  organe 
s'unit  au  faisceau  de  l'organe  voisin,  n'est  qu'une  conséquence  des  rela- 
tions déjà  contractées  par  ces  derniers. 

La  fleur  des  Rubiacées  offre  des  phénomènes  analogues,  mais  elle 
présente  un  intérêt  considérable  à  cause  de  l'arrêt  de  développement  qui 
se  produit  dans  les  faisceaux  des  étamines. 

En  suivant  pas  à  pas  (1)  la  formation   de    la  corolle   et  des  étamines 
dans  le  Galium  Mollugo,  on  observe  les  phénomènes    suivants  :  lorsque 
la  corolle  est  entièrement  formée,   les  pétales   étant  réunis  en  un  tube 
court  auquel  adhèrent  les  filets  staminaux  ;   des  bandes  de  procambium 
se  forment,  de  haut  en  bas.   dans  chaque  pétale,  et  marquent  la  place 
où  se  trouveront  plus  tard  les  nervures.  On  voit  ensuite  apparaître,  vers 
la  partie  supérieure  de  la  bande  médiane,  une  ou  deux  petites  trachées 
fusiformes  résultant  de  la  transformation  des  éléments  du  procambium. 
D'autres  trachées  se  développent  successivement,   de  la  même  façon,  au- 
dessous  des  premières,  et  le  faisceau   de  procambium  est  bientôt   par- 
couru, dans  toute  sa  longueur,  par  une  ligne  de  trachées   qui   va  re- 
joindre les  vaisseaux  du  réceptacle.  En  même  temps,  de  chaque  côté  de 
la  petite  niasse  vasculaire  qui  est  située  au  sommet  du  pétale,  apparais- 
sent de  nouvelles  trachées  qui,  se  développant  graduellement  de  haut  en 
bas,  formeront  les  nervures  latérales.  Chacune  de  ces  lignes  secondaires 
de  trachées  descend  le  long  du  bord  libre  correspondant  du  pétale,  puis 
le  long  du  filet  staminal  qu'elle  abandonne,  vers  la  partie  inférieure  du 
tube  corollaire,  pour  aller  se  confondre  avec  les  vaisseaux  de  la  nervure 

(1)  J'ai  publié  cette  observation  dans    e  Ballet,  de  la  Soc.  Linn.  de  Paris,  n°  2,  6maii874,  p.  12. 


574  BOTANIQUE 

médiane.  Alors  se  forment,  au-dessus  du  point  d'insertion  des  filets  sta- 
minaux,  quelques  trachées  transversales  qui  uniront  les  nervures  laté- 
rales de  chaque  pétale  avec  celles  des  pétales  voisins.  En  suivant,  de  la 
même  façon,  le  développement  des  étamines,  on  voit  se  former,  d'abord 
dans  le  connectif,  puis  dans  le  filet,  un  faisceau  central  et  mince  de 
procambium.  Les  cellules  qui  le  constituent  acquièrent  peu  à  peu  des 
parois  plus  épaisses  et  plus  distinctes  ;  elles  s'allongent  en  même  temps 
que  l'organe,  mais  on  ne  les  voit  jamais  se  transformer  en  vaisseaux. 
Dans  l'étamine  adulte,  ces  éléments  allongés,  fibreux,  forment  un  fais- 
ceau qui  s'étend  de  la  base  du  filet  au  sommet  du  connectif,  entouré  par 
le  tissu  parenchymateux  qui  constitue  ces  organes.  A  aucun  âge  on 
ne  voit  de  vaisseaux,  ni  dans  le  filet,  ni  dans  l'anthère,  et  la  structure 
de  l'étamine  rappelle  parfaitement  celle  de  la  tige  des  mousses.  La 
même  organisation  et  le  même  mode  de  formation  se  présentent  non- 
seulement  dans  un  certain  nombre  d'espèces  du  genre  Galium,  notam- 
ment dans  les  G.  Aparine,  glaucum,  cruciatum,rubioidcs.  Mollugo,  etc., 
mais  encore  dans  des  espèces  appartenant  à  des  genres  voisins,  par 
exemple  dans  les  Asperula  tinctoria  et  odorata,  dans  le  Crucianêlla  sty- 
losa  et  dans  le  Sherardia  arvensis.  Il  n'en  est  pas  ainsi  dans  un  certain 
nombre  d'autres  genres  de  la  même  famille.  Dans  le  Coffea  arabica,  le 
Cephœlis  Ipecacuanha  et  YIxora  coccinea,  le  connectif  et  le  filet  sont 
parcourus  par  un  faisceau  vasculaire  qui  se  rend  directement  dans  les  fais- 
ceaux du  réceptacle,  et  j'ai  pu  constater,  dans  le  Cephœlis  Ipecacuanha, 
que  les  premières  trachées  du  faisceau  vasculaire  staminal  apparaissaient 
dans  le  connectif;  elles  ne  se  montrent  que  plus  tard  dans  le  filet. 

La  fleur  du  Rivina  hum i lis  offre  un  intérêt  particulier  au  point  de  vue 
de  la  direction  du  développement  de  ses  faisceaux  qui,  dans  les  sépales, 
se  forment  de  bas  en  haut,  tandis  que  dans  les  étamines  ils  se  dévelop- 
pent de  haut  en  bas,  les  premiers  éléments  de  procambium  et  les  pre- 
mières trachées  apparaissant  vers  le  sommet  du  filet  et  les  derniers  y 
formant  une  masse  assez  considérable  avant  de  se  prolonger  vers  la 
base  du  filet. 

Dans  la  fleur  du  Dipsacus  Fullonum,  la  marche  du  développement  est 
inverse  de  celle  que  nous  avons  signalée  dans  les  Composées.  Dans  tous 
les  organes,  les  faisceaux  procambiaux  d'abord  et  ensuite  les  trachées, 
montent  du  pécondule  dans  les  organes  floraux.  Il  est  très  facile  de  s'as- 
surer que,  contrairement  à  la  loi  de  M.  Nœgeli,  ce  n'est  nullement  dans 
la  base  de  l'une  des  folioles  florales  que  se  forment  les  premiers  vaisseaux, 
mais  bien  dans  le  pédoncule  pour  monter  de  là  dans  les  folioles.  Celait  est 
d'autant  plus  intéressant  que  dans  la  Heur  des  Composées,  si  voisine 
par  son  organisation  de  celle  des  Dipsacées,  c'est  exactement  le  con- 
traire qui  se  produit. 


DE    LANESSAN.  —  DÉVELOPPEMENT    DES    FAISCEAUX  578 

La  Heur  du  Bnjona  dioica  offre  un  excellent  exemple  de  cette  formation 
tardive  de  faisceaux  et  permet  de  suivre  bien  nettement  la  marche  du  dé- 
veloppement de  bas  en  haut.  Dans  la  Heur  mâle,  c'est  seulement  lorsque 
la  position  dos  étamines  et  les  rapports  des  filets  staminaux  entre  eux 
sont  nettement  établis  (I)  que  les  faisceaux  commencent  à  apparaître 
dans  les  organes  floraux  de  la  manière  suivante: 

Il  se  forme,  de  bas  en  haut,  dans  la  coupe  réceptaculaire,  cinq  fais- 
ceaux de  procambium  situés  chacun  en  face  d'un  des  sépales  et  se  pro- 
longeant lentement  dans  ces  organes.  Dans  chaque  faisceau  se  montre 
ensuite  une  bande  de  trachées  qui  se  développent  également  de  bas  en 
haut,  les  éléments  procambiaux  de  la  région  la  plus  interne  des  fais- 
ceaux se  transformant  l'un  après  l'autre  en  trachées  fusiformes  situées 
les  unes  au  bout  des  autres.  Vers  le  tiers  inférieur  de  la  coupe  récep- 
taculaire, on  voit  ensuite  partir  de  ces  cinq  faisceaux  cinq  autres  bandes 
de  procambium,  cinq  faisceaux  nouveaux,  dont  les  trachées  se  forment 
également  de  bas  en  haut  et  qui  se  rendent  dans  les  cinq  pétales.  Sur 
ces  faisceaux  pétalaires  naissent  ensuite  ceux  qui  se  rendent  dans  les 
étamines  situées  en  face  des  pétales;  chaque  filet  staminal  d'une  paire 
d'étamines  oppositipétales  recevant  deux  faisceaux  qui  se  rendent  dans 
les  deux  anthères.  L'étamine,  restée  isoler  et  uniloculaire,  au  contraire, 
ne  développe,  dans  l'épaisseur  de  son  filet,  qu'un  seul  faisceau. 

Dans  la  fleur  de  toutes  les  Ombellifères  que  j'ai  étudiées  à  cet  égard, 
les  faisceaux  se  forment  également  de  bas  en  haut,  comme  l'indique  la 
figure  24  de  la  planche  VII  empruntée  au  Conium  maculatum. 

Les  Labiées  offrent,  comme  le  Rivina  humilis,  un  bon  exemple  de  fais- 
ceaux se  développant  de  haut  en  bas  dans  certains  organes,  et  de  bas  en 
haut  dans  d'autres  organes  de  la  même  fleur.  Le  développement  des  faisceaux 
y  est  du  reste  facile  à  étudier,  parce  qu'il  est  très-tardif.  Pour  le  calice,  les 
premières  formations  procambiales  apparaissent  dans  le  sommet  de 
chaque  dent,  et  le  faisceau  de  procambium  descend  ensuite  de  haut  en 
bas  le  long  de  la  ligne  médiane  du  sépale  pour  se  prolonger  de  là  dans 
le  pédoncule.  Les  trachées  se  développent  en  suivant  la  même  direction. 
Dans  les  pétales,  c'est  vers  le  tiers  inférieur  et  non  tout  à  fait  dans  le 
sommet  de  l'organe  que  se  produisent  les  premiers  éléments  procam- 
biaux et  les  premières  trachées,  qui,  ensuite,  à  partir  de  ce  point,  gagnent 
en  même  temps  vers  le  haut  et  vers  le  bas.  Ce  développement  est  surtout 
facile  à  suivre  dans  le  pétale  supérieur,  ainsi  que  le  montre  la  figure 
26  de  la  planche  VII,  empruntée  au  Lamium  nigrum.  Dans  les  étamines, 
les  premiers  éléments  procambiaux  et  les  premières  trachées  se  montrent 
vers  le  sommet  du  connectif  et  le  faisceau  se  développe  graduellement 

(•1)  J'ai  décrit  l'organogénie  et  l'histogénie  de  cette  fleur  dans  le  Bullet.  de  la  Soc.  Lin»,  de 
l'aris,  a°  9,  2  février  1876,  p.     70- 


576  BOTANIQUE 

de  haut  en  bas.  Les  faisceaux  se  montrent  dans  la  môme  direction  dans 
les  feuilles  carpellaires,  mais  ils  apparaissent  au  contraire  de  bas  en  haut 
dans  le  style.  Le  gynécée  est  déjà  très-avancé  dans  son  développement, 
les  ovules  sont  entièrement  formés,  que  ni  le  style  ni  les  loges  ovariennes, 
déjà  très-distinctes  l'une  de  l'autre,  ne  possèdent  encore  de  faisceaux. 

Il  serait  très-facile  de  multiplier  beaucoup  le  nombre  de  ces  faits,  mais 
je  crois  devoir  me  borner,  en  ce  qui  concerne  les  appendices  floraux,  à 
ceux  que  je  viens  d'exposer.  Ils  me  paraissent  démontrer  suffisamment 
que  les  lois  de  M.  Naegeli  et  de  M.  Van  Tiegliem  ne  peuvent  en  aucune 
façon  être  appliquées  aux  faisceaux  qui  se  rendent  dans  les  organes  appen- 
diculaires  floraux.  Dans  aucun  cas  je  n'ai  vu  le  faisceau  soit  pro- 
cambial soit  vasculaire,  apparaître  en  premier  lieu,  comme  l'admet 
M.  Naegeli,  dans  la  base  de  l'organe  appendiculaire,  pour  de  là  monter 
dans  cet  organe  et  descendre  dans  l'axe.  Quant  à  la  proposition  de 
M.  Van  Tiegliem,  que  les  faisceaux  existent  dès  le  premier  moment  de 
l'apparition  de  l'organe,  elle  est  contredite  par  toutes  les  observations  que 
nous  venons  de  rapporter,  et  ne  peut  être  considérée  que  comme  un 
produit  de  l'imagination  de  son  auteur.  Voyons  maintenant  si  ces  deux 
lois  trouvent  davantage  leur  application  dans  les  feuilles  véritables. 

Dans  les  recherches  sur  le  développement  des  appendices  des  Rubia- 
cées  que  j'ai  communiquées  en  1876  à  la  section  de  botanique  de  l'Asso- 
ciation (1),  j'ai  montré  que  dans  les  feuilles  de  ces  plantes  les  faisceaux 
se  développent  en  suivant  une  marche  toute  différente  de  celle  qui  a  été 
indiquée  par  M.  Neegeli,  les  premiers  éléments  de  procambium,  et,  plus 
tard,  les  premières  trachées  se  montrant  dans  le  sommet  de  la  feuille  et 
descendant  ensuite  de  haut  en  bas  dans  la  base  de  l'organe  puis  dans 
l'axe;  au  lieu  de  naîlre,  comme  le  prétend  M.  Niegeli,  dans  le  point 
d'union  de  la  feuille  et  de  l'axe,  pour  de  là  d'une  part  monter  dans  la 
feuille,  et  d'autre  part  descendre  dans  l'axe.  Je  ne  reviendrai  pas  ici  sur 
ces  faits. 

Dans  les  feuilles  des  Labiées,  les  choses  se  passent  à  peu  près  de  la 
même  façon.  Je  me  bornerai  à  exposer  la  formation  des  faisceaux  dans 
les  bourgeons  du  Lamium  album  et  dans  l'embryon  du  Dracocephalum 
moldovicum.  C'est  seulement  lorsque  le  limbe  des  jeunes  feuilles  du  La- 
mium album  a  acquis  sa  iorme  définitive,  que  l'on  y  voit  apparaître  les 
éléments  procambiaux.  C'est  vers  le  sommet  de  la  feuille  et  sur  la  ligne 
médiane  que  les  premiers  de  ces  éléments  se  montrent.  La  longueur 
du  faisceau  procambial  augmente  ensuite  peu  à  peu  en  descendant  vers 
la  base  du  limbe;  au  niveau  du  tiers  inférieur  environ  de  la  feuille,  le 
faisceau  qui  dans  le  haut  est  simple  se  bifurque,  et  chacune  des  deux 

(1)  Yoyez  ;  Comptes-rendus  de  l'Assoc.  fr.  pour  l'avancement  îles  sciences,  section  de  clcrmont- 
lerrund,  1&7G,  p.  A65,  t.  V. 


DE    LANESSAN.    —   DÉVELOPPEMENT    DES    FAISCEAUX  577 

branches  fasciculaires  ainsi  formées  s'enfonce  séparément  dans  l'axe 
en  s'allongeant  toujours  de  haut  en  bas.  Les  premières  trachées  apparaissent 
également  dans  le  sommet  de  la  feuille,  et  les  autres  se  forment  ensuite 
de  haut  en  bas  le  long  des  faisceaux,  procambiaux. 

Dans  le  jeune  embryon  du  Dracocephalum  moldavicum,  les  faisceaux 
procambiaux  ne  se  montrent  qu'à  une  époque  où  les  deux  cotylédons  ont 
déjà  atteint  des  dimensions  considérables,  et  la  marche  de  leur  forma- 
tion est,  par  suite,  assez  facile  à  observer.  Dans  le  sommet  de  chaque 
cotylédon,  on  voit  se  former  au  niveau  de  la  ligne  médiane,  quelques 
éléments  procambiaux,  qui  représentent  les  premiers  rudiments  de  la 
nervure  médiane.  Le  faisceau  procambial  s'allonge  ensuite  graduellement 
de  haut  en  bas,  gagne  la  base  du  cotylédon,  puis  descend  dans  l'axe  et 
se  prolonge  presque  vers  le  sommet  de  la  radicule.  Les  trachées  appa- 
raissent ensuite  dans  le  sommet  des  cotylédons,  et  la  transformation  des 
éléments  procambiaux  en  trachées  s'etfectue  de  haut  en  bas,  c'est-à-dire 
en  suivant  la  même  marche  que  le  faisceau  procambial  a  affectée  dans  son 
apparition.  Plus  tard,  lorsque  les  deux  premières  feuilles  delà  plante  ont 
atteint  une  certaine  dimension,  les  faisceaux  procambiaux,  puis  les  tra- 
chées de  leurs  nervures  médianes,  se  forment  également  dans  le  sommet 
de  chacune  d'elles  et  descendent  de  haut  en  bas  le  long  de  la  ligne 
médiane  jusqu'au  niveau  de  l'axe  dans  lequel  ils  se  prolongent  de  haut 
en  bas. 

Dans  le  Lilas,  qui  a  comme  les  Lalicés  des  feuilles  opposées,  les  choses 
se  passent  tout  différemment.  Les  faisceaux  procambiaux  apparaissent 
dans  les  jeunes  feuilles  de  très-bonne  heure,  alors  que  dans  le  sommet  du 
bourgeon  les  feuilles  de  chaque  paire  sont  extrêmement  rapprochées  des 
feuilles  des  paires  situées  au-dessous  et  au-dessus.  En  second  lieu,  les 
faisceaux,  soit  procambiaux,  soit  trachéens,  se  forment  dans  les  feuilles  de 
bas  en  haut,  et  on  pourrait,  au  premier  abord,  croire  que  les  premiers 
éléments  procambiaux,  comme  les  premières  trachées,  apparaissent  dans 
la  base  des  feuilles,  pour  de  là  se  prolonger,  comme  l'admet  M.  Nasgeli, 
de  bas  en  haut  dans  la  feuille,  de  haut  en  bas  dans  l'axe.  Il  n'en  est 
rien  cependant.  Par  une  observation  attentive  des  phases  du  développe- 
ment, je  me  suis  assuré  que  les  premiers  éléments  procambiaux  des  fais- 
ceaux destinés  à  une  paire  de  feuilles  déterminée,,  naissent  au  contact  des 
deux  faisceaux  qui  se  rendent  dans  la  paire  de  feuilles  située  immédiate- 
ment au-dessous,  et  qui  sont  déjà  très-bien  formés  et  pourvus  de  trachées 
d'un  bout  à  l'autre.  De  ce  point,  les  faisceaux  de  procambium  s'élèvent 
peu  à  peu  dans  les  feuilles  auxquelles  ils  sont  destinés.  Les  trachées  se 
forment  en  suivant  la  même  direction.  Ici  ce  n'est  donc  pas  dans  la  base 
même  des  feuilles  que  les  faisceaux  apparaissent  en  premier  lieu,  mais 
au  niveau  du  deuxième  nœud  sous-jacent  à  la  paire  de  feuilles  auxquelles 

37 


578  BOTANIQUE 

ils  sont  destinés;  mais  l'erreur  d'observation  est  rendue  très-facile  par  la 
brièveté  extrême  des  entre-nœuds. 

Dans  les  stipules  foliaires,  il  n'est  pas  rare  de  voir  les  faisceaux  se 
développer  nettement  de  haut  en  bas.  Les  stipules  du  Houblon  sont 
particulièrement  intéressantes  à  cet  égard,  et  aussi  parce  qu'elles  montrent 
l'inanité  de  la  loi  de  M.  Van  Tieghem,  d'après  laquelle  un  organe  dont 
les  faisceaux  se  rendent  à  un  autre  organe  devrait  toujours  être  considéré 
comme  un  appendice  de  ce  dernier. 

On  sait  que  dans  le  Houblon  les  stipules  naissent  sur  les  bords  de  la 
jeune  feuille  alors  que  celle-ci  a  déjà  acquis  des  dimensions  relativement 
assez  grandes,  de  telle  sorte  que  l'organogénie  des  stipules  est  facile  à 
suivre,  et  qu'il  est  impossible  de  nier  qu'elles  soient  des  dépendances,  des 
appendices,  de  la  feuille.  A  l'époque  où  les  stipules  apparaissent  sur  les 
bords  de  la  feuille,  cette  dernière  ne  possède  encore  aucune  trace  de 
faisceau  procambial.  Aussitôt  nées,  les  stipules  se  développent  beaucoup 
plus  rapidement  que  les  feuilles  auxquelles  elles  appartiennent  et  bien- 
tôt les  deux  stipules  d'un  même  côté  se  montrent  connéespar  laAbase.  Il 
n'existe  encore  à  ce  moment  aucun  faisceau,  ni  dans  la  feuille,  ni  dans 
les  stipules.  C'est  dans  le  sommet  de  chaque  stipule  qu'apparaissent  les 
premiers  éléments  procambiaux.  Les  quatre  faisceaux  procambiaux  stipu- 
laires  s'allongent  ensuite  peu  à  peu  de  haut  en  bas  jusqu'à  l'axe  dans 
lequel  ils  se  prolongent.  Lorsque  ces  quatre  faisceaux  stipulaires  sont 
bien  formés,  il  se  produit  dans  la  base  de  chaque  paire  de  stipules  un 
faisceau  transversal  qui  unit  les  deux  faisceaux  médians  voisins.  Sur  ce 
faisceau  transversal  se  forment  ensuite,  de  bas  en  haut,  des  faisceaux 
longitudinaux  qui  montent  chacun  sur  le  bord  de  la  stipule  correspon- 
dante. Pendant  ce  temps,  les  deux  feuilles  se  sont  davantage  développées. 
Lorsqu'elles  ont  atteint  une  certaine  dimension,  il  se  montre  dans  le 
sommet  de  chacune  d'elles  un  faisceau  procambial  qui  s'allonge  de  haut 
en  bas  et  se  prolonge  dans  l'axe.  Lorsque  les  lobes  latéraux  de  la 
feuille  se  sont  formés,  ils  reçoivent  chacun  un  faisceau  qui  se  développe 
en  prenant  son  point  de  départ  sur  le  faisceau  de  la  stipule  voisine. 

Il  y  donc  ici  :  1°  développement  de  faisceaux  de  haut  en  bas  dans 
les  nervures  médianes  des  feuilles  et  des  stipules;  2°  indépendance  ab- 
solue dans  le  principe,  des  faisceaux  des  stipules  qui  même  se  montrent 
avant  ceux  des  feuilles,  ce  qui,  d'après  le  principe  de  M.  Van  Tieghem, 
devrait  faire  considérer  les  stipules  comme  des  organes  indépendants; 
3°  naissance  des  faisceaux  des  lobes  latéraux  des  feuilles  sur  les  faisceaux 
des  stipules,  ce  qui,  d'après  le  même  principe,  devrait  faire  considérer 
les  lobes  foliaires  latéraux  comme  des  appendices  des  stipules,  tandis  que 
le  lobe  médian  de  la  feuille  représenterait  seul  un  organe  autonome . 
L'espace  limité,  qui  nous  est  réservé,  nous   met  dans  l'impossibilité, 


DE    LANESSAN.    —    DÉVELOPPEMENT    DES    FAISCEAUX  ^Ti) 

de  multiplier  ces  faits  et  d'entrer  au  sujet  de  La  formation  des  tissus 
dans  uVs  détails  que  dous  devons  réserver  pour  un  travail  plus  détaillé 
(|ui  ne  tardera  pas  à  paraître. 


EXPLICATION  DES  FIGURES  (1) 
Planche  vi 

Fig.  1.  —  Bractée  de  l'involucre  de  la  tlcur  du  Petasites  vulgaris.  Elle  est 
parcourue  par  trois  faisceaux  de  procambium. 

Fig.  2.  —  Fragment  d'un  faisceau  procambial  de  cette  trachée 

Fig.  3.  —  Bractée  plus  âgée.  Des  trachées  existent  dans  le  sommet  du  faisceau 
procambial  médian. 

Fig.  4.  —  Portion  âgée  de  ce  faisceau  procambial  offrant  dans  le  haut  des 
éléments  transformés  en  trachées. 

Fig.  5.  —  Bractée  plus  âgée  avec  des  trachées  dans  le  haut  des  faisceaux  pro- 
cambiaux  médian  et  latéraux. 

Fig.  6.  —  Bractée  encore  plus  âgée.  Le  faisceau  médian  offre  des  trachées 
dans  toute  sa  longueur.  Les  faisceaux  latéraux  n'en  possèdent  que  dans  leur 
partie  supérieure. 

Fig.  7.  —  Les  trachées  parcourent  toute  la  longueur  du  faisceau  médian  et 
des  faisceaux  latéraux. 

Fig.  8.  —  Etainine  de  Petasites  vulgaris.  Le  sommet  et  le  filet  sont  parcourus 
par  un  faisceau  de  procambium.  Les  trachées  n'existent  encore  que  dans  le 
sommet  du  filet. 

Fig.  9.  —  Etamine  plus  âgée.  Les  trachées  occupent  toute  la  longueur  du 
filet. 

Fig.  10.   —  Grain  de  pollen  de  l'étamine  figurée  en  8  et  9. 

Fig.  11.  —  Fleur  à  laquelle  appartient  cette  étamine. 

Fig.  12.  —  Fragment  de  la  corolle  d'une  fleur  de  Petasites  vulgaris.  Il 
n'existe  encore  dans  cette  corolle  que  des  faisceaux  de  procambium.  Les  filets 
staminaux  sont  parcourus  par  des  trachées  jusqu'au  niveau  de  leur  point  d'in- 
sertion sur  la  corolle. 

Fig.  13.  —  Un  fragment  de  la  même  corolle  grossi  davantage. 

Fig.  14. — Deux  faisceaux  de  la  même  corolle,  l'un  formé  seulement  de  pro- 
cambium, l'autre  offrant  des  trachées  dans  le  haut. 

Fig.  18.  —  Corolle  de  la  même  fleur  plus  âgée.  Des  trachées  existent  dans 
le  haut  des  faisceaux  procambiaux  latéraux  de  chaque  lobe  de  la  corolle. 

Fig.  16.  —  Faisceau  grossi. 

Fig.  17.  —  Faisceau  offrant  la  transformation  en  trachée  d'un  élément  pro- 
cambial isolé. 

Fig.  18.  —  Style  de  la  fleur  du  Petasites  vulgaris  n'offrant  des  trachées  que 
dans  le  haut  des  faiscaux  procambiaux. 

(1)  Les  figures  sont  en  majeure  partie  schématiques. 


580  ISOTAMQUE 

Fig.  19.  —  Style  plus  avancé  encore. 

Fig.  20.  —  Schéma  de  la  disposition  et  des  anastomoses  des  faisceaux  dans 
la  fleur  du  Petasites  vulgaris. 

Fig.  21.  — Portion  supérieure  de  la  même  ligure,  très-grossie. 

Fig.  22.  —  Schéma  des  anastomoses  et  de  la  disposition  des  faisceaux  dans 
le  réceptacle  d'une  Composée. 

Fig.  23.  —  Fragment  de  trachée. 

Fig.  2i.  —  Coupe  transversale  d'un  faisceau  réceplaculaire. 

Fig.  23.  —  Coupe  transversale  d'un  faisceau  du  pédoncule  de  la  fleur. 


PLANCHE  VII. 

Fig.  4.  _  Fragment  de  la  corolle  du  Primula  officinalis  au  moment  où 
apparaissent  les  premières  trachées. 

Fig.  2.  —  Étamine  du  Primula  officinalis  au  moment  de  la  formation  des 
premières  trachées  dans  le  connectif. 

Fig.  3.  —  Jeune  feuille  de  Primula  officinalis  montrant  la  formation  des  tra- 
chées de  bas  en  haut. 

Fig.  4.  —  Gynécée  du  Primula  officinalis  au  moment  de  l'apparition  des 
premières  trachées. 

Fig.  5.  —  Sépale  jeune  de  la  même  plante. 

Fig.  6.  —  Placenta  du  Primula  officinalis  au  moment  de  l'apparition  des 
premières  trachées. 

Fig.  7.  —  Ovule  inséré  sur  le  placenta. 

Fig.  8.  —  Pétale  jeune  de  Gallium  aparine. 

Fig.  9.  — Fragment  de  la  corolle  du  Gallium  mollugo. 

Fig.  40.  —  Faisceau  central  de  l'étamine  adulte  de  YAsperula  odorata  formé 
uniquement  d'éléments  procambiaux  non  transformés. 

Fig.  11.  —  Étamine  du  Rivina  humilis  montrant  un  faisceau  qui  se  forme 
de  bas  en  haut. 

Fig.  12.  —  Sépale  de  Hivina  humilis. 

Fig.  13.  —  Trachée  de  ce  sépale. 

Fig.  li.  —  Foliole  ducaliculedu  Dipsacus  fullonum  avec  faisceau  se  formant 
de  bas  en  haut. 

Fig-  15.  —  Fragment  de  la  corolle  de  la  même  plante. 

Fig.  10.  —  Style  de  la  même  plante. 

Fig.  17.  —  Etamine  de  la  même  plante. 

Fig.  18.  —  Portion  de  la  fleur  mâle  du  Bnjonia  dioica. 

Fig.  19.  —  Portion  de  la  même  fleur  plus  âgée. 

Fig.  20.  —  Base  du  filet  staminal  d'une  étamine  à  deux  loges. 

Fig.  21.  —  Trachée  de  ce  filet  staminal. 

Fig.  22.  —      idem 

Fig.  23.  —  Base  du  filet  staminal  à  anthère  uniloculaire. 

Fig.  24.  —Portion  d'une  fleur  de  L'unium  rnaculatvm  montrant  les  faisceaux 
destinés  aux  étamines  qui  naissent  du  bas  en  haut. 


DUTAILLLY.    —   DES    STIPULES    DES    RUMEX    ET    DES    POTAMOGETON  581 

Fig.  25.  —  Portion  d'un  calice  de  la  fleur  du  Lamium  album. 

Fig.  26.  —  Portion  du  pétale  postérieur  de  la  même  fleur. 

Fig.  27.  —  Gynécée  de  la  même  fleur. 

Fig.  28.  —  Carpelle  de  la  même  fleur. 

Fig.  29.  —  Étamine  de  la  même  fleur. 

Fig.  30.  —  Fleur  à  laquelle  appartient  le  carpelle  de  la  figure  28. 

Fig.  31.  — Fleur  jeune  de  Conium  maculatum. 

Fig.  32.  —  La  même  fleur  jeune  et  vue  de  face. 

Fig.  33.  —  La  même  fleur  plus  âgée.  Ces  trois  figures  se  rapportent  à  une 
petite  note  accessoire  relative  à  la  formation  du  sillon  de  séparation  des  méri- 
carpes  du  fruit  des  ombellifères  que  j'ai  publiée  ailleurs  (1). 


M.  DÏÏTAILLY 


SUR  LA  NATURE  REELLE  DES  STIPULES  DES  RUMEX  ET  DES  POTAMOGETON 

(BXTR.UT   Dl!    PROCriS-VEHBAL) 


—  Séance  du  27  août   I8~7.  — 

M.  Dutailly,  décrit  le  mode  de  formation  des  stipules  ou  ochrea  des  rumex 
et  des  organes  analogues  des  Potamogeton.  L'étude  morphologique  de  ces 
organes  a  déjà  été  tentée  sans  résultats  précis  parla  méthode  anatomique.  Les 
opinions  sont  discordantes,  puisque  les  uns  les  regardent  comme  formés  par 
deux  stipules  soudées,  tandis  que  les  autres  pensent  qu'elles  représentent  un 
organe  unique.  L'observation  organogénique  tranche  facilement  la  question 
dans  les  deux  cas.  Dans  les  rumex,  on  voit  que  l'ochrea  est  primitivement 
formé  par  les  bords  de  la  feuille  qui  se  gonflent  par  la  segmentation  répétée 
des  éléments  sous-épidermiques.  Il  se  forme  ainsi  deux  mamelons  ou  bourre- 
lets, en  continuité  avec  les  bords  de  la  feuille,  comme  se  présentent  d'ailleurs 
la  plupart  des  stipules  qui  débutent.  A  ce  moment  se  produit  un  fait  nouveau. 
Le  limbe  lui-même  de  la  feuille  se  gonfle  sur  la  surface  supérieure  de  cet  or- 
gane, en  continuité  avec  les  deux  bourrelets  stipûlaires  latéraux.  Mais  le  gon- 
flement n'est  pas  régulier  et  uniforme,  comme  le  pensait  M.  Léon  Marchand. 
Il  est  d'abord  très-nettement  limité  en  deux  points  symétriques.  Plus  tard  seu- 
lement la  portion  de  limbe  interposée  se  soulève  à  son  tour  et  l'enceinte  for- 
mée par  l'ochrea  devient  continue.  Les  faits  sont  à  peu  près  les  mêmes  dans 
le  Potamots,  et  la  stipule,  finalement  simple,  résulte,  elle  aussi,  de  la  coales- 
cence  des  deux  stipules  primordiales. 


(1)  Voyez  le  Bullet,  de  Iq,  Soc.  linn.  de  Paris,  1874,  n°  3.  p.  17  et  23. 


582  botamhi  r 


M,  BOURLET  de  LAYALLEE 

Directeur  du  Jardin  botanique  du  Havre, 


SUR   LA  CLASSIFICATION  A  ADOPTER  DANS  UN  JARDIN    BOTANIQUE 
(EXTRAIT  DP  PROCÈS-VERBAL] 


—  Séance  du  29  août  1 877 .   — 

M.  Boi'rlet  de  Lavallée,  directeur  du  Jardin  botanique  du  Havre,  fait  une 
communication  sur  «  la  classification  à  adopter  dans  un  jardin  botanique  ». 
Celle  de  M.  Marquis,  adoptée  dans  le  jardin  du  Havre  et  qui  se  rapproche  de 
celle  de  de  Candolle,  lui  semble  le  plus  pratiquement  applicable.  Suivant 
M.  Bourlet,  les  plantes  des  Écoles  de  botanique  doivent  être  surtout  classées 
en' vue  de  faciliter  aux  débutants  l'étude  difficile  des  végétaux. 


M.  LEEEBURE 

>       du  Havre. 


SUR  LA  CREATION   DES  ESPECES. 

(extrait  du  procks-verbal) 


—   Séance  du   29  aoi'it    1877. 


M.  Lefébure  lit  un  travail  «  sur  la  création  des  espèces  »  et  déclare  qu'il 
croit  à  la  variabilité  des  types.  11  regrette  de  ne  pouvoir  partager  les  idées  de 
M.  l'abbé  Rouchy  sur  leur  fixité. 


M.  H.  BAILLON 

r  à  la  Faoulté  de  Médecine  de  Paris. 


RECHERCHES  SUR  LE  DÉVELOPPEMENT  DE  LA  FLEUR  DES  ELODEA. 


—  Séance  du  29  août   1877.  — 


Nous  avons  étudié  comme   type   de    la    famille    des    Hydrocharidées 
'Elodea  canadensis,  cette  plante  aquatique  qui    a  reçu    tant   de  noms 


H.    BAILLON.    —  LE   DÉVELOPPEMENT   DE   LA   FLEUR   DES   ELODEA        583 

différents  (1)  et  dont  on  a  tant  parlé  depuis  quelques  années.  L'in- 
dividu femelle  existe  seul,  comme  l'on  sait,  à  l'état  vivant  dans  notre 
pays  et  c'est  sur  lui  seulement  qu'ont  porté  nos  recherches. 

L'extrémité  des  rameaux  florifères  présente  une  longue  portion 
conique,  entièrement  dépourvue  d'appendices.  Plus  bas,  ceux-ci  (qui 
sont  des  feuilles)  se  disposent  avec  une  extrême  régularité,  plus  facile 
à  constater  que  dans  les  feuilles  adultes  ou  à  peu  près  qui  s'insèrent 
plus  bas  encore  sur  la  tige.  De  l'aisselle  de  l'une  de  ces  dernières  part 
un  court  rameau  qui  doit  se  terminer  par  la  fleur  femelle  au-dessous  de 
laquelle  se  trouvent  aussi,  mais  en  petit  nombre,  des  feuilles  ordinaires. 
La  fleur  est  donc  en  réalité  terminale,  quoique  portée  par  un  petit 
rameau  latéral.  Son  réceptacle  est  l'extrémité  même  de  ce  petit  axe, 
extrémité  un  peu  renflée  en  dôme  et  d'abord  parfaitement  lisse.  Assez 
loin  de  son  sommet  il  produit  d'abord  deux  appendices  placés  en  face 
l'un  de  l'autre.  Ce  sont  les  deux  bractées  qui  deviendront  plus  tard 
connées  et  s'allongeront  ensuite  en  une  sorte  de  gaîne  ou  de  spathe 
enveloppant  toute  la  fleur  encore  jeune  et  la  laissant  ensuite  sortir  par 
son  ouverture  supérieure  découpée  en  deux  dents  profondes  qui  répon- 
dent chacune  au  sommet  d'une  des  deux  bractées  primitives.  C'est  à  une 
assez  grande  distance  de  ces  bractées  que  se  montrent  ensuite  les  trois 
folioles  du  périanthe  extérieur.  Leur  apparition  est  successive,  et  l'on 
sait  qu'elles  se  disposent  ensuite  en  prétloraison  imbriquée,  l'une 
d'elles  étant  tout  à  fait  enveloppante,  l'autre  tout  à  fait  enveloppée,  la 
troisième    recouverte  par  un  bord  et  recouvrante  par  l'autre. 

Après  la  naissance  de  ces  folioles,  le  réceptacle  floral  change  totale- 
ment de  configuration  au-dessus  de  leur  insertion.  De  convexe  qu'il 
était  à  ce  niveau,  il  devient  promptement  et  assez  profondément 
concave;  ce  qui  revient  à  dire  que  son  sommet  cesse  de  s'accroître 
tandis  que  sa  périphérie  s'élève  avec  une  grande  rapidité.  Il  en  résulte 
au-dessus  du  périanthe  extérieur  la  formation  d'une  cupule  à  rebord 
épais,  mousse  et  à  peu  près  circulaire.  Ce  même  fait  se  produit  dans 
la  fleur  femelle  d'une  plante  très-voisine  de  YElodea  par  tous  ses  carac- 
tères essentiels ,  le  Vallisneria  spiralis  ;  mais  il  n'a  pas  été  compris 
par  l'auteur  d'une  récente  étude  sur  cette  plante,  M.  Adolphe  Chatin  (2). 
Sans  doute  la  planche  relative  à  l'organogénie  florale  est,  dans  ce 
travail,  de  beaucoup  supérieure  à  tout  ce  qu'il  a  jamais  publié;   mais 

(1)  Elodea  canadensis  Rich.,  in  Michx  FI.  bor.-am.,l,  20.  —  Anacliaris  Alsinastrum  Rabingt., 
in  Ann.  and  May.  Nat.  Hist.  (1848),  81.  —  Udora  canadensis  Nutt.,  Gen.  nov.  am.  pi  ,  II,  242. 
VAnacliaris  Nuttallii  Planch.  (in  Ann.  se.  nat.,  sér.  5,  XI,  75)  est  la  même  plante,  ainsi  que 
l'A.  canadensis  PL  Pusth  en  a  fait  un  Serpicnla.  M.  Oudemans  a  fait  voir  combien  M.  Yerlot 
avait  eu  tort  (in  Rev.  hort.,  XL,  116)  de  ne  pas  préférer  le  nom  à.' Elodea,  qui  date  de  1803  a 
ceux  à'Anacharis  (18H)  ou  d'Udora  (1818). 

(2)  Mémoire  sur  le  Vallisneria  spiralis  L.,  considéré  dans  son  organographie,  sa  végétation,  son 
organogénie,  son  anatomie,  sa  tératologie  et  sa  physiologie  (Paris,  1855). 


BOTANIQUE 

comme  il  n'a  évidemment  pas  comparé  les  dessins  avec  la  nature  elle- 
même,  il  ne  pouvait  apprécier  la  véritable  signification  des  objets 
représentés  (1).  C'est  ainsi  que  dans  la  ligure  5"  de  la  planche,  il  prend 
cette  cupule  pour  l'ovaire  (2),  quoiqu'il  s'agisse  d'une  époque  où 
il  n'existe  encore  aucune  trace,  ni  du  gynécée,  ni  d'autres  organes  encore 
qui  doivent  se  montrer  avant  lui  sur  le  réceptacle  floral.  De  là  une 
confusion  inévitable  dans  l'interprétation  des  diverses  parties  de  la 
fleur.  C'est  précisément  sur  les  bords  de  cette  cupule,  et  dans  l'inter- 
valle des  sépales  extérieurs,  que  se  dessinent  insensiblement  les  pièces 
du  verticille  extérieur  du  périanthe,  quelquefois  désignées  comme  des 
pétales.  Elles  se  disposent  dans  le  bouton  en  préfloraison  imbriquée  ou 
tordue.  Les  sépales  extérieurs  sont  imbriqués  dans  l'ordre  de  leur  appa- 
rition. Dans  la  fleur  femelle  du  Vallisneria,  M.  Chatin  les  donne  à  plu- 
sieurs reprises  comme  valvaires,  et  il  les  représente  imbriqués. 

C'est  aussi  sur  le  bord  de  la  coupe  même  que  naissent  les  trois  mamelons 
staminaux,  en  face  des  sépales  extérieurs.  Leur  apparition  est  simultanée, 
et  l'on  sait  qu'ils  grandissent  en  même  temps  pour  devenir  autant  de 
baguettes  stériles  ou  de  staminodes.  C'est  dans  leurs  intervalles  et 
simultanément  aussi  que  se  montrent  ensuite,  un  peu  plus  intérieure- 
ment, les  trois  mamelons  stylaires  dont  le  bord  intérieur  est  presque 
dès  le  début  marqué  d'une  dépression  médiane  qui  les  rend  réniformes. 
Cette  situation  d'organes  qui,  dans  les  Monocotylédones ,  répond  si 
souvent  au  sommet  des  feuilles  carpellaires,  a  lieu  de  nous  surprendre 
et  nous  ne  la  déclarons  -telle  que  sous  toutes  réserves  et  après  un  grand 
nombre  d'observations  concordantes  répétées  depuis  dix-sept  ans.  Si  elle 
est  confirmée,  elle  s'expliquera  peut-être  par  ce  qui  s'observe  dans 
certains  Hydrocharis  où  il  y  a  des  branches  stylaires  en  face  des  sépales 
extérieurs,  et  d'autres  en  face  des  intérieurs;  celles  de  YElodea  corres- 
pondraient donc  à  ces  dernières.  Mais  ce  point  difficile  mérite  d'être  à 
nouveau  vérifié,  comme  nous  venons  de  le  dire.  Ces  branches  stylaires 
s'allongent  beaucoup,  parcourues  par  un  sillon  longitudinal  médian 
et  chargées  plus  intérieurement  de  papilles  très-saillantes  ;  leur  sommet 
demeure  entier  ou  devient  plus  rarement  bifurqué  dans  une  courte 
étendue. 

Le  fait  le  plus  remarquable  qui  se  produise  à  partir  de  ce  moment, 
c'est  la  formation  rapide  et  l'élongation  considérable  de  la  cavité  ova- 
rienne, c'est-à-dire  de  toute  la  portion  inférieure  du  réceptacle   auquel 

H)  Nous   le  prouverons  en    nous   occupant   dans  un    travail    -ju-cial    d'un   très-grand    nombre 
es  erreurs  d'interprétation  qui   se  rencontrent  dans  ce  mémoire  de  M.  Chatin,  mais  qui  sont 
relatives  à  des  questions  que  nous  n'avons  pas  à  examiner  actuellement. 

(2)  Ailleurs  [p.  15),  il  semble  que  ce  soit  la  même  partie  qu'il  nomme  le  «  disque  central  », 
quoique  cet  organe  ne  soit  pas  central,  le  véritable  gynécée  devant  se  produire  plus  intérieure- 
ment que  lui,  Il  y  a  là  une  grande  confusion,  à  peu  près  inexplicable  pour  l'observateur. 


H.    BAILLON.    —   DÉVELOPPEMENT    DE    LA    FLEUR   DES    ELODEA  585 

appartient  tout  ce  tube  grêle  et  à  accroissement  démesuré,  dont  l'orifice 
supérieur  porte  les  verticilles  floraux  et  dont  le  fond  sert  de  paroi  à 
l'unique  loge  de  l'ovaire.  Trois  colonnes  placentaires  proéminent  bientôt 
sur  sa  surface  intérieure,  d'autant  plus  épaisses  qu'on  les  observe  plus 
bas;  mais  elles  laissent  toujours  vide  le  centre  de  la  cavité  ovarienne. 
Chacun  de  ces  placentas  pariétaux  produit  bientôt  un  ou  plus  rarement 
deux  ovules.  Ils  naissent  tout  près  de  la  base  du  placenta;  et  lorsque 
chaque  placenta  n'en  porte  qu'un,  ce  qui  est  l'ordinaire,  le  petit  mame- 
lon ovulaire  se  montre,  non  pas  sur  le  bord  interne  de  la  colonne  pla- 
centaire, mais  plus  latéralement.  L'ovule  s'allonge  en  montant  presque 
verticalement  dans  la  cavité  ovarienne;  il  se  recouvre  d'une  première 
enveloppe,  non  loin  du  sommet  du  nucelle,  puis,  plus  tard  et  loin  de 
la  première,  d'un  second  épaississement  annulaire  qui  finalement  s'élève 
autant,  ou  moins  ou  plus,  que  le  tégument  intérieur. 

Les  deux  enveloppes  ovulaires  sont  à  tout  âge  faciles  à  distinguer,  et 
l'étude  de  ce  point  d'organisation  présente  un  certain  intérêt  depuis  les 
discussions  ardentes  auxquelles  a  donné  lieu  l'opinion  exprimée  par 
M.  Chatin  sur  l'organisation  ovulaire  du  VaUimeria  que  nous  venons  de 
considérer  comme  une  plante  très-analogue  kVElodea  par  toute  la  struc- 
ture de  sa  fleur  femelle.  M.  Chatin  a  soutenu  à  plusieurs  reprises  devant 
la  Société  botanique  de  France  (1),  malgré  les  objections  amicales  et 
répétées  de  MM .  Prillieuxet  Duchartre  et  surtout  malgré  les  arguments 
de  M.  Caspary  (2),  que  l'ovule  du  Vallisneria  est  pourvu  d'un  seul 
tégument  et  que  ce  tégument  est  formé  d'une  seule  assise  de  cellules. 
S'il  avait  réellement  suivi  le  développement  de  cet  ovule,  il  eût  vu  avec 
la  plus  grande  facilité  les  deux  enveloppes  ovulaires  naître  l'une  après 
l'autre  et  l'une  au-dessous  de  l'autre  sur  le  nucelle,  absolument  comme 
il  arrive  dans  VElodea.  Les  figures  que  nous  donnons  ici  le  démontrent 
surabondamment.  Il  eût  aussi  constaté  qu'à  la  façon  dont  se  produisent 
ces  parties,  qu'on  appelle  des  enveloppes,  il  est  absolument  impossible 
qu'elles  ne  soient  constituées  que  par  une  seule  rangée  de  cellules. 
Même  à  l'âge  adulte  et  sans  l'emploi  d'aucun  réactif,  il  est  extrêmement 
facile  de  voir  les  deux  enveloppes,  dont  la  grandeur  relative  varie 
beaucoup  d'un  ovule  à  l'autre,  et  même,  dans  les  Heurs  fécondées, 
d'apercevoir  le  tube  pollinique  franchir  successivement  l'exostome  et 
l'endostome.  Les  discussions  qui  se  sont  produites  à  la  Société  botanique 
en  1857  n'ont  été  suivies  d'aucune  conclusion  prise  dans  un  sens  ou 
dans  l'autre,  et  c'est  pourquoi   il  devient   nécessaire    de  se    prononcer 

H)  Bullet.,  II,  379;  IV,  157- 

(2)  Auquel  on  doit  le  travail  le  plus  considérable  qui  ait  été  publié  sur  ces  plantes  (Journ.  de 
Pringsheim  I,  (1858),  et  trad.  part,  in  Ann.  se.  nat.,  (sér.  4,  XI,  323),  travail  que  tous  les 
botanistes  connaissent,  mais  que  nous  ne  citons  pas  ici  en  particulier  parce  que  l'auteur  s'y  est 
peu  occupé  des  détails  organogéniques  relatifs  à  la  fleur. 


586  BOTANIQUE 

définitivement  dans  ce  débat.  Or  nos  recherches  nous  démontrent  que 
les  vives  attaques  dirigées  à  cette  époque  contre  M.  Chatin  sont  parfai- 
tement justifiées,  que  ses  observations  sont  absolument  inexactes,  comme 
la  plupart  de  celles  qu'il  a  publiées,  et  qu'en  maintenant  à  tort,  malgré 
l'évidence  et  en  s'appuyant  sur  des  arguments  sans  valeur  tirés  de 
l'organisation  de  certaines  graines  (qu'on  ne  doit  jamais  confondre  avec 
les  ovules  dans  la  question  des  enveloppes),  qu'il  y  a  des  Hydrocha- 
ridées  à  tégument  ovulaire  unique  et  formé  d'une  seule  couche  de  cel- 
lules, il  s'est  placé  au  premier  rang  de  «  ces  réformateurs  malheureux  » 
dont  il  a  lui-même  parlé  d'une  façon  si  remarquée  (1). 

Nous  espérons  pouvoir  revenir  ailleurs  sur  quelques  points  intéres- 
sants de  l'organogénie  d'autres  Hyclrocharidées.  Notons  seulement  aujour- 
d'hui que  leurs  fleuz's  sont  très-souvent  disposées  en  cymes  unipares  et 
que  M.  Decaisne  (2)  a  tort  de  définir  simplement  leurs  ovules  d'une 
façon  absolue  par  ces  termes  :  «  ascendants  ou  orthotropes,  à  placentation 
pariétale»,  leurs  étamines  comme  «  insérées  à  la  base  du  périanthe,» 
et  les  folioles  extérieures  de  celui-ci  comme  «jtubuleuses  ou  subcohé- 
rentes à  leur  base,»  M.  Duchartre  (3)  condense  encore  plus  d'inexacti- 
tudes en  très-peu  de  mots  quand  il  dit  des  Hydrocharidées  :  «  ovaire 
infère,  1-6-loculaire;  3-6  stigmates  bifides  ». 

EXPLICATION  DES  FIGURES 

Planche  VIII 

Les  mêmes  lettres  représentent  en  général   les  mêmes  parties  :  s,  sépales  extérieurs. 

(1)  Il  est  d'autant  plus  important  de  constater  que  M.  Chatin,  avec  la  méthode  qu'il  a  employée  (les 
coupes  pratiquées  dans  les  ovules),  n'a  pu  arriver  à  découvrirla  véritable  organisation  des  ovules 
ûa  Valhsnena,  m  même  en  compter  le  nombre  d'enveloppes,  qu'aujourd'hui  il  a  recours  à  la  même 
méthode  pour  décider  de  la  nature  des  organes  floraux  des  Conifères  par  lui  considérés  comme 
des  ovules.  11  attribue  en  effet  a  M.  DaJloz  (Itapp.  éc.  prat.  liant,  étud,  (1876-77),  120)  les  opinions 
suivantes  :  «Il  est  en  effet  mis  hors  de  doute  que  non-seulement  les  Conifères  [Pinus, Abies,  etc.) 
n'ont  pas  de  péricarpe,  mais  que  leur  ovule  est  réduit  au  nucelle  et  à  une  seule  membrane.  Que  si 
plus  tard  la  graine  se  présente  avec  trois  enveloppes,  qu'on  a  pu  prendre  pour  un  péricarpe 
recouvrant  des  téguments  ovulaires,  c'est  que,  par  différenciation,  un  de  ces  tissus  dans  le  passage 
de  1  état  d'ovule  à  celui  de  graine,  le  tégument,  d'abord  unique, forme  comme  trois  tuniques  super- 
posées, etc.  »  Est-ce  aussi  «par  différenciation  de  ses  tissus  »  que  l'ovule  à  double  tégument  du 
Valhsnena  devient  une  graine  «  à  double  tégument  cellulaire  dont  l'externe  représente  la 
membrane  simple  et  unique  de  l'ovule,  tandis  que  l'interne  est  formé  par  le  nucelle,  repoussé  S 
I  état  de  simple  membrane  par  l'embryon  développé  à  son  intérieur  »,  ainsi  que  l'annonce 
M.  Chatin  [Bull.  Soc.  bot.,  111,  297)  ?  On  doit  supposer  que  c'est  parce  qu'il  croyait  l'enveloppe 
delovuledu  Vallisneria  unique  que  M.  chatin  a  trouve  simple  la  véritable  enveloppe  de  La 
graine,  comme  on  suppose  qne  c'esl  parce  que  la  fleur  femelle  d'une  Conifère  est  pour  lui  à 
priori  un  ovule,  qu'il  retrouve  dans  l'organe  que  nous  considérons  comme  un  péricarpe  les 
matières  coloi  citons  encore  cette  opinion  de  m.  Chatin  sm 
laqui  lie  nous  reviendrons  ailleurs  :  «  il  est  d'ailleurs  bien  digne  de  remarquer,  et  cette  ob 

tion  paraîl  s'appliquer  à  la  généralité  des  graines,  latières  colorantes  qu'on  trou\< 

de  celle-ci    ■  ées,  comme  chez  les  feuilles  et    les 

pes,  dans  les  assises  superficielle    représentant  les  épidermes  des    tégument.-    ovulaires? 
Nous  laissons  à  M.  Chatin  la  res]  e  tou        Les       sériions  qui  précèdent,  parce  que  nous 

n'avons  vu  publiées  nulle  part  les  recherches  do  M.  Dalloz, 

(2)  Traité  général  (1868),  637. 

(3)  Elém.  de  Botanique  (1877),  1106. 


H.    BAILLON.   —  DÉVELOPPEMENT   DE   LA   FLEUR  DES  ELODEA  587 

»,  folioles  intérieures  du  périanthe;  e,  étamines;  c,  carpelles;  o,  ovules;  »,  nucelle; 
te,  primine;  ti,  secondine;  r,  réceptacle  floral;  bb', bractées  floréales;  fl,  fleur, 

Fjg.  1.  —  Elodea  canadensis  (femelle).  Extrémité  d'un  jeune  rameau  rr,  chargée  de 
feuilles  jeunes  f,  sauf  au  sommet  et  portant  un  petit  axe  latéral  rr\  ter- 
miné par  une  jeune  fleur. 

Fig.  2.  —  Jeune  axe  floral  dont  le  sommet,  encore  nu,  constitue  le  réceptacle  r  de 
la  fleur  et  au-dessous  duquel  sont  nées  les  deux  bractées  bb'  qui  for- 
ment la  spathe. 

Fig.  3,  —  3Iême  axe,  vu  de  profil;  mêmes  lettres. 

Fig.  4.  —  Bouton  dont  le  réceptacle  r  a  produit,  l'un  après  l'autre,  trois  sépales  ss, 

Fig.  5.  —  Bouton  un  peu  plus  âgé,  entouré  des  deux  bractées  bb'.  En  dedans  des 
trois  sépales  extérieurs  ss,  le  réceptacle,  devenant  concave  au  centre, 
s'est  renflé  en  un  bourrelet  circulaire  r,  sur  lequel  naîtront  les  folioles 
intérieures  du  périanthe  (et  que  M.  Chatin  a  pris  pour  le  gynécée). 

Fig.  6.  —  Bouton  plus  avancé  encore.  Mêmes  lettres.  Sur  l'anneau  saillant  du  récep- 
tacle r  commencent  à  se  dessiner  les  folioles  intérieures  du  périanthe  p 
et,  dans  leurs  intervalles,  les  étamines  e. 

Fig.  61.  —  Un  âge  un  peu  ultérieur,  où  les  sépales  intérieurs  et  les  étamines  sont 
plus  prononcés  autour  de  la  fossette  centrale  r  du  réceptacle. 

Fig.  7.  —  La  fleur  précédente,  vue  de  profil,  avec  les  bractées  6  de  la  spathe. 

Fig.  71.  —  Age  ultérieur.  Les  sépales  intérieurs  et  les  étamines  sont  plus  prononcés, 
et  les  carpelles  c  sont  visibles  sous  forme  de  trois  croissants. 

Fig.  8.  —  Même  bouton,  coupe  longitudinale.  Mêmes  lettres. 

Fig.  9.  —  Fleur  plus  âgée  dans  laquelle  les  loges  de  l'anthère  e  sont  déjà  distinctes 
et  les  carpelles  plus  développés  c  forment  une  enceinte  continue  autour 
de  la  cavité  ovarienne. 

Fig.  10.  —  Même  fleur,  coupe  longitudinale.  On  voit  la  profondeur  de  la  cavité  ova- 
rienne dont  le  fond  est  déjà  un  peu  inférieur  au  niveau  d'insertion 
du  périanthe. 

Fig.  11.  —  Fleur  plus  avancée  en  âge,  dans  laquelle  la  cavité  ovarienne,  devenue 
bien  plus  profonde,  présente  sur  la  paroi  des  placentas  verticaux  sur 
lesquels  se  montrent  inférieurement  les  ovules  o, 

Fig.  12,  —  Age  plus  avancé.  L'ovule  est  devenu  ovoïde  et  ascendant,  réduit  encore 
au  nucelle. 

Fig.  13'.  —  Coupe  d'une  fleur  plus  âgée  dans  laquelle  l'ovaire  est  profond,  tout  à  fait 
infère  et  l'ovule  o,  ascendant,  revêtu  de  deux  enveloppes. 

Fig.  13'.  —  Bouton  fl  dans  l'intérieur  des  bractées  formant  la  spathe  b. 

Fig.  14.  —  Bouton,  un  peu  avant  l'anthèse,  pour  montrer  l'imbrication  du  périanthe 
extérieur  s  et  le  tube  qui  surmonte  l'ovaire. 

Fig.  15.  —  Coupe  longitudinale  du  même  bouton  :  c,  les  styles;  o,  ovules. 

Fig.  16.  —  Ovule  au  moment  où  le  nucelle  n  est  déjà  entouré  de  la  secondine  ti  et  où 
le  primine  te  commence  à  se  montrer  plus  bas. 

Fig.  17.  —  Ovules  dont  les  deux  enveloppes  sont  arrivées  au  niveau  du  sommet  du 
nucelle.  L'ouverture  de  la  primine  te  laisse  voir  le  sommet  de  la  secon- 
dine ti,  percé  de  l'endostome  (et  que  M.  Chatin  a  pris  pour  le  nucelle 
dans  le  Vallisneria.) 

Fig.  18.  —  Vallisneria  spiralis  (femelle).  Portion  du  placenta,  avec  une  série  d'ovules 
encore  réduits  au  nucelle. 

Fig.  19.  —  Portion  d'un  placenta  plus  âgé;  les  ovules  se  revêtent  d'une  enveloppe. 

Fig.  20.  —  Jeune  ovule  réduit  au  nucelle. 


588  BOTANIQUE 

Nucelle  n,  avec  le  début  de  l'épaississement  de  la  secondine  ti. 

Ovule  plus  âgé:  »,  nucelle;  ti,  secondine.  La  primine  te  commence  à  se 
montrer  plus  bas. 

Ovule  plus  âgé  encore.  La  primine  le  et  la  secondine  ti  forment  deux 
cupules  superposées  autour  de  la  base  du  nucelle  n. 

Ovule  presque  adulte,  dans  lequel  on  distingue  la  primine  te  et  la  secon- 
dine  ti  enveloppant  elle-même  le  nucelle. 

Ovule  adulte  dans  lequel  pénètre  le  tube  pollinique  tp,  traversant  l'exos- 
tome  pour  aller  rejoindre  le  nucelle,  et  dans  lequel,  contrairement  à  ce 
qui  s'observe  dans  l'ovule  précédent,  la  primine  te  est  bien  plus  courte 
que  la  secondine  ti. 


Fig. 

21. 

Fig. 

22. 

Fig- 

23. 

Fig. 

24. 

Fig. 

25. 

M.  DTJTAILLY 


NOUVELLES  RECHERCHES  SUR  LES  INFLORESCENCES  UNILATERALES 
DES  LÉGUMINEUSES. 

(EXTRAIT  du  procès-verbal) 


—  Séance  du  29  août  1877.  — 


M.  Dutailly  expose  les  résultats  de  ses  Nouvelles  Recherches  sur  les  inflores- 
cences unilatérales  des  Légumineuses.  Il  rappelle  le  mémoire  qu'il  avait  présenté 
l'an  dernier  au  congrès  de  Clermont,  touchant  les  mêmes  inflorescences.  Cer- 
taines lacunes  étaient  à  combler,  car  il  n'avait  pu  rencontrer  tous  les  inter- 
médiaires existant  entre  le  capitule  parfaitement  régulier  de  certains  Trifolium 
et  l'inflorescence  unilatérale  et  uniflore  de  quelques  autres  Légumineuses.  Il 
montre  que  ces  intermédiaires  existent  en  réalité,  et  expose  principalement  ses 
recherches  organogéniques  relatives  aux  Lotus  et  aux  Dorychnium.  Dans  le 
Lotus  uliginosus,  les  fleurs  naissent  sur  le  réceptable  renflé  en  massue  comme 
les  folioles  du  Lupin  sur  leur  pétiole  commun  ;  c'est-à-dire  que,  à  droite  et  à 
gauche  du  premier  mamelon  floral,  s'en  forment  graduellement  un  certain 
nombre  d'autres  qui  finissent  par  constituer  une  enceinte  continue  autour  du 
sommet  réceptaculaire.  C'est  ce  que,  l'an  dernier,  l'auteur  avait  décrit  dans 
VHippocrepis.  Mais,  dans  cette  dernière  plante,  il  n'y  a  qu'une  seule  couronne 
de  fleurs,  tandis  que,  dans  le  Lotus  uliginosus,  on  peut  en  rencontrer  jus- 
qu'à trois  qui  s'étagent  les  unes  au-dessus  des  autres.  Entre  l'inflorescence  du 
Trifolium  pratense,  capitule  irrégulier,  comme  M.  Dutailly  l'a  démontré,  et 
l'inflorescence  très-simple  déjà  de  VHippocrepis,  il  existe  donc  un  passage  net- 
tement indiqué  par  l'inflorescence  du  Lotus  uniliginosus.  Entre  l'inflorescence 
de  Vllippoerecis  et  celle  du  Lotus  corviculatus,  quand  cette  dernière  possède 
cinq  ou  six  fleurs,  la  différence  est  nulle.  Mais,  très-souvent,  l'inflorescence  du 
Lotus  corviculatus  s'amoindrit  et  ne  présente  que  trois,  deux  et  même 
une    seule    fleur.    Dans  ce  cas,    se    sont    les  premières    fleurs     de    l'en- 


CORENWTNDER.    —   ÉTUDES    SUR    LES    FONCTIONS    DES    FEUILLES  589 

ceinte  circulaire  qui  seules  ont  apparu  ;  les  autres  n'ont  même  pas  à  avorter  : 
l'organogénie  n'en  montre  aucune  trace.  L'inflorescence  du  Lotus  corviculatus 
est  donc  un  intermédiaire  fort  net  entre  les  inflorescences  unilatérales  des 
Légumineuses  et  celles  qui  ne  le  sont  pas.  Le  Dorychnium  rectum,  dont  les 
nombreuses  fleurs  forment  des  «  capitules  »  serrés,  offre  en  réalité  des  inflo- 
rescences unilatérales  qui  servent  de  passage  entre  les  inflorescences  complète- 
ment unilatérales  des  Viciœ  et  celles  de  VAnthyllis  qui  sont  unilatérales  à  la 
base  et  normales  à  leur  sommet.  Que  toute  la  partie  supérieure  de  l'inflores- 
cence de  VAnthyllis,  comprise  entre  la  bractée  florale  et  le  sommet  même  de 
l'inflorescence,  vienne  à  avorter  et  l'on  aura  exactement  ce  que  l'on  constate 
dans  le  Dorychnium  rectum. 


M.  COREWIOEU 


ÉTUDES  SUR  LES  FONCTIONS  DES  FEUILLES. 

(EXTRAIT    DO    PROCÈS-VERBAL) 


—  Séance  du  2  9  août  1877.   — 

M.  Corenwinder  communique  la  suite  de  ses  études  sur  les  fonctions  des 
feuilles.  Après  une  série  de  recherches  et  d'analyses  qui  a  duré  plus  de  vingt- 
cinq  ans,  ce  physiologiste  résume  ainsi  les  lois  qui  président  à  la  vie  des  feuilles 
pendant  le  cours  de  leur  végétation.  Les  feuilles  des  végétaux,  dans  leurs  rap- 
ports avec  l'air  atmosphérique,  sont  le  siège  de  deux  fonctions  distinctes .  Par 
leur  proloplasma,  elles  absorbent  l'oxygène  et  exhalent  constamment  de  l'acide 
carbonique.  Par  leur  chlorophylle,  elles  inspirent,  au  contraire,  pendant  le  jour 
seulement,  l'acide  carbonique  et  elles  expirent  de  l'oxygène.  Dans  le  premier 
âge,  le  protoplasma  prédomine,  la  chlorophylle  n'est  pas  abondante.  Dès  lors 
la  fonction  respiratoire  l'emporte  pendant  toute  la  durée  de  cette  période  sur 
la  fonction  chlorophylienne  et  conséquemment  les  feuilles  exhalent  de  l'acide 
carbonique  sans  interruption.  A  mesure  que  les  feuilles  grandissent,  le  proto- 
plasma  incolore  diminue,  la  chlorophylle  augmente  ;  aussi  voit-on  s'atténuer 
rapidement  chez  elles  la  capacité  d'émettre  de  l'acide  carbonique  et  bientôt 
elles  n'exhalent  plus,  pendant  le  jour,  que  du  gaz  oxygène.  Ce  n'est  désormais 
qu'en  supprimant  la  lumière  ou  au  moins  en  l'atténuant,  lorsque  l'action  de  la 
chlorophylle  enfin  est  diminuée  ou  suspendue,  que  l'effet  de  la  respiration 
devient  plus  ou  moins  sensible.  11  n'y  a  donc  chez  les  êtres  qu'une  seule  et 
véritable  respiration.  Le  rôle  que  joue  la  chlorophylle  est  d'un  ordre  différent. 
C'est,  comme  on  le  sait,  un  acte  d'assimilation  qui  n'a  rien  de  commun  avec  le 
précédent.  Ces  doctrines  ont  déjà  été  énoncées  par  quelques  physiologistes, 
mais  elles  n'avaient  pas  un  caractère  scientifique  rigoureux,  parce  qu'elles  ne 


590  BOTANIQUE 

reposaient  pas  sur  des  observations  suffisantes.  Aujourd'hui  elles  ne  sont  plus 
contestables.  M.  Corenwinder  espère  qu'on  cessera  désormais  d'enseigner,  comme 
on  le  fait  encore  dans  presque  toutes  les  écoles,  que  les  végétaux  sont  pourvus 
de  deux  respirations,  une  pour  le  jour,  une  pour  la  nuit. 


M.    BOTTGAREL 

Pharmacien  à  Paris 


L'ACIDE  PHYLLIQUE  H) 


—  Séance  du  30  août  4877  — 


M.  BEAÏÏRE&AUD 


STRUCTURE  DE  LA  GRAINE  DES  DAPHNE 

(EXTRAIT  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  30  août  1877  — 

A  l'état  très-jeune,  les  téguments  ovulaires,  au  nombre  de  deux,  sont  for- 
més chacun  d'un  parenchyme  compris  entre  deux  épidémies.  En  se  développpant, 
la  première  ne  se  modifie  pas  sensiblement,  sauf  toutefois  que  son  épiderme 
interne  apparaît  finalement  constitué  par  une  couche  de  cellules,  à  section  carrée, 
remarquables  par  leur  grande  dimension.  La  secondine,  au  contraire,  évolue 
d'une  manière  toute  spéciale.  L'auteur  ne  retrouve  pas  son  épiderme  interne  ; 
mais  à  sa  place,  et  au  contact  avec  les  cellules  des  cotylédons,  une  couche  de 
cellules  spiralées,  semblables  aux  éléments  fibreux  des  anthères.  Quant  au 
parenchyme  de  la  secondine,  comme  dans  l'ovule  il  est  uniforme.  L'épiderme 
externe  s'est,  au  contraire,  profondément  modifié.  Il  forme  dans  la  graine 
arrivée  à  maturité,  une  couche  de  cellules  allongées,  à  parois  très-épaisses  et 
colorées  en  brun  plus  ou  moins  foncé.  C'est  donc  la  secondine  qui  forme  ici, 
comme  dans  le  Ricin,  la  partie  résistante  de  l'enveloppe  de  la  graine  dans  lés 
baphnb  laurcola,  Gnidium  et  Mezerevm.il  est  encore  à  noter  que  la  couche  tout 
à  fait  interne  de  cellules  spirales  se  détache  à  la  maturité  et  se  colle  à  la 
eUrface  de  l'embryon  qui  s'est  écarté  des  enveloppes. 

(1)  Ce  travail  a  été  présenté  également  à  la  section  de  Chimie;  voir  ci-dessus  page  365. 


L'ABBÉ    ROUCHY.    —   SUR   QUELQUES   ESPÈCES   DITES   JORDANIQUES         591 


M.  l'Abbé  ROÏÏCÏÏY 

I  illaa  (Cantal). 


SUR  QUELQUES  ESPÈCES  DITES  JORDANIQUES. 


Séance  du  30  aoiH  4877.    — 


Je  vais,  messieurs,  vous  signaler  parmi  les  espèces  dites  Jordaniques, 
un  certain  nombre  de  types  qui  ont  été,  de  ma  part,  l'objet  d'une 
étude  plus  particulière.  Je  regrette  seulement  de  ne  pas  avoir  ici  le 
recueil  des  notes  que  j'ai  pu  rassembler  à  cet  égard  ;  mon  travail  serait 
tout  à  la  fois  et  plus  complet,  et  plus  précis.  Je  dois,  en  outre,  vous 
avertir  que  ces  observations,  quoique  assez  nombreuses  et  assez  atten- 
tives, ne  m'ont  pas  encore  amené,  au  moins  dans  la  plupart  des  cas, 
à  une  certitude  absolue  et  c'est  plutôt  pour  attirer  votre  attention  sur 
ces  végétaux,  que  pour  affirmer  un  fait,  que  je  me  permets  de  vous  les 
communiquer. 

Je  diviserai  les  plantes  dont  j'ai  à  vous  parler,  en  trois  classes  : 
1°  Les  espèces  basées  sur  des  caractères  stables  et  qu'il  me  paraît  bon 
de  conserver;  2°  Les  espèces  qui  ne  me  semblent  pas  suffisamment  éta- 
blies et  devraient,  à  mon  avis,  disparaître  de  nos  jardins  botaniques, 
de  nos  ouvrages  et  de  nos  collections  ;  3°  Les  espèces  qu'il  serait  peut- 
être  utile  de  démembrer. 

Dans  la  première  classe,  je  signalerai  les  cinquante  ou  soixante  espè- 
ces de  Carex,  que  j'ai  pu  analyser  jusqu'à  ce  jour  et  qui  me  paraissent 
établis  sur  des  caractères  stables.  Les  Eredium,  Euphrasia,  le  Genista 
delarbrei  (L  et  L),  Linum  limanense,  des  mêmes  auteurs  et  enfin  le 
petit  nombre  de  Rosa,  Rubuse  et  Viola  que  j'airencontré  dans  des  con- 
ditions favorables  pour  pouvoir  les  étudier  attentivement  et  dont  les 
caractères  m'ont  paru  d'une  fixité  remarquable.  Le  grand  nombre  d'es- 
pèces nouvelles,  créées  dans  ces  derniers  temps  aux  dépens  de  ces  trois 
genres,  peut  nous  effrayer  de  prime  abord  et  nous  donner  de  la  défiance 
sur  leur  valeur  réelle  ;  mais  je  me  permettrai  de  vous  faire  observer 
qu'on  ne  les  avait  guère  étudiées  sérieusement  jusqu'à  nos  jours  et  il  est 
probable  que  nous  serons  obligés  de  les  maintenir  au  moins  pour  la 
plupart;  2°  parmi  les  espèces  qui  ne  me  paraissent  pas  suffisamment 
établies,  je  parlerai  d'abord,  le  Draba  Verna,  que  certains  auteurs 
appellent  Erophila  Vulgans  et  dont  M.  Alexis  Jordan  est  arrivé  à  faire 
deux  cents  espèces.  Or,  messieurs,  je  crois  pouvoir  avancer  sans 
crainte,  que  pour  le  petit  nombre  de  ces  espèces  signalées  dans  notre 
montagneuse  Auvergne,  j'ai  trouvé  des  transitions  tellement  insensibles, 


592  BOTANIQUE 

que  M.  Jordan  lui-même,  dont  je  reconnais  la  haute  autorité  en  bota- 
nique, eût  peut-être  été  embarrassé  pour  nous  dire  à  laquelle  de  ces 
espèces  appartenaient  tels  ou  tels  individus.  Souvent  même,  j'ai  pu 
observer  les  caractères  des  diverses  espèces  sur  un  même  sujet.  Je  signale- 
rai aussi  YOdontites Divergens  qui  ne  doit  souvent  sa  l'orme  presque  cou- 
chée, qu'à  la  pression  de  corps  étrangers.  Je  ne  l'ai  en  effet  trouvé  bien 
caractérisé  que  dans  les  endroits  où  l'on  faisait  paccager  des  troupeaux 
qui  le  foulaient  sous  les  pieds.  Pour  ce  qui  est  des  Alisma  plantago  et 
lanceolatum,  j'avouerai  que  le  plus  grand  nombre  des  échantillons  qui 
me  sont  tombés  sous  la  main,  contenaient  les  caractères  de  l'une  et  de 
l'autre  espèce,  VAconitum  humile  de  Delarbre,  que  certains  auteurs 
appellent  vulgare.  Pour  s'assurer  que  ce  n'est  pas  une  espèce,  mais 
simplement  une  forme  due  à  la  nature  du  terrain,  il  suffit  de  gravir  la 
pente  du  Sancy,  dans  le  Mont-Dore  où  il  est  abondant,  et  un  quart  d'heure 
d'examen  ne  laissera  plus  aucun  doute.  Je  crois,  en  Unissant  cette  partie 
de  mon  petit  mémoire,  devoir  attirer  votre  attention  sur  deux  variétés 
d'Equisetum,  créées  par  M.  l'abbé  Cariot.  Ce  sont,  les  deux  variétés 
Polystachia  du  Palustre  et  du  Variegatum.  Les  centaines  de  sujets  de 
ces  deux  plantes  que  j'ai  observés  m'ont  toujours  montré  que  la  variété 
du  Palustre  était  une  simple  forme  produite  par  le  décantage  de  la  tige 
principale.  Tandis  que  dans  le  variegatum,  on  trouve  une  multitude 
d'individus  dont  la  tige  principale  est  parfaitement  intacte  et  qui  porte 
néanmoins  des  tiges  latérales  pourvues  de  fructifications  ;  3°  Depuis  que 
je  m'occupe  de  botanique,  je  n'ai  encore  trouvé  qu'une  seule  espèce 
qui  me  parût  trop  générale  et  qui  dût,  par  conséquent,  être  démembrée. 
C'est  le  Prunus  avium  de  Linnée,  ou  Cerasus  avium  (D.  C),  que  je 
séparerais  en  deux  et  que  je  désignerais  de  la  manière  suivante  : 


Prunus  rubra    (Rouchy). 
Prunus  dulcis     (Rouchy ). 


\  Prunus  avium  (L.  pro  parte). 

(  Cerasus  avium  (D.  C.  pro  parte). 

[  Prunus   avium  (L.  pro  parte). 

(  Cerasus  avium  (D.  C.  pro  parte). 


La  différence  qui  existe  entre  ces  deux  espèces  est  très-caractéristique. 
Je  les  cultive  depuis  l'âge  de  douze  ou  quinze  ans.  Je  les  ai  observées  à 
l'état  sauvage  et  cultivées.  Toujours  elles  m'ont  donné  les  caractères  sui- 
vants :  la  différence  consiste  en  ce  que  le  Rubra  devient  plus  gros,  vieillit 
davantage,  a  les  rameaux  annuels  plus  robustes  et  moins  foncés  de 
couleur  que  le  Dulcis.  En  outre,  ses  fruits  sont  rouges,  plus  gros  et  un 
peu  acidulés,  tandis  que  ceux  du  Dulcis  sont  plus  petits,  très-noirs  et 
très-sucrés. 

Je  dois  vous    faire  observer,   que  dans  les  nombreux  semis  que    j'ai 


EBRAN.  —  PROCÉDÉ  DE  PRÉPARATION  DES  ALGUES  593 

faits  il  y  a  déjà  longtemps  et  dont  les  arbres  donnent  aujourd'hui  du 
fruit,  jamais  le  fruit  du  Rubra  ne  m'a  produit  le  Dulcis,  ni  celui  du 
Dulcis,  le  Rubra. 


M.   BOÏÏRLET  DE   LAYALLÉE 

Directeur  ilu  Jnrdin  Botanique  du  Havre. 


PROCÉDÉ  NOUVEAU  POUR  DESSÉCHER  LES  PLANTES 

(EXTRAIT   DU   I'Roi'KS-VBRBAL.) 


—  Séance  du  30  août   1877  — 


M.  RonaET  delà  Vallée  expose  un  procédé  nouveau  pour  dessécher  les 
plantes.  Quand  Les  tissus  sont  très-délicats,  il  place  les  fleurs  entre  deux  couches 
de  sable.  Si  la  corolle  et  le  calice  sont  monophylles,  il  en  remplit  les  cavités 
avec  du  sable.  Si  les  pièces  du  périanthe  sont  indépendantes,  il  les  écarte  de 
la  même  façon.  Ce  procédé  conserve  mieux  que  les  autres  les  couleurs  des 
fleurs. 


M.    EBRAN 

du  Havre. 


PROCÉDÉ  DE  PRÉPARATION  DES  ALGUES 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  30  août   1877  — 

M.  Ebran  parle  de  la  préparation  des  Algues.  Quand  les  floridées,  déposées 
par  les  procédés  connus  sur  un  papier  blanc,  ont  perdu  presque  toute  leur 
eau,  on  place  sur  l'échantillon  à  demi  desséché  une  feuille  légèrement  graissée 
avec  du  suif  qui  empêche  l'adhérence  et  l'on  soumet  à  la  presse.  Pour  pré- 
parer les  grandes  Algues,  on  les  jette  dans  l'eau  bouillante  qui  dissout  les 
matières  visqueuses  et  rend  la  dessiccation  facile.  L'auteur  donne  la  nomen- 
clature des  espèces  d'Algues  (trente-cinq  environ)  qui  ont  été  récoltées  durant 
l'excursion  que  la  section  a  faite  la  veille  sur  la  plage,  aux  environs  de  Sainte- 
Adresse. 


38 


594  BOTANIQUE 


M.  Edouard  TISON 

Professeur  a  l'Université  catholique   de   Paris. 


MÉCANISME  DE  LA  DÉHISCENCE  DES  PYXIDES  DANS  LES  PLANTAINS. 


—  Séance  du  30  août  1877.  — 


Les  Plantago  ont,  comme  les  Anagallis,  pour  fruit  une  pyxide,  c'est- 
à-dire  une  capsule  qui  s'ouvre  par  une  fente  circulaire  et  transversale, 
située  à  une  hauteur  variable  qui  la  divise  en  deux  parties  dont  la 
supérieure  (le  couvercle)  est  toujours  un  peu  plus  grande  que  l'infé- 
rieure. Le  mécanisme  de  la  déhiscence  de  cette  pyxide  est  différent  de 
celui  des  Anagallis  et  mérite  une  description  spéciale.  On  s'en  rend  un 
compte  très-exact  en  étudiant  les  diverses  phases  du  développement  du 
tissu  du  péricarpe  dans  les  trois  portions  suivantes  :  1°  au-dessous  de 
la  fente  de  déhiscence  ;  2°  au-dessus  ;  3°  au  niveau  de  la  fente  elle- 
même. 

Dans  les  boutons  du  Plantago  major,  la  paroi  ovarienne,  qui  devien- 
dra la  paroi  capsulaire,  ne  présente  aucune  différenciation  dans  son 
tissu  et  dans  la  forme  de  ses  cellules.  Ce  n'est  qu'assez  tard,  après  la 
fécondation,  que  cette  différenciation  commence  à  se  faire  sentir.  Au- 
dessous  de  la  ligne  de  déhiscence,  le  tissu  du  péricarpe  est  formé  de 
plusieurs  rangées  de  cellules  à  peu  près  quadrilatères,  avec  un  dia- 
mètre vertical  plus  grand  que  le  diamètre  transversal.  Le  caractère 
propre  de  ces  cellules  est  d'avoir  constamment  les  parois  minces  et  peu 
susceptibles  de  s'épaissir. 

Au-dessus  de  la  ligne  de  déhiscence,  le  tissu  du  péricarpe  comprend, 
dans  le  Plantago  major,  quatre  rangées  de  cellules  dont  l'épaisseur  et 
la  forme  présentent  les  particularités  suivantes.  En  procédant  de  dehors 
en  dedans,  on  rencontre  d'abord  la  couche  épidermique  constituée  par 
une  seule  rangée  de  cellules,  à  contours  sinueux,  irréguliers,  à  parois 
relativement  minces  et  à  diamètre  à  peu  près  égal  dans  toutes  les  direc- 
tions. Un  caractère  propre  à  cet  épiderme  est  d'être  dépourvu  de  poils 
et  de  stomates.  La  seconde  rangée  sous-jacente  à  cet  épiderme  est 
formée  de  cellules  très-analogues  aux  précédentes  avec  des  dimensions 
un  peu  plus  grandes.  Mais  elles  s'en  distinguent  très-facilement,  parce 
qu'elles  renferment  de  nombreux  grains  de  chlorophylle,  qui,  vers  l'é- 
poque de  la  maturité,  tournent  au  rouge  dans  l'espèce  citée  plus  haut. 
La  troisième  rangée  est  la  plus  importante,  c'est  elle  qui  joue  le  rôle 
principal  dans  le  mécanisme  de  la  déhiscence.  Elle  est  formée  de  cel- 
lules à   contours  excessivement   sinueux   et  à   parois    d'abord  minces, 


£.    TISON.    —   DÉHISCENCE    DES   PYXIDES   DANS   LES   PLANTAINS  595 

mais  prenant,  au  fur  et  a  mesure  de  la  maturation  du  fruit,  des  épais- 
sissements  si  considérables  qu'à  la  maturité  complète,  cette  couche  don- 
nera à  la  partie  supérieure  de  la  capsule  une  rigidité  assez  grande 
pour  l'empêcher  de  se  déformer.  La  quatrième  rangée  constitue  l'épi- 
démie interne,  elle  est  composée  de  cellules  à  parois  plus  ou  moins 
minces,  à  contours  généralement  peu  sinueux.  Leur  forme  est  variable 
suivant  les  espèces;  ainsi,  tandis  qu'elles  sont  polygonales  dans  le  Plmi- 
tago  major,  elles  prennent  une  direction  transversale  dans  d'autres 
Plantago . 

La  fente  circulaire  et  transversale  qui  amène  la  séparation  de  la 
capsule  en  deux  parties  superposées,  se  produit  dans  une  région  peu 
étendue  à  laquelle  on  a  donné  le  nom  d'anneau.  Celui-ci  est  formé  par 
un  petit  nombre  dérangées  de  cellules  qui  diffèrent  de  celles  des  deux 
régions  précédentes  par  leur  taille  plus  petite  et  par  la  direction  trans- 
versale de  leur  grand  diamètre.  Rien  n'est  plus  facile  en  examinant  la 
paroi  capsulaire  soit  par  la  face  externe,  soit  par  la  face  interne,  que 
d'apercevoir  la  région  de  l'anneau.  Les  cellules  gardent  leurs  parois 
minces  pendant  toute  la  durée  de  l'accroissement.  Elles  ne  subissent 
aucun  épaississement.  Le  nombre  de  rangées  qu'elles  forment  sur  la 
surface  externe  est  généralement  plus  grand  que  sur  la  face  interne  et 
il  faut  encore  ajouter  cette  particularité  que  souvent  ces  deux  faces  de 
l'anneau  ne  sont  pas  exactement  situées  au  même  niveau.  Il  y  a  ainsi 
une  petite  obliquité,  qui  ira,  suivant  les  espèces,  de  haut  en  bas  ou 
de  bas  en  haut,  en  procédant  toujours  de  dehors  en  dedans.  Beaucoup 
de  cellules  formant  la  région  de  l'anneau  sont  petites,  polygonales, 
arrondies  ou  allongées  transversalement,  elles  se  distinguent  très-nette- 
ment des  cellules  quadrilatères  de  la  partie  inférieure  et  des  cellules 
sinueuses  de  la  partie  supérieure.  Cependant,  à  ces  deux  limites,  les 
cellules  de  l'anneau  ne  forment  pas  une  transition  brusque,  mais  des 
passages  gradués. 

Cette  constitution  anatomique  étant  bien  connue,  il  est  maintenant 
très-facile  de  comprendre  le  mécanisme  de  cette  déhiscence  particulièrej 
qui  est  assez  rare  dans  le  règne  végétal.  Quand  on  approche  de  l'époque 
de  la  maturité  de  la  capsule,  les  cellules  qui  forment  son  tissu  ont  une 
vie  moins  active  ;  leur  protoplasme  ayant  à  peu  près  accompli  toutes  les 
phases  de  son  existence,  a  été  en  grande  partie  résorbé,  et  les  échanges 
avec  le  monde  extérieur  diminuent  de  plus  en  plus  jusqu'à  devenir  nuls. 
La  paroi  capsulaire  se  trouve  alors  exposée  aux  forces  physiques  dont  l'in- 
tluence  la  plus  considérable  se  fait  sentir  par  une  grande  soustraction  d'eau. 
La  capsule  se  dessèche  de  plus  en  plus,  les  cellules  perdent  à  peu  près  com- 
plètement tous  les  liquides  renfermés  à  leur  intérieur  ;  seules  les  parties 
solides,  leurs  parois  principalement,  restent.  Pendant  cette  dessiccation  gra- 


596  BOTANIQUE 

duelle,  la  partie  inférieure  du  péricarpe  va  former  une  membrane  mince, 
peu  résistante  et  flexible;  la  partie  supérieure,  au  contraire,  grâce  aux 
parois  solides  et  épaissies  de  la  troisième  rangée,  restera  rigide  et  inflexi- 
ble. En  même  temps,  les  cellules  minces,  petites  et  peu  résistantes  de 
l'anneau  ne  pouvant  pas  résister  à  ces  différents  tiraillements,  se  déchi- 
reront juste  au  niveau  des  cellules  à  parois  épaisses  de  la  troisième 
couche,  qui  souvent  pénètrent  à  la  façon  d'un  coin  dans  la  région 
de  l'anneau.  A  ce  moment,  la  partie  supérieure  de  la  pyxide,  le  cou- 
vercle, devenu  libre,  se  détachera  au  moindre  effort,  au  moindre  souffle. 
Ce  que  nous  avons  dit  plus  haut  du  nombre  variable  des  couches  de 
l'anneau  à  la  face  externe  et  à  la  face  interne,  ainsi  que  de  la  pénétra- 
tion de  la  couche  à  cellules  épaissies,  nous  expliquent  pourquoi  la  ligne 
de  déhiscence  est  oblique  et  légèrement  anfractueuse. 

Ce  qui  montre  que  l'explication  ci-dessus  est  bien  la  vraie  et  que  la 
déhiscence  est  amenée  par  la  disposition  anatomique  grâce  à  une  abon- 
dante soustraction  de  liquide,  c'est  que  si,  peu  de  temps  avant  la  ma- 
turité complète  et  alors  que  les  pyxidcs  sont  sur  le  point  de  s'ouvrir, 
on  place  dans  l'eau,  l'alcool,  etc.,  un  épi  de  Plantago,  la  déhiscence  n'a 
pas  lieu.  Qu'on  le  retire  alors  du  liquide  et  qu'on  le  place  sur  une  table, 
à  l'air  libre,  on  verra  bientôt,  lorsque  la  dessiccation  sera  suffisante,  la 
ligne  de  déhiscence  se  produire  et  le  couvercle  de  la  pyxide  se  détacher 
de  la  partie  inférieure. 

Si  l'on  veut  bien  se  reporter  à  la  communication  que  j'ai  faite  l'année 
dernière,  au  Congrès  de  Clermont-Ferrand,  sur  la  déhiscence  des  pyxides 
dans  les  Anagallis,  on  se  convaindra  que  le  mécanisme  de  la  déhiscence 
n'est  pas  le  môme,  bien  que  dans  les  deux  cas  il  soit  amené  par  une 
disposition  anatomique  toute  spéciale. 


M.  G.  DÏÏTAILLY 


RECHERCHES  ORGANOGÉNIQUES  SUR  LES  FORMATIONS  AXILLAIRES 
CHEZ  LES  CUCURBITACÉES. 


— Séance    du   30    août    18  77  — 

Cette  brève  étude,  qui  recevra  ailleurs  un  plus  ample  développement, 
ne  sera  guère  qu'une  explication  des  deux  planches  qui  l'accompagnent. 
Aussi  bien  ces  dernières  en  disent-elles  plus  que  de  longues  pages  et 
suffisent-elles  presque,  à  elles  seules,  pour  l'exposition  complète  de 
notre  sujet. 


DUTAILLY.  —  SUR   LES   FORMATIONS  AXILLAIRES  DES  CUCURBITACÉES      597 

Si  les  recherches  ont  été  nombreuses  et  les  discussions  prolongées 
touchant  la  nature  réelle  de  la  vrille  des  Cucurbitacées,  il  n'en  est  pas 
de  même  de  celles  auxquelles  on  s'est  livré  pour  découvrir  les  relations 
qui  existent  entre  les  divers  organes  axillaires,  dans  les  mêmes  plantes. 
Un  mémoire  médiocre  de  M.  Guillard,  quelques  remarques  de  M.  Lesti- 
boudois  et  de  M.  Cauvet,  un  petit  nombre  de  recherches  organogé- 
niques  de  M.  Warming,  voilà  tout  ou  à  peu  près  tout  ce  que  l'on 
rencontre  sur  cette  matière.  A  notre  sens,  la  question  mérite  d'être 
étudiée  à  différents  points  de  vue.  C'est  à  la  fois  une  question  organo- 
génique,  anatomique,  tératologique;  et  les  auteurs  précités  s'en  sont 
généralement  tenus  à  une  seule  de  ces  trois  méthodes  d'investigation. 
Nous  avons  cru  devoir  les  suivre  toutes  trois  pour  donner  à  nos 
conclusions  une  évidence  plus  manifeste.  Toutefois,  faute  d'espace, 
nous  laisserons  ici  de  côté  le  point  de  vue  anatomique  et  le  point  de 
vue  tératologique  pour  nous  borner  à  l'exposé  de  nos  recherches  orga- 
nogéniques  qui  conduisent  d'ailleurs  aux  mêmes  résultats  que  les  autres. 

Que  l'on  prenne  une  tige  d'Ecbalium  elaterium.  A  l'aisselle  de  chaque 
feuille,  on  apercevra  une  inflorescence  mâle,  un  rameau  feuille,  une 
fleur  femelle,  cette  dernière  intercalée  entre  l'inflorescence  et  le  rameau 
feuille.  Que  l'on  examine  ensuite  une  tige  de  Cucurbita,  et  l'on  verra  à 
l'aisselle  de  chaque  feuille  trois  organes  également  :  une  fleur,  une 
vrille  et  un  bourgeon  feuille  médian.  Dans  le  Thladiantha  dubia,  il  n'y 
a  plus  que  deux  organes  axillaires  :  un  rameau  feuille  et  une  vrille,  ou 
bien  une  inflorescence  irrégulière  et  une  vrille  souvent  remplacée  par 
une  fleur  solitaire.  Dans  le  Cyclanthera  pedata,  l'arrangement  réciproque 
des  organes  axillaires  est,  au  contraire,  infiniment  plus  complexe. 
A  l'aisselle  de  chaque  feuille,  on  trouve  une  vrille,  un  bourgeon  feuille, 
une  fleur  femelle,  une  fleur  mâle  et  une  inflorescence  mâle.  Et,  à  pre- 
mière vue,  il  est  absolument  impossible  de  dire  avec  certitude,  à  l'état 
adulte,  si  ces  différents  organes  s'insèrent  les  uns  sur  les  autres  ou  bien 
indépendamment  l'un  de  l'autre  sur  Taxe  principal.  Chercher  les  rapports 
réels  de  tous  ces  divers  organes,  montrer  que  les  uns  naissent  avant  les 
autres,  ceux-ci  s'implantant  sur  ceux-là  ;  comparer  les  unes  aux  autres 
les  formations  axillaires  des  diverses  espèces  de  Cucurbitacées  pour 
montrer  l'unité  de  plan  à  travers  l'apparente  complexité  des  détails, 
tel  est  notre  but  et  telle  est  la  tâche  que  nous  allons  entreprendre  sans 
plus  de  préambules. 

Des  différents  organes  axillaires,  il  n'en  est  qu'un  dont  la  nature 
morphologique  soit  encore  discutée,  la  vrille,  comme  nous  le  disions 
tout  à  l'heure.  Pour  bien  établir  les  relations  qu'elle  a  avec  les  organes 
adjacents,  il  est  nécessaire,  bien  que  notre  intention  ne  soit  pas  d'insis- 
ter ici  sur  ce  point,  de   dire  quelques  mots  de   sa   valeur   organique 


398  BOTANIQUE 

réelle.  On  comprendra  mieux  ainsi  les  ressemblances  organogéniques 
qu'elle  présente  avec  la  fleur  ou  bien  avec  l'inflorescence  qui,  dans  les 
Cucurbiia  ou  les  Bryonia,  s'en  trouvent  séparées  par  le  rameau  feuille,  et 
en  paraissent  tant  différer  au  premier  abord. 

Seringe  regardait  la  vrille  comme  une  racine  adventive  modifiée, 
opinion  qui  ne  sediscute  même  plus  aujourd'hui.  M.Chatin  résume  ses 
recherches  sur  le  même  sujet  en  disant  que  la  vrille  n'a  ni  la  structure 
d'une  feuille,  ni  celle  d'une  tige,  ce  qui  n'est  point  résoudre  la  ques- 
tion. Pour  M.  Cauvet  (1),  la  vrille  n'est  qu'une  feuille  modifiée.  M.  Clos 
admet  que  la  vrille  est  l'une  des  deux  feuilles  géminées  qui  nais- 
sent à  chaque  nœud,  opinion  dont  nous  démontrerons  bientôt  le  peu  de 
fondement.  Quant  à  M.  Van  Tieghem,  la  vrille,  pour  lui,  est  également 
une  feuille,  parce  qu'elle  possède,  dans  son  système  fibrovasculaire,  la 
symétrie  bilatérale  habituelle  aux  feuilles.  Nous  verrons  que  l'étude 
organogénique  contredit  formellement  cette  assertion.  M.  Lestiboudois  et 
M.  Guillard  supposent  aussi  que  les  vrilles  sont  des  feuilles  ;  mais  ces  deux 
botanistes  ont  eu  le  mérite  de  rattacher  ces  organes  au  rameau  axillaire.  Ce 
sont  pour  eux  des  feuilles  transformées  issues  de  ce  dernier  et,  comme  le  dit 
M.  Lestiboudois  (2),  «  quand  la  vrille  devient  un  rameau  (vrilles  à 
fleurs  du  Pâtisson,  etc.),  c'est  que  la  vrille  s'est  soudée  avec  son  rameau 
axillaire  ».  On  verra  que  cette  dernière  assertion  n'est  nullement 
conforme  à  la  réalité.  M.  Favre  pense,  de  son  côté,  que  la  vrille  n'est 
que  l'axe  principal  déjeté  par  un  rameau  usurpateur  ;  et,  ici  encore, 
l'organogénie  démontrera  l'inexactitude  absolue  de  cette  manière  de  voir. 
Pour  M.  Tassi,  «  les  vrilles  sont  des  simples  rameaux  dégénérés  »  (3)  ; 
mais  comme  ce  botaniste  dit  en  même  temps  «  qu'il  a  lieu  de  croire 
que  l'organe  qui,  à  l'état  adulte,  se  montre,  dans  les  Cucurbitacées, 
sous  l'apparence  d'une  vrille  généralement  latérale  à  la  feuille,  est  au 
contraire  opposée  à  celle-ci  et  tout  à  fait  identique  avec  elle  dans  la 
période  gemmaire  »,  ce  qui  est  absolument  contraire  à  la  réalité  des 
faits,  nous  ne  pensons  pas  qu'il  faille  tenir  grand  compte  de  l'opinion  du 
savant  italien.  Celle  de  M.  Naudin  mérite  au  contraire  d'être  prise  en 
sérieuse  considération.  Le  premier,  il  a  démontré,  par  ses  études  térato- 
logiques,  que  la  vrille  est  un  rameau  dont  les  feuilles  se  sont  transfor- 
mées en  cirres.  Mais,  à  notre  avis,  il  se  trompe  complètement,  comme 
on  le  verra  plus  loin,  en  prétendant  que  l'origine  réelle  de  la  vrille  se 
trouve  un  entre-nœuds  plus  bas  que  le  point  où  elle  paraît  s'implanter. 
Pour  lui,  la  vrille  serait  un  rameau  entraîné.  M.  Le  Maout  renchérit 
encore  sur  cette  opinion  en  supposant  que  l'origine  réelle  de  la  vrille  est 

(1)  In  Bull.  Soc.  Bot.  de  Fr.,  t.  XI,  p.  281 . 

(2)  In  Bull.  Soc.  Bot.de  Fr.,  t.  IV,  p.  750. 

(3)  lu  Bull.  Soc.  Bot.  de  Fr.,  t.  IV,  p.  384. 


DUTAILLY. — SUR    LES    FORMATIONS  AXILLAIRES  DES  CUCURBITACÉES      599 

à  deux  entre-nœuds  au-dessous  de  son  origine  apparente,  manière  de 
voir  (|ui  oe  s'appuie  sur  aucun  fait  précis.  M.  Decaisne  se  borne 
à  considérer  la  vrille  comme  entièrement  indépendante  du  bourgeon 
à  côté  duquel  on  la  voit  sortir.  M.  Warming,  enfin,  à  qui  l'on  doit  des 
recherches  importantes  sur  les  Cucurbitacées,  admet  que  «  la  vrille  n'est 
pas  seulement  une  feuille,  mais  un  bourgeon  extra-axillairc  avec  sa 
feuille  »  (1).  Pour  lui,  cette  dernière  est  bien  plus  développée  que  le 
bourgeon  qui  «  dans  beaucoup  de  cas,  n'est  pas  à  distinguer  sur  la  vrille 
complètement  développée.  »  Nous  acceptons,  d'une  manière  absolue,  ce 
que  M.  Warming  dit  «le  la  nature  delà  vrille;  mais  nous  nous  refusons, 
par  contre,  à  admettre  ce  qu'il  dit  de  sa  situation.  Pour  nous,  la  vrille 
n'est  pas  un  bourgeon  extra-axillaire.  Elle  dépend  du  rameau  axillaire, 
comme  nous  le  démontrerons,  tandis  que  31.  Warming  s'efforce  de 
prouver,  par  son  texte  et  ses  figures,  qu'elle  ne  contracte  aucune  rela- 
tion avec  lui. 

Quelques-uns  de  nos  dessins  montrent  le  mode  de  développement  des 
vrilles  simples  ou  ramifiées  et  ne  nous  paraissent  laisser  aucun  doute  sur 
leur  constitution.  Les  figures  1,  2,  3,  4,  o,  G,  7,  8,  9,  10,  11  de  la 
Planche  X  traduisent  les  premières  phases  de  l'évolution  de  la  vrille  du 
Thladiantha  dubia.  Dans  toutes  ces  figures,  sauf  dans  les  figures  7  et  10, 
le  sommet  végétatif  de  la  vrille  est  représenté  parle  mamelon  m.  Dans 
la  figure  2,  on  voit  ce  mamelon  naître  sur  le  flanc  du  bourgeon  feuille  a, 
comme  une  ramification  naît  sur  un  axe  principal.  Il  conserve  quelque 
temps  la  même  forme,  comme  en  font  foi  les  figures  3,  4  et  5.  Mais 
bientôt,  sur  son  côté  extérieur,  on  observe  un  petit  bourrelet  s,  qui 
rappelle  tout  à  fait  les  bourrelets  foliaires  et  grandit  rapidement  de 
telle  sorte  que  la  vrille  représente,  à  un  moment  donné,  une  petite  niche 
dont  la  partie  inférieure  horizontale  est  formée  par  le  sommet  végétât  if  m 
et  la  concavité  latérale  par  le  bourrelet  s  (fig.  8).  Les  figures  7,  9 
et  11  nous  montrent  différents  états  successifs  de  ce  bourrelet  qui 
finira  par  constituer  la  majeure  partie  de  la  vrille.  Cette  dernière,  géné- 
ralement simple,  est  parfois  bifurquée.  La  figure  10  montre,  en  q,  le 
début  du  second  bras  de  la  vrille.  Le  sommet  végétatif,  situé  entre  q 
et  s,  n'est  pas  visible. 

De  cette  courte  étude  il  nous  paraît  résulter  ceci  :  1°  le  mamelon  m 
est  de  nature  axile  ,  c'est  l'axe,  d'un  rameau;  2°  le  bourrelet  s  est  de 
nature  appendiculaire.  C'est  une  feuille  développée  sur  l'axe  en  question, 
La  vrille  du  Thladiantha  est  donc  bien,  comme  d'ailleurs  le  pensent 
M.  Naudin,  M.  Warming,  etc.,  un  rameau  dégénéré. 

Autre  exemple.  Les  figures  23,  24,  25,  26  de  la  pi.  X  reproduisent 

(1)  E.  Warming.  Forgreningsforhold  hos  Fanerogamcrne,  etc.  Résumé  franc.,  p.  VL 


600  BOTANIQUE 

les  premiers  états  de  la  vrille  du  Bryonia  dioïca.  M.  Warming  avait 
déjà  fait  l'organogénie  de  cette  vrille.  Mais  nous  ne  croyons  pas  que 
nos  dessins  fassent  double  emploi  avec  les  siens.  Ils  établissent,  bien  plus 
nettement  que  ceux  du  savant  danois,  la  part  de  ce  qui  revient  à 
l'axe  et  de  ce  qui  appartient  à  l'appendice.  C'est  qu'en  effet,  malgré  les 
apparences,  la  vrille  du  Bryonia  est,  comme  celle  du  Thladiantha,  axile  par 
sa  base,  appendiculaire  dans  tout  le  reste  de  sa  longueur.  Dans  les  ligures 

23,  24,  25,  26,  m  est  le  sommet  végétatif  de  l'axe  du  bourgeon  rudimen- 
taire,  et  s  le  sommet  de  l'appendice  qui,  à  l'état  adulte,  prolonge  exac- 
tement l'axe  qui  le  supporte.  Dans  la  figure  23,  la  feuille  qui  doit 
naître  en  s  n'est  pas  encore  visible.  Elle  est  très-nette  dans  les  dessins 

24,  25,  moins  déjà  dans  la  figure  26  et,  de  bonne  heure,  comme  nous 
venons  de  le  dire,  toute  ligne  de  démarcation  disparaît. 

Dans  le  Cyclanthera  pedata,  les  faits  sont  les  mêmes,  au  fond.  Les 
figures  12,  13,  14,  15,  16,  17,  montrent,  en  m,  le  début  de  la  vrille  dont 
l'axe  existe  seul  alors  sous  forme  d'un  petit  mamelon  arrondi.  Sur  le 
côté  extérieur  de  ce  mamelon,  se  forme  bientôt  un  bourrelet  que  l'on 
voit  grandir  par  degrés  dans  les  figures  18,  19,  20,  21,  22;  c'est  le 
premier  bras  de  la  vrille,  la  feuille  transformée  en  cirre  et  née  sur 
l'axe  du  bourgeon  avorté.  Les  figures  27,  28,  29,  30,  qui  représentent 
la  vrille  jeune  de  la  même  plante  plus  fortement  grossie,  traduisent,  en 
raison  même  du  grossissement,  les  faits  avec  une  plus  entière  exactitude. 
Dans  ces  figures,  m  est  le  sommet  de  l'axe  de  la  vrille,  et  s  le  premier 
bras  de  cette  vrille,  l'appendice  du  bourgeon  rudimentaire,  en  d'autres 
termes.  La  vrille  du  Cyclanthera  a  d'habitude  plusieurs  bras.  Cependant, 
quand  arrive  l'automne ,  on  rencontre,  vers  l'extrémité  des  rameaux, 
des  vrilles  considérablement  appauvries  qui  ne  possèdent  plus  qu'un 
ou  deux  bras.  La  figure  30  représente  l'une  de  ces  dernières;  6'  est  son 
premier  bras;  t,  le  second  ;  et,  entre  les  deux,  on  aperçoit  le  sommet 
végétatif  m  de  la  portion  axile  de  la  vrille ,  sommet  qui  plus  tard 
cessera  d'être  reconnaissable. 

Les  figures  11,  12,  13,  14,15,  16,  17,  18,19,20  (PI.  IX),  montrent  la 
vrille  du  Cucurbita  perennis  durant  les  premières  périodes  de  son  déve- 
loppement. Dans  la  figure  10,  elle  est  à  peine  visible,  en  m  ;  dans  les 
figures  11,  12,  13,  14,  15,  le  mamelon  m,  qui  représente  l'axe  de  la 
vrille,  se  renfle  de  plus  en  plus.  La  figure  16  reproduit  l'apparition  du 
premier  appendice  de  la  vrille,  s,  son  premier  bras,  comme  on  dit.  Les 
figures  17,  18,  19,  montrent  celle  des  autres  bras  autour  du  sommet 
végétatif,  qu'ils  finissent  par  cacher  entièrement  dans  les  figures  19  et  20. 
Il  n'est  pas  rare  de  trouver,  dans  le  Cucurbita  maxima,  des  vrilles  dont 
les  bras  nombreux  soient  disposés  autour  du  sommet  végétatif  delà  vrille 
dans  un  ordre  régulièrement  spiral,  qui  est  aussi  leur  ordre  d'apparition. 


DUTAILLY.  —  SUR   LES    FORMATIONS  AXILLAIRES  DES  CUCURB1TACÉES      G01 

des  diverses  observations  nous  déterminent  à  nous  ranger,  nous  le 
répétons,  a  l'opinion  de  M.  Naudin  et  de  M.  Warming,  pour  qui  les 
vrilles  ne  sont  que  des  bourgeons  plus  ou  moins  dégénérés;  mais  nous 
ne  saurions  accepter  les  réserves  de  ce  dernier,  qui  admet  que  «  le 
bourgeon  représentant  la  jeune  vrille  semble  quelquefois  se  développer 
directement  en  bras  de  vrille  ».  Nous  n'avons  jamais  pu  constater  ce 
développement  direct,  et,  pour  nous,  il  n'est  pas  une  seule  vrille  simple 
de  Cucurbitacées  qui  ne  soit  de  nature  caulinaire  par  sa  base,  foliaire 
par  sa  partie  supérieure,  et  pas  une  seule  vrille  ramifiée  dont  les  bras 
ne  soient  de  nature  appendiculaire,  et  le  support  commun  de  nature 
axile. 

Ceci  posé,  et  la  vrille  étant  un  rameau,  il  s'agit  de  reconnaître  les 
relations  qu'il  peut  contracter  avec  les  organes  voisins.  M.  Lestiboudois 
se  tait  complètement  sur  ce  qu'il  nomme  l'inflorescence  des  Cucurbi- 
tacées, inflorescence  qui  serait  constituée  par  l'ensemble  des  organes  axil- 
laires:  «Je  ne  dirai  rien,  écrit-il  (lj,  de  l'inflorescence;  la  thèse  que  j'ai  posée 
reste  indépendante  des  considérations  qu'on  peut  présenter  à  ce  sujet.  » 
M.  Guillard,  qui,  comme  M.  Lestiboudois,  croit  à  d'étroites  connexions  entre 
le  rameau  axillaire  et  la  vrille,  tout  en  admettant  que  cette  dernière  n'est 
qu'une  feuille,  considère  l'inflorescence  des  Cucurbitacées  (inflorescence 
constituée,  pour  lui  aussi,  par  la  somme  des  organes  axillaires),  comme 
«  une  cyme  axillaire  fasciculée  dont  la  fleur  aînée  est  fructifère  dans  le 
plus  grand  nombre  de  genres,  et  dont  les  deux  récurrents  sont  colla- 
téraux et  dissemblables  ».  Pour  lui,  l'un  de  ces  deux  récurrents  est 
«  ordinairement  un  groupe  de  fleurs  mâles,  l'autre  est  toujours  un 
rameau  répétant  la  cyme  progressivement  avec  ou  sans  feuilles  ».  On 
sait,  ajoute-t-il,  que,  «dans  toutes  les  familles  dicotylédones,  chacun  des 
deux  rameaux  récurrents  de  la  cyme  est  à  l'aisselle  d'une  feuille  ou 
bractée.  Si  nous  cherchons  cette  aisselière  sur  la  cyme  Cucurbitacée,  nous 
devons  la  trouver,  d'un  côté,  aisselant  la  grappe  mâle,  de  l'autre  aisse- 
lant  le  rameau  ou  bourgeon  plus  jeune.  En  effet,  on  la  voit  souster  le 
pédoncule  mâle  dans  les  Luffa  acutnngala,  striata,  œgyptiaca,  dans  le 
Sechium  penivianum,  les  Cucumis  dipsaceus,  Figarei,  dans  le  Benincasa, 
etc.  De  l'autre  côté  de  la  cyme  axillaire,  du  côté  du  rameau  ou  bour- 
geon immanquable,  la  bractée  aisselière  se  voit  sur  YEcbalium  elaterium. 
Chez  toutes  les  autres  Cucurbitacées,  que  trouve-t-on  à  l'endroit  où  doit 
être  cette  bractée  ?  La  vrille  »  (2). 

Pour  mieux  préciser  les  idées  de  M.  Guillard,  qui  paraîtront  peut-être  un 
peu  obscures  à  quelques  lecteurs,  prenons  un  exemple.  Dans  le  Cucur- 
bita  maxima,  à  l'aisselle  de  chaque  feuille,  on  constate  trois  organes  qui 

(1)  Bull.  Soc.  bot.  deFr.,t.  IV,   p.  754. 

(2)  Bull.  Soc.   Bot    de  Fr.,  t.    IV,  p.  U4-U5. 


602  BOTANIQUE 

sont  en  allant  d'un  côté  à  l'autre:  une  fleur  solitaire,  un  rameau  feuille, 
une  vrille.  D'après  la  citation  de  M.  Guillard  que  nous  venons  de 
donner,  la  fleur  solitaire  représente  «  la  fleur  aînée  »  de  la  cyme  ou  la 
fleur  terminale,  comme  on  le  dit  d'habitude.  Le  rameau  feuille  est  pour 
lui  l'un  des  deux  «  récurrents  »  de  la  cyme.  Quant  à  la  vrille,  elle  est 
la  bractée  axillante  de  ce  premier  récurrent.  L'autre  récurrent  fait 
défaut,  de  l'autre  côté.  Qu'on  s'étonne  après  cela  que  M.  Guillard,  par- 
lant de  la  vrille  et  du  rôle  qu'il  lui  attribue,  laisse  échapper  cette 
phrase  :  «La  vrille,  étrange  bractée  d'une  cyme  encore  plus  étrange  »  (1)! 
L'auteur  nous  paraît  juger  par  ces  mots  l'hypothèse  qu'il  apporte;  on 
devrait  savoir  depuis  longtemps  que  la  nature  est  infiniment  moins 
prodigue  de  semblables  étrangetés,  et  nous  verrons  que,  dans  les  Cucur- 
bitacées  notamment,  les  faits  sont  infiniment  plus  simples  qu'on  ne 
l'avait  supposé  jusqu'ici. 

M.  Cauvet,  qui  s'est  encore  occupé  des  relations  qui  existent  entre  les 
organes  axillaires  des  Cucurbitacées,  écrit  ceci  :  «  Nous  savons  que  la 
vrille  est  une  feuille.  Nous  pouvons  donc  admettre  que  le  rameau  est 
placé  sous  sa  dépendance  et  que,  né  à  son  aisselle,  comme  tous  les 
bourgeons  d'une  végétation  régulière,  il  a  été  déjeté  latéralement  par 
les  organes  voisins  et  surtout  par  le  mérithalle  usurpateur  »  (2).  Nous 
verrons  bientôt  qu'il  n'y  a  point  de  mérithalle  usurpateur  et  que  le 
bourgeon  foliaire  ne  naît  nullement  dans  l'aisselle  de  la  vrille,  qui  n'est 
pas  une  feuille,   ainsi  que  nous  l'avons  prouvé  plus  haut. 

Pour  M.  Warming  (3),  les  relations  de  la  vrille  sont  «  très-difficiles 
à  reconnaître.  Quand  la  vrille  a  un  bras,  en  général  elle  semble  être 
située  à  la  fois  sur  les  deux  axes  »  (l'axe  principal  et  le  bourgeon  axillaire 
feuille).  Or,  l'étude  anatomique  contredit  formellement  cette  assertion. 
Nous  le  démontrerons  ailleurs.  Quant  à  l'observation  organogénique,  elle 
nous  paraît  également  en  désaccord  avec  l'opinion  de  M.  AYarming. 
A  notre  avis,  la  vrille,  qu'elle  ait  un  ou  plusieurs  bras,  débute  en  com- 
plète indépendance  de  l'axe  principal  et  s'insère  tout  entière  sur  le 
rameau  axillaire.  M.  Warming  dit  encore  que  «  le  bourgeon  axillaire 
(des  Cucurbitacées)  se  termine  le  plus  souvent  par  une  tleur  »,  ce  qui 
ne  nous  a  paru  vrai  dans  aucun  cas.  A  un  certain  âge,  il  est  vrai,  dans 
l'Ecbalium  elaterium,  par  exemple,  la  Heur  femelle  située  entre  l'inflo- 
rescence maie  et  le  bourgeon  feuille  paraît  terminer  l'axe  du  bourgeon 
axillaire;  mais,  comme  on  le  verra,  ce  n'est  là  qu'une  apparence  et  le 
vrai  bourgeon  axillaire,  l'organe  principal  sur  lequel  s'insèrent  les 
autres  formations  axillaires,  secondaires  par  rapport  à  lui,    c'est ,  dans 

(1)  In  Bull.  Soc.  Bot.  de  Fr..  t.  IV,  p.  753. 

(.:)  In  Bull.  Soc.  Bot.  de  Fr.,  t.  XI,  p.  278-286. 

(3)  Loco  citât.,  p.  xxix. 


DL'TAII.LY.  SUR    LES    FORMATIONS  AXILLAIRES  DES  CTJCURBITACÉES       603 

ce  cas  comme  dans  les  autres,  le  bourgeon  feuille.  M.  Warmmg,  enfin, 
qualifie  de  «  eyme  »  l'ensemble  des  productions  axillaires  du  Cyclanthera 
pedata,  opinion  qui  revient  en  somme  à  celle  de  M.  Guillard,  et  qui, 
nous  le  verrous,  ne  saurait  être  appuyée  sur  des  arguments  de  quel- 
que valeur.  Telles  sont,  en  résumé,  les  diverses  manières  de  voir  qui 
ont  été  exprimées  sur  ce  sujet.  Nous  allons  maintenant  passer  à  l'obser- 
vation directe  et  montrer,  par  l'étude  des  principaux  types  de  Cucur- 
bitacées,  ce  que  deviennent,  à  la  lumière  des  faits,  toutes  les  hypothèses 
dont  nous  venons  de  parler. 

1°   ECBALIUM   ELATERIUM. 

A  l'aisselle  de  chaque  feuille,  avons-nous  dit,  on  trouve  dans  cette 
plante  en  allant  d'un  coté  à  l'autre  :  1°  un  bourgeon  feuille  dont  la 
première  feuille  est  constamment  en  dehors  (fig.  8,  9,  e,  pi.  IX)  ;  2°  une 
Heur  femelle  dont  l'insertion  réelle  est  tout  à  fait  incertaine  à  l'état 
adulte;  3°  une  inflorescence  mâle  dont  une  ou  deux  Heurs,  toujours  les 
plus  inférieures,  sont  quelquefois  femelles.  Il  est  à  noter,  et  ce  fait  a 
déjà  été  signalé,  que  le  pédoncule  de  la  fleur  femelle  peut  s'unir  avec 
celui  de  l'inflorescence  maie,  de  telle  sorte  que  cette  dernière  semble 
porter  la  fleur  femelle. 

A  première  vue,  à  l'état  adulte  et  même  à  un  âge  notablement  plus 
jeune,  la  fleur  femelle  insérée  entre  le  rameau  feuille  et  l'inflorescence 
mâle  parait  être  la  fleur  terminale  d'une  cyme  dont  les  deux  récurrents 
seraient  représentés  par  les  deux  formations  latérales.  Mais  l'observation 
organogénique  contredit  absolument  cette  manière  de  voir.  Les  figures  1  à 
9  de  la  planche  IX  sont  consacrées  à  l'étude  de  YEcbalium  elaterium.  On 
voit,  par  la  figure  1,  que  les  trois  organes  axillaires  débutent  par  un  ma- 
melon simple,  transversalement  allongé,  et  dont  le  point  culminant  dès  le 
principe  se  trouve  en  a.  Or,  c'est  ce  point  culminant  a  qui  se  déve- 
loppera en  un  bourgeon  feuille.  Bientôt,  sur  l'un  des  côtés  de  ce  mame- 
lon, il  s'en  forme  un  second,  en  b.  Il  est  à  peine  indiqué  sur  la 
figure  1,  mais  très-net  sur  la  figure  2.  En  dernier  lieu,  ce  mamelon  6 
se  renfle  au  niveau  de  son  point  d'insertion  sur  a,  et  produit  une 
troisième  élevure  c  (fig.  4),  qui  est  l'ébauche  de  la  fleur  femelle.  Cette 
dernière  prend  très-rapidemment  (fig.  5,  6,  c)  un  accroissement  pré- 
pondérant ;  et  une  étude  organogénique  qui  ne  remonterait  pas  plus 
haut  conduirait  certainement  à  faire  considérer  cette  fleur  femelle 
comme  terminant  l'axe  principal  d'une  cyme  à  trois  branches.  Mais  on 
voit,  par  ce  qui  précède,  que  la  fleur  femelle  n'est  au  contraire  qu'une 
ramification  de  troisième  ordre  par  rapport  au  bourgeon  axillaire 
feuille,   puisqu'elle  s'insère  sur  la   base   de  l'inflorescence,  qui  est  de 


604  BOTANIQUE 

second.  Elle  est,  en  réalité,  la  première  fleur,  la  fleur  la  plus  infé- 
rieure de  l'inflorescence;  et  c'est  pour  cela  que,  de  temps  en  temps,  on 
les  trouve  adhérentes  l'une  à  l'autre  par  la  base.  Les  figures  6',  6,  7,  8 
et  9  reproduisent  les  phases  suivantes  du  développement.  La  fleur 
femelle,  on  le  voit,  continue  à  se  montrer  i'organe  le  plus  développé 
Quant  au  rameau  fouillé  a,  sa  première  feuille  e  apparaît  d'assez  bonne 
heure.  Elle  est  opposée  à  la  fleur  femelle.  L'inflorescence  mâle  demeure 
assez  longtemps  à  l'état  de  simple  mamelon  (fig.  4,  5,  6,  7)  ;  mais, 
finalement,  les  fleurs  se  forment  dans  l'ordre  spiral,  au-dessous  de  son 
sommet  végétatif  (fig.  8  et  9,  b).  Elles  sont  toutes  pourvues  d'une  brac- 
tée axillante,  et  la  fleur  femelle,  comme  l'a  montré  M.  Naudin,  peut,  elle 
aussi,  en  présenter  une  à  sa  base.  Quelques-unes  des  fleurs  de  la  grappe 
mâle,  les  plus  inférieures  toujours,  peuvent  devenir  fructifères,  c'est-à- 
dire  qu'au  lieu  d'une  seule  fleur  femelle  insérée  à  sa  base,  l'inflorescence 
peut  en  offrir  plusieurs,  réparties  à  différents  niveaux.  Au  demeurant, 
YEcbalium  est  le  type  le  plus  simple  que  l'on  puisse  rencontrer  chez  les 
Cucurbitacées,  au  point  de  vue  spécial  qui  nous  occupe.  Un  rameau 
fouillé  sur  lequel  s'insère,  à  son  nœud  le  plus  inférieur,  une  inflores- 
cence en  grappe  dont  la  première  fleur  est  femelle  :  voilà  tout  ce  que, 
dans  cette  plante,  on  trouve  à  l'aisselle  de  chaque  feuille. 

Détail  à  noter,  l'inflorescence  avorte  souvent  presque  complètement;  la 
fleur  femelle  reste  seule  alors,  et  l'on  voit  sur  le  côté  de  son  pédoncule 
un  mince  filament  droit,  conique,  long  de  quelques  millimètres  à 
peine,  qui  représente  l'axe  de  l'inflorescence  dégénérée.  Parfois,  l'avor- 
tement  va  plus  loin,  et  la  fleur  femelle  elle-même  disparaît.  La  forma- 
tion axillaire  est  alors  réduite  au  bourgeon  fouillé  et  ne  diffère  plus  de 
celle  de  tant  de  végétaux  phanérogames  qui  n'ont  qu'un  bourgeon  à  la 
base  de  chaque  feuille. 

2n  Thladiantha  dubia. 

Le  type  représenté  par  le  Thladiantha  n'est  guère  plus  complexe 
que  celui  de  YEcbalium.  Il  en  diffère  surtout  par  l'étonnante  variabilité 
des  organes  que  l'on  rencontre  à  l'aisselle  de  chaque  fouille.  Nous  ne 
reviendrons  pas  sur  les  détails  que  nous  avons  donnés  ailleurs  (1)  sur 
ces  faits  peut-être  uniques  dans  la  famille  des  Cucurbitacées.  Nous  rap- 
pellerons seulement  que  la  vrille  n'existe  pas  à  tous  les  nœuds,  et  que, 
quand  elle  fait  défaut,  elle  est  remplacée,  dans  les  plantes  mâles  que 
nous  avons  seules  pu  étudier,  par  une  fleur  mâle  solitaire  longuement 
pédonculée.  La  vrille  étant  un  bourgeon  modifié  comme  la  fleur,  cette 

(1)  In  Bull.  Soc.  Lin.  de  Paris,  p.  73-7*. 


IUTA1LLY.  —  SUR    LES    FORMATIONS  AXILLA1RES  DES  CUCURBITACÉES      605 

substitution  s'explique  d'elle-même.  D'ailleurs,  le  début  organogénique 
de  ces  deux  organes  est  le  même,  et  ce  que  nous  dirons  de  l'un  pourra 
s'appliquer  à  l'autre. 

A  côté  de  la  vrille  ou  de  la  fleur  mâle,  on  ne  rencontre  qu'un  seul 
organe,  à  l'aisselle  de  chaque  feuille  :  un  bourgeon  normal  feuille  qui  se 
transforme  par  places  et  grâce  à  l'avortement  plus  ou  moins  complet 
de  son  sommet  végétatif  en   une  sorte  d'inflorescence  assez  irrégulière. 

Ce  sont  les  relations  de  ces  dilférents  organes,  du  bourgeon  feuille 
avec  la  vrille  ou  bien  avec  la  fleur  solitaire,  qu'il  convient  maintenant 
de  rechercher.  Nos  ligures  1  à  7  de  la  pi.  X  ont  trait  au  développement 
de  ces  formations  diverses.  Ici  encore  l'observation  organogénique 
montre,  au  début,  un  mamelon  unique  a  (fig.  1),  inséré  un  peu 
latéralement  par  rapport  à  sa  feuille  axillante,  et  vers  la  base 
duquel  se  produit  (fig.  2)  un  mamelon  m  qui  est  l'ébauche  de  la  vrille. 
Les  ligures  3,  4,  o,  0,  7,  outre  l'évolution  de  la  vrille  m,  reproduisent  le 
développement  du  bourgeon  axillaire  transformé  dans  ce  cas  en  inflo- 
rescence. De  bonne  heure,  le  sommet  végétatif  a  de  ce  bourgeon  a  été 
déjeté  par  la  première  fleur  c  qui  a  pris  naissance  (fig.  3  et  4)  sur  sa 
base.  La  figure  S  montre  une  bractée  (/,  formée  sur  ce  sommet  végé- 
tatif et  qui  probablement  restera  stérile.  Sur  la  ligure  G,  on  en  constate 
une  autre,  qui  parait  avortée,  à  la  base  de  la  fleur  c.  Quant  à  la  figure  7, 
elle  montre,  à  côté  de  là  vrille  m,  une  inflorescence  plus  avancée 
constituée  par  les  deux,  fleurs  c  et  o,  par  diverses  bractées  parmi  les- 
quelles la  bractée  d,  et  enfin  par  le  sommet  végétatif  a  de  l'inflores- 
cence. Ce  qui  précède  démontre  suffisamment  l'irrégularité  de  cette  der- 
nière, qui  est  souvent  bien  plus  complexe.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  relations 
qui  existent  entre  elle  et  la  vrille  sont  des  plus  simples  à  définir.  La 
vrille  du  Thlandiantha  est  un  bourgeon  modifié  toujours  issu  du  premier 
nœud  du  rameau  axillaire,  soit  que  ce  dernier  reste  normal,  soit  qu'il 
passe  à  l'état  d'inflorescence,  peu  importe. 

3°   CUCURBITA   PERENNIS. 

Les  Cucurbita  représentent  le  type  classique  des  Cucurbitacées.  Une 
fleur  mâle  ou  femelle  d'un  côté,  une  vrille  de  l'autre,  au  milieu  un 
bourgeon  feuille  :  telles  sont  en  deux  mots  les  formations  que  l'on  ren- 
contre à  chaque  aisselle  foliaire.  Leurs  relations  sont  faciles  à  établir  par 
l'étude  organogénique.  Les  figures  10  à  20  de  la  planche  IX  ont  trait  au 
développement  du  Cucurbita perennis.  Il  est  entendu  d'ailleurs  que  tous 
les  Cucurbita  évoluent  de  la  même  manière. 

Au  début  à  l'aisselle  de  chaque  feuille,  on  observe  un  mamelon 
simple,  comme  dans  YEcbalium  et  le   Thladiantha.  Ce  mamelon,  trans- 


606  BOTANIQUE 

versalemcnt  allongé,  a  son  point  culminant  en  a  (lig.  10),  et  donnera, 
par  ce  sommet,  naissance  au  bourgeon  feuille.  Ce  dernier  est,  par  con- 
séquent, le  support  de  la  fleur  et  de  la  vrille.  Celle-ci  apparaît  en  m 
(fig.  10),  par  suite  du  gonflement  du  mamelon  primordial  sur  son  côté 
extérieur.  Plus  tard  seulement,  à  peu  près  en  face  de  la  vrille,  mais 
toujours  un  peu  plus  haut,  naît  un  troisième  mamelon  b.  C'est  l'origine 
de  la  fleur  mâle  ou  femelle.  Les  figures  11  à  20  retracent  la  suite  du 
développement  des  trois  organes  :  b  représente  la  fleur,  dans  toutes  ces 
ligures;  a  est  le  bourgeon  feuille,  et  le  sommet  végétatif  de  la  vrille  est 
en  m.  On  voit  (fig.  12,  13)  que  le  bourgeon  feuille  demeure  quelques 
temps  plus  gros  que  les  organes  latéraux,  mais  que  ces  derniers  arri- 
vent, à  un  moment  donné,  à  l'égaler  à  peu  près  (fig.  4),  puis  finissent 
parle  dépasser  de  beaucoup.  La  fleur  notamment  prend  une  taille  pré- 
pondérante, et  l'on  s'explique  par  là  l'erreur  des  botanistes  qui  l'ont  en- 
visagée comme  représentant  l'axe  principal  d'une  sorte  de  cyme,  laquelle 
n'existe  nullement  en  réalité.  Somme  toute,  il  résulte  du  résumé  orga- 
nogénique  qui  précède  que  les  trois  organes  axillaires  dépendent  l'un  de 
l'autre  et  que  la  fleur  et  la  vrille  s'insérant  sur  le  bourgeon  feuille,  cette 
dernière  s'implante  au  nœud  le  plus  inférieur  de  ce  bourgeon,  tandis 
que  la  fleur  ne  se  rattache  à  lui  qu'au  niveau  de  son  second  nœud. 
L'étude  anatomique  que  nous  réservons  pour  un  autre  travail,  confirme 
pleinement  cette  manière  de  voir. 

4°  Bryonia  dioïca. 

Du  Bryonia  dioïca  nous  ne  dirons  que  peu  de  chose,  car  les  rapports 
qui  existent  entre  les  diverses  formations  axillaires  de  cette  plante 
sont,  au  fond,  identiques  avec  ceux  que  nous  venons  de  décrire  dans 
les  Cucurbita.  M.  Warming  a  donné  du  développement  de  cette 
Cucurbitacée  de  bonnes  figures,  tandis  que  les  dessins  qui  ont  trait  au 
Cyclanthera  sont  manifestement  inexacts.  Il  a  représenté  la  vrille  du 
Bryonia  naissant  du  bourgeon  axillaire  seul,  et  pourtant  il  affirme  qu'elle 
s'insère  à  la  fois  sur  ce  dernier  et  sur  l'axe  principal.  .Nous  ne  pouvons 
que  répéter  ici  ce  que  nous  disions  au  sujet  du  Cucurbita  perennis.  Le 
rameau  feuille  paraît  le  premier;  la  vrille  ensuite  et  il  est  certain  qu'elle 
dérive  tout  entière  de  ce  rameau.  L'inflorescence,  mâle  ou  femelle,  se 
forme  plus  tard  et  s'insère  sur  le  second  nœud  du  même  rameau,  tandis 
que  la  vrille  s'implante  un  peu  plus  bas,  sur  le  premier.  Que  l'origine 
de  la  vrille  paraisse  ambiguë  à  l'état  adulte,  nous  ne  le  nions  point. 
Mais  l'organogénie  est  faite  précisément  pour  permettre  de  déterminer 
les  rapports  exacts  des  organes  naissants,  et  nous  sommes  étonné  qu'un 
naturaliste  de  la  valeur  de  M.  Warming  ait  pu  se  méprendre  en  pareil  cas. 


DUTAILLY.  —  SUR    LES    FORMATIONS  AXILLAIRES  DES  CUCURBITACÉES      607 

Il  est  à  remarquer  que  la  fleur  inférieure  de  l'inflorescence,  au  lieu 
de  s'insérer  franchement  sur  cette  dernière,  prend  parfois  attache  sur 
elle  au  niveau  même  du  point  d'implantation  du  rachis  sur  le  rameau 
axillaire  feuille.  Il  semble  alors  qu'il  existe,  à  l'aisselle  de  la  feuille, 
quatre  organes  différents  :  une  vrille,  un  bourgeon  feuille,  une  Heur 
solitaire  et  une  inflorescence.  Mais  ce  n'est  qu'une  apparence,  un 
simple  phénomène  de  déplacement  analogue  à  celui  que  nous  avons 
signalé  dans  YEcbalium  et  dont  l'étude  organogénique  rend  facilement 
raison. 

Autre  ressemblance  avec  YEcbalium.  L'inflorescence  du  Bryonia  peut, 
elle  aussi,  avorter  presque  complètement.  Les  deux  fleurs  inférieures 
seules  persistent  parfois,  tandis  que  le  sommet  végétatif  de  l'inflores- 
cence s'atrophie  et  disparaît. 

5°  Cyclanthera  pedata. 

Le  Cyclanthera  pédala  est  peut-être  le  type  le  plus  complexe  que  l'on 
puisse  rencontrer  dans  la  famille  des  Cucurbitacées.  A  l'aisselle  de  cha- 
cune de  ses  feuilles,  on  trouve  d'ordinaire  cinq  organes  qui  sont,  en 
allant  d'un  côté  à  l'autre  :  1°  une  vrille,  2°  un  bourgeon  feuille,  S  une 
fleur  femelle,  4°  une  fleur  mâle,  5°  une  inflorescence  mâle.  C'est  une 
grappe  de  grappes,  autrement  dit  une  grappe  composée,  et  parfois  les 
deux  au  trois  grappes  secondaires  inférieures  se  rattachent  à  l'axe  géné- 
ral de  l'inflorescence  presque  au  niveau  de  son  point  d'insertion  et,  de 
temps  en  temps,  à  ce  niveau  même.  D'autres  fois,  la  fleur  mâle  solitaire 
est  remplacée  par  une  inflorescence  mâle,  ou  bien  par  une  fleur  femelle 
et,  par  suite,  on  trouve  dans  ce  cas  deux  fleurs  femelles  côte  à  côte,  à 
l'aisselle  de  la  feuille  axillante.  Quoi  qu'il  en  soit,  ces  organes  divers  ont 
entre  eux  des  relations  telles  à  leur  début  qu'en  réalité,  l'organi- 
sation d'un  Cyclanthera  ne  diffère  pas  fondamentalement  de  celle  d'un 
Cucurbita,  à  ce  point  de  vue  spécial.  Toutes  ces  formations  axillaires 
débutent  par  un  mamelon  unique  c  (fig.  12  et  13,  pi.  X),  qui  se  renfle 
d'abord  latéralement  pour  produire  la  vrille  m  (fig.  12  à  16,  pi.  X), 
puis  à  l'opposé,  en  a  (fig.  14  et  15,  pi.  X),  pour  donner  naissance  à  un 
mamelon  duquel  dériveront  la  fleur  femelle,  la  fleur  mâle  et  l'inflores- 
cence mâle.  Donc,  au  début,  les  faits  sont  les  mêmes  que  dans  le  Cucur- 
bita. Un  mamelon  d'abord  ;  puis  deux,  puis  trois  ;  le  sommet  végétatif  du 
premier  devant  se  transformer  en  un  bourgeon  feuille,  tandis  que,  des 
deux  autres,  l'inférieur  représente  la  vrille  et  le  supérieur  l'ensemble  des 
organes  floraux.  Tous  les  phénomènes  de  complication  ultérieure  s'effec- 
tuent par  différenciation  de  ce  mamelon  supérieur  a.  Il  se  renfle  d'abord 
en  e  (fig.  16,  pi.  X),  et  c'est  là  l'origine  de  la  fleur  femelle;  puis  en  d, 


608  BOTANIQUE 

qui  représente  la  ileur  mâle,  e  et  d,  sont  donc  les  deux  premières  fleurs 
issues  de  l'inflorescence.  Sous  le  sommet  végétatif  de  cette  dernière,  on 
voit  se  former  graduellement,  et  dans  l'ordre  spiral,  les  grappes  simples 
des  fleurs  mâles  dont  nous  avons  parlé  (fig.  18,  19,  20,  21,  22,  pi.  X,  a). 
De  cette  description  il  résulte  que  le  support  commun  de  tous  les 
organes,  vrille,  fleurs  et  inflorescence,  c'est  ici,  comme  dans  toutes  les 
Cucurbitacées  précédemment  étudiées,  le  bourgeon  à  feuilles.  La  vrille 
s'insère  au  nœud  le  plus  inférieur  de  ce  bourgeon ,  comme  dans  les 
Cucurbita,  Bryonia,  Thladiantha,  etc.;  quant  au  mamelon  floral,  sa 
base  répond  au  deuxième  nœud  du  même  bourgeon.  L'inflorescence  est 
composée  :  sa  première  fleur  est  femelle  et  ne  manque  jamais.  La 
seconde  est  mâle  en  général  et  quelquefois  femelle,  ou  bien  encore  rem- 
placée par  une  grappe  mâle  simple.  Les  grappes  simples  qui  suivent  sont 
toujours  mâles.  L'interprétation  de  31.  Warming  diffère  essentiellement 
de  la  nôtre  en  ce  que  ce  botaniste  admet  dans  le  Cyclanthera  (comme 
d'ailleurs  dans  toutes  les  Cucurbitacées  dont  la  vrille  est  ramifiée)  l'indé- 
pendance absolue  de  la  vrille,  qui  devient  pour  lui  un  «véritable  épiblas- 
tème  extra-axillaire  »,  opinion  qui  ne  nous  paraît  acceptable  à  aucun 
degré.  Que  l'on  examine,  pour  se  rendre  un  compte  exact  du  dévelop- 
pement des  organes  axillaires  du  Cyclanthera,  nos  figures  1  bis  et  12  à 
22  de  la  pi.  X.  Dans  toutes,  sauf  dans  la  figure  1  bis,  c  est  le  bourgeon 
axillaire,  m  le  sommet  végétatif  de  la  vrille,  a  celui  de  l'inflorescence, 
e  la  fleur  femelle  insérée  sur  la  base  de  cette  inflorescence,  d  la  fleur 
mâle  solitaire.  Mais  les  faits  sont  peut-être  plus  nets  encore  dans  la 
fig.  1  bis.  Dans  cette  figure,  qui  représente  trois  jeunes  feuilles  avec 
leurs  formations  axillaires,  le  sommet  végétatif  a  été  enlevé,  m  est  le 
début  delà  vrille  sur  le  mamelon  a;  m'  représente  une  vrille  un  peu 
plus  âgée,  issue  du  mamelon  a'.  De  l'autre  côté  de  ce  dernier  s'est  formé 
un  troisième  mamelon  qui  est  l'origine  de  l'inflorescence.  Enfin,  à  l'ais- 
selle de  la  feuille  supérieure,  les  trois  organes  axillaires  primitifs,  la 
vrille  m",  le  bourgeon  feuille  a"  et  l'inflorescence  sont  très-nettement 
différenciés.  Nulle  part,  pas  plus  ailleurs  qu'ici,  nous  n'avons  vu  la  vrille 
naître  autrement. 

En  résumé,  dans  les  Cucurbitacées,  les  diverses  formations  axillaires 
ne  sont  pas  des  productions  séparées  ;  elles  se  relient  les  unes  aux 
autres.  Leurs  rapports  sont  les  mêmes,  dans  toutes  les  plantes  de  cette 
famille,  et  jamais  ces  organes  ne  sont  disposés  en  cymes,  comme  le  pen- 
sait M.  Guillard.  Il  n'y  a  jamais  trace  de  partitions,  comme  le  croyait 
M.  Warming.  A  l'aisselle  de  chaque  feuille  il  n'existe,  en  réalité,  qu'un 
bourgeon  axillaire,  toujours  feuille.  Les  entre-nœuds  inférieurs  de  ce 
bourgeon  sont  extrêmement  courts,  et  les  ramifications  qui  s'insèrent 
sur  lui  sont  d'habitude  des  organes  spéciaux.  Au  nœud  le  plus  inférieur, 


H.    BAILLON.    PHÉFACE     DU    DlCTlONiNAME    DE    BOTANIQUE  609 

c'est  une  vrille  (sauf  dans  YEcbalium,où  elle  fait  défaut)  ;  au  second  nœud, 
c'est  une  fleur  ou  une  inflorescence,  réduite  à  une  fleur  souvent  (Cucur- 
bita),  mais  très -complexe  parfois  (Cyclanthera).  Le  troisième  nœud  du 
bourgeon  axillaire  est  toujours  normal,  c'est-à-dire  qu'il  porte  une 
feuille  ordinaire  à  l'aisselle  de  laquelle  commencent  à  apparaître  les 
formations  décrites  plus  haut,  rameau  feuille,  vrille,  (leur,  etc. 


M.   H.   BAILLON 

Professeur  .i  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris. 


PRÉFACE    DU    DICTIONNAIRE    DE    BOTANIQUE    (1) 


—   Séance  du  30   août    IS77   — 


H)  Cette   préface,   qui    se   trouve   en  tête    du    Dictionnaire  de  Botanique  publié  par  la  maison 
Hachette,  a  été  reproduite  dans  la  Revue  scientifique  (octobre  1877)  et  dans  l'Adcmsonia. 


39 


610  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 


10'  Section. 
ZOOLOGIE   ET   ZOOTECHNIE 


Président M.  JOUSSET  DE  BELLESMES,  Professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de 

Nantes. 
Vice-Président.  .  .   .    M.  SABATIER,  Professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Montpellier  (1). 
Secrétaire M.  J.  BARROIS,  Préparateur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Lille. 


M.  le  Dr  Louis  BTJEEAÏÏ 


SUR  LA  MUE  DU  BEC  ET  DES  ORNEMENTS  PALPEBRAUX 
DU  MACAREUX  ARCTIQUE,  FRATERCULA  ARCTICA  (LIN.)  STEPH.,  APRÈS  LA  SAISON 

DES  AMOURS. 


—  Se  au  ce  du  2i  août   1877.  — 

Les  métamorphoses  curieuses  que  subissent  le  bec  et  les  ornements 
palpébraux  du  Macareux  arctique,  Fratercula  arctica,  après  la  sai- 
son  des  amours  sont  restées  jusqu'ici  inconnues. 

En  les  exposant  brièvement  dans  cette  note,  je  me  propose  de  faire 
connaître  un  phénomène  qui  n'a  pas  encore  d'analogue  dans  la  classe 
des  oiseaux  et  qui  éclaire  d'un  jour  nouveau  le  genre  Fratercula. 

Mes  excursions  ornithologiques  m'ont  l'ait  connaître  deux  îles  de  la 
Bretagne,  l'une  dans  la  Manche,  l'autre  dans  l'Océan,  qui  ont  encore 
aujourd'hui  le  privilège  de  donner  asile,  pendant  la  ponte,  à  des  centaines 
de  Macareux  arctiques. 

Ces  deux  nombreuses  colonies,  postes  avancés  de  celles  qui  peuplent 
les  mers  du  Nord,  m'ont  fourni  des  matériaux  d'études. 

Au  printemps,  les  Macareux  se  réunissent  sur  ces  îles,  pour  se  livrer 
aux  soins  de  la  reproduction.  Tous  portent  alors  la  même  livrée  et  les 
mêmes  ornements. 

(1)  M.  Jousset  de  Bellesmes,  Président  de  la  Section,  élu  au  Congrès  de  Clermont-Fcrrand,  ayant 
été  empêché  d'assister  au  Congrès  du  Havre,  M.  Sabatier,  vice-président,  a  dirigé  les  travaux  de  la 
section. 


Dr    L.    BUREAU.    —    SUR    LA    MUE    DU    BEC   DU    MACAREUX   ARCTIQUE         611 

Ils  ont  les  joues  d'un  blanc  grisâtre,  le  bec  haut,  épais  au  niveau  des 
narines;  un  ourlet  à  la  base  de  la  mandibule  supérieure,  la  mandibule 
inférieure  régulièrement  arquée  ;  les  paupières  d'un  rouge  vermillon, 
ornées  de  deux  plaques  cornées;  une  large  rosace  d'un  jaune  vif  aux 
commissures  du  bec. 

Au  milieu  de  juillet  s'achève  l'éducation  des  jeunes,  et  dès  la  fin  de 
ce  mois  ou  les  premiers  jours  d'août,  les  macareux  gagnent  la  haute  mer. 
Cette  époque  passée,  on  ne  voit  plus  un  seul  oiseau  sur  ces  rochers  qui 
étaient  naguère  si  pleins  de  vie. 

La  mauvaise  saison  commence;  les  macareux  s'éloignent  des  côtes,  se 
dispersent  sur  la  mer,  et  dans  leur  histoire  survient  une  lacune  qui 
n'est  comblée  que  par  de  rares  captures. 

Mais  bientôt  les  vents  de  l'hiver  viennent  à  souiller  avec  violence,  et 
après  quelques  jours  de  ces  épouvantables  tourmentes  qui,  chaque  année, 
se  déchaînent  sur  nos  côtes,  les  vagues  apportent  sur  le  rivage  des  cen- 
taines de  macareux  morts  ou  mourant  d'inanition. 

Les  macareux  ainsi  jetés  en  hiver  sur  les  côtes  de  France  sont  d'une 
maigreur  squelettique,  et  revêtus  d'une  livrée  différente  de  celle  que 
portent  les  sujets  que  nous  tuons  pendant  la  reproduction. 

Ils  ont,  dans  la  région  orbitaire,  une  tache  plus  ou  moins  large  d'un 
brun  noirâtre,  ne  sont  ornés  ni  d'un  cercle  rouge,  ni  de  plaques  cornées 
aux  paupières,  ni  d'une  large  rosace  aux  commissures  du  bec,  et, 
chose  plus  curieuse  encore,  leur  bec  est  différemment  constitué  :  il  n'a 
ni  la  même  taille,  ni  la  même  forme,  ni  la  même  coloration  et  les 
pièces  qui  le  composent  ne  sont  plus  les  mêmes.  Il  est  petit,  tronqué  au 
front  et  surtout  à  la  mandibule  inférieure,  dépourvu  d'ourlet  à  la  base 
et  aplati  latéralement  au  niveau  des  narines,  où  une  peau  molle  et  gri- 
sâtre remplace  une  cuirasse  solide,  cornée  et  d'un  beau  bleu  de  plomb. 

Les  auteurs  considèrent  les  Macareux  trouvés  en  cet  état  comme  de 
jeunes  individus  de  différents  âges  du  Mormon  arctica,  ou  comme  les 
adultes  d'une  espèce  qu'ils  érigent  sous  le  nom  de  Mormon  Grabœ  ({). 

Aucune  de  ces  interprétations  ne  saurait  être  admise. 

Les  dissidences  qui  régnent  entre  les  auteurs  tiennent  à  une  singu- 
lière métamorphose  du  jF.  artica  qu'il  m'a  été  donné  d'étudier  cette 
année  sur  les  côtes  de  Bretagne. 

Après  la  saison  des  amours,  à  la  fin  de  juillet  ou  dans  le  courant 
d'août,  au  moment  où  va  s'opérer  la  mue  d'automne,  les  plaques  pal- 
pébrales  se  détachent,  et  le  bec  de  ces  oiseaux  qui,  au  printemps,  forme 
un  étui  corné  solide,  homogène  se  démonte  et  tombe  en  neuf  pièces  sem- 
blables à  celles  d'une  armure. 

(1)  Bull,  de  la  Soc.  zool.  de  France,  ire  année,  1S76,  p.  4. 


612  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

Pour  bien  comprendre  les  différentes  phases  de  ce  travail  de  trans- 
formation, il  faut  d'abord  connaître  la  constitution  du  bec  et  des  orne- 
ments palpébraux  chez  l'adulte,  au  printemps  et  en  hiver. 

Le  tableau  suivant  contient  l'exposé  parallèle  des  deux  états  si  diffé- 
rents de  cet  oiseau. 

ÏABLEAU 

DES   TRANSFORMATIONS  QUE   SUBISSENT  LE   BEC,   LES  ORNEMENTS  PALPEBRAUX   ET   LE   PLUMAGE 
DU   MACAREUX   ARCTIQUE.  —  FRATERCULA  ARTICA,   ADULTE  APRES   LA    SAISON  DES  AMOURS 


Fig.  51.  —  Mâle  adulte  au  printemps 

ou  pendant  les  noces. 


.  —  Mâle  adulte  en  hiver 
ou  après  les  noces. 


BEC 


Bec  élevé  à  la  base;  —  mandibule  in- 
férieure régulièrement  arquée  de  la  base 
à  la  pointe  ;  —  ourlet  jaunâtre,  corné, 
très-saillant  à  la  base  de  la  mandibule 
supérieure  ;  —  région  nasale  renflée  et 
recouverte  d'une  cuirasse  cornée,  d'un 
beau  gris  de  fer  teinté  de  bleu,  corres- 
pondant à  une  pièce  semblable  de  la  man- 
dibule inférieure;  le  reste  du  bec  rouge 
vermillon,  marqué  de  trois  bourrelets  et 
de  trois  gouttières  obliques  et, formant  un 
angle  à  leur  point  de  rencontre  ;  —  le  1" 
bourrelet  formé  de  deux  bandes,  l'une 
postérieure  jaune  orangé,  l'autre  anté- 
rieure rouge. 


Partit! 
nininl 


Mandibule  supérieure. 

Ourlet  corné 

Cuirasse  nasale 

Lamelle  sous-nasale   .    .    . 

Scissure  prénasale  .... 

Lamelle  transparente  re- 
couvrant la  partie  posté- 
rieure du  1"  bourrelet. 


(b) 
(c) 

ld) 


Bec  étroit  à  la  base  ;  tronqué  au  front 
et  surtout  à  la  mandibule  inférieure  ;  — 
simple  ourlet  plat,  membraneux,  à  la  base 
de  îa  mandibule  supérieure;  —  région 
nasale  aplatie,  membraneuse,  brunâtre, 
correspondant  à  une  partie  semblable  de 
la  mandibule  inférieure  ;  —  le  reste  du 
bec  rouge,  marqué  de  trois  bourrelets  et 
de  trois  gouttières  obliques  et  formant 
un  angle  à  leur  point  de  rencontre  ;  le 
1er  bourrelet  ne  portant  pas  de  bande 
jaune  orangé. 


Mandibule  supertrurr. 

Ourlet  membraneux (a') 

Membrane  nasale (b') 

Gouttière  prénasale  ou    périodique  .  (d') 


H)  Bull,  de  la  Soc.  zool.  de  France,  i"  année,  1876,  p.  4. 


Dr  L.  BURE  AI'.  —  SIR  LA  MUE  DU  BEC  DU  MACAREUX  ARCTIQUE 

\  l«r    Bourrelet     ou     grand 
bourrelet 


Parties 

qui 

■e    m  .  t-ut 

pas 


lre  Gouttière  ou  grande 
gouttière 

2e  Bourrelet  ou  moyen 
bourrelet 

2°  Gouttière  ou  moyenne 
gouttière 

3e  Bourrelet  ou  petit  bour- 
relet (inconstant).   .   .   . 

3e  Gouttière  ou  petile  gout- 
tière (inconstante   .   .    . 

Pointe  du  bec 

Mandibule  inférieure. 

Parties   qui  \    Liséré  COmé 

moent     /  Cuirasse  mentonni<Te    .    . 


II' 


III 

(3) 
(h) 

(fl 
(g) 


1er  Bourrelet  ou  grand  bourrelet  (dé- 
pourvu de  lamelle  transparente)   . 


Pari: «s 

qui 
lit     muent 

pas 


Parties 

qui 

s'atrophient 


1er    Bourrelet    ou    grand 
bourrelet. 

1"  Gouttière  ou  grande  gout- 
tière. 

2e  Bourrelet  ou  moyen  bour- 
relet. 

2e  Gouttière  ou  moyenne  gout- 
tière. 

3e  Bourrelet  ou  petit  bourrelet 
(inconstant). 

3e  Gouttière  ou  petite  gouttière 
(inconstante). 

Pointe  du  bec. 

Large  rosace  festonnée  d'un 
jaune  orange  aux  commissu- 
res du  bec (i) 


613 

(i) 
(1) 
(il) 

(2) 

(III) 

(3) 

«1° (h') 

Mandibule  inférieure. 

Liséré  membraneux [(') 

Matrice  meutonnière (g') 


d° 


d° 


Étroite  rosace  d'un  jaune  pâle  aux   corn 
missures  du  bec (i') 


OBINEMENTS    DES  PAUPIÈBES 


Bord  libre  des  paupières  rouge 

vermillon (j) 

/  Deux  plaques  cornées  d'un  gris 
de  fer  situées  l'une  au-des- 
sus de  la  paupière  supé- 
rieure, l'autre  au-dessous  d 

l'inférieure. (k,  l) 

PLUMAGE 


Bord  libre  des  paupières   incolore.       (j) 
Pas  de  plaques  cornées  aux   paupières. 


Dessus  de  la  tête,  du  cou,  du  corps, 
sus-caudales,  ailes,  queue  et  un  large 
collier  qui  entoure  le  cou,  d'un  noir  pro- 
fond ;  bas  du  cou,  poitrine,  abdomen  et 
sous-caudales  d'un  blanc  pur  ;  toute  la 
face  d'un  gris  clair;  gorge  gris  plus  foncé. 

Iris  brun. 

Pattes  rouge  vermillon. 


La  livrée  d'hiver  ne  difTère  du  plumage 
de  printemps  que  par  la  face  d'un  gris 
foncé  et  une  tache  plus  ou  moins  large 
d'un  brun  noirâtre  dans  la  région  orbi- 
taire. 

Iris  brun. 
Pattes  orange. 


614  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

Après  avoir  décrit  la  conformation  du  bec  et  des  ornements  palpé- 
braux  du  Macareux  arctique  au  printemps  et  en  hiver,  il  me  reste 
à  dire  comment  s'accomplit  le  travail  de  métamorphose. 


Fig.  54. 


Les  pièces  cornées  qui  se  détachent  du  bec,  après  la  saison  des 
amours,  sont  au  nombre  de  neuf  que  je  nomme  :  Y  ourlet  corné,  la  cui- 
rasse nasale,  les  deux  lamelles  sous-nasales,  les  deux  lamelles  transpa- 
rentes du  1er  bourrelet,  les  deux  lisérés  cornés  et  la  cuirasse  mentonnière. 
L'ourlet  corné  (fig.  51  et  54  a)  embrasse  à  la  manière  d'une  fouche  la 
base  de  la  mandibule  supérieure.  Il  est  percé  en  arrière  de  trous  tra- 
versés par  de  petites  plumes  perforantes.  Après  sa  chute,  il  est  remplacé 
par  l'ourlet  membraneux  (fig.  52  a'),  sorte  de  lisière  sur  la  partie  posté- 
rieure de  laquelle  se  développent  les  plumes  perforantes. 

La  cuirasse  nasale  (fig.  51  et  54,  b)  s'élève  en  avant  de  l'ourlet  corné 
a,  comme  ce  dernier,  la  forme  d'une  fourche  embrassant  la  base  du 
bec.  Elle  se  compose  de  deux  larges  lames  triangulaires,  d'une  belle 
couleur  bleu  de  plomb,  réunies  par  leur  sommet.  Sa  chute  produit  le 
coup  de  hache  que  l'on  remarque  sur  le  front  de  l'adulte  en  hiver,  fait 
perdre  au  bec  sa  consistance,  son  épaisseur  et  met  à  découvert  la 
membrane  nasale  (fig.  52,  b'.) 

Les  lamelles  sous-nasales  (fig.  51  et  54  c.)  au  nombre  de  deux,  sont  le 
complément  de  la  cuirasse  nasale. 

Les  lamelles  transparentes  (fig.  51  et  54  e),  pellicules  cornées  d'un 
beau  jaune  orange,  recouvrent  la  moitié  postérieure  du  premier  ou  grand 
bourrelet.  Elles  se  détachent  par  exfoliation  après  la  saison  des  noces. 

Mais  la  modification  la  plus  étrange,  est  celle  qui  se  produit  dans  la 
hauteur  et  la  forme  de  la  mandibule  inférieure.  Pour  la  bien  saisir,  il 
suffit  d'examiner  comparativement  les  figures  51  et  52  qui  représentent 
l'adulte  au  printemps  et  en  hiver. 

Chez  l'adulte  au  printemps,  la  base  de  la  mandibule  inférieure  est 
élevée  et  son  bord  inférieur  décrit  une  courbe  régulière. 


H.-E.    SAUVAGE.    —    SUR    LA    FAUNE    ICHTHYOLOGIQUE    DE    L'ASIE  615 

Chez  l'adulte  en  hiver,  au  contraire,  la  base  de  la  mandibule  infé- 
rieure est  étroite  et  son  bord  inférieur  formé  de  deux  lignes  droites  qui 
se  rencontrent  à  angle.  II  semble  que  la  mandibule  ait  reçu  un  coup  de 

hache. 

Voici  comment  agit  la  nature  pour  obtenir  ce  résultat. 

La  cuirasse  mentonnière  (fig.  'il  et  54  g.)  se  détache  en  une  seule  pièce 
composée  de  deux:  lames  réunies  parleur  bord  intérieur. 

La  chute  de  cette  vaste  pièce  met  à  découvert  un  triangle  membra- 
neux, de  couleur  jaunâtre,  le  triangle  atrophique  (fig.  53,  t.)  qui,  peu  à 
peu  se  rétracte,  s'atrophie  et  se  loge  dans  la  rainure  formée  par  le  léger 
écartement  des  deux  branches  de  la  mandibule  inférieure. 

Quant  aux  ornements  palpébraux,  les  choses  se  passent  plus  simple- 
ment. 

Le  bord  libre  des  paupières,  épais  et  d'un  rouge  vermillon,  s'atrophie 
et  devient  incolore. 

Les  plaques  cornées  se  détachent  et  laissent,  après  leur  chute,  un 
derme  dénudé  qui  s'atrophie  et  disparaît  très-rapidement. 

Telles  sont,  aussi  brièvement  que  possible,  les  transformations  que 
subissent  le  bec  et  les  ornements  palpébraux  du  macareux  arctique  après 
la  saison  des  amours . 

Nota.—  Pour  plus  de  détails  sur  la  mue  du  bec  dans  les  genres  Fratercula, 
Lunda,  ceratorhyncha  et  Simorhynchus,  voyez:  Bulletin  de  la  Société  zoologique 
de  France,  1877  et  1878. 


M.   H.-E.   SAUVAGE 

Aide-Naturaliste  au  Muséum. 


CONSIDÉRATIONS  SUR  LA  FAUNE  ICHTHYOLOGIQUE  DES  EAUX  DOUCES 
DE  L'ASIE    ET  EN  PARTICULIER  DE  L'INDO-CHINE. 


—  Séance  du  24  août  1877. 


Lorsque  Ton  jette  un  coup  d'œil  d'ensemble  sur  la  faune  ichthyologique 
des  eaux  douces  de  l'Asie  (pi.  XI),  l'on  ne  tarde  pas  à  reconnaître  quatre 
grandes  provinces  dans  cette  région  ;  caractérisées  chacune  par  un  certain 
nombre  de  genres,  ces  provinces,  bien  que  distinctes,  se  confondent  sur 


616  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

leurs  frontières   respectives   avec  les    provinces  environnantes,    comme 
toutes  les  provinces  zoologiques  d'ailleurs. 

Dans  la  province  Nord,  ou  Sibérienne,  nous  notons  la  prédominance 
de  types  européens,  la  perche,  la  carpe,  la  lotte,  le  goujon,  la  bouvière, 
la  tanche  et  d'autres  espèces  encore;  la  carpe  et  le  Misgurnus  anguil- 
licaudatus  sont  communs  à  cette  province  et  au  nord  de  la  Chine. 
Dans  la  province  Est,  les  Siniperca  (S.  Chuatsi,  Chuantsi,  Mat  sali),  repré- 
sentent la  perche  d'Europe  ;  les  Gobio  imberbis,  argentatus,  nigripinnis, 
nitens,  le  goujon  d'Europe;  le  Pseudophoxinus  oxycephalus,  notre  vairon: 
le  Bhodeus  sinensis,  notre  bouvière;  les  Cobitis  japonica  et  Cobitis  sinensis, 
nos  loches;  VAnguilla  japonica,  notre  anguille  commune.  Mais  à  côté 
de  ces  types  européens,  nous  en  trouvons  d'autres  caractéristiques  de  la 
province  est;  tels  sont  les  Saurogobio,  Rhinogobio,  Acanthorhodeus , 
Pseudobrama ,  Barilius ,  Opsariichthys ,  Hypophthalmus ,  Parabramis, 
Hemiculter,  Culter,  Elopichthis,  Chanodichthys,  Paracanthobrama.  Xeno- 
cypris,  Oreonectes,  Ctenopharyngodon,  pour  ne  citer  que  les  plus  carac- 
téristiques d'entre  eux. 

La  présence  des  Mastacembelidœ  (M.  sinensis,  macula  tus),  des  Laby- 
rinthici  (Anabas  oligolepis,  Macropodus  viridiauratus),  des  Ophicephalida? 
(0.  argus,  nigricans,  grandinosus,  etc.);  des  Eleotris  (E.  potamophila, 
obscurus,  Swinhonis ,  butis,  etc.);  des  Hemibagrus  [H.  macropterus, 
taphrophilus)  ;  des  Leiocassis  (L.  crassilabris);  des  Puntius  du  groupe 
des  Barbodes  (B.  deauratus,  sinensis);  et  des  Capoeta  (C.  Guntheri); 
rapproche  cette  province  de  la  province  sud  ou  asiatique  proprement 
dite. 

Les  genres  Pseudogobio,  Pseudorasbora,  Achilognathus,  Opsariichthys 
Misguî-nus  sont  d'ailleurs  communs  entre  la  Chine  et  le  Japon;  le  Japon 
se  rattache,  du  reste,  par  la  faune  ichthyologique  de  ses  eaux  douces, 
à  la  province  chinoise. 

L'on  a  déjà  signalé  dans  les  eaux  de  cette  dernière  province  des 
coquilles  du  groupe  des  Unios  qui  n'ont  d'analogie  qu'avec  celles  des 
eaux  douces  de  l'Amérique  du  Nord;  nous  notons  aussi  dans  le  nord 
de  la  Chine  la  présence  du  genre  Sclerognathus  (S.  asiaticus),  du  groupe 
des  Catostomina,  dont  toutes  les  autres  espèces  sont  américaines. 

La  province  ouest  présente  à  la  fois,  comme  on  devait  s'y  attendre, 
des  affinités  avec  l'Europe,  l'est  de  l'Afrique  et  la  province  asiatique 
proprement  dite.  Cette  province  ouest,  qui  comprend  l'Asie  Mineure,  la 
Perse,  la  Mésopotamie  a,  en  commun  avec  l'Afrique  le  genre  Chromis, 
dont  le  groupe  est  d'Afrique  et  de  l'Amérique  tropicale;  parmi  les 
Cyprins  nous  notons  le  genre  Barbus,  répandu  en  Europe  et  en  Asie 
Mineure,  quoique  le  centre  de  création  du  genre  semble  être  des  parties 
chaudes  de  l'Afrique.  Les  Leuciscus,  Aspius  et  Albumus  sont  communs 


H.-E.    SAUVAGE.    —    SLR    LA    FAUNE    ICHTHYOLOGIQUE    DE    L'ASIE  617 

à  l'Europe  et  à  la  province  dont  nous  indiquons  la  faune  ;  ces  derniers 
genres  Alburnus  et  Aspius  sont  toutefois  plutôt  de  la  partie  ouest  de 
l'Asie  que  de  l'Europe;  en  commun  avec  la  province  sud,  la  province 
ouest  possède  les  genres  Tylognathus  (T.  nanus),  Discognathus  (D.  va- 
riabilis)  et  Nemaehilus,  dont  nous  avons  déjà  signalé  la  présence  en 
Chine  et  au  Japon  ;  dans  la  même  famille  des  Cyprinides,  les  genres 
Capœta,  Cyprinion,  Âcanthobrama  sont  spéciaux  à  la  province;  les  Silures 
y  sont  représentés  par  le  genre  Euclytosternon,  du  groupe  des  Bagarina, 
genre  qui  se  retrouve  dans  la  province  asiatique,  et  par  le  genre 
Clarias  répandu  en  Afrique,  dans  l'Inde  et  en  Chine.  La  province  ouest 
se  caractérise,  en  résumé,  par  l'absence  des  Ophicephalidœ  et  des 
Labyrinthici . 

Quant  à  ce  qui  est  de  la  province  sud,  on  pourrait  la  nommer 
province  asiatique  par  excellence.  Nous  y  trouvons,  il  est  vrai,  des  Lahy- 
rinthici et  des  Ophicephalidœ  dont  nous  avons  déjà  constaté  la  présence 
dans  la  province  est,  mais  ces  deux  familles  y  sont  à  leur  maximum  de 
développement  et  y  présentent  un  certain  nombre  de  genres  spéciaux. 
Parmi  les  Siluroïdes,  dans  le  groupe  des  Heteropterœ,  sur  vingt  et  un 
genres,  dix-sept  ne  se  trouvent  que  dans  cette  province;  dans  le  groupe 
des  Proteropterœ,  sur  dix-huit  genres,  douze  sont  signalés  dans  l'Inde 
et  dans  les  îles  qui  géographiquement  en  dépendent.  Quant  aux  Cyprins, 
les  types  spéciaux  à  cette  région  sont  nombreux  :  les  citer  tous  serait 
trop  long;  contentons-nous  d'inscrire  les  genres  DangiUi,  Osteochilus, 
Crossochilus,  Epalzeorhynchus,  Cyclocheilichthys,  Thynnichthys,  Amblyr- 
rhynchichthys,  Schizothorax,  Rohteichthys,  Luciosoma,  Nuria,  Danio, 
Pteropsarion,  Bola,  Barbichthys,  Osteobrama,  Smiligaster,  Eustira,  Chela, 
Homaloptera ,  Lepidocephalichthys,  Acanthopsis,  Lepidocephahis,  Acantho- 
phthalmus. 

Cette  province  sud  se  divise  en  deux  sous-provinces  géographiquement 
distinctes,  la  péninsule  cisgangétique  et  la  péninsule  transgangétique; 
les  îles  de  l'archipel  malais,  Java,  Sumatra,  Bornéo,  Amboine,  îles 
situées  en  deçà  de  la  ligne  de  partage  de  Wallace,  appartiennent  à  cette 
province.  La  faune  des  eaux  douces  de  l'Inde  est  bien  connue  depuis 
l'époque  à  laquelle  écrivait  Hamilton  Buehanam;  grâce  aux  travaux  de 
M.  Bleeker,  la  faune  de  l'archipel  Indien  est  une  des  mieux  décrites; 
les  poissons  des  eaux  douces  de  l'Indo-Chine  n'étaient  toutefois  repré- 
sentés que  par  quelques  espèces  rapportées  au  British  Muséum  par 
Henry  Mouhot  ou  au  Muséum  de  Paris  par  M.  Bocourt,  lorsque,  grâce 
au  zèle  de  MM.  J.  Jullien  et  Harmand,  le  Muséum  de  Paris  reçut  une 
nombreuse  suite  de  poissons  des  eaux  douces  de  la  Cochinchine  et  des 
Laos  siamois  et  cambodgien.  Les  collections  adressées  par  les  deux 
voyageurs    que    nous    venons    de    citer,     comparées  aux    espèces    de 


618  ZOOLOGIE   ET   ZOOTECHNIE 

la  même  région  déjà  indiquées  par  les  auteurs,  nous  ont  permis  d'établir 
la  liste  des  espèces  trouvées  dans  l'Indo-Chine,  espèces  au  nombre  de 
cent-seize  réparties  entre,  les  familles  des  Labyrinthici  (huit  espèces), 
des  Ophicephalidœ  (quatre  espèces),  des  Mastacembelidœ  (trois  espèces), 
des  Nandidœ  (une  espèce),  des  Siluridœ  (trente-huit  espèces),  des 
Cyprinidœ  (soixante  et  une  espèces),  et  des  Apodes  (une  espèce). 

Lorsque  l'on  étudie  ces  espèces  et,  qu'en  même  temps,  l'on  a  en 
mémoire  la  liste  des  poissons  des  eaux  douces  de  la  péninsule  indienne, 
l'on  voit  que  peu  d'espèces  sont  communes  aux  deux  péninsules.  Dans 
la  famille  des  Siluroïdes,  par  exemple,  sur  trente-huit  espèces,  nous 
n'en  notons  que  six  se  retrouvant  à  la  fois  dans  l'Inde  et  dans  l'Indo- 
Chine.  Dans  la  famille  des  Cyprinidae,  sur  soixante  et  une  espèces,  sept 
seulement  sont  communes  à  l'Inde  et  à  l'Indo-Chine.  Les  Ophicsephalidae 
et  les  Labyrinthici  ont  plus  large  distribution  géographique  ;  sur  douze 
espèces  nous  en  pouvons  citer  huit  de  communes  aux  deux  régions. 

Toutes  les  affinités  de  la  faune  ichthyologique  des  eaux  douces  de 
l'Indo-Chine  sont,  par  contre,  avec  les  îles  de  l'archipel  Malais  situées 
en  deçà  de  la  ligne  de  Wallace,  avec  Bornéo,  Sumatra,  Java  ;  c'est  non- 
seulement  une  affinité  qui  existe  entre  les  deux  faunes  ichthyologiques, 
mais  une  similitude  complète  ;  les  espèces  de  Cyprins  et  de  Siluroïdes 
sont  identiquement  les  mêmes  dans  l'Indo-Chine  et  dans  les  trois  îles 
que  nous  venons  de  citer.  Nous  devons  en  conclure  qu'à  une  époque 
géologique  récente,  Java,  Bornéo  et  Sumatra  communiquaient  et  entre 
eux  et  avec  la  péninsule  de  l'Indo-Chine.  Grâce  à  cette  communication 
par  terre  un  certain  nombre  d'espèces  ont  pu  se  disperser,  tandis  que 
d'autres  sont  restées  cantonnées  dans  leurs  domaines  primitifs,  tout  en 
variant  et  en  donnant  naissance  à  des  espèces  ou  plutôt  à  des  races  locales. 
Cette  similitude  entre  la  faune  ichthyologique  de  l'Indo-Chine  et  les 
îles  malaises,  opposée  aux  différences  que  l'on  note  avec  la  faune  de 
l'Inde,  fait  que,  dans  la  province  indienne,  l'on  doit  distinguer  deux 
districts  ichthyologiques,  le  district  indien  et  le  district  indo-malais. 

Sur  les  trente-huit  espèces  de  Siluroïdes  connues  de  l'Indo-Chine, 
trois  espèces  sont  nouvelles  et  sont  particulières  à  la  région,  huit  se 
retrouvent  à  Bornéo,  six  à  Sumatra,  quatre  à  Java,  trois  à  Banka;  une 
espèce  vit  à  la  fois  dans  l'Indo-Chine,  à  Java  et  à  Bornéo;  deux  se  retrouvent 
en  Cochinchine,  à  Sumatra,  à  Bornéo  ;  deux  à  Sumatra,  à  Bornéo  et  à 
Java. 

Sur  soixante  et  une  espèces  de  Cyprins,  nous  n'en  notons  que  dix-neuf 
particulières  à  l'Indo-Chine,  et  encore  sur  ce  nombre  quatorze  espèces  sont 
nouvelles  pour  la  science  ;  dix  espèces  sont  signalées  à  Bornéo,  Sumatra, 
Java;  sept  à  Bornéo,  Sumatra;  cinq  à  Sumatra  et  à  Java  ;  trois  à  Sumatra 
seulement;  deux  à  Java  seulement;  une  à  Bornéo;  une  espèce  est  com- 


H.-E.    SAUVAGE.    —    SLR    LA    FAUNE    ICHTHYOLOGIQUE    DE   L'ASIE  619 

mune  à  Java  et  à   l'Inde,  six  espèces  sont  signalées  dans  la  faune  de 
l'Inde. 

L'on  voit,  dès  lors,  que  les  rapports  les  plus  intimes  entre  l'Indo- 
Chine  et  les  régions  voisines,  sont  en  première  ligne  avec  Bornéo,  puis 
avec  Sumatra,  et  enfin  avec  Java. 

Les  conclusions  auxquelles  nous  sommes  arrivé  relativement  aux 
analogies  qne  présentent  les  îles  de  l'archipel  Indien  avec  l'Indo-Chine 
ressortiront,  sans  doute,  de  la  liste  suivante  des  espèces: 

LABYRINTHICI. 

Anabas  scandens  Dald.,  —  Osphronemus  olfax  Connu., —  Trichopus  tricho- 
pterus  Pall.;  T.  siamcnsis  Gthr.;  T.  microlepis  Gthr.;  T.  parvipinnis  Sauvg.; 
T.  striatus  C.V.  —  Betta  pugnax  Cant. 

OPHICEPHALID/E. 

Ophicephalus  striatus  Bl.  ;  0.  siamensis  Gthr.;  0.  micropeltes  C.  V., 
0.  lucius  C.V..,  0.   melanosma  Blkr.  ;  0.  Steuensi,  Blkr. 

M\STACEMBELID.K 

Mastacembelus  argus  Gthr.;  M.  crythrotœnia  Blkr.  —  Rhynchobdella  acu- 
leata  Bl. 


NANDID.i:. 


Catopra  fasciata  Blkr. 


SILURID.E. 

Clarias  macrocephalus  Gthr.;  C.  leiacanthus  Blkr. —  Plotosus  canius  H.B. — 
Saccobranchus  fossilis  Bl.  — Silurus  Cochinchinensis  C.V.  —  Wallago  attu  Bl . — 
Bclodontichthijs  macrochir  Blkr.  —  Micronema  Bleekeri  Boc.  —  Macrones  11e- 
murus  C.V.  —  Callichrous  hypophthalmus  Blkr.;  C.  bimaculatus  C.V.  — 
Pangasius  Larnandi  Boc;  P.  macronema  Blkr.;  P.  pleurotœnia  Sauvg  ; 
P.  Djombal  Blkr.  — Pseudopangasius  pohjuranodon  Blkr.;  P.  nasutus,  Blkr. — 
Helicophagus  Wandersil  Blkr.;  H.  hypophthalmus  Sauvg.  —  Hypselobagrus 
nigriceps  C.V.;  H.  micracanthus  Blkr.;  i/.  Wolffi  Blkr.  —  Bagroides  ma- 
cropterus  Blkr.  —  Hemibagrus  nemurus  C.V.  —  Hetcrobagrus  Bocourti  Blkr. 
—  Pseudobagrus  brachysoma  Gthr.  —  Leiocassis  pœcilopterus  C.V.  —  Arius 
truncatus  C.V.;  A.  macracanthus  Gthr.;  A.  cochinchinensis  Gthr.;  A.  Cœla- 
tus  C.V.  —  Hemiarius  Stormii  Blkr.  —  Hemipimelodus  borneensis  Blkr.; 
H.  macrocephalus  BJkr.;  H.  siamensis  Sauvg.  — Bagarius  Yarrellii  Sykes. — 
Pseudobagrichthys  macropterus  Blkr .  —  Ketengus  typus  Blkr . 

CYPRINID^E. 

Catla  Buchamani  C.V.—  Carassius  auratusL.  — Osteochilus  Hasseltii  C.V. — 
Labeo  aurovittatus  Sauvg. —  Cosmochilus  Harmandi  Sauvg.—  Barbichthys  ni- 
tidus    Sauvg.  —  Puntius  lœneis  Gthr.;    P.  altus  Gthr.;   P.  rubripinnis  C.V.; 


620  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

P.  javanicus  Blkr.;  P.  gonionotus  Jîlkr . ;  P.  erythroplerus  Blkr.;  P.  bulu  Blkr.; 
P.  leiacanthus  Blkr.;  P. proctozysron  Blkr. —  Cyclocheilichltys  Dnmerilii  Blkr.; 
G.  apogonoides  Blkr.;  C.  siaja  Blkr.;  6'.  macracanthus  Blkr.;  C.  arma- 
tus  C.V.  —  Dangila  lineata  Sauve;.;  D.  Curieri  C.V.;  D.  leptochila  C.V.  — 
Rohita  brachynotus  Blkr.;  R.  barbatula  Sauvg.;  7?.  pec.toralis  Sauve;.; 
R.  sima  Sauvg.  —  Cirrhina  microlepis  Sauvg.;  C.  aurata  Sauvg.;  C.  Jul- 
licni  Sauvg.  —  Macrocirichthys  uranoscopus  Blkr.  —  Morulius  chrysospheka- 
dion  Blkr.;  M.  dinema  Blkr.  —  Osteochilus  melanopleurus  Blkr.;  0.  Schlc- 
gelii  Blkr;  0.  borneeneis  Blkr.;  0.  Hasseltii  C.V.;  0.  brachynopterus  Blkr. — 
Crossochilus  reba  H.B.;  C.  Langii  Blkr. —  Hampala  macrolcpidotciK.U.' — 
Balantiocheilos  melanopterus  Blkr. —  Thynnichthys  thynnoides  Blkr. —  Ambhj- 
rhynchichthys  truncatus  Blkr.  — Leptobarbus  Hoeveni  Blkr. —  Rasbo7*a  Eintho- 
veni  Blkr.;  R.  Dusoniensis  Blkr.;  R.  Daniconius  H.B.  —  Morara  siamensis 
Blkr. —  Luciosoma  spilopleura  Blkr. —  Chela  siamensis  Gthr. —  Pseudolaubuca 
lateralis  Sauvg. —  Homaloptera  lineata  C.V.  —  Nemachilus  spilopterus  C.V .  — 
Botia  modesta  Blkr.;  B.  hymenophysa  Blkr.;  H.  helodes  Sauvg.;  B.  rubri- 
pinnis  Sauvg.  —  Acanthopthalmus  Kuhlii  C.V.  —  Acanthopsis  chrysorhynchus 
Blkr.  —  Misyurnus  laœnsis  Sauvg. 

APODES. 

Monopterus  javanicus  Lacép . 


M.  G.  POUCHET 

Maître  de  Conférences  à  l'Kcole  normale  supérieure. 


SUR  LES  CONSÉQUENCES  DE  L'ABLATION  D'UN  ŒIL  CHEZ  LES  POISSONS. 


(EXTRAIT   DU   PROCKS-VKRBAL 


—  Séance  du  24  août  1877.  — 

M.  Pouchet  expose  le  résultat  de  ses  recherches  nouvelles  Sur  les  conséquen- 
ces de  V ablation  d^un  œil  chez  les  poissons. 

Des  expériences  faites  autrefois  par  M.  Pouchet  il  résulte  qu'il  y  a  une 
action  réflexe  indépendante  de  la  volonté  et  de  la  révolution  diurne  allant  par 
l'intermédiaire  du  grand  sympathique  de  la  rétine  aux  cellules  pigmentaires 
du  tégument.  Ce  réflexe  préside  à  l'état  de  plus  ou  moins  grande  contraction 
des  chromoblastes. 

M.  Pouchet  a  récemment  essayé  de  produire  une  hémiplégie  des  chromoblas- 
tes en  enlevant  l'œil  d'un  côté.  Chez  beaucoup  de  poissons  (Cottes,  Blennies, 
Mulets,    Tanches,   jeunes  Anguilles,   Cobitis  fossilis,    etc.),    les    expériences 


(,.    POUCHET.    —    1>K    L'ABLATION    D'UN    OfclL    CHEZ    LES    POISSONS  621 

réussissent  mal;  chez  certains  autres  et  en  particulier  chez  la  truite,  elles  ont 
un  plein  succès. 

L'expérience,  laite  d'abord  par  M.  Chantran,  sur  les  indications  de  M.  Pou- 
chet,  et  répétée  depuis  par  ce  dernier,  montre  que  la  truite  éborgnée  devient 
noire  d'un  côté,  blanche  de  l'autre. 

M.  Pouchet  a  l'ait  de  curieuses  observations  sur  les  changements  de  position 
qui  accompagnent  cette  hémiplégie  :  la  truite  éborgnée  adopte  toujours  une 
positioo  oblique  telle  que  l'œil  subsistant  soit  dirigé  vers  le  bas.  Des  faits 
analogues  s'observent  chez  le  Palœmon  privé  d'un  œil. 

M.  Pouchet  termine  en  disant  quelques  mots  des  conséquences  physiologi- 
ques auxquelles  pourraient  conduire  ses  observations  céphaliques  du  grand 
sympathique. 

DISCUSSION. 

M.  Giakd,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Lille,  présente,  au  sujet 
du  mémoire  de  M.  Pouchet,  quelques  observations  sur  les  causes  qui  amènent 
l'asymétrie  à  l'état  adulte  chez  beaucoup  d'animaux  symétriques  dans  le  jeune 
âge  (poissons  pleuronectes ,  Ascidies  pleurostatiques,  Pléropodes  et  Gastéro- 
podes). 

M.  Giard  croit  que  le  point  de  départ  de  l'asymétrie  réside  d'abord  dans 
l'inégalité  des  organes  des  sens  (yeux  ou  otocystes)  ou  dans  l'asymétrie  de  ces 
organes  (ascidies)  Mais  pour  que  cette  cause  puisse  agir,  il  faut  que  le  jeune 
animal  soit  transparent  et  que  les  organes  des  sens  demeurent  sessiles.  Les 
yeux  pédoncules  des  crustacés,  par  exemple,  peuvent  par  leurs  mouvements 
remédier  à  l'inégalité  de  puissance. 

M.  Giard  signale  aussi  de  nombreux  cas  de  coloration  de  la  face  inférieure 
des  poissons  pleuronectes  observés  cet  été  sur  les  côtes  de  la  Manche.  La  Sole, 
la  Plie,  le  Flet,  présentent  parfois  cette  particularité,  mais  elle  a  été  plus  fré- 
quente encore  chez  le  Turbot.  Beaucoup  d'exemplaires  de  cette  espèce,  arrivés 
sur  les  marchés  de  Lille,  Douai  et  Valenciennes,  présentaient  de  larges  mar- 
brures sur  la  face  inférieure  du  corps  ;  il  est  remarquable  que  les  anciens 
ichthyologistes  Daubenton,  Bonnaterre,  etc.)  indiquent  ces  marbures  comme 
ordinaires  chez  le  Turbot,  tandis  que  les  zoologistes  plus  récents  (Valenciennes, 
Yarrel)  décrivent  la  face  inférieure  comme  entièrement  blanche. 

M.  Pouchet  déclare  que,  parmi  les  milliers  de  Turbots  qu'il  a  eu  occasion  de 
voir  à  Concarneau,  aucun  ne  présentait  la  moindre  tache  sur  la  face  blanche. 


622  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 


M.  J.  BÀB.B.0IS 

Préparateur  à  l;i  Facilité  des  sciences  de  Lille. 


EMBRYOGÉNIE  DES  BRYOZOAIRES 

(extrait  du  procks-verbal.) 


—  Séance  du  24  août  1877.  — 

M.  J.  Barrois  donne  communication  d'un  extrait  de  son  mémoire  sur  l'em- 
bryogénie des  Bryozoaires,  qui  traite  incidemment  du  système  nerveux  colonial 
de  ces  animaux. 

Après  avoir  mentionné  l'étrange  particularité  découverte  par  lui  dans  la 
formation  de  la  loge  primitive  de  la  Pédicelline,  type  chez  lequel  la  masse 
interne  de  dégénérescence,  au  lieu  de  ne  produire  qu'un  polypide,  donne  de 
plus  naissance  à  une  masse  de  cellules  fusiformes  qui  semble  y  faire  suite. 
M.  Barrois  cherche  à  expliquer  la  signification  de  cette  étrange  partie  et  fait 
part  de  ses  observations  sur  le  bourgeonnement  de  YEucratea,  qui  semblent 
résoudre  la  question  d'une  manière  satisfaisante. 

Chez  YEucratea  chclata,  le  connus,  au  lieu  de  se  développer  par  allonge- 
ment d'un  feuillet  unique,  s'accroît  par  allongement  de  deux  feuillets  emboî- 
tés ;  l'externe  forme  comme  d'habitude  l'endoeysie  de  la  loge;  l'interne  se 
divise  en  deux  portions  distinctes  qui  rappellent  tout  à  fait  les  deux  masses 
internes  de  la  loge  primitive  de  la  Pédicelline  :  la  supérieure  donne  directe- 
ment naissance  au  polypide,  l'inférieure  subit  des  changements  plus  étendus  : 
ses  cellules  s'écartent,  deviennent  fusiformes,  et  forment  bientôt  une  masse 
identique  à  celle  de  la  Pédicelline;  puis  ces  cellules  fusiformes  s'assemblent 
en  traînée  et  donnent  ainsi  naissance  au  funicule  et  au  système  nerveux 
colonial. 

Ces  observations  conduisent  à  penser  que  l'endoderme  dans  une  loge  de 
Bryozoaire  ne  se  compose  pas  uniquement  du  polypide,  mais  de  plus  d'un 
petit  tube  épithélial  situé  derrière  lui,  et  que  nous  voyous  chez  la  Pédicelline 
naître  en  même  temps  de  la  masse  graisseuse;  ce  tube  peut  jouer  le  rôle 
d'un  feuillet  interne  s'accroissant  en  même  temps  que  l'endocyste  pour  former 
la  partie  endodermique  des  stolons;  chez  la  Pédicelline,  ses  cellules  deviennent 
simplement  fusiformes;  chez  YEucratea  elles  se  disposent  de  plus  en  traînées 
qui  forment  le  système  nerveux  colonial  et  le  funicule;  nous  voyonspar  là  que  le 
système  nerveux  colonial  et  le  funicule  ne  représentent  morphologiquement 
autre  chose  que  l'endoderme;  nous  voyons  aussi  par  ces  résultats  qu'un  connus 
de  Brvozoaire  ne  peut  plus  être  considéré  comme  un  assemblage  de  simples 
sacs  (Cystides)  produisant  seulement  plus  tard  par  bourgeonnement  interne  le 
polypide  (animal  de  seconde  génération);  mais  dans  chaque  élément  se  trouvent 
dès  le  début  représentées  ses  deux  grandes  parties  constitutives  (endoderme 
et  exoderme)  ;  par  exemple,  un  stolon  de  vésiculaire  ne  pourra  plus  être  con- 


H.    FOL.    —  PHÉNOMÈNES   DU  DÉVELOPPEMENT   DES    ÉCHINODERMES       623 

sidéré  comme  étant  formé  d'un  simple  tube,  mais  de  deux  feuillets  inclus 
l'un  dans  l'autre,  puisque  le  représentant  du  feuillet  interne,  le  système  ner- 
veux colonial,  y  existe  toujours  dans  toute  la  longueur. 

M.  Barrois  termine  en  faisant  remarquer  l'accord  très-frappant  qui  existe 
entre  ces  faits  et  ceux  auxquels  M.  Joliet  est  arrivé  plus  récemment  (disposi- 
tion fusiforme  des  éléments  du  système  nerveux  colonial,  importance  morpho- 
logique de  ce  système)  par  une  voie  toute  différente  :  il  est  heureux  de  voir 
confirmer  par  cet  observateur  une  partie  des  résultats  auxquels  l'ont  conduit 
les  recherches  qu'il  a  entreprises  depuis  plusieurs  années  soit  au  laboratoire  de 
Wimereux,  soit  sur  les  côtes  de  Bretagne  et  de  Normandie. 


M.  SABATIEK, 

Professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Montpellier. 


SUR  L'APPAREIL  RESPIRATOIRE  DES  AMPULLAIRES 

(EXTRAIT  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  2A  août  4877.  — 

M.  Sabatier  fait  une  communication  sur  l'appareil  respiratoire  des  Ampul- 
laires.  11  démontre  l'existence  simultanée  d'une  véritable  respiration  pulmo- 
naire et  d'une  respiration  branchiale.  L'étude  histologique  des  deux  organes 
correspondants  prouve  que,  loin  d'être  l'un  et  l'autre  imparfaits  dans  leur  con- 
stitution, comme  aurait  pu  le  faire  penser  leur  existence  simultanée,  ils  sont 
au  contraire  très-bien  organisés  et  aptes  à  fonctionner  d'une  manière  parfaite  . 

M.  Sabatier  insiste  sur  les  dispositions  anatomiques  qui  assurent  le  transport 
du  sang  de  la  branchie  au  poumon,  pendant  que  la  première  est  hors  de  ses 
conditions  normales  de  fonctionnement. 


M.  ïïermann  EOL 

Piofesseur  à  l'Université  de  Genève. 


PREMIERS  PHÉNOMÈNES  DU  DÉVELOPPEMENT  DES  ÉCHINODERMES 

(EXTRAIT  du  procès-verbal.) 


—  Séance   du  23  août  1877.  — 


M.  Hermann  Fol,  professeur  à  l'université  de  Genève,  expose  le  résultat  de 
ses  investigations  sur  les  premiers  phénomènes  de  développement  des  Echino- 


624  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

dermes;  ses  recherches  ont  porté  principalement  sur  les  œufs  à'Asterias  gla- 
cialis.  L'œuf  mur  présente  une  vésicule  germinative  bien  développée  et  une 
couche  muqueuse  superposée  immédiatement  au  vitellus. 

Le  premier  phénomène  de  développement  consiste  dans  la  disparition  de  la 
vésicule  germinative  qui  se  fond  avec  le  reste  du  vitellus  ;  on  voit  ensuite 
se  former  aux  dépens  de  sa  substance  un  amphiaster  qui  gagne  la  surface 
pour  donner  naissance  au  globule  polaire  :  une  partie  de  l'amphiasler  devient 
le  noyau  du  corpuscule  de  rebut  et  nous  révèle  ainsi  sa  nature  cellulaire;  l'autre 
partie  demeure  à  l'intérieur  de  l'œuf  où  elle  forme  un  noyau,  le  Pronucleus 
femelle. 

La  fécondation  consiste  dans  la  soudure  d'un  spermatozoïde  à  la  substance 
de  l'œuf;  préalablement  soulevée  en  une  légère  saillie,  la  partie  extérieure 
du  spermatozoïde  donne  naissance  à  un  Aster,  le  Pronucleus  mâle; 
sa  partie  postérieure  demeure  à  l'extérieur  et  y  constitue  un  petit  renflement 
que  M.  Fol  appelle  le  cône  d'exsudation. 

Le  premier  fait  déterminé  par  la  fécondation  est  la  formation  très-rapide 
d'une  membrane  viteliine  qui  vient  fermer  l'entrée  aux  spermatozoïdes  ;  quand 
la  fécondation  a  lieu  après  la  sortie  des  globules  polaires ,  ces  derniers  sont 
compris  à  l'intérieur  de  cette  membrane;  dans  le  cas  contraire,  ils  sont  situés 
à  l'extérieur. 

Le  premier  noyau,  d'où  part  la  segmentation,  résulte  de  la  soudure  des 
Pronucleus  mâle  et  femelle;  il  peut  arriver  que  la  pénétration  de  plusieurs 
spermatozoïdes  donne  naissance  à  la  production  de  plusieurs  asters  mâles  ;  ces 
derniers  peuvent  rester  en  partie  inutiles,  un  ou  deux  s'unissent  seulement 
à  l'aster  femelle;  ils  ne  se  réunissent  jamais  les  uns  aux  autres;  et  semblent 
au  contraire  se  repousser  l'un  l'autre.  M.  Fol  a  remarqué  qu'à  chaque  double 
fécondation  correspondait  une  modification  dans  la  structure  de  l'embryon  : 
les  gastrules  des  œufs  dans  lesquels  ont  pénétré  deux  spermatozoïdes  présen- 
tent en  même  temps  deux  invaginations  ;  on  voit  quelle  lumière  l'étude  de 
des  phénomènes  peut  jeter  sur  les  causes  de  production  des  monstres  doubles. 


M.  A.  GIAED 

Professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Lille. 


SUR  LA  SIGNIFICATION  MORPHOLOGIQUE  DES  GLOBULES  POLAIRES 

(EXTRAIT  DU  PROC.ÈS-VERRAL.) 


Séance  du  23  août   1877.  — 


La  communication  de  M.  A.  Giaru  est  un  complément  et,  en  certain  point, 
une  rectilication  des  faits  exposés  par  M.  H.  Fol. 

M.  Giard  distingue  soigneusement  les  globules  polaires  d'avec  d'autres  pro- 
ductions dérivées    des  enveloppes  de  l'œuf  ou  excrétées   par  le  vitellus.   Les 


A.  GIARD.  —  SIGNIFICATION  MORPHOLOGIQUE  DES  GLOBULES  POLAIRES      62o 

véritables  globules  polaires  naissent  toujours  au  pôle  formateur  de  l'œuf  et 
par  un  processus  identique  à  la  division  cellulaire.  Ils  méritent  donc  le  nom 
de  corps  directeurs  qu'on  leur  a  parfois  donné,  mais  ne  peuvent  être  justement 
appelés  corpuscules  de  rebut,  ni  même  cellules  de  rebut. 

M.  Giard  a  étudié  la  naissance  des  globules  polaires  chez  les  Annélides,  les 
Gastéropodes,  les  Échinodermes.  Ses  observations  confirment  pleinement  celles 
faites  par  Bùtsclili  sur  les  Hirudinées,  le  Cucullan,  etc.  Elles  l'ont  conduit  à 
considérer  ces  petits  corps  comme  des  cellules  rudimentaires  n'ayant  plus 
qu'une  signification  atavique. 

Les  premiers  éléments  embryonnaires  sont  susceptibles  de  mener  pendant 
un  temps  plus  ou  moins  long  une  existence  indépendante;  sans  parler  des 
corps  du  testa  des  Tuniciers  dont  la  nature  est  encore  douteuse,  M.  Giard 
rappelle  que  certaines  cellules  ciliées  détachées  de  l'embryon  du  Tergipes,  ont 
été  décrites  par  Nordman  comme  des  organismes  parasites  de  l'œuf  de  ce 
mollusque.  Les  premières  sphères  de  segmentation  de  l'œuf  des  Médusaires 
et  des  Échinodermes,  sont  à  peine  adhérentes  entre  elles.  11  n'est  donc  pas 
étonnant  de  constater  une  liberté  absolue  chez  les  cellules   polaires. 

Cette  opinion  sur  la  signification  des  globules  polaires  vient  d'être  acceptée 
par  Bùlschli  dans  un  travail  récemment  publié  dans  le  Journal  de  Siebold 
(t.  XXIX,  fasc.  2).  M.  Giard  la  complète  aujourd'hui  en  expliquant  comment 
les  cellules  polaires  sont  devenues  rudimentaires.  Lorsque  deux  ou  plusieurs 
cellules  libres  se  trouvent  enfermées  dans  une  enveloppe  commune,  la  con- 
currence vitale  s'exerce  entre  ces  êtres  cellulaires  comme  entre  des  organismes 
plus  élevés.  C'est  ce  qu'il  est  facile  de  voir,  soit  dans  les  pontes  normales  de 
certains  peclinibranches  (Purpura,  Lamellaria,  etc.),  soit  accidentellement  dans 
celles  des  nudibranches  ou  des  aplysiens,  quand  d'une  manière  exception- 
nelle plusieurs  œufs  se  trouvent  renfermés  dans  une  même  coque.  Une  partie 
de  ces  œufs  restent  à  l'état  d'ovules  avortés  et  subissent  une  segmentation 
irrégulière,  et  servent  plus  tard  à  la  nutrition  des  embryons.  On  ne  peut 
cependant  pas  les  appeler  des  ovules  de  rebut  et  les  considérer  comme  une 
excrétion  de  l'ovaire.  Ce  serait  plutôt  une  sécrétion  conduisant  à  la  sécrétion 
vitellogène  des  turbellariés  et  des  plathelminthes. 

Les  globules  polaires  sont  arrivés  à  l'état  de  cellules  rudimentaires  par 
suite  d'une  semblable  concurrence  vitale.  Leur  indépendance  par  rapport  à 
l'ovule  rappelle  ontogéniquement  l'état  des  catallactes  où  les  cellules  de  la 
morula  sont  susceptibles  de  se  séparer  les  unes  des  autres. 

M.  Giard  combat  l'idée  émise  par  Rabl,  qui  attribue  aux  globules  polaires 
une  signification  physiologique  actuelle,  et  les  croit  destinés  h  empêcher  la 
membrane  vitelline  de  presser  trop  fortement  le  vitellus.  Les  globules  polaires 
existent  chez  des  animaux  où  il  n'y  a  pas  de  membranes  vitellines. 

Mécaniquement  et  actuellement,  la  formation  de  ces  cellules  rudimentaires, 
ou,  si  l'on  veut,  la  division  de  la  cellule  ovulaire  en  cellules  très-inégales, 
s'explique  par  la  position  excentrique  du  noyau  de  l'œuf  au  moment  où  la 
division  s'accomplit.  Cette  position  excentrique  tient  elle-même  à  l'hétérogé- 
néité des  substances  formant  le  vitellus  formateur  et  le  vitellus  nutritif,  et  à 

eur  différence  de  densité. 

40 


(ivJii  ZOOLOGIE    ET    ZOOTECHNIE 


DISCUSSION- 


M.  Giard,  discutant  ensuite  certains  points  de  la  communication  de  M.  H.  Fol, 
ne  voit  a  priori  aucune  impossibilité  à  ce  qu'il  y  ait  une  attraction  à  distance 
entre  le  spermatozoïde  et  la  surlace  du  vitellus.  Ce  fait  serait  même  en  accord 
avec  ce  qui  paraît  exister  chez  les  organismes  inférieurs  et  rappellerait  jusqu'à 
un  certain  point  la  conjugaison  des  conferves. 

En  ce  qui  concerne  le  cône  d'exsudation,  M.  Giard  pense  que  ce  cône  pré- 
sente un  volume  trop  considérable  pour  pouvoir  être  attribué,  comme  le 
suppose  M.  Fol,  à  la  queue  du  spermatozoïde.  On  entraine  facilement  avec  les 
produits  génitaux  une  certaine  quantité  de  liquide  de  la  cavité  périviscérale  de 
récliinoderine;  or  ce  liquide  renferme  un  grand  nombre  de  productions  amoe- 
boïdes  signalées  déjà  par  Hofmann,  et  dont  M.  Giard  a  fait  une  étude  plus 
complète.  Certains  de  ces  amibes  pénétrant  à  travers  les  canaux  rayonnants 
de  la  membrane  muqueuse,  donnent  tout  à  fait  l'aspect  du  cône  d'exsudation. 

M.  Giard  croit  également  devoir  attribuer  à  ces  corps  les  aspects  considérés 
par  M.  Fol  comme  représentant  des  globules  polaires  hors  de  la  membrane 
vitelline.  Chez  le  Psammechinus  miliaris,  les  globules  polaires  sont  constam- 
ment au-dessous  de  la  membrane  et  contre  le  vitellus.  Il  paraît  en  être  de 
même,  d'après  A.  Agassiz,  chez  le  Toxopneustes  Drobachiensis.  Si  la  membrane 
se  formait  seulement  après  l'entrée  du  premier  spermatozoïde,  comment 
expliquer  cette  position  des  globules  qui,  chez  l'oursin,  sont  nés  avant  la 
fécondation?  Comment  expliquer  aussi  chez  l'étoile  de  mer  les  développements 
parthénogénétiques  signalés  par  R.  Greef,  et  qui,  d'après  cet  éminent  obser- 
vateur, ne  différeraient  des  cas  normaux  que  par  la  lenteur  des  processus? 

M.  Giard  croit  qu'un  seul  spermatozoïde  peut  suffire  pour  la  fécondation  , 
mais  il  ne  pense  pas  que  deux  soient  trop  et  donnent  naissance  à  une  mons- 
truosité. Il  n'a  pas  suivi  chez  les  Echinodermes  l'évolution  des  œufs  qui  pré- 
sentent des  telrasters,  mais  il  a  observé  des  cas  semblables  très-fréquents  chez 
certains  mollusques  (Eolis  despecta,  Ancula  crutala).  Chez  ces  animaux,  les  œufs 
à  tetras.ters  atteignaient  d'emblée  le  stade  quatre  au  lieu  d'y  arriver  par  deux 
divisions  successives.  Mais  le  développement  suivait  ensuite  une  marche  régu- 
lière. On  ne  peut  donc  voir  là  qu'une  abréviation  embryogénique  analogue  à 
celle  observée  par  Strasburger  dans  le  développement  de  l'œuf  des  gymno- 
spermes. 

M.  Fol  pense  qu'en  effet  les  tetrasters  peuvent  avoir  dans  certains  cas  lu 
signiiication  que  leur  attribue  M.  Giard.  Il  ne  faut  pas  oublier  toutefois  que 
souvent  l'œuf  des  gymnospermes  donne  naissance  non  pas  à  un  mais  à  plu- 
sieurs embryons. 


DE  QUATREFAGES.  —  SUR  UN  PIGEON  DERADELPHE  627 


M.  de  QUATREFAGES 

Membre  de  l'Institut,  Professeur  un  d'histoire  naturelle  de  Paris. 


MEMOIRE  SUR  UN  PIGEON  MONSTRUEUX   DU  GENRE  DERADELPHE 

(ISIDORE  GEOFFROY-SAINT-HILAIRE); 

DERADELPHE    SYNATJ ENCEPHALE     (NOBIS)    (1). 


—  Séance  du  2ii  août    1877.  — 

Longtemps  regardés  par  le  vulgaire  comme  des  objets  de  terreur,  dé- 
daignés par  les  savants  comme  ne  méritant  qu'un  intérêt  de  pure  curio- 
sité, les  monstres  ont  acquis  de  nos  jours  une  grande  valeur  aux  yeux 
de  la  science,  grâce  aux  travaux  de  nombreux  et  savants  anatomistes. 
C'est  précisément  à  ces  êtres  exceptionnels,  regardés  naguère  comme  le 
produit  d'aberrations  des  forces  formatrices  que  l'on  demande  aujourd'hui 
la  révélation  des  lois  qui  président  à  l'évolution  des  organismes.  Ces  lois, 
nous  les  découvrons  dans  les  monstres  par  défaut,  où  les  organes,  ar- 
rêtés dans  leur  développement,  persistant  dans  des  conditions  d'exis- 
tence qui,  d'ordinaire,  ne  sont  que  transitoires,  jalonnent  pour  ainsi 
dire  la  route  suivie  par  la  nature  pour  arriver  à  un  but  normal.  Mais 
pour  que  les  conclusions  générales  déduites  de  ces  premières  observa- 
tions acquièrent  toute  leur  valeur,  il  faut  qu'elles  cadrent  avec  les  faits 
qu'offrent  les  monstres  par  excès.  Si  les  premiers  nous  mettent  sur  la 
voie  d'une  théorie  explicative,  ceux-ci  peuvent  seuls  lui  donner  force  de 
loi  en  la  soumettant  à  une  contre-épreuve  ;  et,  à  ce  titre,  ils  méritent 
toute  notre  attention.  Moins  nombreux  que  les  autres,  ils  doivent  être 
recueillis  et  examinés  avec  d'autant  plus  de  soin,  surtout  lorsqu'ils  nous 
offrent  le  curieux  spectacle  de  deux  êtres  distincts  et  individualisés  sous 
certains  rapports,  jouissant  pour  ainsi  dire  en  commun  de  quelques- 
uns  des  appareils  les  plus  essentiels  ;  surtout  enfin  lorsque  nous  trouvons 
réunis  les  caractères  de  la  monstruosité  par  défaut  à  côté  de  ceux  de  la 
monstruosité  contraire,  ce  qui  constitue  le  cas  le  plus  compliqué  que 
puisse  offrir  la  tératologie.  C'est  un  fait  de  ce  genre  dont  je  vais  avoir 
l'honneur  d'entretenir  l'Académie. 

(1)  Ce  mémoire  a  été  lu  à  l'Académie  des  sciences  dans  la  séance  du  28  novembre  1839.  Un 
rès-court  extrait  a  paru  dans  les  Comptes  Rendus.  Il  resta  longtemps  égaré  chez  un  des  commis- 
saires nommé  pour  l'examiner  et  ne  fut  retrouvé  qu'après  la  mort  du  détenteur.  Je  le  fais  impri- 
mer aujourd'hui  sans  y  rien  changer.  L'observation  qui  en  fait  le  fond  a  conservé  ce  qu'elle 
peut  avoir  de  valeur,  car  je  ne  crois  pas  qu'il  ait  été  publié  de  détails  anatomiques  sur  la  déra- 
delphie  chez  les  oiseaux.  Quant  aux  idées  théoriques  elles  ne  s'éloignent  guère  de  celles  que 
M.  Dareste  a  émises  récemment  et  que  j'adopte  pleinement;  et  il  m'a  semblé  intéressant  de  mon- 
trer jusqu'où  les  prédécesseurs  de  mon  éminent  collègue  en  étaient  arrivés  sur  un  des  points  les 
plus  difficiles  de  la  tératologie  (A.  de  Q.). 


6%$  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

Le  sujet  de  cette  observation  fut  recueilli  il  y  a  plusieurs  années  par 
un  boulanger  de  Toulouse  qui  le  plaça  dans  l'alcool,  mais  seulement 
après  qu'il  eut  éprouvé  un  commencement  de  putréfaction,  et  le  con- 
serva comme  une  curiosité.  M.  Teillier,  médecin  distingué  de  notre 
ville,  qui  en  avait  apprécié  l'importance  scientifique,  chercha  à  me  le 
procurer,  et  ce  ne  fut  pas  sans  peine  qu'il  parvint  à  l'obtenir. 

CLASSIFICATION. 

Ce  monstre  est  double  :  il  résulte  de  l'accolement  par  les  parties  an- 
térieures de  deux  pigeons  femelles.  Les  deux  têtes  se  sont  confondues 
en  une  seule,  mais  les  colonnes  vertébrales  sont  parfaitement  distinctes 
dans  toute  ieur  étendue.  Le  développement  des  deux  individus  réunis 
est,  du  reste,  sensiblement  égal.  On  voit,  d'après  ces  premières  données, 
que  notre  monstre,  dans  la  classification  de  M.  Isidore-Geoffroy  Saint- 
Hilaire,  appartient  à  l'ordre  des  autositaires,  famille  des  monocéphaliens 
(hépatodymes  acomplexes  de  M.  Serres)  et  qu'il  doit  être  placé  dans  le 
genre  Déradelphe.  Le  cerveau  manquant  complètement  chez  cet  individu 
monstrueux,  nous  proposons  de  le  désigner  par  l'épithète  spécifique  de 
synanencéphale. 

On  sait  que  les  oiseaux  offrent  en  général  un  assez  petit  nombre  d'ob- 
servations tératologiques.  La  déradelphie  en  particulier  n'a  pas  encore 
été  signalée  que  je  sache  dans  cette  classe  de  vertébrés  (1).  Je  n'en  ai  du 
moins  rencontré  aucun  exemple  dans  les  divers  auteurs  que  j'ai  consul- 
tés. M.  Isidore  Geoffroy  entre  autres,  dans  le  traité  si  complet  qu'il  a 
publié  sur  ces  matières,  cite  un  grand  nombre  de  faits  se  rapportant  à 
ce  genre  de  monstruosités,  et  qui  ont  été  présentés  par  divers  mammi- 
fères; un  seul  est  emprunté  à  la  classe  des  reptiles  (Tiedemann);  aucun  à 
celle  des  oiseaux.  Si,  comme  j'ai  lieu  de  le  penser,  l'observation  que 
j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  était  réellement  la  première, 
elle  acquerrait  par  cela  même  un  certain  intérêt. 

EXTÉRIEUR. 

Examiné  à  l'extérieur,  le  monstre  dont  il  s'agit  présente  les  particula- 
rités suivantes.  Les  deux  individus  composants  sont  affrontés  par  les 
poitrines:  on  reconnaît  au  premier  abord  qu'ils  ont  dû  se  pénétrer  pro- 
fondément. L'individu  gauche  est  moins  développé  que  le  droit  (2)  et  la 
colonne  vertébrale  a  subi  un  mouvement  de  torsion  d'arrière  en  avant. 

(1)  Je  tiens  du  M.  Dareste  que  un  ou  deux  cas  analogues  ont  été  signalés  récemment  en  Alle- 
magne (A .  de  Q .  ) . 

(2)  Dan  aous  appelons  Cace  antérieure  la  face  du  monstre  vers  la- 
quelle  est  tourné  le  ;'.■■■  .  face  postérieure,  celle  quiluiesl  opposée,  lien  résulti    ,    s  les 

nés  vei  i  ios  ints  sont  plalées  l'uni  I  autre  ■*  fjuuche. 


DE  QUATREFAGES.  —  SUR  UN  PIGEON  DÉRADELPHE  629 

Chez  l'un  et  chez  l'autre,  les  quatre  membres  paraissent  bien  conformés. 
Les  muscles  des  jambes  sont  bien  développés  ;  les  doigts  n'offrent  rien 
d'anormal  ;  les  ongles  sont  parfaitement  distincts.  Les  ailes  sont  un  peu 
déjetées  sur  le  côté,  surtout  l'aile  antérieure  du  pigeon  droit;  mais,  à 
cela  près,  elles  sont  normalement  conformées.  Un  duvet  bien  marqué 
couvre  tout  le  corps,  mais  plus  particulièrement  les  ailes  et  les  crou- 
pions. A  la  hauteur  des  épaules  on  distingue  sur  la  ligne  médiane  une 
espèce  de  raphé  plus  prononcé  en  arrière  qu'en  avant.  Enfin  les  tégu- 
ments ont  été  déchirés  entre  les  deux  coccyx  et  forment  intérieurement  plu- 
sieurs replis  irréguliers  laissant  une  large  ouverture  à  la  cavité  abdominale. 

Antérieurement,  les  deux  cous  sont  réunis  et  confondus  dans  un  large 
repli  cutané  qui,  se  portant  comme  une  bride  de  la  poitrine  au  côté 
gauche  de  la  tête,  a  fait  subir  à  celle-ci  un  mouvement  de  torsion  de 
gauche  à  droite,  et  la  maintient  fléchie  dans  cette  position.  En  arrière, 
la  peau  présente  entre  les  vertèbres  cervicales  une  gouttière  bien  mar- 
quée qui  se  creuse  profondément  à  la  hauteur  des  articulations  huméro- 
scapulaires.  Elle  est  aussi  plus  prononcée  à  la  base  du  crâne  que  dans 
la  partie  médiane. 

La  voûte  crânienne  manque;  et,  à  sa  place  se  trouve  une  cavité  irré- 
gulière à  bords  assez  profondément  découpes.  Un  des  festons  corres- 
pond à  la  gouttière  cervicale.  Le  tout  est  recouvert  par  la  peau  nue  et 
amincie.  Cette  peau  s'étend  sur  e  front  et  recouvre  les  yeux  sans  mon- 
trer de  traces  de  fentes  palpébrales.  A  gauche,  le  globe  de  l'œil  est  ir  .i- 
qué  par  une  saillie  considérable,  presque  hémisphérique.  A  droite,  au 
contraire,  il  semble  atrophié.  On  ne  trouve  aucune  trace  de  l'orifice  au- 
riculaire externe.  Le  bec  est  bien  formé.  Seulement  ses  mandibules  ne 
se  correspondent  pas  exactement,  la  supérieure  semblant  déjetée  à 
droite  par  le  développement  exagéré  de  l'orbite  gauche. 

La  peau  n'offre  rien  de  remarquable  sur  la  plus  grande  partie  du  corps; 
mais  elle  s'amincit  en  passant  sur  la  tête  et  sur  les  orbites.  Elle  devient 
au  contraire  plus  épaisse  à  la  gouttière  qui  règne  en  arrière  tout  le  long 
du  cou.  Ici  elle  îorme  en  quelque  sorte  le  coin  et  s'enfonce  entre  les 
deux  colonnes  vertébrales.  Cette  disposition  est  surtout  très-marquée 
en  avant  et  en  arrière  aux  points  où  les  cous  se  séparent  du  thorax.  Sur 
la  poitrine  en  avant  et  en  arrière  elle  présente  un  simple  épaississement 
correspondant  aux  raphés  dont  j'ai  parlé  plus  haut.  L'état  des  téguments 
du  bas- ventre  ne  m'a  pas  permis  de  voir  s'il  en  était  de  même  dans 
cette  région. 

PARTIES    SOUS-CUTANÉES. 

En  enlevant  la  peau,  on  met  successivement  à  découvert  les  globes 
oculaires,  des  membranes  fines    tapissant  toute  la  base  du  crâne,  et  les 


fi30  ZOOLOGIE    ET    ZOOTECIIME 

orifices  des  canaux  vertébraux,  qui  s'ouvrenl  un  peu  en  arrière  sur  les 
côtés  de  la  tête  unique.  Quant  aux  cous,  pourvus  tous  deux  de  leurs  mus- 
cles propres,  ils  sont  entièrement  distincts  et  réunis  seulement  par  un 
tissu  cellulaire  lâche.  Les  colonnes  vertébrales  sont  d'abord  à  peu  près 
parallèles.  Mais,  un  peu  au-dessus  de  la  poitrine,  elles  s'écartent  brus- 
quement pour  se  porter  l'une  à  droite,  l'autre  à  gauche.  Entre  les  ailes, 
en  avant  et  en  arrière,  on  trouve  les  quatre  muscles  pectoraux  attachés 
sur  la  ligne  médiane  à  des  crêtes  cartilagineuses  (bréchets)  et  se  portant 
chacun  vers  son  humérus.  On  reconnaît  déjà  ici  que  la  partie  muscu- 
laire des  cloisons  thoraciques  antérieure  et  postérieure  appartient  par 
moitié  à  chacun  des  deux  individus  composants.  Je  n'ai  pu  m'assurer 
des  rapports  existant  entre  les  muscles  abdominaux.  Quant  à  ceux  des 
membres  et  du  reste  du  corps,  ils  n'offrent  rien  de  particulier.  Je  n'ai 
pas  cru  nécessaire  de  porter  plus  loin  ces  recherches  myologiques. 

SYSTÈME   NERVEUX. 

L'encéphale  avait  complètement  disparu  chez  notre  Déradelphe,  à 
l'exception  de  quelques  grumeaux  de  matière  blanchâtre,  logés  dans  une 
petite  anfractuosité  de  la  base  du  crâne  et  auxquels  aboutissait  le  nerf 
optique  gauche.  Mais  les  enveloppes' du  cerveau  existaient.  Du  moins  il 
est  permis  de  considérer  comme  telles  deux  lames  membraneuses  très- 
,fines,  opaques,  et  assez  résistantes  qui  tapissaient  tout  le  plancher  formé 
pai  'a  base  du  crâne  et  entre  lesquelles  se  trouvait  le  rudiment  de  lobe 
optique  dont  j'ai  parlé  tout  à  l'heure.  Ces  lames  se  prolongeaient  à  droite 
et  à  gauche  dans  les  canaux  rachidiens  qui  tous  deux  aboutissaient, 
comme  je  l'ai  déjà  dit,  sur  les  côtés  et  en  arrière  de  la  tête.  Celui  de 
droite  était  vide  jusqu'à  une  ligne  de  son  ouverture  ;  dans  celui  de 
gauche,  au  contraire,  la  moelle  épinière  [arrivait  jusqu'à  l'orifice  supé- 
rieur. 

Là  se  sont  bornées  mes  recherches  relatives  au  système  nerveux.  J'au- 
rais désiré  les  étendre  aux  nerfs  du  tronc  et  de  l'abdomen;  mais,  dans 
cette  dernière  cavité  surtout,  l'état  des  parties  ne  permettait  pas  de  le 
faire  sans  risquer  de  perdre  des  viscères  dont  l'examen  me  paraissait 
avoir  ici  plus  d'importance. 

ORGANES    DES    SENS. 

Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  les  veux  étaient  recouverts  par  la  peau  sans 
aucun  m  lice  de  la  division  des  paupières.  Apre-,  l'avoir  enlevée  sans 
beaucoup  de  peine,  car  son  adhérence  n'était  pas  très-intime,  je  mis  à 
nu  des  deux  côtés  les  globes  oculaires.  Celui  de  droite  était  fort  petit. 
Derrière  une  membrane  opaque  dans  toute  son  étendue  se  trouvait  une 


DE    QUATREFAGES.    —   SIIî    IN    PIGEON    DÉRADE LPHE  631 

cavité  orbitaire  étroite,  déformée,  et  remplie  par  une  espèce  de  masse 
grumeleuse  dans  laquelle  je  ne  pus  reconnaître  aucune  trace  d'organisa- 
tion. A  gauche,  au  contraire,  le  globe  de  l'œil  offrait  un  développement 
exagéré.  Je  reconnus  facilement  ses  enveloppes.  La  cornée  transpa- 
rente avait  même  conservé  un  reste  de  translucidité.  La  pupille  très- 
large  avait  réduit  l'iris  a  un  cercle  étroit,  mais  dont  on  reconnaissait 
très-bien  la  nature.  Le  cristallin  très-volumineux  et  presque  sphérique 
était  entouré  de  cette  matière  grumeleuse  dont  j'ai  signalé  l'existence 
dans  l'orbite  gauche,  ce  qui  ferait  présumer  que  de  ce  côté  l'humeur 
vitrée  s'était  seule  développée.  Enfin,  pour  en  revenir  à  l'œil  droit,  la 
choroïde  offrait  encore  des  traces  de  coloration  et  la  rétine,  parfaitement 
distincte,  se  continuait  avec  un  nerf  optique  assez  gros  qui  traversait  la 
base  du  crâne  et  se  terminait  dans  la  petite  quantité  de  matière  céré- 
brale dont  j'ai  déjà  parlé.  On  peut  conclure  de  ce  qui  précède  que,  du 
côté  gauche  du  moins,  l'œil  offrait  toutes  les  conditions  acquises  pour  en 
faire  un  organe  normal,  à  l'absence  des  paupières  près. 

Je  n'ai  trouvé  d'autres  traces  des  organes  auditifs  externes  qu'un 
petit  enfoncement  qui  m'a  paru  se  terminer  en  cul-de-sac,  placé  derrière 
le  bord  externe  de  l'orbite  gauche. 

Les  narines  très-distinctes  occupaient  leur  place  ordinaire  et  n'offraient 
rien  de  particulier. 

ORGANES  DE   LA   DIGESTION. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit  précédemment  le  bec  ne  présente  rien  d'a- 
normal. Ses  deux  mandibules  sont  bien  formées  et  complètement  ossi- 
fiées; seulement  la  supérieure  est  déjetée  de  gauche  à  droite.  La  langue, 
l'os  lingual  et  l'os  hyoïde  semblent  appartenir  à  un  pigeon  ordinaire. 
Mais  la  glotte,  au  lieu  de  ne  former  qu'une  petite  ouverture,  se  prolonge 
sous  la  forme  d'une  fente  tout  ]<■  long  du  tiers  supérieur  de  l'œsophage. 
Les .  cerceaux  cartilagineux  commencent  pourtant  à  l'endroit  normal. 
L'œsophage,  fort  large,  est  placé  en  avant  entre  les  deux  cous.  Il  pré- 
sente sur  les  côtés  deux  replis  intérieurs  qui,  d'abord  peu  marqués,  se 
prononcent  de  plus  en  plus.  Un  troisième  se  trouve  en  arrière  sur  la 
ligne  médiane.  Ces  trois  replis  régnent  ainsi  tout  le  long  du  canal  œso- 
phagien, qui  n'offre  aucune  trace  de  dilatation  rappelant  le  jabot.  Mais, 
à  la  hauteur  du  ventricule  succenturié,  qu'on  reconnaît  à  ses  paquets 
glanduleux,  le  repli  postérieur  s'efface,  les  deux  latéraux,  au  contraire, 
augmentent  et  se  rapprochent  au  point  de  se  réunir  bientôt.  Ils  donnent 
naissance  à  une  seconde  trachée-artère  placée  derrière  l'œsophage.  Le 
canal  alimentaire  se  rétrécit  alors  en  entonnoir  et  le  cardia  est  telle- 
ment étroit  qu'on  peut  à  peine  y  introduire  une  épingle  fine.  Cette  ou- 
verture aboutit  à  l'estomac  sur  la  ligne  médiane.  Celui-ci  est  très-ample 


632  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

et  une  gouttière  assez  prononcée,  qui  correspond  en  bas  au  point  d'in- 
sertion de  l'œsophage,  indique  la  ligne  de  réunion  des  deux  estomacs 
primitifs.  Au  reste,  les  parois  en  sont  très-épaisses  et  ses  muscles 
puissants  s'insèrent  sur  une  portion  fibro-cartilagineuse  très-étendue.  La 
cavité  présente  aussi  sur  la  ligne  médiane  un  repli  correspondant  à  la 
gouttière  dont  nous  avons  parlé.  C'est  vers  le  milieu  de  ce  repli  que  se 
trouve  le  pylore. 

L'intestin  grêle  qui  lui  succède  est  d'abord  simple.  L'anse  pancréati- 
que existe ,  mais,  au  lieu  de  se  porter  toute  d'un  côté,  comme  on  l'ob- 
serve ordinairement,  elle  se  replie  sur  elle-même  et  passe  de  droite  à 
gauche.  Le  pancréas  est  petit,  mais  très-reconnaissable.  Je  n'ai  pu  re- 
trouver son  conduit  excréteur.  Au-dessus,  à  gauche  de  l'intestin,  j'a 
trouvé  un  petit  canal  bifurqué  près  de  son  origine.  A  droite  et  presque 
en  face  de  celui-ci,  on  en  trouvait  un  second,  mais  sans  division.  C'é- 
tait sans  doute  deux  canaux  hépatiques,  mais  je  n'ai  pu  le  reconnaître 
d'une  manière  positive  en  les  suivant  jusqu'à  leur  origine. 

A  peu  de  distance    des    conduits    dont  je  viens   de    parler,    le  tube 
digestif   se  bifurque    et  chaque  branche    forme   deux  masses  distinctes 
de  circonvolutions  qui  se  rapprochent  des  colonnes  vertébrales.  J'ai  pu 
retrouver  à  droite  un  cœcum  court  et  grêle,  marquant  le  commencement 
du  gros  intestin,  ainsi  que  deux  canaux  très-étroits  (urètre  ?  oviducte) 
débouchant  dans  le  cloaque.  L'intestin  gauche  avait  trop  souffert  pour 
que  je  pusse  y    reconnaître    ces  parties.  Ainsi  que  je  l'ai   dit  en  com- 
mençant, ce   pigeon  n'avait  été   mis  dans    l'alcool  qu'après  avoir  subi 
un  premier  degré  de  putréfaction  ;  et  ce  n'est  qu'avec  beaucoup  de  soins 
et  de  précautions   que   j'ai  pu  retrouver  la  plupart  de  ces  organes.    Le 
tube  digestif  avait  entre  autres  beaucoup  souffert  à  partir  de  l'estomac. 
Les  foies,  toujours  très-volumineux,  comme  ou  sait,  chez  les  oiseaux, 
semblent  encore  avoir  acquis  ici  un  excès  de  développement.  Ils  remplis- 
sent à  droite  et  à  gauche  la  plus  grande  partie  des  cavités  abdominale 
et  thoracique.  Chacun  des  deux  pigeons  composants  a  le  sien  :  celui  de 
gauche  est  un  peu  plus  volumineux.  En  avant,  ils  descendent  davantage 
dans  l'abdomen  et  arrivent  presque  jusqu'aux  coccyx.  Leurs  bords  in- 
férieurs se  recourbent  et  viennent  presque  se  croiser  sur  la  ligne  mé- 
diane, de  manière  à  former  une  espèce  de  plancher  aux  organes  placés 
au-dessus.  En  arrière,  au  contraire,  ils  s'élèvent  fortement  dans  la  poi- 
trine et  refoulent  tout  à  fait  en  haut  le  cœur  postérieur.  Ici  encore  les 
bords  inférieurs  chevauchent   presque  l'un    sur  l'autre,    tandis  que  les 
bords  supérieurs  sont  un  peu  plus  écartés. 

Les  autres  organes  abdominaux  ne  présentaient  rien  de  particulier  : 
ils  étaient  au  complet  et  à  leur  place  ordinaire.  Les  reins  étaient  très- 
volumineux,    et  les  ovaires   presque  méconnaissables.  Ainsi  que  je  l'ai 


DE  QUATREFAGES.  SUR  UN  PIGEON  DÉRADELPHE  633 

dit  plus  haut,  je  n'ai  pu  reconnaître  leurs  conduits  excréteurs;  mais  il 
est  plus  que  probable  qu'ils  existaient  à  l'état  normal  chez  chacun  des 
deux  pigeons  accidentellement  réunis. 

ORGANES  DE   LA   RESPIRATION. 

Les  organes  respiratoires  sont  doubles,  mais  au  lieu  d'être  disposés 
par  paires  latérales,  ils  forment  deux  systèmes,  l'un  antérieur  l'autre 
postérieur.  En  décrivant  l'œsophage,  nous  avons  indiqué  la  disposition 
des  flottes  :  ajoutons  à  ce  que  nous  avons  dit  que  les  cerceaux  carti- 
lagineux paraissent  avant  que  les  lentes  trachéales  se  soient  converties 
en  canal.  C'est  ainsi  qu'en  avant  ils  commencent  à  se  montrer  sous  la 
forme  de  petits  arcs  presque  immédiatement  au-dessous  de  la  langue, 
et  qu'en  arrière  on  les  distingue  jusque  sur  le  repli  œsophagien  pos- 
térieur. 

La  trachée  antérieure  est  beaucoup  plus  large  que  la  postérieure.  Elle 
s'entonce  assez  profondément  dans  la  poitrine  avant  de  se  bifurquer, 
et  ses  branches  aboutissent  à  deux  poumons  considérables  qui,  à  droite 
et  à  gauche,  se  prolongent  fort  avant  dans  l'abdomen  et  remontent 
jusque  vers  le  haut  de  la  poitrine.  L'un  de  ces  poumons  appartient  au 
pigeon  gauche  et  est  un  peu  plus  développé  que  l'autre  qui  appartient 
au  pigeon  droit.  La  trachée  postérieure  se  bifurque  beaucoup  plus  haut, 
et  ses  bronches  se  rendent  dans  deux  petits  poumons  qui  n'occupent 
que  le  haut  de  la  moitié  postérieure  de  la  poitrine. 

ORGANES    DE    LA   CIRCULATION. 

A  ces  deux  systèmes  d'organes  respiratoires  si  inégaux  correspondent 
deux  systèmes  d'organes  circulatoires  dont  le  développement  s'est  fait  dans 
le  même  rapport.  Antérieurement  nous  trouvons  un  cœur  très-volumi- 
neux dont  les  vaisseaux  coronaires  sont  très-apparents.  Il  est  placé  tout 
à  fait  dans  l'abdomen,  dont  il  occupe  une  grande  étendue.  Ses  cavités 
sont  bien  distinctes  et  les  oreillettes,  quoique  contractées  par  l'action  de 
l'alcool,  sont  peut-être  plus  visibles  extérieurement  que  dans  l'état  na- 
turel. Je  n'ai  pu  trouver  qu'une  veine  cave,  la  supérieure.  Mais  deux 
artères  pulmonaires  d'un  gros  calibre  se  portent  aux  poumons  corres- 
pondants, d'où  reviennent  deux  veines  pulmonaires  également  volumi- 
neuses. L'aorte,  à  sa  sortie,  fournit  à  gauche  un  gros  tronc  (aorte 
descendante)  qui  reste  adhérent  au  cœur,  le  contourne  en  arrière  et  de 
gauche  à  droite,  et  vient  s'en  séparer  près  de  la  pointe  du  côté  droit.  Je 
n'ai  pu  le  suivre  au  delà,  bien  que  j'eusse  vivement  désiré  reconnaître 
son  mode  de  divisions.  Le  tronc  ascendant  se  bifurque  à  très-peu  de 
distance  de   la   crosse.    La  branche   gauche  se    bifurque  bientôt  à  son 


634  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

tour,  sans  doute  pour  former  les  deux  sous-clavières  gauches.  La  bran- 
che droite  fournit  sur  la  ligne  médiane  un  gros  rameau  qui  s'élève 
jusqu'au  sommet  de  la  poitrine  et  se  divise  en  deux  branches  qui 
se  rendent  chacune  à  un  des  cous  et  le  contournent  de  dedans  en 
dehors.  Ensuite  elle  se  bifurque  à  son  tour  pour  former  les  deux  sous- 
clavières  droites. 

A  la  partie  postérieure  de  la  poitrine,  au-dessus  des  foies  et  entre  les 
deux  petits  poumons  dont  j'ai  parlé,  se  trouve  un  petit  cœur  irréguliè- 
rement quadrilatère,  n'offrant  dans  son  intérieur  qu'une  seule  cavité. 
Vers  le  milieu  de  cet  organe  rudimentaire  sortent  deux  petits  troncs 
qui  se  bifurquent  presque  aussitôt.  Les  branches  de  l'un  se  portent  aux 
poumons,  celles  de  l'autre  à  la  face  postérieure  des  cous. 

SQUELETTE. 

La  détermination  des  os  de  la  tète  est  assez  facile  pour  quelques-uns, 
bien  difficile,  je  crois,  pour  d'autres.  Ainsi,  en  avant,  la  mandibule 
supérieure  s'unit  à  la  portion  antérieure  du  frontal  qui  manque  de  par- 
tie supérieure.  Ses  quatre  branches  sont  articulées  comme  d'ordinaire, 
mais  inégalement  développées  par  suite  du  rejet  de  gauche  à  droite  que 
le  développement  excessif  de  l'œil  gauche  et  l'atrophie  de  l'œil  droit  ont 
fait  subir  à  tout  cet  appareil.  La  mandibule  inférieure  n'offre  rien  à  si- 
gnaler. Les  os  de  la  base  du  crâne,  tous  réunis,  forment  un  plancher  à 
bords  festonnés  et  relevés  sur  quelques  points.  En  général  ces  bords 
sont  épais,  et  au-dessus  de  l'orbite  droit  en  particulier  on  trouve  une 
masse  irrégulière  semblant  en  quelque  sorte  résulter  d'une  espèce 
d'épanchement  de  la  matière  osseuse.  En  arrière  des  voûtes  orbitaires 
on  distingue  trois  dépressions  séparées  par  des  saillies  plus  ou  moins 
prononcées.  Enfin,  tout  à  fait  en  arrière  et  en  dessous,  un  très-petit 
tubercule  rappelle  le  condyle  de  l'occipital. 

Les  colonnes  vertébrales,  parfaitement  distinctes  et  séparées  l'une  de 
l'autre,  viennent  se  joindre  à  la  tête  en  arrière  et  sur  les  côtés,  La  moi- 
tié seulement  de  chacune  d'elles  est  en  contact  avec  la  tète  ;  l'autre  est 
tout  à  fait  en  dehors.  Des  ligaments  très-forts  les  retiennent  en  place, 
mais  je  n'ai  pas  reconnu  qu'il  existât  d'articulation  proprement  dite.  A 
partir  de  ce  point,  les  deux  colonnes  vertébrales  marchent  parallèlement 
l'une  à  l'autre  jusqu'à  nue  petite  distance  de  la  poitrine,  OÙ  «'lies  se 
séparent  brusquement  pour  se  porter  à  droite  et  à  gauche.  Elles  n'of- 
frent, du  reste,    rien  de  particulier,    non  plus  que  les  os  des  membres. 

11  n'en  est  pas  de  même  des  os  qui  cloisonnent  la  poitrine  en  avant 
et  en  arrière.  Ici  nous  trouvons  deux  sternums,  l'un  antérieur,  l'autre 
postérieur;  tous  deux  offrant  une  conformation  régulière,  sauf  que  leurs 
échancrures  ne  sont  qu'indiquées,  tous  deux  s'articulant  avec  les  mêmes 


DE    QUATREFAGEJ5.    —    SUR    UN    PIGEON   DÉRADELPIIE  035 

os  que  dans  l'état  normal.  Mais  ces  os,  au  lieu  de  provenir  du  même  in- 
dividu, appartiennent  par  moitié  à  chacun  des  composants.  Ainsi  nous 
trouvons  le  sternum  antérieur  portant  à  sa  partie  supérieure  une  four- 
chette fibrocartilagineuse  dont  une  branche  se  rend  à  l'articulation  hu- 
méroscapulaire  gauche  du  pigeon  gauche,  et  l'autre  à  l'articulation 
huméroscapulaire  droite  du  pigeon  droit.  Les  deux  os  coracoïdiens  arti- 
culés avec  le  même  sternum  aboutissent  aux  mêmes  points.  Entin  les 
côtes  qui  s'y  insèrent  des  deux  côtés  proviennent  par  moitié  des  deux 
colonnes  vertébrales.  Elles  n'offrent,  du  reste,  rien  de  particulier  ni  dans 
leur  nombre,  ni  dans  leur  position,  si  ce  n'est  qu'elles  soni  moins  arquées 
que  dans  l'état  normal,  ce  qui  résulte  naturellement  de  la  multiplication 
des  pièces  dont  se  compose  chacun  des  anneaux  osseux  de  la  poitrine. 
La  cloison  postérieure  de  la  poitrine  présente  identiquement  la  même 
structure.  On  y  trouve  aussi  un  sternum  auquel  aboutissent  d'un  côté 
les  côtes  droites,  l'os  coracoïdien  droit  et  la  branche  droite  de  la  four- 
chette du  pigeon  gauche  ;  de  l'autre,  les  côtes  gauches,  l'os  coracoï- 
dien gauche  et  la  branche  gauche  de  la  fourchette  du  pigeon  droit.  Du 
reste,  ces  parties  sont  assez  symétriquement  développées  des  deux  côtés 
des  colonnes  vertébrales.  Peut-être  le  sont-elles  un  peu  plus  en  arrière 
qu'en  avant,  la  coalescence  des  deux  individus  s'étant  faite  sous  un  an- 
gle horizontal  très-aigu  dont  le  sommet  est  en  avant.  L'écartement  des 
deux  ailes  antérieures  qu'on  remarque  sur  le  dessin  (fig.  1)  n'est  qu'ap- 
parent :  il  résulte  du  tiraillement  exercé  sur  le  repli  cutané  qui  se 
trouve  dans  cette  région. 

RÉSUMÉ. 

Les  faits  anatomiques  que  je  viens  de  décrire  en  détail  peuvent  se 
résumer  de  la  manière  suivante  :  le  monstre  double  qui  nous  occupe 
présente  une  seule  tête  privée  d'encéphale,  deux  cous  distincts  et  deux 
corps  réunis  par  leurs  faces  antérieures  ;  d'où  il  résulte  que  les  deux  co- 
lonnes vertébrales  sont  devenues  latérales.  Le  tube  digestif  est  commun 
dans  sa  moitié  supérieure  ;  au  delà  il  se  divise  et  chacun  des  individus 
composants  recouvre  en  toute  propriété  sa  moitié  inférieure.  Les  grands 
organes  sécréteurs  de  l'abdomen  (foies,  reins),  sont  très-volumineux  ; 
chaque  pigeon  possède  les  siens.  Il  en  est  de  même  des  ovaires.  Les 
organes  respiratoires  et  circulatoires  forment  deux  systèmes  dont  l'un  est 
antérieur  et  l'autre  postérieur;  celui-ci  presque  atrophié,  l'autre  au  con- 
traire très-développé ,  tous  deux  appartenant  par  moitié  à  chacun  des 
deux  pigeons.  Le  squelette  répète  cette  disposition.  A  côté  de  deux 
axes  vertébraux  latéraux,  représentant  les  deux  individus  élémentaires, 
se  trouvent  deux  sternums  avec  leurs  annexes  revenant  par  moitié  à 
chacun  de    ces  axes,  et  placés    l'un  antérieurement   l'autre  postérieure- 


636  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

ment;  mais  tous  deux  à  peu  près  également  développés.  J'ai  essayé  de 
représenter  cet  ensemble  d'organisation  dans  la  ligure  12  qui  offre  une 
coupe  idéale  d'un  des  anneaux  osseux  de  la  poitrine  et  la  projection  des 
principaux  organes  renfermés  dans  la  poitrine  et  l'abdomen. 

RÉFLEXIONS . 

Les  déductions  qu'on  peut  tirer  de  ce  fait  et  de  ses  analogues,  les 
résultats  remarquables  auxquels  ils  conduisent  sur  la  connaissance  des 
lois  qui  régissent  le  développement  des  animaux,  ont  été  trop  bien  expo- 
sés et  motivés  par  les  Meckel,  les  Geoffroy  Saint-Hilaire  père  et  fils,  les 
Serres  et  les  autres  anatomistes  philosophes  qui  ont  suivi  leurs  traces, 
pour  qu'il  soit  nécessaire  de  s'arrêter  longtemps  sur  ce  sujet.  Je  me 
bornerai  en  rappelant  leurs  travaux  à  signaler  la  coïncidence  qui  existe 
entre  les  faits  observés  par  eux  et  celui  qui  nous  occupe ,  à  montrer 
que  pour  les  uns  et  pour  les  autres  les  lois  générales  qu'ils  ont  décou- 
vertes suffisent  à  l'explication  de  tous  les  phénomènes. 

Et,  d'abord,  si  nous  considérons  le  tronc,  nous  verrons  que  notre 
pigeon  offre  la  plus  grande  analogie  avec  l'hépatodyme  acomplexe 
(Déradelphe  de  M.  Isidore  Geoffroy),  dont  M.  Serres  a  donné  l'histoire 
et  dont  le  squelette  se  trouve  dans  le  musée  anatomique  de  la  Pitié. 
Les  choses  se  sont  passées  pour  les  deux  oiseaux  comme  pour  les  deux 
fœtus  humains.  Dans  l'œuf  comme  dans  la  matrice,  deux  germes  se 
sont  trouvés  en  présence,  se  sont  développés  simultanément  et  péné- 
trés. Dans  cette  fusion  de  deux  organisations,  les  deux  organismes,  les 
organes  postérieurs  et  latéraux  ont  gardé  leurs  positions  ordinaires. 
Mais  les  antérieurs  amenés  à  se  placer  sur  le  plan  médian  commun,  se 
trouvant  en  présence  d'autres  organes  semblables  et  ayant  la  roême 
destination,  se  sont  soudés  avec  leurs  vis-à-vis  pour  former  des  organes 
simples  quant  à  leurs  formes,  mais  doubles  quant  à  leur  origine.  De  là 
des  organes  complexes,  tantôt  impairs  comme  l'œsophage ,  l'estomac,  la 
première  portion  de  l'intestin  grêle,  le  pancréas;  tantôt  pairs  comme 
les  cœurs,  les  trachées,  les  poumons,  les  sternums.  Dans  le  premier  cas, 
les  rapports  avec  les  organes  hétérogènes  acomplexes  se  sont  seulement 
doublés  ;  ainsi  l'intestin  grêle,  par  exemple,  aura  reçu  de  chaque  côté 
les  canaux  biliaires  venant  des  deux  Ibies  restés  séparés.  Mais,  dans  le 
second  les  choses  se  sont  passées  d'une  manière  plus  compliquée. 
Chaque  organe  central  est  le  produit  de  l'accolement  de  deux  moitiés 
hétérogènes,  et  chacune  de  ces  moitiés  amène  avec  elle  un  certain  nom- 
bre d'annexés.  Il  en  résulte  que  l'organe  central  reçoit  des  aboutissants 
des  deux  individus  composants,  et  que  les  rapports  de  certains  organes 
•  ■litre  eux  se  trouvent  anéantis. 

Les  ligures  qui  représentent  le;  squelette  de  la  cloison  thoracique  anté- 


DE  QUATREFAGES.  —  SUR  UN  PIGEON  DÉRADELPHE  637 

rieure  (fig.  1  et  8),  ne  permettent  pas  de  douter  que  les  choses  ne  se 
soient  passées  ainsi  pour  les  sternums  et  les  côtes.  Ces  mêmes  figures 
jointes  à  celle  qui  représente  la  coupe  d'un  anneau  osseux  de  la  poi- 
trine (fig.  12),  viennent  encore  contirmer  une  autre  opinion  de  M.  Serres. 
On  sait  que,  selon  cet  anatomiste ,  chaque  côte  apporte  avec  elle  son 
élément  sternal.  On  aurait,  en  effet  ,  bien  de  la  peine  à  expliquer  la 
position  des  sternums  et  leurs  rapports  avec  les  côtes,  s'ils  se  formaient 
indépendamment  de  ces  dernières.  Chacun  d'eux  aurait  en  ce  cas  à  décrire 
un  arc  de  90°  pour  venir  se  placer  juste  entre  les  arcs  costaux  dépen- 
dant de  chacune  des  colonnes.  Or,  il  n'existe  aucune  force  dont  la  mise 
en  jeu  puisse  expliquer  cette  espèce  de  chassé- croisé  si  régulière- 
ment exécuté.  L'autre  explication,  si  simple  et  si  bien  d'accord  avec  les 
faits  concomitants,  a  donc  pour  elle  toute  la  probabilité  désirable. 

Le  mode  de  formation  des  organes  hétérogènes  si  évident  pour  le  sque- 
lette ne  l'est  guère  moins  pour  l'estomac  où  une  gouttière  bien  prononcée 
indique  la  ligne  de  jonction  des  deux  estomacs  primitifs,  ainsi  que  pour 
l'intestin  qui,  d'abord  simple,  se  divise  un  peu  plus  loin  (fig.  10).  On 
est  par  suite  amené  à  l'admettre  pour  le  pancréas,  dépendance  si  immé- 
diate de  la  partie  supérieure  de  l'intestin  "(fig.  10).  Elle  se  reconnaît 
aussi  facilement  dans  l'appareil  respiratoire.  On  voit,  en  effet,  deux 
poumons  antérieurs  (fig.  3),  appartenant  l'un,  au  pigeon  droit,  l'autre, 
au  pigeon  gauche,  aboutissant  par  leurs  bronches  à  une  môme  trachée 
artère.  On  trouve  en  arrière  une  répétition  de  cette  disposition  (fig.  4). 
N'est-on  pas  en  droit  de  conclure  que  la  trachée  appartient  elle-même 
par  moitié  à  chacun  des  individus  accidentellement  réunis?  Les  mêmes 
observations  s'appliquent  aux  systèmes  circulatoires.  Ainsi  se  vérifie 
par  la  formation  des  organes  complexes  des  monstres  doubles  la  loi  dite 
de  conjugaison  ou  d'affinité,  en  vertu  de  laquelle  les  organes  impairs  des 
êtres  normaux  résultent  de  l'accolement  de  deux  organes  symétriques 
primitivement  pairs. 

Nous  aurons  plus  de  peine  à  trouver  dans  la  tête  de  notre  monstre 
une  nouvelle  preuve  de  la  réalité  de  cette  loi.  Si  toutes  les  parties  pri- 
mitives des  composants  eussent  subsisté,  nous  aurions  dû  trouver  deux 
faces,  l'une  antérieure,  l'autre  postérieure.  Mais  on  sait  par  les  recher- 
ches des  tératologistes  précités,  que  cette  conformation  est  très-rare 
et  que  presque  toujours  une  des  deux  faces  avorte.  Ici  elle  a  complè- 
tement disparu,  à  moins,  toutefois  ,  qu'on  ne  voulût  considérer  comme 
représentant  cette  face  postérieure  atrophiée  la  masse  osseuse  qui  se 
trouve  au  delà  du  diamètre  transverse  delà  tête  (fig.  4).  Cette  manière 
de  voir  aurait  le  grand  avantage  d'expliquer  la  position  latérale  des 
cous,  qui  semblent,  s'il  est  permis  de  s'exprimer  ainsi,  avoir  été  laissés 
en  chemin  pendant  que  leurs  têtes  s'avançaient  l'une  vers  l'autre. 


638  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

L'anencéphalie  se  présentant  dans  des  circonstances  d'où  semblerait 
devoir  résulter  la  monstruosité  contraire  est  un  l'ait  vraiment  remar- 
quable. Au  reste ,  elle  a  produit  chez  le  monstre  double,  le  même 
effet  que  chez  les  individus  simples  et  clic  se  montre  accompagnée  de 
diverses  monstruosités  par  défaut  ou  arrêt  de  développement.  Ainsi  les 
trachées  artères  sont  divisées  dans  une  grande  étendue  de  leur  trajet; 
leurs  cerceaux  par  suite  ne  se  complètent  que  plus  bas  ;  les  systèmes 
circulatoire  et  respiratoire  postérieurs  sont  presque  complètement  atro- 
phiés; les  paupières  sont  réunies.  Remarquons,  en  passant,  qu'ici 
encore,  comme  chez  les  monstres  simples,  ces  anomalies  par  défaut 
se  trouvent  ou  uniquement  ou  particulièrement  à  l'extrémité  des  organes. 
Ainsi  se  vérifient  sur  un  seul  individu  deux  faits  généraux,  conséquences 
forcées  d'un  développement  excentrique  et  inexplicable  sans  lui,  qu'on 
rencontre  constamment  dans  chacune  des  deux  grandes  classes  de 
monstruosités,  savoir  :  que  dans  les  monstres  par  défaut,  les  anomalies 
sont  à  la  circonférence  ;  et  au  centre,  au  contraire ,  dans  les  monstres 
par  excès.  Remarquons  encore  que  dans  les  cas  les  plus  compliques 
les  lois  découvertes  par  les  tératologistes  de  nos  jours  suffisent  à  l'ex- 
plication de  tous  les  phénomènes. 

La  loi  du  balancement  des  organes  a  reçu  dans  l'observation  qui 
nous  occupe  de  nombreuses  applications.  Le  cerveau  disparaît ,  mais 
le  foie  acquiert  un  volume  exagéré,  même  pour  un  oiseau;  le  cœur, 
les  poumons  postérieurs  s'arrêtent  dans  leur  développement;  le  cœur, 
les  poumons  antérieurs  compensent  largement  ce  qui  manque  en  arrière 
aux  fonctions  de  la  circulation  et  de  la  respiration.  Enfin,  l'œil  droit  s'a- 
trophie presque  entièrement;  par  contre,  l'œil  gauche  présente  un 
volume  tel,  qu'il  détruit  la  symétrie  des  os  de  la  face. 

On  ne  peut,  je  crois,  déterminer  que  d'une  manière  bien  approxi- 
mative l'époque  à  laquelle  les  deux  germes  se  sont  rencontrés  et  ont 
commencé  à  se  pénétrer  pour  former  un  monstre  double.  Les  arrêts  de 
développement  que  nous  avons  signalés  peuvent  toutefois  nous  guider 
dans  ces  conjectures,  si  nous  admettons,  ce  qui  pourrait  paraître  assez 
plausible,  qu'ils  sont  dus,  en  partie,  au  trouble  apporté  dans  le  dévelop- 
pement normal  des  deux  individus  par  leur  rencontre  même,  D'abord, 
il  est  évident  que  la  coalescence  a  du  s'effectuer  avant  le  sixième  joui* 
de  l'incubation.  A  cette  époque,  la  poitrine  est  entièrement  fermée  chez 
le  poulet,  dont  l'incubation  dure  un  peu  plus  longtemps  que  celle  du 
pigeon.  Elle  doit  donc  l'être  à  plus  forte  raison  chez  celui-ci,  et  dans 
ce  cas,  les  côtes  n'auraient  pu  s'affronter  comme  nous  avons  vu  qu'elles 
l'ont  fait.  D'ailleurs,  le  manque  de  cerveau,  la  persistance  des  fentes 
trachéales  semblent  indiquer  une  époque  bien  antérieure.  Enfin,  l'état 
du  cœur  postérieur  de  forme  allongée,  placé  en  travers,  n'offrant  qu'une 


DE  QUATREFAGES.  —  SUR  UN  PIGEON  DÉRADELPHE         639 

seule  cavité  et  l'absence  de  fente  palpébrale  nous  rejetteraient  vers  la 
trentième  heure  environ,  s'il  s'agissait  d'un  poulet.  On  pourrait  donc 
assigner  avec  quelque  vraisemblance  la  période  d'incubation  comprise 
entre  la  vingt-sixième  et  la  vingt-huitième  heures,  comme  celle  où  la 
rencontre  des  deux  germes  a  dû  avoir  lieu . 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  XII 

Fig.  1.  —  Pigeon  Déradelphe  synanencéphale  vu  par  devant. 

Fig.  2.  —  Le  même  vu  par  derrière. 

Fig.  3.  —  o,  œsophage  présentant  deux  replis  latéraux  et  un  postérieur.  —  b 
trachée  artère  antérieure.  —  c,  c',  carotides  externes  des  deux  cous.  —  d,  d', 
sous-clavières.  —  e,e,  poumons  antérieurs. —  /',/",  les  deux  foies.  — g,  veine 
cave  supérieure.  —  /;,  artères  pulmonaires.  —  i,  veines  pulmonaires.  —  k, 
aorte  ascendante.  —  p',  aorte  descendante.  —  o,  cœur  antérieur. 

Fig.  i. —  a,  trachée  antérieure.  —  b,  trachée  postérieure.  —  c,  œsophage,  ou 
plutôt  ventricule  succenturié  déformé.  —  d,  d' ,  petits  rameaux  artériels  allant 
à  la  partie  postérieure  des  cous.  —  e,  c,  poumons  postérieurs.  —  /",  f,  foies. 
—  i,  circonvolutions  intestinales.  —  r,  r',  rectums. 

Fig.  5.  —  a,  langue.  —  b,  glotte  se  prolongeant  en  fente  d.  —  c,  c,  cornes 
de  l'os  hyoïde.  — e,  f,  cloison  postérieure  de  l'œsophage  fendue  longitudinale- 
mentet  retenue  par  des  épingles.  —  g  œsophage  présentant  trois  replis. 

Fig.  6.  —  a,  œsophage.  —  6,  trachée  antérieure.  —  c,  ouverture  de  la  tra- 
chée postérieure  formée  par  les  deux  replis  latéraux  de  l'œsophage  et  s'ouvrant 
dans  le  ventricule  succenturié  qui  est  ouvert.  —  d,  cardia.  —  e,  estomac 
représentant  la  cloison  antérieure  de  la  poitrine  vue  par  dehors. 

Fig.  7.  —  a,  a',  cous.  —  b,  b',  fourchette.  —  c,  c',  os  coracoïdiens.  —  e,  é, 
humérus.  —  f,  f,  omoplates.  —  #,  côtes.  —  h,  sternum  commun. 

Fig.  8,  représentant  la  même  cloison  vue  en  dedans  après  que  la  poitrine  a 
été  ouverte  en  arrière  et  les  colonnes  vertébrales  rabattues  à  droite  et  à 
gauche.  —  a,  a,  cous.  —  6,  6',  les  deux  branches  de  la  fourchette.  —  c,  c, 
os  coracoïdiens.  —  f,  f,  omoplates. —  g,  g',  côtes.  —  h,  sternum. 

Fig.  9.  —  a,  a,  cous.  —  b  masse  osseuse  indéterminée.  —  c,  trou  du  nerf 
optique  gauche.  — d,  d',  arcades  zygomatiques.  —  e,  mandibule  supérieure.  — 
f,  mandibule  inférieure. 

Fig.  40.  —  a,  ventricule  succenturié.  —  b,  cardia.  —  c,  estomac.  —  e,  f, 
anse'  pancréatique.  —  g,  g,  canaux  hépatiques  ou  biliaires.  —  d,  point  de 
division  de  l'intestin  grêle.  —  h,  h\  circonvolutions  intestinales  formant  deux 
masses  dont  chacune  appartient  à  un  seul  des  deux  pigeons.  —  k,  cœcum.  — 
n,  ri,  gros  intestins.  —  l,  m,  oviducte  (?),  urètre  (?).  —  o,  o',  anus. 

Fig.  44.  —  A,  coupe  horizontale  de  l'œsophage  au-dessous  de  la  langue. — 
B,  coupe  vers  la  fin  de  la  fente  trachéale  antérieure.  — C,  coupe  après  la  for- 
mation de  la  trachée  antérieure.  —  D,  coupe  vers  la  fin  de  la  fente  trachéale 
postérieure.  —  F,  coupe  des  deux  trachées  séparées  par  le  cardia.. 


640  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

Fig.  -Z2.  —  Coupe  idéale  d'un  anneau  de  la  poitrine  et  projection  des  prin- 
cipaux viscères.  —  AB,  axe  antéro-postérieur  commun.  —  OD,  O'D',  axes  laté- 
raux. —  EF,  ET',  lignes  indiquant  l'angle  sous  lequel  se  sont  rencontrés  et 
fusionnés  les  deux  pigeons.  —  S,  sternum  antérieur.  —  S',  sternum  posté- 
rieur. —  V,  V,  colonnes  vertébrales.  —  C,  C,  côtes  postérieures.  —  K,  K', 
côtes  antérieures.  —  a,  a,  cœurs.  —  b,  b',  trachée-artères.  —  c,  œsophage.  — 
e,  estomac.  —  f,  pylore.  —  g,  g',  portion  antérieure  des  foies.  —  h,  h',  por- 
tions postérieures.  —  i,  % ,    poumons  antérieurs.  —  /,  /',  poumons  postérieurs. 


M.   SABATIER 

Professeur  à  la  Furul!  S      D  es  de  Montpellier. 


ETUDES  SUR  LE  FOIE  CHEZ  LES  AMPULLAIRES 

(EXTRAIT    BU  PB  ICÈS-VKRBU..) 


--  Siiince  du   27  août  1877.  — 

M.  Sabatier  fait  une  communication  sur  un  organe  parenchymateux  d'un 
gros  volume  qu'il  a  découvert  chez  les  ampullaires  et  qui  est  situé  entre  le 
oie  et  l'organe  de  Bojanus.  M.  Sabatier  expose  la  structure  de  cet  organe, 
qui,  recevant  le  sang  de  l'intestin,  traversé  par  un  véritable  système  porte, 
est  composé  de  grandes  cellules  à  noyaux  jaune  clair  et  dépourvu  de  toute 
cavité  d'excrétion,  lui  paraît  devoir  être  considéré  comme  un  organe  hématc- 
poiétique.  M.  Sabatier  n'a  pas  trouvé  de  sucre  dans  cet  organe,  mais  il  en  a 
constamment  rencontré  dans  le  foie  biliaire  qui  reçoit  le  sang  de  l'artère  aorte 
et  non  des  veines  intestinales. 

En  s'appuyant  sur  ce  fait  et  sur  d'autres  empruntés  à  Tanatomie  comparée, 
M.  Sabatier  combat  la  distinction  qu'on  a  voulu  établir  entre  un  foie  biliaire 
qui  recevrait  le  sang  de  l'artère  hépatique  et  un  foie  glycogénique  et  hémato- 
poiétique qui  dépendrait  de  la  veine-porte.  Pour  lui,  le  foie  biliaire  et  foie  le 
glycogénique  correspondent  à  un  seul  ordre  d'éléments,  les  cellules  hépatiques 
proprement  dites,  qui  produisent  à  la  fois  la  bile  et  la  substance  glycogène. 

Quant  à  la  signification  de  l'organe  spécial  décrit  chez  les  ampullaires, 
M.  Sabatier  le  considère  comme  un  organe  hématopoiétique  qui  correspondrait 
à  la  portion  hématopoiétique  du  foie  des  animaux  supérieurs.  Cette  portion 
aurait  d'ailleurs  des  connexions  variables  avec  le  foie  et  l'organe  rénal  et  serait 
tantôt  confondue  avec  le  foie  (vertébrés),  tantôt  avec  l'organe  rénal  (mollus- 
ques) et  constituerait  alors  une  portion  intégrante  de  l'organe  de  Bojanus. 
L'ampullaire  réaliserait  un  type  intermédiaire  où.  l'organe  en  question  serait 
intermédiaire  entre  le  foie  et  le  rein. 


E.    DE   FROMENTEL.    REV1VIFICATI0N    DES  ROTIFÈRES  641 


DISCUSSION. 

M.  Giard  fait  observer  que,  d'après  les  descriptions  et  les  planches  pré- 
sentées par  M.  Sabatier,  l'organe  nouveau  doit  être  morphologiquement  en 
rapport  avec  le  rein  plutôt  qu'avec  le  foie.  C'est  une  différenciation  spéciale  de 
l'organe  de  Bojanus  comparable  à  la  différenciation  qui  forme  le  vitellogène 
aux  dépens  de  l'ovaire  chez  les  Planariés.  Le  fait  n'en  est  pas  moins  très- 
intéressant  au  point  de  vue  physiologique  et  ce  n'est  que  chez  les  Tuniciers 
qu'on  retrouve  un  cas  semblable  de  disjonction  de  l'organe  rénal. 

M.  Pouchet  trouve  aussi  des  points  de  rapprochement  entre  l'organe  de 
l'ampullaire  et  les  organes  rénaux  des  mollusques. 


M.  E.  de  EEOMENTEL 

De  Grny. 


RECHERCHES  SUR  LA  REVIVIFICATION  DES  ROTIFERES,  DES  ANGUILLULES 
ET  DES  TARDIGRADES. 


—  Séance    du    2  7    août    1 8 7 7 .  — 

PREMIÈRE  PARTIE 

EXPÉRIENCES  A  LONG   DÉLAI. 

S'il  est  un  fait  qui  semble  complètement  acquis  à  la  science,  malgré 
les  doutes  et  les  dénégations  qu'il  a  autrefois  soulevés,  c'est  le  pouvoir 
qu'ont  certains  animaux  inférieurs  de  revenir  à  la  vie  après  avoir  pen- 
dant un  temps  plus  ou  moins  long,    subi  un  dessèchement   complet  à 
des  températures  basses  ou  élevées.  Les  Rotifères,  les  Anguillules  et  les 
Tardigrades  sont  les  êtres  qui   passent  pour  jouir  de  celte  merveilleuse 
puissance;  et   cette  croyance  est  tellement  enracinée   dans   la    science 
actuelle,    qu'elle    se   trouve    reproduite  ou    développée   dans   tous   les 
ouvrages  d'histoire  naturelle  où  ces  animalcules  se  trouvent  cités.  Spal- 
lanzani  observa  des  rotifères  dans  le  sable  des  gouttières  et,  le  premier, 
annonça  leur  résurrection  après  une  dessiccation  prolongée  sous  les  feux 
d'un  été  brûlant,  quand   on   venait  à  les  soumettre  à  l'influence  d'une 
nouvelle  immersion.  Ce  fait  remarquable,   contrôlé  et  admis  par  Leu- 
venhoeck,  fut  révoqué  en  doute  par  quelques  naturalistes  et  entre  autres 
par  Schrank,   Rory-Saint-Vincent  et  Ehrenberg.  Ce  dernier  affirma  que 
les  Rotifères  entièrement  desséchés  ne  pouvaient  plus  être  rappelés  à  la 

41 


642  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

vie,  qu'en  cela  ils  ne  différaient  en  rien  des  autres  animaux;  qu'à  la 
vérité  ils  pouvaient  rester  pendant  un  certain  temps  en  léthargie  et  sans 
mouvement,  mais  que  pendant  ce  temps  ils  subissaient  une  déperdition 
de  substances  qui  ne  pouvait  se  prolonger  longtemps  sans  nuire  à 
leur  existence. 

Mais  les  dénégations  des  auteurs  d'alors  ne  pouvaient  pas  tenir  long- 
temps contre  le  désir  d'élever  à  l'état  de  vérité  scientifique  un  fait  aussi 
merveilleux  que  la  résurrection  des  Rotifères  desséchés;  aussi  les  expé- 
riences de  Schultz  d'abord,  puis  celles  de  M.  Doyère  parurent  complète- 
ment décisives  aux  yeux  des  naturalistes  et  la  revivification  des  Rotifères 
des  Tardigradeset  des  Anguillules  fut  définitivement  admise  par  tous  les 
auteurs  et  rappelée  avec  conviction  dans  leurs  ouvrages. 

Cependant  dès  l'année  4851,  pendant  que  je  poursuivais  mes  études 
microscopiques,  des  observations  accidentelles  m'avaient  laissé  dans  l'es- 
prit un  doute  sur  le  pouvoir  revivificateur  des  Rotifères  et  des  Tardigrades; 
j'avais  déjà  bien  observé  comment  ces  animaux,  après  une  dessiccation 
plus  ou  moins  ancienne  reviennent  à  une  forme  particulière  et  presque 
normale,  après  avoir  été  soumis  à  une  nouvelle  immersion;  mais  ces 
observations,"  faites  en  passant,  n'avaient  rien  de  concluant,  et  le  doute 
que  j'éprouvais  sur  le  pouvoir  de  résurrection  des  Rotifères  n'était  pas 
le  résultat  d'expériences  faites  exclusivement  pour  cette  démonstration. 

Ce  n'est  qu'en  1873  que,  voulant  enfin  me  rendre  compte  par  moi- 
même  de  ce  qu'il  y  avait  de  vrai  ou  de  faux  dans  tout  ce  qui  avait  été 
écrit  au  sujet  des  animaux  ressuscitants,  je  résolus  de  me  livrer  à  une 
série  d'expériences,  faites  sans  aucun  parti  pris,  et  entourées  de  toutes 
les  précautions  qui  devaient  pour  moi  les  rendre  définitives. 

Le  5  juin  1873,  après  plusieurs  recherches  infructueuses,  dans  la 
terre  humide  et  la  vase  des  petits  réservoirs  du  jardin,  je  trouvai,  dans 
un  bouquet  de  Bryum,  détaché  des  dalles  d'un  mur,  un  nombre  con- 
sidérable de  Rotifères,  de  Tardigrades  et  d'AnguilluleS; 

Les  Rotifères  se  présentent  sous  des  aspects  différents  :  les  uns  très- 
transparents,  incolores,  sont  généralement  de  petite  taille;  d'autres 
sont  épais,  colorés  en  rouge-jaune  et  mesurent  0mm,3  de  longueur. 

Je  préparai  aussitôt  des  plaques  de  verre,  portant  chacune  un  numéro 
d'ordre,  et  sur  lesquelles  je  laissai  évaporer  lentement  et  à  l'ombre  la 
goutte  d'eau  qui  renfermait  les  êtres  soumis  à  l'expérience. 

Verre  n°  4 .  —  Ce  verre  contient  plusieurs  Rotifères;  l'un  très-transparent  et 
sans  coloration  aucune,  traîne  à  sa  suite  un  long  filament  qui  s'attache  plus 
ou  moins  aux  corps  étrangers  qu'il  rencontre.  Ce  systolide  a  0mm,3  de  longueus 
sur  0mm,03  de  largeur,  on  remarque  dans  la  même  goutte  d'eau  deux  autrer 
Rotifères  en  tout  semblables  au  premier  et  un  autre  beaucoup  plus  gros  et  plus 
long,qui  a  une  teinte  rouge  assez  prononcée  et  qui  mesure  0mi",4j  de  longueur. 


E.    DE    FROMENTEL.    —   REVIVIFICATION    DES   ROTIFÈRES  643 

surOmm,06  de  largeur.  —  On  remarque  aussi  sur  ce  verre  un  Tardigrade  d'un 
beau  rouge;  il  a  0n'm,10  de  largeur  sur  0mm,30  de  longueur.  Les  soies  assez 
rares  qui  couvrent  son  corps  sont  très-longues  et  raides.  Ce  verre  contient  donc 
4  Rotifères  et  1  Tardigrade. 

Au  moment  de  la  dessiccation  lente,  les  Rotifères  se  sont  contractés  et  conser- 
vent :  les  uns,  leur  transparence  cristalline,  et  l'autre,  une  teinte  aurore  ayant  des 
reflets  dorés.  Ce  dernier  est  très-visible  sur  le  verre,  il  a  pris  une  forme  globu- 
leuse avec  des  facettes  dont  les  angles  jettent  de  vifs  reflets.  —  Le  Tardigrade 
qui  était  d'un  beau  rouge  de  Saturne,  a  pris  successivement  une  teinte  violette, 
puis  bleue,  et  enfin  quand  la  dessiccation  a  été  complète,  il  est  devenu  d'un  beau 
jaune  d'or,  glacé  de  bleu  clair. 

Si  je  suis  entré  dans  ces  détails  descriptifs,  c'est  afin  de  bien  faire 
comprendre  le  soin  que  j'ai  mis  à  me  rendre  compte  de  l'état  des  ani- 
malcule savant  et  après  leur  dessiccation,  pour  pouvoir  mieux  étudier  les 
modifications  qu'ils  subiront  alors  que  je  les  humecterai  plus  tard.  Je 
passerai  plus  rapidement  sur  le  détail  des  êtres  desséchés  sur  les  autres 
verres,  afin  d'éviter  des  redites  inutiles. 

Verre  n°  2.  —  Sur  ce  verre  se  trouvent  quatre  Rotifères,  dont  un  gros  rouge 
que  l'on  voit  très-bien  à  la  simple  loupe  après  la  dessiccation.  Il  existe  encore 
sur  ce  verre  des  corps  ovoïdes  très-foncés  aux  deux  extrémités,  avec  un  espace 
clair  au  centre  et  qui  sont  peut-être  à  tort  considérés  par  les  naturalistes 
comme  des  œufs  de  systolides.  Je  n'en  ai  jamais  vu  éclore  un  seul,  et  en  fait 
de  systolides  il  n'existe  dans  mon  infusion  de  mousse  que  des  Rotifères  qui 
sont  vivipares. 

Verre  n°  S.  —  Ce  verre  ne  renferme  qu'un  Tardigrade  de  taille  moyenne 
jaune  clair,  avec  des  taches  rouges  dans  la  partie  centrale  du  corps.  Il  pré- 
sente avant  la  dessiccation  une  expansion  de  l'appareil  buccal  en  forme  de  pe- 
tit entonnoir  qui  rentre  et  sort  fréquemment.  Au  moment  de  son  dessèchement, 
il  n'a  pas  affecté  la  forme  arrondie  du  n°  \ ,  ni  ses  changements  successifs  de 
coloration.  11  s'est  contracté  en  boule,  qui  bientôt  s'est  resserrée  sur  elle- 
même,  en  formant  à  sa  surface  des  facettes  brillantes  qui  pourraient  faire 
prendre  cet  animal  pour  un  cristal  jaunâtre. 

Verre  n°  4.  —  Deux  Rotifères  rouges  :  le  plus  gros  ne  s'est  pas  contracté  en 
boule,  il  est  resté  oblong  et  s'est  plissé  longitudinalement  ;  l'autre  s'est  con- 
tracté à  l'extrémité  d'un  filament  de  coton,  ce  qui  facilitera  sa  recherche  future. 

Verre  n°  5.  —  Ce  verre  contient  un  Tardigrade  blanc-gris  à  taches  noires  : 
au  moment  de  sa  dessiccation  il  a  pris  une  teinte  rougeâtre.  On  remarque 
plus  loin  un  Rotifère  qui  s'est  contracté  entre  des  fragments  de  silice,  et  entre 
ces  deux  animalcules,  une  Anguillule  contournée  sur  elle-même. 

Verre  n°  6.  —  Le  10  juin,  je  prépare  un  verre  qui  porte  le  n°  6.  Il  ne  ren- 
ferme que  deux  Rotifères  qui  se  sont  accolés  à  un  amas  de  substances  étran- 
gères ;  on  voit  leur  extrémité  postérieure  qui  fait  saillie  au  dehors  sous  forme 
d'une  substance  arrondie  et  très-transparente.  Ces  deux  Rotifères  contiennent 
des  embryons  déjà  assez  développés. 


644  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

Verre  n°  7.  —  Ce  même  jour  je  prépare  encore  deux  verres  portant  les 
nos  7  et  8.  Le  premier  renferme  plusieurs  Rotifères  et  deux  Tartigrades  faciles 
à  reconnaître. 

Verre  n°  S.  — Ce  dernier  verre  contient  un  Rotifère  rouge  et  un  Tardigrade 
isolés.  L'un  et  l'autre  sont  faciles  à  reconnaître  à  la  simple  loupe,  après  la  des- 
siccation. 

Ces  huit  verres  préparés  le  5  et  le  10  juin  1873,  ont  été  desséchés  à 
l'air  libre  et  à  l'ombre,  puis  placés  dans  une  boîte  dans  laquelle  l'air 
pénètre  librement.  Cette  boîte  est  restée  en  place  dans  une  chambre 
au  premier  étage  et  exposée  au  couchant,  jusqu'au  jour  où  j'ai  voulu 
commencer  les  expériences  de  résurrection. 

EXPÉRIENCES   A    LONGS  DÉLAIS. 

Le  21  avril  1874,  c'est-à-dire  onze  mois  environ  après  avoir  terminé 
le  dessèchement  des  huit  verres  que  j'ai  préparés  en  1873,  je  commence 
à  soumettre  mes  animalcules  desséchés  à  l'expérience  de  la  revivilication 
par  l'immersion. 

Verre  n°  L  —  Le  matin,  26  avril  1874,  à  11  heures,  j'ai  pris  le  verre  n°  1,  j'ai 
recouvert  la  tache,  où  se  trouvent  les  animalcules  desséchés,  avec  une  glace  mince 
et  adhérente  au  verre,  par  un  peu  de  cire  à  modeler.  Au  moyen  de  cette  glace 
superposée,  au-dessous  de  laquelle  l'eau  pénètre  très-facilement,  on  évite  une 
évaporation  trop  rapide  et  on  peut  plonger  le  verre  en  expérience  dans  une 
grande  quantité  d'eau,  qui  se  renouvelle  constamment  entre  les  deux  verres. 
La  glace  supérieure  se  trouve  suffisamment  éloignée  du  verre  portant  la  tache 
de  la  goutte  d'eau  desséchée,  car  celle-ci  contient  toujours  des  fragments  très- 
petits,  il  est  vrai,  de  silex  ou  de  calcaires,  mais  qui  occasionnent  facilement 
la  fracture  de  la  glace  mince  si  on  vient  à  la  presser  un  peu  trop  en  la  scel- 
lant avec  la  cire. 

Le  verre  n°  1  ainsi  préparé  est  soumis  à  l'immersion  continue,  à  partir  de 
11  heures  du  matin. 

A  1  heure  du  soir,  le  gros  Rotifère  rose  commence  à  se  gonfler  et  à  prendre 
une  forme  arrondie.  —  Le  Tardigrade  a  subi  la  même  influence  et  commence  à 
revenir  à  une  forme  plus  distincte. 

A  3  heures,  le  Rotifère  s'est  assez  développé,  on  commence  à  voir  les  organes 
internes,  il  a  pris  la  forme  bien  connue  de  l'animal  au  repos.  Le  Tardigrade  est 
revenu  à  peu  près  à  sa  forme  normale;  mais  comme  chez  le  Rotifère  on  n'y 
remarque  aucun  signe  de  vie. 

A  8  heures  du  soir,  même  état,  aucun  signe  de  mouvement,  bien  que  le 
Rotifère  semble  encore  plus  développé. 

A  10  heures  du  soir,  aucun  changement  et  aucun  signe  de  vie. 

Le  lendemain  22  avril,  le  verre  étant  resté  plongé  toute;  la  nuit  dans  l'eau, 
j'examinai  de  nouveau  le  Rotifère  qui,  maintenant,  a  repris  toute  sa  taille. 
Son  sommet  est  plus  distinct,  on  reconnaît  la  ligne  par  où  les  cils  vibratils  se 


E.    DE    FROMEISTEL.    —    REVIVIFICATION  DES   ROTIFÈRES.  645 

sont  retirés,  son  appareil  masticateur  est  bien  visible,  mais  il  est  immobile, 
sans  trace  de  mouvement  ni  à  l'intérieur  ni  à  l'extérieur,  sans  signe  de  vie. 
Aucune  trace  d'existence  chez  les  autres  Rotifères  contenus  sur  le  même  verre 
n°  1. 

Examiné  le  23  et  les  jours  suivants,  le  Rotifère  ne  présentait  aucune  modifi- 
cation à  ce  que  j'ai  constaté  le  21  et  le  22.  Cette  première  expérience  est 
complètement  négative  au  point  de  vue  de  la  revivification  des  Rotifères. 
Ceux-ci  et  le  Tardigrade  se  sont  gonflés  comme  le  feraient  certains  légumes 
desséchés  et  soumis  longtemps  à  l'influence  de  l'eau,  mais  rien  ne  fait  même 
supposer  chez  eux  un  sentiment  de  vie  quelconque. 

Verre  n°  2.  —  Le  23,  à  10  heures  du  matin,  je  mets  en  expérience  le  verre 
n°  2.  Les  Rotifères  desséchés  sont  bien  visibles  au  microscope  et  surtout  le 
plus  gros  qui  occupe  le  centre  du  verre. 

A  midi  45  m.,  les  Rotifères  prennent  déjà  la  forme  de  flacon,  ou  urnulaire 
qui  leur  est  propre,  aussitôt  qu'on  les  humecte.  Point  de  mouvement. 

A  3  h.  45  m.,  on  distingue  les  deux  appendices  de  la  queue  qui  se  sont 
développés  en  même  temps  que  celle-ci. 

Le  24  avril  au  matin,  rien  n'est  changé  dans  l'état  des  Rotifères  ;  le  col  du 
gros  s'est  légèrement  allongé. 

Absent  le  25  et  le  26,  j'examine  de  nouveau  le  verre  qui  est  resté  complè- 
tement plongé  dans  l'eau  pendant  mon  absence,  et  je  constate  qu'après  un 
gonflement  un  peu  plus  prononcé,  rien  n'est  changé  dans  l'état  des  Roti- 
fères. 

Résultat  complètement  négatif  au  point  de  vue  de  la  reviviscence,  malgré 
toutes  les  précautions  prises  pour  obtenir  une  résurrection. 

Verre  »°5.  —  Le  27  avril  1874,  je  mets  en  expérience  le  verre  n°3,  après 
avoir  pris  les  mêmes  précautions  que  pour  les  autres.  Ce  verre  ne  contient 
qu'un  Tardigrade.  L'eau  dans  laquelle  plonge  le  verre  renferme  déjà  quelques 
infusoires  (kolpodec  et  keronec).  Le  Tardigrade  qui  était  très-ramassé  sur  lui- 
même  change  bientôt  d'aspect  et,  à  3  heures,  il  commence  à  prendre  la  forme 
qu'on  lui  connaît.  11  s'allonge,  ses  pattes  se  dessinent  et,  à  4  heures,  ilja  com- 
plètement repris  sa  forme  ordinaire,  mais  on  ne  remarque  ni  mouvement,  ni 
signe  de  vie,  et  l'eau,  en  s' écoulant,  le  fait  rouler  comme  un  corps  inerte. 

On  distingue  (5  h.)  maintenant  tous  les  organes  et  surtout  son  appareil  buccal 
qui  est  très- visible. 

Les  28,  29  et  30,  rien  n'est  changé  dans  l'état  du  Tardigrade  qui  n'a  donné 
aucun  signe  de  vie  et  le  verre  est  abandonné  sur  la  table. 

Le  6  mai  je  retrouve  ce  Tardigrade  desséché  ;  il  a  conservé  sa  forme  allon- 
gée, il  est  tout  transparent,  montre  bien  sa  bouche  en  forme  de  trompe  et 
contient  au  centre  une  masse  jaunâtre  qui  est  le  reste  de  ses  organes 
internes. 

Cet  état  prouve  bien  que  la  vie  n'avait  pas  reparu  chez  notre  Tardigrade, 
car  autrement  en  se  desséchant,  il  aurait  affecté  cette  forme  contractée  qu'ils 
prennent  toujours  en  cette  occasion. 

Verre  n°  4.  —  Le  7  mai  1874,  à  9  h.  du  matin,  je  mets  en  expérience  le  verre 
n°  4.  Ce  verre  contient  deux  Rotifères,  l'un  rouge  qui,  en  se  desséchant,  a  pris 


646  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

une  forme  cristalline,  l'autre  clair  jaunâtre  qui  s'est  contracté  en  une  masse  ovoïde. 
A  2  h.  rien  de  changé  dans  la  forme  desRotifères  qui  restent  immobiles. 
A3  h.  du  soir,  ils  se  sont  gonflés  et  ont  pris  une  forme  plus  eu  harmonie  avec 
leur  nature.  Le  n°  1  laisse  voir  un  germe  qu'il  contenait  et  son  appareil  dentaire. 
Len°  2  s'est  allongé,  on  voit  son  appendice  caudal  armé  de  un  ou  deux  styles  et 
la  partie  supérieure  fait  saillie  en  dehors  :  tout  fait  supposer  que  les  animaux 
vont  revenir  à  la  vie. 

A  S  h.  rien  n'est  changé  dans  l'état  des  Rotifères  et  depuis  ce  moment  il  ne 
se  manifeste  aucune  modification,  ni  aucun  signe  de  vie,  bien  que  l'immersion 
ait  été  prolongée  pendant  toute  la  nuit  et  la  journée  du  6  mai.  —  Le  9  mai 
à  8  h.  du  matin,  l'état  est  encore  le  même  et  ne  présente  aucun  changement 
pendant  toute  cette  dernière  journée.  L'espoir  que  j'avais  de  voir  ces  animaux 
ressusciter  est  complètement  déçu. 

Verre  n°  5.  —  Le  24  mai  1874,  je  mets  en  expérience  le  verre  n°  5  qui 
renferme  un  Rotifère,  un  Tardigrade  et  une  Anguillule  :  il  est  9  h.  du  matin 
(dimanche  de  la  Pentecôte). 

A9h.'l/2  le  Rotifère  a  repris  sa  forme  urnulaire  allongée;  le  Tardigrade  s'est 

gonflé  et  allongé  et  l'Anguillule  devenue  transparente  s'est  légèrement  distendue. 

A  10 h.  peu  de  changement  :  le  Rotifère  montre  ses  deux  mamelons  antérieurs 

le  Tardigrade  (Emidium)  est  un  peu  plus  gonflé  et  montre  mieux  ses  plaques 

dermiques  ;  l'état  de  l'Anguillule  ne  s'est  pas  modifié.  Aucun  signe  de  vie. 

A  2  h.  au  soir,  au  moment  où  je  retire  la  plaque  de  l'eau,  le  Rotifère  entraîné 
par  le  courant  a  changé  de  place,  il  est  situé  maintenant  au-dessous  de  l'Emi- 
dium.  Celui-ci  n'a  changé  ni  de  place  ni  de  forme,  l'Anguillule  a  aussi  changé 
de  place,  elle  se  trouve  maintenant  adossée  à  un  anneau  de  matière  étrangère 
cristallisée.  Nulle  trace  de  vie. 

A  5  h.,  9  h.,  10  h.  et  11  h.  du  soir,  rien  n'est  changé  dans  l'état  et  la  po- 
sition des  trois  animalcules. 

Le  lundi  23  mai,  la  plaque  de  verre  n°  5,  ayant  été  déposée  la  veille ,  à 
11  heures  du  soir,  dans  une  capsule  d'eau  pure  où  nagent  quelques  infusoires, 
est  retirée  avec  précaution  à  9  heures  du  matin  ,  c'est-à-dire  24  heures  après 
le  commencement  de  l'expérience. 
Les  trois  animalcules  se  retrouvent  dans  le  même  état  que  la  veille  au  soir. 
Enfin,  le  28  mai,  à  10  heures  du  matin,  je  retire  de  la  soucoupe  la  même 
plaque  après  97  heures  d'immersion   continue  et  rien  n'est   changé  dans  la 
forme  et  la  position  des  trois  animalcules,  qui  n'ont  donné  aucun  signe  de  vie. 
Verre  »°  6.  —  Le  verre  n°  6  qui  renferme  deux  Rotifères  est  mis  en  expé- 
rience le  27  mai,  à  10  heures  du  matin.  Les  Rotifères  reprennent  bientôt  leur 
forme  urnulaire  plus  ou  moins  allongée.  A  7  heures  du  soir,  ils  ont  atteint  le 
maximum  du  gonflement  et  rien  n'est  changé  dans  leur  état,  si  ce  n'est  que 
contrairement  à  ce  qui  arrive  ordinairement,  ils  ne  sont  plus  adhérents  au 
verre  et  roulent  entre  les  deux  glaces  comme  des  corps  étrangers.  Nulle  trace 
de  vie  ni  ce  jour,  ni  les  jours  suivants. 

Verre  n°  7.  —  Le  28  mai ,  je  mets  en  expérience  le  verre  n°  7  qui  con- 
tient des  Rotifères  et  des  Tardigrades.  A  10  h.  1/2,  les  Tardigrades  ont 
pris  leur    forme  première,    mais  dans  l'un   d'eux   la  matière  animale  jaune 


E.    DE    FROMENTEL.    —    REVIVIFICATION   DES   ROTIFÈRES  647 

s'est  contractée  ei  laisse  entre  elle  et  Le  tégument  une  auréole  claire  qui  occupe 
environ  le  quarl  de  l'épaisseur  de  l'animal.  Les  Rotifères  ont  subi  les  modifi- 
cations que  nous  connaissons,  mais  après  48  heures  d'immersion,  aucun  d'eux 
n'a  donné  signe  de  vie. 

Verre  n°  8.  —  Ce  dernier  verre  qui  ne  renferme  que  des  Rotifères  est  mis  en 
expérience  le  28  mai,  en  même  temps  que  le  précédent  et  pendant  la  même 
durée  d'immersion  ne  présente  rien  de  remarquable  dans  l'état  des  animal- 
cules ;  tout  s'y  passe  comme  pour  les  autres  verres  et  aucun  être  ne  revient  à 
la  vie. 

Il  résulte  des  expériences  qui1  nous  venons  de  faire  qu'aucun  des 
êtres  que  nous  avons  laissés  se  dessécher  lentement  sur  une  plaque  de 
verre  depuis  le  mois  de  juin  1873,  n'a  repris  la  vie,  malgré  toutes  les 
précautions  prises  pour  arriver  à  ce  résultat.  En  effet,  les  Rotifères,  les 
Tardigrades  et  les  Anguillules  ont  été  soumis  à  une  dessiccation  lente,  à 
air  libre,  par  suite  de  l'évaporation  de  l'eau  dans  laquelle  ils  se  trou- 
vaient. Ils  n'ont  subi  aucune  température  ni  trop  basse  ni  trop  élevée, 
celle-ci  n'a  jamais  dépassé  20  degrés  au-dessus  de  zéro  et  n'est  pas  des- 
cendue à  2  degrés  au-dessous. 

Pour  rappeler  ces  animalcules  desséchés,  nous  avons  pris  toutes  les 
précautions  possibles:  une  seconde  plaque  de  verre  très-mince  séparée 
de  la  première  par  l'interposition  aux  angles  d'un  peu  de  cire  à  mode- 
ler et  distante  de  plus  d'un  tiers  de  millimètre  de  la  première,  a  été 
maintenue  tout  le  temps  qu'a  duré  l'expérience.  L'eau  contenue  entre 
les  deux  verres  a  été  sans  cesse  renouvelée,  non  pas  seulement  en 
remettant  des  gouttes  d'eau  à  mesure  que  la  première  s'évaporait,  ce 
qui  aurait  pu  accumuler  les  sels  qu'elle  renferme  et  nuire  ainsi  au 
retour  à  la  vie  des  animalcules ,  mais  bien  en  plongeant  les  verres 
accouplés  dans  une  soucoupe  pleine  d'eau  de  puits;  et  celle-ci  était 
propre  à  entretenir  la  vie,  puisqu'on  y  remarquait  des  Plœsconies,  des 
Kolpodes,  etc. 

Or,  malgré  tous  nos  soins,  toute  la  patience  que  nous  avons  mise  à 
examiner  les  modifications  apportées  d'heure  en  heure  dans  l'état  des 
animalcules,  nous  n'avons  pu  obtenir  qu'un  développement  passif  des 
êtres  desséchés,  un  gonflement  comparable  à  celui  des  graines  dessé- 
chées et  mises  en  contact  avec  de  l'eau;  jamais,  nous  n'avons  pu  déter- 
miner ce  réveil  de  la  vie,  cette  revivification  singulière  que,  sur  la  foi 
des  premiers  auteurs ,  tous  les  naturalistes  ont  admise  pour  les  Roti- 
fères, les  Anguillules  et  les  Tardigrades,  puissance  aussi  merveilleuse  que 
pleine  de  mystère  et  qui  devait  séparer  ces  animalcules  du  reste  de  la 
création  en  leur  attribuant  des  lois  en  dehors  de  celles  de  la  nature. 


648  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 


DEUXIÈME  PARTIE 

EXPÉRIENCES    A    BREFS   DÉLAIS. 

Je  vais  maintenant  instituer  une  nouvelle  série  d'expériences  pour 
établir  après  combien  de  temps  les  animalcules  qui  font  l'objet  de  mes 
recherches,  perdent  le  pouvoir  de  renaître  à  la  vie  après  un  dessèche- 
ment lent  et  à  la  température  ordinaire. 

1°  De  42  à  30  jours  d'intervalle. 

Le  29  mai  1874,  une  nouvelle  touffe  de  Bryum  prise  sur  les  dalles  d'un 
mur  est  déposée  à  10  heures  du  matin  dans  une  capsule  pleine  d'eau,  à  midi 
les  Rotifères  pullulent  et  je  prépare  les  six  verres  suivants  : 

Verre  n°  9.  —  Quatre  Rotifères  dont  un  gros  portant  un  embryon. 

Verre  n°  40.  —  Un  seul  Rotifère  blanc. 

Verre  n°  41.  —  Six  ou  sept  Rotifères. 

Verre  n°  42.  —  Un  Rotifère  et  une  Anguillule. 

Verre  n°  43.  —  Deux  Rutifères. 

Verre  n°  4i.  —  Un  seul  Rotifère  rose. 

Le  lendemain  30  mai,  je  prépare  encore  les  2  verres  suivants  : 

Verre  n°  45.  —  Une  seule  Anguillule. 

Verre  n°  46.  —  Un  grand  nombre  de  Rotifères. 

Le  1er  juin,  je  fais  encore  dessécher  à  l'ombre  les  animalcules  ci-dessous  : 

Verre  n°  41.  —  Deux  Rotifères. 

Verre  n°  48.  —  Deux  Rotifères. 

Verre  n°  49.  —  Nombreux  Rotifères. 

Verre  n°  20.  —  Deux  Rotifères. 

Verre  n°  24.  —  Plusieurs  Rotifères. 

Verre  n°  22.  —  Plusieurs  Rotifères. 

Verre  n°  23.  —  Trois  Rotifères. 

Verre  n°  24.  —  Nombreux  Rotifères. 

Verre  n°  25.  —  Trois  Rotifères. 

Le  14  juin,  avec  les  précautions  prises  pour  les  expériences  antérieures, 
je  soumets  à  l'immersion  le  verre  2oqui  a  12  jours  de  dessèchement;  il  est  10 
heures  du  matin;  à  midi  les  Rotifères  se  sont  gonflés  et  l'expérience,  continuée 
pendant  toute  la  journée,  la  nuit  et  le  lendemain,  n'a  donné  aucun  résultat 
au  point  de  vue  de  la  revivification  des  Rotifères. 

Il  en  est  de  même  pour  les  animalcules  dessécbés  sur  les  verres  24,  23,  22 
et  21  qui  ont  été  expérimentés  le  16  juin  et  qui  ont  donné  un  résultat 
négatif. 

Il  reste  à  examiner  les  verres  depuis  9  jusqu'à  20. 

Depuis  le  16  juin  jusqu'au  28,  je  soumis  à  l'immersion  les  verres  9,  10,  11, 
12,  13,  14  et  15,  et  j'observai  toujours  les  mêmes  phénomènes  :  les  animal- 
cules desséchés  se  gonflaient  en  présence  de  l'eau  ;  il  en  est    qui  revenaient  à 


E.    DK    I  KiiMF.NTEL.    lil'.N  1\  1 1  U   \  I  |o\    DES    KoTIFÈRES  649 

leur  forme  naturelle,  d'antres  restaienl  contractés  en  boule,  d'autres  enfui 
montraient  le  tégument  dilaté  el  laissaient  voir  intérieurement  la  matière  ani- 
mait' jaune  ou  brune  contractée,  mais  aucun  de  ces  êtres  ne  présenta  la 
moindre  trace  de  retnnr  à  la  vie,  malgré  la  patience  avec  laquelle  nous  les 
avons  entretenus  en  contact  avec  l'humidité. 

Le  30  juin,  malgré  I -s  résultats  négatifs  obtenus  jusqu'à  ce  jour,  je  voulus 
encore  examiner  les  verres  qui  me  restaient  et  je  nus  en  expérience  les 
verres  10,  17,  18,  m  et  20. 

Commencée  à  9  heures  du  matin,  l'immersion  fut  continuée  toute  la  jour- 
née du  30,  la  nuit  du  30  au  1er  juillet  et  toute  cette  dernière  journée. 

Les  résultats  furent  encore  les  mêmes  :  gonflement  des  animalcules,  chan- 
gement de  forme  souvent  considérable,  retour  même  à  la  forme  primitive, 
mais  absence  complète  de  mouvement  et  de  vie. 

Ainsi,  dans  la  première  série  de  mes  expériences,  j'avais  d'abord 
examiné  des  animalcules  desséchés  depuis  près  d'un  an,  dans  celle 
seconde  série  je  viens  d'expérimenter  sur  ces  mêmes  animaux  dessé- 
chés seulement  depuis  un  mois  et  même  12  jours,  et  le  résultat  est  le 
même.  Je  ne  puis,  malgré  mon  vif  désir,  les  rappeler  à  la  vie. 

2°  De  3  à  4  jours  d'intervalle. 

Le  2  juillet,  je  prépare  encore  3  verres  sur  lesquels  je  laisse  se  dessécher 
à  la  température  du  jour  et  à  air  libre  les  animalcules  suivants,  à  10  heures 
du  matin. 

Verre  n°  27.  —  Un  seul  Rotifère  rose. 

Verre  n°  28.  —  Un  seul  gros  Rotifère. 

Verre  n°  29.  —  Deux  Rotifères. 

Le  3  juillet,  à  10  heures  du  matin,  je  mets  en  expérience  le  verre  27;.  le 
Rotifère  qui  était  contracté  et  plissé  en  se  desséchant  reprend  bientôt  une  forme 
oblongue  et  tout  me  fait  supposer  qu'il  va  revenir  à  la  vie  ;  mais  il.  n'en  est 
rien  et,  à  partir  de  2  heures,  il  a  pris  une  forme  allongée  qu'il  n'a  plus  quittée 
36  heures  après  et  n'a  donné  aucun  signe  de  vie. 

Le  4  juillet,  même  résultat  pour  le  Rotifère  du  verre  28. 

Enfin  le  5  juillet,  je  soumets  à  l'immersion  le  verre  29,  un  jour  après 
la  dessiccation.  20  minutes  suffisent  pour  faire  reprendre  aux  deux  Rotifères  la 
forme  urnulaire  bien  connue,  mais  malgré  une  immersion  continuée  pendant 
2  jours  ils  ne  reviennent  nullement  à  la  vie. 

3°  EXPÉRIENCES   FAITES   LE   MÊME  JOUR. 

a.  Dessiccation  'pendant  5  heures. 

Verre  n°  30.  —  Le  6  juillet  je  dessèche  un  Rotifère  à  10  heures  du  matin  à 
l'ombre  et  je  l'humecte  à  3  heures  du  soir.  Le  Rotifère  se  gonfle  peu  à  peu  et,  à 
4f  heures  du  soir,  il  a  repris  sa  forme  urnulaire,  mais  ne  donne  aucun  signe 
de  vie. 


650  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

Même  état  à  8  h.,  9  h.  et  11  h.  1/2  du  soir,  rien  de  change,  le  lendemain 
matin,  nulle  trace  de  vie. 

b.    Dessiccation  pendant  4  heures. 

Verre  n°5/.  —  Le  7  juillet,  je  dessèche  à  10  h.  1/2  du  matin  un  Rotifère, 
que  j'humecte  à  2  h.  1/2.  La  dessiccation  a  été  faite  lentement  et  à  l'ombre,  à 
4  h.  1/2  gonflement  urnulaire  complet,  à  5  h.  forme  stationnaire;  aucun  signe 
de  retour  à  la  vie  à  10  heures  du  soir  et  à  minuit,  et  le  lendemain  à  8  heures 
du  matin. 

c.  Dessiccation  pendant  %  heures  1j4. 

Verre  n°  32.  —  J'ai  desséché  deux  Rotifères  le  8  juillet  à  l'ombre  à  U 
heures  du  matin;  à  1  h.  1/4  je  les  soumets  à  l'immersion. 

A  1  h.  1/2  les  deux  Rotifères  sont  déjà  développés;  l'un  d'eux  est  adhérent, 
comme  cela  arrive  fréquemment,  par  sa  partie  postérieure  et  la  substance 
animale  fait  saillie  à  la  partie  antérieure.  Ce  sont  probablement  les  deux  dis- 
ques vibratiles  qui  se  montrent  ainsi  au  dehors. 

A  2  h.  1/2,  même  état,  aucune  trace  de  vie. 

A  4  h.,  à  8  h.,  à  11  h.  et  le  lendemain  rien  n'est  changé  ni  dans  la  forme, 
ni  dans  l'état  des  Rotifères. 

d.    Dessiccation  pendant  1  heure  1/i. 

Verre  n°  33.  —  Le  9  juillet,  à  11  h.  J/2  du  matin,  j'ai  laissé  dessécher 
à  l'ombre  un  verre  sur  lequel  se  trouvent  plusieurs  Rotifères.  A  midi  3/4,  je 
le  mets  en  expérience  :  à  4  n.,  le  gonflement  desRotilères  est  complet  mais  ils 
ne  donnent  aucun  signe  de  vie  ou  de  mouvement. 

A  6  h.,  8  h.,  10  h.  et  11  heures  du  soir  même  état  et  absence  complète  de 
vie.  Le  lendemain  toute  la  journée  il  ne  se  manifesta  aucun  changement. 

e.  Dessiccation  pendant  15  minutes. 

Verre  n°  34.  —  Le  15  juillet  1874,  je  dessèche  un  Rotifère  sur  un  verre  que 
je  laisse  exposé  au  soleil  à  5  h.  3/4  du  soir;  le  soleil  n'a  presque  plus  de 
chaleur,  le  ciel  est  un  peu  couvert.  A  6  h.  je  le  soumets  de  nouveau  à  l'im- 
mersion, il  se  gonfle  comme  cela  arrive  ordinairement ,  mais  parvenu  à  sa 
forme  urnulaire,  il  reste  stationnaire  et  à  minuit  il  n'a  donné  aucun  signe 
de  vie. 

Verre  n°  35.  —  Deux  autres  Rotifères  desséchés  à  l'ombre  à  0  h.  1  /2  du  soir 
et  humectés  à  5  h.  3/4  ont  subi  la  transformation  ordinaire ,  mais  à  minuit  ne 
donnent  pas  signe  d'existence.  Le  lendemain,  je  continue  à  les  observer  sous 
l'eau  et  rien  ne  change  dans  leur  forme  et  leur  état. 

f.  Dessiccation  pendant  40  minutes. 

Verre  n°  36.  —  A  4  h.  40  m.,  le  19  juillet,  je  dessèche  un  Rotifère  sur  une 
plaque  exposée  au  soleil,  à  4  h.  50  m.  je  le  soumets  à  l'immersion. 
Il  se  gonfle  en  15  minutes,  mais  ne  donne  aucun  signe  de  vie.  Cependant  il 


E.    DE    FROMENTEL.   REVIVIFICATION   DES  ROTIFÈRES  651 

est  blotti  sous  un  petit  cristal  qui  devait  empêcher  la  dessiccation  complète.  A 
5  h.  1/2,  rien  n'est  changé,  à  9  h.,  à  10  h.,  àli  heures  et  à  minuit,  l'état  est 
le  même,  le  Rotifère  ne  revient  pas  à  la  vie. 

Verre  n°  37.  —  Un  autre  Rotifère  desséché  le  même  jour  à  air  libre  et 
à  l'ombre  et  humecté  10  minutes  après,  a  bientôt  repris  sa  forme  urnulaire, 
mais  6  heures  après  sa  dessiccation,  il  ne  donnait  encore  aucun  signe  de  \ie. 

Les  deux  expériences  continuées  le  lendemain  amenèrent  un  résultat  négatif. 

g.  Dessiccation  pendant  5  minutes. 

Verre  nos  38,  39,  etc.  —  Le  20  juillet  1874,  je  dessèche  deux  Rotifères  à 
l'ombre  et  5  minutes  après  je  les  soumets  à  l'immersion.  Us  reprennent  assez 
vite  leur  forme  urnulaire;  mais  après  5  heures  d'immersion  ils  ne  donnent 
aucun  signe  de  vie. 

Cependant  il  m'a  semblé  que  l'un  d'eux  avait  montré  dans  un  moment 
quelques  traces  de  mouvement. 

Ces  expériences,  répétées  souvent  les  jours  suivants,  m'ont  toujours 
donné  le  même  résultat  et  je  n'ai  pu  faire  revenir  à  la  vie  des  Roti- 
fères desséchés  à  l'air  libre  pendant  o  minutes. 

Enfin,  en  humectant  un  Rotifère  aussitôt  après  sa  dessiccation  à  l'ombre, 
on  peut  quelquefois  le  rappeler  à  la  vie,  mais  le  plus  souvent  il  se 
gonfle  et  ne  donne  plus  signe  de  mouvement.  Si  la  dessiccation  a  eu 
lieu  au  soleil  par  un  temps  sec  ou  chaud ,  même  pendant  une  ou  deux 
minutes,  on  ne  peut  faire  revivre  les  Rotifères  en  les  humectant,  alors 
qu'on  les  maintient  sous  l'eau  pendant  plusieurs  heures. 

Combien  nous  voilà  loin  maintenant  de  tout  ce  qui  a  été  dit  et  écrit 
sur  la  revivification  des  Rotifères  !  non-seulement  ce  mystérieux  pouvoir 
n'existe  pas,  mais  ce  n'est  plus  une  année  ou  quelques  mois  qui  suffi- 
sent, pour  le  détruire,  une  dessiccation  de  quelques  instants  suffit  pour 
anéantir  à  tout  jamais  la  vie  de  ces  petits  êtres. 

Comment  se  trouvent-ils  donc  à  l'état  adulte  dans  les  mousses  des- 
séchées qui  se  trouvent  sur  les  murs  et  sur  les  toits  et  qui  sont  souvent 
exposées  aux  rayons  brûlants  du  soleil?  —  Comment,  après  quelques 
minutes  d'immersion,  les  voit-on  sortir  vivants  et  vigoureux  des  brins  de 
Bryum  où  ils  se  trouvent  engagés?  Évidemment  ils  ne  prennent  pas 
naissance  au  moment  de  l'expérience,  d'autant  plus  que  nous  savons 
maintenant  que  les  Rotifères  sont  vivipares.  Ils  ne  sortent  pas  non  plus  d'un 
kyste,  comme  certains  infusoires,  car  nous  savons  encore  que  les  ani- 
maux enkystés  mettent  plusieurs  heures  à  sortir  de  leur  enveloppe  et 
nous  n'avons  du  reste  jamais  vu  de  Rotifères  s'envelopper  d'un  kyste.  Ils 
se  trouvent  donc  dans  la  mousse  qui  les  abrite  dans  des  conditions  spé- 
ciales que  nous  avons  dû  rechercher  et  qui  nous  ont  conduit  à  des 
résultats  assez  intéressants  pour  être  exposés  dans  ce  travail. 


652  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

TROISIÈME  PARTIE 

EXPÉRIENCES   CONTRADICTOIRES. 

Le  27  avril  1875,  après  une  pluie  d'orage  suivie  d'un  soleil  brillant 
et  d'une  bise  très-chaude  et  forte,  j'ai  recueilli  sur  renfoncement  d'une 
dalle  un  bouquet  de  Bryum  que  j'ai  divisé  en  deux  parties. 

L'une  a  été  placée  dans  une  soucoupe  avec  une  quantité  d'eau  suffi- 
sante et  l'autre,  déposée  également  sur  une  soucoupe,  a  été  placée  dans  le 
four  d'un  fourneau  de  cuisine  pendant  5  minutes,  la  température  de 
ce  four  ne  dépassant  guère  100  ou  110  degrés,  à  en  juger  par  l'état 
d'une  jatte  de  lait  qui  cuisait  sans  ébullition. 

Bien  que  j'aie  soumis  à  l'examen  miscroscopique,  les  mêmes  jours, 
les  Rotifères  contenus  dans  les  deux  soucoupes  et  que  les  résultats  de  cet 
examen  soient  notés  sur  mon  livre  les  uns  près  des  autres,  pour  plus 
de  clarté  et  pour  éviter  des  erreurs,  je  transcrirai  ici  les  expériences 
faites  sur  les  deux  fractions  de  Bryum  séparément  en  commençant  par 
celle  qui  n'a  pas  été  soumise  à  la  dessiccation  dans  le  four  de  cuisine. 

A.  Examen  de  la  mousse  non  desséchée. 

Après  10  ou  15  minutes  d'immersion  dans  l'eau,  les  Rotifères  contenus  dans 
la  mousse  non  desséchée  au  four  ont  repris  leur  vie,  leurs  mouvements  et  toutes 
leurs  fonctions. 

On  sait  que  la  tige  de  Bryum  examinée  avec  un  grossissement  convenable, 
se  compose  d'une  partie  centrale  (tige)  recouverte  depuis  la  base  jusqu'au 
sommet  par  des  espèces  de  feuilles  épaisses,  alternantes,  assez  serrées  et 
enveloppant  en  partie  la  tige  qui  à  son  sommet  porte  un  capitule  strié  d'une 
forme  ovoïde.  Or,  si  immédiatement  au  moment  de  l'immersion  on  met  sous  le 
champ  du  microscope  une  tige  de  Bryum,  on  remarque,  dans  l'aisselle  des 
feuilles,  là  où  elles  s'écartent  de*  la  tige  centrale,  de  petites  excroissances 
arrondies,  roses  et  légèrement  translucides  ;  bientôt  ces  petites  excroissances 
arrondies  se  gonflent,  s'étendent,  se  dilatent  et  dans  l'espace  de  quelques  mi- 
nutes deviennent  de  vrais  Rotifères  adultes,  les  uns  blanc  rosé,  les  autres 
plus  foncés  qui,  après  s'être  un  instant  balancés,  adhérents  par  leur  partie 
inférieure,  s'élancent  bientôt  dans  le  liquide  ambiant  pour  y  chercher  leur 
nourriture.  Ces  petites  excroissances  arrondies  que  nous  avons  aperçues  dans 
l'aisselle  des  feuilles  du  Bryum  ne  sont  donc  que  des  Rotifères  contractés 
en  boules,  attachés  par  leurs  suçoirs  à  la  tige  ou  à  la  feuille  de  la  mousse, 
mais  ne  présentant  nullement  la  forme  cristalline  et  brillante  qui  se  manifeste 
quand  on  fait  dessécher  un  Rotifère  sur  une  plaque  de  verre  à  l'air  libre. 

Le  29  avril,  à  9  heures  du  matin,  je  visite  la  soucoupe  que  j'ai  déjà  exami- 
née la  veille,  toute  l'eau  est  évaporée,  les  brins  du  Bryum  sont  verts,  les 
Rotifères  se   sont  réfugiés  sous  eux  et,  quelques  minutes  après,  une  nouvelle 


E.    DE    FROMENTEL.    —    REVIVIFICATION    DES    ROTIFÈRES  653 

imbibition,  ils  reparaissent  nageant  ei  mettant  en  mouvement  leur  appareil 
vibratoire.  Evidemment  la  mousse  contenait  encore  une  certaine  quantité 
d'eau  ;  elle  était  restée  verte  et  les  Rotifères  s'étaient  retirés  dans  un  milieu 
relativement  très-humide.  —  Je  prends  quelques  brins  de  mousse  non  encore 
humectés  et  je  reconnais  dans  l'aisselle  des  feuilles  les  Rotifères  pelotonnés, 
mais  ne  présentant  nullement  cette  forme  cristalline  qu'ils  affectent  quand  ils 
sont  desséchés  et  qui  les  ferait  volontiers  prendre  pour  un  fragment  de  silex 
coloré.  —  L'infusion  que  j'examine  en  ce  moment,  ne  renferme  pas  seule- 
ment des  Rotifères,  on  y  remarque  encore  un  grand  nombre  d'infusoires 
appartenant  aux  genres  Kolpode,  Bursaire  et  surtout  de  grosses  Nassules 
remarquables  par  la  quantité  de  globules  verts  qu'elles  renferment  et  qui  les 
rendent  très-opaques. 

Le  même  jour,  à  3  heures  du  soir,  je  place  une  goutte  d'eau  contenant  30 
ou  40  Rotifères  sur  un  verre  et  je  le  laisse  évaporer  en  l'exposant  pendant 
environ  15  minutes  aux  rayons  du  soleil.  Je  soumets  de  suite  cette  plaque 
à  l'immersion  et  à  4  heures  les  Rotifères  ont  repris  leur  forme  habituelle, 
mais -aucun  d'eux  ne  donne  un  signe  quelconque  d'existence.  A  4  heures  et 
demie,  ils  sont  tous  revenus  à  la  forme  urnulaire  qu'ils  ne  doivent  plus 
quitter  et  je  puis  les  compter  facilement,  il  y  a  52  Rotifères  et  l'immersion 
continuée  pendant  8  heures,  ne  modifie  en  rien  l'état  de  nos  animalcules,  ce 
sont  52  cadavres  qui  restent  étendus  sans  mouvement  sur  la  plaque  de  verre. 

Le  même  jour,  presque  à  la  même  heure,  3  heures  et  demie,  je  place  sur  un 
verre  une  goutte  d'eau  contenant  4  Rotifères  et  un  Tardigrade.  Je  le  recouvre 
d'une  glace  et  laisse  évaporer  lentement  l'eau  contenue  entre  les  deux  verres, 
et  maintiens  ceux-ci  exposés  pendant  10  minutes  au  soleil.  Je  fais  ensuite 
rentrer  l'eau  entre  les  deux  verres  par  capillarité  en  ayant  soin  d'entretenir  sur 
les  bords  du  verre  supérieur  une  goutte  d'eau  pure  supplémentaire  et  20  mi- 
nutes après  les  Rotifères  ont  repris  l'existence,  mais  le  Tardigrade  reste  immo- 
bile et  ne  reviendra  pas  à  la  vie.  La  goutte  d'eau  dans  laquelle  se  trouvaient 
ces  cinq  animalcules  renfermait  des  débris  d'oscillaires  et  des  fragments  de  sub- 
stances minérales,  or  ici,  comme  dans  la  mousse  qui  possède  toujours  une 
certaine  quantité  d'humidité,  la  plaque  de  glace  en  contact  avec  les  corps 
étrangers  qui  la  séparent  du  verre  inférieur  conserve  comme  la  mousse  une 
certaine  dose  d'humidité,  dont  l'évaporation  est  arrêtée  par  le  rapprochement 
des  deux  glaces,  et  les  corps  étrangers  conservent  assez  d'humidité  pour  que 
les  Rotifères,  qui  se  réfugient  toujours  sur  leurs  bords,  ne  cessent  pas  entière- 
ment de  vivre  et  soient  facilement  rappelés  à  la  vie;  nous  avons  vu  que  le  Tardi- 
grade n'a  pas  survécu,  et  cela  tient  probablement  à  ce  que  ce  petit  animal  ne 
cherche  pas  comme  les  Rotifères,  au  moment  de  la  dessiccation,  les  abords 
des  corps  étrangers  qui  conservent  l'humidité  et  résistent  à  une  évaporation 
complète. 

Le  2  mai  1875,  l'infusion  de  mousse  non  desséchée  renferme  un  grand 
nombre  de  Rotitères  de  Tardigrades  et  d'infusoires  appartenant  aux  genres 
Nassules,  Chilodon,  Kolpodes,  etc. 

Je  répète  à  midi  l'expérience  que  j'ai  déjà  faite  dernièrement  et  je  place  sur 
deux  verres  deux  gouttes  d'eau  :  l'une  que  je  laiss  e    évapor       «  j    ;       ; 


654  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

l'autre  qui  se  dessèche   lentement   recouverte  d'une    glace    mince.  Les    deux 
plaques  sont   placées  dans   les   mêmes  conditions  pendant  la  dessiccation    de 

l'eau. 

A  1  heure  et  demie,  je  les  soumets  à  l'humectation  :  à  2  heures  les  Roti- 
fères  de  la  plaque  couverte  et  renfermant  comme  l'autre  des  matières  orga- 
niques ont  en  grande  partie  repris  leur  mouvement,  tandis  que  rien  ne  se 
manifeste  sur  l'autre  plaque.  Les  Rotiferes  qui  ont  repris  leur  vie  se  trou- 
vaient placés  dans  des  amas  de  matières  organiques  qui,  sous  la  glace  qui  les 
couvre,  n'ont  pas  abandonné  toute  leur  humidité.  Les  Rotiferes  placés  en 
dehors  de  ces  matières  organiques  n'ont  pas  encore  donné  signe  de  vie. 

A  3  heures  du  soir  sur  la  plaque  desséchée  à  l'air  et  non  couverte,  les  Roti- 
feres n'ont  donné  aucun  signe  d'existence,  et  à  9  heures  du  soir,  il  ne  se 
montre  aucun  changement  dans  leur  état. 

Ces  expériences  répétées  plusieurs  fois  jusqu'au  o  juillet  ont  toujours 
donné  le  même  résultat.  Les  Rotiferes  protégés  par  une  glace  ou  par  des 
fragments  de  mousse  reviennent  à  l'existence,  mais  ceux  qui  sont  des- 
séchés à  l'air  libre  et  sans  abri,  même  pendant  un  temps  très-court,  se 
gonflent  comme  une  graine  desséchée,  mais  ne  reviennent  jamais  à  la 
vie. 

Examen  de  la  Mousse  desséchée  au  Four. 

J'avais,  je  l'ai  dit  plus  haut,  partagé  la  mousse  contenant  des  Rotiferes  en  deux 
parties  et  j'avais  desséché  au  four  de  cuisine  une  de  ces  parties.  C'est  celle-ci 
que  je  vais  maintenant  examiner. 

Le  29  août  1875,  à  9  heures  du  matin,  je  mets  en  expérience  une  partie  de 
cette  mousse,  desséchée  au  four.  Dans  une  capsule  contenant  de  l'eau  de  puits 
la  même  qui  a  servi  pour  humecter  la  première  partie,  je  dépose  des  fragments 
de  Rryum  et  les  laisse  tremper.  —  Une  petite  portion  composée  de  trois  tigelles 
est  placée  sur  une  plaque  de  verre  dans  une  goutte  d'eau  et  légèrement  ma- 
laxée avec  une  tige  de  verre.  Il  s'en  détache  aussitôt  6  ou  7  Rotiferes  roses, 
roulés  en  baules,  mais  ne  présentant  pas  l'aspect  cristallin  des  Rotiferes 
desséchés  à  l'air  libre.  —  Après  les  avoir  bien  reconnus,  je  retire  les  tigelles 
de  mousse  et  recouvre  les  Rotiferes  d'une  mince  plaque  déglace  pour  empêcher 
l'évaporation  et  je  continue  à  entretenir  l'eau  qui  humecte  les  Rotilères.  A  10  h. 
4/2  les  Rotiferes  sont  un  peu  gonflés  mais  ne  donnent  aucun  signe  de  vie. 
Us  ont  toujours  une  forme  arrondie  ou  oblongue.  A  1  heure  du  soir,  les 
Rotiferes  se  sont  un  peu  tuméfiés,  mais  restent  sans  vie. 

En  examinant  la  mousse  restée  sous  l'eau  depuis  le  matin,  je  trouve  encore 
un  grand  nombre  de  Rotiferes  (1  h.  1/4,  gonflés  par  l'eau  mais  aucun  n'est 
revenu  à  la  vie. 

A  2  h.  un  rotifêre  a  repris  la  forme  allongée  qu'ils  affectent  généralement, 
mais  ne  donne  aucun  signe  d'existence. 

A  6  h.  du  soir  même  résultat  on  voit  des  cadavres  de  Rotiferes  et  de 
Tardigrades,  mais  aucune  trace  d'autres  animalcules.  Jusqu'à  ce  moment, 
tout  est  mort  dans  cette  infusion. 


E.    DE    FROMENTEL.   REVIVIFICATION    DES   ROTIFÈRES  655 

Le  30  avril  1875  l'infusion  de  mousse  desséchée  ne  présente  rien  de 
nouveau.  Les  Hotifères  roses,  les  Tardigrades  bruns  sont  sans  vie  et  on  n'aperçoit 
aucune  trace  d'infusoire,  quand  dès  le  29,dans  l'infusion  non  desséchée  au  four.on 
voyait  pulluler  déjà  un  grand  nombre  d'infusoires  et  surtout  des  nassules 
vertes  de    grande  dimension. 

Le  dimanche  2  mai  1875  j'examine  de  nouveau  l'infusion  de  mousse  des- 
séchée au  four.  Elle  contient  comme  précédemment  des  Rotifères  et  des  Tardi- 
grades à  l'état  de  cadavre  et  des  corps  arrondis,  en  quantité  restreinte,  rouges 
transparents,  gélatineux  ayant  évidemment  une  apparence  organique  mais  ne 
présentant  nul  cas  de  vie  ou  de  mobilité.  J'ai  déjà  remarqué  ces  corps  singuliers 
dans  l'autre  infusionils  paraissent  plus  transparents, plus  frais,  si  on  peut  dire  ainsi, 
et  semblaient  des  parties  animales  extraites  du  corps  des  Rotifères.  Ces  corps  font 
vaguement  rêver  aux  protistes  d'Haekel^),  que cependantnous  ne  pourons  admet- 
tre, attendu  que  pour  nous  les  protistes  du  savant  professeur  ne  sont  que  des 
amibes  et  non  une  matière  animalisée  provenant  de  la  réunion  spéciale  et  for- 
tuite de  molécules  inorganiques,  car  ils  présentent  tous  les  caractères  des  êtres 
que  nous  venons  d'indiquer.  Les  corps  que  nous  avons  examinés  ont  une  appa- 
rence gélatineuse,  gommeuse,  sans  trace  d'organisation  et  ne"présentant  ni  tégu- 
ments, ni  noyaux,  ni  cellules  contractiles,  rien  enfin  qui  les  rapproche  d'un 
infusoire. 

Cette  infusion  présente  à  cette  époque  (2  mai)  quelques  petits  infusoires  que 
j'ai  souvent  remarqués  dans  les  infusoires  de  mousse,  mais  qui  ne  sont  pas  spé- 
ciaux à  ces  infusions.  Ils  n'apparaissent  que  tardivement,  provenant  par  consé- 
quent de  germes  apportés  du  dehors,  car  les  grosses  Nassules  vertes  si  abon- 
dantes dans  les  infusions  de  mousses  non  desséchées  au  four,  ainsi  que  les 
Bursaires  font  complètement  défaut,  ce  qui  fait  supposer  que  le  dessèchement 
les  a  fait  mourir  dans  ces  plantes  comme  les  Rotifères  et  les  Tardigrades. 

Le  5  mai,  la  mousse  qui  trempe  depuis  le  29  avril  présente  la  même  absence 
de  vie  chez  les  nombreux  Rotifères  et  Tardigrades  qu'elle  renferme.  Les  grosses 
Nassules  et  les  Bursaires  font  aussi  défaut,  mais  on  remarque  une  plus  grande 
quantité  de  ces  infusoires  qui  se  montrent  dans  presque  toutes  les  infusions 
végétales,  les  monades,  les  kerones  de  petites  tailles  et  un  petit  Dileptus  qui, 
le  11  mai,  se  trouve  assez  abondamment  dans  cette  infusion. 

Les  expériences  que  je  viens  de  signaler  ont  été  faites  pendant  les 
années  1874  et  1875  et  devaient  être  publiées  au  mois  d'août  de  cette 
dernière  année,  mais  des  circonstances  imprévues  sont  venues  mettre  era 
pêchement  à  cette  publication.  J'ai  donc  pu  depuis  répéter  encore  toutes 
ces  expériences  et  je  me  suis  surtout  occupé  dans  ces  derniers  temps  de  la 
station  des  Rotifères  dans  les  liges  de  Bryum  qui  paraissent  desséchées 
sur  les  murs  et  sur  les  toits  et  j'ai  pu  me  convaincre  que  les 
Rotifères  se  trouvent  constamment  dans  ces  mousses,  dans  une  situation 
qui  leur  permet  de  se  soustraire  à  une  dessiccation  complète. 

(')  E.  H,ekel,  Histoire  de  la  Création,  etc.  Trad.  franc.  <87* 


656  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

En  effet,  si  on  examine  avec  soin  un  bouquet  de  Bryum,  on  remarque 
que  les  tiges  les  plus  élevées,  celles  qui  forment  le  sommet  de  ce  demi- 
pompon  vert,  ne  contiennent  presque  jamais  de  Rotifères.  Ces  tiges  sont 
plus  sèches,  plus  brunes  que  les  autres  qui  se  trouvent  à  la  base  et  ne 
servent  pas  de   refuge  aux  Rotifères  qui,  à  mesure  que  l'eau  s'évapore, 
descendent  avec  le  niveau  de  celle-ci  et  se  trouvent  en  réalité  réunies 
sur  les  tiges  de  la  base    du   bouquet.    Ces    tiges  sont   ou    directement 
appliquées  sur  la  pierre  ou  le  plus  souvent  étalées  dans  un  peu  d'humus 
ou  terre  provenant  de   poussière   accumulée    autour  de  la   mousse.   Or 
c'est  dans  ces   tiges  qui  conservent  toujours  leur  couleur  verte  et  qui, 
par  conséquent  renferment  toujours  une  certaine  quantité  d'humidité  que 
les  Rotifères  se  retirent  et  qu'on  les  rencontre  pelotonnés  sous  l'aisselle 
des  feuilles  de  la  tige  ou  du  capitule.  J'en  ai  trouvé  jusqu'à  cinq  groupés 
à  la  base  d'une  feuille,  et  qui  ne  demandaient  qu'une  goutte  d'eau  pour 
reprendre  toute  leur  activité.  Cependant;  il  ne  faut  pas  croire  que  tous 
les  Rotifères,  ainsi  retirés  dans  les  tiges  de  Bryum,  soient  toujours  dans 
des  conditions  à  reprendre  le  libre  exercice  de  leurs  fonctions;  il  en  est 
qui  n'ont  pu  trouver  dans  leur  refuge   une  dose  d'humidité    suffisante 
pour  y  entretenir  leur  vie,  et  en  examinant  une  portion  de  Bryum  des- 
séchée et  placée  de  nouveau  dans  l'eau,  on  remarque  une  quantité  souvent 
assez  considérable  de  Rotifères  qui,  malgré   une  immersion  prolongée, 
ne  reviennent  jamais  à  la  vie. 


CONCLUSIONS 

De  toutes  les  expériences  que,  sans  aucun  parti  pris,  j'ai  instituées 
dans  le  but  d'arriver  à  la  vérité,  après  avoir  pris  les  précautions  les  plus 
minutieuses  et  les  plus  patientes  pour  éviter  toute  cause  d'erreur,  je  suis 
arrivé  à  déduire  les  conclusions  suivantes  : 

1°  Les  Rotifères,  Tardigrades,  Anguillules,  lorsqu'ils  ont  été  desséchés  à 
l'air  libre  et  sans  abri  à  une  température  ordinaire,  ne  peuvent  être 
rappelés  à  la  vie,  à  la  suite  d'une  immersion  prolongée. 

2°  Il  n'est  pas  nécessaire  que  ces  animalcules  restent  longtemps  dans 
cet  état  de  dessiccation  pour  cesser  d'exister,  quelques  heures,  quelques 
minutes  même  suffisent  pour  les  priver  à  tout  jamais  de  la  vie. 

3°  Les  Rotifères  qui  se  trouvent  dans  les  touffes  de  Bryum  et  qui 
reprennent  tous  leurs  mouvements  après  quelques  minutes  d'immersion 
ne  sont  pas  dans  cet  état  réel  de  dessiccation  qui  les  fait  ressembler  à 
des  petites  masses  cristallines, mais  ils  sont  seulement  pelotonnés  dans  les 
aisselles  des  feuilles  qui  conservent  toujours  à  la  température  ordinaire 
une  certaine  quantité  d'humidité. 


J.    BARROIS.    —   EMBRYOGÉNIE    DES   ANNÉLIDES   ET   DES   LAMELLIBRANCHES   657 

4°  Si  on  soumet  ces  touffes  de  Bryum  à  une  température  suffisante 
pour  enlever  toute  l'humidité  qu'elles  contiennent,  les  Rotifères  qu'elles 
renferment   ne  peuvent  plus,  en  aucun  cas,  être  rappelés  à  la  vie. 

5°  Enfin  les  animalcules  que  nous  avons  examinés  et  expérimentés, 
lorsqu'ils  ont  subi  une  dessiccation  complète,  ne  peuvent  jamais  ressus- 
citer et  subissent  en  cela  les  lois  communes  à  tous  les  autres  animaux. 


M.  NOIJRY 


PRÉSENTATION  DE  TABLEAUX  D  HISTOIRE  NATURELLE, 

OISEAUX  D'EUROPE. 

(EXTRAIT  DL"   PROCÈS-VERBAL.) 


—  Séance  du  29  août  1877.  — 

M.  Noury  présente  une  série  de  tableaux  faits  avec  beaucoup  d'art,  repré- 
sentant l'histoire  naturelle  des  oiseaux  d'Europe,  et  en  particulier  de  la  famille 
des  becs  fins  :  il  fait  part  des  difficultés  qu'il  éprouve  dans  la  publication  de 
son  travail,  et  manifeste  l'espoir  de  se  voir  aider  par  l'Association.  Tout  en 
encourageant  les  louables  efforts  de  M.  Noury,  la  section  évite  de  se  prononcer 
en  faveur  d'une  demande  de  subsides,  l'oeuvre  n'étant  pas  suffisamment  avan- 
cée et  aucune  partie  du  texte  n'étant  encore  prête. 


J.  BAREOIS 

Préparateur  à  la  Faculté  des  Sciences  Je  Lille. 


EMBRYOGENIE  DES  ANNELIDES  ET  DES  LAMELLIBRANCHES 

(EXTRAIT   DU  PROCÈS-VERBAL.) 


—  Séance  du  29  août  1877.  — 

M.  J.  Barrois  expose  le  résultat  de  ses  recherches  sur  l'embryogénie  des 
Annélides  et  des  Lamellibranches  :  l'embryogénie  des  nombreuses  espèces  d'An- 
nélides  étudiées  cet  été  au  laboratoire  deWimereux  peut  se  ramener  à  plusieurs 
types  distincts  :  les  principaux  sont  ceux  de  la  Phyllodoce,  des  Capitella,  des 
Polydora  et  Nériné,  des  Annélides  à  larves  pélagiques  comme  les  Nephtis  et  les 
Clyméniens,  enfin  des  Annélides  à  larves  serpuloïdes. 

42 


658  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

Le  premier  (Phyllodoce)  peut  servir  de  type  pour  la  marche  générale  du 
développement;  on  y  remarque  surtout  la  présence  de  deux  bandes  embryon- 
naires à  la  partie  ventrale,  et  celle  d'une  cavité  qui  lui  est  opposée  :  le  tube 
digestif  remplit  dès  le  début  tout  l'espace  renfermé  par  la  peau  ;  excepté  au 
niveau  de  cette  cavité;  tous  les  organes  (système  nerveux,  etc.)  se  forment 
entre  lui  et  la  peau. 

Le  second  type  diffère  du  premier  par  le  mode  d'apparition  des  dissépiments 
qui  se  forment  tous  à  la  fois  et  s'écartent  ensuite  au  lieu  de  se  former  d'une 
manière  successive. 

Le  troisième  type,  caractérisé  par  les  longues  soies  de  la  portion  antérieure 
est  remarquable  par  la  diversité  qui  existe  dans  le  premier  stade  du  dévelop- 
pement des  différentes  formes. 

Tandis  que  nous  voyons  chez  les  Polydores  l'embryon  arrondi,  irrégulière- 
ment cilié,  se  transformer  directement  en  un  jeune  Annélide;  nous  constatons 
chez  le  Nériné  la  présence  de  nombreux  phénomènes  intercalés  ;  il  se  forme 
une  larve  à  cuticule  réticulée  caduque,  recouvrant  la  masse  interne  qui  se 
divise  ensuite  en  deux  feuillets  distincts. 

Les  deux  derniers  types  ne  diffèrent  guère  de  la  Phyllodoce  que  par  les  pre- 
miers stades  du  développement;  ils  s'y  rattachent  en  ce  qui  concerne  les  par- 
ticularités essentielles  du  développement  interne. 

En  ce  qui  concerne  les  Lamellibranches,  M.  Barrois  n'a  encore  réussi  a 
obtenir  les  larves  que  pour  les  Pholades,  dont  deux  espèces  sont  très-abon- 
dantes à  "Wimereux.  M.  Barrois  a  obtenu  le  cycle  d'une  manière  complète  : 
les  œufs  de  Pholade  donnent  naissance,  après  l'épibolie  et  le  stade  arrondi 
irrégulièrement  cilié,  à  une  larve  à  coquille  avec  vélum  déjà  formé  et  qui  ne 
représente  autre  chose  que  la  trochosphère  ;  la  coquille  est  caractérisée  pendant 
toute  la  période  qui  suit  cet  état,  par  la  forme  de  la  charnière. 

Dans  les  stades  suivants,  péchés  au  seau,  l'un  des  angles  de  la  charnière 
tend  à  se  prononcer  pour  former  un  crochet  :  c'est  pendant  cet  état  qu'appa- 
raissent sur  la  trochosphère,  les  divers  organes  du  Lamellibranche  (système 
nerveux,  foie,  branchies,  etc.). 

Enfin,  en  cherchant  directement  sur  les  bancs  a  Pholades,  on  trouve  des 
jeunes  Pholades  de  la  seconde  forme;  autour  de  la  coquille  primitive  a  com- 
mencé à  se  former  un  système  de  dentelures. 

Les  faits  essentiels  du  développement  interne  consistent  dans  l'état  primitif 
du  mésoderme  formé  d'une  épaisse  masse  placée  sous  le  vélum  et  séparant 
les  deux  ouvertures  de  l'intestin,  et  dans  la  forme  de  la  cavité  du  corps  réduite 
à  une  seule  portion  spacieuse  située  dans  la  partie  dorsale;  pendant  très-long- 
temps les  deux  ouvertures  (buccale  et  anale)  sont  très-voisines  ;  le  pied  ne  se 
forme  qu'extrêmement  tard. 

M.  Barrois  termine  en  s'appuyant  sur  cas  laits  pour  émettre  une  comparaison 
entre  les  Annélides  et  les  Lamellibranches;  la  masse  mésork'rmique  de  l'em- 
bryon de  Pholade,  et  la  portion  dorsale  de  la  cavité  du  corps  sont  très- probable- 
ment des  parties   homologues   des   bandes   embryonnaires   et    de  la   portion 


BËAUKEGARD.    —   RÉSEAUX    VASCULAIRES   DE  L'OEIL   DES   VERTÉBRÉS      659 

dorsale  de  cavité  du  corps  de  la  Phyllodoce,  et  c'est  sur  cette  première  indica- 
tion générale  que  nous  devons  nous  baser  pour  établir  l'accord  d'une  manière 
plus  complète. 

DISCUSSION 

A  propos  de  cette  communication,  M.  Giard  fait  observer  combien  les  faits 
observés  par  M.  J.  Barrois  viennent  corroborer  les  conclusions  qu'il  a  tirées  de 
l'embryogénie  comparée  de  la  Salmacina  Dysteri  et  des  Phyllodoce  parmi  les 
Annélides,  et  du  Lamellaria,  des  Neritina,  des  Nudibranches,  des  Naïades 
parmi  les  mollusques.  Les  mollusques  (Gastéropodes  et  Lamellibranches),  forment 
avec  les  Annélides  et  les  Brachiopodes  un  ensemble  très-homogène  différant 
autant  des  Arthropodes  que  ceux-ci  des  Vertébrés. 

La  formation  du  mésoderme  par  les  deux  bandes  embryonnaires  n'est  qu'un 
processus  abrégé  de  la  formation  par  enterocœlle,  c'est-à-dire  par  des  diver- 
ticules  de  l'endoderme  ou  tube  digestif  primitif.  Ce  dernier  mode  de  formation 
s'observe  chez  les  Brachiopodes  et  les  Chcelognathes  qui  sont  de  véritables 
Annélides. 

M.  Giard  combat  les  conclusions  de  Bobretzky  qui,  dans  un  mémoire  récent, 
a  cru  pouvoir  établir  des  distinctions  fondamentales  entre  l'embryogénie  des 
Annélides  et  celle  des  Mollusques. 

Il  fait  observer,  en  terminant,  l'intérêt  que  présente  la  découverte  faite  par 
M.  Barrois  d'une  larve  d'Annélide  possédant  une  enveloppe  embryonnaire. 
Des  cas  semblables  n'étaient  connus,  jusqu'à  présent,  que  chez  les  Arthropodes, 
certains  Gestodes  et  les  Némertiens. 


M.  LE  Dl  BEAÏÏREGÀRD 


RÉSEAUX  VASCULAIRES  DE  L'ŒIL   DES  VERTEBRES 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  29  août  1877.  — 

M.  Beauregaiid  a  entrepris  d'importantes  recherches  sur  les  réseaux  vascu- 
laires  de  l'œil  des  vertébrés.  Ces  réseaux ,  qui  affectent  des  dispositions  diffé- 
rentes suivant  les  classes  d'animaux,  paraissent  devoir  être  ramenés  à  des 
réseaux  rétiniens  et  à  des  réseaux  hyaloïdiens. 

Chez  les  vertébrés  pourvus  d'un  peigne  (oiseaux  et  Sauriens),  ce  peigne, 
par  toute  sa  portion  plongée  dans  le  corps  vitré,  doit  être  considéré  comme 
l'homologue  du  réseau  hyaloïdien  de  l'œil  des  embryons  de  mammifères  et  des 
réseaux  hyaloïdiens  que  l'on  observe  chez  les  Ophidiens  et  le  plus  grand  nombre 
des  poissons.  Cette  homologie  est  établie  sur  des  faits  nombreux  du  domaine 
de  l'embryogénie  et  de  l'anatomie  comparée. 


C60  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

Des  recherches  ophthalmoscopiques  longuement  poursuivies  permettent  à 
M.  Beauregard  de  signaler  l'existence  du  repli  falciforme  chez  un  certain  nombre 
de  poissons  où  celle  formation  n'avait  pas  été  étudiée  (Trachinus  draco,  Trigla 
hirundo,  Cottus  scorpius,  Sparus  cantharus,  etc.)-  Chez  ces  poissons,  le  repli 
falciforme  paraît  être  l'homologue  du  peigne.  Chez  les  Malacoptérygiens  apodes 
on  trouve,  outre  ce  repli  représentant  le  réseau  hyaloïdien,  un  réseau  rétinien 
assez  bien  développé,  de  sorte  que  ces  poissons  présentent  à  l'état  adulte  les 
deux  réseaux  vasculaires  qui,  chez  les  mammifères,  n'existent  conjointement 
que  pendant  la  vie  fœtale. 

Tous  ces  réseaux  servent  à  la  fois  à  la  nutrition  des  milieux  de  l'œil  et  à 
l'orientation  de  certains  rayons  lumineux,  la  pupille  pouvant  se  placer  par 
rapport  au  peigne  dans  une  position  telle  que  celui-ci  intercepte  au  passage 
certains  rayons  venant  d'en  haut  :  le  peigne  contribuerait  ainsi  à  la  vision  si 
remarquable  chez  les  oiseaux. 


M.   A.    GIAO 

Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Lille. 


IMPORTANCE  DE  L'ÉTUDE  DES  CHENILLES  POUR  LA  CLASSIFICATION 

DES  LÉPIOPTÈRES 

(extrait  du  procès-verbal) 


—   Scan  ce  du  30  août  1877.  — 

M.  Giaud  présente  un  mémoire  sur  l'importance  des  caractères  larvaires 
pour  l'établissement  de  la  phylogénie  chez  les  insectes  et  en  particulier  chez 
les  papillons.  M.  Giard  a  signalé  dès  1872  dans  ses  recherches  sur  les  Tuni- 
ciers,  les  adaptations  remarquables  auxquelles  sont  sujettes  les  larves  des  ani- 
maux à  embryogénie  dilatée  et  fait  connaître  plusieurs  cas  où  deux  types 
voisins  à  l'état  adulte  présentent  des  larves  très-différentes  (Incongruenccs, 
Weismann).  11  a  indiqué  dès  lors  l'intérêt  que  présenterait  à  ce  point  de  vue 
l'étude  de  certains  groupes  d'insectes  (Syrphiens  parmi  les  Diptères,  Bomby- 
ciens  parmi  les  Lépidoptères).  11  montre  que,  malgré  ces  incongruences,  l'étude 
des  larves  fournit  de  précieux  renseignements  pour  dresser  l'arbre  généalo- 
gique des  papillons.  C'est  ainsi  que  la  chenille  jeune  du  Papilio  Machaon  est 
épineuse  comme  celle  des  Vanesses  et  indique  ainsi  que  les  Papilionides  etles 
Nymphalides  ont  dérivé  d'une  souche  commune  rappelant  les  Vanessides  etles 
Argynnides.  D'ailleurs,  dans  presque  toutes  les  familles,  les  types  les  plus 
élevés  ont  des  chenilles  nues.  Les  chenilles  de  certaines  noctuelles  Polia,  Dip- 
terygia)  sortent  de  l'œuf  avec  trois  paires  de  pattes  membraneuses  seulement, 
et  ce  n'est  qu'à  la  troisième  mue  qu'elles  acquièrent  leurs  cinq  paires  normales. 
Elles  sont  donc  primitivement  semblables  aux  chenilles  des  Géomètres,  qui 
sont  en  général  pourvues  de  deux  ou  trois  paires  de  pattes  membraneuses. 
Les  chenilles  de  Catocala  manquent  même  toujours  des  pâlies  membraneuses 
antérieures  et  méritent  ainsi  le  nom  de  Semi-Geometr»,  que  leur  a  donné 
Hubner.  Du  reste,  il  est  facile  de  retrouver  chez  les  Géométrides  les  rudiments 


j.    BARROIS.   —    ANATOMFE    El    DÉVEL0PPEMBN1    Dl     PBDALIA    MIRA        661 

de  l'ornementation  des  autres  groupes  el  ces  géomélrides  paraissent  eux- 
inémes  pouvoir  âtre  dérivés  déformes  voisines  des  Tneides,  lesquels  rappellent 
les  Phryganes.  Pour  les  Sphingides,  M.  Giard  indique  le  moyen  de  se  procurer 
les  pontes  (il  suffil  de  détruire  les  centres  nerveux  antérieurs),  el  de  se  pro- 
curer ainsi  les  jeunes  chenilles.  Il  a  pu  de  ceM  i  façon  s'assurer  que  chez  le 
Ckœrocampa  Elpenor  les  chenilles  prennent  des  teintes  variées  bien  avant  la 
dernière  mue  et  à  des  époques  variables,  contrairement  à  ce  qu'affirme  Weis- 
manii.  M.  Giard  a  indiqué  dès  l*7-J  les  causes  de  ce  polymorphisme.  Chez  le 
Sjihiiix  ligustri,  la  chenille  jeune  rappelle  les  Bombyciens  par  la  propriété 
qu'elle  a  d'émettre  des  tilsde  soie.  Elle  a  la  forme  des  chenilles  de  Smerinthus 
et  leur  peau  chagrinée.  Les  Smerinthes  doivent  donc  être  considères  comme 
inférieurs  aux  Sphinx  proprement  dits. 

En  terminant,  M.  Giard  insiste  sur  les  indications  que  peut  fournir  pour  la 
classification  des  Lépidoptères  la  connaissance  des  végétaux  sur  lesquels  vivent 
les  chenilles. 


M.    J.    BARROIS 

Préparateur  a  la  Faculté  des  sciences  de  Lille. 


SUR  L'ANATOMIE  ET  LE  DÉVELOPPEMENT  DU  PEDALIA   MIRA 
(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  :iû  aoûl  1877.  — 

M.  J.  Barrois,  préparateur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Lille,  a  été  conduit 
par  ses  études  sur  les  Bryozoaires  à  considérer  la  forme  primitive  de  ces  ani- 
maux comme  comparable  à  l'état  adulte  des  Rotifères.  En  se  basant  sur  les 
ressemblances  que  présentent  avec  ces  derniers  les  larves  des  Entoproctes,  il 
a  émis  l'idée  d'une  homologie  de  l'organe  bilobé  de  la  face  ventrale  de  ces 
larves  avec  le  mastax  embryonnaire.  Pour  élucider  cette  question,  M.  Barrois 
a  entrepris  au  laboratoire  de  Wimereux  l'étude  de  l'embryogénie  du  genre 
Pedalion,  si  intéressant  par  la  diversité  de  ses  organes  appendiculaires,  et  dont 
une  espèce  est  assez  commune  à  Wimereux. 

Ce  Pedalion  est  une  espèce  marine;  il  présente,  outre  les  deux  épauletles 
ciliées,  six  lambeaux  d'épithélium  ciliaire  qui  forment  par  leur  réunion  une 
couronne  presque  complète  ;  les  organes  appendiculaires  de  la  face  orale  sont 
au  nombre  de  six  :  quatre  pointes  chitineuses  et  deux  boulons  à  cils  raides  ; 
les  points  oculiformes  sont  au  nombre  de  trois,  dont  deux  appartiennent  à  la 
face  orale;  le  mastax  est  énorme  et  se  compose  de  cinq  pièces;  il  donne  vers 
la  face  dorsale  naissance  à  une  espèce  d'œsophage  qui  aboutit  à  un  estomac 
muni  de  deux  glandes  latérales  ;  l'ovaire  est  ventral  et  assez  volumineux. 


662  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

Le?  œufs  sont  fixés,  pendant  toute  la  durée  de  l'évolution,  à  la  partie  pos- 
térieure du  corps,  comme  chez  le  Brachion  ;  le  développement  est  extrême- 
ment rapide  ;  un  jour  à  peine  s'écoule  entre  la  ponte  et  Téclosion. 

Au  stade  quatre,  l'œuf  se  compose  d'une  grosse  sphère  et  de  trois  petites, 
dispesées  aux  quatre  angles  d'un  tétraètre  ;  les  trois  petites  sphères  se 
segmentent  ensuite  rapidement  pour  recouvrir  la  grosse  et  former 
une  gastrula  par  épibolie,  mais  cet  enveloppement  ne  se  fait  pas  au  hasard; 
leur  segmentation  paraît  surtout  consister  dans  l'apparition  d'une  série  de  sil- 
lons transverses,  ce  qui  donne  aux  cellules  qui  s'étalent  sur  la  masse  interne 
une  disposition  en  séries  régulières  ;  on  voit  de  plus  que  l'accroissement  ne  se 
fait  pas  avec  une  égale  vitesse  sur  les  deux  faces  de  l'œuf,  mais  est  beaucoup 
plus  rapide  d'un  côté  que  de  l'autre  ;  il  en  résulte  que  la  gastrula,  an  lieu  de 
se  fermer  au  pôle  opposé  au  pôle  formateur,  comme  le  dit  Salensky,  se  ferme 
dans  le  voisinage  de  la  face  ventrale,  près  du  point  où  apparaîtra  la  dépression 
autour  de  laquelle  Salensky  a  vu  naître  les  différents  membres.  A  peine  for- 
mée, cette  dépression  se  divise  en  trois  branches,  dont  les  deux  inférieures 
(transverses)  donnent  naissance  à  la  queue  et  la  supérieure  (longitudinale)  aux 
deux  lobes  de  la  tête;  à  cette  époque  le  rudiment  du  mastax  est  déjà  formé, 
et  occupe  toute  la  future  portion  céphalique  (environ  les  deux  tiers)  de  l'em- 
bryon. 

Un  peu  plus  tard,  on  voit  la  portion  située  en  avant  des  deux  sillons  trans- 
verses s'étrangler  graduellement:  c'est  par  ce  processus  que  la  queue  arrive 
graduellement  à  se  séparer  du  reste  du  corps  et  des  deux  lobes  de  la  tête,  ces 
derniers  se  relèvent  en  comprenant  entre  eux  une  ouverture  en  forme  de  fente 
qui  dérive  du  sillon  longitudinal  (qui  séparait  d'abord  les  deux  lobes)  et  for- 
ment plus  tard  l'ouverture  buccale;  la  partie  qui  répond  à  l'étranglement 
correspond  à  toute  la  région  thoracique,  elle  présente  toujours  un  aspect 
annelé  dû  à  des  petits  plissements  de  la  peau  externe,  et  augmente  d'étendue 
à  mesure  que  l'étranglement  se  prononce  ;  les  épaulettes  ciliées  se  forment  à  la 
limite  supérieure  de  cet  étranglement  dont  elles  se  délimitent  à  1  époque  où 
la  tête  (face  orale)  et  le  thorax  commencent  à  se  séparer  par  une  ligne  plus 
nette  de  démarcation  ;  en  même  temps  qu'eux  apparaît  autour  de  la  bouche 
une  couronne  ciliaire  presque  complète  qui  donne  naissance  aux  lambeaux 
d'épithélium  ciliaire  de  la  face^ovale. 

Les  résultats  obtenus  par  M.  Barrois  sont  en  désaccord  en  deux  points  avec 
ceux  publiés  par  Salensky  pour  le  Brachion. 

1°  D'après  M.  Barrois  le  blastopore  peut  très-bien  passer  à  la  bouche  défi- 
nitive. 

2°  L'on  ne  peut  attacher  une  grande  importance  à  la  naissance  des  différents 
organes  autour  de  la  dépression  ventrale;  la  dernière  partie  du  développement 
nous  montre  que  ce  processus  n'est  dû  qu'à  ce  que  l'embryon,  au  moment  de 
sa  formation,  est  enroulé  sur  lui-même;  les  aspects  produits  par  l'enroulement 
d'un  embryon  dans  l'œuf  ne  peuvent  évidemment  rien  avoir  de  commun  avec 
le  plan  général  d'organisation,  et  ne  peuvent  être  que  trompeurs  ;  aussi,  bien 
loin  de  s'appuyer  sur  eux,  comme  le  fait  Salensky,  pour  établir  des  relations 
nous  devqns  au  contrajre  chercher  à  en  faire  abstractipn,  autant   qu'il  est  Pos' 


SABAT1ER.  —  SUR  LES  TIRES  DE  MALPIGHI  DES  INSECTES      663 

sible-  ce  n'est  qu'en  dégageant  les  phénomènes  réels  d'embryogénie  des  aspects 
perturbateurs  produits  par  l'enroulement  que  nous  pourrons  arriver  à  avoir 
sur  l'embryogénie  du  groupe  des  Rotifères  des  idées  exactes.  En  ce  qui  concerne 
la  parenté  avec  les  Bryozoaires,  les  observations  de  M.  Barrois  ne  lui  permet- 
tent encore  de  rien  conclure  de  positif,  mais  elles  montrent  au  moins  que  ce 
mode  d'apparition  simultanée  des  organes  autour  de  la  dépression  ventrale 
(Salensky)  ne  prouve  rien  contre  l'importance  de  la  division  essentielle  de 
l'adulte  en  deux  faces  opposées,  séparées  par  la  couronne  ;  l'embryogénie 
laisse  irrésolue,  mais  ne  contredit  pas  l'opinion  émise  par    M.  Barrois. 

DISCUSSION 

M.  Giard  dit  que  l'accroissement  plus  rapide  de  l'embryon  dans  un  sens 
s'observe  également  dans  les  embryons  de  Mollusques  gastéropodes.  Il  ne 
croit  pas  que  les  observations  de  M.  Barrois  l'autorisent  à  conclure  que  l'ou- 
verture primitive  d'invagination  devient  la  bouche  définitive  du  Rotifère. 
Quand  une  Gastrula  se  forme  par  épibolie  elle  est  constituée  dès  l'instant  où 
l'embryon  est  formé  de  deux  sortes  de  cellules  (exodermiques  et  endodermi- 
ques  situées  symétriquement  par  rapport  à  un  axe).  Tout  le  pôle  endoder- 
mique  ou  nutritif  correspond  à  l'ouverture  primitive  (prostome)  des  Gastrula 
formées  par  invagination.  L'accroissement  plus  rapide  de  l'exoderme  dans  un 
certain  sens  fait  que  le  blastopore,  c'est-à-dire  le  point  ou  l'exoderme  se  ren- 
ferme ne  coïncide  pas  avec  le  prostome:  le  blastopore  est  physiologiquement 
le  reste  du  prostome  et  n'en  est  pas  l'homologue  morphologique.  La  bouche 
définitive  se  forme  toujours  au  pôle  formateur,  mais  ce  pôle  peut-être  déplacé 
par  l'accroissement  inégal  de  l'exoderme  et  être  amené  dans  le  voisinage  du 
pôle  nutritif.  La  bouche  définitive  peut  même  coïncider  avec  le  blastopore, 
elle  ne  coïncide  jamais  avec  le  prostome.  Enfin  M.  Giard  considère  les  Roti- 
fères comme  se  rapprochant  des  Mollusques  et  des  Annélides,  au  moins  autant 
que  des  Bryozoaires  avec  lesquels  von  Hayek  les  réunit  ;  la  parenté  avec  les 
Arthropodes  est  bien  plus  éloignée  et  repose  sur  des  caractères  fort  superficiels. 


M.    SABATIEE 

Professeur  à  la  Faculté  des  sciences  île  Montpellier 


SUR  LES  TUBES  DE  MALPIGHl  DES  INSECTES. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  30  août  1877.  — 

M.  Sabatier  communique  les  premiers  résultats  de  recherches  entreprises 
l'été  dernier  sur  les  tubes  de  Malpighi  des  insectes.  M.  Sabatier  a  été  amené 
à  J'étude  de  ces  organes  par  ses  recherches  sur  le  foie  des  Ampullaires, 


664  ZOOLOGIE  ET  ZOOTECHNIE 

Chez  les  insectes,  les  tubes  sécréteurs  paraissaient  être  des  organes,  tantôt 
exclusivement  biliaires,  tantôt  exclusivement  urinaires  ou  bématopoiétiques, 
tantôt  enfin  ils  semblent  jouer  à  la  fois  ce  double  rôle  ;  des  différences  mor- 
phologiques correspondent  à  ces  différences  de  fonctions. 

M.  Sabatier  indique  comme  un  objet  très-favorable  pour  l'étude  de  ces 
organes  la  taupe-grillon  chez  laquelle  ils  présentent  un  très-haut  degré  de 
développement. 


J.    PARROT.  —  DÉFORMATIONS    CRANIENNES   DE    LA    SYPHILIS  065 


11e  Section 
ANTHROPOLOGIE 


Président M.  Le  Dr  L AGNEAU,  ancien  président  de  la  Société  d'Anthropologie. 

Vice-Présidents M  Le  ljr  BERTILLON,  professeur  à  l'Ecole  d'Anthropologie. 

M.  oLl.lKit  DE  MAK1CHARD,  archéologue  à  Vallon  fArdèche.) 

Secrétaires M.  Le  D'  COLLLNEAU,  de  Paris. 

M.  FÉLIX   HÉMENT,  de  Paris. 


M.    FROMENT 

Agent-vuyer,  Conducteur  cri  retraite. 


SUR  LE  TEMPLE  DE  DESAIGNES  l  ARDECHE  1 

(EXTRAIT   DU    PROCÈS-YERBAL.) 


—  Séance  du  îi  août   1877.  — 

Ce  temple,  très-important  par  ses  dimensions,  marquait  suivant  l'auteur 
une  station  d'approvisionnement  entre  les  vallées  du  Rhône  et  de  la  Loire 
On  le  désigne  habituellement  sous  le  nom  de  temple  de  Diane.  11  est  possible 
qu'on  y.  ait  établi  ultérieurement  un  culte  à  celte  divinité,  mais  dans  l'origine 
il  était  consacré  à  Hercule,  personnification  de  la  force  et  de  la  puissance  que 
les  Romains  déployaient  pour  s'impatroniser  en  Gaule. 


M.  Jules  PAIUOT 

Professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris. 
LES  DÉFORMATIONS  CRANIENNES  CAUSÉES  PAR  LA  SYPHILIS  HÉRÉDITAIRE 


—  Séance  du  ii  août  1877.  — 


Tout  ce  quia  trait  à  la  morphologie  du  crâne,  intéresse  l'anthropolo- 
giste,  qui,  dans  les  saillies,  les  dépressions,  les  courbes  et  la  capacité  de 
cette  boîte  osseuse,  trouve  les   éléments  de  la  classification   des  races, 


(306  ANTHROPOLOGIE 

des  individus  et  de  leurs  groupes  divers;  et  peut  ainsi  marquer  la  place 
qu'ils  doivent  légitimement  occuper,  sur  le  grand  arbre  généalogique  de 
la  famille  humaine. 

Les  formes  du  crâne  sont  normales  ou  anormales. 

Les  .premières,  résultent  de  l'évolution  d'un  type  héréditaire  déter- 
miné, et  constituent  un  fait  ethnologique  de  premier  ordre.  —  Les 
autres,  doivent  être  qualifiées  de  déformations  et  sont  artificielles  et 
consécutives  soit  à  une  position  vicieuse  soit  à  des  manœuvres  prati- 
quées à  dessein  sur  la  tête  des  jeunes  enfants  ;  ou  accidentelles,  et 
véritablement  pathologiques. 

Parmi  ces  dernières,  les  unes  d'origine  exclusivement  intra-utérine 
sont  dues  à  un  trouble  dans  le  développement  :  ce  sont  les  monstruo- 
sités ;  d'autres,  liées  à  une  maladie,  apparaissent  dès  la  vie  fœtale  ou 
après  la  naissance.  Jusqu'ici  les  anthropologistes  se  sont  peu  occupés  de 
ces  dernières,  et  leur  dire  là-dessus,  manque  le  plus  souvent  de  ri- 
gueur et  même  d'exactitude.  Aussi,  je  ne  crains  pas  d'affirmer,  qu'il  est 
nécessaire  de  réviser  à  peu  près  tout  ce  que  l'on  a  dit  sur  les  déforma- 
tions morbides  du  crâne ,  en  ayant  soin  de  faire  intervenir  dans  cette 
étude,  la  clinique  et  l'anatomie  pathologique.  Grâce  à  elles,  on  classera 
parmi  les  cas  morbides,  des  formes  considérées  jusqu'ici  comme  ethni- 
ques ou  artificielles  ;  et  l'on  restituera  aux  faits  normaux,  quelques  uns 
de  ceux  qui  sont  actuellement  attribués  à  la  maladie. 

Aujourd'hui,  je  me  propose  d'examiner  comment  le  crâne  est  déformé 
par  la  syphilis  héréditaire.  Ce  sujet  est  neuf,  car  je  l'ai  abordé  pour  la 
première  fois,  cette  année,  devant  la  Société  d'anthropologie,  et  dans  des 
leçons  que  j'ai  faites  à  l'Hospice  des  Enfants  Assistés. 

Lorsque  la  syphilis  héréditaire  atteint  un  organe,  elle  frappe  d'abord 
l'élément  qui  lui  sert  de  charpente  et  sans  lequel,  on  ne  peut  concevoir 
aucune  structure,  je  veux  dire  le  tissu  conjonctif. 

Or  ce  tissu  joue  un  rôle  considérable  dans  la  constitution  et  la  vie 
des  os,  puisque  le  périoste  en  est  presquentièrement  fait,  puisque  dans 
les  parties  dures  et  la  moelle,  c'est  lui  qui  préside  à  l'activité  nutritive. 
Aussi,  les  os  sont-ils  particulièrement  atteints  par  la  syphilis  héréditaire. 
Et  j'ajoute  :  parfois  d'une  manière  exclusive.  Si  l'on  me  demande  ce 
qui  m'autorise  à  affirmer  la  nature  syphilitique  de  certaines  lésions  des 
os,  lorsque  ces  organes  sont  seuls  malades;  je  répondrai  qu'au  début 
de  mes  recherches,  je  n'ai  admis  comme  atteints  de  syphilis  héréditaire, 
que  les  enfants  qui  en  portaient  sur  les  téguments  ou  dans  les  viscères, 
des  marques  incontestables.  Ayant  remarqué  que  le  squelette  de  ces 
sujets  présentait  toujours  des  alérations  d'un  caractère  typique,  j'ai 
pensé  qu'il  n'en  fallait  pas  davantage  pour  regarder  ces  lésions  comme 
syphilitiques;  et  que,  désormais,  je  devais  rapporter  à  la  syphilis"  hérédi- 


J.    PARROT.  —  DÉFORMATIONS    CRANIENNES    DE    LA    SYPHILIS  667 

taire,  toutes  celles  présentant  des  caractères  identiques,  alors  même  qu'il 
n'existerait  aucune  autre  trace  actuelle  de  la  maladie.  Cette  méthode  me 
semble  inattaquable.  Elle  est,  en  eiïet,  fréquemment  usitée  en  anthro- 
pologie et  dans  les  sciences  de  son  domaine. 

C'est  ainsi  que  le  paléontologiste,  après  s'être  préparé  à  la  détermi- 
nation des  ossements  fossiles,  par  l'étude  des  animaux  actuels,  dont  il 
peut  suivre  l'évolution,  observer  les  mœurs  et  les  fonctions,  voir  le  tégu- 
ment, la  toison,  la  fourrure,  les  viscères,  les  muscles,  le  squelette;  peut 
souvent,  à  l'aide  d'une  seule  pièce  osseuse,  restituer  un  animal  entier,  et 
en  faire  l'histoire. 

Dans  l'espèce,  c'est  une  maladie  que  j'ai  cherché  à  reconnaître,  aux 
stigmates  laissés  par  elle  sur  le  système  osseux.  Pour  cela,  je  l'ai  préala- 
blement étudiée,  durant  son  activité,  sa  vie  ;  c'est-à-dire  pendant  qu'elle 
présentait  ses  symptômes,  ses  altérations  organiques  les  plus  caractéris- 
tiques. Durant  cette  période  j'ai  constaté  sur  les  os,  des  lésions  absolument 
propres  et  toujours  semblables  à  elles-mêmes  à  quelque  moment  qu'on 
les  observe,  constituent  des  lésions  à  elles  mêmes;  en  un  mot  typiques. 
Cette  notion  acquise,  j'ai  cru  pouvoir  affirmer  que  ces  lésions,  des 
marques  suffisantes  et  certaines  de  l'existence  actuelle  ou  passée  de  la 
maladie. 

Ces  altérations  osseuses,  sont  de  deux  sortes  principales. 

Les  unes,  consistent  dans  la  transformation  gélatiniforme  de  quelques 
points  du  squelette;  les  autres  résultent  du  dépôt  sous  le  périoste,  d'os- 
téophytes  poreux,  à  larges  espaces  médullaires,  à  trabécules  perpendicu- 
laires à  la  surface  de  l'os.  Ces  trabécules  n'ont  pas  un  tissu  constitué, 
suivant  le  type  habituel,  par  des  cavités,-  régulièrement  disposées,  au- 
tour des  canaux  de  Havers;  mais  par  des  cellules  du  tissu  con- 
jonctif,  très-abondantes  au  voisinage  du  périoste,  dont  elles  sont  une 
émanation  et  qui,  par  des  prolongements  nombreux,  communiquent 
entre  elles  et  avec  les  espaces  médullaires. 

Sur  les  os  du  crâne,  ces  ostéophytes  sont  fréquents.  Ils  y  apparaissent 
à  des  époques  très-variées  ;  mais  c'est  dans  les  deux  premières  années, 
que  leur  évolution  est  le  plus  active.  Excessivement  rares  et  dispo- 
sés eu  nappe  à  la  face  interne,  ils  se  montrent  presque  toujours  à  la 
périphérie,  en  des  points  parfaitement  déterminés.  A  savoir  :  les  régions 
péribregmatiques  des  frontaux  et  des  pariétaux;  d'où  ils  s'étendent  sur 
ces  derniers,  le  long  de  la  suture  sagittale. 

Au  début,  ce  sont  des  saillies  lenticulaires,  à  contour  régulier,  tran- 
chant sur  le  reste  de  l'os,  par  leur  couleur  rouge  ou  violette,  par  leurs 
porosités  et  leurs  sillons  vasculaires,  s'étendant  peu  à  peu  de  leurs  points 
d'origine  à  ceux  du  voisinage  ;  et  de  la  sorte,  couvrant  parfois,  la  plus 
grande    partie  de  la    calotte   crânienne    jn^is  en  respectant    certaines 


668  ANTHROPOLOGIE 

parties  très-limitées,  telles  que  les  bosses  frontales,  celles  des  pariétaux 
et  l'occipital.  Il  n'est  pas  rare,  dans  ces  cas  à  marche  envahissante,  de  voir 
le  produit  morbide  passer  comme  un  pont  sur  les  sutures,  dont  il  fait  ainsi 
prématurément  disparaître  la  Irace  en  arrêtant  leur  jeu.  —  Ce  n'est  pas 
seulement  en  surface,  que  le  produit  pathologique  s'accroît;  les  saillies 
qu'il  forme  deviennent  aussi  plus  apparentes,  par  la  superposition  de 
nouvelles  couches  ;  et  delà  sorte,  la  paroi  iranienne  peut  atteindre,  par 
places,  une  épaisseur  de  2  et  môme  de  3  centimètres. —  Quand  la  période 
d'activité,  de  pousse,  si  l'on  peut  ainsi  dire,  est  épuisée,  le  tissu  patholo- 
gique devient  plus  dur  et  plus  dense,  par  le  rétrécissement  des  espaces 
médullaires;  et  il  en  résulte  une  augmentation  notable  dans  le  poids  du 
crâne. 

Ces  ostéophytes  sont  caractéristiques  delà  syphilis  héréditaire  ;  je  ne  puis 
donc,  avec  MM.  Jules  Guérin,  R.  Virchow  et  Le  Courtois,  qui  ont  signalé, 
dans  le  jeune  âge,  des  tubérosités  crâniennes,  les  attribuer  au  rachitis; 
surtout,  je  ne  puis  les  confondre,  comme  l'a  fait  Le  Courtois,  avec  les, 
couches  péri-crâniennes  dues  au  développement  normal  des  os. 

Le  rachitis  classique  est  une  maladie  excessivement  compréhensive, 
mal  définie,  et  sans  limites  précises,  à  laquelle  on  attribue  volontiers 
toutes  les  altérations  du  squelette,  dans  le  premier  âge.  Jusqu'ici, 
celles  que  produit  la  syphilis  héréditaire,  y  ont  été  comprises.  Je  crois  avoir 
suffisamment  caractérisé  ces  dernières,  pour  que  désormais,  on  puisse  les 
reconnaître,  et  partant,  les  distraire  du  rachitis.  Il  y  a,  en  effet,  un  critérium 
de  la  syphilis  osseuse,  que  j'ai  indiqué  plus  haut  ;  il  n'y  en  a  pas  du 
rachitis.  C'est  que  le  rachitis,  d'après  les  notions  actuelles,  consiste  essen- 
tiellement et  uniquement,  dans  un  état  anormal  du  squelette;  et  qu'au- 
cun autre  fait  pathologique,  ne  permet  d'affirmer,  qne  c'est  bien  par  lui, 
qu'un  os  est  malade  et  non  par  un  autre  mal. 

Pour  ce  qui  est  de  l'accroissement  physiologique,  il  se  fait  uniquement 
le  long  des  sutures,  à  l'aide  de  couches  si  minces,  qu'on  ne  peut  les 
sentir  au  toucher  ;  s'imbriquant  de  telle  sorte,  que  les  plus  anciennes 
sont,  pour  chaque  os,  les  plus  rapprochées  de  sa  partie  centrale,  tandis 
que  les  plus  récentes,  ne  se  voient  encore  qu'à  la  périphérie;  constituées 
en  apparence,  par  de  petites  écailles  qui  n'existent  jamais  à  la  surface 
des  productions  pathologiques;  n'ayant  ni  porosités,  ni  sillons  vasculaires 
en  aucun  cas,  ne  formant  des  îlots  distincts,  sur  des  points  isolés  de 
la  table  externe. 

Le  crâne  atteint  d'ostéophytes,  présente  une  déviation  morphologique 
souvent  appréciable  durant  la  vie.  Les  mamelons  qui  la  produisent,  lors- 
qu'ils sont  volumineux,  sont  séparés  par  des  dépressions,  en  forme  de 
gouttière.  Celle  qui  sépare  le  frontal  des  pariétaux  est  transversale  et 
correspond  à  la  suture  coronale.  Une  autre  semblable,  dirigée  d'avant 


J.    PARROT.  —    DÉFORMATIONS    CRANIENNES   DE    LA    SYPHILIS  069 

en  arrière,  suivant  la  suture  sagittale,  sépare  les  saillies  droites  de 
celles  du  côté  gauche.  —  Quand  Les  tubérosités  sont  très-apparentes, 
elles  donnent  au  crâne  un  aspect  typique,  que  j'ai  cru  devoir  qualifier 
de  natiforme,  à  cause  de  la  ressemblance  qu'il  présente  avec  les  organes 
que  les  Latins  appelaient  naûes. 

Cette  modification  de  la  calotte  crânienne,  en  entraîne  souvent  une  autre, 
d'une  grande  importance,  c'est  la  soudure  prématurée  de  quelques-unes 
de  ses  pièces  osseuses.  Les  sutures  disparaissent  en  général  sur  des 
points  limités,  beaucoup  plus  rarement,  sur  toute  leur  longueur.  Les 
plus  fréquemment  affectées,  sont  la-  médiofrontale,  la  coronale  et  la  sa- 
gittale. J'ai  constaté  plusieurs  fois,  la  soudure  des  deux  frontaux,  à 
11  et  à  10  mois;  et  dans  un  cas,  à  21  jours.  —  Sur  le  crâne  d'un  en- 
fant de  30  mois,  natiforme  à  un  haut  degré,  la  suture  coronale  droite, 
n'existait  plus,  sur  une  longueur  de  17  millimètres. 

Ces  synostoses  amènent  la  déformation  du  crâne,  non  plus  localement 
comme  les  premières,  mais  dans  son  ensemble.  En  effet,  l'encéphale  qui 
s'accroît  beaucoup  à  cet  âge,  trouvant  à  son  développement,  au  niveau 
des  points  soudés,  une  résistance  qu'il  ne  peut  vaincre,  se  porte  vers 
d'autres  régions  et  il  en  résulte  des  saillies  partielles,  qui  parfois  sont 
asymétriques. 

Lorsque  les  soudures  sont  nombreuses  et  précoces,  l'encéphale  n'est  pas 
seulement  déplacé,  mais  il  est  arrêté  dans  son  évolution.  L'enfant  de 
30  mois,  dont  le  crâne  natiforme  a  été  déjà  signalé,  présentait  tous  les 
caractères  de  l'idiotie. 

Les  déformations  crâniennes  que  je  viens  de  faire  connaître,  sont  fré- 
quentes chez  les  jeunes  enfants,  mais  elles  existent  également  aux  autres 
âges.  On  les  y  reconnaîtra  sans  hésitation,  aux  caractères  précédem- 
ment indiqués.  C'est  ainsi  que  j'ai  pu  rapporter  à  la  syphilis  hérédi- 
'  taire,  la  déformation  natiforme  du  crâne  d'un  Indien  de  18  ans,  mort 
récemment  d'intoxication  palustre  à  Pernambuco,  et  qui  se  trouve  dans 
la  collection  de  l'Institut  anthropologique.  Les  ostéophytes  sont  couverts 
de  porosités  et  constitués  par  des  trabécules  osseuses,  perpendiculaires  à 
la  surface  des  pariétaux.  Dans  leur  plus  grande  épaisseur,  ils  ont 
20  millimètres,  tandis  que  dans  ses  autres  régions,  la  paroi  crânienne 
n'en  a  que  7. 

Cet  exemple  prouve,  dans  la  vie  des  individus,  la  permanence  de  la 
syphilis  héréditaire,  par  les  marques  qu'elle  imprime  au  crâne.  Je  vais 
montrer  que  l'ancienneté  de  la  maladie  dans  le  temps,  peut  être  constatée 
à  l'aide  de  preuves  identiques. 

L'Institut  anthropologique  possède  5  crânes  péruviens  d'enfants. 
3  viennent  d'Arica  et  ont  été  envoyés  par  M.  le  docteur  Bourrut;  les 
deux  autres  ont  été  donnés  par  M.  Destruges.  A  l'exception  de  l'un  des 


670  ANTHROPOLOGIE 

premiers,  ils  sont  tous  malades  et  portent  des  traces  incontestables  de 
syphilis  héréditaire. 

Voici  en  quelques  mots  ce  que  l'on  y  observe.  Sur  le  n°  5  de  la 
vitrine  XI  provenant  d'un  enfant  qui  avait  6  dents,  la  fontanelle  est 
largement  ouverte  et  les  voûtes  orbitaires  sont  couvertes  par  un  ostéo- 
phyte  épais  et  poreux.  En  dedans,  la  région  bregmatique  du  frontal,  et 
les  cavités  des  pariétaux,  présentent  une  couche  mince  d'un  tissu 
morbide,  très-poreux  et  plein  de  sillons  vasculaires. 

Le  n°  6  de  la  mémo  vitrine,  dont  la  fontanelle  est  un  peu  moins 
large  que  celle  du  précédent,  -porte  extérieurement,  sur  le  frontal 
et  sur  les  pariétaux  autour  du  bregma,  quatre  saillies  ossiformes  ova- 
laires,  avec  des  porosités  nombreuses  et  des  sillons  dirigés  d'avant  en 
arrière.  La  glabelle  est  couverte  par  une  plaque  semblable.  Quelques 
régions  de  la  face  interne  sont  atteintes,  mais  à  un  faible  degré; 
et  sur  des  points  qui  ne  correspondent  pas  aux  lésions  extérieures. 

L'un  des  crânes  de  M.  Destruges,  dont  la  fontanelle  est  largement 
ouverte,  porte  à  sa  périphérie,  dans  l'angle  bregmatique  de  chaque 
frontal,  un  ostéophyte  de  forme  circulaire  de  quarante  millimètres 
de  diamètre  sur  trois  d'épaisseur,  poreux  et  parcouru  par  de 
nombreux  sillons.  Il  en  existe  un  autre,  plus  étendu  et  présentant 
à  un  plus  haut  degré  cette  structure,  sur  le  pariétal  gauche  près  du 
lambda. 

Le  dernier,  très-incomplet,  est  altéré  de  même  que  les  précédents; 
au  niveau  des  voûtes  orbitaires. 

Tous  ces  crânes  sont  d'une  ancienneté  non  douteuse.  Toutefois, 
il  est  impossible  d'affirmer  que  les  deux  premiers  soient  d'une 
époque  antérieure  à  l'arrivée  des  Européens  dans  le  Nouveau-Monde; 
mais  on  a  la  preuve  irrécusable,  que  ceux  donnés  par  M.  Destruges 
appartiennent  à  des  sujets,  mis  dans  la  sépulture  où  on  les  a  trouvés, 
bien  avant  la  conquête. 

L'étude  de  ces  crânes  d'enfants,  nous  apprend  deux  choses  :  1°  que 
la  syphilis  existait  au  Pérou  avant  que  les  Espagnols  eussent  découvert 
l'Amérique;  °1°  que  cette  maladie  y  était  fréquente,  puisque  la  plupart 
des  crânes  d'enfants  qui  en  proviennent,  en  portent  des  traces. 

La  première  proposition  est  suffisamment  établie  par  les  faits  que 
je  viens  de  faire  connaître;  mais  à  son  appui,  j'en  vais  fournir 
d'autres,  tout  aussi  probants. 

Grâce  à  l'obligeance  de  M.  le  professeur  de  Quatrefages  et  avec 
l'aide  de  M.  le  docteur  Ernest  Hamy.  j'ai  découvert  dans  la  collection 
du  Muséum,  deux  crânes  non  moins  anciens  que  ceux  de  M.  Destruges, 
et  qui  présentent  les  lésions  typiques  de  la  syphilis  héréditaire. 

L'un  d'eux,  donné   par  M.  Dairay,   est  celui  d'un  Péruvien  d'Arica 


J.    PARROT.    —   DÉFORMATIONS    CRANIENNES  1)E    LA    SYPHILIS  671 

adulte.  Il  ne  porte  aucune  trace  de  déformation  artilicielle,  est   légère- 
ment natifurme,  et  et  l'on  y  voit  un   os    épactal  de  cinquante-cinq  milli- 
mètres de  haut.  Le  long  de  la  sagittale,  sur  une  largeur  de  soixante-dix 
millimètres,  les  pariétaux  sont   symétriquement  couverts  d'une   couche 
poreuse,    avec    des    sillons    vasculaires    nombreux    et    profonds.     Le 
frontal  est  lésé  de  la  même  manière  au  voisinage  du  bregma.    L'alté- 
ration est  beaucoup  plus  marquée  à  droite  et  s'étend  jusqu'à   la  suture 
fronto-pariétale  de  ce  côté,  où  l'on  constate  une  synostose  assez  étendue. 
L'autre  crâne  est  d'une  forme  beaucoup  plus    saisissante,  les  lésions 
caractéristiques  y  étant  très-accentuées.  Il   est  inscrit  sous  le  n°  9   de  la 
collection  Champeaux.  Les  dents  du   maxillaire  supérieur  sont  usées.  Il 
est  très-brachycéphale,  et  l'on  y  voit   un  os  épactal  double,  entouré  de 
quelques  os  wormiens.  Les  sutures  coronale  et  sagittale,  sont  complète- 
ment effacées.  Il  est  natitbrme  à   un  haut  degré  et  présente  en  outre, 
deux  bosses  sur  le  frontal.  Les  proéminences  des  pariétaux  excessive- 
ment saillantes  sont   séparées   par   une    gouttière  profonde.  Elles  sont 
poreuses  et   sillonnées  par  des  vaisseaux    irréguliers.  Celles   des  fron- 
taux,   d'un  relief  beaucoup  moins  marqué,  sont  pirilormes,  ayant  leur 
grosse   extrémité    dirigée    en    haut   et    en    dehors;    tandis    que    celle 
qui    est    effilée,    aboutit  à    la    glabelle.'  La    région    bregmatique   est 
représentée  par  une   sorte  de   plateau  quadrangulaire,  saillant,  surtout 

à  son  centre. 

L'épaisseur  de  la  paroi  crânienne,  au  niveau  des  régions  malades, 
est  considérable.  En  un  point  des  pariétaux,  elle  atteint  trente-huit 
millimètres,  et  sur  les  frontaux  vingt-sept  ;  tandis  que  celle  des  parties 
non  altérées,  ne  dépasse  pas  dix  millimètres.  Cet  énorme  épaississement, 
d'une  portion  assez  étendue  de  ce  crâne,  rend  compte  de  son 
poids,  qui  est  excessif,  puisqu'il  s'élève  à  1340  grammes,  tandis  qu'en 
moyenne  celui  des  crânes  de  même  provenance,  non  altérés,  ne 
dépasse  pas  800  grammes. 

Ici  une  remarque  est  nécessaire,  puisqu'il  s'agit  de  crânes  américains. 
La  déformation  syphilitique  rappelle  celle,  bien  connue,  des  crânes  trilobés 
d'Ancon.  Mais  entre  elles,  la  ressemblance  n'est  qu'apparente,  tandis  qu'il  y  a 
des  différences  profondes.  Je  me  contenterai  de  signaler  la  principale,  qui 
consiste  en  l'absence,  sur  les  crânes  d'Ancon,  des  ostéophytes  poreux  et 
sillonnés.  Leur  épaisseur  est  partout  la  même,  car  les  tubérosités  sont 
dues,  non  à  ce  que  la  paroi  est  épaissie,  mais  à  ce  qu'elle  est  repoussée. 
J'ai  en  effet  mesuré,  à  ce  point  de  vue,  trente-six  crânes  présentant  la 
déformation  caractéristique  d'Ancon,  qui  se  trouvent  dans  la  collection  de 
l'Institut  anthropologique;  et  j'ai  constaté  que  leur  épaisseur,  au  niveau 
des  saillies  pariétales  artificiellement  produites,  n'était  en  moyenne  que 
de  dix  millimètres  ;  sur  un  seul,  je  l'ai  trouvée  de  quatorze. 


672  ANTHROPOLOGIE 

L'exposé  que  je  viens  de  présenter  peut  être  résumé  ainsi  : 

—  La  syphilis  héréditaire  déforme  la  crâne  d'une  manière  typique. 

—  La  syphilis  existait  au  Pérou  avant  la  conquête  espagnole. 

DISCUSSION. 

M.  Hamy,  à  la  demande  de  M.  Parrot,  fournit  des  renseignements  sur 
l'ancienneté  probable  des  crânes  Américains  syphilitiques  dont  il  vient  d'en- 
tretenir la  section.  La  pièce  du  Muséum,  qui  porte  le  n°  9  de  la  collection 
de  Champeaux  et  dont  les  altérations  sont  si  énormes,  a  été  offerte  à  cet 
établissement  par  le  directeur  du  Molino-Darsena  du  Callao,  avec  une  momie 
entière,  la  tête  d'une  autre  momie,  un  bras  isolé  et  crânes.  Ces  pièces  étaient, 
accompagnées  d'un  certain  nombre  d'objets  trouvés  avec  elles  dans  les  fouilles 
de  Chaneai  à  quelques  lieues  au  nord  de  Lima,  c'étaient  des  étoffes  de  diverse 
nature  ornées  de  dessins  variés,  des  bracelets  en  argent  et  en  graines  de 
cacao,  un  grand  vase  à  tête  humaine,  deux  paniers  à  ouvrage,  un  coussinet 
de  coton,  des  fuseaux,  un  sac  à  coca,  etc.,  etc.  Aucun  de  ces  objets,  soumis 
à  l'examen  de  plusieurs  archéologues  fort  compétents,  n'a  présenté  la  moindre 
trace  d'influence  espagnole.  Tout  porte  à  croire  que  les  Hypogées  de  Chaneai 
sont  sensiblement  antérieures  à  Pizarre,  et  que  par  conséquent  les  traces  de 
syphilis  signalées  par  M.  Parrot  sur  un  des  sujets  qui  en  ont  été  exhumés  sont 
bien  d'origine  locale. 

Le  crâne  d'Arica,  dont  M.  Parrot  a  parlé,  ne  saurait  être  daté  avec  la  même 
précision  que  celui  de  Chaneai,  les  circonstances  de  sa  découverte  étant  de- 
meurées inconnues.  Quant  aux  têtes  données  par  M.  le  Dr  Destruges,  à  Guaya- 
quil  (Equateur),  les  objets  qui  les  accompagnent  sont  franchement  américains, 
et  ne  décèlent  non  plus  aucune  intervention  de  l'art  ou  de  l'industrie  de 
l'Europe. 

M.  Lunier  :  11  existe  une  analogie  très-étroite  entre  les  déformations  du  crâne 
présenté  en  dernier  lieu  par  M.  Parrot  et  les  déformations  artificielles.  De 
plus,  les  développements,  dans  lesquels  M.  Parrot  est  entré,  peuvent  servir  à 
expliquer  la  provenance  des  déformations  dites  artificielles  d'un  seul  coté. 

M.  Lagneau  :  La  déformation  crânienne  toulousaine  diffère  de  celle  décrite  par 
M.  Lunier  chez  certains  habitants  du  Département  des  Deux-Sévres.  Dans  la 
première  le  coronal  est  déprimé  par  un  bandeau  portant  sur  le  front;  dans  la 
seconde,  la  région  bipariétale  présente  une  dépression  semi-circulaire,  déter- 
minée par  un  bandeau  muni  d'un  fort  fil  de  fer,  portant  sur  la  partie  antérieure 
de  cette  région. 

M.  BnotA  :  La  société  d'anthropologie  possède  dans  ses  collections  un  crâne 
portant  des  traces  delésions  syphilitiques,  qui,  selon  toute  apparence,onl  été  une 
entrave  aux  manœuvres  de  compression  qu'on  avait  commencé  à  exercer  sur 
lui.  Ce  crâne  vientd'Arica.  Quant  aux  crânes  devBogota,  sur  lesquels  ont  porté 
les  observations  de  M.  Parrot,  ils  proviennent  d'un  cimetière,  qui  servit, 
par  la  suite,  à  l'enterrement  de  sujets  appartenant  à  des  populations  euro- 
péennes. 

M.  Giiîf.ut  a  eu  l'occasion  d'observer  au  Havre,  un  grand  nombre  d'enfants 


J.    PARROT.    —    SUR    LES   DÉFORMATIONS    CRANIENNES   SYPHILITIQUES      673 

syphilitiques,  atteints  simultanément  de  rachitisme,  et  en  présentant  les  dé- 
formations. Il  se  demande,  comment  M.  Parrot  parvient  à  différencier  —  sur 
le  vivant  —  les  lésions  appartenant  au  rachitisme  de  celles  qui  ressortissent  à 
la  syphilis. 

M.  Parrot.  On  a  englobé  dans  le  rachitisme  une  foule  d'affections  osseuses 
du  jeune  âge.  11  en  résulte  une  confusion  d'autant  plus  regrettable,  que  la  syphilis 
héréditaire  est  d'un  diagnostic  facile.  Dans  la  détermination  des  lésions  propres 
à  ces  deux  états  morbides,  c'est  la  syphilis  héréditaire  et  non  le  rachitis 
qu'il  convient  de  prendre  pour  point  de  départ;  et  ce  sont  ses  manifestations 
tranchées  qui  doivent  servir  de  base  pour  la  discussion. 

M.  Dally  n'a  jamais  vu  les  voyageurs  qui  ont  exploré  le  Pérou  mentionner 
la  syphilis  chez  les  populations  qui  habitent  ces  contrées.  Aucun  des  chroni- 
queurs qui  ont  écrit  sur  leur  histoire  n'a  fait  de  descriptions  impli- 
quant l'existence  de  cette  affection  chez  les  peuplades  du  nouveau  monde. 

M.  de  Quatrei  âges  cite  l'ouvrage  de  M.  Jourdanet,  relatant  l'existence  de 
la  syphilis  au  Mexique  antérieurement  à  la  conquête ,  et  rappelle  l'opinion  du 
capitaine  Cook  sur  la  préexistence  de  cette  affection  en  Océanie  :  opinion 
confirmée  d'ailleurs  par  divers  auteurs. 

M.  Bertillon.  Un  ouvrage  dû  à  un  moine  espagnol,  contemporain  delà 
conquête  et  traduit  par  M.  Jourdanet,  admet,  qu'au  nombre  des  maladies 
auxquelles  les  Mexicains  étaient  sujets,  se  rencontrait  la  syphilis. 

M.  Broca.  Je  saisis  l'occasion  de  noter  les  preuves  qui  viennent  d'être 
données  de  l'existence  de  la  syphilis  au  nouveau-monde  avant  l'arrivée  des  Euro- 
péens. Il  n'y  a  rien  d'étonnant,  à  tout  prendre,  à  ce  que  les  mêmes  maladies 
sévissent  sur  l'ensemble  de  l'humanité;  ce  qu'il  importe  de  constater,  c'est  que 
l'apparition  de  la  syphilis  dans  l'humanité  est  de  beaucoup  antérieure  au 
moyen  âge. 

M.  Lagneau.  Quelques-uns  des  cas  de  déformations  crâniennes,  observées 
par  M.  Parrot  sur  d'anciens  crânes  américains,  et  regardées  comme  attribuables 
à  la  syphilis,  sembleraient  autoriser  à  penser  que  la  syphilis  existait  dans  le 
nouveau  monde  antérieurement  à  la  conquête  espagnole.  Toutefois,  se  basant 
sur  divers  textes  anciens,  en  particulier  de  Martial,  de  nombreux  syphilio- 
graphes,  entre  autres  Rosenbaum  dans  son  ouvrage  intitulé  :  Geschichte  der 
Lustrenche;  Luttrenche in  Alterthum  (Halle,  1859),  admettent  également  que  la 
syphilis  existait  en  Europe  dans  l'antiquité. 

Sur  cent  soixante  enfants  atteints  de  syphilis  héréditaire,  observés  par 
M.  Parrot,  la  plupart  auraient  présenté  des  lésions  osseuses,  bien  plus  fréquentes 
que  les  lésions  viscérales  du  thymus,  des  poumons,  etc.,  etc.;  ces  lésions 
osseuses  sont  cependant,  en  général,  considérées  comme  assez  exceptionnelles 
dans  la  syphilis  héréditaire. 

Relativement  aux  déformations  crâniennes  artificielles,  elles  semblent  avoir 
été  souvent  en  usage  chez  des  peuples  de  races  mélangées  présentant  normale- 
ment des  conformations  céphaliques  différentes. 

Ainsi  que  l'ont  déjà  fait  remarquer  Am.  Thierry  et  L.  Gorre,  parfois  les 
peuples  conquis  cherchent  par  des  moyens  artificiels  à  ressembler  à  leurs  con- 
quérants jusque  dans  leur  conformation  céphalique,  et  les  conquérants  tendent 

43 


6" 4  ANTHROPOLOGIE 

à  exagérer  artificiellement  leur  conformation  normale,  afin  de  se  différencier 
davantage  des  individus  de  la  race  conquise.  (Am.  Thierry:  H  ist.  d'Attila,  1. 1, 
p.  8,  1856;  L.  Gorre:  Bull,  de  la  Soc.  d'anthrop.,  t.  I,  p.  556,  1860.) 

Dans  l'ancien  continent,  comme  en  Amérique,  des  déformations  céphaliques 
artificielles  notablement  différentes  ont  été  mises  en  usage.  Si  Hippocrate  décrit 
les  macrocéphales  comme  se  déformant  la  tête  afin  d'en  augmenter  la  hauteur  : 
Tô8ê  n%o;  aûS-ETai  (des  Airs,  des  Eaux,  etc.,  314,  t.  II,  p.  58,  texte  et  trad.  de 
Littré),  Strabon  dépeint  les  Siginnes,  habitant  également  au  sud  du  Caucase, 
comme  s'allongeant  la  tête  de  telle  sorte  que  le  front  dépasse  en  avant  le 
niveau  du  menton...  xal  ■TCpOTreiT'rwxcftEi;  -rot;  [xetojiioI;  TtoOuvepxuitTetv  tûv  yevetwv. 
(Strabon,  t.  XI,  cap.  xi,  §  8,  p.  U6,  coll.  Didot.) 

Quoiqu'on  ait  trouvé  des  crânes  déformés  dans  la  Crimée  qui  doit  son  nom  aux 
Kimmériens  vraisemblablement  de  même  race  que  les  Cimbres  du  nord  de  la 
Germanie  et  de  la  Chersonèse  cimbrique,  le  Jutland  actuel,  il  est  encore  fort 
difficile  de  savoir  quel  peuple  fut  l'importateur  dans  notre  Occident  de  l'usage 
de  déformer  le  crâne.  Sur  les  bords  du  Danube,  des  crânes  également  déformés 
ont  été  rapportés  aux  Awares.  On  sait  d'ailleurs  par  Sidoine  Apollinaire  qu'un 
peuple  scythique,  venu  des  bords  du  Tanaïs  sur  ceux  de  l'Ister,  le  Danube  et 
en  Dacie,  sous  les  ordres  d'Hormidac,  non-seulement  s'écrasait  les  narines,  mais 
se  déformait  le  crâne  en  une  masse  ronde  et  étroite  vraisemblablement  plus  ou 
moins  conique,  consurgit  inantum  massa  rotunda  caput.  (Sid.  Apoll.,  Panegyr. 
anthem.,  v.  244  et  suiv.  du  t.  III,  texte  et  trad.  de  Grégoire  et  Collombet, 
1836.) 


M.  G.  DE  MORTILLET 

Attaché  au  Musée  des  Antiquités  nationales  de  Saint-Germain. 


DESCRIPTION  DU  PLAN  OFFICIEL  DU  PALAIS  DU  TROCADÉRO 
POUR  L'EXPOSITION  INTERNATIONALE  DE   1878-  (SCIENCES  ANTHROPOLOGIQUES). 


Séance  du  24  août  J/877.  — 


PRUNIÈRES.  —  LA  CRÉMATION  DANS  LES  DOLMENS  DE  LA  LOZÈRE    675 


M.   PRUNIERES 

De  Marvrjols. 


LA  CRÉMATION  DANS  LES  DOLMENS  DE  LA  LOZÈRE. 

NOUVELLES  RONDELLES  CRANIENNES. 

DOLMENS  DE  LA  MARCONIÈRE  ET  TOMBELLE  DE  BOUJOUSSAC. 


—  Séance  du  24  août  1877.  — 

Dansla  séance  du  25  avril  1875,  j'exposai  dans  la  section  d'anthropo- 
logie du  Congrès  de  l'Association  française,  à  Nantes,  le  résultat  de  mes 
observations  sur  la  crémation  qui  aurait  paru  dans  les  rites  funéraires  des 
habitants  des  causses  lozériens,  à  une  époque  où  ils  enterraient  dans  les 
dolmens  ('). 

Mes  conclusions  furent  contestées  par  un  de  nos  plus  savants  collègues, 
qui  crut  pouvoir  attribuer  à  des  feux  accidentellement  allumés  dans  la 
cella  des  mégalithes,  servant  quelquefois  d'abris  aux  bergers,  les  traces  de 
l'action  du  feu  qu'on  observe  sur  certains  os  recueillis  dans  ces  monuments. 

Cette  réponse  ne  fut  pas  insérée  dans  le  compte  rendu  du  Congrès  de 
Nantes  ;  mais  je  viens  de  la  retrouver  dans  le  grand  et  magnifique  ou- 
vrage de  M.  Ern.  Chantre  sur  l'âge  de  bronze  (2). 

La  question  pourrait  dès  lors  rester  au  moins  douteuse  pour  beaucoup 
de  savants,  comme  elle  parait  l'être  encore  pour  M.  Chantre  Je.  viens 
donc  communiquer  à  la  section  les  résultats  de  la  fouille  récente  des 
deux  dolmens  de  la  Marconiôre,  dont  le  premier  n'ajoute  rien,  au  point  de 
vue  de  la  crémation,  aux  faits  que  j'ai  exposés  à  Nantes  et  que  je  ne 
citerais  point  si  ce  dolmen  ne  m'avait  donné  une  nouvelle  rondelle  crâ- 
nienne fort  remarquable  ;  mais  dont  le  second  ,  fouillé  devant  des 
témoins  compétents  dont  j'ai,  sur  place,  à  la  vue  de  la  couche  ossifère, 
et  avant  de  rien  déplacer,  sollicité  toute  l'attention  et  le  témoignage,  me 
paraît  trancher  d'une  façon  définitive  la  question  de  la  crémation  dans 
les  dolmens,  au  moins  dans  les  régions  que  j'explore. 

1 

C'est  le  2  mai  dernier  que  je  me  rendis  pour  la  première  fois,  sur 
un  promontoire  élevé  appelé  la  Marconière,  qui  domine  la  vallée  du 
Lot,  et  qui  fait  partie  du  causse  désert  de  Saint-Saturnin,  canton  de  la 
Canourgue  (Lozère). 

Diverses  personnes  m'avaient  déjà  depuis  longtemps    signalé,  sur  ce 


(1)  Prunières.  la  Crémation.  CoDgrès  de  Nantes,   1875,  p.  881. 

(2)  Ern.  Chantre,  l'Age  du  bronze,  2e  partie,  p.  63. 


676  ANTHROPOLOGIE 

mamelon,  un  assez  grand  dolmen  remarquable  surtout  par  ce  fait  qu'il 
était  accompagné  d'un  mégalithe  d'assez  petites  dimensions.  Mais  j'avais 
cru  devoir  renvoyer  à  plus  tard  la  visite  de  ce  monument,  parce  qu'on 
m'avait  dit  en  même  temps  qu'un  archéologue  des  environs  en  avait  pris 
possession  et  y  avait  commencé  quelques  fouilles  qu'une  maladie  chro- 
nique très-grave  ne  lui  permettait  plus  de  continuer  sur  une  hauteur 
exposée  à  tous  les  vents  et  à  toutes  les  intempéries  des  saisons. 

Ce  collectionneur  étant  mort,  je  me  suis  décidé  à  visiter  le  monument 
abandonné  et  à    en  reprendre  l'exploration  a  peine  commencée. 

Je  donne  ici  le  plan  du  monument  entier  que  j'inscris  dans  mes  notes, 
sous  le  titre  de  Dolmen  tumulus,  N°  4,  de  la  Marconière. 


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3  0  f 


S  3  » 


Fig.  55.  —  Dolmen  n°  \  de  la  Marconière.  Orientation  (à  la  boussole)  ; 

E.  \/u  N.  E.—  0. 1/4  S.-O.  D,  grand  dolmen  ;  S,  petit  mégalithe  ;  T,  terres  et  pierres  rapportées; 

R,  point  où  a  été  recueillie  la  rondelle  crânienne  en  dehors  du  grand  dolmen. 


Comme  je  l'ai  déjà  dit,  le  monument  est  composé  de  deux  mégalithes 
d'inégale  grandeur.  Ces  deux  mégalithes  sont  construits  sur  une  même 
ligne,  ayant  ainsi  exactement  la  même  orientation  et  sont  séparés  l'un 
de  l'autre  par  un  intervalle  de  2m,7o  seulement.  Des  terres  et  des  pierres 
rapportées  comblent  l'espace  qui  les  sépare,  et  semblent  avoir  fait  partie 
d'un  vaste  tumulus  qui  aurait  primitivement  recouvert  et  entouré  les  deux 
tombeaux. 

A  mon  arrivée  sur  le  monument,  je  fus  heureux  de  constater  que  la 
petite  sépulture  S  avait  été  seule  fouillée,  et  que  le  grand  dolmen  D  était  à 
peu  près  vierge  de  toute  exploration.  C'est  à  peine  si  l'on  avait  tenté  de 
pratiquer  à  l'entrée  orientale  du  monument,  au  point  F,  un  étroit  son- 
dage qui  arrivait  à  peine  sur  la  couche  ossifère. 

Les  deux  monuments  n'étaient  plus  couverts  ;  mais  il  restait  peut-être 
encore  quelques  gros  fragments  de  la  table  du  grand  dolmen  dont  la 
hauteur  des  dalles  latérales  est  de  près  de  lm,5'0. 

Comme  objets  d'industrie,  l'exploration  du  grand  dolmen  D  m'adonne 
12  beaux  dards  en  silex  de  diverses  couleurs  et  do  diverses  dimen- 
sions; 2  petits  fragments  informes  de  bronze;  un  grain  de  collier  en 
os  ;  un  en  cardium,  une  dent  de  cerf  travaillée  et  beaucoup  de  tessons 


PRUNIÈRES.  —  LA  CRÉMATION  DANS  LES  DOLMENS  DE  LA  LOZÈRE    677 

de  poterie  primitive  :  un  certain  nombre  de  fragments,  qui  paraissent 
avoir  appartenu  au  môme  vase,  sont  régulièrement  percés,  sur  la  face 
externe,  de  nombreux  trous  bien  creusés  qui  n'intéressent  que  la  moitié 
de  l'épaisseur  de  la  poterie. 

Il  n'a  rien  été  trouvé,  sauf  quelques  débris  d'os,  dans  le  petit  mégalithe 
S,  antérieurement  fouillé  jusqu'au  roc. 

Dans  le  grand  dolmen,  les  os  étaient  relativement  peu  nombreux  ;  mais 
cela  tenait  uniquement  à  leur  décomposition  très- avancée,  car  j'ai  pu  en- 
core recueillir  23  astragales    d'adultes  et  divers  os  d'enfants. 

Tous  les  os  recueillis  dans  la  cella  étaient  très-altérés  sur  leur  surface 
et  sur  leurs  extrémités  ;  toutefois  au  point  R  et  profondément,  je  re- 
cueillis, mais  non  sans  surprise  à  cause  de  leur  position  excentrique,  trois 
fragments  crâniens  d'une  conservation  parfaite.  Voici  ces  fragments,  dont 
l'un  est  la  moitié  d'une  rondelle  aussi  belle  qu'aucune  de  celles  que  j'ai 
recueillies  jusqu'ici,  et  dont  les  deux  autres,  cassés  à  angles  vifs,  sont  peut- 
être  aussi  des  amulettes.  J'ai  déjà  eu  occasion  de  faire  remarquer  cette 
conservation  quelquefois  exceptionnelle  des  amulettes,  qui  fut  la  cause 
de  ma  découverte. 

Un  petit  nombre  de  fragments  osseux  portant  l'empreinte  de  la  créma- 
tion, furent  recueillis  mêlés  aux  autres  os  jusque  sous  le  bord  inférieur 
des  grandes  dalles  du  monument.  Je  ne  cite  d'ailleurs  ce  tait  que  pour 
mémoire,  parce  qu'il  rentre  dans  ceux  que  j'ai  précédemment  décrits. 

J'étais  accompagné  dans  cette  exploration  par  mon  ami  M.  l'abbé  Bou- 
det,  curé  sur  les  Causses  ;  par  M.  xVstier  instituteur  et  par  les  deux  frères 
Philippe  et  Albert  Gazanhe,  mes  fouilleurs  ordinaires. 

II 

J'aurai  à  revenir  sur  la  rondelle  ci-dessus:  mais  auparavant,  je  désire 
décrire  la  fouille  si  instructive  du  dolmen  N°  2  de  la  Marconière. 

Mon  ami  M.  Boudet  ayant  oublié  ou  perdu,  dans  les  fouilles  que  je 
viens  de  décrire,  un  objet  auquel  il  tenait  beaucoup,  dut  revenir  à  la 
Marconière  ;  je  le  priai  de  profiter  de  cette  excursion  forcée  pour  faire 
une  exploration  complète  de  la  région  déserte  qui  entoure  le  premier 
monument,  et  cela  d'après  les  indications  d'un  chasseur  qui  m'avait 
dit  y  avoir  vu  un  second  dolmen. 

Cette  exploration  fut  couronnée  de  succès.  M.  Boudet  découvrit,  à  en- 
viron deux  kilomètres  du  dolmen  que  nous  avions  fouillé  ensemble,  un 
nouveau  mégalithe  que  le  temps  n'avait  ruiné  qu'à  la  surface.  La  table 
était  réduite  en  fragments  peu  importants  :  les  bords  supérieurs  des 
dalles  latérales,  dans  la  partie  qui  émergeait  du  tertre  funéraire,  étaien  t 
fendillés  et  réduits  en  lamelles  qui  restaient  juxtaposées  comme  des  lames 


078  WTHROPOLOGIE 

d'ardoises  ;  mais,  à  part  ces  ravages  du   temps,   le  dolmen    était  vierge 

de  toute  exploration. 
M.  Boudet    me    transmit   immédiatement   ces  renseignements  ;  nous 

prîmes  date   pour  celte  nouvelle    fouille  ;  et  le    17   mai    dernier,   nous 

étions,  à  six  heures  du  matin,  auprès  du  dolmen  n°  2  de  la  Marconière. 

J'avais  avec  moi  les  mêmes  compagnons  et,    les   mômes    fouilleurs  que 

dans  l'exploration  précédente. 
Le  dolmen  n°  2  n'a  pas  exactement  la  même  orientation  que  le  n°  1. 

Toutefois,  il  est,  lui  aussi,  précédé,  d'un  vestibule   qui  fait  un    angle 

droit  avec  la  cella. 

La  fouille   commença  par   le  déblaiement    de    ce    vestibule,    qui  fut 

fouillé  jusqu'au  roc  naturel  ;  il  ne  fut  trouvé  là  ni  os,  ni  silex, ni  objets 

d'industrie  quelconques  ;  mais  au  fond,  sur  le  roc,  la  terre  était  noire, 

mêlée  à  des  fragments  de  charbon. 

Cette  première  opération   me    donna,  toutefois,  une    coupe  verticale 

très-régulière  des  matières    superposées  qui  remplissaient   la    cella  du 

mégalithe  ;  comme  presque  toujours,  ces  matières  se  présentaient,  de  haut 

en  bas,  sous  la  forme  :  4°  d'une  épaisse  couche  de  pierraille  ;  2°  d'un 
pavé  horizontal  formé  de  dalles  minces  supportant  cette  pierraille  et  re- 
couvrant la  couche  ossifère;  3°  de  cette  couche  gui  se  montrait,  à  la 
coupe,  formée  d'os  blancs,  naturels,  et  de  très-nombreux  fragments  noirs 
brûlés,  mêlés  à  du  charbon. 

Ce  mélange  d'os  si  différents  d'aspect  dut  vivement  exciter  mon  at- 
tention. Je  traçai  immédiatement  une  ligne  à  la  surface  du  monument, 
et  je  fis  d'abord  méthodiquement  déblayer,  sous  mes  yeux,  la  première 
moitié,  en  procédant  de  haut  en  bas,  et  couche  par  couche,  jusqu'au 
pavé  horizontal. 

La  couche  de  pierraille  recouverte  de  quelques  buissons  ne  donna 
que  des  cailloux  ordinaires,  les  cailloux  du  sol,  et  quelques  tessons  de 
poterie  grossière. 

On  avait  déblayé  jusqu'aux  minces  dalles  recouvrant  la  couche  ossi- 
fère. Je  fis  balayer  le  dessus  de  ces  dalles,  et  descendis  alors  seul  dans 
le  monument  pour  soulever  moi-même  ces  dalles  l'une  après  l'autre. 

La  première  de  ces  petites  dalles,  à  l'angle  du  vestibule  et  de  la  cella, 
soulevée  et  placée  de  champ,  laissa  voir  à  mes  yeux  et  aux  yeux  de 
mes  compagnons,  le  tableau  le  plus  démonstratif.  Dans  les  pluies  d'orage 
et  pendant  de  longs  siècles,  l'eau  avait  circulé  sous  cette  dalle  et  en  avait 
enlevé  jusqu'au  moindre  grain  de  terre;  les  os  se  montraient  ainsi  à  la 
lumière  admirablement  propres,  humides,  luisants  comme  ceux  qu'on 
pourrait  voir  dans  un  musée  immédiatement  après  qu'ils  auraient  été 
vernis.  Tous  ces  os  étaient  là  pêle-mêle  :  des  tibias  sur  des  crânes, 
les  fémurs  sur  les  omoplates,  etc.  Mais  les  uns  étaient  blancs  et  entiers, 


PRINIÈRES.  LA  CRÉMATION  DANS  LES  DOLMENS  DE  LA  LOZÈRE    679 

les  autres  fragmentés  et  noirs,  du  noir  de  charbon.  Le  mélange  était  si 
intime  qu'on  eût  dit  des  cases  irrégulières  d'un  damier  formé  d'os 
blancs  et  d'os  noirs  juxtaposés  et  superposés. 

Sous  la  couche  superficielle  de  tous  ces  os,  et  à  travers  leurs  inter- 
stices; ou  apercevait  de  nombreuses  mâchoires  inférieures  et  cinq  crânes 
non  brûlés.  Le  crâne  central,  seul  à  peu  près  entier,  reposait  sur  le 
temporal  droit  ;  le  temporal  gauche  qui,  dès  lors,  aurait  dû  être  super- 
ficiel, manquait  :  il  s'était  effondré  dans  la  cavité  crânienne,  et  par  la 
brèche  ainsi  produite,  de  nombreux  os  avaient  aussi  pénétré  dans  le 
crâne  qu'ils  remplissaient;  or;  ces  os  inclus  étaient  les  uns  blancs  ou 
jaunes,  c'est-à-dire  n'ayant  jamais  subi  l'action  du  feu,  et  les  autres 
noirs,  brûlés  comme  ceux  que  j'ai  étalés  sur  le  bureau.  Une  belle  pointe 
de  flèche  en  silex  exotique  brillait  au  soleil  à  la  surface  de  tous  ces  os. 

J'avais  ainsi  là,  sous  les  yeux,  la  démonstration  la  plus  complète, 
la  plus  indiscutable  de  ma  thèse  sur  la  crémation  à  l'époque  des  dol- 
mens lozériens;  et  j'eusse  été  bien  heureux  de  pouvoir  faire  contempler 
ce  tableau  à  quelques-uns  de  mes  collègues  de  la  Société  d'anthropolo- 
gie. Toutefois,  parmi  mes  compagnons,  étaient  deux  hommes  intelligents 
et  instruits  ;  mes  fouilleurs  ont  une  grande  habitude  de  mes  recherches. 
Avant  de  toucher  à  rien,  je  priai  les  assistants  de  bien  considérer  tous 
ces  faits  jusqu'aux  moindres  détails,  et  d'en  garder  bonne  mémoire. 

Ces  observations  faites,  je  vidai,  par  la  brèche  temporale,  le  crâne  cen- 
tral avant  de  le  déplacer,  et  je  retirai  ainsi  et  la  pointe  de  la  flèche  en 
silex  et  un  nombre  considérable  de  fragments  osseux  brûlés  et  de  petits 
os  humains  qui  n'avaient  pas  subi  l'action  du  feu,  ainsi  que  quelques  frag- 
ments d'os  d'animaux,  parmi  lesquels  un  osselet  de  mouton  ou  de  chèvre. 

Les  autres  crânes  et  les  divers  os  entassés  dans  ce  coin  furent  ensuite 
recueillis.  Je  procédai  alors  à  l'extraction  de  la  dalle  suivante,  qui  fut 
soulevée  avec  les  mêmes  précautions  que  la  première. 

Comme  la  précédente,  cette  dalle  recouvrait  de  nombreux  os,  la  plu- 
part non  brûlés,  entiers  et  d'une  conservation  parfaite.  Les  os  brûlés, 
fragmentés,  étaient  ici  encore  nombreux,  mais  moins  nombreux  toute- 
fois que  les  os  blancs,  qui  appartenaient  à  des  squelettes  simplement 
inhumés.  Trois  admirables  lances  polies,  en  silex  de  la  craie,  par  consé- 
quent étrangères  aux  causses,  furent  trouvées  au  milieu  de  tous  ces  os. 
Voici  ces  pièces  remarquables  :  la  première,  très-belle  et  entière,  a 
0m;18  de  longueur;  la  deuxième,  plus  belle  encore,  est  malheureuse- 
ment incomplète  :  elle  a  perdu  son  pédoncule,  détaché  par  une  cause 
antérieure  à  l'inhumation  ;  elle  mesure  cependant  encore  0m;  14  ;  la 
troisième,  entière  et  d'un  fini  parfait,  n'a  que  0m,  12  de  longueur.  Un 
autre  dard;  moins  important,  en  silex  indigène,  fut  recueilli  dans  cette 
partie  du  dolmen. 


680  ANTHROPOLOGIE 

Cette  fouille  terminée  jusqu'au  roc  naturel,  je  fis  procéder  à  l'explo- 
ration de  la  dernière  section  du  monument. 

La  disposition  de  lapierraille  et  des  terres  recouvrant  la  couche  ossifère 
était  ici  la  même  que  dans  les  sections  précédentes  ;  mais  sous  les  dalles, 
il  n'y  avait  pour  ainsi  dire  plus  d'os  blancs,  n'ayant  pas  subi  l'action  du  feu; 
ici,  la  terre  était  très-noire,  mêlée  à  des  débris  charbonneux  et  remplie 
de  ces  fragments  osseux,  noirs  et  brûlés,  dont  est  remplie  la  boîte  que  j'ai 
l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  des  membres  de  la  section.  —  Les 
fragments  sont  cassés  à  angles  vifs,  très-durs,  généralement  luisants, 
incomplètement  brûlés,  et  c'est  à  peine  si  on  en  trouverait  deux  ou 
trois  sur  cent  qui  présentent  un  commencement  d'incinération. 

Celte  section  du  monument  contenait  des  dards  en  silex  finement  tail- 
lés et  une  dent  d'un  petit  carnassier,  probablement  d'un  renard,  percée 
d'un  trou  et  brûlée  comme  les  os  humains  ;  mais  je  n'y  recueillis  aucun 
grain  de  collier,  ni  fragment  de  poterie,  ni,  ce  qui  me  surprit  davan- 
tage, aucun  objet  en  bronze,  aucun  vestige  de  ce  métal. 

III. 

Dans  ma  description  de  la  fouille  du  dolmen  n°  1  de  la  Marconière, 
j'ai  signalé  une  rondelle  crânienne,  trouvée  sur  un  point  excentrique, 
en  dehors  de  la  cella  du  dolmen.  On  sait  d'un  autre  côté  que  plusieurs 
rondelles-amulettes,  entre  autres  celle  de  Lyons,  ont  été  trouvées  à  l'in- 
térieur de  crânes  perforés,  fait  que  j'ai  cherché  à  expliquer  de  diverses 
manières  dans  mon  mémoire  du  Congrès  de  Lille. 

Une  découverte  postérieure  me  parait  devoir  donner  une  explication 
nouvelle  de  ce  fait  qui  pourrait  bien  être  plus  simple,  plus  naturel  qu'il 
ne  l'a  paru  au  début. 

Dans  l'automne  de  1874,  je  me  transportai  dans  un  village,  appelé 
Boujassac,  où  devait  se  rendre  de  son  côté  un  chasseur  qui  s'était  en- 
gagé à  m'indiquer  un  dolmen  vierge  dans  les  environs  de  ce  village. 
J'étais  au  rendez-vous  au  petit  jour  ;  mais  la  matinée  fut  pluvieuse,  et 
mon  guide  ne  vint  pas.  J'étais  accompagné  d'un  ami  et  de  trois  de  mes 
fouilleurs;  je  pensai  qu'à  nous  cinq,  en  nous  divisant  le  terrain  à  ex- 
plorer, nous  devions  découvrir  le  dolmen  dont  on  m'avait  certifié  l'exis- 
tence, et  nous  nous  séparâmes  pour  explorer  toute  la  contrée  environ- 
nante. Aucun  dolmen  ne  se  montra,  mais  un  de  mes  hommes  eut  la 
bonne  fortune  de  découvrir,  dans  un  bosquet  de  pins,  un  petit  tunmlus, 
du  centre  duquel  émergeaient  les  bords  supérieurs  de  deux  dalles  de 
moyenne  dimension.  Je  me  décidai  immédiatement  â  fouiller  ce  monu- 
ment, orienté  du  nord  au  sud. 

Un  pin  rabougri  avait  poussé  entre  les  deux  dalles,  à  l'extrémité  sep- 
tentrionale de  la  sépulture.  Avec  la  permission  du  propriétaire,  cet  arbre 


PRUNIÈRES.   —   l.\    CRÉMATION   DANS   LEs    DOLMENS    DE   LA  LOZÈRE       Ml 

lut  coupé,  etle  déblaiement  commença.  La  sépulture  était  peu  profonde; 
bieutot  quelques  os  humains  se  montrèrent  sous  kis  grattoirs.  Je  dus 
arracher  le  chevelu  d'une  racine  de  l'arbre  abattu,  et  des  fragments 
crâniens  apparurent  fixés  aux  radicelles.  Les  précautions  redoublèrent 
dans  cette  direction;  et  bientôt  trois  crânes  se  montrèrent  par  levertex, 
reposant  sur  leur  base  et  juxtaposés  l'un  à  l'autre. 

Le  vertex  de  ces  trois  crânes  me  parut  présenter  une  perforation  par 
raclage,  complète  sur  le  premier, incomplète  sur  le  second,  douteuse  sur 
le  troisième.  Voici  ces  trois  crânes. 

Le  chevelu  des  racines  du  pin  avait  pénétré  à  l'intérieur  des  boites 
crâniennes;  les  calottes  fendillées  étaient  ainsi  formées  de  nombreux 
fragments  indépendants,  mais  qui  restaient  en  position.  Je  fis  apporter 
trois  de  mes  petits  paniers  en  l'orme  de  nid  de  pigeons  ;  un  panier  garni 
de  mousse  fut  placé  en  face  de  chaque  crâne,  et  je  procédai  méthodique- 
ment à  l'extraction  de  ces  crânes. 

Le  reste  de  la  sépulture  renfermai!  de  nombreux  os  appartenant  au 
moins  à  cinq  adultes  et  à  des  enfants,  .l'y  recueillis  une  très  belle  pointe 
de  flèche  en  silex,  .six  dents  de  sanglier  transformées  en  poinçons. 

En  recueillant  les  trois  crânes  de  Boujassac,  je  n'avais  remarqué  aucun 
fragment  qui  ressemblât  à  une  rondelle.  Il  est  vrai,  qu'après  avoir 
enlevé  tous  les  fragments  superficiels*  et  mobiles,  je  m'étais  contenté 
de  disséquer  les  bases  dans  la  terre  humide  avec  la  lame  d'un  couteau 
et  de  les  déposer  en  masse,  chacune  dans  son  panier,  avec  la  terre 
argileuse  qui  y  adhérait. 

Quelques  jours  après,  quand  je  jugeai  que  la  dessiccation  aurait  un 
peu  consolidé  les  os,  je  voulus  revoir  ces  crânes  qui  m'avaient  intéressé 
au  moment  de  la  fouille;  et  c'est  en  étudiant  les  fragments  du  crâne 
n°  2,  qui,  dans  la  sépulture,  était  enre  les  deux  autres,  que  je  trouvai 
la  curieuse  rondelle  à  cercles  que  voici. 

Il  est  certain  que  rien  ne  prouve  que  cette  pièce  fut  incluse  ;  elle  eût 
pu  l'être  toutefois,  car  le  crâne  manquant  de  sa  face  et  de  sa  base,  la 
rondelle  eût  pu  être  introduite  par  la  brèche  inférieure.  Mais  qu'elle  fû* 
incluse  ou  qu'elle  ne  le  fût  pas,  il  est  évident  qu'elle  était  en  rapport,  en 
dedans  ou  en  dehors,  avec  un  crâne  perforé  ;  et  dès  lors  cette  décou- 
verte, faite  dans  les  circonstances  que  je  viens  de  décrire,  a  pour  moi 
la  même  valeur.  En  effet,  les  trois  crânes  trouvés  juxtaposés  dans  la 
cella  n'étaient  plus  en  position  ;  ils  avaient  été  déposés  dans  une  place  à 
yart  dans  le  cours  des  enterrements  successifs  ;  et,  comme  l'un  d'eux,  la 
rondelle  avait  été  déplacée  à  ce  moment  pour  suivre  le  chef  du  person- 
nage qui  l'avait  emportée  dans  la  tombe. 

Dès  lors,  ne  peut-on  pas  se  demander  si  les  rondelles  trouvées  jusqu'ici 
à  l'intérieur  de  crânes  perforés,  n'y  ont  pas  été  déposées  dans  des  con- 


682  ANTHROPOLOGIE 

ditions  identiques,  c'est-à-dire  dans  le  cours  des  enterrements  suc- 
cessifs, quand  on  faisait  une  place  pour  un  nouveau  mort. 

Malgré  l'heure  avancée,  j'aurai  encore  à  présenter  à  la  section  deux  os 
wormiens  et  une  nouvelle  rondelle  crânienne  recueillie,  il  y  a  15  jours 
à  peine,  dans  un  même  dolmen. 

Les  deux  os  wormiens  ont  été  trouvés  libres  de  toute  adhérence  avec 
les  bords  crâniens  correspondants;  et  l'un  deux,  que  voici,  était  mêlé, 
dans  la  cella,  avec  les  autres  os  humains,  ce  qui  n'a  rien  de  surprenant. 
Mais  le  deuxième  de  ces  os  qui  est  blanc,  sec,  très-sain,  a  été  recueilli 
dans  une  position  qui  doit  être  notée,  dans  une  petite  cavité  d'un  mur 
en  pierres  sèches,  complétant  la  dalle  du  nord.  Ce  fait  se  rattacherait- 
il  à  la  destination  que  nous  attribuons  par  hypothèse  aux  rondelles  crâ- 
niennes et  à  l'usage  qu'on  a  fait  des  os  wormiens,  en  médecine  jusqu'à 
des  temps  très-rapprochés  de  nous  ? 

La  rondelle  que  voici,  provient  de  la  même  fouille  que  ces  deux  os 
wormiens.  Cette  pièce  est  parfaitement  ronde,  percée  d'un  trou  central 
et  semblable  à  la  rondelle  mexicaine  de  la  page  630  de  mon  mémoire  de 
Lille.  Mais  appartient-elle  à  un  crâne  humain?  Rien  ne  le  prouve,  et  j'en 
doute,  ce  qui  me  fait  regretter,  ainsi  que  je  l'ai  quelquefois  fait  pour  des 
os  appointés  et  sans  extrémités  articulaires, — comme  un  des  poinçons  que 
voici,  —  qu'il  n'existe  pas  des  signes  connus,  permettant  de  reconnaître 
les  os  humains  à  la  seule  inspection  de  leur  surface  ou  de  leur  structure. 
Quoi  qu'il  en  soit;  cette  pièce  est  encore  un  amulette,  un  amulette  au 
moins  de  la  même  nature  que  ces  mâchoires  et  dents  d'animaux  perforées 
pour  la  suspension,  qu'on  recueille  si  nombreuses  dans  les  dolmens. 

DISCUSSION. 

M.  Broca  fait  remarquer  l'importance  de  la  magnifique  rondelle  perforée  pré- 
sentée par  M.  Prunières  ;  cette  pièce,  qui  ressemble  assez  à  une  rondelle  que 
M.  de  Baye  a  recueillie  dans  une  sépulture  gauloise,  prouve  ce  qu'il  a  déjà 
pensé  et  dit,  que  les  rondelles  portées  appendues  aux  torques  gaulois  n'étaient 
qu'un  souvenir  traditionnel  de  l'antique  usage  des  hommes  de  la  pierre  polie. 

Quant  à  la  pièce  si  remarquable  et  encore  unique  de  Boujassac,  M.  Broca  ne 
la  regarde  pas  comme  appartenant  à  l'ordre  des  rondelles  crâniennes  ordinaires 
déjà  si  bien  connues  aujourd'hui.  Pour  lui,  il  y  a  là  quelque  chose  de  plus: 
les  caraclères  curieux  gravés  sur  cette  pièce  demeurent  inexplicables,  et  seront 
peut-être  l'aurore  d'une  découverte  plus  curieuse  même  que  celle  des  trépana- 
tions prébisloriques.  Il  y  a  peut-être  là  un  texte  d'écriture  mystique,  hiéro- 
glyphique, astronomique. 

Malheureusement,  la  pièce  est  incomplète  ;  et  aucune  hypothèse  ne  rend  un 
compte  satisfaisant  de  l'idée  qui  a  présidé  à  la  gravure  des  signes  divers  qu'elle 
présente. 

M.  Broca  ne  croit  pas  d'ailleurs  qu'elle  ait  pu  être  introduite  par  la  fente 


PRUNIÈRES.    —    LA    CRÉMATION    l>\\s    u-    DOLMENS    DE    LA    LOZÈRE       683 

étroite  que  présente  la  surface  raclée  du  crâne  n°  2  de  Boujassac;  ici,  comme 
sur  les  crânes  o°  1  el  d°  -  de  ce  même  Boujassac,  la  perforation  n'était  pas 
complète.  Il  s'agil  peut-être  de  la  trépanation  des  esprits  forte  de  l'époque. 

M.  Prdnières  tait  observer  que  da  moment  où  le  crâne  a  été  certainement 
déplacé  pour  occuper  la  place  d'honneur  où  il  aété  recueilli,  la  rondelle  a  été 
déplacée  en  même  temps;  qu'on  l'ait  déposée  à  la  surface  ou  à  l'intérieur,  peu 
importe;  on  a,  dans  tous  les  cas,  voulu  lui  faire  accompagner  le  chef  du  per- 
sonnage qui  l'avait  emportée  dans  La  tombe. 

M.  Hvmv  demande  à  M.  Prunières  si,  dans  les  sépultures  a  crémation  qu'il 
vient  de  décrire,  il  a  pu  constater  quelque  différence  entre  l'état  des  os  des 
adultes  et  de8  entant». 

M.  Prunières  répond  à  cette  question  en  montranl  des  os  de  jeunes  sujets 
calcinés  exactement  comme  ceux  t\>'>  sujets  adulte». 

.M.  I1\.mv  rappelle  alors  que,  dans  Les  sépultures  gauloises  à  incinération,  rap- 
portées a  une  époque  voisine  de  la  conquête  romaine,  on  rencontre  quelquefois, 
à  côté  des  urne»  qui  contiennent  les  restes  plus  ou  moins  calcinés  des  adultes, 
les  squelettes  de  jeunes  enfants  déposés  dans  le  sol  sans  avoir  aucunement 
subi  l'action  du  l'eu.  Par  exemple,  dans  le  cimetière  gaulois  de  Moulineaux, 
[Tes  Rouen,  on  a  recueilli,  inhumés  dans  la  craie,  à  côté  des  vases  urnéraires, 
des  restes  de  trois  squelettes  d'enfants  d'un  an,  de  cinq  ans  et  de  six  ans. 
Chez  les  Romains,  on  agissait  de  même,  pendant  la  période  de  crémation  qui 
s'étend  jusqu'à  Constantin,  et,  pour  ne  point  sortir  du  département  de  la  Seine- 
Inférieure,  les  cimetières  de  Cany,  de  Fécamp,  de  Lillebonne,  ont  fourni  ds 
preuves  manifestes  de  L'observation  de  cette  coutume  funéraire,  imposée  par 
les  lois  romaine»  et  régulièrement  suivie,  en  Gaule  comme  à  Rome,  pendant 
les  trois  premiers  siècles  de  notre  ère.  11  est  intéressant  de  constater,  à  ce 
point  de  vue  spécial,  une  différence  essentielle  entre  les  incinérations  gallo- 
romaines  et  gauloises,  et  celles  dont  M.  Prunières  vient  d'entretenir  la  section, 
et  dont  l'ancienneté  relative  n'est  pas  encore  bien  fixée. 

M.  Parrot  fait  remarquer  que  les  deux  os  wormiens  présentés  par  M.  Pru- 
nières forment  par  leur  -  coaptation  un  remarquable  os.  épactal.  On  constate 
bien  alors  qu'ils  ont  pris  chacun  une  coloration  différente  en  rapport  avec  la 
position  qu'ils  occupaient  dans  le  mégalithe.  Celui  qui  était  dans  le  mur  est 
moins  foncé  de  couleur  que  celui  recueilli  dans  la  cella. 

M.  Lunier  fait  remarquer  que  les  os  incinérés  produits  par  le  docteur  Pru- 
nières ont  un  poids,  une  densité  très-forte.  Ils  portent  évidemment  les  traces 
du  feu,  mais  à  l'action  du  feu  ne  se  joint-il  pas  une  action  chimique,  une  es- 
pèce de  minéralisation?  Il  serait  bon  de  les  analyser. 

M.  de  Mortillet  détermine  comme  étant  fait  avec  un  os  de  chèvre  un  poin- 
çon que  M.  Prunières  vient   de  présenter. 

M.  Prunières  a  depuis  longtemps  fait  remarquer  cette  dureté  qui  fait  que  les 
os  brûlés,  des  crânes  par  exemple,  ressemblent  à  des  fragments  d'une  marmite 
en  fonte  ayant  été  longtemps  au  feu;  et  ce  fait  l'a  d'autant  plus  intrigué  que  les 
os  voisins  non  brûlés,  ou  les  os  calcinés,  restent  légers,  poreux,  peu  consistants. 


684 


ANTHROPOLOGIE 


M.  le  Vicomte  de  PïïlLIGrJYY 

Officier  de  l'Instruction  publique. 


L'ART  PRÉHISTORIQUE  EN  HAUTE-NORMANDIE  (1) 


—  Séance  du  24  août   1877.  — 

Les  monuments  celtiques  décrits  au  commencement  de  l'ouvrage 
complet  ne  sont  pas  les  seuls  dont  les  ruines  décorent  les  coteaux  ou 
les  futaies  de  chênes  de  notre  province  normande;  voici  des  édifices 
d'un  autre  ordre  qui,  sans  avoir  la  majesté  cyclopéenne  des  dolmens,  et 
des  menhirs,  présentent  au  moins  un  caractère  d'autant  plus  grand, 
que  les  matériaux  qui  ont  servi  à  leur  confection  sont  plus  infimes; 
nous  voulons  parler  des  monceaux  de  silex  que  nous  avons  découverts 
en  plusieurs  localités,  notamment  au  bois  de  l'Abbesse,  Grimonval, 
Heubecourt,  le  Plix-Aubin,  bois  Gaultier,  etc.,  etc.,  arrondissement 
des  Andelys  (Eure). 

Ces  éminences  artificielles,  qui  n'ont  pas  moins  de  trente  à  quarante 
mètres  de  tour  à  leur  base  sur  cinq  à  six  pieds  de  hauteur,  sont  entiè- 
rement formées  de  silex,  à  l'exclusion  de  toute  autre  matière.  Une  fon- 
dation dont  la  profondeur  est  égale  à  la  hauteur  de  la  butte  hors  de 
terre,  forme  sous  l'éminence  un  cône  renversé,  de  telle  façon  que  l'ou- 
vrage complet  représente  une  sorte  de  sphère  légèrement  aplatie  au 
sommet  et  à  la  base,  coupée  au  milieu,  par  le  plan  du  terrain  qui 
entoure  la  butte. 

Nous  avons  pensé  longtemps  que  ces  monticules  dissimulés  sous  les 
profondeurs  des  taillis  étaient  de  simples  tombelles  gauloises  ;  mais  en 
examinant  avec  attention  le  sol  environnant,  l'on  reconnaît  l'existence 
de  longues  chaussées  enfouies  sous  une  épaisse  couche  de  feuilles  et 
dont  la  direction  et  le  tracé  forment  avec  les  bulles  un  ensemble  qui 
varie  selon  chaque  localité. 

J'ai  fait  fouiller  avec  le  plus  grand  soin  plusieurs  de  ces  plateaux  et 
je  n'ai  absolument  rien  trouvé  qui  ait  pu  appartenir  au  règne  animal  ou 
à  ses  produits.  Dans  les  buttes  comme  dans  les  chaussées,  les  cailloux 
du  dessous  sont  très-volumineux,  intacts,  placés  un  à  un  à  la  main  et 
recouverts  d'autres  lits  de  silex,  d'abord  de  dimension  moyenne,  puis 
plus  petits,  rangés  en  cercle  sur  lesquels  des  cailloux  plus  petits  encore 
forment  une  épaisse  couche,  d'environ  vingt  centimètres,  bien  parée  et 
presque  unie  qui  est  le  revêtement  extérieur. 

(1)  Extrait  du  chapitre  X  de  l'ouvrage  complet   actuellement  sous  presse. 


DE    PILLIGNY.   —   L'ART    PnEHTSTOMQUE    EN    IIAI'TE-NORMANDIE  685 

Une  seule  chaussée  dans  laquelle  on  ne  trouve  que  le  lit  inférieur 
semble  ne  pas  avoir  «*t «'*  terminée,  ou  avoir  été  abandonnée  à  l'entrée 
d'un  profond  ravin. 

Quant  à  la  disposition  générale,  tandis  qu'au  bois  de  l'Abbesse,  trois 
buttes  sont  placées  symétriquement  en  triangle  régulier  dont  elles  for- 
ment les  sommets  d'angles,  une  seule,  celle  du  milieu,  est  reliée  par 
une  longue  chaussée  de  cent  mètres  sur  quatre  de  large  a  une  autre 
chaussée  de  cent  quatorze  sur  huit,  coupant  la  première  sous  un  angle 
droit  en  forme  de  T. 

Au  contraire,  au  Plix-Aubin,  la  chaussée  qui  ne  mesure  que  dix 
mètres  de  long,  bien  qu'elle  en  ait  dix  de  large,  est  terminée  aux  extré- 
mités par  deux  énormes  plateaux  de  cinq  mètres  de  hauteur,  ce  qui 
donne  à  l'ensemble  de  l'ouvrage  vu  à  vol  d'oiseau  l'aspect  d'un  petit 
château  flanqué  de  deux  grosses  tours. 

Au  parc  de  Grus-Mesnil,  un  seul  plateau  de  trente-six  mètres  de  tout- 
est  complètement  isolé.  D'autres  de  dimensions  plus  restreintes  se  trou- 
vent également  dispersés  dans  les  bois  d'Heubécourt,  dans  ceux  de  îMé- 
zières,  et  tous  sont  situés  aux  fourrés  les  plus  mystérieux,  les  plus 
accidentés  des  grands  bois. 

Nous  avons  cherché  si  ces  monticules  ne  seraient  pas  ce  que  les  Cel- 
tes appelaient  Twm-men,  cercles  rocailleux;  ou  peut-être  les  Cairns, 
amas  de  pierres  en  cônes,  nommés  par  les  Romains  :  Acervus  mer- 
curii  agger  lapidum;  peut-être  aussi  de  ces  tas  de  cailloux  que  chaque 
soldat  de  légion  ou  de  cohorte  élevait  sur  sa  route  dans  le  but  d'éta- 
blir des  points  de  repère  ou  pour  y  planter  l'enseigne  romaine;  ou  bien 
encore  de  ces  plateaux  circulaires  construits  en  cailloux  plats,  que  l'on 
rencontre  en  Suède  et  en  Norwège  (1),  dont  parle  M.  Arcndt,  d'AItona, 
et  que  M.  Eloi  Johanneau  présume  avoir  été  des  pyrées,  sorte  d'autels 
où  les  peuples  du  Nord  allumaient  et  entretenaient  le  feu  sacré,  immo- 
laient des  victimes  et  faisaient  tous  les  sacrilices  et  toutes  les  cérémonies 
de  leur  culte. 

Faut-il  les  assimiler  aux  monceaux  de  cailloux  disposés  par  régions 
dans  la  forêt  de  Lyons  et  qui  sembleraient  se  rapprocher  de  ceux  du 
bois  de  l'Abbesse? 

Bien  que  l'on  prétende  y  avoir  trouvé  des  médailles  de  Tetricus,  em- 
pereur des  Gaules,  ainsi  que  de  l'empereur  Claude,  datées  de  l'an  270 
après  J.-C,  nous  avons  tout  lieu  de  supposer  que  si  la  chose  est  exacte, 
ces  médailles  ont  pu  y  être  déposées,  cachées  postérieurement  ;  c'est 
ainsi  qu'il  est  parfaitement  établi  que,  jusqu'en  l'an  250  après  J  -C,  on 

(1)  Voir  les  plateaux  Scandinaves  pour  le  culte  du  feu  construits  en  cailloux  plats  au 
nord  de  Dronthein,  à  cent  lieues  de  Christiania,  en  Norwège. 


686  ANTHROPOLOGIE 

portait  encore  en  offrande  des  monnaies  romaines  à  certains  dolmens, 
et  en  particulier  à  celui  de  la  Pierre  du  Diable,  près  Namur. 

Toutes  ces  trouvailles  démontrent  que  ces  amas  de  cailloux  remon- 
tent au  moins  à  la  période  gallo-romaine,  puisque  dès  ces  époques  l'on 
y  cachait  des  monnaies  ;  mais  nous  croyons  plus  judicieux  de  nous  en 
rapporter  pour  leur  haute  antiquité  aux  haches  de  silex  poli  trouvées 
récemment  parmi  eux. 

L'honorable  comte  Lecoulteux,  qui  nous  affirmait  ce  fait  et  qui  en  a 
même  recueilli  une  sur  les  lieux,  nous  observait  qu'à  Lyons  comme  à 
Ecos,  l'administration  faisait  détruire  et  enlever  ces  monuments  pour 
empierrer  les  routes.  Que  va  dire  la  commission  de  la  carte  des  Gaules, 
puisque  la  forêt  appartient  à  l'Etat?  Puissions-nous  donc  signaler  assez  à 
temps  cette  inutile  destruction  pour  en  sauver  encore  quelques- 
uns  ! 

J'ai  voulu  aller  reconnaître  par  moi-même  ces  sortes  d'ouvrages  dis- 
séminés dans  la  forêt  de  Lyons  et  voici  ce  que  j'ai  pu  y  constater. 
Dans  le  cantonnement  de  la  forêt  appelé  Mare  aux  bourres,  au  triège  du 
Vaurose,  près  d'un  village  nommé  les  Maunis  de  Puchay,  existent  envi- 
ron douze  buttes  dont  le  diamètre  varie  entre  six,  huit  et  onze  mètres, 
sur  un  à  deux  d'élévation.  Elles  affectent  toutes  la  forme  conique,  sauf 
une,  placée  près  de  la  lisière  du  bois  sur  un  versant  qui  regarde  le 
Vaurose,  elle  présente  un  contour  allongé  et  domine  une  pente  assez 
rapide. 

Les  monticules  sont  en  cailloux,  rangés  à  la  main  ;  leur  profondeur 
sous  le  sol  égale  leur  hauteur  sur  terre.  Ils  sont  espacés  par  des  inter- 
valles inégaux  de  25  à  2o0  mètres,  sans  aucune  ligne  ni  direction  pré- 
cises. En  dehors  des  buttes,  trois  longues  chaussées  cintrées  sur  leur 
arrête  appareillées  comme  elles,  et  placées  à  des  distances  inégales  quoi- 
que parallèles,  se  dirigent  du  sud  au  nord  ;  elles  ont  sensiblement  la 
même  largeur,  5  mètres,  et  leur  longueur  varie  de  300  à  500  mètres  ; 
une  seule  a,  sur  ce  long  parcours,  un  renflement  en  un  point  qui 
semble  être  une  pénétration  dans  une  butte.  D'autres  chaussées  traver- 
sent le  triège  des  Essarts  et  se  retrouvent  après  quelques  intermittences 
au  bois  de  Mortemer,  à  plus  de  deux  kilomètres  de  leur  point  de 
départ.  Leur  écartement  les  unes  des  autres  varie  entre  20,  40  et 
80  mètres  et  leur  orientation  est  toujours  rigoureusement  sud  à 
nord. 

En  outre  des  monticules  situés  entre  le  Coudray  et  le  Boispréau, 
il  en  existe  encore  quelques-uns  dans  la  partie  de  forêt  au  nord  de  la 
route  du  Vaurose,  ainsi  qu'une  chaussée  très-étendue  qui  va  jusqu'aux 
terres  du  Boispréau,  L'on  rencontre  aussi  un  certain  nombre  de  buttes 
de  l'autre  côté  de  la  route  des  Maunis   et  des  amas  de  pierres   en  très- 


DE    PULLIGNY.    —    L  ART    PRÉHISTORIQUE    EN    HAUTE-NORMANDIE  687 

grande  quantité  dans  les  taillis  du  Koispréau,  chez  M.  de  Corny.  L'on 
nous  a  signalé  des  buttes  analogues  dans  la  forêt  d'Evreux,  variant  de 
deux  à  six  mètres  de  diamètre;  d'autres  plus  élevées  dans  celle  de 
Montfort-sur-Risle,  dans  les  bois  qui  avoisinent  la  forêt  de  la  Lande  et 
dans  quelques  autres  localités,  mais  nous  ne  saurions  en  donner  une 
description,  ne  les  ayant  pas  visitées. 

Avant  de  rechercher  quelle  a  pu  être  la  destination  des  chaussées  de 
silex,  nous  poserons  d'abord  en  principe,  l'absence  complète  d'un  phé- 
nomène géologique,  ancien  ou  moderne;  on  ne  saurait  non  plus  les 
confondre  avec  les  Murgets  ou  Murgères,  avec  les  caillouères,  tas  de 
pierres  ramassées  pêle-mêle  et  disposées  comme  des  murailles,  dans  le 
but  de  séparer  les  champs,  de  nettoyer  la  terre  ou  bien  élevées  en  ados 
pour  cultiver  la  vigne. 

Aux  environs  de  Vernon,  Notre-Dame-de-Lisle  et  autres  lieux, 
nous  avons  vu  de  ces  amas  vraiment  monstrueux;  il  en  existe  plus 
de  cent,  de  Notre-Dame-de-Lisle  à  Daubeuf,  ce  sont  des  silex  recueillis 
dans  les  Champs,  en  mars  et  avril  et  jetés  sans  aucune  symétrie  dans 
le  seul  but  de  pouvoir  faucher  plus  aisément,  les'  herbes,  luzernes,  etc, 
on    les  enlève  à  certaines  époques  pour  empierrer  les  routes. 

Les  levées  de  cailloux  ne  sont  pas  des  limites  de  tribus  gauloises, 
puisque  tantôt,  elles  se  répètent  en  plusieurs  sens,  dans  un  espace  res- 
treint et  tantôt  elles  allée tent  des  formes  parallèles  sur  une  grande 
étendue  sans  conserver  aucun  rapport  avec  les  bornes  qui  pourraient  être 
interprétées  dans  ce  sens.  Elles  ne  présentent  aucun  caractère  straté- 
gique, car  leur  construction  avec  absence  de  ciment,  pour  fixer  les  si- 
lex et  donner  du  corps  à  l'ouvrage,  leur  enlève  toute  solidité;  l'élévation 
était  de  plus  insuffisante  pour  un  travail  de  défense.  Il  en  est  de  même 
de  l'hypothèse  de  dépôts  de  matériaux  anciens  pour  recharger  des  voies 
gauloises  ou  autres,  au  passage  des  forêts,  car  pourquoi  cet  appareil 
reproduisant  partout  une  inutile  régularité  ?  Pourquoi  surtout  ces  creux 
profonds,  propres  à  retarder  le  travail  de  l'enlevage,  bien  plutôt  qu'à 
l'accélérer  ?  Et  qui  donc  eût  été  cacher  un  trésor,  sous  un  tas  de 
matériaux  qui  pouvaient  être  enlevés  d'un  moment  à  l'autre?  Ces 
chaussées,  dont  le  volume  varie  entre  deux  et  trois  mille  mètres  cubes, 
ces  éminences  de  cent  et  cent  cinquante  mètres  de  silex,  tous  posés  un 
à  un  à  la  main  de  telle  sorte  que  l'on  ne  saurait  en  ajouter  ou  en 
supprimer  sans  rompre  l'équilibre  de  l'édifice,  ces  constructions  telle- 
ment symétriques,  composées  de  matériaux  si  tassés  que  chaque  coup  de 
pioche  cause  une  véritable  effondrement  dans  la  masse,  nous  ont  fait 
présumer  que  nous  pourrions  bien  être  en  présence  d'édifices  fort  anciens, 
peut-être  contemporains  des  derniers  âges  de  la  pierre  taillée,  comme 
les  dolmens  le  sont  du  silex  poli  et  les  tumuli  de  la  période  gauloise, 


688  ANTHROPOLOGIE 

Cette  hypothèse,  bien  entendu,  s'applique  à  une  époque  postérieure 
au  transport  naturel  des  silex,  qui,  tout  en  étant  remaniés,  subsistent  sur 
les  plateaux  ;  le  Diluvium  formé  des  argiles  ayant  été  charrié  dans  la 
plaine,  où  il  constitue  le  Lœss. 

Il  se  pourrait  que  ces  ouvrages  eussent  été  construits  dans  le  but  d'iso- 
ler du  contact  de  la  terre,  les  habitations  de  tribus  nomades  qui  auraient 
choisi  de  préférence  les  forêts,  pour  y  fixer  leur  résidence.  Les  plateaux 
circulaires,  généralement  plus  élevés  par  leur  situation,  qui  semble 
commander  les  chaussées,  avaient  été  réservés  aux  chefs  de  famille. 

Il  existe,  en  effet,  une  grande  similitude  entre  le  but,  l'idée  qui  fit 
ériger  les  citées  lacustres  et  les  vastes  chaussées  de  Lyons  et  des  forêts 
environnantes.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  le  choix  de  l'emplacement 
était  motivé  par  le  besoin  de  s'élever,  de  se  garantir  ;  peut-être  même 
les  habitants  lacustres,  prenant  possession  de  nos  bois,  continuèrent  le 
système  d'isolement  qu'ils  avaient  adopté  dans  leur  propre  contrée.  Les 
monceaux  de  silex,  de  même  que  les  palafittes,  ne  furent  que  des  fonda- 
tions; ils  ont  subsisté,  bien  que  les  maisons  qu'ils  soutenaient  aient  dis- 
paru depuis  des  siècles. 

Faut-il  voir  dans  ces  prodigieux  amas  de  silex  d'immenses  dépôts  de 
projectiles,  que  l'on  aurait  disposés  en  silos  creusés  profondément  sous 
le  sol,  dans  le  but  de  les  dissimuler,  de  les  dérober  à  la  vue  de  l'en- 
nemi ?  Ne  semble-t-il  pas  probable,  que  les  obstacles  naturels,  tels  que  la 
Seine,  l'Epte  ou  la  Bresle  aient  servi  de  tout  temps,  de  limites  aux  dif- 
férentes tribus  de  l'Ouest,  et  que,  par  conséquent,  les  falaises  qui  bor- 
dent certaines  parties  de  ces  cours  d'eau,  aient  été,  comme  nous  l'avons 
dit,  d'importantes  positions  stratégiques  qui  les  commandaient?  Aux 
Menihîrs,  Cromlecks,  Dolmens,  nous  verrons  succéder  les  Turnuli,  les 
Oppida  et  sur  les  ruines  de  ces  derniers  remparts  de  l'occupation  ro- 
maine, les  châteaux-forts  viendront,  au  moyen  âge,  couronner  de  leurs 
donjons,  ces  mêmes  sommets.  Le  silex  était  la  matière  première  des 
peuplades  préhistoriques,  elles  y  trouvaient  leurs  instruments  indispen- 
sables, aussi  bien  que  les  armes  pour  le  combat  :  les  Gaulois  après  elles 
se  servirent  de  frondes,  les  Romains  comme  les  Grecs  et  les  Carthaginois, 
avaient  encore  des  compagnies  de  frondeurs  qu'ils  engageaient  aux  îles 
Baléares;  cependant,  nous  devons  ajouter  que  sur  les  bas-reliefs  que 
nous  voyons  figurés  à  la  colonne  Trajane ,  les  pierres  que  les  hommes 
portent  dans  leurs  sacs  ou  même  que  quelques-uns  lancent  à  la  main 
paraissent  sphériques  et  appareillées  de  grosseur;  puis  pourquoi  des  pro- 
visions de  silex,  puisqu'il  suffisait  de  se  baisser  pour  en  recueillir  autant 
que  l'on  pouvait  en  employer  ? 

Si  les  plateaux  circulaires  sont  des  tombelles,  nous  devons  leur 
retrouver  un  rapport  avec  les  édifices  d'une  destination  analogue  ;  qu'est- 


DE   POLLIGNY.    —    l'aRT   PRÉUISTOHIQCE    EN    HAUTE    NORMANDIE         689 

ce   donc  qu'une    tombelle  ou   galgal'.'  Un  galgal,  dit  M.  Mahé,  est  un 

monceau  énorme  de  cailloux  ,  sans  mélange  de  terre,  sans  liaison  de 
ciment  et  qui  a  la  tonne  conique  et  l'élévation  des  plus  grands  barrows 
(tumuli)  il).  Mais  ces  cailloux  sont  jetés  sans  ordre  les  uns  sur  les 
autres,  ajoute  M.  Lechevallier  cl).  Les  barrows  sont  des  monticules 
formés  de  cailloux,  mélangés  de  terre  ou  d'autres  matériaux  ;  dans  nos 
éminences  au  contraire,  les  cailloux,  loin  d'être  accumulés  à  la  pelle 
comme  dans  les  tertres  funéraires,  sont  placés  un  à  un,  ce  qui  motivait 
l'emploi  de  centaines  de  bras  occupés  à  ramasser,  à  appareiller  par 
grosseur,  à  charrier  et  à  poser  les  milliers  de  silex  qui  entrent  dans  un 
pareil  travail. 

Quant  à  ceux  des  monticules  qui  se  trouvent  sur  une  pente  rapide, 
leur  appareil  dénote  un  profond  raisonnement,  car  ils  devaient  néces- 
sairement glisser  si  les  rangs  de  silex  n'eussent  été  renversés  en  arrière. 
Nous  ne  retrouvons  aucun  de  ces  calculs  dans  l'édification  des  tombelles 
qui  sont  du  reste  essentiellement  funéraires  et  diffèrent  en  cela  des 
monuments  tantôt  religieux,  tantôt  funéraires,  comménioratifs  ou  expia- 
toires désignés  plus  spécialement  sous  le  nom  de  galgals. 

Quant  aux  galgals  de  la  Bretagne,  ils  sont  purement  funéraires  et 
renferment  les  cendres  des  Vénètes. 

De  même  que  les  galgals,  les  chaussées  avaient  plusieurs  destinations. 
Les  unes  étaient  sacrées,  et  les  autres  profanes.  Les  Grecs  avaient  cou- 
tume de  consacrer  aux  Dieux  certaines  portions  de  terre  qu'ils  séparaient 
des  lieux  profanes  par  des  enceintes  qu'ils  nommaient  Temènes  (Te^vr, 
du  verbe  T-avw,  séparer).  Ils  y  élevaient  souvent  des  temples;  les 
témènes  des  Romains  étaient  formées  de  murailles.  Celles  des  anciens 
Bretons  se  composaient  de  levées  en  terre. 

Quelquefois  l'on  rencontre  encore  au  milieu  des  enceintes  des  temples, 
ou  autres  édifices  commémora  tifs  ou  religieux:  telles  sont,  dans  les 
Vosges,  ces  enceintes  fortifiées  aussi  bien  que  religieuses,  construites  en 
pierres  brutes  sans  ciment  avec  fossés  de  3  à  5  mètres;  elles  entourent 
un  dolmen  qui  parait  remontera  la  même  époque. 

Toutes  ces  chaussées,  murailles,  ou  levées  de  terres  forment  un 
circuit  de  contours  et  de  dimensions  variables  autour  d'un  espace 
réservé;  elles  impliquent  toutes  une  idée  de  conservation,  de  protection 
ou  de  respect;  or,  nous  le  demandons,  peut-on  voir  rien  de  semblable 
dans  les  levées  que  nous  venons  de  signaler  en  haute  Normandie? 

Objectera-t-on  que  certaines  portions  de  nos  enceintes   ont   été  sup- 

(1)  Essai  sur  les  antiquités  du  Morbihan,  par  M.  l'abbé  Mahé. 

(2)  Je  m'approche  et  je  vois  qu'il  n'est  pas  comme  les  autres  un  monticule  couvert  de  gazon, 
mais  un  amas  énorme  de  cailloux   posés   sans  ordre  les  uns   sur  les  autres.   (  La  Troade,  p.  167. 

LBCHEVALLItR.) 

44 


690  ANTHROPOLOGIE 

primées  ou  défrichées  dans  les  champs  qui  bordent  les  forêts,  que  nous 
n'en  retrouvons  que  des  traces  insignifiantes  qui  ne  permettent  pas  de 
juger  de  l'ensemble  du  travail  primitif?  Mais  alors,  pourquoi  ces 
fondations  profondes?  Ces  interminables  lignes  parallèles  passant  sans 
interruption  au  milieu  même  des  buttes,  dans  une  orientation  constante 
de  sud  à  nord  ?  Ou  bien  encore  ces  bandes  coupées  à  angle  droit,  et 
aboutissant  aux  monceaux  de  cailloux  eux-mêmes  ?  Dans  aucun  des 
exemples  que  nous  avons  cités  nous  ne  reconnaissons  le  caractère  de 
l'enceinte  sacrée  ou  profane,  ce  ne  sont  pas  non  plus  de  ces  chaussées 
mêlées  de  terre  et  de  pierre  qui  conduisaient  aux  dolmens,  et  nous 
persistons  à  voir  ici  un  de  ces  ouvrages  tout  aussi  inexpliqués  que  ces 
tertres  animaux  du  Texas,  du  Colorado  (jardin  des  Dieux),  éminences  en 
terre  du  bas  Missouri  affectant  la  forme  de  tortue  ou  de  serpent  ;  ou  ces 
pierres  figurant  une  bête  démesurément  allongée  que  nous  avons  ren- 
contrées autrefois  dans  les  vastes  forêts  du  nouveau  monde,  particuliè- 
rement près  de  Milwaukee,  État  du  Wisconsin,  et  dont  parle  un  très- 
intéressant  rapport  qui  en  donne  plusieurs  dessins.  (1) 

Quoi  qu'il  en  soit  des  diverses  hypothèses  que  nous  avons  émises,  un 
fait  nous  semble  parfaitement  acquis,  c'est  que  les  monceaux  de  cailloux 
remontent  à  une  très-haute  antiquité.  La  patine  qui  recouvre  le  dessus 
des  silex  est  en  tout  analogue  à  celle  des  instruments  préhistoriques  de 
l'âge  de  la  pierre  ;  ceux  de  l'intérieur  se  brisent  avec  la  plus  grande 
facilité,  absolument  comme  les  cailloux  que  l'on  extrait  du  sol  et  qui 
n'ont  jamais  vu  la  lumière,  ce  qui  démontre  qu'ils  sont  entassés  depuis 
des  siècles.  Il  n'est  pas  moins  établi  que  nos  chaussées  ne  sont  pas  des 
témènes  ni  des  murgères,  qu'elles  n'ont  pu  servir  de  sépultures  puis- 
qu'on n'y  trouve  ni  ossements,  ni  cendres,  ni  charbons  ;  que  ce  ne  sont 
pas  des  dépôts  de  matériaux  pour  l'entretien  des  routes  ou  les  besoins 
de  la  stratégie;  il  ne  reste  donc  que  la  supposition  de  campements 
antéhistoriques,  et  l'on  conviendra  que  si  quelque  chose  ressemble  à 
l'emplacement  d'un  camp,  ce  sont  bien  ces  grandes  lignes  de  Lyons, 
séparées  par  des  éminences  jetées  çà  et  là  comme  pour  les  surveiller. 

Si  au  lieu  des  rangs  de  tentes  de  nos  troupes  modernes  si  coquette- 
ment alignées,  nous  supposons  les  chaussées  abritées  de  cabanes  faites 
de  longues  perches  écartées  à  la  base,  réunies  au  sommet,  se  touchant 
toutes,  et  recouvertes  de  fougères,  de  menus  branchages,  de  bruyères, 
n'aurons-nous  pas  aussi  un  campement  très-confortable  et  très-régulier? 
Les  chaussées  recouvertes  d'une  couche  épaisse  de  mousse,  seront 
d'autant  plus  saines  que  la  forme  de  cuvette  donnée  à  la  partie  inférieure 
de  ces  soubassements,  permettra  l'écoulement  des  eaux,  favorisé  par  le 

(1)  Voir  le  volume  VII  du  Smithionian  contributions  to  Kuowledge  antiquités,  of  Melwauke* 
Wisconsin. 


DALLAI  I.   —  LIS    LiGlHDES    DBS    MONUMENTS  PRÉHISTORIQl'K.s  691 

lit  de  gros  silex  placés  dans  le  fond  et  quelques  autres  semblables  laissés 
avec  intention  parmi  les  rangs;  l'orientation  nord-sud  des  lignes  offrira 
l'exposition  la  plus  propice  au  soleil  levant. 

Tout  concourra  donc  à  établir  des  habitations  sûres  et  commodes  pour 
des  familles  qui,  l'hiver,  pourront  émigrer  et  se  retirer  dans  les  cavernes 
du  sud.  En  effet,  les  toitures  des  charpentes  ne  sont  pas  enduites  de 
terre  de  manière  à  conserver  la  chaleur,  à  la  façon  des  loges  de  nos 
bûcherons,  car  cette  terre  aurait  subsisté  sur  les  cailloux  et,  non-seule- 
ment il  n'y  in  a  pas  trace,  mais  aucun  arbre  ni  même  aucune  herbe  ne 
prennent  racine  sur  les  monceaux,  de  silex. 

En  appelant  l'attention  des  archéologues  sur  ces  intéressants  monu- 
ments, je  me  permettrai  d'émettre  le  vœu  que  l'administration  veuille 
bien  prendre  en  considération  le  haut  intérêt  qu'ils  présentent  et  pré- 
server d'une  ruine  imminente  ceux  qui  se  trouvent  dans  les  forêts  de 
l'État,  car  s'il  est  avantageux  de  puiser  à  même  ces  monceaux  pour 
empierrer  les  routes,  cette  ressource  ne  peut  être  que  momentanée  et 
l'économie  vraiment  minime  qu'elle  présente  ne  saurait  être  comparée  à 
l'utilité  de  conserver,  sur  notre  sol  déjà  si  ravagé,  des  édifices  fort  peu 
connus,  et  d'une  antiquité  incontestable. 


M.  François  DALEAU 


OBSERVATIONS  SUR  LES  LÉGENDES  DES  MONUMENTS  PRÉHISTORIQUES. 


—  Séance  du  24  ao&l  18"77.  — 

Tous  ou  presque  tous  les  monuments  préhistoriques  ont  leurs  légen- 
des, qui,  aujourd'hui  même,  sont  encore  très-accreditées  dans  nos 
campagnes. 

Ces  croyances  se  divisent  en  deux  catégories  : 

1°  Les  légendes  païennes  ou  anciennes  ; 

2°  Les  légendes  chrétiennes  ou  modernes. 

Légendes  païennes.  —  Elles  sont  généralement  en  faveur  des  monu- 
ments, c'est-à-dire  qu'elles  paraissent  avoir  été  faites  pour  leur  conser- 
vation, en  attirant  sur  eux  la  vénération  du  peuple  ou  en  le  terrifiant, 
et  par  ce  fait  elles  doivent  être  les  plus  anciennes. 

Noms  et  légendes  attirant  la  vénération  : 

Dolmen  dit  la  Pierre  à  la  Morte  (Montchevrier,  Indre). 

Dolmen  dit  la  Pierre  du  Charnier  (Saint-Aigny,  Indre). 


692  ANTHROPOLOGIE 

Dolmen  dit  le  Château  des  Fées  (Saint-Ciers-de-Canesse,  Gironde) 
(Sainte-Sabine,  Dordogne). 

Dolmen   dil  la  Pierre  des   Fées  (Douadic,  Indre)  (Draguignan,  Var). 

Dolmen  dit  la  Maison  de  la  Fée  (Vivarais). 

Tumulus  dit  le  Tombeau  des  Fées  (Anglade,  Gironde). 

Tumulus  dit  le  Terrier  des  Fées  (Courcoury,  Charente-Inférieure) 
(Anglade,  Gironde). 

Tumulus.  «  Une  Fée  allaitait  son  fils,  il  tomba  dans  la  rivière  et  se 
noya,  sa  mère  l'ayant  retiré  de  l'eau,  l'enterra  et  porta  son  plein  tablier 
de  gravier  pour  le  recouvrir,  ce  qui  forma  le  monument.  »  (Courcoury, 
Charente-Inférieure). 

Légendes  intimidantes. 

Dolmen  dont  les  pierres  dansent  à  minuit  (Bégadan,  Gironde). 

Dolmen  dont  les  pierres  dansent  quand,  pour  la  nuit  de  Noël,  elles 
entendent  sonner  la  cloche  du  village  voisin  (Tauzac,  Charente). 

Dolmen  dit  la  pierre  qui  vire.  Elles  tournent  toutes  les  nuits  quand 
le  coq  chante  (Geay,  Charente-Inférieure). 

Dolmen  dit  l'Enclume  du  Diable  (Corse). 

Dolmen  dit  la  Forge  du  Diable  (bords  de  la  Vézère,  Dordogne) 
(Corse). 

Dolmen  dit  la  Chaire  du  Diable  (Jublains,  Mayenne). 

Dolmen  dont  on  emporte  les  pierres  le  jour  et  qui  reprennent  leur 
place  la  nuit  (Ardi Hères,  Charente-Inférieure). 

Tumulus  que  l'on  nivelle  le  jour  et  qui  se  reconstitue  la  nuit  (Soulac, 
Gironde). 

Tumulus  dit  la  Motte  Boussingaud,  sur  lequel  le  diable  ne  permet 
pas  que  l'on  fasse  de  construction  ;  il  démolit  la  nuit  ce  qui  a  été  bâti 
le  jour  (Porchères,  Gironde). 

Dolmen  où  ceux  qui  viennent  pour  enlever  les  pierres"  meurent  dans 
le  courant  de  l'année   (  la  Vallée,    Charente-Inférieure)  (Moulin,  Indre). 

Dolmen.  «  Si  le  propriétaire  permet  de  fouiller,  il  perdra  dans  l'an 
un  de  ses  proches.  »  (Bégadan,  Gironde.) 

Tumulus  gardé  par  des  chiens  invisibles  qui  dévorent  les  gens  sacri- 
lèges qui  veulent  y  toucher  (Soulac,  Gironde),  etc. 

Aussi  serait-il  souvent  difficile  de  trouver  quelqu'un  d'assez  hardi, 
dans  un  village  voisin  d'un  monument  ayant  de  semblables  légendes, 
pour  qu'il  osât  s'y  aventurer  en  pleine  nuit. 

Légendes  chrétiennes.  —  Le  christianisme  transforma  les  anciennes 
légendes  dans  le  but  de  faire  oublier  aux  populations  le  prestige 
qu'avaient  pour  elles  ces  sépultures,  soit  en  leur  attribuant  une  origine 


DALEAU.    —    LES   LÉGENDES   DES    MONUMENTS    PRÉHISTORIQUES  093 

surnaturelle,  soit  en   provoquant  pour  ainsi  dire    leur  destruction    par 
l'appât  d'un  trésor. 

Légendes  surnaturelles. 

Dolmen  dit  la  Croix  de  la  Vierge  (Beaumont,  Dordogne) . 

Dolmen,  a  La  bonne  Vierge  portait  des  pierres  dans  son  tablier,  la 
lie  s'étant  rompue,  les  pierres  tombèrent  et  formèrent  le  dolmen.  »  (La 
Vallée,  Charente-Inférieure.) 

Dolmen  dit  la  Pierre  de  sainte  Magdelaine,  construit  par  cette  sainte 
qui  porta  la  table  sur  sa  tête  et  les  cinq  supports  dans  les  poches  de  son 
tablier  de  gaze  (Confolens,  Charente). 

Dolmen  de  saint  Eugène,  dit  la  Pierre  merveille,  fait  des  miracles 
à  certaines  époques  de  l'année  (Archiac,  Charente-Inférieure). 

Dolmen  dit  la  Pierre  de  saint  Martin.  «  On  voit  sur  la  table  l'em- 
preinte du  pied  de  ce  grand  saint.  »  (Sainte-Gemme,  Indre). 

Menhir  de  Pierreiite.  «  La  très  sainte  Vierge  portait  sur  sa  tète  ou 
dans  son  tablier  cette  grosse  pierre  destinée  à  l'achèvement  d'un  clo- 
cher; apprenant  en  route  que  celui-ci  était  terminé,  elle  laissa  choir  la 
pierre  où  elle  se  trouve  actuellement.  »  (Saint-Sulpice  de  Faleyrens, 
Gironde). 

Légendes  jetant  la  défaveur. 

Dolmen  dit  la  Table  du  péché  (Corse). 

Dolmen  dit  la  Pierre-Folle  (Montguyon,  Charente-Inférieure)  (Luçay- 
le-Captif,  Indre). 

Légendes  invitant  à  fouiller,  à  saccager. 

Tumulus  renfermant  un  lion  d'or  (Villegouge,  Gironde). 

Tumulus  renfermant  un  veau  d'or,  qui  en  sort  pour  se  promener  dans 
le  champ  voisin,  avec  la  croix  et  la  bannière  (Soulac,  Gironde). 

Dolmen  renfermant  une  peau  de  bœuf  remplie  d'or  (Castillou,  près 
Agen,  Lot-et-Garonne). 

Tumulus  renfermant  une  peau  de  veau  remplie  d'or  (Lignan , 
Gironde). 

Tumulus  renfermant  une  chèvre  d'or  (La  Motte,  Gironde). 

Tumulus  renfermant  un  trésor  considérable  (Avensan,  Gironde)  (Es- 
trédiou,  Finistère,  etc.,  etc.) 

i  Un  fait  digne  de  remarque,  c'est  que  dans  la  plupart  des  cas,  la  tra- 
dition a  conservé  deux  ou  plusieurs  légendes  sur  le  même  monument, 
presque  toujours  une  ancienne  et  une  moderne. 

Je  termine  en  priant  mes  collègues  de  vouloir  bien  m'envoyer  des 
matériaux  pour  que  je  puisse  compléter  cette  simple  note. 


694  ANTHROPOLOGIE 


DISCUSSION. 

M.  de  Mortillet  considère  comme  très-intéressant  de  recueillir  les  légendes 
du  genre  de  celles  qui  ont  attiré  l'attention  de  M.  Daleau.  Il  ne  pense  pas, 
d'ailleurs,  qu'il  soit  permis  de  détacher  celles  de  ces  légendes  qui  se  ratta- 
chent aux  pierres  néolithiques  des  légendes  qui  courent  sur  certains  rochers 
ou  certaines  localités. 

A  ce  propos,  M.  de  Mortillet  mentionne  les  recherches  faites  par  M.  Moreau, 
et  met  sous  les  yeux  de  la  section  le  remarquable  atlas  dressé  par  ses  soins. 
Il  fait  observer  avec  quelle  facilité  s'établit  la  tradition  de  certaines  coutumes 
soit  guerrières,  soit  funéraires,  et  quelle  persistance  singulière  présentent  ces 
traditions. 

Les  fouilles  de  M.  Moreau  ont  été  faites  dans  les  sépultures  de  Caranda. 
Depuis  il  en  a  fait  d'autres  dans  le  département  de  l'Aisne  ;  celles-ci  ont  été 
l'occasion  d'une  découverte  tout  à  fait  inattendue  :  la  découverte  du  tombeau 
d'un  prêtre  païen  franc.  Cette  sépulture  renfermait  une  grande  quantité 
d'amulettes,  notamment  une  boule  de  verre  gallo-romaine,  des  silex,  une  mon- 
naie d'argent,  un  croissant  en  or,  une  hache  de  sacrifice  en  bronze.  Bref,  les 
traditions  orientales  et   les  traditions  occidentales  se  trouvaient  réunies   dans 

ce  tombeau. 

M.  Bertillon  rappelle  les  documents  fournis  par  M.  Piette  sur  les  phallus 
et  pierres  fécondantes  qui  existent  dans  les  environs  de  Luchon. 

M.  Hamy.  —  On  ne  saurait  trop  insister  sur  l'importance  que  joue  le  person- 
nage de  Gargantua  dans  les  légendes  populaires  du  nord-ouest  de  la  France 
et  en  particulier  à  celles  qui  se  rapportent  aux  sépultures  primitives.  Non- 
seulement,  en  effet,  un  assez  grand  nombre  d'accidents  du  sol  sont  considérés 
comme  des  traces  de  son  passage,  mais  encore  certains  monuments  anciens 
lui  sont  attribués.  Dans  la  Seine-Inférieure  par  exemple,  on  voit  bien  les 
roches  naturelles  de  Tancarville  et  de  Saint-Pierre  de  Varangeville,  aux  bords 
de  la  Seine,  porter  les  noms  de  Siège  et  de  Chaire  de  Gargantua  ;  assis  sur  la 
première,  il  lavait  ses  pieds  dans  le  fleuve,  sur  les  secondes  il  venait  se  re- 
poser près  du  cours  de  l'eau,  mais  le  grand  tumulus  boisé  de  Presle,  près 
Neufchâtel,  est  donné  comme  l'empreinte  d'un  pas  de  son  cheval,  son  petit 
doigt  est  enterré  sous  le  tertre  du  Catelier  de  Varangeville -sur-Mer,  près 
Dieppe,  enfin  il  repose  lui-même  aux  Veulettes,  comme  Foucart.  Un  autre 
géant,  était  enterré  à  Poucarmont,  lorsqu'en  1796,  suivant  la  légende  locale, 
on  exhuma  ses  restes  en  ouvrant  une  route. 


Dr  BAMPEL.  —  CONGRÈS  D* ANTHROPOLOGIE  DE  BUDA-PEST      698 


M.  le  Dr  J.  HÀMPEL 

n  item  du  nuée  ie  Buda-Pert, 


COMPTE  RENDU  DU  CONGRÈS  D'ANTHROPOLOGIE  ET  D'ARCHÉOLOGIE 
PRÉHISTORIQUES  DE   BUDA-PEST. 


—  Séance  du  a  août  t877.  — 

Messieurs, 

Ayant  été  invité  par  l'illustre  président  de  votre  association  scienti- 
fique à  prendre  part  à  votre  réunion  du  Havre  comme  membre  étran- 
ger, j'ai  cru  devoir  me  montrer,  en  quelque  sorte,  reconnaissant  pour 
cette  faveur.  J'ai  fait  venir  de  Buda-Pest  le  compte-rendu  du  congrès 
d'anthropologie  et  d'archéologie  préhistoriques,  tenu  dans  cette  ville  au 
mois  de  septembre  passé,  pour  l'offrir  au  congrès  en  témoignage  du  vif 
intérêt  qu'on  éprouve  dans  notre  pays  pour  vos  réunions  si  fécondes 
pour  le  progrès  des  sciences,  en  France. 

Le  volume  que  je  vous  présente  ici  n'est  que  la  première  moitié  de 
l'ouvrage  qui  est  destine  à  conserver  la  mémoire  du  Congrès  de  Buda- 
Pest.  L'exemplaire  que  je  dépose  ici  est  le  premier  qui  a  quitté  la 
presse,  et  les  membres  de  l'association  qui  ont  contribué  par  leurs 
dissertations  à  en  enrichir  le  contenu,  seront  contents  de  voir  que  le 
zèle  infatigable  du  secrétaire  général,  M.  Romer,  les  a  mises  en  si  peu 
de  temps  à  la  disposition  du  monde  scientifique. 

Ce  volume,  fort  de  700  pages,  ne  donne  que  les  discours  prononcés 
au  congrès,  qu'on  a  reproduits  avec  tout  le  soin  possible  en  les  accom- 
pagnant de  gravures  sur  boi6  au  nombre  de  plus  de  ISO,  de  planches 
phototypiques  et  lithographiques  et  de  cartes. 

Vous  y  trouverez  des  travaux  des  plus  importants  de  plusieurs  de 
vos  membres.  Pour  n'en  énumérer  que  quelques-uns  :  M.  Broca  y 
publie  un  mémoire  de  grand  intérêt  sur  la  trépanation  préhistorique; 
H.  Bataillard  donne  un  travail  complet  sur  les  tziganes  et  leur  rôle 
dans  l'archéologie  préhistorique,  puis  vous  y  trouverez  les  discours  de 
M.  Chantre  sur  des  questions  de  l'âge  du  bronze  et  du  fer,  et  des 
communications  de  MM.  Cazalis  de  Fondouce,  Bertrand,  le  Dr  Jacquinot 
et  enfin  des  contributions  de  MM.  Tardy,  Reboux  et  de  Baye  ;  vous  le 
voyez,  les  savants  français  y  représentent  la  majorité  tant  par  le  nombre 
que  par  l'importance  de  leurs  travaux. 

Je  n'entre  pas  dans  une  analyse  détaillée  du  volume,  lequel  (il  est  à 
espérer)  vous  sera  délivré  dans  peu  de  temps.  Alors  vous  vous 
convaincrez   que   si   le    volume  a  quelque  mérite    il  est  dû  en  grand 


696  ANTHROPOLOGIE 

partie  aux  membres  français  qui  ont  bien  voulu  honorer  le  congrès  de 
Buda-Pest  de  leur  présence. 

Mais  tout  en  donnant  la  première  partie  du  compte-rendu  entière- 
ment aux  procès- verbaux  du  congrès,  M.  le  professeur  Romer,  le  savant 
rédacteur,  a  jugé  utile  d'y  joindre  une  seconde  partie  qui  sera  entière- 
ment réservée  aux  antiquités  de  la  Hongrie,  de  sorte  qu'on  y  trouvera 
un  tableau  fidèle  des  efforts  qui  ont  été  faits  jusqu'ici  dans  ce  pays 
pour  l'avancement  des  sciences  préhistoriques  et  c'est  de  cette  partie 
que  je  vous  donnerai,  avec  votre  permission,  une  relation  succincte. 

Il  y  aura  avant  tout  des  travaux  sur  les  outils  en  silex  et  en  obsi- 
dienne, sur  les  terramares,  les  tumuli  et  les  cimetières  préhistoriques 
de  la  Hongrie,  avec  cartes,  dessins  et  tableaux  statistiques,  préparés 
par  M.  le  professeur  Romer. 

J'y  ferai  insérer  un  mémoire  sur  l'âge  du  bronze  en  Hongrie. 

Les  gisements  sur  lesquels  s'appuie  ce  mémoire  sont  des  stations  , 
cimetières,  fonderies  et  trésors,  et  le  nombre  d'objets  étudiés  surpasse 
dix  mille. 

La  question  sera  traitée  au  point  de  vue  morphologique  et  chronolo- 
gique. La  quantité  des  objets  suffit  pour  bien  préciser  la  morphologie 
de  l'âge  du  bronze  en  Hongrie,  la  question  de  la  chronologie  est  beau- 
coup plus  difficile. 

Les  observations  morphologiques  ont  eu  ce  résultat,  que  maintenant 
on  est  arrivé  à  pouvoir  constater. 

(a)  Les  points  communs  à  la  région  hongroise  et  aux  autres  régions 
de  l'âge  du  bronze. 

(b)  Les  types  qui  relient  d'une  manière  concluante  la  région  du 
bronze  hongroise  à  celle  du  nord,  d'un  côté,  et  de  l'autre  au  groupe 
italien. 

(c)  On  peut  désigner  des  variétés  des  différents  types  et  de  classes 
entières  d'objets  en  bronze  qui  sont  spéciales  à  la  Hongrie. 

Je  me  contenterai  de  vous  en  signaler  les  traits  spéciaux  à  l'âge  du 
bronze  hongrois  en  vous  les  désignant  sur  les  65  planches  de  gravure 
que  je  présente  à  la  section  et  qui  représentent  les  types  hongrois. 

Pour  mettre  la  section  en  état  d'étudier  ce  caractère  spécial  sur  une 
collection  encore  plus  complète,  je  présente  à  la  section,  49  planches 
photographiques  prises  sur  la  collection,  prêt  du  musée  national  à 
Buda-Pest  et  comprenant  une  série  de  plus  de  3  000    objets  en  bronze. 


t>r  HAMY.  —  I.'m.K  de  la  pierre  chez  les  nègres  691 


M.   le   F   HAMY 

Udi  Datai  v       un. 


L'AGE  DE  LA  PIERRE  CHEZ  LES  NEGRES. 

■XT&in  pu  l'iuii'K-i-vKHi; ii  - 


-     i  nce  du  2  4  août   /S77.  — 

M.  Hamy  expose  les  recherches  auxquelles  il  s'est  livré  en  vue  de  se  rendre 
compte  si  les  races  sénégalaises  ont  eu  leur  Age  de  la  pierre. 

Se  basant  sur  ce  que  les  nègres  ont  connu  et  utilisé  le  fer  depuis  la  plus 
haute  antiquité,  l'Egyptologue  Ebers  a  émis  l'idée  qu'ils  n'avaient  pas  passé 
par  l'âge  de  pierre.  Idée  fausse.  Evidemment  les  nègres  doivent  avoir  eu  un 
âge  de  pierre.  La  linguistique  le  prouve.  L'observation  directe  confirme  cette 
déduction.  Au  musée  de  Copenhague,  je  trouve  trois  haches  de  pierre  polie 
de  l'Afrique.  Le  musée  de  Leyde  en  possède  également  trois.  Toutes  les  six 
proviennent  de  la  côte  d'Acra.  Celles  du  musée  de  Copenhague  sont  dites: 
Haches  de  Dieu.  Celles  du  musée  de  Leyde  :  Hache*  de  foudre.  11  n'existe  donc 
plus  chez  les  nègres  de  souvenirs  de  l'emploi  de  ces  instruments  et  ils  y  ont 
été  considérés  comme  des  Amulettes  ou  des  produits  du  tonnerre. 

Le  muséum  de  Paris  possède  aussi  trois  haches  provenant  du  haut  Sénégal. 
L'une  d'elles  en  minerai  de  fer  mais  en  minerai  employé  comme  roche  et  non 
comme  métal,  a  été  présentée  dans  le  pays  à  M.  Regnault,  comme  tombée  du 
ciel. 

DISCUSSION. 

M.  Hovelacque  :  Les  assertions  de  M.  Hamy  valent  mieux  qu'une  supposition 
pure  et  simple.  Elles  sont  confirmées  par  cette  circonstance  que  chez  des  peuples 
de  race  absolument  différente,  on  retrouve  cette  même  identité  du  mot  signi- 
fiant :  pierre  et  du  mot  signifiant  :  hache.  Telle  est,  par  exemple,  la  langue 
basque. 

M.  Hamy  montre  le  moulage  des  trois  haches  du  Muséum,  en  avançant 
qu'elles  ont  des  formes  étrangères  à  l'Europe. 

M.  Ollier  de  Marichard  fait  observer  que  si  ces  formes  ont  un  certain 
cachet  particulier,  elles  ne  sont  cependant  pas  entièrement  étrangères  à  nos 
régions. 

M.  de  Mortillet  rappelle  que  le  général  Faidherbe  a  divisé  l'Afrique  en 
deux  régions  complètement  distinctes:  la  région  au  nord  du  désert,  qui  a 
tous  les  caractères  européens,  comme  flore,  comme  faune,  comme  habitants 
et  comme  linguistique,  et  la  région  du  sud,  où  l'homme,  comme  les  animaux, 
les  plantes  et  les  langues  sont  tout  à  fait  différents.  C'est  la  véritable 
Afrique,  l'Afrique  des  nègres.  Eh  bien,  dans  cette  Afrique,  l'âge  de  la  pierre 
a  été  signalée  non-seulement  vers  le  Sénégal,  ainsi  que  le  dit  M.  Hamy,  mais 


698  ANTHROPOLOGIE 

aussi  et  sur  une  large  échelle  au  cap  de  Bonne-Espérance.  M.  John  Evans 
possède  une  belle  série  de  pierres  taillées  de  cette  région.  Certainement  des 
recherches  nouvelles  généraliseront  cette  distribution  des  objets  en  pierre. 

M.  Ebers  a  constaté  ainsi  que  bien  d'autres  auteurs,  que  le  fer  est  connu 
dans  le  centre  de  l'Afrique,  depuis  les  temps  les  plus  reculés,  ce  n'est  pas  éton- 
nant, c'est  là,  où  l'industrie  du  fer  a  pris  naissance.  Si,  étudiant  les  peuples 
sauvages,  on  recherche  ceux  qui  connaissaient  le  fer,  à  part  quelques  tribus 
qui  ont  accidentellement  utilisé  le  fer  natif  météorique,  on  ne  trouve  que  les 
nègres  d'Afrique  ayant  l'usage  habituel  du  fer.  C'est  là  une  présomption  que 
l'industrie  du  fer  est  née  chez  eux. 

Si,  suivant  l'ordre  inverse,  on  examine  l'introduction  du  fer,  chez  les 
peuples  civilisés,  on  voit  que  cette  introduction  remonte  d'autant  plus  haut, 
que  le  peuple  est  plus  voisin  de  l'Egypte.  Or,  en  Egypte,  le  fer  est  consacré  à 
Typhon,  génie  du  mal,  roi  des  déserts,  roi  des  hommes  noirs. 

Enfin  au  point  de  vue  métallurgique,  c'est  en  Afrique,  dans  l'Afrique  des 
nègres,  que  se  trouvent  les  minerais  de  fer  les  plus  faciles  à  réduire. 

M.  Hamy  répond  que  si  dans  la  communication  qu'il  vient  de  résumer,  il 
n'a  parlé  ni  des  États  barbaresques,  ni  du  Cap,  c'est  parce  que  ni  l'une  ni  l'autre 
de  ces  régions  ne  fait  partie  de  l'Afrique  nigritique  à  l'étude  de  laquelle  il 
voulait  se  borner.  Les  caractères  archéologiques  que  l'on  vient  de  rappeler  ne 
différaient  pas  moins  d'ailleurs  le  massif  de  l'Atlas  et  les  terres  du  sud  du 
Kalahazi  du  reste  de  l'Afrique  que  tous  ceux  qui  ont  fourni  l'étude  de  la  faune, 
de  la  flore,  etc. 

M.  Prunières  fait  observer  qu'une  des  hachettes  de  M.  Hamy  est  identique 
comme  forme  à  une  hachette  en  jade  qu'il  a  présentée  à  Nantes.  Cette  pièce 
que  plusieurs  de  nos  collègues  se  rappellent,  était  il  est  vrai  d'origine  étran- 
gère, arrivée  par  le  commerce  de  l'époque,  et  si  précieuse  pour  son  possesseur 
qu'on  avait  essayé  de  la  scier  sur  ces  deux  faces  afin  d'en  obtenir  deux  ha- 
chettes secondaires  avant  de  la  déposer  dans  le  tombeau. 


M.   le   Dr   HAMY 

Aide-naturaliste  au  Muséum 


SUR  LES  DÉFORMATIONS  CRANIENNES  OBSERVÉES  A  L'ILE  DE  VANCOUVER 

(BXTRAIT  DU  PROCÈS-VERBAL.) 


—  Séance  du  2i  août  1877.  — 


M.  Hamy  rappelle  les  observations  qu'il  a  faites  sur  les  trois  races  distinctes 
qui  occupent  l'île  de  Vancouver.  Leur  langage,  ainsi  que  le  type  des  défor- 
mations que  présentent  leur  crâne,  sont  essentiellement  différents. 


Dr    1IAMY.    —    SUB    LES   DÉFORMATIONS   CRANIENNES  099 

Ces  diversités  de  type  confirment  les  assertions  émises  par  M.  Lagneau  sur 
les  modifications  qu'offrent  1rs  déformations  crâniennes  de  tribu  à  tribu. 

DISCUSSION 

M.  Lagneau  :  Gratiolel  avail  déjà  remarque  que  la  coutume  des  déformations 
crâniennes  se  montre  souvent  chez  des  peupl> is  mêlés,  de  races  différentes,  les 
anciens  habitants  vaincus  cherchant  à  ressembler  à  leurs  vainqueurs.  Nos 
populations  fournissent  quelques  exemples  venant  corroborer  cette  remarque. 
La  déformation  Toulousaine  s'observe  dans  une  région  où  se  sont  mêlés  d'une 
part  des  Aquitains,  aux  crânes  brachycéphales,  comme  ceux  de  certains  reli- 
gieux d'un  couvent  de  Toulouse,  dont  M.  Pruner-Bey  a  donné  les  indices 
crâniométriques  (1)  ;  d'autre  part  des  Volkes,  assez,  généralement  regardés, 
depuis  les  recherches  d'Amédée  Thierry  (2),  comme  ayant  une  origine  belge, 
il  étant  dolichocéphales;  origine  belge  qui  d'ailleurs  semble  trouver  un  appui 
dans  la  remarque  faite  par  saint  Jérôme  relativement  aux  Galates  d'Asie- 
Mineure,  parlant  la  môme  langue  que  lesTrévères...  propriam  linguam  eamdem 
pêne  habere  quam  Treveras  (Comm.  in  episi  ad  Galates,  t.  IV,  p.  255,  in-fol. 
1700.)  En  effet,  au  nombre  des  Galates  d'Asie  se  trouvaient  des  Tectosages, 
fraction  émigrée  des  Volkes  Tectosages  des  environs  de  Toloza,  Toulouse,  et 
les  Trévères,  anciens  habitants  de  Trêves,  étaient  des  Germains  comme  la 
plupart  des  Belges. 

La  déformation  crânienne  que  M.  Lunier  a  observée  dans  le  département 
des  Deux-Sèvres,  se  montre  également  dans  un  pays  où  deux  races  se  sont 
trouvées  en  présence.  Aux  Celtes  vinrent  se  mêler  des  Sarmates,  des  Théiphales, 
dont  la  notice  des  dignités  de  l'empire  d'Occident  et  Grégoire  de  Tours  signalent 
la  présence;  dont  Tiffauges,  sur  la  Sèvre  nantaise,  rappelle  encore  le  nom. 
(Notit.  Dign.  imp.  Rom.  t.  II,  ch.  xl,  p.  122,  éd.  de  Bœking,  1853.  — 
Gr.  de  Tours  :  Hist.  ecclés.  Francor.,  t.  II,  1.  iv,  et  xvm,  p.  54  et  1.  v, 
ch.  vu,  p.  194,  texte  et  trad.  de  Guadet  et  Taranne.) 

En  Belgique,  où  Bodin  a  signalé  également  l'ancien  usage  d'allonger  artifi- 
ciellement la  tête  des  enfants,  à  l'élément  celtique  brachycéphale,  est  venu 
s'ajouter  également  l'élément  germanique  septentrional,  les  Belges  d'outre- 
Bhin.  (Bodin  :  Method.  ad  facilem  historiarum  cognitionem,  p.  147,  Amstelo- 
dam.  1050.) 

M.  Broca  rappelle  que  dans  son  plaidoyer  pro  Fontio  dans  le  cours  duquel 
il  est  fait  allusion  à  la  population  Toulousaine,  Cicéron  la  désigne  sous  la 
dénomination  de  Belgii. 

M.  Lagneau  dit  que  M.  Hamy  en  signalant  l'élévation  de  l'indice  crâniorné- 
trique  moyen  de  -,'„*-  chez  les  squelettes  des  cimetières  mérovingiens  et  pro- 
gressivement de  ^  à  ™  chez  ceux  d'époques  plus  récentes,  met  à  même  de 
reconnaître  l'immixtion  de  plus  en  plus  complète  des  immignés  d'outre-RMn 
dolichocéphales  de  grande  taille,  de  race  germanique   septentrionale,  avec  les 

(1)  Prunbr-Bby  :  Crânes  Toulousains  -.Bull,  de  la  Gaz.  d'Anthrop.,  2«  édit.,  t.  III,  p.  37  et  1868. 

(2)  Au.  Thierry  :  Hist.  des  Gaulois.  Introduction,  p.  36,  39,  édit.  1862. 


"00  ANTHROPOLOGIE 

anciens  habitants  du  pays,  brachycéphales,  de  petite  taille,  de  race  celtique.  Malgré 
ce  mélange  de  plus  en  plus  intime,  il  est  bon  de  remarquer  que  la  présence 
des  descendants  des  immigrés  d'outre-Rhin  ou  d'outre-mer  se  manifeste  encore 
actuellement  par  la  faible  proportion  d'exemptés  du  service  militaire  pour 
défaut  de  taille  et  par  une  notable  proportion  de  recrues  de  haute  stature  dans 
la  Normandie,  comparée  à  nos  provinces  du  centre  et  du  nord-ouest  princi- 
palement peuplées  par  des  habitants  de  race  celtique. 

Selon  notre  collègue,  les  descendants  des  immigrés  saxons  et  normands 
seraient  restés  encore  assez  purs  dans  certaines  localités.  Je  rappellerai  que 
sur  la  côte  du  Bessin  anciennement  des  Saxons  semblent  s'être  établis  dans  les 
pays  du  Baiocasses.  11  en  est  plusieurs  fois  parlé  par  Grégoire  de  Tours  à  pro- 
pos des  guerres  des  Francks  et  des  Bretons,  à  l'époque  mérovingienne.  Le 
nom  d'Oistreham  et  quelques  autres  d'apparence  germanique  rappelleraient  la 
présence  de  ces  Saxons,  paraissant  toutefois  assez  mêlés  avec  les  habitants 
antérieurs  de  cette  région.  (Grégoire  de  Tours,  Hist.  Francorum,  liv.  V, 
ch.  xxvii,  liv.  X,  ch.  ix,  Epilomata  lxxx). 


M.  le  JT  aiBEET 

Du  Havre. 


PRÉSENTATION  D'ENFANTS  A  CRANE  DÉFORMÉ. 

(EXTRAIT  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  23  août  1877.  — 

M.  Gibert  présente  à  la  Section  un  enfant  âgé  de  seize  mois,  atteint  de  ra- 
chitisme, dont  le  système  osseux  a  perdu  sa  consistance  normale  et  dont  le 
crâne  affecte  la  déformation  signalée  par  M.  Parrot  comme  caractéristique  de  la 
syphilis  héréditaire.  Or,  point  important  à  noter,  dans  les  circonstances  spécia- 
les où  se  trouve  le  petit  malade  de  M.  Gibert,  «  toute  supposition  de  syphilis 
doit  être,  déclare-t-il,  éliminée  en  raison  des  antécédents  » 

La  mensuration  crânienne  donne  les  proportions  suivantes  : 

F.  P'.   148 
F'    P.  160 

Ni  les  muqueuses  ni  la  peau,  ajoute  M.  Gibert,  ne  portent  aucune  trace  de 
syphilis.  Il  ne  semble  pas  aussi  facile  que  l'avance  M.  Parrot  d'établir  sur  le 
vivant  en  se  fondant  sur  le  mode  des  déformations,  un  diagnostic  différentiel 
précis  entre  un  crâne  syphilitique  et  un  crâne  rachitique.  Sur  des  os  à  l'état 
sec,  il  serait  intéressant  de  déterminer  par  des  signes  positifs  la  même  dis- 
tinction. 

DISCUSSION 

M.  Broca  :  Les  observations  de  M.  Parrot  ont  trait  plutôt  à  lastructure  du 
crâne  qu'à  la  conformation  dans  l'enfance- 


Dr   GIRRRT.    —   PRÉSENtATION    D'ENFANTS    \   CRANE   DÉFORMÉ  701 

Je  nie,  pour  mon  compte  que  le  rachitisme  soit  autre  qu'un  défaut  de  nutri- 
tion du  tissu  osseux.  Je  partage,  par  conséquent,  à  cet  égard  les  opinions 
émises  par  M.  Parrot. 

Quant  à  la  conformation  du  crâne,  elle  dépend  de  deux  choses.  Ces  deux 
choses  sont  la  pression  exercée  par  l'encéphale,  dans  son  développement,  la 
résistance  de  la  paroi  osseuse. 

Lorsque  par  suite  de  la  soudure  pathologique  ou  congénitale  de  la  suture 
coronale,  les  parois  du  crâne  résistent  à  l'excès,  le  cerveau  comprimé,  ne  se 
développe  pas,  ou  bien  se  développe  avec  irrégularité,  et  le  sujet  court  risque 
de  rester  idiot. 

Chez  l'enfant  qui  a  été  l'objet  de  la  présentation  de  M.  Gibert,  le  volume  de 
la  tête  est  considérable.  Le  rachitisme  a  ramolli  les  parois  du  crâne  :  condi- 
tion qui  a  permis  à  l'encéphale  d'acquérir  un  développement  excessif. 

L'hypothèse  d'une  exagération  de  volume  de  nature  hydrocéphalique  doit  être 
éliminée.  Le  défaut  de  résistance  des  parois  crâniennes,  en  effet,  varie  sen- 
siblement selon  les  points  de  la  surface  où  l'on  cherche  à  l'apprécier,  Or,  cette 
inégalité  crânienne  est  une  des  circonstances  les  plus  favorables  au  dévelop- 
pement de  la  plagiocéphalie  ;  et  la  plagiocéphalie  est  parvenue,  ici,  à  son  su- 
prême degré.  Le  crâne  de  cet  entant  est  oblique  ovalaire,  et  l'inégalité  de  dé- 
veloppement est  visible  aussi  bien  sur  la  face  que  sur  le  crâne.  Bref,  la  défor- 
mation offre  tous  les  caractères  de  celles  que  le  rachitisme  produit.  L'ins- 
pection de  ce  crâne  aurait  donc  pu  suffire  à  établir  le  diagnostic  de  la  maladie 
dont  le  sujet  a  été  affecté. 

Diminution  irrégulière  de  la  résistance  de  la  paroi  osseuse,  continuation  de 
la  poussée  cérébrale,  plagiocéphalie  consécutive,  telle  a  été  l'évolution  de  la 
déformation  crânienne  de  l'enfant  que  M.  Gibert  a  présenté. 

M.  Parrot:  Des  constatations  auxquelles  je  viens  de  me  livrer  sur  cet  enfant, 
il  résulterait  qu'il  pourrait  bien  être  classé  parmi  les  rachi tiques  syphilitiques. 
Ainsi  que  M.  Broca,  je  pense  qu'il  y  a  lieu  d'éliminer,  dans  l'espèce,  l'hypo- 
thèse d'une  hydrocéphalie. 

La  conformation  de  ce  crâne  et  celle  que  l'hydrocéphalie  implique  n'ont  rien 
de  commun. 

Arrêt  de  nutrition,  le  rachitisme  est  caractérisé  par  l'exagération  ou  l'insuf- 
fisance du  développement.  11  peut  se  produire  au  sein  des  meilleures  conditions 
d'hygiène,  de  salubrité  et  d'alimentation  ;  de  même  que  les  conditions  inverses 
les  plus  défectueuses  peuvent  fort  bien  demeurer  insuffisantes  à  en  provoquer 
l'éclosion.  En  un  mot,  bien  qu'on  en  ait  dit,  le  rachitisme  n'est  pas  une 
affection  que  l'on  puisse  susciter  dans  l'organisme,  à  volonté.  Loin  de  là,  il  y 
a,  dans  sa  genèse,  une  circonstance  qui  nous  échappe. 

Mais  d'autre  part,  la  syphilis  osseuse  appelle,  si  l'on  peut  s'exprimer  ainsi, 
le  rachitisme  et  en  suscite  l'évolution.  Seulement,  ce  que  le  rachitisme  ne  pro- 
duit jamais,  c'est  cette  multitude  d'ostéophytes  qui  sont  le  propre  de  la  lésion 
syphilitique  osseuse.  Or,  il  m'a  semblé  percevoir  sur  les  bosses  crâniennes  de 
l'enfant  qui  vient  d'être  présenté  des  saillies  indiquant  l'existence  de  semblables 
ostéophytes.  Voilà  pourquoi  j'hésite  à  le  déclarer  indemne  de  toute  atteinte 
syphilitique. 


702  ANTHROPOLOGIE 

Quant  à  la  plagiocéphalie,  sa  cause  principale  tient  à  l'habitude  du  décubitus 
sur  l'un  ou  l'autre  côté;  et  la  déformation  occupe  constamment  le  point  de 
la  boîte  osseuse  du  crâne  dont,  par  suite  de  la  compression,  la  nutrition  a  été 
entravée. 

Chez  cet  enfant,  la  plagiocéphalie  me  paraît  reconnaître  l'origine  que  j'indi- 
que unie  à  l'influence  du  rachitisme. 

M.  Gibert  présente  un  second  enfant  dont  le  crâne  porte  la  déformation 
natiforme  décrite  par  M.  Parrot. 

Le  squelette  de  cet  enfant  qui  est  âgé  de  onze  mois  et  est  notoirement  syphi- 
litique, n'offre,  par  ailleurs,  aucune  déformation . 


M.   DE    QÏÏATREEAGES 

embre  dû  l'Institut,  Professeur  au  Muséum. 


L'EXPOSITION     DES    SCIENCES     ANTHROPOLOGIQUES. 


—  Séance  du  3o  août   18'". 


M.  J.  MAGENS  MELLO 

Membre  de  la  Société  géologique  de  Londres. 


LES  CAVERNES  QUATERNAIRES  DE  CRESWELL  (ANGLETERRE) 


—  Séance  du  28  août  1877.  — 


M.  le  Président  de  l'Association  française  m'a  fait  l'honneur  de  m* in- 
viter à  vous  parler  de  l'exploitation  des  cavernes  de  Creswell  en 
Angleterre,  à  laquelle  j'ai  pris  part  pendant  ces  trois  dernières  années, 
cette  exploitation  dont  les  résultats  ont  une  très-grande  importance  à 
cause  de  la  lumière  qu'ils  ont  jetée  sur  l'homme  quaternaire  dans  la 
Grande-Bretagne.  Si  je  ne  m'explique  pas  très-facilement  en  français,  j'es- 
père que  vous  me  le  pardonnerez,  car  je  ne  suis  pas  accoutumé  à  écrire 
en  français  et  j'ai  eu  très-peu  de  temps  pour  préparer  ces  notes. 

Les  cavernes  de  Creswell  sont  situées  dans  une  ravine  du  même  nom, 
dans  le  comte  de  Derbyshire;  il  y  en  a  quatre  ou  cinq  dont  nous  avons 
exploités  les  trois  plus  grandes,  le  Trou  de  l'Épingle  (Pin  hole),  la  ca- 
verne de  Robin  Hood  et  le  Trou  de  l'Église.    Les  deux  premières  ont 


MAGENS    MELLO.    —    CAVEKNES   QUATEUNA1KKS    DE   CHESWELL  703 

leurs  ouvertures  tournées  vers  le  sud:  le  Trou  de  l'Église,  qui  est  de  l'autre 
côté  du  ravin,  ouvre  vers  le  nord.  Elles  ne  sont  pas  très-grandes;  celle 
de  Uobin  Hood  contient  plusieurs  petites  chambres  et  les  deux  autres 
ne  sont  que  des  crevasses  dans  le  rocher  qui  est  un  calcaire  permien. 

C'est  au  printemps  de  1875  que  je  fus  saisi  de  l'envie  de 
faire  des  fouilles  dans  ces  cavernes,  ayant  l'idée  que  j'y  trouverais  des 
ossements  de  la  période  quaternaire,  sinon  des  outils  de  l'homme  primitif; 
je  fus  assez  heureux  pour  rencontrer  tout  de  suite  dans  le  Trou  de 
l'Épingle  les  os  du  grand  bœuf  (bos  primigenius)  et  ceux  de  la  hyène 
et  de  quelques  autres  animaux  quaternaires;  j'ai  eu  l'honneur  de  mon- 
trer dans  votre  admirable  exposition  géologique  les  dessins  de  ces  osse- 
ments. Je  ne  parlerai  pas  de  ces  animaux  maintenant,  parce  que 
j'espère  avoir  l'occasion  de  dire  quelque  chose  à  leur  sujet  dans  la 
section  de  géologie.  Dans  le  Trou  de  l'Épingle,  nous  n'avons  pas 
trouvé  de  traces  de  l'homme  quaternaire. 

Quand  je  fis  ma  première  découverte,  j'invitai  mon  ami  le  professeur 
W.  Boyd  Dawkins  à  prendre  part  avec  moi  à  l'exploration  des  ca- 
vernes, et  en  1876  nous  avons  formé  un  petit  comité  pour  trouver  un 
peu  de  cet  argent  qui  est  si  nécesssaire  si  l'on  veut  faire  quelque 
chose  dans  nos  pays  civilisés,  et  nous  avons  fouillé  complètement  les 
cavernes  de  Kobin  Hood  et  de  l'Église. 

Dans  la  première  il  y  a  plusieurs  chambres  mais  elles  sont  toutes 
assez  petites;  la  principale  n'a  qu'à  peu  près  70  pieds  anglais  de  lon- 
gueur et  est  aussi  très-étroite.  Les  couches  dans  cette  caverne  et  aussi 
dans  le  Trou  de  l'Église  sont  si  semblables  les  unes  aux  autres  qu'une 
description  générale  suffira  pour  les  deux  grottes. 

En  commençant  en  bas  nous  avons  premièrement  le  sol  décomposé  de 
la  caverne  formé  d'un  sable  blanc  calcaire,  plein  de  morceaux  cassés 
du  rocher.  Nous  n'y  avons  rien  trouvé.  Sur  ce  sol  il  y  a  dans 
toutes  les  cavernes  une  couche  de  sable  rouge,  avec  lequel  se  trouve  un 
peu  d'argile  rouge  dans  la  grotte  de  Robin  Hood.  C'est  dans  cette 
couche  que  nous  avons  découvert  les  premières  traces  de  l'homme, 
avec  les  os  et  les  dents  des  animaux  quaternaires.  Ici  se  trouvent  des 
os  de  bison,  de  renne,  de  cheval,  de  rhinocéros  tichorhinus,  de 
la  hyène  et  aussi  des  outils  de  pierre,  mais  des  outils  d'un  type 
extrêmement  rude,  faits  des  cailloux  de  quartzite  qui  sont  dérivés  du 
grès  bigarré  qui  est  assez  abondant  dans  le  voisinage.  Ces  outils 
sont  presque  informes  et  rudimentaires ,  quelques  éclats  seulement  ont 
été  enlevés  des  cailloux  et  voilà  des  instruments,  des  hachettes,  des 
percuteurs,  des  couteaux  et  des  grattoirs,  avec  lesquels  ces  hommes  pri- 
mitifs luttaient  contre  les  bêtes  féroces,  et  dont  ils  se  servaient  pour 
toutes  les  opérations  de  leur  vie  simple  et  inculte.  Comme  caractères  ces 


704  ANTHROPOLOGIE 

outils  de  quartzite,  parmi  lesquels  il  s'en  trouve  aussi  quelques-uns  de 
chalybite  et  de  diorite  (?)  sont  semblables  à  ceux  du  Moustier  et  de  la  Made- 
laine  et  aussi  à  ceux  de  Saint-Acheul  qui  ont  été  décrits  par  votre  illustre 
compatriote  M.  Bouclier  de  Perthes.  M.  le  professeur  Boyd  Dawkins 
a  remarqué  que  des  instruments  de  quartzite  quaternaire  ont  été  trouvés 
dans  le  diluvium  de  Toulouse  et  aussi  dans  la  vallée  du  Nerbuda  dans 
les  Indes.  Les  outils  de  silex  commencent  à  être  trouvés  seulement 
dans  la  partie  la  plus  haute  de  la  couche  de  sable  rouge,  ils  sont  assez 
rares,  en  petits  éclats  seulement  ;  c'était  la  première  découverte  d'une 
nouvelle  matière,  une  matière  néanmoins  qui  devait  bientôt  exclure  les 
cailloux  non  travaillés.  Dans  la  couche  au-dessus  du  sable  rouge  de  ces  ca- 
vernes il  y  avait  une  couche  de  terre  rougeâtre  dont  la  partie  inférieure 
était  tachée  avec  des  petits  morceaux  de  calcaire,  la  partie  supérieure 
était  un  peu  moins  rouge  et  manquait  de  ces  petits  débris  de  calcaire.  Dans 
ces  deux  couches  les  outils  de  silex  sont  beaucoup  plus  abondants  et  ils 
sont  aussi  d'un  type  moins  rudimentaire.  Nous  avons  trouvé  ici  des  outils 
de  silex,  des  têtes  de  lances  et  des  alênes  assez  bien  formées  et  semblables 
à  celles  qui  ont  été  trouvées  en  Angleterre  dans  la  grotte  Kents-Hole  en 
Devonshire,  Wokey  Hole  dans  Somersetshire  et  qu'on  peut  mettre  en 
comparaison  avec  les  outils  du  type  de  Solutré,  selon  M.  Gabriel 
de  Mortillet.  Avec  ces  outils  de  silex  bien  taillés  nous  avons  aussi 
trouvé  quelques  outils  formés  d'andouillers  de  renne  et  d'os  de  lièvre. 
Parmi  ceux-ci  il  y  a  une  aiguille  parfaite,  des  alênes,  des  pointes  de 
flèches  et  d'autres  objets.  C'est  parmi  ces  outils  de  silex  et  d'os  de 
la  couche  de  terre  de  la  caverne  que  la  découverte  la  plus  importante  a  été 
faite,  sur  des  morceaux  d'os  trouvés  dans  cette  couche,  j'ai  reconnu  des 
lignes  faiblement  taillées,  nous  les  avons  examinées  en  pleine  lumière  et, 
Messieurs,  vous  pouvez  concevoir  notre  bonheur,  quand  nous  reconnûmes 
la  figure  d'une  tête  et  des  épaules  de  cheval  parfaitement  distinctes,  et 
bien  dessinée,  avec  la  crinière  élevée  si  bien  connue  par  les  gravures  de 
même  nature  qui  ont  été  trouvées  dans  les  cavernes  delà  Dordogne,  de  la 
Belgique  et  du  Resserloch  en  Suisse,  mais  qui  avant  cette  découverte 
à  Creswell  n'avaient  pas  encore  été  trouvées  en  Grande-Bretagne; 
je  n'insisterai  pas  sur  la  valeur  de  cette  découverte,  mais  je  crois  bien 
que  vous  reconnaîtrez  que  nous  avons  maintenant  ce  dont  nous  manquions 
auparavant ,  la  preuve  positive  que  l'homme  chasseur  et  pêcheur  de  la 
Dordogne,  l'homme  quaternaire,  sauvage  mais  pas  tout  à  fait  inculte,  pas 
tout  à  fait  sans  connaissances  des  arts  et  allié  peut-être  aux  Esquimaux 
d'aujourd'hui  qui  parcoururent  le  continent  de  l'Europe  occidentale  n'était 
pas  un  étranger  en  Angleterre.  Des  Pyrénées  dans  le  sud,  parmi  les  forêts 
de  la  Suisse,  la  Erance,  l'Allemagne  jusqu'au  milieu  de  l'Angleterre, 
il   disputait    la    possession   du    sol   aux    hyènes,    aux  ours,    aux  lions 


M.VOENS    MELLO.    —    CAVERNES    QUATERNAIRES    DE    CRESWELL  705 

et  même  à  ce  terrible  animal  le  machairodus  latidens,  dont  nous  avons 
trouvé  une  déni  à  Creswell  et  il  chassait  les  chevaux,  les  mammouths, 
les  rennes,  les  rhinocéros  et  les  lièvres  et  trouvait  un  abri  contre  les 
rigueurs  du  ciel  dans  des  grottes  comme  celles  de  Creswell. 

Je  dois  dire  en  concluant  que  nous  avons  trouvé  au-dessus  de  cette 
couche  de  terre  de  grotte  que  je  viens  de  décrire  une  brèche  formée  de 
débris  de  calcaire  cimentés  par  la  stalagmite  et  qui  renfermait  des  outils 
de  silex  des  dents  et  des  os  d'animaux  quaternaires  semblables  à  ceux 
delà  couche  inférieure.  Sur  cette  brèche  était  une  couche  de  terre  noire 
contenant  des  objets  d'art,  des  broches  de  bronze  et  quelques  autres 
preuves  que  les  cavernes  étaient  occupées  par  les  Bretons,  pendant  cette 
période  troublée  et  peu  connue  comprise  entre  les  cinquième  et  sixième 
siècles  quand  les  Romains  avaientenlevé  leurs  bijoux  de  la  Grande-Bretagne 
et  les  habitants  des  villes  en  partie  civilisés  par  leurs  conquérants  furent 
chassés  par  les  invasions  successives  des  tribus  Teutonnes  et  forcés  de  se 
réfugier  dans  les  grottes  et  dans  les  forêts.  Voici,  Messieurs,  en  peu  de 
mots,  l'histoire  des  cavernes  de  Creswell.  Vous  me  permettrez  encore 
d'ajouter  que  les  détails  de  nos  fouilles  sont  publiés  dans  les  comptes 
rendus  delà  Société  géologique  de  Londres.  Je  vous  remercie,  messieurs, 
de  l'attention  avec  laquelle  vous  m'avez  bien  voulu  écouter  la  petite 
communication  que  je  viens  de  vous  faire. 


DISCUSSION. 

M.  de  Mortu.let  fait  remarquer  que  l'importante  fouille  décrite  par  M.  Mello, 
vient  confirmer,  pour  l'Angleterre,  sa  grande  division  des  temps  paléolithiques 
en  deux  périodes,  celle  où  les  instruments  en  pierre  seuls  existaient  et  celle 
où  les  instruments  en  os  sont  venus  s'ajouter  aux  instruments  en  pierre. 

Une  des  pointes  de  silex  présentées  par  M.  Mello  se  rapporte  bien  à  l'indus- 
trie solutréenne.  Elle  aurait,  été  trouvée  avec  des  instruments  en  os  et  une 
gravure.  Si  le  mélange  ne  provient  pas  d'un  remaniement  ancien  ou  récent, 
cela  ne  prouverait  qu'une  chose,  c'est  qu'en  Angleterre  l'industrie  solutréenne 
s'est  prolongée  plus  qu'en  France  et  s'est  mêlée  .à  l'industrie  magdalénienne. 


45 


706  ANTHROPOLOGIE 

M.  le  Professeur  BROCA 

Président  de  l'Association. 


SUR  LE  CERVEAU  DU  GORILLE. 


—  Séance  du  2S  août  âfi'7'7.  — 

M.  Broca  rappelle  qu'il  s'était  fait  inscrire  l'année  dernière  pour  faire 
à  la  section  d'anthropologie  une  communication  sur  le  cerveau  du 
gorille.  Etant  tombé  malade  pendant  la  durée  du  Congrès  de  Clermont- 
Ferrand,  il  ne  put  tenir  sa  promesse.  La  question  n'a  plus  aujourd'hui 
le  caractère  de  nouveauté  qu'elle  avait  alors  ;  il  pense  néanmoins  que 
l'examen  des  pièces  qui  s'y  rapportent  offre  encore  quelque  intérêt. 

Il  montre  d'abord  le  moule  du  cerveau  d'un  gorille  mâle  et  adulte 
rapporté  du  Gabon,  au  mois  de  juillet  1876,  par  M.  le  docteur  Nègre, 
médecin  de  la  marine  de  l'Etat.  Tout  ce  que  l'on  savait  jusqu'alors  sur 
le  cerveau  de  cet  animal  se  réduisait  à  quelques  notions  très-incomplètes 
et  très-imparfaites,  recueillies  pour  ainsi  dire  au  vol  par  Gratiolet,  à 
l'ouverture  du  crâne  d'un  gorille  adulte  envoyé  au  Muséum  dans  un 
tonneau  de  tafia.  Le  cerveau,  entièrement  altéré  et  réduit  à  la  consis- 
tance d'un  mastic,  tombait  en  miettes  à  mesure  qu'on  enlevait  la 
pie-mère.  Désespérant  de  conserver  cet  organe  qui  s'écroulait  sous 
ses  yeux,  Gratiolet  en  fit  aussitôt  photographier  la  face  supérieure. 

Cette  photographie,  que  M.  Broca  présente  à  la  section,  était  le  seul 
document  que  l'on  possédât  sur  le  cerveau  du  gorille,  lorsque  M.  le 
docteur  Nègre  rapporta  le  cerveau  dont  le  moule  est  mis  sous  les  yeux 
de  la  section. 

Ayant  appris  que  les  chasseurs  indigènes  venaient  de  tuer  un  gorille 
dans  les  bois,  à  une  assez  grande  distance  de  la  côte,  M.  Nègre  monta  im- 
médiatement à  cheval  pour  aller  extraire  le  cerveau  avant  l'heure  de  la  pu- 
tréfaction, si  hâtive  sous  les  tropiques.  Sous  ce  rapport,  il  réussit  à  souhait. 
Ne  disposant  pas,  ce  jour-là,  de  moyens  de  transport,  il  ne  put  emporter 
avec  lui  que  le  cerveau.  Il  déposa  le  corps  du  gorille  dans  une  fosse 
peu  profonde  creusée  à  la  hâte  et  recouverte  d'un  peu  de  terre;  mais 
lorsqu'il  revint,  quelques  jours  après,  pour  prendre  le  squelette,  il 
trouva  la  fosse  vide,  soit  que  le  corps  eût  été  dépecé  et  emporté  par 
les  animaux  carnassiers,  soit  qu'il  eût  été  enlevé  par  les  nègres.  Par 
suite  de  cette  circonstance  malheureuse,  on  ne  peut  déterminer  l'espèce 
de  l'animal.  Il  appartient  certainement  au  genre  gorille  ;  les  chasseurs 
indigènes,  qui  s'y  connaissent,  n'auraient  pu  s'y  tromper.  Il  n'y  a  dans 
cette  légion  que  deux  genres  d'anthropoïdes  :  les  chimpanzés  et  les  go- 


i»r    \:v,iu\.   —    SUR    M'    CERVEAU    DU    GORILLE  707 

pille»,  et  M.   Ne  re,  qi  itemenl   les  chimpanzés,   a    pu 

s'assurer  <in"  r''  u'étail  pas  an  chimpanzé.  C'était  «loue  un  gorille.  Quoi 
qu'il  lût  mâleet  adulte,  ;l  c'avait  pas  les  crêtes  sagittales  et  occi- 

pitales  du  lu  gorilla  savagii.  Mais  on  sait  que  le   g<  are  gorille 

comprend  une  el  p  rient  deux  autres  espèces  qui  se  distinguent 

précisément    du   gorill  par  l'absence  des  grandes  crêtes  crâ- 

niennes.  Il  serait  possible  «railleurs  que  le  gorille  <ln  docteur  Nègre  ne 
fût  pas  complètement  adulte,  quoi  qu'il  tut  (l'une  grande  taille  et  qu'il 

eÛt    Ses    qU     île    délits    il. 

Eu  tout  cas,  sou  cerveau  suffil  pour  démontrer  que  cel  animal  n'était 
pas  un  chimpanzé,  comme  l'a  supposé  M.  le  professeur  Bischoff,  de 
Munich.  M.  Broca   a    •  cette  pièce  à  la  Société  d'anthropologie 

dans  la  séance  du  3  de  toute  une   série  de  cerveau 

de  singes,  et  tout  le  m  •  e  ce  a  rveau   différail  entière- 

ment non-seulement  de  celui  des  chimpanzés,  mais  encore  de  tous  les 
cerveaux  connus.  Une  figure  représentant  la  l'ace  supérieure  de  ce  cer- 
veau a  été  publiée  avec  le  procès-verbal  de  la  séance  (li^r.  56). 


Fig.  S6. 


708  ANTHROPOLOGIE 

Quelques  semaines  plus  tard,  un  autre  cerveau  de  gorille  fut  présenté 
par  MM.  Pansch  et  Bolau  au  Congrès  des  naturalistes  et  médecins  alle- 
mands, dans  sa  49e  session,  tenue  a  Hambourg  le  20  septembre  1876. 
Cette  pièce  provenait  d'un  jeune  gorille  âgé  d'environ  6  mois,  mort  au 
Gabon,  en  captivité,  et  rapporté  en  Europe  dans  un  baril  de  rhum.  Une 
injection  de  chlorure  de  zinc  avait  été  poussée  dans  la  carotide  quelques 
heures  après  la  rnort,  de  sorte  que  le  cerveau  s'était  parfaitement  con- 
servé. Cette  pièce  l'ut  décrite  avec  soin  par  M.  Pansch,  qui  en  publia  la 
photographie.  Elle  fut  étudiée  ensuite  par  M.  le  professeur  Bischofî,  de 
Munich,  qui  la  décrivit  à  son  tour,  dans  un  mémoire  publié  au  mois  de 
mars  4877. 

M.  Bischoff  a  en  outre  représenté  les  formes  de  ce  cerveau  sur  un 
modelage  en  cire,  que  M.  Broca  a  reçu  par  voie  d'échange,  et  qu'il  pré- 
sente à  la  section. 

Ce  modelage  a  été  t'ait  delà  manière  suivante:  M.  Bischoff  a  d'abord 
fait  le  moule  en  cire  de  la  cavité  crânienne  d'un  gorille  mâle  et 
adulte;  puis  il  y  a  gravé,  en  les  grandissant  proportionnellement,  toutes 
les  saillies  et  sillons  du  petit  cerveau  du  gorille  de  Hambourg.  Il  a  voulu 
représenter  sur  ce  schéma  le  cerveau  du  gorille  tel  qu'il  est  dans  l'âge  adulte, 
mais  il  aurait  mieux  valu  s'en  tenir  à  un  moule  ou  fac  simile  de  gran- 
deur naturelle,  car  il  est  très-probable  que  chez  le  gorille,  comme  chez 
l'homme,  la  morphologie  des  lobes  et  des  circonvolutions  du  cerveau 
doit  subir,  de  la  première  enfance  à  l'âge  adulte,  des  modifications 
très-notables. 

L'influence  de  l'âge  explique  sans  doute  en  grande  partie  la  grande 
différence  qui  existe  entre  le  cerveau  du  gorille  adulte  du  docteur  Nègre 
et  celui  du  jeune  gorille  de  Hambourg,  mais  cette  différence  tient 
sans  doute  aussi  en  partie  à  l'influence  de  l'espèce,  car  tout  permet  de 
croire  que  l'animal  de  Hambourg  est  un  gorilla  savagii,  tandis  que  le 
gorille  du  docteur  Nègre  appartient  selon  toutes  probabilités  à  une  autre 
espèce. 

M.  Bischoff,  ne  tenant  pas  compte  de  la  différence  des  âges,  pense 
que  ces  deux  cerveaux  sont  trop  dissemblables  pour  provenir  d'a- 
nimaux d'un  même  genre,  et  comme  l'animal  de  Hambourg  est  certaine- 
ment un  gorille,  il  en  conclut  que  l'animal  du  docteur  Nègre  doit  être 
un  chimpanzé.  Mais  l'examen  des  cerveaux  n'autorise  pas  cette  conclu- 
sion, car  le  cerveau  de  Hambourg  est  beaucoup  plus  riche  que  l'autre  et 
beaucoup  plus  semblable  au  cerveau  compliqué  du  chimpanzé,  tandis 
que  le  cerveau  recueilli  par  M.  Nègre,  incomparablement  plus  simple 
qu'aucun  cerveau  de  chimpanzé,  présente  des  circonvolutions  pauvres, 
larges  et  très-peu  sinueuses,  qui  le  font  ressembler  autant  que  possible 
à  la  photographie  du  gorille  adulte  de  Gratiolet. 


I)1'    BROCA.    —    Sl'U    LE    CERVEAU  DU    GORILLE  "09 

M.  Broca  pense  donc  qu'il  convient  de  décrire  le  cerveau  du  gorille 
d'après  le  spécimen  rapporté  par  M.  Nègre. 

Le  poids  de  ce  cerveau,  réduit  à  23*2  grammes  après  un  séjour  de 
plusieurs  mois  dans  l'alcool,  était  certainement  plus  grand  à  l'état  frais, 
et  devait  s'élever  à  environ  360  grammes.  Le  cervelet,  quoique  grand, 
est  entièrement  couvert.  Les  hémisphères  ont  très-peu  de  hauteur,  mais  il 
est  probable  que  l'organe  s'est  aplati  par  suite  d'un  séjour  prolongé  sur 
sa  base  dans  le  fond  du  vase.  Ce  qui  frappe  au  premier  abord,  c'est  la 
largeur  et  la  simplicité  des  circonvolutions.  Aucun  anthropoïde  n'en  pré- 
sente de  pareilles,  et  le  seul  cerveau  de  singe  qui  ait  la  même  apparence 
est  celui  des  cynocéphales,  dette  ressemblance,  constatée  par  Gratiolet 
sur  le  cerveau  très-altéré  qu'il  lit  photographier,  le  conduisit  à  supposer 
que  le  cerveau  du  gorille  se  rattachait  au  type  des  cynocéphales,  et  non 
à  celui  des  chimpanzés  et  des  orangs;  mais  il  eût  conclu  autrement,  s'il 
eut  pu  se  livrer  à  une  étude  plus  complète. 

Le  cerveau  du  gorille  appartient  au  même  type  que  celui  du  chim- 
panzé et  de  l'orang;  et  ce  type  n'est  autre  que  le  type  humain. 

Si  l'on  compare  spécialement  le  cerveau  du  gorille  avec  celui  du 
chimpanzé,  on  reconnaît  que  le  volume  relatif  du  lobe  frontal  est  plus 
grand  chez  le  gorille;  que  celui  du  lobe  pariétal  est  plus  petit;  et  que 
celui  du  lobe  temporal  est  à  peu  près  le  même  dans  les  deux  cas.  Le 
lobe  occipital  que  Gratiolet  croyait  très-volumineux  chez  le  gorille,  est 
au  contraire  très-peu  développé,  car  il  est  plus  petit  même  que  celui 
de  l'orang,  et  n'est  comparable  sous  ce  rapport  qu'à  celui  de  l'homme. 
On  sait  quelle  importance  Gratiolet  accordait  à  la  position  superficielle 
ou  profonde  des  deux  premiers  plis  de  passage  qui  traversent  la  scissure 
occipitale  externe.  Lorsque  ces  plis  sont  petits,  ils  restent  cachés  dans 
le  fond  de  la  scissure;  lorsqu'ils  sont  plus  volumineux,  ils  deviennent 
superficiels,  et  le  lobe  occipital  se  trouve  ainsi  plus  intimement  lié  au  lobe 
pariétal.  Quoiqu'il  n'y  ait  pas  lieu  de  donner  à  ce  caractère  une  va- 
leur de  premier  ordre,  comme  l'a  fait  Gratiolet,  on  peut  du  moins 
s'en  servir  pour  apprécier  le  degré  de  perfectionnement  de  la  région 
occipitale  du  cerveau.  Le  second  pli  de  passage  est  profond,  c'est-à-dire 
peu  volumineux  chez  tous  les  anthropoïdes.  Mais  le  premier,  qui  est  tou- 
jours superficiel  chez  l'orang,  est  ordinairement  profond  chez  le  chim- 
panzé, sinon  sur  les  deux  côtés  à  la  fois,  du  moins  sur  l'un  des  hémi- 
sphères. Sous  ce  rapport,  le  gorille  paraît  prendre  place  entre  l'orang  et 
le  chimpanzé.  On  peut  voir,  en  effet,  sur  le  gorille  du  docteur  Nègre 
que  le  premier  pli  de  passage  est  superficiel  à  droite  et  peu  profond  à 
gauche  ;  en  outre,  sur  le  gorille  de  Hambourg,  il  est  superficiel  des 
deux  côtés,  comme  cela  a  lieu  chez  l'orang. 

La   branche  horizontale  antérieure  à  la   scissure  de  Sylvius  est  très- 


710  ANTHROPOLOGIE 

prononcée  chez  le  gorille.  Ce  caractère  est  commun  à  l'homme  et  à  tous 
les  anthropoïdes,  et  n'existe  que  chez  eux.  C'est  la  conséquence  de 
l'allongement  de  la  troisième  circonvolution  frontale  qui,  avant  de  se  por- 
ter vers  le  bas  pour  se  continuer  avec  la  troisième  circonvolution  orbitaire, 
décrit  une  sinuosité  au-dessus  de  la  partie  antérieure  du  lobe  temporal. 
Chez  l'homme,  une  seconde  sinuosité,  située  au-dessus  delà  précédente, 
donne  lieu  à  la  formation  de  la  branche  ascendante  de  la  scissure  de 
Sylvius.  Cette  branche  ascendante  existe  assez  souvent  chez  l'orang  et  chez 
le  chimpanzé.  Elle  manque  chez  le  gibbon,  et  elle  manque  aussi  chez  le 
gorille. 

En  terminant,  M.  Broca  signale  les  différences  qui  existent  entre  le 
cerveau  du  gorille  de  M.  Nègre  et  celui  du  gorille  de  Hambourg.  Sur  ce 
dernier  cerveau,  le  lobe  temporo-sphénoidal  est  relativement  beaucoup 
plus  simple  ;  les  cinq  circonvolutions  temporales  y  sont  nettement  sépa- 
rées par  des  sillons  parallèles  et  presque  rectilignes,  tandis  que  sur 
l'autre,  la  deuxième,  la  troisième  et  la  quatrième,  plus  ou  moins  confon- 
dues par  suite  de  leurs  anastomoses,  ne  sont  bien  distinctes  qu'en 
arrière.  Par  contre,  le  lobe  frontal  est  relativement  plus  petit  sur  le  go- 
rille de  Hambourg  que  sur  le  gorille  de  M.  Nègre,  ce  qui  est  dû  presque 
exclusivement  à  l'extrême  petitesse  de  la  troisième  circonvolution  frontale, 
car  la  seconde  est  beaucoup  moins  réduite,  et  la  première  est  très-déve- 
loppée  en  longueur  et  en  largeur.  Il  en  résulte  que  la  scissure  de 
Rolando  est  beaucoup  plus  oblique. 

Les  différences  qui  viennent  d'être  indiquées  n'excèdent  pas  celles  qui 
peuvent  exister  entre  deux  espèces  d'un  même  genre  ;  mais  il  est  très- 
probable  qu'elle  tiennent  surtout  à  la  différence  des  âges,  le  gorille  de 
Hambourg  étant  très-jeune,  tandis  que  celui  de  M.  le  docteur  Nègre 
est  adulte. 


M.   G.  DE  MOETILLET 

Attaché  au  Musée  des  antiquités  nationales  de  Saint-Germain. 


LE  CHRONOMÈTRE  DU  BASSIN  DE   PENHOUÈT  RÉDUIT  A  SA  PLUS  SIMPLE  VALEUR.  (1) 

(extrait  du  procès-verbal.) 


,/«  86  a  o  û  t   I S77.  — 


M.  de  Mortillet  discute  les'  conclusions  auxquelles  est  arrivé  M.  Kerviler, 
ingénieur   des  Ponts  et  Chaussées,  qui,  de  l'observation  des  fouilles  faites  au 


(1)  Voir  Revue  scientifique,  1877,  p.  248. 


SIRODOT.    —   LE   CHRONOMÈTRE    DU    DASSIN   DE   PENHOUET  711 

bassin  de  Saint-Nazaire,  a  conclu  que  le  niveau  archéologique  inférieur  de 
l'âge  du  broose  et  même  de  la  pierre  ne  remonterait  au  plus  qu'à  500  ans 
avant  mitre  ère.  En  se  basant  sur  des  considérations  de  divers  ordres,  M.  de 
Mortillet  prouve  que  Les  calculs  chronométriques  de  M.  Kerviler  ne  peuvent 
être  admis. 

DISCUSSION. 

M.  Daleau,  qui   a   beaucoup    étudié   les   dépôts   de    l'embouchure   de   la 

Garonne,  appuie  ces  conclusions.  11  a  vu  une  seule  marée  enlever  en  quelques 
instants  des  dépôts  vaseux  qui  représentent  les  trente-sept  centimètres  sécu- 
laires de  Penhouët. 

M.  Broca  insiste  sur  les  mouvements  du  sol.  11  cite  plusieurs  points  de 
nos  côtes  océaniennes,  dont  on  connaît  l'émersion  ou  l'immersion  plus  ou 
moins  considérable,  constatée  d'une  manière  certaine. 

M.  Ollier  de  Makichard  constate  que  ces  mouvements  des  côtes  se 
font  sentir  aussi  bien  sur  les  bords  de  la  Méditerranée  que  sur  ceux  de 
l'Océan. 


M.   SIRODOT 

Profession-  à  lu  Faculté  des  Bciencea  de  Hernies 


LE  CHRONOMÈTRE    DU  BASSIN  DE  PENHOUET 

(extraii) 


—  Séance  du  26  août  1877.  — 

Saint-Nazaire  se  trouvant  dans  la  circonscription  de  l'Académie  de  Rennes, 
j'ai  considéré  comme  un  devoir  la  vérification  des  faits  sur  lesquels  s'appuie 
M.  Kerviler  pour  estimer  la  durée  du  temps  pendant  lequel  se  sont  effectués 
les  dépôts  d'alluvion  qui  remplissent  l'estuaire  où  un  nouveau  bassin  est  en 
construction. 

J'ai,  plus  particulièrement,  porté  mon  attention  sur  le  fait  qui  m'a  paru  le 
plus  important,  sur  la  disposition  et  la  nature  des  couches  superposées,  en 
forme  de  plaquettes,  que  M.  l'Ingénieur  considère  comme  autant  de  dépôts 
annuels  du  fleuve  de  la  Loire. 

Les  observations  de  M.  Kerviler  ont  été  faites  au  fond  d'un  puits  qui 
était  déjà  bloqué  à  l'époque  de  ma  première  excursion  à  Saint-Nazaire  ;  mais  j'ai 
pensé  que,  avec  de  la  persévérance,  je  finirais  par  retrouver  et  étudier  sur 
place,  ces  couches  intéressantes.  Or,  voici  ce  que  j'ai  vu  et  revu,  le  dimanche 
12  août,  au  niveau  du  fond  du  bassin,  précisément  en  face  de  la  partie  du 
mur  du  quai  déjà  construite,  du  côté  de  la  Loire. 


712  ANTHROPOLOGIE 

y>  Il  existait,  sur  ce  point,  une  couche  d'une  hauteur  variable  de  0m,80 
à  i  mètre  et  Im,10,  composée  de  minces  lamelles;  chaque  lamelle  offrant 
une  partie  principale  sablonneuse  et  un  revêtement  sur  les  deux  faces  d'un 
très-mince  feuillet  de  vase  noirâtre. 

■»  Cette  couche  formée  d'assises  lamellaires  d'une  épaisseur  moyenne  de  2  à 
3  millimètres,  n'est  pas  autre  chose  que  du  gneiss  en  décomposition  avec 
infiltration  de  vase  entre  les  strates.  En  effet  : 

«  1°  La  roche  sous-jacente  est  en  gneiss  lamellaire  dont  les  strates  ont  pré- 
cisément l'épaisseur  de  la  partie  sablonneuse  des  lamelles  observées  plus  haut; 

»  2°  La  décomposition  en  lamelles  est  d'autant  moins  accusée  que  Ton  se 
rapproche  davantage  de  la  roche  non  décomposée  sous-jacente; 

»  3°  La  partie  sablonneuse  des  lamelles  est  un  mélange  de  grains  de  quartz 
et  de  feldspath  ; 

»  4°  Cette  couche  sablonneuse  des  lamelles  ne  peut  être  considérée  comme 
un  dépôt  du  fleuve,  le  sable  delà  Loire  n'étant  composé  que  de  quartz; 

»  5°  Cette  même  couche  sablonneuse  n'est  pas  un  dépôt  d'alluvion  du  fleuve 
ou  des  marées,  parce  que  les  grains  n'ont  pas  été  roulés  ;  ils  sont  très-nette- 
ment anguleux  et  leurs  arêtes  sont  vives. 

»  Je  n'ai  pu  comparer  directement  mes  échantillons  avec  ceux  observés  par 
M.  Kerviller;  mais  il  existe,  dès  maintenant,  de  fortes  présomptions  en  faveur 
de  l'identité. 

»  Il  est  certain  que  les  échantillons  présentés  à  l'Académie  des  sciences 
par  M.  Kerviler  ont  été  recueillis  au  fond  d'un  puits  à  une  petite  distance  de 
la  roche  sous-jacente  qui ,  presque  partout  est  du  gneiss ,  que  les  couches 
lamellaires  ne  se  trouvent  jamais  que  dans  le  voisinage  de  la  roche  sous-jacente. 
J'ai  porté  mes  échantillons  au  conducteur  des  travaux  qui  dirigeait  le  forage 
du  puits  au  fond  duquel  ont  été  faites  les  observations  de  M.  l'Ingénieur,  et  il 
les  a  trouvés  semblables  à  ceux  qui  ont  été  extraits  de  ce  puits. 

»  Il  sera,  du  reste,  toujours  facile  de  vérifier  si  les  lamelles  de  la  couche 
observée  par  M.  Kerviller  ne  représentent,  en  réalité,  que  du  gneiss  en  décom- 
position, à  l'aide  des  caractères  exposés  plus  haut.  Il  suffira  de  vérifier  que 
la  couche  sablonneuse  des  lamelles  est  composée  : 

»  1°  D'un  mélange  de  grains  de  quartz  et  de  feldspath. 

»  2°  De  grains  anguleux  dont  les  angles  et  les  arêtes  excluent  toute  hypothèse 
d'un  dépôt  du  fleuve  ou  des  marées. 

»  Si  la  couche  si  régulièrement  stratifiée,  observée  par  M.  Kerviler,  n'est 
que  du  gneiss  en  décomposition,  que  pourra-t-il  rester  du  fameux  chronomètre? 


CH.    T.RAT).    —    i/HOMME    PRÉHISTORIQUE    EN    ALSACE  713 

M.  Charles  GEAD 

Députe  de  Alsaee-Lorraine  au  Parlement  allemand,  Membre  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  C.olinar. 


NOTICE  SUR  L'HOMME  PRÉHISTORIQUE  EN  ALSACE. 


—  Séance  du  SS  août   /877.  — 
I. 

Aux  premiers  jours  du  mois  d'avril  1876,  l'explosion  d'une  mine  dans 
les  carrières  de  Cravanche,  exploitées  au  pied  du  Mont  de  Belfort  poul- 
ies fortifications  du  Salbert,  amena  la  découverte  d'une  série  de 
vastes  cavernes  avec  des  débris  de  l'industrie  humaine  et  des  ossements 
de  l'époque  préhistorique.  Les  cavernes  se  trouvent  disposées  le  long 
d'une  faille  au  contact  des  terrains  jurassiques  avec  des  schistes  du 
terrain  de  transition.  Elles  communiquent  les  unes  avec  les  autres  par 
des  galeries  et  des  couloirs  accidentés  et  plus  ou  moins  étroits.  En 
pénétrant  par  l'ouverture  produite  d'une  manière  tout-à-fait  inattendue 
à  la  suite  de  l'explosion,  les  ouvriers  des  carrières  y  trouvèrent  nombre 
de  squelettes  humains,  les  uns  libres,  les  autres  incrustés  dans  une 
formation  de  stalagmites,  avec  des  poteries  grossières  accompagnées 
d'instruments  en  pierre  et  en  os.  Soigneusement  recueillis,  ces  instru- 
ments et  ces  ossements  ont  été  déposés  au  Musée  de  la  ville  de  Belfort, 
à  la  demande  et  par  ordre  de  la  municipalité. 

On  pénètre  dans  la  grotte  à  travers  l'ouverture  produite  par  la  mine. 
Des  éboulements  et  des  déjections  semblent  masquer  l'entrée  primitive. 
11  y  a  trois  chambres  principales  connues  et  explorées  jusqu'à  présent  : 
mises  en  communications  par  des  couloirs  fort  resserrés,  elles  sont  très- 
accidentées.  Les  couloirs  forment  des  ramifications  nombreuses  et  se 
relient  par  des  cheminées  tellement  étroites  qu'on  ne  s'y  glisse  qu'en 
rampant  sur  le  sol.  Certaines  de  ces  cheminées  sont  à  peu  près  verti- 
cales, d'autres  plus  ou  moins  inclinées.  A  la  clarté  des  flambeaux,  les 
cavernes  présentent  un  aspect  des  plus  fantastiques.  Figurez-vous 
d'énormes  cavités  de  formes  irrégulières,  obstruées  par  des  rochers  qui 
tombent  du  plafond,  par  des  groupes  de  stalagmites  qui  se  dressent 
pareils  à  des  troncs  de  colonnes.  Sur  certains  points  les  stalagmites  du 
bas  figurent  des  piliers  ou  des  colonnes  agencées  comme  celles  de 
nos  cathédrales  gothiques.  Ailleurs  encore,  les  dépôts  calcaires  s'étendent 
et  s'étalent  comme  des  draperies  ou  de  fines  dentelures.  Dentelures  et 
draperies  continuent  à  s'allonger  sous  l'action  des  eaux  incrustantes. 

La  première  salle  ou  la  première  chambre  mesure  environ  trente 
mètres  de  longueur,  sur  une  largeur  de  10  à  12  mètres  et  une  hauteur 
de  10  mètres.  Les  autres  chambres,  à  droite  de  l'entrée  actuelle,  ont 
des  dimensions  pareilles.  Quelques-uns  des  couloirs  qui  communiquent 


714  ANTHROPOLOGIE 

avec  elles  descendent  à  des  profondeurs  inconnues.  Une  autre  caverne, 
sans  communication  avec  celles-ci,  mais  ouverte  au  dehors  et  située 
tout  près,  sur  le  prolongement  de  la  même  ligne,  a  été  transformée  en 
cave  à  bière.  On  y  a  trouvé  un  os  de  grand  animal  qui  n'a  pas  été 
conservé  et  dont  par  conséquent  je  ne  puis  indiquer  l'espèce.  Quant  à 
l'entrée  primitive  des  grottes  avec  ossements  humains,  je  ne  l'ai  pu 
découvrir  lors  de  mes  explorations.  Si  elle  n'est  pas  fermée  par  des 
éboulements,  elle  a  pu  être  comblée  aussi  par  les  alluvions  d'origine 
vosgienne  qui  s'élèvent  jusqu'à  40  mètres  au-dessus  du  village  de  Cra- 
vanche.  Notre  collègue,  M.  Parisot,  maire  de  Belfort,  qui  s'oejupe 
d'une  nouvelle  édition  à  grande  échelle  de  la  carte  géologique 
de  rurroudissenient,  ne  tardera  pas  sans  doute  à  nous  renseigner  sur  ce 
point  fort  intéressant.  Les  couches  calcaires  du  plafond  paraissent 
presque  horizontales  à  l'intérieur  des  grottes  et  ne  sont  que  faiblement 
inclinées.  La  faille  jurassique  termine  ici  les  dépôts  d'oolithe  de  l'étage 
bathonien.  Ces  dépôts  viennent  buter  contre  les  schistes  anciens  de 
transition  du  Salbert.  Ils  atteignent  une  altitude  de  450  mètres.  Le 
sommet  du  Salbert  s'élève  à  647  mètres,  soit  à  270  mètres  de  hauteur 
relative  au-dessus  de  la  vallée  de  la  Savoureuse.  Gravanche  même,  le 
village,  est  bâti  à  la  cote  de  380  mètres  entre  le  Salbert  et  le  Mont,  tous 
deux  boisés  sur  leurs  versants.  Vu  des  hauteurs  de  Mulhouse,  le  Salbert 
que  dominent  de  nouvelles  fortifications  élevées  depuis  1871,  se  dessine 
sous  l'aspect  d'une  pyramide  séparée  des  grandes  lignes  de  la  chaîne 
des  Vosges.  Tout  le  massif  consiste  en  schistes  gris,  plus  ou  moins  argileux, 
généralement  peu  consistants,  friables  à  la  surface,  alternant  par  lits  en 
feuillets  minces  avec  un  grès  fin,  schisteux,  de  couleur  olive. 

Comment  et  par  quelles  causes  les  grottes  de  Cravanche  ont  elles  été 
fermées  depuis  leur  occupation  par  l'homme?  Rien  ne  nous  permet  de 
répondre  à  ces  questions  d'une  manière  certaine.  En  dernier  lieu  les 
cavernes  semblent  avoir  servi  de  sépulture.  Les  squelettes  découverts  y 
étaient  étendus  avec  la  tête  légèrement  relevée  par  rapport  aux  autres 
ossements.  M.  Voulot  y  a  recueilli  une  quinzaine  de  crânes  conservés  au 
Musée  de  Belfort,  avec  la  plupart  des  objets  trouvés  dana  les  grottes. 
Plusieurs  squelettes  étaient  complets,  en  partie  libres,  en  pa.  tic  incrustés 
dans  le  dépôt  calcaire.  Par  places,  les  ossements  humains  tonnaient  avec 
la  roche  une  véritable  brèche  osseuse.  Outre  ces  ossements,  les  touilles 
ont  donné  une  mâchoire  de  chevreuil,  des  dents  et  des  fragments  d'un 
crâne  de  sanglier,  une  partie  de  crâne  et  des  fragments  de  bois  d'un 
grand  cerf,  plus  grand  que  notre  cerf  commun  actuel,  enfin  un  sque- 
lette complet  de  loup  encore  intact,  dont  aucun  os  n'est  brisé,  moins 
anciens  probablement  que  les  débris  humains  de  la  caverne. 

J'ai  mesuré  les  crânes  qui  ont  été  déposés  au  Musée   de  Belfort.   Ils 


CH.    GRAD.    —   L'HOMME   PRÉHISTORIQUE   EN    ALSACE  715 

proviennent  d'individus  d'âge  el   de  sexe  différents.  Leur  capacité  varie 
de  1173  à  1697  centimètres  cubes  avec  une  moyenne  de  1385  centimètres 
pour  les  huit  crânes  encore  entiers.  Presque  tous  portent  à  l'occiput  une 
protubérance  caractéristique  ;  sauf  ce  caractère  distinctif  de  la  race,  la 
tonne  de  la  tète  varie  sensiblement.  Il  y  en  a  de  dolichocéphales  et  de 
mésocépliales.  Quelques-uns  sont  fort  allongés,  d'autres  plus  courts.  Ces 
têtes  dénotent  une  race  élevée,  avec  un  front  très-liant,  un  angle  t'acia 
développé.  Plusieurs  cependant  ont  des  arcades  sourcilières  saillantes, 
•un  prognathisme  prononcé  des  mâchoires.   Toutes  les  dents  sont   larges 
et  plates,  en  parlait  état  de  conservation  sans  trace  de  carie.  Quant  aux 
os  des  membres,  ils  indiquent  des  individus  de  petite  taille.  Les  crânes 
d'enfants  manquent;  mais  il  y  a  des  côtes  et  des   vertèbres  d'individus 
peu  âgés.  .Nous  n'entrerons  pas  aujourd'hui  dans  plus  de  détails  sur  la 
race  des  hommes  de  Gravanche,  dont  M.  Broca,  professeur  de  la  faculté 
de  médecine  de  Paris  et  qui  s'est  acquis  un  grand  renom  pour  ses  travaux 
anthropologiques,  vient  de  commencer  l'étude  anatomique  avec  le  docteur 
Bernard,  un  des  premiers  explorateurs  de  la  caverne.  Peut-être  M.  Hamy 
et  M.  de  Quatrefages  donneront-ils  aussi  une  place  aux  hommes  de  Cra- 
vanche  dans  leur  description  comparée  des  races  anciennes  et  actuelles, 
dans  les  Cranta  ethnica.  Cette  étude  ne  touche  pas  seulement  l'histoire 
de  l'homme  en  Alsace  et  dans  les  Vosges  ;  mais  l'anthropologie  préhis- 
torique et  l'ethnographie  générale  de  la  France  y  ont  un  égal  intérêt. 

Parmi  les  objets  de  l'industrie  humaine   et   les   instruments   mis   au 
jour  par  les  fouilles  de  Cravanche,  on  remarque  notamment  quatre  vases 
en  terre  cuite,  des  marteaux  de  pierre,  des  couteaux  en  silex,  dont  plu- 
sieurs retaillés,  des  poinçons  en  os  et  des  lames  de  poignard;  des  lissoirs 
et  des  ustensiles  en  corne  de  cerf,    pareils   à  nos    couteaux   à  papier, 
qu'on  a  trouvés  aussi  dans  les  cavernes  de  Thaygen,  près  Schaflfhausen, 
et  dans  les  constructions  lacustres  de  la    Suisse  ;  enfin  deux  anneaux 
plats  en  serpentine  et  des  grains  de  collier,  les  uns  en  os  très-blanc  et 
très-dur,  les  autres    provenant  de  serpulcs,  d'apiocrinites   fossiles  et  de 
schiste  ardoisier,  que  nous  voyons  en  place  entre   Giromagny  et  Plan- 
cher-les-Mines,  sur  le  versant  méridional  des  Vosges.  Les  anneaux  en 
pierre,  que  certaines  personnes  ont   pris  pour  des    bracelets,   consistent 
en  deux  plaques  ovales,    allongées,  bien  polies,  épaisses  seulement  de 
quelques  milimètres,  amincies  vers  les  bords  extérieurs,   percées   d'un 
trou  circulaire,  où  un  enfant  de  dix  ans  aurait  de  la  peine  à  passer  la 
main.  Ils  mesurent  20  centimètres  en  longueur  et  ressemblent   aux  ra- 
cloirs  de  nos  tanneurs.  Parmi  les   vases  trouvés    et  que  M.   Dietrich, 
président    de    la    Société    d'émulation    du   Haut-Rhin,    a    déposés    au 
musée    de    Belfort  ,     l'un    provient    de    la     troisième    chambre,    les 
autres  de  la  première,  tout  à  côté  de  l'ouverture  actuelle  produite  par  la 


716  ANTHROPOLOGIE 

mine.  Façonnés  à  la  main,  ces  vases  ne  présentent  point  de  trace  de 
travail  au  tour.  Leur  contenance  varie  de  3  à  6  litres.  L'un  est  à  gou- 
lot, les  autres  à  ouverture  plus  large  et  à  base  arrondie,  Tous  portent  des 
anses  mamelonnées  percées  d'un  trou  pour  être  suspendus.  Sur  deux 
d'entre  eux,  il  y  a  des  ornements  en  creux.  Les  anses  ne  semblent  pas 
rapportées  après  coup  ;  mais  elles  paraissent  plutôt  enlevées  sur  la 
masse  de  terre  du  vase,  de  manière  à  former  un  tout  homogène  pétri  avec 
les  doigts. Cette  poterie  ressemble  à  celle  trouvée  dans  certaines  grottes  du 
Lot  et  aux  dolmens  du  Morbihan,  dont  M.  de  Mortillet  conserve  des  spéci- 
mens au  musée  historique  de  Saint-Germain.  Un  autre  objet  curieux  trouvé 
dans  les  fouilles  a  l'aspect  d'une  incrustation  de  natte  tressée  en  paille. 

Nous  demandons-nous  maintenant  à  quelle  époque  appartiennent  les 
squelettes  humains  de  Cravanche  ?  Nous  constatons  tout  d'abord  que  les 
grottes  paraissent  avoir  servi  de  nécropole,  de  sépulture,  en  dernier  lieu 
du  moins.  Il  est  regretlable  que  les  ouvriers  qui  découvrirent  les  ca- 
vernes et  les  villageois  qui  accoururent  à  cette  nouvelle  aient  dispersé  les 
ossements,  avant  l'arrivée  d'un  homme  de  science.  On  n'a  plus  pu  les  ob- 
server tous  dans  leur  position  naturelle  ou  primitive.  Lors  de  ma  visite 
dans  la  localité,  quelques  jours  après  la  découverte,  il  y  avait  encore  en 
place  deux  squelettes  presque  entiers,  en  partie  empâtés  dans  les  stala- 
gmites. Leur  position,  je  l'ai  dit  déjà,  était  étendue,  avec  la  tête  plus 
haute  que  les  os  des  membres.  La  présence  de  traînées  charbonneuses 
dans  la  terre  rougeâtre  et  grasse  du  sol,  et  l'aspect  calciné  de  l'un  des 
crânes,  indiquent  l'existence  d'anciens  foyers,  dont  plusieurs  points  de 
la  caverne  présentent  des  traces.  M.  Voulût,  qui  a  fait  des  fouilles  in- 
téressantes au  Mont  Vaudois,  près  Montbéliard,  dans  les  sépultures  de 
l'âge  de  la  pierre  polie,  et  qui  a  recueilli  une  partie  des  objets  conservés 
au  musée  de  Bel  fort,  croit  avoir  remarqué  à  côté  des  squelettes  des 
restes  de  dolmens.  Moi-même  j'ai  visité  les  monuments  classiques  de  la 
Bretagne,  mais  je  ne  puis  reconnaître  rien  d'analogue  dans  les  grandes 
dalles  de  Cravanche.  Ces  dalles  sont  couchées  plus  au  moins  horizonta- 
lement sur  des  blocs  plus  petits.  Elles  portent  des  traînées  de  charbons 
soit  à  leur  face  supérieure,  soit  sur  leurs  parois  internes.  Les  poteries 
trouvées  â  côté  des  tables  à  l'intérieur  de  la  grotte  et  les  instruments 
se  rapprochent  cependant  beaucoup  des  objets  rencontrés  dans  les  cons- 
tructions mégalithiques  du  Morbihan.  Les  couteaux  et  silex  ressemblent 
au  type  de  la  Madelaine  recueillis  sur  les  bords  de  la  Vézère,  dans  la 
Dordogne,  ainsi  que  les  lissoirs  en  os.  En  tous  cas,  la  station  de  Cra- 
vanche doit  être  antérieure  aux  constructions  lacustres  de  la  Suisse. 

Peut-être  la  continuation  des  fouilles  nous  procurera  des  objets  sus- 
ceptibles de  mieux  préciser  la  date  à  laquelle  ont  vécu  les  hommes  de 
Cravanche.  Jusqu'à  présent  ces  cavernes   n'ont  pas   fourni  d'instrument 


cil.    GRAD.    —   L'HOMME   PRÉHISTORIQUE    l\     ULSACE  7 1  "7 

gravé  comme  ceux  trouvés  dans  d'autres  localités  de  la  France.  Les 
ossements  d'animaux  sonl  également  rares;  mais  suivant  toute  proba- 
bilité on  en  trouvera  encore  sous  le  dépôt  de  stalagmites.  On  ne  saurait 
trop  engager  la  société  d'émulation  belfortaine  de  reprendre  ou  de  con- 
tinuer les  touilles.  In  l'ail  certain  «'est  que  le  renne,  l'aurochs  et  le 
bison,  l'élan  et  le  grand  cerf  vivaient  alors  dans  le  pays.  Ces  animaux 
s'éteignirent  peu  à  peu  et  ne  disparurent  qu'à  une  époque  récente.  Le 
renne  dont  nous  avons  trouvé  les  débris  en  différents  points  des  bords 
du  Rhin,  vivait  encore  ici  à  l'arrivée  des  Romains.  César  le  décrit  en 
termes  non  équivoques  au  chapitre  XXVI,  livre  VI  des  Commentaires  sur  la 
guerre  des  Gaules,  comme  un  habitant  de  la  foret  Hercynie,  —  On 
trouve  dans  celte  forêt,  dil  le  grand  historien,  un  bœuf  figure  de  cerf,  auquel 
il  sort,  du  milieu  du  front,  entre  les  deux  oreilles,  une  corne  plus  élevée 
et  plus  droite  que  celles  que  nous  connaissons;  du  sommet  de  cette  corne 
partent,  en  forme  de  palmes,  des  anneaux  très-étendus.  Huant  à  l'au- 
rochs et  au  bison.  Charlemagne  les  a  chassés  dans  les  forêts  des  Vosges  en 
805,  à  son  retour  de  la  guerre  de  Bohême.  Puislepoëme  des  Nibelungen 
dont  nous  avons  plusieurs  versions  datant  du  treizième  siècle,  vante  les 
exploits  de  Siegfrid  le  fort,  qui  tua  dans  une  de  ses  chasses  avec  Gun- 
ther,  roi  des  Burgondes,  un  élan,  un  bison  et  quatre  aurochs  ; 

Dar  noch  schluog  er  schiere  einen  Wisent  unde  Elch 

Starker  Ure  viere  and  einen  grîmmen  Schelch. 
La  forme  des  instruments  ne  peut  fixer  d'une  manière  entièrement 
certaine  l'époque  de  leur  fabrication.  Jamais  je  n'ai  pu  admettre  les  divi- 
sions tout-à-fait  arbitraires  d'âge  du  mammouth,  d'âge  de  l'ours,  d'âge 
du  renne,  proposées  si  souvent  pour  les  premiers  temps  de  l'humanité. 
A  mesure  que  les  observations  et  les  découvertes  se  multiplient,  nous 
constatons  que  le  renne,  l'ours  des  cavernes  et  le  mammouth  ont  vécu  en- 
semble dans  nos  contrées.  Leurs  débris  fossiles  se  trouvent  réunis 
dans  les  mêmes  couches  du  sol.  Depuis  le  remplissage  des  cavernes  et 
depuis  la  formation  des  alluvions  anciennes  ou  des  dépôts  quaternaires, 
les  changements  survenus  à  la  surface  de  la  terre  ont  plutôt  amené 
l'extinction  d'espèces  nouvelles  déjà  existantes  que  la  création  d'es- 
pèces nouvelles.  Les  explorations  de  Lartet  et  de  Christy  dans 
le  midi  de  la  France  rendent  témoignage  de  ce  fait,  ainsi  que 
de  récentes  découvertes  dans  les  alluvions  anciennes  du  Rhin  aux 
environs  de  Mayence.  Tout  récemment  encore  on  a  cru  reconnaître  dans 
les  dépôts  de  la  caverne  de  Thayngen,  dans  le  canton  suisse  de  Schaff- 
hausen,  deux  formations  d'époques  distinctes,  à  cause  de  la  différence  des 
couches.  Mais  cette  différence  consistait  seulement  dans  la  coloration  des 
dépôts,  les  mêmes  espèces  fossiles  se  trouvant  également  dans  les  deux 
couches.  Le  professeur  Rutimeyer,  de  Bâle,  a  reconnu  parmi  ces  espèces 


718  ANTHROPOLOGIE 

le  lion  des  cavernes,  le  mammouth,  l'urus  et  le  rhinocéros,  espèces 
aujourd'hui  éteintes  ;  le  renne,  le  glouton  et  le  renard  polaire,  qui  ont 
émigré  vers  le  pôle  Nord;  le  wapiti  et  le  canis  lagopus,qui  existent  en- 
core en  Amérique  ;  l'aurochs,  le  cerf  élaphe  et  l'oie  sauvage  qui  se 
trouvent  dans  les  pays  voisins  en  Europe  ;  le  chamois,  le  bouquetin, 
la  marmotte,  le  lynx,  l'ours,  le  chat  sauvage,  le  loup,  le  renard,  le  lièvre, 
l'aigle  pêcheur,,  le  cygne,  le  corbeau,  qui  se  sont  retirés  dans  les  Alpes 
ou  qui  restent  dans  le  pays  environnant.  A  Cravanche  nous  n'avons  encore 
trouvé  que  quelques  espèces,  mais  les  fouilles  sont  commencées  à  peine 
et  n'oublions  pas  que  les  ossements  fossiles  de  Thayngen  proviennent  en 
majeure  partie  de  sous  le  dépôt  de  stalagmites. 

II 

Si  l'entrée  primitive  des  grottes  de  Cravanche  était  fermée  par  les 
dépôts  d'alluvions  anciennes  venues  des  Vosges,  et  non  par  des  éboule- 
ments  de  la  voûte  on  pourrait  bien  reporter  l'époque  à  laquelle  ont 
vécu  les  hommes,  dont  nous  y  trouvons  les  restes,  à  uue  date  assez 
rapprochée  sinon  contemporaine  des  anciens  glaciers  de  nos  montagnes. 
L'homme  fossile  signalé  par  le  docteur  Faudel  dans  le  lehm  d'Eguisheim, 
ainsi  que  celui  découvert  à  Lahr,  sur  la  rive  badoise  du  Rhin,  en  tous 
cas  datent,  suivant  toute  probabilité,  de  l'époque  glaciaire.  Les  fossiles 
humains  d'Eguisheim  consistent  en  deux  fragments  de  la  tète,  un  os 
pariétal  et  un  frontal,  associés  avec  des  restes  de  mammouth,  de  bison, 
de  cheval,  de  grand  cerf.  Tout  récemment,  le  professeur  Ecker,  de 
l'Université  de  Fribourg,  a  décrit  aussi  une  collection  d'objets  en  silex 
et  en  jaspe,  trouvés  avec  des  ossements  et  des  bois  de  renne  travaillés 
de  main  d'homme.  Ces  objets  proviennent  du  lehm  de  Munzingen, 
près  Fribourg,  au  même  niveau  où  furent  découverts  les  fossiles  hu- 
mains de  Lahr,  dans  les  parois  d'un  ravin,  près  du  cours  de  ia  Schutter. 

A  Eguisheim  comme  à  Lahr,  les  fossiles  humains,  dont  nous  venons 
de  parler,  ont  été  recueillis  en  place  dans  un  sol  non  remanié,  enclavés 
dans  le  lehm  encore  adhérent  à  leur  surface.  Les  ossements  de  Lahr 
se  sont  présentés  en  saillie  sur  les  parois  d'un  ravin,  placés  horizonta- 
lement, mais  non  dans  la  position  d'un  cadavre  enterré  à  cet  endroit. 
Les  fragments  de  crâne  humain  d'Eguisheim  et  les  ossements  de  mam- 
mifères d'espèces  éteintes  ou  disparues  qui  les  accompagnent  indiquent 
un  même  étal  de  conservation.  Sur  les  deux  points,  en  Alsace  et  dans 
le  pays  de  Bade,  on  a  recueilli  avec  les  fossiles  humains  les  coquilles 
fossiles  caractéristiques  du  lehm  :  Hélix  hispida,  Pupa  muscorum, 
Succinca  oblonga. Provenant  d'un    sol   non  remanié,  ements   de 

Lahr  et  d'Eguisheim  doivent  avoir  été  enfouis  dans  ce  dépôt  lors  de  sa 
formation,  ainsi  que  les  produits  de  l'industrie  humaine,  les  ossements 


CH.    GRAD.    —   L'HOMME    PRÉHISTORIQUE    EN    ALSACE  719 

et  les  bois  de  renne  travaillés,  les  objets  en  silex  et  en  jaspe,  accom- 
pagnés de  pestes  de  tessons,  de  Munzingeh,  dans  les  terrasses  de  lehm  du 
Kayserstuhl.  Toul  concourl  à  indiquer  la  contemporanéité  de  ces  objets 
et  de  ces  fossiles  du  lelmi. 

La  formation  du  lehm,  je  n'ai  pas  besoin  de  le  rappeler,  s'étend  dans 
toute  la  plaine  du  Rhin,  depuis  Bâle  jusqu'à  Mayence,  avec  des  carac- 
tères identiques,  ("est  un  dépôt,  de  limon,  composé  d'un  mélange  intime 
de  sable  fin,  d'argile  et  de  carbonate  de  chaux,  chargé  par  places  de 
particules  de  mica,  le  tout  parfaitement  homogène,  sans  aucun  vestige 
de  stratification.  Variable  dans  sa  puissance,  cette  formation  atteint  sur 
certains  points  une  épaisseur  de  60  mètres  et  même  plus,  tandis  que 
sur  d'autres  elle  manque  complètement,  laissant  paraître  à  la  surface  le 
sable  et  le  gravier  dvs  alluvions  plus  anciennes  qui  constituent  le  sol 
aride  des  plaines  d'Haguenau  et  de  la  Hart.  Le  lehm  ressemble  en  toul  à 
la  boue  glaciaire.  Il  provient  en  majeure  partie  d'un  dépôt  formé  par 
le  Rhin,  dans  la  plaine  au-dessous  de  Bâle,  à  une  époque  où  le  grand 
glacier,  qui  alimentait  le  fleuve,  déposa  les  blocs  erratiques  de  l'Albe 
du  Wurtemberg,  sur  les  bords  du  lac  de  Constance.  Du  côté  de  la 
Forêt-Noire,  comme  le  long  de  la  chaîne  des  Vosges,  ce  dépôt  pénètre 
à  l'intérieur  des  vallées.  Il  y  forme  des  amas  à  pente  douce,  étendus  au 
pied  des  montagnes.  Partout  il  montre  de  nombreuses  traces  de  dénuda- 
tion,  et  il  ne  dépasse  nulle  part  la  limite  inférieure  des  moraines  fron- 
tales les  plus  avancées. 

Nous  voyons  le  lehm  au  même  niveau  que  les  moraines  frontales  des 
Vosges,  et  nous  en  concluons  la  contemporanéité  de  l'homme  en  Alsace 
avec  nos  anciens  glaciers.  En  effet,  les  moraines  frontales  de  ces  vallées 
se  superposent  comme  le  lehm  de  la  plaine,  immédiatement  au  même 
dépôt  de  comblement  composé  de  cailloux  et  de  sables  plus  anciens. 
Ce  dépôt  inférieur  de  gravier  consiste  en  galets  d'origine  alpine  recou- 
verts, le  long  des  Vosges  et  de  la  Forêt-Noire,  de  cailloux  roulés  et  de 
sable,  provenant  des  Alpes  d'une  part,  de  l'autre  des  Vosges  et  de  la 
Forêt-Noire.  L'origine  des  galets  se  reconnaît  toujours  facilement  par 
leur  différence  et  leur  comparaison  avec  les  roches  des  montagnes  en- 
vironnantes. Tandis  que  le  lehm  apparaît  à  l'intérieur  des  vallées  en 
lambeaux  peu  étendus,  le  comblement  de  gravier  y  pénètre,  sans  dis- 
continuité, avec  des  caractères  qui  le  distinguent  nettement  des  forma- 
tions glaciaires,  et  qui  mettent  en  pleine  évidence  son  origine  fluviale. 
Si  plusieurs  géologues  ont  confondu  ce  dépôt  avec  les  moraines  pro- 
fondes, c'est  bien  à  tort  et  sans  observations  suffisantes.  Les  matériaux 
du  comblement  des  vallées  ne  sont  pas  disposés  comme  ceux  des 
moraines  profondes,  mais  comme  les  atterrissements  des  eaux  courantes. 
Dans  les  puits  et  dans  les  gravières  intérieures  des  vallées,  comme  dans 


720  ANTHROPOLOGIE 

la  plaine,  le  comblement  ancien  se  compose  de  cailloux  arrondis,  sans 
blocs  erratiques,  sans  aucune  trace  de  stries  glaciaires,  formant  des 
bancs  avec  une  disposition  identique  à  celle  des  bancs  de  gra- 
vier déposés  encore  par  les  torrents  et  les  rivières.  Des  galets  y 
sont  disposés  les  uns  contre  les  autres,  comme  les  tuiles  d'un 
toit,  au  lieu  d'être  entassés  confusément  comme  au  sein  des 
moraines  profondes.  Dans  toutes  les  vallées  de  l'Alsace,  sinon  sur  le 
versant  lorrain  des  Vosges  où  la  roche  compacte  ancienne  se  rapproche 
plus  de  la  surface,  dans  toutes  les  vallées  de  l'Alsace,  les  moraines 
terminales  des  glaciers  disparus  s'appuient  sur  le  même  dépôt  de 
gravier  ancien  formé  par  les  eaux  courantes.  Ces  moraines  ne  dépassent 
pas  Giromagny  dans  la  vallée  de  la  Savoureuse,  Kirchberg  dans  la 
vallée  de  la  Doller,  Wesserling  dans  la  vallée  de  la  Thur,  Metzeral  dans 
le  bassin  de  la  Fecht,  ni  Orbey  dans  celui  de  la  Weiss.  En  Lorraine 
la  moraine  terminale  de  l'ancien  glacier  de  la  Moselle  se  trouve  au 
Longuet,  entre  Epinal  et  Remiremont,  sans  preuve  bien  positive  de 
s'être  avancée  bien  au-delà  de  ces  limites. 

Superposées  également  au  dépôt  d'atterrissement  fluviatile  antérieur, 
les  moraines  terminales  des  vallées  et  le  lehm  de  la  plaine,  avec  fossiles 
humains,  sont  des  formations  synchroniques  et  datent  de  la  même 
époque.  Par  conséquent,  l'homme  d'Eguisheim,  au  type  dolichocéphale 
avec  de  vastes  sinus  frontaux  et  des  arcades  sourcillières  assez  saillantes, 
cet  homme,  le  plus  ancien  peut-être  dont  les  restes  fossiles  soient  bien 
authentiques,  a  vécu  en  Alsace  pendant  que  les  glaciers  descendaient 
des  Vosges,  et  alors  que  les  grands  glaciers  alpins  recouvraient  les 
dépôts  de  charbon  feuilleté  de  la  Suisse.  Je  n'oserais  affirmer  que  ces 
hommes  de  la  caverne  de  Cravanche  ont  été  contemporains  de  l'homme 
fossile  d'Eguisheim;  mais  si  l'entrée  primitive  des  grottes  a  été  comblée, 
par  des  alluvions  vosgiennes,  leur  date  remonterait  bien  au-delà  de  la 
construction  des  dolmens  de  la  Bretagne,  et  dans  tous  les  cas  des 
cités  lacustres  de  la  Suisse.  Sans  revenir  ici  sur  les  formations 
glaciaires  de  la  chaîne  des  Vosges  que  j'ai  décrites  en  détail  dans 
le  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France  et  dans  la  Revue 
d'Alsace,  en  1873,  je  rappellerai  seulement  qu'un  climat  plus 
humide,  avec  des  chutes  de  neige  abondantes,  dans  les  montagnes,  suffit 
pour  expliquer  le  grand  développement  ides  anciens  glaciers,  sans 
abaissement  considérable  de  la  température.  En  effet,  la  température 
moyenne  du  Grindelwald  dans  les  Alpes  bernoises,  équivaut  actuellement 
ou  descend  à  peine  au-dessous  de  8°  centigrades,  moyenne  annuelle  de 
la  température  dans  les  Vosges  au  niveau  des  dernières  moraines  fron- 
tales, entre  400  et  450  mètres  d'altitude;  à  douze  cents  mètres  d'altitude 
les  vallons  supérieurs  du  Hohneck,  dans  le  massif  central    des  Vosges, 


Cil.    GRAD.  —    L'iIOMME    PRÉHISTORIQUE    EN    ALSACE  721 

présentent  encore  pendant  les  années  humides,  des  petits  glaciers  tempo- 
raires, où  les  amas  de  névés  persistent  quelquefois  d'un  hiver  à  l'autre 
D'ailleurs  l'humidité  du  climat  manifeste  parfaitement  son  influence  sur  le 
développement  des  grandes  glaces  sur  la  côte  occidentale  de  l'Amérique 
du  Sud  à  la  Nouvelle-Zélande.  A  la  Nouvelle-Zélande,  sur  le  versant  occiden- 
tal des  montagnes  qui  traversent  cette  grande  île  du  Sud  au  Nord,  les  gla- 
ciers descendent  encore  jusqu'à  200  mètres  au-dessous  de  la  mer,  soit  à  l'al- 
titude de  la  ville  de  Cohnar,  au  milieu  d'une  riche  végétation  de  fougères 
arborescentes,  alors  que,  sur  le  versant  opposé,  dans  une  atmosphère 
plus  sèche,  les  glaciers  les  plus  puissants  s'arrêtent  entre  800  et  1,000 
mètres  d'altitude.  Même  sur  la  côte  du  Chili,  sous  une  latitude  égale  à 
la  nôtre,  les  glaciers  atteignent,  dans  l'hémisphère  austral,  le  niveau  de 
la  mer,  entre  autres  à  Punto-Arenas. 

La  présence  des  glaciers  n'a  empêché  nullement  l'existence  des  grands 
animaux  associés  avec  l'homme  fossile  d'Eguisheim,  et  dont  les  restes 
se  trouvent  enfouis  dans  les  -alluvions  anciennes  de  l'époque  quater- 
naire. Dans  ces  formations,  on  a  recueilli  sur  le  territoire  de  l'Alsace 
des  dents  et  des  ossements  de  mammouth  (Elephas  primigenius),  du  bison 
(Bos  prisais),  du  grand  ours  des  cavernes  (Ursus  speleus),  de  l'hyène 
(Hyena  spelea),  du  rhinocéros  (Rhinocéros  tichorhinus),  d'hippopotame, 
de  cheval,  de  cerf,  de  sanglier.  Nous  avons  trouvé  ces  fossiles  dans  le 
lehm  et  dans  les  dépôts  de  gravier  plus  anciens,  ou  bien  encore  dans 
les  cavernes.  Les  cavernes  de  Lauw,  dans  le  massif  oolithique  qui 
s'étend  à  l'entrée  de  la  vallée  de  la  Doller  et. qui  ont  été  décrites  par 
M.  Delbos,  renferment  les  ossements  du  grand  ours  en  quantité  con- 
sidérable, mêlés  en  moindre  proportion  avec  des  ossements  de  loup 
(Canis  speleus),  de  renard,  de  loutre,  de  chevreuil,  de  lièvre.  Tous  ces 
animaux  trouvaient  dans  le  pays  une  nourriture  suffisante,  malgré  les 
neiges  et  l'extension  des  glaciers.  Plusieurs  espèces  vivent  encore  main- 
tenant, soit  en  Alsace,  soit  dans  d'autres  pays  d'Europe.  D'autres  se 
sont  éteintes  successivement  ou  se  sont  conservées  jusqu'aux  temps  his- 
toriques, entre  autres  le  bison,  l'aurochs,  le  renne,  l'ours,  le  cheval 
sauvage,  tous  détruits  par  la  main  de  l'homme  à  des  dates  récentes, 
sans  intervention  de  révolutions  telluriques  subites. 

Quelques  observations  nous  suffiront  pour  expliquer  comment  les 
grands  animaux  quaternaires  ont  vécu  en  Alsace  pendant  l'époque 
glaciaire  en  même  temps  que  l'homme  qui  en  a  fait  sa  nourriture.  Et 
d'abc-Fd  le  mammouth,  le  plus  remarquable  de  ces  espèces  par  la  taille, 
n'avait-il  pas  des  poils  serrés  et  longs  de  40  centimètres  pour  le 
garantir  contre  le  froid  ?  Adams  a  découvert,  en  1803,  un  individu 
encore  conservé  avec  ses  chairs,  dans  les  glaces  de  la  Lena,  en  Sibérie. 
Plus  récemment,  Edouard  Lartet  trouve   dans    une    caverne    du    Péri- 

46 


722  ANTHROPOLOGIE 

gord  un  dessin  gravé  sur  une  plaque  d'ivoire,  représentant  cet  animal 
revêtu  d'une  fourrure  longue  et  épaisse.  A  l'époque  où  il  se  trouvait 
dans  notre  pays;  le  mammouth  devait  errer  dans  les  pâturages,  les 
tourbières  et  les  marais  sur  les  bords  du  Rhin  et  de  1*111,  entre  les 
différents  courants  d'eau  issus  des  glaciers  de  la  Fecht,  de  la  Doller  et 
de  la  Thur.  Probalement  il  avait  des  habitudes  semblables  à  celles 
de  ses  congénères  d'aujourd'hui,  les  éléphants  d'Afrique  ou  d'Asie. 
Il  devait  s'asperger  d'eau,  se  retirer  pendant  le  jour  au  milieu  des 
sombres  forêts  de  chênes,  de  saules  et  de  peupliers,  qui  couvraient 
alors  la  plaine.  Partout,  les  rivières  formées  par  la  fonte  des  glaces  en 
ont  charrié  les  cadavres  et  les  ossements,  que  nous  retirons  aujour- 
d'hui des  graviers  rhénans,  comme  du  lehm  d'Eguisheim. 

Avec  l'éléphant  à  crinière,  ou  le  mammouth  vivaient  plusieurs  espèces 
de  rhinocéros,  comme  lui  recouverts  de  poils  longs  et  raides,  mêlés 
d'une  bourre  épaisse,  plus  grands  de  taille  que  le  rhinocéros  actuel  à 
deux  cornes,  d'Afrique.  Il  y  a  plus  d'un  'siècle,  Pallas  trouva  égale- 
ment en  Sibérie,  sur  les  bords  de  la  rivière  Wiljeri,  affluent  de  la 
Lena,  la  carcasse  d'un  rhinocéros  tichorhinus,  espèce  dont  nous  avons 
des  restes  fossiles  recueillis  en  Alsace.  Le  rhinocéros  de  Pallas  avait  été 
extrait  du  sable  où  il  était  resté  pendant  des  siècles  à  l'état  de  congélation, 
le  sol  de  la  contrée  restant  gelé  pendant  toute  l'année  jusqu'à  une  certaine 
profondeur.  Une  laine  courte  et  crépue,  avec  de  longs  poils  gris,  revê- 
tait la  peau.  M.  Brandt,  professeur  à  l'Université  de  Saint-Pétersbourg, 
a  extrait  plus  tard  d'une  dent  molaire  de  cet  animal  un  peu  de  ma- 
tière alimentaire  à  moitié  mâchée,  composée  de  fragments  de  feuilles  de 
pin,  d'une  graine  do  polygonacée,  de  très-petits  morceaux  de  bois  d'un 
conifère.  Preuve  que  le  rhinocéros  delà  Lena,  comme  probablement 
ceux  d'Alsace,  était  forcé  de  se  nourrir  de  végétaux  arborescents,  pen- 
dant la  saison  d'hiver  du  moins. 

Tout  à  l'heure,  nous  parlions  de  l'ours  des  cavernes  de  Lauw,  dont 
le  musée  de  Mulhouse  possède  une  si  grande  quantité  d'ossements,  Or, 
l'ours  n'aime  pas  la  chaleur,  et  comme  il  habite  encore  les  Alpes,  il 
n'a  pas  dû  craindre  le  voisinage  de  nos  glaciers  vosgiens.  Sa  présence 
indique  un  pays  giboyeux.  Beaucoup  plus  fort  que  l'espèce  actuelle,  il 
ne  pouvait  se  repaître  seulement  de  petits  animaux.  Il  lui  fallait  de 
belles  et  bonnes  pièces  de  venaison  fournies  par  les  troupeaux  de  cerfs, 
de  rennes,  de  bœufs.  Les  cavernes  de  Lauw  ont  aussi  fourni  des  débris 
d'hyènes.  Ce  sont  des  restes  d'Hyena  spelea,  ancêtre  (XHyena  striata, 
de  même  que  l'ours  des  cavernes  est  peut-être  la  souche  de  l'ours  actuel 
des  Alpes.  Or,  l'Hyena  striata  d'aujourd'hui  se  rencontre  encore  en 
abondance  dans  des  contrées  très-froides,  aussi  bien  que  dans  les  pays 
chauds.  Son  aire  géographique  actuelle  s'étend  depuis  Sierra  Leone,  sur 


m.    GRAD.    —   L'HOMME    PRÉHISTORIQUE    EN    ALSACE  7^5 

la  côte  occidentale  d'Afrique,  jusqu'aux  monts  Altaï,  en  Sibérie.  La 
présence  de  ce  carnassier,  à  l'époque  quaternaire,  ne  nécessite  donc 
nullement  une  température  élevée.  Les  ossements  de  sangliers  (Sus- 
scrofa)  sont  associés  aux  siens,  dans  les  mêmes  couches  de  notre  sol. 
Si  le  sanglier  prospèn  également  dans  nos  pays  et  dans  les  régions 
plus  chaudes,  il  ne  s 'avance  pas  cependant  dans  L'extrême  Nord.  On 
peut  conclure  de  sa  présence  à  l'époque  glaciaire,  que  l'Alsace  était 
alors  moins  froide  que  les  contrées  boréales  actuelles,  que  l'hiver  ne 
devait  pas  être  aussi  rigoureux  chez  qous  à  cette  époque  que  mainte- 
nant par  ;,:,  degrés  de  latitude  nord,  extrême  limite  de  l'extension  du 
sanglier  vers  le  nord.  Alors,  comme  aujourd'hui,  le  sanglier  recher- 
chait probablement  les  endroits  humides  et  marécageux.  Pour  se 
nourrir,  il  lui  fallait  des  forêts  de  chênes.  Gomme  sa  taille  était  forte, 
le  climat  de  l'époque  lui  convenait  à  merveille. 

Inutile  d'insister  davantage  sur  les  conditions  d'existence  de  nos  grands 
mammifères  contemporains  de  l'homme  d'Eguisheim  à  l'époque  glaciaire. 
Fntre  la  nature  de  ces  temps  et  celle  d'aujourd'hui,  la  présence  des 
glaciers  dans  nos  vallées  des  Vosges,  maintenant  si  riantes,  n'implique 
pas  la  différence  que  nous  sommes  portés  à  penser  de  prime-abord. 
Presque  toutes  les  espèces  d'alors  pourraient  encore  vivre  autour  de 
nous  aujourd'hui.  La  végétation  des  forêts  et  la  tlorc  du  pays  n'ont  pas 
varié  beaucoup.  Quant  aux  espèces  animales  quaternaires  qui  ont  dis- 
paru sous  le  fer  de  l'homme  aux  temps  historiques,  après  avoir  habité 
la  région  du  Rhin  et  des  Vosges  à  côté  des  grands  glaciers,  M.  Gérard 
a  raconté  les  phases  de  leur  extinction  successive.  L'aurochs  et  le  bison 
vivaient  dans  nos  forêts  encore  au  temps  de  Charlemagne,  avec  l'élan, 
le  grand  cerf  et  le  cheval  sauvage.  Le  cheval  sauvage,  garanti  contre 
le  froid  par  une  fourrure  épaisse,  hantait  encore  les  forêts  des  Vosges 
au  xvie  siècle;  le  renne  disparut  déjà  sous  le  règne  d'Auguste. 
Petit  et  trapu,  le  cheval  de  nos  montagnes  cherchait  en  hiver  un  abri 
sous  les  rochers,  résistant  aux  froids  les  plus  violents,  se  nourrissant  de 
genêts,  de  bruyères,  débranches  d'arbres.  Quant  au  renne,  dont  les 
restes  fossiles  ont  été  reconnus  dans  le  lehm  de  Munzingen  et  dans  les 
tourbières  du  Jura,  ses  habitudes  et  sa  constitution  le  lient  trop 
à  un  milieu  neigeux  et  à  basse  température,  pour  que  nous 
ayons  besoin  de  rattacher  son  apparition  en  Alsace  à  la  présence  des 
glaciers. 

Tous  ces  grands  animaux,  l'homme  les  chassait  pendant  que  les 
glaciers  descendaient  dans  chaque  vallée  des  Vosges,  à  travers  les  forêts 
de  pins  et  de  sapins  sur  les  pentes  des  montagnes,  de  chênes,  de  frênes, 
de  bouleaux,  d'aulnes  et  de  trembles,  dans  les  régions  plus  basses.  Ces 
sombres  forêts  servaient   en  même  temps  de  retraite  aux  hommes,  nos 


724  ANTHROPOLOGIE 

ancêtres,  à  l'ours,  à  l'éléphant,  au  rhinocéros,  au  bison  et  à  l'aurochs. 
Le  renne  hantait  les  lieux  élevés  et  les  plateaux,  afin  de  se  coucher 
plus  aisément  dans  la  neige  et  sur  la  glace.  Les  troupeaux  de  chevaux 
et  les  bandes  de  cerfs  paissaient  dans  les  tourbières  et  les  marais.  La 
température  moyenne  descendait  peu  au-dessous  de  son  degré  actuel  ; 
mais  le  soleil  se  montrait  rarement.  Le  ciel  restait  souvent  gris  et  terne, 
l'air  chargé  d'humidité.  La  quantité  de  neige  et  de  pluie  dépassait  de 
beaucoup  sa  hauteur  annuelle  de  nos  jours.  Pendant  l'hiver,  quand  le 
ralentissement  ou  l'arrêt  de  la  fonte  des  glaces  diminuaient  les  cou- 
rants d'eau,  le  cours  des  rivières  était  barré  parfois.  Au  printemps 
survenaient  de  nouveau  de  violentes  débâcles  pendant  lesquelles  les 
torrents  tumultueux  charriaient  au  loin  les  cadavres  des  animaux  et  de 
l'homme  que  nous  trouvons  maintenant  engloutis  dans  le  lehm.  L'Ill  et  les 
cours  d'eau  moins  forts  des  Basses-Vosges,  la  Zorn  et  le  Moder  étaient 
marécageux  sur  leurs  bords.  L'humidité  froide  du  pays  favorisait  le 
développement  des  tourbières  anciennes  du  Ried  et  des  environs  de 
Haguenau.  Tels,  les  observations  nouvelles  nous  représentent  la  nature 
et  le  tableau  de  l'Alsace  à  l'époque  quaternaire. 

DISCUSSION. 

M.  Cartailhac  adresse,  au  sujet  de  la  communication  précédente,  la  note 
suivante  : 

M.  Grad  doit  vous  entretenir  de  la  grotte  de  Cravanche-Belfort.  Cette  grotte 
sépulcrale  a  été  découverte  dans  un  pays  bien  pauvre  en  fait  de  gisements  de 
ce  genre  (1);  on  a  beaucoup  parlé  d'elle  et  l'une  des  personnes  qui  l'ont  décrite 
s'est  signalée  par  une  incroyable  imagination  unie  à  bien  peu  de  connaissance 
de  l'archéologie  préhistorique.  M.  Grad,  naturaliste  estimé,  s'est  lui  aussi  laissé 
entraîner  dans  cette  voie,  et  l'article  qu'il  a  publié  dans  la  revue  la  Nature  est 
écrit  un  peu  trop  sous  l'influence  des  idées  de  M.  Youlot. 

Je  me  suis  rendu  à  Belfort  il  y  a  quelques  semaines,  et  j'ai  pu  visiter  la 
grotte,  étudier  son  mobilier,  grâce  à  l'extrême  obligeance  du  maire,  M.  Pari- 
sot.  La  caverne  est  exceptionnelle  en  ce  sens  que  depuis  l'époque  des  inhuma- 
tions elle  est  restée  fermée;  les  terres  ne  l'ont  pas  envahie  et  dans  la  plus  vaste 
salle  les  stalagmites  ne  s'étaient  pas  formées  au-dessus  des  squelettes  humains. 
Les  inventeurs  ont  vu  tout  d'abord  les  ossements,  les  vases,  etc-,  et  n'ont  eu 
qu'à  les  emporter.  On  ne  sait  pas  exactement  ce  qui  a  ainsi  disparu  dans  le 
premier  moment.  Grâce  à  l'énergie  de  M.  Parisot,  la  grotte  a  été  refermée;  à 
cette  heure  même,  l'exploration  n'est  pas  terminée;  sous  le  linceul  de  stalag- 
mites de  la  deuxième  salle,  les  squelettes  allongés  se  devinent  çà  et  là.  Il  sera 
bien  difficile  d'extraire  des  ossements  un  peu  entiers. 

Dans  la  première  salle,  le  sol  est  formé  par  une  couche  très-profonde  de 
blocs  et  de  dalles  tombés  de  la  voûte  et  entassés  dans  le  plus  grand  désordre; 

(1)  J'ai  vu  au  musée  de  Belfort  des  éclats  d'aphanites  et  autres  [lierres  que  l'on  a  cru  travaillés 
et  l'indice  de  stations  préhistoriques;  en  général  ces  pierres  ne  m'ont  point  paru  travaillées. 


Dr    IIAMY.    —    RTHNOGÉNIE   DE   LA    SEINE-INFÉRIEURE  ~25 

sur  deux  points  au  moins,  sous  des  dalles  assez  grandes,  la  main  de  l'homme 
avait  l'ait  un  certain  vida  et  les  corps  avaient  été  placés  dans  ces  niches;  c'est 
à  tort  que  l'on  a  parlé  de  dolmens,  de  demi-dolmens;  les  demi-dolmens  sont 
des  dolmens  ruinés,  les  dolmens  sont  des  cryptes  closes  de  partout;  il  y  aloin 
de  ces  monuments  à  l'arrangement  offert  par  la  grotte  en  question.  Ce  qui  est 
intéressant  c'est  de  constater  sur  les  dalles  qui  recouvraient  les  restes  humains 
des  traces  de  foyers. 

La  série  d'objets  recueillis  jusqu'ici  permet  d'affirmer  que  nous  avons  affaire 
avec  une  population  de  l'âge  de  la  pierre  polie;  rien  absolument  ne  peut  auto- 
riser à  croire  qu'il  y  a  dans  cette  cavité  un  dépôt  quaternaire.  Vous  verrez 
avec  intérêt  les  dessins  de  quelques-uns  des  objets  réunis  au  musée 
de  Belfort  (PI.  XXII  bit)]  la  poterie  est  intéressante  par  laforme  des  vases 
et  leur  ornementation  ;  je  crois  utile  de  faire  observer  en  passant  l'identité  de 
quelques-uns  de  ces  vases  avec  le  vase  du  trou  du  Frontal  en  Belgique,  ce  qui 
continue  cette  opinion,  admise  aujourd'hui  et  que  j'ai  soutenue  le  premier,  à 
savoir  que  la  sépulture  du  trou  du  frontal,  superposée  à  un  gisement  quater- 
naire, est  néolithique. 

Les  silex  sont  mal  taillés  et  ce  n'est  pas  sans  surprise  que  nous  avons  con- 
staté l'absence  de  pointes  de  flèches  et  de  régulière*  pointes  de  lances  communes 
d'ordinaire  dans  les  gisements  de  et;  genre.  Les  ossements  offrent  une  parti- 
cularité utile  à  noter;  quelques-uns  sont  des  rebuts  de  fabrication  ou  des  pièces 
inachevées:  tel  est,  par  exemple,  une  emmanchure  de  hache;  si,  comme  je  le 
crois,  la  grotte  n'a  pas  servi  de  station,  il  est  curieux  de  trouver  dans  le  mo- 
bilier funéraire  de  tels  objets  non  terminés. 

Les  dentales  ont  été  sur  un  point  saisies  par  le  dépôt  calcaire  et  offrent  une 
juste  idée  de  leur  groupement  dans  la  parure  de  ces  sauvages  ;  on  a  ainsi  un 
objet  qui  rappelle  exactement  les  ornementations  actuelles  des  Océaniens. 


M.  le  D1  HAMT 

Aide-Naturaliste  au  Muséum. 


ETHNOGÉNIE  ARCHÉOLOGIQUE  ET  CRANIENNE  DE  LA  SEINE-INFERIEURE. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  2$  aoiït  1877.  — 

Le  docteur  Hamy  développe  YEthnogènie  archéologique  et  crânienne  de  la 
Seine-Inférieure.  Après  un  préambule  bibliographique  ou  revue  des  auteurs  qui 
se  sont  occupés  de  l'archéologie  du  département,  entre  lesquels  se  distingue 
surtout  Cochet,  il  étudie  successivement  chaque  période  en  commençant  par 
les  plus  anciennes. 

Comme  stations  paléolithiques,  Cochet,  dans  sa  statistique  de  la  Seine-Infé- 
rieure, n'en  cite  que  deux  :  Sotteville -lès-Rouen  et  Arques.  Dans  son  supplé- 


726  ANTHROPOLOGIE 

ment,  il  en  ajoute  une  troisième  :  Beaumont-le-Harang.  M.  Hardy  en  a  signalé 
depuis  diverses  autres.  M.  Hamy  en  connaît  dix  ou  onze  en  place,  dans  les 
alluvions  quaternaires,  et  quatre  à  la  surface.  Ces  stations  se  trouvent  surtout 
dans  le  voisinage  de  la  Somme  et  occupent  la  moitié  orientale  du  dépar- 
tement. 

En  fait  d'ossements  humains  quaternaires,  M.  Hamy  ne  cite  qu'un  crâne 
assez  incomplet.  Il  a  été  recueilli  par  M.  Bucaille,  dans  le  limon  rouge  quater- 
naire, au  Petit-Quevilly,  près  de  Rouen.  L'inventeur  ne  doute  pas  qu'il  soit 
quaternaire.  C'est  une  voûte  crânienne  néanderthaloïde,  dont  le  diamètre 
antéro-postérieur  est  de  191  millimètres  et. le  diamètre  transverse  approxima- 
tivement de  140.  Le  crâne  est  donc  dolichocéphale.  Il  est  en  outre  trôs-aplati, 
mais  le  front  n'est  pas  fuyant.  Il  se  rapproche  du  crâne  de  l'Olmo. 

Le  néolithique  n'a  pas  fourni  de  documents  crâniologiques  dans  la  Seine- 
Inférieure.  Pour  connaître  l'homme  de  cette  époque,  il  faut  faire  une  excur- 
sion dans  le  département  voisin,  l'Eure.  M.  Hamy  décrit  les  hommes  ensevelis 
dans  le  dolmen  de  Léry.  Ils  appartiennent  à  la  race  de  Cromagnon. 

En  fait  de  dolmens,  la  Commission  des  Gaules  n'en  cite  que  deux,  dont  un 
ruiné. 

Les  stations  donnant  des  silex  ouvrés  néolithiques  sont  fort  nombreuses. 
Il  en  est  d'une  très-grande  importance  comme  celles  de  Londinières,  de 
Blangy,  etc.  La  carte  de  ces  stations  montre  qu'elles  sont  aussi  groupées  en 
abondance  dans  la  partie  orientale  du  département,  tandis  qu'elles  sont  rares  et 
disséminées  dans  la  partie  occidentale.  Une  ligne  partant  de Caudebec-en-Caux 
et  allant  à  Dieppe,  coupant  le  département  obliquement,  divise  les  régions 
pauvres  en  silex  ouvrés  des  régions  riches. 

On  a  cité,  dans  la  Seine-Inférieure,  beaucoup  de  camps.  Quelques-uns 
doivent  se  rattacher  à  l'époque  néolithique.  Malheureusement  il  règne  à  leur 
égard  beaucoup  d'incertitude,  même  pour  le  plus  connu  et  le  plus  fouillé,  la 
Cité  de  Limes. 

L'âge  du  bronze  a  fourni  des  trouvailles  disséminées,  mais  pas  de  sé- 
pulture. 

L'époque  gauloise,  caractérisée  par  ses  vases  d'un  cachet  spécial,  et  ses 
sépultures  à  incinération,  n'a  fourni  aucun  document  anthropologique.  Les 
cimetières  de  cette  époque  semblent  être  groupés  surtout  vers  l'est,  comme  les 
indications  des  époques  précédentes. 

Pour  ce  qui  concerne  l'époque  gallo-romaine,  M.  Hamy  produit  la  carte  de 
William  Martin.  Cette  carte  montre  que  la  population  était  alors  fort  dense  et 
s'équilibrait  pour  la  première  fois  dans  toute  l'étendue  du  département.  Cette 
époque  n'a  rien  fourni  comme  renseignement  anthropologique.  Dans  le  com- 
mencement, l'incinération  était  encore  en  vigueur.  "Vers  le  bas  temps  on  inhu- 
mait; malheureusement  on  a  laissé  perdre  les  squelettes  trouvés. 

Il  n'en  est  pas  de  même  delà  période  des  invasions    barbares.  Cette  période 

a  laissé  dans  la  région  de  nombreux  cimetières,  dont  les  plus   abondants  sont 

ceux  de  Londinières,  d'Envermeu,  etc.  Leur  distribution  suit  la  même  loi  que 

celle  des  stations  de  la  pierre. 

De  nombreux   crânes  ont   été  recueillis.  Dix  provenant  de  Londinières   ont 


|i'    HAMY.    —    ETHNOGÉNIE    ARCHÉOLOGIQUE    ET    CRANIENN1  727 

donné  comme  indice  moyen  T::,:.i.  La  moyenne  des  crânes  du  Muséum  de 
Paris  provenant  de  diverses  localités  de  la  Seine-Inférieure  est  Ti.iiT.  C'esl 
le  type  de  Bellairetde  toute  nos  stations  françaises,  type  se  rapprochant  de 
celui  des  hommes  du  nord ,  de  la  Scandinavie. 

Qu'est  devenu  ce  type,  cette  race? 

Elle  s'est  peu  à  peu  fondue  dans  la  population  actuelle  du  département,  ce 
que  démontre  l'étude  successive  des  cimetières  des  époques  suivantes.  On  y 
voil  la  dolichocéphalie  s'atténuer  peu  à  peu  et  finir  par  se  fondre  dans  le  grand 
tout  actuel. 

DISCUSSION 

M.  de  Mortillet  fait  observer  que  M.  Ilamy,  dans  son  énumération  bibliogra- 
phique, a  oublié  de  citer  la  carte  préhistorique  de  la  France,  parue  dans  la 
Nouvelle  Géographie  universelle  de  M.  Elisée  Reclus.  Dans  cette  carte,  M.  de 
Mortillet  cite,  pour  la  Seine-Inférieure,  huit  stations  paléolithiques  et  en  place 
deux  à  la  surface. 

Quant  au  crâne  du  Petit-Quevilly,  M.  de  Mortillet  ne  pense  pas  qu'il  soit 
quaternaire.  Ce  crâne  contient  dans  ses  cavités  des  restes  de  limon;  on  voit 
que  ce  limon  est  très-perméable  et  pourtant  l'os  ne  happe  pas  à  la  langue,  il 
contient  encore  de  la  gélatine,  ce  qui  démontre  qu'il  n'est  pas  très-ancien. 
Dans  un  pareil  milieu,  il  devrait  être  beaucoup  plus  altéré. 

Du  reste  M.  Hamy  l'a  comparé  au  crâne  de  l'Olmo,  dont  la  très-haute  anti- 
quité n'est  pas  parfaitement  démontrée 

M.  de  Mortillet  fait  aussi  remarquer  que  les  stations  néolithiques  citées  par 
M.  Ilamy,  Londinières  et  Blangy,  plus  connues  sous  les  noms  des  Maretteset 
de  Campigny,  ne  sont  pas  de  même  nature.  La  station  de  Londinières  ou 
des  Marottes  est  un  vaste  atelier  de  taille,  c'est  une  usine.  La  station  de  Blangy 
ou  de  Campigny  est  un  lieu  d'habitation,  un  vrai  village  ou  bourg. 

M.  Broca,  à  propos  du  crâne  de  l'Olmo,  répond  à  M.  de  Mortillet  que  s'il  en 
est  qui  pensent  que  ce  crâne  est  plus  récent  que  le  quaternaire,  il  en  est 
d'autres  qui  le  font  tertiaire. 

Passant  à  l'examen  du  crâne  du  Petit-Quevilly,  M.  Broca  constate  qu'il  est 
platicéphale  à  un  degré  très-étonnant.  Il  y  a  une  asymétrie  prononcée  des 
arcades  sourcilières.  Le  front  n'est  pas  du  tout  fuyant. 

M.  Broca  a  pu  mesurer  exactement  le  diamètre  transverse.  Il  est  de 
144  millimètres,  ce  qui  donne  comme  indice  céphalique  75,79.  Cet  indice  est 
au-dessus  de  la  race  de  Canstadt.  Les  sutures  sont  aussi  beaucoup  plus  com- 
pliquées que  dans  cetie  race  et  l'occiput  moins  développé. 

Le  crâne  du  Petit-Quevilly  ne  se  rapporte  donc  pas  à  la  race  de  Canstadt.  Il 
n'a  point  du  tout  les  caractères  d'une  grande  ancienneté  et  la  platicéphalie 
exagérée  pourrait  bien  être  le  résultat  d'une  déformation  posthume. 

Enfin  M.  Lâgneau,  qui  possède  si  bien  l'ethnogénie  de  la  France,  entre  dans 
des  considérations  historiques  qui  complètent  tout  ce  qu'on  a  pu  dire  sur  les 
anciennes  populations  de  la  Seine-Inférieure. 


728 


ANTHROPOLOGIE 


M.  Gustave  LAGOAÏÏ 


CARTE  ETHNOGRAPHIQUE  DE  FRANCE 


—  Séance  du  27  août  4  877.  — 


-♦♦Y  -v-i"4tlhîîî*ïî- 


P'ig.  57.  —  Carte  ethnographique  de  France , 


INDICATION   DES    SIGNES. 

^         Localités  où  ont  été  trouvés  des  fossiles  humains  des  races  de  Néanderthal 
et  de  Cromagnon. 

gg^    ?  Pays  occupés   par    des   peuples   de   race  ibérienne  :    Ibères   en    Espagne  ; 
F~~g   3      Aquitains  au    nord  des    Pyrénées  et  au   sud,  voire  même  au    nord  de  la 
■J      Garonne  ;  Basques  dans  les   Basses-Pyrénées. 

V+%V     I>aJ's  0CCUPés  Par  les  Ligures   dans  les  Alpes  et  sur  le  Littoral   méditer- 
♦  ♦♦♦♦         ranéen. 


G.  LAGNKAU.  —  CARTE  ETHNOGRAPHIQUE  DE  FRANCE 


7-29 


...-.•...      Pays  occupés  par   1rs  Celtes  dans  le  Nord-Ouest  de  l'Europe,  principale- 
•'■'• '■•^         nient  au  Nord  de  la  Garonne,  de  l'Océan  aux  Alpes. 

Régions  principalement  ilu  Nord  et  de  l'Est  de  notre  pays,  envahies  parles 
t',"/i        immigrants  Galates.  Belges,  Prancks,  Burgundions,  Wisigoths,  Nordmans, 
Saxons.  Flamands  de  races  germaniques  septentrionales. 

,  „      Villes  fondées  ou  colonisées  par  les  Grecs  et  les  Romains,  sur  le  littoral 
méditerranéen . 

localités  occupées  par  des   Alains  et  Théiphales  :   Alains   des  environs  de 
°  °  ■      '  Valence  ;  Théiphales  du  pays  de  Tiffauges  sur  la  Sevré  Nantaise,  etc. 

Au  Sud-Ouest  de  la  France,  dans  les  Basses-Pyrénées,  au  sud  de  l'Adour,  une  ligne 
ponctuée  allant  du  pic   d'Anis  pour  aboutir  à  l'Océan  indique  la    limite  de  la  langue 

Euskuara  ou  Basque. 
Au  Nord-Ouest,  en  Bretagne,  une  ligne  ponctuée  partant  an-dessus  de  l'embouchure 

de    la  Vilaine  pour    aboutir  auprès   de  Plouha  et   sur  les   côtes   du  Nord,   indique  la 
limite  de  la  langue  breizad  ou  bretonne. 

Au  Nord-Est  une  ligne  ponctué.-  s'avançanl  jusqu'à  l'.Va,  jusqu'à  Saint-Omer,  indique 
la  limite  occidentale  du  VMmsch  ou  langue  flamande,  et  des  autres  dialectes  ger- 
maniques. 

Sur  cette  carte  ethnographique  dressée  d'après  les  documents  histo- 
riques et  anthropologiques,  on  a  exprimé  par  des  blancs  ou  par  divers 
ombrés  et  ponctués  plus  ou  moins  tranchés,  uniformes  ou  mêlés,  la  ré- 
partition géographique,  la  juxtaposition  et  l'immixtion  des  divers  éléments 
ethniques,  c'est-à-dire  des  nombreux  peuples  de  différentes  races  qui 
concoururent  à  la  formation  de  la  population  actuelle  de  la  France. 

Sur  cette  carte  figurent,  marquées  d'un  astérique,  quelques  localités 
comme  Moulin-Quignon  (Somme),  Eguisheim  (Haut-Rhin),  le  Mont- 
Denise  (Haute-Loire),  Cro-Magnon  (Dordogne),  Baoussé-Roussé  (Alpes- 
Maritimes),  etc.,  où  ont  été  recueillis  des  ossements  fossiles  appartenant 
aux  races  dolichocéphales  très-anciennes  de  Néanderthal  et  de  Cro- 
Magnon.  De  ces  races  contemporaines  des  grands  mammifères  d'espèces 
éteintes  ou  émigrées,  le  dernière  paraît  avoir  certains  rapports  anthro- 
pologiques avec  les  Guanches  des  Canaries,  certains  Kabiles  d'Afrique 
et  certains  Basques,  etc.  MM.  de  Quatrefages,  Hamy,  Rouiou,  Verneau 
ont  reconnu  encore  parmi  nos  compatriotes  actuels  quelques  très-rares 
individus  paraissant  se  rattacher  à  ces  races  dolichocéphales  très-an- 
ciennes (1). 

Les  Aquitains,  de  même  race  que  les  Ibères  de  la  péninsule  hispanique, 
de  l'Espagne,  parlant  la  même  langue,  selon  Strabon  (2),  présentent  les 
mêmes  caractères  :  cheveux  noirs  et  bouclés,  teint  basané,  mentionnés  par 

(1)  De  Quatrefages  et  Hamy  :  Crania  Ethnica,  pp.  32,  94,  etBull.  de  la  Soc.  d'Anthrop.,  2e  série, 
t.  IX,  p.  260-6, 1874.  -  Roujou,  Verneau:  Bull,  de  la  Soc.  d'anthrop.,  2e  sér.,  t.  VII,  p.  437-443  ec 
t.  XI,  p.  408,  1876. 

(2)  Strabon  :  liv.  IV,  cap.  I,  §  I,  et  cap.  II,  §  I,  p.  146  et  157. 


730  ANTHROPOLOGIE 

Tacite  (4)  et  Jornandès,  ces  Aquitains  sont  indiqués,  par  un  ombré  formé 
de  lignes  horizontales,  comme  occupant  la  presque  totalité  de  la  région 
comprise  entre  les  Pyrénées  et  la  Garonne,  le  Rhône  et  l'Océan.  Les 
Aquitains  qui  vraisemblablement,  dans  des  temps  très-anciens,  avaient 
occupé  également  une  région  plus  ou  moins  étendue  située  au  nord  de 
la  Garonne  comprenant  les  territoires  des  Sennates  Cambolectri  et  des 
Agésinates,  indiqués  par  Pline  (2),  paraissent  avoir  été  refoulés  du  nord 
au  sud  comme  de  l'est  à  l'ouest.  En  elïét  d'une  part  deux  tribus  Gelto- 
Galatiques  habitaient  au  sud  de  l'embouchure  de  la  Garonne.  Les  Bitu- 
riges-Vivisques;  frères  des  Bituriges-Cubes,  anciens  habitants  des  envi- 
rons d'Avaricum,  Bourges,  avaient  pour  capitale  Bunli<j<ila,  Bordeaux; 
ainsi  que  le  dit  Strabon  (3).  Et  les  Boies  Picei,  parents  des  Boies  de 
Bohême  (Boio-Hemum,  demeure  du  Boies)  et  de  ceux  des  bords  de 
l'Allier  sont  mentionnés  par  saint  Paulin  (4)  sur  une  partie  plus  méri- 
dionale du  littoral  de  l'Océan  comme  se  livrant  déjà  à  l'exploitation  des 
pins.  D'autre  part,  de  l'est  à  l'ouest  les  Ligures  qui,  suivant  Festus 
Avienus,  étaient  séparés  des  Ibères  par  le  Bas-Rhône  (o),  paraissent  les 
avoir  refoulés  jusqu'à  l'Aude,  car  Hécatée  regarde  les  Eléziks  habitant 
près  de  cette  rivière  comme  étant  des  Ligures  (6). 

Considérés  comme  étantles  pluspurs  représentants  de  cette  race  ibérienne 
certains  Vascons  ou  Basques,  principalement  vers  le  vie  siècle  après  J.-G., 
seraient  passés  du  sud  au  nord  des  Pyrénées  occidentales.  Leur  langue 
est  encore  parlée  dans  une  partie  du  département  des  Basses-Pyrénées, 
limitée  par  une  ligne  sinueuse  qui,  selon  M.  Broca,  partirait  du  pic 
d'Anis,  au  sud-est,  pour  se  porter  au  nord  vers  Esquiale  et  se  réfléchir 
vers  l'Ouest,  jusqu'à  l'Océan   auprès  de  Bidart  (7). 

Indiqués  sur  cette  carte  par  de  petites  croix,  les  Ligures  qui  se  se- 
raient avancés  vers  le  nord  sur  les  bords  de  la  Loire,  Arppsç  où  Arte- 
midore,  Stéphane  de  Bysance  et  Eustathe  signalent  leur  présence  (S), 
non-seulement  peuplaient  le  littoral  nord-ouest  de  l'Italie,  mais  aussi 
occupaient  les  Alpes  et  notre  littoral  méditerranéen,  d'abord  jusqu'au 
Rhône,  puis  jusqu'aux  pieds  des  Pyrénées  orientales,  dans  une  région 
où  ils  se  trouvaient  mêlés  aux  Ibères  ainsi  que  l'indique  Scylax  (9). 
Les  Ligures  s'élevaient  moins  vers  le  nord  dans  la  vallée  du  Rhône  que 


(1)  Tacite  :   I  ,,  XI;—  Jornandès,  De  Get.,  ch.  il,  \>.  42:;,  coll.  Niard. 

(2)  Pline  :  11.  V.  I.  i\ .  chap.  wxiii,  n°  1,  p.  20V,  I  ■  de  l.ittré. 

(3)  Strabon  :  I.  iv,  chap.  H,  s  t,  p.  157,  coll.  Didot. 

(4)  Saint  Paulin  :  Opéra,  p.  177,  épit.  iv,  Antverpiae,  1622. 

(5)  Festus-Aviencs  :  Orœ  mai  609-61 1,  p.  138,  texte  trad.  de  Despois  et  Saviot. 

ir,    EÉCATÉE  :  cité  par   Stépha  Hisloria  Crrœcor.   fragmenta,  t.    1.  p.    -2,   n°  20 

coll.  Dii 

(7)  Broca  :  Assoc.pow  l'avanc.  des  sciences,  session  de  Lille,  1874,  p.  539  el  ailleurs. 

(s  Artémidore  cité  par  Stéphane  ne  Bysance,  t.  1.  p.  11 6,  de  l'éd.  de  Meinek.  Berlin,  1849  — 
Botta  :  Comm.  sur  Denys  le  Périégète,  vers  76,  coll.  Didot.,  p.  231. 

(9)  Scylax  de  Caryande  :  Perij/k,  §  3,  p.  17,  coll.  Didot 


G.  LAGNEAU.  —  CARTE  ETHNOGRAPHIQUE  DE  FRANCE         731 

dans  les  Alpes.  Les  Voconces  qui  habitaient  principalement  au  sud  de 
l'Isère,  quoique  parfois  considérés  comme  Ligures,  ne  l'étaient  pas  selon 
Pline  (1).  Dans  la  chaîne  des  Alpes,  les  Ligures,  d'après  Stràbon,  paraî- 
traient s'être  maintenus  dans  les  hautes  vallées  jusque  vers  le  Mont- 
Blanc,  jusqu'au  Haut-Rhône  (2).  Les  Ligures  paraissent  avoir  été  très- 
brachycéphales. 

Indiqués  sur  la  carte  par  un  ponctué  plus  ou  moins  fort  et  serré  selon 
la  pureté  plus  ou  moins  grande  de  la  race,  les  Celtes  auraient  occupé 
la  plus  grande  partie  du  nord-ouest  de  l'Europe,  depuis  le  Haut-Danube, 
selon  Hérodote  (3).  Refoulés  ou  soumis  par  les  peuples  de  la  Germanie, 
les  Celtes  paraissent  surtout  s'être  maintenus  dans  la  Celtique,  vaste 
région  s'étendant  de  l'Océan  aux  Alpes,  de  la  Garonne  à  la  Loire.  Cer- 
taines peuplades  celtiques  semblent  avoir  été  refoulées  plus  au  sud  par 
les  immigrants  trans-rhénans.  Il  a  déjà  été  parlé  des  Bituriges  Vivisques, 
pareillement  les  Séquanes,  qu'Artémidore  et  Stéphane  de  Bysance  disent, 
devoir  leur  nom  à  la  Sequana,  la  Seine  (4),  refoulés  vers  le  sud-est, 
eurent  Vesontio,  Besançon,  pour  capitale.  Des  Ségusiaves,  ayant  Bko- 
dumna,  Roanne,  pour  ville  principale,  allèrent  fonder  Segusio,  Suze,  sur 
le  versant  italien  des  Hautes-Alpes.  Pareillement  les  Insubres  Caturiges 
dont  parle  Pline,  parents  dés  Insubres  Eduens,  du  bassin  de  la  Saône, 
mentionnés  par  Tite-Live,  habitaient  nos  Hautes-Alpes  aux  environs  de 
Caturiges  et  d' Ebrodunum,  de  Chorges  et  d'Embrun.  Les  Ségobriges  se 
fixèrent  à  l'est  de  l'embouchure  du  Rhône  chez  les  Ligures  Salluves  ou 
Sallyes,  dans  la  région  où  plus  tard  s'éleva  la  ville  grecque  de  Massilia, 
Marseille.  Les  descendants  des  Celtes,  brachycéphales,  aux  cheveux 
châtains,  à  la  taille  peu  élevée,  ainsi  que  permet  de  le  reconnaître  ia 
répartition  des  exemptions  du  service  militaire  pour  défaut  de  taille,  cons- 
tituent la  plus  grande  partie  de  notre  population. 

Un  dialecte  de  langue  celtique,  le  Breizad,  le  breton,  présentant  lui- 
même  plusieurs  sous-dialectes,  est  encore  parlé  dans  la  Basse-Bretagne,  à 
l'ouest  d'une  ligne  qui,  partant  au  sud  près  de  l'embouchure  de  la  Vi- 
laine, aboutit  au  nord  à  la  mer  dans  la  partie  occidentale  du  départe- 
ment des  Côtes-clu-Nord,  entre  Etables  et  Plouba. 

Indiqués  sur  cette  carte  par  de  petits  traits  laissant  entre  eux  des 
interstices  plus  ou  moins  blancs,  les  immigrants  d'outre-Rhin,la  plupart 
appartenant  à  la  race  germanique  septentrionale,  à  la  taille  haute,  aux  yeux 
bleus,  aux  cheveux  roux  ou  blonds,  ainsi  que  l'indique  Tacite  (5'),  se  ré- 
pandirent  très-inégalement   au  milieu    des  populations    antérieures   de 

1)  Pline  :  1.  III,  cap.  xxi,  p.  I7ii. 

(2)  Strai;on  :  1.  IV,  cap.  VI,  §  6,  p.  170. 

(3)  Hérodote  :  1.  II,  §  23. 

'a)  Artémidore  cité  par  Stéphans  db  Rysance,  éd.  d.  7,  Groaovius,  in- fol.  Amsielodami,  1G78. 
(5)  Tacite  :  De  Mot.  Germ.  IV.    . 


732  ANTHKOl'OLOGIE 

notre  pays.  Les  Galates,  grands,  blancs  et  blonds,  d'après  Diodore  de 
Sicile,  occupaient  le  littoral  septentrional  depuis  l'Océan  jusqu'au  delà 
des  montagnes  du  Hartz,  jusqu'à  la  Scythie,  la  Russie  actuelle  (1). 

Les  Belges,  la  plupart  d'origine  transrhénane,  selon  César  et  maints 
autres  auteurs  (2),  occupaient  la  région  comprise  entre  le  Rhin  et  la 
Seine.  Selon  Strabon,  quelques-unes  de  leurs  tribus  s'avançaient  jus- 
qu'à la  Loire. 

Sortis  de  la  Scanzia,  la  Scandinavie,  les  grands  et  blonds  Wisigoths 
décrits  par  Procope  et  Jornandès  (3),  bien  qu'ayant  occupé  la  partie 
méridionale  des  Gaules,  au  sud  de  la  Loire,  à  partir  du  commencement 
du  ve  siècle  ap.  J.-C,  ne  paraissent  avoir  laissé  des  descendants  que 
dans  certaines  parties  de  la  Septimanie,  région  maritime  comprise  entre  le 
Rhône  et  les  Pyrénées.  Encore  actuellement,  le  département  de  l'Hérault, 
portion  de  cette  région  où  ils  se  retirèrent  après  la  bataille  de  Vouillé, 
contrairement  aux.  autres  départements  du  Midi,  présente  une  assez 
grande  proportion  de  recrues  de  haute  taille. 

Les  Burgundes  ou  Burgundions,  de  taille  gigantesque  suivant  Sidoine 
Apollinaire  (4),  venus  des  bords  delà  Viscla,  laVistule,  après  s'être  empa- 
rés d'abord  de  la  région  comprise  entre  le  Rhin  et  la  Moselle,  après  avoir  été 
refoulés  en  Sabaudia,  la  Savoie,  paraissent  s'être  fixés  principalement  entre 
la  Saône  et  le  Jura,  portion  des  royaume  et  duché  de  Bourgogne,  divisés 
depuis  en  plusieurs  provinces.  Encore  actuellement  les  départements  du 
Doubs,  du  Jura  et  de  la  Côte-d'Or  sont  de  tous  les  départements  de  la 
France  ceux  qui  offrent  le  moins  d'exemptés  du  service  militaire  pour 
défaut  de  taille  et  le  plus  de  recrues  de  haute  stature.  Dans  le  dépar- 
tement du  Doubs,  ainsi  que  l'a  fait  remarquer  M.  Bertillon,  la  présence  des 
descendants  des  deux  éléments  ethniques  s'y  étant  stratifiés,  les  Séquanes, 
de  race  celtique,  de  petite  taille,  et  les  Burgundions,  de  race  germanique 
septentrionale,  de  très-haute  taille,  s'y  manifeste  simultanément  par 
deux  maxinui,  l'un  à  lm,63,  l'autre  à  lm,73,  dans  la  répartition  sériale 
des  différentes  tailles  des  conscrits,  (o) 

Les  Francks,  grands  et  blonds  (6),  peuplades  des  bords  du  Rhin, 
confédérées  sous  cette  dénomination  commune  comprenant  des  Si- 
cambres,  des  Saliens,  des  Chamaves,  des  Tenchtères,  etc.,  occupèrent  sur- 
tout la  région  nord-est  des  Gaules.  Disséminés  sur  toute  la  surface  du 
pays  auquel  ils  donnèrent  le  nom  de  France,  leur  influence  étrangère 

(1)  Diodore  de  Sicile  :  1.  V,  cap.  xxyiu  et  xxxii. 

(2)  césar  :  De  Bello  Gallico,  I.  il,  cap.  iv. 

(3)  Pkocopk  :  De  Bello  Vandalico,  §  3,  p.  312.  —  Jornandès  :  De  Getarum  sire  Gothorum  origine, 
cap.  m,  p.  '. u t .  etc. 

(A)  Sidoine  Ai'oi.i.in  uhe.  t.  Il,  1.  VIII,  épist  ix,  p.  316  ,el  t.  III,  Carmen,  xii,  vers.  2,  p.  202,  texte 
et  trad.  de  Grégoire  et  Collombet,  1836. 

(5)  Bertillon,  Lagneao  :  IUiU.  ,lc  lu  Soc.  d'Anthrop.,  t.  IV.  p.  240  et  346,  1S63. 

(6)  Sidoine  Apollin.  Panégyr.  Majorian.  vers  220,  p  7;i,  iln  1.  III.  et  Panégyr.  Avit,  v.  42,  p.  112. 
—  Pactua  Legis  Saliœ.  l'rol.  p.  122  du  t.  IV  de  Dom  Bouquet,  lleci  des  Hist.  des  Gaules. 


G.  LAGNEAU.  —  CARTE  ETHNOGRAPHIQUE  DE  FRANCE         733 

semble    n'avoir  nullement  été  en  rapport  avec   leur   importance    poli- 
tique. 

Les  Saxons,  venus  du  sud  du  Danemarck  et  du  nord-ouest  de  la 
Germanie  eurent  quelques  colonies  ou  établissements  en  Gaule,  princi- 
palement chez  les  Baiocasscs,  anciens  habitants  des  envirous  de  Bayeux. 
Grégoire  de  Tours,  à  plusieurs  reprises,  parle  de  ces  Saxons-Baiocasses 
à  propos  des  guerres  des  Francks  Mérovingiens  et  des  Bretons  (1). 

Les  Flamands,  qui  occupent  la  partie  la  plus  septentrionale  du  dé- 
partement du  Nord  et  quelques  communes  de  celui  du  Pas-de-Calais, 
et  qui,  dans  cette  région  actuellement  assez  limitée,  parlent,  comme  les 
Flamands  de  Belgique,  un  dialecte  bas-allemand,  le  Wlaëmisch,  ont  de 
grands  rapports  avec  les  Saxons  du  nord-ouest  de  la  Germanie. 

Les  Nordmanns,  vaillants  marins  d'origine  Scandinave,  de  taille  très- 
élevée,  aux  cheveux  souvent  roux,   se  tirent  céder  au  commencement 
du  xp  siècle  une  partie  de  la  Neustrie,  de  l'Epte  au  Coësnon,  région  où 
ils  se  mêlèrent  aux  habitants  antérieurs  de  race  principalement  celtique. 
D'une  manière  générale,  la  présence  des  descendants   des  immigrants 
de   grande    taille   de  race  germanique  septentrionale  se  révèle  encore 
par  la  taille  relativement  élevée  des  habitants  des  régions  anciennement 
envahies.  En  effet,  la  répartition  des  exemptés  du  service  militaire  pour 
défaut   de  taille,  et  celle  des  recrues    de   haute    stature,   étudiée    par 
MM.  Boudin  et  Broca  (2),  montrent  que  dans  les  départements  du  nord 
et  de  l'est,  plus  ou  moins  blancs  sur  la  carte,  correspondant  aux  pays 
occupés  à  diverses  époques  par  les  Normands,   les  Saxons,  par  les  Ca- 
lâtes,  les    Belges,    les    Francks,  par  les  Burgundions,    c'est-à-dire    au 
nord-est  d'une  ligne  allant  du  département   de  la  Manche    à    celui   de 
l'Isère,  la  taille  de  la  population  est  généralement  plus  élevée  que  celle 
des  habitants  des  régions  anciennement  peuplées  par  les  Aquitains,  les 
Ligures  et  surtout  les  Celtes. 

Outre  ces  quatre  principaux  éléments  ethniques  :  1°  Aquitains  de  race 
ibérienne;  2°  Ligures;  3°  Celtes;  et  4°  immigrants  Galates,  Belges, 
Wisigoths,  Burgundions,  Francks,  Saxons,  Nordmanns  de  race  ger- 
manique septentrionale,  notre  pays  fut  habité  par  divers  colons  ou 
peuplades  vendus  en  moindre  nombre. 

Les  colons  grecs  et  romains  appartenant  aux  races  Pélasge,  Hellène, 
Tyrrhénienne,  Sabellique,  se  fixèrent  principalement  dans  les  villes  de 
notre  littoral  méditerranéen  :  MaacaXia,  Marseille;  Niy.aia,  Nice;  Iepbv, 
Hyères,  'A^aO-/;,  Agde,  etc.,  etc.,  indiquées  par  de  petits  cercles. 

OJGrégoirb  de  Tours  :  Hist.  Francor.,  1.  V,  cap.,  xxvn,  p. .272,  du  texte  et  trad.  de  Guadet  et, 
Taranne  1837.  Voir  aussi,  1.  X,  cap.  ix,  et  épitomata  LXXX. 

(2)  Broca  :  Rech.  sur  l 'Ethnologie  de  la  France  (Mém.  de  la  Soc.  d'Anthrop.,  t.  I,  p.  1-36  et  t.  II,1 
p.  147  210.)  —  Boudin  :  De  l'accroissement  de  la  taille  en  France  {Mém.  de  la  Soc.  d'Anthrop.,  t.  H 
p.  221-259.) 


734  ANTHROPOLOGIE 

Des  mercenaires,  des  troupes  d'Alains,  de  Sarmates,  de  Théiphales, 
s'établirent  sur  divers  points  des  Gaules.  Sambida  et  ses  Alains  reçurent 
des  terres  sur  les  bords  du  Rhône,  près  de  Valence,  d'après  Prosper 
Thon  (1).  Des  Théiphales  demeurèrent  dans  le  Bas-Poitou  où  les  men- 
tionne Grégoire  de  Tours  (2).  La  ville  de  Tiifauges,  sur  la  Sèvre-Nan- 
taise,  rappelle  encore  leur  nom. 

Les  Sarasins,  d'origine  sémitique,  envahisseurs  de  notre  pays,  les 
Maures  fugitifs,  sortis  d'Espagne,  restèrent  en  petit  nombre  dans  quel- 
ques villes  du  versant  nord  des  Pyrénées,  dans  quelques  vallées  des 
Alpes  comme  celle  des  Bauges,  et  dans  quelques  autres  petites  localités. 
Les  Juifs,  également  de  race  sémitique,  en  partie  expulsés  de  la  Pénin- 
sule s'établirent  en  grand  nombre,  à  Bayoune,  à  Bordeaux,  à  Avignon. 
Indépendamment  de  ces  Juifs  espagnols  et  portugais  de  race  sémitique 
plus  ou  moins  pure,  de  nombreux  Juifs  allemands,  la  plupart  d'origine 
germanique  et  slave,  mais  ayant  adopté  le  judaïsme,  habitèrent  et  habi- 
tent surtout  l'Alsace  et  la  Lorraine. 

Les  Tsiganes  ou  Bohémiens,  d'origine  peut-être  indienne,  paraissant 
n'être  arrivés  en  France  que  vers  le  commencement  du  xvf  siècle,  par- 
courent en  nomades  nos  départements,  surtout  ceux  du  Midi;  ou  excep- 
tionnellement demeurent  sédentaires,  comme  les  Gascarotacs  de  Ciboure 
près  de  Saint-Jean-de-Luz,  dans  les  Basses-Pyrénées,  comme  les  Hnidns 
près  de  Bitche  en  Lorraine. 

A  la  suite  de  ces  colons,  de  ces  fugitifs  immigrés  sur  notre  sol,  doi- 
vent encore  être  rappelés  les  Cagots  des  Pyrénées,  les  Vaudois  des 
Hautes-Alpes,  les  Anabaptistes,  d'origine  frisonne,  fixés  à  Montbéliard 
et  dans  les  Vosges,  les  Forétins,  d'origine  écossaise,  de  Saint-Martin- 
d'Auxigny  près  de  Bourges,  les  habitants  de  Courtisols,  d'origine  suisse, 
fixés  près  de  Notre-Dame-de-1'Epine ,  dans  le  département  de  la 
Marne,  etc.,  etc.;  diverses  petites  populations  pouvant  être  indiquées 
sur  une  grande  carte  coloriée  comme  celle  présentée  à  la  section  d'an- 
thropologie, mais  ne  pouvant  l'être  sur  une  carte  aussi  réduite  que 
celle  ci-jointe. 

DISCUSSION 

M.  Hovelacque.  La  carte  ethnographique  de  M.  Lagneau  est  un  point  de 
départ  excellent.  J'ai  pourtant  à  formuler  une  réserve  d'ordre  général.  Le 
domaine  aquitain  (ou  ibérique)  est  peint  on  bleu,  le  celtique  en  rouge,  le 
ligure  en  vert  :  au  point  de  vue  historique  cela  est  fort  bien,    mais  au  point 

(0  Prosper  Tiron  :  Ckronicon  -An'  Henrici  Canisii,  t.  i.  il  172,  Ingolstadii,  1601. 

-   Grégoirbdb    ours  :  Bist.  <  ;.,  t,  il,  1.  V.  cap.  vu.  p.  194,  texte  et  trad.  de  Taranue, 

Paris,  is;n  —  et  Vite  Patrum,  cap.  w,  p.  \±îs,  éd.  de  Iheod.  Ruinait,  1699. 


<;.  LAGNEA1  .  —  CARTE  ETHNOGRAPHIQUE  DE  FRA  M  I  735 

de  vue  ethnique  une  distinction  aussi  catégorique  entre  les  Celtes  (Bretons  , 
Auvergnats),  et  les  Ligures  (Savoyards,  Piémontais,  etc.)  me  semble  peu 
acceptable.  M.  Lagneau  s'appuie  sur  la  différence  d'indice  céphalique.  Mais 
celle-ci  est  faible;  2  0/0  ou  3.  L'indice  nasal,  l'indice  orbitaire,  et  la  con- 
formation généraledu  crâne  relient  intimement  le  Savoyard  à  l'Auvergnat  et 
au  Breton.  J'attribue  à  l'influence  burgonde  la  haute  taille  que  possèdent  cer- 
tains savoyards  et  la  teinte  plus  claire  des  cheveux  dans  certains  cantons. 
Mais  la  forme  du  crâne  a  persisté  et  elle  est  semblable  à  la  forme  celtique. 
Ainsi,  en  principe,  l'occiput  tombe  en  ligne  presque  directe  sans  qu'il  y  ait 
une  partie  inclinée  vers  le  lambda.  Le  front  est  le  même;  il  présente  une 
dépression  horizontale  assez  marquée  entre  les  bosses  frontales  et  les  arcs 
sourciliers.  Tandis  que  les  Ibères  se  distinguent  nettement  des  Celtes,  je  ne 
puis  donc  dissocier  les  Ligures  de  ces  derniers,  et  je  voudrais  pour  eux,  sur 
cette  carte,  une  couleur  de  même  gamme  que  le  rouge,  par  exemple  le  brun. 
En  autres  termes,  Celtes  et  Ligures  sont  à  mes  yeux  deux  variétés  d'une  seule 
et  même  race. 

M.  Hamy,  dans  un  travail  analogue  à  celui  de  M.  Lagneau,  a  procédé  par 
époque.  En  abordant  l'étude  de  la  période  mérovingienne,  il  s'est  fondé  sur  les 
documents  archéologiques  qu'elle  peut  fournir,  les  documents  de  cette  nature 
offrant  des  garanties  de  précision  toutes  particulières.  Il  est  rare,  en  effet,  de 
rencontrer  dans  les  sépultures  mérovingiennes  des  vestiges  d'un  type  autre 
que  le  type  franc.  M.  Hamy  estime  que  c'est  au  moyen  de  cartes  du  genre  de 
celles  qu'a  dressée  M.  Lagneau  que  l'on  parviendra  à  résoudre  les  problèmes 
ethnographiques . 

M.  Broca.  Sur  ce  qui  a  trait  à  la  taille,  nous  possédons  en  France  des  no- 
lions  positives.  Mais  sur  la  couleur  des  cheveux  et  des  yeux,  nos  connaissan- 
ces se  limitent  à  de  pures  impressions.  Les  faits  statistiquement  coordonnés 
nous  manquent.  Il  y  a  longtemps  déjà,  M.  de  Jouvencel  avait  fait  la  proposi- 
tion d'ouvrir  une  enquête  rigoureuse  sur  le  sujet,  dans  les  écoles.  Mettant  à 
profit  l'idée  éclose  en  France,  les  Allemands,  sous  la  direction  de  M.  Wirchow, 
ont  entrepris  une  enquête  de  cet  ordre.  Toutefois,  leur  manière  de  procéder 
les  induisit  dans  une  inévitable  erreur.  Les  enquêtes  instituées  sous  l'impul- 
sion de  M.  Wirchow  portèrent,  en  effet  sur  des  enfants.  Or,  les  cheveux,  dans 
l'enfance,  sont  loin  d'avoir  acquis  la  coloration  qu'ils  prendront  et  garderont 
d'une  manière  définitive  à  l'âge  où  l'organisme  sera  parvenu  à  son  complet 
développement . 

C'est  sur  l'adulte  que  ces  enquêtes  devraient  porter,  et  c'est  dans  l'armée 
qu'elles  pourraient  être  conduites  avec  succès.  M.  Broca  a  fortement  engagé 
M.  Wirchow,  qui  dispose,  dans  son  pays,  d'une  grande  initiative  politique,  à 
l'employer  auprès  de  son  gouvernement  pour  qu'une  semblable  enquête  soit 
ordonnée.  En  France,  il  faut  le  reconnaître,  les  efforts  tentés  dans  ce  sens 
sont  demeurés  à  peu  près  infructueux  jusqu'ici. 

Sur  sa  carte,  M.  Lagneau  a  caractérisé  les  Celtes  par  le  rouge  et  les  Ligu- 
res par  le  vert.  Le  choix  qu'il  a  fait  des  couleurs  me  semble  dépasser  la  pro- 
portion et  accentuer  à  l'excès  la  distinction  à  établir  entre  les  Ligures  et  les 
Celtes.  La  différence  qui  existe  entre  les  Ligures  et  les  populations  de  Savoie 


736  ANTHROPOLOGIE 

est  peu  sensible.  Les  Ligures  ne  sont  pas  restés  cantonnés  dans  la  région  dis- 
tincte qu'indique  M.  Lagneau.  Au  lieu  de  couleurs  disparates,  il  y  aurait  un 
avantage  à  employer  une  gamme  de  couleurs  nuancées. 

Quant  à  l'opinion,  émise  par  M.  Ilamy  sur  les  sépultures  mérovingiennes, 
M.  Broca  ne  saurait  la  partager.  L'influence  ethnique  exercée  par  les  Francs  a 
été  nulle;  seule,  leur  autorité  a  prévalu,  leur  influence  a  été  purement  politi- 
que. Ce  qu'on  doit  entendre  par  cette  expression  :  Sépulture  mérovingienne, 
c'est  le  mode  de  sépulture  usité  pendant  une  époque  déterminée. 

M.  Raffaillac  :  .le  ferai  remarquer  qu'à  propos  de  la  coloration  que  M.  La- 
gneau a  attribuée  au  Médoc,  il  existe  une  anomalie,  quant  à  la  race  qu'il  veut 
indiquer  par  la  couleur  rouge.  Cette  contrée,  comprise  entre  Bordeaux  au  Sud, 
la  pointe  de  Grave  au  Nord,  l'Océan  à  l'Ouest  et  la  Gironde  à  l'Est,  sur  une 
longueur  de  100  kilomètres  du  Nord  au  Sud,  et  40  en  moyenne  de  l'Est  à 
l'Ouest,  est  habitée  par  une  population  appartenant  certainement  au  groupe 
désigné  sur  sa  carte  par  la  coloration  bleue.  En  effet,  si  on  prend  la  popu- 
lation centrale  et  Ouest  de  cette  région,  c'est-à-dire  celle  qui  n'a  pas  été  mé- 
langée par  l'apport  étranger,  on  trouve  des  hommes  généralement  de  petite 
taille,  au  style  dolichocéphale,  au  nez  aquilin,  cheveux  et  yeux  noirs,  au  sys- 
tème adipeux  très-peu  développé,  au  langage  concis,  caractérisé,  parmi  les 
dialectes  de  la  langue  d'oc,  par  l'élision  de  la  lettre  F,  qui  est  remplacée  par 
une  forte  aspiration  ;  ainsi  quand  ils  veulent  dire  :  du  feu,  ils  disent  (d'auou 
hue).  Le  fond  de  leur  caractère  est  contemplatif.  Us  restent  dos  journées  en- 
tières perchés  sur  leurs  échasses  au  milieu  de  leurs  landes  où  l'horizon  n'est 
borné  par  rien,  et  si  on  rencontre  dans  ces  solitucles  quelque  individu  ayant 
été  soldat  et  ayant  habité  les  grandes  villes,  il  n'hésitera  pas  à  répondre,  si 
on  l'interroge,  qu'il  lui  tardait  de  revenir  reprendre  sa  vie  de  solitude. 

Cette  population  étant  de  petite  taille  faisait  le  désespoir  de  la  population 
des  rives  de  la  Gironde,  qui  par  le  mélange  des  races  et  une  alimentation  plus 
substantielle,  a  acquis  un  développement  très-marqué,  lors  du  tirage  au  sort, 
et  quand  le  hasard  faisait  que  la  zone  de  la  lande  prenait  les  faibles  numéros, 
Il  fallait  alors,  pour  parfaire  le  contingent,  atteindre  des  numéros  qui  se 
croyaient  parfaitement  à  l'abri.  Si  maintenant  on  considère  la  rive  opposée  de 
la  Gironde,  là  la  coloration  du  docteur  Lagneau  a  toute  sa  raison  d'être.  En 
effet,  on  trouve  là  une  population  aux  cheveux  généralement  châtains,  au 
teint  clair,  ayant  un  langage  relevant  de  la  langue  d'oil,  avec  même  une 
exagération  d'accent  appelé  dans  le  pays  d'accent  saintongeois.  Ces  deux  popu- 
lations, bien  que  n'étant  séparées  (pie  par  la  Gironde,  présentent  des  diffé- 
rences qui  justifient,  pour  les  unes,  la  coloration  qui  les  désignent,  mais  qui 
doivent  imposer  à  celles  du  Médoc  la  coloration  bleue  qui  rend  mieux  compte 
de  leurs  origines. 

M.  Topinard  s'étonne  de  ne  pas  voir  figurer  dans  le  travail  de  M.  Lagneau 
les  documents  émanant  de  la  coloration  des  cheveux.  Les  documents  de  cette 
nature  seraient,  avec  avantage,  utilisés  comme  base  d'une  statistique. 

M.  Lagneau  :  Les  Ligures  étant  très-brachycéphales  et  les  Celtes  étant  bra- 
chycéphales,  peut-être,  ainsi  que  le  remarquent  M.  Hovelacque  et  M.  Broca, 
eùt-il    été    préférable,  tout  en  cherchant   à  les   délimiter,    de  les  différeacier 


G.    LAGNEAU.    —     CARTE    ETHNOGRAPHIQUE    DE    FRANCE  737 

d'une  manière  moins  tranchée  sur  ma  carte.  Toutefois,  il  ne  faut  pas  oublier 
que  Strabon  distingua  ethnologiquement  les  Ligures  des  Celtes,  soit  sur  le 
littoral  méditerranéen  où  il  montre  anciennement  des  Ligures,  puis  des  Celto- 
Ligures,  soit  dans  les  Alpes  où  il  les  dit  de  races  différentes  éTepo^irçlî  quoi- 
que vivant  de  la  même  manière.  (Straison,  Géogr.,  1.  IV,  ch.  vi,  g  3,  p.  169  ; 
1.  II,  eh.  v,  §  28,  p.  106,  coll.  Didot.) 

Avec  M.  Hamy,  je  reconnais  l'utilité  des  cartes  analytiques  lorsqu'on  étu- 
die séparément  des  époques,  des  races  déterminées.  Mais  je  crois  également  à 
l'utilité  des  cartes  synthétiques,  comme  celle  que  j'ai  essayé  de  faire,  quand,  au 
lieu  d'étudier  une  époque  ou  un  élément  ethnique  isolément,  on  veut  repré- 
senter l'état  ethnique  d'une  nation  qui,  comme  la  nôtre,  résulte  de  la  juxta- 
position, de  l'immixtion  de  peuples  nombreux,  de  races  diverses. 

Une  carte  synthétique  ethnographique  devrait  rendre  compte,  par  la  répar- 
tition géographique  des  divers  éléments  ethniques,  des  nombreux  faits  anthro- 
pologiques différentiels  relatifs  à  la  taille,  à  la  conformation  céphalique,  à  la 
coloration  des  yeux  et  des  cheveux  présentés  par  les  habitants  actuels  de 
notre  pays.  Les  cartes  analytiques  ont  un  but  spécial,  exclusif;  les  cartes  syn- 
thétiques en  ont  un  autre,   plus  complexe,  mais  non  moins  utile. 

M.  Hovelaeque  paraît  disposé  à  attribuer   une  influence  ethnique   aux   Bur- 
gundes  sur  les  caractères  anthropologiques  des  habitants  de  la  Savoie  :  d'une 
part,  parce  que  les   Savoyards  actuels   sont  un   peu   plus  grands  et  un  peu 
moins  bruns  que  les  descendants  des  Celtes  ;  d'autre  part,  parce  que  de  nom- 
breux  tombeaux    Burgundes    se    trouvent    dans     cette    région.    Pareillement 
M.  Hamy  accorde  une  assez  grande  influence  aux    Francks,  parce  qu'en  Nor- 
mandie, dans  les  sépultures  mérovingiennes  qu'il  a  étudiées,  le  type  dolicho- 
céphale s'est  trouvé  presque  uniquement  représenté.  Je  suis  loin  de  contester 
l'influence  des   immigrants  Burgundes   et   Francks  sur  les  populations  anté- 
rieures des  régions  par  eux  envahies.  Toutefois,  il  est  bon  de  remarquer  que 
les  sépultures  Helvéto-Burgundes,  dans   la   région   orientale  de  notre   pays  et 
dans  la  Suisse,  comme  les  sépultures  Mérovingiennes  dans  le  Nord-Est  de  la 
France,  sont  plutôt  spéciales  à  une  époque  qu'à  une  race.  Elles  se  rapportent  à 
l'époque  qui  a  succédé  aux  grandes  invasions  du  commencement  du  Ve  siècle. 
Mais  comme,  après  la  conquête,  ces  immigrants  ne  constituaient  qu'une  partie 
de  la  population    principalement  composée  des   anciens  habitants   des  Gaules, 
les  sépultures  de    cette   époque    Helvéto-Burgunde  et    Mérovingienne   doivent 
renfermer  les  ossements  de  ces  conquérants,  mais  également  ceux  des  anciens 
habitants.  Aussi,    en  voyant  M.  Hamy  ne  trouver  dans  les   sépultures  méro- 
vingiennes du  département  de  la  Seine-Inférieure  que    le  type  dolichocéphale, 
on  se  demande  si,  dans  cette  région,  durant  les  premiers  temps  de  l'occupation 
de  notre  territoire,    les   conquérants   Francks  n'avaient  pas  eu  des  cimetières 
spéciaux,  distincts  de  ceux  des  autres  habitants.  En  tous  cas,  ainsi  que  le  fait 
observer  M.  Broca,    bien    que  la  conquête  franque  se  soit  étendue  à  toute  la 
Gaule,  les  Franks,  relativement   peu  nombreux,    par  rapport  à  la  population 
antérieure,   ne   paraissent   avoir  eu  quelque    influence    ethnique  que  dans  la 
région  Nord-Est,  où  ils  s'établirent  en  certain  nombre. 
Outre  les  Flamands  de  la    partie   septentrionale  du  département  du  Nord, 

47 


7;{!S  ANTHROPOLOGIE 

outre  les  Lyselards  et  les  Hautbrighenards  de  Saint-Oraer,  sur  les  bords  de 
l'Aa,  dans  celui  du  Pas-de-Calais,  je  sais  que  M.  Courtois  a  trouvé  quelques 
documents  écrits  autorisant  à  penser  que  la  langue  flamande  aurait  ancienne- 
ment été  parlée  dans  une  région  plus  ou  moins  étendue,  située  au  sud  de 
cette  rivière  (Courtois,  Ann.  du  Comité  flamand  de  France,  t.  IV,  p.  390,  etc., 
1858-9)  ;  mais  il  serait  intéressant  de  préciser  les  localités  encore  occupées 
par  les  Flamings  de  Picardie  dont,  parle  M.  Ilainy. 

Dans  un  travail  dont  la  notice  accompagnant  ma  carte  ethnographique 
n'est  que  le  résumé,  j'ai  tenu  compte  des  trop  peu  nombreuses  statistiques 
recueillies  par  M.  Guibert  de  Saint-Brieuc,  par  M.  Beddoe,  par  M.  Durand  de 
Gros  et  quelques  autres  observateurs  sur  la  coloration  des  yeux  et  des  cheveux 
des  habitants  des  départements  des  Côtes-du-Nord,  du  Calvados,  de  l'Avey- 
ron,  etc.;  mais,  comme  le  lait  observer  M.  Topinard  lui-même,  en  attirant 
mon  attention  sur  ce  point  de  vue  anthropologique,  je  n'ai  pas  eu  à  ma  dis- 
position des  documents  analogues  à  ceux  recueillis  en  Allemagne  sur  les 
écoliers.  M.  Javal  disait  dernièrement,  à  la  Société  d'hygiène  publique,  qu'il 
serait  intéressant  de  faire  sur  nos  écoliers  des  recherches  optoinétriques.  Ces 
recherches  permettraient  aussi  de  noter  la  coloration  des  cheveux  et  des  yeux 
des  enfants.  Dans  mes  Recherches  anthropologiques  sur  les  conscrits  et  les  soldais, 
j'ai  rappelé  l'intérêt  qu'il  y  aurait  à  recueillir  sur  nos  jeunes  compatriotes  des 
documents  statistiques  sur  la  coloration  des  yeux  et  des  cheveux. 

M.  Broca  observe  que  dans  la  région  Sud-Ouest,  ne  tenant  compte  que  de 
la  distinction  linguistique  signalée  par  les  auteurs  anciens,  je  n'ai  indiqué  sur 
ma  carte  que  les  Aquitains,  tandis  que  dans  cette  région  il  y  a  eu  des  Bas- 
ques dolichocéphales,  des  Boïes,  etc.  Je  rappellerai  que  Strabon  remarque  à 
deux  reprises  que  la  distinction  des  Aquitains  des  autres  peuples  des  Gaules 
et  leur  rapprochement  des  Ibères  d'Hispanie  reposent  non-seulement  sur  la 
langue,  xa-rfc  t*(v  -^wrrav,  mais  aussi  sur  les  caractères  physiques,  sur  la  con- 
formation du  corps,  xaxèt  te  t&ç  aojjjiàTwv  Mza.<jY.zuhz.  (Strabon,  1.  l\,cap.  î,  §  1, 
p.  146,  et  cap.  n,  §  1,  p.  157.) 

Quant  aux  Basques  dolichocéphales,  dont  l'existence  a  été  démontrée  par 
M.  Broca,  moins  en  France  que  dans  le  Guipuscoa  en  Espagne,  j'ai  cru  devoir 
les  rapprocher  des  Atlantes,  race  qui,  d'après  Bory  de  Saint-Vincent,  MM.  de 
Quatrefages  et  Hamy,  paraîtrait  devoir  comprendre  les  Guanches  des  îles 
Canaries,  les  Kabyles  dolichocéphales  du  Nord-Ouest  de  l'Afrique,  les  Basques 
du  Guipuscoa  et  quelques  dolichocéphales  des  temps  préhistoriques  comme 
ceux  de  la  caverne  de  Sorde,  de  la  caverne  de  l'Homme  mort  et  de  la  grotte 
de  Cro-Magnon.  (Bory  de  Saint-Vincent  :  l'Homme,  t.  1,  p.  174,  1827.  —  De 
Quatrefages  et  Hamy  :  Bull,  de  la  Soc.  d'anthrop.,  2e  sér.,  t.  IX,  p.  260-200, 
1874;  et  Crania  Ethnica,  p.  96.) 

Quant  aux  Boies  Picei,  mentionnés  par  Saint-Paulin,  je  les  ai  indiqués  sur 
ma  carte,  comme  des  immigrants  venus  de  Germanie  sur  le  littoral  Sud-Ouest 
des  Gaules,  conformément  à  l'opinion  d'Am.  Thierry.  Toutefois,    relativement 

àces  Boïes,  dont  1rs  hoi ymes  ont  laissé  leur  nom  à  la  Bohême,  Boio-hemum, 

il  est  bon  de  rappeler  que  le  sens  de  leur  migration  est  contesté,   et  que  tout 
récemment,  à  l'Académie   des  inscriptions,  M.   Maximin  Deloche,    s'appuyant 


RABOT.    —   MONUMENTS  MÉGALITHIQUES    DE    SEINE-ET-OISE  739 

sur  certain  texte  de  Tacite,  disait  que  loin  d'être  venus  de  Germanie  en 
Gaule,  ils  étaient  passés  de  Gaule  en  Germanie,  (Saint-Paulin  :  Poemata, 
epist.  IV.  p.  177,  1622  Antuerpiœ.—  Am .  Thierry  :  Hist.  des  <;<iitl<>is7  1.  IV,  en.  i, 
t.  I,  p.  431,  18G2.  —  Tacite  :  De  Mor.  Germ.,  xxvm.) 


M.   RABOT 


EXPOSE  D'UNE  MONOGRAPHIE  DES   MONUMENTS  MÉGALITHIQUES 

ET  DES  OBJETS  TRAVAILLÉS    PRÉHISTORIQUES    DANS    LE    DÉPARTEMENT 

DE  SEINE-ET-OISE. 

(EXTRA]  1     DO    PB    <  ;  S-VBRB  IL. 


—  Séance  du  2S  août   1877.   — 

M.  Rabot  fait  l'énumération  des  travaux  entrepris  par  M.  Guégan,  et  dépose 
sur  le  bureau  la  liste  suivante  des  découvertes  qu'on  doit  à  cet  explora- 
teur . 

Monographie  des  monuments  mégalithiques  et  des  tihji-is  travaillés  par  l'homme  aux 
temps  préhistoriques,  dans  le  département  <l<'  Srine-et-Oise. 

bétique.*    U°  volume  de  3b  fascicules  est  déjà  prêt  pour  l'impression. 

A.  —    1°  Argenteuil,    allée   couverte,   objets     trouvés    dans   le    dolmen, 

6  planches  en  couleur,  avec  texte. 
2°  Auvers,  sépulture  gauloise,  2  planches. 
3o  La  pierre  Ardroue  (dolmen),  2  planches. 

B.  —    4°  Bellevue-Meudon  (allée  couverte),  objets  trouvés  dans  le  dolmen, 

4  planches  avec  texte. 
5°  Boissy-le-Cutté  (dolmen),  1  planche. 
G0  Brueil,  la  grotte  aux  fées  (allée  couverte). 

C.  —    7°  Chars,  bautes-bornes  et  pierres-fittes. 

8°  Conflans   Sainte  -  Honorine,  dolmen    transporté    au    musée   de 
Saint-Germain,  découvert  par  l'auteur;  nombreuses  planches  et 
texte. 
9°  Chérence  (dolmen). 

10°  La  pierre  Turquaise,  forêt  de  Carnelle  (dolmen). 
11°  La  Celle-Saint-Cloud  (station  gallo-romaine). 

D.  —  12°  Dennemont  (Sépulture  mégalithique). 

13°  Objets  trouvés  par  le  dragage  dans  le  lit  de  la  Seine;  G  planches 
avec  texte. 

E.  —  14°  Épône  (dolmen),  4  planches  et  texte. 

G.  —  15°  Saint-Germain-en-Laye,  stations  préhistoriques  à  l'air  libre,  silex 
taillés  et  pierre  polie;  6  planches. 
1G°  Gency,  pierre  levée  (2  planches  avec  texte). 


740  ANTHROPOLOGIE 

11.  —  17"  Saint-Hilaire,  pierre-fitte. 

L.  —  18°  Luzarches,  sépulture   mégalithique  et  objets   trouvés  dans  les 

fouilles  (i  planches  avec  texte). 
M.  —  19°  Maule.  —  La  pierre  druidique. 

20°  Les  Mauduits  (dolmen). 

21°  Les  Mureaux,  station  gallo-romaine,  1(5  planches. 

22°  Marly-le-Roi,  stations  à  l'air  libre. 
N.  —  23°  Nauphlette,  menhir. 
P.  —  2i°  Le  Pecq,  quaternaire  des  sablières. 
S.   —  25"  Septeuil,  station  gallo-romaine. 
X.  —  26°  Tïiel,  tombeaux  gallo-romains. 

27°  Thiouville,  arrondissement  de  Rambouillet  (dolmen). 
y.  _  28°  Villeneuve-Saint-Georges,  sépultures  gauloises. 

29°  Vigneux  (menhir). 

30n  Yilleneuve-le-Roi  (menhir  incliné). 

31°  Vicq  (sépulture  gallo-romaine). 

32°  Vauréal  (dolmen). 

33"  Spécimens  d'emmanchements  de  la  pierre. 

Vingt  autres  fascicules  sont  en  ce  moment  à  l'étude,  mais  l'auteur  manque  de 
moyens  pour  se  rendre  sur  les  lieux. 

M.  Rabot  demande  l'approbation  de  la  section,  afin  de  faciliter  de  la  part  du 
conseil  général  de  Seine-et-Oise  un  encouragement  à  M.  Guégan. 

M.  de  Mortillet  insiste  sur  Futilité  des  recherches  départementales  en 
général  et  propose  un  vote  favorable  sur  la  proposition  de  M.  Rabot. 

Le  principe  est  adopté  à  l'unanimité. 


M.  le  D1  François  POMMEROL 

De  Gurzat  (Puy-de-Dôme). 


FOUILLES  OPÉRÉES  DANS  LA  CITÉ  EN  PIERRES  SECHES  DE  SAINT-NECTAIRE. 

—   Séance  du  29  août  18ï~.  — 

J'ai  communiqué,  l'an  dernier,  à  la  session  de  Glermont-Ferrand,  le 
résultat  de  mes  recherches  sur  d'anciens  villages  construits  en  pierres 
sèches  que  j'avais  appelés  des  cités  méyalilliiques  et  qui  se  rencontrent 
dans  les  régions  les  plus  montagneuses  de  l'Auvergne.  Le  Conseil  de 
l'Association,  pour  m'encourager  à  poursuivre  cette  étude,  a  bien  voulu 
m'accorder  une  importante  subvention  qui  m'a  permis  de  pratiquer  des 
touilles  sérieuses,  et  de  rechercher  par  cela  même  l'âge  auquel  remontent 


POMMEROL.    —    LA    CITÉ    EN    PIERRES    SÈCHES    DE    SAINT-NECTAIRE         "41 

ces  grossières  constructions.  Je  viens  aujourd'hui  remercier  les  membres 
du  Conseil  de  la  marque  d'honneur  dont  ils  m'ont  distingué.  Je  viens 
en  même  temps  porter  à  la  connaissance  de  la  section  anthropologique 
les  faits  que  j'ai  découverts  en  taisant  touiller  l'ancienne  station  de 
Saint-Nectaire. 


Echelle  il:i»0Q 

Fig.  ns.  —  Cité  en  pierres  sèches  de  Saint-Nectaire. 

Suivant  le  plan  que  nous  avons  donné  dans  le  compte  rendu  de  la 
dernière  session  (fig.  8),  la  station  de  Saint-Nectaire  comprend  une  ran- 
gée supérieure  de  six  cases,  tandis  qu'on  n'en  observe  qu'une  seule  à  la 
rangée  inférieure.  Si  nous  numérotons  chaque  case  du  plan,  en  allant 
de  gauche  à  droite  et  de  haut  en  bas,  les  cases  que  nous  avons  fouil- 
lées et  vidées  entièrement  sont  les  deuxième,  quatrième,  cinquième  et 
sixième.  Nous  avons  aussi  examiné  une  autre  petite  case  qui  n'est  pas 
portée  sur  le  plan  de  187(5  et  qui  se  trouve  en  face  de  la  troisième  et  à 
droite  de  la  septième.  Rien,  à  première  vue,  n'indiquait  la  présence 
d'anciens  murs.  La  case  n'est  devenue  apparente  qu'après  avoir  été 
entièrement  déblayée  ;  sa  forme  représente  un  carré  de  2  mètres  de 
côté.  Les  fouilles  ont  été  conduites  jusqu'au  granit  sur  lequel  reposent 
les  fondations.  La  terre  et  les  pierres  éboulées  dans  l'intérieur  de  cha- 
que case  formaient  une  couche  qui  avait  parfois  une  épaisseur  de 
un  mètre.  C'est  près  du  mur  d'enceinte  ou  d'appui  que  les  matériaux 
présentaient  la  plus  grande  hauteur.  Au  devant  de  chaque  case  nous 
faisions  ouvrir  jusqu'au  sol  granitique  une  large  tranchée,  et  les  ouvriers 
partaient  de  cette  ligne  pour  enlever  de  proche  en  proche  la  terre  et 
les  pierres  qui  remplissaient  la  case.  Les  pierres  un  peu  volumineuses 
étaient  prises  à  la  main,  et  déposées  en  avant  ou  sur  les  côtés  des 
cases.  Les  terres  étaient  retournées  plusieurs  fois  et  examinées  avec 
attention,  après  avoir  été  jetées  à  la  pelle.  De  cette  manière  il  était  facile 
d'apercevoir  les  objets  les  plus  petits.  Ceux  que  nous  avons  rencontrés 
sont  des  fragments  de  poterie,  des  débris  osseux,  des  objets  de  fer  et 
de  pierre. 


742  ANTHROPOLOGIE 

I.  _  Poteries.  —  Les  échantillons  de  poterie  sont  très-nombreux,  et  appar- 
tiennent à  des  vases  de  dimensions  variables.  Quelques-uns  étaient  d'une 
capacité  considérable  et  possédaient  des  anses  larges,  longues  et  aplaties.  Le 
fond  était  plat,  l'ouverture  très-évasée  et  le  bord  supérieur  fortement  déjeté 
en  dehors.  Ils  portaient  sur  leur  paroi  un  petit  conduit  ou  déversoir,  pour 
vider  facilement  le  contenu.  Ces  conduits  sont  tantôt  droits,  et  tantôt  recour- 
bés ;  ils  s'adaptaient  soit  en  haut,  soit  à  la  base  du  vase,  suivant  sa  desti- 
nation. 

Un  spécimen  à  grande  anse  et  ouverture  étroite  se  rapproche  de  la  cruche 
moderne  dont  on  se  sert  pour  prendre  l'eau  des  fontaines. 

L'ouverture  des  grands  vases  était  simplement  arrondie;  celle  des  vases  plus 
petits  porte  parfois  des  dépressions  ou  becs  latéraux.  Quelques-unes  de  ces 
ouvertures  annoncent  des  vases  à  goulot,  analogues  à  ceux  dont  se  servent  les 
paysans  d'Auvergne  pour  mettre  l'huile  et  qu'ils  appellent,  dans  leur  patois, 
une  buge. 

Quelques  fragments  présentent  une  singulière  particularité.  Ils  ont  été,  après 
la  cuisson,  recouverts  d'une  seconde  couche  de  pâte  qui  a  été  cuite  à  son  tour, 
et  cela,  pour  consolider  sans  doute  un  ancien  vase  ou  pour  y  adapter  des 
anses. 

Le  vase  ordinaire,  pot  ou  terrine,  n'est  pas  la  seule  forme  que  nous  avons 
rencontrée.  Nous  signalerons  une  espèce  de  coupe  ou  soupière,  portant  inté- 
rieurement une  couche  de  vernis  rougeàtre.  L'extérieur,  très-écaillé,  présente 
des  traces  violentes  de  feu. 

Des  fragments  très-épais  et  résistants  ont  appartenu  à  des  plats  ou  à  des 
assiettes.  Des  rebords  à  becs  annoncent  des  vases  dont  l'usage  était  de  verser 

à  boire. 

Les  ornements  qui  décorent  ces  vases  sont  tous  d'une  grande  simplicité. 
Les  potiers  d'alors  n'étaient  pas  artistes.  L'utilité  et  la  solidité  étaient  le  seul 
but  auquel  ils  visaient.  Ces  ornements  consistent  tantôt  en  de  petites  dépres- 
sions losangiques,  tantôt  en  saillies  allongées  verticalement,  en  forme  de  den 
telures,  suivant  un  cordon  horizontal.  Mais  le  plus  souvent,  le  cordon  a  été 
largement  déprimé  par  la  pression  du  pouce,  constituant  ainsi  toute  une  série 
d'impressions  digitales.  Ce  dernier  motif  d'ornementation  est  le  plus  commun 
et  se  trouve  toujours  sur  des  vases  de  grande  capacité.  On  remarque  encore 
sur  d'autres  fragments  quelques  cordons  simples  et  des  rainures  circulaires 

Tous  ces  vases  sont  manifestement  faits  au  tour.  La  pâte  est  bien  cuite,  rou- 
geàtre et  parfois  couverte  d'un  enduit  noir  que  le  frottement  désagrège  et  fait 
disparaître  facilement.  Enfin,  quelques  spécimens  peu  nombreux  portent  les 
traces  d'un  vernissage  de  couleur  jaune  ou  brune. 

Nous  signalerons  encore  des  débris  de  grosses  tuiles  à  rebord,  ainsi  qu'un 
petit  fragment  de  tuile,  qui,  par  frottement,  a  été  exactement  arrondie,  de 
manière  à  former  une  petite  rouelle  ayant  VS  millimètres  de  diamètre  et  lo 
millimètres  d'épaisseur. 

H,  _  Débris  osseux.  —  Les  ossements  que  nous  avons  découverts  appartien- 
nent aux  espèces  cheval,  bœuf  et  mouton.  Le  mouton  est  de  beaucoup  le  plus 
nombreux,  et  ressemble  absolument  à  celui  de  nos  jours.  Le  bœuf  et  le  cheval 


POHHEROL.    —   LA    CITÉ    EN    PIERRES    SÈCHES    DE    SAINT-NECTAIRE         i  '»■! 

sont  rares.  Le   premier  appartient    à    une  race  petite  et  grêle,  tandis  que  le 
second  est  d'une  taille  assez  élevée. 

jllé  _  Objets  defer.  —  Ces  objets  sont  les  plu--  intéressants  à  étudier.  Nous 
signalerons  d'abord  la  lame  d'un  couteau,  à  pointe  brisée,  et  nui  présente  en- 
core une  longueur  de  '•»  centimètres.  Ledos  de  la  lame  est  recourbé  et  le  tran- 
chant rectiligne.  Elle  portail  inférieurement  une  tige  ou  soie  qui  pénétrait  dans 
le  manche.  Celui-ci.  pour  tenir  la  lame  solidemenl  fixée,  étail  entouré  à  son 
extrémité  supérieure  d'un.'  virole  de  cuivre  nu  de  bronze,  large  de  trois  centi- 
mètres, el  portant  une  petit 'nementation  qui  consiste   en  un    filet  et  deux 

lignes  creuses  circulaires.  Ce  mode  d'emmanchement  rappelle  tout  à  t'ait  celui 
des  couteaux  de  table  actuels.  On  voit  entre  la  soie  et  la  virole,  de  même  qu'à 
la  surlace  de  la  lame,  Ars  fibres  ligneuses  imprégnées  d'oxyde  de  ter  qui  mon- 
trent que  la  lame  était  contenue  dans  une  gaîne  et  fixée  dans  un  manche  de 
bois.  A  LagUyolle,  dans  les  montagnes  de  l'Aveyron,  on  trouve  encore,  m'a 
dit  M.  Cohendy,  archiviste  à  Germon t-Ferrand,  des  couteaux  à  lame  lixc, 
maintenue  dans  un  fourreau  de  cuir  ou  de  bois.  Les  paysans  les  portent 
attaches  ii  leur  ceinture.  Quand  ils  se  battent,  ils  s'en  servent  comme  de  poi- 
gnard, et  l'appellent  familièrement   le  bon  l>i<>>i  de  Laguyolîe. 

Les  autres  objets  defer  que  nous  avons  trouvés  sont  des  clous  assez  longs, 
à  tige  carrée  et  à  tète  comprimée,  en  forme  de  T.  Nous  avons  signalé,  l'an 
dernier,  cette  disposition  sur  un  clou  de  fer  à  cheval,  provenant  de  la  cité  des 
Chazaloux.  Nous  avons  encre  deux  pièces  de  1er  qui  paraissent  avoir  appar- 
tenu au  loquet  d'une  porte,  et  qui  sont  le  crampon  et  le  mentonnetsur  lesquels 
se  meut  la  clenchette. 

IV.  —  Objets  de  pierre.  —  Ces  objets  sont:  un  instrument  de  quartzite, 
ayant  G  centimètres  de  long,  fracture  à  une  de  ses  extrémités  et  soigneuse- 
ment arrondi  à  l'autre.  Les  bords,  épais  de  -2  centimètres,  sont  polis  avec 
intention,  tandis  que  les  deux  faces,  larges  de  35  millimètres,  ne  portent 
aucune  trace  d'usure  ou  de  polissage. 

Un  fragment  de  pierre  volcanique,  de  nature  ponceuse,  a  été  taillé  et  creusé 
en  forme  de  vase  ou  de  mortier  demi-sphérique.  Sa  profondeur  est  de  5 
et  sa  largeur  de  10  centimètres. 

Un  nucléus  de  quartz  brun,  taillé  avec  intention,  porte  à  sa  surface  de 
petites  aspérités,  traces  des  chocs  nombreux  qu'il  a  reç'is. 

La  partie  postérieure  d'une  grande  hache  de  pierre  polie,  en  fibrolithe.  Elle 
se  termine  en  pointe  arrondie  et  a  été  fracturée  à  !>  centimètres  de  celte 
pointe. 

Nous  avons  encore  trouvé  dans,  l'inférieur  des  cases  d'énormes  cailloux 
roulés  pris  dans  le  lit  du  torrent  voisin,  ainsi  qu'un  gros  prisme  de  basalte, 
provenant  du  sommet  du  puy  de  Mazeyres. 

Enfin,  nous  avons  découvert  dans  le  mur  antérieur  d'une  des  cases  deux 
larges  dalles  de  granit.  La  plus  grande  était  identique  à  celles  qui  supportent 
la  table  d'un  dolmen  situé  à  peu  de  distance  de  la  cité. 

Nous  avons  rencontré  des  fragments  de  poterie  dans  l'intérieur  de  toutes  les 
cases  fouillées,  mais  c'est  la  huitième  case  qui  a  fourni  les  échantillons  les 
plus  beaux  et  les  plus  nombreux.  Dans  cette  case  nqus  avons  aussi  rencontré 


744  ANTHROPOLOGIE 

plusieurs  cailloux  roulés  sphériques  de  la  grosseur  de  la  tête  ou  du  poing. 
C'est  encore  là  que  nous,  avons  découvert  les  objets  de  pierre  et  le  couteau  de 
fer  dont  nous  venons  de  donner  la  description. 

Nous  allons  maintenant,  en  nous  servant  de  tous  les  débris,  tâcher  de 
reconstituer  le  mobilier  et  le  genre  d'existence  de  la  petite  bourgade  qui 
avait  établi  son  domicile  au  pied  du  puy  de  Mazeyres,  et  à  quelque 
distance  d'un  des  plus  beaux  dolmens  des  environs. 

Les  objets  en  terre  cuite  composaient  la  partie  la  plus  importante  du 
mobilier.  Nous  avons  vu  qu'il  y  avait  des  vases  de  très-grande  dimension, 
munis  d'un  déversoir  inférieur  ou  supérieur.  Ceux  à  déversoir  supérieur 
servaient  probablement,  comme  la  cruche  actuelle,  à  transporter  l'eau 
puisée  au  ruisseau  voisin.  Ceux  à  déversoir  inférieur  contenaient  certai- 
nement des  substances  liquides  et  alimentaires  destinées  à  être  soutirées. 
C'était  sans  doute  dans  ces  vases  qu'était  reçu  et  caillé  le  lait  des  trou- 
peaux. Les  habitants  de  cet  ancien  village  étaient  des  bergers,  dont 
la  richesse  principale  était  le  lait  et  les  troupeaux  de  brebis.  Mais  ils 
possédaient  aussi  le  bœul  et  le  cheval,  comme  le  prouvent  les  débris 
osseux  trouvés  dans  l'intérieur  des  cases,  lis  devaient  se  nourrir  de  la 
chair  de  ces  animaux,  et  ils  la  faisaient  cuire  dans  l'intérieur  même  des 
cases,  où  nous  avons  constaté  la  présence  de  nombreux  fragments  de 
charbon. 

Le  morceau  de  quartz  taillé  qui  porte  des  traces  de  percussion  nous 
paraît  être  la  pierre  d'un  briquet,  destiné  à  fournir,  sous  le  choc  d'un 
morceau  de  fer,  l'étincelle  qui  devait  ranimer  le  foyer. 

Nous  ne  saurions  d'une  manière  précise  déterminer  l'usage  du  petit 
mortier  creusé  dans  un  fragment  de  pierre  ponceuse.  Peut-être  servait-il 
à  écraser  ou  broyer  des  substances  alimentaires.  Nous  en  dirons  autant 
de  l'instrument  en  quartzite  poli.  Est-ce  un  polissoir,  une  pierre  à 
aiguiser? 

Il  est  intéressant  de  constater  la  présence  des  dalles  d'un  dolmen  dans 
le  mur  d'une  des  cases,  où  elles  servaient  probablement  a  établir  l'ou- 
verture de  la  porte.  Nous  trouvons  là  une  preuve  que  ce  sont  les  habi- 
tants de  ce  petit  village  qui  ont  violé  cet  ancien  monument.  C'est  sans 
doute  dans  la  chambre  sépulcrale  qu'ils  ont  pris  la  hache  et  l'instrument 
de  quartz  polis  que  nous  avons  trouvés  au  milieu  même  de  nombreux 
fragments  de  poterie. 

Il  nous  sera  peut-être  facile,  maintenant  que  nous  avons  sous  les  yeux 
un  assez  grand  nombre  d'objets,  de  déterminer  d'une  manière  précise 
l'âge  des  habitations  en  pierres  sèches  de  Saint-Nectaire.  Le  fer  était  alors 
largement  employé.  Les  poteries  ont  un  caractère  tout  particulier.  Elles 
ne  ressemblent  plus  que  de  loin  aux  poteries  gallo-romaines. 


POMMEROL.    —    LA    C.ÏTÉ    EN    PIERRES    SÈCHES    DE    SAINT-NECTAIRE         745 

L'ornementation  des  vases,  consistant  en  cordons  marqués  de  larges 
impressions  digitales,  indique  en  Auvergne  une  époque  assez  bien 
déterminée.  On  l'observe  toujours  sur  les  poteries  que  l'on  découvre 
dans  les  tumulus,  les  mottes,  les  cimetières  de  l'époque  mérovingienne. 
J'en  ai  recueilli  de  semblables  dans  les  tumulus  d'Ennezat  et  de 
Malintrat.  Elles  se  trouvent  aussi  en  quantité  dans  les  terrains  qui 
entourent  la  vieille  église  de  Saint-Nectaire,  et  qui  ont  fourni  derniè- 
rement des  sarcophages  creusés  dans  la  domite. 

Ce  serait  donc  de  l'époque  mérovingienne  que  daterait  la  construction 
des  habitations  en  pierres  sèches  situées  au  N.  des  Thermes  de  Saint- 
Nectaire-le-Bas.  Les  hommes  de  celte  époque,  dans  un  but  superstitieux, 
recueillaient  les  haches  et  les  silex  taillés,  pour  les  remettre  dans  leurs 
sépultures,  comme  l'ont  prouvé  les  découvertes  faites  dans  le  cimetière 
de  Caranda.  Ils  avaient  aussi  l'habitude  de  manger  la  chair  de  cheval. 
Mes  recherches  dans  des  tumulus  mérovingiens  me  permettent  d'avancer 
cette  affirmation  avec  certitude.  J'ai  toujours  trouvé,  dans  mes  fouilles, 
des  os  longs  de  cheval,  sectionnés,  brisés,  fendus,  avec  l'intention  d'en 
extraire  la  moelle.  Si  mes  souvenirs  sont  exacts,  c'est,  je  crois,  sous  le 
règne  de  Charlemagne  qu'un  Concile  défendit  d'ensevelir  les  morts 
dans  les  tumulus  païens,  et  de  manger  la  chair  de  cheval  aux  repas 
funéraires.  L'hippophagie  n'est  donc  pas  une  invention  de  notre  époque; 
elle  était  en  grand  honneur  dans  les  premiers  siècles  de  notre  ère. 

Les  poteries  vernissées  que  nous  avons  signalées  sont  excessivement 
rares  et  appartiennent  certainement  au  moyen  âge.  Elles  prouvent  qu'au 
début  de  cette  époque,  le  séjour  dans  les  cases,  sans  avoir  entière- 
ment cessé,  était  sur  le  point  d'être  abandonné.  Les  paysans  étaient 
alors  obligés  de  se  réfugier  à  l'abri  des  remparts  et  des  donjons 
de  la  féodalité,  pour  n'être  pas  massacrés  par  les  bandes  armées  qui 
ravageaient  la  contrée  en  ces  temps  de  misère  et  de  désolation. 

DISCUSSION 

M.  Cartailhac  adresse  la  note  suivante  au  sujet  de  celte  communication  : 
J'ai  eu  l'occasion  de  visiter  de  semblables  monuments  sur  les  hauts  plateaux 
de  la  Lozère.  Au  lieu  dit,  au  xne  siècle,  Villa  de  Malaviela,  au  delà  de  Chastel- 
Nouvel  du  nord  de  Mende,  M.  André,  le  savant  archiviste  de  la  Lozère,  m'a 
montré  des  souterrains  vraiment  mégalithiques  dans  les  conditions  suivantes: 
à  la  suite  des  terrains  de  Pinfralias  renversés,  et  se  présentant  par  tranche, 
viennent  des  schistes,  puis  un  large  ruban  de  roche  granitoïde  sans  mica  dont 
les  éboulis  ont  des  formes  polyédriques;  c'est  dans  une  accumulation  immense 
de  ces  blocs,  sur  une  lèvre  d'une  taille, que  les  galeries  existent:  Profitant  de 
la  forme  souvent  plate  de  cette  roche,  on  a  écarté  certains  blocs,  contourné 
les  plus  gros,  dressé  les   murs  de  couloirs  surbaissés  et  recouverts  de  grandes 


746  ANTHROPOLOGIE 

dalles  comme  sont  les  plus  beaux  dolmens  ;  çà  et  là,  aux  lieux  où  les  galeries 
se  croisent,  l'espace  s'agrandit  et  de  petites  salles  permettent  de  se  tenir  debout 
et  de  s'assembler  au  nombre  de  dix  à  douze  personnes.  On  ne  peut  plus  cir- 
culer dans  la  majeure  partie  du  souterrain  qui  est  éboulé  sur  bien  des  points: 
le  hasard  le  fit  découvrir  et  il  est  impossible  de  trouver  l'entrée  (la  vraie  sans 
doute)  sans  être  guidé  ;  à  l'intérieur,  il  y  a  à  peine  un  peu  de  poussière  sur  le 
sol;  les  fouilles  seraient  inutiles.  Celte  construction  sauvage  est  surmontée  d'un 
plateau  où  d'autres  ruines  attirent  l'attention.  Ici,  on  voit  à  fleur  de  sol  les 
énormes  blocs  qui  forment  les  enceintes  deschambres,  les  seuilsdes  portes,  etc.; 
ici  aussi,  l'aspect  est  celui  d'habitations  primitives.  Des  fouilles  faites  aux  frais 
et  par  les  soins  delà  Société  d'agriculture  et  des  sciences  de  la  Lozère  (MM.  An- 
dré et  l'abbé  Boissonnade,  explorateurs),  ont  mis  au  jour  des  tessons  de  poteries 
très-semblables  à  celle  des  dolmens;  mais  est-ce  là  un  indice  suffisant?  Je  ne 
le  pense  pas. 

Je  souhaite  que  le  travail  de  M.  Pommerol,  texte  et  nombreux  dessins, 
vienne  prendre  place  dans  le  volume  des  comptes  rendus,  pour  le  plus  grand 
profit  de  toutes  les  personnes  qui  connaissent  de  semblables  monuments,  d'un 
âge  ignoré,  mais  qui  sont  à  coup  sûr  parmi  les  plus  étranges  vestiges  du  passé 
qu'il  m'a  été  donné  de  rencontrer. 

M.  Pomel  détermine  la  faune  des  débris  trouvés  pas  M.  Pommerol  dans  les 
fouilles  auxquelles  il -s'est  livré.  Ces  débris  proviennent  du  bœuf,  du  mouton, 
de  l'âne  et  du  cheval. 

M.  de  Mortillet.  A  la  suite  de  l'excursion  à  la  Cité  de  Villards  (Congrès  de 
Clermont-Ferrand),  l'Association  française  est  entrée  dans  une  voie  fructueuse 
en  favorisant  les  recherches  locales.  Les  cités  du  genre  de  celle  que  M.  Pom- 
merol a  explorée  se  rapportent  à  l'époque  mérovingienne,  époque  troublée 
autant  qu'obscure. 


M.  le  D'  BEETILLON 

Professeur  à  l'École  d'anthropologie. 


DÉMOGRAPHIE  DE  LA  SEINE-INFÉRIEURE. 


Séance  du  29  août  1877.  — 


Le  docteur  Bertillon  fait  une  très-importante  communication  sur  la 
Démographie  de  la  Seine-Inférieure.  Non-seulement  le  département  de 
la  Seine-Inférieure  est  un  des  plus  riches  de  France,  mais  encore  un  des 
plus  peuplés.  En  effet,  mettant  hors  rang  les  deux  départements  pres- 
que sans  territoire  et  contenant  les  deux  plus  grandes  villes  de  France, 
ceux  de  la  Seine  et  du   Rhône,  le  département  de  la  Seine-Inférieure 


Dr    BERTILLON.   —   DÉMOGRAPHI]     DE    i  \    SEINE-INFÉRIEURE  7 47 

est,  après  !«■  départemenl  du  Nord,  celui  dont  la  population  spécifique 
est  ta  plus  considérable,  et  la  France  compterai  70  millions  d'habitants, 
si  son  territoire  entier  étail  aussi  peuplé.  Ce  n'est  pas  seulement  par  le 
nombre,  ou  mieui  par  la  densité  que  cette  population  est  remarquable; 
sa  composition  selon  les  âges  et  selon  l'état  civil  des  habitants  est  spé- 
ciale, ft  lui  donne  des  qualités  particulières.  En  effet,  en  l'étudiant 
d'après  trois  grands  groupes  d'âge,  on  compte  pai  1,000  habitants  :  de 
il  à  15  ans,  en  France  276  enfants,  et  seulement  236  dans  la  Seine- 
Inférieure; —  de  15  à  60  ans,  en  France  618  adultes  et  659  dans  la 
Seine-Inférieure;  —  au-dessus  de  60  ans,  en  France  106  vieillards  et 
114  dans  la  Seine-Inférieure,  Ainsi,  peu  d'enfants,  beaucoup  d'adultes, 
aux  âges  de  travail  et  de  production,  et  notablement  plus  de  vieillards, 
tels  sont  les  traits  spéciaux  de  cette  population.  Les  mouvements  :  ma- 
riages, naissances  el  décès,  par  lesquels  elle  se  maintient  et  progresse 
en  changeant  toujours,  ne  sont  pas  moins  caractéristiques. 

Les  mariages  sont  peu  nombreux  à  chaque  âge  : 

Ainsi  de  25  à  30  ans  par  1,000  hommes  mariables,  c'est-à-dire  non 
mariés  (célibataires  et  veufs)  de  pins  de  IN  ans,  on  compte  59  mariages 
annuels  dans  la  Seine-Inférieure,  près  de  72  dans  le  Calvados  et  60 
en  France; 

Mais  à  l'âge  suivant  (30  à  35),  alors  qu'il  y  en  a  121,4  en  France  et 
125  dans  le  Calvados,  il  n'y  en  a  que  98,5  dans  la  Seine-Intérieure; 

De  même  de  35  à  40  ans,  encore  121  en  France,  115,3  dans  le 
Calvados  et  99,3  dans  la  Seine-Inférieure; 

De  même  de  40  à  50  et  dans  le  même  ordre  47,8  en  France,  avec 
49  et  30,7  dans  les  deux  départements  normands. 

Ensemble  (toujours  sur  1,000  hommes  mariables),  et  par  année,  on 
compte  :  en  France  près  de  61  mariages;  61,6  dans  le  Calvados  et 
seulement  54  dans  la  Seine-Inférieure. 

Pour  les  femmes,  les  différences  ne  sont  pas  moins  marquées.  Par  1,000 
femmes  mariables,  c'est-à-dire  non  mariées  et  âgées  de  plus  de  15  ans, 
on  trouve  : 

De  20  à  25  ans  :  107,5  mariages  en  France,  106,8  dans  le  Calva- 
dos et  92  dans  la  Seine-Inférieure. 

De  25  à  30  ans,  et  dans  le  même  ordre,  ces  rapports  deviennent  : 
110,  —  103,6,  —  68,5. 

De  30  à  35  ans  :  80;  —  67.8;  —  44,6. 

De  35  à  40  ans  :  48,8;  —  39,3  ;  —  37,6. 

De  40  à  50  ans  :  21  ;  —  17,6;  —  24. 

Mais  ensemble,  on  trouve  : 

47,8  mariages  par  1,000  femmes  mariables  en  France,  et  seulement 
38,6  dans  le  Calvados;  —  41  dans  la  Seine-Inférieure. 


748  ANTHROPOLOGIE 

Il  faut  remarquer  que  le  Calvados,  comparé  âge  par  âge  à  la  Seine- 
Inférieure,  présente  une  matrimonialité  supérieure  à  tous  les  âges  (sauf  à 
l'âge  de  40  à  50  ans),  et  que  cependant,  pour  l'ensemble,  il  a  un  rap- 
port de  matrimonialité  (38, G)  moindre  que  celui  de  la  Seine-Inférieure  (41), 
Il  en  est  bien  ainsi,  et  ce  n'est  pas  au  nombre  insignifiant  de  femmes 
ayant  dépassé  la  quarantième  année,  qui  se  marient  un  peu  plus  dans 
la  Seine-Inférieure,  qu'est  duc  cette  apparente  supériorité  de  la  Seine- 
Inférieure.  Ce  fait,  qu'on  pourrait  appeler  paradoxe  démographique,  est 
dû  au  nombre  considérable  de  veuves  déjà  âgées,  mariables,  mais  ne  se 
mariant  pas,  qui  se  rencontrent  dans  le  Calvados.  C'est  le  mélange  de 
ces  inutiles  mariables  à  l'ensemble  qui  abaisse  fallaeieusement  la  puissante 
matrimonialité  réelle  du  Calvados.  C'est  un  exemple  bien  propre  à 
montrer  l'importance  de  l'analyse  âge  par  âge,  seule  conforme  aux  règles 
du  calcul  des  probabilités.  Quant  au  rapport  de  matrimonialité  en  usage 
chez  la  plupart  des  auteurs,  consistant  à  comparer  les  mariages  à  la 
population  entière,  on  peut  juger  qu'il  est  absolument  mauvais,  puisqu'il 
donne  les  rapports  :  7,61  pour  le  Calvados,  7,95  pour  la  Seine-Infé- 
rieure et  8  pour  la  France  (8  mariages  par  1,000  habitants);  ce  qui 
tendrait  à  prouver  qu'on  se  marie  presque  autant  dans  la  Seine-Infé- 
rieure qu'en  France  et  beaucoup  plus  dans  la  Seine-Inférieure  que  dans 
le  Calvados;  conclusion  absolument  contraire  à  la  vérité,  bien  que  fort 
en  usage  chez  maints  statisticiens. 

Ainsi  près  de  8  mariages  par  an  et  par  1,000  mariables  de  moins 
dans  la  Seine-Inférieure  qu'en  France.  Ce  faible  penchant  des  habi- 
tants de  ce  département  pour  l'association  conjugale  nous  a  été  montré 
infiniment  plus  prononcé  dans  le  Calvados,  par  l'analyse  âge  par  âge, 
malgré  l'apparence  fallacieuse  des  rapports  de  l'ensemble.  C'est  en  vain 
que  dans  \h  Seine-Inférieure  se  rencontre  une  plus  nombreuse  population 
mariable  de  l'un  et  de  l'autre  sexe  aux  âges  d'élection  du  mariage  (20 
à  50  ans  pour  les  hommes,  15  à  40  ans  pour  les  femmes),  à  savoir  : 
302  hommes  (au  lieu  de  220  en  France),  avec  323  filles  ou  jeunes 
veuves  (au  lieu  de  281  en  France);. de  ces  nombreux  mariables,  il  ne 
résulte  qu'un  nombre  relativement  faible  de  mariages,  et  (par  1,000  femmes) 
il  reste  un  grand  nombre  de  vieilles  filles,  plus  de  133  au  lieu  de  105 
en  France. 

Les  unions  illégitimes  viennent  naturellement  compenser  cet  amoin- 
drissement du  nombre  des  mariages.  Mais  on  peut  présumer  qu'elles 
sont  le  plus  souvent  passagères,  puisque  le  nombre  des  enfants  issus  de 
ces  rapprochements  sont  reconnus  en  moins  grand  nombre  (33  par  1,000 
naissances  illégitimes,  au  lieu  de  45  en  France). 

Natalité.  —  Cependant   il  survient    ici  un   fait  que  M.   Bertillon   a 


r  RKRTILLON.   —    DÉMOGRAPHIE    DE    LA    SEINE-INFÉRIEURE  1  »'•> 

souvent  rencontré  dans  ses  études,  et  que  notamment  il  a  vivement 
signalé  pour  les  populations  flamandes  de  la  Belgique,  à  savoir,  que  les 
épouses  deviennent  d'autant  plus  fécondes  qu'elles  sont  moins  nom- 
breuses. C'est  ce  qui  est  facile  à  établir  pour  la  Seine-Inférieure,  puisque 
l'on  trouve  que  1,000  épouses  de  13  à  .'i0  ans  fournissent  annuellement 
198  naissances  vivantes,  et  en  Fiance  seulement  174  (c'est  un  supplé- 
ment important,  car  il  est  annuel,  de  24  entants  par  1,000  épouses).  Et 
comme,  d'autre  part,  les  femmes  nubiles  et  non  mariées  fournissent 
aussi  25  à  26  entants  vivants,  au  lieu  de  16  à  17.  c'est-à-dire  la  moitié 
en  sus,  la  natalité  générale  de  La  Seine-Inférieure  dépasse  notablement 
la  moyenne  et  s'élève  à  29  ou  30  par  1,000  personnes,  au  lieu  de  26  ; 
ou  mieux  (en  rapportant  les  naissances  aux  seules' femmes  nubiles  aptes 
à  les  taire  —  de  l.'i  à  50  ans),  on  trouve,  par  1,000  femmes  de  cet  âge, 
en  France.   102   naissances  vivantes  et  dans  la  Seim  -Inférieure  114. 

Cependant,  revenant  sur  ce  phénomène  singulier  qui  fait  que  presque 
partout  où  les  épouses  sont  moins  nombreuses,  elles  sont  aussi  plus 
fécondes,  M.  Bertillon  ne  croit  cette  compensation  ni  louable,  ni  dési- 
rable, car  partout  où  on  la  rencontre  (en  Flandre,  en  Bretagne  et  géné- 
ralement dans  le  pays  où  le  célibat  est  réputé  (eu vie  pie),  elle  coïncide 
avec  une  très-forte  mortalité  de  La  première  enfance.  La  Seine-Inférieure 

continue  bautemeiil  cette  règle. 

La  démographie  est  donc  amenée,  par  la  seule  observation  des  laits, 
à  conclure  qu'il  est  désirable  qu'un  peuple  compte  le  plus  grand  nombre 
d'associations  conjugales;  que  le  célibat  est  détestable  pour  Les  groupes 
sociaux  puisqu'il  a  pour  corrélatif  obligé  de  surcharger  quelques  familles 
de  la  fonction  d'élever  des  entants,  laquelle,  pour  le  bien  commun,  doit 
être  partagée  entre  tous,  car  les  faits  déposent  unanimement  que  lors- 
qu'elle est  très-inégalement  répartie,  elle  aboutit  à  la  mort  prématurée 
d'un  grand  nombre  d'enfants  et  même  d'adultes;  elle  aggrave,  en  eifet, 
la  misère,  la  meilleure  pourvoyeuse  de  la  mort  hâtive . 

Enfin,  en  analysant  les  naissances  de  la  Seihe-Inférieure,  on  reconnaît  : 
d'une  part,  que  la  proportion  des  garçons  y  est  un  peu  moins  élevée 
que  la  moyenne  de  France  (104  garçons  contre  100  tilles,  au  lieu  de 
105);  et,  d'autre  part,  on  y  compte  (18o8-1873)  une  proportion  un  peu 
plus  grande  de  grossesses  doubles  10,9  sur  1,000  grossesses  générales 
(au  lieu  de  9,87  en  France),  ce  que  les  études  antérieures  du  docteur 
Bertillon  lui  t'ont  présumer  pouvoir  être  attribué  à  l'infiltration  de 
l'ancienne  race  normande,  les  races  issues  du  tronc  teutonique  se  signa- 
lant partout  par  un  excès  de  gémellité". 

Mortalité.  —  Enfin,  en  ce  qui  concerne  la  mortalité,  M.  Bertillon  a 
rappelé  que  la  mortalité  de  la  première  enfance  y  est  des  plus  considé- 
rables, et  il  ajoute  seulement,   pour  chacun  des  autres  groupes  d'âges, 


750  ANTHROPOLOGIE 

qu'elle  dépasse  notablement  la  moyenne  de  la  France.  II  ne  craint  pas 
de  dire,  lorsqu'il  s'agit  d'un  des  pays  les  plus  riches,  d'un  des  climats  les 
plus  salubres  de  France,  avec  son  sous-sol  crétacé  et  perméable,  incessam- 
ment rafraîchi  en  été  et  réchauffé  en  hiver  par  les  vivifiantes  brises  de 
mer,  que  cette  mortalité  déjà  supérieure  à  la  moyenne  de  France  est 
vraiment  considérable;  elle  n'est  explicable  que  par  des  vices  sociaux. 
Il  y  a  en  France  deux  bassins  particulièrement  salutaires  ;\  la  vitalité  : 
les  plaines  qu'arrose  la  Gironde,  et  celles  où  se  déroulent  la  Seine  et  ses 
affluents  ;  au  bassin  de  la  Gironde,  il  y  aune  exception  :  les  Landes;  à 
celui  de  la  Seine,  il  y  en  a  deux  :  la  Seine-Inférieure  et  Paru.  Pour- 
quoi les  Landes  arides,  avec  leurs  ilaques  marécageuses  et  leur  tempéra- 
ture déjà  élevée,  font-elles  exception?  Ici,  c'est  manifestement  la  nature 
qui  est  meurtrière  ;  mais  pour  la  Seine-Inférieure,  pour  le  département 
de  la  Seine  et  son  brillant  Paris,  tous  deux  reposant  sur  le  sol  le  plus 
favorable  qui  soit  au  monde,  le  pourvoyeur  de  la  mort  prématurée  ne 
saurait  être  le  milieu  naturel,  mais  certainement  le  milieu  social.  Si 
quelques  progrès,  depuis  longtemps  réclamés,  étaient  enfin  eifectués 
dans  les  relevés  statistiques,  et,  entre  autres,  le  plus  facile  de  tous,  le 
relevé  des  décès  simultanément  par  âge  et  par  profession,  il  serait  rela- 
tivement facile  aux  démographes  de  mettre  le  doigt  sur  le  mal,  d'en 
mesurer  l'intensité  et  la  marche,  désormais  progressives  ou  régressives, 
selon  que  le  voudraient  les  hommes  ! 


M.    LETELLIEE 

Président  do  la  Société  française  des  Archives  photographiques, 
historiques  et  monumentales. 


SUR  LA  PHOTOGRAPHIE  APPLIQUÉE  A  LA  GÉOLOGIE  ET  A  L'ANTHROPOLOGIE. 


—  Séance  du  29  août   1877.  — 


M.   OLLIEE,  DE  MAEJCHAO 


L'HOMME  A   L'ÉPOQUE  DU  GRAND  OURS  DES  CAVERNES. 


Si:(i  ii  ce  (I  h  S  9  août   I8t7. 


Je  ne  me  proposais  pas  de  faire  à  cette  session  du  Congrès  du  Havre 
une  communication  sur  mes  récentes  découvertes  d'ossements  humains 


l'nMMËROL.    —    INSTRUMENTS    DE    PIERRE    D'ORIGINE    AMÉRICAINE  751 

associés  avec  les  ossements  d'animaux  de  races  depuis  longtemps  éteintes 
ou  disparues;  mais,  sur  l'invitation  bienveillante  de  quelques-uns  de  mes 
collègues  et  amis,  je  viens  soumettre  à  votre  savante  appréciation  les 
résultats  de  mes  dernières  touilles  dans  les  cavernes  des  bords  de  l'Ar- 
dèche,  fouilles  que  je  m'empresse  de  vous  signaler,  dès  leur  début,  afin 
de  savoir  si  elles  sont    importantes  et  dignes  d'être  poursuivies. 

Les  débris  d'ossements  humains,  les  produits  d'industrie  humaine  et 
les  fragments  d'ossements  d'animaux  que  j'ai  l'honneur  de  vous  présen- 
ter, proviennent  d'une  couche  de  dépôt  diluvien  qui  comblait  une 
immense  galerie  latérale  faisant  suite  à  la  belle  grotte  de  Louoï  qui  m'a 
fourni  la  plus  grande  partie  de  ma  collection  de  l'âge  de  la  pierre  polie. 
Ce  dépôt  diluvien  se  compose  de  [quatre  couches  bien  distinctes.  C'est 
dans  la  couche  inférieure,  environ  à  lm.50  du  sol,  que  j'ai  recueilli  les 
plus  beaux  fragments  d'ossements  humains  avec  les  ours  presque  entiers. 
Cette  couche  est  formée  d'un  sable  jaune  avec  petits  fragments  de  roche 
non  roulés.  J'ai  recueilli  aussi  dans  les  deux  premières  couches,  ainsi  que 
dans  la  troisième,  quelques  silex,  tant  roulés  que  taillés,  et  que  notre 
savant  archéologue  M.  de  Mortillett  a  classés,  quelques-uns  à  l'époque 
du  Moustier,  d'autres  à  celle  de  Saint-Acheul. 

Les  fouilles  doivent  être  reprises  sous  peu  de  temps,  et  comme  la 
galerie  est  très-longue  et  le  dépôt  très-puissant,  j'ai  tout  lieu  d'espérer  de 
découvrir  de  nouveaux  documents,  surtout  des  crânes  humains,  qui  pour- 
ront apporter  quelque  nouvelle  lumière  sur  l'importante  question  de 
l'antiquité  de  l'homme  à  l'époque  pliocène. 


M.  le  Dr  François  POMMEEOL 

De  Gerzat  (Puy-de-Dôme). 


SUR  DES  INSTRUMENTS  DE  PIERRE  D'ORIGINE  AMÉRICAINE. 


—  Séance  du  29  août  4877.  — 

Les  instruments  de  silex  qui  font  l'objet  de  cette  Communication 
m'ont  été  donnés  par  mon  honorable  ami,  M.  Eyraud,juge  de  paix 
du  canton  Est  de  Clermont-Ferrand.  Il  les  a  recueillis  durant  un 
séjour  qu'il  fit  aux  États-Unis  d'Amérique  de  1851  à  1871.  Professeur  à 
l'institut  de  Lexington,  viile  située  à  l'Est  de  Francfort,  dans  le  Ken- 
tucky,  M.  Eyraud  possédait  une  propriété  dans  Bath-County,  section 
de  Laurel-Fork    C'est  en  faisant  labourer  ses  champs,  pour  la  culture 


752  ANTHROPOLOGIE 

du  maïs,  qu'il  rencontra,  à  la  surface  du  sol,  les  objets  que  j'ai  l'hon- 
neur de  mettre  sous  vos  yeux. 

L'État  de  Kentucky,  m'a  dit  M.  Eyraud,  était  avant  la  colonisation 
occupé  par  les  Osages,  grande  peuplade  américaine  de  la  famille  des 
Indiens  Sioux.  C'est  sur  l'emplacement  de  leurs  primitives  stations  que 
ces  silex  travaillés  ont  été  découverts.  Aujourd'hui,  on  constate  encore 
dans  les  environs  des  traces  nombreuses  de  leur  séjour.  Ce  sont  de 
grandes  cavernes  creusées  dans  les  rochers,  et  de  nombreux  sentiers 
encore  très-apparents  qui  étaientleurs  voies  ordinaires  de  communication 
ù  travers  l'immensité  des  forêts  vierges.  La  civilisation  moderne,  l'en- 
vahissement continuel  des  colons,  la  culture  des  terres  et  le  déboise- 
ment des  forêts  ont  rejeté  les  Peaux-Rouges  entre  le  Missouri  et  les 
Montagnes  Rocheuses,  dans  la  vaste  solitude  des  prairies  qui  forment 
les  territoires  du  Texas,  du  Kansas  et  du  Nébraska.  Ces  instruments,  qui 
datent  d'une  époque  où  les  sauvages  d'Amérique  traversaient  ce  que 
nous  appelons  Yâge  de  la  Pierre,  m'ont  paru  intéressants  à  étudier.  Ils 
pourront  jeter  quelque  lumière  sur  les  instruments  semblables  qui  se 
rencontrent  en  Europe.  Aussi,  n'ai-je  pas  hésité,  malgré  leur  petit  nombre 
à  les  présenter  à  la  section  d'anthropologie. 


Fig.  :i9. 


Fig,  GO. 


Fig,  m. 


A.  Fig.  o.9.  —Cet  instrument  est  d'une  forme  régulièrement  allongée.  11  pré- 
sente  deux  bords  parallèles  et  deux  extrémités  demi   circulaires.  Ses  deux 


POMMEROL.    —    INSTRUMENTS    DE    PIEIIRE    D*  ORIGINE    AMÉRICAINE  "53 

faces  sont  raboteuses  et  convexes  transversalement.  Le  contour  est  irrégulier, 
sinueux,  dentelé,  en  forme  de  scie  grossière. 

Le  silex  qui  a  servi  à  le  confectionner  est  rose  pâle  à  la  moitié  supérieure, 
où  il  présente  <;à  et  là  de  petites  taches  bleues,  parfois  rougeâtres.  La  moitié 
inférieure  présente  une  coloration  d'un  rouge  sanguin,  parsemée  de  petits  points 
blancs  et  bleus. 

Longueur 64  millimètres. 

Largeur :>.'>        » 

Epaisseur 10        » 

.  La  forme  de  l'instrument  indique  son  usage.  Les  bords  devaient  servir  à  scier, 
à  racler,  et  les  deux  faces  à  user  ou  à  limer.  On  peut  donc  le  considérer  comme 
tenant  à  la  fois  du  grattoir,  de  la  scie  et  de  la  lime.  Il  n'a  pas  dû  servir  long- 
temps, car  il  n'offre  que  de  faibles  traces  d'usure.  Il  est  probable  qu'il  devait 
être  emmanché,  à  l'une  ou  l'autre  de  ses  extrémités,  comme  le  sont  les  grattoirs 
des  Esquimaux.  Il  pouvait  aussi  être  tenu  à  la  main;  mais  alors  il  était  moins 
facile  de  le  manoeuvrer  et  le  travail  produit  n'était  pas  en  rapport  avec  la 
force  dépensée. 


l-'ig.    Ii2. 


Flg.  64. 


B.  Fig.  61.  —  Instrument  qui  a  la  forme  d'une  spatule  allongée,  ovale.  11  se 
termine  inférieurement  par  un  court  pédoncule,  à  la  manière  des  pointes  de 
flèches  non  barbelées  qu'on  rencontre  souvent  en  Europe.  Les  deux  faces  sont 
généralement  planes,  régulières,  et  présentent  de  nombreuses  dépressions  con- 
ehoïdales  peu  profondes,  traces  des  éclats  enlevés  par  la  taille.  Elles  sont  trè<- 
aplaties  supérieurement,  épaisses  et  rugueuses  à  la  partie  inférieure. 

48 


754  ANTHROPOLOGIE 

Le  contour  est  ovalaire  à  l'extrémité  supérieure.  Les  deux  Dords,  à  mesure 
qu'ils  descendent,  s'écartent  l'un  de  l'autre;  puis  ils  se  rapprochent  brusque- 
ment pour  former  le  pédoncule.  Celui-ci  est  court  et  robuste,  à  bords  paral- 
lèles et  extrémité  arrondie  ;  il  est  comprimé  légèrement  d'avant  en 
arrière. 

La  longueur  totale  de  l'instrument  est  de  O™^,  son  épaisseur  varie  de 
1  à  0m,010.  La  largeur  moyenne  de  la  spatule  est  de  Om,035.  Longueur  du 
pédoncule,  0m,018;  épaisseur,  0m,010. 

Les  bords  rugueux  et  dentelés  de  cet  instrument  montrent  qu'il  a  servi  à 
scier  et  à  racler.  11  devait  être  fixé  dans  un  manche  volumineux  qu'on  pou- 
vait tenir  fortement  à  la  main.  Mais  peut-être  qu'il  ne  servait  pas  exclusive- 
ment de  grattoir.  Sa  forme  et  ses  dimensions  lui  permettaient  de  pouvoir 
prendre  des  substances  pâteuses,  et  les  naturels  pouvaient  l'employer  comme 
une  cuillère  pour  porter  à  leur  bouche  les  aliments  demi-solides. 


Fig.   66. 


C.  Fig.  t>4.  —  Pointe  de  silex  triangulaire  assez  épaisse,  dont  l'extrémité 
supérieure  est  légèrement  fracturée.  Elle  porte  deux  ailerons  bien  marqués, 
mais  d'inégale  grandeur  et  se  termine  par  un  pédoncule  fort  intéressant  à 
étudier.  Il  est  aplati  d'avant  en  arrière,  taillé  intérieurement  en  double  biseau 
et  plus  large  en  cet  endroit  qu'au  point  de  jonction  avec  le  corps  de  la  pointe. 
C'est  au-dessous  des  ailerons  que  sa  largeur  est  la  plus  petite.  Cette  particularité 
est  importante  à  signaler,  parce  qu'elle  nous  montre  clairement  le  mode 
employé  pour  fixer  la  pointe  à  la  tige  ou  au  bois  de  la  pointe.  Ce  bois  était 
fendu  ou  évidé  à  une  de  ses  extrémités,  qui  portait  en  même  temps  deux 
encoches  latérales.  Le  pédoncule  était  engagé  dans  la  fente  ou  rainure  et  on 
le  fixait  en  passant  circulairement  un  lien  dans  les  encoches.  Le  pédoncule, 
étant  rétréci  au-dessous  des  ailerons,  se  trouvait  ainsi  fortement  saisi  par  le 
lien,  et  la  pointe  ne  pouvait  être  arrachée  de  sa  tige. 


POMMEROL.   —    INSTRUMENTS    DE    PIERRE    D'ORIGINE   AMÉRICAINE  755 

Longueur 45  millim. 

Distance  entre  les  ailerons  ....        25      » 

Epaisseur  moyenne 7       »    . 

Bord  inférieur  du  pédoncule  ...        15      » 

D.  Fig.  65.  — Pointe  très-aplatie,  pédonculée  et  déforme  généralement  trian- 
gulaire. Elle  a  été  faite  au  moyen  d'une  lame  de  silex  très-mince.  Les  deux 
faces  sont  planes,  tout  en  présentant  les  traces  des  nombreux  petits  éclats  que 
la  taille  en  a  détachés.  A  24  centimètres  environ  de  l'extrémité  pointue  et 
sur  chaque  côté  des  bords,  on  remarque  deux  crans  ou  encoches  peu  profondes, 
mais  nettement  marquées.  A  la  partie  inférieure,  les  deux  bords  deviennent 
convergents  pour  former  le  pédoncule.  Cette  pointe  ne  présente  pas  d'ailerons 
comme  la  précédente.  Le  pédoncule  offre  les  mêmes  particularités  que  celui  de 
la  pointe  04.  Il  est  cependant  moins  épais  et  plus  large.  Il  est  inférieurement 
taillé  en  double  biseau  et  se  rétrécit  insensiblement  en  allant  de  bas  en  haut, 
ce  qui  forme  de  chaque  côté  du  pédoncule  deux  encoches  larges  et  profondes. 

Les  particularilés  que  nous  venons  de  signaler  vont  nous  expliquer  com- 
ment cette  pointe  était  tixée  à  sa  tige.  Celle-ci  avait  G"1, 018  environ  de 
diamètre  et  portait  à  son  extrémité  une  double  entaille  latérale  correspondant  à 
celle  du  pédoncule.  On  passait  un  lien  circulaire  autour  du  pédoncule;  on  le 
ramenait  ensuite  obliquement  sur  chacune  des  entailles  supérieures  de  manière 
à  l'entre-croiser  en  sautoir  sur  les  deux  faces  de  la  pointe.  Celle-ci  se  trouvait 
alors  solidement  fixée  à  la  tige  et  par  le  pédoncule  et  par  la  partie  supé 
rieure. 

E.  Fig.  66.  —  Le  dernier  spécimen  que  nous  avons  à  examiner  est  une 
magnifique  pointe,  très-élégamment  taillée.  Ce  n'est  qu'en  Danemark  que  l'on 
pourrait  trouver  des  objets  analogues  si  finement  travaillés.  Cette  pointe  a  été 
faite  au  moyen  d'une  lame  de  silex  mince  et  droite,  que  l'on  a  retouchée  sur 
les  bords  et  les  faces  avec  beaucoup  de  soin  et  d'habileté. 

Elle  a  la  forme  d'un  triangle  isocèle  très-allongée.  Hauteur  0m,057  base 
Um,020.  L'extrémité  supérieure  et  les  bords  sont  aigus  et  tranchants. 
La  base,  taillée  en  double  biseau,  est  aussi  très-tranchante.  Elle  porte  deux 
petites  encoches  latérales,  demi-circulaires,  de  0m,003  de  diamètre,  taillées 
avec  une  grande  précision.  Mince  et  légère,  d'une  grande  dimension, 
elle  était  une  arme  dangereuse  et  meurtrière.  Le  temps  et  le  soin  employés  à 
la  faire  nous  donnent  à  penser  qu'elle  dut  appartenir  à  quelque  personnage  de 
distinction,  à  un  chef  de  tribu,  et  le  sauvage  qui  la  confectionna  était  sans 
contredit  un  artiste  consommé  dans  l'art  de  tailler  le  silex. 

Il  est  facile  de  voir  comment  cette  pointe  était  fixée  à  sa  tige.  Elle  était 
introduite  dans  une  fente  pratiquée  à  l'extrémité  supérieure  du  bois  qui  por- 
tait deux  entailles  latérales,  où  un  lien  passé  circulairement  assujettissait  for- 
tement la  pointe  et  la  tige. 

Les  silex  taillés  que  nous  venons  d'étudier  ne  se  rencontrent  pas 
seulement  en  Amérique.  Tous  les  peuples  qui  traversent  ou  ont  franchi 
la  période  de  la  pierre  en  ont  confectionné  de  semblables.  Nous  avons 
vu  qu'ils  appartiennent  à  deux  types  distincts,  le  grattoir  et  la  pointei 


ToO  ANTHROPOLOGIE 

Les  grattoirs  servent  surtout  à  apprêter  la  peau  des  bêtes  tuées  à  la 
chasse.  On  connaît  la  manière  dont  s'en  servent  les  Lapons  actuels  (1). 
Je  citerai  le  passage  d'une  relation  de  voyage  dans  l'Amérique  du  Nord 
qui  fait  connaître  comment  les  Peaux-Rouges  emploient  les  grattoirs 
pour  les  besoins  de  leur  industrie  primitive  :  «  Le  propriétaire  d'une 
des  huttes  voisines  venait  de  tuer  un  gros  elk,  dont  les  femmes  s'occu- 
paient à  apprêter  la  peau.  On  l'avait  tendue  avec  des  courroies,  par 
terre,  auprès  de  la  tente,  et  les  femmes  enlevaient,  avec  un  outil  fort 
bien  approprié  à  cet  usage,  les  parties  de  chair  et  de  graisse  qui  pou- 
vaient encore  s'y  trouver.  Cet  outil  est  fait  d'os;  il  est  droit  ou  angu- 
laire, aiguisé  à  l'une  des  extrémités,  et  en  forme  de  scie  avec  de  petites 
dents;  à  l'autre  bout  il  est  garni  d'une  corde  que  l'on  passe  autour  du 
poignet.  On  pousse  ou  l'on  frappe  avec  le  tranchant  dentelé,  et  par  ce 
moyen  on  enlève  toutes  les  parties  charnues.  Plusieurs  Indiens  ont 
adapté  à  cet  os  des  dents  de  fer  (2)  » 

Les  deux  formes  de  grattoir  américain  que  nous  avons  décrites  se 
trouvent  aussi  dans  nos  contrées.  Je  donne  A  (t\^.  60)  le  dessin  d'un 
petit  grattoir  d'Auvergne,  moitié  moins  grand,  mais  d'une  forme  iden- 
tique à  celle  du  grattoir  (fîg.  o9.)  Ce  sont  bien  les  deux  mêmes  instruments 
ayant  servi  aux  mêmes  usages.  Je  ne  connais  pas,  dans  nos  pays,  de 
grattoir  ressemblant  absolument  à  celui  représenté  par  la  ligure  61,  qui 
est  en  forme  de  spatule  pédonculée.  Mais  on  peut  trouver  sur  des  spéci- 
mens différents  l'un  ou  l'autre  des  caractères  qui  le  distinguent;  ainsi, 
j'ai  représenté  (fig.  63)  un  petit  grattoir,  trouvé  dans  le  département  du 
Puy-de-Dôme,  à  la  surface  du  sol,  muni  comme  notre  échantillon 
d'Amérique  d'une  véritable  soie  ou  pédoncule.  11  est  circulaire  au  lieu 
d'être  de  forme  allongée.  J'ai  figuré  encore  un  très-beau  grattoir,  trouvé 
dans  une  sépulture  de  l'âge  de  la  pierre  polie,  à  Gerzat  (Puy-de-Dôme), 
et  qui  est  en  forme  de  spatule  (tig.  62).  Le  pédoncule  n'est  pas  si  nette- 
ment marqué  que  sur  le  grattoir  américain,  mais  il  est  cependant  très- 
visible  ;  il  est  constitué  par  l'extrémité  inférieure  de  l'instrument  qui  se 
termine  insensiblement  en  pointe. 

Les  grattoirs  de  notre  pays  comme  ceux  d'Amérique  étaient  donc 
emmanchés  et  servaient  certainement  aux  mêmes  usages,  c'est-à-dire  à 
la  préparation  des  peaux  dont  les  sauvages  anciens  et  modernes  faisaient 
des  ustensiles  ou  des  vêtements. 

Les  trois  pointes  de  silex  que  nous  avons  décrites  sont  des  armes. 
Elles  étaient  employées  à  la  guerre  ou  plutôt  à  la  chasse.  Leurs  dimen- 

(i)  Lmuei  bu  Cbristy.  Heliquin-  Aquilanicœ.  Essaya  and  Memoirs,  p.  13.  fig.  5,  in-4°  London 
1875. 

Sven  Nilsson.  Les  Habitant*  primitif*  île  la  Scandinavie,  \>.   102,  in-8°.  Paris,  Rein wald  1860. 

(2)  Le  princk  Maximii.ien  de  Wied-Neuwied.  Voyagé  ddns  Vintérieur  ite  l'Amérique  du  Nord, 
—  3  vol.  in-8*  Paris.  —  Vol.  L  p.  360. 


POMMEROL.     —    INSTRUMENTS    l>K    PIERRE    D  ORIGINE    AMÉRICAIN!  181 

sions  relativement  petites  nous  autorisent  à  croire  qu'elles  n'ont  pas  du 
servir  de  têtes  de  lance.  La  lance,  tenue  à  la  main,  n'est  meurtrière 
qu'autant  qu'elle  esl  beaucoup  plus  grande  que  la  Mèche.  Ainsi  sont  les 
lances  préhistoriques  qui  ont  été  trouvées  en  Danemark  et  en  d'autres 
pays  d'Europe.  Elles  n'ont  pas  servi  davantage  de  pointes  de  harpon, 
car  cette  arme  est  toujours  très-fortemenl  barbelée,  pour  être  capable  de 
retenir  le  poisson  qui  fuit.  L«*s  ailerons  de  la  pointe  (fig.  64)  ne  M>nt  ni 
assez  longs,  ni  assez  résistants  pour  appartenir  à  une  tête  de  harpon. 
Ces  armes  ne  sauraient  être  que  des  pointes  de  Sèches  ou  de  javelots. 
On  peut  voir,  par  les  dimensions  de  leur  pédoncule,  que  la  tige  <|ui  les 
supportait  était  très-solide  et  avait  environ  2  centimètres  de  diamètre.  Il 
fallait  des  ares  puissants  pour  les  lancer  à  une  certaine  distance. 

Xilsson,  dans  son  ouvrage  :  les  Habitants  primitifs  de  la  Scandinavie, 
a  donné  les  dessins  de  quelques  pointes  de  flèches  qui  se  rapprochent 
île  celles  que  nous  venons  de  décrire.  Le  spécimen  (fig.  104, pi,  V),  pro- 
venant de  la  Californie,  est  presque  identique  à  notre  figure  65.  Il  porte 
deux  encoches  supérieures  et  il  est  ti\é  à  la  tige  par  un  lien  entre-croisé 
sur  les  deux  laces  de  la  pointe.  Les  pointes  (fig.  107  et  108)  repro- 
duisent exactement  notre  figure  (ii.  Enfin,  une  pointe  de  harpon  du 
(iroënland  (fig.  203,  pi.  X)  possède  deux  entailles  latérales  semblables 
à  celles  de  notre  pointe  (fig.  66). 

La  figure  20  de  la  page  43  des  Religuiœ  Aquitanicœ  représente  une 
pointe  de  Sèche  d'Amérique  qui  se  rapproche  de  notre  ligure  6-4  et  qui  a 
été  trouvée  dans  le  voisinage  d'anciens  villages,  à  la  surface  d'une  terre 
labourée. 

Les  pointes  de  silex  que  l'on  trouve  en  si  grand  nombre  sur  presque 
tous  les  points  de  la  Erance  ne  ressemblent  pas  d'une  manière  absolue 
à  celles  d'Amérique.  Elles  n'ont  que  très-rarement  des  entailles  latérales 
et  leur  pédoncule  est  généralement  court  et  conique.  La  pointe  ordi- 
naire de  nos  pays  n'était  pas  fixée  à  la  tige  par  un  lien,  mais  au 
moyen  d'une  substance  résineuse,  comme  la  poix  ou  le  bitume,  ainsi 
qu'on  l'a  constaté  sur  des  flèches  recueillies  dans  les  tourbières  et  les 
stations  lacustres.  Ce  mode  d'attache  prouve  beaucoup  d'intelligence  de 
la  part  de  ceux  qui  l'ont  inventé.  Nos  flèches  à  ailerons  et  à  courte 
soie  étaient  plus  légères  et  plus  meurtrières  que  celles  des  Indiens 
d'Amérique.  Elles  portaient  à  une  plus  grande  distance,  et  quand  on 
voulait  les  arracher  de  la  plaie,  la  tige  seule  se  détachait  et  la  pointe 
restait  dans  les  chairs. 

Par  la  comparaison  des  faits  que  nous  venons  d'étudier,  nous  arrivons 
à  une  importante  conclusion  ;  que  la  science  anthropologique  formule 
tous  les  jours  d'une  manière  de  plus  en  plus  précise  :  l'humanité,  sur 
tous  les  points  du  globe,  a  traversé  la  première  phase  de  son  existence 


758  ANTHROPOLOGIE 

au  sein  de  la  sauvagerie.  Avant  de  découvrir  l'usage  des  métaux  et  les 
bienfaits  de  l'agriculture,  elle  a  partout  employé  l'os  et  la  pierre  dans  la 
confection  de  ses  armes  et  do  ses  outils  et  vécu  uniquement  des  pro- 
duits de  la  chasse  et  de  la  pêche.  Dans  l'ancien  comme  dans  le 
nouveau  monde,  l'état  sauvage  a  été  le  point  de  départ,  le  germe  de 
toute  civilisation. 


M.  YAÏÏTHIEE 

Ingénieur  des  Ponts  et  Chau 


STATISTIQUE  DÉMOGRAPHIQUE.  SYSTÈME  GRAPHIQUE  DES  COURBES 
DE  NIVEAU. 


—  Séance  du  29  août    1X77.  — 

M.  Vauthier  présente  à  la  section  d'anthropologie  deux  cartes  cons- 
truites dans  le  système  ci-dessus  indiqué.  L'une  est  une  carte  statistique 
de  la  répartition  de  la  population  de  Paris  ;  l'autre  une  carte  de  France 
qui  donne  la  répartition  de  la  mortalité  des  entants  de  0  à  1  an  pendant 
la  période  1857-1866. 

Les  nombres  qui  ont  servi  à  établir  cette  dernière  sont  empruntés  aux 
travaux  de  M.  Bertillon,  et  les  mêmes  que  ceux  adoptés  par  cet  auteur 
pour  construire  la  carte  n°  1,  section  B,  3e  série  de  la  démographie  figurée 
de  la  France. 

L'auteur  de  la  communication  met  sa  carte  en  parallèle  avec  cette  der- 
nière, qui  exprime  les  variations  du  même  phénomène  par  une  série  de 
9  teintes  graduées  en  intensité.  Il  montre  comment  les  deux  modes  de 
représentation  concordent  pour  indiquer  les  régions  où  la  mortalité 
dépasse  la  moyenne  et  celles  où  elle  reste  au-dessous.  Mais  il  fait  voir 
comment  les  variations  sont  plus  nettement  accusées  par  le  système  des 
courbes  que  par  celui  des  teintes,  ce  qui  se  comprend  sans  peine. 

Avec  les  teintes  et  surtout  les  nuances  de  noir,  les  seules  faciles  à  employer 
typographiquement,  il  faut  beaucoup  d'ingéniosité  pour  obtenir  neuf 
degrés  distincts,  et  encore  ne  sont-ce  pas,  dans  le  sens  exact  du  mot,  des 
teintes  régulièrement  graduées  en  intensité.  De  là  une  pauvreté  de  moyens 
bien  comprise  de  ceux  qui  emploient  le  procédé.  Aussi  se  trouvent-ils 
conduits  à  sortir  du  système  rationnel,  qui  consisterait  à  grouper  les  don- 
nées numériques  à  représenter  d'après  leurs  valeurs  mêmes  et  à  en  former 
plutôt  des  groupes  où  ces  données  figurent  en  nombre  égal.  Mais  alors 
on   réunit  parfois  ainsi,  dans   divers  groupes  de  la  série,  des  données 


VAUTHIER.  —    STATISTIQUE   DÉMOGRAPHIQUE  759 

numériquement  peu  différentes  ou  au  contraire  s'écartant  excessivement 
les  unes  des  autres.  Et  dés  lors  il  cesse  d'y  avoir  un  rapport  précis 
entre  le  fait  numérique  et  le  fait  graphique. 

Le  système  des  courbjs  de  niveau  écliappe  à  ce  défaut.  Les  courbes 
peuvent  être  aussi  rapprochées  qu'on  le  veut.  Elles  se  prêtent  ainsi  à 
la  peinture  des  variations  numériques  quelles  qu'elles  soient,  et  l'on  peut 
même  dire  que  plus  ces  variations  sont  considérables,  plus  la  peinture 
par  courbes  prend  d'intérêt.  C'est  ainsi  que  la  carte  par  courbes  de  niveau 
met  en  évidence,  dans  le  département  d'Eure-et-Loir,  un  véritable  pic 
mortuaire  qui  s'élève  à  deux  pas  de  Paris  pour  les  nourrissons  confiés 
à  l'allaitement  extérieur.  Des  sommets  analogues,  moins  proéminents,  se 
manifestent  sur  d'autres  points  au  voisinage  des  grandes  villes.  Ces 
picset  toutes  les  autres  circonstances  mises  nettement  en  relief  par  la  carte 
n'appellent  pas  seulement  la  curiosité,  mais  sollicitent  les  recherches.  Un 
nouveau  mode  de  figuration  peut  devenir,  comme  cela  est  maintes  fois 
arrivé  dans  les  sciences,  non-seulement  un  moyen  de  re*ndre  les  consta- 
tations plus  frappantes ,  mais  encore  par  sa  précision  un  guide  précieux 
pour  les  investigations. 

M.  Vauthier  entre  dans  quelques  explications  sommaires  sur  le  procédé 
de  construction  des  cartes  présentées.  Il  fait  voir  que  les  nombres  relevés 
par  la  statistique  commandent  d'une  manière  très-impérative  le  tracé  des 
courbes  et  ne  laissent  rien  à  l'indétermination,  car  il  faut  absolument 
que;  pour  chaque  département  par  exemple,  la  hauteur  moyenne  de  la 
surface  que  les  courbes  dessinent  soit  égale  au  nombre  donné  par  la  sta- 
tistique pour  ce  département.  C'est  un  avantage  qu'on  n'a  pas  en  topo- 
graphie, où  les  courbes  horizontales  peuvent  cependant  être  déterminées 
avec  tant  de  précision  et  rendre  de  si  grands  services. 

DISCUSSION 

M.  de  Mortillet  considère  les  courbes  de  niveau  appliquées  à  l'étude  des  popu- 
lations comme  très-instructives  et  appuie  l'idée  particulièrement  heureuse  de 
M.  Vauthier. 

M.  Lagneau. —  Dernièrement  j'entendais  M.  Marey,  professeur  au  Collège  de 
France,  exprimer  cette  idée  d'appliquer  à  des  caries  démographiques  devant  re- 
présenter la  taille  moyenne  plus  ou  moins  élevée,  la  population  spécifique  plus 
ou  moins  dense,  des  courbes  analogues  à  celles  employées  par  certains  géo- 
graphes pour  exprimer  sur  les  cartes  les  différentes  altitudes  à  cotes- chiffres 
plus  ou  moins  élevées.  On  pourrait  également  colorer  ces  courbes  en  teintes 
plus  ou  moins  foncées  suivant  l'intensité  du  fait  ou  du  phénomène  étudié.  Seu- 
lement, pour  bien  tracer  ces  courbes  teintées  et  cotées,  il  faudrait  que  les  docu- 
ments fussent  recueillis  et  publiés  non  par  départements, unités  trop  étendues,  mais 
par  cantons,  communes,  ainsi  que  MM.  Larrey,  Bergeron,  Broca  et  moi  l'avons 
demandé  en  diverses  circonstances,  en  particulier  pour  la  statistique  du  recru- 


760  ANTHROPOLOGIE 

tement  de  l'année,  car  très-souvent  tel  fait  ou  mouvement  démographique  se 
manifeste  très-diversement  dans  les  différentes  parties  d'un  même  département. 

M.  Vauthier  fait  remarquer  que,  sur  les  cartes  démographiques  les  meilleures, 
les  teintes  du  blanc  au  noir  ne  peuvent  être  assez  multipliées  pour  exprimer 
exactement  la  répartition  proportionnelle  du  phénomène,  et  que,  par  suite,  les 
séries  exprimées  par  chaque  teinte  sont  le  plus  souvent  d'étendue  très-inégale. 

M.  Lagneau.  —  Pour  que  chaque  teinte  exprimât  exactement  la  proportion  re- 
lative du  phénomène  étudié,  il  faudrait  n'employer  pour  teinter  que  des  raies 
toujours  de  même  épaisseur  ou  des  points  de  même  volume  disposés  pour  un 
centimètre  carré  delà  surface  de  la  carte  en  raison  exactement  directe  de  l'in- 
tensité du  phénomène  étudié,  l'épaisseur  des  lignes  ou  le  volume  des  points 
étant  calculé  de  telle  sorte  que  la  proportion  la  plus  forte  de  ce  phénomène 
fût  exprimée  par  une  teinte  uniformément  et  entièrement  noire  résultant  du 
rapprochement  immédiat  de  ces  lignes  ou  de  ces  points,  la  proportion  la  plus 
faible  étant  exprimée  par  l'absence  complète  de  lignes  ou  de  points. 


M.  A.  POMEL 


LE  SEUIL  DE  GABÈS  AUX  TEMPS  PRÉHISTORIQUES. 


—  Séanrr    il  i     29  août    iS~7.  — 

Dans  mon  livre  sur  le  Sahara  (paru  en  1872),  j'ai  conclu  de  l'absence 
de  débris  organiques  marins  dans  les  terrains  quaternaires  de  cette  région, 
que  la  mer  saharienne  était  une  pure  conception  spéculative  à  reléguer 
au  rang  des  mythes  et  qu'il  devait  en  être  de  même  de  la  prétendue  mer 
intérieure  des  Chotts,  à  tort  considérée  comme  l'ancien  golfe  Triton. 
Depuis  lors  néanmoins,  la  dernière  thèse  a  été  reprise  et,  sous  forme  de 
projet  de  restauration  d'un  ancien  état  par  le  simple  enlèvement  d'une 
barre  de  sables  accumulés  par  les  Ilots,  elle  a  eu  le  privilège  de  pas- 
sionner l'opinion. 

Un  voyage  d'exploration  au  printemps  de  cette  année  1877  m'a  confirmé 
dans  la  plupart  de  mes  prévisions,  au  sujet  de  l'existence  du  seuil 
à  une  époque  antérieure  à  celle  où  aurait  eu  lieu  la  communication 
prétendue  oblitérée  depuis  les  temps  historiques.  Entait,  le  Gliott-el-Djérid 
ne  peut  être  un  délaissé  de  mer,  puisque,  sur  toute  son  étendue,  il 
est  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  et  cela  d'environ  30  mètres  vers 
son  extrémité  orientale. 

J'ai   donné  à  la  section  de   géologie  une  description    sommaire   de  la 


\.    POMEL.    —    LE   SKI  IL    DE   GABÈS   AUX    TEMPS    PRÉHISTORIQUES  "fil 

géologie  de  cette  contrée  et  je  ne  dois  entretenir  la  section  d'anthropo- 
logie que  de  quelques  faits  qui  peuvent  l'intéresser  en  ce  qui  concerne 
l'histoire  de  l'homme. 

Le  seuil  de  Gabès  est  un  vaste  col  entre  deux  reliefs  montagneux 
composés  de  terrain  crétacé  et  forme  lui-même  des  collines  d'atter- 
rissement  limoneux  ne  renfermant  que  des  coquilles  d'hélices  et  par 
conséquent  d'origine  continentale  et  non  marine.  Leur  âge  remonte  aux 
premiers  temps  quaternaires  et  leur  formation  recouvre  dans  le  sud  de 
la  Tunisie  et  autour  de  la  petite  Syrte  des  espaces  considérables. 

Ce  dépôt  lui-même  a  été  raviné  et  ces  ravinements  ont  été  plus  ou 
moins  remplis  par  d'autres  dépôts  alluvionnaires  renfermant  des  mélanies 
mélanopsides,  bithynies  et  quelques  cardium  edule  d'une  race  petite 
et  à  coquille  assez  mince.  0i\  à  la  base  de  ce  dépôt,  qui  a  3  mètres 
d'épaisseur  dans  les  berges  de  l'Oued-Àkarit,  j'ai  recueilli  un  couteau 
en  silex  à  coté  d'un  fragment  d'os  qui  me  paraît  avoir  appartenu  a  un 
bassin.  Il  y  avait  donc  là  une  station  préhistorique   incontestable. 

M.  Chevarrier,  vice-consul  de  France  à  Gabès,  en  présence  duquel  j'ai 
recueilli  ces  pièces,  m'en  a  montré  d'autres  trouvées  par  lui  dans  un  des 
ravins  affluents  de  l'Oued-Gabès  ;  ce  sont  deux  magnifiques  couteaux  de 
grande  taille  et  une  pointe  de  flèche  d'un  très-beau  type,  qui  gisaient 
dans  un  lit  noirâtre,  fond  d'ancien  marécage  contenant  beaucoup  de 
melania  tuberculata,  de  melanopsis  maroccana,  des  bithynies,  quelques 
planorbes,  etc. ,  et  dont  l'affleurement  constitue  la  seule  station  d'une  plante 
orientale  du  groupe  des  mimosées,  le  Prosopis  stephaniana.  Cette  couche 
est  recouverte  par  3  ou  4  mètres  d'épaisseur  de  dépôts  li mono-sableux, 
que  l'on  suit  sans  discontinuité  jusqu'aux  ruines  de  l'antique  Tacape, 
emporium  carthaginois,  dont  les  fondations  sont  établies  sur  ce  ter- 
rain lui-même,  qui  porte  ainsi  un  cachet  de  haute  antiquité.  Dans  ces 
ruines  de  Gabès,  on  trouve  une  grande  quantité  de  coquilles  de  murex 
trunculus,  dont  les  animaux  avaient  servi  à  la  fabrication  de  la  pourpre  ; 
il  faudrait  bien  se  garder  d'y  voir  des  indices  d'une  ancienne  immersion  ; 
c'est  un  simple  résidu  de  fabrique. 

Dans  les  berges  de  l'Oued-Gabès,  on  distingue  toujours  très- nettement 
ces  dépôts  supérieurs  lluviatiles  ou  de  marais,  contenant  à  leur  base 
des  outils  de  l'homme  préhistorique,  de  la  formation  gypso-limoneuse 
qui  les  supporte  et  qui  forme  le  pied  de  ses  berges. 

Ce  terrain  quaternaire  ancien  se  poursuit  jusqu'au  faîte  du  seuil  et  au 
delà  jusqu'au  bord  delà  Sebkha, qui,  en  ce  point, est  à-j-32  mètres  et  y 
conserve  tous  ses  caractères  physiques.  Sur  ce  versant  occidental,  j'ai 
trouvé  environ  à  mi-pente,  en  un  point,  des  fragments  de  poteries  incon- 
testablement romaines,  et  sur  un  autre  point,  environ  à  la  même  hauteur, 
j'ai  pu  recueillir  quelques  outils  en  silex  indiquant  une  station  préhistorique 


762  ANTHROPOLOGIE 

à  découvert.  Ces  faits  viennent  encore  attester  que  ce  seuil  était  habité 
dans  des  temps  bien  plus  reculés  que  ceux  auxquels  on  supposait  qu'il 
s'était  constitué.  J'avais  eu  par  conséquent  raison  de  dire  que  la  barre 
de  Gabès  état  bien  plus  ancienne  qu'on  le  supposait  et  que  les  chotts 
n'avaient  été  anciennement  que  des  lacs,  puis  des  mers  mortes  sans  commu- 
nication avec  la  Méditerranée.  On  m'objecte  que  les  documents  historiques 
semblent  établir  cette  ancienne  communication.  Mais  je  ferai  simplement 
remarquer  que  lorsqu'on  consulte  les  textes  originaux,  on  reconnaît  faci- 
lement que  les  auteurs  successifs  qui  ont  parlé  du  lac  de  Triton,  depuis 
Pindare  jusqu'à  Pline,  le  placent  dans  des  régions  distinctes,  les  uns  dans 
la  Cyrénaïque  ,  les  autres  au  fond  de  la  grande  Syrte,  d'autres  dans  la 
petite  Syrte  ou  de  Gabès,  d'autres  enfin  dans  la  partie  la  plus  enfoncée 
du  golfe  Hammamet,  entre  Monastir  et  Souse.  Il  n'y  a  que  confusion  à 
espérer  de  la  combinaison  de  pareils  documents,  et  les  contours  géo- 
graphiques de  la  petite  Syrte,  depuis  l'île  de  Djerba  jusqu'à  celle  de 
Kerkena,  ne  paraissent  pas  ditférer  sensiblement  de  ce  qu'ils  pouvaient 
être  à  l'origine  des  temps  historiques. 

DISCUSSION 

M.  de  Mortillet  considère  comme  peu  probable  l'existence  d'une  mer  dans 
e  Sahara.  Il  se  peut  qu'il  y  ait  eu  dans  ces  parages  de  grands  lacs  ;  mais  les 
indices  d'une  mer  saharienne  sont  trop  peu  sûrs  aujourd'hui,  pour  que  la  réa- 
lité en  ait  cessé  d'être  problématique. 

M.  Lagneau. —  L'ancienne  existence  de  la  mer  saharienne  séparant  les  popu- 
lations atlantes  ou  kabyles  de  la  Mauritanie,  des  populations  nègres,  entière- 
ment différentes,  du  reste  de  l'Afrique,  semble  trouver  un  témoignage  dans 
certain  passage  de  Diodore  de  Sicile  rappelant  que  le  lac  Tritonide,  à  la  suite 
d'un  tremblement  de  terre,  aurait  disparu  par  la  rupture  du  terrain  le  séparant 
de  la  mer.  (Diodore  de  Sicile,  1.  III,  §  55,  p.  167,  coll.  Didot.) 


MM.   BOCHEFOÏÏTAOE  &  COÏÏTY 


RAPPORT  QUI   EXISTE  ENTRE  LE  POIDS  DU  CERVEAU  ET  LE  POIDS  TOTAL  DU  CORPS, 

CHEZ  LE  CHIEN. 

(EXTRAIT.) 


Sraiice    du    29   ri  nul    1877. 


M.  Couty  communique  en  son  nom  et  au  nom  de  M.  Bochefontaine  les 
résultats  d'observations  commencées  dans  le  laboratoire  de  M.  le  professeur 
Vulpian. 


Dr   TOPINARD.    —   ANOMALIES   DE    LA    COLONNE    VERTÉBRALE  T63 

Ils  ont  pesé  plus  de  quarante  chiens,  d'espèces  et  de  tailles  très-différentes, 
pesé  comparativement  le  corps  tout  entier  et  les  organes  encéphaliques,  et  ils 
ont  constaté  les  faits  suivants  : 

Le  poids  des  chiens  a  varié  de  5  kos  1/2  à  21  kos.  L'encéphale  le  plus  petit 
appartenant  à  un  chien  de  2  kos  a  pesé  67  <?r,  l'encéphale  le  plus  volumineux 
appartenant  à  un  chien  de  1<Sk0S  a  atteint  105  er  ;  du  reste,  ces  chiffres  extrêmes 
sont  restés  exceptionnels,  et  dans  la  plupart  des  cas,  le  poids  de  l'encéphale  a 
été  presque  fixe,  se  rapprochant  de  00  Rr  ;  alors  que  le  poids  total  du  corps  va- 
riait de  6  à  15  kos.  Quant  aux  organes  mésocéphaliques,  pesés  à  part,  sur 
quinze  animaux  ils  ont  toujours  égalé  15  à  18  «r.  De  tous  ces  faits  il  paraît 
résulter  que,  dans  l'espèce  canine,  l'encéphale  participerait,  dans  de  très-faibles 
limites,  aux  oscillations  de  volume  total,  et  que,  de  tous  les  organes,  les 
organes  nerrcux  sont  ceux  dont  le  poids  est  le  moins  variable. 

Le  volume  du  cerveau  ayant  ainsi  paru  dépendre  fort  peu  de  la  taille  de 
l'animal,  de  son  développement  osseux  et  musculaire,  MM.  Couty  et  Boche- 
fontaine  ont  recherché  si  les  organes  encéphaliques  variaient  avec  le  perfec- 
tionnement des  fonctions  nerveuses,  avec  la  race,  etc.  :  mais  leurs  observa- 
tions sur  ce  point  très-complexe  sont  encore  trop  incomplètes  pour  qu'ils  puissent 
affirmer  cette  influence. 

Ils  continueront  du  reste  ces  recherches  et  ils  espèrent  pouvoir  donner  des 
conclusions  plus  précises. 


M.    le   D'    Paul  TOPOAO 

Professeur  à  l'École  d'anthropologie. 


DES  ANOMALIES  DE  NOMBRE  DE  LA  COLONNE  VERTEBRALE  CHEZ  L'HOMME. 


—  Séance   du  29   août    1877.  — 

Dans  tout  groupe  zoologique  plus  ou   moins  naturel,  quel  que  soit  le 
rang  hiérarchique  que  lui  assignent  les  naturalistes,  il  se  manifeste,  dès 
les  premières  étapes  de  l'évolution  de  l'œuf,  deux  tendances  opposées 
l'une  de  concentration  des  caractères  ou  de  ressemblance  aux  ancêtres, 
et  l'autre  de  divergence  des  caractères  ou  de  variabilité. 

La  première  a  d'autant  plus  d'action  que  les  caractères  du  groupe  sont 
fixés  depuis  plus  longtemps  par  les  effets  accumulés  de  l'hérédité;  la  se- 
conde est  en  raison  inverse.  Mais  dans  certains  cas  la  variabilité  n'est 
elle-même  qu'un  des  modes  de  se  manifester  de  la  puissance  de  concen- 
tration. 

Lorsque  deux  lignées  font  converger  leurs  efforts  dans  un  même  sens, 
les  caractères  des  ancêtres  se  confirment;  ils  s'implantent  d'autant  plus 
solidement  que  le  même  concours  favorable  s'est  davantage  répété  dans 


704  ANTHROPOLOGIE 

le  passé  ;  d'où  la  formation  des  types  qui  caractérisent  les  familles,  les 
espèces  et  les  races.  Mais  les  efforts  peuvent  se  contrarier  et  entrer  en 
conflit;  les  caractères  sont  alors  croisés,  ils  tiennent  de  l'une  ou  de 
l'autre  lignée  ou  ils  sont  un  compromis  entre  les  deux.  La  même  lutte 
se  répétant  10,  20  fois  au  moment  de  la  conception,  un  caractère  peut 
ainsi  avoir  le  dessous  et  finir  par  disparaître.  Mais  la  tendance  à  sa  re- 
production n'est  pas  éteinte  pour  cela,  elle  se  perpétue  à  l'état  latent  et. 
des  circonstances  favorables  surgissant  et  lui  donnant  de  la  force,  il  peut 
reparaître  à  l'improviste  chez  l'individu.  C'est  ce  qu'on  appelle  Y  atavisme  : 
il  explique  comment,  à  la  surprise  de  tous,  un  enfant  naît  avec  des 
yeux  bleus  dans  une  famille  dont  tous  les  membres  connus  depuis  plu- 
sieurs générations  sont  blonds. 

La  variation,  dans  ce  cas,  n'est  à  proprement  parler  ni  spontanée,  ni 
accidentelle,  ce  n'est  qu'une  manifestation  de  la  loi  de  concentration  des 
caractères,  c'est  un  retour  partiel  vers  l'un  des  types  qui  ont  figuré  dans 
les  généalogies  multiples  des  ancêtres,  une  réminiscence,  la  preuve  que 
le  caractère  n'avait  pas  perdu  tous  ses  droits.  Cette  variation  imprévue 
éveille  donc  à  juste  titre  la  pensée  d'un  état  semblable  à  une  époque 
lointaine.  On  la  désigne  du  nom  d'anomalie,  mais  il  n'y  a  rien  d'ano- 
mal dans  la  nature  ;  ce  n'est  anomal  que  pour  notre  intelligence  actuelle. 

Les  anomalies  des  organes  soit  internes,  soit  externes,  soulèvent  donc 
une  grosse  question  de  philosophie  naturelle.  Dans  quelle  étendue  phy- 
siologique se  produisent-elles  dans  un  groupe  zoologique  donné?  Cette 
étendue  ne  peut-elle  faire  pressentir  si  le  type  est  fixé  depuis  plus  ou 
moins  de  temps  ?  Mais,  avant  d'examiner  le  problème,  il  faut  dresser  le 
bilan  de  ces  anomalies  dans  tous  les  organes  et  savoir  tous  les  inter- 
médiaires entre  elles  et  l'état  normal  moyen. 

C'est  ce  que  je  me  suis  efforcé  de  faire  pour  un  seul  organe,  pris  dans 
un  seul  groupe  zoologique,  —  pour  les  anomalies  de  nombre  de  la 
colonne  vertébrale  chez  l'homme,  non  pas  en  rassemblant  les  quelques 
indications  éparses  sur  ce  sujet,  mais  en  passant  en  revue,  dans  divers 
établissements  de  Paris,  environ  350  squelettes  de  toutes  provenances. 

Une  étude  de  ce  genre  devrait  être  précédée  d'un  résumé  au  moins 
de  nos  connaissances  sur  la  colonne  vertébrale,  la  constitution  philoso- 
phique de  ses  parties  dans  la  série  des  mammifères,  et  les  moyens  de 
reconnaître  chez  l'homme  le  rang  et  le  titre  de  la  vertèbre  ajoutée,  sup- 
primée ou  pervertie.  Ce  serait  hors  de  saison  ici.  Il  me  suffira  de  dire 
qu'avec  quelque  habitude,  on  reconnaît  aisément  dans  un  monceau  de  ver- 
tèbres dispersées  sur  une  table  les  llme  et  12me  dorsales,  la  lre  et  la  ome  lom- 
baires, pour  ne  rien  dire  de  celles  des  régions  cervicale,  sacrée  et  coccy- 
gienne,  qu'on  en  peut  reconnaître  bien  d'autres  par  comparaison  avec 
les  voisines  sur  un  squelette  monté,  et  que  les  déformations  de  la  base 


I>r   TOPINARD.    —    ANOMALIES    l>K    LA   COLONNE    VERTÉBRALE  "<>."> 

du  sacrum  et  de  son  sommet  par  addition  d'une  vertèbre  lombaire  ou 
coccygîenne  sont  également  faciles  à  diagnostiquer. 

Les  anomalies  de  nombre  et  de  position  des  vertèbres  et  de  leurs  an- 
nexes, que  j'ai  rencontrées  se  partagent  au  point  de  vue  du  t'ait  ana- 
tomique  seul  en  trois  groupes:  les  anomalies  par  excès,  les  anomalies 
par  défaut,  les  unes  et  les  autres  sans  compensation,  et  les  mêmes  avec 
compensation.  Elles  ont  pour  siège  les  vertèbres  elles-mêmes  ou  les 
côtes,  qui  ne  sont  que  des  dépendances  des  dorsales,  aux  dépens  des  deux 
racines  antérieure  et  postérieure  des  apophyses  transverses  qui  régnent 
d'une  extrémité  de  la  colonne  à  l'autre  et  en  mesurent  la  largeur 
maximum.  C'est  dire  que  les  anomalies  des  vertèbres  et  des  eûtes  se 
confondent  lorsqu'on  considère  la  région  thoracique 

Les  côtes,  pour  commencer,  se  montrent  donc  en  plus  ou  en  moins: 
— en  plus  dans  trois  régions: au  cou,  au  dos  et  aux  lombes;  — en  moins 
dans  la  région  dorsale  seulement  bien  entendu. 

Je  possède  6  observations  de  côtes  ou  de  vestiges  de  côtes  déve- 
loppées sur  la  7e  cervicale;  mais  comme  la  solidarité  n'est  pas  obligée 
entre  les  deux  cotés,  cela  t'ait  un  total  de  dix  cas  d'apophyses  transver- 
ses costiformes.  A  un  1er  degré,  la  racine  postérieure  s'hypertrophie  et 
prend  la  physionomie  de  la  partie  à  laquelle  les  auteurs  limitent  le 
ternie  d'apophyse  transverse  au  dos,  et  le  tubercule  normal,  qui  résulte  de 
la  jonction  des  deux  racines,  s'allonge  et  se  coude  obliquement  en 
avant  sur  une  longueur  de  u2  centimètres  au  plus.  Au  2d  degré,  et  à  ce 
degré  seulement,  la  racine,  antérieure  se  met  de  la  partie,  elle  s'al- 
longe et  se  brise  en  articulation  :  1°  à  son  insertion  avec  le  corps  de  la 
vertèbre  et  2°  à  sa  jonction  avec  la  racine  postérieure  ;  d'où  une  côte 
en  continuité  seulement  avec  la  racine  antérieure ,  mais  incomplète  et 
flottante.  A  un  3e  degré,  c'est  une  côte  entière  et  parfaite,  s'articulant 
avec  l'angle  supérieur  et  externe  du  sternum  par  un  cartilage  générale- 
ment distinct  de  celui  de  la  1"=  côte  dorsale,  mais  aboutissant  au  même 
point  sur  le  sternum. 

A  l'autre  extrémité  du  thorax,  aux  dépens  de  l'apophyse  transverse  de  la 
lre  lombaire,  une  côte  simple  ou  double  et  flottante  peut  s'ajouter,  de  même. 
Elle  s'y  présente  sous  deux  aspects  :  tantôt  c'est  un  vestige  de  côte  qui 
s'articule  à  l'extrémité  même  de  l'apophyse  transverse,  tantôt  l'apophyse 
s'est  allongée  en  côte  et  brisée  à  sa  base  en  articulation.  Je  n'en 
possède  qu'un  cas  prononcé  chez  l'homme,  mais  un  assez  grand  nombre 
sur  les  animaux. 

A  la  région  dorsale,  enfin,  une  côte  se  dédouble  dans  une  étendue 
plus  ou  moins  grande  ;  son  extrémité  antérieure  se  termine  par  deux 
cartilages  qui  aboutissent  au  même  point  du  sternum  (j'en  ai  deux  cas)  ; 
ou  bien    une  côte   s'ajoute   ou    se    supprime    entièrement,    mais    alors 


766  ANTHROPOLOGIE 

l'anomalie  est  commune  avec  celles  des  vertèbres  dorsales    dont  je  vais 
à  présent  parler. 

Les  anomalies  par  excès,  sans  compensation,  sont  rares  à  la  région 
dorsale  et  je  crois  être  le  premier  aies  avoir  démontrées.  Je  n'en  ai  que 
deux  cas,  mais  ils  ne  souffrent  aucune  objection  l'un  :  a  13  vertèbres  dor- 
sales, l'autre  en  a  11. 

Le  premier  est  celui  d'un  entant  de  8  ans  1/2  dont  le  squelette,  fait 
partie  du  musée  de  l'Institut  anthropologique  de  Paris.  Il  a  son  compte 
de  vertèbres  à  la  région  cervicale,  aux  lombes,  au  sacrum  et  cependant 
il  a  13  dorsales  parfaitement  conformées,  portant  13  paires  de  côtes, 
non  moins  bien  conformées.  Son  thorax  et  toute  sa  colonne  ressemble 
à  celui  de  tout  autre  squelette  du  même  âge  ;  ce  qui  fait  que  son  ano- 
malie a  passé  inaperçue  jusqu'à  ce  jour,  quoiqu'il  figure  dans  les  vi- 
trines depuis  6  années. 

Le  second  est  un  squelette  superbe  de  lm,78  de  hauteur,  faisant  partie 
des  mêmes  collections.  Il  n'a  que  11  vertèbres  dorsales  et  11  paires  de 
côtes  et  tout  le  reste,  de  sa  colonne  est  aussi  régulier  que  possible.  On 
ne  peut  lui  découvrir  aucune  autre  singularité. 

Ce  qu'il  y  a  de  frappant,  c'est  que  si  l'on  s'attache  aux  caractères  par- 
ticuliers à  l'aide  desquels  on  reconnaît  les  vertèbres  les  unes  des  au- 
tres, on  n'en  trouve  aucune  absente  ;  les  deux  vertèbres  de  transition  de 
la  lin  du  thorax,  en  particulier,  ressemblent  chez  les  deux  sujets  à  ce 
qu'ils  sont  chez  tout  le  monde.  Il  est  donc  impossible  de  dire  quelle  est 
la  vertèbre  et  la  paire  de  côtes  qui  s'est  ajoutée  chez  l'un  et  a  disparu 
chez  l'autre.  Peut-être  que,  dans  le  sein  de  la  mère,  cette  vertèbre  mé- 
ritait un  nom  et  avait  une  place  déterminée,  mais  l'accommodation  des 
parties  qui  s'opère  dans  le  cours  de  l'existence,  et  surtout  pendant  la 
période  d'accroissement,  en  a  effacé  tous  les  caractères. 

A  la  région  lombaire,  le  nombre  des  vertèbres  peut  aussi  être  accru  ou 
diminué  sans  compensation.  Je  possède  l'observation  d'un  nègre  du  Bur- 
nou  qui  n'a  que  4  lombaires,  et  tout  le  reste  de  sa  colonne,  en  particu- 
lier son  sacrum  et  son  coccyx  sont  rigoureusement  normaux.  Sa  lre  lom- 
baire a  tous  les  caractères  d'une  lre  lombaire,  sa  dernière  tous  ceux  d'une 
oe  et  son  avant  dernière  ceux  d'une  4e.  Si  l'on  pouvait  raisonner  de  cette 
façon,  je  dirais  que  ce  sont  les  2e  et  3e  qui  se  sont  fondues  en  une  seule. 

Quant  aux  cas  de  b'e  lombaire  supplémentaire,  tout  le  reste  de  la  colonne 
étant  comme  d'habitude  je  ne  les  compte  plus,  j'en  ai  dans  mes  noUs  une 
quinzaine  d'observations.  Mais  dans  une  dizaine,  cette  6e  lombaire 
témoigne  de  dispositions  plus  ou  moins  accusées  à  se  transformer  en 
lre  sacrée,  ou  est  devenue  tout  à  fait  sacrée.  Je  les  laisse  de  côté,  mais 
il  me  reste  o  ou  (J  cas,  dans  lesquels  la  vertèbre  est  libre  dans  toute  son 
étendue.  Et  ce  que  nous  avons  observé  à  la  région  dorsale  se  répète  ici  : 


Dr    TOPINARD.    —    ANOMALIES   l)K    LA    COLONNE    VERTÉBRALE  767 

toujours  (je  n'en  connais  pas  d'exception)  cette  6e  lombaire  a  les  carac- 
tères d'une  o  ,  la  o°  au-dessus  ceux  d'un»'  Ie;  je  puis  môme  parfois  reeon- 
iKiitrc  la  4e  comme  une  3e,  et  c'est  la  2e,  en  somme,  qui  semble  en 
général  s'être  dédoublée. 

Je  ne  parlerai  pas  des  anomalies  par  excès  ou  défaut  du  sacrum.  Cela 
exigerait  de  trop  longs  développements  ;  elles  ont  du  reste  été  étudiées 
plus  .pic  celles  des  autres  parties  du  racliis.  Ma  conclusion,  c'est  que,  là 
aussi,  les  deux  espèces  existent,  mais  elles  y  sont  difficiles  à  surprendre 
en  flagrant  délit.  Comme  vous  le  savez,  les  vertèbres  sacrées  ne  sont 
plus  indépendantes  comme  celles  du  dos  et  des  lombes,  elles  sont  sou- 
dées entre  elles  et  l'accommodation  des  parties  à  laquelle  donne  lieu  toute 
anomalie  s'accompagne  ici  de  phénomènes  d'hypergencse  ou  d'atrophie 
osseuse  qui  compliquent  le  problème.  Je  laisse  de  côté  les  anomalies  du 
coccyx  pour  les  mêmes  motifs. 

Passons  aux  anomalies  par  compensation.  Elles  sont  de  deux  sortes. 
La  première  sorte  ne  se  présente,  ou  du  moins  ne  se  constate 
directement  et  avec  facilité  qu'au  sacrum  et  au  coccyx.  C'est  le  pas- 
sage direct  d'une  oc  lombaire  normale,  ou  d'une  0e  lombaire  supplé- 
mentaire, des  lombes  au  sacrum,  ou  réciproquement,  car  il  est  sou- 
vent difficile  de  dire  dans  quel  sens  s'est  produite  la  migration , 
les  diverses  étapes  du  passage  et  de  la  transformation  graduelle  qui 
l'accompagne  pouvant  se  réduire  à  5  degrés.  Je  possède  de  nombreuses 
observations  de  tous  ces  cas;  je  me  borne  à  en  citer  o,  dans  lesquelles  la 
oe  lombaire  est  devenue  plus  ou  moins  sacrée,  et  où  par  conséquent 
il  ne  reste  plus  aux  lombes  que  4  vertèbres,  comme  chez  le  nègre  du 
Burnou,  sauf  que  chez  lui  le  mode  de  disparition  est  tout  différent. 

La  seconde  sorte  est  l'anomalie  par  compensation  proprement  dite  ou 
éloignée.  Le  cas  le  plus  simple  est  celui  où  existent  d'une  part  11  ver- 
tèbres dorsales  et  1 1  paires  de  côtes,  comme  chez  l'homme  de  ln,,78  de  tout 
à  l'heure,  et  de  l'autre  b  lombaires  comme  dans  la  série  dont  je  viens  de 
parler.  C'est  l'association  de  deux  anomalies  l'une  par  défaut  et  l'autre 
par  excès  sur  des  régions  différentes. 

Enfin  les  deux  sortes  de  compensation,  immédiate  et  éloignée,  s'ad- 
ditionnent souvent  et,  d'une  extrémité  à  l'autre  de  la  colonne,  on  trouve 
des  preuves  multiples  d'une  perturbation  originelle  profonde  et  de  l'accom- 
modation ou  adaptation  des  parties  qui  a  succédé.  Ainsi  il  y  a  11 
dorsales  portant  11  paires  de  côtes,  mais  à  la  place  de  la  12e  paire  on  en 
trouve  une  de  supplément  à  la  7e  cervicale,  et  à  la  place  de  la  12e  dorsale 
une  6e  lombaire.  La  compensation  s'est  partagée.  En  outre,  cette  6e  lom- 
baire sera  au  1/4,  à  1/2  ou  aux  3/4  soudée  à  la  base  du  sacrum. 

Le  sacrum  se  compose  comme  vous  le  savez,  de  3  vertèbres  qui  s'arti- 
culent avec  l'os  iliaque  et  de  2  au-dessous  de  lui  ;  les  premières  constituent 


708  ANTHROPOLOGIE 

le  sacrum  nécessaire  et  les  secondes  le  sacrum  accessoire.  La  consé- 
quence de  cette  addition  d'une  vertèbre  par  en  haut,  aussi  peu  avancée 
qu'elle  soit,  est  parfois  de  repousser  en  bas  la  3e  sacrée  normale  au- 
dessous  de  l'os  iliaque.  Le  sacrum  accessoire  se  compose  alors  de 
3  vertèbres.  Le  coccyx  lui-même  se  ressent  de  toutes  ces  mutations;  dans 
cette  circonstance,  sa  première  pièce  tend  moins  à  se  souder  au  som- 
met du  sacrum  ;  mais,  dans  le  cas  contraire,  la  vertèbre  sacrée  se  dé- 
tachant et  allant  s'ajouter  à  la  légion  lombaire,  sa  disposition  à  se 
souder  est  considérablement  accrue.  Lorsque  celte  soudure  a  lieu,  le  ca- 
nal rachidien  se  termine  donc  avec  le  sacrum,  tandis  que,  dans  l'état 
ordinaire,  il  y  a  comme  une  erreur  de  la  nature;  il  se  termine  avec  la 
première  vertèbre  coccygienne. 

Les  anomalies  de  la  colonne  vertébrale  sont,  en  somme,  plus  com- 
munes et  ont  un  intérêt  bien  plus  grand  qu'on  ne  l'imaginait.  Il  y  a 
là  une  source  de  méditations  à  exploiter. 

Elles  sont  d'autant  plus  fréquentes  qu'on  s'éloigne  davantage  de  la 
tête.  A  la  région  cervicale,  en  dehors  de  la  transformation  des  apophy- 
ses transverses  de  la  7P  cervicale,  elles  n'existent  pas.  Aux  lombes,  elles 
sont  beaucoup  moins  rares  qu'au  dos.  Au  sacrum  et  au  coccyx,  elles 
sont  très-communes.  Ce  qui  étonne,  c'est  la  facilité  avec  laquelle  l'éco- 
nomie s'accommode  à  ces  anomalies,  c'est  le  pouvoir  d'adaptation  qui  fait 
que  les  vertèbres  prennent  secondairement  les  caractères  de  celles  qu'elles 
représentent.  Atout  instant,  dans  les  phénomènes  anatomiques  dont  elles 
sont  le  point  de  départ,  on  se  heurte  contre  le  grand  principe  de  Lamarck 
et  de  Geoffroy  Saint-Hilaire  que  «  la  fonction  fait  l'organe  ». 

Il  reste  à  savoir  si  l'étendue  de  ces  anomalies  ou  mieux  de  ces  variations 
physiologiques  du  type  de  la  colonne  vertébrale  humaine,  vient  à  l'ap- 
pui des  idées  transformistes  et  dépasse  les  limites  des  variations  que 
tous  les  naturalistes  admettent  au  sein  des  espèces.  Poser  la  question, 
c'est  la  résoudre.  On  peut  contester  à  la  grande  rigueur  qu'une  côte  cer- 
vicale ou  lombaire  complète  en  plus  soit  un  caractère  d'espèce.  On  ob- 
jectera avec  plus  de  raison  qu'une  vertèbre  de  plus  ou  de  moins  sur 
les  confins  des  lombes  et  du  sacrum  n'établit  pas  une  distinction  suffi- 
sante. La  présence  d'une  vertèbre  supplémentaire  dans  le  premier  seg- 
ment caudal  au  détriment  du  second  segment  n'a  pas  une  grande  valeur 
non  plus.  Mais  une  vertèbre  en  plus  ou  en  moins  au  beau  milieu  d'une 
région,  sans  la  plus  faible  perturbation  appréciable  dans  le  reste  de  la 
colonne,  constitue  un  caractère  d'espèce,  sinon  de  genre;  ou  bien  toutes 
les  distinctions  des  groupes  établies  par  les  naturalistes  sont  de  pure 
convention.  Notre  enfant  à  13  côtes  parfaites  et  13  dorsales,  notre  homme 
à  11  côtes  et  11  dorsales  sans  compensation,  et  le  nègre  du  lîurnou  ont 
une  grande  portée.  Ailleurs  on  peut    soutenir  que  la  compensation  dé- 


G.   DI    rROMELIN.    —    ETHNOGRAPHIE  DE  LA  PRESQU'ILE  DE  BATZ  769 

montre  que  l'anomalie  est  accidentelle,  ici  le  caractère  parfaitement 
physiologique  de  la  déviation  est  certain,  c'est  un  fait  normal  et  non  un 
accident. 

Est-ce  dire  que  ces  variations  rares  soient  la  preuve  qu'à  une  époque 
quelconque  il  a  existé  «1rs  espèces  d'hommes  ou  de  précurseurs  de 
l'homme,  sous  quelque  forme  que  ce  soit,  les  unes  à  13  eûtes  les  autres 
à  II  eûtes,  et  que  notre  espèce  ou  notre  genre  actuel  ne  soit  qu'un  com- 
promis entre  elles,  un  résultat  des  croisements  :'  Ou  bien  faut-il  croire  à  de 
simples  phénomènes  de  variabilité  exagérée  et  sedemander  si,  les  circon- 
stances aidant,  ils  ne  sauraient  devenir  le  point  de  départ  d'espèces 
nouvelles  dans  l'avenir?  Ce  sont  là  aujourd'hui  «les  questions  insolubles. 
Nous  savons  ce  que  nous  sommes,  nous  ignorons  ce  que  nous  avons 
été  et  ce  que  nous  serons. 


M.  DE  TEOMELIS 


SUR  L'ETHNOGRAPHIE  DE  LA  PRESQU'iLE  DE  BATZ    LOIRE-INFERIEURE 

[EXTRAIT  LIU  PROCRS-YERBAL.) 


—  Séance  du  29  août   18Ti.   — 

M.  ue  Tromeun  présente  des  Observations  sur  le  costume  et  la  langue  de  Batz. 

Il  s'élève  contre  l'intervention   du  costume  dans  l'anthropologie.  Le  costum  i 
breton  le  plus  ancien,  dit-il,  date  du  xv°  ou  xvi°  siècle. 

La  langue  de  la  presqu'île  de  Batz  est  le  bas-breton  ;  cela  titnt  à  ce  que  la 
presqu'île  faisait  partie  du  diocèse  de  Quimper  et  appartenait  au  comté  de 
Cornouuillcs.  C'est  l'influence  religieuse  qui  a  immobilisé  langue  et  costume. 

DISCUSSION. 

M.  Topinard  lait  observer  que  jamais  le  costume  n'a  été  considéré  comme 
élément  ethnographique. 

M.  Lagneau  :  Le  costume  des  habitants  du  bourg  de  Batz  m'a  paru  différer 
notablement  des  anciens  costumes  bretons.  D'ailleurs,  sans  attacher  à  la  diver- 
sité des  costumes  une  importance  comparable  à  celle  très-justement  attachée 
à  la  diversité  des  caractères  anthropologiques,  je  crois  que  leur  étude  ne  doit 
pas  être  négligée,  car  elle  peut  mettre  sur  la  voie  de  certaines  relations  ethni- 
ques plus  ou  moins  oubliées. 

M.  de  Tromelin  remarque  que  j'ai  dit,  lors  de  la  session  de  Nantes,  que  les 
habitants  du  littoral,  en  particulier  de  l'île  d'Ouessant,  se  faisaient  remarquer 
par  leur  stature  élevée.  En  effet,  les  recherches  statistiques  faites  par  M.  Broca, 

49 


770  ANTHROPOLOGIE 

sur  la  répartition  des  exemptés  du  service  militaire  pour  défaut  de  taille  dans 
les  cantons  des  départements  de  la  Bretagne,  ont  montré  que  les  cantons  du 
littoral,  en  particulier  celui  de  l'île  d'Ouessant,  ont  moins  de  ces  exemptés 
que  ceux  de  la  région  centrale.  (Broca,  Mémoires  de  la  Soc.  d'anthrop.,  t.  III, 
p.  169,  etc.;.  Ce  qui  d'ailleurs  semble  pouvoir  s'expliquer  par  les  immigrations 
successives  sur  le  littoral  et  dans  les  îles  des  Bretons  insulaires,  des  pirates 
saxons,  nordmans,  etc.,  la  plupart  de  race  germanique  septentrionale. 


M.  HOYELACQÏÏE 

Professeur  à  l'École  d'anthropologie 


CARTE  DES  INDICES  CEPHALIQUES  DE  FRANCE. 

(EXTRAIT  DU   l'ROCÈS-VERBAL.) 


—  Séance  du  29  août  1877.   — 

M.  Hovelacque  montre  une  carte  des  indices  céphaliques  de  France  qui, 
faute  de  documents,  est  encore  incomplète,  mais  qui,  par  suite  de  nouveaux 
travaux,  pourra  se  compléter. 

DISCUSSION. 

M.  Topinard  crouve  la  carte  présentée  un  peu  trop  blanche  ;  au  lieu  d'indi- 
cations données  simplement  par  des  lettres  et  coefficients,  il  voudrait  des  points 
colorés  qui  frapperaient  davantage  les  yeux.  Il  désirerait  aussi  que  les  indices 
pris  sur  le  vivant  et  ceux  pris  sur  le  mort  soient  indiqués  tous  les  deux  sépa- 
rément quand  ils  existent  simultanément  pour  une  même  localité. 

M.  Lagneau  :  La  carte  de  M.  Hovelacque  ne  paraît  pas  pouvoir  encore  être 
coloriée  en  teintes  unies,  ainsi  que  le  demande  M.  Topinard.  Les  crânes  mesu- 
rés appartiennent  à  des  localités  encore  trop  peu  nombreuses  pour  qu'on  puisse 
exprimer  ainsi  par  des  teintes  unies  étendues  sur  de  grandes  régions  des 
conformations  crâniométriques  insuffisamment  déterminées. 

M.  Topinard  fait  observer  le  peu  de  valeur  qu'on  doit  accorder  à  un  ou  deux 
crânes  pour  la  détermination  de  la  race  d'un  pays.  La  remarque  est  parfaite- 
ment juste,  mais  quand  on  n'a  à  sa  disposition  qu'un  ou  deux  crânes,  il  est 
bon  néanmoins  de  tenir  compte  de  leur  conformation  jusqu'à  ce  que  des  crânes 
plus  nombreux  permettent  de  rectifier  les  données  fournies  par  ces  premiers 
crânes.  Souvent  fort  curieux  par  leur  conformation,  les  crânes  très-anciens  sont 
généralement  peu  nombreux.  Un  numéro,  placé  sous  le  signe  indicateur  de  la 
localité  où  des  crânes  ont  été  trouvés,  peut  d'ailleurs  indiquer  le  nombre  de 
ces  crânes,  également  mentionné  dans  la  légende  accompagnant  cette  carte. 


CHANTBB.  —  LES  NÉCROPOLES  DES  ALPES  FRANÇAISES        771 


M.    RIGrAULT 

de  Pons   (Charente-Inférieure). 


SUR     UNE     AMULETTE     CRANIENNE 

(EXTRIIT  IM    I'Umi  |  S-VBRBAL.] 


—  S  -'!)    a.0  i'i  t    I  877.  — 

M.  Rigatjlt  fait  une  communication  sur  la  Picrre-Fouquet,  dolmen  de  la 
commune  d'Ardillières  (Charente-Inférieure).  Il  a  trouvé  dans  ce  dolmen  une 
charmante  petite  hache  en  pierre  polie,  un  certain  nombre  de  coquilles  de 
dentales  et  trois  disques  en  os,  un  peu  coniques  dessus,  ornés  de  gravures  en 
creux,  plats  dessous,  avec  une  petite  bélière  au  centre.  Quelques  personnes  ont 
pensé  que  ce  pouvait  être  des  rondelles  crâniennes. 

DISCUSSION. 

M.  de  Mortillet  fait  observer  que  l'os  est  trop  épais  et  trop  compacte.  Ce 
sont  simplement  des  boutons  faits  avec  des  os  longs  de  bœuf  ou  de  cheval. 
M.  Ollier  de  Marichard  en  a  trouve  d'analogues  dans  l'Ardèche. 


M.  CHANTRE 

Sous-Directeur  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Lyon. 


LES  NÉCROPOLES  DU  PREMIER  AGE  DE  FER  DES  ALPES  FRANÇAISES. 


—  Séance  du  29  août   1877.   — 
I. 


Les  Alpes  françaises,  de  même  que  le  Jura,  la  Franche-Comté,  la 
Bourgogne  et  la  Champagne,  présentent  un  nombre  considérable  de  sé- 
pultures isolées  et  des  nécropoles  appartenant  à  cette  période  proto- 
historique qui  a  succédé  à  l'âge  du  bronze  et  pendant  laquelle  le  fer 
a  fait  son  apparition. 

Groupées  sur  toute  l'étendue  des  départements  des  Basses-Alpes,  des 
Hautes-Alpes,  de  l'Isère  et  de  la  Savoie,  ces  sépultures  et  ces  nécropoles 
alpines  oifrent  un  ensemble  de  caractères  qui  les  relient  de  façon  à  con- 
stituer un  type  spécial  à  cette  région. 

Les  objets  qui  composent  les  mobiliers  funéraires  de  ces  tombeaux  et 


779 


ANTHROPOLOGIE 

les  motifs  d'ornementation  que  l'on  y  rencontre,  sont  en  partie  diffé- 
rents de  ceux  des  tumulus  de  la  même  époque,  découverts  en  France 
et  en  Suisse,  ainsi  que  de  ceux  des  cimetières  de  la  Marne,  certaine- 
ment moins  anciens.  Aucune  pièce  enfin,  provenant  de  ces  sépultures, 
ne  rappelle  les  formes  ou  le  style  ornemental  propre  à  l'âge  du  bronze. 


Fig.  fi7.  —  Hache  à  aileron.     Fig.  68.  —  Ep6e  à  poignée  pleine.  Pa-         Fig.  69  et  70.—  Épingles 
Fonderie  de  Larnaud  (Jura)        lafitte    du   lac  du  Bourget   (Savoie)  a  tète   semi-sphéiïque. 

1/2  grandeur.  1/2  grandeur.  69.Yogna(.Iura).  70.  Pon- 

cin(Ain).  1/2  grandeur. 

Les  figures  ci-jointes  représentant  des  spécimens  caractéristiques  de 
l'âge  du  bronze  de  la  France,  quelques  types  des  mobiliers  funéraires, 
ces  nécropoles  alpines  et  même  des  tumulus  montrent  cette  distinction 
capitale  qui,  quoique  indiscutable,  a  été  méconnue  cependant  par  cer- 
tains archéologues.  Cette  très-regrettable  confusion  est  surtout  mise  en 
évidence  par  le  dernier  ouvrage  de  M.  A.  Bertrand.  Cet  archéologue 
qui,  on  le  sait,  n'admet  pas  encore  l'existence  d'un  âge  du  bronze  en 
France,  range  dans  un  seul  et  même  groupe  tous  les  gisements  de  la 
vallée  du  Rhône  et  de  celle  du  Pô  ayant  fourni  des  objets  en  bronze, 
quels  qu'ils  soient  !  Aucun  archéologue  cependant  au  courant  des  décou- 
vertes modernes  ne  peut  plus  rapporter  à  la  même  civilisation  les  bronzes 
des  cachettes  de  fondeurs  ou  des  palafittes  (fig.  67  à  78)  avec  ceux  des 
nécropoles  des  Alpes  ou  du  Bolonais. 

Les  caractères  qui  distinguent  les  industries  et  les  usages  de  l'époque 
du  bronze  de  celles  du  premier   âge  du  ïev,  sont  assez  bien  connus  ac- 


CHANTRE.    —   LES    NÉCROPOLES    DES    kLPES    FRANÇAISES  773 

tuellement,  ei  une  pareille  confusion  n'est  plus  admissible.  On  neverra 
plus  soutenir  cette  assertion  niant  l'évidence  des  faits  :  a  Les  preuves 
de  l'existence  d'un  âge  du  bronze  distinct  de  l'âge  du  fer  se  sont  toujours 
dérobées  à  toutes  les  recherches  (1).  » 


Fig.  71 .  — Pendeloque,  trésor  de  Rubier 
[Hautes- Alpes),  y  2  grandeur. 


1  i      72.  —  Faucille  à  bouton.  Fonderie 
«le  Larnaud    Jura  .  \  1  grand. 


Ayant  fait  des  recherches  considérables  pour  établir  ces  distinctions 
que  j'ai  eu  l'occasion  déjà  de  faire  connaître  dans  les  congrès  «le  Bo- 
logne, de  Stockholm  et  de  Buda-Pest,  afin  de  délimiter  l'âge  du  bronze 
en  Gaule,  j'ai  pu  recueillir  d'intéressants  documents  relatifs  à  cette  ques- 
tion. Je  prépare  sur  ce  sujet    un  travail  d'ensemble   qui    fera    suite   à 


mon  ouvrage  sur  l'âge  du  bronze, 


11. 


Connues  depuis  fort  longtemps  par  les  cultivateurs,  les  bergers  et  quel- 
ques hommes  instruits  du  pays,  les  nécropoles  alpines  ont  été  encore 
très-peu  étudiées.  Plusieurs  collections  publiques  et  particulières  renfer- 
ment des  objets  provenant  de  sépultures  découvertes  accidentellement, 
mais  peu  de  fouilles  scientifiques  ont  été  entreprises  jusqu'à  ce  jour. 

Les  sépultures  isolées  et  les  nécropoles  des  Alpes  peuvent  être  classées 
géographiquement  en  quatre  grands  groupes.  Ce  sont,  en  allant  du  sud 
au  nord  : 

1°  Groupe  de  la  vallée  de  l'Ubaye  ou  de  Barcelonnette  (Basses- 
Alpes)  ; 


(1)  Revue  archéjlogique.  Novembre  1S74,  p.  327. 


774  ANTHROPOLOGIE 

2°  Groupe  de  la  vallée  de  la  Duranee  et  le  Queyras  (Hautes- Alpes); 

3°  Groupe  de  la  vallée  du  Drac  ou  de  l'Oisans  (Isère)  ; 

4°  Groupe  de  la  Maurienne  et  de  la  Tarentaise  (Savoie). 

§  I.  —  Le  premier  groupe,  celui  de  la  vallée  de  Barcelonnetle,  peut- 
être  le  plus  considérable  de  tous,  a  été  étudié  depuis  un  grand  nombre 
d'années  par  M.  le  Dr  Ollivier,  de  Digne.  Cet  archéologue  a  réuni  de 
ces  tombeaux  une  série  remarquable  de  spécimens  de  bracelets,  de 
fibules  et  d'ornements  divers,  tels  que  :  boutons,  chaînes,  colliers,  etc. 


Fig.  73.  —  Bracelet  massif  à  tige  semi-cir- 
culaire avec  nervure.  Trésor  de  Kéalon 
(Hautes-Alpes).  1/2  grandeur. 


Fig.  74.  —  Bracelet  à  tige  creuse  et  ^emi-cir- 
culaire.  Trésor  de  Réalou  (Hautes-Alpes). 
1/2  grandeur. 


Fig.  75.  —  Fibule,  1/2  grandeur.  Sépul- 
ture de  Saint-Ours  (Basses-Alpes). 


I  i_r.  76.  —  Fibule.  1/2  grand.  Nécro- 
pole de  la  (.lui  Ic-S  reune-sur-Saint- 
Paul  (Basses-Alpes). 


En  1859,  M.  Charles  Chappuis,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de 
Besançon,  ayant  reçu  du  ministre  de  l'instruction  publique  une  mission 
dans  le  but  de  rechercher  le  passage  d'Amiibal,  fut  frappé  de  la  quan- 
tité énorme  de  documents  se  rapportant  à  une  autre  époque  que  celle 


CHANTRE.  —  LES  NÉCROPOLES  DES  ALPES  FRANÇAISES        775 

qu'il  venait  étudier.  Ce  savant  a  publié  ses  observations  (1)  et  y  a  joint 
plusieurs  planches  représentant  quelques-uns  des  objets  recueillis  par 
M.  le  Dr  Ollivier  et  d'autres  observateurs. 

M.  Chappuis  a  reconnu  dans  la  vallée  de  l'Ubaye  plus  de  vingt  loca- 
lités, citons  entre  autres  :  Saint-Vincent;  La  Bréole;  Jausiers  et  Sanières, 
près  Barcelonnette  ;  Saint-Pons;  la  Grande-Serenne-sur-Saint-Paul  ;  les 
Thuiles;  le  Lauzet;  Gleisoles;  Tournoux;  Saint-Paul;  Méolans;  Chaste- 
let-sur-Saint-Paul  ;  Hameau  de  Maurin  ;  Faucon  ;  Fours  ;  Martels  ;  Mou- 
lanes;  Laverq;  Lans  ;  la  Frache  près  Saint-Pons;  Saint-Ours;  hameau 
de  Meyronnès,  au  champ  de  Durane  ;  le  Gueinier;  Larche;  Villars- 
d'Abas,  etc. 

Toutes  ces  localités  ne  sont  pas  également  importantes,  le  plus  grand 
nombre  n'ont  donné  que  des  sépultures  isolées.  Jausiers  et  la  Grande- 
Serenne  peuvent  être  seules  considérées  comme  des  nécropoles  considé- 
rables. M.  Chappuis  a  donné  dans  son  travail  la  description  du  mobilier 
funéraire  d'un  grand  nombre  de  ces  sépultures.  Les  figures  75  à  78  re- 
présentent quelques-uns  des  types  des  objets  qu'elles  renfermaient. 


Fig.  77.  —  Fibule,  1/2  grandeur. 
Sépultures  de  Sanières  (Basses- 
Alpes). 


Fig.  78.  —  Fibule,  grandeur  réelle. 
Nécropole  de  Peyre-Haute  (Hautes- 
Alpes). 


§  IL  Le  deuxième  groupe,  comprenant  la  vallée  de  la  Durance  et  le 
Queyras,  a  été  jusqu'à  présent  moins  exploré  que  le  précédent,  mais  il 
est  plus  intéressant  tant  par  sa  richesse  que  par  les  fouilles  qui  y  ont 


(1)  Etude  sur  la  vallée  de  Barcelonnette  à  l'époque  celtique.  Paris,  1862. 


776  ANTHROPOLOGIE 

été  opérées.  Dans  la  vallée  de  la  Durance,  M.  Chappuis  a  signalé  une 
série  de  sépultures,  notamment  à  Savines,  à  Aigoire  et  à  Pontis,  arron- 
dissement d'Embrun.  Dans  la  même  vallée,  à  Freyssinière,  M.  le  pasteur 
Tournier  a  recueilli  un  torques  magnifique  en  argent  (fig.  79)  qui,  bien 
probablement,  provient  d'une  sépulture  détruite. 


Figure  79.  •—  Torques   ea  argent,  1/2  grandeur. 
Freyssinière    (Hautes-Alpes). 


C'est  à  cet  archéologue  que  je  dois  la  communication  de  la  plupart 
des  documents  que  je  possède  sur  les  Hautes-Alpes,  et  lorsqu'il  a  bien 
voulu  m'engager  à  faire  des  touilles  dans  un  terrain  qu'il  alouéàPeyre- 
Haute  en  vue  d'une  exploration  méthodique,  c'est  avec  grand  plaisir 
que  j'ai  accepté  son  invitation. 

Cette  localité,  située  dans  la  commune  de  Guillestre,  sur  le  chemin 
du  col  de  Vars,  qui  relie  le  haut  de  la  vallée  de  l'Ubaye  à  celle  de  la 
Durance,  esl  placée  sur  un  mamelon  isolé  de  3  hectares  environ,  formé 
d'une  ancienne  moraine.  Ce  point,  certainement  l'un  des  plus  riches  des 
Alpes,  présente  le  type  le  plus  remarquable  de  ce  genre  de  nécropole, 
mais   il   a   été    ravagé  en  partie,  il   y  a  une  dizaine  d'années,  par  des 


CHANTRE.    —    r.F.S    NÉCROPOLES    DES   ALPES   FRANÇAISES  777 

habitants  du  pays.  L'un  d'eux,  ayant  trouvé  à  vendre  à  un  archéologue 
quelques  objets  de  bronze  que  le  hasard  lui  avait  t'ait  découvrir,  un 
modeste  gain  l'engagea  à  poursuivre  ses  recherches,  et  en  peu  de  temps 
plusieurs  kilogrammes  de  bracelets,  de  fibules,  etc.,  vinrent  en  posses- 
sion de  M.  Barry,  professeur  d'histoire  à  la  Faculté  des  lettres  de  Tou- 
louse. Ces  objets  t'ont  actuellement  partie  du  Musée  archéologique  de 
cette  ville. 

Notre  première  campagne,  entreprise  en  juillet  1874,  nous  a  fourni 
trois  tombeaux  complets.  L'espace  fouillé  est  de  200  mètres  carrés  envi- 
ron. Ces  tombeaux,  construits  avec  des  blocs  erratiques  n'atteignant  pas 
plus  de  un  quart  de  mètre  cube,  se  trouvaient  à  une  profondeur  de 
3  à  5  mètres;  tous  sont  à  inhumation.  L'orientation  est-ouest  n'est  pas 
régulièrement  observée.  Une  seule  tombe,  heureusement  la  plus  riche, 
a  présenté  un  squelette  complet.  Grâce  à  des  soins  extrêmes,  j'ai  pu  le 
transporter  au  Muséum  de  Lyon,  où  il  orne  la  galerie  d'anthropologie 
(planche  XIII).  Ce  squelette,  celui  d'une  femme  probablement  de  trente 
à  quarante  ans,  est  grêle  et  de  petite  taille.  Le  crâne,  assez  déformé, 
accuse  cependant  une  dolichocéphalie  développée;  le  bassin  est  étroit. 
L'étude  de  ces  pièces  anatomiques,  très-rares  dans  leur  genre  jusqu'à 
ce  jour,  mérite  une  attention  particulière. 

L'individu  en  question  a  dû  être  enseveli  dans  un  grand  manteau  : 
des  traces  nombreuses  de  tissu, qui  paraissaient  être  de  la  laine  et  qu  il 
ne  m'a  pas  été  possible  de  conserver,  recouvraient  la  plus  grande  portion 
du  squelette. 

Une  rangée  de  quarante-six  boutons  coniques  et  à  bélière  reposait  de 
la  tête  aux  pieds  sur  la  partie  médiane  du  corps. 

Une  grosse  fibule  à  plaque  discoïdale,  type  spécial  aux  nécropoles 
alpines  des  deux  premiers  groupes,  était  placée  au  sommet  de  la 
tête;  une  chaînette  la  reliait  à  une  sorte  d'agrafe  gisant  à  droite  du 
crâne.  A  côté  se  trouvaient  deux  petites  pendeloques,  l'une  ronde, 
l'autre  spatuliforme.  Au  cou  était  placé  un  collier  composé  de  9  perles 
d'ambre  rouge  de  la  grosseur  moyenne  d'une  noisette,  dix-sept  perles 
en  verre  bleu  et  onze  perles  en  bronze. 

Sur  la  poitrine,  à  la  hauteur  de  la  huitième  côte,  reposaient  deux 
fibules  à  spirale,  en  bronze,  puis  une  autre,  garnie  de  pâte  blanche  ; 
sur  le  ventre  s'en  trouvait  une  autre,  en  fer,  en  partie  décomposée. 

Aux  bras,  enfin,  étaient  placés  trente-quatre  bracelets  à  tige  plate 
en  dedans,  annelés  sur  le  dos  et  garnis  de  coches  :  six  à  l'avant-bras 
et  vingt  au  bras  droit  ;  trois  à  l'avant-bras  et  cinq  au  bras  gauche. 

Les  mobiliers  funéraires  des  autres  sépultures  renfermaient  :1a  premièie 
trois  bracelets,  un  collier  fait  d'une  chaînette  à  anneaux  ronds  et  des 
débris  de  petites  appliques  provenant  sans  doute  d'un  bouclier  ou  cotte 


778  ANTHROPOLOGIE 

de  mailles,  semblable  à  celles  que  l'on  a  recueillies  à  Hallstadt;  l'autre 
contenait  un  collier  à  peu  près  semblable  au  précédent  et  trois  petits 
bracelets:  c'était  la  sépulture  d'un  entant  de  dix  à  douze  ans.  Plusieurs 
sépultures  ouvertes  avant  nos  fouilles  et  dont  les  produits  étaient  encore 
entre  les  mains  des  habitants  du  pays,  ont  donné  d'assez  beaux  bracelets 
à  gros  bourrelets,  des  chaînettes,  des  crotales  et  des  fibules,  dont  la  figure  80 
donne  le  type  le  plus  fréquent. 


Fig.  80.  —  Fibule,  Fig.  81.  —  Fibule, 

2/3  grandeur.  2/3  grandeur. 

Tumulus  de  Cluey  Tumulus  de  Retranches 

(Jura).  [Doubs). 


Fig.  82.  —   Fibule,  Fig,  83.  —  Fibule, 

1/2  grandeur.  Tumulus    2/3  grandeur.  Tumulus| 
d'Amencey  (Doubs).  de  Cluey  (Jura). 


Dans  le  Queyras,  M.  B.  Tournier  a  fait  encore  d'importantes  décou- 
vertes relatives  à  la  même  époque;  c'est  à  Saint-Véran,  le  village  le 
plus  élevé  de  France  (2,009  mètres  d'altitude),  qu'il  a  trouvé  une  sépulture 
contenant  deux  torques  et  deux  bracelets  semblables.  Ces  torques  et  celui 
en  argent  de  Freyssinière  sont  les  seuls  échantillons  de  ce  genre  d'or- 
nements que  l'on  ait  recueillis  dans  ce  pays. 

A  Risoule  et  Vars,  communes  voisines  de  celle  de  Guillestre,  on  a 
découvert  plusieurs  sépultures  qui  ont  donné  des  bracelets  dont  l'orne- 
mentation et  la  forme  sont  identiques  à  ceux  de  Peyre-Haute. 

§  III.  —  Le  troisième  groupe,  celui  de  l'Oisans,  a  été  beaucoup  moins 
exploré;  c'est  par  des  découvertes  dues  au  hasard  que  l'on  connaît 
quelques  sépultures.  Celles-ci  n'ont  offert  que  des  bracelets  à  peu  près 
semblables  à  ceux  des  nécropoles  des  deux  autres  groupes.  Quelques- 
uns  cependant  sont  creux  dans  les  nécropoles  de  Venosc.  Ces  sépultures 
ne  renfermaient  certainement  pas  que  des  bracelets,  mais  il  est  pro- 
bable que  les  autres  objets  qui  pouvaient  les  accompagner,  comme  cela 
a  lieu  ailleurs,  ont  été  négligés  par  les  auteurs  des  découvertes. 

Les  localités  citées,  jusqu'à  ce  jour,  sont  celles  de  :  l°du  col  d'Ornon, 


CHANTRE.  —  LES  NÉCROPOLES  DES  ALPES  FRANÇAISES        779 

2°  du  Mont-de-Lans  ;  3°  Venosc,  et  4°  la  Motte-d'Aveillans  (Isère).  Des 
spécimens  de  ces  bracelets  se  voient  dans  les  musées  de  Grenoble  et  de 
Chambéry,  puis  dans  les  collections  Vallier  et  Chaper,  à  Grenoble.  Cette 
région  mérite,  comme  les  précédentes,  une  attention  spéciale,  mais  les 
fouilles  y  sont  plus  difficiles,  le  pays  étant  généralement  plus  cultivé. 
Les  localités  d'Ornon  et  de , Venosc  ont  donné  plusieurs  sépultures 
rapprochées  les  unes  des  autres,  et  tout  fait  pressentir  sur  ces  points  des 
nécropoles  peut-être  considérables. 

§  IV.  —  Le  quatrième  groupe,  celui  de  la  Maurienne  et  de  la  Taren- 
taise,  a  été  étudié  avec  plus  de  soins  que  le  précédent,  et  il  est  aussi 
beaucoup  plus  riche. 

En  Maurienne,  une  sépulture  importante  fut  découverte  à  Albiez-le- 
Vieux,  près  du  Saint-Jean-de-Maurienne,  il  y  a  vingt  ans  environ.  Elle 
renfermai  tune  fibule,  des  anneaux,  deux  grandes  épingles  à  tête  recourbée, 
de  nombreux  boutons,  des  crotales  et  trente  et  quelques  bracelets  du 
type  des  autres  groupes.  La  découverte  entière  a  été  achetée  par  le  Musée 
archéologique  de  Lyon. 

M.  Vuillermet,  de  Saint-Jean-de-Maurienne,  a  recueilli  un  certain 
nombre  d'objets;  ce  sont  surtout  des  fibules,  des  bracelets  et  des  cro- 
tales, provenant  de  nécropoles  ou  de  sépultuies  isolées  et  du  même  genre 
que  les  précédentes. 

Parmi  les  localités  connues  jusqu'à  ce  jour,  citons  :  Lans-le-Villars, 
Saint-Jean-d'Arve,  3Iont-Denis,  Montrond,  Saint-Martin-la-Porte,  Saint- 
Sorlin-d'Arve,  Saint-Jean-de-Maurienne,  etc. 

La  Tarentaise  est  encore  plus  riche  :  Saint-Martin-de-Belleville  et 
surtout  Saint-Jean-de-Belleville  ont  donné  de  très-intéressantes  décou- 
vertes. 

Dans  cette  localité,  MM.  Costa  deBeauregard  ont  fait  opérer  des  fouilles 
considérables  vers  1864  sur  des  terrains  désignés  par  des  hommes  in- 
struits du  pays. 

Onze  tombeaux  ont  été  ouverts  :  la  plupart  ont  donné  de  superbes 
séries  de  bracelets  en  bronze,  des  fibules  de  formes  variées  et  richement 
décorées,  enfin  des  colliers  faits  de  grains  d'ambre  en  nombre  fort  con- 
sidérable. 

A  Saint-Jean-de-Belleville  comme  dans  l'Oisans,  de  nouvelles  fouilles 
seront  difficiles,  tant  à  cause  de  la  valeur  des  terrains  actuellement  en 
culture  que  par  suite  des  exigences  des  propriétaires  du  sol  qui  s'exa- 
gèrent l'importance  intrinsèque  des  antiquités  que  peuvent  renfermer  leurs 
terrains. 


m 


ANTlIItniMtl.uur. 


III. 

Les  types  des  objets  découverts  dans  toutes  ces  sépultures  sont,  à 
part  quelques  exceptions,  très-voisins  les  uns  des  autres. 

Ainsi  le  bracelet  mince  ou  simple  anneau  orné  de  coches  sur  le  dos  se 
trouve  dans  toutes  les  stations. 

La  fibule  à  spirale  est  également  partout  commune. 

Le  crotale  découvert  en  Maurienne  se  trouve  aussi  à  Peyre-Haute. 

Certaines  sépultures  présentent  cependant  des  particularités  ;  ainsi 
la  grande  fibule  discoïdale  et  le  brassard  à  spirale  sont  propres  à  la 
région  des  Hautes  et  Basses-Alpes,  de  même  que  quelques  boutons  ou 
appliques.  L'ambre  a  été  trouvé  dans  la  plupart  des  localités  fouillées 
avec  soin,  nulle  part  pourtant  il  n'a  été  observé  en  aussi  grande  quantité 
qu'à  Saint-Jean-de-Belleville. 

Un  caractère  commun  à  toutes  ces  sépultures,  c'est  l'absence  absolue 
de  poteries,  si  communes  dans  les  nécropoles  de  l'Italie  et  du  nord  de 
la  France  se  rapportant  à  cette  époque. 

Si  maintenant  on  compare  les  formes  qu'affectent  les  objets  renfermés 
dans  les  sépultures  isolées  ou  dans  les  nécropoles  alpines,  ainsi  que  les 
motifs  d'ornementation  dont  ils  sont  pourvus,  avec  des  analogues  pris 
à  l'étranger  et  dans  les  autres  parties  de  la  France,  on  verra  que,  dans 
leur  ensemble,  les  types  des  Alpes  doivent  être  comparés  à  ceux  de 
Hallstadt;  mais,  dans  les  détails,  ils  présentent  des  différences  tel  les  qu'une 
assimilation  absolue  doit  être  rejetée. 


Fig.  si.  —  Portion  de  ceinture  estampée.  2/3  grandeur  réelle. 
Tumulus  de  Cliilly  (Jura). 


Aucun  tombeau  alpin  n'a  donné  des  ustensiles,  outils  ou  armes  ; 
partout  les  objets  de  parure  et  presque  invariablement  le  bracelet  et  la 
fibule,  accompagnés  de  quelques  chaînes  ou  pendeloques,  composent  le 
mobilier  funéraire. 


CHANTRE.    —    LES   NÉCROPOLES   DES   ALPES   FRANÇAISES 


7KI 


Fig.  85.  —  Ceinture  en  bronze  du  tuinulus  de  la  Cademède. 

Ces  particularités  les  rapprochent  des  tumulus  bourguignons,  francs- 
comtois  et   suisses;  mais    ils  n'ont  pas  encore  donné    de    ces    plaques 
estampées  formant  ceintures  que  l'on  trouve  avec  certains  brassards  faits 
de  feuilles  de  bronze  comme  celles-ci  ; 
les  bracelets  en    jayet   communs    à    la 
Franche-Comté  et   au  Jura    manquent 
aussi.  Il  faut  faire  remarquer  cependant 
que  dans  le  Jura  quelques  tumulus,  celui 
des  Moydons  en  particulier,  ont  fourni 
des  bracelets    semblables   à    ceux    des 
Alpes.   Quelques   fibules,   d'autre  part, 
trouvent  leurs  analogues  dans   les   tu- 
mulus de  la  Franche-Comté    et    de  la 
Suisse. 

Tirer  des  conclusions,  dès  à  présent, 
de  ces  rapports  et  de  ces  dissem- 
blances que  je  viens  de  signaler,  pour 
relier  entre  elles  les  diverses  popula- 
tions qui  ont  laissé  des  vestiges  ana- 
logues sur  tous  ces  points,  serait 
actuellement  téméraire.  Des  fouilles 
de   plus    en    plus    nombreuses,    faites 

avec  méthode  et  bien  étudiées,  permettront  probablement  dans  un 
avenir  prochain  d'éclairer  cette  question  pleine  d'intérêt  :  il  faut  donc 
encore  attendre  patiemment. 


Fig.  80. 


—  Pendeloque  d'un  tumulus 
des  Moidons  (Jura). 


"82  ANTHROPOLOGIE 

M.  le  Président,  au  nom  des  auteurs  absents,  présente  des  livres  et 
brochures  dont  suit  la  liste  et  dont  hommage  est  fait  à  la  bibliothèque 
du  Havre: 

M.    Hampel.  —  Compte-rendu    du    Congrès    d'anthropologie    et  d'archéologie 

préhistoriques  tenu  à  Buda-Pest,  en  1876. 
M.  Hovelacque.  —  Notre  ancêtre. 
M.  Lagneau.  —  Les  Ligures. 
MM.  Moreau.  —  Album  des  fouilles  de  Caranda. 
M.  Topinard.  —  De  l'évolution  des  races  humaines. 


D     DRANSART.  —  DU   NYSTAGMUS   CHEZ    LES  MINEURS 


Î83 


12e  Section. 
SCIENCES    MÉDICALES 


Président  .   .   . 
Vick-Présidents 


Secrétaires 


m.  i'.ourty,  professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Montpellier 
mm.  L eca Diii-:,  du  Havre. 
i.iUKiiT,  du  Havre. 

PARROT,  professeur  à  la  Faculté  do  Médecine  de  Paris. 
GALLARI),  médecin  de  l'Hôpital  de  la  Pitié,  à  Paris. 
LAFATJRIE,  du  Havre. 
BREÈRE,  du  li 

FRANCK  (François),  préparateur  au  Collège  de  France. 
RECLUS,  aide  d'anatomie  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris. 


MM. 


M.  le  D1   H.-IT.  DRANSART 


De  Soinain  (Nord). 


DU  NYSTAGMUS  CHEZ  LES  MINEURS. 


—  Séance  du  Si  août   1877.  — 

L'auteur  a  observé  douze  cas  de  nystagmus  chez  les  mineurs  de  la  Com- 
pagnie d'Anzin. 

Voici  le  résultat  de  ses  observations  : 

Les  oscillations  des  globes  oculaires  étaient  horizontales  ou  verticales. 
Souvent  ces  deux  genres  d'oscillations  se  succédaient  et  se  mélangeaient, 
en  sorte  qu'on  avait  alors  un  véritable  mouvement  de  circumduction. 
Une  lumière  mise  devant  les  yeux  indiquait  le  sens  et  le  nombre  des 
oscillations,  tantôt  la  lumière  traçait  une  ligne  horizontale,  tantôt  une 
ligne  verticale,  tantôt  une  ellipse,  tantôt  une  circonférence  —  quelque- 
fois les  oscillations  étaient  moins  étendues  dans  un  œil  que  dans  l'autre. 
Il  y  avait  alors  deux  figures  différentes,  tracées  par  la  lumière. 

Le  nombre  des  oscillations  n'a  jamais  dépassé  140,  quelquefois  on 
ne  comptait  que  50  à  60  oscillations  par  minute. 

Le  regard  au-dessus  du  plan  horizontal  mettait  en  jeu  les  oscillations. 
Le  regard  au-dessous  de  ce  plan  arrêtait  l'accès  nystagmique. 


i84  SCIENCES    MÉDICALES 

Le  travail  à  la  veine,  la  marche  dans  les  galeries  du  fond,  le  passage 
d'un  endroit  obscur  dans  un  endroit  éclairé  et  inversement,  les  mouve- 
ments du  corps,  les  excès  de  boissons  et  toutes  les  affections  les  plus 
légères,  provoquaient  ou  exagéraient  le  nystagmus. 

Dans  tous  les  cas,  l'auteur  a  signalé: 

1°  De  l'anémie  avec  souffle  vasculaire,  points  de  côté,  etc. 

2°  Des  douleurs  de  tête,  sous  forme  de  barre  frontale,  analogues  à 
celles  de  l'asthénopie. 

3°  De  l'insuffisance  du  finit  interne. 

4°  De  la  diplopie  croisée,  une  fois  sur  trois,  dans  le  regard  en  haut. 
Les  images  divergeaient  par  le  haut  et  convergeaient  par  le  bas  (para- 
lysie du  droit  supérieur). 

5°  Parésie  de  l'accommodation. 

6°  L'acuité  visuelle  était  peu  altérée,  néanmoins  elle  marquait  sou- 
vent un  déficit.  Dans  un  cas,  l'auteur  a  constaté  une  véritable  torpeur 
rétinienne  avec  rétrécissement  considérable  du  champ  visuel,  qui  aurait 
pu  en  imposer  pour  une  affection  plus  grave.  La  réfraction  était  pres- 
que toujours  normale.  La  marche  du  nystagmus  est  progressive,  cette 
affection  peut  durer  indéfiniment.  L'auteur  se  demande  si  dans  ce  cas 
les  troubles  visuels  ne  pourraient  pas  rester  définitifs,  comme  ils  le  de- 
viennent dans  l'œil  strabique  dévié  —  et  cependant  de  part  et  d'au- 
tre il  n'y  a  aucune  lésion  des  membranes  et  des  milieux  de  l'œil.  Le 
diagnostic  est  excessivement  facile. 

Etiologie  et  pathogénie.  —  Les  sujets  observés  par  l'auteur  avaient  de 
20  à  54  ans;  les  ouvriers  travaillant  à  la  veine  ont  presque  été  les  seuls 
atteints  de  cette  affection .  Un  seul  parmi  les  douze  était  raceommodeur, 
—  les  hiercheurs,  les  galibots  et  la  généralité  des  raccommodeurs  sem- 
blent jusqu'ici  exempts  de  cette  affection.  — La  constatation  de  ce  fait  a 
son  importance  pour  expliquer  la  production  du  nystagmus  chez  les 
mineurs  :  les  ouvriers  à  la  veine  étant  presque  les  seuls  atteints,  il  faut 
donc  rechercher  en  dehors  des  conditions  communes  à  tous  les  ouvriers 
du  fond  la  principale  cause  de  l'affection.  L'auteur  incrimine  surtout  la 
position  que  les  ouvriers  mineurs  sont  obligés  de  prendre  en  travaillant 
comme  cause  efficiente.  L'ouvrier  à  la  veine  dans  sa  position  de  travail 
est  très-souvent  obligé  d'avoir  la  ligne  du  regard  située  au-dessus  du 
plan  horizontal  des  deux  yeux.  Les  raccommodeurs  se  trouvant  quel- 
quefois dans  le  même  cas  ont  également  fourni  leur  contingent  propor- 
tionnel. Ce  fait  est  un  argument  très-important  pour  disculper  les  mi- 
lieux des  mines,  l'air  et  l'obscurité. 

Si  ces  dernières  conditions  influent,  ce  n'est  que  bien  secondairement: 


Dr  DRANSART.  —    l»l     NYSTAGMUS    CHEZ   LES    MINEURS  78b 

car  si  leur  importance  était  capitale,  tous  les  ouvriers  du  fond 
indistinctement  seraient  sujets  au  nystagmus.  L'air  et  l'obscurité  agis- 
sent dans  une  certaine  mesure,  mais  comme  adjuvants. 

La  fréquence,  du  nystagmus  u'esl  pas  bien  grande:  l'auteur  l'évalue  à 
o  pour  1.000  ouvriers  mineurs. 

Les  théories  sur  le  uystagmus  de  Bœhm,  de  Deeondé,  de  Stelvag, 
Carion,  de  Kugel  et  de  Gadaud  ne  peuvent  convenir  au  nystagmus  des 
mineurs.  Se  tondant  sur  ses  12  observations,  l'auteur  récuse  l'interven- 
tion du  système  nerveux  périphérique  et  central;  il  n'admet  pas  non 
plus  l'influence  «les  troubles  de  la  réfraction,  ainsi  que  celle  des  altéra- 
tions des  milieux  et  des  membranes  de  l'œil. 

O  qui  ressorl  des  cas  observés  par  l'auteur,  c'est  l'existence  des  trois 
facteurs  suivants  : 

1°  Impotence  fonctionnelle  de  certains  muscles,  les  droit  supérieur 
petit  oblique  et  droit  interne:  cette  impotence  va  quelquefois  jusqu'à  la 
paralysie  pour  le  droit  supérieur; 

2"  Parésie  de  l'accommodation. 

3°  Anémie. 

L'impotence  fonctionnelle  du  groupe  des  élévateurs  joue  un  très- 
grand  rôle  dans  la  production  du  nystagmus,  l'auteur  attribue  cette  im- 
potence à  la  position  que  prennent  les  mineurs  dans  leurs  occupations. 
Les  veines  sont  très-peu  élevées,  quelquefois  elles  n'ont  pas  plus  de 
60  centimètres  de  hauteur;  aussi,  dans  ces  conditions,  le  mineur  est-il 
presque  toujours  accroupi  ou  couché  :  il  travaille  continuellement  avec 
la  ligne  du  regard  dirigée  au-dessus  du  plan  horizontal.  Le  groupe  des 
élévateurs,  petit  oblique  et  droit  supérieur,  est  constamment  en  action  ; 
ce  groupe  est  pour  ainsi  dire  surmené,  l'excès  de  fonctionnement  altère 
probablement  les  libres  musculaires  de  ces  muscles  :  il  y  a  myopathie 
qui  entraîne  une  faiblesse  de  ces  organes. 

La  paire  des  élévateurs  ayant  une  faiblesse  acquise,  ne  peut  l'emporter 
sur  son  antagoniste  par  un  seul  effort,  il  faut  qu'elle  s'y  prenne  à  plu- 
sieurs reprises  au  moyen  d'une  série  de  petites  contractions  successives 
et  rapides  :  elle  produit  alors  le  nystagmus,  ou  plutôt  elle  donne  lieu  à 
des  oscillations  verticales. 

Pour  expliquer  les  oscillations  horizontales  qui  se  remarquent  dans 
le  nystagmus  des  mineurs,  l'auteur  a  recours  à  la  parésie  du  droit 
interne  et  de  l'accommodation.  L'impotence  du  droit  interne  pourrait 
suffire  à  la  rigueur  pour  expliquer  les  oscillations  horizontales  ;  elles  se 
feraient  par  le  mécanisme  précité  pour  les  oscillations  verticales.  Seule- 
ment l'accommodation  contribue  à  augmenter  les  désordres  musculaires 
en  vertu  des  rapports  qui  existent  entre  la  convergence  et  l'accommo- 
dation, ou  autrement  dit  entre  le  muscle  ciliaire  et  le  droit  interne. 

50 


786  SCIENCES   MÉDICALES 

On  comprend  facilement  le  rôle  que  joue  l'anémie  dans  une  pareille 
affection.  En  amenant  une  diminution  de  ton  dans  tous  les  organes,  et 
en  particulier  dans  le  système  musculaire,  elle  prépare  le  terrain  pour 
la  cause  efficiente  (position  élevée  du  regard)  qui  agit  alors  beaucoup 
plus  facilement.  Aussi  après  ces  considérations  l'auteur  se  croit  en  droit 
de  définir  le  nystagmus  des  mineurs  de  la  façon  suivante  : 

«  Le  nystagmus  des  mineurs  est  une  myopathie  de  la  paire  des  éléva- 
teurs et  du  droit  interne  intimement  liée  à  l'anémie  et  à  la  parésie  de 
l'accommodation.  » 

Le  traitement  est  tout  indiqué  par  la  pathogénie  :  Il  faut  tonifier  par 
le  fer  et  le  quinquina,  par  la  strychine  et  l'électricité. 


M.   le  Dr  GAIRAL 

de  Carignan. 


AEROPHORE   PULMONAIRE. 
(extrait  du  procès-verbal.) 


—    Séance    du   2i    août  4877.    — 

M.  J.  Gairal  rappelle  le  spirophore  de  Woillez,  son  but  et  les  objections 
faites  à  Woillez  par  M.  Depaul.  Les  observations  de  M.  Depaul  ont  ramené 
l'auteur  à  la  question  de  la  respiration  artificielle  dont  il  s'était  occupé  dès 
1838. 

Il  présente  aujourd'hui  une  sonde  laryngée  qui  offre  trois  courbures  dispo- 
sées de  façon  à  assurer  l'introduction  de  l'extrémité  de  la  sonde  dans  le  larynx; 
le  tube  s'allonge  ou  se  raccourcit  suivant  l'âge  du  sujet.  La  sonde  étant  en 
place,  on  y  adapte  une  poire  de  caoutchouc,  à  parois  résistantes,  qui  porte  un 
orifice  lui  permettant  de  la  remplir  d'air  quand  on  la  laisse  revenir  sur  elle- 
même,  et  qu'on  ferme  avec  le  pouce  quand  on  veut  chasser  l'air  dans  le 
poumon. 

DISCUSSION. 

M.  Franck  fait  remarquer  que  si  le  spirophore  de  M.  Woillez  ne  remplit 
pas  complètement,  comme  le  dit  M.  Gairal,  les  indications  de  la  respiration 
artificielle,  le  principe  en  est  cependant  plus  physiologique  que  celui  de  la 
respiration  par  insufflation  trachéale;  les  conditions  d'aspiration  thoraeique 
sont  remplies  par  le  principe  du  spirophore  de  Woillez,  elles  se  trouvent  ren- 
versées par  l'insufflation  trachéale. 

M.  Gairal  répond  que  les  expériences  faites  sous  la  direction  de  M.  Depaul 
ont  montré  qu'il  n'entrait   pas   d'air  dans  le   poumon  avec   le    spirophore  d 


Iir   SÉGUIN.    —    UNIFORMITÉ    D  OBSERVATIONS    EN    MÉDECINE"  /Oi 

Woillez;    il  ajoute  que  là  est  te  lait  essentiel,  l'arrivée  de  l'air  dans  les  vési- 
cules pulmonaires. 

M.  Fieuzal  demande  à  M.  Gairal  s'il  ne  pratique  pas  les  pressions  sur  le. 
thorax  qui  ramènent  la  respiration  artificielle  au  procédé  normal;  il  cite  à 
l'appui  de  cette  méthode  plusieurs  succès  obtenus  dans  sa  propre  pratique. 


M.   le  L1   E.   SEGUIN 

de  New-York. 


UNIFORMITÉ  INTERNATIONALE  D'OBSERVATIONS   EN  MEDECINE. 

(extrait.) 


—   Séance   <l  u   2i   août    1S77.    — 

M.  Seguin  lit  un  travail  sur  {'Uniformité  en  médecine  Celte  idée  est  essen- 
tiellement française,  puisqu'elle  a  pour  pères  en  médecine  les  fondateurs  de 
la  Société  médicale  d'observation,  Louis,  Amiral,  Chomel,  et  en  pharmacie 
Dumas  qui  l'affirma  dans  sa  belle  introduction  au  Codex  français  de  1851. 

Si  cette  idée  n'a  pas  été  exécutée  d'emblée,  cela  tient  à  ce  qu'elle  précédait 
de  vingt  ans,  plus  ou  moins,  la  découverte  des  instruments  de  précision 
médicale  et  l'élaboration  des  méthodes  mathématiques  d'observation  qui  en 
furent  la  conséquence. 

Cette  idée  n'a  cessé  d'être  élaborée  par  les  congrès  pharmaceutiques  d'une 
part,  et  de  l'autre  a  été  discutée  et  propagée  par  Y  American  médical  Associa- 
tion. 

C'est  de  là  qu'elle  nous  revient,  exprimée  par  un  des  délégués  de  cette 
association  en  Europe  pour  1877-1878,  M.  E.  Seguin.  Ainsi  exprimée,  cette 
idée  embrasse  l'uniformité  (a)  de  nomenclature  des  drogues  et  médecines,  (6) 
de  composition  des  médicaments  simples  et  actifs,  (c)  de  nomenclatures  patho- 
logiques, (d)  d'échelles  et  de  calibres  d'instruments  usuels,  (e)  de  records 
d'observation  privée  et  hospitalière,  à  l'aide  desquels  chaque  praticien  pourra 
comparer  ce  qu'il  fait  avec  ce  qui  est  fait  dans  les  grands  centres. 

Cette  idée  va  être  présentée  et  discutée  avec  plus  d'ampleur  et  d'à-propos 
au  congrès  international  médical  de  Genève. 


788  SCIENCES    MÉDICALES 


M.  le  Dr  T.  GALLARD 

Médecin  de  l'Hôpital  de  la  Pitié,  à  Paris. 


DES  VÉGÉTATIONS  DE  LA  MUQUEUSE  UTÉRINE  ET  DE  LEUR  TRAITEMENT. 


—  Séance  du  24  août  1877.  — 


La  muqueuse  utérine,  et  plus  particulièrement  celle  qui  tapisse  la 
cavité  du  corps  de  l'organe,  peut  être  le  siège  d'altérations  fort  variées, 
qui,  malgré  leurs  différences  de  forme  et  d'aspect,  procèdent  d'une 
même  origine  :  l'inflammation.  C'est  ainsi  que  la  phlegmasie  chronique 
de  cette  membrane  muqueuse  peut  donner  lieu,  d'une  part  à  des  ulcé- 
rations, d'autre  part  à  la  production  de  ces  fongosités,  de  ces  végéta- 
tions qui  ont  été  signalées  par  Récamier  à  l'attention  des  praticiens. 

Je  ne  veux  pas  insister  aujourd'hui  sur  la  composition  anatomique 
de  ces  productions  morbides  qui  révèle  d'une  façon  non  douteuse  leur 
nature  inflammatoire.  Il  y  a  là  une  question  de  doctrine  que  j'ai  déjà 
traitée  ailleurs  (1)  et  sur  laquelle  j'aurai  certainement  occasion 
de  revenir,  par  la  suite,  en  puisant  de  nouveaux  éléments  de  dé- 
monstration dans  le  fait  que  je  viens  de  rapporter,  mais  qui 
en  ce  moment  ne  doit  nous  occuper  qu'au  point  de  vue  du 
traitement.  C'est  surtout  quand  nous  nous  plaçons  à  ce  point 
de  vue  du  traitement  que  la  nature  de  la  lésion  anatomique  ne  peut  pas 
nous  être  indifférente,  car  c'est  elle  qui  commande  toute  notre  action 
thérapeutique.  Elle  nous  montre,  en  effet,  que  les  éléments  dont  se  com- 
pose le  tissu  morbide  sont  assez  richement  organisés  pour  pouvoir 
résister  à  tout  travail  de  résorption  ;  mais  elle  nous  montre  en  même 
temps  que  ces  éléments  ne  sont  pas  de  ceux  qui  repullulent  comme 
ceux  qui  appartiennent  aux  affections  cancéreuses.  D'où  cette  double 
conclusion  pratique  que,  pour  les  faire  disparaître,  il  faut  les  enlever 
ou  les  détruire  ;  après  les  avoir  enlevés,  on  ne  sera  pas  exposé  à  les 
voir  fatalement  se  reproduire,  et,  si  l'on  n'est  pas  absolument  à  l'abri 
des  récidives,  on  devra  les  considérer  comme  tout  à  fait  exception- 
nelles. 

Je  viens  de  dire  qu'il  faut  ou  enlever  ou  détruire  le  produit  morbide, 
mais  lorsqu'il  s'agit  d'opérer  dans  l'intérieur  de  la  cavité  utérine,  l'al- 
ternative est  loin  d'être  simple  et  exempte  d'embarras.  Il  y  a  des  cas  où 
les  tumeurs  se  détachent  de   la  partie  utérine,  se  pédiculisent  et    pren- 

(1)  T.  Gallard.  Leçom  de  clinique  médicale  sur  les  maladie*  des  femmes.  Paris  1873,  chez  J.-B.  Bail- 
licre  et  (ils,  ot  Traitement  de  la  métrite  interne.  Paris,  1876,  in  annales  de  Gynécologie. 


Dr  GALLARD.    —    D1£S    VÉGÉTATIONS    DE    LA    MUQUEUSE    UTÉRINE  789 

nent  la  tonne  de  véritables  polypes.  Alors  l'ablation  en  est  facile  et  on 
n'a  plus  à  hésiter  que  sur  le  choix  du  procédé  opératoire  à  employer 
pour  l'exécuter.  Pou  importe  ce  procédé  :  excision  avec  l'instrument 
tranchant,  ligature  simple  ou  avec  un  fil  de  métal  rougi  par  le  cou- 
rant électrique,  le  résultat  sera  toujours  le  même  et  des  plus  favorables. 
Dans  d'autres  cas,  la  végétation  est  à  peine  saillante  au-dessus  de  la 
muqueuse,  dont  elle  ne  constituera,  en  quelque  sorte,  qu'un  simple  bour- 
souflement, et  alors  de  simples  applications  de  caustiques,  soit  liquides, 
soit  solides,  suffiront  à  la  détruire;  c'est  à  ces  cautérisations  qu'il  faudra 
donner  alors  la  préférence. 

Mais  il  y  a  des  cas  intermédiaires  dans  lesquels  le  bourgeonnement 
s'opère  sur  une  large  surface  et  forme  une  tumeur  trop  proéminente  pour 
pouvoir  être  détruite  par  des  cautérisations,  même  réitérées,  la  tumeur 
ayant  une  base  trop  étendue  pour  qu'il  soit  possible  de  l'exciser  ou  de 
l'enserrer  dans  une  ligature.  Lorsqu'il  en  est  ainsi  on  ne  peut  s'empê- 
cher d'avoir  recours  à  un  moyen  d'ablation  qui,  après  avoir  été  trop 
prôné  dans  un  temps,  a  été  trop  systématiquement  proscrit,  depuis  je 
veux  parler  de  l'abrasion  delà  muqueuse,  du  raclage  de  lacavité  utérine, 
institué  par  Récamier.  Loin  de  moi  la  pensée  de  chercher  à  réhabiliter 
cette  opération  en  la  conseillant  dans  tous  les  cas  où  Récamier  y  avait 
recours.  Je  sais  trop  les  dangers  auxquels  elle  expose,  et  je  sais  aussi 
que  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  la  guérison  peut  être  obtenue 
plus  simplement  sans  exposer  les  malades  à  ces  formidables  dangers  ; 
mais  ce  que  je  tiens  à  établir  c'est  qu'il  est  un  certain  nombre  de  cas 
dans  lesquels  il  n'est  pas  possible  de  se  dispenser  d'y  avoir  recours,  car 
c'est  le  seul  moyen  d'obtenir  la  guérison  d'une  maladie,  qui  est  de 
nature  à  compromettre  sérieusement  la  vie. 

Parmi  les  faits  de  ce  genre  que  j'ai  eu  l'occasion  d'observer,  le  sui- 
vant est  surtout  digne  d'intérêt,  parce  qu'il  montre  combien  nous  avons 
lutté  longtemps  et  infructueusement  avant  de  nous  décider  a  pratiquer 
ce  raclage  de  la  cavité  utérine,  qui  n'a  pu  être  évité  et  qui  a  amené 
une  guérison  aussi  rapide  que  radicale  : 

J'ai  été  consulté,  il  y  a  deux  ou  trois  ans  pour  la  première  fois,  par  une 
dame  de  63  ans,  mère  de  trois  enfants,  qui  n'était  plus  réglée  depuis  l'âge  de 
52  ans,  et  dont  les  fonctions  génitales  n'avaient  jamais  été  troublées  de  quel- 
que façon  que  ce  soit.  Elle  était  d'une  excellente  constitution,  n'avait  jamais 
été  malade  et  ne  se  plaignait  que  d'une  métrorrhagie  presque  continuelle,  mais 
non  pas  très-abondante,  qui  lui  était  survenue  depuis  16  ou  i8  mois,  sans 
s'accompagner  d'aucun  autre  trouble  morbide.  Parfois  le  sang  venait  avec 
l'abondance  d'une  ancienne  époque  menstruelle,  d'autre  fois  il  n'y  avait  qu'un 
peu  de  mucus  sanguinolent  ;  jamais  il  n'y  a  eu  d'écoulement  blanc  ou  muco- 


790  SCIENCES    MÉDICALES 

purulent  sans  qu'il  soit  mélangé  de  sang  ;  jamais  surtout  il  n'y  a  eu  l'odeur 
fétide  caractéristique  des  écoulements  cancéreux. 

Je  ne  trouvai  ni  tumeurs,  ni  bosselures,  ni  ulcération  d'aucune  sorte;  seu- 
lement le  col  était  entr'ouvert  et  la  cavité  utérine  considérablement  agrandie, 
car  la  sonde  introduite  dans  cette  cavité  y  pénétrait  jusqu'à  12 centimètres,  sans 
causer  la  moindre  douleur,  le  corps  de  l'utérus  étant  dans  sa  direction  normale 
et  donnant  seulement  une  sensation  de  mollesse  au  toucher. 

Le  doigt  introduit  dans  le  col  utérin  n'y  sentait  aucune  tumeur,  pas  même 
ces  saillies  dues  aux  petits  kystes  folliculaires  de  la  cavité  cervicale  connus 
sous  le  nom  d'oeufs  de  Nàboth. 

L'état  général  était  excellent.  Les  fonctions  digestives  s'accomplissaient  parfai- 
tement, sauf  une  constipation  assez  opiniâtre  qui  était,  du  reste,  habituelle. 
Après  avoir  donné  inutilement  de  l'ergotine  et  de  la  digitale,  à  l'intérieur; 
après  avoir  fait  prendre  des  bains  de  siège  et  des  irrigations  vaginales  d'eau 
froide,  sans  le  moindre  résultat,  je  me  décidai  à  pratiquer  des  injections  intra- 
utérines  de  perchlorure  de  fer,  suivant  le  procédé  que  j'ai  indiqué  ailleurs  (1). 
Ces  injections  furent  bien  supportées;  elles  ne  donnèrent  lieu  à  aucun  accident 
et  chacune  d'elles  fut  suivie  d'une  amélioration  passagère,  de  très-courte  durée. 
Pendant  le  cours  d'une  de  ces  interruptions  de  l'hémorrhagie,  j'envoyai  la 
malade  prendre  les  eaux  de  Spa,  pour  combattre  l'anémie  qui  en  était  résultée. 
Il  survint,  en  effet,  une  modification  favorable  dans  l'état  général,  mais  les 
métrorrhagies  ne  tardèrent  pas  à  se  reproduire  avec  autant  de  persistance  et  de 
continuité  qu'autrefois.  J'estimai  alors  qu'il  y  avait  lieu  d'agir  plus  énergi- 
quement  que  je  l'avais  fait  jusque-là  sur  la  muqueuse  de  la  cavité  utérine, 
et  je  pensai  que  ce  pouvait  être  le  cas  d'essayer  des  cautérisations  d'acide 
azotique,  dont  un  certain  nombre  de  praticiens  distingués  affirment  avoir  retiré 
de  bons  effets.  Mais  n'ayant  pas  d'expérience  personnelle  à  cet  égard,  je  voulus, 
avant  d'agir,  prendre  l'avis  de  M.  Richet.  Il  reconnut,  comme  moi,  la  nécessité 
de  cautériser  profondément  la  muqueuse  utérine;  mais,  à  Tacide  azotique,  il  me 
conseilla  de  préférer  la  pâte  de  canquoin.  Conformément  à  cet  avis,  j'introduisis 
à  deux  reprises  différentes  dans  la  cavité  utérine  un  cylindre  de  pâte  de  can- 
quoin ayant  environ  un  demi  centimètre  de  diamètre  et  six  centimètres  de 
long.  Il  n'en  résulta  aucun  accident.  Pas  de  douleur  abdominale,  pas  de 
mouvement  fébrile;  un  peu  d'écoulement  noirâtre  pendant,  une  semaine  et  ce  fut 
tout.  Mais  il  n'y  eut  pas  plus  d'amélioration  qu'après  les  injections  de  perchlo- 
rure de  fer.  Comme  après  les  injections,  la  métrorrhagie  céda  pendant  quelques 
jours  pour  revenir  ensuite.  Le  seul  résultat  que  nous  obtînmes  ainsi  fut  une 
diminution  assez  sensible  dans  les  dimensions  de  la  cavité  utérine  qui  n'avait 
plus  que  8  à  9  centimètres  de  profondeur,  au  lieu  de  12. 

Les  choses  étaient  en  cet  état,  lorsqu'à  un  nouvel  examen.  M.  Richet  reconnut 
la  présence  d'une  petite  tumeur  du  volume  d'un  grain  de  groseille  qui  s'était 
engagée  entre  les  lèvres  du  museau  de  tanche.  L'apparition  de  cette  petite 
tumeur,  qui  devait  singulièrement  éclairer  notre  diagnostic,  «'tait  de  date  toute 


(1)  T.  Gallard,  Le   ma  de  cliniq  île  sur  les    maladies  det  femmes  el  Traitement  de  la 

métrite  interne,  p.  24  et  suiv. 


Dr   GALLARD.    —   DES   VÉGÉTATIONS   DE   LA   MUQUEUSE   UTÉRINE  791 

récente,  M.  Richet  ni  moi  nous  ne  l'avions  vue  dans  nos  explorations  anté- 
rieure. Elle  était  molle  et  se  laissa  déchirer  assez  facilement  pour  que  l'on  put, 
avec  l'extrémité  de  l'ongle,  en  détacher  un  fragment  qui  fut  soumis  à  l'examen 
microscopique. 

Cet  examen,  fait  au  laboratoire  de  l'Hôtel-Dieu,  montra  que  la  tumeur  était 
essentiellement  constituée  par  de  grandes  cellules  embryonnaires  et  par  des 
fibres  de  tissu  cellulaire  conjonctif,  avec  des  vaisseaux  sanguins  abondants. 

11  était  donc  certain  que,  malgré  nos  efforts  pour  le  détruire,  le  produit 
morbide  avait  continué  son  cours  d'évolution  et  que  cependant  ce  produit  n'était 
pas  de  nature  cancéreuse.  Il  fut  décidé  qu'on  en  ferait  l'ablation,  et,  pour  que 
cette  ablation  fût  plus  complète,  qu'on  emploierait  l'instrument  tranchant,  les 
divers  caustiques  déjà  essayés  étant  devenus  insuffisants. 

L'opération  fut  pratiquée  le  28  juin,  la  malade  étant  endormie  avec  le 
chloroforme. 

Un  spéculum  plein,  en  buis,  assez  volumineux,  mais  en  même  temps  plus 
court  que  les  spéculums  ordinaires,  est  introduit,  et  permet  de  découvrir  le 
col  de  la  matrice  qui  est  gros,  remplissant  presque  complètement  le  calibre 
de  l'instrument.  Le  col  est  fixé  et  maintenu  avec  une  longue  érigne,  l'orifice 
du  col  est  agrandi  à  l'aide  de  deux  petites  incisions  latérales,  afin  de  permettre, 
une  introduction  plus  facile  des  instruments. 

M.  Richet  procède  alors  au  curage  de  la  cavité  utérine.  Il  emploie  pour  cela 
des  curettes  de  Marion  Sims,  à  bords  tranchants  en  dehors,  qui  coupent 
au  lieu  de  déchirer  comme  le  fait  la  curette  de  Récamier.  11  introduit  la  cu- 
rette jusqu'au  fond  de  la  cavité  et,  en  la  ramenant,  gratte  en  tous  sens  la 
surface  des  parois;  il  en  détache  ainsi  de  petits  lambeaux  de  tissu,  grisâtres 
et  mélangés  avec  du  sang.  —  Ce  grattage  dure  environ  20  minutes,  et  l'opé- 
rateur ne  cesse  cette  manœuvre  que  lorsque  l'instrument  après  avoir  détruit 
tout  le  tissu  morbide,  ne  ramène  plus  que  du  sang. 

La  perte  de  sang  ne  fut  pas  considérable,  elle  peut  être  évaluée  à  trois  cents 
grammes  environ. 

La  bouillie  formée  par  le  produit  enlevé  remplissait  une  soucoupe  ordinaire. 
—  Après  avoir  fait  d'abondantes  irrigations  d'eau  froide  et  bien  abstergé  le  sang, 
M.  Richet  introduisit  dans  l'intérieur  de  la  cavité  utérine  un  cylindre  de  pâte  de 
canquoin  semblable  à  ceux  que  j'avais  déjà  placés  moi-même  à  deux  reprises 
différentes,  et  le  maintint  à  l'aide  d'un  tampon  d'ouate,  placé  au  fond  du  vagin. 

Les  suites  de  cette  opération  furent  des  plus  simples.  —  Il  n'y  eut  ni  douleur, 
ni  tension,  ni  ballonnement  du  ventre,  ni  vomissements,  ni  nausées;  à  peine 
un  peu  de  fièvre.  —  Le  lendemain  de  l'opération,  la  température  monta  à  39°  8 
et  le  pouls  à  lOi;  mais  dès  le  jour  suivant  la  température  était  descendue 
à  38°  et  le  pouls  à  81.  —  Il  y  eut,  plus  lard,  quelques  oscillations  dans  la  tem- 
pérature, qui  dépassa  plusieurs  fois  39°  et  atteignit  même  un  jour  39°  9;  mais 
jamais  le  pouls  ne  s'éleva  au-dessus  de  96,  et  dès  le  septième  jour  il  descen- 
dait à  72  pulsations  pour  se  maintenir  à  ce  chiffre  d'une  façon  constante.  — 
Comme  résultat  définitif,  nous  obtînmes  l'oblitération  complète  des  orifices  du 
col,  qui  a  été  constatée  un  mois  après  l'opération,  l'utérus  étant  devenu  petit, 
léger,  mobile,  et  les  hémorrhagies  ayant  complètement  disparu. 


792  SCIENCES   MÉDICALES 

Examen  histologique  du  produit  morbide. 

Les  petits  morceaux  de  tissu  morbide  obtenus  par  le  curage  ont  été  mis 
dans  l'alcool,  puis  traités  successivement  par  la  glycérine  et  l'alcool,  afin  d'ob- 
tenir le  degré  de  durcissement  suffisant,  pour  pratiquer  des  coupes  minces. 
Ces  coupes,  colorées  par  le  picro-carminate  et  montées  dans  la  glycérine,  font 
voir  ce  qui  suit  : 

4°  Un  grand  nombre  de  cavités  de  forme  et  de  volume  variables,  tapissées 
à  l'intérieur  d'un  revêtement  continu  d'épithelium  cylindrique  —  Ces  cavités 
résultent  très-vraisemblablement  de  la  section  de  diverses  incidences  des  glandes 
en  tubes  de  la  muqueuse  utérine  qui  ont  subi  pour  la  plupart  un  degré  de  dila- 
tation considérable.  —  L'intérieur  de  ces  cavités  renferme  par  places  des  débris 
d'épithelium. 

2°  Un  tissu  conjonetif  peu  abondant  sépare  ces  cavités,  qui  sont  si  rappro- 
chées qu'elles  semblent  se  déformer  par  pression  réciproque. 

3°  Dans  l'angle  que  forment  plusieurs  glandes  en  tube,  voisines,  on  rencontre 
souvent,  au  milieu  du  tissu  conjonetif,  la  coupe  d'un  vaisseau  sanguin.  Plu- 
sieurs de  ces  vaisseaux  semblent  volumineux  et  à  parois  fort  minces. 


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Fie.    87. 


En  résumé:  —  glandes  en  tubes  dilatées,  tissu  conjonetif  et  vaisseaux  san- 
guins abondants. 

C'est-à-dire  hypertrophie  et  bourgeonnement  de  la  muqueuse,  portant  prin- 
cipalement sur  les  deux  éléments  glandulaire  et  vasculaire. 

Peu  de  prolifération  du  tissu  conjonetif;  quelques  rares  cellules  embryon- 
naires seulement.  Pas  de  trace  d'éléments  cancéreux. 


Dr   GALLARD.    —   DES    VÉGÉTATIONS    1>K    LA    MUQUEUSE    UTÉRINE  793 

Cette  constitution  anatomique  du  produit  morbide  contirme  ce  que  je 
disais  en  commençant  de  la  nature  inflammatoire  de  ce  produit  et  de  son 
développement  par  hypertrophie  des  éléments  constitutifs  de  la  muqueuse. 
Elle  nous  autorise  surtout  à  penser  qu'après  son  ablation,  ce  produit 
n'est  pas  destiné  à  repulluler.  Nous  pouvons  donc  compter,  par  consé- 
quent, sur  une  guérison  définitive  (1). 

Je  ne  sais  si  la  cavité  dû  corps  même  de  l'utérus  est  oblitérée  complè- 
tement, comme  paraît  l'être  celle  du  col  ;  mais,  dans  l'espèce,  cela  importe 
peu,  puisque  nous  avons  affaire  à  une  femme  âgée  de  60  ans, dont  la  vie 
sexuelle  est  terminée.  S'il  s'agissait  d'une  jeune  femme,  la  question  serait 
plus  délicate,  car  une  oblitération  pareille  des  orifices  internes  appor- 
terait un  obstacle  non-seulement  à  la  fécondation,  mais  aussi  à  l'issue  du 
sang  menstruel  et  des  autres  liquides  sécrétés  par  la  muqueuse  utérine, 
et  il  en  pourrait  résulter  de  sérieux  accidents  de  rétention  qu'il  faudrait 
ensuite  combattre.  C'est  pourquoi,  en  cas  pareil,  il  y  aurait  peut-être  des 
réserves  à  faire  relativement  à  l'emploi  du  caustique  qui  a  si  avanta- 
geusement ici  complété  l'opération  et  qu'il  n'aurait  probablement  pas 
fallu  appliquer  de  la  même  façon  s'il  s'était  agi  d'une  femme  plus 
jeune. 

DISCUSSION 

M.  Gairal  demande  si  ces  végétations  ayant  pour  point  de  départ  l'inflam- 
mation, on  ne  pourrait  pas  en  prévenir  le  développement.  Il  propose  de  subs- 
tituer l'introduction  d'une  éponge  aux  injections. 

M.  Houzé  de  l'Aulnoit  redoute  le  danger  de  la  pénétration  des  liquides  par 
les  trompes  dans  la  cavité  péritonéale  ;  il  redoute,  déplus,  le  danger  des  avor- 
tements  à  la  suite  d'injections. 

M.  Gallard  n'insiste  pas  sur  le  danger  de  l'avortement  par  l'injection  utérine: 
c'est  affaire  au  médecin  de  ne  pas  s'exposer  à  produire  l'avortement,  en  ayant 
soin  de  n'opérer  qu'avec  toutes  les  garanties  désirables,  qu'après  s'être  ren- 
seigné d'une  façon  suffisante.  Quant  à  l'objection  tirée  du  danger  qui  pourrait 
résulter  de  l'introduction  du  liquide  caustique  jusque  dans  le  péritoine  à 
travers  les  orifices  des  trompes,  M.  Gallard  la  considère  comme  plus  spécieuse 
que  réellement  fondée,  et,  pour  lui,  cette  objection  ne  résiste  pas  plus  à  l'expé- 
rimentation qu'à  l'expérience  des  faits  pratiques.  MM.  Guyon,  Fontaine, 
Ambroise  Guichard  ont  en  effet  expérimentalement  démontré  que  l'introduc- 
tion du  liquide  d'injection,  jusque  dans  la  cavité  péritonéale,  ne  peut  se  faire 
dans  des  conditions  analogues  à  celles  dans  lesquelles  on  se  place  pour 
pratiquer  ces  injections  dans  un   but  thérapeutique.  D'autre  part,  la   pratique 

(1)  Les  choses  étaient  en  cet  état  lorsque  l'observation  a  été  communiquée  au  congrès  du  Havre; 
mais,  depuis  le  mois  de  février  1878,  il  y  a  eu  un  léger  écoulement  sanguinolent  et  intermittent 
provenant  non  plus  de  l'utérus,  mais  du  vagin,  au  fond  duquel  s'était  développée  une  production 
analogue  à  celle  qui  avait  existé  dans  la  cavité  utérine.  —  Une  simple  incision  avec  un  ciseau  en  a 
immédiatement  débarrassé  la  malade,  qui  aujourd'hui,  31  mars  1878,  est  en  parfait  état  de  santé. 


/94  SCIENCES    MÉDICALES 

de  ces  injections,  assez  répandue  aujourd'hui,  n'a  occasionné  aucun  de  ces 
accidents  que,  théoriquement,  on  s'était  cru  en  droit  de  redouter.  Il  importe 
cependant  de  dire  que,  pour  les  rendre  aussi  innocentes  et  inoffensives  qu'elles 
doivent  être  efficaces,  il  faut  faire  ces  injections  en  s'entourant  d'un  certain 
nombre  de  précautions  importantes  à  préciser.  L'outillage  dont  se  sert 
M.  Gallard  consista  en  :  1°  un  spéculum  bivalve  ;  2°  une  longue  pince  à  pan- 
sement; 3°  quelques  sondes  élastiques  marquant  au  plus  le  numéro  10  de  la 
filière  Charrière  et  présentant  par  conséquent  un  diamètre  de  trois  millimètres 
à  trois  millimètres  et  demi,  au  maximum.  Grâce  à  cette  petite  dimension,  la 
sonde  pénètre  facilement  et  sans  être  serrée  dans  l'orifice  interne  du  col 
utérin,  et  cela  d'autant  plus  sûrement  que  cet  orifice,  qui  présente  normale- 
ment quatre  millimètres  de  diamètre,  se  trouve  toujours  plus  ou  moins  élargi 
par  le  fait  de  la  métrite  interne.  On  a  donc  la  certitude,  alors  même  que  cet 
élargissement  morbide  n'existerait  pas,  de  voir  le  liquide1  introduit  dans  la 
cavité  interne  refluer  facilement  entre  les  parois  de  cet  orifice  et  la  sonde, 
sans  qu'il  puisse  y  avoir  accumulation  de  ce  liquide  et  par  conséquent  disten- 
sion de  la  matrice.  M.  Gallard  tient  tellement  à  ce  qu'il  en  puisse  être  ainsi 
que  si,  au  moment  de  l'introduction  de  la  sonde,  il  s'aperçoit  qu'elle  est 
serrée,  dans  un  point  quelconque  du  canal  cervico-utérin,  de  façon  à  boucher 
ce  canal,  il  la  retire  et  en  choisit  une  de  plus  petit  calibre  ;  4°  une  petite 
seringue  en  verre  dont  la  capacité  a  été  soigneusement  graduée  à  l'aide  de 
divisions  marquées  sur  la  tige  de  son  piston.  Un  curseur  placé  sur  cette  tige 
permet  de  déterminer  exactement  à  l'avance  la  quantité  du  liquide  que  l'on  veut 
injecter.  Cette  seringue  porte  à  son  extrémité  une  canule  conique  avec  un  pas 
de  vis  qui  permet  de  l'introduire  dans  les  sondes  en  caoutchouc, quel  qu'en  soit 
le  diamètre,  en  obtenant  un  ajustage  parfaitement  hermétique  ;  5°  le  liquide  à 
injecter  qui  peut  être  ou  du  perchlorure  de  fer  (solution  Pravaz  à  0,30  c), 
c'est  celui  que  M.  Gallard  emploie  le  plus  habituellement,  ou  de  la  teinture 
d'iode,  ou  de  la  solution  d'azotate  d'argent  cristallisé  au  cinquième  ou  au  quart. 
Pour  procéder  à  l'injection,  il  faut  placer  la  malade  dans  la  position  habi- 
tuellement usitée  en  France  pour  l'introduction  du  spéculum.  On  découvre 
alors  le  museau  de  tanche  à  l'aide  de  cet  instrument;  puis,  saisissant  une  sonde 
à  l'aide  de  la  pince,  on  la  pousse  doucement  à  travers  l'urifice  du  col  jusque 
dans  l'intérieur  de  la  cavité  utérine.  Il  faut  s'arrêter  dès  qu'on  éprouve  la 
moindre  résistance  et  s'assurer,  avant  de  pousser  l'injection,  que  la  sonde  est 
bien  dans  la  cavité  de  l'utérus  et  que  la  résistance  qu'elle  éprouve  résulte  de 
son  contact  avec  la  paroi  supérieure  de  cette  cavité.  Il  est  un  moyen  bien 
simple  de  se  renseigner  à  cet  égard  ;  il  suffit  de  placer  sur  les  lèvres  du  col 
l'extrémité  d'une  autre  sonde,  d'une  longueur  égale  à  celle  qui  y  a  été  intro- 
duite, et  en  les  juxtaposant  l'une  à  côté  de  l'autre  on  trouve  dans  la  différence 
de  saillie  qu'elles  font  en  dehors  de  la  vulve  la  mesure  exacte  de  la  longueur 
de  la  cavité  dans  laquelle  la  première  a  pénétré.  Si  cette  longueur  atteint  ou 
dépasse  six  centimètres,  on  est  fondé  à  penser  que  la  sonde  est  bien  arrivée 
jusqu'au  fond  de  la  cavité  utérine;  si  elle  n'a  pénétré  que  d'une  quantité 
inférieure,  c'est  qu'un  obstacle  autre  que  le  fond  de  l'utérus  est  venu  s'opposer 
à  son  introduction.il  faut  alors,  à  l'aide  des  manoeuvres  et  des  tentatives  usitées 


Dr   GALLARD.    —    DES   VÉGÉTATIONS    DE   LA    MUQUEUSE    UTÉRINE  795 

dans  tout  cathétérisme,  essayer  de  contourner  ou  de  vaincre  cet  obstacle,  pour 
pénétrer  plus  profondément.  La  sonde  étant  introduite  dans  la  cavité  utérine 
et  les  mouvements  de  retrait  et  de  propulsion  qu'on  lui  a  imprimés  ayant 
démontré  qu'elle  joue  bien  dans  Les  orifices  et  ne  les  oblitère  pas,  de  façon  à 
empêcher  le  reflux  du  liquide  qui  va  être  injecté,  il  faut  procéder,  à  titre 
d'essai  préparatoire,  à  l'injection  d'une  certaine  quantité  d'eau  tiède.  La  tem- 
pérature de  cette  eau  doit  être  de  30°  à  35°  centigrades,  afin  d'éviter  les  dou- 
leurs et  les  accidents  que  déterminerait  l'impression  trop  vive  d'un  froid  trop 
intense  ou  d'une  chaleur  trop  élevée.  Cette  injection  d'eau  tiède  est  poussée 
doucement,  lentement,  avec  précaution  et,  comme  le  spéculum  n'est  pas 
retiré,  on  surveille  avec  soin  le  moment  où  elle  vient  refluer  à  travers  l'ori- 
fice du  col  resté  à  découvert.  La  graduation  de  la  seringue  indiquant  exacte- 
ment quelle  a  été  la  quantité  du  liquide  employé  ou  injecté  au  moment  où 
ce  reflux  s'opère,  on  en  déduit  les  dimensions  exactes  de  la  cavité  utérine. 
Pour  faire  cette  évaluation,  il  est  bon  de  tenir  compte  de  la  quantité  du 
liquide  contenu  dans  la  capacité  de  la  sonde,  laquelle  est  de  70  centigrammes. 
Cette  déduction  ainsi  faite,  on  voit  que  la  cavité  utérine  présente  une  capacité 
qui  a  pu  aller  jusqu'à  4  centimètres  cubes  (-4  grammes  d'eau  distillée  pouvant 
être  ainsi  injectés  sans  que  le  liquide  ressorte  par  le  museau  de  tanche);  mais 
en  général  cette  capacité  est  beaucoup  moindre,  et  après  l'injection  du  premier 
ou  du  second  centimètre  cube,  on  doit  voir  refluer  le  liquide  dans  le  fond  du 
spéculum.  Dès  que  la  récurrence  du  liquide  est  parfaitement  établie,  l'injec- 
tion aqueuse  peut  être  continuée  impunément,  de  façon  à  procurer  un  véri- 
table lavage  de  la  cavité  utérine.  Ces  lavages  sont  fort  utiles  et  ils  provoquent 
souvent  la  sortie  de  mucosités  purulentes  qui  sont  entraînées  par    l'injection. 

Si  les  malades  ont  une  grande  susceptibilité  nerveuse,  si  l'inflammation  est 
vive,  si  le  ventre  est  endolori,  s'il  y  a  de  la  fièvre,  M.  Gallard  s'en  tient  sou- 
vent à  cette  injection  d'eau  pour  une  première  séance;  dans  le  cas  contraire, 
il  faut  la  faire  suivre  immédiatement  de  l'injection  caustique. 

Pour  cette  dernière,  le  plus  sage  est  certainement  de  n'employer  qu'une 
quantité  de  liquide  égale  ou  même  un  peu  inférieure  à  celle  qui  peut  être  con- 
tenue dans  la  matrice.  Mais  quand  la  récurrence  du  liquide  est  facile,  il  n'y 
a  aucun  inconvénient  à  en  employer  davantage,  puisque  tout  ce  qui  est  injecté 
en  supplément  ressort  aussitôt.  Cette  injection  doit  être  poussée  avec  autant 
de  soins  et  de  précautions  que  la  précédente,  après  quoi  on  retire  la  sonde  et 
le  spéculum,  et  la  malade  est  laissée  dans  son  lit  où  il  convient  qu'elle  garde 
le  repos  au  moins  vingt-quatre  heures.  M.  Gallard  a  vu  souvent  des  femmes 
qui  après  une  injection  ainsi  faite  à  ses  consultations  sont  rentrées  chez  elles 
et  n'ont  pas  éprouvé  le  moindre  accident.  Mais  cependant  cette  pratique  ne  lui 
paraît  pas  devoir  être  suivie,  et  quelques  faits  lui  ont  montré  qu'elle  pourrait 
facilement  devenir  dangereuse  par  suite  de  l'imprudence  des  malades.  Dans 
les  heures  qui  suivent  l'injection,  la  malade  éprouve  souvent  des  coliques 
utérines  assez  vives  avec  sensation  de  contraction  ;  le  ventre  est  un  peu 
tendu  et  douloureux,  et  souvent  il  y  a,  dans  la  soirée,  un  léger  mouvement 
fébrile  ;  mais,  dès  le  lendemain,  le  surlendemain  au  plus  tard,  tous  ces  symp- 
tômes sont  apaisés,  et  il    a    suffi    d'un  cataplasme   laudanisé  et  d'une  potion 


796  SCIENCES    MÉDICALES 

calrnante,avec  quelques  centigrammes  do  morphine  ou  d'opium,  pour  les  faire 
disparaître.  Ce  sont  évidemment  là  des  symptômes  de  l'inflammation  utérine, 
mais  l'expérience  a  montré  que  cette  inflammation  ne  dépasse  jamais  certaines 
limites;  elle  ne  constitue  pas  un  danger,  et  M.  Gallard  peut  dire,  après  avoir 
usé  fréquemment  de  cette  méthode,  que  jamais  elle  n'a  été  suivie  d'aucun 
accident. 

M.  Gallard  comprend  pourtant  qu'il  en  puisse  être  autrement  et  que,  si 
dans  le  cours  de  cette  inflammation  provoquée  dans  un  but  thérapeutique,  il 
intervient  l'action  d'une  autre  cause  morbide  quelconque,  s'il  y  a  une  impru- 
dence de  commise,  si  la  malade  se  fatigue,  les  limites  soient  dépassées  et  que 
l'on  puisse  voir  la  phlegmasie  s'étendre  non-seulement  au  parenchyme  utérin, 
mais  aux  organes  voisins,  et  en  particulier  au  péritoine.  C'est  pourquoi  M.  Gal- 
lard insiste  sur  la  nécessité  du  repos  aussitôt  après  l'opération  et  conseille  de 
ne  pas  la  pratiquer  ailleurs  qu'au  domicile  de  la  malade  ou  à  l'hôpital. 

Ces  injections  doivent  être  renouvelées  plusieurs  fois  à  huit  ou  dix  jours 
d'intervalle  et  il  faut  s'abstenir  de  les  pratiquer  pendant  les  quelques  jours  qui 
précèdent,  aussi  bien  que  pendant  ceux  qui  suivent  l'époque  menstruelle. 

M.  Gallard  donne  la  préférence  à  la  solution  de  perchlorure  de  fer  à  30°, 
parce  que  son  action  est  plus  énergique  que  celle  de  la  teinture  d'iode  et 
parce  que  son  application  est  moins  douloureuse  que  celle  de  la  solution  con- 
centrée d'azotate  d'argent,  qui  offre  encore  cet  inconvénient  de  précipiter  les 
chlorures  contenus  dans  les  mucosités  utérines  ou  dans  le  sérum  du  sang,  en 
forment  un  magma,  dont  l'expulsion  provoque  des  contractions  utérines  ana- 
logues à  celles  qui  ont  lieu  dans  le  cours  de  la  dysménorrhée  membraneuse. 
C'est  là  un  inconvénient  grave  qui  a  été  remarqué  également  dans  les  cas  où 
l'on  a  voulu  se  servir  du  tannin,  comme  aussi  dans  ceux  où  on  a  injecté  des 
substances  pulvérulentes  dans  l'intérieur  delà  cavité  utérine. 

M.  HouzÉ  de  l'Aulnoit  insiste  sur  les  dangers  des  injections  vaginales  faites 
avec  une  canule  dont  l'extrémité  s'appuie  sur  l'orifice  du  col.  Il  considère 
ces  injections  comme  la  cause  d'un  grand  nombre  d'avortements  et  croit  qu'il 
serait  nécessaire  de  n'employer  que  des  canules  à  orifices  latéraux. 

M.  Courty  fait  remarquer  qu'il  avait  bien  raison  autrefois,  quand  il  disait 
qu'on  pouvait  sans  danger  introduire  un  crayon  ou  des  parcelles  de  nitrate 
d'argent  dans  la  cavité  utérine,  puisque  la  pâte  x  de  Canquoin  y  séjourne  sans 
inconvénient. 

M.  Courty  a  fait  construire  différents  modèles  de  curettes  pour  faire  l'abra- 
sion des  végétations  de  différents  volumes. 


P.  RECLUS.  —  LUXATIONS  PARALYTIQUES  DU  FÉMUR         797 


M.   P.    RECLUS 

Aide  d'anatomie  i  la  i  i  mité  de  Kédeeine  de  Paris. 


LUXATIONS     PARALYTIQUES     DU     FEMUR     (l). 

(extrait.) 


—    Séance    du    Si    août    1877.     — 

M.  Paul  Reclus  entretient  les  membres  de  la  section  des  luxations  para- 
lytiques du  fémur.  Depuis  la  description  magistrale  de  Dupuytren,  on  désignait 
sous  le  nom  de  luxations  congénitales  celles  qui  existaient  au  moment  de  la 
naissance.  Mais  plus  tard  Bouvier  et  Broca  étendirent  celte  définition,  et  l'on 
donne  le  nom  de  congénitales  non-seulement  aux  luxations  apparues  à  la 
naissance,  mais  à  celles  qu'une  malformation  originelle  de  l'article  rendrait 
fatales  dès  que  la  marche  s'établirait.  Cette  double  variété  fut  généralement 
acceptée.  Mais  M.  Yerneuil  a  démontré  qu'il  fallait  en  ajouter  une  troisième 
plus  fréquente  et  dès  lors  plus  importante  que  les  deux  premières.  Il  a  prouvé 
qu'il  y  avait  des  luxations  de  la  hanche  qui  présentaient  l'apparence  symplo- 
matique  décrite  par  Dupuytren  et  qui  cependant  n'avaient  rien  de  congénital. 
Elles  succèdent  à  une  atrophie  des  muscles  qui  entourent  l'articulation,  atro- 
phie déterminée  elle-même  par  une  paralysie  infantile.  Cette  théorie  si  simple 
fut  vivement  combattue  et  n'a  pas  encore  droit  de  cité  dans  nos  livres  clas- 
siques. Aussi  les  élèves  de  M.  Verneuil  ont-ils  ramassé  des  observations  nou- 
velles pour  élayer  cette  doclrine.  M.  Reclus  en  apporte  cinq  inédites.  Dans  les 
deux  premières,  il  s'agit  d'enfants  qui  furent  pris  de  paralysie  infantile  ;  l'atro- 
phie se  cantonna  dans  les  pelvi-trochantériens  et  les  muscles  fessiers,  les 
adducteurs  de  la  cuisse  restèrent  sains  ;  il  en  résulte  une  luxation  iliaque. 
Dans  la  troisième,  la  paralysie  détruit  l'activité  fonctionnelle  des  fesses  et  des 
adducteurs;  les  pelvi-trochantériens  et  les  fessiers  sont  intacts;  une  luxation 
suspubienne  ne  tarde  pas  à  survenir.  Enfin,  dans  les  deux  dernières  observa- 
tions, tous  les  muscles  de  la  hanche,  adducteurs,  fessiers  et  pelvi-trochanté- 
riens, sont  atrophiés.  On  a  constaté  une  très-grande  laxilé  dans  l'articulation; 
le  moindre  etfort  peut  faire  sortir  la  tête  fémorale  du  cotyle,  mais  il  n'y  a  pas 
de  luxation  permanente.  Ces  observations  ne  prouvent-elles  pas  avec  la  der- 
nière évidence  que,  lorsque  l'articulation  n'est  plus  soutenue  par  les  masses 
musculaires  qui  la  doublent,  il  suffit  d'une  propulsion  continue  d'un  groupe 
musculaire  intact  pour  refouler  et  luxer  la  tête  fémorale  dans  le  sens  opposé? 
Aussi,  de  ces  observations,  M.  Reclus  fait  découler  les  quatre  propositions 
suivantes  :  1°  du  groupe  de  luxations  dites  congénitales,  il  faudrait  désormais 
distraire  les  luxations  paralytiques  ;  2°  les  luxations  succèdent  «  aux  amyoho- 
phies  »  et  paraissent,  comme  les  affections  qui  les  provoquent,  survenir  à  tous 
les  âges,  bien  qu'elles  n'aient  été  guère  observées  que  dans  l'enfance;  3°  pour 
que   la  luxation   se  produise,  deux   conditions   sont  nécessaires  :  d'une  part, 

(1)  Voir  le  mémoire  in  extenso  dans  la  Revue  de  médecine  et  de  chirurgie  pratiques,  1878. 


798  SCIENCES   MÉDICALES 

l'atrophie  d'un  groupe  musculaire  ;  de  l'autre,  l'intégrité  de  ses  antagonistes  — 
si  tous  les  muscles  sont  paralysés,  il  y  aura  bien  un  très-grand  relâchement, 
une  mobilité  exagérée  dans  l'article,  mais  pas  de  luxation  ;  4°  à  la  hanche,  la 
luxation  iliaque  est  la  plus  fréquente,  elle  est  due  à  la  traction  des  muscles 
adducteurs  que  l'atrophie  des  fessiers  et  des  pelvi-trochantériens  laisse  sans 
contre-poids. 

DISCUSSION. 

M.  Dally  considère  comme  très-importante  l'influence  de  la  pesanteur  sUr  la 
production  de  ce  genre  de  luxations  et  discute  l'influence  de  la  marche  elle- 
même. 

M.  Verneuil.  11  yalà  une  question  de  thérapeutique  importante.  La  marche  ne 
peut  être  suffisante  pour  produire  la  luxation  ;  mais  quand  la  tête  a  commencé 
à  sortir  de  la  cavité  colyloïde,  la  marche  peut  entraîner  cet  accident.  M.  Ver- 
neuil insiste  sur  la  nécessité  de  distinguer  deux  périodes  dans  les  affections 
de  la  hanche,  s'accompagnant  de  paralysie  des  muscles  satellites  de  l'articula- 
tion coxo-fémorale  :  il  laisse  marcher  les  enfants  à  la  première  période,  plus 
tard  la  marche  ne  peut  être  permise. 


M.  le  Docteur  MASÏÏEEL 

de  Lille  (Xord). 


DE  L'EMPLOI  DE  L'ÉMÉTIQUE  DANS  LE  TRAITEMENT  DES  NÉVRALGIES. 

(extrait.) 


—  Séance  du  2i  août   1 8 7 7 .  — 

J'avais  remarqué  avec  quelle  facilité  l'émétique  amenait  souvent  à  une  franche 
intermittence  certaines  fièvres, rémittentes  et  subintrantes.  J'avais  aussi  remarqué 
que  dans  plusieurs  de  ces  fièvres,  dont  l'évolution  s'accompagnait  de  phénomènes 
névralgiques  continus, ceux-ci  subissaient  la  même  modification  périodique,  et 
qu'on  n'avait  plus  alors  qu'à  traiter  un  état  intermittent,  dont  le  sulfate  de 
quinine  faisait  justice. 

Ce  sont  ces  remarques  qui  me  firent  entrevoir  une  nouvelle  voie  pour  arriver 
à  la  cure  des  névralgies  par  l'émétique  à  haute  dose,  tantôt  comme  moyen 
unique  de  guérison,  tantôt  comme  préparant  à  l'emploi  du  sulfate  de  quinine. 

A  l'appui  de  ce  traitement,  nous  avons  extrait  de  notre  pratique  une  cin- 
quantaine d'observations,  nombre  plus  que  suffisant  pour  juger  du  mode  d'ap- 
plication  et  des  résultats  cliniques  de  notre  méthode  ;  nous  les  avons  choisies, 
variant  de  siège, d'intensité  et  de  nature,  parmi  celles  qui  ayant  subi  l'épreuve 
du  temps  ne  laissent  aucune  prise  au  doute  sur  une  cure  radicale. 


I)r  MASUIiEL .    —  L'ÉMÉTIQUE  DANS  LE  TRAITEMENT  DES  NÉVRALGIES  700 

De  la  lecture  de  nos  observations,  il  ressort  que  généralement  nous  avons 
commencé  le  traitement  par  une  dose  d'émétique  0,2  dans  une  potion  opia- 
cée à  0,0.'i'v,,t".  Cette  potion  était  administrée  par  cuillerée  à  bouche  d'heure 
en  heure,  sauf  un  fractionnement  plus  grand,  si  l'intolérance  l'exigeait.  La 
dose  d'émétique  a  cependant  parfois  varié  suivant  l'âge  du  sujet,  sa  tolérance 
et  la  résistance  plus  ou  moins  accentuée  de  la  maladie  :  l'observation  clinique 
est  sous  ce  rapport  le  seul  guide  du  médecin.  Nous  en  dirons  autant  de  la  dose 
d'opium,  que  nous  augmentons  parfois  pour  favoriser  la  tolérance  ou  que  nous 
supprimons  lorsqu'un  état  de  constipation  ou  d'embarras  des  premières  voies 
nous  paraît  nécessiter  des  vomissements  ou  des  évacuations. 

En  tous  cas,  la  potion  est  en  général  continuée  tant  que  nous  n'avons  pas 
obtenu  une  intermittence  assez  décidée  pour  nous  donner  la  confiance  que  l'em- 
ploi exclusif  du  sulfate  de  quinine  suffira  pour  achever  la  cure. 

Ainsi  administré,  l'émétique  nous  a  souvent  suffi  pour  amener  la  cure  radi- 
cales des  névropathies.  Mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  qu'il  n'a  été  généra- 
lement employé  par  nous  que  dans  le  but  de  dégager  l'intermittence  qui,  dans 
notre  opinion,  est  toujours  à  l'état  plus  ou  moins  larvé  dans  ces  sortes  d'af- 
fections. L'intermittence  une  fois  obtenue,  nous  recourons  au  sulfate  de  quinine 
comme  à  un  agent  qui  donnant  à  l'appétit  une  allure  plus  décidée  est  par 
cela  plus  favorable  à  une  convalescence  rapide. 

Il  arrive  cependant  parfois  qu'une  intermittence  franche  tarde  à  se  mani- 
fester, seulement  la  continuité  de  la  névropathie  est  pour  ainsi  dire  scindée  par 
des  moments  irréguliers  de  calme.  Dans  ces  cas,  soit  que  nous  ayons  à  crain- 
dre un  allanguissement  des  fonctions  digestives,  soit  que  l'intolérance  se  ma- 
nifeste et  qu'un  état  de  gestation  nous  commande  une  prudente  réserve,  nous 
réussissons  souvent  à  donner  prématurément  le  sulfate  de  quinine,  mais  alors 
à  doses  fractionnées. 

Parfois  nous  avons  été  amené  à  donner  simultanément  le  sulfate  de  quinine 
et  l'émétique  pour  triompher  de  certains  cas  rebelles. 

Le  régime  diététique  n'a  jamais  rien  eu  de  particulier  que  la  proscription 
d'une  alimentation  trop  excitante  ou  de  difficile  digestion.  Sauf  le  cas  d'une 
contre-indication  évidente,  j'ai  toujours  prescrit  à  mes  malades  une  alimenta- 
tion suffisamment  réparatrice,  leur  recommandant  seulement  une  heure  d'in- 
tervalle entre  le  repas  et  la  cuillerée  de  potion.  Sa  tolérance  établie,  le  ma- 
lade peut    en  général  prendre  ses  repas  comme  s'il  ne  prenait  pas  de  potion. 

D'après  le  résultat  obtenu,  nous  croyons  pouvoir  conclure  qu'aucun  autre 
traitement  ne  jouit  d'une  efficacité  aussi  constante  et  aussi  générale,  surtout 
quand  la  névropathie  ne  présente  pas  une  franche  intermittence  ;  aucun  n'at- 
ténue plus  rapidement  les  douleurs  les  plus  vives,  même  lorsqu'un  état  chlo- 
rotique  semble  le  point  de  départ  de  la  maladie. 

Pour  donner  une  idée  approximative  de  notre  traitement,  nous  joignons  à 
l'extrait  de  notre  travail  l'observation  suivante  : 

MmeG.,  42  ans,  est  d'une  santé  habituellement  bonne,  sauf  qu'elle  est  assez 
fréquemment  tourmentée  par  des  accès  de  migraine  qui  durent  de  24  à 
36  heures. 


800  SCIENCES    MÉDICALES 

Le  31  mai  1872,  elle  me  fait  appeler;  atteinte,  me  dit-elle,  depuis  huit  jours, 
d'une  céphalalgie  opiniâtre,  continue  et  très-violente,  elle  a  été  obligée  de 
s'aliter  depuis  la  veille. 

Dès  l'origine,  elle  a  cru  au  retour  de  son  indisposition  habituelle,  mais  elle 
a  dû  bientôt  s'apercevoir  que  ce  qu'elle  éprouve  cette  fois  n'a  aucune  analogie 
avec  ses  accidents  antérieurs;  ceux-ci,  en  effet,  se  traduisaient  par  une  hémi- 
cranie  bien  limitée  et  assez  supportable,  tandis  que  l'état  maladif  actuel  pré- 
sente les  symptômes  suivants  : 

Douleurs  très-violentes,  souvent  lancinantes,  sur  toute  l'étendue  du  crâne. 
Émergeant,  pour  ainsi  dire,  des  conduits  auditifs,  elles  s'étendent  en  oulre 
sur  les  pavillons  des  oreilles,  sur  toute  la  face,  les  parties  latérales  du  cou, 
le  voisinage  de  l'acromion  et  dans  l'appareil  de  la  vision  lui-même;  les  pau- 
pières abaissées  recouvrent,  en  grande  partie,  les  globes  oculaires  ;  la  vision, 
entièrement  abolie  à  droite,  est  grandement  affaiblie  et  pervertie  à  gauche. 

Prescription  :  pédil.  sinapisé,  potion  opiacée  stibiée  à  0,2  décig. 

1  juin,  même  état,  même  prescription  médicamenteuse.  Bouillon. 

2  juin,  amélioration  sensible,  il  y  a  eu  un  peu  de  sommeil.  Prescription 
ut  supra. 

3.  Je  trouve  la  malade  levée,  s'applaudissant  de  l'amélioration  obtenue;  elle 
m'avoue  qu'à  ma  première  visite,  elle  ne  me  voyait  qu'une  moitié  du  corps. 
Prescription  ut  suprâ. 

4.  Intermittence  marquée.  Prescription  :  sulfate  de  quinine  0,5  décig.,  eau 
120  gr.,  sirop  diacode  32   grammes  pour  potion.  Soupe  et  œuf. 

G.  Nuit  bonne,  calme  complet.  Même  prescription. 

7.  Même  état.  Prescription  :  veau  rôti. 

13.  Un  peu  de  névralgie  frontale.  Prescription  :  reprise  de  la  potion. 

14  Calme  complet.  Continuation  de  la  potion  stibiée. 

15.  Même  état,  sulfate  de  quinine  0,5  décig.  dans  du  café. 

17.  Guérison  définitive. 


M.  le  D'  LECAME  neveu 

ex-chirurgien  de  1  hôpital  du  Havre 


CONTRIBUTION  A  L'ÉTUDE  DE  L'ÉLECTRO-PUNCTURE   DANS  LE  TRAITEMENT 
DES  ANÉVRYSMES. 


—  Séance   du  24   août    1 8 7 7 .    ~ 


Anécrysmede  Vartère  fémorale  droite,  au  pli  de  Vainc  ;  électro-punctUre  :  résultais 
7iéga(ifs  ;  ligature  de  /' 'iliaque  euterne:  mort  M  jours  après. 

Chaix,    39  ans,  tailleur,  voulant  en  1871  monter  à  bord  d'un  navire,  eut  les 
deux   membres    violemment  écartés;  aussitôt  sensation  de  craquement  à   la 


Dr    LECADRE.  -•    i/ÉLECTRO-PUNCTURE    DANS    LES    ANÉVRYSMES  801 

cuisse  droite,  à  deux  centimètres  environ  au-dessus  de  l'arcade  crurale,  sur 
le  trajet  des  vaisseaux.  Six  mois  plus  tard,  apparition  à  ce  niveau  d'une 
tumeur  du  volume  d'une  noisette,  indolente  même  pendant  la  marche,  mais 
qui,  depuis  cette  époque,  grossit  régulièrement,  parut  animée  de  battements 
réguliers  et  finit  par  devenir  douloureuse. 

A  l'entrée  à  l'hôpital,  le  4  février  1873,  on  constate  dans  l'aine  droite,  au- 
dessous  de  l'arcade  crurale  et  sur  le  trajet  des  vaisseaux,  une  saillie 
ovoïde,  de  la  grosseur  du  p°'ni"  sans  changement  de  couleur  à  la  peau  ;  cette 
saillie  présente  un  soulèvement  appréciable  au  toucher  et  un  mouvement  d'ex- 
pansion manifeste  à  la  vue  ;  les  battements  sont  isochrones  au  pouls  radial  ; 
à  l'auscultation,  souffle  simple,  rude,  correspondant  à  la  diastole  artérielle  ;  les 
battements  de  l'artère  tibiale  postérieure,  derrière  la  malléole,  sont  à  peine 
perceptibles. 

18  février.—  Première  séance  d'électro-puncture,  avec  vingt  couples  de  la 
pile  Trouvé  au  sulfate  de  cuivre.  Trois  aiguilles  de  platine  A,  B,C,  sont  enfon- 
cées dans  le  sac,  à  une  distance  de  trois  centimètres  l'une  de  l'autre;  l'élec- 
trode positive  est  d'abord  appuyée  sur  l'aiguille  A,  et  la  négative  sur  l'ai- 
guille B,  pendant  trois  minutes;  puis  L'électrode  positive  est  fixée  sur  B,  et 
la  négative  sur  C;  enfin  l'électrode  positive  reportée  en  C,  la  négative  est 
appliquée  sur  l'aiguille  A  ;  les  courants  sont  maintenus  trois  minutes.  Quand 
on  retire  les  aiguilles,  il  sort  un  petit  jet  de  sang  d'un  rouge  vif,  qu'on  arrête 
facilement  avec  le  collodion. 

Le  lendemain,  petits  noyaux  d'induration  au  niveau  de  chaque  piqûre; 
mêmes  battements,  même  bruit  de  souffle,  mêmes  douleurs  dans  la  cuisse. 

20  février.—  Deuxième  séance  d'électrolyse  identique  à  la  première  pour  le 
manuel  opératoire  et  pour  les  résultats. 

28  février.—  Troisième  séance  d'électrolyse  avec  vingt  couples  Trouvé  et  huit 
couples  Marié-Davy.  Une  seule  aiguille  est  enfoncée  dans  la  tumeur  et  repré- 
sente le  pôle  positif.  Le  pôle  négatif  est  une  plaque  métallique  doublée  d'agaric 
mouillé  d'eau  salée,  appliquée  sur  la  cuisse  au-dessous  de  l'anévrysme.  La 
séance  dure  environ  cinq  minutes. 
i«  mars. —  La  tumeur  dure  toujours,  sans  changer  de  consistance. 
7  mars.—  Quatrième  séance  avec20couples  Trouvé.  Même  disposition  que  le 
28  février.  Les  premières  minutes  d'application  du  courant  sont  peu  doulou- 
reuses, mais,  au  bout  d'un  quart  d'heure,  les  souffrances  sont  intolérables, 
surtout  dans  les  adducteurs  de  la  cuisse.  La  piqûre  de  l'aiguille  est  entourée 
d'une  zone  d'un  noir  grisâtre,  de  deux  millimètres  de  diamètre.  Le  sang  jail- 
lit par  l'ouverture;  on  s'en  rend  maîtro  difficilement,  au  bout  d'un  quart 
d'heure,  par  le  collodion. 

11  mars.—  La  tumeur  a  le  volume  d'un  fœtus  à  terme;  elle  refoule  en  haut 
l'arcade  fémorale  qu'elle  déborde  et  présente  toujours  des  battements  et  un 
bruit  de  souffle  un  peu  moins  rude.  Mais  l'état  du  malade  s'aggrave  et  je  me 
décide  à  pratiquer  la  ligature  de  l'artère  iliaque  externe  le  lendemain  12  mars. 
Chute  du  fil  le  7  avril.—  Jusqu'à  cette  époque,  le  malade  n'a  pas  éprouvé 
d'accidents  sérieux  :  les  battements  ont  cessé  dans  l'anévrysme  ;  le  membre 
inférieur  entouré  d'ouate  a  conservé  sa  sensibilité  et  une  température  satisfai- 

51 


802  SCIENCES    MÉDICALES 

santé:  tout  fait  espérer  une  heureuse  terminaison.  Mais,  pendant  le  courant 
du  mois  d'avril,  le  malade,  affaibli  par  le  séjour  au  lit,  par  la  diarrhée  et  le 
défaut  d'alimentation,  épuisé  par  la  suppuration  abondante  qui  s'est  établie 
dans  la  fosse  iliaque  et  dans  le  sac,  décline  de  jour  en  jour  et  meurt  le  2o  avril, 
M  jours  après  l'opération. 

L'autopsie  et  l'injection  poussée  par  l'aorte  abdominale  démontrent  que  l'ob- 
turation de  l'iliaque  externe  était  complète,  rien  n'a  pénétré  dans  le  membre 
inférieur  droit. 

En  résumé,  quoique  dans  ce  cas  particulier  l'électro-puncture  n'ait  pas  donné 
de  résultats  heureux,  elle  n'a  amené  cependant  aucune  complication  lâcheuse; 
aussi  pensons-nous  qu'en  présence  d'un  anévrysme  volumineux,  siégeant  a  la 
racine  d'un  membre,  on  fera  toujours  bien  de  la  tenter  en  suivant  les  pré- 
ceptes établis  par  les  chirurgiens  italiens. 


MM.  François  FRANCK  et  TOCQïïAET 


ACTION  DES  INJECTIONS  INTRA-VEINEUSES  DE  CHLORAL  SUR  LA  CIRCULATION 
ET  LA    RESPIRATION  (1). 

(EXTRAIT.) 


—   Séance  du  24  août  1877.    — 

1.  —  Lorsqu'on  injecte  dans  le  système  veineux  d'un  animal  une  dose 
suffisante  d'hydrate  de  chloral  en  solution  aqueuse,  on  voit  se  produire  presque 
simultanément,  du  côté  des  fonctions  cardiaque  et  respiratoire,  des  troubles 
qui  consistent  en  arrêts  plus  ou  moins  rapides  ou  prolongés  (accidents primitifs 
dus  au  contact) . 

2.  —  Sous  l'influence  de  la  chloralisation  confirmée,  il  se  produit  une  série 
de  troubles  cardiaques  et  respiratoires  différents  des  premiers  et  revenant  par 
périodes  {accidents  consécutifs  à  l'absorption  chloralique). 

3.  — Le  cœur,  ralenti  sous  l'influence  de  l'injection  intraveineuse  de 
chloral,  se  laisse  distendre  considérablement  dans  l'intervalle  des  systoles. 

i.  —  Au  début  du  ralentissement,  les  ventricules  évacuent  tout  leur  con- 
trnu  dans  les  arlères;  mais  bientôt  les  systoles  deviennent  de  moins  en  moins 
efficaces  et  la  distension  du  cœur  s'accuse  davantage.  (Méthode  de  Franck  pour 
l'étude  des  débits  du  cœur.  C.  Et.  des  travaux  du  laboratoire  du  professeur 
Marey.  Paris,  G.  Masson,   !<X77.) 

(-1)  Voir  le  mémoire  ■"  extenso  dans  les  I  omptes  rendus  des  travaux  du  laboratoire  <lu  profes- 
seur Marey,  Paris,  <■.  Masson,  1877. 


FRANCK.— ACTION    DO   CHLORA1    Ml;    LA    CIRCULATION  ET  LA   RESPIRATION      803 

ri.  —  Pendant  l'arrêt  ventriculaire,  les  systoles  des  oreillettes  persistent,  ce 
qui  contribue  à  produire  l'augmentation  graduelle  du  volume  du  cœur  pendant 
l'arrêl  diastolique. 

6.  —  Les  troubles  se  réparent  d'autant  plus  vite  qu'ils  ont  été  moins  graves. 
La  période  de  réparation  oe  présente  rien  de  constant  dans  son  mode  d'appa- 
rition, ses  caractères  et  sa  durée;  elle  varie  surtout  suivant  la  dose  injectée 
et  la  quantité  de  chloral  préalablement  absorbée  par  l'animal  ;  rapide  après 
une  première  injection,  elle  devient  lente  après  une  série  d'injections  succes- 
sives. 

7.  —  Le  chloral  agit  par  son  contact  immédiat  avec  la  paroi  interne  du 
cœur  droit. 

s.  —  Il  excite  les  filets  nerveux  sensibles  de  l'endocarde  et  détermine  dans 
les  ganglions  întra-cardiaques  une  action  réflexe  qui  retentit  sur  les  fibres 
modératrices  des  pneumogastriques,  d'où  arrêt  du  cœur  en  diastole. 

9.  —  Sur  le  cœur  isole  de  la  tortue  terrestre,  on  observe,  en  faisant  passer 
un  courant  de  sang  chargé  de  chloral,  un  arrêt  systolique.  Le  chloral  péné- 
trant immédiatement  dans  les  artères  coronaires  à  sa  sortie  du  ventricule  qui 
est  simple,  agit  directemenl  sur  les  libres  musculaires,  dont  il  provoque  la 
contracture,  comme  il  produit  celle  des  muscles  dans  les  artères  desquelles 
il  est  directement,  injecté. 

10.  —  Le  chloral  détermine  peu  à  peu  la  paralysie  des  extrémités  périphé- 
riques des  pneumogastriques,  d'où  atténuation  des  accidents  cardiaques  à 
mesure  que  les  injections  se  multiplient. 

11.  —  Les  troubles  cardiaques  consécutifs  sont  très-variables  ;  le  plus  sou- 
vent ils  sont  caractérisés  par  une  période  de  ralentissement,  suivie  d'irrégu- 
larités. Chez  les  mammifères,  on  observe  souvent  des  périodes  de  systoles 
avortées,  avec  grande  chute  de  pressions,  et  disparition  des  pulsations  arté- 
rielles. 

12.  —  Les  arrêts  respiratoires  immédiats  produits  par  l'injection  intrar-vei- 
neusv  de  chloral  sont  dus  à  un  réflexe  ayant  l'endocarde  pour  point  de  départ: 
la  démonstration  de  l'excitation  de  tilets  sensibles  de  l'endocarde  est  fournie 
par  l'analyse  même  du  phénomène  (sections  nerveuses,  paralysie  de  l'appareil 
modérateur  du  cœur  par  l'atrophie,  etc).  Ces  filets  sensibles  de  l'endocarde 
constituent  de  véritables  nerfs  suspensifs  de  la  respiration  et  relient  intime- 
ment la  fonction  cardiaque  à  la  fonction  respiratoire.  Ils  sont  complètement 
distincts  des  nerfs  sensibles  du  cœur  désignés  sous  le  nom  de  dépresseurs  (1). 

(l)  F.  Franck.  Journal  de  l'Anatomie,  novembre  1877- 


804  SCIENCES   MÉDICALES 


M.    le  Dr   François    FRANCK 

Préparateur  au  Collège  de  France. 


SUR  LES  INTERMITTENCES  DU  POULS  OU  FAUSSES  INTERMITTENCES  (1). 

(KXTIIAIT.) 


—  Séance  du  Si  août  7877.  — 

On  voit  souvent  une  pulsation  artérielle  faire  défaut  sans  que  le  cœur  sus- 
pende en  même  temps  ses  battements  :  la  systole  du  cœur  qui  n'a  pas  déter- 
miné d'élévation  de  pression  dans  le  système  aortique  est  une  systole  avortée; 
mais  la  raison  pour  laquelle  cette  systole  se  montre  inefficace  n'est  pas  tou- 
jours la  même.  J'ai  étudié  trois  catégories  de  systoles  avortées  qui  peuvent 
être  désignées,  d'après  la  cause  de  leur  inefficacité,  par  les  dénominations 
suivantes  :  1°  systoles  avortées  par  reflux  mitral  ;  2°  systoles  avortées  par 
défaut  de  réplétion  du  ventricule  (systoles  anticipées)  ;  3°  systoles  avortées  par 
défaut  d'énergie.  Ces  différentes  variétés  correspondent  aux  faux  pas  du  cœur, 
sur  lesquels  M.  le  professeur  Bouillaud  a  insisté,  mais  il  y  a  lieu  de  les  dis- 
tinguer les  unes  des  autres  au  point  de  vue  physiologique. 

1.  Systoles  avortées  par  reflux  mitral.  —  Le  pouls  des  malades  atteints  d'in- 
suffisance mitrale  présente,  comme  l'ont  depuis  longtemps  établi  les  recherches 
de  sphygmographie,  des  pulsations  inégales,  se  succédant  à  intervalles  régu- 
liers, souvent  séparées  par  de  grandes  intermittences.  L'ondée  sanguine 
envoyée  parle  ventricule  gauche  se  partageant  entre  l'aorte  et  l'oreillette,  la 
petitesse  habituelle  des  pulsations  artérielles  résulte  de  ce  reflux  anormal  à 
travers  l'orifice  auriculo-ventriculaire  gauche.  Quand  une  intermittence  sur- 
vient, le  ventricule  se  gorge  de  sang,  et  l'ondée  volumineuse  qu'il  envoie 
ensuite  dans  le  système  artériel  y  produit  brusquement  une  grande  augmen- 
tation de  pression.  Dès  lors  la  systole  suivante,  trouvant  du  côté  de  l'aorte 
une  résistance  beaucoup  plus  considérable  que  du  côté  de  l'oreillette,  évacue  dans 
celle-ci  la  totalité  du  sang  que  contenait  le  ventricule,  la  pulsation  artérielle 
manque  à  ce  moment,  et  la  systole  ventriculaire,  inefficace  à  surmonter  la 
pression  aortique,  constitue  la  systole  avortée  par  reflux  mitral.  M.  le  profes- 
seur Marey  a  même  constaté  l'année  dernière  des  systoles  inefficaces  du  même 
ordre  sur  un  appareil  schématique  de  la  circulation,  dans  lequel  la  valvule 
mitrale,  incomplètement  tendue,  devenait  périodiquement  insuffisante  chaque 
fois  que  la  pression  aortique  était  augmentée;  sur  ce  même  appareil,  j'ai  obtenu 
la  suppression  des  pulsations  artérielles  en  augmentant  la  pression  dans 
l'aorte,  la  valvule  mitrale  étant  insuffisante. 

2.  Systoles  avortées  par  défaut  de  réplétion  du  ventricule.  —  Certaines  systoles 
sont  inefficaces,  parce  que  le  ventricule  se  contracte  avant  d'avoir  eu  le  temps 

(1)  Voir  le  mémoire  in  extenso  dans  les  Comptes  rendus  des  travaux  du  laboratoire  du  pro- 
fesseur Marey.  Paris,  G.  Masson,  1877. 


Dr   !..    HENRI    PETIT.    —   DE   l'aTAXÏE    LOCOMOTRICE  805 

de  pénétrer  dans  le  ventricule.  Suivant  son  degré  de  réplétion,  le  ventricule 
envoie  alors  dans  l'aorte  une  ondée  plus  ou  moins  forte,  mais  toujours  infé- 
rieure à  l'ondée  normale.  Sur  un  même  malade  il  est  souvent  facile  de 
suivre  cette  série  de  systoles  de  moins  en  moins  anticipées,  par  conséquent 
de  plus  en  plus  efficaces. 

3.  Systoles  avortées  par  défaut  d'énergie.  —  En  outre  des  systoles  avortées 
par  reflux  milral  et  par  défaut  de  réplétion  préalable  du  ventricule,  signalons 
celles  qui,  survenant  en  leur  temps  ou  peu  avant  le  moment  normal  de  leur 
apparition,  ne  déterminent  cependant  aucune  évacuation  du  ventricule,  ni 
dans  l'aorte,  ni  dans  l'oreillette;  elles  s'accompagnent  aussi  d'intermittences 
du  pouls  artériel,  mais  ce  défaut  d'évacuation  du  ventricule  tient  à  une 
énergie  de  contraction  insuffisante.  On  voit  ces  systoles  avortées  survenir 
souvent  d'une  façon  rhythmée,  alternant,  par  exemple,  avec  des  systoles  effi- 
caces ;  quelquefois  elles  se  succèdent  par  groupes  :  ce  sont  alors  des  phases 
de  véritables  palpitations,  pendant  lesquelles  le  cœur  oscille  autour  d'une  sys- 
tole permanente  et  présente  une  sorte  de  tétanos  à  secousses  dissociées.  On 
les  observe,  par  exemple,  chez  les  animaux  chloralisés. 


M.    le  F  I.    Henri    PETIT 

Sous-bibliothéca're  .i  la  Faculté  de  médecine  du  Paris. 


DE  L'ATAXÏE  LOCOMOTRICE  DANS  SES  RAPPORTS  AVEC  LE   TRAUMATISME   (1) 

(EXTRAIT.) 


—   Séance   du   25  août  I 877.   — 

Un  fait  curieux  sert  de  point  de  départ  à  ce  travail.  —  En  voici  le  titre  : 

Ataxie  locomotrice  paraissant  guérie  depuis  deux  ans.  —  Punction  et  injection 

iodée  d'une  hydrocèle.  —   Réapparition  de  symptômes  aVataxie. 

Cette  observation,  bel  exemple  du  rappel  par  le  traumatisme  d'un  état 
pathologique  latent,  a  donné  à  M.  Petit  l'idée  de  rechercher  dans  la  science 
les  faits  de  coïncidence  de  l'ataxie  et  de  blessures,  et  de  poser  les  questions 
suivantes  : 

1.  Le  traumatisme  peut-il  engendrer  l'ataxie  locomotrice.' 

2.  Le  traumatisme  peut-il  influencer  la  marche  d'une  ataxie  préexistante? 

3.  Le  traumatisme  présente-t-il  chez  les  ataxiques  quelques  caractères  par- 
ticuliers dans  sa  marche  et  sa  terminaison? 

11  répond  de  la  manière  suivante  : 

A.  L'origine  traumatique  de  l'ataxie  locomotrice  n'est  pas  inadmissible, 
mais  aucun  fait  jusqu'ici  ne  la  démontre  péremptoirement. 

(1)  Ce  travail  sera  publié  in  extenso  dans  la  Revue  mensuelle  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 


806  SCIENCES   MÉDICALES 

B.  Il  est  probable  que,  chez  les  sujets  prédisposés,  le  traumatisme  peut  hâter 
le  développement  de  l'ataxie. 

C.  Il  est  certain  que  les  blessures  peuvent  réveiller  une  ataxie  guérie  en 
apparence  et  aggraver  une  ataxie  coexistante. 

D.  Quelques  auteurs  croient  le  traumatisme  chirurgical  (opérations  diverses) 
capable  de  guérir  certaines  ataxies  dépendant  d'une  lésion  circonscrite  (phi- 
mosis); mais  la  chose  est  encore  douteuse,  car  on  peut  se  demander  si,  dans 
ces  cas  heureux,  il  s'agissait  bien  réellement  d'une  ataxie  véritable  et  si  l'on 
n'avait  pas  plutôt  affaire  à  des  actions  réflexes  sans  lésions  médullaires. 

S'il  était  cependant  démontré  qu'une  irritation  locale  prolongée  peut  pro- 
duire une  ataxie  locomotrice 'proprement  dite,  nul  doute  qu'on  ne  doive  inter- 
venir chirurgicalement  quand  cela  sera  possible. 

E.  L'ataxie  locomotrice  s'accompagnant  parfois  de  troubles  dans  la  nutrition 
de  certains  tissus,  on  conçoit  qu'elle  modifie  l'évolution  locale  de  certaines 
blessures.  C'est  ce  que  tendent  à  prouver  des  observations  de  contusions  arti- 
culaires, de  fractures  et  de  plaies  des  parties  molles. 

Il  y  aurait,  dans  les  membres  blessés,  disposition  au  développement  d'in- 
flammation phlegmoneuses  et  en  conséquence  pronostic  sérieux. 

D'autre  part,  on  a  vu  chez  un  ataxique  syphilitique  une  opération  de  castra- 
tion marcher  et  se  terminer  de  la  façon  la  plus  naturelle. 

DISCUSSION 

M.  Verneuil  fait  remarquer  que  l'on  a  signalé  des  cas  de  fractures  où  le 
cal  osseux  s'était  formé  avec  une  plus  grande  rapidité  chez  des  ataxiques  que 
chez  les  individus  sains. 

M.  Franck  demande  à  M.  Verneuil  si  l'on  ne  pourrait  pas  rapprocher  ce 
dernier  fait  de  cette  expérience  physiologique  bien  connue  et  qui  consiste  à 
couper  chez  les  animaux  le  nerf  principal  d'un  membre  fracturé.  Or,  on  sait 
que,  dans  ce  cas,  le  cal  osseux  devient  exubérant. 

M.  Potain  cite  l'observation  d'un  enfant  qu'il  a  eu  à  soigner  récemment  et 
qui  s'était  fait  une  écorchure  légère  à  la  jambe.  Elle  ne  se  cicatrise  pas  ;  l'enfant 
prend  un  bain  de  mer  à  la  suite  duquel  il  ressent  du  malaise,  de  l'hébétude 
intellectuelle,  une  grande  répugnance  au  travail,  à  ce  point  que  ses  parents 
effrayés  appellent  en  consultation  MM.  Limier  et  Potain.  Ils  reconnurent  une 
chorée  commençante;  quelques  jours  plus  tan!  survenait  une  attaque  de  rhu- 
matisme articulaire  aie-u. 


Dr  MASSART.   RÉTROVERSION    UTÉRINE  81  ' 


M.  le  D'  MASSART 

infleur. 


RÉTROVERSION  UTÉRINE  A  TROIS  MOIS  ET  DEMI  DE  GROSSESSE. 
RÉDUCTION.  ACCOUCHEMENT  A  TERME. 


—  Séance  du  i  i  août   t877.  — 

L'observation  que  j'ai  l'honneur  de  vous  présenter  est,  je  crois,  assez  cu- 
rieuse à  plusieurs  titres,  pour  me  déterminer  à  vous  la  soumettre  sans  trop 
craindre  d'avoir  à  me  reprocher  Les  quelques  instants  que  je  réclame  de  votre 
bienveillante  attention. 

La  rétroversion  utérine  dans  le  cours  de  la  grossesse  est  un  l'ait  pathologique 
qu'on  ne  rencontre  pas  tous  les  jours  ;  de  plus,  la  réduction  sans  accident,  soit 
chez  la  mère,  soit  chez  reniant,  est  moins  commune  encore  el  mérite  d'être 
Signalée  avec  le  procède  opératoire. 

La  manœuvre  que  j'ai  employée  me  semble  nouvelle,  toujours  et  partout 
facilement  applicable,   et  surtout  ne  présente  aucun  danger. 

Voici  l'observation  telle  que  je  la  trouve  dans  les  noies  que  j'ai  prises  au 
moment  où  je  soignais  la  malade  qui  tait  l'objet  de  cette  communication. 

Observation.  —  Le  19  décembre  1875,  vers  trois  heures  de  l'après-midi,  je 
suis  appelé  par  une  sage-femme  près  d'une  malade  qu'elle  me  dit  être  entrain 
défaire  une  fausse  couche  qui,  d'après  la  déclaration  de  cette  dernière,  serait 
de  3  1  2  à  i  mois. 

En  effet,  depuis  le  milieu  de  la  nuit,  la  malade  était  continuellement  poursui- 
vie de  douleurs  lombaires,  mêlées  de  besoins  d'expulsion  ;  la  sage-femme  était 
assez  perplexe,  car  elle  ne  trouvait  pas  de  col  pouvant  lui  permettre  de  poser 
son  diagnostic,  mais  à  sa  place  une  tumeur  très-grosse  dont  elle  ignorait 
la  nature. 

Madame  D.,  épicière,  est  âgée  de  iS  ans  et  cinq  mois;  elle  se  dit  enceinte  de 
3  1/2  à  4  mois  :  ce  commencement  de  grossesse  s'est  assez  bien  passé,  sans 
vomissements.  Elle  a  quatre  enfants,  l'aîné  âgé  de  20  ans,  le  plus  jeune  de  7; 
depuis,  plus  de  grossesse,  si  ce  n'est  celle-ci .  Ses  accouchements  ont  été  tous 
faciles  et  très-rapides  :  à  peine  le  médecin  qui  devait  l'assister  avait-il  le  temps 
d'arriver  ;  deux  fois  même,  malgré  sa  diligence,  il  était  arrivé  après  l'enfant. 

Depuis  une  dizaine  de  jours  environ,  elle  a  remarqué  de  la  difficulté  à 
uriner  la  nuit  ;  trois  ou  quatre  fois  même,  la  nuit,  la  miction  était  impossible 
pendant  un  moment,  il  fallait  quelque  temps  de  station  debout  ou  de  marche 
dans  la  chambre  pour  qu'elle  pût  parvenir  à  uriner. 

La  veille  du  jour  où  je  la  vois  pour  la  première  fois,  elle  a  travaillé  beau- 
coup plus  que  d'habitude;  elle  a  levé  et  porté  un  nombre  assez  grand  de 
fagots  à  travers  un  cou  loir  étroit,  et  chaque  fois  il  avait  fallu  monter  huit  mar- 


808  SCIENCES   MÉDICALES 

ches  d'escalier.  Le  commencement  de  la  nuit  fut  très-fatigant,  fréquentes  en- 
vies d'uriner,  ténesme  vésical  depuis  le  soir,  mais  impossibilité  complète  d'uri- 
ner ;  comme  elle  urinait  encore  la  veille,  elle  essaie,  mais  en  vain,  de  marcher 
dans  la  chambre;  vers  minuit,  les  douleurs  lombaires  la  prennent  avec  les 
efforts  d'expulsion,  comme  si  elle  allait  accoucher,  ce  qui  la  décide  à  envoyer 
chercher  une  sage-femme. 

A  mon  arrivée,  je  trouve  la  malade,  dans  le  décubitus  dorsal,  dans  l'impos- 
sibilité de  faire  aucun  mouvement,  couverte  de  sueur,  se  plaignant  de  dou- 
leurs atroces  dans  les  reins  et  tout  le  bas  du  corps,  la  figure  injectée,  les  yeux, 
brillants,  pouls  à  120°,  dur,  demandant  à  mourir;  en  un  mot,  dans  un  état 
de  fièvre  et  d'éréthisme  nerveux  très-prononcés. 

Examinant  le  ventre,  je  le  trouve  développé  comme  dans  une  grossesse  de  cinq 
à  six  mois;  je  constate  sur  la  ligne  médiane  une  tumeur  globuleuse  arrivant  à 
un  travers  du  doigt  au-dessous  de  l'ombilic,  dure,  mate  à  la  percussion;  lors- 
qu'on la  presse,  le  ténesme  augmente;  au-dessus  de  la  tumeur,  la  percussion 
indique  la  présence  de  l'intestin. 

Au  toucher,  le  vagin  est  sec,  chaud,  dirigé  et  même  comme  tiré  en  avant; 
le  doigt  arrive  (à  l'endroit  où  je  cherche  le  col)  sur  une  tumeur  ronde,  lisse, 
présentant  sous  la  pression  du  doigt  un  œdème  tel  que  le  doigt  y  laisse  son 
empreinte,  que  l'on  perçoit  même  un  instant  après,  mais  pas  de  col.  Le 
cherchant  en  arrière,  le  doigt  est  aussitôt  arrêté  par  le  cul-de-sac  postérieur 
qui  est  beaucoup  plus  bas  que  d'habitude  et  surtout  beaucoup  moins  profond; 
pas  de  col,  —  pas  plus  que  dans  les  culs-de-sac  latéraux.  En  avant,  le  doigt 
remonte  aussi  loin  que  possible  derrière  la  symphise  sans  trouver  d'obstacle, 
longe  la  tumeur  qui  présente  la  même  sensation  et  la  même  forme  globuleuse, 
mais  pas  de  col,  et  rien  qui  puisse  en  indiquer  la  place.  Je  touche  avec  le 
médius  et  l'index,  même  résultat;  puis  avec  quatre  doigts,  mais  pas  de  col  et 
le  vide  au  delà  des  doigts.  Je  n'ose  aller  plus  loin  à  cause  des  douleurs  que 
cette  dernière  investigation  avait  causées  à  la  malade. 

Combinant  le  palper  et  le  toucher  vaginal  avec  deux  doigts,  ceux-ci  ne  per- 
çoivent aucun  mouvement  ;  mais  j'en  sens  un,  excessivement  limité  il  est  vrai, 
en  pressant  profondément  sur  le  flanc  gauche;  à  vrai  dire,  ce  n'est  pas  un 
mouvement,  mais  la  transmission  d'un  contact  à  travers  un  corps  solide. 

J'introduis  un  doigt  dans  le  rectum,  il  est  presque  aussitôt  arrêté  par  la 
tumeur,  qui  fait  une  saillie  globuleuse;  mais,  au  moins,  le  doigt  peut  remonter 
derrière  la  tumeur  aussi  haut  que  la  longueur  du  doigt  le  permet. 

Plaçant  la  malade  sur  le  bord  du  lit,  dans  la  position  pour  une  opération 
obstétricale,  je  pratique  le  cathétérisme,  qui  est  assez  difficile  ;  la  sonde  doit 
être  portée  très  en  avant  le  long  de  la  symphise,  presque  verticalement;  en 
poussant  la  sonde,  on  sent  que  les  parois  de  Purèthre  sont  comprimées  l'une 
contre  l'autre,  il  faut  enfoncer  la  sonde  avec  beaucoup  de  précaution  pour 
vaincre  une  résistance;  mais  enfin  j'arrive  à  la  vessie,  dont  j'extrais  un  peu 
plus  de  deux  litres  d'une  urine  claire,  d'une  teinte  légèrement  grisâtre,  ne 
formant  aucun  dépôt,  ne  contenant  aucune  mucosité  et  ne  portant  aucune 
odeur. 

La  tumeur   s'est   affaissée  :  c'était  donc  la  vessie.  Lu  palpant  profondément 


Ur  UASSART.    —   RÉTROVERSION   UTÉRINE  SO'J 

l'abdomen,  je  sens  une  autre  tumeur  profonde,  ne  remontanl  presque  pas  au- 
dessus  du  pubis  et  que  je  pense  être  L'utérus.  L'examen  du  vagin  etdu  rectum 
donne  le  même  résultat  qu'avant  le  cathétérisme. 

Néanmoins  la  malade  se  sent  soulagée  à  tel  point  que,  ne  pouvant  faire 
aucun  mouvement  sans  souffrance  avant  L'évacuation  de  l'urine,  elle  se  recouche 
seule  aprè6  avoir  fait  le  tour  de  sa  chambre. 

Bien  qu'il  manque  un  élément  à  mon  diagnostie,  le  toucher  du  col,  je  crois 
pouvoir  poser  le  diagnostic  Rétroversion  utérine  complète. 

La  rétroversion  est-elle  liée  à  une  grossesse  ou  à  une  tumeur  utérine?  Je 
m'arrête  à  L'idée  de  grossesse,  la  femme  n'ayant  jamais  eu  d'hémorrhagie;  elle 
est  intelligente,  a  eu  plusieurs  enfants  et  m'affirme  avoir  éprouvé  les  mêmes 
symptômes  que  dans  ses  grossesses  précédentes  ;  toutefois  je  réserve  encore  mon 
diagnostic  sur  ce  point. 

le  20  —  l'as  de  miction  depuis  le  cathétérisme,  la  vessie  est  moins  haute; 
la  sonde  ramène  un  litre  d'urine  après  avoir  rencontré  Les  mêmes  difficultés 
pour  le  cathétérisme;  la  constipation  a  continué.  Les  douleurs  lombaires  sont 
moins  fortes  que  la  veille,  mais  persistent  encore. 

Au  toucher,  comme  la  veille. 

J'essaie  de  réduire,  sans  aucun  succès,  dans  toutes  les  positions  et  en  em- 
ployant les  divers  procédés  indiqués  pour  cette  opération. 

Le  2/  —  Même  état.  Cathétérisme  ut  suprâ,  essais  de  réduction  aussi  infruc- 
tueux que  la  veille. 

11  faut  pourtant  en  finir,  mais  comment?  En  attendant,  la  rétroversion  aug- 
mentera toujours. 

Pratiquer  l'avortement?  mais  est-ce  bien  une  grossesse".'  et  puis  comment 
trouver  le  col?  il  doit  être  en  avant,  et  beaucoup  trop  élevé  pour  qu'on  puisse 
y  introduire  un   instrument. 

Faire  la  ponction  de  l'utérus?  c'est  grave;  et  comme,  à  quelques  jours  près, 
les  accidents  ne  pressent  pas,  je  préfère  attendre. 

Le  22.  —  Même  état,  mêmes  essais  avec  le  même  résultat. 

En  pratiquant  le  cathétérisme,  je  vidais  l'urine  dans  un  énorme  vase  de  nuit 
et  je  pensai  tout  à  coup  qu'il  pourrait  m'être  bien  autrement  utile  que  pour  y 
verser  des  urines.  Je  me  rappelai  avoir  entendu  dire  qu'en  Bohême  et  égale- 
ment en  Normandie,  certains  sorciers  guérisseurs  avaient  l'habitude,  pour 
guérir  les  maladies  de  matrice,  d'appliquer  sur  le  ventre  de  leurs  malades:  en 
Bohême  une  grande  marmite  en  cuivre,  en  Normandie  un  de  ces  pots  en  terre 
que  l'on  met  dans  les  chaufferettes,  et  dans  lesquels  ils  plaçaient  préalable- 
ment quelques  charbons  chauds;  j'avais  entendu  affirmer,  par  les  plus  crédules 
qu'ils  guérissaientet  par  d'autres  qu'ils  soulageaient  momentanément  les  malades. 
Comme,  en  définitive,  il  n'y  a  pas  de  fumée  sans  feu,  je  pensai  que  le  vase 
faisant  ventouse  allégeait  le  poids  du  paquet  intestinal  sur  l'utérus.  Si  donc,  au 
moyen  de  ce  grand  vase  de  nuit,  je  peux  avoir  une  aspiration  assez  forte  pour 
y  faire  entrer  une  partie  du  ventre,  entraînant  avec  elle  une  certaine  quantité 
du  paquet  intestinal,  je  soustrairai  l'utérus  rétroversé  à  une  pression  très-grande 
et  je  pourrai  alors  avoir  d'autant  plus  de  facilité  pour  la  réduction. 

La  malade  étant  fatiguée,  je  me  proposai  d'essayer  le  lendemain. 


810  SCIENCES   MÉDICALES 

Le  23. —  Après  le  cathétérisme  et  de  nouveaux  essais  de  réduction  tout  aussi 
impuissants  que  ceux  des  jours  précédents,  je  fais  mettre  la  malade  dans  la 
station  debout;  je  prends  comme  ventouse  le  vase  de  nuit  et  après  y  avoir  fait 
flamber  quelques  feuilles  de  papier,  je  l'applique  sur  le  ventre  qui  s'y  précipite; 
l'aspiration  est  telle  que  le  vase  tient  seul  collé  sur  le  ventre,  malgré  la  posi- 
tion verticale  et  son  propre  poids. 

Alors  j'introduis  deux,  trois  doigts,  puis  toute  la  main  droite  dans  le  vagin  ; 
j'essaie  ds  pousser,  avec  le  poing  fermé,  vers  la  gaucbe  et  en  avant  l'utérus, 
dans  lequel  je  sentais  mes  doigts  pénétrer  comme  dans  un  tissu  œdématié, 
mais,  de  cette  façon,  je  ne  suis  pas  complètement  maître  de  retenir  ma  force  ni 
d'imprimer  exactement  à  l'utérus  la  direction  que  je  veux  lui  donner.  Après 
quelques  instants  d'essais  infructueux,  mais  pendant  lesquels  je  sens  néanmoins 
la  possibilité  de  faire  mouvoir  l'utérus,  de  plus  la  main  droite  étant  fatiguée, 
la  crampe  commençant  à  envahir  le  poignet,  je  remplace  la  main  droite  par 
la  gauche,  que  je  présente  la  face  palmaire  tournée  vers  l'utérus;  je  saisis  à 
pleine  main  la  partie  postérieure  du  globe  utérin,  je  le  pousse  vers  l'hypocondre 
gauche  et  en  l'abaissant  quelque  peu  pour  le  dégager  de  dessous  le  promontoire 
sous  lequel  je  le  sens  en  quelque  sorte  calé,  puis  en  avant  par  une  pression 
lente  et  continue;  au  bout  d'un  instant, je  sens  l'utérus  se  déplacer,  le  cul-de- 
sac  postérieur  s'agrandir,  puis  continuant  le  mouvement  d'impulsion  je  sens 
manifestement  l'utérus  échapper  de  dessous  le  promontoire  et  continuer  seul 
son  mouvement  de  bascule  en  haut  et  en  avant. 

La  malade  en  a  conscience  et  s'aperçoit  que  dans  l'intérieur  il  y  a  quelque 
chose  qui  a  changé  déplace. 

Je  cherche  mon  col  que  je  trouve  à  sa  place,  un  peu  en  avant;  je  peux  y  in- 
troduire la  première  phalange;  il  présente  les  signes  de  la  grossesse  de  3  1/2 
à  i  mois.  Les  culs-de-sacs  sont  normaux;  dans  le  rectum,  on  ne  sent  plus  de 
tumeur  saillante  ;  je  sens  par  le  toucher  l'angle  sacro-vertébral  proéminent.  La 
palpation  du  ventre  indique  l'utérus  développé  comme  il  doit  l'être  à  cette  épo- 
que de  la  grossesse. 

Je  fais  coucher  la  malade,  je  lui  applique  le  pessaire  Dumont-Pallier  n°  7  en 
recommandant  le  repos  absolu. 

Environ  deux  heures  après,  je  revois  la  malade,  qui  est  depuis  environ  une 
heure  tourmentée  par  une  toux  opiniâtre.  —  Potion  avec  5  centigrammes 
d'extrait  thébaïque; —  repos  et  silence  absolus. 

Le  2b. —  La  toux  s'est  calmée,  pas  d'urine,  mais  envie  continuelle  d'uriner; 
je  me  prépare  à  sonder  la  malade  sur  le  bord  du  lit,  mais  à  peine  est-elle  dans 
cette  position  qu'elle  urine  seule. 

Fin  mars  1816.  —  Santé  excellente  ;  j'enlève  le  pessaire,  la  malade  reprend 
ses  occupations  habituelles. 

Le  43  juin.  —  Je  suis  appelé  à  2  heures  du  matin.  Les  membranes  sont  rom- 
pues, l'enfant  en  0.  1.  G.  A.  Une  demi-heure  après,  accouchement  d'un  gros 
garçon. 

Aujourd'hui,  environ  J  i-  mois  après  l'accouchement,  la  mère  et  l'enfant  jouis- 
sent d'une  excellente  santé;  ni  rétroversion,  ni  abaissement. 


Dr   BfASSART.    —  RÉTROVERSION   UTÉRINE  811 

Réflexions.  — J'ai  donné  cette  observation  bien  longue,  car  j'ai  voulu 

la  présenter  telle  que  je  l'ai  pris 'an  m< ni  même,  sans  vouloir  rien 

ajouter,  sans  non  pins  rien  retrancher,  pour  la  livrer  à  la  discussion 
sans  idée  préconçue.  Sans  chercher  à  tirer  des  conclusions  générales  d'un 
fait  isolé,  je  crois  qu'il  est  utiled'en  tirer  toul  ce  qu'elle  peut  nous  don- 
ner pour  nous  éclairer,  dans  le  cas  particulier,  sur  l'histoire  de  la  rétro- 
version de  l'utérus  gravide  et  surtout  sur  un  dr<,  points  les  plus  con- 
troversés, sinon  des  pins  pratiques,  je  veux  parler  «le  l'étiologie. 

Les  causes,  connue  voua  le  savez,  sont  de  deux  sortes,  les  unes  pré- 
disposantes, les  autres  déterminantes.  Les  différents  auteurs  sont  presque 
tous  d'accord  surlescauses  prédisposantes,  mais  ils  sonl  divisés  en  deux 
camps  bien  tranchés  sur  les  causes  déterminantes.  Tandis  que  les  uns 
regardent  avec  Denman,  P.  Mal  ois,  Désormeaux,  Salmon,  Depaul,  la 
rétroversion  comme  causée  par  la  rétention  de  l'urine,  surtout  dans  un 
utérus  déjà  incline  en  arrière  avant  la  conception  ;  les  autres  avec  Jour- 
dan,  W.  Hunier,  Moreau,  Barnes,  disent  que  la  rétention  est  occasionnée 
par  la  rétroversion,  et  que  dire  autrement  c'est  prendre  l'effet  pour  la 
cause  ;  ci  il  faut  bien  avouer  que  tous  deux  semblent  avoir  raison,  lors- 
qu'on analyse  les  observations  que  chacun  cite. 

Que  s'est-il  passé  chez  ma  malade  '!  et  ici  encore  une  fois  je  ne  veux 
pas  conclure  du  particulier  au  général,  j'analyse  mon  seul  cas.  Que 
voyons-nous  en  effet?  Une  femme  multipare  (elleâ*  eu  quatre  enfants),  ayanl 
eu  des  accouchements  très-faciles,  dont  deux  ont  été  presque  une  ponte, 
tant  ils  se  sont  faits  rapidement,  malgré  le  volume  relatif  des  enfants, 
plutôt  au-dessus  qu'au  dessous  de  la  moyenne  (je  tiens  ces  détails  du 
médecin  qui  a  assisté  aux  accouchements),  et  maintenant  encore  ils  ont 
la  tête  très-forte.  Or,  pour  remplir  ces  conditions,  il  faut  un  bassin  large, 
c'est  ce  que  j'ai  constaté  ;  j'ai  trouvé  en  même  temps  un  angle  sacro- 
vertébral  très-saillant.  La  malade  fait  un  métier  assez  fatigant,  elle 
est  épicière,  elle  est  toujours  debout,  elle  porte  souvent  des  fardeanx 
assez  lourds,  car  elle  est  très-courageuse,  dans  une  maison  où  il  y  a  des 
différences  de  niveau  très-considérables  d'une  salle  à  une  autre  ;  toutes 
causes  que  l'on  a  signalées  comme  pouvant  occasionner  la  rétroversion 
à  forme  lente.  Aussi,  depuis  une  dizaine  de  jours  avant  l'accident,  elle 
s'aperçoit  que  la  nuit  elle  a  de  la  difficulté  à  uriner,  ne  s'en  inquiète 
pas  beaucoup,  mettant  cela  sur  le  compte  de  la  grossesse,  mais  elle 
constate  néanmoins  que  cette  difficulté  n'a  lieu  que  la  nuit,  et  que  la 
station  debout  ou  la  marche  favorise  la  miction;  deux  ou  trois  fois  ce  fut 
indispensable  pour  l'émission  de  l'urine.  Jusque-là  nous  avons  la  rétrover- 
sion incomplète  et  lente  ;  mais  un  jour  elle  travaille  beaucoup  plus  que  d'ha- 
bitude à  un  travail  auquel  elle  n'est  pas  habituée  (c'est  ordinairement  le 
travail  de  son  mari),  elle  a  porté  l'après-midi  une  assez  grande  quantité  de 


812  SCIENCES    MÉDICALES 

fagots  ;  la  nuit  même  elle  sent  pour  la  première  fois  l'impossibilité  complète 
d'uriner,  aussi  bien  debout  ou  après  avoir  marché  que  couchée  ;  elle  est  prise 
en  même  temps  de  douleurs  dans  les  reins,  de  besoins  d'expulsion  qu'elle 
n'a  jamais  éprouvés  jusqu'à  ce  jour,  ce  qui  lui  fait  croire  à  une  fausse 
couche;  c'est-à-dire  qu'elle  est  arrivée  au  dernier  terme  de  la  rétrover- 
sion complète  d'une  façon  brusque.  Notons  ici  qu'elle  m'affirme  à  plu- 
sieurs reprises,  et  sans  se  douter  de  l'importance  de  ma  question,  qu'elle 
a  uriné  la  veille. 

Pouvons-nous  dire  avec  Dubois,  Depaul  et  Sahnon  que  la  rétention 
d'urine  est  la  cause  de  la  rétroversion?  Or,  l'urine  n'est  jamais  restée  ni 
assez  longtemps  ni  en  assez  grande  quantité  dans  la  vessie  ;  il  vaut 
mieux,  avec  Jourdan,  voir  dans  la  rétention  un  déplacement  tel  que  le 
fond  de  l'utérus  se  trouve  engagé  entre  le  rectum  et  la  paroi  postérieure 
du  vagin  ;  alors  la  déviation  de  l'urèthre  suit  la  même  proportion  et  ce 
canal,  entraîné  par  le  déplacement  correspondant  du  col  de  la  matrice  et 
du  museau  de  tanche,  finit  par  remonter  au-dessus  de  l'arcade  pubienne, 
où  il  comprime  et  l'urèthre  et  au-dessus  le  col  de  la  vessie  lui-même. 
C'est  ce  que  la  sonde  m'a  indiqué  en  me  donnant  la  sensation  d'une 
résistance  lorsque  l'algalie  parcourait  le  canal  de  l'urèthre. 

De  plus,  lorsque  l'utérus  a  été  remis  à  sa  place,  la  malade  a  été,  il 
est  vrai,  toute  la  nuit  sans  uriner;  mais  lorsque,  le  lendemain,  je  me 
préparais  à  la  sonder,  elle  a  uriné  seule,  et  l'a  toujours  fait  depuis  et 
sans  aucune  difficulté. 

Je  peux  donc  dire  que,  dans  le  cas  présent,  la  rétroversion  a  été  la 
cause  et  que  la  rétention  d'urine  n'a  été  que  l'effet. 

Il  est  un  symptôme  que  je  tiens  à  signaler,  je  veux  parler  de  l'œdème 
des  parois  de  l'utérus.  Lorque  je  saisissais  l'utérus  pour  le  réduire,  je 
sentais  parfaitement  mes  doigts  pénétrer  dans  le  tissu  utérin  ;  puis,  au 
bout  d'un  instant,  une  demi-minute  environ,  je  sentais  encore  l'impres- 
sion qu'y  avaient  laissée  mes  doigts.  Je  suppose  que  les  tissus  utérins, 
étant  comprimés  contre  le  sacrum,  rendaient  sinon  impossible,  du  moins 
très-difficile  le  retour  du  sang  dans  les  veines  utéro-ovariques,  surtout 
si,  dans  la  grossesse,  comme  dit  Jacqueinier,  la  circulation  veineuse  se 
fait  avec  beaucoup  de  lenteur.  On  peut  aussi  regarder  comme  cause 
la  position  de  l'utérus  dont  le  fond  est  plus  bas  que  le  col.  Cet  œdème 
doit  certainement,  s'il  est  prolongé,  amener  la  mort  du  fœtus  et,  par 
suite,  l'avortement  dans  la   rétroversion. 

Je  n'ai  trouvé  ce  symptôme  décrit  nulle  part.  Barnes  l'a  peut-être 
deviné,  si  par  engorgement  utérin,  il  a  entendu  dire  œdème,  lors  d'une 
discussion  à  la  Société  obstétricale  de  Londres,  en  1870,  sur  une  série 
de  cas  de  rétroflexion  de  l'utérus  ayant  causé  l'avortement. 

Comme  traitement,  il  était  inutile  de  songer  à  se  contenter  du  catbé- 


Dr   MASSART.  —   RÉTROVERSION    UTÉRINE  813 

térisme,  je  crois  l'avoir  démontré  plus  haut;  il  fallait  l'employer  comme 
moyen  d'évacuation,  et  parce  qu'il  doit  être  pratiqué  chaque  t'ois  qu'il 
y  a  quelque  opération  à  faire  sur  l'utérus,  mais  non  comme  moyen 
thérapeutique.  11  a  fallu  essayer  <l*uii  moyen  manuel,  après  avoir  em- 
ployé les  divers  procédés  dans  les  diverses  portions  sans  aucun  résultat; 
j'ai  réussi  avec  le  procédé  que  j'appellerai  par  aspiration,  connue  adju- 
vant du  procédé  manuel.  Voyons  la  part  <|iii  revient  à  chacun. 

Le  procédé  manuel  seul  n'a  pas  réussi,  l'aspiration  seule  aurait-elle 
eu  pins  de  succès?  Je  ne  le  crois  pas.  Le  fond  de  l'utérus  était  en 
quelque  sorte  enclavé  sous  le  promontoire;  pour  l'en  dégager,  il  a  fallu 
le  diriger  avec  la  main  ;  l'aspiration  a  été  très-utile  en  soustrayant 
l'utérus  à  la  pression  des  viscères,  augmentée  des  efforts  d'expulsion  que 
la  douleur  faisait  faire  à  la  malade;  je  n'avais  pas  pu  obtenir  le  même 
résultat,  même  en  plaçant  la  malade  sur  les  genoux  et  sur  les  coudes. 
Pour  que  ce  procède  puisse  être  utilement  employé,  il  faut  que  l'ouver- 
ture du  vase  soit  assez  grande  pour  couvrir  presque  toute  la  surface  du 
ventre    et  que  le  ventre  soit  assez  développé  pour  que  le  vase  y  adhère. 

Le  procédé  est  applicable  toujours,  partout,  et  sera  toujours  accepté 
par  les  malades. 

Si  donc  je  résume  ce  travail,  j'en  tire  les  conclusions  suivantes: 

]°  La  rétroversion  a  débuté  lentement; 

2°  Elle  s'est  complétée  d'une  façon  brusque; 

3°  Elle  n'a  pas  été  causée  par  la  rétention  d'urine,  qui  n'est  que 
l'effet  ; 

4°  La  rétroversion  peut  amener  l'œdème  des  parois  utérines  et  toutes 
les  conséquences  qui  en  découlent  ; 

5°  L'aspiration  de  la  paroi  abdominale  est  un  moyen  qui  facilite  beau- 
coup la  réduction  manuelle. 

Et  en  terminant,  je  me  demande  si  dans  un  cas  de  hernie  étranglée, 
on  ne  pourrait  pas  l'essayer. 


M.  le  Dr  MOÏÏRGÏÏES 

de  Lasalle  (Gard). 


LE  DOGME  DE  L'AUTOPHAGISME.  ANALYSE  ORGANOPATHIQUE  AU  POINT  DE  VUE 
DU  DIAGNOSTIC  ET  DU  TRAITEMENT  DES  MALADIES. 


Séance   du   24   août   l'8T7. 


814  SCIENCES   MÉDICALES 


M.   le  F  MLLY 


SUR  L'ETAT  ET  LE  DELIRE  MALICIEUX. 
(EXTRAIT  du  procès-verbal.) 


Si  a  h  ce   du  2 S   aoii  t    18' 


On  observe  chez  un  certain  nombre  de  personnes,  surtout  chez  les  jeunes 
gens,  des  symptômes  bizarres  tels  que  œsophagismes,  chorécs,  sanglots  et 
larmes  sans  motifs,  insomnies,  etc.,  «pie  Ton  a  continué  de  rattacher  à  une 
même  et  insaisissable  cause,  l'hystérie,  et  qu'il  serait  bon  cependant  d'en 
séparer,  car  presque  tous  ces  cas  sont  essentiellement  différents  de  l'hystérie 
convulsive  proprement  dite. 

Ainsi  une  jeune  fille  fait  la  morte  pendant  trois  jours,  et  après  elle  prétend 
sortir  d'un  long  rêve.  Pressée  de  questions  par  son  médecin,  elle  avoue  qu'elle 

a  joué  la  comédie. 

Un  monsieur  consulte  beaucoupde  médecins,  prétendantqu'il  ne  dort  pas,  sachant 
cependant  que  ses  nuits  sont  bonnes,  et  par  son  domestique  on  apprend  que 
ce  monsieur  n'a  jamais  été  privé  de  sommeil. 

De  même,  les  faits  de  chromhydrose  oculaire,  qui  ont  tant  préoccupé  l'Aca- 
démie de  médecine  et  qu'un  certain  nombre  de  médecins  rattachaient  à 
l'hystérie, ne  sont  pas,  à  proprement  dire,  de  l'hystérie,  pas  plus  que  les  faits  de 
simulation  de  coxalgies,  de  rétention  d'urine,  etc.,  que  chacun  a  pu  obser- 
ver. Ces  faits  ne  sont  pas  de  l'aliénation  mentale,  on  peut  les  grouper  sous 
le  nom  d'état  et  de  délire  malicieux. 

Cet  état  est  d'origine  cérébrale,  il  atteint  surtout  les  individus  à  intelligence 
précoce  et  on  observe  parfois  qu'il  est  héréditaire. 

Le  traitement  doit  être  moral.  Les  bizarreries,  les  simulations  se  déve- 
loppent, s'exagèrent,  si  l'on  n'y  prend  garde.  Les  réprimandes, les  menaces  ne 
font  que  les  exaspérer. 

DISCUSSION 

M.  Lecadre  oncle  a  vu  deux  faits  analogues.  Un  enfant  de  neuf  ans  perdait 
connaissance,  montait  dans  ses  rideaux,  marchait  comme  un  chien.  A  un  mo- 
ment donné,  il  était  pris  d'une  grosse  toux,  devenait  myope  et  ne  voyait  à 
distance  qu'avec  des  verres  concaves  5.  Quelques  heures  après,  sa  toux  caver- 
neuse reparaissait  et  la  myopie  disparaissait.  Les  médecins  qui  soignèrent  cet 
enfant  étaient  presque  convaincus  de  la  vérité  de  cette  maladie.  A  l'âge 
de  25  ans,  le  jeune  homme  avoua  à  M.  Lecadre  qu'il  simulait  tous  ces  symp- 
tômes. 

Une  demoiselle  simulait  ne  pas  manger.  Elle  était  servie  par  une  parente 
qui  lui  donnaità  manger  en  cachette.  Elle  restait  de  plus  quatre  ou  cinq  jours  sans 


Dr   H.    DE    L'AULNOIT.    —  AMPUTATIONS    SUS   ET   SOUS-PÉRIOSTÉES        813 

uriner.  Des  crises  de  nerfs  terribles  se  manifestaient  quand  on  tentait  de  la 
sonder.  Après  quatre  jours  en  moyenne,  elle  annonçait  qu'elle  était  guérie  et 
urinait  seule. 

M.  Brière  dit  que  les  personnes  douées  d'une  grande  puissance  d'accom- 
modation et  surtout  les  jeunes  gens  peuvent  voir  à  distance  avec  des  verres 
concaves  forts.  C'est  ce  qui  explique  comment  l'entant  dont  il  a  été  question 
pouvait  supporter  les  verres  concaves  .">. 

M.  Fieuzal  confirme  cette  remarque  et  rappelle  qu'on  observe  souvent  devant 
les  conseils  de  révision  des  jeuns  -eus  qui,  grâce  à  une  force  d'accommoda- 
tion très-développée,  arrivent  à  surmonter  des  verres  torts  et  lisent  avec  des 
verres  4  et  5. 


M.   le  D'  ÏÏOÏÏZÉ  DE  L'AULNOIT 

Professeur  de  clinique  chirurgicale  à  la  Faculté  de  médecine  de  Lille. 


NOUVELLES  ÉTUDES  CLINIQUES  SUR  LES  AMPUTATIONS  SUS  ET   SOUS-PÉRIOSTÉES 

ET  SUR  L'HÉMOSTASE  NATURELLE  ET  DÉFINITIVE  A  LA  PÉRIODE  ANÉMIQUE, 

A  L'AIDE  DE  L'ÉLÉVATION  DU  MEMBRE  ET    DE  LA  PRESSION 

DU  BANDAGE; 

GRANDES   ET    PETITES   AMPUTATIONS   SOUS-PÉRIOSTÉES  CHEZ  LES  ADULTES. 


Séance  du   25  août    1x71.  — 


Mes  premières  communications  en  1871,  1872  et  1873  sur  les  ampu- 
tations sous-périostées  à  la  Société  des  sciences  de  Lille,  à  l'Académie  de 
médecine  et  à  la  Société  de  chirurgie  avaient  pour  but  d'insister  sur 
les  avantages  d'un  procédé  opératoire  qui,  jusqu'en  1868,  n'avait  été  es- 
sayé que  par  un  très-petit  nombre  de  chirurgiens,  et  qui,  depuis  cette 
époque  jusqu'à  mes  premières  études,  remontant  au  mois  de  novembre 
1871,  était  tombé  dans  un  oubli  absolu.  Des  recherches  m'ont  prouvé 
que  pendant  cette  période  de  trois  années  aucune  amputation  sous- 
périostée  n'avait  été  tentée  en  France  et  à  l' étranger.  J'eus  donc  à  lut- 
ter, quand  je  voulus  réhabiliter  cette  méthode,  contre  une  certaine  pré- 
vention que  je  ne  crois  pas  avoir  entièrement  dissipée,  en  France  tout 
au  moins.  En  justifiant  par  des  moulages  comparatifs  mes  premiers 
succès  sur  des  enfants,  j'insistais  sur  la  nécessité  de  recourir,  dans  le 
traitement  de  toutes  les  amputations,  et  surtout  des  amputations  sous- 
périostées ,  à  l'immobilisation  complète  des  articulations  par  des  gout- 
tières avec  boucles  cousues  sur  leurs  bords.    . 

En  1874,  au  Congrès  de  Lille,  il  m'était  possible  de  montrer  une  sé- 
rie de  moulages  pris  sur  quatre  jeunes  amputés  de  cuisse  et  sur  deux 
jeunes  amputés  de  bras.  On  ne  put  rien  leur  reprocher  sous  le  rapport 


816  SCIENCES   MÉDICALES 

de  la  forme,  et  la  statistique  plaidait  également  en  leur  faveur,  puis- 
qu'elle ne  pouvait  enregistrer  sur  les  enfants  opérés  aucun  cas  de  mort. 

M.  Ollier  et  quelques  autres  chirurgiens,  tout  en  reconnaissant  le  beau 
résultat  obtenu  par  cette  série  sur  le  jeune  âge,  regrettèrent  que  je  ne 
pusse  fournir  des  preuves  aussi  manifestes  sur  des  adultes.  Je  pris  note 
du  désir  exprimé.  Mais,  avant  de  donner  satisfaction  à  mes  honorés  con- 
frères  sur  ce  point,  je  dus  songer  à  remédier  aux  inconvénients  de  l'is- 
chémie, telle  qu'on  la  pratiquait  en  Allemagne  et  en  France  avec  le  tube 
d'Esmark. 

C'est  ce  qui  lit  l'objet  de  ma  communication  au  Congrès  de  Nan- 
tes en  1875,  où  j'exposai  les  principes  de  la  réglementation  des  bandes 
en  caoutchouc  basée  sur  la  tension. 

Depuis  1875  jusqu'à  ce  jour,  je  me  suis  occupé .  d'expérimenter  la 
valeur  des  grandes  et  petites  amputations  sus  et  sous-périostées  sur  les 
adultes,  et  l'importance  de  l'élévation  du  membre  comme  moyen  hémos- 
tatique. 


Fig.  xs.  —  Avant-bras  droit. 
(43  ans.) 


Fig.  s1.).  —  Bras  gauche. 

(19  ans.) 


Je  suis  heureux  de  pouvoir  affirmer  (pie,  chez  les  adultes,  les  avantages 
de  la  périostéotomie  ne  sont  pas  moindres  que  chez  les  entants.  Pour  en 


Dr   il.    DE    l'aDLNOIT.    —  AMPUTATIONS   SUS    il    SOUS-PÉRIOSTÉES         817 

avoir  la  preuve,  il   suffit  d'examiner  ces  deux  moignons,   représentation 
liilrle: 

1°  D'une  amputation  d'avant-bras  sur  une  femme  de  43  ans,  qui 
lut  sous-périostée  pour  le  cubitus,  mais  sus-périostée  pour  le  radius 
(fig.  88); 

2°  D'une  amputation  de  bras  sur  une  femme  de  19  ans,  que  je  dus 

amputer  pour  un   écrasement  du    coude   par   un    engrenage  (fig.    89). 

Ce  dernier  fait  est  très-concluant,  puisque  l'amputation  a   eu  lieu  sur 

une  adulte  et  pour  une  cause   traumatique.  Ces    deux    moignons    sont 

remarquables  : 

1°  Par  l'épaisseur  des  lambeaux  comprenant  la  totalité  des  couches 
normalement  superposées  à  ladiaphyse  depuisle  périoste  jusqu'à  la  peau; 

2°  Par  le  rejet  de  la  ligne  cicatricielle  à  trois  ou  quatre  centimètres 
au  -dessus  du  plan  de  section  de  l'os  ; 

3°  Par  la  faible  adhérence  au  tissu  osseux;  excellentes  conditions 
pour  prévenir  la  formation  des  ostéophytes,  des  ulcères  et  l'apparition 
dans  l'avenir  de  la  conicité. 

De  là  la  nécessité,  comme  je  l'ai  recommandé  en  1872  et  en  1873,  dans 
toutes  mes  observations,  de  rejeter  la  cicatrice  le  plus  en  arrière  possible 
pour  mieux  coiffer  l'extrémité  osseuse. 


Fig.  90.  -  Bras  droit  ■  FiS-  »'■  ~  Jambe  droite 

(2  ans).  (*  ans  V2). 

Les  planches  photographiques  présentées  au  Congrès  rappellent  égale- 
ment d'une  manière  très-exacte  deux  désarticulations  de  l'index  par  un 
seul  lambeau  latéral  externe  sous-périosté  sur  une  femme  de  19  ans 
lig.  92,  et  sur  une  de  37  ans,  fig.  93,  et  la  désarticulation  simul- 
tanée des  doigts  auriculaire  et  annulaire  sur  une  femme  de  lo  ans, 
fig.  95,  avec  formation,  sur  la  face  interne  du  petit  doigt,  d'un  seul  lam- 
beau périoste  pour  recouvrir  les  deux  métacarpiens.  Par  ce  même  procédé 
d'un  seul  lambeau  latéral,  j'ai  deux  fois  désarticulé  le  médius.,  Dans  deux 

52 


818 


SCIENCES    MÉDICALES 


autres  petites  amputations  de  la  première  phalange  de  l'index  et  du  mé- 
dius, les  lambeaux  sous-périostés  ont  été  pris  à  la  partie  antérieure. 

Le  caractère  distinctif  des  amputations  sous-périostées  des  doigts  est 
de  fournir  des  lambeaux  très-épais,  insensibles  et  capables  de  supporter 
des  pressions  énergiques,  les  lignes  cicatricielles  se  trouvant  placées  au 
niveau  des  commissures  dans  tous  les  cas  de  désarticulation  métacarpo- 
phalangienne. 


Fig.  92.  —  Main  droite 
(19  ans). 


Fig.   93.   —  Main   gauche 
:;7  ans). 


Le  chiffre  de  mes  amputations  sous-périostées  s'élève  à  28,  dont  11 
sur  les  enfants,  savoir  : 

Amputations  de  cuisse 7 

Id.         de  bras 2 

Id.         de  jambe 2    ■ 

Les  17  sur  des  adultes  comprennent: 

Amputations  de  cuisse 2 

Id.         de  bras 2 

Id.         d'avant-bras 2 

Id.         de  doigts Il 

Sur  ces  28  cas,  pour  des  causes  étrangères  aux  amputations,  il  y  a  eu 
4  décès,  dont  2  amputations  de  cuisse  sur  les  adultes,  une  amputation 
de  cuisse  et  une  de    jambe  sur  des  enfants.  D'où,  en  somme,  24  guéri- 


Dr  il.    DE    L'AULNOIT.    —   AMPUTATIONS   SUS    ET   SOUS-PÉRIOSTÉES        <SI9 

risons.   D'autres  ont  ('-té  laites  depuis  peu,  avec  succès,   par  MM.  Sée  et 
Cuignet. 

Ma  communication  de  ce  jour  a  un  autre  intérêt  que  de  prouver  que 

les  amputations  sus  et    sous-përiostées   des  adultes,  pratiquées  avec  le 

concours   de   l'immobilisation   articulaire    et  d'une    très-faible    pression 

ischéraique  avec  une  bande  réglementée,  offrent  des  avanUi^vs   sérieux 

u  point  de  vue  des  accidents  consécutifs  et  du  bon  fonctionnement  des 


Fig.  94.   —  Main  droite 

(2B  uns  . 


Fig.  9j.  —  Main  droite 
(15  ans). 


amputés.  Elle  est  à  même  de  confirmer  la  valeur  de  l'élévation  des 
membres  pour  arrêter  de  graves  hémorrhagies.  Au  mois  de  décembre 
1876,  j'avançai  ce  fait  à  la  Société  de  chirurgie,  ne  l'appuyant  que  sur 
trois  amputations  de  doigts  pratiquées  sur  une  malade  âgée  de  !2o  ans, 
fig.  94,  et  sur  une  amputation  de  jambe  au  tiers  supérieur  sur  un  enfant 
de  quatre  ans,  fig.  91.  Je  promettais  d'expérimenter  sur  une  amputation 
d'adulte.  C'est  ce  que  je  fis  sur  l'amputée  de  l'avant-bras,  âgée  de  43  ans,  et 
dont  le  moignon  est  présenté  au  Congrès,  fig.  88.  Sur  cette  opérée,  les 
artères  ne  furent  ni  liées,  ni  tordues,  ni  forci  pressées.  Sitôt  l'amputation  ter- 
minée, le  lambeau  fut  rabattu  au-devant  des  os;  le  pansement  avec  sutures, 
bandelettes,  ouate,  bandes,  était  complètement  terminé  quand  j'enlevai 
le  lien  constricteur  appliqué  sur  le  bras.  Le  membre  à  ce  moment  se  trou- 
vait complètement  élevé;  l'impulsion  sanguine  colora  la  peau  d'abord 
d'une  teinte  scarlatineuse  pendant  trente  secondes,  puis  d'une  teinte  ru- 
béolique  pendant  deux  minutes,  pour  reprendre  ensuite  sa  coloration 
naturelle.  Pas  une  goutte  de  sang  ne  vint  ensanglanter  les  pièces  du  pan- 


820  SCIEN'CES   MÉDICALES 

sèment.  L'aide  placé  près  de  la  malade  pendant  vingt-quatre  heures  ne 
fut  aucunement  obligé  d'intervenir. 

La  solution  du  problème  de  l'hémostase  naturelle  et  définitive  venait 
donc  d'être  résolue  sur  un  adulte  et  pour  une  grande  amputation  à  la 
période  anémique,  avec  l'aide  seulement  de  l'élévation  verticale  du  mem- 
bre et  de  la  pression  du  bandage. 

Ce  puissant  moyen  hémostatique,  qui,  je  pense,  n'a  jamais  été  men- 
tionné, pourra  rendre  de  signalés  services,  non  moins  pour  les  hémorrhagies 
des  champs  de  bataille,  entre  les  mains  des  infirmiers,  en  l'absence  d'un 
chirurgien,  que  pour  les  hémorrhagies  qui  accompagnent  ou  suivent  les 
grandes  et  les  petites  opérations. 


M.  le  Dr  TEISSIER 

Professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon. 


SUR  L'ALBUMINURIE  D'ORIGINE  NERVEUSE. 

(  EXTRAIT    HU    PROCÈS-VERBAL.) 


—  Séance  du  23  août  -Z877.  — 

M.  TEissiER,de  Lyon,  fait  une  communication  sur  l'albuminurie,  dont  l'ori- 
gine nerveuse  est  moins  rare  qu'on  ne  le  suppose, 

Les  auteurs  rattachent  l'albuminurie  à  une  lésion  des  reins  ou  à  une  alté- 
ration du  sang.  11  existe  un  troisième  facteur  généralement  oublié,  c'est 
l'influence  du  système  nerveux  central  ou  du  grand  sympathique  sur 
l'albuminurie. 

Monneret  avait  accepté  cette  influence  et  M.  Gubler  a  décrit  un  cas 
d'albuminurie,  suite  d'une  lésion  de  l'isthme  encéphalique.  Cependant  l'in- 
tervention du  système  nerveux  comme  cause  d'albuminurie  est  encore 
contestée. 

L'observation  attentive  de  plusieurs  faits  autorise  M.  Teissier  à  penser  que 
les  manifestations  nerveuses  peuvent  se  présenter  longtemps  avant  l'albumi- 
nurie et  qu'elles  sont  la  cause  et  non  le  résultat  de  cette  albuminurie. 

lre  observation  :  Un  confrère  de  M.  Teissier  fut  pris  subitement,  en  mars 
1876,  de  vertige  sans  perte  de  connaissance.  11  resta  faible  pendant  plusieurs 
semaines,  après  lesquelles  il  fut  en  proie  à  de  nouveaux  vertiges.  Cet  état 
dura  six  mois.  En  septembre,  il  souffrait  d'insomnie,  de  palpitations,  de  gêne 
respiratoire.  L'examen  des  urines  amena  la  découverte  d'une  notable  propor- 
tion d'albumine.  L'examen    du   malade   fit    constater   un    peu    de   frottement 

(l)  Voir  le  mémoire  in  extenso,  dans  la  Gazette  hebdomadaire,  octobre  1S77. 


!>r   TBISSIER.    —    SUR    L 'ALBUMINURIE    1>'<>i;|i,i\I     NERVBUS1  821 

péricardique  et  une  légère  pleurésie  à  gauche.  Il  fut  emporté,  quelques 
semaines  après,  par  une  apoplexie  foudroyante.  «• 

2e  observation  :  Un  malade  de  quarante  ans  fui  examiné  par  M.  Daniel 
Molière  pour  une  diminution  de  la  vue.  L'ophthalmoscope  permit  de  constater 
une  bypérémie  simple  des  vaisseaux  profonds  de  l'œil.  On  craignit  une  Lésion 
encéphalique.  Les  résultats  de  l'examen  des  mines  furent  négatifs  :  ni  sucre, 
ni  albumine.  Quelque  temps  après,  «m  y  découvrit   une  très-faible  proportion 

de  sucre.    La   parole  du   malade  s'embarrassa  de  plus  en   plus.   Les   symptf s 

cérébraux  allèrent  en  s'aggravant  ;  un  an  après,  il  l'ut  frappé  d'une  attaque 
d'hémiplégie.  Après  cette  attaque,  les  urine>  contenaient  une  notable  pro- 
portion d'albumine.  Quelques  mois  après,  cette  albumine  disparaissait,  et  le 
malade  succombait  ;i  une  attaque  d'apoplexie. 

3e  observation  :  Un  teinturier,  âgé  de  cinquante-cinq  ans,  d'assez  bonne 
constitution,  était  sujet,  depuis  dix  ans,  à  des  phénomènes  de  dyspepsie,  puis 
survint  de  la  polyurie  :  on  constata  un  peu  de  sucre  dans  l'urine,  pendant 
huit  ans,  il  alla  à  Vichy  pour  son  léger  diabète  sucré.  L'année  dernière,  ce 
malade  fit  une  chute  sur  la  glace  et  se  fit  à  la  tête  une  plaie  qui  eut  de  la 
peine  à  se  cicatriser.  On  examina  alors  les  urines.  Le  sucre  avait  disparu. 
Quelque  temps  après,  le  malade  fut  frappé  d'hémiplégie.  Pendant  les  semaines 
qui  suivirent,  on  observa  une  notable  proportion  d'albumine  dans  l'urine. 
Depuis  mars  1$7G,  le  malade  eut  six  attaques  d'hémiplégie;  l'albuminurie 
continuait.  11  est  à  noter  que  c'est  depuis  l'hémiplégie  que  l'albumine  est 
apparue. 

4e  observation  :  Un  malade  consulta  M.  de  Wecker,  en  1874,  pour  un 
trouble  de  la  vue.  M.  de  Wecker  constata  du  sucre  dans  l'urine.  M.  Bou- 
chardat,  consulté  également,  trouva  aussi  du  sucre  dans  l'urine.  A  la  fin  de 
1875,  attaque  d'hémiplégie  :  peu  après,  analyse  des  urines,  absence  de  sucre. 
M.  Teissier  eut,  à  cette  époque,  l'occasion  de  voir  ce  malade  à  Lyon.  Il 
ne  trouva  pas  de  sucre  dans  les  urines,  mais  une  notable  proportion 
d'  Ibumine. 

5e  observation  :  En  1874,  un  homme  de  trente-deux  à  trente-quatre  ans 
était  atteint  d'un  eczéma  pour  lequel  il  alla  à  Uriage.  L'eczéma  disparut  et 
fit  place  à  une  faiblesse  générale.  En  outre,  faiblesse  et  agénésie.  Pas  d'albu- 
mine ni  de  sucre,  mais  une  grande  quantité,  8  à  9  grammes,  de  phosphate 
ferreux.  Survint  ensuite  un  trouble  de  la  vue,  une  névro-rétinite  fut  constatée 
par  MM.  Desgranges  et  Desmarres.  Enfin,  les  phosphates  descendirent  à  3 
grammes  et  furent  remplacés  par  4  grammes  d'albumine.  Ici  les  phénomènes 
nerveux  ont  existé  pendant  deux  ans  avant  l'albuminurie.  Un  collègue,  con- 
sulté, pensa  à  une  néphrite  interstitielle.  L'albuminurie  diminua  graduellement, 
néanmoins  les  phénomènes  nerveux  continuèrent.  Des  phénomènes  encépha- 
liques apoplectiformes  tuèrent  bientôt  le  malade. 

Ainsi,  voilà  cinq  observations  dont  trois  offrent  une  apoplexie  ou  une 
hémiplégie.  Avant  ces  attaques,  les  urines  n'offraient  pas  d'albumine;  elles  en 
contenaient,  au  contraire,  beaucoup  après. 

M.  Teissier  s'appuie  sur  ces  faits  pour  démontrer  que  l'albuminurie  d'ori- 
gine nerveuse  est  plus  commune  qu'on   ne    le    dit  généralement.    Cette   idée 


SCIENCES   MÉDICALES 

confirme  les  expériences  de  Claude  Bernard  faisant  apparaître  du  sucre  ou 
de  l'albumine  dans  l'urine  en  piquant  des  points  différents  du  quatrième 
ventricule. 

Au  point  de  vue  thérapeutiqne,  il  y  a  à  tirer  quelques  bénéfices  de  la 
démonstration  de  l'origine  nerveuse  de  l'albuminurie. 

Les  phénomènes  apoplectiques  pourraient  être  le  résultat  d'une  exagération 
dans  le  traitement  alcalin.  La  meilleure  médication  est  celle  qui  est  capable 
de  relever  les  forces  du  malade  :  le  quinquina,  les  eaux  très-modérément 
alcalines,  la  valériane,  les  gouttes  amères  de  Baume,    les   gouttes  arsenicales. 

DISCUSSION 

M.  Lecadre  rappelle  une  observation  qu'il  a  fournie  à  Marchai  (de  Calvi) 
sur  l'alternance  entre  le  diabète  et  l'albuminurie. 

M.  Reclus  rappelle,  à  propos  de  l'expérience  de  Claude  Bernard,  une 
observation  publiée  par  M.  Liouville  en  187i.  Un  individu  atteint  d'une  frac- 
ture au  crâne  fut  porté  par  erreur  dans  le  service  de  M.  Behier.  Il  succomba 
quelques  heures  après  son  admission.  L'urine  contenait  beaucoup  d'albumine. 
L'autopsie  prouva  que  les  reins  étaient  sains;  mais,  dans  le  quatrième  ven - 
trïcule,  on  trouva  une  suffusion  sanguine  au  point  indiqué  par  Claude 
Bernard  dans  ses  expériences  sur  les  animaux. 

M.  Courty  a  observé  de  l'albuminurie  chez  deux  malades.  Le  premier  avait 
fait  une  chute  et  souffrait  d'une  douleur  persistante  à  la  partie  postérieure  de 
la  tête  ;  le  second  éprouvait  également  de  vives  douleurs  à  la  même  partie  de 
la  tête  et  cela  à  la  suite  de  chagrins  prolongés. 

M.  Hoizé  de  l'Aulnoit  se  joint  à  M.  Tei.-sier  au  point  de  vue  du  traite- 
ment et  insiste  sur  l'emploi  du  1er  et  sur  l'abstention  ou  l'emploi  très-modéré 
des  alcalins. 

M.  Potain  a  observé  chez  deux  malades  ces  alternances  d'albuminurie  et  de 
glycosurie,  et  ce  qui  l'embarrassait,  c'est  que  c'était  sous  l'influence  du 
traitement  exagéré  dans  un  sens  ou  dans  l'autre  que  se  produisait  l'alter- 
nance. 

Il  se  rappelle  notamment  le  fait  d'un  économe  des  hôpitaux  qui  fut  atteint 
d'amaurose  et  qu'il  observa  avec  M.  Lassègue.  Au  fond  des  yeux  existait  une 
lésion  fort  semblable  à  celle  de  la  rétinite  albuminurique  et  cependant  il  n'y 
avait  pas  d'albumine  dans  l'urine.  Quelque  temps  après,  le  malade  était  devenu 
albuminurique.  Des  accidents  cérébraux  l'emportèrent  bientôt. 


n     LECADRE.    —   PROPAGATION    DE    LA  FIÈVRE    PALUDÉENNE  823 


M.   le   Dr  LECADRE 


NOUVEAU   MODE   DE   PROPAGATION   DE  LA  FIEVRE  PALUDÉENNE. 


-  Séa  a  ce   d  u  ■?■'<'  <">ù  t   /s'77. 


En  187S  et  en  1876,  la  petite  ville  de  Lillebonne  fut  le  loyer  de  la 
fièvre  intermittente.  Comme  on  sait,  Lillebonne  est  au  fond  d'une  vallée 
et  séparée  de  la  Seine  par  des  prés-marais,  d'une  largeur  de  cinq  kilo- 
mètres. Quoi  d'étonnant  que  cette  petite  ville  fût  comme  les  parties 
basses  de  Sandouville,  de  Saint-Vigor  et  d'Harfleur  le  siège  de  la  fièvre 
intermittente!  Mais  déjà,  en  1875,  on  s'était  étonné  que  la  fièvre  eût 
gagné  les  plateaux  élevés  qui  l'entourent.  On  avait  pensé  que  les  habi- 
tants des  plateaux  qui  l'avaient  contractée  avaient  travaillé  dans  le  marais 
à  la  récolte  des  t'oins,  y  avaient  séjourné  durant  plusieurs  jours  ;  quel- 
ques-uns d'entre  eux  avaient  été  pris  de  la  lièvre  sur  le  lieu  même, 
d  autres  en  avaient  contracté  le  germe  et,  rendus  à  leur  domicile,  situé 
sur  les  plateaux,  la  lièvre  s'était  déclarée.  Mais,  en  1876,  un  assez  grand 
nombre  de  cultivateurs,  demeurant  sur  le  plateau,  qui  n'étaient  point 
descendus  dans  la  plaine,  furent  atteints  de  la  lièvre.  Il  y  avait  donc  une 
autre  cause.  Or,  après  bien  des  explorations,  voilà  ce  qui  fut  avéré. 

Depuis  quelque  temps,  les  foins  de  la  plaine,  à  peine  coupés,  étaient 
recueillis  par  les  fermiers  des  environs,  qui  les  transportaient  dans  leurs 
fermes,  dont  plusieurs  sont  situées  sur  les  plateaux.  Ces  foins  avaient, 
été  souvent  mouillés  par  la  pluie;  d'autres,  coupés  sur  le  littoral  de  la 
Seine,  avaient  été  humidifiés  par  l'eau  de  la  Seine  encore  saumàtre  en 
ce  lieu.  A  peine  ces  foins  étaient-ils  arrivés  dans  la  ferme,  qu'alin  de 
les  faire  sécher,  on  les  éparpillait  sur  le  sol,  et,  pour  cette  opération, 
on  préférait  les  jours  où  le  soleil  était  le  plus  ardent,  afin  que  la  dessic- 
cation fût  plus  prompte  et  plus  complète.  On  observa  alors  que  des 
individus,  soit  hommes,  soit  femmes,  soit  enfants,  qui  avaient  travaillé  à 
l'éparpillement  de  ces  foins,  un  bon  nombre  étaient  pris  de  la  fièvre, 
quoiqu'ils  fussent  restés  constamment  à  l'abri  des  miasmes  qui  s'élèvent 
du  sol  du  marais. 

Autre  fait  :  Le  nommé  F...,  âgé  de  soixante  ans,  demeurant  rue 
d'Etretat,  au  Havre,  avait  acheté  du  foin  à  Tancarville  et  l'avait  rap- 
porté chez  lui.  Ce  foin  était  loin  d'être  parfaitement  sec.  A  peine  ce  foin 
fut-il  déposé  dans  le  grenier  que  F...  fut  atteint  d'une  fièvre  paludéenne, 
qu'on  eut  beaucoup  de  peine  à  faire  disparaître. 


824  SCIENCES   MÉDICALES 

Le  Dr  Pigné,  de  Lillebonne,  dont  nous  déplorons  la  perte  récente,  et 
le  Dr  Fidel,  de  Saint-Romain,  ont  constaté  l'un  et  l'autre,  chacun  dans 
la  commune  de  son  ressort  et  sur  les  parties  les  plus  élevées  de  cette 
commune,  des  fièvres  intermittentes,  résultats  de  la  dissémination  sur 
le  sol  de  foin  mouillé,  recueilli  dans  le  marais.  Tous  les  deux  ont  pu 
faire  à  cette  égard  des  observations  nombreuses. 

Ces  fièvres  affectaient  des  types  divers.  En  1875,  elles  étaient  le  plus 
souvent  tierces.  En  1876,  elles  étaient,  de  préférence,  quotidiennes .  ou 
quartes.  Elles  cédaient  à  l'action  de  la  quinine.  Mais  elles  étaient  sujettes 
à  récidives  et  présentaient,  au  reste,  dans  leurs  stades  tous  les  carac- 
tères de  la  fièvre  dite  des  marais. 

A  n'en  pouvoir  douter,  c'étaient  donc  les  foins  mouillés  (et  on  remar- 
qua que  ceux  qui  l'avaient  été  par  l'eau  de  la  Seine  étaient  aptes  davan- 
tage à  déterminer  la  fièvre)  qui  l'avaient  apportée.  En  les  expo- 
sant à  la  dessiccation, on  avait  mis  à  nu  des  spores  en  grande  quantité 
qui,  absorbées  par  les  organes  soit  delà  respiration,  soit  de  la  déglutition, 
ou  par  les  tissus,  avaient  été  l'occasion  du  développement  de  la  fièvre 
intermittente. 

Ce  qui  eut  lieu  cette  année  (1877)  prouve  qu'il  faut  que  le  foin  ait 
contracté  une  humidité  assez  grande  pour  que  le  développement  des 
sporules  soit  favorisé  et  pour  que  ce  foin  provoque,  même  loin  du  lieu 
où  il  est  recueilli,  les  accidents  de  l'impaludisme.  Cette  année,  lors  de 
l'époque  de  la  fenaison,  le  temps  était  sec;  le  foin  récolté  n'avait  été 
ni  mouillé  par  la  pluie,  ni  imbibé  de  l'eau  de  la  Seine,  qui,  le  temps 
étant  calme,  n'était  pas  sortie  de  son  lit.  Transporté  sur  les  plateaux 
dans  l'état  de  siccité  qu'on  pouvait  désirer,  il  ne  donna  lieu  à  aucun 
•développement  de  la  fièvre  intermittente.  Mais,  de  ce  foin  une  partie 
était  restée  sur  le  marais  et  n'avait  pu  être  enlevée.  Des  pluies  abon- 
dantes survinrent  à  la  fin  de  juin,  ce  foin  disposé  en  mulon  fut  forte- 
ment mouillé.  Il  fallait  le  sécher,  l'étendre  sur  une  terre  passablement 
détrempée.  On  choisit,  pour  se  livrer  à  cette  opération,  les  jours  de 
juillet  où  le  soleil  était  ardent.  De  ce  moment,  se  déclarèrent  quelques 
fièvres  paludéennes  qui,  jusque-là,  avaient  été  très-rares  même  dans  le 
marais. 

Ces  faits,  tout  nouveaux,  donnèrent  lieu  à  une  sorte  d'étonnement. 
Mais,  en  cherchant  ce  qui  a  été  dit  au  sujet  de  la  propagation  de  la 
fièvre  intermittente, on  se  rappela  que  notre  illustre  chimiste,  M.Dumas, 
et  d'autres  observateurs  avec  lui,  avaient  pensé  que  les  fièvres  marem- 
matiques  sont  engendrées  par  les  spores  de  certains  champignons  ainsi 
que  par  les  mucédinées  que  l'air  chargé  de  vapeur  d'eau  tient  en  sus- 
pension; ces  spores  introduites  par  les  voies  respiratoires  dans  le  torrent 
circulatoire  et  charriées  avec  le  sang,  viennent  influencer  tel  ou  tel  organe 


Dr    LECADRE.    —   PROPAGATION    DE  LA  FIÈVRE    PALUDÉENNE  825 

à  l'exclusion  des  autres,  sans  qu'on  puisse  saisir  la  cause  de  celte  prédi- 
lection. Si  le  sulfate  de  quinine,  avaient  dit  d'autres  expérimentateurs, 
est  souverain  dans  la  cure  de  la  Qèvre  des  marais,  c'est  qu'il  neutra- 
lise le  miasme  paludéen,  en  tuant  les  proto-organismes  qui  circulent 
avec  le  sang. 

Le  souvenir  nous  revint  aussi  d'avoir  lu,  dans  la  Hci-uc  des  cours 
scientifiques,  page  769,  sixième  année,  qu'un  médecin  de  l'Ohio,  Salis- 
bury,  avait  observé  qu'en  1862,  dans  les  districts  marécageux  de  l'Ohio 
et  du  Mississipi,  où,  à  une  sécheresse  très-grande  succéda  une 
grande  humidité,  survint  une  grande  épidémie  de  fièvre  intermittente,  et 
que  chez  les  nombreux  individus  qui  en  furent  atteints,  I»1  microscope 
révéla  dans  la  sécrétion  salivaire  et  dans  le  mucus  de  l'expectoration 
la  présence  de  certains  corpuscules.  Ceux  qui  ne  manquaient  jamais 
étaient  de  petites  cellules  oblongues,  isolées  ou  agglomérées,  offrant  un 
nucleus  distinct,  entouré  d'une  envelope  cellulaire  lisse  et  présentant 
un  point  sensiblement  plus  clair,  ressemblant  à  un  espace  vide,  situé 
entre  la  paroi  cellulaire  et  le  noyau.  C'étaient  des  cellules  d'un  genre 
d'algues  ressemblant  fortement  aux  palmellœ.  Le  Dr.  Salisbury  recueillit 
de  ces  cellules  au  moyen  de  lames  de  verre  placées  à  environ  un  pied 
et  demi  de  la  surface  des  marais  stagnants.  Partout  où  il  observa  la 
fièvre,  il  découvrit  de  ces  sortes  de  palmellœ  en  plus  ou  moins  grande 
quantité.  Où  le  sol  n'est  pas  calcaire,  ces  plantes  à  lièvres,  comme  il 
les  appelle,  sont  généralement  blanches.  La  lièvre,  moins  violente,  est 
plus  facilement  enrayée  et  promptement  guérie.  Mais  dans  les  terrains 
fortement  calcaires  où  les  palmellœ  offrent  des  colorations  différentes, 
variant  de  la  couleur  d'un  rouge  brique  au  vert  et  au  jaune,  les  fiè- 
vres sont  d'une  violence  extraordinaire  et  résistent  bien  plus  fortement 
à  l'action  des  remèdes  :  «  Aussi  loin  que  j'aie  poussé  mes  recherches, 
»  dit-il,  et  elles  ont  été  très-étendues,  je  n'ai  jamais  observé  un  cas  de 
»  lièvre  intermittente  dans  un  endroit  où  je  ne  pusse  trouver  ces  peti- 
»  les  plantes.  Réciproquement  je  n'ai  jamais  constaté  la  présence  de  ces 
»  plantes  dans  un  lieu  habité  sans  que  les  fièvres  rémittentes  ou  inter- 
»  mittentes  et  quelquefois  les  deux  types  ne  se  soient  développées,  et 
»  cela  en  proportion  de  la  vigueur  et  de  l'étendue  de  cette  végétation.  » 
Ce  n'était  point  assez  pour  le  Dr.  Salisbury  d'avoir  trouvé  que,  dans  les 
pays  marécageux,  la  lièvre  est  déterminée  par  une  sorte  de  cryptogame 
(palmella),  il  fallait  démontrer  par  des  expériences  qu'en  transportant 
de  la  terre  prise  à  la  surface  d'une  prairie  marécageuse  et  extrêmement 
malsaine,  terre  qui  était  entièrement  recouverte  de  palmellœ,  dans  des 
contrées  complètement  indemnes  de  la  fièvre  et  en  exposant  des  indi- 
vidus à  les  aspirer,  la  lièvre  intermittente  se  déclarait  chez  ceux  qui 
n'en  avaient  jamais  éprouvé  les  atteintes.  Ce  fut  le  résultat  qu'il  obtint 


826  SCIENCES    MÉDICALES 

sur  plusieurs  personnes  et  qu'il  eût  probablement  obtenu  toujours,  s'il 
lui  avait  été  donné  de  prolonger  ses  expériences. 

«  La  cause  excitante  de  la  fièvre,  ajoutait-il,  respirée,  introduite  dans 
»•  l'organisme  par  les  aliments  et  les  boissons,  absorbée  par  la  peau  et 
»  les  surfaces  muqueuses,  arrive  en  contact  immédiat  avec  les  cellules 
»  épithéliales  répandues  à  la  fois  à  la  surface  interne  et  à  la  surface 
o  externe  du  corps,  en  résumé  partout  où  il  existe  quelque  voie  d'in- 
»  troduction  des  corps  étrangers  dans  l'économie.  En  passant  dans  l'in- 
o  térieur  des  cellules  épithéliales,  les  corps  toxiques  les  altèrent  et 
)  empoisonnent  les  produits  qu'elles  désorganisent.  De  cette  façon,  les 
»  autres  tissus  comprenant  les  systèmes  ganglionnaire  et  cérébro-spinal 
»  sont  soumis  ainsi  à  l'influence  miasmatique.  Comme  les  cellules 
»  épithéliales  des  glandes  et  particulièrement  celles  de  la  rate,  du 
»  mésentère  et  du  foie  jouent  le  rôle  le  plus  important  dans  l'organi- 
■»  sation  des  produits  destinés  à  la  nutrition  des  autres  tissus,  ces  glandes 
»  sont  les  plus  fortement  atteintes  et  sont  les  premières  à  ressentir 
»  vivement  les  effets  des  palmellœ  toxiques.  Aussi  est-ce  dans  ces  vis- 
»'  cères  que  nous  rencontrons  si  souvent  de  graves  altérations. 

Je  laisse  à  d'autres  le  soin  d'approfondir  ces  opinions  pathologiques. 

11  me  suffit  de  dire  qu'elles  exigent  d'autant  plus  d'attention  qu'elles 
proviennent  d'un  observateur  judicieux  et  plein  de  sagacité. 

Rien,  au  reste,  sur  la  genèse  de  la  fièvre  intermittente  par  ces  pal- 
mellœ toxiques,  de  préférence  à  la  lièvre  continue. 

La  lièvre  intermittente  qui  s'est  développée  à  Lillebonne  et  dans  ses 
environs,  sur  les  plateaux,  sous  l'influence  de  foins  mouillés,  recueillis 
dans  la  vallée,  transportés  au  loin  et  éparpillés  sur  le  sol,  alin  d'en 
opérer  la  dessiccation,  a-t-elle  été  due  à  la  présence  de  palmellœ  prove- 
nant des  terrains  marécageux  qui  avoisinent  la  Seine,  comme  celle 
observée  dans  l'Ohiopar  le  Dr.  Salisbury  ? 

Les  circonstances  ne  sont  pas  ici  tout  à  fait  les  mêmes.  Les  terres 
sur  lesquelles  a  expérimenté  le  médecin  américain  avaient  été  remuées,  et 
ce  n'est  qu'après  les  avoir  ainsi  remuées  qu'elles  ontété  transportées  au  loin 
dans  des  contrées  indemnes  de  la  lièvre  et  qu'elles  ont  déterminé  cette 
affection.  A  Lillebonne,  ce  ne  sont  point  des  terres  remuées  qui  ont  été 
transportées,  c'est  du  foin  récolté  sur  un  terrain  marécageux,  mais  sur 
lequel  n'avait  point  agi  nouvellement  la  pelle.  Dans  l'opinion  du  savant 
d'outre-mer,  les  plantes  à  lièvres  (palmellœ)  appartenaient  généralement 
à  des  terrains  calcaires;  la  nature  du  terrain  qui  avoisine  Lillebonne 
peut  bien  contenir  de  la  chaux,  mais  cette  substance  n'y  prédomine 
pas.  Il  faut  donc  admettre  que  le  foin  est  susceptible  de  receler,  lors- 
qu'il est  mouillé ,  des  spores  de  certaines  algues ,  palmellœ  ou  autres, 
(jui,  exposées    au  grand   air  et   aspirées  par    ceux  qui    le    travaillent, 


n'   LBCADRI   .    —   PROPAGATION    DE    l  \    III  MU     PALUDÉEN  NI  X'2~ 

peuvenl  déterminer  la  fièvre.  Dernièrement,  à  la  Société  de  médecine 
pratique  de  Paris,  le  Dr.  Laça/,-  lisait  an  mémoire  sur  l'importation 
des  fièvres  paludéennes  aux  des  Maurice  e(  de  la  Réunion,  pays  aux- 
quels jadis  ces  maladies  étaient  complètement  inconnues.  L'auteur  du 
mémoire  croit  qu'elles  ont  été  importées  dans  la  colonie.  Je  me  suis 
demandé  si,  avec  les  bœufs,  qui,  tous  les  jours,  de  l'île  Madagascar,  où 
règne  constamment  la  lièvre  paludéenne,  arrivent  par  centaines  à  Mau- 
rice et  à  la  lléunion,  «■!  les  substances  végétales  qu'on  introduit  avec 
ces  bestiaux,  on  n'avait  pas  importé  la  fièvre  des  marais.  Les  informa- 
tions que  j'ai  recueillies  à  cet  égard  près  des  capitaines  qui  ont  t'ait  de 
récents  voyages  dans  ces  parages  ne  sont  encore  ni  assez  précises  ni 
assez  complètes.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  miasme  paludéen  esl  actuellement 
implanté  dans  ces  deux  îles,  et,  comme  ledit  avec  une  grande  raison  le 
Dr.  Lacaze,  •  le  miasme  implanté  dans  un  pays,  comme  souvent  dans 
o  un  être,  ne  s'en  va  plus.  Il  peut  sommeiller,  s'incuber,  mais  il  est 
-  toujours  là.   » 

Depuis  plusieurs  années,  on  a  admis  une  sorte  de  lièvre  qui  se  pro- 
duit au  moment  de  la  fenaison,  qu'on  appelle  lièvre  de  foin.  Il  est  vrai 
que  cette  dernière  a  été  décrite  comme  continue.  .Mais,  dans  certains 
cas,  ne  pourrait-elle  devenir  intermittente?  Dans  une  goutte  d'infusion 
de  foin  le  savant  Huxley  découvrit  des  myriades  de  bactéries,  qu'il 
regarde  comme  des  plantes,  mais  aussi  d'autres  corps,  sortes  de  mo- 
nades, sur  la  nature  animale  ou  végétale  desquels  il  ne  se  prononce 
pas. 

Si  des  foins  récoltés  mouillés  contiennent  une  multitude  de  ces  spo- 
rules,  animaux  ou  végétaux  microscopiques,  rien  ne  s'oppose  à  ce  qu'on 
puisse  admettre  qne  ces  produits  respires  ou  même  introduits  dans  les 
tissus  puissent  déterminer  la  fièvre  et  que  ces  lièvres  puissent  se  pré- 
senter aussi  bien  dans  les  marais  qui  donnent  naissance  aux  foins, 
que  dans  des  lieux  peu  disposés  jusqu'ici  à  engendrer  la  fièvre,  mais 
sur  le  sol  desquels  on  les  étale  et  où  les  hommes  chargés  de  les  épar- 
piller restent  exposés  à  leurs  coups.  Resterait  à  déterminer  la  cause 
de  l'intermittence  de  ces  fièvres.  Les  émanations  telluriques  que  l'indi- 
vidu aspire,  ainsi  que  les  alternatives  de  dessèchement  et  d'imprégna- 
tion des  surfaces  marécageuses,  en  donnent-elles  une  explication  plus 
précise  ? 

Si  donc  il  est  bien  prouvé  que  le  foin,  dans  certaines  conditions, 
peut  occasionner  la  fièvre,  resteraient  à  indiquer  les  moyens  de  rendre 
ce  foin  salubre  et  d'empêcher  son  action  pernicieuse. 

La  cause  de  la  fièvre  était  pour  le  docteur  Salisbury  la  production 
de  plantes  à  fièvre  dans  des  terrains  bas  et  humides,  remarquables  par 
les  petits  lacs,  les  étangs,  tes  petites  rivières  qui  s'y  trouvent;  c'est  par 


828  SCIENCES   MÉDICALES 

le  drainage  et  la  culture  qu'il  en  attaque  la  production,  c'est  en  com- 
blant les  excavations  qu'il  essaie  de  l'empêcher  de  se  développer.  Pour 
nous,  un  nouveau  mode  de  propagation  de  la  fièvre  étant  dans  le 
transport  des  foins  mouillés  d'un  lieu  à  un  autre,  ce  dernier  fût-il  un 
plateau  jusqu'ici  indemne  de  la  fièvre,  il  faut  donc  arriver  à  dessécher 
les  foins  sur  les  lieux.  Ne  pourrait-on  y  parvenir  en  les  exposant  à 
une  douce  chaleur,  suffisante  pour  opérer  la  dessiccation,  détruire  les 
principes  toxiques  qu'ils  contiennent,  en  tuant  les  corpuscules  qui, 
respires,  sont  la  cause  de  phénomènes  anormaux  et  morbides  ?  ne 
pourrait-on  parvenir  par  le  dégagement  du  chlore,  par  l'action  des 
acides  phénique,  salicylique  ou  benzoïque,  ou  de  certains  gaz  à  rendre 
à  ces  foins  toute  leur  salubrité  et  à  les  dépouiller  du  principe  morbide 
dont  l'humidité  à  été  la  cause?  En  tous  les  cas,  qu'on  se  souvienne 
que  le  remède  ne  doit  pas  être  pire  que  le  mal,  et  qu'en  cherchant  à 
anéantir  certains  produits  malfaisants,  il  faut  se  garder  de  nuire  à  la 
propriété  nutritive  du  foin. 

Celui-ci,  quand  il  est  mouillé,  est  préjudiciable  à  la  santé  des  animaux 
qui  s'en  nourrissent,  parce  qu'il  recèle,  disaient  depuis  longtemps  les 
cultivateurs,  des  sortes  de  champignons  nuisibles.  Le  dessécher  par  des 
moyens  artificiels,  ajoutent-ils,  ne  leur  imprime  aucune  action  nuisible. 
Un  cultivateur  qu'on  m'a  cité  voulut  même  aller  plus  loin.  Il  s'essaya 
à  détruire  les  germes  toxiques  que  contenaient  les  foins  mouillés  qu'il 
avait  dans  ses  greniers,  en  se  servant  du  permanganate  de  potasse. 
Comment  l'employa-t-il?  put-il  réussir?  Ce  sont  là  des  notions  que  je 
n'ai  pu  acquérir. 

Le  sulfate  de  quinine  est,  en  quelque  sorte,  l'antidote  de  la  lièvre 
paludéenne.  Est-ce,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut  et  comme  le 
veulent  certains  cliniciens,  parce  qu'il  neutralise  le  miasme  paludéen, 
en  en  tuant  les  proto-organismes  qui  circulent  avec  le  sang?  S'il  en  est 
ainsi,  aujourd'hui  que  le  sel  de  Le  Pelletier  est  arrivé  à  un  prix  inabor- 
dable pour  la  plupart  des  gens  de  peine  que  leur  genre  de  travail  expose 
à  contracter  la  fièvre,  ne  pourrait-on  trouver  dans  les  acides  phénique 
et  salicylique  et  même  dans  le  salicylate  de  soude  dont  est  reconnue 
l'action  contraire  au  développement  des  bactéries  et  des  infusoires,  des 
congénères  bien  moins  coûteux  au  remède  souverain  de  la  fièvre  —  le 
sulfate  de  quinine?  Ce  sont  des  expériences  tentées  déjà,  mais  qui,  point 
assez  nombreuses,  ont  besoin  d'être  renouvelées,  afin  d'être  fixé  à  leur 
égard. 

DISCUSSION. 

M.  Seguin  ne  croit  pas  que  M.  Salisbury  ait  continué  ses  travaux  sur  la 
pathogénie  des  fièvres  intermittentes  et  peut-être  ne  faut-il  pas  accorder  à  ses 
recherches   une  confiance    absolue.  M.    Seguin  donne  quelques  détails  sur  le 


Dr  LEUDET.  —   LA  TUBERCULOSE    PI  I  MONAIRE   CHEZ  LES  HYSTÉRIQUES      829 

mode  d'apparition  de  la  fièvre  dans  certains  districts  américains:  un  colon 
s'établit  et  défriche  une  vingtaine  d'arcs  de  terre,  la  fièvre  ne  se  développe  pas. 
Mais  que  d'autres  coloris  se  joignent  au  premier;  que  le  défrichement  fasse  de 
plus  grands  progrès,  la  fièvre  apparaîtra  »  t  telle  souvent  qu'elle  décimera  le 
village  naissant.  L'influence  des  terrains  d'alluvions  récentes  est  aussi  indis- 
cutable New-York  n'avait  pas  de  fièvres  intermittentes,  mais  depuis  la  con- 
quête  de  nouveaux  boulevards  aux  dépens  du  lit  du  fleuve,  la  fièvre  s'est 
déclaré t  sa  gravité  est  fort  grande  maintenant. 

M.  Gibert  demande  à  M.  Leudet  si,  dans  les  prairies  qui  bordent  la  Seine 
aux  environs  de  Rouen,  des  cas  semblables  à  ceux  de  M.  Lecadre  auraient 
été  obsen 

M.  Leudet  répond  que  sur  les  anciennes  prairies  rien  de  pareil  ne  se  voit, 
mais  sur  les  prairies  nouvelles  et  créées  sur  des  alluvions  de  conquête  récente 
la  lièvre  intermittente  n'est  pas  rare.  Mais  il  n'a  pas  remarqué  qu'elle  lut 
plus  fréquente  chez  les  femmes  que  chez  les  autres  individus.  M.  Leudet 
ajoute  que  sur  le  plateau  qui  sépare  la  Seine  du  pays  de  Dieppe,  on  a  à  soigner 
de  nombreux  cas  de  fièvres  paludéennes.  Mais  là  existent  d>^  nappes  souter- 
raines qui  imbibant  le  sol  à  tel  point  qu'à  certains  moments,  vers  le  soir,  on 
peut  apercevoir  des  brouillards  épais  qui  rampent  sur  la  terre  et  s'élèvenl  à 
mi-hauteur  d'homme.  Les  habitants  du  pays  attribuent  à  ces  brouillards  une 
grande  influence  sur  la  production  de  la  fièvre.  M.  Leudet  termine  en  de- 
mandant que  le  mot  «  lièvre  de  foin  »,  prononcé  par  M.  Lecadre,  soit  défini- 
tivement écarté.  Ce  mot  a  un  sens  précis  et  répond  à  un  tableau  clinique  qui 
n'est  point  celui  de  la  lièvre  intermittente.  C'est  une  sorte  de  fièvre  catarrhale 
qui  n'a  rien  de  commun  avec  l'empoisonnement  paludéen. 

M.  Gibert  termine  cette  discussion  en  faisant  appel  à  de  nouvelles  recher- 
ches. Le  corps  du  délit  doit  être  isolé  ;  qu'on  lave  le  foin  incriminé  ;  qu'on 
l'examine  au  microscope  et  qu'on  sache  si  oui  ou  non  un  organisme  plus  ou 
moins  semblable  à  celui  que  M.  Salisbury  a  étudié  existe  ou  n'existe  pas. 


M.  le  Dr  E.  LEUDET 

Directeur  de  l'École  de  médecine  de  Rouen. 


DE  LA  TUBERCULOSE  PULMONAIRE  CHEZ  LES  HYSTERIQUES. 

—  Séance   du  23  août  1877.  — 

«  La  phthisie,  dit  Pidoux,  marche  très-lentement  et  a  des  rémis- 
sions incalculables  chez  les  personnes  affectées  de  névroses.  S'il  est  un 
t'ait  évident  pour  moi,  c'est  que  ces  sortes  de  sujets,  chez  lesquels  la 
phthisie  n'est  pas  rare,  lui  opposent  une  résistance  surprenante  et  indé- 
tinie.  »  (Phthisie,  p.  157,  lre  édition.) 


830  SCIENCES  MÉDICALES 

Il  ressort  de  cet  exposé  que  pour  Pidoux  la  tuberculose  n'est  pas 
rare  chez  les  hystériques,  mais  que  chez  les  femmes  atteintes  de  cette 
névrose  la  tuberculose  pulmonaire  a  une  marche  fort  lente,  en  un  mot 
que  cette  névrose,  comme  il  le  dit  lui-même,  joue  le  rôle  de  modéra- 
trice de  la  tuberculose  pulmonaire.  Cette  opinion  n'a  pas  toujours  été 
professée  aussi  nettement  par  nos  prédécesseurs  ;  ainsi  Monneret  et 
Fleury  (Compendium  de  médecine,  vol.  V,  p.  7(J.  1842)  écrivent  :  «  On 
a  considéré  comme  complications  essentielles,  c'est-à-dire  dépendantes 
de  l'hystérie,  les  tuberculoses  pulmonaires.  Leur  développement  peut 
être  favorisé  par  le  trouble  nerveux  qui  gêne  la  respiration,  mais  on 
reconnaîtra  que  c'est  aller  trop  loin  que  de  faire  résulter  en  quelque 
sorte  la  phthisie  pulmonaire  de  l'hystérie.  »  Bvachet  (de  l'Hystérie,  p.  3H3, 
4847),  envisage  la  question  à  un  autre  point  de  vue  :  «  Cbeyne,  dit-il , 
s'est  trompé  lorsqu'il  a  cru  que  la  phthisie  tuberculeuse  était  la  résul- 
tante des  fortes  hystéries;  c'est  bien  plutôt,  dans  ce  cas, l'éréthisme  ner- 
veux occasionné  par  la  première  impression  de  la  tuberculisation  qui 
a  déterminé  le  mouvement  nerveux  hystérique.  » 

Nous  sommes  donc  ici  en  présence  d'une  autre  opinion  ;  pour  Bra- 
chet.  le  début  de  l'évolution  tuberculeuse  peut  provoquer  une  manifes- 
tation d'hystérie,  opinion  presque  diamétralement  opposée  à  celle  de 
Pidoux.  Dans  ces  dernières  années,  la  littérature  médicale  ne  s'est  pas 
enrichie  de  travaux  sur  ce  sujet,  et  pourtant  il  ne  me  semble  pas  dé- 
nué d'intérêt.  Elucider  l'influence  d'une  diathèse,  d'une  prédisposition 
générale  sur  l'évolution,  la  durée  et  l'issue  de  la  tuberculisation,  c'est 
une  recherche  qui  est  absolument  et  uniquement  du  domaine  de  la  cli- 
nique médicale. 

Mes  recherches  se  basent  sur  le  résultat  de  ma  pratique  hospitalière; 
celles  de  Pidoux,  du  moins  celles  auxquelles  il  fait  allusion  dans  son 
Traité  de  la  phthisie  et  dans  quelques  brochures,  sont  le  résumé  de 
1  observation  des  phthisiques  soignés  aux  Eaux-Bonnes  et  appartenant 
presque  tous  à  la  classe  aisée.  La  pratique  de  Pidoux  doit  fournir  beau- 
coup plus  d'exemples  d'évolution  lente  de  la  tuberculose  que  la  mienne, 
qui  est  la  pratique  des  pauvres  et  surtout  des  ouvriers  de  grands  éta- 
blissements industriels.  Tous  les  médecins  savent  aujourd'hui  que  la 
phthisie  du  riche  dure  beaucoup  plus  longtemps  et  guérit  plus  souvent 
que  celle  du  pauvre.  Je  dois  toutefois  indiquer,  et  j'en  possède  la 
preuve,  que  dans  la  classe  ouvrière  de  la  ville  de  Buuen,  la  tubercu- 
lose pulmonaire  est  moins  rapidement  mortelle  que  dans  celle  de  Paris, 
justifiant  ainsi  une  partie  de  cette  loi  exposée  par  Farr  que  la  fré- 
quence et  la  gravité  de  la  tuberculose  pulmonaire  est  en  raison  directe 
de  la  densité  de  la  population  par  unité  de  surface. 

La  tuberculose  pulmonaire  est  commune  dans  notre  ville.  La  morta- 


li1    LEUDKT.  —    LA  TUBERCULOSE  PULMONAIRE  CHEZ    LES  HYSTÉRIQUES      831 

lité  par  cette  maladie  constitue  un  peu  moins  du  1/3  de  la  mortalité 
totale  dans  ma  division  d'hôpital,  qui  reçoit  cependant,  à  cause  de  l'en- 
seignement clinique,  le  plus  grand  nombre  des  affections  aiguës  qui 
sollicitent  leui  admission  à  l'hôpital. 

L'hystérie  n'est  pas  pare  dans  notre  population'  ouvrière  ;  j'ai  pu  en 
recueillir  324  cas  depuis  lsôi;  95  femmes  sont  revenues  plus  ou  moins 
Fréquemment  à  L'Hôtel-Dieu;  en  calculant  ces  retours  des  malades,  on 
obtient  un  total  de  531  entrées  sur  15,500  malades.  Comme  le  chiffre 
des  malades  qui  entrent  chaque  année  dans  mes  salles  après  y  avoir  été 
soignés  antérieurement  est  de  150  environ,  j'obtiens  un  total  de  324 
hystériques  sur  plus  de  11,000  malades.  Ce  chiffre  est  intérieur  à  la 
réalité,  car  chez  beaucoup  de  femmes  l'observation  recueillie  ne  porte 
pas  une  mention  affirmative  ou  négative  d'une  hystérie  antérieure. 
D'ailleurs  je  ne  pouvais  tenir  compte  dans  l'anamnèse  (pie  des  hystéries 
nettement  caractérisées  et  surtout  de  celles  qui  s'étaient  accompagnées 
de  convulsions. 

J'ai  dit  que  95  femmes  hystériques  avaient  été  admises  plusieurs  fois 
dans  mes  salles,  et  cela  à  des  intervalles  qui  variaient  de  2  à  22  ans  ; 
or  de  ces  9o  femmes,  9  seulement  ont  présenté,  après  une  hystérie 
bien  constatée  antérieurement,  une  tuberculose  pulmonaire. 

Sur  ces  324  hystériques,  23  seulement  m'ont  présenté  les  signes  et 
les  lésions  de  la  tuberculose  pulmonaire.  Je  suis  donc  autorisé  à  dire 
que  la  phthisie  n'est  pas  commune  chez  les  hystériques  et  que  la  né- 
vrose ne  constitue  pas  une  prédisposition  de  la  lésion  organique  des 
poumons. 

Étudiée  dans  son  rapport  chronologique  avec  la  phthisie,  la  névrose 
peut  précéder  l'affection  organique  du  poumon,  en  accompagner  le 
début,  ou  se  manifester  dans  son  cours.  La  première  alternative  est  de 
beaucoup  la  plus  commune  ;  la  dernière  est  au  contraire  tout  à  fait 
exceptionnelle,  et  je  n'en  ai  rencontré  que  deux  exemples.  Une  femme 
qui  n'avait  jamais  été  menstruée,  et  dont  l'utérus  rudimentaire  n'était 
représenté,  comme  le  montre  l'autopsie  (Mémoires  de  la  Société  de  bio- 
logie), que  par  une  plaque  de  tissu  cellulaire  auquel  aboutissaient  deux 
cornes  reliées  à  des  ovaires  atrophiés,  offrait  néanmoins  l'apparence 
complète  de  la  puberté.  Cette  femme  présenta,  à  l'âge  de  34  ans,  des 
tubercules  pulmonaires,  qui  provoquèrent  la  mort  en  trois  ans.  Une  con- 
vulsion hystérique,  bien  nette,  survint  pendant  son  séjour  à  l'Hôtel- 
Dieu,  quatre  mois  avant  sa  mort.  Ce  fait  est  d'autant  plus  intéressant  que  la 
difformité  de  cette  femme  aurait  dû,  suivant  certaines  théories  ancien- 
nes, éloigner  toute  prédisposition  hystérique. 

Walshe  (Diseases  of  the  Lungs,  p.  470,  3e  édit.  .1860),  dit  avec  raison 
qu'en  général   la  phthisie   semble  antagoniste  de  l'hystérie,  c'est-à-dire 


832  SCIENCES   MÉDICALES 

que  l'hystérie  préexistante  disparaît  quand  la  tuberculose  pulmonaire 
prend  un  certain  développement.  Briquet  écrit  également  (Hystérie, 
p.  500.  1859)  :  «  J'ai  vu  deux  l'ois  la  phthisie  pulmonaire  faire  graduel- 
lement cesser,  puis  faire  disparaître  tous  les  phénomènes  de  l'hystérie.  » 
L'opinion  de  ces  deux  auteurs  est  vraie  dans  le  plus  grand  nombre  de 
cas  ;  cependant  elle  souffre  des  exceptions. 

Chez  5  malades  sur  23,  toute  manifestation  hystérique  avait  disparu 
depuis  un  temps  qui  variait  de  deux  à  huit  ans, lorsque  apparurent  les 
premiers  symptômes  de  la  tuberculose. 

Chez  16  malades,  la  névrose  persista  jusqu'au  début  de  la  lésion  du 
poumon;  il  est  possible  même  qu'elle  ait  persisté  sous  la  forme 
la  plus  accentuée,  la  convulsive,  pendant  la  première  période  de  la 
phthisie.  On  éprouve  en  général  une  certaine  difficulté  à  préciser  le 
début  de  la  phthisie,  aussi  bien  que  de  la  plupart  des  maladies  chro- 
niques; cette  difficulté  est  encore  plus  grande  chez  les  hystériques,  car 
l'hémoptysie,  qui  est  vulgairement  indiquée  chez  beaucoup  de  malades 
comme  un  symptôme  initial,  peut  exister  chez  les  hystériques,  se  ré- 
péter un  grand  nombre  de  fois,  sans  que  le  poumon  présente  aucune 
lésion. 

Je  signale  la  difficulté  sans  avoir  la  prétention  de  la  résoudre ,  et  je 
crois  pouvoir  admettre  que  la  névrose  convulsive  peut  cesser  au  mo- 
ment du  début  de  la  phthisie,  ou  se  continuer  encore  pendant  ses 
premières  phases,  pour  cesser  pendant  la  période  fébrile,  ou  du  moins 
ne  se  traduire  que  par  une  forme  séméiologique  beaucoup  moins 
franche  et  dégénérée. 

D'autres  fois  la  névrose  et  la  lésion  pulmonaire  existent  dans  leur 
début;  plusieurs  crises  convulsives  se  sont  manifestées  sous  nos  yeux 
chez  5  de  nos  23  hystériques.  Ces  5'  malades ,  au  moment  des  convul- 
sions, présentaient  déjà  des  signes  manifestes  de  tuberculose  pulmo- 
naire; elles  assuraient  n'avoir  jamais  eu  antérieurement  de  convulsions 
ou  d'autres  symptômes  manifestes  d'hystérie. 

Je  crois  donc  qu'on  peut  admettre  que  le  plus  souvent  l'hystérie  con- 
vulsive précède  la  tuberculose;  que  la  névrose  convulsive  disparaît,  ou 
du  moins  s'atténue  à  mesure  que  la  lésion  pulmonaire  progresse  ;  que, 
dans  des  cas  moins  nombreux,  la  névrose  se  manifeste  pour  la  pre- 
mière"fois  au  début  de  la  tuberculose;  enfin  que  la  convulsion  hysté- 
rique apparaît  dans  quelques  cas  tout  à  fait  exceptionnels,  à  une  pé- 
riode avancée  de  la  tuberculose  pulmonaire.  Je  dois  noter  toutefois  que 
les  2  malades  de  cette  dernière  catégorie  offraient  une  tuberculose  lente 
et  presque  dépourvue  de  fièvre. 

J'ai  dit  que  le  processus  tuberculeux  atténuait  l'expression  de  la  né- 
vrose, on  aurait  tort  de  croire  qu'il  l'éteint.  Les   manifestations   hysté- 


1/   LEUDET.   —   LA    II  BERCULOSE  PULMONAIRE  CHEZ   LES  HYSTÉRIQUES      833 

riqucs  intercurrentes  consistent  en  hypéresthésies,  anesthésies,  parésies, 
et  beaucoup  plus  rarement  des  contractures.  Parmi  ces  accidents,  ceux 
qui  persistent  le  plus  cl  frappent  surtout  l'attention  du  malade  sont  des 
parésies  bien  distinctes,  de  la  faiblesse  concomitante,  de  la  cachexie; 
chez  deux  femmes,  le  symptôme  névropalhique  le  plus  remarquable 
était  une  hémianesthésie  ;  comme  chez  toutes  les  hystériques,  les  sym- 
ptômes qui  persistaient  même  à  une  époque  avancée  de  la  tuberculose 
étaient  l'anes'thésie  pharyngienne  et  la  rachialgie. 

Les  accidents  névropathiques  dérivés  de  l'hystérie  doivent  être  soi- 
gneusement distingués  d'autres  perversions  nerveuses  que  l'on  ren- 
contre fréquemment  dans  quelques  maladies  chroniques.  J'ai  décrit 
ailleurs  cette  variété  d'accidents  sous  le  nom  de  troubles  nerveux  péri- 
phériques vasomoteurs  (Arch.  gêner,  de  méd.,  février  1«S04).  Ces' symp- 
tômes ont  pour  caractère  principal  d'être  périphériques  et  de  pouvoir 
être  le  plus  souvent  rattachés  à  des  troubles  de  la  circulation  locale, 
comme  l'anémie  ou  la  cyanose.  La  rachialgie  est  fréquente  chez  les 
tuberculeux,  mais  elle  offre  ceci  de  particulier  que  la  pression  est  sur- 
tout douloureuse  au  niveau  des  apophyses  épineuses,  tandis  que,  dans 
l'hystérie,  le  maximum  de  la  sensibilité  à  la  pression  est  au  niveau  des 
trous  de  conjugaison.  Enfin  ce  qui  prouve  encore  l'indépendance  de  ces 
accidents  nerveux  de  la  névrose  hystérique,  c'est  qu'on  les  observe  pres- 
que aussi  fréquemment  chez  les  hommes  que  chez  les  femmes.  J'ai 
soulevé  à  cette  époque  une  question  que  je  n'ai  pu  approfondir  depuis, 
c'est  de  déterminer  jusqu'à  quel  point  ces  troubles  nerveux  vasomoteurs 
sont  indépendants  d'une  lésion  des  enveloppes  ou  de  la  substance  même 
de  l'axe  cérébrocpinal.  Ce  que  j'ai  vu  dans  les  nécropsies  et  observé  au 
lit  du  malade  me  fait  croire  que  la  méningite  et  la  méningo-encéphalite 
chronique  sont,  beaucoup  plus  fréquemment  qu'on  ne  le  pense,  des 
complications  de  la  tuberculose  pulmonaire.  J'ai,  du  reste,  abordé  cette 
question  dans  ma  clinique  médicale  de  l'Hôtel-Dieu  de  Rouen. 

La  tuberculose  éprouve-t-elle  réellement  une  modification  dans  sa 
marche,  sa  durée  et  ses  terminaisons,  sous  l'influence  de  l'hystérie  pré- 
existante ou  coexistante?  Je  me  hâte  de  dire  que,  dans  le  plus  grand 
nombre  de  cas,  la  proposition  de  Pidoux  me  semble  vraie  et  que  l'hys- 
térie peut  être  regardée  comme  modératrice  de  la  tuberculose  pulmo- 
naire. Plusieurs  de  mes  observations  ne  peuvent  servir  à  résoudre  cette 
question,  les  malades  étant  arrivés  à  l'Hôtel-Dieu  au  début  de  la  phthisie, 
l'ayant  quitté  au  bout  de  peu  de  temps,  sans  y  revenir  depuis.  Sur  16 
hystériques  phthisiques  40  ont  succombé,  deux  malades  dans  un  espace 
variant de6  à 7  mois, 2 après  2  ans,  3 en 3  ans,  2en4ans,etl  en8ans.  Les 
autres  vivaient  encore  après  une  durée  assez  prolongée  de  la  tubercu- 
lose pulmonaire.  Cette  durée  était  1  fois  de  2  ans;  3 fois  de  6  ans  ;  1  fois 

53 


#34  SCIENCES  MÉDICALES 

de  9  ans  ;  1  fois  de  10  ans  ;  1  fois  de  19  ans.  Une  seule  de  ces  malades 
offrait  une  amélioration  si  considérable  de  la  tuberculisation  locale,  qu'on 
pouvait  la  dire  guérie. 

La  tuberculisation  pulmonaire  chez  les  hystériques  peut  donc  être  très- 
courte,  mortelle  en  moins  d'un  an  ;  au  contraire,  et  c'est  le  cas  le  plus 
fréquent,  elle  a  une  durée  qu'on  pourrait  dire,  à  l'exemple  de  Pidoux, 
indéfinie. 

Marius  Carre  (de  l'Hémoptysie  nerveuse),  Arch.  gén.  de  mèd.  sér.  VI, 
vol.  XIX),  a  rapporté  l'histoire  abrégée  d'une  femme  de  34  ans,  qui  avait 
présenté  des  crises  hystériques  depuis  l'enfance  et  des  hémoptysies  nom- 
breuses. Cette  malade  mourut  de  phthisie  aiguë.  Chez  les  deux  hysté- 
riques qui  moururent  rapidement  de  tuberculose  pulmonaire,  l'hystérie 
était  récente.  Je  suis  loin  d'affirmer  que  l'hystérie  ne  jouisse  de  la  vertu 
modératrice  qu'autant  qu'elle  a  existé  depuis  longtemps  et  modifié  l'orga- 
nisme. Un  de  mes  malades,  qui  vivait  encore  après  9  ans  de  durée  de 
la  tuberculose,  n'avait  vu  les  accidents  hystériques  apparaître  que  dans  la 
première  période  de  la  phthisie. 

Sous  le  rapport  des  symptômes,  abstraction  faite  des  accidents  dus  à 
l'hystérie,  la  tuberculose  n'a  présenté  rien  de  particulier  dans  sa  marche. 
Comme  dans  la  plupart  des  phthisies  à  longue  durée,  étudiées  dans  notre 
localité,  la  fonte  du  tubercule  et  le  développement  des  cavernes  se  ma- 
nifestèrent souvent  dans  la  première  année  ;  puis  l'état  général  s'amé- 
liorait et  la  rémission  durait  plus  ou  moins  longtemps.  Quelquefois  même 
la  mort  n'était  pas  provoquée  par  l'évolution  destructive  du  poumon,  ou 
par  une  nouvelle  poussée  tuberculeuse.  La  malade  s'affaiblissait  graduel- 
lement par  suite  de  la  durée  prolongée  de  l'état  morbide,  et  souvent  la 
mort  était  provoquée  par  une  complication  légère  en  elle-même  ou  par 
des  lésions  cachectiques,  graisseuses  ou  amylacées  des  glandes  abdominales, 
du  foie  et  du  rein. 

Conclusions  : 

1°  L'hystérie  peut  précéder,  accompagner  le  début  de  la  tubercu- 
lisation pulmonaire,  ou  même  apparaître  dans  son  cours. 

2°  Le  plus  souvent  l'hystérie  convulsive  cesse  au  moment  du  début  de 
la  tubeiculose,  ou  dans  sa  première  période. 

3°  La  névrose  provoque  souvent,  dans  le  cours  de  la  tuberculose,  des 
troubles  de  la  sensibilité  ou  de  la  motilité. 

4°  Les  manifestations  de  l'hystérie  doivent  être  distinguées  des  trou- 
bles nerveux  périphériques  vasomoteurs  qu'on  observe  dans  les  maladies 
chroniques,  et  surtout  dans  la  phthisie. 

5°  La  préexistence  de  l'hystérie  n'empêche  pas  le  développement  rapide 
de  la  phthisie. 


COUTY.    —    TROUBLES    PRODUITS    PAR    LES    GAZ    LNTRA-VASCULAIRES      835 

6°  Le  plus  souvent  la  tuberculose  pulmonaire  chez  les  hystériques 
offre  une  longue  durée.  Les  rémissions  paraissent  plus  longues  que  chez 
les  malades  non  hystériques. 


M.  le  D1  LAOOWSKI 


SUR     LA     CLIMATOLOGIE     ALGÉRIENNE. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


Séance   du  25   août   1877.   — 


M.  Landowski  lit  une  étude  sur  la  climatologie  algérienne,  qui  présente  à 
tous  les  points  de  vue  les  conditions  les  plus  favorables  pour  l'hivernage  des 
pbthisiques.  Tous  les  travaux  publiés  jusqu'à  présent  sur  la  climatologie 
algérienne  sont  d'accord  sur  ce  point.  L'Algérie  présente  quatre  climats: 
1°  celui  des  côtes,  qui  subit  à  un  très-haut  degré  l'influence  de  la  mer;  2°  le 
climat  des  plateaux  du  Tell,  où  l'influence  de  la  mer  joue  un  rôle  secondaire; 
3°  le  climat  des  steppes,  où  l'influence  de  la  position  continentale  domine  toutes 
les  autres,  et  i°  le  climat  saharien,  qui  doit  au  Sahara  un  caractère  tout  par- 
ticulier. C'est  le  climat  des  côtes  qui  occupe  uniquement  M.  Landowski  au 
point  de  vue  de  ses  applications  thérapeutiques.  Ce  climat  a  deux  saisons  bien 
distinctes:  la  saison  chaude  et  la  saison  tempérée.  La  moyenne  de  la  tempé- 
rature est,  pour  novembre  de  16°;  pour  décembre,  janvier  et  février,  de  13°; 
pour  mars,  de  14°;  avril,  17°.  Le  minimum  de  toute  la  saison  tempérée  est 
de  10°  ;  le  maximum,  de  21°.  Dans  la  saison  chaude,  on  a  pour  maximum  30° 
et  pour  minimum  15°. 

M.  Landowski  demanderait  la  création  d'une  station  hivernale  en  Algérie, 
où  les  phthisiques  pourraient  trouver,  associés  à  l'influence  de  ce  climat,  tous 
les  moyens  thérapeutiques  dont  la  science  dispose  à  cette  heure. 


M,  COÏÏTY 


TROUBLES  PRODUITS  PAR  LES  GAZ  LIBRES  INTRA-VASCULAIRESH  ) 

(EXTRAIT.) 


Séance  du  23   août   1877.  — 


M.  Couty  communique  le  résultat  d'expériences  faites  dans  le  laboratoire  de 
M.  le  professeur  Yulpian  et  destinées  à  étudier  les  troubles  généraux  et  locaux 
produits  par  les  gaz  libres  intra-vasculaires. 

(1)  Ce  travail  a  été  publié  in  extenso  dans  les  Annales  île  physiologie 


836  SCIENCES   MÉDICALES 

Opérant  sur  des  chiens,  normaux  ou  curarisés,  il  a,  par  une  branche  colla- 
térale, poussé  de  l'air  vers  les  artères  carotide,  crurale,  méscntériquc,  splé- 
nique,  etc.,  laissant  ensuite  cet  air  circuler  dans  les  conditions  normales;  d'autres 
fois  il  a  mesuré  la  pression  ou  la  force  nécessaire  pour  pousser  cet  air  par  le 
bout  périphérique  d'une  de  ces  artères  préalablement  liée  vers  les  veines 
correspondantes;  enfin,  dans  d'autres  expériences,  il  a  fait  varier  la  valeurde 
la  tension  artérielle,  ou  l'état  des  vaso-moteurs  de  l'organe  que  traversaient 
les  bulles. 

Une  deuxième  série  de  recherches  a  eu  pour  but  d'étudier  l'action  des  gaz 
artériels  généralisés  ;  et  pour  rendre  l'observation  des  troubles  circulatoires  plus 
précise,  M.  Couty  s'est  servi,  dans  plusieurs  cas,  du  sphymographe  enre- 
gistreur. 

Ces  expériences  ont  établi  les  faits  suivants  : 

Les  bulles  gazeuses  peuvent  traverser  les  capillaires,  mais  elles  constituent 
un  obstacle  à  la  circulation. 

Dans  le  cas  où  on  a  injecté  5  à  20cmc  d'air  vers  une  artère  laissée  libre, 
cet  air  a  traversé  facilement  l'encéphale,  passant  de  la  carotide  dans  les 
jugulaires  en  4  à  10  minutes,  et  les  bulles  contenues  dans  ces  veines  étant 
toujours  assez  rapides  :  la  même  quantité  d'air  a  traversé  un  membre  inférieur 
en  5  à  20  minutes,  et  en  produisant  au  début,  pendant  7  à  8  minutes,  un 
arrêt  complet  de  la  circulation  locale  ;  enfin  cet  air  est  resté  stationnaire  dans 
les  artères  mésentérique  et  splénique, ne  paraissant  à  aucun  moment  traverser 
la  rate  ou  les  intestins. 

Les  divers  organes  présentent  donc  des  différences  considérables  de  perméa- 
bilité aux  bulles  gazeuzes  ;  différences  encore  établies  par  les  faits  suivants  : 
sur  des  animaux,  vivants  la  pression  nécessaire  pour  pousser  l'air  à  travers 
l'organe  a  varié  de  6  à  llcm  de  merc.  pour  les  membres,  et  a  toujours 
dépassé  14cm  pour  la  rate  et  l'intestin. 

Au  lieu  de  considérer  la  vitesse  d'écoulement  des  bulles  à  travers  les  dif- 
férents organes,  quand  il  a  comparé  cet  écoulement  dans  un  même  organe, 
M.  Couty  a  vu  la  circulation  de  l'air  devenir  plus  facile,  plus  rapide,  quand  il 
augmentait  la  pression  artérielle  générale,  et  cette  circulation  cesser  si  la 
pression  diminuait  ;  et  il  a  vu  aussi  les  bulles  gazeuses  traverser  toujours 
beaucoup  plus  rapidement  un  membre  dont  le  sciatique  avait  été  sectionné, 
et  se  ralentir  si  on  excitait  le  même  tronc  nerveux. 

La  circulation  des  bulles  gazeuses  dans  un  réseau  capillaire  dépend  donc  :  4°  de 
V organe  considéré  ;  2°  de  Vétat  de  ses  vaso-moteurs;  5°  de  la  tension  artérielle. 

En  étudiant  les  gaz  artériels  généralisés,  M.  Couty  a  constaté  les  faits 
suivants  : 

De  l'air  injecté  par  le  bout  périphérique  d'une  artère  carotide,  crurale,  pul- 
monaire, si  l'injection  est  brusque  ou  considérable,  peut  revenir,  en  tout  ou 
en  partie,  par  les  anastomoses  artérielles  dans  l'aorte,  sans  traverser  les  capil- 
laires correspondants. 

Les  gaz  aorliques  ou  artériels  généralisés,  en  petite  quantité,  10,  20,  30cm 
ont  paru  ne  pas  produire  d'accidents. 

Dans  quelques  cas  rares,  ces  gaz  ont  produit  un  arrêt  brusque  et  primitif  du 


Dr   NEPVEU.   —  i/OLIGURIE   ET    LA  POLYURIE   D'ORIGINE   RÉFLEXE  837 

cœur   dù  au  passage  des  bulles  dans  les  artères  coronaires,  ou  mieux  à  l'ané- 
mie de  tout  le  myélencéphale. 

Plus  souvent,  surtout  quand  l'injection  s'est  faite  en  plusieurs  fois  par  la 
carotide  vers  l'aorte,  atteignant  200  et  300cmc,  la  mort  s'est  produite  par  arrêt 
primitif  de  la  circulation  et  chute  de  la  tension  avec  arrêt  consécutif  et  tardif 
de  la  respiration  et  du  coeur.  Cet  arrêt  circulatoire  primitif  est  déterminé  : 
l°par  le  passage  dans  las  veines  et  le  cœur  droit  d'une  partie  de  l'air  artériel 
et  par  asystolie  consécutive  (d'après  le  mécanisme  déjà  étudié  par  l'auteur  dans 
ses  expériences  sur  l'entrée  de  l'air  dans  les  veines)  ;  2°  par  le  ralentissement 
déterminé  directement  par  les  bulles  dans  les  capillaires  généraux;  3°  par  la  para- 
lysie des  centres  vaso-moteurs  myélencéphaliques,  et  la  chute  consécutive  de 
la  tension. 

On  le  voit,  ces  résultats  permettent  de  rendre  compte  des  anciennes  expé-' 
riences  sur  le  même  sujet,  souvent  contradictoires  en  apparence,  de  Bichat, 
Nysten,  Magendie,  Villaux,  Muron  et  Laborde,  etc.,  etc.;  et  on  pourra  même 
arriver  à  une  explication  des  troubles  produits  d'iniquement  par  ces  pneuma- 
toses  vasculaires  dont  Morgagni  et  les  anciens  auteurs,  plus  récemment 
Demarquay,  Cl.  Bernard,   P.  Bert,  etc.,  ont  si  bien  établi  l'existence. 


M.  le  Dr  NEPYEÏÏ 


SUR  L'OLIGURIE  ET  LA    POLYURIE  D'ORIGINE  REFLEXE  (I). 

(EXTRAIT    DU    PROCVCS-YERBAL) 


—  Séance  du   23  août  18T7  — 

M.  Nepveu,  continuant  la  série  des  recherches  qu'il  a  commencées  sur  les 
variations  qui  peuvent  se  manifester  dans  la  sécrétion  urinaire  à  propos  de 
divers  traumatismes,  lit  un  important  travail  sur  l'oligurie  et  la  polyurie 
d'origine  réflexe.  Voici  les  conclusions  de  son  mémoire  :  1°  le  testicule  peut 
être,  dans  certaines  conditions  anormales  (injections  iodées  dans  la  vaginale, 
affection  douloureuse  des  testicules),  le  point  de  départ  d'actions  réflexes  qui 
agissent  sur  la  sécrétion  urinaire  ;  2°  cette  action  réflexe,  envisagée  particuliè- 
rement dans  le  cas  d'hydrocèle,  traitée  par  l'injection  iodée,  se  traduitpar  une 
série  d'oscillations  en  sens  inverse  dans  la  sécrétion,  oligurie  d'abord  pendant 
quelques  jours,  puis  polyurie,  et  enfin  retour  à  l'état  normal  ;  l'opération  de 
l'injection  iodée  dans  la  vaginale  doit  être  envisagée  comme  une  véritable 
expérience  physiologique,  qui,  mieux  sur  l'homme  que  sur  l'animal,  peut  servir 
à  établir  la  réalité  de  ces  connexions  physiologiques  entre  la  sécrétion  rénale 
et  les  irritations  portant  sur   les  plexus  spermatiques. 

(1)  Ce  travail  a  été  inséré  in  extenso  dans  la  Gazette  hebdomadaire,  septembre  1877- 


838  SCIENCES   MÉDICALES 


M.    E.    LETIEYAIT 

Chirurgien  en  chef  de  I'Hôtel-Dieu  de  Lyon,  Professeur  à  la  Faculfc 
PANSEMENT  ANTISEPTIQUE  AU  POINT  DE  VUE  DES  RÉSULTATS   PRATIQUES. 


—  Séance  du  2S  août  i877.  — 

Messieurs, 

Cette  communication  a  pour  objet  la  constatation  de  la  supériorité 
du  traitement  des  plaies  par  la  méthode  dite  listérienne. 

J'avais  mis  en  application  cette  méthode,  en  1869,  dans  mon  service. 
Mais  sa  pratique,  différente  d'ailleurs  de  celle  d'aujourd'hui,  ne  m'avait 
pas  paru  tenir  ses  promesses.  Je  l'avais  abandonnée.  —  De  nouveau 
introduite  dans  mon  service  avec  les  modifications  nouvelles,  je  l'ai  mise 
à  l'étude  pendant  les  deux  années  qui  viennent  de  s'écouler. 

Elle  m'a  donné  des  résultats  si  frappants  que  je  n'hésite  pas  à  les  faire 
connaître. 

J'ai  cherché  dans  cette  méthode  à  suivre  aussi  exactement  que  pos- 
sible son  grand  précepte  fondamental:  «  ne  jamais  laisser  la  plaie  au 
»  contact  de  l'air  extérieur,  mais  la  tenir  constamment  entourée  d'une 
»  atmosphère  de  vapeurs  phéniquées  ». 

Pour  cela,  au  moment  de  l'opération  et  des  pansements  je  me  suis 
servi  des  vaporisations  phéniquées  faites  à  l'aide  des  divers  pulvérisateurs 
connus.  Pour  cela  encore,  les  pansements  ont  été  faits,  non  aveclessub- 
stances  qu'emploie  Lister  (il  me  fallait,  pour  un  grand  et  actif  service, 
des  moyens  rapides  de  pansement),  mais  avec  des  taffetas  cirés,  fins, 
servant  de  protective  et  d'enveloppe;  puis  avec  du  coton  cardé  passé 
par  une  lessive  de  potasse  et  de  soude,  desséché,  et  enfin  imprégné  au 
moment  du  pansement  d'une  solution  d'acide  phénique  au  2.50/100.  — 
Une  bande  sortant  de  la  solution  antiseptique  servait  à  soutenir  les 
pièces  précédentes.  Une  couche  de  coton  cardé  sec,  enveloppant  le  tout, 
était  destinée  soit  à  protéger  la  blessure  contre  les  chocs  accidentels, soit 
à  maintenir  une  douce  chaleur,  soit  à  conserver  en  rapport  avec  le  pour- 
tour de  la  plaie  les  vapeurs  mêmes  se  dégageant  des  couches  profondes 
du  pansement.  —  Mon  pansement  était,  comme  on  le  voit,  humide  et 
dégageait  constamment  des  vapeurs  phéniquées  pendant  l'intervalle  des 
pansements. 

Trois  grands  faits  ressortent  de  l'expérimentation  de  cette  méthode 
pendant  ces  deux  années  (de  fin  juillet  1875  au  10  301111877). 


D1"   E.    LETIÉVANT.    —    PANSEMENT   ANTISEPTIQUE  839 

4°  L'infection  purulente  n'a  plus  reparu  dans  mon  service  ; 

2°  Les  blessures  compliquées  graves  ont  guéri  avec  beaucoup  plus  de 
facilité  ; 

3°  La  réunion  immédiate,  tentée  après  les  opérations,  a  été  presque 
toujours  suivie  de  succès. 

Je  ne  parle  pas  des  autres  avantages,  moins  considérables,  dus  à  cette 
méthode  de  pansement,  tels  que  :  propreté  des  plaies,  diminution  de  sup- 
puration, disparition  ou  diminution  des  odeurs  infectes  soit  des  plaies, 
soit  des  salles  etc. 

Je  laisse  à  dessein  de  côté  tout  ce  qui  a  trait  à  la  question  théorique 
du  pansement  mis  en  usage.  Les  faits  seuls  m'occuperont. 

§  I 

L'infection  purulente  a  disparu. 

Avant  l'introduction  de  cette  méthode  de  pansement,  l'infection  puru- 
lente était  fréquente  à  l'Hôtel-Dieu  de  Lyon.  Quelques-uns  ont  dit  qu'elle 
y  était  en  permanence.  11  est  certain  qu'elle  s'y  manifestait  quelquefois 
épidémiquement.  Il  est  certain  aussi  qu'un  chirurgien  ne  passait  pas  une 
année  sans  avoir  a.  déplorer  la  perte  de  quelques  victimes  de  cette  re- 
doutable complication  des  plaies. 

Eh  bien  !  depuis  la  généralisation  du  pansement  listérien  dans  cet 
hôpital,  l'infection  tend  à  disparaître.  Depuis  deux  ans,  je  n'en  ai  pas 
eu  un  seul  cas  dans  mon  service  ;    fait  qui  ne  s'était  jamais  produit. 

Rien  pourtant,  comme  malades,  comme  gravité  de  blessures  ou  comme 
autres  conditions  hygiéniques,  rien  n'a  été  changé  dans  mon  service. 
Le  mouvement  des  malades  pendant  ces  deux  années  y  accuse  1,213 
lésions  sanglantes,  954  non  sanglantes,  181  fractures  simples,  20  com- 
pliquées, près  de  50  amputations.  Le  nombre  d'opérations  pratiquées 
pendant  ces  deux  années  y  dépasse  1,400. 

C'est  le  même  mouvement  que  dans  les  années  antérieures,  et  rien  n'a 
été  changé  que  le  pansement. 

Il  me  paraît  donc  logique  d'attribuer  la  disparition  de  l'infection  pu- 
rulente à  l'introduction  du  pansement  antiseptique  mis  en  usage. 

§H 

Les  blessures  compliquées  graves  ont  guéri  avec  beaucoup  plus  de  facilité. 

Sur  les  201  fractures  que  j'ai  eu  à  traiter  dans  mon  service  pendaiit 
ces  deux  années,  il  y  en  a  eu  un  certain  nombre  de  compliquées  gra- 
vement. 

Voici  un  tableau  résumé  des  plus  importantes  de  ces  dernières. 


«40 


SCIENCES   MÉDICALES 


PAYS 


ENTREE 

à 

l'hotbl- 


lesioxs 


SORTIK 


DECES 


Femme. 


Homme. 


Femme. 


Homme. 


Bastia. 


Vincendon       Brou. 


Lyon. 


Saint- 
Laurent- 
d'Agnon. 


Treyau. 


1       Gropelier. 


P... 


nomme. 


Femme . 
Homme. 


Bâillon. 


Tinlaud. 


G  juillet 
1875. 


li  juillet 
1873. 


Lyon. 


Jura. 


Lvon. 


Ardèche. 


Isère. 

Lvon. 


27  sept. 
187o. 


30  sept. 
1875. 


12  août 
1875. 


3  janvier 
1876. 


8  novemb. 
1875 


16  juin 
1875. 


•17    nov. 
1875. 


2s    février 

i  sT'.. 


Fracture  de 

■lire  de 
la  jambe,  par  pas- 
sage de  roi 
voiture  pesante  ; 
plaie  loD| 
8  centimètres  et 
large:  saillies  os- 
seuses à  travers  la 
plaie,  hérnorrhagie 
abondante. 
Fracture  de  la  jambe 
avec  deux  plaies, 
iss  e  d'un  frag- 
ment ;  grandes  lé- 
sions des  parties 
molles.  —  Refus 
d'amputation.  Af- 
faiblissement pro- 
if.  Le  panse- 
ment listérien  n'a- 
vait été  mis  en 
que  les  15 
derniers  jours 

ment  de  deux 
doigts  de  la  main  : 
ouverture  d'articu 
is  :   pans,  lis- 
térien. 

Ecrasement  de  deux 
doigts  de  la  main. 

Troisième  écrase- 
ment des  doigts 
pareils,  guéri  aussi 
a  cette  même  épo- 
que. 

Fracture    de  jambe 
liquée  de  plaie 
avec     saillie     des 
fragments. 

Grand  traumatisme 
par  cbute  d'un  lieu 
très-élevé.  Frac- 
ture     de 

éclatement  de  l'as- 
tragale eu  plusieurs 
fragments  :  large 
ouverture  de  l'ar- 
ticulation. Rt-fus 
d'amputation.  Ex- 
tirpation des  es- 
.  Gangrène 
foudroyante,  em- 
porte le  malade  en 
36  heures. 

Fracture  compliquée 
de  l'humérus  :  is- 
sue de  cet  os:  ou- 
verture d'articu] . 
Résection  de  13 
centimètres  de  l'os. 

Fracture  de  l'humé- 
rus par  coup  de 
feu  ;  grandes  alté- 
rations des  parties 
molles  et  osseuses. 

Fracture  compliquée 
de    jamhe  :    large 

plaie. 
Fracture  compliquée 
de  plaie  du  tibia 
(quart  supérieur) 
coup  de  pied  de 
cheval. 


.   septemb. 

1875. 


16    octobre 

1S75. 


16    octobre 
1875. 


>i  n'iveml) 
1875. 


6  septemb. 
1875. 


20  févriei 

1876. 


21  mars 
1876. 


février 
1876. 


12  janvier 

1876. 


I)r    E.    LET1ÉYANT. 


PANSEMENT   ANTISEPTIQUE 


841 


"™ ■"" 

ENTRÉE 

SEXE 

\i,l 

NOM 

rus 

à 

l'hotel- 

DIBD 

LÉSIONS 

SORTIE 

DÉCÈS 

Femme. 

56  ma 

Vachon. 

Lyon. 

|S   janvier 
1876. 

Fracture   du  radius 
moitié     inférieure, 
avec  abcès  et  plaie. 

8    avril 
1876. 

Femme. 

18 

Fession. 

Rhône. 

8   mai 
1876. 

Fracture    de  jambe 
compliquée  de  per- 
foration des  tégu- 

15 juillet 
1876. 

ments. 

Femme. 

12 

Bruyère. 

Ute-Loire. 

20  juin 
1876. 

Fracture  de  l'humé- 
rus    avec      large 
plaie  ;  jointure  ou- 
verte; résection. 

4  avril 
1877. 

Homme. 

1s 

Bessette. 

Isère. 

1H  juin 
1877. 

Fracture  compliquée 
de    jambe  ;    refus 
d'amputation  ;   ré- 
section   et    suture 
osseuse   à  un  des 
bouts. 

10  août 

excellent 

état 

Homme. 

*  ' 

Marais . 

Lyon. 

9  juin 
1877. 

Ecrasement    des    2 
premiers      orteils 
droits. 

1-1'  juillet 
1877. 

Homme. 

37 

Giroud. 

Isère. 

12  juillet 

1877. 

Fracture     complète 
de  la  jambe;  issue 
des   bouts  ;  résec- 
tion :    suture    os- 
seuse. 

10  août 

très  bon 

état. 

Femme. 

70 

Barbe- 

Isère. 

18  juin 

Fracture     complète 

10  août 

zieu, 

1877. 

jambe  ;    ouverture 
d'articulation  ;    ré- 
section de  malléole 
intérieure. 

très  bon 
état. 

Homme. 

17 

Brunet. 

Lyon. 

3  août 
1877. 

Fracture   de   jambe 
il  y  a  4  semaines  ; 
issue   de  l'os  ;  ou- 
verture de  l'articu- 
lation. 

20  août 
parf.  état 

Homme. 

25 

Roussel. 

Lyon. 

2  juin 
1877. 

Fracture     de  jambe 
avec   large  ouver- 
ture  de    l'articula- 
tion tibio-tarsienne 

Fracture  du  bassin  ; 
traumatisme  consi- 
dérable. 

10  août 
1877. 
guéri. 

Voilà  une  série  de  vingt  fractures  graves,  compliquées  de  plaies  : 
18  guérisons;  2  décès. 

Je  pourrais  y  ajouter  encore  quelques  cas  de  guérison  d'écrasement 
de  pied,  de  doigts,  de  mains. 

Mais  je  ne  veux  retenir  que  les  fractures  extrêmement  graves  ;  celles 
de  jambes,  par  exemple,  il  y  en  a  12  ;  et  celles  de  l'humérus,  il  y  en 
a  3. 

En  tout,  15  graves  fractures  compliquées  :  13  guérisons  ;  2  décès. 

Si  l'on  ne  veut  tenir  compte  que  des  fractures  de  jambes  compliquées, 
c'est  10  guérisons,  2  décès. 

Des  résultats  aussi  satisfaisants  ne  s'observaient  pas  en  général.  L'am- 
putation était  la  règle  dans  les  fractures  de  jambes  compliquées  de  plaie, 
surtout  avec  ouverture  de  l'articulation.  Aujourd'hui  l'amputation  devient 
l'exception  et  la  chirurgie  conservatrice  doit  reculer  ses  limites. 


842  SCIENCES  MÉDICALES 

Non-seulement  le  pansement  antiseptique  permet  la  conservation  dans 
les  lésions  graves  dont  je  viens  de  parler,  mais  encore  il  autorise  des 
tentatives  opératoires  nouvelles  ou  d'autres  tentatives  très-graves  devant 
lesquelles  on  pouvait,  à  bon  droit,  hésiter. 

Depuis  longtemps,  je  songeais  à  éviter  l'amputation  d'avant-bras  àcer- 
tains  malades  offrant  des  lésions  suppuratives  graves  du  poignet  et 
pourtant  se  refusant  à  la  mutilation  du  membre. 

Rassuré  par  l'influence  heureuse  du  pansement  antiseptique,  j'ai  pra- 
tiqué, dans  un  cas  d'ostéoarthrite  suppurée  chronique  du  carpe,  à  l'aide 
de  deux  incisions  latérales  ne  compromettant  aucun  organe,  l'extirpation 
de  tous  les  os  du  carpe,  la  résection  des  deux,  apophyses  styloïde  radi- 
cale et  cubitale,  et  de  l'extrémité  supérieure  du  2e  métacarpien. 

Une  suppuration  peu  abondante  a  suivi  l'opération  ;  aucune  complica- 
tion locale  ne  s'est  manifestée. 

Par  un  procédé  analogue  ne  portant  atteinte  à  aucun  organe,  il  m'a 
été  permis  d'extirper  les  cinq  os  de  la  2e  rangée  du  tarse  et  l'extrémité 
supérieure  du  2e  métatarsien,  sans  que  les  suites  rapprochées  de  cette 
opération  aient  présenté  la  moindre  gravité.  Si  le  malade  a  ultérieure- 
ment succombé  à  d'autres  lésions  incurables,  l'opération  subie  bien 
auparavant  n'a  été  pour  rien  dans  ce  résultat  éloigné. 

Enfin,  il  y  a  trois  mois,  je  pratiquai,  pour  unepseudarthrose  du  fémur, 
la  résection  des  deux  bouts  osseux  de  cet  os.  Ces  bouts,  séparés  l'un  de 
l'autre  par  une  couche  libro-musculaire,  n'avaient  pu  se  souder.  Après 
la  résection,  j'éprouvai  des  difficultés  à  maintenir  rapprochées  les  deux  sur- 
faces avivées  :  il  devint  nécessaire  de  forer  les  deux  bouts  osseux,  d'y 
introduire  un  gros  fil  de  fer  et  pratiquer  ainsi  la  suture  osseuse.  Tout 
se  passa  avec  la  plus  grande  simplicité  :  la  soudure  osseuse  se  fit;  j'en- 
levai le  fil  avec  des  tenailles  le  34e  jour;  la  cicatrisation  de  la  plaie 
s'acheva  bientôt,  et  un  cal  fort  volumineux  remplace  aujourd'hui  la 
pseudarthrose. 

Plusieurs  autres  résections,  soit  des  maxillaires,  soit  des  membres, 
pourraient  ici  trouver  leur  citation;  mais  les  faits  précédents  suffisent 
pour  montrer  l'influence  favorable  du  mode  de  pansement  en  expé- 
rience. 

§111 

La  réunion  immédiate  a  été  le  plus  souvent  obtenue. 

L'influence  heureuse  du  pansement  nouveau  ne  s'est  pas  t'ait  sentir 
seulement  sur  les  grandes  blessures  accidentelles  ou  chirurgicales  ;  sa 
valeur  a  paru  plus  frappante  encore  à  propos  des  tentatives  de  réunion 
immédiate  dans  les  plaies  graves. 


I)r   E.    LETIÉVANT.  —   PANSEMENT    ANTISEPTIQUE  843 

Des  essais  multipliés  pour  obtenir  la  réunion  immédiate  me  confir- 
maient dans  cette  idée  qu'ils  étaient  rarement  suivis  de  bons  résultats. 

Avec  la  nouvelle  méthode  de  pansement  mes  tentatives  de  réunion 
immédiate  furent  presque  toutes  couronnées  de  succès. 

J'eus,  à  la  fois,  en  septembre  et  octobre  1875,  des  réunions  immédiates 
sur  : 

1°  Une  opérée  d'une  carcinome  du  sein  (Sainte-Marthe  21),  dont  la 
plaie  mesurait  25  centimètres  de  longueur; 

2°  Une  opérée  comme  la  précédente  (Sainte-Marthe  25),  plaie  :  10  centi- 
mètres ; 

3°  L'enchondrome  parotidien  du  volume  d'un  œuf  de  poule  :  extir- 
pation ; 

4°  L'opération  d'un  kyste  dermoïde  de  la  tête  du  sourcil,  longueur  de 
la  plaie  :  5  centimètres; 

5°  L'opération  de  fistule  vésico-vaginale  avec  inclusion  du  col  utérin 
dans  la  vessie  ; 

6°  Plusieurs  excisions  d'épithéliomes  des  lèvres; 

7°  L'amputation  du  pouce; 

8°  id.  d'un  doigt; 

9°  id.  du  gros  orteil  ; 

10°  id.  d'avant-bras. 

Cette  dernière  amputation  sur  un  jeune  homme  de  21  ans  pour  une 
tumeur  blanche  radio-carpienne.  Ce  fut  une  réunion  immédiate  parfaite, 
sans  trace  de  pus  et  sans  fièvre. 

En  1876;  ma  série  de  réunion  immédiate  fut  bien  plus  grande  :  j'eus, 
entre  autres,  et  comme  principales,  des  réunions  immédiates  à  la  suite 
d'opérations  de  plusieurs  tumeurs  du  sein,  de  quelques  hernies  étran- 
glées, d'un  prolapsus  utérin,  de  plusieurs  lipomes  :  l'un  du  bras  (80 
Saint-Paul),  plaie,  12  centimètres;  un  autre  lipome  de  l'épaule, 
plaies,  8  centimètres  de  longueur;  un  3e  lipome  volumineux  de  la  cuisse 
et  un  4e  de  la  fesse;  de  plusieurs  tumeurs  du  cou,  de  plusieurs  névro- 
tomies,  l'une  du  sous-orbitaire,  une  du  buccal  et  une  du  grand  nerf 
occipital. 

Celle  qui  m'impressionna  le  plus  fut  celle  que  j'obtins,  dans  le  cou- 
rant de  cette  année,  sur  un  amputé  de  bras,  le  nommé  Riche,  âgé  de 
36  ans;  et  apporté  à  l'Hôtel-Dieu  avec  une  gangrène  ascendante  de  la 
main  et  de  l'avant-bras.  La  réunion  fut  complète  et  se  maintint  com- 
plète. Le  moignon  en  se  fortifiant  garda  la  forme  régulière  du  premier 
jour. 

L'année  1877  me  donna  des  résultats  plus  étonnants  sur  ce  point. 
Dans  toutes  les  grandes   amputations  (je  ne    tiens    pas  compte    des 
petites)  que  j'ai    pratiquées  depuis  le  mois  de  janvier  jusqu'à  ce  jour, 


844  SCIENCES   MÉDICALES 

40  août,  et  dans  lesquelles  j'ai  fait  la  tentative  de  réunion  immédiate, 
j'ai  toujours  obtenu  ce  résultat.  Je  l'ai  obtenu  entre  au  très  sur  4  am- 
putés de  jambe,  1  amputé  de  cuisse,  1  amputé  du  bras. 

Dans  les  cas  d'amputation  oîi  l'état  des  lambeaux  n'a  pas  permis  de 
pratiquer  la  réunion  immédiate,  j'ai  toujours  eu  des  résultats  favora- 
bles. 

Ce  commencement  d'année  a  donc  été  exceptionnellement  bon,  puis- 
que, sur  une  quinzaine  d'amputations  avant  le  mois  d'août,  je  n'ai  pas 
perdu  un  seul  opéré. 

Voici  le  tableau  des  réunions  immédiates  obtenues  dans  les  6  gran- 
des amputations  du  commencement  de  cette  année  : 


Salle 


NATURE    DE    LA    MALADIE 


AMPUTATION 


HEUNtON 
IMMÉDIATE 


Saint-Louis. 

Perrin . 

19  ans 

Isère. 

Saint-Louis. 

Galmon. . 

40 

Rhône. 

Saint- Paul.. 

Charrier . 

40 

Loire . 

Saint-Paul-. 

Bray. 

20 

Loire. 

Saint-Louis. 

Paris. 

21 

Savoie. 

Saint-Joseph 

Philippe. 

66 

Lyon. 

Ostéo-arthrite    suppurée 
de  tibio-tarsienne. 

Fracture  à  grand  fracas 
de  la  jambe. 

Osteo-sarcome  du    tibia 


Tumeur  fongueuse  tibio- 
tarsienne  suppurée. 

Ostéo-arthrite  suppurée 
tarsienne  et  tibio-tar- 
sienne. 

Epithéliome  de  la  main 
et  de  l'avant-bras. 


De  jambe. 

19  janvier  1877- 

De  jambe  au  tiers 
supérieur. 

20  janvier  1877. 
De  cuisse. 

2d  janvier  1877. 

De  jambe. 
17  avril  1877- 

De  jambe. 
23  avril  1877. 


De  bras. 
16  juillet  1877. 


Complète. 

A  peu  près 
complète 

Complète. 
Complète. 
Complète. 

Complète. 


Les  détails  concernant  ces  faits  ont  été  publiés  dans   une   brochure  récente  :   de  la  Réunion 
immédiate  dans  les  amputation': ,  par  M.  Létiévant  (Lyon,  1877.  Riotor,  rue  de  la  Barre), 


Voici,  en  terminant,  les  conditions  principales  qui  m'ont  paru  néces- 
saires pour  obtenir  la  réunion  immédiate  après  les  opérations.  Il 
faut  : 

1°  Opérer  sous  un  nuage  de  vapeurs  phéniquées; 

2°  Faire  l'exsanguéfaction  du  membre,  si  cela  est  possible,  ou  aumoins 
une  compression  digitale  parfaite; 

3°  Opérer  rapidement  pour  que  l'air  extérieur  reste  peu  de  temps  à 
impressionner  les  surfaces  de  section  ; 

4°  Tordre  les  artères,  ou  encore  les  lier  avec  le  fil  animal  ou  cat-gut, 
fil  qui  peut  se  résorber  ; 

5°  Faire  comprimer  les  lambeaux  exactement  pour  que  aucun  suinte- 
ment sanguin  ne  puisse  s'opérer  à  leur  surface  pendant  la  suture  ; 

6°  Faire  la  suture  métallique  à  points  passés; 

7°  Panser  ensuite  suivant  les  indications  listériennes  ;    le   pansement 


Dr  SEGUIN.  —  NOUVEAUX  DEVOIRS   DU   MÉDECIN  *'<•'' 

modifié  tel  que  je  l'ai  établi  dans  mon  service  me  paraît  des  meil- 
leurs ; 

8°  Soutenir  ce  pansement  par  une  forte  couche  de  coton  cardé  des- 
tinée a  maintenir  le  moignon  dans  la  chaleur  et  sous  une  compression 
douce. 

A  ces  huit  conditions  j'en  ajoute  une  neuvième,  celle  qui  concerne 
les  petits  drains  phéniqués  à  placer  aux  angles  de  la  plaie  réunie.  Ces 
drains,  qui  ne  doivent  rester  que  les  premiers  jours  de  l'opération,  per- 
mettent alors  un  débordement  facile  des  premières  exsudations  du 
moignon. 

Depuis  l'emploi  de  ces  moyens,  j'ai  vu  à  l'IIotel-Dieu,  comme  au 
dehors,  la  réunion  immédiate  s'obtenir  assez  fréquemment  pour  que  je 
n'hésite  pas  aujourd'hui  à  la  considérer  comme  la  règle  à  la  suite  des 
opérations.  —  Ce  résultat  est  tout  différent  de  ce  qu'on  observait  au- 
paravant. 

En  résumé  : 

Réunion  immédiate  dans  les  cas  où  on  n'osait  pas  l'espérer; 

Conservation  dans  beaucoup  de  cas  graves  que  l'on  amputait  le  plus 
souvent  autrefois; 

Suppression  de  l'infection  purulente. 

Voilà  lus  trois  grands  bienfaits  du  pansement  que  j'ai  mis  en  expé- 
rience ces  deux  dernières  années. 


M.  le  Dr  E.  SEGUIN 

de  New-York. 


NOUVEAUX  DEVOIRS  DU  MEDECIN. 
NÉCESSITÉ  DE  L'INTERVENTION  DU  MÉDECIN  DANS  L'ÉDUCATION. 


—  Séance  du   25    août  1 8 7 7 .    — 


En  1873,  à  Lyon,  j'ai  eu  l'honneur  de  lire  devant  cette  section  de 
l'Association  française  pour  l'avancement  des  sciences  une  note  sur  le 
devoir  nouveau  que  nous  impose  le  progrès  des  méthodes  d'observation, 
celui  d'enseigner  aux  mères  et  à  tous  ceux  qui  ont  charge  d'enfants  ou  de 
mineurs  tout  ce  que  leur  éducation  leur  permet  de  comprendre  des  signes 
de  la  santé  et  de  la  maladie. 

Depuis  lors  nombre  de  femmes  ont  appris,  par  la  connaissance  de  ces 
signes,  et  surtout   par  l'usage  de  la  thermométrie  dans  leur    famille,  à 


846  SCIENCES   MÉDICALES 

prévoir  les  maladies  et  à  prévenir  à  temps  le  médecin;  à  suppléer  son 
observation  durant  la  nuit,  et  surtout  à  redouter  les  remèdes  omnibus 
ou  miraculeux.  Le  médecin  qui  enseigne  aux.  mères  à  sauver  leurs  enfants 
avec  le  concours  des  moyens  modernes  d'observation  s'assure  la  clientèle 
de  ceux  qu'il  éclaire.  Aussi  ce  devoir  nouveau  est  en  train  de  passer  de 
la  théorie  dans  les  mœurs  médicales. 

Le  nouveau  devoir  sur  lequel  je  désire  appeler  votre  attention  aujour- 
d'hui est  celui  que  nous  crée  la  nécessité  pour  la  médecine  d'intervenir 
dans  l'éducation. 

Jusqu'à  présent  l'intervention  du  médecin  dans  l'éducation  s'est  bornée 
à  vacciner  ou  à  revacciner  les  élèves,  à  inspecter  toutes  les  parties 
des  écoles,  à  ordonner  certaines  mesures  sanitaires,  à  recommander  la 
clôture  d'écoles  infestées,  en  un  mot  à  appliquer  cette  partie  de  l'hygiène 
publique  (state  medicine)  que  l'on  peut  appeler  l'Hygiène  scolaire. 

Maintenant,  l'intervention  du  médecin  est  devenue  nécessaire,  non- 
seulement  dans  l'école,  mais  encore  dans  l'enseignement,  et  surtout  dans 
les  modes  d'enseignement. 

L'éducation  change  selon  le  but  des  sociétés.  Aveugles  ceux  qui  ne 
prévoient  pas  la  nécessité  de  ces  changements,  et  malheureux  ceux  qui 
ont  été  élevés  dans  un  but,  alors  que  leurs  contemporains  marcheront 
vers  un  autre  but! 

C'est  donc  peu  d'élever  les  enfants,  si  on  ne  les  rend  capables  de  pren- 
dre part  aux  travaux  de  leur  génération. 

Mais  cette  nécessité  produit  dans  l'enseignement  actuel  une  tension 
qui,  trop  sentie  déjà  par  l'enfant,  est  intensiliée  pour  l'adolescent  par 
les  formes  impitoyables  données  à  la  concurrence  scolaire.  La  course 
est  partout  pour  la  première  place,  non  pour  la  plus  appropriée  à 
chaque  nature.  Alors  malheur  aussi  à  ceux  qui  tombent  en  avançant,  et 
rien,  pas  même  pitié,  pour  les  masses  qui  restent,  découragées,  en  arrière! 

Cet  état  de  choses  est  dû  en  partie  à  l'ignorance  où  sont  les  lettrés 
des  conditions  physiologiques  du  développement  sensoriel  et  psychologi- 
que dont  ils  assument  la  charge  comme  professeurs,  n'ayant  en  vue  que 
le  développement  de  capacités,  —  qui,  considérées  par  eux  abstractive- 
ment  des  fonctions,  occupent  dans  le  cerveau  une  place  analogue  à  celle 
de  Jupiter,  Vénus,  Melpomène  dans  l'Olympe,  —  les  professeurs  éduquant 
les  capacités  sans  vouloir  ou  sans  pouvoir  savoir  si  les  fonctions  en 
soutfrent. 

L'École  a  aujourd'hui  son  petit  cadre  nosologique  à  elle,  sa  myopie 
progressive,  son  irritation  et  ses  déviations  spinales,  ses  douleurs  du 
cervelet  précurseurs  fréquents  de  Tépilepsie,  sa  méningite  aiguë  suivie 
de  mort,  ou  chronique,  se  fondant  dans  le  marasme  ou  l'imbécillité... 
et  j'en  passe. 


l)r    SÉGUIN.    —    Nul  \  I  Al  \    l»K\  «  mis    Dl     MÉDECIN  841 

Est-oe  à  dire  que  le  maître  esl  responsable  pour  ces  revanches  de  la 
nature  outragée...?  Oui,  et  non.  —  Oui,  s'il  ne  confesse  son  ignorance, 
ei  oe  demande  aide.  Non,  s'il  comprend  que  son  programme  doit  être 
réglé  par  le  médecin,  qui  viendra  mesurer  l'intensité  du  travail  demandé 
a  la  perte  de  calorique  et  au  pouvoir  d'accommodation  des  fonctions  spé- 
ciales de  chaque  enfant. 

Est-ce  à  dire  que  le  médecin  doive  attendre  que  son  concours  soit 
demande...?  Non,  car  nul  ne  sait  comme  lui  ce  qu'il  peut  pour  la  jeu- 
nesse des  écoles,  c'est-à-dire  ce  qu'il  doil. 

Aussitôt  que  nous  savons  que  nous  seuls  possédons  le  moyen  de 
prévenir  les  maux  qui  résultent  de  l'éducation  donnée  sans  égard  aux 
lois  physiologiques,  nous  devenons  les  coupables  si  nous  ne  travaillons 
pas  ii  en  appliquer  les  données  mathématiques  à  renseignement  général. 

Le  sachant,  dès  aujourd'hui,  nous  devons  intervenir  dans  les  écoles 
pour  en  faire  disparaître  : 

1°  La  myopie  progressive  des  écoliers,  en  constatant  à  leur  entrée  le 
pouvoir  d'accommodation  visuel  de  chacun,  et  en  prescrivant  pour 
chacun  (à)  sa  position  dans  la  classe  relativement  à  la  lumière,  à  son 
pupitre  et  aux  démonstrations  faites  à  distance;  (b)  les  types  des  livres 
qu'il  devra  lire;  (c)  la  durée  des  exercices  qui  demandent  une  attention 
soutenue  des  organes  de  la  vision,  (d)  sans  oublier  le  choix  des  verres  de 
lunettes  s'il  doit  en  porter. 

L2°  Les  déviations  et  autres  affections  dorsales,  en  constatant  leur  immi- 
nence, commencement  et  degré,  et  en  prescrivant  tels  chaise,  pupitre, 
exercice,  repos  jugés  propres  à  prévenir  ou  à  guérir  une  difformité  qui 
emporte  avec  elle  au  moins  une  incapacité,  souvent  une  disgrâce. 

Et  pour  la  sauvegarde  des  autres  fonctions  dont  l'intégrité  assure  à  la 
fois  la  vie  et  la  capacité  future  des  jeunes  gens,  mais  est  incessamment 
menacée  par  le  double  assaut  de  la  croissance  et  des  efforts  intellectuels, 
faute  de  place  pour  en  traiter  ici  séparément,  nous  dirons  en  bloc  :  que 
la  plus  haute  qualité  et  qualification  du  médecin  réside  dans  le  pouvoir 
que  lui  donne  son  éducation  moderne  de  mesurer  mathématiquement 
les  signes  vitaux  et  de  tenir  le  livre-balance  (le  ledger  anglais)  de  la 
vitalité  des  enfants  durant  la  dangereuse  période  de  leur  développement 
physique  et  classique. 

Ce  livret  de  vitalité  (si  bien  tenu  pour  les  bêtes  sous  le  nom  de  stud- 
book)  doit  être  ouvert  par  le  médecin  pour  l'enfant,  —  si  la  mère  ne  l'a 
pas  commencé  à  la  naissance,  — ■  au  moment  de  son  entrée  dans  l'école. 

Ce  livret  doit  contenir,  après  un  sommaire  des  antécédents  : 

(a)  Une  photographie  de  l'enfant,  tête  et  main  pour  le  moins;  (b)  son 
poids,  sa  taille  et  ses  proportions  ;  (c)  les  anomalies  générales,  spéciales, 
et   latérales  ;    (c)    sa  sphygmographie,   son  pouls,  sa  respiration   et   sa 


848  SCIENCES   MÉDICALES 

température,  sa  sensibilité  tactile  et  sa  contractilité  établis  sur  une  série 
d'expériences  mathématiques.  Les  grands  viscères  seront  examinés  et  l'état 
de  leurs  fonctions  sera  noté  avec  soin  ;  et  sur  cette  première  vue  d'entrée, 
le  médecin  prescrira  ou  défendra  certains  exercices,  attitudes,  études,  etc. 

Dans  le  cours  de  l'éducation,  à  chaque  saison  nouvelle,  et  particuliè- 
rement chaque  fois  que  de  nouvelles  études  seront  entreprises  et  plus 
d'attention  demandée,  le  médecin  devra  s'assurer  de  l'influence  du  cur- 
riculum  sur  la  santé  générale  et  sur  les  fonctions  spéciales,  et  en  parti- 
culier sur  la  respiration,  le  pouls  et  la  température,  le  poids  et  la  crois- 
sance, afin  de  pouvoir  calculer  la  déperdition  de  vitalité  durant  le  travail, 
et  de  maintenir  constamment  la  balance  des  forces  vitales,  celle  de  la 
température  en  particulier,  en  faveur  de  l'enfant. 

Car  là  où  les  études  sont  suivies  d'une  déperdition  de  chaleur  d'un 
degré  du  matin  au  soir  il  y  a  péril  ;  et  de  plus  d'un  degré  il  y  a  immi- 
nence de  meurtre.  Meurtre  involontaire  sans  doute  de  la  part  du  maître 
qui  est  assez  malheureux  pour  ne  pas  savoir  ce  qu'il  fait;  mais  c'est  à 
nous  de  le  lui  apprendre,  et  de  le  relever  d'une  responsabilité  qui  nous 
appartient.  C'est,  en  peu  de  mots,  le  commencement  de  l'intervention 
du  médecin  dans  l'éducation. 

Le  médecin  gardien  des  forces  vitales  de  l'enfance  ; 

Le  livre  des  forces  vitales,  garantie  de  la  vitalité  et  de  la  capacité  de 
la  prochaine  génération. 


M.   le  F  GAIEAL 

de  Carienan. 


APPAREIL  POUR  LE   TRAITEMENT  DES  AFFECTIONS  UTÉRINES 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance   du   25   août   1877. 


M.  Gairal  montre  à  la  Société  une  série  de  pessaires  très-ingénieux,  qui, 
non-seulement  soutiennent  l'utérus,  mais  encore  peuvent  mettre  au  contact 
de  cet  organe  des  substances  médicamenteuses. 


Dr    BRIÈRE.  —   LES  MALADIES   DES   YEDX   Al     HAVRE  849 


M.   le  Dr  BRIÈRE 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES  SUR  LES  MALADIES  DES  YEUX  AU   HAVRE 
ET  DANS  LES  ENVIRONS. 

F\  TRAIT  DU  PROCKS-VEHBAL.) 


—   Séance    lu  27  août  1877.   — 

Les  conclusions  principales  de  ce  travail  sont  que  : 

1°  Les  affections  oculaires  externes  sont  plus  fréquentes  au  Havre  que  dans 
les  pays  de  L'intérieur  dans  une  proportion  de  10àI5  0/0  suivant  lesannées; 

*2n  Mai  est  le  mois  où  ces  affections  sont  les  plus  nombreuses,  août  et 
décembre  ceux  qui  en  comptent  le  moins; 

3°  Cette  proportion  plus  élevée  de  maladies  d'yeux  ne  tient  pas  seulement 
au  voisinage  de  la  mer,  mais  surtout  à  la  reunion  de  mauvaises  conditions 
hygiéniques  qu'on  observe  dans  certains  quartiers,  car  ces  maladies  affectent 
de  préférence  les  pauvres  de  ces  mêmes  quartiers; 

4°  Saint-François,  Notre-Dame  et  le  Perrey  sont  les  points  de  la  ville  les 
plus  éprouvés.  11  serait  urgent  d'assainir  ces  parties  de  la  ville  en  élargissant 
les  rues  étroites  qui  s'y  trouvent  ; 

5°  Les  ophthalmies  scrofuleuses  et  notamment  les  conjonctivites  et  les  kéra- 
tites consécutives  sont  fréquentes,  mais  beaucoup  plus  dans  les  quartiers  où  les 
logements  sont  malsains  et  dans  les  familles  où  l'on  méconnaît  les  lois  de 
l'hygiène  accessible  à  tous  ; 

G0  II  serait  nécessaire  que  tout  enfant  qui  entre  dans  un  asile  ou  dans  une 
école  et  qui  est  atteint  d'ophthalmie  lut  soumis  à  un  examen  qui  permettrait 
de  constater  s'il  s'agit  de  conjonctivite  granuleuse,  auquel  cas  l'enfant  ne  pour- 
rait fréquenter  l'école  du  moins  pendant  les  périodes  aiguës. 

DISCUSSION. 

M.  Gai.ezowski  insiste  sur  les  granulations  conjonctivales  qui  doivent  être 
divisées  en  granulations  vraiment  contagieuses,  néoplasiques,  et  granulations 
papillaires.  Il  cite  des  exemples  de  contagion  de  conjonctivite  granuleuse  qui 
se  fait  par  inoculation  à  l'aide  des  linges  ayant  servi  au  nettoyage  des  yeux 
malades.  Il  appuie  les  propositions  d'isolement  faites  par  M.  Brière.  Il  recon- 
naît la  rareté  de  l'ophthalmie  diphtéritique  et  la  nature  générale  de  la  maladie. 

M.  Brière  s'autorisera  de  l'appui  de  M.  Galezowski  pour  obtenir  de  l'admi- 
nistration l'isolement  des  enfants  atteints  d'ophthalmie  granuleuse. 

M.  Lecadre  ajoute  aux  causes  .d'ophthalmie  signalées  par  M.  Brière  l'habita- 
tion dans  les  maisons  neuves. 


54 


850  SCIENCES    MÉDICALES 


M.  le  Dr  G-ALEZOWSKI 


SUR  LA  THERMOMÉTRIE  EN  OPHTHALMOLOGIE.   -  SUR  LES  ALTERATIONS 

DES  VAISSEAUX  RÉTINIENS. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—    Séance    dit    27    août    7877.     — 

1.  Thermométrie  oculaire.  —  M.  Galezowski  a  observé  une  élévation  ou  un 
abaissement  de  la  température  de  l'œil  pour  différentes  affections  oculaires  et 
générales.  Chez  quelques  individus  à  l'état  sain,  la  température  de  l'œil  est 
un  peu  inférieure  à  la  température  générale  11  présente  un  tableau  statistique 
dans  lequel  on  voit  que  l'élévation  de  la  température  est  surtout  comprise 
dans  la  conjonctivite  catarrhale,  dans  les  abcès  cornéens  aveciritis.  —  Au 
contraire,  dans  un  cas  de  nécrose  de  la  cornée,  par  lésion  de  la  5me  paire, 
la  température  oculaire  s'était  abaissée. 

L'auteur  étudie  actuellement  la  marche  de  la  température  générale  dans  les 
maladies  oculaires. 

2.  Altérations  des  vaisseaux  rétiniens.  —  Dans  les  rétino-choroïdites  syphili- 
tiques, la  première  lésion  appréciable  fut  la  diminution  de  calibre  des 
vaisseaux.  —  Dans  toutes  les  affections  rétiniennes  albuminuriques  ou  gly- 
cosuriques,  M.  Galezowski  a  souvent  observé  des  exsudations  dans  la  gaine 
des  vaisseaux.  —  Chez  des  malades  atteints  d'affections  cardiaques,  M.  Gale- 
zowski a  observé  des  tromboses  avec  oblitération  de  certains  vaisseaux  im- 
portants et  rétablissement  de  la  circulation  collatérale. 

DISCUSSION. 

M.  Briëre  ajoute  aux  lésions  signalées  par  M.  Galezowski  l'anév-rysme  des 
vaisseaux  rétiniens  étudiée  déjà  par  M.  Liouville.  M.  Brière  a  observé  deux 
cas  d'anévrysme  circonscrit  sur  l'une  des  branches  rétiniennes. 


M.  le  D'  LAÏÏCEREAÏÏX 

Professeur    agrégé    à    In    Faculté    de    médecine    de    Paris 


DE  L'ARTERITE  CEREBRALE  SYPHILITIQUE. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  il  août*187', 


M.  Lancekeaux. —  De  l'artérite  cérébrale  syphilitique. — Les  caractères  ana- 
tomiques  consistent  surtout  en  une  localisation  à  quelques  points  de  la  paroi 
artérielle.  Cette  lésion  débute  dans  le    tissu   connectif   de   l'artère  :    tantôt  la 


Dr    VERNEUIL.    —   DES   BLESSURES    CHEZ   LES   ALCOOLODIABETIQUES        851 

lésion  artérielle  se  dissémine  et,  arrivant  à  s'organiser,  produit  le  rétrécisse- 
ment de  l'artère  par  la  saillie  qu'elle  forme  à  son  intérieur.  Des  zones  d'alté- 
ration nouvelles  venant  s'ajouter  à  la  première,  il  en  résulte  quelquefois  des 
dilatations  anévrysmalcs,  quand  l'organisation  de  la  lésion  ne  se  produit  pas. 
Il  y  a  donc  une  triple  terminaison  à  l'artérite  cérébrale  syphilitique  .  rétré- 
cissement, oblitération,  anévrysme.  L'artérite  cérébrale  syphilitique  se  diffé- 
rencie de  l'artérite  générale  en  ce  qu'elle  est  circonscrite,  comme  le  sont  du 
reste  toutes  les  lésions  syphilitiques  ;  il  y  a  de  plus  la  tendance  à  la  symétrie. 
M.  Laneercaux  insiste  sur  les  caractères  différentiels  de  l'endartérite  cérébrale 
syphilitique  de  l'athérome,  de  l'embolie  ;  tous  les  malades  accusent  des  pro- 
dromes remontant  à  plusieurs  semaines  ou  plusieurs  jours,  céphalée,  vertiges, 
vomissements.  11  cite  des  observations  à  l'appui  des  caractères  différentiels 
de  l'endartérite  syphilitique. 

DISCUSSION 

M.  Lioi ville  rapproche  les  deux  communications  précédentes  en  émettant 
des  considérations  sur  le  caractère  commun  de  ces  deux  lésions  anévrysmales 
qui  est  la  généralisation.  Les  malades  présentaient  une  diathèse  qu'il  serait 
intéressant  de  chercher  à  déterminer  dans  tous  les  cas  de  ce  genre.  Il  demande 
à  M.  Brière  si  le  malade  présentant  des  anévrysmes  réticuleux  était  atteint 
d'une  diathèse. 

M.  Brière  répond  qu'autant  qu'il  lui  a  été  possible  de  s'en  assurer,  son 
malade  ne  présentait  pas  de  syphilis. 

M.  Lancereaux  insiste  sur  le  caractère  de  localisation  des  lésions  syphili- 
tiques et  se  trouve  amené  à  repousser  l'ataxie  et  la  paralysie  générale  dites 
syphilitiques. 

Un  membre  attire  l'attention  sur  l'existence  d'un  anévrysme  de  l'aorte  et 
d'une  lésion  tuberculeuse  du  poumon. 


M.    le    Dr   YEEIEÏÏIL 

Professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris. 


DES  BLESSURES  CHEZ  LES  ALCOOLO-DIABÉTIQUES  '. 

(extrait.) 


—   Séance  du  27  août  1877.  — 

La  coexistence  chez  un  même  sujet  de  l'alcoolisme  et  du  diabète  ne  doit  pas 
être  très-rare,  mais  n'a  guère  été  signalée  jusqu'ici.  M.  Verneuil  cite  trois 
observations  où  cette  combinaison  a  donné  une  terminaison  fatale  à  des  trau- 
matismes  légers. 

(1)  Ce  mémoire  a  été  publié  depuis  dans  la  Gazette  hebdomadaire  de  médecine  et  de  chirurgie. 
19  Octobre  1877,  p.  664. 


85u2  SCIENCES  MÉDICALES 

Les  conditions  étaient  semblables  ebez  les  deux  premiers  malades  :  tous 
deux  présentaient  des  lésions  viscérales  profondes,  que  leur  bonne,  santé  appa- 
rente ne  pouvait  faire  soupçonner  (périnéphrite,  foie  dur,  teinte  ardoisée  de 
l'estomac,  etc.). 

Le  troisième  malade  était  diabétique  depuis  quelques  années;  certains  acci- 
dents vésicaux  amenèrent  des  médecins  à  pratiquer  le  cathétérisme.  A  partir 
de  la  première  exploration,  les  urines  devinrent  purulentes;  les  sédiments  épi- 
théliaux  chargés  detubuli,  qu'elles  présentaient  auparavant,  augmentèrent  con- 
sidérablement. Le  malade  revint  dans  un  état  grave  de  Contrexeville,  où  il 
avait  été  envoyé. 

M.  Verneuil  considère  les  cathélérismes  répétés  et  l'usage  des  eaux  de  Con- 
trexeville comme  ayant  provoqué  une  recrudescence  des  accidents  de  néphrite 
préexistante.  Le  malade  est  mort,  et  dans  ce  cas  l'alcoolo-diabétisme  a  joué  un 
rôle  considérable.  Le  rein  est  ici  en  cause;  dans  d'autres  circonstances,  ce  sont 
des  accidents  hépatiques  qui  emportent  les  malades.  En  tout  cas.  c'est  aux 
altérations  viscérales  aggravées  par  l'intervention  du  traumatisme  qu'il  faut  attri- 
buer les  accidents  généraux  graves  et  quelquefois  la  mort. 

Il  y  a  une  très-grande  similitude  entre  la  marche  des  blessures  chez  les 
alcooliques  et  les  diabétiques.  Quand  l'alcoolo-diabétisme  existe,  les  traumatismes 
prennent  un  caractère  de  gravité  exceptionnel. 

DISCUSSION. 

M.  Galezowski  ajoute  quelques  renseignements  sur  les  résultats  des  opéra- 
tions de  cataracte  chez  les  alcooliques  et  les  diabétiques.  Dans  la  pratique  pri- 
vée, succès  chez  les  diabétiques  ;  dans  sa  pratique  clinique,  insuccès  qu'il 
attribue  à  la  combinaison  de  l'alcoolisme  et  du  diabète. 


M.  le  Dr  PÀ-QÏÏELII 


INDICATIONS  SUR  L'EMPLOI    DU    THERMO-CAUTÈRE 


—    Séance   du   27    août    1877.    — 


Dr  FREDET.  —  NOTE  SUR  LES  EFFETS  DU  GAZ  ACIDE  CARBONIQUE    853 


M.  le  D1  DUMONT-PALLIEB, 


PRÉSENTATION  D'UN  ANNEAU  PESSAIRE  ET  D'UN  HYSTÉROPHORE 


—   Séance   du  27   août    1877.   — 


M.  le  Dr  FREDET 

de  Royiit. 


NOTE  SUR  LES  EFFETS  DU  GAZ  ACIDE  CARBONIQUE,  A  ROYAT, 
ENVISAGÉS    AU    POINT    DE    VUE    PHYSIOLOGIQUE    ET    THÉRAPEUTIQUE. 


—  Séance  du  27  août   IS77.  — 

Conclusions.  —  I.  Le  gaz  acide  carbonique  dissous  ou  à  l'état  libre  dans 
l'eau  minérale  de  Royat,  agit  physiologiquement  sur  les  muqueuses  digestives 
en  y  déterminant  des  picotements,  de  la  chaleur,  de  la  congestion  passagère 
accompagnée  de  sensation  de  vertige  ou  de  légère  ivresse  chez  certaines 
natures  susceptibles  et  nerveuses. 

11  moditie  heureusement  les  affections  chroniques,  ulcéreuses  ou  douloureuses 
des  muqueuses  buccale,  linguale,  pharyngo-œsophagienne,  par  son  contact 
direct. 

Par  le  bain,  son  action  s'exerce  sur  la  peau  en  y  déterminant  des  picote- 
ments, de  la  rougeur  et  une  circulation  capillaire  avec  stase  sanguine  plus  ou 
moins  prolongée,  action  qui  est  utilisée  par  la  thérapeutique. 

II.  Respiré  avec  les  vapeurs  minérales,  il  exerce  une  action  modificatrice, 
mais  principalement  sédative  sur  la  muqueuse  du  larynx  et  des  bronches. 

III.  Employé  en  bains  généraux  et  en  douches,  il  a  une  action  incontestable 
sur  la  circulation  capillaire,  sédative  sur  le  système  nerveux  périphérique, 
mais  cette  action  semble  être  prédominante  sur  la  région  sacro-périnéale  et  génitale. 

Enfin,  ces  effets  sont  beaucoup  plus  marqués  quand  le  gaz  est  utilisé  à  une 
température  se  rapprochant  de  -+-  30°  centigrades. 


854  SCIENCES  MÉDICALES 


M.   le  D'   TEIPIER 

r.lmrgé  do  cours  complémentaires  à  in  Faculté  de  médecine  de  Lyon. 


CAS  DE  NÉVRALGIE  FACIALE   AVEC  ZONE   ÉPILEPTOGÈNE  (1) 

(extrait  du  procks-yerbaï..) 


Séance  du  27  août  4877. 


M.  Tripier  donne  communication  d'une  observation  de  névralgie  de  la  face 
avec  zone  épileptogène,  pour  laquelle  il  a  pratiqué  une  opération  de  névroto- 
mie  et  ostéotomie  combinées,  suivie  de  guérison.  —  Après  avoir  d'abord 
exposé  quelques  considérations  physiologiques,  fournies  par  l'expérimentation 
sur  la  sensibilité  récurrente  et  son  mode  d'action  et  avoir  ainsi  démontré 
l'inanité  du  principe  de  l'indépendance  fonctionnelle  des  nerfs,  l'auteur 
arrive  à  celte  conclusion  que  les  névralgies  rebelles  sont  souvent  centrales, 
que  beaucoup  d'entre  elles  sont  exclusivement  périphériques,  mais  que,  parmi 
ces  dernières,  il  en  est  beaucoup  qui  se  compliquent  de  lésions  du  côté  des 
centres.  M.  Tripier  donne  ensuite  l'observation  qui  fait  la  base  de  son  travail 
et  démontre  l'opération  qu'il  a  pratiquée  avec  un  succès  qui  se  maintenait 
plein  et  entier  deux  mois  après.  —  M.  Tripier  termine  sa  communication  par 
quelques  considérations  sur  l'action  de  l'aconitine  et  son  influence  élective 
sur  la  propriété  conductrice  des  filets  nerveux  sensitifs  ;  ses  expériences  sont 
en  ce  point  entièrement  conformes  aux  observations  antérieures  de  M. 
Laborde. 


1.   le   Dr  MAEDïïEL 

De  Lvon. 


ACCIDENTS  DUS  A  L'ANESTHÉSIE  PAR  L'ÉTHER  CHEZ  ON  ENFANT  DE    DIX  ANS. 


—  Séance  du  27  août   1877.  — 

L'année  dernière,  à  la  session  de  Clermont-Ferrand,  mon  ami  le 
docteur  Léon  Tripier  a  communiqué  un  travail  sur  les  accidents  dus  à 
l'anesthésie  par  l'éther  chez  les  jeunes  sujets  ;  iJ  a  montré  par  trois  ob- 
servations, et  par  une  série  d'expériences,  que  l'éther  amenait  dans  ces 
cas  une  suspension  des  mouvements  respiratoires. 

i    Le  mémoire   i  été  publié  in  extenso  dans  la  Gazette  hebdomadaire,  septembre  1877. 


Pr   MARDIEL.    ACCIDENTS   DUS   A    L'ANESTHÉSIE    PAR    L'ÉTHER  855 

J'ai  eu  l'occasion  d'observer  au  commencement  de  cette  année  un 
fait  qui  se  rapproche  assez  de  ceux  publiés  par  M.  Léon  Tripier  pour 
qu'il  mérite  d'être  connu. 

Observation.  Entant  de  dix  ans,  nerveux  et  impressionnable,  affecté 
d'un  phimosis  avec  adhérences  étendues  entre  le  prépuce  et  le  gland  ; 
rien  d'anormal  du  côté  des  poumons,  ni  du  côté  du  cœur.  Opération  le 
6  mars  1877  avec  le  concours  de  M.  le  docteur  Bianchi.  L'enfant,  quj 
n'a  pris  le  matin  aucun  aliment,  est  endormi  doucement:  le  sac  à  élher, 
tenu  d'abord  à  distance,  est  rapproché  peu  à  peu,  puis  appliqué  exac- 
tement sur  la  face  ;  après  une  courte  période  d'excitation,  l'anesthésie 
est  complète  au  bout  de  cinq  à  six  minutes.  Le  sommeil  est  tranquille  ; 
M.  Bianchi,  en  conduisant  l'anesthésie,  surveille  le  pouls  et  la  respiration. 
Je  procède  à  l'opération,  qui  est  assez  longue  :  le  prépuce  coupé,  je 
constate  qu'il  adhère  au  gland  dans  presque  toute  son  étendue,  et  je 
suis  obligé  de  faire  une  vraie  dissection  pour  séparer  l'un  de  l'autre. 
L'enfant  continue  à  dormir  paisiblement.  J'excise  une  partie  de  la  mu- 
queuse et  je  place  des  serres-fines  ;  à  ce  moment,  le  sac  à  éther  est  enlevé, 
vingt  minutes  après  le  début  de  l'anesthésie  ;  il  n'était  pas  du  reste 
demeuré  tout  le  temps  sur  la  face,  mais  éloigné  à  plusieurs  reprises,  puis 
rapproché  quand  l'enfant  semblait  près  de  se  réveiller.  On  donne  alors  un 
dernier  coup  d'œil  au  résultat  opératoire,  on  lave  soigneusement.  Enfin, 
cinq  minutes  après  l'écartement  définitif  du  sac  à  éther,  nous  nous 
apercevons  alors  que  l'enfant,  qui  avait  jusque-là  dormi  tranquillement 
avec  une  respiration  égale  et  un  pouls  régulier,  ne  respire  plus.  Il  est 
pâle  et  décoloré.  M.  Bianchi  et  moi  prenons  chacun  un  avant-bras,  et 
ne  trouvons  pas  de  pouls  à  la  radiale  ;  les  battements  du  cœur  sont  très- 
faibles  ;  les  paupières  soulevées  montrent  les  yeux  absolument  fixes  et  les 
pupilles  dilatées.  Immédiatement  nous  ouvrons  la  fenêtre  pour  donner 
de  l'air  (la  pièce  était  petite),  nous  pratiquons  des  pressions  méthodiques 
sur  le  thorax, nous  jetons  de  l'eau  à  la  figure  de  l'enfant,  et  frappons  le 
visage  et  la  partie  supérieure  du  thorax  avec  un  linge  chargé  d'eau 
fraîche.  Pendant  cinq  minutes  qui  nous  paraissent  mortellement  longues, 
la  respiration  ne  se  rétablit  pas.  Enfin  une  ou  deux  inspirations  se  font, 
et  le  pouls  radial  reparaît,  très-faible.  Nous  continuons  les  pressions 
sur  le  thorax,  et  au  bout  de  deux  ou  trois  minutes  encore,  la  respira- 
tion se  rétablit  et  l'enfant  ouvre  les  yeux  :  mais  il  faut  encore  cinq 
minutes  pour  qu'il  reprenne  connaissance  et  se  réveille  complètement. 
Les  suites  furent  très-simples. 

Ce  fait,  comme  on  le  voit,  se  rapproche  de  ceux  de  M.  le  docteur  Tri- 
pier par  la  suspension  des  mouvements  respiratoires  avec  persistance, 
mais  affaiblissement  des  battements  du  cœur  ;  il  se  rapproche  surtout  de 
sa  première  observation  en  ce  que  les   accidents    se  produisirent    à  la 


856  SCIENCES  MÉDICALES 

fin  et  que  la  respiration  s'arrêta  cinq  minutes  après  la  cessation  de  l'em- 
ploi de  l'agent  anesthésique,  après  l'écartement  définitif  du  sac  à  éther. 
Il  nous  frappa  d'autant  plus,  M.  Bianchi  et  moi,  que,  élevés  dans  les 
idées  lyonnaises  sur  l'innocuité  de  l'éther,  nous  avions  lu  avec  quelque 
étonnement,  six  mois  auparavant,  le  travail  de  M.  L.  Tripier,  et  que 
nous  y  vîmes  immédiatement  la  confirmation  de  ce  qu'il  avait  observé. 
Pendant  notre  internat,  alors  que  nous  étions  à  la  Charité  de  Lyon  dans 
les  services  de  chirurgie  d'enfants,  nous  avons  vu  et  exécuté  de  très- 
nombreuses  anesthésies  par  l'éther  chez  des  enfants  sans  jamais  obser- 
ver le  moindre  accident  et  sans  en  avoir  entendu  signaler  par  nos 
maîtres. 


M.  le  Dr  LE  PLE 

de  Rouen. 


LE  CAFÉ  :  HISTOIRE,  SCIENCE,  HYGIENE. 


—  Séance  du  27  août  1877.  — 


M,    le  D'    S01JTÏÏEY 

de  Londres 
Médecin  ;i  l'hôpital  Saint-Barthélémy 


TRAITEMENT  DE  L'ANASARQUE  GÉNÉRAL  PAR  UN   DRAINAGE  CAPILLAIRE 


—  Séance  du  2  7  août    1877.  — 

L'appareil  sur  lequel  j'appelle  votre  attention  ne  peut  s'indiquer 
comme  une  invention  nouvelle,  mais  plutôt  comme  un  perfectionnement 
dans  la  fabrication  des  instruments  chirurgicaux. 

Les  aiguilles  de  Pravaz  et  la  seringue  à  injections  sous-cutanées 
m'ont  donné  l'idée  première,  et  la  perfection  apportée  à  leur  fabrica- 
tion par  les  fabricants  des  tubes  capillaires  en  caoutchouc  m'a  permis 
de  la  mettre  à  exécution. 

La  dernière  innovation  que  j'ai  apportée  et  que  je  ne  considère  que 
comme  une  modification  très-simple,  mais  néanmoins  très-importante, 
consiste  dans  la  perforation  de  six  ou  neuf  trous  latéraux  dans  chaque 


1/   SOUTHEY.    —   TRAITEMENT    DE    l'âNASARQUE  GÉNÉRAL  857 

canule  suivant  sa  longueur,  ce  qui  peut  se  faire  sans  diminuer  sensi- 
blemenl  la  résistance  ou  la  fore  de  la  canule  et  présente  l'avantage 
d'étendre  le  champ  de  la  succion  et  de  diminuer  les  risques  d'obstruction. 

Le  troeart  et  sa  canule  ensemble  sont  à  peine  plus  gros  qu'une 
aiguille  à  tricoter  ordinaire. 

Il  faut  remarquer  que  chaque  canule  se  termine  par  un  renflement, 
ce  qui  permet  de  fixer  plus  fermement  le  tube  en  caoutchouc.  Les  tubes 
doivent  être  essentiellement  flexibles  et  du  calibre  le  plus  petit  possible. 

Cet  appareil  entier  est  fait  spécialement  pour  moi,  par  M.  Ferguson, 
de  Giltspur-Street,  Londres,  et  revient  à  peu  près  à  20  francs. 

Mode  d'emploi.  —  Le  troeart  logé  dans  sa  canule  est  passé  dans  un 
bout  du  tube  capillaire  par  un  petit  trou  fait  presque  à  son  extrémité 
et  ressort  par  l'orifice  même  du  tube  prêt  à  être  introduit  sous  la  peau. 

Troeart  et  canule,  ayant  été  préalablement  nettoyés  et  huilés  avec  de 
l'huile  carbolisée,  sont  introduits  dans  le  membre  hydropique  ou  le 
scrotum  dans  une  direction  parallèle  à  la  surface  de  la  peau  d'après  la 
manière  ordinaire  d'une  injection  de  morphine. 

Le  troeart  retiré  par  le  trou  latéral  par  lequel  il  a  élé  passé  dans  le 
calibre  du  tube  de  caoutchouc  laisse  le  gros  bout  de  la  canule  engagé 
dans  ce  dernier  de  telle  façon  que  le  tube,  grâce  au  renflement,  peut 
être  remonté  et  plus  solidement  fixé  au  moyen  d'un  lil  de  soie  sur  la 
canule. 

Il  est  vrai  qu'il  est  rarement  nécessaire  d'attacher  le  tube,  qui  tient 
suffisamment  par  sa  propre  élasticité  ;  mais  l'avantage  de  l'attache  est 
de  pouvoir  lixer  sur  la  peau,  au  moyen  d'un  morceau  de  diachylon,  les 
deux  extrémités  du  fil  et  d'empêcher  ainsi  la  canule  de  se  retirer  et  de 
sortir  de  la  peau. 

L'autre  extrémité  du  tube,  long  d'au  moins  un  mètre,  peut  être  diri- 
gée dans  une  cuvette  placée  sous  le  lit  du  malade. 

Le  liquide  hydropique,  dans  la  plupart  des  cas,  commence  tout  de 
suite  à  suinter  goutte  à  goutte,  mais  assez  rapidement  sous  l'action 
d'une  force  à  la  fois  capillaire  et  siphonique;  de  sorte  qu'avec  une 
canule  seulement  dans  chaque  extrémité  inférieure,  on  obtiendra  un  litre 
et  demi  à  trois  litres  en  vingt-quatre  heures. 

Les  avantages  de  cette  méthode  de  traitement  sont  nombreux. 

La  vieille  méthode  de  l'acupuncture,  à  laquelle,  bien  malgré  nous, 
nous  avons  été  fréquemment  forcés  de  recourir  en  l'absence  d'autres 
remèdes  effectifs  pour  soulager  une  extrême  souffrance,  était  un  dernier 
recours  inséparable  d'inconvénients  et  de  souffrances  presque  autant  à 
redouter  que  le  mal  lui-même  :  d'abord  plusieurs  ponctions  étaient 
nécessaires,  puis  le  liquide  provenant  se  perdait  dans  le  lit,  les  lèvres  de 
chaque  blessure,  de  même  que  les  membres  du   malade,   étaient  conti- 


858  SCIENCES   MÉDICALES 

nuellement  trempés  dans  le  liquide  hydropique  ruisselant  qui ,  conte- 
nant en  quantité  de  l'urée  et  de  l'albumine,  était  rapidement  décom- 
posé et  répandait  une  odeur  infecte,  de  sorte  que  le  malade  était  en- 
touré d'un  liquide  nuisible,  d'une  humidité  refroidissante  et  d'une 
atmosphère  malsaine,  qui  s'opposaient  à  toute  guérison  et  provoquaient 
l'érysipèle  et  d'autres  accidents  malheureux,  à  ce  point  que  dans  nos 
premières  expériences  à  l'hôpital  les  ulcérations  et  l'érysipèle  étaient 
considérés  comme  les  suites  presque  certaines  de  l'acupuncture  telle 
qu'elle  était  ordinairement  pratiquée. 

La  méthode  et  l'appareil  que  je  propose  permet  une  propreté  absolue, 
le  liquide  coule  hors  du  lit  et  non  dedans,  le  malade  reste  sec  et 
chaud  ;  actuellement  deux  petites  ponctions  suffisent  généralement, 
au  lieu  que  autrefois  il  en  fallait  plusieurs  et  de  bien  plus  doulou- 
reuses. 

Le  soulagement  obtenu  est  instantané  et  visible,  la  quantité  de  liquide 
s'écoulant  est  facilement  contrôlée  :  car  il  n'est  pas  toujours  nécessaire, 
(même  dans  certains  cas  de  grande  faiblesse,  il  n'est  pas  souhaitable) 
de  retirer  à  un  malade  hydropique  plusieurs  litres  d'un  liquide  con- 
tenant en  abondance  du  sérum  de  sang  mélangé  à  beaucoup  d'eau  et  de 
produits  urinaires  retenus  dans  le  système  par  le  mauvais  fonctionne- 
ment des  reins. 

Un  arrêt  sur  le  tube  de  caoutchouc  interrompra  tout  de  suite  l'écou- 
lement, ou  bien  on  peut  encore  retirer  la  canule  et  fermer  la  plaie 
avec  un  tampon,  si  cela  est  nécessaire. 

Enfin  le  dernier  ,  mais  non  le  moindre  avantage,  est  que  le  sérum 
hydropique  proprement  et  entièrement  recueilli  peut  subir  l'analyse  chi- 
mique et  être  forcé  de  dévoiler  les  secrets  de  sa  composition,  ce  qui  peut 
dans  bien  des  cas  éclaircir  des  problèmes  physiologiques.  Ainsi,  j'ai  pu 
constater  que,  dans  un  cas  d'hydropisie  rénale,  il  s'est  écoulé  par  mon 
tube  plus  d'urée  que  les  reins  du  malade  n'en  ont  sécrété  pendant  un 
temps  équivalent. 

Je  puis  vous  renvoyer  pour  ce  sujet  à  une  communication  que  j'ai 
faite  tout  dernièrement  à  la  Société  clinique  de  Londres  et  qui  sera 
bientôt  publiée  dans  son  volume  de  cette  année. 

Ce  fait  de  pouvoir  retirer  artificiellement  de  l'urée  du  système  est  d'une 
extrême  importance  au  point  de  vue  d'un  empoisonnement  chronique. 

Ce  mode  de  traitement  a  déjà  été  employé  par  moi  dans  dix  cas  à 
l'hôpital;  dans  un  seul  il  s'est  produit  quelque  inflammation  dans  le 
voisinage  de  la  canule,  chose  qui  peut  être  facilement  constatée  par 
l'induration  et  la  rougeur  autour  de  la  canule,  aussi  bien  que  par  la 
diminution  immédiate  d'écoulement.  Il  n'y  a  qu'à  retirer  la  canule,  et, 
après  l'avoir  désinfectée,  la  replacer  dans  un  autre  endroit. 


,,      s01  niKV.    —    TRAITEMENT    DE    L'ANASARQUE    GÉNÉRAL  859 

Cas  ""  ce  traitement  peut  être  appliqué  avec  avantage. 

Il  es!  appliqué  avec  le  plus  d'avantage  dans  les  cas  où  l'hydropisie 
provient  des  reins  el  des  lésions  cardiaques;  il  est  moins  propre  au  cas 
dos  obstructions  portai. -s  ou  hépatiques. 

Quand  les  jambes  «lu  sujet  de  l'anasarque  sonl  bien  violacées  et  pré- 
sentent une  forte  induration,  la  canule  est  très-apte  à  être  bouchée  par 
un  caillot  de  sang  ;  quand  le  tissu  sous-cutané  cellulaire  est  devenu  très- 
dur  par  une  pression  continue  surles  veines  et  les  vaisseaux  capillaires, 
l'élasticité  de  la  peau  est  tellement  détruite  qu'il  est  impossible  d'ap- 
pliquer ce  système  ou  même  tout  autre  remède  chirurgical. 

Je  puis  fortement  recommander  l'introduction  de  la  canule  dans  le 
scrotum,  dans  les  cas  où  les  parties  génitales  sont  gonflées  d'une  façon 
extrême,  l'écoulement  dans  ce  cas  ('tant  facilité  par  la  nature  molle  du 
tissu  cellulaire  de  fvs  parties.  Le  plus  grand  soulagement  peut  suivre  peu 
d'heures  après  l'introduction  de  la  canule,  mais,  dans  ce  cas  spécial,  il 
ne  faut  pas  laisser  la  canule  plus  de  trente  heures  consécutives,  même 
si  cela  pouvait  paraître  nécessaire,  car  il  nous  faut  éviter  l'ulcération 
dans  cette  situation  à  tout  hasard. 

Il  est  de  première  nécessité  d'apporter  une  attention  très-minutieuse 
aux  précautions  antiseptiques,  telles  que  de  laver  les  canules,  première- 
ment dans  l'acide  carbolique  (ou  acide  phénique),  puis  dans  de  l'eau 
bouillante  avant  de  les  introduire  sous  la  peau.  Enfin  il  faut  les  tremper 
dans  de  l'huile  carbolisée  pour  faciliter  l'insertion  et  éviter  finalement 
toute  espèce  d'impureté  sur  la  canule. 

L'endroit  où  la  canule  a  été  introduite  doit  être  recouvert  de  ouate 
saturée  d'une  forte  solution  d'acide  carbolique,  puis  d'une  bonne  couche 
de  ouate  sèche. 

Au  moyen  de  ces  précautions  dans  des  cas  ordinaires,  les  canules 
d'écoulement  peuvent  demeurer,  sans  être  changées,  deux  ou  trois  et  même 
sept  jours  sans  provoquer  une  inflammation  quelconque. 

Ce  qui  me  fait  attacher  de  l'importance  à  ce  procédé,  c'est  le  soulage- 
ment presque  immédiat  que  j'ai  vu  obtenir  dans  bien  des  cas. 

Je  sais  qu'on  ne  doit  pas  penser  à  guérir  l'hydropisie  par  son  usage, 
mais  j'ai  l'expérience  qu'avec  cet  appareil,  on  peut  éviter  aux  malades 
de  grandes  souffrances  et  quelquefois  même  reculer  indéfiniment  le 
terme  fatal,  et  je  voudrais  bien  voir  mes  collègues  s'en  occuper  aussi. 
Il  ne  me  reste  qu'à  vous  remercier  de  votre  attention. 

Je  suis  humilié  de  voir  que  le  traitement  médical  nous  manque 
beaucoup,  et  que  celui  de  la  chirurgie  est  souvent  trop  peu  scienti- 
fique; mais  nous  avançons  dans  la  direction  de  la  physiologie,  et  cet 
appareil,  parce  qu'il  est  simple  et  petit,  doit  nous  aider  à  découvrir  si 


860  SCIENCES   MÉDICALES 

l'urée  seforme  par  les  reins,  ou  si  sa  formation  est  répandue  dans  tout 
le  système  et  que  ce  ne  soit  que  sa  séparation  qui  s'est  effectuée  par 
les  reins. 

Mais  nos  expériences  sur  l'urée  et  mes  propres  recherches  ne  sont  pas 
encore  suffisantes  pour  me  permettre  de  donner  à  présent  des  conclusions. 

DISCUSSION. 

M.  Gibert  s'est  servi  une  seule  fois  de  l'appareil  de  M.  Southey  et  a  obtenu 
en  24  heures  un  écoulement  de  2  à  3  litres  de  liquide.  Malheureusement  l'ap- 
plication fut  suivie  d'un  érysipèle  phlegmoneux  des  plus  graves  ;  il  est  vrai 
qu'on  n'avait  pas  eu  le  soin  de  recourir  aux  précautions  antiseptiques  sur 
lesquelles  insiste  M.  Southey  à  la  fin  de  sa  communication. Quoi  qu'il  en  soit, 
l'érysipèle  guéri,  l'infiltration  ne  s'est  pas  reproduite  et  M.  Gibert  a  pu  cons- 
tater que  le  soulagement  avait  été  aussi  rapide  et  aussi  complet  que  l'affirme 
notre  confrère  de  Londres. 

M.  Yernelil  appuie  les  derniers  conseils  de  M.  Southey  et  pense  aussi  que 
M.  Gibert  n'a  dû  son  accident  phlegmoneux  qu'au  manque  de  précautions 
dé>.infecta rites;  M.  Verneuil  est  du  reste  convaincu  que  toutes  les  fois  qu'il  se 
produit  des  accidents  de  ce  genre  après  des  fonctions  exploratives  et  des 
injections  morphinées,  ces  accidents  doivent  être  rapportés  au  défaut  de  pro- 
preté des  instruments  et  à  la  négligence  des  mesures  de  précautions  indis- 
pensables. 


M.   le  D'   GIBERT 


LA     SCROFULE    AU     HAVRE    H) 

(EXTRAIT   DU   PROr.fcs-VEMIAL.) 


—  2iï  ao  û  t    1 87 4.  — 

M.  le  Dr  Gibert,  du  Havre,  donne  communication  d'un  long  mémoire  sur 
la  scrofule  au  Havre.  L'auteur,  après  quelques  considérations  générales  sur 
la  scrofule,  signale  les  résultats  heureux  obtenus  à  rétablissement  de  Berck- 
sur-^ler,  et  constatés  par  le  Dr  Bergeroii,  d'abord  en  18(J6  et  confirmés  depuis 
par  les  médecins  de  cet  établissement.  On  pourrait  conclure  de  là  que  la 
scrofule  doit  être  très-rare  au  bord  de  la  mer.  On  la  constate  pourtant  au 
Havre  et  assez  fréquemment.  M.  Gibert  en  cherche  l'explication  d'abord  dans 
la  nature  même  du  sol  sur  lequel  la  ville  est  bâtie,  et  examinant  à  ce  point 
de   vue  les  divers  quartiers  de  la  ville,   il  constate    que  la  mortalité  générale 

(i)  Le  mémoire  a  été  publié  in  extenso  dans  les  Annales  d'hygiène  et  de  médecine  lé/jaie 
t.  XL1X,  !'<•  partie. 


Dr   GIBERT.    LA    SCROFULE    AU    HAVRE  861 

est  moindre  dans  les  quartiers  dont  le  sol  est  le  plus  perméable.  Passant 
ensuite  en  revue  l'hygiène  des  logements  et  celle  de  la  nourriture,  l'auteur 
insiste  en  particulier  sur  l'abus  effroyable  des  boissons  alcooliques,  qu'il  consi- 
dère  comme  la  cause  la  plus  active  de  la  scrofule  et  de  la  tuberculisation 
dans  cette  ville.  L'influence  de  la  syphilis  et  le  défaut  de  propreté  sont  enrore 
classés  parmi  les  agents  producteurs  de  la  scrofule.  Examinant  enfin  l'action 
du  climat,  l'auteur  démontre  que  le  Havre  a  tous  les  avantages  et  tous  les 
inconvénients  du  climat  maritime,  variable  et  humide,  avec  une  moyenne  de 
168  jours  de  pluie  par  année.  L'air  y  est  fortement  oxygéné  et  l'hématose  y 
est  très-active.  Après  ce  préambule  étiologique,  M.  Gibert  passe  en  revue  les 
diverses  manifestations  de  la  scrofule  qu'il  a  observées  à  son  dispensaire  des 
Enfants  malades,  dans  la  proportion  de  231  enfants  scrofuleux  sur  1,000  ma- 
lades; c'est  donc  une  proportion  de  25  0/0;  il  est  bon  d'observer  toutefois  (pie 
sur  ce  chiffre,  presque  égal  à  celui  de  Paris,  plus  de  la  moitié  ne  présentent 
que  des  manifestations  cutanées  qui  ne  se  rattachent  à  la  scrofule  que  d'une 
manière  un  peu  artificielle  et  pourraient  très-souvent  rentrer  tout  aussi  bien 
dans  le  cadre  de  l'arthritisme  ;  et  pour  preuve  la  fréquence  des  transforma- 
tions des  dartres  humides  en  dartres  sèches,  qui  disparaissent  elles-mêmes 
pour  faire  place  à  l'asthme.  En  revanche,  la  proportion  des  lésions  osseuses 
n'est  que  de  22  sur  1,000,  dont  13  coxalgiques,  chiffre  plus  élevé  assurément 
de  beaucoup  que  la  moyenne  générale  du  Havre.  Du  reste,  cette  statistique 
est  un  peu  restreinte,  et  l'auteur  ne  s'y  arrête  que  pour  en  tirer  cette  conclu- 
sion, que  l'on  ne  rencontre  au  Havre  que  très-rarement  la  scrofule  maligne. 
M.  Gibert  se  demande  ensuite  ce  que  deviennent  ces  scrofuleux,  et  il 
démontre,  en  se  basant  sur  un  travail  très-complet  du  Dr  Eremond,  médecin 
major  du  129e  de  ligne,  que  sur  0,330  inscrits  au  tirage  au  Havre,  102  seu- 
lement,soit  1.62  0/0,  ont  été  exemptés  pour  vice  scrofuleux,  ce  qui  classe  le 
Havre  avec  le  Pas-de-Calais  dans  les  départements  les  mieux  partagés  au 
point  de  vue  de  la  scrofule.  D'où  l'auteur  tire  cette  conclusion  légitime  que 
ces  enfants  scrofuleux  guérissent  pour  la  plupart,  sauf  les  cas  de  transfor- 
mation en  une  autre  diathèse,  cas  assez  rares  d'ailleurs.  Pour  rendre  cette 
conclusion  tout  à  fait  probante,  il  s'est  livré  à  un  autre  travail  statistique 
sur  les  tables  de  mortalité,  par  lequel  il  démontre  que  les  enfants  scrofuleux 
guérissent  pour  la  plupart  et  ne  meurent  pas  phlhisiques  avant  l'âge  de 
20  ans  ;  la  phthisie  scrofuleuse  n'étant  pas  d'ailleurs  la  forme  de  tuberculisa- 
tion pulmonaire  qu'on  observe  communément  au  Havre,  il  est  donc  en  droit 
de  conclure  que  le  petit  nombre  d'exemptés  militaires,  par  suite  du  vice  scro- 
fuleux, tient,  non  pas  à  la  transformation  de  la  scrofule  en  phthisie,  mais  à  la 
guérison  du  scrofuleux  sous  l'influence  de  l'air  marin.  L'auteur  examine 
ensuite  les  différents  quartiers  de  la  ville  au  point  de  vue  de  la  scrofule  et 
termine  son  travail  par  des  conclusions  qui  résument  les  diverses  recherches 
exposées  ci-dessus.  M.  Gibert  a  accompagné  son  travail  d'un  plan  colorié  de 
la  ville  du  Havre,  donnant  une  idée  exacte  de  la  nature  du  sol  dans  les 
divers  quartiers,  et  de  tableaux  statistiques  détaillés  des  causes  de  la  mortalité 
de  1869  à  1876. 


862  SCIENCES   MÉDICALES 


DISCUSSION. 

M.  le  Dr  Lunier  appuie  les  conclusions  de  M.  Gibert  au  point  de  vue  de 
l'influence  énorme  de  l'alcoolisme  comme  cause  de  la  scrofule  et  delà  phthisie, 
et  il  fait  observer  que  c'est  encore  à  cette  cause  qu'il  faut  se  reporter  pour 
expliquer  comment  l'arrondissement  du  Havre  se  trouve  un  des  plus  chargés 
au  point  de  vue  de  la  mortalité  et  de  l'aliénation  mentale.  Ainsi  le  Havre  est 
à  ce  point  de  vue  infiniment  plus  maltraité  que  l'ensemble  du  département, 
la  Seine-Inférieure  n'occupant  à  ces  points  de  vue  que  le  42e  rang.  M.  Lunier 
confirme  aussi  l'observation  de  M.  Gibert  en  ceci  que  l'asthme  s'observe 
surtout  dans  les  cantons  maritimes,  où  il  y  a  beaucoup  de  scrofuleux.  L'influence 
de  l'alcoolisme  est  aussi  très-prononcée  dans  les  Bouehes-du-Rhône,  mais  ici 
on  s'enivre  avec  du  vin  et  du  vin  généralement  naturel,  et  l'action  délétère  en 
est  beaucoup  atténuée.  M.  Lunier  fait  remarquer  que  Morlaix  présente  la  même 
absence  presque  complète  de  scrofuleux  à  20  ans,  que  M.  Gibert-  a  constatée 
au  Havre. 

M.  Houzé  de  l'Aulnoit  insiste  sur  l'influence  de  l'encombrement  comme 
cause  de  scrofules  et  préconise  l'emploi  des  cheminées  comme  moyen  d'aé- 
ration dans  les  logements  d'ouvriers. 

M.  Maire  s'étonne  des  résultats  statistiques  donnés  par  M.  Gibert  au  point 
de  vue  des  divers  quartiers  de  la  ville,  et  en  particulier  de  la  salubrité  supé- 
rieure accordée  au  quartier  Saint-François  sur  le  quartier  Notre-Dame.  La 
statistique  de  M.  Gibert  ne  portant  que  sur  9  années  demandera  à  ce  point 
de  vue  à  être  complétée  et  contrôlée. 

M.  Lunier  insiste  sur  l'influence  de  l'hérédité  au  point  de  vue  de  l'alcoo- 
lisme comme  cause  de  la  scrofule.  Les  enfants  scrofuleux  deviennent  plus 
tard  phthisiques  ;  le  climat  n'est  donc  pas  si  mauvais,  puisque  les  scrofuleux 
vivent  assez  longtemps  pour  voir  leur  mal  se  transformer . 

M.  Lecadre  rappelle  l'opinion  de  Laennec,  qui  donnait  à  l'encombrement 
une  prédominance  prononcée  sur  l'alcool  au  point  de  vue  de  la  production  de 
la  phthisie.  11  se  range  à  l'avis  de  M.  Gibert  en  affirmant  que  la  forme  scro- 
fuleuse  de  la  phthisie  est  la  plus  rare  au  Havre. 

M.  Bekgeron  veut  signaler  un  facteur  important  qui  a  été  négligé  dans 
l'étiologie  de  la  scrofule  et  de  la  phthisie  ;  il  reconnaît  l'action  puissante  de 
l'encombrement  et  de  l'alcool,  surtout  de  l'alcool  de  betterave  ;  mais  les 
grands  centres  sont  aujourd'hui  largement  aérés,  et  il  importe  de  ranger  au 
nombre  des  causes  les  plus  fréquentes  l'hérédité,  qui  joue  ici  un  rôle  prépon- 
dérant. Un  père  scrofuleux  ou  phthisique  engendre  des  enfants  prédisposés  aux 
mêmes  affections;  il  n'est  donc  pas  étonnant  que,  les  autres  causes  aidant, 
chaque  génération  voie  s'accroître  son  contingent  de  scrofuleux  et  de  phthi- 
siques. 

M.  de  Bommy,  de  Neufchâtel,  est  disposé  à  accorder  à  la  syphilis  une  part 
importante   dans  l'étiologie   de    la    scrofule    et    de    la     phthisie,    le     Havre 


CODTY.   —  LA   TEMPÉRATURE    PEIWPHERIQUE  863 

comme  tous  les  ports  de  mer  étant  plus  facilement  infectés  par  cette  affection 
que  les  villes  du  centre. 


M.    COTITY 


LA  TEMPÉRATURE  PÉRIPHÉRIQUE,  DANS  SES  VARIATIONS  PHYSIOLOGIQUES 
OU   PATHOLOGIQUES. 
[EXTRAIT. 


—  Séance  il  »  ?9  août   is~~.  — 
La  température  périphérique,  dans  ses  variations  physiologiques   ou    patho- 
logiques, est  encore  fort  peu  connue. 

Des  expériences  indirectes  de  M.  Cl.  Bernard,  d'Heindenhain  et  Senator,  de 
Nounym,  etc.,  font  prévoir  que,  pendant  la  fièvre,  les  vaso-moteurs  doivent 
être  paralysés,  et  les  parties  périphériques  plus  chaudes.  Mais  aucune  observa- 
tion ne  l'a  établi  directement,  et  les  travaux  récents  de  divers  auteurs  alle- 
mands', de  Honkel,  de  Jacobson,  de  Butner,  etc.,  etc.,  ont  encore  obscurci  la 
question.  Employant  des  appareils  thermo-électriques,  trop  précis,  qui  donnent, 
une  température  épidermique  et  non  pas  périphérique,  ces  auteurs  ont  obtenu, 
malgré  le  petit  nombre  de  leurs  observations,  des  résultats  entièrement  con- 
tradictoires, qu'il  serait  trop  long  de  discuter  ici.  Au  contraire,  M.  Couty  a  pu 
constater  plusieurs  séries  de  faits  entièrement  constants,  en  se  servant,  pour 
obtenir  des  températures  périphériques,  d'un  procédé  moins  sujet  à  diverses 
causes  d'erreur;  du  thermomètre  placé  dans  la  paume  delà  main,  les  doigts 
étant  fléchis.  Ses  observations, commencées  en  janvier  1876  à  l'hôpital  du  Val- 
de-Grâce,  ont  été  continuées  à  l'hôpital  Saint-Martin;  voici  leurs  résultats: 

M.  Couty  a  pris  plus  de  huit  ceilts  températures  palmaires  normales.  Dans 
une  première  série  d'observations,  il  a  pris  chaque  matin,  toujours  à  la 
même  heure,  pendant  près  de  trente  jours,  la  température  de  dix-sept  indi- 
vidus; et  il  a  conclu  que  la  température  palmaire,  si  elle  variait  considéra- 
blement avec  les  individus,  restait  fixe  ou  à  peu  près  pour  chacun  d'eux.  En 
effet,  certains  sujets  avaient  constamment  à  la  main  de  24IJ  à  28°;  certains 
autres  de  34  à  36°5;  d'autres  encore,  de  30  à  35°;  mais  le  même  individu 
variait  toujours  entre  certaines  limites. 

Dans  une  deuxième  série  d'expériences,  M.  Couty  a  comparé  la  température 
de  vingt-cinq  autres  individus,  prise  successivement  à  différents  moments, 
avant  ou  après  les  repas,  avant  ou  après  le  sommeil;  et  aussi  avec  des  tem- 
pératures extérieures  variables.  Pour  quelques-uns,  la  température  palmaire  a 
varié  à  peine  de  quelques  dixièmes  de  degré,  dans  ces  diverses  conditions,  et 
quelquefois  sans  règle  appréciable  ;  pour  le  plus  grand  nombre,  il  y  a  eu  des 
variations  de  3  et  4° ,  toujours  dans  le  même  sens,  la  température  augmen- 
tant après  les  repas,  étant  plus  faible  le  matin  après  le  sommeil,  etc. 


864  SCIENCES  MÉDICALES 

Après  avoir  ainsi  étudié  quelques-unes  des  variations  physiologiques  de  la 
température  palmaire,  M.  Couty,  relativement  à  ses  variations  pathologiques, 
pose  les  conclusions  suivantes  basées  sur  près  de  trois  mille  mensurations. 

1°  Dans  la  fièvre,  perdant  l'acmé,  la  température  de  la  main  et  celle  de 
l'aisselle  oui  toujours  été  égales  ou  à  peine  différentes  de  quelques  dixièmes  de 
degré;  alors  que  pendant  et  après  la  convalescence,  ces  températures  diffé- 
raient de  4  à  10  degrés. 

2°  Cette  tendance  à  l'égalisation  a  existé  dans  toutes  les  affections  fébriles 
observées  par  l'auteur,  quel  que  fût  le  moment  de  l'observation  :  seulement, 
dans  certaines  affections,  pneumonie,  pleurésie  non  tuberculeuse,  fièvre 
typhoïde  légère,  angine,  etc.,  la  chute  de  la  température  palmaire  a  accom- 
pagné ou  même  précédé  souvent  de  plusieurs  jours  la  déffervescence  axillaire. 
Au  contraire,  dans  le  rhumatisme  articulaire,  l'érysipèle,  la  rougeole,  plusieurs 
jours  après  que  la  température  axillaire  était  tombée  à  37",  la  température 
palmaire  oscillait  encore  de  3o°5  à  35°,  et  la  tendance  à  l'égalisation  persis- 
tait. Les  vaso-moteurs  périphériques  paraissent  donc  plus  profondément  modi- 
fiés dans  ces  dernières  affections  à  manifestations  extérieures  et  dont  les 
lésions  siègent  sur  la  peau. 

D'autres  mensurations  thermométriques  ont  été  faites  en  d'autres  points, 
pieds,  urèthre  ;  quoique  bien  moins  nombreuses,  elles  suffisent  pour  montrer 
que  ces  parties  périphériques  se  comportent  comme  la  main.  Leur  tempéra- 
ture, pendant  la  fièvre,  se  rapprochait  de  la  température  axillaire;  seulement 
l'égalisation  a  été  moins  complète  et  moins  durable.  En  résumé,  pour  toutes 
les  affections  fébriles,  l'augmentation  de  chaleur  est  plus  considérable  dans  les 
parties  périphériques,  et  la  température  tend  à  s'égaliser  dans  toutes  les  parties 
du  corps,  comme  l'avait  prévu  .Al.  Marey,  et  comme  Schiff,  M.  Yulpian,  l'ont 
constaté  dans  quelques  expériences. 

Il  ne  faut  pas  oublier,  du  reste,  qu'une  foule  de  conditions  intercurrentes: 
troubles  nerveux, délire, vomissements,  frissons,  ou  médication  vésicatoire,  etc., 
peuvent,  comme  M.  Couty  l'a  constaté  plusieurs  fois,  modifier  les  phé- 
nomènes indiqués  plus  haut,  et  rendre  les  tracés  irréguliers  :  mais  il  n'en 
ressort  pas  moins  de  tous  ces  faits  que  la  température  périphérique,  normale 
ou  pathologique,  dépend  de  conditions  précises  que  l'on  peut  déterminer. 

DISCUSSION. 

M.  Potain  s'informe  si  M.  Couty  a  fait  porter  ses  expériences  sur  des 
femmes  hystériques  ;  il  aurait  remarqué  alors  que,  pendant  les  crises,  la  tem- 
pérature s'élève  aux  extrémités  jusqu'à  atteindre  celle  des  parties  centrales; 
mais  cette  élévation  de  température  ne  persiste  que  peu  de  temps. 

M.  Couty  n'a  pas  eu  occasion  d'expérimenter  sur  les  hystériques;  il  a 
remarqué  que  certains  sujets  avaient  toujours  les  mains  chaudes,  soit  à  35° 
ou  36°  et  même  au-delà,  au  lieu  de  28  à  32,  qui  est  la  température  la  plus 
ordinaire. 


Ur  DERO.  —   Al  lln\    PHYSIOLOGIQUE    ET    PATHOLOGIQUE    DU   PETROLE       865 


M.  le  D'   J.  DERO 

Médecin  à  L'Hôpital  du  Havre. 


DE  L'ACTION  PHYSIOLOGIQUE   ET  PATHOLOGIQUE  DU  PÉTROLE. 


—  Séance  du  27  août   18T7.  — 

Le  pétrole  est  une  substance  dont  l'emploi  devient   chaque   année   d 
plus  en  plus  considérable  ;  l'éclairage,  la  peinture  eu  utilisent  une  grande 
partie.  Aussi  j'ai  cru  qu'il  ne  serait  pas  sans  intérêt  de  chercher  à  déter- 
miner quelle  influence  ce  produit  pouvait  avoir  sur  l'organisme. 

Observations.  —  Le  •'»  janvier  IN7-2  on  amena  à  ma  consultation  à 
l'hôpital,  le  nommé  X....,  Agé  de  30  ans.  11  était  seulement  soutirant  depuis 
quelques  jours,  mais  les  actes  désordonnés  de  ce  malade  donnaient  à  la  famille 
la  plus  vive  inquiétude  et  lui  taisaient  craindre  un  commencement  de  folie. 
Tout,  chezX...,  paraissait  au  premier  aspect  confirmer  cette  opinion.  La  figure 
contusionnée  en  plusieurs  endroits,  l'œil  hagard,  à.  pupille  largement  dilatée, 
une  parole  tantôt  brève,  tantôt  lente,  dénotaient,  en  effet,  des  désordres  du 
côté  des  centres  nerveux. 

La  famille  m'affirme  que  le  malade  est  très-sobre  ;  il  fut  pris,  il  y  a  trois 
jours  seulement,  durant  la  nuit,  d'un  accès  de  fureur  au  milieu  duquel  ne 
reconnaissant  personne,  il  se  jetait  par  terre  et  faisait  les  mouvements  les 
plus  extravagants. 

Sur  le  billet  d'entrée,  j'inscrivis  délire  alcoolique,  et  je  le  tis  placer  au 
n°  13  de  la  salle  Saint-Augustin. 

Le  lendemain  matin,  je  trouvais  plus  de  calme,  il  y  avait  manque  'd'appé- 
tit avec  constipation  opiniâtre,  la  langue  était  recouverte  d'un  enduit  épais, 
jaunâtre,  le  pouls  et  la  température  cutanée  n'avaient  rien  d'anormal. 

Le  sommeil  de  la  nuit,  comme  celui  des  nuits  précédentes,  avait  été  fré- 
quemment interrompu  ;  des  rêves  affreux  tourmentaient  continuellement  ce 
malade  :  à  peine  avait-il  fermé  les  paupières,  que  des  fantômes,  des  figures 
grimaçantes  venaient  le  menacer;  à  d'autres  moments,  il  se  voyait  rouler  au 
fond  de  précipices 

Au  réveil,  resserrement  de  la  tête  vers  les  tempes,  elle  se  sentait  prise 
comme  dans  un  étau,  pupilles  toujours  très-dilatées. 

X...  répond  avec  précision  aux  questions  qui  lui  sont  posées,  il  n'a  pas 
fait  d'excès  depuis  longtemps,  et  a  toujours  été  d'une  grande  sobriété;  il 
attribue  ses  accidents  au  pétrole  raffiné. 

Comme  commis,  il  est  souvent  obligé  d'aider  les  ouvriers  qui  transvasent  ce 
liquide  et  au  bout  d'un  certain  temps,  il  lui  est  arrivé  de  se  trouver  surexcité, 
comme  ivre.  Les  derniers  accidents  dont  il  a  été  victime,  il   y  a    trois  jours, 

55 


866  SCIENCES  MÉDICALES 

auraient  été,  selon  lui,  occasionnés  par  les  vapeurs  provenant  d'une  lampe 
remplie  de  pétrole,  restée  éteinte  la  nuit  dans  sa  chambre. 

Je  prescrivis  un  éméto-cathartique,  une  potion  laudanisée  et,  le  soir,  une 
pilule  d'opium  de  0gr05  ;  la  nuit  fut  plus  calme.  Les  jours  suivants, 
j'augmentai  successivement  les  doses  opiacées  et  une  amélioration  rapide  se 
manifesta  ;  l'appétit  reparut,  les  rêves  s'éloignèrent  pour  faire  place  à  un  som- 
meil calme  et  tranquille;  bref,  au  bout  de  quinze  jours  X...  sortit  de  l'hôpital 
parfaitement  guéri. 

Pendant  plusieurs  années,  j'ai  suivi  ce  malade  ;  les  personnes  qui  le  con- 
naissent, et  moi-même,  nous  n'avons  pu  que  constater  la  sobriété  et  la 
régularité  de  sa- vie. 

D'un  seul  fait  bien  observé,  il  est  certainement  possible  d'arriver  à  des 
conclusions  exactes  et  précises,  mais  si  ce  fait  se  trouve  isolé  et  n'a  pas 
pour  appui  l'expérience,  il  reste  toujours  dans  l'esprit  un  certain  doute 
qu'il  est  difficile  d'écarter.  J'ai  donc,  profitant  de  la  voie  qui  m'était 
ouverte  et  sur  laquelle  j'avais  d'abord  été  conduit,  fait  de  nouvelles 
recherches. 

Au  Havre,  cela  m'a  été  facile  ;  il  y  arrive  chaque  année,  des  divers 
ports  de  l'Amérique  du  Nord,  des  quantités  considérables  de  pétrole.  Ce 
liquide,  renfermé  dans  des  barils  de  bois  de  grandeur  moyenne,  est 
transporté  par  des  navires  de  petit  tonnage,  qui  depuis  les  incendies 
terribles  dont  le  port  a  été  le  théâtre,  se  trouvent  réunis  et  isolés  à  leur 
arrivée  dans  le  petit  bassin  de  la  Floride.  Les  navires  sont  toujours  à 
voiles,  et  c'est  ordinairement  pendant  l'hiver  que  la  plupart  des  trans- 
ports ont  lieu  afin  d'éviter  une  déperdition ,  résultat  d'évaporation  tou- 
jours produite  par  une  température  élevée. 

Ces  navires  présentent  dans  le  même  chargement ,  soit  du  pétrole 
brut  et  du  pétrole  raffiné,  soit  le  plus  ordinairement  un  seul  de  ses 
produits. 

Le  navire  amarré  à  quai,  des  escouades  d'arrimeurs,  plus  ou  moins 
nombreuses,  selon  l'importance  du  tonnage,  font  le  déchargement. 

La  trappe  du  bâtiment  écartée,  on  établit  au-dessus  d'elle  une  poulie 
sur  laquelle  passe  une  corde  s'enroulant  d'un  bout  sur  un  treuil  que  des 
hommes  font  mouvoir  et  portant  à  l'autre  extrémité  deux  crampons  de 
fer,  qu'un  homme  descendu  dans  la  cale  accroche  aux  deux  bouts  d'une 
barrique,  qui,  à  un  signal  donné,  est  entraînée  sur  le  pont  d'où  on  la 
roule  vers  le  quai. 

Les  barriques,  disposées  par  étages  et  soutenues  par  des  morceaux  de 
bois,  sont  ainsi  enlevées  successivement;  leur  déchargement  dure  quel- 
quefois' plusieurs  jours. 

Lorsque  la  température  est  basse  et  que  le  chargement  ne  comprend 
que  du  pétiole  brut,    l'homme  qui   doit   accrocher   les    barriques  peut 


D'DBRO.   —    àCTÎO»    PHYSIOLOGIQUl     ET    PATHOLOGIQUE    DU    PÉTROLE      861 

continuer  son  travail  durant  plusieurs  h. Mires  sans  éprouver  autre  chose 
que  do  la  fatigue. 

Si  le  chargement  a  été  l'ait  avec  de  l'essence  el  que  la  température 
se  trouve  élevée,  l'air  de  la  cale  ne  tarde  pas  à  se  charger  de  vapeur  de 
pétrole  pouvant  s'enflammer  au  contact  de  la  moindre  étincelle.  La  ven- 
tilation renouvelle  difficilement  cette  atmosphère. 

Les  ouvriers  qui  descendent  en  ce  moment  dans  la  cale  sont  gênés 
par  une  odeur  désagréable  de  pétrole,  ils  éprouvent  des  tintements,  des 
bourdonnements  d'oreille,  et  si  leur  sensibilité  se  trouve  un  peu   déve- 
loppée,   ils  tombent    en  syncope  ou  sont  pris  de  crises  nerveuses    plus 
ou  moins  intenses.  Les  hommes  qui  ont  l'habitude  de  boire  sentent  sur- 
tout l'air    leur  manquer  et  éprouvent    une  sorte   de    suffocation.  D'une 
autre  part  on  n'observe  aucune  irritation  du    côté  des  muqueuses,  tant 
des  yeux  que  des  voies  respiratoires.  Ces  accidents  se  manifestent  surtout 
au    début   d'un  déchargement    ou  chez  les    personnes    qui   en    font  le 
métier  pour  la  première  fois;   mais  malgré  l'habitude,  si  la  température 
est  très-élevée  ou  si  la  ventilation  n'a  pas  été  établie,  il  est  difficile  au\ 
ouvriers  de  continuel   leur  travail.  Ces  premières  impressions  passées,  il 
nous  est  arrivé  de  constater  chez  l'arrimeur  qui  continue  à  respirer  l'air 
chargé  de  vapeur  de  pétrole,  une  série  de  symptômes  que  l'on  pourrait 
partager  en  deux,  périodes  parfaitement  distinctes. 

Dans  la  première,  au  bout  de  quelques  minutes,  l'ouvrier  commence 
par  mal  accrocher  ses  barils,  il  mai»  lie  tout  de  travers  et  ne  répond 
que  d'une  manière  indirecte  aux  questions  qui  lui  sont  posées  ;  bientôt 
tous  les  mouvements  deviennent  désordonnés,  le  patient  s'agite,  sa 
parole  et  ses  actes  ressemblent  à  ceux  d'un  homme  ivre,  finalement  sa 
parole  s'arrête  et,  en  proie  à  des  convulsions  violentes,  il  tombe  par  terre, 
privé  de  connaissance.  A  cette  agitation  succède  un  calme  relatif;  la 
contraction  des  muscles  des  bras  et  des  jambes  disparaît  successi- 
vement et  fait  place  à  une  résolution  complète,  l'ouvrier  reste  alors 
dans  l'immobilité  la  plus  absolue  et  ses  membres  relevés  tombent  et  res- 
tent inertes  à  côté  de  lui;  il  n'y  a  plus  de  sensibilité  ni  de  mouvement. 
A  l'air  libre,  le  mouvement  et  la  connaissance  finissent  par  reparaître 
dans  l'ordre  inverse  de  leur  disparition  au  bout  de  10  à  20  mi- 
nutes. 

Ordinairement  aux  premiers  symptômes  qui  se  montrent,  l'ouvrier  est 
hissé  sur  le  pont,  là  après  quelques  instants  de  repos  il  .se  remet  au  tra- 
vail pendant  que  l'un  de  ses  camarades  descend  prendre  sa  place.  Si 
les  accidents  ont  été  plus  prononcés,  ce  repos  est  plus  long  et  quelque- 
fois le  travail  n'est  continué  qu'après  quelques  heures,  mais  en  général 
il  n'en  reste  aucune  trace.  Ce  n'est  qu'après  les  crises  violentes,  lorsque 
la  face  a  été  congestionnée,    les  membres  fortement  convulsés,    que   le 


868  SCIENCES   MEDICALES 

patient  est  sujet  à  des  bâillements,  à  un  malaise,  à  une  sorte  d'énerva- 
tion  avec  resserrement  aux  tempes  et  à  la  mâchoire  inférieure,  qui  durent 
ordinairement  tout  une  journée. 

Le  pétrole  introduit  dans  l'estomac  peut-il  produire  des  lésions  graves 
et  déterminer  la  mort  ?  Si  l'on  tenait  compte  des  quelques  observations 
publiées  et  ayant  rapport  à  ce  sujet,  on  répondrait  presque  hardiment 
par  l'affirmative.  Un  seul  l'ait  de  ce  genre  est  arrivé  à  notre  connais- 
sance, il  nous  a  été  donné  de  l'observer  dans  le  service  de  M.  le  Dr 
Denouette. 

Observation.  —  En  187 i,  on  amena  dans  une  des  salles  du  I)r  Denouette 
une  jeune  tille  du  quartier  Sainl-Franeois  :  prise  de  désespoir,  elle  avait  avalé, 
voulant  s'ôter  la  vie,  le  contenu  de  sa  lampe,  environ  un  grand  verre  et  demi 
de  pétrole.  Après  cet  acte,  malaise,  nausées,  vomissements,  évacuations  alvines 
survinrent  dans  l'ordre  que  je  viens  d'indiquer.  Les  voisins  prévenus  la  trou- 
vèrent absorbée,  ils  la  tirent  transporter  à  l'hôpital  où  elle  ne  tarda  pas  à  reprendre 
connaissance. 

Pendant  plusieurs  jours  les  matières  fécales  conservèrent  une  forte  odeur 
de  pétrole,  mais  on  ne  constata  aucune  lésion,  ni  irritation  du  côté  du  tube 
intestinal. 

La  convalescence  fut  de  courte  durée  et  la  malade  sortit  parfaitement 
rétablie . 

Le  pétrole,  comme  on  le  sait,  a  été  employé  avec  succès  au  traitement 
de  la  gale  :  il  rendrait,  j'en  suis  persuadé,  si  ce  n'était  son  odeur  désa- 
gréable, les  plus  grands  services  dans  le  pansement  des  plaies.  Les 
barils  de  pétrole,  comme  je  l'ai  exposé  plus  haut,  sont  à  leur  décharge- 
ment rangés  sur  le  quai  ;  là  des  tonneliers  défoncent  quelques-uns  de 
ces  barils  pour  y  puiser  du  pétrole  afin  de  combler  le  vide  qui  existe 
dans  les  autres  fûts.  Ces  hommes,  dont  les  bras  sont  plongés  quelque- 
fois jusqu'au  coude  dans  le  liquide  et  pendant  des  journées  entières, 
ne  présentent  à  la  peau  aucune  trace  d'irritation,  au  contraire,  celle-ci 
reste  souple,  lisse  ;  les  gerçures,  les  boutons  s'il  y  en  a  disparaissent 
rapidement  et  des  plaies  des  écorchures  anciennes  mises  au  contact 
du  pétrole,  ne  sont  non-seulement  le  siège  d'aucune  douleur  ni  d'irri- 
tation, mais  leur  surface  ne  tarde  pas  à  devenir  rosée  et  d'un  bel  aspect. 
La  suppuration  est  presque  nulle  et  en  quelques  jours  elles  se  trouvent 
couvertes  de  cicatrices  parfaitement  régulières.  Voilà,  messieurs,  l'en- 
semble des  faits  très-brièvement  résumés,  sur  lesquels  nous  avons  voulu 
pour  un  instant  l'attention  du  médecin  et  de  l'hygiéniste. 


h'    PIEUZAL.    —    LA   BLÉPHARORAPHIE  ET  LA  RLÉPHAROPLASTIE  869 


M.  le  D1  FIEÏÏZAL 

irédecin  <-n  chef  il>-  l  hôpital  des  Quinze-Vingts. 


LA    BLÉPHARORAPHIE   ET   LA   BLÉPHAROPLASTIE   DANS   LES  CAS 
D'ECTROPION   INVÉTÉRÉ. 


i  \  i  H  il  I   ni    PROCI  S-VERB  IL. 


—  Séance  >/«  £7  unùt   1877.  — 

M.  Fieuzai  compare  la  blépharoraphie  et  la  blépharoplastie  dans  les  cas 
(l'ectropion  invétéré.  Il  rappelle  d'abord  que  M.  Verneuil  a  soumis  à  la  Société 
de  chirurgie  un  malade  qu'il  avait  opéré  par  la  tarsoraphie,  avec  plein  succès, 
d'un  double  ectropion  datant  de  l'enfance.  Le  procédé  opératoire  préconisé  par 
M.  Verneuil  fut  généralement  approuve,  niais  trouva  pourtant  quelques  con- 
tradicteurs, MM.  Tillaux,  Panas,  et  M.  Fieuzai  est  assez  disposé  à  se  ranger 
du  côté  de  ces  derniers  ;  son  expérience  personnelle  le  porte  à  penser  que  la 
tarsoraphie  sera  le  plus  souvent  insuffisante  et  qu'on  sera  plus  tard  obligé  de 
recourir  à  la  blépharoplastie  et  à  la  greffe  épidermique.  L'auteur  appuie  son 
opinion  sur  cinq  cas  de  sa  pratique  sur  lesquels  il  donne  quelques  rapides  détails 
et  dans  lesquels  la  tarsoraphie  a  échoué  à  plusieurs  reprises,  en  sorte  qu'il 
a  été  obligé  de  recourir  à  la  blépharoplastie.  Chez  un  de  ses  malades,  il  s'est 
trouvé  très-bien  de  s'aider  de  la  suture  de  Snellen. 

DISCUSSION. 

M.  Verneuil  s'étonne  de  voir  des  insuccès  par  la  tarsoraphie,  qui  lui  a 
toujours  réussi  à  lui.  Depuis  plusieurs  années  il  n'emploie  que  ce  procède,  et 
il  ne  lui  a  donné  que  des  succès,  jamais  un  fil  n'a  manqué;  il  a  soin,  il  est 
vrai,  d'éviter  tout  tiraillement.  M.  Reclus  a  été  témoin  de  plusieurs  de  ces 
opérations.  La  dernière,  en  particulier,  a  été  pratiquée  pour  un  effroyable 
ectropion  double,  et  jusqu'à  présent  le  succès  est  magnifique  ;  sera-t-il  per- 
manent, tout  porte  à  le  croire,  car  généralement  après  un  mois  on  peut  déjà 
présager  le  succès.  —  La  tarsoraphie  simple  est,  pour  M.  Verneuil,  une  opé- 
ration si  innocente  et  si  efficace,  qu'il  se  fait  un  cas  de  conscience  de  toujours 
commencer  par  là.  Les  greffes  épidermiques  peuvent  rendre  des  services,  mais 
il  n'a  jamais  eu  besoin  d'y  recourir.  Il  a  vu  des  plaies  énormes  produites  par 
l'opération  guérir  en  13  à  20  jours  ;  il  n'a  donc  pas  eu  besoin  de  chercher 
autre  chose,  et  il  affirme  que  jamais  la  tarsoraphie  ne  lui  a  donné  que  de 
magnifiques  résultats,  sans  qu'il  puisse  pourtant  pour  cela  répondre  de  l'avenir. 

M.  Fiel'zal  persiste  à  repousser  la  tarsoraphie  comme  insuffisante  et  comme 
exposant  à  des  accidents  inflammatoires. 

M.  Verneuil  résume  sa  manière  de  voir  en  concluant  que  pour  lui  la  blé- 
pharoplastie est  une  opération  incertaine,  dangereuse,  et  presque  toujours  inu- 
tile, qu'en  conséquence  il  l'a  complètement  abandonnée.  Il  affirme  aussi  que  la 


870  SCIENCES   MÉDICALES 

tarsoraphie  ne  lui  a  jamais  donné  d'accidents  inflammatoires;  il  est  vrai  qu'il 
s'arrange  toujours  de  manière  à  n'avoir  jamais  de  tiraillement. 

M.  Brière  demande  la  parole  pour  signaler  les  services  que  lui  a  rendus  la 
méthode  de  Snellen  dans  des  cas  d'ectropion  sénile  simple,  sans  autre  manuel 
opératoire.  Cette  méthode  agit  en  réduisant  la  luxation  du  tarse,  et  cette 
réduction  se  maintient  permanente,  si  l'on  a  soin  de  passer  les  fils  à  une 
profondeur  suffisante  et  de  les  laisser  en  place  au  moins  trois  semaines,  de 
manière  à  avoir  ainsi  des  brides  cicatricielles  profondes  maintenant  la  réduction. 


M.   A.   EAYRE 

Uédecin  consultant  de  la  Compagnie   H.-I..-M.,  à  Lyon. 


RECHERCHES  CLINIQUES     SUR     LE     DALTONISME. 
ÉLÉMENTS  DE  STATISTIQUE 


—  Séance    du  27    août    IH77.  — 

Beaucoup  de  personnes  sont  en  désaccord  avec  le  plus  grand  nombre 
sur  la  dénomination  des  objets  colorés.  Ces  'divergences  ont  sans  doute 
existé  de  tout  temps,  et  peut-être  ont-elles  été  constatées  par  le  proverbe: 
«  Des  goûts  et  des  couleurs,  il  ne  faut  pas  disputer.  » 

L'auteur  de  l'article  «  Couleurs  »  du  Dictionnaire  encyclopédique  du 
kviii*  siècle  faisait  évidemment  allusion  à  la  fausse  appréciation  des  cou- 
leurs quand  il  écrivait,  p.  327,  édition  de  Neufchâtel  : 

«  Tous  les  hommes  voient-ils  les  objets  de  la  même  couleur  ?  Il  y  a 
»  apparence  que  oui;  cependant  on  ne  démontrera  jamais,  que  ce  que 
»  j'appelle  rouge  ne  soit  pas  vert  pour  un  autre.  Il  est  vraisemblable  que 
»  le  même  objet  ne  paraît  pas  à  tous  les  hommes  d'une  couleur  égale- 
j>  ment  vive  et  également  grande.  » 

Le  même  auteur,  contrairement  à  l'opinion  d'Aristote,  semble  admettre 
que  la  couleur  des  objets  dépend  de  l'observateur.  —  Il  avait  évidem- 
ment rencontré  des  dissidences  sur  l'appréciation  des  couleurs  et  il  était 
embarrassé  pour  exprimer  son  avis  à  cet  égard. 

La  couleur  est  un  caractère  d'unegrande  importance  pour  tous  les  objets 
qui  tombent  sous  nos  sens,  et  qu'il  s'agisse  de  déterminer  des  corps 
appartenant  au  règne  minéral,  au  règne  végéta]  ou  au  règne  animal, 
et  des  objets  en  dehors  de  nôtre  planète,  aussi  bien  (pie  des  produits 
de  l'industrie  de  l'homme,  il  est  rare  que  la  couleur  n'intervienne  pas  à 
titre  de  désignation  spéciale. 

J'ai  fait  connaître  par  des  publications  récentes  quelques-unes  des 
raisons  pour  lesquelles  il  m'a  paru  être  indispensable  que  l'accord  s'é- 


1/    A.    FAVRE.    —    RECHERCHES   CLINIQUES    SUR    LE   DALTONISME  <S"  I 

ta! «lit  entre  les  hommes  au  moins  pour  les  couleurs  fondamentales.  Il 
tant  (jue  ceux  qui  sont  en  dissidence  admettent  l'infériorité  de  leur  juge- 
ment; il  faut  qu'ils  acceptent,  je  ne  dirai  pas,  leur  condamnation,  puis- 
que j'ai  prouvé  qu'ils  peuvent  être  guéris,  mais  l'assurance  que  leur  vue 
est  défectueuse  en  ce  qui  touche  les  couleurs  et  que  s'ils  ont  besoin  d'é- 
tablir des  distinctions  entre  les  objets  colorés,  ils  doivent  s'en  rapporter 
aux  personnes  dont  la  vue  est  normale,  ou  réformer  leur  jugement,  ce 
qu'ils  pourront  faire  le  plus  souvent  avec  une  très-grande  facilité. 

Les  évaluations  du  nombre  relatif  des  daltoniens,  pour  diverses  raisons 
que  nous  ne  rechercherons  pas  aujourd'hui,  ont  présenté  de  très-grandes 
variations. 

Il  serait  facile,  par  les  chiffres  que  nous  allons  donner,  d'apprécier 
l'étendue  du  mal  que  nous  nous  efforçons  de  combattre. 

Les  principales  statistiques  reproduites  parles  auteurs  et  particulière- 
ment par  le  professeur  Dor  sont  les  suivantes  : 

Dalton  admettait  la  proportion  de  8  à  12  0/0. 

Kelland,  sur  150  étudiants,  en  a  trouvé  3  qui  ne  pouvaient  pas  distin- 
guer le  rouge  du  vert. 

Seebeck,  au  Gymnase  de  Berlin,  a  trouvé  5  daltoniens  sur  100  élèves. 

Georges  Wilson,  sur  1,154  hommes,  a  trouvé  65  daltoniens,  soit  5,000/0 
ou  1  sur  17,7.  Cette  proportion  est  admise  par  Helmholtz  [Oplitjue 
physiologique,  trad.  de  Javal),  dans  le  chapitre  XX  si  justement  qualifié 
d'admirable  par  de  Wecker. 

Pierre  Prévost  admet  la  moyenne  de  1  sur  20,  5  0/0. 

Goubert  présente  la  même  évaluation  soit  1  sur  20  à  25. 

Dor,  dans  son  mémoire  de  1872,  donne  les  chiffres  suivants  :  800  hom- 
mes, 40  daltonieus,  soit  4,65  0/0  ou  1  sur  21,5  ;  611  femmes,  5  dalto- 
niennes, soit  0,82  0/0  ou  1  sur  122. 

Le  même  auteur  nous  communique  les  résultats  d'une  visite  faite,  au 
mois  d'avril  1877,  au  Lycée  de  Lyon. 

Sur  1,016  élèves  il  a  trouvé  16  daltoniens  affectés  de  la  confusion  du 
rouge  et  du  verl. 

J'ai  depuis  1855  visité  près  de  5,000  candidats  au  chemin  île  fer,  re- 
fusé plus  de  50  daltoniens  pour  l'ignorance  du  rouge,  mais  je  n'ai  pas 
conservé  des  notes  très-exactes  sur  mes  premières  années  d'exercice. 

De  1855  à  1864,  le  chiffre  de  8  daltoniens,  dont  j'ai  noté  l'exclusion, 
n'est  pas  en  rapport  avec  le  nombre  des  visites  que  j'ai  faites. 

De  1864  à  1872,  sur  1 ,196  candidats  j'ai  refusé  14  daltoniens.  De  mai 
1873  au  24  juillet  1875,  mes  examens  ont  été  plus  rigoureux  et  j'ai  note 
les  erreurs  et  les  hésitations  sur  une  ou  plusieurs  des  5  couleurs  élémen- 
taires. Sur  1,050  candidats,  98  ont  présenté  des  erreurs  ou  des  hésita- 
tions. 10  candidats  seulement  ont  été  refusés  pour  l'ignorance  du  rouge. 


872  SCIENCES    MÉDICALES 

Depuis  1875  la  nouvelle  série  que  j'ai  relevée  comprend  près  de  600 
examens;  elle  trouvera  sa  place  dans  un  autre  mémoire. 

728  hommes  déjà  employés  et  appartenant  à  la  gare  de  Perrache  ou 
au  service  des  trains  ont  été  examinés  en  1872  et  en  1873.  Plus  du 
tiers  d'entre  eux  avait  déjà  subi  la  visite  des  couleurs,  elles  éliminations 
pour  le  ronge  avaient  été  faites.  42  ont  présenté  des  erreurs  ou  des 
hésitations  réitérées.  Sur  224  conducteurs  visités  par  M.  Git,  chef  de 
train  principal,  et  par  moi,  14  ont  offert  les  caractères  du  daltonisme 
confirmé. 

Le  docteur  Mouraud,  sur  200  hommes  de  la  gare  de  Lyon-Vaise,  a 
trouvé  7  daltoniens.  Mon  collègue,  sans  doute,  n'a  tenu  compte  que  des 
cas  bien  accentués. 

En  1874,  j'ai  visité  75  employés  de  bureau,  et  j'ai  trouvé  parmi  eux 
4  chromatopseudopses. 

La  même  année,  à  l'usine  à  gaz  de  Perrache,  sur  65  chauffeurs,  j'ai 
trouvé  24  daltoniens. 

A  l'atelier  d'OulHns,  sur  148  forgerons  frappeurs  ou  peintres  que  j'ai 
examinés  le  13  août  1877,  82  ont  dénommé  les  cinq  couleurs  élé- 
mentaires sans  erreur  et  sans  hésitation  ;  56  se  sont  trompés  ou  ont 
hésité. 

Le  7  mai  1877,  j'ai,  avec  M.  le  docteur  Blanchi,  médecin  de  l'école 
vétérinaire  de  Lyon,  et  en  présence  de  M.  Roux,  surveillant  en  chef, 
visité  155  élèves  ;  nous  avons  constaté  des  erreurs  ou  de  l'hésitation 
chez  19  d'entre  eux. 

268  sous-officiers,  caporaux  et  soldats  du  16e  de  ligne  examinés  par 
M.  le  capitaine  Bellecour  et  par  moi,  ont  présenté  105  daltoniens. 

138  hommes  des  22e,  23''  et  09e  de  ligne,  examinés  par  M.  Paul 
(iuillot,  37  daltoniens. 

M.  le  lieutenant  Gallet,  du  26e  d'artillerie,  en  garnison  au  Mans, 
a  trouvé  sur  116  jeunes  soldats  qu'il  a  questionnés  sur  les  cou- 
leurs, avec  M.  le  docteur  Vernial,  médecin  aide-major,  32  hommes  qui 
ont  commis  des  erreurs  ou  des  hésitations  sur  une  échelle  chromatique 
de  15  échantillons. 

132  hommes  du  train  des  équipages  du  26e  d'artillerie,  en  garnison  à 
Versailles,  examinés  par  M.  Lautheaume,  sous-liéutenant,  ont  présenté 
40  daltoniens. 

La  moyenne  chez  les  jeunes  soldats  de  cette  série  de  654  hommes  a 
été  de  32,72  0/0. 

Le  docteur  Féris  nous  a  communiqué  récemment  une  statistique  por- 
tant sur  775  examens  qu'il  a  faits  à  Lorient  ou  en  mer  ;  il  a  visité  : 


Dr   a.    FÂVRE.    —  RECHERCHES   CLINIQUES  SUR    LE    DALTONISME  873 

Officiers  de  marine 24 

Matelots  de  la  division  de  Lorienl 252 

Hôpitaux  maritimes  de  Lorient 

Equipage  de  l'Euménide 

—  de  VHamelin 1*78 

—  du   Bisson ^ f 


165 


i  c» 


Dans  ce  nombre,  il  a  trouvé  75  daltoniens  -,  de  ces  75  infirmes, 
ajoute-t-il,  19  confondent  absolument  le  rouge  et  le  vert. 

La  moyenne  de  cette  série  de  marins  est  d'environ  10  0/0; 

Et  la  moyenne  des  différentes  séries  d'hommes  adultes  que  nous  avons 
énumérées  serait  de  1(5,0'!  0/0. 

Ces  résultats  doivent  beaucoup  varier  suivant  un  grand  nombre  de 
circonstances  que  nous  examinerons  plus  tard;  mais  nous  pouvons 
assurer  dès  maintenant  que  la  moyenne  des  daltoniens  dépasse  10  0/0 
chez  les  hommes  adultes. 

Nous  avons  examiné  très-peu  de  femmes  adultes,  à  cause  des  difficul- 
tés que  présente  un  tel  examen,  mais  surtout  parce  que  la  plupart  des 
personnes  du  sexe  féminin  arrivent  facilement  à  la  notion  exacte  des 
couleurs,  qu'elles  ne  se  livrent  pas  aux  professions  où  l'ignorance  des 
couleurs  offre  des  dangers,  et  que  par  cela  même  elles  ne  nous  inté- 
ressent pas  plus  au  point  de  vue  industriel  qu'au  point  de  vue  médical. 

1054  enfants  appartenant  à  10  écoles  de  garçons  ont  présenté  "254 éco- 
liers qui  se  sont  trompés  ou  qui  ont  hésité  sur  une  ou  plusieurs  couleurs 
élémentaires,  soit  une  proportion  de  "21,09  0/0  ou    1  sur  4,15. 

Sur  280  tilles  dans  4  écoles  (3  écoles  de  Lyon,  1  de  Paris),  nous 
n'avons  trouvé  que  8  enfants  qui  aient  offert  des  erreurs  peu  graves, 
soit  3,39  0/0  ou  1  sur  29,50. 

Dans  les  salles  d'asile  et  dans  les  écoles  enfantines  le  nombre  des 
erreurs  est  aussi  grand  chez  les  petites  tilles  que  chez  les  petits  garçons. 
Nous  pouvons  citer  à  l'appui  de  cette  assertion  ce  que  nous  avons  ob- 
servé à  l'asile  de  Mlle  Dassin,  cours  Lafayette,  8,  à  Lyon  ;  dans  la  classe 
enfantine  de  Mme  Cousin,  rue  Milton,  à  Paris,  et  à  l'école  de  Mlle  Métrot, 
à  Montchat,  où,  sur  50  élèves  de  4  à  11  ans,  30  n'avaient  aucune 
notion  des  couleurs. 

Le  10,  le  12,  le  17  mars  et  le  5  août  1875,  grâce  à  l'obligeance  de 
nos  collègues  MM.  P.  Meynet  et  Perroud,  nous  avons  pu  visiter  poul- 
ies couleurs  à  l'hospice  de  la  Charité,  223  vieillards  :  104  hommes  et 
119  femmes.  L'espace  dont  nous  disposons  aujourd'hui  ne  suffirait  pas 
pour  faire  une   analyse  convenable  de  cette  très-intéressante  série,  qui 


874  SCIENCES   MÉDICALES 

nous  donna  La  meilleure  confirmation  de  ce  que  nous  avons  observé 
dans  les  écoles. 

Les  104  vieillards  âgés  de  70  à  96  ans  avaient  appartenu  à  40  pro- 
fessions différentes.  32  avaient  exercé  des  métiers  où  la  notion  exacte 
des  couleurs  est  indispensable  ou  très-utile  ;  les  72  autres  avaient  exercé 
des  états  où  la  notion  des  couleurs  n'offre  pas  d'importance:  79  ont  très- 
bien  dénommé  les  couleurs. 

2o,  dont  quelques-uns  étaient  affectés  d'un  grand  affaiblissement  delà 
vue,  ont  fait  des  erreurs  que  j'ai  classées  ainsi  qu'il  suit  : 

13  se  sont  trompés  sur  le  violet  : 

2  sur  le  violet  et  le  bleu,  ; 

1  sur  le  bleu  ; 

2  sur  le  violet,  le  bleu  et  le  vert  : 
2  sur  le  jaune  : 

1  sur  le  jaune,  le  vert  et  le  violet  : 

2  sur  le  vert  : 

1  sur  le  jaune  et  le  vert  ; 

1  sur  le  rouge  et  le  vert  : 

Le  violet  a  été  cause  d'erreur  18  fois  ; 

Le  bleu  —  ô  fois  ; 

Le  vert  —  7  fois  ; 

Le  jaune  —  4  fois  ; 

Le  rouge  —  1  fois  ; 

Des  119  femmes  âgées  de  70  à  98  ans,  appartenant  à  24  professions 
différentes,  96  ont  exercé  des  métiers  où  la  notion  exacte  des  couleurs 
est  indispensable  ou  très-utile  ;  pour  les  23  autres,  cette  connaissance 
n'avait  pas  d'importance. 

110  ont  dénommé  les  5  couleurs  fondamentales  sans  erreur  et  sans 
hésitation. 

Quatrese  sonttrompéessur  le  violet;  l'une  d'elles  qui  a  la  vue  mauvaise 
depuis  20  ans  a  dit  le  violet  gris;  la  deuxième,  une  marchande  d'allu- 
mettes âgée  de  Ko  ans,  n'a  pas  connu  le  violet,  et  a  dit  que  cette  couleur 
n'est  ni  rouge  ni  bleue:  la  troisième  a  dit  le  violet,  rouge  ou  marron; 
une  quatrième  n'a  pas  pu  dénommer  ieviolet.  Les  o  autres  ont  présenté 
simplement  de  l'hésitation  sur  le  violet.  Nous  n'avons  donc  observé  sur 
ces  119  femmes  aucune  erreur  grave. 

Par  une  lettre  datée  d'Alger,  26  décembre  1875,  M.  le  comte  deLaR. 
me  fait  connaître  les  résultats  de  693  visites  faites  par  lui  dans  différentes 
villes  de  l'Algérie. 

Sur  203  Kabyles  il  a  trouvé  -'>  cas  de  daltonisme. 

Sur  161   .Mamvs 5  cas. 

Sur    9o  Biskris 4  cas. 


D'   A.    PAVRE.   —    RECHERI  HES  CLINIQUES    SIR    LE   DALTONISME  875 

Sur  (SI  Nègres 1  cas. 

Sur  2-'!  Juifs 4  cas. 

Sur  lo  Espagnols      0  cas. 

Sur  62  Italiens I  cas. 

Sur  lo  Mozabites 0  cas. 

Sur  11  Maltais 1  cas. 

Sur     8  Tunisiens 0  cas. 

Sur  19  Européens 1  cas. 

Soit  19  cas  sur  693  examens,  ou  2,75  0/0. 

Les  notes  de  M.  de  La  R.  ont  été  prises  avec  le  plus  grand  soin  et 
nous  devons  citer  entre  autres  curieuses  observations  celle  d'un  Biskri, 
qui  voyait  le  rouge,  le  violet  et  le  bleu  clair,  unir.  On  lui  vendit  un 
turban  rouge  qu'il  refusa  comme  noir. 

Comment  expliquerons-nous  cette  faible  proportion  de  daltoniens  chez 
des  individus  moins  cultivés  intellectuellement  parlant  que  les  Européens? 
ne  devons-nous  pas  supposer  que  la  pureté  du  ciel,  la  couleur  du  pay- 
sage, l'usage  des  couleurs  vives  pour  le  vêtement,  les  harnais  des  che- 
vaux et  sans  doute  dans  les  habitations,  forment  dans  ces  pays  du  soleil 
le  sens  chromatique  chez  un  plus  grand  nombre  de  personnes?  — 

M.  Ste-M.-P.  a,  en  1874,  examiné  pour  les  couleurs  à  La  Barre,  près 
Saint-Louis  du  Sénégal,  60  hommes  et  20  femmes,  Yoloffs,  Peuhls, 
Maures  ou  Toutcouleurs.  Les  individus  ont  été  interrogés  dans  leur 
langue  : 

Le  rouye  a  été  connu  par  tous. 

Le  jaune  a  été  l'objetd'un  grand  nombre  d'erreurs,  aussi  bien  chez  les 
femmes  que  chez  les  hommes. 

Le  vert  a  été  connu  par  les  deux  tiers  environ. 

Le  .bleu  a  été  connu  par  presque  tous  très-bien  ;  3  seulement  l'ont 
dit  noir. 

Le  violet  n'a  été  connu  par  aucun  ;  la  plupart  ont  répondu  en  riant  ; 
<(  très -jolie  couleur.  » 

M.  J.  P.,  employé  colonial  des  lignes  télégraphiques  au  Sénégal,  à 
examiné  avec  le  plus  grand  soin  19  hommes  et  20  femmes  à  la  Barre  el 
à  Richard-Toll. 

Parmi  les  19  hommes  se  trouvaient  11  Yoloffs,  o  Peuhls,  2  Bambacas 
et  un  Maure. 

Le  rouye  a  été  connu  par 19. 

he jaune        —      —      — 12. 

Le  vert  —      —      — 13. 

Le  bleu         —      —      — J<>- 

Le  violet       —      —      — 4. 


NTO  SCIENCES    MÉDICALES 

Sur  les  20  femmes  l'on  comptait  40  Yolotfs.  5 Toutcouleurs,  3  Maures 
et  2  Bambacas. 

Le  rouge  était  connu  par 20. 

Le  jaune    —      —  — 7. 

Le  vert       —      —  — 10. 

Le  bleu      —      —  — 14. 

Le  violet    —      —  — I. 

Contrairement  à  ce  que  nous  avons  observé  partout  en  Europe,  les 
hommes  ont  sur  les  femmes  au  Sénégal  un  avantage  marqué  pour 
la  notion  des  couleurs.  Il  serait  sans  doute  facile  de  trouver  l'explication 
de  ce  fait  dans  les  habitudes  des  deux  sexes  dans  cette  colonie. 

Le  rouge  est  connu  par  tous,  le  bleu  presque  par  tous.  Ne  pourrait- 
on  pas  croire  que  ce  fait  résulte  de  l'impression  produite  sur  les  indi- 
gènes par  les  couleurs  du  drapeau  de  la  métropole? 

Nous  bornons  aujourd'hui  cette  étude  à  rémunération  rapide  qui 
précède  ;  mais  il  nous  sera  facile  de  montrer  les  conséquences  qui  dé- 
coulent de  ces  faits  pour  la  pratique,  d'autant  plus  que  nos  documents 
sont  accompagnés  de  notes  nombreuses  et  très-circonstanciées. 

Le  nombre  des  daltoniens  est  donc  très-considérable  chez  les  enfants, 
les  adultes  et  les  vieillards  du  sexe  masculin;  il  est  nécessaire  de  com- 
prendre parmi  eux  ceux  qui  hésitent  ;i  dénommer  convenablement  une 
ou  plusieurs  des  couleurs  élémentaires;  parce  que,  dans  un  grand  nom- 
bre de  circonstances  importantes,  l'hésitation  peut  avoir  des  conséquences 
graves,  et  en  second  lieu  parce  que  ceux,  qui  hésitent  ont  besoin  de 
soins,  souvent  pendant  plus  longtemps  même  que  ceux  qui  se  trompent 
complètement. 

Ailleurs  nous  avons  démontré  par  de  très- nombreux  exemples  la  cu- 
rabilité  du  daltonisme  chez  les  enfants  et  chez  les  adultes,  et  si  les 
mesures  que  nous  réclamons  sont  adoptées  :  Introduction  des  examens 
H  des  exercices  sur  les  couleurs,  dans  les  écoles/la  marine,  les  chemins 
de  fer.  l'armée,  les  ateliers,  il  deviendra  bientôt  impossible  de  dresser 
une  statistique  telle  que  celle  que  nous  présentons  aujourd'hui. 


MARCHAND,  —  DE    LA    COMPOSITION    DE   CERTAINS  LAITS  DE   FEMMES      877 


M.  le  D'   LAOOLT 


SUR  LES  ANOMALIES  DE  LA  REFRACTION  (1 


—  Séance  >t u  i7  août  1877.  — 


M.    Charles    MARCHAND 

Pharmacien  A  Fécamp. 


DE   LA  COMPOSITION  ANORMALE  QUE  PEUVENT  PRÉSENTER  CERTAINS  LAITS 

DE  FEMMES;  DE  LEUR  INFLUENCE 

SUR  L'ALIMENTATION  DU  NOUVEAU-NÉ  ET  DES  MOYENS  D'Y  REMÉDIER. 


—  Séance   dv   27  août    18* 


Messieurs, 

Je  ne  viens  pas  aujourd'hui  taire  devant  vous  une  étude  complète  du 
lait  de  femme  ;  cette  question  importante  est  beaucoup  trop  vaste  et  de- 
manderait pour  être  bien  traitée  un  temps  fort  long.  Je  viens  donc  seule- 
ment vous  entretenir  d'un  point  particulier  de  la  question,  je  veux 
parler  «  de  la  composition  anormale  que  peuvent  présenter  certains  laits 
de  femmes,  de  leur  influence  sur  l'alimentation  du  nouveau-né  et  des 
moyens  d'y  remédier.  » 

Il  résulte  des  nombreuses  analyses  que  j'ai  faites  de  ce  liquide  alimen- 
taire sur  des  femmes  appartenant  aux  diverses  classes  de  la  société, 
habitant  la  campagne  ou  les  centres  populeux,  d'âge  et  de  constitution 
différents,  que   sa  composition  moyenne  peut  se  formuler  de  lamanière 

suivante  : 

Beurre 36.79 

Lactine 71.10 

Matières  protéiques .  17 .  05 

Sels 2.04 

Eau 873.02 

1000.00 

Si  nous  comparons  ces  chiffres  à  ceux    fournis  par  certains  auteurs, 

(1)  Le  mémoire  in  extenso  a  paru  dans  la  Gazette  hebdomadaire,  octobre  187". 


<S7S  SCIENCES  MÉDICALES 

nous  remarquons  un  fait  capital  d'une  importance  majeure,  je  veux  parler 
de  la  proportion  de  la  lactine.  Celte  proportion  énorme  n'est  rependant 
pas  exagérée,  et  je  ne  crains  pas  d'affirmer  qu'en  admettant  une  richesse 
en  lactine  égale  et  dans  le  lait  de  vache  et  dans  le  lait  de  femme,  l'on 
commet  une  grande  hérésie. 

D'un  autre  côté,  en  discutant  les  résultats  consignés  sur  mon  livre  de 
laboratoire,  se  rapportant  à  la  recherche  de  cet  aliment  respiratoire  dans 
les  laits  de  bonne  qualité,  fournis  par  des  vaches  de  races  différentes, 
je  suis  arrivé  à  cette  conclusion  importante  que  jamais  dans  la  race 
bovine  la  proportion  de  ce  principe  hydrocarboné  n'est  inférieure  à  50 
grammes.  Si  donc  certains  observateurs  ont  trouvé  des  quantités  infé- 
rieures, c'est  que  les  procédés  dont  ils  faisaient  usage  n'étaient  pas 
exacts,  ou  que  le  liquide  sur  lequel  ils  opéraient  avait  subi  un  commen- 
cement d'altération. 

Je  vais  classer  les  compositions  anormales  présentées  par  les  laits  de 
femmes  en  deux  classes: 

Laits  anormaux  par  excès  j  de  l'un  des  principes,  tous 

>  les  autres  étant  dans  de 
—        par  infériorité  j  bonnes  conditions. 

LAITS  A    EXCÈS  DK   BEURRE. 

Les  corps  gras  n'agissent  pas  seulement  comme  aliments  respiratoires 
dans  l'organisme,  mais  encore  en  permettant  l'assimilation  d'une  plus 
forte  proportion  d'aliments  plastiques,  ainsi  que  l'ont  prouvé  les  expé- 
riences  de  Crusius. 

Les  laits  qui  présentent  donc  une  proportion  de  beurre  supérieure  à 
36  0/0  doivent  être  considérés  comme  devant  donner  à  l'enfant  une 
bonne  alimentation  et  être  recommandés.  Ainsi,  j'ai  fait  l'analyse,  à  des 
époques  différentes,  d'un  lait  dont  la  composition  moyenne  peut  se  for- 
muler ainsi  : 

Beurre 45.22 

Lactine 75.78 

Matières  protéiques  .  16.94 

Sels i.98 

Eau 860.  OS 

L'enfant  soumis  à  cette  alimentation  se  développe  dans  de  fort  bonnes 
conditions  et  présente  tous  les  signes   extérieurs  d'une  santé  florissante. 

Mais  cependant,  il  ne  faudrait  pas  croire  que  des  proportions  crois- 
santes de  ce  corps  gras  soient  une  bonne  chose  :  non,  il  existe  une 
limite  au  delà  de  laquelle  il  ne  faut  pas  aller,  surtout  quand  la  lactine 
ne  suit  pus  file-même  cette  marche  ascendante,  sans  voir  la  santé  de  l'en- 
tant éprouver  une  altération  plus  ou  moins  profonde.    En  effet,  j'ai  eu 


MARCHAND.  —  DE   LA    COMPOSITION  DE  CERTAINS  LAITS  DE    FEMMES      879 

â  analyser  plusieurs  laits,  présentant  tous  les  caractères  d'un  bon  aliment, 
sauf  sous  le  rapport  du  beurre,  dont  la  proportion  s'élevait  à  plus  de  52 
grammes  ;  les  nourrices  ayant  été  changées  et  les  enfants  ayant  trouvé 
une  nourriture  normale,  ils  revinrent  rapidement  à  la  santé. 

LAITS  A    EXCÈS  DE  LACTINE. 

Tous  les  laits  à  excès  de  lactine  que  j'ai  eu  à  examiner  ne  m'ont 
jamais  paru  avoir  une  influence  fâcheuse  sur  l'organisme  du  nouveau-né; 
toujours  celui-ci  se  développait  dans  de  bonnes  conditions.  Voici  un 
exemple  de  ce  liquide  à  richesse  exceptionnelle  : 

Beurre 45 .  i  i 

Lactine    ■ 80.21 

Matières  protéiques  .  18.40 

Sels 2.01 

Eau 853.94 

Aussi  je  n'hésite  pas,  chaque  fois  que  je  rencontre  un  semblable  lait, 
à  le  considérer  comme  de  bonne  qualité  et  devant  avoir  une  salutaire 
influence  sur  le  développement  du  baby  soumis  à  son  usage. 

LAITS   A   EXCÈS    DE    MATIÈRES   PROTÉIQUES. 

Si  un  excès  de  lactine  n'a  pas  de  conséquence  fâcheuse  sur  le  déve- 
loppement du  nouveau  né,  il  n'en  est  pas  de  même  des  matières  pro- 
téiques. En  effet,  celles-ci,  quand  elles  sont  en  excès,  sont  assimilées 
difficilement  et  même  souvent  ne  sont  pas  supportées  par  son  estomac 
encore  à  l'état  rudimentaire.  La  recherche  des  éléments  plastiques  et 
leur  dosage  dans  le  lait  a,  comme  on  le  voit,  une  importance  capitale  ; 
aussi,  chaque  fois  que  je  rencontre  des  proportions  de  matières  azotées 
supérieures  à  la  moyenne,  surtout  dans  les  premiers  temps  de  l'allai- 
tement, je  n'hésite  pas  à  le  considérer  comme  pouvant  amener  des 
désordres  du  côté  du  tube  digestif. 

Cette  richesse  excessive  peut  être  due  à  des  causes  différentes  ;  suivant 
leur  nature,  il  est  des  moyens  divers  d'y  remédier. 

1°  L'influence  de  la  nourriture  a  pour  moi  une  action  marquée  sur 
la  quantité  et  la  qualité  du  lait.  En  effet,  il  résulte  des  résultats  con- 
signés sur  mon  livre  de  laboratoire,  que  le  liquide  alimentaire,  fourni 
par  des  femmes  accouchées  depuis  le  même  temps,  présente  une  compo- 
sition différente,  suivant  que  celles-ci  sont  soumises  à  un  régime  fortement 
animalisé  ou  très-peu  animalisé.  Une  alimentation  très-riche  en  matières 
protéiques  fournit  un  lait  riche  lui-même  en  aliments  plastiques,  tandis 
que  le  régime  où  dominent  les  féculents  donne  un  lait  plus  riche  en 
beurre  et  en  lactine.  —  Ces  faits  montrent  combien  l'on  doit  se  pré- 


880  SCIENCES    MÉDICALES 

occuper  de  la  nourriture  des  femmes  qui  allaitent;  elle  doit  se  com- 
poser d'aliments  azotés  et  féculents  et  non  exclusivement  des  uns  ou 
des  autres.  Elle  doit  être  abondante,  car  MM.  Dumas  et  Boussingault 
ont  fait  remarquer  avec  juste  raison,  qu'une  nourrice  imparfaitement 
alimentée  retire  de  son  propre  organisme  la  graisse  et  les  matières  pro- 
téiques  nécessaires  au  lait  qu'elle  sécrète,  et  que  cette  circonstance 
fâcheuse  devient  pour  elle,  comme  pour  son  nourrisson,  une  cause  effi- 
ciente d'affaiblissement  et  de  débilité. 

2"  L'âge  du  lait  :  en  effet,  il  résulte  des  résultats  consignés  dans  ma 
thèse  soutenue  en  1874  à  l'École  supérieure  de  pharmacie  à  Paris,  que 
les  matières  albuminoïdes  augmentent  suivant  les  besoins  de  l'être  allaité. 
—  Ce  fait  nous  explique  pourquoi  il  faut,  dans  le  choix  des  nourrices, 
s'occuper  de  l'âge  du  lait  et  ne  prendre  que  celles  dont  la  sécrétion 
lactée  est  le  plus  en  rapport  avec  l'âge  de  l'enfant.  En  effet,  si  l'on  fait 
donner  le  sein  au  nourrisson  qui  vient  de  naître  par  une  nourrice 
accouchée  depuis  plusieurs  mois,  la  richesse;  trop  grande  du  lait  en 
aliments  plastiques  le  rend  pesant  à  l'estomac  encore  rudimentaire  de 
l'enfant,  de  là  les  vomissements  et  la  diarrhée  verdâtre.  Pour  faire  cesser 
ces  accidents,  il  suffit  le  plus  souvent  de  donner  une  ou  deux  cuillerées 
d'eau  au  nourrisson  après  chaque  repas  et  dans  le  cas  où  l'eau  ordinaire 
ne  réussit  pas,  la  remplacer  par  de  l'eau  contenant  une  petite  quantité 
de  bicarbonate  de  soude.  Grâce  à  cette  précaution,  les  accidents  dis- 
paraissent et  l'on  prévient  les  éruptions  cutanées  que  l'on  observe  si 
souvent  chez  les  nouveau-nés  qui  n'ont  pas  absorbé  le  premier  lait  de 
la  sécrétion  mammaire.  M.  le  docteur  Chalvet  a  obtenu  des  résultats 
analogues  de  l'emploi  de  l'eau  de  Saint-Galmier  et  de  l'eau  de  Vichy  du 
puits  Lardy,  qui  dans  ce  cas  n'interviennent  elles-mêmes  qu'à  titre 
d'eau  chargée  d'une  petite  quantité  de  bicarbonate  alcalin. 

LAITS  A    INFÉRIORITÉ    DK    BEURRE 

Dans  la  première  partie  de  cette  étude,  j'ai  fait  voir  que  les  laits 
contenant  un  certain  excès  de  beurre,  ne  présentent  aucun  inconvénient, 
il  n'en  est  pas  de  même  de  ceux  qui  ne  sont  pas  suffisamment  pourvus 
de  cet  élément.  En  effet,  les  aliments  respiratoires  et  en  particulier  les 
corps  gras  sont  indispensables,  comme  on  le  sait,  au  nouveau-né;  aussi 
doit-on  refuser,  comme  impropre  à  une  bonne  alimentation,  tout  lait 
contenant  moins  de  30sr  de  beurre.  Parmi  de  semblables  laits,  je  prends 
l'exemple  suivant  : 

Beurre 24,12 

Lactine  .       .   •    •   •   .       "3,2" 

Matières  protéiques  .    .       18,44 


MARCHAND.  —  DE    LA    COMPOSITION   DE    CERTAINS   LAITS   DE   FEMMES      881 

Sels 1,97 

Eau.  ' 882,20 

qui  était  absorbé  par  un  enfant  de  deux  mois.  Celui-ci,  au  lieu  de  se 
développer,  dépérissait  chaque  jour  et  avait  la  diarrhée.  En  présence 
des  chiffres  fournis  par  l'analyse,  je  pensai  que  l'insuffisance  de  ma- 
tières grasses  devait  être  la  cause  dominante  des  accidents.  C'est  en 
effet  ce  qui  devait  avoir  lieu,  car  il  prit  immédiatement  son  essor  sous 
"influence  d'un  corps  gras,  la  fleurette,  donnée  4  fois  par  jour  à  la 
dose  d'une  cuillerée  à  café,  délayée  dans  un  peu  d'eau  sucrée. 

LAITS  A    INFÉRIORITÉ  DE  LACT1NE. 

La  lactine.  comme  le  beurre,  est  un  aliment  respiratoire  ;  comme  lui 
aussi  son  insuffisance  est  à  redouter.  En  effet,  quand  cet  aliment  vient 
à  diminuer,  l'on  observe  presque  toujours  des  troubles  fonctionnels  du 
côté  des  voies  digestives. 

Il  arrive  souvent,  quand  cette  modification  n'est  que  passagère,  qu'une 
petite  cuillerée  à  café  d'eau  sucrée  donnée  après  chaque  repas  fait  dis- 
paraître les  accidents.  Mais  si  l'altération  causée  est  trop  profonde,  il 
faut  alors  changer  de  nourrice  ou  avoir  recours  à  l'allaitement  arti- 
ficiel . 

Un  certain  nombre  de  causes  peuvent  amener  cette  insuffisance: 

1°  Le  genre  d'alimentation,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  indiqué; 

2°  Un  affection  existant  du  côté  de  l'utérus. 

En  effet  j'ai  pu  recueillir  des  observations  publiées  dans  les  Annale* 
de  cynécologie  (mai  1874,  p.  400),  et  qui  établissent  d'une  façon  cer- 
taine qu'il  y  a  diminution  de  lactine  dans  les  affections  de  l'utérus  et 
pendant  la  menstruation. 

Voici  les  résultats  de  mes  analyses  : 

MENSTRUATION   (3  CAs)  . 

Le  lait  a  été  examiné  dans  chacun  de  ces  cas,  six  jours  avant  l'appa- 
rition des  règles . 

Beurre .  32.24 

Lactine 68.25 

Matières  protéiques   ....  20.20 

Sels 1.90 

Eau 877.41 

Pendant  la  menstruation. 

Beurre 27 .  45 

Lactine 65.46 


N°  2 

Nu  3 

28.56 

37.24 

69.31 

69.75 

16.75 

18.40 

1.74 

1.82 

883.64 

872.79 

30.32 

33.15 

65.15 

64.42 

56 

882  SCIENCES   MÉDICALES 

Matières  protéiques  ....        21.34  17.21  19.10 

Sels 1.98  1-80  1.89 

Eau 883.77  885.52  881.44 

Six  jours  après  la  disparition  de  l'écoulement  menstruel  : 

Beurre 29.41  29.24  35.34 

Lactine 69.15  68.87  68.95 

Matières  protéiques  ....        20.90  16.47  16.27 

Sels 1.89  L.28  1-82 

Eau  878.65  884.14  877.42 

Il  résulte  de  l'inspection  de  ces  tableaux  que  la  diminution  de  la 
lactine  existe  pendant  la  durée  de  la  menstruation,  pour  reprendre  en- 
suite son  cours  normal.  Les  matières  albuminoïdes  éprouvant  au  con- 
traire une  petite  augmentation. 

Cette  variation  dans  la  composition  du  lait,  considéré  au  point  de 
vue  chimique  pendant  la  menstruation,  jointe  sans  aucun  doute  à  une 
modification  dans  le  mode  de  l'élaboration  des  principes  protéiques 
sécrétés,  permet  de  concevoir  et  d'expliquer  les  indispositions  ou  au 
moins  les  troubles  fonctionnels,  comme  je  le  disais  tout  à  l'heure,  que 
l'on  observe  sur  la  plupart,  sinon  sur  tous  les  entants  allaités  par  les 
nourrices  chez  lesquelles  le  cours  des  règles  est  rétabli. 

HÉMORRHAGIE    UTÉRINE   (1    CAS) 

N°  1  No  2 

Beurre 33.45  30.24 

Lactine 62.26  67.86 

Matières  protéiques  ...         19.27  18.15 

Sels 1.68  1.71 

Eau  883.31  882.04 

Cette  observation  eût  été  complète  s'il  m'avait  été  possible  de  taire 
une  analyse  avant  la  maladie;  mais  les  résultats  consignés  dans  le  n°  2, 
obtenus  trente-quatre  jours  après  l'hémorrhagie,  quand  la  femme 
paraissait  complètement  guérie,  indiquent  une  augmentation  de  lactine. 
J'ai  eu  aussi  l'occasion  d'examiner  le  lait  d'une  femme  qui  était 
atteinte  de  : 

LEUCORRHÉE   CHRONIQUE. 

25  oct.  3  nov.  i5  nov.  Moyenne 

Beurre    28.25  26.10  30.22  28.64 

Lactine 65.24  63.69  67.12  65.34 

Matières  protéiques.    .    .          18.14  \~.\~2  17.87  17.71 

Sels 1.84  1.78  1.80  t. 80 

Eau 886.53  889.98  882.99  886.51 


MARCHAND.   —  DK.    LA   COMPOSITION    DE    CERTAINS   LAITS    DE    FEMMES      883 

La  laetine  se  trouve  encore  là  en  quantité  plus  faible  qu'à  l'état 
physiologique  ;  mais  la  somme  des  éléments  protéiques  ne  semble 
pas  avoir  été  affectée  d'une  façon  bien  appréciable. 

Mélrite  du  col  utérin,  et  vaginite  aiguë. 

Il  résulte  de  l'inspection  des  quatre  analyses  faites  par  MM.  Veruois 
et  Becquerel  dans  ces  maladies,  que  la  laetine  existe  aussi  en  plus  petite 
quantité  qu'à  l'état  physiologique,  tandis  que  les  matières  protéiques  sont 
plus  abondantes. 

En  résumé,  nous  pouvons  donc  formuler  la  conclusion  suivante  : 
chaque  fois  qu'une  affection  existe  du  côté  de  r  utérus,  il  y  a  diminution 
de  laetine  dans  le  lait. 

L'excès  de  matières  protéiques  et  l'insuffisance  de  laetine  étant  deux 
causes  qui  peuvent  nuire  au  développement  du  petit  être,  l'on  s'ex- 
plique facilement  maintenant  comment  le  lait  de  vache  peut  amener 
chez  eux  des  vomissements,  la  diarrhée.  Cependant  de  tous  les  laits 
que  l'on  peut  employer,  celui-ci  est  le  meilleur,  mais  alors  il  faut  avoir 
soin  de  lui  faire  subir  une  préparation. 

LAITS  A    INFÉRIORITÉ  DE  MATIÈRES  PROTÉIQUES. 

Contrairement  au  beurre  et  à  la  laetine,  une  diminution  de  matières 
protéiques  n'est  nullement  préjudiciable,  du  moins  dans  beaucoup  de- 
cas,  à  la  santé  du  nouveau-né,  surtout  dans  les  premiers  temps  de 
l'allaitement.  Ainsi  voici  deux  exemples  de  pareils  laits: 

Beurre 32.87  35.90 

Laetine 73.64  79.45 

Matières  protéiques.    .    .  G. 35  6.21 

Sels 1.58  1.78 

Eau 885.56  876.66 

par  leur  aspect,  par    la  fermeté  de  leur   chair,  par    la    beauté  de  leur 

teint,  les  nourrissons  soumis  à  cette  alimentation  présentaient  tous   les 
signes  d'une  santé  florissante. 

LAITS   A   INFÉRIORITÉ  DE    SELS. 

Certains  laits  et  principalement  ceux  qui  sont  sécrétés  pendant  la 
gestation,  renferment  une  proportion  moindre  de  sels,  et  parmi  ces  élé- 
ments, le  phosphate  de  chaux,  ce  principe  si  indispensable  au  dévelop- 
pement du  squelette  du  petit  être,  est  en  plus  faible  proportion .  Dans 
de  pareilles  conditions,  lorsque  l'on  veut  quand  même  continuer  l'allai- 
tement, il  est  utile  d'administrer  le  phosphate  de  chaux  précipité,  qui  est 


884  SCIENCES  MÉDICALES 

parfaitement  assimilé  et  ne  fatigue  pas  l'estomac  comme  toutes  les  solu- 
tions acides  de  lacto  ou  chlorhydro-phosphate  de  chaux. 

LAITS   ENTIÈREMENT    ANORMAUX. 

Entin  certains  laits  se  trouvent  dans  des  conditions  tellement  défavo- 
rables, ainsi  que  le  montrent  les  résultats  de  l'analyse  suivante  : 

Beurre 12.73 

Lactine 76.27 

Matières  protéiques.  3.82 

Sels 2.22 

Eau 904.96 

qu'ils  sont  entièrement  indigestes.  Ce  lait  était  sécrété  par  une  femme 
de  la  campagne  âgée  de  33  ans,  blonde,  petite,  mais  de  bonne  constitu- 
tion. Elle  a  eu  huit  enfants,  et  pas  un  seul  d'entre  eux  n'a  pu  être 
élevé  au  sein;  toujours  la  diarrhée  se  déclarait  et  persistait,  au  point 
de  contraindre  à  un  changement  de  nourrice. 

Maintenant  et  pour  terminer,  je  dirai  que,  quand  l'on  veut  avoir  recours 
à  l'allaitement  artificiel,  pour  une  raison  quelconque,  il  faut  se  servir 
de  lait  de  vache  de  préférence  à  tout  autre,  ainsi  que  je  l'ai  démontré 
dans  une  communication  faite  à  la  Société  protectrice  de  l'enfance  de 
Paris  et  publiée  dans  son  Bulletin  de  1875,  ]».  225;  mais,  en  faisant  subir 
à  ce  liquide  alimentaire  une  petite  modification  aiin  qu'il  se  rapproche 
le  plus  possible  du  lait  de  femme,  du  moins  au  point  de  vue  chimique. 
Voici  les  termes  de  comparaison. 

Composition  moyenne  du  lait  de 
Femme  Vache 

Beurre 3.68  3.72 

Lactine 7.11  5.03 

Matières  protéiques.    ...  1.70  2.31 

Sels 0.20  (1.71 

Eau 87.31  88.23 

100.00  100.00 

Ces  chiffres  étant  admis,  on  voit  que  les  matières  protéiques  .sont 
sensiblement  d'un  quart  plus  abondantes  dans  le  lait  de  vache. 
C'est  donc  par  rapport  à  elles  que  cette  formule  doit  être  établie,  puis- 
que seules  elles  constituent  l'aliment  plastique  du  lait,  et  que  ne  pou- 
vant être  remplacées  par  aucun  ingrédient,  elles  déterminent  elles-mêmes 
la  valeur  de  la  matière  que  l'enfant  doit  ingérer  pour  trouver  sa 
subsistance . 

Pour  obtenir  avec  le  lait  de  vache  un  aliment  qui  soit  équivalent  par 


MARCHAND.  —  DE    LA    COMPOSITION    DE    CERTAINS   LAITS   DK    FEMMES      885 

sa  richesse  en.caséum  et  eu  albumine  réunis,  à  celui  que  l'enfant 
reçoit  quand  il  suce  les  tétons  de  sa  mère  ou  de  la  nourrice,  il  faut 
employer  un  mélange  formé  de 

Lait  de  vache 3    parties  soit  0  lit,  75 

Eau 1       —      —  0         25 

Mais  ce  mélange  est  trop  pauvre  en  beurre  et  en  lactine  puisqu'il 
n'en  contient  pour  100  que  les  proportions  suivantes: 

Beurre 2.79     au  lieu  de    3.08 

Lactine 3.77  —  7.11 

Je  ne  me  préoccupe  pas  des  sels,  car  ils  sont  beaucoup  plus  abon- 
dants dans  le  lait  de  vache. 

Il  est  facile  de  remplacer  la  lactine  qui  manque  à  l'aide  du  sucre,  et 
le  beurre  lui-même  peut  être  donné  par  le  lait  de  vache  dont  on  doit 
se  servir,  si  l'on  prend  la  précaution  de  séparer  ce  lait,  après  une  ou 
deux  heures  de  repos,  en  deux  parties  inégales,  soit  par  un  soutirage, 
soit  par  l'enlèvement  des  couches  supérieures  au  moyen  d'une  cuiller, 
de  telle  façon  que  l'une  des  fractions,  la  première,  que  l'on  utilise, 
égale  aux  trois  quarts  du  volume  primitif,  soit  chargée  de  toute  la  ma- 
tière grasse,  tandis  que  l'autre  que  l'on  délaisse,  complétant  le  quatrième 
quart,  se  trouve  pour  ainsi  dire  tout  à  fait  dépouillée  de  crème. 

Guidé  par  ces  considérations,  je  propose  pour  l'alimentation  des  en- 
fants, avec  le  biberon,  la  formule  suivante  : 

Lait  de  vache  normal  non  bouilli,  chargé  de  toute 
la  matière  grasse  contenue  habituellement  dans  le 
volume  d'un  litre 0  lit.  75 

Eau  fraîche,  non  bouillie,  tenant  en  dissolution 
35  gr.  de  sucre 0        25 

En  opérant  le  mélange  de  ces  deux  liquides,  l'on  obtiendra  un  litre 
de  lait  dont  la  valeur  alimentaire  est  égale  à  celle  d'un  pareil  volume 
de  lait  de  femme. 

La  formule  que  je  propose  est  rationnelle;  elle  donne  un  produit  peu 
coûteux,  facile  à  obtenir,  et  doué  de  qualités  qui  le  rendent  d'autant 
plus  précieux  que  sa  digestion  et  son  assimilation  sont  mieux  assurées 
que  celles  du  lait  qui  a  été  soumis  à  l'ébullition. 

En  effet,  les  matières  protéiques  soumises  à  la  décoction  subissent  une 
transformation  moléculaire  qui  les  rend  plus  résistantes  à  l'action  du 
suc  gastrique,  et  par  conséquent  les  rend  susceptibles  de  provoquer 
des  troubles  de  la  digestion  toujours  préjudiciables  aux  jeunes  enfants. 

Il  y  a  plus  même;  comme  le  lait  de  vache  renferme  plus  de  caséum 
que  d'albumine,  tandis  que  dans  le  lait  de  femme  l'écart  est  beaucoup 


886  SCIENCES    MÉDICALES 

moins  grand,  et  comme  le  caséum  est  plus  résistant  aux  sucs  de  l'esto- 
mac que  l'albumine,  je  conseille  de  n'offrir  aux  très-jeunes  enfants 
qu'un  liquide  préparé  conformément  à  cette  nouvelle  formule: 

Lait  de  vache  normal  non  bouilli,  chargé  de  toute 
la  matière  grasse  contenue  habituellement  dans  le 
volume  d'un  litre 0  lit.  50 

Eau  fraîche  non  bouillie,  tenant  en  dissolution  40  à 
50  gr.  de  sucre  blanc <».       50 

Le  mélange  est  alors  moins  riche  en  matières  protéiques  que  le  lait  de 
femme. 

Il  est  admirablement  supporté  par  tous  les  enfants;  la  seule  précaution 
à  prendre  c'est  de  ne  préparer  le  mélange  qu'au  fur  et  à  mesure  du 
besoin,  et  de  Péchaufter  légèrement  au  moment  de  l'administration,  en 
plongeant  pendant  quelques  instants  dans  l'eau  tiède  le  biberon  dans  le- 
quel on  le  renferme  pour  l'offrir  au  nourrisson. 

L'on  comprend  que  les  deux  formules  que  j'ai  l'honneur  de  proposer 
sont  modifiables  avec  la  composition  ûu  lait  de  vache  employé  et  avec 
l'âge  de  l'enfant  ;  l'on  peut  toujours  satisfaire  les  exigences  physiolo- 
giques de  celui-ci,  en  augmentant  la  proportion  du  lait  de  vache,  et  la 
richesse  en  beurre;  et  en  sucre. 

Je  m'appuie,  pour  présenter  la  seconde  formule,  sur  cette  considéra- 
tion que  le  lait  de  beaucoup  de  femmes  ne  renferme  pas  plus  de  matières 
protéiques  que  le  mélange  qu'elle  produit,  et  sur  cette  autre  considération 
que  les  laits  fournis  par  plusieurs  femmes  qui  allaitaient  des  enfants 
tous  bien  portants  ne  contenaient  que  6.21  à  6.36  0/0  de  matières 
azotées. 


M.    le   D'    C0ÏÏETY 

Professeur  à  1«  Faculté  de  Médecine  île  Montpellier. 


SUR  LE  TRAITEMENT  PALLIATIF  DU  CANCER   DE  L'UTÉRUS  M 

(EXTRAIT    IIU    HiOCKS-YEHBAL) 


—   Séance  du  -"•'>   aoûl    is~~.   — 

Les  tumeurs  cancéreuses  et  épithéliales  sont  le  produit  d'une  altération  de 
nutrition  des  éléments  anatomiques.  Ce  qui  fait  leur  malignité,  nous  ne  le 
savons  guère  el   Bous  ne  saurions  dire  quelle  différence  histologique  profonde 

(1)  Le  mémoire  in  fxfenso  u  j>;i  111  dans   lu  (iazeitc  hebtj^madairt;  dçto^re  1^~: 


l»r    H.    HE.NROT.  LYMPHORRHAG1E    BRONCHIQUE  ISN7 

sépare  une  végétation  syphilitique,  s;ins  gravité,  d'une  tumeur  épitliéliale  dont 
nous  connaissons  la  terminaison  funeste.  Pourrait-on  seulement  dire  com- 
ment telle  production  épitliéliale  de  la  peau,  bénigne  et  stationnaire,  donne 
naissance  par  transition  insensible  à  des  formes  graves  et  qui  emporteront  le 
malade?  Certains  épithéliomes  de  la  face  ne  nous  en  offrent-ils  pas  des  exem- 
ples frappants  et  n'a-t-on  pas  discuté  le  fait  pour  le  psoriasis  lingual  qui 
dégénère  en  épithéliome.  De  ces  idées  générales  découle  le  mode  de  traite- 
ment palliatif:  il  faut  donner  au  malade  l'alimentation  la  plus  riche  possi- 
ble; le  mettre  aux  préparations  d'arsenic,  puis  pratiquer  le  traitement  local  : 
si  lepithéliome  est  intra-utérin,  il  faut,  comme  l'ont  fait  MM.  Gallard  et 
Richet,  attaquer  la  lésion  avec  les  caustiques.  Mais  ces  cas  sont  fort  graves  ; 
on  réussit  mieux  lorsqu'il  s'agit  de  cancer  du  col  non  étendu  aux  parois  vagi- 
nales. M.  Courty  résume  l'observation  d'une  malade  à  tumeur  épithéliale 
volumineuse,  dont  la  sécrétion  était  tellement  abondante  qu'elle  traversait  les 
matelas  et  qu'un  médecin  peu  attentif  l'avait  envoyéeà  M.  Courty,  la  croyanl 
atteinte  de  fistule  vésico-vaginale.  Dans  une  première  opération,  la  partie 
saillante  de  la  tumeur  fut  enlevée;  dans  une  seconde  il  attaqua  la  base  même 
de  la  tumeur  avec  le  thermo-cautère.  11  y  eut  en  somme  amputation  du  col. 
Lorsque  la  racine  de  l'épithéliome  n'a  pas  été  enlevée,  on  se  trouve  en  pré- 
sence d'ulcères  qui  doivent  être  attaqués  énergiquement  par  des  caustiques: 
le  chlorure  de  zinc,  puis  la  pâti;  de  Canquoin.  Le  point  le  plus  important  du 
traitement  consiste  peut-être  dans  le  pansement  quotidien,  les  attouchements 
avec  l'iodoforme,  la  poudre  du  frère  Corne  et  de  Rousselot,  trop  abandon- 
née aujourd'hui.  Le  mode  d'application  doit  être  fait  avec  soin.  La  femme 
est  mise  dans  la  position  préconisée  par  Bosmann  ;  le  eol  de  l'utérus  devient 
très-rapproché  de  l'orifice  vulvaire,  et  l'on  peut  facilement  appliquer  la  poudre 
caustique  arsenicale.  Si  les  malades  ne  sont  pas  guéries,  elles  sont  du  moins 
fort  soulagées  et  leur  vie  est  notablement  prolongée. 


M.    le    D1    Henri    HEÏÏKÛT 

Professeur  suppliant  à  l'École  de  Médecine  de  Reims. 


LYMPHORRHAGIE       BRONCHIQUE. 


Séance  du  29   août   1877.  — 


Le  diagnostic  des  épanchements  pleuraux  présente  souvent  de  sérieuses 
difficultés  que  M.  le  professeur  Potain  a  signalées  dans  la  dernière  séance; 
il  est  une  maladie  qui  simule  admirablement  l'épanchement  pleural 
abondant,  c'est  la  lymphorrhagie  bronchique. 

M.  Henrot  possède  deux  laits  dont  voici  le  résumé  succinct  : 


888  SCIENCES    MÉDICALES 

1°  Une  femme  de  26  ans,  lymphatique,  sans  antécédent  morbide, 
dans  le  cours  d'une  pneumonie  du  lobe  moyen,  est  prise  subitement 
d'accidents  très-alarmants  :  accès  de  suffocation,  toux  spasmodique  avec 
quintes  expulsives,  angoisse  précordiale.  Ces  accidents  cessent  après 
l'expulsion  d'une  concrétion  leucocyto-tibrineuse,  très-finement  rami- 
fiée, reproduisant  exactement  le  moule  d'une  bronche  avec  toutes  ses 
divisions. 

En  trois  jours  apparaissent  les  signes  physiques  suivants  ;  les  uns 
sont  passagers  (bruits  de  soupape  existant  tantôt  à  l'inspiration,  tantôt  à 
l'expiration  seulement  ;  bruit  de  quac  quac  lors  de  la  toux)  ;  les  autres 
sont  permanents  :  diminution  de  sonorité  de  la  poitrine  et  puis  matité 
complète  de  tout  le  côté  droit,  remontant  de  la  base  de  la  poitrine  à 
l'épine  de  l'omoplate,  diminution  et  puis  absence  du  murmure  vésicu- 
laire,  disparition  complète  du  souffle  tubaire.  L'absence  des  vibrations 
thoraciques  et  de  l'égophonie,  qui  eussent  pu  avoir  une  grande  valeur 
diagnostique,  n'ont  pu  être  perçues,  la  malade  extrêmement  affaiblit' 
ne  parlant  que  des  lèvres. 

Tous  ces  signes  disparaissent  instantanément  après  l'expulsion  de  sept 
concrétions  leucocyto-hbrineuses,  en  même  temps  le  souffle  tubaire  réap- 
paraît et  l'on  constate  des  râles  sous-crépitants  de  retour  dans  tout  le 
lobe  inférieur. 

En  six  jours  la  malade  rend  16  concrétions  ;  à  partir  de  ce  moment 
la  pneumonie  du  lobe  moyen  reprend  son  cours  normal  et  guérit. 

Il  n'y  a  jamais  eu  ni  fausses  membranes  dans  les  voies  aériennes,  ni 
leucocythémie. 

Y  a-t-il  eu  un  épanchement  ?  Non,  car  dans  l'épanchement  pleural  la 
matité  ne  disparaît  jamais  complètement  et  instantanément  même  après 
une  ponction  aspiratrice  ;  d'un  autre  côté  il  n'y  a  eu  ni  superpurgation, 
ni  diaphorèse,  ni  expectoration  séreuse  ou  albumineuse. 

Ces  concrétions,  qui  avaient  de  7  à  9  centimètres  de  longueur,  obli- 
téraient tout  l'arbre  bronchique  du  poumon  droit  comme  si  on  l'avait  in- 
jecté avec  du  suif  ou  de  la  cire. 

2e  fait.  Au  même  moment,  février  1877,  M.  Décès  observait  des  accès 
de  suffocation,  avec  toux  spasmodique  et  expulsive,  chez  un  jeune 
homme  de  15  ans;  ces  accidents  disparaissaient  instantanément  après 
l'expectoration  d'une  concrétion  leucocyto-tibrineuse. 

Conclusions.  —  11  peut  se  produire  dans  le  cours  de  la  pneumonie 
une  complication  caractérisée  par  la  formation  dans  les  bronches  du 
côté  atteint  de  concrétions  leucocyto-hbrineuses  non  tubulées,  compac- 
tes, parsemées  dans  toute  leur  épaisseur  de  petites  vésicules  aériennes. 

Cette  concrétion  est  h»  résultat  d'une  exsudation  fibrineuse  et  d'une  dia- 


Dr   H.    HENROT.    —    LYMPHORRHAGIE    BRONCHIQUE  S8i) 

pédèse  des  leucocytes  du  sang  ou  de  lu  lymphe  à  travers  les  parois  extrê- 
mement fines  des  capillaires  et  des  bronchioles.  M.  Henrot  propose  d'ap- 
peler leucocythorrhagie  ou  plutôt  lymphorrhagie  bronchique,  cette  com- 
plication qui  a  une  marche  et  des  symptômes  particuliers. 

La  lymphorrhagie  bronchique  est  caractérisée  : 

Par  une  dyspnée  non  en  rapport  avec  le  degré  d'étendue  de  la  maladie 
première. 

Par  des  quintes  de  toux  expulsives,  extrêmement  fatigantes,  se  prolon- 
geant sans  interruption  jusqu'à  l'expulsion  des  concrétions. 

Par  des  accès  de  suffocation  avec  angoisse  précordiale  et  commence- 
ment de  cyanose. 

Par  des  signes  physiques  passagers  (bruits  de  soupape  s'entendant 
tantôt  dans  les  deux  temps  de  la  respiration,  tantôt  à  l'expiration  seu- 
lement; et  lors  de  la  toux  par  des  bruits  de  quac  quac). 

Par  des  signes  physiques  permanents  (matité absolue,  diminution  puis 
absence  complète  du  murmure  vésiculaire) . 

Par  l'expectoration  des  concrétions  non  canaliculées,  finement  rami- 
fiées, infiltrées  de  fines  bulles  d'air,  sans  aucune  tendance  à  l'organisation. 

Enfin,  par  la  disparition  instantanée  de  la  matité  pulmonaire,  et  le 
brusque  retour  du  murmure  vésiculaire  aussitôt  l'expulsion  des  con- 
crétions lîbrineuses.  Ce  signe  est  pathognomonique  de  la  lymphorrhagie 
bronchique. 

Le  t'ait  clinique  qui  ressort  d'une  façon  indiscutable  de  cette  étude  est 
que  :  l'oblitération  des  bronches  par  des  concrétions  leucocyto-fibrineuses 
donne  une  matité  aussi  considérable,  une  absence  de  murmure  vésiculaire 
aussi  complète  que  l'épanchement  pleural  le  plus  évident  ;  en  consé- 
quence, la  thoracentèse,  sous  peine  de  blesser  le  poumon,  ne  doit  être 
tentée  que  lorquon  a  acquis  la  certitude  que  ces  deux  signes  importants 
ne  sont  pas  produits  par  des  concrétions,  mais  bien  par  la  présence  d'une 
quantité  plus  ou  moins  considérable  de  liquide  dans  la  plèvre. 


M.  H.  Henrot  fait  hommage  au  Congrès  de  plusieurs  mémoires  sur  la 
lymphorrhagie  bronchique,  les  kystes  du  foie,  les  rétentions  placentaires  : 
Des  transfusions  suivies  de  guérison. 


tf^O  SCIENCES    MÉDICALES 


M.  le  D'  DAORÈYE 

Médecin  <ic  l'hôpital  et  du  collégi-  de  Cournon 


OBSERVATION  DE  NÉVRITE  DU   RADIAL. 


—  Séance   il  n   J!>   no  ùt    1877.  — 

Observations.  —  Monsieur  B.,  propriétaire,  me  lit  demander  vers  le  20 juillet 
1876.11  présentait  le  long  du  bras  droit  quelques  boutons  situés  sur  le  trajet 
du  bras. 

Us  paraissaient  dus  à  un  zona.  Le  malade  souffrait  beaucoup  de  douleurs 
dans  la  partie  où  siégeaient  les  boutons. 

Je  fis  faire  des  badigeons  avec  collodion  élastique,  moyen  qui  m'a  réussi 
souvent  à  arrêter  le  progrès  du  zona,  puis  des  applications  de  pommade  bel- 
ladonée;  à  l'intérieur,  purgations  et  bicarbonate  de  soude. 

Les  boutons  qui  différaient  un  peu  de  ceux  du  zona,  par  leur  quantité  fai- 
ble sur  chaque  plaque  et  un  petit  développement,  disparurent  au  bout  dequinze 
jours  environ;  mais  les  douleurs  ont  continué. 

Je  fis  appliquer  un  vésicatoire  pansé  avec  chlorhydrate  de  morphine  et,  les 
douleurs  ayant  lieu  surtout  la  nuit,  je  fis  prendre  pendant  trois  jours  du  sul- 
fate de  quinine,  pendant  le  même  temps  de  l'acide  arsénieux,  puis  voyant  ces 
moyens  inefficaces,  l'iodure  de  potassium. 

Je  confiai  mon  malade  à  un  confrère  pendant  que  je  me  rendais  au  Congrès  de 
Clermont-Ferrand. 

Mon  confrère  employa  des  vésicatoires  volants  et  des  potions  calmantes. 

Le  1er  septembre,  je  revis  mon  malade  ;  il  souffrait  moins,  mais  une  paralysie 
incomplète  avait  frappé  les  régions  innervées  par  le  radial.  Le  malade  cependant 
se  plaignait  plutôt  de  raideur  de  l'avant-bras  èl  dé  la  main  que  de  manque 
de  force. 

Ses  poils  situés  sur  la  région  externe  de  l'avant-bras  sont  plus  longs,  et  plus 
blonds,  que  ceux  situés  à  la  partie  interne  du  membre. 

Je  fis  continuer  l'iodure  de  potassium  et  faire  des  frictions  de  teinture  d'iode 
à  la  nuque. 

La  maladie  continua  son  cours,  les  muscles  de  la  portion  externe  de  l'avant- 
bras  commencèrent  à  s'atrophier,  des  plaques  brunes  se  montrèrent  le  long  de 
cette  région  et  je  parvins,  au  commencement  de  novembre,  à  obtenir  du  malade 
qu'il  voulût  bien  se  laisser  électriser. 

Le  6  novembre,  les  courants  induits  ne  procurent  de  contraction  que  sur  les 
muscles  qui  ne  sont  pas  animés  par  le  radial;  cependant  ces  contractions  sont 
plus  faibles  que  sur  les  muscles  de  l'autre  bras.  Les  courants  continus  ne  pro- 
duisent aucune  contraction  ;  cependant,  voulant  profiter  de  l'action  dialytique  de 
ces  courants,  je  fis  trois  fois  par  semaine  une  électrisation  de  dix  minutes,  avec 
12  éléments,  le  pôle  positif  appliqué  sur  le  plexus  brachial,  et  le  négatif  à  la 
tabatière  anatomique. 


l>'    DA GRÈVE.    —    OBSERVATION    DE   NÉVRITE   DU    RADIAL  891 

Le  malade  cessa  de  venir  pendant  un  mois  environ,  fin  décembre  et  première 
quinzaine  de  janvier. 

Il  revint  le  15  janvier.  Son  état,  qui  s'était  amélioré  pendant  les  électrisations, 
restait  le  môme  s'il  ne  devenait  pas  pire.  Le  malade  qui  avait  repris  assez  de 
force  pour  porter  10  à  J2  kilos,  les  trouvait  plus  lourds,  et  une  douleur  à  la  ré- 
gion temporale  gauche  qui  lui  était  survenue  quelque  temps  avant  l'emploi 
des  électrisations  et  que  ce  traitement  avait  amélioré,  augmentait. 

Le  malade  ne  m'avait  pas  parlé  de  cette  douleur  antérieurement. 

Je  m'aperçus  alors  que  la  vue  de  l'œil  gauche  était  un  peu  trouble;  le 
malade  ne  voulut  pas  me  laisser  examiner  son  oeil  à  l'ophthalmoscope  ;  l'élec- 
trisation  avait,  disait-il,  produit  des  effets  assez  satisfaisants  pour  que  je  n'aie 
pas  besoin  de  lui  faire  subir  d'autres  opérations. 

Les  électrisations  furent  recommencées  trois  fois  par  semaine  pendant  un 
quart  d'heure  avec  2i  éléments;  je  pus  constater  que  les  plaques  colorées  de  la 
peau  disparaissaient  rapidement;  à  la  fin  de  février  tous  les  troubles,  soit  dans 
le  bras  soit  dans  la  tête  avaient  disparu  ;  la  vue  est  à  peu  près  la  même  des 
deux  yeux. 

J'ai  cru  devoir  publier  cette  observation  qui  me  parait  présenter,  comme 
point  intéressant,  surtout  les  lésions  cutanées  se  montrant  avec  la  né- 
vrite et  i'encéphalopathie  qui  paraît  avoir  eu  pour  cause  une  lésion  d'un 
nerf  périphérique,  puisque  cette  affection  a  disparu  en  même  temps  que 
les  troubles  dus  à  la  lésion  du  dit  nerf. 

Je  crois  devoir  terminer  en  décrivant  la  pile  que  j'emploie,  vu  la  faci- 
lité que  l'on  a  à  la  construire. 

Elle  se  compose  d'un  manchon  de  zinc  fixé  à  frottement  par  du  papier 
buvard  dans  l'intérieur  d'un  verre  ou  autour  d'an  tube  de  verre  à  quel- 
ques centimètres  de  leur  extrémité  supérieure,  dans  le  premier  cas,  le  zinc 
est  à  l'intérieur  entouré  de  papier  roulé  autour  de  lui  ;  dans  le  second, 
le  papier  est  roulé  autour  du  tube;  dans  les  deux  cas,  le  manchon  de  pa- 
pier ainsi  formé  doit  être  assez  long  pour  atteindre  le  fond  du  vase  et 
s'y  replier. 

La  seconde  disposition  permet  de  fixer  l'appareil  dans  le  verre  au 
moyen  d'un  bouchon,  ce  qui  est  plus  propre,  mais  rend  la  charge  et 
l'entretien  de  l'appareil  plus  ennuyeux. 

Un  fil  de  cuivre  soudé  au  zinc  d'un  autre  élément  est  recourbé  de 
manière  à  s'appuyer  sur  la  partie  du  papier  repliée  au  fond  du  verre 
et  porte  à  cette  extrémité  un  nœud  de  fil  de  cuivre  pour  augmenter  sa 
surface. 

L'appareil  se  charge  avec  un  peu  d'eau  et  quelques  cristaux  de  sul- 
fate de  cuivre.  Il  suffit  d'y  ajouter  ces  deux  choses  de  temps  en  temps, 
et  il  peut  fonctionner  pendant  plusieurs  mois. 

J'ai  une  pile  ainsi  construite  montée  et  fonctionnant  depuis  près  d'un  an, 


892  SCIENCES   MÉDICALES 


MM.   COUTY  et  GHAEPEITIEU 


EFFET     CARDIO-VASCULAIRE     DES     EXCITATIONS     DES     SENS. 

(extrait.) 


—  Séance  du  29  août   lx~7.  — 

MM.  Couty  et  Charpentier  ont  étudié  les  effets  des  excitations  sensorielles  sur 
la  pression  sanguine  et  sur  les  mouvements  du  cœur. 

Expérimentant  sur  des  chiens  rendus  immobiles  à  l'aide  du  curare  (la  res- 
piration était  entretenue  artificiellement),  ils  ont  pu  observer  directement  les  réac- 
tions cardo-vasculaires  ainsi  obtenues,  sans  avoir  à  craindre  les  causes  de  per- 
turbation résultant  des  mouvements  des  animaux  en  expérience. 

Les  mouvements  du  cœur  et  l'état  de  la  pression  artérielle  étaient  enregistrés 
à  l'aide  du  sphymographe. 

Chaque  sens  était  excité  isolément  à  l'aide  d'agents  appropriés  :  on  agissait 
sur  le  goût  au  moyen  de  substances  fortement  sapides  comme  l'aloès,  la  colo- 
quinte, le  sulfate  de  soude,  etc.;  sur  l'odorat,  par  l'injection  dans  les  narines 
de  vapeurs  odorantes  telles  que  d'essence  de  girofle,  de  bergamote,  de  sulfhy- 
drate  d'ammoniaque,  etc.;  sur  l'ouïe,  par  des  bruits  divers  purement  physiques 
ou  parles  cris  d'un  chien  qu'on  flattait  ou  qu'on  tourmentait;  la  vue  était  exci- 
tée par  l'action  de  lumières  diverses,  par  des  gestes  de  menace  ou  de  flatterie, 
par  la  vue  d'un  autre  animal. 

Ces  différentes  sortes  d'excitations  produisirent  sur  le  cœur  et  sur  les  vaisseaux 
des  effets  plus  ou  moins  marqués,  et  d'un  degré  très-variable  suivant  les  cas: 
parfois  nuls,  ordinairement  modérés,  et  dans  certains  cas,  s'élevant  à  une  intensité 
très-considérable.  Le  cœur  et  les  vaisseaux  agissaient  d'une  façon  tout  à  fait 
indépendante,  comme  le  prouve  l'inconstance  même  de  leurs  variations,  tantôt 
isolées  et  tantôt  réunies.  De  plus,  chose  remarquable!  le  cœur  qui  fut  tantôt 
accéléré  et  tantôt  ralenti,  était  modifié  dans  tous  les  cas  par  l'intermédiaire  des 
pneumogastriques  ;  car  après  la  section  de  ces  nerfs,  on  n'obtenait  plus  de  réac- 
tion cardiaque,  soit  dans  un  sens,  soit  dans  l'autre. 

Outre  diverses  particularités,  les  réactions  cardio-vasculaires  des  excitations 
des  sens  ont  ceci  de  remarquable,  qu'elles  ne  sont  proportionnées,  ni  comme 
forme,  ni  comme  intensité,  soit  au  sens  excité,  soit  au  naturel  ou  au  degré  de 
l'excitation.  L'excitabilité  particulière  du  sujet  paraît  jouer  un  rôle  important; 
l'habitude  émousse  la  sensibilité  de  chaque  animal  pour  un  même  agent. 

L'inanition,  la  strychnisation  augmentent  l'excitabilité  des  animaux  en  expé- 
rience, la  chloralisation  la  diminue  et  l'annule. 

Nous  avons  voulu  voir  quelle  était  dans  ces  phénomènes  la  part  du  cerveau; 
nous  avons  détruit  cet  organe,  dans  d'autres  cas  nous  l'avons  anémié  par  l'in- 
jection artérielle  de  spores  de  lycopode  destinées  à  obturer  ses  vaisseaux.  Le 
cerveau  ne  fonctionnant  plus,  les  phénomènes  plus  haut  décrits  cessèrent  de  se 


Dr    PONCET.    —    INFLUENCE    l>K    l.\    CASTRATION    SUR    LE    SQUELETTE      893 

montrer;  en  un  mot  l'animal  percevait  dos  diverses  excitations,  puisque  le  mé- 
socéphale  était  intact,  mais  son  cœur,  ses  vaisseaux  ne  réagissaient  plus  et,  ne 
témoignaient  plus,  parleurs  variations,  de  l'état  de  la  sensibilité.  De  là  il  nous 
parait  naturel  de  conclure  que  les  sens  par  eux-mêmes  n'agissent  pas  sur  la 
circulation,  mais  que  c'est  le  cerveau  qui,  entrant  en  activité  par  l'intermédiaire 
, les  sens,  modifie  d'une  manière  variable,  d'une  part  le  fonctionnement  du  cœur, 
et  d'autre   |'art  Celui  des  vaisseaux. 


M.  le  D1  PONCET 

de  Lyon. 


DE   L'INFLUENCE   DE   LA  CASTRATION    SUR  LE  DÉVELOPPEMENT  DU    SQUELETTE. 


—  Séance  >/"  99  août  1877.  — 

Lis  recherches  que  j'ai  commencées  sur  ce  sujet  m'ont  été  inspirées  par 
la  lecture  de  quelques  observations  d'Ernest  Godard  sur  le  développe- 
ment des  eunuques. 

Je  ne  puis,  pour  l'heure  présente,  poser  des  conclusions  rigoureuses , 
beaucoup  de  mes  expériences  à  longue  échéance  doivent  être  répétées, 
contrôlées  ;  je  désire  simplement  indiquer  à  l'Association  Française  la  voie 
que  j'ai  suivie  et  les  quelques  faits  que  j'ai  observés. 

Beaucoup  de  mes  animaux  :  chats,  poulets,  etc.,  sont  encore  en  ex- 
périence, et  ce  que  je  dirai  s'applique  seulement  aux  lapins  domes- 
tiques dont  vous  avez  les  squelettes  sous  les  yeux. 

Voulant  avant  tout  des  termes  de  comparaison  précis  qui  soient  de 
véritables  étalons  auxquels  je  pus  me  reporter,  j'ai  pris  des  animaux 
d'une  même  portée,  par  conséquent  frères  et  du  même  âge,  autant  que 
possible  du  même  poids;  les  uns  ont  été  châtrés,  les  autres  n'ont  subi 
aucune  mutilation.  Tous  ont  été  placés  absolument  dans  les  mêmes 
conditions. 

C'est  vers  l'âge  de  trois  mois  environ,  alors  que  les  testicules  des 
lapins  sont  descendus  dans  les  bourses,  que  la  castration  a  été  pra- 
tiquée. 

ils  ont  été  sacrifiés  au  bout  de  trois  mois,  trois  mois  et  demi. 

Il  nous  paraît  résulter  de  l'examen  comparatif  des  os  des  lapins  châ- 
trés et  de  ceux  qui  ne  l'ont  pas  été,  que  la  castration  a  une  influence 
réelle  sur  le  développement  du  squelette.  Les  os  des  castrats  sont  plus 
forts,  mais  surtout  plus  longs  que  ceux  des  lapins  étalons. 


NÎH  SCIENCES    MÉDICALES 

La  différence  de  longueur  est  notable  et  se  constate  à  première  vue. 
Elle  m'a  paru  plus  accusée  encore  (6  à  8  millim.)  pour  certaines  parties 
du  squelette;  c'est  ainsi  que  les  fémurs,  les  tibias,  les  péronés, les  os  des 
iles,  ont  subi  un  accroissement  plus  marqué  que  les  autres  os. 

Tout  le  squelette  du  castrat  est  plus  gros,  mais  d'après  ce  que  nous 
avons  pu  voir  par  les  coupes  des  différents  os,  la  substance  compacte 
est  peu  augmentée  de  volume,  le  canal  médullaire  est  agrandi.  Les  os 
des  lapins  châtrés  sont  plus  droits  et  présentent  moins  accusées  les  in- 
flexions, les  courbures  normales. 

Nous  n'avons  conservé  que  deux  têtes  de  lapins;  en  les  comparant  à 
celles  de  leurs  frères,  on  remarque  pour  les  mutilés  une  élongation  du 
crâne;  il  semble  que  la  castration  entraîne  de  la  dolichocéphalie,  s'il 
est  permis  de  dire  à  propos  de  lapins,  dont  la  tête  est  naturellement 
très-allongée,  qu'ils  sont  brachycéphales. 

Nous  le  répétons,  en  terminant,  nos  expériences  suffisent  pour  dé- 
montrer que  la  castration  a  une  influence  sur  le  développement  du 
squelette;  des  expériences  ultérieures  en  cours  d'exécution  portant  sur 
diverses  espèces  animales,  nous  permettront  d'indiquer  d'une  façon  exacte 
cette  influence. 

Ces  expériences  ont  été  faites  à  l'École  vétérinaire  de  Lyon. 


M.  le  F  LE  DOUBLE 

ii     taxas 
Vncien  interne  des  hôpitaux.  Lauréat  de  la  Faculté 


DE  L'AUSCULTATION  DE  L'OVAIRE  DANS  LES  KYSTES  OVARIQUES. 

KYSTE  DE  L'OVAIRE  UNILOCULÂiRE  OUVERT  DANS  LE  PÉRITOINE  ET  DANS  L'INSTESTlN. 

TINTEMENT  AVEC  BRUIT  DE  FLOT  DE  LIQUIDE. 

—  Séance  du   -■'  aoû\    1877.  — 

Observations.  —  La  nommée  Cl.  V...  est  entrée  le  8  juin  J877  à  l'hôpital 
de  Tours. 

Voici  les  renseignements  sur  son  état  antérieur,  tels  qu'ils  m'ont  été  fournis 
par  l'interne  de  service  : 

Cette  femme,  âgée  de  56  ans,  n'a  jamais  eu  de  maladie  grave.  Réglée  à 
I»;  ans,  l'écoulement  sanguin  a  toujours  été  abondant,  bien  coloré  et  venant  à 
époque  fixe. 

.Mariée  une  première  fois  à  2i>  ans,  une  seconde  fois  à  27,  elle  n'a  pas 
d'enfanl  et  n'a  jamais  l'ait    de  fausses   couches.  A  47  ans,  la  menstruation  a 


Dr    LE    DOUBLE.   —   KYSTE    DE   [/OVAIRE    UNILOCULAIRE  895 

cessé.  Au  moment  de  la  ménopause,  pendant    la   dernière  année,  les  règles 
revenaient  seulement  tous  les  in»is  mois. 

Il  y  a  un  an,  son  mari  lui  donna  pendant  son  sommeil  un  coup  de  coude 
dans  le  flanc  droit,  et  puis  quelque  temps  après  un  autre  coup  dans  la  région 
sou^-coslale  gauche.  A  parlir  de  ce  moment,  elle  ressentit  quelques  douleurs 
vagues  dans  le  bas-ventre;  et  l'abdomen  commença  à  gonfler. 

État  actuel.  —  Le  visage  est  amaigri,  il  a  ce  caractère  tout  particulier  qui 
,i  été  décrit  sous  le  nom  de  faciès  ovarien.  Le  ventre  est  gros,  régulièrement 
développé,  sans  aucune  dilatation  veineuse.  Le  palper  permet  de  constater  une 
tumeur  globuleuse   légèrement  sensible,  résistante  sans  bosselure. 

On  ne  la  déplace  pas  en  lui  imprimant  des  mouvements  de  latérabilité  ou 
en  changeant  la  malade  de  côté. 

A  la  percussion,  matité  absolue  depuis  le  pubis  jusqu'à  deux  travers  de; 
doigts  au-dessous  de  l'ombilic. 

Par  le  toucher  vaginal  je  constatai  que  le  vagin  était  déformé  :  à  l'union  de 
son  tiers  supérieur  avec  ses  deux  tiers  inférieurs  existait  un  coude  très-ma- 
nifeste. 

Il  était  impossible  d'atteindre  le  col.  Le  toucher  vaginal  combiné  avec  le 
palper  abdominal  éveillait  un  peu  de  douleur. 

L'exploration  par  le  rectum  ne  donnait  rien  de  particulier. 

Comme  signe  fonctionnel,  la  malade  se  plaint  de  pesanteur  dans  l'abdomen, 
la  respiration  est  libre,  la  marche  seule  est  un  peu  gênée. 

Le  médecin,  qui,  le  premier,  a  vu  cette  femme  en  ville,  avait  été  mandé 
pour  tâcher  de  remédier  à  une  constipation  opiniâtre.  Un  examen  attentif  lui 
lit  reconnaître  une  tumeur  abdominale  à  peine  douloureuse,  s'accompagnant 
de  fièvre.  Son  diagnostic  fut  :  kyste  ovarique  uniloculaire  enflammé  compri- 
mant l'intestin. 

Connaissant  la  dernière  communication  de  M.  Laboulbène,  à  l'Académie  de 
médecine,  sur  l'existence  du  tintement  métallique  et  du  bruit  du  flot  de 
liquide  dans  certaines  tumeurs,  il  voulut  s'assurer  si  ces  signes  stéthos- 
copiques  se  rencontreraient  dans  ce  cas;  il  n'entendit  aucun  bruit.  L'ausculta- 
tion et  la  percussion  de  l'abdomen  nous  ont  démontré  l'exactitude  de  ces  ren- 
seignements 

9  Juin.  —  Dans  l'après-midi,  après  de  violentes  coliques,  la  malade  va  à  la 
selle,  elle  rend  un  vase  entier  (2  litres)  de  matières  fécales  d'abord,  de  pus 
ensuite,  et  enfin  des  matières  de  couleur  lie  de  vin  répandant  une  odeur 
infecte. 

Croyant  à  une  perforation  intestinale,  le  toucher  rectal  est  pratiqué  après 
cette  évacuation;  on  ne  peut  atteindre  ou  trouver  aucun  orifice  de  communi- 
cation. 

L'état  général  n'est  pas  modifié. 

Le  soir,  seconde  garde-robe. 

10  Juin .  —  2  nouvelles  selles  purulentes. 

ii  Juin.  —  i  évacuations  d'une  odeur  encore  plus  intolérable  que  les  pré- 
cédentes. Tympanite  prononcée. 
Le  ventre  paraît  un  peu  plus  souple  à  droite. 


89f>  SCIENCES  MÉDICALES 

La  succussion  hippocratique  fait  constater  le  bruit  de  flot  du  liquide 
avec  résonnance  amphorique  et  un  tintement  métallique. 

La  malade  sent  son  appétit  revenir  et  demande  à  manger.  —  Légère  alimen- 
tation. 

12  Juin.  —  Une  évacuation.  —  Aucun  changement  dans  l'état  général. 

13,  1b,  15  Juin.  —  L'œdème  gagne  les  membres  supérieurs. 

L'urine  traitée  par  l'acide  azotique  et  la  chaleur  ne  contient  pas  d'albumine 
bien  que  sa  couleur  soit  très-foncée  ;  elle  ne  renferme  pas  d'urée. 

16,  11,  18,  19,  20  Juin.  —  Une  seule  garde-robe  par  jour. 

Celle  du  18  ne  contient  pas  le  liquide  rendu  habituellement.  Bien  que  les 
symptômes  aigus  se  soient  peu  accentués,  le  faciès  de  la  malade  a  beaucoup 
changé,  il  est  plus  amaigri,  plus  tiré,  et  a  pris  une  teinte  terreuse. 

21  Juin.  —  Une  évacuation  plus  abondante  a  lieu  à  10  heures  du  matin. 
Aussitôt  la  femme  accuse  une  douleur  vive  dans  la  partie  supérieure  et  latérale 
droite  de  l'abdomen. 

Dans  l'après-midi  la  fièvre  apparaît,  PL  115,  T.  38°,  9;  la  peau  est  chaude, 
la  langue  rouge  et  sèche;  le  ventre  peu  douloureux  jusqu'à  ce  jour  est  devenu 
très-sensible. 

Trois  vomissements  glaireux  entre  cinq  et  six  heures  de  l'après-midi. 

La  malade  est  dans  un  état  de  somnolence  continuelle. 

Dans  la  soirée,  aggravation  de  l'état  général,  la  chaleur  de  la  peau  est  plus 
élevée,  la  température  est  à  40,  et  le  pouls  à  120. 

La  malade  meurt  le  22  juin,  à  7  heures  du  matin. 

Le  traitement  consista  dans  de  la  tisane  de  chiendent  nitré,  une  potion 
calmante  additionnée  d'un  gramme  de  teinture  de  digitale  ;  du  sirop  phéniqué 
et  du  vin  de  quinquina  iodé. 

La  compression  de  l'abdomen  avec  un  bandage  de  corps  fut  employée  après 
la  rupture  du  kyste  dans  l'intestin. 

Autopsie  19  heures  après  la  mort. 

La  rigidité  cadavérique  est  peu  prononcée. 

En  appliquant  l'oreille  sur  l'abdomen,  et  imprimant  au  corps  une  violente 
secousse,  on  entend  encore  le  bruit  de  flot  et  le  tintement  métallique.  Ce  dernier 
a  toutefois  changé  de  timbre,  il  est  plus  sourd  et  plus  lointain;  il  n'est  plus 
produit  par  la  percussion  comme  pendant  la  vie. 

La  circonférence  de  l'abdomen,  au  niveau  de  l'ombilic,  est  de  lm,06;  la 
distance  du  pubis  à  l'appendice  xiplioïde  de  0m4.0  centimètres. 

On  fait,  en  suivant  la  ligne  blanche,  une  première  incision  s'étendant  de. 
l'appendice  xiphoïde  au  sternum,  puis  on  en  trace  une  seconde,  comprise  entre 
les  dernières  fausses  côtes  de  chaque  côté,  et  perpendiculaire  a  la  précédente 
qu'elle  va  rejoindre.  On  obtient  ainsi  deux  lambeaux  supérieurs  qui,  relevés, 
laissent  voir  parfaitement  la  partie  supérieure  de  la  cavité  abdominale. 

Dès  que  le  péritoine  eut  été  ouvert,  des  gaz  fétides  et  un  liquide  jaune 
opaque,  d'une  forte  odeur  alliacée,  analogue  à  celle  de  la  macération  et  de  la 
gangrène,  s'échappa  par  la  solution  de  continuité.  La  quantité  de  liquide  con- 
tenu dans  l'intérieur  de  la  séreuse  peut  être  évalué  à  1  litre  !/2.  Le  péritoine 


Dr  LE   DOUBLE.  —  KYSTE    DE    L'OVAIRE    UNILOCULAIRE  897 

sus-ombilical  dans  ses  portions  viscérale  et  pariétale  est  rouge,  injecté,  pois- 
seux, mais  non  recouvert  de  fausses  membranes. 

Le  colon,  le  petit  intestin,  l'estomac,  sont  libres.  Le  foie  est  refoulé  en  haut 
par  Pépanchement  péritonéal,  il  a  son  volume  normal  et  une  coloration  grise; 
la  vésicule  biliaire  est  un  peu  volumineuse. 

La  rate  est  tuméfiée. 

En  bas,  immédiatement  au-dessous  de  l'ombilic,  on  voit  une  tumeur  globu- 
leuse appliquée  contre  la  paroi  abdominale  antérieure  à  laquelle  elle  adhère, 
tumeur  à  parois  ardoisées  présentant  vers  sa  partie  supérieure  droite  une  per- 
foration ovalaire  à  bords  irréguliers  mesurant  2  centimètres  dans  son  plus 
giand  diamètre. 

Cette  ouverture  a  donné  passage  au  liquide  que  renfermait  le  péritoine.  En 
pratiquant,  à  l'aide  d'un  soufflet,  l'insufflation  par  le  rectum,  un  liquide  sem- 
blable au  précédent  sort  encore  sous  forme  de  jet  par  cet  orifice. 

Pour  faciliter  la  dissection  de  la  tumeur,  nous  faisons  une  dernière  incision 
curviligne  dont  le  sommet  répond  au  coqis  des  pubis,  et  dont  les  extrémités, 
suivant  les  arcades  de  Fallope,  vont  se  réunir  à  l'incision  transversale  de 
l'ombilic 

Le  vagin,  sauf  la  duplicature  de  ses  parois,  n'offre  rien  de  spécial. 

L'utérus,  projeté  en  avant  et  à  gauche,  déborde  le  détroit  supérieur;  il  est 
situé  presque  transversalement  sur  le  muscle  psoas  iliaque  du  côté  gauche;  il 
présente  dans  sa  paroi  antérieure  et  dans  sa  paroi  postérieure  une  série  de 
bosselures  d'une  égale  consistance.  Elles  sont  au  nombre  de  cinq,  trois  en 
avant  et  deux  en  arrière. 

Elles  sont  constituées  par  des  noyaux  libroïdes  blancs  enclavés  au  milieu 
du  tissu  musculaire.  Facilement  énucléables,  ces  noyaux  ont  à  la  coupe  tous 
les  caractères  des  myomes  utérins.  Sur  la  muqueuse  utérine  on  trouve  un 
polype  égal  à  une  petite  fraise. 

La  cavité  du  col  contient  aussi  un  polype  de  la  même  grosseur.  Le  corps 
elle  col  sont  remplis  d'un  mucus  filant. 

En  arrière  on  aperçoit  des  fausses  membranes  très-résistantes  s'étendant  de 
la  face  postérieure  de  l'utérus  au  kyste  qui  remplit  le  fond  du  cul-de-sac 
recto-utérin  et  remonte  dans  la  fosse  iliaque  droite,  dans  la  région  sous-ombi- 
licale et  s'avance  même  jusque  dans  la  fosse  iliaque  gauche. 

Ce  kyste  a  0,30  centimètres  dans  son  diamètre  horizontal  et  0,25  centimètres 
dans  son  diamètre  vertical. 

On  ouvre  la  poche  à  partir  du  point  où  elle  présente  une  perforation,  c'est- 
à-dire  en  haut  et  à  droite.  Le  kyste  est  uniloculaire  et  contient  encore  quelques 
cuillerées  d'un  liquide  jaunâtre  semblable  à  celui  rendu  dans  les  selles  ou 
versé  par  le  péritoine.  Les  parois  ont  de  0m,009  à  0m,010  d'épaisseur  elles  sont 
résistantes. 

La  surface  interne  est  bleuâtre;  sur  beaucoup  de  points  elle  est  recouverte 
de  grumeaux  gris  adhérents. 

Les  connexions  de  ce  kyste  sont  les  suivantes  : 

La  face  postérieure  de  l'utérus  est  en  avant;  le  kyste  la  déborde  latérale- 
ment et  en  haut;  non-seulement  le  kyste  est  relié  par  des  brides  déjà  aneien- 

57 


898  SCIENCES  MÉDICALES 

nés  à  l'utérus,  mais  encore  à  la  région  hypogastrique  jusqu'à  l'ombilic  et 
dans  les  flancs,  on  doit,  si  on  veut  bien  isoler  la  tumeur,  détruire  des  adhé- 
rences intestinales  fortes  et  nombreuses  qui  auraient  nécessité,  en  supposant 
une  opération,  des  incisions  et  des  ligatures  multiples  :  le  kyste  n'est  isolé 
qu'en  haut  et  en  arrière,  lieu  où  s'est  fait  la  perforation  supérieure. 

Pour  trouver  l'orifice  de  communication  avec  l'intestin,  on  l'ait  une  incision 
de  chaque  côté  du  kyste,  de  manière  à  en  étaler  les  parois.  On  lie  l'intestin 
dans  le  rectum  au-dessus  de  l'S  iliaque,  et  en  introduisant  la  canule  du 
tube  à  irrigation  de  l'amphithéâtre,  on  voit  alors  que  l'eau  projetée  s'écoulait 
par  un  orifice  situé  en  bas  et  à  gauche,  à  l'union  de  l'S  iliaque  et  du 
rectum. 

Cette  ouverture  masquée  par  de  fausses  membranes  permet  facilement 
l'introduction  du  doigt  indicateur.  En  ce  point,  les  deux  portions  du  gros 
intestin  (S  iliaque  et  rectum),  ont  formé  un  coude  pour  s'accoler  à  la  paroi  du 
kyste.  La  mortification  de  l'intestin  avait  été  provoquée  par  suite  de  la  com- 
pression par  le  kyste  sur  le  plan  résistant  de  la  ligne  innommée. 

L'ovaire  droit  est  parfaitement  sain  ;  le  corps  de  la  trompe  de  ce  côté  est 
recouvert  de  fausses  membranes  ;  sa  cavité  est  très-perméable,  son  pavillon 
incliné  en  avant. 

Un  cordon  ferme,  arrondi,  part  de  l'angle  inférieur  gauche  de  la  tumeur 
pour  rejoindre  l'angle  supérieur  gauche  de  l'utérus  ;  il  est  percé  d'une  ouerv- 
ture  ovale  et  semble  être  un  des  vestiges  de  la  trompe  de  ce  côté.  Un  stylet 
introduit  dans  cet  orifice  s'arrête  dans  un  cul-de-sac.  Nulle  part  on  ne  trouve 
l'ovaire  gauche. 

Le  rectum  avait  son  calibre  normal  ;  il  était  aplati  contre  l'os  iliaque,  et 
offrait  l'ouverture  que  nous  avons  indiquée. 

Rien  à  signaler  du  côté  du  cœur,  des  poumons,  du  cerveau  ou  dans  les 
autres  organes. 

Examen  histologique . 

Les  tumeurs  sphériques  ou  pyriformes  englobées  dans  les  parois  internes  sont 
constituées  par  des  fibres  musculaires  lisses,  l'examen  microscopique  confirme 
donc  entièrement  l'opinion  que   nous   avions  de   la   nature   de  ces  produits. 

Tous  ces  myomes  ne  sont  pas  plus  avancés  l'un  que  l'autre,  dans  leur 
évolution.  Homogènes  et  très-vasculaires,  ils  ne  contiennent  dans  leur  inté- 
rieur, ni  liquide,  ni  graisse,  ni  pétrifications  amorphes,  ni  concrétions  ossi- 
formes  ou  calcaires.  Ces  néoplasmes  sont  relativement  jeunes. 

La  pièce  examinée  se  compose  encore  de  fragments  de  la  paroi  du  kyste  et 
des  coupes  verticales  en  sont  faites  après  durcissement  dans  l'alcool,  la  gomme 
à  l'alcool,  2i  heures  dans  chacun  de  ces  liquides;  elles  sont  colorées  par  le 
picro-carminate  d'ammoniaque  et  conservées  dans  la  glycérine  additionnée 
de  10  p.  0/0  de  cette  matière  colorante. 

Examen  à  un  faible  grossissement  (oc.  2.  et  obj.  2.  du  microscope  de 
Nachet).  On  voit  que  le  kyste  comprend  deux  zone- bien  distinctes:  l'une 
externe,  plus  large,  plus  claire  et  colorée,  mesurant  environ  0,004  millimètres 
d'épaisseur;  l'autre  interne  plus  mince,  foncée,  mai  coloriée,  mesurant 
U,0Ui  millimètre. 


Dr  LE  DOUBLE.  —    KYSTE   DE    L'OVAIRE    UNILOCLLAIRE  899 

Grossissement  plus  fort.  A.  Zone  externe.  Elle  est  formée  de  fibres  de  lissu 
conjonctif  et  limitée  en  dehors  par  un  bord  net,  sur  lequel  on  ne  trouve  pas 
de  cellules  épithéliales.  Entremêlées  aux  fibres  conjonctives,  on  voit  quelques 
fibres  musculaires  lisses,  dont  la  direction  est  généralement  parallèle  à  celle 
des  parois  du  kyste  et  qui  sont  les  unes  isolées,  les  autres  réunies  en  mince 
faisceau. 

B.  Zone  interne.  Elle  est  tapissée  en  dedans  par  une  seule  couche  d'epithé- 
lium  cylindrique;  plus  en  dehors,  une  couche  d'un  tissu  avec  des  fibres  en- 
trecroisées et  qui  est  analogue  à  celui  du  derme  dont  il  a  l'aspect  opaque.  Ce 
tissu  conjonctif,  ressemble  à  celui  qui  constitue  la  zone  externe  en  ce 
qu'il  contient  des  fibres  musculaires,  il  en  diffère  en  ce  qu'il  est  très-riche  en 
petites  cellules  rondes,  éléments  jeunes  ou  cellules  lympathiques. 

Réflexions.  —  Bien  que  l'origine  de  ce  kyste  soit  difficile  ù  détermi- 
ner, il  nous  paraît  cependant  probable  qu'il  s'agit  ici  d'un  kyste  de 
l'ovaire.  L'idée  d'une  hydropisie  de  la  trompe  serait  à  peine  soutenable, 
on  ne  saurait  davantage  invoquer  l'existence  d'un  kyste  de  l'organe  de 
Roscn  Muller,  d'un  de  ces  kystes  lacuneux  décrits  par  M.  Verneuil, 
espèce  d'hygromas  sous-séreux,  résultant  d'une  accumulation  de  séro- 
sité dans  de  véritables  bourses  sous-péritonéales,  formées  dans  le  tissu 
cellulaire  par  le  frottement  réciproque  des  organes.  L'absence  de  l'o- 
vaire gauche,  les  connexions  du  kyste  avec  l'angle  supérieur  gauche  de 
l'utérus  et  avec  la  trompe  du  même  côté,  nous  autorisent  à  considérer 
la  tumeur  du  cul-de-sac  recto  utérin  comme  ayant  son  point  de  départ 
dans  l'ovaire. 

En  outre,  il  est  incontestable  que  le  liquide  évacué  par  le  rectum,  et 
contenu  dans  le  péritoine  était  celui  que  renfermait  la  poche  avant  toute 
perforation.  On  ne  saurait  préciser  aussi  sûrement  dans  quel  point  la 
rupture  du  kyste  s'est  faite  tout  d'abord  ;  nous  inclinerions  cependant 
à  croire  que  l'ouverture  rectale  est  plus  ancienne.  La  malade  en  arri- 
vant à  l'hôpital  n'accusait  aucun  symptôme  de  péritonite,  et  c'est  seule- 
ment deux  jours  avant  la  mort  qu'on  a  pu  soupçonner  une  inflam- 
mation légère  du  péritoine.  A  ce  moment  l'ouverture  intestinale  était 
produite,  les  selles  contenaient  du  pus,  la  poche  était  débarrassée  presque 
entièrement  de  son  contenu  et  peu  de  matière  avait  pu  être  versée  dans 
la  séreuse. 

A  l'autopsie,  nous  avons  vu  que  l'orifice  supérieur  était  irrégulier, 
déchiqueté  et  de  peu  d'étendue,  tandis  que  l'orifice  inférieur  était  plus 
•large,  fermé  par  des  pseudo-membranes  déjà  très-bien  organisées  et 
bordé  par  des  tissus  durs  et  résistants.  Les  désordres  anatomiques 
étaient  beaucoup  plus  considérables. 

Mais  ce  qui  nous  a  engagé  à  publier  cette  observation  et  ce  qui  doit 
attirer  surtout  l'attention,  c'est  l'existence  du  tintement  métallique  et  du 


900  SCIENCES  MÉDICALES 

bruit  de  Ilot  liquide  dans  un  kyste  de  l'ovaire,  signes  stéthoscopiques 
observés  seulement  après  que  la  poche  se  fût  ouverte  dans  l'intestin.  — 
Ce  bruit  de  flot  de  liquide  était  absolument  semblable  à  son  homologue, 
le  bruit  de  flot  de  liquide  thoraciqne,  comme  lui,  il  était  obtenu  par  de 
légères  secousses.  Le  tintement  métallique,  espèce  de  cliquetis  métalli- 
que ou  de  frémissement  argentin,  se  manifestait  quand  la  malade, 
qui  était  dans  le  décubitus  dorsal,  se  soulevait  pour  se  mettre  sur  son 
séant,  ou  encore  par  la  percussion  de  l'abdomen  ou  par  un  brusque 
mouvement  imprimé  à  tout  le  corps.  Tantôt  il  semblait  se  passer  près 
de  l'oreille,  tantôt  en  être  éloigné.  Parfois,  après  avoir  duré  quelque 
temps,  il  cessait  pour  reparaître  après  et  éprouver  ensuite  encore  plu- 
sieurs alternatives  de  disparition  et  de  retour.  Sa  tonalité  et  son  timbre 
étaient  soumis  à  de  nombreuses  variations. 

Cette  malade  n'est  pas  la  seule  qui,  atteinte  d'un  kyste  de  l'ovaire, 
nous  ait  présenté  des  bruits  d'auscultation.  En  1875,  à  l'Hôtel-Dieu, 
j'ai  vu  une  femme  ayant  un  kyste  uniloculaire  énorme  de  l'ovaire  gau- 
che, femme  qui  succomba  à  une  pneumonie  intercurrente.  Chez  elle, 
comme  nous  avons  pu  le  constater  à  l'autopsie,  la  poche  était  intacte  : 
elle  était  remplie  aux  trois  quarts  par  un  liquide  albumineux,  d'une 
teinte  verdâtre  ;  chez  cette  dernière,  comme  chez  la  précédente,  nous 
avons  constaté  pendant  la  vie  le  tintement  métallique  et  le  bruit  de  flot 
de  liquide. 

Déjà  quelques  observations  de  tintement  métallique  et  de  bruit  de  flot 
de  liquide  dans  diverses  tumeurs  abdominales  ont  été  publiées,  soit 
dans  le  Bulletin  de  l'Académie  de  médecine,  soit  dans  divers  journaux, 
par  MM.  Laboulbène,  Barthez,  Roger,  Demarquay,  Gosselin.  M.  Herard 
a  constaté  une  fois  le  tintement  métallique  dans  un  kyste  ovarique. 
(Bulletin  de  l'Académie  de  médecine,  t.  XXVI1J.  p.  18.) 

Mes  deux  faits  joints  aux  précédents  engageront  à  rechercher  davan- 
tage les  deux  symptômes  dans  les  maladies  de  l'abdomen.  Ils  démontrent 
que  ces  deux  signes  stétlioscopiques  peuvent  se  rencontrer  aussi  bien  dans 
un  kyste  ovarique  sans  communication  avec  l'air  extérieur,  que  dans  un 
kyste  ovarique  communiquant  avec  l'intestin.  Il  peut  exister  un  tinte- 
ment ovarique  métallique  essentiel,  de  même  qu'il  existe  un  tintement 
métallique  dans  l'hydro-pneumo-thorax,  sans  déchirure  des  plèvres. 

La  détermination  des  particularités  des  kystes  ovariques  par  la  pré- 
sence ou  l'absence  du  bruit  de  flot  de  liquide,  ou  du  tintement  métal- 
lique, par  leur  intensité,  par  leur  caractère,  ne  présente  pas  seulemeut 
de  l'intérêt  sous  le  rapport  diagnostic,  il  en  découle  des  conséquences 
pratiques  qui  ne  sont  pas  sans  importance  pour  le  traitement. 

Une  grave  question  au  point  de  vue  de  l'opération  est  celle  des 
adhérences;  or,  l'existence  de  frottement  joint  à  l'ancienneté  du  kyste, 


l)r  LE   DOUBLE.  —  KYSTE    DE    [.'OVAIRE    UNILOCULAIRE  901 

à  la  présence  de  l'ascite,  à  la  mobilité  de  la  tumeur,  peuvent  faire 
admettre  ou  rejeter  l'existence  de  cette  complication.  De  même  la 
nature  du  kyste  pourra  être  exactement  déterminée  avec  l'aide  des  deux 
nouveaux  signes  que  nous  indiquons. 

Sans  aucun  doute  ils  se  rencontreront  dans  1rs  kystes  ovariques  uni- 
loculaires  à  contenu  séreux,  séro-sanguin  ou  séro -purulent,  plus  diffici- 
lement lorsque  le  kyste,  bien  qu'uniloculaire ,  renfermera  un  liquide 
visqueux  filant,  épais,  gélatiniforme,  soit  primitivement,  soit  consécuti- 
vement, à  un  premier  traitement  par  la  ponction  simple  ou  par  la 
ponction  avec  injection  iodée.  Dans  les  kystes  muitiloculaires  ou 
aréolaires  a  poches  bien  isolées  on  peut  préjuger  qu'ils  seront  peu  ou  ne 
seront  pas  étendus,  (.race  à  eux  pourront  être  facilement  distinguées  les 
tumeurs  liquides  des  tumeurs  solides  de  l'ovaire,  tels  que  tumeurs  col- 
loïdes, cystosarcomes,  cysto-carcinomes,  kystes  solides  mélicériques,  etc. 

En  résumé  : 

Frottement,  tintement  métallique,  bruit  de  Ilot  de  liquide,  tels  sont 
les  bruits  que  nous  avons  entendus  jusqu'à  ce  jour  en  auscultant  les 
kystes  de  l'ovaire  (1). 

Nous  les  notons  seulement  dès  à  présent,  nous  réservant  d'étudier 
plus  longuement,  dans  un  autre  mémoire,  ce  que  nous  n'avons  fait  qu'é- 
baucher ici  pour  prendre  rang,  à  savoir  :  la  valeur  de  ces  bruits,  leurs 
significations,  les  indications  qu'ils  peuvent  fournir  à  la  clinique  et  à 
la  thérapeutique. 


M.  le  Dr  BRAME 

de  Tours. 


L'ENTORSE     ET     SON     TRAITEMENT 


—    Séance  du    S 9   août    187  7 


(1)  Nous  laissons  absolument  à  l'écart  le  frémissement  hydatique  ;  nous  n'avons  pas  encore  eu 
l'occasion  de  nous  trouver  en  présence  d'un  kyste  hydatique  de  l'ovaire. 


902  SCIENCES   MÉDICALES 


M.  le  Dr  François  FRANCK 

Préparateur  au  Collège  de  France, 


SUR  LA  COMPRESSION  DU  CŒUR  DANS  LES  ÉPANCHEMENTS  DU  PÉRICARDE  (1). 
(EXTRAIT  du   PROCÈS-VERBAL.) 


—  Séance  du  29  août  1877.   — 

—  La  compression  graduellement  croissante  (de  0  à  -f  2  c.  Hg)  exercée 
sur  le  cœur  à  l'intérieur  du  péricarde  produit  l'abaissement  de  la  pression 
artérielle  du  chiffre  normal  (11,  10  c.  Hg.)»  à  3,  2  c.  Hg. 

—  Quand  la  contre-pression  sur  le  cœur  atteint  2  c.  Hg.,  toute  pulsation 
artérielle  est  supprimée. 

—  En  même  temps  que  s'abaisse  la  pression  artérielle,  la  pression  veineuse 
s'élève  et  suit  dans  son  élévation  les  phases  de  la  'contre-pression  graduelle 
subie  par  le  cœur. 

—  Des  expériences  de  circulation  artificielle  sur  le  cœur  de  tortue  isolé 
permettent  de  comprendre  l'abaissement  de  la  pression  artérielle,  chez  l'ani- 
mal vivant  dont  le  cœur  est  comprimé,  par  la  diminution  progressive  du 
volume  des  ondées  aortiques;  la  suppression  des  pulsations  artérielles  est  duc 
à  la  suppression  des  ondées  ventriculaires. 

—  Cette  diminution  et  cette  suppression  des  ondées  aortiques,  sont  dues  à 
l'obstacle  de  plus  en  plus  grand  apporté  à  l'afflux  du  sang  veineux  dans  les 
oreillettes  par  la  contre-pression  qui  s'exerce  à  leur  surface.  Mais,  quand  la 
compression  du  cœur  est  faite  lentement  et  par  degrés  successifs,  on  voit  se 
séparer  la  chute  de  la  pression  artérielle,  parce  qu'on  donne  à  la  pression 
veineuse  le  temps  d'arriver  à  un  degré  suffisant  pour  surmonter  la  contre- 
pression. 

—  Tout  afflux  dans  les  cavités  cardiaques  est  supprimé  quand  la  contre- 
pression  dans  le  péricarde  fait  équilibre  à  la  pression  Mineuse: 

—  A  la  période  de  disparition  des  pulsations  artérielles,  on  constate  la  per- 
sistance des  battements  du  cœur.  Mais  ces  battements  constituent  autant  de 
«  systoles  avortées  par  défaut  de  réplétion  ».  (V.  Mém.  II.) 

—  Les  résultats  des  expériences  sur  la  compression  du  cœur  à  l'intérieur 
du  péricarde,  rendent  compte  des  effets  que  1rs  épanchements  péricardiques 
abondants  produisent  sur  les  circulations  générales  et  pulmonaires. 

—  Au  moment  de  la  décompression  brusque  du  cœur,  il  se  produit  un 
reflux  encore  contenu  dans  l'aorte  vers  la  portion  intra-péricardique  de  cette 
artère  subitement  décomprimée. 

—  Dans  les  instants  qui  suivent  la  décompression,  la  pression  artérielle  se 

(1)  Le  mémoire  in  extenso  a  paru  dans  les  Comptes  renias;  des  travaux  exécutés  da,ns  le  k$q- 
ratoire  du  professeur  \fq,rey,  Paris.  G.  Masson,  1877. 


Dr  AUBERT.  —  DE  LA  SUEUR  DANS  LES  MALADIES  DE  LA  PEAU    903 

sépare  au  moyen  de  volumineuses  ondées  envoyées  par   le   cœur  qui   reçoit 
alors  une  grande  quantité  de  sang  sous  forte  pression  veineuse. 

—  Ces  deux  dernières  conclusions  sont  applicables  aux  phénomènes  car- 
diaques et  artériels  qu'on  observe  chez  l'homme  au  moment  de  la  cessation 
de  l'effort. 

—  Un  mécanisme  très-analogue  doit  être  invoqué  pour  l'interprétation  des 
accidents  des  épancbements  pleurétiques  séreux  abondants,  Cette  question  est 

l'étude. 


M.  le  Dr   P.  AÏÏBEET 

Chirurgien  do  l'Antiquaille,  Professeur  agrégé 
de  la  Faculté  de  Médecine  de  Lyon. 


DES  MODIFICATIONS  SUBIES  PAR  LA  SÉCRÉTION  DE  LA  SUEUR 
DANS  LES  MALADIES  DE  LA  PEAU 


Séance  <1  u  29  a  ont  1877.  — 


Messieurs, 

Avant  de  vous  donner  la  description  des  modifications  subies  par  la 
sécrétion  de  la  sueur  dans  les  maladies  de  la  peau  et  de  faire  passer 
sous  vos  yeux  les  empreintes  qui  vous  permettront  de  voir  et  de  con- 
trôler les  résultats  obtenus,  nous  devons  vous  exposer  brièvement  la 
méthode  expérimentale  suivie  dans  cette  étude  et  la  manière  dont  ces 
empreintes  ont  été  produites. 

Si  l'on  applique  avec  une  certaine  pression  et  dans  des  conditions 
favorables  une  feuille  de  papier  blanc  ordinaire  sur  la  surface  cutanée, 
et  qu'on  soumette  ensuite  cette  feuille  à  l'action  de  divers  réactifs,  on 
obtient  des  empreintes.  Ces  empreintes,  selon  les  conditions  dans  les- 
quelles elles  ont  été  produites,  peuvent  se  rattacher  à  des  types  diffé- 
rents :  les  unes  sont  de  véritables  impressions  analogues  à  celles  que 
donne,  par  exemple,  une  planche  de  gravure  ou  une  pierre  lithogra- 
phique ;  elles  reproduisent  les  saillies,  les  sillons,  les  poils,  en  un  mot 
les  accidents  de  surface  de  la  peau.  On  peut  favoriser  la  réussite  de  ces 
empreintes  en  enduisant  préalablement  la  peau  d'une  substance  colorée 
par  elle-même  ou  susceptible  de  se  colorer  par  l'action  de  réactifs.  Ce 
sont  là  des  empreintes  de  surface.  Les  autres  permettent  d'apprécier 
l'état  actuel  de  la  sécrétion  des  glandes  cutanées  ;  ce  sont  les  empreintes 
glandulaires  que  l'on  peut  diviser,  comme  les  glandes  qui  leur  donnent 
naissance,  en  empreintes  sébacées  et  empreintes  sudorales.  Les  em^ 
preiptes   sébacées  ne   s'obtiennent  avec   quelque  netteté    que    sur  des 


004  SCIENCES    MÉDICALES 

points  limites  du  corps  :  le  crâne,  la  face  et   particulièrement   l'extré- 
mité du  nez;  j'en  ai  parfois  cependant  obtenu  .sur  les  épaules  et  le  long 
de   la  ligne    des   apophyses  épineuses.  Le  pointillé  huileux    du   papier 
permet  de  discerner  immédiatement  ces  empreintes,   mais    on   ne   peut 
les  conserver  en  cet  état.  En  effet,  la  tache  huileuse  s'étale,   se  diff- 
etperd  toute  netteté.  On  peut  fixer  ces  empreintes  avec  une  solutir 
nitrate  d'argent  agissant  lentement  dans   l'obscurité.    Le  sel  d'arg 
réduit  à  la  longue   au  niveau    de    la   tache   graisseuse   et  la  dessine  en 
noir    ou  en   hrun   avec  une  netteté  parfaite.    Les    empreintes  que  nous 
vous  montrons  ont  été  obtenues  il  y  a  plus  de  deux  ans  parce  procédé. 
Récemment  un  de  nos  collègues  de  la  Faculté  de  Lyon,  M.  Charpy,    a 
employé  l'acide  osmique,  et    cet   acide   constitue   dans  ce  cas,  par    la 
rapidité    et  l'intensité   de  son   action,   un    agent   préférable   au    nitrate 
d'argent. 

Les  empreintes  sudorales  peuvent  s'obtenir  sur  toute  la  surface  du 
corps,  à  condition  bien  entendu  que  la  légion  sur  laquelle  on  expéri- 
mente soit  propre,  saine  et  rasée.  Ce  sont  ces  empreintes  sudorales  qui 
sont  de  beaucoup  les  plus  importantes  et  ce  sont  les  seules  dont  nous 
voulions  vous  entretenir  aujourd'hui. 

Voici  comment  on  obtient  ces  empreintes. 

Sur  la  peau  mise  en  sudation  préalable  par  un  moyen  quelconque 
(exercice,  couvertures,  étuve,  jaborandi),  on  pose  une  feuille  de  papier 
ordinaire  mince  et  de  petites  dimensions;  cette  feuille  est  maintenue 
exactement,  appliquée  et  fixée  à  l'aide  d'une  légère  compression  s'exer- 
çant  à  travers  une  compresse  fine  pliée  en  plusieurs  doubles.  Le  temps 
de  pose,  doit  varier  selon  l'abondance  de  la  sudation,  de  quelques 
secondes  à  quelques  minutes  ;  quelques  secondes  suffisent  le  plus  souvent. 
Dans  ces  conditions  chaque  orifice  glandulaire  vient  verser  sur  le  point 
correspondant  de  la  feuille  de  papier  une  gouttelette  de  sueur  et  donne 
une  image.  L'image  ainsi  obtenue  est  invisible,  il  faut  la  faire  ressortir, 
la  révéler.  Pour  obtenir  ce  résultat,  nous  connaissons  trois  moyens  et 
l'on  pourrait  sans  doute  en  découvrir  d'autres.  Ces  trois  moyens  sont  : 
l'exposition  de  la  feuille  à  des  vapeurs  iodées,  le  badigeonnage  avec  une 
solution  de  protonitrate  de  mercure,  et  le  badigeonnage  avec  une  solu- 
tion faible  de  nitrate  d'argent,  suivie  de  l'exposition  à  la  lumière.  Les 
vapeurs  iodées  viennent  se  fixer  exclusivement  sur  les  points  de  la 
feuille  qui  présentent  une  légère  humidité,  et  là  se  combinant  avec 
l'amidon  du  papier,  donnent  au  niveau  de  chaque  glande  un  petit  point 
bleu.  Le  protonitrate  de  mercure  se  réduit  partiellement  au  contact  des 
sels  de  la  sueur  et  donne  un  pointillé  noirâtre.  Les  empreintes  à  l'iode 
sont  fugaces;  celles  au  protonitrate  de  mercure,  quoique  un  peu  plus 
stables  ,ne  peuvent  s'obtenir  d'une  façon  régulière.  Ce  sel,  en  effet,  est 


U'    AUBERT.  —  DE  LA  SUEUR  DANS  LES  MALADIES  DE  LA  PEAU    905 

un  sel  capricieux  qui  tantôt  est  sensible,  tantôt  inerte,  ou  à  peu  près  : 
il  nous  a  semblé  que  le  protouitrate  récemment  préparé  et  très-blanc, 
donnait  de  meilleurs  résultats  que  celui  qui,  plus  ancien,  s'est  altéré  et 
a  un  peu  jauni.  Du  reste,  les  meilleures  empreintes  obtenues  avec  ce 
sel   n'ont    ni    la   netteté   ni   la   stabilité  de  celles  que  produit  le  nitrate 

d'argent. 

Le  réactif  de  beaucoup  le  plus  utile  et  le  plus  sensible  est  le  nitrate 
d'argent,  et  c'est  celui  dont  nous  nous  servons  habituellement,  quoique 
les  épreuves  à  l'iode  et  au  protonitrate  de  mercure  nous  aient  servi  à 
élucider  certains  points  spéciaux.  La  solution  de  nitrate  d'argent  doit 
être  faible,  0.50  pour  100;  nous  l'employons  de  la  manière  suivante  : 
aussitôt  que  la  feuille  de  papier  a  été  détachée  de  la  surface  cutanée, 
nous  la  badigeonnons  uniformément  avec  un  gros  pinceau  en  blaireau 
trempé  dans  la  solution,  puis  nous  exposons  la  feuille  à  la  lumière.  On 
ne  tarde  pas  à  voir  apparaître  un  tin  pointillé  violet  reproduisant  exac- 
tement sur  les  épreuves  réussies  le  nombre  et  la  disposition  des  glandes 
sudoripares  de  la  région. 

La  théorie  de  ces  empreintes  est  simple.  Chaque   orifice  glandulaire 
a  versé  sur  le  papier  sa  gouttelette  de  sueur  ;  cette  sueur  renferme  du 
chlorure  de  sodium;  ce  chlorure  de  sodium  au  contact  du  nitrate  d'ar- 
gent   se    transforme    en   chlorure    d'argent,   et  c'est  la  réduction  à  la 
lumière    du    chlorure   d'argent    ainsi    produit,   qui    donne   le  pointillé 
sudoral. 
Quelques  précautions  sont  nécessaires  pour  obtenir  de  bons  résultats. 
11  faut  que  la  sudation   ne   soit    ni   trop  faible  ni   trop   forte  :  trop 
faible ,    les  empreintes  sont  nulles  et  incomplètes  ;  trop  forte  ,  et    si   la 
sueur  ruisselle,  on  n'obtient  plus  qu'un  barbouillage  informe.  La  solu- 
tion de  nitrate   d'argent    doit  être    faible   et    rester  plutôt   au-dessous 
qu'au-dessus  de  la  solution  normale  de  0.50  pour  100.  Avec    une   solu- 
tion forte  on  obtient  à  la  vérité  des  empreintes  nettes  si    l'on  arrête   à 
temps    l'action   de   la  lumière;  mais,    comme  avec  le   temps  le  nitrate 
d'argent    se  réduit,   il  en  résulte,  s'il  est  en  excès,  que  la  feuille  toute 
entière  noircit  et  que   l'empreinte  peut  perdre  sa  netteté,  et  même  dis- 
paraître. Avec  une  solution  faible,  cela  n'est  point  à  craindre,  et  nous 
avons  des  empreintes  recueillies  depuis  plusieurs  années  et  qui,  tout  en 
étant  moins  fraîches  que  le  premier  jour,  ont  gardé  toute  leur  netteté, 
quoiqu'elles  n'aient  subi  ni  tixation  ni  virage.  Il  importe  encore  que  le 
badigeonnage  au    nitrate   suive  de   près  l'application   de  la   feuille   de 
papier  sur  la  peau;  le  chlorure  de  sodium,  en  effet,  ainsi  que  les  autres 
sels  qui  constituent  le  résidu  sudoral,  est   déliquescent,  et  au  heu  de 
rester  fixé  sur  le  point  limité  où  il  a  été  déposé  par  l'orifice  glandulaire 
il  se  diffuse  dans  le  papier.  Le  nitrate  d'argent  en   le  transformant  en 


906  SCIENCES   MÉDICALES 

chlorure  insoluble  s'oppose  à  la  diffusion  de  l'empreinte  et  lui  conserve 
sa  netteté. 

Quant  à  l'exposition  à  la  lumière,  il  vaut  mieux  éviter  le  plein  soleil 
et  se  servir  de  la  lumière  diffuse  ;  il  est  bon  également  de  retirer  la 
feuille  dès  que  l'empreinte  se  dessine  nettement;  en  la  laissant  plus 
longtemps,  l'empreinte  tend  plutôt  à  perdre  de  sa  netteté  à  cause  de  la 
réduction  du  nitrate  d'argent. 

Telle   est  la  méthode  d'investigation  que  nous  avons  employée;  elle 
est  très-simple  et  peut  se  résumer  dans  les  trois  conditions  suivantes  : 
4°  Application  d'une  feuille  de  papier  sur  la  peau  en  sueur; 
2°  Badigeonnage    de   la  feuille  avec   une   solution    faible  de  nitrate 

d'argent  ; 
3°  Exposition  de  la  feuille  à  la  lumière. 

La  récolte  et  l'étude  de  ces  empreintes  constitue  pour  la  physiologie 
et  la  pathologie  cutanée  une  méthode  d'investigation  nouvelle  et  précise 
que  nous  avons  appliquée  à  l'étude  de  diverses  questions. 

La  seule  de  ces  questions  que  nous  voulions  aborder  aujourd'hui  est 
celle  des  modifications  de  la  sécrétion  sudorale  dans  les  maladies  de  la 
peau. 

La  récolte  des  empreintes  sur  la  peau  malade  se  fait  exactement  comme 
sur  la  peau  saine,  sauf  la  nécessité  où  l'on  est  souvent  de  débarrasser 
préalablement  la  surface  cutanée  des  produits  de  sécrétion  (croûtes, 
squames,  furfurs,  etc.),  qui  viendraient  troubler  la  netteté  des  résul- 
tats. L'enveloppement  au  caoutchouc  rend  pour  ce  nettoiement  préa- 
lable de  la  peau  les  plus  grands  services.  Nous  avons  généralement  eu 
soin  de  recueillir  l'empreinte  près  de  la  limite  de  la  peau  saine  en  traçant 
préalablement  sur  la  peau  cette  limite  avec  un  léger  trait  à  l'encre.  Ce 
trait  s'imprime  sur  le  papier  en  même  temps  que  la  sueur  et  donne  le 
contour  et  la  limite  de  l'espace  malade.  On  peut  ainsi  apprécier  facile- 
ment l'état  comparatif  de  la  sécrétion  sur  la  peau  saine  et  sur  la  peau 
malade,  et  discerner  à  première  vue  les  différences  qu'entraîne  l'état 
pathologique.  Il  est  plus  commode  de  choisir,  quand  on  le  peut,  une 
région  habituellement  découverte  ou  facile  à  découvrir,  telle  que  le  dos 
de  la  main,  l'avant-bras,  les  jambes:  sur  ces  points  les  empreintes  se 
recueillent  avec  moins  de  dérangement  pour  soi-même  et  pour  le  malade. 
Dans  l'énumération  des  affections  cutanées,  nous  suivrons  un  ordre  un 
peu  arbitraire,  mais  qui  convient  à  notre  sujet,  et  nous  examinerons  suc- 
cessivement les  affections  qui  ne  s'accompagnent  d'aucune  irritation 
cutanée  et  celles  où  celle  irritation  existe  à  un  degré  variable,  depuis  la 
simple  hyperémie  jusque  aux  exsudations  et  productions  diverses. 


It'  AUBERT.  —  DE  LA  SUEUR  DANS  LES  MALADIES  DE  LA  PEAU      907 

I.  Affections  non  irritatiyes. 

Nœvus  pigmentaire .  —  Les  taches  congénitales  simples  de  la  peau  ne  s'ac- 
compagnent d'aucune  modification  de  la  sécrétion  sudorale. 

Ncevus  saillant  et  pileux.  Hypersécrétion  notable  et  persistant  même  lorsque 
la  peau  saine  voisine  sécrète  à  peine.  Cette  hypersécrétion  doit  être  en  relation 
avec  l'hypertrophie  et  l'hyperémie  des  éléments  glandulaires. 

Ncevus  en  tache  vineuse.  —  Hypersécrétion  marquée,  mais  moindre  que  dans 
le  nœvus  saillant.  Les  taches  vineuses  sur  lesquelles  nos  empreintes  ont  été 
recueillies  ne  présentaient  absolument  aucune  saillie  et  il  aurait  été  impossible 
de  les  reconnaître  au  toucher.  La  sudation  s'établissait  à  leur  surface  plus 
vite  que  sur  les  parties  saines:  elle  était  plus  abondante  et  persistait  plus 
longtemps 

Taches  de  rousseur.  —  Aucune  modification  : 

Vitiligo.  —  Aucune  modification.  Il  n'existe  pas  de  différence  appréciable 
entre  la  sécrétion  des  espaces  qui  ont  un  excès  ou  un  défaut  de  pigmentation, 
et  la  peau  saine. 

Pelade.  —  Sur  plusieurs  malades  nous  n'avons  pas  trouvé  de  différence  dans 
la  sécrétion  entre  la  plaque  de  pelade  et  la  région  saine  qui  l'avoisine. 

Tatouage.  —  Le  tatouage  n'est  point  une  maladie,  cependant  nous  croyons 
utile  de  le  mentionner.  Nos  empreintes  démontrent  que  le  tatouage  n'entraîne 
absolument  aucune  modification  du  nombre  ni  de  l'activité  sécrétoire  des  glandes 
sudoripares. 

Icihyose.  —  Nous  avons  constaté  dans  l'icthyose  les  trois  faits  suivants: 

1°  Diminution  notable  du  nombre  des  glandes  sudoripares,  diminution  d'au- 
tant plus  accentuée  que  la  maladie  est  elle-même  plus  intense; 

2°  Irrégularité  de  la  disposition  des  glandes  :  cette  irrégularité  peut  être  plus 
réelle  qu'apparente;  elle  doit  tenir  à  ce  que,  un  grand  nombre  des  glandes  fai- 
sant défaut,  l'arrangement  de  celles  qui  subsistent  paraît  troublé; 

3°  Hypersécrétion  de  quelques  régions  moins  profondément  atteintes  :  cette 
hypersécrétion  est  probablement  supplémentaire. 

Nous  ferons  observer   que  nos  empreintes  d'iethyose  ont  été   recueilies    au 

.  mois  de  juillet,  alors  que  la  température  était  élevée,  et  que  sous  cette  influence 

et  celle  du  traitement  la  maladie  était  à  peu  près  complètement    dissimulée. 

Nous  avons  étudié  l'icthyose  sur  plusieurs  malades  mais  plus  spécialement 
sur  un  enfant  de  dix  ans,  dont  la  face,  le  tiers  inférieur  des  avant-bras  et  les 
mains  ne  présentaient  que  des  traces  à  peine  visibles  de  la  maladie.  Sur  ces 
points  le  nombre  des  glandes  se  rapprochait  d'autant  plus  de  l'état  normal  que 
la  surface  cutanée  paraissait  plus  saine.  Sur  les  régions  malades,  les  glandes 
ou  tout  au  moins  celles  de  ces  glandes  qui  sécrétaient  étaient  éparses,  clair 
semées.  L'hypersécrétion  était  considérable  à  la  plante  des  pieds  et  à  la  paume 
et  sur  le  dos  des  mains;  en  ce  dernier  point  le  papier,  après  15  à  20  secondes 
de  pose,  présentait  une  surface  visiblement  mouillée.  Malgré  cette  abondance 
de  la  sécrétion,  que  nous  n'avions  point  trouvée  dans  cette  région  à  un  pareil 
degré,  nos  feuilles  ne  donnaient  après  le  badigeonnage  au  nitrate  absolunie. 


908  SCIENCES    MÉDICALES 

aucune  empreinte.  Nous  «.'unies  quelques  difficultés  à  expliquer  ce  fait.  Après 
avoir  écarté,  à  la  suite  d'expériences  multiples,  diverses  hypothèses,  nous  arri- 
vâmes à  constater  que  le  chlorure  d'argent  formé  ne  se  réduit  que  très-impar- 
faitement à  la  lumière  s'il  se  trouve  en  présence  d'un  excès  de  chlorure  de 
sodium.  Il  a  suffi,  en  effet,  de  prendre  une  solution  argentique  plus  forte,  ou 
mieux,  de  réduire  à  deux  ou  trois  secondes  le  temps  de  pose,  pour  obtenir 
des  empreintes  parfaitement  nettes.  C'était  donc  ici  l'excès  même  de  la  sécré- 
tion qui  s'opposait  à  la  réussite  des  empreintes;  nous  avons  du  reste  retrouvé 
le  même  fait  dans  tous  les  cas  où  la  sueur  coule  abondamment. 

11.  —  Affections  irritatives. 
hyperémiques  l'lus  oc  moins  inflammatoires 

Urticaire.  —  Nous  avons  recueilli  de  nombreuses  empreintes  sur  deux  malades, 
l'un  d'eux  surtout,  dont  les  plaques  disparaissaient  par  le  séjour  au  lit  mais 
ressortaient  nombreuses  et  saillantes  dès  qu'il  était  exposé  à  l'air  et  plus  encore 
lorsque  nous  le  faisions  courir  pour  obtenir  la  sudation.  Jamais  nous  n'avons 
observé  la  moindre  différence  de  sécrétion  entre  les  pomphus  les  plus  accen- 
tuées et  la  peau  saine  qui  les  entoure.  11  est  à  noter  ici  quel'exsudat  du  pom- 
phus, quelle  que  fût  son  abondance,  n'entraînait  aucune  obstruction  de  l'ex- 
trémité des  conduits  sudoripares. 

Roséole  syphilitique.  —  Aucune  modification. 

Roséole  copahique.  —  Aucune  modification. 

Erythème  arsenical.  —  Aucune  modification.  Les  empreintes  ont  été  prises 
sur  de  larges  espaces  érythémateux  des  bords  externe  et  interne  du  pied,  em- 
piétant un  peu  sur  le  dos  et  sur  la  plante  de  l'organe  ;  le  début  de  l'érythème 
remontait  à  quelques  heures  seulement. 

Zone  hyperémique  au  niveau  de  lésions  osseuses,  d'abcès  profonds  ou  au  pour- 
tour de  fistules.  — 11  arrive  quelquefois,  et  c'est  un  fait  que  nous  avons  observé 
surtout  au  pied  et  au  niveau  du  calcanéum,  que  des  inflammations  osseuses 
chroniques,  avec  ou  sans  fistules,  s'accompagnent  d'une  rougeur  cutanée  plus  ou 
moins  intense  et  étendue.  La  main  appliquée  sur  la  région  y  perçoit  une  cha- 
leur plus  forte  que  du  côté  opposé.  Dans  ces  cas  nous  avons  toujours  trouvé 
une  hypersécrétion  sudorale  notable.  Contrairement  à  ce  qui  arrive  pour  la 
peau  saine  où  la  sudation  subit,  pour  des  causes  diverses,  des  variations  très- 
rapides  et  très-grandes,  la  sécrétion  est  ici  peu  modifiée  par  les  variations 
extérieures  de  la  température  ;  nous  avons  pu,  en  elïet,  obtenir  en  quelques 
secondes  des  empreintes  très-nettes,  même  en  hiver,  en  laissant  préalablement 
les  jambes  et  les  pieds  exposés  à  l'air  sur  le  lit.  Dans  les  mêmes  conditions,  la 
région  saine  du  côté  opposé  ne  donnait  aucune  trace  de  sudation. 

L'Iiyperémie  cutanée  profonde ,  lorsqu'elle  ne  s'accompagne  d'aucune  lésion 
de  la  surface,  tend  donc  à  stimuler  l'activité  des  glandes  sudoripares  et  à 
déterminer  leur  hypersécrétion. 

Prurigo  lichénoide  généralisé.  —  Lorsque  l'empreinte  fut  prise  la  maladie  était 
un  peu  améliorée  sous  l'influence  du  traitement,  mais  la  peau  restait  notable- 
ment   épaissie  et   était   parsemée  de  petits   espaces  luisants   répondant     aux 


l)r  AUBERT.  —  DE  LA  SUEUR  DANS  LES  MALADIES  DE  LA  PEAU     90i) 

papules  et  croûtes  sanguines  disparues.  Il  n'existait  pas  de  trouble  de  la  sécré- 
tion sudorale  et  le  nombre  des  glandes  était  presque  normal.  Ce  résultat  nous 
a  surpris,  car  il  est  en  contradiction  avec  l'assertion  de  Hebra  qui,  bien  que 
privé  d'un  moyen  d'investigation  précis,  a  émis  le  plus  souvent  sur  ce  sujet 
des  idées  très-justes.  Nous  attendons  de  nouveaux  faits  pour  juger  la  question. 

Psoriasis.  —  Le  psoriasis,  à  sa  période  d'état,  tarit  la  sécrétion  sudorale.  Nous 
l'avons  étudié  cbez  de  nombreux  malades  et  toujours,  malgré  le  soin  apporté  à 
nettoyer  exactement  les  plaques,  nous  avons  constaté  l'absence  de  sécrétion. 
Même  lorsque  sous  l'influence  du  traitement  arsenical  l'affection  est  déjà  très- 
améliorée,  la  sueur  ne  reparait  pas;  mais  plus  tard,  lorsque  la  guérison  est 
complète  et  même  lorsque  la  plaque  se  trahit  encore  par  une  teinte  pigmentée, 
la  sécrétion  se  rétablit  complètement  et  il  serait  impossible  alors  de  distinguer 
à  ce  point  de  vue  la  plaque  psoriasique,  de  la  peau  saine  qui  l'environne.  Un 
fait  intéressant  à  signaler  est,  qu'il  existe  une  hypersécrétion  passagère,  mais 
bien  accentuée,  au  moment  où  les  glandes  sudoripares  reprennent  leurs  fonc- 
tions. A  ce  moment  la  netteté  de  la  surface  indique  que  la  couche  de  Malpighi 
a  recouvré  son  intégrité;  et  la  persistance  d'une  légère  rougeur  prouve  qu'il 
subsiste  cependant  un  peu  d'hyperémie  cutanée. 

Eruption  sudorale.  —  Presque  toutes  les  glandes  sécrètent;  on  peut  cependant 
remarquer  que  certains  groupes  répondant  aux  points  de  la  surface  cutanée 
où  se  sont  développées  des  vésicules  ou  des  érosions  superficielles,  font  défaut. 

Herpès  simple.  —  L'herpès  tarit  momentanément  la  sécrétion.  Sur  un  groupe 
d'herpès  développé  le  13  juin,  une  empreinte  prise  le  27,  alors  que  la  surface 
était  redevenue  nette  et  lisse,  montre  l'absence  de  sécrétion  ;  celle-ci  avait 
reparu  le  i  juillet. 

Herpès  zoster.  —  Mêmes  résultats  que  pour  l'herpès  simple. 

Pemphigus.  —  Le  seul  sujet  qui  ait  été  soumis  à  notre  observation  était  trop 
gravement  malade  pour  que  nous  ayons  pu  le  faire  transpirer  ;•  mais  les 
empreintes  prises  sur  les  lésions  huileuses  expérimentales  (vésicatoires),  nous 
permettent  d'affirmer  que  le  pemphigus  doit  tarir  momentanément  la  sueur. 

Eczéma.  — L'eczéma,  comme  le  psoriasis,  supprime  la  sécrétion  sudorale.  Celle- 
ci  ne  reparaît  même  pas  encore  lorsque  l'eczéma  amélioré  présente  déjà  une 
surface  pelure  d'oignon  et  ne  sécrète  plus.  Nous  avons  retrouvé  dans  un  cas 
d'eczéma  nummulaire  guéri,  mais  conservant  encore  de  l'hyperémie,  une 
hypersécrétion  marquée  des  glandes.  A  mesura  que  l'eczéma  s'améliore  on  voit 
un  nombre  de  glandes  de  plus  en  plus  considérable  recouvrer  leurs  fonctions,  et, 
lors  de  la  guérison  complète,  toutes  ou  presque  toutes  sécrètent  normalement. 
Dans  un  cas  d'eczéma  aigu  de  la  face,  ayant  débjté  le  10  juin,  la  peau  avait 
recouvré  un  aspect  normal  et  toutes   les  glandes  leurs  fonctions,  le  10  juillet. 

Tourniolr. —  La  tourniole  entraîne  la  suppression  momentanée  de  la  sudation 
quelques  glandes  reparaissent  lorsque  la  surface  de  la  peau,  quoique  encore 
lisse  et  rosée,  a  cessé  de  sécréter. 

Impétigo.  —  La  sécrétion,  tarie  momentanément,  reparait  assez  vite  dans 
toutes  on  intégrité. 

Ecthyma. — Suppression  et  réapparition  tardive;  quelques  glandes  sont  mémo 
définitivement  supprimées. 


910  •  SCIENCES   MÉDICALES 

Pustules  de  la  gale.  —  Suppression  momentanée  au  niveau  des  pustules. 

Herpès  circinê.  —La  .suppression  de  la  sécrétion  est  en  raison  de  l'irritation 
produite:  elle  est  complète  et  totale  dans  les  cas  où  lès  vésico-pustules  sont 
nombreuses,  la  rougeur  et  la  saillie  prononcées.  Une  empreinte,  prise  le  9 
juillet  sur  un  cas  semblable,  est  dépourvue  de  tout  pointillé;  dès  le  1G  juillet 
quelques  glandes  commençaient  à  reparaître  cà  et  là,  et  quelques  semaines 
plus  tard,  toutes  ont  recouvré  leurs  fonctions. 

Favus.  —  Le  favus  entraîne  des  degrés  d'irritation  de  la  peau  très-variables  pou- 
vant aller  de  Férythème  simple  jusqu'à  l'ulcération  et  la  cicatrice.  On  conçoit 
donc  qu'il  puisse  se  présenter  ici  des  variations  notables  dans  l'action  exercée 
sur  la  sécrétion  glandulaire.  Sur  les  espaces  byperémiés  et  rouges  qui  caracté- 
risent le  favus  après  l'épilation  ou  la  rasure  des  plaques,  nous  avons  trouvé  la 
sécrétion  quelquefois  conservée,  le  plus  souvent  complètement  abolie.  Dans  le 
premier  cas  quelques  glandes  font  toujours  défaut,  mais  il  en  subsiste  encore 
la  plus  grande  partie. 

Erysipèle.  —  L'érysipèle  tarit  complètement  la  sécrétion  sudorale.  Comme  c'est 
une  maladie  fébrile  et  que  la  fièvre  peut,  par  elle-même,  amoindrir  ou  sup- 
primer la  sueur,  nous  avons  pris  ici  deux  séries  d'empreintes,  les  unes  à 
la  limite  de  la  peau  saine  et  de  la  peau  malade,  les  autres  en  pleine  région 
saine  et  en  pleine  région  malade  :  les  deux  séries  nous  ont  donné  le  même 
résultat.  La  surface  érysipélateuse  ne  donne  absolument  aucune  empreinte,  alors 
que  la  peau  saine  en  fournit  de  très-nettes.  Plus  tard,  la  sécrétion  reparaît  .dans 
toute  son  intégrité. 

Lupus  érythémateux.  —  L'envahissement  de  la  peau  par  la  néoformation  sup- 
prime peu  à  peu  tous  les  éléments  glandulaires  ;  çà  et  là  quelques  glandes, 
momentanément  conservées,  présentent  de  l'hypersécrétion. 

Syphilides  et  scrofulides  tuberculeuses.  —  Le  même  fait  d'envahissement  et 
de  suppression  des  glandes  se  présente. 

Cicatrices. La  cicatrice  est  la  substitution  d'un  tissu  uniforme  dérivé  du  tissu 

conjonctif  aux  éléments  variés  et-divers  de  la  peau.  Quelle  qu'ait  été  la  maladie 
qui  a  donné  naissance  à  la  cicatrice,  on  doit  donc  constater  un  résultat  analo- 
gue. Nos  empreintes  ont  été  recueillies  sur  plusieurs  maladies,  et,  dans  toutes, 
nous  constatons  le  même  fait»  En  pleine  cicatrice,  les  glandes  font  totalement 
défaut;  mais  à  la  limite  de  la  peau  saine,  quelques  glandes,  qui  ont  probable- 
nu  nt  subi  une  hypertrophie  notable,  présentent  une  sécrétion  exagérée.  Dans 
les  cas  de  cicatrices  peu  profondes,  toute  la  surface  de  la  cicatrice  peut  être  ainsi 
parsemée  d'éléments  glandulaires  plus  rares  mais  offrant  de  l'hypersécrétion . 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES  ET  DÉDUCTIONS 

Malgré  les  lacunes  nombreuses  que  présentent  encore  nos  recherches, 
il  est  permis  déjà  d'en  tirer  quelques  conclusions. 

D'une  manière  générale  on  peut  dire  que  l'hypérémie  cutanée,  lors- 
qu'elle existe  non-seulement  à  la  surface,  mais   dans  les  couches   pro- 


Hr  OLLIER.    —   CURE   RADICALE    DES    KYSTES    DE    LA    Ul\Koïi>i.  '.Ml 

fondes  de  la   peau,   tend  à  produire  l'hypersécrétion  des  glandes  sudo- 
ripares. 

.Nous  avons  des  exemples  de  cette  hyperémie  dans   des  circonstance 
très-diiférentes,  les  taches  vineuses,   la  zone  hyperémique  des  abcès  el 
Gstules,  et  la  période  avancée  de  guérison  du  psoriasis  ou  de  l'eczéma. 

Lorsque  l'hyperémie  porte  essentiellement  sur  la  surface  cutanée  (ur- 
ticaire, roséole  syphilitique,  roséole  copahique,  etc.),  la  sécrétion  n'est 
nullement  modifiée  et  ne  se  trouve  ni  accrue  ni  diminuée. 

Au  contraire,  les  affections  irritatives  et  inflammatoires  les  plus  di- 
:  érysipèle,  eczéma,  psoriasis,  affections  vésiculeuses  ou  pustu- 
8  variées,  entraînent  toutes  la  suppression  au  moins  prolongée  de 
la  sécrétion  sudorale.  Quelle  interprétation  faut-il  donner  «le  cette  sup- 
pression? Se  produit-il  simplement  une  occlusion  du  conduit  glandu- 
laire, l'inflammation  se  propage-t-elle  de  la  surface  de  la  peau  et  de  la 
couche  de  Malpighi  dans  les  culs-de-sac,  ou  bien  est-ce  quelque  action 
réflexe  partant  de  la  surface  cutanée  et  qui  va  retentir  sur  l'innervation 
des  glandes?  Toutes  ces  hypothèses  sont  permises,  mais  nous  ne  pou- 
vons encore  nous  prononcer  à  cet  égard.  L'occlusion  nous  parait  toute- 
fois jouer  un  rôle  important.  Nous  aborderons  plus  tard  l'étude  théo- 
rique de  cette  question  lorsque  des  expériences  poursuivies  sur  les 
occlusions  glandulaires  et  les  irritations  expérimentales  de  la  peau  nous 
auront  permis  d'y  apporter  quelque  éclaircissement. 


M.   le    D1    OLLIER 

ir  à  [a  Faculté  de  Hé  i  i  toi 


CURE  RADICALE  DES  KYSTES  DE  LA  THYROÏDE 

(extrait  du  procks-verhal.) 


—  Séance  du  29  août  187T.  — 

M.  Ollier  expose  les  procédés  qu'il  emploie  pour  obtenir  la  cure  radicale 
des  kystes  de  la  thyroïde.  Cette  opération  passe  pour  une  des  plus  graves  de 
la  chirurgie  et  cependant  elle  peut  être  faite  sans  dangers.  À  Lyon,  les  kystes 
ne  sont  pas  rares,  on  les  y  observe  beaucoup  plus  fréquemment  que  dans  les 
hôpitaux  de  Paris,  aussi  s'en  occupa-t-on  de  bonne  heure.  Bonnet,  de  Lyon, 
avait  une  méthode  que  Ton  connaît  :  il  faisait  sur  les  hydrocèles  du  cou  des 
applications  répétées  de  pâte  de  Canquoin.  Mais  ce  traitement  est  horrible- 
ment douloureux  et  fort  long  :    la  douleur  ne   reste  pas    localisée    dans    les 


912  SCIENCES   MÉDICALES 

points  attaqués  par  les  caustiques,  mais  elle  s'irradie  le  long  du  cou  et  de  la 
trie,  vers  les  bras,  vers  la  poitrine,  et  la  souffrance  est  parfois  intolérable. 
On  pourrait  croire,  à  voir  la  saillie  de  la  tumeur,  qu'elle  est  très-superficielle 
et  que  le  caustique  atteindra  immédiatement  la  cavité.  Il  n'en  est  rien,  et  il 
faut  souvent  des  applications  successives  pendant  plus  de  quinze  jours  avant 
d'ouvrir  la  tumeur.  Enfin,  un  autre  inconvénient  très-grave  de  la  méthode 
de  Bonnet,  c'est  que  le  caustique  ulcère  la  peau  dans  une  très-grande  étendue 
et  laisse  des  cicatrices  difformes  d'un  aspect  fort  désagréable,  surtout  chez  une 
femme.  C'est  pour  obvier  a  ces  divers  inconvénients  que  M.  Ollier  a  imaginé 
son  procédé  plus  expéditif,  moins  douloureux  et  laissant  des  traces  moins 
étendues.  Il  ne  faut  pas  songer  à  l'ouverture  simple,  où  des  liquides  deviennent 
septiques  dans  la  cavité  ouverte,  et  où  des  symptômes  très-graves  d'infection 
putride  se  manifestent;  la  ponction  par  aspiration  a  les  mêmes  inconvénients 
et  la  déplétion  de  la  poche  provoque  souvent  des  hémorrhagies  redoutables  ; 
les  vaisseaux  de  la  paroi  du  kyste  n'étant  plus  soutenus  par  le  liquide  de  la 
poche  se  dilatent,  se  rompent  et  l'hémorrhagie  a  lieu.  Voici  comment  opère 
M.  Ollier  :  il  fait  une  incision  sur  la  tumeur  et  arrive  jusqu'à  elle  en  procé- 
dant couche  par  couche;  il  coupe  la  peau,  le  tissu  cellulaire,  etc.;  il  rencon- 
tre le  sternomastoïdien  souvent  étalé  au-dessus  de  la  tumeur;  il  le  dissèque 
avec  soin  et  le  fixe  à  la  peau  et  arrive  ainsi  jusque  sur  la  paroi  du  kyste.  11 
fait  alors  une  large  application  de  pâte  de  Canquoin,  qui  modifie  la  paroi  de 
la  tumeur;  cette  paroi  se  sphacèle  et  s'ouvre  spontanément;  mais  il  ne  se 
fait  pas  d'hémorrhagie.  Lorsque  la  poche  est  ainsi  ouverte,  M.  Ollier  passe  un 
drain  et  fait  de  très-fréquents  lavages  dans  l'intérieur  de  la  poche.  11  évite 
ainsi  la  transformation  des  matières  organiques  et  la  septicémie  qu'elles  provo- 
quent. Par  ce  procédé,  M.  Ollier  a  obtenu  de  magnifiques  résultats  et  n'a  eu 
qu'une  seule  terminaison  funeste. 


M.    le   Dr   BOUTEILLES 


de  Rouen. 


DE   LA  STATISTIQUE  MEDICALE 


S  cil  il  ce    il  il  $9   il"  ut    IS77.   — 


La  statistique  en  général,  el  la  statisque  médicale  en  particulier,  sont 
éminemment  utiles,  cela  n'a  pas  besoin  d'être  démontré. 

Se  fondant  sur  quelques  erreurs  de  diagnostic  fort  possibles,  en  effet, 
et  sur  les  exigences,  dans  quelques  cas,  du  secret  médical,  certaines  per- 
sonnes ont  prétendu  que  la  stalistique  médicale  ne  peut  rien  donner 
et  est  chose  tout  à  l'ait  illusoire.  Je  ne  partage  pas  cet  avis;  quelques 


Dr   BOUTEILLER.   —    DE    LA    STATISTIQUE   MÉDICALE  913 

unités  ne  sont  rien  quand  on  raisonne  sur  des  nombres  élevés  et  il  est 
bien  entendu  que  la  statistique,  sauf  quelques  exceptions  fort  rares,  ne 
portera  jamais  sur  une  petite  commune,  mais  sur  une  grande  ville,  sur 
un  canton,  sur  un  arrondissement,  sur  un  département, sur  une  province, 
sur  une  région  et  même  sur  toute  la  France. 

On  a  prétendu  aussi  que  la  statistique  médicale  est  impossible.  Cer- 
tainement !  si  on  la  conlie  à  des  employés  de  bureau,  mais  elle  est  fort 
possible  si  on  la  conlie  à  un  médecin,  ou  si,  tout  au  moins,  la  statistique 
établie  par  un  bureaucrate  est  rectiliée  par  un  homme  compétent. 

Dans  l'état  actuel  des  choses,  la  statistique  médicale,  en  France,  laisse 
beaucoup  à  désirer,  non-seulement  parce  qu'elle  est  faite  par  des  em- 
ployés inexpérimentés  en  pareille  matière,  mais  encore  parce  qu'il  n'y  a 
pas  une  direction  unique  ou,  si  l'on  veut,  parce  qu'on  ne  procède  pas 
partout  de  la  même  manière. 

La  première  assertion  a  toute  la  force  d'un  axiome;  quant  à  la  seconde, 
les  exemples  abondent. 

Pour  la  population,  tout  d'abord,  dans  telle  ville,  on  ne  comprend 
dans  le  total  de  la  population  ni  la  population  tlottante,  ni  la  garnison  ; 
dans  telle  autre,  c'est  le  contraire  ;  ici  on  distingue  la  population  en 
population  agglomérée  et  en  population  non  agglomérée  ;  là  on  n'établit 
pas  cette  distinction,  importante  surtout  au  point  de  vue  des  épidémies. 

Autre  exemple  :  par  une  circulaire  du  ministre  de  l'intérieur  à  la  date 
du  1er  décembre  1862,  et  destinée  à  mettre  de  l'uniformité  dans  la 
tenue  des  livres  des  hôpitaux,  il  est  dit  que  l'enfance  s'étend  de  1  à 
15  ans.  Au  contraire,  au  ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce, 
quand  on  demande  à  l'Académie  de  médecine  une  statistique  sur  telle 
ou  telle  épidémie,  on  fait  finir  l'enfance  à  12  ans.  Qu'arrive-t-h"?  le  mé- 
decin des  épidémies,  dont  le  rapport  est  destiné  à  l'Académie,  peut  bien, 
en  ce  qui  concerne  les  malades  soignés  à  domicile,  se  conformer  à  la 
limite  de  12  ans,  mais,  complétant  ses  renseignements  dans  les  hôpi- 
taux, il  y  trouve  des  relevés  dans  lesquels  l'enfance  ne  finit  qu'à  loans 
Il  y  a  plus  !  veut-il  s'aider  des  tableaux  de  la  mairie,  il  y  rencontre 
deux  enfances  :  celle  de  0  an  à  S  ans  et  celle  de  5  à  15*  ans,  qu'il  peut, 
par  une  addition,  faire  concorder  avec  la  statistique  du  ministère  de 
l'intérieur,  mais  nullement  avec  celle  du  ministère  de  l'agriculture  et  du 
commerce. 

La  connaissance  des  causes  de  décès  est  très-utile  ;   mais   comment 
faire  cette  statistique? 
De  deux  manières  bien  différentes,  selon  qu'on  la   mettrait  entre  les 

58 


014  SCIENCES   MÉDICALES 

mains  d'un  employé  de  la  mairie  ou  que  l'on  en  chargerait  un  médecin. 

Dans  le  premier  cas,  il  ne  faudrait  pas  dresser  à  l'avance  une  liste  de 
maladies.  En  effet,  fatalement,  grâce  à  la  synonymie  et  au  néologisme, 
certains  certificats  de  décès  contiendraient  un  nom  qui  ne  serait  pas 
sur  la  liste. 

Dans  le  second  cas,  il  faudrait  dresser  une  liste  méthodique,  courte 
autant  que  possible.  Le  médecin  saurait  toujours  bien  faire  rentrer 
chaque  nom  porté  sur  le  certificat  dans  le  groupe  auquel  il    appartient. 

En  attendant  que  l'on  ait  désigné ,  par  commune,  le  médecin 
qui  devra  procéder  à  la  statistique  médicale,  celle-ci  est  laissée,  en 
France,  à  des  employés  de  mairie,  et  le  tableau  qu'ils  doivent  remplir, 
chaque  année,  est  un  mélange  inextricable  de  maladies  et  de  symptômes; 
on  demande  combien  de  personnes  sont  mortes  d'anasarque,  d'œdème; 
combien  sont  mortes  d'hydropisie  en  général,  de  tétanos,  de  gangrène 
en  général,  etc..  etc.  Le  tableau,  ou  plutôt  l'un  des  tableaux  (car  il  y 
en  a  plusieurs,  un  pour  telle  localité,  un  second  pour  telle  autre,  et  ainsi 
de  suite),  le  tableau,  le  plus  à  la  mode  pour  tout  dire,  ne  contient  pas 
moins  de  21  classes,  et  à  la  lin  de  chacune  d'elles  une  ligne  est  ouverte 
sous  ce  titre  :  autres,  de  sorte  que  lorsqu'un  certificat  de  décès  contient 
un  nom  qui  n'est  pas  au  tableau,  il  faut  que  l'employé  place  lui-môme  ce 
décès  dans  l'une  des  21  classes  ou  à  la  ligne  autres  :  or,  comment  saura- 
t-il  à  quelle  classe  se  rapporte  le  nom  nouveau'.'  Ce  tableau,  d'ailleurs, 
contient  163  maladies  ou  symptômes;  malgré  cela,  il  y  a  beaucoup  de 
émises  de  décès  portées  sur  les  certificats  qui  n'y  trouvent  pas  leur 
place. 

Ce  même  tableau  enfin  renferme  quelques  charmantes  naïvetés  du 
genre  de  celle-ci  :  combien  de  personnes  sont  mortes  de  fièvre  inter- 
mittente simple. 

Perdus  au  milieu  de  ce  dédale,  1rs  employés  donnent  à  M.  le 
maire,  qui  les  envoie  à  M.  h;  préfet,  lequel,  à  son  tour,  les  envoie  à 
Paris,  des  tableaux  où  Von  rencontre  des  hommes  morts  de  péritonite 
puerpérale,  des  femmes  de  60  à  80  ans  mortes  en  couches,  des  enfants 
de  0  à  5  ans  qui  se  sont  suicidés,  etc.,  etc..  j'en  passe,  et  des  meilleures. 

On  avait,  il  y  a  quelques  années,  tenté  de  modifier  cet  état  de  choses; 
j'ai  sous  les  yeux  un  tableau  intitulé  :  Annexe  u"  I.  tableau  C,  Bulletin 
des  décès-,  que  l'on  devait  remettre  à  chaque  praticien  pour  qu'il  y  ins- 
crivît la  cause  du  décès  de  ses  malades.  J'y  vois  la  fièvre  typhoïde,  la 
lièvre  puerpérale,  la  lièvre  intermittente,  el  la  fièvre  continue,  placées 
dans  la  même  classe,  .l'y  vois  aussi,  à  la  classe  des  maladies  des  yeux, 
deux  seuls  cas  prévus  :  le  cancer  et  la  suppuration. 

Comme  si  ce  n'était  pas  assez  que  le  défautd'unilédans  les  demandes 


!>'    BOUTEILLËR.   —    DE    LA    STATISTIQUE    MÉDICALE  915 

de  renseignements, quelquefois  celles-ci  sont  laites,  pour  ainsi  dire,  sans 
réflexion.  Croirait-on  que  pour  connaître  la  mortalité  des  femmes  en 
couches  dans  les  hôpitaux,  on  demande  combien  de  femmes  enceintes 
entrent  dans  les  Maternités  ou  (lésines  et  combien  en  sortent  ?  11  faut 
demander,  ce  me  semble,  combien  y  sont  accouchées  (car  certaines 
femmes  quittent  la  Maternité  avant  d'accoucher).  D'autre  part,  quelques 
femmes  accouchées  sortent  de  la  Gésine  avant  d'être  complètement 
rétablies  et  vont  mourir  chez  elles.  En  laissant  de  côté  les  circonstances 
que  je  viens  de  signaler,  on  a  une  mortalité  de  12  0/0  ;  si,  au  contraire, 
On  en  tient  compte,  la  mortalité  monte  à  14  0/0. 

On  ne  saurait  trop  insister  sur  la  statistique  relative  au  nombre  des 
naissances  comparé  à  celui  des  décès  dans  chaque  commune.  Dans  les 
unes,  on  ne  fait  figurer  les  mort-nés  ni  aux  décès  ni  aux  naissances  ; 
dans  d'autres,  on  les  t'ait  figurer  seulement  aux  décès,  tandis  qu'il  con- 
viendrait de  les  porter  et  aux  naissances  et  aux  décès  pour  des  raisons 
que  chacun  comprendra.  Porter  les  mort-nés  aux  décès  seulement,  c'est 
se  résigner  à  trouver  presque  toujours  un  excédant  de  décès  sur  les 
naissances,  à  trouver  quelquefois  des  nombres  égaux,  quand  en  réalité 
les  naissances  excèdent,  enfin  à  trouver  d'autres  fois  un  petit  nombre  de 
naissances  excédant  celui  des  décès,  quand  en  réalité  les  naissances 
excèdent  de  beaucoup. 

Dans  les  petites  communes,  il  y  a,  chaque  année,  plusieurs  morts-nés 
et  deux  ou  trois  autres  décès,  et,  en  regard,  il  y  a  deux  ou  trois  enfants 
nés  vivants;  là  évidemment  la  population  'paraîtrait  aller  en  s'étei- 
gnant  d'une  manière  très-rapide,  tandis  qu'il  n'en  est  rien. 

J'ai  sous  les  yeux  une  statistique  du  mouvement  de  la  population  en 
Espagne,  de  1865  à  1869,  par  M.  le  docteur  Arthur  Chervin,  l'un  des 
statisticiens  français  les  plus  distingués;  j'y  trouve  pour  chacune  de 
ces   années  le  nombre  des  naissances,  mort-nés  compris. 

S'il  est  vrai  que  la  meilleure  manière  de  juger  de  la  fécondité  d'une 
nation  est  de  comparer  les  naissances  avec  le  chiffre  de  la  population, 
il  faut  bien  se  garder  de  retrancher  des  naissances  (comme  on  le  fait 
presque  partout  en  France)  le  nombre  des  mort-nés. 

D'un  autre  côté,  dans  les  naissances,  on  distingue,  bien  entendu,  les 
garçons  et  les  filles,  et  l'on  raisonne  ensuite  sur  la  proportion  des  deux 
sexes;  Celle-ci  serait-elle  la  même,  si  on  tenait  compte  des  enfants 
mort-nés  de  l'un  et  l'autre  sexe?  Cela  est  à  voir. 

D'ailleurs,  chez  nous,  on  ne  s'entend  même  pas  sur  ce  que  c'est  qu'un 
mort-né.  Le  bon  sens  dit  que  c'est  un  enfant  qui  meurt  avant  ou  pen- 
dant sa  naissance  même.  Eh  bien  non  !  Par  le  modèle  n°  1  du  tableau 
À,  à  remplir  par  les  maires,  sur   le  mouvement   de  la    population,  le 


916  SCIENCES   MÉDICALES 

ministère  de  l'agriculture  et  du  commerce  confond  dans  la  même  colonne 
\cs  mort-nés  et  les  enfants  décédés  avant  la  déclaration  de  naissance, 
et  il  les  confond  bel  et  bien  sous  le  titre  générique  de  mort-nés.  Or, 
pour  déclarer  un  enfant,  on  a  trois  jours  francs;  donc  un  enfant  mort 
à  deux  jours  et  vingt-trois  heures,  s'il  n'a  pas  été  l'objet  d'une  déclara- 
tion de  naissance,  devient  un  mort-né.  On  n'est  pas  plus  radical!!! 

Avant  de  conclure,  je  citerai  textuellement  une  délibération  du  conseil 
municipal  de  Paris  qui  est  tellement  conforme  à  mes  idées  que  j'ai  failli, 
après  l'avoir  lue,  renoncer  à  faire  ma  communication  à  la  Session 
Havraise  de  notre  Association  : 

«  Dans  sa  séance  du  26  juillet  dernier,  le  conseil  municipal  de  Paris 
a  adopté  les  conclusions  de  M.  Lamouroux  sur  la  réorganisation  du 
service  sanitaire  de  la  ville  de  Paris. 

«  Ces  conclusions  sont  ainsi  formulées  : 

«  Le  Conseil, 

«  Considérant  qu'il  y  a  lieu  : 

«  1.  D'augmenter  la  valeur  des  documents  statistiques  en  réclamant 
autant  que  possible  la  coopération  des  médecins  traitants  ; 

«  2.  D'améliorer  la  nature  de  ces  documents  par  des  modifications 
ou  des  additions  en  rapport  avec  l'élévation  progressive  du  niveau  des 
sciences  ; 

«  3.  De  publier  un  bulletin  hebdomadaire  complet  ; 

«  4.  De  créer  un  bureau  central  de  statistique  fondé  sur  des  bases 
scientifiques. 

«  Invite  M.  le  préfet  de  la  Seine  à  présenter  un  plan  de  réorganisation 
de  la  statistique  municipale  parisienne  d'après  les  données  contenues 
dans  le  rapport  de  la  deuxième  commission.  » 

Je  demanderais,  pour  ma  part,  quelque  chose  de  plus  et  surtout 
quelque  chose  qui  s'appliquât  à  toute  la  France,  et  voici  mes  conclu- 
sions : 

Considérant  que  la'statistique  médicale,  laissée  actuellement  au  hasard 
et  dépourvue  de  toute  règle,  ne  peut,  dans  cet  état  de  choses,  produire 
quoi  que  ce  soit  d'utile, 

Il  convient  : 

1°  De  créer  des  Comités  de  Statistique  médicale  dans  chaque  canton, 
chaque  chef-lieu  d'arrondissement  et  chaque  chef-lieu  de  département, 
comme  il  y  a  des  Conseils  et  des  Commissions  d'hygiène,  et  comme  il  y 
a  (dans  beaucoup  de  départements),  des  Comités  de  vaccine  ; 

"2°  De  créer  un  Comité  centrai  consultatif  de  Statistique,  séant  à  Paris 


Dr  BABADUC.  —  RELATION  D'UNE  ÉPIDÉMIE  DE  FIÈVRE  TYPHOÏDE  917 

3°  De  composer  ces  comités:  de  chefs  d'administration,  de  médecins 
avant  des  fonctions  se  rattachant  aux  questions  sanitaires,  et  enfin  de 
statisticiens  libres,  ainsi  que  cela  se  fait  en  Italie  et  en  Belgique. 


M.   le  Dr  BAEADÏÏC 

Médeoin  des  mines  do  Soint-Éloi. 


RELATION  D'UNE  ÉPIDÉMIE  DE  FIÈVRE  TYPHOiDE 


—  Séance  du  S9  août   1877.  — 


Par  ce  temps  de  controverse  sur  la  nature  et  l'étiologie  de  la  fièvre 
typhoïde,  il  peut  être  utile  de  faire  l'histoire  d'une  épidémie  que  je  viens 
d'observer,  dont  la  localisation  très-extraordinaire  a  permis  d'étudier  la 
plupart  des  conditions  de  production  et  d'extension  de  manière  à  jeter 
quelque  jour  sur  les  questions  encore  débattues.  Je  me  bornerai  à  ra- 
conter les  faits  tels  que  je  lésai  observés  et  je  serai  sobre  d'appréciations, 
laissant  à  de  plus  compétents  le  soin  de  tirer  parti  des  matériaux  que 
j'apporte. 

Je  commencerai  ,  si  vous  le  voulez  bien,  par  quelques  mots  sur  la 
topographie  des  lieux. 

I 

La  Côte-Bidon  est  une  colline  allongée  qui  termine,  au  nord,  le 
département  du  Puy-de-Dôme  dans  la  pointe  extrême  qu'il  fait  vers  le 
département  de  l'Allier.  A  l'ouest  et  au  sud,  la  pente  est  plus  abrupte  ; 
des  deux  autres  côtés,  la  colline  se  termine  par  un  plateau  mouvementé, 
l'altitude  est  de  680  mètres  environ  ;  le  sol  sabloneux  et  léger  repose  sur 
un  granit  friable  qui  règne  un  peu  partont  dans  la  région.  Le  long  de 
ce  plateau,  depuis  le  commencement  en  pente  douce  vers  les  Citons 
au  nord-est,  jusqu'à  la  route  nationale  de  Clermont  à  Tours  à  l'ouest, 
se  trouvent  trois  hameaux  et  quelques  maisons  isolées.  Ceux-ci  sont  à 
peine  distants  les  uns  des  autres  de  plus  de  500  mètres.  La  côte  est, 
pendant  la  plus  grande  partie  de  l'année,  balayée  par  les  vents  d'ouest. 

La  manière  de  vivre,  les  habitudes  sont  les  mêmes  sur  tout  le  plateau; 
le  travail  y  est  exclusivement  agricole,  sauf  quelques  jeunes  gens  qui 
vont  aux  mines.  Les  habitants  de  ces  villages,  comme  dans  le  reste  du 
pays,  vivent  dans  un    oubli  complet  des  lois   de  l'hygiène  la   plus  élé- 


OIS  SCIENCES   MÉDICAL!  S 

mentaire  :  les  maisons  sont  mal  construites,  mal  aérées,  mais  comme  elles 
sont  encore  plus  mal  éclairées,  ou  y  tient  ordinairement  la  porte  ouverte  ; 
les  familles  nombreuses  sont  entassées  dans  une  pièce  unique  ;  les 
fumiers  sont  aux  portes.  Il  ne  semble  pas  «pie  la  malpropreté  et  la  mau- 
vaise odeur  qui  l'annonce  cachent  des  agents  morbifiques  bien  dange- 
reux, car,  depuis  douze  ans,  je  n'y  ai  pas  vu  un  seul  cas  de  fièvre 
typhoïde  et  dans  les  deux  épidémies,  l'une  de  variole  (1870-71),  l'autre 
d'érysipèle  (1873)  que  nous  avons  traversées, les  cas  de  l'une  ou  de  l'autre 
ont  été  très-rares,  malgré  l'absence  complète  des  plus  simples  précau- 
tions. 


Fig.  97.  —  Les  chiffres  romains  indiquenl  le  nombre  des  mal, nies, 
et  les  chiffres  arabes  les  numéros  d'ordre. 

C'est  dans  ce  milieu  qu'éclata  en  novembre  1876,  l'épidémie  de  fièvre 
typhoïde.  Des  trois  villages  qui  se  trouvent  sur  le  plateau  un  seul  fut 
atteint,  celui  qui  porte  le  nom  de  la  côte  sur  laquelle  il  est  situé  et  qui 
se  trouve  à  peu  près  à  égale  distance  des  deux  autres.  Il  est  aussi  le  plus 
populeux  et  ses  habitants,  au  mois  de  novembre,  se  répartissaient  ainsi  : 

Garçons     15  :>  de   moins  de  lu  ans 5 

:!  au-dessus 3 

7  de  0  à  2  ans 7 

Filles  9  I  de  moins  de  10  ans 1 

8  au-dessus.    8 


l)r  BARADUC.  —    RELATION  D'UNE  ÉPIDÉMIE  DE  FIÈVBE  TYPHOÏDE  949 

Hommes      6  i  de  20  à  10  ans !2 

4  de  40  à  08  ans i 

Femmes  et  Veuves  11  :;  de  20  à  40  ans 3 

8  de  40  à  70  ans 8 

Ces  41  habitants  forment  onze  ménages  et  occupent  dix  maisons. 

Cette  population  est  particulièrement  saine  et  ne  compte  pas  uniniirme. 
Des  liens  de  famille  oubliés  ou  récents  doivent  exister,  car, sur  les  dix 
maisons,  huit  sont  occupées  par  des  Bidons.  La  taille  est  moyenne,  les 
formes  un  peu  grêles,  le  visage  souvent  d'une  grande  finesse  de  traits 
sinon  d'expression,  particulièrement  chez  les  Bidons.  Les  maisons  sont 
groupées  dans  une  dépression  peu  sensible  du  sol  et  quelques-unes,  de  la 
sorte,  un  peu  abritées.  Elles  sont  assez  rapprochées  mais  non  contiguës, 
et  toutes  dans  un  état  de  négligence  qui  n'est  pas  seulement  apparent . 
Les  excréments  et  les  ordures  sont,  comme  dans  tous  nos  villages,  jetés 
au  hasard  au  devant  des  portes  et  le  fumier  provenant  des  étables  placé 
au  devant  des  habitations. 

Ce  hameau  a  un  seul  puits  placé  sur  la  portion  la  plus  déclive  de  la 
dépression  ;  de  sorte  que,  autour  de  la  margelle,  règne  une  sorte  de  mare 
provenant  du  lavage  par  l'eau  de  pluie  des  parties  du  village  placées 
plus  haut.  Ce  puits,  très-mal  maçonné,  peu  profond,  reçoit  les  infiltra- 
tions provenant  des  alentours  ;  cependant  l'eau  en  est  généralement 
bonne,  elle  baisse  peu  en  été  et  les  habitants,  qui  n'ont  pas  d'autre 
source  captée,  se  servent  exclusivement  de  l'eau  de  leur  puits  pour  tous 
les  usages. 

Voici  un  plan  du  village  (lig.  97)  sur  lequel  j'ai  numéroté  les  mai- 
sons dans  l'ordre  où  elles  ont  été  atteintes  et  sur  lequel  on  peut  suivre 
facilement  la  marche  de  l'épidémie.  Les  chiffres  arabes  indiquent  l'ordre, 
les  chiffres  romains  le  nombre  de  malades  par  maison.  Le  puits  est 
à  la  lettre  P. 

Il 

Le  premier  cas  de  fièvre  typhoïde  se  montra  vers  le  milieu  de 
novembre  et,  pendant  l'hiver  si  particulièrement  doux,  cette  année,  la 
maladie  s'est  développée  dans  le  village  de  la  Côte-Bidon  et  y  a  pris  des 
proportions  tout  à  fait  inusitées,  puisque  sur  41  habitants,  16  ont  été 
atteints,  et  2  ont  succombé. 

Le  20  novembre  1876,  je  fus  demandé  pour  voir  la  fille  Bidon  Marie, 
âgée  de  13  ans,  malade  depuis  le  16.  Elle  présentait  déjà  les  principaux 
symptômes  de  la  maladie;  le  diagnostic  fièvre  typhoïde  fut  facile,  le 
pronostic  très-grave,  vu  l'état  adynamique  extrêmement  prononcé.  La 
maladie  dura  néanmoins  35  jours,  jusqu'au  21  décembre,  époque  où  la 


920  SCIENCES   MÉDICALES 

mort  fut  amenée  principalement  par  dos  hémorrbagies  intestinales  qui 
résistaient  à  tout  traitement  depuis  dix  jours.  Pendant  toute  la  durée 
de  la  maladie,  la  diarrhée  fut  extrêmement  abondante  et  durant  la  der- 
nière quinzaine  involontaire  et  colliquative.  —  Dans  les  jours  qui  sui- 
virent, les  deux  sœurs,  l'une  de  10  ans,  l'autre  de  4  ans,  et  le  frère  âgé 
de  6  ans  furent  atteints  de  la  même  maladie  très-suffisamment  caracté- 
risée, mais  qui  ne  prit  un  caractère  de  gravité  et  de  durée  (environ  2o  jours) 
que  chez  l'aînée  des  trois  enfants.  Le  père  et  la  mère  n'éprouvèrent  rien 
de  particulier. 

Dans  une  maison  située  un  peu  plus  haut  n°  2,  la  maladie  fait  son 
apparition  le  26  décembre  et  prend  de  suite  une  allure  des  plus  inquié- 
tantes chez  la  femme  Bidon-Bidon  Marie,  âgée  de  27  ans.  Elle  débute  par 
des  épistaxis,  de  la  constipation,  se  termine  au  bout  d'un  mois  par  une 
diarrhée  abondante  et  une  bronchite.  Le  mari  est  pris  dans  cet  inter- 
valle, mais  légèrement,  et  son  frère  âgé  de  31  ans,  après  une  très-longue 
période  prodromique,  présente  la  maladie  au  plus  haut  degré  :adynamie 
extrême,  hémorrhagies  intestinales,  ataxie  légère,  bronchite  terminale;  il 
guérit  après  deux  mois  de  maladie.  Dans  la  même  maison,  la  mère  âgée 
de  67  ans,  présente  à  son  tour  des  symptômes  typhoïdes  et  garde  le 
lit  quinze  jours.  (Ici  tout  le  monde  fut  atteint.) 

Au  n°  3,  dès  le  8  janvier  et  les  jours  suivants,  la  maladie  éclate  chez 
la  fille  Bidon,  Marie,  âgée  de  14  ans  et  son  frère  âgé  de  20  ans,  ouvrier 
mineur.  L'un  et  l'autre  étaient  rétablis  le  1er  février.  Ici  la  mère  âgée 
de  5o  ans,  la  sœur  (27  ans),  son  mari  (27  ans),  ouvrier  mineur,  et 
deux  enfants  en  bas  âge  sont  épargnés.  Cette  maison  est  contiguë 
au  n°  1»  où  est  née  l'épidémie. 

A  la  maison  n°  4,  la  fièvre  se  montre  avec  une  grande  intensité  et 
une  forme  tout  à  fait  typique  sur  les  deux  jeunes  tilles  Bidon-Duboisset, 
l'une  âgée  de  18  ans,  l'autre  de  13.  Elles  se  mettent  au  lit  le  même 
jour  (13  janvier),  et,  chez  l'aînée,  les  symptômes  les  plus  graves  per- 
sistent jusqu'au  20  février.  L'une  et  l'autre  guérissent,  et  leur  frère,  âgé 
de  27  ans,  présente  dans  le  même  temps  quelques  malaises  généraux,  un 
état  saburral  très-marqué  et  des  accès  de  fièvre  qui  cèdent  facilement. 
La  mère  âgée  de  58  ans  n'a  point  été  atteinte. 

Au  n°  5  ,  la  fille  Durin,  âgée  de  19  ans,  se  met  au  lit  le  15  janvier, 
la  maladie  qui  débute  par  des  vomissements  présente  bientôt  tous  les 
signes  ordinaires  de  la  lièvre  typhoïde  et  se  termine  par  la  guérison  au 
bout  de  trois  semaines.  Le  père  et  le  frère,  ouvrier  mineur,  ne  sont  pas 
atteints,  mais  la  mère  (47  ans),  est  prise  de  la  même  maladie  le  19  lé- 
vrier et  n'entre  en  convalescence  que  le  10  mars  suivant. 

A  la  maison  n°  6,  chez  Bidon,  dit  le    Grand,  il  y  eut  un  cas  léger 
sur  un  enfant  de  12  ans. 


Dr  BARADUC.  —   RELATION   D'UNE  ÉPIDÉMIE  DE  FIÈVRE  TYPHOÏDE  0"21 

Enfin,  la  veuve  Bidon-Laurent  (maison  n°  7),  âgée  de  70  ans,  es! 
atteinte  de  fièvre  typhoïde  le  21  février  et  succombe  le  9  mars. 

La  maladie  ne  lit  pas  d'autres  victimes  dans  le  village  et  l'épidémie 
s'éteignit  en  mars  comme  un  combat  qui  cesse  faute  de  combattants, 
tous  ceux  qui  n'étaient  pas  absolument  réfractaires  ayant  été  plus  ou 
moins  atteints;  j'ajouterai  que  parmi  les  personnes  épargnées,  deux 
disaient   avoir  eu  la   lièvre  typhoïde  dans  leur  jeunesse. 

Dans  l'automne  de  1876,  je  n'observai  qu'un  seul  cas  de  fièvre  typhoïde, 
en  dehors  du  village  de  la  Côte-Bidon,  cas  tout  à  fait  isolé,  sporadique, 
à  une  grande  distance  du  lieu  de  l'épidémie  et  sur  un  point  du  canton 
diamétralement  opposé. 

III 

J'étais  naturellement  frappé  de  cette  localisation  parfaite  de  l'épidémie 
et,  comme  les  gens  de  la  Côte- Bidon  n'avaient  pas  manqué  d'être  fré- 
quemment visités,  soignés  même  par  des  parents  el  des  amis  du  voisi- 
nage; comme  ce  village  est  entouré  de  tous  côtés  par  d'autres  hameaux 
ou  des  maisons  isolées;assez  rapprochées  ;  que  la  petite  ville  de  Montaient, 
située  à  moins  de  1,500  mètres  n'avait  pas  présenté  un  seul  cas  de  lièvre 
typhoïde,  je  voyais  dans  ces  faits  une  preuve  de  la  non  contagiosité  de 
la  maladie,  au  moins  dans  sa  forme  actuelle  et  malgré  l'intensité  de 
son  foyer.  Gomme,  d'ailleurs,  depuis  près  de  12  ans,  après  avoir  eu  à 
soigner  des  cas  bien  nombreux  de  fièvre  typhoïde,  je  n'en  avais  pas 
rencontré  un  seul  bien  positivement  attribuable  h  la  contagion,  je 
pensais  que  les  faits  dont  j'étais  témoin  venaient  appuyer  fortement 
la  présomption  que  la  maladie  était  due  à  des  causes  locales  qui  res- 
taient à  déterminer.  J'exposai  ces  idées  à  M.  le  Dr  R.,  mon  confrère  du 
voisinage;  il  me  dit  qu'il  avait  observé  un  cas  indiquant  une  contagion 
bien  nette  et  me  parla  d'une  malade  de  sa  clientèle  qui  avait  contracté 
la  fièvre  typhoïde  dans  une  visite  à  la  Côte-Bidon,  chez  les  Bidon-Du- 
boisset,  ses  sœurs.  Il  semblait  au  premier  abord  qu'il  y  eût  là  en  effet 
une  contagion  dans  le  sens  qu'on  attache  généralement  à  ce  mot,  une 
contamination  par  une  approche,  par  un  contact  assez  vague,  mais 
les  faits  peuvent  suggérer  quelque  chose  de  plus  net,  de  plus    concret. 

Cette  femme  n'avait  pas  fait  de  simples  visites  ;  elle  était  restée  une 
fois  plus  de  deux  jours  dans  la  maison  infectée,  occupée  à  soigner  ses 
sœurs;  elle  y  avait  couché,  pris  ses  repas  et  enfin  fait  une  lessive  vers 
la  lin  de  février.  C'était  quelques  jours  après  ce  dernier  voyage  qu'elle 
avait  présenté  les  premiers  symptômes.  Cette  malade  est  aujourd'hui 
parfaitement  guérie. 

Peu  de  temps  après,  le  30  mars,    je  fus  moi-même  appelé  à  soigner 


922  SCIENCES   MÉDICALES 

une  jeune  fille  d'un  village  assez  éloigné  de  la  Côte-Bidon  et  qui  avait 
contracté  la  maladie  dans  des  conditions  exactement  les  mêmes  que  la 
cliente  de  mon  confrère,  qui  avait  passé  deux  jours  chez  les  mêmes 
sœurs  Bidon,  ses  cousines,  leur  avait  donné  ses  soins  et  avait  aidé  à  la 
même  lessive  terminale.  Enfin,  j'ai  su  de  source  certaine  qu'une  des 
sœurs  Bidon,  mariée  à  Commentry,  avait  aussi  habité  la  Côte  pendant 
quelques  jours  et  en  avait  emporté  la  maladie,  qu'elle  eut  très-grave. 
La  maladie  fut  ainsi  disséminée  sur  trois  points  différents,  mais  ne 
fut  pas  communiquée  et  ne  s'étendit  pas  davantage 

Ces  cas  furent  les  seuls  et  sont  restés  les  seuls  dont  j'ai  eu  connais- 
sance, et  ma  dernière  malade  aussi  a  guéri.  A  ce  propos,  je  'ferai 
remarquer  que  les  terminaisons  chez  tous  ces  malades,  n'ont  pas  été  du 
tout  en  rapport  avec  la  violence  des  symptômes  observés.  Je  ne  ferai 
néanmoins  que  peu  d'observations  sur  les  traitements  qui  ont  été  suivis. 
Les  malades  n'ont  point  été  traités  systématiquement.  Je  ne  crois  pas 
qu'on  fasse  rien  de  bon  en  thérapeutique  si  l'on  n'est  éclectique,  et  peu 
de  maladies  se  prêtent  mieux  et  invitent  plus  à  la  médication  des 
symptômes  que  la  fièvre  typhoïde.  Je  me  contenterai  de  dire  que  je  n'ai 
guère  eu  recours  au  sulfate  de  quinine,  mais  beaucoup  au  quinquina, 
au  vin,  aux  bouillons,  aux  laxatifs,  et  enfin  que  je  n'ai  pas  songé  à 
proposer  des  bains  froids  qui  me  paraissent  une  barbarie  reposant  sur 
une  théorie,  et  des  plus  étroites,  mais  que  j'usai  largement  des  lotions 
excitantes  à  l'eau  sédative  et  à  l'alcool  camphré.  Avec  cela,  sur  18  ma- 
lades, 16  ont  été  guéris  pour  leur  plus  grand  bonheur  et  non  pour  la 
gloire  de  telle  ou  telle  panacée. 

Voici,  d'ailleurs,  la  courte  énumération  des  particularités  qui  m'ont 
frappé  dans  cette  épidémie. 

1°  Certitude  d'une  incubation  de  quinze  jours; 

2°  Barété  des  diarrhées,  malgré  l'existence  chez  tous  les  malades  du 
gargouillement  iliaque; 

3°  Rareté  des  accidents  nerveux  (observée  d'ailleurs  généralement  à  la 
campagne)  ; 

4°  Marche  et  symptômes  très-semblables  chez  tous  les  malades  (la 
consanguinité  y  jouant  peut-être  un  rôle  important); 

5°  Durée  moyenne,  25  jours; 

6°  Mortalité  de  8  0/0,  par  conséquent  inférieure  à  la  moyenne  géné- 
ralement admise  de  11  0/0  ; 

7°  Innocuité  (au  point  de  vue  du  développement  spontané  de  la  fièvre 
typhoïde), des  mauvaises  conditions  hygiéniques  et  notamment  de  l'ac- 
cumulation devant  les  portes  des  détritus  organiques,  des  excréments 
humains  et  animaux  ;  leur  nocuité  marquée  le  jour  où  la  semence 
typhoïde  arrive  sur  ce  terrain  si  bien  préparé; 


Dr  BARADUC.  —   RELATION  D'UNE  ÉPIDÉMIE  DE  FIEVRE  TYPHOÏDE  Îh23 

9°  Presque   certitude,   comme   on  le  verra   plus  loin,  eu  faveur  de  la 
théorie  de  Budd  sur  celle  de  Murchisou  ; 
10°  Probabilités  de  la  contagion  par  les  eaux  potables; 

I  I  "  Contagion  immédiate  nulle  :  les  seuls  cas  de  fièvre  typhoïde  déve- 
loppés à  la  Cote-Bidon  ou  en  provenant  ayant  été  soumis  à  d'autres 
causes  <|ue  la  contagion  directe,  les  personnes  atteintes  ayant  séjourné 
dans  la  maison,  fait  des  lessives,  bu  de  l'eau  suspecte. 

Ces  remarques  sont  naturellement  déduites  de  ce  que  j'ai  raconté  et  de 
ce  qui  me  reste  à  dire. 

IV 

Les  circonstances,  en  effet,  se  prêtaient  très-bien  à  la  recherche  des 
origines  de  la  maladie  et  des  causes  probables  d'une  propagation  si  bien 
déterminée. 

Le  premier  cas  apparaît  sur  une  enfant  de  13  ans  qui  meurt  après 
35  jours  de  maladie.  Cette  enfant  s'était  mise  au  lit  exactement  15  jours 
après  une  visite  faite  en  compagnie  de  sa  mère  et  de  sa  sœur  au  village 
de  Rodde,  canton  de  Menât,  chez  un  oncle  gravement  atteint  de  fièvre 
typhoïde.  Cet  oncle  qui  venait  de  faire  les  28  jours,  avait  apporté  la 
maladie  dans  le  village  et  elle  y  régnait  en  ce  moment  avec  intensité. 
L'enfant,  après  une  incubation  dont  je  viens  de  faire  remarquer  la  lon- 
gueur (15  jours),  est  prise  du  même  mal,  succombe;  dès  lors  l'épidémie 
éclate,  tout  le  village  paraît  infesté. 

II  y  a  lieu  de  tenir  compte  ici  de  certains  détails.  D'abord,  le  premier 
cas  est  des  plus  violents,  puisqu'il  entraîne  la  mort;  il  s'accompagne  de 
diarrhées  profuses  et  la  maison  de  l'enfant  est  située  précisément  en 
face  et  à  cinq  ou  six  mètres  du  puits  unique  dont  j'ai  parlé.  Autour  du 
pui's,  devant  la  porte,  on  a  jeté  sans  précautions  les  excréments  ;  près 
du  puits  on  a  lavé  les  linges  salis  en  grande  quantité  ;  entin,  peu  avant 
la  mort  de  l'enfant,  alors  qu'il  s'est  écoulé  un  temps  moralement  suffi- 
sant pour  que  les  eaux  du  puits,  peut-être  aussi  l'air  environnant, 
aient  été  complètement  infectés  par  les  émanations,  les  infiltrations  ou 
même  les  souillures  plus  directes,  un  premier  cas  se  produit  sur  un 
point  assez  éloigné,  puis  un  second  dans  la  maison  même  de  la  ma- 
lade et,  enfin,  en  moins  de  deux  mois,  plus  du  tiers  des  habitants  sont 
atteints. 

La  maladie  n'est  donc  pas  née  des  mauvaises  conditions  où  se  trouve 
de  tout  temps  ce  village.  Si  la  théorie  dit  pythogénique,  que  Murchison 
a  soutenue,  était  vraie,  nos  paysans  côtoieraient  toute  leur  vie  une  sorte 
de  précipice  terrible  et.  d'après  Pratt,  qui  observait  en  Irlande,  il  ne 
devrait  plus  rester  d'Irlandais.  Non,  les  fumiers  aux  portes,  l'encombre- 


924  SCIENCES  MÉDICALES 

ment  dans  les  rez-de-chaussées  humides,  les  excréments  humains  accu- 
mulées  dans  le  voisinage  des  maisons  n'ont  point  produit  ici  la  fièvre 
typhoïde;  elle  est  d'origine  extérieure;  il  a  fallu  qu'un  premier  malade, 
ayant  contracté  la  maladie  au  loin,  soit  venu  souiller  de  ses  excréments 
spécifiquement  empoisonnés  ces  mares,  cette  eau,  ces  fumiers  jusqu'alors 
innocents,  et  leur  communiquer  des  propriétés  nocives. 

Il  serait  important  de  s'entendre  sur  ces  mots  de  contageetdemaladies 
contagieuses.  Si  l'on  comprend   sous  ce  nom  de  maladies  contagieuses 
celles  dans   lesquelles  le  mal  est  transmis  directement  à  un  organisme 
sain  par  un  autre  organisme  affecté,  par  un  contact  ou    une  approche 
directe,   cette  définition  ne  suffit  pas,  et  pour  la  lièvre  typhoïde,  en  par- 
ticulier, c'est  très-indirectement  qu'ont  lieu    les  relations  entre  les  deux 
organismes.  La  contagion  de  la  lièvre  typhoïde  existe,  mais  non   dans 
le  sens  qu'on  attache  communément  à  ce  mot,  non  dans  le  sens  stric- 
tement étymologique.  D'après  M.  W.Budd,  dans  les  maladies  contagieuses, 
le  produit  le  plus  caractéristique  de  la  maladie  est  le  principal  véhicule 
du  poison  morbide.  Dans  la  variole,  par  exemple,  le  virus  morbifique, 
le  germe  communicable,   réside  évidemment  dans  les  pustules,  à    une 
certaine  période  de  leur  évolution;  il  est  répandu,  en  conséquence,  sur 
toute  la  surface  du  corps  et  d'autant  plus  facile  à  être  disséminé  dans 
toutes  les  directions,  d'autant  plus  capable  de  souiller   les   linges,    les 
vêtements,    l'air,  les  meubles,  de  se  communiquer  par  contact   médiat 
ou  immédiat.  Dans  la    fièvre  typhoïde,  l'éruption  est  toute   intérieure; 
il  ne  peut  être  question  des  taches  rosées  qui  sont  bien  peu  pathogno- 
moniques  et  qui  manquent  si  souvent.  Cette  éruption,  on  la  trouve  sur 
une  portion  déterminée  et  restreinte  de  l'intestin  ;  le  virus  ne  peut  donc 
être  entraîné  au  dehors  que  par  une  seule  voie,  l'intestin;   il  ne   peut 
avoir  qu'un  seul  véhicule,  les  selles.  Il  semble  ainsi  que  les  précautions 
les  plus  simples,  les  soins  de  propreté  les  plus  ordinaires  suffiront  pour 
l'éloigner,  et  la  contagion  sera  si  facile  à  éviter  que  c'est  à  peine  si  l'on 
pourra  dire  qu'il  y  a  contagion.  En   effet,  la  fièvre  typhoïde  se  prend 
bien  rarement  dans   une  simple  visite,  par  de  simples  attouchements. 
Contrairement  même,   à  ce  que  disait  trop  spirituellement  Louis  «  que 
»  la  fièvre  typhoïde  était  contagieuse  au  moins  dans  les  départements», 
je  n'ai  pas  vu  un  seul  cas  de  contagion  directe  un  peu  probable.  3Iais, 
en   revanche,  quand  les  conditions  se  prêtent  à  un  contage  indirect  et 
invisible,  difficile  par  conséquence  à  éviter:   quand    les  émanations  des 
fosses  d'aisance  viennent,  par  un  conduit  ouvert,  à  se  répandre  dans  les 
maisons;  quand  des  égoûts   charrient,  au  milieu  d'êtres   humains,   des 
selles    typhoïques  ;  quand   un  village  est  traversé   par   un  ruisseau    qui 
arrose  en  amont  un  autre  village  infesté  ;  quand  des  excréments  spéci- 
fiques sont  jetés  au  hasard  aux  abords  d'un   puits  dont  l'eau    abreuve 


Dr  BARADDG.  —   RELATION  D'UNE  ÉPIDÉMIE  DE  FIÈVRE  TYPHOÏDE  923 

toute  une  population,  alors  la  contagion    se  produit  et  prend   souvent 
une  terrible  intensité. 

Je  sais  bien  que  les  laits  observés  ici  ne  seraient  pas  suffisants  pour 
étayer  la  théorie  même  la  plus  plausible,  mais  j'ai  le  droit  de  les  placer 
à  côté  des  faits  analogues  extrêmement  nombreux  qu'ont  rapportés 
MM.  Budd,  Murchisson,  Guéneau  de  Mussy,  Jaccoud,  etc.,  de  ces  épidémies 
si  caractéristiques  de  Richmond  (1847),  Guildford  (1861),  Croydon  (1865), 
Bruxelles  (1808),  Genève  (1874),  etc. 

Je  regrette  aussi  de  ne  pouvoir  donner  une  démonstration  un  peu 
rigoureuse  de  l'action  nuisible  des  eaux  du  puits  incriminé  dans  l'épi- 
démie que  j'ai  racontée  ;  un  élément  important  manque  à  cette  démons- 
tration, la  contre-épreuve.  Il  est  certain  que  tout  ce  que  j'ai  observé 
permet  de  suspecter  l'eau  du  puits,  mais  rien  ne  prouve  qu'elle  puisse 
l'être  seule:  rien  ne  prouve  même  qu'elle  puisse  être  la  principale  cause; 
la  cause  réelle  nous  échappe  peut-être  et  les  précautions  que  j'ai  pres- 
crites ont  été  exécutées  trop  incomplètement  ou  trop  tardivement  pour 
que  je  sois  en  droit  de  leur  attribuer  la  cessation  de  l'épidémie.  Enfin, 
je  dois  ajouter  que  l'examen  direct  de  l'eau,  à  diverses  époques,  ne  m'a 
absolument  rien  appris. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  relations  si  fréquemment  observées,  un  peu  par 
tous  pays,  entre  la  contamination  démontrée  des  eaux  potables  et  réclu- 
sion d'épidémies  graves  de  lièvre  typhoïde  ne  sauraient  être  considérées 
comme  dues  à  de  simples  coïncidences  et  le  rôle  du  médecin,  même 
lorsqu'il  conserve  des  doutes  sur  l'explication,  me  paraît  être  tout 
tracé . 

Il  est  malheureusement  douteux  que  la  thérapeutique  fasse  de  très- 
grands  progrès;  il  ne  l'est  pas  que  l'hygiène  en  ait  fait  de  très-réels. 
Nos  moyens  de  traitement  ne  paraissent  pas  beaucoup  plus  certains  ni 
plus  efficaces  qu'il  y  a  cent  ans,  mais  nous  sommes  arrivés  en  hygiène 
à  la  connaissance  de  certaines  lois  et  nous  pouvons  aujourd'hui  con- 
seiller certaines  pratiques  qui  peuvent  rendre  les  plus  grands  services  à 
la  société  comme  à  l'individu. 

Un  homme  qui  n'était  pas  médecin,  mais  qui  avait  surtout  de  grandes 
et  profondes  idées  mêlées  de  quelques  paradoxes,  a  dit  :  «  La  médecine  ne 
«  guérit  pas  dans  le  sens  que  nous  prêtons  vulgairement  à  ce  mot;  il  n'y  a 
«  que  les  thaumaturges  comme  le  Christ  qui  guérissent.  La  maladie  est 
«  un  mouvement  physiologique  anormal,  que  la  médecine  reconnaît, 
«  définit  et  avec  lequel  elle  nous  enseigne  la  meilleure  manière  de  nous 
«  comporter,  en  attendant  que  la  nature  le  fasse  finir.  »  Il  me  semble 
que  cela  n'est  point  paradoxal,  dit  des  fièvres  et  particulièrement  de  la 
fièvre  typhoïde.  Une  révolution  sûre  et  lente  comme  les  révolutions  bien- 
faisantes a  changé  le  mode  de  traitement  des  fièvres  :  on  ne  parle  guère 


920  SCIENCES    MÉDICALES 

aujourd'hui  de  panacée  ;  le  seul  spécifique  que  nous  reconnaissions 
s'adresse  uniquement  au  miasme  paludéen;  on  fait  beaucoup  la  méde- 
cine des  symptômes,  ce  qui  est  presque  de  l'hygiène  ;  bien  loin  de  sai- 
gner et  d'affaiblir,  on  nourrit  et  on  soutient  les  fiévreux,  ce  qui  en  est 
tout  à  fait.  Un  grand  médecin  proposait  même  comme  épitaphe  glorieuse 
de  Graves,  ces  simples  mots  :  «  lie  fed  fevers.  » 

L'hygiène  semble  donc  être  la  base  du  traitement  des  fièvre  ;mais 
surtout  elle  s'adresse  à  la  prophylaxie  de  ces  maladies  redoutables.  Elle 
est  le  meilleur  moyen  de  combattre  les  germes  morbides  que  l'hérédité 
nous  donne  en  naissant  comme  ceux  qui  nous  attaquent  dans  le  cours 
de  la  vie,  qui  sont  répandus  dans  les  aliments,  dans  l'eau,  dans  l'atmos- 
phère. Une  fois  ces  germes  développés,  une  fois  qu'ils  ont  pris  posses- 
sion de  l'organisme,  nos  moyens  de  les  modifier»  de  les  détruire,  d'ar- 
rêter ou  de  suspendre  leurs  effets  sont  bien  incertains.  Il  faut  donc,  par 
dessus  tout,  chercher  à  prévenir  ce  développement  par  tous  les  moyens 
et,  pour  cela,  s'enquérir  aussi  exactement  que  possible  des  causes  que 
nous  pouvons  atteindre  et  des  conditions,  au  moins,  qui  favorisent  l'éclo- 
sion  des  maladies,  détruire  les  unes,  faire  cesser  les  autres,  ce  qui  est 
toujours  possible  dans  une  certaine  mesure.  Le  médecin  peut  ainsi,  sans 
exposer  en  rien  les  intérêts  de  la  communauté,  répandre  sur  ses  sem- 
blables un  bien  incalculable. 

La  fièvre  typhoïde  serait  donc  due  à  l'empoisonnement  des  eaux,  de  l'air, 
par  des  matières  fécales  d'un  certain  genre  ;  c'est  bien  le  cas  de  s'écrier 
comme  Budd  :  «  L'homme  qui  subjugue,  pour  les  faire  servir  à  ses 
»  usages,  les  forces  les  plus  titaniques  de  la  nature,  pourra-t-il  rester 
»  toujours  à  la  merci  de  ces  ignobles  choses.  » 

Dans  les  villes  la  question  au  point  de  vue  pratique  semble  des  plus 
compliquées.  Les  vidanges  sont,  comme  l'a  dit  M.  Guéneau  de  Mussy, 
une  de  ces  plaies  nécessaires  qui  forment  le  revers  de  la  médaille  de 
la  civilisation  et  le  mode  de  désinfection,  d'enlèvement,  d'écoulement, 
d'utilisation,  capable  de  satisfaire  tout  le  monde  est  encore  à  trouver. 

Il  n'en  est  point  de  même  dans  les  campagnes  où  les  conditions  sont 
bien  plus  simples,  où  ne  manque  pas  l'espace,  où  chaque  maison  est 
presque  partout  entourée  d'un  champ,  où  les  eaux  potables  sont  presque 
toujours  directement  puisées  à  la  source.  Là  les  moindres  précautions 
hygiéniques,  les  soins  de  propreté  les  plus  ordinaires  suffiront  ;  il  faut 
seulement  qu'ils  soient  exécutés  et  îl  appartient  au  médecin,  quand  une 
épidémie  éclate  à  la  campagne,  de  les  indiquer  minutieusement,  de  Jes 
imposer  par  son  autorité,  au  besoin  de  se  faire  aider  par  l'administra» 
tion  pour  les  faire  ponctuellement  exécuter.  Il  sera  compris  et  obéi 
quand  il  dira  :  «  La  fièvre  typhoïde  est  dans  le  village;  elle  n'est  "pas  si 
redoutable  que  vous   croyez,  et  je  peux  vous  donner  le  moyen  de  la 


Dr  DE  SINÉTY.  —  DU    CORPS  JAUNE  PENOAM  LA  GROSSESSE  !>27 

défier.  Ne  craignez  point  de  soigner  vos  malades  vous-mêmes, la  maladie, 
ne  se  prend  point  en  les  touchant,  en  les  soignant  ;  ils  peuvent  seule- 
ment vous  la  communiquer  par  les  matières  qui  sortent  de  leur  corps. 
Portez  donc  au  loin  ces  matières  et  recouvrez-les  de  terre  ;  lavez  aussi 
leurs  linges  au  loin  et  nettoyez  vos  mains  complètement  après  ces  soins 
donnés.  Veillez  à  ce  que  l'eau  que  vous  buvez  ne  puisse  recevoir  des  infil- 
trations provenant  de  vos  malades  :  au  besoin  servez  vous  d'eau  de 
source,  ce  qui  est  si  facile  en  pays  de  montagne.  »  Des  paroles  sem- 
blables raniment  le  courage,  inspirent  la  confiance  ;  le  malade  cesse  d'être 
un  objet  de  crainte  et  de  dégoût,  la  crainte  et  le  dégoût  sont  reportés  sur 
les  ignobles  choses  dont  on  vient  de  parler  et  dont  il  est  en  résumé  si 
facile  de  se  débarrasser. 

L'administration,  la  police,  éclairées  par  le  médecin,  ont  aussi  le 
droit  et  le  devoir  d'intervenir;  enfin  le  prêtre  lui  même  ne  dérogerait 
pas  à  ses  fonctions  en  donnant  en  temps  d'épidémie  des  exhortations 
familières  dont  le  texte  se  trouverait  naturellement  chez  le  grand  légis- 
lateur des  Hébreux.  (Deutéronome,  ch.  xxm.J 


M.   le   D'   de   SOÉTY 


DU  CORPS  JAUNE  DE  L'OVAIRE  PENDANT  LA  GROSSESSE 


—  Séance  du  29  août  4877.  — 

On  a  depuis  longtemps,  depuis  Malpighi,  je  crois,  donné  le  nom  de 
corps  jaune  (corpus  luteum)  à  certaines  productions  que  l'on  observe 
dans  l'ovaire.  Ces  productions  après  avoir  donné  lieu  à  bien  des  erreurs 
d'interprétation,  sont  reconnues  aujourd'hui  par  tous  les  anatomistes 
comme  étant  le  résultat  de  la  cicatrisation  d'un  follicule  de  Graaf. 

Quelques  auteurs  ont  adopté  de  nouvelles  dénominations,  oariule* 
métoarion,  poui1  désigner  ces  produits  ovariens. 

J'avoue  que  d'une  façon  générale,  je  suis  peu  partisan  des  néologismes 
en  science,  à  moins  qu'un  mot  nouveau  ne  serve  à  désigner  des  faits 
ou  des  objets  nouveaux.  Aussi  ai-je  cru  préférable,  avec  beaucoup  d'ait- 
tres  anatomistes,  de  Conserver  le  vieux  nom  de  corps  jaune. 

Presque  tous  les  auteurs  admettent,  au  moins  chez  la  femme,  que  le 
corps  jaune  se  comporte  d'une  façon  différente,  selon  que  l'expulsion  dé 
l'Ovule  a  été  ou  non  suivie  de  grossesse. 


928  SCIENCES    MÉDICALES 

Je  dis,  au  moins  chez  la  femme:  en  effet,  pour  plusieurs  espèces  ani- 
males et  en  particulier  pour  le  cobaye,  je  n'ai  pu  saisir  aucune  dif- 
férence histologique,  entre  les  corps  jaunes  provenant  de  femelles  pleines 
et  ceux  recueillis  sur  un  animal  à  l'état  de  vacuité. 

Mais  mes  recherches  n'ont  pas  porté  sur  un  assez  grand  nombre 
d'animaux,  et  sur  des  périodes  assez  variées  de  la  gestation,  pour  que  je 
veuille  encore  rien  affirmer  à  cet  égard. 

Aujourd'hui  je  ne  m'occuperai  absolument  que  de  ce  qui  a  trait  à 
l'ovaire  de  la  femme. 

Y  a-t-il  des  caractères  anatomiques  qui  permettent  de  différencier  le 
corps  jaune  de  la  grossesse,  du  corps  jaune  dit  de  la  menstruation. 

En  s'en  rapportant  à  l'opinion  des  auteurs  les  plus  modernes,  le  dia- 
gnostic anatomique  serait  impossible,  ou  au  moins  bien  difficile,  si, 
comme  le  disent  certains  généalogistes,  le  corps  jaune  de  la  grossesse 
et  le  corps  jaune  de  la  menstruation  sont  deux  produits  tout  à  fait 
identiques  par  leur  structure  histologique  mais  différant  essentiellement 
par  leur  durée  et  les  phases  diverses  de  leur  évolution  (1). 

Pour  Coste,  les  corps  jaunes,  chez  la  femme  enceinte,  conserveraient 
leurs  caractères,  depuis  la  2",e  semaine  environ  jusqu'au  4me  mois  de 
la  gestation.  Mais  plus  tard  ils  seraient  beaucoup  plus  difficiles  à  distin- 
guer de  ceux  qui  n'ont  pas  éprouvé  l'inlluence  de  la  grossesse  (2). 

Cette  opinion  de  Coste  peut  être  vraie,  jusqu'à  un  certain  point,  si 
l'on  se  contente  d'un  examen  à  l'œil  nu  et  d'une  mensuration  des  corps 
jaunes. 

Mais  elle  est  absolument  erronée,  si  l'on  étudie  plus  attentivement  ce 
qui  se  passe  au  point  de  vue  histologique. 

En  effet,  les  caractères  anatomiques  du  corps  jaune  de  la  grossesse  sont 
déjà  très-tranchés  du  2e  au  3e  mois.  Mais  ils  vont  en  s'accentuant,  à 
mesure  que  la  grossesse  avance,  et  sont  d'autant  plus  caractéristiques, 
qu'on  se  rapproche  davantage  du  terme  de  la  gestation. 

Du  reste,  le  corps  jaune,  provenant  du  dernier  follicule  rompu,  n'est 
pas  le  seul  à  subir  cette  influence  de  la  grossesse;  et,  à  une  certaine 
période  de  cet  état  physiologique,  un  assez  grand  nombre  de  follicules  de 
Graaf,  contenant  encore  leur  ovule,  présentent  aussi  des  changements 
de  structure,  qui  amènent  leur  atrésie. 

Ces  follicules  ainsi  atrésiés  ont  un  aspect  tout  spécial  qui  permet  très- 
bien  de  les  différencier  d'avec  un  follicule  atrésié  chez  une  femme  à 
l'état  de  vacuité. 

Si  après  un  durcissement  convenable  (alcool,  acide  picrique,  gomme 
et  alcool),  on  pratique  des  coupes  du  corps  jaune  de  la  grossesse,  chez 

(1)  l'uech.  Du  corps  jaune  de  la  grossesse.  Gazette  obstétricale,  i*;.,,  p.  85. 

(2)  Coste.  Histoire,  générale  et  particulière  des  développements  des  corps  organisés,  t.  I,  p.  2IG. 


I)r  DE  S1NÉTY.  —  DU  CORPS  JAUNE    PENDANT  LA  GUOSSESSE  929 

une  femme  morte  au  deuxième  ou  troisième  mois  de  la  gestation,  on  voit 
qu'à  cette  époque  la  cavité  centrale  n'est  pas  encore  comblée.  Cette 
cavité  est  limitée  par  deux  couches  de  tissu.  La  plus  interne  est  formée 
par  du  tissu  fibreux  pauvre  en  éléments  cellulaires.  Cette  couche,  colorée 
en  rose  par  le  picrocarminate  et  restant  à  peu  près  incolore  après  l'action 
de  la  purpurine,  est  un  vrai  tissu  cicatriciel  de  nouvelle  formation  et 
que  je  n'ai  jamais  rencontré,  en  dehors  des  corps  jaunes,  sur  aucun 
point  de  l'ovaire. 

Cette  couche  de  tissu  fibreux  ne  présente  aucune  différence  de  struc- 
ture dans  le  corps  jaune  résultant  de  la  déchirure  d'un  follicule  dont 
l'ovule  n'a  pas  été  fécondé. 

La  couche  la  plus  externe,  gardant  une  coloration  jaunâtre  après  le 
picrocarminate  et  fortement  colorée  en  rose  par  la  purpurine,  possède 
une  structure  beaucoup  plus  complexe.  Au  milieu  de  nombreux  vaisseaux 
de  divers  calibres,  accompagnés  sur  certains  points  de  travées  de  tissu 
conjonctif,  on  observe  des  granulations  jaunâtres,  auxquelles  le  corps 
jaune  doit  son  nom,  et  des  éléments  cellulaires,  de  dimensions  les  plus 
variées,  depuis  celle  d'un  globule  blanc  jusqu'à  ces  énormes  cellules 
géantes  plus  ou  moins  chargées  de  granulations. 

Je  ne  m'étendrai  pas  sur  la  description  de  ces  divers  éléments  étudiés 
et  décrits  depuis  longtemps,  en  particulier  par  M.  Robin.  Sur  des  cou- 
pes fines  et  après  avoir  chassé  par  le  pinceau  les  éléments  cellulaires, 
on  peut  voir  que,  sur  ce  point,  le  stroma  est  formé  par  du  tissu  réti- 
culé, absolument  comparable  au  tissu  caverneux  des  ganglions  lympha- 
tiques (1). 

En  dehors  de  cette  couche,  on  rencontre  le  tissu  propre  de  l'ovaire, 
toujours  moins  dense  en  se  rapprochant  du  follicule,  si  bien  que  beau- 
coup d'auteurs  l'ont  décrit  comme  une  couche  spéciale. 

L'hypertrophie  de  la  couche  de  tissu  lymphatique  réticulé  s'accentue 
de  plus  en  plus,  à  mesure  que  la  grossesse  s'avance.  Dans  le  corps  jaune 
que  je  viens  de  décrire  (2  à  3  mois),  cette  couche  avait,  à  peu  près,  la 
même  épaisseur  que  la  couche  fibreuse. 

Tandis  que  sur  un  autre  ovaire,  provenant  d'une  femme  morte  à  six 
mois  de  grossesse,  on  voit  que  le  tissu  fibreux  plissé  et  revenu  sur 
lui-même,  comble  la  cavité  et  ne  forme  plus  que  le  tiers  de  la  masse 
totale  du  corps  jaune. 

Enfin,  j'ai  constaté  que,  chez  la  femme  à  terme,  le  tissu  fibreux  n'est 
plus  représenté  que  par  un  petit  noyau  central  et  les  trois  quarts  du 
corps  jaune  sont  constitués  alors  par  le  tissu  lymphatique. 

Les  mêmes  caractères  spéciaux  se  retrouvent  dans  les  follicules  atrésiés. 

0)  La  présence  du  tissu  réticulé  dans  le  follicule  normal  a  déjà  été  signalée  en  particulier 
par  Slawianski.  Archives  de  physiologie,  I8~i,  p.  Î19. 

59 


930  SCIENCES    MÉDICALES 

La  cavité  s'oblitère  peu  à  peu  par  la  formation  de  tissu  muqueux, 
comme  chez  la  femme  à  l'état  de  vacuité.  Mais,  là  encore,  la  zone  de 
tissu  réticulé  a  subi  une  hypertrophie  d'autant  plus  considérable  que  la 
grossesse  est  plus  avancée.  C'est  donc  cette  hypertrophie  graduelle  des 
tissus  et  des  éléments  constituant  la  membrane  propre  du  follicule 
qui  caractérise  aussi  bien  le  corps  jaune  que  le  follicule  atrésié,  pendant 
la  grossesse,  et  les  différencie  de  ces  mômes  produits,  dans  l'état  de 
vacuité. 

Quant  au  mode  d'oblitération  de  la  cavité  folliculaire,  il  est  le  môme, 
qu'il  y  ait  ou  non  grossesse  : 

Formation  de  tissu  cicatriciel,  fibreux,  dense  et  pauvre  en  cellules, 
si  le  follicule  a  expulsé  son  ovule. 

Production,  au  contraire,  de  tissu  muqueux,  riche  en  éléments  cellu- 
laires, dans  le  cas  où  le  follicule  est  revenu  sur  lui-même  et  s'est  atrésié, 
sans  avoir  expulsé  son  contenu. 

J'ajouterai  que  le  nombre  des  follicules  atrésiés  m'a  paru  plus  consi- 
dérable, chez  la  femme,  pendant  la  grossesse  qu'à  l'état  de  vacuité. 

On  a  beaucoup  discuté,  et  on  discute  encore,  pour  savoir  aux  dépens 
de  quelle  partie  des  follicules  se  forme  le  corps  jaune.  Je  ne  veux  pas 
ici  apprécier  la  valeur  des  idées,  si  variées,  émises  par  différents  au- 
teurs. 

Je  résumerai  mon  opinion  à  ce  sujet,  en  disant  que  la  partie  centrale 
du  corps  jaune  est  une  véritable  néoformation  conjonctive;  tandis  que 
la  partie  périphérique  résulte  de  l'hypertrophie  de  la  couche  périfollicu- 
laire  (membrane  propre  des  auteurs). 

Il  ressort  de  tous  ces  faits  qu'évidemment  la  grossesse  imprime  aux 
ovaires  de  la  femme  un  cachet  tout  spécial  et  qui  ne  se  localise  pas 
seulement,  comme  on  l'avait  cru  jusqu'à  présent,  au  follicule  qui  a 
fourni  l'ovule,  point  de  départ  de  la  grossesse. 

Je  ne  peux  pas  quitter  ce  sujet  sans  rappeler  que  plusieurs  gynéco- 
logistes  ont  soutenu  (1),  tout  dernièrement  encore,  que  l'ovulation  se 
continue  pendant  la  grossesse.  Je  ne  nie  pas  absolument  la  possibilité 
de  ce  fait. 

Mais  j'ai  eu  l'occasion  de  voir,  depuis  quelques  années,  un  grand 
nombre  d'ovaires  de  femmes  mortes  aux  diverses  périodes  de  la 
grossesse . 

J'ai  étudié,  sur  des  coupes  successives,  les  différentes  régions  des  deux 
ovaires,  et  il  ne  m'a  pas  été  donné  d'observer  un  seul  fait  qui  put  être 
interprété  dans  un  sens  favorable  à  cette  opinion. 

Dois-je,  en  terminant,  insister  sur  l'importance  que  peuvent  avoir  en 

(il.  Précis  théorique  et  pi  atique  de  l  ai  (  des  accouchements,  pal  s.  i  «zoni,  t..  p,  Picard,  1859,  p-  129. 
—  Uèbir  die  gelben  ÏÇorper  mol  die  Ueberwanderung  </&>•  Eies, Von  Prof.  MayRhofer,  Wien.,  1816. 


Dr    FAUVEL.  —    OBSERVATIONS   DE    SUTURE    DES   os  931 

médecine  légale  les  caractères  liistologiques  bien  nets  de  l'ovaire  pen- 
dant la  grossesse?  Jusqu'à  présent,  les  caractères  assignés  aux  dilférents 
corps  jaunes  étaient  tellement  vagues  que  nous  avons  vu,  en  Angle- 
terre, il  y  a  quelques  années,  deux  médecins  légistes  experts,  après 
l'examen  d'un  corps  jaune,  affirmer,  l'un,  qu'une  femme  était  enceinte, 
tandis  que  l'autre  soutenait  qu'elle  ne  l'était  pas  (1).  A  partir  du  deuxième 
ou  troisième  mois  de  la  grossesse,  l'examen  histologique  ne  permet,  je 
crois,  pas  de  doute,  et  comme  je  l'ai  dit  au  commencement  de  ma  com- 
munication, les  modilications  sont  d'autant  plus  accentuées  que  la  gros- 
sesse est  plus  avancée. 

Cependant  les  renseignements  fournis  à  ce  point  de  vue  me  pa- 
raissent toujours  devoir  être  d'un  intérêt  secondaire.  Car  quand  on  a 
un  ovaire  à  sa  disposition,  on  a  aussi  presque  nécessairement  l'utérus. 
Et  à  l'époque  où  les  caractères  du  corps  jaune  de  la  grossesse  sont  bien 
tranchés,  les  modifications  subies  par  l'utérus  sont  tellement  considé- 
rables que,  je  le  répète,  les  renseignements  fournis  par  l'ovaire  de* 
viennent,  il  me  semble,  à  peu  près  inutiles. 


M.  le  Lr  FAUVEL 

du  Havre. 


OBSERVATIONS     DE     SUTURE     DES     OS. 

(BXTRAIT  du  procks-vkrbal.) 

—   Séance   du   29  août   IS17  — 

Mi  le  docteur  Fauvel  communique  quatre  observations  de  suture  du  tibia 
pratiquées  à  l'hôpital  du  Havre  depuis  1869.  Trois  des  malades  sont  guéris  ; 
un  seul  est  mort.  Dans  tous  les  cas,  il  n'y  avait,  eu  égard  aux  larges  plaies 
communicantes,  d'autres  ressources  que  l'amputation. 

Le  plus  intéressant  de  ces  cas  est  celui  d'un  blessé  qui  porte  depuis  neuf  ans 
Un  fil  de  fer  de  lmm  1/2  de  diamètre  dans  le  tibia  gauche.  Le  blessé 
n'avait  jamais  souffert;  mais,  il  y  a  huit  mois,  une  douleur  vive  est  survenue, 
un  eczéma,  puis  une  légère  suppuration  qui,  du  reste,  est  intermittente. 

M.  le  docteur  Fauvel  résume  alors  quelques-unes  de  ses  opinions  sur  les 
sutures  des  os  dans  les  fractures  compliquées.  Il  ne  faut,  d'après  lui,  recourir 
que  le  moins  possible  à  l'irrigation  continue  après  la  suture  ;  le  pansement 
ouaté  est  préférable  ;  il  faut  recouvrir  la  ouate  de  bandes  silicatées.  Par  cette 


(1)  Paterson,  Edimbourg  {Mèd.  Juum.,  ni,  49),  cito  par  Muyrhofer,  loc.  cit.,  p. 


90. 


932  SCIENCES    MÉDICALES 

méthode  de  pansement,  on  abrégera  d'une  manière  considérable  la  formation 
du  cal  en  aidant  l'immobilisation.  Il  ne  faut  pas  pratiquer  des  sutures  quand 
les  extrémités  des  os  sont  dénudées  de  périoste  et  qu'il  existe  une  attrition 
des  parties  molles.         %   ■ 


M.  le  D'  DUMÉNIL 


DERMITE  PAP1LLAIRE  CHRONIQUE    ENVAHISSANTE  H) 
(extrait  du  procès-verbal.) 


—   Séance  du  29  août    ls~l.   — 

M.  Duménil  étudie  une  affection  qu'il  propose  d'appeler  la  dermite  papillaire 
chronique  envahissante.  Dans  le  cas  qui  sert  de  base  au  mémoire  de 
M.  Duménil,  il  s'agit  d'une  femme  de  soixante  ans  qui  fut  atteinte  d'une 
affection  de  la  main  caractérisée  par  une  sorte  d'hypertrophie  du  derme  con- 
sécutive à  un  travail  ulcératif  partiel.  Les  lésions  présentent  la  particularité 
de  tendre  à  la  guérison  spunlanée. 

L'examen  microscopique  d'un  lambeau  enlevé  sur  les  parties  les  plus  alté- 
rées montre  une  hypertrophie  considérable  des  papilles  qui  étaient  unique- 
ment formées  d'éléments  embryonnaires.  Cette  lésion  se  prolongeait  dans  les 
couches  profondes  du  derme  sous  forme  d'îlots  plus  ou  moins  larges  séparés 
par  du  tissu  conjonctif  fibrillaire  avec  prolifération  de  ses  éléments  cellu- 
laires. Je  propose,  dit  en  terminant  M.  Duménil,  d'appeler  cette  affection  une 
hypertrophie  capillaire  chronique  envahissante. 


M.  le  Dr  BRAME 

de  Tour?. 


SUR   L'ECZEMA. 


—  Séance  du  2  9  août   I x 7 " 


\\)  Le  Mémoire  in  extenso  a  paru  dans  la  lievuc  mensuelle  de  médecine  et  de  chirurgie,  mai  1878. 


A.    DUVERGIER.    -       ÉPILEUSE     \     Mit    COMPRIMÉ  Q'à'A 


M.    A.   LÏÏYER&IEE 

Ingénieur-constructeur,  à  Lyon. 


ÉPILEUSE     A     AIR     COMPRIMÉ- 


Séance  il u  80  août  1X77.  — 


J'ai  l'honneur  de  présentera  ta  section  un  modèle  de  pince  épileuse  à  air 
comprimé  construite  sur  la  demande  du  Dr  Aubert,  médecin  des  hôpitaux  de 
Lyon. 

Avant  de  vous  la  soumettre,  permettez-moi  de  vous  donner  le  résultat  de 
quelques  expériences  sommaires  que  j'ai  dû  faire  pour  m'assurer  des  etforts  a 
exercer  par  l'appareil,  pour  qu'il  puisse  fonctionner  convenablement  et  en 
toute  sécurité. 

L'effort  de  pression  effectué  par  les  mords  de  la  pince  pour  y  maintenir  un 
cheveu  sans  glissement  jusqu'à  sa  rupture  a  varié,  suivant  la  nature  du  che- 
veu, de  170  à  210  grammes;  j'ai  dû  prendre  le  maximum,  et  comme  la  pince 
peut  agir  sur  dix  cheveux  à  la  fois  il  faut  que  la  pression  de  ces  mords  soit 
au  minimum  de  2  kilogrammes  100  grammes. 

Quant  à  l'effort  de  traction  à  exercer  pour  extraire  un  cheveu  du  cuir  che- 
velu, comme  je  n'avais  pas  les  moyens  de  l'expérimenter,  j'ai  mesuré  la  ré- 
sistance d'un  cheveu  à  la  rupture,  et  j'ai  trouvé  sur  plusieurs  échantillons 
qu'il  fallait  pour  les  rompre  un  effort  de  traction  de  .10  à  133  grammes.  Né- 
cessairement, pour  qu'un  cheveu  puisse  être  arraché,  il  ne  faut  pas  que  son 
adhérence  au  cuir  chevelu  dépasse  celui  de  sa  limite  de  rupture.  J'ai  donc 
considéré  la  limite  de  rupture  comme  l'effort  maximum  nécessaire  à  l'arra- 
chement, soit,  pour  10  cheveux  à  la  fois,  1  kilogramme  350  grammes. 

Ainsi  l'effort  exercé  par  les  mords  de  la  pince  ne  devait  pas  être  inférieur 
à  2  kilogrammes  100  grammes,  et  celui  nécessaire  à  l'extraction  de  pas  moins 
de  1  kilogramme  3o0  grammes. 

Comme  il  fallait  tenir  compte  des  résistances  propres  à  l'instrument,  j'ai 
dû  compter  sur  des  efforts  plus  considérables.  L'agent  moteur  étant  l'air  com- 
primé, il  est  toujours  facile  de  varier  la  pression  de  l'air  à  volonté  et  de  ne  don- 
ner que  la  pression  rigoureusement  nécessaire. 

L'appareil,  ainsi  que  vous  le  voyez,  se  compose  d'un  tube  de  16  centimètres 
de  longueur  et  30  millimètres  de  diamètre  extérieur,  dont  l'une  des  extrémités 
porte  la  pince  et  l'autre  une  tige  creuse  par  laquelle  l'air  s'introduit  dans  l'ap- 
pareil et  lui  sert  en  même  temps  de  tige  de  suspension  ;  l'intérieur  du  tube 
contient  2  pistons  destinés  l'un  au  serrage  de  la  pince,  l'autre  au  soulèvement 
de  l'appareil;  de  plus  deux  petits  appareils  distributeurs,  servant  à  mettre  l'air 
en  communication  avec  les  pistons  précités  et  à  évacuer  cet  air  lorsqu'il  a 
produit  son  effet:  ces  distributeurs  sont  manœuvres  par  les  boutons  qui  sont  en 
saillie  sur  le  cylindre  qui  enveloppe  le  tout. 


934 


SCIENCES    MÉDICALES 


Les  figures  indiquent  d'une  manière  précise  les  organes  renfermés  dans  le 
tube,  et  la  légende  jointe  en   explique   le  fonctionnement. 

J'ai  dit  plus  haut  qu'il  fallait  pour  la  sûreté  du  fonctionnement  que  l'ap- 
pareil  fût  capable  "de  vaincre  indépendamment  des  résistances  qui  lui  sont 
propres,  un  effort  de  soulèvement  de  1  kilogramme  350  grammes  et  un  effort 
de  serrage  sur  la  pince  de  2  kilogrammes  100  grammes.  Le  piston  destiné  au 
soulèvement  présente  une  section  active  de  534  millimètres  carrés;  celui  des- 
tiné au  serrage  de  la  pince  une  section  effective  de  572  millimètres  carrés  ;  de 
plus,  ce  dernier  piston  agit  sur  la  pince  au  moyen  d'une  presse  à  genou  qui 
peut  augmenter  l'effort  transmis  à  peu  près  autant  qu'on  le  veut.  Par  conséquent, 
en  employant  de  l'air  comprimé  à  1  kilogramme  par  centimètre  carré,  l'action 
sur  le  piston  de  soulèvement  serait  de  5  kilogrammes  340  grammes,  celle 
exercée  sur  le  piston  de  serrage  de  la  pince  serait  de  5  kilogrammes  720  gram- 
mes, augmentée  de  la  quantité  qu'on  voudra  obtenir  par  l'adjonction  de  la 
presse  à  genou.  On  voit  donc  qu'il  est  possible  de  manœuvrer  l'appareil  avec 
une  pression  d'air  inférieure  à  1  kilogramme  par  centimètre  carré. 

Pour  opérer,  l'appareil  est  suspendu  par  la 
tige  d'introduction  d'air  à  l'extrémité  d'un 
tube  flexible  qui  communique  avec  un  réser- 
voir d'air  comprimé  ;  ce  tube  flexible  est  lui- 
même  porté  à  l'extrémité  d'une  console,  de 
manière  à  laisser  le  dessous  de  l'instrument 
complètement  libre  ;  de  plus,  ce  tube  de  sus- 
pension peut-être  descendu  ou  remonté  à  vo- 
lonté, au  moyen  d'un  petit  dispositif  spécial 
fixé  à  la  console,  et  qui  permet  d'arrêter 
l'appareil  à  une  distance  convenable  de  la  tête 
à  épiler. 

L'épileuse  à  air  comprimé  n'est  construite 
que  depuis  quelques  jours  seulement,  l'expé- 
rience n'a  donc  pas  encore  pu  sanctionner  les 
bons  résultats  de  son  emploi.  Un  seul  essai 
d'épilation  a  pu  être  fait  jusqu'ici  et  m'a 
permis  de  constater  que  la  pince  donne  un 
serrage  et  que  l'effort  de  soulèvement  produit 
l'arrachement  des  cheveux  avec  une  pression 
d'air  d'environ  700  grammes  par  centimètre 
Fig.  98.  carré. 


a.  Pince  saisissant  les  cheveux  à  arracher. 

b.  Piston  agissant  sur  la  pince  pour  la  fermer  à  l'aide  de  la  presse  à  genou  formée 

par  les  deux  bielles  c. 

c.  Bielles  formant  la  presse  à  genou  ouvrant  et  fermant  la  pince. 

d.  Ressort  remontant  le  piston  b  quand  la  pression  a  cessé  et  ouvrant  la  pince. 

e.  Piston  produisant  le  soulèvement  de  l'appareil  et   par  suite  l'arrachement   des 

cheveux. 


p.    BRO<   I  DU    l\    THBRMOMÉTRIE  CÉBÉBRALE  •,;>-"> 

i  _•■■  tabulaire  de  ce  piston  amenant  l'air  comprimé  dans  le  distributeur  superie  r 
par  !>■>  trous   cet  dans  l'inférieur  par  l'ouverture  de  son  extrémité  inférieure. 
Quand  la  pression  a  cessé  sur  le  piston  <•.  l'air  amené  par  ce  tube  presse  sur 
le  distributeur  inférieur  et  force  l'appareil  a  descendre. 
ij.  Boite  des  disti  ibuteurs. 
h.  Distributeurs  de  l'air  comprimé. 

i.  Bout  uns  placés  extérieurement  serrant  à  manoeuvrer  les  distributeurs. 
/,.  Tubes  renfermant  tout  le  mécanisme. 

/.  Tulie  intérieur  dans  lequel  se  meut  le  piston  de  soulèvement  e.  Ce   tube  sert  en 
outre  à  Dxer  la  boite  du  distributeur  inférieur  en  l'appuyant  sur  l'épaulement 
do  tube  extérieur 
m.  Rondelle  portanl  garniture  placée   sur  le  tube  ci-dessus  et  formant  le  Biége  du 

distributeur  supérieur, 
n.  Rondelle  recevant  la  garniture  delà  tige  en  haut. 

i  impon  supérieur  vissé  dans  le  tube  extérieur  l  el  maintenant  à  leur  place  les 
distributeurs,  ainsi  que  le  tube  intérieur  et  les  rondelles  de  garnitures,  toutes 
ces  pièces  étant  superposées. 
p.  Tampon  fermant  l'appareil  à  la  partir  inférieure  portant  Taxe  d'oscillation  de  la 

pince. 
q.  Tube  fixé  au  dit  tampon  supportant  le  ressort  de  relevage  du   piston  b   manœu- 
vrant la  pince. 


MM.  François  FRAÏÏCK  et  BRISSAÏÏD 


MOUVEMENTS  DU  CERVEAU   CHEZ   UNE   MALADE  DE  L'HOPITAL  SAINT-LOUIS  (1). 
—  Séance  iv  80  août   1871.  — 


M.    Paul   BROCA 

Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris,  Membre  de  l'Académie  de  Médecine. 


SUR  LA  THERMOMÉTRIE  CÉRÉBRALE  [2) 


Séance    du    '?0  août    I s: 


(1)  Ce  travail  a  ete  publié  dans  le  Journal  de  l'anatomie  et  de  la  physiologie,  mai  1877. 

(2)  Gaz.  heb.  de  méd.  et  de  chim.,  2'  série,  t.  XIV,  7  sept.  1877.  -  Bewk  scientifique,  2e  sen 
5  sep.  1877,  p.  237. 


93U  SCIENCES  MÉDICALES 

Présentation  des  travaux  imprimés 

ENVOYÉS    AU    CONGRÈS 

POUR  ÊTRE  COMMUNIQUÉS  A  LA  SECTION  DES  SCIENCES  MÉDICALES 


Société  de  médecine  de  l'arrondissement  de  Gannat  (Comptes-rendus  des 
travaux  présentés  en  187G  à  la). 

Dr  Lantier.  —  Question  sociale.  —  Conservation  des  blessés  de  la  guerre  et 
de  l'industrie.  —  Traitement  balsamique  de  l'ambulance  municipale  de  l'ad- 
ministration générale  des  Postes. 

Dr  Paquelïn.  —  Indications  sur  l'emploi  du  thermo-cautère. 


4"   Groupe 
SCIENCES  ÉCONOMIQUES 


13e  Section 
AGRONOMIE 


Phk-idknt M.  PÉLIGOT,  Membre  de  l'Institut. 

Vice-Présidents  ....    MM.  P.-P.  DEHÉR.UN,  Professeur  à  l'École  d'agriculture  de  Grignon. 

De  i.a  BLANCHÈRE,  Publiciste. 
Secrétairbs MM.  UVACIIK,  Ingénieur  civil. 

RENOUARD,  Pilateur  à  Lille. 


M.   A.   RENOÏÏAO  Fils 


LES  DÉCHETS  DE  L'INDUSTRIE  AGRICOLE  DU  LIN. 

(EXTRAIT    Dt:    PROCÈS-VERBAL.) 


—  Séance  du  24  août   1877.  — 

M.  Renouard  filô  entretient  la  section  de  la  valeur  des  déchets  de  l'industrie 
agricole  du  lin.  Ces  déchets  sont  de  trois  sortes:  l°les  coques  des  graines  qui 
résultent  de  l'égrenage;  2°  les  eaux  de  rouissage,  soit  d'eau  courante,  soit  d'eau 
dormante;  3°  les  cendres  de  chénevotte  provenant  du  teillage. 

Les  coques  de  graines  ont  une  valeur  agricole  réelle  ;  elles  renferment  jusqu'à 
46,38  de  potasse,  23,26  d'acide  phosphorique  et  1,26  0/0  d'azote,  mais  on  ne 
peut  les  utiliser  pour  la  culture  du  lin  à  cause  de  la  grande  quantité  de  graines 
étrangères  qu'elles  renferment  et  qui  nécessiteraient  plus  tard  une  succession 
de  surcharges  qu'on  aurait  pu  éviter.  Elles  sont  utilisées  comme  engrais  de 
prairies,  comme  condiment  pour  la  culture  hâtive  des  asperges,  et  en  mélange 
avec  la  pulpe  pour  la  nourriture  des  bestiaux. 

Les  eaux  de  routoir  à  eau  courante   renferment  des    quantités    variables  de 


938  AGRONOMIE 

matières  organiques:  une  première  analyse  dans  la  Lys  a  donné  0  gr. 1384  de 
matières  dissoutes;  une  seconde  analyse  a  donné  les  chiffres  suivants  ■ 

Titre  hydrotimétrique 36° 

Acide  carbonique 0  gr.  (il  10 

Carbonate  de  chaux Ogr.  3-2!)(i 

Chlorure  de  calcium Ogr.  0144 

Matières  organiques 0  gr.  0908 

0  gr.  4488 

Les  mêmes  analyses  ont  été  faites  antérieurement  par  M.  Girardin  ;  il  a 
trouvé  : 

Résidu  par  litre      Mat.  organ.  dissoutes      Mat.  minérales. 

En  mai 0  gr .  3700  0 , 0300  0, 3800 

En  août 0  gr.  5512  0,0370  0,3812 

M.  Renouard  relate  une  expérience  sur  la  culture  du  lin,  faite  avec  cet 
engrais. 

Les  eaux  de  routoir  à  eau  dormante  sont  encore  plus  riches  ;  elles  renferment 

par  litre  : 

(     Substances  organiques.  3  gr.  983 
Matières  dissoutes,  7  s;r.  888  dont     j  .    ,    .         _  nnv 

{         —  minérales..  3  gr.  905 

Les  expériences  qui  ont  été  faites  avec  ces  eaux  mélangées  à  la  chaux  ont 
donné  les  meilleurs  résultats. 

Enfin  les  cendres  de  chénevotte  ont  peu  de  valeur.  L'analyse  montre  qu'elles 
ne  sont  qu'un  produit  encombrant  et  non  fertilisant  :  100  gr.  ne  renferment 
que  0  gr.  4580  de  sels  solubles. 


MM.   B.   COEENWIOEE  et  G.   CONTAMINE 


RECHERCHES  SUR  L'ACIDE  PHOSPHORIQUE  DES  TERRES  ARABLES. 

(EXTRAIT   H!'  PROCÈS-VER]:  M 


—  Séa  n  ce  du  S  (  ao  fl  !    i 877. 

11  y  a  trois  années  environ,  MM.  Woussen  et  Corenwinder  ont  eu  l'honneur 
de  présenter  à  l'Académie  le  résultat  de  leurs  essais  sur  la  fertilisation  des 
terres  à  l'aide  des  phosphates  solubles  et  assimilables. 

Les  recherches  de  ces  agronomes  ont  prouvé  que,  dans  un  grand  nombre  de 
localités,  il  suffit  souvent  de  répandre  dans  un  champ  où  l'on  se  propose  de 
cultiver  des  betteraves  6  à  700  kilos  de  superphosphate  de  chaux  par  hectare 
pour  augmenter  notablement  la  récolte  et  enrichir  ces  racines  en  matières 
sucrées. 


CORENWINDER    ET   CONTAMINE.    —   si  K   L'ACIDE   PHOSPHORIQUE  939 

Ces  faits  onl  suggéré  à  M.  Woussen  et  à  nous  l'idée  de  poursuivre  des 
recherches  sur  les  quantités  d'acide  phospborique  que  contiennent  les  sols 
arables  du  Nord  de  la  France. 

M.  Woussen  a  opéré  dans  le  canton  d'Houdain  (Pas-de-Calais),  qu'il  habite  ; 
nous,  dans  l'arrondissement  de  Lille. 

Dans  les  terres  de  sa  localité,  M.  Woussen  a  trouvé  des  proportions  d'acide 
phosphorique  variant  de  0  gr.  962  à  1  gr.  33  par  kilog.  de  terre  séchée  à  100", 
soit  en  moyenne  1  gr.  146. 

De  notre  côté,  dans  l'arrondissement  de  Lille,  nos  analyses  nous  ont  fait 
découvrir,  pour  le  même  poids  de  terre,  des  quantités  d'acide  phosphorique 
comprises  entre  4  gr.  01  et  1  gr.  52,  soit  en  moyenne  1  gr.  265. 

Dans  l'un  et  l'autre  cas,  l'acide  phosphorique  a  été  isolé  en  attaquant 
les  terres  par  l'acide  nitrique.  Il  a  été  dosé  ensuite  par  les  méthodes 
connues. 

A  cause  de  son  origine,  nous  avons  pensé  que  l'état  de  combinaison  dans 
laquelle  cet  acide  est  engagé  devait  le  rendre   faiblement  assimilable. 

Pour  vérifier  cette  supposition,  nous  avons,  à  plusieurs  reprises,  mis  100  gr. 
de  cette  terre  en  digestion  dans  une  dissolution  saturée  et  pure  d'acide  car- 
bonique. 

Après  48  heures,  nous  avons  constaté  que  cette  dissolution  avait  enlevé  à 
cette  terre  pour  1  kilog  : 

Acide  phosphorique,  0  gr.  0'r2; 

Soit  2.44  centièmes  de  la  quatité  totale  qu'elle  renferme. 

Ce  chiffre,  faible  en  apparence,  équivaut  cependant  à  une  quantité  de 
206  kilos  d'acide  phosphorique  par  hectare,  et  pour  une  profondeur  de  35  cen- 
timètres. 

11  indique  qu'en  48  heures  la  dissolution  saturée  d'acide  carbonique  suffirait 
pour  rendre  assimilable  une  quantité  d'acide  phosphorique  supérieure  à  celle 
qu'on  fournit  au  sol  en  y  introduisant  1,000  kilos  de  superphosphate. 

On  s'explique  dès  lors  pourquoi  les  superphosphates  sont  sans  action  dans 
des  terrains  de  cette  nature. 

Dans  notre  mémoire,  nous  déduisons  de  ce  fait  toutes  ses  conséquences  pro- 
bables. Nous  ne  pouvons  les  développer  ici.  Nous  nous  bornerons  à  reproduire 
ce  passage  : 

«  Il  n'est  pas  douteux  que  les  phosphates  disséminés  dans  la  terre  arable 
ne  sont  pas  au  même  degré  solubles  dans  Peau  chargée  d'acide  carbonique. 
Leur  capacité,  à  cet  égard,  doit  dépendre  de  leur  état  moléculaire  et  de  la 
source  d'où  ils  proviennent.  Les  phosphates  qui  préexistaient  dans  les  en- 
grais liquides  sont  probablement  plus  attaquables  que  d'autres.  Le  sujet  néces- 
sitera de  notre  part  de  nouvelles  recherches.  Nous  nous  proposons  de  les 
poursuivre  en  opérant  sur  des  sols  de  différentes  constitutions  et  en  tenant 
compte  des  engrais,  des  amendements  qu'on  leur  aura  appliqués.  » 

On  remarquera  le  rapprochement  qui  existe  entre  les  résultats  obtenus  par 
M.  Woussen  et  les  nôtres. 

Nous  exceptons  pour  le  moment  un  essai  fait  dans  des  circonstances  parti- 
ulières.  Il  en  sera  question  plus  loin. 


940  AGRONOMIE 

Ces  proportions  d'acide phosphorique  sont  plus  importantes  qu'on  ne  pourrait 
le  supposer  de  prime-abord.  En  admettant  qu'en  moyenne  la  terre  d'un  champ 
contienne  un  millième  d'acide  phosphorique,  on  peut  calculer  que  pour  un 
hectare  de  superficie  et  3o  centimètres  de  profondeur,  il  s'y  trouve  4,900  kilos 
d'acide  phosphorique. 

Cette  quantité  paraît  devoir  suffire  dans  tous  les  cas  pour  subvenir  aux 
besoins  des  plantes  cultivées,  et  cependant  nous  avons  constaté  bien  souvent 
qu'en  ajoutant  600  kilos,  au  plus  1,000  kilos  de  superphosphate  par  hectare, 
dans  un  champ  ainsi  partagé,  on  augmente  dans  une  proportion  très-notable 
le  rendement  de  la  récolte. 

Le  superphosphate  que  nous  utilisons  contenant  160/0  d'acide  phosphorique 
soluble  et  assimilable,  en  en  répandant  dans  le  sol  1 ,000  kilos,  c'est  donc 
une  quantité  de  160  kilos  d'acide  phosphorique  seulement  que  nous  ajoutons 
aux  4,900  kilos  qui  y  préexistaient  déjà  ;  mais  ces  160  kilos  sont  bien  plus 
efficaces,  puisqu'ils  y  produisent  un  effet  très-marqué  (1). 

On  voit  donc  que  l'état  moléculaire  sous  lequel  on  présente  aux  plantes 
l'acide  phosphorique  a  la  plus  grande  influence  sur  son  assimilabilité. 

Depuis  longtemps  M.  Corenwinder  a  constaté  que  les  superphosphates  n'ont 
pas  d'action  sensible  sur  les  sols  de  haute  fertilité  du  canton  de  Lille. 

Dans  l'espoir  de  nous  rendre  compte  de  cette  particularité,  nous  avons 
recherché  l'acide  phosphorique  dans  une  terre  située  à  proximité  de  cette  ville. 
Cette  terre  reçoit  annuellement  pour  engrais  environ  1,000  hectolitres  d'engrais 
flamand  par  hectare. 

Nous  avons  trouvé  qu'elle  contenait  par  kilogramme  : 

Acide  phosphorique,  1  gr.  72. 


M.    A.    LADÏÏREAU 

Directeur  de  la  station  agronomique  du  Nord. 


NOTE  SUR  LA  COMPOSITION  DE  LA   LAINE  (2). 


—   Séance   (ht  S 4   août    il 


11)  M    Boussiûgault  a  déjà  fait  une  observation  analogue.  Economie  rurale,  t.  Il,  p.  30. 
(8)  Ce  travail  est  inséré  a  lu  section  de  chimie,  page  369. 


P.   P.    DEHÉRAIN.   —  CULTURE    DK  L'AVOINE    ET   DU  MAIS  FOURRAGE  941 


M.  P. -P.  DEHERAIN 

Professeur  à  l'École  d'agriculture   de  Grignon. 


RESULTATS  D'EXPÉRIENCES  INSTITUÉES  SUR  LA  CULTURE   DE    L'AVOINE 
ET  DU  MAIS  FOURRAGE. 


—  Séance  du  i s  août  i877.  — 

M.  Dehérain  présente  à  la  section  les  résultats  obtenus  au  champ  d'expé- 
riences de  Grignon  pour   la  culture  de  l'avoine  et  du  maïs  fourrage. 

L'auteur  rappelle  d'abord  quelle  est  la  question  qu'il  a  jugé  utile  d'éluci- 
der. On  sait  que  si  la  plupart  des  agriculteurs  continuent  à  faire  marcher  de 
front  la  culture  proprement  dite  et  l'élevage  des  animaux,  qui  entraine  la  pro- 
duction du  fumier  qui  devient  l'engrais  principal,  il  est  d'autres  cultivateurs 
qui,  renonçant  à  l'exploitation  des  animaux,  emploient  exclusivement  les 
engrais  de  commerce,  et  notamment  les  produits  chimiques  ,  sels  ammonia- 
caux, nitrate  de  soude ,  phosphate  de  chaux,  engrais  de  potasse,  etc.  11  est 
clair  qu'un  sol  traité  de  cette  manière  va  se  dépouiller  peu  à  peu  de  ses  ma- 
tières ulmiques,  tandis  qu'elles  vont  s'accumuler  au  contraire  sur  un  sol  cul- 
tivé à  l'aide  du  fumier  de  ferme.  Ces  matières  ulmiques  sont-elles  nécessaires 
au  développement  des  végétaux,  ou  bien  au  contraire  peuvent-ils  vivre  sans 
elles? 

La  question  est  très-importante  au  point  de  vue  scientifique,  puisque  rien 
de  ce  qui  concerne  l'alimentation  des  plantes  de  grande  culture  ne  peut  être 
indifférent  ;  mais  elle  l'est  également  au  point  de  vue  pratique.  En  effet,  le 
directeur  de  l'École  de  Grignon,  M.  Dutertre,  a  été  souvent  consulté  sur  la 
question  suivante  :  un  fermier  qui  a  cultivé  pendant  un  certain  nombre  d'an- 
nées, à  l'aide  de  produits  chimiques  seulement,  laisse-t-il  le  sol  dans  un  état 
avantageux  pour  le  propriétaire  et,  par  suite,  pour  le  fermier  entrant;  ou 
bien,  au  contraire,  ce  sol  a-t-il  été  appauvri  par  ces  cultures  sans  fumier?  le 
fermier  sortant  doit-il  une  indemnité  ou  a-l-il  le  droit  d'être  remboursé 
d'une  partie  des  avances  qu'il  a  faites  à  la  terre  qu'il  abandonne? 

M.  Dehérain,  consulté  sur  ce  point,  s'est  trouvé  dans  l'impossibilité  de  répon- 
dre; pour  être  résolue,  cette  question  doit  être  soumise  à  une  étude  régulière 
pendant  plusieurs  années,  et  c'est  pour  l'éclairer  que  le  champ  d'expériences 
a  été  disposé  de  la  façon  suivante  : 

Il  est  divisé  en  parcelles  qui  ont  toutes  un  are  d'étendue  ;  elles  reçoivent 
tous  les  ans  la  même  dose  du  même  engrais ,  et  portent  la  même  plante  ; 
quelques-unes  sont  cultivées  à  l'aide  du  fumier  de  ferme,  les  autres  à  l'aide 
d'engrais  chimiques,  azotate  de  soude  ou  sulfate  d'ammoniaque,  additionnés 
ou  non  de  phosphates,  mais  sans  ma' :ères  organiques.  Il  est  clair  que  les  par- 
celles qui  reçoivent  le  fumier  vont  s'enrichir  en  matières  ulmiques,  tandis  que 


,)42  AGRONOMIE 

celles  qui  sont  amendées  à  l'aide  des  engrais  chimiques  s'appauvriront  au 
contraire  d'année  en  année.  Si  les  matières  ulmiques  sont  inutiles  ou  indif- 
férentes, les  rendements  des  parcelles  au  fumier  seront  inférieurs  ou  égaux  à 
ceux  des  planches  qui  ont  reçu,  sous  forme  d'engrais  chimiques,  des  quantités 
d'azote  et  de  phosphate  supérieures  à  celles  qui  se  trouvent  dans  le  fumier  ; 
si,  au  contraire,  les  matières  ulmiques  ont  une  influence  utile,  le  rendement 
des  parcelles  qui  ont  reçu  le  fumier  sera  supérieur  à  celui  qu'on  obtiendra  à 
l'aide  des  engrais  chimiques. 

Ce  n'est  pas  la  première  fois ,  d'ailleurs ,  qu'on  essaye  une  semblable 
comparaison.  MM.  Lawes  et  Gilbert  ont  déjà  montré,  il  y  a  bien  des  années, 
que  parmi  les  plantes  de  grande  culture  les  unes  vivent  très-bien  à  l'aide  de  ' 
produits  chimiques  purs,  tandis  qu'ils  sont  incapables  de  soutenir  la  vie  des 
autres.  Les  célèbres  agronomes  de  Rothamsted  ont  pu  maintenir  la  culture 
du  blé  sur  le  même  sol  pendant  plus  de  trente  ans,  à  l'aide  de  produits  chi- 
miques, et  le  rendement  a  été  légèrement  supérieur  à  celui  qu'a  fourni  le 
fumier  ;  mais  il  n'en  a  pas  été  de  même  des  légumineuses  :  un  sol  arable 
ordinaire  qui  a  porté  du  trèfle  pendant  plusieurs  années  devient  incapable 
d'en  porter  encore,  quel  que  soit  l'engrais  qu'on  lui  fournisse  ;  le  fumier  ne 
réussit  pas  mieux  que  les  engrais  chimiques,  et  cependant  la  culture  continue 
du  trèfle  peut  être  maintenue  pendant  plusieurs  années  sur  un  sol  de  jardin 
dans  lequel  les  anciennes  fumures  ont  accumulé  des  quantités  considérables 
de  matières  ulmiques  (1). 

Ainsii  toutes  les  plantes  ne  paraissent  pas  vivre  de  la  même  façon:  aux 
unes  les  produits  chimiques  suffisent ,  aux  autres  les  matières  ulmiques  sont 
nécessaires . 

M.  Dehérain  met  sous  les  yeux  de  la  section  les  rendements  moyens  obte- 
nus pour  la  culture  de  l'avoine  (2)  : 

CULTURE  CONTINUE  DE   L'AVOINE  SUR  LE  CHAMP  D'EXPÉRIENCES 
DE   GRIGNON  (3). 

Sans  Fumier  Azotate  Sulfate 

engrais.  de  ferme.        de  soude,      d'ammoniaqUe. 

1875 48.9  42.5  47.6  49.9 

1876 54.5  64.1  63.1  55.7 

1877 .,   ^3.8  37.1  "29.2  29.5 

L'influence  de  la  saison  est  bien  visible,  l'année  ]N7.'i  a  été  moyenne,  1876 
très-bonne,  4877  très-médiocre;  mais  il  faut  remarquer  que  les  rendements 
ont  baissé  beaucoup  plus  sur  les  parcelles  qui  ont  reçu  les  engrais  chimiques 
que  sur  celles  qui  ont  eu  le  fumier;  en  fondant  les  nombres  en  une  seule 
moyenne,  on  trouve  les  rendements  suivants,  à  l'hectare  : 

(1)  Vuir  dans  la  V,  Uifique,  tome  VIII,  2e  série,  numéro  du  i>7  mars  1875,  les  articles 
publiés  par  M.  Dehérain  sur  la  Firme  de  Rothamsted. 

(2)  M.  Dehérain  rappelle  [ue  lus  détails  des  cultures  sont  insérés  chaque  année  dans  les 
Annales  agroiiomigues. 

(3)  Tous  les  nombres  sont  exprimes  en  hectolitres,  récoltés  sur  un  hecture. 


1\-1>.    DEHÉRAIN.  —  CULTURE  DE   L'AVOINE   ET    DU    MAIS    FOURRAGE        943 

Sans  engrais 42.4 

Fumier  de  ferme 47.9 

Azotate  de  soude.   .   , 44.9 

Sulfate  d'ammoniaque , 45. 0 

Ainsi,  pendant  les  trois  années  d'expériences,  la  culture  au  fumier  de  ferme 
a  été  plus  avantageuse  que  celle  aux  engrais  chimiques,  et  il  a  paru  indiffé- 
rent d'employer  de  l'azotate  de  soude  ou  du  sulfate  d'ammoniaque  ;  de  plus, 
tandis  que,  de  1875  à  1877,  les  parcelles  au  fumier  ont  baissé  de  5h,4,  celles 
à  l'azotate  de  soude  ont  baissé  de  13h,4  et  celles  au  sulfate  d'ammoniaque  de 
20h,4. 

Avec  un  aussi  petit  nombre  de  résultats,  on  ne  peut  encore  tirer  de  conclu- 
sions certaines  sur  le  mode  d'alimentation  de  l'avoine.  Cependant,  M.  Dehérain 
serait  porté  à  croire  que  les  matières  ulmiques  lui  sont  nécessaires  ;  en  effet, 
en  prenant  dans  les  tableaux  de  Rothamsted  les  chiffres  les  plus  élevés  obte- 
nus à  l'aide  des  produits  chimiques,  on  obtient  comme  rendement  en  hecto- 
litre, à  l'hectare,  les  nombres  suivants: 

Culture  continue  de  l'avoine  à  Rothamsted. 

1869.   .    , 67.5 

1870 45.0 

1871 52.2 

1872 55.8 

1873 43.2 

1874 41.4 

1875 27.0 

1876 26.7 

L'épuisement  du  sol  semble  évident;  malheureusement,  MM.  Lawes  et  Gil- 
bert n'ont  pas  fait  de  culture  d'avoine  à  l'aide  du  fumier  de  ferme  ;  de  telle 
sorte  que  la  démonstration  n'est  pas  aussi  complète  qu'on  pouvait  l'espérer. 

M.  Dehérain  demande  encore  à  présenter  à  la  section  les  résultats  obtenus 
dans  la  culture  du  maïs  fourrage,  bien  qu'il  n'ait  encore  que  deux  années 
d'expériences  : 

CULTURE  CONTINUE  DU  MAIS  FOURRAGE  SUR  LE  CHAMP  D'EXPÉRIENCES 

DE  GRIGNON. 

Sans  Fumier  Azotate  Sulfate 

engrais.  de  ferme.  de  soude,    d'ammoniaque. 

1876.    ......;..;.  59.500  72.150  57.160  55.220 

1877 54.000  100.900  74.500  62.700 

La  différence  en  faveur  de  fumier  de  ferme  est  considérable.  En  1876^ 
M.  Dehérain  avait  cru  pouvoir  l'attribuer  à  la  propriété  que  présentent  les 
matières  ulmiques  de  retenir  l'eau  pluviale,  et  ils  upposait  que  si  la  récolte 
avait  été  meilleure  sur  les  parcelles  fumées,  c'était  surtout  parce  que  la  plante 
avait  pu  mieux  résistera  la  sécheresse  qui  a  régné  pendant  tout  l'été  de  1876; 
mais  la  saison  1877  a  été,  au  contraire,  très-humide,  et  les  résultats  sont  en- 
core plus  marqués  ;  le  fumier  se  place  très-nettement  en  tête  avec  une  récolte 


944  AGRONOMIE 

supérieure  d'un  quart  à  celle  qu'on  a  obtenue  de  l'azotate  de  soude,  et  d'un 
tiers  à  celle  qu'a  fournie  le  sulfate  d'ammoniaque.  M.  Dehérain  ne  serait  donc 
pas  étonné  que  le  maïs  fourrage,  comme  l'avoine,  n'arrive  à  tout  son  dévelop- 
pement que  s'il  rencontre  dans  le  sol  des  matières  ulmiques. 

DISCUSSION. 

M.  Péligot  croit  qu'avant  d'admettre  les  conclusions  de  l'auteur,  il  serait 
utile  de  voir  si  le  fumier  n'agit  pas  surtout  en  donnant,  au  sol  une  certaine 
porosité  qui  favorise  l'arrivée  de  l'air  jusqu'aux  racines.  Il  serait  bon ,  pour 
voir  si  cette  hypothèse  a  quelque  fondement,  de  mélanger  de  la  paille,  non 
convertie  en  fumier,  au  sol  des  parcelles  qui  ont  reçu  les  engrais  chimiques; 
on  pourrait  de  cette  façon  reconnaître  si  les  produits  noirs  du  fumier  servent 
comme  aliment  ou  si,  au  contraire,  ils  n'ont  qu'une  action  secondaire. 


M.    H.   de  La  BLANCHÈEE 


LES  AQUARIUMS  EN  ANGLETERRE- 

(extrait). 


—  Séance  du  2 S  août  i #7 7.  — 

M.  de  La  Blancheke  entretient  la  section  de  l'intérêt  que  présente, au  point 
de  vue  delà  pisciculture,  l'étude  des  mœurs  des  poissons  dans  les  aquariums. 

11  cite  comme  exemple  la  découverte  due  aux  naturalistes  qui  dirigent 
l'aquarium  de  Brighton  d'un  fait  qui  a  déterminé  l'abrogation  d'une  loi  fort 
gênante  pour  la  pèche. 

En  1865,  une  commission  anglaise  parcourut  plusieurs  ports  et  acquit  la 
certitude  que  les  filets  traînants  des  pêcheurs  produisaient  le  plus  grand  tort 
en  bouleversant  le  fond  de  la  mer  là  où  les  œufs  de  poissons  étaient  déposés. 
On  pensait  tout  naturellement  que  la  morue  et  le  merlan,  deux  des  espèces 
les  plus  abondantes  des  eaux  anglaises,  déposaient,  comme  les  autres,  leurs 
œufs  au  fond  de  la  mer. 

Cependant,  un  naturaliste  danois  bien  connu,  le  professeur  Sars,  avait 
exprimé  l'opinion  que  les  œufs  de  ces  espèces  flottaient  à  la  surlace.  On  dis- 
cuta, on  nia;  mais  on  fut  pour  la  première  fois  convaincu  de  la  véracité  de 
cette  opinion  à  l'aquarium  de  Brighton,  où  l'on  acquit  la  certitude  que  non- 
seulement  les  œufs  de  ces  poissons,  mais  encore  ceux  du  maquereau,  flottaient 
à  la  surface  pendant  toute  la  période  de  leur  développement. 

Si  cette  découverte  n'avait  pas  été  faite,  il  est  plus  que  probable  que  le 
mode  de  pêche  n'aurait  jamais  été  modifié,  et  que   la  capture,  aussi  bien  que 


DE  LA  BL  AN  CHÈRE.  —  LES  AQUARIUMS  EN  ANGLETERRE       945 

le  commerce  de  ces  espèces  de  poissons  auraient  été  amoindris  par  une  loi  qui 
restreignait  les  opérations  de  capture  sur  les  fonds  à  morue  pendant  toute  la 
soi-disant  période  du  frai. 

C'est  à  Hambourg  qu'on  a  reconnu  que  les  phyllosomes,  que  l'on  regardait 
comme  des  crustacés  pour  lesquels  on  avait  créé  une  classe  spéciale,  n'étaient 
autres  que  des  larves  de  homards.  A  l'aquarium  de  Manchester,  on  a  reconnu 
également  que  le  fameux  whitebait,  ce  petit  poisson  délicat  qui  remonte  la 
Tamise  et  vient  se  faire  manger  à  Greenwich,  n'est  autre  "chose  que  du  frai 
de  hareng. 

M.  de  la  Blanchère  rapporte  encore  un  fait  très-curieux  observé  à  l'aquarium 
de  Brighton .  Un  soir,  on  entendit  tout  à  coup  dans  un  des  bassins  rempli- 
ilc  whitebait  un  bruit  inusité:  les  poissons  sautaient  hors  de  l'eau,  s'agitaient; 
on  y  court,  pensant  que  tout  ce  mouvement  était  dû  à  un  accident,  peut-être 
à  l'introduction  d'un  animal  dans  le  bassin;  on  s'éclaire,  on  regarde  :  rien 
d'extraordinaire,  le  calme  est  rétabli;  après  quelques  instants,  le  gardien  sort 
avec  sa  lanterne,  nouveau  bruit,  agitation  violente  :  il  y  retourne,  tout  rentre 
dans  l'ordre;  il  s'éloigne,  le  mouvement  recommence...  Tant  qu'il  est  là,  tout 
se  passe  tranquillement,  mais  aussitôt  qu'il  est  parti,  les  poissons  semblent 
inquiets  et  s'agitent...  11  cherche  à  comprendre.  Enfin  il  a  l'idée  que  peut-être 
l'obscurité  est  trop  complète;  il  allume  un  bec  de  gaz,  dont  peu  à  peu  il  dimi- 
nue l'intensité  jusqu'à  ne  plus  avoir  qu'une  lueur  crépusculaire;  cela  suffit, 
les  poissons  restent  en  repos,  mais  ils  ne  peuvent  supporter  une  obscurité 
absolue. 

M.  de  la  Blanchère  entretient  la  section  des  aquariums  d'eau  salée,  il  fait 
remarquer  que  la  dépense  qu'ils  occasionnent  est  beaucoup  moindre  que  l'on 
ne  serait  tenté  de  le  croire  au  premier  abord,  car  l'eau  de  mer  n'a  pas 
besoin  d'être  renouvelée,  elle  peut  servir  indéfiniment  à  la  condition  d'être 
aérée  convenablement. 

DISCUSSION. 

M.  Corénwinder  rapporte,  à  propos  de  l'eau  de  mer,  l'observation  suivante, 
qui  est  fort  intéressante.  Le  savant  agronome  de  Lille  avait  rapporté  de  Dun- 
kerque,  son  pays  natal,  une  petite  provision  d'eau  de  mer  pour  alimenter  un 
petit  aquarium  d'appartement  dans  lequel  il  se  plaisait  à  élever  des  zoophytes. 
Un  jour,  un  domestique  maladroit  renversa  l'aquarium,  l'eau  de  mer  fut  per- 
due ;  on  n'en  avait  pas  d'autre.  M.  Corénwinder  songea  alors  à  préparer  de 
l'eau  de  mer  artificielle  en  dissolvant  dans  l'eau  distillée  tous  les  sels  que 
l'analyse  a  décèles  dans  l'eau  de  mer;  il  remplaça  donc  l'eau  de  mer  natu- 
relle par  cette  dissolution  saline,  mais  cette  tentative  ne  réussit  pas  et  tous  les 
zoophytes  moururent. 

Ainsi  l'eau  de  mer  n'est  pas  encore  assez  bien  étudiée  pour  qu'on  puisse  la 
préparer  artificiellement. 


tt» 


946  AGRONOMIE 


M.    CORENWIOEK, 


RECHERCHES  CHIMIQUES  SUR  LES  PLANTES  ALIMENTAIRES  :  LE  PANAIS. 

(EXTRAIT.) 


—  Séance  du  êo  août   1877.  — 

M.  Corenwinder  communique  à  la  section  la  suite  de  ses  recherches  sur  les 
plantes  alimentaires.  Il  croit  qu'il  est  utile  de  connaître  la  composition  de 
tous  les  végétaux  qui  sont  employés  à  la  nourriture  de  l'homme  et  des  ani- 
maux, et  il  n'a  trouvé  nulle  part  l'analyse  du  panai*. 

Cette  racine  ne  renferme  guère  que  les  4/5  de  son  poids  d'eau,  elle  est  donc 
moins  aqueuse  que  la  plupart  des  autres  racines  alimentaires.  Elle  est  riche  en 
matières  azotées  (2.30  0/0).  Les  cendres  ont  été  analysées;  elles  ne  ren- 
ferment pas  de  soude  :  c'est  une  nouvelle  preuve  de  la  rareté  de  cette  base 
dans  les  végétaux  et  une  confirmation  de  la  belle  découverte  de  M.  Péligotsur 
la  non-équivalence  de  la  soude  et  de  la  potasse  dans  l'alimentation  des  végétaux. 

La  valeur  alimentaire  du  panais  apparaîtra  mieux,  au  reste,  en  mettant  en 
regard  de  sa    richesse   en  azote  celles  des   autres   racines  employées  pour  la 

nourriture  des  hommes  ou  des  animaux. 

Azote  0/0 
de  matière  normale 

Panais 0378 

Betterave  à  sucre 0.249  - 

Carotte  rouge 0.226 

Rutabaga  (navet  de  Suède) 0.225 

Navet    violet 0.2M 

Betterave  globe  jaune 0.174 

Betterave  rouge 0.167 

Navet  blanc 0.163 


M.  le  Dr  MOÏÏRGrïïES 

de  la  Salle  [Gard)* 


SUR  LE  ROLE  DE  LA  RÉVOLUTION  COSMIQUE  ET  DU  PARASITISME  DANS  LES  MALADIES 
ÉPIDÉMIQUES  DES  VÉGÉTAUX. 


—  Séance  du  27  août  1877.  — 


BAILLOU.    EXPÉRIENCES    SI  II    LES    VIGNES    PHYLLOXÉRÉES  91/ 


M.    BAILLOÏÏ 

taire   à    Vérac  (Gironde). 


EXPERIENCES  SUR  LES  VIGNES  PHYLLOXEREES- 

(EXTRAIT  DU  Pltor.F.S-VEIUiAL.) 


—  .Séance  du  27  août   1877.  — 

M.  Baillou  donne  le  résultat  des  expériences  qu'il  a  laites  cette  année  sur 
les  vignes  phylloxérées  dans  le  traitement  par  le  sulfure  de  carbone. 

Il  a  essayé  tout  d'abord  le  sulfo-carbonate  de  potassium,  qui  produit  d'ex- 
cellents effets,  mais  auquel  il  a  dû  renoncer  à  cause  du  prix  de  revient  élevé 
de  ce  produit. 

Ses  essais  ont  particulièrement  porté  sur  les  cubes  Rohart,  placés  dans  des 
terres  préalablement  fumées;  avec  un  ou  deux  cubes,  de  0sr  10  de  sulfure 
par  cube,  les  résultats  ont  été  nuls  ;  4  h  7  cubes  détruisent  le  phylloxéra,  8  à 
12  tuent  le  cep. 

D'autres  vignes  ont  été  traitées  par  le  sulfure  de  carbone  et  le  coaltar,  en 
hiver,  pour  éviter  l'évaporation  du  sulfure.  En  mai,  des  radicelles  émergeaient, 
indemnes  de  phylloxéra;  en  juillet,  on  voyait  quelques  insectes.  M.  Baillou 
pense  que  ceux-ci  provenaient  des  migrations  à  la  surface  du  sol,  parce  que 
le  sulfure  de  carbone  n'avait  pas  atteint  les  racines  qui  si;  trouvaient  en  dehors 
de  son  action .  Le  rayon  d'action  des  cubes  ne  dépasse  pas,  suivant  l'expéri- 
mentation, 0m,30. 

M.  Baillou  ajoute  que  le  traitement  par  le  sulfure  de  carbone  revient  aussi 
très-cher,  à  peu  près  10  centimes  par  cep;  il  fait  usage  des  gros  cubes,  les 
cubes  de  petite  dimension  ne  lui  ayant  pas  donné  de  résultat,  pour  arriver  à 
moins  de  frais  ;  on  s'en  tient  actuellement  d'une  manière  générale  au  coaltar 
pur  ou  au  savon  pur. 

DISCUSSION. 

M.  Péligot  fait  observer,  à  ce  sujet,  que  la  guérison  ne  parait  pas  pouvoir 
être  complète  et  demande  si  on  n'arriverait  pas  à  guérir  la  vigne  en  la  privant 
de  ses  radicelles,  la  brossant  soigneusement  et  la  replantant  dans  la  terre 
nettoyée  et  défoncée  avec  soin. 

M.  Baillou  pense  qu'on  ne  pourrait  pas  y  parvenir,  car  il  reste  toujours 
en  terre  des  radicelles  phylloxérées. 

M.  Xamreu,  membre  de  la  commission  départementale  de  la  Charente-Infé- 
rieure, demande  alors  à  M.  Baillou  quelques  explications  sur  l'œuf  d'hiver.  — 
La  théorie  et  les  expériences  de  MM.  Balbiani  et  Boiteau  ont  depuis  deux  ans 
attiré  l'attention  des  viticulteurs;  il  en  résulte  que,  par  la  décortication  et  un 
badigeonnage  bien  pratiqués,  la  vigne  est  défendue  contre  une  invasion  de 
l'insecte;  pour  les  ceps  déjà  attaqués,  il  faut  ajouter  l'opération  coûteuse  des 


1)48  AGRONOMIE 

injections  de  substances  insecticides  et  les  fortes  fumures.—  Les  œufs  d'hiver, 
ajoute  M.  Xanibeu,  devraient  être  nombreux  :  où  se  trouvent-ils?  Dans  le 
Libournais,  MM.  Boiteau  et  Baillou  les  découvrent  facilement,  mais  dans  le 
Gard,  dans  l'Hérault,  dans  les  Charenles,  les  observateurs  ont  été  jusqu'ici 
malheureux  ou  inhabiles.  —  M.  Xambeu  a  vu  les  œufs  envoyés  par  M.  Boi- 
teau; il  croit  que  dans  les  Charentes  le  lieu  de  dépôt  de  ces  œufs  n'est  pas  le 
même  que  celui  indiqué  dans  la  Gironde.  —  11  est  étonné,  d'un  autre  côté, 
que  la  commission  supérieure  n'ait  pas  encore  dans  ses  instructions  fait  men- 
tion des  travaux  de  M.  Boiteau  et  des  moyens  préventifs  que  ce  dernier  à 
conseillé  de  pratiquer. 

M.  Baillou  veut  donner  immédiatement  à  M.  Xambeu  quelques  explica- 
calions  sur  la  manière  dont  on  peut  voir  l'œuf  d'hiver  dont  il  parle.  —  Il 
faut  s'assurer  fin  juillet  des  endroits  où  rémission  des  phylloxéras  ailés  est  le 
plus  considérable  et  avoir  affaire  à  des  vignes  vigoureuses.  Pour  opérer  avec 
plus  de  facilité,  il  faudrait  charger  sept  ou  huit  pieds  de  vigne  d'une  quan- 
tité de  feuilles  ayant  des  phylloxéras  ailés  qui  déposent  leurs  œufs  dans  l'angle 
aigu  des  nervures  des  feuilles. 

M.  Dehérain  voudrait  savoir  si,  même  avec  les  procédés  les    plus  coûteux, 
les  frais  de  traitement  sont  toujours  inférieurs  au  produit  de  la  récolte. 
M.  Baillou  répond  affirmativement. 


MM.    P.-P.    DEÏÏÉEAIN   et    MAQÏÏEIOE 


RECHERCHES  SUR  LA  GERMINATION- 

[EXTRAIT.] 


—   Séance  du   27  août    1877.    — 

M.  Dehérain  communique  en  son  nom  et  en  celui  de  M.  Maquenne,  répé- 
titeur à  Grignon,  son  collaborateur,  les  résultats  de  ses  recherches  sur  la  ger- 
mination. 

Ces  recherches  portent  sur  deux  sujets  différents  :  I"  comment  les  gaz  pénè- 
trent-ils dans  les  graines  pour  y  déterminer  la  germination  ;  2°  quelles  sont 
les  conditions  nécessaires  pour  que  les  principes  immédiats  contenus  dans  les 
cotylédons  puissent  servir  au  développement  de  la  jeune  plante? 

MM.  Dehérain  et  Maquenne  ont  essayé  de  faire  passer  des  gaz  par  endos- 
mose au  travers  d'un  testa  de  graine  ;  pour  y  réussir,  ils  ont  fait  construire 
un  petit  appareil  dans  lequel  un  testa  de  fèves  ■x'vn'  entre  deux  plaques  de 
caoutchouc,  était  baigné  à  sa  face  intérieure  par  un  liquide,  tandis  que  de 
l'autre  il  supportait  le  contact  de  l'air  atmosphérique;  dans  ces  conditions,  il 
ne  semble  pas  que  l'air  passe  au  travers  du  testa;  au  moins  en  opérant  ainsi 
et  en  plaçant  au-dessous  du   testa  de   l'indigo    blanc,  les  auteurs  n'ont  pu  le 


DEHÉRAIN  ET  MAQUENNE.  —  RECHERCHES  SUR  LA  GERMINATION    049 

voir  bleuir;  en  exerçant  une  certaine  pression  sur  le  gaz  en  contact  avec  la 
face  supérieure  du  testa,  ils  n'ont  pas  été  plus  heureux  ;  si  de  nouvelles 
expériences  confirment  ces  premiers  résultats,  il  faudrait  en  conclure  que 
les  gaz  pénètrent  dans  la  graine,  non  pas  en  traversant  le  testa,  mais  par  le 
micropylle. 

Les  auteurs  ont  voulu  savoir  en  outre  si  les  gaz  en  dissolution  dans  l'eau 
étaient  capablesde  déterminer  la  germination  :  on  a  fait  trois  séries  d'expériences; 
dans  la  première,  les  graines  étaient  placées  dans  une  quantité  déterminée 
d'eau  aérée;  dans  la  seconde,  les  graines  étaient  au  contact  d'eau  aérée  cons- 
tamment renouvelée;  dans  la  troisième,  l'eau  restant  la  même  était  parcourue 
par  un  courant  d'air. 

Des  petites  graines,  comme  le  colza,  le  cresson,  l'orge,  germent  très-bien 
dans  une  quantité  d'eau  limitée,  renfermant  de  l'oxygène  dissous;  en  augmen- 
tant le  nombre  des  graines  placées  dans  un  volume  d'eau  connu,  renfermant 
une  quantité  d'oxygène  déterminée  par  l'expérience,  on  a  pu  trouver  la  quan- 
tité minima  d'oxygène  nécessaire  pour  la  germination  ;  ils  ont  reconnu  que 
0r,,,07  d'oxygène  suffisent  pour  déterminer  la  germination  d'un  grain  de 
colza. 

En  plaçant  des  pois  ou  des  haricots  dans  un  grand  volume  d'eau,  on  n'a 
pas  réussi  à  obtenir  la  germination;  les  graines  ont  pourri  constamment. 

Quand  des  graines  sont  placées  dans  un  tube  que  l'on  fait  traverser  par  un 
courant  d'air  constamment  renouvelé,  on  reconnaît  que  l'oxygène  dissous  dans 
l'eau  est  suffisant  pour  déterminer  la  germination.  Pour  un  cours,  l'expé- 
rience peut  être  disposée  comme  suit  :  de  l'eau  distillée  tombe  en  pluie  au 
travers  d'un  grand  tube  pour  être  bien  aérée,  puis  pénètre  par  un  tube  recourbé 
dans  un  entonnoir  qui  s'engage  dans  un  petit  flacon  muni  d'un  bouchon  d'où 
s'échappent  six  tubes  à  gaz  reliés  eux-mêmes  avec  des  tubes  à  analyse  qui 
renferment  les  graines. 

Les  tubes  à  graines  sont  fermés  par  un  bouchon  d'où  part  un  tube  à  gaz, 
courbé  en  col  de  cygne,  par  lequel  l'eau  s'échappe  constamment  ;  après  quel- 
ques jours,  on  voit  les  graines  ainsi  soumises  à  l'action  de  l'eau  aérée  germer 
parfaitement  ;  on  ne  rencontre  de  difficultés  que  pour  le  cresson,  dont  le  muci- 
lage bouche  les  tubes. 

L'expérience  peut  encore  être  disposée  autrement  pour  faire  voir  que  l'eau 
aérée  seule  est  capable  de  déterminer  la  germination  ;  on  place  des  graines 
dans  cinq  ou  six  tubes  à  analyse  de  un  décimètre  de  long  environ,  on  relie 
tous  ces  tubes  les  uns  aux  autres  par  des  tubes  à  gaz  convenablement  cour- 
bés, et  l'on  fait  pénétrer  de  l'eau  aérée  par  une  extrémité  du  système  ;  elle 
s'écoule  lentement  par  le  dernier  tube  après  avoir  passé  successivement  sur  les 
graines  contenues  dans  les  six  tubes  placés  à  la  suite  les  uns  des  autres.  On 
conçoit  facilement  que  les  graines  du  premier  tube  sont  au  contact  d'eau  aérée, 
tandis  que  les  graines  des  autres  tubes  n'ont  plus  que  de  l'eau  chargée  d'acide 
carbonique,  tout  l'oxygène  ayant  été  consommé  par  les  premières  graines. 
L'expérience  réussit  très-bien  avec  l'orge  Chevallier  et  un  courant  d'eau  qui 
ne  dépasse  pas  un  litre  en  vingt-quatre  heures  :  les  graines  du  premier  tube 
fermentent,   les   autres    pourrissent.   Quand    le    courant  est  trop    rapide,  les 


9o0  AGRONOMIE 

premières  graines  n'enlèvent  pas  tout  l'oxygène  dissous  et  les  graines  du  der- 
nier tube  germent  comme  celles  du  premier. 

En  plaçant  des  graines  dans  l'eau,  qu'on  l'ail  parcourir  par  un  courant  d'air 
continu,  on  réussit  très-bien  à  les  faire  germer  ;  la  germination  est  souvent 
plus  régulière  que  dans  l'air,  c'est  Le  cas,  notamment  pour  le  maïs,  qui  est  si 
difficile  à  faire  germer  dans  l'air. 

Ce  sujet  a  déjà  été,  du  reste,  étudié  par  un  naturaliste  distingué,  M.  Emery, 
et  quelques-unes  des  expériences  précédentes  ne  font  que  confirmer  ses 
résultats. 

Une  graine  germe,  les  principes  immédiats,  insolubles  qu'elle  renferme,  se 
fluidifient  et  s'acheminent  vers  les  points  où  apparaissent  les  nouveaux  organes. 
Quand  la  germination  a  lieu  dans  de  bonnes  conditions,  une  graine,  volumi- 
neuse comme  un  baricot,  peut  donner  une  plante  d'une  assez  grande 
dimension. 

Un  pbysiologiste  autrichien  distingué,  M.  Bœhm,  a  annoncé,  il  y  a  quelques 
années,  que  si  les  baricots  d'Espagne  germaient  parfaitement  dans  l'eau  dis- 
tillée, ils  étaient  incapables  d'y  vider  leurs  cotylédons,  en  d'autres  termes, 
d'employer  la  réserve  que  la  graine  renferme  à  l'élaboration  des  nouveaux 
principes  immédiats  nécessaires  à  la  formation  des  tissus.  MM.  Debérain  et 
Maquenne  ont  répété  ces  expériences,  et  ils  ont  trouvé,  comme  M.  Bœhm,  que 
les  haricots  vivaient,  mais  restaient  chétifs,  petits  dans  l'eau  distillée  ;  l'axe 
hypocotylé  meurt  rapidement,  puis  est  remplacé  par  des  rameaux  qui  naissent 
à  l'aisselle  de  l'axe,  qui  ne  tardent  pas  à  mourir  comme  lui;  les  cotylédons 
restent  verts,  gonflés,  turgescents,  ils  ne  se  vident  pas. 

M.  Bœhm  avait  annoncé  que  la  plante  vit  d'une  façon  normale  quand  on  lui 
donne  une  dissolution  renfermant  de  la  chaux;  ainsi,  quand  les  racines  du 
haricot  plongent  dans  l'eau  ordinaire  de  fontaine,  les  cotylédons  se  vident  par- 
faitement. M.  Bœhm  en  avait  conclu  que  la  chaux  est  nécessaire  à  la  migra- 
tion des  principes  immédiats  contenus  dans  la  graine.  MM.  Dehérain  et  Maquenne 
ne  sont  plus  d'accord  sur  ce  point  avec  le  savant  physiologiste  de  Vienne;  ils 
ont  reconnu,  en  effet,  que  les  cotylédons  se  vidaient  quand  les  racines  plon- 
geaient dans  des  dissolutions  variées  ne  renfermant  pas  de  chaux,  aussi  bien 
que  lorsqu'on  donnait  à  la  plante  de  l'eau  ordinaire.  Ainsi  les  cotylédons  ont 
pu  se  vider  quand  les  racines  ont  vécu  dans  des  dissolutions  de  sels  de  potasse 
et  même  de  soude,  aussi  bien  que  dans  de  l'eau  chargée  de  chaux.  Les  hari- 
cots semblent  pouvoir  se  charger  dans  ces  conditions  spéciales  d'une  petite 
quantité  de  soude,  ce  qui  n'a  pas  lieu,  lorsqu'ils  vivent  dans  un  sol  normal, 
le  haricot  étant  une  des  nombreuses  plantes  qui,  d'après  les  observations  de 
M.  Péligot,  ne  renferme  pas  de  soude  dans  ses  cendres.  11  a  même  été  possible 
de  faire  pénétrer  dans  cette  plante  une  petite  quantité  de  strontiane;  mais 
tandis  que  le  haricot  vivait  dans  une  dissolution  très-étendue  d'azotate  de 
strontiane,  et  qu'à  l'aide  de  l'analyse  spectrale  on  a  trouvé  la  strontiane  dans 
ses  tissus,  il  a  été  impossible  île  le  faire  vivre  dans  une  dissolution  de  baryte. 


A.  LADUREAU.  ÉTUDES  SUR  LES  MALADIES  DU  LIN        954 


M.    Alfred    RENOUAO 

Ingénieur  civil, 
Filateur  ut  fabricant  il'-  H>sus  à  Lille. 


ANALYSE  CHIMIQUE  DU  COCON  ET  DE  SES  DERIVES. 
(extrait.) 


—  Séance  du  27  août   IS77.  — 

M.  Renouant)  indique  un  nouveau  procédé  d'analyse  des  soies  dû  à  M.  Paul 
Francezon,  filateur  à  Alais.  Dans  une  brochure  qu'il  a  publiée  (1),  M.  Francezon 
accuse  les  analyses  de  M ulder  d'être  complètement  lausses. 

A  cause  de  l'autorité  qui  s'attache  au  nom  de  Mulder,  M.  Renouard  dit  qu'il 
a  cru  utile  de  contrôler  les  nouveaux  résultats.  A  peu  de  chose  près,  ceux-ci 
sont  justes.  La  soie  ne  contient  ni  gélatine,  ni  albumine,  la  première  ayant 
dû  se  dissoudre  dans  la  bassine  du  dévideur,  la  seconde  ayant  dû  se  coaguler 
et  dans  tous  les  cas  n'étant  pas  accusée  par  un  précipité  dans  le  traitement  au 
ferrocyanure  de  potassium.  Les  proportions  indiquées  ponr  la  gomme  et  la 
libroïne  dans  la  biaise  et  la  coque  ont  été  trouvées  exactes  ;  seule  la  proportion 
pour  les  couches  intérieures  n'est  pas  aussi  tranchée,  M.  Renouard  indiquant 
28.70  de  gomme  et  71.3  de  fibroïne,  au  lieu  de  20.72  et  73.28  :  dans  tous  'es 
cas,  les  principes  indiqués   ne  sont  pas  modifiés. 


M.  A.  LADÏÏREAÏÏ 

Directeur  du  Laboratoire  de  l'État  et  de  la  Station  agronomique  du  Nord. 


ETUDES  SUR  LES  MALADIES  DU  LIN. 
LE  THRIPS  LINI 


—  Séance  du  29  août  1877.  — 

Dans  les  recherches  que  nous  avons  entreprises,  l'année  dernière,  pour 
déterminer  la  cause  d'une  maladie  singulière  du  lin  que  l'on  nomme 
brûlure,  nous  nous  sommes  surtout  attaché  à  l'étude  des  causes  physi- 
ques et  chimiques.  Nous  avons  eu  l'honneur  d'exposer  devant  vous, 
l'année  dernière,  les  résultats  de  ces  recherches  ainsi  qu'un  certain  nom- 
bre d'analyses  de  sols  et  de  végétaux  qui  paraissaient  montrer  que  la 
brûlure  du  lin  se  produit  principalement  dans  les  terres  où  la  proportion 

(1  )  Etude  chimique  du  cocon  et  des  produits  qui  en  dérivent  en  filature.  —  Lyon,  imp.  Bourgeon,  1875. 


9o2  AGRONOMIE 

de  potasse  assimilable  n'est  pas  assez  considérable  pour  suffire  aux  be- 
soins de  cette  plante,  qui  en  absorbe  une  quantité  assez  élevée. 

Nous  venons  vous  entretenir  aujourd'hui  de  la  suite  de  nos  études  sur 
cette  question  si  éminemment  intéressante,  et  vous  donner  l'explication 
d'une  cause  très-fréquente  de  brûlure  que  nous  avions  signalée  l'an 
dernier,  sans  pouvoir  l'expliquer.  Nous  avons  été  d'autant  plus  favorisé 
pour  l'étude  de  ce  phénomène  que,  par  suite  de  l'absence  complète  de 
froids  durant  l'hiver  de  1876-1877,  il  s'est  présenté  très-communément 
cette  année,  et  qu'on  a  pu  l'observer  à  chaque  pas  dans  les  pays  où  l'on 
cultive  le  lin,  et  en  particulier  sur  les  bords  de  la  Deùle  et  de  la  Lys, 
où  ce  fléau  a  sévi  avec  une  intensité  heureusement  peu  fréquente.  Aux 
portes  mômes  de  notre  ville,  se  trouvaient  plusieurs  champs  maltraités, 
sur  lesquels  nous  avons  pu  suivre  facilement  les  progrès  de  cette 
maladie. 

Dans  nos  études  précédentes,  nous  avions  remarqué  la  présence  sur 
les  lins  brûlés  d'un  petit  insecte  noir,  auquel  nous  n'avions  pas  attaché 
grande  importance,  préoccupé  avant  tout  du  côté  chimique  et  physique 
de  la  question.  Néanmoins,  frappé  de  le  rencontrer  en  grand  nombre 
sur  tous  les  champs  brûlés  que  nous  avons  visités,  tandis  que  nous  ne 
le  voyions  qu'en  très-petite  quantité  ou  môme  pas  du  tout,  sur  leschamps 
bien  portants,  nous  nous  sommes  attaché  plus  spécialement  cette  année 
à  l'étude  de  cet  insecte  et  nous  avons  reconnu  que  ce  petit  parasite, 
cette  espèce  de  phylloxéra  du  lin,  était  bien  la  cause  la  plus  fréquente 
et  la  plus  certaine  de  la  brûlure.  Avant  de  montrer  quels  sont  les  faits 
sur  lesquels  nous  basons  cette  affirmation,  nous  croyons  indispensable  de 
faire  connaître  l'insecte  en  question,  ses  mœurs,  son  mode  d'action  sur 
les  plantes,  la  manière  dont  il  se  reproduit,  enfin  les  différents  points 
qui  peuvent  éclairer  la  question  qui  nous  occupe. 

Voici  donc  sa  description  : 

Description  de  l'insecte.  —  Fig.  99.  L'animal  presque  microscopique  que 
nous  avons  rencontré  sur  tous  les  champs  de  lin  brûlés  que  nous  avons 
vus,  est  une  sorte  de  petit  puceron  noir,  possédant  4  ailes  membraneuses  de 
de  la  longueur  du  corps,  qui  est  long  et  aplati.  Il  marche  assez  rapide- 
ment et  relève  très-souvent  l'abdomen  en  l'air  durant  sa  marche,  de 
manière  à  le  mettre  presque  perpendiculaire  au  reste  du  corps.  Il  ne  peut 
guère  voler,  malgré  ses  4  ailes,  et  préfère  toujours  la  marche  au  vol  ; 
il  n'a  recours  à  ce  dernier  mode  de  locomotion  que  quand  il  s'y  voit 
tout  à  fait  forcé,  et  alors,  son  vol  n'excède  guère  2  à  3  centimètres,  et 
peut  être  comparé  plutôt  au  saut  d'une  puce  qu'au  vol  .d'un  insecte  ailé. 
Il  appartient  à  un  ordre  spécial  d'insectes  que  Linné  a  nommé:  Thrips, 
d'un  mot  grec  qui  veut  dire  vermisseau,  petit  insecte. 


A.  LADUREAU.  —  ÉTUDES  SUR  LES  MALADIES  DU  LIN 


953 


f  X 


^X^JA 


r  i_.    99 


—  \.  Larve  vue  de  dos;  2-  Larve  vue  de  profil;  3.  insecte  parfait  vu  sur  le  dos; 

4.  insecte  parlait  vu  de  profil  ; 
5.  Sommet  rie  la  tète  (vertex);  6.  Tarière  de  la  femelle;  7.  Organe  mâle. 


Un  entomologiste  allemand,  M.  Bûrmeister,  les  a  appelés  Physopodes, 
des  mots  grecs  (1)  physao,  gonfler  en  soufflant,  etpous,  podos,  pied,  à 
cause  de  leurs  pieds,  qui,  au  lieu  d'être  armés  decrochets, comme  ceux  de 
presque  tous  les  insectes,  sont  formés  par  de  petites  vessies,  remplies 
d'un  liquide  clair,  au  moyen  desquelles  ils  se  fixent  sur  les  feuilles  et 
y  courent  avec  une  assez  grande  rapidité.  Un  savant  français,  M.  Du- 
méril,  a  changé  ce  nom  en  celui  de  Physapodes,  qui  ne  diffère  du  pré- 
cèdent que  par  la  substitution  d'un  a    à  Yo  du  milieu. 

Enfin  un  Anglais  qui  a  fait  une  étude  spéciale  de  cette  catégorie  d'in- 
sectes, M.  Haliday,  les  a  classés  en  1838  dans  un  ordre  à  part,  celui 
des  Thysanoptères  (des  mots  grecs  thysanos,  frange,  et  pteron,  aile)  (2). 
Cette  classification  ayant  été  adoptée  depuis  par  la  plupart  des  entomolo- 
gistes, nous  la  conserverons,  et  rangerons  par  conséquent  l'insecte  qui 
nous  occupe  dans  cet  ordre  des  Thysanoptères. 

Les  Thysanoptères  diffèrent  des  Hémiptères  parce  qu'ils  ont  des  palpes 
distincts  et  par  leurs  larges  mâchoires  extérieures,  et  des  Orthoptères 
par  leurs  mandibules  internes  capillaires,  et  par  leurs  mâchoires  qui 
sont  presque  fixes  et  n'ont  point  de  galettes.  C'est  du  moins  ainsi  que 
M.  Haliday  les  différencie,  dans  son  remarquable  ouvrage  :  the  Entomolo- 
gicaî  Magazine  (tome"  III).  Ces  insectes,  lorsqu'ils  sont  à  l'état  parfait,  portent 
à  la  partie  supérieure  du  métathorax  deux  paires  d'ailes  longues,  très- 
étroites,  rudimentaires,  presque  dépourvues  de  nervures,  et  garnies  sur 
leurs  bords  d'une  grande  quantité  de   poils    en   forme  de  franges,   d'où 


(1)  «tùijaw  et  ITouç,  tôSoç. 

(2)  ôùaavoç  et  ircépov. 


954  AGRONOMIE 

leur  nom  do  Thysanoptères  (ailes  frangées)  ;  les  cils  ou  poils  qui  bordent 
les  ailes  s'étalent  pendant  leur  vol  et  suppléent  ainsi  à  l'étroitesse  de 
la  membrane  principale.  Les  deux  paires  d'ailes  se  mouvant  ensemble 
et  de  la  même  manière  absolument,  il  paraît  certain  qu'elles  sont  mues 
par  le  même  système  de  muscles.  A  l'état  de  repos,  elles  sont  étendues 
horizontalement  sur  leur  dos  et  ne  dépassent  jamais  l'extrémité  de  l'ab- 
domen. 

Leur  corps  est  composé  de  trois  parties  distinctes  :  1°  la  tête  ren- 
fermant les  antennes,  les  yeux  et  les  ocelles,  au  nombre  de  trois,  et  la 
bouche,  organe  de  succion  et  de  mastication  ;  2°  le  thorax,  composé 
d'un  protothorax  rétréci  antérieurement,  d'un  méso  et  d'un  métathorax 
intimement  unis,  et  sur  lesquels  sont  fixés  d'une  part,  à  la  partie  infé- 
rieure, les  six  pattes  et,  d'autre  part,  sur  le  mésothorax,  les  quatre  ailes 
dont  nous  avons  parlé;  et  enfin  3°  l'abdomen  formé  par  la  réunion  de 
neuf  segments  annulaires  emboîtés  les  uns  dans  les  autres  et  réunis  par 
des  membranes  blanch  âtres.  La  peau  de  ces  neuf  segments  paraît  être 
assez  dure  ;  l'abdomen  est  susceptible  d'un  mouvement  propre  très- 
remarquable,  de  bas  en  haut. 

A  la  partie  antérieure  de  la  tête  se  trouvent  deux  antennes  composées 
de  cinq  articles,  fili formes,  soudés  les  uns  aux  autres,  le  dernier  pointu  ; 
elles  sont  garnies  de  poils,  surtout  aux  jointures  et  extrêmement  flexibles 
et  mobiles.  Ce  sont,  avec  les  palpes,  que  nous  trouvons  au  nombre  de 
quatre,  autour  des  mâchoires,  les  organes  de  tact  et  d'olfaction  de  l'insecte, 
ceux  au  moyen  desquels   il  reconnaît  si  tel  ou   tel  végétal  lui  convient. 

Derrière  les  antennes  on  remarque  trois  ocelles,  disposées  en  forme  de 
triangle  sur  le  sommet  de  la  tête,  sur  le  vertex,  la  pointe  en  avant,  du 
côté  des  antennes. 

En  dessous,  latéralement,  à  droite  et  à  gauche  de  la  tête,  se  trouvent 
les  deux  yeux  proprement  dits,  yeux  multiréticulés,  c'est-à-dire  com- 
posés d'un  grand  nombre  de  facettes  (nous  en  avons  compté  36;  il  y  en 
a  peut-être  même  davantage)  qui  permettent  à  l'insecte  de  voir  de  tous 
cotés;  ces  yeux  sont  très-grands.  La  bouche  se  trouve  à  la  partie  anté- 
rieure de  la  tête,  elle  est  retirée  en  arrière,  dans  un  pli  ou  renfonce- 
ment, du  présternum,  et  placée  entre  les  deux  premières  cuisses.  Les 
mandibules  sont  longues,  sétiformes,  un  peu  renflées  à  leur  base.  Leurs 
mâchoires  sont  larges,  aplaties  et  munies  de  deux  palpes  articulées  ei 
possédant  un  mouvement  propre.  Le  labre  est  grand,  allongé,  triangu- 
laire; il  cache  les  mandibules  sous  son  prolongement.  Leur  lèvre  infé- 
rieure est  large,  propre  à  recevoir  les  autres  parties  de  la  bouche,  et 
munie  de  deux  palpes  réunies  par  une  membrane.  Les  deux  parties  de 
la  bouche  sont  unies  en  forme  de  suçoir  conique  assez  court,  plutôt 
charnu  que  corné,  et  non  rétractile. 


A.    LADUREAU.   —   ÉTUDES    SUR   LES   MALADIES   DU    LIN  955 

L'abdomen  se  termine  en  pointe;  celui  des  femelles  est  muni  d'une 
tarière  ayanl  assez  l'apparence  de  deux  sabres  dont  les  pointes  seraient 
dirigées  vers  l'orifice  anal;  ces  lames  sont  dentées  à  leurs  côtes  supé- 
rieur et  inférieur,  et  fixées  en  dessous  du  dernier  segment  abdominal. 
Les  maies  ont  une  couleur  plus  foncée  (pie  les  femelles  et  portent  à 
l'extrémité  de  leur  abdomen  un  prolongement  terminal  tubulaire  qui, 
pénétrant  dans  la  tarière  de  la  femelle,  sert  à  sa  fécondation.  Les  fe- 
melles sont,  ovipares  ;  leurs  œufs,  que  l'on  voit  souvent  dans  le  corps, 
au  nombre  de  deux  à  la  fois,  paraissent  avoir  environ  l/20u  de  milli- 
mètre. 

Les  pattes  sont  assez  courtes  ;  elles  sont  composées  chez  les  larves  et 
les  nymphes  de  deux  articulations,  mais  les  insectes  complets  ont  trois 
articulations  distinctes.  Elles  sont  assez  fortes,  presque  également  dis- 
tantes l'une  de  l'autre,  fixées  sur  le  proto,  le  méso  et  le  métathorax, 
les  4  postérieures  un  peu  plus  rapprochées  entre  elles.  Les  hanches  sont 
triangulaires,  les  cuisses  fusiformes,  ainsi  que  les  jambes.  Le  1er  article 
des  tarses  est  très-court,  le  2e  plus  long,  le  3e  est,  comme  nous  l'avons 
dit,  une  vésicule  membraneuse,  remplie  d'un  liquide  clair,  qui  se  lixe 
dans  les  moindres  anfractuosités  des  corps  et  y  adhère.  On  voit  cette 
vésicule  se  gonfler  et  se  remplir  de  liquide  sous  l'influence  de  la  marche, 
lorsque  le  tarse  est  posé  sur  un  corps,  puis  se  dégonfler  immédiatement, 
lorsque  l'insecte  lève  la  patte.  J'ai  remarqué  que,  seuls,  les  nymphes  et 
les  insectes  parfaits  avaient  les  tarses  ainsi  formés.  Chez  les  larves,  qui 
sont  le  premier  état  de  l'insecte  au  sortir  de  l'œuf,  l'extrémité  du  tarse 
est  pointue,  et  l'on  n'aperçoit  pas  encore  la  vessie,  qui  se  forme,  lors- 
qu'elles passent  au  deuxième  état,  celui  de  nymphe. 

Le  Thrips  est  un  insecte  à  transformations  incomplètes  ;  c'est  par  une 
série  de  mues  successives,  ou  de  changements  de  peau,  qu'il  arrive  à  son 
état  parfait. 

Lorsqu'il  sort  de  l'œuf,  il  se  présente  sous  forme  d'un  petit  insecte 
assez  semblable  au  phylloxéra  de  la  vigne,  comme  lui  jaune  citrin,  assez 
paresseux,  se  mouvant  difficilement,  et  ayant  environ  1  à  2  dixièmes 
de  millimètre.  Il  augmente  rapidement  de  volume,  et  l'on  peut  bientôt 
le  voir  facilement  à  l'œil  nu  et  reconnaître  qu'il  possède  à  peu  près  la 
même  forme  que  l'insecte  parfait,  à  cela  près  qu'il  n'a  point  d'ailes,  qu'il 
n'a  que  deux  articulations  aux  pattes  et  deux  ou  trois  articles  aux 
antennes.  Dans  cet  état,  il  se  sert  non-seulement  de  ses  pattes,  mais 
de  son  abdomen  extrêmement  mou  et  flexible,  pour  marcher  d'un  point 
à  un  autre.  Sa  démarche  ressemble  assez  alors  à  celle  des  chenilles.  Ce 
n'est  que  peu  à  peu  que  ses  pattes  deviennent  vésiculeuses  à  l'extrémité, 
qu'il  perd  sa  couleur  jaune  citrin,  que  des  rudiments  d'ailes  apparaissent 
et  que  ses  antennes  s'allongent  de  un  et  deux  articles.  Il  devient  alors 


956  AGRONOMIE 

nymphe,  possède  deux  ailes,  trois  oeelles,  et  des  yeux  multiréticulés,  au 
lieu  de  deux  yeux  lisses,  transparents,  d'un  rouge  grenat  magnifique,  qu'il 
possédait  à.  l'état  de  larve. 

Il  a  alors  un  millimètre  de  longueur  environ  ;  bientôt  deux  nouvelles 
ailes  se  forment,  ce  sont  les  ailes  supérieures,  d'une  nature  plus  dure, 
plus  résistante  que  les  deux  autres  et  qui  sont  presque  de  véritables 
élytres.  Les  antennes  ont  acquis  leurs  cinq  articles.  Les  pattes  possèdent 
leurs  trois  articulations,  les  organes  sexuels  sont  formés.  11  est  long  de 
0m,002  au  maximum,  à  cet  état.  L'insecte  s'accouple  alors,  il  pond 
et  meurt  bientôt,  après  avoir  déposé  ses  œufs  sur  la  plante  sur  laquelle 
il  se  trouve  à  ce  moment,  qui  le  plus  souvent  est  :  ou  de  l'avoine,  ou 
du  seigle,  ou  du  blé.  Les  œufs  sont  entourés  par  une  membrane  élastique 
assez  résistante,  qui  leur  permet  de  séjourner  en  terre  durant  quelques 
mois,  de  subir  parfois  môme  les  froids  de  l'hiver,  quand  ils  ne  sont  pas 
trop  intenses,  d'être  remués,  froissés,  etc.,  sans  trop  en  souffrir  et  sans 
perdre  leur  faculté  d'éclosion,  tant  la  nature  a  soin  de  ses  enfants  même 
les  plus  infîniments  petits! 

Un  auteur  italien,  Passerini.  affirme  que  plusieurs  espèces  de  Thrips 
se  reproduisent  un  certain  nombre  de  fois  par  an.  Bien  que  nous  n'en 
ayons  pas  acquis  la  preuve,  pour  celui  qui  nous  occupe,  nous  croyons 
la  chose  très-possible,  ayant  remarqué  une  grande  quantité  de  larves 
toutes  jeunes  au  milieu  d'insectes  parfaits  sur  le  point  de  périr,  vers  la 
fin  de  juin  ou  le  commencement  de  juillet.  L'insecte  aurait  alors,  comme 
le  phylloxéra  de  la  vigne,  des  œufs  d'été  à  éclosion  rapide,  et  des  œufs 
d'hiver  à  éclosion  lente,  destinés  à  assurer  la  perpétuité  de  l'espèce  et 
munis  d'une  résistance  suffisante  pour  supporter  la  gelée  et  les  influences 
atmosphériques  diverses.  Il  est  très-intéressant  de  noter  que  ce  n'est  que 
vers  le  45  mai,  à  l'époque  où  les  lins  sont  encore  très-jeunes  et  tendres, 
que  les  œufs  éclosent,  par  suite  de  la  chaleur  de  la  température  prin- 
tanière,  et  qu'aussitôt  leur  naissance,  les  petites  larves  montent  à  la 
partie  supérieure  des  jeunes  plantes,  où  on  les  trouve  toujours,  pour  y 
sucer  les  sucs  délicats  nécessaires  à  leur  première  alimentation. 

Les  entomologistes  qui  ont  étudié  les  Thrips,  MM.  ^Vstwood,  Haliday, 
Bùrmeister,  Passerini,  etc.,  en  ont  reconnu  un  assez  grand  nombre 
d'espèces  particulières,  habitant  chacune  telle  plante  ou  telle  Heur,  et  ne 
se  trouvant  même  à  leur  état  parfait  que  pendant  la  durée  de  la  plante 
qu'ils  affectionnent  de  préférence.  Ils  ont  reconnu  entre  autres  sur  les 
céréales  une  famille  spéciale,  à  laquelle  Haliday  a  donné  le  nom  de 
Thrips  céréalium,  et  qui  a  produit  en  Italie  et  en  Angleterre,  dans  l'an- 
née 180o  principalement,  des  dégâts  considérables  dans  les  céréales  de 
toute  nature.  Il  paraîtrait  même,  d'après  les  journaux  scientifiques  de 
l'époque,   que   les  récoltes  ont  été  à  peu  près  détruites  par  cet  insecte 


A.    LADDREAU.   —   ÉTUDES    SUR   LES   MALADIES    DU   LIN  957 

infime  en  Piémont  et  en  Angleterre.  Mais  aucun  des  savants  qui  ont 
étudié  les  Thrips  ne  L'avaient  signalé  jusqu'ici  sur  le  lin;  celui  que  nous 
avons  reconnu  sur  ce  végétal  se  distingue  du  Thrips  cerealium  de  Ilali- 
day  en  ce  que  ses  antennes  sont  composées  de  cinq  articles,  au  lieu  de 
trois,  que  possède  celui-ci.  Sa  description  ne  permettant  pas  de  le  ran- 
ger dans  aucune  des  subdivisions  adoptées  par  Haliday,  nous  avons  été 
obligé  d'en  l'aire  une  espèce  à  part  sous  le  nom  de  Thrips  Uni  (Thrips 
du  lin). 

Action  du  thrips  sur  le  lin. —  Les  Thysanoptères  s'attaquent  les  uns 
aux  fleurs,  les  autres  aux  feuilles;  ils  les  rongent  dans  toute  leur  éten- 
due, sans   jamais  entamer   leurs  bords;  on  voit  alors  à  la  surface  des 
Heurs  ou  des  feuilles  des  taches  qui  ne  sont  que  les  parties  rongées.  Ce 
n'est  pas  par  la  petite  quantité  de  substance  que   chacune  d'eux  enlève 
à  la  plante  sur  laquelle  il  se  fixe,  qu'ils  provoquent   son    éliolement  ou 
la  font  avorter,  ainsi  que  cela  a  été  observé  souvent  pour  le  blé    et  que 
je  l'ai  reconnu  moi-même  pour  le  lin,  c'est  par  leur  grand  nombre  qu'ils 
agissent,  et  c'est  là  surtout  ce  qui  rend  leurs  attaques  mortelles.  De  même 
qu'un  phylloxéra  sur  une  racine    de  vigne    n'exercerait  sur   la  plante 
aucune   espèce  d'action  appréciable,  de  même  un    seul  Thrips  sur  une 
tige  de  lin  ne    produirait   aucun  dégât  ;  mais  si,    au  lieu  d'un,   il  s'en 
trouve  un  certain  nombre,  comme  c'est  toujours  au  même  endroit  qu'ils 
portent  leurs  attaques,  c'est-à-dire  au  cœur  même  de  la  jeune  plante,  à 
l'intérieur  du  bouquet  de  feuilles  de  la  tête,  là  où  elle  est  le  plus  tendre, 
le  plus  savoureuse  et   le  plus  facilement  attaquable,  il  en    résulte  que 
la  plante,  épuisée,  détruite  dans  son  germe,  ne  peut  pas  toujours  résister 
à  leurs  attaques.  Si    elle  n'est  pas  encore  assez  avancée  pour  pouvoir 
prendre  le  dessus;  si,  d'autre  part,  elle  ne  trouve  pas  dans  le  sol  des 
éléments  minéraux  nécessaires  à  sa  nutrition  en  quantité  suffisante  pour 
subvenir  à  ses  besoins,  comme  c'est  le  cas  dans  la  plupart  des  champs 
brûlés  que  nous  avons  analysés  (1),   alors  la  plante  souffre,    sa  tête  se 
penche    vers  la  terre,    et  lorsqu'un  fort  rayon  de  soleil  vient  s'ajouter 
à  cette  cause  de  langueur,  le  désastre  devient  promptement  irréparable; 
c'est  ce  qui  explique  ce  fait  que  souvent  les  cultivateurs  qui  avaient  vu 
la    veille  leur  linières  en  état  satisfaisant  en   apparence   les  retrouvent 
le  lendemain  ou  le  surlendemain  en  partie  brûlées.  Ils  disent  alors  que 
leurs  linière  a  été  brûlée  par  le  soleil  :  or,  s'il   en  était  ainsi,  tous  les 
champs  voisins  seraient  également  détruits,  ce  qui  n'a  pas  lieu  généra- 
lement et  montre  le  peu  de  fondement  de  cette  explication.  Nous  avons 
à  plusieurs  reprises  observé  nous-même  ce  phénomène. 
Dans  ces  conditions,  la  jeune  plante  meurt  au  bout  de  peu  de  temps, 

(1)  Voir  mon  Mémoire  de  l'année  dernière. 


9o8  AGRONOMIE 

ou  bien  elle  végète  péniblement  jusqu'au  moment  où  le  reste  du  champ 
qui  n'a  pas  été  atteint  par  la  maladie  a  acquis  son  développement  com- 
plet, a  produit  ses  fleurs  et  ses  graines  et  doit  être  arraché.  Elle  n'acquiert 
guère  de  longueur  et  ne  produit  généralement  ni  ileurs  ni  fruits,  ce  qui 
prouve  bien  que  c'est  à  l'atrophie  de  sa  tête  que  l'on  doit  attribuer  son 
état  maladif. 

Cependant  il  n'en  est  pas  toujours  ainsi;  et  cette  année  entre  autres, 
nous  avons  pu  constater  que,  grâce  à  des  circonstances  atmosphériques 
spéciales,  et  surtout  à  l'absence  de  grandes  chaleurs  durant  la  période 
de  végétation  du  lin,  un  grand  nombre  de  champs  qui  avaient  présenté 
d'une  manière  non  équivoque  les  caractères  de  la  brûlure,  ont  gardé 
néanmoins  une  vitalité  qui  leur  a  permis  de  produire  des  fleurs  et  des 
graines,  et  d'acquérir  même  une  longueur  de  50  à  GO  centimètres.  On 
dit  alors  généralement  que  le  lin  frise;  beaucoup  de  cultivateurs  ont  fait 
également  cette  remarque  et  en  ont  paru  très-surpris,  bien  que  cela  n'ait 
rien  d'étonnant,  lorsque  l'on  connaît  la  cause  de  cette  maladie  et  la 
manière  dont  cette  cause  agit.  C'est  surtout,  et  nous  nous  hâtons  de  le 
dire,  dans  les  champs  sur  lesquels  on  avait  employé  des  engrais  chimi- 
ques, que  cette  reprise  de  la  plante  a  été  observée,  et  cela  s'explique 
aisément  :  en  effet,  la  plante  malade,  n'ayant  pas  été  complètement  tuée 
par  l'action  double  d'une  chaleur  intense  et  des  attaques  de  l'insecte, 
a  trouvé  dans  le  sol  des  sels  de  potasse,  des  phosphates  et  de  l'azote 
immédiatement  assimilables,  et  a  pu,  par  l'absorption  de  ces  éléments, 
végéter  avec  assez  de  vigueur  et  se  développer  malgré  les  attaques  de 
ses  parasites. 

C'est  ce  qui  serait  probablement  arrivé  à  la  vigne,  sous  les  étreintes 
du  phylloxéra,  si  les  viticulteurs  imprudents  ou  ignorants  n'avaient 
laissé  leurs  sols  s'appauvrir  par  un  grand  nombre  de  récoltes  successives, 
sans  leur  restituer  les  éléments  indispensables  à  son  existence,  la  potasse 
surtout,  qu'ils  exportaient  chaque  année  de  leur  domaine,  sous  forme 
de  vin. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  allons  montrer  comment  la  présence  de  ces 
insectes  explique  les  cas  divers  de  brûlure  que  nous  avons  signalés  dans 
notre  précédent  mémoire. 

Nous  avons  dit  avoir  reconnu  fréquemment  qu'un  champ  situé  dans 
la  projection  du  vent  qui  soufflait  sur  un  champ  de  lin  à  l'époque  de  sa 
floraison  et  de  sa  fructification  était  généralement  brûlé  sur  toute  la 
partie  située  dans  cette  projection,  si  on  l'ensemençait  en  lin  l'année 
suivante.  Nous  avons  reconnu  cette  action  funeste  s'exerçant  après  deux 
et  même  trois  ans  d'intervalle  entre  les  deux  cultures.  Nous  avons  dit 
que  ce  phénomène  n'avait  pas  lieu  lorsque  les  cultivateurs  avaient  soin 
de  garnir  de  paillassons  en  paille  tressée,   élevés  ù  hauteur  d'homme 


A.    LADUREAU.    —   ÉTUDES   SUR   LES  MALADIES   DU    LIN  959 

environ,  les  bords  du  champ  B  situé  dans  le  voisinage  de  la  linière  A, 
champ  sur  lequel  ils  se,  proposaient  de  mettre  du  lin  l'année  sui- 
vante. 

.Notre  savant  collègue,  M.  Corenwinder,  a  même  ajouté  avoir  observé 
que,  dans  un  cas  semblable,  la  moitié  du  champ  B,  protégée  par  son 
propriétaire  au  moyen  de  paillassons  en  paille  d'avoine  P,  avait  été 
absolument  indemne  du  lléau,  tandis  que  l'autre  portion,  représentée 
dans  la  ligure  100  par  la  partie  rayée  C  avait  été  complètement 
brûlée. 


•  -  *y  -  R 


NORD 


;m 


.  ■  .'A/  : 

Fig.  ioo. 

Nous  avons  répété  cette  expérience  cette  année  et  avons  reconnu  sa 
réalité  et  son  exactitude.  Le  mode  de  vivre  du  Thrips  Lini  rend  parfai- 
tement compte  de  ce  phénomène  étrange,  jusqu'ici  complètement  inexpli- 
cable ;  en  voici  la  raison  : 

Lorsque  le  lin  n'a  eu  à  supporter  que  les  attaques  d'un  petit  nombre 
de  ces  insectes,  que,  par  suite,  sa  végétation  a  pu  se  faire  d'une  manière 
régulière  et  qu'il  est  arrivé  à  l'époque  de  sa  floraison  et  de  la  forma- 
tion de  sa  graine,  il  n'a  plus  de  parties  assez  tendres,  assez  délicates, 
assez  molles  pour  convenir  à  la  nourriture  du  Thrips,  qui  se  voit  forcé 
d'aller  chercher  ailleurs,  sur  un  champ  voisin,  une  alimentation  plus 
facile.  Or,  comme  il  ne  peut  guère  voler  et  qu'il  ne  peut,  vu  son  exi- 
guïté, faire  la  route  à  pied,  il  a  recours  à  un  moyen  plus  commode  que 
la  nature  met  à  sa  disposition  :  il  monte  à  la  partie  supérieure  des 
plantes  sur  lesquelles  il  a  vécu  jusque-là  et  qui  sont  devenues  trop 
dures  pour  lui,  et  il  attend  qu'un  vent  quelconque  vienne  lui  permettre 
de  partir.  Il  étend  alors  ses  ailes  et  s'abandonne  à  ce  vent,  qui  le 
transporte,  s'il  est  violent,  à  de  grandes  distances,  et  s'il  est  doux,  sur 
les  champs  voisins. 

On  comprend  alors  facilement  le  rôle  des  paillassons  :  ils  arrêtent 
l'insecte  au  passage  et  l'empêchent  d'aller  plus  loin,  de  même  qu'un  fdet 
obstruant  l'entrée  d'un  fossé  empêche  les  poissons  d'en  sortir  et  les  re- 
tient dans  ses  mailles» 


960  AGRONOMIE 

Si  une  moitié  du  champ  voisin,  qui  est  le  champ  B  clans  la  ligure 
ri-contre,  n'a  pas  été  munie  de  paillassons,  l'insecte  y  arrive  et  s'y  arrête 
lorsque  cette  proie  lui  convient,  c'est-à-dire  lorsque  c'est  de  l'avoine, 
pour  laquelle  il  a  une  certaine  prédilection,  après  le  lin  toutefois,  ou 
bien  du  blé,  du  seigle,  de  l'orge,  en  un  mot  des  céréales  non  encore 
épiées,  et  lui  offrant  une  nourriture  convenable.  On  l'y  retrouve  entre 
les  feuilles  supérieures  et  la  tige,  à  l'endroit  où  celles-ci  embrassent  la 
tige,  là  où  il  n'y  a  pas  trop  de  difficulté  à  se  remuer  et  où  il  trouve  le 
tissu  végétal  en  voie  de  formation,  encore  tendre  et  facile  à  entamer.  Il 
y  achève  alors  ses  métamorphoses,  s'y  accouple,  pond  ses  œufs  d'hiver 
et  meurt.  Aussi  n'y  a-t-il  rien  d'étonnant  à  ce  que,  l'année  suivante,  si 
l'on  met  du  lin  sur  ce  champ  B,  on  le  voie  se  brûler  sur  la  partie  non 
abritée  G,  où  les  œufs  déposés  sont  éclos  et  ont  donné  naissance  à  des 
myriades  de  jeunes  larves,  tandis  que  la  partie  D,  protégée  par  les 
paillassons  contre  l'invasion  de  l'insecte,  se  porte  à  merveille. 

Si  parfois  on  rencontre  au  milieu  d'un  champ  bien  portant  une  place 
de  2  ou  3  mètres  carrés,  quelquefois  même  davantage,  envahi  par  la  brû- 
lure, on  peut  arracher  une  poignée  de  tiges  brûlées  et  la  secouer  sur 
une  feuille  de  papier  blanc.  Toujours  on  voit  cette  feuille  de  papier  cou- 
verte d'une  grande  quantité  de  larves  ou  de  nymphes.  Cela  provient 
sans  doute  de  l'arrivée  d'une  petite  colonie  d'insectes,  portés  l'année 
précédente  sur  ce  champ  par  un  vent  quelconque,  lesquels  s'y  sont 
arrêtés  et  y  ont  pondu  des  œufs  qui  ont  donné  naissance  à  une  nouvelle 
génération.  C'est  du  moins  ce  que  nous  avons  observé  dans  un  champ 
magnifique  d'ailleurs,  situé  à  Verlinghem,  près  de  Lille.  Dans  ce  cas,  la 
brûlure  est  parfaitement  nette;  elle  se  localise,  et  il  est  rare  qu'elle 
s'étende  au-delà  d'un  petit  rayon  très-restreint. 

Le  Thhips  uni  est-il  la  cause  de  la  brûlure?  Ce  qui  nous  a  induit 
à  donner  aux  attaques  du  Thrips  Uni  l'importance  que  nous  lui  attri- 
buons au  point  de  vue  de  la  brûlure  du  lin,  outre  les  faits  nombreux 
que  nous  venons  de  rapporter,  c'est  surtout  cette  observation  que  nous 
avons  faite  maintes  fois  et  que  tout  le  inonde  peut  répéter  après  nous, 
que  le  Thrips  existe  abondamment  dans  toutes  les  linières  malades, 
qu'on  ne  le  trouve  que  très-rarement,  ou  même  pas  du  tout  dans  les 
champs  bien  portants  et  vigoureux,  et  enfin  que  dans  un  certain 
nombre  de  départements  où  la  culture  du  lin  n'existe  pas  depuis  bien 
longtemps  et  où  la  brûlure  est  absolument  inconnue,  il  a  été  impossible 
de  trouver  cet  insecte,  ainsi  que  nous  avons  pu  nous  en  convaincre 
personnellement,  et  par  le  rapport  de  l'un  de  nos  collègues  du  comice 
agricole  de  Lille,  M.  Vallel,  qui  a  bien  voulu  faire  cette  recherche  dans 
de  nombreuses  linières  qu'il  a  visitées  dans  les  départements  du  Centre 
et  de  l'Ouest.  De  plus,  nous  l'avons  trouvé  en  assez  grande  abondance 


A.  LADUREAU.  —  ÉTUDES  SUR  LES  MALADIES  1)1  LIN         961 

dans  un  échantillon  de  lin  pris  à  l'extrémité  do  la  France,  à  Orthez 
(Basses-Pyrénées), où  sévit  la  maladie  que  nous  avons  étudiée,  absolu- 
ment identique  comme  forme,  grandeur,  couleur  et  mœurs,  à  ceux  que 
nous  avons  examinés  depuis  les  bords  de  la  mer  jusqu'aux  limites  de 
notre  département. 

Quant  à  la  question  de  savoir  si  cet  insecte  est  la  cause  ou  l'effet  de 
la  maladie,  dite  Brûlure  du  lin,  question  que  certains  pourront  poser, 
nous  la  croyons  résolue  par  tout  ce  que  nous  venons  de  dire  sur  ce  su- 
jet; nous  répétons  toutefois  ce  que  nous  avons  signalé  l'an  dernier,  et 
plus  haut  dans  ce  mémoire,  à  savoir  que  cette  maladie  se  développe 
plus  rarement  dans  les  champs  fumés  avec  des  engrais  chimiques  que 
dans  ceux  sur  lesquels  on  a  employé  du  fumier,  des  tourteaux  ou  autres 
engrais  organiques.  Est-ce  à  l'action  des  sels  chimiques  acides,  qui 
peuvent  détruire  un  certain  nombre  des  œufs  déposés  en  terre,  ou  à  la 
vitalité  plus  grande  de  la  plante,  que  l'on  doit  attribuer  cette  influence 
favorable  des  engrais  chimiques?  Les  deux  causes  interviennent  peut-être; 
mais  il  ne  nous  est  point  permis,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  de 
nous  prononcer  en  faveur  de  l'une  plutôt  que  de  l'autre.  Nous  devons  nous 
borner  à  constater  le  fait, et  le  recommandera  l'attention  des  cultivateurs. 

Nous  citerons  enfin  à  l'appui  de  notre  opinion  que  le  Thrips  est  la 
cause  déterminante  de  la  Brûlure  du  lin,  une  expérience  assez  intéres- 
sante que  nous  avons  faite  dans  le  courant  du  mois  de  juin.  Nous  avons 
ensemencé  non  en  plein  champ,  mais  dans  une  propriété  particulière, 
isolée  par  des  murailles,  quelques  centiares  en  lin.  Lorsque  le  lin  eut 
atteint  0  à  7  centimètres  de  hauteur,  nous  divisâmes  le  champ 
en  deux  parties  par  un  paillasson  vertical  ayant  1  mètre  de  hauteur, 
puis  nous  apportâmes  du  dehors  quelques  kilogrammes  de  tiges  de  lin 
brûlé,  couvertes  de  Thrips  à  l'état  de  larves  et  de  nymphes,  et  après 
les  avoir  secouées  sur  une  moitié  du  champ  d'expériences,  nous  atten- 
dîmes que  l'effet  se  fit  sentir.  Pendant  les  premiers  jours  on  ne  remar- 
qua aucune  différence  entre  les  deux  parties  du  champ.  Au  bout  de 
cinq  à  six  jours,  le  lin  infecté  parut  souffrir  de  la  tête,  tandis  que  l'autre 
végétait  régulièrement.  Cet  état  dura  pendant  quelque  temps,  jusqu'à 
ce  qu'une  journée  de  forte  chaleur  survint.  Nous  vîmes  le  soir  sur  tout 
le  champ  l'extrémité  supérieure  des  tiges  penchée  vers  la  terre;  mais 
durant  la  nuit,  la  portion  protégée  releva  la  tête  et  reprit  sa  vigueur, 
au  lieu  que  la  partie  sur  laquelle  nous  avions  semé  l'insecte  resta  affais- 
sée. Elle  ne  se  releva  plus,  et  tandis  que  la  première  partie  végétait 
régulièrement  et  atteignait  à  l'époque  de  la  floraison  une  longueur 
d'environ  6o  centimètres ,  cette  seconde  resta  atrophiée,  ne  végéta 
qu'avec  peine,  ne  dépassa  guère  40  centimètres,  et  ne  porta  que  quel- 
ques fleurs  et,  par  suite,  de  rares  capsules. 

61 


962  AGRONOMIE 

Cette  petite  expérience  nous  permit  de  suivre  pas  à  pas  les  progrès 
de  cette  maladie  et  établit  notre  conviction  au  sujet  de  sa  véritable 
cause. 

Destruction  de  l'insecte.  —  Notre  rôle  ne  se  borne  pas  seulement  à 
découvrir  les  causes  des  fléaux  que  nous  sommes  chargés  de  combattre. 
Il  faut  encore  lutter  contre  eux  et  trouver  le  moyen  de  les  prévenir,  ou 
de  les  détruire  ;  aussi  avons-nous  fait  une  série  d'expériences,  dont  nous 
allons  rendre  compte,  sur  les  meilleurs  agents  que  Ton  puisse  employer 
pour  anéantir  ou  pour  éloigner  le  Thrips,  sans  nuire  toutefois  à  la 
plante  délicate  sur  laquelle  il  s'établit. 

Voici  les  corps  que  nous  avons  étudiés  : 

1°  La  chaux  caustique.  —  Nous  avons  pris  de  la  chaux  éteinte  en 
poudre  et  l'avons  répandue  sur  une  parcelle  de  lin  renfermant  des 
Thrips.  Nous  n'avons  pas  observé  grand  changement,  ni  dans  la  plante 
qui  n'a  pas  souffert  de  ce  traitement,  ni  dans  le  nombre  des  insectes, 
qui  nous  a  paru  le  même  quelques  jours  après. 

2°  Le  soufre.  —  Répandu  en  poudre  (fleur  de  soufre)  sur  les  plantes, 
nous  n'avons  observé  aucun  changement.  Les  insectes  n'ont  paru  nulle- 
ment incommodés;  le  lin  a  continué  à  végéter  de  la  même  manière. 

3°  L'acide  phénique.  —  Nous  avons  employé  l'acide  phénique  brut 
en  dissolution  assez  concentrée  (5  à  10  grammes  par  litre  environ).  Les 
Thrips  ont  paru  très-affectés  de  ce  traitement  et  ont  quitté  les  plantes 
sur  lesquelles  ils  se  trouvaient;  la  végétation  a  paru  souffrir  un  peu  et 
s'est  trouvée  assez  ralentie. 

4°  La  naphtaline  brute.  —  Ce  corps  que  l'on  trouve  abondamment 
dans  tous  les  produits  de  distillation  de  la  houille,  et  dont  on  n'a  pu  jus- 
qu'ici trouver  une  application  utile,  nous  avait  paru  devoir  être  essayé 
avec  soin  à  cause  de  son  odeur  très-forte  et  de  nature  à  détruire  ou  du 
moins  à  chasser  les  insectes.  Nous  l'avons  donc  mélangé  en  faible  pro- 
portion à  un  excellent  engrais  complet  que  nous  avons  mis  en  terre, 
quelques  jours  avant  d'y  semer  le  lin.  Nous  avons  remarqué  que  la  pré- 
sence de  la  naphtaline  dans  le  sol  avait  chassé  complètement  les  insectes, 
mais  aussi  qu'elle  avait  détruit  les  propriétés  gefminatives  de  la  graine: 
en  effet,  aucune  des  graines  semées  ne  poussa . 

Nous  avons  fait  une  deuxième  expérience  avec  le  même  produit  sur 
du  lin  déjà  venu,  ayant  0"\40  de  longueur  environ  et  nous  n'avons 
pas  tardé  à  voir  le  lin  jaunir,  s'étioler  et  mourir. 

La  naphtaline  est  donc  un  poison  pour  les  plantes  comme  pour  les 
nsectes,  et  ne  peut  par  conséquent  être  employée  comrrie  insecticide, 
dans  le  cas  qui  nous  occupe,  si  ce  n'est,  pe  t-être,  à  dose  extrêmement 
faible. 

5°  Le  jus  de  tabac.  —  Ce  produit,  que  la      anufacture   nationale  des 


A.    LADUREAU.    —   ÉTUDES   SUR   LES   MALADIES   DU   LIN  963 

tabacs  a  bien  voulu  nous  envoyer  pour  notre  expérimentation,  est  un 
liquide  noir,  assez  lourd,  ressemblant  un  peu  à  la  mélasse  dissoute  dans 
l'eau,  et  exhalant  une  assez  forte  odeur  de  nicotine.  C'est  le  résidu  du 
trempage  des  feuilles  de  tabac  dans  les  bains  salins  auxquels  on  les  sou- 
met avant  de  les  travailler.  Nous  avons  été  très-frappé  des  excellents 
résultats  de  cet  insecticide.  Le  lendemain  de  son  application,  on  ne 
voyait  plus  un  seul  insecte  sur  les  tiges  qui  en  avaient  été  arrosées,  et 
nous  avons  reconnu  que  l'application  de  ce  liquide,  loin  de  nuire  à  la 
plante,  avait  au  contraire  favorisé  beaucoup  son  développement,  sans 
doute  par  suite  de  la  proportion  assez  élevée  de  nitrate  de  potasse  qu'il 
renferme.  Nous  n'hésitons  donc  pas  à  en  recommander  l'application, 
chaque  fois  que  les  cultivateurs  pourront  s'en  procurer  facilement,  ce 
qui  ne  sera  malheureusement  pas  souvent  possible. 

6°  Le  pétrole.  —  Ayant  entendu  vanter  beaucoup  l'efficacité  du  pé- 
trole brut  pulvérisé  à  l'état  de  nuage,  pour  la  destruction  des  chenilles 
et  autres  insectes,  nous  l'avons  essayé,  et  bien  que  nous  ne  puissions 
recommander  son  emploi  sous  cette  forme,  à  cause  de  la  difficulté  de 
l'y  amener,  et  du  manque  d'appareils  nécessaires,  nous  croyons  néan- 
moins que  l'arrosage  avec  de  l'eau  renfermant  une  très-petite  proportion 
de  pétrole  suffirait  pour  détruire  les  Thrips  ou  pour  les  éloigner.  La 
pulvérisation  a  paru  nuire  un  peu  à  la  vigueur  de  la  plante,  l'arrosage 
n'a  pas  eu  les  mêmes  résultats.  Nous  nous  proposons  de  répéter  ces 
expériences  l'année  prochaine  sur  les  champs  infectés  par  la  maladie 
et  nous  espérons  pouvoir  vous  en  communiquer  les  résultats. 

Disons  en  terminant  que  deux  obstacles  sérieux  s'opposaient  jusqu'ici 
à  ce  que  les  cultivateurs  missent  du  lin  sur  leurs  terres  plus  souvent  que 
tous  les  7,  8,  9  ou  10  ans:  c'est  d'abord  l'épuisement  par  le  lin  de  la 
portion  de  potasse  disponible  dans  le  sol;  c'était  un  empêchement  qui 
avait  une  grande  valeur,  lorsque  l'on  n'avait  pas  encore  étudié  le  sol  et 
les  végétaux  qu'il  nourrit;  mais  aujourd'hui,  tous  les  cultivateurs  lettrés 
et  intelligents  savent  qu'ils  peuvent  y  remédier  par  l'emploi  judicieux 
d*engrais  chimiques  ou  autres,  appropriés  aux  besoins  de  la  plante. 

La  seconde  cause,  pour  laquelle  les  champs  de  lin  brûlaient  souvent, 
lorsque  l'on  n'attendait  pas  une  certaine  période  d'années  avant  de  re- 
mettre du  lin  à  la  même  place,  est  le  fait  de  la  présence  du  Thrips  qui 
séjournait  sur  le  champ  ayant  porté  du  lin,  et  s'y  reproduisait  chaque 
année,  jusqu'à  ce  que  l'assolement  eût  amené  sur  ce  champ  une  récolte 
qui  ne  pût  convenir  à  son  alimentation,  telle  que  la  betterave  ou  la 
pomme  de  terre,  sur  lesquelles  nous  ne  l'avons  pas  encore  rencontré, 
probablement  parce  que  ces  plantes  sont  trop  dures,  à  tissus  trop  fermes 
pour  convenir  à  sa  nourriture.  Dans  ce  cas,  les  jeunes  larves  mouraient 
dès  leur  éclosion,  et  le  champ,  s'en  trouvant  débarrassé,  pouvait  de  nou- 


064  AGRONOMIE 

veau  recevoir  du  lin.  Or,  dans  un  laps  d'années  aussi  considérable,  il 
était  presque  impossible  que  les  cultures  dont  nous  parlons  ne  se  trou- 
vassent pas  au  moins  une  fois  ou  deux. 

Sans  cette  explication,  comment  comprendrait-on  que  les  agronomes 
et  les  cultivateurs  qui  ont  cherché  depuis  quelques  années  à  mettre  du 
lin  plusieurs  l'ois  de  suite  sur  la  même  terre,  en  rendant  chaque  année 
au  sol  les  éléments  que  la  récolte  précédente  lui  avait  enlevés,  aient  tous 
abouti  à  un  résultat  négatif  et  se  soient  buttés  à  une  impossibilité? 
C'est  ce  que  nous  avons  observé  nous-mêmes  à  Lille,  sur  le  champ 
d'expériences  de  l'Institut  industriel  et  agricole  du  Nord,  où  l'on  a  mis 
cette  année,  pour  la  troisième  fois,  du  lin  à  la  même  place.  —  L'année 
dernière  déjà,  le  lin  avait  souilért,  il  était  resté  assez  court;  mais  cette 
année,  il  brûla  presque  complètement,  et  l'on  ne  put  en  tirer  aucun 
parti.  En  l'examinant,  nous  reconnûmes  que  chaque  tige  renfermait  un 
grand  nombre  de  larves  et  de  nymphes  de  thrips,  ce  qui  ne  nous  sur- 
prit nullement. 

CONCLUSION 

Nous  concluons  donc  que  cette  deuxième  cause  d'atrophie  du  lin  pou- 
"  ant  être  supprimée  comme  la  première,  les  cultivateurs  qui  se  livrent 
à  cette  culture  pourront  désormais  la  faire  revenir  plus  souvent  dans 
leurs  assolements  sans  avoir  à  redouter  la  terrible  Brûlure.  Il  leur  suf- 
fira d'employer  d'abord  des  engrais  à  dominante  de  potasse,  tels  que 
ceux  que  préconise  M.  G.  Ville,  puis  de  suivre  leurs  champs  avec  soin, 
et  s'ils  y  remarquent  en  grande  quantité  un  petit  ver  jaune  ou  un  petit 
puceron  Ion;?  et  noir,  c'est-à-dire  le  thrips  sous  la  forme  de  larve;  ou  de 
nymphe,  de  l'arroser  immédiatement  avec  de  l'eau  pétrolée  ou  avec  une 
solution  d'acide  phénique  brut  très-étendue,  ou  avec  tel  autre  insecti- 
cide dont  l'usage  pourra  faire  reconnaître  l'efficacité.  Or,  si  on  réfléchit 
aux  immenses  avantages  pécuniaires  que  la  culture  du  lin  apporte, 
quand  elle  réussit,  à  ceux  qui  s'y  livrent,  avantages  très-supérieurs  encore 
à  ceux  que  procure  la  betterave,  on  appréciera,  je  l'espère,  l'étendue 
du  service  que  nos  recherches  sur  ce  sujet  auront  rendu  à  l'agriculture 
de  notre  pays  du  Nord,  que  l'on  considère  généralement  et  à  juste  titre 
comme  la  terre  classique  du  lin. 

DISCUSSION 

M.  Renouard  désirerait  savoir  quelle  est,  suivant  M.  Ladureau,  parmi  les 
deux  causes  de  brûlure  qu'il  a  signalées,  celle  qui  doit  être  mise  en  première 
ligne.  11  est  d'avis  qu'il  ne  faut  pas  attacher  trop  d'importance  au  manque 
de  potasse  dans  le  sol,  car  il  résulte  d'expériences  successives  qu'il  a  faites 
pendant  trois  années  k  l'Institut  agronomique  de  Lille,  que  le  lin  ensemencé 
la  troisième  année,  qui  est  1877,  à  la   même    place,    a  complètement  brûlé» 


A.    LADUREAU.    —    ÉTUDES    SUR    LES    MALADIES   DU    LIN  905 

tout  autant  dans  les  parcelles  amendées  à  l'engrais  chimique  que  dans  les 
parcelles  amendées  au  fumier  de  ferme.  L'engrais  chimique  étant  à  dominante 
de  potasse,  il  en  résulte  que  le  lin  peut  quelquefois,  avec  un  engrais  de  ce 
genre,  pousser  quand  même  une  seconde  année,  mais  il  n'en  est  pas  moins 
vrai  que  si  l'on  s'en  tient,  avec  l'engrais  chimique,  dans  la  limite  des  quantités 
employées  la  première  année,  le  lin  brûle  à  la  troisième.  M.  Renouard  pense 
qu'il  serait  peut-être  possible,  avec  les  engrais  de  potasse,  de  rendre  lu  rotation 
classique  du  lin  triennale  au  lieu  de  septennale,  mais  il  ne  pense  pas  qu'il 
soit  pratique  de  dire  ni  que  le  lin  puisse  être  ensemencé  plusieurs  années  de 
suite,  surtout  trois  ans,  sur  le  même  terrain,  ni  que  l'engrais  de  potasse  per- 
mette de  surmonter  la  brûlure  causée  par  des  semis  successifs.  Pour  le  cas  de 
brûlure  causée  par  deux  linières  en  contact,  il  n'ose  encore  se  prononcer. 

M.  Ladureau  dit  qu'il  a  reconnu  par  diverses  observations  qu'il  a  laites  que 
c'est  surtout  le  thrips  qui  serait  cause  de  la  brûlure  du  lin.  Pour  le  cas  de 
deux  champs  en  contact,  c'est  le  thrips  de  l'un  des  champs  qui  s'abat  sur  les 
jeunes  tiges  de  l'autre  et  les  dévore,  et  pour  le  cas  de  semis  successifs,  ce  sont 
les  larves  de  l'insecte  qui  se  trouvent  en  terre  et  qui  s'attaquent  aux  premières 
pousses.  D'ailleurs,  l'emploi  des  divers  insecticides  qu'il  a  signalés  et  qu'il  se 
propose  d'employer  en  grand  lui  dira  l'aimée  prochaine  quelle  est  pour  lui  la 
voie  à  suivre. 

M.  de  La  Blanchère  signale  parmi  les  insecticides  à  bon  marché  et  peu  con- 
nus l'émulsion  d'huile  lourde  dans  l'eau,  qui  a  été  employée  avec  avantage 
contre  les  chenilles  du  bois  de  Boulogne. 

M.  Marchand  tient  à  faire  observer  que  les  engrais  chimiques  ont  donné 
d'excellents  résultats  dans  sa  contrée  pour  la  culture  du  lin,  particulièrement 
les  engrais  à  base  de  potasse  dont  M.  Renouard  a  donné  la  formule  au  Congrès 
de  Nantes.  A  son  avis,  la  culture  du  lin  décroissait  d'année  en  année  dans  le 
pays  de  Caux  et  depuis  deux  ans  elle  s'est  certainement  beaucoup  relevée. 

M.  Renouard  dit  qu'il  a  appris  par  le  Journal  du  marché  linier,  de  Lille, 
que  des  résultats  très-satisfaisants  avaient  été  obtenus  par  plusieurs  cultivateurs 
dans  les  environs  de  Goderville. 

M.  Corenwinder  dit  qu'il  voit  avec  plaisir  des  expériences  sérieuses  se  faire 
au  sujet  d'une  plante  sur  laquelle  on  connaît  jusqu'ici  très-peu  de  chose  au 
point  de  vue  agronomique,  mais  qu'il  faut  se  défier  d'une  manière  générale 
des  résultats  obtenus  avec  les  champs  d'expériences,  d'abord  s'ils  sont  trop 
petits,  puis  si  on  les  a  découpés  dans  des  terres  saturées  de  potasse  comme 
dans  le  Nord.  Cette  observation  n'ôte  rien  aux  remarques  qui  ont  été  faites  ; 
mais,  en  règle  générale,  il  vaut  mieux  expérimenter  dans  les  fermes,  et  en 
grand,  bien  que,  pour  ce  qui  concerne  le  lin,  la  chose  soit  difficile  dans 
le  Nord,  où  la  plupart  des  cultivateurs  se  refusent  à  employer,  pour  la  culture 
du  lin,  un  engrais  chimique  quel  qu'il  soit. 

M.  Dehérain  observe  à  ce  sujet  qu'en  expérimentant  par  comparaison,  comme 
à  Grignon,  il  n'y  a  aucun  des  inconvénients  que  signale  M.  Corenwinder.  Il  est 
de  règle,  en  effet,  que  la  même  plante  y  revienne  toujours  sur  le  même  sol 
avec  le  même  engrais. 


900 


Acmt.NOMii: 


M.    BORELY 

Président  de  la  Société  des  sciences  et  arts  agricoles  et  horticoles  du  Barre. 


LA  SOCIÉTÉ  DES  SCIENCES  ET  ARTS  AGRICOLES  ET  HORTICOLES  DU  HAVRE. 


—  Séance  du  29  août    1877.  — 

L'origine  de,  la  Société  que  j'ai  l'honneur  de  présider  remonte  à  une 
douzaine  d'années  :  elle  siégea  d'abord  dans  la  commune  suburbaine  de 
Sanvic-Havre. 

De  bonne  heure,  ses  efforts  et  ses  travaux  furent  appréciés  dans  notre 
région  et,  dès  l'année  1808,  lors  de  l'exposition  internationale  du  Havre, 
elle  marquait  honorablement  sa  place  dans  les  sociétés  de  province. 

En  effet,  dans  celte  circonstance  très-mémorable  pour  notre  ville,  notre 
Société  eut  l'honnenr  de  se  signaler  dans  des  spécialités  fort  distinctes, 
tant  sous  le  rapport  des  produits  agricoles  que  sous  celui  des  produits  de 
la  culture  horticole  et  maraîchère. 

En  concurrence,  pour  les  fruits  à  cidre,  avec  les  sociétés  de  cinq  dépar- 
tements, elle  l'emporta  sur  elles  et  obtint  une  récompense  exceptionnelle. 

Pour  les  fruits  de  table  également,  elle  eut  le  premier  prix  et,  à 
côté  de  ces  distinctions  accordées  à  la  Société,  ses  membres  remportèrent 
de  nombreux  succès,  constatés  par  trente-huit  médailles  ou  mentions 
honorables. 

Dans  l'exposition  des  volatiles,  tant  de  ferme  que  de  volière  et  de 
luxe,  le  tiers  des  récompenses  fut  attribué  aux   membres  de  la  Société. 

Enfin  les  journaux  de  Londres,  rendant  compte  de  l'exposition  du 
Havre,  signalèrent  nos  produits  dans  les  termes  les  plus  flatteurs. 

Établie  au  Havre  même  et  à  l'hôtel  de  ville,  depuis  dix-huit  mois  en- 
viron, la  Société  a  vu  presque  aussitôt  le  nombre  de  ses  adhérents  plus 
que  doublé  ;  elle  compte  aujourdhui  près  de  deux  cents  membres 
actifs. 

Les  adhésions  nous  sont  venues  de  toutes  parts,  et  je  n'entends  pas 
parler  ici  de  toutes  les  personnes  distinguées  <|ui,  en  nous  permettant 
d'inscrire  leurs  noms  sur  le  tableau  de  nos  membres,  ont  voulu  ainsi 
nousdonner  une  marque  de  sympathie  et  nous  assurer,  en  quelque  sorte, 
de  leur  patronage.  Je  ne  considère,  en  ce  moment,  que  l'accroissement  de 
nos  membres  praticiens,  de  tous  ces  hommes  spéciaux  dans  les  diverses 
branches  de  la  culture  et  de  l'élevage  dont  le  nombre  tend  à  s'accroître 
tous  les  jours  parmi  nous. 

Nos  travaux,  par  suite,  sent  devenus  si  nombreux   et  si  pressants,  le 


R0RÉLY.  —  SOCIÉTÉ  DES  SCIENCES  ET  ARTS  AGRICOLES  DU  HAVRE   967 

développement  progressif  de  nos  expositions  mensuelles  a  pris  des  pror 
portions  si  considérables  que  nous  nous  sommes  vus  dans  la  nécessité  de 
répartir  nos  travailleurs  en  plusieurs  groupes  et  de  constituer  des  co- 
mités permanents,  correspondant  aux  branches  principales  de  nos  éludes, 
ayant  chacun  une  organisation  distincte,  sous  la  direction  de  présidents 
et  de  secrétaires  élus  dans  leur  sein  : 
Ces  comités  sont  au  nombre  de  cinq  : 

Comité  d'agriculture   ; 

—  d'élevage  ; 

—  de  pomologie; 

—  de  botanique  et  de  floriculture; 

—  de  culture  maraîchère. 

Les  résultats  des  études  particulières  à  chaque  comité  sont  présentés 
dans  la  séance  générale  mensuelle,  séance  de  près  de  trois  heures,  qui 
suffit  à  peine  pour  l'épuisement  des  matières  à.  l'ordre  du  jour. 

C'est  ainsi  que  notre  Société  est  parvenue  à  représenter  au  Havre, 
d'une  façon  spéciale  et  complète,  les  grands  intérêts  qui  se  rattachent  à 
la  culture  du  sol,  aux  pratiques  en  usage  dans  notre  contrée,  en  même 
temps  qu'elle  recueille  avec  soin  dans  les  publications  journalières  ou  pé 
riodiques,  pour  les  propager  autour  d'elle,  les  notions  précises  des  pro- 
grès et  des  perfectionnements  signalés  par  l'expérience  et  par  les  recher- 
ches incessantes  de  nos  savants. 

Cette  œuvre  de  propagande  utile  et  progressive  s'exerce,  non-seulement 
par  les  communications  présentées  dans  les  comités  et  séances  générales, 
mais  encore  par  des  cours  publics  professés  dans  les  chefs-lieux  des  can- 
tons environnants  ;  par  des  conférences  confiées,  au  sein  de  la  Société,  à 
des  spécialistes  distingués;  au  moyen  de  la  publicité  donnée  mensuellement 
aux  comptes  rendus  de  nos  travaux  et  de  nos  séances  par  les  grands 
journaux  de  la  localité  et  les  journaux  de  l'arrondissement  ;  enfin  par 
des  publications  diverses  et,  particulièrement,  par  un  bulletin  trimes- 
triel tiré  à  un  grand  nombre  d'exemplaires. 

Le  dernier  numéro  de  ce  bulletin,  qui  sort  aujourd'hui  même  de  l'im- 
primerie, peut  donner  une  idée  de  la  nature  et  de  la  variété  des  études 
et  des  efforts  de  la  Société . 

Ce  qui  attire  d'abord  l'attention,  en  parcourant  ce  résumé  de  nos 
travaux,  c'est  la  grande  place  qu'occupe,  dans  la  Société,  tout  ce  qui 
est  de  la  culture  jardinière,  fleurs,  fruits  et  légumes. 

Le  Havre  est,  peut-on  dire,  une  ville  de  jardins  ;  les  jardins  s'y  coin- 
tent  par  milliers.  De  là  l'existence  au  Havre  d'un  grand  nombre  d'hor- 
ticulteurs, généralement  renommés  pour  leur  compétence  et  leur  habileté. 

A  côté  des  nombreux  jardins  d'agrément  se  sont  créées  aussi  devéri- 


908  AGRONOMIE 

tables  exploitations  horticoles,  industrielles  et  commerciales,  et  qui  sem- 
blent tendre  à  le  devenir  de  jour  en  jour  davantage. 

Le  commerce  des  Heurs,  des  plantes  exotiques  même  et  de  serre,  a 
acquis  une  certaine  importance;  ;  mais  celui  des  fruits  d'exportation  a  pris 
un  développement  qui  ne  semble  plus  connaître  d'autre  limite  que  celle 
de  la  production. 

Il  ne  s'exporte  du  Havre  que  des  fruits  de  premier  choix,  particuliè- 
rement des  poires  des  variétés  les  plus  belles  et  les  meilleures.  Les 
acheteurs  de  fruits,  pour  ce  commerce,  sont  munis  d'un  anneau  de  0"',07 
à  0m,08  de  diamètre  intérieur;  tous  les  fruits  qui  pa  sent  par  l'anneau 
sont  délaissés. 

Pris  sur  place,  ces  fruits  se  paient,  suivant  la  variété,  10,  15  et 
20  centimes  la  pièce;  les  prix  même  sont  souvent  plus  élevés:  en  1870, 
mauvaise  année  pour  la  production  fruitière,  certaines  variétés  ont  été 
payées  35  francs  le  cent. 

Dans  cette  même  année  1876,  regardée  comme  très-mauvaise  année, 
voici  à  quels  chiffres  se  sont  élevées  les  exportations  des  fruits  de  table 
trais,  parle  port  du  Havre   (Document  officiel  relevé  à  la  douane): 

Russie,    mer   Baltique 9,601 

Suède 8,398 

Norwége 6,090 

Allemagne 176,283 

Pays-Bas 3.KU 

Angleterre 198,687 

Portugal l^i 

Etats-Unis 250 

Mexique 393 

Brésil 461 

Haïti    .    .        157 

Saint-Thomas 80 

Algérie 319 

404,018  kilog. 

On  a  calculé  que  si  cette  exportation  n'avait  consisté  qu'en  poires, 
qui  en  forment  d'ailleurs  la  presque  totalité ,  elle  équivaudrait  à 
2,424,108  poires,  lesquelles  à  20  centimes  pièce,  en  moyenne,  représen- 
teraient une  somme  de  près  de  300,000  francs. 

L'importance  de  la  culture  et  du  commerce  des  fruits  a  déterminé 
notre  Comité  de  pomologie  à  publier  un  catalogue  des  fruits  et  des 
variétés  jui  conviennent  le  mieux  aux  cultures  de  notre  région.  Ce  petit 
ouvrage,  résultat  d'une  étude  sérieuse,  a  été  favorablement  accueilli  par 
les  arboriculteurs  et  les  amateurs  de  la  localité,  et  il  semble  appelé  a 
leur  rendre  de  véritables  services,  en  tixaut  leur  choix  sur  les  variétés 


BORÉLY.   —    SOCIÉTÉ    DES   SCIENCES   ET    ARTS   AGRICOLES   DU    HAVRE      969 

les  meilleures,  sur  celles  qu'il  peut  être  le  plus  avantageux  de  propager, 
tant  au  point  de  vue  de  la  consommation  locale  qu'à  celui  de  l'exporta- 
tion. 

La  question  des  engrais,  et  particulièrement  des  engrais  chimi- 
ques, a  également  beaucoup  occupé  la  Société  ;  elle  y  a  donné  lieu  à 
de  nombreuses  études  et  à  des  essais  dont  les  résultats  n'ont  pu  encore 
nous  être  communiqués. 

Un  chimiste  distingué,  attaché  à  la  maison  Joulie,  a  bien  voulu,  sur 
notre  demande,  entretenir  nos  agriculteurs  de  cet  important  objet.  La 
conférence  qu'il  a  faite  au  sein  de  la  Société,  pleine  de  renseignements 
précieux  pour  quiconque  veut  porter  son  application  au  perfectionne- 
ment des  diverses  cultures,  a  été  reproduite  en  entier  dans  tous  nos 
journaux,  puis  imprimée  à  part  et  répandue  dans  nos  campagnes  avec 
nos  bulletins. 

Mais  c'est  là  une  question  inépuisable,  aussi  ardue  qu'elle  est  capitale 
pour  notre  agriculture,  et  qui  exigerait  pour  être  traitée  à  fond  une 
somme  de  connaissances  vraiment  effrayante. 

Ainsi,  sous  le  rapport  de  l'agriculture,  comme  sous  tant  d'autres  rap- 
ports, la  science  s'impose  partout  et  devient  de  plus  en  plus  la  res- 
source suprême  et  nécessaire.  La  science  seule  peut  apprendre  à  l'agri- 
culteur à  tirer  du  sol  tout  ce  que  la  terre  doit  produire;  c'est  une 
véritable  révolution  qui  s'opérera  un  jour  dans  l'art  agricole  et  à 
laquelle  se  rattache  étroitement  la  solution  de  la  redoutable  question 
du  paupérisme. 

En  attendant,  de  grands  résultats  ont  été  obtenus,  sur  bien  des 
points  du  territoire,  et,  dans  notre  département  même  ,  par  un  de  nos 
membres  correspondants,  M  de  La  Londe,  de  Longuerue  ,  dont  les 
efforts  intelligents  et  les  succès  viennent  de  recevoir  un  des  encou- 
ragements les  plus  flatteurs  que  décerne  la  Société  d'émulation  de 
Houen. 

Notre  Société  avait  déjà  reçu  et  étudié  avec  le  plus  vif  intérêt  plu- 
sieurs communications  de  ce  savant  agronome.  Les  terres  composant 
son  domaine  sont  bien  loin  d'avoir  les  qualités  de  nos  riches  plaines 
du  pays  de  Caux,  particulièrement  de  celles  si  riches  en  phosphates, 
qui  se  trouvent  dans  les  environs  du  Havre.  Dans  le  canton  de  Buchy, 
beaucoup  de  terres  sont  de  qualité  très-inférieure,  et  telle  est  la  nature, 
d'une  grande  partie  au  moins  du  domaine  de  Longuerue. 

Cependant,  à  force  d'art  et  d'essais  persévérants,  M.  de  La  Londe  est 
parvenu  à  tirer  des  récoltes  abondantes  et  largement  rémunératrices  de 
ce  sol  qui  laissait  tant  à  désirer;  il  a  transformé  ces  terres  ingrates  et 
donné  une  plus-value  considérable  à  sa  propriété. 

Le  tableau   que   je  vais  reproduire  résume  et  met   en  évidence  les 


i)70  AGRONOMIE 

résultats  comparatifs  obtenus  par  M.  de  La  Londe,  d'une  part,  par  l'em- 
ploi seul  du  fumier  de  ferme;  d'autre  part,|par  l'emploi  des  engrais 
chimiques  soit  seuls,  soit  combinés 

1°  Fumier  de  ferme  pour  1  hectare. 
Prix  du  fumier  de  ferme  employé  pour  3  ans.   ,,,,,,,,,  Fr.    400 

Rendement, 

l'e  année.  —  15  hect.  blé,  à  25  fr.   .     375   (400  ou   500  gerbes  à 
212  bottes  paille  à  40  fr,  le  100  .   .   .      85     3hect. par  100 gerbes) 


160 


2e  année.  —  Avoine  à  10  fr.  l'hectol. 

Paille  à  30  fr.  le  100.  .    360 
3ft  année.  —  300  bottes  trèfle  à  40  IV. 

le  100 121» 

Total  du  rendement Fr.    010 

A  déduire,  prix  du  fumier.   .     Fr.    400 
Produit  pour  1  hectare  pendant  3  ans,  fumier  déduit.   ,    .   .   ,    .  Fr,        540 

2°  Engrais  chimiques  pour  1  hectare, 


230 
280 


Quantités  employées  : 

1^  année,  1,000  kil.  superphosphates  à  13  IV.  les  100  kil.  Fr,      130 
200  kil.  sulfate  d'ammoniaque  à 50  fr.  les  100  Kil.      100 

2e  année.—  1 ,000  kil.  chlorure  de  potassium  à  20  fr.  les  1 00  kil .  .       200 
200  kil.  nitrate  de  soude  à  40  fr.  les  100  kil.    .        80 

3e  année.  Engrais  sans  azote 100          100 

Total  du  prix  des  engrais  chimiques Fr.    610 

Rendement. 

l,e  année.  —  24  hect.  blé  à  25  fr.  l'hect.        600  (600gerbes,  à  4  hect. 
600  bottes  de  paille  à  40  fr.  le  100.  .   .        240      par  100  gerbes.) 

840 

2"  année.  —  Avoine  à  10  fr.  l'hect.  et 
bottes  de  paille  à  30  fr.  le  100.   .   .    .  Fr.        360 

3e  année.  —  600  bottes  de  trèfle  à  40  fr. 
le  100 240 


Total  du  rendement •  .  Fr.     1.440 

A  déduire,  prix  des  engrais  chimiques.        010 

Produit  pour  1  hectare  pendanl  3  ans,  engrais  déduit Fr.    830 

La    Société,  entre  autres   encouragements  donnés   à   l'agriculture,   a 

ouvert,  celte  année,  un  concours  entre  les  fermes  de  la  région  (cultures. 


BOHÉLY.  —   SOCIÉTÉ    J>K*   SCIENCES    II    VRT9   AGRICOLES   DU    HAVRE      !>71 

bonne  tenue,  animaux,  machines,  économie  rurale).  Vingt  agriculteurs 
ont  répondu  à  notre  appel  et  ont  demandé  la  visite  de  leurs  exploita^ 
tions. 

La  commission  du  concours,  formée  d'hommes  expérimentés,  a 
apporté  à  l'accomplissement  de  sa  mission  un  entier  dévouement  et  une 
impartialité  complète.  Elle  a  pu  constater,  avec  une  satisfaction  véritable, 
les  progrès  réels  accomplis  autour  de  nous  depuis  quelques  années.  Huit 
de  ces  exploitations  rurales  ont  été  particulièrement  signalées  comme 
présentant,  à  presque  tous  les  points  de  vue,  les  conditions  désirables 
d'une  culture  parfaite ,  de  bonne  entente  économique,  de  gestion  pro- 
gressive. 

Les  quatre  premières  surtout  pourraient  être  recommandées  comme 
de  véritables  fermes  modèles. 

Enfin,  parmi  les  nombreuses  études  d'observation  et  d'expérience, 
présentées  à  la  Société ,  je  citerai  pour  terminer  cette  communication, 
un  travail  très-digne  d'intérêt,  relatif  à  l'influence  de  Veau  de  mer  sur 
les  recolles . 

Lors  de  l'ouragan  du  12  mars  1876  ,  la  mer  a  fait  invasion  dans  la 
plaine  de  l'Eure  et  de  Graville-Sainte-Honorine,  qui  s'étend  du  Havre  à 
Harfleur.  Une  grande  quantité  de  terrain  s'est  trouvée  ainsi  submergée, 
beaucoup  de  récoltes  ont  été  détériorées  ou  complètement  détruites. 

Voici,  d'après  les  observations  d'un  de  nos  membres  les  plus  actifs, 
quels  ont  été  les  effets  de  l'eau  de  mer  sur  les  diverses  cultures  de 
cette  vaste  plaine. 

Blé.  —  Le  blé  submergé  ne  pousse  presque  plus  et  n'atteint  que  la 
moitié  de  sa  hauteur;  beaucoup  de  pieds  meurent;  l'épi  est  long  et 
peu  serré  et  ne  contient  que  très-peu  de  grains,  qui,  eux-mêmes,  sont 
très-petits. 

Quelques  cultivateurs  ont  été  obligés  de  labourer  la  moitié  de  leurs 
blés,  pour  semer  de  l'orge  à  la  place,  tout  le  blé  ayant  été  détruit. 

Trèfle.  —  L'eau  de  mer  n'a  pas  eu  une  bien  grande  influence  sur  le 
trèfle.  Cependant,  dans  les  endroits  où  l'eau  a  séjourné,  le  trèfle  a  un 
peu  souffert  et  quelques  pieds  sont  morts.  En  somme  ,  la  récolte  a  été 
médiocre  pour  l'année. 

Trèfle  incarnat .  —  Le  trèfle  incarnat  a  beaucoup  plus  souffert  que  le 
trèfle  ordinaire;  les  feuilles  ont  été  comme  brûlées  et  beaucoup  de  pieds 
sont  morts. 

Prairies. —  Le  foin  a  été  mauvais;  il  n'a  presque  pas  poussé  et  beau- 
coup d'herbes  ont  été  détruites.  Les  variétés  qui  ont  le  mieux  résisté 
sont  le  ray-grass  et  la  fétugue,  ou  fausse  ivraie,  mais  surtout  le  ray- 
grass. 

Orge.  —  L'orge  semée  sur  les  terres  submergées  a  donné  de  méilio- 


^72  AGRONOMIE 

cres  produits.  Cependant,  il  parait  que  ce  serait  celle  céréale  qu'il  con- 
viendrait le  mieux  de  semer  dans  les  terrains  exposés  à  l'invasion  de  la 
mer. 

Choux.  —  Les  choux  plantés  avant  l'inondation  et  arrivés  ù  grosseur 
pourrissent  au  collet,  et  l'on  voit  bientôt,  pour  une  grande  partie  au 
moins,  la  pomme  se  séparer  du  pied. 

Dans  un  carré  de  choux-brocoli  de  1,200  pieds,  six  cents  environ  ont 
été  submergés  et,  dans  ces  six  cents,  on  n'en  a  pas  récolté  cinquante, 
tandis  que, dans  la  partie  non  submergée,  la  récolte  a  été  excellente. 

Les  choux  plantés  immédiatement  après  l'inondation  et  sur  la  terre 
qui  avait  été  inondée,  n'ont  donné  qu'une  mauvaise  récolte.  Il  n'y  a  que 
ceux,  qui  ont  été  plantés  beaucoup  plus  tard,  au  mois  de  juillet,  qui  ont 
bien  réussi. 

;  Artichauts.  —  Le  pied  des  artichauts  a  pourri  dans  la  terre;  le  plant 
entier  a  été  détruit. 

Carottes.  —  La  carotte  est  le  légume  qui  a  résisté  le  mieux  à  l'inon- 
dation, bien  qu'il  ait  été  remarqué  que,  dans  cette  condition,  elle  ne 
pousse  pas  franchement. 

Oignon.  —  Quant  à  l'oignon,  une  grande  quantité  a  pourri  à  la  racine; 
la  feuille  a  blanchi  et  est  devenue  ce  qu'on  appelle  échauffée.  Des  car- 
rés de  1,000  à  1,500  pieds,  en  plusieurs  endroits  de  la  plaine,  ont  été 
complètement  perdus. 

Salades.  —  En  général,  l'eau  de  mer  fait  beaucoup  de  tort  à  toutes 
les  salades.  La  laitue  et  la  romaine  pourrissent;  la  chicorée  et  la  sca- 
role souffrent  moins,  en  ce  sens  que  quelques  plants  ont  pu  arriver  à 
bien  ;  mais  la  généralité  jaunit  et  finit  par  pourrir.  La  mâche  a  été  com- 
plètement détruite  ;  il  n'en  est  pas  resté  un  seul  plant. 

Oseille.  —  L'oseille,  nouvellement  piquée,  meurt;  chez  celle  qui  avait 
déjà  repris,  les  feuilles  ont  été  brûlées,  mais  le  pied  n'est  pas  mort  et 
s'est  mis  à  repousser  peu  après  l'écoulement  des  eaux. 

Pois.  —  Les  petits  pois,  déjà  levés,  sont  morts.  Ceux  qui  ont  été  se- 
més après  le  retrait  des  eaux  ont  jauni,  sont  venus  au  quart  de  leur 
hauteur  et  n'ont  rien  donné. 

Bhubarbe.  —  Même  résultat  que  pour  l'oseille  :  tiges  et  feuilles  brû- 
lées, résistance  du  pied,  qui  ne  meurt  pas  et  repousse. 

Haricots.  —  En  ce  qui  est  des  haricots,  des  prudhommes,  des  pois  de 
Rouen,  beaucoup  ont  pourri  en  terre;  ceux  qui  ont  levé  ont  jauni  et 
sont  morts  quelque  temps  après. 

Pommes  de  terre.  —  La  pomme  de  terre  déjà  plantée  dans  les  terres 
qui  ont  été  inondées  a  résisté  assez  bien,  mieux  même  que  la  carotte. 
C'est  donc  la  culture  qui  conviendrait  le  mieux  dans  les  terres  sujettes 
à   de    telles    inondations.    Il    faudrait   autant    que    possible    planter    les 


BOItÉLY.    —   SOCIÉTÉ    DES   SCIENCES   ET    ARTS   AGIUCOLES   DU    HAVRE      («t"o 

espèces  les  plus  rustiques,  c'est-à-dire  celles  que  la  maladie  atteint  le 
moins,  celle  surtout  que  l'on  cultive  le  plus  avantageusement  dans  la 
plaine  de  Gra ville,  sous  le  nom  de  pomme  de  terre  Rosat. 

Les  pommes  de  terre  qui  ont  été  recueillies  dans  les  terres  submer- 
gées en  187o  se  sont  très-bien  conservées  et  étaient  excellentes. 

Tels  sont  les  effets  généraux  constatés  sur  les  cultures  de  la  plaine  de 
l'Eure  a  la  suite  des  inondations  et  sous  l'influence  de  l'eau  de  mer. 

Ce  sont  là. des  laits  purement  de  visu,  sans  aucune  induction  scienli- 
tifique,  mais  qui,  cependant,  ne  sont  pas  sans  importance,  pour  la  théo- 
rie comme  pour  la  pratique. 

Toutefois,  le  président  de  la  Société  a  pensé  que  des  observations  et 
des  recherches  de  cette  nature  devaient  être  poursuivies.  La  plupart 
des  plantes  qui  figurent  dans  cette  revue  sont  des  plantes  annuelles,  des 
végétaux  tendres  et  délicats;  l'oseille,  la  bourrache,  dont  les  racines 
sont  vivaces,  ont  beaucoup  mieux  résisté. 

J'ai  été  aussi  amené  à  provoquer  des  expériences  sur  de  plus  grands 
végétaux,  tant  sur  la  côte  du  Havre  que  dans  la  plaine ,  c'est-à-dire 
sur  des  terrains  entièrement  différents. 

Sur  la  côte,  des  pieds  de  vigne  malades  ont  été  déchaussés  jusque 
dans  le  voisinage  des  racines  ;  l'espèce  de  cuvette  ainsi  formée  a  été 
remplie  d'eau  de  mer  (10  à  lo  litres  par  pied)  ;  la  vigne,  bien  loin  d'en 
souffrir,  s'en  est  très-bien  portée  et  a  montré  une   grande  vigueur. 

Le  terrain  de  la  côte,  siliceux,  friable,  est  beaucoup  moins  humide  que 
celui  de  la  plaine,  où  l'eau  se  rencontre  à  quelques  pieds  de  profondeur; 
on  pourrait  peut-être  conclure  de  cette  expérience  que  l'eau  douce  eût 
eu  le  même  effet. 

Mais,  dans  la  plaine  même,  un  petit  carré  de  jardin,  en  contre-bas  du 
niveau  général,  a  été  couvert  d'eau  de  mer  pendant  huit  jours.  Ce  petit 
jardin  est  planté  de  poiriers  et  de  vignes;  poiriers  et  vignes  souffraient 
évidemment  ;  les  poiriers  mêmes  étaient  atteints  de  chlorose  et  n'avaient 
présenté,  tout  l'été  précédent,  qu'un  feuillage  jaune  et  maladif,  une  végé- 
tation cies  plus  languissantes.  Or,  à  la  suite  du  séjour  prolongé  de  l'eau 
de  mer,  ces  végétaux  ont  acquis  une  vigueur  extraordinaire  ;  la  chlorose 
a  complètement  disparu,  et  les  vignes  ont  été  chargées,  cette  année , 
d'une  multitude  de  grappes  d'un  volume  et  d'un  poids  à  peine  croyable 
(15  octobre  1877). 

L'eau  de  mer  ne  serait-elle  pas  le  véritable  remède  des  maladies  de  la 

vigne  (1)  ? 

(1)  Depuis  que  celte  commuaicaticm  a  été  faite  au  Congrès,  le  Président  de  la  Société  a  recueilli 
de  nombreuses  observations  desquelles  on  pourrait  conclure  ;  1°  que  les  insectes,  plus  ou  moins 
microscopiques,  qui  attaquent  tant  de  nos  végétaux,  ne  résistent  pas  à  l'action  de  l'eau  de  rae 
et  d'un  milieu  fortement  salin  ;  2»  les  mêmes  faits  signalés  dans  la  notice  ci-dessus  uni  ei  : 
constatés  dans  plusieurs  jardins  qui  ont  été  deux  fois  inondés  par  l'eau  de  mer  (une  de  ces  pro- 


0"/(  AGRONOMIE 


M,    MARCHANT 


L'AGRICULTURE  DANS  LE  PAYS  DE  CAUX 


;>  tu  n  i  e  d  a  S9  août   1 877 .  — • 


M.  J.  YINOT 

Directeur  du  Joi  1 1 


LES    INSTRUMENTS  D'AGRICULTURE;  PROJET  DE  PRÊT  AUX  AGRICULTEURS- 


S4an  ce  il  »  S  '>  août   187?.  — 


M.  A.  MULOT 

Profess  iur  à  l'Écol 


NOTE  SUR  LA  FABRICATION  DU  PHOSPHATE  BICALCIQUE 
A  L'AIDE  DES  PHOSPHATES  MINÉRAUX. 


—  Séance  du  30  août   iS77.  — 


La  fabrication  du  phosphate  bilcalcique,  qui  a  pris  une  grande  im- 
portance depuis  quelques  années,  se  fait  le  plus  généralement  avec  les 
liquides  résidus  de  la  préparation  de  la  gélatine  par  l'attaque  des  os  à 
l'aide  de  l'acide  chlorhydriquc. 

Ces  liquides  renferment  de  l'acide  phosphorique,  du  phosphate  acide 
de  chaux  et  du  chlorure  de  calcium.  On  les  précipite ,  soit  à  l'aide  du 
carbonate  de  chaux  (procédé  Pelouze  et  Dussart),  soit  mieux  encore  à 
l'aide  d'un  lait  de  chaux  m  introduisant  une  quantité  de  chaux  telle 
que  le  liquide  renferme,  en  dehors  de  la  chaux  qui  est  combinée  à 
facide  chlorhydrique,  un  équivalent  et  demi  de  chaux  par  équivalent 
d'acide  phosphorique. 

est  restée  huit  jours  recouverte  de  près  d'un  mètre  d'eau  de  mer;  ;  3°  il  reste  à  expéri- 
menter si  l'emploi  du  sel  seul  aurait  les  mêmes  effets  que  l'eau  salée  elle-même;  4°  les  seuls 
grands  végétaux  qui  aient  paru  souffrir  du  séjour  prolonge  de  l'eau  de  mer  sont  les  saules  et 
les  peupliers.  —  F..  B. 


MILLOT.    —   FABRICATION    Dl     PHOSPHATE    BICALCIQUE  i>75 

Le  phosphate  bicalcique  se  précipite  en  cristaux  prismatiques  que  l'on 
peut  égoutter  à  la  turbine.  Les  eaux  sont  précipitées  entièrement  par 
un  lait  de  chaux;  on  laisse  déposer  le  précipité  gélatineux  de  phosphate 
tricalcique,  et  on  jette  la  liqueur  surnageante  qui  ne  contient  que  du 
chlorure  de  calcium. 

Le  phosphate  tricalcique  est  alors  introduit  dans  une  nouvelle  quan 
tité  de  liqueur  acide  à  la  place  de  lait  de  chaux  :  si  la  quantité  de  chaux 
est  exactement  celle  qui  a  été  indiquée  plus  haut,  on  obtient  le  phos- 
phate bicalcique   cristallisé,  qui,   après  séchage,  renferme  40  à   42  0/0 
d'acide  phosphorique  anhydre. 

Si,  au  lieu  d'employer  des  os  ou  des  phosphates  naturels  ne  renfer- 
mant pas  de  sesquioxydes ,  comme  certaines  apatites,  on  veut  se  servir 
de  coprolithes  ou  de  phosphorites ,  les  liqueurs  renferment  alors,  outre 
les  produits  indiqués  plus  haut,  du  sesquioxyde  de  fer  et  de  l'alumine. 
En  suivant  la  méthode  indiquée  ci-dessus  le  phosphate  bicalcique 
obtenu  est  mélangé  de  sous-phosphates  de  fer  et  d'alumine,  qui  sont 
gélatineux  et  empêchent  la  liltration  et  le  séchage  du  produit,  en 
retenant  du  chlorure  de  calcium. 

On  peut  avec  certains  phosphates  naturels  remédier  à  cet  inconvénient; 
en  les  attaquant  avec  des  acides  faibles ,  on  ne  dissout  que  peu  de  ses- 
quioxydes. Dans  la  plupart  des  cas,  même  en  opérant  ainsi,  la  proportion 
du  sesquioxyde  attaqué  est  très-considérable.  On  peut  alors  modifier  le 
procédé  ainsi  qu'il  suit  : 

Lorsque  l'on  ajoute  goutte  à  goutte  du  lait  de  chaux  ou  du  phosphate 
tricalcique  à  la  solution  acide  de  phosphate,  avant  qu'il  se  précipite 
du  phosphate  bicalcique,  tout  le  fer  et  l'alumine  sont  précipités  à  l'état 
de  phosphates  de  la  formule  PO%  Fe203,  4HO,  PO3  APO3,  2HO;  ces 
phosphates  sont  blancs,  on  peut  les  séparer  par  le  filtre,  et  précipiter 
ensuite  la  liqueur  épurée  pour  obtenir  le  phosphate  bicalcique.  Mal- 
heureusement ces  deux  phosphates  sont  un  peu  gélatineux  et  leur  lil- 
tration est  difficile. 

Il  vaut  mieux  chauffer  la  liqueur  à  100  degrés  et  opérer  comme 
ci-dessus  ;  dans  ce  cas>  on  obtient  les  phosphates  3P05 ,  2Fe203,  8HO  et 
3POG ,  2A1203,  8HOj  qui  tous  deux  sont  blancs  et  cristallins,  et 
se  filtrent  facilement  ;  mais  la  filtration  doit  être  faite  à  chaud,  à  l'aide 
d'un  filtre-presse  par  exemple,  car  ils  se  redissolvent  à  froid. 

Ces  phosphates  sont  entièrement  solubles  dans  le  citrate  d'ammoniaque 
et  l'oxalate  d'ammoniaque  ;  comme  le  phosphate  bicalcique,  ils  ont  la 
même  valeur  commerciale  et  doivent  donner  des  résultats  agricoles 
analogues. 


970  AGRONOMIE 


MM.    DEHERAIN    et   MNTIER 


RECHERCHES  SUR  LE  DÉVELOPPEMENT  DE  L'AVOINE  Hi 
[kxtrait. 


#-   Séance   du   :i(j  août   187'.  — 

M.  Dehérain  présente  en  son  nom  et  en  celui  d'un  de  ses  élèves,  M.  Nan- 
tier,  chimiste  attaché  à  la  station  agronomique  de  Grignon,  le  résultat  de 
eurs  études  sur  le  développement  de  l'avoine. 

On  a  prélevé  dans  un  champ  des  échantillons  à  divers  moments  de  la  crois- 
sance, en  1876  et  en  1877;  ils  ont  été  pesés  à  l'état  normal;  puis,  après  dessic- 
cation complète,  on  a  pu  suivre  ainsi  le  développement  de  la  plante  jusqu'à 
la  maturité;  on  a  de  plus  déterminé  la  composition  de  chacun  des  échantil- 
lons, d'où  on  a  pu  déduire  la  composition  de  la  récolte  entière  sur  une  sur- 
face donnée  pendant  toute  la  durée  de  la  croissance. 

M.  Dehérain  met  sous  les  yeux  de  la  section  un  graphique  de  grande  dimen- 
sion sur  lequel  sont  construites  les  courbes  représentant  la  composition  de  la 
plante  entière  aux  diverses  phases  de  son  développement  et  en  outre  celles 
des  épillets  et  celle  du  reste  de  la  plante  pendant  la  maturation. 

L'auteur  expose  d'abord  les  méthodes  analytiques  qui  ont  été  employées  ; 
il  appelle  l'attention  de  ses  collègues  sur  l'insuffisance  actuelle  des  procédés 
de  dosage  :  près  d'un  cinquième  du  poids  de  la  matière  sèche  est  encore  re- 
présenté sous  le  nom  vague  de  matière  extractive;  on  a  dosé  directement  la 
matière  azotée,  la  matière  soluble  dans  l'éther  (chlorophylle),  la  gomme,  le 
tannin,  le  sucre  de  canne,  le  glucose,  les  cendres,  l'amidon,  la  cellulose,  les 
matières  extractives,  par  différence,  les  matières  pectosique3. 

En  examinant  la  première  partie  du  tableau  que  l'auteur  présente  à  1» 
section,  on  voit  que  le  poids  de  récolte  normale  à  l'hectare  a  augmenté  en 
1877  jusqu'au  11  juillet,  où  elle  a  atteint  le  taux  maximum  de  43,333  kilos; 
à  partir  de  cette  époque,  elle  décroît  rapidement,  et  au  moment  delà  moisson 
elle  n'est  plus  que  de  14,533  kilos. 

Le  maximum  de  matière  sèche  se  trouve  également  le  11  juillet;  de  celte 
époque  à  la  moisson,  cette  quantité  diminue  légèrement. 

Si  on  étudie  le  graphique  qui  représente  la  composition  de  la  récolte  d'avoine 
supposée  complètement  sèche  depuis  l'origine  des  analyses  jusqu'à  la  moisson, 
composition  représentée  par  des  lignes  de  diverses  couleurs,  dont  la  marche 
ascendante  ou  descendante  indique  le  poids  de  chacun  des  principes  immédiats 
que  la  matière  renferme,  on  remarque  les  faits  suivants: 

La  ligne  de  cellulose  qui  domine  tontes  les  autres  s'élève  constamment  avec 
une  grande  rapidité,  jusqu'au  il    juillet,    puis    plus    lentement,  mais   encore 

i)  Ci'  Mémoire  a  cte  publié  mi  extenso  dans  le  cahier  du  décembre  ii"v,  des  Annales  agronomi- 
ques. 


TRUCHOT.  —  DE  LA  FERTILITÉ  DES  TERRES  VOLCANIQUES       9"7 

d'une  façon  sensible  jusqu'à  la  moisson.  Comme  le  poids  de  matière  sèche 
totale  a  cessé  d'augmenter  à  partir  du  11  juillet,  il  faut  admettre  que  la  cel- 
lulose provient  de  la  transformation  de  quelques-uns  des  autres  principes  qui 
vont  en  diminuant  pendant  la  maturation. 

L'amidon  et  les  matières  extractives  augmentent  également  très-rapidement 
jusqu'au  11  juillet,  puis  très-lentement  jusqu'à  la  moisson.  Ces  trois  principes 
forment  à  ce  moment  près  des  deux  tiers  de  la  récolte.  Les  matières  azotées 
augmentent  jusqu'au  11  juillet,  puis  décroissent  légèrement  jusqu'à  la  moisson. 
Enfin,  le  sucre,  le  glucose,  le  tannin,  qui  ne  forment  jamais  qu'une  très-faible 
partie  de  la  récolte,  présentent  leur  maximum  le  28  juin,  puis  décroissent 
à  partir  de  ce  moment  jusqu'à  la  moisson. 

En  comparant  la  composition  du  haut  et  du  bas  des  tiges  à  diverses  époques, 
on  reconnaît  qu'à  partir  du  11  juillet,  tous  les  principes  baissent  dans  le  bas 
des  tiges,  à  l'exception  de  la  cellulose  et  des  matières  extractives;  l'amidon,  les 
matières  azotées,  les  matières  minérales  se  transportent  au  sommet  ;  par  suite, 
les  courbes  indiquant  la  quantité  de  ces  matières  qui  existent  dans  les  épillets 
vont  constamment  en  s'élevant. 

M.  Dehérain  insiste  sur  un  fait  intéressant:  au  28  juin,  le  poids  de  la  ré- 
colte a  été  le  même  en  1876  et  en  1877,  et  cependant  en  1876  on  a  eu  à  Gri- 
gnon  une  très-bonne  récolte  de  grain,  tandis  qu'elle  été  très-faible  en  1X77. 
Or,  les  analyses  montrent  qu'en  1876,  la  plus  grande  partie  des  matières  azotées 
avaient  émigré  du  bas  des  tiges  vers  les  épillets,  tandis  qu'en  1877,  il  reste  plus 
de  matières  azotées  dans  le  bas  des  tiges  que  dans  la  partie  supérieure;  il  est 
curieux  de  voir  cependant  que  la  migration  de  l'amidon  s'est  faite  beaucoup 
plus  complètement  que  celle  des  matières  azotées. 

Il  paraît  probable  à  M.  Dehérain  que  si  la  récolte  de  grain  a  été  très-faible 
en  1877  à  Grignon,  c'est  plutôt  par  suite  d'une  migration  incomplète  des 
principes  immédiats  que  par  suite  d'une  élaboration  moins  active  de  matière 
végétale. 


M.    TRÏÏCHOT 

Professeur   de  chimie  à   la    Faculté   des   sciences  de   Clermont. 
Directeur  de  la  station  agronomique  du  Centre. 


DE  LA  FERTILITÉ  DES  TERRES  VOLCANIQUES. 


—  Séance  du  30    août  1877. 


C'est  un  fait  bien  connu  que  les  terres  volcaniques  sont  en  général 
douées  d'une  fertilité  exceptionnelle.  Il  suffirait,  d'ailleurs,  pour  s'en 
convaincre  de  parcourir  l'Auvergne  en  observant  l'état  des  cultures  ou 
seulement  l'aspect  du  sol,  en  se  rendant  ensuite  compte  de  sa  nature. 

62 


978  AGRONOMIE 

Telle  montagne  est  couverte  d'une  herbe  épaisse  qui  nourrit  de  beaux 
troupeaux;  telle  autre  est  aride,  brûlée,  stérile.  Or,  il  n'y  a  pas  à  s'y 
tromper,  la  première  est  volcanique,  la  seconde  granitique. 

11  arrive  souvent,  dans  le  département  du  Puy-de-Dôme,  qu'autour  d'un 
même  village  on  rencontre  des  sols  volcaniques  et  des  sols  granitiques 
contigus,  qui  ne  diffèrent  ni  d'exposition  ni  d'altitude,  mais  seulement 
par  leur  composition  chimique,  el,  là  encore,  la  fertilité  est  très-diffé- 
rente :  les  cultivateurs  expriment  ordinairement  la  bonne  qualité  d'une 
terre  en  disant  qu'elle  est  volcanisée. 

Il  était  dès  lors  bien  naturel  de  rechercher  dans  la  composition  des 
terres  et  des  roches  qui  les  ont  produites  par  leur  désagrégation  les 
éléments  qui  contribuent  à  la  fertilité  de  ces  terres  et  de  plus  l'ordre 
d'importance  de  ces  mêmes  éléments. 

C'est  ce  qui  a  été  souvent  fait  et  discuté.  Tout  récemment  (1),  M.  le 
Dr  Pietro  Gavazzi,  dans  un  travail  intitulé  :  Analyse  chimique  et  pouvoir 
fertilisant  des  laves  et  autres  substances  rejetées  par  les  volcans,  fournit 
de  nombreuses  analyses  de  roches  volcaniques  et  arrive  à  cette  conclu- 
sion :  «  que  la  composition  chimique  des  laves  et  des  autres  produits 
»  volcaniques  permet  d'expliquer  scientifiquement  laraison  pour  laquelle 
»  les  matières  vomies  par  les  volcans  fécondent  les  terres  d'une  façon  si 
»  prodigieuse,  » 

Mais  les  analyses  consignées  dans  ce  travail  ne  signalent  point  la  pré- 
sence de  l'acide  phosphorique,  les  analystes  auxquels  elles  sont  dues 
■  n'ayant  point  dosé  cet  élément.  Or,  comme  il  me  semble  établi  que 
l'acide  phosphorique  entre  pour  une  grande  part,  sinon  pour  la  plus 
grande,  dans  l'appréciation  qui  peut  être  faite  de  la  fertilité  d'une 
terre  eu  égard  à  sa  composition,  j'ai  pensé  que  la  conclusion  du  savant 
Dr  Gavazzi,  si  vraie  qu'elle  soit,  d'une  manière  absolue,  n'est  pas  en 
rapport  avec  les  prémisses  et  je  demanderai  à  la  section  d'agronomie  de 
l'Association  française  la  permission  de  revenir  une  fois  de  plus 
sur  la  question  et  de  lui  soumettre  les  réflexions  suivantes  sur  ce 
sujet   intéressant. 

Lorsqu'on  étudie  le  développpement  des  végétaux,  on  arrive  à  re- 
connaître qu'ils  doivent  de  toute  nécessité  trouver  dans  le  sol  de  l'humus 
ou  de  l'acide  phosphorique,  et  comme,  d'autre  part,  les  cendres  de  ces 
végétaux  renferment  de  la  potasse  et  de  la  chaux,  on  a  pu  en  conclure 
que  ces  deux  derniers  éléments  sont  pour  le  moins  très-utiles. 

Quant  à  la  silice,  à  l'alumine,  au  fer,  au  manganèse,  etc.,  les  sols 
les  plus  pauvres  en  sont  en  général  surabondamment  pourvus;  il  n'y 
a  donc  pas  à  s'en  occuper.  De  sorte  qu'au  point  de   vue  de  la  fertilité 

1 1  Annales  de  chimie  et  de  physique,  juin  1877,  p.  244. 


TRUCHOT.  —  DE  LA  FERTILITÉ  DES  TERRES  VOLCANIQUES      979 

résultant  de  la  composition  du  sol ,  il  suffit  de  considérer  les  quatre 
éléments  suivants  :  l'humus,  l'acide  phosphorique,  la  potasse  et  la 
chaux. 

L'humus,  matière  carbonée  et  azotée  dont  la  combustion  dans  la 
terre  fournit  l'acide  carbonique  destiné  à  solubiliser  le  phosphate  de 
chaux,  est  entretenu  dans  le  sol  par  la  culture. 

La  potasse  existe  naturellement  en  proportion  ordinairement  suffisante 
dans  tous  lès  sols.  Elle  provient  surtout  de  la  désagrégation  des  felds- 
paths  qui  ont  fourni  l'argile,  et  les  terres  granitiques,  pourtant  si  peu 
fertiles,  contiennent  une  grande  quantité  de  cet  alcali.  Aussi  lorsque  après 
des  fumures  ordinaires,  on  veut  amender  une  terre  au  moyen  des  engrais 
industriels,  s'adresse-t-on  de  préférence  aux  phosphates. 

La  chaux,  qui  constitue  la  majeure  partie  des  terrains  calcaires,  qui 
existe  en  proportion  suffisante  dans  les  terrains  volcaniques,  manque 
dans  les  terres  granitiques  et  dans  les  terres  siliceuses.  Les  chaulages 
sont  indispensables  pour  obtenir  de  ces  dernières  des  produits  abondants  ; 
mais  chacun  sait  que  la  chaux  ajoutée  ne  suffit  pas  pour  entretenir  la 
fertilité  ;  bien  plus,  des  chaulages  exclusifs  amènent  la  fertilité,  parce  que 
cet  élément  met  en  œuvre,  s'il  est  permis  de  s'exprimer  ainsi,  les 
engrais  azotés  et  phosphatés,  et  partant  épuise  la  réserve  du  sol. 

Il  n'en  est  plus  demême  de  l'acide  phosphorique  ;  beaucoup  de  terres 
sont  exposées  à  en  manquer;  l'addition  des  phosphates  réussit  toujours, 
et  la  pratique  a  trouvé  la  solution  de  la  question,  à  savoir  l'importance 
capitale  de  l'acide  phosphorique,  et  l'a  résolue  en  demandant  à  l'in- 
dustrie des  quantités  de  plus  en  plus  considérables  de  superphosphates. 

Aussi  M.  P.  de  Gasparin  ,  à  qui  l'agronomie  est  redevable  de  nom- 
breuses analyses  de  terres  et  d'observations  de  la  plus  haute  importance 
qui  en  ont  été  déduites,  n'hésite  pas  à  affirmer  qu'une  classification 
divitîale  des  terres  doit  être  ordonnée  d'après  le  dosage  de  l'acide  phos- 
phorique. Il  appelle  : 

1°  Terrain  très-riche,  celui  qui  contient  plus  de  2  millièmes  d'acide 
phosphorique  ; 

2°  Terrain  riche,  celui  qui  en  contient  de  1  à  2  millièmes; 

3°  Terrain  moyennement  riche,  celui  qui  en  contient  de  1/2  mil- 
lième à  1  millième  ; 

4°  Terrain  pauvre,  celui  qui  en  contient  moins  de  1/2  millième. 

Cela  posé,  qu'il  me  soit  permis  de  reproduire  ici  des  analyses  qui 
montreront  bien  cette  importance  de  l'acide  phosphorique. 

Je  mettrai  en  regard,  dans  le  tableau  suivant,  les  quantités  de  chaux, 
de  potasse  et  d'acide  phosphorique  extraites  de  roches  granitiques  et  de 
roches  volcaniques  subdivisées  en  laves  et  en  trachytes. 

On  a  dosé  dans  100  parties  : 


080 


AGRONOMIE 


S°»  d'ordre 


DESIGNATION  DES  ROCHES 


CHAUX 


POTASSE 


ACIDE 

phosphorique    I 


ROCHES     GRANITIQUES 


Granité  du  Bourgeon  (Truchot) 
Id.  de  Trézioux  Id.  .  . 
Id.       de  Theix  id.   .   . 


Moyenne 


0040 

0-160 

0.099 

0.332 

traces 

0.371 

0 .  046 

0.288 

0.015 
0.048 
0.037 


0.033 


ROCHES    VOLCANIO.UES   (TIUCHVTES) 


Domite  du  Puy-de-Dôme  (Truchot). 

Id.  Id.  Id.    .  . 

Trachyte  du  Mont-Dore         Id.  .  . 

Moyenne  


2. 104 
2.100 
2.400 


2  201 


3.712 
3.504 
4.110 


3.775 


0.096 
0.109 
0.217 


0.131 


ROCHES    VOLCANIQUES    (LAVES) 


Lave  de  Gravenoire  (De  Lasaulx) 

Id.      partiellement  décomposée  (Truchot) 
Lave  du  Puy-de-Dôme  (Kosmann) 


Moyenne 


10.700 
9.870 
3.580 


1.280 
1.050 
1.950 


8-120 


1.427 


0.860 
1.100 
0.680 


0.880 


J'aurais  pu  étendre  ce  tableau  ;  mais  les  moyennes  n'auraient  pas  été 
sensiblement  modifiées  et  les  chiffres  obtenus  sont  suffisamment  signi- 
ficatifs. 

Je  ferai  remarquer  d'abord  que  les  trois  classes  de  roches  analysées 
correspondent  à  des  sols  de  fertilité  bien  différente.  Les  terres  formées 
par  les  granités  du  Bourgnon,  de  Trézioux  et  de  Theix  sont  relative- 
ment très-médiocres,  et  ce  n'est  qu'après  des  chaulages  et  l'addition 
d'engrais   phosphatés    que  des  agriculteurs  habiles  en   ont  tiré  un  bon 

profit. 

Les  terres  formées  par  les  trachytes  sont  naturellement  plus  fertiles  ; 
mais  beaucoup  moins,  cependant,  que  celles  de  la  troisième  catégorie, 
c'est-à-dire  formées  par  les  laves. 

Sans  doute,  la  proportion  de  chaux  croît  dans  ces  terres  en  raison 
de  la  fertilité  ;  cependant,  on  ne  songera  pas  à  attribuer  à  cet  élément 
le  rôle  prépondérant,  car,  comme  cela  a  été  observé  précédement,  les 
chaulages  seuls,  sans  addition  d'engrais  phosphatés,  ne  procureraient 
qu'une  amélioration  apparente  et  momentanée  et  en  réalité  amèneraient 
la  stérilité. 

Il  est  impossible,  en  second  lieu,  d'attribuer  à  la  potasse  un  effet 
prédominant,  puisque  les  roches  de  la  seconde  classe,  qui  contiennent  la 
chaux  et  l'acide  phosphorique  en  bonne  proportion,  sont  très-riches  en 
alcali  et  en  particulier  le  sont  beaucoup  plus  que  les  laves,  tout  en 
formant  des  sols  de  moindre  valeur. 

Reste  l'acide  phosphorique;  les  dosages   correspondants  pour  les  trois 


TRUCHOT.  —  DE  LA  FERTILITÉ  DES  TERRES  VOLCANIQUES       981 

catégories,  qui  sont  entre  eux.  comme  les  nombres  i,  4,  26,  sont  signi- 
ficatifs et  montrent  bien  que  l'acide  phosphorique  donne  plutôt  que  la 
potasse  la  mesure  de  la  fertilité  d'une  terre  arable. 

Si,  au  lieu  de  considérer  la  composition  des  roches,  on  compare  les 
éléments  trouvés  par  l'analyse  dans  les  terres  elles-mêmes,  on  arrive  à 
la  même  conclusion. 

Le  tableau  qui  suit,  disposé  comme  le  précédent,  c'est-à-dire  présen- 
tant trois  catégories  de  terres  par  ordre  de  fertilité  croissante,  contient 
également  les  quantités  trouvées  de  chaux,  de  potasse  et  d'acide  phos- 
phorique dans  100  parties  de  terre.  On  y  a  ajouté  de  plus  les  propor- 
tions «l'azote  et  de  carbone  des  matières  organiques  qui  constituent  le 
quatrième  facteur  important  de  la  fertilité.  Enlin,  les  échantillons  ont 
été  choisis  de  manière  à  représenter  encore  la  moyenne  générale. 


d'erdr* 

DÉSIGNATION    DES  TERRES 

CHAUX 

POTASSE 

Acide 
pbospborique 

AZOTE 

Carbone 

organiques 

TER 

RBS     GRAMTIUl'IS 

1 

Terre  du  Bourgnon  (Truchot)   .... 

0.300 

0.129 

0.089 

0.185 

2.640 

2 

traces 

0.3'.5 

0.086 

0.052 

0.415 

3 

traces 

0.405 

0.024 

0.066 

1.020 

„ 

n.9<w 

0.066 

0.101 

1.358 

TERRES    \ 

OLCAMQUES     (LAVIQl'ES 

) 

4 

Terre  de  Beaumont             (Truchot)  . 

1.600 

0.22G 

0.403 

0.105 

0.920 

5 

Terre  d'Aubière                         id.    .   . 

2.600 

0.160 

0.304 

0.218 

1.810 

6 

Terre  de  St-Jacques  près  Clermont  id. 

2.800 

0.269 

0.208 

0.267 

2. 685 

2.233 

0.218 

0.305 

0.197 

1  .805 

TER 

RES    D'ALLUMO* 

7 

Terre  de  Pont-du-Château  (P.  de  Gas- 

3.853 

0.280 

0.416 

» 

» 

8 

Terre   de  Montdésir,  près    Clermont 

(Truchot)  .   .   . 

9. 970 

0.548 

0.296 

0.310 

1.145 

9 

Terre  de  Sarlièves           id.     ... 

8.340 

0.435 

0.304 

0.210 

1.464 
1.301 

7.387 

0-417 

0.339 

0.260 

Les  remarques  précédentes  relatives  à  la  chaux  et  à  la  potasse  s'ap- 
pliquent de  même  au  cas  des  terres.  Si,  d'une  part,  les  terres  d'alluvion, 
les  meilleures  sans  contredit,  contiennent  plus  de  potasse  que  les  terres 
volcaniques,  de  l'autre,  celles-ci  en  renferment  moins  que  les  terres 
granitiques  qui  leur  sont  inférieures  de  beaucoup. 

La  quantité  de  carbone  constituant  les  matières  organiques  est  sensi- 
blement la  même  dans  les  trois  cas.  Quant  à  l'azote,  il  faut  reconnaître 
que  la  proportion  croit  avec  la  fertilité,  et  il  n'y  a  pas  bien  longtemps 
qu'on  s'accordait   à   trouver  dans  cet  élément  seul    la  mesure  de  la 


982  AGRONOMIE 

valeur  d'un  sol.  Toutefois,  les  chiffres  du  tableau  précédent  montrent  que 
les  termes  de  la  progression  ne  s'accroissent  pas  aussi  rapidement  que 
ceux  que  fournit  l'acide  phosphorique. 

Il  me  semble  donc  permis  de  conclure  que  le  D'  Gavazzi  en  attribuant  la 
fertilité  des  matières  vomies  par  les  volcans  aux  doses  de  silice,  d'alumine 
d'oxyde  de  fer,  de  chaux,  de  magnésie  et  de  potasse,  que  l'analyse  y  a 
constatées,  a  négligé  de  considérer  l'élément  le  plus  important  de  tous, 
l'acide  phosphorique  que  les  auteurs  des  analyses  rapportées  n'avaient 
point  déterminé. 

Et  je  prendrai  la  liberté  en  terminant  ces  considérations  de  reproduire 
l'une  des  conclusions  auxquelles  m'a  conduit  un  premier  travail  sur  les 
terres  d'Auvergne  (1): 

a  •  L'acide  phosphorique  est  l'élément  principal  de  la  fertilité  des  terres 
»  d'Auvergne  et  les  sols  volcaniques  doivent  en  grande  partie  leur 
»  supériorité  à  une  proportion  notable  de  cet  acide  phosphorique  rendu 
»  d'ailleurs  plus  facilement  soluble  et  assimilable  par  la  présence  de  la 
»  chaux.   » 


M.  A.  LÀDÏÏREÀÏÏ 

Directeur  du  Laboratoire  fie  l'Étal  el  de  la  Station  agronomique  du  Nord. 


ETUDE     SUR     L'INFLUENCE     DE     LA     GRAINE     DANS     LA     CULTURE 
DE  LA   BETTERAVE  A  SUCRE. 


—  Séance  du  30  août   1S77.  — 

Nos  études  des  années  précédentes  ayant  eu  pour  but  de  déterminer 
l'influence  des  engrais  divers  et  du  mode  de  culture  sur  la  richesse  en 
sucre  des  betteraves  et  sur  leur  rendement  à  l'hectare,  nous  avons  re- 
cherché plus  spécialement  cette  année  quelle  part  de  cette  influence 
était  attribuable  à  la  nature  des  graines  employées.  Nous  avons  cherché 
dans  notre  expérimentation  à  éclairer  certains  points  encore  douteux. 
Avant  tout,  nous  avons  voulu  connaître  si  la  grosseur  des  graines  avait 
une  influence  quelconque  sur  les  produits  auxquels  elles  donnent  nais- 
sance; nous  présentons  plus  loin  le  résultat  absolument  négatif  de  nos 
recherches  sur  ce  sujet  intéressant. 

Un  second  point  nous  a  paru  digne  d'être  également  étudié:  c'est  de 
connaître  quels  changements  peut  produire  sur  la  levée,  sur  la  richesse 

(1)  Annales  agronomiques.  A.  i,  187S. 


V.    I.ADUREAU.    —  CULTURE    DE    LA    BETTERAVE    A    SUCRE  983 

el  !a  qualité  des  betteraves,  l'immersion  prolongée  de  leur  graine  dans 
•  les  sels  chimiques  utiles  à  la  végétation.  Cette  expérimentation  a  produit 
en  effet  des  résultats  dignes  de  remarque. 

Nous  avons  enfin  recherché  quelles  différences  produisait  l'emploi  de 
graines  de  provenance  et  de  nature  diverses  et  terminé  notre  expérimen- 
tation sur  la  betterave  par  l'étude  de  quelques  engrais  complets  et  de 
deux  espacements,  l'un  écarté,  et  l'antre  rapproché,  comme  contrôle  de 
nos  résultats  obtenus  l'an  dernier. 

INFLUENCE  DE  LA  GROSSEUR  DE  LA  GRAINE. 

Cette  étude  a  été  faite  sur  un  champ  d'expériences  que  notre  collègue, 
M.  Lepeuple-Lecouffe,  cultivateur  de  graines  de  betteraves  à  Bersée,  a 
bien  voulu  nous  prêter  dans  ce  but. 

Nous  savions,  par  des  expériences  précédentes,  que  les  qualités  des  bet- 
teraves se  transmettaient,  par  voie  d'hérédité  naturelle,  a  celles  que  l'on 
obtenait  en  plantant  des  graines  qu'elles  avaient  produites. 

Ainsi  les  graines  provenant  de  betteraves  riches  en  sucre  donnent 
généralement  des  produits  plus  riches  en  cet  élément  que  les  graines 
récoltées  sur  des  betteraves  de  mauvaise  qualité.  C'est  la  transmission  des 
qualités  ou  des  défauts  des  ascendants  à  leurs  descendants,  loi  que  l'on 
rencontre  à  chaque  pas  dans  le  règne  animal,  et  à  laquelle  le  règne 
végétal  lui-même  paraît  soumis. 

Tout  le  monde  sait  que  c'est  sur  ce  fait  qu'est  basée  la  production  de 
la  graine  de  betteraves,  au  moyen  de  la  sélection  des  sujets  destinés 
à  la  reproduction.  Durant  quelques  années,  cette  sélection  avait  été 
faite  en  se  basant  simplement  sur  les  caractères  deitsimétriques. 
On  prenait,  au  moyen  de  bains  liquides  de  concentrations  diverse  .  la 
densité  approximative  des  betteraves  porte-graines  ;  on  rejetait  touL  ce 
qui  n'atteignait  pas  une  densité  assez  élevée,  et  on  gardait  pour  la  pro- 
duction de  la  semence  toutes  celles  qui  présentaient  un  poids  spécifique 
satisfaisant. 

On  a  reconnu  que  ce  caractère  n'offrait  pas  des  garanties  suffisantes 
de  richesse  saccharine,  qu'il  y  avait  des  désaccords  fréquents  entre  la 
densité  et  la  qualité  des  racines,  bref  que  l'analyse  chimique  seule  pou- 
vait donner  des  renseignements  assez  certains  pour  garantir  la  réussite 
des  récoltes.  Aussi  les  grands  planteurs  de  graines  de  betteraves,  les  Des- 
prezde  Cappelle  entre  autres,  n'ont-ils  pas  hésité  à  faire  les  frais  de  vastes 
et  dispendieux  laboratoires  dans  lesquels  ils  analysent  annuellement 
quelques  centaines  de  mille  racines  destinées  à  la  reproduction. 

On  verra,  par  le  tableau  que  nous  donnons  ci-après,  les  différences  par- 
fois considérables  qui  peuvent  exister  dans  la  richesse  de  deux  betteraves 


AGRONOMIE 

offrant  néanmoins  la  même  densité.  Ces  analyses  et  essais  ont  été  faits 
par  nous  sur  des  betteraves  porte-graines  récoltées  par  M.  Trézé,  produc- 
teur de  graines  de  betteraves  à  Ennevelin  (Nord),  membre  du  Comice 
agricole  de  Lille.  Il  va  sans  dire  que  les  betteraves  expérimentées  étaient 
toutes  destinées  à  la  production  de  la  graine,  et  qu'elles  avaient  été 
plantées  dans  ce  but,  à  de  très-faibles  distances  l'une  de  l'autre,  de 
manière  à  avoir  des  betteraves  petites,  régulières  et  riches  en  sucre. 

Voici  ce  tableau: 

Son  inspection  montre  que,  s'il  y  a  d'une  manière  générale,  une  pro- 
gression dans  la  proportion  de  sucre,  correspondante  à  l'élévation  de  la 
densité  des  racines,  on  constate  néanmoins  un  trop  grand  nombre  d'ex- 
ceptions à  cette  règle  pour  pouvoir  accepter  comme  base  d'une  culture 
sérieuse  les  résultats  fournis  par  les  seuls  caractères  densimétriques. 

TABLEAU    N°    t. 

Rapport  de  la  densité  des  Betteraves  à  leur  richesse  saccharine. 


DENSITÉ 

CELLULOSE 

des 

EAU 

SUCRE 

et 

SELS 

RACINES 

MATre"    AI.BIMINOIDES 

MINÉRAUX 

H. 025-30 

90.88 

6.42 

1.77 

0.90 



89.75 

7.40 

1  .90 

0.86 

— 

88.53 

8.83 

1    77 

0.85 

88.15 

9.81 

1.49 

0.55 

— 

87.92 

10.03 

1.57 

0.48 

— 

84.81 

11.90 

2 .  03 

0.66 

1.030-40 

88.17 

7.69 

:;  :\i 

0.82 

— 

86.56 

9.80 

2.93 

0.71 

— 

86.19 

10.87 

2.19 

0.75 

— 

85.75 

11.36 

2.49 

0.40 

_ 

84.47 

12.19 

2.77 

0.57 

— 

83.87 

13.16 

2.50 

0-47 

1.040-50 

84.83 

11.64 

2.85 

0.68 

— 

82.92 

12.82 

3.81 

0.45 

_ 

83.49 

12.96 

2.86 

0.69 

— 

83.27 

13.89 

2.22 

0-62 

— 

82.22 

14.29 

3. OS 

0.41 

— 

83-13 

U.52 

1.80 

0.55 

— 

82. 51 

14.71 

2.10 

0.67 

1.050-60 

82.39 

13.16 

3.85 

0.60 

— 

83.30 

13.90 

2.29 

0.51 

— 

83.57 

14.29 

1 .  68 

0.46 

— 

82.02 

15.15 

2.28 

0.45 

1.060-70 

l             81.03 

15.95 

2.56 

0.47 

Il  est  bon  d'ajouter  néanmoins  qu'il  n'en  est  pas  de  même  pour  le  jus 
extrait  des   mêmes    betteraves  râpées  et  soumises  à  la  pression.  Ici  le 


A.  LADUREAU.  —  CULTURE  DE  LA  BETTERAVE  A  SUCRE        985 

rapport  entre  la  densité  et  la  richesse  saccharine  est  presque  constant; 
et  sauf  quelques  anomalies  produites  par  les  betteraves  cultivées  dans 
certains  sols  chargés  de  sels  facilement  assimilables,  ou  sur  lesquels  on 
a  abusé  des  engrais  salins,  nitrate  de  soude  et  autres,  betteraves  qui  of- 
frent une  densité  d'autant  plus  élevée  que  la  proportion  de  sels  absorbés 
est  plus  considérable,  on  peut  avec  une  très-grande  approximation  dé- 
duire de  la  densité  des  jus  prise  à  une  température  déterminée,  lo°  par 
exemple,  la  richesse  centésimale  en  sucre  des  racines. 

Ce  procédé  d'évaluation  de  la  richesse  et  par  suite  de  la  valeur  com- 
merciale des  betteraves,  d'après  la  densité  de  leur  jus,  a  été  adopté,  aux 
mois  de  février-mars  1876,  dans  un  congrès  qui  s'est  réuni  à  Lille,  dans 
le  but  d'établir  une  nouvelle  base  d'achat  de  cette  plante  saccharifère, 
plus  rationnelle  que  celle  qui  avait  été  adoptée  jusque-là,  l'achat  au  poids. 
Depuis,  la  plupart  des  centres  sucriers  de  France  ont  pris  des  mesures 
analogues. 

Cette  digression  nous  a  entraîné  un  peu  loin  de  notre  sujet;  hâtons- 
nous  d'y  revenir. 

Si  les  betteraves  transmettent  leur  richesse  à  leur  descendance  au  moyen 
de  leur  graine,  les  caractères  physiques  de  ces  graines  exercent-ils  une 
influence  sur  les  produits,  les  grosses  graines  donnent-elles  de  grosses 
racines,  et  les  petites  graines  de  petites,  ainsi  que  certains  l'ont  pré- 
tendu ? 

Pour  obtenir  une  réponse  satisfaisante  à  cette  question,  nous  avons  pris 
trois  échantillons  de  graines  de  bonne  qualité,  de  provenance  et  nature 
différentes,  aussi  homogènes  que  possible  et  les  avons  séparés,  chacun 
en  trois  lots  différents ,  au  moyen  de  cribles  à  mailles  égales  et  de  di- 
mension variable.  En  mesurant  exactement  le  diamètre  des  trois  cribles, 
nous  avons  isolé 

des  graines  ayant  6  millimètres  de  diamètre, 
des  graines  ayant  5  id. 

et  des  graines  ayant  4  id. 

Cette  opération  a  été  faite  pour  chacune  des  3  variétés  de  betteraves  que 
nous  voulions  essayer.  Les  graines  plantées  le  même  jour,  dans  des  con- 
ditions identiques,  ont  donné  des  résultats  presque  identiques  également 
pour  chacune  d'elles  ;  le  poids  et  la  richesse  saccharine,  variant  pour 
chaque  espèce  particulière  de  graines,  comme  cela  était  prévu  du  reste, 
sont  restés  à  peu  près  les  mêmes ,  pour  les  grosses,  les  moyennes  et 
les  petites  graines,  ainsi  qu'il  est  facile  de  le  voir  à  l'inspection  du 
tableau  n°  2. 


:)vi, 


AGRONOMIE 


TABLEAU    N°   2. 

Influence  de  la   grosseur   de    la  graine. 
Champ  de  Bersée. 


DIAMÈTRE 

NATURE 

RENDEMENT 

RICHESSE 

des 

de  la 

a 

moyenne 

OBSERVATIONS 

GRAINES 

BETTERAVE 

i,'hectare 

en  sucre  0/0 

0n,,006 

Silésie  collet  rose 

kil. 

5'..  000 

11.90 

Levée  assez  bonne,  quelques  manquants. 

5 

(n.   2) 

52.000 

13.17 

Du  peu  plus  île  manquants  que  dans  la  prée 

dente. 

4 

Id. 

55.000 

19.09 

Bonne  levée,  assez  régulièrement  venue. 

0m,006 

Silésie  collet  vert 

04.000 

11. '.7 

Betteraves  assez   racineuses   à    cause  de   la 

sèche- 

5 

(n°  3) 

65.000 

11.00 

resse.  —  Pas  de  manquants. 

4 

Id. 

62.000 

11.32 

Id.         Quelques  manquants. 

0m,006 

Silésie  blanche 

48.000 

15.19 

.Levée  régulière  et  satisfaisante. 
Peu  de  manquants.  —  Carrés  réussis. 
'Betteraves  régulières  et  riches  en  sucre. 

5 

(n-M) 

47.500 

14.71 

4 

Id. 

48-000 

14. S0 

Ces  résultats  tout  à  fait  négatifs  montrent  que  la  grosseur  de  la  graine 
n'exerce  aucune  action  sur  celle  des  betteraves  qu'elle  produit.  Il  n'y  a 
donc  aucun  intérêt  pour  le  cultivateur  ni  pour  le  fabricant  de  sucre  à 
employer  plutôt  des  grosses  graines  que  des  petites. 


TRAITEMENT    CHIMIQUE    DES  GRAINES. 


Toute  graine  végétale  renferme,  comme  chacun  le  sait,  au  nombre  de  ses 
éléments,  une  certaine  quantité  d'acide  phosphorique  et  d'azote  indis- 
pensable à  la  nutrition  de  la  jeune  plante  à  laquelle  elle  doit  donner 
naissance. 

Nous  nous  sommes  demandé  quel  résultat  on  obtiendrait  en  augmen- 
tant beaucoup,  d'une  manière  artificielle,  la  proportion  de  ces  éléments 
dans  la  graine,  avant  la  semaille.  Il  était  présumable  que  la  plante 
nouvelle,  trouvant  à  sa  disposition  une  plus  grande  quantité  de  nour- 
riture immédiatement  assimilable,  aurait  une  levée  plus  facile,  plus  ré- 
gulière, une  croissance  plus  vigoureuse,  et  donnerait  par  suite  au  mo- 
ment de  la  récolte  des  produits  plus  abondants  et  plus  riches  que  ceux 
obtenus  avec  la  même  graine  n'ayant  pas  subi  ce  traitement.  C'est  ce 
dont  nous  avons  voulu  nous  assurer  en  nous  livrant  aux  expériences 
suivantes. 

Nous  avons  pris  une  graine  homogène  et  du  bonne  qualité,  de  gros- 
seur moyenne  et  récoltée  l'année  précédente,  variété  Silésie  à  collet  rose 
de  Vilmorin,  et  après  l'avoir  partagée  en  cinq  lots,  de  2  kilos  chacun, 
avons  soumis  chaque  lot  au  traitement  que  nous  allons  décrire  : 

Nous  avons  fait  dissoudre  dans    10  litres  d'eau  5  kilogr.  de   sulfate 


A.  LADUREAU.  —  CULTURE  DE  LA  BETTERAVE  A  SUCRE       !'N< 

d'ammoniaque  et  y  avons  immergé  le  1er  lot,  soit  2  kilogr.,  durant 
15  heures  consécutives.  Au  bout  «le  ce  temps,  les  graines  étant  bien 
imprégnées  de  liquide  et  très-gonllécs,  ont  été  retirées,  mises  à  égoutter, 
puis  semées. 

Nous  avons  fait  de  même  tremper  le  2°  lot  de  graines  dans  une  solu- 
tion de  nitrate  de  soude,  o  kil.  dans  10  litres  d'eau,  durant  le  même 
temps . 

Pour  le  3e  lot,  nous  avons  pris  5  kil.  de  superphosphate  de  chaux 
renfermant  12.10  0/0  d'acide  phosphorique  soluble  et  l'avons  fait  dis- 
soudre également  dans  10  litres  d'eau.  C'est  dans  cette  dissolution  un 
peu  acide  qu'on  a  immergé  les  graines  du  3e  carré. 

Le  4e  lot  a  été  plongé  dans  un  liquide  renfermant  pour  10  litres  d'eau: 
5  kil.   de  sulfate  d'ammoniaque  et  5  kil.  de  superphosphate  de  chaux. 

Enfin  le  o°  carré  renferme  les  graines  ayant  séjourné  dans  une  disso- 
lution de  5  kil  de  nitrate  de  soude  et  5  kil.  de  superphosphate  de  chaux 
dans  10  litres  d'eau. 

La  levée  de  toutes  ces  graines,  semées  vers  le  lo  mai  1876,  s'est  faite 
d'une  manière  très-régulière  et  très-égale.  Elles  ont  végété  fort  bien  au 
début,  se  sont  ralenties  d'une  manière  notable  durant  la  sécheresse  de 
l'été,  mais  la  végétation  a  repris  assez  vigoureusement  lorsque  les  pluies 
sont  arrivées  et  les  betteraves  sont  parvenues  à  maturité  avec  un  rende- 
ment moyen  de  42,000  kil.  à  l'hectare. 

La  différence  entre  les  betteraves  de  ces  divers  carrés  a  paru  si  faible 
au  cultivateur  sur  les  terres  duquel  a  eu  lieu  notre  expérience,  M.  Hellin, 
vice-président  du  Comice  agricole  de  Lille,  àHouplincs,  qu'il  n'a  pas  cru 
devoir  peser  chaque  carré  séparément.  Nous  ne  pourrons  donc  donner  ici 
les  rendements  à  l'hectare,  ce  que  nous  regrettons  vivement,  et  devons 
nous  borner  à  enregistrer  les  résultats  des  analyses  auxquelles  nous  nous 
sommes  livré,  sur  une  douzaine  de  sujets  choisis  par  nous  dans  la 
moyenne  de  chaque  carré  d'essais. 

TABLEAU    N°   3. 

Influence  du  traitement  chimique  des  graines. 


NCMÉRO 

du 

NATIHE 

de  la 

TRAITEMENT   SUBI 

par 

DENSITÉ 

des 

SUCRB 

par 

SELS    MINÉRAUX 

par  décilitre 

COEFFICIENT 

salin 

carré 

graine 

la  graine 

jus  à-j- 15 

décilitre 

de  jus 

I     ■ 

Vilmorin 

5  kil.  sulfate  d'ammoniaqne. 

1061 .3 

12.64 

O.SIO 

15.60 

II 

améliorée 

5  kil.  nitrate  de  soude. 

60.5 

12  02 

0.837 

14.36 

III 

collet 

5  kil.  superphosphate. 

64.0 

13.21 

0.882 

16.11 

IV     1 

rose 

3 kil.  superph.  -(-  5  kil.  suif.  amm. 

65.0 

13.44 

0  891 

16.20 

V 

)   _ 

5kil.superph.-r-5kil.  nit.  soude 

68.0 

13.93 

0.846 

16.46 

988  AGRONOMIE 

Les  betteraves  de  ce  champ  d'expériences  ont  été  plantées  à  0m,25 
sur  0'",39,  ce  qui,  avec  la  nature  supérieure  de  leur  graine,  explique 
les  densités  élevées  obtenues  et  leur  grande  richesse  en  sucre. 

La  comparaison  des  chiffres  ci-dessus  montre  que  les  betteraves 
du  carré  n°  5  qui  ont  absorbé  de  l'acide  phosphorique  soluble,  de 
l'azote  nitrique  et  de  la  soude,  c'est-à-dire  les  trois  éléments  que  la 
betterave  s'assimile  le  plus  volontiers,  sont  celles  qui  ont  eu  la  densité 
la  plus  élevée,  la  plus  grande  richesse  saccharine,  avec  une  proportion 
de  sels  assez  faible,  tandis  que  les  betteraves  du  n°  2,  dont  les  graines 
n'avaient  absorbé  que  du  nitrate  de  soude,  ont,  avec  une  proportion  de 
sels  à  peu  près  égale,  près  de  2  0/0  de  sucre  en  moins,  une  densité  inférieure 
de  0.75,  soit  près  d'un  degré  en  moins. 

Il  est  remarquable  que  la  richesse  saccharine  est  plus  élevée  dans  les 
trois  carrés  qui  ont  eu  de  l'acide  phosphorique  soluble  que  dans  ceux 
qui  n'ont  reçu  que  de  l'azote. 

Cette  petite  dose  d'acide  phosphorique  mise  à  la  disposition  des 
racines  de  la  jeune  plante  à  son  berceau  a  donc  eu  une  efficacité 
marquée. 

Nous  avons  du  reste  toujours  observé  jusqu'ici,  ainsi  que  notre  maître 
et  ami  M.  Corenwinder,  que,  même  dans  les  sols  les  plus  abondamment 
pourvus  de  phosphates,  l'emploi  des  engrais  azotés  et  phosphatés  pro- 
duisait des  betteraves  de  meilleure  qualité  que  l'emploi  des  engrais 
azotés  seuls.  Cette  observation  se  trouve  encore  confirmée  ici. 

Je  crois  donc  pouvoir  conclure  de  cet  essai,  que  nous  répéterons 
l'année  prochaine  pour  en  contrôler  les  résultats,  que  l'immersion  momen- 
tanée des  graines,  immédiatement  avant  les  semailles  dans  une  solution 
assez  concentrée  d'azote  nitrique  ou  ammoniacal  et  d'acide  phosphorique 
soluble,  a  pour  effet  d'augmenter  dans  des  proportions  notables  (puisque 
nous  avons  ici  environ  15  0/0  d'augmentation)  la  quantité  de  sucre 
dans  les  betteraves  ainsi  produites. 

INFLUENCE  DE  LA  NATURE  DE  LA  GRAINE. 

Bien  que  cet  essai  ait  déjà  été  fait  et  que  les  résultats  en  paraissent 
certains,  nous  avons  néanmoins  jugé  devoir  ajouter  notre  faible  pierre  à 
l'édifice  construit  par  nos  devanciers,  et  vérifier  par  nous-même  l'exac- 
titude des  faits  qu'ils  ont  annoncés.  Au  surplus,  les  vérités  agricoles  ne 
sont  jamais  assez  répétées;  il  faut  généralement  frapper  longtemps  l'atten- 
tion des  cultivateurs  par  les  mêmes  faits,  avant  de  les  leur  faire  accepter, 
quelque  indiscutable  qu'ils  soient  ;  et  la  satisfaction  d'avoir  contribué 
pour  notre  part,  dans  quelque  mince  proportion  que  ce  soit,  au  progrès 
agricole,  sera  pour  nous  une  compensation  suffisante  à  l'ennui  de  marcher 


A.  LADUREAU.  —  CULTURE  DE  LA  RETTERAVE  A  SUCRE       989 

dans  des   sentiers  battus  et  de  répéter  une  expérimentation  à  laquelle 
d'autres  se  sont  déjà  livrés. 

Nous  avons  donc  voulu  acquérir  des  preuves  des  différences  parfois 
fort  grandes  qui  se  font  remarquer  entre  des  betteraves  cultivées  dans 
des  conditions  absolument  identiques  d'autre  part,  mais  provenant  de 
graines  diverses.  Nous  avons  dans  ce  but  choisi  un  certain  nombre  de 
graines  parmi  les  meilleures  que  nous  ayons  pu  rencontrer,  chez  les 
principaux  producteurs  français  et  étrangers.  Ces  graines  ont  été  semées 
le  même  jour  dans  un  sol  aussi  homogène  que  possible. 

Les  expériences  ont  eu  lieu   en  partie   à  Bavay  en    partie  à  Quesnoy- 
sur-Deule  (Nord). 

Le  champ  de  Bavay  appartenant  à  un  agriculteur  industriel  dont  nous 
apprécions  fort  l'esprit  d'initiative  et  le  goût   prononcé  pour  l'expéri- 
mentation   agricole.  M.  Derôme,    comprenait   1   hectare  44  ares,  d'un 
sol  argileux  calcaire  de  premier  choix,  de  nature  et  de  qualité  uniformes, 
ayant  porté  des  betteraves  sur  engrais  chimique   en  1873,   du  blé  sans 
engrais  en  1874,  puis  du  fourrage  vert  enfoui  en  mai   1875  pour  en- 
graisser une  avoine  qui  n'a  pas  revu  d'autre  fumure.  Ce  champ  n'a  pas 
eu  d'engrais  en  1870,    afin  de  permettre  de  mieux  apprécier  les  diffé- 
rences dues  uniquement  à  la   nature  des  graines  employées.    Il  a  été 
labouré  le  H  mai  et  planté  le  lendemain  12  dans   d'excellentes  conditions 
de  température.  Chaque  variété  de  graine  a  été  séparée  de  la  voisine  par 
une  bande  libre  de  0"',o0.  —  Les  betteraves  ont  été  laissées^  0m,2o  l'une 
de  l'autre  dans  des  lignes  écartées  entre  elles  de  0,m40,  c'est-à-dire  qu'il 
y  en  avait    environ    10    par  mètre   carré,    condition    que    nous  avons 
reconnue    comme  la  plus  favorable    à  la  grande  production  à  l'hectare 
et  à  la  richesse  saccharine.  —  Voici  sur  quelles  graines    a  porté    notre 
expérimentation  : 

Parcelle  n°  I  variété  rose  améliorée,  livrée  par  M.  Roussel,  de  Marchiennes. 

Desprez  de  Cappelle. 

Simon  Legrand,  à  Bersée. 

Dervaux  Albert,  à  Wagnies. 
P.  Olivier,  à  Bersée. 
Vilmorin,  à  Paris. 


Lepeuple,  à  Bersée. 
Maricaux,  à  Saint- Waast 


2 

— 

PAP     45             — 

3 

— 

RAI2    50             — 

4 

— 

blanche   A  10     — 

5 

— 

-         B  17     — 

6 

— 

blanche  acclim.  — 

7 

— 

blanche               — 

8 

— 

blanche  à  col  .rose — 

9 

— 

Améliorée            — 

10 

— 

Collet  vert          — 

11 

— 

Impériale  acclim. — 

12 

— 

de    Silésie  n°  1  — 

13 

— 

rose  de  Sil.  n°  2  — 

U 

— 

rose  de  Sil.  n°  3  — 

15 

— 

rose  de  Brunswick — 

16 

— 

blanche  d'Allem. — 

990  AGRONOMIE 

On  trouve,  dans  le  tableau  suivant,  les  résultats  obtenus  à  la  récolte 
de  ces  racines,  tant  au  point  de  vue  de  leur  rendement  à  l'hectare  que 
de  leur  richesse  en  sucre  et  de  leur  pureté. 

TABLEAU    N°   4. 

Tnfluence  de  la  nature  de  I"  graine. 


ces 

VARIÉTÉ   DE    (.RAINES 
EMPLOYÉES 

1 

— 

î   ^ 

j_   = 

a 

PS 

1  s 

1 

mètre 

kilos 

gramm 

gramm 

1 

Rose  améliorée 

0 

28 

820 

49.875 

10.49 

9.08 

0     900 

10 

3 

4 

l'  A  I           45 

36 
37 

28 

845 

810 
799 

44.620 
39.420 
28.638 

65 
64 
65 

14.24 

13.89 

1',  .51 

579 
57 

477 

24 
21 

30 

2 

RAI               50 

2 
Blanche  A    16 

5 

Blanche  B    n 

32 

797 

39.744 

61 

12.74 

558 

22 

6 

Blanche 

32 

805 

39.376 

63 

13.85 

621 

22 

7 

id. 

29 

806 

36.984 

57.05 

13.03 

720 

18 

8 

Blanche  collet  rose 

31 

828 

41.676 

58.05 

12.00 

630 

20 

9 

—       améliorée 

29 

810 

28.336 

70.05 

15.22 

549 

27 

10 

—       collet  vert 

30 

855 

37.710 

57 

12.14 

612 

19 

11 

Impériale  acclimatée 

28 

790 

34.224 

51',.  05 

12.08 

666 

18 

12 

Silésie  n°    1 

28 

812 

35.288 

57.03 

12.1 9 

702 

17 

13 

—    n°    2 

31 

829 

37.  I50 

56 

11.28 

665 

18 

14 

—    n°    3 

36 

835 

U.368 

57.05 

12.46 

64  8 

19 

15 

Rose  de  Brunswick 

28 

800 

43.415 

47 

9.23 

783 

11 

16 

Blanche  d'Allemagne 

0 

30 

81'. 

40-650 

10.58 

12.62 

738 

17 

On  voit  qu'au  point  de  vue  du  rendement  à  l'hectare,  les  plus  grandes 
différences  se  trouvent  entre  la  variété  n°  9  blanche  améliorée  de  Vil- 
morin, qui  a  eu  le  plus  faible  rendement , soit  28,33G  kil.  à  l'hectare  et 
le  n°  1,  fort  mauvaise  betterave,  comparativement  aux  autres,  qui  a 
produit  près  de  50,000  kil. 

Si  l'on  envisage  la  richesse  saccharine,  on  trouve  (pie  la  variété  qui 
•obtient  le  1er  rang  est  celle  dont  nous  venons  de  parler,  n°  9  Vilmorin 
améliorée,  qui  renferme  lo  gr.  22  de  sucre  0/0,  tandis  que  le  n°  1  de 
Roussel  n'a  que  9gr,08. 

Le  coefficient  salin,  qui  rend  assez  exactement  compte  de  la  pureté  de 
la  betterave,  en  donnant  le  rapport  qui  existe  entre  le  sucre  et  les  sels, 
a  varié  entre  10  et  30.  Ce  chiffre  30,  que  nous  n'avions  jamais  constaté 
jusqu'ici,  a  été  obtenu  par  une  des  deux  variétés  envoyées  par  M.  Simon- 
Legrand,  planteur  de  graines  de  betteraves,  à  Bersée.  Nous  ne  pouvons 
nous  empêcher  de  le  signaler  à  l'attention  ;  il  est  très-rare  et  très-remar- 


A.  LADUREAU.  —  CULTURE  DE  LA  BETTERAVE  A  SUCRE        991 

quable.  Quant  aux  coefficients  11  et  10  qu'atteignent  les  betteraves  n°  15 
Brunswick  et  Roussel,  de  Marchiennes,  ils  m;  peuvent  qu'être  ruineux 
pour  les  fabricants  de  sucre. 

Nous  croyons  devoir  insister  encore  sur  ce  point,  qu'il  est  très-facile 
de  remarquer,  à  l'inspection  du  tableau  ci-dessus,  que  les  betteraves  ri- 
ches en  sucre  contiennent  généralement  une  proportion  de  sels  moins 
élevée  que  les  betteraves  pauvres,  et,  en  second  lieu,  que  les  racines  dont 
les  richesses  en  sucre  sont  le  plus  élevées  sont  assez  généralement 
celles  dont  les  rendements  à  l'hectare  sont  les  plus  faibles.  Nous  avons 
déjà  eu  l'occasion  de  signaler  ce  fait. 

Nous  pensons  intéressant  déclasser  en  ordre  les  10  variétés  que  nous 
venons-d'étudier,  au  triple  point  de  vue  de  leur  rendement  à  l'hectare, 
de  leur  richesse  en  sucre  et  de  leur  pureté  relative. 


TABLEAU   n°  5. 
Valeur  comparative  des  seize  va  rie/  es  de  betteraves. 


a 

Al     POINI    I>K    VUE    ML 

Al     II  il  NT    IlE    VIE 

AU    POINI   DE   ME 

RENDEHEN1    A    l.'lll  C  I  IRE 

DE   I.A    RICHESSE    SACCHARINE 

1>K    I.A    PURETÉ   RELATIVE 

1 

Rose  de  Roussel  de  Mar. 
chiennes. 

Betterave  améliorée  n"  2,  Vilmorin. 

Blanche  A-16,  Simon  Lcgrand. 

2 

P  A  I  45,  de  Desprez. 

2 
Silésie  n°3,  deLepeuple. 

Rose  de  Brunswick. 

Blanche  a-ig,  Simon  Lcgrand. 

Améliorée  de  Vilmorin. 

3 

P  A  I  45,  de  Desprez. 

P  A  1 45,  de  Desprez. 

2 

R  a  ï  50,  de  Desprez. 

Blanche  B-17,  Simon. 

5 

Blanche  Vilmorin,  n»  1. 

Blanche  de  Dervaux. 

Blanche  de  Dervaux. 

6 

Blanche  d'Allemagne. 

Blanche  de  A.  Olivier. 

R  A  I  .ïo  de  Desprez. 

7 

Blanche  B-I7,  Simon  Le- 
grand. 

Blanche  B-n,  Simon. 

Blanche  collet  rose,  Vilmorin. 

« 

RAI -50  de  Desprez. 

Blanche  collet  rose.n»  ï, Vilmorin. 

Silésie  n°  3,  Lepeuple  deBersée 

9 

2 

Blanche  de  Dervaux. 

Blanche  d'Allemagne. 

Impériale  acclimatée,  Vilmorin. 

to 

Blanche  Vilmorin,  n°  3. 

Silésie  n°  3,  Lepeuple. 

Blanche  collet  vert,  Vilmorin. 

11 

Silésie  n°  2,  Lepeuple. 

Silésie  n°  1,  Lepeuple. 

Silésie  n»  2,  Lepeuple. 

12 

Blanche  de  P.  Olivier. 

Blanche,  collet  vert.  Vilmorin. 

Blanche  de  P.  Olivier. 

13 

Silésie  n°  1,  Lepeuple. 

Impériale  acclimatée,  Vilmorin. 

Silésie  n°  ï,  Lepeuple. 

1* 

Impériale    Vilmorin    (ac- 
climatée). 

Silésie  n»  2,  Lepeuple. 

Blanche  d'Allemagne. 

15 

Blanche  A-16,  Simon  Le- 
grand. 

Rose  de  Brunswick. 

Rose  de  Brunswick. 

16 

Blanche  Vilmorin,  n°  2. 

Rose  améliorée  de  Roussel. 

Rose  améliorée  de  Roussel. 

Il  est  assez  rare  de  trouver  des  graines  qui,  semblables  à  la  variété 
pau^  ^  Desprez  donnent  en  même  temps  un  poids  élevé  à  l'hectare, 
une  grande  richesse  saccharine  et  une  grande  pureté.   Les  graines  très- 


992  AGRONOMIE 

remarquables  de  M,  Simon  Legrand  A-16,  qui  viennent  en  2e  ligne  pour 
la  richesse  et  en  première  pour  la  pureté,  ne  tiennent  que  le  15e  rang 
comme  rendement  à  l'hectare.  —  Nous  sommes  heureux  d'applaudir,  à 
cette  occasion,  aux  sérieux  efforts  que  font  depuis  quelques  années  les 
grandes  maisons  de  production  de  graines  de  betteraves,  les  Vilmorin, 
Desprez,  Simon,  Lepeuple,  etc.,  dans  le  but  d'arriver  à  produire  d'une 
manière  normale  des  graines  améliorées,  acclimatées,  qui  donnent 
naissance  à  de  riches  betteraves. 

La  réussite  de  leurs  efforts  doit  les  encourager  à  persévérer  dans  cette 
voie,  et  c'est  heureux  pour  notre  belle  culture  du  Nord,  car  c'est  là 
évidemment  que  se  trouve  renfermé  tout  l'avenir  de  l'industrie  su- 
crière,  incapable  de  vivre  et  de  prospérer  lorsqu'elle  n'a  à  traiter  que 
des  betteraves  qui  renferment  7  à  8  0/0  de  sucre,  et  souvent  même 
moins. 

Les  exemples  que  nous  venons  de  citer  démontrent  aux  cultivateurs 
désireux  de  faire  de  bonnes  betteraves  qu'ils  puissent  vendre  cher  aux 
sucreries  voisines,  combien  il  est  essentiel  qu'ils  s'attachent,  avant  tout,  à 
la  bonne  qualité  de  la  graine  qu'ils  emploient:  car,  même  en  employant 
une  quantité  suffisante  d'engrais  adapté  à  cette  culture,  en  rapprochant 
leurs  racines  dans  les  proportions  indiquées  plus  haut,  s'ils  avaient  planté 
de  mauvaises  graines,  ils  ne  pourraient  obtenir  qu'une  faible  amélio- 
ration, mais  non  des  résultats  pleinement  satisfaisants. 

Dans  un  autre  champ  d'expériences,  situé  à  Quesnoy-sur-Deule,  sur  les 
terres  de  M.  Lepercq-Viliers,  nous  avons  essayé  comparativement  quel- 
ques graines  de  betteraves  provenant  de  races  acclimatées  dans  le  pays 
depuis  plusieurs  années  et  produites  par  la  culture  elle-même,  et  non 
par  des  planteurs  spéciaux,  et  l'influence  de  quelques  engrais  sur  une  de 
ces  variétés  de  graines.  Les  résultats  sont  dignes  d'intérêt  et  nous 
croyons  devoir  vous  les  présenter. 

Les  betteraves  ont  été  toutes  semées  en  même  temps  dans  un  champ 
ayant  porté  l'année  précédente  du  tabac  avec  une  assez  forte  fumure, 
sans  addition  nouvelle  de  matières  fertilisantes.  Elles  ont  été  laissées  à 
0m,26  sur  0m,36  entre  les  lignes. Mais  comme  la  terre  très-fumée  l'année 
précédente  en  vue  du  tabac  renfermait  encore  une  provision  considé- 
rable d'éléments  salins  immédiatement  assimilables,  les  betteraves  de  ce 
champ  d'expériences  ont  toutes,  malgré  ce  rapprochement,  pris  dans  le 
sol  une  grande  quantité  de  sels  ;  elles  ont  par  suite  des  densités  factices, 
qui  ne  sont  pas  en  rapport  normal  avec  leur  richesse  saccharine. 

Nous  avons  observé  dans  ce  champ,  sur  les  graines  de  MM.  Desrous- 
seaux  et  Lepeuple,  que  les  betteraves,  qui,  vers  le  mois  de  septembre, 
arrivaient  environ  à  1,060°  ou  6°  de  densité  (du  jus),  ont  perdu  cette 
densité  par  suite  des  pluies  de   l'automne,  en  accroissant  de  volume  et 


A.  LADURÈAU.  —  CULTURE  DE  LA  BETTERAVE  A  SUCRE       993 

que  de  12  0  0  leur  richesse  en  sucre  est  tombée  en  novembre  à  9,40  0  D, 
soit  près  de  20  0/0  de  perte  en  sucre. 

Voici  les  résultats  obtenus  sur  ce  champ  : 

TABLEAU    N"   0. 

champ  d'expériences  de  Quesnoy-sur-Deute. 


--       H 

NUI  RE 

RENDEMIM 

DENSITÉ 

St/CRE 

CENDRES 

COEFFICIENT 

Q       C 

DR  LA 

A 

l'I 

PARDÉCIL. 

PAR    DÉCIL. 

SALIN 

T.      t. 

1,  H   UNK 

l'hectare 

M  -    v   15° 

DE    JUS 

DE   IDS 

1 

Desrousseaux. 

IcilOgi 

44. 000 

1051.  S 

er. 
9.72 

0.909 

10.69 

- 

Lepeuple. 

43.000 

105(1 

9.34 

0.891 

10.48 

3 

Vandermersch . 

48.000 

1054.5 

10.80 

0810 

13-33 

-'• 

Id.  iivec  purin. 

61.500 

1082.5 

10.25 

0.918 

11  .16 

5 

Id.  avec  ait.  de  soude. 

» 

1045 

8.36 

0.891 

9.38 

r, 

Id.  avec  tour  t.  d'arachides. 

n 

1051 

9.61 

0.999 

9.61 

' 

Id.  avec  engrais  chimiques. 

a 

1053 

10.07 

0.927 

10.86 

Nous  avons  également  étudié  à  Bavay,  divers  engrais  complets  ren- 
fermant de  l'azote  sous  ses  trois  formes  :  organique,  nitrique  et  ammo- 
niacal, de  l'acide  phosphorique  à  l'état  assimilable  et  de  la  potasse; 
mais  les  différences  entre  les  24  carrés  d'essais  que  nous  avons  faits 
dans  ce  but  sont  trop  peu  importantes,  trop  peu  tranchées  pour  que 
leur  présentation  offre  un  intérêt  sérieux.  Nous  tenons  ces  résultats  à  la 
disposition  de  ceux  de  nos  collègues  qui  pourraient  en  désirer  la  com- 
munication; mais  nous  n'avons  pas  cru  devoir  étendre  les  limites  de  ce 
travail  en  les  y  joignant.  Nous  nous  bornons  à  résumer  dans  le  petit 
tableau  ci-après  les  moyennes  des  résultats  obtenus. 

Le  carré  A  n'a  reçu  aucun  engrais  : 

Le  carré  B  a  reçu  1,300  kilog.  d'un  engrais  à  29  fr.   les  100  kilog., 
renfermant  : 

Azote  ammoniacal , g,i2  n       ■    .  '  • 

'       i    b.49  0/0 
Azote  organique.    .    i    .    . 1,39  j 

Acide  phosphorique  assimilable 8,2o  0/0 

Potasse.    . 3,00  0/0 

Le  carré  G  a  reçu  1,400  kilog.  d'un  engrais  à  28  fr.  les  100  kilog., 
renfermant  : 

Azote  ammoniacal .  4        \ 

Azote  organique 2,80  ]    ^'^  ^ 

Acide  phosphorique  assimilable 8,40  0/0 

Potasse ..■...".'.  i  .;•■»..,-»  .    5,00  0/0 

63 


994  AGRONOMIE 

Le  carré  D  a  reçu  1,400   kilog.  d'un  engrais   à  28  fr.   les  100  kilog. 
renfermant  : 

Azote  ammoniacal 2,40  ^ 

Azote  organique 3,05   \    7,05  0/0 

Azote  nitrique 1,60   J 

Acide  phosphorique  assimilable 9,12  0/0 

Potasse ' 5,20  0/0 

Sur  le  carré  E,  on  a  employé  2,200  kilog.,  d'un  engrais  à  18  fr.  les 
100  kilog.  composé  de  : 

Azote  organique 4,36  0/0 

Acide  phosphorique 8,90  0/0 

Potasse 3,00  0/0 

Enfin  sur  le  carré  F,  on  a  mis  1,500  kilog.,  à  l'hectare  d'un  mélange 
valant  27  fr.  les  100  kilog  et  composé  de  : 

Acide  phosphorique 7,20  0/0 

Azote  nitrique 4.96  ) 

*♦■  ,  m        6,36  0/0 

Azote  organique 1,40  ;      '        ' 

Potasse 5,00  0/0 


CARRÉS 

POIDS 

de  chaque  parcelle 

POIDS  A   L'HECTARE 

DENSITÉ  MOYENNE 

RICHESSE  SACCHARINE 

moyenne 

A 

6.081  kil. 

19.260  kil. 

6-17 

12.58 

B 

8.667 

30.9S0 

5.83 

11.83 

C 

8.723 

31.1:;0 

5.95 

12.35 

D 

7.657 

27.320 

5.80 

11.33 

E 

7.099 

25.350 

5.92 

12.33 

F 

8.394 

28.940 

5.68 

11.50 

Ainsi  que  cela  a  lieu  généralement,  ce  sont  les  betteraves  sans 
engrais  qui  ont  la  densité  la  plus  élevée  et  la  richesse  saccharine  la  plus 
considérable  ;  mais  en  revanche,  elles  sont  bien  loin  derrière  les  autres 
pour  le  poids  à  l'hectare,  et  le  cultivateur  qui  s'amuserait  à  les  cultiver 
de  la  sorte  courrait  certainement  et  rapidement  à  sa  ruine. 

On  reconnaît  de  plus  que  la  parcelle  C,  fumée  avec  un  engrais  ren- 
fermant un  mélange  d'azote  ammoniacal  et  organique,  avec  une  certaine 
quantité  d'acide  phosphorique  et  de  potasse  solubles  et  assimilables,  est 
celle  qui  a  donné  le  plus  grand  poids  à  l'hectare  en  même  temps  que 
la  richesse  saccharine  la  plus  élevée.  Aussi  n'hésitons-nous  pas  à  en 
recommander  l'emploi  dans  toutes  les  terres  analogues  à  celles  du  Nord, 
argileuses,  compactes,  dites  terres  fortes. 

L'engrais  du    carré   E  renfermant  tout  son    azote  à  l'état   organique 


\.  LABUREAU.  —  CULTURE  DE  LA  BETTERAVE  A  SUCRE       988 

vient  en  dernier  lieu,  ce  <{iii  n'a  pas  lieu  do  nous  surprendre,  l'azote 
organique,  même  donné  par  des  matières  désagrégées  par  l'acide,  ou 
torréfiées  par  la  chaleur,  est  en  effet  d'une  assimilation  moins  prompte 
et  moins  facile  que  celui  des  sels  chimiques,  tels  que  les  nitrates  ouïes 
sels  ammoniacaux.  Disons  un  mot,  en  terminant  cette  étude,  des  résul- 
tats que  nous  avons  obtenus  celte  année,  en  variant  l'écartement  des 
plantes,  comme  nous  l'avons  au   reste  déjà  t'ait  et  dit  l'année  dernière. 

Nous  avons  essayé  deux  variétés  tout  à  t'ait  différentes  :  la  première, 
de  très-bonne  qualité  venant  de  la  culture  de  M.  Dervaux  Ibled  ;  la 
deuxième,  médiocre,  venant  de  31.  Houssel. 

Nous  avonspris  les  deux  espacements  le  plus  généralement  suivis,  celui 
que  nous  recommandons  toujours  de  0m,40  sur  0m,25  et  celui  que  les 
routiniers  arriérés  suivent  malheureusement  encore  dans  beaucoup  d'en- 
droits, de  0m,40  surOm,40.  Avec  la  graine  Dervaux,  nous  avons  obtenu 
avec  le  premier  espacement  de  40  sur  25  : 

45,400  k.   à  l'hectare,  de   betteraves    ayant  6,1  de  densité  ; 

Avec  le  2e  espacement,    de  0m,40  sur  0m,40: 

38,175  k.  de  betteraves  dont  la  densité  fut  de  5,8. 

Voici  les  résultats  que  donna  la  graine  de  M.  Roussel  : 
1er espacement  (25  sur  40):  52,000  kil.  à  l'hect.  et  5°  07  densité; 
2°  »  (40  sur  40  :  39,500  kil.  à  l'hectare  4°  87  de  densité. 

Ces  chiffres  confirment  pleinement  ceux  que  nous  avions  obtenus  l'an- 
née dernière. 

Une  dernière  observation,  qui  puise  son  intérêt  dans  les  circonstances 
elimatologiques  actuelles,  nous  parait  devoir  être  faite  en  terminant  ces 
lignes:  jamais  l'emploi  des  engrais  chimiques  seuls  ou  comme  adjuvant 
du  fumier  de  ferme  n'a  offert  autant  d'avantages  que  cette  année,  par 
suite  de  la  douceur  exceptionnelle  de  la  température  durant  tout  l'hiver 
qui  a  permis  aux  larves,  vers,  insectes  de  toute  nature,  ennemis  de  la 
betterave,  de  vivre,  de  se  reproduire  et  de  pulluler  dans  les  terres,  où 
ils  vont  exercer  leurs  ravages,  aussitôt  qu'ils  trouveront  de  jeunes  plantes 
et  de  tendres  racines  à  leur  disposition. 

Un  des  meilleurs  moyens  de  les  combattre  efficacement,  est  de  les 
abreuver  d'engrais  chimiques,  qui  ont  sur  eux  une  action  délétère.  Nous 
avons  déjà  signalé  ce  fait  dans  d'autres  circonstances,  et  croyons  le 
moment  venu  de  le  rappeler,  certain  qu'il  sera  plus  facile  de  prévenir 
le  mal  dont  nous  parlons  que  de  le  combattre  lorsqu'il  se  sera  déclaré. 


996  AGRONOMIE 


M.  XAMBEÏÏ 

Professeur  nu  Collège  de  Saintes. 


TRAITEMENT  DES  VIGNES   PHYLLOXÉREES  "1 

(EXTRAIT  DU  PnOCfcs-YEltBAL.) 


—  Séance  du  30  août   1877.  — 

M.  Xambeo  donne  des  renseignements  sur  l'application  du  sulfure  de  car- 
bone dans  le  traitement  des  vignes  phylloxérées  ;  il  s'occupe  spécialement  des 
vignes  de  petit  rendement.  Il  conseille  d'employer  un  mélange  de  sulfure  de 
carbone  et  de  savon  (parties  égales).  Dans  ces  conditions,  l'évaporation  du 
sulfure  de  carbone  demande  cinq  jours,  et  son  action,  ainsi  prolongée,  est 
puissante  contre  l'insecte;  la  dépense  est  de  70  à  80  fr.  par  heclare,  tandis 
que  les  cubes  Rohart  et  les  sulfo-carbonates  reviennent  à  200  ou  220  fr.  pour 
la  même  superficie. 

DISCUSSION 

M.  IUillou  a  opéré  aussi  avec  le  sulfure  de  carbone;  d'après  lui,  on  peut 
chercher  à  avoir  une  action  plus  rapide  du  sulfure  de  carbone,  sans  danger 
pour  la  plante,  en  opérant  l'hiver. 


CAPITAINE.      -    LES   SOCIÉTÉS  DE   GÉOGRAPHIE    COMMERCIALE  997 


14°  Section 
GÉOGRAPHIE 


Président M.  LEVASSEUR,    Membre    du    l'Institut,    Professeur   au  Collège  de 

France. 

Vice-Président M.  l'abbé  DURAND.,  Professeur  à  l'Université  libre  de  Paris. 

Secrétaire M.   le  Docteur  H.  DB  VILLENEUVE,  lauréat  de  l'Institut. 

Vice-Secrétaire.   .....      M.    CAPITAINE,   Membre  de  la  Société  de  géographie  commerciale 

de  Paris. 


M.    CAPITAINE 

Secrétaire  général  de  l'Œuvre  de  la  colonisation  de  l'Algérie  par  les  enfants  assistés  de  Kranre. 


LES  SOCIÉTÉS  DE  GÉOGRAPHIE  COMMERCIALE  ET  LEUR    UTILITÉ  POUR     L'EXTENSION 
DU     COMMERCE     EXTÉRIEUR     DE     LA     FRANCE     (I). 


—  Séance  du   24    août    IS77.  — 

De  toutes  les  sciences  qui  ont  pour  but  l'étude  delà  nature,  il  n'en  est  peut- 
être  pas  de  plus  utile  que  la  géographie.  Toutes  les  autres  connaissances  pren- 
nent sur  elles,  de  près  ou  de  loin,  leur  point  d'appui,  et  elle  forme  comme 
une  sorte  de  pivot  autour  duquel  gravite  l'humanité  tout  entière.  Cependant 
par  une  bizarrerie  inexplicable,  la  géographie  a  été  longtemps  considérée  dans 
nos  écoles  comme  un  hors-d'œuvre  :  il  n'était  pas  défendu  de  l'apprendre, 
mais  on  ne  l'enseignait  pas.  Il  fallut  les  plus  affreuses  calamités  pour  nous 
réveiller  de  notre  torpeur,  et  à  cette  longue  période  d'atonie  a  succédé  une 
louable  activité.  La  géographie  est  non-seulement  l'étude  de  la  configuration 
des  terres,  de  la  direction  des  montagnes  et  des  bassins  qu'elles  enserrent, 
mais  encore  et  surtout  la  connaissance  des  productions  variées  que  la  Provi- 
dence a  partout  réparties  avec  une  si  riche  et  si  inépuisable  fécondité.  De 
cette  diversité  de  produits  est  né  le  commerce,  et  par  une  dérivation  facile  à 
comprendre,  le  même  jour,  prenait  naissance,   inconsciemment,  il  est  vrai,  la 

!1)  Le  Mémoire  in  extenso  a  paru  dans  Y  Exploration,  24  août  1878. 


908  GÉOGRAPHIE 

géographie  commerciale,  c'est-à-dire  la  mise  en  pratique,  la  mise  en  valeur 
de  la  géographie  physique  du  globe.  11  est  facile  de  comprendre  de  quelle  uti- 
lité peut  être,  pour  le  commerce,  la  géographie  ainsi  entendue  :  elle  apprend  à 
connaître  les  propriétés  des  produits  naturels,  elle  apprend  surtout  à  con- 
naître leur  prix  de  revient,  leur  culture,  leur  mise  en  œuvre,  et  enfin  les 
bénéfices  qu'ils  peuvent  et  doivent  procurer. 

Pour  obtenir  ce  résultat,  il  fallait  la  possibilité  d'un  échange  d'idées  dont  la 
conséquence  est  la  création  de  sociétés  de  géographie  commerciale,  institviées 
pour  concourir  au  développement  des  entreprises  commerciales  de  la  France 
sur  tous  les  points  du  globe,  étudier  les  voies  de  communication  existantes 
ou  à  créer,  signaler  les  richesses  naturelles  et  les  procédés  manufacturiers 
utilisables  pour  le  commerce  et  l'industrie,  enfin  se  préoccuper  de  toutes  les 
questions  relatives  à  la  colonisation  et  à  l'émigration.  Ce  ne  sont  donc  pas  des 
sociétés  platoniques,  mais  bien  des  œuvres  toutes  pratiques,  ayant  pour  devise 
le  mot  progrès,  et  pour  but  l'accroissement  de  la  richesse  nationale.  Il  faut 
enfin  bien  se  pénétrer  de  cette  idée  que  l'étude  de  la  géographie  commerciale 
est  aujourd'hui  un  des  plus  sûrs  moyens  de  richesse  et  de  domination,  et  son 
objectif  est  assez  vaste  pour  satisfaire  les  imaginations  les  plus  ambitieuses  et 
les  plus  difficiles.  On  a  dit  qu'en  politique  l'audace  était  une  vertu  indispen- 
sable :  je  n'en  sais  rien,  mais  ce  dont  je  suis  certain,  c'est  que  l'audace 
appuyée  sur  l'expérience  et  le  savoir  est  pour  le  négociant  le  plus  sûr  moyen  de 
réussir.  Eh  bien  !  cette  expérience  et  ce  savoir,  il  les  acquerra  par  la  créa- 
tion de  sociétés  de  géographie  commerciale. 


M.    l'abbé   DÏÏB.AO 

Professeur  à  l'Université  libre  de  Paris 


LE  MONTENEGRO. 
(E\TRAIT  du  procès-verbal.] 


.   —  Séance  du  24  août   1S77.  — 

M.  l'abbé  Durand  fait  une  description  du  Monténégro  qu'il  étudie  aux  deux 
points  de  vue  essentiels  de  sa  géographie  et  de  son  histoire.  11  passe  en  revue 
les  mœurs,  les  coutumes  et  les  légendes  de  ce  petit  peuple  dont  l'histoire  n'est 
autre  chose  qu'une  lutte  perpétuelle  contre  ses  voisins  sans  exception,  et, 
par  une  curieuse  esquisse  des  révolutions  qui  l'ont  agité,  il  fait  à  grands  traits 
la  topographie  du  territoire  de  la  montagne  Noire  et  il  montre  les  trois  endroits 
vulnérables  qui  ont  amené  plusieurs  fois,  et  toujours  avec  l'aide  de  la  trahison, 
l'ennemi  dans  le  coeur  même  dii  pays.  Il  l'ail  un  tableau  saisissant  des  torrents 
qui  ravagent  plutôt  qu'ils  n'arrosent  le  Monténégro,  et  il  montre  que  l'habitant 
de  cette  contrée  déshéritée  ne  pouvant  être  ni  industriel  ni  cultivateur,  empê- 
ché qu'il  en  est  par  des  préjugés  séculaires,  s'est  jeté  dans  le  brigandage  vers 


COQUELIN.    —   LA    COLONISATION   ET  L'ÉMIGRATION  9!)9 

lequel  d'ailleurs   le  poussent  toutes  ses  aspirations.  M.  l'abbé  Durand  termine 

son  travail  par  une  description  pittoresque  et  humoristique  de  la  plaine  de  Cet 
ti«-ne  et  de  la  route  presque  praticable  aux  voitures  qui  la    relie  maintenant  à 
ta  ville  autrichienne  de  Cattaro. 


M.  COQÏÏELO 


LA  COLONISATION  ET  L'ÉMIGRATION  (1] 

(EXT1U1I    M     PROCi  B-VBBBAL.) 


—  Séance  du  23  août   1877.  — 

M.  Coquelïn  fait  une  communication  dans  laquelle  il  démontre  que  la  ma- 
rine marchande  et  la  colonisation  sont  deux  questions  dépendantes  l'une  de 
l'autre,  et  que  répandre  la  colonisation  ,  c'est  chercher  à  restaurer  la  marine 
marchande.  11  fait  voir  que  la  colonisation  ne  peut  être  entreprise  et  menée  à 
bonne  fin  aujourd'hui  qu'au  moyen  de  sociétés  coopératives  empruntant  un 
capital,  lequel  capital  servirait  aux  sociétés  aussi  bien  à  coloniser  qu'à  établir 
une  ligne  de  navires  pour  desservir  les  points  colonisés. 

DISCUSSION 

Après  cette  lecture,  M.  Rokiirig  fait  quelques  remarques  sur  les  difficultés 
que  rencontre  l'émigration. 

M.  Coquelïn  croit  que  la  plupart  des  obstacles  apportés  à  l'émigration  et, 
par  suite,  à  la  colonisation,  proviennent  de  l'administration  militaire  à  laquelle 
nos  colonies  sont  soumises  ;  tandis  que  les  émigrants  jouissent  d'une  liberté 
absolue  au  Brésil  ou  à  la  Plata,  à  la  Martinique  ils  sont  sous  le  coup  d'une 
foule  d'entraves. 

M.  Biard  trouve  qu'il  y  a  une  certaine  contradiction  entre  les  paroles  que 
vient  de  prononcer  M.  Coquelin,  demandant  une  liberté  absolue  pour  les 
colons,  et  la  proposition  qu'il  émet  dans  sa  communication  d'établir  un  ministère 
des  colonies  dont  la  création  serait  toute  centralisatrice  et  non  décentralisa- 
trice. 

M.  Coquelïn  répond  que  le  ministère  des  colonies  qu'il  réclame  ne  doit  être 

qu'un  ministère  de  commerce. 

M.  Pomel  repousse  toute  similitude  entre  la  colonisation  algérienne  et  la 
colonisation  des  contrées  lointaines  :  ces  deux  colonisations  diffèrent  absolu- 
ment; d'après  lui,  les  colonies  lointaines  doivent,  non  pas  relever  du  minis- 
tère de  la  marine,  ni  de  celui  des  colonies  s'il  en  existait  un,  mais  bien 
purement  et  simplement  du  ministère  du  commerce.  Quant  aux  grandes  com- 

(1)  Voir  l'Exploration  du  20  août  1877. 


1000  GÉOGRAPHIE 

pagnies  possédant  d'immenses  concessions  à  l'exploitation  desquelles  elles  con- 
vient les  émigrants,  il  les  repousse  absolument  :  elles  font  des  hôtes  et  non 
des  colons, 

M.  Coquelin  estime  que  les  grandes  compagnies  ont  seules  des  chances  de 
réussite  par  le  chiffre  des  capitaux  qu'elles  représentent. 

M.  le  docteur  Hureau  de  Villeneuve  fait  observer  que  M.  Coquelin  recourt 
à  l'assistance  pécuniaire  de  l'État,  et  qu'il  y  a  là  une  difficulté  sérieuse  pro- 
venant de  la  nécessité  d'offrir  à  l'État  une  garantie  effective. 

M.  Biard  trouve  que  le  mot  garantie  ne  convient  pas  et  qu'il  faut  le  rem- 
placer par  celui  de  subvention. 

M.  Levasseur  fait  quelques  observations  sur  différentes  questions  soulevées 
par  M.  Coquelin,  et,  pour  n'en  citer  qu'une,  M.  Coquelin  se  plaint  d'une 
diminution  du  travail  qui,  selon  lui,  existerait  et  dont  la  conséquence  serait 
une  misère  plus  grande.  Eb  bien  !  il  n'en  est  rien  beureusement,  et  toutes  les 
statistiques  établissent  d'une  façon  irréfutable  que  le  travail  a  augmenté  dans 
une  proportion  notable  et  que,  par  suite,  la  fortune  publique  et  le  bien-être 
général  ont  également  progressé;  c'est  même  là,  pour  le  dire  en  passant,  un 
des  plus  sérieux  obstacles  qui  se  dressent  devant  l'émigration. 


M.    HUREAU   de   VILLENEUVE 

Docteur  en  Médecine,  Lauréat  de  l'Institut. 


LA  COLONISATION  DE  L'ALGÉRIE  AU  MOYEN  DES  ENFANTS  ASSISTÉS- 


—  Séance  du  23  août  1877.  — 

La  colonisation  chez  les  peuples  anciens  ou  modernes  a  revêtu  trois 
formes  principales  :  elle  a  été  militaire,  commerciale  ou  pénitentiaire. 
Jusqu'à  la  fin  du  siècle  dernier,  quelle  que  fût  la  constitution  des  colonies, 
elles  se  trouvaient  vis-à-vis  de  la  nation  colonisante  dans  un  état  de 
sujétion  complet.  Toute  colonie  était  destinée  à  fournir  à  la  mère-patrie 
des  richesses  ou  des  hommes,  mais  n'avait  aucune  part  dans  l'action 
politique. 

Depuis  la  déclaration  de  l'indépendance  des  Etats-Unis,  le  régime 
politique  a  été  modilié  pour  une  partie  des  colonies  de  la  Grande- 
Bretagne. 

Si  les  colonies  françaises  actuelles  sont  toujours  vis-à-vis  de  la  mé- 
tropole dans  un  état  d'infériorité  politique,  au  moins  elles  ne  sont  plus 
un  champ  d'exploitation,  et  l'Algérie,  par  exemple,  a  bien  plus  coûté  à 
la  France  qu'elle  ne  lui  a  rapporté. 


H.    DE    VILLENEUVE.    —  LA   COLONISATION   DE   L* ALGÉRIE  1001 

Avant  1830,  jamais  aucun  peuple  ne  semble  avoir  encore  organisé  la 
colonisation  au  moyen  des  entants  assistés. 

Cela  tient  ù  plusieurs  causes.  Chez  les  peuples  où  la  propriété  est  mal 
définie,  tout  entant  né  sur  la  commune  jouit  des  mêmes  bénélices  que 
les  autres  habitants  de  cette  commune.  Chez  les  Arabes,  chez  les  Russes, 
chez  les  Indiens,  peuples  où  la  propriété  territoriale  appartient  à  la 
commune,  la  position  d'entant  assisté  n'existe  pas.  Mais  à  mesure  que 
la  propriété  se  divise  et  se  précise,  l'entant  assisté,  placé  en  dehors  de 
la  propriété  foncière,  se  trouve  dans  une  position  de  plus  en  plus  dis- 
tincte de  celle  des  antres  entants. 

L'émigration  des  gens  de  la  campagne  vers  les  villes  est  causée  en 
grande  partie  par  la  non  possession  de  la  terre. 

Il  est  rare  de  voir  le  propriétaire  agriculteur  quitter  définitivement  la 
terre  qui  le  nourrit;  c'est  l'ouvrier  des  champs  qui,  espérant  devenir  ni-, 
jour  propriétaire,  arrive  dans  les  villes,  afin  d'y  trouver  un  plus  tort 
salaire  et  retourner  ensuite  dans  son  village  pour  y  acheter  de  la  terre. 
C'est  ce  que  nous  voyons  taire  par  les  Auvergnats  et  les  Savoyards  qui 
rentrent  chez  eux  pour  devenir  propriétaires  fonciers. 

L'émigration  semble,  au  premier  abord,  résulter  du  déversement  pro- 
venant d'un  pays  où  se  trouve  un  trop  plein  de  population  et  des  res- 
sources insuffisantes,  pour  se  rendre  dans  un  autre  pays  où  se  trouvent 
peu  d'habitants  et  un  excès  de  ressources. 

Pourtant  chez  tous  les  peuples  d'Europe  l'émigration  des  campagnes 
vers  les  villes,  continue  produite  par  la  recherche  des  salaires  élevés. 
Mais  chez  tous  les  peuples  d'Europe  aussi,  la  plus  grande  production  des 
enfants  assistés  correspond  à  l'exagération  de  la  centralisation. 

Je  ne  veux  pas  dire  que  ce  soit  un  malheur:  je  trouve  le  nombre  des 
enfants  assistés  insuffisant;  caril  faut  reconnaître  que  lorsque  le  nombre 
de  ces  enfants  diminue  dans  les  villes,  c'est  que  le  nombre  des  infanti- 
cides augmente.  J'ai  donc  l'espoir  que  de  plus  grandes  facilités  offertes 
à  leur  admission  dans  les  établissements  hospitaliers  diminueront  le 
nombre  des  infanticides  et  augmenteront  le  nombre  des  enfants  assistés. 
Tel  qu'il  est  en  France,  le  nombre  des  individus  actuellement  existants 
qui  ont  été  élevés  par  la  charité  publique  s'élève   à  trois  cent  mille. 

Il  est  intéressant  de  comparer  ce  chiffre  de  trois  cent  mille  avec  celui 
de  deux  cent  cinquante  mille  qui  représente  en  Algérie  la  proportion  de 
la  population  française.  En  effet,  si  les  enfants  assistés  de  France  avaient 
été  transportés  et  acclimatés  en  Algérie,  l'élément  européen  aurait  plus 
que  doublé. 

Or  quelle  est  la  cause  de  la  mauvaise  organisation  actuelle  de  l'Algérie? 
L'insuffisance  de  l'élément  européen. 

La  nécessité  de  résister  à  l'élément  indigène,  plus  important  comme 
nombre,  a  forcé  l'administration  à  placer  le  pays  sous  le  régime  militaire, 


1002  GÉOGRAPHIE 

qui  lui-même  est  incompatible  avec  une  bonne  colonisation  agricole  et 
industrielle. 

Il  est  donc  important  d'augmenter  le  nombre  des  Français  en  Algérie, 
afin  que  le  nombre  des  Européens  soit  suffisant  pour  permettre  de  modi- 
fier l'organisation  militaire 

Un  grand  nombre  de  moyens  ont  été  essayes  pour  la  colonisation  de 
l'Algérie  et  il  faut  reconnaître  qu'ils  ont  peu  réussi. 

D'abord  les  colonies  militaires  du  maréchal  Bugeaud,  puis  les  colonies 
pénitentiaires,  puis  enfin  l'émigration  alsacienne.  Il  est  certain  qu'aucun 
de  ces  procédés  n'a  produit  le  résultat  qu'on  en  attendait. 

La  colonisation  par  les  enfants  assistés  a  été  également  commencée 
en  Algérie,  mais  elle  n'a  pas  donné  de  résultats  pour  la  France  par  suite 
de  la  manière  dont  elle  a  été  l'aile. 

Dans  les  entreprises  de  colonisation  qui  ont  été  tentées,  un  terrain  ayant 
été  concédé  à  une  association,  celle-ci  a  pris  des  enfants,  les  a  élevés,  et 
a  gardé  ses  pupilles  comme  ouvriers  sans  jamais  les  considérer  comme 
des  égaux.  Aussi  les  enfants  devenus  adultes  ont  trouvé  leur  condition 
insuffisante  et  comme  il  y  avait  dans  le  pays  même  des  agents  de  colo- 
nisation pour  l'Amérique,  ils  sont  partis  pour  les  pays  lointains,  où  ils 
trouvaient  une  position  plus  avantageuse.  On  peut  dire  que  les  associa- 
tions, qui  élèvent  des  enfants  assistés  en  Algérie,  forment  des  colons  pour 
la  Plata. 

Il  ne  s'agit  donc  pas  seulement  de  prendre  les  enfants  assistés  et  de 
les  élever;  il  faut  encore  les  attacher  au  sol.  Un  seul  moyen  peut  con- 
duire à  ce  résultat:  les  rendre  propriétaires.  Il  faul  que  les  terrains,  que  le 
gouvernement  colonial  concédera  à  une  société,  soient  rétrocédés  par  par- 
celles aux  enfants  élevés  par  cette  société. 

Or,  au  point  de  vue  purement  financier,  l'affaire  n'est  pas  mauvaise. 
Dès  l'âge  de  treize  ans,  Jes  enfants  peuvent  presque  se  suffireen  Algérie. 
Si  l'on  commence  avec  des  enfants  de  eel  âge  el  qu'on  continue  en  abais= 
sant  graduellement  l'âge  d'entrée,  la  société  pourra  au  bout  de  quelques 
années  se  suffire  à  elle-même.  Mais,  si  l'on  considère  la  question  d'accli- 
matation, on  voit  que  le  meilleur  âge  est  l'époque  de  la  deuxième  den- 
tition. 

Si  l'on  veul  introduire  des  enfants  de  cet  âge,  il  faut  avoir  recours  à 
la  générosité  publique.  C'est  ce  qu'a  voulu  commencer  la  société  qui 
a  pris  le  nom  d'Adoption  algérien  ne  et  qui  estprésidée  parM.  le  sénateur 
Foucher  de  Careil.  Il  y  a  lieu  d'espérer  que  la  colonisation  entreprise 
dans  ces  conditions  donnera  des  résultats  utiles  à  la  France  :  d'une  part, 
en  lui  enlevant  des  enfants,  dont  beaucoup  deviendraient  de  mauvais 
sujets,  et  d'autre  part  en  augmentant  en  Algérie  l'importance  de  l'élé- 
ment français . 


Il      .    DE   VILLENEUVE:    —    LA    COLONISATION    DE  L' ALGÉRIE  1003 

L'Adoption  algérienne  élèvera  des  garçons  el  des  filles  el  s'efforcera  de 
les  attacher  au  sol  on  favorisant  leurs  mariages. 

On  sait  qu'en  Algérie  le  service  militaire  a' esl  «ju<*  «l'un  an. 

Il  va  lieu  d'espérer  que  les  jeunes  gens  qui  auront  été  élevés  dans  ce 
pays,  qui  y  auront  été  soldats,  qui  y  seront  mariés  et  propriétaires  s'at- 
tacheront à  leur  nouvelle  patrie  et  feront  le  noyau  d'une  solide  coloni- 
sation sédentaire. 

DISCUSSION 

M.  Pomel  partage  absolument  les  idées  de  M.  llureau  de  Villeneuve;  il  a 
la  conviction  que  l'Algérie  est  le  pays  où  les  enfants  sont  sûrs  de  rencontrer 
les  meilleures  conditions  d'acclimatation;  d'ailleurs,  étant  tous  sans  famille, 
presque  sans  patrie,  ils  n'auront  rien  à  regretter  derrière  eux  et  ils  s'habi- 
tueront mieux  que  tous  autres  à  l'Algérie.  Le  seul  point  difficultueux  esl  la 
question  financière,  c'est-à-dire  le  moyeu  d'arriver  à  réaliser  le  magnifique 
programme  de  l'œuvre  de  l'Adoption  algérienne. 

M.  Levasseur  demande  si  les  essais  de  ce  genre,  tentés  déjà  en  Algérie, 
ont  obtenu  des  résultats  favorables  et  quelles  sont  les  parties  de  notre  posses- 
sion algérienne  qui  se  prêteraient  le  mieux  à  la  création  d'établissements 
hospitaliers. 

M.  Pomel  pense  qu'il  w  peul  y  avoir  de  régie  absolue  à  cet  égard  ;  en 
général,  plus  un  pays  est  humide,  et  moins  les  conditions  sanitaires  y  sont 
favorables,  et  les  trois  départements  qui  forment  l'Algérie  présentent  tous 
des  points  très-heureusement  doués  pour  la  colonisation.  Quant  aux  popu- 
lations de  la  France  qui  s'acclimatent  avec  le  plus  de  facilité,  avec  la  moindre 
perte,  on  a  remarqué  qu'elles  provenaient  presque  toutes  des  régions  avoi- 
sinant  la  Méditerranée. 

M.  Coquelin  fait  remarquer  que  nous  poussons  peut-être  trop  loin  en 
France,  pour  nos  questions  coloniales,  cette  crainte  du  danger  provenant  de 
la  différence  du  climat. 

M.  Pomel  établit  au  contraire  que,  dans  le  cas  particulier  dont  il  s'agit,  la 
question  de  salubrité  esl  essentielle  et  domine  tout. 

M.  l'abbé  Durand,  tout  en  partageant  cet  avis  pour  le  cas  d'établissements 
du  genre  de  ceux  que  veut  fonder  l'Adoption  algérienne,  pense  cependant 
comme  M.  Coquelin  que  nous  nous  faisons  trop  souvent  un  épouvantait  de 
l'insalubrité  exagérée  des  régions  tropicales. 


1 00  i  GÉOGRAPHIE 


M.  B.ŒHBJG 

Professeur  à  l'École  supérieure  de  Commerce  et  d'Industrie  de  Bordeaux. 


MÉTHODE  D'ENSEIGNEMENT  PROPOSÉE  POUR  L'ÉTUDE  DES  MARCHANDISES  OU 

PRODUITS  COMMERCIAUX  NATURELS  ET  MANUFACTURÉS 

DISTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE  DE  CES  PRODUITS 


—  Scan  ce  du  23  août   18 7 7.  — 

L'étude  des  marchandises,  au  point  de  vue  du  commerce  et  de  l'in- 
dustrie, est  une  science  nouvelle  dont  l'utilité  s'impose  de  plus  en  plus 
à  mesure  que  le  commerce  s'étend  et  que  l'industrie  grandit. 

En  disant  science  nouvelle,  nous  entendons  affirmer  qu'elle  est  de  date 
récente  comme  enseignement  scolaire  ;  car  cette  science  a  de  tout  temps 
eu  cours,  dans  les  limites  de  leurs  spécialités,  chez  les  négociants  et  les 
iudustriels. 

En  réunissant  les  tronçons  épars,  on  eu  a  l'ait  une  étude  d'ensemble 
à  laquelle  on  a  accordé  une  place  importante  dans  l'enseignement  des 
écoles  spéciales  du  commerce. 

On  comprend,  sans  peine,  que  les  méthodes  presque  exclusivement 
pratiques  des  ateliers  ne  peuvent  pas  toujours  cadrer  avec  les  exigences 
d'un  enseignement  scolaire  et  que  des  modifications  sont  souvent  de 
rigueur. 

On  comprend  également  que,  malgré  la  part  la  plus  large  que  l'on 
accorde  à  l'examen  pratique  de  telle  marchandise,  cette  marchandise  ne 
pourra  être  connue,  dans  ses  variétés  et  ses  assortiments,  que  d'une 
manière  approximative,  et  que  l'école  ne  peut  donner  ce  qui  ne  peut 
s'acquérir  que  par  une  longue  fréquentation  des  marchés. 

Mais  si  l'enseignement  scolaire  est  impuissant  à  produire  un  commer- 
çant spécialiste,  il  fournit  des  moyens  propres  à  le  devenir  promp- 
tement. 

N'est-il  pas,  en  effet,  probable  que  le  jeune  homme  qui  a  reçu  des 
notions  générales  sur  toutes  les  catégories  de  marchandises,  aura  des  apti- 
tudes plus  prononcées  pour  se  familiariser,  sur  le  terrain  de  la  pratique 
commerciale,  avec  telle  catégorie  donnée,  que  celui  qui  se  trouvera  en 
face  des  mêmes  produits  sans  préparation  préalable  ?  Ne  peut-on  pas 
affirmer,  en  outre,  que  le  premier,  disposant  d'une  méthode  d'investi- 
gation sûre,  sera  non-seulement  plus  vite  négociant,  mais  qu'il  sera 
aussi  un  négociant  plus  capable  ? 

Tous  les  avantages  de  l'enseignement  scolaire  des  marchandises  as- 
sortiront par  le  développement  de  la  méthode  que  j'ai  l'honneur  de  pré-^ 


tlQEHRlG.    —    CLASSIFICATION    DES    PRODUITS  COMMERCIAUX  100S 

senter,  et  chacun  pourra  se  convaincre  que  des  connaissances  que  l'on 
peut  acquérir  aussi  commodément  sont  bien  faites  pour  tenter  la  jeu- 
nesse la  plus  indifférente. 

Il  n'est  pas  possible  d'apprendre  à  connaître  même  superficiellement 
tous  les  produits  du  commerce!  —  Cette  exclamation  de  doute  et  de 
méfiance  a  sonné  mille  fois  à  mou  oreille.  Le  monde  des  produits  com- 
merciaux, œuvre  de  la  nature  et  œuvre  de  l'homme,  est  en  effet  un 
monde  sans  bornes,  et  semble  t'ait  pour  nous  égarer  dans  le  dédale  de 
ses  innombrables  espèces  et  variétés.  La  nature  nous  offre  un  fruit,  une 
graine,  une  feuille,  une  racine,  possédant  des  qualités  alimentaires:  aus- 
sitôt le  génie  de  l'homme  les  transforme,  les  modifie,  en  extrait  des  prin- 
cipes diverset.  au  lieu  d'une  petite  sériede  produits  naturels,  nous  sommes 
en  face  d'un  stock  de  conserves  et  de  confits  sucrés,  salés  ou  liquoreux, 
de  friandises  aromatisées,  de  pâtes  séchées,  etc. 

Nous  tirons  du  sein  de  la  terre  un  combustible  vulgaire,  et  voici 
qu'une  industrie  merveilleuse  en  fait  sortir  une  longue  série  de  dérivés,  se 
vendant  et  s'achetant  et,  en  place  d'une  marchandise  unique,  facile, 
—  la  bouilli',  —  le  domaine  commercial  est  envahi  par  une  succession 
de  produits  curieux  et  délicats  dont  la  connaissance  exige  une  étude 
patiente. 

Mais  bien  autrement  est  vaste  et  riche  en  espèces  l'horizon  qui  s'ouvre 
devant  nous,  si  nous  levons  le  rideau  de  l'industrie  textile  et  si  nous 
considérons  ce  qu'une  marchandise  unique,  le  coton  brut,  la  toison  du 
mouton,  ou  le  cocon  du  ver  à  soie,  devient  entre  les  mains  des  ouvriers 
et  par  l'action  des  engins  de  filature  et  de  tissage.  De  la  cretonne  com- 
mune à  la  mousseline  transparente  que  de  types  nombreux,  que  de  façons 
diverses  !  Autant  de  marchandises  nouvelles  qui  demandent  leur  place  au 
marché  et  leur  page  d'étude. 

Ne  creusons  pas  davantage  dans  cet  abîme  sans  fond  des  transforma- 
tions et  des  métamorphoses  que  l'industrie  imprime  à  la  matière  première, 
et  arrêtons-nous  simplement  au  classement  d'un  seul  et  même  pro- 
duit naturel.  N'y  a-t-il  pas  là  aussi  un  vaste  champ  ouvert  où  s'étalent 
telles  catégories  de  substances  d'une  richesse  de  variétés  qui  défient 
notre  perspicacité? 

Quel  est  en  effet  le  négociant  qui,  s'étant  livré,  par  exemple,  toute  sa 
vie  au  commerce  des  vins,  oserait,  malgré  son  expérience  consommée, 
affirmer  savoir  distinguer  tous  les  types  de  vins  commerciaux  ? 

Quel  est  le  marchand  de  soie  qui  saurait  distinguer  et  apprécier  à 
leur  valeur  spécifique  exacte  les  assortiments  divers  des  soies  fran- 
çaises, espagnoles,  chinoises,  japonaises,  orientales,  etc.  ? 

Il  y  a,  sans  nul  doute,  des  classes  de  marchandises  dont  la  connais- 
sance parfaite  est    plus  à  notre  portée  et    qui  ne  comportent   pas   les 


1006  GÉOGRAPHIE 

variétés  infinies  des  précédentes;  mais  elles  sont  rares,  celles  qui  n'offrent 
que  des  types  limités  et  invariables. 

La  main  de  l'homme  n'est-elle  pas  là  pour  forcer  la  nature  à  nous 
donner  des  variétés  nouvelles  ?  Nos  marchés  ne  voient-ils  pas  tous  les 
ans  des  cacaos,  des  cafés,  des  olives,  des  canelles,  etc.  améliorés  par 
la  greffe,  les  transplantations,  les  soins  de  la  cueillette,  etc.? 

Si  nous  voulions  contempler,  dans  toute  son  étendue,  l'horizon  ou 
s'exerce  l'activité  commerciale  et  industrielle,  il  faudrait  commencer  par 
l'ingénieuse  intervention  de  l'homme  dans  les  actes  de  la  nature  ;  voir 
par  quels  prodiges  il  multiplie,  et  modifient  son  profit  les  produits  divers; 
puis  assister  aux  récoltes,  aux  procédés  de  conservation,  aux  triages  et 
classements,  et  enfin  aux  apprêts  et  transformations  définitives  qui  pré- 
cèdent l'usage,  but  final. 

C'est  l'usage  qui  indique  tout  ;  c'est  en  vue  de  l'usage,  de  l'application 
finale,  que  toutes  les  transformations  de  la  matière  sont  entreprises,  que 
la  production  elle-même  est  réglée. 

Trouvez  une  application  nouvelle  à  un  produit  connu,  et  à  l'instant 
mille  mains  s'agiteront  pour  donner  à  ce  produit  la  forme  particulière 
qui  convient  le  mieux  à  l'usage  nouveau. 

On  se  butterait  contre  des  difficultés  insurmontables,  en  étudiant  iso- 
lément chaque  marchandise.  Quels  que  soient  les  soins  que  l'on  mettrait 
à  observer  et  à  analyser  un  produit  déterminé  ,  on  ne  pourrait  jamais 
apprendre  à  le  connaître  suffisamment  si  on  négligeait  de  tenir  compte 
des  points  de  contact  qui  le  rapprochent  des  produits  analogues. 

L'étude  devient,  au  contraire,  aisée  et  fructueuse  quand  on  procède 
par  série. 

Toutes  les  sciences  ont  réparti  les  corps  en  séries,  chacune  se  plaçant 
à  un  point  de  vue  spécial. 

L'histoire  naturelle  prend  pour  base  les  caractères  physiologiques  dans 
la  classification  des  êtres  de  l'ordre  végétal  et  animal. 

La  chimie  établit  ses  classifications  sur  les  lois  d'affinité  qui  président 
aux  combinaisons  et  sur  la  constitution  intime  des  corps. 

La  physique  considère  l'état,  la  structure,  la  consistance,  et  surtout  la 
manière  dont  les  corps  se  comportent  vis-à-vis  des  grands  agents  natu- 
rels :  chaleur,  électricité,  magnétisme. 

Ces  classifications  sont  dites  naturelles  lorsqu'elles  sont  basées  sur  un 
ensemble  de  caractères,  et  artificielles  lorsqu'on  s'est  servi  d'un  caractère 
unique  comme  moyen  de  classement. 

Les  classifications  naturelles  sont  les  plus  avantageuses  pour  l'étude; 
elles  ont  le  don  de  mettre  en  lumière  tout  un  ensemble  de  propriétés 
d'une  substance  par  le  simple  fait  de  mettre  cette  substance  à  la  place 
que  la  méthode  lui  assigne. 


ROBHRIG. —  CLASSIFICATION    DES    PRODUITS  COMMERCIAUX  H>II7 

La  mieux  comprise  de  toutes  les  classifications  est  doue  évidemment 
celle  qui  peut  rapporter  à  une  même  série  le  plus  grand  nombre  de 
corps  avant  en  même  temps  les  plus  nombreux  caractères  communs. 

La  classification  des  produits  commerciaux  que  nous  proposons  esl 
principalement  basée  sur  L'emploi  de  ces  produits.  —  Elle  paraît  être 
plus  rationnelle  que  toute  autre  quand  on  considère  ces  produits  spé- 
cialement au  point  de  vue  de  l'intérêt  commercial  et  industriel. 

Elle  se  rencontre  fréquemment  avec  les  classifications  scientifiques,  car 
il  n'est  pas  rare  que  les  substances  que  rapproche  une  similitude  d'em- 
plois soient  également  rapprochées  par  une  analogie  de  caractères  chi- 
miques, physiques  et  naturels. 

En  tenant  compte  de  l'origine  naturelle  des  substances,  on  arrive  Mi 
groupement  suivant  : 

1"  GROUPE 

COMBUSTIBLES 


d'origine  végétale 


d'origine  minérale  :  Houilles,  Coke,  anthracite,  lignite,  tourbe. 

Bois ,  diverses  matières  ligneuses ,  telles  que  mottes ,  char- 
bons de  bois. 
On  comprend  sous  cette  rubrique  la  fiente  desséchée  d'ani- 
d'origine  animale  :  maux  domestiques  employée  dans  certains  pays  comme 

combustible. 


I 


1-  GROUPE 

agents  d'éclairage 

Pétrole.  —  Huile  minérale  et  huile  de  schiste  de  toute  pro- 
venance. —  Parafline. 
Huile  de  colza  et  autres  huiles  grasses  végétales  qui  servent 
à  l'éclairage.  —  Cire  végétale, 
d'origine  animale  :  Stéarine,  suif.  —  Cire  d  abeille. 


d'origine  minérale 
d'origine   végétale 


A  chacun  des  groupes  se  rapportent  les  matières  brutes  et  les  pro- 
duits raffinés,  sous  toutes  leurs  formes,  des  substances  ci-dessus  énu- 
mérées . 

Ainsi  le  sous-groupe  des  agents  d'éclairage  d'origine  minérale  com- 
prend les  roches  bitumineuses  qui  fournissent  de  l'huile  de  schiste  par 
distillation  ;  le  canne!  et  le  boghead  et  certains  lignites  qui  fournissent 
de  la  paraffine.  Et,  comme  produits  manufacturés,  toutes  les  variétés 
d'huiles  minérales  et  de  pétroles  raffinés,  ainsi  que  des  bougies  paraffiques. 

Le  sous-groupe  des  agents  d'éclairage  d'origine  végétale  comprend, 
comme  matières  premières,  les  graines  oléagineuses  qui  servent  à 
extraire  les  diverses  sortes  d'huiles  que  l'éclairage  utilise  et  les  huiles 
brutes  à  côté  des  échantillons  raffinés,  et  enfin,  à  côté  de  la  cire,  figurent 
les  cierges. 

Tous  les  autres  groupes  sont  organisés  d'après  ces  mêmes  principes. 


1008  GÉOGRAPHIE 

3'  GROUPE 

MATÉRIAUX    DE   CONSTRUCTION 

„     .   .  ...  (  Calcaires  ordinaires,  marbres,  grès,  granits,  ciments,  gypse. 

d  origine  minérale  : 

f  ardoises,  etc. 

„    .  .  ,  \  Bois  de    toute  sorte  servant  dans   les   constructions  archi- 

d  origine    végétale  :  ,,.,., 

■  tecturales  (1). 

SOUS-GROUPE 

MATIÈRES  PREMIÈRES  SERVANT  DANS  LA  SCULPTURE 

(  Marbres,   onvx,  albâtre  calcaire,   albâtre  gvpseux,  grès  fins, 
d'origine  minérale  :     j  .... 

°  f  lignite. 

d'origine  végétale  :  Bois  fins  de  toute,  sorte. 

d'origine  animale  :  Ivoire,  dents,  os. 

4<  GROUPE 

MATIÈRES   PREMIÈRES   SERVANT   DANS   LART   CÉRAMIQUE 

Ces  matières  sont  exclusivement  offertes  par  le  règne  minéral. 

Kaolin.  —  Types  divers  de  terres  plastiqués  fines  et  communes  servant  à  la  confec- 
tion de  :  Porcelaines,  faïences,  poteries  communes,  articles  en  grès  cuit,  tuiles, 
briques,  tuyaux  de  conduite  d'eaux,  etc. 

ft«  GROUPE 

MATIÈRES   PREMIÈRES   MISES   AU   SERVICE   DE   LA   CRISTALLERIE   ET    DE   LA   VERRERIE 

Ces  matières  sont  exclusivement  offertes  par  le  règne  minéral. 

Sable  silicique.  —  Sels  de  soude,  de  potasse,  de  chaux,  de  baryte;  oxydes  et  sels 
qui  entrent  dans  la  composition  du  verre  coloré  et  du  cristal. 

6e  GROUPE 

MATIÈRES    SERVANT   DANS   L'AGRICULTURE  :    K.NT.R  VIS   ET   AMENDEMENTS. 

v  Phosphates  fossiles,  guano,  sels  ammoniacaux,  sels  potassiques, 
d'origine   minérale  :     ,  ,     . 

t  calcaire,  gypse. 

Le  guano  et  les  phosphates  fossiles  sont  des  matières  animales  minéralisées. 

d'origine  végétale  :    Cendres  de  bois,  terreau  des  forêts  (terre  de  bruyère). 

d'origine  animale  :  Os  triturés  et  dégraissés,  noir  d'os,  ergots,  plumes. 

Les  engrais  de  ferme  se  composant  de    la   litière  et    des  déjections    des  animaux 

domestiques,  renferment  à  la  fois  des  éléments  d'origine  animale  et  d'origine  végétale. 

7e  GROUPE 

MINERAIS     MÉTALLIQUES   ET  MÉTAUX  CORRESPONDANTS.  OU  MATIÈRES   PREMIÈRES   ET  PRODUITS 
FABRIQUÉS    DE    L'INDUSTRIE   MÉTALLURGIQUE 

Les  métaux  doivent  figurer  dans  ce  groupe  avec  toutes  leurs  formes  commerciales, et 
les  objets  ouvrés  en  métaux  doivent  y  être  représentés  en  variétés  aussi  nombreuses! 
que  possible. 

I  Les  bois  pour  constructions  mécanique;. 
\    —    —    d'ébéoisterie  et  de  menuiserie. 
(D  A  celle  catégorie  se  rattachent  :  ■.    _    _    de  chaiTOnnagu. 

(     —    —    de  tonnellerie. 


R0E1IRIG.    —   CLASSIFICATION    l»Ks    PRODUITS  COMMERCIAUX.  100λ 

8»  GROUPE. 

MATIÈRES   PREMIÈRES   ET   PRODUITS   FABRIQUÉS   DE  L'INDUSTRIE   CHIMIQUE. 

DaDs  ce  groupe  reparaissent,  en  grande  partie,  les   minerais  et  les  métaux  comme 
servant  à  la  génération  de  sels,  d'oxides,  <l  acides,  etc. 

Les  trois  règnes  naturels  contribuent  à  former  ce  groupe;  le  règne  inorganique  y 
est  de  beaucoup  le  plus  largement  représenté;  cependant  les  règnes  organiques  y 
Bgurenl  aussi  très-avantageusement  par  certains  produits  du  plus  haut  intérêt;  tels 
son!  dansl'ordre  végétal:  les  séries  acétique,  tartrique,  citrique,  oxalique,  tannique 
—  le  quinquina,  l'opium,  la  noix  vomique  et  leurs  alcaloïdes,  et,  ilans  l'ordre 
animal  :  le  phosphore,  la  gélatine  el  les  matières  grasses.  Ces  dernières  matières 
sont  chimiquement  transformées  en  stéarine  el  en  savon. 

Sur  la  limite   des  matières  minérales  et   «les   matières  organiques    se  placent  les 
produits  chimiques  delà  houille;  la  houille  étant  une  matière  végétale  minéralisée. 

Les  dérivés  du  cyanogène  doivent  aussi  être  classés  sur  la  limite  des  séries  miné- 
rales et  végétales  bien  délinies. 

9»  GROUPE. 

MATIÈRES   COLORANTES   OU   TINCTORIALES. 

....         ...  {    Outre-mer,  bleu  de  Prusse,  bleu  de  Cobalt, 

(I  origine  minérale.    . 

f        chromâtes. 

Couleurs  d'aniline  entre  les  deux  séries  minérale  et  végétale. 

£    Matières  colorantes,  brunes  et  noires, 

t       galles,  cachou,  dividivi, sumac, etc. 

i     Matières  colorantes  jaunes:  quercitron, 

d'origine    végétale    se    1    -°    j        bois  jaunes,  gaude,  etc. 

sous-divisent  en  ^  <     Matières  colorantes  rouges:  garance, 

'  bois  rouge,  etc. 

t    Matières    colorantes    bleues  :  indigo, 

l        etc. 

d'origine  animale  :  cochenille,  kermès,  etc. 

Des  échantillons  d'étoffes  teintes  figurent  à  coté  des    matières    qui   ont   fourni  les 

couleurs. 

10e  GROUPE. 

MATIÈRES   TANNANTES   ET   PRODUITS   FABRIQUÉS   DE  LA   TANNERIE,  DE  LA  MÉGISSERIE 
ET   DE   LA   MAROQUINERIE 

Dans  les  matières  tannantes  reparaissent  la  plupart  des  produits  qui  constituent  le 
groupe  des  matières  colorantes  brunes  et  noires.  Ce  groupe  renferme  aussi  tous  les 
autres  ingrédients  qui  servent  à  la  préparation  des  cuirs  et  des  peaux,  à  leur  mise  en 
couleur,  à  leur  apprêt,  etc.. 

11e  GROUPE. 

MATIÈRES   ALIMENTAIRES  A   L'USAGE  DE  L'HOMME. 

Sel  de  cuisine,  eau  de  source,  certaines  eaux 

minérales. 
1"  série.      Céréales. 
2e  série.      Légumes  proprement  dits. 

r    Alimentsféculents  ou  amylacés com- 
3e série.  ]        prenant:  tapioca,  sagou,  arrow- 

\        root,  pommes  de  terre,  marrons,  etc. 
4e  série.      Fruits  alimentaires. 

64 


d'origine  minérale . 


d'origine  végétale. 


1010  GÉOGRAPHIE 

La  série  des  céréales  est  complétée  par  les  produits  de  la  minoterie  et  de  la  ver- 
micellerie. 

Les  séries  des  légumes  et  des  fruits  sont  complétées  par  des  conserves  de  toute 
sorte. 

L'amidonnerie  et  la  féculerie  se  rattachent  aussi  à  ce  groupe,  comme  demandant  leurs 

matières  premières  à  la  lrc  et  à  la  3e  série,  et  complétant  ces  séries  par  leurs  produits 

fabriqués. 

Viande,  œufs,  miel,  principes  gras,  principes 


d'origine  animale.  .   . 

(        gélatineux,  fromage. 

(    Vin,  cidre,  poiré,  bière,  eaux  de-vie  diverses, 
Liquides  alimentaires.     ]  ,    t 

(        liqueurs  de  toute  sorte. 

Denrées  qui  sont  à  la  fois  nutritives,     t     _  .,    ._, 

i    Café,  the,  cacaos, 
stimulantes  et  toniques.  « 

Produits  qui   entrent  dans  l'alimenta-    l    „  . 

1  j     Epices  et  aromates, 

tion  de  l'homme  comme  accessoires.    ( 

12e  GROUPE. 

MATIÈRES   PREMIÈRES   ET    PRODUITS   FABRIQUÉS  DE   L'INDUSTRIE   SCCRIÈRE. 

e  groupe  comprend  les  spécimens  des  diverses  plantes  sucrières  qui  alimentent 
cette  industrie.  Les  sucres  bruts,  les  sucres  raffinés,  les  bas  produits  de  la  fabrication, 
ainsi  que  les  produits  accessoires,  tels  que  :  rhum,  tafia,  alcool. 

13e  GROUPE. 

MATIÈRES  ALIMENTAIRES  A  L'USAGE  DES  ANIMAUX  DOMESTIQUES. 

Ce  groupe  est  formé' par  les  graines  farineuses  et  les  issues  et  déchets  de  la  mino- 
terie. Les  fourrages  verts  sont  représentés  par  les  graines  des  plantes  qui  les  four- 
nissent et  qui  sont  principalement  des  légumineuses  et  des  graminées. 

On  y  représente  également  les  déchets  de  certaines  usines,  tels  que  la  drèche  des 
brasseries,  les  pulpes  épuisées  de  la  betterave  sucrière,  etc..- 

14e  GROUPE. 

MATIÈRES  GRASSES. 

d'origine  végétale.     Huiles  végétales  de  toutes  provenances,  suif  végétal. 

Huile  animale,  huile  de  poissons  et  de  cétacés,  graisse, 


d'origine  animale.    , 

suit,  beurre 

Les  matières  de  ce  groupe  alimentent  deux  grandes  industries,  qui  doivent  être  re- 
présentées par  les  produits  fabriqués  et  les  matières  premières  qu'elles  mettent  en 
œuvre.  Ces  industries  sont:  la  stéarinerie  et  l'industrie  savonnière. 

L'huilerie  y  est  représentée  comme  industrie  préparatoire. 

Dans  ce  groupe  se  trouvent,  comme  matières  premières  de  l'huilerie,  les  nombreuses 
graines  et  fruits  oléagineux  dont  une  petite  série  figure  aussi  à  côté  des  huiles 
d'éclairage  dans  un  autre  groupe. 

15e  GROUPE. 

PRODUITS  D'EXSUDATION  DE  NATURE  GOMMEUSE,   RÉSINEUSE  ET  GOMMO-RÉSINEUSE. 

Ce  groupe  est  très-riche.  Il  comprend  les  gommes  solubles  dont  les  types  sont  des 
gommes  d'Arabie  et  du  Sénégal;  les  gommes  insolubles,  qui  ont  pour  types  les 
gommes  adragantes. 

Les  résines  indigènes  et  exotiques  caractérisées  par  leur  solubilité  dans  l'alcool  et 


ROEIiniC.    —  CLASSIFICAT  ON    DES   PRODUITS   COMMERCIAUX  1011 

leur  insolubilité  dans  l'eau.  Les  matières  c plexes  renferment  à  la  fois  des  prin- 
cipes gommeux  et  résineux.  —La  gutta-percha  et  le  caoutchouc  ont  été  rattachés  à  ce 
groupe  malgré  leur  nature  spéciale  qui  les  éloigne  et  des  gommes  et  des  résines. 
Mais  en  considérant  leur  manière  de  se  produire  par  exsudation,  on  ne  peut  pas  leur 
assigner  une  place  plus  rationnelle. 

Les  essences  odorantes  ou  huiles  essentielles  constituent  un  groupe  annexe  au  groupe 
précédent.  La  localisation  de  ces  principes  dans  les  tissus  végétaux  les  rapproche  des 
produits  fournis  par  exsudation  spontanée  ou  par  incision.  Une  autre  considération 
qui  a  également  sa  râleur,  c'est  l'emploi.  Toutes  ces  matières  :  gommes,  résines, 
caoutchouc,  essences,  se  rencontrent  en  maintes  circonstances  dans  les  applications 
journalières. 

16°  GROUPE. 

TKXTIl  .1  s. 

D'origine  végétale  :  lin,  chanvre,  coton,  jute,  etc. 

d'origine  animale  •  laine,  soie,  poil  de  chèvre,  etc. 

Indépendamment  îles  textiles  de  l'ordre  végétal  ci-dessus  mentionnés ,  ce  sous- 
groupe  comprend  toutes  les  fibres  végétales  utilisées  pour  la  corderie  et  l'article 
emballage,  dont  les  plus  remarquables  sont  la  libre  d'aloès,  le  phormium  tenax  et  le 
china-grass.  On  y  rapporte  aussi  les  végétaux  à  rameaux  flexibles  :  osiers,  joncs  et 
autres  qui  sont  employés  à  la  confection  d'objets  d'art  et  pour  tresser  des  embal- 
lages grossiers. 

17»  GROUPE. 

DROGUES  MÉDICINALES. 

Les  trois  règnes  fournissent  d'abondantes  matières  à  la  droguerie  pharmaceutique; 
on  peut  les  classer  en  les  séparant  d'abord  suivant  leur  nature  organique  ou  inorga- 
nique; puis  sériant  suivant  leurs  qualités  dominantes  les  produits  de  chaque  classe 
naturelle. 

Un  certain  nombre  de  matières  qui  figurent  dans  le  groupe  des  produits  chimiques 
reparaissent  ici;  telles  sont  :  le  quinquina,  l'opium,  la  noix  vomique  et  leurs  dé- 
rivés, etc.. 

C'est  dans  une  petite  série  très-naturelle  de  ce  groupe,  —  les  narcotiques,  —  que  le 
tabac  trouve  sa  place. 

En  considérant  attentivement  les  titres  de  nos  groupes,  on  peut  se 
convaincre  que  tout  objet  naturel  et  manufacturé  y  trouve  immédiate- 
ment sa  place. 

On  aura  donc  la  plus  grande  facilité,  dans  une  collection,  quelque 
vaste  qu'elle  soit,  dans  laquelle  les  produits  se  trouvent  rangés  d'après 
notre  méthode,  et  on  reconnaîtra  que  c'est  là  un  avantage  réel  pour  les 
visiteurs  qui  peuvent,  sans  perte  de  temps  et  sans  recherche  fatigante, 
se  diriger  directement  vers  la  série  qui  doit  sûrement  renfermer  l'objet 
recherché. 

Comme  champ  d'étude,  les  élèves  des  écoles  spéciales  de  commerce 
et  d'industrie  ne  trouvent  pas  seulement,  dans  une  collection  ainsi  orga- 
nisée, la  facilité  des  recherches,  mais  aussi  un  moyen  d'exercice  efficace. 
Chaque  objet  étudié  se  trouvant  au  milieu  de  ses  congénères,  dont  un 
court  examen  révèle  les  analogies  et  les  différences. 


1012  GÉOGRAPHIE 

C'est  en  vue  de  l'enseignement  spécial  des  écoles  de  commerce  et 
d'industrie  que  la  classification  méthodique  des  produits  commerciaux 
a  été  entreprise. 

Les  négociants  et  les  industriels  ont  besoin  de  connaître  les  marchan- 
dises à  plus  d'un  point  de  vue.  D'abord,  par  leurs  caractères  distinctifs, 
par  leurs  analogies,  leurs  signes  de  bonne  qualité,  —  leurs  aptitudes  à 
se  conserver  plus  ou  moins  bien,  —  et  les  causes  d'altérabilité  ;  les  pro- 
priétés essentielles  qu'exigent  les  divers  emplois. 

Il  faut  qu'une  marchandise  brute  puisse  être  appréciée  par  le  vendeur 
et  par  l'acheteur  au  point  de  vue  de  la  quantité  réelle  des  matières 
utilisables  qu'elle  renferme  :  c'est-à-dire  qu'elle  puisse  être  dosée  ou 
titrée  par  les  moyens  usités  et  qui,  suivant  la  nature  de  la  matière, 
sont  :  les  uns  mécaniques,  les  autres  chimiques  ou  physiques. 

Il  faut  enfin  que  les  commerçants  et  les  manufacturiers  soient  à 
même  de  déceler  les  fraudes  auxquelles  certaines  denrées  sont  exposées. 

Grâce  à  une  étude  d'ensemble,  facilitée  par  le  groupement  méthodique 
que  nous  avons  établi,  ces  diverses  notions  peuvent  s'acquérir  sans  trop 
d'efforts  en  un  temps  relativement  court. 

L'étude  proprement  dite  des  marchandises  est  complétée  par  des  no- 
tions de  géographie  consistant  essentiellement  dans  la  connaissance  des 
lieux  de  production,  des  matières  premières,  ainsi  que  des  centres 
manufacturiers  qui  transforment  ces  matières,  et  aussi  des  moyens  divers 
de  transport  et  de  communication. 

Dans  cette  deuxième  partie  l'avantage  d'un  groupement  bien  ordonné 
des  produits  est  également  mis  en  évidence  et  ressort  d'une  manière 
très-manifeste  sur  les  planisphères  que  nous  avons  dressés  et  dont 
chacun  représente  les  lieux  de  production  et  de  consommation  des  pro- 
duits d'un  seul  groupe.  —  On  veut  connaître,  par  exemple,  toutes  les 
contrées  du  globe  qui  produisent  du  poivre:  on  ouvre  l'atlas  au  feuillet 
des  épices,  et  l'on  trouvera  marqué  d'un  signe,  inscrit  à  la  légende, 
toutes  les  régions  du  monde  qui  fournissent  cette  denrée.  —  On  vou- 
drait connaître  tous  les  pays  qui  cultivent  le  cotonnier  :  on  les  trouverait 
marqués  d'un  signe  particulier  sur  le  planisphère  qui  représente  les 
textiles  d'origine  végétale.  —  Et  afin  que  tous  les  détails  puissent  être 
fournis  avec  précision  et  que  cette  étude  utile  soit  aussi  complète  que 
possible,  un  atlas,  se  composant  de  cartes  particulières,  est  annexé  à 
l'atlas  des  planisphères. 

Cette  manière  de  procéder  nous  a  permis  pour  les  pays  dont  l'acti- 
vité commerciale  et  industrielle  est  très-grande,  —  comme  c'est  le  cas 
pour  l'Angleterre,  la  Belgique,  la  France,  etc..  —  d'indiquer  le  siège 
exact  des  exploitations  diverses  et  de  n'omettre  aucune  donnée  utile. 


HERTZ.  —  EXPLORATION  DE  M.  DONNAT  DANS  LA  GUINÉE      1013 


•     M.   MAÏÏNOIK, 

Secrétaire  général  de  la  Société  de  géographie  de  Paris. 


VOYAGE  DU  BOUDHISTE  NACKING  DANS  LE  THIBET. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  SS  août   1877.  — 

M.  Maunoir  fait  un  très-curieux  récit  des  voyages  du  boudhiste  Nacking 
dans  le  Thibet,  voyages  qui  embrassent  un  itinéraire  de  2,000  kilomètres 
avant  lui  presque  absolument  inconnu.  En  somme,  il  fait  un  tableau  très- 
pittoresque,  mais  peu  engageant,  des  populations  qui  habitent  ces  vastes 
contrées  du  nord  de  l'Himalaya  :  elles  sont  pauvres,  pillardes,  et  poussent  le 
fanatisme  jusque  dans  ses  dernières  limites. 

L'altitude  moyenne  de  ce  pays  est  comprise  entre  3,000  et  5,000  mètres.  Le 
voyageur  a  relevé  plusieurs  pics  qui  atteignent  6,500  et  7.900  mètres  de  hau- 
teur. Le  fait  entièrement  nouveau  est  la  probabilité,  presque  transformée  en 
certitude,  que  le  Jarkivu  ne  serait  autre  que  la  tête  même  du  Brabmapoutra. 
C'est  là  un  fait  d'une  importance  capitale  pour  le  développement  ultérieur  des 
relations  de  l'Inde  avec  le  Thibet.  En  outre,  Nacking  a  fait  276  observations 
de  latitude  et  497  observations  d'altitude.  [Enfin,  en  terminant  son  remar- 
quable exposé,  M.  Maunoir  exprime  l'espoir  que,  grâce  à  un  traité  tout  récem- 
ment conclu  entre  la  Chine  et  l'Angleterre,  le  parcours  sera  désormais  libre 
dans  toute  la  province  thibétaine. 


M.    CL   HEETZ 


EXPLORATION  DE  M.  BONNAT  DANS  LA  GUINEE. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  27  août  4877.  — 

M.  Ch.  Hertz  entretient  la  section  des  dernières  explorations  encore  inédites 
faites  par  M.  Bonnat,  dans  la  Guinée.  M.  Hertz  résume  les  deux  premières 
expéditions  de  ce  jeune  et  hardi  pionnier  qui  fut  pour  ses  débuts  réduit  en 
esclavage  par  les  Àchantis  et  qui  dut  passer  cinq  ans  dans  les  environs  de 
Coumasie,  jusqu'à  ce  que  l'expédition  anglaise  vînt  lui  rendre  la  liberté.  On 
devait  déjà  à  M.  Bonnat  la  reconnaissance  du  fleuve  le  plus  important  de  la 
côte  de  Guinée,  après  le  Niger,  le  Nolta,  qui  conduit  à  Balaya,  le  plus  grand 


1014  GÉOGRAPHIE 

marché  connu  de  l'Afrique  occidentale.  L'expédition  actuelle  de  M.  Bonnat  a 
pour  projet  l'exploration  des  régions  aurifères  de  la  Côte-d'Or,  région  circons- 
crite à  une  certaine  distance  du  littoral  et  que  se  proposent  d'exploiter  deux 
compagnies  importantes,  l'une  anglaise,  l'autre  française.  Cette  région  est 
intéressante,  non-seulement  au  point  de  vue  de  sa  richesse  aurifère,  mais  aussi 
en  raison  de  nombreuses  essences  végétales  qui  sont  encore  entièrement  inex- 
ploitées. 


M,    GBAVIEB, 

Membre  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Rouen. 


GÉOGRAPHIE  DU  DÉPARTEMENT  DE  LA  SEINE-INFÉRIEURE  SOUS  LES  ROMAINS. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  27  août  1877.  — 

M.  Gravier  fait  un  exposé  de  la  géographie  du  département  de  la  Seine- 
Inférieure  sous  les  Romains.  Il  pense  que  la  population  de  ce  territoire  comp- 
tait à  cette  époque  200,000  âmes  ;  il  base  ce  chiffre  sur  de  nombreux  travaux 
qu'il  a  été  obligé  de  faire  pour  l'établir.  Le  département  delà  Seine-Inférieure 
était  alors  partagé  en  quatre  subdivisions  absolument  romaines  et  les  noms 
successifs  de  ces  subdivisions  ont  été  fournis  par  la  découverte  de  médailles  et 
de  pièces  de  monnaies.  L'auteur  fait  une  longue  dissertation.  Lillebonnc  est 
le  nom  que  cette  ville  portait  sous  la  domination  des  Césars;  d'après  lui  le 
nom  de  Calidum,  que  l'on  a  cru  longtemps  être  affecté  à  Lillebonne,  revien- 
drait de  plein  droit  à  Caudebec,  ou  plus  justement  à  un  point  situé 
au-dessus  de  Caudebec,  près  du  mont  Calidu.  Il  est  persuadé  que  si  l'on 
faisait  des  recherches  en  ce  point,  on  ne  saurait  manquer  de  faire  d'im- 
portantes découvertes  archéologiques.  11  parle  en  passant,  des  monuments 
druidiques,  des  pierres  levées,  qui  sont  encore  entourés  d'un  certain  respect 
de  la  part  des  habitants  des  campagnes. 

DISCUSSION. 

A  l'occasion  du  mot  «  monument  druidique  »  employé  par  M.  Gravier, 
M.  le  général  Parmentier  fait  observer  qu'on  n'admet  plus  aujourd'hui  que  les 
dolmens  soient  des  pierres  celtiques.  On  en  rencontre  des  types  dans  beau- 
coup d'endroits  où  jamais  les  Celtes  n'ont  pénétré,  en  Amérique,  par  exemple. 
On  ne  dit  pas  pierres  druidiques,  mais  bien  monuments  mégalithiques,  ces 
pierres  étant  l'œuvre  de  peuples  préhistoriques  qui  ont  précédé  de  beaucoup 
l'invasion  des  Celtes  et  qui  ont  absolument  disparu. 

M.  Levasseur  appuie  cette  observation  qui  est  admise  sans  conteste. 


PARHSNTIER.    —  SUR   l/ORTHOGRÀPHE   DES  NOMS   GÉOGRAPHIQUES      101S 


M.    le  Général    PAMENTIER 


QUELQUES  OBSERVATIONS  SUR  L'ORTHOGRAPHE  DES  NOMS  GÉOGRAPHIQUES 


—  Séance  du  27  août  1877.  — 

I.  Le  but  que  je  me  propose,  en  soumettant  à  la  section  de  Géogra- 
phie de  l'Association  française  pour  l'avancement  des  sciences  les  obser- 
vations qui  vont  suivre,  c'est  d'attirer  l'attention  sur  une  infériorité 
réelle  et  fâcheuse  de  la  cartographie  et  de  la  chorographie  françaises, 
et  de  contribuer  à  la  taire  cesser  le  plus  tôt  possible. 

Pour  les  noms  de  lieux,  de  peuples  ou  de  peuplades,  les  Allemands 
ont  une  orthographe  allemande,  les  Anglais,  une  orthographe  anglaise, 
les  Italiens,  une  orthographe  italienne.  Seuls,  les  Français  n'ont  point 
de  règles  d'orthographe  en  géographie,  et  ils  empruntent,  dans  un  pêle- 
mêle  et  une  contusion  qui  parfois  frisent  le  ridicule,  la  manière  d'écrire 
des  Allemands  ou  des  Anglais,  suivant  la  source  où  ils  puisent  leurs 
renseignements.  11  suffit  de  comparer  diverses  cartes  françaises  des  mêmes 
contrées,  ou  de  suivre  sur  une  de  ces  cartes  une  relation  de  voyage,  ou 
encore  de  lire  les  journaux  (et  même  les  revues  spéciales),  dans  les  mo- 
ments où  quelque  événement  politique  attire  l'attention  générale  sur  une 
contrée  particulière  du  globe,  pour  être  frappé  de  ces  diversités  orthogra- 
phiquesqueriennejustilie.  Actuellement,  par  exemple,  où  tous  les  journaux 
s'occupent  des  graves  événements  qui  se  passenten  Orient,  on  trouve  les  or- 
thographes les  plus  disparates,  non  seulement  dans  les  différents  journaux, 
•mais  encore  dans  les  différents  articles  d'un  même  journal.  On  écrit  Routs- 
chouk,  Routchouk,  Rutschuk,  Rustschuk  et  rarement  Roustchouk  qui 
est  la  vraie  orthographe  (1).  De  même,  on  écrit  Bazardschick,  Bazard- 
chyk  pour  Bazar djik  ;  Dobrutscha,  Dobrudscha,  Dobroutcha  pour  Do- 
broudja  ;  Schumla,  Schoumla,  Shumla  pour  Choumla  ;  Tschernawoda  pour 
Tchemavoda  ;  Tirnowa,  Widin,  pour  Tirnova,  Vidin,  etc.  Les  géographes  et 
les  cartographes  ne  font  pas  mieux  que  les  journalistes.  N'est-il  pas  impar- 
donnable de  leur  voir  employer  des  orthographes  véritablement  barbares, 
où,  par  exemple,  le  djim  (^)  arabe  ou  turk,  qui  est  exactement  rendu 
en  français  par  dj,  est  représenté  par  dsch  ou  dch  comme  dans  Dobrou- 
dscha,  Dschoumaya,  Bazardchick,  etc.  ?  N'est-il  pas  plus  impardonnable 
encore  que,   sur  une  seule  et  même  carte,  ou   trouve   les  mêmes    mots 

M)  Roustchouk  est  en  Bulgarie.  Les  Valaques  écrivent  Rusciuc,  en  se  conformant  aux  lois  de 
leur  orthographe,  comme  nous  devrions  suivre  les  règles  de  la  nôtre. 


1016  GÉOGRAPHIE 

écrits  de  différentes  manières,  probablement  parce  que  cette  carte  a  été 
établie  ou  complétée  en  compulsant  des  documents  français,  allemands 
et  anglais  ?  Sur  une  carte  de  la  Turquie  d'Europe,  publiée  par  la  librai- 
rie Hachette,  on  lit,  par  exemple,  Yénikeuï  et  Jénikaleh,  Rizildjik  et  Ki- 
silagatch,  où  les  mots  turcs  yèni  (neuf)  et  kisil  (rouge)  sont  écrits  de 
deux  façons  différentes. 

I/ignorance,  —  on  aurait  pu  dire  naguère,  le  dédain,  —  des  langues 
étrangères,  qui  est  malheureusement  un  des  traits  de  notre  physiono- 
mie nationale,  est  la  principale  cause  de  ces  singulières  anomalies  ortho- 
graphiques. Certes  les  cartographes  allemands  et  anglais  ne  savent  pas 
toutes  les  langues,  mais  ils  connaissent  au  moins,  quand  ils  se  co- 
pient les  uns  les  autres,  les  lois  générales  de  la  phonétique  des  princi- 
pales langues  de  l'Europe.  Ils  savent  que  sh,  ch,  y  initial  anglais  équi- 
valent à  sch,  tsch,  j  allemands,  et  ils  transforment  l'orthographe  en 
conséquence,  au  lieu  de  copier  servilement  comme  on  le  fait  en  France. 
Mais  que  dis- je  ?  Nous  ne  savons  pas  même  copier,  et  à  notre  igno- 
rence  des  phonétiques  étrangères  se  joint  un  singulier  esprit  d'indiffé- 
rence pour  l'exactitude,  une  négligence  telle,  que  la  plupart  d'entre  nous, 
—  gens  lettrés,  gens  d'étude,  —  ne  savent  pas  copier  correctement  un 
mot  étranger  d'apparence  un  peu  bizarre.  Que  l'on  fasse  copier  à  dix 
personnes,  prises  au  hasard,  une  phrase  où  se  trouve  le  nom  si  triste- 
ment populaire  de  Reichsboffen.  on  pourra  être  certain  que  la  plupart 
d'entre  elles  auront  omis  ou  transposé  des  lettres,  et  écrit  Reischoffen, 
Reichsoffcn,  Reichoffen.  Ne  connaissant  pas  la  valeur  de  l'agrégation  de 
consonnes  qui  se  rencontre  au  milieu  de  ce  mot,  chacun  le  prononce 
comme  il  peut  et  se  contente  4e  reproduire  à  peu  près  fidèlemont  sa 
manière  de  prononcer,  sans  se  soucier  de  ce  fait  que,  pour  un  Allemand, 
le  mot  est  complètement  dénaturé  dans  sa  structure,  son  étymologïe  et 
sa  sonorité  ! 

II.  Voilà  le  mal.  Mais  avant  d'aller  plus  loin,  une  distinction  essen- 
tielle est  nécessaire.  Il  y  a,  en  effet,  deux  cas  à  examiner,  suivant  que 
les  noms  propres  dont  on  s'occupe  appartiennent  ou  n'appartiennent  pas 
à  un  pays  dont  la  langue  est  écrite  avec  les  caractères  latins. 

La  plupart  des  nations  européennes  ont  adopté,  pour  représenter  les 
sons  élémentaires  de  leur  langue,  les  lettres  de  l'alphabet  latin;  mais 
ces  lettres  et  leurs  diverses  combinaisons,  qu'on  a  été  obligé  d'imaginer 
pour  indiquer  les  articulations  simples  qui  manquaient  au  latin,  sont 
loin  d'avoir  partout  la  môme  valeur.  C'est  ainsi  que  la  consonne  chuin- 
tante que  nous  écrivons  ch.  est  représentée  en  anglais  par  sh,  en  alle- 
mand par  sch,  en  suédois  et  en  danois  par  sj,  en  polonais  par  sz,  en 
hongrois  par  s,  en  bohème  par  un  s  surmonté  d'un  crochet  (s);    c'est 


PARMEHTIER.  —  SUR  LoRTlh  (GRAPHE  DES  NOMS  GÉOGRAPHIQUES   1017 

ainsi  encore  que  la  lettre  j  qui  pour  nous  est  l'adoucissement  de  cette 
même  chuintante,  représente  :  en  espagnol,  la  forte  aspiration  du  x  grec 
que  les  Allemands  rendent  parc/i;  en  allemand,  une  consonne  palatale 
ou  demi-voyelle,  qui  manque  au  français  et  que  les  Anglais  représentent 
par  y  initial;  en  anglais  enfin,  l'articulation  palatale  du  g  italien  devant 
e  ou  »,  ou  à  peu  près  dj  français.  La  communauté  d'alphabet  est  donc  plus 
apparente  que  réelle.  Chaque  peuple  a  fait  de  l'alphabet  latin  une  adap- 
tation spéciale  à  son  propre  idiome,  imaginant,  pour  combler  les  lacunes, 
soit  des  agrégations  de  lettres,  soit  des  signes  diacritiques  inconnus  aux 
Latins,  tels  que  les  accents  qui  diversifient  nos  e,  la  cédille  qui  adoucit 
notre  c  devant  a,  o,  u,  la  tilde  qui  mouille  Yn  espagnol  (n),  le  tréma 
qui  dans  les  langues  teutoniques,  change  le  son  des  voyelles  a,  o,  u 
(pron.  ou)  en  t\  eu,  w,  sans  parler  des  nombreux  signes  diacritiques 
propres  aux   langues  slaves. 

Malgré  ces  divergences  dans  la  signification  des  éléments  communs 
de  l'écriture  des  peuples  qui  ont  adopté  l'alphabet  latin  (1),  il  ne  peut 
être  question  d'altérer  l'orthographe  des  noms  propres  des  lieux  et  des 
personnes  pour  la  mettre  d'accord  avec  la  phonétique  d'une  autre  nation. 
Personne  n'aura  l'idée  d'écrire  Chekspire,  Kine,  Tchivita-véquia,  Lindaou 
pour  Shakespeare,  Ivan,  Civita-Vecehia,  Lindau.  En  cartographie,  comme 
en  chorographic  ou  dans  les  relations  de  voyages,  on  n'a  donc  qu'à 
copier  exactement  les  noms  propres  tels  que  1rs  écrivent  les  nationaux  en 
Espagne,  en  Portugal,  en  Italie,  en  Angleterre,  en  Hollande,  en  Alle- 
magne, en  Scandinavie,  ainsi  que  dans  les  colonies  dépendant  de  ces 
divers  pays,  sauf  exception  pour  les  pays,  les  fleuves  et  les  grandes  villes 
dont  le  nom  français,  consacré  par  un  long  usage,  diffère  plus  ou  moins 
du  nom  véritable,  comme  Bavière  pour  Baiern,  Tessin  pour  Ticino, 
Londres,  Lisbonne,  Naples,  pour  London,  Lisboa,  Napoli,  etc.  Encore 
serait-il  bon  sur  les  cartes,  de  conserver  le  véritable  nom  des  lieux  en 
ajoutant  le  nom  français  entre  parenthèses,  suivant  la  pratique  des 
cartographes  allemands  qui  me  paraît  digne  d'être  imitée  (2). 

(1)  Il  faut  compter  parmi  ces  peuples  les  Allemands  et  les  Danois,  car  la  forme  un  peu  diversi- 
fiée de  leurs  lettres  ne  constitue  pas  un  alphabet  distinct.  L'écriture  qu'on  est  convenu  d'appeler 
gothique,  ne  présente  qu'une  des  formes  successives  qu'ont  affectées  les  lettres  latines.  C'est  un 
archaïsme,  dans  lequel  s'entêtent  surtout  les  Allemands,  malgré  les  efforts  de  leurs  philologues  et 
linguistes.  Tous  les  livres  allemands,  traitant  de  science,  de  philologie  et  même  de  grammaire, 
sout  aujourd'hui  imprimés  avec  les  caratères  dont  nous  nous  servons  nous-mêmes,  mais  la  forme  go- 
thique a  maintenu  ses  droits  de  routine  dans  les  livres  de  littérature,  les  journaux  et  l'usage  géné- 
ral de  la  nation.  Cette  forme  est  également  encore  très-prépondérante  chez  les  Danois.  En  Suéde, 
où  l'on  se  servait  presque  indistinctement  des  lettres  modernes  et  des  lettres  gothiques,  ces 
dernières  tombent  de  plus  en  plus  en  désuétude,  de  même  qu'elles  ont  disparu  depuis  longtemps 
des  livres  hollandais, 

(2)  Il  est  à  remarquer  que  la  plupart  de  ces  noms  nous  viennent  de  l'antiquité  romaine  et  que 
eur  forme  française  est  souvent  moins  altérée  que  celle  dont  se  servent  aujourd'hui  les  descen- 
dants des  barbares  qui  ont  détruit  l'empire  romain.  Il  sulfit  de  citer,  comme  exemples,  les  mots 
Cologne,  Colonia  (agrippina),  que  les  Allemands  appellent  Kôln  (prononcez  :  Keuln)  ;  Tibre,  Tiberis, 
qu'on  nomme  Tévere  en  Italie  ;  Danube,  Dan-ibius  qui,  appelé  Donau  par  les  Allemands,  prend  le 
nom  de  Dunaj  (Dounaï)  en  Serbie,  Dunare  (Doûnaré)  en  Valachie,  elDounav  en  Bulgarie.  N'est-il  pas 


1018  GEOGRAPHIE 

Quant  aux  langues  slaves  qui  ont  adopté  les  caractères  latins,  ainsi 
qu'au  roumain  et  au  hongrois,  il  est  permis  de  se  demander  si  le  môme 
principe  doit  être  appliqué.  L'alphabet  de  ces  langues  renferme  beau- 
coup de  lettres  doubles  ou  surmontées  de  signes  diacritiques ,  dont  la 
signification  est  inconnue  à  la  plupart  des  lecteurs  et  qui  le  plus  souvent 
n'existent  pas  dans  nos  imprimeries,  et  l'on  se  trouve,  par  le  fait,  en  pré- 
sence d'un  alphabet  spécial.  Il  y  a  là  une  question  délicate;  mais  on 
peut  affirmer  que  deux  systèmes  seulement  sont  admissibles  :  il  faut,  ou 
adopter  l'orthographe  nationale  avec  toute  son  étrangeté  et  écrire  Alecsinac 
(Alexinats),  Cemagora  (Tsernagora),  comme  les  Serbes,  Czinfalva  (Tsin- 
falva),  Csassarfalva  (Tchasarfalva),  comme  les  Hongrois,  Tulcia  (Toul- 
tcha),  Oltenita  (Olténitsa),  Bucuresci  (Boucourechti,  c'est-à-dire  Bucarest) 
comme  les  Moldo-Valaques,  ou  bien  reproduire  le  plus  fidèlement  pos- 
sible la  prononciation  nationale,  mais  en  rejetant  absolument  les  tran- 
scriptions qui  portent  les  caractères  d'une  phonétique  trangère  allemande, 
anglaise  ou  toute  autre  (1). 

Il  convient  encore  de  remarquer,  pour  tenir  compte  de  toutes  les  dif- 
ficultés que  rencontrent  les  cartographes,  que,  dans  les  pays  frontières 
qui  ont  changé  de  domination  ou  dans  ceux  dont  les  habitants  appar- 
tiennent à  des  races  diverses,  un  seul  et  même  lieu  porte  souvent  deux 
noms  différents  (2).  Cela  se  voit  fréquemment  en  Alsace,  en  Suisse  et 
surtout  dans  les  pays  du  bas  Danube,  où  des  populations  slaves,  hon- 
groises, roumaines  et  turques  se  touchent  et  se  pénètrent.  Dans  ces 
cas  là,  l'embarras  est  inévitable,  et  l'on  ne  peut  que  conseiller  de  choi- 
sir le  nom  le  plus  généralement  connu. 

Considérons  maintenant  le  second  cas,  celui  de  l'orthographe  des  noms 
d'un  pays  dont  la  langue  est  pourvue  d'un  alphabet  spécial,  comme  le 
russe  et  les  autres  langues  slaves  qui  se  servent  d'alphabets  dérivés  de 


naturel  d'ailleurs  que  chaque  nation  ait  donné  aux  noms  propres  étrangers  qui  reviennent  souvent 
dans  le  langage  écrit  ou  parlé,  une  formé  appropriée  au  génie  de  son  propre  idiome,  au  lieu  de 
leur  laisser  une  physionomie  étrange,  telle  qu'est,  pour  un  Français,  celle  des  mofe  Kjôbenhavn 
(Copenhague),  Warszawa  (Varsovie),  qu'il  ne  sait  comment  prononcer,  ou  celle  de  Mùnchen  (Munich), 
Regensburg  (Ratisbonne),  Gôltingen  (Cœttingue),  renfermant  des  articulations  qui  lui  sont  inconnues  ! 
Ces  noms,  relativement  en  petit  nombre,  font  pour  ainsi  dire  partie  intégrante  de  la  laugue  ;  aussi 
les  trouve-t-on,  dans  un  appendice  géographique,  à  la  suite  de  tous  les  dictionnaires  bilingues. 

(1)  Outre  la  difficulté  très  réelle  de  remonter  aux  sources  et  de  se  procurer  la  connaissance 
exacte  de  l'orthographe  nationale  des  pays  dont  il  est  ici  question,  ce  qui  doit  faire  le  plus  hésiter 
à  employer  le  premier  système,  c'est  que  l'omission  des  signes  diacritiques,  qu'on  risque  toujours, 
altère  considérablement  la  prononciation  des  mots,  comme  il  arriverait,  par  exemple,  en  écrivant 
Oltenita  au  heu  d'Oltenita. 

(2)  Souvent  un  de  ces  noms  est  la  traduction  exacte  de  l'autre.  En  Suisse,  Neuenburg,  Rothenbcrg 
sont  les  équivalents  allemands  de  TSeuchàtel,  Rougemont;  Mous  traduit  le  flamand  Bergen  et  Deun- 
Ponts  l'allemand  Zweibriicken.  En  Hongrie,  la  plupart  des  localités  ont  un  nom  hongrois  et  un  nom 
allemand  tout  à  fait  différents;  niais  ce  dernier  a  été  calqué  sur  l'autre,  chaque  fois  que  les  éléments 
magyares  du  nom  hongrois  se  prêtaient  à  cette  transformation.  Les  noms  allemands  Alten-burg, 
Blauen-stein,  Elisabeth-stadt,  Heiligen-kreutz,  Kalten-brunn,  Kaisers-dorf,  Weiss-kirchen,  etc.  etc., 
sont  la  traduction,  élément  par  élément,  des  noms  hongrois  6-vâr,  Kek-k'6,  Erzsébet-vàros,  Szeut- 
kereszt,  Hideg-kût,  Czaszar-falva,  Fejér-teniplom. 


PARMENTIER.    —    suri    L'ORTHOGRAPHE   DES   NOMS   GÉOGRAPHIQUES      1019 

celuiqui  a  été  imaginé  par  saint  Cyrille  pour  sa  traduction  de  la  Bible 
en  vieux  bulgare,  ou  comme  l'arabe,  le  persan,  le  turk,  le  chinois.  Pour 
ces  noms,  comme  aussi  pour  ceux  qui  sont  relatifs  aux  pays  habités 
par  des  peuplades  sauvages  chez  lesquelles  l'écriture  est  inconnue,  la 
transcription  en  caractères  latins  est  nécessaire  et  forcée.  N'cst-il  pas  évi- 
dent que  chaque  peuple  doit  la  taire  selon  le  génie  de  sa  propre  langue? 
car  il  n'y  a  aucune  raison  d'adopter  l'orthographe  d'un  autre  peuple,  fût- 
il  le  premier  qui  ait  fait  une  transcription.  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit, 
les  Allemands,  les  Anglais,  les  Italiens  n'y  manquent  pas.  Dans  sa  carte 
de  l'Algérie,  Kiepert  s'est  bien  gardé  de  copier  les  noms  écrits  à  la  fran- 
çaise. Il  a  très-justement  transcrit  Cherchel  par  Schersckel,  Bousada  par 
Busada,  Ouled  par  Uled,  Sebkha  par  Sebcha,  etc.  Lors  de  la  guerre  des 
Achantis,  les  Anglais  ont  écrit  Ashantee  ;  les  Allemands  ont  reproduit 
les  mêmes  sons,  syllabe  par  syllabe,  en  écrivant  Aschanti  :  mais,  en 
France,  on  a  copié  longtemps  le  mot  anglais  que  nous  ne  savions  comment 
prononcer,  et  ce  n'est  que  bien  tard,  probablement  après  avoir  vu  la 
transcription  allemande,  que  nous  nous  sommes  décidés  à  écrire  Achanti. 

III.  Après  ces  considérations  générales,  je  vais  passer  en  revue  les 
principales  erreurs  d'orthographe  que  commettent  les  écrivains  français 
en  copiant  servilement  des  documents  étrangers,  surtout  des  documents 
allemands  et  anglais.  L'influence  anglaise  est  prépondérante  dans  les 
noms  de  l'Extrême-Orient.  C'est,  au  contraire,  l'influence  allemande  qui 
prédomine  dans  les  noms  slaves. 

Le  cha  (m)  de  l'alphabet  russe  (que  les  Polonais  écrivent  sz,  les 
Tchèques,  s,  et  les  Roumains,  s),  ainsi  que  le  chin  (^à)  arabe,  turk  et 
persan,  est  l'équivalent  exact  de  notre  ch.  Nous  rendons  pourtant  le 
plus  souvent  ces  lettres  par  sh  comme  les  Anglais,  ou  par  sch  comme 
les  Allemands.  On  voit  constamment  Shanghai  pour  Changhaï,  shah  ou 
schah  pour  chah  (1),  Schoumla,  Schipka,  Nisch,  scheikh,  etc.  (2). 

De  même,  le  tché  (i\)  russe  (cz  polonais,  c  tchèque,  c  roumain  devant 
c,  i)  et  le  tchim  (^)  persan  et  turk  doivent  être  transcrits  par  tch  et 
non  par  ch  anglais  ou  tsch  allemand.  C'est  donc  à  tort  qu'on  écrit,  à 
l'anglaise,  général  Despotovich  pour  Despotovitch ,  Karrachee  (ville  du 
Béloutchistan)  pour  Karatchi,  et,  à  l'allemande  ,  Michailoivitsch,  Kam- 
tschatka,  lac  Tschad,  Toultscha,  Matschin,  Roustschouk,  général  Népokoï- 
tschitski.  N'y  a-t-il  pas  déjà  assez  de  consonnes  dans  ces  mots  sans  que 

(1)  Littré  admet  les  trois  orthographes  schah,  shah  et  chah,  de  même  qu'il  admet  schérif,  shérif  et 

chérifl  —  Le  souverain  actuel  de  la  Perse,  Nasser-ed-din,  quia  visité  l'Europe  en  1873,  a  adopté 
l'orthographe  française  chah,  en  signant  son  nom. 

(2)  Quelquefois  on  fait  la  faute  inverse  en  reproduisant  des  noms  ou  des  mots  allemands  où  l'on 
aurait  dû  conserver  Ysch,  par  exemple  lorsqu'on  écrit  ,Kirchwasser  au  lieu  de  Kirschwasser  {Kirch, 
église,  au  heu  de  Kirsch,  cerise). 


1020  GÉOGRAPHIE 

nous  fassions  précéder  notre  ch  d'un  s  absolument  inutile  et  sans  si- 
gnification ? 

Le  djim  (^)  des  Turks,  Persans  et  Arabes  moghrébins  (1)  n'est 
autre  chose  que  le  j  anglais  et  doit  être  transcrit  en  français  par  dj  (2). 
Les  articulations  du  j  français  et  du  j  anglais  étant  inconnues  aux 
Allemands,  ils  rendent  le  djim  par  dsch,  et  c'est  à  grand  tort  que  nous 
leur  empruntons  souvent  ce  symbole  inexact,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  fait 
remarquer  plus  haut. 

La  troisième  lettre  de  l'alphabet  russe  (B)  équivaut,  comme  le  b 
grec,  exactement  à  notre  v ,  que  les  Allemands  écrivent  w  (v  ayant  pour 
eux  la  valeur  de  /).  C'est  ce  w  allemand  que  nous  employons  presque 
constamment  dans  la  transcription  des  mots  russes ,  sans  qu'on  puisse 
en  donner  aucun  motif  raisonnable  :  ces  mots  nous  arrivent  par  l'inter- 
médiaire des  Allemands  ou  des  Polonais  (3),  voilà  tout.  N'écrivons  donc 
plus  iverste  pour  verste  (mesure  itinéraire  russe),  witsch  ou  witch  pour 
vitch  (4),  non  plus  que  Wladikawkas,  Orsoica,  Pletona,  etc. 

Si  le  w  allemand  (qu'on  conservera  tout  naturellement  dans  les  noms 
allemands  :  Wurtemberg,  Ottweiler,  Appenweier . . .)  (5)  doit  être  rem- 
placé par  v  dans  les  noms  slaves,  orientaux,  africains  etc.,  il  n'en  est 
pas  de  même  du  w  anglais.  Cette  lettre,  qui  représente  une  articulation 
inconnue  aux  autres  langues  européennes,  est  l'équivalent  exact  du  ouaou 
arabe  (t)  ou  du  (•*)  hébraïque  :  c'est  une  espèce  de  demi-voyelle ,  que 
nous  ne  pouvons  représenter  que  par  ou  (G).  En  dehors  des  noms  appar- 
tenant à  l'Angleterre  (tels  que  Westminster,  Windsor),  le  w  anglais  de- 


(1)  En  Orient,  notamment  en  Egypte,  le  djim  (^)  arabe,  qui  correspond  an  guimel  Q)  hébraïque, 
a  conservé  sa  valeur  antique  et  primitive  de  g  dur  (gu...). 

(2)  C'est  avec  l'orthographe  anglaise  que  les  mots  raja  (roi  indien)  et  jungle  ou  jongle  semblent 
devoir  prendre  droit  de  cité  dans  notre  langue.  M.  Coppée,  dans  ses  Parias  écrit  pourtant  djonglc. 
Tant  mieux  :  ce  sont  les  grands  écrivains  qui  fixent  les  orthographes  encore  indécises.  Que  n'a-t- 
il  aussi  écrit  radja  au  lieu  de  rajah  où  17i  final  n'a  aucune  raison  d'être. 

En  géographie,  le  j  anglais  doit  toujours  être  remplacé  par  dj  :  c'est  bien  à  tort  qu'on  écrirait 
p.  ex.  Penjab  au  lieu  de  Pendjab. 

(3)  Les  Polonais,  dont  l'alphabet  montre  des  traces  évidentes  de  l'influence  allemande  ,  ne 
connaissent  pas  la  lettre  v  qu'ils  ont  remplacée  par  w.  Les  Tchèques  avaient  fait  de  même,  mais 
aujourd'hui  ils  ont  adopté  le  v.  Les  Serbes-Croates  n'emploient  que  v. 

(4)  Terminaison  russe  signifiant  fils  :  Alexandrovitch,  fils  d'Alexandre,  tsarévitch,  fils  du  tsar.  A 
ce  propos,  je  ferai  remarquer  que  beaucoup  de  personnes  en  France  écrivent  encore  czar,  qu'elles 
prononcent  kzar  ou  gzar  (au  îieu  de  tchar  qu'exigerait  cette  orthographe  polonaise).  L'orthographe 
et  la  prononciation  sont  également  vicieuses.  Le  mot  russe  (n;apb)  se  lit  tsar,  et  les  Polonais  eux- 
mêmes  répudient  leur  ancienne  orthographe  pour  écrire  car  [c'est-à-dire  tsar,  leur  c  ayant  la  vah  ur 
de  ts).  Dans  le  mot  czaréuilch,  que  l'on  rencontre  souvent,  cz  est  polonais,  va  allemand  ou  polonais 
tch  français,  et  ce  tch  final  représente  la  même  articulation  que  le  CZ  initial.  Peut-on  pousser  l'incon- 
séquence plus  loin  ? 

la)  Schleswig  est  une  orthographe  allemande.  Les  Danois  écrivent  Slesvig.  Nous  pouvons  adopter 
l'uni!  ou  1, autre  manière  d'écrire  le  nom  de  ce  duché  de  nationalité  mixte  ;  mais  Sleswig,  qu'on  voit 
souvent  aussi,  est  une  orthographe  mixte  qu'on  ne  saurait  justifier. 

(fi)  On  lient  se  rendre  compte  de  la  différence  qui  existe  entre  cette  lettre  et  la  voyelle  ou,  en  pro- 
nonçant successivement  «  ouest  »  d'une  seule  émission  de  voix,  puis  on  deux  syllabes,  comme  dans 
le  mot  français.  Dans  certains  mots,  nous  prononçons  involontairement  un  w  anglais  :  la  syllabe  oi 
est  à  bien  peu  de  chose  près  la  même  que  wa  anglais. 


PARMENTIER.    —    SUR    i/ORTHOGRAPHE   DES   NOMS   GÉOGRAPHIQUES      1021 

vra  toujours  être  transcrit  par  ou  :  on  écrira  donc  Ouîdah  (capitale  du 
Dahomey),  et  non  Widah,  Ouargla  (Algérie),  et  non  Wargla,  Ouen- 
Tchéou  (Chine),  Ouara  (Nigritie),  Ogôoué  (Afrique),  etc.  (1). 

Le  tsè  (m)  russe,  qui  correspond  au  c  des  Slaves  catholiques  (Polonais, 
Tchèques  et  Serbes-Croates),  a  la  valeur  de  ts  (z  dur  italien)  (2).  Le  c 
allemand  n'a  cette  valeur  que  devant  a,  e  et  t.  Mais  les  Allemands  ont, 
pour  rendre  cette  articulation,  deux  autres  symboles  z  et  tz,  dont  le  pre- 
mier s'emploie,  dans  les  mots  de  la  langue  allemande,  seulement  au 
commencement  et  le  second  uniquement  à  la  fin  des  syllabes.  Il  est  donc 
tout  naturel  que  les  Allemands  transcrivent  le  ^  russe  et  le  c  slave  par 
z  ou  tz,  et  écrivent  Zar  ou  Tzar,  Zemagora  ou  Tzernagora  (nom  serbe 
du  Monténégro),  Podgoritza,  Alexinatz  etc.  Mais  l'emploi  du  tz  est  tout 
à  fait  illogique  en  français  car  l'articulation  douce  de  notre  z  ne  peut 
suivre  l'articulation  dure  du  t.  Nous  devrions  donc  renoncer  au  tz  germa- 
nique et  écrire  Tsar,  Tsernagora,  Podgoritsa,  Alexinats. 

En  allemand,  le  groupe  ck  a  la  même  valeur  que  k.  Il  tient  lieu  d'un 
double  k  et  l'orthographe  en  exige  l'emploi  après  une  voyelle  (Blick, 
Gluck),  tandis  qu'on  ne  met  qu'un  simple  k  après  une  consonne  (Werk, 
Markt) .  On  pourrait  comprendre  qu'entraînés  par  les  lois  de  leur  ortho- 
graphe, les  Allemands  transcrivissent  un  k  russe  ou  oriental  par  ck;  mais, 
chose  singulière!  nous  commettons  cette  faute  bien  plus  souvent  qu'eux, 
ou  plutôt  leurs  cartographes  et  voyageurs  ne  la  commettent  plus,  tandis 
que  ce  sont  les  Français  qui  écrivent  ck  à  la  place  d'un  k  slave,  arabe  ou 
turk!  On  voit,  en  effet,  sur  nos  cartes  et  dans  nos  livres  et  journaux, 
Bazardschick,  Escki-Zagra,  Roustchouck,  Vladivostock,  pachalick,  beylick, 
fondouck  (marché  couvert  arabe),  haïck  (vêtement  arabe).  Quelques-uns 
mettent  même  ce  c  malencontreux  devant  le  kh  représentant  le  kha  (£) 
arabe  (c.  à  d.  X.  grec  ou  ch  allemand)  :  j'ai  trouvé  scheickh  pour  cheikh, 
que  les  Allemands  écrivent  avec  raison  scheich.  —  Cet  emploi  illogique 
du  ck  germanique  pour  un  simple  k  a  encore  le  grave  inconvénient  d'éta- 
blir une  analogie  fausse  avec  les  ck  qu'on  rencontre  fréquemment  dans 
les  noms  propres  polonais  tels  que  Potocki,  Czarniecki,  où  ces  deux  lettres 
appartiennent  toujours  à  deux  syllabes  différentes,  le  c  conservant  sa 
valeur  alphabétique  de  ts,  de  sorte  qu'il  ne  faut  pas  dire  Poto-ki, 
Tcharnié-ki,  mais  Potots-ki,  Tcharniets-ki. 

Beaucoup  de  langues   (les  teutoniques,  les  slaves,    les  orientales...) 


(1)  La  double  valeur  du  iv,  suivant  qu'il  appartient  à  un  mot  d'origine  allemande  ou  à  un  mot 
d'origine  anglaise,  est  une  cause  fréquente  d'erreur  de  prononciation  pour  les  Français.  S'il  est  bien 
permis  d'ignorer  la  vraie  valeur  du  w  anglais,  qui  est  étranger  à  notre  alphabet,  et  de  prononcer 
les  mots  Wellington,  Washington,  comme  s'ils  commençaient  par  un  v,  il  est  extrêmement  fautif  de 
donner  au  w  allemand  la  valeur  du  w  anglais  comme  font  ceux  qui  nomment  Ouéber  le  compositeur 
allemand  Weber. 

(2)  Le  z  italien  a  la  double  valeur  de  ts  et  de  ds.  Cette  dernière  articulation  manque  à  l'alphabet 
des  langues  slaves. 


1022  GÉOGRAPHIE 

font  usage  d'une  consonne  palatale  ou  demi-voyelle,  qui  manque  aux 
langues  romanes,  quoiqu'elle  existât  en  latin  où  elle  était  confondue,  dans 
l'écriture,  avec  I  (de  même.que  V  avait  la  double  valeur  de  u  et  de  v). 
C'est  le  y  des  Allemands,  le  yod  (">)  hébraïque,  Je  ya  (çs)  de  l'alphabet 
arabe.  Les  Anglais  emploient  avec  la  même  signification  Yy  (suivi  d'une 
voyelle)  au  commencement  des  syllabes  {y es,  year,  yard),  et  nous  pro- 
nonçons la  même  articulation  dans  nos  mots  yeux,  Bayonne,  ainsi  que 
dans  le  mot  yacht  que  nous  avons  pris  aux  Anglais.  Il  serait  donc  tout 
naturel  de  représenter  la  lettre  en  question  (qui  est  toujours  suivie  d'une 
voyelle)  par  y,  au  lieu  de  conserver  le  j  allemand  ou  de  le  remplacer 
par  i.  A  la  place  de  Iélisavetgrad  et  de  J  ékatérinoslaf  (villes  russes), 
de  iéni  ou  jéni  (neuf,  en  turc),  de  Iédo  ou  Jeddo  (Japon),  on  devrait 
écrire  Yélisavetgrad,  Yékatérinoslaf,  yéni,  Ycdo  (1).  —  Les  Allemands 
emploient  la  même  lettre  j  à  la  suite  des  consonnes  slaves  qui  doivent 
être  mouillées.  Ils  écrivent  nj,  Ij,  pour  n'  polonais,  V  tchèque,  c'est-à- 
dire  pour  n  et  II  espagnols  (ou  gn  dans  campagne,  Il  dans  famille). 
Cettinje  et  Trébinje  doivent  donc  être  prononcés  Cettigne ,  Trébigne 
comme  on  commence  à  écrire  avec  raison  en  français  (2). 

Les  Russes  ont  des  lettres  simples  pour  représenter  ya,  yé,  yo,  you 
(a,  e  ou  *;  ë,  k>).  On  les  rendrait  mal  par  ia,  ié,  io,  ion,  et  plus  mal 
encore  par  ïa,ïé...  comme  on  le  fait  si  souvent,  par  exemple  dans  le 
mot  Tchernaïa,  qui  doit  se  prononcer  Tcher-na-ya  (en  trois  syllabes)  et 
non  Tcherna-i-a  (en  quatre  syllabes). 

Le  j  allemand  ou  ya  (&)  arabe  est  une  consonne.  En  le  remplaçant 
en  français  par  y,  cette  lettre  doit  donc  être  considérée  comme  une  con- 
sonne formant  syllabe  avec  la  voyelle  suivante  et  non  comme  une 
voyelle.  On  ne  dit  pas  l'yacht  mais  le  yacht.  Pourquoi  donc  lit-on  jour- 
nellement l'Yémen,  la  ville  d'Yokohama  (Japon),  l'Yunnan  (province 
chinoise),  l'Yénisséi  ou  V Ienisseï  (fleuve  de  Kussie)  "?  J'ai  même  trouvé 
l'Yankee  (Américain  des  États-Unis).  On  ne  peut  prononcer  les  mots 
ainsi  écrits  qu'en  leur  donnant  une  syllabe  de  plus  qu'ils  ne  doivent 
avoir  (Y-un-nan  au  lieu  de  Yun-nan). 

Le  w  anglais  ou  ouaou  (■>)  est  de  même  une  consonne  qui  ne  peut 
comporter  devant  elle  un  article  apostrophé.  Il  ne  faut  donc  pas  écrire 
l'oasis  d'Ouargla,  pas  plus  qu'on  ne  dit  la  ville  d 'Washington  ou  l'abbaye 
d' Westminster .  Le  (,)  qui  commence  le  mot  Ouargla  (que  les  Anglais 

H)  C'est  bien  à  tort  qu'on  appelle  quelquefois  les  Slaves  du  Sud  Jougo-Slaves  au  lieu  de 
Yougoslaves  (du  mot  russe  youg,  ion,,  Sud,  en  serbe  jug,  pron.  youg). 

(2)  Il  est  à  remarquer  que  les  Serbes-Croates  écrivent  nj,  Ij,  comme  les  Allemands,  ce  qui 
justifierait  l'orthographe  allemande  de  ces  deux  villes,  dans  le  cas  où  l'on  adopterait  la  manière 
d'écrire  des  Serbes  pour  tous  leurs  noms  de  lieux.  —  Ajoutons  encore  que  le  c  serbe  a  la  valeur 
de  ts  et  que  la  transcription  exacte  du  nom  que  les  Serbes  écrivent  Cetinje  serait  Tsètigné,  mais 
'g  c  initial  parait  consacré  par  l'usage. 


PARMENTIER.  —  SUR  L*  ORTHOGRAPHE  DES  NOMS  GÉOGRAPHIQUES   1023 

écrivent  justement    Wargla),  est   la   même   lettre  que  le  w  initial  de 
Washington  ou  de  Westminster. 

Une  faute  du  même  genre,  que  font  à  peu  près  tous  les  Français, 
c'est  de  considérer  tous  les  h  qui  commencent  les  mots  étrangers  comme 
muets.  Or,  à  l'exception  de  Yh  initial  italien,  espagnol  et  portugais  et 
de  celui  qui  représente  l'esprit  rude  des  Grecs,  cette  lettre  doit  toujours 
être  considérée  comme  aspirée.  Si  nous  n'avions  qu'un  h,  muet  ou  à 
à  peu  près,  comme  les  Italiens,  les  Espagnols  et  les  Portugais,  on  com- 
prendrait cette  erreur;  mais,  dans  les  mots  français  d'origine  germa- 
nique, notre  h  est  aspiré.  N'est-il  pas  singulier  que  nous  le  supposions 
toujours  muet  dans  les  noms  germaniques,  Scandinaves  et  orientaux, 
où  il  est  beaucoup  plus  fortement  aspiré  qu'en  français?  C'est  tout  à 
fait  à  tort  qu'on  dit  le  port  d'Heiligenhafen  (sur  la  Baltique),  la  bataille 
d'Hohenlinden,  l'université  d'Heidelberg,  la  ville  d'Haïderabad  (Inde). 
L'alphabet  arabe  renferme  deux  h:  l'un  (le  hé,  «),  d'une  aspiration 
faible  comme  notre  h  dans  hêtre,  hanneton;  l'autre  (le  hha,  ^) ,  beau- 
coup plus  rudement  aspiré  même  que  Yh  teutonique.  Et  pourtant  les 
Français,  dans  les  mots  arabes  transcrits  en  lettres  latines,  supposent 
ces  deux  h  invariablement  muets  et  disent  le  col  d'IIalloufa,  les  bains 
d'Hammam-Meskhoutine,  la  bravoure  d'JIaider,  cet  Hussein,  etc.  Sou- 
vent même  nous  supprimons  l'A,  comme  dans  les  mots  alfa  (plante 
textile)  au  lieu  de  halfa  (xiÀ=w),  enchir  (ruine  archéologique)  pour  hen- 
chir  (vyùJLA).  M.  Largeau,  dans  une  lettre  datée  du  Sahara,  écrivait 
bach-amar  (ànier  en  chef  ou  conducteur  de  caravane)  pour  bach-hamar, 
quoique  Yh  sonne  fortement  dans  la  bouche  des  Arabes  ,  auxquels 
M.  Largeau  l'entendait  dire  chaque  jour,  tant  est  grande  cette  tendance 
—  que  je  m'explique  difficilement  —  à  rendre  les  h  muets  (1). 

IV.  —  Outre  les  consonnes  dont  je  viens  de  m'occuper,  il  faut,  dans 
le  passage  d'une  orthographe  à  une  autre,  tenir  compte  des  voyelles. 

En  allemand,  comme  dans  presque  toutes  les  langues  de  l'Europe,  la 
lettre  u  a  la  valeur  de  notre  ou.  Schumla,  Karasu,  Demir-Kapu  doi- 
vent donc  être  écrits  en  français  Choumla,  KarasOu  ,  Démir-Kapou. 
Le  tréma  placé  sur  les  voyelles  allemandes  a,  o,  u,  (a,  o,  û)  leur  donne 
le  son  de  è,  eu,  u.  On  transcrira  donc  (en  tenant  compte,  en  outre, 
des  autres  remplacements  à  faire)  Jenikoi,  Utsch-Kuju,  Kûstendsche  par 
Yénikeuï,  Utch-Kouyou,  Kustendjé.  Ce  tréma  équivaut  aune,  et  l'on 
peut  écrire  ae,  oe,  ue  au  lieu  de  à,  o,  u.  On  le  fait  presque  toujours 
en  allemand  quand  ces  lettres  sont  majuscules  (Aegypten,  Oesterreich, 
Ueberlingen),  mais  le  son  n'en  est  pas  moins  celui  des  voyelles  è,  eu,  u 

0)  C'est  cette  même  tendance  qui  a  transformé  le  nom  de  Haleb  en  Alep. 


1024  GÉOGRAPHIE 

et  n'est  jamais  diphthongue.  Ô  suédois  et  d  danois  ont  la  même  va- 
leur que  6  ou  oc  allemand.  Il  est  donc  tout  à  fait  fautif  d'écrire  oë  au 
lieu  de  o  ou  œ  allemand  ou  Scandinave  comme  on  le  fait  si  souvent, 
par  exemple,  dans  Groenland,  Goethe  qu'on  doit  prononcer  greunc-land, 
gueuté,  eu  deux  syllabes  et  non  gro-èn-land,  go-è-té,  de  même  que  Kœ- 
nigsberg  se  prononce  Keu-nigsberg  et  non  Ko-é-nigsberg.  Cette  remarque 
s'applique  également  à  Yœ  qui  termine  un  grand  nombre  de  noms 
dans  les  pays  Scandinaves  et  qu'un  usage  général,  dont  il  serait  bon  de 
se  départir,  écrit  oë  (par  exemple,  dans  Sorœ ,  Prestœ,  archipel  de 
Férœ,  etc.)  (1). 

En  allemand  Ye  qui  suit  un  i  est  muet  et  n'a  d'autre  effet  que  d'al- 
longer cette  voyelle.  Il  remplit  la  même  fonction  que  Ye  muet  français 
précédé  d'une  voyelle  (Asie,  rendement,  hindoue,  dévouement,  vue,  dé- 
nuement). C'est  donc  bien  à  tort  que  dans  les  noms  propres  allemands 
on  voit  si  souvent  cet  e  essentiellement  muet  surmonté  d'un  accent 
(Wiener,  Diémer).  Il  faut  éviter  avec  soin  cette  faute  dans  l'écriture  et 
la  prononciation  des  noms  géographiques  allemands  tels  que  Neuwied, 
Niederbronn,  etc. 

Les  diphthongues  ai  et  au  ayant  en  allemand  la  même  valeur  qu'en 
italien,  les  noms  tels  que  Turtukai,  Beschtau,  des  cartes  allemandes, 
doivent  être  rendus  en  français  par  Tourtoukài,  Bechtaou. 

En  anglais,  les  voyelles  ont  toutes  des  sons  variables,  suivant  qu'elles 
sont  longues  ou  brèves,  ou  plutôt  accentuées  ou  non.  Il  s'ensuit  que, 
dans  les  transcriptions,  les  Anglais  sont  tenus  à  des  précautions  parti- 
culières. Souvent  des  voyageurs  ou  des  missionnaires  n'ont  plus  su  lire 
eux-mêmes  les  mots  qu'ils  avaient  notés  dans  le  pays  de  quelque  peu- 
plade sauvage,  ayant  oublié  si,  en  écrivant  i  et  u,  ils  avaient  voulu  dire 
i  et  ou,  ou  bien  aï  et  you.  Aussi  les  Anglais  admettent-ils  générale- 
ment que  a,  e,  o  conservent  le  son  qu'ils  ont  dans  dans  toutes  les  autres 
langues  européennes  ;  mais,  pour  i  et  ou,  ils  écrivent  le  plus  souvent  ee, 
oo,  ces  lettres  doubles  ayant  chez  eux  toujours  la  même  valeur.  Consé- 
quemment,  nous  devons  remplacer  partout  ee,  oo  anglais  par  i  et  ou.  Il 
faut  donc  écrire  Achanti,  Karatchi,  quand  les  Anglais  écrivent  Ashantee, 
Karachee  ;  Hindou,  Singapour,  Rangoun,  Coumassie,  quand  ils  écrivent 
Hindoo,  Singapour,  Rangoon,  Coomassie. 

Il  est  à  remarquer  qu'en  hollandais,  ee,  oo  n'ont  que  la  valeur  de  é 
et  o  longs  (ê,  ô),  et  que  le  son  ou  est  représenté  par  oe.  C'est  donc  bien 
à  tort  que  tant  de  Français  croient  bien  faire  en  prononçant  Ouaterlôu 
comme  les  Anglais,  au  lieu  de  Vaterlô,  attendu  que  le  village  à  jamais 

(1)  o  en  suédois,  0  (œ)  en  danois,  veut  dire  ile.  Groenland  signifie  o  pays  vert  »  {gron,  vert 
Land,  pays). 


PARMENTIER.    —    SUR   L'ORTHOGRAPHE    DES   NOMS   GÉOGRAPHIQUES      1025 

célèbre    de  Waterloo   est   en  pays  flamand,  et  que   nous  n'avons  nulle 
raison  d'emprunter  à  nos  vainqueurs  leur  prononciation  erronée  (1). 

L'y  anglais  voyelle  se  prononce  ai.  Nous  devons  doue  écrire  Haidera- 
bad  et  non  Hyderabad. 

V.  Jusqu'ici  je  n'ai  considéré  que  des  lettres  qui  peuvent  être  rendues 
à  peu  près  exactement  dans  notre  langue.  —  Lorsque  des  mots  étran- 
gers renferment  des  articulations  qui  n'existent  pas  dans  la  langue  de 
celui  qui  doit  les  transcrire,  il  faut  absolument  avoir  recours  à  des  sym- 
boles de  convention.  C'est  ainsi  que  les  cartographes  allemands  rendent 
le  7  français,  qui  n'existe  pas  dans  leur  langue,  soit  par  sch  (c'est-à-dire 
ch  français),  soit  conventionnellement  par  sh  (qu'il  ne  laut  pas  confondre 
avec  sh  anglais  qui  équivaut  à  sch  allemand).  Ils  rendent  de  même  l'ar- 
ticulation dj,  si  fréquente  dans  les  langues  orientales,  par  dsch,  la  pré- 
sence du  d  indiquant  l'adoucissement  que  doit  recevoir  sch,  ou  conven- 
tionnellement  par  dsh.  Ne  pouvant  faire  mieux,  ils  écrivent  Basar- 
dsehik  ou  Basardshilc  ;  c'est  à  nous  à  ne  pas  copier  cette  orthographe, 
injustitiable  en  français. 

Chez  les  Allemands,  Vs  suivi  d'une  voyelle  sonne,  au  commencement 
des  syllabes,  presque  comme  notre  z.  Leur  a  ayant  la  valeur  de  ts,  ils 
ne  peuvent  représenter  l'articulation  du  z  français,  qui  se  rencontre 
dans  beaucoup  de  mots  slaves  et  orientaux,  que  par  leur  s  (par exemple 
/./«//pour  kizil,  rouge,  en  turk  ;  osero  pour  ozéro,  lac,  en  russe).  Quant 
à  Ys  français,  les  Allemands  le  représentent  par  leurs  lettres  composées 
P,  ff  (ess-tzet,  ess-ess)  lorsqu'ils  emploient  les  caractères  gothiques,  et  par 
ss  en  écriture  latine.  Dans  Ssu  (eau,  cours  d'eau,  en  turk),  ss  indique 
que  ce  mot  doit  être  prononcé  sou  et  non  zou.  Karassu  (eau  noire,  en 
turk)  se  décompose  en  Kara  et  ssu.  —  L's  français  a  également  une 
double  valeur,  car,  entre  deux  voyelles,  nous  le  prononçons  comme  z 
(maison,  raisin).  Pour  éviter  que  l's  d'un  mot  étranger  soit  ainsi  adouci 
dans  la  prononciation,  on  le  double  souvent  comme  font  les  Allemands, 
et  l'on  écrit,  par  exemple,  hassi  (puits,  en  arabe),  kilissé  (église,  en  turk). 
Cela  a  pourtant  un  inconvénient  dans  les  mots  composés,  si  fréquents 
en  géographie  :  en  écrivant  Karassou  (nom  de  nombreux  cours  d'eau 
en  Turquie),  on  pourrait  croire  que  ce  mot  se  décompose  en  karas  et 
sou,  tandis  que  ses  éléments  sont  kara  (noir)  et  sou  (eau).  Ne  vaudrait- 
il  pas  mieux  n'employer  qu'un  simple  s  (à  moins  qu'il  ne  soit  doublé 
dans  la  langue  originale),  en  convenant,  une  fois  pour  toutes,  que,  dans 
les  transcriptions  géographiques,  Vs  conserve  toujours  sa  valeur  alphabé- 

(1)  C'est  également  à  l'imitation  des  Anglais  que,  pendant  l'expédition  de  la  Baltique,  en  1854, 
nos  officiers  disaient  généralement  Sviborg  pour  Soeaborg  (port  russe  du  golfe  de  Finlande).  Nos 
alliés  prononçaient  les  lettres  c-a  comme  leur  diphthougue  ea  (i). 

05 


1026  GÉOGRAPHIE 

tique  ?  Notre  z  répond,  en  effet,  exactement  au  %  slave  et  oriental,  et 
nous  n'aurions  aucune  raison  de  transcrire  ce  dernier  par  s,  en  écrivant, 
par  exemple,  kisil  au  lieu  de  kizil.  Quand  on  écrit  hasi,  kilisé,  kara- 
sou  par  s  et  non  par  %,  cela  indique  suffisamment  que  Ys  doit  avoir  sa 
valeur  alphabétique  et  qu'on  doit  prononcer  haci,  kilicé,  karaçou. 

L'articulation  représentée  par  le  %  grec,  le  X  russe  ou  le  kha  (£) 
de  l'alphabet  arabe,  manque  au  français.  Le  ^  grec  étant  l'aspirée  du  k, 
il  est  tout  naturel  de  le  représenter  par  kh  comme  on  représente  par 
th  et  ph  les  aspirées  (d  et  ç>)  de  t  et  p  (1).  Ce  symbole  est  d'ailleurs 
généralement  adopté  par  les  orientalistes  de  tous  les  pays.  L'articulation 
dont  il  s'agit  existe  dans  la  langue  allemande  où  on  l'écrit  ch,  ce  qui 
permet  aux  Allemands  de  rendre  assez  exactement  le  kha  oriental  (Chan, 
scheich)  (2).  On  trouve  pourtant  aussi  le  symbole  kh  employé  par  les 
Allemands,  surtout  au  commencement  des  mots  (3).  En  français,  nous 
transcrirons  donc  par  kh  le  kha  arabe,  turk  et  persan  (khan,  Khiva, 
Khorasan,  Boukharie),  le  X  russe  (Kharkov,  Mikhailov),  et  même  le  % 
grec  (Khersonèse) ,  ainsi  que  le  ch  des  mots  orientaux  rendus  par  les  Al- 
lemands, et  nous  conserverons  le  kh  des  transcriptions  anglaises  ou  alle- 
mandes. 

L'articulation  du  th  anglais  ou  du  s  grec  est  inconnue  au  français. 
Nous  ne  pouvons  également  la  représenter  que  conventionnellement  par 
th.  Elle  est  d'ailleurs  très-rare  dans  les  noms  géographiques  autres  que 
ceux  de  la  Grèce  ou  tirés  du  grec. 

VI.  La  transcription  des  sons  ou  articulations  qui  n'ont  pas  leurs 
équivalents  dans  l'alphabet  latin,  est  une  question  difficile  et  délicate  qui 
a  exercé  la  sagacité  de  bien  des  linguistes  et  qui  a  donné  lieu  à  divers 
systèmes,  dont  un  des  plus  répandus  est  celui  qui  a  été  proposé  par 
Lepsius  pour  l'alphabet  commun  qu'il  serait  si  désirable  de  voir  adopter 
par  les  missionnaires  de  tous  pays.  Les  missionnaires  ont,  en  effet,  intro- 

(1)  Les  Latins,  dont  la  langue  ne  connaissait  pas  l'articulation  du  X,  transcrivaient  cette  lettre 
par  ch  dans  les  mots  qu'ils  empruntaient  aux  Grecs.  C'est  que,  le  c  répondant  chez  eux  au  kappa 
jgrec  et  ayant  toujours  la  valeur  de  k,  ch  était  équivalent  à  kh,   tandis  que,  par  suite    de  l'amol- 

issement  du  c  devant  e  et  i,  ch  a  pris  des  signilications  très-diverses  dans  les  différentes  langues 
de  1  Europe.  Tout  en  conservant  le  ch  latin  dans  les  mots  grecs  entrés  dans  l'usage  de  notre 
langue,  nous  ferions  bien,  pour  éviter  toute  méprise,  de  le  remplacer  par  kh  dans  tous  les  noms 
géographiques  tels  que  Kherson,  Khio,  etc. 

(2)  Il  est  pourtant  à  remarquer  que  le  ch  allemand,  rude  comme  le  kha  arabe  après  a,  o,  u 
(tch,  doch,  Buch),  s'adoucit  beaucoup  après  e,  i,  ù,  l,n  (Pech,  ich,  Bûcher,  Milch.  Mônch),  ainsi  que 
dans  le  suffixe  chen  marquant  diminutif  (Liebchen).  Schèich,  pour  cette  raison,  rend  assez  malle 
mot  arabe  .^.yi*.  où  le  ™  garde  toute  sa  rudesse. 

(3)  Cela  peut  tenir,  soit  au  désir  de  se  conformer  à  l'usage  général  des  autres  nations,  soit  à  ce 
qu'on  veuille  se  prémunir  contre  la  prononciation  amollie  dont  il  est  question  dans  la  note  pré 
cedente,  soit  à  ce  que  le  ch  initial,  qui  existait  dans  l'ancien  haut  allemand  et  qu'on  entend" 
encore  dans  certains  patois  (par  exemple  dans  le  dialecte  alémanique),  n'est  pas  dans  le  génie 
de  la  langue  moderne,  où  il  indique  toujours  une  origine  étrangère  et  se  prononce  k  (Chort 
chœur;  Chrùtus,  Christ;  Chur,  Caire»  ville  de  Suisse). 


PARMENTIER.    —   SIR    L'ORTHOGRAPHE    DES   NOMS    GÉOGRAPHIQUES       1027 

duit  l'écriture  chez  un  grand  nombre  de  peuplades  sauvages,  mais,  pen- 
dant longtemps,  ils  l'ont  fait  sans  méthode,  chacun  suivant  la  phoné- 
tique de  son  propre  idiome.  Il  est  même  arrivé  que  la  même  langue 
africaine  a  été  écrite  de  deux  manières  fort  différentes,  de  sorte  que 
deux  de  ces  malheureux  sauvages  catéchisés,  l'un  par  un  Anglais,  l'autre 
par  un  Français  ou  un  Portugais,  après  avoir  appris  péniblement  à  lire 
et  à  écrire,  ne  s'entendaient  pas  du  tout  par  écrit  dans  leur  propre 
langue!  C'est  à  ce  désordre  qu'on  a  voulu  remédier  en  créant  un  alpha- 
bet des  missionnaires.  Malheureusement  on  n'a  pu  se  mettre  compléte- 
mentd'accord,  et,  au  lieu  d'adopter  unanimement  l'alphabet  très-admissible 
de  Lepsius,  on  lui  en  a  opposé  d'autres,  par  exemple  celui  de  Max  Mûller 
qui  me  semble  avoir  de  graves  inconvénients  et  qui,  pour  la  pratique,  ne 
vaut  certainement  pas  celui  de  l'illustre  philologue  de  Berlin.  Mais  celte 
question  m'entraînerait  hors  de  mon  sujet,  car  ici  je  n'ai  eu  d'autre  but 
que  d'écarter  quelques  habitudes  vicieuses  et  de  poser  les  bases  d'une 
orthographe  géographique  française,  remplaçant  les  orthographes  irra- 
tionnelles et  discordantes  que  nous  empruntons  d'ordinaire  aux  Anglais 
et  aux  Allemands  (1). 

VIL  Je  résumerai  les  observations  qui  précèdent  dans  les  quelques 
propositions  suivantes  : 

Dans  tous  les  noms  propres  étrangers,  appartenant  à  des  langues  qui 
ne  se  servent  pas  des  caractères  de  l'alphabet  latin,  on  doit  : 

1°  Bannir  absolument  de  J 'orthographe  française  les  agrégations  de 
consonnes  sch,  sh,  tsch,  dsch  ou  dsh,  tz  et  ck  (pour  k).  Sch  (allemand) 
et  sh  (anglais)  sont  à  remplacer  par  ch;  tsch,  dsch  ou  dsh  (allemand) 
par  tch  et  dj  ;  tz  par  ts,  et  ck  (qui  n'a  aucune  raison  d'être  dans  une 
transcription)  par  k  (2). 

2°  Dans  les  noms  transcrits  par  les  Anglais,  remplacer,  en  outre  de 
ce  qui  vient  d'être  dit,  ch  et  j  par  tch  et  dj;  tu  par  ou. 

3°  Dans  les  noms  transcrits  par  les  Allemands,  remplacer  7  par  y;  nj,  Ij, 
par  gn  et  II  (mouillés)  ;  ss  par  5,  s  par  z,  et  z  ou  tz  par  ts  (3)  ;  tu  par 
v  et  ch  par  kh  (conventionnel). 

4°  Dans  les  noms  venant  du  grec,  adopter  toujours  kh  au  lieu  de  ch 
pour  la  transcription  du  x- 

(i)  Je  me  propose  d'ailleurs  de  traiter  prochainement  en  détail  la  question  spéciale  de  la  trans- 
cription des  mots  arabes  en  caractères  latins  au  point  de  vue  français. 

(2)  On  conservera  d'ailleurs  tout  naturellement  le  ck  dans  les  mots  des  langues  germaniques, 
dont  il  n'est  nullement  question  de  réformer  l'orthographe,  ainsi  que  dans  les  mots  polonais,  où 
l'on  doit  le  prononcer  Is-k. 

(3)  Le  mot  serbe  cm  (noir)  est  souvent  transcrit  zem  ou  zrn  par  les  Allemands.  Nous  devons 
écrire  tsern. 


10:28  GÉOGRAPHIE 

o°  Au  commencement  des  mots,  considérer  y  et  ou  suivis  d'une  voyelle 
comme  des  consonnes  et  par  suite  ne  pas  apostropher  l'article. 

6°  Considérer  toujours  l'A  initial  comme  aspiré  (excepté  dans  les  noms 
grecs). 

7°  Remplacer  u,  u  (ou  le),  o  (ou  Oe),  au,  ai  ou  ci  (allemands)  par 
ou,  u,  eu,  aou,aï;  ee,  oo  et//  voyelle  (anglais)  par  i,  ou  et  ai. 

8°  Ne  pas  mettre  de  tréma  sur  IV  de  oe  dans  les  mots  allemands  ou 
Scandinaves,  puisque  ces  lettres  (mises  pour  o)  représentent  un  son 
simple  (eu)  et  non  une  diphthongue. 

9°  Ne  pas  mettre  d'accent  sur  i'e  qui  suit  un  i  dans  les  noms  alle- 
mands, cet  e,  absolument  muet,  n'ayant  pour  effet  que  d'allonger  l'i. 

VIII.  Ces  conclusions  visent  principalement  la  phonétique  allemande 
et  anglaise,  parce  que  ce  sont  celles-là  surtout  qui  exercent  une  influence 
lâcheuse  sur  l'orthographe  française  di.^  noms  géographiques. 

11  serait  facile  d'indiquer  la  transformation  à  faire  subir  aux  noms 
écrits  par  des  Hollandais,  des  Italiens,  des  Espagnols  ou  des  Portugais. 

D'un  autre  côté,  il  est  b!e.i  utile  de  connaître  les  règles  principales 
de  la  prononciation,  —  ou  au  moins  la  valeur  des  lettres,  —  dans  les 
langues  dont  les  noms  écrits  en  caractères  latins  ne  subissent  pas  de 
transcription,  atin  que  l'on  puisse  prononcer  ces  noms  avec  une  correc- 
tion au  moins  approximative.  Les  pays  slaves  et  la  Hongrie  offrent  à 
cet  égard  des  difficultés  d'autant  plus  réelles  que  les  mêmes  lettres  ou 
groupes  de  lettres  y  prennent  des  significations  non-seulement  diffé- 
rentes, mais  même  absolument  opposées.  C'est  ainsi  qu'en  polonais  s  se 
prononce  comme  en  français  et  &vs  comme  ch,  tandis  qu'inversement, 
en  magyare,  s  se  prononce  comme  notre  ch  et  ss  comme  s. 

Beaucoup  de  cartographes  allemands  ont  pris  l'habitude  d'indiquer, 
en  marge  de  leurs  cartes,  la  prononciation  propre  à  chaque  pays  ou  le 
système  de  transcription  qu'ils  ont  adopté  quand  il  y  avait  lieu.  Il  est 
à  regretter  que  cette  pratique  ne  soit  pas  imitée  en  France. 

J'ai  cherché  à  suppléer  à  cette  lacune  de  notre  cartographie  et  à 
mettre  chacun  à  même  de  prononcer  les  mots  des  différentes  langues  de 
l'Europe,  en  composant  deux  tableaux,  dont  le  premier  indique  les  lettres 
employées  par  chacune  des  nations  européennes  pour  rendre  les 
divers  sons  et  articulations  de  la  parole.  Le  second  se  rapporte  à  la 
valeur  que  ces  nations  ont  attribuée  aux  lettres  et  groupes  de  lettres  de 
l'alphabet  latin. 

(Voyez  les  tableaux  ci-après., 

IX.  On  peut  faire  sur  ces  deux  tableaux  quelques  remarques  qui  aide- 


PARMENTIER.   —    SIR    L'ORTHOGRAPHE   DES    NOMS   GÉOGRAPHIQUES       1029 

ront  à  retenir  la  valeur  si  variable  des  lettres  latines  dans  les  différents 
alphabets  : 

1°  Les  voyelles  ont,  en  général,  gardé  leur  valeur  latine,  sauf  que  Yu 
(ou)  est  devenu  u  en  français  et  en  hollandais,  et  sauf  aussi  des  degrés 
dans  la  manière  plus  ou  moins  ouverte  et  fermée  de  prononcer  a,  e,  o. 
L'anglais  présente  pourtant  une  singulière  anomalie.  Les  voyelles  brèves 
seules  rappellent  les  sons  des  voyelles  latines;  les  longues,  à  l'exception 
de  Yo,  se  sont  altérées  et  mêmes  diphtonguées.  La  valeur  alphabétique 
des  voyelles  a,  e,  i,   u  est  ainsi  devenue  en  anglais  è,  i,  aï,  et  you  (1). 

2°  On  trouve  des  voyelles  nasales  dans  deux  langues  novo-latines  :  le 
français  qui  a  les  nasales  de  17/  (an),  de  Yè  (ain),  de  Yo  (on)  et  de  Yeu 
(un),  et  le  portugais  qui  possède  toute  la  série  des  voyelles  nasalisées 
(an,  en,  in,  on,  un).  Parmi  les  langues  slaves  vivantes,  le  polonais  seul 
a  les  nasales  in  et  on  (§  et  a).  Les  langues  leutoniques  ne  connaissent 
que  les  nasales  consonnisées  par  un  g  ou  un  k  (ang,  eng,  ing,  ong,  ung 
ank,  enk,  etc.)  qu'on  retrouve  dans  la  plupart  des  langues  de  l'extrême 
Orient  (mongole,  thibétain,  malais,  chinois). 

3°  Les  consonnes  b,  /',  /,  m,  n,  p,  q\  r,  t  ont  partout  la  même  valeur 
à  des  degrés  de  dureté  près  (2);  d,  k  et  v  ont  aussi  une  signification  à 
peu  près  constante  —  sauf  (pie  d  final  se  prononce  comme  le  S  grec  en 
danois,  que  k  suédois  devant  a,  S,  y  prend  la  valeur  de  tch,  et  qu'en 
allemand  et  hollandais  v  se  pronouce  /",  tandis  qu'en  espagnol  il  se 
confond  presque  avec  b.  L's  a  toujours  la  valeur  de  s  ou  z,  sauf  en 
magyare  où  il  équivaut  à  ch. 

4°  Les  lettres  c  et  g  qui  équivalaient  en  latin  à  k  et  g  dur,  se  sont 
généralement  adoucies  devant  e  et  i  (3).  Suivi  de  ces  voyelles,  c  se  pro- 
nonce s  en  français,  en  portugais,  en  anglais  et  dans  les  langues  Scan- 
dinaves, tch  en  italien  et  en  roumain,  6  grec  en  espagnol,  et  ts  en 
allemand  ainsi  que  dans  les  langues  slaves,  où  il  a  la  même  valeur  dans 
tous  les  cas;  g  suivi  de  e,  i  a  gardé  sa  valeur  primitive  dans  les  langues 
slaves  et  en  magyare,  mais  il  se  prononce  j  en  français  et  en  portugais, 
dj  en  italien,  roumain  et  anglais,   /  grec   en  espagnol    et  /  adouci  en 


(1)  En  tant  que  phénomène  linguistique,  une  diphthongation  analogue  des  voyelles  primitives 
s'est  produite  en  haut-allemand  moderne  et  en  hollandais  :  min  (mon),  win  (vin),  hu.s  (maison) 
sont  devenus  mein,  Wein,  Haus  en  allemand,  mijn,  wijn,  huis  en  hollandais.  Mais  les  Allemands 
et  les  Hollandais,  au  lieu  de  dualiser  la  valeur  des  voyelles,  ont  avec  raison  préféré  écrire  les 
diphthongues  et  garder  intact  le  son  des  voyelles. 

(2)  Par  exemple,  IV  redoublé  est  très-rude  en  espagnol,  et  les  Anglais  ont  un  r  guttural  très- 
doux.  En  allemand,  b  et  d  sont  moins  doux  qu'en  français,  taudis  que  p  et  t  sont  moins  durs, 
ce  qui  nous  fait  croire  souvent  que  les  Allen, ands  intervertissent  ces  lettres  à  plaisir  et  disent 
de  pelles  belles  pour  de  belles  pelles. 

(3)  Le  même  phénomène  d'adoucissement  du  g  se  retrouve  dans  l'alphabet  sémitique.  Le  carabe, 
correspondant  au  guimel  }  hébraïque  [g  dur),  a  conservé  cette  valeur  dan»  l'arabe  de  l'Egypte 
tandis  qu'il  se  prononce  dj  dans  l'arabe  moghrébin,  ainsi  que  dans  le  turk,  le  persan  et  l'hindoos- 
tani,  langues  qui  ont  adopté  l'alphabet  arabe. 


1030  GÉOGRAPHIE 

hollandais.  En  allemand,  le  g  tantôt  reste  dur,  tantôt  prend  le  son  de 
/  adouci,  et  dans  les  langues  Scandinaves  l'adoucissement  arrive  jusqu'à 
la  demi-voyelle  y  (j  allemand). 

5°  Le  j  qui  était  en  latin  une  demi-voyelle  (le  yod  hébraïque  ou  le 
ya  (g  arabe)  a  paru  une  lettre  inutile  chez  les  peuples  novo-latins  qui 
l'ont  remplacé  par  i.  On  a  profité  de  ce  symbole  devenu  disponible 
pour  lui  donner  les  significations  les  plus  diverses  :  j  en  français,  por- 
tugais et  roumain;  i  en  italien,  et  7  grec  ou  £  (kha)  arabe  en  espa- 
gnol. Les  Anglais  lui  ont  donné  la  valeur  de  dj. 

6°  Enfin,  pour  représenter  des  articulations  tout  à  fait  étrangères  à  la 
phonétique  latine,  on  s'en  est  tiré  au  moyen  de  doubles  lettres  prenant 
un  sens  de  convention  ou  de  lettres  affectées  de  divers  signes  diacri- 
tiques (accents,  crochets,  cédille,  tréma,  etc.). 

C'est  ainsi  que  pour  rendre  la  chuintante;  forte  (le  cha  russe  m),  on 
écrit  ch  en  français  et  en  portugais,  se  ('devant  e,  i)  ou  sci  (devant  a,  0, 
u)  en  italien,  sh  en  anglais,  sch  en  allemand,  sj  en  Scandinave,  sz  en 
polonais,  s  ou  ss  en  roumain,  s  en  tchèque  et  en  serbe,  et  simplement  s 
en  magyare  (où  la  sifflante  s  s'écrit  sz).  La  douce  de  cette  chuintante 
(le  je  russe,  *)  s'écrit  j'en  français,  portugais  et  roumain,  z  en  polonais, 
i  en  tchèque  et  en  serbe,  et  zs  en  magyare. 

Les  Latins  avaient  très-rationnellement  transcrit  le  6,  le  %  et  le  <p  des 
Grecs,  qui  sont  les  aspirées  de  t,  k  (ou  c)  et  p,  en  faisant  suivre  ces 
lettres  d'un  h.  Les  Anglais  ont  conservé  le  symbole  th  pour  exprimer 
le  6  grec  qu'ils  possèdent  dans  leur  langue  ;  seulement  l'articulation  est 
tantôt  forte,  tantôt  douce,  représentant  ainsi  à  la  fois  le  6  et  le  S  des 
Grecs.  Les  Espagnols  écrivent  z  et  aussi  c  devant  e  et  i.  —  L'aspiration 
du  p  se  relrouvant  dans  l'alphabet  latin  sous  la  forme  de  Vf,  ph  n'est 
employé  qu'orthographiquement  pour  les  mots  dérivés  du  grec.  Certains 
peuples  (les  Italiens,  Espagnols,  Roumains,  Suédois  et  Slaves)  ont  même 
complètement  renoncé  à  ce  symbole  qu'ils  remplacent  toujours  par  /' 
(p.  ex.  filosofia  pour  philosophia).  —  Quant  au  x  grec,  la  transcription 
latine  ch  était  exacte,  car  chez  les  Latins  c  avait  toujours  la  valeur  de 
k  que  nous  lui  donnons  seulement  devant  a,  0,  u.  Ce  symbole  a  été 
conservé  en  allemand,  en  hollandais,  en  polonais  et  en  tchèque.  Les 
Moldo-Valaques  (chez  lesquels  ch  a  la  valeur  italienne  de  k)  représentent 
la  même  articulation  par  un  simple  h.  Les  Espagnols  la  rendent  par  j 
et  souvent  par  x,  et  leur  g1  a  la  même  valeur  devant  e  et  i. 

Les  articulations  palatales  du  tchim  ~  et  du  djim  g  persans,  que 
nous  pouvons  représenter  par  tch  et  dj,  existent  soit  toutes  deux,  soit 
l'une  ou  l'autre  dans  plusieurs  des  langues  considérées,  mais  on  les 
rend  le  plus  souvent  par  deux  lettres.  Le  tchim  s'écrit  ch  en  espagnol 
et  en  anglais,  cz  en  polonais  et  es  ou  ts  en  magyare.   En  italien  et  en 


PARMENTIER.    —   SUR    i/ORTHOGRAPHE    DES  NOMS   GÉOGRAPHIQUES      1031 

roumain  il  est  représenté  par  c  devant  e  et  i  ou  ci  devant  a,  o,  u. 
L'université  de  Prague,  qui  a  fait  preuve  dans  le  xve  siècle  d'une  rare 
sagacité  dans  la  transcription  des  lettres  cyrilliques  en  caractères  latins, 
a  très-justement  rejeté  les  lettres  doubles  pour  représenter  des  arti- 
culations simples  :  en  tchèque  le  tché  russe  (h)  (c.-a.-d.  le  tchim)  est 
représenté  par  c,  caractère  adopté  également  par  les  Serbes-Croates. — 
Le  djim  se  rend  par  /  (ou  g  devant  e,  i)  en  anglais;  par  g  devant  e,  i 
en  italien  et  roumain,  par  dz  en  polonais,  dz  en  serbe  et  ds  ou  dzs  en 
magyare;  l'articulation  manque  à  la  langue  tchèque  (où  on  la  repré- 
sente, au  besoin,  par  dz). 

Ts  ou  dm  sont  aussi  des  articulations  simples  qui  devraient  être  ren- 
dues chacune  par  une  seule  lettre;  en  italien  et  en  danois  on  les  exprime 
toutes  deux  par  z.  Dz  ne  se  rencontre  que  dans  les  alphabets  de  ces 
deux  langues,  mais  ts  est  plus  général.  On  le  rend  par  {  en  roumain, 
par  z,  tz,  ou  c  devant  à,  e,  i  en  allemand,  par  tz  ou  cz  en  magyare. 
Les  langues  slaves  ont  uniformément  transcrit  le  tsè  russe  (n)  par  c. 

L'I  et  Yn  mouillés  sont  généralement  rendus  par  des  lettres  doubles  : 
Il  et  gn  en  français,  gl  (devant  i  final)  et  gn  en  italien,  //  et  #  en  espa- 
gnol, lli  et  nh  en  portugais,  Ij  et  nj  en  serbe,  ly  et  ny  en  magyare. 
L'alphabet  tchèque  écrit  /'  et  rï.  Les  Polonais  qui  mouillent  beaucoup 
de  leurs  consonnes,  indiquent  cette  modification  par  un  accent  :  ri  et 
même  b',  p',  m',  w'  (peu  usités)  (i).  Par  une  singulière  anomalie  V  leur 
manque;  cela  tient  sans  doute  à  ce  qu'ils  ont  déjà  deux  l  :  l  ordinaire 
très-doux  et  l  barré  (1).  Pour  les  sifflantes  c',  s\  z\  l'accent  indique 
plutôt  un  léger  chuintement. 

Enfin  la  demi-voyelle  ou  (1  hébr.  ,  arabe)  existe  en  anglais  où  on 
l'écrit  w. 


(i)  Cet  accent  remplace  le  signe  b  que  les  Russes  mettent  à  la  suite  des  consonnes  qui  doivent 
être  mouillées. 


TABLEAUX. 


1032 


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(10)  On  emploie  z  au  commencement  des  syllabes,  et  tz  à  la  fin. 

(11)  Même  devant  a,  o,  u  el  les  consonnes,  ainsi  qu'à  la  fin  des  syllabes  :  car  (pol.  tcb.  et  serbe)  prononcez  tmr  (Empereur]  :  carica  (serbe)  pr.  tsaritsa  (Impéra- 
trice) ;  co  (pol.  et  tcli.)  pr.  tso  (quoi)  ;  cura  (serbe)  pr.  tsoura  (jeune  fille);  clo  (tcli.)  pr.  tslo  (douane)  ;  ckny  (pol.)  pr.  ts'mu  (ennuyeux)  ;  nie  (pol.  et  tch.)  pr.  nits  (rien)  ; 
Krizevac  (ville  de  Croatie)  pr.  Krijévals. 

.,      t1,21  're  j'  espagnol,  quoique  théoriquement  distinct  du  b,  se  confond  pourtant  tellement  avec  cette  lettre  d'après  la  prononciation  de  la  plupart  des  Espagnols,  que 
1  Académie  de  Madrid  a  cru  nécessaire  de  donner  des  règles  d'orthographe  pour  l'emploi  di  l'une  ou  de  l'autre  de  ces  lettres. 

(13)  Les  Suédois,  contrairement  à  l'usage  des  Danois,  emploient  to  au  lieu  de  e.  dans  1rs  livres  imprimés  en  caract?ret  gothiques. 

(li)   il   était  en  usage  dans  l'ancienne  orthographe.  AujourJ'hui  on  n'emploie  plus  que  y,  si  ce  n'est  pour  les  mot;  des  1  ingins  étrangères. 

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1060  GÉOGRAPHIE 


M.    G.    REflÀO 

Membre  de  la  Société  d'économie  politique,  Lauréat  de  l'Institut. 


DE  LORTHOGRAPHE  DES  NOMS  GÉOGRAPHIQUES. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  27  août   1877. 


M.  Georges  Renaud  présente  un  mémoire  analogue  quant  au  titre  à  celui 
de  M.  le  général  Parmentier:  De  l'orthographe  des  noms  géographiques.— 
M.  Renaud  déclare  qu'après  le  savant  et  si  complet  travail  de  M.  le  général 
Parmentier,  il  croit  devoir  supprimer  toute  la  première  partie  du  sien.  11 
rappelle  que  la  tendance  fâcheuse  de  l'orthographe  officielle,  en  quelque  sorte 
importée  par  les  Allemands,  est  la  source  de  nombreuses  erreurs.  Au  lieu  de 
passer  par  les  orthographes  étrangères,  orthographions  à  la  française,  écri- 
vons les  noms  comme  ils  doivent  se  prononcer.  L'Afrique  centrale  est  un 
exemple  des  regrettables  confusions  que  ces  orthographes  fantaisistes  peuvent 
occasionner,  et  il  y  a  nécessité  absolue  d'éviter  leur  renouvellement. 


M.   le   Commandant  PERBJER 

Membre  du  Bureau  des  Longitudes. 


LA  DÉTERMINATION  DES  LONGITUDES  ET  LA  FORME  DE  LA  TERRE. 

(EXTRAIT  du  procès-verbal.) 


-    Séance  du  27  août  1877.  — 

M.  le  commandant  Perrier  a  la  parole  pour  traiter  de  la  détermination  des 
longitudes  servant  à  fixer  la  forme  de  la  terre.  L'auteur  définit  clairement  les 
degrés  de  longitude.  On  s'est  beaucoup  trop  occupé  d'un  méridien  unique. 
Pour  la  géodésie  surtout,  ce  méridien  n'aurait  qu'une  médiocre  importance,  et 
tout  se  borne,  en  réalité,  aune  petite  soustraction,  ou  à  une  petite  addition. 
Les  géographes  paraissent  attacher  un  intérêt  assez  grand  pour  la  facilité  de 
leurs  déterminations  à  l'unité  de  méridien. —  Cet  intérêt  n'est  pas  également 
justifié. 

La  détermination  exacte  de  l'arc  compris  entre  deux  longitudes  différentes 
permet  de  donner  un  dessin  parfait  des  bosselures  delà  terre.  Pour  déterminer 
la  longitude,  on  a  recours  aujourd'hui  à  l'électricité.  On  a,  par  ce  procédé, 
deux  erreurs  provenant  du  fait  de  l'expéditeur,  une  erreur  en  plus  et  une 
erreur  en  moins,  dont  la  moyenne  donne  le  chiffre  sensiblement  vrai.  Toutes 


\ 


ABBÉ    DURAND.   —    LA   GUYANE    FRANÇAISE    ET    LE    BRÉSIL  1061 

les  causes  d'erreurs  sont  ainsi  notées.  Alors,  calculant  l'amplitude  de  l'arc  qui 
sépare  deux  points  situés  sur  le  même  parallèle,  on  la  compare  à  ces  deux 
points  égalemenl  distants  d'un  second  parallèle  connu,  et  la  différence  donne 
la  forme  exacte  de  la  terre  entre  les  points  observés.  On  observe  actuellement 
par  la  méthode  d'enregistrement  qui  a  remplacé  avantageusement  l'observa- 
tion directe  par  l'œil  et  l'oreille  et  qui  donne  une  précision  inconnue  aupa- 
vanl.  On  a  obtenu  déjà  la  mesure  du  grand  cercle  partant  des  monts  Ourals 
el  venant  aboutir  à  Valentia,  en  Islande.  On  a  donc  observe  une  traction 
importante  du  globe.  L'auteur  explique  la  méthode  suivie  dans  ces  observa- 
tions pour  diminuer  et  atténuer  toutes  les  chances  d'erreurs.  Ainsi, par  exem- 
ple, pour  connaître  la  longitude  d'Alger,  on  a  t'ait  une  série  d'opérations  qui 
ont  duré  trois  longs  mois,  et  dont  les  résultats  seront  très  prochainement 
publies. 

Pour  compenser  les  erreurs  possibles,  on  a  établi   une  station   de   Paris   à 
Alger,  une  autre  de  Marseille  à   Alger,  et  enfin  une  troisième  de  Marseille  à 

2 
Paris.  L'erreur  calculée  ne  déliassera  pas  —  de  seconde.  On  a  déterminé  de 

Kio 

la  même  façon  l'arc  compris  entre  Bone,  Alger  et  Nemours,  en  ayant  soin  de 

faire  exécuter  le  travail  par  plusieurs  observateurs.  Ce  procédé   a  l'avantage 

d'annuler  la   petite   valeur    de    l'équation    personnelle.   On   a  commencé  des 

travaux  analogues  entre  Paris.   Lyon   et   Neuchâtel,   qui  donneront  sur  l'arc 

mesuré  la  forme  exacte  et  définitive  de  la  terre  et    des  irrégularités    qu'elle 

présente. 


M.  l'abbé  DÏÏEAO 

Professeur    ù    l'Université    catholique    de    Paris. 


LA  GUYANE  FRANÇAISE  ET  LE  BRÉSIL  AGRICOLE  ET  COMMERCIAL    (1 

(EXTRAIT   DU  PROCÈS-VERBAL.) 


—  Séance  du  29  août  1877    — 

M.  l'abbé  Durand  fait  un  savant  historique  des  voyageurs  qui  découvrirent 
la  Guyane  et  s'y  établirent.  Cet  honneur  revient  d'abord  à  Christophe  Colomb, 
qui,  le  premier  la  connut  en  1478,  puis  à  Améric  Vespuce,  Diego  d'Orta,  à 
Berreo,  qui  y  fut  massacré  avec  tous  ses  compagnons,  enfin  ,  à  Pizarre,  qui 
contribua  beaucoup  à  accréditer  que  la  Guyane  était  l'Eldorado  tant  recherché 
par  ses  compatriotes. 

Avant  de  continuer,  nous  dirons  que  l'on  peut  considérer  la  Guyane 
comme  une  île  immense  comprise  entre  l'Orénoque  au  nord,  l'Amazone  au 
sud,  le  Rio  Négro  à  l'ouest  et   l'océan  Atlantique  à  l'est.  Au    centre  de  cette 

(1)  Cette  publication  a  paru    dans    la  Bibliothèque  des   études   coloniales  et  maritimes,    Paris 
Challamel. 


I0IÎU2  GÉOGRAPHIE 

île  est  un  vaste  plateau  incliné  du  N.-E.  à  l'ouest  qui  l'orme  le  bassin  du 
Rio  Bianco,  principal  affluent  du  Rio  Négro.  En  1634,  les  Anglais  s'établissent 
à  Surinam.  Six  ans  après,  arrivent  les  Français;  mais,  peu  après  leur  instal- 
lation, ils  sont  massacrés.  Ils  furent  remplacés  dans  les  points  qu'ils  avaient 
occupés  par  les  Anglais,  qui  en  firent  une  colonie  prospère,  pas  pour  eux 
cependant ,  car  ils  furent  remplacés  peu  après  par  les  Hollandais,  qui  y  sont 
encore. 

Les  Français,  revenant  à  la  charge,  s'établirent  à  Cayenne,  qu'ils  parvinrent 
à  conserver.  En  résumé  l'immense  territoire  constituant  la  Guyane  a  été  ainsi 
partagé:  la  Guyane  française,  la  Guyane  anglaise,  la  Guyane  hollandaise, 
la  Guyane  brésilienne  et  la  Guyane  espagnole,  qui  a  pris  le  nom  de  Vene- 
zuela. Des  fleuves  nombreux  sillonnent  la  Guyane:  le  Masour,  la  Mana,  l'Ap- 
pronague  et  l'Oyapock.  Tous  ces  fleuves  descendent  d'un  point  commun  d'o- 
rigine vers  le  2°  30'  de  latitude  et  se  dirigent  vers  la  côte  en  formant 
une  sorte  d'éventail.  Ces  cours  d'eau  et  la  plupart  de  leurs  affluents  sont 
flottables  pour  les  trains  de  bois  et  parfois  navigables  pour  les  pirogues.  La 
Mana  seule  est  navigable  pour  les  goélettes  jusqu'à  60  kilomètres  dans  l'inté- 
rieur. Ce  fait  acquiert  une  certaine  importance,  parce  qu'on  a  cru  reconnaître 
que  la  Mana  communiquait  par  un  canal  naturel  avec  le  Masour,  ce  qui  cons- 
tituerait une  chose  fort  avantageuse  pour  les  relations  commerciales  à  établir 
ultérieurement  avec  la  Guyane  hollandaise.  La  Guyane  peut  être  partagée  en 
trois  zones:  la  zone  côtière  d'alluvion,  s'augmentant  chaque  année,  est  très- 
fertile;  derrière  cette  zone  assez  malsaine  en  est  une  autre  qui  s'étend  à 
80  kilomètres  au  plus  dans  l'intérieur,  formant  une  plaine  mamelonnée  d'al- 
luvions  anciennes.  Quant  aux  mamelons  qui  émergent  en  quelque  sorte,  cer- 
tains atteignent  des  altitudes  de  300  mètres.  Sur  leur  sommet  on  peut  établir 
des  habitations  pour  les  exploitations  agricoles  de  manière  à  dépasser  la 
région  des  miasmes  paludéens,  qui  restent  presque  toujours  au  ras  du  sol. 
Enfin,  vient  une  troisième  zone  montagneuse  et  couverte  de  forêts  encore 
très-peu  exploitées.  Ces  montagnes  peu  connues  font  partie  du  système 
orographique  brésilien  et  sont  évidemment  composées  de  gneiss.  Les  plus 
hautes  ne  dépassent  pas  1,400  mètres.  Ici  l'auteur  fait  une  rapide  description 
de  la  partie  de  la  Guyane  brésilienne  limitrophe  de  la  Guyane  française 
qu'on  nomme  le  territoire  contesté.  La  contestation  roule  sur  deux  limites 
s'appelant  toutes  deux  Oyapock,  et  les  diplomates  depuis  1 80  ans  ne  sont  pas 
encore  parvenus  à  se  mettre  d'accord.  Le  climat  de  la  Guyane  a  été  fort 
décrié,  et  comme  toujours  on  a  exagéré  sa  malignité.  La  température,  quoique 
élevée,  est  relativement  modérée  par  h;  l'ait  de  brises  périodiques  venant 
de  la  mer:  la  moyenne  est  de  25  à  27"  centigrades.  Le  thermomètre  n'y  des- 
cend pas  au-dessous  de  20°  centigrades,  mais  dans  l'hivernage  il  atteint  par- 
fois 38°.  11  pleut  pendant  sept  mois  et  la  quantité  d'eau  est  de  3  mètres,  pen- 
dant les  cinq  autres  mois,  cette  quantité  n'est  que  de  50  centimètres.  La 
mortalité,  et  c'est  là  un  fait  important,  est  moins  grande  à  la  Guyane  que 
dans  nos  Antilles  ;  cependant,  pour  des  causes  multiples,  le  nombre  des  décès 
l'emporte  sur  celui  des  naissances. 

La    population   de    la   Guvane    française    est   de    38  à  40,000   âmes,  dont 


HAMY.   —  LES  VOYAGES  ESPAGNOLS  DU  XVIe  siKi  i  i  1063 

12,000  Indiens.  Par  contiv.  la  Guyane  hollandaise,  qui  est  moins  fertile, 
mais  mieux  cultivée,  compte  50,000  âmes,  déduction  faite  des  Indiens  et  des 
métis;  tandis  que  cette  dernière  a  donné,  pendant  L'année  Int;j,  pour  .">  mil- 
lions 163,000  francs  de  produits,  la  Guyane  française  n'a  atteint  que  le  chiffre 
de  349,000  francs.  L'auteur  fait  ensuite  une  très-curieuse  nomenclature  des 
productions  v.ariées  qui  réussissent  admirablement  au  Brésil  et  qui  pourraient, 
par  conséquent,  donner  les  mêmes  résultats  dans  notre  colonie.  Parmi  ces 
productions  destinées  à  un  grand  avenir,  nous  citerons  le  coton,  la  canne  à 
sucre,  le  café,  le  manioc,  le  caoutchouc,  et  enfin  la  vigne,  dont  le  Brésil 
cultive  un  grand  nombre  de  variétés  de  {liants.  N'y  a-t-il  pas  là  un  précieux 
encouragement,  nous  montrant  tout  le  parti  qu'on  pourra  tirer  de  notre  co- 
lonie le  jour  où  l'on  voudra  sérieusement  s'en  occuper? 


M.  LAYALLEY 

oienr  civil. 


ETABLISSEMENT  D'UN   PORT  ET  CONSTRUCTION   D'UN  CHEMIN   DE  FER  A   L'ILE 

DE  LA   RÉUNION. 
(EXTRAIT  du  pkocès-verbal.) 


—   .Séance  <l u,  29  août    1877.    — 


M.  Lavai. u.Y  fait  un  exposé  rapide  de  la  topographie  de  cette  île,  dépourvue 
de  tout  port  nature!.  Il  montre  qu'elle  est  exposée  dans  sa  partie  est  aux 
vents  généraux  et  aux  cyclones;  il  a  fallu  chercher  à  lui  créer  un  port  à 
l'ouest,  et  le  point  choisi  a  été  l'embouchure  de  la  rivière  des  Galets,  située  au 
N.-O.  deTîle.  En  outre,  on  a  là  un  emplacement  considérable  qui  pourra  être 
utilisé  pour  l'installation  du  matériel  de  la  voie  ferrée  qui  fera  le  tour  de  l'île. 
La  richesse  de  la  Béunion  est  plus  que  suffisante  pour  justifier  cette  entre- 
prise. Le  gouvernement  l'a  compris,  et  les  travaux  vont  commencer  pro- 
chainement. 


M.    HAMY 

Aide-naturaliste  au  Muséum  d'Histoire  naturelle. 


LES  VOYAGES  ESPAGNOLS  DU  XVIe  SIECLE. 

(EXTRAIT  do  procès-verbal.) 


—  Séance  du  29  août  1877.  — 

M.  Hamy  parle  des  voyages  espagnols  inédits  de  la  fin  du  xvie  siècle.  L'au- 
teur établit  d'abord  qu'en  beaucoup  de  points  géographiques,  nos  prédécesseurs 


1 064  GÉOGRAPHIE 

étaient  au  moins  aussi  instruits  que  nous  et,  par  un  phénomène  assez  inex- 
plicable, une  grande  partie  des  notions  que  l'on  possédait  à  la  fin  du 
xvie  siècle,  ont  disparu  des  cartes,  pendant  une  période  assez  longue,  pour 
ne  reparaître  que  dans  ces  derniers  temps.  Il  cite  les  voyages  de  Quiros  et 
Suston  de  Torré  à  la  Nouvelle-Guinée,  et  il  explique  par  quel  mécanisme  ingé- 
nieux il  est  parvenu,  ayant  en  sa  possession  les  cartes  de  ces  deux  navigateurs, 
à  les  faire  concorder  avec  les  cartes  anglaises  modernes  qui  sont  ce  que  nous 
avons  de  mieux  dans  ce  genre  et  qui  cependant  sont  à  peiné  complètes. 


M.    H.    DE   YAEIGNY 


LES   ILES   HAWAII    -     ESQUISSE   GÉNÉRALE 


—  Séance  du  29  août  1877.  — 
RÉSUMÉ  ET    CONCLUSIONS 

Les  îles  Havaii  (1)  sont  au  nombre  de  douze.  Elles  sont  situées  dans 
le  nord  du  Pacifique,  s'étendant  du  49e  au  23e  degré  de  latitude;  du  loop 
au  161e  long,  ouest  (méridien  de  Greenwich)  à  2,080  milles  de  San- 
Francisco,  à  4,880  de  la  Chine,  et  à  4,480  de  Sydney. 

Sur  ces  douze  iles  qui  décrivent  un  arc  de  cercle  dirigé  du  sud-est  au 
nord-ouest,  huit  seulement  sont  habitées;  ce  sont  Havaii,  Maui,  Lanai, 
Kahoolawe,  Molokai,  Oahu,  Kauai  et  Nihau  :  les  quatre  autres  ne  sont 
que  des  rochers  nus  et  stériles  où  ne  se  trouve  aucun  habitant  :  Molo- 
kini,  Lehau,  Kaula  et  Bird-Island. 

C'est  à  Cook  que  revient  l'honneur  de  les  avoir  découvertes  ou  plutôt 
de  les  avoir  retrouvées,  car  il  est  certain  que  les  Hawaii  ont  été  visitées 
et  à  maintes  reprises  par  les  navigateurs  espagnols  en  particulier.  —  Sur 
une  carte  du  xvne  siècle  prise  par  Anson  à  des  marins  espagnols,  se 
trouve  un  groupe  d'îles  appelées:  La  Mesa,  Los Majos  et  la  Desgraciada, 
et  occupant  à  peu  de  chose  près  les  mêmes  latitude  et  longitude.  Les  tra- 
ditions indigènes  mentionnent  l'arrivée  dans  les  temps  passés,  de  mokus 
(îles  ;  nom  appliqué  depuis  cette  époque  aux  navires  ou  bateaux,  quels 
qu'ils  soient).  Usera  it  venu  des  étrangers  vers  l'an  looO,  ou  1600,  si 
ce  n'est  plus  tôt.  Mendana  et  Gaétan  ont  sans  doute  passé  aux  iles  Hawaii. 
Les  iles  du  Corail,  ou  celles  du  Jardin  sont  le  groupe  en  question.  Quant 

(1  )  Les  îles  Hawaii  portent  aussi  le  nom  d'iles  Sandwich  ;  ce  nom  leur  fut  imposé  par  Cook  en  hon- 
neur de  Lord  Sandwich,  alors  premier  lord  de  l'Amirauté.  —  Le  terme  le  plus  souvent  employé 
esl  le  premier  ;  les  indigènes  désignent  leur  archipel  sous  le  nom  collectif  de  Hawaii  nei  répondant 
aceliu  d'iles  Hawaii.  Les  actes  officiels  ou  ministériels  portent  en  tète  le  nom  d'îles  Hawaii 


il.    DE    \\nii.\Y.   —   LES   ILES    BAVAI]  106Ô" 

à  l'ignorance  où  les  Espagnols  auraient  laissé  les  autres  navigateurs  au 
sujet  de  l'existence  de  ces  îles,  <m  l'explique  par  la  politique  qu'ils  ont 
suhir  au  temps  où  leurs  gallions  sillonnaient  ces  mers  à  la  recherche  de 
l'or  et  de  la  fortune,  politique  consistant  à  bien  dissimuler  leurs  décou- 
vertes de  peur  que  des  entreprises  nouvelles  ne  vinssenl  nuire  à  leur 
commerce.  La  présence  de  mots  espagnols  dans  la  langue  hawaïenne 
vient  continuer  l'opinion  d'après  laquelle  les  Espagnols  auraient  décou- 
verl  les  îles  Hawaii  au  xv°  siècle,  si  ce  n'est  plus  tôt  ;  enfin  les  traditions 
parlent  avec  force  détails  de  l'arrivée  d'hommes  blancs  dans  l'Archipel, 
de  naufrages  divers,  de  mariages  contractés  par  ces  visiteurs,  etc.  Enfin, 
en  1778,  Cook  est  venu  redécouvrir  les  îles  Hawaii  ;  leur  place  était 
presque  exactement  marquée  sur  les  cartes;  il  avançail  avec  la  certitude 
du  succès. 

Ces  îles  sont  entièrement  volcaniques.  Des  sondages  récents  démon- 
trent qu'elles  constituent  une  chaîne  de  pics  s'éleva  ni  du  fond  du 
Pacifique,  à  une  profondeur  de  trois  milles,  ce  qui  donne  aux  plus 
hautes  cimes  une  élévation  de  six  milles  au  dessus  du  lit  de  l'Océan 
en  question.  —  Les  roches  basaltiques  et  trachytiques  constituent  la 
base  de  ces  îles;  par  dessus  se  sont  formés  les  terrains  de  sédiment  qui 
recouvrent  presque  partout  l'assise  primitive.  Ces  nouveaux  terrains  sont 
eux-mêmes  sur  certains  points  recouverts  par  la  lave  qui  s'écoule  des 
volcans.  Une  ceinture  de  récifs  frangés  entoure  les  îles,  et  leur  forme 
un  rempart  que  les  vaisseaux  ne  sauraient  franchir  ;  rarement  cette 
ligne  s'interrompt  pour  permettre  l'établissement  d'un  port. 

Vues  de  la  mer  les  îles  prés<  ntehl  presque  toutes  le  môme  aspect.  Au 
dessus  de  la  ligne  écumeuse  formée  par  les  récifs  s'élèvent,  tantôt  une 
une  plage  douce,  montant  graduellement  jusqu'à  la  limite  de  la  végéta- 
tion ;  tantôt  et  le  plus  souvent  c'est  une  masse  noire ,  de  hauteur 
variable,  que  surmonte  la  verdure  des  arbres  ou  des  plantations  de 
cannes.  Dans  le  fond,  des  forêts  luxuriantes,  aux  arbres  garnis  de  mousses 
multicolores,  habitées  par  les  oiseaux  des  tropiques,  et  servant  aussi  d'a- 
sile à  de  grands  troupeaux  de  bœufs,  de  chevaux,  de  sangliers  et  de 
chiens  sauvages,  forêts  renfermant  des  essences  diverses  depuis  le  pré- 
cieux bois  de  sandal  qui  répand  son  odeur  tout  à  l'entour,  jusqu'au 
plus  simple  arbrisseau  qui  sert  à  tresser  des  paniers  ou  des  engins  de 
]  lèche. 

Quelquefois  au  milieu  de  cette  masse  verdoyante  s'élève  brusquement 
un  roc  de  basalte  de  plusieurs  centaines  de  pieds  constituant  un  préci- 
pice à  pic.  Cependant  le  sol  s'exhausse  peu  à  peu,  il  devient  plus  ru- 
gueux, les  arbres  diminuent  de  taille,  les  arbustes  eux-mêmes  deviennent 
plus  rares,  et  l'ile  est  couronnée  d'un  dôme  aride  quelquefois  recouvert 
par  les  neiges  éternelles. 


4066  GÉOGRAPHIE 

Les  cocotiers,  les  plantations  de  canne  à  sucre,  la  flore  générale,  et 
la  tournure  particulière  des  maisons  que  l'on  aperçoit  çà  et  là,  donnent 
à  ce  paysage  tropical  un  aspect  qui  lui  est  propre. 

Si  nous  abordons  l'une  de  ces  îles  nous  y  voyons  des  villes  et  surtout 
des  villages  reliés  entre  eux  par  des  routes  généralement  assez  difficiles  ; 
nous  y  rencontrons  de  vastes  exploitations  agricoles  (sucre,  café,  etc.) . 
Le  pays  est  riche  et  prospère  ;  mais  il  manque  de  bras  c'est  ce  qui 
explique  les  vastes  terrains  incultes  que  l'on  rencontre  si  souvent. 

Nous  verrons  en  résumant  les  productions,  quelles  ressources  l'ar- 
chipel hawaiien  peut  tirer  de  lui-même  ;  mais  il  en  est  d'autres  dont  il 
n'est  redevable  qu'à  la  position  géographique  qu'il  occupe.  Il  constitue 
en  réalité  la  clef  du  Pacifique.  De  l'équateur  à  la  mer  de  Behring,  pas 
d'autres  terres  abordables  :  c'est  le  seul  endroit  ou  puissent  relâcher  les 
baleiniers.  D'autre  part  c'est  le  groupe  le  plus  important  entre  l'Asie  et 
l'Amérique,  c'est  celui  où  les  vaisseaux  viennent  de  préférence  se  ravi- 
tailler, et  refaire  leur  provision  de  charbon.  La  puissance  militaire  qui 
s'emparerait  de  ces  îles  serait  maîtresse  du  Pacifique  ;  les  Américains  et 
les  Anglais  le  savent  bien. 

Quant  à  la  géographie  particulière  de  chaque  île,  elle  ne  peut  trouver 
place  dans  ce  résumé.  Nous  dirons  toutefois  qu'il  y  a  peu  de  ports  ;  la 
configuration  des  récifs  s'opposant  à  ce  qu'il  y  en  ait  beaucoup. 

Les  huit  îles  aujourd'hui  habitées  renferment  56,897  habitants  dont 
5,366  blancs.  Lorsque  Cook  et  Vancouver  visitèrent  les  îles,  il  y  a  bien- 
tôt un  siècle,  ils  estimèrent  la  population  à  400,000  âmes.  300,000  eût  été 
plus  près  de  la  vérité.  Les  traces  de  cette  nombreuse  population  sub- 
sistent encore. 

En  1823  un  recensement  approximatif  donna  142,100. 

En  1832  un  recensement  exact  donna  130,313;  en  1836,  100,579;  en 
1872,  56,807.  Il  n'y  a  pas  eu  de  recensement  depuis. 

La  décroissance  a  été  formidable.  Les  maladies  vénériennes  dont  les 
Européens  leur  auraient  fait  cadeau  dès  leur  arrivée,  selon  quelques 
historiens;  l'ivrognerie,  les  mauvaises  conditions  hygiéniques,  la  phthi- 
sie  :  telles  sont  les  causes  de  cette  diminution  si  rapide. 

Diverses  théories  ont  été  émises  au  sujet  de  l'origine  de  la  race  ha- 
waiienne. La  grande  analogie  des  langues,  mœurs,  etc..  des  Polynésiens 
disséminés  dans  tous  les  groupes  du  Pacifique  exclut  l'idée  d'une  popu- 
lation autochtone,  réfugiée  sur  les  sommets  les  plus  élevés  à  la  suite  de 
l'abaissement  d'un  vaste  et  hypothétique  continent  asiatico-océanien. 
L'on  admet  que  c'est  par  des  migrations  par  mer  qu'ont  été  colonisées  les 
îles  Hawaii,  vers  700  (date  reconstituée  à  l'aide  des  traditions,  etc.).  Des 
migrations  malaises  auraient  poussé  leurs  expéditions  jusqu'à  Hawaii  , 
aujourd'hui  encore  des  jonques  japonaises   viennent   échouer   aux   îles, 


II.    DE    VARIGNY.  —   LES    [LES  HAVAII  1061 

désemparées,  avec  leur  équipage  à  moitié  mort,  poussées  par  les  vents 
et  les  courants. 

11  est  difficile  de  se  résumer  en  parlant  de  l'histoire,  delà  langue,  des 
mœurs  d'un  peuple;  aussi  préférons  nous  laisser  entièrement  de  côté 
cette  partie  de  la  question  pour  dire  quelques  mois  des  productions. 

Elles  se  rangent  d'elles-mêmes  sous  trois  chefs  :  productions  minérales, 
animales  et  végétales. 

Les  premières  sont  les  plus  rares.  —  Point  de  métaux  précieux,  pas 
de  fer  ni  de  cuivre  Il  y  a  quelques  lacs  salés,  et  les  volcans  donnent 
du  soufre. 

Les  animaux  sont  assez  nombreux,  fouies  nos  bêtes  de  basse-cour  et 
de  ferme  s'y  trouvent.  —  Peu  de  gibier,  on  peut  même  dire  qu'il  n'y 
,,„  a  pas<  _  Des  bœufs,  chevaux,  chiens,  sangliers  se  rencontrent  en 
grande  quantité,  à  l'état  sauvage,  bien  que  les  bœufs  ue  soient  pas  na- 
tifs du  pays  ;  ce  sont  les  descendants  de  ceux  qu'a  importés  Vancouver. 
Pas  de  serpents:  beaucoup  d'insectes  ;  peu  de  papillons.  Les  oiseaux 
sont  en  petite  quantité.  Quelques  poissons  et  «fasse/,  bons;  le  mulet  et 
la  bonite,  etc.  —  Quelques  coquillages  et  crustacés  ,  homard,  huître  per- 
lière,  etc.  Les  forêts  ne  renferment  pas  de  ces  animaux  sauvages  et  dan- 
gereux qu'on  a  coutume  de  rencontrer  dans  d'autres  pays  sous  les  tro- 
piques: pas  de  singes  non  plus,  ni  de  perroquets;  peu  de  ce  qu'on  croit 
trouver  sous  le  ciel  chaud  de  ces  climats. 

Les  productions  végétales  sont  les  plus  nombreuses.  Parmi  les  arbres 
à  fruit  comestible,  citons  :  l'arbre  à  pain,  le  manguier,  l'avocatier,  le  goya- 
vier, le  bananier,  le  cocotier,  le  palmier,  le  dattier,  le  pêcher,  le  citron- 
nier, le  tamarinier,  le  caféier,  etc. 

Les  légumes  sont  les  haricots,  les  pommes  de  terre,  les  patates,  l'i- 
gname, les  concombres,  potiron,  melons,  aubergines,  tomates,  etc. 

Quant  aux  bois  de  construction,  ils  sont  très-abondants  et  très-beaux. 
Les  fougères  arborescentes  sont  splendides  :  elles  donnent  un  duvet  brun 
soyeux,  servant  à  faire  des  matelas  et  des  oreillers.  Le  tabac,  le  café, 
la  canne,  le  riz  viennent  bien.  L'arum  esculentum  forme  la  base  de  la 
nourriture  des  indigènes. 

C'est  sur  les  productions  végétales  uniquement  que  porte  le  commerce. 

1°  Le  sucre  (18,675  tonnes  en  1877).  En  moyenne  chaque  acre  de  plan- 
tation donne  de  3  à  4,000  livres  de  sucre.  La  quantité  de  sucre  peut  être 
augmentée  de  beaucoup  :  il  faut  des  ouvriers. 

2°  Le  riz  (923,000  livres  en  4862;  2,129,000  en  1875).  La  culture  en 
est  facile  et  d'autant  plus  avantageuse  qu'il  se  vend  fort  bien  en  Cali- 
fornie où  il  y  a  beaucoup  de  coolies  chinois. 

3°  Le  café,  peu  cultivé,  fort  bon,  devrait  être  l'objet  d'une  exploita- 
tion considérable. 


1068  géographii 

4°  Le  tabac,  également  à  cultiver. 

Quant  à  l'importation,  elle  porte    sur  tout    ce  qui  est    manufacturé, 
car  l'industrie  n'existe  guère  aux  îles  Hawaii. 

En  1843:  Importation,     1,115,000  IV. 

Exportation    inconnue. 
En  1875  :  Importation,     7,525,000  fr. 

Exportation,  10,445,090  fr. 


Les  îles  Havaii  déjà  riches  et  prospères  peuvent  le  devenir  encore  bien 
plus,  et  jouer  un  rôle  fort  important  : 

1°  A  cause  de  leur  position  géographique  ; 

2°  A  cause  des  productions  qu'elles  peuvent  donner,  pour  peu  que 
l'homme  vienne  en  aide  à  la  nature.  Si  l'on  considère  ce  qu'en  un  siècle 
la  civilisation  a  pu  faire  naître  au  milieu  d'une  population  barbare, 
désunie  et  guerrière,  on  ne  peut  être  qu'émerveillé.  Toutefois  l'œuvre 
n'est  pas  achevée,  il  reste  encore  bien  des  ressources  commerciales  dont 
il  n'a  pas  encore  été  tiré  parti  ;  l'agriculture  n'est  pas  encore  aussi  géné- 
ralement répandue  qu'elle  peut  et  doit  l'être. 


M.    B0EELT 

Ancien  Professeur  d'histoire  et  de  géographie  commerciale. 
Président  «i< -  la  Société  des  sciences  et  arts,  etc.,  au  Havre.. 


LES  COURS  DE  GEOGRAPHIE  COMMERCIALE,  AU  HAVRE. 

(EXTRAIT.) 


—  Séance  du  29  août  1877.  — 

M.  Borély  rappelle  au  début  que  l'initiative  des  programmes  de  l'enseigne- 
ment commercial  appartient  à  la  ville  du  Havre. 

C'est  en  ]<Si7  que  les  premières  données  touchant  ce  nouvel  enseignement 
furent  recueillies  an  sein  de  la  Société  Havraise  d'études  diverses,  par  M.  Borély 
lui-même. 

Un  journal  fut,  à  cette  époque  déjà  ancienne,  spécialement  fondé  pour  pro- 
pager et  faire  accepter  les  programmes  nouveaux.  Ces  programmes,  bien 
qu'encore  incomplets,  attirèrent  dès  lors  l'attention  des  chefs  universitaires,  et 
particulièrement  celle  de  M.  le  baron  Des  Michels,  alors  recteur  de  l'ancienne 
Académie  de  Rouen. 

Il  s'agissait  tout   d'abord  de  faire  marcher    parallèlement,  en  quelque  sorte 


BORÉLY.   -—   LES   COURS   DE   GÉOGRAPHIJ     COMMERCIALE    il     HAVRE       1069 

avec  l'enseigne al  classique  et  littéraire,  tout  un  enseignement  méthodique 

et  rationnel  purement  commercial. 

«  La  question  ainsi  posée,  Récrivait  pluiseurs  années  après  M.  Cazavan,  dans 
o  le  Journal  du  Havre,  ><  provoqua  i\r*  délibérations  auxquelles  prirent  part  des 

nommes  d'une  incontestable  autorité  en  pareille  matière.  C'étaient  le  direc- 
teur de  la  Banque  de  France,  le  syndic  des  courtiers,  le  professeur  d'hydro- 
o  graphie,    plusieurs    négociants  armateurs,  et,   entin,  un    membre  du   corps 
»  universitaire,  alors  professeur  d'histoire,  et  qui  s'était  occupe  déjà,  dans  un 
o  grand  centre  d'industrie,  des  questions  qu'il  s'agissait  d'élucider. 

»  Ce  dernier,  en  sa  double  qualité  de  professeur  et  de  secrétaire  de  la 
»  commission,  fut  chargé  de  recueillir  et  de  coordonner  toutes  les  observa- 
it tions,  tous  les  avis  présentés  et  discutes,  el  il  sortit  de  là  et  de  son  propre 
»  travail  un  programme  complet...  »  que  nous  allons  exposer  ici  sommaire- 
ment : 

Etude  de  la  langue  et  de  La  littérature  françaises;  étude  et  connaissance 
d'une  ou  plusieurs  langues  étrangères  Cl);  histoire  générale  et,  particulière- 
ment, histoire  de  la  France  et  de  la  civilisation  européenne; 

Arithmétique  et  comptabilité,  avec  application  des  procédés  abréviatifs 
usités  dans  le  commerce  de  la  pince;  géométrie  élémentaire  et  algèbre  ; 

Notions  générales  des  sciences  naturelles;  chimie  (théorie  et  manipula- 
tions) ; 

Bureau  commercial,  où  l'élève  esl  exercé  à  la  pratique  des  opérations  de 
commerce  et  de  banque,  prenant  une  affaire  dès  son  début,  la  suivant  jus- 
qu'au  bout,  à  travers  toutes  les  complications  qui  peuvent  se  présenter; 

Histoire  du  commerce  et  de  L'industrie  ; 

Géographie  générale  et,  particulièrement,  géographie  commerciale,  suivie, 
comme  complément,  de  l'étude  sommaire  des  marchandises  et  des  principaux 
produits  d'importation  et  d'exportation  ; 

Cours  sommaire  d'économie  politique  et  commerciale; 

Enfin,  diplôme  de  capacité  délivré  à  la  lin  des  études. 

Tel  est  l'ensemble  des  matières  d'enseignement  comprises  dans  ces  pro- 
grammes, qui  répondaient  entièrement  aux  aspirations  de  nos  négociants  et 
aux  modifications  qu'ils  réclamaient  dans  le  cadre  de  l'enseignement  secondaire. 
Leur  mise  en  pratique,  avec  un  succès  qui  fit  la  fortune  de  notre  collège, 
autorisait  bien  évidemment  le  journal  déjà  cité  à  dire  plus  de  dix   ans  après  : 

«  Voilà  ce  qui  s'enseigne  au  Havre  depuis  1847,  ce  qui  s'est  imprimé  au 
»  Havre  bien  longtemps  avant  les  plans  de  nos  ministres  de  l'instruction  pu- 
»  blique...  Voilà  ce  que  sont  ces  cours  de  commerce  dont  on  a  plusieurs  l'ois 
»  emprunté  les  programmes  pour  d'autres  établissements,  particulièrement 
»  pour  l'école  d'Anvers...  » 

Ce  n'était  pas  tout  que  de  rédiger  les  motifs  et  les  considérations  prélimi- 
naires de  ce  plan  d'études,  d'en  présenter  la  distribution  et  d'en  coordonner 
les  diverses  parties.  11  y  avait  là  plusieurs  enseignements  entièrement  nou- 
veaux, particulièrement  celui  de  la  géographie  commerciale. 

(1)  Quatre  cours  de  langues  vivantes  furent  établis  et  entretenus  parla  ville  :  anglais,  allemand 
italien  et  portugais. 


1070  GÉOGRAPHIE 

Passant  en  revue  les  définitions  des  principales  branches  de  la  géographie, 
alors  même  qu'on  devait  se  borner  à  la  géographie  descriptive,  il  était  im- 
possible de  méconnaître  que  la  géographie  commerciale  doit  tout  d'abord  em- 
prunter de  nombreux  éléments  à  ces  divers  aspects  d'une  même  étude  géné- 
rale :  il  faut  bien  connaître  la  configuration  des  terres,  la  distribution  des 
océans,  la  place  qu'occupent  sur  le  globe  les  nombreuses  sociétés  humaines, 
la  position  exacte  des  lieux,  les  distances  qui  les  séparent,  la  diversité  des 
climats  et  des  saisons,  les  grandes  voies  naturelles  de  communication,  les 
grands  mouvements  des  eaux  et  des  vents,  etc.,  avant  de  s'occuper 
des  produits  de  la  nature  ou  de  l'industrie  de  l'homme,  avant  d'étudier  toutes 
ces  relations  que  le  commerce  a  établies  entre  les  peuples. 

Ces  études  générales  et  préliminaires  devaient  conduire  naturellement  à  l'objet 
spécial  du  cours  tout  entier,  elles  ne  devaient  pas  un  instant  le  perdre  de  vue; 
elles  devaient  ainsi  s'élever  au-dessus  du  plan  et  des  méthodes  d'un  enseigne- 
ment purement  élémentaire. 

Poursuivies  de  la  sorte,  elles  amenaient  à  considérer  dans  toute  leur  éten- 
due les  études  spéciales,  et  le  professeur  définissait  alors  la  géographie  com- 
merciale une  étude  qui  a  pour  objet  d'éclairer  sur  tout  ce  qui  intéresse  dans 
la  description  de  la  terre,  le  commerce  du  monde  et  l'industrie  de  chaque 
pays. 

Produits  minéraux,  agricoles  et  industriels  ;  entrepôts  et  ports  de  commerce  sur 
les  côtes  et  sur  les  fleuves,  ressources  qu'ils  présentent  aux  navigateurs,  marchés 
et  grands  centres  de  fabrication  à  l'intérieur,  relations  de  peuple  à  peuple  et, 
spécialement,  relations  de  la  France  avec  les  diverses  contrées  du  globe,  dé- 
bouchés anciens  ou  nouveaux,  existant  déjà  ou  sur  le  point  de  s'ouvrir  au 
commerce  du  monde,  ou  particulièrement  accessibles  à  nos  produits  ;  concur- 
rences que  rencontrent  nos  produits  sur  divers  marchés  ;  nature  et  valeur  des 
échanges  ;  époques  des  récoltes  et  moments  les  plus  favorables  pour  l'arrivée 
sur  le  marché  ;  nature  et  connaissance  des  principales  matières  d'importation; 
escales  commerciales  d'un  port,  d'une  région  à  un  autre  port,  à  une  autre  ré- 
gion, etc.,  etc.,  le  domaine  de  la  géographie  commerciale  apparaissait  im- 
mense et  cette  étude,  toute  nouvelle  et  d'une  si  réelle  importance,  poursuivie 
avec  zèle  pendant  bien  des  années,  devait  présenter  à  chaque  pas  des  faits 
aussi  intéressants  que  généralement  peu  connus. 

Si,  pour  un  tel  enseignement,  les  ouvrages  spéciaux  faisaient  défaut,  les 
sources  du  moins  ne  manquaient  pas.  (11  n'existait  pas  encore  un  seul  ouvrage 
d'enseignement  sur  cette  étude,  ainsi  entendue  ;  le  Cours  de  géographie  commer- 
ciale du  Havre  est  le  premier  cours  de  ce  genre  qui  ait  eu  lieu  en  France.) 
Les  indiquer,  c'est  se  placer  sur  le  terrain  même  de  la  question. 

Signalons  d'abord  les  Annales  du  commerce  extérieur,  publication  du  minis- 
tère du  commerce,  publication  utile  et  qui  pourrait  être  plus  utile  encore,  si 
son  apparition  était  plus  régulière  et  plus  fréquente,  et  surtout,  si  les  com- 
munications de  nos  consuls  à  l'étranger  y  figuraient  en  plus  grand  nombre  et 
s'inspiraient  constamment  des  intérêts  français  avec  plus  de  sagacité  et  de  clair- 
voyance (telle  est,  du  moins  l'opinion  du  commerce);  les  statistiques  publiées 
par  le  gouvernement  et  par  l'administration  des  douanes;  les  dictionnaires  de 


BORÉLY.    —   LES    COURS    DE   GÉOGRAPHIE    COMMERCIALE    M     HAVRE      U)t\ 

commerce  el  des  marchandises,  celui  de  Mac-Culloch  et  surtout  le  grand  dic- 
tionnaire publié  pur  L'éditeur  Guillaumin  et  à  la  rédaction  duquel  ont  contribué 
plusieurs  armateurs  de  notre  place;  les  archives  des  chambres  de  commerce; 
la  statistique  générale  de  la  France;  les  rapports  des  capitaines  de  la  marine; 
les  annuaires,  surtout  V Annuaire  des  Deux-Mondes;  les  nombreuses  notions 
qu'il  est  facile  de  recueillir  sur  une  grande  place  de  commerce,  et  particuliè- 
rement les  documents,  lesquels  sont  régulièrement  publiés  par  nos  grands 
journaux  du  Havre,  qui  leur  sont  quotidiennement  adressés  par  leurs  corres- 
pondants à  l'étranger  et  qu'on  chercherail  vainement  ailleurs... 

o  C'est  en  puisant  à  ces  principales  sources,  avec  méthode  et  persévérance, 
»  ajoute  le  journal  Le  Havre,  que  M.  Borély  a  pu,  de  1  s 47  à  1861,  poursuivre 
»  ici,  non  sans  quelque  succès  (ses  élèves  et  lui  en  onl  reçu  de  nombreux  té- 
»  moignages),  un  enseignement  utile  et  plein  d'intérêt  et  que,  par  ces  considé- 
»  rations  mêmes,  nous  voudrions  voir  prendre  plus  de  place  encore  dans  nos 
■  établissements  publics. 

«  Cet  enseignement  ne  fait  pas  les  négociants;  mais,  comme  le  disait  dans  le 
»  temps  un  de  nos  plus  honorables  armateurs,  il  paraît  le  plus  propre  a  ou- 
»  vrir  l'esprit  des  jeunes  gens  au\  choses  du  grand  commerce...  »  (Journal 
Le  Harre,  28  août  1877). 

Ces  programmes  d'enseignement  commercial,  furent,  d'année  en  année,  mo- 
difiés et  complétés  de  1847  à  1861  ;  ils  lurent,  en  grande  partie  du  moins,  ap- 
pliqués à  l'enseignement  du  collège  spécial  de  Morlaix,  fondé  par  l'auteur  de 
cette  communication,  sous  le  ministère  de  M.  Rouland,  en  1862. 

Les  programmes  des  cours  de  géographie,  particulièrement,  furent  de  bonne 
heure  et  pendant  plusieurs  années  consécutives,  demandés  par  le  ministère  de 
l'instruction  publique  ;  mais  on  sait  ce  que  sont  les  programmes  :  tout  dépend 
souvent  de  la  façon  de  les  entendre  et  de  les  appliquer  ;  souvent  aussi  les  pro- 
grammes disent  trop  ou  ne  disent  pas  assez,  et  c'est  ainsi  qu'il  faut  compren- 
dre la  pensée  du  ministre  qui  demandant,  pour  l'Exposition  de  1878,  des  pro- 
grammes d'enseignement,  a  demandé  en  même  temps  que  les  travaux  de  dé- 
veloppement y  fussent  annexés. 

Nous  pensons  cependant  qu'il  peut  être  utile  de  reproduire  ici  quelques-unes 
des  questions  de  ce  cours  de  géographie,  quelques-uns  des  exercices  qui  > 
étaient  traités,  soit  oralement,  soit  par  écrit,  et,  par  exemple,  plusieurs  des  su- 
jets donnés  pour  les  compositions  en  prix. 

Les  personnes  familiarisées  avec  les  études  géographiques  reconnaîtront  bien 
vite  que  des  exercices  de  ce  genre  comportent  beaucoup  de  méthode,  un  tra- 
vail très  sérieux,  et  l'utilité  et  le  caractère  d'un  enseignement  de  cette  nature 
en  ressortiront  naturellement. 

A.  Questions  extraites  du  programme  des  études  générales  et  préliminaires. 

—  Description  générale  des  mers  et  détroits.  (Point  de  départ:  le  N.-E.  de  l'Amé- 
rique, en  suivant  les  côtes  de  tous  les  continents  dans  l'ordre  géographique. 

—  Indiquer  sur  les  côtes,  dans  l'ordre  géographique,  en  commençant  au  N.-E.  de 
l'Amérique,  et  faisant  le  tour  des  continents,  les  embouchures  des  cours  d'eau  ;  re- 
monter, dans  les  divers  versants,  les  fleuves  jusqu'à  leur  source  ;    signaler   les  villes 


J(>7^  GÉOGRAPHIE 

qui  s'élèvent  sur  leurs  rives,  les  affluents  qu'ils  reçoivent   jusqu'à  quel  point  ils  sont 
navigables  et  quelles  sont  la  nature  et  les  conditions  de  leur  navigation? 

—  Voies  de  communications  sur  les  continents  : 

1°  Importance  des  voies  de  communication  pour  le  commerce  et  les  relations  des 
peuples.  Routes,  canaux,  chemins  de  fer. 

2°  Indiquer,  en  France,  la  direction  des  grands  réseaux  des  lignes  ferrées,  les  dé- 
partements qu'elles  traversent,  les  principales  villes  qui  se  trouvent  sur  leur  parcours. 

B.      Etudes  particulières  de  géographie  commerciale  (Extraits). 

—  Principaux  centres  et  entrepôts  de  commerce,  sur  les  côtes  des  continents.  (Suivre, 
dans  cette  description,  l'ordre  géographique  déjà  indiqué,  en  commençant,  au  N.-E. 
de  l'Amérique.)  —  Principaux  points  de  relâches;  quelles  ressources  y  trouve  le  na- 
vigateur, quels  produits  figurent  sur  ces  divers  marchés  ou  lieux  de  production.  Leurs 
relations  commerciales,  particulièrement  avec  la  France. 

—  Étude  spéciale  des  produits  et  de  la  situation  commerciale  des  divers  États  de 
l'Amérique  et  de  l'Asie. 

—  Situation  commerciale  des  Etats  de  l'Europe. 

Leurs  rapports  entre  eux;  traités  de  commerce;  liberté  des  échanges  ou  systèmes  de 
restrictions  :  situation  de  l'industrie. 

Grandes  places  de  commerce  sur  les  côtes  et,  dans  l'intérieur,  centres  de  grande 
industrie  ;  richesses  agricoles  et  minérales,  etc. 

—  Etude  spéciale  de  la  France  sous  le  rapport  du  commerce  et  de  l'industrie: 

1°  Tableau  sommaire  du  commerce  de  la  France  avec  ses  colonies  et  les  puissances 
étrangères;  —  valeur  générale  du  commerce  de  la  France, 

2°  Indiquer,  dans  un  ordre  géographique,  sur  les  cotes,  les  ports  de  la  France,  leurs 
relations  principales  avec  l'extérieur,  etc. 

3°  Nomenclature  des  principaux  articles  d'exportation  et  d'importation  ; 

4°  Grands  centres  d'industrie  à  l'intérieur  ; 

5°  Production  agricole,  etc. 

6°  Produits  des  mines,  des  pêcheries,  etc. 

C.      Questions  données  comme  exercices  ou  sujets  de  composition  pour  les  prix. 
(3rac,  4mc  et  3me  années) . 

—  Mentionner  les  faits  ou  accidents  géographiques  qui  peuvent  se  présenter  sur  le 
parcours  dont  les  points  principaux  sont  ici  indiqués  : 

Cap  Farewel,  détroit  de  Barow,  Océan  Pacifiqne,  côtes  de  l'Amérique  jusqu'au  cap 
Horn  ;  cap  de  Honne-Espérance.  dHroit  de  Bab-el-Mandeb,  mer  Rouge;  mer  .Nuire 
(s'j  rendre  au  choix,  soit  par  terre,  -oit  par  mer)  ;  d'un  point  des  rivages  de  cette 
mer  se  rendre  aux  grandes  Alpes  ;  route  fluviale  qui  conduise  des  grandes  Alpes  à 
la  mer  du  Nord. 

On  donnera  quelques  détails  sur  1rs  détroits,  les  mers,  les  pays,  les  «fleuves  et  les 
montagnes  qu'on  aura  à  traverser. 

—  Partant  du  pôle  austral  et  des  environs  des  terres  polaires  (Terre  Victoria,  etc.) 
suivre  le  grand  courant  constant  de  l'Océan  Pacifique. 

On  indiquera  les  terres  dans  le  voisinage  desquelles  on  se  trouvera  successivement 
porté;  on  fixera  la  latitude  des  points  principaux,  les  zones  auxquelles  appartiennent 
les  diverses- contrées  ainsi  côtoyées;  les  caps  principaux  (avec  leur  latitude  et  leur  lon- 
gitude .  les  golfes  tl  mers  intérieures  que  présentent  les  côtes;  les  embouchures  des 
grands  fleuves,  [es  détroits  dans  le  voisinage  de  ces  terres,  continents  ou   îles;    enfin 


BORÉLY.    —   LES   COURS   DE   GÉOGRAPHIE   COMMERCIALE   AL    HAVRE      1073 

un  donnera  sur  tous    les  faits  ou  accidents  géographiques  qu'on  aura  à  signaler  des 

explications  et  des  renseignements  suffisants. 

Même  question  pour  le  grand  courant  constant  de  l'Océan  Atlantique. 

Même  question  pour  le  grand  courant  constant  de  la  mer  des  Indes. 

—  Exploration  géographique  et  commerciale  à  travers  l'Amérique  du  Sud,  en  suivant 

une  ligne  de  parcours  dont  les  points  principaux  sont  les  suivants  : 
Point  de  départ  Cayenne  :  suivre  la  côte  jusqu'à  Para;  de  là,  traverser  les  provinces 
brésiliennes  entre  le  50°  long,  et  les  côtes  orientales,  sans  sortir  de  ce  rayon  et 
sans  longer  la  côte,  jusqu'à  Rio  de  Janeiro;  de  cette  capitale  se  diriger  à  l'ouest, 
jusque  vers  les  sources  du  Parana;  aller  ensuite  plus  loin  vers  l'ouest  jusqu'au 
Paraguay  ;  descendre  ce  dernier  fleuve  jusqu'à  Corrientes  et  de  là  jusqu'à  Buenos- 
Ayres. 

Dans  cette  étude  on  fournira  des  renseignements  sur  toutes  les  contrées  auxquelles 
on  doit  toucher;  on  fera  connaître  quels  sont  les  produits  de  ces  diverses  régions, 
par  quelles  voies  ces  produits  arrivent  jusqu'aux  eûtes,  par  quels  ports  ils  s'expédient; 
quelles  sont  les  relations  avec  les  autres  États,  particulièrement  avec  l'Europe  et  la 
France;  quelle  est  la  position  commerciale  et  industrielle;  quel  avenir  enfin  ces 
régions  présentent  pour  l'agriculture  et  le  commerce  (1851). 

—  Description  géographique  et  commerciale  des  côtes  occidentales  de  l'Amérique  du 

Nord,  du  détroit  de  Behring  jusqu'à  Panama. 
Contrées  auxquelles  ces  côtes  appartiennent;   importance  des  entrepôts  et  centres  de 
commerce;  relations   de  jour  en  jour  plus  actives  de  ces  régions  avec   le  reste  du 
monde;  rapports  réguliers  avec  les  contrées  de  l'extrême  Orient  asiatique  (1856). 

—  Description  géographique  et  commerciale  des  côtes  et  des  lieux  d'exportation  et 

d'importation  auxquels  touchent  les  lignes  de  steamers  qui  partent  de  Marseille 
pour  Aden  et  la  mer  des  Indes;  ou  bien  des  lignes  de  steamers  qu  reçoivent  à 
Aden  les  voyageurs  et  marchandises  d'Europe  et  parcourent  de  là  tout  l'Océan 
Indien  (1857). 

—  Suivre  le  parcours  de  la  ligne  des  steamers  des  Antilles;  indiquer  les  lieux  d'expor- 

tation et  d'importation,  les  points  commerciaux  qu'ils  desservent,  en  faire  con- 
naître l'importance  et  les  relations  avec  l'Europe  et  la  France  (1859). 

—  Relations  extérieures  des  principaux  ports  de  commerce  de  la  France.  Mouvement 

et  nature  des  échanges  entre  ces  entrepôts  de  commerce  et  les  contrées  avec 
lesquelles  ils  sont  le  plus  habituellement  en  rapport.  Communications  régulières. 

—  Commerce  de  la  Baltique. 

Ports  et  entrepôts  sur  les  côtes;  communications  par  les  voies  fluviales  et  les  canaux 
avec  les  contrées  de  l'intérieur;  communications  fluviales  de  la  Russie  avec  la  mer 
Noire  et  la  mer  Caspienne. 

Relations  de  l'Europe  occidentale  avec  la  Baltique. 

Grandes  foires  de  la  Russie. 

Relations  entre  l'Asie  et  l'Europe  à  travers  la  Sibérie  et  les  provinces  orientales  de 
la  Russie  d'Europe... 

—  Notices  commerciales  et  historiques  sur  les   principaux   produits  naturels  ou  agri 

coles  qu'offrent,  au  commerce  du  monde,  les  Antilles  et  les  côtes  du  golfe  du 
Mexique . 

Ces  extraits  de  nos  programmes  et  de  nos  séries  d'exercices,  peuvent  donner  une 
idée  de  ce  que  doit  être,  selon  les  vues  de  nos  armateurs,  un  cours  de  géographie 
commerciale;  mais  il  ne  faut  pas  se  laisser  abuser  par  la  simplicité  apparente  de 
quelques-unes  de  ces  questions.   Je  prends,  par  exemple,   la    première  de  celles  que 

63 


1074  GÉOGRAPHIE 

je  viens  d'indiquer,  la  description  des  mers  et  des  détroits,  qui  appartient  aux  études 
générales  et  préliminaires.  Suis-je  bien  assuré  que  tout  le  monde  appréciera  tout 
d'abord  l'importance  et  l'étendue  d'un  tel  sujet"?  Il  semble  que  c'est  là  une  question 
qui  se  trouve  partout  et  que  l'on  apprend  tout  aussi  bien  dans  les  écoles  de  petites 
filles  que  dans  nos  grands  établissements  d'instruction.  Une  telle  appréciation  serait 
certes,  bien  erronée,  car,  en  fait  surtout  de  géographie  commerciale,  il  n'est  pas  de 
sujet  plus  important  et  qui  ait  plus  besoin  d'être  longuement  étudié;  nous  en  avions 
fait  la  base,  pour  ainsi  dire,  de  tout  cet  enseignement;  elle  tient  une  grande  place 
dans  nos  leçons  manuscrites,  elle  s'étudiait  sur  les  cartes  générales  de  Monin  ou 
d'Andriveau-Goujon,  on  s'y  arrêtait  longtemps  et  on  ne  passait  outre  que  quand  tout 
le  monde  s'était  complètement  emparé  de  cette  description. 

Mais  aussi  quand  les  élèves  sont  sûrs  de  pouvoir  décrire  ainsi,  sans  hésitation, 
toutes  les  côtes  des  continents,  allant  d'une  mer  dans  une  autre,  connaissant  par- 
faitement les  détroits,  leurs  ouvertures,  la  latitude  des  caps  qui  sont  à  leur  entrée, 
les  pays  desquels  ils  dépendent  les  grands  centres  de  population  qui  sont  sur  leurs 
côtes  ou  dans  leur  voisinage,  les  souvenirs  qui  se  rattachent  à  leur  exploration,  tous 
les  accidents  géographiques  qui  caractérisent  tant  de  parages  divers:  la  configuration 
des  terres  est  gravée,  pour  ainsi  dire,  dans  la  mémoire,  et  elle  y  est  toujours  présente. 
On  peut,  dès  lors,  avancer  hardiment  dans  la  suite  de  ces  études;  un  grand  pas  est 
fait,  non-seulement  dans  l'étude  de  la  géographie  maritime  et  commerciale,  mais 
aussi  pour  la  connaissance  de  la  géographie  en  général 

Il  est  infiniment  regrettable  que  le  Havre  ne  soit  pas  encore  en  possession  d'une 
Société  de  géographie.  C'est  là  une  lacune  regrettable,  non-seulement  au  point  de  vue 
des  intérêts  de  la  navigation  et  du  commerce,  mais  encore  au  point  de  vue  des 
sciences  géographiques. 

On  ne  saurait  croire  combien  sont  nombreux  les  documents  qui  arrivent  ici  sur 
toutes  les  parties  du  monde,  paraissent  chaque  jour  dans  nos  journaux  et  pour  la 
plupart,  passent  inaperçus  ou  tombent  bientôt  dans  l'oubli. 

Je  puis  en  parler  sûrement,  ayant  autrefois  et  pendant  une  quinzaine  d'années, 
puisé  moi-même  à  cette  source  inépuisable.... 

Cette  lacune  a  été  plusieurs  fois  signalée  depuis  M.  J.-B.  Eyriès  qui,  il  y  a 
plus  de  soixante  ans,  demandait  déjà  la  fondation,  dans  notre  cité,  d'un  établisse- 
ment semblable. 

Une  société  de  géographie  serait  ici,  comme  en  vedette,  pour  recueillir  les  nom- 
breux renseignements  qui  nous  arrivent  de  tous  les  points  du  globe  ;  elle  serait 
évidemment  appelée,  je  le  répète,  à  rendre  d'éminents  services. 


M.   le  Comte   de   MARS! 

A   Coinpiègne. 


QUELQUES  MOTS  SUR  L'EXPOSITION  RÉTROSPECTIVE  FRISONNE  DE  LEUWARDEN, 
AU   POINT  DE  VUE  DES  ÉTUDES   GÉOGRAPHIQUES. 


—  Séance  du  30  août   1877.  — 

Depuis    quelques   années  on  a  organisé  en  Hollande  des  expositions 
rétrospectives  locales  qui,  si  elles  n'oilïent  pas  des  objets  d'une  valeur 


,,,    jjxrsy.  —  l'exposition  rétrospective  frisonne  107S 

artistique  égale  à  ceux,  qui  ont  figuré   en  France    aux  expositions  des 

Alsaciens-Lorrains,  de  Blois  ou  de  Lyon,  ont  du  moins  le  mérite  de  se 
rapporter  exclusivement  a  la  province  dans  laquelle  elles  sont  faites,  et 
de  ne  renfermer  que  de^  pièces  fabriquées  sur  les  lieux,  ou  des  souve- 
nirs ayant  appartenu  à  des  enfants  du  pays. 

Ce  qui  a  été  fait  en  lS"i  à  Zaandam  et  depuis  à  Amsterdam,  vient 
d'être  réalisé  avec  un  rare  bonheur  dans  la  capitale  de  la  Frise,  à  Leu- 
warden.  Cette  dernière  exposition  m'a  paru  mériter  d'être  signalée 
d'une  manière  toute  spéciale  à  l'attention  de  la  section,  comme  pou- 
vant fournir  des  éléments  de  la  plus  grande  importance  à  la  géogra- 
phie, telle  que  la  comprend  aujourd'hui  l'école  qui  a  pour  chef  le  sa- 
vant éminent  qui  nous  préside. 

En  effet,  elle  renferme  tout  ce  qui  se  rapporte,  soit  à  la  description 
du  pays,  soit  à  la  vie  et  aux  mœurs  de  ses  habitants. 

Je  n'ai  pas  la  prétention  de  vous  faire  passer  en  revue  les  nombreux 
objets  fournis  par  plus  de  quinze  cents  possesseurs  et  réunis  dans  vingt 
salles  du  palais  royal  de  Leuwarden  par  les  soins  d'un  comité  présidé 
par  M.  le  docteur  J.  Dirks  (1). 

Depuis  l'étude  géologique  du  sol  de  la  Frise,  représentée  à  la  fois 
par  des  cartes,  des  échantillons  de  terrains  et  de  nombreux  fossiles, 
tout  a  trouvé  sa  place  dans  cette  exposition. 

Les  tumulus  fouillés  ont  donné  les  antiquités  recelées  dans  leurs  flancs, 
les  anciens  monuments  ont  été  représentés  par  des  plans  et  des  vues. 
Les  meubles,  les  costumes,  les  produits  manufacturés  ont  été  placés 
dans  les  salles  suivantes,  qui  renferment  aussi  les  portraits  de  tous  les 
Frisons  dignes  de  mémoire. 

Les  anciennes  localités,  aujourd'hui  presque  désertes,  Hindelope,  les 
Iles,  en  un  mot  tout  ce  que  M.  Henri  Havard  a  décrit  avec  tant  de 
charme  dans  sa  Hollande  inconnue,  a  trouvé  place  ici. 

La  seule  condition  était  d'être  exclusivement  Frison,  et  c'est  ce  qui 
donne  un  cachet  tout  particulier,  et  en  quelque  sorte  impossible  à  re- 
produire à  cette  réunion  de  tous  les  souvenirs  de  la  Frise ,  où  les  pro- 
ductions littéraires  ont  même  trouvé  place  à  côté  des  chefs-d'œuvre  de 
mécanique  et  d'astronomie  des  paysans  de  Franeker  et  des  tableaux  de 
Bisschop  et  d'Alma-Tadéma. 

Qu'il  soit  possible  de  faire  de  même  en  France  et  dans  d'autres  pays, 
je  ne  le  crois  pas.  Les  événements  politiques  et  les  fréquentes  migra- 
tions des  familles  françaises  depuis  un  siècle  ne  permettraient  pas  de 
reconstituer  comme  on  peut  le  faire  dans  la  paisible  Hollande,    la  vie 

(0  Voir  le  Catalogue  détaillé  publié  sous  ce  titre  :  Gids  voor  de  bezoekers  der  historische  ten- 
toonstelling  van  Friesland,  gehouden  in  z.  M.  Paleis  le  Leeuwarden  in  den  zomer  van  1877. 
Leeuwanku, Midiema,  is77.  la-8.  xliii  -  31b  et  \wn. 


1076  GÉOGRAPHIE 

des  habitants  d'une  province,  en  quelque  sorte  siècle  par  siècle.  Et  c'est 
à  ce  titre  surtout  que  j'ai  pensé  intéresser  les  membres  de  la  section  en 
leur  signalant  cette  source  peu  connue  de  documents  intéressants  pour 
la  géographie  des  Pays-Bas. 


M.   LEVASSEUR 

Membre  de  l'Institut;  Professeur  au  Collège  de  France. 


L'ASSOCIATION  INTERNATIONALE  AFRICAINE. 

(extrait  du  procès-yerbal.) 


—  Séance  du  25  août  1 877 .  — 

M.  Levasseur  prend  la  parole  pour  dire  quelques  mots  de  l'Association  inter- 
nationale africaine.  11  rappelle  que  l'Afrique,  maintenant  plus  que  jamais, 
attire  sur  elle  les  regards  des  peuples  de  l'Europe,  aussi  bien  dans  une  pensée 
scientifique  que  dans  une  pensée  humanitaire,  car  personne  n'ignore  les 
misères  et  les  dévastations  dont  l'esclavage  est  la  cause  directe  dans  ce  vaste 
continent.  Emu  de  tant  de  maux,  le  roi  des  Belges  a  fondé,  avec  l'aide 
d'hommes  de  science  et  de  bien,  une  association  internationale  dont  il  est  le 
président,  et  qui  a  pour  but,  au  moyens  de  capitaux  puissants,  provenant  de 
souscriptions  particulières,  de  mettre,  s'il  se  peut,  un  terme  à  ce  trafic  déplo- 
rable de  chair  humaine,  par  l'établissement  de  stations  européennes,  qui 
iront  s'enfoneant  de  plus  en  plus  dans  l'intérieur,  portant  haut  avec  elles  le 
drapeau  de  la  civilisation.  A  ce  propos,  M.  Levasseur  rappelle  que  M.  de  Qua- 
trefages,  présent  à  la  séance,  est  l'un  des  trois  membres  qui  forment,  auprès 
du  roi  des  Belges,  le  comité  dirigeant  de  l'œuvre,  et  il  propose,  au  nom  de  la 
section,  d'émettre  un  vœu  exprimant  la  sympathie  que  la  section  éprouve 
pour  cette  œuvre  et  le  désir  des  membres  de  l'Association  française  pour 
l'avancement  des  sciences  de  faire  partie  de  l'association  internationale 
africaine. 

Cette  proposition,  mise  aux  voix,  est  chaleureusement  acclamée. 


M.    PAQUIER 

Docteur  ès-lettres. 


LES  VOIES  DE  COMMERCE  A  TRAVERS  L'ASIE  CENTRALE 


La  direction  des  voies  de  commerce  à  travers  l'Asie  Centrale  doit  cor- 
respondre à  la  disposition  même  des  nombreuses  et  larges  vallées  qui, 


PAQUIKR.    —   VOIES   DE    COMMERCE   A    TRAVERS   L'ASIE  CENTRALE        1077 

partant  de  la  dépression  Aralo-Caspienne,  pénétrent  profondément  dans 
le  masse  du  plateau  central.  Mais  ce  n'est  bien  que  de  nos  jours  que 
la  géographie  a  pu  s'annexer  ces  régions  intérieures  du  vieux  continent 
Asiatique,  sur  lesquelles  nous  n'avions  eu,  jusqu'au  milieu  du  xixe  siècle, 

que  des  données  incomplètes  et  inexactes.  A  ce  point  de  vue,  la  rivalité  de 
l'Angleterre  et  de  la  Russie  a  été  profitable  à  la  science  et  à  la  civilisa- 
tion européenne. 

De  la  nécessité  qu'il  y  avait  pour  ces  deux  États  de  consolider  leur 
domination  dans  le  Turkestan  et  les  Indes  du  Nord,  est  résultée  cette 
activité  féconde  mise  à  reconnaître  les  lieux,  à  relever  les  localités  les 
plus  importantes,  et  à  donner  enfin  une  idée  suffisamment  exacte  de  la 
configuration  du  sol.  De  1860  à  1877  les  explorations  se  sont  succédé, 
dirigées  le  plus  souvent  par  des  officiers  du  plus  grand  mérite  et  de  hardis 
commerçants;  et  au  nombre  des  plus  importantes  nous  devons  citer 
pour  les  Russes,  celles  de  MM.  Verniukoff,  Fedtchenko,  Mayef  et  Severt- 
z0jf;  _  p0ur  les  Anglais,  celles  des  Pandits  Hindous  Abdul-Medjid,  le 
Mirza,  Fayzabad  et  Le  Ilavildar,  pour  ne  prendre  que  les  plus  connus, 
et  surtout  les  belles  et  précieuses  découvertes  de  MM.  Shaw,  Hayward 
et  Forsyth,  ce,  dernier  chef  de  la  mission  officielle  qui  se  rendit  en 
1872  à  Kachgar,  et  qui  comptait  le  colonel  Gordon,  les  capitaines  Trot- 
ter et  Biddulph,  etc. 

Dans  ces  derniers  temps,  d'autres  noms  sont  venus  s'ajouter  aux  pré- 
cédents; et  chaque  jour  voit  s'étendre  et  se  compléter  les  connais- 
sances sur  les  bassins  de  l'Oxus,  de  l'Yaxarte  et  du  Tarim,  qu'il  y  a  près 
de  trente  ans  déjà,  Cari  Ritter  désignait  comme  «  le  point  le  plus  re- 
marquable de  la  terre  entière  pour  l'histoire  de  l'humanité.  »  Ainsi  on 
est  arrivé  à  faire  en  dix-sept  ans  ce  que  le  moyen-âge  et  les  temps  mo- 
dernes jusqu'en  1850  n'avaient  pu  qu'ébaucher  en  partie. 

Russes  et  Anglais  se  sont  mis  résolument  à  l'œuvre,  les  uns  au 
N.  et  à  1*0.,  les  autres  au  S.  et  à  l'E.  De  cette  rivalité  toute  pacifique 
sont  sortis  les  résultats  les  plus  précieux  pour  la  géographie  et  pour  le 
commerce. 

La  constitution  du  sol  dans  l'intérieur  du  continent  Asiatique  peut  au- 
jourd'hui se  définir  comme  il  suit  : 

A  l'ouest  une  profonde  dépression,  occupée  par  la  Caspienne,  l'Aral, 
et  des  steppes  ou  déserts  étendus,  en  langue  turcomane  Kum ,  d'où  Kizil- 
Kum  (désert  rouge)  —  Kara-Kum  (désert  noir)  ;  à  l'Est  une  région 
montagneuse  qui  va  s'élevant  à  des  hauteurs  de  5000  à  6000  mètres 
pour  se  rattacher  d'une  part  aux  Tian-Chan,  dans  la  direction  du  N.E., 
—  de  l'autre  aux  Himalatjas  et  au  Thibet  dans  la  direction  du  S.  E.  Au 
milieu  de  ces  deux  grands  systèmes,  et  comme  pour  les  souder  l'un  à 
l'autre,   se  développe   le    large  plateau  du  Pamir,  d'une  superficie  de 


107  (S  GÉOGRAPHIE 

90,000  k.  carrés,  d'une  altitude  moyenne  de  4,000  à  4,500  mètres,  et 
qui  s'adosse  à  TE.  sur  les  Tsoung-ling  improprement  appelés  jusqu'à  nos 
jours  Monts  Bolor,  et  dont  le  pic  de  Tagharna  (7800  m.)  est  le  point  cul- 
minant. —  Au  delà  du  Pamir  se  développe,  jusqu'aux  confins  du  Gobi 
et  de  la  Chine  propre,  la  haute  plaine  de  la  Tartarie  Orientale,  d'une 
altitude  moyenne  de  1000  à  1200  mètres  et  arrosée  par  les  nombreux 
cours  d'eaux  qui  forment  le  Tarim. 

Si,  partant  de  la  Caspienne  et  de  l'Oural,  nous  voulons  nous  rendre  à 
l'extrême  Orient  dans  l'antique  empire  des  Sères,  devenu  au  moyen-âge 
celui  de  Cathay,  et  de  nos  jours  l'Empire  du  milieu,  nous  devrons 
suivre  Jes  nombreux  cours  d'eau  qui,  descendus  des  Tian-Chan,  du  Pamir 
ou  de  l'Hindou-Kouch,  viennent  grossir  l'Yaxarte  ou  Syr-Daria  (1)  et 
l'Oxus  ou  Amou-Daria,  ou  mourir  dans  les  sables,  à  quelque  distance  de  ces 
fleuves.  Les  vallées  que  ces  rivières  ont  creusées  et  formées  sur  les  flancs 
occidentaux  de  ces  grandes  masses  intérieures  du  continent  asiatique, 
sont  comme  des  routes  toutes  préparées,  que  la  nature  a  comme  disposées 
elle-même  pour  faciliter  les  communications  entre  les  deux  parties  ex- 
trêmes du  vieux  monde:  pour  ne  citer  que  les  principales, nommons  en 
allant  du  Sud  au  Nord,  celles  de  YAtrek,  du  Herat-Rud  (2)  des  rivières  de 
lialUh  et  de  Koundouz,  de  YOxus,  du  Murghabi,  del'Yaxarte,  du  Narym, 
du  Tchoui ,  de  VIU,  etc.  —  On  dirait  comme  autant  de  couloirs  qui 
s'ouvrent  dans  la  direction  de  l'Europe,  pour  verser  sur  elle  ces  nombreuses 
invasions  barbares  qui  ont  bouleversé  l'Empire  romain  et  le  monde 
chrétien  du  moyen-âge,  ou  pour  appeler  aujourd'hui  les  nombreux  re- 
présentants de  la  civilisation  moderne,  dont  les  efforts  ont  été  couron- 
nés de  succès.  Réaction  salutaire  et  féconde  du  continent  Européen,  contre 
le  continent  Asiatique  et  dont  nous  avons  tous  à  attendre  les  meilleurs 
résultats. 

Mais  parmi  toutes  les  routes  que  nous  venons  d'indiquer,  il  en  est  qui 
présentent  des  conditions  plus  favorables  que  d'autres  pour  descommunica. 
tions  suivies  et  relativement  faciles:  dans  l'antiquité,  il  y  avait  la  voie 
de  YOxus  ;  au  moyen-âge,  la  voie  de  YYaxarte  ;  —  de  nos  jours,  ce  sont 
celles  du  Hérat-Bud  au  midi  et  de  Y  Ht  au  nord. 

On  a  beaucoup  discuté  pour  savoir  quelle  était  véritablement  la  di- 
rection que  suivaient  les  commerçants  de  l'antiquité  pour  se  rendre  de 
l'Empire  romain  ou  d'Orient  dans  le  pays  des  Sères  ;  etPtoléméene  nous  a 
malheureusement  laissé  qu'une  description  fort  incomplète  de  la  route 
que  suivit  Maës  Titianus  par  la  Vallis  comedarum,  la  Turris  Lapidea,et 
la  Sera  Métropolis.  Mais  les  découvertes  récentes,  faites  dans  le  bassin  de 
l'Oxus  ou  Amou-Daria,  nous  permettent  de  supposer  et   même    d'affir- 

11  Daria,  en  langue  turcomane,  signifie  Rivière. 
2)  Rud,  en  langue  sériane,  Rivière. 


PAQl'IF.lt.    —  VOIES   DE   COMMERCE   A    TRAVERS   L'ASIE   CENTRALE        1079 

mer  que  clic  voie  de  commerce  «'tait  celle  que  trace  l'Oxus  de  sa  source 
à  sou  embouchure  dans  la  Caspienne,  d'où  elle  remontait  la  vallée  du 
Cyrus  pour  aboutir  au  Pont-Euxin  sur  le  cours  inférieur  du  Phasis.  — 
C'est  aussi  celle  que  nous  paraît  avoir  suivie  Marco-Polo,  le  célèbre 
voyageur  vénitien,  qui  dans  la  seconde  moitié  du  xiu°  siècle,  se  rendit 
par  l'intérieur  de  l'Asie  dans  l'empire  du  Cathay,  où  il  résida  plus  de 
vingt  ans. 

Au  moyen-âge  la  conquête  de  la  fiactriane  et  de  la  Sogdiane  par  les 
Arabes  fit  apprécier  la  vallée  de  l'Yaxarte,  qui  débouchant  dans  l'Aral 
traçait,  lui  aussi,  une  très  belle  voie  commerciale.  Ce  fut  par  cette  vallée 
du  reste  que  s'écoulaient  de  l'E.  à  l'O.  les  invasions  ïartares  ou  Mon- 
goles, dont  le  contre  coup  se  lit  sentir  jusqu'en  Europe;  et  la  grande 
cité  de  Karakorum,  placée  quelque  part  au  sud  du  massif  de  l'Altaï,  at- 
tirait à  la  cour  du  grand  Khan  les  commerçants  ou  les  ambassadeurs 
que  les  princes  chrétiens  lui  envoyaient  pour  demander  son  alliance.  Les 
nombreuses  et  intéressantes  découvertes,  faites  dans  les  environs  des 
villes  deMargilan,  d'Och  et  d'Ak-Sou,  jettent  un  jour  tout  nouveau  sur 
la  vallée  du  Khokand  et  la  région  des  Tian-Chan. 

Dans  les  temps  modernes,  ou  pour  mieux  dire  de  nos  jours,  ces  deux 
routes,  abandonnées  pendant  plusieurs  siècles,  revinrent  en  faveur  ;  et  la 
création  au  centre  de  la  Tartarie  Orientale  d'un  état  indépendant,  la 
Kachgarie,  sous  le  gouvernement  éclairé  de  Mohammed  Yacoub  pouvait 
avoir,  à  ce  point  de  vue,  les  conséquences  les  plus  inattendues  et  les  plus 
précieuses  (1864-1877).  Ce  prince  vient  de  mourir;  son  fils  a  été  dé- 
trôné par  les  Chinois,  qui  reprennent  possession  de  Yarkand  et  de  Kach- 
gar;  mais  nous  pouvons  espérer  que  les  relations  commerciales,  qui 
commençaient  à  se  multiplier  dans  l'intérieur  de  l'Asie,  ne  se  ralenti- 
ront pas.  L'Empire  céleste,  en  effet,  qui  laisse  aujourd'hui  les  Européens 
trafiquer  librement  dans  ses  ports  du  Pacifique,  a  tout  intérêt  à  favori- 
ser les  échanges  par  le  bassin  du  Tarim,  auquel  donnent  également  accès 
le  Syr-Daria  par  le  Rachgar-Daria,  et  l'Amou-Daria  par  le  Sari-Kol  et  le 
Tachkurgan-Daria. 

A  cette  question  des  voies  de  communications  qui  concerne  les  ré- 
gions intérieures  de  l'Asie,  se  rattache  celle  du  chemin  de  fer,  le  grand 
central  asiatique,  destiné  à  relier  l'Europe  aux  Indes  et  à  la  Chine  ! 

Le  projet  principal,  élaboré  par  quelques  Anglais  et  patronné  par 
M.  Ferdinand  de  Lesseps,  consiste  à  faire  partir  la  voie  ferrée  de  la  dé- 
pression Aralo-Caspienne  pour  l'engager  à  travers  le  vaste  soulèvement 
du  Koh-i-Baba  et  de  l'Hindou-Kouch,  de  Balkh  à  Pechawer.  Mais  si 
nous  nous  rendons  un  compte  exact  de  la  configuration  du  pays,  nous 
voyons  que  c'est  un  massif  énorme,  de  plus  de  3  degrés  de  latitude, 
avec  des  passages  qui  atteignent  souvent  de  11,000  à  12,000  pieds  d'é- 


1 080  GÉOGRAPHIE 

lévation,  des  gorges  étroites  et  sinueuses,  qui  paraissent  ne  devoir  li- 
vrer aucune  place  suffisante  au  chemin  projeté.  Nous  ne  parlons  pas  des 
populations  sauvages  qui  gardent  les  hautes  vallées,  ni  du  climat  excep- 
tionnel de  ces  régions,  qui  ruine  les  constitutions  les  plus  robustes. 

A  ce  projet,  qui  soulève  tant  d'objections,  s'en  oppose  un  autre  plus 
pratique:  c'est  celui  qui  conduirait  la  voie  ferrée  des  bords  de  la  Cas- 
pienne dans  les  vallées  de  l'Atrek  et  de  Hérat,  et  l'engagerait  dans  l'in- 
térieur de  l'Afghanistan  sur  Candahar,  d'où  la  passe  de  Bolan  lui  don- 
nerait entrée  dans  la  grande  plaine  de  l'indus.  Mais  c'est  la  route  la 
plus  facile  qui  conduise  aux  Indes  et  à  Calcutta;  et  les  Anglais  ne  veu- 
lent pas  la  voir  en  partie  au  mains  des  Russes.  Du  reste  Calcutta  pour- 
rait-elle être  une  tête  de  ligne  bien  avantageuse  pour  une  si  longue  et  si 
coûteuse  voie  commerciale?  Calcutta  n'est  en  effet  qu'un  cul-de-sac  pour 
ceux  qui  arrivent  de  l'indus,  comme  Kachgar  pour  ceux  qui  viennent 
du  Lob  Nor.  Or  M.  de  Richthoffen  observe  avec  raison  que,  pour  que 
le  grand  central  asiatique  profite  au  continent  européen  tout  entier  et 
à  la  civilisation,  il  lui  faut  non  s'arrêter  en  chemin,  mais  poursuivre  jus- 
qu'au bout  sa  marche:  et  le  point  extrême  qu'il  doit  nécessairement  at- 
teindre est  l'océan  Pacifique. 

C'est  ce  qui  fait  l'importance  toute  pratique  des  différents  projets 
Russes,  et  surtout  de  celui  du  colonel  Bogdanowitch  qui  s'impose  au- 
jourd'hui à  l'attention  des  géographes  et  des  savants. 

Le  colonel  Bogdanowitch  fait  partir  la  voie  ferrée  d'Ekaterinbourg, 
pour  la  diriger  sur  Troitsk,  Odsk,  Seminspolatik  et  Chumja,  la  con- 
duire jusqu'à  l'extrémité  même  de  la  vallée  de  l'Ili.  C'est  la  région  la 
plus  riche  du  globe  en  gites  métallifères  et  en  bassins  houillers,  restés 
encore  inexplorés  pour  la  plus  grande  partie.  Du  cours  supérieur  de  l'ilion 
contournerait  au  nord  la  Mongolie  pour  prendre  la  grande  voie  à  cara- 
vanes qui,  de  Kiatkha  se  dirige  sur  la  capitale  chinoise.  A  cette  ligne 
principale  se  rattacherait  celle  d'Orenbourg  à  Tachkend  par  un  embran- 
chement sur  Sokmak,  Vernoje  et  Iliskae.  Tachkend  deviendrait  ainsi  un 
centre  de  premier  ordre,  avec  les  ramifications  multiples  que  cette  ville 
enverrait  sur  Khokand,  Andidjan  Kachgar  et  Yarkand  d'une  part,  de 
l'autre  sur  Samarcande,  Boukhara  et  Balkh. 


DESCHAMPS.  —  DE  L'UTILITÉ  DES  VOYAGES  I  OS  I 


M.    BOTKIO 

Membre  de  la  Société  havraise  d'études  A 


LA  GÉOGRAPHIE  DES  SAXONS  ET  LE  POEME  DE  BEO-WULF. 

(EXTRAIT  DU  PROCKS-VEHBAL.) 


—  Séance  du  :il)   août    1 8 7 7  .   — 

M.  Botkine  parle  de  la  géographie  des  Saxons  et  du  poëme  anglo-saxon  de 
Beo-Wulf.  Plusieurs  documents  anglo-saxons  nous  restent,  où  l'on  trouve 
quelques  renseignements  géographiques  curieux  ;  d'abord  le  Chant  du  voya- 
geur, où  sont  consignés  un  certain  nombre  de  laits  intéressant  la  géographie 
Scandinave;  —  la  Chronique  des  Anglo-Saxons,  seul  ouvrage  de  cette  époque 
ayant  une  valeur  historique  sérieuse;  —  l'Histoire  de  Rose,  qui  est  le  plus 
ancien  document  mentionnant  des  faits  géographiques.  On  y  trouve  la  men- 
tion de  deux  voyages  ;  dans  l'un  on  suit  les  côtes  de  Norwège,  on  double  le 
cap  Nord,  on  pénètre  dans  la  mer  Blanche  et  on  trouve  une  rivière  dont  les 
bords  sont  peuplés  de  Finnois  ;  dans  l'autre,  on  entre  dans  la  Baltique  et  on 
arrive  en  Esthonie. —  Enfin  M.  Botkine  parle  du  poëme  de  Beo-Wulf  (dont  il 
a  publié  une  traduction)  qui  a  été  fait  à  une  époque  où  les  Anglo-Saxons 
étaient  encore  en  possession  des  traditions  Scandinaves.  L'action  du  poëme  se 
passe  dans  la  partie  méridionale  de  la  péninsule  Scandinave. 


M.  DESCAMPS 


DE  L'UTILITÉ  DES  VOYAGES  COMME  MOYEN  D'ÉDUCATION. 


—  Séance  du  30  août  1877  — 


1082  GÉOGRAPHIE 


M.  le  Général  PAEMEÎTTIEE 


DE  LA  NÉCESSITÉ  D'UN  VOCABULAIRE  POLYGLOTTE 


—   Séance  du  30  août  1877  — 


Présentation  de  travaux  imprimés 

COMMUNIQUÉS  A  LA  SECTION 


M.  Buisson.  —  Sur  le  tunnel  sous-marin  entre  la  France  et  l'Angleterre. 

M.  Ch.  Hertz.  —  L 'exploration,  1er  semestre. 

M.  G.  Renaud.  La  Revue  géographique  internationale,  lre  année. 

La  Société  de  Géographie   de  Lisbonne.  —  Compte  rendu  de  la  première 
séance. 


Mll.KT.   —   PHÉNOMÈNES  ÉCONOMIQUES  AU    BRÉSIL  1083 


15°  Section 
ÉCONOMIE  POLITIQUE  ET  STATISTIQUE 


Président M.  J--J-  CLAMAGERAN,  Membre  du  Conseil  municipal  de  Paris. 

Vice-PrésideNt.    ...  M.  II.  ROZY,  Professeur  à  la  Faculté  do  droit  de  Toulouse. 

Secrétaire M.  J.  LKFORT,  Avocat,  Lauréat  de  l'Institut. 

Vice-Skcrktairk..  .   .  M.  Cn.  BREUL,  Avocat. 


M.  MILET 

Ingénieur  civil  à  Pemambouc. 


PHÉNOMÈNES  ÉCONOMIQUES  DONT  LE  BRÉSIL  A  ÉTÉ  LE  THÉÂTRE 
DE  1864  A  1870. 

(EXTRAIT   DU   PROnflS-VERBAL.) 


—  Séance  du  Si  août  1877.   — 

M.  Milet,  ingénieur  civil  à  Pernambuco,  montre  que  si  en  1865,  quand 
le  Brésil  fut  obligé  de  défendre  l'intégrité  de  son  territoire,  la  situation  finan- 
cière et  économique  était  très-critique  à  la  fin  de  la  lutte,  en  1869  et  1870 
l'état  du  pays  était  très-prospère  ;  le  mouvement  des  échanges  avec  l'étranger 
avait  augmenté  d'un  tiers  (370  mil  contos  au  lieu  de  29i  mil  contos)  ;  le 
revenu  de  l'État  avait  presque  doublé  (100  mil  contos  au  lieu  de  57)  et  ce  qui 
semble  plus  étonnant  le  change  montait  toujours  ;  sans  s'inquiéter  d'une  nou- 
velle émission  de  40  mil  contos  (plus  de  100  millions  de'  francs)  de  papier- 
monnaie  qui  eut  lieu  en  1869,  il  revenait  à  21,  et  cinq  ans  après,  en  1875, 
il  arrivait  au  pair  de  27  et  le  dépassait  de  3  pour  100  en  janvier  1876.  Le 
papier-monnaie  faisait  donc  prime.  Le  pays  avait  pu  prêter  au  gouvernement 
près  de  500  millions  de  francs  et  payer  en  importations  plus  du  double  de 
ce  qu'il  payait  en  1865.  Il  est  vrai  qu'il  avait  été  emprunté  au  Stock-Exchange 
8  millions  de  livres  sterling  et  que  la  dette  avait  été  augmentée  de  500  mil- 
lions de  francs  ;  mais  de  ces  8  millions  de  livres  la  moitié  était  déjà  rem- 
boursée et  en  définitive  la  moitié  des  dépenses  de  la  guerre  avait  été  payée 
par  l'impôt.  Comment  avait  pu  se  réaliser  ce  phénomène?  L'immense  déve- 
loppement de  l'activité  productive  du  pays  et  la  prospérité  qui  s'en  est 
suivie  étaient  la  conséquence  nécessaire  d'un  fait  économique  entrevu  par 
M.    Goschen  ;    à  savoir  que  [là    où  prédomine  une  circulation  inconvertible, 


I08i  ÉCONOMIE    POLITIQUE  ET  STATISTIQUE 

une  circulation  autonome,  la  baisse  du  change  extérieur  équivaut  à  un  impôt 
prélevé  au  profit  des  exporteurs  et  par  conséquent  des  producteurs  de  den- 
rées d'exportation  sur  tous  les  consommateurs  de  denrées  importées.  Quand  la 
baisse  du  change  ou  la  dépréciation  de  la  monnaie  locale  est  durable  et  fait 
hausser  les  prix  des  produits  nationaux  et  des  capitaux  fixes,  le  bénéfice 
extraordinaire  des  exporteurs  se  trouve  diminué  dans  la  proportion  de  la 
consommation,  mais  cette  hausse  ne  se  produisant  que  petit  à  petit,  il  faut 
un  temps  très-long  pour  que  s'établisse  un  nouvel  équilibre.  Les  producteurs 
de  denrées  d'exportation  ne  sont  pas  les  seuls  à  bénéficier  de  la  baisse;  la 
différence  sur  les  denrées  nationales,  les  terres,  etc.,  constitue  un  impôt  payé 
par  les  détenteurs  du  capital  monétaire  aux  propriétaires  des  autres  éléments 
du  capital  fixe  de  la  société.  Or,  au  Brésil,  de  1805  à  1870  le  change  moyen 
fut  de  18;  par  conséquent  les  consommateurs  brésiliens  ont  payé,  sans  s'en 
rendre  compte,  aux  producteurs  de  denrées  d'exportation  une  subvention  de 
près  d'un  milliard,  lequel  a  permis  de  développer  extraordinairement  la  pro- 
duction et  la  conservation  au  grand  profit  du  commerce,  du  revenu  public  et 
du  bien-être  de  toutes  les  classes  de  la  population. 

DISCUSSION 

M.  Alglave  réclame  l'indication  des  chiffres  concernant  l'importation  et 
l'exportation,  car  ils  sont  nécessaires  pour  juger  une  question  de  change.1 

M.  Nottelle  fait  la  même  demande  :  si  par  la  baisse  du  change  les  pro- 
ducteurs locaux  ont  vu  leur  condition  s'améliorer,  il  importe  de  voir  si  le 
grand  consommateur  des  produits  exotiques  n'a  pas  eu  à  souffrir. 

M.  Clamageran  se  refuse  à  accepter  la  théorie  de  M.  Millet  et  fait  observer 
que  cette  question  ne  peut  être  tranchée  par  des  faits  locaux . 

M.  Milet  répond  que  le  Brésil  est  le  seul  pays  où  l'on  puisse  étudier  la 
question  du  papier-monnaie,  car  c'est  le  seul  pays  où  il  n'est  pas  en  contact 
avec  la  monnaie. 

M.  Alglave  objecte  qu'il  en  faut  dire  autant  de  la  Russie  et  aussi  de 
l'Autriche. 


M.  HOZT 

Professeur  ;'i  la  Faculté  de  droit  de  Toulouse. 


LE  RENOUVELLEMENT  DES  TRAITÉS  DE  COMMERCE. 

(extrait  du  procès-verbal.) 


—  Séance  du  24  août  1877.  — 


M.  Rozv,  s'attache  d'abord  à  montrer,  par  des  chiffres,  que  depuis  la  réforme 
un  peu  timide   opérée  en    1860,  il  s'est  produit   de   très-grands  résultats  :  en 


ROZY.  —   LE  RENOUVELLEMENT  DES  TRAITÉS  DE  COMMERCE  108Ô' 

IN.'iN,  les  importations  atteignaient  1  milliard  600  millions  et  les  exportations 
I  milliard  887  millions;  en  1876  les  premières  s'élevaient  à  3  milliards  3a0 
millions  et  les  dernières  à  3  milliards  560  millions  ;  ainsi  depuis  J8o8  le  mou- 
vement du  commerce  a  presque  doublé.  En  présence  de  ces  chiffres,  il  semble 
oue  l'on  n'ait  plus  qu'à  marcher  en  avant  et  que  toutes  les  réclamations  des 
protectionnistes  ne  puissent  se  produire;  il  n'en  est  pas  ainsi,  et  non-seule- 
ment l'on  a  vu  des  représentants  de  quelques  industries  spéciales  chercher  à 
influer  sur  les  résolutions  de  l'autorité  en  vue  du  prochain  traité  de  commerce 
avec  l'Angleterre,  mais  dans  un  discours  officiel,  M.  Pouyer-Quertier  se  plai- 
gnait de  l'invasion  des  produits  étrangers  ;  il  donnait  pour  l'importation  des 
produits  textiles  dans  les  dix-huit  derniers  mois  un  chiffre  de  200  millions 
(soit  120  à  130  millions  de  salaires  enlevés  aux  ouvriers)  et  se  demandait  ce 
oui  se  produirait  si  les  barrières  qui  existent  encore  étaient  supprimées.  En 
présence  d'affirmations  aussi  nettes  que  celles  de  M.  Pouyer-Quertier,  M.Rozy 
a  voulu  rechercher  si  les  chiffres  qu'il  citait  étaient  exacts  et  il  doit  dire  qu'il 
ne  les  a  trouvés  nulle  part.  Le  tableau  du  commerce  de  la  France  de  1868  à 
1877,  en  effet,  montre  que  si,  pendant  quelques  années,  pour  les  textiles,  le 
coton,  le  chiffre  des  importations  a  dépassé  celui  des  exportations  il  en  a  été 
autrement  à  d'autres  dates,  notamment  en  18(58,  1869,  1870  et  1873.  Ainsi  poul- 
ies cinq  premiers  mois  de  1868,  il  a  été  importé  pour  7,o  17,000  francs  de  tis- 
sus de  coton  et  exporté  pour  20  millions.  Pour  les  autres  textiles,  la  différence 
n'est  pas  moins  sensible  et  les  mêmes  documents  statistiques  prouvent  que 
la  balance  du  commerce  a  été  favorable  à  la  France  ;  ainsi  pour  les  tissus  de 
laine  et  de  chanvre  les  importations  ont  atteint  le  chiffre  de  6  millions  et  les 
exportations  celui  de  13  millions. 

Après  ces  considérations  préliminaires,  M.  Rozy  étudiant  le  régime  à  adop- 
ter se  prononce  pour  celui  de  la  convention  qui  donne  au  commerce  une 
certitude  et  une  stabilité  relatives,  empêche  les  représailles  et  détermine  les 
nations  à  se  faire  des  concessions  réciproques.  Passant  à  la  question  des  tarifs, 
l'orateur  affirme  qu'il  faut  suivre  la  voie  inaugurée  par  les  réformateurs  de 
1860;  on  a  dit,  il  est  vrai,  que  la  concurrence  avec  l'étranger  n'est  pas  pos- 
sible, mais  MM.  F.  Raoul  Duval  et  Balsan  ont  fait  remarquer  que  pour  la  pro- 
duction il  n'y  avait  pas  au  total  un  écart  de  plus  de  3  à  4  0/0  entre  les 
fabricants  anglais  et  les  fabricants  français,  ajoutant  même  que  cet  écart  était 
bien  des  fois  compensé  chez  nous  par  les  frais  de  transport,  de  change,  de 
commission,  etc.  11  est  facile  de  faire  remarquer,  dit  en  terminant  M.  Rozy, 
que,  pour  mettre  à  même  de  concourir,  il  est  essentiel  de  réaliser  bien  des 
réformes  :  reconstitution  de  notre  outillage,  abaissement  des  droits  de  trans- 
port, amélioration  de  la  navigation,   etc. 


1086  ÉCONOMIE   POLITIQUE   ET    STATISTIQUE 


M.  DÏÏBAE, 


LES  TENDANCES  ÉCONOMIQUES  DE  L'EUROPE. 

(extrait  do  procès-verbal). 


—    Séance  du   25   août   1877.   — 

M.  Dubar  déclare  en  commençant  qu'il  est,  sur  un  grand  nombre  de  points, 
d'accord  avec  M.  Rozy  et  notamment  sur  la  nécessité  d'adopter  un  régime  de 
sage  liberté  commerciale  et  que  tout  le  problème  consiste  à  déterminer  les 
limites  de  sa  sagesse.  Rien  n'est  plus  facile  aujourd'hui ,  car  l'expérience  du 
libre-échange  a  été  faite  depuis  1860  et  il  suffit  d'en  constater  les  résultats. 
On  a  fait  ressortir  le  développement  des  échanges  de  la  France  depuis  1860. 
Si  nos  échanges  se  sont  développés  depuis  1860,  ce  résultat  ne  doit  pas  être 
attribué  uniquement  aux  traités  de  commerce.  En  effet,  de  1819  à  1859,  sous 
le  régime  de  droits  élevés,  le  mouvement  de  notre  commerce  extérieur  a  pro- 
gressé de  110  0/0  ;  la  progression  n'a  guère  été  plus  considérable  de  1860  à 
1876,  pendant  seize  ans.  Ce  n'est  donc  pas  aux  tarifs  de  1860  qu'il  faut  attri- 
buer tout  l'honneur  du  développement  de  nos  échanges,  mais  aussi  à  la 
création  de  moyens  de  transport  moins  coûteux  ,  plus  nombreux  et  plus 
rapides. 

M.  Dubar  examine  ensuite  ce  que  sont  devenues  à  l'intérieur  nos  grandes- 
industries:  la  production  métallurgique  a  eu  à  souffrir  beaucoup  de  la  con- 
currence étrangère;  les  industries  textiles  ont  été  fort  maltraitées.  La  France 
qui,  en  1860,  possédait  de  4,500,000  à  4,600,000  broches  de  coton,  n'en  a 
plus  que  4,300,000,  soit  une  perte  de  200,000  à  300,000  broches.  De  1860  à 
1876,  l'Angleterre,  au  contraire,  a  augmenté  de  36,000,000  de  broches  à 
40,000,000.  La  France  reçoit  des  importations  de  filés  et  de  tissus  de  coton 
équivalant  à  la  production  de  3,000,000  de  broches  environ.  —  Pour  l'indus- 
trie linière,  dans  la  seule  ville  de  Lille,  51,500  broches  ont  été  arrêtées  depuis 
deux  ans  et  les  établissements  qui  les  contenaient  restent  vides.  L'industrie  de 
la  laine  a  été  fortement  éprouvée  dans  plusieurs  de  ses  spécialités  et  notam- 
ment dans  les  tissus  mélangés  qui  se  fabriquent  à  Roubaix.  Les  industries 
textiles  françaises  ont  donc  raison  de  s'émouvoir  au  moment  du  renouvellement 
des  traités,  car  la  réforme  de  1860  a  entravé  leur  développement,  qui  aurait  dû 
être  proportionnel  au  progrès  des  industries  similaires  à  l'étranger.  A  l'étranger 
que  voit-on?  C'est  l'Italie  qui  vient  de  signer  un  traite  protectionniste  concer- 
nant des  augmentations  de  droits  sur  les  textiles  à  l'entrée  en  Italie,  sur  les 
vins  à  l'entrée  en  France;  l'Autriche  a  également  rele\é  ses  tarifs;  la  Russie 
a  toujours  eu  des  droits  énormes  et  elle  favorise  par  les  plus  grands  privilèges 
le  développement  des  industries  textiles  ;  on  connaît  les  droits  élevés  de  l'Es- 
pagne. Ainsi  tous  les  pays  moins  avancés  au  point  de  vue  industriel  tendent 
à  nous  fermer  leurs  portes  ;  faut-il  les  ouvrir  plus  grandes  aux   nations  qui 


DUBAR,  —  LES  TENDANCES   ÉCONOMIQUES   DE  L'EUROPE  10*7 

nous  ont  devancés?  Si  l'Angleterre  sollicite  avec  tant  d'ardeur  l'abaissement  du 
tarif  français  sur  les  textiles,  c'est  qu'elle  a  déjà  perdu  ses  débouchés  en  Amé- 
rique et  que  ses  envois  en  Chine  et  au  Japon  diminuent. 

Après  avoir  perdu  le  marché  des  Indes,  où  des  manufactures  ont  été  créées, 
'Angleterre  perdra,  comme  nous  les  marchés  d'Italie  et  d'Autriche.  Comme  il 
lui  faudra  écouler  ses  produits,  elle  songe  au  marché  français  qu'elle  désire 
posséder  tout  entier.  La  Belgique  et  la  Suisse  ne  sont  pas  moins  à  craindre 
pour  nous,  à  cause  de  l'extrême  bas  prix  de  la  main  d'œuvre.  L'Amérique 
commence  déjà  à  envoyer  ses  cotonnades  en  Angleterre  ;  elle  sera  bientôt 
redoutable.  Ainsi  de  tous  côtés  nous  sommes  également  menacés  d'importations 
énormes  de  produits  étrangers  et  de  la  diminution  de  nos  exportations. 

Un  traité  n'est  qu'un  marché  dans  lequel  chacun  cherche  à  obtenir  le  plus 
possible,  en  donnant  le  moins  possible;  or,  dans  le  traité  franco-anglais  nous 
voyons,  à  l'entrée  en  France,  une  réduction  des  droits  de  moitié  sur  les 
houilles  et  les  fers,  une  réduction  en  deux  périodes  de  20  0/0  sur  les  textiles, 
à  l'entrée  en  Angleterre,  une  réduction  de  moitié  des  droits  frappant  nos  vins. 
On  a  démontré  le  danger  de  l'abaissement  des  droits  à  l'égard  de  nos  indus- 
tries; mais  l'avantage  résultant  de  l'exportation  de  nos  vins  vaut-il  la  peine 
que  nous  sacrifions  nos  industries  textiles?  Avec  un  droit  de  27  fr.  HO  par 
hectolitre,  l'Angleterre  est  arrivée  à  nous  demander  306,000  hectolitres,  soit 
moins  de  1  0/0  de  la  production  française;  l'on  ne  peut  espérer  augmenter 
ce  chiffre  avec  une  réduction  de  moitié;  l'Angleterre  n'a  donc  rien  à  nous 
offrir  en  échange  des  sacrifices  énormes  qu'elle  veut  nous  imposer.  Il  serait 
donc  plus  sage  de  maintenir  le  statu  quo  jusqu'au  moment  où  la  France  pourra 
aborder  avec  plus  de  calme  ce  grand  débat  économique.  Sans  vouloir  aller  en 
arrière,  il  est  juste  de  laisser  la  France  se  remettre  des  violentes  secousses 
qu'elle  a  éprouvées  depuis  dix  ans,  de  donner  à  l'industrie  indigène  les  amé- 
liorations qui  lui  avaient  été  solennellement  promises  dans  le  programme  du 
5  janvier  1860.  Loin  d'améliorer  notre  outillage  et  de  faciliter  nos  échanges, 
on  a  sans  cesse  créé  de  nouvelles  taxes,  frappant  directement  nos  producteurs; 
on  a  grevé  de  droits  énormes  nos  transports,  et  l'élévation  des  impôts  de  con- 
sommation a  augmenté  le  prix  de  la  main-d'œuvre.  En  Angleterre,  au  con- 
traire, depuis  1860,  on  a  supprimé  chaque  année  une  taxe;  en  le  comparant 
avec  la  France  on  trouve  que  le  premier  pays  paye  1  million  et  demi  d'impôts 
en  moins.  Ainsi  le  libre  échange  a  été  réalisé  à  la  frontière  avant  de  l'être  à 
l'intérieur  ;  l'œuvre  des  économistes  doit  donc  être  de.contribuer  à  la  suppression 
de  toutes  les  entraves  qui  mettent  nos  producteurs  dans  une  situation  infé- 
rieure à  celle  des  producteurs  étrangers. 

DISCUSSION. 

M.  Milet  proteste  contre  la  théorie  générale  du  libre  échange  au  nom  des 
États  faibles;  là  où  il  n'existe  pas  certaines  industries  nécessaires,  il  faut  les 
créer  et  l'on  ne  pourra  y  arriver  avec  l'application  du  free  trade.  En  industrie 
on  ne  doit  pas  redouter  la  lutte,  mais  il  faut  que  les  armes  soient  égales. 

M.    Frédéric  Passy,  membre  de  l'Institut,  se  déclare  bien  d'accord   avec 


1088  ÉCONOMIE  POLITIQUE   ET    STATISTIQUE 

M.  Dubar  quant  aux  réformes  à  opérer  à  l'intérieur,  mais  il  n'accepte  pas  les 
autres  conclusions.  11  soutient  qu'un  pays  qui  manque  d'industries,  mais  qui 
a  le  bonheur  d'avoir  pour  clients  des  pays  producteurs,  fournissant  à  bas  prix 
les  objets  qui  manquent,  ferait  une  grande  faute  en  s'interdisant  le  droit  de 
recevoir  ces  produits  pour  se  donner  la  vaine  satisfaction  de  créer  des  indus- 
tries qui  ne  vivraient  pas.  Il  contredit  formellement  M.  Dubar  au  sujet  des 
résultats  de  la  réforme  de  1860;  sans  doute,  il  y  a  eu  des  souffrances,  mais 
les  chutes  dont  on  a  fait  tant  de  bruit  ont  été  certainement  compensées  par  des 
augmentations,  et,  en  tout  cas,  elles  ne  sont  pas  la  suite  des  traités  de  1860. 
Pour  le  fer,  en  effet,  on  a  bien  des  fois  constaté  que  ce  qui  a  été  frappé  c'est 
l'industrie  du  fer  au  bois,  et  ce  résultat  est  dû  au  perfectionnement  de  l'indus- 
trie du  fer  à  la  houille  et  au  renchérissement  du  bois  qui  a  rendu  cette 
industrie  impossible.  On  dit  que  si  l'on  abaisse  les  droits,  notre  pays  sera 
inondé;  mais  M.  Passy  ne  croit  pas  à  un  trop-plein  universel  et  constant;  sans 
contredit,  il  peut  y  avoir,  à  certain  moment,  un  encombrement,  mais  il  n'a 
lieu  que  lorsque  des  pays  grèvent  (peut-être  subitement),  à  l'entrée  des  fron- 
tières certains  objets,  et  lorsque  l'on  se  trouve  en  présence  d'un  marché  res- 
treint et  d'objets  fabriqués  en  vue  d'un  marché  ouvert  et  libre.  Non-seulement 
le  libre  échange  a  produit  partout  une  grande  amélioration,  non- seulement  il 
nous  a  mis  dans  un  état  plus  régulier  de  prix  et  d'approvisionnement,  mais 
il  a  créé  une  solidarité  entre  les  nations,  et  par  là  il  a  donné  naissance  à 
une  influence  que  l'on  aurait  tort  de  supprimer. 

M.  Rozy  répond  à  M.  Dubar  que  toute  son  argumentation  reproduit  celle 
qui  a  déjà  été  contestée  en  1860;  à  cette  époque,  les  protectionnistes  préten- 
daient que  la  réforme  devait  ruiner  nos  industries  ;  aujourd'hui,  on  soutient 
qu'une  réduction  dans  les  tarifs  serait  la  destruction  de  plusieurs  branches  de 
l'industrie  française.  Les  prédictions  sinistres  que  l'on  faisait  jadis  ne  se  sont 
pourtant  pas  réalisées;  on  s'est,  en  effet,  outillé;  on  a  déployé  une  activité 
remarquable  et  rien  n'est  compromis.  On  dit,  il  est  vrai,  que  la  France  a  fait 
des  pertes  sérieuses  ;  mais'  M.  Dubar,  qui  s'est  fait  le  champion  du  statu  quo, 
s'est  préoccupé  exclusivement  de  l'industrie  des  tissus;  il  n'a  rien  dit  du  fer 
et  de  la  laine,  et  il  ne  pouvait  rien  dire,  car  ces  industries  n'ont  pas  eu  à 
souffrir  de  la  réforme  de  1860;  de  même,  il  n'a  rien  dit  des  produits  agricoles, 
oubliant  que  la  France  est  un  pays  essentiellement  agricole  et  que  les  traités 
de  1860  ont  beaucoup  contribué  au  développement  de  notre  agriculture.  Les 
protectionnistes  soutiennent,  il  est  vrai,  qu'avant  1860  il  y  a  eu  des  progrès 
dans  le  commerce  et  que,  par  suite,  les  augmentations  qui  se  sont  produites 
dans  les  transactions  sont  une  chose  naturelle,  mais  ils  oublient  d'ajouter  que, 
même  avant  la  réforme  économique,  certaines  barrières  avaient  disparu  dans 
une  certaine  mesure.  La  cause  de  la  liberté  des  échanges,  dit  en  terminant 
M.  Rozy,  est  gagnée,  en  présence  de  l'accroissement  général  de  la  production, 
du  bien-être  et  des  transactions. 

M.  Dubar  tient  à  présenter  quelques  observations  à  l'appui  de  sa  commu- 
nication :  MM.  Passy  et  Rozy  ont  réclamé  une  sage  liberté,  avec  tous  les 
économistes.  On  est  dès  lors  en  droit  de  se  demander  où  elle  commence  et 
où   elle  finit;   il  croit  avoir  précédemment   fixé   ce  point;   il  n'a  pas  voulu 


DUBAR.    —  LES    rENDANCES  ÉCONOMIQUES  DE  LEUROPE  1089 

discuter  les   questions  du  libre  échange  et  de  La  protection,  il  a  simplement 

dit  (]li 'il  fallait  tenir  compte,  dans  le  renouvellement  des  traités  de  commerce 
des  tendances  des  autres  nations,  et  il  ne  tant  pas  que  les  conventions  soient 
laites  à  notre  détriment.  Aussi  se  rallie-t-il  complètement  à  ceux  qui  deman- 
dent que  l'on  lasse  une  enquête  avant  d'abaisser  des  tarifs  qui  ne  pourraient 
ensuite  être  relèves. 

M.  Klipffel,  juge  au  tribunal  de  commerce  de  Béziers,  dans  une  notice  écrite 
pour  la  discussion,  se  propose  de  défendre  le  produit  national  par  excellence, 
le  vin.  M.  Du  bar  a  dit  qu'en  consentant  à  un  rabais  sur  les  vins,  l'Angleterre 
ne  consentait  qu'à  un  sacrifice  illusoire  et  que  l'on  ne  peut  espérer  augmenter 
l'exportation  avec  une  réduction  de  moitié.  Or  nos  exportations  en  vins,  sous 
l'empire  d'un  régime  prohibitif  pour  ceux  de  consommation  commune,  ont 
gagné  plus  de  300  0/0.  Il  est  donc  permis  de  croire  qu'avec  un  droit  réduit  à 
13  fr.  environ  par  hectolitre,  l'on  pourrait  arriver  a  augmenter  nos  exporta- 
tions et  donner  à  un  produit  qui  forme  la  richesse  prépondérante  de  plus  de 
vingt  départements,  une  valeur  réelle  que  souvent  il  perd  par  son  immobili- 
sation forcée,  qui  le  condamne  aux  flammes  des  distilleries.  L'on  a  fait  un  tableau 
alarmant  de  la  situation  de  la  France,  notamment  au  point  de  vue  fiscal;  il 
est  exagéré.  Les  droits  de  circulation  en  France  varient  de  1  IV.  20  à  2  IV.  50 
par  hectolitre  :  les  octrois  ont  divers  tarifs,  dont  celui  de  Paris  est  le  plus 
exagéré,  mais  ils  ne  dépassent  pas  le  chiffre  de  23  fr.  par  hectolitre.  L'orateur 
a  la  conviction  que  si  l'on  pouvait  offrir  au  consommateur  anglais  à  GO  ou 
70  c.  un  litre  de  bon  vin,  l'exportation  prendrait  un  très-grand  développe- 
ment et  les  bénéfices  ainsi  réalisés  indemniseraient  des  pertes  causées  par  le 
phylloxéra.  M.  Klipffel  montre  par  des  chiffres  les  résultats  produits  par 
l'abaissement  des  tarifs  pour  l'Allemagne,  avec  80  fr.  par  100  hectolitres:  l'ex- 
portation est  presque  nulle;  avec  20  fr.  l'on  exporte  plus  de  -400,000  becto- 
litres;  l'Italie  nous  prenait  près  de  300,000  hectolitres  avant  l'augmentation 
des  droits  à  l'entrée,  et  l'exportation  recommencerait  avec  une  réduction  des 
droits  ;  l'Espagne  sera  également  notre  tributaire  lorsque  le  droit  qu'elle  prend 
à  l'entrée  ne  sera  plus  prohibitif. 

M.  Philippe,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  fait  remarquer  que  l'on  a 
très-souvent  vu  demander  la  protection  pour  une  industrie  favorisée  par  la 
nature,  au  détriment  d'une  industrie  qui  n'a  été  créée  qu'à  force  de  labeur  et 
de  persévérance.  Ainsi  la  sucrerie  de  betterave  semble  devoir  être  sous  peu  en 
décadence;  si  le  Brésil,  la  Réunion,  etc.,  voulaient  améliorer  les  procédés  de 
fabrication,  la  lutte  deviendrait  impossible  pour  les  producteurs  français,  notre 
production  sucrière  disparaîtrait  totalement  et  l'on  verrait  alors  nos  fabricants 
demander  protection  contre  les  colonies  et  le  Brésil. 

Réédifiant  ce  qu'a  dit  M.  Dubar  touchant  l'industrie  cotonnière  aux  États- 
Unis,  M.  Fkéd.  Passy  dit  qu'elle  existe  depuis  au  moins  vingt-cinq  ans,  que 
son  développement  considérable  a  pu  être  favorisé  jusqu'à  un  certain  point 
par  la  protection,  mais  que  ce  progrès  devait  nécessairement  se  produire  dans 
un  pays  où  le  coton  croît  naturellement. 

M.  Milet  reconnaît  à  une  nation  le  droit  de  conserver  les  moyens  d'acquérir 
les  objets  qui   lui  manquent;   au  Brésil  il   n'y  a  que  le  sucre  et  le  café  qui 

69 


1090  ÉCONOMIE    POLITIQUE   ET    STATISTIQUE 

soient  capables  de  payer  les  importations  ;  que  l'on  décrète  le  libre  échange, 
ces  industries  péricliteront  et  le  Brésil  sera  privé  de  ressources  nécessaires. 

M.  Clamageran  termine  la  discussion  en  disant  que  le  rôle  des  économistes 
est  de  poser  les  principes,  de  faire  la  théorie,  en  quelque  sorte,  et  qu'il  appar- 
tient au  législateur  de  rechercher  les  tempéraments  à  apporter  et  dans  quelles 
mesures  les  principes  doivent  être  adoptés. 


M.    HIPPEAU 

Secrétaire  du  Comité  des  travaux,  historiques  au  Ministère  dé  l'Instruction  publique. 


SUR  LES  RÉFORMES  A  INTRODUIRE  DANS  L'ÉDUCATION  PUBLIQUE 


—  Séance  du  25  août  /877.  — 

Les  considérations  développées  par  M.  Hippeau,  dans  la  45e  section 
de  l'Association  pour  l'avancement  des  sciences,  ont  donné  lieu  à  une 
discussion  fort  intéressante,  à  laquelle  ont  pris  part  plusieurs  membres  et 
principalement  MM.  Rozy  et  Frédéric  Passy,  d'accord,  du  reste,  avec 
M.  Hippeau  sur  les  améliorations  qu'il  réclame  pour  notre  système 
d'éducation  publique.  Ces  améliorations  doivent  être  introduites  sur  une 
vaste  échelle  dans  un  établissement  que  l'on  s'occupe  en  ce  moment  de 
fonder  sous  le  nom  de  Ville  écolière  dans  une  commune  voisine  de 
Paris,  établissement  sur  lequel  il  se  propose  d'appeler  l'attention  de  la 
section. 

Il  rappelle,  en  commençant,  que  depuis  la  première  session  tenue  à 
Bordeaux  par  l'Association  française,  MM.  de  Quatrefages,  Dumas  et 
Sainte-Claire  Deville  ont  proclamé,  avec  toute  l'autorité  qui  s'attache 
à  leurs  noms,  la  nécessité  d'une  complète  réforme  dans  l'enseignement 
public.  ' 

Attaché  lui-même  pendant  plus  de  quarante  ans  à  l'Université,  il  a  pu 
constater  le  mérite  de  ses  professeurs,  et  les  avantages,  ainsi  que  les 
inconvénients  du  système  d'éducation  qui  s'y  pratique.  Lorsqu'en  4867 
il  fut  appelé  à  faire  valoir  ses  droits  à  la  retraite,  il  jugea  qu'il  ne  pou- 
vait faire  un  meilleur  usage  de  son  temps  que  de  le  consacrer  à  l'étude 
des  différentes  questions  qu'embrasse  la  science  pédagogique. 

Afin  de  pouvoir  avec  plus  d'autorité  signaler  les  lacunes  qui  existent 
dans  notre  système  d'éducation  et  les  améliorations  qu'il  serait  utile  d'y 
introduire,  il  entreprit  d'aller  étudier  les  procédés  et  les  méthodes  en 
vigueur  dans  les  pays  qui  possèdent,  pour  tous  les  degrés  de  l'instruction, 
les  établissements  les  plus  renommés. 


BIPPEAU.  —    RÉFORMES    \    INTRODUIRE  DANS  L'ÉDUCATION  1091 

M.  Hippeau  expose  les  principaux  résultais  de  l'enquête  à  laquelle  il 
s'est  livré  et  qu'il  a  développés  dans  les  ouvrages  qu'il  a  publiés  sur 
l'instruction  publique  aux  Etats-Unis,  en  Angleterre,  en  Allemagne,  en 
Italie,  dans  les  États  Scandinaves  el  en  Russie.  Il  a  pu  juger,  en  con- 
naissance de  cause,  à  l'aide  des  faits  nombreux  qu'il  a  recueillis,  ce  qu'il 
conviendrait  d'emprunter  aux  nations  étrangères,  en  ce  qui  concerne 
l'éducation  et  L'enseignement,  el  quelles  sont  dans  ces  deux  parties  les 
institutions  pour  lesquelles  la  France  conserve  sa  supériorité. 

Il  l'ait  ressortir  la  différence  qui  existe  entre  l'éducation  proprement 
dite,  qui  a  pour  but  la  formation  du  caractère  et  l'instruction  qui  s'oc- 
cupe de  développer  l'intelligence. 

Ces  deux  points  ont  été  aux  svie,  xvn  el  wur3  siècles  traités  d'une 
manière  admirable  par  nos  grand-  écrivains  français.  Les  méthodes  qu'ils 
ont  combattues  comme  pernicieuses  et  celles  qu'ils  ont  préconises 
constituent  la  véritable  science  pédagogique, dont  les  nations  européennes 
se  sont  emparées  pour  en  faire  l'application  dans  leurs  écoles.  La  France, 
qui  a  eu  le  mérite  d'en  établir  les  principes,  s'est  laissé  devancer  dans 
cette  application. 

M.  Hippeau  pense,  avec  les  éminents  écrivains  qui  dans  ce  dernières 
années  se  sont  occupés  de  la  question  des  réformes  de  l'instruction  pu- 
blique, que  la  France  ne  doit  pas  rester  en  arrière  et  que  les  plus  grands 
efforts  devront  être  faits  pour  qu'elle  reprenne  au  milieu  des  peuples,  chez 
lesquels  l'éducation  publique  est  en  progrès,  le  rang  qui  lui  appartient. 

Abordant  les  questions  de  détail,  M.  Hippeau  fait  ressortir  les  diverses 
améliorations  qu'il  serait  facile  d'introduire  dans  l'éducation  publique,  au 
point  de  vue  physique,  au  point  de  vue  intellectuel  et  au  point  de  vue  moral. 

Il  est  difficile  que  nos  grands  établissements,  qui  réunissent  S,  6,  7, 
ou  800  in  ternes,  se  trouvent  dans  les  conditions  requises  pour  assurer 
le  bien-être,  la  santé  et  le  développements  moral  des  jeunes  gens  et  des 
jeunes  lilles.  (En  parlant  de  l'éducation  publique,  M.  Hippeau  ne  sépare 
pas  dans  sa  pensée  la  jeunesse  des  deux  sexes,  et  il  attache  une  impor- 
tance capitale  à  tout  ce  qui  peut  assurer  aux  femmes  le  bénéfice  d'une 
instruction  supérieure.) 

Il  n'est  pas  besoin,  dit-il,  d'insister  ici  sur  les  inconvénients  et  les 
dangers  de  l'internat.  Mais  quant  à  ce  qui  touche  l'enseignement,  les 
réformes  ne  sont  pas  moins  urgentes.  Il  faudrait  songer  à  remédier  à 
l'encombrement  qu'a  introduit  dans  les  programmes  de  l'enseignement 
secondaire,  la  nécessité  d'y  faire  figurer  l'étude  des  sciences  et  celle  des 
langues  modernes,  en  donnant  une  organisation  nouvelle  aux  études, 
en  consacrant,  par  exemple,  comme  l'avait  proposé  M.  Jules  Simon,  à 
l'études  des  langues  anciennes  moins  de  temps  et  surtout  une  méthode 
plus  expéditive. 


1092  ÉCONOMIE    POLITIQUE    KT   STATISTIQUE 

Le  système  qu'il  propose  consisterait  à  donner  aux  élèves,  depuis 
l'âge  où  ils  commencent  leurs  études  jusqu'à  douze  ans,  une  instruction 
ayant  surtout  pour  objet  les  sciences  naturelles  et  physiques,  les  langues 
modernes,  l'histoire,  la  géographie,  etc. ,  etc.,  et  à  ne  leur  faire  commencer 
le  latin  et  le  grec  qu'après  leur  avoir  fait  consacrer  au  moins  quatre 
ans  à  ces  études  préparatoires,  pendant  lesquelles  les  leçons  de  choses 
occuperaient  une  grande  place.  Ces  leçons  de  choses,  qui  forment  aux 
États-Unis  et  en  Allemagne  une  partie  essentielle  de  l'instruction  pri- 
maire, ne  sont  que  l'application  de  la  méthode  naturelle,  de  la  méthode 
intuitive,  qui  n'est  autre  chose  que  l'observation  des  faits  particuliers 
dont  on  arrive  plus  tard  à  formuler  les  lois  générales.  C'est  l'inverse  de 
la  méthode  généralement  employée  en  France,  où  l'on  commence  l'élude 
des  langues  par  l'exposition  de  leurs  règles  grammaticales,  tandis  que  la 
nouvelle  méthode  consiste  d'abord  à  les  parler  pour  ensuite  en  étudier 
la  grammaire. 

Après  avoir  indiqué  les  diverses  améliorations  qu'amènerait  nécessaire- 
ment l'emploi  de  la  méthode  intuitive,  M.  Hippeau  reconnaît  avec  plaisir 
qu'elles  commencent  à  être  comprises  en  France  et  que  c'est  certaine- 
ment leur  adoption  qui  est  la  principale  cause  des  succès  obtenus  à  Paris 
par  l'École Monge  et  l'École  Alsacienne.  Elles  seront  bien  plus  largement 
appliquées,  si  l'honorable  maire  du  Vésinet,  M.  Pallu,  parvient  ù  réaliser 
le  projet  qu'il  a  conçu  d'organiser  dans  cette  commune  sa  Ville  écolière. 

L'auteur  de  ce  projet  a  été  vivement  frappé  des  dangers  que  présen- 
tent les  établissements  qui,  situés  au  milieu  des  grandes  villes,  réunissent 
un  nombre  considérable  d'élèves,  au  détriment  de  leur  santé  et  mal- 
heureusement aussi  de  leur  moralité  :  la  surveillance  est,  dans  ce  cas, 
bien  difficile  et  l'ordre  extérieur  n'y  est  maintenu  qu'au  moyen  d'une 
discipline  sévère.  Ils  y  sont  assujettis  à  des  travaux  qui  leur  enlèvent 
tout  esprit  d'initiative,  et  contraints  de  passer  la  plus  grande  partie  de 
leur  temps  dans  l'immobilité  et  le  silence.  Ils  sont  exposés  à  toutes  les 
misères  que  M.  Victor  Laprade  a  désignées  sous  le  nom  d'éducation  ho- 
micide. D'un  autre  côté,  il  est  cependant  utile  de  réunir  un  assez  grand 
nombre  d'élèves  pour  leur  donner  un  enseignement  commun,  et  entre- 
tenir chez  eux  ce  sentiment  d'émulation,  ce  désir  de  bien  faire,  qui 
sont  les  stimulants  les  plus  puissants  de  la  jeunesse. 

La  solution  du  problème  consiste  à  créer,  non  plus  au  sein  des  villes 
populeuses,  mais  dans  des  localités  largement  pourvues  d'air  et  d'espace, 
de  vastes  établissements,  ne  recevant  que  des  externes,  mais  entourés 
de  Villas  où,  sous  la  surveillance  de  personnes  recommandables  et  choisies 
avec  soin,  dix  à  douze  élèves  seulement  trouveraient  tous  les  avantages  de 
la  vie  de  famille.  C'est  là  précisément  le  système  tutorial  qui,  partout 
où  il  est  mis  en  pratique,  produit  les  plus  heureux  résultats. 


SIEGFRIED.    —    L'ÉCOLE    SUPÉRIEURE    DE    COMMERCE   DU    HAVRE         1003 

M.  Pallu  peut  disposer  au  Vésinetde  quatorze  hectares  de  terrain,  dansla 
partie  la  plus  riante  et  la  plus  saine  de  cette  commune.  Il  y  construira 
tous  les  édifices  nécessaires  à  un  établissement  d'enseignement  primaire, 
secondaire  et  supérieur,  pourvu  d'un  riche  matériel  scientilique,  pos- 
sédant un  observatoire  astronomique,  de  vastes  pavillons  pour  la  phy- 
sique, la  chimie,  la  mécanique,  les  beaux-arts,  l'histoire  naturelle,  la 
musique;  ayant  de  plus  des  salles  pour  la  gymnastique  et  l'escrime; 
des  bains,  un  manège,  des  ateliers  renfermant  les  principales  machines 
qu'emploie  l'industrie  pour  mettre  en  œuvre  les  matières  premières.  Un 
terrain  considérable  sera  réservé  pour  les  études  d'agriculture  et  d'hor- 
ticulture. 

C'est  autour  de  cet  établissement  central,  dont  les  élèves  suivront  les 
cours  comme  externes,  que  se  grouperont  les  élégantes  villas  où  ils 
recevront  l'éducation  de  famille.  Ce  qui  a  engagé  M.  Hippeau  à  étudier 
de  près  un  projet  aussi  intéressant ,  c'est  qu'il  y  a  vu  la  possibilité  de 
réaliser  tout  ce  qu'il  avait  pu  constater  de  meilleur  pour  l'éducation  et 
l'enseignement  dans  les  pays  dont  il  a  visité  les  établissements  scolaires. 

M.  Pallu  se  propose  de  faire  pour  cette  fondation  un  appel  au  patrio- 
tisme de  la  France  ;  il  serait  impossible  de  trouver  ailleurs  des  condi- 
tions aussi  exceptionnelles.  11  a  reçu  de  tous  côtés  des  encouragements 
et  des  témoignages  de  sympathie  qui  lui  font  concevoir  les  plus  grandes 
espérances.  M.  Hippeau  ne  peut  que  faire  des  vœux  pour  son  succès. 

Les  noms  les  plus  distingués  et  les  plus  illustres  dans  la  politique, 
dans  les  lettres  et  dans  les  sciences,  se  sont  empressés  d'appuyer  de 
l'autorité  de  leur  recommandation  une  réforme  qui  sera  un  véritable 
bienfait  pour  les  pères  de  famille  ;  car  depuis  quelques  années  ils  ne 
savent  à  quels  établissements  ils  confieront  l'instruction  et  surtout 
l'éducation  de  leurs  fils. 


M.  Jacques  SIEG-FEIED 


L'ÉCOLE  SUPÉRIEURE  DE  COMMERCE  DU   HAVRE. 


—   Séance  du  25  août   1877.   — 

Les  chemins  de  fer,  les  bateaux  à  vapeur,  les  télégraphes  et  les  traites 
de  commerce  ont  déjà  modifié  dans  une  grande  mesure  les  mœurs 
commerciales  de  la  France  et  sont  appelés  à  y  introduire  encore  de 
nouveaux  changements. 


•1094  ÉCONOMIE   POLITIQUE   ET   STATISTIQUE 

Lorsque  notre  pays  vivait  sous  le  régime  de  la  protection  proprement 
dite,  notre  commerce  était  presque  exclusivement  intérieur.  L'industrie 
française  produisait  à  peu  près  tout  ce  dont  nous  avions  strictement 
besoin,  et  le  rôle  du  négociant  se  bornait  à  servir  d'intermédiaire  entre 
la  production  et  la  consommation  nationales.  Nos  échanges  avec  les 
pays  étrangers,  restreints  aux  matières  premières  que  nous  étions  dans 
l'impossibilité  de  produire  nous-mêmes  et  aux  marchandises  que  les 
étrangers  ne  trouvaient  pas  ailleurs  que  chez  nous,  se  faisaient  par  l'en- 
tremise d'un  petit  nombre  d'armateurs  qui  en  avaient,  en  quelque  sorte, 
le  monopole.  Ce  haut  commerce  était  réglé  presque  uniquement  par 
l'état  de  nos  marchés  intérieurs;  il  subissait  à  peine  l'influence  que  les 
circonstances  générales  exerçaient  sur  ces  produits  à  l'étranger. 

Il  suffisait,  à  cette  époque,  de  bien  connaître  le  marché  français  pour 
être  un  bon  commerçant,  et  l'on  y  arrivait  sans  trop  de  peine,  par  la 
pratique  et  l'expérience  quand  on  était  doué  des  principales  qualités 
nécessaires  au  négociant,  c'est-à-dire  l'honorabilité,  l'esprit  d'ordre, 
l'intelligence  et  le  jugement.  La  routine  jouait  alors  le  rôle  principal. 
Aussi,  le  jeune  homme  qui  se  destinait  au  commerce  n'avait-il  guère 
qu'une  voie  à  suivre.  Dès  qu'il  savait  lire,  écrire  et  bien  calculer,  il 
entrait  vers  l'âge  de  13  ou  14  ans  dans  un  bureau,  à  titre  de  «  volon- 
taire »  ;  il  y  passait  un  certain  nombre  d'années,  s'initiant  successive- 
ment à  la  besogne  de  chacun  des  employés,  se  mettant  au  courant  de 
la  manière  dont  la  «  maison  »  avait  l'habitude  de  traiter  les  affaires, 
apprenant  à  connaître  par  expérience  l'article  le  plus  souvent  unique  ou 
quelquefois  les  articles  dont  son  patron  s'occupait,  et  il  parvenait 
ainsi,  plus  ou  moins  rapidement,  à  la  réputation  de  «  posséder  son 
affaire.  »  Et,  en  effet,  cela  suffisait  pour  arriver  aux  positions  les  plus 
honorables  et  souvent  aux  plus  belles  fortunes. 

Aujourd'hui,  les  choses  ont  complètement  changé.  Les  progrès  de  la 
civilisation  rendent  les  nations  de  plus  en  plus  solidaires  les  unes  des 
autres.  Le  développement  des  échanges,  leur  facilité  relative  et  toujours 
croissante,  font  que  les  fluctuations  dans  la  valeur  d'une  marchandise 
se  répercutent  d'un  pays  dans  tous  les  autres,  que  l'influence  d'une 
récolte  ne  s'exerce  pas  seulement  sur  place,  mais  se  fait  sentir  au  loin , 
qu'enfin  une  crise  commerciale  ou  financière  étend  de  tous  côtés  ses 
effets  plus  ou  moins  accentués. 

Le  négociant  ou  l'industriel  qui,  prenant  son  rôle  terre  à  terre,  s'oc- 
cuperait exclusivement  de  son  voisinage  immédiat,  s'exposerait  aujour- 
d'hui aux  surprises  les  plus  cruelles.  Il  faut  absolument  qu'il  se  tienne 
d'une  façon  générale  au  courant  de  ce  qui  se  passe  dans  les  principaux 
pays  du  monde.  Ce  n'est  plus  contre  la  concurrence  locale  qu'il  doit  lutter: 
les  traités  de  commerce  l'ont  mis  en  présence  de  la  concurrence  universelle! 


SIEGFRIED,    —  L'ÉCOLE   SUPÉRIEURE   DE   COMMERCE   DU   HAVRE         1095 

Les  jeunes  gens  qui  se  destinent  aux  carrières  commerciales  ont  donc 
besoin  aujourd'hui  d'une  préparation  très-étendue.  Il  faut  qu'ils  soient 
non-seulement  à  même  de  s'occuper  des  affaires  françaises  proprement 
dites,  mais  il  faut  encore  qu'ils  connaissent  celles  de  l'étranger.  Ils 
doivent  savoir  ce  que  chaque  pays  produit  et  consomme,  de  quels 
échanges  se  compose  son  commerce  extérieur,  par  quelles  voies  de 
communication  ces  échanges  s'effectuent,  quels  obstacles  leur  opposent 
les  tarifs  de  douane,  quelles  facilités  leur  procurent  les  traités  de  com- 
merce. Il  est  nécessaire  qu'ils  puissent  se  rendre  compte  du  prix  de 
revient,  et  pour  cela  qu'ils  soient  au  courant  des  poids,  monnaies  et 
mesures,  des  principaux  pays  et  des  opérations  d'arbitrage.  Il  faut  qu'ils 
ne  soient  point  étrangers  aux  questions  de  crédit  et  de  finance,  qui 
prennent  une  si  grande  place  dans  le  monde  moderne.  Il  est  bon  même 
qu'une  certaine  connaissance  de  la  politique  leur  permette  de  savoir 
distinguer  les  points  noirs  lorsqu'ils  apparaissent  à  l'horizon. 

Le  champ  dans  lequel  le  négociant  se  meut  aujourd'hui  est  vaste,  on 
le  voit.  Il  est  digne  de  relever  la  carrière  commerciale  dans  l'opinion 
publique  ;  il  exige  en  tout  cas  que  les  jeunes  gens  y  entrent  bien  pré- 
parés. C'est  ce  que  l'on  a  compris  dans  plusieurs  villes  de  France  depuis 
quelques  années. 

On  a  senti  la  nécessité  de  créer  des  écoles  supérieures  spéciales  qui 
fussent  pour  le  commerce  ce  que  sont  pour  d'autres  carrières  l'École 
centrale,  l'École  de  droit,  l'École  Saint-Cyr  ou  l'École  polytechnique. 
Mulhouse  en  1866,  le  Havre  et  Rouen  en  1871,  Lyon  et  Marseille  en 
1872,  enfin  Bordeaux  en  1875,  ont  ouvert  chacune  leur  École  supérieure 
de  commerce,  et,  chose  digne  de  remarque,  partout  l'initiative  de  ces 
créations  a  été  prise  par  les  négociants  eux-mêmes,  qui  n'ont  pas  reculé 
devant  les  sacrifices  nécessaires.  Nous  pourrions  joindre  à  ce  groupe 
l'École  supérieure  de  commerce  de  Paris,  fondée  en  1820  par  Blanqui, 
acquise  vers  1869  par  la  Chambre  de  commerce  de  Paris  et  dirigée  ac- 
tuellement par  M.  Schwaeblé.  Mais  tout  en  donnant  une  large  place  aux 
matières  commerciales,  le  programme  de  cette  école  est  un  peu  trop 
général  pour  pouvoir  être  assimilé  à  celui  des  nouvelles  écoles  spéciales 
dont  nous  nous  occupons  dans  cette  notice. 

Mulhouse  avait  donné  l'exemple  par  une  libéralité  de  100,000  fr.  ;  les 
négociants  du  Havre  se  sont  cotisés  et  ont  réuni  220,000  fr.  ;  ceux  de 
Rouen  250,000  fr.  A  Lyon,  à  Marseille  et  à  Bordeaux  on  a  fait  plus 
encore,  et,  grâce  au  concours  des  Chambres  de  commerce,  des  munici- 
palités et  de  diverses  sociétés  savantes,  la  première  de  ces  villes  a  pu 
consacrer  à  cet  objet  un  capital  de  1,200,000  fr.,  la  seconde  450,000  fr., 
et  la  dernière  une  dotation  annuelle  d'environ  50,000  fr.  N'est-ce  point, 
de    la   part   d'hommes  qui  connaissent  mieux  que  personne  le  prix  de 


409G  ÉCONOMIE    POLITIQUE    ET    STATISTIQUE 

l'argent,  la  meilleure  preuve  de  l'utilité,  de  l'urgence  même  des  écoles 
supérieures  de  commerce? 

Ces  écoles  sont  toutes  constituées  sur  le  même  modèle,  à  peu  de  chose 
près.  Elles  ne  pouvaient  mieux  faire  que  de  suivre  le  programme  éla- 
boré par  la  société  industrielle  de  Mulhouse  ci  si  bien  mis  en  pratique 
par  le  docteur  Penot.  Elles  ne  diffèrent  que  par  quelques  cours  acces- 
soires inspirés  par  les  besoins  locaux  et  qui  traitent  au  Havre,  d'arme- 
ment, à  Marseille  d'hygiène,  de  langue  arabe  et  de  grec  moderne,  à 
Lyon  des  devoirs  du  négociant,  à  Rouen  de  microscopie  et  de  tarifs  de 
chemins  de  fer.  Les  grands  cours  fondamentaux  ont,  dans  toutes  ces 
écoles,  le  même  objet,  c'est-à-dire  le  bureau  commercial  proprement 
dit,  la  géographie,  l'étude  des  marchandises,  l'économie  politique  et  la 
législation  commerciale,  enfin  les  langues  modernes. 

L'École  supérieure  de  commerce  du  Havre,  sur  laquelle  nous  désirons 
surtout  appeler  l'attention  aujourd'hui,  a  son  siège  rue  Ancelot,  n°  21. 
Elle  est  administrée  par  un  Conseil  composé  de  négociants,  d'armateurs 
et  de  banquiers.  Elle  a  pour  directeur  M.  Hippolyte  Vannier,  ancien 
négociant,  bien  connu  par  ses  ouvrages  de  comptabilité  et  d'arbitrages 
édités  chez  Delagrave.  C'est  une  école  tout  à  fait  spéciale,  comme  l'in- 
dique avec  soin  son  prospectus.  Les  jeunes  gens  qui  désirent  suivre  ses 
cours  doivent,  à  moins  d'être  porteurs  du  diplôme  de  bachelier,  prouver, 
en  subissant  un  examen  d'entrée,  que  leur  instruction  générale  est  ter- 
minée. Cet  examen  porte  sur  la  langue  française,  sur  l'arithmétique  et 
sur  les  éléments  de  mathémathiques,  de  géographie,  et  de  chimie.  Les 
élèves  sont  admis  à  l'âge  de  lo  ans.  et  l'âge  moyen  des  jeunes  gens  qui 
fréquentent  l'École  du  Havre  est  de  17  à  18  ans.  A  cette  époque  de  la 
vie,  on  doit  prendre  l'habitude  de  se  diriger  soi-même.  Aussi  l'École 
est-elle  un  externat.  Toutefois,  la  sollicitude  et  les  bons  conseils  du  di- 
recteur n'abandonnent  jamais  les  élèves,  et  M.  Vannier  sait  toujours  leur 
indiquer  des  familles  honorables  où  ils  peuvent  trouver  le  logement  et 
la  pension.  La  durée  des  études  proprement  dites  est  de  deux  ans. 

Le  Bureau  commercial  forme  la  base  de  l'enseignement.  11  est  pro- 
fessé par  M.  Vannier  et  par  son  sous-chef  de  bureau,  M.  Leprince,  ancien 
élève  de  l'école.  On  y  consacre  douze  heures  par  semaine  dans  chacune 
des  divisions.  Dans  la  première  année  on  enseigne  les  notions  élémen- 
taires du  commerce  et  de  la  comptabilité,  depuis  le  calcul  pratique,  la 
facture,  le  compte  de  vente,  les  effets  de  commerce,  les  bordereaux,  les 
calculs  d'intérêts,  les  différentes  manières  de  dresser  les  comptes  cou- 
rants, etc.,  etc.,  jusqu'à  la  tenue  des  livres  inclusivement  :  livre  de 
caisse,  journal,  grand-livre,  etc.  Dans  la  deuxième  année ,  les  élèves 
dressent  des  bilans  et  des  inventaires;  ils  se  familiarisent  avec  les  opéra- 
tions  de   changes    et  d'arbitrages,   Jes  prix  de  revient,    les  usages  du 


SIEGFRIED.    —   L'ÉCOLE    SUPÉRIEURE    DE    COMMERCE    DU    HAVRE         1091 

commerce  dans  les  principaux  pays  «lu  monde,  et,  lorsque  toutes  ces 
notions  importantes  leur  sont  acquises,  ils  simulent  des  établissements 
en  France  et  à  l'étranger,  rédigent  et  «'changent  des  lettres  d'affaires  et 
l'ont  entre  eux  des  opérations  commerciales  et  financières  qui  se  com- 
plètent les  unes  les  autres,  dans  les  monnaies,  poids  et  mesures  des 
divers  peuples. 

La  Géographie  commerciale  est  traitée  d'une  façon  complète.  Elle  a 
pour  objet  la  production  agricole,  minérale  et  manufacturière  des  diffé- 
rents pays,  les  centres  manufacturiers  et  commerciaux,  les  ports  de  nier, 
les  chemins  de  fer,  les  rivières  et  les  canaux,  les  importations  et  les 
exportations,  en  un  seul  mot,  le  commerce  du  monde  entier.  Chaque 
pays  est  envisagé,  non-seulement  à  son  point  de  vue  particulier,  mais  il 
est  en  outre  le  sujet  d'une  étude  comparative  qui  permet  aux  élèves  de 
se  rendre  compte  du  rang  qu'il  occupe;  pour  chacun  des  éléments  qui 
constituent  les  grands  courants  commerciaux  du  monde.  Ce  cours  com- 
prend trois  heures  par  semaine  pour  chaque  classe;  il  est  fait  par 
M.  Metgé,  que  les  malheurs  politiques  de  l'Alsace  ont  pu  seuls  décider 
à  quitter  les  nombreux  élèves  qui  le  chérissaient  à  Mulhouse. 

Pour  initier  à  l'étude  des  marchandises  et  des  matières  premières, 
aucune  ville  n'est  plus  favorisée  que  le  Havre  qui  est  un  entrepôt  uni- 
versel. Chaque  produit  est  étudié  non-seulement  au  point  de  vue  de  ses 
qualités  distinclives  et  de  ses  emplois,  mais  encore  du  mode  sous  lequel 
il  se  présente  au  commerce  et  de  la  manière  dont  les  courtiers  en  esti- 
ment la  valeur  et  en  fixent  le  prix.  Le  professeur  indique  et  compare  les . 
différents  centres  de  production,  d'échange  et  de  consommation  de  chaque 
marchandise  et  il  achève  ainsi  de  répandre  la  clarté  dans  l'esprit  de 
l'élève  sur  les  notions  que  lui  a  déjà  fournies  le  cours  de  géographie 
commerciale.  Pour  donner  à  cette  étude  des  marchandises  une  tournure 
tout  à  fait  pratique,  on  a  soin  de  conduire  de  temps  en  temps  les  élèves 
sur  les  quais,  dans  les  docks  et  dans  les  magasins  généraux.  C'est 
M.  Fleury,  courtier  de  commerce  au  Havre  qui  a  bien  voulu  concourir 
au  succès  de  l'école  en  se  chargeant  de  ce  cours  auquel  il  consacre  trois 
heures  par  semaine  dans  chacune  des  deux  années. 

Il  est  bon  que  les  jeunes  gens  qui  se  destinent  au  commerce  déve- 
loppent leur  jugement  en  étudiant  les  principes  fondamentaux  de 
Y  Économie  politique  touchant  la  production,  la  circulation,  la  consom- 
mation et  le  crédit.  Il  est  utile  aussi  qu'ils  connaissent  les  droits  que 
leur  confère  et  les  obligations  que  leur  impose  la  législation  commerciale. 
Ces  deux  cours  sont  professés  à  l'École  du  Havre  ,  par  M.  Haumont , 
avocat,  auquel  l'École  de  commerce  réserve  deux  heures  par  semaine 
dans  chaque  division. 

Le  cours  d'armement  est  professé  par  M.  Lelaidier,  notre  savant  ingé- 


1098  ÉCONOMIE   POLITIQUE   ET   STATISTIQUE 

nieur.  Il  se  fait  en  deuxième  année  seulement  et  ne  comprend  que 
deux  heures  par  semaine.  Son  objet  est  de  donner  aux  élèves  des  idées 
générales  sur  la  construction,  le  jaugeage,  l'armement,  en  un  mot  sur 
la  direction  commerciale  des  navires  à  voile  et  à  vapeur. 

Si  le  rôle  de  la  calligraphie  est  modeste,  il  n'en  est  pas  moins  de  la 
première  importance,  c'est  par  leur  écriture  que  les  employés  d'une 
maison  de  commerce  ou  de  banque  attirent  en  premier  lieu  l'attention 
de  leurs  patrons.  L'École  du  Havre  a  donc  tenu  à  inscrire  la  calligra- 
phie dans  son  programme  et  elle  y  consacre  une  à  deux  heures  par 
semaine  dans  chaque  classe.  M.  Archinard  qui  en  était  chargé,  vient  de 
mourir  emportant  les  regrets  de  tous  ceux  qui  l'ont  connu. 

Enfin,  les  langues  vivantes  tiennent  une  grande  place  dans  l'enseigne- 
ment commercial.  On  s'en  occupe  au  point  de  vue  pratique  plutôt  que 
sous  le  rapport  littéraire.  Les  futurs  négociants  doivent  savoir  compren- 
dre un  interlocuteur  étranger  et  lui  exprimer  leurs  pensées  ;  ils  doivent 
pouvoir  correspondre,  sinon  d'une  façon  élégante,  du  moins  avec  clarté 
et  précision.  La  langue  anglaise  est  tellement  indispensable  dans  les 
affaires  que  l'École  du  Havre  y  consacre,  par  l'entremise  de  M.  Mor- 
dacque,  quatre  heures  par  semaine  dans  chaque  division. 

Elle  exige,  en  outre,  que  l'élève  étudie,  pendant  trois  heures  par 
semaine,  une  autre  langue  étrangère,  soit  l'allemand,  avec  M.  Hoffmann, 
soit  l'espagnol,  avec  M.  Carabello. 

En  résumé,  le  programme  de  l'École  supérieure  de  commerce  du 
(  Havre  est  appliqué  comme  suit  : 

Heures  par  semaine. 
lrc  année.    2e  année. 

Bureau  commercial 12  12 

Géographie  commerciale 4  3 

Étude  des  marchandises  et  matières  premières.   .   .  3  3 

Législation  commerciale  et  économie  politique  ...  2  2 

Cours  d'armement 0  2 

Calligraphie • 2  4 

Anglais ■ 4  4 

Allemand  )         ,    .     ,    ,,,„  Q  o 

}  au  choix  de  1  élevé 3  3 

Espagnol   ) 

Études 16  16 


Total  des  heures  par  semaine 46 


46 


Pendant  la  durée  de  l'année  scolaire,  les  élèves  sont  fréquemment 
examinés  sur  chaque  sujet  traité  par  les  professeurs  et  des  compositions 
ont  lieu  dans  chaque  trimestre. 

A  la    fin   de  la  deuxième  année  d'études  un  examen  général  et  oral 


SIEGFRIED.    —    ÉCOLE    SUPÉRIEURE    DE    COMMERCE   DU    HAVRE  4009 

est  fait  par  un  jury,  composé  des  professeurs  de  l'École,  des  membres 
du  Conseil  d'administration,  de  délégués  de  la  Chambre  de  commerce 
et  de  la  municipalité.  Les  élèves  qui  subissent  cette  épreuve  d'une  façon 
satisfaisante,  reçoivent  un  diplôme  de  capacité,  dont  la  valeur  sera  de 
plus  en  plus  appréciée  par  les  chefs  de  maison  à  cause  de  la  sévérité  qui 
préside  aux  examens.  L'École  du  Havre  a  la  conviction  que  son  avenir 
dépend  du  prix  que  le  public  attachera  à  ce  diplôme  et  elle  ne  le 
décerne  qu'à  ceux  qui  en  sont  réellement  dignes. 

On  voit,  d'après  la  description  complète  que  nous  venons  de  faire, 
combien  cette  création  est  excellente.  Il  lui  manque  toutefois  une  chose 
pour  que  son  succès  soit  complet.  Elle  n'a  pas  assez  d'élèves.  Le  prix  de 
rétribution  de  ses  cours  est-il  peut-être  considéré  comme  un  peu  élevé 
(il  est  de  600  francs  par  an).  Ou  plutôt  cet  enseignement  n'est-il  pas 
trop  nouveau  pour  que  ses  avantages  soient  bien  compris  par  les  pères  de 
famille  qui,  en  France,  ont  beaucoup  de  peine  à  se  prêter  aux  innova- 
tions ?  Quoi  qu'il  en  soit,  la  vérité  est  que,  depuis  sa  fondation,  l'École 
du  Havre  a  reçu  160  élèves  et  qu'en  moyenne  elle  a,  outre  ses  cours 
préparatoires,  40  élèves  dans  ses  deux  divisions  proprement  dites.  C'est 
évidemment  trop  peu.  Aussi  avons-nous  vu  avec  joie  les  corps  officiels 
donner  successivement  leur  approbation  à  cette  utile  création,  la  Cham- 
bre de  commerce  en  votant  en  faveur  de  l'École  4  bourses,  la  municipa- 
lité 5,  le  Conseil  général  2 ,  enfin  le  ministre  du  commerce  3.  Nous 
pouvons  espérer  que  ces  témoignages  officiels  contribueront  à  convaincre 
les  pères  de  famille  ;  nous  comptons  aussi  que  les  succès  des  élèves,  qui 
tous  ont  réussi  à  se  placer  rapidement  dans  des  maisons  de  commerce 
ou  de  banque  et  qui  arriveront  relativement  vite  à  occuper  de  belles  posi- 
tions, sera  pour  le  recrutement  futur  de  l'École  supérieure  du  commerce 
du  Havre  la  meilleure  des  réclames.  Nous  nous  en  rapportons  à  la 
Société  amicale  des  anciens  élèves  de  l'École  qui  s'est  constituée  en 
187o  et  dont  les  sentiments  de  reconnaissance  envers  leurs  professeurs 
et  envers  l'Ecole  sont  déjà  la  plus  douce  récompense  de  ceux  qui  se 
sont  voués  de  tout  leur  cœur  à  cette  œuvre  d'utilité  publique. 


1100  ÉCONOMIE   POLITIQUE    ET    STATISTIQUE 


M.  MOZ 

Avocat  à  l.i  Cour  d'appel,  Docteur  en  droit,  Lauréat  de  l'Institut, 


DE  LA  MARINE  MARCHANDE  ET  DE  SON  RELEVEMENT. 


—  Séance  du  27  août  1877.  — 

Il  est  constant  que  la  marine  marchande  de  la  France  est  en  pleine 
décadence.  Jusqu'en  1866,  elle  occupait  le  troisième  rang  parmi  les 
marines  du  monde.  Elle  vient  aujourd'hui  au  sixième  rang,  ainsi  que 
le  constate  la  statistique  suivante,  dressée  au  31  décembre  1875,  qui 
indique  le  tonnage  afférent  à  chaque  pays  : 

Angleterre 7,631 ,593  tonnes. 

États-Unis 2,880,973      — 

Norwége  et  Suède 1,843,483      — 

Italie 1,264,012      — 

Allemagne 1,052,201       — 

France 953,963      — 

Pour  comprendre  à  quel  mal  est  en  proie  la  marine  française,  il  faut 
ajouter  qu'elle  a  perdu  200,000  tonnes  depuis  1872,  tandis  que  la  Suède 
gagnait  357,000  tonnes  et  l'Italie  164,000.  11  faut  enfin  tenir  compte  de 
ce  fait  que  la  plus  grande  partie  de  notre  marine  à  vapeur  est  subven- 
tionnée. 129,000  tonneaux  sont  représentés  par  les  six  grandes  compa- 
gnies postales  auxquelles  l'État  accorde  un  subside  annuel  de  26  mil- 
lions. Que  l'État  cesse  d'étendre  sa  main  secourable  sur  la  marine  à 
vapeur,  et  celle-ci  sera  réduite  à  un  peu  plus  de  150,000  tonneaux. 

Les  causes  du  mal  dont  notre  marine  est  atteinte  sont  de  deux  sortes  : 
les  unes  tiennent  au  sol  de  la  France  ainsi  qu'au  caractère  et  aux  mœurs 
de  ses  habitants,  les  autres  tiennent  au  régime  commercial  inauguré  eu 
1860. 

Il  est  certain  que  notre  littoral  est  moins  propre  à  alimenter  une 
marine  nombreuse  que  le  littoral  de  l'Angleterre,  de  la  Suède  et  de 
l'Italie.  Pourquoi?  Parce  qu'il  est  trop  fertile.  Le  Picard,  le  Normand,  le 
Gascon,  le  Provençal  hésiteront  toujours  à  abandonner  leur  pays  d'ori- 
gine, où  une  législation  démocratique  leur  permet  d'acquérir  un  mor- 
ceau de  terre,  pour  entreprendre  le  métier  âpre  et  périlleux  de  la  navi- 
gation. 

D'autres  raisons  empêchent  la  classe  instruite  et  riche  de  diriger  vers 
la  mer   ses  capitaux   et    son    intelligence.    On   exalte    beaucoup  l'esprit 


bROZ.  —  IH.  LA  MAHIM  MARCHANDE  ET  DK  SON  RELEVEMENT    M'M 

d'économie  qui  règne  en  France  ;  ou  répète  à  l'envi  que  dans  notre  pays 
chacun  a  le  désir  d'amasser.  Il  faudrait  savoir  si  ces  qualités,  d'ailleurs 
précieuses,  n'ont  pas  pour  effet  d'éteindre  l'esprit  d'initiative  et  d'entre- 
prise. Peut-être  les  pères  ont-ils  trop  à  cœur  de  préparer  à  leurs  en- 
fants un  moelleux  oreiller.  Ceux-ci,  faute  de  stimulant,  végètent 
toute  leur  vie  plutôt  que  de  courir  les  hasards  de  la  fortune. 

A  côté  de  ces  considérations  générales,  il  y  en  a  d'autres  plus  parti- 
culières  qui  expliquent  l'intensité  du  mal  actuel.  C'est,  en  somme,  l'éta- 
blissement suhit  de  la  liberté  commerciale  qui  a  suspendu  nos  arme- 
ments, dépeuplé  nos  chantiers.  L'abaissement  des  surtaxes  d'entrepôt, 
la  suppression  des  surtaxes  de  pavillon  a  révélé  l'impuissance  de  notre 
marine  à  lutter  contre  les  marines  rivales. 

Personne  ne  peut  songer  à  rétablir  les  anciennes  surtaxes.  Il  y  a 
plus  d'un  obstacle  à  leur  rétablissement,  dont  le  principal  serait  le  refus 
catégorique  des  nations  étrangères.  Ce  serait,  eu  outre,  le  renchérisse- 
ment par  voie  de  conséquence  de  tous  les  produits  importés.  Les  cotons 
du  Brésil,  les  cuirs  du  Chili,  le  riz  de  la  Chine  coûteront  d'autant  plus 
que  le  prix  sera  surélevé.  De  quel  droit  imposer  aux  consommateurs 
une  dépense,  sous  prétexte  que  les  armateurs  doivent  vivre?  11  faut 
tâcher  de  remédier  au  mal,  tout  en  respectant  le  principe  salutaire  de 
la  liberté  commerciale. 

La  première  réforme  qu'il  y  ait  à  indiquer  est  une  réforme  dans 
l'éducation  nationale.  C'est  une  idée  fausse  qui  s'est  emparée  de  la 
bourgeoisie  française  que  de  destiner  la  majeure  partie  de  ses  enfants 
aux  professions  prétendues  libérales.  11  faudrait  créer  des  établissements 
analoguesaux  écoles  réelles  des  Allemands.  On  peut,  à  cet  égard,  pren- 
dre pour  types  l'école  Turgot,  à  Paris,  ou  encore  l'école  de  commerce 
dont  la  ville  du  Havre  est  redevable  à  MM.  Siegfried. 

A  côté  de  la  direction  qu'un  gouvernement  peut  imprimer  aux  voca- 
tions, il  est  une  autre  tâche  qui  lui  est  dévolue  :  nous  voulons  parler 
de  l'appropriation  des  lois  aux  besoins  nouveaux  qui  se  révèlent.  Notre 
code  de  commerce,  qui  n'est  guère  que  la  reproduction  de  l'ordonnance 
de  1681,  a  vieilli.  Il  est  aux  difficultés  juridiques  ce  qu'un  règlement 
du  temps  de  Vauban  serait  à  l'art  militaire.  Il  y  a  nécessité  de  réviser 
un  à  un  les  300  articles  dont  se  compose  le  livre  II  du  Code  de  commerce. 

La  réforme  doit  porter  non-seulement  sur  les  lois  commerciales,  mais 
sur  les  lois  de  police  et  sur  les  .lois  d'impôt.  Il  faut  aussi  que  le  fisc 
impose  une  borne  à  ses  violents  appétits.  Enfin,  le  ministre  des  affaires 
étrangères  doit  apporter  une  attention  scrupuleuse  dans  le  choix  des 
consuls,  et  le  ministre  des  travaux  publics  doit  donner  ses  soins  assidus 
à  l'entretien  et  à  l'amélioration  des  ports.  Néanmoins,  ces  mesures,  dont 
chacune  serait  en  soi  bienfaisante  et  dont  l'ensemble  ne  laisserait  pas  que 


1102  ÉCONOMIE   POLITIQUE   ET    STATISTIQUE 

d'avoir  une  certaine  efficacité,  ne  peut  pas  transformer  du  jour  au  len- 
demain la  marine,  guérir  instantanément  ses  souffrances.  Deux  remèdes 
ont  été  proposés,  dont  l'action  serait  plus  immédiate  :  la  création  d'une 
banque  maritime,  et  l'allocation  aux  armateurs  ainsi  qu'aux  construc- 
teurs des  subventions  appelées  primes. 

La  marine  plus  qu'aucune  autre  industrie  a  besoin  de  capitaux.  On  a 
voté,  il  y  a  quelques  années,  une  loi  sur  l'hypothèque  maritime,  qui, 
dans  la  pensée  de  ses  auteurs,  devait  fournir  aux  armatcursjle  moyen 
d'obtenir  du  crédit.  C'a  été  une  déception  amère.  Dans  quelques-uns  de 
nos  plus  grands  ports  le  registre  sur  lequel  devaient  être  inscrits  les  prêts 
sur  hypothèque  maritime  est,  à  l'heure  où  nous  parlons,  vierge  d'inscrip- 
tions. Le  total  des  quelques  prêts  consentis  s'élève  à  une  somme  insi- 
gnifiante. On  a  attribué  cette  impuissance  de  l'hypothèque  maritime  à  la 
limitation  du  taux  de  l'intérêt.  Car  la  mobilité  du  gage,  la  dépréciation 
rapide,  l'indemnité  le  plus  souvent  incomplète  de  l'assurance,  l'éven- 
tualité des  contestations  en  cas  de  sinistre  ces  divers  motifs  devaient 
empêcher  le  capitaliste  de  prêter  au  taux  maximun  de  6  0/0.  Qu'il  y  ait 
lieu  d'abroger  la  loi  de  1807  en  ce  qui  concerne  la  marine  marchande, 
cela  nous  semble  évident.  Toutefois  cette  abrogation,  qui  permettrait  à 
la  marine  de  s'endetter,  serait-elle  d'un  secours  bien  efficace  pour  son 
relèvement?  Nous  en  "doutons.  Si  l'on  ne  peut  reprocher  aux  capita- 
listes d'exiger  des  armateurs  une  rémunération  élevée  de  leur  argent, 
en  raison  des  risques  que  peut  offrir  le  prêt  qu'ils  consentent,  d'autre 
part  il  faut  que  les  armateurs  s'interdisent  sévèrement  les  emprunts 
onéreux.  Ils  n'ont  pas  le  moyen  d'ajouter  à  leurs  frais  généraux  le  ser- 
vice d'intérêts  usuraires.  Nous  pensons  que  l'État  pourrait,  par  des 
subventions,  des  garanties  d'intérêt,  l'autorisation  d'émettre  des  valeurs 
à  lots,  favoriser  l'établissement  d'une  banque  maritime.  De  même  que  le 
Crédit  foncier  a  été  institué  en  vue  de  l'agriculture,  le  Crédit  maritime 
aurait  pour  but  de  venir  en  aide  à  la  marine.  Toutefois,  alors  même  que 
des  combinaisons  ingénieuses  abaisseraient  le  taux  de  l'intérêt  et  per- 
mettraient l'amortissement  du  capital,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que 
le  crédit  est  exclusivement  à  l'usage  de  ceux  qui  prospèrent.  Si  le  Cré- 
dit foncier  a  été  beaucoup  plus  utile  à  l'industrie  du  bâtiment  qu'à 
l'agriculture,  c'est  que  celle-ci  ne  pouvait  profiter  de  l'offre  qu'on  lui 
faisait  de  mettre  un  capital  à  sa  disposition,  moyennant  le  paiement 
annuel  de  5,70  0/0  (intérêt  et  amortissement  compris),  quand  elle  ne 
pouvait  gagner  que  3  ou  3  1/2.  Bref,  nous  acceptons  l'idée  d'une  banque 
privilégiée,  mais  sans  nous  faire  trop  d'illusions  sur  l'efficacité  des 
services  qu'elle  pourra  rendre.  Surtout  nous  nous  défionsdes  créations 
d'apparence  grandiose.  Si  l'on  pourvoit  une  banque  d'un  gros  capital, 
il  est  à  craindre  que  cet  établissement  ne  se  lance  dans  des  opérations 


DR0Z.  —  DE  LA  MARINE  MARCHANDE  ET  DE  SON- RELÈVEMENT    1103 

n'ayant  rien  de  maritime,  par  la  simple  raison  que  tout  corps  organisé 
lutte  pour  sa  conservation.  Mieux  vaudrait  que  l'Etat  s'entendît  avec 
une  banque  ayant  à  ses  débuts  un  capital  modeste,  laquelle  ne  pour- 
rait prendre  de  développement  qu'eu  raison  des  services  qu'elle  rendrait 
et  serait  tenue  pour  croître  d'être  fidèle  à  la  loi  de  son  institution. 

Nous  arrivons  à  la  grosse  question,  qui  déjà  a  donné  lieu  à  des  con- 
troverses épiques,  la  question  des  primes.  Il  est  clair,  nous  dit-on,  que 
notre  marine  agonise.  Encore  quelques  années,  et  il  faudra  rédiger  son 
épitaphe.  Un  seul  moyen  nous  est  offert  pour  la  sauver,  c'est  d'accorder 
aux  armateurs  et  constructeurs  une  subvention  de  l'Etat.  Déjà  cette 
subvention  est  accordée  à  la  grande  pêche  sous  les  trois  formes  sui- 
vantes :  prime  de  50  fr.  accordée  aux  armateurs  par  homme  d'équipage 
et  par  campagne;  prime  de  20  fr.  assurée  aux  mêmes  par  quintal  de 
morue  rapporté  ;  droit  de  48  fr.  dont  est  grevé  tout  quintal  de  poisson 
salé  provenant  des  pêches  étrangères.  Si  l'on  ajoute  aux  primes  directes, 
qui  sont  de  200  fr.  environ  par  tonne  et  par  campagne,  le  bénéfice 
indirect  provenant  du  droit  presque  prohibitif  dont  est  frappée  la  mar- 
chandise étrangère,  on  arrive  à  une  subvention  annuelle  d'environ 
500  fr.  accordée  aux  armateurs  de  grande  pêche  pour  chacun  des 
hommes  qu'ils  emploient.  Il  s'agit  d'accorder  à  la  navigation  de  com- 
merce des  faveurs  à  peu  près  identiques. 

On  ne  saurait  dissimuler  que  cette  proposition  est  de  nature  à  sou- 
lever les  objections  les  plus  graves.  L'industrie  de  l'armement,  si  inté- 
ressante qu'elle  soit,  n'est  qu'une  industrie  privée  ;  de  quel  droit  l'en- 
tretenir aux  dépens  du  budget?  Si  vous  subventionnez  les  armateurs, 
pourquoi  repousser  les  filateurs  et  les  propriétaires  de  hauts-fourneaux? 
est-ce  que  leur  industrie  n'est  pas  nationale?  ne  contribue-t-elle  pas  à 
la  richesse  du  pays?  ne  fait-elle  pas  vivre  des  milliers  de  familles?  ne 
peut-elle  pas  en  temps  de  guerre,  par  exemple,  pour  fournir  des  vête- 
ments et  des  armes,  contribuer  à  la  défense  de  l'Etat?  C'est  bien  la 
peine  d'avoir  imaginé  le  libre  échange,  prôné  la  concurrence,  pour  faire 
payer  ensuite  aux  consommateurs  sous  forme  d'impôt  ce  qu'ils  payaient 
sous  forme  de  renchérissement  produit  par  les  surtaxes  !  D'ailleurs,  êtes- 
vous  certain  que  ce  sacrifice  ne  sera  pas  perdu?  que  la  marine  pourra 
grâce  aux  subventions  se  relever?  que  l'aumône  dont  profiteront 
quelques  armateurs  aux  abois,  suscitera  des  efforts  proportionnés  au 
sacrifice?  Si  graves  que  soient  ces  objections,  elles  ne  nous  paraissent 
pas  péremptoires. 

Il  est  vrai  que  toute  loi  nouvelle  laisse  une  part  à  l'inconnu.  Notre 
marine,  grâce  aux  mesures  proposées,  retrouverait-elle  une  énergie,  une 
vitalité  nouvelles  ?  Il  n'est  pas  possible  de  faire  autre  chose  que  des 
prévisions.  Une  subvention  annuelle  de  8  millions  suffirait,  d'après  les 


ilOi  ÉCONOMIE    POLITIQUE    El    STATISTIQUE 

calculs  de  M.  Lecesne,  pour  qu'on  accordât  à  chaque  navire,  par  an  et 
par  tonne,  une  subvention  graduée  ainsi  suivant  son  âge  et  suivant  le 
capital  qu'il  représente  approximativement  : 

De    4  à    G  ans 25  fr.  la  tonne  ayant  une  valeur  de  500  l'r. 

De    6  à  12  ans 20  fr.                        d°  400  fr. 

De  12  à  18  ans 15  fr.                        d°  300  fr. 

De  18  ans  et  au-dessus.  10  fr.                        d°  200  fr. 

D'après  ces  calculs,  l'armateur  serait  sûr  de  toucher,  en  vertu  d'un 
acte  de  la  munificence  nationale,  l'intérêt  du  capital  qu'il  a  entre  les 
mains.  Est-ce  là  si  peu  de  chose?  Est-il  indifférent  de  pouvoir  dès  le 
début  de  l'année  porter  ses  bénéfices  au  compte  de  l'amortissement? 
Certes,  si  notre  marine  est  mortellement  atteinte,  le  mince  subside  dont 
nous  parlons  ne  la  sauvera  pas.  Mais  si,  comme  nous  le  pensons,  la  ma- 
rine subit  une  crise  passagère,  si  elle  s'est  laissée  surprendre  par  des 
événements  imprévus,  tels  que  la  suppression  des  surtaxes  et  la  nécessité 
de  transformer  le  matériel,  un  peu  d'aide  momentané  lui  fera  grand  bien. 
Combien  de  négociants  sont  arrivés  à  la  fortune  après  avoir  traversé 
des  heures  de  gêne,  simplement  parce  qu'on  leur  a  donné  du  temps! 
Ce  qu'on  demande  pour  la  marine,  c'est  que  comme  les  négociants 
obérés  elle  ait  du  temps  devant  elle,  —  le  temps  d'étudier  ses  défauts, 
de  remédier  à  ses  faiblesses,  de  préparer  l'avenir. 

L'objection  théorique  tirée  de  ce  que  l'État  ne  doit  aucune  protection 
aux  industries  privées,  nous  touche  également  peu.  Il  s'agit  bien  de  l'in- 
térêt des  armateurs!  Il  s'agit  de  notre  puissance  maritime;  et  l'État,  qui 
accorde  des  subventions  aux  théâtres,  qui  entretient  des  musées  et  des 
haras,  qui  ouvre  gratuitement  à  tous  les  portes  de  la  Sorbonne  et  du 
Collège  de  France,  peut  consacrer  quelques  millions  à  la  conservation  de 
sa  puissance  navale.  Elle  est,  malgré  ses  revers,  assez  riche  pour  payer, 
à  défaut  de  gloire,  sa  sécurité.  Quelque  préjudiciable  d'une  façon  géné- 
rale que  soit  à  un  pays  l'institution  des  armées  permanentes,  l'économie 
politique  n'exige  pas  qu'en  1878  l'armée  française  soit  licenciée.  De  même 
il  n'est  pas  indispensable  que  notre  flotte  périsse,  comme  a  péri  la  Hotte 
belge,  par  respect  pour  les  principes.  Il  est  clair  que  l'industrie  mari- 
time ne  pourrait  disparaître  sans  grand  dommage  pour  le  patrimoine 
matériel  et  moral  de  la  France.  Souvent  on  a  raconté  qu'il  y  a  une  quin- 
zaine d'années,  alors  que  le  second  Empire  croyait  éblouir  le  monde  pui- 
ses pompes  triomphales,  un  homme  d'État  anglais  conduit  au  sommet 
de  la  butte  Chaumont  disait  à  son  interlocuteur,  qui  lui  montrait  le 
spectacle  admirable  de  Paris:  «  Ce  qui  manque  à  cette  ville,  c'est  d'avoir 
autour  d'elle,  dans  un  rayon  de  plusieurs  lieues,  la  fumée  des  grandes 
usines.  »  Combien  le  dédain  des  étrangers  serait  plus  justifié,   si  d'ici  à 


DROZ.  —  DE  LA  MARINE  MARCHANDE  ET  DE  SON  RELÈVEMENT    1105 

quelques  années,   l'un  d'eux  pouvait  dire    que  ce  qui    manque    à   nos 
ports,  ce  sont  les  bâtiments  naviguant  sous  pavillon  français. 

DISCUSSION 

M.  Milf.t  appuie  les  conclusions  du  préopinant  par  la  raison  que  l'on  ne 
peut  se  passer  de  la  marine  marchande  qui  exerce  une  fonction  de  haute 
utilité  sociale;  en  pareil  cas,  le  gouvernement  doit  fournir  des  subventions, 
comme  il  en  alloue  pour  l'armée  et  l'instruction  publique.  Il  peut,  du  reste, 
citer  l'exemple  du  Brésil  dont  la  marine  a  disparu  avec  la  suppression  des 
mesures  protectrices. 

Après  avoir  fait  remarquer  que  la  marine  n'est  pas  aussi  abandonnée  que  le 
dit  M.  Droz,  puisqu'il  existe  la  surtaxe  d'entrepôt,  M.  Dubar  trouve  que 
M.  Droz'a  proposé  un  moyen  pratique;  mais  il  se  demande  si  une  prime  aussi 
faible  suffirait. 

M.  Fréd.  Passy  déclare  qu'il  est  pour  la  suppression  des  privilèges,  mais 
que,  pendant  un  certain  temps,  il  peut  y  avoir  intérêt  à  faire  des  concessions. 
Néanmoins,  il  croit  devoir  indiquer  les  dangers  qu'il  y  aurait  à  maintenir  en 
faveur  de  certaines  industries  le  droit  à  une  subvention  ;  à  la  longue,  cette 
dernière  offre  des  périls  dont  le  moindre  est  de  faire  réclamer  un  secours 
analogue  par  les  industriels  qui  ont  contribué  aux  mesures  de  protection. 

Bien  que  libre-échangiste  convaincu,  M.  Rozy  se  rallie  à  ce  que  vient  de 
dire  M.  Droz  en  faveur  de  la  marine  ;  mais  s'il  croit  que  l'intérêt  public  exige 
que  l'on  secoure  la  marine  marchande,  il  proteste  contre  l'aide  sollicitée 
pour  les  constructeurs.  Si  la  France  ne  peut  arriver  à  construire  des  navires 
dans  des  conditions  raisonnables,  il  vaut  mieux  qu'elle  aille  les  acheter  au 
dehors,  et  qu'elle  abandonne  une  industrie  pour  laquelle  elle  n'a  peut-être  pas 
les  aptitudes  nécessaires,  il  lui  semble,  au  surplus,  que  Ton  ne  tient  pas  un 
compte  suffisant  de  l'hypothèque  maritime  récemment  organisée,  et  qui  peut 
rendre  des  services  réels. 

M.  Gachassin-Lafite,  avocat  à  Bordeaux,  affirme  que  les  armateurs  borde- 
lais ne  se  contenteraient  point  de  la  minime  subvention  qu'on  veut  bien 
accorder,  et  que  s'ils  l'acceptent,  c'est  qu'ils  entendent  bien  demander  plus 
tard  une  subvention  plus  forte.  Traitant  ensuite  la  question  de  l'infériorité 
de  notre  marine,  il  montre  que  la  cause  en  réside  dans  l'état  moral  de  notre 
population,  dans  son  défaut  de  densité  qui  empêche  les  progrès  de  l'émigration 
et  qui  fait  obstacle  à  la  création,  non  pas  de  colonies,  mais  de  comptoirs 
assurant  un  fret  aux  navires  français.  Cette  cause  d'infériorité  est  trop  puis- 
sante pour  disparaître  devant  une  subvention  de  quelques  millions.  Les  arma- 
teurs bordelais  sont  donc  plus  dans  le  vrai  quand  ils  réclament  la  surtaxe  de 
pavillon;  seulement  elle  leur  sera  refusée,  et  comme  la  prime  proposée  par 
M.  Droz  sera  insuffisante,  notre  état  d'infériorité  persistera. 

M.  Notteli.e  fait  remarquer  que  des  subventions  ont  été  accordées  par  l'Etat 
à   certaines  compagnies,  subventions  qui  ont  rendu  la  concurrence  impossible. 

M.  Droz  répond  à  l'objection  tirée  de  l'insuffisance  du  secours  qu'il  propose 
d'accorder  que  la  somme  a  été  basée  sur  le  nombre  de  tonneaux  et  sur  le 
chiffre  des  hommes;  en  somme,  c'est  de  l'argent  à  2    1/2   0/0.    Dans  beau- 

70 


HO(S  économie  Politique  et  statistique 

coup  de  localités,  les  armateurs,  sans  se  dissimuler  que  la  lutte  sera  pénible, 
ont  parfaitement  reconnu  que  cette  mesure  protectrice  serait  fort  utile  et 
empêcherait  notre  marine  marchande  de  succomber.  Il  ajoute  qu'une  commis- 
sion devrait  être  chargée  de  surveiller  l'emploi  des  fonds  et  de  proposer  le 
retrait  de  la  subvention  aux  compagnies  qui  distribueraient  un  dividende 
suffisamment  rémunérateur. 

M.  Glamageran  prétendant  que,  dans  cette  discussion,  il  a  été  commis 
certaines  exagérations,  met  sous  les  yeux  de  la  section  quelques  chiffres 
authentiques.  Pour  la  navigation  à  voile,  la  France  vient  au  cinquième  rang, 
avant  l'Espagne,  la  Grèce  et  la  Hollande,  mais  après  l'Angleterre,  les  Etats- 
Unis,  la  Norvège  ;  pour  la  navigation  à  vapeur,  la  France  est  au  troisième 
rang,  après  l'Angleterre  et  les  Etats-Unis,  et  avant  l'Allemagne.  A  cet  égard, 
sa  position  est  donc  assez  honorable.  Après  avoir  noté  que  dans  d'autres  pays 
on  a  formulé  les  mêmes  craintes,  M.  Glamageran  tient  à  mettre  en  lumière 
la  relation  qui  existe  entre  la  liberté  du",  commerce  et  la  prospérité  de  la 
marine  marchande;  il  cite  à  ce  propos  l'Angleterre  et  les  Etats-Unis  dans  un 
sens  opposé.  La  marine  américaine  est  en  pleine  décadence  :  en  1860,  elle 
comptait  en  effet  12  millions  de  tonnes;  en  1876,  elle  n'en  possédait  plus  que 
7.  C'est  le  résultat  de  la  protection  en  fait  de  marine  marchande.  En  termi- 
nant, M.  Glamageran  déclare  que  si  provisoirement  les  subventions  sont  néces- 
saires, elles  offrent  des  dangers  en  faisant  renaître  le  protectionnisme  et  en 
permettant  de  réclamer  des  sommes  de  jour  en  jour  plus  considérables,  au 
détriment  de  notre  marine  qui  cesserait  bientôt  d'exister. 


M.  ALVII 

Président  île  l'Académie  royale  île  Belgique. 


ÉCHANGES  INTERNATIONAUX  DES  PRODUCTIONS  INTELLECTUELLES. 
(EXTRAIT  du  procès-verbal.) 


—   Séance   du  ->~    un  ni    1877.  — 

M.  AlViN  présente  quelques  observations  sur  les  travaux  de  la  commission 
belge  des  échanges  internationaux  des  productions  intellectuelles.  C'est  la  réalisa- 
tion d'une  idée  formulée  en  1835  par  A.  Vattemare,  proposant  d'établir  entre 
les  différents  pays  des  échanges  de  livres,  objets  d'art,  etc.,  existant  en  dou- 
ble. Une  convention  internationale  a  été  signée  en  1867,  à  Paris,  pour  orga- 
niser ce  mode  d'échanges  dont  les  résultats  peuvent  être  féconds  jusqu'à  un 
certain  point. 


J1     LEFORT.    —    ÉTUDI    SUR    LE    RÉTABLISSEMENT    DES    TOURS         110 


M.   GROULT 


NOTICE  SUR  LES  MUSEES  CANTONAUX. 
KM  HAIT    l>l     PROC!  S  \  IHIUL.) 


—    Séant  e  d  »  29  a  o  </  /    18T7.   — 


M.  Groult  donne  lecture  d'une  Xotice  sm-  les  musées  cantonaux,  dans 
laquelle  il  établit  que  ce  nouveau  mode  d'instruction  (sur  lequel  la  section  a 
déjà  en  à  se  prononcer  l'année  dernière,  au  Congrès  de  Clermont-Ferrand) 
se  répand  rapidement  en  France;  il  montre  les  avantages  de  ces  collections 
et  insiste  sur  leur  utilité  pour  les  villageois,  qui  reculent  toujours  devant  la 
lecture  d'un  volume,  si  mince  qu'il  soit,  et  qui  s'instruisent  sans  peine  et 
sans  efibrt  à  la  vue  des  objets  déposés  dans  ces  musées. 


M.  Joseph  LEEORT 


A.voi  al  à  la  Cour  d'appel  de  Paris,  Lauréat  de  i  Institut  et  de  t'Acadi  mie  de  Médecine, 
Membre  di   la  Société  il  économie  politique. 


ÉTUDE  SUR  LE   RÉTABLISSEMENT  DES  TOURS. 


—  Sean.cc  du  2!)    août   /S77.  — 

Lu  question  des  enfants  trouvés  est,  sans  contredit,  une  des  plus 
intéressantes  parmi  celles  dont  se  préoccupent  les  économistes  et  les 
administrateurs.  Un  moment  nous  avons  songé  à  en  l'aire  l'objet  d'une 
communication  ;  mais  en  présence  des  longs  développements  qu'exige 
cette  matière,  nous  avons  dû  renoncer  à  notre  dessein,  nous  bornant 
à  un  seul  point  :  nous  avons  voulu  simplement  rechercher  si  l'on  a 
eu  raison  de  prescrire  la  fermeture  des  tours  et  de  substituer  un  autre 
mode  d'admission. 

Nous  ne  présenterons  pas  ici  un  historique  :  il  suffira  de  savoir  qu'un 
décret  du  11  janvier  1811,  réorganisant  le  service  des  enfants  trouvés, 
restreignit  le  nombre  des  hospices  où  les  enfants  pouvaient  être  dépo- 
sés et  établit  dans  tous  l'ancien  usage  des  tours,  mais  que  ce  décret  a 
été  abrogé  en  fait  par  l'administration  substituant  au  dépôt  effectué  en 
secret  le  régime  de  l'investigation  par  un  bureau  d'admission  et  celui 
des  secours  aux  tilles-mères.    La  suppression  des  tours  a  été    la  consé- 


1  I  ( )<S  ÉCONOMIE    POLITIQUE    ET    STATISTIQUE 

queuce  de  nécessités  financières  ;  toutes  les  communications  officielles 
prouvent  que  cette  mesure  n'a  été  adoptée  que  par  un  motif  d'écono- 
mie et  que  l'on  a  eu  en  vue,  moins  les  intérêts  moraux  et  physiques 
de  l'enfant  que  le  dégrèvement  des  budgets  départementaux.  Néan- 
moins, pour  justifier  sa  réforme,  l'administration  a  invoqué  des  consi- 
dérations fort  graves,  en  même  temps  qu'elle  a  allégué  contre  le  système 
d'exposition  consacré  par  le  législateur  de  1811  une  série  d'arguments 
que  l'on  peut  ramener  à  trois  chefs  principaux. 

I.  On  dit  d'abord  que  le  tour  provoque  aux  mauvaises  mœurs.  La 
simple  raison  suffit  cependant  à  démontrer  que  le  tour  n'a  pas  eu  et 
n'a  pas  pu  exercer  une  influence  pernicieuse  sur  les  mœurs.  Admettre 
qu'il  excite  à  la  débauche,  c'est  prêter  à  la  nature  humaine  des  senti- 
ments bien  pervers.  Quand  une  jeune  fille  succombe  à  la  séduction, 
elle  ne  pense  certainement  pas  à  la  faculté  qu'elle  a  de  faire  disparaître 
le  fruit  de  sa*  faute  au  moyen  du  tour.  «  Presque  toujours,  dit  M.  Du- 
fau  (1),  la  séduction  exclut  une  prévision  quelconque  ;  en  cédant,  la 
femme,  pas  plus  que  l'homme,  ne  songent  à  abandonner  l'enfant  qui 
naîtra  de  leurs  relations.» 

Si  la  femme  consent  une  première  fois  à  délaisser  son  enfant,  à 
moins  d'être  profondément  démoralisée,  on  peut  être  sûr  qu'elle  ne 
reprendra  pas  facilement  le  chemin  de  l'hospice;  les  angoisses  qu'elle 
a  endurées  lorsqu'il  a  fallu  se  séparer  de  son  enfant  sont  encore  pré- 
sentes à  son  esprit.  Elle  a  l'expérience  des  douleurs  que  l'on  éprouve 
en  se  séparant  de  celui  auquel  on  vient  de  donner  le  jour.  Au  surplus, 
les  dépôts  n'ont  jamais  lieu  sans  motifs  sérieux;  la  plupart  du  temps 
ils  sont  déterminés  par  des  raisons  impérieuses,  et  surtout  par  la  mi- 
sère. L'influence  de  cette  dernière  est  depuis  longtemps  constatée  et 
l'on  a  pu  notamment  établir  une  relation  entre  la  cherté  du  blé  et 
l'augmentation  des  enfants  abandonnés  (2).  Aujourd'hui  il  est  bien  re- 
connu que  l'indigence,  ou  du  moins  l'impossibilité  de  subvenir  à  l'en- 
tretien des  enfants,  est  la  principale  cause  d'abandon  (3).  L'on  n'a  pas 
lieu  d'être  surpris  quand  on  songe  que  la  clientèle  des  hospices  se  re- 
crute surtout  parmi  les  domestiques,  les  lilles  séduites,  les  femmes  sans 
ressources  (4). 

La  statistique  réfute   l'affirmation  de   ceux  qui,  comme  M.  Duchâtcl, 

(1)  l'ssai  sur  l,i  siience  de  lu  misère  sociale,  p.   212. 

(2)  1743-48,  prix  du  hlé,  9  livres  :  moy.  ann.  des  enf.  admis,  625;  1770-76,  19  livres  :  1,290 
enf.  [Encyclopédie,  V°  Enf.  trouvés.] 

(3)  Causes  d'abandon  à  Paris  en  1869  pour  4,26(i  personnes  :  indigence,  3,2G7;  décès  441;  dispa- 
rition ou  détention  des  parents,  .',53;  maladies  ou  infirmités,  30;  nécessité  de  cacher  la  naissance,  18- 

(4)  A  Paris,  en  1869,  sur  4,260  mères  qui  se  sont  présentées  à  l'hospice,  on  comptait  V222  domes- 
tiques, 389  journalières,  739  couturières,  182  cuisinières,  etc.  —  il  y  aurail  égalemenl  à  recherche] 
l'influence  des  sages-femmes  qui  trop  souvent  ont  poussé  les  filles-mères  à  délaisser  leur  enfant  en 
se  chargeant  du  dépôt:  mê aujourd'hui,  sur  s, y?9  enfants  présentés,  J,264  l'ont  été  pardes  sages- 
femmes. 


J1'.  LEFORT.  —  ÉTUDE  SUR  il  RÉTABLISSEMEN1  DEs  TOURS    lll)9 

prétendent  que  les  tours  ont  augmenté  le  chiffre  des  délaissements.  Il  a 
été  constaté,  en  effet,  que  sur  68  départements  possédant  un  tour  sur- 
veillé, 36  étaienl  compris  dans  la   première  moitié  de  la  liste  générale 

des  départements  dressée  suivant  le  moins  grand  nombre  proportionnel 
d'enfants  trouvés,  et  32  dans  la  deuxième  moitié,  tandis  que  sur  les  18 
départements  où  le  tour  n'était  l'objet  d'aucune  surveillance,  13  figu- 
raient dans  la  première  moitié  de  la  liste  et  5  seulement  dans  la 
deuxième  (1).  D'où  la  conclusion  que,  à  cet  égard,  le  tour  n'entraîne 
pas  les  abus  qu'on  lui  impute.  Cette  remarque  avait  déjà  été  faite  non- 
seulement  par  des  adversaires  des  tours  comme  MM.  Terme  et  Montfal- 
con,  mais  aussi  avec  preuves  à  l'appui  par  M.  de  liondy  dans  son 
Mémoire  sur  la  nécessité  de  réviser  la  législation  concernant  les  enfants 
trouvés. D'après  ce  dernier,  on  comptait,  en  1835,  217  dépôts  et  147,507 
entants;  la  moyenne  par  dépôt  aurait  donc  dû  être  de  7i0.  Or,  les  20 
départements  possédant  chacun  un  dépôt  comptaient  pourtant  44,407 
enfants,  soit  en  moyenne  2,220.  En  laissant  de  côté  la  Seine  et  le 
Rhône,  il  restait  encore  une  moyenne  de  1,1 05'.  Enfin  sur  ces  20  dé- 
partements, 3  seulement  présentaient  un  effectif  inférieur  à  740,  et 
M.  de  Bondy  pouvait  conclure  que  le  nombre  des  tours  n'a  pas 
exercé  une  influence  sensible  sur  le  nombre  des  expositions.  C'est  ce 
qui  résulte  également  de  la  comparaison  du  chiffre  des  admissions  à 
deux  dates  extrêmes  :  1758,  5,082;  1778,  6,688;  1788.  3,822;  1801, 
4,248;  1810,  4,502;  1818,  4,770;  1828,  5,497  (2).  Il  est  très-vrai  que 
la  suppression  des  tours  a  fait  diminuer  le  nombre  des  enfants  aban- 
donnés (131,000  en  1833,  76,250  en  1859);  il  reste  seulement  à  savoir 
si  cette  décroissance  n'a  pas  concordé  avec  une  augmentation  dans  le 
nombre  des  attentats  contre  la  vie  des  enfants. 

Quant  à  l'argument  tiré  de  ce  que  le  tour  excitait  à  l'inconduite,  on 
peut  le  réfuter,  en  disant  que  depuis  la  fermeture,  on  n'a  pas  remar- 
qué une  diminution  dans  le  nombre  des  naissances  illégitimes  et  une 
amélioration  sensible  dans  les  mœurs  ;  c'est  plutôt  le  contraire  que  l'on 
a  constaté  (3). 

Il  ne  faut  pas  croire  d'ailleurs  que  la  mesure  des  secours  aux  mères 
pauvres,  imaginée  pour  prévenir  les  abandons,  soit  exempte  d'inconvé- 
nients et  d'abus.  Ce  système,  que  l'on  présente  comme  offrant  moins 
de  scandales  que  celui  du  dépôt,  n'est  guère  moral,  car  il  tend  à  ac- 
corder une  préférence  à  la  lîlle-mère,  à  la  femme  débauchée,  abandon- 
nant la  femme  mariée  non  moins  digue  d'intérêt.  Outre  que  le  mon- 
tant des  secours  distribués  ainsi  augmente   d'une    façon    considérable 

(1)  Travaux  de  la  Commission,  des  Enf.  trouvés,  1849,  T.  I,  223. 

12)  Rapport  de  M    Lemercier  (Annales  de  la  charité,  1855,  p.  21 5l. 

Ci)  J.  Lefort.  Etude  statistique  sur  la  moralité  en  France  (Guillaurain,  1877,  p.  4;. 


I  I  10  M  nM>\lll     PO]  I  l  "loi  l     II     STA  l  ISTIQUI 

(1861,  236,199  IV.;  1872,  360,103  fr.  à  Paris);  bien  que  la  somme 
allouée  soil  manifestement  insuffisante  (6  à  10  fr.  par  mois  pour  les 
départements,  lL2  à  IS  IV.  dans  les  grandes  villes),  il  est  à  noter  que 
le  secours  donné  à  la  lille-mère  constitue  presque  une  prime  donnée  à 
l'inconduite.  An  surplus,  les  filles  débauchées  ne  craignent  pas  d'en 
faire  l'objet  d'une  spéculation,  el  bien  souvenl  on  en  a  vu  réclamer 
impérieusement  la  somme  à  laquelle  elles  prétendent  avoir  droit,  en 
menaçant  d'abandonner  leur  entant.  Enfin  pour  prouver  que  ce  mode 
d'assistance  est  loin  d'être  efficace,  nous  dirons  <|ue  dans  son  Rapport 
sur  le  service  des  enfants  assistés  pour  1874,  M.  Blondel  a  avoué  qu'à 
Paris  un  grand  nombre  de  femmes  refusent  absolument  les  secours  «pi1 
leur  sont  offerts  et  déclarent  qu'elles  ne  veulent  à  aucun  prix  conserver 
leur  entant,  quelle  que  soit  l'aide  qu'elles  pourraient  trouver  dans  l'ad- 
ministration. 

II.  —  La  seconde  objection  consiste  à  soutenir  que  le  tour  favorisait 
l'abandon  des  entants  légitimes  en  grand  nombre,  auxquels  il  taisait 
perdre  l'état  civil.  L'on  peut  d'abord  répoudre  qu'il  y  a  là  une  exagé- 
ration :  il  n'a  jamais  été  prouvé  que  le  nombre  des  enfants  légitimes 
abandonnés  ait  été  supérieur  au  ^0'  des  dépôts  (V.  Enquête  de  ISti(h  p. 
369). L'abbé  Gaillard  «h  a,  de  plus,  montré  qu'à  cet  égard  la  moyenne  de 
dix-huit  années  était  de"  entants  légitimes  pour  100  présumes  naturels, 
et,  d'après  un  rapport  de  Pastoret,  sur  15,921  enfants  admis  à  l'hospice 
de  1804  à  1813,  1,332(1  10e)  seulement  étaient  présumés  légitimes. 
Notons  d'ailleurs  que  le  tour  peut,  dans  certaines  circonstances,  offrir 
des  avantages  en  cachanl  une  faute,  en  empêchant  le  déshonneur  de 
rejaillir  sur  une  famille  et  eu  taisant  éviter  un  procès  scandaleux.  En 
tous  cas,  c'est  bien  peu  connaître  la  nature  humaine  que  de  croire  que 
des  parents  iront,  sans  un  motif  capital,  abandonner  l'enfant  né  de 
leur  mariage.  Les  faits,  ausurplus,  prouvent  que  la  plupart  du  temps 
les  parents  n'ont  eu  recours  à  l'abandon  qu'à  la  dernière  extrémité,  en 
face  d'une  profonde  détresse.  Il  est  des  circonstances  particulières  qui 
viennent  expliquer  le  délaissement;  a  dit  M.  Davenne,  un  adversaire 
des  tours,  et  l'on  ne  peut  pas,  par  exemple,  reprochera  l'ouvrier  pauvre, 
reste  veuf  avec  un  enfant  en  bas  âge,  auquel  il  ne  peut  donner  une 
nourrice,  le  dépôt  à  l'hospice,  car  pour  soigner  son  enfant  il  ne  saurait 
renoncer  au   travail  qui   le  tait  vivre  (2). 

Quanl  à  l'élat-civil,  l'on  peut  se  demander  quel  est  celui  de  l'enfant 
naturel.  Privé  de  père,  il  n'a  pour  ainsi  dire  pas  de  famille,  car  la  mère, 
frappée  de  réprobation,  est  incapable  d'en  constituer  une.  A  l'égard  de 
l'entant  légitime,  l'argument   perd  de  .sa  gravité,  quand  on  songe  (pu-  si 

(i    Rech.  a  ha .  suit,  et  mor.  suf  /<■*  mf.  trouvés,  is;!7.  i.i:>. 
.   Im  •         />     'organisation  et  du  régime  Ses  secours  publics  en  France,  t.  i. 


l'1    LEFORT.    —    l  II  i  >  i     9UB    II     RÉTABLISSEMENT    DES    rOUBS  1111 

les  parents  abandonnent  leur  enfant,  c'esl  en  général  sous  lu  pression 
delà  nécessité  el  avec  l'espoir  de  le  retirer  |>lus  tard,  avec  le  retour  de 
l'aisance.  Dans  son  rapport  sur  le  service  à  Paris,  en  1872,  M.  Blondel 
;i  parfaitement  remarqué  que  si  le  nombre  des  retraits  avait  été  si 
considérable, c'est  parce  que  de  septembre  1870  à  juin  1871,  les  enfants 
n'avaient  été  délaissés  que  sous  la  pression  de  la  nécessité  «lu  moment. 
Au  reste,  «lisons  en  terminant  sur  ce  point  qu'en  admettant  que  l;> 
suppression  des  tours  ail  amené  une  réduction  dans  le  nombre  des  dé- 
pôts d'enfants  légitimes,  elle  n'a  empêché  ni  les  abandons  à  l'hospice  par 
les  parents  (à  Paris,  1860-1872,  8,252  enfants  légitimes,  ou  l«s  0  0),  ni 
1rs  attentats  contre  la  vie  des  enfants  légitimes,  car  la  proportion  des 
infanticides  commis  par  des  femmes  mariées  était  considéré  en  lNt;-_' 
comme  étanl  de  I  5  (Enquête  de  1860,  p.  103),  et  en  1868,  par  exemple, 
sur  217  mises  en  accusation  on  comptait  parmi  les  victimes  16  enfants 
légitimes. 

III.  L'objection  tirée  de  ce  que  le  tour  détruit  les  liens  de  la  famille 
ne  nous  paraîl  pas  mieux  fondée.  Sans  contredit,  il  serait  préférable 
que  l'enfant  pût  rester  au  foyer  et  y  recevoir  les  soins  de  sa  mère;  mais 
nous  nous  demandons  si,  imposer  a  cette  dernière  de  garder,  souvent 
malgré  elle,  l'enfant  dont  elle  a  voulu  se  débarrasser;  si  l'obliger  à  al- 
laiter dans  lou-  les  cas  et  maintenir  l'enfant  dans  un  milieu  misérable, 
ce  n'est  pas  augmenter  les  dangers  qui  entourenl  le  nouveau-né.  .Nous 
nous  posons  également  la  question  de  savoir  s'il  y  a  un  1res  grand  in- 
térêl  à  rattacher  toujours  reniant  à  sa  mère  naturelle.  S'il  s'agit  d'une 
femme  de  mauvaise  vie.  ne  fait-on  pas  courir  à  l'enfant  le  risque  de 
devenir  un  mauvais  citoyen  ?  Ne  lui  met-on  pas  sous  les  yeux  de  tristes 
spectacles?  Si  c'est  une  femme  honnête,  séduite  et  trompée,  ne  lui  rend- 
on  pas  la  réhabilitation  impossible  en  lui  laissant  le  fruit  de  sa  faute? 
N'est-ce  pas  raviver  de  tristes  souvenirs,  empêcher  le  repentir  el  exciter 
la  mère  à  taire  disparaître  reniant  dont  la  présence  l'accuse  (1)  1  Les 
investigations  que  recommandent  les  partisans  des  tours  surveillés  nous 
semblent  déplorables  pour  les  filles-mères  dont  on  recherche  le  passé  et 
dont  on  publie  la  boule.  Toutes  n'ont  pas  l'impudeur  d'afficher  leur  in- 
conduite  el  beaucoup  reviendraient  certainement  au  bien  si  l'on  pouvait 
faire  disparaître  ce  qui  rappelle  la  faute.  Le  secret  déviait  être  rétabli, 
non-seulement  dans  l'intérêt  de  la  famille  dont  l'honneur  ne  doit  pas 
êtreatteint  parlerait  d'un  seul  (2),  niais  surtout  dans  l'intérêt  de  la  mère  à 
♦ 

(i)  Villeneuve-Bargemonl    Econ.  polit,    chrét.,   in,    l(H)  et.  Guerry,   dans  sa  Statistique  morale 
pnt  parfaitement  démontré  que  ce   sont  les  pa   -  où  les  lois  <\n  la  chasteté  sont  les  i<l u - 
et  où  les  naissances  illégitimes  sont  les  moins  nombreuses  qui  fournissent  les  exemple    le    plu 
nombreux  d'infanticides.  Pour  ne  pas  bue-  connaître  sa  faute  e  pour  ne  pas  encourir  la  décon 
sidération,  la  fille  séduite  recourt  a  l'infanticide.    \.  Gaillard,  p.  343.) 

2    \  Paris,  en  i869,  i  ■  dériots  odi    été  éfiféctùj      d'apri      |ë    rapport    officiel,  parce  qu'il  était 
;.<  e  de  l'enfant. 


I  I  lï2  ÉCONOMIE   POLITIQUE   ET    STATISTIQUE 

laquelle  il  faut  éviter  pour  plus  tard  le  mépris  de  son  enfant  et  qu'il  faut  em- 
pêcher, en  cachant  une  faute,  de  tomber  dans  la  dégradation.  Pour  la  lille- 
mère,  il  n'existe  nipitié,  ni  commisération,  ni  estime  ;  il  suffît  qu'une  femme 
ait  commis  une  faute,  pour  que  de  toutes  parts  s'élève  un  cri  de  répro- 
bation à  son  encontre;  le  désespoir  ne  tarde  pas  à  entrer  dans  son 
cœur  et  bien  des  fois  elle  renonce  à  la  vie  laborieuse  qui  devait  lui 
procurer  le  moyen  de  se  réhabiliter  pour  une  existence  de  plaisirs  des- 
tinés à  lui  faire  oublier  le  passé. 

L'argument  tiré  de  l'éducation  maternelle  ne  nous  arrête  pas,  car  l'en- 
fant sera  toujours  mieux  élevé  dans  un  hospice  ou  par  un  tuteur  que 
par  une  mère  qui,  abandonnée  de  son  séducteur,  doit  subvenir  à  l'exis- 
tence de  son  enfant  et  par  suite  ne  peut  lui  donner  tous  les  soins  néces- 
saires, ou  par  une  mère  vivant  dans  le  désordre  et  donnant  l'exemple 
de  l'immoralité.  N'est-ce  pas  parce  qu'on  laisse  trop  les  enfants  au- 
près de  leur  mère  naturelle  que  l'on  compte  tant  d'enfants  illégitimes 
parmi  les  délinquants? 

IV.  On  objecte,  en  outre,  la  mortalité  déplorable  des  enfants  admis 
dans  les  hospices,  et  l'on  prétend  qu'elle  est  moindre  avec  l'organisa- 
tion actuelle;  mais  les  chiffres  que  l'on  invoque  ne  sont  guère  concluants. 
La  proportion  de  mortalité,  en  effet,  a  été  établie  sur  le  rapprochement 
du  nombre  des  enfants  auxquels  le  secours  a  été  continué  et  du  chiffre 
des  décès  de  ces  mêmes  enfants  durant  la  première  année  ;  on  ne  tient 
pas  compte  de  ceux  pour  lesquels  il  y  a  eu  cessation  de  secours,  l'ad- 
ministration se  bornant  à  rayer  le  nom  de  ceux  pour  lesquels  il  y  a 
eu  non  réclamation.  Or,  comme  c'est  la  mort  qui  est  le  plus  souvent 
cause  de  ce  silence,  on  peut  douter  de  la  certitude  d'une  pareille 
statistique  qui  néglige  un  tel  élément.  (V.  Journ.  offic.,  20  mai  1877, 
p.  3842.)  Ajoutons  que  le  séjour  à  l'hospice  n'est  point  aussi  fâcheux 
qu'on  se  plaît  à  le  dire,  car,  dans  un  travail  manuscrit  analysé  par  le 
rapport  de  M.  Bérenger,  M.  Lafabrègue  a  noté  que  les  plus  beaux  en- 
fants sont,  non  pas  ceux  qui  ont  été  élevés  par  les  mères  secourues, 
mais  ceux  que  la  mère  abandonne  immédiatement  après  sa  sortie  de 
l'hôpital.  Il  en  doit  être  ainsi,  car  dans  un  hospice  les  enfants  seront 
toujours  mieux  soignés  que  par  des  ouvrières,  des  servantes,  des  fem- 
mes abandonnées  et  des  tilles  de  mauvaise  vie.  Sans  méconnaître  la  né- 
cessité de  réformes  de   ce  chef,  nous  devons  reconnaître  que  la  morta- 

ité  peut  être,  pour  une  bonne  part,  imputée  soit  aux  nourrices,  soit  à 
la  constitution  des  enfants  nés  dans  de  mauvaises  conditions  et  souvent 
de  parents  ivrognes  ou  débauchés. 

V.  Le  régime  des  tours  n'est  pas  seulement  exempt  des  reproches 
qu'on  lui  adresse,  il  constitue  encore,  à  notre  sens,  une  excellente  sau- 
regarde  pour  la  vie  des  entants.    La  statistique  prouve  d'une    manière 


Jh  LEFORT.  —  ÉTUDE  SUR  II  m  rABLISSEMENl  DES  TOURS     1113 

indiscutable  que  l'abrogation  du  décrel  de  1811  a  exercé  une  influence 
considérable  sur  le  chiffre  des  attentats  contre  la  vie  «le  l'entant.  L'ac- 
croissement de  ces  crimes  a  été  reconnu  tant  par  Duchatel,  dans  son 
livre  surlaCharité,  que  par  M.  deWatteville  dans  le  Rapport  qu'il  rédigea 
en  1856  sur  les  tours,  les  abandons  et  les  infanticides  de  1826  à  is:>4,  et 
même  par  le  Rapport  sur  l'Enquête  de  1860,  lequel  déclarait  que  le 
nombre  des  avortements  avait  plus  que  doublé  et  que  celui  des  infan- 
ticides avait  presque  triplé  de  1828  à  1858.  Le  chiffre  des  accusés  d'in- 
fanticides a  été  de  88,  166,  204,  220  et  243  eu  1832,  1812, 1852,  1862, 
1872;  de  ISii  à  L 872,  la  moyenne  des  mises  en  accusation  a  été  de  186 
et  celle  des  accusés  de  211.  En  1832,  1842,  1852,  L862,  1 872,  le  chiffre 
des  accusés  d'avortements  a  été  de  19,  29,  00,  73  et  47;  de  1844  à 
1872,1a  moyenne  des  accusations  s'est  élevée  à  24,1  et  celle  des  accusés 
à  60,9.  A  Paris,  le  nombre  des  fœtus  exposés  s'accroît  de  jour  en  jour  : 
il  a  été  de  295  en  1837-45,  399  en  1846-54,  1,044  en  1855-66,  d'après 
M.  Husson  (1).  On  a  compté  en  1832,  1842,  1852,  1862  et  1872,  52, 
90,  104,  128  \el  76  individus  prévenus  d'bomicide  d'enfants  par  impru- 
dence, et  aux  mêmes  dates,  132,  222,  252,  174  et  92  inculpés  d'expo- 
sition. Et  encore  il  faut  remarquer  que  les  chiffres  ne  correspondent 
pas  exactement  avec  la  réalité,  puisque  l'infanticide  par  inanition,  com- 
mis avec  tant  d'adresse  par  les  filles-mères,  échappe  à  la  poursuite  et 
puisqu'il  est  très-difficile  de  constater  le  crime  d'avortement  si  aisé  à 
accomplir  et  perpétré  la  plupart  du  temps  à  une  époque  où  la  grossesse 
n'est  pas  encore  connue  du  public  (2). 

Mais  pour  montrer  les  résultats  décisifs  de  la  fermeture  des  tours,  nous 
emprunterons  quelques  chiffres  à  un  travail  communiqué  jadis  à  l'Aca- 
démie des  sciences  morales  et  politiques  relativement  à  l'Influence  de  la 
suppression  des  tours  sur  le  nombre  des  infanticides  (V.  Journ.  des  Econo- 
mistes, t.  XIII,  1845).  Comparant  les  deux  années  qui  ont  précédé  la  ferme- 
ture des  tours  et  les  deux  qui  l'ont  suivie,  M.  Rapet  a  trouvé  que  pour 
ces  dernières  l'augmentation  dans  le  nombre  des  infanticides  avait  été 
quatre  fois  plus  forte  que  l'accroissement  des  crimes  contre  les  per- 
sonnes; comparant  également  les  trois  années  antérieures  et  les  trois 
années  postérieures  à  la  fermeture,  il  a  remarqué  que  l'accroissement 
des  infanticides  pour  les  trois  dernières  avait  été  huit  fois  plus  considé- 
rable que  celui  des  attentats  contre  la  vie.  M.  Rapet  nous  a,  de  plus, 
appris  que  les  départements  qui  avaient  supprimé  les  tours  ont  compté 
1  infanticide  par  263  hab.  (au  lieu  de  1  pour  378  hab.),  alors  que  dans 
Jes  départements  où  le  tour  avait  été  conservé  on  ne  trouvait  que  1  in- 


(1)  Journal  des  économistes,  t.  XXXVI,  1874,  p.  307. 

(2)  Abandons   clandestins    à  Paris,  de  1862  à  1871  :    033,   d'après  les  chiffres   communiqués  par 
1  Assistance  publique. 


1114  ÉCONOMIE    POLITIQUE    ET    STATISTIQUE 

fanticide  pour  388  hab.  seulement.  Ces  chiffres  portent  avec  eux  leur 
enseignement,  et  ils  prouvent  qu'en  dissimulant  la  honte  et  en  cachant 
la  faute,  le  tour  empêchait  d'attenter  à  la  vie  de  l'enfant.  Si  affligeants 
que  soient  les  chiffres  que  nous  avons  donnés  plus  haut,  il  faut  encore 
les  compléter  et  ajouter  ceux  qui  se  rapportent  à  l'augmentation  du 
nombre  des  mort-nés,  lequel  après  avoir  été  de  1  pour  32  naissances  en 
1840-49,  s'est  élevé  à  1  pour  24  et  1  pour  22  en  1850-59  et  1860-69. 
Pour  bon  nombre  de  médecins,  MM.  Bertillon,  Lagneau,  Brochard, 
Deville,  etc.,  la  plupart  des  mort-nés  illégitimes  sont  dus  à  des  infan- 
ticides dissimulés  avec  la  participation  de  la  personne  qui  procède  à 
l'accouchement  et  qui,  par  cela  même,  peut  donner  à  l'attentat  l'appa- 
rence d'une  mort  naturelle  ;  aussi  le  nombre  des  mort-nés  représente-t-i! 
aujourd'hui  le  dixième  des  naissances  illégitimes.  Quant»  à  l'avortement, 
au  dire  de  M.  Tardieu  et  de  M.  Brochard,  il  constitue  à  Paris  une  indus- 
trie véritable  (1).  Dès  lors  quand  l'administration  vient  se  féliciter  des 
économies  réalisées  dans  ce  service  ;  quand  on  lit  dans  des  documents 
officiels  que  la  fermeture  des  tours  a  réduit  le  chiffre  des  abandons  de 
131,000  en  1833  à  76,520  en  1859  et  la  dépense  de  10,242,047  fr.  à 
9,281,980  fr.,  on  est  en  droit  de  se  demander  si  ce  résultat  n'a  pas  été 
payé  trop  cher. 

VI.  On  dit,  il  est  vrai,  que  tout  enfant  peut ,  pour  des  motifs  graves 
reconnus  par  l'administration, être  accueilli  à  l'hospice;  mais  on  oublie 
ce  qu'ont  de  pénible  les  formalités  auxquelles  il  faut  se  soumettre.  A 
Paris,  la  personne  qui  amène  un  enfant  doit,  en  effet,  répondre  au 
bureau  d'admission  à  une  série  de  questions  et  attendre  l'enquête  faite 
par  la  police  sur  les  causes  de  l'abandon  ainsi  que  la  décision  de  l'ad- 
ministration de  l'assistance  qui  seule  a  le  droit  de  prononcer  l'admission 
définitive.  En  présence  de  ces  investigations,  qui  entraînent  des  pertes 
de  temps  et  des  retards  toujours  préjudiciables  pour  l'enfant  qui  souvent 
est  presque  mourant  (2),  bien  des  personnes  renoncent  à  demander  l'ad- 
mission par  pudeur  et  par  honte.  C'est  ce  qui  explique,  d'une  part,  qu'à 
Paris  le  nombre  des  abandons  faits  directement  à  l'hospice  tend  à  di- 
minuer (2,848  en  1868,  2,601  en  1869,  2,229  en  1870,  2,067  en  1871, 
1,852  en  1872)  et,  d'autre  part,  que  les  avortements  et  les  infanticides 
sont  surtout  commis  par  des  jeunes  lilles  séduites,  mais  non  dépravées, 
conduites  au  crime  par  la  honte,  selon  l'expression  de  31.  Tardieu. 

Quant  au  système  des  secours,  nous  comprendrions  jusqu'à  un  certain 
point  son  efficacité  au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  si  la  somme  était 
suffisante  et  surtout  si  elle  était  délivrée  immédiatement  après  l'accouche- 

(i)  Le  i)'  Deville  .>  déclaré  que  sur  ,->i:;  morts-nés  visités  par  lui  dans  son  service  de  véri- 
deation  des  décès,  il  a  constaté  un  avortemedt  provoqué  25  fois  ot  il  l'a  soupçonnée  fois 
(Gazelle  hebdomad.  de  méd.  et  de  dur.,  1x62.) 

12)  IJrochard.   lu  férefê  sur  les  enfants  trouva,  ]'■  Hr>- 


DISCUSSION    >l  II    LE    RÉTABLISSEMENT    DKS    rOURS  Mb» 

ment;  mais  il  n'en  est  point  ainsi  et  plusieurs  jours  se  passent  avant 
l'accomplissement  des  longues  formalités  administratives  nécessaires 
pour  l'allocation  d'un  secours  minime.  Pendant  ce  temps,  l'enfant  privé 
de  soins  et  d'une  bonne  nourriture  languit;  qu'il  soit  ensuite  confié  à 
des  meneuses  et  à  une  nourrice  comme  il  s'en  rencontre  beaucoup, 
exposé  à  u  11  voyage  effectué  dans  des  conditions  défavorables,  el  l'on 
ne  sera  pas  surplis  qu'il  succombe 

VII.  Jusqu'ici,  avons-nous  dit  ailleurs  (1),  ce  sujet  de  la  suppression 
des  tours  a  été  étudié  au  point  de  vue  absolu  de  la  moralité  comme  si 
au  fond  la  question  des  enfants  trouvés  n'était  pas  autre  eliose  que  l'im- 
moralité ;  mais  il  est  temps  de  songer  à  l'enfance  et  à  la  mortalité  qui 
chaque  année  décime  notre  population  infantile.  Nous  ne  sommes  cer- 
tainement pas  un  partisan  aveugle  des  tours  et  nous  ne  faisons  pas  de 
difficulté  de  reconnaître  qu'ils  peuvent  donner  lieu  à  des  abus,  comme  toute 
chose.  Nous  nous  demandons  uniquement  si  l'on  a  eu  raison  de  les  fermer 
brusquement,  en  vertu  d'une  décision  absolue  et  illégale,  en  froissant 
des  convictions  respectables  et  en  blessant  le  sentiment  public  dans  les 
localités  où  la  fille  séduite  n'a  d'autre  alternative  que  l'abandon,  l'infan- 
ticide ou  le  suicide  (2),  et  nous  posons  la  question  de  savoir  si  l'on  a 
bien  fait  de  substituer  à  des  admissions  trop  faciles  peut-être,  des  ad- 
missions hérissées  de  difficultés.  Quand  l'on  constate  par  des  chiffres 
d'une  authenticité  indiscutable  que  l'abrogation  du  décret  de  I  SI  I  a  eu 
pour  résultat  une  augmentation  constante  des  attentats  contre  les  jours 
de  l'enfant,  l'on  est  en  droit  de  se  demander  s'il  ne  vaudrait  pas  mieux 
faire  cesser  une  expérience  qui  n'a  que  trop  duré  et  ouvrir  de  nou- 
veau les  tours. 

DISCUSSION 

M.  Frédéric  Passy,  sans  méconnaître  l'intérêt  du  travail  qui  vient  d'être 
communiqué  par  M.  Lefort,  ainsi  que  les  sentiments  qui  ont  déterminé 
l'auteur  à  proposer  le  rétablissement  des  tours,  croit  devoir  en  combattre  les 
conclusions.  Les  économistes  ont  toujours  protesté  contre  la  charité  inconsidérée 
qui  multiplie  le  nombre  des  paresseux  et  des  débauchés  :  or,  en  ouvrant  de 
nouveau  les  tours,  en  permettant  aux  hospices  de  recevoir  les  jeunes  enfants 
d'une  manière  inconsidérée,  n'est-ce  pas  méconnaître  les  principes  de  la 
science?  N'est-ce  pas  risquer  d'amener  une  augmentation  dans  le  nombre  des 
abandons?  N'est-ce  pas  favoriser  la  débauche,  l'immoralité?  On  a  dit  que  le 
secours  accordé  actuellement  aux  filles-mères  est  une  prime  à  l'immoralité; 
mais  le  dérèglement  des  mœurs  ne  serait-il  pas  cent  fois  plus  certain  avec  la 

(1)  V.  j.  Lefort.  Lamortalité  des  jeunes  enfants  et  1rs  tours.  (Bullet.de  laSoc.  protect.  de  l'Enf., 
t.  V,  1873,  241.) 

(2)  Lorsque  ioa  a  procédé  à  la  fermeture,  l'on  n'a  guère  tenu  compte  ;de  l'opinion  publique, 
car  malgré  l'avis  de  55  conseils  généraux,  favorables  au  maintien  des  tours,  la  ÇQDlîûissioq 
nommée  en  1S48  s'est  prononcée  pour  la  suppression. 


1116  ÉCONOMIE    POLITIQUE    ET    STATISTIQUE 

possibilité  pour  une  femme  de  se  débarrasser  de  son  enfant,  des  ennuis  et 
des  soucis  que  son  éducation  peut  occasionner,  de  la  honte  que  sa  présence 
engendre  ? 

Le  tour  donne  donc  lieu  à  une  véritable  détente  dans  la  moralité  et  à  une 
augmentation  certaine  du  nombre  des  séductions  et  des  abandons.  Diminue- 
t-il  le  nombre  des  victimes,  comme  on  l'a  dit?  M.  Passy  ne  méconnaît  pas  la 
gravité  du  mal,  —  et  avec  M.  Lefort  il  constate  bien  un  accroissement  dans 
le  nombre  des  attentats  contre  la  vie  des  enfants.  Mais  cette  mortalité, 
malheureusement  trop  certaine  et  que  l'on  a  peut-être  un  peu  trop  de 
tendance  à  augmenter,  puisque,  d'après  M.  0.  d'Hausson ville,  le  nombre  des 
infanticides  est  à  peu  près  resté  stationnaire  depuis  1858,  peut  être  compensée 
par  la  diminution  très-réelle  du  nombre  des  décès  à  l'hospice.  En  recevant 
moins  d'enfants  dans  les  hospices,  on  restreint  en  effet  le  chiffre  des  morts,  de 
sorte  qu'il  y  a  là  une  compensation.  Citant  des  chiffres  qu'il  emprunte  h  un 
récent  travail  de  M.  0.  d'Haussonville,  M.  Passy  constate  que  la  mortalité 
dans  les  hôpitaux  a  été  réduite  de  57  0/0  à  29  0/0  pour  30,000  enfants. 

Les  enquêtes,  du  reste,  ont  totalement  condamné  le  système  du  tour  :  ce 
dernier  avait  eu  pour  résultat  d'augmenter  proJigieusement  le  nombre  des 
abandons  qui  s'était  bientôt  élevé  de  62,000  à  106,000.  Ni  l'humanité,  ni 
l'économie  n'y  trouvaient  leur  compte  ;  aussi  ce  régime  fut-il  attaqué  si  vive- 
ment que  la  fermeture  graduelle  des  tours  fut  décidée.  On  n'eut  pas  lieu  de 
s'en  plaindre;  bien  au  contraire.  L'enquête  de  1860  porta  le  dernier  coup,  et 
la  loi  de  1869  consacra  le  régime  nouveau  en  prescrivant  d'inscrire  au  budget 
les  sommes  nécessaires  pour  le  service  des  secours  temporaires. 

Ce  que  M.  Passy  vient  de  traiter,  ce  n'est  guère  que  la  question  préjudi- 
cielle ;  ce  qu'il  faut  résolument  aborder,  c'est  l'étude  du  mal  ;  ce  qu'il  faut 
supprimer,  c'est  l'origine  des  abandons,  les  liaisons  irrégulières,  les  naissances 
illégitimes.  11  faut  refaire  la  moralité  publique  et  privée  et  détruire  l'irres- 
ponsabilité sanctionnée  par  nos  lois.  La  séduction  n'est  pas  punie  :  l'homme 
peut  tromper  la  femme  en  toute  sécurité  et  l'abandonner  avec  le  fruit  de 
leur  faute  commune.  Une  pareille  situation  ne  devrait  plus  exister.  M.  Passy 
appelle  sur  ce  point  l'attention  du  législateur  :  il  y  a  une  grande  réforme  à 
faire  à  cet  égard;  elle  est  désirée  par  tous.  En  un  mot,  il  faut  que  l'indiffé- 
rence légale  et  administrative  prenne  tin  et  qu'après  avoir  réprimé  les 
attentats,  les  outrages  publics  à  la  pudeur,  l'exhibition  de  spectacles,  de 
dessins  obscènes,  le  pouvoir  intervienne  et  mette  fin  aux  scandales  en  décla- 
rant que  la  séduction  est  un  délit  et  qu'une  réparation  peut  être  exigée  du 
séducteur. 

M.  Laplanche  ne  croit  pas  les  tours  nécessaires,  notamment  dans  la  Seine- 
Inférieure,  car  lorsqu'il  peut  y  avoir  danger  à  faire  des  recherches,  on 
accepte  l'enfant  et  on  respecte  le  secret  ;  ce  qui  lui  fait  repousser  l'institution 
du  tour,  c'est  que  bon  nombre  d'industries  pourraient  se  créer,  ayant  toutes 
pour  but  de  faciliter  les  abandons. 

M.  le  Dr  Makjolin  tient  à  présenter  quelques  observations  en  réponse  aux 
observations  de  M.  Frédéric  Passy,  car  laisser  croire  au  public  que  le  tour  est 
une  institution  aussi  immorale    que  dangereuse,    condamnée  à  disparaître,  ce 


DISCUSSION    SUR    II     RÉTABLISSEMENT    DES    rOURS  111" 

serait  se  montrer  aussi  inhumain  que  peu  soucieux  des  intérêts  du  pays.  11 
comprend  tri's-bien,  lorsque  l'on  voit  les  hommes  les  plus  recommandables 
soutenir  les  opinions  les  plus  opposées,  que  l'on  hésite  à  se  prononcer  dans 
une  question  aussi  grave,  aussi  complexe;  il  comprend  que  suivant  que  tel 
ou  tel  argument  est  présent.'  avec  plus  ou  moins  d'habileté  par  son  défen- 
seur, la  porte  du  tour  s'ouvre  ou  se  ferme.  Mais  avant  de  céder  à,  l'entraîne- 
ment d'un  discours  et  de  prendre  une  détermination  définitive,  il  faut  d'abord 
bien  réfléchir  à  ses  conséquences. 

Si  au  lieu  de  faire  une  si  grande  dépense  de  sentiment,  d'invoquer  cons- 
tamment la  morale  et  les  liens  sacrés  de  la  famille,  les  adversaires  du  réta- 
blissement des  tours  avaient  bien  voulu  examiner  les  côtés  pratiques  de  la 
question,  ils  n'auraient  pas  tardé  à  voir  que  cette  institution,  malgré  ses 
abus,  ses  tristesses,  n'est  pas,  comme  on  le  répète  trop  souvent,  un  encourage- 
ment à  la  débauche  et  à  l'oubli  des  devoirs  les  plus  sacrés,  mais  une  nécessité 
qu'il  faut  malheureusement  subir,  sous  peine  de  voir  le  nombre  des  crimes 
augmenter. 

Certes,  l'occasion  est  belle  de  venir  défendre  la  morale.  Mais  est-ce  donc 
l'attaquer  que  de  chercher  à  prévenir  un  crime  et  de  permettre  plus  tard  à 
la  femme  qui  a  commis  une  faute  de  pouvoir  la  reparer  par  sa  conduite  vis- 
à-vis  de  son  enfant?  A  force  de  parler  au  nom  de  la  morale,  on  finit  par  se 
montrer  tellement  scrupuleux,  tellement  sévère  que  l'on  oublie  jusqu'au  pre- 
mier des  devoirs  de  la  charité,  la  tolérance,  et  que  l'on  va  jusqu'à  blâmer  les 
sociétés  protectrices  de  l'enfance  qui,  mues  par  la  raison  et  la  pitié,  se  font 
un  devoir  de  ne  pas  refuser  un  secours  à  la  fille-mère. 

En  vérité,  il  est  curieux  de  voir  l'homme  accabler  ainsi  la  femme,  alors 
qu'elle  n'a  même  pas  le  droit  pour  sa  défense  de  révéler  le  nom  de  son 
séducteur,  et  qu'elle  soit  ainsi  conduite  du  désespoir  au  crime  parce  qu'on  lui 
enlève  jusqu'au  moyen  de  cacher  sa  faute.  Cette  conduite  n'est  pas  admis- 
sible, et  si  au  nom  de  la  morale  l'on  croit  devoir  venir  en  aide  à  celle  qui  a 
failli,  au  nom  de  la  morale,  au  nom  du  respect  dû  à  la  société,  l'on  doit 
réclamer  le  rétablissement  des  tours. 

Que  ceux  qui  ne  partagent  pas  cette  opinion  veuillent  bien  s'enquérir 
auprès  de  personnes  qui,  par  leur  situation,  ont  eu  souvent  occasion  de  con- 
naître les  secrets  des  familles,  qu'ils  questionnent  des  magistrats,  des  mem- 
bres du  barreau,  des  médecins,  des  ministres  de  tous  les  cultes,  et  bientôt, 
modifiant,  leur  manière  de  voir,  ils  seront  contraints  d'avouer  que  le  tour  est 
une  de  ces  tristes  nécessités  que  la  société  est  obligée  de  subir  pour  prévenir 
des  crimes.  Quant  à  croire  que  la  suppression  du  tour  sera  un  remède  au 
relâchement  des  mœurs,  c'est  là  une  bien  grande  erreur,  et  ce  n'est  pas  cela 
qui  pourra  nous  changer  et  nous  rendre  meilleurs.  Au  demeurant,  prenons 
notre  siècle  comme  il  est,  et  au  lieu  de  le  faire  plus  mauvais  que  ses  devan- 
ciers, tâchons  seulement,  à  force  de  vouloir  paraître  moraux,  de  ne  pas  deve- 
nir inhumains  et  contentons-nous  d'abord  de  soustraire  à  une  mort  certaine 
tant  de  pauvres  petits  êtres  qui  ne  demandent  qu'à  vivre. 

M.  Marjolin  convient  que  c'est  une  grande  honte  pour  l'espèce  humaine  de 
voir   des  parents   être  assez   dénaturés   pour   abandonner  leur  enfant,    mais 


1118  ÉCONOMIE    POLITIQUE    II     STATISTIQUE 

vaut-il  mieux  qu'ils  s'en  débarrassent  à  tout  jamais  en  l'envoyant  chez  cer- 
taines nourrices,  ou  qu'eux-mêmes  ils  le  fassent  lentement  mourir  en  le 
laissant  manquer  de  soins?  Enfin  faut-il  envier  le  sort  de  ceux  qu'il  a  vu 
mener  à  l'hôpital,  mourant  de  faim  et  portant  les  traces  des  plus  affreux 
traitements?  Dans  ces  cas  et  dans  ceux  encore  si  fréquents  où  les  enfants 
chassés  par  leurs  parents  sont  devenus  de  petits  vauriens,  n'eût-il  pas  mieux 
valu  qu'ils  eussent  dès  leur  naissance  été  adoptés  par  l'Etat? 

La  conservation  du  plus  grand  nombre  de  ces  enfants  étant  des  plus  impor- 
tantes, surtout  dans  un  pays  dont  la  natalité  diminue  d'une  manière  inquié- 
tante, l'on  comprend  très-bien  que  ceux  qui  ne  partagent  pas  l'opinion  de 
M.  Marjolin  sur  l'opportunité  du  rétablissement  des  tours  opposent  avec 
raison  le  chiffre  de  l'excessive  mortalité,  des  enfants  portés  à  l'hospice  com- 
paré à  celui  des  nourrissons  conservés  par  les  filles-mères  auxquelles  on  a 
accordé  des  secours.  A  cela,  M.  Marjolin  répondra  que  tout  en  étant,  sous 
tous  les  rapports,  très-partisan  des  secours  accordés  aux  filles-mères  qui 
veulent  réellement  nourrir  ou  élever  leurs  enfants,  il  est  cependant  des  cas 
nombreux  dans  lesquels,  pour  cacher  une  faute,  la  nécessité  du  tour  et  du 
secret  ne  saurait  être  contestée. 

Ce  point  accordé,  il  reste  entendu  que  du  moment  que  l'on  réclame,  et  au 
nom  de  la  morale  et  de  la  conservation  de  l'enfant,  son  dépôt  dans  un  hos- 
pice, il  espère  qu'il  y  trouvera  à  son  arrivée  non-seulement  une  bonne  nourrice, 
mais  tous  les  soins,  toutes  les  précautions  indispensables  à  cet  âge,  ainsi  que 
les  conditions  hygiéniques  nécessaires  pour  prévenir  les  maladies  si  fréquentes 
dans  les  services  plus  spécialement  affectés  aux  enfants  très-jeunes.  Malheu- 
reusement beaucoup  des  établissements  dans  lesquels  ils  sont  admis  sont 
loin  de  présenter  ces  conditions  réclamées  depuis  si  longtemps  par  le  corps 
médical  :  cela  provient  que  dans  toutes  les  questions  se  rattachant  à  l'hygiène 
des  hôpitaux,  il  est  de  tradition  administrative  de  ne  tenir  aucun  compte  de 
leurs  observations  et  de  leur  expérience. 

En  dehors  de  ces  causes  défavorables;  il  y  a  aussi  un  élément  dont  on  ne 
tient  pas  assez  compte  dans  le  chiffre  de  l'excessive  mortalité  des  enfants 
déposés,  c'est  l'état  misérable  dans  lequel  la  plupart  sont  amenés.  Or,  les  sta- 
tistiques n'en  disent  rien,  ce  qui  est  une  lacune  regrettable,  car  alors  étant 
donné,  d'une  part,  le  manque  trop  fréquent  de  bonnes  nourrices,  l'insuffi- 
sance du  personnel,  l'absence  de  certaines  précautions  hygiéniques  dans  les 
salles,  et  notamment  l'état  de  dépérissement  de  beaucoup  de  nourrissons  à 
leur  arrivée,  on  s'expliquerait  facilement  la  mortalité  considérable  des  enfants 
déposés  au  tour. 

Ces  inconvénients  peuvent-ils  disparaître?  Oui,  au  moins  en  partie:  dès  que 
l'on  aura  introduit  dans  les  hôpitaux  les  améliorations  réclamées  par  le  corps 
médical,  nid  doute  que  la  mortalité  ne  diminue  rapidement.  Quant  à  ce  qui 
est  de  l'état  d'épuisement  et  de  faiblesse  dans  lequel  sont  amenés  tant  d'en- 
fants, très-probablement  si  l'abandon  n'était  pas  entrave  par  autant  de  forma- 
lités administratives  retardant  son  accomplissement,  l'existence  de  beaucoup 
de  petits  êtres  serait  moins  compromise. 

Dès  l'instant  qu'il  est  démontré  qu'il  suffirait  de  certaines  précautions  pour 


DISCUSSION    SUR    LE    RÉTABLISSEMEN1     DES    TOURS  \\\l.) 

diminuer  le  chiffre  de  la  mortalité,  pourquoi  au  lieu  de  laisser  les  choses  en 
souffrance  ne  pas  se  rendre  de  suite  à  de  sages  conseils?  On  dit  que  les 
mesures  quel'on réclame  seront  assez  dispendieuses.  Dispendieuses,  c'est  possible; 
niais  ceux  qui  marchandent  ainsi  la  vie  d'un  homme  oseront-ils  dire  qu'ils 
parlent  au  nom  de  la  morale?  Que  le  rétablissement  du  tour  impose  aux 
villes,  aux  départements,  de  nouveaux  sacrifices,  c'esl  possible;  mais  ces 
dépenses,  loin  d'être  infructueuses,  profiteront  plus  tard  au  pays  qui  en  sera 
largement  dédommagé  par  la  conservation  d'un  plus  grand  nombre  de  ses 
entants.  Ainsi  donc,  au  point  de  vue  de  l'économie  sociale,  le  rétablissement 
du  tour,  l'élevage  et  l'éducation  des  entants  abandonnés,  sont  une  œuvre 
utile. 

Il  est  un  dernier  point  sur  lequel  M.  Marjolin  croit  devoir  dire  quelques 
mots,  c'est  l'influence  de  la  suppression  des  tours  sur  les  infanticides.  Cela 
est  d'autant  plus  nécessaire  que  les  adversaires  du  tour,  après  avoir  invoqué 
en  faveur  de  leuropinion  et  la  morale  et  l'excessive  mortalité  des  enfants  portés 
dans  les  hospices,  s'appuient  sur  les  relevés  officiels  pour  soutenir  que  depuis 
la  suppression  des  tours,  la  proportion  des  infanticides  n'a  pas  sensiblement 
augmenté,  et  que  si  on  en  accuse  un  plus  grand  nombre,  c'est  qu'aujourd'hui 
les  procédés  d'investigation  étant  plus  perfectionnés,  les  recherches  plus  actives» 
on  a  dû  nécessairement  arriver  à  un  résultat  plus  exact.  Malheureusement, 
si  la  justice  est  mieux  renseignée,  le  crime  de  son  côté  n'est  pas  resté  inactif 
et  il  s'est  perfectionné  au  point  que  quantité  d'avortements  sont  restés 
inconnus  et  l'on  ne  peut  expliquer  le  chiffre  considérable  dn>  mort-nés, 
parmi  les  enfants  illégitimes,  que  par  de  coupables  manœuvres  habilement 
pratiquées. 

11  est  triste  de  le  dire,  mais  M.  Marjolin  est  obligé  d'avouer  que  le  tour 
est  une  de  ces  turpitudes  sociales  qu'il  faut  se  résigner  à  supporter,  malgré  ce 
qu'il  a  de  honteux  pour  la  morale  et  l'espèce  humaine  ;  mais  comme  entre 
deux  maux  il  faut  choisir  le  moindre,  et  que  le  rétablissement  du  tour  peut 
sauver  la  vie  à  bien  des  enfants  et  prévenir  de  nombreux  crimes,  il  ne  faut 
pas  hésiter  à  demander  que  l'on  revienne  à  l'exécution  de  la  loi  de  1811  qui 
n'a  jamais  été  légalement  abrogée. 

Maintenant,  étant  admis  en  principe  le  rétablissement  des  tours,  est-il  pos- 
sible de  diminuer  le  nombre  des  abandons?  Non-seulement  M.  Marjolin  le 
croit,  mais  il  a  la  ferme  conviction  qu'en  accordant  des  secours  aux  filles- 
mères,  on  en  ramènerait  un  bon  nombre  à  de  meilleurs  sentiments. 

Parmi  elles,  il  y  a  deux  catégories  très-distinctes  :  celles  qui  sont  assez 
dépravées  pour  repousser  leur  enfant,  et  celles  qui,  n'oubliant  pas  après  leur 
faute  qu'il  leur  reste  encore  un  moyen  de  réhabilitation,  l'accomplissement  de 
leurs  devoirs  de  mère,  ne  reculent  devant  aucune  privation  pour  conserver  et 
élever  leur  enfant.  Aux  premières,  le  tour  évitera  un  crime;  aux  secondes, 
un  secours,  une  parole  de  consolation,  d'encouragement  rendront  le  calme  et 
la  vie  :  c'est  à  cette  grande  mission  que  se  dévouent  les  membres  des 
sociétés  protectrices  de  l'enfance  ;  et  en  agissant  ainsi,  ils  pensent  mieux 
servir  la  morale  et  leur  pays  qu'en  demandant  la  suppression  des  tours. 
Mi  Joseph  Lefort  déclare  qu'il  ne  suivra  pas  M.  Frédéric  Passy  dans  toutes 


I  120  ÉCONOMIE    POLITIQ1  l     II    STATIS1  [QUE 

ses  observations;  il  se  bornera  à  répondre  aux  principaux  arguments  qui  lui 
ont  été  opposés.  Il  reconnaît  sans  difficulté  que  la  mortalité  dans  les  hôpitaux 
est  considérable,  mais  il  croit  qu'elle  peut  être  attribuée  pour  une  bonne  part 
à  l'oubli  des  principes  de  l'hygiène,  des  prescriptions  des  médecins  et  aussi  à 
l'absence  de  bonnes  nourrices.  Pour  compléter  ce  que  vient  de  dire  sur  ce 
point  M.  Marjolin,  il  pourrait  citer  bien  des  faits  ;  il  se  contentera  de  dire, 
d'après  un  récent  rapport  de  M.  le  docteur  Devilliers  (Bulletin  de  rAcadéîiiie 
de  médecine,  séance  du  19  juin  1877,  page  059),  qu'à  l'hôpital  général  de 
Tours,  l'énorme  mortalité  est  reconnue  provenir  delà  privation  de  l'allaitement 
maternel,  de  l'envoi  trop  tardif  en  nourrice,  et  de  l'inobservation  des  précau- 
tions les  plus  élémentaires  soit  pour  la  nourriture,  soit  pour  le  transport.  11 
faut  tenir  compte,  de  plus,  de  la  mauvaise  constitution  des  enfants  nés  de 
parents  ivrognes  et  débauchés  (1),  et,  d'autre  part,  des  conditions  déplorables 
dans  lesquelles  les  jeunes  enfants  arrivent  à  l'hospice.  M.  de  Bethmann, 
administrateur  de  l'hospice  de  Bordeaux,  constatait  naguère  que  l'on  appor- 
tait les  enfants  moribonds,  dans  un  état  de  dépérissement  effrayant,  et  le  doc- 
teur Carat,  médecin  du  même  hospice,  affirmait  en  1862  quesur  2iS  enfants, 
104  étaient  d'une  faiblesse  extrême  et  dans  un  état  voisin  de  la  mort. 

M.  Passy  ayant  prétendu  que  le  tour  favorise  l'immoralité,  la  débauche  et 
les  abandons,  l'on  pourrait  croire  qu'avec  sa  suppression  une  amélioration 
s'est  produite  au  point  de  vue  moral.  Or,  les  chiffres  contredisent  cette  suppo- 
sition. Depuis  la  fermeture  des  tours,  l'on  n'a  pas  remarqué  une  diminution 
dans  le  chiffre  des  séductions,  des  abandons  et  surtout  dans  celui  des  nais- 
sances illégitimes  qui  augmente  sans  cesse  (page  1000,  naissances  1800-1810 
50,9;  1811-20  63,3;  1821-30  71,8;  1831-40  73,8;  1841-50  71,5  ;  1851-60 
71,0  ;  1861-70  75,1).  Bien  mieux,  les  abandons  d'enfants  légitimes  (qu'in- 
voquent toujours  les  adversaires  du  tour)  n'ont  pas  été  moins  considérables 
depuis  l'abrogation  illégale  du  décret  de  1811,  et  l'absence  de  tours  n'a  pas 
empêché  des  femmes  mariées  de  se  débarrasser  de  leurs  enfants.  Au  1er  jan- 
vier 1872,  en  effet,  sur  98,6ii  enfants  assistés,  on  comptait  16,609  enfants 
abandonnés  par  leurs  parents  après  avoir  été  d'abord  élevés  par  eux,  ou 
enfants  de  détenus  et  de  condamnés.  A  Paris,  de  1860  à  1872,  8,252  enfants 
légitimes  (16  0/0)  ont  été  délaissés  par  leurs  parents.  11  ne  faut  pas  croire, 
au  surplus,  que  l'abandon  des  enfants  soit  toujours  le  fait  de  personnes  démo- 
ralisées :  dans  un  trop  grand  nombre  de  cas,  c'est  la  misère  qui  est  la  con- 
seillère; en  1809,  par  exemple,  pour  1,260  personnes,  l'indigence  a  été  allé- 
guée 3,267  fois.  Bien  des  fois,  si  les  parents  consentent  à  se  séparer  de  leur 
enfant,  c'est  sous  la  pression  de  la  nécessité  et  avec  l'espoir  de  le  retirer  plus  lard. 

On  dit  qu'il  est  inadmissible  qu'une  femme  puisse  commettre  une  faute  et 
se  décharger  de  ses  devoirs  sur  l'État  ;  on  prétend  que  les  femmes  de  mau- 
vais' vie  ne  doivent  pas  avoir  le  droit  de  faire  élever  leurs  «'niants  aux  frais 
des  honnêtes  gens,  et  on  termine  en  ajoutant  que  l'État  ne  peut  se  faire  le 
complice  de  l'immoralité.   M.    Leforl  répond  que  l'État  n'a  pas  le   pouvoir  de 


i    H  est  bien   certain  que  l'on  doit    une  proportion   élevée   des   mort-nés    an  travail  dans  les 
fabriques,  aux  veilles,  a  la  vie  de  plaisirs,  à  l'alcoolisme,  à  la  syphilis,  etc. 


DISCUSSION    Sllt    I.C    IlÉTAlil.ISSI.MI  M     ItKS    TltlHS  1121 

refuser  son  concours  lorsqu'un  intérêt  capital  est  en  jeu,  et  qu'en  acceptant  la 
thèse  des  adversaires,  il  faudrait  refuser  l'assistance  à  certains  malades  et 
fermer  tous  les  hôpitaux  où  les  débauchés  peuvent  se  faire  soigner,  sous  pré- 
texte que  l'État  ne  peut  encourager  le  vice. 

Quant  à  l'augmentation  des  attentats  contre  la  vie  de  l'enfant,  personne  ne 
peut  la  nier;  elle  ressort  avec  évidence  de  toutes  les  statistiques  et  elle  est 
même  reconnue  tant  par  les  adversaires  des  tours  que  par  l'administration.  Sans 
vouloir  revenir  sur  les  chiffres  qu'il  a  donnés  dans  sa  communication,  M.  Lefort 
fait  remarquer  que  tous  les  infanticides,  tous  Tes  avortemenls  ne  sont  pas 
punis,  que  beaucoup  échappent  à  la  répression,  et  que  la  statistique  ne  tient 
pas  compte  des  ordonnances  de  non-lieu  (1832-72,  infanticides,  992;  avortements, 
394;  exposition,  316), qui  ne  prouvent  pas  toutes  l'innocence  des  personnes  en 
faveur  desquelles  elles  ont  été  rendues.  Ce  qu'il  importe  surtout  de  signaler 
c'est  le  chiffre  élevé  des  infanticides  commis  par  les  femmes  légitimes  :  en 
1862,  il  était  d'un  5e  du  chiffre  total. 

Ainsi  le  tour  n'excile  pas  à  l'immoralité,  il  ne  favorise  pas  les  abandons  et 
il  empêche  les  attentats  contre  la  vie  des  enfants.  Pour  quels  motifs  donc 
s'est-on  décidé  à  le  fermer?  Uniquement  pour  des  raisons  d'économie;  l'admi- 
nistration a  voulu  dégrever  les  budgets  départementaux  sans  se  douter  que  la 
diminution  portant  sur  un  chapitre  concorderait  avec  une  augmentation  sur 
un  autre  et  que  sa  mesure  offrait  de  graves  dangers  pour  la  vie  des  jeunes 
enfants.  Elle  a  fait  des  enquêtes,  il  est  vrai,  mais  les  adversaires  du  tour  qui 
les  citent  n'ajoutent  pas  dans  quelles  conditions  elles  ont  été  laites.  Le  rapport 
d<>  M.  Bérenger  au  Sénat  prouve  qu'elles  ont  été  faites  avec  des  idées  précon- 
çues et  en  l'absence  de  personnes  compétentes.  Ainsi  en  1819  la  grande  com- 
mission présidée  par  M.  V.  Lefranc,  malgré  l'avis  formel  de  o3  conseils  géné- 
raux demandant  le  rétablissement  des  tours,  se  prononça  pour  leur  suppression. 

Dans  l'enquête  de  1862,  on  s'abstint  de  faire  appel  aux  opinions  étrangères 
à  l'administration,  aucun  conseil  général  ne  fut  appelé  à  donner  son  avis, 
aucune  déposition  ne  fut  provoquée,  ni  recueillie,  aucun  membre  du  corps 
médical  consulté. 

En  terminant,  M.  Lefort  tient  à  déclarer  qu'il  n'est  pas  un  partisan  aveugle 
des  tours  et  qu'il  est  le  premier  à  en  reconnaître  les  inconvénients;  s'il  les 
soutient,  c'est  parce  qu'ils  sauvent  un  grand  nombre  d'existences.  Qu'on 
imagine  un  système  permettant  à  la  femme  de  se  relever,  de  cacher  sa  faute 
et  préservant  en  même  temps  la  vie  de  l'enfant,  et  il  n'hésitera  pas  à  revenir 
sur  sa  conviction,  mais  en  attendant  que  cette  démonstration  soit  laite  d'une 
manière  péremptoire,  il  croit  à  l'efficacité  du  tour. 

M.  Passy  croit  que  le  tour,  en  diminuant  la  mortalité,  l'accroît  sur  un  autre 
point,  et  que  s'il  sauve  quelques  existences,  il  en  compromet  d'autres  en  faci- 
litant les  séductions,  les  abandons  et  les  délaissements  à  l'hospice. 

M.  Gachassin  Lafite,  tout  en  se  déclarant  d'accord  avec  M.  Lefort,  croit  que 
l'on  peut  fort  bien  remédier  à  la  fâcheuse  situation  décrite  par  M.  Passy,  en 
autorisant  la  recherche  de  la  paternité,  qui  n'offrirait  pas  autant  de  dangers 
qu'on  le  croit  à  première  vue. 

M.  le  Dr  G.  Lagneau.  —  Je  sais    que  par  les  statistiques  relatives  à  la  pro- 

71 


1122  ÉCONOMIE    POLITIQUE    ET    STATISTIQUE 

portion  croissante  des  infanticides  durant  les  périodes  1823-1835  et  1536-1844, 
M.  Rapet  (Journal  des  Économistes,  T.  vin,  1846,  p.  51-72)  a  mis  à  même  de 
reconnaître  que  dans  certains  départements  où  les  tours  avaient  été  supprimés, 
cette  proportion  s'était  élevée  de  plus  d'un  tiers,  de  1  sur  378  à  1  sur  239 
habitants,  tandis  que  cette  proportion  s'était  élevée  de  moins  d'un  tiers,  de  1 
sur  388  à  1  sur  275  dans  les  déparlements  où  les  tours  avaient  été  maintenus. 
Toutefois  cette  différence  d'accroissement  est  peu  considérable,  d'un  treizième 
environ.  En  outre,  il  importe  de  faire  observer  que  la  proportion  des  infan- 
ticides s'était  beaucoup  moins  élevée,  d'environ  un  septième,  de  1  sur  306 
à  1  sur  263  habitants  dans  les  départements  où  les  tours  n'avaient  jamais 
existé. 

Si  les  tours  arrachent  à  une  mort  immédiate  quelques  enfants  qui  sans  eux 
seraient  tués  par  des  mères  criminelles,  ces  tours  ont  le  grand  inconvénient 
de  favoriser  l'abandon  de  nombreux  enfants  que  leurs  mères  moins  dénaturées 
que  les  précédentes,  conserveraient  et  élèveraient,  si  elles  ne  trouvaient  dans 
ces  tours  un  moyen  facile  de  se  décharger  des  soins  maternels.  Or,  cet  aban- 
don est  fatal  aux  enfants  dans  une  proportion  parfois  effrayante.  Husson  a 
montré  qu'en  1860  la  mortalité  des  enfants  assistés  était  encore  de  90-50  sur 
100  dans  le  département  de  la  Seine-Inférieure  et  si  la  mortalité  des  enfants 
assistés  de  Paris  n'a  été  que  de  47-48  pour  100  de  1868  à  1873  d'après  les 
nombres  communiqués  à  M.  Théophile  Roussel,  cette  mortalité  est  encore  plus 
de  deux  fois  supérieure  à  celle  de  21,07  pour  100  présentée  en  1872  par  tous 
les  enfants  de  0  à  1  an  de  notre  nation.  (Statistique  de  la  France,  nouvelle 
série.  T.  n.  1872  p.  38.) 

Si  donc  les  tours  préviennent  quelques  infanticides,  en  favorisant  l'abandon 
de  nombreux  enfants,  ils  ont  pour  conséquence  une  mortalité  infantile  consi- 
dérable par  défauts  de  soins  maternels. 

M.  Lagneau  croit  donc  qu'au  lieu  de  rétablir  des  tours,  il  faudrait  d'abord 
mettre  les  mères  malheureuses,  particulièrement  les  filles-mères,  à  même  de 
conserver  leurs  enfants  tout  en  travaillant.  Dans  le  département  de  la  Haute- 
Loire  où  la  mortalité  des  enfants  illégitimes  est  de  240  à  250  sur  1,000,  M.  De- 
villiers  a  montré  qu'elle  descend  à  60  pour  ceux  des  filles-mères  secourues  et 
surveillées  médicalement;  proportion  quatre  fois  moindre.  (V;  Devilliers 
observ.  au  rapport  de  Th.  Roussel  sur  la  loi  pour  la  protection  des  jeunes  enfants f 
p.  85-6.)  Mais  pour  les  mères  ne  pouvant  rester  dans  les  places  qu'elles  occu- 
pent comme  ouvrières,  comme  domestiques,  il  faudrait  créer  des  maternités- 
ouvroirs,  ou  plus  exactement  des  policliniques  d'accouchement  et  des  ateliers 
avec  crèches  annexées.  D'une  part,  elles  trouveraient  des  soins  médicaux, 
non  dans  de  grands  monuments  hospitaliers  où  sévissent  si  fréquemment  les 
fièvres  puerpérales,  mais  dans  des  policliniques  disséminées  chez  des  sages- 
femmes  choisies  et  surveillées,  dans  des  bureaux  de  bienfaisance.  Et,  d'autre 
part,  elles  trouveraient  des  travaux  faciles,  proportionnés  à  leur  état  physiolo- 
gique, dans  des  ateliers  salubres,  auxquels  seraient  annexées  des  crèches  où 
elles  pourraient  allaiter  et  soigner  leurs  enfants.  A  Mulhouse,  où  jadis  Villermé 
constatait  une  énorme  mortalité  infantile  (De  la  santé  des  ouvriers  employés 
dans  les  fabriques  de    soie,  de   coton  et  de    laine,  Ann.  d'hyg.  et  de  méd.  lég., 


DISCUSSION    SUB    M     KÉTABLISSEMEN1    DES    rOURS  1123 

t.  xvi,  p.  104,  1839),  M.  Dollfus  et  quelques  autres  grands  industriels  ont 
obtenu  une  diminution  considérable  de  cette  mortalité  en  donnant  des  secours 
aux  femmes  en  couches,  el  en  annexant  à  leurs  manu  factures  des  salles  spé- 
ciale, où  les  mères  vont  donner  le  sein  à  leurs  enfants  aussi  souvent  qu'il 
est  nécessaire. 

M.  J.  Lefort  ne  veut  pas  revenir  sur  ce  qu'il  a  dit  touchant  l'influence  des 
tours  sur  les  abandons;  il  tient  seulement  à  faire  remarquer  que  les  moyens 
proposés  par  M.  Lagneau  ne  sont  pas  inconciliables  avec  la  mesure  qu'il  pro- 
pose. 11  est  totalement  d'accord  avec  le  préopinant  sur  la  nécessité  de  secourir 
la  fille-mère  qui  a  plus  besoin  d'assistance  que  la  femme  mariée;  quant  aux 
finîmes  en  couches,  M.  Lefort  se  dispense  d'en  parler  après  le  mémoire  dans 
lequel  il  préconise  cet  excellent  remède  et  que  l'Académie  de  médecine  a  bien 
voulu  récemment  récompenser.  (V.  Bulletin  de  l'Académie  de  médecine,  2e  série, 
t.  vi  1877,  p.  6G8.)  Seulement  il  croit  que  ces  subsides  ne  pourront  vaincre 
1<  s  répugnances  des  femmes  qui  veulent  être,  non  pas  secourues,  mais  débar- 
rassées de  leur  enfant.  .M.  Blondel,  dans  si  m  Rapport  sur  le  service  des  enfants 
assistés  du  département  de  la  Seine  pour  ISll,  n'a-t-il  pas  avoué  qu'à  Paris,  un 
grand  nombre  de  femmes  refusent  absolument  les  secours  qui  leur  sont  offerts 
et  déclarent  qu'elles  ne  veulent  à  aucun  prix  conserver  leur  enfant  quelle  que 
soil  l'aide  qu'elles  pourraient  trouver  dans  l'administration?  En  présence  de 
ces  dispositions,  n'est-on  pas  en  droit  de  redouter  des  attentats  et  ne  peut-on 
craindre  les  infanticides  par  inanition,  si  faciles  à  commettre  et  si  difficiles  à 
prouver? 

M.  le  Dr  Lagneai  sait,  en  effet  ,  que  M.  Bouchard  a  observé  à  la  Maternité 
des  infanticides  par  inanition,  des  mères  se  refusant  à  donner  le  sein  à  leurs 
entants  dont  elles  veulent  se  débarrasser.  (Bouchard,  De  la  mort  par  inanition  : 
thèse,  Paris,  180i,  p.  91-92.)  Mais  heureusement,  ces  mères  perverses,  méritant 
de  tomber  sous  le  coup  de  l'article  30:2  du  code  pénal,  sont  des  exceptions. 
Bien  des  tilles-mères  gardent  et  élèvent  leurs  enfants,  et  ne  les  abandonnent 
pas  à  la  charité  publique.  On  est  du  moins  porté  à  le  penser,  tout  en  admet- 
tant une  proportion  considérable  d'infanticides  ignorés,  d'infanticides  dissimulés 
sous  le  pseudonyme  de  mort-nés,  lorsqu'on  compare  le  nombre  des  enfants 
naturels  déclarés  à  l'état  civil  au  nombre  des  enfants  trouvés  admis  dans  une 
même  année»  En  4872,  il  y  eut  en  France  69,6o3  enfants  naturels  nés  vivants 
[Statistique  de  la  France,  nouvelle  série;  t.  n,  p. 14,  année  1872)  et  les  admissions 
d'entants  trouvés  s'élèvent  à  536,  dont  254  garçons  et  282  filles  ((bid^y.  207.) 
Cependant  l'absence  de  tours  n'empêche  pas  de  nombreuses  femmes,  voire 
même  de  femmes  mariées  de  trouver  encore  assez  facilement  à  se  décharger 
des  soins  maternels  qui  leur  incombent.  Au  1er  janvier  1872,  en  France,  sur 
les  98,66i  enfants  assistés,  on  comptait  8,466  enfants  trouvés,  nés  de  père  et 
de  mère  inconnus,  et  déposés  ou  nés  dans  les  hospices,  et  46,609  enfants 
abandonnés,  délaissés  par  les  père  et  mère  connus,  après  avoir  d'abord  été  élevés 
par  eux,  ou  entants  de  détenus  et  de  condamnés.  (Ibid.,  p.  77.) 


H24  ECONOMIE    POUTIQIK    KT    STATISTIQUE 


M.   BOTJYET 

Membre  de  la  Société  d'économie  politique  de  I.\on 


SUR  LES  MONTS  DE  PIETE. 

(EXTRAIT   DU   PROCÈS-VERBAL.) 


—    Séance    du    S  9    août    /A' 7  7.    — 

M.  Bouvet,  après  une  série  de  remarques  sur  les  engagements,  propose  de 
prélever  sur  les  produits  une  somme  pour  fonds  de  réserve  et  d'amortisse- 
ment, destinée  à  rendre  moins  onéreuses  les  conditions  du  prêt;  se  pronon- 
çant contre  toute  idée  de  liberté,  à  cet  égard,  M.  Bouvet  déclare  que  ces  éta- 
blissements doivent  être  fortement  organisés,  monopolisés  et  protégés,  de  façon 
qu'ils  puissent  établir  une  compensation  permettant  de  faire  payer  les  objets 
de  valeur  pour  les  objets  de  prêt  modique. 


M.    Léon    PHILIPPE 

Ingénieur  des  Ponts-et-Chaussées. 


LE     REGIME     ECONOMIQUE     DES     CHEMINS     DE     FER. 

(EXTRAIT.) 


—  Séance  du  29  août   1877.  — 

M.  Philippe  appelle  l'attention  des  économistes  sur  le  rôle  important  qu'ils 
pourraient  prendre  dans  la  question  de  l'achèvement  des  chemins  de  fer  fran- 
çais, en  guidant  l'opinion  publique  que  des  projets  appuyés  sur  des  généra- 
lités mal  étudiées  peuvent  égarer.  Le  grand  public,  partie  trés-intéressée 
dans  la  question,  ne  peut  l'étudier  par  le  détail,  il  ne  vérifie  pas  les  faits  : 
il  tient,  non  sans  raison,  pour  suffisamment  établis  ceux  qu'on  a  laissés  sans 
réponse,  mais  il  est  apte  à  conclure,  si  les  faits  sont  nets,  précis,  et  pourvus 
d'un  caractère  de  généralité  suffisant. 

Il  appartient  donc  aux  économistes  d'assurer  une  bonne  direction  à  l'opinion 
en  constituant  un  dossier  des  faits  caractérisés  comme  on  vient  de  le  dire. 
M.  Philippe  fait  connaître  quelques  uns  de  ces  faits  que  selon  lui,  toute  per- 
sonne doit  avoir  présents  à  l'esprit  en  abordant  la  discusssion. 

\°  Les  chemins  de  fer  restant  à  construire  sont  au  point  de  vue  du  trafic 
dans  une  situation  inférieure  à  celle  des  lignes  du  nouveau  réseau  construit 
par  les  six  grandes  compagnies.  Or,  sur  8,017  kilomètres  constituant  le  nou- 
veau réseau  au  1er  janvier  187.J,   42  seulement  rémunèrent  le  capilal  engagé. 


PHILIPPE.    —   J.E    RÉGIME    ÉCONOMIQUE    DES    CHEMINS    DE    FER  l  12o 

Le  déficit  est  comblé  en  partie  par  le  bénéfice  réalisé  sur  les  grandes  artères 
(déversoir),  en  parlie  par  l'État  sous  forme  d'avances  remboursables  lorsque 
le  réseau  fera  des  recettes  suffisantes.  M.  Philippe  produit  à  cet  égard  des 
chiffres  d'où  il  conclut  qu'à  moins  d'obtenir  la  cession  gratuite  des  terrains 
comme  pour  les  chemins  d'intérêt  local  de  l'Hérault,  et  d'importantes  subven- 
tions des  pays  traversés,  les  chemins  restant  à  construire  ne  pourront  pas 
vivre  par  eux-mêmes. 

Ces  considérations  s'appliquent  aux  chemins  de  fer  d'intérêt  général  restant 
à  construire,  et  à  plus  forte  raison  aux  chemins  de  fer  d'intérêt  local.  Quel 
que  soit  le  nom  qu'on  leur  donne,  les  lignes  du  dernier  réseau  sont  indispen- 
sables, mais  si  l'on  veut  éviter  un  désastre  il  faut  calculer  à  l'avance  les 
charges  que  l'exploitation  pourra  supporter,  et  se  rappeler  que  le  capital  de 
construction  ne  pourra  pour  aucune  de  ces  lignes  être  complètement  et  immé- 
diatement rémunéré. 

2°  Il  n'est  pas  moins  nécessaire  de  faire  connaître  au  public  les  résultats 
qu'a  donnés  en  Angleterre  et  en  Amérique,  la  concurrence  entre  des  compa- 
gnies nombreuses  et  indépendantes.  Par  la  force  des  choses  les  compagnies 
ont  été  conduites  à  la  fusion.  Après  avoir  débuté  par  le  régime  de  la  con- 
currence, l'Angleterre  a  été  amenée  par  l'expérience  à  se  rapprocher  du  système 
français  par  la  fusion  et  l'établissement  d'un  contrôle  de  l'Etat  sur  l'exploi- 
tation. Profitons  de  cette  expérience  économique  dont  l'Angleterre  a  fait  les 
frais  et  ne  nous  avisons  pas  de  la  recommencer,  puisque  nous  en  connaissons 
les  résultats  consignés  dans  l'enquête  de  1872  sur  les  chemins  de  fer  anglais. 

3°  Il  faut  en  outre  mettre  le  public  en  garde  contre  ceux  qui  voient  dans 
les  chemins  de  fer  d'intérêt  local  et  dans  les  chemins  de  fer  à  voie  étroite 
des  panacées  universelles.  On  compromettrait  l'avenir  de  ces  chemins  spéciaux 
en  exagérant  leurs  avantages  ou  en  abusant  de  leur  emploi.  L'auteur  cite  des 
chemins  de  fer  à  voie  étroite  qu'il  faudra  é'argir  à  grands  frais,  tels  que  le 
chemin  de  fer  du  Festiniog  dont  la  voie  n'a  que  0m  60. 

Quant  aux  chemins  de  fer  d'intérêt  local,  l'auteur  cite  sans  le  nommer  un 
département  où  une  compagnie  privée  demandait  la  concession  d'un  tracé 
difficile  et  dispendieux,  comportant  deux  souterrains  de  1800  mètres  de  lon- 
gueur, alors  qu'on  eut  pu  rendre  les  mêmes  services  par  un  tracé  simple  et 
économique  se  développant  en  ligne  droite  et  en  plaine,  mais  il  fallait  pour 
cela  sortir  du  département  et  le  conseil  général  perdait  le  droit  de  concession. 
En  fait  l'État  a  concédé  le  chemin  de  fer  comme  chemin  d'intérêt  général  et  le 
tracé  le  plus  rationnel  a  été  adopté.  L'auteur  cite  encore  la  concession  faite  en 
1870  à  une  compagnie  privée,  de  14  chemins  de  fer  d'intérêt  local  qui  devaient 
être  construits  en  5  ans,  dans  un  même  département,  et  dont  un  seul  était 
construit  en  1873;  la  déchéance  de  la  compagnie  a  du  être  prononcée;  Popinion 
publique  primitivement  favorable  à  la  demande  en  concession  avait  été 
séduite  par  des  promesses  exagérées;  c'est  dans  ces  cas  que  l'intervention  des 
économistes  est  utile. 

L'auteur  conclut  à  la  nécessité  de  réviser  la  loi  de  1865. 


1120  ÉCONOMIE    POLITIQUE    ET    STATISTIQUE 


M.   YAÏÏTHIEE 

Ingénieur   des   Ponts-et-Chaussées. 


LA  RÉORGANISATION  DU  RÉSEAU  DES  CHEMINS  DE  FER. 


—  Séance  du  30  août  4877.  — 

M.  Vauthier  s'est  proposé  de  rechercher  les  moyens  de  compléter  et  de 
faire  fonctionner  l'ensemble  des  voies  ferrées  françaises  le  plus  économi- 
quement possible.  Il  ne  s'agit  pas  d'ailleurs,  pour  lui ,  de  modifications 
techniques  proprement  dites,  mais  d'une  organisation  spéciale  des  lignes 
qui  réalise  les  avantages  cherchés.  C'est  donc  une  thèse  économique  et 
non  une  thèse  technique  qu'il  vient  développer. 

Le  commerce  et  l'industrie  réclament  des  tarifs  bas.  Il  n'y  a  qu'un 
moyen  rationnel  de  les  leur  donner  :  c'est  de  produire  du  transport  à 
bas  prix.  Une  industrie  quelconque  ne  peut  travailler  à  perte,  et  le 
gouvernement  intervînt-il,  comme  le  deus  ex  machina,  que  nul,  au 
moins  parmi  les  économistes,  ne  lui  demanderait  de  fournir  du  trans- 
port au-dessous  du  prix  de  revient,  à  moins  de  circonstances  absolu- 
ment exceptionnelles. 

Une  grande  partie  de  la  vaste  machine  à  transports  est  aujourd'hui 
construite.  Elle  a  coûté  un  prix  exhorbitant  ce  qui  est  regrettable. 
Pour  celle-là,  il  n'y  a  plus  qu'une  chose  à  rechercher  :  son  fonction- 
nement au  meilbur  marché  possible.  Mais,  pour  ce  qui  reste  à  faire,  il 
y  a  deux  conditions  à  remplir  :  construire  économiquement  et  exploiter 
au  plus  bas  prix  que  faire  se  peut. 

Examinons  sommairement  comment  est  constitué  l'appareil  actuel, 
dans  quelles  conditions  il  fonctionne  et  comment  il  s'est  formé.  C'est  de 
la  critique  que  cet  examen  suggère  que  se  déduisent  les  conditions  de 
l'organisation  nouvelle. 

Les  longueurs  totales  aujourd'hui  concédées  et  exploitées  sont  données 
par  le  tableau  suivant  qui  se  rapporte  au  34  décembre  1874. 

Grandes  Compagnies,  CicMliversi's.   Intérêt  local.       Totaux, 

Concédé  20,800  k  I  ^  réS6aUJ?'^  I  -  3,200-4;300  -28,300  k. 
|  nouv.  »       11,000  ) 

t-,     !  •  .  .-  „rt«     [  anc.  réseau   9,200  )        .  „AA      .  WAA      „.A  -AA 
Exploité  17,600  »  _'  —  I,o00—l,o00  — 20,600  » 

r  (  nouv.  »        8,400  ) 

Depuis  1874,  les  longueurs  concédées  se  sont  augmentées  de  3,000  ki- 
lomètres et  les  longueurs  exploitées  de  1,900  kilomètres  environ. 


VUTHIER.    —   RÉORGANISATION    Df    RÉSEAU  DES   CHEMINS   DE    FER       I  lv27 

En  ce  qui  touche  les  lignes  des  ii  grandes  Compagnies,  elles  avaient 
coûte,  à  la  même  date  de  fin  1874  : 

Réseaux  réunis  —  473.600  francs  le  kil. 

Proportion  de  lu 
à  simple  voie. 

33~Ô/0  —  ancien  réseau  —  525.300  f.  le  kil. 
83  0/0  —  nouveau    »      —  414.000  » 

Eu  égard  à  la  différence  de  proportion  des  lignes  à  simple  voie, 
aux  différences  dans  les  installations  de  gare  et  le  matériel  roulant,  et 
à  beaucoup  d'autres  circonstances,  on  peut  dire  que  le  nouveau  réseau 
a  coûté  plus  cher  que  l'ancien. 

Le  produit  net  est  donné  par  le  tableau  ci-dessous  : 

Ancien  réseau  30.074  par  k.  soit  6.86  0/0  du  capital  d'établissement. 
Nouveau    »        6.064      »        »     1.45  0/0  »  » 

Réseaux  réunis  22. 145      »        »     4.67  0/0  »  » 

Quant  axa. produits  bruts,  P,  et  aux  frais  d'exploitation,  F,  ils  ressortent 
de  cet  autre  tableau  : 

Ancien  réseau     P.  =  66.431  ;   F.=  30.357;    l    =45.69  0/0 
Nouveau     »        »  =20.700;   »  =  14.636     »  =  70.70     » 
Réseaux  réunis    »  =  45.205;   »  =23.060    »   =  51.02    » 

Enfin  nous  donnons  ci-dessous  le  prix  de  revient  d'une  unité  de  trafic 
et  les  tarifs  perçus  par  unité  de  trafic  en  1874  : 

Prix  de  revient.  Tarifs  perçus. 

excéd.   (i)  excéd.  (i) 


Ane.  réseau:      0  f.  04.79 
Nouv.    »:  0  f.  09.45 

Réseaux  réunis:  0  f.  05.81 


Voyk  0  f.  0546  +  0  f.  0067 
»  0  f.  0452  —  0  f.  0483 
»    0  f.  0533  —  0  f.  0048 


Tonk  0  f.  0581  +  0  f.  0102 
»  0  f.  0592  —  0  f.  0353 
»      0  f.  0583  +  0  f.  0002 


Ces  chiffres  ont  une  haute  éloquence.  Ils  montrent  que  les  grandes 
Compagnies  desquelles  on  réclame  des  abaissements  de  tarifs  sont  tout 
près  de  travailler  à  perte.  Ajoutons  d'ailleurs  que  l'élévation  des  prix  de 
revient  tient  à  l'élévation  des  frais  d'exploitation  qui  entrent  pour  un  peu 
plus  de  moitié  dans  le  chiffre  0,0581,  mais  surtout,  pour  le  nouveau 
réseau,  à  ce  qu'exige  l'intérêt  et  l'amortissement  du  capital  dépensé. 

Comment  s'est  constitué  depuis  1837  ce  vaste  appareil  de  transport  ? 

11  n'y  a  pas  eu  de  plan  d'ensemble  dès  l'origine  et  on  peut  s'en  féli- 
citer ;  —  un  plan  d'ensemble  conçu  trop  tôt  eut  forcément  été  mauvais. 
Mais,  d'autre  part,  on  peut  regretter  que  les  choses  aillent  sijongtemps 
à  l'aventure. 

(1)  Les  excédants  précédés  du  signe  —  sont  des  déficits. 


1128  ÉCONOMIE   POLITIQUE   ET    STATISTIQUE 

L'industrie  privée  a  eu  au  début  un  rôle  considérable. 

L'Etat  est  intervenu,  pour  la  première  fois,  d'une  manière  effective, 
par  la  célèbre  loi  de  1842. 

Quel  était,  sous  l'action  de  cette  double  influence,  l'état  des  choses  en 
1831  ?  Il  y  avait  27  compagnies  principales  dont  deux  (le  Nord  et  l'Est 
déjà  formées)  possédaient,  sur  une  longueur  concédée  de  3,916  k., 
1,194  k.;  les  25  autres  Compagnies  n'ayant  en  moyenne,  chacune,  qu'une 
concession  de  94  k. 

Les  inconvénients  de  cette  dissémination  étaient  graves.  Ils  furent 
vivement  sentis. 

De  là  le  mouvement  de  centralisation  qui  se  produisit  de  1851  à  1857, 
mouvement  qui  constitue  la  première  phase  naturelle  d'éléments  qui 
s'organisent. 

En  1857,  les  grands  réseaux  étaient  formés  et  les  G  grandes  Compa- 
gnies constituées.  Leur  situation  était  devenue  2elle-ci   : 

En  1851.  EmSuT. 

Longueurs  moyennes  concédées  —  976  k. 2.511  k. 

»  »  exploitées  —  748  »    1.177  » 

La  concession  la  plus  étendue  :  celle  du  Lyon-Méditerranée  dépas- 
sait 4.000  k.  et  cette  Compagnie  exploitait  déjà  1650  k. 

Ces  chiffres  ont  notablement  été  dépassés  depuis. 

Il  y  aurait  beaucoup  à  dire  contre  cette  concentration  au  point  de 
vue  économique.  Elle  constituait  de  puissants  monopoles.  Au  point  de 
vue  technique,  la  constitution  de  réseaux  étendus  fut  chose  favorable. 

On  a  seulement,  depuis,  de  beaucoup  excédé  la  mesure,  sous  l'in- 
fluence des  conventions  de  1858-1859. 

Ce  qui  en  fournitune  preuve  manifeste  c'est  que,  en  s'étendant,  l'ancien 
réseau  lui-même,  quoique  voyant  son  produit  brut  augmenter,  a  vu 
croître  aussi  le  tantième  des  frais  d'exploitation,  lequel,  d'après  toutes 
les  notions  admises,  aurait  dû  aller  en  diminuant. 

M.  Vauthier  donne  la  raison  industrielle  de  ce  fait  singulier,  et, 
après  avoir  critiqué  les  conventions  de  1858-1859,  ce  casse-tête  chinois 
qui  a  eu  de  si  graves  inconvénients  quant  au  coût  élevé  du  nouveau 
réseau  surtout,  il  montre  que  personne  ne  défend  aujourd'hui  ces  con- 
ventions, que  nul  ne  songe  à  en  étendre  l'application. 

Mais  que  va-t-on  faire  ? 

L'Etat  va-t-il  tout  racheter,  tout  compléter,  tout  exploiter? 

C'est  une  solution  que  préconisent  quelques  personnes.  Elle  serait  radi- 
calement mauvaise.  Quelque  vitalité  qu'ait  aujourd'hui  l'industrie  des 
chemins  de  fer,  la  main  mise  de  l'État  y  ('teindrait  tout  progrès.  Nous 
aurions  les  voies  ferrées  de  la  Chine. 


VWTIIIEII.    —   RÉORGANISATION    1)1     RÉSEAU    DES   CHEMINS   DE    FER       1129 

Autant  il  est  rationnel  que  les  chemins  de  fer  fassent  partie  du 
domaine  public,  autant  il  serait  fâcheux  que  l'État  en  fît  l'exploitation. 

D'ailleurs  cela  ne  résoudrait  pas  nécessairement  la  question  posée.  Il 
est  même  à  croire  que  cela  éloignerait  de  la  solution.  —  La  démons- 
tration péremptoire  en  a  été  faite  par  un  ingénieur  des  ponts- et-chaus- 
sées,  M.  Cl).  Baum. 

Il  faut  donc  autre  chose. 

M,  Vauthier  expose  alors  son  système  de  réseau  national  et  de  réseaux 
régionaux . 

Il  montre  comment  l'idée  d'une  telle  disposition  organique  ressort 
de  l'examen  d'une  carte  figurative  des  chemins  de  fer  français  où  l'in- 
tensité des  trafics  de  chaque  ligne  est  représentée  par  une  largeur  pro- 
portionnelle. 

Le  réseau  national  formé  des  grandes  lignes  commerciales  qui  sont 
en  même  temps  les  grandes  lignes  de  transit  et  les  grandes  voies  straté- 
giques constituerait  un  ensemble  qui  pourrait  être  confié,  comme 
exploitation,  à  une  ou  plusieurs  compagnies  fermières  qui  fonctionne- 
raient avec  des  tarifs  fixes,  votés  chaque  année  dans  la  loi  des 
finances.  Les  profits  de  ces  compagnies  résulteraient  des  progrès 
techniques  qu'elles  feraient  faire  aux  moyens  d'exploitation  à  partir  des 
bases  posées  dans  les  cahiers  «les  charges  qui  leur  seraient  impartis.  — 
Le  trésor  public  recueillerait  les  bénéfices. 

Ce  réseau  présenterait  un  développement  d'environ  7,500  kilomètres. 

Il  laisserait  en  dehors  24,000  k.  appartenant  tant  aux  grandes  Com- 
pagnies qu'aux  compagnies  diverses  et  aux  Compagnies  d'intérêt  local. 
En  y  ajoutant  8  à  9,000  k.  de  lignes  nouvelles,  on  aurait  ainsi  32  à 
33,000  k.  à  partager  en  réseaux  régionaux  que  l'on  constituerait  dans 
les  grandes  mailles  du  réseau  national . 

Il  y  aurait  20  à  25  de  ces  réseaux. 

Leur  étendue  varierait  de  1,200  à  1,800  k.  Excellente  condition 
d'exploitation. 

Chacun  d'eux  présenterait  une  continuité  absolue  des  lignes  qui  le 
forment.  Chacun  d'eux  aurait  une  assiette  homogène,  dans  une  région 
géographique  circonscrite,  sans  trop  grands  écarts  dans  les  trafics  à 
desservir. 

Ces  réseaux  seraient  confiés  à  des  Compagnies  privées  avec  cahiers 
des  charges  mieux  faits  que  ceux  des  Compagnies  actuelles,  mais  lais- 
sant cependant  ces  compagnies  maîtresses  de  leurs  tarifs,  dans  des 
limites  rigoureusement  fixées. 

Les  lignes  nouvelles  destinées  à  compléter  chaque  réseau  seraient 
établies  d'après  le  trafic  probable  à  desservir  et  construites  dans  les  con- 
ditions que  de  faibles  trafics  commandent. 


1130  ÉCONOMIE    POLITIQUE    ET    STATISTIQUE 

M.  Vauthier  montre  comment  ce  système  satisfait  aux  deux  condi- 
tions posées  : 

A.  Economie  de  construction  des  lignes  complémentaires; 

B.  Economie  d'exploitation  appropriée  dans  tous  les  cas  à  la  desti- 
nation de  chaque  réseau. 

Il  y  aurait  ainsi  division  de  fonctions  ;  —  des  organes  distincts  pour  des 
fonctions  distinctes,  sans  toucher  à  l'unité  nécessaire  de  la  circulation 
nationale, 

La  puissance  de  chaque  outil  serait  proportionnée  au  travail  à 
produire;  ce  qui  est  essentiel  pour  la  bonne  utilisation  des  forces. 

Notre  réseau  de  voies  ferrées  accomplirait  ainsi  la  seconde  phase  du 
mouvement  organique  dans  lequel  les  chemins  de  fer  doivent  entrer, 
phase  pour  laquelle  la  France  est  mieux  préparée  qu'aucune  autre 
nation. 

M.  Vauthier  termine  par  quelques  brèves  indications  sur  les  condi- 
tions de  la  réorganisation,  sur  sa  praticabilité,  et  les  conséquences  finan- 
cières du  système  proposé. 


M.  ROZY 

Professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Toulouse. 


SUR  LES  CHEMINS  DE  FER  D'INTÉRÊT  LOCAL. 

(EXTRAIT  DU  PROCÈS-VERBAL.) 


—   Séance    du   30    août    1877.    — 

M.  Rozy  présente  quelques  considérations  sur  les  chemins  de  fer  d'intérêt 
local  et  surtout  sur  la  loi  du  42  juillet  1865,  qui  les  a  organisés,  et  qui  a  été 
très-vivement  attaquée.  Il  montre  d'abord  que  ces  lignes  ne  sont  pas  sans 
importance,  puisque  l'on  compte  4,286  kilomètres  concédés  et  1,504  déjà  ex- 
ploités, et,  analysant  la  loi  de  1865,  il  s'attache  à  réfuter  les  critiques  qui  lui 
ont  été  adressées;  l'organisation  des  voies  ferrées  constituées  en  conformité  de 
cette  loi  de  1865  peut  laisser  à  désirer  à  certains  égards;  mais  en  somme  la 
loi  de  1865  a  été  inspirée  par  une  excellente  idée  :  le  désir  de  développer 
l'initiative  locale,  de  réagir  contre  une  centralisation  excessive  et  de  remettre 
la  solution  des  questions  aux  personnes  les  mieux  placées  pour  juger.  Après 
des  illusions  sur  ces  chemins  de  fer  on  s'est  mis  à  désespérer  d'eux  outre 
mesure;  un  ingénieur  de  talent,  M.  Caillaux,  a  pourtant  dit  qu'il  faut  conti- 
nuer la  construction   des  chemins  de  fer  d'intérêt  local,  que   leur  utilité  est 


SERRURIER.    —   CRÉATION    DE    BIRLIOTHÈQUES    PÉDAGOGIQUES  1131 

incontestable  et  que  si  la  prudence  esl  nécessaire  il  convient  de  ne  pas  sus- 
pendre totalement  la  construction,  comme  l'ont  proposé  bien  des  ingé- 
nieurs. 


M.    SERRURIER 

Directeur  de  l'École  communale  de  s  Havre. 


CRÉATION  DE  BIBLIOTHEQUES  PÉDAGOGIQUES. 


—  5 c'a» ce  du  30    août   (877.  — 

C'est  pour  élever  le  niveau  de  l'instruction  primaire  ,  base  de  tout 
enseignement  ultérieur,  que  j'ai  cherché  le  moyen  de  doter  mon  école 
d'une  bibliothèque  spéciale,  avec  le  désir  de  permettre  à  mes  onze  pro- 
fesseurs internes  de  développer  leurs  connaissances  pédagogiques  et  de 
l'aire  l'étude  des  meilleures  méthodes,  afin  de  fortifier  leur  savoir  et  de 
devenir  par  cela  même  plus  habiles  dans  l'art  d'enseigner. 

Les  élèves  et  les  adultes,  ainsi  que  les  apprentis  (enfants  employés 
dans  les  manufactures),  qui  fréquentent  l'école,  trouveront  aussi  un  ali- 
ment précieux  dans  des  livres  bien  choisis,  d'un  attrait  toujours  varié, 
et  susceptibles  de  les  instruire  en  les  amusant. 

Autorisée  en  1876,  cette  bibliothèque  est,  dans  son  genre,  la  première 
qui  existe  en  France,  et  c'est  pour  en  faciliter  rapidement  la  propaga- 
tion, que  je  me  suis  efforcé,  tout  eu  la  rendant  aussi  complète  que  pos- 
sible, de  lui  conserver  un  caractère  simple  et  capable  de  convenir  à 
tous  les  établissements  scolaires. 

Son  catalogue,  rédigé  avec  tout  le  soin  possible,  sera  une  source  où 
l'on  pourra  puiser  facilement,  quelle  que  soit  l'importance  que  l'on 
désire  donner  aux  bibliothèques  à  créer.  Dans  le  but  d'être  utile  et  pour 
répondre  aux  demandes  de  renseignements  qui  nous  ont  déjà  été  adres- 
sées, j'ai  la  satisfaction  d'annoncer  que  l'administration  municipale  du 
Havre  se  propose  de  faire  imprimer  ce  catalogue ,  afin  de  le  répandre 
dans  toutes  les  villes  importantes. 

Je  lis,  pour  abréger, la  petite  notice  placée  en  tête  de  ce  travail.  Elle 
suffira,  je  l'espère,  pour  indiquer  la  marche  que  j'ai  suivie,  et  toute  la 
part  qui  revient  à  l'initiative  privée  dans  cette  création. 

Notice  sur  la  création  de  la  bibliothèque  pédagogique  de  l'école  communale 
Sainte-Marie,  rue  Dumé-a" Aplemont  (Havre) . 

L'existence  de  cette  bibliothèque  est  due  à  l'initiative  du  directeur  de  l'é- 
cole, qui  avait  déjà  fondé,  en  1868,  une  bibliothèque  scolaire  à  la  campagne, 
dans  l'école  qu'il  dirigeait  alors. 


1132  ÉCONOMIE   POLITIQUE    ET    STATISTIQUE 

Four  engager  les  cœurs  généreux  à  s'intéresser  à  sa  création,  il  a  offert 
d'abord,  comme  premier  fonds,  trois  cents  volumes  (valeur  en  fr.  500),  qui 
composaient  sa  modeste  bibliothèque  d'instituteur. 

Encouragé  par  M.  Vasselin,  inspecteur  primaire ,  par  M.  l'inspecteur  d'a- 
cadémie, et  par  l'honorable  M.  Courant,  adjoint  au  maire  du  Havre  pour  l'ins- 
truction publique,  cet  instituteur  s'est  mis  à  l'œuvre  et  il  a  eu  la  satisfaction  de 
rencontrer,  auprès  des  personnes  que  ses  nombreuses  occupations  lui  ont  per- 
mis de  voir  jusqu'à  ce  jour,  un  accueil  toujours  sympathique  et  favorable. 

Après  une  année  de  démarches  et  d'efforts  persévérants,  il  a  pu  offrir  à 
l'Académie  et  à  l'administration  municipale,  une  bibliothèque  pédagogique  mo- 
dèle, comprenant  quinze  cents  volumes,  ouvrages  de  choix,  dont  la  valeur  dé- 
passe 4.000  francs  et  que  l'on  doit  à  l'initiative  et  à  la  bienfaisance  d'un  certain 
nombre  de  donateurs. 

Sur  le  rapport  de  M.  Courant,  le  Conseil  municipal  du  Havre  a  voté,  à  l'u- 
nanimité, la  somme  de  mille  francs,  pour  l'appropriation  d'un  appartement, 
au  rez-de-chaussée  de  l'habitation  des  maîtres,  à  usage  de  bibliothèque,  de 
salle  de  lecture  et  de  réunion  pour  le  directeur  et  les  adjoints  de  l'école. 

Cette  bibliothèque  comprend  deux  parties  : 

1°  La  première  partie,  celle  des  maîtres,  se  compose  d'excellents  ouvrages 
sur  la  pédagogie  et  sur  toutes  les  branches  de  l'enseignement:  français,  arith- 
métique, géométrie,  histoire,  géographie,  littérature,  sciences,  industrie,  arts, 
législation  usuelle,  etc.; 

2°  La  partie  des  élèves  renferme  des  séries  d'ouvrages  intéressants  et  ins- 
tructifs, comme  la  Première  année  de  lecture  courante,  par  Guyau  ;  les  Lectures 
courantes  des  écoliers  français,  par  Caumont  et  Vasselin;  les  Xotions  élémen- 
taires d'histoire  naturelle,  de  physique  et  de  chimie,  par  H.  Fabre,  etc.,  desti- 
nées à  circuler  dans  les  classes,  afin  d'exciter  l'attention  et  les  efforts  des  en- 
fants, des  adultes  et  des  apprentis,  qui  forment  chaque  jour,  au  moment  des 
cours  du  soir,  un  effectif  d'environ  mille  élèves. 

A  côté  de  l'utile,  le  créateur  de  l'œuvre  a  voulu  placer  l'agréable  ,  dans  le 
but  d'intéresser  davantage  et  de  permettre  de  s'instruire  en  s'amusant.  C'est 
ainsi  que  la  partie  des  maîtres  comprend  des  ouvrages  divers,  comme  biogra- 
phies, descriptions,  voyages,  etc.,  tandis  que  celle  des  élèves,  en  dehors  des 
livres  de  classe,  possède  la  collection  de  la  Bibliothèque  des  Merveilles,  et  d'au- 
tres petits  ouvrages  dont  l'attrait  servira  à  augmenter  l'empressement  et  les 
efforts  qui  seront  faits  pour  les  lire  et  pour  les  comprendre. 

Ce  qui  caractérise  celte  fondation,  ce  n'est  pas  seulement  un  ensemble  varié 
de  volumes,  provenant  d'auteurs  renommés,  mais  surtout  un  choix  con- 
sciencieux d'ouvrages  dont  la  valeur  morale  est  la  meilleure  garantie  de  leur 
utilité.  Bien  que  chaque  série  soit  nombreuse,  la  variété  existe  toujours  et 
aucun  livre  ne  s'y  trouve  en  double,  sauf  dans  les  livres  à  prêter  aux  élèves. 

L'examen  le  plus  scrupuleux  a  été  fait  pour  restreindre  la  quantité  au 
profit  de  la  qualité.  Il  suffit,  pour  en  avoir  une  idée,  de  se  reporter  h  la  série 
des  dictionnaires  et  ouvrages  généraux,  dont  la  liste  comprend:  le  grand 
Dictionnaire  Littré  (4  volumes);  le  Dictionnaire  encyclopédique  de  Grégoire  ; 
le  Dictionnaire  d'Histoire   et  de  Géographie,  par  Dezobry  et   Bachelet  (2  volu- 


SERRURIER.    —   CRÉATION    DE    BIBLIOTHÈQUES  PÉDAGOGIQUES  1133 

mes)  ;  le  Dictionnaire  des  Lettres,  par  Bachelet  et  Dezobry  (2  volumes)  ;  le 
Dictionnaire  de  l'Art  épistolaire,  par  Dezobry  ;  le  Dictionnaire  général  des 
Sciences,  par  Privat-Deschanel  et  Focillon  (2  volumes);  le  Livre  de  la  Ferme, 
par  Joigneaux  (2  volumes)  ;  le  Dictionnaire  d'Éducation  et  d'Enseignement, 
par  Champagne  ;  le  Dictionnaire  d'Education  et  d'Enseignement,  par  Morand  ; 
le  Dictionnaire  de  la  Santé,  par  Fonssagrives  ;  les  Citations  morales,  par 
Loubens;  les  Merveilles  des  Sciences  et  de  l'Industrie,  par  Figuier  (2  volumes); 
les  Chefs-d'œuvre  des  Arts  industriels,  par  Burly;  la  Terre  et  la  France,  par 
Elisée  Reclus,  etc.,  etc. 

Quelques  publications,  comme  le  Manuel  Général,  le  Journal  des  Institu- 
teurs, le  Courrier  de  Vaugelas,  etc.,  complètent  avantageusement  la  Biblio- 
thèque pédagogique  de  l'École  et  concourent  à  en  former  un  type  capable  de 
rendre  un  sérieux  service  à  l'enseignement,  en  traçant  la  route  de  pareilles 
créations  dans  les  principaux  établissements  d'instruction  primaire. 


DIVISION  DU  CATALOGUE 

Série  A.  —  Pédagogie  (Traités.  Éducation,  Religion,  Morale).       80  volumes. 
Série  IL  —  Enseignement.  —  Méthodes.  —  Livres  de  classe. 
(Lecture,  Langue  française,  Arithmétique,  Histoire  et  Bio- 
graphie, Géographie  et  Voyages,   Atlas  et  Cartes) 240        — 

SÉRIE  C.  —  Histoire  cl  Littérature 190         — 

Série  I).  —  Sciences.  —  Mathématiques  pures  et  appliquées: 
(Arithmétique,  Algèbre,  Géométrie,  Trigonométrie,  Méca- 
nique et  Cosmographie) 34        — 

Série  E.  —  Sciences  physiques  et  naturelles.  —  Industrie, 
(Histoire  naturelle,  Physique,  Chimie,  Agriculture,  Horti- 
culture, Botanique  et  Industrie) 68        — 

Série  F.  —  Législation  usuelle.  —  Economie  politique,  indus- 
trielle et  commerciale 15        — 

Série  G.  —  Hygiène  et  Gymnastique 11 

Série  H.  —  Beaux-Arts  (Dessin  et  Musique) 45        — 

Série  I.    —  Ouvrages  divers  pour  les  Maîtres 32         — 

Série  J.    —   Ouvrages  divers  pour  les  Élèves 261        — 

Série  K.   —  Livres  de  classe 524        •*- 

Total  de  volumes  :     1,500 


J'ai  dit,  en  commençant;  que  cette  Bibliothèque  est  la  première, 
méritant  son  titre,  qui  appartienne  à  une  école  primaire.  Il  existe 
cependant  d'autres  bibliothèques)  dites  bibliothèques  pédagogiques,  et 
noire  cité  a  depuis  longtemps  donné  un  exemple  qui  a  été  suivi  rapi- 
dement dans  plusieurs  grandes   villes.    En    effet,  en    1871,  l'honorable 


1134  ÉCONOMIE    POLITIQUE    ET    STATISTIQUE 

M.  Siegfried,  qui  a  su  donner  une  impulsion  si  vive  à  l'instruction 
publique  au  Havre,  créait  le  Cercle  des  Instituteurs,  où  les  Directeurs 
el  les  Instituteurs-Adjoints  des  écoles  communales  de  tous  les  quartiers 
peuvent  passer  agréablement  leurs  loisirs  et  se  préparer  pour  les  confé- 
rences mensuelles. 

31M.  les  Inspecteurs  de  renseignement  et  des  particuliers,  amis  zélés 
de  l'instruction;  s'efforcent  actuellement  d'ouvrir  des  bibliothèques  péda- 
gogiques cantonales,  mises  à  la  disposition  des  instituteurs  du  canton, 
où  des  réunions  ont  lieu,  soit  chaque  mois,  soit  tous  les  quinze  jours. 

Dans  l'intervalle  des  conférences  générales,  les  maîtres  ont  à  leur 
disposition  les  livres  que  possède  la  bibliothèque  du  chef-lieu  de  canton. 
Les  instituteurs,  dans  des  rapports  librement  et  souvent  habilement 
rédigés,  font  connaître  à  leurs  collègues  les  études  qu'ils  ont  faites  et 
les  observations  qu'elles  leur  ont  suggérées. 

Dans  les  cantons  où  ces  bibliothèques  existent,  c'est  un  grand  pas  de 
fait,  il  est  vrai,  mais  encore  bien  insuffisant,  à  mon  avis,  pour  mettre 
chaque  maître  à  la  hauteur  de  sa  tâche,  pour  l'engager  à  rompre  avec 
des  habitudes  prises  depuis  longtemps  ou  l'empêcher  de  tomber  dans  la 
routine  dès  son  début  dans  la  carrière  de  l'enseignement. 

C'est  déjà  beaucoup  certainement,  que  de  pouvoir  dire  aux  institu- 
teurs d'un  canton  :  «  Voilà  une  bibliothèque  et  des  livres,  continuez  de 
vous  instruire,  perfectionnez-vous,  étudiez  les  meilleures  méthodes, 
lisez  Rollin,  Pestalozzi,  Girard,  Frcebel,  Hippeau,  Charboimeau,  Dumou- 
chel,  etc.,  et  devenez  plus  habiles  dans  l'art  d'enseigner!   » 

Evidemment  la  bonne  volonté  existera  partout,  mais  ne  se  présentera- 
t-il  pas  sans  cesse  des  difficultés  matérielles  et  morales  dont  on  sera 
toujours  forcé  de  tenir  compte  ?  Oui,  la  route  à  parcourir  pour  se 
rendre  au  chef-lieu  de  canton  (souvent  10  ou  12  kilomètres),  les  tra- 
vaux imprévus,  le  mauvais  temps,  les  indispositions,  etc.,  viendront 
souvent  paralyser  le  désir  des  maîtres  et  les  empêcher  de  suivre  régu- 
lièrement les  études  de  leurs  collègues. 

Sans  parler  des  charges  de  famille  de  l'instituteur  et  sans  énumérer 
les  emplois  secondaires  auxquels  il  est  souvent  obligé  de  se  livrer  pour 
augmenter  un  traitement  insufiisant,  voilà  certes  assez  d'inconvénients 
pour  faire  comprendre,  qu'à  côté  de  la  bibliothèque  du  canton,  il  faut 
à  chaque  école  une  bibliothèque  particulière  dont  l'importance  variera 
suivant  les  besoins.  Dans  les  écoles  nombreuses  surtout,  où  beaucoup 
de  jeunes  maîtres  sont  appelés,  il  est  urgent  de  créer  le  plus  vite  pos- 
sible une  bibliothèque  pédagogique  qui  permette  de  continuer  les  études 
de  l'école  normale,  car  les  progrès  des  élèves  suivront  toujours  ceux 
que  feront  les  instituteurs  pour  augmenter  leur  dose  d'instruction. 

Les   aptitudes  n'étant  pas  les  mêmes,  toutes  les    branches  de  l'ensei- 


SERRURIER.  —   CRÉATION    DE    BIBLIOTHÈQUES   PÉDAGOGIQUES  1135 

gnemciit  doivent  y  être  représentées.  Lu  pédagogie,  restée  encore  en 
France  à  l'état  d'enfance,  doit  être  l'objet  d'un  soin  tout  particulier  de 
la  part  des  personnes  autorisées  à  fonder  des  bibliothèques  de  ce  genre. 
Les  instituteurs  praticiens,  ceux  dont  le  goût  et  les  circonstances  ont 
favorisé  le  succès,  doivent  s'efforcer  de  tracer  une  route  facile  à  leurs 
auxiliaires  ou  à  leurs  jeunes  collègues,  afin  de  leur  aplanir  les  difficultés 
professionnelles  et  de  les  mettre  à  môme  d'obtenir  à  leur  tour  d'heureux 
résultats . 

Ce  sont  ces  différentes  considérations  et  l'avantage  qu'il  y  a  pour 
chaque  maître  d'avoir  à  sa  portée  des  moyens  d'instruction,  qui  ont 
déterminé  la  création  dans  mon  école,  par  suite  d'une  souscription, 
d'une  bibliothèque  renfermant  aujourd'hui  l,o00  volumes,  dont  la  valeur 
dépasse  4,000  francs. 

Je  dois  dire,  messieurs,  pour  être  juste,  que  le  Cercle  des  Instituteurs 
du  Havre  a  contribué  considérablement  à  me  donner  l'idée  d'une  biblio- 
thèque spéciale,  déjà  bien  suivie  par  mes  maîtres-adjoints.  Le  Cercle  des 
Instituteurs  remplace  pour  nous  les  bibliothèques  cantonales.  Nous  étu- 
dierons chez  nous,  sans  dérangement  et  sans  perte  de  temps,  et  nous 
communiquerons  à  nos  collègues,  dans  des  conférences  mensuelles,  le 
résumé  de  nos  études. 

C'est  pour  faciliter  ailleurs  ce  moyen,  surtout  dans  toutes  les  villes  et 
communes  importantes,  que  je  prends  respectueusement  la  liberté  de 
solliciter  votre  bienveillance   au  sujet    de  l'œuvre  que  j'ai  entreprise. 


12"  section.  —  Sciences  médicales. 


M.   POTAII 

Professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Pans. 


INDICATIONS  DE  LA  THORACENTESE  ET  APPAREIL  POUR  LA  PRATIQUER 
AVEC  PRÉCISION. 

(extrait  nr  procks-verbal.i 


—    À'  ê  a  n  ce    du    2  0    août.    1877.    — 

M.  Potain  fait  une  communication  très-intéressante  sur  les  indications  de 
la  thoracentèse,  et  présente  un  appareil  qui  permet  d'apporter  plus  de  préci- 
sion dans  la  pratique  de  cette  méthode. 

Les  indications  de  la  thoracentèse  reposent  sur  l'abondance,  l'ancienneté,  la 
nature  du  liquide  épanché  et  sur  la  gêne  circulatoire  qu'il  détermine. 

Quand  un  épanchement  moyen  reste  stationnaire  et  que  l'on  reconnaît  qu'il 
n'est  pas  enkysté,  il  semble  qu'il"  suffise  de  l'enlever  pour  l'empêcher  de  se 
reproduire. 

Or,  l'opération  produite  par  la  rétraction  pulmonaire  appelle,  au  contraire, 
la  reproduction  du  liquide.  Quand  un  malade  respire  difficilement  et  que 
l'épanchement  est  abondant,  il  est  indiqué  d'intervenir.  Mais  il  est  difficile  de 
constater  ces  différentes  indications.  Il  est  des  cas  d'asphyxie  lente  et  pro- 
gressive produite  par  la  présence  du  liquide,  et  la  menace  de  syncope  n'est 
pas  facile  à  prévoir.  M.  Lassègue  a  communiqué  à  la  Société  des  hôpitaux 
un  cas  de  syncope  qui  l'avait  vivement  ému.  Il  soignait  un  confrère  atteint 
de  ce  mal  :  au  moment  où  M.  Lassègue  appliquait  son  oreille  sur  la  poi- 
trine du  malade,  celui-ci  s'affaissa  et  tomba  mort.  Il  était  atteint  d'une  pleu- 
résie latente  étendue. 

Les  signes  pbysiques  pour  reconnaître  la  nature  du  liquide  sont  également 
peu  certains.  L'ancienneté  du  liquide  est  aussi  fort  difficile  à  apprécier,  la 
mémoire  des  malades  étant,  souvent  un  guide  infidèle. 

Reste  l'abondance  du  liquide  :  là  encore,  les  erreurs  sont  fréquentes  5  elles 
tiennent  aux  degrés  Variables  de  l'affaissement  du  poumon  et  des  adhérences 
qu'il  a  contractées. 

La  constatation  de  l'hypéfémie  pulmonaire  a  liue  grande  valeur;  elle  di- 
minue la  rétraction  du  poumon.  Cet  organe  restant  volumineux,  l'hypérémie 
pulmonaire  persiste  souvent  quand  on  a  extrait  le  liquide. 


POTAIN.    —    INDICATIONS    DE    LA    THOKACENTESE 


i!;rr 


M.  Potain  pense  que  les  meilleurs  signes  du  diagnostic  de  la  congestion 
pulmonaire  associée  à  l'épanchement  plein,  sont  l'étendue  considérable  du 
souffle  et  la  persistance  des  vibrations  thoraciques  beaucoup  plus  bas  que 
le  niveau  du  liquide. 

C'est  k  la  congestion  pulmonaire  qu'il  faut  attribuer  la  crépitation  pleurale. 
M.  Bouillaud  pensait  que  cette  crépitation  était  due  à  un  frottement  pleural. 
Tel  n'est  pas  l'avis  de  M.  Potain.  Cette  crépitation  est  limitée  à  l'inspiration; 
si  elle  était  due  k  un  frottement  pleural,  elle  devrait  se  faire  entendre  aussi 
pendant  l'expiration,  M.  Potain  voit  dans  ce  râle  fin  et  superficiel,  limité  k 
l'inspiration,  l'indication  d'une  congestion  de  la  superficie  du  poumon. 

Extraire  tout  le  liquide  quand  l'épanchement  est  médiocre,  c'est  favoriser  la 
congestion  pulmonaire  par  un  mécanisme  d'aspiration.  Il  est  important  de  ne 
pas  pousser  trop  loin  l'extraction  du  liquide;  il  est  important  même  de  n'en 
extraire  que  la  moitié.  Il  faut  pour  cela  en  apprécier  la  quantité  totale.  Tel  est 
le  problème  difficile  et  délicat  que  M.  Potain  a  cherché  k  résoudre  en  appli- 
quant aux  appareils  aspirateurs  ordinaires  un  manomètre  d'une  simplicité  ex- 
trême, sorte  de  baromètre  k  cuvette  qui  s'interpose  sur  le  trajet  du  tube  qui 
fait  l'extraction. 

11  fallait  que  l'aspiration  du  liquide  ne  se  transmît  point  au  manomètre, 
sans  quoi  tout  le  mercure  serait  aspiré.  A  cet  effet,  il  a  imaginé  un  robinet 
placé  en  avant  du  manomètre  et  pouvant,  en  même 
temps,  supprimer  la  communication  du  manomètre  avec 
le  flacon  aspirateur  et  faire  communiquer  en  même 
temps  le  liquide  en  extraction  avec  le  manomètre 
(fig.  101). 

Pendant  l'extraction  on  tourne  le  robinet  de  temps 
en  temps,  soit  quand  on  a  enlevé  100,  200  ou  300 
grammes  de  liquide,  et  on  peut  apprécier  ainsi  le 
degré  de  pression  dans  la  plèvre.  Quand  elle  contient 
peu  de  liquide,  la  pression  change  rapidement.  Si  le 
liquide  est  abondant,  200  ou  300  grammes  du  liquide 
extrait  n'amènent  pas  de  différence  notable  dans  la 
pression. 

Voici  les  tableaux  pour  deux  cas  : 

Un  malade  a  une  pleurésie  au  vingt-troisième  jour. 

La  matité  remonte  k  l'épine  de  l'omoplate,  le  souffle 
s'étend  très-bas.  La  pression  dans  la  plèvre  est 
inférieure   k  la    pression    atmosphérique    de  2   millimètres;   c'est   la   règle. 

Après  800  grammes  de  liquide  enlevé,  la  pression  oscillait  : 


Entre ...» 2  et  S 

A  1000  grammes  entre 3  et  6 

A  1200        —  — 3  et  7 

A  2200        —  — ,   .  5  et  8 


Vers  la  fin,  la  dépression  a  été  plus  rapide. 


72 


1138  POTAIN.    —    INDICATIONS    DE    LA    THORACENTÈSE 

Une  deuxième  ponction  chez  ce  malade  a  donné,  avant  l'extraction,  une 
pression  variant 

Entre 2  et    3 

Pendant  l'extraction  entre 5  et    7 

_               _           — 7  et    9 

_               _           _ 12  et  16 

A  1000  grammes  entre U  et  il 

A  1050  grammes  tout  à  coup  entre 20  et  22 

Le  liquide  approchait  de  la  fin.  Le  lendemain,  il  n'y  avait  pas  d'égophonie. 

Dans  un  deuxième  cas,  pleurésie,  suite  de  traumatisme,  et  fracture  décote, 
hémathorax. 

Pression  avant  l'extraction,  15  millimètres  au-dessus  de  la  pression  atmos- 
phérique. 

Après  500  grammes  de  liquide  extrait,  pression  entre  5  et  0. 

Après  3000  grammes  de  liquide  extrait,  pression  entre  3  au-dessus  et  3  au- 
dessous. 

Ce  cas  était  des  plus  graves.  Le  liquide  se  reproduisit,  il  fallut  faire  l'em- 
pvème. 

Conclusions  : 

1°  Des  diverses  indications  de  la  thoracentèse  l'abondance  du  liquide  est 
une  des  principales. 

2°  Une  des  raisons  qui  contribuent  le  plus  à  rendre  cette  appréciation  diffi- 
cile est  l'hypérémie  pulmonaire  concomitante. 

3°  Cette  hypérémie  accompagne  le  plus  grand  nombre  des  pleurésies,  mais 
à  un  degré  très-variable. 

Les  signes  qui  la  décèlent  le  mieux  sont  le  souffle  exagéré  et  entendu  très- 
bas  au-dessous  du  niveau  de  l'épanchement,  la  persistance  des  vibrations 
thoraciques,  le  déplacement  du  cœur  proportionné  aux  autres  signes  de 
quantité. 

5°  Elle  peut  contre-indiquer  la  thoracentèse  à  un  double  titre  :  1°  parce 
qu'elle  implique  que  la  quantité  de  liquide  est  beaucoup  moindre  que  la  plu- 
part des  signes  ne  semblent  l'indiquer;  2°  parce  qu'elle  peut  s'exagérer  sous 
l'influence  de  l'évacuation. 

6°  Un  manomètre  indiquant  la  pression  dans  la  plèvre  peut  être  une  chose 
utile. 


CONFÉRENCES 


M.  le  Comte  de  SAPORTA 

Correspondant  de  l'Institut. 

LES  ANCIENS  CLIMATS  ET  LEURS  RAPPORTS  AVEC  LA   MARCHE 

ET  LE  DÉVELOPPEMENT 

DE  LA  VÉGÉTATION   EUROPÉENNE. 


—  Séance  du  24  août   1877.  — 

Je  vais  essayer  de  résumer  la  marche  et  le  développement  de  la  végétation 
européenne  à  partir  d'une  époque  déterminée,  et  je  ferai  ressortir  les  relations 
de  cette  marche  avec  les  modifications  parallèles  des  anciens  climats. 

Les  révolutions  physiques  ont  influé  nécessairement  sur  les  climats;  de  là 
un  certain  nombre  d'états  successifs  dont  les  résultats  matériels  se  traduisent 
par  des  dépôts,  reconnaissables  à  leurs  fossiles  caractéristiques.  C'est  à  l'aide 
de  dépôts  que  furent  constitués  ces  terrains  ou  formations,  ou  encore  ces 
roches  stratifiées  que  Ton  identifie  avec  les  périodes  qui  les  produisirent, 
parce  qu'ils  fournissent  en  définitive  le  seul  moyen  dont  nous  disposions  pour 
connaître  les  événements  du  passé. 

Le  climat,  de  son  côté,  est  une  résultante  de  plusieurs  causes  combinées. 
La  température  est  la  principale,  mais  non  la  seule  de  ces  causes  :  la  tempé- 
rature est  la  somme  de  chaleur  départie  au  globe  à  un  moment  donné  et  sur 
un  point  quelconque  de  sa  surface.  La  source  de  cette  chaleur  est  dans  le 
soleil,  et,  pour  les  temps  que  nous  allons  considérer,  celte  source  doit  être 
invoquée  exclusivement. 

L'obliquité  de  l'axe  terrestre  sur  le  plan  de  son  orbite  amène  nécessairement 
l'inégale  distribution  de  la  chaleur  solaire  à  la  surface  du  globe.  On  sait, 
sans  que  nous  ayons  à  insister  sur  ce  point,  que  la  hauteur  variable  du  soleil 
sur  l'horizon  de  chaque  pays  détermine  la  nature  et  la  durée  des  saisons 
échelonnées  de  l'équateur  au  pôle,  dans  l'ordre  même  des  latitudes.  Pour  juger 
des  effets  de  celte  influence  des  latitudes  sur  l'état  de  la  végétation,  il  suffit  de 
mettre  en  regard  une  forêt  vierge  de  l'île  de  Java  et  l'aspect  désolé  des  bords 
de  la  mer  polaire.  Ce  sont  les  deux  extrémités  des  climats  terrestres,  comme 
de  la  vie  organisée  sur  le  globe. 


1140  CONFÉRENCES 

A  l'obliquité  croissante  ou  décroissante  des  rayons  solaires,  il  faut  ajouter 
plusieurs  causes  secondaires  qui  se  joignent  à  la  première  et  constituent  le 
climat  de  chaque  région.  Ces  causes,  dont  l'activité  a  été  certainement  en  jeu 
autrefois,  sont  la  densité  relative  de  l'atmosphère,  la  configuration  géogra- 
phique du  sol  émergé  et  non  émergé,  enfin  les  accidents  plus  ou  moins  pro- 
noncés de  l'écorce  terrestre.  Il  suffit,  pour  démontrer  la  différence  qui  existe 
entre  la  température  et  le  climat,  de  remarquer  que  deux  localités  douées 
chacune  d'un  climat  opposé,  comme  Brest  et  Nice,  peuvent  cependant  pré- 
senter, à  quelques  dixièmes  près,  les  mêmes  moyennes  de  température. 

11  faut  maintenant  considérer  le  règne  végétal  lui-même.  Dans  son  état 
actuel,  il  se  partage  en  deux  grandes  sections  :  les  Cryptogames  et  les  Phané- 
rogames. Les  premières  comprennent  des  végétaux  très-divers  et  de  structure 
très-inégale;  les  plantes  les  plus  inférieures,  uni-cellulaires  ou  purement 
cellulaires,  font  partie  de  cette  section,  mais  d'autres  Cryptogames  sont  plus 
élevés  en  organisation.  Chez  ceux-ci,  la  fécondation  s'opère  au  moyen  de 
corpuscules    doués   de    mouvements    automatiques   et   nommés  anthérozoïdes. 

L'organe  femelle  d'où  sort  la  jeune  plante  prend  le  nom  d'archégone.  Dans 
beaucoup  de  cas,  les  organes  sexuels  naissent  sur  une  production  intérimaire, 
nommée  prolhaUium.  Les  Cryptogames  les  plus  élevées  égalent  ou  surpassent 
en  perfection  les  Phanérogames   et    présentent   d'ailleurs  une  transition  vers 

celles-ci. 

Les  Phanérogames  se  divisent  en  Gymnospermes  et  A  ngiospermes  et  ces  der- 
nières comprennent  les  deux  classes  des  Monocotylédones  et  des  Dicotylédones. 
Chez  les  Phanérogames,  la  fécondation  s'opère  au  moyen  du  grain  de  pollen 
mis  en  contact  avec  un  ovule  et  provoquant  au  sein  de  celui-ci  la  formation 
d'un  embryon,  jeune  plante  munie  de  ses  organes  les  plus  essentiels  à  l'état 
rudimentaire  et  susceptible  de  se  développer  par  la  germination. 

Les  Gymnospermes  qui  jouent  un  si  grand  rôle  dans  les  temps  anciens  sont 
des  Phanérogames  imparfaites  dont  les  ovules  sont  nus  ou  incomplètement 
enveloppés  ;  elles  constituent  par  cela  même  un  état  inférieur,  moins  avancé 
que  celui  qui  existe  chez  les  Angiospermes,  mais  que  celles-ci  ont  sans  doute 
originairement  traversé.  Les  Gymnospermes  comprennent  actuellement  les 
trois  groupes  des  Cycadées,  des  Conifères  et  des  Gnétacées;  ces  dernières 
opèrent  une  sorte  de  transition  vers  les  Dicotylédones. 

Les  Monocotylédones  et  les  Dicotylédones  sont  ainsi  nommées  du  nombre  et 
de  la  disposition  de  leurs  cotylédons  ou  feuilles  embryonnaires.  Dans  les 
premières,  les  éléments  de  la  tige  sont  épars  et  les  faisceaux  fibro-vasculaires 
et  libériens  demeurent  confondus.  Dans  les  secondes,  les  éléments  de  la  tige, 
à  l'exemple  de  ce  que  montrent  les  Conifères  s'isolent  promptement  et  se  dis- 
posent en  deux  zones  ou  rangées  concentriques,  dont  l'accroissement  s'opère 
en  sens  inverse  l'une  de  l'autre,  au  point  de  contact  des  deux  régions. 

Actuellement,  les  Phanérogames-Angiospermes  composent  les  neuf  dixièmes 
environ  de  tout  le  règne  végétal  et  les  Dicotylédones  les  quatre  cinquièmes  des 
Angiospermes.  Le  groupe  des  Gymnospermes  est  insignifiant  en  tant  (pie  pro- 
portion numérique  ;  mais  il  n'en  était  pas  originairement  ainsi.  Les  Angios- 
permes   furent    longtemps    absentes.    Les    Cryptogames    d'abord  dominantes 


DE    SAPORTA.    —   ï.ES    ANCIENS   CLIMATS   ET    r.  V    VÉGÉTATION  11  il 

s'adjoignirent  des  Gymnosper s  qui  obtinrent  plus  tard  l'égalité  ou  môme  la 

prépondérance.  Les  Monocotylédones  paraissent  avoir  précédé  les  Dicotylédones. 
Ces  premières  Monocotylédones  étaient  du  reste  numériquement  très-faibles  ; 

elles  se   rapprochaient  des  Pandanées  ou  Spadici  flores,  les  plus  imparfaites  do 
leur  classe. 

Les  Dicotylédones  se  sont  montrées  beaucoup  plus  tard,  et  les  circonstances 
qui  ont  accompagné  ou  suivi  leur  apparition  vont  être  l'objet  de  notre  examen. 
L'époque  paléozoïque  est  celle  des  premiers  débuts  du  règne  végétal  encore 
très-incomplet.  Cette  époque,  si  l'on  s'attache  aux  plantes  seulement,  com- 
mence avec  le  silurien,  très-mal  connu,  il  est  vrai,  au  point  de  vue  phytolo- 
gique,  et  se  prolonge  jusqu'à  la  fin  du  permien.  Des  circonstances  favorables, 
au  nombre  desquelles  il  faut  compter  la  chaleur  humide  du  climat,  favori- 
sèrent à  ce  moment  l'essor  du  règne  végétal.  Ces  circonstances  régnèrent  dans 
tout  l'espace  qui  s'étend  du  pôle  au  32e  degré  lat.  N.  Les  houillères,  fréquentes 
dans  ces  limites  deviennent  rares  ou  exceptionnelles  au  delà. 

L'abondance  des  empreintes  fossiles  et  dernièrement  les  recherches  d'un 
savant  français,  M.  Grand'Eury,  ont  permis  de  reconstruire  la  plupart  des 
types  végétaux  de  l'époque  carbonifère  arrivés  jusqu'à  nous.  Les  genres,  les 
familles,  même  les  groupes  principaux,  diffèrent,  comme  vous  pouvez  en  juger  (1), 
de  ceux  que  nous  possédons  ou  étonnent  par  la  disproportion  des  formes  alors 
existantes  avec  le  rôle  subordonné  et  la  faiblesse  de  celles  qui  s'en  écartent 
le  moins  dans  l'ordre  actuel.  Ce  sont  des  Fougères,  —  des  Calamariées  assi- 
milables à  nos  prèles  —  des  Lépidodendrées  ou  Lycopodes  géants,  —  des  Sigil- 
lariées  dans  lesquelles  on  hésite  encore  à  reconnaître  des  Cryptogames  plutôt 
que  des  Gymnospermes.  Ce  sont  enfin  des  types  de  Gymnospermes  difficiles  à 
définir  parce  qu'ils  se  placent  en  dehors  des  cadres  connus,  à  distance  presque 
égale  des  Taxinées,  des  Cycadées  et  des  Gnétacées. 

Ces  types  existaient  encore  amoindris  et  diminués,  dans  le  permien;  ils  dis- 
parurent ensuite  pour  la  plupart,  à  l'exception  de  ceux,  comme  certaines 
Fougères,  les  prêles,  les  lycopodes  et  les  ginkgos  ou  Salisburia,  qui,  après 
avoir  traversé  toutes  les  périodes  suivantes,  sont  arrivés  enfin  jusqu'à  nous. 

La  flore  carbonifère  suggère  trois  observations  importantes  :  la  première  est 
l'état  incomplet  du  règne  végétal,  bien  que  les  types  qu'il  comprenait  alors 
eussent  atteint,  chacun  dans  leur  classe,  un  degré  de  perfection  que  leurs  des- 
cendants n'ont  jamais  plus  égalé.  La  seconde,  c'est  que  partout  où  les  houilles 
ont  pris  naissance,  le  climat  devait  être  un  mélange  de  chaleur  et  d'humi- 
dité. Cette  dernière,  poussée  à  l'excès  et  s'accusant  par  des  précipitations 
aqueuses  d'une  grande  abondance  est  la  seule  explication  que  l'on  ait  trouvée 
d'une  telle  accumulation  de  débris.  La  troisième  observation,  c'est  qu'il  régnait 
alors,  au  moins  dans  toute  l'étendue  des  zones  [tempérée  et  glaciale  actuelles 
une  température  parfaitement  égale,  favorisant  partout  la  croissance  des 
mêmes  éléments  de  végétation. 

Il  doit  suffire  de  donner  comme  preuve  de  ce  que  j'avance,  la  vue  d'une 
forêt  et  d'un  marécage  du  temps  des  houilles  et  d'affirmer  que  rien  n'y  chan- 

H)  La  conférence  était  illustrée  de  nombreuses  cartes  et  de  projections 


1142  CONFÉRENCES 

gérait  si  l'on  se  transportait  successivement  au  Spitzberg  (78°4),  à  l'île  des 
Ours  (74°4),  en  Irlande,  en  Allemagne,  dans  le  midi  de  la  France  ou  au  sud 
des  États-Unis  et  même  à  Madagascar  ;  partout  on  verrait  reparaître  les  mêmes 
types  caractéristiques  et  les  mêmes  formes,  à  d'insignifiantes  variations  près. 

L'imperfection  ou  plutôt  la  composition  encore  incomplète  de  la  flore  a  donc 
coïncidé  avec  l'uniformité  absolue  des  climats  dans  le  sens  des  latitudes. 
Quelle  que  soit  la  vraie  nature  du  lien  qui  semble  réunir  ces  deux  phénomè- 
nes, dont  je  me  borne  à  signaler  la  solidarité  apparente,  leur  existence  respec- 
tive et  leur  coïncidence  sont  indéniables.  Leur  durée  s'est  du  reste  prolongée 
bien  au-delà  du  temps  des  houilles,  et  comme  le  moment  où  ils  cessent  est 
celui  où  nous  reporte  justement  le  but  poursuivi  dans  notre  étude,  nous  nous 
placerons  immédiatement  en  plein  terrain  secondaire,  au  commencement  de 
la  période  oolithique. 

Mais  auparavant  et  pour  ne  rien  négliger  des  éléments  essentiels  du  sujet 
que  je  traite  et  dont  la  complexité  n'échappera  à  personne,  il  est  nécessaire, 
le  nœud  de  la  question  étant  au  pôle,  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  les  régions 
arctiques,  sur  les  explorations  et  les  découvertes  dont  elles  ont  été  le  théâtre, 
sur  les  hommes  à  qui  nous  les  devons  et  sur  les  gisements  de  plantes  fossiles 
que  ces  hommes  y  ont  rencontrés. 

Parmi  les  explorateurs  scientifiques  de  l'extrême  Nord,  on  ne  compte,  hélas  ! 
aucun  Français  ;  ce  sont  des  Américains,  des  Anglais,  des  Danois  et  par- 
dessus tout  des  Suédois.  Il  faut  nommer  d'abord  Nierstsching,  Amstrong, 
Kane,  dont  les  collections  ont  été  perdues  ;  Richardson  qui  visita  l'embou- 
chure du  fleuve  Mackensie  (65°  lat.),  Mac-Glure  et  Mac-Clintock  pour  la  terre 
de  Banks,  les  îles  Melville  et  Bathurst.  D'autres  noms  se  présentent  ensuite, 
celui  du  Danois  Steenslrup  pour  l'Islande  ;  celui  du  Finlandais  Hjalmar- 
Furubjelm  pour  le  territoire  de  l'Alaska ,  à  l'autre  extrémité  de  la  mer 
Glaciale. 

Les  gisements  les  plus  riches  sont  situés  sur  les  côtes  occidentales  du  Groen- 
land et  du  Spitzberg.  Au  Groenland,  c'est  dans  l'île  de  Disco  (70°  lat.)  et  le 
long  de  la  plage  attenante  de  la  presqu'île  de  Noursoak  que  le  capitaine  Inge- 
field,  le  lieutenant  Colomb,  sir  Mac-Clintock,  les  docteurs  Torelly  et  Lyell, 
M.  Whymper  et  enfin  Nordenskiôld,  ont  dirigé  leurs  recherches. 

Le  nom  de  Nordenskiôld  est  plus  particulièrement  attaché  au  Spitzberg  où 
il  a  conduit  six  expéditions  successives  ;  les  gisements  reconnus  dans  cette 
région  sont  situés  le  long  de  la  côte  occidentale  ;  en  partant  du  nord,  ce  sont 
ceux  de  la  Baie-du-Roi  (Kingsbay)  (79°  lat.),  du  fiord  des  glaces  (Eiss-fiord), 
de  la  baie  de  la  Cloche  (Bell-Sund).  —  L'ensemble  de  tous  les  documents 
relatifs  à  l'ancienne  flore  polaire  a  été  centralisé  et  publié  par  M.  le  pro- 
fesseur Heer,  de  Zurich. 

Jetons  maintenant  un  coup-d'œil  général  sur  l'océan  Glacial  arctique,  sorte 
de  mer  intérieure,  limitée  par  les  plages  boréales  des  deux  continents,  semée 
d'îles,  d'archipels  et  de  grandes  terres.  Cette  région  centrale,  par  rapport  à 
l'Asie  et  à  l'Amérique,  a  jadis  présenté  de  vastes  étendues  continentales  en 
communication  plus  ou  moins  directe  avec  les  parties  septentrionales  de 
notre  zone,  et  à  l'époque  où  elle  renfermait    une  végétation    plus   ou  moins 


DE    SAPORTA.   —    LES    ANCIENS    CLIMATS    ET   LA    VÉGÉTATION  M 43 

riche  selon  les  temps,  ses  espèces  ont  pu  rayonner  et  se  répandre  au  dehors, 
à  l'aide  de  mouvements  d'expansion  et  d'émigration  successifs,  favorisés  par 
les  progros  continus  du  refroidissement. 

T,a  région  arctique,  maintenant,  à  peu  près  morte  à  la  vie  végétale,   avant 
d'arriver  à  ce  degré  d'épuisement,  a  possédé    durant  des  myriades    de   siècles 
une  végétation    qui  n'avait  rien  à  envier  aux  zones  actuelles  les   plus  favori 
sées. 

La  flore  oolithique  à  laquelle  je  me  hâte  d'arriver,  après  cette  digression 
nécessaire,  ne  ressemblait  pas  à  celle  des  houilles,  et  pourtant  elle  était  aussi 
incomplète  que  celle-ci.  A  peine  possédait -elle  en  plus,  en  faits  d'éléments 
phytologiques  principaux,  quelques  rares  Monocotylédones.  La  vue  idéale  que 
je  mets  sous  vos  yeux  et  qui  représente  une  plage  boisée,  au  temps  de  la 
grande  oolithe,  vous  donne  une  idée  fort  juste  de  l'aspect  de  cette  flore.  On  y 
distingue  des  genres  éteints  de  Cycadées,  des  Conifères  également  éteintes  pour 
la  plupart,  à  l'exception  de  quelques  rares  Araucaria.  Les  plus  fréquentes  de 
ces  Conifères  sont  des  Brachyphyllium  qui  dressent  leurs  grandes  tiges  raides 
et  nues  ;  puis,  viennent  des  Cupressinées,  uneMonocolylédone,  parente  éloignée 
des  Cyclantées;  enfin,  on  reconnaît  une  série  de  Fougères  de  tailles  très- 
diverses,  généralement  coriaces,  aux  frondes  raides,  aux  pinnules  piquantes, 
et  plus  ou  moins  incisées.  Les  genres  Lomatopteris,  Scleroptcris,  Cycadopteris, 
Stenopteris  dominent  parmi  ces  Fougères  auxquelles  se  joignaient  des  prêles, 
des  ginkgos  et  quelques  rares  espèces  au  feuillage  luxuriant  propres  aux  loca- 
lités inondées  et  marécageuses,  voisines  de  certains  estuaires. 

L'Europe  de  cet  âge  différait  totalement  de  ce  qu'elle  est  devenue  depuis, 
bien  que  dans  les  linéaments  d'autrefois  on  puisse  retrouver  en  germe  la  dis- 
tribution actuelle  du  sol.  Elle  formait,  comme  vous  pouvez  en  juger  un  archi- 
pel de  grandes  îles  qui  tendaient  pourtant  à  se  rejoindre  et  à  se  souder.  L'uni- 
formité climatérique  était  presque  aussi  absolue  que  du  temps  des  houilles. 
Au  Spitzberg  et  "en  Sibérie,  la  flore  oolithique  présente  le  même  aspect  que 
dans  l'est  de  la  France,  là  où  j'ai  pris  les  traits  du  paysage  reconstitué  que 
vous  venez  de  voir. 

La  flore  jurassique,  on  peut  l'avancer,  conserve  jusqu'à  Yurgonien,  étage 
qui  appartient  à  la  craie  inférieure,  la  même  physionomie  et  les  mêmes  élé- 
ments, à  d'insignifiantes  variations  près. 

La  flore  urgonienne  de  la  presqu'île  de  Noursoak,  au  Groenland,  ne  diffère 
par  aucun  côté  essentiel  de  celle  qui,  à  la  même  époque,  couvrait  la  région  des 
Carpathes  et  qui  a  été  décrite  par  Schenk.  Un  léger  indice  de  refroidissement 
pourrait  être  tiré  cependant  d'une  feuille  isolée  de  Dicotylédone  signalée  à 
Pattorfik,  dans  le  Groenland,  et  de  plusieurs  sapins  de  la  section  Tsuga,  qui 
se  trouvent  associés  aux  Cycadées  et  aux  Gleichéniées,  dans  les  gisements 
d'Ekhorfat  et  de  Kome,  de  la  même  contrée. 

C'est  là  le  premier  début,  le  signe  avant-coureur  du  phénomène  qui  va 
s'accomplir,  de  la  plus  grande  des  évolutions  dont  le  règne  végétal  ait  donné 
le  spectacle. 

La  face  de  l'Europe  avait  bien  changé  depuis  la  période  oolithique.  L'Europe 
cénomanienne,  celle  du  Quadersandstein  et  de  la  craie  blanche,  est  bien  plus 


H  44  CONFÉRENCES 

voisine  de  la  nôtre  que  l'Europe  jurassique.  Elle  consiste  en  un  petit  continent 
central  composé  d'une  partie  de  la  France,  de  l'Allemagne  centrale  et  méri- 
dionale. La  carte  étalée  devant  vous  montre  près  de  Marseille  deux  échan- 
crures  sinueuses  en  forme  de  baies,  et  tout-à-fait  au  nord,  au  dessus  de  Prague, 
on  voit  encore  un  golfe  ramifié  ou  fiord  intérieur,  dont  les  branches  pénètrent 
de  toutes  parts  dans  les  terres.  Ce  golfe  fut  le  résultat  d'une  invasion  qui 
transforma  le  sol  de  la  Bohême  et  le  couvrit  de  lagunes  d'eau  douce,  saumâtre 
ou  marine  qui  alternèrent  sur  divers  points  et  à  plus  d'une  reprise. 

C'est  à  cette  invasion  que  nous  devons  la  connaissance  de  la  flore  que  possé- 
dait alors  le  nord  de  l'Allemagne. 

D'autres  localités  contemporaines,  c'est-à-dire  se  rattachant  de  plus  ou  moins 
près  à  l'horizon  du  cénomanien,  en  Moravie,  dans  le  Harz,  la  Saxe  (Nieders- 
choena)  et  la  Silésie,  dans  la  Sarthe,  dans  la  vallée  du  Rhône,  au  Beausset 
près  de  Toulon,  dans  le  Nébraska  et  le  Kansas  en  Amérique,  finalement  dans 
le  Groenland  (système  d'Atané)  ont  fourni  des  plantes  fossiles.  La  végétation  de 
cette  époque  est  donc  bien  connue;  or,  partout  se  montrent  des  Dicotylédones 
plus  ou  moins  nombreuses,  mais  constamment  présentes  ;  tandis  que  les  étages 
immédiatement  antérieurs,  à  l'exception  pourtant  de  l'unique  fragment 
recueilli  à  Eckorfat  et  mentionné  plus  haut,  n'en  présentent  aucune  trace. 
Transportons-nous  maintenant  en  Bohême  sur  l'horizon  d'une  coquille  carac- 
téristique la  Gryphée  colombe.  Vous  pouvez  juger  de  l'immense  transformation 
qui  s'est  opérée  dans  la  végétation  depuis  l'oolithe  et  même  depuis  l'urgonien, 
à  l'aide  de  la  vue  idéale  que  je  vous  montre  et  qui  représente  les  bords  d'une 
lagune  située  au  fond  d'une  région  boisée  et  montagneuse,  à  l'époque  cénoma- 
nienne. 

L'aspect  est  celui  qu'on  aurait  de  nos  jours  au  Cap  Vert,  dans  les  îles 
africaines  (Seychelles)  ou  vers  le  midi  de  la  Chine.  Les  Dicotylédones  et  les 
Monocotylédones  dominent  et  relèguent  au  second  plan  les  Fougères  et  les  Coni- 
fères. Celles-ci  sont  principalement  des  Araucaria  et  des  Séquoia.  Les  Fou- 
gères appartiennent  presque  toutes  au  groupe  subtropical  des  Gleichéniées,  dont 
il  existe  encore  de  nos  jours  une  espèce  qui  remonte  au  delà  des  Tropiques 
jusqu'au  Japon. 

Les  Palmiers  font  ici  leur  première  apparition. 

Parmi  les  Dicotylédones,  on  distingue  le  type  éteint  des  Creclneria,  et,  à 
côté  de  lui,  des  Araliacées,  des  Magnolia,  des  Légumineuses-Caesalpiniées,  des 
Myricées  voisines  des  Comptonia,  etc.  Ces  divers  types  figurent  avec  le  port 
qui  les  distingue  dans  notre  paysage.  Ils  dénotent  par  leur  ampleur  relative, 
dans  la  végétation  cénomanienne  de  Bohême,  une  exubérance  et  une  fraicheur 
dues  sans  doute  à  l'influence  d'une  mer  septentrionale.  Cette  végétation  offre 
un  mélange  de  genres  tropicaux  et  d'autres  encore  indigènes  de  la  zone  tem- 
térée  boréale. 

L'influence  de  la  latitude  commence  à  se  faire  sentir  ;  on  peut  s'en  con- 
vaincre par  l'examen  des  végétaux  presque  contemporains  de  ceux  de  Bohême, 
recueillis  par  M.  Toncas  au  Beausset,  près  de  Toulon  ;  ils  proviennent  d'une 
plage  exposée  au  sud  et  plus  méridionale  de  6  degrés  que  celle  le  long  de 
laquelle  croissaient  les  premiers. 


DE   SAPORTA.    —    LES    ANCIENS    CLIMATS   ET    LA    VÉGÉTATION  114-"» 

Dans  la  flore  du  Beausset,  on  ne  remarque  qu'une  seule  Dicotylédone,  pro- 
bablement un  Magnolia  ;  les  Conifères  et  les  Fougères  dominent  encore  tout 
l'ensemble,  et,  parmi  ces  dernières,  on  observe  une  espèce  appartenant  à  un 
genre  exclusivement  jurassique  (Lomatopteris  superstes,  Sap.).  Les  Conifères 
montrent,  à  côté  du  Séquoia  Rckhenbachi,  un  magnifique  Araucaria,  dont  la 
ressemblance  avec  VA.  Bidwilli  d'Australie,  est  réellement  frappante  ;  c'est  VA. 
Toucasi,  Sap. 

Les  Dicotylédones  du  cénomanien  de  Bohème,  celles  du  moins  dont  la  déter- 
mination présente  le  plus  de  garanties,  sont  curieuses  à  mettre  en  parallèle 
avec  les  formes  précédentes.  Elles  comprennent  un  Hymenea  (H.  primigenia 
Sap.,  sorte  de  Caesalpiniée  tropicale,  un  Aralia  qui  se  rattache  aux  Orcopanax 
américains;  mais  on  y  découvre  aussi  un  lierre  (Hedcraprimordialis  Sap.),  dont 
les  feuilles  tiennent  le  milieu  entre  celles  du  lierre  d'Irlande  et  celles  du  lierre 
d'Alger,  simples  races  locales  dépendant  de  notre  lierre  commun  d'Europe. 
L'abaissement,  ou  du  moins  la  différenciation  selon  les  latitudes,  commence 
donc  à  devenir  sensible,  même  en  Europe,  grâce  peut-être  à  l'influence  d'une 
mer  située  au  nord  du  continent;  mais  cet  abaissement  s'accuse  et  se  pro- 
nonce encore  mieux  dès  que  l'on  interroge  la  flore  des  couches  d'Atané,  dans 
la  presqu'île  de  Noursoak  (Groenland  du  nord,  70e  degré)  recueillie,  par  Nor- 
denskiôld  et  décrite  par  M.  Heer,  qui  la  range  dans  le  crétacé  supérieur. 

Il  y  a  encore  cependant  ici  des  Gleirhenia  et  une,  peut-être  deux  espèces  de 
Cycadées.  On  y  découvre  même  des  traces  certaines  de  Credneria ;  mais  aucun 
Palmier  ne  s'y  montre  et  ces  plantes  seront  toujours  absentes  de  la  zone 
arctique.  Point  de  Laurinées  à  feuilles  persistantes,  mais  au  contraire  un 
type  de  Laurinées  à  feuilles  caduques  (Sassafras)  et  enfin,  comme  formes  domi- 
nantes, parmi  les  Dicotylédones,  des  peupliers  alliés,  il  est  vrai,  à  la  section  du 
Populus  euphratica,  puis  des  Légumineuses  reconnaissables  à  leurs  folioles 
éparses,  ressemblant  à  celles  des  casses  et  des  Colutea.  Le  mouvement  que  je 
viens  de  signaler,  une  fois  inauguré,  ne  s'arrêtera  plus  ;  il  marchera  avec 
lenteur,  mais  sans  discontinuité.  La  divergence  climatérique  entre  la  zone 
arctique  et  la  nôtre  s'accentuera  toujours  davantage.  Malheureusement,  nous 
devons  constater  l'existence  de  lacunes  considérables,  qui  interrompent  la  con- 
tinuité de  la  série  entre  la  craie  la  plus  supérieure  et  l'éocène  le  plus  infé- 
rieur, en  Europe.  Dans  l'extrême  nord,  ces  lacunes  nous  enlèvent  la  connais- 
sauce  de  la  végétation  du  temps  qui  succéda  à  la  craie,  et  c'est  seulement 
vers  l'éocène  supérieur  ou  le  miocène  inférieur  que  nous  retrouvons  des  plan- 
tes fossiles,  au  sein  des  régions  polaires. 

En  Europe  et  en  Amérique,  les  couches  éocènes  sont  au  contraire  fort 
riches  en  documents  de  ce  genre.  Au  commencement  de  la  période,  la  mer 
se  retire  presque  de  tous  les  points  qu'elle  occupait  à  la  surface  du  continent 
européen  actuel.  L'espace  émergé  se  trouve  partout  agrandi  et  les  plantes  de 
ce  premier  âge,  à  raison  même  de  cette  circonstance  et  de  la  pénurie  des 
formations  d'eau  douce  contemporaines, se  réduisent  à  des  empreintes  recueillies 
en  Belgique  ou  dans  le  nord  de  la  France. 

Ce  premier  étage  constitue  le  paléocène  ou  suessonien  de  d'Orbigny.  Les 
Dicotylédones  ont  alors  achevé  de  s'étendre  et  de  se  multiplier;  une  foule  de 


1146  CONFÉRENCES 

types,  qui  survivaient  au  temps  de  la  craie,  comme  autant  d'épaves  d'un 
passé  reculé,  disparaissent  ou  achèvent  de  s'amoindrir.  Les  Gleichéniées,  les 
Cycadées  deviennent  exceptionnels  de  même  que  les  Araucaria  et  les  Séquoia. 
Ceux-ci  s'éloignent  momentanément  de  l'Europe,  mais  ils  persistent  sans  doute 
vers  le  pôle,  où  nous  les  retrouvons  et  d'où  ils  reviendront  plus  tard  faire  une 
dernière  apparition  sur  le  sol  de  notre  continent. 

Les  Palmiers  augmentent  de  fréquence  et  se  diversifient.  A  partir  de  l'époque 
tertiaire,  les  documents  se  multiplient  tellement  qu'il  devient  nécessaire,  en 
signalant  l'ensemble  des  phénomènes,  de  faire  un  choix  parmi  les  faits  et  de 
se  borner  à  ceux  dont  l'interprétation  est  la  plus  facile. 

L'Europe  jouissait  à  ce  moment  d'une  température  chaude  sans  excès,  d'un 
climat  égal  et  humide,  favorable  au  développement  de  la  végétation,  dont  les 
formes  attirent  le  plus   souvent  l'attention  par  leur  exubérance. 

Gelinden  près  de  Liège,  et  Sézanne,  près  de  Paris,  fournissent  les  éléments 
d'une  appréciation  exacte.  Gelinden  représente  visiblement  une  région  boisée 
et  montagneuse,  peuplée  principalement  de  chênes,  de  châtaigniers,  de  lau- 
riers, associés  à  des  viornes,  à  des  Araliacées,  à  des  Helléborées. 

Sézanne  découvre  les  approches  d'une  cascade  située  au  sein  d'une  forêt 
luxuriante.  Je  me  contenterai  de  mettre  sous  vos  yeux,  pour  vous  donner  une 
idée  de  cette  flore,  la  reproduction  d'un  certain  nombre  d'espèces,  divisées  en 
deux  catégories  :  l'une  composée  de  types  ou  de  formes  devenues  exotiques; 
l'autre  comprenant  des  espèces  peu  éloignées  de  celles  que  nous  possédons 
encore. 

Dans  la  première  de  ces  catégories,  vous  remarquerez  une  Fougère  de  la 
tribu  des  Cyathées  (Alsophila  Pomelii  Sap.),  un  Sassafras  (S.  primigenium  S&p.) 
genre  de  Laurinées  à  feuilles  caduques,  déjà  signalé  dans  la  flore  crétacée 
arctique,  et  que  nous  retrouverons  dans  le  miocène  de  cette  région  et  plus 
tard  dans  le  pliocène  d'Europe  ;  —  un  Cissus  (C.  primigenia  Sap.),  voisin 
d'une  espèce  intertropicale  africaine;  —  une  viorne  (V.  giganteumS&p.),  dont 
le  similaire  se  rencontre  au  Japon  ;  enfin  une  très-grande  Tiliacéee  (Grewio- 
psis  sidœfolia  Sap.),  d'un  genre  probablement  éteint. 

La  seconde  catégorie  démontre  que  certaines  formes,  demeurées  depuis 
européennes,  étaient  dès  lors  fixées,  dans  leurs  principaux  traits.  Ce  sont  :  une 
Vigne  (Vitis  sezannensis  Sap.)  ;  un  lierre  (Hedera  prisca  Sap.),  un  cornouiller 
(C.  platyphylla  Sap.),  remarquable  par  la  dimension  inusitée  de  ses  feuilles; 
un  noyer  (/.  perampla  Sap.),  dont  les  grandes  folioles  s'écartent  peu  de  celles 
du  Juglans  regia  L. 

Les  Palmiers,  déjà  plus  répandus  que  du  temps  de  la  craie,  sont  plus  rares 
cependant  dans  le  paléocène  qu'au  sein  de  la  période  immédiatement  posté- 
rieure, celle  de  Yéocène  proprement  dit.  Cette  période  est  celle  de  la  mer  num- 
mulitique  et  de  celle  du  calcaire  grossier  parisien  ;  elle  comprend  encore  dans 
notre  pensée  les  étages  qui  suivirent  jusqu'à  celui  du  gypse  de  Montmartre 
inclusivement. 

A  ce  moment  l'Europe  changea  de  nouveau  d'aspect  comme  vous  en  juge- 
rez par  une  carte  de  l'Europe,  telle  que  l'avait  faite  l'invasion  de  la  mer  num- 
mulitique.  Cette  mer,  méridionale  s'il  en  fut,  qui  occupait  le  nord  de   l'Afri- 


DE   3AP0RTA.    —  LES  ANCIENS   CLIMATS  ET    LA   VÉGÉTATION  1447 

que,  une  partie  de  la  Syrie  et  de  l'Arabie,  en  même  temps  qu'elle  découpait 
le  sud  et  le  centre  de  l'Europe,  a  influé  certainement  beaucoup  sur  le  climat, 
sur  les  migrations  et  la  composition  de  la  flore  de  notre  continent,  et  cette 
influence  a  persisté  môme  après  son  retrait,  car  les  combinaisons  végétales 
d'un  pays  une  fois  réalisées,  il  faut  parfois  plus  de  temps  pour  les  détruire  et 
en  éliminer  les  éléments  constitutifs,  qu'il  n'en  avait  fallu  pour  introduire  ces 
derniers.  Il  est  visible,  malgré  toutes  les  incertitudes  qu'entraînent  de  pareils 
tracés,  que  l'Europe  éocène  consistait  en  une  réunion  de  péninsules  et  de 
grands  archipels  qui  lui  donnait  une  ressemblance  sensible  avec  ceux  de  la 
mer  des  Indes.  Les  masses  continentales  d'alors  ont  dû  être  situées  dans 
l'Afrique  centrale,  d'une  part  ;  de  l'autre,  dans  l'Asie  orientale,  en  Tartarie, 
en  Chine  ou  dans  les  Indes. 

L'Europe  était  devenue  pour  un  temps  l'annexe  de  continents  plus  méri- 
dionaux, dont  elle  reçut  des  colonies  d'espèces  végétales  s'avancant  du  sud  au 
nord,  pour  l'envahir  et  pénétrer  jusqu'aux  environs  de  Londres  où  l'on 
observe  des  Nipa,  des  Callitris,  des  Widddringtonia,  etc. 

Le  climat  avait  également  changé  ;  il  devait  être  plus  chaud,  plus  sec,  plus 
inégal  que  dans  l'âge  précédent.  Il  existait  sans  doute  alors  deux  saisons  très- 
marquées,  l'une  sèche  et  chaude,  l'autre  amenant  des  pluies  périodiques, 
comme  les  moussons  de  la  Chine  et  des  Indes. 

Les  Palmiers,  les  Pandanées,  les  Bananiers  se  multiplièrent  dans  l'Europe 
éocène,  associés  à  beaucoup  de  formes  indiennes  ou  africaines,  que  l'on  observe 
fréquemment  à  l'état  fossile.  Ce  temps  est  celui  où  dominèrent  certains  groupes 
comme  les  Myricées,  les  Laurinées,  particulièrement  les  Canneliers,  des  types 
assimilés  aux  Protéacés,  des  Célastrinées,  des  Anacardiacées,  des  Houx,  des 
Myrsinées  et  bien  d'autres  plantes  généralement  munies  de  feuilles  étroites  et 
épineuses,  enfin  des  Caesalpinées,  des  Dalbergiées  et  des  Mimosées,  surtout  des 
Acacia  ou  gommiers  en  fait  de  Légumineuses. 

Les  Palmiers  éocènes  se  distribuent  en  trois  sections  d'après  la  structure  de 
leurs  frondes.  Ce  sont  des  Flabellaria  ou  Palmiers-Éventail  ;  des  Sabalites  ou  ' 
Palmiers-Sabals,  chez  lesquels  le  pétiole  se  prolonge  en  pointe  jusque  vers  le 
milieu  du  limbe;  enfin  des  Phœnicites  à  frondes  primées,  comme  celles  des 
Phœnix  ou  dattiers.  L'absence  des  organes  fructificateurs  fait  ordinairement 
obstacle  à  une  classification  plus  précise  ;  cependant  la  fronde  du  Palœophanix 
Ay mardi,  Sap.,  trouvé  dans  l'éocène  de  la  Haute-Loire  est  accompagnée  de 
son  spadice  mâle.  Cette  circonstance  démontre  très-heureusement  que  certains 
des  anciens  Palmiers  européens  étaient  congénères  de  ceux  de  la  zone 
chaude  actuelle  en  Afrique  ou  dans  les  Indes  :  chaque  flore  locale  de  cet  âge 
possède  un  ou  plusieurs  Palmiers.  Le  Sabalites  andegavensis  caractérise  les  grés 
éocènes  de  la  Sarthe  et  du  Maine-et-Loire.  Le  Flabellaria  Lamanonis  Bringt, 
tient  le  premier  rang  de  la  flore  des  gypses  d'Aix.  Vous  pouvez  en  juger  par 
une  vue  idéale  qui  vous  place  sur  les  bords  du  lac  d'Aix,  à  l'époque  où  se 
formèrent  les  gypses.  Ce  paysage  est  une  reproduction  fort  exacte  des  princi- 
paux végétaux  qui  se  groupaient  alors  dans  le  voisinage  des  eaux. 

Immédiatement  après  l'éocène,  on    voit  se    prononcer  un    mouvement    de 
transformation  et  d'élimination  graduelles,  qui,  loin  de  marcher  rapidement, 


H 48  CONFÉRENCES 

ne  produit  ses  effets  qu'avec  lenteur  et  pas  à  pas.  De  nouveaux  types  desti- 
nés à  se  substituer  aux  précédents  s'introduisent  successivement  et  changent 
par  degrés  la  flore  européenne.  Ce  mouvement  s'accomplit  ou  du  moins  tend 
à  se  réaliser  durant  la  période  intérimaire  qui  joint  l'éocène  au  miocène  infé- 
rieur ou  aquitanien   et  qui  se  nomme   le  tongrien  ou  oligocène. 

C'est  alors  que  les  genres  ou  sections  de  genres  et  quelques-unes  des  espè- 
ces que  l'Europe  a  conservées  commencèrent  à  prendre  possession  de  notre  sol 
pour  ne  plus  le  quitter.  Mais  ces  dernières  sont  encore  en  bien  petit  nombre. 
Le  lentisque  et  un  peu  après  le  térébinthe,  l'érable  de  Montpellier,  ainsi  que 
l'yeuse  ou  chêne  vert,  en  fournissent  les  premiers  exemples.  Le  mouvement 
une  fois  inauguré  ira  en  s'accentuant,  mais  à  l'aide  d'une  impulsion  à  peine 
marquée  à  l'origine.  Ces  formes  étaient  en  même  temps  tenues  au  début  à 
l'écart  des  autres  et  subordonnées  à  celles-ci. 

D'ailleurs  dans  cet  ordre  d'idées  et  de  recherches,  il  faut  se  garder  de  con- 
fondre le  genre  et  l'espèce,  le  type  même  et  la  race  sortie  un  jour  de  ce  type 
et  que  seule  nous  avons  sous  les  yeux. 

Les  genres  ou  sections  de  genre  devenus  exotiques  étaient  encore  les  plus 
répandus.  Les  types  éteints  étaient  eux-mêmes  encore  assez  nombreux.  Parmi 
ceux-ci,  j'ai  choisi  pour  vous  le  faire  connaître  le  genre  Anœctomeria  type  de 
Nymphéacée  tertiaire,  dont  tous  les  organes  ont  pu  être  retrouvés.  11  compte 
déjà  plus  d'une  espèce.  Celle  des  gypses  d'Aix.  est  remarquable  par  son  exi- 
guïté et  confirme  ce  que  j'ai  déjà  avancé  sur  la  faible  dimension  de  la  plu- 
part des  formes  végétales  de  l'âge  auquel  le  rapporte  cette  localité.  UAnœcto- 
maria  Brongniartii,  d'Armissan,  est  au  moins  quatre  fois  plus  grand  que 
celui  d'Aix.  Le  rhizome  des  Anœctomeria  présente  une  structure  particulière; 
leur  feuille  est  remarquable  par  la  finesse  des  divisions  dichotomiques  des 
principales  nervures,  le  long  du  bord  entier  du  limbe.  Le  fruit,  au  lieu  de 
s'ouvrir  au  moyen  d'une  scission  irrégulière  des  parois,  comme  chez  les 
Nymphœa,  se  scindait  à  la  maturité  en  une  foule  de  compartiments,  corres- 
dant  chacun  à  une  des  bases  d'insertion  des  pétales. 

L'Europe,  à  cette  époque,  était  encore  peuplée  des  types  les  plus  variés  ;  elle 
renfermait  un  grand  nombre  de  formes  tropicales  ou  subtropicales  ou  simple- 
ment devenues  exotiques.  Elle  avait  des  Palmiers  jusqu'à  Bonn  et  jusqu'au 
delà  de  Prague,  des  camphriers  jusqu'aux  environs  du  60e  degré  lat. ;  des  gom- 
miers et  des  sensitives  jusqu'au  delà  du  60e  degré. 

Les  arbres  et  arbustes  à  feuilles  persistantes  dominaient  de  beaucoup  sur  la 
minorité  de  ceux  qui  les  perdent  annuellement.  Notre  continent  va  cependant 
s'acheminer  peu  à  peu  vers  l'état  actuel,  à  travers  une  série  d'étapes  gra- 
duelles ;  il  recevra  une  à  une  les  espèces  qu'il  possède  maintenant  ou  bien 
ces  espèces  revêtiront  insensiblement  les  traits  distinctifs  qui  les  caractérisent. 

Pour  bien  comprendre  et  pour  bien  exposer  les  lois  qui  présidèrent  à  cette 
évolution  dernière,  il  faut  nécessairement  jeter  encore  un  coup  d'oeil  sur  les 
régions  arctiques  et  sur  les  plantes  qu'elles  renfermaient,  au  moment  où  s'ouvre 
la  seconde  moitié  des  temps  tertiaires.  Ces  régions  n'avaient  cessé  de  se  refroi- 
dir, depuis  la  craie  supérieure.  Si  l'on  accorde  au  Groenland  de  ce  dernier 
âge  la  température  du  Japon  méridional,  18°  de  moyenne  annuelle,  tempéra- 


DK  SAPORTA.  —  LES  ANCIENS  CLIMATS  ET  LA  VÉGÉTATION     1140 

ture  motivée  par  la  présence  réunie  des  Gleichéniées  et  des  Cycadées  ;  et  si, 
d'autre  part,  en  considération  des  richesses  végétales  du  Groenland  et  du 
Spitzberg  tertiaires,  on  attribue  à  ces  mêmes  régions  une  température 
moyenne  de  12°  c,  pour  la  fin  de  l'éocène,  à  peu  près  celle  des  environs  de 
Lyon  et  des  parties  abritées  des  bords  du  lac  Léman,  la  moyenne  actuelle 
étant  de  3°  c,  on  voit  qu'en  gros  la  zone  polaire  avait  perdu,  au  commence- 
ment du  miocène,  plu  s  d'un  quart  de  la  chaleur  qu'elle  possédait  lors  de  la 
craie,  et  que  de  cette  dernière  époque  à  celle  d'aujourd'hui,  elle  a  perdu  les 
trois  autres  quarts,  en  reculant  graduellement  de  -J-  12°  à  —  5°. 

Au  commencement  du  miocène,  la  zone  arctique  était  riche  en  Séquoias,  en 
Thuyas,  en  Taxodiums,  en  Glyptostrobus,  genres  dont  les  espèces  gagnèrent 
un  peu  après,  non-seulement  l'Europe,  mais  la  zone  tempérée  tout  entière. 
Mais  la  zone  arctique  possédait  encore  tout  un  ensemble  de  types  et  de 
formes  parmi  lesquels  les  essences  à  feuilles  caduques  dominaient  incontes- 
tablement et  qui  furent  destinés  à  se  répandre  en  Europe  et  à  s'y  établir  soit 
momentanément,  soit  définitivement.  11  est  à  remarquer  que  ces  formes  sont 
généralement  représentées  en  Amérique,  comme  en  Asie  et  que  souvent  aussi, 
lorsqu'elles  manquent  à  l'Europe  actuelle,  il  se  trouve  qu'elles  ont  habité  ce 
continent  dans  la  seconde  moitié  des  temps  tertiaires,  vers  le  miocène  supé- 
rieur et  le  pliocène. 

L'extinction  de  toute  végétation  dans  l'extrême  nord  a  éliminé  ces  espèces 
de  leur  patrie  d'origine;  mais  on  conçoit  qu'après  être  sorties  de  cette  région 
où  elles  eurent  leur  point  de  départ,  elles  en  aient  rayonné  librement,  de 
façon  à  se  répandre  simultanément  sur  plusieurs  points  de  la  zone  tempérée 
des  deux  continents.  Plus  tard,  certaines  d'entre  elles  ont  pu  disparaître  de 
quelques  points  de  cette  zone  et  de  l'Europe  en  particulier,  comme  il  est  arrivé 
au  torreya ,  au  platane,  au  tulipier  (1),  au  liquidambar  que  notre  continent 
a  perdus,  tandis  que  ces  arbres  sont  à  la  fois  en  Asie  et  en  Amérique.  C'est 
là,  messieurs,  le  phénomène  des  espèces  disjointes,  dont  la  singularité  avait 
frappé  tous  les  bons  esprits  et  que  la  paléontologie  végétale  explique  très- 
naturellement. 

Il  me  reste  à  faire  voir  quel  chemin  les  espèces  arctiques  que  je  viens  de 
signaler  et  bien  d'autres  que  je  passe  sous  silence,  telles  que  le  tilleul  et  le 
noisetier,  suivirent  pour  se  répandre  en  Europe  dans  le  cours  du  miocène,  et 
dans  quelles  circonstances  elles  accomplirent  leur  exode.  —  Ce  sera  la  fin  de 
cette  conférence. 

Après  la  mer  nummulitique,  après  le  temps  des  gypses  et  la  fin  de  l'éocène, 
une  nouvelle  mer,  celle  du  tongrien,  occupa  une  partie  du  nord  de  l'Europe, 
près  de  Paris,  en  Belgique  et  en  Allemagne.  Elle  couvrit  d'assez  grands 
espaces  dans  ce  dernier  pays  et  s'avança  jusqu'à  Bàle  par  la  vallée  du  Rhin. 
L'influence  de  cette  mer  ne  fut  pas  étrangère  au   refroidissement  du  climat. 

Après  son  retrait,  l'Europe  se  couvrit  de  lacs  et  devint  graduellement  plus 
humide;  elle  fut  soumise  à  un  climat  plus  égal  et  plus  tempéré.  On  conçoit 
combien  un  pareil  changement  dut  favoriser  partout  l'immigration  des  espè- 

(1)  U  paraîtrait  qu'un  véritable  tulipier  aurait  été  signalé  dernièrement  en  Chine. 


1150  CONFÉRENCES 

ces  arrivant  de  l'extrême  nord  ou  descendant  du  sommet  des  montagnes  pour 
occuper  la  plaine.  C'est  ce  que  montre  effectivement  la  multiplication,  sur  une 
foule  de  points,  des  genres  à  feuilles  caduques  et  à  physionomie  indigène, 
comme  les  bouleaux,  aunes,  charmes,  ormes,  peupliers,  érables,  frênes,  etc. 
En  même  temps  les  Séquoia,  Taxodium,  Glyptostrobus,  Camœcy  paris,  amis  des 
localités  humides  se  substituent  presque  partout  aux  types  africains  des  Calli- 
tris  et  des  Widdringtonia.  Le  temps  qui  vit  s'accentuer  ce  mouvement  est  dési- 
gné sous  le  nom  de  période  aquitanienne,  période  qui  succède  à  celle  du  ton- 
grien  ou  oligocène  et  qui  précède  immédiatement  l'âge  de  la  mer  de  la  mollasse 
ou  miocène. 

Le  paysage  revêt  alors  une  physionomie  bien  moins  exotique  ;  son  aspect 
rappelle  les  parties  fraîches  et  boisées  de  la  Floride,  de  la  Caroline  et  de  la 
Louisiane.  Les  Palmiers,  encore  présents,  ne  sont  plus  aussi  nombreux;  les 
niasses  de  Laurinées  accusent  un  rôle  prépondérant.  En  dehors  de  certaines 
Fougères  et  quelques  rares  Cycadées,  derniers  survivants  des  anciens  âges,  la 
plupart  des  végétaux  qui  se  pressent  sur  les  pentes  septentrionales,  le  long  des 
ruisseaux  ombreux  ou  dans  le  fond  des  vallées  rappellent  ceux  que  nous 
avons  sous  les  yeux  ou  qui  du  moins  font  partie  des  mêmes  genres.  Au  total,  et 
en  tenant  compte  de  l'ensemble  des  documents  que  nous  possédons,  la  végé- 
tation aquitanienne  offre  une  association  parfois  singulière  de  deux  catégories 
bien  distinctes  de  types  végétaux,  les  uns  encore  indigènes  de  notre  zone,  les 
autres  confinés  maintenant  dans  ce  que  l'on  nomme  la  zone  tempérée  chaude 
ou  même  dans  le  voisinage  des  tropiques,  comme  les  Acacia  qui  sont  encore 
très-nombreux. 

La  période  aquitanienne  se  termina  par  un  événement  géologique  considéra- 
ble, le  dernier  de  ceux  qui  changèrent  à  tant  de  reprises  la  face  de  l'Europe. 
Je  veux  parler  de  l'introduction  de  la  mer  miocène,  celle  de  la  mollasse, 
pénétrant  au  cœur  de  l'Europe  et  se  substituant  sur  beaucoup  de  points  aux 
lacs  aquitaniens. 

Ce  dernier  phénomène  est  plus  particulièrement  visible  en  Provence.  Une 
carte  que  je  mets  sous  vos  yeux  est  destinée  à  le  faire  ressortir.  Sur  cette 
carte,  l'emplacement  des  lacs  aquitaniens  est  teinté  en  bleu.  La  mer  s'avança 
par  la  vallée  du  Rhône  vers  l'intérieur  du  pays  :  son  invasion  n'eut  rien  de 
brusque,  comme  le  prouve  sur  bien  des  points  la  concordance  des  deux  sys- 
tèmes. L'invasion  de  cette  mer  fut  cependant  le  résultat  d'un  mouvement 
oscillatoire  qui  modifia  profondément  le  relief  et  l'économie  géographique  de 
la  contrée.  Ce  qui  le  prouve,  c'est  que  la  mer  miocène  n'occupa  qu'une  par- 
tie des  anciennes  dépressions  lacustres  ;  elle  traversa  leur  périmètre  à  l'aide 
de  passes  sinueuses  et  s'avança  au  delà  dans  la  vallée  actuelle  de  la  Durance 
et  dans  celle  du  Verdon.  Du  côté  d'Aix,  elle  découpa  également  le  bassin  de 
l'ancien  lac  gypteux,  n'en  occupant  que  le  milieu  et  allant  ensuite  s"étendre 
jusqu'au  pied  du  rocher  de  Sainte-Victoire,  en  y  traçant  les  contours  d'un 
petit  golfe  capricieux.  Cette  disposition  de  la  mer  miocène  en  Provence  rappelle 
celle  des  côtes  actuelles  de  la  Scandinavie  et  de  la  Dalmatie.  D'une  façon 
générale,  l'Europe  entière,  par  suite  des  canaux  et  des  passes  intérieures  qui 
amenèrent  les  eaux  salées  jusque  dans  son  centre  redevint  alors  semblable  à 


DE    SAPORTA.    —   LES  ANCIENS  CLIMATS   ET    LA    VÉGÉTATION  l  loi 

ce  qu'elle  avait  été  à  l'époque  nummulitique  et  ne  forma,  pour  ainsi  dire 
qu'un  vaste  archipel. 

La  durée  de  la  mer  mollassique  et  de  celle  des  faluns  qui  se  présente  la 
première  dans  l'ouest  de  la  France  a  été  fort  longue.  D'ailleurs  le  retrait  de 
ces  mers  eut  lieu  d'une  façon  graduelle  et  leur  influence,  qui  fut  considérable, 
s'exerça  de  deux  façons. 

D'abord,  le  climat  devenant  marin  et  par  conséquent  tempéré  conserva  long- 
temps une  égalité  et  une  douceur  relatives  qui  permirent  aux  éléments  tropi- 
caux, que  comprenait  encore  la  végétation  européenne,  de  se  maintenir  à  côté  des 
types  à  feuilles  caduques,  qui  tendaient  de  plus  en  plus  à  se  développer  à  l'ex- 
clusion des  autres. 

Selon  M.  Heer,  la  température  de  la  Suisse,  vers  la  fin  de  la  période  mio_ 
cène,  doit  être  évaluée  à  20°  en  moyenne.  Il  y  avait  encore  à  ce  moment,  non 
seulement  en  Suisse,  mais  en  Autriche  et  en  Allemagne,  des  camphriers,  des 
acacias  et  quelques  palmiers  associés,  il  est  vrai,  à  des  peupliers,  à  des  sau- 
les, à  des  ormeaux  et  à  des  érables,  dont  l'analogie  avec  ceux  qui  peuplent 
maintenant  la  zone  tempérée  boréale  est  évidente.  Il  est  vrai  aussi  que  les 
formes  américaines  ou  est-asiatiques  dominent  plutôt,  dans  l'ensemble,  et  que 
nos  espèces  actuelles  proprement  dites  sont  encore  en  minorité. 

J'ai  signalé  la  marche  de  plusieurs  de  ces  espèces,  s'avançant  graduelle- 
ment, après  avoir  eu  leur  point  de  départ  du  sein  de  la  région  actique.  Leur 
diffusion  ne  se  fit  pas  en  un  jour  et  vis-à-vis  de  certaines  d'entre  elles,  dont 
la  marche  fut  plus  lente  ou  plus  tardive,  la  mer  de  la  mollasse  s'interposa 
comme  un  obstacle  longtemps  infranchissable.  Le  liquidambar,  le  platane,  le 
tilleul,  le  tulipier  peuvent  être  cités  comme  exemple;  on  les  observe  en  effet 
en  Bohême,  en  Allemagne,  en  Auvergne  et  sur  bien  des  points  de  la  Suisse, 
avant  de  les  rencontrer  en  Provence,  en  Italie  et  en  Grèce.  Du  reste,  si  le 
climat  fut  lent  à  se  transformer,  la  lutte  entre  les  types  destinés  à  succomber 
et  ceux  qui  vinrent  les  remplacer  ne  fut  pas  moins  longue  et  la  résistance 
fut  acharnée  entre  les  plantes  qui  occupaient  le  sol  et  celles  qui  tendaient  à 
se  substituer  définitivement  à  elles. 

Ainsi,  à  Menât,  en  Auvergne,  vers  le  miocène  supérieur,  on  observe  un 
noisetier  (Corylus  amottii  Sap.)  qui  diffère  certainement  du  Conjlus  Mac- 
Quarii  Hr.,  des  régions  arctiques  tertiaires.  Celui-ci  ne  s'écarte  réellement  pas 
de  nos  noisetiers  actuels  dont  il  est  la  tige.  Le  C.  Lamottii,  au  contraire, 
révèle  un  type  exotique,  représenté  de  nos  jours  par  une  espèce  unique,  formant 
à  elle  seule  la  section  Acanthochlamys.  Il  est  évident  que  le  type  des  noisetiers 
ordinaires,  survenu  assez  tard  en  Europe,  aura  fini  par  en  exclure  l'ancien 
type,  plus  délicat,  moins  bien  adapté  aux  circonstances  qui  tendaient  à  préva- 
loir et  qui  n'a  réussi  à  se  maintenir  que  vers  le  sud  de  notre  zone,  dans  les 
vallées  de  l'Himalaya. 

Dans  d'autres  cas,  les  anciennes  espèces  ont  donné  naissance  à  celles  que 
nous  avons  sous  les  yeux,  à  l'aide  d'une  série  de  modifications  successives. 
Plus  ou  moins  polymorphe,  le  type  primitif  a  produit  des  races  d'où,  par  une 
suite  de  transformations  graduellement  accomplies,  l'espèce  moderne  est  à  la 
fin  sortie. 


1152  CONFÉRENCES 

Il  n'est  pas  impossible  alors,  si  les  documents  ne  font  pas  défaut,  et  surtout 
s'il  s'agit  d'un  type  végétal  par  lui-même  peu  variable,  de  dresser  une  sorte 
de  tableau  montrant  les  phases  de  cette  marche  à  travers  le  temps.  J'ai 
cherché  à  faire  ressortir  ce  point  de  vue,  en  réunissant  dans  un  seul  cadre 
toutes  les  variations  auxquelles  le  type  de  notre  hêire  a  donné  lieu  avant  de 
revêtir  soit  en  Europe,  soit  en  Amérique,  les  caractères  qui  le  distinguent  dans 
ces  deux  pays.  Dans  ce  tableau  figurent,  comme  points  de  départ,  deux  proto- 
types, l'un  américain,  l'autre  européen,  qui  font  remonter  l'existence  du  genre 
à  une  date  relativement  ancienne,  c'est-à-dire  à  la  craie  cénomanienne.  Beau- 
coup plus  tard,  et  quoi  qu'il  en  soit  de  cette  première  apparition. le  Fagus 
pristina  Sap.,  de  l'aquitanien  de  Manosque,  fait  voir  un  hêtre  véritable,  très- 
rapproché  du  Fagus  ferruginea  Michx.,  d'Amérique;  il  a  seulement  des  feuilles 
plus  petites  et  un  peu  plus  atténuées  vers  le  haut  que  celles  de  ce  dernier. 
Entre  le  Fagus  pristina  et  l'espèce  américaine  vivante  s'interpose  le  hêtre 
américain  tertiaire,  Fagus  antipofi  Hr. ,  de  l'Alaska;  celui-ci  n'offre  de  diffé- 
rence que  par  le  contour  un  peu  plus  allongé  du  limbe  ;  tous  les  autres  carac- 
tères sont  pareils  et  la  ressemblance  de  ce  hêtre  avec  celui  de  Manosque  est 
également  évidente.  Le  Fagus  ferruginea,  qui  habite  dans  le  centre  des  Etats- 
Unis  le  bord  des  ruisseaux,  se  rapproche  donc  plus  que  le  nôtre  de  la  souche 
commune  originaire. 

Au  Fagus  pristina  aquitanien  succède  le  Fagus  attenuata  Gœpp.,  dont  les 
feuilles  présentent  un  pétiole  plus  long  et  des  nervures  plus  nombreuses.  Le 
hêtre  pliocène  des  cinérites  du  Cantal  est  tantôt  pareil  au  précédent,  tantôt 
plus  rapproché  que  lui  de  notre  hêtre,  dont  il  ne  s'écarte  que  par  le  sommet 
plus  atténué  de  la  feuille  et  quelques  nervures  en  plus  (9  à  11  paires  au 
lieu  de  6  à  8) . 

Les  Fagus  horrida  Ludw.  et  Feroniœ  Ung.,  du  miocène  supérieur,  font 
connaître  d'autres  races  qui  tendent  également  à  se  rapprocher  du  Fagus  syl- 
vatica,  dont  les  feuilles  se  montrent  enfin  dans  les  travertins  du  pliocène  supé- 
rieur de  l'Italie  centrale. 

Tandis  que  s'opéraient  peu  à  peu  les  changements  dont  je  viens  de  vous 
entretenir  et  que  beaucoup  d'espèces,  depuis  éliminées  de  notre  sol  ou  rejetées 
plus  loin  vers  le  sud,  se  fixaient  momentanément  au  cœur  de  l'Europe,  dans 
l'âge  immédiatement  postérieur  au  retrait  de  la  mer  mollassique,  le  climat  ne 
cessa  de  devenir  plus  inégal  et  moins  chaud,  et  cet  abaissement  qui  ne  s'ar- 
rêta plus  accéléra  les  extinctions  et  les  éliminations  partielles  ou  totales,  dont 
le  dernier  résultat  fut  d'amener  enfin  la  flore  à  son  état  actuel  et  de  lui 
enlever  jusqu'aux  acquisitions  qu'elle  avait  faites  récemment. 

C'est  ainsi,  et  par  une  suite  d'oscillations  répétées,  que  l'état  actuel  aété 
enfin  établi,  tandis  que  les  régions  polaires  perdaient  le  peu  de  chaleur 
qu'elles  avaient  retenue  et  se  trouvaient  réduites  à  ne  plus  comprendre  que 
des  lapis  clairsemés  de  plantes  naines  ou  d'arbustes  rampants,  perdus  au 
milieu  des  glaces. 

Vous  le  voyez,  messieurs,  en  dernière  analyse  et  comme  conclusion  de  cette 
conférence,  les  variations  du  climat,  à  partir  du  moment  où  les  latitudes  ont 
commencé   à  manifester  leur  influence,  n'ont  cessé  de  se  combiner  avec  les 


DE    SAPORTA.    —   LES   ANCIENS   CLIMATS    ET    LA   VÉGÉTATION  L153 

tendances  qui  sont  inhérentes  à  l'organisme  des  végétaux.  Ceux-ci,  de  leur 
côté,  soit  sur  place,  soit  en  fuyant  vers  le  sud  devant  les  effets  du  refroidis- 
sement, ont  toujours  produit  de  nouvelles  formes  qui,  se  substituant  à  celles 
qui  les  avaient  précédées,  ont  réussi,  à  toutes  les  époques,  a  s'adapter  aux 
conditions  de  milieu  qui  leur  étaient  offertes. 

Quant  aux  causes  premières  et  déterminantes  auxquelles  l'abaissement  gra- 
duel de  la  température  terrestre  et  l'inégalité  croissante  des  climats  dans  le 
sens  des  latitudes  doivent  être  raisonnablemeHt  attribuées,  le  plus  sûr,  en 
admettant  le  fait  lui-même  comme  démontré,  c'est  encore  d'avouer  notre 
ignorance. 


LEVASSES 

Membre  de  l'Institut. 


DU  SOL  ET  DES  RICHESSES  DES  ÉTATS-UNIS. 


—  Séance  du  29  août   1877.  — 


r? 


EXCURSIONS 


ET 


VISITES   INDUSTRIELLES 


Pendant  la  durée  du  Congrès  du  Havre  les  excursions  particulières  ou 
générales,  les  visites  industrielles  ou  scientifiques  se  succédèrent  de  telle  sorte 
que  l'on  avait  quelque  difficulté  à  les  suivre  toutes.  Nous  ne  pouvons  entrer 
dans  des  détails  circonstanciés  à  cet  égard,  mais  nous  voulons  rappeler  cha- 
cun des  points  du  programme  de  la  session  par  quelques  lignes,  en  nous 
appuyant  autant  que  possible  sur  des  renseignements  publiés  au  jour  le  jour 
dans  la  presse  locale. 

Nous  devons  tout  d'abord  parler  de  l'exposition  de  géologie  qui,  préparée  par 
les  soins  de  la  Société  géologique  de  Normandie,  fut  ouverte  aux  membres  de 
l'Association  pendant  toute  la  durée  du  Congrès.  La  section  de  géologie,  sous  la 
conduite  de  son  président,  M.  le  comte  de]  Saporta,  y  fit  une  visite  spéciale, 
guidée  par  M.  Lennier ,  président  de  cette  Société,  directeur  du  Musée  et  l'un 
des  membres  les  plus  actifs  du  Comité  local:  après  l'Exposition, on  parcourut 
également  le  Musée  et  l'Aquarium. 

Cette  visite,  en  ce  qui  concerne  l'Exposition,  n'a  fait  que  confirmer  la  haute 
opinion  que  les  savants  en  avaient  conçue  tout  d'abord.  Les  nombreuses  raretés 
ont  été  étudiées  avec  soin  ;  beaucoup  de  spécimens  nouveaux  et  peu  décrits  ont 
été  reconnus  dans  les  séries  paléontologiques  et  M.  le  président  de  Saporta,  se 
faisant  l'interprète  des  sentiments  de  tous  les  membres  de  la  section,  a 
exprimé  le  vœu  qu'une  publication  complète  accompagnée  de  planches  pût 
perpétuer  le  souvenir  de  ces  richesses  scientifiques,  dont  la  plus  grande  partie 
devra  malheureusement  être  dispersée  après  l'Exposition . 

A  la  suite  de  cette  visite,  le  Conseil  d'administration  de  la  Société  géologique 
de  Normandie  a  décidé  que,  pour  donner  satisfaction  au  vœu  exprimé  par  les 
membres  de  l'Association,  une  description  complète  de  l'Exposition  et  des 
espèces  nouvelles  serait  publiée  ultérieurement,  et  que  pour  couvrir  une  partie 


I  lt>6  EXCURSIONS    ET   VISITES    INDUSTRIELLES 

des  frais  de  cetle   publication,  un  droit    minime  serait    perçu    à    rentrée    de 
l'Exposition. 

Il  reste  bien  entendu,  d'ailleurs,  que  tous  les  membres  du  Congrès,  les  expo- 
sants, les  membres  de  la  Société  géologique  pt  les  invités  de  cette  Société 
seront  admis  gratuitement. 

En  quittant  l'Exposition,  la  section  de  géologie  s'est  rendue  au  Musée,  dont 
elle  a  beaucoup  admiré  les  nombreuses  raretés,  principalement  les  grandes 
pièces  fossiles  recueillies  au  cap  de  la  Hève,  et  la  magnifique  collection  donnée 
par  Aug.  Dollfus  :  mais  comme  tous  les  visiteurs,  elle  a  exprimé  haute- 
ment le  regret  que  toutes  ces  richesses  fussent  entassées  et  exposées  dans  des 
conditions  telles  que,  la  plupart  du  temps,  il  est  absolument  impossible  de 
les  étudier. 

Du  Musée,  on  s'est  rendu  au  jardin  St.-Roch  où  se  trouvent  un  aquarium 
et  des  animaux  divers.  Ce  qui  a  particulièrement  frappé  les  visiteurs,  c'est  la 
liberté  laissée  à  la  plupart  des  animaux,  que  le  public  peut  ainsi  étudier  de 
près  et  qui  viennent  facilement  se  mêler  à  la  foule.  Les  bacs  ont  ensuite  été 
examinés  avec  un  vif  intérêt,  particulièrement  par  les  nombreux  zoologistes 
qui  s'étaient  joints  à  la  section. 

Nous  ne  pouvons  que  signaler  en  passant  l'Exposition  de  photographie  qui 
fut  ouverte  aux  membres  du  Congrès  et  qui,  après  la  visite  officielle  faite  le 
jour  de  l'inauguration,  fut  le  but  de  nombreuses  promenades  particulières, 
bien  justifiées  par  l'intérêt  qu'elle  présentait. 

Pendant  la  journée  du  samedi  25  août,  les  membres  de  l'Association  visitèrent 
successivement  le  Belgrano,  navire  de  la  Compagnie  des  chargeurs  réunis,  et  la 
France,  paquebot  de  la  Compagnie  générale  transatlantique.  Le  Belgrano,  bien 
connu  des  nombreux  congressistes  qui  y  avaient  reçu  l'hospitalité,  est  un  beau 
navire  à  hélice  de  100  mètres  de  longueur  sur  10  mètres  50  de  largeur  et  8  de 
profondeur;  il  a  un  tirant  d'eau  de  6  mètres  20  et  déplace  4,100  tonnes.  La  force 
de  sa  machine  est  de  900  chevaux  et  il  présente,  au  besoin,  une  surface  de 
voilure  de  1,350  mètres  carrés;  sa  vitesse  moyenne  est  de  9,5  nœuds.  Il  peut 
recevoir  550  passagers  dont  40  dans  des  chambres  ;  son  entrepont  avant  est 
aménagé  spécialement  pour  le  transport  des  chevaux  :  il  peut  en  embarquer 
120  à  la  fois,  et  cette  installation  n'était  pas  la  moindre  curiosité  de  la  visite. 
D'autre  part,  la  Compagnie  générale  transatlantique,  qui  avait  mis  à  la  dis- 
position des  membres  du  Congrès  le  paquebot  la  Ville-de-Paris,  avait  organisé 
une  réception  magnifique  sur  la  France,  réception  si  belle,  si  luxueuse  à  tous 
égards  que,  ce  jour-là,  peu  de  membres  pensèrent  à  visiter  les  aménagements 
du  paquebot,  ses  machines.  Les  hauts  fonctionnaires  de  la  Compagnie,  l'élat- 
major  du  navire,  la  Société  havraise,  s'étaient  rendus  sur  le  paquebot  pour 
recevoir  l'Association  :  des  fleurs  avaient  été  placées  partout,  des  rafraîchisse- 
ments étaient  servis  à  profusion,  de  la  musique  se  faisait  entendre  par  instant 
et  l'on  dit,  même  que  l'on  oublia  la  science  jusqu'à  se  laisser  entraîner  à  la 
danse. 

Nous  croyons  qu'il  n'est  pas  sans  intérêt  de  donner  les  quelques  chiffres  sui- 
vants,qui  peuvent  faire  comprendre  l'importance  des  paquebots  de  la  Compagnie 
transatlantique. 


EXCURSIONS   ET   VISITES    INDUSTRIELLES  II"»" 

Deux  types  peuvent  être  considérés  parmi  les  paquebots  de  la  Compagnie 
transatlantique  :  celui  de  /"  Ville-de-Paris  et  celui  de  la  France.  Les  longueurs 
sont  respectivement  de  105  el  123  mètres;  Les  largeurs  de  13  mètres  33  et 
13  mètres  10;  les  profondeurs  de  7  mètres  10  et  10  mètres  <s;>;  les  tiranis 
d'eau  de  ii  mètres  85  et  7  mètres  30;  les  déplacements  ou  poids  des  navires 
de  5,185  et  7,715  tonnes.  220  couchettes  sont  disposées  dans  îles  chambres  pour 
ces  deux  types,  mais  le  nombre  des  voyageurs  d'entrepont,  qui  n'est  que  de 
36  dans  le  premier  type,  atteint  fâO  dans  le  second  ;  les  volumes  disponibles 
pour  les  marchandises  sont  respectivement  1,160  et  2,700  mètres  cubes;  mais, 
par  contre,  les  vitesses  moyennes  en  service  sont  de  13  et  12,:!  nœuds. 

Pendant  cette  môme  journée,  les  membres  de  la  section  de  botanique  et  de 
la  section  d'agronomie  avaient  visité  le  jardin  de  botanique  et  d'arboriculture 
du  Cercle  pratique  d'horticulture,  et  avaient  adressé  leurs  plus  vives  félicita- 
tations  à  M.  Bourlet  de  la  Vallée  pour  son  dévouement  désintéressé  à  la 
science. 

Enfin  la  journée  s'est  terminée!  par  une  visite  aux  chantiers  de  l'avant-port, 
sous  la  direction  de  M.  Quinette  de  Rocbemont,  ingénieur  des  ponts  et 
chaussées.  La  réunion  à  la  grande  écluse  comptait  près  de  300  personnes.  Ou 
s'est  rendu  d'abord  à  l'extrémité  du  môle  nouveau,  où  M.  Quinette,  avec  une 
lucidité  parfaite,  a  décrit  les  travaux  faits  et  ceux,  plus  difficiles  peut-être,  qui 
restent  encore  à  faire. 

Après  cette  conférence  en  plein  air,  la  Société  est  descendue  sur  le  chantier, 
que  la  marée  liasse  laissait  alors  complètement  à  découvert,  et  elle  a  pu  visiter 
de  près  les  travaux  de  démolition  des  anciens  ouvrages,  qui  s'effectuent  actuel- 
lement. Diverses  mines  ont  été  tirées  en  sa  présence,  non  sans  provoquer  de 
la  part  des  dames  quelques  mouvements  d'effroi  bientôt  calmés. 

On  s'est  rendu  ensuite  près  du  seuil  du  futur  brise-lames,  où  l'on  a  pu  se 
rendre  compte  aisément  du  curieux  travail  de  foncement  des  cadres  de  fon- 
dation. 

La  visite  se  serait  encore  prolongée  sans  doute  si  un  grain  violent,  tombant  à 
l'improviste,  n'était  venu  jeter  la  débandade  parmi  les  savants.  Ça  a  été  un 
sauve  qui  peut  général;  mais  comme  toujours  à  quelque  chose  malheur  est 
bon,  les  visiteurs  ont  pu  emporter  le  souvenir  des  difficultés  de  tout  genre 
qu'offrent  les  grands  travaux  hydrauliques,  alors  qu'aux  obstacles  matériels 
viennent  s'ajouter  les  intempéries. 

La  journée  du  dimanche  26  août  était  consacrée  à  la  première  excursion 
générale  dont  le  programme,  qui  avait  pour  but  Fécamp  et  Étretat,  comportait 
le  voyage  aller  et  retour  par  mer ,  mais  le  temps  fut  peu  favorable  et  la  mer 
assez  forte  pour  que  le  paquebot  qui  devait  conduire  les  membres  du  Congrès, 
se  refusât  à  sortir;  il  fallut  donc  modifier  les  dispositions  prises.  On  partit 
pour  Fécamp  en  chemin  de  fer,  et  après  une  visite  sommaire  de  cette  ville  et 
un  repas  tardif  et  nécessaire,  de  nombreuses  voitures,  réquisitionnées  dans 
toute  la  contrée,  emmenaient  les  excursionistes  à  Étretat  :  le  temps  s'était 
amélioré  et  la  promenade  fut  charmante. 

La  municipalité  d'Étretat  s'était  mise  en  frais  et  fit  à  l'Association  une 
réception  pleine  de  cordialité  et  dont  on  fut  vivement   touché.  On  parcourut 


1158  EXCURSIONS    ET   VISITES   INDUSTRIELLES 

alors  ce  pays  charmant,  les  uns  en  l'admirant  simplement  au  point  de  vue 
pittoresque,  les  autres  en  faisant  des  recherches  botaniques  ou  géologiques. 
On  revint  le  soir  au  Havre,  enchanté  d'une  journée  dont  le  commencement 
avait  été  contrarié,  mais  qui  s'était  terminée  au  gré  de  tous. 


Le  lundi,  27  août  à  9  heures  du  matin,  on  se  réunissait  aux  chantiers  Nor- 
mand, pour  assister  au  lancement  d'un  aviso  de  l'État,  le  Hussard,  dont,  sur 
la  demande  spéciale  du  commissaire  général  de  la  marine,  M.  Le  Fraper,  M.  le 
ministre  de  la  marine  avait  bien  voulu  ordonner  la  mise  à  l'eau  pendant  le 
congrès.  Après  la  cérémonie  religieuse  qui  a  été  faite  par  le  clergé  de  Saint- 
Joseph,  les  derniers  étançons  ont  été  enlevés  et  le  Hussard  glissant  majestueu- 
sement sur  son  ber  a  pris  possession  de  l'Océan .  Deux  remorqueurs  l'ont  pris 
à  la  remorque  et  l'ont  amené  au  port  non  sans  quelques  incidents,  car  il  fallut 
attendre  le  départ  du  paquebot  allemand  Rhenania;  puis  une  amarre  se  cassa 
et  enfin,  il  devint  urgent  de  se  hâter,  car  le  paquebot  Canada,  delà  Cie  trans- 
atlantique, se  présentait  à  son  tour  pour  entrer.  L'opération  n'en  réussit  pas 
moins  à  merveille  et  intéressa  vivement  les  membres  du  Congrès. 

Disons  que  le  ministre  de  la  marine  avait  également  décidé  qu'une  partie  de 
l'escadre  cuirassée  resterait  mouillée  dans  les  eaux  du  Havre  pendant  la 
durée  de  la  session.  Malheureusement  le  mauvais  temps  qui  régna  pendant 
cette  période  ne  permit  que  difficilement  que  l'on  s'approchât  de  ces  formidables 
engins  de  guerre. 

Le  programme  de  l'après-midi  comportait  plusieurs  visites  industrielles  à 
Graville  : 

On  a  commencé  par  la  filature  de  M.  Courant,  et  on  Ta  parcourue  dans 
toutes  ses  parties  avec  le  plus  vif  plaisir,  sous  la  direction  de  M.  Jacques 
Courant,  qui  a  bien  voulu  donner  sur  chacune  des  préparations  que  subit  le 
coton  et  sur  les  admirables  machines  qui  le  mettent  en  œuvre,  les  explications 
les  plus  claires  et  les  plus  complètes. 

Bien  que  cette  visite  ait  duré  plus  d'une  heure,  c'est  avec  un  regret  véri- 
table que  l'on  s'est  arraché  à  la  contemplation  de  ces  merveilleux  métiers. 

L'usine  de  M.  Sapiéha,  pour  l'extraction  de  la  teinture  des  bois,  a  été  visitée 
ensuite  avec  un  grand  intérêt. 

lien  a  été  de  même  de  l'usine  de  M.  de  Rothschild,  pour  ladésargentation 
du  plomb.  Une  fonte  d'argent  d'au  moins  200kilog.  a  été  effectuée  en  présence 
des  membres  du  Congrès,  qui  ont  pu  suivre  tout  le  travail  qui  s'effectue  dans 
l'établissement  grâce  aux  bienveillantes  explications  de  M.  Troteux  et  de 
M.  le  directeur  de  l'usine  (1) . 

Les  visites  industrielles  se  sont  terminées  par  celle  des  grands  ateliers  de  la 
Société  anonyme  des  constructions  navales  du  quai  Colbert,  si  intelligemment 
dirigés  par  M.  Geay.  Là  encore,  on  s'est  arraché  à  regret  à  la  contemplation 
des  ces  admirables  machines-outils  qui   façonnent    les   métaux  et   qui    sem- 


H)  Nous  avons  demandé  sans  avoir  pu  lès  Obtenir  en  le&ps  Mile,  des  n-nseignement*  relatifs  à 
ces  divers  établissements  :  nuus  publions  ci-après  comme  complément  les  peillSS  indications  qui 
nous  aient  été  fournies . 


EXCURSIONS   ET    VISITES  INDUSTRIELLES  US9 

blent  presque,  tant  elles  sont  parfaites,  animées  d'une  parcelle  de  l'intelligence 
qui  les  a  créées. 

Un  courte  apparition  à  la  grande  forme  sèche  du  bassin  de  l'Eure  a  terminé 
cette  série  d'excursions  qui  avait  commencé  le  matin  par  une  visite  aux.  chan- 
tiers Normand.  Pour  beaucoup  de  membres  de  l'Association  française,  cette 
partie  du  programme  n'aura  été  ni  des  moins  attrayantes  ni  dos  moins 
fécondes. 

Malgré  notre  désir  de  ne  parler  que  des  parties  réellement  scientifiques  de  la 
session  du  Havre,  il  nous  paraît  au  moins  difficile  de  ne  pas  signaler  rapide- 
ment la  fête  vénitienne  qui  fut  donné  le  lundi  soir  sur  le  bassin  du  commerce 
à  l'occasion  du  Congrès. 

Par  une  faveur  inespérée,  le  temps,  dont  on  pouvait,  la  veille  encore, 
redouter  toutes  les  inclémences,  s'est,  au  contraire,  merveilleusement  prêté 
au  succès  de  cette  grande  fête.  La  brise  légère  suffisait  pour  rafraîchir  la 
température,  mais  était  trop  faible  pour  nuire  aux  illuminations;  la  lune  était 
levée  dans  tout  son  éclat,  au-dessus  même  du  bassin,  comme  la  pièce  princi- 
pale de  la  décoration  et  quelques  nuages  venaient  de  temps  en  temps  l'obs- 
curcir en  produisant  des  changements  à  vuequ'on  aurait  cru  commandés  :  la 
mise  en  scène  de  la  féerie  était  complète. 

Au  milieu  du  bassin,  au-dessus  desamasse  noire  et  immobile,  le  Belgrano 
dressait  vers  le  ciel  sa  mâture  et  ses  étais  dessinés  en  traits  de  feu  par  des 
cordons  de  lanternes  multicolores.  Tout  autour  de  lui,  semées  à  la  surface  de 
l'eau  qu'elles  enflammaient  de  mille  lueurs,  évoluaient  une  quantité  de  barques 
de  toutes  dimensions,  littéralement  couvertes  de  lanternes  formant  des  déco- 
rations lumineuses  délicieusement  variées  d'aspect.  Le  long  des  quais,  étaient 
des  bricks  et  des  goélettes  illuminés  de  la  lisse  au  sommet  des  mâts. 

Cette  magnifique  décoration,  dont  le  coup  d'œil  d'ensemble  dépassait  en 
grandiose  originalité  tout  ce  qu'on  pouvait  rêver,  était  encadrée  par  des  guir- 
landes de  lampions  courant  à  perte  de  vue  le  long  des  quais. 

La  magnifique  illumination  du  Grand-Théâtre  et  de  la  place  Louis  XVI, 
inondés  de  lumière,  complétait  ce  spectacle  incomparable  et  les  maisons  des 
alentours,  dont  les  illuminations  rivalisaient  de  goût  et  de  richesse,  formaient 
le  second  plan  de  ce  tableau  merveilleux. 

Les  innombrables  spectateurs  de  cette  fête ,  sans  précédent  au  Havre 
avaient  aisément  trouvé  place  le  long  des  quais,  où  des  sièges  étaient,  disposés 
en  nombre  suffisant  pour  éviter  toute  cohue,  et  jamais  plus  beau  spectacle 
n'a  été  donné  dans  un  cadre  plus  favorable  aux  aises  du  public,  sur  cette 
immense  étendue,  où' chacun  se  trouvait  pour  ainsi  dire  aux  premières 
galeries . 

Tout  avait  été  prévu,  du  reste,  pour  assurer  la  bonne  organisation  de  la 
fête.  De  nombreux  commissaires  étaient  répandus  dans  la  foule  et  s'acquittaient 
avec  un  zèle  infatigable  de  la  surveillance  dont  ils  avaient  été  chargés,  tan- 
dis que  le  Comité  siégeait  en  permanence  au  milieu  des  places  réservées  sous 
la  mâture. 

Aussi,  grâce  aux  dispositions  habilement  prises,  aucun  incident  fâcheux  ou 
seulement  tumultueux  n'est  venu  troubler  cette  soirée  de  réjouissances, 


1100  EXCURSIONS    ET    VISITES    INDUSTRIELLES 

On  ne  saurait  trop  féliciter  les  innovateurs  de  cette  fête  splendide, le  Comité 
des  fêtes  du  Congrès  et  en  particulier  l'intelligent  architecte  de  la  ville, 
M.  llebour,  qui  en  a  conçu  le  plan  et  dirigé  l'exécution. 

Le  mardi  28  août,  on  se  réunissait  encore  au  chemin  de  fer,  mais  pour  se 
rendre  dans  une  autre  direction;  on  s'arrêtait  à  Nointot  et  s'inslallant,  s'entas- 
sant  dans  les  diligences,  omnibus  et  voitures  de  toutes  formes,  on  partait  par 
un  temps  magnifique  pour  Bolbec,  que  l'on  ne  faisait  que  traverser,  et,  sui- 
vant une  riche  vallée,  on  arrivait  à  Tancarville,  pour  y  voir  les  ruines  du  célèbre 
château  de  ce  nom.  Les  ruines  sont  intéressantes,  et  de  la  terrasse  située  sur 
une  falaise,  dont  autrefois  la  mer  venait  battre  le  pied,  on  a  une  vue  splen- 
dide sur  la  Seine.  Mais  on  éprouva  une  certaine  déception.  Diverses  curio- 
sités sont  conservées  dans  une  partie  intacte, du  château  et  l'on  espérait  les 
voir.  On  fut  fort  surpris  de  ne  trouver  personne,  non-seulement  pour  faire 
les  honneurs,  mais  même  pour  ouvrir  la  porte,  bien  que  le  propriétaire  eût  été 
averti  à  l'avance.  Les  années  précédentes  et  cette  année  même,  en  d'autres 
villes,  les  propriétaires  des  châteaux,  aussi  bien  que  ceux  des  usines,  avaient 
cru  s'honorer  en  honorant  le  congrès  par  une  réception,  quelquefois  magni- 
fique, mais  toujours  cordiale;  on  fut  donc  surpris  de  cette  fin  de  non -recevoir. 

En  quittant  Tancarville,  on  suivit  une  route  au  pied  de  la  falaise,  route 
qui  amena  à  Lillebonne,  où,  par  les  soins  du  maire,  des  tables  dressées  atten- 
daient dans  deux  hôtels.  Bien  que  le  temps  pressât ,  on  put  visiter  quel- 
ques usines  importantes  (1),  ainsi  qu'une  collection  de  curiosités.  On  vit  les 
ruines  du  théâtre  romain  et  l'on  admira  la  superbe  mosaïque  découverte  dans 
des  fouilles  faites  il  y  a  quelque  temps. 

De  Lillebonne  on  revint  à  Bolbec,  où  le  congrès  fut  reçu  par  la  munici- 
palité. Les  autorités  aidées  de  quelques  notables  habitants,  partagèrent 
les  excursionnistes  en  divers  groupes,  qui  se  rendirent  à  plusieurs  établisse- 
ments importants  de  cette  ville  industrieuse  et  riche.  Avant  le  départ,  la 
municipalité  offrit  une  collation  et  l'on  se  sépara.  Peu  après  on  était  à  la 
station  et  l'on  rentrait  au  Havre  à  huit  heures  et  demie  du  soir,  après  une 
belle  journée  bien  remplie. 

Le  mercredi,  29  août,  les  membres  du  congrès  se  réunissaient  dans  la  jour- 
née pour  aller  visiter  les  importants  ateliers  des  forges  et  chantiers  de  la 
Méditerranée  dont  les  honneurs  leur  étaient  faits  par  le  directeur  M.  Cazavan, 
qui  s'empressait  de  donner  toutes  les  explications  susceptibles  de  rendre  cette 
visite  fructueuse.  L'intérêt  s'est  principalement  porte  sur  la  fabrication  des 
canons,  fonte  et  forage,  et  sur  un  navire  en  construction  dont  il  était  possible 
d'examiner  la  membrure  en  fer  et  les  diverses  parties. 

Un  certain  nombre  de  membres  du  Congrès  appartenant  principalement 
à  la  section  d'économie  politique,  se  sont  rendus,  vers  quatre  heures,  au  cercle 
Franklin,  où  ils  ont  été  reçus  par  MM.  Siegfried,  président  ;  P.  Langer,  secré- 
taire général;  F.  Puaux,  et  par  MM.  les  commissaires  de  service. 

Ces    Messieurs  ont  visité  le  Cercle  dans   toutes  ses  parties   et  ont  reçu  de 

(1)  Le>  élablisements  visités  a  Lillebanne  ont  été  ies  établissements  de  filature  el  tissage  de 
coton  de  MM.  Desgénètais  frères,  Fauquet,  Lemaître  et  Lemaistre  frères. 


EXCURSIONS    ET    VISITES  INDUSTRIELLES  1161 

M.  Siegfried  et  de  ses  collaborateurs  toutes  les  explications  concernant  L'organisa- 
tion et  le  fonctionnement  de  l'établissement.  Les  salles  de  cours,  de  lecture, 
de  gymnastique,  d'escrime,  de  jeux,  ont  été  successivement  examinées  avec  le 
plus  grand  intérêt  par  les  visiteurs,  qui  ont  exprimé  hautement  leur  admi- 
ration pour  la  belle  institution  d'éducation  populaire  dont  la  ville  du  Havre  est 
fière  à  si  juste  titre.  (I) 

En  sortant  du  Cercle,  les  membres  se  sont  rendus  aux  Cites  ouvrières  de 
la  rue  de  Normandie,  où  les  attendaient  MM.  Mallet  et  Heuzey,  administra- 
teurs. Là  encore,  un  examen  minutieux,  qui  s'est  prolongé  plus  d'une  heure, 
a  convaincu  les  visiteurs  de  l'excellence  des  résultats  obtenus  par  celte  création 
pour  le  développement  du  bien-être  et  de  l'économie  dans  la  classe  ouvrière. 

M.  Mallet  a  exposé  en  détail  les  bases  financières  qui  permettent  aux  habi- 
tants de  la  cité  de  devenir  propriétaires  de  leurs  maisons  au  bout  de  H  an- 
nées, en  payant  un  loyer  qui  représente  environ  10  0/0  de  leur  valeur. 

Plusieurs  visiteurs  étrangers  connaissaient  les  Cités  ouvrières  de  Mul- 
house et  du  Nord,  et  ils  ont  pu  se  rendre  compte  des  améliorations  réali- 
sées dans  la  Cité  havraise,  sous  le  rapport  de  l'hygiène  et  du  confortable.  Ils 
ont  vivement  apprécié  l'ordre  et  la  propreté  qui  régnent  généralement  dans 
ces  ménages  laborieux  et  le  goût  avec  lequel  sont  entretenus  les  jardinets  qui 
fleurissent  cette  ruche  ouvrière. 

Close  officiellement  le  30  août,  lors  de  l'assemblée  générale  la  session  du 
Havre  fut,  en  réalité,  prolongée  de  deux  ou  trois  jours,  ainsi  que  cela  s'était 
déjà  produit  dans  plusieurs  congrès.  L'Association  avait,  en  effet,  reçu  des 
invitations  des  Sociétés  savantes  et  de  la  municipalité  de  Rouen,  et  un  grand 
nombre  de  membres  avaient  décidé  de  se  rendre  dans  l'ancienne  capitale  de  la 
Normandie.  Aussi,  le  31  août,  se  trouvait-on  réuni,  au  nombre  de  deux  cents 
environ,  sur  le  bateau  à  vapeur  V Hirondelle  de  la  Compagnie  Deschamps,  qui 
devait  remonter  la  Seine  jusqu'à  Rouen. 

Après  un  arrêt  nécessité  par  la  marche  rapide  du  bateau  dont  l'arrivée 
n'aurait  pas  concordé  avec  les  indications  données  précédemment  aux  Sociétés 
savantes  de  Rouen,  à  cinq  heures  un  quart,  en  présence  d'une  affluence  consi- 
dérable de  curieux,  le  steamer  abordait  au  débarcadère  de  la  cale  St-Eloi, 
orné  pour  la  circonstance  de  tentures  et  de  drapeaux.  Tous  les  navires  à  l'an- 
cre dans  le  porf  étaient  pavoises,  et  deux  guirlandes  d'oriflammes  aux  cou- 
leurs de  toutes  les  nations  reliaient  le  quai  aux  maisons  lui  faisant  face. 

Les  membres  de  l'Association  ont  été  reçus  par  des  représentants  du  conseil 
municipal  de  Rouen,  et  des  députations  de  toutes  les  sociétés  savantes  de  la 
ville,  au  nom  desquelles  M.  H.  Courcelles,  président  de  la  Société  d'horticul- 
ture de  la  Seine-Inférieure,  a  prononcé  l'allocution  suivante  : 

«  Monsieur  le  président,  Messieurs, 
»  Les  Sociétés  savantes    dont   le  siège   est  à  Rouen  se  félicitent  hautement 

I  Pour  des  renseignements  plus  complets  voir  la  brochure  :  Cercle  Franklin  du  Havre, 
Havre,  imp.  Leclerc    1877. 


1162  l  \.  I  USIONS   ET    VISITES   INDUSTRIELLES 

de  voir  que  l'Association  française  pour  l'avancement  des  sciences  n'a  pas 
voulu  terminer  ses  utiles  travaux  de  cette  année  en  Normandie  sans  s'arrêter 
quelques  instants  dans  sa  vieille  capitale,  si  pleine  de  richesses  artistiques  et 
industrielles,  en  attendant  qu'elle  soit  choisie  pour  le  siège  de  nouvelles  assises; 

»  Et  le  président  de  la  Société  centrale  d'Horticulture  est  particulièrement 
heureux  que  les  faveurs  du  tour  de  rôle  l'aient  désigné  pour  vous  souhaiter 
la  bienvenue.  Je  n'oublierai  jamais  cet  honneur,  tout  en  regrettant  que  la 
parole  ne  soit  point  échue  à  ceux  de  nos  honorés  collègues  qui  s'en  fussent 
beaucoup  mieux  acquittés  que  moi. 

»  Remplissant  ma  flatteuse  mission,  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Association 
française  pour  l'avancement  des  sciences,  et  à  vous,  monsieur  le  président,  qui 
personnifiez  si  bien  cette  illustre  société  : 

»  Le  président,  les  membres  du  bureau  et  les  membres  composant  l'Aca- 
démie des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts; 

»  La  Société  libre  d'Emulation  du  commerce  et  de  l'industrie; 

»  La  Société  centrale  d'Agriculture  du  département  ; 

»  La  Société  de  Médecine  ; 

■>■>  La  Société  des  Amis  des  Sciences  naturelles; 

»  La  Société  des  Architectes  de  la  Seine-Inférieure; 

»  La  Société  Industrielle  de  Rouen  ; 

»  Les  membres  du  bureau  et  les  membres  composant  la  Société  centrale 
d'Horticulture  de  la  Seine-inférieure. 

»  Tous  nous  saluons  avec  un  sympathique  et  cordial  empressement  une  com- 
pagnie qui  a  grandi  avec  une  telle  rapidité  justifiée  par  sa  haute  portée,  qu'en 
cinq  années  ses  membres  se  sont  élevés  du  chiffre  de  800  au  moment  de  sa 
fondation,  à  ceux  de  1,200  après  la  seconde  année,  de  1,500  après  la  troisième, 
de  l,9o0  après  la  quatrième,  de  2,234  après  la  cinquième,  et  qui  compte 
dans  ses  rangs,  ainsi  que  l'a  dit  M.  le  maire  de  Rouen,  dans  sa  proclamation 
aux  habitants  de  la  ville,  un  si  grand  nombre  d'hommes  dont  les  savants 
travaux  contribuent  à  l'illustration  du  pays.  —  Votre  devise  :  «  Pour  la  patrie 
par  la  science  »  est  aussi  bien  choisie  que  juste. 

»  Aucune  de  nos  sociétés  ne  peut  prétendre  à  de  pareils  succès,  mais 
leur  rapprochement  confraternel  de  l'Association  française  pour  l'avancement 
des  sciences,  ne  peut  qu'exciter  leur  ardeur  dans  la  voie  du  progrès. 

»  Bientôt  vous  allez  recevoir  l'hospitalité  et  les  compliments  de  notre  admi- 
nistration municipale,  près  de  laquelle  nous  nous  retrouverons;  mais  avant  de 
rompre  cette  première  entrevue,  si  heureuse  pour  nous,  nous  voulons  vous 
donner  un  gage  bien  certain   de   notre  grande  satisfaction  en  criant  tous  : 

»  Vive  l'Association  française  pour  l'avancement  des  sciences  !  » 

Les  membres  des  Sociétés  savantes  de  Rouen  ont  répété  ce  vivat,  auquel  les 
membres  de  l'Association  Française  ont  répondu  par  celui  de  :  «  Vive  la  Ville 
de  Rouen!  » 

M-  Broca  a  pris  ensuite  la  parole  en  ces  termes  : 


EXCURSIONS  ET   VISITES    INDUSTRIELLES  H6ii 


«  Monsieur  le  Président, 

»  Je  vous  remercie  des  paroles  de  bienvenue  que  vous  adressez  à  l'Associa- 
tion Française  au  nom  des  Sociétés  savantes  de  Rouen. 

»  Nous  savions  déjà  que,  dans  cette  grande  ville,  le  développement  scientifi- 
que marche  de  front  avec  le  développement  industriel,  et  chacun  de  nous, 
suivant  sa  spécialité,  connaissait  les  travaux  de  vos  diverses  Sociétés  savantes. 
Maïs  avant  d'avoir  entendu  renonciation  que  vous  venez  de  faire  des  huit  So- 
ciétés dont  vous  êtes  L'organe,  je  n'avais  qu'une  idée  incomplète  de  l'activité 
du  mouvement  intellectuel  qui  distingue  votre  ville.  Lorsque  nous  viendrons 
ici  tenir  l'une  de  nos  sessions  annuelles,  nous  y  trouverons  un  terrain  tout 
préparé  et  un  nombreux  personnel  scientifique. 

»  Ce  qui  m'intéresse  vivement,  c'est  l'heureuse  organisation  qui  réunit  en 
un  seul  faisceau  ces  nombreuses  Sociétés  savantes,  et  qui,  sans  -nier  en  rien 
leur  autonomie,  établit  entre  elles  des  intérêts  communs,  confiés  à  une  admi- 
nistration collective.  Vous  avez  compris  que  l'union  fait  la  force,  et  vous  ave/. 
donné  un  exemple  qui  devrait  être  partout  imité.  Les  représentants  des  prin- 
cipales Sociétés  savantes  de  Paris  avaient  conçu,  il  y  a  une  dizaine  d'années, 
le  plan  d'une  fédération  analogue  à  la  vôtre.  On  se  proposait  d'instituer  un 
Athénée  des  Sociétés  savantes;  le  nom  était  trouvé,  mais  la  chose  ne  l'était 
pas  !  Après  divers  pourparlers,  les  difficultés  pratiques  parurent  trop  grandes, 
ou  plutôt  on  ne  sut  pas  s'entendre,  et  le  projet  fut  abandonné.  Ce  projet  était 
cependant  parfaitement  réalisable,  puisque  vous  l'avez  réalisé.  11  n'y  a  plus 
maintenant  qu'à  prendre  modèle  sur  vous,  et  je  fais  des  vœux  pour  que  l'es- 
prit de  solidarité  qui  vous  anime  se  manifeste  avec  le  même  succès  dans 
toutes  les  grandes  villes.  » 

Après  ces  souhaits  de  bienvenue  et  après  que  de  part  et  d'autre  des  pré- 
sentations eurent  été  faites,  on  se  sépara  :  la  plupart  des  membres  furent  en- 
traînés dans  d'hospitalières  demeures,  tandis  que  d'autres  étaient  invités  à  un 
banquet  offert  par  les  Sociétés  savantes. 

Avant  de  se  rendre  à  la  réception  de  l'Hôtel  de  ville,  les  membre  de  l'Associa- 
tion française  pour  l'avancement  des  sciences,  au  nombre  de  soixante  environ, 
ont  visité  les  ateliers  de  tissage  de  M.  Ernest  Manchon,  situés  rue  de  Tanger, 
et  éclairés  pour  la  première  fois  à  la  lumière  électrique. 

Us  ont  été  très-frappés  des  résultats  obtenus  dans  cette  installation,  effectuée 
par  la  maison  Sauter  et  Lemonnier,  avec  la  collaboration  de  M.  l'ingénieur 
Delahaye.  (1) 

Après  cette  visite  les  membres  de  l'Association  française,  se  sont  rendus  à 
l'Hôtel-de- Ville,  où  a  eu  lieu  la  réception  que  devait  leur  faire  la  municipalité. 

Le  monument  était  entouré  d'un  cordon  de  gaz  et,  devant  les  arcades,  des 
bouquets  de  globes  lumineux  ajoutaient  à  l'éclat  de  l'illumination,  qui  avait 
attiré  sur  la  place  une  foule  considérable. 

(1)  Vojr  cj-après  la  note  relative  à  cette  installation. 


1104  EXCURSIONS   ET    VISITES    INDUSTRIELLES 

Le  vestibule  et  la  grande  salle  du  rez-de-chaussée  resplendissaient  également 
de  lumière. 

Dans  la  grande  salle  de  l'Hôtel -de- Ville  se  trouvaient  réunies  toutes  les  notabi- 
lités locales  :  représentants  de  la  magistrature,  de  l'armée,  du  clergé,  des  diffé- 
rentes administrations,  des  sociétés  savantes,  ainsi  que  beaucoup  de  grands 
industriels.  On  y  remarquait  MM.  Cordier  et  Pouyer-Quertier  sénateurs. 

M.  Barrabé,  maire,  entouré  de  MM.  les  adjoints  et  des  conseillers  municipaux, 
a  reçu  les  membres  de  l'Association  française,  qui  sont  arrivés  vers  neuf 
heures;  il  a  prononcé  un  discours  dont  voici  la  substance  : 

«  Monsieur  le  président,  messieurs  les  membres  de  l'Association  française. 

»  Au  nom  de  la  ville  de  Rouen  nous  vous  souhaitons  la  bienvenue. 

Votre  société  a  été  fondée  pour  activer  le  progrès  et  la  diffusion  des  sciences, 
à  une  époque  où  la  France,  pour  se  relever,  avait  besoin  du  travail  de  tous 
ses  enfants.  Nous  sommes  heureux  d'exprimer  notre  respect  et  notre  gratitude 
aux  hommes  éminents  qui  ont  entrepris  et  poursuivent  cette  œuvre  patriotique. 

»  Propagateurs  dévoués,  vous  porterez  successivement  dans  les  diverses 
contrées  de  la  France  vos  précieux  enseignements.  Soyez  convaincus  que  la 
terre  normande  fera  fructifier  la  bonne  semence  que  vous  y  avez  répandue. 

»  En  parcourant  notre  ville,  vous  y  trouverez  de  nombreux  monuments, 
qui  attestent  le  génie  et  le  travail  de  nos  ancêtres.  Quand  vous  visiterez  les 
ateliers  de  nos  industriels,  nos  écoles,  nos  musées,  nos  établissements  scienti- 
fiques, vous  reconnaîtrez,  nous  l'espérons,  que  le  travail  et  l'étude  sont 
toujours  honorés  parmi  nous,  et  que  l'amour  du  bien  et  du  beau  est  resté 
vivace  au  cœur  des  Rouennais. 

«  Nous  désirons,  messieurs,  que  vous  emportiez  cette  conviction,  car  elle 
nous  donnera  l'espérance  de  vous  revoir  ici,  non  pour  un  trop  court  passage, 
mais  pour  y  tenir  une  de  vos  savantes  assises  et  nous  permettre  d'entendre 
vos  leçons. 

»  Les  Rouennais,  réunis  ici  pour  vous  faire  honneur,  sont  tous  à  votre  dispo- 
sition pour  vous  faire  visiter  ce  qui  pourra  vous  intéresser  dans  notre  ville.  » 

M.  Broca  a,  comme  à  l'arrivée,  répondu  par  quelques  mots  chaleureux  et 
conçus  dans  un  esprit  de  sympathie  pour  la  ville  et  ses  représentants. 

Les  conversations  particulières  se  sont  engagées  ensuite  dans  cette  grande 
salle  de  l'Hôtel-de-Ville,  dont  le  coup-d'œil  était  alors  très-animé,  et  où,  dans 
la  foule  des  habits  noirs,  brillaient  quelques  toilettes  de  dames,  ainsi  que  les 
uniformes  des  généraux  et  des  autres  officiers  supérieurs. 

Dans  le  jardin,  une  assistance  très-nombreuse,  composée  d'invités,  s'était 
groupée  autour  du  kiosque,  où  les  membres  de  la  Société  Boieldieu  et  la  mu- 
sique Municipale  ont  alterné  de  façon  à  composer  un  charmant  concert,  qui  a 
provoqué  les  bravos  des  auditeurs. 

La  lumière  électrique  inondait  le  jardin  de  sa  clarté,  et  les  projections  de 
couleurs  sur  le  jet  d'eau  se  reflétaient  sur  les  feuilles  des  arbres,  qui  semblaient 
être  en  velours  bleu,  rouge  ou  vert. 


i  m  (  RSIONS    ET    VISITES   INDUSTRIELLES  I  168 

Le  concert  s'est  prolongé  jusqu'à  onze  heures,  et  l'on  s'est  séparé  en  se 
promettant  de  faire  nombre  de  visites  aux  monuments  locaux  et  aux  grands 
établissements  industriels  des  alentours. 

Le  1er  Septembre,  à  9  heures  du  matin,  les  membres  de  l'Association  se 
réunissaient  dans  la  grande  salle  de  l'Hôtel-de-Ville . 

M.  Barrabé,  maire,  ainsi  que  MM.  les  adjoints  étaient  présents. 

Les  visiteurs  se  font  inscrire  sur  des  feuilles  portant  la  nomenclature  des 
établissements  à  visiter  dans  la  journée. 

M.  le  maire  et  MM.  Amédée  Delamare,  Dieutre  et  Fouray,  adjoints  ont 
accompagné  un  certain  nombre  des  voyageurs  scientifiques  et.  leur  ont  l'ail 
apprécier  les  beautés  de  nos  édifices  publics. 

Les  membres  de  l'Association  française  n'ont  pu  faire  à  chacun  de  ces  mo- 
numents qu'une  courte  visite,  car  Rouen  compte  tant  de  beautés  historiques, 
qu'on  ne  peut  espérer  voir  tout  dans  une  matinée. 

Divisés  en  petits  groupes  de  dix  et  de  quinze  personnes,  ils  ont  été  voir 
successivement  les  églises,  le  Palais  de  justice  et  la  tour  de  Jeanne-d'Arc.  Là, 
ils  ont  été  reçus  par  les  membres  du  comité  de  souscription  pour  le  rachat  et 
la  restauration  de  ce  monument,  et  M.  Nepveur,  premier  adjoint  au  maire 
président  général  du  comité,  leur  a  adressé  l'allocution  suivante  : 

»  Monsieur  le  président, 

»  Messieurs  de  l'Association  française  pour  l'avancement  des  sciences, 

»  11  était  réservé  à  une  voix  plus  autorisée  que  la  mienne  de  vous  souhaiter 
la  bienvenue  dans  cette  tour  à  jamais  célèbre  et  vénérée  par  le  souvenir  de 
Jeanne-d'Arc. 

»  Oui,  messieurs,  ces  degrés  que  vous  venez  de  monter,  il  y  a  plus  de 
quatre  siècles  que  la  vierge  de  Domrémy  les  foulait  sous  ses  pieds,  pour 
comparaître  devant  ses  juges,  je  me  trompe,  devant  ses  bourreaux. 

»  C'est  à  cette  même  place  que,  le  9  mai  1131,  cet  ange  de  vertu  et  de  su- 
blime énergie  fut  interrogé  et  mis  en  présence  des  instruments  de  torture  im- 
puissants à  ébranler  son  courage. 

»  Je  les  entends  encore,  ces  paroles  qu'animait  un  souffle  divin  :  «  Vraiment, 
»  si  vous  me  deviez  faire  détruire  les  membres  et  faire  partir  l'âme  hors  du 
»  corps,  ne  vous  dirai-je  autre  chose,  et  si  aucune  chose  vous  dirai-je,  aprè-; 
»  ce,  dirai-je  toujours  que  vous  me  l'auriez  fait  dire  par  force.  » 

»  Saluons  donc  de  nos  respects  la  mémoire  sacrée  de  l'héroïne  d'Orléans,  de 
la  libératrice  de  notre  France  chérie,  et  donnons  une  larme  à  son  glorieux 
martyre. 

»  Que  ce  soit  notre  première  pensée  avant  de  visiter  ce  donjon  bâti  par 
Philippe-Auguste,  en  1205,  et  un  des  rares  vestiges  de  l'architecture  militaire 
de  cette  époque. 

»  Le  comité  de  souscription  qui  se  forma  en  1860,  sous  la  chaude  inspiration 
de  son  regretté  président,  M.  Frédéric  Deschamps,  s'honorera  toujours  d'avoir 
contribué,  dans  la  mesure  de  ses  forces,  au  rachat  de  la  tour  Jeanne-Darc,  et 


1160  EXCURSIONS   ET   VISITES   INDUSTRIELLES 

son  action  ne  cessera  que    lorsqu'il  aura  accompli  son    (ouvre,  j'en  prends  ici 
l'engagement  pour  lui. 

»  Maintenant,  messieurs  de  l'Association  française  pour  l'avancement  des 
sciences,  nous  sommes  tout  à  vous,  heureux  de  voir  que  vous  êtes  les  premiers 
visiteurs  officiels  de  cette  tour  restaurée  par  nous.  Vous  êtes  nos  maîtres  et 
nous  vous  écoutons. 

M.  le  président  de  l'association  a  remercié  M.  le  président  et  MM.  les 
membres  du  comité  de  leur  bienveillant  accueil,  et  les  a  félicités  d'avoir  mené 
a  bien  la  tâche  qu'ils  avaient  entreprise  pour  sauver  de  l'oubli  et  de  la  des- 
truction un  monument  qui  rappelle  de  si  touchants  souvenirs. 

Les  visiteurs  se  sont  rendus  ensuite  à  l'hôtel  du  Bourgtheroulde,  à  l'Aître 
Saint-Maclou,  à  l'école  supérieure  des  Sciences,  au  laboratoire  des  Hautes 
Etudes  ;  aux  musées  d'Antiquités,  de  Céramique  rouennaise,  au  muséum  d'his- 
toire naturelle,  à  la  Bibliothèque  et  au  musée  de  Peinture. 

De  là  ils  se  sont  rendus  au  Jardin-des-Plantes,  où  ils  ont  admiré  l'école  Bota- 
nique, les  serres  et  surtout  les  écoles   d'Arboriculture,   Fruitière    et  Forestière. 

Enfin  l'après-midi  fut  consacré  aux  visites  industrielles  dont  nous  ne  pou- 
vons donner  qu'une  sèche  énumération. 

Les  membres  du  Congrès  répartis  en  plusieurs  groupes  se  rendirent  aux 
établissements  suivants  ; 

Société  Cotonnière,  à  Saint-Etienne-du-Bouvray. 

Fabriques  de  produits  chimiques  de  MM.  Duchemin  et  Chouillou,  Malétra 
et  C3e. 

Impressions  et  tissus.  —  Fabrique  de  MM.  Benner  à  Darnétal;  Besselièvre, 
à  Maromme;  Girard,  à  Déville;  Keittinger,  à  Lescure. 

Epuration  d'huiles  minérales.  —  Usine  de  M.  Deutsch,  avenue  du  Mont- 
Riboudet. 

Savons.  —  Fabriques  de  MM.  Lacour/place  des  Chartreux;  Sommier-Moulin, 
place  Trianon. 

Usines  à  gaz.  —  Compagnie  des  Emmurées  (M.  Besson  directeur),  et  Com- 
pagnie Européenne,  à  l'île  Lacroix  (M.  Coindet  directeur). 

Tissages  de  MM.  Destailleurs,  rue  d'Elbœuf;  Manchon  rue  de  Tanger;  Le- 
marchand,  rue  Sablée. 

Agglomération  de  houille.  —  M.  Lequeux-Muston,  quai  des  Curandiers. 

Briqueterie  de  M.  Requier.  à  Blosseville-Bonsecours. 

Fabriques  de  cardes  de  MM.  Cadeau  de  Kerville,  rue  du  Passage-Dupont,  et 
Miroude,  quai  Saint-Sever. 

Filature  de    M.  Gnillou,  rue  Méridienne. 

Fabrique  de    Bretelles  de  M.  L.  Fromage,  à  Darnétal 

Teinture  et  apprêts  de  MM.  Wallon-Crosnier,  rue  du  Val-d'Eauplct. 

Machines  et  chaudières.  —  Ateliers  de  M.  Corbran  et  Le  Marchand,  au  Char- 
treux; Lethuillier-Pinel,  rue  Méridienne;  Ch.  Pinel,  rue  Méridienne;  Benaux 
et  Boupain,  (machine  routière)  rue  d'Amiens  ;  Boudier  rue  des  Brouettes; 
Thomas  Powell. 

D'un  autre  côté,  vers  deux  heures,  une  cinquantaine    de  membres,  réunis 


EXCURSIONS   ET    VISITES   INDUSTRIELLES  1161 

chez  MM.  Rénaux  et  Bonpain,  sont  partis,  remorqués  par  la  locomitive  rou- 
tière, pour  faire  une  promenade  à  Bonseconrs.  Partis  par  l'ancienne  route,  les 
visiteurs  sont  revenus  par  la  nouvelle  voie  créée  sur  le  versant  de  la  côte,  en 
examinant  le  magnifique  panorama  qui  se  déployait  à  leurs  yeux  et  consta- 
tant avec  quelle  rapidité  on  peut  arrêter  ou  faire  marcher  la  machine. 

La  fin  de  cette  journée  intéressante  pour  toutes  les  personnes  qui  purent 
suivre  les  diverses  visites  amena  la  clôture  réelle  du  Congrès  du  Havre,  qui 
comme  la  plupart  des  Congrès  précédents  s'était  prolongé  au  delà  de  la  clô- 
ture officielle. 

11  ne  nous  appartient  pas  de  porter  un  jugement  sur  cette  6e  session  de 
l'Association  française:  l'avenir  montrera  si  le  Congrès  a  produit  un  effet  utile 
pendant  son  passage  au  Havre  ;  mais  nous  croyons  exprimer  l'avis  de  la  ma- 
jorité des  membres  qui  ont  pris  part  à  cette  Session  en  disant  que,  si  elle  a 
présenté  un  caractère  différent  des  Sessions  précédentes,  elle  n'a  pas  été  moins 
intéressante,  et  que  nous  avons  rencontré  au  Havre,  dans  les  villes  que  nous 
avons  parcourues  trop  rapidement,  et  à  Rouen,  des  dévouements  empressés 
qui  nous  ont  permis  de  mener  à  bien  l'organisation  de  ce  Congrès. 


NOTES  COMPLÉMENTAIRES 

SUR   QUELQUES   ÉTABLISSEMENTS   SCIENTIFIQUES   ET  INDUSTRIELS. 


USINE  A  PLOMB  DU  HAVRE 

L'établissement  métallurgique  que  MM.  de  Rothschild  possèdent  au  Havre  est  orga- 
nisé pour  le  traitement  complet  (désargentation  et  raffinage)  des  plombs  argentifères 
bruts,  tels  qu'ils  résultent  de  la  réduction  des  minerais  de  plomb  dans  les  fonderies. 

L'usine  reçoit  des  plombs  de  toutes  provenances  ;  principalement  ceux  d'origine  espa* 
gnole.  Ces  plombs  sont  apportés  au  Havre  en  saumons.  Leur  richesse  en  argent  est 
très-variable.  Les  teneurs  communes  varient  entre  0  k.  80  g.  et  250  grammes  0/0  k. 
de  plomb.  De  plus,  c'est  une  des  circonstances  aggravantes  de  la  métallurgie  du  plomb, 
l'argent  s'y  trouve  presque  toujours  accompagné,  en  proportions  relativement  impor- 
tantes, de  corps  étrangers  (cuivre,  fer,  antimoine,  soufre,  arsenic,  etc.,  etc.). 

Le  traitement  complet  du  plomb  d'eeuvre  comprend  les  opérations  suivantes  : 

1"  Enrichissement  par  cristallisation  ;  2e  Coupellation  du  plomb  enrichi  ;  3°  Réduc- 


H68  EXCURSIONS    ET    VISITES   INDUSTRIELLES 

tion  des  oxydes  et  revivification  des    litarges  dans    un    réverbère  ;  4°  Fontes  au  four 
à  manche  de  résidus  divers;  5°  Épuration  des  plombs  impurs. 

I.  —1°  Enrichissement  du  plomb  par  cristallisation.  —  L'enrichissement  du  plomb 
par  cristallisation  se  pratique  dans  des  appareils  imaginés  par  M.  Moysan,  ingénieur- 
directeur  de  l'usine  à  plomb  de  MM.  Lues  et  Rozan  à  Marseille.  Ces  appareils  con- 
sistent en  deux  chaudières  en  fonte  avec  foyers  distincts  enclavées  à  des  niveaux 
différents,  dans  un  massif  de  maçonnerie.  La  chaudière  supérieure  ou  de  fusion  est 
destinée  à  fondre  le  plomb  à  désargenter.  Elle  peut  contenir  8,000  kilos  de  plomb 
et  à  sa  partie  inférieure  se  trouve  une  tubulure,  venue  de  fonte,  qui  sert  à  transvaser 
son  contenu  dans  la  chaudière  de  cristallisation.  La  chaudière  inférieure  ou  de  cris- 
tallisation contient  de  23  à  24.000  kilos  de  plomb.  Elle  porte  à. sa  base  trois  tubulures 
venues  de  fonte  et  situées  sur  le  même  plan  horizontal.  Deux  d'entre  elles  débou- 
chent à  droite  et  à  gauche  au-dessus  de  deux  cuvettes  en  fonte  fixées  au  sol  et  sont 
affectées,  soit  au  soutirage,  après  chaque  opération,  dans  lesdites  cuvettes  du  plomb 
enrichi,  soit  aux  coulées  de  plomb  marchand,  quand  elles  ont  lieu.  L'orifice  extérieur 
de  ces  tubulures,  de  même  que  la  tubulure  de  la  chaudière  de  fusion,  s'ouvre 
ou  se  ferme  à  volonté,  au  moyen  d'un  levier  obturateur  d'un  mécanisme 
très-simple  et  d'un  maniement  très-facile.  La  troisième  tubulure  placée  dans 
l'axe  et  à  l'opposé  du  foyer,  à  égale  distance  des  deux  autres,  est  celle  dans  laquelle 
pénètre  le  tube  qui  livre  passage  à  la  vapeur  que  l'on  fait  agir  dans  la  cristallisa- 
tion, ou  mieux,  un  robinet  d'une  forme  particulière,  dans  lequel  la  clef  est  remplacée 
par  une  longue  tige  en  fer  terminée  à  l'une  de  ses  extrémités  par  un  clapet. 

La  chaudière  de  cristallisation  est  munie  d'un  couvercle  (chapeau)  à  segments 
mobiles  qui  peuvent,  quand  il  y  a  lieu,  être  soulevés  à  volonté.  Au  centre  de  ce 
couvercle  on  a  ménagé  une  ouverture  circulaire  correspondant  à  l'amorce  d'une  che- 
minée verticale  qui  conduit  dans  des  chambres  de  condensation,  où  on  les  recueille 
à  l'état  pâteux,  les  oxydes  pulvérulents  entraînés  par  la  vapeur. 

Enfin,  au  niveau  du  bord  de  la  chaudière  de  cristallisation,  règne  une  galerie  qui 
permet  de  suivre  la  marche  du  travail. 

La  main-d'œuvre  à  chaque  appareil,  occupe,  sous  la  conduite  de  contre-mai  très 
surveillants,  par  poste  de  douze  heures  (les  appareils  fonctionnent  jour  et  nuit,  sauf 
le  dimanche),  un  personnel  fixe  de  trois  ouvriers  (1  chef  cristalliseur  et  2  aides), 
plus  un  personnel  variable  de  manœuvres  qu'on  leur  adjoint  pour  quelques  travaux 
supplémentaires  intermittents,  tels  que:  coulées  du  plomb  marchand  ou  riche,  roulage 
des  plombs,  etc.  Dans  tous  les  cas,  les  travaux  de  toute  nature  afférents  aux  appareils 
se  donnent  à  forfait,  excepté,  toutefois,  les  réparations  à  l'outillage. 

Pour  ce  qui  regarde  le  changement  des  chaudières,  le  déplacement  des  blocs  de 
plomb  partiellement  manipulé,  etc.,  chaque  appareil  est  desservi  par  une  grue  à 
vapeur. 

La  désargentation  du  plomb  par  cristallisation,  ou  simplement  le  pattinsonage  [du 
nom  de  son  inventeur  Pattinson),  est  basé  sur  les  données  suivantes  :  Quand  on  laisse 
refroidir  lentement,  en  l'agitant,  une  grande  masse  de  plomb  argentifère  porté  à  une 
température  un  peu  plus  élevée  que  son  point  de  fusion  334°),  il  s'y  produit  une 
véritable  cristallisation  et,  par  suite,  il  arrive  que,  quelle  que  suit  la  teneur  en  argent 
du  plomb  mis  en  œuvre,  les  cristaux  retiennent  beaucoup  moins  de  métal  précieux 
que  la  partie  non  encore  solidifiée.  En  d'autres  termes,  l'argent  se  concentre  dans 
la  partie  qui  reste  le  plus  longtemps  fondue.  Cette  circonstance  remarquable  s'explique 
par  ce  fait  que  le  plomb  pur  cristallise  le  premier,  et  il  a  été  constaté  que  les 
métaux  autres  que  l'argent  (fer,  cuivre,  antimoine,  etc.),  que  contient  le  plomb  d'oeuvre 
comme  il  a  été  dit  plus  haut,  il  a  été  constaté  que  ces  métaux,  qui  n'ont  pas  étt 
enlevés  lors  des  écumages,  suivent  l'argent  dans  son  mouvement  de  concert! ration.  Si 


EXCURSIONS  ET    VISITES    INDUSTRIELLES  1169 

donc,  à  un  moment  donné,  on  arrête  la  cristallisation,  il  en  résultera  évidemment: 
d'une  pari,  sous  forme  de  cristaux,  du  plomb  partiellement  désargenté  et  rafliné;  de 
l'autre,  un  alliage  resté  liquide,  enrichi  de  l'argent  séparé  des  cristaux  et  rendu  plus 
impur  par  la  présence  des  métaux  étrangers  amenés  avec  l'argent.  Il  est  évident  aussi 
qu'en  soumettant  une  quantité  déterminée  de  plomb  argentifère  à  une  série  depattïn- 
sonages.  une  fraction  relativement  minime  de  la  masse  Gnira  par  contenir  tout 
l'argent,  et  que  l'autre  partie,  la  pins  forte,  finira  par  atteindre  la  pureté  nécessaire 
pour  être  livrée  au  commerce. 

Dans  les  appareils  qui  nous  occupent  et  qui  remplacent  les  batteries  de  onze  chau- 
dières de  pattinsonage  ordinaire,  au  lieu  d'agiter  le  bain  avec  un  outil,  on  fait  agir 
directement  la  vapeur.  Son  action  est  ici  essentiellement  mécanique,  bien  que  le  rôle 
qu'elle  joue  chimiquement,  notamment  dans  le  raffinage  du  plomb,  soit  assez  impor- 
tant. Sous  le  rapport  de  la  cristallisation,  l'expérience  a  démontré  qu'il  était  bon  de 
ne  la  pousser  que  jusqu'aux  deux  tiers  (cette  limite  n'a  rien  d'absolu  cependant)  du 
contenu  de  la  grande  chaudière,  parce  qu'à  ce  point  on  est  à  peu  près  certain  de 
dédoubler  la.  teneur  en  argent  du  plomb  pattinsoné.  Pour  une  chaudière  de  21,000  kilos, 
par  exemple  à  la  teneur  de  300  gr.  0/0  kilog.  de  plomb  avant  l'opération,  on  doit 
obtenir  après  des  cristaux  à  650  grammes  argent  0/0  de  plomb  et  un  fond  liquide  à 
tiOO  grammes. 

Une  dernière  remarque.  Dans  le  système,  de  pattinsonage  ordinaire,  on  est  obligé  de 
faire  subir  une  opération  préalable  à  tous  les  plombs  avant  de  leur  appliquer  la  cris- 
tallisation avec  les  appareils  par  la  vapeur.   Les  plombs  très-impurs  sont  seuls  épurés. 

Les  produits  de  la  cristallisation  sont:  1°  du  plomb  marchand  rafliné  livré  au  com- 
merce; 2°  du  plomb  enrichi  propre  à  être  coupelle;  3°  des  crasses  (oxydes)  qui  passent 
à  la  réduction. 

II.  —  Coupellation  du  plomb  enrichi.  —  Nos  fours  à  coupelles  ne  diffèrent  pas  dans 
leurs  dispositions  principales  des  fours  employés  dans  les  usines  qui.  comme  nous, 
ont  adopté  la  coupellation  anglaise.  Ce  sont  des  fours  à  réverbère,  à  voûte  fixe,  dont 
la  sole  mobile  est  une  coupelle  en  os  calcinés  ou  autres  phosphates  de  chaux,  portée 
sur  un  chariot  en  fer.  Le  tirage  s'effectue  par  des  carnaux  raccordés  au  grand  conduit 
collecteur  des  fumées  (1).  Quant  au  mode  de  travail,  il  est  également  le  même  qu'en 
Angleterre  et  ailleurs.  On  chauffe  à  la  houille,  et  l'oxydation  est  conduite  rapidement. 
On  ajoute  progressivement  du  plomb  fondu  dans  une  chaudière  séparée,  à  mesure 
que  la  litharge  produite  laisse  de  la  place  dans  la  coupelle.  L'air  nécessaire  à  l'oxyda- 
tion est  lancé  par  une  brise,  placée  dans  une  embrasure  du  four,  au-dessus  et  à  l'ar- 
rière de  la  coupelle.  La  pression  du  vent  doit  être  assez  forte  pour  déterminer  à  la 
surface  de  la  litharge  en  fusion  des  vagues  régulières  qui  persistent  jusqu'aux  issues 
^rainures)  ménagées  dans  la  tête  de  la  coupelle  et  par  !où  s'effectue  l'écoulement.  Le 
résultat  principal  de  la  coupellation  est  un  gâteau  d'argent  qui  reste  liquide  sur  la 
coupelle.  Comme  il  n'est  pas  parfaitement  pur,  on  le  raffine  après  l'avoir  extrait  dans 
des  creusets  en  plombagine,  chauffés  dans  des  fours  prismatiques  analogues  à  ceux  qui 
servent  dans  les  laboratoires,  aux  essais  par  la  voie  sèche.  Le  raffinage  terminé,  on 
coule  le  contenu  des  creusets  dans  des  lingotières  en  fonte.  De  cette  manière,  le 
titre  de  l'argent  est  facilement  amené  à  999/1,000  de  fin. 

Les  produits  secondaires  de  la  coupellation  sont:  1°  la  litharge  qui  est  transférée 
aux  fours  de  réduction  pour  y  être  revivifiée  (l'usine  ne  prépare  pas  de  litharges 
marchandes)  ;  2°  la  partie  de  fumée  que  l'on  peut  recueillir  à  l'état  de  cadmies  dans 
les  conduits  et  les  chambres  de  condensation  ;  3°  enfin    les  fonds  de   coupelles  (mor- 

1.  Le  grand  conduit  relie  tous  les  fours  de  l'usine  aux  chambres  de  condensation  et  à  la  grande 
heminée  d'appel  qui  s'élève  à  son  extrémité. 

74 


4170  EXCURSIONS   ET    VISITES   INDUSTRIELLES 

ceaux  de  vieilles  coupelles  concassées,  imprégnés  de  plomb  et  de  litharge).  Ces  deux 

derniers  produits  passent  à  la  fonte  au  four  à  manche. 

Un  four  de  coupelles  en  activité  est  conduit  par  deux  coupelleurs,  un  de  jour, 
l'autre  de  nuit.  Ils  sont  payés  à  la  journée. 

III.  —  Revivification  des  litharges  et  réduction  des  crasses  au  four  à  réverbère.  — 
La  réduction  ou  revivification  des  litharges  s'opère,  quoique  séparément  cependant, 
par  le  même  procédé  que  la  réduction  des  crasses  produites  par  les  appareils, 
sur  la  tôle  d'un  four  à  réverbère  chauffé  à  la  houille  et  dans  lequel  les  flammes  ne 
sont  pas  notablement  oxydantes.  Les  matières  plombeuses  sont  mélangées  avec  7  à  8  0/0 
de  houille  même,  ou  de  tout  autre  substance  réductive.  Le  mélange  est  chauffé  au 
rouge  sombre  et  au  contact  du  réductif,  principalement  des  gaz  produits  par  sa 
décomposition.  Ces  oxydes  sont  facilement  ramenés  à  l'état  métallique.  On  obtient 
ainsi  la  plus  grande  partie  du  plomb.  L'autre  partie  se  trouve  répartie  entre  les 
résidus  plombeux  (résidus  d'affinage)  que  laisse  la  réduction  et  les  fumées  qui 
s'échappent  par  le  rampant.  Les  plombs  de  la  réduction  sont  assez  purs  pour  retour- 
ner à  la  cristallisation.  Les  résidus  d'affinage  (litharge  ou  crasses)  sont  mis  en  dépôt, 
jusqu'à  ce  que  l'importance  du  tas  permette  d'entreprendre  une  campagne  au  four  à 
manche. 

Le  personnel  ouvrier  d'un  four  de  réduction  se  compose,  par  poste  de  douze  heures, 
d'un  chef  et  d'un  aide  travaillant  à  la  journée. 

IV.  —  Fonte  des  résidus,  Four  à  manche.  —  Pour  la  fonte  des  résidus  d'affinage,  des 
cadmies,  mattes,  fonds  de  coupures,  balayures,  etc.,  nous  nous  servons  d'un  four  à 
manche  à  cinq  tuyères,  dont  la  forme  rappelle  beaucoup  le  four  Piltz.  Le  combus- 
tible est  le  coke,  et  le  vent  nécessaire  à  la  combustion  est  insufflé  par  un  ventilateur. 
Les  lits  de  fusion  dans  lesquels  on  associe  les  matières  plombeuses  avec  des  fondants 
de  diverses  natures  (scories  de  forge,  castine,  spath  fluor,  etc.),  les  lits  de  fusion 
sont  chargés  par  stratification.  On  retire  de  la  fonte  au  four  à  manche  du  plomb  trop 
chargé  de  corps  étrangers  pour  entrer  directement  dans  le  roulement  de  la  cristal- 
lisation; des  scories  qui  sont  jetées,  une  faible  quantité  de  mattes  qui  retournent 
dans  les  lits  de  fusion  et  enfin  les  cadmies  qui  ont  pu  se  condenser  dans  les  carnaux. 

Le  four  à  manche  occupe  quatre  ouvriers  de  jour  (1  chef,  1  aide  et  2  chargeurs) 
et  quatre  ouvriers  de  nuit.  Les  lits  de  fusion  sont  préparés  par  des  manœuvres  et 
montés  sur  le  plancher  de  chargement  à  l'aide  d'un  monte-charge.  Tous  ces  ouvriers 
sont  payés  à  la  journée. 

V.  —  Épuration  des  plombs.  —  Notre  unique  four  d'épuration  n'offre  rien  de  parti- 
culier, si  ce  n'est  la  sole,  qui  au  lieu  d'être  en  maçonnerie  comme  à  l'ordinaire,  est 
formée  par  une  bâche  en  fonte  pouvant  contenir  15  à  16,000  kilog.  de  plomb.  Elle 
est  supportée  par  des  piliers  en  brique,  et  munie  d'un  côté  d'une  tubulure  venue  de 
fonte  identique  à  celle  des  chaudières  de  cristallisation.  Le  but  de  l'épuration  au  four 
à  réverbère  est  d'oxyder  la  presque  totalité  des  corps  étrangers  en  perdant  le  moins 
possible  de  plomb  par  volatilisation  et  par  oxydation.  Pour  l'atteindre,  il  importe  donc 
que  les  flammes  soient  constamment  oxydantes  et  que  la  température  ne  dépasse  pas 
le  rouge  sombre.  Quand  le  plomb  est  à  point,  on  le  coule  dans  des  lingotières  et  les 
saumons  sont  portés  à  l'atelier  de  cristallisation. 

Le  travail  du  four  d'épuration  n'exige  qu'un  ouvrier  permanent  de  jour  et  un  autre 
de  nuit.   Ils  sont  aidés,  lors  des   coulées,   par  des  manœuvres. 

Les  crasses  que  l'on  enlève,  dans  le  cours  de  l'épuration,  sur  le  bain  de  plomb, 
sont  réduites  au  four  à  réverbère  ou  au  four  à  manche  suivant  la  nature  des  plombs 
qui  les  ont  déterminées.  Si  on  a  chargé  le  four  avec  des  plombs  de  la  fonte  de  résidus, 
les  crasses  sont  traitées  à  nouveau,  mais  à  part,  au  four  à  manche,  et  le  plomb 
qu'elles  produisent  constitue  le  plomb  antimonieux,  plomb  qui  est  livré  au  commerce; 


i Ai  i  RSIONS   M     VISITES    IM»I  STRIELLES 


1171 


si  au  contraire  les  crasses  d'épuration  proviennent  de  plombs  beaucoup  moins  sales 
que  les  précédents,  elles  entrent  dans  la  catégorie  des  matières  susceptibles  d'être 
réduites  au  four  à  réverbère. 

Pour  faire  face  aux  opérations  de  tous  genres  que  nécessitent  la  désargentation  et 
le  raffinage  des  plombs  qu'elle  traite,    l'usine   du  Havre  dispose  du    matériel  suivant: 

1°  Deux  appareil^  de  désargentation  par  la  vapeur  d'eau  avec  leurs  accessoires  et 
annexes  (grue  et  générateur  de  vapeur)  ; 

2°  Deux  fours  à  coupeller  ; 

3"  Deux  réverbères  pour  la  réduction  des  litharges  et  crasses  diverses; 

A"  Un  fourneau  à  manche; 

5°  Un        —        d  épuration  ; 

6*  Deux  chambres  de  condensation;  deux  ventilateurs  à  l'usage  des  fours  à  eoupel- 
ier  et  à  manche,  une  machine  à  vapeur  de  15  chevaux  et  un  atelier  de  forgeron 
pour  la  réparation  de  l'outillage. 

Le  personnel  ouvrier  attaché  au  service  de  ces  divers  fours,  se  compose,  quand  ils 
sont  tous  en   activité,  de  : 

12  ouvriers  pour  les  appareils  ; 


4 

— 

coupelleurs  ; 

8 

— 

aux  fours  de  réduction  ; 

8 

— 

au  four  à  manche  ; 

2 

— 

chauffeurs  à  la  machine  ; 

ï 

— 

à  la  forge  ; 

12 

— 

manœuvres  employés  à  divers   travaux. 

48 

Étant  donné  une  pleine  activité,  l'usine  peut  produire  annuellement  6,000  tonnes 
de  plomb  marchand  (chiffre  rond),  7  à  8,000  kilog.  d'argent  lin  (ce  chiffre  varie 
avec  la   teneur  des  plombs  reçus)  et  25  à  30  tonnes  de  plombs  antimonieux. 


ÉCLAIRAGE  ELECTRIQUE  DES  ATELIERS  DE  M.  Ern.  MANCHON 
DE  ROUEN. 

L'installation  d'éclairage  électrique,  visitée  à  Rouen  par  les  membres  de  l'Associa- 
tion française,  dans  les  ateliers  de  M.  Ernest  Manchon,  restera  certainement,  dans 
l'esprit  des  membres  de  cette  honorable  Société  qui  s'occupent  plus  particulièrement 
d'industrie,  un  des  faits  les  plus  saillants  de  leur  passage  à  Rouen. 

Ce  qui  a  paru  absolument  remarquable  dans  cette  installation,  établie  par  la  mai- 
son Sautter  et  Lemonnier,  de  Paris,  sous  la  direction  de  M.  Delahaye,  c'est  que  la 
lumière  directe  des  foyers  électriques  est  entièrement  cachée.  Cette  lumière,  grâce  à 
d'ingénieuses  dispositions  de  détail,  est  envoyée  sur  le  plafond,  et,  de  là,  utilisée  par 
diffusion.  Il  en  résulte  un  éclairage  ne  produisant  pour  ainsi  dire  aucune  ombre  et 
aucun  point  particulièrement  brillant  ;  par  suite,  absence  de  fatigue  pour  l'œil,  qui 
n'est  plus  blessé  par  des  oppositions  violentes  d'ombre  et  de  lumière. 

Pour  la  plupart  des  assistants,  il  y  a  eu  dans  cette  intéressante  visite  une  véritable 


1172  EXCURSIONS  ET    VISITES    INDUSTRIELLES 

révélation  de  ce  que  Ton  peut  obtenir  de  la  lumière  électrique  par  faisceaux  puissants 
et  habilement  employés  dans  les  salles  de  filature  et  de  tissage;  aussi  nous  sommes 
heureux  de  pouvoir  donner  à  ce  sujet  des  détails  précis,  puisés  auprès  de  M.  Ernest 
Manchon  lui-même,  l'habile  industriel  dont  la  ville  entière  connaît  les  qualités  d'in- 
telligente  initiative. 

L'atelier  de  tissage  visité  a  1,000  mètres  carrés  environ  de  superficie  et  était  éclairé, 
avant  l'emploi  de  l'électricité,  par  160  becs  de  gaz,  brûlant  chacun  153  litres  par 
heure,  ce  qui,  à  32  centimes  le  mètre  cube,  constituait  une  dépense  de  7  fr.  83  c. 
par  heure,  rien  que  pour  la  consommation  du  gaz;  y  compris  amortissement  et 
entretien,  cette  dépense  se  montait  au  moins  à  9  fr. 

Les  160  becs  de  gaz  sont  aujourd'hui  remplacés  par  quatre  foyers  électriques,  mais 
M.  E.  Manchon,  qui  tient  à  un  éclairage  absolument  parfait,  compte  porter  à  six  le 
nombre  des  foyers  électriques;  l'installation  ainsi  complétée  coûtera  15.000  fr.,  et 
cependant,  y  compris  l'amortissement,  l'heure  d'éclairage  de  l'atelier  ressortira  seule- 
ment à  4  fr.  91  c,  soit  une  économie  de  45  0/0  sur  l'éclairage  au  gaz. 

Il  convient  d'ajouter  qu'avec  six  foyers  électriques,  l'éclairage  sera  infiniment  supé- 
rieur à  celui  des  160  becs  de  gaz  qu'ils  remplacent,  sans  compter  la  possibilité  pour 
les  ouvrières  tisseuses  de  distinguer  les  nuances  les  plus  fausses  et  les  conditions  hygié- 
niques absolument  meilleures  où  ces  ouvrières  se  trouvent  placées. 

L'habile  industriel  qui  aura  eu  le  mérite  de  réaliser  le  premier  dans  cette  région 
cette  remarquable  innovation,  compte  obtenir  de  ces  deux  chefs  de  notables  avantages, 
au  point  de  vue  de  la  qualité  et  de  la  quantité  de  production  réalisée  par  chaque 
métier. 


LABORATOIRE  DE  CHIMIE  DES  HAUTES  ÉTUDES,  A  ROUEN 

Parmi  les  établissements  scientifiques  visités  par  les  membres  de  l'Association  fran 
raisepour  l'avancement  des  sciences,  l'un  de  ceux  qui  devait,  par  sa  nouveauté  même, 
fixer  l'attention  des  savants  voyageurs,  était  le  laboratoire  de  chimie  des  hautes 
études,  à  la  tête  duquel,  sous  la  direction  de  M.  J.  Girardin,  a  été  placé  M.  Her- 
mite. 

L'attention  qu'ont  portée  les  visiteurs  à  cet  établissement  se  conçoit,  lorsqu'on 
songe  que  des  laboratoires  de  ce  genre  n'existent  qu'à  Paris,  à  Caen  et  à  Mar- 
seille. 

C'est  un  honneur  pour  la  Normandie  que  de  posséder  à  elle  seule  deux  de  ces  labo- 
ratoires, alors  que  la  France  entière  n'en  possède  encore  que  quatre.  Celui  de  Paris, 
établi  au  Jardin  des  Plantes,  sous  la  direction  de  M.  Fremy,  est  organisé  et  fonc- 
tionne absolument  comme  celui  de  Rouen. 

La  destination  de  ces  laboratoires,  encore  peu  connue  du  public,  à  ce  qu'il  semble, 
consiste  en  ceci  :  que  toute  personne  capable  et  désireuse  de  faire  quelque  expé- 
rience ou  même  toute  une  série  d'études,  peut  venir  les  faire  dans  ces  laboratoires 
publics  et  gratuits.  Gratuits,  nous  insistons  sur  ce  point  capital,  parce  que  beaucoup 
de  personnes  se  sont  abstenues  jusqu'ici  de  venir  travailler  dans  ces  laboratoires, 
persuadées  qu'il  y  aurait  à  payer  une  forte  rétribution. 

On  n'y  a  rien  autre  chose  à  payer  que  les  instruments  cassés,   lorsqu'on  les  casse, 


EXCURSIONS    ET   VISITES    INDUSTRIELLES  ||7,'{ 

et  pour  garantie  contre  les  accidents  de  ce  genre,  tout  travailleur,  pour  obtenir  le 
droit  de  manipulation  au  laboratoire  des  hautes  études,  doit  déposer  une  somme  de 
50  IV.,  sur  laquelle  seront  prélevés  les  frais  de  casse,  s'il  y  a  lieu,  et  qui,  dans  le 
utraire,  lui  sera  rendue  tout  entière  à  la  fin  de  ses  travaux.  Citons  les  articles 
1'  ,  \  et  7.  où  sont  stipulées  ces  conditions  : 

a  1.  Le  laboratoire  des  hautes  études  est  ouvert  gratuitement  aux  candidats  aux 
épreuves  de  la  licence  es  sciences  physiques  et  du  doctorat,  aux  jeunes  chimistes  qui 
désirenl  se  livror  à  une  étude  spéciale  avant  d'entrer  dans  une  usine,  enfin  à  toute 
personne  voulant  entreprendre  des  recherches  sérieuses  sur  un  point  quelconque  de 
chimie  pure  ou  appliquée. 

d  4,  Chaque  travailleur  recevra,  à  son  entrée  dans  l'établissement,  un  trousseau  com- 
posé des  objets  les  plus  indispensables  aux  manipulations  chimiques;  il  en  sera  res- 
ponsable et  il  devra  le  rendre  en  bon  état  ou  en  payer  le  prix.  Comme  garantie,  une 
somme  sera  versée  dans  les  mains  du  chef  de  laboratoire,  aussitôt  après  l'admission. 
Ce  qui  n'aura  pas  été  employé,  sur  cette  somme,  à  réparer  ou  remplacer  les  usten- 
siles détériorés  ou  brisés  faute  de  soins,  sera  remis  à  chaque  déposant  au  moment 
de  sa  sortie. 

»  7.  Des  armoires  fermant  à  clefs  et  numérotées  seront  mises  à  la  disposition  des 
travailleurs.  Lorsqu'ils  s'absenteront,  ils  devront  y  renfermer  leur  trousseau  et  les 
ditlérents  objets  dont  ils  feront  journellement  usage.  » 

Nous  ne  surprendrons  personne  en  disant  que,  môme  avant  d'être  entièrement 
terminé,  le  laboratoire  de  Rouen  était  utilisé. 

Mais  maintenant  que  tout  est  prêt,  maintenant  qu'un  mobilier  scientifique  complet 
peut  être  mis  à  la  disposition  des  travailleurs,  il  n'est  pas  douteux  que  ceux-ci  ne  se 
fassent  inscrire  prochainement  en  grand  nombre. 

Songe-t-on,  en  effet,  aux  avantages  qu'un  établissement  de  ce  genre  procure  à  la 
jeunesse  studieuse,  et  même  à  tous  les  chercheurs,  à  tous  ceux  qui,  ayant  à  faire 
quelques  essais  chimiques,  se  trouvaient  réduits  à  l'impuissance  faute  des  appareils 
nécessaires!? 

Des  établissements  de  ce  genre  honorent  les  villes  qui  prennent  l'initiative  de  leur 
création.  Rouen  aura  la  gloire  d'avoir,  l'une  des  premières  en  France,  réalisé  ce 
progrès  scientifique. 


TABLE    ANALYTIQUE 


Absorption  de  la  lumière,  317. 

atmosphérique  de  la  lumière,  418. 

Acide    carbonique    à    Royat  ;     effets    qu'il 
produit,  853. 

phosphorique  des  terres  arables.  938. 

oxalique  (L')    et  les   alcools  polyato- 


miques,  390. 
phyllique,  365. 

san tonique,  354. 

sulfureux  (Electrolyse  de  1),  313. 

Acides  anhydres  et  bases  anhydres,  351. 
Acoustique.  —  Voir  314,  317. 
Aéronautique  :  progrès  récents,  252. 

—  Appareils  nouveaux,  258. 
Aérophore  pulmonaire,  786. 
Affections  oculaires  au  Havre,  849. 
Age  de  la  pierre  chez  les  nègres,  697. 
Age  du  fer  :  nécropoles  des  Alpes,  771. 
Albuminurie  d'origine  nerveuse,  820. 
Alcoolo-diabélisme  (L')  et  les  blessures, 851. 
Algérie   (Colonisation  de  1')  par  les  enfants 

assistés,  1,000. 

Service  météorologique,  17. 

(L')au  point  de  vue  climatologique,  835. 

Alglave.  —  Discussion  sur  les  phénomè- 
nes économiques  dont  le  Brésil  a  été  le 
théâtre  de  1864  à  1870,  1084. 

Algues  (Mode  de  préparation  des),  593. 

Alimentation  du  nouveau-né,  877. 

Alluard.  —  L'Observatoire  du  Puy-de- 
Dôme,  414. 

Discussion   sur  le  projet  d'organisa. 

tion  du  service  agricole  des  prévisions  du 
temps,  414. 

Nouvel hygromètreàcondensation,415 

Des  variations  de  la  pression  atmos- 


phérique à  différentes  altitudes,  consta- 
tées à  l'Observatoire  du  Puy-de-Dôme  pen- 
dant les  bourrasques  de  l'hiver  1877,  435. 

Alsace  (L'homme  préhistorique  en),  713. 

Al>in.  —  Echanges  internationaux  des 
productions  intellectuelles,  1106. 


Ampullaires  (Leur  appareil  respiratoire),  623. 

(Foie  des),  640. 

Amputations  sus  et  sous  périostées,  815. 

Amulette  crânienne,  771. 

Anasarque,  traitement  par  le  drainage  ca- 
pillaire, 856. 

Anatomie  végétale,  préparation,  566. 

Anesthésie  par  l'éther  ;  accidents  chez  un 
enfant,  854. 

Anévrysmes  (Les)  et  l'électro-puncture,  800. 

Angleterre  (Les  aquariums  en),  944. 

Angot  (A.). —  Recherches  sur  la  forma- 
tion des  images  photographiques,  333. 

Le  service  météorologique  en  Algérie, 

417. 


Discussion  sur  les    ballons  captifs  et 

la  météorologie,  453. 

Discussion  sur  le  psychromètre,  453. 


des 


Anomalie  de  la  réfraction,  877 
Appareil  à  tiges  pour    la   composition 

mouvements,  202. 
Aquariums  (Les)  en  Angleterre,  944. 
Arrest  (Comète  périodique  de  d),  129. 
Arséniates  de  cuivre  et  de  soude,  983. 
Art  préhistorique    en  Normandie,  684. 
Arterite  cérébrale  syphilitique,  850. 
Asie:  sa  faune  ichthyologique,  615. 

centrale  (Voies  de  commerce  à  tra- 
vers 1'),  1076. 

Association  française  (L'),  en  1876,  27. 

internationale  africaine,  1876. 

Ataxie  locomotrice  {L')  et  le  traumatisme,  805. 

Aubert  (Dr  P.).  —  Des  modifications  su- 
bies par  la  sécrétion  de  la  sueur  dans  les 
maladies  de  la  peau,  903. 

Audenet.  —  Bénéfices  obtenus  par  l'em- 
ploi de  nouvelles  machines  marines,  233. 
Auscultation  de  l'ovaire,  894. 
Autophagisme  (L'),  813. 
Avénéine,  388. 

Avoine  (Développement  de  1'),  976. 
(Expériences  sur  la  culture  de  1'),  941. 


1176 


TABLE   ANALYTIQUE 


Avoine  (Glucoside  de  1'),  388. 

Baehr  (G.-F.-W.).  —  Sur  la  cinématique 
des  fluides,  177. 

Sur  un  moyen  mécanique  de  déter- 
miner les  rayons  de  courbure  des  diffé- 
rentes sections  normales  en  un  point 
quelconque  d'une  surface,  par  l'observa- 
tion du  temps  d'oscillation  d'une  règle 
placée  sur  la  surface,  203. 

Figuration  des  inverses  des    nombres 

entiers  et  des  inverses  des  produits  de 
deux  nombres  entiers  consécutifs,  222. 

Haillon  (H.).  —  Organogénie  florale  des 
garrya,  561. 

Recherches  sur  le  développement  de  la 

fleur  des  elodea,  582. 

Préface  du  dictionnaire  de  botanique, 

609. 

■lui  1  lo  h  —Expériences  sur  les  vignes  phyl- 
loxérées,  947. 

Discussion  sur  le  traitement  des  figues 

phylloxérées,  996. 

Ballons  captifs  (Les)  et  la  météorologie,  453. 

ltura (lut-  (D1').  —  Relation  d'une  épidémie 
de  lièvre  typhoïde,  917. 

Barbier.  —  Méthode  rapide  de  dosage  des 
fers  chromésj  364. 

Ha  Ht*.  —  Son  procédé  de  préservation  du 
fer,  265. 

Barrois  (Dr  Ch.).  —  Note  sur  le  terrain 
dévonien  de  la  province  de  Léon  (Espagne), 
536. 

Barrois  (J.).  —  Embryogénie  des  bryo- 
zoaires, 622. 

■ Embryogénie  des  annélides  et  des  la- 
mellibranches, 657. 

Sur   l'anatomie  et  le    développement 

du  pedalia  mira,  661. 

Bases  anhydres  (Action  des)  sur  les  acides 

anhydres,  351. 
Bathomètre  Thomson,  267. 
Bats  (Presqu'île  de),  Ethnographie,  769. 
Beaureg'ard.  —   Structure   de  la  graine 

des  daphne,  590. 
Réseaux  vasculaires  de  l'œil,  chez  les 

vertébrés,  639. 
Bec  du  Macareux  (Mue  du),  610. 
Béchanip  [X.)  —    Sur  l'inuline  et  sur  la 

lévuline,  346. 
Discussion     sur    l'action    des    bases 

anhydres  sur  les  acides  anhydres,  353. 

Recherches  sur  la  gomme  a  rabique,  371 

Sur  les  fermentations,  372. 


Dérivés  trinitrés  de  l'inuline,  384. 

Discussion  sur  la  fermentation,  409. 

—  Sur  des  glucoses  isomères,  410. 


Béchamp  (J.).  —  Action  des  bases  anhy- 
dres sur  les  acides  anhydres,  351. 

Benzo-phénone  (Synthèse  de  la),  389. 

Beo-*\Yulf  (Le  poème  de),  1081. 

Bergeroii  (D').  —  Discussion  sur  la  scro- 
fule au  Havre,  862. 

Berjfcron  (Ch.).  —Questions  dignes  d'in- 
téresser l'Association  française  et  qui 
ont  été  traitées  au  Congrès  de  1  Associa- 
tion britannique  dePlymouth,  260, 

Bertillon.  —  Discussion  sur  les  déforma- 
tions crâniennes  causées  par  la  syphilis 
héréditaire,  672. 

Discussion  sur  les  légendes  des  monu- 
ments préhistoriques,  694. 

Démographie  de  la   Seine-Inférieure, 

746. 

Betterave  à  sucre  :  influence  de  la  graine 
sur  la  culture,  982. 

Biard  (G.).  —  La  Société  des  voyages  d'é- 
tudes autour  du  monde,  73. 

Discusssion    sur    la    colonisation    et 

l'émigration,  1000. 

Bibliothèques  pédagogiques,  1131. 

Bidard  (Léon).  — Note  sur  les  eaux  sulfu- 
reuses et  ferrugineuses,  402. 

Bianelière  (H.  de  La).  — Les  aquariums 
en  Angleterre,  944. 

Discussion  sur  les  maladies  du  lin,  965. 

Blépharoraphie  (La)  et  la  blépharoplastie, 
869. 

Blessures  (Les)  chez  les  alcoolo-diabétiques, 
851. 

Bocliefontaiue.  —  Rapport  qui  existe 
entre  le  poids  du  cerveau  et  le  poids 
total  du  corps  chez  le  chien,  762. 

Bolbec  (Excursion  de),  1160. 

Bommy  (Dr  de).—  Discussion  sur  la  scro- 
fule au  Havre,  862. 

Borély.  —  La  Société  des  sciences  et  arts 

agricoles  et  horticoles  du  Havre,  966. 
Les    cours    de  géographie    commer- 
ciale, au  Havre,  1068. 

Botkine  (L.).  —  Changements  hypothéti- 
ques survenus  à  la  surface  de  la  lune,  179. 

. La  géographie  des  Saxons  et  le  poëme 

de  Beo-Wulf,  1081. 
Bougarel    (L.).    —   Sur    deux    produits 
nouveaux  contenus  dans  les  feuilles  d'un 
certain  nombre  de  végétaux,  365. 

L'acide  phyllique,  590. 

Bourlet  de  E«aTallée.  —  Sur  la  classi 

fication  à  adopter  dans  un  jardin  bota- 
nique, 582. 

Procédé  nouveau  pour  dessécher  les 

plantes,  593. 


Bouteillcr  (D').  —  De  la  stalistique  mé- 
dicale, 912. 

Brachycéphalie,  1 1 . 

Bouvet.  —  Sur  les  monts-de-piété,  1124. 

Brume  Dr  Ch.).  —  .Sur  la  corrélation 
des  forces  physiques, 

Sur  les  densités  du  soufre,  326. 

— ■  Sur  le  soufre  insoluble,  347. 

Sur  le  soufre  utriculaire,  364. 

L'entorse  el  son  traitement,  901. 

Siii-  L'eczéma,  9  12. 

Brésil  (Le]  agricole  el  commercial,  1061. 
phénomènes   économiques  dont   il  a 

été  le  théâtre  de  1864  à  1870,  108. 

Brière  (Dr).  —  Discussion  sur  l'état  et  le 
délire  malicieux,  815. 

Considérations  générales  sur  les  mala- 
dies des  yeux  au  Havre  et  dans  les  envi- 
rons, 849. 

Discussion    sur    les    altérations    des 


vaisseaux  rétiniens,  850. 
Discussion  sur  l'artérite  cérébrale  sv 


TABLE    ANALYTKH  I  il tl 

BuiHNon.  —  Tube-tunnel  pour  la  traver- 
sée de  la  Matnche.  Aération  des  mines  et 
des  paquebots,  268. 

Bureau  (D'  Louis).  —  Sur  la  mue  du 
bec  et  des  ornements  palpébraux  du  ma- 
careux arctique,  fratercula  arctica  (Lin.) 
steph.,  après  la  saison  des  amours,  610. 

Café  (Le),  856. 

Cuirai  rapide  des  fractions  continues,  179. 

Cancer  de  l'utérus  :  Traitement  palliatif,  886. 

Cannlzaro.  —  Recherches  sur  l'acide 
santonique,  354, 

. Sur  les  densités  de  vapeur  anomales, 

355. 

Capitaine.  —  Les  Sociétés  de  géographie 
commerciale  et  leur  utilité  pour  l'exten- 
sion du  commerce  extérieur  de  la  France, 
997. 

C'artailliar.  —  Discussion  sur  l'homme 
préhistorique  en  Alsace,  724. 

Discussion    sur  les    fouilles   opérées 


philitique,  851. 
—  Discussion  sur  la   blépharoraphie   et 


la  blépharoplastie  dans  les  cas  d'ectro- 
pion  invétéré,  869. 

Bring  (Théorème  de),  180. 

Brissaud.  —  Mouvements  du  cerveau 
chez  une  malade  de  l'hôpital  Saint- 
Louis,  935. 

Broca.  — Discours  d'ouverture,  10. 

Discussion  sur  les  déformations  crâ- 
niennes causées  par  la  syphilis  hérédi- 
taire, 672. 

Discussion  sur  les  nouvelles  rondelles 

crâniennes  de  la  Lozère  et  sur  la  tom- 
belle  de  Boujoussac,  682. 

Discussion  sur  les  déformations  crâ- 
niennes observées  à  l'île  de  Vancouver, 
699. 

Discussion   sur   les   enfants  à    crâne 

déformé  présentés  par  M.  le  Dr  Gibert, 
700. 

Sur  le  cerveau  du  gorille,  706. 

Discussion   sur    le    chronomètre     du 

bassin  de  Penhouët,  711. 

Discussion  sur  l'ethnologie  archéolo- 
gique et  crânienne  de  la  Seine-Inférieure, 
727. 

Discussion  sur  la  carte  ethnographique 

de  la  France,  735. 

Sur  la  thermométrie  cérébrale,  935. 

Brylinski.    —  Les  phosphates  de    chaux 

natifs,  leurs  gisements  ,  leur  origine,  516- 
Bryozoaires  (Leur  embryogénie),  622. 


dans  la  cité  en  pierres  sèches    de   Saint- 
Nectaire,  745. 
Carte  ethnographique  de  la  France,  728. 
Castration  vLa)    et   le    développement    du 
squelette,  893. 

Catalan  E.).  —  Sur  la  somme  des  divi- 
seurs d'un  nombre  »,  127. 

. Evaluation     des    nombres     premiers 

compris  entre  des  limites  données,   208. 

Sur  quelques  développements  de  l'in- 
tégrale elliptique  de  première  espèce,  214. 

Catéchines  (Sur  les),  391. 

Caux  (L'agriculture   dans  le  pays  de),  974. 

Cavernes  quaternaires  de  Cresivell,  702. 

Cazeneuve  (Dr.  P.).  —  Discussion  sur 
1  action  des  bases  anhydres  sur  les  acides 
anhydres,  353. 

Nouvelles  recherches  sur  la  fermen- 
tation ammoniacale  de  l'urine  et  la  géné- 
ration spontanée,  361. 

Celliez  (P.).  —  De  l'exploitation  des 
tramways  à  Paris,  242. 

Cercle  Franklin,  au  Havre,  1160. 

Cerveau  du  gorille,  706. 

son  poids   comparé  à  celui  du  corps 

chez  le  chien,  763. 

Mouvements  du,  935. 

V.   Thermométrie,  935. 

Chantre.  —  Les  nécropoles  du  premier 
âge  de  fer  des  Alpes  françaises,  771. 

Charpentier.  —  Effet  cardio-vasculaire 
des  excitations  des  sens,  892. 

Chemins  de  fer  d'intérêt  local,  1130. 

transmission  électrique  aux  trains  en 

marche,  230. 


1178 


TABLE  ANALYTIQUE 


Chemins  de  fer  :  freins  électriques,  294. 

(Régime  économique  des),  1124. 

(Réorganisation  du  réseau  des),  1126. 

Chenilles  et  lépidoptères,  660. 

Chien  :  V.  Cerveau,  762. 

Chloral  (Injections  de)  :  action  sur  la  cir- 
culation et  la  respiration,  802. 

Chloruralion  humide  :  méthode  de  traite- 
ment du  plomb  argentifère,  381. 

Chlorure  de  zinc  (Le)  basique  comme  dés- 
infectant et  antifermentescible,    378. 

Chronomètre  du  bassin  de  Penhouët,  710,  711. 

Cidaris  (Les)  du  terrain  jurassique  de 
Normandie,  479. 

Cinématique  des  fluides,  177. 

Circonférence  (Division  de  la)  en  parties 
égales,  159. 

Circulation  (La)  et  le  chloral,  802. 

Cités  en  pierres  sèches  de  Saint-Nectaire, 
740. 

ouvrières  du  Havre,  1160. 

Climats  (Les  anciens),  et  la  végétation  eu- 
ropéenne, 1139. 

Citrus  decumana  (Principe  amer  du),  384. 

Clairçage  du  sucre  raffiné  en  morceaux  ré- 
guliers, 242. 

Clamageran.  —  Discussion  sur  les  phé- 
nomènes économiques  dont  le  Brésil  a  été 
le  théâtre  de  1864  à  1870,  1084. 

Discussion  sur  les  tendances  écono- 
miques de  l'Europe,  1090. 

Discussion  sur  la  marine  marchande 


et  son  relèvement,  1105. 
Classification  dans  un  jardin  botanique,  582. 
Clermont   (De).  —  Sur  les  composés  du 

manganèse. 

Sur  la  dissociation  des  sels  ammo- 
niacaux, 385. 

Nouvelle  méthode  de  préparation  des 

sulfo-urées  composées,  387. 

Climatologie  algérienne,  835. 

Cloizeaux  (Des).  —  Sur  l'existence  et 
sur  les  caractères  optiques,  cristallogra- 
phiques  et  chimiques  du  microcline,  nou- 
velle espèce  de  feldspath  triclinique  à 
base  de  potasse,  508. 

Cocon  (Le)  et  ses  dérivés  :  analyse  chimique, 
951. 

Cœur  (Compression  du),  dans  les  épanche- 
ments  du  péricarde,  902. 

(Mouvements  du),  effets  des  excitations 

des  sens,  892. 

Colliçnon  (Ed.).  —  Recherches  sur  le 
mouvement  épicycloidal,  92. 

Colonisation  (La)  de  l'Algérie  par  les  en- 
fants assistés.  1000. 


Colonisation  (La)  et  l'émigration,  999. 

Colonne  vertébrale  :  anomalie  chez  l'homme, 
763. 

Combles  (Rigidité  dans  les),  273. 

Comète  de  d'Arrest,  129. 

Compagnie  (La)  générale  transatlantique,  54. 

Comparaison  des  mouvements  vibratoires, 
314. 

Composés  benzyliques  et  anisiques,  374. 

Composition  des  mouvements  (Appareils  à 
tige  pour  la),  202. 

Congrès  d'anthropologie  de  Buda-Pest,  695. 

Contamine  (G.). —  Recherches  sur  l'acide 
phosphorique  des  terres  arables,  938. 

Convergence  des  séries,  209. 

Coordonnées  tri-circulaires  et  tétrasphéri- 
ques,  222. 

Coquelin. —  La  colonisation  et  l'émigra- 
tion, 229. 

Discussion  sur  la  colonisation  de  l'Al- 
gérie au  moyen  des  enfants  assistés,  1003. 

Cordes  vibrantes  (Energie  des),  317. 
Corenwinder  (B.).—  Etude  sur  les  fonc- 
tions des  feuilles,  589. 

Recherches  sur  l'acide  phosphorique 

des  terres  arables,  938. 

Discussion  sur  les  aquariums  en  An- 


gleterre, 945. 

Recherches  chimiques  sur  les  plantes 


alimentaires,  le  panais,  946. 
Discussion  sur  les   maladies  du  lin, 


965. 

Cornu  (A.).  —  Recherches  sur  la  partie 
ultra-violette  du  spectre  solaire,  315. 

Corps  cristallisés.  Cristaux,  541.  Microcline, 
508. 

Corps  jaune  (Le)  de  l'ovaire  pendant  la  gros- 
sesse, 927. 

Corrélation  des  forces  physiques,  325. 

Cotteau. —  L'exposition  géologique  et  pa- 
léontologique  au  Havre,  66. 

Considérations  générales  sur  les  cida- 
ris du  terrain  jurassique  de  Normandie, 
479. 

Coudrier. —  Morphologie  de  la  fleur  mâle. 
554. 

Courants  du  Pas-de-Calais,  289. 

Courbes  de  niveau  :  leur  emploi  dans  la  sta- 
tistique démographique,  758. 

gauches  algébriques  :  points  singuliers, 

132. 

Cours  de  géographie  commerciale  au  Havre, 
1068. 
Courty  (Dr) . —  Discussion  sur  les  végéta- 
tions de  la  muqueuse  utérine  et  de  leur 
traitement,  796. 


TABLE   ANALYTIQUE 


Courty.—  Discussion  sur  l'albumine  d'ori- 
gine nerveuse.  822. 
Sur  le  traitement  palliatif  du  cancer 

de  l'utérus,  866. 
Coût  y. —  Rapport  qui  existe  entre  le  poids 

du  cerveau  et  le  poids  total  du  corps  chez 

le  chien,  762. 
Troubles  produits  par  les  gaz  libres 

intra-vasculaires,  835. 
La  température  périphérique,  dans  ses 

variations  physiologiques  ou  pathologiques. 

863. 
Effets  cardio-vasculaircsdes  excitations 


des  nerfs,  892. 
Crafts  (J.-M.). —  .Nouvelle  méthode  géné- 
rale de  synthèses  d hydrocarbures,  d'acé- 
tones, etc.,  375. 

Synthèse  de  la  benzo-phénone,  383. 

Crânes  déformés  d'enfants,  700. 
Cravanche  (Grotte  de),  724. 

Crémation  dans  les  dolmens  de  la  Lozère, 
675. 

Creswell  (Cavernes  de),  702. 

Cristaux:  relations  entre  les  axes  d'élasti- 
cité, de  propagation  de  la  chaleur  et  de 
cohésion,  541. 

Cucurbitacées .  V.  Organogénie ,  596. 

Culture  de  l'avoine  et  du  maïs  fourrage,  941. 

Dajçrève  (Dr).  —  Observation  de  névrite  du 
radial,  890. 

Daleau  (F.). —  Observations  sur  les  lé- 
gendes des  temps  préhistoriques,  691. 

Discussion    sur  le    chronomètre   du 

bassin  de  Penhouët,  711. 

Daily  (Dr).  —  Discussion  sur  les  défor- 
mations crâniennes  causées  par  la  syphilis 
héréditaire,  672. 

Discussion  sur  les  luxations  paraly- 
tiques du  fémur,  798. 

Sur  l'état  du  délire  malicieux,  814. 

Dalton.  —  Sur  des  préparations  d'anato- 
mie  végétale,  566. 

Daltonisme  :  recherches  cliniques,  870. 

Daphne.  V.  Graine,  590. 

Daymard .  —  Etude  sur  les  dimensions 
«les  paquebots  transatlantiques  et  sur 
quelques  progrès  nouveaux  à  réaliser 
dans  les  appareils  moteurs,  236. 

Déchets  de  l'industrie  agricole  du  lin,  937. 

Déformation  des  pièces  courbes,  273. 

Déformations  crâniennes  (Les)  et  la  syphilis 
héréditaire,  665. 

crâniennes  à  Vancouvert,  698. 

Dehérain  (P. -P.).  —  L'Association  fran- 
çaise en  1876,  27. 


Résultats 
la  culture 


1179 

d'expériences     instituées 
de    l'avoine   et  du    maïs 


sur 
fourrage,  941. 

Discussion  sur  les  expériences  sur  les 

vignes  phylloxérées,  948. 

Recherches  sur  la   germination.  948. 

Discussion  sur  les  maladies  du  lin,  965. 

Recherches  sur  le  développement  de 

l'avoine,  976. 
Déhiscence  des  pyxides    dans    les   plantains, 

594. 
Delahaye.  —  Note    sur    l'application   de 

l'éclairage  électrique  aux  salles  basses  de 

filature  et  de  tissage,  341. 
Délire  malicieux,  814. 
Démographie  de  la  Seine-Inférieure,  746. 
Densité  du  soufre,  326. 

de  vapeurs  anomales,  355, 356 . 

Deprez  (M.).—  Appareil  à    tiges  pour  la 

composition  des  mouvements,  202. 

De  l'emploi  des  freins  électriques,  294. 

Indicateur  optique  de   vitesse,  345. 

Déradelphe  (Pigeon),  627. 

Dérivées  invariantives  irréductibles,  172. 

Dérivés  trinitrés  de  l'inuline,  384. 

Dermite  papillaire  chronique  envahissante, 
932. 

Dero  (Dr  J.). —  De  l'action  physiologique  et 
pathologique  du  pétrole,  865. 

Désargentation  du  plomb  (Usine  de)  au 
Havre,  1167. 

Descamps.  —  De  l'utilité  des  voyages 
comme  moyen  d'éducation,  1081. 

Désinfection  par  le  chlorure  de  zinc  basi- 
que, 378. 

Deslongchamps  (E.  E.)  —  Le  Jura 
normand,  457. 

Dessiccation  des  plantes,  593. 

Déterminant  (Sur  un),  177. 

Développement  (Le)  du  squelette  et  la  cas- 
tration, 893. 

Développements  de  l'intégrale  elliptique  de 
première  espèce,  214. 

Devoirs  nouveaux  du  médecin,  845. 

Diatomées  du  Havre,  555. 

Dictionnaire  de  botanique.  — Préface,  609. 

Dion  (De).  —  De  la  déformation  et  du 
calcul  des  pièces  courbes,  273. 

Discussion  d'un  système  d'équations  du  pre- 
mier degré,  177. 

Dissociation  des  sels  ammoniacaux,  385. 

Distribution  géographique  des  produits  com- 
merciaux, 1004. 

Division  de  la  circonférence  en  parties  égales, 
167. 

Dolichocéphalie ,  11. 


1180 


TABLE   ANALYTIQUE 


Dolmens  :  crémation,  675. 
Dosage  des  fers  chromés,  364. 

du  tannin,  377. 

Drainage  capillaire  dans   l'anasarque  ,    856. 
Drausart     (Dr  H.-N).   —  Du    nystagmus 

chez  les  mineurs,  783. 
Droz.  —  De    la    marine  marchande  et   de 

son  relèvement.  1100. 
Dubar.  — Les  tendances  économiques   de 

l'Europe,  1086. 
—  Discussion  sur  la    marine  marchande 

et  son  relèvement,  1105. 
Dncousso  frères    (J.  et  Th.).  —  Système 

de    transmission    de  signaux    électriques 

aux  trains  en  marche,  230. 
Duménil  (Dr).—  Dermite  papillaire  chro- 
nique envahissante,  932. 
»umont-Pallier(Dr).— Présentation  d'un 

anneau  pessaireetd'un  hystérophore,  853. 
Durand  (L'abbé).— Le  Monténégro,  998. 

Discussion  sur  la  colonisation  de  l'Al- 
gérie au  moyen  des  enfants  assistés,  1003. 

— —  La  Guyane  française  et  le  Brésil  agri- 
cole et  commercial,  1061, 

Durée  d'oscillation  en  fonction  du  rayon  de 
courbure,  203. 

Butailly. —  Morphologie  de  la  fleur  mâle 
du  coudrier,  554. 

Sur  la  nature  réelle  des   stipules  des 

rumex  et  des  potamogetons,  581. 

■  Nouvelles  recherches  sur  les  inflo- 
rescences unilatérales  des  légumineuses, 
588. 

Recherches   organogéniques    sur    les 

formations  axillaires  chez  les  cucurbita- 
cées,  596. 

Duvergier  (A.).  —  Perfectionnement  àl'in- 
dicateur  Richard,  219. 

Epileuse  à  air  comprimé,  933. 

Eaux  gazeuses  du  Puy-de-Dôme,  408. 

Eaux  sulfureuses  et  ferrugineuses,  402. 

Ebran.  —  Catalogue  détaillé  des  plantes 
phanérogames  rares  et  curieuses  des  en- 
virons du  Havre,  553. 

Procédé    de    préparation  des  algues, 

593. 

Echanges  internationaux  de  productions  in- 
tellectuelles, 1106. 

Echinodermes.  —  Leur  mode  de  développe- 
ment, 623. 

Echiquier  anallagmatique  de  M.  Sylvester, 
213. 

Eclairage  électrique,  315. 

Application  aux  manufactures,  341. 

Usine  de  M.  Manchon,  à  Rouen,  1171. 

Ecole  d'arboriculture  du  Havre,  554. 


École  supérieure  de  commerce  du  Havre, 
1093. 

Ectropion  invétéré. — Blépharoraphie  et  blé- 
pharoplaslie,  869. 

Eczéma  (Sur  1'),  932. 

Eddystone  (Phare  d'),  260. 

Education  publique  :  réformes  à  y  intro- 
duire, 1090. 

Education  (  Les  voyages  comme  moyen 
d'),  1081. 

Électricité.  —  V.  313,  315,  340,  341,  342. 

Electrolyse  de  l'acide  sulfureux,  313. 

Électro-puncture  (L')  et  les  anévrysmes,  800. 

Elodea  :  V.  Eleur,  582. 

Embouchure  de  la  Seine  (Géologie  de  1'),  38. 

Embryogénie  des  bryozoaires,  622. 

— —  des  annélides,  657. 

des  pedalia,  661. 

Emétique  :  son  emploi  dans  les  névral- 
gies, 798. 

Émigration  (L')  et  la  colonisation,  999. 

Enfants  assistés  (Colonisation  de  l'Algérie 
par  les),  1000. 

Enfants  à  crâne  déformé,  700. 

Enregistrement  des  phénomènes  méléorolo  - 
giques,  354. 

Enseignement  de  la  géographie  commer- 
ciale, 1004. 

Entorse  (L')  et  son  traitement,  901. 

Epanchements  du  péricarde  :  compression 
du  cœur,  902. 

Epidémie  de  fièvre  typhoïde,  917. 

Epileuse  à  air  comprimé,  933. 

Équation  (Intégration  d'une)  aux  différen- 
ces finies,  194. 

trinôme   (Résolution  de  1'),   168. 

Equations  du  premier  degré  (Discussion  d'un 

système  d'),  177. 

différentielles  (Sur  une  classe  d'),  183. 

Equilibres  chimiques    entre    l'hydrogène  et 

l'iode,  365. 
Équipollences  (Applications  des),  142. 
Espèces  (Création  desl,  582. 

dites  jordaniques,  591. 

Étain  (Action  de   1')   sur  le  perchlorure  de 

phosphore.  381. 
Etats-Unis  (Du  sol  et  des  richesses  des),  1153. 
Ethnogénie  de  la  Seine- Inférieure,  725. 
Ethnographie  de  la  France,  728. 

de  la  presqu'île  de  Batz,  769. 

Ethylène  [L'),  et  l'anhydride  hypochloreux , 

action  réciproque,  372. 
Étiologie.  V.  Fièvre  typhoïde,  917. 
Étoiles  (Photographie  du  spectre  des),  324. 

(Occultations  d'),  par  Mars,  199. 

Etretat  (Excursion  d),  1157. 


TABLE    \n  \M  i  iiii  i 


I1K1 


Vu   Géologie  du  canton  d'),  526. 
Eucalyptus:  prétendus  phyllodes,  567. 
Europe',  ses  tendances  économiques,  1086. 
talions  des   sens  :   elTft -^    cardio  vascu 
laires,  892. 
/     ursions  à   Pécamp  et  Btretat,  1157;    à 
Tancarville,  Lillebonne  et   Bolbec,  1160; 
à  Rouen,  1 161. 
Imposition  anthropologique  de  1878,674,  703. 
géologique  du  Havre  66. 

rétrospective  frisonne  à    Leuwarden, 

1074. 

Faisceaux  fibrovasculaires  :  leur  dévelop 
peinent,  568. 

Faune  ichthyologique  de  l'Asie,  615. 
paléozoïque  du  Languedoc,  529. 

Fauvcl  (Dr).  —  Observations  de  suture 
•les  os,  931 . 

Fa^re  (A.).  —  Recherches  cliniques  sur 
le  daltonisme.  Éléments  de  statistique, 
870. 

Fécamp  (Kxcursion  de),  1157. 

Feldspath  (\ouvelle  espèce  de),  le  micro- 
cline,  508. 

Fer  ^Nouveau  procédé  de  préservation  du), 
265. 

Fers  chromés  (Dosage  des),  364. 

Fermentation  (Sur  la),  408. 

ammoniacale  de  l'urine,  361. 

Fermentations  (Sur  les),  372. 

Fertilité  des  terres  volcaniques,  977. 

Feuilles  :  leurs  fonctions,  589. 

Fieuzal  (D').  —  Discussion  sur  l'aéro- 
phore  pulmonaire,  787. 

— - —  Discussion  sur  l'état  et  le  délire  ma- 
licieux, 815. 

La  blépharoraphie  et  la  blépharoplas- 

tie    dans   les    cas     d'ectropion    invétéré, 
869. 

Fièvre  paludéenne  :  nouveau  mode  de  pro- 
pagation, 823. 

• ■  typhoïde  :  relation    d'une   épidémie, 

917. 

Fi iiot .  —  Sur  les  eaux  gazeuses  du  Puy- 
de-Dôme,  407. 

Fleur  des  elodea  :  son  développement,  582. 

Fleury.  —  Présentation  d'un  appareil  de 
sauvetage,  204. 

Flourens  (&.).  —  Procédé  de  clairçage 
pour  la  fabrication  du  sucre  raffiné  en 
morceaux  réguliers,  242. 

Foie  des  ampullaires,  640. 

Fol  (Hermann).  —  Premiers  phénomènes 
du  développement  des  échinodermes,  623. 

Discussion  sur  la  signification  mor- 
phologique des  globules  polaires,  626. 


Folie.   —  Théorème  concernant   les   seg- 
ments d'une  transversale   tracée  daiiv  le 
plan  de  deux  triangles  bomologiques,  142. 
ige  des  pieux  par  injection  d'eau ,  886. 

Fonctions  des  feuilles,  589. 

FoiiviHh-    \\  .  de).  —  Les  ballons  captifs 

et  la  météorologie,  453. 
Force  chimique  de  la  lumière  :    absorption 

par  l'atmosphère,   'ils. 
Force  vire      Ktude  sur  la  variation  de)  des 

planètes,  I-1'. 
Formation  de  la  bouille,  517. 
Formes  linéaires  el  formes  quadratiques  bi- 
naires :  fractions  génératrices,  -lui. 
Formule    Nouvelle    algébrique,  154. 
Fonret.  —  Sm-  une  lui  géométrique  don- 
née par  M.  (  hasles,    180. 

Théorèmes  sur  les  normales  aux  siir- 

faces  algébriqui  s,  205 
Fractions  continues  (Calcul rapide  des  ,179. 
Frai  lions  :  génératrices    Y.  Formes    linéai- 
res, 202. 
Franck    Dr  F.).—  Discussion  sur  l'aéro- 
phore  pulmonaire,  786. 

Action  des  injections    intraveineuses 

de  chloral  sur  la  circulation    et  la  respi- 
ration, mi. 

Discussion    sur    l'ataxie    locomotrice 

dans  ses   rapports  avec   le   traumatisme, 
806. 

Sur  la  compression  du  cœur  dans  les 

i  |ianchements  du  péricarde,   902. 

-  Mouvement  du   cerveau  chez  un  ma- 
lade  d.-   l'hôpital  Saint-I.ouis,  935. 

Fredet  (Dr).  —  Note  sur  les  effets  du  gaz 
acide  carbonique,  à  Royat,  envisagés  au 
point  de  vue  physiologique  et  thérapeu- 
tique, 853. 

Freins  électriques,  294. 

Frcmj.  —  Discussion  sur  les  causes  delà 
production  des  mélasses  de  betterave,  361. 

Friedel  (Ch.).  —  Nouvelle  méthode  géné- 
rale de  synthèse  d'hydrocarbures,  d'acé- 
tones, etc.,  375. 

—  Synthèse  de  la  benzo-phénone,  383. 
Production    de   quelques    arséniates, 

383. 
Frise.  V.  Leuwarden,  1074. 
Froment.  —  Sur  le  temple  de  Desaignes 

(Ardèche),  665. 
Fromentel  (Dr  E.  de).  — Recherches  sur 

la  revivilication  des  rotifères,  des  anguil- 

lules  et  des  tardigrades,  641. 
Gabès  (Géologie  de  la  province  de),  501. 
— — -  (Le  seuil  de),  760. 


1182 


TABLE   ANALYTIQUE 


Gachassin-Ijaffite.  —  Discussion  sur  la 
marine  marchande  et  son  relèvement. 
1105. 

Discussion  sur  le   rétablissement  des 

tours,  1121. 

Gai  rai  (Dr).— Aérophore  pulmonaire,  786. 

Discussion  sur  les   végétations    de  la 

muqueuse  utérine  et  de  leur  traitement, 
793. 

Appareil  pour  le  traitement  des  affee- 


tions  utérines,  848. 
Galezowski  (Dr).  —  Discussion    sur    les 
maladies  des  yeux  au   Havre  et   dans    les 
environs,  849. 

Sur   la   thermométrie  en  ophthalmo- 

logie. 

Sur  les  altérations  des   vaisseaux  ré- 
tiniens,   850. 

Discussion  sur    les  blessures  chez  les 


alcoolo-diabétiques,  851. 

Gallard  (Dr  T.).  —  Des  végétations  de 
la  muqueuse  utérine  et  de  leur  traite- 
ment, 788. 

Gariel  (C.-M.).  —  Appareil  pour  doser  la 
lumière.  340. 

Garrya:  organogénie  florale,  551. 

Gautier  (A.).  —  Sur  les  catéchines,  391. 

Gaz  inlra-vasculaires  :  troubles  qu'ils  pro- 
duisent, 835. 

Geneix-llartin  (L'abbé).  —  Sur  un  nou- 
veau modèle  de  machine  électrique,  242. 

Produit   d'action  du    perchlorure  de 

phosphore  sur  l'étain,  381. 

Géographie  commerciale  (Enseignement  de 
la),  1004. 

(Cours  de) ,  au  Havre,  1068. 

Géologie  (Observations  de)    et  d'ethnologie, 

493. 

de  la  Normandie  :  exposition  du  Ha- 
vre, 66. 

normande  :  l'embouchure  de  la  Seine, 

68. 

de  l'embouchure  de  la  Seine.   Carte 

géologique    de   Normandie,  458. 

Germination  (Recherches  sur  la),  948. 

Giard.  —  Discussion  sur  les  conséquen- 
ces de  l'ablation  d'un  œil  chez  les  pois- 
sons, 620. 

Sur    la  signification    morphologique 

des  globules  polaires,  624. 

Discussion  sur  le  foie  des  ampullaires, 

640. 

Discussion    sur    l'embryogénie    des 

annélides  et  des  lamellibranches,  659. 

.. Importance   de  l'étude  des   chenilles 

pour  la  classification  des  lépidoptères,  660. 


Ciiard.  —  Discussion  sur  l'anatomie  et 
le  développement  du  pedalia  mira,   661. 

Gibert  (Dr).  —  Discussion  sur  les  défor- 
mations crâniennes  causées  par  la  syphi- 
lis héréditaire,  672. 

Présentation  d'enfants  à  crâne  dé- 
formé, 700. 

Discussion  sur  le  nouveau    mode  de 


propagation  de  la  fièvre  paludéenne,  829. 

Discussion  sur  le  traitement  de  l'ana- 

sarque    général,  par    un  drainage  capil- 
laire, 860. 

— —  La  scrofule  au  Havre,  860. 

Glaisher   (J.-W.-L.).  -  Théorème  d'arith- 
métique sur  la  somme   des   inverses  des 
puissances  des  nombres  premiers,  172. 
—  Sur  un  déterminant,  177. 

Théorème  de  trigonométrie,  211. 


Glaisher  (James).  —  Variations  delà  tem- 
pérature avec  l'altitude  dans  le  voisinage 
du  sol,  439. 

Globules  polaires  :  leur  signification  mor- 
phologique, 624. 

Glucoses  isomères,  410. 

Glucoside  de  l'avoine,  388. 

Gohierre  de  L.onjrcliainps.  —  Sur  la 
surface  de  Steiner,  159. 

Note  sur  l'intégration  d'une  équation 

aux  différences  finies,  194. 

Gomme  arabique,  recherches  nouvelles.  371. 

Gorille  (Cerveau  du),  706. 

Grad  (Ch.).  —  Notice  sur  l'homme  pré- 
historique en  Alsace,  713. 

Graine  (Influence  de  la)  dans  la  culture  de 
la  betterave  à  sucre,  982. 

(Structure  de  la)  des  daphne,  590. 

Cirand'Enry.  —  Mémoire  sur  la  forma- 
tion de  la  houille,  517. 

Grasset  (Ch.  de).  —  Etude  sommaire  de 
la  forme  paléozoïque  du  Languedoc  et 
des  Basses-Pyrénées,  529. 

Gravier.  —  Géographie  du  département 
de  la  Seine-Inférieure  sous  les  Romains, 
1014. 

Grenier  (E.).  —  Les  diatomées  du  Havre 
et  de  ses  environs,  555. 

Grinwis  (C.-H.-C).  Sur  l'absorption  de  la 
lumière  d'après  la  théorie  de  M.  Max- 
well, 317. 

Sur  leson  dessonores  cylindriques,317- 

Sur  l'énergie    des   cordes  vibrantes, 

317. 

Grolous.    —   Etude    sur   la  variation  de 

force  vive  des  planètes,  129. 
Note  sur  la  convergence  des  séries, 

209. 


TABLE   ANALYTIQUE 


1183 


Grossesse  :  ovaire,  !»-7. 

Rétroversion,  807. 

Groult.  —  Notice  sur  les  musées  canto- 
naux, 1107. 

Guérout  (A.)  —Recherches  sur  l'électro- 
lyse  de  l'acide  sulfureux.  313. 

Ciuiey8.se  (P.).  —  Note  sur  les  sonda 
grande  profondeur,  181. 

Guinée  :  exploration  de  M.  Bonnat,  1013. 

Guiot.  —  Sur  les  composés  du  manganèse. 

Sur  la  dissociation  des  sels  ammo- 
niacaux. 385. 

Cu  ii  ni  h».  —  Discussion  mil'  l'action  des 
bases  anhydres  sur  les  acides  anhydres, 
353. 

Causes  de  la  production  des  mélasses 

de  betterave,  358. 

Présentation  de  produits    divers    se 

rattachant  à  l'étude  sur  la   formation  de 
la  mélasse,  381. 

Sur  la  fermentation,  408. 


Guyane  française  (La),  1061. 

Halphen.  —  Sur  les  points  singuliers  des 
courbes  gauches  algébriques,  1  32. 

llaïupel  (Dr  J.).— Compte  rendu  du  Con- 
grès d'anthropologie  et  d'archéologie  pré- 
historiques de  Buda-Pest,  695. 

Uamy  (Dr).  —  Les  voyages  espagnols  du 
xvi"  siècle,  1063. 

Discussion  sur  les  déformations  crâ- 
niennes causées  par  la  syphilis  hérédi- 
taire, 672. 

Discussion  sur  la  crémation  dans  les 

dolmens  de  la  Lozère,  683. 

Discussion  sur  les  légendes  des  mo- 
numents préhistoriques,  694. 

L'âge  de  la  pierre  chez  les  nègres, 


697. 


Sur  les  déformations  crâniennes  ob- 
servées à  l'île  de  Vancouver,  698. 

-    Ethnogénie    archéologique    et    crâ- 


nienne de  la  Seine-Inférieure,  725. 
Discussion  sur  la  carte  ethnographique 

de  France,  735. 
Havre  (Le)  :  École  supérieure  de  commerce, 

1093. 

(Port  du),  43. 

Société     des    sciences    et  arts    agri- 
coles, 966. 

(Les  tramways  du),  250. 

Cours  de     géographie    commerciale, 


1068. 

(Voirie  urbaine  du),  295. 

Régime  des  sources    qni    l'alimen- 
tent, 467. 

V.  Scrofule,  860;  Affections  oculaires ,849 


Hawaii  (Les  îles),  1064. 

Hémostase  naturelle.  M5. 

Uenningcr  (A.).  —  Sur  un  isoméiv  de 
Porcine,  373. 

Henrot  (Dr  IL).  —  Lymphorrhagie  bron- 
chique, 887. 

Hertz  (Ch.).  —  Exploration  de  M.  Bonnat 
dans  la  Guinée,  1013. 

Hippeau.  —  Sur  les  réformes  à  intro- 
duire dans  l'éducation  publique,  1090. 

Homme  [V]  à  l'époque    de    Fours    des   ca- 
vernes, 750. 
—  préhistorique  en  Alsace,  713. 

quaternaire  et  tertiaire.  11. 

Houille  (Formation  de  la),  517. 

(Recherche  de  la)  dans  la  Seine-luiV- 

rieure,  529. 
Houzé  de  l'Aulnoit.  —  Discussion  sur 
les  végétations  de  la  muqueuse  utérine-  et 
de  leur  traitement,  793. 

Nouvelles    études    cliniques    sur   les 

amputations  sus  et  sous-périostées  et  sur 
l'hémostase  naturelle  et  définitive  à  la  pé- 
riode anémique,  à  l'aide  de  l'élévation  du 
membre  et  de  la  pression  du  baini 
grandes  et  petites  amputations  sous  pé- 
riostées  chez  les  adultes,  815. 

Discussion  sur  l'albuminurie  d'origine 

nerveus  ■.  xj.1. 

Houzé  de  l'Aulnoit.  —  Discussion  sur 
la  scrofule  au  Havre,  862. 

Hovelacque.  —  Discussion  sur  l'âge  de 
la  pierre  chez  les  nègres,  697. 

Discussion  sur  la  carte  ethnogra- 
phique de  France,  734. 

Carte    des    indices    céphaliques    de 

France,  770. 

Huffgins.  _  Note  sur  le  spectre  photo- 
graphique des  étoiles,  324. 

Recherches    de    M.    Draper    sur    le 

spectre  solaire,  332. 

Humidité  de  l'atmosphère  :  variations 

annuelles,  413. 

Hureau  de  Villeneuve.  —  Discussion 
sur  les  ballons  captifs  et  la  météorologie, 
1153. 

Discussion  sur  la  colonisation  et  l'émi- 
gration, 1000. 

La  colonisation  de  l'Algérie  au  moyen 

des  enfants  assistés,  1000. 

Hydrogène  :  préparation  en  grand,  353. 

Hygromètre  à  condensation,  nouveau  mo- 
dèle, 415. 

Hystérie  (V)  et  la  tuberculose  pulmonaire, 
829. 

Hystérophore,  853. 


recherches     sur 


1184 

Ichthyologie  de  l'Asie,  615 
Iles  Hawaii  (Les),  1064. 
Images    photographiques  : 

leur  formation,  333. 
Indicateur  de  pression  :   perfectionnements, 

219. 

optique  de  vitesse,  345. 

Indices  céphaliques  (Carte  des).  770. 
Inflorescences  unilatérales  des  légumineuses, 

588. 
Inosite  (Fonction  chimique  de  1'),  390. 
Insectes  (Tubes  de  Malpighi  des),  663. 
Instruments  enregistreurs,  344. 

de  pierre  d'origine  américaine.  751. 

Intégrale  (Sur  l'existence  de  V),  198. 
défini  de  première  espèce  :  dévelop- 


pements, 214. 

Intégration  d'une  équation  aux  différences 
finies,  194. 

Intermittences  du  pouls,  804. 

Inuline  (Sur  1'),  346. 

■ ■  Dérivés  trinitrés,  384. 

Inverses  des  nombres  entiers  (Figuration 
des),  222. 

Isomère  (Sur  un)  de  l'orcine,  373. 

«Jablochkoff.  —  Note  sur  les  éclairages 
électriques,  315. 

•In  Mon  ski.  —  Sur  une  classe  d'équations 
différentielles,  188. 

Mémoire  sur  l'existence  de  l'intégrale, 

198. 

«In  ii  nef  la  y.  (Ed.).  —  Relations  entre  les 
axes  d'élasticité,  ceux  de  propagation 
pour  la  chaleur  et  les  directions  princi- 
pales de  cohésion,  540. 

•Janssen  (J.).  —  Sur  la  photographie 
solaire  et  les  faits  qu'elle  nous  révèle 
touchant  la  constitution  de  la  photos- 
phère, 327. 

Jardin  botanique  du  Havre,  554 . 

Jordanisme  et  antijordanisme,  553. 

.Billion.  —  Sur  l'existence  du  terrain 
permien  dans  le  département  de  l'Allier, 
546. 

Jura  normand  (Le),  457. 

Klipffel.  —  Discussion  sur  les  tendances 
économiques  de  l'Europe,  1088. 

Kyste  de  l'ovaire  :  tintement  avec  bruit  de 

flot  de  liquide,  894. 
Kystes  de  la  thyroïde  :  cure    radicale,  911. 
Laboratoire  de  chimie  des  hautes  études,  à 

Rouen,  1172. 
Ladureau  (A.).  —  Note   sur  la  compo- 
sition de  la  laine,  369,  940. 

-  Études  sur  les    maladies  du  lin.  Le 
thrips  Uni,  951. 


TABLE    ANALYTIQUE 

JLatlureau  (A.).  Étude  sur  l'influence  de 

la  graine  dans  la  culture  de  la  betterave 

à  sucre,  982; 
Ovadvocat     (Alph.).     —    Renseignements 

sur  la  voirie  urbaine  du  Havre,  295. 
ILagneau  (Dr  G.).  —  Discussion     sur  les 

déformations    crâniennes   causées    par  la 

syphilis  héréditaire,  672. 

—  Discussion  sur  les  déformations  crâ- 
niennes observées  à  l'île  de  Vancouver, 
699. 

-  Discussion  sur  l'ethnogénie  archéolo- 
gique et  crânienne  de  la  Seine-Inférieure. 
727. 

—  Carte  ethnographique  de  France,  728. 
Discussion   sur  le  rétablissement  des 

tours.  1121. 
Discussion    sur  la  statistique  démo- 
graphique, 759. 

—  Discussion  sur  le  seuil  de  Gabès  aux 
temps  préhistoriques,  762. 

—  Discussion  sur  l'ethnographie  de  la 
presqu'île  de  Ratz  (Seine-Inférieure),  759. 

—  Discussion  sur  la  carte  des  indices 
céphaliques  en  France,  770. 

Laine  (Composition  de  la),  969,  940. 

faisant  (C.-A.).  —  Sur  quelques  pro- 
priétés des  polygones,  142. 

Lait  (Analyse  du),   394. 

Lait  de  femme  :  composition  anormale,  877. 

Laiicereaux  (Dr).  —  De  l'artérite  céré- 
brale syphilitique,  850. 

liamloli  (Dr).  —  Sur  les  anomalies  de  la 
réfraction,  877. 

liaiidowski  (Dr).  —  Sur  la  climatologie 
algérienne,  835. 

Lauessan  (J.-L.  de).  —  Recherches  sur 
le  développement  des  faisceaux  dans  le 
sommet  des  axes  et  dans  les  appendices, 
568. 

«Laplanclie.  —  Discussion  sur  le  rétablis- 
sement des  tours,  1116. 

liaussedat  (A.).  —  Les  progrès  récents 
de  l'aéronautique,  258. 

«Lavalley.  —  Etablissement  d'un  port  et 
construction  d'un  chemin  de  fer  à  1  île  de 
la  Réunion,  1063. 

Lecadre  neveu  (D1).  —  Contribution  à 
l'étude  de  léluctro-puncture  dans  le  trai- 
•  tement  des  anévrysmes,  800. 

décadré  oncle  (Dr).  —  Discussion  sur 
l'état  et  lé  délire  malicieux,  814. 

Discussion  sur  l'albuminurie  d'origine 


nerveuse,  822. 

—  Nouveau   mode  de  propagation  de  la 
fièvre  paludéenne,  823. 


I  Mil.E    AN 

Discussion  sur  les  maladies  des  yem 

au  Havre  et  dans  les  environs,  t 

—  Discussion  sur  ta  scrofule  au  Havre, 

■  .«■double  (Dr).  —  De  l'auscultation  de 
l'ovaire  dans  les  kystes  ovariques.  Kyste 
de  I  ovaire  uniloculaire  ouvert  dans  le 
péritoine  et  dans  l'intestin.  Tintement 
avec  bruit  de  flot  de  liquide,  894. 

Lefébure*  —  Sur  la  création  des  espè- 
ces,  583. 

Leforf  (Joseph).  —  Etude  sur  le  rétablis- 
sement des  tours,  1  litT,  1122. 

Légendes  des  monuments  préhistoriques,  091. 

Légumineuses  (  Inflorescences  unilatérales 
des),  588. 

lii'moine  (Em.).  —  Surquclques  questions 
de  probabilités,  158 

Lemoine.  (G).  Equilibres  chimiques  entre 
l'hydrogène  et  l'iode  gazeux,  3ti">. 

Lennler.  —  La  géologie  normande.  — 
I.  rinliouchure  de  la  Seine,  38. 

Études   géologiques   et  paléontologi- 

ques  sur  l'embouchure  de  la  Seine,    458. 

Carte  géologique   de    Normandie.  — 

Géologie  normande,  458. 

Leuwarden:  Exposition  rétrospective  fri- 
sonne, 1074. 

Lepaute  fils  (II.).  —  Dispositions  nou- 
velles d'appareils  de  phares  lenticulaires 
et  de  phares  flottants  catadiopti i<| in>. 
223. 

Lépidoptères  et  chenilles,  060. 

I.«>î>lé  (l)r).  — Le  café  :  Histoire,  science, 
hygiène,  856. 

Ijotellier  (d'Alençon) .  —  Notice  sur  le 
musée  d'histoire  naturelle  de  la  ville  d'A- 
lençon, 547. 

LcteUier.  — Sur  la  photographie  appliquée 
à  la  géologie  et  à  l'anthrophologie,  750. 

Liétiévant  (E.)  —  Pansement  antiseptique 
au  point  de  vue  des  résultats  pratiques, 
838. 

H. finit»  (Dr,E.).  — De  la  tuberculose  pul- 
monaire chez  les  hystériques,  829. 

—  Discussion  sur  un  nouveau  mode  de 
propagation  de  la  fièvre  paludéenne, 
829. 

Leva§seur  —  Discussion  sur  la  coloni- 
sation et  l'émigration,  1000. 

Discussion    sur    la     colonisation    de 

l'Algérie  par  les  enfants  assistés.  1003. 

■  Discussion  sur  la  géographie  du  dé- 
partement de  la  Seine-Inférieure  sous 
les  Romains,  1014. 


\[,\  I  h.M  I  1  188 

I.  Association  internationale  afrn  line, 
1076. 

Du    sol    et   des    richesses  aux   El  its 

Unis,  1153. 

[«eveau.  —  Note  sur  la  comète  périodique 
de  d'Arrest,  129. 

;  taplanchette    Nouvelle  méthode  de), 
180. 

Sur  la),  346. 
lias    (Le]  dans  le  département    de    l'Orne, 

Lillebonnc  excursion  de,)  11G0. 

Lin  (Déchets  de  l'industrie  agricole  du), 
937. 

[Maladies  du  :  Le  Thrlps  Uni,  951. 

liionnet.  —  Les  phosphates  de  chaux  na- 
tifs, leurs  gisements,  leur  origine,  516. 

i.iouville(D')  — Discussion  sur  l'artérite 
cérébrale  sj  philitique,  851. 

Lister:  V.  Pansement,  s  ;v 

Livon  (Dr  Th.)  Nouvelles  recherches  sur 
la  fermentation  ammoniacale  de  l'urine 
et  la  génération  spontanée,  361. 

Loch  à  cadran,  302. 

Loi  géométrique  donnée  par  M.  Chastes,  180. 

Longitudes  (Détermination  des)  en  France 
et  en  Algérie,  327. 

(Détermination  des),  1060. 

Lorin. —  L'acide  oxalique  déshydraté  peut 
servir  à  caractériser  les  alcools  polyato- 
miques.  Fonction  chimique  de  l'inosite, 
390. 

l.oMiu  (L.).  —  Sur  une  nouvelle  méthode 
de  levé  à  la  planchette,  180. 

Lozère  (Dolmens  de  la),  crémation,  675. 

Lucas  (Ed.).  —  Considération  nouvelle 
sur  la  théorie  des  nombres  premiers  et 
sur  la  division  géométrique  de  la  circon- 
férence en  parties  égales,  159. 

Sur   le    calcul    rapide    des    fractions 

continues,  179. 

Sur     l'échiquier    anallagmatique    de 

M.  Sylvester,  213. 

Système    des    coordonnées    tricircu- 

laires  et  tétrasphériques,  222. 

Lumière  (Absorption  de  la),  317. 

(Appareil  pour  doser  la),   340. 

Lune  (Changements  à  la  surface  delà),  179. 

9. ii ni*  r  (Dr).  —  Discussion  sut  les  déforma- 
tions crâniennes  causées  par  la  syphilis 
héréditaire,  672. 

Discussion  sur  la  crémation  dans  les 

dolmens  de  la  Lozère,  683. 

Discussion  sur  la  scrofule  au  Havre, 


862. 
Luxations  paralytiques  du  fémur,  797. 

75 


1186 


TABLE    ANALYTIQUE 


Limier  (D1').  —  Lymphorrhagie  bronchique, 

887. 
Macareux  :  Mue  du  bec  et  des   ornements 

palpébraux,  610. 
Machine  électrique:  Nouveau  modèle,  342. 
Machines  marines  (Nouvelles),  bénéfices  pro- 
duits par  leur  emploi,  233. 

motrices  de  bateaux,  236. 

Ha  gens  Hello  (J.).  — Les  cavernes  qua- 
ternaires de  Crèswell  (Angleterre),  702. 

Maire  (Dr).  —  Discussion  sur  la  scrofule 
au  Havre,  862. 

Mais-fourrage  (Expériences  sur  la  culture 
du),  941. 

Maladies  du  lin,  951. 

(Les)  de  la  peau  et  la  sécrétion  de  la 

sueur,  903. 

Manganèse:  Composés  divers.  385. 

Haniiheim  (A.).  —  Sur  les  plans  tangents 
singuliers  de  la  surface  de  l'onde  et  sur  les 
sections  faites  dans  cette  surface  par  des 
plans  parallèles  à  ces  plans  tangents,  125. 

Sur  la  surface  de  l'onde,  167. 

Sur  les  normales   de   la    surface   de 

l'onde,  175. 

Ma  «menue.  —  Recherches  sur  la  germi- 
nation, 948. 

Marchand  (Ch.).  —  De  la  composition 
anormale  que  peuvent  présenter  certains 
laits  de  femmes;  de  leur  influence  sur 
l'alimentation  du  nouveau-né  et  des 
moyens  d'y  remédier,  877. 

Marchand  (Eug.).  — Analyse  du  lait,  394. 

Sur  l'absorption    atmosphérique    des 

forces  contenues  dans  la  lumière,    et  sur 
le  calcul  de  cette  absorption,   418. 

Marchant.   —  L'agriculture  dans  le  pays 

de  Caux,  974. 
Marconière  (La).   V.   Dolmens,  675. 
Hardnel  (Dr) .  —  Accidents  dus  à  l'anes- 

thésie    par    l'éther    chez    un    enfant    de 

dix  ans,  854. 
Marées  dans  la  mer    d'Irlande   et    dans    la 

Manche,  283. 
Marey  (E. -.!.)•  —  Loch  à  cadran. — Odo- 

graphe,  302. 
Marié-Davy.    —   Nouveaux    instruments 

enregistreurs,  344. 


Discussion  sur  les  variations    de   ia 

pression  almosphéfique  à  différentes  alti- 
tudes, 437. 

Discussion  sur  les  ballons  captifs   et 

la  météorologie,  453. 

Discussion  sur  le  psychromètre,  453. 

Marine    marchande    (La) ,    et    son    relève- 
ment, 1100. 


).  —  De  l'emploi  de  l'émé- 
le    traitement    des    névral- 


Harjoliu  (D1).  —  Discussion  sur  le  réta- 
blissement des  tours,   1116. 

Marriott  (W.).  —  Sur  le  psychromètre, 
445. 

Mars  (Occultations  d'étoiles,  par),  199. 

Marsy  (Le  comte  de).  —  Quelques  mots 
sur  l'exposition  rétrospective  frisonne  de 
Leuwarden,  au  point  de  vue  des  études 
géographiques,  1074. 

Hassart  (D1).  —  Rétroversion  utérine  à 
trois  mois  et  demi  de  grossesse.  Réduc- 
tion.  Accouchement  à  terme,  807. 

if  asson  (G.).  —  Les  finances  de.  l'Asso- 
ciation, 35. 

Masurel   (Dr 
tique    dans 
gies,  798. 

Masurier.  —  Discours,  25. 

llannoir.  —  Voyage  du  boudhiste  Nac- 
king  dans  le  Thihet,  1013. 

Haxwell-Lyte.  —  Procédé  de  chlorura- 
tion  humide,  381. 

Mélasse:  Produits   divers  en  dérivant,  381. 

de  betterave,  358. 

Hercadicr. —  Nouvelle  méthode  de  com- 
paraison des  mouvements  vibratoires,  314. 

Etude  de  la  propagation  de  l'électri- 
cité; mesures  de  petites  différences  de 
temps,  340. 

Herget.  —  Note  sur  la  thermo-diffusion 
gazeuse  de  la  fonte.  311. 

Meurdra  (H.).  —  Étude  sur  le  régime 
des  sources  du  Havre,  467. 

Microcline  (Caractères  du),  508. 

Milet.  —  Phénomènes  économiques  dont 
le  firésil  a  été  le  théâtre  de  1864  à  1870, 
1083. 

Discussion  sur  les  tendances  écono- 
miques de  l'Europe,  1087. 

Discussion  sur  la  marine  marchande 

et  son  relèvement,  1105. 

Millot  (A.).  —  Note  sur  la  fabrication  du 
phosphate  bicalcique  à  l'aide  des  phos- 
phates minéraux,  974. 

Mineurs  (N'ystagmus  des),  783. 

Monténégro  (Le),  998. 

Monts-de-Piété,  1124. 

Monuments  mégalithiques  de  Seine-et-Oise, 
739. 

préhistoriques  :  légendes  qui  s'y  ratta- 
chent, 691. 

Morandière  (J.).  —  Discussion  sur  le 
système  de  transmission  de  signaux  élec- 
triques aux  trains  en  marche.  231. 

Morière.  —  Le  lias  dans  le  département 
de  l'Orne;  son  étendue;  ses  fossiles,  482. 


I  \i;i  i:    ANAl.ï  I  loi  I 


Mofphologie  de  la  fleur  mâle  du  coudrier, 
554. 

des  globules  polaires,  624. 

llortilict  (G.  de).  —  Description  du  plan 

officiel  du  palais  du  Trocadéro  pour  l'Ex. 
position  internationale  de    lsTs    S 
anthropologiques  ,  674 

Discussion  sur  la  i-rémation  dans  les 

dolmens  de  la  Lozère,  683. 

Discussion  sur  les  légendes  des  mo- 

numents  préhistoriques,  694. 
Discussion  sur  l'âge  de    pierre  chez 

les  nègres,  697. 
Discussion  sur   les    cavernes   quater- 


naire  de  Creswell  (Angleterre  . 

Le   chronomètre   du   bassin  de  Pen- 

houët  réduit  à  sa  plus  simple  valeur  ,710. 

Discussion  sur  l'ethnogénie  archéolo- 
gique et  crânienne  de  la  Seine  Inférieure, 
725. 

Discussion   sur    la   monographie    des 

monuments  mégalithiques   et  des  objets 
travaillés  préhistoriques  dans  le   dép 
ment  de  Seine-et-Oise,  740. 

Discussion    sur    les    fouilles   opérées 

dans  la  cité  en   pierres  sèches  de  Saint- 
.Nectaire,  746. 

Discussion  sur  la  statistique  démo- 
graphique, 759. 

— —  Discussion  sur  le  seuil  de  Gabès  aux 


1187 

la 


temps  préhistoriques,  762. 

Discussion  sur  une  amulette  crâ- 
nienne, 771 . 

llourgues.  (Dr).  —  Le  dogme  de  l'auto- 
phagisme  :  Analyse  organopathique  au 
point  de  vue  du  diagnostic  et  du  traite- 
ment des  maladies,  813. 

Sur  le  rôle  de  la  révolution  cosmique 

et  du  parasitisme  dans  les  maladies  épi- 
démiques  des  végétaux,  946. 

Mouvement  (Sur  le)  épicycloïdal,  92. 

Mouvements  vibratoires:  Leur  comparai- 
son, 314. 

Mue  du  bec  du  macareux,  611. 

llultler.  —  Action  réciproque  de  l'anhy- 
dride hypochloreux  et  de  l'éthylène,  372. 

Muqueuse  utérine:  Ses  végétations,  788. 

Musée  d'histoire  naturelle  d'Alençon,  546. 

Musées  cantonaux,  1107. 

Nacking:  Son  voyage  dans  le  Thibet,  1013. 

rVansouty  (Le  général  de).  —  L'Observa- 
toire du  Pic-du-Midi,  437. 

Nanlier.  —  Recherches  sur  le  dévelop- 
pement de  l'avoine,  976. 

Navigation  (La)  transocéanienne,  54. 

Nécropoles  de  l'âge  du  fer,  771. 


Nepveu   (Dr).    —    Sur    l'oligurie   et 
polyurie   d  origine  réflexe,  837  ■ 

ilgie  faciale  avec  zone épileptogène,9SA. 

\     ra  lies:  Action  de  l'émêtique,  798. 

\   '  rite  du  radial,  890. 

Nombres  premiers  (Sur  les),  compris  entre 
0  et  2n,  79. 

(Sur  là  théorie  des),  159. 

(Somme  des  inverses  des  puissances 

semblables  des).  172. 

compris  entre  deux  limites,  208. 

Noms    géographiques  :    Leur  orthographe, 

1015,  1060. 
Normales  à  la  surface  de  l'onde,  175. 

aux  surfaces  algébriques,  205. 

Normand  (J.-A.).  —  Sur  les  occultations 

d'étoiles  par  Mars,  observables  pendant 
l'opposition  de  1*77,   199. 

Normandie  (Art  préhistorique  en),  684. 

IVottelle.  —  Discussion  sur  les  phéno- 
mènes économiques  dont  le  Brésil  a  été 
le  théâtre  de  1864  à  1870,  1084. 

Discussion  sur  la  marine  marchande 

et  son  relèvement,  1105. 

HV'oury.  —  Présentation  de  tableaux  d'his- 
toire naturelle,  oiseaux  d'Europe,  657. 
Nystagmus  des  mineurs,  783. 

uatoire  du  Puy-de-Dôme,  414. 

du  Pic-du-Midi,  437. 

Occultations  d'étoiles  par  Mars,  199. 
Odographe,  934. 

Œil  (Ablation  d'un),  chez  les  poissons,  620. 

(Réseaux  vasculaires  de  1'),  659. 

Oligurie  d'origine  réflexe,  837. 

Ollier  (Dr).  —  Cure  radicale   des   kystes 

de  la  thyroïde,  911. 
Ollier  tle  Alarickard.  —  Discussion  sur 

l'âge  delà  pierre  chez  les  nègres,  697. 

Discussion    sur    le    chronomètre   du 

bassin  de  Penhouët,  711. 

L'homme  à  l'époque   du  grand  ours 

des  cavernes,  750. 

Onde.  V.  Surface   de    l'onde,  125,  167, 175. 

Ondes  sonores  cylindriques,  317. 

Optique  V.  315,  317, 324, 327,  332, 333, 340. 

Orcine  (Isomère  de  1'),  373. 

Oryanogénie  des  formations  axillaires  chez 
les  cucurbitacées,  596. 

florale  des  garrya,  561 . 

Orthographe  des  noms  géographiques,  1015- 
1060. 

Os  (Suture  des),  931. 

Ovaire  (Corps  jaune  de  1'),  pendant  la  gros- 
sesse, 927. 

Paléontologie  normande,  479. 

Panais  :  Recherches  chimiques,  946. 


1188 


TABLE    ANALYTIQUE 


Pansement  antiseptique  :  Résultats,  838. 

Paquebots  transatlantiques  ;  dimensions  et 
progrès  nouveaux,  236. 

Paquelin  (Dr).  —  Indications  sur  l'emploi 
du  thermo-cautère,  852. 

Paquier.  —  Les  voies  de  commerce  à  tra- 
vers l'Asie  centrale,  1076. 

Parasitisme  (Le)  dans  les  maladies  des  vé- 
gétaux, 946. 

Parme  ntier  (Le  G"1).  —  Discussion  sur 
la  géographie  du  département  de  la  Seine- 
Inférieure  sous  les  Romains,  1014. 

Quelques  observations  sur  1  orthogra- 
phe des  noms  géographiques,  1015. 

De  la  nécessité  d'un  vocabulaire  po- 
lyglotte, 1082. 

Parrot  (Dr  J.).  — Les  déformations  crânien- 
nes causées  par  la  syphilis  héréditaire, 665. 

- — —  Discussion  sur  la  crémation  dans  les 
dolmens  de  la  Lozère,  683. 

Discussion    sur   les   enfants   à   crâne 

déformé  présentés  par  M.  leDrGibert,  701. 

Pas-de-Calais  (Courants  dans  le),  289. 

(Géologie  du  tunnel  du),  530. 

Passy  (Fréd.).  —  Discussion  sur  les  ten- 
dances économiques  de  l'Europe,  1088. 

Discussion    sur  la  marine  marchande 

et  son  relèvement,  1105. 

■ Discussion   sur    le  rétablissement  des 


tours,  1115-1121. 
Pays  de  Caux  (L'agriculture  dans  le),  974. 
Pédagogie.  V.  1004,  1090,   1093,  1107,  1131. 
Pélijçot.    —  Discussion    sur   les  résultats 
d'expériences  instituées  sur  la  culture  de 
l'avoine  et  du  maïs  fourrage,  941. 

Discussion  sur  les  expériences  sur  les 

vignes  phylloxérées,  947. 
Pellat.  — Comparaisons  des  niveaux  kim- 
méridgiens  et   portlandiens  au    Havre  et 
dans  le  Boulonnais,  551. 
Penhouët  (Chronomètre  du  bassin  de),  710, 

711. 
Perchlorure   de  phosphore   (Action  du)  sur 

l'étain,  381. 
Perret    (Em.).    —   Dosage   du  tannin  des 
écorces  de  chêne  au  point  de  vue  indus- 
triel, 377. 
Action   désinfectante    anti-fermentes- 
cible  du  chlorure  de  zinc  basique  en  solu- 
tion concentrée,  378. 
Perrier  (Le  commandant).  —  Détermina- 
tion des    longitudes,  latitudes  et  azimuts 
terrestres  en  France  et  en  Algérie,  327. 

La  détermination  des   longitudes  et 

la  forme  de   la  terre,  1060. 
Pessaires  nouveaux,  848,  853. 


Petit.  —  Préparation  de  la  pilocarpine, 
392. 

Petit  (Dr  L. -Henri).  —  De  l'ataxie  locomo- 
trice dans  ses  rapports  avec  le  traumatis- 
me, 805. 

Pétrole  (Action  physiologique  et  patholo- 
gique  du),  865. 

Phare  d'Kddystone,  260. 

Phares  lenticulaires  à  deux  foyers  et  phares 
flottants  catadioptriques,  223. 

Philippe.  —  Discussion  sur  les  tendances 
économiques  de  l'Europe,  1089. 

Le  régime  économique  des  chemins 

de  fer,  1124. 

Phosphates  de  chaux  natifs,  516. 
Phosphate  bicalcique  (Fabrication  du),  974. 
Photographie  :  Service  spécial  en  Portugal, 
315. 

Spectre  des  étoiles,  324. 

Étude   de    la  formation   des  images. 

333. 

appliquée   à  l'anthropologie  et   à   la 

géologie,  750. 

solaire,  327. 

Phyllodes  (prétendus)  des  eucalyptus,  567. 
Phylloxéra,  996. 

(Expériences  sur  le),  947. 

Piarron     de    Alondesir.     —     Sur    les 

nombres  premiers,  80. 

Sur  une  nouvelle  formule  algébrique^ 
104. 

-  Sur  la  résolution  de  l'équation  tri- 
nôme de  degré  impair  Xm  ±  X  =  R,  au 
moyen  d'un  nouveau  signe  algébrique, 
168. 

Picoline  (La)  et  ses  dérivés,  348. 

Picquet. —  Sur  le  système  de  n  équations 
du  premier  degré  à  n  inconnues,  177. 

Pièces  courbes:  déformation  et  calcul,  273. 

Pierre  (Age  de  la)  chez  les  nègres,  697. 

Pierres  travaillées  en  Amérique,  751. 

Pieux  (Nouveau  système  de  fonçage  des),  286. 

Pigeon  monstrueux  déradelphe,  627. 

Pilocarpine,  préparation,  392. 

Piridine  (Synthèse  de  la),  348. 

Plans  tangents  à  la  surface  de  l'onde,    125. 

Plantains:  Y.  Déhiscence,  594. 

Plantes  phanérogames   du  Havre,  553. 

Pleurésie.  V.  Thoracentèse,  1136. 

Plomb  argentifère  :  Traitement  par  la  chlo- 
ruration  humide,  381. 

Poids  du  cerveau  et  du  corps  chez  le  chien, 
762. 

Points  singuliers  des  courbes  gauches  algé- 
briques, 132. 

Poissons  de  l'Asie,  615. 


TABLE   ANALYTIQUE 


1189 


Poissons,  effets  de  l'ablation  d'un  œil,  620. 

Polygones  (Propriétés  des),  142. 

Polyurie  d'origine  réflexe,  837. 

l'omel  (A.).  —  Géologie  de  la  province  de 
Gabès  et  du  littoral  oriental  de  la  Tuni- 
sie, 501. 

Discussion    sur   les  fouilles    opérées 

dans  la  cité  en  pierres  sèches  de  Saint- 
Nectaire,  746. 

—  Le  seuil  de  Gabès  aux  temps  préhis- 


toriques, 760. 

Discussion  sur  la  colonisation  et  l'é- 
migration,  1000. 

Discussion    sur    la    colonisation    de 


l'Algérie  au  moyen    des  enfants  assistés, 
1003. 
Pommerol    (Dr  F.).    —   Fouilles    opérées 
dans  la   cité  en  pierres  sèches  de  Saint- 
Nectaire,  740. 

Sur  des  instruments  de  pierre  d'ori- 
gine américaine,  751. 

Poucet  (Dr).  —  De  l'influence  de  la  cas- 
tration sur  le  développement  du  sque- 
lette, 893. 

Port  du  Havre,  43. 

Potiiin.  —  Discussion  sur  l'ataxie  loco- 
motrice dans  ses  rapports  avec  le  trauma- 
tisme, 807. 

Discussion  sur  l'albuminurie  d'ori- 
gine nerveuse,  822. 

Discussion  sur  la  température  péri- 
phérique dans  ses  variations  physiologi- 
ques ou  pathologiques,  864. 

Indications   de  la  thoracentèse  et  ap- 


pareil  pour  la  pratiquer  avec  précision, 

1136. 
Potamogelon  :  Y.  Stipules,  581. 
Potier.  —  Le  tunnel  du  Pas-de-Calais  au 

point  de  vue*  géologique,  530. 
Pouchet  (DrG.).  —  Sur  les  conséquences 

de  l'ablation  d'un  œil  chez  les  poissons, 

620. 
— s—  Discussion  sur  le  foie   chez   les   am- 

pullaires,  641. 
Pouls  (Intermittences  du),  80'i. 
Préservation  du  fer,  265. 
Pression  atmosphérique.  Variations  annuelles, 

412. 

Variations    à    différentes    latitudes. 

435. 

Prêt  d'instruments  aux  agriculteurs,  974. 
Prévision  du   temps  :   Organisation  du  ser- 
vice agricole,  414. 
Probabilités  (Questions  de),  158. 
Propagation  de  l'électricité,  340. 

de  la  fièvre  paludéenne,  823. 


Prunières.  —  La  crémation  dans  les 
dolmens  de  la  Lozère.  Nouvelles  ron- 
delles crâniennes.  Dolmens  de  la  Marco- 
nière  et  tombelle  de  Botijassac,  675. 

Discussion  sur  l'âge  de  la  pierre  chez 

les  nègres,  698. 

Psyehromè're  (Sur  le),  445. 

Pulliguy  (Ve  de).  —  L'art  préhistori- 
que en  Haute-Normandie,  684. 

Puy-de-Dôme.  Eaux  gazeuses,  408. 

Observatoire,  414. 

Pyxides  :  Leur  déhiscence  dans  les  plan- 
tains, 594. 

Quatre f âges  (De). —  Mémoire  sur  un  pi- 
geon monstrueux  du  genre  déradelphe 
(Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire)  ;  déradel- 
phe synanencéphale  (Nobis),  627. 

Discussion  sur  les  déformations  crâ- 
niennes causées  par  la  syphilis  hérédi- 
taire, 672. 

L'exposition  des  sciences  anthropolo- 
giques, 702. 

<|uiu     (Ch.).    —    Résumé    d'observations 
nouvelles  de  géologie  et  d'ethnologie  lo- 
cales, 493. 
■  Sur   les  végétaux  fossiles  de  l'arron- 
dissement du  Havre,  555. 

4|uiiiette  de  Rochemont.  —  Le  port 
du  Havre,  43. 

Quinidine  :  Préparation,  393. 

Rabot.  —  Exposé  d'une  monographie  des 
monuments  mégalithiques  et  des  objets 
travaillés  préhistoriques  dans  le  départe- 
ment de  Seine-et-Oise,  739. 

Races  fossiles  (Les)  de  l'Europe  occidentale, 
11. 

Rafaillac.  —  Discussion  sur  la  carte 
ethnographique  de  France,  736. 

Ragona  (D.) .  —  Variations  annuelles  de 
pression  atmosphérique,  412. 

Variations  diurnes  de  l'humidité  de 

l'atmosphère,  413. 

Discussion  sur  le  projet  d'organisa- 
tion du  service  agricole  des  prévisions 
du  temps,  415. 

—  Variations  effectives  de  la  température, 

438. 
Ramsay  (Dr  W.).  —  Synthèse   de   la   piri 

dine.  —  La  picoline  et  ses  dérivés,  348. 
Rayons  de    courbures    déterminés  par    le 

temps  d'oscillation,  203. 

ultrà-violets  du  spectre  solaire,  315. 

Reclus  (Dr  P.).  —   Luxations  paralytiques 

du  fémur,  797. 

Discussion  sur  l'albuminurie  d'ori- 
gine nerveuse,  822. 


1190 


TABLE   ANALYTIQUE 


Rértier.  —  Thermomètre  enregistreur , 
316. 

Nouveau   thermomètre    enregistreur, 

417. 

Réduction  d'une  rétroversion  utérine  pen- 
dant la  grossesse,  807. 

Réformes  à  introduire  dans  l'éducation  pu- 
blique, 1090. 

Réfraction  (Anomalies  de  la),  877. 

Régime  économique  des  chemins  de  fer,  1124. 

des  sources  du  Havre,  467. 

Renaud.  —  Notes  sur  les  tramways  du 
Havre,  250. 

Renaud  (G.).  —  De  l'orthographe  des 
noms  géographiques,  1060. 

Renouard  fils  (A.).  —  Les  déchets  de 
l'industrie  agricole  du  lin,  937. 

Analyse  chimique  du  cocon  et  de  ses 

dérivés,  951. 

Discussion    sur   les  maladies  du  lin. 


964. 

Renouvellement  des  traités  de  commerce, 
1082. 

Réorganisation  du  réseau  des  chemins  de 
fer,  1126. 

Réseau  des  chemins  de  fer  (Réorganisation 
du),  1126. 

Réseaux  vasculaires  de  l'œil,  659. 

Résistance  des  matériaux,  269,  273. 

Résolution  de  l'équation  trinôme,  168. 

Respiration  chez  les  Ampullaires,  623. 

(La)  et  le  chloral,  802. 

Rétablissement  des  tours,  1107. 

Rétroversion  utérine  pendant  la  grossesse  : 
Réduction,  807. 

Réunion  (Ile  de  la)  :  Établissement  d'un  port 
et  construction  d'un  chemin  de  fer,  1063. 

Revivipcation  des  rotifères,  641. 

Richesse  minérale  de  la  France  :  Moyens  de 
la  développer,  459. 

Rigaud.  —  Sur  une  amulette  crânienne, 
771. 

Rigidité  dans  les  combles,  269. 

Rodrigues  (J.-J.).  —  Description  du  ser- 
vice photographique  du  gouvernement 
portugais,  315. 

Roehrig.  —  Discussion  sur  la  colonisa- 
sation  et  l'émigration,  999. 

Méthode     d'enseignement     proposée 

pour  l'étude  des  marchandises  ou  pro- 
duits commerciaux  naturels  et  manufac- 
turés. Distribution  géographique  de  ces 
produits,  1004. 

Rolland-ltanès  (L.).  —  Des  moyens  de 
développer  et  d'accroître  la  richesse  mi- 
nérale de  la  France,  459. 


Sur  la  recherche  de   la  houille  dans 

le  département  de    la  Seine-Inférieure, 
520. 

Rotifères  (Revivification  des),  641. 
Rouchy  (l'abbé).—  Le  jordanisme  etl'anti- 
jordanisme,  553. 

Sur  quelques   espèces  dites  jordani- 

ques,  591. 

Rouen  (Excursion  de),  1161. 

Royat,  853. 

Rozy.—  Le  renouvellement  des  traités  de 
commerce,  1084. 

Discussion  sur  les  tendances  écono- 
miques de  l'Europe,  1088. 

Discussion  sur  la  marine  marchande 

et  son  relèvement,  1105. 

Sur  les  chemins  de  fer  d'intérêt  local 


1130. 

Rumex.  V.  Stipules,  581. 

Sabatier. —  Sur  l'appareil  respiratoire  des 
ampullaires,  623. 

Etudes  sur  le  foie  chez  les  ampullaires, 

640. 

Sur  les  tubes  de  Malpighi  des  in- 
sectes, 663. 

Saint-Nectaire  (Cités  en  pierres  sèches 
de),  740. 

Saporta  (G.  de). —  Sur  l'existence  du  ter- 
rain permien  dans  le  département  de 
l'Allier,  546. 

Les  anciens  climats  et  leur  rapport 

avec  la  marche  et  le  développement  de  la 
végétation  européenne,  1139. 

Sarrasin  (E.).  —  Production  de  quelques 
arséniates,  383. 

Sauvage  (H. -E. ).—  Considérations  sur  la 
faune  ichthyologique  des  eaux  douces  de 
l'Asie,  et  en  particulier  de  l'Indo-Chine, 
615. 

Sauvetage  (Appareil  de),  204. 

Saxons  (La  géographie  des),  1081. 

Scrofule  (La),  au  Havre,  860. 

Sécrétion  de  la  sueur  dans  les  maladies  de 
la  peau,  903. 

Sections  de  la  surface  de  l'onde,  125. 

Segments  (Sur  les)  d'une  transversale  tracée 
dans  le  plan  de  deux  triangles  homolo- 
giques,  142. 

Séguin  (DrE.).—  Uniformité  internatio- 
nale d'observations  en  médecine,  787. 

Discussion  sur   le  nouveau  mode  de 

propagation    de    la    fièvre    paludéenne, 
828. 

■  Nouveaux  devoirs  du  médecin.  Né- 
cessité de  l'intervention  du  médecin  dans 
l'éducation,  845. 


TABLE   ANALYTIQUE 

Seine  Géologie  de  l'embouchure  (de  la).  38 
Seine- Inférieure  (Géographie  du  département 
de  la)  sous  les  Romains,  1014. 

V.  Ethnogénie,  725. 

Démographie,  746. 

Séries  (Convergence  des),  209. 

Sérullas.  —  Sur    un    glucoside   nouveau 

contenu  dans  l'avoine,  388. 
Serrurier.  —  Création  de   bibliothèques 

pédagogiques,  1131 
Service  météorologique  en  Algérie,  417. 
Seuil  de  Gabès  aux  temps  préhistoriques,  760. 
Shoolbred    (James    N.).   —    Note   sur  la 

marche  des  marées  dans  la  mer  d'Irlande». 

et  dans  la  Manche,  283. 
Siegfried  (J.).  —  L'Ecole  supérieure  du 

commerce  du  Havre,  1093. 
Silex  taillés  en  Amérique,  751. 
Silva  (R.  D.).  —  Sur  quelques  composés 

benziliques  et  anisiques,  374. 
Sinety   (Dr  de).  —  Du  corps  jaune  de  l'o- 
vaire pendant  la  grossesse,  927. 
Sirodot.  —  Le   chronomètre  du  bassin  de 

Penhouët,  711. 
Société  géologique  de  Normandie,  66. 

des  sciences  et  arts  agricoles  et  hor- 
ticoles du  Havre,  996. 

(La)  des  voyages  autour  du  monde,  73. 

Sociétés   (Les)  de  géographie  commerciale , 

997. 
Soleil  (Photographies  du),  327. 
Somme  des  diviseurs  d'un  nombre,  127. 

des  inverses  des  puissances   sembla- 
bles des  nombres  premiers,  172. 

Sondages  à  grande  profondeur,  181. 

en  mer  par  le  bathomètre,  181. 

Soufre  (Densité  du),  326. 

insoluble,  347. 

utriculaire,  364. 

Sources  du  Havre  :  Leur  origine,  467. 
Sowthey  (Dr).  —  Traitement  de  l'anasarque 

général  par  un  drainage  capillaire,  856. 
Spectre  photographique  des  étoiles,  324. 
solaire  :  Partie  ultra-violette,  315. 

solaire  :    Recherches  de  M.  Draper, 

332. 

Squelette.  — V .  Castration,  893. 
Statistique    démographique  :      Emploi    des 
courbes  de  niveau,  758. 

médicale  (De  la),  912. 

Steiner  (Sur  la  surface  de),  159. 

Stipules  des Rumex  et  des  Potamogeton:  leur 

nature  réelle,  581. 
Stoecklin.  —  Note  sur  un  nouveau   sys- 
tème de  fonçage  des  pieux  par  injection 
d'eau,  286. 


1191 

—  Quelques  considérations  sur  les  cou- 
rants alternatifs  dans  le  détroit  du  Pas- 
de-Calais,   289. 

Sacre. —V.  Clairçage,  ~2\2. 

Sueur  (La  sécrétion  de  la)  et  les  maladies 
de  la  peau,  903. 

Sulfo-urées  composées  :  Nouvelle  préparation, 
387. 

Surface  de  l'onde  (Sur  la),  125,  167,  175. 

plans  tangents   singuliers  et  sections 

parallèles,  125. 

Surface   (Sur  la)  de  Steiner,  159. 
Surfaces  algébriques  (Normales  aux),  205. 
Su  turc  des  os,  931. 
Sylvester.  —   Application  de  la  nouvelle 

méthode   pour  trouver  les  dérivées  inva- 

riantives  irréductibles,  172. 

Sur  le  théorème  de  Rring,   180. 

Fractions  génératrices  pour    les  deux 

cas  d'un  nombre  indéfini  de  formes 
linéaires  et  de  formes  quadratiques  bi- 
naires et  liaison  algébrique  entre  deux 
numérateurs,  202. 

Sylvester  (Echiquier  anallagmatique  de), 
213. 

Synthèse  (Méthode  générale  de)  d'hydrocar- 
bures, d'acétones,  etc.,  375. 

Syphilis  héréditaire  (La)  et  les  déformations 
crâniennes,  665. 

Tableaux  d'histoire  naturelle,  657. 

Tancarville  (Excursion  de),  1160. 

Tannin  :  Dosage  dans  les  écorces  de  chêne, 
377. 

Tarry. —  Discussion  sur  les  variations  de 
la  pression  atmosphérique  à  différentes 
altitudes,  437. 

Description  d'un  tourbillon  atmos- 
phérique, 453. 

Tat i n  (Victor).  —  Etude  sur  le  vol  méca- 
nique, 307. 

Teisserenc  de  Bort  (L.).  —  La  quin- 
zaine météorologique.  Présentation,  418. 

Teissier  (Dr).—  Sur  l'albuminurie  d'origine 
nerveuse,  820. 

Téléphone,  261. 

Température  :  Variations  effectives,  438. 

Variations    avec    l'altitude,  439. 

périphérique  :    ses  variations,  883. 

Temple  de  Desaignes,  665. 

Tendances  économiques  de  l'Europe,  1086. 

Terrain  dévonien   de  la   province  de  Léon, 

536. 

permien  dans  l'Allier,  546. 

Terrains  kimmeridgiens  et  portlandiens  au 

Havre  et  dans  le  Boulonnais,  551. 
|   paléozoïques  de  la  Basse-Normandie,493 


1192 


TABLE    ANALYTIQUE 


Terreil. —  Discussion  sur  l'action  des  ba- 
ses anhydres  sur  les  acides  anhydres,  353. 
Terres  arables  (Acide  phosphorique  des),  938. 

volcaniques  (Fertilité  des),  977. 

Théorème  de  Brinçj,  180. 

Théorie  des  nombres,  78,  127,  159,  172.  208. 
Thermo-cautère,  852. 
Thermo-diffusion  gazeuse  de  la  fonte.  311 . 
Thermomètre  enregistreur,  316. 

nouveau  modèle,  417. 

Thermométrie  cérébrale,  935. 

(La)  en  ophthalmologie,  850. 

Thibet  :   Voyage    du    boudhiste     Nacking, 

1013. 
Thomson  :  Nouveau  bathomèire,  267. 
Thoraientèse  (Indications   de    la);  appareil 

pour  la  pratiquer  avec  précision,  1136. 
Thrips  Uni,  951. 

Thyroïde  (Kystes  de  la)  :  cure  radicale,  91 1* 
Tison  (D'  Ed.) —  Les  prétendus  phyllodes 

des  eucalyptus,  567. 

Mécanisme  delà  déhiscence  des  pyxi- 

des  dans  les  plantains,  594. 

Tissandier  (G.)  —  Préparation  en  grand 
de  l'hydrogène.  Nouveaux  appareils  de 
M.  Giffard,  353. 

Tocquart.  —  Action  des  injections  intra- 
veineuses de  choral  sur  la  circulation  et 
la  respiration,  802. 

Topinard  (Dr  Paul).  —  Discussion  sur  la 
carte  ethnographique  de  France,  736. 

Des  anomalies  de  nombre  de  la  co- 
lonne vertébrale  chez  l'homme,  763. 

Discussion    sur    lethnographie  de    la 

presqu'île  de  Batz  (Loire-Inférieure),  769. 

Discussion    sur  la    carte    des  indices 


céphaliques  de  France,  770. 
Tourbillon  atmosphérique  :  Description,  453. 
Tours  (Le  rétablissement  des),  1107. 
Traités  de  commerce  (Renouvellement  des), 

1084. 
Tramways  de  Paris,  242. 

du  Havre,  250. 

Transmission  de  signaux    électriques    aux 

trains  en  marche,  230. 
Traumatisme    (Le)    et   l'ataxie  locomotrice, 

805. 
Transversales  :  V.  Segments,  142. 
Trélat    (Em.)    —    La    rigidité    dans    les 

combles,  269. 
Triangles    homologiques  :   Voir     Segments 

142. 
Trigonométrie  (Théorème  de),  211. 
Tripier  (Dr).  —    Cas  de  névralgie  faciale 

avec  zone  épileptogène,  854. 
Tromelin  (G.  de).  —  Etude  des  terrains 


paléozoïques  de  la  Basse-Normandie,  par- 
ticulièrement dans  les  départements  de 
l'Orne  et  du  Calvados,  493. 

Etude  sommaire  de   la   faune  paléo- 

zoïque  du  Languedoc  et  des  Basses-Py- 
rénées, 529. 

— -  Sur  l'ethnographie  de  la  presqu'île 


de  Batz  (Loire-Inférieure),  769. 
Truchot.  —  Sur    les    eaux   gazeuses    du 
Puy-de-Dôme,  407. 

De  la  fertilité  des  terres  volcaniques, 

977. 

Tuberculose  pulmonaire  chez  les  hystériques, 

829. 
Tubes  de  Malpighi  des  insectes,  663. 
Tunisie  :  Géologie  du  littoral  oriental,  501. 
Tunnel  de  la  Manche,  268. 

du  Pas-de-Calais,  530. 

Uniformité  des  observations  médicales,  787. 
Urine  (Fermentation    ammoniacale    de   1'), 

361. 

Utérus  (Cancer  de  1)  ;  traitement  palliatif, 
886. 

Vaisseaux  rétiniens  (Altérations  des),  850. 

Vancouver  (Déformations  crâniennes  à),  698. 

Vapeurs  (Densités  de),  355,  356. 

Varambaux  (E.)  —  Géologie  du  canton 
d'Eu,  526. 

Varig'iiy  (H.  de).  —  Les  îles  Hawaii  :  es- 
quisse générale,  1064. 

Vauthier.  —  Statistique  démographique. 
Système  graphique  des  courbes  de  ni- 
veau, 758. 

La  réorganisation  du  réseau  des  che- 
mins de  fer,  1126. 

Végétation  européenne  (La)  et  les  anciens 
climats,  1139. 

de  la  muqueuse  utérine,  788. 

Végétaux  fossiles  du  Havre,  555. 

Verneuil  (Dr).  —  Discussion  sur  les  luxa- 
tions paralytiques  du  fémur,  798. 

Discussion    sur     l'ataxie    locomotrice 

dans  ses  rapports  avec  le  traumatisme, 
806. 

Des  blessures  chez  les  alcoolo-diabé- 

liques,  851. 

Discussion  sur  le  traitement  de  l'ana- 

sarque  général  par  un  drainage  capillaire, 
860. 

Discussion  sur  la    blépharoraphie    et 

la  blépharoplastie  dans  les  cas  d'ectropion 
invétéré,  869. 

Vétillard.  —  Note  sur  un  nouveau  sys- 
tème de  fonçage  des  pieux  par  injection 
d'eau,  286. 

Vial.  —  La  navigation  transocéanienne,  54. 


TABLE    ANALYTIQUE 


1193 


Vignes  phylloxérées,  947,  996. 

Vinot.  —  Proposition  de  création  d'une 
collection  circulante  d'instruments  de 
physique  à  l'usage  des  membres  de  l'As- 
sociation française,  325. 

• Projet  d'organisation  du  service  agri- 
cole des  prévisions  du  temps,  414. 

Les  instruments  d'agriculture;  projet 

de  prêt  aux  agriculteurs,  974. 

Visites  scientifiques  et  industrielles  au  Havre, 
1156;  à  LillebonneetBolbec,  11G0;  a  Rouen, 
1161. 

Vocabulaire  polyglotte  :  Sa  nécessité,  1082. 

Vog-t  (G.)  —  Sur  un  isomère  de  l'orcine, 
373. 

Voies  de  commerce  à  travers  l'Asie  centrale, 
1076. 

Voirie  urbaine  du  Havre,  295. 

Vol  mécanique,  307. 


Voyages  espagnols  du  xvr  siècle,  1063, 

■  d'études    (La  Société  des)  autour  du 

monde,  73, 
-  (Utilité  des)  comme   moyen   d'éduca- 


tion, 1081, 
Yry  (Dr  J  -L.  de).   —    Principe  amer  du 
citrus  decumanay  384. 

Extraction  de  la  quinidine,  393. 

Wurtz.  —  Discussion  sur  la  synthèse  de 

la  piridine,  351 . 

Discussion  sur  l'action  des  bases  anhy- 
dres sur  les  acides  anhydres,  352. 

Sur  les   densités    de    vapeurs   ano- 
males, 356. 

Xainbcu.    —    Discussion    sur    les    expé- 
riences sur  les  vignes  phylloxérées,  947. 
-  Traitement  des  vignes  phylloxérées, 
996. 


TABLE   DES   MATIÈRES 


Décret  de  reconnaissance  d'utilité  publique i 

•Statuts • In 

Règlement v" 

LISTE  DES  MEMBRES 

Membres  fondateurs xv 

Id.      à  vie •  •  xxl 

Liste  générale  des  membres xxv 

Liste  des  savants  étrangers  venus  au  Congrès lxxi 

Liste  des  sociétés  savantes  représentées  au  Congrès *   .   .   .  lxxii 

ASSEMBLÉES  GÉNÉRALES 

Assemblée  générale  du  24  août  1877 1 

Id.              Id.             30    id.    1877 2 

Bureau  et  Conseil  d'administration * 

Programme  de  la  Session 6 

Comité  local  du  Havre ' 

SÉANCES  GÉNÉRALES 

Séance  d'ouverture  du  21  août  lSffff.  —  Présidence  de  M.  Broca.  .   .  9 

Broca.  —  Les  races  fossiles  de  l'Europe  occidentale 10 

Masurier.  —  Discours 25 

P. -P.  Dehérain.  —  L'Association  française  en  1876 27 

G.  Masson.   —  Les  finances  de  l'Association 38 

Séance  générale  du  24=  août  lSffff.  —  Présidence  de  M.  Broca. 

Lennier.  —  La  géologie  normande.  —  L'embouchure  de  la  Seine 38 

Quinette  de  Rochemont  .  —  Le  port  du  Havre 43 

Vial.  —  La  navigation  transocéanienne 54 

Séance  générale  du  29  août  18??.  —  Présidence  de  M.  Broca. 

Cotteau.  —  L'Exposition  géologique  et  paléontologique  au  Havre 66 

G.  Biard.  —  La  Société  des  voyages  d'études  autour  du  monde. 73 


J196  TABLE    DES    MATIÈRES 

SÉANCES  DE  SECTIONS 

PREMIER  GROUPE.   —  SCIENCES   MATHÉMATIQUES 

1"  et  2e  sections.   —  Mathématiques,   astronomie,  géodésie 
et  mécanique. 

Bureau "'^ 

Piarron  de  Mondesir.  —  Sur  les  nombres  premiers 80 

Ed.  Collignon.  —  Recherches  sur  le  mouvement  épicycloïdal 92 

A.  Mannheim.  —  Sur  les  plans   tangents   singuliers  de  la  surface  de  l'onde  et 
sur  les  sections  faites  dans  cette  surface  par  des  plans   parallèles  à  ces  plans 

tangents 125 

E.  Catalan.  —  Sur  la  somme  des  diviseurs  d'un  nombre  n 127 

Grolous.  —  Etude  sur  la  variation  de  force  vive  des  planètes .  129 

Leveau.  —  Note  sur  la  comète  périodique  de  d'Arrest 129 

Halphen.  —  Sur  les  points  singuliers  des  courbes  gauches  algébriques  ....  132 
Folie.  —  Théorème  concernant  les  segments    d'une  transversale  tracée  dans  le 

plan  de  deux  triangles  homologiques . 142 

L.-A.  Laisaint.  —  Sur  quelques  propriétés  des  polygones 142 

Piarron  de  Mondesir.  —  Sur  une  nouvelle  formule  algébrique 154 

Em.  Lemoine.  —  Sur  quelques  questions  de  probabilités 158 

Gohierre  de  Longchamps.  —  Sur  la  surface  de  Steiner 159 

Ed.  Lucas.  —  Considérations  nouvelles   sur   la  théorie  des   nombres  premiers 

et  sur  la  division  géométrique  de  la  circonférence  en  parties  égales 167 

A.  Mannheim.  —  Sur  la  surface  de  l'onde 167 

Piarron  de  Mondesir.  —  Sur  la   résolution  de  l'équation   trinôme   de  degré 

impair  Xm  ±  X  =  R,  au  moyen  d'un  nouveau  signe  algébrique 108 

Sylvester.  —  Application  de   la  nouvelle   méthode  pour   trouver  les   dérivées 

invariantives  irréductibles 172 

J.-W.-L.  Glaisher.  —  Théorème   d'arithmétique  sur  la   somme  des    inverses 

des  puissances  semblables  des  nombres  premiers 172 

A.  Mannheim.  —  Sur  les  normales  de  la  surface  de  l'onde 175 

Picquet.  —  Sur  le  système  de  n  équations  du  premier  degré  à  n  inconnues.  .  177 

Baehr.  —  Sur  la  cinématique  des  fluides 177 

J.-W.-L.  Glaisher.  —  Sur  un  déterminant 177 

L.  Botkine.  —  Changements  hypothétiques  survenus  à  la  surface  de  la  lune  .  179 

Ed.  Lucas.  —  Sur  le  calcul  rapide  des  fractions  continues 179 

Fouret.  —  Sur  une  loi  géométrique  donnée  par  M.  Chasles Î180 

Sylvester.  —  Sur  le  théorème  de  Bring 180 

L.  Lottin.  —  Sur  une  nouvelle  méthode  de  levé  à  la  planchette 180 

P.  Guieysse.  —  Note  sur  les  sondages  à  grande  profondeur 181 

Jablonski.  —  Sur  une  classe  d'équations  différentielles 188 

Gohierre  de  Longchamps.  —  Note  sur  l'intégration   d'une   équation  aux  diffé- 
rences unies 194 

Jablonski.  —  Mémoire  sur  l'existence  de  l'intégrale. 198 

J.-A.  Normand.  —  Sur  les  occultations  d'étoiles  par  Mars,  observables  pendant 

l'opposition  de  1877 199 

Sylvester.  —  Fractions  génératrices  pour  les  deux   cas  d'un   nombre  indéfini 
de  formes  linéaires  et  de   formes  quadratiques  binaires  et  liaison  algébrique 

entre  les  deux  numérateurs 202 

Marcel  Deprez.  —  Appareil  à  tiges  pour  la  composition  des  mouvements.   .   .  202 
G-.J.-W.  Baehr.  —  Sur  un  moyen    mécanique  de  déterminer  les   rayons  de 
courbure  des  différentes  sections  normales  en  un  point  quelconque  d'une  sur- 
face-, par  l'observation  du    temps  d'oscillation  d'une    règle  placée  sur  la  sur- 
face   203 


TAULE    DES    MATIÈRES  1197 

Fleiry.  —  Présentation  d'un  appareil  de  sauvetage 204 

G.  Pouret.  —  Théorèmes  sur  les  normales  aux  surfaces  algébriques 205 

i  ITALAN.    —    Evaluation    des    nombres    premiers    compris    entre    des    limites 

données 208 

I.  Crolous.  —  Note  sur  la  convergence  des  séries ■ 209 

•l-.W.-L.  Glaiser.  —  Théorème  de  trigonométrie 211 

Ki».  Lucas.  —  Sur  l'échiquier  anallagma.tique  de  M.  Sylvester 213 

Catalan.  —  Sur  quelques  développement  de  I  intégrale  elliptique  de  première 

espèce 214 

A.  Duyergier.  —  Perfectionnement  à  l'indicateur  Richard 21!) 

E.  Lucas.  —  Système  des  coordonnées  tricirculaires  et  tétrasphériques  ....  222 
Baehr.  —  Figuration  des  inverses   des  nombres  entiers  et  des  inverses  des  pro- 
duits de  deux  nombres  entiers  consécutifs 222 

3"  et  4e  sections.  —  Génie  civil  et  militaire. 

Bureau 223 

Henry  Lepaute  fils.  —  Dispositions  nouvelles  d'appareils  de  phares  lenticu- 
laires et  de  phares  flottants  catadioptriques 223 

J.  et  Th.  Ducousso  frères.  —  Système  de  transmission  de  signaux  électriques 

aux  trains  en  marche 230 

Morandiére.   —  Discussion  sur  la  communication  précédente 231 

Audenet.  —  Bénéfices  obtenus  par  l'emploi  des  nouvelles  machines  marines.  .  233 
Daymard.  —  Etude  sur    les  dimension--    des  paquebots   transatlantiques  et    sur 

quelques  progrès  nouveaux  à  réaliser  dans  les  appareils  moteurs 236 

G.  Flourens.  —  Procédé  de    clairçage  pour    la  fabrication  du  sucre  raffiné  en 

morceaux  réguliers l\l 

P.  Celliez.  —  De  l'exploitation  des  tramways  à  Paris 242 

Renaud.  —  Note  sur  les  tramways  du  Havre 250 

A.  Laussedat.  —  Les  progrès  récents  de  l'aéronautique l'rl 

Renard.  —  Descriptions  d'appareils  nouveaux  relatifs  à  l'aéronautique 258 

Ch.  Bergeron.  —  Questions  dignes   d  intéresser  l'Association    française  et   qui 

ont  été  traitées  au  Congrès  de  l'Association  britannique  de  Plymouth  ....  260 
Buisson.  —  Tube-tunnel  pour  la  traversée  de  la  Manche.  Aération  des  mines  et 

des  paquebots 268 

Ëm.  Trélat.  —  La  rigidité  dans  les  combles 269 

De  Dion.  —  De  la  déformation  et  du  calcul  des  pièces  courbes 273 

James  N.  Shoolbred.  — Note  sur  la  marche  des  marées  dans  la  mer  d'Irlande 

et  dans  la  .Manche 283 

Stœcklin  et  Vétillard.  —  Note  sur  un  nouveau  système  de  fonçage  des  pieux 

par  injection  d'eau 286 

Stœcklin.  —  Quelques  considérations  sur  les  courants  alternatifs  dans  le  détroit 

du  Pas-de-Calais ." 289 

M.  Deprez.  —  De  l'emploi  des  freins  électriques 294 

Alph,  Ladvocat.  —  Renseignements  sur  la  voirie  urbaine  du  Havre 295 

E.  J.  Marey.  —  Loch  à  cadran.  —  Odographe 302 

V.  Tatin.  —  Etude  sur  le  vol  mécanique 307 

Titres  des  travaux  n'ayant  pu  être  communiqués  en  séance 309 

DEUXIÈME    GROUPE.    —   SCIENCES   PHYSIQUES   ET    CHIMIQUES 

5e  section. —  Physique. 

Bureau 311 

Merget.  —  Note  sur  la  thermo-diffusion  gazeuse  de  la  fonte 311 

A.  Guérout.—  Recherches  sur  l'électrolyse  de  l'acide  sulfureux 313 

Mercadier.—  Nouvelle  méthode  de  comparaison  des  mouvements  vibratoires.  .  314 


'H 98  TABLE   DES  MATIÈRES 

Jablochkoff. —  Note  sur  les  éclairages  électriques 315 

J.-J.  Rodrigues.  —  Description   du   service  photographique  du   gouvernement 

portugais 315 

A.  Cornu.—  Recherches  sur  la  partie  ultra-violette  du  spectre  solaire 315 

Rédier. —  Thermomètre  enregistreur 316 

C.-H.-C.  Grinwis.  —  Sur  l'absorption   de  la    lumière,   d'après    la    théorie   de 

M.  Maxwell 317 

—  Sur  les  ondes  sonores  cylindriques 317 

—  Sur  l'énergie  des  cordes  vibrantes 317 

Huggins.—  Note  sur  le  spectre  photographique  des  étoiles 324 

Vinot. —  Proposition    de    création   d'une  collection  circulante  d'instruments  de 

physique,  à  l'usage  des  membres  de  l'Association  Française 325 

Dr  Ch.  Brame. —  Sur  la  corrélation  des  forces  physiques 325 

—                Sur  les  densités  du  soufre 326 

J.  Perrier. —  Détermination    des   longitudes,    latitudes    et   azimuts  terrestres, 

en  France  et  en  Algérie  - 327 

J.  Janssen.  —    Sur   la    photographie   solaire    et  les  faits  qu'elle  nous  révèle 

touchant  la  constitution  de  la  photosphère 347 

Huggins. —  Recherches  de  M.  Draper  sur  le  spectre  solaire 332 

A.  Angot.  —  Recherches  sur  la  formation  des  images  photographiques  ....  333 
Mercadier.  —   Etude    sur    la  propagation    de   l'électricité  ;  mesures  de  petites 

différences  de  temps 340 

C.-M.  Gariel. —  Appareil  pour  doser  la  lumière 340 

Delahaye.  —  Note  sur  l'application   de  l'éclairage  électrique  aux  salles  basses 

de  filature  et  de  tissage 341 

Geneix-Martin  (l'abbé). —  Sur  un  nouveau  modèle  de  machine  électrique.   .    .  342 

Marié  Davy. —  Nouveaux  instruments  enregistreurs .   .   .  344 

M.  Deprez. —  Indicateur  optique  de  vitesse 345 

6e  section. —  Chimie. 

Bureau 346 

A.  Béchamp.—  Sur  l'inuline   et  sur  la  lévuline 346 

Dr  Ch.  Brame.—  Sur  le  soufre  insoluble 347 

Dr  W.  Ramsay.—  Synthèse  de  la  piridine.  La  picoline  et  ses  dérivés 348 

Wurtz. —  Discussion  sur  la  communication  précédente 351 

J.  Béchamp. —  Action  des  bases  anhydres  sur  les  acides  anhydres '.   .  351 

Wurtz.  —  Discussion  sur   la  communication   précédente 352 

A.  Béchamp.        —                                         —                       353 

Gunning.             —                                         —                       353 

Terreil.              —                                         —                       353 

Cazeneuve.         —                                       —                       353 

G.  Tissandier.  —  Préparation  en  grand  de  l'hydrogène.  Nouveaux  appareils  de 

M.  Giffard 353 

Cannizaro.  —  Recherches  sur  l'acide  santonique 354 

—            Sur  les  densités  de  vapeur  anomales 355 

Ad.  Wurtz.—  Sur  les  densités  de  vapeur  anomales 356 

Guïsning.  —  Causes  de  la  production  des  mélasses  de  betterave 358 

Frémy. —  Discussion  sur  la  communication  précédente 361 

D"  P.  Cazeneuve  et  Ch.  Livon.  —  Nouvelles    recherches   sur  la  fermentation 

ammoniacale  de  l'urine  et  la  génération  spontanée 361 

Dr  Ch.  Brame.—  Sur  le  soufre  utriculaire 364 

Barbier.  —  Méthode  rapide  de  dosage  des  fers  chromés 364 

G.  Lemoine.—  Equilibres  chimiques  entre  l'hydrogène  et  l'iode  gazeux.   .   .   .  365 
Ch.  Bougarel.  —  Sur  deux  produits  nouveaux  contenus  dans    les  feuilles  d'un 

certain  nombre  de  végétaux 365 

A.  Ladureau.—  Note  sur  la  composition  de  la  laine .  .  369 


taule   DES  MATIÈRES  1199 

A.  Béchamp. —  Recherches  sur  la  gomme  arabique 371 

—  Sur  les  fermentations 37:2 

Mulder. —  Action  réciproque  de  l'anhydride  hypochloreux  et  de  léthylène  .   .  372 

A.  Bjbnningeh  et  G.  Vogt. —  Sur  un  isomère  de  l'orcine 373 

K.-D.  Silva.—  Sur  quelques  composés  benziliques  et  anisiques 374 

Ch.  Friedel  et  J.-M.  Crakts.  —  Nouvelle  méthode  générale  de  synthèse  d'hy- 
drocarbures, d'acétones,    etc 375 

Em.  Perret. —  Dosage  du  tannin  des  écorces  de  chêne  au  point  de  vue  indus- 
triel   377 

—  Action    désinfectante    antit'ernientescible  du   chlorure   de    zinc 

basique  en  solution  concentrée 378 

Geneix-Martin  (l'abbé).—   Produit  d'action   du   perchlorure  de  phosphore  sur 

l'étain 381 

Gunning.  —  Présentation  de  produits  divers   se   rattachant  à  l'étude  sur  la  for- 
mation de   la  mélasse 381 

M  wwi'.LL-LvrE. —  Procédé  de  chloruration  humide 381 

Ch.  Friedel  et  J.-M.  Crafts. —  Synthèse  de  la  benzo-phénone 383 

Ch.  Friedel  et  E.  Sarrasin.—  Production  de  quelques  arséniates 383 

Dr  J.-L.  de  Vry. —  Principe  amer  du  citrus  decumana 384 

A.  Béchamp. —  Dérivés  trinitrés  de  linuline 384 

De  Clermont  et  Guiot.  —  Sur  les  composés  du  manganèse.  Sur  la  dissociation 

des  sels  ammoniacaux 385 

De  Clermont.—  Nouvelle  méthode  de  préparation  des  sulfo-urées  composées  .  387 

Sérullas. —  Sur  un  glucoside  nouveau  contenu  dans  l'avoine 388 

Lorin.  —  L'acide  oxalique  déshydraté  peut  servir  a  caractériser  les  alcools  po- 

lyatomiques.  Fonction  chimique  de  l'inosite 390 

A.  Gautier. —  Sur  les  catéchines ' 391 

Petit. —  Préparation  de  la  pilocarpine 392 

De  Vry. —  Extraction  de  la  quinidine 393 

Eug.  Marchand. —  Analyse  du  lait " 394 

Léon  Bidard.—  Note  sur  les  eaux  sulfureuses  et  ferrugineuses 402 

Truchot  et  Finot.—  Sur  les  eaux  gazeuses  du  Puy-de-Dôme 407 

J.-W.   Gunning.—  Sur  la  fermentation 408 

Béchamp.—  Discussion  sur  la  communication  précédente 409 

A.  Béchamp. —  Sur  des  glucoses  isomères 410 

7e  section,—  Météorologie  et  physique  du  globe. 

Bureau 412 

D.  Ragona.—  Variations  annuelles  de  la  pression  atmosphérique 412 

—  Variations  diurnes  de  l'humidité  de  l'atmosphère.  .......  413 

Alluard.  —  L'observatoire  du  Puy-de-Dôme 414 

J.  Vinot.—  Projet  d'organisation  du  service  agricole  des  prévisions  du  temps.  414 

Alluard. —  Discussion  sur  la  communication  précédente 414 

Ragona.               —                                       —                         415 

Alluard. —  Nouvel  hygromètre  à  condensation 415 

Rédier. —  Nouveau  thermomètre  enregistreur •.   .   .   .  417 

Angot.  —  Le  service  météorologique  en  Algérie  . 417 

L.  Teisserenc  de  Bort. —  La  quinzaine  météorologique.  Présentation 418 

Eug.  Marchand.  —  Sur  l'absorption  atmosphérique  des   forces   contenues  dans 

la  lumière  et  sur  le  calcul  de  cette  absorption 418 

Alluard.  —  Des  variations  de  la  pression  atmosphérique  à  différentes  altitudes, 
constatées   à  l'observatoire  du    Puy-de-Dôme,    pendant    les    bourrasques    de 

l'hiver  1877 435 

Tarry.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 437 

Marié-Davy.                 —                               —                  *37 

Général  de  Nansouty.    —  L'observatoire  du  Pic  du  Midi •  •  •  •  437 


1200  TABLE    DES   MATIÈRES 

D.  Ragona.  —  Variations  effectives  de  la  température 438 

J.  Glaisher.  —   Variations  de  la  température  avec  l'altitude   dans  le  voisinage 

du  sol 439 

W.  Marriott.  —  Sur  le  psychromètre 445 

Angot.    —  Discussion  sur  la  communication  précédente 455 

Marié-Davy.  —  —  453 

De  Fonvielle.    —   Les  ballons  captifs  et  la  météorologie 453 

Hureau  de  Villeneuve.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente.    .    .   .  453  . 

Angot.  —,  —  ....  453 

Marié-Davy.  —  —  ....  453 

Tarry.  —  Description  d'un  tourbillon  atmosphérique 453 

Titres  des  travaux  n'ayant  pu  être  communiqués  en  séance 454 

Vœux  émis  par  la  section  de  météorologie 454 

TROISIÈME   GROUPE.    —   SCIENCES   NATURELLES. 

8e  section.  —  Géologie  et  minéralogie. 

Bureau 457 

E.-E.  Deslongchamps.  —  Le  Jura  normand 457 

Lennier.  —  Etudes   géologiques    et   paléontologiques   sur   l'embouchure    de  la 

Seine ' 458 

—  Carte  géologique  de  Normandie.  —  Géologie  normande 458 

Roli.and-Banès.    —   Des  moyens  de  développer  et  d'accroître  la  richesse  miné- 
rale de  la  France 459 

H.  Meurdra.  Etude  sur  le   régime  des  sources  du   Havre 467 

Cotteau.  —  Considérations  générales  sur  les  cidaris  du    terrain  jurassique   de 

Normandie , 479 

Morière.  —  Le  lias  dans  le   département  de    l'Orne.   —  Son  étendue.   —  Ses 

fossiles , 482 

Ch.  Quin.    —   Résumé   d'observations    nouvelles    de    géologie   et    d'ethnologie 

locales 493 

G.  de  Tromelin.  —  Etude  des   terrains    paléozoiques  de   la   Basse-Normandie, 

particulièrement  dans  les  départements  de  l'Orne  et  du  Calvados 493 

A.  Pomel.  —   Géologie  de  la  province  de   Gabès   et  du   littoral   oriental   de  la 

Tunisie 501 

Des  Cloizeaux.  —  Sur  l'existence  et    sur  les    caractères   optiques   cristallogra- 
phiques   et  chimiques    du  microcine,  nouvelle  espèce  de  feldspath  triclinique 

à  base  de  potasse 508 

Brylinski  et  Lionnet.    —   Les   phosphates   de  chaux  natifs,    leurs  gisements, 

leur  origine 516 

Grand'Eury.  —  Mémoire  sur  la  formation  de  la  houille 517 

Varambaux  (E.).  —  Géologie  du  canton  d'Eu 526 

Gaston  de  Tromelin  et  Ch.  de  Grasset.  —  Etude  sommaire  de  la  faune  paléo- 

zoïque  du  Languedoc  et  des  Basses-Pyrénées 529 

L.  Rolland-Banès.   —    Sur  la  recherche  de  la  houille  dans  le  département  de 

la  Seine-Inférieure 529 

Potier.  —  Le  tunnel  du   Pas-de-Calais  au  point  de  vue  géologique 530 

Dr  Ch.  Barrois.  —    Note    sur   le    terrain    dévonien    de    la    province    de    Léon 

(Espagne) 536 

Ed.  Jannetaz.  —  Relations  entre  les  axes  d'élasticité,  ceux  de  propagation  pour 

la  chaleur,  et  les  directions  principales  de  cohésion 540 

Julien  et  de  Saporta.    —  Sur  l'existence  du  terrain  permien  dans  le  départe- 

tement  de  l'Allier 546 

Letellier.  —  Notice  sur  le  musée  d'histoire  naturelle  de  la  ville  d'Alençon  .   .      547 
Pellat.  —  Comparaison  des    niveaux  kimméridgiens  et  portlandiens  au  Havre 
et  dans  le  Bourbonnais ........      551 


TABI.K    DES    MATIÈRES  1201 

9e  section.  —  Botanique. 

ySi 

Bbran.  _  Catalogue  détaillé   des  plantes  phanérogames   rares  ou  curieuses  des 

environ-;    du    Havre 553 

L'abbé  Roocht.  —  Le  joi-danisine  et  l'anti-jordanisme 553 

Di  rAILLT.  —  Morphologie  de  la  fleur  mâle  du  coudrier 554 

Visite  au  jardin  botanique  et  à  l'école  d'arboriculture 554 

Ch.  Quin.  —  Sur  les  végétaux  fossiles  de  l'arrondissement  du  Havre 555 

K.  Grenier.  —  Les  diatomées  du  Havre  et  de  ses  environs 555 

H.  Bâillon.    —  Organogénie  florale  des  garrya 561 

Dalton.  —Sur  des  préparations  d'anatomie  végétale 566 

Edouard  Tison.  —  Les  prétendus  phyllodes  des  eucalyptus 567 

J.-L.  de  Lanessan.    —    Recherches  sur  le  développement  des   faisceaux  dans 

le  sommet  des  axes  et  dans  les  appendices 568 

Dutailly.  —  Sur  la  nature  réelle  des  stipules  des  rumex  et  des  potamogetons.  581 

Bourlet  de  Lavallée.  —  Sur  la  classification  à  adopter  dans  un  jardin  botanique.  582 

Lefébure.  —  Sur  la  création  des  espèces 582 

H.  Bâillon.  —  Recherches  sur  le  développement  de  la  fleur  des  elodea.    ...  582 
Dutully    —  Nouvelles   recherches  sur  les  inflorescences  unilatérales  des  légu- 

^S8 

mineuses  ° 

Corenwtnder.  Etude    sur   les  fonctions  des   feuilles 589 

Bougarel.    —   L'acide  phyllique 5yo 

Bealregard.  —  Structure  de  la  graine  des  daphne 590 

L'abbé  Rouchy.  —    Sur  quelques  espèces,  dites  jordaniques 591 

Bourlet  de  Lavallée.  —  Procédé  nouveau  pour  dessécher  les  plantes 593 

Ebran.  —  Procédé  de  préparation  des  algues 593 

Kd.  Tison.  —  Mécanisme  de  la  déhiscence  des  pyxides  dans  les  plantains  ...  594 

G.  Dutailly.  —  Recherches  organogéniques  sur  les  formations  axillaires    chez 

les    cucurbitacées ■    • 

H.  Bâillon.  —  Préface  du  dictionnaire  de  botanique 609 


10e  section.  —  Zoologie  et  zootechnie. 

Rdreau 610 

Dr  Louis  Rureau.  —  Sur  la  mue  du  bec  et  des  ornements  palpébraux  du  maca- 
reux arctique,  fratercula  arclica  (Lin.)  steph.,  après  la   saison  des  amours.  .  610 
H.-E.  Sauvage.   —   Considérations  sur  la  faune  ichthyologique  des  eaux  douces 

de  l'Asie  et  en  particulier  de  l'Indo-  Chine 615 

G.  Pouchet.  —  Sur  les  conséquences  de  l'ablation  d'un  œil  chez  les  poissons.  .  620 

Giard.  —  Discussion  sur  la    communication  précédente 621 

.T.  Barrois.  —  Embryogénie  des  bryozoaires 622 

Sabatier.  —  Sur  l'appareil  respiratoire  des  ampullaires 623 

Hermann  Fol.    —  Premiers  phénomènes  du  développement  des  échinodermes.  623 

A.  Giard.  —  Sur  la  signification  morphologique  des  globules  polaires 624 

H.  Fol.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 626 

De  Quatrefages.   —   Mémoire  sur  un  pigeon  monstrueux  du  genre  déradelphe 

(Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire)  ;  déradelphe  synanencéphale  (Nobis) 627 

Sabatier.  —  Etudes  sur  le  foie  chez  les  ampullaires 640 

Giard.  —  Discussion   sur  la  communication   précédente 641 

Pouchet.  —  —  641 

E.  de  Fromentel.  —  Recherches  sur  la  revivification  des  rotifères,  des  anguil- 

lules  et  des  tardigrades 641 

Noury.  —  Présentation  de  tableaux  d'histoire  naturelle,  oiseaux  d'Europe  ...  657 

J.  Barrois.  —  Embryogénie  des  annélides  et  des  lamellibranches 657 

Giard.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 659 

Dr  Bealregard.  —  Réseaux  vasculaires  de  l'œil  des  vertébrés 659 

76 


1202  TABLE    DES   MATIÈRES 

A.  Giard.  —Importance  de  l'étude  des  chenilles  pour  la  classification  des  lépi- 
doptères    .' 660 

i.  Barrois.  —  Sur  l'anatomie  et  le  développement  du  pedalia  mira 661 

Giard.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 663 

Sabatier.  —  Sur  les  tubes  de  Malpighi  des  insectes 663 

11e    section.  —  Anthropologie. 

Bureau -  •   •  665 

Froment.  —  Sur  le  temple  de  Desaignes  (Ardèche) .  665 

J.  Parrot.  —  Les  déformations  crâniennes  causées  par  la  syphilis  héréditaire  .  665 

Hamy.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente  .   .   , 672 

Lunier.           —                                  —                            672 

Lagneau.          —                                    —                                 672 

Broca.             —                                    —                             672 

Gibert.            —                                    —                             672 

Dally.             -                                    - 673 

De  Quatrefages.  —                             —                             673 

Bertillon.      —                                    —                             673 

De  Mortillet.  —   Description   du  plan   officiel    du  palais   du  Trocadéro  pour 

l'Exposition  internationale  de  1878.   (Sciences  anthropologiques.) 674 

Prunières.  —   La  crémation  dans  les  dolmens  de  la  Lozère.  Nouvelles  rondelles 

crâniennes.    Dolmens  de  la  Marconière  et  tombelles  de  Boujassac 675 

Broca.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 682 

Hamy.                 -                                -                             683 

Parrot.               —                                  —                               683 

Lunier.                —                                  —                               683 

De  Mortillet.    —                                —                              683 

Vte  de  Pulligny.  —  L'art  préhistorique  en  Haute-Normandie 684 

François  Daleau.  —  Observations   sur   les  légendes  des   monuments  préhisto- 
riques      691 

De  Mortillet.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 694 

Bertillon.                     —                                —                           694 

Hamy.                             —                                —                           694 

Dr  J.  Hampel.    —  Compte-rendu  du    congrès   d  anthropologie    et    d'archéologie 

préhistoriques  de  Buda-Pest 695 

Dr  Hamy.  —  L'âge  de  la  pierre  chez  les  nègres 697 

Hovelacque.  —  Discussion   sur    la  communication  précédente 697 

Ollier  de  Marichard.    —                                —                                 697 

De  Mortillet,                 —                                —                                 .......  697 

Prunières.                        —                                —                                 698 

Dr  Hamy.   —  Sur  les  déformations  crâniennes  observées  à  l'île  de  Vancouver  .  698 

Lagneau.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente '.  699 

Broca.                  —                                  —                          699 

Dr  Gibert.  —  Présentation  d'enfants   à  crâne  déformé 700 

Broca.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 700 

Parrot.             —                                  —                            701 

De  Quatrefages.  —  L'exposition  des  sciences  authropologiques 702 

J.  Magens  Mello.  —  Les  cavernes    quaternaires  de  Creswell  (Angleterre)  .    .   .  702 

De  Mortillet.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 705 

P.  Broca.  —  Sur  le  cerveau  du  gorille 706 

G.  de    Mortillet.  —  Le  chronomètre  du  bassin  de  Penhouët  réduit  à  sa  plus 

simple  valeur 710 

Daleau.  —    Discussion    sur    la    communication  précédente 711 

Broca.                —                                       —                          711 

Ollier  de  Marichard.  —                                —                           711 

Sirodot.  —  Le  chronomètre  du  bassin  de  Penhouët 711 


TABLE   DES  MATIÈRES  1  ^i <  >  ! 

tu.  CiiAD.  —  Notice  sur  l'homme  préhistorique  en  Alsace 713 

Gartailhac.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 72i 

Dr  IIamy.  —  Ethnogénie  archéologique  et  crânienne  de  la  Seine-Inférieure.   .   .  725 

De  Mortillet.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 727 

Beoca.                          —                                                      727 

Lagneau.                      —                      —                             727 

G.  Lagneau.  —  Carte  ethnographique  de  France 728 

Hovelacqoe.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 734 

Hamy.                         —                                                                  735 

Broc.v.                       —                                                               735 

Rafaillac.                  —                              —                                 73G 

Topinard.                   —                              —                                 736 

Rabot.  _  Exposé   d'une  monographie  des    monuments   mégalithiques    et   des 

objets  travaillés  préhistoriques  dans  le  département  de  Seine-et-Oise  ....  739 

De  Mortillet.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 740 

Dr  F.  Pommerol.  —  Fouilles  opérées  dans  la  cité  en  pierres  sèches   de  Saint- 
Nectaire    740 

Cartailhac.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 745 

Pomel.                       —                             —                               746 

De  Mortillet.            —                              —                                 746 

Dr  Bertillon.  —  Démographie  de  la  Seine-Inférieure 746 

Letellier.  —  Sur  la  photographie  appliquée  à  la  géologie  et  à  l'anthropologie.  750 

Ollier  de  Marichard.  —  L'homme  à  l'époque  du  grand  ours  des  cavernes  .   .  750 

D'  F.  Pommerol.  —  Sur  des  instruments  de  pierre  d'origine  américaine.   ...  751 
\  ai  thier.  —  Statistique  démographique.  Système    graphique   des   courbes    de 

niveau 758 

De  Mortillet.  —   Discussion   sur  la  communication  précédente 759 

Lagneau.                        —                             —                                  759 

A.  Pomel.  —  Le  seuil  de  Gabès  aux  temps  préhistoriques 760 

De  Mortillet.   —  Discussion  sur  la  communication  précédente 762 

Lagneau.                         —                            —                                  762 

Bochefontaine  et  Couty.  —  Rapport  qui  existe  entré  le  poids  du  cerveau  et  le 

poids  total  du  corps  chez  le  chien 762 

D1'  Paul  Topinard.  —   Des  anomalies  de  nombre  de  la  colonne  vertébrale  chez 

l'homme 763 

De  Tromelin.  —  Sur  l'ethnographie  de  la  presqu'île  de  Batz  (Loire-Inférieure).  769 

Topinard.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 769 

Lagneau.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 769 

Hovelacque.  —  Carte  des  indices  céphaliques  de  France 770 

Topinard.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 770 

Lagneau.                —                              —                                  770 

Rigaud.  —  Sur  une  amulette  crânienne 771 

De  Mortillet.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 771 

Chantre.  —  Les  nécropoles  du  premier  âge  de  fer  des  Alpes  françaises.    .   .    .  771 

Présentation  de  livres  et  brochures 782 

12e  section.  —  Sciences  médicales. 

Bureau 783 

Dr  H.-N.  Dransart.  —  Du  nystagmus  chez  les  mineurs 783 

Dr  Gairal.  —  Aérophore  pulmonaire 786 

Franck.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 786 

Fieuzal.              —                            —                                787 

Dr  E.  Séguin.  —  Uniformité  internationale  d'observations  en  médecine 787 

Dr  T.  Gallard.  —  Des  végétations  de  la    muqueuse   utérine   et   de  leur  trai- 
tement   788 

Gairal.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 793 


\ 


1204  TABLE    DES   MATIÈRES 

HouzÉ  de  l'Aulnoit.  —  Discussion  sur  la  communication   précédente 793 

Courty.                                    —                                   —                         796 

P.  Reclus.  —  Luxations  paralytiques  du  fémur 797 

Dally.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 798 

Yerneuil.          —                               —                               798 

Dr  Masurel.  —  De  l'emploi  de  l'émétique  dans  le  traitement  des  névralgies.  .  798 
Dr  Lecadre  (neveu).  —  Contribution   à   l'étude  de  l'électro-puncture   dans    le 

traitement  des  anévrysmes 800 

F.  Franck  et  Tocquart.  —  Action  des  injections  intra-veineuses  de  chloral  sur 

la  circulation  et  la  respiration.   .   . 802 

Dr  F.  Franck.  —  Sur  les  intermittences  du  pouls  ou  fausses  intermittences.  .    .  804 
Dr  L.  Henri  Petit.  —  De  l'ataxie  locomotrice  dans  ses   rapports  avec  le  trau- 
matisme   805 

Verneuil.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 806 

Franck.                  —                             —                                806 

Potain.                   —                               —                                  807 

Dr  Massart.  —  Rétroversion  utérine   à   trois    mois    et  demi  de  grossesse.  — 

Réduction.  —  Accouchement  à  terme 807 

Dr  Mourgues.  —  Le  dogme  de  l'autophagisme.  —  Analyse   organopalhique  au 

point  de  vue  du  diagnostic  et  du  traitement  des  maladies 813 

Dr  Dally.  —  Sur  l'état  et  le  délire  malicieux 814 

Lecadre  (oncle).  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 814 

Brière.                              —                              —                               815 

Fieuzal.                            —                              —                               815 

Dr  HouzÉ  de  l'Aulnoit.  —  Nouvelles  études  cliniques  sur  les  amputations  sus 
et  sous-périostées  et  sur  l'hémostase  naturelle  et  définitive  à  la  période  ané- 
mique,   à  l'aide   de   l'élévation   du  membre    et  de  la  pression    du    bandage; 

grandes  et  petites  amputations  soas-périostées  chez  les  adultes 815 

Dr  Teissier.  —  Sur  l'albuminurie  d'origine  nerveuse 820 

Lecadre.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 822 

Reclus.                —                             —                               822 

Courty.                —                              —                                 822 

Houzé  de  l'Aulnoit.                          —                               822 

Potain.                                                   —                                 822 

Dr  Lecadre.  —  Nouveau  mode  de  propagation  de  la  fièvre  paludéenne 823 

Seguin.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 828 

Gibert.               —                               —                               •.    .  829 

Leudet.               —                              —                               823 

Dr  E.  Leudet.  —  De  la  tuberculose  pulmonaire  chez  les  hystériques 829 

Dr  Landowski.  —  Sur  la  climatologie  algérienne 835 

Couty.  —  Troubles  produits  par  les  gaz  libres  intra-vasculaires 835 

Dr  Nepveu.  —  Sur  l'oligurie  et  la  polyurie  d'origine  réflexe 837 

E.  Létiévant.  —  Pansement  antiseptique  au  point  de  vue  des  résultats  pra- 
tiques.  . 838 

Dr  E.  Seguin.  —  Nouveaux  devoirs  du  médecin.  —  Nécessité  de  l'intervention 

du  médecin  dans  l'éducation 845 

Dr  Gairal.  —  Appareil  pour  le  traitement  des  affections  utérines 848 

Dr  Brière.  —  Considérations  générales  sur  les  maladies  des  yeux  au    Havre  et 

dans  les  environs 849 

Galezowski.  —  Discussion  sur  la  communication    précédente 849 

Lecadre.                 —                                 —                            849 

Dr  Galezowski.  —  Sur  la  thermométrie  en  ophthalmologie.  —  Sur  les  altérations 

des  vaisseaux  rétiniens 850 

Brière.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 850 

Dr  Lancereaux.  —  De  l'artérite  cérébrale  syphilitique 850 

Liouville.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 815 


TABLE    DES    MATIÈRES  1205 

Brière.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 851 

l)r  Yerneuil.  —  Des  blessures  chez  les  alcoolo-diabétiques 851 

Galezowski.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 852 

IV  Paquelin.  —  Indications  mit  l'emploi  du  thermo-cautère 852 

Dr  Dimont-Pallier.  —  Présentation  d'un  anneau  pessaire  et  d'un  hystérophore  853 
Dr  Fredf.t.  —  Note  sur  les  effets  du  gaz  acide  carbonique,  à  Royat,  envisagés 

au  point  de  vue  physiologique  et  thérapeutique 853 

Dr  Tripier.  —  Cas  de  névralgie  faciale  avec  zone  épileptogène 854 

Dr  Mardcel.  —  Accidents  dus  à    l'anesthésie    par   l'éther  chez    un    enfant  de 

dix  ans 854 

Dr  Le  Plé.  —Le  Café  :  histoire,  science,  hygiène 856 

Dr  Southet.  —  Traitement  de  l'anasarque  général  par  un  drainage  capillaire.    .  856 

Gibert.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 860 

Verneuil.           —                              —                                860 

Dr  Gibert.  —  La  scrofule  au  Havre 860 

Dr  Lunier.  —Discussion  sur  la  communication  précédente 862 

Hodzé  de  l'Aulnoit.     —                                                          862 

Maire.                             —                     -                                  862 

Lecadre.                         —                      —                                  862 

Bergeron.  —  


De  Bommy. 


862 


Couty.  —  La  température  périphérique,  dans  ses  variations  physiologiques  ou 

pathologiques 863 

Potai.n.  —Discussion  sur  la  communication  précédente 864 

Dr  J.  Dero.  —  De  l'action  physiologique  et  pathologique  du  pétrole 865 

Dr  Fieuzal.  —  La  blépharoraphie  et  la  blépharoplastie  dans,  les  cas  d'ectropion 

invétéré 8"9 

Verneuil.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente ,   .   .  869 

Brière.  —               —                                   —                             _ 870 

A.  Favre.  —  Recherches    cliniques  sur  le  daltonisme.  —  Éléments  de  statis- 
tique   870 

Dr  Landolt.  —  Sur  les  anomalies  de  la  réfraction 8~7 

Ch.  Marchand.  —  De  la  composition  anormale  que  peuvent  présenter  certains 
laits  de  femmes  ;  de  leur  influence  sur   l'alimentation  du  nouveau-né  et  des 

moyens  d'y  remédier 8'  ' 

Dr  Courty.  —  Sur  le  traitement  palliatif  du  cancer  de  l'utérus 886 

Dr  Henri  Henrot.  —  Lymphorrhagie  bronchique 887 

Dr  Dagréve.  —  Observations  de  névrite  du  radial 890 

Couty  et  Charpentier.  —Effet  cardio-vasculaire  des  excitations  des  sens  .   .   .  892 

Dr  Poncet.  —  De  l'influence  de  la  castration  sur  le  développement  du  squelette  893 
Dr  Ledouble.  —  De  l'auscultation   de   l'ovaire   dans    les    kystes    ovariques.  — 
Kyste  de  l'ovaire  uniloculaire  ouvert  dans    le  péritoine  et  dans  l'intestin.  — 

Tintement  avec  bruit  de  flot  de  liquide 894 

Dr  Brame.  —  L'entorse  et  son  traitement 901 

Dr  F.  Franck.  —  Sur   la    compression  du   cœur   dans    les   épanchements   du 

péricarde 902 

Dr  P.  Aubert.  —  Des  modifications    subies  par   la  sécrétion  de  la  sueur  dans 

les  maladies  de  la  peau 903 

Dr  Ollier.  —  Cure  radicale  des  kystes  de  la  thyroïde 911 

Dr  Bouteiller.  —  De  la  statistique  médicale 912 

Dr  Baraduc.  —  Relation  d'une  épidémie  de  fièvre  typhoïde 917 

Dr  de  Sinéty.  —  Du  corps  jaune  de  l'ovaire  pendant  la  grossesse 927 

Dr  Fauvel.  —  Observations  de  suture  des  os 931 

Dr  Duménil.  — Dermite  papillaire  chronique  envahissante 932 

Dr  Brame.  —  Sur  l'eczéma 932 

A.  Duvergier.  —  Epileuse  à  air  comprimé 933 


120G  TABLE   DÈS    MATIÈRES 

F.  Franck  et  Brissaud.  —  Mouvements  du  cerveau  chez  une  malade  de  l'hôpital 

Saint-Louis 935 

Paul  Broca.  —  Sur  la  thermométrie  cérébrale 935 

Travaux  imprimés  présentés  à  la  section 936 

4e   GROUPE.    —   SCIENCES   ÉCONOMIQUES. 

13*  section.  —  Agronomie. 

Bureau 937 

A.  Renouard  fils.  —  Les  déchets  de  l'industrie  agricole  du  lin 937 

B.  Corenwinder  et  G.  Contamine.  —  Recherches  sur  l'acide  phosphorique  des 
terres  arables 938 

A.  Ladureau.  —  Note  sur  la  composition  de  la  laine 940 

P. -P.  Dehérain.  —  Résultats  d'expériences  instituées  sur  la  culture  de  l'avoine 

et  du  mais  fourrage.   „ 941 

Péligot.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 944 

H.  de  La  Rlanchère.  —  Les  aquariums  en  Angleterre 944 

Corenwinder.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 945 

—                 Recherches  chimiques    sur  les  plantes  alimentaires  :  le  panais  946 
Dr  Mourgues.  —  Sur  le  rôle  de  la  révolution  cosmique   et  du  parasitisme  dans 

les  maladies  épidémiques  des  végétaux 946 

Baillou.  —  Expériences  sur  les  vignes  phylloxérées 947 

Péligot.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 947 

Xambeu.               —                                                                  947 

Dehérain.             —                              —                                948 

P. -P.  Dehérain  et  Maquenne.  —  Recherches  sur  la  germination 948 

Alf.  Renouard.  —  Analyse  chimique  du  cocon  et  de  ses  dérivés 951 

A.  Ladureau.  —  Études  sur  les  maladies  du  lin.  —  Le  thrips  Uni 951 

Renouard.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 964 

De  La  Blanchère.  —                              —                                 965 

Corenwinder.          —                              —                                 965 

Dehérain.                —                              —                                965 

Borély.  —  La  Société  des  sciences  et  arts  agricoles  et  horticoles  du  Havre. .   .  966 

Marchant.  —  L'agriculture  dans  le  pays  de  Caux 974 

J.  Vinot.  —  Les  instruments  d'agriculture,  projet  de  prêt  aux  agriculteurs..   .  974 
A.  Millot.  —  Note  sur  la  fabrication    du    phosphate   bicalcique  à  l'aide    des 

phosphates  minéraux 974 

P. -P.  Dehérain  et  Nantier.  —  Recherches  sur  le  développement  de  l'avoine. .  976 

Truchot.  —  De  la  fertilité  des  terres  volcaniques 977 

A.  Ladureau.  —  Etude  sur  l'influence  dé  la  graine  dans  la  culture  de  la  bette- 
rave à  sucre 982 

Xambeu.  —  Traitement  des  vignes  phylloxérées 996 

Baillou.  —  Discussion   sur  la  communication  précédente 996 

14e  Section.  —  déographie. 

Bureau 997 

Capitaine.  —  Les  sociétés  de  géographie  commerciale  et  leur  utilité  pour  l'ex- 
tension du  commerce  extérieur  de  la  France 997 

L'abbé  Durand.  —  Le  Monténégro 998 

Coquelin.  —  La  colonisation  et  l'émigration 999 

Boehrig.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 999 

BIARD.     -                -                                                                                       1000 

p0KEL.  _            _                                                                   1000 

l)r  Hureau  de  Villeneuve.  —                 —                          1000 

Levasseur.  —                                           —                          1000 


TABLE   DES   MATIÈRES  1207 

Hureuj  de  Villeneuve.  —  La  colonisation  do  l'Algérie  au    moyen  des  enfants 

assistés 100° 

Pomel.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 1003 

1  1  .\  \sseur.            —                             —                               1003 

COQUELIN.                   -                                        -                                           1003 

L'abbé  Durand.  —                                                            l003 

Roehrig.  —  Méthode  d'enseignement  proposée  pour  l'étude  des  marchandises  ou 
produits  commerciaux  naturels  et  manufacturés.  Distribution  géographique  do 

ces  produits 

Maunoir.  —  Voyage  du  boudhiste  Nacking  dans  le  Thibet 1013 

Ch.  Hertz.  —  Exploration  de   M.  Bonnat  dans  la  Guinée 1013 

Gravier.  —  Géographie  du  déparlement  de  la  Seine-Inférieure  sous  les  Romains.  1014 

Le  général  Parmentier.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente.  .   .   .  1014 

Levasseur.                                   —                                  —                        ....  101» 
Le  général  Parmentier.  —  Quelques  observations  sur  l'orthographe  des  noms 

géographiques 101° 

G.  Renaud.  —  De  l'orthographe   des  noms  géographiques 1060 

Le  comm1  Perrier.  —  La  détermination  des  longitudes  et  la  forme  de  la  terre.  1060 

L'abbé  Durand.   -  La  Guyane  française  et  le  Brésil  agricole  et  commercial.   .  1061 
Lavalley.  —  Etablissement  d'un    port    et  construction   d'un  chemin  de  fer  à 


l'île  de  la  Réunion. 


1063 


Hamt.  —  Les  voyages  espagnols  du  xvie  siècle 1003 

H.  de  Varigny.  —  Les  îles  Hawaii  :  esquisse  générale. 1064 

Borély.  —  Les  cours  de  géographie  commerciale,  au  Havre 1068 

Le  comte  de  Marst.  —  Quelques  mots  sur  l'exposition  rétrospective  frisonne  de 

Leuwarden,  au  point  de  vue  des  études  géographiques 10*4 

Levasseur.  —  L'association  internationale  africaine 1076 

Paquier.  —  Les  voies  de  commerce  à  travers  l'Asie  centrale 1076 

Botkine.  —  La  géographie  des  Saxons   et  le  poème  de  Beo-Wulf 1081 

Descamps.  —  De  l'utilité  des  voyages  comme  moyen  d'éducation 1081 

Le  général  Parmentier.  —  De  la  nécessité  d'un  vocabulaire  polyglotte 1082 

—  Travaux  imprimés  communiqués  à  la  section  de  géographie.  1082 

15*  Section.  —  Économie  politique  et  statistique. 

Bureau 1083 

Milet.  —  Phénomènes  économiques  dont  le  Brésil  a  été  le  théâtre  de  1864  à  1870.  1083 

Alglave.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 1084 

1084 


Nottelle.  — 
Clamageran. 


1084 
1084 


Rozy.  —  Le  renouvellement  des  traités  de  commerce 

Dubar.  —  Les  tendances  économiques  de  l'Europe l"86 

Milet.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 10°7 

F.  Passy.         —                               —                           1088 

ROZY.                  -                                    -                               1088 

KLIPFFEL.              -                                                                                           **» 

PHILIPPE-                                                                                  °090 

Clamageran.     —                                —                            iUj™ 

Hippeau.  —  Sur  les  réformes  à  introduire  dans  l'éducation  publique 1090 

J.  Siegfried.  —  L'École  supérieure  de  commerce  du  Havre 1093 

Droz.  —  De  la  marine  marchande  et  de  son  relèvement 11°° 

Milet.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente H°5 

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DuBAR-               -                                                                  il05 

Fréd.  Passy.    —                                -                         •  '  ""* 

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Gachassin-Laffite.     —  

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Nottelle.    —  —  


1208  TABLE   DES   MATIÈRES 

Clamageran.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 1106 

Axvin.  —  Échanges  internationaux  des  productions  intellectuelles 1106 

Groult.  —  Notice  sur  les  musées  cantonaux 1107 

J.  Lefort.  —  Elude  sur  le  rétablissement  des    tours 1107 

Fréd.  Passt.  —  Discussion  sur  la  communication  précédente 1115 

Laplanche.                   —                                    —                          1H6 

Dr  Marjolin.                 —                                    —                          1116 

Gachassin-Laffite.       —                                  —                        1121 

D'  Lagneau.                                                                                 H21 

Bouvet.                          —                                    —                          1124 

L.  Philippe.  —  Le  régime  économique  des  chemins  de  fer 1124 

Vauthier.  —  La  réorganisation  du  réseau  des  chemins  de  fer 1126 

Rozy.  —  Sur  les  chemins  de  fer  d'intérêt  local 1130 

Serrurier.  —  Création  de  bibliothèques  pédagogiques 1131 

12e  Section.  —  Sciences  médicales  (suite). 

Potain.  —  Indications  de  la  toracenthèse  et  appareil   pour    la  pratiquer    avec 

précision ' H36 

CONFÉRENCES. 

De  Saporta.  —  Les  anciens  climats  et  leur  rapport  avec  la  marche  et  le  déve- 
loppement de  la  végétation  européenne 1139 

Levasseur.  —  Du  sol  et  des  richesses  aux  Etats-Unis Ilô3 

EXCURSIONS   ET    VISITES   INDUSTRIELLES 

Compte-rendu  général 1155 

Visite  à  Rouen 1161 

NOTES   COMPLÉMENTAIRES 

Usine  à  plomb  du  Havre 1167 

Éclairage  électrique  des  ateliers  de  M.  Manchon,  de  Rouen 1171 

Laboratoire  de  chimie  des  hautes  études  à  Rouen 1172 

TABLES 

Analytique 1175 

Des  matières 1195 


IMPRIMERIE    CENTRALE   DES  CHEMINS  DE   FER.    —  A.    CHAH    ET   C">,   RUE   BERGERE,   20,    A    PARIS. 


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Photogiyp  Lemercier  et  C'e  Pans 


J.JANSSEN  SUR  LA  PHOTOGRAPHIE  SOLAIRE 

ET  LES  FAITS  QUELLE  NOUS  REVELE 

TOUCHANT  LA  CONSTITUTION  DE  LA  PHOTOGRAPHIE 


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FAISCEAUX   DANS   LE    SOMMET  DES  AXES  ET   DANS   LES  APPENDICES 


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X   DANS  MMET   DES  AXES    ET   DANS    LES  APPENDICES 


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Im.p  jLRoux,rue  Centrale,  21, Lyo 


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E.  CHANTRE    _   LES  NECROPOLES  DU  PREMIER  AGE  DE  FER 
DES  ALPES   FRANÇAISES