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COMPTE RENDU DES SÉANCES
SOCIÈTÉ DE PHYSIQUE
ET D'HINTOIRE NATURELLE
DE GENÈVE
SSL
XXVIII. — 1911
GENÈVE
BUREAU DES ARCHIVES, RUE DE LA PÉLISSERIE, 18
PARIS LONDRES NEW-YORK
H. LE SOUDIER DULAU & C- G, E. STECHERT & C:
174-176, Boulev. St-Germain 37, Soho Square 151-155, W 25th Street
Dépôt pour l'ALLEMAGNE, GEORG xwr Cie, à BaLx
1912
- COMPTE RENDU DES SÉANCES
DE LA
SOCIÈTÉ DE PHYSIQUE
PT D'HISTOIRE NATURELLE
DE GENÈVE
GENÈVE — SOCIÉTÉ GÉNÉRALE D’IMPRIMERIE
Pélisserie, 18
COMPTE RENDU DES SÉANCES
SOCIETE DE PHYSIQUE
ET D'HINTOIRE NATURELLE
DE GENÈVE
XXVIII. — 1911
GENÈVE
BUREAU DES ARCHIVES, RUE DE LA PÉLISSERIE, 18
PARIS LONDRES NEW-YORK
H, LE SOUDIER DULAU & C° G. E. STECHERT
174-176, Boul.St-Germain 37, Soho Square 9, East 16th Street
Dépôt pour PALLEMAGNE, GEORG & Ci, À Baze
1911
Extrait des Archives des sciences physiques et naturelles
tomes XXXI et XXXII
COMPTE RENDU DES SÉANCES
DE LA
SOCIÈTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE
Année 1911
Présidence de M. Emile Caarx
Séance du 5 janvier 1911
Briner. Sur la formation de l’eau à partir de ses éléments.
M. E. Brixer. — Sur la formation de l'eau à partir de ses
éléments.
Comme on sait, la formation de l’eau à partir de ses éléments
devient déjà manifeste dans un récipient de verre ou de porcelaine,
en l'absence de catalyseur énergique, à des température notable-
ment inférieures à la température, dite température d’explosion ;
dans ces conditions, la réaction progresse avec une vitesse parfai-
tement mesurable.
Ce processus, à cause de son apparente simplicité, a tenté beau-
coup de chercheurs, qui ont entrepris l'étude de son mécanisme.
Parmi les nombreux travaux publiés sur cette question, citons
ceux de Victor Meyer et de ses élèves Krause, Askenasy, Freyer et
Raum*, qui ont constaté des divergences absolument anormales
dans la vitesse de réaction, et cela bien qu'ils se soient attachés à
opérer dans des conditions aussi identiques que possible,
Hélier ?, dans ses recherches, reconnut que la proportion com-
binée du mélange semblait atteindre une limite, à des températures
où la combinaison aurait dû être totale. C’est en partie sur ces
dernières expériences que Duhem s’est basé pour affirmer la réa-
lité des faux équilibres.
Quelques années plus tard, Bodenstein * reprit l'étude de cette
1 Lieb. Ann. (1891), t. 264, p. 85 ; (1892), t. 269, p. 49. Ber. (1892)
t. 25, p. 622 ; (1895), t. 28, p. 280.
? Ann. Ch. et Phys. (7) (1897), t. 10, p. 521 ; (1897), t. 11, p. 78.
% Phys. Ch., t. 29, p. 664.
6 SÉANCE DU 5 JANVIER
réaction, et, n'ayant pas constaté que la réaction fût limitée, 1] Lui
appliqua l'équation des réactions trimoléculaires :
vitesse — KC?x.Co:
Les constantes K, qu'il a obtenues, variant quelquefois du sim-
ple au double et même au triple, alors que les conditions expéri-
mentales sont identiques, il ne nous semble pas que l’on soit en
droit de conclure à une réaction du troisième ordre. Mais on peut
considérer comme établi par les recherches de Bodenstein que les
parois du récipient jouent, dans ce phénomène, un rôle prépon-
dérant.
Tous ces expérimentateurs ayant opéré aux pressions voisines
de la pression atmosphérique, 1l nous a semblé intéressant de sou-
mettre le mélange tonnant aux actions combinées de la tempéra-
ture et des pressions de plusieurs centaines d’atmosphères, actions
qui se sont montrées si efficaces dans d’autres cas'. Nous avons
ainsi eu l’occasion de constater par nous-mêmes que la marche de
la réaction est trop irrégulière pour que l’on puisse songer à lui
appliquer les formules de la cinétique chimique. Malgré cela, pour
nous faire une idée approximative de l’action de la pression, nous
avons comparé les vitesses moyennes quotidiennes, déduites des:
contractions observées après plusieurs jours. Voici quelques résul-
tats extraits de nos mesures :
Pression Température Proportion combinée
quotidienne
1 atm. 400° 1-77
300 atm. 400° 1,2%
On se trouve donc en présence d’une réaction qui aurait dû être
fortement accélérée par l'élévation de pression et qui, à première
vue, est à peine influencée.
Cette apparente anomalie s’interprête bien si l’on attribue aux
parois des tubes une action catalytique prédominante ; car le
mélange, à l’état comprimé, est évidemment, à masses égales, en
présence d’une étendue de parois beaucoup plus faible que lors-
qu'il se trouve à la pression atmosphérique.
Pour expliquer les discontinuités, qui se manifestent dans ce
processus, il ne suffit pas, si l’on se place au point de vue du chi-
miste, d'admettre qu'un système chimique est comparable à un
système mécanique ; car on serait obligé de conclure qu'un arrêt
pur et simple de la réaction, avant l'équilibre, implique des arrêts
ou des ralentissements anormaux dans le mouvement des molé-
cules.
En nous basant sur les deux constatations expérimentales sui-
? Voir les communications précédentes du même auteur.
SÉANCE DU 19 JANVIER 7
vantes : 1° la présence de la vapeur d’eau en de certaines propor-
tions paraît gêner la réaction ; 2° les parois jouent le principal
rôle dans le processus, il nous semble plus naturel d'attribuer
l'arrêt ou plutôt un ralentissement anormal de la réaction à ceque
l'accès des parois devient de plus en plus difficile aux molécules
réagissantes, par suite de la formation d'une couche de vapeur
d'eau sur ces parois. A d’autres égards, cette explication, d'ordre
purement physique, semble parfaitement plausible, puisque de
nombreuses expériences ont démontré que les gaz ou les vapeurs
manifestent une adhérence plus ou moins grandes pour les parois
des récipients qui les contiennent.
En tenant compte en outre, dans ce phénomène, des actions
chimiques perturbatrices, telles que : attaque du verre par l’eau
formée, réductions ou oxydations des constituants des parois par
l'hydrogène ou l'oxygène, on sera peut-être un peu moins étonné
des résultats si discordants, obtenus dans l’étude de cette réaction.
Séance générale annuelle du 19 janvier
F. Reverdin. Rapport annuel. — Ed. Sarasin et Th. Tommasina. Consta-
tation de quelques faits nouveaux en radioactivité induite.
M. Frédéric REVERDIN, président sortant de charge, donne lec-
ture de son rapport sur l'activité de la Société en 1910. Ce rapport
renferme des notices biographiques sur Henri Dufour, Alexandre
Agassiz, Stanislas Canizzaro et Edouard Hagenbach-Bischoff,
membres honoraires, décédés dans le courant de l’année.
Ed. Sarasix et Th. Tommasina. — Constatation de quelques
faits nouveaux en radioactivité induite.
Le phénomène de la radioactivité induite dont la découverte
est due à M, et Mme Curie ‘, a attiré dès le début l’attention des
chercheurs. Outre les travaux désormais classiques de Mr et Mme
Curie, en collaboration, dans la suite, avec M. J. Danne et
M. A. Debierne, il faut rappeler les recherches importantes de
MM. Rutherford et Soddy et de MM. Elster et Geitel. Ce sont les
belles et intéressantes expériences de ces derniers qui nous ont ame-
nés, depuis quelques années déjà, à nous occuper presque exclusive-
ment de l'étude de ce phénomène, dont la vraie nature n’a pas
encore pu être dévoilée, et dont les lois mêmes, qu'on a cru pou-
voir établir, présentent trop d'incertitude pour être acceptées
telles quelles, A l’aide de quelques faits que nous venons de cons-
! Comptes-rendus de l’Ac. des Se. de Paris. 6 nov. 1899.
8 SÉANCES DU 19 JANVIER
tater il nous sera peut-être possible d'apporter une contribution
utile pour élucider certaines questions controversées, de façon à
ouvrir probablement un champ pour de nouvelles recherches.
40 — Cause des déformations de la courbe de désactivation
des corps radioactivés.
Nous avions été frappés par les irrégularités parfois très grandes
des courbes de désactivation et pensions que la cause directe ou
les causes devaient avoir leur siège dans les modifications des dis-
positifs. Il en était bien ainsi. — Pour résumer brièvement nos
observations nous donnons dans la fig. 4, les trois formes typiques,
I, Il, III, des courbes de désactivation des corps radioactivés, et
nous allons énoncer la méthode expérimentale à suivre pour
passer à volonté de l’une à l’autre courbe, avec le même corps
déjà activé, donc sans modifier ni la durée de son activation (que
l’on donnait. comme cause des modifications des courbes), ni sa
nature. On obtient facilement ces passages d’une courbe à l’autre,
en activant au lieu d’une lame métallique, ou d’un corps quel-
conque en vase clos, la paroi intérieure du vase lui-même. Nous
avons activé, soit des récipients ou cloches cylindriques en laiton,
soit des cloches en verre fermées en haut ou terminées en goulot,
celui-ci pouvant être laissé ouvert ou fermé. — Veut-on obtenir
Fig. 1
la courbe I (fig. 4), on étudie la désactivation par la lecture des
décharges successives par minute de l’électroscope, en plaçant sur
le plateau de ce dernier, et en conservant toujours fermée la cloche
radioactivée, — Veut-on la courbe II (fig. 1), on évente la cloche
avant de la placer sur le plateau de l’électroscope, de nouveau fer-
mée. Alors on a au début la descente rapide de la courbe, puis on
SÉANCE DU 19 JANVIER 9
voit se former le renflement qui disparaît dans la suite et la
courbe prend une allure régulière, Nous avons constaté que le renfle-
ment est dû à l'accumulation dans la cloche de l'air ionisé et de
l'émanation. Notre constatation expérimentale consiste dans l’inter-
ruption à un moment quelconque, de préférence lorsque le renfle-
ment est à son maximum en r (fig.4 et 2), dans le renouvellement
de l’air renfermé et dans la reprise immédiate des lectures à cloche
fermée, On tombe ainsi de la courbe I dans la courbe II (fig. 2).
Mais on tombe toujours dans une courbe du type IT (fig. 2), si au
lieu de continuer les lectures des décharges à cloche fermée, on
les fait à cloche ouverte. Il suffit de laisser un passage libre de
quelques millimètres entre la cloche et le plateau de l’électroscope.
Dans un travail plus complet qui paraîtra dans les Archives
nous donnerons quelques uns des diagrammes très démonstratifs
que nous avons obtenus par ce procédé, qui permettent de conclure
que la vraie courbe de désactivation est la courbe [IT et non pas
la ou la IT, ces dernières étant déformées par la condensation
variable de l’émanation et de l’air ionisé.
20 — Action de faibles élévations de température sur la
radioactivité induite.
À ce propos nous ne citerons que la Note de Pierre Curie en
commun avec M, J. Danne (:) où les essais portaient sur des
lames métalliques radioactivées chauffées depuis 1509 à 1400°, on
y trouve démontré par plusieurs graphiques qu'il fallait dépasser
2159 pour avoir une modification nettement indiquée, mais au
dessus de 630° l'accélération de la désactivation par la chaleur
était très forte, aussi cette Note conclut en ces termes : « Les expé-
riences qui viennent d’être décrites prouvent que la nature de la
radioactivité induite sur une lame peut se trouver modifiée par
des variations de température ».
M. Rutherford a fait aussi des recherches très suivies, ainsi que
plusieurs autres physiciens, mais, à notre connaissance, personne
n'a rien constaté, ayant trait aux métaux radioactivés, soumis à
de faibles élévations de température.
Les expériences que nous allons décrire, montrent, au contraire,
qu'il suffit d'élever la température d’un métal radioactivé de quel-
ques degrés seulement, par exemple de 20° à 30° pour augmenter
son débit radioactif. Dans nos précédentes expériences nous acti-
vions les différents corps, sur lesquels nous avons opéré, dans une
enceinte close constituée par une cloche cylindrique en laiton de
36 cent. de hauteur et 48 de diamètre. Dans cette cloche était
placé un godet contenant un sel de radium, celui-ci agissait sur le
corps à activer, tantôt directement, tantôt au travers d’un ou de
! P. Curie et J. Danne. C. R. 21 mars 1904; et P. Curie, Oeuvres,
p. 498. Paris 1908.
10 SÉANCE DU 19 JANVIER
plusieurs écrans, cloches en métal plein ou en toile métallique.
Pendant les dernières vacances nous avions laissé exprès, entre le
godet à radium et la grande cloche, un système d'écrans formé de
trois grilles et une cloche en métal plein emboitées. Nous voulions
voir dans quelle mesure la radioactivité induite, pendant cette
longue période de temps, variait des grilles et de la cloche pleine
intérieure à la cloche extérieure. Or, après deux mois nous ne
trouvâmes qu’une radioactivité induite très faible, autant sur la
cloche intérieure en métal plein que sur les autres en toile métal-
lique, tandis que la grande cloche montrait une activité très forte.
Nous jugeâmes alors, qu'il était intéressant de reconnaître par
l'étude complète de sa désactivation, si une radioactivité induite
de longue durée avait pris naissance en ces conditions sur sa paroi
intérieure.
En effet, au lieu de n'avoir plus au deuxième jour, qu’une
action de décharge minime de /20000 par exemple, comme cela
a été indiqué par MM. Curie et Danne dans la Note déjà citée,
celle-ci ne diminua que des ?/, par rapport à sa valeur initiale, et
resta depuis lors invariable, de façon que la courbe de désactiva-
tion est une ligne horizontale. Le tracé monte lentement lorsqu'on
laisse accumuler dans la cloche l’air ionisé et l’'émanation, jusqu’à
atteindre la limite de saturation, aussi dès qu’on y renouvelle Pair
on retrouve invariablement les mêmes chiffres. Avec circulation
d'air, c’est-à-dire à cloche entr’ouverte en bas, on a une droite
horizontale. Il nous faut pourtant ajouter, ici, que cette grande
cloche nous ayant servi continuellement, depuis deux ans environ,
comme enceinte close d'activation, on doit y voir la source pre-
mière de sa radioactivité induite de longue durée.
C'est le fait d’être en possession d’une radioactivité induite si
parfaitement constante et ayant une intensité suffisante pour per-
mettre facilement des mesures exactes, qui nous a donné l'idée de
vérifier si ce phénomène était insensible aux faibles élévations de
température comme :1l avait été établi.
Ayant placé pendant quelques minutes notre cloche sur le radia-
teur du calorifère, élevant sa température de 12 degrés seulement,
de 180 à 30°, puis l'ayant éventée et replacée sur le plateau de
l’électroscope, nous constatâmes immédiatement une forte montée
de la courbe de désactivation, comme le montre le diagramme A
(fig. 3) qui donne encore abus autres points de chauffe à 40°.
L'étude du phénomène nous a confirmé l'effet dû à la chaleur par
des diagrammes superposables, et nous a permis de reconnaîter
la constance persistante du débit radioactif, qui semble jusqu'ici
ne subir aucune perte par la répétition des opérations de chauffe,
produisant pourtant chaque fois une émission plus énergique.
Ces constatations nous permettent de conclure que même les
SÉANCE DU 2? FÉVRIER 11
faibles élévations de température agissent sur les métaux
radioactlivés en accélérant leur désactivation par un accrois-
sement immédiat et temporaire de leur débit radioactif.
Nous donnons cette généralisation à notre conclusion, parce
0 10 20 30 410 50 60 70 80 30 100 minutes
qu'ayant activé par une action rapide et directe, c’est-à-dire sans
écrans interposés une cloche neuve identique à la première, nous
avons obtenu le diagramme PB (fig. 3) qui montre aussi l'effet
d'une surdésactivation immédiate due aux mêmes faibles éléva-
tions de température, bien qu'il soit ici moins énergique et qu'il
aille en s’affaiblissant naturellement aussi rapidement que la
radioactivité induite de courte durée. D'autre part nous avons
restreint notre conclusion aux métaux, parce que tous nos essais
avec des cloches en verre très fortement radioactivées, nous ont
toujours donné un effet nul, tout au moins pour les limites entre
lesquelles nous avons opéré, mais il est possible que cela change
pour de plus grands écarts de température. C’est ce que nous
vérifierons en poursuivant nos recherches.
Séance du 2 février
L. Duparc. Les gîtes platinifères de l'Oural. — G. Baume. Sur quelques
essais métallographiques.
M. le professeur L. Duparc expose devant la société les résul-
tats des études qu'il poursuit depuis douze années sur les gites
platinifères de l'Oural. Les recherches sont achevées actuelle-
ment et le travail dans son ensemble fera l’objet d’un volume qui
paraîtra vraisemblablement pour la fin de l’année, et dont M. Du-
parc donne à la société le résumé .
_! Voir Archives, 1911, t. XXXI, p. 211.
12 SÉANCE DU 2 FÉVRIER
Dans l’Oural, il existe une longue bande de roches éruptives
basiques, qui suit la chaine du N. au $S. et se cantonne généra-
lement dans le voisinage de la ligne de partage et un peu à l'E. sur
la Sibérie; cette zone est formée par des types pétrographiques
variés tels que gabbros, norites, diorites, péridotites etc. C’est exclu-
sivement dans celles-ci que se trouvent les gîtes platinifères pri-
maires. Plus à l'E. 1l existe une zone de roches basiques qui est
moins longue et moins continue aussi, et formée surtout par des
serpentines. Je l'appellerai zone orientale par opposition à la pre-
mière. Il y a douze années déjà que j'ai dit dans une séance de
cette société que la roche mère du platine était la dunite. En effet
tous les grands gisements platinifères de l’Oural se trouvent dans
ces conditions. Ceux-ci sont du N. au S.: Le gîte du Daneskin-
kamen sur la rive gauche de la Soswa, le gîte de Gladkeïa-Sopka
dans le Wagranskaya-Datcha, que j'ai découvert en 1900, le gîte
du Tilaï-Kanjakowsky dans l'extrémité N. de la grande chaine de
ce nom, que j'ai découvert en 1901, le double gisement du Kos-
winsky (Sosnowsky-Ouval et Kitlim) ; ce dernier que j'ai décou-
vert en 4901 également ; le gisement de Kaménouchky, dans la
Pawdiskaya-Datcha ; le double gisement de l’Iss soit Swettli-bor
et Weressowy-Ouval sur la Schouwalowskaya-Datcha, le gise-
ment de Taguil le plus grand de tous sur la Taguillskaya-Datcha,
et enfin très au $. le petit gisement de l’Omoutaïa. Tous ces gîtes
ont une structure identique, qui se résume ainsi: au centre un
affleurement plus ou moins grand de dunite massive. Celui-ci est
fréquemment de forme elleptique, le grand axe de cette ellipse
coïncide avec la direction des chaines. La dunite est compacte, et
exclusivement formée d’olivine avec quelques octaèdres de chro-
mite, elle est sur tous les gisements d’une composition chimique
très uniforme. Si l’on défalque l’eau d’hydratation, élimine A,0,
etCr,O, comme chromite, réduit Fe,O, en F,0 et calcule à nou-
veau sur 100 parties, on trouve que l’olivine de ces dunites a une
formule très constante qui oscille autour de
Fe,SiO,+10Mg,SiO,
Dans la dunite il existe des ségrégations plus ou moins impor-
tantes et toujours irrégulières, véritables «schlieren » de fer
chromé. L’affleurement dunitique est circonscrit par une ceinture
de pyroxénites à olivine qui passent latéralement à la Koswite.
Cette ceinture est continue ou au contraire discontinue selon les.
gisements, elle peut être très large ou au contraire très étroite, les
pyroxénites sont d’un type pétrographique absolument uniforme
également sur tous les gisements, Des langues et des lambeaux par-
tent de cette ceinture pyroxénitique et se trouvent à l'extérieur des
affleurements dunitiques, les pyroxénites forment alors des cha-
peaux sans racines sur la dunite. Uneseconde ceinture formée par
SÉANCE DU 2 FÉVRIER 13
des roches communément désignées sous le nom de gabbros-dio-
rites circonscrit les pyroxénites, Celle-ci est formée par des roches
d'aspect souvent différent, qui renferment généralement de l’am-
phibole et sont plus ou moins fortement altérées; les gabbros-
diorites malgré la diversité de leur aspect sont également d'une
parfaite unité et les mêmes types pétrographiques et chimiques se
retrouvent sur les gisements les plus divers. Lorsqu'on interprète
les analyses de toutes ces roches et qu'on reporte les résultats sur
le triangle de Becke, on voit que les types de même espèce sont
uniformes sur tous les gîtes et que leurs points représentatifs
coïncident presque sur le triangle. On voit de plus que tous les
points s'échelonnent régulièrement dans le secteur supérieur de
droite et forment une suite ininterrompue. Les roches des gise-
ments platinifères sont donc issues d’un même magma, qui a
subi les mêmes différentiations et produit des types identiques.
Les différentes roches éruptives citées, notamment la dunite et
les pyroxénites sont traversées par de nombreuses roches filo-
miennes dont quelques-unes se retrouvent presque sur tous les
gites. Elles appartiennent à deux types, l’un melanocrate l’autre
leucocrate. Dans le premier ce sont les issites, les wehrlites filo-
niennes, les garéwaïtes, les berbachites à olivine, des microgabbros
etc. ; dans le second les plagiaplites antipode des issites, les albi-
tites et les granulites à plagioclases ; le type mesocrate enfin est
représenté par les gladkaïtes et les pegmatites dioritiques à élé-
ments gigantesques.
Le platine se trouve dans la dunite sous deux formes à savoir :
4° cristallisé directement dans celle-ci; 2° cristallisé dans les
ségrégations de chromite et avec cet élément, que le platine moule.
Il existe en petits cristaux isolés.
et amas plus volumineux. Considérée dans son ensemble la dunite
d’après les recherches récentes est très pauvre en platine et ce sur
tous les gisements, de sorte que nulle part le gîte primaire ne
pourrait être exploité. Il est accumulé dans certaines régions,
notamment dans les ségrégations de chromite, que rien malheu-
reusement ne désigne à priori.
Les analyses faites sur les platines de presque tous les gisements
de l'Oural m'ont montré que tout d’abord dans un seul et même gi-
sement, il existe des différences assez sensibles dans la composition
d'échantillons qui proviennent de différents points d’un même
massif dunitique, différences qui portent sur la proportion des
osmiures, celle du fer, et des métaux accessoires. De plus en envi-
sageant non pas les résultats isolés, mais les moyennes seulement,
il existe de grosses différences dans la composition des platines de
gisement très voisins. Tel est par exemple le cas pour le platine
du Sosnowsky-Ouwal et celui de Kitlim; l’un riche en osmiures
14 SÉANCE DU 2 FÉVRIER
l’autre n’en renfermant que des quantités insignifiantes. Tel est
aussi le cas pour les platines de Wéressowy et de Swetli-bor.
Pendant plus de 7 années j'ai parcouru l’Oural convaincu que le
platine ne se rencontrait que dans la dunite ; cette opinion était
établie sur de très nombreuses recherches faites dans des condi-
tions très favorables sur divers cours d'eaux qui ravinaient dif-
différentes roches autres que la dunite et dont les alluvions étaient
toujours stériles.
Plus tard j'ai visité un gisement tout différent celui de la Gus-
sewa affluent de la Wyja où j'ai dû me convaincre que le platine
se trouvait aussi dans les pyroxénites lorsque celles-ci n'étaient
pas accompagnées de dunitique. La Gussewa tient son platine
de petits affluents qui descendent des Gussewi-Kamen, or ces
montagnes sont exclusivement formées par des pyroxénites. Sur
les pépites trouvées dans les cours d’eau, on voit fréquemment
des fragments de diallage qui sont encore inclus dans le pla-
tine, qui forme un véritable ciment autour d'eux. C’est la forme
qui équivaut à celle du platine dunitique cristallisé dans la dunite.
Il existe aussi une seconde forme dans laquelle le platine est cris-
tallisé dans la magnétite qui dans les pyroxénites joue le rôle de
la chromite dans la dunite.
Depuis lors j'ai retrouvé 3 gisements semblables, l’un est celui
de Barantcha avec trois rivières platinifères qui toutes descendent
de la Sinaïa-Gora laquelle est entièrement en pyroxénites ; le second
est celui de la Kiédrowka, sur la Taguilskaya-Datcha un peu au
sud de la Barantcha, le troisième est celui de la Kamenka, sur la
même Datcha, à l'E. du grand gisement dunitique de Taguil. A
Barantcha on observe comme à la Goussewa, un platine cristallisé
directement dans la pyroxénite et une seconde variété associée à
la magnétite. Je rattache également aux gisements pyroxénitiques
le platine des affluents du lac Tscherno-istotschnik bien que les
affluents proviennent tous du gabbros, mais j'estime que ces
gabbros ne sont que d'anciennes pyroxénites disloquées puis repé-
nétrées et en partie résorbées par une veine feldspathique posté-
rieure, Il y a donc parallélisme complet entre les conditions sous
lesquelles se présente le platine dans les dunites et les pyroxénites.
En ce qui concerne la genèse du gîte platinifère dans les deux cas
indiqués, je me la figure comme suit: Une quantité quelconque
de magma M qui contient initialement le platine à l’état de solu-
tion magmatique est injectée dans une laccolithe. Ce magma se
différencie concentriquement en 3 produits : a) qui représente la
ceinture des roches leucocrates, b) celle des pyroxénites et c) de la
dunite, produit le plus basique et le plus profond, C’est ce dernier
qui draîne le platine, lequel se ségrègera au cours de la scorifica-
tion magmatique qui donnera naissance à cette dunite. M est
_
SÉANCE DU 2 FÉVRIER 15
formé par la somme de ces trois termes qui ne sont pas égaux et
dont € est certainement de beaucoup le plus petit. Telle est l’origine
du platine dans la dunite, alors que ce métal fait défaut dans les
pyroxénites de la ceinture. Si M est trop petit, le terme c ne peut
devenir apparent et reste mêlé avec D. Il se forme la pyroxénite à
olivine seule, qui conserve le platine qui en temps normal aurait
passé dans € si ce terme avait pu devenir manifeste, telle est l'ori-
gine du platine dans les pyroxénites.
M. Dupare donne ensuite quelques indications sur la forme et
la structure des alluvions platinifères. Celles-ci ont été fréquem-
ment remaniées et enrichies par une concentration secondaire,
Très souvent aussi le cours des rivières a changé et l’alluvion pla-
tinifère se trouve dans des régions qui semblent n'avoir aucune
relation avec les centres platinifères primaires. C’est ainsi que
s'explique la présence du platine dans les alluvions de certaines
rivières qui n'ont présentement aucun rapport avec les gîtes plati-
nifères et qui n'en ont jamais eu. Il existe aussi certains cours
d'eau encaissés dans les schistes du dévonien qui contiennent du
platine. M. Duparc explique ce fait en disant qu'à l'époque dévon-
mienne il existait déjà des îlots dans la région qui forme l’Oural
d'aujourd'hui. Ces îlots présentaient des roches dunitiques qui ont
été érodées aux temps dévoniens et dont le platine s’en est allé
dans les formations sédimentaiers de l'époque. Ces sédiments ont
été réémergés, ravinées à nouveau, et le platine qu'ils contenaient
concentré dans le lit actuel de ces petits cours d’eau.
M. Duparc parle ensuite des analogies que présentent d’autres
gisements platinifères mondiaux avec ceux de l’Oural. En Colom-
bie britannique le platine de la rivière Tulamen provient d'un
gisement dunitique analogues à ceux de l’Oural. En Colombie
équatoriale, on ne sait rien des gîtes primaires du platine mais la
présence de pépites avec fer chromé fait supposer que le platine
se trouve sur gisement dunitique également. À Bornéo le platine
paraît être lié à des serpentins et semble avoir quelque analogie
avec celui que l’on trouve dans l'Oural mais dans la zone orientale
des roches basiques ; le platine est toujours rare, les gisements peu
importants et distincts des vrais gisements dunitiques (Platine du
Taguil et de la rivière Aïva, etc.
M. Georges Baume. — Sur quelques essais métallogra-
phiques.
Parmi tous les essais métallurgiques, les plus simples, les plus
généraux également, sont certainement les essais mécaniques, car
l'emploi des métaux est dû au moins autant à leurs propriétés méca-
niques qu'aux propriétés chimiques qu'ils peuvent posséder,
Après avoir rappelé la forme des essais mécaniques actuelle-
ment employés et les résultats qu'ils permettent d'obtenir, l'auteur
16 SÉANCE DU 2? FÉVRIER
mentionne les expériences de C. E. Guye et de Boudouard qui per-
mettront sans doute d’arriver prochainement à une nouvelle série
d'essais mécaniques, l’essar aux efforts alternatifs, dont l’im-
portance sera considérable en raison de la forme du travail que
doivent fournir un grand nombre de pièces métalliques.
L'auteur indique ensuite les raisons qui ont conduit les indus-
triels à accueillir favorablement l'essai de dureté par la bille de
Brinell, dès son apparition, et il décrit le petit narteau à bille,
fort simple, qu'il a étudié et mis au point en collaboration avec
M. H. E. Watson ‘’ pour des essais analogues, qui permettent,
comme l'essai de Brinell, de se rendre compte de la charge de
rupture et de l’homogénité d’un métal déterminé.
La notion d'homogénité d’un produit métallique peut être éga-
lement acquise grâce à l'emploi du microscope ; l’auteur rappelle
à cette occasion la techniqne micrographique courante, très sim-
ple, dont 1l a fait usage pour la préparation, l'attaque et l'examen
de ses échantillons ; il donne ensuite quelques exemples person-
nels d'applications de la micrographie à l’homogénité de diffé-
rents produits métallurgiques (laitons, etc.) dont l’étude se trouve
considérablement simplifiée par l'emploi de l’analyse thermique et
des diagrammes de fusibilité de systèmes métalliques. Ces derniers
permettent en effet de connaître, par le simple examen microsco-
pique d’un échantillon donné, sa composition chimique, la nature
de son traitement thermique (sl est susceptible de prendre la
trempe), et la forme des traitements mécaniques qu'on a pu lui
faire subir.
Il semblerait donc que l’essai microscopique dût, dans un grand
nombre de cas, remplacer tout autre essai métallurgique ; 1l faut
toutefois compter avec la propriété que possèdent beaucoup de
métaux de retenir en solution, même à l’état solide, d’autres élé-
ments qui, sans changer l’aspect microchimique de l'échantillon,
en modifient les propriétés mécaniques et rendent par suite l'essai
mécanique indispensable. Il est d’ailleurs facile, par le moyen très
simple employé par l’auteur en collaboration avec M. M. Dubois,
dans un certain nombre d'essais métallographiques?, de mettre
en évidence les actions réciproques, physiques ou chimiques, que
peuvent exercer deux métaux l’un sur l’autre : il suffit, en effet,
de fondre par ordre de densité les deux corps que l’on se propose
d'étudier ; on obtient ainsi une zone de passage comprenant la
gamme complète des termes qui conduisent de l’un à l’autre élé-
ment du système considéré (dans les conditions de l'expérience),
et que le microscope permet d’étudier ensuite d’une manière très
satisfaisante.
1 Cf. ce recueil, 4° Période, t. XXX p. 408, 1910.
2 Cf. ce recueil, 4° Période, t. XX VIII, p. 386, 1909.
SÉANCE DU 16 FÉVRIER 17
Séance du 16 février
L. de la Rive. Sur les équations fondamentales de l'électrodynamique, —
A. Schidlof. Sur quelques problèmes récents de la théorie du rayonne-
ment.
M. L. De LA Rive fait une communication sur les équations
fondamentales de l'électro-dynamique.
Il démontre qu'on peut établir une équation analogue à ces
équations connues, relative non pas à un courant fermé comme
Maxwell le fait, mais à l’action d’un élément de courant sur un
pôle.
Il faut d'une part admettre la loi de Laplace et de l’autre consi-
dérer dans l'élément la masse électrique, dg qui se meut avec une
vitesse constante donnée par v = ds/dt, tandis que l'intensité du
courant est ? = dg/dt d'équation à démontrer est :
dfdg} _|[4Z dY}x dX dZ|y dY dX|2
ae | É F np D) = F æ ke L E T dy ls
Elle exprime que la dérivée par rapport à # du flux de force
électrique dû à l'élément est égal, pour un élément de surface
normal à r, à l'élément correspondant de l'intégrale de surface
équivalente à l'intégrale de contour de la force magnétique. La
dérivée par rapport à £ s'obtient en multipliant par v la dérivée
par rapport à ds considéré comme la direction suivant laquelle se
meut dg et en prenant pour X, Y, Z, les composantes bien con-
nues de la force F donnée par la loi de Laplace, on trouve que les
deux membres ont la même expression multiphiée d’un côté par
dq.v et de l’autre par 1ds qui sont des quantités égales.
ids
A. ScmpLor. — Sur quelques problèmes récents de la théo-
rie du rayonnement.
I. La loi de Planck.— Partant du fait que les équations fon-
damentales de la théorie électro-magnétique de la lumière peuvent
être ramenées à la forme des équations de Hamilton, on est con-
duit à penser que le théorème de l’équipartition de l'énergie doit
s'appliquer à un rayonnement en équilibre thermo-dynamique.
M. Jeans! a calculé le nombre des paramètres indépendants, en
supposant le rayonnement enfermé dans une enceinte cubique à
parois réfléchissantes. Pour les ondes dont la fréquence est com-
prise entre les limites y et y + dy, il trouve ce nombre égal à :
16xv°
c°
vdy — 2a (1)
v étant le volume de l'enceinte et € la vitesse de la lumière. En
! Jeans. Phil. Mag. 10, p. 91, 1905.
18 SÉANCE DU 16 FÉVRIER
désignant par T la température absolue du rayonnement et par
le le rapport de la constante des gaz parfaits R au nombre des
molécules N, contenues dans 4 gramme-molécule, l'énergie à
répartir sur chaque paramètre indépendant est 1/2 ÆT, ou :
R
k= © 9
& @
On obtient alors pour la densité du rayonnement de fréquence y
Uy = su dv KT
Ce résultat étant en désaccord manifeste avec l’expérience, 1l
faut modifier au moins l’une des hypothèses fondamentales de la
théorie.
Abandonnons donc le théorème de l’équipartition de l'énergie,
et introduisons à sa place l'hypothèse due à M. Planck' que
l'énergie rayonnante de fréquence y est constituée d'éléments de
grandeur finie &. Le nombre de ces éléments soit égal à æ.
Pour exclure toute contradiction avec les bases électrodyna-
miques de la théorie, 1l faut supposer que l'élément d'énergie se
répartit toujours également sur un paramètre électrique et sur un
paramètre magnétique. Le nombre des paramètres indépendants
se réduit alors à a.
La répartition des éléments d’énergie est caractérisée par la
condition du désordre élémentaire. L'état défimtif se trouvera
réalisé, lorsqu'on aura effectué le plus d’échanges possible des x
éléments entre les a paramètres du rayonnement. On arrive ainsi
à la conclusion que a, paramètres restent à chaque instant
dépourvus d'énergie, et on trouve le nombre a, déterminé par
l'équation :
A — Co — No (8)
n étant le nombre d'éléments, tombant sur un paramètre dans la
répartition moyenne, c’est-à-dire :
spéaee (4)
La probabilité qu'un paramètre donné porte au moins un élé-
ment d'énergie est :
&— Go __ % G)
a a + x
Pour calculer l’entropie du rayonnement, nous faisons usage
du principe de Boltzmann sous une forme particulière, signalée
par M. Einstein * :
S — S — k log P
S et S, sont les entropies, correspondant à deux états différents
! Planck. Verh. deutsche phys. Ges. 2, p. 237, 1900. Vorles. über die
Theorie der Würmestrahlung, $S 148-152. Leipzig, 1906.
? Einstein. Ann. d. Phys. 17, p. 132, 1905.
SÉANCE DU 16 FÉVRIER 19
d'un même système, P est la probabilité relative de ces deux états,
et Æ la constante universelle, définie par la formule (2).
Envisageons donc la probabilité relative de l’état où tous les
éléments + seraient réunis sur un seul paramètre, vis-à-vis de
l’état qui s'établit et se maintient spontanément, La formule (5)
permet le calcul de cette probabilité relative qui s'exprime au
moyen d'un produit renfermant un très grand nombre de facteurs :
æ
11/ x \dx
= (|.
2x étant un nombre entier très grand et dx un nombre entier très
petit en comparaison avec æ. L'application du principe de Boltz-
manon donne alors :
0
S— 8, — # fäeiog * (7)
a + x
æ
L'énergie E, du rayonnement est définie par :
FE, + er
On tire facilement de la formule (7) la relation :
dE, edx æ
ds — Poe = — kdx he
La densité du rayonnement u, s'obtient par la substitution :
PAU lse
UN 0) 2
Pour satisfaire à la loi de Wien t il faut remplacer :
e — hv
et on arrive à la loi de Planck * :
LE EIR Lay (8)
En calculant la grandeur moyenne de l'élément d'énergie à la
température absolue T, on trouve :
1.0823
1.2010
Cette énergie est presque deux fois plus grande que l'énergie
cinétique d’une molécule monoatomique à la même température :
QARE
Si l'énergie cinétique des molécules était constituée d'éléments
de même grandeur que les éléments d'énergie de M. Planck, les
formules (3) et (4) permettraient d'établir, qu'à chaque instant
6/7 des 3N composantes de vitesse seraient dépourvues d'énergie.
£ — 3 RT = 2.71 KT
® W. Wien. Ber. kgl. Akad. Berlin. 9, II, p. 55, 1893. Planck. Vorles.
etc. $S 71-90.
? Planck. Loc cit.
20 SÉANCE DU 2 MARS
Cet exemple montre combien les bases théoriques de la loi de
Planck s'éloignent des idées habituelles sur la nature de la cha-
leur et de la lumière.
Séance du 2? mars
Th. Tommasina. Sur le magnéton de Weiss.
M. Ta. Tommasina. — Sur le magnéton de Weiss.
La cristallographie est pour la physique ce qu'est l’embryologie
pour la biologie, C'est avec des vues, des notions et même un lan-
gage de technique cristallographique que Curie avait traité dans
une Note, communiquée à la Société Française de Physique en
1894, de la possibilité de l'existence de la conductibilité
magnétique et du magnétisme libre.
« Le parallélisme des phénomènes électriques et magnétiques
nous amène naturellement à nous demander, disait-1l, si cette
analogie est plus complète. Est-il absurde de supposer qu'il existe
des corps conducteurs du magnétisme, des courants magnétiques,
du magnétisme libre? » et 1l concluait son raisonnement ainsi :
« Un corps chargé de magnétisme libre serait donc nécessaire-
ment dissymétrique énantiomorphe, c’est à dire non superposable
à son image obtenue par mirage. Deux sphères chargées respecti-
vement de quantités égales de magnétisme austral et boréal
seraient symétriques l’une de l’autre. On voit, ajoutait-il, qu'il n’y
a rien d’absurde, au point de vue de la symétrie, à supposer que
les molécules dissymétriques douées de pouvoir rotatoire soient
naturellement chargées de magnétisme libre.» Les recherches
expérimentales que Curie fit alors pour établir l’existence d’une
conductibilité magnétique donnèrent des résultats négatifs. Mais
il fait remarquer que la méthode adoptée, étant fondée sur l’ob-
servation d’un effet dynamique, ne permettait pas d'apprécier une
très faible conductibilité magnétique.
Après Curie, M. Langevin a publié en 1905 une fhéorte ciné-
tique du magnétisme à laquelle, à l’aide de l'hypothèse du champ
moléculaire, M. Weiss put faire embrasser les faits du ferroma-
gnétisme de ses recherches antérieures, ainsi que de celles plus
récentes, sur l’aimantation aux très basses températures ;
expériences faites à Leyde dans le laboratoire de M. Kamerlingh
Onnes et avec sa collaboration ?. Il suffit de lire dans ce travail,
la description détaillée des expériences et des dispositifs en regar-
dant les figures de la planche X, contenue dans le fascicule de
novembre 4910 des Archives, pour se faire une idée de la com-
1 Pierre Curie. Œuvres. Paris Gauthier-Villars 1908, p. 142.
2? Archives, 4e période, t. XXX, octobre et novembre 1910.
SÉANCE DU 2 MARS 21
plexité et de la délicatesse de ces recherches ainsi que des nom-
breuses difficultés même d'ordre pratique que les auteurs ont dû
vaincre et éliminer, pour arriver aux résultats précieux dont ils
ont par là enrichi la science, et dont tous ceux qui s'intéressent
avec amour à son progrès doivent leur en être bien reconnais-
sants. C’est donc en admirateur des travaux du professeur Pierre
Weiss, travaux qui l'ont placé au premier rang entre les physi-
ciens contemporains, que je vais lui adresser en cette Note quel-
ques observations théoriques à propos du magnéton, cette nou-
velle entité physique qu'il vient de découvrir, puisqu'il le définit
un constituant universel de la matière *. Aussi ai-je cherché
dans ses travaux l’origine des idées qui l’ont amené à la création
du magnéton, ou, plutôt, à la décision qu'il fallait individualiser
avec un nom le moment magnétique de l’aimant élémentaire.
Si j'ai bien compris la pensée de M. Weiss, il ne semble pas
qu'il veuille par cette individualisation soustraire le magnétisme
fondamental ou naturel de certains corps à la théorie électroma-
gnétique qui fait du magnétisme une catégorie de phénomènes
dont la nature ultime et la cause est purement et exclusivement
électrodynamique. Pourtant, J'ai trouvé dans ses écrits quelques
idées, qui ne me laissent pas une certitude complète là-dessus.
Ainsi, dans son récent mémoire paru dans les Archives, que je
viens de citer, M. Weiss parle de forces exercées par la matière
pondérable sur les électrons, et du rôle prépondérant que ces for-
ces jouent quand la température tombe à celle de l’air liquide.
« On peut leur attribuer, dit-il, en particulier l’importante dimi-
nution du nombre des électrons conduisant le courant électrique
dans les métaux qui sont en quelque sorte gelés sur les atomes
par l’abaissement de la température. » A part cette image des
électrons qui conduisent au lieu de constituer le courant, et qui
sont gelés, quand le phénomène température doit s'arrêter par
définition aux vibrations atomiques et moléculaires, je me demande
comment M. Weiss peut avoir une vision physico-mécanique de
cet ordre de phénomènes sans se préoccuper de l’action du milieu,
actif sans arrêt possible, qui par son travail continu maintient
aux atomes leur forme délimitée dans l’espace, car, en empêchant
leur désagrégation par les forces centrifuges des activités cinéti-
ques internes constitutives, il fournit à chaque type atomique ses
propriétés caractéristiques,
Mais l’auteur continue ainsi: «On aurait pu imaginer que
les mouvements des électrons du magnétisme, invariables ou à
peu près aux autres températures, commençassent, eux aussi, à
subir des changements importants au bas de l'échelle thermomé-
trique. Mais puisque rien dans nos résultats n’invite à faire cette
hypothèse, on sera tenté plutôt de conclure que les électrons
22 SÉANCE DU 16 MARS
du magnétisme sont différents de ceux qui produisent les
autres phénomènes. C'est moi qui souligne, car je vois dans ces
conclusions contraires à la théorie électrodynamique du magné-
tisme, l'embryon de l'idée de laquelle a germé le magnéton.
Aussi, je passe à l’examen de ses récentes Notes du 9 et 23 janvier
et du 13 février, lesquelles contiennent un résumé de faits de la plus
haute valeur qui fournissent à l’auteur certes un fort appui pour
ses conclusions et font franchir au magnétisme la barrière ato-
mique par des inductions tirées directement de l'expérience ce qui
constitue pour la science un progrès réel et important. Je trouve
très suggestifs les diagrammes et les chiffres des tableaux qui met-
tent en évidence cette partie aliquote commune ou constante, qui
semble bien ne trouver d'explication plausible que dans une modi-
fication magnétique intraatomique. Mais, je me demande si cela
autorise la conclusion capitale de M. Weiss : « Le magnéton est
donc un constituant universel de la matière ». S'il est un cons-
tituant primaire ne l’est-il pas des atomes ferromagnétiques, seu-
lement ? Et ce magnéton analogue de l’électron, quoique commode
au point de vue des calculs et des applications analytiques, n'est-il
pas un progrès à rebours au point de vue de l’ explication physique.
Pourquoi ne si voir là, simplement, un jeu constant et spé-
cial d'électrons, c’est à dire de modifications stables mais mobiles
des champs électromagnétiques toujours actifs du milieu ?
D'ailleurs M. Weiss déclare appeler magnéton le quotient m :
N=15,94x10—??, qui est le moment de l’aimant élémentaire Iui-
même et qui correspond à la partie aliquote des moments des ato-
mes-gramme. Or, si le magnéton n’est qu'un quotient, il n’est pas
une entité physique et alors comment peut-il constituer la matière,
en être un constituant universel ? Le tableau de la troisième Note
donne le nombre différent de magnétons que possède chacun des
corps ferromagnétiques, étudiés par l’auteur, chiffres qui corres-
pondent aux saturations moléculaires. Les magnétons seraient-ils
des élémentarquantums magnétiques analogues, dans le sens de
mon interprétation t, aux élémentarquantums lumineux de Stark?
Séance du 16 mars
Ed. Claparède. Introduction à l'étude du phénomène psycho-électrique. —
W. Radecki. Le phénomène psycho-électrique au point de vue physique
et physiologique.
M. Ed. CLaparÈèDE rend compte d’une série d'expériences qu'il
a commencées au Laboratoire de psychologie, en collaboration avec
M. W. Rapecki, sur le phénomène psycho-électrique.
1 [’élémentarquantum et la théorie électronique de l’éther. Archives,
juillet 1910, p. 100-108.
SÉANCE DU 16 MARS 23
Depuis une trentaine d'années, divers savants, notamment Vi-
gouroux, Féré, Tarchanoff, Sommer, etc. ont remarqué que le
corps humain offre aux courants électriques qui le traversent, une
perméabilité variant suivant diverses circonstances. Le Dr Vera-
guth, de Zurich, en 4906, a montré que les processus psychiques,
notamment les processus affectifs, produisaient d'assez fortes
déviations du galvanomètre dans le courant duquel le sujet était
intercalé. Mais jusqu'ici, la cause exacte, psycho-physiologique,
de ces déviations, n'a pas été découverte. Tandis que les uns
admettent qu'il s'agit de variations dans la résistance du corps
humain, d'autres croient que les processus affectifs sont accom-
pagnés du développement de forces électriques dans l’organisme,
et que ce sont ces forces naissantes qui font dévier le galvano-
mètre, mais on ne sait d’ailleurs ni par quel mécanisme la résis-
tance du corps diminue sous l'influence d’une émotion ou d’une
excitation affective, ni où prendraient naissance les nouveaux
courants invoqués. Cette question de la nature du phénomène
galvanique a été poursuivie par M. Radecki, qui exposera lui-
même ses recherches.
La première série d'expériences que nous avons entreprise et
qui a porté sur 30 sujets (13 h. et 17 f.) avait pour but de nous
rendre compte des variations individuelles du phénomène psycho-
électrique. Chaque sujet a été soumis, après avoir été placé dans
le circuit galvanique alimenté par deux piles Leclanché (même
dispositif que celui de Veraguth), à 10 excitations successives,
survenant de 10 en 40 secondes : lumière, piqüre, odeur, bruit,
calcul mental, etc. Les déviations galvanométriques que ces exCI-
tations ont occasionnées ont été enregistrées sur un cylindre. On
a pu ainsi constater les différences individuelles qui se sont mon-
trées considérables. Quant aux détails de ces différences, ils ont
été étudiés par M. Radecki, qui les présentera lui-même dans une
prochaine communication.
Grâce à l'obligeance de M. le prof. Weber, j'ai pu soumettre à
l'expérience psycho-électrique, il y a deux ans, quatre idiots com-
plets venant de Bel-Air. Ces individus n’ont pas donné la moindre
réaction au galvanomètre, quelle qu’ait été l'intensité des excita-
tations auxquelles ils furent soumis. Et cependant, ils avaient des
réflexes musculaires fort exagérés. Il semble que le phénomène
galvanique nécessite l'intégrité de l'écorce du cerveau.
W. Rapeckr. Sur les phénomènes psycho-électriques. (Rap-
port sur la partie physique et physiologique des recherches).
M. W. Radecki présente les résultats de ses recherches sur la
nature physique et physiologique des phénomènes psycho-élec-
triques.
24 SÉANCE DU 16 MARS
4
Les résultats des expériences l’ont amené à admettre que les
facteurs physiques jouant le rôle prépondérant sont les suivants :
1) changements de la conductibilité d'ensemble du corps humain
en rapport avec certaines excitations psychiques. 2) changements
des potentiels de la peau humaine ; ces changements sont inégaux
dans les régions qu’on met en contact avec les électrodes, et sont
aussi concomitants aux certaines excitations psychiques. Le pre-
mier fait peut être démontré de la manière suivante : On fait tra-
verser le corps humain par le courant d’une pile électrique, en
introduisant dans le circuit un galvanomètre. Si on renverse le
sens dans lequel passe le courant par le corps humain, en con-
servant le sens qu'il a dans le galvanomètre, les déviations du
galvanomètre qui sont toujours concomitantes aux certaines exci-
tations psychiques ne changent ni de direction ni d'intensité, Nous
remarquons en outre le fait qu'aux états d’excitations du sujet
correspond toujours une diminution de la résistance de son corps.
Le galvanomètre comme ampéremètre se prête mal à l’observation
du second facteur cité, qui ne peut être bien observé qu'au moyen
d’un voltemètre. Dans mes recherches j'ai employé un électromètre
capillaire de Lippman qu’on réunissait directement avec deux
électrodes mis en contact avec les deux mains du sujet examiné.
On remarque que le niveau du mercure dans l’électromètre se
déplace chaque fois qu’on soumet le sujet à une excitation psy-
chique. Ces déplacements nous montrent que pendant l'excitation
psychique du sujet ont lieu des changements ou en sens contraire
ou de même sens mais inégaux des potentiels de la surface des
deux mains. Comme fait important nous devons noter le manque
d'ordre et de constance dans la direction et dans la valeur quanti-
tative de ces déplacements.
Entre le moment où a lieu l’excitant et le commencement d’une
réaction électrique ou galvanique dans l’organisme humain s'écoule
une période latente de 0,5 à 15 secondes (2-3 secondes en moyenne)
Ce fait indique que Ée phénomènes psycho- -électriques ne sont
pas provoqués par simples réflexes mécaniques, car dans ce cas
ils succèderaient l’excitant immédiatement, ou après une fraction
de seconde, mais qu'ils sont les résultats des processus organiques
compliqués qui ont lieu pendant la période latente.
En analysant la nature physiologique des changements des
potentiels sur la surface des deux mains, nous étions amenés à
considérer ces changements comme une libération dans la peau
humaine des certaines quantités d'électricité, qui accompagne la
modification sous l'influence de l'excitation psychique des divers
processus chimico-organiques. (phénomènes de sécrétion, d’assi-
milation, etc.) Le fait que les changements des potentiels sont
plus grands aux endroits de la peau, riches en glandes sudoripares
SÉANCE DU 6 AVRIL 25
nous amène à la supposition que ce sont les phénomènes de la
sécrétion qui surtout influent sur ces changements. La différence
des potentiels, qui s'établit entre les régions symétriques du corps,
provient du fait que même dans les endroits symétriques les pro-
cessus organiques manquent d'une symétrie parfaite,
Avant d'énoncer une hypothèse sur la nature physiologique
des changements de la conductibilité du corps humain en rapport
avec les excitations psychiques, nous allons citer les résultats de
quelques expériences où on observait les changements de sa résis-
tance sous influence des processus physiologiques connus. Ces
expériences nous montrent 1) l'influence des modifications volon-
taires de la respiration sur la déviation du galvanomètre, qui
augmente pendant une respiration fréquente et profonde, diminue
pendant un arrêt volontaire de la respiration ; 2) la diminution de
la résistance du corps par suite de quelques minutes de travail
musculaire ou gymnastique. Nous savons en outre que quand les
glandes expulsent les ‘produits de leur sécrétion, la circulation y
est beaucoup plus active. Tous ces faits nous amènent à admettre
que les changements de la conductibilité sont dûs aux effets phy-
siques (changement du contact interne, modifications de l'échange
gazeux) des modifications, qui ont lieu dans nos processus vaso-
moteurs et respiratoire sous l'influence des états émotifs qui seuls,
comme nous le verrons dans mon second rapport, contenant
l'analyse des excitants et des sujets examinés, provoquent les phé-
nomènes électriques et galvaniques dans l'organisme humain.
Séance du 6 avril
W. Radecki. Phénomènes psychoélectriques. — A. Schidlof. Sur quelques
problèmes récents de la théorie du rayonnement. — Ed. Sarasin et
Th. Tommasina. Etude de l’action de la chaleur sur l’air ionisé par la
radioactivité induite.
W. Ranecki. Recherches sur les phénomènes psycho-électrri-
ques (Rapport sur la partie psychologique des recherches),
En analysant le genre d’excitations psychiques auxquelles cor-
respondent les phénomènes électriques dans l'organisme humain,
on remarque qu'ils ont lieu exclusivement en rapport avec nos
états émotifs et affectifs. Le fait que les phénomènes psycho-élec-
triques sont provoqués par les excitants sensitifs, perceptifs, tra-
vail intellectuel, effort mental, etc., etc., ne contredit pas à notre
proposition.
En réalité, nous savons qu'une excitation psychique correspon-
dante à un genre classificatif unique, n'existe pas, chaque excita-
tion étant un processus psychique compliqué possède parmi les
autres facteurs psychiques un «tonus » affectif, C'est à ce tonus
26 SÉANCE DU 6 AVRIL
affectif et non à la qualité ou à l'intensité quantitative des exci-
tants sensitifs que correspond le phénomène psycho-électrique. Si
pendant ces excitants, c'était la qualité de la sensation qui provo-
quait la réaction, un certain genre qualitatif des excitants devrait
toujours provoquer une déviation plus grande qu'un autre genre,
ce qui n’est pas le cas. Le sujet qui réagit une fois plus fortement
à une lumière qu’à un bruit, peut, une autre fois, présenter pen-
dant le bruit une réaction deux ou trois fois plus grande, qu’en
voyant une lumière. Si, en second lieu, c'était l'intensité objective
physique de l’excitant qui influait sur la réaction ps. el., un exci-
tant d’une même intensité devrait provoquer toujours une réaction
pareille, et l'augmentation ou la diminution de l’intensité physique
de l’excitant devrait être en rapport constant avec les grandeurs
des réactions (selon la loi de Weber). Ces deux phénomènes n'ont
pas lieu. Les séries des répétitions des mêmes excitants nous mon-
trent la variabilité de la réaction pendant ces excitants, les séries
où on provoquait les excitants d’une intensité physique strictement
mesurée (algésimètre, pendule acoustique, éclairage variable,
olfactomètre), montrent l'absence absolue d’un rapport entre l'in-
tensité physique de l’excitant et la grandeur de la déviation. (Eclai-
rage avec une lampe de 10 bougies a provoqué, par exemple, une
fois chez le AP sujet, une réaction deux fois plus forte que
l'éclairage avec 4 lampes de 50 bougies.) Quant aux réactions
provoquées par le travail intellectuel, l'analyse des périodes laten-
tes qui précèdent ces réactions et qui ne correspondent jamais aux
périodes latentes des autres cas chez le même sujet, nous montre
que le travail intellectuel et l'effort mental sont accompagnés par
une réaction psycho-électrique seulement quand ils sont réunis
avec une excitation émotionnelle (impatience, embarras, etc.). On
n’aperçoit point de déviation du galvanomètre pendant le travail
intellectuel, dès que l'émotion fait défaut. Par contre, tous les
excitants émotifs (émotions provoquées par association, par la
lecture des mots dont le sens trouble le sujet, narration des faits
qui l’émotionnent) sont toujours accompagnés par les réactions
psycho-électriques intenses. En plus, les expériences, où on provo-
quait les émotions subconscientes !, nous montrent que même aux
émotions subconscientes correspondent les réactions psycho-élec-
triques.
Quant au genre physique des réactions en rapport avec les exci-
tations, nous remarquons que les émotions provoquées par les
impressions immédiates, perceptives, sont mieux notées par le
galvanomètre, tandis que les déplacements du niveau de la colonne
du mercure dans l’électromètre correspondent surtout aux émo-
tions imaginatives et associatives.
! Faites en collaboration avec M. Abramowski.
SÉANCE DU 6 AVRIL 27
L'analyse des excitants permet d'établir les faits suivants :
1) Pendant les séries courtes d’excitations (5 à 40 minutes), le
niveau général de la courbe monte en majorité des cas; 2?) les
séries plus longues (50-60 minutes) provoquent un abaissement
final de ce niveau ; 3) du même le repos du sujet; #) les excitants
répétés cessent de produire une réaction dès qu'ils cessent d'être
accompagnés d’un sentiment de l'étonnement, et commencent à
être neutres au point de vue émotionnel; 5) les excitants agréables
ou désagréables provoquent une réaction toujours; 6) l'effort
volontaire peut diminuer la réaction; 7) pendant deux ou plu-
sieurs excitants produits simultanément, nous remarquons les
interférences de la réaction. Le dernier fait s'explique par l'in-
fluence d'un effort volontaire du sujet qui l’exerce consciemment
ou subconsciemment sur la réaction, en voulant porter son atten-
ion sur un des excitants,
En ce qui concerne l'analyse des sujets, les expériences ont
donné les résultats suivants : La série des mêmes excitants (lumière,
bruit, son d'orgue, odeur, travail mental, etc. !) appliqués dans les
intervalles de 30 secondes, montre les énormes différences indivi-
. duelles dans les réactions et la sensibilité des sujets. Le nombre
des déviations pendant cette série qui durait 8 minutes, varie
depuis 3 jusqu’à 130 chez 30 sujets (13 hommes, 17 femmes).
L'excitant qui, dans cette série, produit les maxima des dévia-
tons, est l’excitant auditif (sifflet). La durée des périodes latentes
oscille entre 0,8 et 5 secondes (2,37 en moyenne). Elle a, comme
en général, peu de correspondance avec le genre physique d'exci-
tants, pourtant les réactions provoquées par les excitants tactiles
sont, dans cette série, presque toujours précédés par les périodes
latentes plus courtes que les autres réactions. En tout, les sujets
ont réagi sur 86 %/o d'excitants. Il est à remarquer que les hommes
ont réagi sur 90 %/o d’excitants, les femmes sur 82 °/,. Si on com-
pare les chiffres avec les nombres des déviations de la courbe pen-
dant toute la série qui sont égales : 33,7 (en moyenne) pour les
hommes, 39,8 (en moyenne) pour les femmes, cette comparaison
nous montre qu'une grande partie des déviations a lieu chez les
femmes pendant les intervalles entre les excitations (attente), tandis
que les hommes réagissent surtout sur les excitants concrets.
Dans une autre série d'expériences, j'ai appliqué le galvanomètre
et surtout l’électromètre pour les psycho-analyses. On demandait
au sujet de faire les associations libres en chaîne en partant d'un
mot quelconque. Dans ce cas, les associations amènent toujours le
sujet dans un domaine des idées ou des images, qui ne lui sont
pas indifférentes. Dès qu'il s'en approche, on voit de considérables
réactions psycho-électriques. Ce fait permet de découvrir les causes
! Faite en collaboration avec M. le prof. Claparède.
28 SÉANCE DU 6 AVRIL
conscientes ou subconscientes de beaucoup de troubles psychiques
(psychiasthénie), et peut rendre des services importants en médecine;
il peut évidemment trouver aussi une application dans la justice.
Pour conclure, ajoutons que quoique les énormes différences
individuelles rendent la méthode exposée peu applicable, quand il
faut comparer les sujets, sa grande valeur repose surtout dans le
fait qu’elle rend la possibilité de comparer objectivement les con-
tenus émotifs que présentent, pour un même individu, les diffé-
rentes excitations, images, représentations ou idées.
A. Somipcor. Sur quelques problèmes récents de la théorie
du rayonnement. II. La signification électrodynamique de
l'élément d'action h.
Pour expliquer l’origine électrodynamique des éléments de
l'énergie rayonnante, on peut essayer de se représenter la consti-
tution des résonnateurs optiques qui, selon M. Planck, sont la
cause de la structure particulière du rayonnement. M. A.-E. Haas!
a indiqué une voie à suivre. En se basant sur le modèle de l’atome
imaginé par M. J.-J. Thomson ?, il obtient pour l'atome d’hydro-
gène une concordance numérique curieuse.
En recherchant la signification générale et universelle de l’élé-
ment d'action, j'ai dû modifier légèrement l'hypothèse de M. Thom-
son. D’après ses idées, l'électricité positive forme une sphère de
rayon À et de densité cubique n qui contient un certain nombre
(N) d'électrons de charge e. On peut maintenant supposer que la
plus grande partie de la charge négative se trouve réunie au centre
de la sphère positive en un noyau sphérique compact. Cette sphère
négative serait dans un état d'équilibre très stable. Elle est entou-
rée d’un certain nombre d'électrons dispersés dans la sphère posi-
tive qui, dans certaines circonstances, peuvent quitter la sphère.
L'absorption de l'énergie rayonnante n’a lieu que si un électron
quitte la sphère, et l’émission est toujours accompagnée de la
rentrée d’un électron. L'énergie absorbée ou émise, égale à la
variation de l'énergie potentielle du système, s'exprime par :
E=,— (1)
Sous l'influence d'un champ électrique uniforme la charge
négative totale se déplace par rapport à la charge positive comme
un système rigide. La force F sollicitant la charge Ne est propor-
tionnelle à l’écart de la KI ANA d'équilibre Ar :
2 0<
N
F= — = eNe Ar = US An
* A.-E. Haas. C. R. de l’ Acad. de Vienne. T. 119. I Février 1910.
* J.-J. Thomson. Die Korpuskulartheorie der Materie. Die Wissen-
schaft Fasc. 25. 1908.
SÉANCE DU 6 AVRIL 29
Il en résulte pour la fréquence des oscillations propres du sys-
tème, y :
e N
_ 2x Ay AM
M représente la masse du système oscillant. La grande majorité
des charges étant contenue dans le noyau central, on peut exprimer
la masse électromagnétique des charges négatives par :
M=N/m (3)
m étant la masse électromagnétique d'un électron isolé. On a
donc :
Set À er qe sir (Ne (4)
(2)
v
V N':
La densité p de l'électricité positive étant la même dans tous les
résonnateurs, on doit avoir :
-…
— Const.
Il en résulte que À est une constante absolue dont la valeur ne
dépend que des constantes universelles e, p, m.
L'expérience vérifie cette prévision, Si on admet que le nombre
d'électrons contenu dans un atome est proportionnel au poids ato-
mique, le rapport AS/N doit être sensiblement proportionnel à
uw. —1/N où y, est l'indice de réfraction pour des longueurs d'onde
infinies et M le poids moléculaire du gaz".
Les nombres suivants ont été tirés des mesures de dispersion
des gaz faites par C. et M. Cuthbertson ?.
| | 6
| | jé ri RL ET
6 La 6 Fo
| |
Hélium or 69.4 | 1284/4160
. | ” : ei 133 6.65 | 1.37
AO... | 40 559 | 14.0 1.55
Krypton. ..…. | 80 840 | 10.5 1.48
Xénon ...... | 128 1364 | 10.65 1.48
Oxygène.....| 32 266 | 8.3 1.42
Azote....... | 28 295 | 10.5 1.48
Hydrogène... | | 136 | 68.0 2.02
Phosphore. ..| 62 | 1165 18.8 1.63
Arsenic...... | 150 1550 10,3 1.47
Soufre....... | 64 | 1045 | 16.35 1.57
Mercure. .... | 200 1765 8.82 1.44
LE trie 64 641 10.0 1.47
| : ER FOTERER | 34 624 | 18.3 1.62
! u,, —1 est, comme l’on sait, proportionnel au volume des molécules.
? C. et M. Cuthbertson. Proc. Roy. Soc. London (A.) 83 pages 149
151 et 171. — 1909.
30 SÉANCE DU 6 AVRIL
Pour des gaz d’un poids moléculaire élevé le rapport y, —1/M,
et par conséquent p, est approximativement constant.
6
Es
M
est sensiblement constant pour tous les gaz, excepté l'hydrogène.
La formule (4) fournit donc un nombre très approximativement
constant pour la plupart des atomes. En utilisant la donnée rela-
tive à l'atome de mercure, j'ai obtenu :
h—62X10
Ce chiffre peut être encore augmenté, si l’on admet, conformé-
ment aux résultats des mesures de dispersion, que Hi masse de
l'électron à l’intérieur de l'atome est plus grande que dans le vide.
Une méthode due à Drude permet de calculer le rapport e/m pour
l’électron oscillant à l'intérieur de l'atome d'hydrogène. On trouve :
— 1.37 X 10° U.E.M
D'où l’on tire :
m = 1.14 X 107°7
Cette valeur introduite dans la formule (4) donne :
h — 6.05 X 107 *"
La valeur indiquée par M. Planck est :
h = 6.5 X 107
Ed. Sarasin et Th. Tommasina. — Ætude de l’action de la
chaleur sur l'air ionisé par la radioactivité induite. — Con-
statation d'une différence de nature entre le produit de la
désactivation lente et celui de la désactivation rapide.
Dès nos premières recherches sur la nature du phénomène de
l'accroissement de l'effet de décharge par une faible élévation de
température des cloches métalliques à radioactivité induite de lon-
gue ou de courte durée, nous nous sommes préoccupés de la pos-
sibilité que la convection calorique, agissant directement sur l’air
ionisé, puisse y Jouer un rôle important, sinon exclusif, Voici les
considérations qui nous avaient amenés, ensuite, à exclure cette
interprétation.
1° L'effet de la chaleur se mamifestait avec des cloches métalli-
ques éventées avant la chauffe, chauffées ouvertes et éventées
encore avant d’être placées sur le plateau de l’électroscope; puis,
maintenues ouvertes sur ce dernier, pendant les lectures, pour
empêcher toute condensation de l’émanation, toute augmentation
de pression, de saturation ou de densité de l’air ionisé.
20 Nos résultats toujours négatifs, pour l'effet de la chaleur,
SÉANCE DU 6 AVRIL 31
lorsque les cloches activées étaient en verre, même si l'on opérait
à cloche fermée; tandis que l'air ionisé s'y conservant mieux à
cause de leur mauvaise conductivité, aurait dû, en ce cas, subir
davantage la modification calorifique.
Cette anomalie apparente est expliquée en attribuant l'effet de
la chaleur, au contraire, à une expulsion partielle plus facile par
les corps conducteurs que par les diélectriques, étant établi que
l'émanation pénètre ces derniers, y est absorbée et s'y conserve
très longtemps active.
Pourtant, comme ces résultats ne tranchaient pas la question,
nous en avons continué l'étude à l’aide d’une série de modifica-
tions expérimentales qui nous ont fourni les résultats que nous
présentons, dans cette Note, avec une description sommaire des
opérations exécutées.
Après les importantes recherches de Rutherford ! sur la recom-
binaison des ions dans l'air et dans d’autres gaz à la pression
atmosphérique, M. R.-K. Me. Clung en poursuivit l'étude pour
des pressions différentes et trouva que la valeur du coefficient de
recombinaison est indépendante de la pression de l'air dans lequel
l’ionisation se produit?. Ensuite, ce même auteur, par ses expé-
riences sur les effets de la lempérature sur l'ionisalion pro-
duite dans les gaz par les rayons de Rôntgen * put établir que
pour des variations comprises entre 15° et 272 l'ionisalion
est indépendante de la température, bien que dépendante de la
densité et proportionnelle à la pression par unité de volume du
gaz. L'accroissement de la vitesse de décharge électrique, produit
par de faibles élévations de température sur l'air 1onisé, ne doit
donc pas être attribué à l'accroissement de l’ionisation, mais à
celui du nombre des chocs dû à l'accélération thermique de la
vitesse des ions.
Dans notre cas, la production des ions est due au dépôt actif et
au rayonnement complexe «, B, 7, pouvant consister en une
expulsion partielle du dépôt actif ou en sa désagrégation, qui est
la source du rayonnement secondaire. Or, tandis que la désagré-
gation atomique n'est pas influencée par la température, une telle
influence peut parfaitement exister dans la cause mécanique qui
accélère l'expulsion du dépôt actif en couches superficielles. C'est
ce phénomène purement mécanique, que nous supposions dû à la
vibration thermique des molécules de la surface intérieure de nos
cloches métalliques, que nous avons indiqué par le mot surdésac-
hivation. W nous fallait donc établir si une telle expulsion avait
heu ou non, et, en ce dernier cas, si l'effet pouvait être obtenu en
! Rutherford. Phil. Mag., Novembre 1897.
* R.-K. Me. Clung. Phil. Mag., t. III, 1902, pp. 283-305.
* Idem. Phil. Mag., t. VII, 1904. pp. 81-95.
32 SÉANCE DU 6 AVRIL
chauffant l'air ionisé renfermé dans nos cloches sans chauffer les
cloches elles-mêmes; voici comment nous avons procédé.
Nous avons commencé par confirmer, à l’aide du dispositif que
nous allons décrire, la constatation déjà faite par Me Curie, qu'il
y a un dépôt actif, en suspension dans l'enceinte activante, conte-
nant de la vapeur d’eau, qui subit l’action de la pesanteur, de
façon que les surfaces horizontales en reçoivent davantage, et sont
donc plus radioactivées que les surfaces verticales ou inclinées. Le
dispositif que nous avons imaginé dans ce but et utilisé est très
simple. Un disque en métal, en verre ou en une substance quel-
conque, sert de couvercle mobile à un cylindre métallique dans
lequel est placé le sel de radium, le tout est recouvert par une
cloche en verre constituant la chambre d'activation ou d’ionisa-
tion. Le jour suivant, ou après 4 ou 5 heures seulement, on sort
le disque et on le place sur un autre support cylindrique, identi-
que au premier, mais non activé, qui se trouve sur le plateau de
l’électroscope. On constate, en retournant le disque après chaque
série de lectures, que les décharges produites par la face de des-
sous du disque, qui était en regard du radium, sont plus faibles
que celles produites par la face opposée qui a reçu le dépôt actif
sous l’action de la pesanteur. Le gaz émanation se trouve partout
dans l'enceinte activante, car le
disque ne fermant pas herméti-
quement le support cylindrique
n'en empêche point la diffusion.
On a ainsi les deux courbes
de désactivation A et A’ de la
figure 2, qui sont sensiblement pa-
rallèles, et dont la forme est du
type TI de la figure 4, de notre
précédente Note, que nous repor-
tons ici, car cela confirme nos pré-
cédentes conclusions.
Ensuite, nous avons fait cons-
truire deux autres cloches métalli-
ques de même dimension que les
précédentes, dans le but d'utiliser , ri TD IIS LES
l’action de la pesanteur pour le Fig. 1
transvasement du gaz émanation
et du dépôt actif solide qui s’y trouve en suspension, Nous avons
pu reconnaître, dès le début, un fait important pour notre étude,
qui consiste en ceci : que tandis qu'il nous a été facile de verser
dans les nouvelles cloches non activées une partie du contenu
actif de la cloche à radioactivité induite à désactivation rapide,
aucune trace de dépôt solide n’a pu être transvasé, aucune trace
SÉANCE DU 6 AVRIL 33
d'émanation n'a pu être commu-
niquée par diffusion de la cloche
à radioactivité induite à désacti-
vation lente à la cloche non acti-
vée. Même en faisant varier les
températures respectives des deux
récipients, de façon à faciliter le
mélange de l'air ionisé de l’un avec
l'air chauffé ou refroidi de l’autre,
rien ne nous à permis de cons-
tater la moindre accélération de
décharge; tandis, qu'au contraire,
nous pouvions suivre, pendant des
heures, la courbe indiquant la
disparition lente de l'activité du
mélange obtenu par le transvase-
ment du contenu d’une cloche à
activation de courte durée dans
une cloche non activée. Ce sont les courbes B et B" de la figure 2,
analogues au type [ de la figure 4, courbes qui constituent une
nouvelle confirmation de nos conclusions sur ce sujet.
Fig. 2
70 80 930 100 minules
Comme on sait, les surfaces métalliques facilitent la recombi-
naison des ions, d’après cela, nous avons cru nécessaire de répéter
ces essais avec une cloche en verre non activée, Le transvasement
dans cette cloche nous a donné les mêmes résultats positifs pour le
produit à évolution rapide, et toujours des résultats négatifs pour
le produit à évolution lente. Il faut donc conclure que la cloche à
désactivation lente ne renferme point, sensiblement, ni d'émana-
tion libre, ni de dépôt solide en suspension. Or, comme cette
3
34 SÉANCE DU 20 AVRIL
cloche montre si nettement l'effet des faibles élévations de tempé-
rature, cet effet ne peut pas être dû à l’expulsion supposée, au
moins en sa totalité. Nous sommes forcés de faire cette dernière
restriction, à cause des faits suivants : Nous avons constaté que
l’air ionisé contenu dans cette cloche, arrivait à saturation, ou
mieux à un certain degré de saturation, sans chauffage, en quel-
ques heures, et qu'il suffisait de la placer verticale, ouverte en bas,
pendant quelques minutes, pour pouvoir ensuite reconnaître,
immédiatement, la disparition du surplus de son air ionisé, qui
paraît subir l'effet de la pesanteur, car, si la cloche est ouverte en
haut au lieu de l'être en bas, la chose ne se vérifie pas.
L'expérience qui nous a, enfin, montré qu’on peut obtenir l'effet
thermique d’accélération de la décharge sans l'intervention de
l'expulsion du dépôt actif, est la suivante : Au lieu de chauffer sur
le calorifère la cloche active même, nous y avons chauffé une clo-
che non activée et avons, au contraire, refroidi la première; puis,
après avoir placé celle-ci, pendant quelques instants, sur la cloche
chauffée pour recevoir une partie de son air chaud, nous l'avons
placée rapidement sur le plateau de l’électroscope avant que le
métal en fût sensiblement chauffé. Nous avons constaté que la
décharge était accélérée presque autant que lors de la chauffe des
parois mêmes de la cloche active. Ce qui montre que la modifica-
tion apportée par de faibles élévations de température consiste
dans une accélération, due à la convection calorifique, de la vitesse
des ions produits par le rayonnement du dépôt actif, mais qui
n'exclut pas qu'il puisse y avoir aussi une surproduction de ions
par ce dernier, avec ou sans l'intervention de la vibration thermi-
que moléculaire du métal activé, qui a lieu lorsqu'on chauffe les
cloches activées mêmes.
Il reste l’anomalie des cloches en verre, nous en poursuivons
l'étude, car il se peut, comme nous l’avons déclaré dans notre pré-
cédente Note, qu'il suffise, pour obtenir un effet analogue, d’éle-
ver la température.
Séance du 20 avril
F,-A. Forel. Observations météorologiques faites à Genève au XVIII: siècle
par Charles de Lubières. — Raoul Gautier. À propos de la communication
de M. Forel. — Le même. La climatologie du Grand Saint-Bernard. —
Arnold Pictet. Un nouvel exemple de l’hérédité des caractères acquis. —
J. Carl. Sur un diplopode hermaphrodite.
M. F.-A. Forez, de Morges, présente au nom de M° Aimée
Dufour-Falquier, veuve du professeur Charles Dufour de Morges,
cinq cahiers manuscrits d'observations méléorologiques faites à
SÉANCE DU 20 AVRIL 35
Genève de 1760 à 1789; ces cahiers proviennent des papiers
de Ch. Dufour, et ses héritiers en font don à l'Observatoire de
Genève.
Ces cahiers sont dus à Charles-Benjamin de Langes, baron de
Lubières, membre du Conseil des CC de Genève, né en 1744,
décédé le 4° juin 4790 à Genève. Il était fils de François de
Langes de Montmirail, gouverneur d'Orange puis de Neuchâtel,
reçu bourgeois de Genève en 1703, et de Marie Calandrini; il
avait épousé en 1760 Olympe Camp. Il est mort sans enfants.
Les observations météorologiques ont été faites au lieu de sa
résidence, en hiver à Genève, rue Beauregard, en été à Saconnex.
Lubières avait des attaches au Grand-Saconnex, où la famille de
sa grand'mère maternelle, née Julie de Pelissari, possédait une
terre, aujourd'hui propriété Pasteur ; plus tard, en 1768, Charles
de Lubières acheta une propriété au Petit-Saconnex, à l'angle des
chemins du Bouchet et du Marais, près de ce qui est aujourd'hui
l’Asile des Vieillards.
Les observations comprennent entre autres : des lectures du
thermomètre, deux fois par jour, du baromètre, de la girouette,
de l'hygromètre, la caractéristique du temps et de ses accidents
aux différentes heures de la journée, la pluie, la neige, l'évapo-
ration, des notes phénologiques, des notes sur tous les phéno-
mènes actuels locaux et généraux.
M. Raoul GawrieR, directeur de l'Observatoire, remercie M. le
prof. F.-A. Forel de ce qu'il vient de dire. L'Observatoire est très
reconnaissant à Madame Charles Dufour et à M. Forel du beau
don qu'ils font à notre institut astronomique et météorologique.
L'observatoire possède déjà, pour le XVIII siècle, quelques docu-
ments importants au point de vue météorologique, dans les
registres manuscrits de Jaques-André Mallet, de Marc-Auguste
Pictet et de Frédérie-Guillaume Maurice. Ces documents joints
aux observations déjà imprimées dans le Journal de Genève de
4787 à 17M et dans les £phemerides Soctetatis meteorologicæ
Palatinæ de 1782 à 1789 fournissaient des données intéressantes
au point de vue de la pluie jusqu’en 1782 en arrière, avec une
lacune. La série de 30 ans des observations de Charles de Lubières
comble la lacune et permettra de reculer cette série en arrière,
peut-être jusqu'en 1770. C’est donc un précieux accroissement
pour les archives météorologiques de Genève.
M. Raoul Gaurier fait une communication sur la C'{imatolo-
gie du Grand Saint-Bernard. Les observations météorolo-
giques qui se font dans cette station élevée ont commencé au
mois de septembre 1817 au moyen d'instruments qui y ont été
36 SÉANCE DU 20 AVRIL
installés à cette date par M.-A. Pictet. Elles n’ont pas cessé depuis
lors et ont toujours paru dans les cahiers mensuels des Archives,
par les soins de l'Observatoire de Genève, qui s'occupe actuelle-
ment, depuis plusieurs années, à traiter l’ensemble de ces obser-
vations en vue d’une climatologie complète de cette station.
M. Gautier a déjà publié quelques aperçus de ce travail, relatifs
à la température et aux précipitations *.
Il expose à la Société les graphiques relatifs à ces éléments et
d’autres relatifs à la pression atmosphérique et à la nébulosité, en
opposant les courbes moyennes de Genève (Observatoire) et du
Si-Bernard. On y constate aisément les différences que produit la
différence de hauteur à notre latitude. La cuvette du baromètre
du St-Bernard est à 2476 m., celle de l'Observatoire de Genève
à 405 m.
M. Arnold Prcrer. Un nouvel exemple de l'hérédité des
caractères acquis.
Nous avons signalé précédemment? deux exemples de l’hérédité
des caractères acquis chez les Iépidoptères.
Voici un nouvel exemple, que mettent en évidence les récentes
expériences que nous avons entreprises à l’Institut de zoologie de
l’Université de Genève, et qui montre encore la facilité avec
laquelle une habitude nouvellement acquise à une espèce, peut se
transmettre par hérédité, à la génération suivante.
Nous sommes parvenus, en 4910, à accoutumer des chenilles
de Lasiocampa quercus (nourriture normale : Chêne, Rosacées,
etc.) à consommer des aiguilles de Sapin. Les chenilles de toute
une ponte (150 environ) sont divisées en deux lots d’égale quan-
tité ; les individus de l’un de ces lots sont nourris d’Evonymus
japonicus et considérés comme témoins. Disons, en passant, que
les chenilles qui ont coutume de se nourrir de feuilles plates
entament celles-ci par le bord latéral en se fixant elles-mêmes à la
tige ou à une branche voisine. L’écartement des mandibules des
larves de lépidoptères est calculé pour l’épaisseur des feuilles et ne
peut pas dépasser une certaine limite.
Les individus du 2° lot sont placés, dès la troisième mue, en
présence d’aiguilles de Sapin, à l'exclusion de toute autre essence
végétale. Pour consommer ces aiguilles, les chenilles agissent
tout d’abord comme si elles se trouvaient en présence de feuilles
1 Neuvième Congrès international de Géographie. Compte rendu des
travaux. Tome II, p. 348 et p. 466.
? Voir Archives des Sc. phys. et nat. 4 pér., vol. XX VIII, p. 504, et
Verhandl. der Schweiz. Naturforsch. Geselisch., 93, Jahresvers. Basel.
1910, vol. I. p. 272.
SÉANCE DU 20 AVRIL 37
plates et essaient de les entamer par le côté; mais leurs mandi-
bules ne peuvent donner assez d'écartement pour cela, en sorte
que nos bestioles s'épuisent rapidement en de vains efforts.
Cependant, plusieurs d’entre elles, en montant le long des aiguil-
les, arrivent à conduire leur tête au sommet de celles-ci, qui est
cônique, plus mince que le reste et, par conséquent, mieux appro-
prié à l’écartement de leurs pièces buccales. Une fois que le som-
met de l'aiguille a été mangé, il leur est facile de creuser dans
l'épaisseur de celle-ci et c'est de cette façon que les chenilles arri-
vent à se nourrir. Voici donc le caractère nouvellement acquis,
ui consiste, pour les individus de nos expériences, à entamer
les aiguilles de haut en bas et à les creuser, alors que leurs
congénères, dans leur vie habituelle, entament les feuilles par
le côté et les mordent.
Voyons comment se comporteront les chenilles de la seconde
génération, c'est-à-dire celles qui sont issues de parents adaptés
au Sapin, une fois qu'elles se retrouveront dans les conditions
normales, en présence de feuilles d'Evonymus.
Il est manifeste qu'elles ne se rendent pas bien compte de la
façon dont elles doivent s'y prendre pour ronger les feuilles
de cet arbuste et qu'elles cherchent à les entamer par le sommet.
Et, comme les larves de cette seconde génération sont chétives,
le mortalité est assez élevée ; une vingtaine seulement arrivent
à s'adapter à nouveau au régime avec des feuilles plates, mon-
trant ainsi qu'elles sont revenues, quoique avec difficulté, au
mode habituel de l'espèce. Mais, trois de ces chenilles ont tout
particulièrement de la peine à se nourrir; suivons-les donc attenti-
vement dans les efforts qu’elles font pour cela. Après avoir essayé,
en vain, d'une feuille, nous les voyons passer à une seconde, puis
à une troisième et se reposer un instant. Ensuite, elles recom-
mencent les mêmes essais, arrivant à peine à ingérer quelque
mince parcelle d’épiderme foliaire, pour devoir se reposer à nou-
veau. Enfin, elles se promènent activement dans l’éleveuse et le
long des branchages. L'une d'elles, au hasard de sa promenade,
grimpe le long d’une petite branche et en atteint le sommet qui
est légèrement pointu, nu et dépourvu de feuilles ; puis, elle se
met à entamer le sommet de cette branche de haut en bas et à
creuser dans l'intérieur de celle-ci, de la même façon que ses
parents avaient pris l'habitude de consommer les aiguilles de
Sapin. Les deux autres chenilles font de même.
Ainsi donc, des larves de Lasiocampa quercus ont dû prendre,
our l'ingestion de leur alimentation, une habitude nouvelle, et
cette habitude se transmet, dans les conditions que nous venons
de décrire, à trois de leurs descendants sur vingt.
Lors de celles de nos expériences qui eurent pour résultat
38 SÉANCE DU 20 AVRIL
l'adaptation des chenilles d'Ocneria dispar à la nourriture avec
des aiguilles de Conifères, les difficultés qu'ont éprouvées ces che-
nilles ont été plus grandes que celles éprouvées par les Zasio-
campa quercus dans les mêmes circonstances ; le 75 °/o des
Ocneria dispar mis à ce régime, n’ont pas réussi à s’y accou-
tumer et ont péri. Mais, ce qui montre que l'habitude acquise
par nécessité peut se transmettre aux descendants, c'est le fait
que les Ocneria dispar de la seconde génération se sont mises,
très facilement et presque sans hésitation, à entamer les aiguilles
par leur sommet, en sorte qne la mortalité a été presque nulle,
Dans ce cas, le caractère acquis est manifestement transmis.
Du reste, des exemples de ce genre sont fréquents dans la lépi-
doptérologie expérimentale, principalement en ce qui concerne
l'alimentation des larves. Nous savons, en effet, d’après les résul-
tats d'expériences antérieures, que les chenilles de lépidoptères
ont souvent de la peine à se nourrir de feuilles qui ne sont pas
celles que consomme l’espèce habituellement. Cette adaptation se
manifeste par un ralentissement dans la croissance et une dimi-
nution de taille des larves, et, corrélativement, par un nanisme
accentué et la pâleur des papillons. Or, si le régime nouveau est
continué aux individus de la génération suivante, on observe fré-
quemment que ces caractères d'infériorité tendent à disparaître
dans bien des cas ; à la 3° ou 4° génération déjà, les larves ne
sont plus gênées par le régime nouveau, et l’adaptation peut être
considérée comme faite. Cela nous montre encore que ces indi-
vidus héritent de leurs parents l'habitude nouvelle que ceux-ci
ont été forcés de prendre et, aussi, qu’ils la perfectionnent.
Dr J. Car. Sur un Diplopode hermaphrodite.
En étudiant la riche collection de Diplopodes rapportée de la
Colombie par M. le prof. O. Fuhrmann j'ai pu constater chez un
Polydesmide du genre Euryurus (E. tænia Pet.) une anomalie
rare et digne d’être signalée.
Cet exemplaire porte sur le septième segment, antérieurement,
du côté gauche, une patte ambulatoire normale et du côté droit
une patte copulatrice de la forme caractéristique pour l'espèce.
Karson‘ avait déjà observé cette anomalie chez la même espèce,
sur un des exemplaires ayant servi à la description de PETERs.
Mais n’ayant pas disséqué l’animal il ne put trancher la question
de savoir s’il s'agissait d’un arrêt de développement chez un g ou
d’un exemple de véritable hermaphroditisme,
En désarticulant l’exemplaire récolté par M. Fuhrmann nous
avons constaté qu'il contenait un très grand nombre d'œufs. Il
1 Zum Studium der Myriopoda Polydesmia. Archiv für Naturge-
schichte. Bd. XLVII. 1881, p. 44, 45, fig. 29.
SÉANCE DU 4 MAI 39
possède aussi des vulves comme les Q normales et représente done
une femelle à hermaphroditisme extérieur partiel.
Une anomalie tout à fait analogue a été observée par Broele-
mann* chez un autre Polydesmide, Aphelidesmus hermaphro-
ditus Brül. Le genre Aphelidesmus est très voisin de £uryurus
et habite aussi la Colombie. Ceci éveille l'idée que certains
groupes de Diplopodes pourraient être plus disposés au herma-
phroditisme que d'autres ou que certaines régions favoriseraient
l'apparition de cette anomalie.
Ces trois observations pourraient encore être invoquées pour
prouver l'homologie des pattes copulatrices avec les pattes ambu-
latoires si les données de la morphologie comparée n'en fournis-
saient pas à elles seules déjà des preuves suffisantes,
Séance du 4 mai
J. Briquet. Sur la structure et les affinités d’Ilecebrum suffruticosum. —
Perrot et Baume. Sur quelques constantes chimiques des gaz liquéfiés.
— L. Duparc, Jeanneret et Wunder. Sur le dosage et la séparation du zir-
conium d'avec la silice, le fer et l’alumine.
M. J. Briquer. Sur la structure et les affinités de l'Ilecebrum
suffruticosum L. — L'Illecebrum suffruticosum L. est une
Caryophyllacée inférieure du groupe des Paronychiées — parti-
culière aux garigues de l'Espagne, de l'Algérie et du Maroc —
dont les affinités ont été diversement interprétées. On s’est sans
doute rendu compte de bonne heure qu'elle n'appartenait pas au
genre /{lecebrum, dans le sens où ce groupe est circonscrit depuis
plus d'un siècle, mais on l’a rapportée tantôt au genre Herniaria,
tantôt au genre Paronychia. Ce désaccord provient de ce que
les auteurs n'ont pas fait une étude détaillée de la fleur et du fruit,
fort petit, il est vrai, C’est pour combler cette lacune que le pré-
sent travail a été entrepris, en complétant l'examen morphologi-
que par une étude anatomique. Les principaux résultats de ce tra-
vail sont les suivants :
Le calice gamosépale se compose d’un tube obconique et de cinq
pièces en forme de capuchon, pourvues d’une apophyse dorsale.
Les cinq staminodes alternisépales sont insérés sur le tube À la
hauteur des sinus; les cinq étamines épisépales sont logées à l'in-
térieur des capuchons! Le pollen est à 10-12 pores. L'ovaire se
compose de deux carpelles ouverts concrescents; il porte un style
! Myriapodes du Haut et Bas Sarare. Annales Soc. entom. de France,
vol. LXVII, 1898, p. 324, 325, PI. 28, fig. 9. BrœLEmaxx ne semble pas
avoir eu connaissance de la note de Karsou.
40 SÉANCE DU 4 MAI
à deux stigmates antéro-postérieurs ; il est uniloculaire et contient
un ovule unique, campylotrope, bitégumenté, placé au sommet
d’un long funicule, à micropyle infère. Dans la suite, le funicule
s'allonge, la semence se renverse, le micropyle devient supère, ce
qui a pour conséquence que la radicule de l'embryon incurvé est
dirigée vers le sommet de l'ovaire.
Ces caractères font, sans contestation possible, de l’Z{lecebrum
suffruticosum une espèce du genre Paronychia. A l’intérieur
de ce genre, cette espèce doit former une section spéciale Pseud-
herniaria, caractérisée par la présence de cymes terminales, fpar
les stipules bractéiformes réduites, et par un phellogène caulinaire
péricyclique. Ce dernier caractère est très remarquable : les Paro-
nychia étudiés jusqu'ici ayant un phellogène hypodermique.
L'auteur donne encore de nombreux détails sur la structure
intime de la tige et de la feuille dans leurs rapports avec l'écologie
de la plante.
Le travail de M. Briquet fait d’ailleurs l’objet d'un mémoire
détaillé, avec figures, dans l'Annuaire du Conservatoire et du
Jardin botanique de Genève, t. XIII-XIV.
M. F.-Louis Perror. Sur quelques constantes physicochimi-
ques des gaz liquéfiés.
Au cours des recherches sur les gaz liquéfiés, qu'il poursuit en
collaboration avec M. Georges Baume, l’auteur a été conduit à
déterminer ou à reprendre la densité et la tension de vapeur à
différentes températures d’un certain nombre d’entre eux.
La méthode employée, extrêmement simple, a permis de con-
trôler d’une façon directe la méthode volumétrique utilisée dans
les recherches des mêmes auteurs sur les courbes de fusibilité des
mélanges gazeux; la précision a été trouvée de l’ordre de 1 :4000,
conformément aux résultats du calcul.
Les gaz étudiés, purifiés par liquéfaction et distillations frac-
tionnées, étaient conservés à l’état liquide dans une ampoule con-
venablement refroidie et réunie au reste de l'appareil; celui-ci,
débarrassé de toute trace d’air, était entièrement construit en verre
soudé.
Les mesures de densité ont été effectuées au moyen d'un dilato-
mètre annulaire (contenant le thermomètre indicateur), convena-
blement gradué et calibré. Comme précédemment, MM. Perrot
et Baume ont déterminé volumétriquement le poids du gaz, dans
un ballon jaugé, maintenu à 0°, avant son introduction dans le
dilatomètre; les indications d’un manomètre gradué, joint à l’ap-
1
Cf. G. Baume. Journal chim. phys., t. IX, p. 269, 1911.
* Cf. G. Baume. Comptes rendus, t. 148, p. 1322.
SÉANCE DU 4 MAI 41
pareil, permettaient de calculer le poids du gaz contenu dans le
ballon, à condition de connaître sa densité et sa compressibilité. Il
suffisait ensuite de condenser la quantité voulue de gaz dans le
dilatomètre, au moyen d'air liquide.
Les auteurs ont déterminé la densité des gaz liquéfiés à diverses
températures, par réchauffement très lent et agitation fréquente
du liquide par le thermomètre indicateur, dans une enceinte trans-
parente convenablement protégée contre le rayonnement ; les résul-
tats obtenus au cours de mesures successives ont présenté une
concordance satisfaisante.
C'est par une méthode semblable qu'ont été mesurées les tens
sions de vapeur des divers gaz étudiés au moyen de l'appareil
employé pour l'étude du point de congélation des mélanges gazeux
aux basses températures, la température étant maintenue uniforme
au sein de la masse liquide par agitation électromagnétique; les
tensions étaient indiquées par le manomètre soudé à l'appareil.
Les auteurs publieront ailleurs les tables de densités et de ten-
sions de vapeur établies suivant les indications qui précèdent; ils
donnent simplement dans le présent résumé, à titre d'exemple :
1° La concordance de quelques mesures effectuées sur SO, avec
les mesures antérieures (densités) :
— —52 —35° —1T
Mesures anciennes.... 1.560 1.521 1.478
Pat: Bx soie 1.559 1.520 1.479
2° La concordance de trois séries de mesures sur l’oxyde de
méthyle, correspondant à des remplissages du dilatomètre aussi
différents que possible (Densités de (CH,),0 à —70°) :
0.798; 0.797; 0.797.
3 Un tableau résumant les résultats obtenus pour les divers
gaz étudiés par MM. Perrot et Baume :
(Tempér. de fusion) (Temp. d'ébull. sous 760®*) (Densité entre T,etT,)
T; Ty T=temp. absol.
absolue centigr. absolue centigr.
CH,.... 89.0(—184°) 108.3(—164°7) 0.466 (à —164°)
C;Hy ... 100.5(—172°5) 188.9(— 84°1) …
HCI.... 161.6(—111°%4) 189.9(— 83°1) 1.706—0.00276 T
AS. 2 "Il6fe0!o(-2 a 212.8(— 60°2) 1.328—0.00171 T
(CH:):0. 134.5(—138°5) ai js
NE x. 194.8(— 78°2) 239.5(— 33°5) 1.022—0,00145 T
SOz ,... 200.7(— 72°3) 263.0(— 10°) 2.122—0.00232 T
42 SÉANCE DU 1° JUIN
M. le prof. L. Duparc, en son nom et en celui de MM. JEANNERET
et WunpEr, fait une communication sur le dosage et la sépara-
tion du sircon d'avec la silice, le fer et l’alumine.
Ces messieurs ont d’abord constaté que l’oxyde de zirconium,
traité par évaporation réitérée avec l'acide fluorhydrique et calci-
nation subséquente perd progressivement de son poids. Par con-
tre, un traitement analogue fait en présence d’acide sulfurique
n’entraîne aucun changement de poids, ce qui permet en toute
sûreté de volatiiser la silice sans entraîner le zircon.
Puis ces messieurs ont essayé l’action du carbonate de soude
fondu sur la zircone, ainsi que l’action de la potasse, puis celles
d'acides à différentes concentrations. Il résulte de leurs recherches
que sur un mélange des trois oxydes de fer, zircon et alumine la
séparation de ces éléments peut être faite aussi.
Le mélange est fondu avec le carbonate de soude avec répétition
de l’opération. L’alumine passe intégralement en solution. Après
lavage, le résidu insoluble est traité par l’acide chlorhydrique qui
dissout totalement le fer sans entraîner de traces de zircon. Il
reste simplement à calciner ce dernier élément, et dans chaque
solution à reprécipiter le fer par l’ammoniaque et l’alumine par
le nitrate d’'ammonium.
Séance du 1% juin
Raoul Gautier. Les retours de froid en juin. — Th. Tommasina. Sur une
modification donnant une plus grande liberté d’allure et plus de sûreté
aux aéroplanes.
M. Raoul GauriEer fait une communication sur les retours de
froid en juin’. Avec la collaboration de M. H. Duame, M. R.
Gautier a étudié cette question sur les séries météorologiques de
Genève et du Grand Saint-Bernard. Conformément aux résultats
obtenus par MM. Xellmann, Krankenhagen et Marten, il y a,
à Genève et au Saint-Bernard, comme ailleurs en Europe, en
moyenne, un retour marqué de froid dans la deuxième décade du
mois de juin, mais seulement pour la seconde moitié du XIXe
srècle et le commencement du XXe.
Si l’on remonte plus haut en arrière et, pour Genève, jusqu’en
1796, on ne retrouve plus du tout ce retour de froid à ce moment-
là du mois. Il n’est donc pas motivé de considérer ce retour de
! Voir aussi : Archives 1910, t. XXX, p. 314, et, pour la note détaillée,
1911, t. XXXI, p. 497; — puis : Verhandlungen der Schweiz. Natur-
forschenden Gesellschaft, 93. Versammlung, Bâle 1910, vol. I, p. 328.
SÉANCE DU 1% JUIN 43
froid comme normal au milieu de juin. L'étude d'autres séries
d'observations un peu prolongées donnerait probablement les
mêmes résultats qu'à Genève.
M. Th. Tommasia, — Sur une modification donnant une
plus grande liberté d'allure et plus de sûreté aux aéroplanes.
Le but de cette Note est de proposer une modification pour
empêcher surtout le capotage. Les aéroplanes actuels, monoplans
et biplans, ont, comme on sait, une partie rigide constituée par le
châssis muni de roues et de patins, les supports des réservoirs à
essence et à huile, les sièges pour les passagers, pour le pilote,
avec levier et volant, ainsi que toute la partie non gauchissable de
la voilure. En outre, ils ont en avant le moteur avec son propul-
seur à hélice (je ne m'occupe pas des appareils avec moteur à deux
propulseurs placés en avant ou en arrière), qui se trouve égale-
ment fixé au bloc indéformable de la machine, de façon que l'axe
de rotation du propulseur à une direction invariable. La modifi-
cation que je propose, met à la disposition du pilote le change-
ment de la direction de l’axe du propulseur par rapport à l'axe
longitudinal de l'aéroplane, c'est dire que le pilote pourra changer
à volonté et instantanément la direction suivant laquelle se fait
dans l'air le travail d'avancement ou de traction dû exclusivement
à l'hélice, faisant ainsi, quand cela est nécessaire, jouer le rôle de
gouvernail à tout l’ensemble rigide de l'aéroplane. Ce nouveau
pouvoir, que ma modification donne au pilote, a une importance
capitale, car il lui fournit le moyen d'exécuter les opérations sui-
vantes :
4° Dominer les perturbations de l'air, les coups de vent, les
remous, etc., ayant une plus grande agilité de mouvement pour
pouvoir entrer normalement dans le vent, en l’empêchant ainsi de
nuire à la stabilité de l'appareil, lui faisant produire, au contraire,
un travail utile.
2° Obtenir les avantages du vol plané sans couper l'allumage,
et dans les conditions qui le rendent dangereux ou même impos-
sible aux appareils actuels.
3° Diminuer le rayon de courbure des trajectoires en spirale,
soit à la montée, soit à la descente.
4° Pouvoir atterrir en espace libre et convenable, relativement
étroit.
5° Décoller au départ, après un parcours de quelques mètres
seulement.
6° Éviter la rupture de l’hélice lors d’un atterrissage un peu
brusque, permettant d’atterrir tangentiellement.
7° Eviter, dans le même cas, un fossé, une barrière, un groupe
de personnes ou un obstacle quelconque.
8° Prendre le vol du pont d’un navire et y faire retour.
Ad SÉANCE DU 1° JUIN
Il y a d’autres avantages et opérations possibles, que je ne cite
pas pour abréger, et la pratique en montrera d’autres encore.
Mais, ce qui est important de constater, c’est que les opérations
qui viennent d’être indiquées suffisent pour éviter, pour éliminer
même, le terrible danger du capotage. On sait qu'il peut se pro-
duire autant au départ qu’à l’arrivée, quand la vitesse est insuffi-
sante pour que les voilures du gouvernail de profondeur donnent
leur effet utile ordinaire. En d’autres cas, ce dernier ne peut agir
à cause de l’instantanéité de réaction qu’on lui demande; c’est, par
exemple, lorsqu'il se produit une panne du moteur, ou lorsqu'on
coupe l’allumage pour atterrir rapidement avant d'atteindre un
obstacle imprévu, qu'il faut éviter et qu’on ne peut autrement. Si
l’aviateur n’est pas tué ou blessé, en tous cas, sa machine est ren-
due inutilisable pour la continuation immédiate du voyage.
Je me suis intéressé à cette question, par devoir humanitaire,
posant le problème au point de vue de l'application exacte des lois
qui régissent les réactions entre solides et fluides en mouvement.
La machine actuelle vole en glissant entre deux couches d’air
qu’elle sépare, entraînée par une hélice, qui, à cause de sa grande
vitesse de rotation, crée dans l'air la résistance nécessaire pour s’y
visser. Sa vitesse d'avancement est moindre que la précédente, mais
elle est suffisante pour créer l’autre résistance qui sert de support
à la machine glissante. C’est le vol de l’oiseau planeur, Or, la
première chose qui frappe l’observateur, est la rigidité de la
machine, qui fait contraste avec l’agilité de l'être vivant. Si on
considère le moteur comme la tête de l’aéroplane, on voit qu’à la
place du bec elle porte l’hélice qui est son organe de propulsion,
Cette seule considération suffit pour montrer qu'entre les mul-
tiples mouvements de l'oiseau, il y en a plusieurs qui ne seraient
pas utiles à l’aéroplane. D’autres, qui le seraient, ont été étudiés
et en partie réalisés, ce sont ceux qui ont donné l’idée du gau-
chissement des ailes, et celle des gouvernails de direction et de pro-
fondeur, qui fonctionnent comme la queue de l'oiseau. On n’a pas
cru devoir tenir compte du rôle que joue, en certains cas, l’incli-
naison et le relèvement instantané de la tête de l'oiseau. Ainsi, par
exemple, quand en descendant en vol plané, suivant la trajectoire
BA, l'oiseau veut modifier celle-ci en A, pour remonter suivant
AC, le relèvement de sa tête a une importance évidente, autant
pour une trajectoire plane que pour une elliptique ou quelconque.
Cela rappelle l’atterrissage rapide de l’aéroplane et la décision de
la modification instantanée qui donne lieu au capotage. Pour l’évi-
ter, lorsque l’inclinaison est telle que l’action du gouvernail de
profondeur postérieur n’est plus suffisante, il faut faire comme
l’oiseau, faire relever la tête de l’aéroplane, et il suffira d’un rele-
vement minime dans le plan vertical axial, l'effet utile étant prompt,
SÉANCE DU 1‘ JUIN 45
précisément parce que l’aéroplane porte son propulseur à la place
du bec, ce qui, dans ce cas, lui fait un avantage précieux, car il
faut naturellement que le moteur soit en marche pour que le relè-
vement de l’axe de vissement puisse modifier instantanément la
trajectoire du vol, Pourtant, son utilité se montrerait encore, tout
en produisant une déviation moins rapide, dans le vol plané d’at-
terrissage régulier à moteur éteint, par l'effet de l'inclinaison de
la couverture métallique de forme spéciale qu'il faudra lui adapter.
On modifiera donc le mode de fixage actuel du moteur sur le
châssis, et on le remplacera par une suspension permettant une
rotation minime sur son axe transversal et horizontal, normale-
ment à celui-ci; l'essai pratique en fixera les limites, Cette rotation
se fera ainsi sur l’axe qui passe par le centre de gravité du bloc
rigide moteur-hélice, de façon que le soulèvement du point cen-
tral correspondant à l’attache de l’hélice au moteur, n’occasionne
A mL
> L sd
aucun déplacement de poids, pouvant modifier l'équilibre de l’aéro-
plane, sauf dans le cas que la chose puisse être jugée utile.
L'essentiel est que le bras du levier de commande se trouve près
de la main droite du pilote. Une simple pression sur le levier, qui
se déplacera par crans, avec cliquet d'arrêt, fera incliner vers le
haut l’axe du bloc moteur-hélice donc la direction, comme il a été
dit, du travail de propulsion. Il n’y aura aucune possibilité pour
que l’aviateur affolé, en se trompant de sens, comme il est déjà
arrivé pour le gouvernail de profondeur, puisse faire la manœuvre
inverse, par la simple raison que la rotation doit s'arrêter au plan
horizontal passant par l'axe longitudinal de l'aéroplane. Proba-
blement, on a cru, jusqu'ici, avoir des bonnes raisons pour ne pas
introduire la modification que je propose, j'insiste d'autant plus,
46 SÉANCE DU 6 JUILLET
s’il en est ainsi, sur son utilité, étant certain que l’actuation pra-
tique la mettra immédiatement en évidence, son exécution ne
présentant d’ailleurs aucune difficulté, et n’augmentant que de
quelques kilos le poids de l’aéroplane.
Séance du 6 juillet
Ed. Claparède. Procédé pour contrôler l’authenticité de l’hypnose. — Le
même. Etat hypnoïde chez un singe. — Th. Tommasina. Appareil d’avia-
tion non renversable.
M. Ed. CLapaRÈDE communique un procédé pour contrôler
l'authenticité de l'hypnose.
Divers auteurs estiment que l'authenticité des états décrits sous
le nom d’hypnose n’est pas démontrée. 11 s’agirait le plus souvent
d’attitudes simulées, par tromperie ou par complaisance. M. Cla-
parède a donc cherché un procédé qui permette de distinguer la
réalité d’un état particulier du psychisme correspondant à l'hyp-
nose. Ce procédé, fondé sur l’amnésie posthypnotique, est le sui-
vant:
On lit à haute voix au sujet, se trouvant à l’état de veille, une
série de dix mots quelconques (p. ex.: maison, justice, bougie,
marcher, 1883, tampon, etc.). Après quoi, on endort le sujet, et
pendant qu'il est en hypnose, on lui lit une série de dix autres
mots, série analogue à la première. Puis on l’éveille et on passe à
l'expérience d’épreuve, qui consiste à lire au sujet les vingt mots
présentés précédemment, mélangés à dix mots entièrement nou-
veaux, et à prier ledit sujet d'indiquer les mots qui lui ont été
déjà présentés et ceux qui lui paraissent nouveaux.
Si l’amnésie posthypnotique est simulée, le sujet s’embrouillera,
se coupera, car il lui sera impossible, après une seule audition
(celle-ci ayant eu lieu sans qu'il se doute du but de l'expérience),
de se rappeler quels sont les mots qui appartiennent à la première
série, dont il est censé se souvenir, et ceux qui appartiennent à la
seconde, qu'il est censé avoir oubliée (puisque le sujet à l’état de
veille perd le souvenir des faits qui ont eu lieu pendant l'hypnose).
Si, au contraire, l’amnésie posthypnotique est authentique, le
sujet distinguera sans difficulté les mots de la première série qu’il
reconnaît, de ceux de la seconde série, qui, comme ceux de la
troisième série, lui font l'impression de mots entièrement nouveaux.
M. Claparède a vérifié sur un sujet l’efficacité de cette méthode,
et il a pu du même coup se convaincre que, chez ce sujet tout au
SÉANCE DU 6 JUILLET 47
moins !, l'état d'hypnose correspond à une modification particu-
lière du psychisme, inexplicable par la simulation, ou la complai-
sance. En effet, lors de l'expérience d'épreuve, tous les mots qui
ont été reconnus (six mots reconnus sans hésitation, et deux avec
hésitation) appartenaient à la première série. Au contraire,
pas un seul des mots de la deuxième ni de la troisième série n’a
été reconnu. — Des expériences analogues, avec les mêmes résul-
tats favorables, ont été faites avec des noms de ville ou des
vignettes.
Une fois l'expérience d'épreuve achevée, M, Claparède a endormi
de nouveau son sujet, et lui a présenté encore une fois les trente
mots précédemment montrés, convenablement mélangés, en le
priant d'indiquer ceux qui faisaient partie de la série présentée en
hypnose, Dans l'état d'hypnose, le sujet n'a pas perdu le souvenir
de ce qui s'est passé dans l'état de veille; mais le but de cette
expérience était de voir si les mots présentés en hypnose avaient
acquis de ce fait un certain cachet affectif ou autre qui permit au
sujet de les distinguer de ceux présentés en veille. Or, cela est
bien le cas: sur les dix mots de la série-hypnose, sep{ ont été
reconnus sans hésitation comme ayant été présentés em hypnose ;
au contraire, aucun des mots présentés dans la première série n’a
été reconnu pour avoir été présenté en hypnose (mais les réponses
relatives à ces mots ont parfois été hésitantes, de même que pour
les mots nouveaux de la troisième série). Pour la série avec vignet-
tes, le sujet a distingué, sans aucune erreur, les vignettes présen-
tées en hypnose de celles présentées en veille.
Le sujet en question n'ayant nullement une mémoire exercée,
et ignorant le but de l'expérience (de telle sorte qu'il n’a pu, au
moment de la présentation des cartes, faire un effort de mémoire
pour les associer en série), 1l est évident que cette distinction des
mots ou vignettes présentées en veille ou en hypnose ne peut
tenir qu'au fait que les souvenirs dépendant de chacun de ces deux
états sont affectés d’une marque spéciale, sont colorés d’une façon
non équivoque pour le sujet. ? Or, cette différence de marque, de
coloration, ne peut tenir qu'à un état différent du psychisme dans
chacun de ces deux états. A supposer donc que l'hypnose ne soit
parfois qu’une simulation, elle correspond certainement dans cer-
tains cas à une modification psychique réelle.
| Il s’agit de la personne décrite sous le nom de M=° Bul, dans le
travail de Claparède et Baade, Rech. exp. sur quelques processus psy-
chiques dans un cas d’hypnose, Arch. de Psychol., VIII, 1909.
? Le sujet étant endormi déclare notamment que les mots qui lui ont
été dits en hypnose, «elle les voit beaucoup plus près, à sa droite; les
autres sont dans le trouble, à gauche d’une sorte de barre.»
48 SÉANCE DU 6 JUILLET
M. Ed. CLaPpaRÈDE relate ensuite quelques observations sur un
état hypnoide chez un singe.
M. Claparède ayant essayé d' hypnotiser, au moyen de passes et
de fixation du regard, un singe Cynocéphale femelle qu’il possède
depuis deux ans, — singe très vif et mobile, nullement dressé, et
peu affectueux, — fut assez étonné de voir que ces manœuvres
plongeaient presque instantanément l’animal dans un état de
calme complet : le singe reste couché sur le dos, immobile, et, si
on fixe ses yeux, on voit ceux-c1 battre de la paupière et bientôt
se fermer pour quelques instants (parfois les yeux restent clos
une demi-minute, mais l’animal les rouvre au moindre bruit se
produisant dans le lointain). Lorsqu'il est dans cet état, et même
immédiatement après, alors qu'il s’est redressé, ce singe (d’ordi-
naire intraitable) présente une docilité extraordinaire pour les
mouvements qu'on lui imprime, et il garde les attitudes qu'on lui
donne, ainsi que le font les sujets en catalepsie (flexrbilitas cerea).
On peut ainsi lui faire garder les deux bras et les deux jambes
étendus en haut et en avant, de sorte qu’il ne repose, en équilibre
instable, que sur son derrière.
Un phénomène de ce genre, qu'il n’y a pas de raison pour ne
pas rapprocher des phénomènes d’hypnose obtenus chez l’homme,
puisqu'il y ressemble à s’y méprendre, semble indiquer que l’hyp-
nose n'est pas uniquement, comme on le prétend couramment,
un produit de la suggestion, On ne voit pas bien le rôle que joue-
rait ici la suggestion, n1 quelle serait l’idée ou la représentation
suggérée qui s’'imposerait ainsi au cerveau du singe.
Il vaut mieux considérer cette docilité momentanée, cette sorte
d'état d'abandon, comme une attitude réflexe, peut-être attitude
de volupté, comme on rencontre dans les phénomènes de l’amour.
Un auteur de l’école de Freud, Ferenczi, a récemment proposé de
considérer l'hypnose comme un état de soumission à base sexuelle.
L’état hypnoïde observé chez ce singe s’accomoderait assez bien
de ce genre d'explication. — Il serait intéressant de répéter cette
expérience sur d’autres quadrumanes, notamment sur des mâles.
M. Tu. Tommasina. — Sur un appareil d'aviation non ren-
versable et effectuant automatiquement le vol plané en cas
d'arrêt du moteur.
Il suffit d'observer attentivement le vol des oiseaux pour être
frappé de la complexité de leurs moyens, je dirai de la richesse
mécanique qu'ils possèdent et qu'ils peuvent utiliser simultané-
ment. On en a fait une analyse sommaire et on a distingué :
Le vol orthoplère, par lequel certains oiseaux peuvent s'élever
presque verticalement, par l’abaissement et le relèvement simul-
tané des deux ailes. C’est la forme convexe vers le haut et la
SÉANCE DU 6 AVRIL 33
d'émanation n'a pu être commu-
niquée par diffusion de la cloche
à radioactivité induite à désacti-
vation lente à la cloche non acti-
vée. Môme en faisant varier les
températures respectives des deux
récipients, de façon à faciliter le
mélange de l'air ionisé de l’un avec
l'air chauffé ou refroidi de l’autre,
rien ne nous a permis de cons-
tater la moindre accélération de
décharge; tandis, qu'au contraire,
nous pouvions suivre, pendant des
heures, la courbe indiquant la
disparition lente de l’activité du
mélange obtenu par le transvase-
ment du contenu d’une cloche à
activation de courte durée dans
$S0 100 150 pnvret Les
Fig. 1
une cloche non activée. Ce sont les courbes B et B” de la figure 2,
analogues au type [ de la figure 1, courbes qui constituent une
nouvelle confirmation de nos conclusions sur ce sujet.
|
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Fig. 2
Û
Q) Ô
0
Ô ©
À
790 80 90 100 minutes
Comme on sait, les surfaces métalliques facilitent la recombi-
naison des ions, d’après cela, nous avons cru nécessaire de répéter
ces essais avec une cloche en verre non activée. Le transvasement
dans cette cloche nous a donné les mêmes résultats positifs pour le
produit à évolution rapide, et toujours des résultats négatifs pour
le produit à évolution lente. Il faut donc conclure que la cloche à
désactivation lente ne renferme point, sensiblement, ni d’émana-
tion libre, ni de dépôt solide en suspension, Or, comme cette
3
34 SÉANCE DU 20 AVRIL
cloche montre si nettement l'effet des faibles élévations de tempé-
rature, cet effet ne peut pas être dû à l'expulsion supposée, au
moins en sa totalité. Nous sommes forcés de faire cette dernière
restriction, à cause des faits suivants : Nous avons constaté que
l’air ionisé contenu dans cette cloche, arrivait à saturation, ou
mieux à un certain degré de saturation, sans chauffage, en quel-
ques heures, et qu'il suffisait de la placer verticale, ouverte en bas,
pendant quelques minutes, pour pouvoir ensuite reconnaître,
immédiatement, la disparition du surplus de son air ionisé, qui
paraît subir l'effet de la pesanteur, car, si la cloche est ouverte en
haut au lieu de l'être en bas, la chose ne se vérifie pas.
L'expérience qui nous a, enfin, montré qu'on peut obtenir l'effet
thermique d’accélération de la décharge sans l'intervention de
l'expulsion du dépôt actif, est la suivante : Au lieu de chauffer sur
le calorifère la cloche active même, nous y avons chauffé une clo-
che non activée et avons, au contraire, refroidi la première; puis,
après avoir placé celle-ci, pendant quelques instants, sur la cloche
chauffée pour recevoir une partie de son air chaud, nous l'avons
placée rapidement sur le plateau de l’électroscope avant que le
métal en fût sensiblement chauffé. Nous avons constaté que la
décharge était accélérée presque autant que lors de la chauffe des
parois mêmes de la cloche active. Ce qui montre que la modifica-
tion apportée par de faibles élévations de température consiste
dans une accélération, due à la convection calorifique, de la vitesse
des ions produits par le rayonnement du dépôt actif, mais qui
n'exclut pas qu'il puisse y avoir aussi une surproduction de ions
par ce dernier, avec ou sans l'intervention de la vibration thermi-
que moléculaire du métal activé, qui a lieu lorsqu'on chauffe les
cloches activées mêmes.
Il reste l’anomalie des cloches en verre, nous en poursuivons
l'étude, car il se peut, comme nous l’avons déclaré dans notre pré-
cédente Note, qu'il suffise, pour obtenir un effet analogue, d’éle-
ver la température.
Séance du 20 avril
F.-A. Forel. Observations météorologiques faites à Genève au XVIII: siècle
par Charles de Lubières. — Raoul Gautier. À propos de la communication
de M. Forel. — Le même. La climatologie du Grand Saint-Bernard. —
Arnold Pictet. Un nouvel exemple de l’hérédité des caractères acquis. —
J. Carl. Sur un diplopode hermaphrodite.
M. F.-A. Forez, de Morges, présente au nom de M®° Aimée
Dufour-Falquier, veuve du professeur Charles Dufour de Morges,
cinq cahiers manuscrits d'observations météorologiques faites à
SÉANCE DU 20 AVRIL j 35
Genève de 1760 à 1789; ces cahiers proviennent des papiers
de Ch. Dufour, et ses héritiers en font don à l'Observatoire de
Genève.
Ces cahiers sont dus à Charles-Benjamin de Langes, baron de
Lubières, membre du Conseil des CC de Genève, né en 1714,
décédé le 4°° juin 4790 à Genève. Il était fils de François de
Langes de Montmirail, gouverneur d'Orange puis de Neuchâtel,
reçu bourgeois de Genève en 1703, et de Marie Calandrini; il
avait épousé en 4760 Olympe Camp. Il est mort sans enfants.
Les observations météorologiques ont été faites au lieu de sa
résidence, en hiver à Genève, rue Beauregard, en été à Saconnex.
Lubières avait des attaches au Grand-Saconnex, où la famille de
sa grand'mère maternelle, née Julie de Pelissari, possédait une
terre, aujourd'hui propriété Pasteur ; plus tard, en 1768, Charles
de Lubières acheta une propriété au Petit-Saconnex, à l'angle des
chemins du Bouchet et du Marais, près de ce qui est aujourd'hui
l’Asile des Vieillards.
Les observations comprennent entre autres : des lectures du
thermomètre, deux fois par jour, du baromètre, de la girouette,
de l'hygromètre, la caractéristique du temps et de ses accidents
aux différentes heures de la journée, la pluie, la neige, l'évapo-
ration, des notes phénologiques, des notes sur tous les phéno-
mènes actuels locaux et généraux.
M. Raoul Gavwrier, directeur de l'Observatoire, remercie M. le
prof. F.-A. Forel de ce qu'il vient de dire. L'Observatoire est très
reconnaissant à Madame Charles Dufour et à M. Forel du beau
don qu'ils font à notre institut astronomique et météorologique.
L'observatoire possède déjà, pour le XVIII siècle, quelques docu-
ments importants au point de vue météorologique, dans les
registres manuscrits de Jaques-André Mallet, de Marc-Auguste
Pictet et de Frédéric-Guillaume Maurice. Ces documents joints
aux observations déjà imprimées dans le Journal de Genève de
4787 à 179M et dans les Æphemerides Soctetalis meteorologicæ
Palatinæ de 1782 à 1789 fournissaient des données intéressantes
au point de vue de la pluie jusqu'en 4782 en arrière, avec une
lacune. La série de 30 ans des observations de Charles de Lubières
comble la lacune et permettra de reculer cette série en arrière,
peut-être jusqu'en 1770. C’est donc un précieux accroissement
pour les archives météorologiques de Genève.
M. Raoul Gaurier fait une communication sur la C{imatolo-
gite du Grand Saint-Bernard. Les observations météorolo-
giques qui se font dans cette station élevée ont commencé au
mois de septembre 1817 au moyen d'instruments qui y ont été
36 SÉANCE DU 20 AVRIL
installés à cette date par M.-A. Pictet. Elles n’ont pas cessé depuis
lors et ont toujours paru dans les cahiers mensuels des Archives,
par les soins de l'Observatoire de Genève, qui s'occupe actuelle-
ment, depuis plusieurs années, à traiter l’ensemble de ces obser-
vations en vue d’une climatologie complète de cette station.
M. Gautier a déjà publié quelques aperçus de ce travail, relatifs
à la température et aux précipitations *.
Il expose à la Société les graphiques relatifs à ces éléments et
d’autres relatifs à la pression atmosphérique et à la nébulosité, en
opposant les courbes moyennes de Genève (Observatoire) et du
Si-Bernard. On y constate aisément les différences que produit la
différence de hauteur à notre latitude. La cuvette du baromètre
du St-Bernard est à 2476 m., celle de l'Observatoire de Genève
à 405 m.
M. Arnold Prcrer. Un nouvel exemple de l'hérédité des
caractères acquis.
Nous avons signalé précédemment? deux exemples de l’hérédité
des caractères acquis chez les lépidoptères.
Voici un nouvel exemple, que mettent en évidence les récentes
expériences que nous avons entreprises à l’Institut de zoologie de
l'Université de Genève, et qui montre encore la facilité avec
laquelle une habitude nouvellement acquise à une espèce, peut se
transmettre par hérédité, à la génération suivante.
Nous sommes parvenus, en 4910, à accoutumer des chenilles
de Lasiocampa quercus (nourriture normale : Chêne, Rosacées,
etc.) à consommer des aiguilles de Sapin. Les chenilles de toute
une ponte (150 environ) sont divisées en deux lots d’égale quan-
tité ; les individus de l’un de ces lots sont nourris d'£Evonymus
japonicus et considérés comme témoins. Disons, en passant, que
les chenilles qui ont coutume de se nourrir de feuilles plates
entament celles-ci par le bord latéral en se fixant elles-mêmes à la
tige ou à une branche voisine. L’écartement des mandibules des
larves de lépidoptères est calculé pour l'épaisseur des feuilles et ne
peut pas dépasser une certaine limite.
Les individus du 2 lot sont placés, dès la troisième mue, en
présence d’aiguilles de Sapin, à l'exclusion de toute autre essence
végétale. Pour consommer ces aiguilles, les chenilles agissent
tout d’abord comme si elles se trouvaient en présence de feuilles
! Neuvième Congrès international de Géographie. Compte rendu des
travaux. Tome II, p. 348 et p. 466.
? Voir Archives des Sc. phys. et nat. 4e pér., vol. XX VIII, p. 504, et
Verhandl. der Schweiz. Naturforsch. Geselisch., 53, Jahresvers. Basel.
1910, vol. I. p. 272.
SÉANCE DU 20 AVRIL 37
plates et essaient de les entamer par le côté ; mais leurs mandi-
bules ne peuvent donner assez d’écartement pour cela, en sorte
que nos bestioles s'épuisent rapidement en de vains efforts.
Cependant, plusieurs d’entre elles, en montant le long des aiguil-
les, arrivent à conduire leur tête au sommet de celles-ci, qui est
cônique, plus mince que le reste et, par conséquent, mieux appro-
prié à l'écartement de leurs pièces buccales. Une fois que le som-
met de l'aiguille a été mangé, il leur est facile de creuser dans
l épaisseur de celle-ci et c'est de cette façon que les chenilles arri-
vent à se nourrir. Voici donc le caractère nouvellement acquis,
qui consiste, pour les individus de nos expériences, 4 entamer
les aiguilles de haut en bas et à les creuser, alors que leurs
congénères, dans leur vie habituelle, entament les feuilles par
le côté et les mordent.
Voyons comment se comporteront les chenilles de la seconde
génération, c'est-à-dire celles qui sont issues de parents adaptés
au Sapin, une fois qu'elles se retrouveront dans les conditions
normales, en présence de feuilles d'£vonymus.
Il est manifeste qu'elles ne se rendent pas bien compte de la
façon dont elles doivent s'y prendre pour ronger les feuilles
de cet arbuste et qu'elles cherchent à les entamer par le sommet.
Et, comme les larves de cette seconde génération sont chétives,
le mortalité est assez élevée ; une vingtaine seulement arrivent
à s'adapter à nouveau au régime avec des feuilles plates, mon-
trant ainsi qu'elles sont revenues, quoique avec difficulté, au
mode habituel de l'espèce. Mais, trois de ces chenilles ont tout
particulièrement de la peine à se nourrir; suivons-les donc attenti-
vement dans les efforts qu’elles font pour cela. Après avoir essayé,
en vain, d'une feuille, nous les voyons passer à une seconde, puis
à une troisième et se reposer un instant. Ensuite, elles recom-
mencent les mêmes essais, arrivant à peine à ingérer quelque
mince parcelle d'épiderme foliaire, pour devoir se reposer à nou-
veau. Enfin, elles se promènent activement dans l’éleveuse et le
long des branchages. L'une d'elles, au hasard de sa promenade,
grimpe le long d’une petite branche et en atteint le sommet qui
est légèrement pointu, nu et dépourvu de feuilles ; puis, elle se
met à entamer le sommet de cette branche de haut en bas et à
creuser dans l'intérieur de celle-ci, de la même façon que ses
parents avaient pris l'habitude de consommer les aiguilles de
Sapin. Les deux autres chenilles font de même.
Ainsi donc, des larves de Lasiocampa quercus ont dû prendre,
pour l'ingestion de leur alimentation, une habitude nouvelle, et
cette habitude se transmet, dans les conditions que nous venons
de décrire, à trois de leurs descendants sur vingt.
Lors de celles de nos expériences qui eurent pour résultat
38 SÉANCE DU 20 AVRIL
l'adaptation des chenilles d'Ocneria dispar à la nourriture avec
des aiguilles de Conifères, les difficultés qu'ont éprouvées ces che-
nilles ont été plus grandes que celles éprouvées par les Lasio-
campa quercus dans les mêmes circonstances ; le 75 °/5 des
Ocneria dispar mis à ce régime, n’ont pas réussi à s’y accou-
tumer et ont péri. Mais, ce qui montre que l'habitude acquise
par nécessité peut se transmettre aux descendants, c’est le fait
que les Ocneria dispar de la seconde génération se sont mises,
très facilement et presque sans hésitation, à entamer les aiguilles
par leur sommet, en sorte qne la mortalité a été presque nulle,
Dans ce cas, le caractère acquis est manifestement transmis.
Du reste, des exemples de ce genre sont fréquents dans la lépi-
doptérologie expérimentale, principalement en ce qui concerne
l'alimentation des larves. Nous savons, en effet, d’après les résul-
tats d'expériences antérieures, que les chenilles de lépidoptères
ont souvent de la peine à se nourrir de feuilles qui ne sont pas
celles que consomme l'espèce habituellement. Cette adaptation se
manifeste par un ralentissement dans la croissance et une dimi-
nution de taille des larves, et, corrélativement, par un nanisme
accentué et la pâleur des papillons. Or, si le régime nouveau est
continué aux individus de la génération suivante, on observe fré-
quemment que ces caractères d’infériorité tendent à disparaître
dans bien des cas ; à la 3° ou 4° génération déjà, les larves ne
sont plus gênées par le régime nouveau, et l’adaptation peut être
considérée comme faite. Cela nous montre encore que ces indi-
vidus héritent de leurs parents l'habitude nouvelle que ceux-ci
ont été forcés de prendre et, aussi, qu’ils la perfectionnent.
D' J, Carz. Sur un Diplopode hermaphrodite.
En étudiant la riche collection de Diplopodes rapportée de la
Colombie par M. le prof. O. Fuhrmann j'ai pu constater chez un
Polydesmide du genre Euryurus (E. tænia Pet.) une anomalie
rare et digne d’être signalée.
Cet exemplaire porte sur le septième segment, antérieurement,
du côté gauche, une patte ambulatoire normale et du côté droit
une patte copulatrice de la forme caractéristique pour l'espèce.
Karscn! avait déjà observé cette anomalie chez la même espèce,
sur un des exemplaires ayant servi à la description de PETERS.
Mais n’ayant pas disséqué l’animal il ne put trancher la question
de savoir s’il s'agissait d’un arrêt de développement chez un Z ou
d’un exemple de véritable hermaphroditisme.
En désarticulant l’exemplaire récolté par M. Fuhrmaun nous
avons constaté qu'il contenait un très grand nombre d'œufs. Il
1 Zum Studium der Myriopoda Polydesmia. Archiv für Naturge-
schichte. Bd. XLVII. 1881, p. 44, 45, fig. 29.
SÉANCE DU 4 MAI 39
possède aussi des vulves comme les @ normales et représente done
une femelle à hermaphroditisme extérieur partiel.
Une anomalie tout à fait analogue a été observée par Broele-
mann! chez un autre Polydesmide, À phelidesmus hermaphro-
ditus Brôl. Le genre Aphelidesmus est très voisin de Euryurus
et habite aussi la Colombie. Ceci éveille l'idée que certains
groupes de Diplopodes pourraient être plus disposés au herma-
phroditisme que d'autres ou que certaines régions favoriseraient
l'apparition de cette anomalie.
Ces trois observations pourraient encore être invoquées pour
prouver l'homologie des pattes copulatrices avec les pattes ambu-
latoires si les données de la morphologie comparée n'en fournis-
saient pas à elles seules déjà des preuves suffisantes,
Séance du 4 mai
J. Briquet. Sur la structure et les affinités d’Illecebrum suffruticosum. —
Perrot et Baume. Sur quelques constantes chimiques des gaz liquéfiés.
— L. Duparc, Jeanneret et Wunder. Sur le dosage et la séparation du zir-
conium d'avec la silice, le fer et l'alumine.
M. J. Briquer. Sur la structure et les affinités de l'Illecebrum
suffruticosum L. — L'/llecebrum suffruticosum L. est une
Caryophyllacée inférieure du groupe des Paronychiées — parti-
culière aux garigues de l'Espagne, de l'Algérie et du Maroc —
dont les affinités ont été diversement interprétées. On s'est sans
doute rendu compte de bonne heure qu’elle n’appartenait pas au
genre /{lecebrum, dans le sens où ce groupe est circonscrit depuis
plus d’un siècle, mais on l’a rapportée tantôt au genre Æerniarta,
tantôt au genre Paronychia. Ce désaccord provient de ce que
les auteurs n'ont pas fait une étude détaillée de la fleur et du fruit,
fort petit, il est vrai, C’est pour combler cette lacune que le pré-
sent travail a été entrepris, en complétant l'examen morphologi-
que par une étude anatomique. Les principaux résultats de ce tra-
vail sont les suivants :
Le calice gamosépale se compose d’un tube obconique et de cinq
pièces en forme de capuchon, pourvues d’une apophyse dorsale.
Les cinq staminodes alternisépales sont insérés sur le tube à la
hauteur des sinus; les cinq étamines épisépales sont logées à l'in-
térieur des capuchons. Le pollen est à 10-12 pores. L'ovaire se
compose de deux carpelles ouverts concrescents; il porte un style
! Myriapodes du Haut et Bas Sarare. Annales Soc. entom. de France,
vol. LXVII, 1898, p. 324, 325, PI. 28, fig. 9. BRŒœLEmANN ne semble pas
avoir eu connaissance de la note de Karscou.
40 SÉANCE DU 4 MAI
à deux stigmates antéro-postérieurs ; 1l est uniloculaire et contient
un ovule unique, campylotrope, bitégumenté, placé au sommet
d’un long funicule, à micropyle infère. Dans la suite, le funicule
s'allonge, la semence se renverse, le micropyle devient supère, ce
qui a pour conséquence que la radicule de l'embryon incurvé est
dirigée vers le sommet de l’ovaire.
Ces caractères font, sans contestation possible, de l’Z{/ecebrum
suffrulicosum une espèce du genre Paronychia. A l’intérieur
de ce genre, cette espèce doit former une section spéciale Pseud-
herniaria, caractérisée par la présence de cymes terminales, fpar
les stipules bractéiformes réduites, et par un phellogène caulinaire
pérnicyclique. Ce dernier caractère est très remarquable : les Paro-
nychia étudiés jusqu'ici ayant un phellogène hypodermique.
L'auteur donne encore de nombreux détails sur la structure
intime de la tige et de la feuille dans leurs rapports avec l'écologie
de la plante.
Le travail de M. Briquet fait d’ailleurs l’objet d’un mémoire
détaillé, avec figures, dans l'Annuaire du Conservatoire et du
Jardin botanique de Genève, t. XIII-XIV.
M. F.-Louis PEerror. Sur quelques constantes physicochimi-
ques des gaz liquéfiés.
Au cours des recherches sur les gaz liquéfiés, qu'il poursuit en
collaboration avec M. Georges Baume, l’auteur a été conduit à
déterminer ou à reprendre la densité et la tension de vapeur à
différentes températures d’un certain nombre d’entre eux.
La méthode employée, extrêmement simple, a permis de con-
trôler d’une façon directe la méthode volumétrique utilisée dans
les recherches des mêmes auteurs sur les courbes de fusibilité des
mélanges gazeux; la précision a été trouvée de l’ordre de 4 :1000,
conformément aux résultats du calcul.*
Les gaz étudiés, purifiés par liquéfaction et distillations frac-
tionnées, étaient conservés à l’état liquide dans une ampoule con-
venablement refroidie et réunie au reste de l’appareil; celui-ci,
débarrassé de toute trace d’air, était entièrement construit en verre
soudé.
Les mesures de densité ont été effectuées au moyen d’un dilato-
mètre annulaire (contenant le thermomètre indicateur), convena-
blement gradué et calibré, Comme précédemment,? MM. Perrot
et Baume ont déterminé volumétriquement le poids du gaz, dans
un ballon jaugé, maintenu à 0°, avant son introduction dans le
dilatomètre; les indications d’un manomètre gradué, joint à l’ap-
! Cf. G. Baume. Journal chim. phys., t. IX, p. 269, 1911.
* Cf. G. Baume. Comptes rendus, t. 148, p. 1322.
SÉANCE DU 4 MAI 41
pareil, permettaient de calculer le poids du gaz contenu dans le
ballon, à condition de connaître sa densité et sa compressibilité. Il
suffisait ensuite de condenser la quantité voulue de gaz dans le
dilatomètre, au moyen d'air liquide.
Les auteurs ont déterminé la densité des gaz liquéfiés à diverses
températures, par réchauffement très lent et agitation fréquente
du liquide par le thermomètre indicateur, dans une enceinte trans-
parente convenablement protégée contre le rayonnement; les résul-
tats obtenus au cours de mesures successives ont présenté une
concordance satisfaisante.
C'est par une méthode semblable qu'ont été mesurées les tens
sions de vapeur des divers gaz étudiés au moyen de l'appareil
employé pour l'étude du point de congélation des mélanges gazeux
aux basses températures, la température étant maintenue uniforme
au sein de la masse liquide par agitation électromagnétique; les
tensions étaient indiquées par le manomètre soudé à l'appareil.
Les auteurs publieront ailleurs les tables de densités et de ten-
sions de vapeur établies suivant les indications qui précèdent; ils
donnent simplement dans le présent résumé, à titre d'exemple :
19 La concordance de quelques mesures effectuées sur SO, avec
les mesures antérieures (densités) :
T = —52 —35° —]7°
Mesures anciennes... 1.560 1.521 1.478
il sn 100415 Ca: 1.559 1.520 1.479
2 La concordance de trois séries de mesures sur l'oxyde de
méthyle, correspondant à des remplissages du dilatomètre aussi
différents que possible (Densités de (CH,),0 à —70°) :
0.798;
0.797; 0.797.
3° Un tableau résumant les résultats obtenus pour les divers
gaz étudiés par MM. Perrot et Baume :
(Tempér. de fusion) (Temp. d'ébull. sous 760®*) (Densité entre T,et T,,)
T, Te T=temp. absol.
absolue centigr. absolue centigr.
CH,.... 89.0(—184°) 108.3(—164°7) 0.466 (à —164°)
C:Hs ..… 100.5(—172°5) 188.9(— 84°1) —
HCI.... 161.6(—111°4) 189.9(— 83°1) 1.706—0.00276 T
B,9.%. ‘190.0{— 88°) 212.8(— 60°2) 1.328—0.00171 T
(CH;):0. 134.5(—138°5) us =
NHs.... 194.8(— 78°2) 239.5(— 33°5) 1.022—0.00145 T
SO .... 200.7(— 72°3) 263.0(— 10°) 2.122—0.00232 T
42 SÉANCE DU 1% JUIN
M. le prof. L. Duparc, en son nom et en celui de MM. JEANNERET
et Wunper, fait une communication sur le dosage et la sépara-
tion du sircon d'avec la silice, le fer et l’alumine.
Ces messieurs ont d’abord constaté que l’oxyde de zirconium,
traité par évaporation réitérée avec l’acide fluorhydrique et calci-
nation subséquente perd progressivement de son poids. Par con-
tre, un traitement analogue fait en présence d’acide sulfurique
n’entraîne aucun changement de poids, ce qui permet en toute
sûreté de volatiliser la silice sans entraîner le zircon.
Puis ces messieurs ont essayé l’action du carbonate de soude
fondu sur la zircone, ainsi que l’action de la potasse, puis celles
d'acides à différentes concentrations. Il résulte de leurs recherches
que sur un mélange des trois oxydes de fer, zircon et alumine la
séparation de ces éléments peut être faite aussi.
Le mélange est fondu avec le carbonate de soude avec répétition
de l’opération. L’alumine passe intégralement en solution. Après
lavage, le résidu insoluble est traité par l'acide chlorhydrique qui
dissout totalement le fer sans entraîner de traces de zircon. Il
reste simplement à calciner ce dernier élément, et dans chaque
solution à reprécipiter le fer par l’ammoniaque et l’alumine par
le nitrate d’ammonium.
Séance du 1% juin
Raoul Gautier. Les retours de froid en juin. — Th. Tommasina. Sur une
modification donnant une plus grande liberté d’allure et plus de sûreté
aux aéroplanes.
M. Raoul Gaurier fait une communication sur les retours de
froid en juin‘. Avec la collaboration de M. H. Duaime, M. R.
Gautier a étudié cette question sur les séries météorologiques de
Genève et du Grand Saint-Bernard. Conformément aux résultats
obtenus par MM. Xellmann, Krankenhagen et Marten, 11 y a,
à Genève et au Saint-Bernard, comme ailleurs en Europe, en
moyenne, un retour marqué de froid dans la deuxième décade du
mois de juin, mais seulement pour la seconde moitié du XIXe
siècle et le commencement du XXe,
Si l’on remonte plus haut en arrière et, pour Genève, jusqu’en
1796, on ne retrouve plus du tout ce retour de froid à ce moment-
là du mois. Il n’est donc pas motivé de considérer ce retour de
l Voir aussi : Archives 1910, t. XXX, p. 514, et, pour la note détaillée,
1911, t. XXXI, p. 497; — puis : Verhandlungen der Schweiz. Natur-
forschenden Gesellschaft, 93. Versammlung, Bâle 1910, vol. I, p. 328.
SÉANCE DU 1% JUIN 43
froid comme normal au milieu de juin. L'étude d'autres séries
d'observations un peu prolongées donnerait probablement les
mêmes résultats qu'à Genève.
M. Th. Tommasina. — Sur une modification donnant une
plus grande liberté d'allure et plus de sûreté aux aéroplanes.
Le but de cette Note est de proposer une modification pour
empêcher surtout le capotage. Les aéroplanes actuels, monoplans
et biplans, ont, comme on sait, une partie rigide constituée par le
châssis muni de roues et de patins, les supports des réservoirs à
essence et à huile, les sièges pour les passagers, pour le pilote,
avec levier et volant, ainsi que toute la partie non gauchissable de
la voilure. En outre, ils ont en avant le moteur avec son propul-
seur à hélice (je ne m'occupe pas des appareils avec moteur à deux
propulseurs placés en avant ou en arrière), qui se trouve égale-
ment fixé au bloc indéformable de la machine, de façon que l'axe
de rotation du propulseur a une direction invariable. La modifi-
cation que je propose, met à la disposition du pilote le change-
ment de la direction de l'axe du propulseur par rapport à l'axe
longitudinal de l'aéroplane, c'est dire que le pilote pourra changer
à volonté et instantanément la direction suivant laquelle se fait
dans l'air le travail d'avancement ou de traction dû exclusivement
à l'hélice, faisant ainsi, quand cela est nécessaire, jouer le rôle de
gouvernail à tout l’ensemble rigide de l’aéroplane. Ce nouveau
pouvoir, que ma modification donne au pilote, a une importance
capitale, car 1l lui fournit le moyen d'exécuter les opérations sui-
vantes :
4° Dominer les perturbations de l'air, les coups de vent, les
remous, etc., ayant une plus grande agilité de mouvement pour
pouvoir entrer normalement dans le vent, en l'empêchant ainsi de
nuire à la stabilité de l'appareil, lui faisant produire, au contraire,
un travail utile. |
2° Obtenir les avantages du vol plané sans couper l'allumage,
et dans les conditions qui le rendent dangereux ou même impos-
sible aux appareils actuels.
3° Diminuer le rayon de courbure des trajectoires en spirale,
soit à la montée, soit à la descente.
4° Pouvoir atterrir en espace libre et convenable, relativement
étroit.
5° Décoller au départ, après un parcours de quelques mètres
seulement.
6° Éviter la rupture de l’hélice lors d’un atterrissage un peu
brusque, permettant d’atterrir tangentiellement.
1° Eviter, dans le même cas, un fossé, une barrière, un groupe
de personnes ou un obstacle quelconque.
8& Prendre le vol du pont d'un navire et y faire retour.
44 SÉANCE DU 1° JUIN
Il y a d’autres avantages et opérations possibles, que je ne cite
pas pour abréger, et la pratique en montrera d’autres encore.
Mais, ce qui est important de constater, c’est que les opérations
qui viennent d’être indiquées suffisent pour éviter, pour éliminer
même, le terrible danger du capotage. On sait qu'il peut se pro-
duire autant au départ qu’à l’arrivée, quand la vitesse est insuffi-
sante pour que les voilures du gouvernail de profondeur donnent
leur effet utile ordinaire. En d’autres cas, ce dernier ne peut agir
à cause de l’instantanéité de réaction qu'on lui demande; c’est, par
exemple, lorsqu'il se produit une panne du moteur, ou lorsqu'on
coupe l’allumage pour atterrir rapidement avant d'atteindre un
obstacle imprévu, qu'il faut éviter et qu'on ne peut autrement, Si
l’aviateur n’est pas tué ou blessé, en tous cas, sa machine est ren-
due inutilisable pour la continuation immédiate du voyage.
Je me suis intéressé à cette question, par devoir humanitaire,
posant le problème au point de vue de l'application exacte des lois
qui régissent les réactions entre solides et fluides en mouvement.
La machine actuelle vole en glissant entre deux couches d’air
qu’elle sépare, entraînée par une hélice, qui, à cause de sa grande
vitesse de rotation, crée dans l’air la résistance nécessaire pour s’y
visser. Sa vitesse d'avancement est moindre que la précédente, mais
elle est suffisante pour créer l’autre résistance qui sert de support
à la machine glissante. C’est le vol de l'oiseau planeur, Or, la
première chose qui frappe l’observateur, est la rigidité de la
machine, qui fait contraste avec l’agilité de l'être vivant. Si on
considère le moteur comme la tête de l’aéroplane, on voit qu’à la
place du bec elle porte l’hélice qui est son organe de propulsion.
Cette seule considération suffit pour montrer qu'entre les mul-
tiples mouvements de l’oiseau, il y en a plusieurs qui ne seraient
pas utiles à l’aéroplane. D’autres, qui le seraient, ont été étudiés
et en partie réalisés, ce sont ceux qui ont donné l’idée du gau-
chissement des ailes, et celle des gouvernails de direction et de pro-
fondeur, qui fonctionnent comme la queue de l'oiseau. On n’a pas
cru devoir tenir compte du rôle que joue, en certains cas, l’incli-
naison et le relèvement instantané de la tête de l’oiseau. Ainsi, par
exemple, quand en descendant en vol plané, suivant la trajectoire
BA, l'oiseau veut modifier celle-ci en A, pour remonter suivant
AC, le relèvement de sa tête a une importance évidente, autant
pour une trajectoire plane que pour une elliptique ou quelconque.
Cela rappelle l'atterrissage rapide de l’aéroplane et la décision de
la modification instantanée qui donne lieu au capotage, Pour l’évi-
ter, lorsque l’inclinaison est telle que l’action du gouvernail de
profondeur postérieur n’est plus suffisante, il faut faire comme
l’oiseau, faire relever la tête de l’aéroplane, et il suffira d’un relè-
vement minime dans le plan vertical axial, l'effet utile étant prompt,
SÉANCE DU 1° JUIN 45
précisément parce que l’aéroplane porte son propulseur à la place
du bec, ce qui, dans ce cas, lui fait un avantage précieux, car il
faut naturellement que le moteur soit en marche pour que le relè-
vement de l’axe de vissement puisse modifier instantanément la
trajectoire du vol, Pourtant, son utilité se montrerait encore, tout
en produisant une déviation moins rapide, dans le vol plané d’at-
terrissage régulier à moteur éteint, par l'effet de l'inclinaison de
la couverture métallique de forme spéciale qu'il faudra lui adapter.
On modifiera donc le mode de fixage actuel du moteur sur le
châssis, et on le remplacera par une suspension permettant une
rotation minime sur son axe transversal et horizontal, normale-
ment à celui-ci; l'essai pratique en fixera les limites. Cette rotation
se fera ainsi sur l’axe qui passe par le centre de gravité du bloc
rigide moteur-hélice, de façon que le soulèvement du point cen-
tral correspondant à l’attache de l'hélice au moteur, n’occasionne
aucun déplacement de poids, pouvant modifier l'équilibre de l’aéro-
plane, sauf dans le cas que la chose puisse être jugée utile.
L'essentiel est que le bras du levier de commande se trouve près
de la main droite du pilote. Une simple pression sur le levier, qui
se déplacera par crans, avec cliquet d'arrêt, fera incliner vers le
haut l’axe du bloc moteur-hélice donc la direction, comme il a été
dit, du travail de propulsion. Il n’y aura aucune possibilité pour
que l’aviateur affolé, en se trompant de sens, comme il est déjà
arrivé pour le gouvernail de profondeur, puisse faire la manœuvre
inverse, par la simple raison que la rotation doit s'arrêter au plan
horizontal passant par l'axe longitudinal de l’aéroplane. Proba-
blement, on a cru, jusqu'ici, avoir des bonnes raisons pour ne pas
introduire la modification que je propose, j'insiste d'autant plus,
46 SÉANCE DU 6 JUILLET
s’il en est ainsi, sur son utilité, étant certain que l’actuation pra-
tique la mettra immédiatement en évidence, son exécution ne
présentant d’ailleurs aucune difficulté, et n’augmentant que de
quelques kilos le poids de l’aéroplane.
Séance du 6 juillet
Ed. Claparède. Procédé pour contrôler l’authenticité de l'hypnose. — Le
même. Etat hypnoïde chez un singe. — Th. Tommasina. Appareil d’avia-
tion non renversable.
M. Ed. CLapARÈDE communique un procédé pour contrôler
l'authenticité de l'hypnose.
Divers auteurs estiment que l’authenticité des états décrits sous
le nom d’hypnose n’est pas démontrée. 11 s’agirait le plus souvent
d’attitudes simulées, par tromperie ou par complaisance. M. Cla-
parède a donc cherché un procédé qui permette de distinguer la
réalité d’un état particulier du psychisme correspondant à l’hyp-
nose. Ce procédé, fondé sur l’amnésie posthypnotique, est le sui-
vant :
On lit à haute voix au sujet, se trouvant à l’état de veille, une
série de dix mots quelconques (p. ex.: maison, justice, bougie,
marcher, 1883, tampon, etc.). Après quoi, on endort le sujet, et
pendant qu'il est en hypnose, on lui lit une série de dix autres
mots, série analogue à la première. Puis on l’éveille et on passe à
l'expérience d’épreuve, qui consiste à lire au sujet les vingt mots
présentés précédemment, mélangés à dix mots entièrement nou-
veaux, et à prier ledit sujet d'indiquer les mots qui lui ont été
déjà présentés et ceux qui lui paraissent nouveaux.
Si l’amnésie posthypnotique est simulée, le sujet s’'embrouillera,
se coupera, car il lui sera impossible, après une seule audition
(celle-ci ayant eu lieu sans qu'il se doute du but de l'expérience),
de se rappeler quels sont les mots qui appartiennent à la première
série, dont il est censé se souvenir, et ceux qui appartiennent à la
seconde, qu'il est censé avoir oubliée (puisque le sujet à l’état de
veille perd le souvenir des faits qui ont eu lieu pendant l'hypnose).
Si, au contraire, l’amnésie posthypnotique est authentique, le
sujet distinguera sans difficulté les mots de la première série qu'il
reconnaît, de ceux de la seconde série, qui, comme ceux de la
troisième série, lui font l’impression de mots entièrement nouveaux.
M. Claparède a vérifié sur un sujet l’efficacité de cette méthode,
et 1] a pu du même coup se convaincre que, chez ce sujet tout au
SÉANCE DU 6 JUILLET 47
moins !, l'état d'hypnose correspond à une modification particu-
lière du psychisme, inexplicable par la simulation, ou la complai-
sance. En effet, lors de l'expérience d'épreuve, tous les mots qui
ont été reconnus (six mots reconnus sans hésitation, et deux avec
hésitation) appartenaient à la première série. Au contraire,
pas un seul des mots de la deuxième ni de la troisième série n'a
été reconnu. — Des expériences analogues, avec les mêmes résul-
tats favorables, ont été faites avec des noms de ville ou des
vignettes.
Une fois l'expérience d'épreuve achevée, M, Claparède a endormi
de nouveau son sujet, et lui a présenté encore une fois les trente
mots précédemment montrés, convenablement mélangés, en le
priant d'indiquer ceux qui faisaient partie de la série présentée en
hypnose, Dans l'état d'hypnose, le sujet n'a pas perdu le souvenir
de ce qui s'est passé dans l'état de veille; mais le but de cette
expérience était de voir si les mots présentés en hypnose avaient
acquis de ce fait un certain cachet affectif ou autre qui permît au
sujet de les distinguer de ceux présentés en veille. Or, cela est
bien le cas: sur les dix mots de la série-hypnose, sep{ ont été
reconnus sans hésitation comme ayant été présentés en hypnose ;
au contraire, aucun des mots présentés dans la première série n’a
été reconnu pour avoir été présenté en hypnose (mais les réponses
relatives à ces mots ont parfois été hésitantes, de même que pour
les mots nouveaux de la troisième série). Pour la série avec vignet-
tes, le sujet a distingué, sans aucune erreur, les vignettes présen-
tées en hypnose de celles présentées en veille.
Le sujet en question n'ayant nullement une mémoire exercée,
et ignorant le but de l'expérience (de telle sorte qu'il n'a pu, au
moment de la présentation des cartes, faire un effort de mémoire
pour les associer en série), 1l est évident que cette distinction des
mots ou vignettes présentées en veille ou en hypnose ne peut
tenir qu'au fait que les souvenirs dépendant de chacun de ces deux
états sont affectés d’une marque spéciale, sont colorés d’une façon
non équivoque pour le sujet. ? Or, cette différence de marque, de
coloration, ne peut tenir qu’à un état différent du psychisme dans
chacun de ces deux états. A supposer donc que l'hypnose ne soit
parfois qu'une simulation, elle correspond certainement dans cer-
tains cas à une modification psychique réelle.
| Il s’agit de la personne décrite sous le nom de M=* Bul, dans le
travail de Claparède et Baade, Rech. exp. sur quelques processus psy-
chiques dans un cas d’hypnose, Arch. de Psychol., VIII, 1909.
? Le sujet étant endormi déclare notamment que les mots qui lui ont
été dits en hypnose, «elle les voit beaucoup plus près, à sa droite; les
autres sont dans le trouble, à gauche d’une sorte de barre.»
48 SÉANCE DU 6 JUILLET
M. Ed. CLaParèDE relate ensuite quelques observations sur un
état hypnoïde chez un singe.
M. Claparède ayant essayé d’hypnotiser, au moyen de passes et
de fixation du regard, un singe Cynocéphale femelle qu’il possède
depuis deux ans, — singe très vif et mobile, nullement dressé, et
peu affectueux, — fut assez étonné de voir que ces manœuvres
plongeaient presque instantanément l’animal dans un état de
calme complet : le singe reste couché sur le dos, immobile, et, si
on fixe ses yeux, on voit ceux-ci battre de la paupière et bientôt
se fermer pour quelques instants (parfois les yeux restent clos
une demi-minute, mais l’animal les rouvre au moindre bruit se
produisant dans le lointain). Lorsqu'il est dans cet état, et même
immédiatement après, alors qu’il s’est redressé, ce singe (d’ordi-
naire intraitable) présente une docilité extraordinaire pour les
mouvements qu'on lui imprime, et il garde les attitudes qu’on lui
donne, ainsi que le font les sujets en catalepsie (flexibilitas cerea).
On peut ainsi lui faire garder les deux bras et les deux jambes
étendus en haut et en avant, de sorte qu'il ne repose, en équilibre
instable, que sur son derrière.
Un phénomène de ce genre, qu'il n’y a pas de raison pour ne
pas rapprocher des phénomènes d’hypnose obtenus chez l’homme,
puisqu'il y ressemble à s’y méprendre, semble indiquer que l’hyp-
nose n’est pas uniquement, comme on le prétend couramment,
un produit de la suggestion, On ne voit pas bien le rôle que joue-
rait ici la suggestion, ni quelle serait l’idée ou la représentation
suggérée qui s'imposerait ainsi au cerveau du singe.
Il vaut mieux considérer cette docilité momentanée, cette sorte
d’état d'abandon, comme une attitude réflexe, peut-être attitude
de volupté, comme on rencontre dans les phénomènes de l’amour.
Un auteur de l’école de Freud, Ferenczi, a récemment proposé de
considérer l'hypnose comme un état de soumission à base sexuelle,
L’état hypnoïde observé chez ce singe s’accomoderait assez bien
de ce genre d'explication. — Il serait intéressant de répéter cette
expérience sur d’autres quadrumanes, notamment sur des mâles.
M. Tu. Tommasina. — Sur un appareil d'aviation non ren-
versable et effectuant automatiquement le vol plané en cas
d'arrêt du moteur.
Il suffit d'observer attentivement le vol des oiseaux pour être
frappé de la complexité de leurs moyens, je dirai de la richesse
mécanique qu'ils possèdent et qu'ils peuvent utiliser simultané-
ment. On en a fait une analyse sommaire et on a distingué :
Le vol orthoptère, par lequel certains oiseaux peuvent s'élever
presque verticalement, par l’abaissement et le relèvement simul-
tané des deux ailes. C’est la forme convexe vers le haut et la
SÉANCE DU 6 JUILLET 49
vitesse plus grande de l'abaissement par rapport à celle du relève-
ment des ailes, qui leur permet de monter.
Le vol ornithoptère, qui se distingue du précédent en ce que le
coup d’aile est oblique par rapport à la verticale. Il en résulte que
l'oiseau se déplace parallèlement au sol. Il peut d'ailleurs se dépla-
cer aussi suivant une trajectoire oblique,
Le vol plané, quand le déplacement a lieu sans mouvement
apparent des ailes,
e vol à voile, quand l'oiseau utilise la pression du vent contre
ses ailes, qui ne font que changer rapidement de position, sans
faire un travail de propulsion.
Puis, enfin, le vol ramé, c'est le vol des oiseaux qui parcourent
des grandes distances. Ici, la sustentation est obtenue, grâce à la
vitesse, c'est le principe fondamental de l’aéroplane ; l'oiseau y
développe, avec une partie de l'aile, une propulsion horizontale.
L'aéroplane réalise, avec l'angle d'attaque de ses ailes immobiles
et par la rotation des pales hélicoïdales de son propulseur, ce
dernier type de vol; à l’aide de ses ailerons-gouvernails et du gau-
chissement partiel de ses ailes, 1l tâche d'obtenir les autres formes
de vol. Si le pilote s'aperçoit à temps, par le bruit du moteur, que
ce dernier marche mal, il peut réaliser le vol plané et atterrir sans
danger. Mais, si le moteur s'arrête tout à coup, lorsque la faible
hauteur et les conditions du régime de marche ne se prêtent pas
pour commencer le vol plané, l’aéroplane tombe, comme l'oiseau tué.
Les perfectionnements qu’on apportera aux moteurs actuels, et
la création de nouveaux moteurs, diminuera toujours davantage la
probabilité d’un accident de cette nature, mais ne l’éliminera pas.
Or, si l’on veut que les voyages par la voie aérienne puissent deve-
nir pratiques, comme ceux en automobile, 1l faut qu'un tel dan-
ger soit supprimé, il faut que la vie de l’aviateur ne soit plus à la
merci d’un arrêt instantané, toujours possible, du moteur.
La vitesse actuelle des aéroplanes peut dépasser les 120 kilomée-
tres à l’heure, donc les 33 mètres à la seconde, ce qui suffit pour
dominer les vents ordinaires ; mais cette vitesse n’a été obtenue
que grâce à la grande puissance, par rapport au poids, des moteurs
à explosion, et grâce à des sacrifices ayant trait aux dimensions
que la surface portante avait chez les simples planeurs, ce qui a
amené une moindre sécurité dans le cas d’une panne imprévue du
moteur. C’est dire que la stabilité des meilleurs aéroplanes actuels
est inférieure à celle des anciens planeurs.
Le problème : à résoudre mécaniquement était donc de faire que
l'oiseau artificiel, venant de perdre en plein vol ses moyens de pro-
pulsion, ne tombât pas comme l'oiseau tué. Aucun type de para-
chute ne peut donner une solution pratique ; 1l faut que l'appareil
lui-même soit son propre parachute, et il faut, en outre, que la
descente soit dirigeable et non pas à la merci du vent.
4
50 SÉANCE DU 6 JUILLET
L'appareil que j'ai inventé et que je crois répondre à ce but, est
complètement différent des appareils d'aviation en usage; aussi,
en le présentant, je lui donne le nom nouveau de voloplane, qui
ai
L.
AAA
SN
vole et plane. Ce nom lui est bien approprié, parce que ses pro-
pulseurs, d’un type également nouveau, produisent successivement
à chaque tour la traction ou mieux la poussée horizontale ou lon-
gitudinale par une action analogue au vol ramé des oiseaux, et
un travail de sustentation produit par des surfaces portantes incli-
nées, petites, mais actives pendant le vol et utiles pendant la des-
cente. En outre, la constitution mécanique du voloplane est équi-
librée de telle façon qu’elle lui procure une stabilité absolue et lui
donne le pouvoir de commencer et de continuer automatiquement
la descente en vol plané en cas d'arrêt du moteur. (Fig. 1.)
Le régime du voloplane est plus régulier que celui de l’aéro-
plane, et sa gouverne est plus sûre et plus facile, car 1l possède la
qualité précieuse de ne pas être renversäble.
On se convaincra de la réalité de ces avantages d’après la des-
cription sommaire de l’appareil que je vais en donner :
1°. — La projection horizontale de la surface portante, qui
couvre tout l'appareil, est carrée. Cette aile unique (ou double,
formant une quille longitudinale) n’est donc pas fixée au châssis
de l’esquif, comme les ailes du monoplan, mais elle en forme le
toit, ayant le même angle d'inclinaison ou d’attaque que les ailes
des aéroplanes. (Fig. 1.) L’esquif long et mince est effilé en avant
et en arrière.
2°. — Les propulseurs au nombre de 2 ou de 4, et à deux ailes,
tournent chacun sur un axe vertical et en sens contraire selon le
côté. Tandis que les ailes des propulseurs à hélice forment un
seul bloc rigide, celles-ci sont mobiles autour de leur axe longitu-
dinal, A l’aide d’un engrenage intermittent ne présentant qu'une
résistance minime, le frottement pouvant être atténué par un rou-
lement à billes, les ailes produisent pendant chaque tour du pro-
pulseur, successivement et alternativement, le vol ramé, avec une
pression normale pour la translation horizontale pendant !/, de
tour, puis une pression oblique glissante pendant ?/5 ; les autres ?/s
SÉANCE DU 6 JUILLET 1
étant utilisés pour les deux rotations de 90° de chaque aile sur son
axe. Ces rotations de 90° des ailes ne sont pas influencées par la
résistance de l'air quelle que soit la vitesse de travail du propul-
seur. La pression de l'air est normale à l'aile, mais le mouvement
d'une moitié d’aile étant en sens opposé de
celui de l'autre moitié, la résultante des deux
actions, l'une contraire, l'autre favorable à
la rotation, est toujours nulle. (Voir fig. 2
et 3.)
30, — Les trois stabilités : latérale ou
contre le roulis, longitudinale ou contre le
tangage et la stabilité de route ou contre la
giration, sont obtenues à l’aide de la symé-
trie dynamique parfaite due au mode ‘spé-
cial de propulsion par deux ou quatre pro-
pulseurs conjugués.
4°. — On pourra utiliser un seul moteur ou plusieurs, cela
dépendra du moteur choisi, des dimensions du voloplane et sur-
tout des résultats de la pratique. L'expérience seule peut trancher
cette question comme beaucoup d’autres.
mn pignon mobile avec l’aile. Fig. 3
f pignon fixe. L
5°, — Les virages peuvent se faire, soit par l'action d'un gou-
vernail vertical, soit par la diminution de la vitesse du ou des
propulseurs du côté où l’on veut tourner, ou par l'accélération du
côté opposé.
6°. — Le maintien du vol horizontal est produit par la vitesse
et par l'angle d’inclinaison ou d'attaque de la surface portante et
des ailes des propulseurs pendant leurs parcours en travail de
sustentation. Les modifications verticales sont obtenues, soit par
le gouvernail de profondeur, soit par les changements de vitesse
des deux propulseurs antérieurs ou des deux postérieurs, dans le
voloplane à # propulseurs, qui est certes le type présentant la
meilleure stabilité, donc la sécurité maxima,
7°. — La stabilité automatique longitudinale due à la queue des
aéroplanes n'est en réalité qu'un état d'équilibre instable. Au con-
traire, l'équilibre du voloplane à # propulseurs est stable, même
à moteur arrêté ; il est dû, non seulement à la position basse du
52 SÉANCE DU 6 JUILLET
centre de gravité, mais encore à sa symétrie statique ou de forme
et à sa symétrie dynamique ou de mode de propulsion et de sus-
tentation glissante. L'action propulsive s’effectuant dans le plan
qui contient la résultante des différentes résistances, plan qui se
trouve au-dessus de celui parallèle passant par le centre de gravité
du voloplane. C’est ce qui donne à celui-ci les propriétés qui le
caractérisent de ne pas être renversable (car il ne peut ni se cabrer
ni capoter) et de prendre immédiatement la glissade du vol plané,
dès que le moteur cesse de fonctionner. En effet, à cet instant,
tandis que les deux branches de l’hélice verticale, quelle que soit
leur position, gênent l'opération, au contraire, les ailes du nou-
veau propulseur horizontal, même arrêtées dans leur position de
travail pour ramer, sont ramenées par la pression de l’air dans
position où elles agissent utilement comme guides à la glis-
Le De cette façon il suffit au pilote de manœuvrer avec le gou-
vernail de direction pour atterrir convenablement à l’endroit le plus
favorable et sans choc; la surface portante devant avoir les dimen-
sions requises que l'expérience permettra de fixer exactement pour
chaque type d'appareil.
En plus des avantages qu’on vient d'indiquer, il faut encore
ajouter les suivants :
Théoriquement, le propulseur à hélice des aéroplanes serait par-
fait, si l'avance par tour correspondait au pas de la surface héli-
coïdale. En pratique, comme l’hélice doit faire un travail de
traction ou de poussée, il se vérifie un recul, l'avancement réel est
inférieur au pas. C'est ce qui donne lieu à une dépense d’énergie
en pure perte, produisant, en outre, des mouvements tourbillon-
naires de l’air, nuisibles, très complexes. Le fait est que le rende-
ment actuel de l’hélice sur aéroplane n’est que du 40 pour 100. II
y a donc une perte de 60 pour 100. On pourrait transporter un
poids double, ou obtenir une double vitesse, avec le même appa-
reil, si l’on avait un type de propulseur donnant seulement un
rendement de 90 pour 100*. L'expérience montrera si mon propul-
seur pourra atteindre ou dépasser ce dernier rendement; en tous
cas, son mode de travail doit réduire au minimum les remous
tourbillonnaires, et comme il demande une vitesse de rotation
moindre pour obtenir la même vitesse de translation, cela dimi-
nuera l’échauffement du moteur et augmentera conséquemment la
régularité de sa marche et sa durée.
? Il ne faut pas confondre le rendement de l’hélice propulsive au
point fixe avec celui de la même sur appareil en marche à grande
vitesse, dont il est question ici. (Note de l'auteur.)
SÉANCE DU D OCTOBRE 53
Séance du 5 octobre
E. Yung. Structure de l'ovispermiducte et de la glande albuminipare chez
l'Helix pomatia. — E. Cardoso. Sur les densités des phases coexistantes de
l'anhydride sulfureux au voisinage du point critique, — R. Gautier. Journal
météorologique fait à Genève par J.-A, de Luc au XVIII: siècle. — Le
même. Quelques anomalies de la température et de la clarté de l'été 1911.
— F. Reverdin et A. de Luc. Constitution de l'éther monométhylique de
la dinitrohydroquinone et dérivés méthylés des p-anisidines dinitrées,
M. le prof. Emile YuxG expose les résultats des recherches
faites dans son laboratoire, par M. Lubecki, sur la structure de
l'ovispermiducte et de la glande albuminipare chez l'Hélix
pomalia.
La paroi de la gouttière ovulaire de ce Gastéropode renferme
de grandes cellules glandulaires pyriformes qui débouchent cha-
cune séparément dans la cavité de la gouttière et y apporteut une
substance mucilagineuse destinée à former la membrane externe
de l'œuf.
Outre ces glandes, 1l existe tout le long du canal séminal une
glande dite prostatique composée de nombreux follicules tapissés
par deux sortes de cellules dont les unes de forme pyramidale et
de petite taille ont conservé les caractères de cellules épithéliales,
alors que les autres plus grandes et prismatiques sont évidemment
de nature glandulaire. Le protoplasma de ces dernières, fortement
réticulé contient de nombreuses granulations calcaires et le noyau
de ces mêmes cellules est très chargé de nucléine. Quelles sont les
relations entre ces deux genres de cellules? M. Lubecki a réussi à
établir que les cellules pyramidales représentent les éléments régé-
nérateurs des cellules prismatiques. Quant à la fonction de ces
dernières, nul doute qu'elles ne fournissent à la coque de l'œuf la
matière calcaire qui incruste celle-ci. La glande prostatique serait
done une glande éminemment calcaire.
La glande albuminipare de son côté est aussi constituée de deux
sortes de cellules ressemblant bea ucoup aux précédentes. Les cel-
lules prismatiques glandulaires sont ici chargées d'albumine accu-
mulée sous forme de gouttelettes dans leur POP et qui est
conduite à l’oviducte par un canal excréteur à section triangulaire
tapissé d'un épithélium cilié. Après la ponte, la glande albumini-
pare contient encore beaucoup d’albumine, mais celle-c1 est ulté-
rieurement utilisée comme réserve alimentaire pendant l'hiberna-
nation, Si l’on suit l’état des éléments de la glande au cours de
cette dernière, l’on constate la disparition progressive de l'albumine
54 SÉANCE DU à OCTOBRE
et la diminution de la chromatine dans les noyaux des cellules
prismatiques dont la membrane nucléaire, en revanche, et le
réseau de linine apparaissent alors avec une netteté remarquable.
E. Carposo. — Sur les densités des phases coexistantes de
l’anhydride sulfureux au voisinage du point critique.
M. E. Cardoso expose le principe de la méthode qui lui a per-
mis de déterminer des phases coexistantes de l’anhydride sulfureux
au voisinage du point critique. L'auteur a employé pour chaque
série de mesures deux tubes de Natterer de construction et rem-
plissage particuliers. Ces deux tubes étaient placés simultané-
ment dans la même étuve. L'étuve utilisée est du type Ramsay-
Gonny légèrement modifiée. Parmi les différentes modifications
apportées par l’auteur à cette étuve, il signale qu'il a plongé le
ballon régulateur de pression (de très grandes dimensions, cinq à
six litres), dans la glace fondante ; ce dispositif lui a permis de
maintenir la température constante aussi longtemps qu'il le
désirait. Le liquide de chauffe utilisé est du bromo-benzène
extra pur. Dans une première série de mesures effectuées avec une
paire de tubes de Natterer non munis d’agitateurs, l’auteur a ob-
tenu un diamètre très courbé au voisinage du point critique.
Les mesures reprises sur une autre paire de tubes munis d’agi-
tateurs lui a permis de déterminer les densités des deux phases
jusqu’à 7/10 de degré du point critique. Ici aussi, il trouve un dia-
mètre courbé, moins cependant que celui obtenu dans la précé-
dente série. La densité critique correspondant à 157°2 (tempéra-
ture critique de SO, et concordante à 0,05° avec celle obtenue
dans un précédent travail en collaboration avec M. Bell) est de
0,513° chiffre différant de plus de 1 °/, de la valeur déduite de la
loi du diamètre nuclitique (0,520). Il attribue cet écart à la con-
ception que l’on se fait de l’état critique ou au dispositif expéri-
mental utilisé. Il a entrepris de nouvelles recherches qui, espère-
t-1l, lui permettront d’élucider cette question et de savoir à laquelle
des deux causes énoncées plus haut ces divergences sont impu-
tables.
M. Raoul GauriEer communique à la Société un nouveau don
fait à l'Observatoire de Genève et qui augmente d’une façon inté-
ressante et utile les archives météorologiques de cet institut. Il s’agit
1° du Journal météorologique fail à Genève par Gullaume-
Antoine de Luc, en deux volumes manuscrits, admirablement
tenus, et contenant les observations faites à la Cité (n° 219 ancien
et n° 19 actuel) du thermomètre, du baromètre et du temps en
général, du 4e janvier 1768 au 31 décembre 1800. Cette belle série
Qt
SÉANCE DU D OCTOBRE 5
était déjà connue par les publications d'Alfred Gautier! et de
George Picot?, mais M. Raoul Gautier désirait retrouver le
manuscrit. Grâce à l’obligeance de M. William de Luc, arrière
petit-neveu du météorologiste genevois qui a fait ces observations,
cela a été possible, et M. W. de Luc a fait don gracieusement de
ces registres et des suivants à l'Observatoire,
C'est spécialement au point de vue de la température que cette
série presque ininterrompue d'observations faites une fois par jour,
le matin, au même endroit pendant 33 ans, est précieuse. Il y a
quelques lacunes de courte durée, provoquées par les troubles poli-
tiques de cette époque agitée, ou par les fonctions absorbantes
d'hospitalier que Guillaume-Antoine de Luc a exercées pendant
plusieurs années. Ces lacunes sont du reste peu importantes et
pourront être comblées.
20 Il s’agit aussi de deux gros cahiers contenant le /ournal
météorologique fait par Jean-André de Luc neveu, fils du
précédent, du 23 mars 4821 au 14 mai 1847, jour de sa mort. Ces
observations ont moins d'intérêt que les précédentes, parce que
nous possédons d’autres observations météorologiques de la même
époque faites à Genève dans de meilleurs emplacements. Mais elles
ont aussi leur intérêt, comme contrôle, quoiqu'elles n'aient pas
été faites au même étage et dans la même exposition que celles de
Guillaume-Antoine de Luc. À
Grâce à M. William de Luc, après Mme Charles Dufour et
M. F.-A. Forel, l’année 1911 a été ainsi profitable aux archives
météorologiques de l'Observatoire de Genève, et son directeur
réitère l'expression de sa reconnaissance à tous ces généreux
donateurs.
M. Raoul Gaurier attire l'attention sur quelques anomalies de
température et de clarté de l'été exceptionnel que nous venons
de traverser et qui a dépassé sa longueur normale, puisqu'il
s'étend jusqu’au 15 septembre 1914.
Au mois de Juin, anomalie, qui est normale depuis plus d’un
demi-siècle, que la température de la 1"e décade soit plus élevée
que celles des deux dernières, a été particulièrement caractérisée.
! Notice historique sur les observations météorologiques faites à
Genève. Bibliothèque universelle, 1843, t. XLIII, p. 128. Voir p. 129 à
137.
? Notice sur la température de Genève. Mémoires de la Société de
physique et d'histoire naturelle de Genève, t. X, p. 247. Voir p. 365 à 367.
(L'écart de 100 pages est dû à une faute d'impression dans le volume
des Mémoires.)
56 SÉANCE DU 5 OCTOBRE
C’est en juillet que la température est montée haut; mais c’est
seulement à partir du 18 qu'elle a été vraiment exceptionnelle. La
température moyenne du mois a atteint 21°,35, en excès de +9°,54
sur la normale. Il y a eu d’ailleurs, depuis 14826, quatre mois de
juillet plus chauds à Genève, en 1859, 1870, 14881 et 1905. Le
maximum absolu du mois 36°,1, le 24, a été dépassé seulement
par ceux du 30 juillet 1827 (36°,2) et du 6 juillet 1870 (36,°4).
La clarté du ciel a été exceptionnelle : la nébulosité est caracté-
térisée par le chiffre 2,3 et est un minimum à Genève depuis que
l’on note cet élément, soit depuis 1847. La durée d’insolation est
de 337 heures à l’ancien héliographe et de 389 au nouveau. C’est
aussi un maximum, naturellement, depuis les 15 ans que cet appa-
reil est installé à l'Observatoire.
Août se distingue par sa température exceptionnellement élevée,
21°,28, un chiffre qui n'avait pas été atteint à Genève depuis 1826,
origine de la série vraiment homogène des températures. Pour la
nébulosité, août est très clair, avec 2,6, battu seulement par août
1861, avec 2,2. La durée d’insolation est de 317 et de 347 heures
aux deux héliographes. C’est un maximum depuis 1897.
Septembre enfin fournit dans sa première quinzaine le jour le
plus chaud que l’on ait jamais eu à Genève dans ce mois, le 9,
avec 24°,34 et un écart de Æ7°,70. Comme écart, ce n’est pas un
maximum, car le 13 septembre avec 22°,89 a un écart de +-7°,77.
L'été véritable a commencé le 26 juin au point de vue de la
sécheresse qui a duré jusqu’au 13 septembre, interrompue seule-
ment par les orages, dont quelques-uns violents et avec averses de
grêle, du mois d'août. Au point de vue de la {empéralure, il n’a
commencé que le 30 juin. Et si l’on compte seulement la période
de jours vraiment trop chauds, on trouve une durée de 66 Jours,
du 12 juillet au 15 septembre, où {ous les jours ont eu des tem-
pératures supérieures à la normale. Sauf peut-être en 1834, 1l
n'y a pas eu de période continue aussi chaude dans le passé.
Frédéric Revernix et Armand pe Luc. Constitution de l’éther
monométhylique de la dinitrohydroquinone de Weselsky et
Benedikt ; dérivés méthylés des p-anisidines dinitrées.
M. Reverdin a décrit précédemment? la nitramine, { à 125”,
d’une dinitro-p-méthylanisidine dont la constitution restait à
déterminer et qui fournissait par l’action de la lessive de soude
l’éther méthylique d’une dinitrohydroquinone préparé autre-
fois par Weselsky et Benedikt !, à constitution également indéter-
? Bul. Soc. chim. de France, 4, t. IX, 1911, p. 43.
? Monatshefte, Vienne, t. IT, 1881, p. 369.
SÉANCE DU 2? NOVEMBRE 57
minée. D'après les réactions de cette nitramine elle devait néces-
sairement correspondre à l’une des formules :
OCH* OCH*
NO? NO°
ou NOK /NO*
CH" “CHF
NXO, NX 0.
et l’éther méthylique de la dinitrohydroquinone de W. et B. à une
formule analogue.
MM. Reverdin et de Luc ont préparé la dinitro-9-6-diméthyl-
p-anisidine pour la soumettre à la nitration. Cette base, F à 450”,
est un isomère d’un dérivé, f au-dessus de 300°, obtenu par Mel-
dola!; ce savant en étudie actuellement la structure qu’il suppose
être « quinoïdique ». Comme la base f à 150°, fournit par nitra-
tion une nitramine, f à 139-140°, différente de la nitramine, dont
on cherchait à établir la constitution, il en résulte que cette dernière
(F—125°) correspond à la formule IT et que l’éther méthylique
de W.et B. f à 102°, a la constitution CfH?, OCHS. NO?: NO?. OH.
: (1) (8) (5) (4)
Les auteurs ont essayé, en vain jusqu'à présent, de «méthyler »
la dinitro-3-5-p-anisidine pour la transformer ensuite en nitramine
f à 125° ; le voisinage des deux « nitro » et de l” « amino » paraît
être un obstacle à cette réaction ; 1ls ont, en revanche, pu « mé-
thyler » la dinitro-2-3- et la dinitro-2-5-p-anisidine, mais ils n'ont
obtenu que des dérivés « monométhylés » ; ces deux dinitro-ani-
sidines, possédant chacune un groupe « nitro » voisin de | € amino »
il est du reste normal qu'elles fournissent de préférence des déri-
vés « monométhylés »,
Séance du 2 novembre
Amé Pictet et Alphonse Gams. Synthèse de la berbérine.
MM. Amé Picrer et Alphonse Gams. — Synthèse de la berbé-
rine.
Nous avons réalisé la synthèse de la berbérine en passant par
celle de la {étrahydroberbérine.
On sait que la tétrahydroberbérine s'obtient aisément par
réduction de la berbérine et qu’elle régénère celle-ci sous l'action
des oxydants faibles. Sa constitution, établie par les travaux de
1 Proc. of. chem. Soc., t. XXVI, 1910, p. 232.
58 SÉANCE DU 2? NOVEMBRE
Perkin, Gadamer et Faltis, est exprimée par la formule IV
ci-après.
Nous avons obtenu ce composé au moyen des quatre réactions
suivantes : |
1° Condensation de l’homopipéronylamine,
CH:0, — CHs — CH — CH — NH, |
avec le chlorure homovératrique, (CH,0), = CH, — CH, — CO CI,
en présence de soude caustique. On obtient l’homovératroyl-homo-
pipéronyl-amine (formule 1) en longues aiguilles incolores,
fusibles à 136°.
20 Déshydratation de ce composé par l’action de l’anhydride
phosphorique sur sa solution xylénique bouillante. Il se forme
par cyclisation une base isoquinoléique tertiaire et non saturée
(point de fusion 68°-70°) dont la constitution répond à la for-
mule I.
3° Réduction de cette base par l’étain et l’acide chlorhydrique.
Cette opération donne naissance à la vératryl-norhydrohydras-
tinine (formule IT), base secondaire, cristallisant en fines aiguilles
incolores et fondant à 208°-210°.
CH, CH. | CH,
CH, JXCH CH,
CH, “ED CH, <° HE ou, <° ,
à 0 N 0 NH
NZ
Û ft
il | |
(a : CH, 2 CH,
| | |
& cu pe
OCH, OCH, OCH,
[ | Il 11
4o Traitement de la vératryl-norhydrohydrastinine, dissoute
dans l’acide chlorhydrique concentré, par le méthylal, à la tem-
pérature du bain-marie :
CH CH
O0 CH AN:
CE< à + CH(OCH) = CH <° AL: + 2 CHOH
0 NH 0 N
Ÿ DEN
|
|
FAQ H,C |
_ NN o0R
|
OCH. 00:
SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 59
Le produit de cette dernière réaction s'est montré, de tout point,
identique à l'hydroberbérine obtenue par réduction de la berbé-
rine naturelle. Les deux substances, ainsi que leur mélange,
fondent à 168° et donnent les mêmes colorations avec l'acide
sulfurique concentré (jaune vif) et avec le réactif de Mandelin
(brun jaunâtre, virant au bout de quelques minutes au rose).
La même identité se remarque entre les sels des deux bases, dont
les points de fusion coïncident exactement : chlorhydrate 213°-214,
picrate 492°, iodométhylate 234°-236°, 1odéthylate 226°-227°
La synthèse de la tétrahydroberbérine entraîne celle de la ber-
bérine, la première de ces bases ayant déjà été transformée en
la seconde, ainsi que nous l'avons rappelé plus haut, par l’ac-
tion de divers oxydants. Nous avons néanmoins répété l’opéra-
üon avec notre produit et obtenu, en le traitant par le brome
ou l'acide nitrique, les différents sels de berbérine avec tous les
caractères que présentent ceux de l’alcaloïde naturel.
Séance du 16 novembre
A. Sprecher. Recherches sur la variabilité des sexes.
M. Caopar présente au nom de M. le D' Andreas SPRECHER un
mémoire intitulé : Recherches sur la variabilité des sexes chez
Cannabis sativa et Rumex acetosa. I fait précéder l'exposé des
résultats obtenus par ce botaniste de quelques remarques sur la
question posée, En particulier 1l montre comment chez les Muco-
rinées le sexe peut être dissocié de l’hermaphroditisme au cours
de l'évolution des espèces homothalliques, tandis que dans les
espèces hétérothalliques la sexualité s'affirme dès la formation de
la zygote ou à la première apparition d’un sporange.
Partant de la découverte de Blakeslee, M. Chodat à proposé à
Mie Korpatchewska d'étudier la nature de la sexualité dans quel-
ques espèces hétérothalliques. Les recherches physiologiques
entreprises à partir de microorganismes satisfont à cette demande
qu'on travaille sur un grand nombre de cas pour éliminer les
erreurs individuelles. Le résultat de ces recherches étendues c’est
que ni par la variation du milieu, ni par l’action de la tempéra-
ture, on n'arrive à modifier la sexualité de ces plantes dimorphes
à peu près dépourvues de caractères morphologiques sexuels et
qui ne différent que par des potentiels physiologiques.
Cependant, selon les milieux, la vigueur de croissance des races
+ et — diffèrent. Un autre point important c'est que le pouvoir
ferment des deux races est différent vis-à-vis des disaccharides
60 SÉANCE DU 16 NOVEMBRE
(saccharose et maltose). Il ÿ a comme une polarité stéréochimique
(voir Korpatchewska, Thèse, 1910).
Dans des recherches de ce genre, on a égalisé toutes les circons-
tances et le coefficient individuel se perd au milieu de la popula-
tion comprenant un si grand nombre d'individus que l’on peut
bien dire que l'expérience a la rigueur d’une recherche de chimie
ou de physique.
Dans les recherches que M. Chodat a fait exécuter dans son
laboratoire par Mile Stefanowska, ou en partie à l'Ecole d’horti-
culture, par MM. Monnier, Deleano et Rabinowitch et qui ont
pour objet l’absorption et la migration des substances minérales
dans les végétaux, le même principe a été inauguré à savoir
éliminer les variations individuelles en expérimentant sur de
grands nombres. Des valeurs obtenues on a pu déduire que le
germe agit sur les matières chimiques en présence, comme un
catalyseur et que la vitesse de croissance suit la loi des masses.
Le D' A. Sprecher dans le travail présenté, s'inspire aussi des
idées et des résultats de la biométrie contemporaine. Non seule-
ment 1l cherche à éliminer les facteurs individuels, mais 1l calcule
chaque fois l'erreur probable, et la compare avec les résultats
obtenus, considérant chaque fois comme inutilisables les diffé-
rences qui n'excèdent pas de beaucoup la valeur de cette dernière.
Deux plantes phanérogances ont été choisies par l’auteur, Can-
nabis sativa et Rumezx acetosa deux végétaux dioïques.
.Toutes ces expériences sont faites sur des grands nombres et
chaque catégorie de recherches, en partant de la sélection faite sur
les semences (foncées, claires, petites, grosses, nervures, sans
nervures). Il critique les résultats déjà acquis à propos de Can-
nabis et expose les siens. Il n’oublie pas de tenir compte du facteur
mortalité. Il voit cependant que dans les expériences de plusieurs
années, alors que la mortalité est très variable d’une année à
l’autre, les résultats en ce qui concerne le sexe n’oscillent pas
sensiblement.
Lorsqu'il s'agit de la proportion des mâles et des femelles, on
a affaire à une variation alternative pour laquelle l’indice de
variabilité 6 = + V2) Po X Pi. Ii 0 = Q® et1 = g.
Les fréquences (Q) sont 14789 et (3) 13260, la somme (n)
28049. Ce qui donne p. 6 = + 49.92% J ou ©.
Erreur moyenne est calculée en posant E — 5 : Vn — + 0,3.
La proportion des sexes chez le chanvre comme chez l’oseille
est indépendante de la fumure. (Chanvre Œ 47.27%, Q , 52.72 °/0
soit 100 Get 112 8) indépendante de la précocité, indépendante
de la sélection d’après les caractères indiqués.
Pour le Rumex acelosa il en est de même, les variations
observées sont toutes trop faibles en comparaison de l'erreur
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 61
probable. Mais la proportion des mâles et des femelles est tout
autre. (Rumex Œ 29.33 °/, © 70.67 °, soit n — 6049 indiv. —
100 Z et 241 Q — dans la nature il a constaté 32.81 Q ec
67,18 °/, Q soit 100 et 204 femelles).
Ces recherches, d'une très grande précision, n'ont done donné
aucun résultat en ce qui concerne la détermination du sexe déjà
donné dans la graine.
Dans une seconde partie, l’auteur étudie la variabilité comparée
des deux sexes selon la méthode de la biométrie.
Dans le chanvre le mâle est plus élancé que la femelle, mais le
poids de la femelle l'emporte. (4 1420 : © 100 ; p. l’homme
d 108.07 : © 100 d'après Pearson). Dans le Rumex c'est le
contraire (4 100 © 122). Chez les deux, l'amplitude de variation
est plus grande dans la femelle, de même l'indice de variabilité.
La variabilité des uns et des autres se laisse exprimer par une
courbe empirique, sensiblement voisine de la courbe binomiale
idéale, mais avec une légère asymétrie positive. Nous laissons de
côté de nombreuses expériences sur la variabilité en fonction de la
fumure. Elle varie beaucoup.
Enfin M. Sprecher examine, au moyen de la méthode cryosco-
pique, la différence des sucs, exprimé par le Poids moléculaire
moyen, la Pression osmotique. Le résultat est que, dans les deux
espèces, il y a entre les sucs du mâle et de la femelle, une difté-
rence de concentration équivalent à une demi-atmosphère.
Séance du 7 décembre
André Chaix. Géologie du massif des Brasses (Haute-Savoie). — Raoul
Gautier. Installations pour utiliser les anciennes séries d'observations de
la température à Genève. — De la Rive. Sur la trajectoire circulaire de
l’électron autour de la molécule dans un champ magnétique uniforme.
M. André Cuaix rend compte d’une étude détaillée qu'il a faite
de la géologie de la chaîne des Brasses.
Cette chaîne, située au S.E. des Voirons et au N. du Môle,
fait partie du bord frontal des Préalpes médianes et chevauche
sur la nappe des Préalpes externes, représentées ici par l'énorme
masse de Flysch des Voirons et du Mont Vouan ; elle représente
le prolongement direct du Môle, dont l'étude a été magistrale-
ment faite par Marcel Bertrand.
La zone des Brasses et du Môle a été énergiquement plissée ;
la structure a été en outre compliquée par l'incurvation assez
brusque qu'y ont subie tous les plis, dirigés d'abord S.E.-N.W.
62 SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE
au Môle, puis S.-N. aux Brasses, et finalement S.W.-N.E. entre
Mégevette et Pérignier. Cette incurvation a eu ici pour consé-
quence moins un étirement des éléments externes, comme on
le constate fréquemment ailleurs, qu’une compression des plis
internes, qui ont ainsi formé des ensellements transversaux, en
particulier à St-Jeoire, à Onion et à Mégevette, et qui ont subi
des modifications brusques dans leur forme et leur ampleur.
La série stratigraphique des Brasses débute par les cornieules
et les calcaires dolomitiques du Trias. Le Jurassique comprend,
à sa base, des dépôts infraliasiques intéressants, qui n'avaient pas
encore été décrits ; ce sont, de bas en haut : des bancs de luma-
chelle dans des schistes noirs (Rhétien) ; puis des calcaires gré-
seux ou oolithiques ferrugineux, et enfin des calcaires blancs,
massifs, semblables au Malm, et qui avaient été confondus avec
lui jusqu'ici. L’Infralias supporte deux puissants complexes qui
ont été séparés pour la première fois par Marcel Bertrand :
premier est un calcaire échinodermique, dont certaines couches
contiennent des fossiles sinémuriens ; le second est un calcaire
noirâtre, lité, qui représente probablement une partie du Lias
et une partie du Dogger. Puis viennent des marnes schisteuses à
Posidonia alpina, considérées en général comme calloviennes,
mais qui doivent, d’après les fossiles qu'elles contiennent, corres-
pondre à la fois au Bathonien et au Callovien. L’Oxfordien com-
prend les calcaires grumeleux rouges et verts habituels dans cette
zone sédimentaire, associés à des marnes rouges ; 1l supporte
la masse homogène des calcaires gris du Malm.
Le Crétacique prend aux Brasses le développement qui lui
est habituel dans les plis externes des Préalpes médianes, mais
le Néocomien y montre des variations d'épaisseur très importantes,
qui peuvent aller jusqu’à la disparition complète.
Le massif des Brasses est formé de quatre plis principaux,
dirigés à peu près S.S.W.-N.N.E.
Le 4° anticlinal (n° 4 du croquis) présente cette particularité
que son axe est marqué par une longue zone de Crétacique supé-
rieur, qui a été considérée jusqu'ici comme synclinale. En réalité
ce crétacique n’est pas bordé, comme on l'avait cru, par du Malm,
mais bien par du Trias et de l’Infralias en série normale. Il doit
donc être considéré comme une lame de charriage, sous-jacente à
la nappe des Brasses et relevée anticlinalement sous celle-cr.
Le 2e pli (n° 2 du croquis) forme l’arête qui culmine à la Pointe
des Brasses et se poursuit jusqu’au col de Chaîne d'Or. Presque
vertical, il comprend : au cœur, du Trias, puis les calcaires
blancs infraliasiques considérés jusqu'ici comme Malm, et le
puissant complexe liasique.
Le 3° pli (n° 3 du croquis) est à peu près semblable et parallèle
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 63
1)
au précédent, dont il est séparé par le vallon de Vernand ; il dis-
paraît également après le col de Chaîne d'Or (n° 3° du croquis).
Entre la racine du 5° pli et le précédent s’intercalent, au-dessus
de Pouilly, un ou deux plis secondaires écrasés et fortement
redressés (n° 4 du croquis).
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RSS
HAS,
So
De
1"
Et
”
4
. anliclinaux. HEIN
Raccord entre les Brasses et le Môle.
La partie inférieure du croquis reproduit à peu près la
figure que donne M. Marcel Bertrand dans son étude du
Môle!; les numéros entre parenthèses sont les siens.
Le 5° pli (n° 5 du croquis) se distingue des précédents par sa
forme chevauchée ; ayant sa racine dans la région de Pouilly,
il recouvre en effet le pli 3 jusque près de son axe, et son jambage
renversé est supprimé, à la seule exception d'une écaille. Du côté
! Bulletin de la Carte géologique de France, n° 32, décembre 1892.
64 SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE
du N. ce pli s'amortit très brusquement vers l’ensellement trans-
versal d'Onion, tandis que dans son prolongement, à la Pesse,
renaît tout aussi brusquement un anticlinal chevauchant corres-
pondant. |
A l'E. du Risse, un dernier pli forme la montagne du Mont ;
il s'enfonce, lui aussi, sous le bassin d'Onion, pour reparaître
2 km. plus loin et élever sa voûte de Malm jusqu'au niveau
de 1300 m.
Les éléments tectoniques des Brasses peuvent être raccordés
à ceux des régions voisines. Au N. les trois premiers plis dispa-
raissent, tandis que le prolongement du 5° doit être cherché dans
la chaîne de Miribel ; en effet on voit surgir au N. de la Pesse
trois zones triasiques chevauchantes, qui ne peuvent correspondre
qu'à ce 5° pli et aux plis écrasés sous jacents, sans qu’on puisse
préciser davantage.
Vers le S. les plis des Brasses trouvent leur équivalent dans
ceux du Môle. Le pli 4 n’est peut-être pas représenté au Môle,
Le pli 2 doit être la continuation du pli Bovère-Ville (2b) de
Marcel Bertrand. Le pli 3 prolonge le pli Riondet-la Tour (3). Le
5° pli des Brasses correspond, soit par sa forme, soit par sa posi-
tion, avec le grand pli chevauchant du Môle, et par conséquent
les plis écrasés de Pouilly doivent être considérés comme équiva-
lents aux plis 48 et 4b (Champfleury-Pouilly) de Marcel Bertrand.
Enfin le pli 62 de M. Bertrand est ininterrompu et peut être suivi
jusque dans la gorge du Risse.
M. Raoul Gaurier fait une communication sur les mesures
qu'il a prises récemment pour wtiliser les anciennes séries
d'observations de la température à Genève.
Il rappelle le beau don fait à l’observatoire par M. William de
Luc! des deux registres des observations poursuivies par Guil-
laume-Antoine de Luc, de 1768 à 1800. Afin d'en tirer parti, il
fallait pouvoir les raccorder à la série de l'observatoire et, pour
cela, déterminer exactement où elles avaient été faites. Grâce à
l’aimable collaboration de MM. Benjamin Soullier, propriétaire de
l'immeuble n° 19 de la Cité, Isaac Soullier, imprimeur, qui y
habite, Archinard, régisseurs, et en consultant les anciens actes
relatifs à cette maison et à celles qui sont voisines, il a été possible
d'identifier le local où G.-A. de Luc a observé. Comme le dit son
fils Jean-André, dans ses registres d'observations faites ultérieure-
ment, «le thermomètre était placé en dehors de la fenêtre d'un
grenier, regardant sur les toits des Rues Basses de la ville, élevé
d'environ 90 pieds au-dessus du niveau du lac. »
l Archives 1911, t. 32 p. 439.
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 6
Ce grenier est unique en son genre et a donc pu être identifié
au 5e étage de la maison ; ilest muni de deux fenêtres, et c'est en
dehors de l’une d'elles que M. Gautier à fait installer un thermo-
mètre à mercure à grosse boule qui est observé tous les matins à
8 heures de temps local (comme G.-A. de Luc en hiver), soit
8 h. 35 m. de temps moyen de l'Europe centrale, par un des
employés de M. LE. Soullier, M. Louis Galleano, mis obligeamment
à la disposition de l'observatoire. Une observation concomitante
est faite à l’observatoire par M. F. Münch, concierge, chargé de
toutes les observations météorologiques.
En outre, et pour assurer une comparaison plus complète entre
le climat de ce haut galetas de la Cité et la station météorologique
de l'observatoire, on a installé en avant de la même fenêtre, une
cage en bois à jalousies, contenant un thermographe Richard,
donné à l'observatoire par M. Lucien Gautier. De cette façon le
raccord entre la série de 33 ans des observations de de Luc et la
série plus moderne de l'observatoire sera assuré dans la mesure
du possible.
De 1801 à 1826, époque où commence la série homogène moderne
utilisée par Emile Plantamour dans ses belles études sur le « Cli-
mat à Genève »t1l y aurait une lacune. Ne peut-elle être aussi com-
blée”? M. Gautier espère y arriver en utilisant les séries genevoises
publiées par la Bibliothèque britannique et la Bibliothèque
universelle, Sciences et Arts.
De 1799 à 4821, les observations météorologiques se faisaient à
« l'ancien jardin botanique » situé sur le Cavalier Micheli, qui est
devenu plus tard une terrasse attenante, au sud-est, au Palais
Eynard, Puis de 1822 à 1825, les observations ont été poursuivies
au «nouveau jardin botanique», celui d’Augustin-Pyramus de
Candolle, actuellement supprimé.
Avec l’aimable autorisation de M. le Conseiller administratif
Imer-Schneider, et grâce à l’obligeance de M. Nitzschner, jardi-
mer-chef de la Ville, et de M. Taponnier, chef de service au
laboratoire de sérothérapie au Palais Eynard, les installations
nécessaires ont pu être faites. Il s'agissait de reproduire le mieux
possible les conditions dans lesquelles les thermomètres étaient
placés au commencement du XIXe siècle.
De 1799 à 1821, d’après les indications de Frédéric-Guillaume
Maurice? «le thermomètre à mercure, à boule isolée, était au
1 Le climat de Genève, 1863 et Nouvelles études sur le climat de Genève,
1876.
? Bibliothèque britannique, Sciences et Arts, 1796, t. I, p. 113 et Biblio-
thèque universelle, Sciences et Arts, 1822, t. XIX, p. 64. — De 1796 à
1798, les mêmes instruments météorologiques étaient installés à Gen-
thod, dans la propriété de F.-G. Maurice,
5
66 SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE
nord, adossé à un cabinet de charmille qui le mettait à l'ombre,
indépendamment de la présence d’un poteau auquel il était appli-
qué ». Le «cabinet de charmille» du Cavalier Micheli, qui était
jardin botanique vers 1800, a naturellement disparu, et les arbres
de la terrasse ont grandi. Pour obtenir une exposition analogue,
les thermomètres ont été placés à l’ombre de cadres en bois à
jalousies, à l’est, au sud et à l’ouest, mais sans toit.
De 1822 à 1825, les instruments météorologiques étaient conte-
nus dans une «cage à quatre pans, de deux pieds de côté!. Cha-
cun de ces côtés était revêtu de lames de verre horizontales,
inclinées en façon de jalousie... et rendues opaques par un
enduit de peinture blanche à l'huile... sur les faces qui regardent
l'est, le midi et l’ouest... » La cage actuelle est en bois, mais elle
est aussi semblable que possible à l’ancienne.
Quant à l'exposition, « la cage était voisine d’une allée d'arbres
qui la maintenait à l'ombre dans la partie chaude de la journée » ;
actuellement, elle est aussi située de façon qu'en été elle sera
abritée par l'ombre de quelques arbres peu épais. L'emplace-
ment ancien n’est pas connu exactement, mais son niveau était en
tous cas le même que celui de l'emplacement temporaire actuel.
Aux deux stations sont placés un thermomètre à mercure
et un thermomètre à minimum. De plus, deux thermographes
Richard sont installés à côté d'eux : au jardin botanique, dans
la même cage ; au Cavalier Micheli, dans une cage spéciale placée
à l’est des thermomètres ; ceux-ci sont observés régulièrement deux
fois par jour, à 8 h. 35 m. du matin et à 2 h. 35 m. de l'après-midi,
en temps moyen de l’Europe centrale. Autrefois les observations se
faisaient au lever du soleil et à 2 h. après-midi, temps local. Il
va de soi qu'une observation concomitante est aussi faite à
l'observatoire à 2 h. 35 m. de l'après-midi par le concierge
chargé des observations météorologiques.
Les observateurs sont : au Cavalier Michel, M. A. Dettwiler,
employé du laboratoire de sérothérapie, et au jardin botanique,
M. Leyvraz, jardinier.
Quant aux instruments : on ne possède plus aucun de ceux qui
ont fonctionné autrefois. Du thermomètre de G.-A. de Luc, on sait
qu'il avait été établi par son frère, le célèbre physicien Jean-André
de Luc, et on peut croire qu'il était bon.
De celui qui a servi aux observations dirigées par F.-G. Mau-
rice, de 1796 à 1821, à Genthod et à Genève, on sait qu’en 1829 il
marquait trop haut de 0,°5 Réaumur. Aussi fut-il remplacé
pour la série suivante, de 1822 à 1825, par un thermomètre
à alcool, servant aussi de thermomètre à minimum et construit
! Bibliothèque universelle; 1822, t: XIX, p. 64.
Led
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 67
par Gourdon, «célèbre artiste genevois» de l’époque, et qui
fut plusieurs fois vérifié dans la glace fondante.
En 1826, la station météorologique de Genève a été transférée
dans un emplacement voisin de l'observatoire de Jacques-André
Mallet, voisin lui-même de l'observatoire actuel, Cet emplacement!
était «le parapét d’une contregarde de l'enceinte de la ville, por-
tant la pile centrale du pont de fil de fer construit en 1823 ».
Plantamour a utilisé la série de 1826 à 1835 avec la suivante de
l'observatoire actuel, où la station a été établie en 1836, parce que
l'exposition était presque identique et l'altitude la même. Il a
eu raison,
Pour amener une comparaison, au point de vue de la plute,
pour la série de 1822 à 1825, un pluviomètre a aussi été installé
au jardin botanique, à proximité de la station thermométrique.
Toutes ces observations comparatives seront poursuivies au
moins pendant une année,
M. L. DE LA Rive fait une communication sur la {rajectoire
circulaire de l'électron autour de la molécule dans un champ
magnétique uniforme.
L'auteur montre analytiquement par une démonstration très
simple que la trajectoire circulaire satisfait aux équations du
mouvement. Il suffit de remplacer respectivement æ et y par
r cos at et r sin af dans l'équation
dx uæ eHv dy
de m ds
et l'équation analogue en y ; il en résulte pour toutes les deux
aie = È eHa
Hot fu GE
a+ —+,/H,6
2m GRR
En l'absence du champ magnétique, la valeur du carré de la
vitesse angulaire est y/r°, elle est donc diminuée par l'action
magnétique, ce qui s'explique comme suit : l’action magnétique
s'ajoute à la force centrifuge et puisque la force attractive reste la
même, 1l faut que la force centrifuge diminue, d’où résulte la
diminution de la vitesse angulaire.
Depuis sa communication l’auteur a constaté que ce résultat est
connu et a été établi par Lorentz dans son explication de l'effet
Zeemann.
" Bibliothèque universelle, Sciences et Arts, 1826, t. XXXI, p. 90.
68 SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE
Séance du 21 décembre
Duparc. Sur quelques gisements anormaux de platine. — H. Gans. Les
lycénidées dans les environs de Genève. Variations des couleurs des
lépidoptères dans la plaine et à la montagne. — Tommasina. La nature
de l'électricité et la dynamique de l’électron. — Chodat et Monnier.
Recherches sur l’augmentation en poids des plantes.
M. le Prof. L. Duparc fait une communication sur quelques
gisements anormaux de platine de l'Oural, récemment étudiés
par lui.
En premier lieu, il parle de celui de la Petite Koswa qui
s’amorce dans le massif du Koswinsky. L'auteur a vérifié que
de sa source à son embouchure celle-ci coule dans des roches
exemptes de platine. En réalité, le platine des alluvions du M.Koswa
provient de la dunite, mais les recherches de l’auteur montrent
qu'à une époque ancienne la topographie était différente, les sour-
ces de M.Koswa étaient rejetées vers le Nord, et cette rivière
s’amorçait dans le centre dunitique qui alimente la rivière Kitlim,
laquelle coule sur le versant européen. Plus tard, la ligne de par-
tage a été rejetée plus au Sud, dans une région où cette dunite
fait défaut, et à partir de ce moment le platine n'est plus arrivé
dans les alluvions de M.Koswa qui coule sur le versant européen.
Par contre, la Kitlim platinifère s’amorce encore aujourd’hui dans
le centre dunitique qui forme l’éperon du Koswinsky.
Un second gisement anormal est celui des petites rivières de
Molitchewka, Beresowka et Gloubokaïa, toutes trois affluents
droits de la grande Koswa, où ces rivières sont entièrement encais-
sées dans le devonien moyen et énormément distantes de tout centre
platinifère primaire. Leurs alluvions platinifères ne renferment
que des cailloux de dolomie et quelques galets de quartz provenant
du D*.
La première idée qui vient est que jadis la grande Koswa, dont
les alluvions sont platinifères, coulait plus au Nord, à un niveau
supérieur à celui d'aujourd'hui. Elle a formé ainsi un ancien lit
qu’elle a abandonné plus tard pour couler dans le lit actuel. Puis
les affluents latéraux se sont établis et ont reconcentré localement
à leur profit le platine contenu dans cet ancien lit de la Koswa.
La seule objection à cette manière de voir est que l’on ne trouve
pas de galets de la Koswa dans les alluvions de ces petits cours
d’eau.
Une seconde explication serait celle-ci: M. Duparc a démontré
qu'antérieurement au Devonien inférieur une partie de l’Oural
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 69
était déjà émergée et dénudée, A ce moment déjà des massifs
platinifères primaires étaient soulevés et dénudés, et leur platine
allait dans les sédiments qui ont formé depuis lors les dépôts dévo-
niens, carbonifères et artinskiens. Plus tard, ‘ces dépôts ont été
émergés à leur tour par le plissement qui a créé la chaîne actuelle,
et après dénudation du relief et formation des vallées quaternaires,
ce platine, là où il existait, a été reconcentré dans l'axe des cours
d'eau qui occupent ces vallées,
On sait, en effet, que l’on vient de découvrir du platine dans des
cours d’eau entièrement encaissés dans les conglomérats d'Artinsk
(Outkinskaya- Datcha) et très loin de tout centre primaire, on con-
naît aussi dans le Nord deux petites rivières encaissées dans le D
qui sont aussi platinifères, Il se peut que le platine trouvé dans
les petits affluents de la Koswa en question ait une origine sem-
blable. De prochaines recherches décideront laquelle de ces deux
alternatives est la bonne.
M. H. Gaxs. Les lycénidées dans les environs de Genève.
Variations des couleurs des lépidoptères dans la plaine et à la
montagne.
M. Gans rappelle une série d'observations qu'il a faites en 1868
et 1869 sur les lycénidées, en étudiant leur nombre et leurs varié-
tés en Suisse et particulièrement dans les environs de Genève. En
outre, M. Gans avait fait plusieurs remarques sur les variations
de couleurs que présentent dans la plaine et à la montagne plu-
sieurs lépidoptères suisses. Ces travaux avaient été publiés dans
le périodique, le Rameau de Sapin.
M. Th. Tommasixa. La nature de l'électricité et la dynamique
de l’électron.
Les nombreux et importants travaux déjà parus sur la dyna-
mique de l’électron sont encore loin d'avoir épuisé un tel sujet. I
y a même un point qu'on dirait avoir été laissé intentionnellement
de côté, peut-être dans la crainte d'affaiblir plutôt que de renforcer,
en le touchant, la base de la théorie électronique; je vais l'indiquer
franchement, ayant la conviction que la recherche des points fai-
bles d’une théorie est un travail qui aide à mieux l'établir.
L'hypothèse fondamentale de la théorie électronique est que
l'électricité doit être considérée comme étant de nature corpuscu-
laire et que les corpuscules qui la constituent sont des électrons.
Cela étant admis, en chaque phénomène électrique on étudie un
mouvement d'électrons et leurs chocs avec les molécules ou les
atomes des corps, on s "occupe des agglomérations ou des sépa-
rations, des vibrations, des émissions, des bombardements, des
trajectoires et de leurs déformations. Or, tous les auteurs, en déeri-
70 SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE
vant et en étudiant ainsi les phénomènes électriques, font inter-
venir, et ils y sont forcés, non pas une simple dynamique, mais
une électrodynamique, c’est-à-dire qu’il ne peuvent faire jouer aux
électrons leur rôle explicatif de tous les phénomènes électriques
qu'à la condition de supposer les électrons, eux-mêmes, dans un
milieu où les champs et les forces électriques interviennent pour
les déplacer. C’est là le point scabreux, le point faible de la théorie
électronique, que l’on saute, car en s’y arrêtant, on serait forcé de
reconnaître qu’on n'a point de théorie électronique de la force
électrique et du champ électrique. Autrement dit: que champs et
forces électriques restent en dehors de l’explication électronique
de l'électricité et, ce qui est plus grave encore, que cette nouvelle
théorie est forcée de les utiliser avec la même signification qu'ils
avaient dans la théorie ancienne.
Une fois mise en évidence cette faiblesse si frappante de la
théorie électronique, la première idée qui se présente est un doute
sur sa valeur réelle, et on se demande si l’on n’a pas exagéré
l'étendue et la portée de la notion d’électron.
Après une étude approfondie de cette question, voici la solution
que je propose :
Si, pour expliquer une certaine catégorie de phénomènes élec-
triques nous avons été amenés à formuler et à admettre, jusqu’à
preuve du contraire, l'hypothèse que les choses se passent comme
si existaient et intervenaient directement dans ces phénomènes des
charges électriques élémentaires, très petites, mobiles, sans sub-
stratum pondérable appréciable, les électrons, cela ne nous auto-
rise nullement à conclure qu'avec l'hypothèse corpusculaire nous
établissons la nature de l'électricité. En effet, prenons comme
exemple le phénomène des rayons cathodiques qui a été le point
de départ de la nouvelle théorie, nous y voyons immédiatement
que même en supposant qu’un faisceau de ces rayons ne soit
constitué que par des électrons en mouvement de translation, avec
une certaine vitesse qu'on peut mesurer pour les caractériser, nous
ne pouvons nous 1illusionner d’avoir ainsi expliqué le phénomène
électrique qui intervient pour les produire. On peut répéter la même
observation pour chacun des autres phénomènes électriques.
Pour expliquer le rayonnement cathodique, il ne suffit pas de
considérer les projectiles, leurs dimensions, leur forme déformable
ou non et leur vitesse, il faut tenir compte de la nature des forces
qui agissent pour provoquer l'explosion et de la nature de cette
dernière. Nous savons que dans l’ampoule de Crookes existe entre
l’anode et la cathode, une différence de potentiel périodique, pro-
duite par le travail de la bobine d’induction, dont le courant
secondaire oscillatoire provoque l'expulsion positive anodique et
l'expulsion négative cathodique. Mais nous savons aussi que dans
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 71
l’ampoule, il y a encore des molécules de l'air ou de gaz raréfiés,
lesquelles possèdent une vibration thermique propre et se meuvent
dans un milieu rempli d'autres vibrations énormément plus rapi-
des, celles de l'éther, dues à la lumière du laboratoire qui nous
permet de voir dans l'intérieur de lampoule. 11 faut donc tenir
compte de cette complexité expérimentale, d'autant plus que la
nouvelle théorie, en reconnaissant la nature électromagnétique de
la lumière, admet en outre que les particules qui vibrent pour la
transmettre sont aussi des charges élémentaires, des électrons
comme ceux qui constituent les rayons cathodiques. Or, si soit la
lumière, soit les rayons cathodiques, sont constitués par les
mêmes corpuscules, cela montre que ce qui les différencie est: que
dans la lumière les électrons vibrent en se déplaçant seulement
pour transmettre de proche en proche leur vibration avec la vitesse
connue, tandis que dans les rayons cathodiques, les électrons se
déplacent comme des projectiles, mais avec une vitesse toujours plus
faible que celle de la lumière. On dit que tout déplacement élec-
trique est accompagné d’une modification électromagnétique du
milieu, il faut renverser et dire que tout déplacement électrique
est toujours produit par une modification électromagnétique du
milieu, car ce qu'on croît être l'effet est au contraire la cause, et
vice-versa. La première affirmation n'est exacte que dans le cas du
déplacement artificiel et purement mécanique d’une charge élec-
trique.
La définition de l’électron qui en fait une charge électrique élé-
mentaire, signifie qu'un phénomène électrique déjà complexe
existe dans l’électron même. La théorie électronique aide done
l'explication des phénomènes électriques, mais n’explique nulle-
ment leur nature qui dépasse la simple dynamique de l'électron,
car l’électron ne fait qu'obéir à l’électrodynamique qui l'entoure
et le transporte. L'hypothèse électronique n’amène point la con-
clusion que l'électricité soit une substance corpusculaire constituée
d'électrons, il n'y a pas de substance électricité, comme il n'y a
pas de substance chaleur ou de substance lumière, ces noms n’in-
diquent que des catégories spéciales de phénomènes, catégories
qui se distinguent entre elles non seulement par la diverse consti-
tution des mobiles, mais surtout par la diversité des mouvements
et des activités qui en résultent. Il nous faut une électrodynamique
pour expliquer le mouvement des électrons dans l’effluve et dans
le courant, pour expliquer leur équilibre statique dans les charges
électriques, pour expliquer enfin la nature électrique de l'électron.
Aucun électron n’est en mouvement, s il n’y a pas une différence
de potentiel entre les deux extrêmes opposés de sa trajectoire ;
aucun électron n'est en mouvement s'il n'existe pas uné modifica-
tion du champ extérieur, modification qui ne l'accompagne pas
72 SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE
seulement dans son déplacement, mais qui le transporte. Ces deux
conditions sont nécessaires dans tous les phénomènes. Aussi, Je le
répète, l’électron est une partie inhérente, essentielle, mais une
partie seulement, de chaque phénomène où il y a une manifestation
électrique quelconque. L’électron n’est qu'un mopnile, une inertie
électromagnétique pendant son déplacement et proportionnelle à
sa vitesse, tandis que le moteur ou l’activité qui le déplace est une
fonction de l'énergie électromagnétique du champ extérieur,
donc du milieu. Ce milieu est le nouvel éther, conçu tout autre-
ment que l’ancien et dont les modifications dynamiques internes,
toujours actives parce qu'il les reçoit incessamment de tous les
centres radiants de l'univers, constituent la source de l’électricité,
l’origine unique de la catégorie de phénomènes qui porte ce nom.
D'autre part la théorie nouvelle nous permet d’établir l’existence
réelle de deux substances électroniques. L'une, exclusivement élec-
tronique, invariable comme constitution, répandue en tout l’uni-
vers sans discontinuité et égale partout; c’est le nouvel éther, le
milieu actif, électromagnétique, qui sert d’intermédiaire entre les
astres, de même qu'entre les atomes de tous les corps. L'autre
substance est également électronique, mais reçoit toute sorte de
modifications complexes de structure, donnant lieu à la formation
des ions positifs et négatifs qui sont les atomes avec leurs affinités
chimiques; de façon qu'on peut affirmer que la possibilité de
variabilité de cette deuxième substance n’a point de limites ; c’est
la matière pondérable dont tous les corps inorganiques et orga-
niques sont constitués. Voilà ce que la nouvelle théorie nous donne
comme grande synthèse physique.
M. le Prof. R. Caopar expose l’ensemble des recherches qu'il a
entreprises avec la collaboration de M. le prof. A. Monnier et de
leurs élèves! (Stefanowska, Deléano, Rabinowictch). Dans ces
recherches on est parti de cette notion qu'il faut examiner l’aug-
mentation en poids des plantes comme on étudie une réaction
chimique en présence d’un catalyseur. M. Chodat rappelle qu’en
190%, il a déjà formulé cette théorie en se basant sur les travaux
qui étaient en voie d'exécution dans son laboratoire et à l'Ecole
d'horticulture. Cette théorie a été développée dans la thèse de
M. Monnier, puis dans les « Principes de Botanique ». M. Jacques
Loeb, en 1906, a développé une théorie analogue, puis en 1908,
MM. Ostwald et T. B. Robertson ont confirmé cette manière de
voir. Ce dernier en s'appuyant sur les chiffres fournis par nous, a
calculé que la formule applicable à l’augmentation du poids des
organismes et qui se laisse dériver de la formule bien connue des
réactions autocatalytiques monomoléculaire est
SUBALNROE 44
ed
log X
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 73
où æ est le poids du corps au temps /, À le poids maximum, K
une constante déterminée par les valeurs successives de æ, /, le
temps auquel l'organisme a atteint la moitié de la valeur de son
poids maximum. Les valeurs obtenues par nous correspondent si
bien aux valeurs caleulées qu'il n'y a pas lieu de douter de la
théorie qui considère l'augmentation en poids comme une autoca-
talyse dont le plasma est le ferment et le milieu nutritif externe la
masse invariable. MM. Chodat et Monnier ont montré que chaque
élément qui entre dans la composition du végétal suit la même
loi d'absorption qui s'exprime par une courbe logarithmique à
coefficient propre pour chaque substance. Il ressortait aussi de
leurs recherches que, à partir d’un certain moment la catalyse
diminue de vitesse (facteur d’inhibition de Blackmann), En outre,
ils ont observé le fait curieux d’une desassimilation très impor-
tante qui suit la période d'aplatissement de la courbe de croissance
et qui parfois atteint le 40 °/ des cendres. Ils ont vu dans cette
migration négative vers le sol un phénomène de diffusion centri-
fuge due à la vitalité diminuée des cellules, mais qu’on pourrait
tout aussi bien considérer comme un phénomène d'équilibre en ce
que les matières non utilisées par les plantes sont rendues de nou-
veau solubles par son métabolisme.
Cette manière de voir a été mise en doute, on a pensé que la
désassimilation pouvait provenir du lavage des plantes par la pluie.
MM. Chodat et Monnier ont cette année établi des cultures sous
chassis de manière à éliminer le facteur de lixiviation. D'ailleurs
l'été 1911 ayant été sans pluie, cette précaution aurait été inutile.
Les chiffres se rapportent à des avoines sélectionnés et corres-
pondent à 100 plantes choisies au hasard.
Prises successives Poids humide Poids sec Cendres
1 324 48 6,12
2 606,5 130 14,78
3 420 125 12,98
4 pr. X X
5 180 87 9,47
IL y a donc eu dans ces conditions inéquivoques, migration
négative comme dans les anciennes expériences (Chodat, Monnier,
Deléano). Ces résultats sont confirmés indirectement par des
recherches de Mazé, relative à l’exosmose radiculaire et dont la
conclusion est la suivante : « La plante excrête les substances
minérales qu'elle n'utilise pas ; si dans les aliments minéraux qu'on
lui offre la base est assimilée, c'est l'acide qui fait retour à la
solution nutritive » (et vice-versa n° 56).
! Recherches sur la physiologie végétale. Ann. Inst. Past., XXVW,
n° 10, 1911.
74 SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE
Partant des recherches de R. Chodat sur l'activation excessive
de la croissance des algues vertes par le chlorure ferrique,
MM. Chodat et Monnier ont traité des avoines dans les mêmes
conditions que celles dont il vient d’être question. La quantité de
F, CI, était de 1°/,, par litre d’eau. On arrosait la base des plan-
tes tous les huit jours avec cette solution ferrugineuse
100 plantes Poids humide Poids sec Cendres
1° a Ÿ 4 + 100 10,6
20 1002 238 35,5
3° 638 218 21,5
4° 666 293 23,8
5° 383 192 20,9
la végétation se prolonge plus pour les plantes arrosées au fer que
pour celles arrosées à l’eau. Mais on reconnaît aussi chez elles la
désassimilation. L’accélération des plantes ferrugineuses atteint
donc plus du 70 ‘/, en ce qui concerne le poids sec et près du
100 °/, et même plus, si on considère les cendres. Ces résultats
excessivement remarquables et inattendus engagent les auteurs à
établir en 1912, des recherches comparatives sur la valeur des
divers sels de fer et sur l’accélération qu’ils produisent. Ils ont
aussi dosé le fer dans les plantes témoins et les plantes ferrugi-
neuses.
Prises : Témoins PI. ferrug. (F, Cl)
* 0,039 0,239
29 0,103 0,738
90 0, 05 0,276
49 0,024 0,228
5° 0,056 0,386
Le chlore est éliminé, selon la loi de Mazé :
Prises Témoins PI, ferrugineuses
1° 0,0024 0,178
29 0,0078 0,048
3 0,00375 0,0043 :
49 0,00138 0,0055
D” 0,00261 0,0056
Ces recherches seront continuées.
LISTE DES MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE
au ler janvier 1912
{. MEMBRES ORDINAIRES
Casimir de Candolle, botan.
Lucien de la Rive, phys.
Arthur Achard, ing.
Jean-Louis Prevost, méd.
Edouard Sarasin, phys.
Ernest Favre, géol.
Emile Ador, chim.
William Barbey, botan.
Adolphe D'Espine, méd.
Eugène Demole, chim.
Théodore Turrettini, ingén.
Pierre Dunant, méd.
Auguste-H. Wartmann, méd.
Gustave Cellérier, mathém.
Raoul Gautier, astr.
Maurice Bedot, zool.
Amé Pictet, chim.
Robert Chodat, botan.
Alexandre Le Royer, phys.
Louis Dupare, géol.-minér.
F.-Louis Perrot, phys.
Eugène Penard, zoo.
Chs Eugène Guye, phys.
Paul van Berchem, phys.
André Delebecque, ingén.
Théodore Flournoy, psychol.
Albert Brun, minér.
Emile Chaix, géogr.
Charles Sarasin, paléont.
Philippe-A. Guye, chim.
Charles Cailler, mathém.
Maurice Gautier, chim.
John Briquet, botan.
Paul Galopin, phys.
Frédéric Reverdin, chim.
Théodore Lullin, phys.
Arnold Pictet, zoolog.
Justin Pidoux, astr.
Auguste Bonna, chim.
E. Frey Gessner, entomol.
Augustin de Candolle, botan.
F.-Jules Micheli, phys.
Alexis Bach, chim.
Thomas Tommasina, phys.
- B.-P.-G. Hochreutiner, botan.
Frédéric Battelli, méd.
René de Saussure, mathém.
Émile Yung, zoolog.
Ed. Claparède, psychol.
Eug. Pittard, anthropol.
L. Bard, méd.
Ed. Long, méd.
76 LISTE DES MEMBRES
J. Carl, entomol.
A. Jaquerod, phys.
H. Cristiani, méd.
P. de Wilde, chim.
Ch. Du Bois, méd.
M'e L. Stern, physiol.
Aug. Eternod, méd.
Léon-W. Collet, géol.
Et. Joukowsky, géol.
Henri d’Auriol, chim.
Edmond Weber, zoolog.
Roger de Lessert, zoolog.
Humbert Cantoni, chim.
Emile Briner, chim.
Arthur Schidlof, phys.
George Baume, chim.
2. MEMBRES ÉMÉRITES
Henri Dor, méd. Lyon.
Raoul Pictet, phys., Berlin.
J.-M. Crafts, chim., Boston.
D. Sulzer, ophtal., Paris.
F. Dussaud, phys., Paris.
E. Burnat, botan., Vevey.
Schepiloff, Mlle méd., Moscou.
Etienne Ritter, géol., Col. Springs.
Edouard Bugnion, entomol., Laus.
3. MEMBRES HONORAIRES
Ch. Brunner de Wattenwyl,
Vienne.
Ern. Chantre, Lyon.
P. Blaserna, Rome.
S.-H. Scudder, Boston.
F.-A. Forel, Morges.
S.-N. Lockyer, Londres.
L. Cailletet, Paris.
Alb. Heim, Zurich.
Théoph. Studer, Berne.
Eilh. Wiedemann, Erlangen.
L. Radilkofer, Munich.
H. Ebert, Munich.
A. de Baeyer, Munich.
Emile Fischer, Berlin.
Emile Noelting, Mulhouse.
A. Lieben, Vienne.
M. Hanriot, Paris.
Léon Maquenne, Paris.
A. Hantzsch, Wurzbourg.
Ch.-Ed. Guillaume, Sèvres.
K. Birkeland, Christiania.
J. Amsler-Laffon, Schaffhouse.
Sir W. Ramsay, Londres.
Aug. Righi, Bologne.
H.-A. Lorentz, Leyde.
H. Nagaoka, Tokio.
J. Coaz. Berne.
R. Blondlot, Nancy.
C. Græbe, Francfort.
Wilhelm Ostwald, Grosshbothen.
Otto Lehmann, Carlsruhe.
Fritz Sarasin, Bâle.
Pierre Weiss, Zurich.
Henri Blanc, Lausanne.
Arnold Lang, Zurich.
Alfred Werner, Zurich.
Albin Haller, Paris.
G. Cappellini, Bologne.
James Odier.
Ch. Mallet.
Ag. Boissier.
Luc. de Candolle,
Ed. des Gouttes.
Wil., Favre.
Aug. Prevost.
Alexis Lombard,
Louis Pictet.
Ed. Martin.
Edm. Paccard.
D. Paccard.
Edm. Eynard.
Edm. Flournoy.
Georges Frütiger.
LISTE DES MEMBRES 77
. ASSOCIES LIBRES
Aloïs Naville.
Ed. Beraneck.
Emile Veillon,
Guill. Pictet.
G. Darier.
H. Fatio.
E. Turrettini.
J. Albaret.
H.-E. Gans.
E. Cardoso.
Aug. Rilliet.
Henri Lombard.
Ed. Brot.
Henri Flournoy.
André Chaix.
TABLE
Séance du 5 janvier 1911
Briner. Sur la formation de l’eau à partir de ses éléments ........... 6)
Séance générale annuelle du 19 janvier
F. Reverdin. Rapport annuel. — Ed. Sarasin et Th. Tommasina. Constata-
tion de quelques faits nouveaux en radioactivité induite ........... 7
Séance du 2 février
L. Duparc. Les gîtes platinifères de l’Oural. — G. Baume. Sur quelques essais
MOAIlOSPADEIQUES 2:52 Le seen soudés RE I 5 11
Séance du 16 février
L. de la Rive. Sur les équations fondamentales de l'électrodynamique. —
A. Schidlof. Sur quelques problèmes récents de la théorie du rayonne-
MOT Sen eme seven er hmr este meta nas sudiste Deere 17
Séance du 2 mars
Th. Tommasina. Sur le magnéton de Weiss ....................... : RD
Séance du 16 mars
Ed. Claparède. Introduction à l’étude du phénomène psycho-électrique. —
W. Radecki. Le phénomène psycho-électrique au point de vue physique
BTP DEMO arte hesehees manne dau Serre TEINTE 22
Séance du Ô avril
W. Radecki. Phénomènes psychoélectriques. — A. Schidlof. Sur quelques
problèmes récents de la théorie du rayonnement. — Ed. Sarasin et Th.
Tommasina. Etude de l’action de la chaleur sur l’air ionisé par la radio-
ROIS RATE PEN RE as mme he PEU RUN IN RMS De BR r ce 25
1
©
TABLE
Séance du 20 avril
F.-A. Forel. Observations météorologiques faites à Genève au XVIILe siècle
par Charles de Lubière. — Raoul Gautier. À propos de la communication
de M. Forel. — Le même. La climatologie du Grand Saint-Bernard, —
Arnold Pictet. Un nouvel exemple de l’hérédité des caractères acquis. —
J. Carl. Sur un diplopode hermaphrodite ..,,...., era RE
Séance du 4 mai
J. Briquet. Sur la structure et les affinités d’Illecebrum suffruticosum. —
Perrot et Baume. Sur quelques constantes chimiques des gaz liquéfiés.
— L. Duparc, Jeanneret et Wunder. Sur le dosage et la séparation du
zirconium d'avec la silice, le fer et l’alumine..................... 39
Séance du 1° juin
Raoul Gautier. Les retours de froid en juin. — Th. Tommasina. Sur une
modification donnant une plus grande liberté d’allure et plus de sûreté
DOS AMrODIAnes...:.......... us tee CR és: 42
Séance du 6 juillet
Ed. Claparède. Procédé pour contrôler l’authenticité de l'hypnose, — Le
même. Etat hypnoïde chez un singe. — Th. Tommasina. Appareil d’avia-
OO rm tee 'adleshe des Nain eat de 0 à sois 2 45
Séance du 5 octobre
E. Yung. Structure de l’ovispermiducte et de la glande albuminipare chez
l'Helix pomatia. — E. Cardoso. Sur les densités des phases coexistantes
de l’anhydride sulfureux au voisinage du point critique. — R. Gautier.
Journal météorologique fait à Genève par J.-A. de Luc au XVIII: siècle.
— Le même. Quelques anomalies de la température et de la clarté de
l'été 1911. — F. Reverdin et A. de Luc. Constitution de l’éther mono-
méthylique de la dinitrohydroquinone et dérivés méthylés des p-anisidines
CU RP CE EC 57 2 FO NSRARAERERERRERER re. 2 5 20
Séance du 2 novembre
Amé Pictet et Alphonse Gams. Synthèse de la berbérine ..,,....., TR |
Séance du 16 novembre
A. Sprecher. Recherches sur la variabilité des sexes ..,..,..,....... 99
80 TABLE
Séance du 7 décembre
André Chaix. Géologie du massif des Brasses (Haute-Savoie). — Raoul
Gautier. Installations pour utiliser les anciennes séries d'observations de
la température à Genève. — De la Rive. Sur la trajectoire circulaire de
l’électron autour de la molécule dans un champ magnétique uniforme 61
Séance du 21 décembre
L. Duparc. Sur quelques gisements anormaux de platine. — H. Gans. Les
lycénidées dans les environs de Genève. Variations des couleurs des
lépidoptères dans la plaine et à la montagne. — Tommasina. La nature
de l'électricité et la dynamique de l’électron. — Chodat et Monnier,
Recherches sur l’augmentation en poids des plantes.............. rs 00
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